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Full text of "Oeuvres de Vicq-d'Azyr, recueillies et publiées avec des notes et un discours sur sa vie et ses ouvrages"

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,C.P.  EDINBURGH  LIBRARY 


R25974P0236 


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OEUVRES 


VICQ-D’AZ  YR. 


SCIENCES  PHYSIOLOGIQUES  ET  MÉDICALES. 


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ŒUVRES 


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VICQ-D’AZYRr7 


RECUEILLIES  ET  EUBLIEES  AVEC  DES  NOTES  ET  UN 
DISCOURS  SUR  SA  VIE  ET  SES  OUVRAGES, 


PAR  Jacq.  L.  moreau  (de  la  Sarthe), 

Docteur  médecin  , Sous  - bibliothécaire  de  l’Ecole  de  médecine,  Membre 
adjoint  de  la  Société  de  cette  École,  nieiiibrc  de  la  Société  philu' 
niatbit^uc,  des  Sociétés  de  médecine  de  Paris,  de  Montpellier , etc. 

ORNÉES  d’un  volume  DE  PLANCHES,  GRAND  IN-4.“, 

ET  d’un  FRONTISPICE  ALLÉGORIQUE. 

• ' 

TOME  QUATRIÈME. 

« 


DE  L’IMPRIMERIE  DE  BAUDOUIN. 

A PARIS, 

Chez  L.  DUPRAT-DU VERGER,  rue  des  Grands- 
Augustiiis,  N.°  24. 


AN  NUI.  — i8o5. 


2 SCIËNCES  PIIYSTOL.  ET  MEDICALES. 

présentent  un  euseml)le  que  l’on  poiirroit  regarder 
comme  une  Encyclopédie  particulière , l’Eincyclo- 
rÉDiE  ZüONOMiQUE  , (i)  dout  tüutcs  les  parties 
s’enchaînent,  se  correspondent  , s’éclairent  réci- 
proquement , et  doivent  conduire  quelque  jour  à 
ties  résultats  qui  Ibriiieront  une  véritable  philo- 
sophie de  la  nature  vivante  : c’est-à-dire  une  réu- 
nion des  vérités  fondamentales  de  la  Physiologie 
•moderne.  (3) 

Vi  r.  Q - d’A  z y r sut  embrasser  dans  ses  études 
toutes  les  parties  de  ce  vaste  ensemble.  L’Anatomie 
et  la  Physiologie  , proprement  dites  , lui  inspirèrent 


( 1 ) Encyclopéclie  signifiant  exposition  et  disposition  de 
connoissancps  en  cercles,  il  est  évident  que  ce  mot  con- 
vient particulièrement  aux  sciences  physiologiques  et  médi- 
cales, qui  forment  véritablement  un  ensemble  circulaire. 

(2)  Un  semblable  travail  doit  être  exécuté  sur  le  plan 
de  la  philosophie  chimique  de  M.  Fourcroy.  Je  ni’cn  occupe 
depuis  plusieurs  années.  Mais  plus  je  lui  applique  nies  mé- 
ditations , plus  j’en  aperçois  les  difficultés  et  les  lacunes  qu’il 
faut  remplir,  pour  en  rendre  l’exécution  possible.  Trois 
ouvrages  que  le  monde  savant  alteiid  avec  la  plus  vive 
impatience , fa  voi  iseront  sans  doute  cette  entreprise.  Ce  sont 
ia  suite  de  V Analonne  comparée  ^ par  M.  Cuvier;  le  Court 
de  Phj'siologie  été  M.  Chaussior;  et  le  Traité  d' Anatomie 
TatUologi f]ue  de  M.  Dupuylrcu. 


SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES.  5 

» 

cependant  plus  d’intérêt , et  furent  plus  particuliè- 
rement l’objet  de  ses  recherches.  Ne  se  bornant  pas 
à contribuer  à leurs  progrès,  par  des  travaux  sans 
gloire  , que  l’anatomiste  philosophe  fait  souvent 
exécuter,  il  ne  craignit  pas  d’oflilr,  dans  le  plus 
beau  point  de  vue,  les  résultats  de  ces  travaux  et 
en  tira  des  consé<piences  pleines  d’intérêt , et  des 
généralités  qu’il  sut  embellir  de  cette  élocpience 
majestueuse  et  en  <|uelque  sorte  scientifique  , dont 
Buffon  avolt  fait  usage  avec  tant  de  succès  , pour 
Vllistoire  Naturelle. 

Nous  avons  placé  à la  tète  de  ce  Recueil  les 
Discours  sur  l' Anatomie  où  l’on  remarque  plus 
particulièrement  cette  manière  de  présen'cr  la 
science  avec  tant  d’intérêt,  et  de  la  mettre  à la 
portée  de  tous  les  lecteurs  <|ul  ont  cultivé  leur 
esprit. 

Les  autres  articles  qui  peuvent  et  qui  doivent 
également  appeler  leur  attention,  sont  placés  à la 
suite  de  ces  beaux  discours. 

Les  travaux  et  les  raémoii'es  purement  techniques 
et  relatifs  aux  progrès  de  la  science,  sont  rejetés  à 
la  fin  et  compris  dans  une  section  particulière. 

La  réunion  de  ces  dlfférens  objets  est  d’ailleurs 


4 SaENCES  PHYSÎOL.  ET  MEDICALES, 
divisée  par  sections  , et  ordonnée  de  manière  à 
former , autant  qu’il  étoit  possible  , un  ensemble , 
et  non  une  collection  des  travaux  de  Vicq-d’Azyr  , 
sur  les  Sciences  Physiologiques  et  Médicales. 

Bcole  de  Médecine  de  Paris  , ce  aS  prairial  an  xii. 


SCIENCES 

PHYSIOLOGIQUES  ET  MÉDICALES. 


PREMIERE  SECTION. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE. 

PREMIER  DISCOURS. 


D E l’Anatomie  en  général , de  ses  moyens  , de  ses  obstacles  ^ 
des  êtres  qui  sont  l’objet  de  cette  science  , de  leurs  carac- 
tères ; des  avantages  de  l’Anatomie  et  de  la  nécessité  d’en 
étendre  l’étude  ’a  tous  les  corps  organisés. 

L’anatomie  est  peut-être,  parmi  toutes  les  sciences, 
celle  dont  on  a le  plus  célébré  les  avantages,  et  dont 
on  a le  moins  favorisé  les  progrès;  c’est  peut-être 
aussi  celle  dont  l’étude  offre  le  plus  de  difficultés:  ses 
recherches  sout  non -seulement  dépourvues  de  cet 
agrément  qui  attire;  elles  sont  encore  accompagnées 
de  circonstances  qui  repoussent  : des  membres  déchi- 
rés et  sanglans,  des  émanations  infectes  et  malsaines, 
l’appareil  affreux  de  la  mort,  sont  les  objets  qu’elle 
pi’ésente  à ceux  qui  la  cultivent.  Tout-à-fait  étrangère 
aux  gens  du  monde,  concentrée  dans  les  amphithéâtres 
et  dans  les  hôpitaux,  elle  n’a  jamais  reçu  l’hommage 


6 SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

de  ces  amateurs  qu’il  faut  captiver  par  l’élégance  et 
la  mobilité  du  spectacle.  Ce  n’a  été  qu’en  descendant 
dans  les  tombeaux  et  en  bravant  les  lois  des  hommes 
pour  découvrir  celles  de  la  nature,  que  l’anatomiste  a 
jeté  d’une  manière  pénible  et  dangereuse,  les  fonde- 
mcns  de  ces  connoissances  utiles;  et  il  n’y  a point  de 
siècle  où  des  préjugés  de  divers  genres  n’aient  mis  les 
plus  grands  obstacles  à ses  travaux. 

Abusé  par  les  prestiges  de  la  métempsycose,  l’ha- 
bitant de  rinde  est  peint  dans  l’histoire,  comme  res- 
pectant les  coi  ps  des  animaux  même  les  plus  vils,  et 
ne  pouvant  , sans  paroîlre  criminel  , y porter  le 
couteau.  Esclave  de  ses  coutumes,  l’Egyptien  n’a 
donné  tous  ses  soins  à l’embaumement  des  cadavres 
que  dans  l’intention  de  conserver  une  demeure  à la- 
quelle l’àme  devoit,  suivant  lui,  rester  long- temps 
unie  : tant  d'efforts  n’ont  transmis  à la  postérité  quo 
des  restes  hideux , tristes  débris  d’un  peuple  qui  fut 
le  père  des  arts,  mais  parmi  lequel  l’anatomie  étoit 
une  science  impraticable.  Le  culte  que  les  Grecs  ren- 
düienl  à leurs  morts  n’étoit  pas  moins  contraire  à 
ses  progrès.  Ne  les  a-t-on  pas  vus  condamner  des  gé- 
néraux vainqueurs  à perdre  la  vie  , parce  qu’ils 
avüient  laissé  sans  sépulture  des  soldats  tués  dans  une 
action?  quel  supplice  auroienl-ils  donc  réservé  à ceux 
qui  auroient  violé  leurs  tombeaux?  Les  Roniaius 
furent  moins  sévères  à cet  égard;  mais  l’anatoinie  ne 
leur  dut  aucun  encouragement,  puisqu’au  rapport 
de  Galien  , on  faisoit  le  voyage  d’Alexandi  ie  pour  y 
voir  des  os  humains,  qu’il  auroil  sans  doute  été  plus 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  • j 

facile  de  préparer  à Rome,  s’il  n’y  avoit  pas  eu 
d’obstacles. 

Plus  de  mille  ans  se  passèrent,  depuis,  celle  époque,, 
dans  ce  même  aveuglement.  La  religion  de  Maho- 
met, toute  guerrière,  adopta  les  préjugés  de  l’Inde 
et  de  l’Egypte.  Des  barbares  démolirent  les  villes 
de  la  Grèce,  mutilèrent  les  chefs- d’œuvres  de  ses 
arts,  et  ne  laissèrent  subsister  que  ses  erreurs.  On 
continua  de  regarder  comme  impurs  ceux  qui  avoient 
approché  des  cadavres;  et  ce  ne  fut  qu’au  commen- 
cement du  quatorzième  siècle,  qu’au  grand  étonne- 
ment du  monde  entier,  trois  corps  humains  furent 
disséqués  dans  l’amphithéâtre  ( i ) de  Milan.  Cet 
exemple,  donné  par  ritalie,  ne  fut  suivi  que  long- 
temps après  en  France,  (2)  et  n’eut  point  avant  le 
seizième  siècle,  d'imitateurs  dans  le  reste  de  l’Europe.. 

Mais  alors  on  cessa  presque  de  disséquer  des  ani- 
maux : toute  l’activité  des  anatomistes  se  concentra 
dans  l’examen  du  corps  humain  , et  ce  n’a  été  qu’a- 
près  y avoir  pour  ainsi  dire  épuisé  leurs  efforts,  qu’ils 
sont  revenus,  par  choix,  à l’ohjet  de  leurs  premières 
éludes,  cultivé  si  long-temps  par  nécessité. 

Déjà  plusieurs  savans  se  sont  illustrés  dans  celte 
carrière.  L’académie  l'oyale  des  sciences  s’en  est  oc- 


{ 1 ) En  i3o6  et  i3i5 , par  Mundinus. 

( 2 ) En  1376  , 1377  , i584  , i4g6,  à Montpellier  ; en  i4g4,  à Paris. 
J oyez  la  Bibliothèque  ulnatomique  de  Haller  , V Histoire  de  F Ana- 
tomie j-ç^r  'ül.  Portai  et  le  Discours  Historique  et  critique  sur  les 
découvertes  faites  en  Anatomie  , etc.,  par  M.  de  Lassus,  1785, 
pages  70  et  72. 


8 SCIENCES  PHYSrOL.  ET  MEDICALES. 

cupée  dès  sou  origine;  (i)  celle  des  Curieux  de  la 
Nature  y a contribué  par  des  fragmen.s  nombreux. 
Blasius  et  Valentini  ont  publié  des  recueils  où  la 
plupart  de  ces  observations  sont  consignées.  Déjà  les 
insectes  (2)  et  les  polypes  (5)  ont  eu  leurs  historiens;  (4) 
enfin  réunissant  ce  que  le  coup  d’œil  le  plus  vaste  et 
en  même  temps  le  plus  juste,  le  génie  le  plus  fécond 
et  le  tact  le  plus  délié  peuvent  rassembler  de  qualités 
précieuses  et  rares,  deux  gratids  naturalistes  ont  élevé 
tin  de  ces  monumens  qui  honorent  les  nations  dans 
le  souvenir  de  la  postéiaté  : l’histoire  des  quadrupèdes 
a vu  le  jour , et  l’on  a eu  un  modèle  dans  ce  genre. 

J’ai  parlé  des  obstacles  que  plusieurs  siècles  de 
préjugés  ont  mis  à l’avancement  des  connoissances 
anatomiques  ; j’indiquerai  ceux  qui  naissent  de  la 
nature  même  de  ces  recherches. 

Les  moyens  pi'opres  à faire  connoître  la  structure 
et  le  jeu  des  organes  peuvent  être  réduits  aux  suivans  : 
la  dissection  anatomique  , les  expériences  que  l’on 
lente  sur  les  animaux  vivans  , l’observation  exacle 
de  leurs  phénomènes,  soit  dans  l’état  de  santé,  soit 
dans  celui  de  maladie,  et  l’iiistoire  des  changemens 
que  ce  dernier  état  apporte  dans  leur  tissu. 

A entendre  quelques  auteurs  , il  semble  que  la 
physique  soit  riche  en  procédés  capables  de  dévoiler 


( 1 ) Voyez  le  Jîecucil  rédigé  par  Perrault,  dans  les  ancieos 
Mémoires  de  l’ylcadimie. 

( 3 ) Malpiglii  , Swammcrdam  , Réaumur  et  M.  GcolTroi. 

( 5 ) Tremblcy  , etc. 

( 4 )MM.  le  comte  de  Bufiuu  et  d’Aulientun. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  «j 

le  méccitiisinc  de  nos  fonctions.  C^udijiies  rcflcxions 
feront  connoîlre  les  difficultés  dont  cette  carrière  est 
l’emplie. 

Un  corps  froid,  inanimé,  privé  de  la  vie,  n’offre 
q’je  des  fibres  sans  ressort,  des  vaisseaux  relâchés  et 
vides.  L’art  est,  à la  vérité,  parvenu  à les  remplir; 
mais  un  fluide  étranger  et  grossier  distend  outre  me- 
sure les  canaux  les  plus  ouverts,  et  ne  coule  point 
dans  les  plus  déliés^  ou,  si  l’on  emploie  un  fluide  plu» 
subtil,  il  s’échappe,  il  transsude  sous  la  forme  de  rosée 
et  ne  nous  instruit  point  sur  la  structure  des  filières 
par  lesquelles  il  a passé.  Ces  réseaux  nerveux  qui 
déterminoient  les  réactions  les  plus  fortes,  celle  pulpe 
qui  étoit  le  ffiyer  des  ébranlemens  les  plus  variés,  sur 
laquelle  la  lumière  elle-même  imprimoit  des  images 
et  laissoit  des  traces  de  ses  vibrations;  tout  est  insen- 
sible, tout  est  muet;  le  muscle  ne  se  roidit  plus  sous 
rinslrumenl  qui  le  blesse;  le  nerf  est  déchiré  sans 
exciter  ni  trouble  ni  douleur  ; toute  connexion , toute 
sympathie  sont  détruites,  et  les  corps  des  animaux 
dans  cet  état  sont  une  grande  énigme  pour  celui  qui 
les  dissèque. 

Celle  dissection  elle-même  a ses  difficultés.  Combien 
ne  faut -il  pas  d'adresse,  d’ordre  et  de  patience  pour 
découvrir , parmi  le  grand  nombre  de  parties  sur- 
ajoutées les  unes  aux  autres,  les  différens  nerfs  et  les 
vaisseaux  qui  appartiennent  à chacune!  Encore,  dans 
cet  assemblage  si  mei'veilleux  de  ressorts  de  tous  les 
genres,  court -on  les  risques  de  négliger  ceux  qui  sont 
les  plus  iuléressans  par  leurs  usages,  ceux  dont  l’éner- 


lo  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

gie  vitale,  s’il  éloit  possible  de  les  voir  lorsqu’ils  en 
sont  pénétrés,  rendioit  les  mouvemens  les  plus  re- 
marquables, et  altireroit  surtout  l’attention  de  l’ana- 
tomiste. S’il  se  détermine  à interroger  la  nature  vi- 
vante , s il  ose  y cbercher  la  solution  du  problème 
dont  il  est  occupé,  combien  celte  scène  est  plus  re- 
poussante encore  que  la  première  ! et  combien  les 
vérités  qu’il  découvre  sont  cruelles  à arracher  et 
difficiles  à reconnoître!  Ce  n’cst  plus  celte  immobi- 
lité, ce  silence  qui  caractérisent  un  entier  abandon  de 
la  vie;  c’est  un  état  toul-à-fait  opposé  dans  lequel 
la  souffrance  et  la  crainte  ne  laissent  pas  un  moment 
de  repos  : pour  un  animal  retenu  par  des  liens,  le 
plus  léger  mouvement  est  le  signal  de  la  douleur,  et 
redouble  ses  craintes.  Tout  son  corps  se  contracte, 
chacune  de  ses  parties  se  soulève  contre  l’ennemi  qui 
la  menace  ou  qui  la  tourmente.  Parmi  des  Ilots  de 
sang  et  des  convulsions,  au  milieu  des  cris  aigus  et 
des  angoisses,  comment  ne  pas  se  tromper  sur  le  siège 
du  sentiment?  Qui  pourroit  se  flatter,  dans  un  bou- 
leversement aussi  général,  de  l’elroiiver  les  traces  des 
mouvemens  nalurels?elquellesprécaulions,f|uelle  saga- 
cité ne  faut-il  pas  pour  en  tirer  quelques  résultats  ut  Mes? 

Le  troisième  ordre  de  moyens  proposés,  est  l'ob- 
servation exacte  et  assidue  des  phénomènes  que  pré- 
sentent les  diverses  fonctions  organiques  considérées 
dans  l’état  ordinaire  de  la  vie  ; mais  il  est  diflicile 
d’isoler  ceux  qui  appartiennent  à chaque  viscère,  (i) 


( 1 ) Les  anatomlites  appellent  viscère,  tout  orgaue  contenu 


IX 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE. 

tant  les  connexions  des  parties  qui  composent  les 
corps  animés  sont  multipliées  enlr’elles!  Et  d’ailleurs, 
quand  on  observe  les  eflets  d’une  action  vitale  parti- 
culière, on  n’en  aperçoit  point  le  foyer  : réciproque- 
ment, quand  l’anatomie  nous  le  montre,  son  activité 
n’existe  plus,  et  nous  ne  pouvons  presque  juuiais 
saisir  que  par  le  secours  de  i’iiuaginatiou  le  lien  qui 
les  unit. 

La  comparaison  des  viscères  sains  avec  ceux  qui 
sont  malades,  fournit  encore  des  connoissances  qu’il 
est  important  de  recueillir.  Mais  n’ai'rive-t  - il  pas 
souvent  que  le  siège  du  mal  est  très-éloigné  de  celui 
où  se  luanifoste  la  douleur?  Si  les  nerfs  disposés  tlans 
les  organes,  des  sens  pour  nous  communitiuer  les 
impressions  du  dehors,  nous  induisent  si  souvent  en 
erreur,  combien  ne  devons -nous  pas  être  trompés 
par  ceux  du  dedans,  dont  les  enlrelacemens  et  les 
l'éseaux  semblent  avoir  pour  but  de  nous  derol)cr  la 
connoissance  de  ce  qui  s'y  passe?  il  n’y  a aucune  ré- 
gion du  corps  humain  qui  ne  réponde  à plusieurs 
organes,  parmi  lesquels  il  est  souvent  diilicile  de 
reconnoitre  celui  qui  est  aüecté  ou  qui  a été  la  source 
du  mal  ; et  les  altérations  qu'on  observe  après  la 
mort,  ne  sont,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  que 
des  effets  secondaires  du  vice  primitif,  ou  le  produit 


dans  une  caviié  ; ainsi  l’œil , le  cœur , le  poumon  sont  des  viscères  , 
dans  cette  acception. 

Chaque  viscère  a des  fonctions  qui  lui  sont  propres , et  nr.e 
sphère  d’action  plus  ou  moins  étendue,  et  variable  dans  chaque 
individu.  ( A'o/e  de  l’Editeur.  ) 


I 


1 2 SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

d’une  cause  qui,  en  frappant  un  dernier  coup,  n’a 
laissé  presque  aucune  trace  de  son  existence  , dans  les 
lieux  qu’elle  a quilles. 

C’est  au  milieu  de  tous  ces  écueils  que  marche  le 
physiologiste  : le  sujet  sur  lequel  il  s’exerce  est  très- 
composé,  la  science  qu’il  cultive  résulte  elle-même  de 
plusieurs  autres  sciences  qui  doivent  nécessairement 
se  perfectionner  avant  elle.  Au  commèncemenl  de  cc 
siècle , la  physiologie  n’éloit  encore  qu’un  vain  as- 
semblage de  systèmes  5 c’est  Haller  qui  les  a dissipés  ; 
il  a jeté  les  fondemens  d’une  science  qui  n’a  de 
commun  que  le  nom  avec  l’ancienne.  Offrons  à ce 
grand  homme  l’hommage  de  notre  reconnoissance , 
et  témoignons -lui  notre  l'espect  en  suivant  sa  mé- 
thode , et  en  nous  efforçant  de  marcher  sur  ses 
traces. 

Il  n’y  a point  d’animal  ou  de  corps  organisé  qui  ne 
puisse  êli’e  le  sujet  de  l’Anatomie;  mais  l’étendi'e  à 
tous,  C'e  seroit  exiger  trop  de  travaux  : il  suffira  de 
choisir  parmi  les  corps  vivans  , considérés  depuis 
l'homme  jusqu’à  la  plante,  ceux  dont  les  différences 
fournissent  les  caractères  les  plus  remarquables,  et 
d’en  former  une  suite  de  genres  anatomiques  auxquels 
les  espèces  intermédiaires  et  les  travaux  déjà  faits 
puissent  se  rapporter. 

Xi’amour  du  merveilleux  doit  surtout  être  banni 
de  cet  ouvrage.  Quelques  animaux  ont , dans  certaines 
parties,  une  conformation  extraordinaire  qui  n’est  pas 
ce  que  l’Anatomie  comparée  offre  de  plus  intéressant; 
souvent  même  ces  singularités  trouvent  à pciue  une 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i5 

place  dans  le  système  des  êtres  : elles  ne  doivent 
point  être  oubliées  dans  notre  tableau  ; mais  on  y 
verra  sans  doute  avec  plus  de  plaisir  les  rapports 
suivis,  croissans  ou  décroissans  des  diflerentes  fonc- 
tions dans  toutes  leselasses  des  corps  organisés  : on 
les  verra  se  réunir,  se  diviser  ensuite,  et  la  vie, 
attachée  à un  petit  nombre  d’organes,  se  réduire, 
pour  ainsi  dire,  à seséléinens,  dans  quelques  espèces, 
et  paroître  d’autant  plus  féconde  et  plus  assurée  , 
qu’elle  devient  en  même  temps  plus  simple  , plua 
facile  et  plus  répandue. 

Les  effets  par  lesquels  elle  se  manifeste  peuvent  être 
regardés  comme  des  signes  propres  à la  fiiirereconnoître 
partout  oùellc  existe. Les  corps  vi vans  sont  tous  dispo- 
sés de  manière  à se  nourrir  (i)  età  se  reproduire;  (2) 
diftérens  sucs  circulent  dans  leurs  vaisseaux  (3)  et 
reçoivent  dans  leurs  organes  une  préparation  rela- 
tive à leurs  besoins;  (4)  ils  commuuiquent  tous  inti- 
mement avec  le  fluide  où  ils  sont  plongés;  (5)  des 
puissances  contractiles,  (6)  plus  ou  moins  soumises  à 
leur  volonté,  meuvent  des  leviers  (7^  destinés  à divers 
Usages,  et  des  cordons  nerveux  qui  se  réduisant  eu 
pulpe,  établissent  des  rapports  déterminés  entre  le 


( 1 ) La  digestion  et  la  nutrition, 
( 2 ) La  génération. 

( 5 ) La  circulation. 

( 4 ) Les  secrétions, 
f 5)  La  respiration, 

( 6 ) L’irritabilité. 

( 7 ) L’ossification. 


i4  SCIENCES  PHYSrOL.  ET  MEDICALES. 

corps  auquel  ils  apparliennenl  et  tous  ceux  dont  il 
est  environné,  (i)  On  peut  déduire  de  ces  considéra- 
tions, des  caractères  qui  Ibrnieiit  les  principales  mo- 
dificalions  du  système  vivant. 

Pour  en  découvrir  le  mécanisme , il  faut  rechercher 
parmi  leurs  effets  quels  sont  ceux  qui  se  rapportent 
aux  lois  bien  établies  de  la  chymie  ou  de  la  phy- 
sique, et  les  distinguer  soigneusement  des  effets  qui 
ii’onl  point  avec  ces  lois  de  liaison  immédiate  , ou 
au  moins  connue,  et  dont  la  cause  nous  est  cachée. 
Ce  sont  ces  derniers  que  Vanhelraont  et  Slahl  ont  fait 
dépendre  d’une  archée  ou  de  l’àine , sans  réfléchir 
que  leur  nature  n’étant  point  approfondie,  ce  qu’ils 
altribuoient  à un  seul  agent  dépendoit  peut-être  de 
plusieurs.  En  recourant  à des  causes  imaginaires,  ne 
semble- 1- il  pas  que  ces  grands  hommes  aient  voulu 
cacher  leur  ignorance  sous  le  voile  de  la  philosophie, 
et  qu’il  n’aient  pu  se  résoudre  à marquer  /usqu’où 
s’élendoienl  leurs  connoissances  positives  ? Ils  ont 
sans  doute  eu  raison  de  dire,  et  nous  pensons  coimue 
eux,  que  certains  phénomènes  se  rencojitrent  seule- 
ment dans  les  corps  organisés,  et  qu'un  ordre  parti- 
culier de  mouvemens  et  de  combinaisons  en  fiil  la 
base  cl  en  constitue  le  caractère.  On  se  trompoit, 
sans  doute  , en  leur  assignant  des  causes  hypothé- 
tiques dont  on  a enfin  dévoilé  l'iiisufîi-ance  ; mais 
quelqu’élonnantes  qu’elles  nous  paroissent , ces  fonc- 
tions ne  sont -elles  pas  des  effets  physiques  plus  ou 


( J ) L.’Vfionsiliilité. 


DTSCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i5 

moins  composés  dont  nous  devons  examiner  la  nature 
par  tous  les  moyens  que  fournissent  l’observation  et 
l’expérience,  et  non  leur  supposer  des  principes  sur 
lesquels  l’esprit  se  repose  et  croit  avoir  tout  fait  lors- 
qu’il lui  reste  tout  à faire.  En  un  mot,  ces  médecins 
dont  on  a,  de  nos  jours,  réfuté  les  erreurs,  et  que 
l’on  appelle  avec  une  sorte  de  dédain  , du  nom  de 
mécaniciens,  ont -ils  fait  autre  chose  que  d’abuser 
de  la  mécanique  et  de  la  physique?  Parce  qu’ils  se 
sont  trop  pressés  d’en  appliquer  les  connoissances  à 
la  médecine  , parce  qu’ils  en  ont  fait  un  mauvais 
usage,  faut-il  que  l’on  y renonce?  et  si  l’on  s’inter- 
dit cette  source  abondante  , où  puisera- 1- ou  pour 
enrichir  notre  art  et  perfectionner  l’étude  du  corps 
humain  ? 

Les  fonctions  des  corps  vivans,  dont  nous  avons 
reconnu  la  nature  et  les  diti'erences , peuvent  être 
divisées  en  trois  ordres  principaux.  Dans  le  premier 
doivent  être  rangées  celles  dont  le  produit  est  une 
préparation,  une  coction  quelconque  des  sucs  ou  des 
fluides  destinés,  soit  à la  nutrition,  soit  au  dévelop- 
pement, soit  ù la  reproduction  de  ces  corps,  (i) 

La  seconde  classe  compreiid  toutes  les  espèces  de 
mouvemens  dont  ils  sont  animés,  soit  ceux  qui  s'exé- 
cutent dans  les  fibres  charnues,  ( j)  soit  cette  /«r- 
gescence  que  l’on  remarque  dans  les  parties  composées 


( I ) La  digestion  ,1a  n\itrition  , les  secrétions  en  général , la  res- 
piration, la  génération. 

( a 1 L’irritabilité,  la  circulation. 


i6  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

cVartères  et  de  nerfs  entrelacés  et  formant  des  ré- 
seaux, soit  ce  ton,  ce  ressort  toujours  proportionné  à 
l’énergie  vitale,  que  les  maladies  augmentent  ou  di- 
minuent, et  qui  n’est  qu’une  extension  de  l’irritabilité, 
resserrée  par  Haller  dans  des  bornes  trop  étroites. 

A la  troisième  classe  se  rapportent  toutes  les  mer- 
veilles de  la  sensibilité  concentrée  ou  réfléchie,  et 
considérée,  soit  dans  les  organes  des  sens,  soit  dans 
le  centre  médullaire  des  fibres  nerveuses,  soit  dans  les 
cordons  qui  séparent  ces  deux  foyers  interne  et  ex- 
terne d’eù  partent  et  où  se  réunissent  nos  sensations. 

Le  fameux  chancelier  Bacon  a donné  une  belle  idée 
des  sciences , en  les  comparant  à une  pyramide  dont 
la  pointe  très- élevée  se  perd  dans  les  nues  et  repré- 
sente les  questions  métaphysiques  , tandis  que  les 
sciences  naturelles  en  sont  le  soutien  , et  que  les 
autres  connoissances  sont  distribuées  dans  l’inter- 
valle , suivant  leurs  divers  degrés  de  certitude  ou 
de  probabilité. 

Cet  ingénieux  emblème  peut  aussi  convenir  à nos 
recherches.  Parmi  les  sujets  sur  lesquels  les  physio- 
logistes s’exercent,  ily  en  a plusieurs  qui , parleur  na- 
ture abstraite  et  subtile,  doivent  occuper  le  sommet 
de  la  pyramide  figurée  par  Bacon , sommet  si  souvent 
élevé  et  si  souvent  détruit,  tandis  (|ue  la  base  iné- 
branlable croissant  avec  autant  de  sûreté  que  de 
lenteur,  reçoit  le  tribut  des  observations  que  chaque 
siècle  lui  fournit,  et  ne  se  perfectionne  que  par  la 
main  du  temps.  Ainsi  la  dissection  anatomique  et  les 
expériences  tentées  sur  les  animaux,  seront  l’appui 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  17 

de  rédlfice  que  nous  n’éleverons  qu'avec  la  plus 
grande  réserve;  nos  vœux  se  bornent  à laisser  à ceux 
qui  nous  succéderont,  un  plan  dont  rexécutioii  soit 
commencée  , et  un  petit  nombre  de  travaux  exacts 
et  dignes  de  la  confiance  de  ceux  qui  s’intéressent 
aux  progrès  de  l’Anatoraie. 

Mais  quels  seront  nos  points  de  repos  dans  la  car- 
rière que  nous  devons  parcoui'ir,  quelle  sera  notre 
luétliude  dans  le  choix  des  individus  (|ui  doivent  servie 
à nos  comparaisons?  essayons  de  le  déterminer. 

Des  liois  règnes  qui  embrassent  toute  la  nature, 
deux  se  confondent  tellement  qu’il  est  presque  im- 
possible d’établir  leurs  limites. ('es  grandes  différences 
que  l’on  obsei've  entre  tes  exli'émités  de  leur  cliuino 

disparoissent  à mesure  qu’on  s’approche  du  point  »|ui 
« 

les  réunit  : les  champignons,  les  plantes  vésiculaires 
et  articulées,  les  corallines,  et  ces  végétations  dans 
lesquelles  une  famille  d’animaux  travaille  en  commun, 
et  qui,  solidement  attachées  par  leur  base,  ne  peuvent 
se  mouvoir  que  dans  leurs  ramifications,  toutes  ces 
substances  semblent  tenir  le  milieu  entre  les  animaux 
et  les  végétaux,  ou  au  moins  laissent  peu  d’intervalle 
entre  ces  deux  ordres.  Il  n’en  est  pas  de  même  des 
minéraux  : gouvernés  iuimédiatement  par  les  lois 
connues  de  la  mécanique  et  des  attractions  élec- 
tives, ne  recevant  d’accroissement  et  n’agissant  qu’à 
leui’s  surfaces  , ils  forment  un  grand  système  cir- 
conscrit dans  tous  ses  points , et  qui  n’est  équivoque 
dans  aucun  de  ses  rapports. 

A eette  grande  classe  on  peut  donc  en  opposer  une 


O 


i8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

autre  dans  laquelle  les  niasses  animées  par  des  mou- 
vemens  particuliers  et  spontanés  se  reproduisent  par 
des  germes,  où  les  élémens  ne  cessent  de  se  mouvoir, 
de  se  heurter,  de  se  combiner  de  raille  manières,  et 
dont  les  parties,  après  s’ètre  accrues  par  une  force 
intérieure,  dépérissent  enfin  et  rentrent  dans  le  pre- 
mier règne , auquel  la  mort  semble  rendre  ce  que  la 
vie  lui  a ôté. 

Ces  effets  sont  communs  aux  végétaux  et  aux  ani- 
maux •,  dans  les  uns  comme  dans  les  autres , des  hu- 
meurs circulent,  des  sucs  se  séparent,  l’air  est  attiré 
et  coule  dans  des  vaisseaux  particuliers;  les  sexes 
sont  distincts  et  se  fécondent,  et  tous  éprouvent  ce 
développement  qui  leur  donne,  chaque  année,  une 
couche  ou  des  productions  nouvelles. 

11  n’y  a donc  que  deux  règnes  dans  la  nature , dont 
l’un  jouit  et  l’autre  est  privé  de  la  vie. 

Dans  le  premier,  sous  combien  de  formes,  avec 
quelle  abondance  et  quelle  rapidité  les  êtres  se  suc- 
cèdent ! la  sui-face  et  les  premières  couches  de  la 
terre,  celle  des  eaux  et  leur  profondeur,  la  zone  de 
l’atmosphère  qui  touche  le  globe  sont  remplies  d’ani- 
maux et  de  plantes  et  pénétrées  d’une  immense  quan- 
tité de  gerrat*s  destinés  à peupler  le  monde. 

L’homme  occupe,  sans  doute,  le  premier  rang  dans 
ce  bel  ensemble  , puisqu’il  connoît  sa  place  et  qu’il  en  a 
mesuré  tous  les  rapports;  il  est  sans  doute  le  roi  des  ani- 
maux, puisqu’il  les  subjugue  et  qu’il  leur  commande. 
Sa  description  doit  être  faite  la  première; elle  doit  être 
la  plus  étendue,  soit  parce  qu’elle  nous  intéresse  de  plus 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  19 

prèsjsoil  parce  qu’indépendamment  de  ce  motif,  les 
organes  étant  toujours  composés  en  raison  de  leurs  ef- 
fets, c’est-à-dire  de  l’industrie  de  chaque  classe  d’ani- 
naux,  c’est  encore  Thomme  qu’il  faut,  sous  cet  aspect, 
étudier  avec  le  plus 'de  soin  et  le  plus  long -temps. 

11  entre  dans  mon  plan  de  considérer  le  corps  hu- 
main dans  tous  ses  âges  et  dans  les  diverses  circons- 
tances où  il  peut  se  trouver,  d’en  examiner  toutes 
les  parties,  et  d’écrire  l’histoire  de  leurs  phénomènes, 
objet  trop  négligé  jiav  les  physiologistes.  Toujours 
pressés  de  remonter  aux  causes,  la  plupart  ont  né- 
gligé d’observer  les  effets  qui  s’offroient  de  tous  cotés 
à leurs  regards  et  qu’il  auioit  été  facile  de  recueillir 
plutôt  : ce  li’est  que  dans  les  ouvrages  des  écrivains 
les  plus  modernes  que  l’on  trouve  les  traces  de  cetto 
méthode.  Je  la  suivrai;  et  si  quelqu’un  se  plaint  de  la 
trop  grande  étendue  de  mes  descriptions,  je  lui  ré- 
pondrai que  les  recherches  anatomiques,  quoiqu’im- 
menses,  sont  cependant  encore  incomplètes,  puisque 
nous  ignorons  quel  est  l’usage  de  plusieurs  viscères 
dont  une  corinoissance  plus  approfondie  doit  un  jour 
dévoiler  le  mécanisme;  je  dirai  qu’il  est  permis  de 
chercher  jusqu’à  ce  que  l’on  ait  trouvé  tout  ce  que 
l’on  cherche,  et  que  noussommes,  en  Anatomie,  bien 
loin  d’avoir  atteint  ce  but. 

Après  avoir  fait  cet  aveu,  j’ai  peut-être  acquis  le 
droit  d’ajouter  que  la  description  de^nos  oi’ganes,  quoi- 
qu’imparfaite , est  cependant  assez  exacte  en  plusieurs 
points,  et  assez  riche  pour  fournir  des  résultats  utiles 
à la  médecine  et  à la  pliilosophie  ; c’est  un  spectacle 


&0  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

dont  une  partie  se  dérobe  à la  curiosité  qu’elle  excite, 
tandis  que  l’autre  la  satisfait,  et  dont  les  personnes 
sages  ne  peuvent  manquer  de  retirer  à la  fois  du 
profit  et  du  plaisir. 

11  est  temps,  en  elFet,  que  ceux  qui  désirent  de 
s’instruire,  après  avoir  interrogé  tout  ce  qui  les  en- 
toure, reviennent  à eux -mêmes  et  donnent  quel- 
qu'attention  à leur  propre  sti’ucture.  Les  formes 
extérieures,  les  lois  du  mouvement,  les  élémens  et 
la  composition  des  corps  leur  fournissent,  sans  doute, 
des  considérations  importantes;  mais  s’ils  ne  savent 
point  quels  sont  les  rapports  de  ces  substances  avec 
Ja  leur,  ne  perdent-ils  pas  le  fruit  le  plus  précieux 
de  leurs  recherches?  Qu’est-ce  qu’une  théorie  des 
sensations  , si  elle  n’est  appuyée  sur  la  desci’iption 
exacte  des  sens  eux  - mêmes  ? L’examen  des  nerfs , de 
leur  origine,  de  leurs  connexions,  n’explique -t- il 
pas  un  grand  nombre  de  phénomènes  sur  lesquels  il 
est  si  commun  et  quelquefois  si  dangereux  de  raison- 
ner mal?  Et  pourquoi  la  circulation  du  sang  et  de 
la  lymphe,  qui  sont  la  source  et  l’aliment  de  la  vie, 
ne  seroit-elle  pas  aussi  bien  l’objet  de  nos  réflexions 
que  la  route  et  la  direction  des  fleuves  qui  coulent 
sous  un  autre  ciel,  ou  celle  des  astres  qui  se  meuvent 
si  loin  de  nos  têtes  ? 

Mais  dans  ce  travail,  il  ne  faut  pas  considérer 
l’homme  seul;  on  doit  le  rapprocher  des  autres  ani- 
maux : ainsi  rassemblés,  ils  forment  un  tableau  im- 
posant par  son  étendue,  et  piquant  par  sa  variété. 
L’homme  isolé,  ne  paroît  pas  aussi  grand;  ou  ne 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  a» 

voit  pas  aussi  bien  ce  qu’il  est  : les  animaux  , sans 
l’homme,  semblent  être  éloignés  de  leur  type,  et  on 
ïie  sait  à quel  centre  les  rapporter.  Les  différens  corps 
organisés  et  vivans  dévoient  donc  être  réunis  dans  cet 
ouvrage,  comme  ils  le  sont  dans  la  nature.  Combien 
de  fois,  dans  le  cours  de  mes  recherches,  j’ai  joui 
d’avance  du  plaisir  de  voir  rangés  sur  une  mêm» 
ligne  tous  ces  cerveaux  qui,  dans  la  suite  du  règne 
animal , semblent  décroître  comme  l’industrie  ; tous  ces 
cœurs  dont  la  structure  devient  d’autant  plus  simple 
qu’il  y a moins  d'organes  à vivilier  et  à mouvoir  ; tous 
ces  viscères  où  se  lillre  de  tant  de  manières  le  fluide 
élastique  que  nous  respirons  j tous  ces  foyers,  où  s’é- 
laborent tant  de  substances  différentes  destinées  à se 
convertir  en  chyle  et  d’où  se  séparent  les  molécul  rs 
grossières  des  os,  l’esprit  éthéré  dont  les  nerfs  paroissent 
être  les  conducteurs,  le  ferment  de  la  digestion  qui 
maintient  la  vie  au -dedans  de  l’individu  , et  cette  li- 
queur, plus  surprenante  encore,  quoiqu’elle  ne  coût© 
pas  plus  à la  nature,  qui  propage  l’existence  au- de- 
hors, et  qui  contient  mille  fois  eu  elle  l’image  ou  plu- 
tôt l’abrégé  de  toutes  ces  merveilles  ! 

Que  l’on  ne  dise  donc  plus  que  l’Anatomie  est  une 
science  sèche,  stérile,  repoussante,  puisqu’elle  seule 
peut  apprendre  à l’homme  tout  ce  qu’il  lui  est  permis 
de  savoir  sur  ces  div^ers  sujets , les  plus  grands  peut- 
être  qui  s’ofl'rent  à sa  méditation  et  à son  étude. 

Celui  qui  peut  s’élever  à la  connoissance  des  ani- 
maux doit  considérer  avec  soin  et  comparer  ensemble 
deux  espèces  d’organes,  dont  les  uns  sont  placés  à la 


22  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

surface  et  les  aulres  dans  les  grandes  cavités.  On  peut 
regarder  les  premiers  comme  les  inslrumens  immédiats 
de  leurs  mouvenens , el  les  seconds  comme  les  ressorts 
cachés  de  la  nutrition  , de  la  sensibilité , de  la  reproduc. 
lion  et  de  la  vie.  Ces  organes  se  correspondent  -,  ils  for- 
ment, en  quelque  sorte , les  deux  extréniités  du  système 
animal  ; el  les  uns  ne  peuvent  éprouver  de  grandschan- 
gemens,  ni  de  grandes  variétés,  sans  que  les  aulres 
y participent.  Ainsi  les  espèces  qui  se  nourrissent  de 
chair,  parmi  les  quadrupèdes  et  les  oiseaux,  ont  les 
doigts  aigus  et  les  mâchoires  fortement  armées;  mais 
leurs  estomacs  sont  peu  robustes,  toute  la  résistance 
de  la  proie  se  fait  au-dehors  : sa  chair  se  ramollit  et 
se  digère  aisément.  Les  animaux  dont  les  alimens  se 
tirent  des  substances  végétales  ont,  au  contraire,  les 
extrémités  des  doigts  enveloppées  d’ongles  épais;  leurs 
dents  sont  applaties  dans  leurs  faces  supérieures,  for- 
mées par  des  feuillets  et  dépourvues  d’angles  saillans 
eide  pointes;  mais  leurs  estomacs  et  leurs  intestins 
sont  plus  musculeux  et  plus  étendus.  Il  semble  qu’il 
y ait  une  opposition  entre  les  organes  exléricurs  et 
les  intérieurs  destinés  à ces  usages;  que  plus  les  uns 
ont  deTaligue  à essuyer,  moins  il  reste  aux  autres  de 
travail  à faire,  et  qu'eiusi  , par  une  sorte  de  com- 
pensation, cette  fonction  exige  à peu  près,  dans  tous, 
eu  égard  à leur  volume,  une  même  somme  d’efibiis  et 
de  raouvemens. 

Les  dents,  les  estomacs,  les  intestins,  surtout  le  cæcum 
ri  la  vésicule  du  fiel  sont  autant  de  points  appartenant 
au  système  de  la  digestion , el  sur  lesquels  les  anatomistes 


D I s C O UR  s s U R L’AN  ATO  M I E.  25 

ont  le  plus  insisté.  Le  nombre  et  la  forme  des  doigts 
des  côtes,  des  vertèbres,  ont  encore  fixé  leur  atlen- 
tion.  Le  crâne  et  la  face  des  animaux  ont  été  com- 
parés en  général  avec  ceux  de  riiomme  ; mais  ces 
travaux  n’ont  point  été  faits  avec  assez  d’étendue  : on 
n’a  point  examiné  séparément  chacune  des  pièces  qui 
composent  la  tète  et  le  squelette;  on  n’a  point  décrit 
les  vaisseaux;  on  n’a  point  recherché  quelle  est  la 
structure  intérieure  des  viscères;  l’histoire  des  nerfs 
et  de  leur  origine , celle  du  cerveau,  du  cervelet  et 
des  glandes  ont  été  tout -à- fait  négligées;  on  pourroit 
presque  dire  la  même  chose  des  organes  des  sons  ; enfin 
les  muscles  du  chien  , du  cheval  et  du  bœuf  sont  les 
seuls  dont  on  ait  pris  quelque  connoissancc  ; je  les  ai 
disséqués  et  décrits  avec  la  plus  grande  attention  , soit 
dans  ces  quadrupèdes,  soit  dans  plusieurs  autres  d’un 
ordre  dilTérent , soit  dans  les  oiseaux  et  dans  les  rep- 
tiles ; et  j’en  ai  tiré , pour  la  comparaison  des  animaux 
rntr'eux,  des  résultats  qui  m’ont  beaucoup  servi.  J’ai 
vUjdans  lessinges  delà  plusgrande  espèce, les  muscles 
qui  se  dirigeoient  du  bassin  vers  la  jambe  s’y  insérer 
très -loin  du  genou  et  former  avec  elle,  dans  l’ex- 
tension la  plus  complète  dont  ces  animaux  soient  sus- 
ceptibles, un  angle  qui  rendoit  en  eux  la  station 
parfaite  difficile  et  peu  durable;  observation  qui  établit 
une  différence  frappante,  quant  aux  attitudes  et  aux 
mouvemens,  entre  l’homme  et  le  singe,  et  qui  relègue 
celui-ci  parmi  les  quadrupèdes.  J'ai  vu  les  muscles  de 
la  face  se  changer  en  un  pannicule  charnu,  ceux  des 
lèvres  s’élargir  et  s’aplatir  , tandis  que  ceux  du  nez 


24  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

acqueroient  de  1 élégance  dans  leurs  formes,  et  deve- 
noienl  plus  nombreux.  ( i ) J’ai  vu  le  digastique  perdi'e 
entièreinenL  son  tendon  miloyen;  le  ligament  stylo- 
maxillaire  changé  en  un  muscle;  (2)  le  slerno-mas- 
toïdien  s’insérer,  lanlôl  à la  mâchoire  inférieure,  (5  ) 
tantôt  se  diriger  vers  le  haut  du  cou , avec  les  fléchis- 
-aeurs  de  la  tète;  (4)  le  petit- pectoral  manquer  dans 
quelques  ordres;  (5)  les  droits  ilu  bas-venli’e  s'al- 
longer; le  deltoïde  décomposé,  pour  ainsi  dire,  et 
divisé  en  plusieurs  portions;  (6)  un  plan  charnu  très- 
large  se  porter  du  moignon  de  l’épaule  vers  la  tète;  (7  ) 
le  grand-pectoral  fortifié  en  - devant  par  un  plan  ex- 
térieur; (8)  le  grand  dentelé,  remarquable  par  une 
division  cervicale  très- forte  ; le  trapèze  suppléé, dans 
son  extrémité  antérieure,  par  un  autre  muscle  ; (9)  le 
rhomboïde  s’élever  jusqu’à  l’occiput;  (lo)  le  biceps 
changer  de  nom , parce  qu’il  ne  lui  resloit  qu’une  tête  j 
les  supinateurs  et  les  prouateurs  , après  avoir  été 


( I ) Dans  le  sanglier  et  les  ruminans. 

(2  ) Dans  le  cheval. 

(3  ) Dans  le  cheval. 

( 4 ) Dans  le  mouton. 

( 5 ) Dans  plusieurs  ruminans. 

( 6 ) Dans  les  ruiniiiaiisct  dans  le  cheval  ,1e  muscle  deltoïde  est 
représenté  par  le  i>urd  antérieur  du  muscle  commun  du  bras,  gar  la 
partie  moyenne  et  inférieure  du  muscle  commun  à 1a  tête  et  au  bra« 
et  par  les  muscles  abducteurs  de  M.  Bourgclat. 

( 7 ) Ou  l'appelle  miisrlo  commun  à la  tète  et  au  brai. 

( 8 ) Par  le  muscle  commun  du  bras. 

( ) l'ar  le  Lord  supérieur  du  muscle  commun  à la  tête  et  au  bras. 

( 10  ) Dans  plusieurs  fissipèdcs. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  25 

réduilsà  de  très-petites  masses,  disparoilre  tout-à-fail, 
dans  quelques  familles  : j’ai  vu  dans  les  lombes  un 
muscle  déplus;  (i)  dans  la  région  iliaque  externe,  le 
grand  fessiér  représenté  par  un  plan  très-mince;  les 
deux  obturateurs  n’en  former  qu’un  seul;  (2)  parmi 
les  rotateurs  de  la  cuisse,  les  jumeaux  marqués  à 
peine  ( 5 ) le  droit  antérieur  de  la  jambe , double;  ( 4) 
le  droit  interne  très -large;  (5  ) le  couturier  très-n.- 
courci,  (6)  ou  pres(|ue  tffacé,  (7)  et  le  biceps  de  la 
jambe  tellement  élargi  (ju’il  étoit  méconnoissable  : (8) 
j'ai  vu  le  solaire  confondu  avec  le  perforé,  ne  former 
qu’unseul  corps  avec  lui  (9)  et,  toutes  ces  différences, 
conservant  des  rapports  déterminés  avec  les  diverses 
formes  des  squelettes  et  des  viscères,  fournir  une  nou- 
velle preuve  de  cette  grande  barmonie  que  la  nature 
montre  partout  à ceux  qui  étudient  ses  productions. 

C’est  eu  disséquant  les  muscles  des  quadi’upèdos,  que 
j’ai  trouvé  dans  quelques-uns  (10)  des  clavicules  bien 
formées,  dont  aucun  anatomiste  n'avoit  eu  connois- 


( 1 ) Je  l’ai  appelé  iléo-lombalre , dans  le  cheral. 

( 2 ) Dans  te  bélier. 

( 5 ) Dans  le  cheval  et  dans  les  ruminan». 

( 4 ) Dans  le  lapin  , le  lièvre  et  le  chien. 

( 5 ) Dans  presque  tous  les  quadrupèdes. 

( 6 ) Dans  le  cheval  et  dans  les  ruminans. 

(7  )Dans  le  lapin  et  le  lièvre,  dans  le  cochon-d’Inde , dans  le 
shat.  On  le  trouve  bien  exprimé  dans  le  chien. 

( 8 ) Il  est  représenté  par  un  muscle  très-grand  et  très-large  que 
l’on  appelle  le  long-raste. 

( 9 ) Dans  presque  tous  les  quadrupèdes. 

( 10  ) Dans  le  lièvre  et  dans  le  lapin. 


û6  SCIENCES  PHYSIOL*  ET  MEDICALES. 

sauce,  et  dans  d autres,  (i)  des  os  placés  dans  la 
même  région  que  l’on  pourroit  appeler  du  nom  de 
claviculaires,  et  que  l’on  n’avoit  point  encore  obsci’- 
vés,  parce  qu’on  n’avoil  point  examiné  les  muscle» 
entre  lesquels  ils  sont  flollans. 

On  demandera  peut -être  quels  sont  les  usages  de 
ces  os  formés  à l’imilalion  des  clavicules,  dont  ce- 
pendantils  n’ont  pas  la  solidité,  puisqu’ils  ne  s’étendent 
point  de  l’omoplate  au  slernuni;  mais  ne  retrouve- 
t-on  pas  évidemment  ici  la  mai  clie  de  la  nature,  qui 
semble  opérer  toujours  d’après  un  modèle  primitif  et 
général  dont  elle  ne  s’écarte  qu’à  l’egret , et  dont  on 
rencontre  partout  des  traces?  Peul -ou  se  défendre  de 
cette  pensée,  en  voyant  le  plus  intelligent  peut-être  de 
tous  les  animaux  , l’élépbant  pourvu  d’un  carpe,  d’un 
métacarpe  et  de  doigts  semblables  à ceux  de  l'homme, 
mais  encroûtés  d’une  masse  solide  qui  s’oppose  à leurs 
mouvemens,  et  réduit  ces/grarids  animaux,  sous  ce 
rapport,  à la  condition  des  solipèdes?  Peut -on  se  re- 
fuser à cette  pensée  en  observant  les  deux  petits  doigts 
extérieurs  situés,  dans  quelques  quadrupèdes,  au- 
dessus  des  doigts  moyens,  qui  sont  les  plus  longs  et 
les  seuls  utiles,  en  examinant  ce  faisceau  charnu  si 
délié  qui  tient,  dans  le  chien  cl  dans  plusieurs  fissi- 
pèdes,  la  place  du  long  supinateur?  J’eut-on  s’y  re- 
fuser enfin,  en  comparant  les  os  maxillaires  antérieurs 
que  j’appelle  incisifs  dans  les  quadrupèdes,  avec  cette 
pièce  osseuse  qui  soutient  les  dents  incisives  supc- 


{ 1 ) Dan»  le  cochon-d’Indc,  la  belette  et  le  chat. 


DIS  CO  uns  SUR  L'AXAT  OMI  E.  27 

rleures  dans  l’homme,  où  elle  est  séparée  de  l’os  maxil- 
laire par  nne  petite  fêlure  très-remarr|uable  dans  les 
fœtus,  à peine  visible  dans  les  adultes,  et  dont  per- 
sonne n’avoil  connu  l’usage? 

Depuis  qu’on  se  livroil  à l’élude  de  l’Anatomie  hu- 
maine, on  avoit  toujours  dit  : « Les  osquarrés  du  palais 
» ont  une  très-petite  étendue;  pourquoi  sont-ils  sé- 
» parés  de  la  mâchoire  supérieure  dont  la  voûte 
))  palatine  auroit  été  si  facilement  prolongée  jusqu’au 
» .bord  postérieur  de  cette  fosse?  Pourquoi,  disoit- on, 
» les  os  unguis  ne  sont-ils  pas  continus  avec  l’os 
» planum  , qu’il  auroit  été  plus  simple  d’étendre  jus- 
» qu’à  l’apophyse  montante  de  l’os  maxillaire  snpé- 
» rieur?  Enfin  , ajoutoit-on,  la  très -petite  apophyse 
» orbitaire  de  l’os  palatin  est  un  point  que  les  os  situés 
» le  plus  près  auroient  facilement  fourni.  » 

Accoutumés  à voir  des  dispositions  dont  ils  ignorent 
les  causes  et  la  fin,  les  anatomistes,  après  avoir  fait 
ces  questions,  étoient  restés  dans  le  silence  de  l'éton- 
nement : mais  qu’ils  jettent  avec  moi  les  yeux  sur  les 
os  de  la  face  des  solipèdes  et  des  bisulqucs  dans  lesquels 
cette  région  est  très -prolongée,  ils  apercevront  aussi- 
tôt que  ces  pièces  dont  la  petitesse  les  avoit  surpris, 
sont  ici  très- étendues;  que  c'est  vraiment  dans  les 
quadrupèdes  que  les  os  de  la  fade  jouissent  de  tout 
leur  développement  ; que  dans  l’homme  on  n’en  trouve 
que  le  raccourci  ; mais  que  l’ordre  et  la  distribution 
générale  sont  les  mêmes  dans  tous. 

Ce  n est  pas  seulement  sur  la  structure  et  la  com- 
paraison des  os,  des  viscères,  des  vaisseaux  et  des 


28  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

muscles,  que  l’analoraiste  élaUit  ses  caractères;  il  peut 
encore  donner  à ses  vues  un  champ  plus  vaste;  il  peut 
s élever  a de  plus  hautes  conceptions.  La  distribution, 
des  nei’fs  et  la  structure  du  cerveau,  du  cerv'elet  et 
des  moelles  allongée  et  épinière  lui  offrent  une  nou- 
velle source  de  remarques  importantes.  Ces  organes 
ont  avec  lame  des  rapports  inconnus;  mais,  consi- 
dérés dans  les  corps  vivans  des  divers  ordres , ils  en 
ont  entr’eux  qu’il  est  possible  de  déterminer  ; et  com- 
parant ensuite  le  tableau  de  ces  différences  physiques 
arec  celui  de  l’entendement  ou  de  l’instinct,  du  sen- 
timent ou  des  pa.ssions,  desmouvcmens  ou  des  besoins 
de  chaque  classe  d’animaux  , il  semble  que  l’on  puisse 
espéi’er  d’avoir  un  jour  quelque  prise  sur  l’agent 
caché  qui  s’unit  et  qui  commande  à la  matière;  com- 
merce admirable  et  incompréhensible  pour  celui 
même  qui  en  est  le  sujet  ; commerce  qui  sera  peut- 
être  à jamais  un  mystère  pour  nous,  mais  dans  l’exa- 
men duquelil  estpermisàl’esprit  humaindes’essayer, 
en  dirigeant  vers  cette  rechei'che  difficile  toute  la  fi- 
nesse de  l’observation  la  plus  déliée,  et  toute  la  force 
de  la  logique  la  plus  exacte. 

Les  fautes  de  ceux  qui  ont  couru  la  même  carrière 
ont  montré  des  écueils  dans  lesquels  nous  éviterons 
de  tomber  avec  eux.  Loin  d’ici  ces  vaines  et  dange- 
reuses spéculations  sur  le  siège  del'àmejsur  les  diverses 
régions  cérébrales  auxquelles  des  auteurs  qui  la  regar- 
doient  avec  raison  comme  un  être  indivisible  et  simple, 
avoient  cependant  pense,  par  une  contj’adiotion  cho- 
quante , que  ses  diffère  us  modes  pou  voient  conesr 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  29 
pondre.  Nous  n’oublierons  point  que  nous  écrirons  sur 
l’Analomie  ; nous  nous  bornerons  à rechercher  quels 
sont  les  points  clans  lesquels  il  se  réunit  un  plus  grand 
nombre  de  ces  fibres  molles  , qui  sont  le  foyer  du  senti- 
ment et  du  mouvement.  Le  cerveau  des  quadrupèdes 
ressemble  beaucoup  à celui  de  l’homme;  nous  y trou- 
verons cependant  des  différences  très-frappantes;  nous 
y remarquerons  la  petitesse  des  hémisphères  , le  grand 
volume  des  tubercules  quadrijumeaux,  de  la  voûte 
à trois  piliers,  de  l’origine  des  cornes  d’Amrnon,des 
corps  bordés  , de  l’cnlounoir  et  de  la  glande  pituitaire; 
le  peu  d'étendue  des  prolongemens  postérieurs  des 
ventricules  latéraux,  des  régions  latérales  du  cervelet 
et  des  éminences  olivaires  et  pyramidales  : nous  in- 
sisterons principalement  sur  la  disproportion  qui  so 
trouve  dans  les  grands  quadrupèdes  entre  la  grosseur 
des  nerfs  et  la  masse  pulpeuse  d’où  ils  sortent,  et  qui 
leur  suffit  à peine:  nous  verrons  que,  dans  les  oiseaux  , 
cet  organe  est  fait  sur  uu  autre  plan  : nous  y obser- 
verons quatre  tubercules  pairs  et  deux  impaii’s.  Des 
premiers  que  réunissent  deux  commissures,  naissent 
les  nerfs  de  la  première  paire  ; les  deux  tubercules 
inférieurs  qui  sont  excavés  produisent  le  tronc  com- 
mun des  nerfs  optiques,  et  le  cervelet  est  formé  par 
plusieurs  bourrelets  horizontaux  et  très -étroits.  L’exa- 
men des  poissons  nous  montrera  une  structure  plus 
variée,  mais  plus  simple:  nous  y observerons  plusieui  s 
tubercules  dont  les  antérieurs  sont  destinés  à fournir 
les  nerfs  olfactifs,  les  moyens,  où  se  trouvent  quel- 
ques éminences  arrondies,  à produire  les  nerfs  optiques, 


SCIENCES  niYSIOL.  ET  MEDICALES. 

et  le  tubercule  postérieur  qui  est  impair  et  Irèii -petit, 
U Icfiii  lieu  cle  ceivelet.  Heuiiissaiit  ensuite  tous  ces 
details,  ne  pourroit-on  pas  dire,  ajoutei'ons-nous  , 
qu’en  supprimant  dans  le  cerveau  de  l’homme  les 
grands  hémisphères,  le  corps  calleux,  le  septum  lad- 
dam,  la  voûte  à trois  piliers,  les  cornes  d’Ammon  et 
leurs  annexes,  la  glande  piuéale  et  ses  pédoncules, 
en  composant  le  cervelet  d’un  ou  deux  globules  très- 
petits,  en  plaçant  sur  deux  lignes  pai-allèles  dirigées 
de  devant  en  arrière,  les  corps  striés  très- rétrécis  , 
les  couches  optiques  creusées  d’une  cavité  et  i-éunies 
par  leur  partie  supérieure,  en  applatissant  la  protu- 
bérance annulaire,  et  en  réduisant  toute  cette  masse 
à un  très  - petit  volume,  le  système  nerveux  de 
l’homme  auroit  alors  la  même  disposition  que  celui 
des  poissons  ou  des  amphibies?  De  même,  en  plaçant 
en-dessus  les  corps  striés,  et  en  les  renflant  plus  que 
dans  les  poissons  , en  portant  les  couches  optiques  en- 
dessous  , en  les  écartant  et  en  les  excavant,  toutes  les 
parties  dont  il  a été  question  restant  d’ailleurs  sup- 
primées, le  cerveau  de  l’homme  ne  ressemblcroit-il 
pas  à celui  des  oiseaux  , et  avec  d’autres  changemens, 
à celui  des  quadrupèdes? 

Sans  embrasser  un  aussi  grand  espace,  je  ferai  voir 
que,  considérés  sous  les  rapports  d’un  seul  sens  tel 
que  celui  de  l’ouïe,  que  j'ai  décrit  dans  les  volumci 
de  l’Académie  royale  des  sciences,  ( i)  ou  d’un  seul 
organe  tel  que  celui  de  la  voix , dont  j'ai  exposé  la 


( I ) Awacc  1 778. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  !5i 

structure  dans  le  même  recueil,  (i)  les  animaux 
peuvent  être  rangés  dans  un  ordre  méthodique,  aveo 
des  caractères  tirés  d’une  seule  de  ces  parties. 

Ce  sera  en  suiv'ant  une  pareille  marche,  que  Ton 
fera  de  grands  pi-ogrès  dans  l’étude  de  ces  êtres  si  peu 
connus,  et  dont  ou  n'a  décrit  encore  que  l'écorce  ou 
la  surface. 

L’Anatomie  comparée,  qui  s’exerce  sur  différens 
individus  qu’elle  rapproche  et  qu’elle  oppose  l’im 
à l’autre , n’est  pas  la  seule  ù laquelle  l’observa- 
teur puisse  se  livrer;  il  eu  est  une  autre  qui  mérite 
aussi  son  attention.  Sou  sujet,  quoique  plus  circons- 
crit, u’est  pasmoius  curieux  et  moins  philosophique; 
elle  consiste  dans  l’exameu  des  organes  des  memes  in- 
dividus comparés  entr’eux.  C’est  ainsi  que  les  nerfs 
cervicaux  peuvent  êtres  assimilés  aux  lombaires,  les 
plexus  axillaires  aux  sacrés,  les  nerfs  diaphragma- 
tiques aux  nerls  obtui  ateurs;  c’est  ainsi  que  les  extré- 
mités supérieures  et  inferieures,  observées  dans  la 
disposition  des  os,  des  muscles,  des  vaisseaux  et  des 
nerls,  paroissent  faites  sur  le  même  moule,  mais 
placés  en  sens  inverse,  par  l'opposition  de  leurs  saillies 
et  de  leurs  angles;  c’est  ainsi  que  j'ai  tiré  de  mes 
recherches  le  résultat  paradoxal  , en  apparence,  mais 
susceptible  de  la  demousliation  la  plus  rigoureuse,  (2^ 
que  1 extrémité  supérieure  de  l'homme  , ou  antérieure 
des  quadrupèdes  correspond,  dans  tous  ses  points,  à 


( 1 ) Année  i 77g. 

{ 2 ) f oj  ez  les  Jiemotres  dcV jicadtin;t  det  Sciences  , année  1774. 


52  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
l’extrémité  inférieure  ou  postérieure  du  côté  opposé. 
La  nature  paroît  donc  suivre  un  type  ou  modèle  gé- 
néral, non-seulement  dans  la  structure  des  divers  ani- 
maux, comme  je  l’ai  déjà  dit,  mais  encore  dans  celle 
de  leurs  dilférens  organes;  et  l’on  ne  sait  ce  que  l’on 
doit  le  plus  admirer,  ou  de  l’abondance  avec  laquelle 
ces  formes  paroissent  variées  ^ ou  de  la  constance  et 
de  l’espèce  d’uniformité  qu’un  œil  attentif  découvre 
dans  l’immense  étendue  de  ses  productions. 

Après  avoir  tracé  la  marche  que  j’ai  suivie  et  que 
je  continuerai  de  suivre  dans  l’examen  anatomique 
des  animaux,  qu’il  me  soit  permis  de  faire  connoître 
le  plan  que  j’ai  adopté  pour  rendre  un  compte  facile 
de  l’étal  actuel  delà  science,  et  pour  déterminer  ce 
qui  reste  à faire  dans  celle  élude.  Chaque  auteur  a 
rédigé  ses  travaux  suivant  une  méthode  qui  lui  étoit 
propre;  quelques-uns  même  semblent  ne  s’en  être 
fait  aucune.  J’ai  pensé  que  toutes  ces  descriptions  ne 
seroient  utiles  qu’après  avoir  été  réduites  à la  même 
exposition  ; c’est  ce  que  j’ai  exéculé  dans  des  ta- 
bleaux, ( 1 )où  chacun  des  difl'érens organes  occupant 
une  colonne  parliculièi  e , la  comparaison  se  fait  par 
la  seule  inspection  des  sections  correspondantes  que  * 
le  lecteur  peut  combiner  de  toutes  les  manières  dont 
il  a besoin  pour  travailler  à son  instruction  ou  satis- 
faire à sa  curiosité.  Là  toutes  les  observations  de 
Perrault,  de  Duverney,  de  Collins  et  de  M.  d’Auben- 


' ( I ) Cos  tableaux  devoient  faire  partie  tl’mi  grand  ouvrage  dont 

Yicij  - d’Aay  r iudii^ue  ici  It  plan , et  qu'il  n’a  pu  achever. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  35 

ton,  sur  les  quadi’upèdes  et  sur  les  oiseaux;  toutes 
celles  deCliaras,  de  Koesel  et  de  VI.  l'al)bé  Fonlaua 
sur  les  reptiles,  de  Ray,  de  \Villugby,  d’Artedi,  et 
de  Vl.VJ.  Gotiau  et  Fîroussouet  sur  les  poissons;  là  toutes 
les  découvertes  de  Swammerdarn , de  Alalpighi,  de 
Kéaumur,de  MM.  Geoflioy,  Honnet  et  Lyonnet  sur 
les  insectes;  là  enfin,  les  curieuses  recherches  de  AVil- 
lis,  d’Ellis,  de  Donati,  de  Treinbley , de  Bâcher,  de 
Baster,  de  Boadhch  , de  Forskal,  de  MM.  Adansoii , 
Muller,  Pallas,  Spallanzani  et  Diquemai'esur le  vers, 
les  polypes  et  les  zoophytes,  se  présenteront  dans  le 
même  ordre;  elles  y seront  facilement  et  prompte- 
ment comparables  entr'elles,  et  ainsi  rapprochées  , 
. elles  acquerront  une  nouvelle  clarté  par  la  lutuicr® 
qui  résultera  de  leur  union. 


•i 


T.  4. 


3 


PLAN  D’UN  COURS 


D’ANATOMIE 

ET  UE 

PHYSIOLOGIE. 

■“V  -X.  "X.  *V -X- 

CONSIDÉR ATIONS  GÉNÉRALES. 


T/e  N s F. I G N E M E N T lie  l’Anatoiuîe  pont  rtre 
5«*ptré  (le  celui  de  la  Physiologie  , coiuiiie  , en 
pliysi(|ue , oh  peut  examiner  les  diffth  cuies  jkiitIcs 
d’une  machine  , sans  rechercher  quels  en  sont  les 
usages.  iNIais  enseigner  la  Physiologie  sans  l’Anato- 
mie , ce  seroit  s’éloigner  des  connoissauces  qui  peu- 
vent seules  ctre  les  bases  d’une  saine  théorie  j ce 
seroit  ouvrir  de  toutes  parts  un  champ  libre  à 
l’erreur., 

Haller  est  le  premier  qui  ait  établi  ce  principe, 
et  qui  l’ait  consacré  dans  ses  écrits.  Lorsqu’il  publia 
celui  de  ses  ouvrages  qu’il  estimoit  le  plus,.yev pre^ 
mières  lignes  de  Physiologie , ( i ) il  s’éleva  dans 
les  écoles  un  grand  murmure.  On  étoit  accoutumé 
à trouver  dans  les  écrits  de  ce  genre  de  longs  raison- 
nemens , presque  toujours  dénués  de  preuves,  des 


( 1 ) Primœ  lineœ  Phj  siologice. 


56  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES.' 

opinions  extraordinaires,  ou  des  fictions  brillantesr 
Dans  celui  - ci , l’on  fut  étonné  de  ne  voir  que  des 
faits  noniLreux , des  détails  précis , des  conséquences 
rapides  , et  surtout  un  esprit  de  recherches  , jus- 
qu’alors inconnu  dans  cet  enseignement.  Un  pareil 
traité,  dont  la  lecture  exigeoit  l’application  la  plus 
sérieuse  , dont  l’intelligence  supposolt  une  médita- 
tion profonde,  ne  dut  point  être  facilement  adopté 
dans  les  écoles. 

Les  commentaires  de  Senac , sur  le  Compen^ 
diiim  anatomique  d’Heister  ^ y étoient  devenus  le 
livre  classique  ; mais  le  jugement  des  hommes  ins- 
truits prévalut  : l’ingénieux  ouvrage  de  Senac  fut 
abandonné  , et  celui  de  Haller  réunit  tous  les 
suffrages. 

Comme  il  n’est  point  de  partie  de  la  inédecine  sur 
laquelle  on  ait  tant  écrit , il  n’en  est  point  non  plus 
sur  laquelle  les  bons  traités  soient  aussi  rares.  Les 
livres  de  Galien  , sur  l’usage  des  parties,  le  système 
anatomique  de  Collins  , dont  le  plan  est  vaste  et 
vraiment  encyclopédique  , quelques-uns  des  livres 
de  Sl;ilil,  les  Insliiuts  de  Boerhaave  , l’ouvrage  de 
Borelli  sur  les  inouvemens,  et  celui  de  Halos  sur  la 
statique  des  animaux  , sont  en  effet,  depuis  le  slècl» 
d’IIlppocralc  , ju.sqii’à  1 époque  où  Haller  a écrit,  à 
peu  près  les  seuls  traités  de  Physiologie  dignes 
qu’on  les  lise  et  qu’on  les  conserve j presque  tous 


discours  sur  L’AN  ATO  mie.  5; 

les  autres  sont  défectueux  , et  déjà  tombés  dans 
l’oubli. 

Si  les  auteurs  que  nous  venons  de  citer  ont 
mérité  cette  exception  , on  doit  l’attribuer  surtout  à 
ce  qu’ils  n’ont  point  séparé  la  Pliysiologie  de  l’Ana- 
tomie. Comment  donc  toutes  les  facidtés  (i)  ont- 
elles  confié  l’enseignement  de  ces  deux  sciences  ù 
deux  professeurs  difTérens  ? Dans  celle  de  Paris  , 
c’est  le  professeur  de  Physiologie  qui  fait  le  cours 
d’Anatomie  , par  lequel  il  termine  son  exercice.’ 
Mais  il  vaut  mieux  encore  réunir  ces  deux  éludes , 
etles faire  marcher  d’un  pas  égal, de  sorte  (pi’ellesse 
servent  de  l’une  à l’autre  de  preuve  et  de  complément. 

Cette  méthode  offrira  de  grands  avantages  aux 
élè  ves.  Les  détails  anatomiques , qui  sont  arides  et 
rebutans  par  eux- mêmes,  acquerront  de  l'intérêt, 
par  les  considérations  que  la  Phvslologle  y mêlera. 
Les  disciples  écouteront  plus  volontiers  , et  i-etien- 
dront  mieux  ce  qu’ils  auront  entendu  avec  plaisir , 
et  qui  se  sera  offert  dans  un  bel  ordre  à leur  esprit. 
L’Anatomie  seule  n’est  , poiir  ainsi  dire  , que  le 
squelette  de  la  science  ; c’est  la  Physiologie  qui  lui 
donne  du  mouvement  : l’une  est  l’étude  de  la  vie  , 
l’autre  n’est  que  l’étude  de  la  mort. 


( 1 ) La  faculté  de  Médecine  de  Vienne  , dans  un  plan 
h ès  - moderne  , a commis  la  même  faute. 


58  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Mais  , de  même  que  les  vériiés  anatomiques  sont 
fondées  sur  l’observation  , les  vérités  physiologiques 
le  sont  sur  l’expérience.  C’est  sur  les  animaux  vivans 
que  les  essais  de  ce  genre  doivent  être  tentés  5 et 
comme  rien  n’est  plus  difficile  que  de  reconnoître  la 
voix  de  la  nature  au  milieu  des  convulsions  et  des 
cris  de  la  douleur  , il  importe  qu’un  maître  exercé 
apprenne  aux  élèves  avec  quelles  précautions  il  faut 
qu’on  l’interroge,  et  dans  quel  sens  on  doit  inter- 
j)réter  ses  oracles.  Se  propose -t- on  de  voir  cir- 
culer le  sang  et  la  lymphe  dans  l’épaisseur  des  mem- 
branes transparentes  où  sont  répandus  leurs  vais- 
seaux ? Demande- 1 - on  avec  quelle  force  le  sang 
jaillit  du  cœur  et  des  tubes  élastiques  on  il  est  ren- 
fermé ? Veut- on  savoir  quels  sont  les  organes  irri- 
tables ou  sensibles  ? Est-ce  la  voix  qu’on  veut 
étouffer  par  la  section  d’un  seul  nerf?  Est -ce  le 
sommeil  cju’on  veut  produire , en  pressant  sur  quel- 
ques régions  du  cerveau  ? Enfin  , est- ce  la  vie  dont 
on  veut  trancher  en  un  instant  le  fil , en  blessant 
quelques-uns  des  points  de  l’organe  médullaire? 
Dans  toutes  ces  opérations,  la  route  est  difficile  à 
tenir  , et  c’est  au  professeur  le  plus  habile  qu’il 
appartient  de  la  tracer. 

11  est  un  autre  genre  d’essais  non  moins  curieux  , 
dans  lesquels  on  combine  les  moyens  physiques  ou 
chimiques  avec  ceux  que  l’Anatomie  emploie.  C est 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  lîg 
ainsi  qu’on  expose  un  animal  à la  commotion  élec- 
trique , ou  à l’action  d’un  air  raréfié  dans  la  machine 
du  vide.  C’est  ainsi  (jue  , plongé  dans  dos  gaz  de 
diverse  nature  , tantôt  il  périt  en  s’agitant  , tantôt 
il  demeure  dans  une  inaction  qui  devient  mortelle , 
si  elle  est  trop  long  - temps  prolongée.  C’est  ainsi 
qu’on  allume  en  lui  la  fièvre  , en  lui  faisant  respirer 
un  air  trop  actif.  C’est  ainsi  qu’on  fait  couler  un 
sang  étranger  dans  ses  veines.  C’est  ainsi  qu’on  a 
tiré  , dans  les  animaux  vlvans , les  sucs  digestifs  tles 
cavités  qui  les  renferment.  Il  n’y  a pas  juscpi’au 
suc  osseux  dont  le  physiologiste  sait  changer  la 
couleur  , et  si  hleu  diriger  les  mouvemens  , qu’il  le 
détourne  à son  gré  vers  des  organes  qu’il  encroûte  , 
et  où  cette  matière  se  rassemble  pour  former  un 
cylindre  nouveau.  Ces  expériences,  distribuées  avec 
art,  romproieut,  dans  l’enseignement , l’uniformité 
du  récit  : elles  forcerolent  l’attention  des  élèves, 
qui  ne  pourrolent  oublier  ce  que  des  circonstances 
si  frappantes  auroient  gravé  dans  leur  mémoire. 

Ajoutons  qu’il  importe  d’autant  plus  fie  fixer  les 
regards  des  jeunes  médecins  sur  ce  genre  d’essais  , 
qu’il  est  peut-être  dans  l'étude  des  animaux  , le  plus 
utile  et  le  plus  négligé.  Parmi  les  élèves  qui  sont 
sortis  des  écoles  , il  n’en  est  aucun  auquel  on  ait 
donné  jusqu’ici  la  plus  légère  idée  de  la  Physio- 
logie expérimentale.  Quel  motif  engageroit  à traiter 


4o  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MRDTCALES. 
loni'uenienl  de  la  slruclure  des  viscères  , si  l’on  ne 
se  donnolt  aucune  peine  pour  découvrir  le  méca- 
uiMne  des  parties  que  l’on  décrit  si  bien  ? 

11  est  encore  une  source  féconde  où  le  physio- 
logiste puisei-a  des  eonnoissances  utiles;  c’est  l’Ana- 
tMiuie  comparée.  Celui  qui  n’a  vu  que  le  cerveau  , 
le  cœur,  les  poumons,  l’estomac,  les  intestins  de 
l’homme  , n’a  <[u’une  ibihle  idée  de  ce  que  sont  ces 
viscères  dans  la  grande  chaîne  des  animaux  ; il  ne 
connoît  point  leurs  relations,  et  il  ignore  la  plus 
belle  partie  de  ce  (|u’il  doit  enseigner. 

Haller  a phicé  dans  sa  grande  Physiologie  , au 
commencement  de  chaque  section  , un  abrégé  des 
eonnoissances  que  l’anatomie  des  animaux  lui  avoit 
fournies  Mais  , n’est-ce  pas  plutôt  à la  lin  de  chaque 
article  que  ces  rapprochemens  doivent  se  trouver  : 
et  puisque  c’est  l’homme  que  l’on  compare,  ne  faut- 
il  pas  que  ses  organes  soient  décrits  avant  de  cher- 
cher quels  en  sont  les  rapports  ? Les  détails  tirés  de 
l’anatomie  des  animaux  , ne  se  trouveront  donc  quà 
la  suite  de  ceux  dont  l’anatomie  humaine  aura  formé 
le  tableau. 

11  suit  de  ces  dispositions  que  l’enseignement  de 
celte  chaire  est  composé  de  quatre  parties  ; savoir , 
l’Anatomie  humame,  l’Anatomie  comparée  , la  Phy- 
siologie théorlipie  , et  la  Physiologie  cxpériinentaie. 
pour  réunir  ces  quatre  graïuls  objets  , et  les  fane 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  4i 
concourir  au  meme  but,  le  professeur  ne  suivra 
pas  un  plan  simplemeiU  aualoniKjue  ; il  divisera 
en  plusieurs  classes  les  usages  ou  fonctions  des 
parties,  et  cette  méthode  déterminera  le  nombre 
et  l’ordre  de  ses  leçons  , dont  chacune  commen- 
cera par  l’exposition , cpii  sera  suivie  de  réflexions 
propres  à faire  conuoître  l’action  des  organes  rpi’on 
aura  examinés , et  les  opinions  de  ceux  qui  en 
auront  parlé  dans  leurs  écrits. 

Il  n’existe  certainement  aucun  corps  vivant  qtû 
ne  se  meuve,  au  moins  en  lui -même,  qui  ne  se 
nourrisse  et  qui  ne  se  reproduise.  L’Irritabilité,  la 
nutrition  , dont  lu  digestion  fait  partie  , et  la  géné- 
ration sont  donc  les  trois  premières  fonctions  (pi’oii 
doit  admettre  dans  la  comparaison  des  corps  orga- 
nisés. Mais  on  volt  que  dans  la  plupart  dos  fluides 
circulent , et  que  des  humeurs  se  filtrent  dans  des 
glandes.  La  circulation  et  les  sécrétions  auxquelles 
l’ossification  se  rapporte  , doivent  donc  être  ajou- 
tées aux  trois  fonctions  primitives.  Enfin  , coniiim- 
niquer  avec  l’air  , être  sensible  au  contact  des 
substances  environnantes,  sont  d’autres  attributs 
propres  aux  corps  organiques  , et  qui  doivent  faire 
partie  de  l’examen  projeté.  , 

L’ossification  , rirrltablllté  , la  circulation  , la 
sensibilité  , la  ros[)iratlon  , la  digestion , la  nutrition , 
les  secrétions  et  la  génération  , seront  donc  les 


42  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
principales  divisions  du  cours  dont  nous  offrirons 
ici  le  tableau.  ( i ) 


( I ) Les  objections  qu’on  ne  cesse  de  faire  contre  la  réu- 
nion de  la  Physiologie  à l’Anatomie  , sont  les  suivantes; 

1°.  L’Anatomie,  dit-on,  doit  être  enseignée  pendant 
l’hiver  , et  la  Physiologie  pendant  l’été  : futile  argument. 
Qui  ne  sait  que  les  parties  anatomiques,  détachées,  isolées, 
qui  doivent  servir  à l’enseignement , peuvent  être  prépa- 
rées et  présentées  fraîches  dans  tous  les  temps  de  l’année, 
et  que,  avec  des  précautions  très-simples,  on  peut  préve- 
nir , je  ne  dirai  pas  les  dangers  , mais  les  désagrémens  de 
la  mauvaise  odeur  et  de  la  putréfaction. 

a°.  Mais,  ajoute-t-on,  si  on  réunit  la  Physiologie  à 
l’Anatomie  , il  est  à craindre  que  celui  qui  sera  chargé  de 
ce  double  enseignement  ,nes’arrête  à de  vaines  explications, 
et  ne  néglige  les  descriptions  importantes  à connoitre  pour 
les  élèves  dans  l’art  de  guérir. 

Je  réponds,  i*.  qu’on  n’aura  point  cet  abus  à redouter , 
si  le  professeur  est  astreint  à suivre  un  plan  complet  tel 
que  celui  que  je  publie,  parce  qu’il  faudra  qu’il  commence 
par  décrire  avant  d’expliquer,  et  que  de  fait  alors  l’Ana- 
tomie est  réunie  à la  Phvsiologie  , sans  se  confondre  avec 
elle  , parce  que  dans  ce  qui  concerne  chaque  organe  , l’Ana- 
tomie précède , et  la  Physiologie  vient  après , sans  que  réci- 
proquement l’une  puisse  faire  aucun  tort  à l’autre. 

Je  réponds,  2°.  que  si  on  ne  prend  pas  ce  parti,  le  profes- 
seur qui  n’enseignera  que  la  Physiologie  n’offrira  à scs  élèves 
qu’un  roman  stérile  et  «langereux  , et  que  l’Anatomie  ne 
leur  offrira  que  des  descriptions  arides,  et  d’un  très-foible 
intérêt  pour  des  commençans. 

Je  réponds,  5°.  que  j’ai  toujours  suivi , dans  mes  leçons, 
la  méthode  que  je  trace , et  que  le  public  n’en  a point  paru 
mécontent. 

Ce  (jui  m’engage  à faire  connoitre  le  plan  d un  cours 
d’Anatomie  et  de  Physiologie,  c’est  que  jamais  on 
publié  aucun  qui  eût  une  elendue  sulfisante  , et  qu  il  lu  a 
paru  utile  d’apprendre  aux  élèves  ce  qu’ils  doivent  attem  re 
d’un  professeur  chargé  de'  l’enseignement  de  ces  deux 
sciences  réunies. 


TABLEAU 

d’un  Cours  d’Anutoaile  et  de  Physiologie. 


I«.  FONCTION. 


«E  LOSSIFICATIOTV. 

§.  1'“'.  De  l’ ostéologie  sèche. 

Des  os  en  general.  De  leurs 
cavités  el  de  leurs  éminences; 
de  leurs  arlicul. liions  , île 
leur  jonction  ou  svm|)liyse. 

Du  squelette  et  de  ses  di- 
visions. 

Des  os  secs  en  général  et 
en  particulier 

Des  os  de  la  tète  en  géné- 
ral , et  de  leurs  divisions.  1 )es 
os  du  crâne.  De  l’os  iVonlal  et 
des  éminences  qui  sont  la 
base  des  cornes. 

Des  cornes  elles -memes, 
solides  on  creuses;  de  leur 
accroissement  et  de  leur  re- 
production. 

Des  pariétaux.  De  l’os  oc- 
cijiilal.  Des  os  temporaux 

De  l’os  sphénoïde.  De  l’os 
ethmoïde  et  de  ses  appen- 
dices. Des  os  Wormiens.  Des 
biseaux.  Dessntures.  Du  mé- 
canisme des  os  du  crâne.  Des 
os  de  la  face  Des  os  maxil- 
laires supérieurs  ou  anté- 
rieurs ; des  os  insicifs.  Des 
os  de  la  pommette.  Des  os 
palatins.  Des  os  unguis  ou 
du  grand  angle.  Des  os  pro- 
pres du  nez.  Des  cornets  in- 
férieurs du  nez.  Du  vomer. 


De  la  mâchoire  inférieure. 
Des  dents. 

Du  mécanisme  de  la  face  , 
des  sinus  , et  des  dents. 

Récapitulation  de  la  struc- 
ture de  la  tête,  de  scs  ovales, 
de  sa  base. 

Du  tronc  en  général  et  de 
ses  divisions.  De  la  colonne 
épinière.  Des  vertèbres  en 
général  et  en  particulier.  De 
l’os  sacrum  <1  du  coccyx. 

Du  mécanisme  rie  l’éjiine. 
de  l’os  innoniiné.  Du  bas--in. 
De  ses  diami'lres  tlnns  l’es- 
pèce humaine  et  dans  les 
(juadrupedes  ; de  son  axe. 

De  son  mécanisme. 

Du  Ihoras.  Du  sternum; 
du  cartilage  xypboide.  Des 
errtes  vertébrales  c;  sterno- 
vertcbrales.  De  leurs  carti- 
lages. 

INIécanisiue  du  sternum  et 
des  côtes. 

Des  os  des  extrémités  su- 
périeures. De  l’épaule.  De  la 
clavicule  et  des  os  clavicu- 
laires. De  l’omoplate. 

Du  mécanisme  de  l'épaule. 

Du  bras  en  général.  De  l’os 
humérus.  De  l’avant-bras  et 
des  os  qui  le  composent. 

Du  mécanisme  du  bras  et 
de  l’avant-  bras. 

Des  os  du  carpe,  du  mé- 
tacarpe, et  des  doigts. 


44  SCIENCES  PHYSTOL. 

Du  mécanisme  du  poignet 
et  de  la  main  , el  des  mouve- 
rucns  du  pouce  opposés  à 
ceux  des  autres  doigts. 

Des  os  des  exlréjnités  in- 
férieures en  général. 

De  l’os  lémur  et  de  ses 
mouvemens. 

De  la  rotule.  Du  méca- 
ni.sine  du  genou. 

Des  os  de  la  jambe  et  de 
leur  mécanisme. 

Des  os  du  larsej  de  ceux 
du  métatarse.  Des  doigts. 
Des  os  sesamoïdes. 

Mécanisme  des  malléoles 
et  du  pied. 

Rapport  du  pied  avec  la 
xuain. 

II.  De  Vostéologie fraîche. 

Du  squelette  naturel  frais, 
ou  des  os  frais  en  général. 

Du  périoste  et  du  péri- 
crâne. 

Des  cartil.iges  en  général; 
des  cartilages  inlér  - articu- 
laires; des  cartilages  inter- 
osseux ou  de  liaison. 

Des  ligamens  en  général  ; 
des  ligamens  ronds,  longs; 
des  ligamens  inter- articu- 
laires. Des  membranes  et  des 
expatisions  ligamenteuses. 

Des  capsules  muqueuses; 
des  glandes  et  des  graisses 
articulaires;  de  la  synovie. 

De  la  moelle  osseuse  et  du 
suc  médullaire. 

De  raj)parcil  articulaire 
en  général. 


ET  MEDICALES. 

Des  insertions  tendineu- 
ses, aponévrotiques  et  liga- 
menteuses , aux  extrémités 
des  os  qui  s’articulent  entre 
eux. 

Des  os  frais  en  particulier; 
de  l’articulation  de  la  mâ- 
choire supérieure  avec  l’in- 
férieure. 

Du  mécanisme  de  la  lame 
inter-articulaiie. 

Des  divers  mouvemens  de 
la  mâchoire  inlérieure.Quel- 
ques  remarques  sur  les  luxa- 
tions. 

De  la  légère  élévation  de 
la  niâchoire  supérieure  avec 
la  tête. 

De  Tarticulation  et  de  la 
symphise  de  cette  partie  du 
squelette  avec  la  première  et 
la  seconde  vertèbre. 

Des  articulations  des  ver- 
tèbres entre  elles  dans  leurs 
corps  et  dans  leursapophyses. 

De  l’articulation  de  la  der- 
nière vertèbre  lombaire  avec 
lesacrum,  el  du  sacrum  avec 
le  coccyx. 

Du  mécanisme  des  carti- 
lages inter-osseux  de  l’épiiiej 
de  leur  compression  par  le 
poids  du  corps;  des  diverses 
espèces dedécroissement  dues 
à cette  cause.  Des  expérien- 
ces de  M.  de  Fontenu  à ce 
sujet. 

Quelques  remarques  sur 
les  maladies  de  l’épine,  sur 
la  gibl)o>ilé,  sur  la  maladie 
vertébrale  , sur  la  carie,  sur 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  45 


luxations  «les  vertèbres, 
et  sur  les  inconvéniens  des 
corps  à baleine. 

De  l’articulation  des  os 
innoiuinès  avec  le  sacrum  , 
des  ligaïueiis  inférieurs  du 
bassin. 

De  l’articulation  des  os 
pubis  entre  eux.  De  la  sym- 
physe du  pubis;  de  son  éten- 
due. Do  l’articulation  que 
forment  les  deux  pièces  qui 
la  composent.  De  la  facilité 
avec  laquelle  elle  se  pénètre 
de  sucs  dans  la  grossesse  et  à 
la suitedequelques  maladies. 

De  sa  section  et  de  l’écarte- 
ment qui  en  résulte  dans  la 
_fcnirae,  comparé  avec  celui 

3n’on  ob  crve  par  la  section 
u pubis  dans  les  femelles 
des  quadrupèdes.  Des  vices 
du  bassin. 

De  l’articulation  des  côtes 
avec  les  corps  et  les  apophy- 
ses transverscs  des  vertèbres. 

Des  ligaracns  du  sternum 
et  du  cartilage  xyphoïde.  Du 
déplacement  du  bréchet. 

Des  articulations  sternale 
et  scapulaire  de  la  clavicule. 
De  la  jonction  de  cet  os  avec 
l’apophyse  coracoïde.  Quel- 
ques remarques  sur  la  luxa- 
tion de  la  clavicule. 

De  l’articulation  de  l’orno- 
phate  avec  le  bras.  Quelques 
réflexions  sur  la  facilité  avec 
laquelle  le  bras  se  luxe. 

De  l’articulation  de  l’hu- 
mérus avec  l’os  du  coude  et 


avec  l’os  du  rayon.  Du  liga- 
ment inter  - os.seux. 

Des  articulât  ions  des  os  de 
l’avant-bras  entre  eux. 

De  la  maladieappelécfftnr- 
lase. 

De  l’articulation  des  os  du 
ca  pe  avec  ceux  de  l’avant- 
bras  ; de  celle  des  os  du  carpe 
entre  eux  et  avec  les  os  du 
métacarpe. 

De  l’articulation  des  os  du 
métacarpe  entre  eux  et  avec 
h’S  premières  phalanges  du 
pouce  cl  des  doigts. 

De  rarticulati«>n  des  pre- 
mières phalanges  avecles  se- 
condes, et  des  secondes  avec 
les  troisièmes. 

Du  mécanisme  des  liga— 
mens  de  l.i  main  et  de  l’ex- 
trémité supérieure. 

De  rétendue  de  l’abduc- 
tion , de  la  pronation  cl  de 
la  supination. 

De  l’articulation  de  l’os 
innominé  avec  le  fémur.  De 
la  cavité  cotyloïde  dans  l’état 
frais  et  de  scs  maladies. 

De  l’articulation  du  fémur 
avec  la  rotule  et  le  tibia. 

De  l’articulation  du  tibia 
avec  le  péroné  , et  des  avan- 
tages de  sa  position  oblique. 

Du  ligament  inter-osseux. 

De  l'articulation  des  os  de 
la  jambe  avec  le  tarse. 

De  celle  des  os  du  tarse 
entre  eux  et  avec  ceux  du 
métatarse. 

Des  articulations  de  ces 


46  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


derniers,  soit  entre  eux  , soit 
avec  les  premières  phal  mges 
desdoigi  s, et  des  articula  lions 
de  ces  phalanges  entre  elles. 

Du  mécanisme  de  ces  di- 
vers ligamens,  et  surtout  de 
la  position  de  ceux  qui  sont 
placés  vers  les  malléoles. 

De  la  structure  des  os  et 
du  squelette,  considérés  dans 
les  différons  sexes,  et  dans  les 
différens  âges. 

§.  III.  De  Vostéologie  com- 
parée. 

Des  diverses  sortes  de 
squelettes  considérés  dans 
leurs  principales  différences. 

Des  squelettesde  substance 
osseuse  , de  substance  cornée 
ou  cartilagineuse,  et  de  sub- 
stance crétacée  , -dont  les 
diverses  classes  d’animaux 
fournissent  des  exemples. 

Du  corps  ligneux. 

Du  squelette  placé  à l’in- 
térieur ou  à l’extérieur  du 
corps  J ou  de  celui  qui  est  en 
partie  situé  à l’extérieur  et  à 
l’intérieur.  Les  insectes , les 
quadrupèdes  ovipares  et  à 
écailles,  offrent  des  exemples 
de  ces  deux  dernières  modi- 
fications. 

Des  caractères  propres  au 
squelette  Intérieur  le  plus 
parfait  j il  est  composé  de  la 
tête , du  cou  , du  thorax,  des 


lombes,  de  la  c’avicule,  de 
l’omoplate,  du  bassin,  et  des 
os  des  extrémités. 

On  considérera  le  squelette 
sous  ces  différens  rapp  rts 
dans  les  diverses  classes  d’a- 
nimaux. (i) 

§.  ly.  Expériences  sur  Vos- 
sification. 

Des  expériences  à faire  ou 
au  moins  à exposer  sur  l’os- 
sification. 

Des  expériences  de  Clop- 
ton  Havers,  sur  la  dissolu- 
tion des  os  par  les  acides. 

Des  expériences  de  Duha- 
mel , 1°.  sur  la  manière  de 
colorer  les  os  des  animaux  , 
en  mêlant  de  la  garance  avec 
les  aliinens  dont  on  les  nour- 
rit j 2°.  sur  l’accroissement 
des  os  et  des  substances  cor- 
nées dans  leurs  diverses 
dimensions  j 3®.  sur  les 
couches  dont  ces  substances 
sont  composées  J sur  le 
liber  et  le  périoste,  que  Du- 
h.amol  regardoit  comme  des- 
tinés à produire  les  corps  li- 
gneux et  la  substance  os- 
seuse. 

Des  expériences  de  M. 
Fougcroux,  pour  confirmer 
l’opmion  de  I\1.  Duhamel. 

Des  expériences  de  Haller, 
qui  leudent  au  contraire  à 
piouver  que  la  substance  os- 


( 1 ) Voyez  le  Discours  sur  V Anatomie  cousidiiice  dans  ses  rap- 
ports avec  Vllistoirc  Naturelle, 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  47 


s«use  se  forme  sans  le  con- 
cours du  périoste. 

Des  préparations  em- 
ployées par  MM.  Hunier  et 
de  Lassone , pour  faire  con- 
iioître  la  structure  des  lames 
osseuses  et  de  celles  des  car- 
tilages d’encroûtement. 

Des  expériences  de  Hé- 
rissant sur  la  manière , i®.  de 
débarrasser,  par  l’intermède 
des  acides,  le  pareuchvme 
cartilagineux,  qui  est  la  base 
de  l’os  , du  suc  osseux  qui 
l’encroûte  ; 2®.  de  détruire, 
par  la  combustion , le  paren- 
chyme cartilagineux, en  lais- 
sant ainsi  la  substance  os- 
_seuse,  proprement  dite,  sé- 
parée de  ce  parenchyme. 

Des  expériences  de  M.  Te- 
non , sur  la  carie  des  os. 

De  celles  de  M.Troja,  sur 
la  manière  de  produire  un 
os  artificiel  dont  l’os  ancien 
est  enveloppé,  en  détruisant 
la  moelle,  et  en  tourmentant 
à plusieurs  reprises  les  mem- 
branes et  les  vaisseaux  con- 
tenus dans  la  cavité  qui  la 
renferme. 

Des  observations  d’Albinus 
sur  l’ossification. 

Y . De  la  nature  des  os. 

Ici,  le  professeur  fera  voir 
que  les  os  de  l’homme  et  des 
quadrupèdes  ne  sont  point , 
comme  on  l’avoit  pensé,  des 
matières  terreuses  ; mats 
qu’ils  sont  formés  de  lames 


entre  lesquelles  est  répandue 
de  la  gélatine,  et  qu’on  doit 
regarder  comme  un  véritable 
sel  neutre,  composé  d’acide 
phosphoriquc  et  de  chaux. 

Il  rappellera  qu’on  prépare 
du  phosphore  avec  les  os , en 
les  soumettant  à l’action  d’un 
acide  , de  l’acide  nitreux , par 
exemple , qui , s'emparant  de 
la  chaux,  laisse  l’acide  phos- 
phorique  libre  , et  peut  en- 
trer dans  une  combinaison 
nouvelle. 

On  n’a  point  fait  l’analy.se 
comparative  des  os  des  en- 
fans  , des  adultes  , et  des 
vieillards. 

ün  ne  sait  point  encore 
quelle  est  la  différence  chi- 
mique des  os  mous  et  flexi- 
bles des  poissons , des  rep- 
tiles et  des  insectes,  d’avec 
les  os  de  l’homme  et  des 
quadrupèdes. 

Parallèle  des  observations 
et  résultats  des  faits  princi- 
paux qu’on  aura  rapportés. 

L’os  est  un  organe  sécré- 
toire dépourvu  de  conduit 
excréteur,  et  qui  s’encroûte 
du  suc  osseux  qu’il  a séparé. 

IK  FONCTION. 

DE  l’irritabilité. 

§.  I®*'.  Des  muscles  en  gé- 
néral. 

On  traitera  d’abord  des 
muscles  considérés  à l’exté- 


r 


48  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


rieur  , et  en  g''néral  dans 
leurs  diverses  p.irlies,  dans 
leurs  did’érentes  formes,  si- 
tuation, insertion,  et  dans 
leurs  usages. 

Des  tendons  et  des  apo- 
névroses en  général. 

Des  gaines  tjui  contiennent 
les  tendons,  et  des  coulisses 
par  lesquelles  ils  passent. 

De  la  manière  d'estimer 
1 • .'’orce  des  muscles  par  la 
direction  de  leurs  fibres,  par 
la  situation  et  la  forme  des 
os  , considérés  comme  des 
leviers  de  divers  genres. 

Des  dilférentes  méthodes 
de  décrire  les  muscles. 

On  doit  les  décrire  comme 
on  les  dissèque,  par  régions 
et  par  couches.  Cette  mé- 
thode est  celle  des  peintres. 
Le  tableau  qu’on  propose  ici, 
diffère  en  plusieurs  points  de 
celui  d’AÎbinus.  Toutes  les 
régions  y sont  surtout  sub- 
divisées en  sections,  ce  qu’Al- 
binus  n’a  point  fait. 

Chaque  muscle  sera  d visé, 
comme  les  os  , en  faces  , an- 
gles, et  bords,  si  c’est  un 
iiiuscleapjjlali;  on  ledi  visera 
en  corps  el  ou  ex  1 rémi  lés,  si 
c'oit  un  muscle  long  et  ar- 
rondi. 

g.  II.  'rnhlenu  des  dh’erses 
rc fiions  où  se  iionvrnl  les 
muscles  du  curjis  liuniuin. 

Fségiou  Calya.  Culotte 


osseuse  du  crâne.  Muscle  oc- 
cipito -fiontal  , et  son  apo- 
névrose. 

Région  a*.  Muscles  de  la 
face  en  général.  Section 
frontale  j 2*.  palpébrale  j 5®. 
maxillaire  supérieure  j 
nasale  j 5®  inler-maxillaire  j 
6®.  maxillaire  inférieure^  7®. 
labiale  j 8®.  cutanée. 

Région  5®.  Muscles  de  la 
partie  latérale  de  la  tête. 
Malacum  lalere  calvœ.  Pc\\s. 
Section  i®®.  auriculaire  ex- 
terne, 1°.  hors  des  cartilages, 
2°.  dans  les  cartilages  j 2®. 
Zygomalico  - maxillaire , le 
muscle  masseler;b®.  tem- 
porale j le  muscle crolaphile, 
el  son  aponévrose  a double 
feuillet. 

Région  4®-  I p cou  en  de- 
vant. Section  i®®  culanée^2®. 
sternale  ou  inférieure;  5*. 
sty loïdienne ; 4®-  maxillaire 
inférieure  ; 5®.  cervicale 

moyenne  , dont  les  divisions 
sont  riiyoglos.-e  , l’hyoï- 
dienne , l’iiyo  larvngée  , la 
laryngée,  la  pharyngienne 
moyenne  et  inférieure  , et 
ro?sopha,;ienne. 

Région  5®.  Les  muscles  de 
r;:rrière-bouche,  «lu  voile  du 
palais,  du  go-'eren  général. 
Section  I®*.  l’islh'iie  du  go- 
sier ; 2*.  le  voi'e  «lu  palais; 
^®.  l’on  vert  lire  sujiéi  ieurcdu 
jiliar  vnx. 

Région  G*.  Espace  ptérygo- 
maxillairc  : sub  rnalU.  Alb. 


DISCOURS  SUR 

Région  7®.  La  fosse  oibi— 
taire  en  généra  1.  oecUon  i’’®. 
imiscles  des  paupières;  2®. 
muscles  oblirpies  du  globe; 
5®.  muscles  droits  du  globe  ; 
4*.  muscles  droits  du  nerf 
optique  dans  plusieurs  qua- 
drupèdes. 

Régions®.  Arliciilaire  in- 
terne. Section  i‘®.  les  mus- 
cles du  marteau;  les  muscles 
do  l’étrier. 

Région  9®.  'T'iioracliique 
antérieure.  Section  i*^®.  cos- 
tale divisée  en  doux  couches; 
3®.  claviculaire. 

Région  10®.  'rhorachique 
latérale. 

Région  1 1*.  Abdominale 
’ou  ventrale, divisée  en  quatre 
couches  principales. 

Région  12®.  Ellecst  placée 
autour  des  cordons  sporina- 
tiqiies. 

Région  i5®.  Le  dos  , la 
partie  supérieure  du  cou  et 
des  lombes,  divisée  en  six 
couches. 

Région  i4*.  Région  pro- 
fonde du  cou.  Section  i®*. 
antérieure;  2®.  latérale. 

Région  t5®.  Région  pro- 
fonde des  côtes.  Section  i®*. 
surface  externe  des  côtes;  2®, 
espaces  intercostaux  ; 5*.  sui». 
face  interne  des  côtes. 

Région  i6®.  Région  pro- 
fonde du  sternum. 

Région  17®.  Région  dia- 
phragmatique. 

Région  18®.  Région  pro- 

T.  i. 


L’ANATOMTE.  4^ 

fonde  des  lombes.  Section 
antérieure  , le  mu.vcle  psoas  ; 
2*.  latérale,  le  muscle  carré  - 
des  lombes  , et  les  aponévro- 
ses des  environs. 

Région  ly®.  Les  parties 
sexuelles. 

1°.  Dans  le  mille,  section 
if*.  les  corps  caverneux  ; 2*. 
le  bulbe  de  rurèlro. 

2°.  Dans  la  femelle  , sec- 
tion i®*.  les  corps  caverneux  ; 
2®.  les  environs  de  1 01  ifice  du 
vagin. 

Région  20®.  L’anus.  Sec- 
tion 1'®.  supci  ficielle  ; a*, 

profonde. 

Région  21*.  Le  corevx. 

Région  22*.  La  partie  su- 
péricuredu  brasoii  moignon; 
le  muscle  deltoïde. 

Région  25*.  La  région  sca- 
pulaire externe.  Section  1®*. 
snr-éplticuse  ; 2®.  sous-épi- 
neuse ; aponévroses  scapu- 
laires. 

Région  24*.  La  région  sous- 
scapulaire. 

Région  25®.  La  région  an- 
térieure du  bras. 

Région  ?6®.  Li  région  pos- 
térieure du  bras  ; aponévrose 
brachiale  très-mince. 

Région  27®.  La  face  interne 
ouantérieurede  l’avant. bras; 
1®®. , 2*.  et  5®.  couches. 

Région  28®.  La  face  ex- 
terne ou  postérieure  de  Ta- 
vant-bras,  i®*.et  2®.  couches. 
Aponévroses  qui  s’insèrent 
aux  condyles  de  l’humérus. 

4 


5o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


Région  29®.  La  face  dorsale 
de  la  main. 

Région  5o®.  La  face  pal- 
maire de  la  main  } aponé- 
vrose palmaire. 

Région  3 1 ®.  La  région  ilia- 
que externe  ou  fessicre , 1 *■*. , 
2®.  et  5®.  couches  , avec  leur 
issue  aponévrolique. 

Région  52®.  La  région  ilia- 
que interne. 

Région  55®.  La  région  in- 
terne de  la  cuisse. 

Région  34®.  La  région  in- 
térieure de  la  cuisse,  i®®. , 
3*.  couches , avec  leurs  apo- 
névroses. 

Région  55®.  La  région  ex- 
terne ou  postérieure  de  la 
cuisse. 

Section  i®®.  superficielle  et 
fémorale^  le  muscle  du  f as- 
cia  lata, avec  son  aponévrose. 

2®.  L’Ischio-tibialeexternej 
le  hicepsou  long  vaste. 

5®.  Ischio-tibiale  interne  ; 
le  muscle  demi-nerveux  de 
l’homme  , ou  biceps  de  la 
jambe  des  quadrupèdes. 

Région  56®.  La  région  du 
trou  ovalaire  : les  muscles 
obturateurs,  les  jumeaux  ou 
le  cannelé,  le  pyriforme,le 
carré  de  la  cuisse. 

Région  37®.  Face  antérieure 
de  la  jambe. 

Région  58®.  face  posté- 
rieure de  la  jambe  J aponé- 
vrose tibiale  qui  se  continue 
avec  laculotteaponévroliquc 
de  W inslow. 


Région  59®.  Face  dorsale 
du  pied. 

Région  40®.  Face  plantaire 
du  pied  , divisée  en  deux 
couches } aponévrose  plan- 
taire. 

§.  III.  Des  muscles  dans  les 
animaux. 

De  l’anatomie  comparée 
des  muscles,  et  résultats  gé- 
néraux des  observations  ana- 
tomiques qui  ont  été  faites 
sur  les  muscles  du  singe  et 
des  diverses  classes  de  qua- 
drupèdes. 

Parmi  les  muscles  de  la 
tète,  c’est  dans  les  muscles 
de  la  face  qu’on  observe  le 
plus  de  différences.  Dans  le 
cou  , ce  sont  surtout  les  mus- 
cles sterno  - mastoïdien  , le 
sterno -hyoïdien  , le  thyroï- 
dien, le  digastrique  , et  l’an- 
gulaire de  l’omoplate  qu’il 
faut  considérer.  Parmi  ceux 
de  la  poitrine,  le  petit  pec- 
toral et  le  grand  dcntele  ont 
une  structure  différente  de 
celle  que  ces  muscles  offrent 
dans  l’homme.  Parmi  ceux 
du  dos , on  examinera  le  tra- 
pèze et  les  dentelés  de  la  res- 
])iralion.  Dans  le  bras,  le 
deltoïde  , le  biceps  et  les  ex- 
tenseurs du  coude.  Dans  les 
régions  iliaques  et  crurales, 
le  muscle  du  fascia  lala  , 
l’iliaque  interne , les  Icssicrs, 
les  obturateurs , les  jumeaux 


DISCOURS  SUR 

de  la  cuisse,  le  droit  anté- 
rieur , le  grêle  interne , celui 
qui  répond  au  couturier,  et 
le  biceps  de  la  jambe , ou 
long-vaste , dont  la  structure 
est  très -particulière.  Parmi 
les  muscles  de  l’avant-bras, 
le  long  supinateur.  Enfin  , 
parmi  ceux  de  l’extrémité 
postérieure,  l’extenseur  des 
doigts,  le  solaire,  les  piro- 
niers  et  le  plantaire.  C’est 
dans  la  conformation  de  ces 
muscles  que  se  trouvent  les 
principaux  caractères  qui 
distinguent  la  miologie  de 
l’homme  d’avec  cellcdes  qua- 
drupèdes. 

Les  muscles  des  ailes  et 
*des  extrémités  des  oiseaux, 
fournissent  encore  des  difté- 
reiices  très-remarquables. 

Les  muscles  robustes  des 
poissons  et  des  reptiles  mé- 
ritent aussi  beaucoup  d’at- 
tention. 

L’histoire  des  polvpes  fera 
connoitre  des  animaux  entiè- 
rement formés  de  substance 
contractile. 

Dans  la  plupart  des  ani- 
maux appelés  à sang  froid , 
on  verra  que  là  fibre  muscu- 
laire est  blanche,  et  que  sa 
contraction  est  plus  vive  et 
plus  durable  que  dans  des 
animaux  dont  le  sang  est  plus 
chaud. 

Cette  différence  donnera 
lieu  de  remarquer  que,  ceux- 
ci  même  , ou're  les  fibres 


L'ANATOMIE.  5i 

musculaires  rouges,  qui  sont 
les  plus  répandues,  il  en  est 
de  blanches  : telles  sont  celles 
des  intestins  et  même  de  la 
vessie.  Ces  fibres  sont  aussi 
plus  irritables  que  les  autres. 

§.  IV.  De  /a  structure  intime 
du  muscle. 

Après  avoir  examiné  les 
muscles  dans  les  différentes 
classes  d’animaux,  on  trai- 
tera de  l’Anatomie  du  mus- 
cle lui-même,  c’est-à-dire, 
du  muscle  considiVé  d.ans  sa 
structure  la  plus  intime. 

On  verra  que  les  artères 
qui  s’y  distribuent  ne  sui- 
vent aucune  marche  déter- 
minée *.  d’où  il  suit  que  ce  ne 
sont  point  elles  qui  forment 
essentiellement  le  muscle  , 
comme  Vieussens  et  Willis 
l’ont  avancé. 

Les  veines  qui  en  sortent 
ont  des  valvules  , et  les  vais- 
seaux lymphatiques  y sont 
eu  grand  nombre. 

Les  nerfs  s’y  portent  sous 
différents  angles,  et  leur  mar- 
che y est  quelquefois  rétro- 
grade. Dans  tous  les  cas , 
leur  volume  n’est  point  assez 
considérable  pourqu’on  puis- 
se les  regarder  comme  for- 
mant la  base  du  muscle  , 
ainsi  que  le  Cat  l’avoit 
annoncé. 

Tantôt  les  nerfs  qui  se 
ramifient  dans  les  organes 


52  SCri’.NCES  PHYSrOL.  ET  MEDICALES. 


musculaires  sont  dispo-^és  en 
plexus,  comme  aux  environs 
du  cœur  et  des  intestins: 
tantôt  ils  sont  fournis  par 
des  nerfs  longs  , dont  les 
filets  se  séparent  sans  rpi’il 
V ait  ni  entrelacement  ni 
ganglion. 

Sous  cet  aspect , les  orga- 
nesmtisciilaires  doivent  être 
divisés  en  ceux  qui  obéissent , 
et  en  ceux  qui  n’obéissent 
pas  à la  volonté. 

Les  muscles  les  plus  irri- 
tables ne  sont  pas  ceux  qui 
reçoivent  le  plus  de 
nerfs.  Le  cœur  est  dans 
ce  cas  , et  les  nerfs  , qui  sont 
éminemment  sensibles  , ne 
sont  point  irritables. 

On  n’a  point  reconnu  de 
nerfs  dans  les  polypes  : s’ils 
en  ont , ces  nerfs  sont  sans 
doute  très  - petits  ; et  cepen- 
dant les  polypes  sont  très- 
contractiles. 

La  base  du  muscle  est  un 
organe  cellulaire  et  fibreux  , 
qui  devient  blanc  par  la 
lotion. 

Dans  les  muscles  dont  la 
forme  est  la  plus  simple  , 
les  fibres  sont  droites  : réu- 
nies , elles  composent  des 
fais'caux  qui  sont  coupés 
à - peu  - près  à angle  droit 
par  des  tr.averses  cellulaires. 

On  exposera  ce  que  Le- 
■wenbopck  , Mu  vset  Deheyde 
ont  dit  des  fibres  cl  des 
fibrilles. 


On  fera-connoîlre  les  opi- 
nions de  Swarnmerdam  , de 
Cowper  , de  Borelli  , de 
Muys , et  de  Riiysch  , sur  les 
fo  rmes  globuleuse  , cellu- 
laire , rliomboïdale , noueuse 
ou  lomenleuse  qu’ils  ont 
admises  dans  les  dernières 
divisions  de  la  fibre  muscu- 
laire. Ces  suppositions  sont  la 
base  de  divers  systèmesqu’on 
indiquera  en  peu  de  mots. 

On  comparera  la  fibre 
musculaire  avec  la  fibre  ten- 
dineuse ou  aponévrotique  : 
on  en  montrera  la  différence. 
Sont  - elles  continues  l’une 
avec  l’autre  ’ Est-il  vrai  que 
les  aponévroses  et  les  ten- 
dons soient  tout-à-fait  dé- 
pourvus de  nerfs  , comme 
Haller  l’a  dit  ? Si  cela  est  , 
pourquoi  les  piqûres  y exci- 
tent-elles quelquefois  une 
grande  sensibi'ilé  ? 

On  suivra  le  tendon  dans 
la  profondeur  même  du  mus- 
cle, où  il  se  termine  en 
pointe 

Pourquoi  les  deux  tendons 
du  même  muscle  sont -ils 
pour  l’ordinaire  opposés  l’un 
à l’autre  dans  la  place  qu’ils 
occupent  , dans  leur  direc- 
tion et  dans  leur  structure  ? 
Et  quel  est  l’avantage  d’une 
tige  mo^enne  à laquelle 
aboutissent  des  faisceaux 
obliques,  d’où  il  résulte  une 
disposition  peuniforuiC,  ou 
semi-pcuniforuic. 


I 


DISCOURS  SUR  L'ANATO.MIU  5T 


On  parlera  Jes  caspules 
muqueuses  des  tendons  , des 
glandes  qui  s’y  trouvent  , 
et  du  fluide  onctueux  qui 
s’j  sépare. 

Résu  nié  des  aponévroses  , 
de  leursdivers  plansdefibres, 
de  leurs  usages.  Il  n’exi.ste 
pas  un  seul  d allé  d’anatomie 
où  les  aponévrosessoient  bien 
décrites  : le  professeur  y 
suppléera. 

^ V.  Des  phénomènes  des 
mouventens  muscuLiiies 
dans  l’état  de  santé. 

Du  muscle  considéré  en 
-repos  , et  en  équilibre  avec 
ceux  qui  l’environnent. 

Du  muscle  dans  l’état  de 
contraction.  Il  se  durcit  en 
se  raccourcissant  ; de  la  me- 
sure de  son  raccourcissement. 
De  ses  rides  , de  ses  plis  , 
de  sa  force  , soit  relative  , 
soit  absolue,  soit  simple, 
soit  composée  , de  scs  effets; 
du  secours  qu’üreçoit  des  au- 
tres musc'es  et  de  celui  qu’il 
leur  donne  ; des  muscles 
antagonistes. 

De  rintluenccdu  sommeil, 
de  la  veille  , de  la  digestion  , 
et  des  diverses  autres  fonc- 
tions organiques  sur  l’action 
musculaire. 

Des  phénomènes  de  cette 
action  , soit  qu’elle  devienne 
plus  forte  ou  plus  foible. 


§ V Expériences faites  sur 

les  organes  irritables. 

Des  expériences  nombreu- 
ses ont  été  faites  sur  CPS  or- 
ganes ; on  répétera  les  prin- 
cipales. 

Les  muscles  se  contractent, 
lorsqu’on  pique  les  nerfs  qui 
s’y  distribuent.  La  même 
chose  arrive  lorsqu’on  les 
pince,  et  surtout  lorsqu’on 
en  tire  des  étincelles  élec- 
triques. Ucsexpériences  nou- 
velles ont  même  prouvé  que 
ces  étincelles  sont  le  stimu- 
lant le  plus  fort  qu’on  puisse 
employer  dans  le  traitement 
des  personnes  asphyxiées. 

Lorsqu’on  a fatigue  le  nerf 
dans  un  dos  points  de  son 
étendue  , si  on  le  pince  au  — 
dessouset  plus  près  du  mus- 
cle, on  excite  eucore  dg^ 
contractions. 

Si  on  coupe  le  nerf,  le 
musc’e  c uiserve  pendant 
quelques  iiistans  son  irrita- 
bilité , qu’il  perd  bientôt 
après. 

Si  on  lie  les  vaisseaux  sanr 
guinSjl’irritabilitédu  muscle 
dure  un  peu  plus  long-temps 
que  lorsqu’on  en  a coupé  les 
nerfs;  mais  elle  se  détruit 
enfin,  pour  ne  pl  us  repar  oître. 

On  peut  se  servir  de  diffé- 
reiïts  acides , soit  minéraux  , 
soit  végétaux,  pour  exciter 
la  contraction  des  parties 
musculaires  ; mais  ces  sels  , 


54  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDfCAI.ES. 


surtout  les  premiers  , délrui- 
sent  bientôt  les  organes  sur 
lesquels  ilsagissent.  Le  beur- 
re cranliiuoine  produit  le 
même  effet , et  pour  les  mê- 
mes raisons. 

Les  organes  musculaires 
placés  dans  les  différentes 
cavités  du  corps,  jouissent 
à un  haut  degré  de  la  force 
irritable.  Tels  sont  le  dia- 
phragme , dont  on  excite 
facilementla  contraction  par 
la  pression  du  nerf  phréni- 
que , la  vessie  qu’on  force 
de  se  vider  , en  l’irritant  à 
l’extérieur  , tels  sont  lecœur 
et  les  intestins  , dont  on  ré- 
veille la  contraction  par  le 
souffle  seul  de  la  bouche  , 
ou  par  le  léger  frottement 
d’une  petite  brosse  ou  d’un 
pinceau  très- doux. 

Ces  organes  , hors  du 
corps  , et  coupés  même  par 
morceaux,  sont  encore  très- 
irritables. 

L’œsophage  des  animaux 
SC  contracte  aussi  très-faci- 
lement par  l’effet  des  diflé- 
rcns  aiguillons. 

Les  grenouilles  sont  très- 
propres  à ces  différentes 
expériences. 

Il  en  résulte  qne  les  Hga- 
xnens , lescapsules,  les  mem- 
branes , les  aponévroses  , les 
tendons,  les  nerfs , les  car- 
tillages  , et  les  os  ne  sont 
point  irritables. 

La  membrane  médullaire, 


quoiqu’il  soit  démontré  , con- 
tre l’assertion  de  Haller  , 
qu’elle  est  souvent  Irè.s- 
sensible , n’est  point  irri- 
table. 

Les  vaisseaux  lymphati- 
ques le  sont  beaucoup  ; les 
grosses  artères  , dans  les  jeu- 
nes animaux,  sont  évidem- 
ment musculaires , et  se 
contractent  d’une  manière 
très— marquée.  L.es  grosses 
veines  aux  environs  du  coeui', 
sont  vraiment  contractiles  ; 
plus  loin  , elles  n’ont  point 
cette  propriété  j les  organes 
glanduleuxn’en  jouissentpas 
non  plus  de  manière  à ce 
qu’on  puisse  en  apercevoir 
les  effets. 

La  peau  peut  se  froncer 
dans  différentes  circonstan- 
ces , et  elle  n’est  pas  aussi 
dépourvue  d'irritabilité  que 
Haller  l'a  dit. 

Le  tissu  cellulaire  n’en 
donne  aucune  marque. 

L’opium  et  les  substances 
narcotiques  en  général , éten- 
dues sur  les  organes  muscu- 
laires, diminuent  leur  irri- 
lablité. 

On  a dit  que  la  plupart 
de.s  gaz  qui  proilui.scnt  l’as- 
phyxie , détruisent  aussi 
l’irritabilité  des  organes 
mu.srulaires. 

Lorsqu’on  a coupé  lemu.s- 
cle  antagoniste  , ou  qu’on  l’a 
rendu  paralytique  en  cou- 
pant ses  nerfs , le  muscle 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  55 


opposé  l’emporte  , et  son  ac- 
tion devient  constante. 

Lorsqu’on  lie  avec  un  fil 
la  partie  la  plus  charnue 
d’un  membre  , dont  les  mus- 
cles sont  en  repos  , et  qu’en- 
suite  on  les  contracte  , le 
membre  éprouve  de  la  gêne 
dans  le  lieu  de  la  ligature  j 
ce  qui  prouve  qu’une  partie 
du  membre  se  gonfle.  Cette 
expérience  a été  rapportée 
par  llamberger. 

Si  on  plonge  le  bras  , .sans 
on  mouvoir  les  muscles  , 
dans  un  va.se  rempli  d’eau  , 
et  qu’ensuite  on  lescontracle, 
le  niveau  de  l’eau  s’abaisse  , 
.ce  qui  seiuble  annoncer  que 
le  volume  des  muscles  di- 
minue dans  la  contraction; 
mais  ce  résultat  peut  troin- 

Î)er  , parce  qu’il  sufliroit  que 
es  muscles  se  rapprochas- 
seut  l’un  de  l’autre  pour 
que  le  volume  total  dimi— 
iiu;\t.  Cette  expérience  est  de 
Glisson  et  de  Swammer- 
dam. 

Ce  dernier  a fait  l’expé- 
rience précédente,  en  plaçant 
le  cœur  d’une  grenouille 
dans  un  vase  étroit  et  rempli 
d’eau  qui  s’est  abaissée  , 
lorsque  le  cœur  s’est  con- 
tracté. 

L’ob.servalion  a prouvé  que 
les  mu.scles  ne  pâlissent  point 
dans  le  moment  de  la  con- 
traction. 5i  dans  la  systole  , 


le  cœur  pAlit , c’est  parce 
que  le  sang  est  laucé  hors 
de  ses  cavités  ; Kaw  et 
Vtnler. 

On  évitera  de  tromper 
comme  Borelli  dans  l’esti- 
mation des  forces  de  quelques 
organes  musculaires.  Par 
exemple  , lorsqu’il  a com- 
paré le  poids  du  cœur  avec 
celui  du  muscle  fléchisseur 
du  pouce,  pour  en  tirer  des 
con.séquenccs  relatives  à la 
force  du  preiirier  de  ces  orga- 
nes , il  a commis  une  grande 
erreur  , car  outre  que  l’ac- 
tion du  fléchisseur  du  pouce 
est  aidée  par  celle  du  court 
fléchisseur,  les  fibres  du 
cœur  étant  beaucoup  plus 
déliées  et  plus  rapprocliée.s 
les  unes  des  autres  que  celles 
du  muscle  fléchisseur  du 
pouce  , on  ne  peut , à rai.son 
du  poids,  établir  entr’elles 
aucune  analogie.  Il  y a sous 
d’autres  rapports  , dans  ce 
calcul  , plusieurs  sources 
d’erreurs  qu’il  seroit  trop 
long  d’exposer  ici. 

Ce  sera  dans  le  traité  d’a- 
natomie de  VVinslow  , qu’on 
trouvera  les  meilleurs  prin- 
cipes sur  les  divers  usages 
des  muscles.  On  considérera 
sur- tout  leurs  angles  d’in- 
sertion , la  direction  des 
gaines  ou  des  poulies  , et  de 
leurs  tendons  , et  leur  situa- 
tion relativement  aux  diffé- 
rens  articles. 


56  SCIRNCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


§ V 1 1.  Des  effets  de  l’action 
musculaire. 

On  indiquera  quels  sont 
leseûels  de  l’action  des  mus- 
cles, soit  relali veinent  aux 
os  dont  ils  modifient  les 
contours  , les  l'orraes  et  les 
éminences  ; soit  relaüve- 
luent  aux  besoins  des  ani- 
maux qui  en  sont  pourvus. 
Ainsi  , dans  l’homme  on 
expliquera  la  station  , le 
marcher,  la  course  , le  saut^ 
dans  le  quadrupède,  sur- 
tout dans  le  cheval,  le  pas 
ordinaire,  le  li  ot  , le  galop , 
et  l’amble  j dans  l’oiseau  , 
les  diverses  esjîèces  de  vol, 
l’ascension  , l’action  de  pla- 
ner , l’abaissement  , le  mar- 
cher j dans  le  poisson,  la 
manière  dont  il  nage  , et  dont 
il  s’arrête  ou  se  dirige  , soit 
par  les  nageoires  , soit  par 
l’action  de  la  queue. 

On  consultera  les  expé- 
riences curieuses  faites  à ce 
sujet  par  borelli  ; dans  les 
reptiles  , les  ondes  qu’ils 
forment , et  la  manière  dont 
ils  sautent  , s’élancent  ou  se 
suspendent  ; dans  les  insectes, 
le  marcher  , le  saut,  et  le 
vol  j dans  les  vers  , la  ma- 
nière dont  ilsranipentà  l'aide 
d’une  sorte  de  mouvement 
péristaltique  ; on  en  soule- 
vant une  partie  do  leur  corps 
on  forme  d’arc  ; dans  les  j)o— 
l^j'pes  , en  s’accrochant  par 


leurs  queues  ou  par  leurs 
bras,  ou  en  (brinaril  avec  ces 
derniers  une  sorte  de  roue  , 
dont  le  mouvement  est  très- 
rapide  J enfin  d.:ns  les  plan- 
tes parla  contraction  de  quel- 
ques-uns de  leurs  organes 
qui  semblent  jouir  d’une 
sorte  d’irritabilité. 

Il  existedonc  dans  les  corps 
vivans  une  fonction  ou  pro- 
priété très-différente  de  la 
sensibilité  et  de  toutes  les 
autres  forces  quelconques  , 
que  Glisbon  avoil  connue  , 
et  c]ue  Haller  a démontrée  ) 
elle  a reçu  les  noms  de  vis 
insita  ou  irrilabililas  , dans 
les  écrits  de  Haller;  de  vis 
pruriens  dans  ceux  de  Karv- 
Boeri'haave  ; de  vis  vilalis 
dans  ceux  de  Gaubius  ; de 
sensus  animalis  dans  ceux 
de  Charleton. 

Yllf.  Du  siège  de  l’action 
musculaire. 

Mais  quel  est  le  siège  de 
de  l’action  musculaire,  et  à 
quelle  partie  organique  ap- 
partient spécialement  celte 
propriété  Ce  n’est  point 
aux  vaisseaux  , qui  sont  eux- 
mêmes  irritables  , cl  qui  ne 
font  qu’alimenter  le  muscle  ; 
ce  ri’esl  point  aux  nerfs  , 
qui  raniment , ci  qui  y trans- 
mettent seulement  l’aiguil- 
lon de  la  volonté  ; ce  n’c-st 
point  au  tissu  cc.lulaire  f 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  Bj 


qui  n’est  qu’un  organe  pas- 
sif; ne  seroit-ce  pas  plutôt 
à une  matière  élastique  et 
contractile  qui  s’y  separe- 
roit  par  une  sortede  sécrétion 
particulière  à cet  organe  } 

Ici  le  professeur  exposera 
les  notions  principales  que 
la  chimie  moderne  a fournies 
sur  l’analyse  des  muscles. 

Ce  qui  distingue  leur  tissu 
fibreux  , c’est  i°.  De  n’ètrc 
pas  dissoluble  dans  l’eau  ; 

De  donner  plus  de  gaz 
azote  par  l’acide  nilri(|ne 
que  toutes  les  autres  subs- 
tances animales;  5”.  de  four- 
nir ensuitedel'acide  oxalique 
et  de  l’acide  maliqiie  ; 4”"  Ce 
‘tissu  se  pourrit  facilement, 
lorsqu’il  est  humecté,  et  il 
donne  beaucoup de carbonate 
amtnoniacalà  la  distillation  ; 
Ô'^.  11  brûle  en  se  ressei  ant. 

Diversrapprochemeus  ont 
porté  un  des  premiers  chi- 
mistes modernes  , ( i ) à 
croire  que  les  muscles  sont 
le  réservoir  de  la  matière 
fibreuse  du  sang  qui  s’y  con- 
dense , et  qui  y devient 
l’organe  immédiat  de  l’irri- 
tabilité. 

Il  K FONCTION. 
De  la  circulation. 

Le  professeur  traitera  des 
organes  qui  servent  à la 


circulation,  et  en  général  du 
cœur,  des  vaisseaux  arté- 
riels , et  des  veines  sanguines 
et  lymphatiques. 

§.  l*"^.  Du  cœur. 

Du  péricarde. 

De  la  position  de  ce  sac, 
considère  dans  le  médiaslin; 
de  sa  forme  , de  sa  base  , de 
ses  faces  , de  ses  angles  , 
pointes  ou  cornes,  descs  mem- 
branes externe  et  interne;  de 
ses  adhérences  , de  scs  ouver- 
tures , de  son  anneau  , de  se.s 
vaisseaux,  de  la  sérosité  qui 
s’y  condense,  de  son  usage. 

Du  cœur  en  général  et  à 
l’extérieur  ; de  sa  situation  , 
de  sa  forme  , de  sa  base  , de 
sa  pointe,  de  ses  faces,  de 
scs  angles  , de  la  ligne  de  dé- 
marcation {[ui  est  placée 
entre  ses  ventricules,  de  sa 
membrane  externe,  et  de  la 
graisse  qu’elle  reçoit  dans 
quelques  sujets. 

Des  cavités  du  cœur  en 
général. 

Des  sinus  et  des  oreillettes 
à l'extérieur;  de  leur  base, 
de  leur  pointe  , de  leur  direc- 
tion , de  leur  étendue  , de 
leur  adossement. 

De  l’oreillette  droite,  dite 
des  veines  caves  ; de  sa 
forme  et  de  scs  limites  , de 
sa  structure  externe  et  iu— 


( 1 ) M.  de  Fourcroy. 


58  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


terne,  de  ses  faisceaux  char- 
nus , ou  muscles  pectines  ; de 
la  mejubrane  qui  se  montre 
entre  les  faisceaux  charnusde 
l’oreillette. 

Du  sinus  droit,  et  des 
veines  caves,  qui  s’y  ouvrent. 

De  la  valvule  d’Eustache. 

Du  sinus  des  veines  coro- 
naires. 

De  la  cloison  ou  septum 
des  oreillettes. 

Du  trou  ovale  et  de  sa 
valvule  ; de  l’anneau  et  de 
la  fosse  ovale,  de  l’isthme  de 
Yieussens. 

De  l’ouverture  veineuse 
du  sinus  droit  dans  le  ven- 
tricule du  même  côté. 

Du  ventricule  droit  , ou 
pulmonaire^de  sa  membrane 
interne , de  sa  forme , de  son 
étendue  , qui  est  plus  grande 
que  celle  du  ventricule 
gauche^  de  ses  faisceaux,  ou 
de  son  réseau  charnu. 

De  son  ouverture  vei- 
neuse , et  de  l’anneau  val- 
vulaire qui  l’entoure  ; des 
muscles  papillaires  qui  ser- 
vent d’appui  à la  valvule. 
De  la  division  de  cette  val- 
vule en  trois  pointes,  qui  se 
terminent  aux  muscles  papil- 
laires. 

De  l’ouverture  artérielle 
de  ce  ventricule. 

Des  valvules  en  panier  de 
pigeon,  qui  sont  à l’embou— ’ 
churc  de  l’artère  pulmo- 
naire. 


De  la  cloison  des  ventri- 
cules, et  des  colonnes  char- 
nues dont  elle  est  surchar- 
gée. 

De  l’oreillette  gauche,  ou 
pulmonaire  j de  sa  forme,  de 
sa  pointe  , de  ses  faisceaux 
réticulaires. 

Du  sinus  gauche  ; des 
quatre  veines  pulmonaires 
qui  y aboutissent  ; de  l’éten- 
due du  sinus  gauche  , qui 
est  moins  grande  que  celle 
du  sinus  droit;  de  son  ou- 
verture dans  le  ventricule 
gauche. 

De  ce  ventricule  lui-même, 
que  j’appelle  aortique  ; de  sa 
membrane  interne,  de  sa  for- 
me, et  de  l’étendue  de  sa  ca- 
vité , de  sa  pointe  où  la  cavité 
se  prolonge. 

De  son  ouverture  veineuse  ; 
des  valvules  appelées  mitra- 
les ■,  qui  s’y  trouvent,  et  des 
muscles  qui  leur  servent  de 
soutien. 

De  l’ouverture  artérielle 
de  ce  ventricule;des  valvules, 
dites  sigmo'ides , qu’on  y re- 
marque , et  des  globules  , 
dits  à’Arantius  , qui  sont 
placés  au  milieu  du  bord 
flottant  de  ces  valvules. 

De  l’os  du  cœur  dans  les 
ruminans. 

Des  diverses  couches  de 
fibres  queVicussens,  Lancisi, 
ütenon  , Seriac  et  H.iHer,  ont 
observées  dans  le  cœur. 


DISCOURS  SUR 

Des  nerfs  de  cet  organe; 
des  plexus  cardiaques,  de 
ceux  que  Willis,  Vieussens , 
Lancisi,  VVinslow  et  Seiiac 
oui  décrits. 

II.  De  la  structure  du  cœur, 

considéré  dans  les  ani- 
maux. 

D.ans  les  quadrupèdes,  il 
est  plus  allongé,  plus  aigu,  et 
il  s’étend  plus  verticaleruent 
sur  le  sternum. 

Dans  les  oiseaux,  le  ven- 
triculedroil  est  sémilunaire, 
étroit,  et  il  semble  qu’il  em- 
brasse le  venlrioule  gauche, 

• autour  duquel  il  est  placé. 

Dans  l’homme  , dans  les 
quadrupèdes,  dans  les  céta- 
céos  , et  dans  les  oiseaux,  le 
cœur  est  composé  de  dcu.x 
oreillettes  et  de  deux  ventri- 
cules. Dans  ({uelques  qua- 
drupèdes ovipares , il  est  for- 
luéde  deux  oreillettes  et  d’un 
seul  ventricule  : telle  est  la 
grande  tortue  de  mer. 

Dans  les  poissons , il  n’y  a 
qu’une  oreillette  et  un  ven- 
tricule. 

Dans  les  insectes  et  dans 
plusieurs  sortes  de  vers  , le 
cœur  est  allongé,  et  il  jouit 
d’une  sorte  de  mouvement 
peristatique  , comme  les  in- 
testins. 

On  ne  conuoît  point  de 
cœur  dans  les  polypes. 


I;A  NATO  MIE.  5g 

§.  \\\.  Observations  et  expé- 
riences sur  le  mouvement 
du  cœur. 

La  poitrine  d’un  quadru- 
pède étant  ouverte,  i®.  on 
voit  les  oreillettes  du  cœur 
se  contracter,  «piand  les  vei- 
nes-caves cl  les  ventricules 
du  cœurse  dilatent,  et  ainsi 
réciprûijuemeut. 

2“.  Pendant  la  contraction 
des  oreilleltes  , on  voit  le 
sang  refluer  dans  les  veines 
caves  et  pulmonaires. 

3°.  Ou  observe  que  les 
coni r actions  des  or ei!  telles  se 
font  ensemble,  cl  que  celles 
des  ventricules  sont  aussi  si- 
multanées. 

4°.  On  remarque  qu’à  me- 
sure que  l’animal  s’afVniblit , 
CCS  contractions  SC  font  tantôt 
pins  vî'e,  tantôt  plus  lente- 
ment , et  qu’elles  ne  se  suc- 
cèdent plus  avec  la  même 
régularité.  Les  ventricules 
commencent  à se  dilater 
avant  que  la  contraction  de 
l’oreillette  soit  achevée  : cl 
vers  la  fin  de  la  vie  l’oreillette 
d roi  te  se  contracte , pour  l’or- 
dinaire , plus  souvent  et  plus 
long-temps  que  la  gauche. 

Haller  faisoil  passer  à vo- 
lonté cette  propriété  de  l’o- 
reillette droite  à la  gauche. 
A cet  effet,  il  lioit  l’artère 
aorte  près  du  cœur  , et  il 
ouvroit  l’une  des  veines- 
caves  : alors  le  sang,  dont  la 


6o  SCIENCES  rHYSIOI..  ET  MEDICALES 


presence  excite  les  cou  trac- 
tions des  diverses  parties 
du  cfDur  , s’accumulant  à 
gauche  , et  cessant  de  s’épan- 
cher dans  les  cavités  droites, 
l’oreillette  gauche  devenoit 
YitUimum  moriens. 

Pendant  la  diastole  , le 
cœur  devient  un  peu  plus 
long  qu’auparavant,  et  il  se 
raccourcit  dans  la  systole. 

Dans  ce  même  moment, 
on  voit  la  pointe  du  cœur  se 
redresser  : le  mouvement  des 
valvules  , qui  se  relèvent 
alors  , force  la  pointe  du 
cœur  à se  rapprocher  de  la 
hase. 

Comme  l’oreillette  gauche 
est  placée  sur  la  colonne  ver- 
tébrale, et  qu’elle  se  remplit 
de  sang  lorsque  les  ventri- 
cules se  contractent , le  dé- 
placement qui  en  résulte  doit 
pousser  le  cœur  en  devant , 
et  sa  pointe,  qui  est  à l’ex- 
trémité du  rayon  , doit  frap- 
per avec  force  les  côtes  qui 
lui  sont  opposées. 

Pendant  la  systole  du  cœur, 
le  sang  est  poussé  dans  la 
crosse  de  l’aorte  , qui  , se 
remplissant  brusquement  , 
tend  à décrire  une  ligne 
droite,  et  qui  concourt,  par 
cet  efiort , à porter  en  devant 
la  masse  entière  du  cœur  , 
qui  est  comme  suspendu  à 
son  extrémité. 

On  peut  produire  ce  meme 


effet,  en  dirigeant  avec  force? 
un  fluide  de  bas  en  haut  dans 
1 aorte  thorachique  vers  le 
cœur. 

En  observant  la  circula- 
tion dans  les  animaux,  dont 
le  cœur  est  demi-ti  ansparent, 
comme  dans  les  grenouilles  , 
on  voit  que  les  cavités  de  cet 
organe  se  vident  tout-a-iait 
à chaque  systole. 

Le  cœur  de  ces  animaux 
se  contracte  long  - temps 
après  avoir  été  détaché  de  la 
poitrine.  On  rétablit  ses  inou- 
vemens  par  le  souflte,  par 
l’impression  de  l’eau  tiède, 
et  par  divers  stiinulans. 

Dans  les  quadrupèdes,  ou 
le  mouvement  du  cœur  avoit 
cessé,  on  l’a  souvent  fait  re- 
paroître  en  introduisant  de 
l’air  dans  le  poumon  : alors 
on  rétablit  la  circulation  pul- 
monaire , et  le  sang  qui  se 
porte  vers  le  cœsir  y excite 
des  contractions  nouvelles. 
Ce  procédé  est  d’une  grande 
utilité  dans  le  traitement  des 
asphyxies. 

On  voit  manifestement  la 
circulation  continuer  pen- 
dant ({uelquc  temps,  dans  les 
animaux  à sang  froid,  quoi- 
que le  cœur  ait  été  arraché 
de  la  poitrine:  d’oii  l’on  peut 
conclure  que  le  sang  contenu 
dans  le  système  artériel , ne 
reçoit  pas  toute  son  impul- 
sion du  cœur,  puisqu’il  peut 


, DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  6i 


fncore  se  mouvoir  lorsque 
C‘ît  organe  est  entièrement 
dcf  mit. 

On  rappellera  les  opinions 
de  Keil,  de  .lurine,  de  Ro- 
binson , de  Morgan  , et  de 
Morlan  , sur  la  force  du 
cœur  : il  n’y  a aucune  de  ces 
opinions  oii  il  ne  se  soit  glissé 
quel([ue  erreur,  soit  d’Ana- 
tornie,  soit  de  calcul.  Oti  en 
conciliera  , avec  Haller  ,que 
la  force  du  cœur  est  grande  , 
mais  qu’il  est  peul-êlre  im- 
possible de  l’eslimer  avec  une 
précision  malhématique. 

Les  nerfs  de  la  huitième 
paire  do  l’intercostal  peuvent 
être  liés  sans  que  les  mouve- 
"mens  du  cœur  soient  pour 
cela  aussitôt  interrompus. 

On  exposera  en  peu  de 
mots  les  opinions  de  Bellini, 
de  VieussenSjdel-'crraiilt , de 
Roerliaave,  sur  lescausesdes 
Miouvemens  du  cœur,  et  il 
sera  facile  de  faire  voir  com- 
bien ces  systèmes  sont  peu 
fondés. 

On  fera  voir  que  la  cause 
du  mouvement  du  cœur  ré- 
side dans  sa  propre  irritabi- 
lité, que  le  sang  excite  en 
passant  alterna  ti  veinent  dans 
les  oreillettes  et  dans  les  ven- 
tricules de  cet  organe. 

§.  IV.  Des  artères  et  des 
veines  pulmonaires. 

De  l’artère  pulmonaire  , 


de  son  tronc , de  sa  cour- 
bure. 

Du  conduit  artériel. 

De  la  bifurcation  de  l’ar- 
tère pulmonaire  , de  sa 
bnnclie  droite  , de  sa  bran- 
che gauche,  de  leurs  rap- 
ports avec  les  troncs  , des 
subdivisions  de  ces  branches 
dans  les  poumons. 

Des  veines  pulmonaires, 
de  leurs  ramifications  dans 
les  poumons  , de  leurs  bran- 
ches hors  de  ces  organes  et 
près  du  cœur,  de  leurs  rap- 
ports avec  les  branches  et 
avec  les  artères  pulmonaires, 
de  leur  entrée  dans  le  sinus 
droit  du  cœur. 

La  cirriil.xlion  pulmonaire, 
dont  011  exposera  le  méraru’s- 
me,  étoit  connu  de  Cesalpin 
et  de  Servet , avant  que  la 
grande  circulation  de  l’aorte 
e'  des  veines  caves  eût  été 
déterminée. 

§.  V.  De  l'artère  aorte. 

De  l’artère  aorte  en  sé- 

' I ^ 

neral. 

Des  artères  coronaires. 

Des  artères  sous-clavières 
droite  et  gauche. 

Des  carotides  primitives. 

De  la  carotMp  externe  j de 
l’artère  thyroïdienne  supé- 
rieure; de  l’artère  hyoïdien- 
ne, de  la  sublinguale,  de  la 
ranine,  de  l’artère  pharyn— 
gieuae  inférieure,  de  scs  ra- 


6.2  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


meaux  pour  le  ganglion  cer- 
vical de  l’intercostal,  pour  la 
p.iirc  vague  et  pour  le  mus- 
cle sterno-rnastoïdien. 

De  l’artère  labiale  , ou 
maxillaire  externe  de  Wins- 
low;  de  l’artère  palatine  in- 
férieure ; de  l’artère  tonsil- 
laire;  des  massétérinesjde  la 
labiale  inférieure  et  de  la 
coronaire  des  lèvres. 

De  l’artère  occipitale;  de  la 
ménjngée  de  la  fosse  céré- 
belleuse qui  pénètre  avec  la 
veine  jugulaire  interne  dans 
le  crâne;  des  rameaux  mus- 
culaires de  l’artère  occipitale. 

De  l’artère  auriculaire  pos- 
térieure du  rameau  auditif 
externe,  du  rameau  stylo- 
mastoïdien. 

De  l’artère  maxillaire  in- 
terne ; de  la  ményngée  , ou 
artère  moyenne  de  la  dure- 
mère;  de  la  maxillaire  infé- 
rieure, des  plérygoïdiennes; 
de  la  temporale  profonde 
externe. 

De  l’artère  buccale  ; de 
l’alvéolaire  ; de  la  sous-or- 
bitaire, de  la  platine  supé- 
rieure; de  la  pharyngienne 
supérieure  ; de  la  sphéno- 
paîatinc. 

De  l’artère  temporale;  des 
auriculaires  antérieures  ; de 
la  transversale  de  la  face;  de 
la  temporale  profonde;  de  la 
temporale  supci  ficicllc  ou 
postérieure. 

De  l'arlère  carotide  in- 


terne , ou  cérébrale , en  géné- 
ral ; de  l’artère  ophtalmique  ; 
de  l’artère  lacrymale  ; des 
ciliaires  internes  courtes  et 
longues;  des  musculaires  su- 
périeures et  inférieures  ; de 
la  sous-orbitaire  ; de  la  ci- 
liaire inférieure  ; de  l’elb- 
moïdale  postérieure  ; de 
l’ethmoïdale  antérieure;  de 
l’artère  centrale  de  la  rétine  ; 
des  artères  ciliaires  anté- 
rieures ; de  la  palpébrale 
su])érieure  , inférieure  ; de 
l’artère  nasale  ; de  l’artère 
sur  - obitaire  ; de  l’artère 
sourcilière;  du  rameau  fron- 
tal supérieur  profond  ; de 
l’artère  communicante  du 
cerveau  ; de  l’artère  choroï- 
dienne  inférieure;  de  l’artère 
calleuse;  de  la  branche  pos- 
térieure , ou  de  Sj'lvius. 

De  l’artère  mammaire  in- 
terne ; des  rameaux  thy- 
miques, diaphragmatiques  , 
médiastins  et  ryphoïdieus. 

De  l’artère  vertébrale  en 
général  ; de  l’artère  infé- 
rieure du  cervelet;  de  la  la- 
térale du  cervelet;  delà  spi- 
nale postérieure;  de  l’artère 
spinale  antérieure;  deTartèrc 
varolienne  postérieure. 

Du  tronc  basilaire;  des 
pyramidales;  des  olivaires; 
de  l’artère  inférieure  du  cer- 
velet (sfuivent  il  en  sort  une 
seconde  du  tronc  basilaire  ) ; 
des  audit  ives  ; des  arlèi  es  des 
nerfs  trijumeaux. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  63 


De  l’artère  supérieure  du 
cervelet;  des  artères  pinéales  ; 
des  tuberculeuses  supérieu- 
res, et  des  varolieunes  laté- 
rales et  supérieures. 

De  l’artère  profonde  ou 
postérieure  du  cerveau  ; des 
artères  du  troisième  ventri- 
cule ; des  inférieures  et  in- 
ternes des  couches  optiques  ; 
des  rameaux  mammillaires  ; 
de  ceux  des  piliers  atitérieurs 
de  la  voûte;  des  rameaux  de 
la  commissure  postérieure. 

De  la  communicante  de 
Will  is  ; des  artères  clioroï- 
diennes inférieures ;des  opti- 
ques inférieures;  des  am- 
moniennes,  des  tuberculeuses 
inférieures;  de  celles  du  troi- 
sième ventricule. 

De  l’artère  thyroïdienne 
intérieure  ; de  l’artère  trans- 
versalede  l’épaule,  qui  vient 
aussi  de  la  mammaire  in- 
terne ; de  l’artère  transver- 
sale du  cou  ; de  l’ascendante 
du  cou;  des  rameaux  pro- 
fonds de  la  thyroïdienne  in- 
férieure ; df  la  thyroïdienne 
proprement  dite  ; de  la  bran- 
che thorachique. 

De  l’artère  cervicale  pro- 
fonde , de  l’artère  cervicale 
superficielle  ; de  l’artère  in- 
tercostale supérieure  ; des 
artères  intercostales,  de  leurs 
branches  supérieures  et  in- 
férieures. 

De  l’artère  axillaire;  des 
thorachiques  supérieure,  lon- 


ue  , humérale  et  axillaire; 
e l’artère  sous  - scapulaire 
supérieure;  de  la  sous -sca- 
pulaire inférieure  de  l'ar- 
tère circonflexe  antérieure, 
postérieure. 

De  l’artère  humérale  ; de 
l’artère  profonde  supérieure 
du  bras;  de  l’artère  profonde 
inférieure  du  bras. 

De  Tarière  radiale. 

De  l’artère  cubitale. 

Des  artères  bronchiales  j 
des  œsophagiennes;  des  nié- 
diastines  postérieures  ; des 
intercostales  inférieures;  des 
diaphragmatiques  inférieu- 
res. 

Du  tronc  cœliaque;  de  l’ar- 
tère coronaire  stomachique  ; 
de  l’artère  hépatique  ; de 
l’artère  splénique. 

De  Tarière  mésentérique 
supérieure  ; des  artères  cap- 
sulaires; des  artères  rénales; 
de  Tarière  spermatique  ; de 
Tartère  mésentérique  infé- 
rieure ; des  artères  lom- 
baires ; de  Tartère  sacrée  an- 
térieure. 

Des  artères  iliaques  com- 
munes ou  primitives  ; de 
Tartère  iliaque  interne  ou 
pagaslrique  ; de  Tartère  iléo- 
îombaire  ;des  sacrées  latéra- 
les ; de  Tiliaque  postérieure. 

De  l’obturatrice;  de  Tar- 
tère ischiatique;  de  la  hon- 
teuse interne  , de  Thémor- 
rhoïdale  moyenne  ; de  Tar- 
tère utérine,  des  artères 


SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


6i 

vésicale  j de  Tarière  vagi- 
nale j de  Tarière  ombilicale. 

De  Tarière  iliaque  externe 
ou  crurale;  de  Tarière  épi- 
gastri([ue ; de  Tarière  iliaque 
antérieure;  de  Tarière  cru- 
rale;des  houleuses  externes; 
do  Tarière  profonde  de  la 
cuisse;  de  la  circonflexe  in- 
lei ne  el  externe  ; de  Tar- 
ière poplitée  ; des  articu- 
laires. 

De  Tarière  tibiale  anté- 
rieure; de  Tarière  tibiale 
postérieure  , el  de  leurs  ra- 
meaux. 

De  l’arlère  plantaire  in- 
terne el  externe  , et  de  ses 
branches. 

De  Tarière  péronière  et  de 
ses  rameaux. 

AM.  Des  veines  caves. 

De  la  veine  cave  suj)é- 
lienre  , et  de  ses  branches 
considérées  dans  Tordre  de  la 
circulation. 

De  la  veine  basilique  , 
et  de  ses  rameaux  ; de  la 
veine  céphalique  et  de  scs 
rameaux;  de  la  veine  mé- 
diane ; des  veines  brachiales  ; 
des  veines  axillaires;  des  vei- 
nes vertébrales;  de  la  veine 
temporale  ; de  la  veine  occi- 
pitale ; des  veines  pignlaires 
externes  ;de  la  veine  labiale; 
de  la  veine  pharyngienne  ; 
de  la  veine  linguale;  de  la 
veine  thyroïdienne  supé- 


rieure ; des  veines  jugulaires 
internes  : des  veines  intercos- 
tales supérieures  ; des  veines 
mammaires  internes  ; des 
veines  thyroïdiennes  infé- 
rieures ; des  veines  sous-cla- 
vières ; de  Tazygos ; de  la 
veine  cave  supérieure  ou  des- 
cendante. 

De  la  veine  cave  infé- 
rieure, dans  Tordre  de  la 
circulation  ; de  la  veine  po- 
plitée ; de  la  petite  veine 
saphène  ; de  la  grande  veine 
saphène;  delà  veine  crurale; 
de  la  veine  iliaque  externe  ; 
de  la  veine  iliaque  interne 
ou  hypogastrique  ; desveines 
iliaques  ou  primitives;  de  la 
veine  sacrée  antérieure  ; des 
veines  lombaires  ; des  veines 
spermatiques  ; des  veines  ré- 
nales ou  émulgenles  ; des 
veines  capsulai: es; des  veines 
hépatiques  ; des  veines  phré- 
niques ; de  la  veine  cave  in- 
férieure. 

VII.  De  la  veine  porte. 

De  la  veine  porte  ventrale, 
dans  Tordre  de  la  circula- 
tion ; de  la  petite  mézéraïque, 
ou  hémorrhoïdale  interne  ; 
des  veines  coliques  gauches , 
première  et  seconde  ; de  la 
coronaire  gauche;  des  pan- 
créatiques ; des  gastriques 
postérieures  ; des  gastro-épi- 
ploïques gauches  ; de  la 


DISCOURS  SUR  L’A  N AT  ü Ml  C.  65 


grancle  gastrique  gauche  J des 
vaisseaux  courts. 

De  la  veine  .splénique;  de- 
là veine  iliaque  inferieure  ; 
de  la  cœco-iliaque  ; de  la 
colique  droite;  de  la  gastro- 
duodenale ; de  lu  colique 
moyenne. 

De  la  grande  veine  mézé- 
raïque;de  la  veine  coronaire 
stomachique  droite  ; des  vei- 
nes cysliques  et  des  duodé— 
nales;du  tronc  de  la  veine 

J)orte  ventrale;  du  tronc  de 
a veine  porte  hépatique  et 
de  ses  branches. 

Delà  veine  ombilicale. 

§.  VIII.  Des  veines  Ijm- 
• phaliqucs. 

Des  vaisseaux  lymphati- 
ques radiaux  , cubitaux,  .«u- 
jierficiels,  profonds;  des  lym- 
phatiques du  bras  , de 
l’omoplate,  de  l’aisselle;  des 
lymphatiques  du  cou  , su- 
perficiels , profonds  ou  ju- 
gulaires. 

Du  tronc  lymphatique 
droit  , gauche  , près  des 
sous  - clavières  ou  de  la  veine 
cave  lymphatique  descen- 
dante. 

Des  vaisseaux  lymphati- 
ques saphéens,  tibiaux,  pé- 
roniers superficiels  , pro- 
tonds , poplités,  cruraux, 
et  sciatiques. 

Des  lymphatiques  ingui- 

T.  4. 


naux , superficiels  et  pro- 
fonds. 

Des  lymphatiques  hypo- 
gastriques; des  honteux  ex- 
ternes et  internes  ; des  lym- 
phatiques lombaires,  rénaux, 
capsulaires  ; des  lymphati- 
ques mézéraïques  , pancréa- 
tiques , hépatiques  , spléni- 
ques, et  gastriques. 

Des  vaisseaux  lymphati- 
ques des  poumons;  du  me— 
diastin  postérieur  ; des  lym- 
phatiques cardiaques. 

Des  racines  du  réservoir 
de  Pecquet  ; du  ré.servoir  lui- 
même;  du  conduit  thora- 
chique  , ou  veine  cave  lym- 
phatique ascendante. 

§.  De  la  structure  propre 
des  artères. 

De  le  urs  diverses  mem- 
branes ; de  leurs  fibres  char- 
nues, qui  sont  surtout  cir- 
culaires. On  les  voit  dans  les 
grosses  artères  des  jeunes 
animaux.  On  décrira  la 
membrane  interne  des  ar- 
tères, et  les  petits  vaisseaux 
de  ces  membranes, qu’on  dé- 
montre par  l’injection. 

Leur  section  est  circulaire  : 
leur  force  de  résistance  est 
très-gi  ande  ; elle  a été  dé- 
terminée par  VN' iiitringham. 
Les  rameaux  opposent,  toutes 
choses  égales  d’ailleurs  , plus 
de  résistance  à leur  rupture 
que  les  troncs. 


5 


66  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


La  plupart  de  ces  rameaux 
sortentàangleaigudes  troncs 
artériels. 

l.e  système  artériel  forme 
un  cône,  dans  ce  sens,  que  la 
somme  des  ouvertures  deç 
rameaux  réunis  est  plus 
grande  que  l’ouverture  du 
tronc. 

Le  nombre  des  divisions 
artérielles , qu’on  peut  dé- 
montrer anatomiquement  , 
ne  surpasse  point  celui  de 
dix-liuit  ou  vingt. 

On  ne  doit  donc  point  ad- 
mettre la  série  des  vaisseaux 
décroissans  , proposée  par 
Boerhaave  , ni  V erreur  de 
lieu,  comme  cause  d’inflam- 
mation. 

Les  anastomoses  se  font 
ou  à angle  aigu , ou  en  arc  , 
ou  en  cercle.  On  voit  le  mou- 
vement se  renouveler  et  re- 
naître dans  les  coudes  , dans 
les  anglesde  communication, 
qui  sont  comme  autant  de 
diagonales  entre  les  côtés 
de  divers  parallélogrammes. 
C’est  ce  qu’on  observe  dans 
Ic.s  grands  réseaux. 

Il  n’y  a ]ioint  de  paren- 
chyme visible  entre  les  ar- 
tères et  les  veines.  Les  artères 
se  terminent,  i°.  en  se  con- 
tinuant avec  les  veines  ^ 
3'’.  en  se  repliant , pour  for- 
Jiicr  les  conduits  excréteurs  j 
3°.  les  artères  se  terminent 
par  des  extrémités  très-dé- 
liées et  très- courtes  , d’oli 


sortent  les  vapeurs  qui  lu- 
bréfient  les  surfaces , et  d’ou 
s’élève  la  transpiration  in- 
sensible ; 4°-  par  des  vais- 
seaux séreux  , non  rouges  , 
tels  qu’on  en  voit  dans  les 
membranes  blanches  de  l’œil. 
Ces  vaisseaux  artériels  séreux 
finissent  souvent  par  des  vei- 
nes du  meme  genre,  qui, 
s’agrandissant  , admettent 
plus  loin  les  globules  rouges. 
Mais,  dans  aucun  cas,  les 
vaisseauxlymphatiques,pro- 
prementdits,  ne  communi- 
quent avec  les  artères. 

X.  De  la  structure  propre 
des  veines. 

On  ne  voit  les  fibres  mus- 
culaires quedansleurs  troncs 
et  dans  les  jeunes  animaux. 
Elles  sont  en  général  placées 
plus  près  de  la  peau  que  les 
artères;  et  Wintringham  a 
démontré  que  les  membranes 
de  ces  derniers  vaisseaux , 
toutes  choses  d’ailleurs  éga- 
les , résistent  moins  à leur 
rupture  que  celles  des  veines. 

Des  valvules  des  veines,  qui 
sont  tantôt  solitaires  , tantôt 
conjuguées,  tantôt  ternées. 
I.cs  valvules  se  trouvent 
dans  celles  externes , et  dans 
les  veines  dont  la  position 
est  perpendiculaire.  La  di- 
rection de  ces  lames  suffi- 
roit  pour  désigner  quelle  est 
la  vraie  roule  du  sang. 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  67 


Il  n’y  a point  de  valvules 
dans  la  veine  cave  inté- 
rieure, dans  les  veines  des 
viscères,  dans  la  veine  porte. 

Est  - il  vrai  que  les  veines 
s’ouvrent  dans  le  tissu  cellu- 
laire et  dans  les  diverses  ca- 
vités pour  y repoinprr  des 
fluides  7 ou  ne  sont- ce  pas 
plutôt  les  vaisseaux  ly/nplia- 
tiques  qui  sont  partout  des- 
tinés à cet  usage  ^ 

XT.  De  la  slruclure  pro- 
pre des  vaisseaux  et  des 
glandes  lymphatiijues. 

Des  découvertes  de  Rud- 
bek  , de  Bartholln,  de  celles 
.de  Meckel  , de  Ilunter,  de 
Hewson  , de  M.  Monro  , et 
de  M M.  Cruiskshangk  , 
Scheldon  et  Mascagni. 

Les  vaisseaux  lymphati- 
ques sont  veineux  et  valvu- 
feux  J ils  sont  irritables  j ils 
s’ouvrent  sur  toutes  les  sur- 
faces et  dans  toutes  les  cavi- 
tés J ils  absorbent  les  fluides 
séreux  en  général , et  en  par- 
ticulier toutes  les  humeurs 
quelconques  épanchées.  Leurs 
troncs , auxcjuels  tous  les  ra- 
meaux se  reunissent,  s’ou- 
vrent dans  de  grosses  veines. 
On  doit  donc  les  regarder 
comme  un  système  particu- 
lier de  veines  séreuses,  sur- 
ajouté à celui  des  veines  san- 
guines. 

On  recherchera  si,  indé- 


pendamment des  troncs  prin- 
cipaux du  système  lympha- 
tique , il  y a des  rameaux  de 
ce  système  qui  s’ouvrent  im- 
médialeinenl  dans  les  veines 
sanguines  , ainsi  que  Weekel 
le  pensoit. 

On  exposera  ce  qu’on  sait 
sur  la  structure  intime  et  les 
usages  des  glandes  conglo- 
bées  , dans  lesquelles  les 
vaisseaux  lymphatiques  se 
mêlent  et  forment  un  entre- 
lacement très-compliqué. 

La  plupart  de  fonctions 
attribuées  par  Bordeu  aux 
lames  du  tissu  cellulaire, 
appartiennent  aux  vaisseaux 
absorbans  dont  elles  sont 
l’appui;  ce  qui  ne  change 
rien  au  fond  de  sa  doctrine. 

On  avoit  pensé  que  . dans 
les  oiseaux  , l’absorption  se 
faisoit  par  les  veines  san- 
guines. Mais  llewson  et  plu- 
sieurs autres  modernes  ont 
trouvé  des  vaisseaux  lym- 
phatiques dans  ces  animaux, 
dans  les  reptiles  , dans  les 
quadrupèdes  ovipares , et 
dans  les  poissons  , comme 
dans  les  quadrupèdes  et  dans 
les  hommes  : d’oii  il  suit  que, 
dans  toutes  les  classes  d’ani- 
maux , l’absorption  se  fait 
par  des  vaisseaux  du  même 
genre. 

L’expérience  a prouvé  que 
les  vaisseaux  lymphatiques 
conservent  leur  force  absor- 
bante quelquefois  asssez  long- 


68  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


temps  après  la  mort  de  ra- 
nimai. 

§.  XII.  Des  phénomènes  de 
la  circulation. 

On  traitera  des  mouve- 
mens  du  cœur  et  des  vais- 
seaux dans  l’état  de  santé  ; 
on  les  considérera  pendant  la 
veille  et  le  sommeil,  dans 
l’exercice,  et  dans  le  repos  , 
avant  et  après  la  digestion  , 
dans  les  différens  âges  et 
tempéramens  , dans  les  di- 
vers besoins  et  états  de  la  vie. 

XIII.  Observations  et  ex- 
périences sur  la  circula- 
tion du  sang. 

On  a tenté  un  grand  nom- 
bre d’essais  sur  les  vaisseaux 
sanguins,  pour  déterminer 
s’ils  sont  sensibles , s’ils  se  di- 
latent , s’ils  se  déplacent  dans 
leur  battement , ainsi  que 
pour  connoître  la  force  et  la 
direction  des  üuides  qui  cir- 
culent dans  leurs  cavités. 

Lorsqu’on  lie  une  artère, 
on  voit  le  gonflement  se  faire 
au-dessus  de  la  ligature  ; si 
on  lie  une  veine , le  gonfle- 
ment , au  contraire  , se  fait 
au-dessous. 

Quelquefois  cependant  on 
lie  des  artères  longues,  telles 
que  les  crurales,  sans  rciriar- 
<jucr  de  gonflement  au-des- 
sus, parce  que  les  artères 


collatérales  empêchent  l’or- 
dre de  la  circulation  de  se 
troubler. 

Les  acides  introduits  dans 
Une  veine  coagulent  le  sang 
dans  une  direction  qui  s’étend 
vers  le  ventricule  droit.  Le 
sang  se  coagule  dans  une  di- 
rection opposée,  si  on  injecte 
des  acides  dans  une  artère. 

On  a lié  les  veines  caves 
supérieure  et  inférieure;  le 
sang  s’est  amassé  en-dessus 
et  en-dessous,  et  le  cœur  a 
été  trouvé  vide. 

Si  , par  le  moyen  d’uu 
tube  , on  introduit  de  l’air 
dans  la  veine  jugulaire  , cet 
air  parvient  au  cœur  dont  ou 
peut  ressusciter  ainsi  les 
mouvemens. 

La  mêmechose arrivelors- 
qu’on  introduit  de  l’air  dans 
le  canal  ihorachique. 

Pour  faire  durer  pluslong- 
teraps  les  mouvemens  du 
cœur  , il  suffit  d’y  retenir  le 
sang  , en  comprimant  les  ar- 
tères par  lesquelles  il  est 
lancé.  On  peut  lier  l’aorte , 
dans  la  même  intention  et 
avec  le  même  succès. 

En  répétant  avec  soin  les 
expériences  de  Weitbrecht  , 
de  Lamure,  et  de  MM.  Ja- 
dolot  et  Arthaud  , on  verra 
les  artères  se  déplacer  dans 
les  coudes.  La  crosse  de 
l’aorte  en  fournit  un  exem- 
ple. Cette  loco-motion  se 
montre  cucorc  dans  les  ar- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  69 


tères  flexucses  , et  disposées 
en  zig-zag  : on  la  produit  ar- 
tificiellement , en  pliant  les 
artères  mésentériques  , et  en 
augmentant  le  nombre  do 
leurs  contours,  comme  on 
l’empêche  d’avoir  lieu  , en 
développant  ces  llexuosilés, 
et  en  détruisant  les  angles 
qu’elles  forment. 

Lorsqu’on  empoigne  for- 
tement l’artère  aorte,  près 
du  cœur,  on  éprouve  com- 
Lien  est  grand  l’elTet  qu’elle 
fait  pour  se  soulever. 

La  loco-inotion  se  fait  en- 
core dans  les  artères  ré- 
nales , etc. 

- On  n’empêclie  point  la 
loco-motion  d’avoir  lieu  , 
en  appliquant  une  ou  plu- 
sieurs ligatures  à l’artère  qui 
est  susceptible  de  déplace- 
ment. 

On  n’aperçoit  point  de 
loco-raotion  dans  l’aorte  ven- 
trale qui  est  fixée  par  le  tissu 
cellulaire  le  long  de  la  co- 
lonne épinière. 

Il  est  plus  difficile  qu’on 
ne  pense  de  s’assurer  , par 
l’expérience , de  la  dilatation 
des  artères.  A la  simple  vue, 
le  déplacement  peut  être  pris 
pour  la  dilatation  II  v a ce- 
pendant quelques  portions 
du  système  artériel , sur  les- 
quelles il  est  difficile  de  se 
tromper  à cet  égard.  Par 
exemple  , on  peut  se  con- 
vaincre, parla  seule  inspec- 


tion , que  la  crosse  de  l’aorte 
se  dilate,  lorsqu’elle  reçoit 
le  sang  du  cœur. 

On  emploiera  , pour  re- 
chercher si  les  artères  se  di- 
latent, une  espèce  de  com- 
pas formé  de  trois  jiièces, 
dont  deux  sont  perpendicu- 
laires et  parallèles,  tandis 
que  la  troisième  , qui  les  sou- 
tient , est  horizontale. 

En  plaçant  le  doigt  d’une 
manière  niême  très-super- 
ficielle sur  l’artère  aorte  ven- 
trale , qui  ne  se  déplace 
point , on  sent  une  forte  pul- 
sation. Doit-on  l’attribuer  à 
ce  que  le  tube  artériel  se  di- 
late alors,  ou  seulement  i ce 
qu’on  a changé  la  disposi- 
tion , et  diminué  l’étendue 
du  vaisseau  , en  substituant 
à la  forme  ronde  une  forme 
ovale? 

L’artère  carotide  , mise  à 
nu  dans  le  cou  d'un  animal 
vivant  , ne  paroît  point  se 
déplacer  ; si  on  prend  cette 
artère  entre  les  deux  doigts  , 
on  y sentira  des  puisa tious. 

Le  bas -ventre  étant  ou- 
vert , on  voit  les  piliers  du 
diaphragme  agir  dans  leurs 
contractions  sur  l’artère  aor- 
te , et  repousser  le  sang  vers 
la  tête.  Si  on  ajoute  à la 
contraction  du  diaphragme , 
en  l’irritant  encore,  le  pouls 
deviendra  plus  serré. 

Le  pouls  bat  plus  vite  ou 


70  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


se  serre , lorsqu’on  blesse  for- 
tement quelque  nerf. 

Dans  les  douleurs  très- 
vives,  les  pulsations  sont 
comme  suspendues. 

A chaque  forte  contraction 
du  cœur,  il  se  fait,  par  l’ac- 
tion des  grandes  valvules , un 
refoulement  du  sang  qu’on 
peut  apercevoir  jusqu’aux 
veines  émulgentes  , et  quel- 
quefois même  jusqu’aux  vei- 
nes crurales. 

Pendant  l’expiration  , le 
sang  est  refoulé , par  les  j u— 
gulaires,  jusqu’au  cerveau, 
comme  on  l’exposera  plus  au 
long , en  traitant  de  la  respi- 
ration. 

C’est  dans  les  animaux 
aquatiques  qu’on  verra  cir- 
culer le  sang,  et  ses  divers 
lobules  dans  des  artères  et 
ans  des  veines  demi-trans- 
parentes. On  y remarquera 
des  colonnes  de  fluide,  inter- 
rompues en  divers  points  par 
des  espaces  qui  semblent  être 
vides  , mais  dont  les  propor- 
tions sont  assez  durables  , 
pour  faire  soupçonner  que 
quelque  gaz  remplit  ces  in- 
tervalles. Expériences  de 
Jlaller  et  de  M.  llosa.  Ce 
dernier  en  a conclu  que  le 
système  artériel  n’est  pas 
tellement  rempli  , qu’il  ne 
puisse  admettre  une  nouvelle 
quantité  de  fluide,  sans  qu’il 
s’ensuive  une  vraie  pléthore. 


On  répétera  ces  curieux 
essais. 

Lewenhoeck  et  Haller  ont 
vu,  à l’extrémité  de  la  queue 
de  la  loche  , une  artère  se 
contourner  et  se  changer  en 
une  veine  de  capacité  suffi- 
sante pour  admettre  plu- 
sieurs globules  rouges. 

Dans  la  queue  de  quel- 
ques-uns des  animaux  aqua- 
tiques, les  artères  et  les 
veines  sont  disposées  presque 
parallèlement , et  comme  par 
paires,  qui  se  correspondent 
avec  une  sorte  de  régularité, 
et  qui  communiquent  par 
des  anses  les  unes  avec  les 
autres.  Le  microscope  solaire 
rend  ces  anastomoses  très- 
sensibles. 

Dans  les  petits  réseaux , la 
circulation  se  fait  souvent 
avec  une  sorte  de  lenteur  , et 
toujours  avec  une  grande  ir- 
régularité. On  n’y  reconnoît 
plus  l’ordre  établi  constam- 
ment dans  les  artères  et  dans 
les  veines  J les  humeurs  y 
paroissent  quelquefois  li- 
vrées à des  mouvemens  ré- 
trogrades J les  colonnes  ne 
paroissent  pas  conserver  par- 
tout le  même  volume  : ce  qui 
semble  annoncer  que  les  ar- 
térioles y jouissent  d’une  ir- 
ritabilité m.irquée,  mais  qui 
n’est  pas  la  même  dans  toutes 
les  parties  de  leur  étendue. 

Halos  a fait  un  grand  nom- 
bre d’expériences,  eti  adap- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  <jx 


tant  un  tube  aux  grosses 
artères  ou  aux  grosses  veines. 
Il  a vu  le  sang  s’y  élever , s’y 
balancer  à une  certaine  hau- 
teur qui  varioit , suivant  que 
l’animal  faisoit  des  eftorts 
plus  ou  moins  violens,  soit 
pour  repirer  , soit  pour  obéir 
aux  impressions  de  la  dou- 
leur. 

Le  même,  après  avoir 
passé  et  assujetti  un  tube 
dans  l'artère  aorte,  au-des- 
sous du  cœur,  a détermine 
uelles  étoient  les  différences 
es  temps  , pendant  lesquels 
se  faisoit  l’écoulement  d’une 
certaine  quantité  de  fluide 
versé  dans  ce  tube,  tandis 
qu’il  s’échappoit  , soit  par 
les  extrémités  des  artérioles 
qui  s’ouvrent  dans  les  intes- 
tins, soit  par  ces  memes 
artères  coupées  près  du  tube 
intestinal,  soit  enfin  par  les 
branches  artérielles  elles- 
mêmes  coupées  près  du  troue 
de  l’aorte. 

XIV.  Sur  l’injection  des 
vaisseaux  , sur  la  trans- 
fusion , et  sur  la  médecine 
infusoire. 

On  ne  manquera  pas  d’ex- 
poser aux  élèves  l’histoire  et 
les  principes  de  l’art  de  l’in- 
jection, soit  à chaud  , soit  à 
froid. 

On  dira  comment  et  avec 
quels  soins  on  emploie  à cet 
effet , soit  les  graisses  et  les 


résines , soit  les  spiritueux  et 
les  matières  colorantes  , soit 
le  mercure. 

On  fera  connoîlre  l’art  de 
corroder  , de  macérer  , de  la- 
ver , de  nettoyer , et  de  con- 
server les  viscères  que  l’on  a 
convenablement  injectés. 

Lorsque  l’injection  très- 
tenue  réussit  bien  , elle  passe 
dans  les  vaisseaux  les  plus 
déliés  de  la  peau,  des  ten- 
dons, des  ligamens,  des  os; 
elle  se  porte  des  extrémités 
artérielles  aux  extrémité  vei- 
neuses , et  on  la  voit  suinter 
des  pores  qui  s’ouvrent  à la 
surface  des  membranes. 

Une  injtction  faite  avec 
une  matière  pénétrante  , 
passe  farilement  de  l’artère 
pulmonaire  dans  les  bron- 
ches, surtout  si  on  prend  la 
précaution  de  dilater  les  pou- 
mons par  le  souille.  Le  fluide 
ne  passe  pas  avec  la  même 
facilité  des  veines  dans  les 
cavités  bronchiques. 

On  pourra  tenter  l’expé- 
rience difficile  de  la  trans- 
fusion, dans  laquelle,  à l’aide 
de  tubes  pourvus  de  robinets 
on  fera  passer  le  sang  de  l’ar- 
tère dans  la  veine  , en  prenant 
les  mesures  nécessaires  pour 
que  ce  fluide  n’arrive  point 
coagulé  par  le  froid. 

On  fera  aussi  les  diverses 
expériences  de  la  médecine 
infusoire  , dont  les  procédés 
consistent  à injecter  dans  les 


7*  SCIENCES  PfJYSIOL.  ET  MEDICALES. 


veines  ujie  petite  quantité' 
d’un  fluide  ine'dicamcnteux , 
soit  purgatif, soit  sudorifique, 
et  qui  souvent  ainsi  injectés 
dans  un  animal  vivant , don- 
neront des  convulsions  mor- 
telles, mais  qui  produiront 
quelquefois  aussi  , lorsqu’on 
y aura  rais  un  grand  ména- 
gement , l’effet  qu’on  doit 
naturellement  en  attendre. 

On  tirera  de  ces  faits  nom- 
breux des  conclusions  qui  ne 
laisseront  aucun  doute  sur  la 
direction  et  les  mouvemens 
du  sang  artériel  et  veineux: 
d’où  résultera  la  théorie  com- 
plète de  la  circulation,  telle 
que  Ilarvée  en  a tracé  le  ta- 
bleau. 

Dans  cette  théorie  , on 
tiendra  un  compte  exact  des 
forces  du  cœur  et  des  forces 
propres  et  individuelles  des 
vaisseaux  sanguins , et  on 
distinguera  bien  la  circula- 
tion régulière  des  rameaux 
un  peu  considérables  , d’avec 
la  circulation  irrégulière  des 
petites  branches  , des  petits 
réseaux  , et  des  capillaires. 

M ais  le  sang  lui-niéme  et 
la  Ijmphe  doivent  être  le 
sujet  de  l’examen  le  plus  ré- 
fléchi : on  en  traitera  dans 
l’article  des  sécrétions. 

1 F O N C T I O N. 

DE  I>A  SFWStUILITÉ. 

Des  organes  de  la  sensibi- 
lité en  général. 


§•  Du  cerveau  et  du 
cervelet. 

Du  cerveau  et  du  cervelet 
en  général  j de  leurs  formes , 
de  leurs  poids,  et  de  leurs  di- 
mensions. 

Des  enveloppes  du  cerveau, 
et  du  cervelet. 

De  la  d ure-mère  et  de  ses 
lames,  de  ses  replis,  de  la 
faulx  du  cerveau. 

De  la  tente  et  de  la  faulx 
du  cervelet , des  replis  sphé- 
noïdaux. 

De  l’arachnoïde. 

De  la  pie-mère  ; de  ses 
replis  dans  les  anfractuosités 
du  cerveau,  et  de  ses  pro- 
longemens. 

Des  hémisphères  du  cer- 
veau J de  leurs  lobes,  et  de 
leurs  circonvolutions  J de  la 
scissure  de  Sylvius. 

Du  corps  calleux  et  de  son 
raphé  j du  centre  ovale  de 
Vieussens. 

Du  septum  lucidum. 

De  la  voûte  à trois  piliers, 
et  de  la  lyre. 

Du  corps  bordé. 

]^es  cornes  d’ammon. 

Des  corps  striés , et  de 
leurs  coupes. 

Des  coupes  optiques,  et  de 
leur  commissure  molle. 

De  la  lame  cornée,  et  du 
teen !a  sem i-cire ularis. 

Des  ventricules  latéraux  , 
cl  des  cavités  digitales. 

Des  plexus  choroïdes  dos 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE. 


■ventricules  latéraux  j de 
la  toile  choroïdienne  j des 
veines  de  Galien. 

Du  plexus  choroïde  du 
troisième  ventricule. 

Des  pédonculesdelaglande 
pinéale  j de  la  commissure 
postérieure , de  la  glande  pi- 
néale ; des  tubercules  qua- 
drijumeaux ; du  conduit 
qu’ils  recouvrent  J du  troi- 
sième ventricule. 

De  la  commissure  anté- 
rieure et  de  ses  prolonge- 
mens  ; de  l’éminence  mam- 
millaire  ; de  l’entonnoir  et  de 
son  pavillon;  des  jambes  du 
cerveau  , et  de  la  protubé- 
rance annulaire. 

Du  cervelet  et  de  ses  cir- 
convolutions J de  l’appendice 
vermiforme  supérieur,  pos- 
térieur et  inférieur. 

De  la  valvule  de  Vieussens 
et  de  ses  colonnes. 

Des  corps  rhomboïdaux 
ou  festonnés. 

Du  quatrième  ventricule, 
et  de  sou  plexus  choroïde. 

De  1’  arbre  de  vie. 

§.  II.  Des  moelles  allongée 
et  épinière. 

De  la  moelle  allongée  ; des 
éminences  pyramidales  et 
olivaires;  de  la  fente  placée 
entre  les  éminences  pyra- 
midales. 

De  la  moëlle  épinière  en 
général  ; de  son  ligament  in- 


7^ 

fundibuliforme  ; de  la  dure- 
mère  , de  l’arachnoïde  , et  de 
la  pie  - mère  qui  l’enve- 
loppent. 

De  la  forme  et  du  volume 
de  la  moëlle  épinière  dans  les 
diverses  régions  de  la  colonne 
vertébrale. 

Des  ganglions  qui  sont 
placés  sur  le  côté. 

De  la  fissure  antérieure  et 
postérieure. 

De  la  structure  interne  de 
cette  moëlle  et  <le  la  ma- 
nière dont  les  diffcrens  nerfs 
en  sortent. 

De  la  queue  de  cheval  et 
du  bouton  qui  est  placé  au 
milieu  de  ses  filets. 

§.  III.  Des  sinus  du  cer- 
veau , du  cervelet , et  de 

la  moelle  épinière. 

Du  sinus  longitudinal  su- 
périeur et  inférieur  de  la 
dure-mère  ; du  sinus  droit  ; 
des  sinus  latéraux  ; des  sinus 
occipitaux  antérieurs  ou  su- 
périeurs , postérieurs  ou  in- 
férieurs ; du  sinus  pierreux 
supérieur  et  inférieur  ; du 
sinus  caverneux  j du  sinus 
circulaire  de  la  selle  tur— 
chique;  du  sinus  orbitaire; 
des  sinus  sphénoïdaux  ; des 
sinus  de  la  moëlle  épinière 
en  général  ; des  sinus  anté- 
rieurs et  latéraux,  de  leurs 
communications  transver- 
sales. 


SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


§.  IV.  Des  nerfs. 

Des  nerfs  en  "énéral. 

Des  nerfs  olfactifs,  ou  de 
la  première  paire;  de  leur 
origine,  de  leur  cavité  dans 
les  quadrupèdes  , de  leur 
passage  au  travers  de  la  lame 
criblée,  de  leur  distribution 
dans  le  nez. 

Des  nerfs  optiques , ou  de 
la  deuxième  paire  en  géné- 
ral ; de  leur  origine  ; de  leur 
jonction,  communication  ou 
croisement;  de  leur  sortie  du 
crâne  ; de  leur  position  res- 
pective dans  l’œil,  et  com- 
ment la  rétine  en  naît. 

Des  nerfs  moteurs  des 
yeux , ou  de  la  troisième 
paire  en  général  ; de  leur 
origine  , de  leur  passage  au 
travers  de  la  dure-mère  , de 
leur  entrée  dans  l’orbite  , de 
leurs  branches  et  de  leur  dis- 
tribution, du  filet  qui  con- 
court à former  le  ganglion 
lenticulaire. 

Des  nerfs  pathétiques  , ou 
de  la  quatrième  paire  en  gé- 
néral ; de  leur  origine  , de 
leur  passage , de  leur  chemin 
entre  les  lames  de  la  dure- 
mère,  de  leur  sortie  du 
crâne , de  leur  entrée  et  de 
leur  terminaison  dans  l’or- 
bite. 

Des  nerfs  trijumeaux,  ou 
de  la  cinquième  paire  en  gé- 
néral ; de  leur  origine,  de 
leur  situation  dans  le  sinus 


caverneux  , de  leur  division 
en  trois  branches. 

De  l’ophthalmiquc  de  Wil- 
lis , et  de  ses  trois  divisions  ; 
du  rameau  frontal  , du  ra- 
meau lacrymal , du  rameau 
nasal , d’où  naisssent  des  filets 
pour  le  ganglion  lenticu- 
laire ; du  ganglion  lenticu- 
laire, et  de  ses  filets. 

Du  nerf  maxillaire  supé- 
rieur; de  sa  sortie  du  crâne; 
de  ses  petits  rameaux;  du 
ganglion  sphéno-palatin  , et 
de  ses  filets  ; des  branches 
du  maxillaire  supérieur. 

Du  nerf  maxillaire  infé- 
rieur ; de  sa  sortie  du  ci  âne  ; 
des  six  branches  qu’il  four- 
nit ; de  la  corde  du  tambour. 

Des  nerfs  moteurs  exter- 
nes, ou  de  la  sixième  paire 
en  général;  de  leur  origine; 
de  leur  trajet  dans  le  sinus 
pierreux;  de  leur  rameau 
fourni  par  l’intercostal. 

Des  nerfs  auditifs  , ou  de 
là  septième  paire  et  général  ; 
de  la  portion  molle  de  la 
septième  paire  , et  de  son 
origine;  de  leur  sortie  du 
crâneetdc  leur  entrée  dans 
l’organe  de  l’ouïe  ; de  leur 
épanouissement. 

Des  nerfs  petits  sympa- 
thiques, ou  portion  dure  de 
la  septième  paire;  de  leur 
naissance;  de  leur  entrée 
dans  le  trou  auditif  interne  ; 
de  leur  couleur  et  de  leur 
passage  dans  l'os  pierreux  ; 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  7a 


leur  sortie  de  cet  os  ; de 
leurorigine,deleursortic  ,de 
leur  distribution  sur  la  face. 

Des  nerfs  petits  hypo- 
glosses , ou  glosso-pharin— 
giens  de  la  huitième  paire  en 
général,  de  leur  distribution 
à la  langue  et  aux  autres 
parties. 

De  la  paire  vague  , ou 
des  nerfs  de  la  huitième 
paire  , ou  du  moyen  sym- 
phaticjue  en  général  ; de  son 
origine  , de  son  passage  par 
Ib  trou  déchiré  postérieur  ; 
de  sa  distribution  dansie  cou. 

Du  nerf  récurrent. 

De  1a  distribution  de  la 
paire  vague  dans  la  poitrine  , 
sur  les  poumous  , sur  l’æso- 
phage,  dans  le  ventre,  et 
aux  environs  de  l'estomac, 
de  la  rate  et  du  foie;  de  ses 
jonctions  avec  le  grand  sym- 
pathique, ou  nerf  intercostal. 

Du  nerf  accessoire  à la 
huitième  paire  en  général  ; 
de  son  origine  , de  sa  portion 
qui  remonte  jusqu’à  la  hui- 
tième paire  , et  de  son  pas- 
sage par  le  trou  déchiré 
postérieur,  de  sa  distribution 
sur  les  côtés  du  cou. 

Des  nerfs  gustatifs , lin- 
guaux, ou  de  la  neuvième 
paire  en  général  ; de  leur 
origine,  de  leur  sortie  du 
crâne,  deleurs  jonctions  avec 
d’autres  nerfs. 

Des  nerfssous'occipitaux, 
ou  de  la  dixième  paire  en  gé- 


néraljde  leur  origine,  de  leur 
sortie  du  crâne  , de  leur  dis- 
tribution, de  leurs  jonctions. 

Des  nerfs  de  la  première , 
de  la  deuxième,  delà  troi- 
sième, de  la  quatrième,  de 
la  cinquième  , de  la  sixième, 
et  de  la  septième  paire 
cervicales , de  leur  origine 
simple  ou  double,  deleurs 
ganglions  , de  leur  passage 
entre  les  vertèbres  , de  leur 
distribution  , de  leurs  jonc- 
tions avec  d’autres  nerfs. 

Du  nerf diaphragmatique, 
de  son  origine  , de  sa  direc- 
tion , de  sa  distribution. 

Du  plexus- bracchial  en 
général. 

Des  nerfs  dorsaux  en  gé- 
néral; de  la  première,  deu- 
xième, troisième,  quatrième, 
cinquième  , sixième  , sep- 
tième , huitième  , neu- 
vième, dixième,  onzième, 
et  douzième  paires  dorsales. 
De  leur  origine  , de  leurs 
ganglions,  de  leur  sortie  du 
canal  vertébral  , de  leur 
distribution. 

Des  nerfs  lombaires  eu 
général  ; de  la  première  , 
deuxième,  troisième , qua- 
trième et  cinquième  paires 
de  lombaires  ; de  leur  ori- 
gine , de  leur  sortie  entre  les 
vertèbres  , de  leur  distribu- 
tion , de  leur  jonction  entre 
eux  et  avec  d’autres  nerfs. 

Du  nerf  obturateur  Jen 
général  ; de  son  origine  ou 


76  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


de  sa  formation  , de  son  pas- 
sagedansle  trou  obturateur, 
de  sa  distribution. 

Du  nerf  crural  en  géné- 
ral; de  sa  formation  , de  sa 
direction,  de  ses  divisions , 
€t  sa  distribution  à la  cuisse 
et  à la  jambe. 

Du  nerf  saphène. 

Des  nerls  sacrés  en  général; 
de  la  première  , deuxième  , 
troisième  , quatrième  , et 
cinquième  paires  sacrées. 
De  leur  origine  , de  leur 
passage  au  travers  du  sa- 
crum , de  leur  distribution, 
et  de  leur  jonction  entre  eux 
et  avec  d’autres  nerfs. 

Dn  nerf  sciatique  en  gé- 
néral ; de  sa  formation  ou 
de  son  origine  , de  sa  roule  , 
de  sa  distribution  eu  un 
grand  nombre  de  Vameaux. 

Du  nerf  sciatique  pojilité 
interne. 

Du  nerf  plantaire  interne. 

Du  nerf  plantaire  externe. 

Du  nerf  sciatique  poplité 
externe. 

Du  nerf  intercostal  en 
général  ; de  ses  liaisons  avec 
les  nerfs  de  la  cinquième  et 
de  la  sixième  paire.  De  son 
premier  ganglion  ; de  scs 
ganglions  cervicaux  ; de  scs 
rameaux  cardiaques. 

Du  nerf  splancniquc  , ou 
intercostal  anlérictir  ; du 
ganglion  .semi-lunaire;  des 
plexus  stomachique  , hépa- 
tique ; splénique  , réuul  , 


mésentérique  supérieur  et 
inférieur. 

Du  nerf  intercostal  pos- 
térieur. 

^ Des  plexus  arrière-mésen- 
tériques. 

Du  nerf  intercostal  sur  le 
sacrum. 

Des  communications  de 
l’intercostal  avec  les  nerfs 
cervicaux  , dorsaux  , et 
lombaires. 

§ V.  Du  cerveau  et  des 

nerfs,  considérés  dans  les 

animaux. 

Du  cerveau  des  quadru- 
pèdes, dans  lesquels  le  nom- 
bre des  circonvolutions  et 
la  masse  des  lobes  diminuent, 
tandis  que  le  volume  de  la 
voûte  à trois  piliers  et  des  é- 
rainences  internes  augmente . 

Du  cerveau  des  oiseaux  , 
des  reptiles,  et  des  poissons, 
dans  lesquels  les  grands  lobes 
disparoissent , pour  laisser 
à découvert  les  éminences 
rangées  par  paires  , d’où 
naissent  les  cordons  nerveux. 

Du  cerveau  des  insectes  , 
qui  n’olTre  qu’un  petit  bou- 
lon arrondi  , tandis  que  le 
volume  de  la  moelle  épinière 
augmente  cl  se  divise  en 
plusieurs  ganglions  que  reu- 
nissent des  cordons  nerveux, 
en  formant  une  anse  de 
chaque  côté. 

Des  nerfs  dans  les  diffe— 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  77 


rentes  classes  eVanimaux  , 
surtout  dans  les  quadru- 
pèdes, ou  leur  volume  aug- 
mente tandis  que  celui  du 
cerveau  deiniime. 

Delà  torpille  et  de  l’an- 
guille tremblante.  Des  com- 
motions qu’elles  donnent  , 
et  des  organes  nerveux  qui 
en  sont  le  foyer. 

De  la  structurepropre du 
nerf,  du  plexus  nerveux, 
des  anses  nerveuses  et  des 
ganglions  Du  nerf  considéré 
à sa  naissance  oh  il  est  mou 
et  pulpeux;  dans  son  trajet, 
oh  il  est  pour  l’ordinaire 
enveloppé  d’une  membrane 
épaisse  ; et  dans  sa  lerminai- 
s^n  , oh  il  redevient  souvent 
plus  mou  que  dans  sa  nais- 
sance; de  sorte  que  le  cordon 
nerveux  est  placé  entre  deux 
pulpes,  celle  de  son  origine 
et  celle  de  son  épanouis- 
sement. 

§.  VI.  Des  phénomènes  de 
la  sensibilité  dans  l’état 
naturel. 

De  la  veille  et  de  ses 
divers  états  dans  les  différens 
temps  de  la  vie  ; de  l’excita- 
tion du  cerveau  pendant  la 
veille;  de  son  iniluencesur 
les  organes  contenus  dans 
la  tête  , dans  la  poitrine  , 
et  dans  le  ventre. 

Du  sommeil  : de  l’état  du 
pous , de  la  respiration  , de 


l’action  de  la  peau  , et  des 
diverses  autres  sécrétions 
dans  un  animal  qui  dort. 
Des  dilTérentcs  espèces  de 
sommeil  , des  rêves  , du 
somnambulisme. 

Du  réveil  , de  ses  causes  , 
et  des  cbangemens  qu’il 
opt?re  dans  les  fonctions  des 
animaux. 

Des  fAcIieu  x effets  d u som- 
meil  trop  long-temps  pro- 
longé. 

Du  sommeil  et  de  la  veille 
comparés  l’nn  à l’autre. 

De  l’utilité  de  leur  succes- 
sion , et  de  ses  rapports  avec 
celle  de  la  lumière  et  des 
ténèbres. 

Des  animaux  qni  se  re- 
posent pendant  le  jour,  et 
qui  agissent  pendant  la  nuit. 
La  structure  de  leurs  veux 
est  telle  qu’ils  ne  peuvent 
jouir  des  avantages  de  la 
lumière  que  pendant  la  nuit. 

De  l’engourdissement  que 
le  Iroid  produit  danscertainS 
animaux  , tels  que  les  inar— 
motes,  les  loirs. 

Plusieurs  animaux  ainsi 
engourdis  par  le  froid  , ont 
les  membres  roides  et  cepen- 
dant ils  se  réveillent  natu- 
rellement dans  le  temps 
chaud. 

§.  VII.  Des  expériences  sur 
la  sensibilité. 

Les  nerfs  mis  à nud , 


78  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


exposés  au  contact  de  l’air  , 
déchirés  ou  à demi-coupés, 
font  éprouver  des  douleurs 
très  - vives. 

On  avu  de  légères  aspérités 
osseuses  fatiguer  tellement 
les  nerfs  dans  les  trous  qui 
leur  donnoient  passage  , ou 
dans  les  conduits  qui  les 
renfermoient,  qu’il  en  résul- 
toit  des  convulsions  très- 
douloureuses  j telles  ont  été 
souvent  celles  du  tic  dou- 
loureux de  la  face. 

On  parlera  des  effets  que 
l’électricité  produit  sur  les 
nerfs. 

On  parlera  même  des 
expériences  dans  lesquelles 
on  a appliqué  les  diverses 
sortes  d’aimant  snr  les  diffé- 
rentes parties  du  corps 
humain.  Aucun  fait  ne  prou- 
ve qu’ils  aient  l’un  sur 
l’autre  une  influence  réci- 
proque. 

Haller  a déterminé  quelles 
sont  dans  les  corps  des  ani- 
maux les  parties  douées  de 
sensibilité  et  quelles  sont 
celles  qui  en  sont  privées. 
Il  a blessé,  ( i ) dans  diffé- 
rens  quadrupèdes  vivans  , 
le  périoste  , le  péricrâne  , 
les  ligamens  , les  capsules  , 
les  glandes  articulaires  , la 
dure  et  la  pie— mère , la 


cornée  transparente , et  les 
membranes  des  grandes  ca- 
vités , sans  exciter  aucune 
douleur. 

Plusieurs  organes  compo- 
sés de  glandes,  tels  que  le 
foie  , etc.  , sont  presque 
entièrement  insensibles.  Les 
poumons  sont  dans  le  même 
cas.  Les  conduits  excréteurs 
n’ont  aussi  en  général  que 
très-peu desensibilité.  Nous 
avons  dit  ci-devant  la  mê- 
me chose  du  cœur  et  des 
vaisseaux  sanguins. 

Mais  est-il  vrai  , comme 
Haller  l’a  assuré  , que  les 
tendrons  , les  aponévroses  , 
et  la  membrane  médullaire 
soient  tout-à— fait  insensi- 
bles? Plusieurs  faits  semblent 
annoncer  le  contraire,  sur- 
tout lorsque  l’inflammatiou 
a développé  dans  ces  organes 
plus  de  chaleur  et  d’énergie. 
On  consultera  l’expérience 
à ce  sujet. 

On  prouvera  que  la  sen- 
sibililévient  des  nerfs , parce 
qu’elle  cesse  d’exister  lorsque 
les  nerfs  sont  comprimés  , 
liés  ou  coupés. 

On  montrera  l’influence 
des  organes  de  la  sensibi- 
lité sur  ceux  du  mouvement, 
en  détruisant  l’action  des 
muscles  par  la  ligature  ou 


(i)  Ou  se  sert,  dans  ces  expériences , rd’instruniens  ai{;ns  , de 
stilets , et  de  liqueurs  stimulantes,  telles  que  l’esprit  - de  - 'uu  et  les 
dilfércns  «aides , etc. 


'DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  7^ 


par  la  section  des  nerfs  qui 
s’y  distribuent.  Voyez  à ce 
qui  a été  dit  en  parlant  de 
l’irritabilité. 

Est-il  vrai , comme  Wil- 
lis  l’a  voit  pensé,  que  les  nerfs 
destinés  aux  mouvemens 
involontaires  naissent  du  cer- 
velet, tandis  que  le  cerveau 
fournit  'ceux  auxquels  la 
volonté  commande  ? Et 
les  anatomistss  auxquels 
l’origine  des  nerfs  est  bien 
connue,  pourroient-ils  sou- 
tenir cette  hypothèse  ? 

Lorsqu’on  a mis  le  cerveau 
à découvert , on  y distingue 
deux  espèces  de  mouvemens 
qui  tous  les  deux  lui  sont 
étrangers.  L’un  lui  est  im— 

Î)rimé  pqrlcs  artères,  et  c’est 
e moins  considérable  j l’au- 
tre lui  est  communiqué  par 
les  mouvemens  alternatifs 
de  la  poitrine.  ( 1 ) Ainsi  des 
secousses  douces  et  répétées 
excitent  continuellement  cet 
organe. 

Toutes  les  parties  du  cer- 
veau ne  sont  pas  aussi  sensi- 
bles que  les  nerfs  dont  il  est 
l’origine.  Plusieurs  écrivains 
ont  avancé  qu’il  étoit  même 
possible  de  le  blesser  impu- 
nément , et  qu’on  pouvoit  en 
enlever  des  portions  sans  que 
1 animal  témoignât  aucune 
douleur.  On  ne  nie  point  ce 
que  des  chirurgiens  célèbres 


ont  vu  dans  les  panse  mens 
dont  les  circonstances  ont  pu 
changer  le  cours  ordinaire 
des  choses.  On  ne  nie  point  ce 
que  des  physiologistes  h.abi- 
les  ont  dit  du  peu  de  danger 
de  certaines  blessures  du 
cerveau  des  quadrupèdes , 
et  de  la  piqûre  faite  dans 
quelques  parties  du  cerveau 
des  oiseaux.  11  est  un  art 
de  porter  un  corps  aigu  de 
part  en  part  de  la  tête  d’un 
oiseau,  en  ménageant  les 
lobes  du  cerveau  , entre  les- 
quels on  se  fait  un  passage; 
et  ceux  qui  disent  avoir 
impunément  enlevé  des  por- 
tions du  cerveau  sain  des 
quadrupèdes  , u’indiquent 
point  assez  dans  quelle  ré- 
gion et  jusqu’à  quelle  pro- 
londeur  ils  ont  opéré.  Ce  qui 
suit  est  le  résultat  d’expé- 
riences qu  on  pourra  ré- 
péter. 

Il  a semble  qu’il  étoit  pos- 
sible de  blesser  impunément 
la  substance  corticale  du  cer- 
veau, dont  l’épaisseur  n’est 
pas  constante;  mais  il  a paru, 
qu  on  ne  pouvoit  déchirer  la 
substance  médullaire,  dans 
l’état  sain , sans  produire  des 

convulsions,et  souvent  même 
la  paralysie  de  quelques 
membres.  C’est  du  cerveau 
des  quadrupèdes  que  ceci 
doit  s’entendre;  car  on  peut 


(i)  Ce  sujet  est  traité  plus  amplement  dans  l’art,  de  la  respiration 


8o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


enlever,  par  couches  minces , 
la  surface  des  lobes  du  cer- 
veau des  poissons,  même  de 
celui  des  oiseaux.  On  peut  le 
presser  avec  le  doigt  , et 
<{uelquefois  même  en  ré- 
duire les  couches  superfi- 
cielles en  une  espèce  de 
bouillie , sans  donner  lieu  à 
des  accidens  très-fâcheux. 

Dans  tous  les  animaux  qui 
ont  un  cerveau  , lorsqu’on 
pénètre  avec  un  instrument 
quelconque  jusqu’à  ses  cavi- 
tés intérieures  , jusqu’aux 
planchers,  aux  commissures, 
aux  éminences  ou  reliefs  que 
les  lobes  cachent  et  recou- 
vrent, la  mort  est  prompte  , 
et  toujours  précédée  de  con- 
vulsions violentes. 

L’effet  est  semblable  lors- 
qu’on blesse  , même  très- 
légèrement  le  cerveau  par 
sa  base,  comme  on  pourra 
s’en  assurer  en  insinuant  sous 
le  cerveau  d’un  animal  vivant 
une  canule  recourbée,  de  la- 
quelle on  fera  sortir  un  dard 
à volonté.  Les  pédoncules  du 
cerveau  et  du  cervelet,  et  la 
protubérance  annulaire  ne 
peuvent  surtout  être  bles- 
sés delà  manière  la  plus  su- 
perficielle, sans  que  l’animal 
expire  à l’instant. 

Lorsqu’on  att.aquera  le 
cervelet  dans  ses  lobes,  la 
voix  et  le  mouvement  seront 
aussitôt  suspendus. 

Lorsqu’on  le  comprimera, 


soit  en  dessus,  soit  en  portant 
un  instrument  entre  la  pre- 
mière vertèbre  et  l’occiput, 
on  produira  le  sommeil , et 
on  entendra  même  ronfler 
l’animal. 

La  piqûre  de  la  moëlle  al- 
longée, ou  celle  de  la  moëlle 
épinière , à la  hauteur  des 
deux  premières  vertèbres , 
fait  aussitôt  périr,  au  milieu 
des  convulsions , l’animal  le 
plus  robuste. 

On  blesse  avec  moins  de 
danger,  on  enlève  même  sans 
tuer  l’animal , le  bouton  mé- 
dullaire qui  tient  lieu  de  cer- 
veau dans  les  insectes  et  dans 
les  vers,  parce  qu’en  eux  la 
moëlle  épinière,  entrecou- 
pée denœuds  ou  de  ganglions 
médullaires  considérables  , 
paroît  remplir  des  fonctions 
plus  importantes  que  le  cer- 
veau. 

§.  VIII.  Des  usages  des 
nerfs. 

On  traitera  des  nerfs  con- 
sidérés, I®.  comme  organes 
des  sens  j 2®.  comme  organes 
du  mouvement;  5°.  comme 
instrument  des  sympathies; 
4°.  comme  destinés  à lier  en- 
semble toutes  les  parties  du 
corps  vivant,  qui,  sans  les 
nerfs,  n’auroient  entre  elles 
aucun  accord. 

Sait— on  comment  les  nei  fs 
établissent  ces  relations?  Est- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  8i 


eepar  rintermèdc  d’un  ûuidc 
subtil  '}  ou  Jes  nerfs  doivent- 
ils  cire  regardés  comme  des 
cordes  vibrantes  ? On  expo- 
sera ces  deux  hypolhèses, 
et  on  en  appréciera  la  va- 
leur. 

C’est  sans  doute  par  un 
mouvement , quel  qu’il  soit, 
que  les  nerfs  agissent,  lin 
parlant  de  celte  idée  simple, 
on  distinguera  plusieurs  sor- 
tes de  mouvemens  nerveux  , 
dont  l’nn  se  porte  de  la  Cir- 
conférence au  centre,  cest  le 
juouvemeut  de  sensation  j 
l’autre  du  centre  à la  circmi- 
lérence,  et  celui-là  est  pro- 
duit ou  par  la  volonté,  qui 
commande  aux  muscles,  ou 
par  lasy  mpalbie  iierveusequi 
se  répand  dans  les  viscères  , 
et  dont  les  mouvemens  sont 
spontanés;  les  nerfs  qui  sont 
destinés  à ces  deniiers  mou— 
vemens,  forment  des  plexus 
dans  lesquelirinfluence  de  la 
volontés’égare  et  se  perd.  Les 
cerfs  qui  servcntauxdeuxpre- 
niières  fonctions  sont  droits, 
et  le  principe  de  la  volonté 
trouve  en  eux  des  conduc- 
teurs taciles.  La  douleur  suit 
aussi  la  direction  des  nerfs, 
et  le  plus  souvent  elle  reten- 
tit dans  des  lieux  éloignés  de 
ceux  où  sa  cause  réside. 

Du  ton  et  de  l’action  to- 
nique des  corps  vivans,qui 
se  composent  de  l’influence 
réciproque  de  la  sensibilité 

T.  4 


et  de  l’irritabilité  sur  les  or- 
ganes. 

De  la  nécessité  d’un  sen— 
sorium  commune.  IS’’cst-ce 
pas  dans  la  protubérance  an- 
nulaire, ou  dans  les  principes 
de  la  moelle  allongée  que 
paroît  être  son  foyer  ? Tous 
les  animaux  ont  besoin  d’un 
centre  de  cette  nature,  où  les 
mouvemens  aboutissent  ; 
condition  sans  laquelle  il  n’y 
auroit  dans  le  corps  vivant 
ni  liarmonie  ni  unité. 

Des  P uissaiices  qui  aug- 
menlenl  ou  qui  diminuent 
l’ac'ion  nerveuse;  des  fU'els 
de  l’imagina  lion  ; des  causes 
qui  s’ixercenl  sur  la  peau, 
sur  les  viscères  de  la  région 
épigastrique,  sur  l’estomac 
et  sur  les  inte.stins,  sur  les 
p.irties  sexuelles.  On  consi- 
dérera séparément  cLacun  de 
ces  grands  foyers,  et  on  fera 
voir  comment,  en  agissant 
sur  l’un  d’entre  eux,  on  peut 
modifier  les  autres. 

Des  acéphales,  des  ossifi- 
cations, de  quelques  vices 
du  cerveau  et  du  cervelet;  de 
quelques  accidens  de  para- 
lysie et  de  convulsion  qui 
peuvent  répandre  du  jour 
sur  la  matière  dont  il  s’agit. 

§.  IX.  De  lu  vue  en  général. 

De  l’œil  et  de  ses  annexes. 

Des  sourcils  et  des  muscles 
qui  le  meuvent. 


6 


82  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 


Des  paupières  en  général, 
et  du  muscle  orbiculaire  qui 
sert  à les  mouvoir. 

De  la  paupière  supérieure, 
de  son  muscle,  de  son  carti- 
lage , de  ses  ligamens,  de  ses 
cils  , de  ses  glandes. 

De  la  paupière  inférieure 
et  de  ses  annexes. 

Delà  conjonctive. 

De  l’angle  externe  de  l’œil. 

De  l’angle  interne  ou  grand 
angle. 

De  la  membrane  cligno- 
tante. 

De  la  caroncule  lacry- 
male. 

De  la  glande  lacrymale  et 
de  ses  conduits  excréteurs. 

Des  points  et  des  conduits 
lacrymaux. 

Du  sac  lacrymal. 

Du  conduit  nasal  j de  la 
manière  dont  les  larmes  cou- 
lent, et  de  la  route  qu’elles 
suivent. 

Du  larmier  ou  sillon  la- 
crymal qu’on  voit  creusé  sur 
la  face  de  que’ques  quadru- 
pèdes ruminans,  tels  que  le 
renne. 

Du  globe  de  l’œil , de  sa 
forme  , de  sa  consistance. 

Des  muscles  droits  ou 
obliques  qui  lui  appartien- 
nent. 

De  la  cornée  transparente 
et  de  scs  latucs  , de  sa  con- 
vexité, de  sa  réfraction  , de  sa 
jonction  avec  la  sclérotique. 

De  l’humeur  aqueuse  , de 


son  origine , de  son  usage,  de 
sa  régénération  , et  de  la 
membrane  qui  la  contient. 

De  la  choroïde  et  de  ses 
lames,  de  son  enduit , de  sa 
couleur. 

Du  bourrelet  et  du  liga- 
ment ciliaires. 

Du  corps  et  des  procès 
ciliaires. 

De  la  mucosité  noire  et  de 
l’anneau  muqueux. 

De  l’iriset  de  sa  couleur. 

De  la  prunelle , de  se» 
mouvœmens. 

De  la  membrane  pupil- 
laire. 

De  l’uvée  et  de  ses  stries 
disposées  en  rayons. 

Du  nerf  optique  , de  son 
bouton  ; de  ce  qu’on  appelle 
le  parus  dans  les  animaux^ 
de  sou  épanouissement  pul- 
peux j de  la  rétine,  de  ses 
vaisseaux , et  de  l’artère  cen- 
trale. 

Du  corps  vitré  , de  ses 
membranes  , de  ses  cellules, 
de  son  humeur. 

Du  cristallin  et  de  ses 
couches  ; de  sa  consistance  et 
sa  couleur  dans  les  différens 
âges;  de  la  convexité  de  ses 
deux  faces,  de  son  bord  ; de 
ses  vaisseaux  ; de  sa  mem- 
brane on  capsule;  de  l’hu- 
meur dite  de  Morgagni , qui 
est  épanchée  dans  le  chaton 
du  cristallin  ,,et  des  altéra- 
tions de  celte  humeur. 

Des  chambres  de  l’œil,  an- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOVTIE.  85 


térîoure  et  postérieure  , et 
de  leur  étendue  respective. 

§.  X.  De  V annlomie  com- 
parée àet  peux  , et  de 
leurs  annexes. 

Des  anim.iux  quf  ont  deux 
TPnx  pl.aeés  l’un  d’un  cô'é , 
l’autre  de  l’autre  ; de  ceux 
dans  lesquels  les  deux  jeux 
sont  placés  du  même  côté  j 
de  ceux  qui  en  ont  trois, 
quatre  , cinq  , six  , sept  , 
linitj  de  ceux  qui  n’en  ont 
qu’un;  de  ceux  dans  lesquels 
lesyeux  sont  placés  eu  dessus 
ou  au-devant  de  la  tète. 

. Des  nerfs  optiques  qui  , 
dans  les  quadrupèdes  comme 
dans  l’homme,  se  rappro- 
chent et  confondent  leur  sub- 
stance ; des  expériences  qui 
semblent  annoncer  qu’ils  se 
croisent.  On  a vu,  l’un  des 
veux  ayant  perdu  sa  force  , 
le  siège  du  mal  résider  dans 
la  couche  optique  du  côté 
opposé. 

Dans  les  quadrupèdes  , les 
nerfs  optiques  sont  immé- 
diatement environnésde  qua- 
tre petits  muscles  droits  qui 
foi  ment  une  gaine  autour 
d’eux. 

Dans  les  oiseaux  , les  cou- 
ches optiques  sont  creuses, 
et  les  deux  nerfs  optiques, 
avant  de  se  diviser  , parois- 
sent  n’en  former  qu’un. 

Dans  la  plupart  des  jjois- 


sons  plats,  ces  nerfs  se  croi- 
sent sans  se  conlbndre. 

n tns  quelques  vers,  com- 
me dans  le  limaçon  . les  veux 
sont  placés  sur  des  colonnes 
mobiles,  et  les  nerfs  optiques 
sont  ilisposés  en  spires  pour 
se  prêter  aux  diveis  mouve- 
iiien.s  des  veux 

De  la  cornée  trattsparente 
des  (jiiadrupèdcs  , des  oi- 
seaux , des  reptiles  , et  des 
poissons;  de  sa  tonne  et  de 
ses  diverses  courbures  dans 
ces  différentes  classes  d’ani- 
maux. 

Des  yeux  des  insectes  , 
dont  plusieurs  sont  à facet- 
tes ou  à réseaux. 

De  la  face  interne  de  la 
choroïde  , dont  la  couleur  est 
d’un  vert  de  mer  ou  d’un 
jaune  brillant.  On  lui  a donné 
le  nom  de  tapétum.  C’est 
dans  les  quadrupèdes  qu’elle 
est  le  plus  souvent  ainsi  con- 
formée. 

Du  corps  ciliaire  , qui  , 
suivant  Haller,  n’existe  point 
dans  les  poissons. 

Delà  rétine,  de  la  manière 
dont  elle  naît  et  se  développe 
dans  les  oiseaux  , dans  les 
poissons  , dans  les  insectesw 
Elle  semble  être  fibreusedans 
les  poissons  et  dans  quelques 
oiseaux.  D.^'s  conjectures 
qu’on  a faites  sur  rorg.ane 
appelé  du  nom  de  pecteny 
dans  les  oiseaux  el  dans  quel- 
ques poissons,  où  il  sert  Je 


■84  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


soutien  au  cristallin.  Il  naît 
de  la  rétine  ; il  reçoit  un 
grand  nombre  de  vaisseaux; 
il  forme  difiérens  plis,  et  sa 
structure  est  analogue  à celle 
du  corps  ciliaire. 

Des  usages  du  cristallin  et 
delà  courbure  de  ses  segmens 
considérés  dans  rbomme , 
dans  les  quadrupèdes,  dans 
les  oiseaux,  et  dans  les  pois- 
sons : dans  ces  derniers,  il 
est  globuleux. 

De  l’humeur  aqueuse  , qui 
est  abondante  dans  les  oi- 
seaux , et  en  petite  quantité 
dans  les  poissons  ; de  la  na- 
ture chimique  de  ce  fluide  , 
que  les  acides  ne  coagulent 
point. 

Des  dimensions  des  diffé- 
rentes chambres  de  l’œil  dans 
le  diverses  classes  d’animaux. 

Des  yeux  considérés  rela- 
tivement au  milieu  dans  le- 
quel les  animaux  sont  plon- 
gés. 

De  l’ordre  dans  lequel  les 
animaux  doivent  être  rangés 
en  raison  de  l’intensité  de 
leur  vue  : sous  ce  rapport  les 
oiseaux  occupent  le  premier 
rang. 

§.  XI.  De  la  vision  et  de  son 
mécanisme. 

De  la  lumière  et  des  cou- 
leurs primitives;  des  princi- 
pales lois  de  leur  réflexion 
et  de  leur  réfraction. 


On  dira  quels  sont  les 
rayons  que  la  cornée  trans- 
parente réfléchit  , et  quels 
sont  ceux  auxquels  elle  donne 
passage;  comment  ils  se  com- 
portentdans  l’humeur  aqueu- 
se, dans  l’humeur  de  Mor- 
gagni , dans  le  cristallin  , et 
dans  le  corps  vitré,  comment 
ils  se  croisent  ; sous  quel  an- 
gle et  quelle  en  est  la  mesure  ; 
quelles  sont,  à raison  des 
distances,  l’étendue  et  la  di- 
rection de  l’image  qui  se 
peint  sur  la  rétine  , et  quelle 
en  est  la  situation.  Cette 
image  y est  renversée , et 
cependant  l’objet  est  vu  dans 
la  position  qui  lui  convient  : 
sans  doute  parce  qu’on  le 
juge  suivant  les  lignes  par 
lesquelles  sa  représentation 
parvient  au  fond  de  l’œil. 

Le  professeur  montrera 
comment  Mariette  est  par- 
venu à découvrir  que  le  cen- 
tre du  nerf  optique  est  in- 
sensible , et  que  l’axe  de  la 
vision  n’est  point  celui  du 
nerf.  Il  exposera  le  système 
de  Mariette  sur  les  usages  de 
la  choroïde.  Il  indiquera 
quelles  sont  les  conditions  de 
la  vision  distincte,  et  com- 
ment il  se  fait  que  plusieurs 
ne  voient  que  d’un  œil , quoi- 
que les  deux  yeux  soient 
sains. 

Tl  développera  le  méca- 
nisme cl  les  circonstances  de 
la  myopie,  de  la  presbytie  , 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  85 


et  de  la  nyctialopie.  II  fera 
les  expériences  de  la  chambre 
obscure;  il  dira  ce  qui  ar- 
rive à l’œil  lorsqu’il  regarde 
les  objets  au  travers  d’une 
ouverture  très  - étroite,  ou 
au  travers  d’un  tube  long  et 
obscur.  La  théorie  du  mi- 
croscope et  celle  du  téles- 
cope seront  présentées  en  rac- 
courci. 

On  cherchera  si  l’œil  peut 
s’accommoder , par  un  chan- 
gement intérieur,  à la  dis- 
tance et  à la  petitesse  des  ob- 
jets. On  exposera  les  diffé- 
rentes hypothèses  des  physi- 
ciens sur  le  jeu  des  dilfé- 
rcut.es  parties  auxquelles  ils 
ont  attribué  ces  luouvemens, 
qu’ils  ont  fait  dépendre  , les 
uns  des  muscles  droits  et 
obliques,  les  autres  du  corps 
ciliaire , ou  du  sphincter  de 
l’uvée.  On  recherchera  en- 
suite quels  sont  les  divers 
degrés  de  resserrement  dont 
la  prunelle  est  susceptibl^, 
et  si  cette  contraction  ne  suf- 
fit pas  pour  expliquer  les 
phénomènes  attribués  à l’al- 
longement ou  au  raccourcis- 
sement du  globe. 

Des  erreurs  auxquelles  le 
sens  de  la  vue  expose  au  su- 
jet des  formes , du  mouve- 
ment , et  des  distances  , et 
comment  on  corrige  ces  er- 
reurs , qu’on  a beaucoup 
exagérées. 

Des  aveugles  de  naissan- 


ce , auxquels  l’opération  de  la 
cataracte  a rendu  la  vue  , et 
de  la  manière  dont  il  jugent 
de  l’éloignement  et  des  angles 
des  corps. 

§.  XII.  De  Vouïe  en  général. 

De  l’oreille  externe  ou  au- 
ricule  ; de  ses  ligamens  j de 
ses  cartilages. 

Des  muscles  placés  au- 
dehors  de  ces  cartilages  , 
et  de  ceux  qui  leur  sont 
propres. 

Des  glandes  de  l’auticule. 

Du  méat , ou  conduit  au- 
ditif externe,  et  de  sa  direc- 
tion ; de  la  partie  de  ce  con- 
duit , qui  est  cartilagineuse  , 
et  de  celle  qui  est  osseu.se  ; de 
la  conque  ; de  la  peau  très- 
sensible  qui  la  tapisse  ; des 
glandes  qui  y filtrent  le  cé- 
rumen } de  la  nature  et  des 
usages  de  celle  humeur. 

De  la  membrane  du  tym- 
pan et  du  cercle  qui  la  sou- 
tient ; des  lames  qui  la  com- 
posent; de  l’ouverture  dite 
de  Rivinus  ; de  la  cavité  du 
tympan  et  de  son  périoste. 

Des  osselets  de  l’organe  de 
l’ouïe  ; du  marteau  ; de  l’en- 
clume , de  l’étrier,  et  de  la 
petite  membrane  très-déliée 
qui  bouche  son  ouverture  ; 
de  l’os  lenticulaire;  des  mus- 
cles du  marteau  et  de  l’é- 
trier. 

Des  cellules  mastoïdien- 


86  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


nés  J (le  la  fenêtre  rondej  de 
la  fenêtre  ovale  j du  pro- 
montoire et  de  la  cuillère. 

Du  vestibule  et  de  la  ca- 
vité du  labyrinthe. 

Des  canaux  demi  - circu- 
laires en  général,  du  canal 
vertical  supérieur,  du  ver- 
tical postérieur,  (le  Thori- 
zonial  ou  externe. 

Du  I imaçon  • de  l’échelle 
du  tyiijpari;  de  réchelle  du 
vestibule,  et  d la  cloison 
osséo— m lubraneuse  rpii  les 
sépare  J du  moyeu  ou  mo- 
diolits  , et  de  l’entonnoir. 

De  l’arjneducdu  vestibule, 
de  celui  du  limaçon  et  de  la 
sérosité  du  labyrinthe. 

De  la  cavité  qui  contient 
le  nerf  auditif,  et  de  -.es  ou- 
vertures J de  la  pulpe  de  ce 
nerf  dans  les  canaux  demi- 
circulaires,  et  dans  le  li- 
maçon. 

De  la  corde  du  tympan* 
des  artères  et  des  veines  de 
l’or.gane  de  l’ouïe. 

On  considérera  cet  organe 
dans  les  quadrupèdes,  où  la 
forme  du  limaçon  est  Irès- 
difféiente  de  celle  de  l’hom- 
me, dans  les  oiseaux,  où  il  n’y 
a qu’un  oiselet  avec  des  con- 
duits demi  -circulaires  très- 
étendus  sans  limaçon;  dans  les 
reptiles  , qui  n’ont  de  meme 
qu’un  osselet  sans  limaçon  ; 
dans  les  poissons  , dont  les 
osselets,  très  — irréguliers, 
sont  au  nombre  de  trois  ou 


quatre , avec  des  conduits 
demi-circulaires,  qui , dans 
quelques-uns,  sont  telle- 
ment disposes,  que  l’un  sert 
d’enveloppe  à l’autre.  On 
avoit  dit  que  les  poissons 
navoient  point  de  conduit 
auditil  externe  ; mais  Du  — 
verney  l’avoit  connu  , et 
M.  Monro  en  a publié  la 
description. 

On  concluera  de  l’exposi- 
tion de  ces  faits,  que  le  lirna- 
çonnedoit  point  être  regai  dé 
comrni.'  forui.  nt  une  paitie 
essentielle  de  l’organe  de 
l’ouïe  eu  général,  auquel  il 
semble  n’être  ajouté  que 
pour  lui  donner  plus  de  per- 
fection. 

§.  XIII.  Du  mécanisme 
de  l'ouïe. 

Des  usagées  de  l’auricule 
ou  de  l'oreille  externe,  pour 
rassembler  les  rayons  sonores. 

De  la  tension  de  la  mem- 
brane du  tympan  et  despuis- 
san^'es  qui  l’opèrent. 

De  la  manière  dont  les  os- 
selets transmet teiil  les  vibr.i- 
lions  sonores  au  nerf  auditif. 

La  trompe  d’Eustache  ad- 
met-elle les  sons  .'  Celui  d’une 
montre  placée  dans  la  bou- 
clie , sans  être  en  contact 
avec  aucune  des  partie.s  que 
cette  cavité  renferme,  u’en 
devient  pas  pins  .sen.'  ib'e. 

On  dira  comment  les  fc- 


DISCOURS  SUR  L\\NATOMIE.  87 


nêtres  roncles  et  ovales  ser- 
vent à la  communication  du 
son. 

La  pulpe  du  nerf  auditif, 
ébranlée  par  les  vibrations 
des  parties  osseuses , est  le 
siège  immédiat  du  sens  de 
l’ouïe.  Pendant  que  ces  mou- 
vemens  ont  lieu  , la  sérosité 
du  labyrintbe  est  repoussée 
par  les  aqueducs  jus<ju’aux 
petits  réservoirs  de  cette 
même  sérosité  , qui  sont  pla- 
cés 1res— près  fie  là  , entre  les 
lames  de  la  dure-mère. 

Les  deux  oreilles  ont  rare- 
ment une  égale  activité  , et 
cependant  on  n’enlend  qu’un 
seul  son. 

’ Des  effets  de  la  musique 
sur  les  nerfs. 

§.  XlV.  De  Vodorat, 

Du  nez  j de  ses  cartilages  j 
de  ses  muscles  j de  sa  cloison, 
qui  est  en  partie  cartilagi- 
neuse, en  en  partie  osseuse  j 
des  sinus  maxillaires  , eth- 
moïdaux  , frontaux,  et  sphé- 
noïdaux j des  cornets  j de  la 
membrane  p!tuit.aire  , dont 
l’épaisseur  varie  dans  ses  dif- 
férentes régions; elle  est  plus 
mince  dans  les  sinus  que  sur 
les  cornets , et  que  vers  la 
partie  supérieure  de  la  fosse 
nasale;  des  glandes  mu- 
queuses de  celte  membrane. 

Des  nerfs  qui  s’y  distri- 
buent; de  ceux  de  la  pre- 


mière paire,  qui  descendent 
pulpeux  , droits  et  à peu  près 
aralleles  vers  cette  meni- 
rane;  des  rameaux  nerveux 
de  la  cinquième  paire  , qui 
s’y  rendent  vers  la  partie  su- 
périeure de  la  tohse  nasale. 

Des  odeurs;  de  leurs  prin- 
cipaux effets,  et  de  leurs  di- 
visions en  plusieurs  classes  , 
par  Haller  et  par  Lorry. 

De  la  structure  du  trou 
gustatif,  de  la  communica- 
tion du  net  avec  la  bouche; 
des  rapports  des  odeurs  avec 
les  saveurs. 

De  l’inlluence  que  les  af- 
fections de  la  membrane  pi- 
tuitaire ont  sur  les  voies 
lacrvmalcs  par  le  conduit 
naaal  , et  sur  l’organe  de 
l’ouïe  par  la  trompe  d’Eus- 
tachc  ; de  la  sympathie  qui 
s’exerce  entre  les  nerfs  des 
veux  et  ceux  des  narines. 

De  l’inspiration  considérée 
comme  donnant  aux  molé- 
cules odorantes  une  impul- 
sion , sans  laquelle  l’organe 
n’en  seroit  que  foiWement 
frappé. 

De  l’utilité  du  mucus  des 
narines  , qui  modère  l’action 
des  odeurs  , et  qui  maintient 
la  souplesse  de  la  membrane 
pituitaire. 

De  l’odorat  des  quadru- 
pèdes , dans  lesquels  ce  sens 
est  exquis,  parce  qu’én  eux 
la  membrane  pituitaire  est 
très-étendue. 


88  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


L odorat  est  obtus  dans  Jes 
oiseaux. 

Il  existe  dans  les  poissons. 

Des  animaux  classes  à la 
manière  de  i\l.  de  BufTon  , 
suivant  le  développement  et 
la  perfection  des  divers  or- 
ganes des  sens. 

§•  XV.  Du  goût. 

On  rappellera  la  structure 
de  la  langue  et  des  glandes 
salivaires , dont  on  trouve  la 
description  dans  d’autres  ar- 
ticles. 

La  langue  est  le  siège  du 
goût  : les  corps  sapides  ont 
besoin  d’être  dissous  , pour 
agir  sur  les  nerfs  de  la  langue. 

Des  saveurs  et  de  leur 
division , suivant  Haller  et 
Linné. 

De  l’effet  que  les  difféi  ens 
sels  produisent  sur  la  langue 
et  sur  les  glandes  salivaires. 

Des  usages  et  des  erreurs 
du  goût  dans  le  choix  des 
alimens. 

Les  quadrupèdes  qui  ont 
la  langue  armée  de  piquans, 
ont  le  sens  du  goût  plus  ob- 
tus que  les  autres. 

Dans  les  oiseaux,  la  langue 
est  sèche , et  les  corps  sa- 
pides ont  peu  d’action  sur 
elle. 

Dans  les  reptiles,  la  langue 
est  aussi  très— sèche , et  elle 
doit  être  peu  sensible. 

Elle  l’est  davantage  dans 


les  poissons  , oh  elle  a plus 
de  mollesse.  ^ 

§•  XVI.  Du  toucher. 

Du  toucher  en  général. 

De  la  peau. 

De  l’épiderme  , de  ses  la- 
mes , de  ses  sillons,  de  sa 
continuité  avec  les  mem- 
br.mes  épidermoïdes  de  la 
bouciie,  du  nez,  de  l’anus, 
des  parties  .sexuelles. 

Du  corps  rélicnlafre,  du 
corps  muqueux,  et  des  di- 
verses couleurs  dont  il  est 
imprégné. 

Du  derme  on  cuir  ; de 
son  tissu  cellulaire  et  liga- 
menteux. 

Des  papilles  de  la  peau, 
qui  sont  surtout  très -sen- 
sibles, et  disposées  réguliè- 
rement au  bout  des  doigts. 

Des  glandes  sébacées  de  la 
peau  , et  de  la  graisse  dont 
est  pénétre  son  tissu. 

Du  pariicule  charnu  , qui 
est  très-étendu  dans  les  qua- 
drupèdes, et  qui  existe  à 
peine  dans  quelques-unes 
des  régions  du  corps  hu- 
main. 

Des  poils;  des  bulbes  qui 
sont  à leur  racine  ; de  leur 
cavité , (jui  est  cotonneuse 
ou  cellulaire;  de  la  g.atne 
qu’ils  reçoivent  de  J’é2>i-. 
derme. 

Des  ongles  ; de  leur  ra- 
cine ; des  fibres  longitudi-^ 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  89 


nales  dont  ils  sont  formés  j 
de  leurs  raj)ports  avec  l’épi- 
derme } de  leur  adliéience 
avec  les  papilles  nerveuses  j 
de  leur  accroissement. 

De  la  peau  considéiée 
dans  les  diverses  parties  du 
corps  humain  , de  son  éj)ais- 
seur  , de  son  élasticité. 

De  ses  vaisseaux  artériels, 
dont  les  exirémilés  fournis- 
sent la  Iransjiiratiori  et  la 
sueur. 

De  ses  veines. 

J3e  ses  vaisseaux  lympha- 
tiques ou  absorl)ans  , (jui 
s’ouvrent  sur  une  grande 
surface. 

. De  ses  nerfs. 

De  la  slruclure  de  la 
peau  dans  les  diverses  classes 
d animaux,  oii  elle  est  cou- 
verte de  poils,  de  piquans  , 
de  plumes,  d’écailles. 

Des  cornes  tubuleuses  ou 
solides  des  animaux  , et  de 
leurs  rapports  avec  l’épider- 
inc  : il  se  tait  quelquefois  des 
végétations  analogues  sur  le 
corps  humain. 

Des  usages  de  la  peau. 

Elle  est  l’organe  du  tou- 
cher. 

Des  qualités  des  corps  que 
le  toucher  fait  connoîtrc  , et 
qu’on  appelle  tactiles. 

Du  toucher  , considéré 
comme  propre  à corriger  les 
erreurs  des  autres  sens. 

Du  plaisiret  delà  douleur, 


dont  le  toucher  transmet  les 
sensations. 

§.  XYIT.  De  l’insensible 
transpiration  et  Je  la  sueur. 

Il  se  fait  dans  la  peau  une 
exciétionet  une  absorption 
très  - abondantes. 

De  la  sueur  J de  son  odeur  , 
de  sa  couleur,  des  molécules 
hnih’uses  , et  de  l’acide 
qu’elle  contient  j de  ses  di- 
verses autus  qualités;  de  la 
sueur  universelle,  c’est-à- 
dire,  qui  sort  de  toutes  les 
parties  du  corps;  et  de  la 
sueni  partielle  ou  locale. 

De  1’  insensible  transpira- 
tion et  de  ses  dilférences 
d’avec  la  sueur  ; de  ses  varia- 
tions, eu  égard  aux  climats, 
aux  saisons  , aux  divers 
temps  de  la  journée,  à l’Age, 
aux  alimens,  et  au  régime, 
aux  passions  de  l’Ame,  aux 
vêtemens,  et  aux  divers  états 
de  la  vie. 

De  la  transpiration  cuta- 
née et  de  la  transpiration 
pulmonaire.  Des  moyens 
employés  par  MM.  Lavoisier 
etÜeguin,  pour  les  obtenir 
séparément. 

Des  expériences  de  Sanclo- 
rius  , de  Dodart,  de  Keil  , 
deRobinson,deLinnings,etc., 
sur  les  temps,  la  durée,  et 
la  quantité  de  la  transpira- 
tion insensible. 

De  la  diminution  et  de  la 


90  SCIF.NCES  PEIYSIOL.  ET  MEDrCALES. 


suppression  de  cette  transpi- 
ration , et  des  fâcheux  effets 
qu’elics  produisent. 

De  l’absorption  cutanée 
démontrée  'par  un  grand 
nombre  de  faits. 

De  la  sympathie  qu’on  a 
observée  entre  les  diverses 
régions  de  la  peau  , telle- 
ment que  les  impressions 
faites  sur  une  de  ces  régions 
se  transmettent  plus  ou  moins 
aux  autres,  et  se  communi- 
quent meme  aux  membranes 
intérieures  qui  ont  des  con- 
nexions avec  la  peau. 

§•  XyiII.  Du  sens  interne. 

Du  principe  intellectuel , 
et  de  ses  différentes  facultés. 

Des  sensationsjdes  images^ 
des  idées. 

Des  jugemens  -,  des  raison- 
neinens. 

De  la  volonté. 

Des  signes  propres  à re- 
présenter les  idées. 

Des  diverses  sortes  de  lan- 
gage. 

V*.  FONCTION. 

DE  LA  RF,  SPIIIATION. 

§.  Des  organes  de  la 
voix. 

Du  larynx;  dc.s  cartilages 
thyroïde  , cricoïde,  .irytlié- 
noïde  3 de  l’épiglotte  3 des 


ligamens,  des  muscles  des 
membranes,  et  des  glandes 
du  larynx. 

De  la  glotte;  des  ventri- 
cules de  la  glotte;  des  liga- 
mens ou  cordes  vocales,  de 
l’ouverture  thyroépiglotti- 
que,  qui  se  trouve  dans 
quelques  animaux;  du  sac 
hyo-thyroïdien  , qui , le  plus 
souvent,  est  membraneux, 
qui  est  quelquefois  osseux , 
et  qui  se  trouve  dans  les  ani- 
maux, où  l’ouverture  thyro- 
épiglottique  se  rencontre. 

De  la  glande  thyroï- 
dienne. 

Des,  vaisseaux  et  des  nerfs 
du  larynx. 

On  rappellerais  structure 
des  lèvres,  des  dents,  du 
palais  osseux,  de  la  langue, 
du  voile  du  palais,  du  nez, 
et  des  différens  sinus  qui 
servent  à modifier  la  voix. 

De  la  trachée-artère,  de 
ses  parties  cartilagineuses, 
musculaires  et  membraneu- 
ses; de  ses  vaisseaux,  et  de 
ses  nerfs  ; de  sa  position,  de 
son  ressort,  el  de  la  facilité 
avec  laquelle  ce  tube  s’alon- 
ge  et  SC  raccourcit. 

De  l’organe  de  la  voix  des 
quadrupèdes  , comparé  avec 
celui  de  l’homme.  Dans  quel- 
ques-uns , comme  dans  les 
singes  et  dans  le  renne,  une 
cavité  est  sur-ajoulée  à celle 
du  larynx.  Dans  d’autres  , 
comme  dans  l’âne  et  dans  le 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  91 


mulet,  des  cellules  et  des 
cloisons  sonores  agrandis- 
sent les  ventricules  de  la 
glotte. 

Du  larynx  des  oiseaux, 
qui  est  divisé  en  deux  par- 
ties, savoir , la  glotte  qui  est 
au  liaut  du  col  , derrière  la 
base  de  la  langue  ; et  l’appa- 
reil qui  tient  lieu  des  cordes 
vocales,  qui  est,  ainsi  que 
les  ventricules  de  la  glotte, 
placé  au  bas  du  col  entre  les 
branches  de  la  fourchette. 
Les  ventricules  ont  des  for- 
mes très-variées  dans  les 
dilfé  reus  oiseaux. 

Dans  quelques-uns  des  qua- 
drupèdes ovipares  , connue 
dans  le  crapaud  et  dans  la 
grenouille  , les  cordes  vo- 
cales sont  déta  liées  de  toute 
adhérence , et  placsies  au 
milieu  de  la  glotte  , sans  ca- 
vités l.itérales  ni  ventricules. 

Dans  plusieurs  reptiles  on 
ne  trouve  que  la  glotte  sans 
cordes  vocales  ni  ventricu’es: 
aussi  ces  animaux  ne  fout-ils 
entendre  que  des  sifflciuens. 

Les  poissons  , les  insectes, 
et  les  vers  sont  muets  , et 
les  bruits  que  quelques- 
uns  d’entr’eux  produisent  , 
n’appartiennent  point  à un 
org  tne  de  la  voix. 

De  la  voix  et  de  sa  forma- 
tion dans  le  larynx  et  dans 
la  glotte. 

De  la  voix  considérée  re- 
latiyemeut  aux  âges  , aux 


sexes  , et  des  changemens 
qu’elle  éprouve  dans  les  dif- 
férentes périodes  et  circons- 
tances de  la  vie. 

Des  divers  inouvemens 
d’élévation  , d’abaissement 
et  de  contraction  dans  les  di- 
verses parties  du  larynx. 

De  la  section  du  nerf  ré- 
current , qui  produit  le  mu- 
tisme , et  de  quelques  tu- 
meurs, dont  la  pression  est 
suivie  du  luéine  effet. 

De  l’espèce  de  son  que  pro- 
duit le  larynx  dans  un  ani- 
mal privé  de  la  vie  , lorsque 
l’air  introduit  par  la  trachée- 
artère  fait^vibrer  cet  organe. 
Ce  son  est  analogue  à celui 
que  l’animal  faisoit  entendre. 
On  .Tuguicnle  la  force  du  son , 
et  on  le  rend  plus  aigu,  en 
donnant  plus  de  tension  aux 
cordes  vocales  ; ce  qu’on 
opère  au  moyen  de  qu  *lre 
cordes  ou  pinces  , qu’on  at- 
tache d’une  P rt  aux  exlré- 
init  ’s  des  cordes  vocales  , et 
de  l’autre  par  quatre  vis  qui 
sont  fixées  sur  une  machine 
quadrangulaire  , et  qu’ou 
tourne  .à  volonté. 

Si , dans  cette  expérience , 
on  enlève  toute  la  partie  du 
larynx  qui  est  située  au-des- 
sus des  cordes  vocales , celles- 
ci  restant  en  place,  il  n'v 
aura  presque  rien  de  changé 
dans  le  son  qu’on  entendra. 

Dans  ces  divers  essais , on 
est  toujours  obligé  , pour 


92  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


produire  reffet  qu’on  atlc-nd  , 
de  serrer  le  larynx  avec  la 
main  : sans  doute  pour  don- 
ner aux  diverses  parties  qui 
le  composent  l’appui,  et  à 
l’organeeulier , la  consisance 
et  le  ressort  dont  la  mort  les 
a prive's. 

Ea  formation  des  dilFérens 
tons,  et  de  la  manière  dont 
ils  sont  produits  par  les  ins- 
trumens  à cordes  et  à vent. 
On  exposera  rapidement  les 
expériences  de  Sauveur,  et 
les  résultats  des  considéra- 
tions d’Euler  sur  le  même 
sujet. 

On  comparera  les  divers 
organes  de  la  voix  des  ani- 
maux, aux  instrumens  à cor- 
des et  à vent  les  plus  simples 
et  les  plus  connus , et  surtout 
au  châssis  bruyant  dont  Do- 
dart  a tant  parlé.  La  struc- 
ture des  différens  tuyaux 
d’orgue  fournira  des  rappro- 
chemens  utiles  j on  trouvera 
peut-être  quelque  rapport 
entre  l’organe  de  la  voix  et 
les  jeux  à razette , oii  se  font 
des  vibrations  sonores  très— 
ctendues.  Ainsi , l’organe  de 
la  voix  , considéré  comme 
ayant  son  principe  et  son 
embouchure  dans  les  liga- 
mens  et  dans  les  ventricules 
de  la  glotte  , et  son  corps  ou 
sa  cavité  dans  les  fosses  na- 
sales et  buccales  , seroit 
comme  un  tuyau  d’orgue, 
dont  la  longueur  , le  diamè- 


tre , la  tension  , et  l’ouver- 
ture pourroient  changer  à 
volonté  ; ce  qui  suffiroit  , 
dans  cette  hypothèse  , pour 
produire  tous  les  tons.  On  ne 
regarde  ici  la  trachée-artère 
que  comme  un  tuyau  d’air  , 
et  on  n’estime  point,  ainsi 
qu’on  a fait  jusqu’ici  , l’or- 
gane de  la  voix  comme  s’é- 
tendant depuis  la  glotte  jus- 
qu’aux poumons. 

Des  mouvemens  combinés 
de  la  langue  et  des  lèvres , 
pour  produire  les  différens 
sons. 

De  la  prononciation  des 
voyelles  et  des  consonnes. 

Du  chant  et  de  son  méca- 
nisme. 

Du  bégaiement. 

Du  mutisme  accidentel  et 
de  naissance. 

§.  II.  Des  bronches  et  des 
poumons. 

Des  bronches  droite  et 
gauche,  et  de  leur  situation 
relativement  au.c  gros  vais- 
seaux qui  naissent  du  cœur. 
De  leurs  nerfs,  de  leurs 
glandes  , et  du  fluide  bleuâ- 
tre qu’elles  filtrent. 

Des  poumons  droit  et 
gauche  , de  leur  étendue  , de 
leur  couleur,  et  de  leur  con- 
sistance dans  les  divers  âges 
et  circonstances  de  la  vie; 
de  leur  division;  de  leurs 
lobes  et  lobules  ; du  tissu 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  95 


interlobulaire  j de  la  manière 
dont  les  vésicules  s’ouvrent 
l’une  dans  l’autre , et  dont 
les  lobules  communiquent 
enlr’eux.  De  l’opinion  d'Hel- 
vétius sur  la  structure  des 
poumons  , des  artères  , et  des 
veines  bronchiques;  des  ar- 
tères et  des  veines  pulmo- 
naires; des  glandes  lympha- 
tiques des  poumons. 

§.  III.  Des  plèvres  , du  mé- 
diastin , du  thj  nius. 

Des  plèvres  ; de  leur  for- 
me , de  leur  étendue  , et  de 
leur  adossement.  . 

_ Du  médiastin  antérieur  , 
et  de  l’obliquité  de  sa  posi- 
tion. 

Du  médiastin  postérieur. 

De  leurs  vaisseaux  et  du 
tissu  cellulaii’e  qui  les  lie 
aux  poumons. 

Du  thymus  et  deseslobes; 
de  ses  prolongemens;  de  sa 
structure  celluleuse  ; de  ses 
vaisseaux , et  de  ses  nerfs. 

§.  IV.  Du  diaphragme. 

Du  diaphragme  en  géné- 
ral ; de  ses  insertions  au  ster- 
num , aux  côtes  , aux  ver- 
tèbres des  lombes  ; de  ses 
régions  musculeuses  et  apo- 
névrotiques;  du  centre  ner- 
veux et  de  ses  adhérences 
avec  le  péricarde  ; de  ses 
ouvertures,  de  ses  piliers, 


de  ses  vaisseaux  et  de  ses 
nerfs  : de  son  action  sur  les 
organes  , sur  les  viscères  des 
trois  grandes  cavités. 

Du  développement  de  ces 
divers  organes  dans  la  jeu- 
nesse, et  de  la  gêne  que  les 
corps  à baleine  y apportent. 
On  exposera  les  fâcheux  ef- 
fets de  cés  corps  sur  les  pou- 
mons , sur  l’estomac  et  les 
intestins,  sur  les  viscères  des 
hypocondres  , et  sur  la  ma- 
trice , dont  ils  empêchent 
ne  l’accroissement  se  fasse 
’une  manière  convenable 
dans  la  grossesse. 

§.  V.  Des  organes  de  la  res- 
piration , considérés  dans 
les  animaux. 

Des  poumons  des  quadru- 
pèdes , qui  sont  divisés  en  un 
plus  grand  nombre  de  lobes 
que  ceux  de  l’homme  ; de 
leur  diaphragme  , qui  n’est 
pas  aussi  adhérent  au  péri- 
carde. 

Les  poumons  des  oiseaux 
sont  adhérons  aux  côtes  , et 
ils  s’étendent , soit  par  des 
vessies  aériennes  formées 
de  membranes  , dont  plu- 
sieurs sont  musculaires , dans 
la  capacité  du  bas -ventre, 
soit  par  des  appendices  qui 
communiquent  avec  les  ca- 
vités des  os  , et  dans  tout  le 
squelette,  par  des  ouvertures 


94  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


quo  Ciunper  et  Hunier  ont 
déci  iles. 

Des  poumons  des  quadru- 
pèdes ovipares  et  des  rep- 
tiles , qui  se  contractent 
d’eux  - mêmes  , et  dont  les 
inouvemens  ne  sont  point 
mesurés  par  des  intervalles 
réguliers, commedans  l’hom- 
me et  dans  les  quadrupèdes. 
Les  naturalistes  ont  désigné 
ces  organes  par  les  noms  de 
pulmones  arbitrarii. 

Des  ouïes  des  poissons  , et 
de  leur  vessie  natatoire  , qui 
communique  toujours  avec 
l’estomac  , et  qui  contient  du 
gaz  acide  carbonique  , con- 
formément aux  observations 
de  M.  de  Fourcroy. 

Des  stigmates  des  insectes 
et  des  vers  terrestres  j des 
franges  trachéales  des  vci's 
aquatiques  , et  des  trachées 
des  plantes. 

§.  VI-  Du  mécanisme  de  la 
respiration. 

De  l’air  , de  sa  nature,  des 
gaz  qui  le  forment  ; de  sa  pe- 
santeur, de  son  res-^orl , et 
de  sa  pression  sur  les  corps 
des  animaux.  Des  effets  de 
la  chaleur  et  du  froid  , de 
l’humidité  et  de  la  sèche— 
ressesur  l’aliuosphère.  Delà 
suspension  et  de  la  dissolu- 
tion des  molécules  de  diverse 
nature  dans  ce  Huide.  Des 
phénomènes  du  baromètre , 


du  thermomètre,  de  l’hygro- 
mètre  , de  l’aréomètre  , des 
eudiomètres,  et  de  l’appli- 
cation de  leurs  difféi  eris  ef- 
fets au  mécanisme  du  corps 
humain. 

De  la  respira'ion  dans  l’é- 
tat de  santé  , de  ses  phéno- 
mènes dans  les  diverses  cir- 
constances de  la  vie  j des 
changemens  qu’elle  éprouve, 
eu  égard  aux  divers  lempé- 
ramens  et  aux  différentes 
élévations  du  sol  qu’on  ha- 
bite. 

Des  différens  temps  de  la 
respiration  , de  l’expiration 
et  du  temps  moyen.  L’expi- 
ration est  le  temps  le  plus 
court. 

Parmi  les  forces  qui  dila- 
tent la  poitrine,  le  diaphrag- 
me lient  le  premier  rang. 

Des  divers  mouvemens  de 
ce  muscle  dans  les  dilTérentes 
sortes  de  respirations  , pen- 
dant la  veille  et  pendant  le 
sommeil. 

De-i  causes  qui  produisent 
l’expiration  , et  de  ses  effets 
sur  les  vaisseaux  sanguins 
voisins  des  poumons  et  du 
cœur. 

§.  VU.  Expériences  sur  la 

mécanisme  de  la  respi- 
ration. 

Dans  l’inspiration  , pen- 
dant que  les  vraies  cl  les 
premières  fausses  cotes  s’é- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  g5 


lèvent  , les  dernières  des 
fausses  côtes  s’affaissent  et 
rentrent  en  dedans  , par  l’ef- 
fet de  la  contraction  des  par- 
ties latérales  du  diaphragme. 

A'  ant  mis  les  muscles  in- 
tercostaux internes  d’un  qua- 
drupède à nu , on  les  a vus  se 
contracter,  pendant  l’inspi- 
ration , comme  les  intercos- 
taux externes  j contre  Ham— 
berger. 

On  a placé  entre  les  côtes 
des  fils  qui  suivoient  obli- 
quement la  direction  des 
muscles  intercostaux,  pour 
déterminer  (juelle  est  l’action 
de  ces  muscles,  et  si  les  espa- 
ces intercostaux  diminuent 
dans  l’inspiration. 

Esl-il  vrai  que  le  thermo- 
mètre plongé  dans  la  poi- 
trine d’un  animal  vivant  , 
monte  pendant  l’expiration  ? 

On  fera  respirer  un  ani- 
mal dans  un  air  trop  con- 
densé ou  trop  raréfié  , dans 
des  gaz  de  diverse  nature , et 
on  en  remarquera  les  effets. 
Cette  suite  d’expériences 
fournira  des  résultats  inté- 
ressons. 

, On  exposera  à l’action  de 
la  machine  pneumatique  un 
animal  dont  le  thorax  soit 
entier,  et  un  autre  dont  la 
plèvre  soit  ouverte , et  on 
verra  en  quoi  les  poumons 
de  l’un  diffèrent  de  ceux  de 
l’autre. 

On  a coupé  le  corps  d’un 


jeune  animal  au-dessous  du 
diaphragme,  et  on  l’a  exposé 
dans  cet  état  .à  l’action  de 
la  machine  du  vide  , dans  ce 
cas  le  diapliiagme  s’est  for- 
tement distendu  et  a été  re- 
foulé en  dehors. 

On  examinera  l’action  de 
ce  muscle  dans  un  animal 
vivant, et  on  verra  comment, 
dans  sa  contraction  , il  serre 
l’aorte  et  l’œsophage.  Ce 
dernier  est  tellement  com- 
primé, que  le  vomis.sement, 
même  provoqué  par  des  sti- 
mulans  internes  très-forts, 
ne  peut  se  faire  pendant 
l’inspiration.  On  remarquera 
que  le  centre  nerveux  s’a- 
baisse peu  pendant  que  l’ani- 
mal inspire  ; que  dans  les 
ipouvemens  qu’il  fait , il  en- 
traîne avec  lui  le  péricarde 
et  le  cœur  j que  dans  les 
grandes  contractions  de  ce 
muscle  , le  cœur  bal  avec 
mollesse,  que  le  pouls  est 
quelquefois  ondulant  , et 
qu’alors  le  médiastiu  est 
tendu. 

On  répétera  l’expérience 
de  Sxvamracrdam  , en  exci- 
tant la  contraction  du  dia- 
phragme par  la  pression  ou 
le  tiraillement  du  nerf  dia- 
phragmatique j ce  qui  réus- 
sira également,  soit  qu’on 
pres.se  ce  nerf  de  bas  en  haut, 
ou  de  haut  en  bas. 

Si  on  coupe  la  moëlle  épi- 
nière au-dessous  de  l’origine 


96  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


dn  nerf  phiénique  , le  mou- 
vement du  diapliragine  con- 
tinuera dese  faire,  tandis  que 
celui  des  autres  muscles  sera 
suspendu. 

Sr  après  avoir  ouvert  le 
ventre  d’un  animal  vivant, 
on  coupe  circulain  ment  le 
diaphragme  , de  sorte  que 
son  action  musculaire  soit 
détruite,  la  respiration  cesse 
presque  entièrement  de  se 
faire  j les  muscles  intercos- 
taux continuent  cependant 
d’élevcr  un  peu  les  côtes  , et 
le  jeu  des  poumons  n’est  pas 
tout-à-fait  interrompu. 

Lorsqu’on  inspire  un  air 
dont  on  a mesuré  la  tem- 
pérature , il  est  facile  , en  le 
rendant  par  l’expiration  , 
d’apprendre  de  combien  de 
degrés  sa  chaleur  a augmenté 
dans  son  passage. 

Si  l’air  qu’on  expire  est 
porté  par  le  moyen  d’un  tube 
dans  l’eau  de  chaux,  et  mêlé 
avec  elle,  la  chaux  est  aus- 
sitôt précipitée  sous  la  forme 
de  craie  ou  carbonate  cal- 
caire , parce  qu’alors  l’acide 
carbonique  , formé  , comme 
il  sera  dit  plus  loin  , dans  les 
poumons  , compose  avec  la 
chaux  un  sel  insoluble  dans 
l’eau. 

En  sc  servant  pour  inspi- 
rer d’un  tube  de  verre  plongé 
dans  l’eau  , on  y fait  monter 
ce  fluide,  et  on  mesure  ainsi 
la  quaulilé  d’air  qui  a été 


nécessaire  pour  une  inspi- 
ration. 

Si  on  place  dans  la  gueula 
d un  chien  un  tuyau  auquel 
on  ait  adapté  une  vessie, on 
la  volt  s’affaisser  après  quel- 
ques inspirations. 

On  injectera  de  l’air  dans 
l’artère  crurale,  et  on  verra 
s’il  remplit  une  vessie  qu’on 
aura  attachée  à la  trachée- 
artère,  et  si  l’animal  ne  pé- 
rit pas  presque  toujours  à 
la  suite  de  cet  essai. 

Du  duvet  placé  à l’ouver- 
ture de  la  trachée  artère  , y 
est  atliré  lorsqu’on  injecte 
un  fluide  dans  'l’artère  pul- 
monaire après  la  mort  de 
l’animal  j ce  qu’on  doit  at- 
tribuer au  développement  et 
au  léger  soulèvement  des 
bronches  , opérés  par  l’in- 
jection. 

On  place  7jn  animal  sous 
une  cloche  , dont  la  capacité 
est  connue  , et  on  détermine 
ainsi  combien  il  fautdetemps 
pour  que  l’air  de  la  cloche 
soit  vicié  , et  cesse  d’être  res- 
pirable. 

Apres  avoir  mis  la  plèvre 
à nu  , on  aperçoit  au  travers 
un  corps  rougeâtre  qui  est  le 
poumon  , et  on  peut  se  con- 
vaincre, dit  Morgagni , que 
ce  viscère  ne  remplit  pas 
toujours  exactement  la  ca- 
vité du  thorax. 

La  gêne  de  la  respiration, 
est  toujours  proportionnée 


I 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  97 


i rétendue  de  l’ouverlure 
tju’on  a faite  dans  la  cavité 
du  thorax  , elles  deux  pou- 
mons s’afTaissent  lorsque  1rs 
côlésdu  llioraxsonl  ouverts. 
f^'an-Swieien. 

Souvent  une  partie  du 
poumon  sort  par  la  plaie  , ou 
elle  paroîl  avoir  un  luou- 
vciuenl  opposé  à celui  du 
l'este  de  ce  viscère;  car  elle 
SC  contracte  dans  l'insjiira 
tion  J ce  qui  est  produit, 
arce  que  le  pouiiiun  , en  se 
ilataiit,  tire  à lui  le  lobe 
qui  est  hors  du  thorax.  Hé- 
rissant a mal  raisonné  sur 
cette  expérience. 

On  obtient  un  effet  ana- 
logue dans  l’expérience  de 
Gallienqui  , ayant applicjué 
nue  vessie  sur  une  plaie  de 
la  poitrine  observa  que  cette 
vessie  se  vidoil  dans  l’ins- 

firalion  , et  se  renfJoit  dans 
expiration. 

Ijorsque  le  thorax  est  lar 
gemcnt  ouvert  des  deux  cô- 
tés , le  diaphragme  continue 
encore  de  se  mouvoir  un  peu  ; 
mais  lespou mous deuieurent 
Sans  activité,  et  les  légères 
secousses  qu’ils  éprouvent 
leur  sont  tout  à fait  élrau- 
gères. 

Lorsque  la  poitrine  est 
ouverte  dans  une  grande 
étendue  , l’animal  respire  un 
peu  moinsdiflicilement.étent 
couché  sur  le  dos  . quedaus 
toute  autre  positiou* 


Après  avoir  enfoncé  un 
inslruiurnt  aigu  dans  la  ca^ 
vité  droite  du  th.iiax  il’un 
animal  vivant  , 011  introduit 
de  l’air  par  la  trai  bée  ar- 
tère pour  découviir  si  le 
poumon  a été  blessé  ; ce  qui 
u’airive  pas  toujours.  La- 
mu  re> 

On  peut  aussi  ouvrir  le 
thorax  d’un  animal  plongé 
dans  l’eau,  et  en  souftJant 
dans  la  trachée  artère,  on 
cherche  si  le  poumon  a été 
blessé.  Expéi ience  de  Lie* 
berkunk. 

On  se  propose  encore  pour 
but  , dans  celte  opération  , 
de  savoir  s’il  existe  un  air 
Ihorachique.  Haies  , lload- 
lej. 

On  comparera  le  sang  des 
artères  avec  celui  des  veines 
pulmonaires  , celui  de  ces 
dernières  avec  le  sang  des 
veines  caves,  et  le  sang  des 
artères  pulmonaires  avec  ce* 
lui  de  l’art  ère  aorte 

Les  vaisseaux  repliés  et 
tortueux  dans  l’expiration^ 
se  développent  dans  l’ins- 
piration. 

Aussi  un  quadrupède  vit- 
il  p'us  long-teinps  dans  une 
inspiration  plus  prolongée 
par  le  moyeu  d’un  soutÜet 
à deux  âmes,  que  dans  une 
expiration  souicmie.  Scnac, 

On  cherchera  si  les  pou- 
mons des  quadrupèdes  ont 
Uû  mouvement  qui  leur  soit 

7 


98  SCIENCES  PHYSTOL.  ET  MEDICALES. 


propre,  et  s’ils  peuvent  se 
coni  racler  lorsque  la  Irachoe 
artère  a été  liée  précédeiu- 
lueiit.  Les  poumons  des  qua- 
drupèdes ovipares  sont  au 
contraire  iriilables  , et  se 
resserrent  à volonté. 

Les  poumons  de  la  gre- 
nouille offrent  un  réseau 
vasculaire  très-beau,  et  des 
communications  nombreuses 
qui  se  font  à angle  droit 
entre  les  artères  et  les  veines. 

On  liera  les  veines  jugu- 
laires et  les  artères  carotides 
tantôt  en  même  temps  que 
la  trachée-artère,  tantôt 
séparément  , pour  connoître 
les  effets  qui  doivent  en 
résulter  , soit  relalivcment 
aux  poumons  , soit  relati- 
vement au  cerveau.  Moi  — 
Sagni. 

On  plongera  dans  deTeau 
tolorée  , soif  avec  do  l’ocre  , 
soit  avec  de  l’encre  , des  ani- 
maux vivans  j et  lorsqu’on 
les  en  retirera  , on  cherchera 
si  l’eau  teinte  aura  pénétré 
dans  les  bronches.  On  fera 
l’expérience  de  deux  maniè- 
res ; I'’.  en  abandonnant 
l’animal  à ses  propres  efforts, 
de  sorte  qu’il  ne  perde  la  vie 
qu’aj)rès  être  remonté  j)ln- 
sieurs  fois  à la  surf  ce  de 
l’eau,  comme  il  arrive  aux 
personnes  qui  se  no  ont  j 2 '. 
en  attachant  aux  pieds  de 
l'animal  un  poids  (|ui  ne  lui 
pciiuellc  pas  de  s’élever  , et 


qui  le  force  à demeurer  au 
lond  de  l’eau. 

On  trouve  quelquefois 
une  petite  quantitédu  liqui- 
de coloré  dans  l’estomac  des 
animaux  soumis  à cette  ex- 
périence. 

On  introduira  une  petite 
quantité  d’eau  dans  le  pou- 
mon d’un  animal  vivant, 
par  une  plaie  faite  à la 
trachee  — artère.  L’animal 
toussera  .s’agitera  , souffrira 
beaucoup  ; mais  l’eau  sera 
resorbee,  et  il  n’en  l'ésultera 
aucune  suite  fâcheuse. 

On  plongera  et  on  assu- 
jetira  dans  de  l’eau  colorée 
un  animal  mort,  dans  l’in- 
tcnlion  de  rechercher  si  l’cau 
pénètre  dans  les  poumons. 
Expériences  de  MM.  Fais— 
soles  el  Champcnux. 

Lu  antre  ordre  de  jihéno— 
menés  a hea  ncoiip  occu  j>é  les 
ph  vsiologisles  J ils  ont  vu 
Je  cervean  , mis  à découvert 
s abaisser  j)endaiit  l’inspira- 
tion  , et  s’éle\cr  dans  le 
temps  de  rcxpiralion. 

Dans  l’inspiration  , lesang 
est  attiré  des  environs  du 
coeur  J il  est  repoussé  pen- 
dant l’expii  atioii  : a, ors  il 
se  fait  uti  haltciuenl  dans 
les  veines  caves  cl  dans  les 
jugulaires  , el  le  sang  jaillit 
avec  P us  de  foi  ce  des  vei- 
nes el  des  sinus  ouverts. 
Scligling. 

61  ou  supplée  à l’cxpl- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  99 


ration  par  une  pression  vio- 
lentedu  thorax  on  augmente 
l’impulsion  du  sang  dans  les 
jugulaires  , et  on  donne  une 
*ecousse  au  cerveau. 

La  section  ou  la  ligature 
des  artères  , des  nerfs  quel- 
conques du  col , de  l’œsopha- 
ge , et  même  celle  de  la 
trachée  - artère  , n’empê- 
chent pas  que  les  mouvemens 
du  cerveau  ne  répondent  à 
ceux  de  la  poitrine  dans 
l’ordre  ci-dessus  énoncé. 

Mais  ce  mouvement  cesse 
aussi  - tôt  que  les  veines 
vertébrales  ou  jugulaires 
ont  été  liées.  La  section 
«l’une  des  veines  jugulaires 
suflit  pour  le  détruire  pres- 
que entièrement.  Lamure. 

§ VIII.  Des  usages  de  la 
respiration. 

On  voit  que  l’influence 
des  mouvemens  qui  consti- 
tuent la  respiration  , s’étend 
non-seu’ement  aux  viscères 
du  thorax  et  au  sang  qu’ils 
contiennent , mais  qu’elle  se 
fait  encore  ressentir  , soit 
dans  la  tête  , au  cerveau  , 
soit  dans  le  bas— ventre  , aux 
viscères  glanduleux  , aux  or- 
ganes de  la  digestion  , et 
aux  vaisseaux  absorbans , 
u’elle  excite  sans  cesse  par 
es  balaucemeus  utiles. 


D’autres  usages  rendent 
la  respiration  néce'-saire  aux 
corps  vivans.  On  a décou- 
vert qu’il  existe  dans  les 
difTérenles  classes  d’animaux 
une  proportion  marquée  en- 
tre le  degré  de  chaleur  qui 
leur  est  propre,  et  l’élendue 
de  leurs  poumons.  On  sait 
à présent  que  c’est  dans  ce 
viscère  que  se  dégage  la 
matière  de  la  chaleur  qui 
les  pénètre.  L’air  pur  en  con- 
tient une  grande  quantité  , 
et  pendant  que  l’animal  res- 
pire et  que  l’oxigène,  ou  base 
de  l’air  vital  se  combine 
avec  le  carbone  qui  sesé— 
pare  du  sang  dans  les  pou- 
mons, une  partie  du  calorique 
devenue  libre,  demeuredans 
cet  organe  qu’elle  échauffe  , 
et  elle  se  répand  dc-là  dans 
tout  le  corps. 

Ce  qui  démontré  que  l’air 
pur  ou  gaz  oxigene  est  le 
véritable  aliment  de  la  vie, 
c’est  qu’un  animil  plongé 
dans  un  vase  plein  de  cet 
air , y vivroit  environ  quatre 
fois  plus  long-temps  que  si 
le  vase  ne  contenoit  que  de 
l’air  atmosphérique.  Res- 
piré trop  long-temps  , l’air 
vital  deviendroit  cependant 
nuisible,  parce  que  la  ma- 
tière de  la  chaleur  qui  s’en 
sépareroit  trop  abondam- 
ment , abrégeroit,  en  excitant 
la  fièvre,la  durée  des  êtresquî 
eeroiçflt  exposés  ù son  aclioa 


ioo  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


In^cpendainincnt  d’une 
po  rlion  de  gaz  azote  et  de 
carbone  qui  se  dégagent 
du  sang  par  les  poumons, 
on  en  voit  encore  sortir  une 
vapeur  humide  qui  faitpar— 
tie  de  la  transpiration  , et 
qui  me'rite  d’être  examinée 
séparément. 

L’histoire  de  la  respira- 
tion sera  terminée  par 
l’exposition  de  ses  différens 
modes.  On  expliquera 
le  mécanisme  du  bâille- 
ment, du  soupir,  du  rire, 
de  la  toux  , de  l’éternuement, 
de  la  succion,  de  l’anhéla- 
tion, et  des  efforts  par  les- 
quels les  muscles  de  la 
poitrine  , fortement  tendus  , 
servent  d’appui  aux  autres 
puissances  musculaires  qui 
se  contractent. 

VP.  FONCTION. 

DE  la  digestion. 

De  la  bouche. 

Des  lèvres  et  de  leurs 
commissures. 

De  l’épiderme  , delà  peau, 
des  glandes,  des  muscles 
propres  des  lèvres  et  de  leurs 
mouvemens  ; de  leurs  vais- 
seaux, et  de  leurs  nerfs. 

De  la  cavité  de  la  bouche. 

On  rappellera  la  structure 
des  dents. 

Des  gencives. 


Du  palais,  de  ses  rides, 
et  de  la  niemhrane  fongueuse 
qui  tapisse  cette  cavité. 

§.  II.  De  Vos  hyoïde  et  de 
la  langue. 

De  l’os  hyoïde,  de  son 
corps  , de  scs  branches  et  de 
ses  connexions. 

De  la  langue  en  général  j 
de  sa  pointe  , de  son  sillon  , 
de  la  ligne  médiane  qui  la 
partage  longitudinalement  j 
de  sa  hase  et  du  trou  bor- 
gne qui  s’y  trouve;  de  ses 
faces  supérieure  et  inférieu- 
re ; de  scs  bords , deson  frein, 
de  ses  pa]oilles  , de  ses  glan- 
des, de  ses  nerfs  , et  de  ses 
vaisseaux  ; de  ses  mouve— 
mens. 

§.  Du  voile  du  palais. 

Du  voile  du  palais  ; de 
ses  muscles  propres,  de  ses 
piliers  ou  colonnes , de  ses 
glandes. 

De  la  luetle;  deses  muscles 
propres , de  scs  glandes. 

§.  IV.  Des  glandes  nmj  g- 

dalcs  , des  parotides  et 

de  la  salive. 

Des  glandes  amygdales , 
des  glandes  acccs.soires  aux 
amvg  laies;  de  leurs  cavités, 
C.  de  leurs  conduits. 

Des  glandes  palatines  , 


.DISCOURS  SUR 

buccales,  molaires  J ces  glan- 
des sont  des  follicules  ou 
cryptes. 

Des  glandes  salivaires , 
de  la  parotide,  et  de  sa 
glande  accessoire  j des  glan- 
des maxillaires  , des  glandes 
sublinguales  et  de  leurs  con- 
duits. 

De  la  salive  , de  sa  nature, 
de  sa  quantité,  des  temps 
où  elle  sort  abondamment. 

Des  effets  de  la  compres- 
sion et  de  l’irritation  sur 
ces  glandes  j des  dilférens 
états  de  la  salive  et  de  ses 
concrétions. 

Des  effets  que  produit  la 
salive  sur  les  substances 
qu’on  soumet  à son  action. 

. Ses  usages  dans  l’écono- 
mie animale. 

§.  V De  r arrière-bouche 
et  de  l’œsophage. 

Du  pharynx  , de  ses  pa- 
rois antérieure , postérieure , 
latér.ilesj  de  sa  membrane 
interne,  de  ses  glandes,  de 
scs  muscles  propres  , de 
ses  vaisseaux  et  de  ses  nerfs. 

De  l’œsophage  j de  sa  di- 
rection , de  sa  situation  com- 
parée à celle  de  la  trachée- 
artère  ; de  sa  substance 
charnue,  et  de  la  direction 
de  ses  fibres  musculaires  dans 
l’hoinrneet  dans  iesanimauxj 
de  sa  membrane  interne, 
etdeses  glandes  folliculeu— 


L’ANATOMIE,  toi 

ses  J des  glandes  conglobées  , 
qui  sont  situéesaux  environs 
de  l’œsophage  J de  ses  vais- 
seaux, de  ses  nerfs,  et  de 
l’action  du  diaphragme  sur 
ce  conduit. 

§.  yi.  De  la  mastication 

et  de  la  déglutition. 

De  la  mastication  et  de 
la  manière  dont  se  forme  le 
bol  alimentaire. 

De  la  déglutition,  et  de  ses 
dilférens  temps. 

Comment  la  langue,  for- 
mant d’abord  un  plan  incliné, 
le  bol  alimentaire  est  placé 
près  de  sa  base. 

Comment  le  pharinx,  s’éle- 
vant ensuite  en  même 
temps  que  la  base  de  la 
langue  , et  le  voile  du  pa- 
lais étant  porté  obliquement 
en  arrière  , le  bol  alimen- 
taire passe  sur  l’épiglotte 
qui  recouvre  la  glotte,  et 
s’engage  dans  l’ouverture  du 
sac  du  pharynx. 

Comment  les  muscles  rele- 
veurs  se  relâchant,  la  masse 
du  pharynx  retombe,  ainsi 
que  la  base  de  la  langue  , 
et  comment  le  bol  alimen- 
taire, faisant  un  mouvement 
marqué  , est  ensuite  dirigé 
pai  l’impulsion  des  fibres  de 
l’œsophage  vers  l’estomac. 

§.  Yll.  De  I estomac. 

De  l’estomac,  de  sa  situa- 


102  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

tion  dans  Jes  diflerens  étals 


de  ]a  vie  ; de  sa  forme  , de 
ses  faces  , de  ses  bords,  et 
de  S(  s courbures;  de  ses  mem- 
branes, de  ses  plans  muscu- 
laires , de  ses  glandes  follicu- 
leuses,  de  ses  glandes  conglo- 
bées , et  de  sa  cavité  , do  ses 
vaisseaux,  et  de  ses  nerfs. 

Du  fluide  qu’on  J trouve, 
et  qui  porte  le  nom  de  suc 
gastrique-,  de  l’incertitude 
de  son  origine  dans  l’homme 
et  dans  les  quadrupèdes  ; de 
sa  nature  , de  son  mélange  , 
et  de  ses  principales  alté- 
rations. 

De  la  fa  im  et  de  la  soif, 
de  leurs  effets  dans  l'état  de 
santé  , dans  l’état  de  mala- 
die; des  causes  qui  les  aggra- 
vent ou  qui  les  émoussent; 
des  systèmes  auxquelson  a eu 
recours  pour  en  expliquer 
le  mécanisme.  La  faim  et 
la  soif  ne  sont-elles  pas  des 
modifications  déterminées 
d’organes  nerveux  où  s’exerce 
tin  sentiment  particulier  : et 
un  des  effets  de  cette  exci- 
tation n’esl-il  pas  d’attirer 
le  sang  vers  l’estomac  et  vers», 
les  viscères  qui  y sont  anne- 
xés ; ce  qui  rend  leur  action 
plus  soutenue  et  plus  vive  ? 

$.  VIII.  Du  canal  inieslinaL 

Du  duodénum  et  de  sa 
position. 

De  l’intestin  grêle , qu’on 


a coutume  de  diviser  en  jé- 
junum et  en  iléum;  de  la 
membrane  externe  de  l’in- 
testin grêle,  de  ses  fibres 
charnues,  de  sa  membrane 
interne  ,de  ses  replis  ou  val- 
vules conniventes  , de  ses 
glandes  , de  ses  vaisseaux  et 
de  ses  nerfs. 

Des  gros  intestins. 

Du  cæcum , de  la  valvule 
iléo  -cœcale. 

De  l’appendice  vermi— 
forme. 

Du  colon  ; de  ses  portions 
droite,  gauche,  et  de  sa  por- 
tion transversale;  de  sa  mem- 
brane externe;  de  ses  fibres 
ch  a mues  ; de  ses  bandes  mus- 
culaires ; de  sa  membrane 
interne  ; de  ses  replis  ; de  ses 
cellules  ou  cavités;  de  ses 
glandes,  soit  folliculeuses  , 
soit  conglobées  ; de  ses  vais- 
seaux et  de  ses  nerfs. 

Du  rectum;  de  sa  posi- 
tion; de  sa  courbure;  de  sa 
membrane  externe  ; de  son 
muscle  , qui  est  très-épais  ; 
de  sa  membrane  interne;  de 
ses  replis  longitudinaux. 

Del’  anus  ; de  son  sphinc- 
ter, considéré  à l’extérieur 
et  à l’intérieur  ; de  ses  glan- 
des ou  cryptes;  de  ses  con- 
nexions. 

§.  IX.  Du  péritoine  et  de 
ses  grandes  duplicatures. 

Du  j)éritoiuc;  de  sa  face 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  io5 


externe  5 du  tissu  cellulaire 
qui  le  lie  aux  parties  envi- 
ronnantes, et  des  prolonge- 
mens  de  ce  tissu. 

De  sa  face  interne. 

Du  péritoine  considéré  en 
haut,  eu  bas,  en  devant,  en 

arrière , cl  sur  les  côtés. 

Des  ligainens  qu’il  fournit 
au  foiC,  à.  la  rate,  aux  reins  , 
aux  intestins,  aux  ovaires,  et 
à la  matrice. 

Du  grand  épiploon  , ou 
épiploon  gastro-coütpic  J de 
son  étendue;  de  ses  inser- 
tions ; de  scs  cavités  ; de  scs 
lames;  de  ses  glandes  con- 
globées  ; de  scs  vaisseaux  et 
de  ses  nerfs. 

Du  petit  épiploon  , ou  de 
l’épiploon  gistro-hépatique; 
de  sa  situation  et  de  scs  la- 
ines. 

De  l’épiploon-colique  de 
Haller  cl  de  Lieutaud. 

De  rouverture  épiploïque, 
et  du  procédé  de  VVinslow, 
pour  introduire  de  l’air  dans 
' le  sac  des  épiploons. 

Delà  facilité  avec  laquelle 
les  épiploons  se  remplissent 
de  graisse,  se  relâchent  et 
s’étendent  en  difterens  sens. 

Du  mésentère  ; de  son  in- 
sertion lombaire  ; de  son 
bord  intestinal;  de  ses  lames; 
de  ses  glandes  ; de  ^es  vais- 
seaux de  divers  ordres;  de 
ses  nerfs. 

D U méso— colon  ; de  sa  po- 
cition  transversale  ; de  ses 


portions  latérales,  et  de  la 
manière  dont  elles  adhèrent 
aux  leins;  des  glandes,  des 
vaisseaux  et  des  nerfs  du 
méso-colon. 

Du  repli  qui  soutient  l’ap- 
pendice vermifonne. 

Du  repli  par  lequel  le  rec- 
tum est  maintenu  dans  sa 
place. 

Des  usages  du  péritoine 
et  de  ses  diverses  produc- 
tions. 

§ X.  Du  foie,  de  la  vésicule 
du  Jicl , et  de  la  bile. 

Du  foie  ; de  sa  po  ilion  ; 
de  sa  div’sion  eu  lobes  droit 
et  g-iucliD  ; de  ses  bords,  de 
sa  lace  convexe,  et  de  .son  ad- 
hérence au  diaphragme;  de 
sa  face  concave  ou  base  ; des 
éminences  de  celle  lace;  des 
enfoncemens  qu’on  y trouve; 
de  ses  glandes  conglobées  ; 
de  ses  artères  ; de  la  veine- 
porte  ; des  brandies  de  la 
veine-cave  qui  y aboutissent; 
de  la  veine  ou  ligament  om- 
bilical du  conduit  excréteur 
ou  hépatique. 

De  la  vésicule  du  fiel  ; de 
sa  situation  ; de  sa  forme;  de 
sa  membrane  externe;  de  ses 
fibres  charnues  ; de  sa  inein- 
brane  interne  de  ses  glandes; 
de  son  fond  ; de  son  col , et 
du  repli  qu’il  forme  ; de  son 
conduit  excréteur  ou  cysli- 
que;  de  la  structure  de  ce 


so4  SCIENCES  PHYSÎOE.  ET  MEDICALES. 


conduit  ; de  sa  jonclion  avec 
le  conduit  liépalique,  et  de 
l’angle  qu’ils  forment  entre 
eux  J du  conduit  cholédoque 
qui  résulte  de  leur  jonclion  • 
de  la  direction  de  ce  conduit^ 
de  son  ouverture  dans  le  duo- 
dénum, et  du  lieu  de  cette 
ouverture. 

De  la  bile  hépatique  J de 
la  bilecjstique;  de  la  nature 
de  la  bile  dans  les  dillérens 
âges  ; de  sa  couleur  et  de  sa 
consistance,  de  son  épais- 
sissement J des  concrétions 
qu’elle  forme  , et  de  la  ma- 
nière dont  elle  cristallise. 
Comment  les calcuisbiliaires 
brûlent  • du  mouvement  de 
la  bile  dans  le  foie  et  dans  ses 
conduits  , dans  la  vésicule  et 
vers  rinteslin  • de  l’influence 
des  contractions  musculaires 
sur  le  foie  et  sur  le  mouve- 
auent  du  fluide  dont  il  est 
péné  réj  des  efTets  de  la  bile 
sur  les  intestins,  sur  les  ali- 
ïnens,  et  quelquefois  même 
sur  l’estomac j de  ses  altéra- 
tions; de  sa  résorblion  et  des 
affections  qu’elle  produit 
dans  les  autres  organes  , 
surtout  à la  peau. 

§.  XI.  De  la  rate. 

De  la  rate;  de  sa  position; 
de  sa  forme,  de  sa  membrane 
externe,  de  sa  structure  in- 
terne ; de  ses  adhérences  à 
l’estomac,  à l’épiploou,  et  au 


pancréas;  deses  mouveniens 
de  ses  nerfs;  du  fl ü de  qu’elle 
renferme,  b’y  fait-il  une  sé- 
crétion i’  et  s’il  s'y  en  fait  une, 
quel  est  son  usage  ? 

§.  XII.  Du  pancréas  et  du 
suc  pancréaiiijue. 


Du  pancréas  ; de  sa  posi- 
tion ; de  sa  forme;  de  sa 
membrane  externe  ; de  sa 
structure  interne  ; de  son 
conduit  exciéleur,  que  M. 
llollinan  , cl  J.  G.  W ir^ung 
ont  décrit  les  premiers,  et 
du  lieu  de  son  ouverture; 
des  vaisse' ux  du  pancréas; 
de  ses  nerfs, de  son  lluide.His- 
toire  dis  erreurs  de  Sj^lvius, 
et  d’autres  à ce  sujet. 

Du  petit  pancréas,  qui  est 
une  portion  du  grand. 

§.  XIII.  Des  vaisseaux 
ch  J- leux. 

Des  vaisseaux  Ivmphati— 
ques  absorbans  des'inteslins, 
ou  des  vaisseaux  chyleux. 

De  leur  origine  des  intes- 
tins grêles  et  gros,  par  une 
série  de  petites  ampoules; 
de  leur  direction  vers  les 
glandes  mésentériques  ; de 
leur  passageau  travers  deses 
glandes  ; de  leur  marche 
d’une  de  ces  glandes  veis 
l’autre,  ou  de  ces  glandes 
jusqu’au  réservoir  lombaiie; 
de  leur  commuuicaliuu  avec 


N*# 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  io5 


les  vaisseaux  lymphatiques 
environnaris;  du  fluide  qu’ils 
contiennent;  du  chyle  seul  , 
et  comparé  avec  la  lymphe. 

§.  XIV.  Des  organes  de  la 

digestion  considérés  dans 

les  animaux. 

De  l’os  hyoïde  dans  les 
quadrupèdes,  oii  des  bran- 
ches osseuses  tenant  lieu  des 
ligamens  qui , dans  l’homme, 
attachent  l’os  hyoïde  à l’a- 
pophyse styloï'le. 

Del’  os  hyoïde  dans  les  oi- 
seaux, où  les  extrémités  de 
cet  os  sont  enveloppées  d’un 
muscle  conique, et  remonlCHt 
en  arrière  sur  les  côtés  de 
l’occi  put. 

De  la  langue  des  quadru- 
pèdes ; des  piquans  dont  elle- 
est  hérissée  dans  quelques- 
uns  ; de  la  langue  des  oi- 
seaux; de  cet  organe  consi- 
déré dans  quelques  reptiles, 
oh  son  extrémité  est  fendue. 

De  la  luette,  qui  manque 
dans  quelques  quadrupèdes, 
tels  que  le  cheval. 

De  la  liqueur  vénéneuse 
qui  coule  des  dents  de  quel- 
ques reptiles,  qui  s’en  ser- 
vent pour  blesser  les  ani- 
maux , dont  ils  font  leur 
proie. 

Dos  sacs  inter-maxillaires, 
appelés  abajoues,  dans  les 
fiinj'es , etc. 

De  s animaux,  dans  lesquels 


l’estomac  est  situé  très-près 
de  la  cavité  du  gosier,  cl  qui 
manquent,  pour  ainsi  dire, 
d’oesophage.  Plusieurs  rep- 
tiles et  plusieurs  poissons 
sont  dans  ce  cas. 

De  la  structure  de  l’estoW 
mac  dans  les  quadrupèdes 
carnivores  cl  dans  les  soli- 
pèdes.  Les  quadrupèdes  de 
ces  deux  classes  sont  mono- 
gastriques. 

De  l’estomac  des  rumi- 
nans.  Il  est  formé  de  quatie 
cavités,  dont  la  dernière, 
c’est-à-dirc,  celle  qui  com- 
munique immédiatement 
avec  l’intestin  , est  le  véri- 
table estomac  ; du  mécanis- 
me de  la  rumination. 

Du  long  œsophage  et  du 
jabot  des  oiseaux  ; de  leur 
estomac,  formé  de  muscles 
très -épais  dans  les  grani- 
vores , de  muscles  moins 
épais  dans  les  oiseaux  qui 
vivent  d’insectes  , et  presque 
uniformément  charnu  dans 
les  oiseaux  vraiment  carni- 
vores. 

De  l’estomac  allongé  des 
reptiles  , de  quelques  pois- 
sons , et  des  vers. 

De  l’estomac  cartilagineux 
et  à ressort  des  cruslacées. 

Des  polypes  qui  sont  en- 
tièrement formés  d’un  esto- 
mac ou  sac  musculaire,  où 
sont  contenus  les  altmens  qui 
doivent  les  nourrir. 

D U suc  gastrique  recueilli 


io6  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 


clans  les  cjuaclriipèdes  , et 
do  la  dil'ficulté  de  l’obtenir 
pur. 

Du  snc  t^ns'rique  des  oi- 
seaux , et  dos  "landes  situées 
a H -dessus  de  l’estomac  qui 
Je  fournissent. 

Dos  intes  ins  des  carnivo- 
res, qui  sont  en  gcnéiv.l  plus 
courts  c|ue  ceux  des  herbi- 
vores. 

Des  intestins  des  quadru- 
pèdes soüpèdes  , *jui  sont 
plus  volumineux  c|ue  ceux 
des  riimitians. 

D U cæcum  sans  app-'udice 
vermil'onne,  te!  qu’on  le  voit 
dans  la  plupart  des  singes  et 
dans_  presque  tous  les  qua- 
dru  pèdos. 

Des  appendices  vermifor- 
mes  dans  bs  oiseaux;  ceux 
des  galliiiacées  ont  une  gran- 
de étendue  : ils  sont  au  con- 
traire 1res -courts  dans  les 
oiseaux  carnivores. 

Do  ces  appendices  dans  les 
poissons,  ou  ils  sont  très- 
nombreux. 

Doi  animaux  dans  lesquels 
il  n’v  a point  de  cæcum,  et 
dont  les  intestins  ne  peuvent 
être  divisés  en  giêlcs  et  en 


. , , , 

Desammaux  dans  lesquels 

l’es  omac  est  peu  distinct  du 

boyau. 

De  ceux  qui  ii’onl  point 
d’épi  ploon. 

Du  foie  qui  est  divisé  en- 
un  plus  grand  nombre  de 


lobes  dans  les  quadrupèdes 
que  dans  l’homme. 

Des  conduits  hépalio- 
cysliqucs. 

Des  quadrupèdesqui n'ont 
point  de  vésicule  du  liel , tels 
que  le  cheval. 

Des  an  imaux  dans  le.«quels 
la  vésicule  du  liel  est  loul-à- 
fait  détachée  du  foie.  On  le 
voit  dans  quelques  poi.'Sons. 

De  la  bile  considéiée  dans 
les  qn.idrujièdes  carnivores 
et  dans  les  herbivores,  dans 
les  diverses  classes  d’oiseaux, 
dans  les  reptiles  , dans  les 
poissons. 

Des  différences  de  la  rate 
des  quadrupèdes  d’avec  celle 
de  l’homme.  Voyez  ce  que 
Piuy.-ch  etM.  de  Lassonne  en 
ont  dit. 

Dans  quelques  oiseaux  elle 
est  double. 

Du  jiancréas  dans  les  oi- 
seaux et  dans  les  poissons, 
IDu  système  lymphatique 
ou  absorbant  dans  les  oi- 
seaux et  dans  les  poissons,  ou 
l’on  a voit  pensé  mal  à propos, 
que  l’ab'Oibtion  se  faisoit 
p.T  les  veines.  G,  Hunier  et 
ilewson  ont  prouvé  le  con- 
traire. 

§.  XV.  Des  observations  et 
des  exj'Ci  iences  relatives 
à la  digestion  des  ali— 
viens. 

Des  phénomènes  que  Tes- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  107 


tomac  présente  lorsqu’il  est 
vide  et  dans  l’état  sain. 

Des  phénomènes  qu’offre 
l’action  de  l’estomac  lors- 
qu’il est  rempli  d’alimenset 
dans  l’état  de  sanlé.  11  presse 
la  rate  et  la  vésicule  du  fiel  , 
et  il  est  lui-mêiue  pressé  par 
le  diaphragme  et  par  les 
muscles  du  bas-ventre. 

11  est  irritable  j il  se  con- 
tracte très- for  te  ment  dans  les 
oiseaux  , avec  une  force  beau- 
coup moins  grande  dans 
l’homme  et  dans  les  quadru- 
pèdes. 

De  l’influence  de  la  diges- 
tion sur  les  autres  fonctions 
des  corps  animés. 

Des  gaz  qui  se  dégagent 
pendant  la  digestion. 

Du  vomissement  et  de  son 
mécanisme.  Il  est  impossible 
dans  le  cheval  et  dans  les  ru- 
minans. 

Des  expériences  de  Wa- 
lens  , de  Viridet,  de  B.  S. 
Albinus , et  de  Bils  sur  la 
digestion. 

De  celles  de  Réaumur  et 
de  M.  Spallanzani  , sur  le 
même  sujet. 

On  peut  avaler  de  petits 
tubes  de  bois  , de  petits  sacs 
de  toile;  on  les  rend  pleins 
de  suc  gastrique , avec  le- 
quel M.  Spallanzani  assure 
qu’il  a opéré  la  digestion  de 
plusieurs  substances  placées 
dans  un  vase  hors  du  corps  , 
dont  ce  suc  avoit  été  extrait. 


En  tuant  un  oi'ieau  immé- 
dialemeut  après  (jii’il  a luan- 
gé,  et  en  le  laiss.aiit  séjourner 
dans  un  lieu  chau  • , ou  le— 
marque  que  la  digestion  est 
à moitié  laite  , dans  1 espace 
d'.Nix  heures. 

Des  aliiuens,  introduits 
d.ins  l’estomac  d’un  oiseau, 
mort  depuis  très  — peu  de 
temps,  v sont  en  grande  par- 
tie digérés. 

Le  gésier  des  gallinaceos 
brise  des  globules  de  cristal; 
il  applatit  des  tubes  de  mé- 
tal très-solides:  il  plie  des 
aiguilles,  il  éiuousse  des 
pointes  de  lancettes.  L’aca- 
démie del  Ciuienlo  avoit 
commencé  ces  expériences  , 
que  Rhedi , Maglolli,  sur- 
tout Réaumur,  et  après  lui 
M.  Spallanzani  ont  fait  dans 
un  grand  détail. 

L’action  du  gésier  des  oi- 
seaux supplée  à la  mastica- 
tion, et  ne  fait  rien  de  plus. 
Des  grains  de  blé , renfermés 
dans  un  tube  ,sont  demeurés 
dans  le  gésier  des  poules  , 
sans  aucune  altération.  Dans 
ce  même  temps , le  même 
organe  a digéré  des  grains 
abandonnés  , sans  aucun  obs- 
tacle , à l’action  de  ses  mus- 
cles , ou  qui  avoient  été 
moulus  avant  d’avoir  été 
renfermés  dans  des  tubes 
qu’on  avoit  fait  avaler  à 
l’animal. 

D’un  autre  côté , le  paia 


3 o8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


et  les  graines  céréales  ont  été 
digérées  par  les  grands  oi- 
seaux carnivores  , tel  que 
l’aigle  , lorsqu’on  a eu  soin 
de  les  triturer,  ou  de  les 
moudre  avant  de  les  faire 
avaler  à ces  oiseaux. 

Si  on  élève  un  pigeon  en 
le  séparant  de  sa  mère  a 
l’instant  même  où  il  sort  de 
l’œuf , on  peut  faire  en  sorte 
que  son  gésier  ne  contienne 
aucune  petite  pierre  ni  gra- 
vier. M.  Spallanzani  ne  s’est 
point  aperçu  que  sa  digestion 
en  fût  troublée. 

Dans  les  reptiles  et  dans  les 
poissons,  on  trouve  souvent 
des  animaux  entiers,  et  d’un 
volume  assez  considérable  , 
avalés  et  disposés  de  manière 
que  tout  ce  qui  est  contenu 
dans  l’œsophage  n’est  qu’hu- 
mide , et  qu’il  n'y  a de  vrai- 
ment ramolli  et  digéré  que 
la  partie  qui  touche  au  fond 
de  l’estomac  proprement  dit. 
On  voit  la  meme  chose  dans 
l’estomac  des  oiseaux  très- 
voraecs. 

On  examinera  les  alimens 
dans  l’estomac  et  dans  les 
intestins;  on  verra  comment 
le  suc  gastrique  agit  sur  eux. 
La  pulpe  ép.aisse  et  grisâtre 
qui  en  résulte  porte  le  nom 
de  chinius  on  chime.  Elle  a 
une  odeur  fade  : on  n’y  re- 
marque d’ailleurs  aucun  ca- 
ractère d’une  vraie  fermen- 
tation. 


Dans  l’homme  cl  dans  les 
quadrupèdes  , la  digest  on  se 
faitsans  le  concoursd’aiicune 
force  trituranie,  et  par  une 
vraie  di'-solution. 

M.  Gosse  a trouvé  le 
moyen,  en  avalant  une  cer- 
taine quantité  d’air  atmos- 
phérique, de  s’exciter  à vo- 
mir. Il  a rendu  ainsi  les 
matières  contenues  dans  son 
estomac;  il  a vu  les  alimens 
réduits  en  bouillie,  sans  au- 
cun signe  qui  annonçât  la 
présence  d’un  acide  ou  d’un 
alkali , et  il  a donné  une  table 
des  substances  plus  ou  moins 
fa  cil  es  à digérer  , d’après  ses 
propres  essais. 

M.  R.euss , après  avoir 
avalé  cin(|  grains  d’alkali  , a 
cependant  vomi  , par  le 
moyen  du  tarlie  stibié,  une 
liqueur  qu’il  a jugée  acide. 
Mais  le  tartre  slibié  seul 
rougitla  teinturede  tourne- 
sol. C’est  ainsi  que  M.  ipal— 
l.mzani  répond  à l’objection 
tirée  des  expériences  de  M. 
Reuss. 

On  remarque  dans  l’esto- 
mac , et  surtout  dans  les 
intestins  , un  iiiouveincnt 
d’ondulation , qui  commence 
vers  l’orilice  cardiaque  , et 
qui  s’étend  vers  l’anus.  Ce 
mouvement  est  appe'é  du 
nom  de  pcrislalti<]ue.  Lors- 
qu’il se  reiiconlieun  obstacle 
dans  le  canal  alimentaire,  le 
lieu  ou  SC  trouve  ccl  obstacle 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  109 


clevient  quelquefois  le  foj'cr 
d’uu  mouvement  en  sens 
couliaire  , et  qu’on  appelle 
du  nom  d'aiUi-péi  islaliiijue. 

Lorsqu’on  ouvre  le  corps 
d’un  animal  qui  a mangé  peu 
de  temps  auparavant  , on 
trouve  les  vaisseaux  chyleux, 
le  réservoir  lombaire,  et  le 
conduit  ihoracliique  remplis 
d’un  fluide  laiteux , qu’on 
peut  arrêter  dans  son  cours  , 
pour  le  mieux  voir,  soit  par 
Ja  pression  , soit  par  des  li- 
gatures. 

Les  animaux  dont  on  a lié 
la  vésicule  , et  dans  lesquels 
le  couis  de  la  bile  est  dé- 
rangé, ont  le  ventre  pa- 
resseux, la  bile'élanl  le 
stimulant  nécessaire  pour 
l’excrétion  intestinale. 

Jlleme.  FONCTION. 

DES  SKCRÉTIOJfS. 

§.  I*'.  Des  glandes  en  gé- 
néral. 

De  la  structure  des  glan- 
des , et  de  leurs  différences 
principales^  de  leurs  grandes 
divisions. 

Des  organes  sécrétoires  , 
qui  n’ont  ni  parenchyme  , ni 
réservoir  , ni  conduit  excré- 
teur, et  dont  la  base  est  une 
simple  membrane  , tels  que 
plusieurs  tissus  membraneux 
du  corps  itumaiu  ; ou  un 


tissu  ligamenteux  et  ner- 
veux , tel  que  la  peau  j ou 
un  tissu  contractile  , tel  que 
les  muscles  j ou  un  tissu  car- 
tilagineux ou  osseux,  tel  que 
les  os. 

Des  glandes  qui  ont  un 
parenchyme  , sans  réservoir 
et  sans  conduit  excréteur. 
Les  glandes  conglobées  et  la 
rate  sont  dans  ce  cas. 

(^ui  ont  un  parenchyme, 
sans  conduit  excréteur,  avec 
un  réservoir  interne.  Les  cap- 
sules sur-rénales  . 

(^ui  ont  un  parenchyme, 
un  conduit  excréteur,  et  un 
réservoir  externe.  Les  reins, 
le  l’oie,  dans  la  plupart  de» 
animaux;  les  testicules. 

Qui  ont  un  parenchyme  et 
un  conduit  excréteur,  sans 
réservoir  interne  ni  externe. 
Le  pancréas  , les  glandes  sa- 
livaires , le  foie  du  cheval , 

Qui  ont  un  parenchyme  , 
un  réservoir  interne,  cl  des 
bouches  ou  conduits  excré- 
teurs. Folliculi  , crj  plæ , 
glandulœ  passivœ  , seu  ve- 
sictilares. 

Des  crvptes  simples,  iso- 
lées , solitaires  , siniplices 
et  solitariœ.  Telles  sont  les 
glandes  sébacées , et  quel- 
ques glandes  muqueuses  du 
gosier. 

Des  cryptes  simples  et  rap- 
prochées , groupées  , sans 
communication  entre  leurs 
cavités , aglutinatæ  , con- 


110  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


fregata;  , Halleri.  Les  glan- 
des aryténoïdes  , celles  du 
palais. 

Des  cryptes  composées  , 
groupées  , avec  coinmunica- 
tioti  entre  leurs  cavités,  con- 
glutinalœ.  Les  amygdales. 

Des  cryptes  composées  et 
rapprochées  avec  communi- 
cation entre  leurs  conduits, 
dont  plusieurs  se  réunissent 
en  un  >eul  j lacunes  , Incunœ. 
Les  glandes  du  trou  borgne 
de  la  langue.  Plusieurs  folli- 
cules des  intestins.  l.es  glan- 
des des  sinus  , ou  lacunes  de 
l’urètre. 

Les  glandes  diflerenl  par 
leurs  formes  ; elles  sont  glo- 
buleuses , lenticulaires , ulri- 
culaires  ( comme  de  petits 
outres),  en  godet  ( capsu- 
lai es  ) , en  grappe  ( aci- 
nijunnes  ) , fungiformes  , 
pédiculées  , ou  pétiolées,  ses- 
siles. 

Des  vaisseaux  et  des  nerfs 
des  glandes  j de  leur  posi- 
tion , de  leur  développement, 
et  de  leur  activité  dans  les 
différens  temps  de  la  vie. 

§.  II.  Des  reins  , des  uré- 

tères  , el  de  la  vessie. 

Des  organes  qui  .servent 
à filtrer  l’urine,  cités  ici 
comme  exemple  d’un  appa- 
reil sécrétoire  complet , com- 
posé d’un  grand  nombre  de 
glandes  rassemblées  , d’un 
couduil  excréteur,  d’un  ré- 


servoir et  d’un  canal  pour  la 
sortie  du  fluide  que  les 
glandes  ont  filtré.  ^ 

Des  capsules  sur-rénales  ^ 
de  leur  position,  de  leur 
forme  ; de  leurs  faces  ; de 
leurs  angles  J de  leur  cavité^ 
de  leur  suc  j de  leurs  glandes 
conglobées  ; de  leurs  vais- 
seaux , de  leurs  nerfs. 

Des  reins  ; de  leur  posi- 
tion à droite,  à gauche;  de 
leur  forme;  du  péritoine, 
par  rapport  aux  reins  ; de 
leur  convexité;  de  leur  si- 
nuosité ; de  leurs  vaisseaux  ; 
de  leurs  nerfs  ; de  leur  struc- 
ture interne;  de  leur  subs- 
tance corticale  ; de  leur  subs- 
tance radiée  ou  tubulée  ; de 
leurs  papilles  ; de  leurs  ca- 
lices , de  leur  bassinet. 

De  l’urétère;  de  la  direc- 
tion de  ce  conduit  ; de  l’uré- 
tére  dans  le  bassin  ;de  la  ma- 
nière dont  il  pénètre  dans  la 
vessie. 

De  la  vessie  ; de  sa  posi- 
tion; de  sa  forme;  du  péri- 
toine , par  rapport  à la  ves- 
sie ; de  son  fond  ; de  son  cou  ; 
de  sa  cavité;  de  sa  mem- 
brane interne;  de  ses  fais- 
ceaux charnus  ; des  glandes 
muqueuses  de  la  vessie;  de 
son  trigone,  de  l’orifice  des 
uretères  ; de  l’orifice  de  la 
vessie;  des  fibres  musculaires 
de  cet  orifice  ; de  ses  con- 
nexions avec  les  parties  voi- 
sines ; des  dilTércuccs  de  la 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMTE.  m 


vessie  dans  le  mile  et  dans 
la  femelle. 

Des  glandes  et  des  sécré- 
tions parliculières  à certains 
animaux,  comme  la  sécrétion 
du  musc , etc. 

III.  Dr  la  nature  des  subs- 
tances animales. 

Avant  de  traiter  du  mé- 
canisme des  sécrétions  , il 
faut  coniioitre  la  nature  des 
organes  qui  filtrent,  et  celle 
des  humeurs  qui  sont  filtrées. 

Un  chimiste  moderne  a 
trouvé,  dans  les  matières 
animales,  une  quantité  re- 
marquable d’azote.  On  ex- 

ijlique,  parcetle  découverte, 
a formation  de  l’ammo- 
niaque que  jiroduiscnt  ces 
substances  , soit  lorsqu’on  les 
expose  au  feu  , soit  lors- 
qu’elles se  pourrissent,  et  les 
la  port  s de  ces  substances  avec 
celles  des  matières  végétales 
qui  fournissent  del’ammonia- 
quo  lorsqu’ellesse  pourrissent 
ou  loiS([u’on  les  distille. 

Ainsi  , on  considérera  les 
corps  organi  és  comme  com- 
posés de  lieux  ordres  d.  subs- 
tances très  - dilTéronles  : les 
unes  (ce  sont  les  végétales) , 
donnent  de  l’acidc  lorsqu’on 
les  décompose  par  le  feu  ; 
les  autres  ( les  animales  ) , 
fournissent  de  l’alkali  vo- 
latil J les  premières  sont  pro- 
pres à former  I esprit  ardent 
par  la  ferxueatalion  ^ les  se- 


condes se  réduisent  en  un 
charbon  dont  la  comlmslion 
est  difficilej  celle-là  laisse, 
par  la  calcination,  un  char- 
bon qui  se  brûle  facilement. 

ün  remontera  donc  , avec 
les  modernes  , à la  nature 
et  à la  formation  de  l’alkali 
volatil,  qui  est  composé  d’air 
phlogistiqué  , ou  de  mofette 
et  de  gaz  inflammable.  Ce- 
lui-ci se  sépare  de  l’huile  , 
où  il  est  dégagé  de  l’eau  , 
et  il  se  combine  avec  la  mo- 
fette des  matières  animales, 
tandis  que  l’air  vital  de  l’eau, 
joint  au  charbon,  forme  l’air 
fixe.  Dans  la  fermentation 
spiritueuse  des  végétaux  , le 
gaz  inflammable  se  combine 
au  contraire  avec  une  huile 
végétale  et  du  sucre  jiour 
fo  riner  l’esprit-dc- vin. 

§.  lY.  Des  humeurs  ani- 
males. 

Du  sang ,considéréconime 
le  fluide  <|iii  confient  toutes 
les  humeurs. 

D U sang  , relahvemenf  à 
sa  ’empératured  ns  les  ani- 
maux , où  cl'e  s’éli've  au- 
dessus  de  celle  de  ratmos  — 
plière , et  dans  ceux  où  elle 
se  montre  à peu  jirès  au 
même  ilegré.  f^es  jiremiers 
Sont  appelés  à sang  chaud ^ 
et  les  seconds  a sano  fioid. 

Du  sa-ig  ex-iminé  phj.-i- 
qnement , en  égard  à sa  pe— 
sauteur  J à su  couleur,  aux 


i 1 2 SCIENCES  PITYSIOL.  ET  MEDICALES. 


molécules  ronges  , j.-iuncs  et 
blanches  qni  le  cou  jjoscnt. 

Du  sang  traité  cliirniquc- 
rnenl,  soit  par  les  réaclil's, 
soit  par  l’action  cln  l’eu.  0;i  le 
considérera  surtout  couiiuc 
se  séparant  par  le  repos  en 
deux  parties,  le  caillot  et  la 
sérosité. 

Du  caillot  , qui  devient 
blanc  lorsqu’on  le  lave  ^ qui 
est  fibreux,  qui  se  retire  et 
se  tounneule  en  brûlant  , 
qui  se  pourrit  proinpleinenl, 
qui  n’est  pas  soluble  dans 
l’eau  , qui  contient  beaucoup 
d’azote  , qui  est  plus  aniina- 
lisé  que  le  sérum  , auquel 
adhère  un  acide  , et  qu’on 
doit  regarder  connue  étant 
très-analogue  à la  pai  t.e  glu- 
tineuse  des  végél;  ux. 

De  la  sérosité  ,Jluide  al- 
bumineux ou  lymphe  , dont 
la  saveur  est  fade  et  un  peu 
salée  , qui  se  coagule  au  feu, 
qui  s’épai.‘:sil  par  l’action  des 
acides  et  des  spiritueux  , qui 
contient  de  la  soude  à nu, 
et  qui  verdit  le  sirop  de 
violettes. 

De  la  gelée  gélnline  ou 
colle,  qui  diffère  essentiel- 
lement (le  la  partie  albumi- 
neuse ; de  la  manière  dont 
elle  entre  dans  la  compo- 
sition des  parties  blanches 
des  animaux,  telles  que  les 
tendoiis  , les  aponévroses  , les 
cartilages  , les  mcinbranes, 
les  ligamens  cl  la  peau.  Elle 


se  liquéfie  à la  chaleur,  et 
les  acid,  s,  ainsi  que  les  al- 
kalis,  la  dissolvent. 

En  suivant  toujours  lacora- 
paiaisoii  des  substances  ani- 
males avec  les  vi^gétales  , on 

déleriuinei  aquelssont  les ràp- 

poits  de  la  gélai  ine  avec  'es 
mucilages fadesdes  végétaux. 

Du  lait  considéré  quant 
a sa  couleur  , à sa  consis- 
tance , et  aux  phénomènes 
qui  se  présentent  lor'^qu’on 
1 expose  à une  température 
de  ibà  20  degrés.  Du  petit- 
lait  , où  il  se  développe  un 
acide,  et  qni  contient  le  su- 
cre de  lait.  Celui-ci  contient 
lui-même  un  acide  particu- 
lier. Du  fromage  , (jui  est 
analogue  à la  partie  aibu- 
mineu'e  du  sang.  Du  beurre 
qui  devient  aisément  acide 
et  rance,  et  que  l’on  compa- 
rera aux  huiles  ve'gélale.s. 

De  la  graisse  qui  se  fond 
au  feu  , qui  se  coagule  au 
froid,  qui  contient  une  huile 
et  un  aci  ’e  dont  les . himistes 
modernes  ont  déterminé  la 
nature  et  rjui  est  analogue  à 
la  bile. 

De  la  bile  elV-même  ; de 
l’action  des  acides  .«ur  cette 
humour  (ju’on  .loit  regarder 
comme  un. sa  von  forni.'d’une 
liuile  de  nature  presqi  e ré- 
sineuse unie  à la  .«omle  ; .jui 
contient  aussi  de  l’albumeu 
coagulable  par  le  feu  , par 
les  acides  , et  par  les  spi- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOVriE. 


ritueux  j qui  rend  les  ma- 
tières huileuses  miscibh's  à 
l’eau  , et  qui  est  décomp<wse'e 
dans  le  dundémiin  , par  les 
acides  que  la  digestion  y dé- 
veloppe. 

Du  suc  gastrique  , qui  dis- 
sout uniforuiéinenl  les  ma- 
tières animales  et  végélales ; 
qui  les  réduit  eu  une  p;Vle 
molle  ; qui  est  anti-septique  ; 
qui  donne , suivant  plusieurs 
cliimistes , des  marque-,  d’a- 
cidilé  J qui  , dans  le  bœuf  et 
le  mouton  , est  analogue  à 
l’acide phosphorique  , et  qui 
agit  sur  l’estomac  , même 
ap  l ès  la  mort. 

De  la  salive  , qui  paroU 
être  savonneuse  et  chargée 
d’âir,  et  qui  contient  un  sel 
ammoniacal , démontré  par 
l’odeur  piquante  et  unneuse 
que  la  chaux  et  les  alkalis 
fixes  caustiques  en  dégagent. 

De  l’urine,  qu’on  doit  re- 
garder comme  une  dissolu- 
tion d’un  grand  nombre  de 
substances  différentes  , dont 
les  unes  sont  des  sels  sem- 
blables à ceux  des  minéraux 
qui  sont  fournis  par  lesali- 
mens  , daus  lesquels  ils  n’ont 
souffert  aucune  altération  j 
dont  les  autres  sont  analo- 
gues aux  principes  extrac  ifs 
des  végétaux  ) tandis  que 


ii5 

d’au  très  sont  particuliers  aux 

animaux,  ou  mémo  à l’urine, 
et  ne  se  trouvent  poijit  en 
([ualilé  rolablc  ailleuis  que 
daus  ce  (luide. 

De  l’c-vces  d’acide  phos- 
phori(jue  qu’on  trouve  flans 
i’urinc  j de  la  piopriété 
qu’elle  a , ainsi  que  la  sueur , 
de  rougir  la  teinture  du 
tournesol.  Des  circon.slances 
dans  lesquelles  c.-l  acide  est 
retenu  et  se  porte  sur  diverses 
parties  , comme  sur  le.s  arti- 
cnlaliuus  dans  les  goutteux. 
De  l’acide  liliiique  qui  se 
trouve  aus.si  dans  l’urine  , et 
qui  loriucla  base  des  calculs. 
Du  depot  de  l’urine,  (|ui  est 
un  mélange  de  cet  acide  et 
de  pliospliate  calcaire. 

Les  autres  humeurs,  telles 
que  le  mucus  des  n.xriiie.s, 
ic  ceremin»  des  oreilles,  le 
suc  pancréatique  , le  ffuidc 
séminal,  etc.  , n’ont  point 
été  analysées  On  exposera  , 
en  peu  de  mots,  ce  qu'on  sait 
sur  ce  sujet. 

Pour  résumer  , on  peut 
diviser  les  humeurs  en  six 
classes , comprenant , ( i ) 

1°.  Les  liumeurs  salines, 
c’est-à-dire,  qui  tiennent  des 
sels  en  di-iso'ulion  , telles 
que  sont  l’urine  et  la  sueur. 

2°.  Les  ÜUides  huileux  in. 


( 1 ) Division  adoptée  par  M.  de  Pourcroy.  Elle  est  préférable  à 
eeUe  qu  Haller  a publiée  dans  sa  physiologie. 

T.  4.  y 


ii4  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


flammables,  qui  ont  tous  une 
certaine  consistance  , et  qui 
sont  concrescibles:  telles  sont 
les  graisses  , la  moelle  des 
os , et  le  cerumen  des  oreilles. 

5°.  Les  humeurs  de  nature 
savonneuse  , qui  sont  com- 
posées de  matières  inflam- 
mables , mêlées  à l’eau  par 
l’intermède  d’un  alkali  mi- 
néral et  végétal:  tels  sont  la 
bile  et  le  lait. 

4°-  Les  humeurs  mu- 
queuses ougélatineuses,  telle 
que  la  gelée  animale  ou  gé- 
latine. 

5°.  Les  fluides  albumi- 
neux ou  lymphatiques,  tels 
que  la  partie  séreuse  du  sang 
et  le  blanc  d’œuf. 

6°.  L’humeur  glulineuse 
qui  forme  la  base  du  caillot, 
et  qui  existe  aussi  daiïs  le 
tissu  musculaire. 

§.  V.  Du  mécanisme  des 
sécrétions. 

Des  expériences  exactes 
prouvent  que  le  sang  con- 
tient les  différentes  humeurs 
qui  sont  fillrécs  dans  les 
glandes.  Un  chimiste  mo- 
derne y a trouvé  la  bile  toute 
formée.  On  ne  peut  pas  dou- 
ter que  l’urine  n’en  fasse 
aussi  partie.  On  peut  dire 
la  meme  chose  du  lait,  etc. 

D’un  autre  côté  , les  hu- 
meurs qui  se  filtrent  dans  les 
glaudos  UC  sont  pas  tellement 


pures  et  homogènes,  qu’elles 
ne  se  mêlent  pas  les  unes  avec 
les.  autres  dans  les  émonc- 
toires  même  où  se  fait  le 
travail  delà  sécrétion.  Ainsi 
la  bile  se  mêle  à l’urine  j 
ainsi  l'albumen.,  la  gélatine 
se  trouvent  dans  plusieurs 
des  fluides  animaux  : la  lym- 
phe , qui  sert  de  dissolvant  à 
la  plupart  des  humeurs  , est 
repompée  par  les  vaisseaux 
absorbans , dont  les  bouches 
s’ouvrent  sur  les  parois  de 
leurs  réservoirs.  Ce  seroit 
donc  se  tromper  que  de 
croire  que  les  glandes  ne  fil- 
trent, c’est-à-dire,  ne  lais- 
sent passer  qu’une  sorte  de 
fluides  bien  déterminée. 

On  doit  examiner  avec  uu 
grand  soin  la  nature  du  sang 
qui  est  porté  vers  les  diflé- 
rens  émonctoires  ; ainsi  , le 
sang  de  la  veine-porte  différé* 
beaucoup  du  sang  artériel 
qui  coule  vers  les  reins. 


Certains  organes  semblent 


êire  préparatoires  ; d’autres, 
paroissent  être  destinés  i 
opérer  une  sorte  d’assimila- 
tion. Ainsi , la  rate  prépare  le 
sang  qui  doit  être  porté  au 
foie.  Ainsi  , les  glandes  con- 
globées  , qui  n’ont  point  de 
conduit  excréteur,  font  subir 
à la  lymphe  qui  les  traverse 
une  élaboration  utile. 

La  vitesse  du  sang , la  lon- 
gueur, la  largeur,  les  angle*  • 
des  vaisseaux  sont  encore  de»  . 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  n5 


élemens  qu’on  ne  négligera 
point  dans  la  solution  de  ce 
problème.  Ainsi,  les  arteres 
du  cerveau  forment  des  cou- 
des répétés  avant  de  parvenir 
à cet  organe,  dont  la  mol- 
lesse est  grande.  Ainsi , les 
artères  sperniatitjues  sont 
longues  , grêles  et  contour- 
nées. 

Après  avoir  considéré  les 
vaisseaux  qui  portent  le  sang 
aux  glandes,  on  examinera 
les  vaisseaux  déliés  desglan- 
des elles-mêmes.  Ils  ont  dans 
chacune  d’elles  des  loiines 
déterminées.  Dans  le  foie  , 
ils  sont  disposés  en  étoile; 
dans  la  rate,  ils  le  sont  en 
bvanches  d’asperges;  dans  les 
testicules  , en  manière  de 
cheveux  frisés  ; dans  le  cer- 
velet, les  dernières  ramili- 
cations  sont  presque  trans- 
parentes. 

C’est  en  examinant  avec 
une  grande  attention  ces 
circonstances  diverses,  qu’on 
reconnoîtra  qu’felJes  sont  , 
dans  les  corps  organisés , les 
conditions  requises  pour  la 
filtration  de  chaque  humeur. 

On  exposera  , en  peu  de 
mots  , les  systèmes  adoptés 
par  les  auteurs,  qui  se  sont 
efforcés  d’expliquer  ce  méca- 
nisme. On  peut  les  rapporter 
aux  classes  suivantes  : 

La  première  est  celle  des 
chimistes  , qui  ont  supposé 
des  fermons  dans  les  g landes: 


tels  ont  été  Vanhelmont  , 
Willis,  Cole  , J.  Pascal  et 
Bellini. 

La  deuxième  classe  est 
celle  des  mécaniciens  , qui 
ont  admis  dans  les  organes 
sécrétiiires  des  espèces  de 
cribles  de  diflérentes  formes 
et  grandeurs.  Descartes,  Bo- 
rd li  , Verheyen  et  Cock- 
burneont  adopté  ce  système. 
D’antres  ont  supposé  , avec 
Lamtire,  que  ch  que  conduit 
excréteur  etoil  res>erié  par 
uneforce  particulière, et  que 
chaque  humeur  circuloit 
avec  une  quantité  de  m u- 
veruent  proportionneeà  l’obs- 
tacle qu’elle  devoit  vaincre. 

Nous  rapportons  à une 
troisième  classe  ceux  qui 
pensent  que  les  humeurs  s’ar- 
rêtent et  se  portent  dans  les 
organesdéjà  pénétrésdeleurs 
molécules.  Leibnitz,  Newton 
lui-même,  Winslow,  Gor- 
ter,  Helvétius,  Lieutaud  et 
Parsons  ont  été  favorables  à 
cette  théorie. 

Dans  une  quatrièmeclasse 
doivent  être  compris  ceux 
qui  ont  attribué  tout  ce  mé- 
canisme à l’attraction  ; soit , 
qu’avec  Keil , ils  aient  re- 
gardé la  force  qui  unit  les 
molécules  semblables  entre 
elles,  comme  celle  qui  a'^it 
avec  le  plus  d’avantage  ,^et 
qui  préside  aux  sécrétions  ; 
soit  , qu’avec  Hamberger  , 
ils  aient  cru  trouver  de  l’ana- 


iiG  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


logie  entre  le  poids  des  hu- 
meurs et  » elui  des  organes. 

La  cinquième  classe  est 
celle  des  animistes,  qui  se 
contentent  de  dire  que  Tâme 
régit  les  opérations  diverses  j 
et  ceux-là  en  diflerenl  peu  , 
qui  les  attribuent  à un  prin- 
cipe vague  créé  par  l’imagi- 
nation , pour  expliquer  ce 
que  l’observation  et  l’expé- 
rience n’ont  point  encore  fait 
connoître. 

VIIK  FONCTION. 

DE  I.A.  généra  T lO  IV. 

I®*'.  sexe  innsculin  dans 
l’adulte. 

Du  sexe  masculin  en  gé- 
néral ; du  pénilj  des  testi- 
cules en  général  j de  leur 
situation  J du  scrotum;  du 
dartosjdu  crémaster;  delà 
tunique  vaginale;  de  la  tu- 
nique albuginée  ; de  la  forme 
du  testicule  mis  à décou- 
vert ; des  ses  régions  ; de  sa 
structure  interne  ; de  ses 
petits  vaisseaux  repliés  sur 
eux-mêmes  ; du  corpsd'hjg- 
mor  ; de  l’épididyme  ; au 
canal  déférent;  de  la  direc- 
tion do  ce  canal  ; des  vais- 
seaux et  des  nerfs  de  ces 
parties. 

Des  vésicules  séminales; 
de  leur  situation  : de  leur 
stiucturc  externe;  de  leur 


structure  interne  ; de  leurs 
rapports  avec  le  conduit  dé- 
férent, avec  la  prostate  et 
l’urètre. 

De  la  verge,  pénis  ou 
membre  en  général;  de  sa 
forme;  de  scs  muscles  ischio- 
caverneux  , et  du  bulbo-ca- 
^ verneux  on  accélérateur  ; des 
muscles  transverses  ou  is— 
chio  - bulbeux. 

Des  corps  caverneux  ; de 
leur  origine  , de  leur  réu- 
nion ; de  leur  structure  in- 
terne ; de  leur  terminaison 
près  du  gland. 

De  l’urètre  , du  gland  , 
du  prépuce , et  de  leurs  glan- 
des; de  la  partie  spongieuse 
de  l’urètre  ; de  sa  partie 
membraneuse  ; du  bulbe  de 
l’urètre. 

De  la  glande  prostate;  de 
sa  forme  ; de  sa  consistance  , 
de  sa  structure  interne;  de 
ses  conduits  excréteurs  ; du 
vérumontanum  ; des  con- 
duits éjaculafeurs. 

Du  canal  de  l’urètre  ; de 
ses  lacunes  ; de  ses  glandes; 
de  ses  contours. 

Du  fluide  séminal  ; de  scs 
qualités;  de  sa  nature  ; du 
fluide  de  la  prostate;du  flui- 
de des  glandes  de  l’urèlrc. 

§.  II.  Du  sexe  masculin 
dans  le  foetus. 

Des  pa  r t ics  sexu  el  les  m A 1 es 
dans  le  fœtus  , avant  le 


DISCOURS  SUR 

sixième  mois  de  conception  j 
du  leslicule  dans  le  ventre; 
Au  guhernaculum  teslis  ; des 
bourses. 

III.  Du  sexe  féminin. 

Du  sexe  féminin  en  géné- 
ral. 

Des  parties  génitales  ex- 
ternes ; de  leur  situation; 
de  la  vulve  , ou  pudendum  ; 
des  grandes  lèvres  ; de  la 
fourcliette;  de  la  fosse  navi- 
culaire  ; des  glandes  des 
grandes  lèvres. 

Du  clitoris  en  général  , de 
son  ligament  suspenseur  ; de 
ses  muscles  ( ischio-caver- 
neux ). 

Des  corps  caverneux  avant 
leur  réunion  , lorsqu'ils  sont 
reunis  ; du  gland  du  clitoris; 
du  prépuceau  clitoris  , et  des 
nymphes  ou  petites  lèvres. 

Du  méat  urinaire  ou  urè- 
tre ; de  sa  situation;  de  sa 
direction;  de  son  étendue; 
de  son  orifice  ; de  sa  cavité; 
de  ses  glandes  ; de  son  tissu  , 
en  quelque  sorte  caverneux. 

Du  plexus  caverneux  ré- 
lilorme,  qui  entoure  l’ori- 
fice du  vagin;  des  vaisseaux 
de  ce  plexus  ; des  glandes  de 
ce  plexus , qui  s’ouvrent  dans 
le  vagin  ; du  muscle  cnns- 
trictor  cunni , seu  vagince  , 
du  muscle  transverse. 

Du  vagin;  de  sasituation; 
de 'son  orifice  de  l’hymen; 


L’ANATOMIE.  117 

des  caroncules  myrtiformes; 
de  la  face  interne  du  vagin  f 
de  ses  replis  ou  rides  ; de 
ses  glandes  ; de  ses  parois  et 
de  leur  structure;  de  l’extré- 
mité du  vagin, qui  embrasse 
le  col  delà  matrice. 

Des  parties  génitales  in- 
ternes Delà  matrice  en  gé- 
néral; du  col  de  cet  organe;  de 
SQn  orifice  externe  ou  du  mu- 
seau de  tanche  ; de  sa  c.avilé  ; 
de  scs  rugosités  ; de  l épais— 
seur  et  de  la  structure  de 
ses  parois;  de  son  orifice  in- 
terne, ou  de  la  partie  du  col 
oui  s’ouvre  dans  la  matrice  ; 
<îu  corps  de  cet  organe  ; de 
ses  faces  ; de  ses  angles  ; de  sa 
cavité  ; de  sa  forme  ; de  sou 
épaisseur;  de  la  structurede 
ses  parois  ; de  ses  cornes  dan» 
les  femelles  qui  en  sont  pour- 
vues ; de  scs  ligamens;  du 
péritoine  , qui  la  recouvre  et 
l’environne;  des  ligamens 
ronds  ; des  ligamens  larges; 
des  deux  replis  des  ligamens 
larges  , dont  un  est  anté- 
rieur ou  supérieur  ; l’autre 
pos'éricur  ou  inférieur. 

De  la  trompe  de  fallope 

Près  de  la  matrice,  près  de 
ovaire;  de  ses  contours  et 
replis  ; de  sa  cavité  ; de  son 
pavillon  ou  morceau  frangé. 

De  l’ovaire  ou  testicule 
des  femelles  ; de  sasituation- 
de  sa  forme  ; de  ses  faces  ; dé 
ses  cicatrices;  de  ses  corps 
jaunes,  CQrpora  lutea.  Du. 


1 18  SCIENCES  PMYSIOL.  ET  MEDICALES. 


ligament  qui  unit  l’ovaire  à 
la  matrice 5 de  la  structure 
interne  de  l’ovaire. 

§.  IV . Des  règles  ou  écoule- 
menl  périodiijue. 

De  l’agc  où  les  règles 
pa  roissent  . de  celui  où  elles 
finissent  • des  phénomènes 
qu’elles  présentent;  de  la  plé- 
thore locale  ou  organique  de 
lamatrice;  del’espccedci'ti— 
qui  ennaîtou  qui  l’ac- 
compagne; de  la  quantité 
et  de  la  qualité  du  sang  qui 
sort  par  celte  voie.  Del’iiti- 
lité  de  cet  écoulement , pour 
disposer  à la  conception.  La 
plupart  des  femelles  des 
quadrupèdes  , au  moment 
où  elles  sont  en  chaleur,  ont 
les  parties  sexuelles  baignées 
d’une  Ij  mphe  rougeâtre. 

§.  V . De  la  conception  et  de 
la  grossesse. 

Delà  semencede la  femme, 
et  de  la  liqueur  qu’elle  éja- 
cule. 

De  la  conception  et  de  ses 
particularités  : de  la  super- 
fétation ; de  la  grossesse  ou 
gestation;  de  ses  périodes; 
de  sa  durée;  de  l’accouche- 
ment. 

§.  VI.  Du  fœtus  et  de  ses  en- 
veloppes. 

Du  nombre  des  fœlusdans 
un  seul  accoucUeinenl  ; du 


chorion  ; de  l’amnios  ; de 
1 allantoïde  , des  eaux  de 
1 ainnios  ; de  Vhjrpor}ianes. 

Du  placenta  et  des  cotylé- 
dons; de  la  portion  utérine; 
de  la  portion  foetale  du  pla- 
centa ; des  vaisseaux  du  pla- 
centa. Du  cordon  ombilical  ; 
delayésicule  ombilicale; de 
la  structure  du  fœtus  en  gé- 
nér.al  ; de  son  poids  total. 

De  la  slructureidcs  os  en 
génér;.l;  des  extrémités  des 
os  ; des  sutures  ; des  siuus  de 
la  face  ; du  cerveau  ; de  l’œil 
et  de  la  membrane  pupil- 
laire ; du  thymus  ; des  pou- 
mons ; du  cœur;  du  trou 
ovale;  du  conduit  artériel; 
des  ventricules. 

Du  diaphragme. 

Du  foie;  de  la  veine  om- 
bilicale; du  conduit  veineux; 
du  lobe  gauche  du  foie  ; de 
la  rate;  du  pancréas;  de 
l'estomac  ; des  intestins  ; des 
glandes  mésentériques;  des 
glandes  cong  obées;  des  tes- 
ticules ; des  bourses  ; du  cli- 
toris ; des  mamelles;  des 
vaisseaux  du  bassin  ; des  ar- 
tères ombilicales;  des  reins  ; 
de  la  vessie;  de  l’ouraque; 
du  bassin  ; des  oxtréiuités 
inférieures  en  général. 

§.  VII.  Des  parties  sexuel- 
les , considérées  dans  les' 
divers  animaux  ovipares 
et  vivipares. 

Desquadrudedes  qui  n’on 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  119 


point  de  scrotum.  Plusieurs 
singes  sont  dans  ce  cas. 

Ue  la  structure  du  corps 
d’hygmor  dans  les  quadru- 
pèdes. 

De  ceux  qui  n’ont  point  de 
vésicules  séminales. 

De  l’os  de  la  verge  de  plu- 
sieurs quadrupèdes. 

Il  n’y  a qu’un  petit  nom- 
bre de  quadrupèdes  dans 
lesquels  le  corps  de  la  ma- 
trice et  ses  trompes  soient 
disposés  comme  dans  la 
femme.  Les  femelles  des  sin- 
ges qui  se  rapprochent  le 
plus  de  l’espèce  linmaine, 
jouissent  seules  de  cette  pré- 
rogative. Dans  les  autres  es- 
pèces de  singes,  et  dans  tou- 
tes les  femelles  des  autres 
quadrupèdes  , deux  sacs 
allongés , et  de  forineirregu 
lière,  connus  sous  le  nom  de 
cornes  de  la  matrice,  sont 
placés  des  deux  côtés  de  cet 
organe  J et  les  foetus  y sout 
spécialement  contenus. 

De  quelques  femelles  des 
quadrupèdes,  dans  lesquelles 
le  vagin , qui  est  très-étroit , 
forme  divers  contours.  Les 
s.arrigues  et  les  marmoses 
sont  dans  ce  cas.  Ces  femelles 
ont  un  sac  à l’extérieur  du 
ventre,  ou  sont  leur  mame- 
lons , et  où  leurs  petits  habi- 
tent long  - temps. 

Des  testicules  des  oiseaux  j 
du  péuis  court  et  bifurqué 
de  ces  animaux , dans  les- 


quels cet  organe  est  séparé 
du  conduit  des  urines. 

De  l’ovaire  eide  l’oviduct 
des  oiseaux,  qui,  par  un 
nionvemenl  organique  par- 
ticulier , se  redresse  et  em- 
brasse l’ovaire  , lorsque 
l’œuf  est  sur  le  point  de  se 
séparer  de  cet  organe. 

Du  cloa([uequi  tient  lieu 
de  vessie , «le  matrice  , etc. 

De  la  structure  de  l’œuf 
fécondé  et  non  fécondé. 

De  l’embryon,  qui  fait 
essentiellement  partie  do 
l’œuf. 

Du  j.tune  et  des  vaisseaux 
de  l’œuf,  qui  font  partie  de 
l’ernbryon. 

Un  observateur  mo«lernc 
s’est  servi  avec  succès  , des 
vaisseaux  du  poulet , conte- 
nus dans  l’œul  , pour  obser- 
ver la  circulation  dans  les 
animaux  à sang  chaud. 

Des  vaisseaux  omphalo- 
inésenlériqups. 

Du  développement  du 
poulet  dans  l’œuf. 

Do  l’appendice  corrice 
dont  est  surnmnté  le  bec  du 
poulet,  et  de  la  manière 
dont  il  ouvre  la  coque  de 
l’œuf.  ‘ 

Des  ovaires  des  reptiles  et 
des  poissons  cartilagineux. 

La  vipère  et  la  raie  ne 
diffèrent  des  an’manx  vrai- 
ment ovipares  , qu’en  ce 
que  , le  plus  souvent,  leurs 
petits  éclosent  dans  le  ventre 


120 


SCIENX'ES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


dos  mères  J mais  , ils  y sont 
re'eücinent  contenus  dans 
des  œufs. 

Des  têtards  et  des  em- 
bryons des  salamaiHÎrcs. 

Des  œufs  des  poissons  pro- 
prement dits. 

Dos  œufs  des  insectes  j de 
leurs  larves^  de  leur  mêta- 
inorpîiose. 

Dans  les  ovipares  , le  fœ- 
tus appartient  immédiate- 
ment à la  femelle:  il  est  vi- 
vifié et  modifié  par  le  mâle. 

De  ceux  qui  semblent, 
dans  quelques  saisons  de 
l’année,  se reproduiresans  le 
secours  du  mâle, comme  les 
pucerons. 

De  ceux  qui  semblent  re- 
pousser de  bouture  , tels  que 
les  polypes. 

Des  animaux  dont  cer- 
taines parties  se  reproduisent. 
Les  crustacées  et  les  vers 
sont  dans  ce  cas. 

Des  diverses  sortes  d’her- 
maphrodismes dont  les  vers 
fournissent  des  exemples. 

Des  mu'els  et  de  l’in- 
fluence du  père  et  de  la  mère 
d-nsces  gé  érations.  Il  sem- 
ble que  l’extérieur  cl  les  ex- 
trémités soient  modifiés  par 
le  père  et  que  les  entrailles 
scient  une  émanation  de  la 
mère. 

De  la  génération  des  végé- 
taux , comparée  avec  celle 
des  animaux.  Suivant  Linné, 


le  pistil  se  continue  avec  la 
njoëlle  de  la  plante. 

§•  ^III.  Des  observations 
qui  ont  été  faites  sur  la 
conception  dans  les  diver- 
ses  classes  d' animaux. 

Des  faits  qui  prouvent  que 
la  semence  parvient  ju.squ’à 
la  matrice,  et  qu’on  l’a  même 
trouvée  quelquefois  dans  les 
trompes  de  fallope. 

Des  diverses  conceptions 
qui  se  sont  faites  quelque- 
fois dans  l’ovaiie  et  dans  la 
trompe. 

Des  expériences  d’Aris- 
tote, de  Harvey , etdellaller 
sur  la  génération. 

Des  changemens  qui  arri- 
vent h l’ovaire  après  la 
fécondation*  comment  une 
vésicule  se  renfle  , s’ouvre 
ensuite  , et  comment  un 
corps  , de  couleur  jaunâtre  , 
en  prend  la  place. 

Du  fluide  qui  est  contenu 
dans  les  vésicules  do  l’ovaire. 

Des  débris  de  fœtus  , tels 
que  les  dents , divers  osse- 
mens  , et  des  cheveux  trou- 
vés dans  les  ovaires. 

De  I’  'œuf  humain  , de  sa 
surface  cotonneuse,  etdeses 
diffé  reiis  progrès. 

Des  faits  qui  semblent 
prouver  que  la  superfétation 
est  possible. 

De  la  semence,  vue  au 
microscope,  et  des  corpus- 


121 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE. 


des  qu’elle  renferme.  Des 
observotions  faites  par  Buf- 
fon  et  Needliarn  à ce  sujet. 

Des  diverses  expériences 
qui  prouvent  qu’il  n’y  a 
point  de  communication 
imniédi.'ite  entre  les  vais- 
seaux de  la  mère  et  ceux  du 
fmtus. 

Des  nombreux  essais  que 
M.  Üpallanzani  a tentés  sur 
la  génération  des  animaux. 

I!  a prouvé  que  les  molé- 
cules, appeli'es  du  nom  de 
vers  dans  le  fluide  .séminal  , 
ne  sont  pas  nécessaires  pour 
opérer  la  fécondation  , puis- 
qu’il a réussi  , dans  ses  ex- 
périences, à féconder  un  cra- 
paud femelle  avec  une  por— 
ti(5n  de  liqueur  séminale  qui 
étoit  dépourvue  des  préten- 
dus vers. 

]M.  Spallanzani  a prouvé  la 
préexistence  des  germes  dans 
les  femelles,  déjà  admise 
dans  les  écrits  de  Mal- 
piglii , de  Swemmerdam  , de 
Clieyne  , de  Bonnet , et  de 
Haller. 

1°.  Dans  l’ovaire  des  pou- 
les , dans  celui  des  salaman- 
dres , des  grenouilles  , etc. , 
parmi  les  œufs  , il  y en  a de 
toutes  lesgrosseurs , qui  exis- 
tent et  qui  croissent,  indt^ 
pendamment  de  toute  in- 
fluence du  mâle. 

a®.  La  fécondation  des  te- 
Urdsse  fait  hors  du  corps  des 


femelles  : le  mâle  accouplé 
répand  la  liqueur  séminale 
sur  les  fœtus,qui  se  dégagent 
de  la  matrice  de  sorte  que 
les  œufs  , qui  n’en  ont  point 
été  imprégnés  , demeurent 
sans  développement.  La  fé- 
condation desœufs  des  abeil- 
les SC  fait  aussi  après  la 
ponte. 

3°.  On  a vu  dans  le  volvox 
et  dans  les  oignons  ou  bu'bcs 
de  certaines  plantes,  plu- 
sieurs générations  envelop- 

tjées,el , pour  ainsi  dire , em- 
joîtées  les  unes  dans  les  au- 
tres. 

On  traitera  de  l’influence 
de  la  chaleur  dans  le  déve- 
loppement des  germes.  C’est 
par  elle  qu’on  voit  se  former 
les  premiers  globules  rouges 
du  sang  dans  le  poulet. 

Des  générations  artificiel- 
les opérées  p.ar  M.  Spallan- 
zanisur  les  femelles  de  quel- 
ques insectes,  sur  les  œufs 
de  quelques  quadrupèdes 
ovipares,  et  sur  une  chienne. 

L’œuf  touché  en  un  seul 
point,  est  fécondé j mais  la 
vapeur  du  sperme  est  in- 
suffisante ; le  contact  de  ce 
fluide  lui-même  es!  néce.ssaire 
pour  que  la  fécondjition  ait 
lieu. 

M.  Spallanzani  assure  que 
trois  grains  de  sperme  de 
crapaud,  étendus  dans  une 
livre  et  demie  d’eau  , ont 


I 


122  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 


conserve  toute  leur  energîe, 
et  tjue  tous  les  têtards  plon- 
gés dans  cette  eau , ont  été  fé- 
condés. 

MM.  Bonnet  et  Spallanzani 
pensent  que  le  sperme  a sur- 
tout pour  usage  d’irriter  le 
cœur  de  l’embryon , et  de 
lui  donner  la  première  im- 
pulsion de  la  vie. 

On  exposera  les  pri  ci- 
paux  systèmes  imaginés, 
pour  expliquer  le  mystère  de 
la  génération  , et  leur  insuf- 
fisance. On  peut  réduire  ces 
systèmes  aux  cinq  classes 
suivantes. 

La  première  est  celle  des 
métaphysiciens!  mctaphjsi- 
ci  ).  Elle  comprend  les  sys- 
tèmes de  Platon  et  dePytha- 
gore,  les  hypothèses  de  Van- 
helmont  , de  Stahl , et  l’épi- 
génèse  de  Wolf. 

La  seconde  est  celle  des 
mécaniciens  ( mecanici  ), 
parmi  lesquels  on  distingue 
Aristote,  Descartes,  Pas- 
chal , Launai  , et  Quesnai. 

Dans  la  troisième  sont 
compris  les  syslèmesdeceux 
qui  ont  admis  le  mélange 
des  deux  semences  ( seminis- 
tœ  ) : tels  sont  Hippocrate, 
Déinocrite  , Ernpedocles  , 
Galien  et  BiilTon. 

Dans  la  quatrième  sont 
ranges  ceux  qui  on  pensé 
que  la  génération  se  faisoit , 
dans  tous  les  animaux,  par 


le  moyen  des  œufs  (ovlslæ  ). 
Telle  étoit  l’opinion  de  Har- 
vey,de  Ma  pighi , d.;  Stenon, 
de  Yalisnieri  , de  Duver- 
ney,  de  Littré,  de  Nuck  , 
de  Swammerdam  , et  de 
Haller. 

A la  cinquième  serappor- 
tent  ceux  qui  ont  ajouté  à 
cette  idée  ( elle  des  animal- 
cules spermatiques  du  mâle, 
se  logeant  et  se  développant 
dans  l’œuf  ( animalculo 
OYLSlœ  ).  Lewenoeck  , Har- 
tzoecher , Andry  , Bourguet, 
Mery  , Verheyen  , Cowper, 
Boerhaave,  Lieutaud,  Chey- 
ne,  et  Geoffroy  ont  été  les 
principaux  appuis  de  ce  sys- 
tème. 

Ceux  qui  sont  de  bonne 
foi , dans  l’étude  de  l’écono- 
mie animale  , conviennent 
que  le  mécanisme  de  la  gé- 
nération est  tout -à-  fait  in- 
connu. 

IX'”'.  FONCTION. 

rf  U T R 1 T I O N. 

§.  Des  mamelles. 

De  la  lactation  en  général. 
Des  mamelles  J de  leur  nom- 
bre ; de  leur  position  sur  la 

Îioitrine  , sur  le  ventre  j de 
cur  forme  j de  la  peau  qui 
les  couvre  j du  tissu  cellu- 
laircgraisseux  qu’on  y trou- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i25 


ve;  (lu  corps  glanduleux  qui 
les  forme  ; des  conduits  ex- 
C'éteurs  de  ce  corps  ; de  la 
direction  de  ces  conduits  ou 
tuyaux  excréteurs  vers  l’a- 
réole j de  l’aréole  elle-inèniej 
de  la  papille  J des  tuyaux 
excréteurs  du  corps  glandu- 
leux , qui , de  l’aréole  , sc 
portent  à la  papille.  Des  re- 
plis de  ces  tuyaux  sur  eux— 
jiicmes , lorsque  la  papille 
n’est  pas  dans  l’état  d’t  rec- 
lion.  Du  nombre  des  ouver- 
tures de  ces  tuyaux  sur  la 
papille  ( il  y en  a quinze  dans 
la  femme  ).  Des  vaisseaux 
des  mamelles  3 des  nerfs. 

§.  II.  Du  lait. 

De  sanature^de  sa  sécré- 
tion 3 de  sa  résorbtiou  3 de 
son  abondance. 

§.  III.  Des  alimens. 

On  les  considérera  relati- 
vementauxdenls,  àja  salive, 
H l’estomac  , au  suc' gastri- 
que , à la  bile  , et  aux  intes- 
tins des  divers  animaux. 

Ou  les  considérera  relati- 
vement à leur  poids,  à leur 
volume  3 à leur  cousis— 
tence,  à leurs  principales  pro- 
priétés , et  à leur  perspira— 
bilité. 

Des  alimens  tirés  du  règne 


végétal , et  deceux  que  four- 
nit le  règne  animal. 

Delà  force  que  ce  dernier 
régime  donne  aux  animaux. 

Des  avantages  des  subs- 
tances alimentaires  solides 
qui  donnent  de  la  vigueur  à 
l’estomac  par  leurséjour  ,et , 
pour  ainsi  dire  , en  le  les- 
tant. 

Du  régime  mixte. 

Des  divers  assaisonne- 
raens  3 des  différentes  espèces 
de  boissons  ; des  effets  des 
boissons  .«ipiritueuses  sur  l’e— 
conomie  animale. 

§.  IV.  Du  tissu  cellulaire. 

De  sa  structure  dans  les 
diverses  parties  du  corps  3 de 
ses  principales  divisions  , dé- 
partemens  et  communica- 
tions3de  la  manière  dont  il 
divise  le  corps  en  moitié 
droite  et  gauche,  supérieure 
et  inférieure,  de  scs  lames 
({ui  soutiennent  les  vaisseaux 
lymphatiques. 

§.  V.  Des  divers  u^es  et  pé- 
riodes de  la  vieeit  général. 

De  la  différence  qui  y ap- 
portent les  climats. 

De  la  vieillesse. 

De  l’état  des  os  des  vieil- 
lards 3 de  leurs  membranes  , 
de  leurs  muscles, et  de  leurs 


Î24 


SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEmCAEES 


tendons  ; de  leurs  vaisseaux^ 
de  leurs  glandes. 

Delà  vie  et  de  la  mort. 
Tel  est  le  plan  que  je  pro- 
pose, et  que  j’ai  suivi  luoi- 
ïnéme,soil  dans  mes  lejons 


particulières,  soit  dans  l’en- 
seignernent  dont  la  faculté 
de  M.  decine  de  Paris  m’a 
lait  I honneur  de  me  charger 
pendanr  deux  années  dans 
ses  Ecoles. 


IV"V 


N 


REMARQUES 


DE  L’ÉDITEUR. 

Dans  le  plan  que  nous  avons  placé  à la  suite  du  premier 
(discours  sur  l’Analomie,  et  dont  l’idée  seule  est  une  des 
plus  belles  conceptions  de  Vicq -d’Azyr , les  différens  faits 
de  l’organisation  et  toutes  leurs  circonstances  sont  distribués 
avec  beaucoup  de  méthode,  et  rapportés  à leurs  véri- 
tables chefs  de  division  ; c’est-à-dire  aux  appareils  où 
ils  s’exécutent  et  que  l’on  regarde  comuae  leurs  instru— 
mens.  ( i ) 

Ce  tableau  est  analytique  j c’est  la  méthode  qu’emplova 
Condillac  pour  les  sensations,  appliquée  aux  autres  plié— 


(a  ) La  division  des  ph6notnènes  de  la  vie,  en  fonctions  , que  l’on 
rapporte  à des  appareils  d’organes  distincts  , n’est  pas  plus  dans  la 
nature  que  toutes  les  autres  divisions.  C’est  un  arti6ce  heureux  dont 
l’esprit  humain  fait  usage  ;mais  l’organisation  est  un  ensemble  , un 
tout  unique  , et  aucun  système  de  parties  isolées  , ne  sert  exrlusive- 
Wnent  à une  fonction  vitale.  Ainsi,  quoique  l’appareil,  que  nous 
rappelons  appareil  digestif,  paroisse  affecté  à U digestion,  cependant 
Jtous  les  autres  organes  contribuent  à cette  fonction  ; et  , ainsi  que 
l'Bordeul’a  remarqué,  réfléchissent,  dirigent  leurs  forces  et  le  dé- 
fTeloppement  de  leur  énergie  vers  le  système  gastrique  , au  moment 
tou  celui-ci  est  au  plus  haut  degré  d’action.  La  même  relation  se  ma- 
Imfeste  dans  l'exercice  de  la  pensée  , dans  celui  du  mouvement  mus- 
culaire , de  la  génération  ; et  l’on  diroit  que  l’organisme  est  un  ius- 
Ùrument  unique  , susceptible  de  divers  usages  , et  propre  à différens 
i.phenomènes,  que  nous  rapportons  aux  régions  du  corps  où  ils  se 
ronanifestent,  et  qui , peut  - être,  en  sont  plutôt  le  théâtre  que  les 
! organes  spéciaux  et  exclusifs-,  ce  qui  répond  très  - bien  à l’idée 
qu’Hippocrdie  se  faisoit  de  la  vie  , dans  ces  expressions  una  natura, 
conjluxio  una,  consentientia  oin/iia. 


1 2 6 SCIENCES  PH YSIOL.  ET  ME  DIC ALES. 

nomènes  de  la  viej  et,  si  l’on  veut,  une  suite  d’aspects  ' 
divers  de  l’organisation  , une  extension  de  la  division 
vulgaire  de  l’homme  , en  homme  moral  et  en  homme  phy- 
sique j méthode  heureuse  , et  d’après  laquelle  le  physiolo- 
giste étudie  successivement  l’homme  musculaire,  l’homme 
sensible  , l’homme  gastrique , l’homme  sanguin  , etc. 

On  a fait,  toutefois  , sur  le  plan  de  Vicq-d’Azyr , quel- 
ques remarques  qui  sont  fonde'es. 

Ce  qui  tient  à l’histoire  des  os  et  à celle  des  muscles, 
par  exemple,  n’auroit  pas  dû  être  séparé  dans  son  ta- 
bleau J ces  deux  systèmes  d’organes  faisant  partie  d’un 
même  appareil , l’appareil  de  la  locomotion. 

La  sensibilité  et  l’irritabilité,  placées  au  nombre  des 
fonctions  , sont  deux  propriétés  générales  des  corps  vi- 
vans;  l’article  sur  la  formation  des  os  n’est  point  à sa 
place,  et  appartient  à l’histoire  de  la  nutrition  -,  enfin  l’ac- 
tion des  sens  et  celle  des  nerfs  auroient  dû  être  placées 
avant  les  muscles  et  les  os  j et  il  conviendroit  d’étudier 
successivement,  i».  la  digestion;  2°.  la  respiration,  qui 
est  une  digestion  aérienne  ; 5°.  la  circulation  , qui  est  une 
suite  de  la  digestion  et  de  la  respiration  (i);  4®.  les  sécré- 
tions ; 5®.  la  nutrition  ; 6°.  la  réproduction , qui  termine 
et  complète  cette  série  d’actions  que  présente  la  vie  , ainsi 
décomposée  et  analysée,  pour  en  conuoîlre  toutes  les  cir- 
constances. 


( 1 ) Suivant  le  citoyen  Cuvier  , les  insectes  qui  ne  possèdent  pa* 
d’appareil  spécial  et  local  de  respiration  , n’ont  point  de  véritable 
circulation.  Le  sang  , ou  ce  qui  en  tient  lieu  , reçoit  l’inlluencc  de 
l’air  par  les  trachées  , dans  tous  les  points  du  corps  , et  n’est  pas 
réuni  vers  un  centre  ou  foyer  pneumatique  , spécialement  affeeti  à 
cot  usage. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  127 

D’après  ces  vues  , les  fonctions  seroient  donc  divise'es 
et  rangées  sous  les  huit  titres  suivans  j savoir  ; 

1°.  Action  des  nerfs  et  des  sens. 

2°.  Locomotion. 

5®.  Digestion. 

4°.  Respiration. 

5°.  Circulation. 

G°.  Sécrétions. 

7°.  Nutrition. 

8°.  Génération  ; 

C’est-à-dire  fonctions  au  moyen  desquelles  le  corps  vi- 
vant qui  les  réunit  cl  leur  doit  un  mode  d’existence  très- 
étendu  , éprouve  des  sensations,  se  meut  , digère,  ajoute 
des  matériaux  frais  à des  matériaux  dépouillés  en  partie 
de  leurs  propriétés  nutritives;  les  transporte,  réunis,  dans 
le  torrent  de  la  circulation,  et  les  élabore  dans  l’organe 
pulmonaire  ; fait  circuler  une  liqueur  appelée  sang  artériel 
dans  une  suite  admirable  de  vaisseaux  ; se  nourrit,  s’ac- 
croît, s’entretient,  se  reproduit,  s’altère  ; et,  après  avoir 
olTert  toutes  les  nuances  du  développement  et  de  la  dégé- 
iiération  , meurt  de  vieillesse,  et  rend  au  fonds  inépui- 
sable de  la  nature  les  matériaux  dont  il  étoit  com- 
posé. 

Avant  Vicq-d’Azyr  et  Haller,  les  anatomistes  traitoient 
des  différentes  parties  de  l’organisation,  sans  avoir  égard 
à renchaînement  de  leurs  fonctions  ; et  le  cœur  , par 
exemple , étoit  séparé  des  vaisseaux  ; le  cerveau  , des  or- 
ganes des  sens  et  du  système  nerveux , dans  ce  qu’ils  appe- 
loiont  des  traites  de  névrologie  et  de  sp’anchnologie. 

Le  professeur  Chaussier  qui , d’ailleurs  , a tant  perfec- 
tionné les  études  physiologiques  , a conservé  quelque  chose 
de  ca  désordre  des  anciens  anatomistes;  et  ce  n’est  pas 


1 28  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

sans  etonnement  que  l’on  voit  ce  célèbre  professeur,  né- 
gligeant la  liaison  des  actions  vitales,  séparer  dans  sa  table 
synoptique  d’un  cours  d’Anatomie,  la  circulation  de  la 
respiration,  et  les  organes  des  sens  , des  nerfs  et  du  cer- 
veau. (.)  Le  même  professeur  a d’ailleurs  adopté  une  clas- 
sification beaucoup  plus  philosophique  dans  sa  table  sy- 
noptique des  forces  vitales,  où,  partant  du  point  le  plus 
élevé  de  la  doctrine  des  corps  animés  , il  examine  d’abord 
les  trois  grandes  propriétés  vitales,  et  passe  ensuite  aux 
fonctions  qui  résultent  de  leur  développement  dans  les 
différens  apjiareils  d’organes. 

Burdin,  dans  un  ouvrage  publié  plus  récemment  que 
la  division  du  professeur  Chanssier , a adopté  un  ordre 
qui  en  dilFère  sous  plusieurs  rapports,  et  suivant  lequel 
les  phénomènes  de  l’organisation  sont  rapportés  à sept 
titres  principaux^  savoir  : i°.  l’action  du  cerveau  et  des 
nerfs  j 2°.  et  0°.  celles  des  os  et  des  muscles  j 4°*  l’action  des 
sens  J 5°.  la  digestion  j 6°.  la  circulation  traitée  de  ma- 
nière à embrasser  dans  son  examen  la  nutrition  et  la  res- 
piration J y*,  la  génération. 

Ces  classifications  des  fonctions  vitales  , de  Vicq-d’Azyr, 
Chaussier  et  Burdin  , peuvent  être  désignéés  sous  le  nom 
de  d i visions  anatomiques, parce  qu’elles  sont  établies  d’apiès 
la  distribution  des  appareils  d’organes  qui  les  exécutent,  ou  ' 
qui,  du  moins,  paroissent  contribuer  plus  directement  àj 
leur  développement.  j 

On  peut  aussi  ranger  dans  la  même  classe  la  division 
plus  récente,  que  j’ai  appliquée  au  tableau  analytique  des 


( 1 ) Voyez  la  table  synoptique  du  plan  général  de*  divisious  et 
•out  - divisions  principale#  d’un  Cours  d’Anutomio. 


I 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  129 

différences  générales  d’organisation  , qui  semblent  dépendre 
de  la  nature  du  sexe. 

Suivant  cette  division  , dans  laquelle  il  est  facile  de 
voir  que  j’ai  essayé  de  combiner  l’ordre  anatomique  avec 
une  distribution  philosophique,  les  fonctions  vitales  sont 
distribuées  en  quatre  grandes  classes  , et  présentent  quatre 
séries  de  phénomènes , qui  forment  des  manières  d’exister 
et  de  vivre  bien  distinctes. 


La  première  classe  comprend  les  fonctions  de  relation  ; 
et  embrasse  tout  ce  qui  tient  au  sentiment  et  au  mou- 
vement, à l’existence  proprement  dite,  à cette  vie  exté- 
rieure qui  acquiert  un  si  beau  développement  dans  l’homme 
civilisé. 


Une  deuxième  division  est  consacrée  aux  fonctions  spé- 
ciales de  nutrition  ; savoir,  la  digestion,  la  respiration  et 
la  circulation  , ainsi  désignées  , parce  qu’elles  se  rap- 
portent à des  appareils  particuliers  d’organes,  et  que  plus 
directement  liées  aux  fonctions  de  relation,  et  inséparables 
de  ces  fonctions,  elles  sont,  comme  elles,  des  attributs 
propres  à l’organisation  animale. 

D’autres  fonctions  plus  généralement  répandues, et  qu’il 
est  impossible  de  rapportera  des  appareils  distincts,  sont 
reunies  dans  la  troisième  classe,  et  désignées  sous  le  nom  de 


fonctions  générales  dénutrition. 

La  quatrième  classe  rassemble  les  fonctions  reproduc  — 
ti\esj  savoir,  1°.  le  travail,  les  actions  séparées  cl  prépa- 
ratrices des  organes  des  deux  sexes;  2®.  les  phénomènes, 
les  actes  qui  succèdent  à Tunion  conjugale  , dans  cet  ordre  : 
Conception. — Gestation. — Accouchement. — Alaitement. 
Les  autres  classifications  , qu’il  nous  reste  à indi- 
quer, peuvent  être  désignées  sous  le  titre  de  divi- 
sions métaphysiques  ; les  physiologistes  qui  les  ont  adop- 
T.  i. 


1 5o  SCIENCES  ni  YSIOL.  ET  M EDICALES. 


tées , ayant  préféré,  pour  en  former  les  bases  , la  considéra-  ‘ 
lion  ab.slraite  de  certaines  manières  d’être  de  l’homme , 
aux  caractères  qu’ils  pouvoient  plus  aisément  tirer  des 
ditiérens  appareils  organiques. 

Ijes  principales  divisions  métaphysiques  des  fonctions 
de  l’économie  vivante  , sont  la  division  en  fonctions 
vitales,  fonctions  naturelles,  et  fonctions  animales;  celle 
de  Mauduy  t , et  les  divisions  plus  récentes  de  MM.  Cuvier, 
Dumas,  Bichat  et  Buisson,  qui  ont  plus  ou  moins 
d’inconvéniens  et  d’avantages. 

D’après  l’ancienne  division,  que  l’on  retrouve  encore 
dans  un  grand  nombre  d’ouvrages  de  Physiologie,  ou 
regarde  comme  fonctions  vitales,  l’action  du  cerveau,  la  . 
respiration  et  la  circulation  , parce  qu’en  effet  l’entretien 
de  la  vie  est  plus  éminemment  attaché  à ces  fonctions,  i 

I 

qui  cesse  brusquement,  si  elles  sont  un  instant  inter- 
rompues, et  que  leur  importance  semble  justifier  le  titre 
sous  lequel  on  les  a désignées.  Les  fonctions  naturelles 
sont  au  nombre  de  quatre;  la  digestion,  les  sécrétions,  j 
la  nutrition  et  la  génération.  Quant  aux  fonctions  ani-  ; 
males,  ce  sont  la  locomotion  et  l’action  des  sens  ; fonctions  i 
qui  méritent  plus  particulièrement  ce  nom  , puisqu’elles 
sont  propres  aux  animaux  , et  que  leur  développement 
est  intimement  lié  à la  perfection  de  la  structure  or- 
ganique. 

Suivant  la  classification  de  Mauduyt  , qui  diffère  assez 
peu  de  la  précédente,  les  fonctions  sont  rangées  sous 
trois  litres;  savoir: 


I".  Fomctions  nécessaires  i l’exis-  \ 


tcnce  actuelle. 


r 1®.  Action  (lu  cerveau. 

2^.  Circulation. 

^ b®.  Picspiralion- 


i 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE, 


II®.  Fonctions  nécessaires  à l’exis-  C 

< 2^.  Action  des  sens. 

tence  pioloiigee.  / Locomotion. 


1I[°.  Fonctions  nécessaires  à l’exis- 
lencc  perpétuée. 


r 1®.  Accouplement. 
<2®.  Conception. 

( 3®.  Développement. 


Monsieur  Cuvier  .a  adopté  une  autre  distribution,  et 
reconnoît  des  fonctions  animales,  des  fonctions  vitales, 
et  des  fonctions  reproductives.  Dans  les  fonctions  ani- 
males, il  place  la  locomotion,  l’action  du  cerveau  et  des 
sen.s.  Celles  auxcpiellcs  il  croit  pouvoir  donner  le  nom  de 
fonctions  vitales,  parce  qu’elles  sont  plus  généralement 
répandues,  sont  au  nombre  de  quatre;  la  digestion  , l’ab- 
sorption , la  circulation,  la  respiration. 

Suivant  la  classification  de  Monsieur  Dumas,  qui  est 
beaucoup  plus  métaphysique  que  les  précédentes  , les 
phénomènes  de  la  vie  olfrent  une  autre  combinaison  , et 
sont  partagés  en  qu.atre  classes;  savoir:  i».  les  fonctions 
générales  de  relation  ; (i)  ?®.  et  5®.  les  fonctions  de  com- 
binaison (2)  et  de  composition  ; (5)  4®.  les  fonctions  spé- 
ciales de  relation.  (4) 

Bichat  n’a  fait  que  deux  classes  de  fonctions  ; 1 ®.  les  fonc- 
tions relatives  à l’espèce;  2®.  les  fonctions  relatives  à l’in- 
dividu , divisées  en  fonctions  animales  et  en  fonctions 
organiques  , regardées  comme  deux  vies  bien  dis- 
tinctes, et  rapportées  à des  organes  dans  lesquels  on  suppose 
des  différences  tranchées  de  structure  et  de  propriété  , que 


(1)  .'Action  du  système  nerveux  et  des  sens. 

(2)  Circulation  et  respiration. 

(3)  Digestion  et  nutrition. 

(4)  Génération  et  relation  sociale , entendement , parole. 


102  SCIENCES  PHYSldL.  ET  MEDICALES. 

la  nature  désavoue  quand  on  l’interroge  avec  plus  de 
soin  et  moins  de  prévention. 

La  dénomination  de  fonctions  et  de  vie  organiques  ne 
peut  d’ailleurs  convenir  : toute  vie  , toutes  fonctions  étant 
nécessairement  organiques,  puisqu’elles  s’exécutent  par  des 
organes;  la  dénomination  de  vie  animale  n’est  pas  plus 
heureusement  clioisie,  parce  que  plusieurs  animaux  n’ont 
rien  de  celte  vie , et  que  la  digestion , que  l’on  regarde 
comme  un  des  élémens  de  la  vie  générale  , est  un  caractère  j 
de  l’animalité  beaucoup  moins  contesté. 

On  doit  remarquer,  en  outre,  que  Bicliat  a trop  mul- 
tiplie le  nombre  des  fonctions  ; qu’il  sépare  un  grand 
nombre  de  j^bénomènes  que  l’on  doit  ranger  sous  le  même 
litre  ; qu’il  prend  des  modifications  de  propriétés  pour  des 
propriétés  , et  qu’il  regarde  comme  une  fonction , la  calo- 
ricité, que  le  professeur  Chaussier  a placée  avec  plus  de  rai- 
son au  nombre  des  propriétés  générales  des  corps  organisés. 

M.  Piiclierand  a évité  quelques-uns  de  ces  inconvéniens 
et  de  ces  défauts,  dans  la  division  qu’il  a adoptée  pour 
son  traité  de  Physiologie,  (i) 

M.  Buisson  , en  méditant  sur  les  idées  et  la  doctrine 
de  Bichat , a admis  une  division  très-ingénieuse , et  dans  les  ] 
détails  de  laquelle  on  trouve  plusieurs  vues  nouvelles  et  phy- 
siologiques, sur  les  rapports  de  plusieurs  actions  orga- 
niques. 

Suivant  cette  division,  tous  les  faits  de  l’organisation 
sont  rapportés  à la  vie  active  et  à la  vie  nutritive,  qui 
se  composent  de  fonctions  dont  le  tableau  ci-joint  expose 
la  succession  et  l’enchaînement.  ) 


(i)  Voyez  la  troisième  édition  de  cet  estimable  ouvrage.  Discourt 
prélimitiaira. 


i 


TABLEAU 


• DES  FONCTIONS  VITALES. 


'VIE  ACTIVE, 

ARTICLE  PREMIER.' 

De  la  vue  et  de  la  locomotion.’ 

ARTICLE  SECOND. 

De  l’ouïe  et  de  la  voir. 

VIE  NUTRITIVE. 

ARTICLE  PREMIER. 

Des  fonctions  exploratrices,  de  l’odorat  et  du  godt  en 

general. 

article  SECOND. 

1* onctions  préparatrices.  La  digestion  et  la  respiration. 

ARTICLE  TROISIEME. 

Fonctions  nutritives  immédiates. 

§.  I.  LES  ABSORPTIONS. 

L absorption  membraneuse.  L’absorption  organique; 

§.  II.  L A CIRCULATION. 

§.  III.  LES  SÉCRÉTIONS  ET  LES  ASSIMILATIONS. 

Telles  sont  les  differentes  divisions  au  moyen  desquelles  les 
physiologistes  modernes  ont  essayé  d’étudier  les  phénomènes 
des  corps  vivans  ; divisions  qui  présentent  toutes  quel- 
ques avantages,  et  dont  le  nombre  prouve  avec  quelle 
activité  I esprit  d’analyse  s’est  appliqué  à un  ordi’e  de 
phénomènes  ,dont  il  pouvoit  seul  pénétrer  la  nature. 

Quelques  philosophes  précédèrent  les  médecins  dans 
oe  genre  de  considération , et  l’on  croît  pouvoir  rap— 


Ê 


i54  SCIENCES  THYSTOL.  ET  MEDICALES 

porter  à Aristote  la  première  idée  de  la  distinction  , 
entre  la  vie  intérieure  et  commune  à tous  les  corps  vi- 
vans  , et  la  vie  extérieure  et  propre  aux  animaux. 

Bacon  s est  expiime  sur  ce  point  d^une  manière  Beau- 
coup plus  positive  qu’Aristote  , et  distingue  bien  évidem- 
xiient  par  le  mot  de  perception  , auquel  on  a donné  depuis 
un  autre  sens,  la  sensibilité  generale,  dont  la  plante  nVst 
point  dépourvue  et  qui  préside  aux  phénomènes  de  la  di- 
gestion et  de  la  circulation,  de  la  sensibilité  de  relation  , 
du  sentiment,  dont  plusieurs  pliilosophcs  ont  trop  étendu 
1 acception  , en  attribuant  cette  faculté  à tous  les  corps 
vivans  , sans  exception  • ce  qui  conduit  nécessairement  , 
ajoute  1 illustre  chancelier,  à penser  que  l’on  ne  pourroit 
pas  arracher  une  branche  d’arbre  sans  être  barbare  , et  sans 
s exposer  à 1 entendre  , comme  Polydore  , pousser  des  1 
gémissemens.  j 

BufTon,  à qui  plusieurs  physiologistes  modernes  ont  em—  1 
prunte , sans  le  citer  , plusieurs  idées  fécondés  , a également  i 
senti  la  nécessité  de  considérer,  sous  deux  points  de  vue  ' 
différons  , la  vie  intérieure  et  toute  relative  à la  nutrition  , | 
de  la  vie  extérieure  et  manifestée,  par  les  relations  plus  | 
ou  moins  étendues  que  le  sentiment  et  le  mouvement 
musculaire  établissent. 

Ces  deux  vies,  ou  plutôt  ces  deux  manières  d’être  , se 
développent  en  même  temps  pendant  la  veille. 

La  vie  intérieure  , qui  est  d’une  nécessité  absolue  , est 
la  seule  qui  soit  eu  action  pendant  le  sommeil.  « Cette 
première  division,  ajoute  Buffori  , me  paroîl  naturelle,  ' 
generale  et  bien  fondée  j l’animal  (jui  dort  ou  qui  est 
en  repos  , est  une  machine  moins  compliquée  et  plus  aisée 
a considérer  , que  l’animal  qui  veille  ou  qui  est  en  mou- 
vement, »i .... 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE,  i55 


» Une  huître  , un  zoopliyte  qui  ne  paroît  avoir  ni  mou- 
vement extérieur  sensible  j ni  sens  externe  j est  un  cire 
formé  pour  dormir  toujours  5 un  végétal  n’est  dans  ce 
sens  qu’un  animal  qui  dort  j et , en  général  , les  fonctions 
de  tout  être  organisé,  qui  n’auroit  ni  mouvement,  ni 
sens  , pourroient  être  comparées  aux  fonctions  d un  animal 
qui  seroit , par  sa  nature,  contraint  à dormir  perpétuel- 
lement. » 

» Si  nous  réduisons  l’animal  , même  le  plus  parfait , à celte 
partie  qui  agit  seule  et  continuellement  , il  ne  nous  pa- 
roîtra  pas  diirérciil  de  ces  êtres  auxquels  nous  avons  peine 
à accorder  le  nom  d’animal  j il  nous  paroîlra  , quant  aux 
fonctions  extérieures  , presque  semblable  au  végétal  ; car  , 
quoique  l’organisation  intérieure  soit  différente  dans  l’ani- 
mal et  le  végétal,  l’iin  et  l’autre  ne.  nous  offriront  plus 
que  les  mêmes  résultats  j ils  se  nourriront,  ils  croîtront, 
ils  se  développeront , ils  auront  les  principes  d’un  mou- 
vement interne  , et  posséderont  une  vie  végétale  j mais 
ils  seront  également  privés  de  mouvement  progressif, 
d’action,  de  sentiment,  et  ils  n’auront  aucun  signe  exté- 
rieur , aucun  caractère  apparent  de  vie  animale.  Mais  re- 
vêtons cette  partie  intérieure  d’une  enveloppe  convenable, 
c’est-à-dire , donnons-lui  des  sens  et  des  membres , et 
bientôt  la  vie  animale  se  manifestera  j et  plus  l’enve- 
loppe contiendra  de  sens,  de  membres  , et  d’autres  parties 
extérieures,  plus  la  vie  animale  nous  paroîtra  complète, 
et  plus  l’animal  sera  parfait.  » 

Il  Le  cerveau  est  le  centre  de  cette  enveloppe,  comme  le 
cœur  est  le  centre  de  la  partie  intérieure  de  l’animal. 
C’est  cette  partie  qui  donne  à toutes  les  parties  extérieures 


î56  SCIENCES  niYSIOL.  ET  MEDICALES. 

le  mouvement  et  l’action  , par  le  moyen  de  la  moelle  de 
J’epme  et  des  nerfs  qui  n’en  sont  que  le.prolongement  j et 
de  la  même  façon  que  le  cœur  et  toute  la  partie  intérieure 
communiquent  avec  le  cerveau  et  avec  toute  l’enveloppe 
extérieure  , parles  vaisseaux  sanguins  qui  s’y  distribuent , 
k cerveau  communique  avec  le  cœur  et  toute  la  partie' 
ktérieure  , par  les  nerfs  qui  s’y  ramifient.  L’union  paroît 
intime  et  réciproque  j et  quoique  ces  deux  organes  aient 
des  fonctions  absolument  différentes  les  unes  des  autres  , 
lorsqu’on  les  considère  à part,  ils  ne  peuvent  cependant 
cesser  d etre,  sans  que  l’animal  périsse  à l’instant.  » 

Il  est  facile  d’apercevoir  l’analogie  de  ces  beaux  aperçus 
de  Buffon  , avec  les  idees  de  Blane  , sur  la  vie  intrin- 
sèque et  la  vie  extrinsèque,  et  la  doctrine  de  Grimaud, 
qui  fait  deux  grandes  classes  de  fonctions  , les  fonctions 
extérieures  et  les  fonctions  intérieures.  Bichat , qui  a 
puisé  dans  la  même  source  , et  à qui  l’on  peut  reprocher 
des  dénominations  inexactes  et  des  distinctions  non-fon- 
dées , a cependant  reconnu  plusieurs  points  de  vue  nou- 
veaux dans  le  même  sujet,  et  présenté,  sur  la  différence 
des  deux  vies,  une  foule  de  remarques  et  d’observations 
de  détail  très-ingénieuses. 

Hoger,  dans  une  dissertation  qui  n’est  pas  assez 
connue  , a considéré  les  pliénomènes  de  la  vie  d’une  ma- 
nière plus  générale , et  les  rapporte  à deux  forces  , les 
centiifugcs  ou  puissances  de  dilatation  , qui  ont  leur  fover 
dans  le  cœur  , et  les  forces  contractiles  ou  de  resserre- 
ment, qui  se  développent  par  l’influence  nerveuse. 

1 elles  sont  les  remarques  que  nous  avons  cru  devoir’ 
placer  à la  suite  du  plan  de  Yicq-d’Azyr , qui  doit  être 
regardé  comme  une  esquisse  très-avancée  d’une  pliiloso- 
juiie  de  la  nature  vivante.  Nous  n’avons  fait  d’ailleurs 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE,  lôf 

aucun  changement  à ce  plan;  et  les  etuclians  qui  le  con- 
sulteront, pourront  aisément  lui  appliquer  l’ordre  suivi  par 
leur  professeur.  Nous  pensons  , toutefois  , qu’il  importe 
de  commencer  par  l’action  nerveuse,  et  d’adopter  , pour 
l’élude  des  autres  fonctions , la  division  suivante , qui 
nous  paroît  plus  propre  à faire  de  la  ^Physiologie  une 
véritable  science,  c’est-à-dire,  un  enchaineiucut  non-in- 
terrompu de  toutes  les  connoissanccs  acquises  par  l’ex- 
périence et  par  l’observation  , sur  les  phénomènes  de  la  vie. 

DIVISION 


des  fonctions  organiques  , que  l’on  propose  d’appliquer  au 
plan  de  V i c q - d’A  z y r. 


I**'».  Fonction. 


Action  nerveuse. 
Locomotion.  . 


. . I Sensibilité. 

Ostéologie  et 
mouvement  vo- 
loutair*. 


III® ' Digestion 

IV* Ilespiration 

V®,.  Absorption 

VI* Circulation 

VII® Sécrétions  et  nutrition. 

VIII* Génération 


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DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE. 


DEirXIEME  DISCOURS. 


De  l’Anatomie  comparée  en  ffénéral  ; de.?  différences  anato- 
miques les  plus  remarquables  dans  chaque  grande  classe 
d’animaux  ; des  descriptions  anatomiques  ; de  la  langue  des 
sciences;  de  la  nomenclature  anatomique  et  de  son  perfec- 
tionnement. 

On  distingue  deux  espèces  d’Analomie,  dont  l’une 
est  SIMPLE  et  l’autre  co.mparée.  La  première  s’exerce 
sur  des  objets  qu’elle  considère  seuls  et  sans  aucune 
relation  avec  ceux  dont  ils  sont  environnés  ; la  se- 
conde en  démontre  les  rapports.  Ici,  comme  dans 
toutes  les  autres  sciences  physiques,  s’onVent  deux 
moyens  d’instruction  j l’étude  des  livi*es  et  celle  de  la 
uature. 

Si  l’Anatomie  humaine  a le  plus  acquis,  ce  n’est  pas 
seulement  parce  qu’elle  est  l'ouvrage  d'un  grand 
nombre  de  coopérateurs , c'est  surtout  parce  que  tous 
ceux  qui  ont  contribué  à ses  recherches  en  ont  connu 
1 ensemble  , et  que  la  plupart  ont  mis  dans  leurs 
travaux  autant  d’exactitude  que  d’intelligence  et  de 
clarté. 

Il  n’en  a pas  été  de  même  de  ceux  qui  ont  cultivé 
l'Anatomie  des  animaux.  Plusieurs,  peu  versés  dans 
1 art  de  la  dissection,  n’ont  considéré  qu’une  seule 
classe  de  leurs  parties,  ou  qu’une  seule  classe  de  leui’s 


SCIENCES  PHYSIOL.  £T  MEDICALES. 

oiganes;  le  plus  souvent  encore,  au  lien  i 
m.e  descriplion,  il,  ,e  sont  contentés  de  dite  ce”,""  L 
3 ont  vu  ou  cru  vote  de  «et-venien.;  de  sorte  que  ce 
nest  pas  Ih.sto.re  de  la  nature,  mais  celle  de  se, 
ecails  dont  tl  semble  que  les  zootomistes  se  soient 
pnne, paiement  occupés.  Que  l’on  parcourre  lermé- 
ntotres  des  tur.eux  de  la  nature  , les  divers  journau,; 

recueils  de  Elasius  et  de  Valentin,  et  l’on 
verra  combien  sont  grandes  l’incohérence  et  la  dis- 

paii  ecesfails  analomiques  qui  y sont  rassemblés,  et 

on  verra  combien,  au  milieu  de  ces  richesses,  on 
éprouvé  de  fatigue  et  d’ennui. 

II  n’est  donc  pas  vrai  que  l’Anatomie  ait  fait 
comme  quelques-uns  l’ont  avancé,  de  grands  prol 
grès.  Ne  craignons  pas  de  dire,  au  contraire,  que 
cette  science  existe  à peine.  Perrault,  dans  ses  \Ié- 
moues  justement  célèbres,  tous  ceux  qui  oui  marché 
sur  ses  traces,  si  l’on  en  excepte  Collins  et  M.  d’Au- 
Jenloii , tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  l’art  vété- 
rinaire, n’ont  traité  que  de  l’Anatomie  simple  des 
animaux,  sans  les  comparer  avec  l’homme  ou  entre 
eux.  C’est  à M.  d’Aubenlon,  notre  maître  et  notre 
modèle,  qu’appartient  l’honneur  d’avoir  créé  parmi 
nous  l’Anatomie  comparée  proprement  dite.  Tout  ce 
qui  concerne  la  forme  générale  et  extérieure  du  .sque- 
lette et  des  grands  viscères  des  quadrupèdes  est  exposé 
ans  ses  écrits.  C’étoit  riiistoire  naturelle  qu'il  se  pro- 
posoit  d éclairer  par  ses  recherches.  Sous  ce  point  de 
> lie  il  a tout  fait,  élan  mérite  de  s'etre  ouvert  la  car- 
rièie,  il  a joiutcclui  de  l’avoir  complètement  leraplie. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i4i 
Mais  il  nous  reste  une  autre  espèce  d’Analomie  com- 
parée, dont  toutes  les  parties  correspondent  à celles 
de  l’Anatomie  humaine.  L’on  n’a  point  encore  décrit 
les  articulations,  les  ligamens,  les  muscles,  les  vais- 
seaux, les  nerfs,  les  glandes,  ni  la  structure  interne 
des  viscères  considérés  dans  les  différentes  classes  d’a- 
nimaux. l’ai  commencé,  depuis  plusieurs  années,  ce 
travail dontles  dillicultéssont  immenses;  je  continue- 
rai de  m’y  livrer  avec  courage,  espérant  que  ceux  qui 
l’acheveront  un  jour  avec  gloire,  me  sauront  (juelque 
gré  de  la  peine  que  j’aurai  prise  pour  jeter  les  fonde- 
mens  d’un  édifice  dont  les  matériaux  sont  épars,  ou 
entassés  sans  ordre  dans  des  constructions  vicieuses, 
ou  cachés  encore  dans  le  sein  de  la  nature. 

’ L’art  de  la  dissection  du  corps  humain  doit  ses  pro- 
grès aux  efl'orls  de  plusieurs  siècles.  Les  anciens  ana- 
tomistes n’avoient  point  imaginé  de  briser  les  os  pour 
y suivre  la  route  des  nerfs  : ils  n’avoient  point  rempli 
les  vaisseaux  d’un  fluide  dont  les  parties  les  plus  dé- 
liées, s’échappant  par  les  extrémités  capillaires,  sem- 
blent reproduire  le  mécanisme  des  sécrétions  dans  uii 
corps  inanimé:  il  n’avoient  point  vu  le  mercure  com- 
muniquer aux  réseaux  qui  le  contiennent,  son  brillant, 
ses  reflets  et  sa  souplesse  : ils  n’ont  point  connu  ces 
milliers devaisseaux  dontles  membranes, transparentes 
comme  la  lymphe  qu’elles  contiennent,  ont  échappé 
si  long -temps  aux  yeux  des  observateurs.  Toutes  ces 
découvertes , tous  ces  moyens , perfectionnés  par  la 
main  du  temps  , sont  applicables  a l’Aiiatoniie  des 
animaux. 


a 4'i  SCIENCES  PII YSIOL.  ET,  MEDICALES. 

Les  fautes  co, «mises  dans  la  dissection  du  corps 
]iumam  nous  seront  toujours  présentes,  et  leur  sou- 
venir nous  avertira  de  les  éviter.  Des  préparations  trop 
ongueset  trop  subtiles  ont  souvent  conduit  à de  faux 
résultats.  Le  corps  muqueux  et  l’épiderme  ne  sont 
qu’une  seule  et  même  substance  : à force  de  les  tour- 
menter , on  les  a séparés.  Le  scapel  de  Ruysch  a trop 
multiplié  les  membranes.  Weitbreclit,  en  décrivant 
plus  de  cent  ligamens  dans  la  main,  est  devenu  mi- 
nutieux, diffus  et  obscur.  L’injection,  poussée  avec 
trop  de  force  et  d’abondance  dans  la  rate,  y a produit 
des  epanchemens  que  la  nature  désavoue.  Coscliwilz, 
Nuck,  et  Vasalva  lui-méme  , ont  pris  des  vaisseaux 
sanguins,  l’un  pour  un  conduit  excréteur,  les  deux 
autres  pour  des  vaisseaux  lymphatiques.  Ces  erreurs 
des  yeux  les  plus  exercés  nous  ont  toujours  inspiré  la 
plus  grande  défiance  de  nous-mêmes  dans  un  genre 
d Anatomie  on,  marchant  presque  sans  guide,  nous 
devons  toujours  craindre  de  nous  égarer. 

Ecoutons  les  maîtres  de  l’art.  Ils  nous  disent  que  les 
muscles  doivent  être  décrits  dans  leur  situation  res- 
pective et  par  couches;  qu’il  faut  distinguer  ceux  qui 
s’attachent  aux  os  dans  une  grande  étendue,  d’avec 


ceux  dont  les  seules  extrémités  s’y  insèrent;  que  la 
structure  intérieure  de  ces  organes,  et  le  trajet  des 
tendons  dans  leurs  chairs  ne  sont  point  assez  connus; 
que  les  viscères  doivent  être  vus  en  place  et  dans  tous 
les  sens  possibles;  qu’il  ne  faut  point  borner  à une 
seule  position  le  corps  que  l’on  dissèque;  qu’il  convient 
de  lui  en  donner  plusieurs  et  d’observer  ce  qui  se  passe 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i45 

dans  chacune  d’elles  ; que  les  vaisseaux  et  les  nerfs 
doivent  être  démontrés  avec  toutes  leurs  connexions  ; 
enfin,  ils  nous  disent  que  la  recherche  des  glandes 
conglobées  mérite  une  grande  attention,  parce  qu’elles 
annoncent  toujours  la  présence  des  vaisseaux  lym- 
phatiques. 

Avertis  par  ces  réflexions,  gardons-nous  surtout 
d’i'nfecter  un  inonde  nouveau  en  y répandant  de 
vieilles  opinions  ou  des  systèmes.  Profilons  de 
l’exemple  sans  nous  en  l'endre  esclaves;  considérons 
Zinn,  Meckel , Haller,  Alliinus,  lorsqu’ils  ont  sur- 
passé leurs  prédécesseurs,  dans  la  dissection  de  l'œil  , 
du  nerf  de  la  cinquième  paire,  du  diaphragme  , des 
tuniques  des  intestins,  et  de  la  valvule  du  cæcum. 
Qu’ont- ils  fait?  ils  ont  imaginé  des  coupes  et  des  pré- 
parations nouvelles;  ils  ont  porté  dans  leurs  recher- 
ches , celte  liberté  d’esprit  sans  laquelle  l'homme  n'a 
rien  et  ne  fait  rien  qui  lui  appartienne,  et  par  laquelle, 
devenu  propriétaire  de  ses  travaux  et  de  ses  pensées, 
il  crée  au  lieu  d’imiter,  et  commande  aux  préjugés  au 
lieu  de  s’y  asservir. 

Ces  réflexions  nous  tracent  une  belle  route  : mais 
nous  a%'ons  tant  d’observations  à faire,  tant  de  pré- 
cautions à prendre,  et  l'erreur  nous  menace  de  tant 
de  cotés,  que  nous  sentons  eu  même  temps  redoubler 
nos  inquiétudes;  elles  augmentent  surtout  à la  vue  du 
règne  vivant  qui  se  montre  ici  dans  tout  son  ensemble. 
Le  résultat  de  noire  premier  discours  a été  d’offrir  le 
tableau  des  fonctions  ou  caractères  propres  aux  corps 
organisés.  Déterminons  ici  quels  sont,  dans  chaque 


i44  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

grande  classe  de  ces  êtres,  tels  que  l’iiisloire  naturelle 
nous  les  présente,  les  genres  les  plus  frappans  par  leurs 
différences  anatomiques,  et  quels  principes  doivent 
nous  diriger  dans  cette  étude. 

Les  foi'iiies  des  pieds  et  des  doigts  des  quadrupèdes 
ont  de  grandes  liaisons  avec  celles  de  l’avant-bras  et 
de  la  jambe.  Nous  connoîtrons  par  leur  examen  les 
rapports  de  l’animal  avec  le  sol  qui  le  soutient,  avec 
le  milieu  où  il  vit,  et  avec  le  corps  dont  il  est  envi- 
ronné. 

La  tete , qui  renferme  les  organes  des  sens  les  plus 
déliés,  se  montre  aussi  sous  divers  aspects.  Tantôt 
courte  et  arrondie,  comme  dans  l’homme,  c’est  par  le 
milieu  de  sa  base  qu’elle  s’articule  avec  la  première 
veitèbie  du  cou;  tantôt  allongée  par  l’extension  des 
mâchoires,  c est  son  extrémité  postérieure  qui  se  meut 
sur  le  cou.  La  face  est  alors  très* oblique,  et  taudis 
que  son  volume  s’accroît,  celui  du  crâne  diminue; 
mais  les  ouvertures  qui  donnent  passage  aux  neifs 
s'élargissent  en  même  proportion.  Par  un  contraste 
frappant,  à mesure  que  le  cerveau  se  rappetisse,  la 
grosseur  des  cordons  nerveux  qu’il  fournit  augmente; 
les  muscles,  les  divers  organes,  et  les  viscères,  plus 
renfles  et  plus  robustes,  ont  besoin  d'un  mobile  plus 
énergique,  ou  d’un  aiguillon  plus  puissant,  et  le  cer- 
veau des  animaux  semble  se  borner  à ces  usages. 

La  clavicule  est  un  os  dont  plusieurs  sont  privés  , et 


( 1 ) C est  i*!  M.  cl’Aubcnton  tju’uppai  tient  celle  remorque  surl’art 
ticulation  de  la  tûic  avec  l’atlas. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIÉ.  i45 

rjui  varie  dans  ses  formes.  La  langue,  l’os  hyoïde,  et 
toutes  les  parties  organiques  qui  servent  à la  digestion  , 
ont  des  rapports  constans  avec  les  substances  alimen- 
taires de  divers  genres.  Plus  on  s’éloigne  de  l’iiomme, 
plus  aussi  les  scissures  des  grands  viscères  sont  nom- 
bi'euses  et  profondes.  Le  cœur,  situé  presque  trans- 
versalement sur  le  diaphragme  humain, s’incline,  dans 
le  singe  ; sa  pointe  se  i’approche  du  sternum , dans  les 
lissipcdes;  dans  les  solipèdes  et  dans  les  bisulques,  il 
est  suspendu  presque  verticalement  sur  cet  os,  et, 
dans  le  mouvement  que  l’œil  de  l’observateur  lui  voit 
faire,  en  parcourant  depuis  l'homme  jusqu’au  clieval  , 
la  série  de  ces  animaux,  on  peut  estimera  peu  près  à 
un  quart  de  cercle  l’espace  qu’il  a parcouru;  les  pou- 
mpns  agissent  sur  l’air  atmosphérique  , et  ils  ont  lea 
foyers  où  se  dégage  la  chaleur;  l’air  modifié  dans  le 
larynx,  transmet  au  loin  les  sons  dont  le  corps  est 
agité;  c’est  par  l’intermède  de  l’oreille  que  les  divers 
animaux  en  sont  avertis  , et  comme  ces  organes  se 
correspondent , il  faut  les  opposer  les  uns  aux  autres 
et  les  comparer  entr'eux.  Le  nombre  et  la  grosseur  des 
mammelles  sont  également  proportionnés  à l’étendue 
des  cornes  utérines,  parce  que  les  unes  et  les  autres 
sont  relatives  au  nombre  des  fœtus  à loger  et  de  petits 
à nourrir. 

A laide  de  ces  caractères,  nous  déterminerons  ce 
qui  est  propre  à l'homme , et  ce  qu'il  partage  avec  les 
quadrupèdes.  Nous  remarquerons  que  lui  seul  est  bi- 
pède, c’est-à-dire,  que  lui  seul  a deux  pouces  aux 
mains  sans  en  avoir  aux  pieds,  tous  les  autres  ayant 


i46  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

■un  pouce  à chaque  extré)nité , comme  les  singes  et  les 
makis,  ou  en  étant  tout-à-fait  dépourvus,  comme  la 
plupart  des  quadrupèdes,  ou  n’en  ayant  qu’aux  ex- 
trémités postérieures , comme  le  sarigue,  le  cayopollin , 
le  phalange!'  et  la  marmose;  circonstance  à laquelle 
il  me  semble  que  l’on  n’a  pas  fait  assez  d’attention. 

On  ne  peut  voirie  squelette  d’un  quadrupède,. sur- 
tout celui  d’un  solipède  ou  d’un  bisulque,  sans  être 
frappé  de  l’énorme  ^différence  de  ces  extrémités  avec 
celles  de  l’homme.  Les  os  du  bras  et  de  la  cuisse  sont 
gros  et  courts 5 le  col  du  fémur  a peu  d’étendue;  le 
péi’oné  n’existe  que  dans  un  petit  nombre  de  ces  ani- 
maux; (i)  le  talon  est  couché  obliquement  de  bas  en 
haut;  les  os  qui  représentent  le  métacarpe  et  le  mé- 
tatarse s’allongent  à mesure  que  ceux  de  la  cuisse  et  du 
bras  perdent  de  leur  longueur,  et  l’animal  n’est  sou- 
tenu que  sur  une  partie  de  l’espace  qui  correspond  à la 
plante  du  pied. 

Après  avoir  considéré  les  os  des  extrémités  des 
quadrupèdes  dans  un  squelette  , supposons- les  en- 
vironnés des  muscles,  des  ligamens  qui  les  couvrent. 
Nous  l'emarquerons  alors  que,  si  l’on  en  excepte  les 
singes  et  les  quadrumanes  en  général,  les  os  des  bras  et 
des  cuisses  disparoissent  presque  entièrement  sous  les 
masses  qui  les  cachent  et  qui  les  confondent  avec  les 
parties  latérales  des  corps.  Nous  remarquerons  que 
plusieurs  quadrupèdes,  tels  que  le  fourmilier,  lepan- 


( 1 )II  n’exîste  point  dans  les  ruminans , si  l’on  en  excepte  un 
mosehut. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  147 
golinj'et  le  phalanger,  ont  les  pieds  tellement  enve- 
loppés par  la  peau  , qu’on  n’aperçoit  que  leurs  ongles; 
que  dans  l’éléphant  et  le  rhinocéros,  les  doigts  sem- 
blables à ceux  de  l’homme,  mais  encroûtés  par  un 
tissu  très -dense,  loin  d’ètre  propres  à toucher,  ne 
peuvent  serv'ir  que  de  support  à l’animal.  Nous  re- 
marquerons que  les  expansions  qui , dans  le  phoque 
et  dans  le  castor,  forment  des  nageoires,  et  qui,  dani 
la  chauve-souris,  composent  des  ailes,  ont  les  pha- 
langes qu’elles  masquent,  pour  appui.  Nous  verrons 
enfin  les  extrémités  des  doigts  recouvertes  par  des 
ongles  ou  armées  de  grilï'es,  ou  entoui*ées  de  sahels 
épais. 

Arrêtons  un  moment  nos  regards  sur  la  station  des 
quadrupèdes  comparée  à celle  de  l’homme.  Dans  celui- 
ci  , le  corps  est  soutenu  sur  tout  le  pied,  et  fos  du  talon 
fait  un  angle  droit  avec  la  jambe;  position  dont  aucun 
quadrupède  n’offre  d’exemple.  Les  singes,  les  makis, 
le  sarigue,  le  chien,  le  chat,  les  fissipèdes  en  général, 
et  l'éléphant  lui-même, ne  marchent  ni  sur  le  poignet 
ni  sur  le  talon,  mais  sur  les  doigts.  L’ours  n’est  point 
excepté  de  celte  loi  commune;  M.  d’Aubenton  estime 
aux  cinq  sixièmes  de  son  pied  l’espace  sur  lequel  il 
s’appuye  en  marchant;  et  les  bisulques,  avec  ou  san» 
canon,  et  les  solipèdes,  ne  sont  soutenus  que  sur  les 
extrémités  des  troisièmes  phalanges.  Ainsi  plus  ou 
s’éloigne  de  l'homme,  plus  ou  voit  le  pied  (ij  se  rétré- 


(1)  J’appelle  pied , dans  les  quadrupèdes , comme  dans  l’homme, 


i48  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

cir  et  s’allonger;  plus  la  partie  qui  sert  d’appui  diminue, 
et  plus  l’angle  que  le  talon  fait  avec  la  jambe  devient 
aigu. 

Je  ne  parle  point  ici  de  ces  pieds  dont  la  forme  . 
est  anomale  irrégulière  , et  qui  sont  moins  destinés  à 
marcher  qu  à d’autres  usages  ; tels  sont  ceux  de  la 
taupe , que  l’on  sait  être  surtout  propres  à fouiller  la  i 
terre;  tels  sont  ceux  du  paresseux  et  du  fourmilier, 
dont  ces  animaux  se  servent  pour  s’accrocher  aux 
arbres.  Ici  l’ordre  des  mouvemens  est  changé;  la  taupe 
mai’che  sur  le  poignet  et  sur  les  doigts  , comme  la 
chauve-souris  sur  le  pouce  et  sur  le  poignet. 

Dans  l’état  de  repos,  les  quadrupèdes  et  les  fissi- 
pèdes  sont  soutenus  sur  les  tubérosités  sciatiques  et  sur  . 
la  plante  du  pied.  Ainsi  placés,  la  plupart  relèvent 
le  tronc  et  se  servent  de  leurs  "mains;  c’est  ce  que  fait  • 
la  marmote,  malgré  l’extrême  petitesse  de  son  pouce; 
c’est  ce  que  fait  le  raton  en  joignant  ses  deux  mains,  . 
et  quoiqu’il  n’ait  point  de  pouce;  c’est  ce  qu’exécutent  j 
avec  une  grande  adresse  les  singes  et  les  malds.  Que  \ 
l’on  ne  croie  pas  cependant  que  la  main  de  ces  ani- 
maux jouisse  de  la  même  force  et  de  la  même  mobi- 
lité que  celle  de  l’homme.  L’orang-outang  a dans  le 
carpe  un  osselet  particulier  que  Galien  a décrit  dans 
le  pithèque  et  dont  l’homme  est  privé.  Les  autres 
singes  en  ont  un,  et  quelques-uns  en  oui  deux  de  plus 
plus  que  l’orang-outang.  Dans  tous  le  pouce  est  petit,  . 


tout  l’cspacc  qui  s’étend  depuis  le  ;<doa  jusqu’à  l’extrémité  de* 
troisiènics  phalanges. 


' 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i4g 
et  sa  résistance  ne  peut,  comme  dans  1 homme , contre- 
balancer celle  des  autres  doigls. 

La  disposition  des  muscles,  dans  les  extrémités  de 
l’homme  et  du  singe,  établit  encore  des  diffeiences 
plus  marcjuées  entr  eux.  Je  prie  que  1 ou  me  pei mette 
d’entrer,  à ce  sujet,  dans  quelques  détails  que  je 
crois  nouveaux,  et  par  le  moyen  desquels  nous  arri- 
verons à des  résultats  qui  le  sont  aussi. 

L’extenseur  commun  des  doigts  de  l’extrémité  an- 
térieure des  singes  est  très-petit,  parce  que  le  muscle 
indicateur  fournit  deux  tendons,  l’un  au  second, 
l’autre  au  troisième  doigt,  et  que  le  muscle  exten- 
seur du  petit  doigt  en  fournit  aussi  deux  , l'un  au 
doigt  annulaire,  l'autre  à l'auriculaire.  Ce  qui  m’a  la 
p'ius  frappé  dans  cette  dissection  , c’est  que  je  n'ai 
point  trouvé  de  muscle  fléchisseur  propre  du  pouce; 
le  tendon  qui  fléchit  ce  doigt  sort  de  l'épanouisse- 
ment tendineux  du  fléchisseur  profond , sans  répondre 
à aucun  des  faisceaux  charnus  de  ce  muscle. 

Dans  le  pied  ou  main  postérieure  des  singes  et  des 
malcis  , le  pouce  a,  comme  dans  la  main  proprement 
dite  , un  muscle  extenseur  propre  et  un  long  abduc- 
teur. Le  muscle  péronier  moyen  est  percé  pour  lo 
passage  d’un  muscle  grêle  qui  se  porte  vers  le  petit 
doigt , dont  il  opère  l’extension  et  l’abduction.  Le 
muscle  plantaire  est  très-charnu  ; il  passe  , après 
s’ètre  élargi,  sur  le  talon,  et  dans  la  plante  du  pied, 
il  se  confond  si  intimement  avec  l’aponévrose  plan- 
taire et  avec  le  fléchisseur  perforé  , qu’on  doit  le  l'e- 
garder  comme  faisant  partie  de  l’un  et  de  l’autre. 


i5o  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Ici  se  trouvent  deux  fléchisseurs  perforans  , l’un 
pour  le  troisième  et  le  quatrième  doigts,  l’aulre’pour 
le  second  et  le  cinquième,  et  chacun  de  ces  fléchis- 
seurs fournit  un  tendon  au  pouce  qui  n’a  point  de 
fléchisseur  propre  , non  plus  que  dans  la  main  anté- 
jieux’e. 

Il  suit  de  cette  structure  que  les  singes  doivent  le 
plus  souvent  étendre  plusieurs  doigts  ensemble  , et 
qu’ils  ne  peuvent  fléchir  le  pouce  de  la  main  sans 
fléchir  en  même  temps  plus  ou  moins  les  autres  doigts. 
Il  suit  qu’ils  sont  dépourvus  de  ces  mouvemens  dans 
lesquels  l’action  du  pouce  se  combine  avec  celle  du 
doigt  indicateur  et  du  médius;  mouvemens  indis- 
pensables dans  toutes  les  opérations  un  peu  délicates, 
et  sans  lesquels  il  n’existeroit  peut-être  aucune  trace 
de  l’industrie  des  hommes.  11  suit  enfin  que  la  main 
ai’est  pour  les  singes  qu’un  instrument  propre  à saisir 
les  corps,  et  c’est  en  la  comparant  avec  celle  de  l’homme 
.que  l’on  découvre  pourquoi  lui  seul  a créé  les  arts. 

En  continuant  l’examen  de  la  main  postérieure  ou 
pied  du  singe,  j’ai  appris  que  chacun  des  muscles  per- 
forés fournit  un  tendon  au  pouce  , sans  doute  afin 
que,  dans  toutes  les  attitudes  et  dans  toutes  les  cir- 
constances possibles  , ce  doigt  soit  fléchi  sans  peine, 
et  par  une  suite  nécessaire  de  la  disposition  des  parties. 
Cette  structure  doit  etre  très- utile  à ces  animaux  , 
qui  nesontpas , à parler  rigoureusement , des  habitans 
de  la  terre  , mais  qui  vivent  sur  des  arbres  , aux 
blanches  desquels  ils  sont  sans  cesse  accrochés  et  sus- 
pendus. Considérons -les sous  cet  aspect,  et  nous  ver* 


’ DISCOURS  SUR  L’ANATOMID.  loi 

rôtis  que  rétroilesse  de  leur  bassin,  que  la  forme  de 
leur  corps  qui  se  x’étrécit  de  haut  en  bas,  que  la  demi- 
flexion  des  cuisses  sur  l’os  des  îles  , que  la  direction 
des  callosités,  que  la  séparation  du  pouce  d’avec  les 
autres  doigts  du  pied  sont  très-propres  à cette  habi- 
tation, et  répondent  à toutes  les  conditions  de  celte 

hypothèse. 

Je  suis  bien  loin  d'avoir  épuisé  la  matière.  De  nou- 
veaux faits  viennent  appuyer  ma  conjecture  et  la 
changent  en  démonstration.  Dans  l’homme  les  muscle» 
flécbrsseurs  de  la  jambe  se  terminent  par  des  con- 
tours doucement  arrondis  vers  la  région  la  plus  élevée 
de  l’os  tihia.  Dans  le  singe  ces  mêmes  muscles  se 
portent  très-loin  sur  la  surface  luterne  de  cette  partie, 
où  ils  forment  une  corde  qui  x*end  très -dillicile  et 
très-rare  sa  parfaite  extension  sur  la  cuisse.  Mais  c’est 
surtout  dans  la  manière  dont  le  tendon  élargi  du 
muscle  plantaire  passe  sur  le  cakaneumAa  singe  que 
j’ai  trouvé  la  raison  pour  laquelle  cet  animal  ne  peut 
marcher  droit.  Comment,  en  effet,  tout  le  poids  du 
corps  pourroit-il  être  soutenu  sur  un  base  oiseuse 
qui , comprimant  et  gênant  le  muscle  fléchisseur  , 
rendroit  imparfaits  et  pénibles  des  mouvemens  sans 
lesquels  la  station  et  la  marche  n’aurolent  aucune 
solidité  ? Li’hoinme  , au  contraii’e  , a le  talon  nu  et 
dépouillé  de  toute  expansion  musculaire,  et  lui  seul 
est  ainsi  conformé. 

Que  l'on  s'accoutume  donc  à regarder  comme  in- 
dispensable la  connoissance  la  plus  exacte  des  plu» 
petits  organes,  puisque  l’exaxnen  d’une  loile  aponé- 


i52  sciences  PHYSIOL.  et  MEDICALES. 

vrolique  nous  a dévoilé  pourquoi  l’homme  seul  est 
vraiment  bipède,  et  que  la  description  la  plus  soignée 
des  petits  os  du  carpe  a pu  seule  nous  apprendre  quels 
doigts  des  quadrupèdes  correspondent  à ceux  de 
l’homme,  et  comment  le  pouce,  l’indicateur  et  l’au- 
riculaire sont  ceux  dont  on  retrouve  les  traces  dans 
presque  tous  les  individus.  Ç’a  toujours  été  dans  l’étude 
appiofondie  des  details  que  l’on  a surpris  les  secrets 
de  la  nature  : et  c’est  à ceux-là  seuls  qui  ont  le 
courage  de  tout  apprendre  qu’il  est  permis  de  croire 
que  l’on  peut  tout  expliquer. 

I/iniitation  est  un  autre  trait  non  moins  saillant 
dans  les  moeurs  du  singe.  De  la  fréquente  répétition 
des  contractions  musculaires  naissent  en  lui  l’ha- 
bitude qui  les  reproduit  et  la  sûreté  qui  les  dirige. 
On  ne  peut  considérer  un  moment  cette  espèce  d’ani- 
mal sans  être  étonné  de  la  vitesse  et  de  la  succession 
non  interrompue  de  ses  mouvemens  : on  diroit  qu’une 
force  irrésistible  le  tourmente  sans  relâche;  il  s’agite, 
il  s’appi’oche , il  s’éloigne  , il  se  pi’esse  de  monter,  il 
se  hâte  de  descendre.  Cette  inquiétude  est,  sans  doute, 
im  grand  obstacle  à sa  perfectibilité.  Qu’apprendre, 
en  effet  , à celui  qui  se  meut  toujours,  puisqu’il  n’est 
point  d’étude  sans  réflexion  , et  que  réfléchir  , c’est 
s’arrêter  ? 

Le  nombre  des  doigts  des  quadrupèdes,  considéré 
dans  chaque  extrémité  est  au  plus  de  cinq.  11  résulte 
des  nombreuses  observations  de  M.  d’Aubenlon  que 
la  plupart  de  ces  animaux  ont  cinq  doigts  à chaque 
pied;  que  parmi  ceux  qui  sc-nt  ainsi  conformés  on  en 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i55 

compte  un  tiers  dont  le  doigt  interne  du  pied  , a la 
forme  d’un  pouce  , et  que,  dans  trente-trois  espèces, 
les  doigis  anlérieui’s  et  les  postérieurs  ne  sont  pas  en 
même  nombre. C’est  encore  des  rechercliesde  M.d’Au- 
benlon  que  j’ai  lii'e  les  l’esultats  suivans. 

Les  quadrupèdes  peuvent  elre  divises  en  dix  sec~ 
lions,  à raison  du  nombre  de  leurs  doigts. 

Dans  la  première,  en  comparant  toujours  le  nombre 
des  doigts  d’une  des  extrémités  antérieures  avec  celui 
des  doigts  d’une  des  extrémités  postérieures,  la  pro- 
portion est  de  5 (i)  à 5 , comme  dans  Thomme  et  dans 
les  singes, 

5-5. 

Dans  la  deuxième  elle  est  de  5 à 4 , comme  dans  lo 
cliieu  et  le  chat , 5-5. 

4- 4. 

Dans  la  troisième  elle  est  de  4 à 5 , comme  dans  le 
tamanoir , 

5- 5. 

Dans  la  quatrième  elle  est  de  4 à 4,  soit  que  l’animal 
s’appuye  sur  ses  quatre  doigts,  comme  l’hyennc,  ou 
sur  deux  seulement , comme  les  bisulques,  4-4. 

4- 4. 

Dans  la  cinquième  la  proportion  est  de  4 à 5,  comme 
dans  le  cochon  d’Inde  , 4-4. 

5- 5. 


( 1 ) Le  premier  nomtre  désigne  toujours  celui  des  doigts  de  l’ex- 
trémité antérieure. 


1 54  SQENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALE  S. 

Dans  la  sixième  elle  est  de  5 à 3 , comme  dan* 
1 ai , • 5-3. 

3- 5. 

Dans  la  septième  elle  est  de  2 à 4,  comme  dans  le 
fourmilier,  2-2. 

4- 4. 

Dans  la  huitième  elle  est  de  2 à ’5 , comme  dans 
l’unau , 2-2. 

0-0. 

Dans  la  neuvième  de  2 à 2 , comme  dans  le  cha- 
meau, 2-2. 

2*2. 

Enfin , dans  la  dixième  elle  est  de  x à i , comme 

dans  le  cheval,  l’âne  , le  zèbre  et  l’onagre,  x-i. 

1-1. 

Remarquons  que , dans  le  phalanger , deux  des 
doigts  sont  réunis  en  un  seul  , sans  cependant  que 
les  ongles  soient  confondus  entr’eux  ; observons  que  , 
dans  les  singes  et  dans  le  makis  , chaque  doigt  est 
formé  de  trois  phalanges , tandis  qu’on  n’en  trouve 
que  deux  dans  quelques-uns  des  doigts  de  plusieurs 
autres  fissipèdes. 

N’oublions  pas  qu’il  existe  une  propoii-ion  cons- 
tante entre  le  nombre  des  os  du  métacarpe  et  du  mé- 
tatarse et  celui  des  doigts  , et  que  les  quadrupèdes 
hisulques  ne  font  point  exception  à cette  règle , quoi- 
qu’avec  deux  doigts,  ils  n’aient  qu’un  canon,  puis- 
que cet  os,  simple  en  apparence,  est  composé  dans 
les  jeunes  sujets  de  deux  pièces  très-distinctes,  qu'une 
ossification  rapide  confond  de  sorte  qu'il  n’y  en  a plus 


discours  sur  L’ANATOMIE,  i55 

qu’une  seule  (i)  dans  un  âge  avancé.  Ces  mêmes  qua-» 
drupèdes  ont  deux  petits  doigts  surnuméraires  sur 
lesquels  l’animal  n’est  point  appuyé,  et  dont  chacun 
s’articule  avec  un  petit  os  métacarpien  ou  métatar- 
sien. Cesdeux  doigts  surnuméraires  sont,  en  général, 
plus  volumineux  dans  les  ruminans  à cornes  solides 
que  dans  ceux  dont  les  cornes  sont  creuses  ; dans  le 
renne  , par  exemple  , que  dans  le  bœuf.  11  m’a  paru 
aussi  qu’ils  étoient  plus  gros  dans  les  extrémités  an- 
térieures de  ces  bisulques  que  dans  les  postérieures. 
Dans  le  sanglier  les  deux  doigts  surnuméraires  sont 
très-exprimés , et  l’os  du  canon  est  remplacé  par  deux 
os  épais  et  courts.  Dans  le  cheval  l'os  du  canon  est 
environné  de  deux  petits  os  aigus , (2)  que  l’on  doit 
regarder  comme  tenant  lieu  de  deux  os  du  méta- 
tarse, ou  comme  répondant  à deux  ordres  de  pha- 
langes , ébauchés. 

Les  os  du  métacarpe  et  du  métarlase  sont  donc, 
comme  les  doigts,  au  nombre  de  cinq  dans  l'homme, 
dans  les  singes,  dans  les  makis  et  dans  plusieurs  autres 
fissipèdes  ; au  nombre  de  quatre  bien  distincts  dans  le 
sanglier , et  en  général  dans  les  bisulques  sans  canon  ; 
au  nombre  de  quatre , dont  les  deux  moyens  sont 
réunis,  dans  les  bisulques  à canon  ; enfin  au  nombre 
de  trois  dans  les  solipèdes,  tel  que  le  cheval. 

L’examen  des  dents  est  encore  un  objet  de  recher- 


( 1 ) Voyez  le  Mémoire  de  M.  Fougeroux  sur  le  canon  du  veau. 
Académie  des  Sciences  , 1772. 

( 2)  M.  d’ Aubenton  les  appelle  Epines. 


i56  SCIENCES  PHYSTOL.  ET  MEDICALES. 

elles  commun  à ceux  qui  cultivent  l’Histoire  Natu- 
relie  et  1 Anatomie  j et  sans  lequel  on  ne  peut  avoir  j 
qu’une  connoissance  imparfaite  des  animaux.  Les  an-  i 
ciens  regardoient  les  dents  comme  des  os  d’une  nature  i 
jiarticuliere  j elles  jouissent , disoient-ils,  d’une  sensi-  I 
bilité  , puisque  l’impression  du  froid  et  du  chaud  j 
s etend  jusqu  aux  nerfs  dont  leurs  cavités  sont  rem-  | 
plies.  Servons- nous  de  ce  caractère  pour  distinguer 
les  dents  des  animaux  en  deux  grandes  classes.  Dans 
la  premiei’e  seront  comprises  les  dents  proprement 
dites,  qui  sont  implantées  dans  des  alvéoles,  et  qui 
reçoivent  des  nerfs  et  des  vaisseaux.  On  doit  rap- 
porter à la  deuxième  classe  les  dents  aiguës  ou  épi- 
neuses des  poissons  , qui  font  corps  avec  les  os 
maxillaires,  dans  lesquels  on  ne  trouve  point  de  ca-  ! 
.vité  ( 1 ) nerveuse  ou  vasculaire  , et  qui , n’ayant  | 
aucun  usage  l'elatif  à la  mastication  , ne  servent  qu’à  ' 
retenir  et  à tuer  la  proie  dont  l’animal  se  nourrit.  (2)  j 
Quelques  quadrupèdes,  tels  que  le  pangolin  , le  plia-  j 
tagin,  le  tamanoir  et  le  fourmilier  sont  tout-à-fait  I 
dépourvusde  dents;  ils  ne  triturent  point  les  alimens, 
que  l’on  retrouve  entiers  dans  leur  estomac.  Les  mâ- 
choires de  l’éléphant  ne  sont  armées  que  de  dix 
dents,  (5)  en  comptant  ses  défenses.  Le  rat  n’a  que 


( 1 )Si  cetto  cavité  existe  dans  quelques-uns,  elle  est  au  moins 
très-petite. 

( 2 ) Voyez  le  second  Mémoire  de  M.  Droussonnet  sur  les  dents  des 
reptiles  et  des  poissons. 

( 5 )Lc  petit  nombre  de  dents  de  cet  animal  est  suppléé  par  la 
grande  étendue  de  chacune  d'elles. 


I 


DISCOURS  SUR  L’A  NAT  O MIE. 
seize  dents  jl’ai,  que  dix-liui  tj  le  porc-épic  et  l’agouty, 
que  vingt  5 on  en  trouve  vingt- deux  dans  le  pola- 
touclie.  Les  nombres  de  trente-deux,  vingt-huit  et 
vingt -six  dents  sont  les  plus  répandus  parmi  les  qua- 
drupèdes. Les  singes  en  ont  trente- deux.  On  voit  co 
nombre  augmenter  dans  la  belette  et  dans  le  barbi- 
roussa,  qui  en  ont  trente -quatre  ; dans  lemococo, 
le  sajou  et  le  hérisson,  qui  en  ont  trente-six;  dans 
l’oui’s,  qui  en  a trente- huit;  dans  le  chacal , qui  eu 
a quarante;  dans  le  chien,  qui  en  a quaraute-deux  ; 
dans  la  taupe  et  dans  le  sanglier  , qui  en  ont  qua- 
rante-quatre ; enfin  dans  la  mannose  , qui  en  a cin- 
quante. Les  nombre  douze,  quatorze,  quarante-six, 
quarante-huit,  ne  sont  ceux  des  dents  d'aucun  qua- 
diuipède  connu,  (x) 

M.  Broussonnet , qui  a fait  des  recherches  très- 
étendues  sur  la  structure  , les  usages  et  la  compa- 
raison des  dents  des  différentes  classes  d'animaux  , (2) 
a observé  que  leur  forme  varie  moins  dans  les  qua- 
drupèdes herbivores  que  dans  ceux  qui  se  nourrissent 
de  chair;  que,  dans  ces  derniers,  elles  sont  très- 
blanches  et  très-polies;  qu’elles  sont  jaunâtres  dans 
les  quadrupèdes  qui  rongent  des  écorces , et  noirâtres 
dans  ceux  qui  se  nourrissent  de  végétaux  , qu’ils  sont 
obligés  de  mâcher  long-temps  avant  de  les  avaler  ; 
qne  les  dents  molaires  des  ruminans  sont  toujours 


( 1 ) Cette  remarque  est  extraite  des  leçons  de  M.  d’AuLentou. 

(2  ) Mémoire  sur  les  dents  de  l'homme  et  des  autres  animaux  , 
comparées  entr’elles. 


i58  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

recouvertes  d’une  couche  de  matière  luisante , noire 
et  semblable  à l’enduit  extérieur  des  bezoards,  (i) 
enfin  que  , dans  plusieurs  quadrupèdes  herbivores  , 
tels  que  les  rais,  le  castor,  l’hippopotame  et  l’éléphant, 
l’émail , au  lieu  de  se  borner  à l’extérieur  de  la  dent, 
comme  on  le  voit  dans  l’homme  et  dans  les  carnivores, 
s’enfonce  dans  l’inlérieur  sous  la  forme  de  lamesver- 
ticales  , qui  dépassent  la  couronne  et  sont  exposées 
aux  divers  froltemens  de  la  mastication.  (2) 

Si  , après  avoir  considéré  les  dents  en  général  , 
nous  examinons  leurs  divers  ordres  dans  chaque 
classe  de  quadrupèdes  , nous  apercevrons  que  leurs 
différences  constituent  les  caractères  les  plus  sûrs  dont 
le  naturaliste  puisse  faire  usage.  Quoi  de  plus  cons- 
tant, en  effet , que  la  structure  des  dents  incisives, 
qui  sont  au  nombre  de  quatre  dans  les  mâchoires  de 
l’homme  et  du  singe,  au  nombre  de  deux  dans  celles 
des  rats,  au  nombre  de  six  dans  celles  des  carnivores , 
au  nombre  de  huit  dans  l’os  maxillaire  postérieur  des 
ruminans,  tandis  que  l’antérieur  en  est  dépourvu? 
Les  six  larges  dents  incisives  du  cheval  n’ont -elles 
pas  une  forme  particulièi’e  qui  les  dsstingue  des  six 
dents  incisives  des  quadrupèdes  carnivores,  que  leur 
extrémité,  plus  aigüe  que  tranchante  , caractérise 
assez  , comme  les  quatre  incisives  antérieures  du  lièvre 
et  du  lapin,  étroites,  allongées  et  disposées  sur  deux 


( i ) Cette  remnrque  appartient  à iVr.  (VAnbenton. 

( 2 ) Comme  lu  mastication  est  très -répétée  dans  ces  animaux  , il 
falloit  que  tours  dents  fussent  susceptibles  d’une  grande  résistance. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i5q 
rangs,  (i)  ne  peuvent  être  confondues  avec  les  quatre 
dents  incisives  des  singes,  des  sapajous  et  des  makis. 
Les  dents  incisives  inférieures  des  chauves- souiâs, 
dont  M.  d’x\ubenton  a fait  connoître  plusieurs  espèces 
nouvelles , sont  divisées  en  lobes  et  comme  festonnées; 
les  incisives  supérieures  de  l’oreillard  sont  fourchues, 
celles  du  hérisson  sont  aignës  et  longues;  elles  percent 
au  lieu  de  couper.  Toutes  ces  dents  sont  soutenues 
dans  la  mâchoire  antérieure  par  un  os  que  j’ai  décrit 
sous  le  nom  d'incisif  (-j)  ou  labial , que  quelques-uns 
appellent  iniermaxillaire , que  l’on  a découvert  depuis 
peu  dans  les  morses,  et  dont  j’ai  reconnu  les  traces 
dans  les  os  maxillaires  supérieurs  du  fœtus  humain.  (5) 
Au  reste  les  dents  incisives  proprement  dites  ne  sont 
pas  les  seules  que  l’on  trouve  implantées  dans  les 
os;  (-i)  ou  y voit  aussi  les  défenses  de  l’éléphant,  du, 
morse  et  de  la  vache  marine;  (5)  et  M.  d’Aubenlon  a 
remarqué  que  la  portion  de  l’os  maxillaire  antérieur 
qui  les  soutient  est  beaucoup  plus  volumineuse  que  la 
région  opposée  de  l’os  maxillaire  postéi'ieur.  Ces  cir- 


( 1 ) Celles  de  la  rangée  postérieure  sont  petites  et  cylindriques. 
JBxtrait  des  leçons  de  M.  d’Aubeiiton. 

fa)  Académie  des  Sciences,  177g. 

{ 5 ) Ibidem. 

( 4 ) J’ai  appris  de  IVL  Camper  , dans  son  dernier  voyage  à Paris  , 
que  cet  os  lui  est  connu  depuis  très-long-temps  , et  qu’il  regarde 
comme  incisives  toutes  les  dents  qui  y sout  enfoncées.  Voyez  aussi 
le  premier  mémoire  de  H.  Broussonuet  sur  les  dents. 

( 5 ) Les  dents  canines  et  Incisives  de  l’hippopotame,  les  canines 
du  barbi -roussa  et  la  corne  dçL  narwal,  sout  aussi  formées  d’un« 
sorte  d’ivoire. 


i6o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

constances  prouvent  bien  que  les  défenses  ne  doivent 
point  être  confondues  avec  les  dents  canines;  mais  il 
ne  pai’oît  pas  qu’elles  puissent  autoriser  les  natura- 
listes à les  classer  parmi  les  incisives.  Divisons  plutôt 
les  dents  des  quadrupèdes  en  trois  ordres  : les  labiales, 
les  angulaires  et  les  mâchelières  ou  molaires.  Sous- 
divisons  les  labiales  en  plates  tranchantes  , ou  inci- 
sives (i)  proprement  dites  ; en  aiguës,  telles  que  celles 
de  rbérisson;  et  en  coniques  ou  défenses  , comme 
celles  de  l’éléphant,  que  l’émail  ne  recouvre  point, 
et  qui  sont  entièrement  formées  d’ivoire. 

Sous-divisons les  molaires  en  petites  et  en  grosses, 
et  disons  : les  incisives  et  les  délenses  de  la  mâchoire 
antérieure,  sont  implantées  dans  l’os  incisif  ou  labial. 
Les  angulaires  ou  canines  antérieures  , sont  placées 
dans  l’os  maxillaire,  proprement  dit,  près  de  la  su- 
ture, qui  le  sépai’e  du  précédent , et  les  deux  oi’dres 
de  dents  molaires  sont  rangées  sur  les  branches  de 
chacune  des  mâchoires.  Nons  éviterons  ainsi  toute 
méprise  , et  nos  expressions,  d’accord  avec  nosidées, 
ne  conduiront  point  à l’eiTeur. 

L’ouverture  des  ti’ous  incisifs,  et  l’étendue  de  l’es- 
pace qui  sépai-e  les  dents  incisives  des  mâchelières 
sont  proportionnées  à la  longueur  de  l’os  incisif.  Cet 
espace , qui  n’existe  point  dans  l’homme  , est  déjà 
très  - marqué  dans  les  singes  cynocéphales;  il  s’accroît 
dans  les  autres  fissipèdes  , et  il  occupe-  une  grande 


( 1 ) On  les  appelle  quelquefois , dans  l’homme , du  nom  d* 
riante». 


/ 


> 


. DISCOURS  SUR  L’ANATOAllE.  i6i 
parties  des  bords  alvéolaires  dans  les  solipèdes  et  dans 
les  bisulques.  Les  quadrupèdes  qui  ont  des  dents  in- 
cisivesà  chaque  mâchoire,  à l'exception  du  hérisson , 
des  musaraignes  et  du  rat  volant , manquent  de  ilents 
canines,  et  à leur  place  est  un  espace  vide  comme 
les  barres  du  cheval,  (i)  Le  lièvre  et  le  lapin  sont 
dans  ce  cas. 

C'est  dans  cet  espace  (2)  que  se  trouvent  les  dents 
angulaires  ou  canines.  Celles-ci , placées  dans  les  deux 
points  qui  correspondent  aux  commissures  des  lèvres, 
sont  plutôt  une  arme  dont  l'animal  se  sert  pour  sa 
défense  , qu’un  instruïnent  propre  à la  mastication. 
Ce  qui  donne  une  grande  vraisemblance  à cette  opi- 
nion , c’est  quêtons  les  ruminans  qui  ont  des  cornes , 
tels  que  le  taureau  et  le  liclier,  sont  dépourvus  de 
dents  canines  , tandis  que  ces  dents  se  trouvent  dans 
les  mâchoires  des  ruminans,  qui , comme  le  chameau, 
n’ont  point  la  tète  surmontée  de  cornes,  et  que  dans 
le  barbi-roussa  , les  canines  de  la  mâchoire  antérieure, 
au  lieu  de  se  diriger  vers  l’intérieur  de  la  bouche, 
sortent  en  sens  inverse  vers  les  angles  des  lèvres,  et 
se  roulent  en  formant,  sur  chaque  côté  de  la  face,  des 
contours  très- étendus. 

Un  caractère  propre  aux  dents  angulaires  des  divers 
animaux  , est  qu’elles  sont  courbes  et  aiguës,  et  qu’elles 
surpassent  en  longueur  les  dents  des  autres  ordres. 
C’est  dans  les  cavnivores  (5)  surtout  qu’elles  sontaigëus 

( 1 ) Cptte  remarque  appartient  àM.  d’Aubenton. 

( 2 ) Je  l’appelle  interdentaire , interdentitium. 

(?>)  Voyez  le  premier  Mémoire  de  M.  Broussoilnet , sur  les  dents 

T.  4. 


11 


162  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
et  prolongées,  (i)  et  que  leur  base  est  large  et  pro- 
fonde. Elles  sont  aussi  fort  longues  dans  plusieurs 
quadrupèdes  qui  vivent  d’insectes  et  de  fruits.  Elles 
sont  obliques  et  presque  horizontales  dans  ceux  dont 
la  face  se  termine  par  un  long  museau , tels  que  le 
sanglier.  Enfin,  dans  quelques  genres,  comme  dans 
le  cheval,  elles  ne  pai'oissent  que  sous  la  forme  de 
petits  crochets,  et  plusieursfemellesensont  dépourvues. 
De  cette  remarque,  qui  n’a  pas  échappé  à M.  Brous- 
sonnet,  et  d’un  grand  nombre  d’autres  que  je  pourrois 
y ajouter,  je  conclus  avec  lui  que  les  dents  angulaires 
sont  en  même  temps  les  moins  nombreuses , et  celles 
de  toutes  qui  varient  le  plus  par  leurs  formes  et  par 
leurs  usages. 

Les  dents  petites  molaires  composent  un  ordre  par- 
ticulier moins  étendu  que  les  autres  ; et  que  je  regai  de , 
avec  M.  Broussonnet,  comme  analogues  à celui  des 
dents  des  carnivores.  Elles  sont  au  nombre  de  quatre 
dans  chaque  mâchoire  de  l’homme  et  de  la  plupart 
des  singes.  Dans  le  sajou  on  en  voit  deux  de  plus  à 
chaque  mâchoire;  ce  qui  porte  à trente-six  le  nombre 
total  des  dents  de  cet  animal,  dont  les  grosses  molaires 
sont  égales  en  nombre  à celles  de  l’homme.  .M.  d’Au- 
henton  a trouvé  de  petites  molaires  dans  l’écureuil, 
la  marmotte,  le  hérisson,  les  musaraignes,  lephalanger, 
le  chat  et  le  tigre.  Observons  ici  que,  dans  plusieurs 
carnivores  , les  petites  molaires  ne  sont  sunuontées 


( 1 ) Les  quadrupèdes  qui  ont  des  dents  canines  courtes  , ne  se  ser- 
vent do  cette  arme  , ni  pour  combattre,  ni  pour  tuer  les  animaux. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i65 
que  d’une  seule  éminence  : c’est  ce  que  j’ai  vu  dans 
le  chien;  la  première  dent  màchelière  après  l’angu- 
laire, est  petite  et  aiguë  comme  une  canine  proprement 
dite.  Il  me  semble  donc  que  l’on  seroit  exact  en 
divisant  les  petites  molaires  en  monoscupides  et  bicus- 
pides,  c’est-à-dire,  en  dents  qui  ont  une  ou  deux 
pointes.  On  a regardé  celles-ci  comme  étant  formées 
de  deux  dents  canines  réunies,  comme  chaque  grosso 
molaire  paroît  résulter  du  rapprochement  de  deux 
molaires  biscupides.  (i)  Mais  cette  manière  de  com- 
parer entr’elles  les  canines  et  les  deux  ordres  de  mo- 
taircs  ne  convient  qu’aux  dents  de  rhomme  et  à celle» 
de  quelques  quadi’upèdes  qui  se  nourrissent  de  fruits 
et  d’écorces  ou  de  viande.  On  ne  trouve  aucun  rap- 
prochement entre  les  molaires  et  les  canines  des  her- 
bivores , dans  lesquels  ces  dernières , si  elles  ne  man- 
quent pas  tout  - à- fait , font  au  moins  très -peu  de 
saillie  et  se  voient  à peine. 

Les  dents  auolaires  ou  mâchelières  doivent  être 
considérées  comme  les  véx'itables  instruraens  de  la 
mastication;  aussi  sont-elles  les  plus  nombreuses,  (2) 
les  plus  larges  , et  celles  qui  varient  le  moins.  Leurs 
racines  sont  doubles,  triples  ou  quadruples,  et  leurs 
surfaces  opposées  portent  surtout  l’empreinte  de  leurs 
caractères  spécificiques.  J’en  distingue  trois  sortes 
dans  les  quadrupèdes  des  divers  ordres:  les  li  nés  sont 
applaties,  horizontales , et  formées  de  lames  perpen- 

(1)  M.  J.  Hunter  a donné  à celles-ci  le  nom  de  bifurquées. 

(2  Les  tatous  ont  beaucoup  de  dents  mâchelières , parce  qu’il> 
n’ont  ni  incisives , ni  canines.  ( M.  d’Aubenton.  ) 


k 


l64  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

•diculaires , dont  l’extrémité  saillante  paroît  sous  la 
forme  de  croissant,  de  trcfles,  de  triangles,  d’orbes 
irréguliers,  de  sinuosités  transversales,  comme  on 
le  voit  dans  les  rats,  dans  le  castor,  dans  l’élépliant , 
dans  le  cheval,  ( i ) et  dans  le  taureau.  Cette  struc- 
ture appartient  aux  dents  des  quadrupèdes  qui  se 
nourrissent,  soit  d’herbes,  soit  de  feuilles  tendres,  soit 
même  de  fruits  et  d’écorces , comme  le  rat  d’eau.  Les 
dents  mâchelières  des  carnivores  sont,  au  conti’aire, 
coupées  obliquement,  recouvertes  d’une  seule  couche 
d’émail,  et  surmontées  d’éminences  aiguës  et  tran- 
chantes de  forme  triangulaire  ou  pyramidale , et  j 
beaucoup  plus  élevées  d’un  côté  que  de  l’autre.  1 

Je  place  entre  ces  deux  ordres  les  dents  molaires  j 
qui,  recouvertes  d’une  seule  couche  d’émail  comme  i 
les  précédentes,  sans  sinuosités  sur  leurs  surfaces  , et 
coupées  dans  une  direction  à peu  près  horizontale, 
sont  hérissées  de  plusieurs  tubercules  ou  pointes 
mousses.  On  trouve  cessortes  de  dents  molaires  dans 
l’homme,  dans  les  singes,  dont  les  alimens  se  tirent 
du  règne  végétal,  et  dans  le  sanglier , qui  se  nourrit 
de  fruits,  de  graines,  et  de  racines  plus  succulentes 
et  plus  faciles  à triturer  que  les  feuilleset  les  herbes. 

Les  dents  de  ce  troisième  ordre,  ou  à tubercules, 
peuvent  broyer  des  alimens  de  toutes  les  sortes; 
aussi  les  quadrupèdes  qui  en  sont  pourvus  s’en  acco- 


(i  ) C’est  tlnns  le  fœtus  du  clieval  qu’il  faut  les  considérer.  On  j 
voit  les  lames  verticales,  d’autant  plus  sensibles,  qu’elles  seules 
composent  lu  totulité  de  la  dent. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i65 

modent- ils  , lorsque  les  circonstances  l’exigent.  Ils 
sont  vraiment  omnivores.  Les  dents  du  premier  ordre, 
ou  à lames , se  trouvent  surtout  dans  les  herbivores» 
et  quelques  quadrupèdes  qui  ne  se  nourrissent  que 
de  végétaux.  Celles  du  second  ordre,  ou  k j)oinles , 
ii’appartienent  qu’aux  carnivores  : leur  mécanisme 
n’est  pas  le  même  que  celui  des  deux  autres  ordres  : 
on  ne  peut  les  comparer  à des  meules  ; elles  cou- 
pent, elles  déchirent,  mais  elles  ne  triturent  pas 
comme  les  dents  à tubercules  ou  à lames,  dont  les 
tablettes  larges,  applaties  , et  à peu  près  horizontales, 
se  touchent  lorsqu’elles  sont  rapprochées,  dans  une 
très-grande  partie  de  leur  étendue  , tandis  que  celle» 
des  dents  à pointes,  quelques  rappixjchées  qu’on  les 
suppose,  laissent  toujours  de  grands  intervalles  entre 
elles. 

Les  dents  à tubercules  et  à pointes  ont  une  grande 
analogie  entre  elles  : leur  émail  est  disposé  de  la 
même  manière;  les  tablettes  sont  plus  obliques,  et 
les  éminences  font  plus  de  saillie,  et  se  présentent 
sons  des  angles  plus  aigus  dans  les  sécondes  que  dans 
les  premières  ; mais  au  fond  leur  structure  est  la  même. 
Aussi  les  animaux  carnivores  mangent-ils  quelquefois 
des  végétaux,  tandis  que  les  ruminans  et  les  soli- 
pedes  refusent  de  se  nourrir  de  viandes.  Les  dents 
à lames  des  herbivores  sont  donc  très-éloignées  de 
celles  des  deux  autres  sections,  et  il  n’y  a point  de 
véritable  rapprochement  entre  elles.  Les  dents  de 
tous  les  quadrupèdes  connus  peuvent  se  rapporter- 
à oes  trois  ordres. 


3 66  SCIENCES  riIYSIÜL.  ET  MEDICALES. 

C’«st  une  recherche  curieuse  que  de  considérer  dam 
cetle  clàsse  d’animaux  les  difl'érentes  combinaisons 
des  divers  ordres  de  dents.  Le  sajou,  par  exemple  > 
le  raococo,  le.phalanger,  le  hérisson  et  l’oreillard , 
ont  chacun  trois  dents  dont  la  distribution  varie  dans 
chacun  d’eux.  Le  phalanger  a 8 dents  incisives 
supérieures;  le  macoco,  le  sajou  et  l’oreillax'd  en  ont 
4,  et  le  hérisson  n’en  a que  2.  On  compte  dans  ce 
dernier  32  dents  molaires  ; dans  le  phalanger  il  y 
en  a J27  , dans  le  sajou  24,  dans  le  œococo  et  dans 
l’oreillard  22  , avec  cetle  différence  que  les  molaires 
supérieures  sont  au  nombre  de  12,  et  les  inférieures 
au  nombre  de  10  dans  le  mococo,  au  lieu  que,  par 
une  disposition  inverse  , les  inférieures  sont  au  nom- 
bre de  12  et  les  supérieures  au  nombre  de  10  dans 
l’oreillard.  Nous  sommes  bien  loin  de  pouvoir  rendre 
compte  de  ces  variétés  qui  ne  paroisseut  que  bizarres 
au  premier  aspect , mais  qui  sont,  on  n’en  sauroit 
douter,  relatives  à la  force,  aux  besoins  des  ani- 
maux , et  surtout  à la  nature  des  alimens  dont  ils 
doivent  se  nourrii’.  Déjà  M.  Broussonnet  a ingénieu- 
sement remarqué  que  les  dents  incisives  supérieures 
et  moyennes  de  l’homme  , étant  plus  larges  que  les 
latérales,  et  ne  se  touehant  point,  sont,  par  cette 
disposition  , analogues  aux  incisives  des  hei'bivores, 
tandis  que  les  incisiv’’es  moyennes  de  la  mâchoire 
inférieure  étant  moindre  que  les  latérales,  ont  des 
rapports  avec  celles  des  animaux  carnassiers.  Ainsi 
des  observations  exactes  et  des  comparaisons  suivies 
expliqueront  successivement  toutes  ces  énigmes. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  167 
Non  - seulement  le  sexe  apporte  quelque  différence 
dans  les  formes  des  dents,  comme  je  lai  dit  en  par- 
lant du  cheval  ; mais  le  climat  influe  encore  sur  leur 
nombre  et  sur  leur  structure  dans  les  animaux  du 
même  genre.  C’est  ainsi  que,  suivant  la  remarque 
de  M.  Camper,  le  rhinocéros  d’Afrique,  arme  de 
deux  cornes,  n’a  point  de  dents  ( 1 ) incisives,  tandi<» 
que  celui  d’Asie,  qui  n’a  qu’une  corne  , est  pourvu 
de  deux  dénis  incisives  supérieures  , et  de  quatre 
inférieures.  (2)  Cest  ainsi  que,  suivant  le  même  ana- 
tomiste, les  lames  des  dents  molaires  de  l’éléphant 
d’Asie  sont  beaucoup  plus  nombreuses  que  celles  de 
l’éléphant  d’Afrique-,  ( 3 ) ce  qui  founiit  un  moyen 
sûr  pour  les  reconnoltre  et  les  caractériser  tous  deux. 

Veut-on  avoir  en  peu  de  mots  une  idée  exacte  de 
l’action  de  toutes  les  espèces  de  dents  molaires  dont 
j’ai  parlé  jusqu’ici  ? Dans  les  carnivores  elle  résulte 
du  mouvement  angulaire  des  mâchoires  qui  s’élèvent 
et  s'abaissent , s’éloignent  ou  se  rapprochent  ; les  dents 
qui  sont  taillées  obliquement,  glissant  les  unes  sur 
les  autres  du  haut  en  bas.  Dans  les  herbivores,  c’est 
principalement  de  droite  à gauche  que  1 os  maxillaiie 
postérieur  se  déplace;  dans  l’homme , comme  dans 
les  singes,  les  molaires  inférieures,  en  passant  sous 
les  supérieures,  décrivent  des  courbes  dont  la  gian- 


( I ) Le  rhinocéros  dLVfrique  a la  peau  lisse. 

( 2 ) Celui-ci  a la  peau  rugueuse  et  ptlssée. 

(3)11  faut  remarquer  que  cet  éléphant  est  d’une  taille  iuféneure 
à celle  du  premier. 


1 tiO  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES, 
deur  et  l’élévation  varient,  leur  mouvement  étant 
comi)osé  de  ceux  qui  se  font  de  haut  en  bas,  de  droite 
à gauche,  et  de  derrière  en  devant.  Enfin,  suivant 
les  observations  de  M.  Camper,  ( i ) c’est  principale- 
ment dans  une  direction  longitudinale  que  se  portent 
les  dents  molaires  du  cabiai  et  de  l’éléphant,  et  e’est 
aussi  dans  le  même  sens  que  se  fait,  dans  ce  dernier  , 
l’effort  de  leur  accroissement 

Des  l'apporls  conslans  existent  entre  la  structure 
des  dents  des  carnivores  et  celle  de  leurs  muscles,  de 
leurs  doigts,  ue  leurs  ongles,  de  leur  langue,  de  leur 
estomac  et  de  leurs  intestins.  Cet  appareil  doit  évi- 
demment servir  à poursuivre,  à tuer  des  animaux, 
à décliirer  leurs  membres,  à digérer  leur  chair,  à 
s’abreuver  de  leur  sang.  Se  pourroit-il  que  celte 
guerre  non  interrompue  entrât  dans  le  plan  de  la  na- 
ture? que  par  elle  le  fort  fut  armé  contre  le  foible  ; que 
jjar  elle  fut  aiguisée  la  dent  du  lion  et  du  tigre  ; que  par 
elle  les  substances  végétales  furent  destinées  à nourrir 
des  animaux  qui,  dévorés  à leur  tour,  se  replongent  suc- 
cessivement dans  ce  règne  muet  et  insensible  où  tout 
s’abîme  et  s’engloutit  ; que  par  elle  enfin  furent  orga- 
nisés ces  grands  quadrupèdes  (2)qu’onnei’etrouveplus, 


- ( 1 ) M.  Camper  a fait  sur  l’élépliant  et  sur  les  singes  uu  grand 
nombre  d’observations  nouvelles  dont  il  est  à désirer  que  Icssavaus 
ne  soient  pas  privés  plus  long-temps. 

( 7.  ) Tels  sont  le  mamoulb  et  l’élan  aux  cornes  palmées.  Observa- 
iions  sur  la  Virginie  , par  M.  Jefl'erson  , pages  io5  et  126;  ouvrage 
traduit  nouvellement  , et  publié  par  uu  des  plus  savons  littérateurs 
de  celle  capitale  ( M.  l’abbé  Morellet-  J 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  169 

et  dont  les  débris  épars  laissent  entrevoir  que  le  do- 
maine de  la  vie  a déjà  reçu  quelque  atteinte,  et  que 
celui  de  la  mort  s’élève  sur  scs  ruines  et  s agrandit  à 
ses  dépens. 

Le  rat , appelé  hamsler , a des  poches  ou  abajoues 
analogues  à celles  des  singes.  Les  unes  et  les  autres 
seront  l’objet  de  nos  recherches. 

L’os  hyoïde,  dont  l’usage  est  de  soutenir  la  base  de 
la  langue  , s’allonge  à mesure  que  la  face  et  la  langue 
elle -même  acquièrent  plus  d’étendue.  Il  est  formé 
de  trois  ou  de  cinq  osselets  dans  les  quadrupèdes  cla- 
viculés , et  de  neuf  dans  la  plupart  de  ceux  qui  ne  le 
sont  point. 

Entre  l’os  hyoïde  et  le  larynx  de  quelques  singes 
esl  un  sac  ( 1 ) membraneux , et  double  dans  l’oi'ang- 
outang  , simple  dans  la  plupart  des  autres  singes  , 
osseux  dans  le  singe  rouge  de  Cayenne,  et  que 
M.  Campera  retrouvé  membraneux  dans  le  renne, 
sans  que  nous  sachions  ni  quel  est  son  usage  dans  les 
singes  , ni  pourquoi  cette  conformation  leur  est  com- 
mune avec  un  quadrupède  ruminant  que  tant  de  ca- 
ractères en  éloignent,  et  qui  a si  peu  de  rapports 
avec  eux. 

D'autres  cavités  et  des  cloisons,  placées  à l’inté- 
rieur du  larynx  de  quelques  quadrupèdes,  tels  que 
Fane  et  le  sanglier,  forment  des  différences  dont  nous 
ne  négligerons  point  de  nous  servir. 

Tous  les  fissipèdes  ont  un  estomac  simple,  c’est-à- 

( 1 ) J’ai  donné  à ce  sac  le  nom  à-'hyolvroidien. 


I 


3 70  SCIENCES  PHYSTOL.  ET  MEDICALES, 
dire  formé  d’une  seule  cavité.  Dans  l’Iiama,  dans  la 
vigogne,  dans  rhippopolame,  et  dans  quelques-uns 
des  bisulques  sans  canon,  ce  viscère  est  composé  de 
plusieurs  sacs  irréguliers  qui  communiquent  entr’eux. 
Dans  tous  les  bisulques  qui  ont  un  canon  , les  quatre 
estomacs  sont  complets,  et  la  rumination  en  constitue 
le  principal  caractère. 

La  vésicule  du  fiel  manque  dans  plusieurs  quadru- 
pèdes de  différentes  classes 5 tels  sont  l’ouistiti,  l’iiip- 
popolame,le  cheval , l’âne,  le  cerf,  le  daim,  le  che- 
vreuil, le  cariacou , l’axis  et  la  renne. 

Plusieurs  quadrupèdes  sont  dépourvus  de  l’intestin 
cæcum  et  de  l’appendice  vermiforine.  Dans  quelques- 
uns  même,  comme  dans  l’ours,  l’intestin  colon  n’est 
point  marqué.  Dans  plusieurs  ruminans  les  intestins 
grêles  sont  en  spirale,  au  milieu  des  circonvolutions 
du  colon  qui  les  entoure-,  et  dans  les  solipèdes,  comme 
dans  le  cheval,  la  grande  étendue  des  intestins  sup- 
plée à la  petitesse  de  l’estomac  qui  ne  paroît  pas  être 
proportionné  au  volume  de  l’animal. 

Les  vertèbres,  les  côtes,  le  sternum  et  les  os  du 
bassin , composent  la  charpente  du  tronc.  Jetons  un 
coup  d’œil  sur  leurs  différences.  Les  vertèbres  du  cou 
sont,  dans  tous  les  quadrupèdes,  au  nombre  de  sept: 
la  constance  de  ce  nombre  s’étend  jusqu’aux  cétacécs^ 
où  il  subsiste,  malgré  la  réunion  apparente  de  plu- 
sieurs de  ces  vertèbres.  Tandis  que  l’atlas  et  Iaxis  sont 
soudés  ensemble  dans  les  dauphins,  les  cinq  autres 
vertèbres  cervicales  ne  forment  qu  une  seule  pièce 
dans  laquelle  les  cerceaux  osseux  et  les  apophj^ses. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  171 

soit  épineuses , soit  transverses , sont  Irès-distincles; 
et  M.  Camper  m’a  appris  que  dans  le  cachalot  l’allas 
est  séparé,  tandis  que  l’axis  et  les  cinq  autres  ver- 
tèbres cervicales  inlérieures,  réunies,  ollVent  égale- 
ment lesti’aces  de  chacune  d’elles  en  particulier. 

Le  nombre  des  vertèbre*  du  dos  est  toujours  en  rai- 
son de  celui  des  côtes. 

Les  vertèbres  lombaires  varient  beaucoup.  Plu- 
sieurs quadrupèdes  en  ont  cinq,  comme  l’homme: 
tels  sont  l’orang-outang,  le  sajou,  le  castor,  le  raton, 
la  taupe,  la  musaraigne  volante  , le  cheval  (1)  et  le 
pécari.  Le  nombre  des  vertèbres  lombaires  semble 
s’accroître  à mesure  que  celui  des  vertèbres  sacrées 
diminue  : c’est  .ainsi  que  l’on  trouve  six  vertèbres 
lombaires  dans  le  singe,  appelé  gibbon,  et  sept  dans 
le  magot , dans  le  mandrill  , et  dans  plusieurs  autres 
où  le  sacrum  n’est  composé  que  de  trois  pièces. 

Les  rats  en  général  et  les  ruminaus  ont  six  vertèbres 
lombaires.  Le  tigre,  le  lion,  et  presque  tous  les  car- 
nivores, le  dromadaire,  le  chameau,  le  lièvre  et  la 
marmotte  eu  ont  sept.  Quelques-  uns,  comme  le  loris 
et  le  polatouche  en  ont  neuf.  On  n’en  trouve  que 
quati’e  dans  le  coaila  et  le  paresseux,  et  trois  seule- 
ment dans  l’éléphant  et  dans  le  fourmilier 

Il  n'y  a qu’un  très-petit  nombre  de  quadrupèdes, 
tels  que  le  castor,  la  inarumtte,  la  taupe,  le  pécari  et 
le  cheval,  dans  lesquels  M.  d’Aubentoa  ait  trouvé  cinq 


( 1 )M.  d’Aubenton  a découvert  qu’il  y a quelquefois  une  ver- 
tèbre do  plus  dans  la  région  lombaire  du  cheval. 


i72  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

vertèbres  sacrées.  Dans  les  autres,  ces  pièces  sont  au 
nombre  de  quatre,  comme  dans  le  saï  et  dans  le  loris  j 
ou  de  trois,  comme  dans  le  gibbon;  ou  même  de  deux  ' 

comme  dans  le  coaila,  dans  le  phaianger  et  dans  il 
inarmose. 

Plus  on  s’éloigne  de  l’homme,  plus  aussi  on  voit  le 
coccyx  se  prolonger.  Les  pièces  qui  le  forment  sont  au 
nombre  de  trente  dans  le  phaianger,  dans  le  saïmiri, 
et  dans  plusieurs  auti’es;  au  nombre  de  trente- trois , 
dans  le  mococo  ; au  nombre  de  trente -six,  dans  le 
cayopolliii;  enfin  on  trouve  quarante-deux  vertèbres, 
ou  pièces  coccigiennes,  dans  le  fourmilier. 

Le  sternum  est  beaucoup  plus  étroit  dans  les  qua- 
drupèdes que  dans  l’homme,  et  le  nombre  des  osselets 
qui  le  composent  est  toujours  proportionné  à celui 
des  côtes,  que  les  anatomistes  appellent  vraies,  et 
auxquelles  j’ai  donné  le  nom  de  sterno-vertébrales. 

Les  nombres  des  côtes  les  plus  répandus  parmi  les 
quadrupèdes,  sont  ceux  de  vingt-quatre,  vingt-six, 
vingt-huit  et  trente.  Le  résultat  en  plus,  est  de  Trente- 
deux  dans  l’hyène;  de  ti-ente-six,  dans  le  cheval;  de 
quarante,  dans  l’élépbant,  et  de  qiiai-ante-six  dans 
l’unau.  Le  résultat  en  moins,  est  de  vingt-deux  dans 
la  musaraigne  volante,  dans  le  campagnol  volant,  et 
dans  le  cachicame. 

Le  lamantin  n’a  que  quatre  côtes  sterno-vertébrales: 
quelques-uns  n’en  ont  que  dix;  dans  la  plupart  on  en 
trouve  quatorze  ou  dix  huit.  Le  jîhoque  et  Tunau 
sortent  de  ces  lijuites,  l’un  ayant  vingt,  et  l’autre 
vingt-quatre  de  ces  côtes. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  175 

On  ne  connolt  point  de  quadrupèdes  qui  aient  moins 

de  huit  côtes  verlébrales.(i)  Dans  leplusgrand  nombre 

on  en  trouve  dix,  et  plusieurs  en  ont  douze  ou  quatorze. 
Le  clieval  en  a vingt;  l’éléphant,  vingt-six  ; et  le  la- 
mantin en  a vingt-huit. 

On  compte  vingt-quatre  côtes  dans  le  squelette  de 
riioinme  : on  en  trouve  le  même  nombre  dans  celui 
de  plusieurs  quadrupèdes;  mais  dans  quelques-uns  de 
ces  animaux,  la  distribution  de  ces  vingt-quatre  côtes 
difl’ère  de  celle  des  côtes  de  l'homme.  Dans  le  magot, 
dans  le  mandrill,  dans  le  mococo,  ce  nombre  est 
composé  de  seize  côtes  sterno  - vertébrales  et  de  liuit 
vertébrales;  et  dans  la  mone  , il  l’est  de  dix-huit  côtes 
sterno  - vertébrales  et  de  six  vertébrales.  Dans  le 
gibbon,  dans  le  talapoin  ,»daus  le  polatouche,  dans  le 
lièvre  et  dans  le  dromadaire,  le  nombre  des  côtes 
sterno-verlébrales  est  le  môme  que  dans  l'homme;  ce 
qui  fait  bien  voir  que  l’identité  de  plusieurs  caractères 
n’est  pas  toujours  une  preuve  d’analogie  entre  les 
individus  auxquels  ilsappartiennent,  et  que  dans  l’his- 
toire des  animaux,  on  doit  être  réservé,  pour  ne  pas 
tirer  des  résultats  faux  de  quelques  ressemblances 
trompeuses. 

En  général,  la  poitrine  des  quadrupèdes  étant  plus 
étroite  que  celle  de  l'homme,  doit  être  plus  longue, 
puisqu’elle  a les  mêmes  viscères  à contenir,  et  il  falloit 
que  les  côtes  qui  en  forment  l’enceinte  fussent  aussi 
plus  nombreuses. 


( 1 ) J’appelle  ainsi  les  fausses  côtes. 


174:  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Linné  a dit  dans  plusieurs  endroits  de  ses  ouvrages, 
que  son  premier  dessein  avoit  été  d’étendre  à tous  les 
animaux  la  méthode  sexuelle  qu’il  a employée  pour 
les  plantes,  et  qu’il  n’a  été  détourné  de  ce  projet  que 
pai  la  ciainte  de  blesser  la  modestie  de  ses  lecteurs. 
Sans  rechercher  si  cette  crainte  étoit  fondée,  j’assu- 
rerai qu’il  auroit  facilement  trouvé  dans  ce  plan  de 
distribution  systématique  des  caractères  dont  il  auroit 
pu  faire  usage  : j’assurerai  que  sous  ce  rapport,  comme 
sous  tant  d’autres,  l’homme  diffère  de  tous  les  êtres j 
que  le  scroium,  et  la  présence  d’un  os  dans  la  verge, 
en  éloigne  le  singe  pour  le  rapprocher  de  quadupèdes; 
que  la  forme  du  prépuce  et  de  la  prostrate,  que  la  pri- 
tation  des  vésicules  séminales,  que  les  diverses  pro— ■ 
portions  de  l’espace  membraneux  de  l’ui-ètre,  que  la 
disposition  des  cornes  utennes,  qui  n’existe  point  dans 
la  femelle  du  pithèque,  dont  la  matrice  n’a  qu’une 
seule  cavité,  comme  celle  de  la  femme;  que  l'étroi- 
tesse de  ces  mêmescornes  dans  quelques  autres  singes, 
et  leur  grande  étendue  dans  la  plupart  des  quadru- 
pèdes ; que  la  longueur,  la  largeur,  la  direction  du 
vagin  dans  quelques  genres,  tels  que  la  taupe,  dont 
les  foetus  ne  franchissent  point,  à la  manière  ordi- 
naire, le  détroit  formé  par  les  os  pubis;  que  la  sou- 
plesse et  la  mobilité  de  leurs  symphises  dans  quelques 
espèces;  que  les  contours  des  vaisseaux  spe)niali(jues 
et  les  divers  renflemens  des  ovaires  sont  autant  de  ca- 
ractères anatomiques,  qui  doivent  tenir  une  place 
distinguée  dans  nos  travaux.  Comme  ces  différences 
sont  relatives  à la  reproduction  des  animaux,  elle» 


DISCOURS  SUR  L’\NATOMIE.  175 

forment  une  des  parties  les  plus  importantes  de  leur 
histoire. 

Le  porte -musc,  la  gazelle,  l’hyène,  et  plusieurs 
autres,  sont  remarquables  par  une  liqueur  d’une  odeur 
très- forte,  et  que  contient  un  réservoir  particulier. 

Il  n’y  a pas  jusqu’aux  mamelons  qui  pourraient 
servir  de  base  à une  distribution  méthodique  des  qua- 
drupèdes. Dans  les  uns  les  mamelles  sont  placées  sur 
la  poiti’ine  ; dans  les  autres,  elles  se  trouvent  sur  la 
région  abdominale;  et  dans  la  plupart,  elles  s’étendent 
à ces  deux  régions-  Dans  la  première  classe  seroient 
compris,  1°.  les  quadrupèdes  qui  n’ont  que  deux  ma- 
melons toiacliiques,  comme  les  singes,  l’éléphant  et 
les  quadrupèdes  à ailes  membraneuses;  2“.  ceux  qui , 
comme  le  vari  , ont  quatre  mamelons  placés  sur  la 
poitrine.  A la  deuxième  classe  se  rappurteroient  les 
quadrupèdes  qui,  comme  la  jument,  n’ont  que  deux- 
mamelons  abdominaux , ou  qui  en  ont  quatre,  comme 
la  vache  et  les  ruminaiis  en  général.  La  troisième 
çlasse  seroit  nombreuse;  des. combinaisons  très- va- 
riées (1)  en  détermineraient  les  genres  et  les  espèces 
on  considéreroit  surtout  la  poche  de  Vopossum  qu’ac- 
compagne une  expansion  osseuse  dont  le  inàle  n’est 
pas  privé,  (2)  et  où  les  mamelons,  rangés  par  paires, 
doivent  allaiter , je  ne  dirai  pas  les  petits  , mais  les 


( 1 ) M.  d Aubenton  a trouvé  dans  quelques-uns  des  nombres 
impairs , sans  doute  lorsqu’un  de  ces  organes  ue  s étoit  point  déve» 
loppé. 

taj  Ce  sont  les  ossa  marsupialia  Tyson. 


176  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

embryons  de  ces  animaux  ; el  l’on  verroit  avec  quelle 
constance  et  quelle  unifoi'inité  les  différences  de  ces 
organes  sont  d’accord  avec  celles  qui  constituent  les 
divisions  fondamentales  dont  j’ai  parlé  ci-devant. 

Enfin,  après  avoir  soumis  à l’examen  les  caractères 
anatomiques  des  genres  et  des  espèces,  on  cherchera 
en  quoi  diffèrent  les  uns  des  autres  les  individus  qui 
forment  les  variétés  des  races;  car  il  y a des  animaux 
qui,  réduits  à l’état  de  domesticité,  et  répandus  sur 
diverses  parties  du  globe,  y portent  l’empreinte  des 
différens  sols  et  des  usages  aux(|uels  on  les  a assujétis. 
Tels  sont  le  cheval,  le  dromadaire  et  le  taureau,  que 
l’homme  a domptés  pour  les  associer  à ses  travaux  ; 
tels  sont  le  bouc  et  le  bélier  qu’il  a tirés  du  fond  des 
forêts  pour  s’emparer  de  leur  toison  et  se  nourrir  de 
leur  chair  : tel  est  aussi  l’homme  lui -même,  partout 
en  guerre  avec  ses  semblables,  partout  oppresseur  de 
sa  race,  esclave  et  tyran  de  sa  propre  espèce.  L’ana- 
tomiste dira  quels  sont,  pai’mi  tant  de  modifications 
diverses,  les  principaux  changemens  qui  ont  affecté 
les  organes. 

CÉTACÉES. 

Les  cétacées  sont  si  peu  nombreux  et  si  peu  connus 
que  la  distribution  adoptée  par  les  naturalistes  (1)  est 
la  seule  que  je  puisse  indiquer  et  suivre.  Les  fanons  de 
la  baleine,  les  omoplates  et  les  os  des  bras,  ceux  de 


( 1 ) 7'^oj/ezla  division  méthodique  des  cétacées  par  M.  Brisson.  II 
est  le  premier  qui  les  ait  séparés  des  poissons. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  177 

l’av'ant- bras  rétrécis  et  défigurés,  les  phalanges  nom- 
breuses et  piülongées  , dans  les  baleines  et  dans  les 
dauphins;  les  nageoij'es  dont  le  volume  ne  répond 
point  à celui  du  corps  , et  (jui  ne  sont  point  composées 
d’os  épineux  ni  de  cartilages;  la  position  de  la  na- 
geoire de  la  queue,  les  mamelles  et  les  poumons  dû 
ces  animaux  ; les  trous  par  lescjuels  l’eau  , mêlee  d'air, 
jaillit  avec  silllcment;  les  arcades  zygomatiques,  si 
déliées  dans  les  dauphins;  leurs  côtes,  dont  les  extré- 
mités vertébrales  sont  implantées  et  soutenues  sur 
celles  des  apophyses  transverses,  avec  lesquelles  ces 
arcs  osseux  semblent  se  continuer;  le  défaut  de  car- 
tilages sterno-costaux , qui  sont  remplacés  par  des 
pièces  osseuses;  (i)  le  sternum  qui  est  large;  les  os  des 
îles  et  les  apophyses  pierreuses  des  os  des  tempes,  que 
IHjii  a si  souvent  oubliées  dans  leur  diasecliun  et  ilans 
la  préparation  de  leur  squelette;  la  structure  de  l’or- 
gane de  lüuie,  qui,  selon  Camper,  est  dépour\  u de 
conduits  demi  — circulaires  dans  les  cétacées  , tandis 
que  dans  celui  des  oiseaux,  on  ne  trouve  point  de  li- 
maçon ; le  défaut  de  vestibule  dans  le  cachalot  et  dans 
le  dauphin,  la  baleine  étant  le  seul  des  cétacées  où 
cette  cavité  se  trouve;  toutes  ces  parties,  toutes  ces 
observations  trouveront  leur  place  dans  notre  tableau. 

OIS  1:  A U X. 

Les  oiseaux  offrent  un  spectacle  plus  attrayant  et 
qui  est  plus  à la  portée  de  l’observateur.  Ce  peuple 

(1  ) C’est  des  dauphins  que  je  parle  ici. 

T.  4. 


12 


ryS  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
léger  habite  l’air,  la  terre  et  les  eaux.  Parmi  les  in- 
dividus qui  le  composent,  quelques-uns  s’élèvent  d’un 
vol  hardi  et  disparoissent  à des  hauteurs  d’où  ils 
voient  sans  peine  ce  qui  se  passe  au-dessous  d’eux,  et 
où  ils  respirent  sans  fatigue  un  air  moins  comprit^. 
D’autres  sont  en  quelque  sorte  attachés  à la  surface 
du  globe.  Il  en  est  qui  ne  jouissent  de  leurs  facultés 
que  dans  le  crépuscule.  Plusieurs  ne  vivent  que  dans  les 
ténèbres,  et  sont  les  compagnons  de  la  nuit.  Des  fa- 
Dnilles  nombreuses  sont  distribuées  dans  les  plages, 
dans  les  marais  ou  sur  les  plaines.  Moins  vigoureux 
et,  pour  ainsi  dire,  domestiques,  plusieurs  entourent 
nos  demeures  et  se  reproduisent  sous  nos  toits.  Enfin 
la  nature , en  versant  ses  dons  sur  le  nouveau  conti- 
nent, voulut  qu’une  famille  d’oiseaux,  brillant  de 
tout  1 éclat  des  fleurs,  y habitat  les  lieux  embaumés 
de  leur  parfum. 

Les  différences  dans  les  habitudes/ qui  en  supposent 
aussi  dans  la  conformation , doivent  servir  de  guide 
dans  la  distribution  des  genres  anatomiques  des  oi- 
seaux. L’aigle  et  le  hibou  seront  comparés  l’elative- 
nient  à l’organe  de  la  vue;  le  gerfaut,  la  buse  et  l’ou- 
tarde,  le  seront  dans  la  structure  des  muscles  et  des 
os  qui  servent  pour  le  vol.  On  considérera  les  pou- 
mons et  leurs  appendices  dans  ces  oiseaux , dans  \e% 
héron  et  dans  les  gallinacées,  où  ccs  viscères  ont  moins 
détendue.  Le  lete-chevre,  qui  tieirt  le  milieu  enti'« 
les  oiseaux  de  nuit  et  ceux  de  jour,  sera  compare  avec 
eux.  Le  lagopède  cherche  le  froid,  et  se  creuse  une 
cavité  sous  la  ireige,  tandis  qye  le  hocco  ne  vil  qua 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  179 

sous  la  zone  torride  de  l’ancien  continent.  On  oppo- 
sera la  douce  mélodie  du  rossignol  aux  sons  aigus  du 
moineau  franc  ; le  cygne  sauvage  au  cygne  domes- 
tique, les  contours  extérieurs  de  la  trachée  artère  dans 
l’oiseau-pierre  et  dans  le  paragua  à son  enfoncement 
dans  le  slernum  du  héron  et  de  la  grue;  le  cou  du 
perroquet  et  de  la  chouette  à celui  de  cigogne  ; la 
langue  des  colibris  et  des  oiseaux-mouches,  à celle 
des  pics:  les  os  innominés  de  l’autruche,  à ceux  du 
casoar  et  du  dronte;  et  l’estomac  du  plongeon  et  du 
coucou , (1)  à ceux  de  la  buse  et  du  coq  d’Inde. 

Le  castagneux  poursuit  sa  proie  sous  les  eaux  : le 
grèbe  ne  peut  se  reposer  que  sur  cet  élément  : l’oie  et 
le  canard  le  quittent  à volonté  pour  habiter  la  terre. 
■L’aigle  se  nourrit  de  chair;  le  cormoran,  de  poissons; 
le  pic,  d’insectes;  la  bécace,  de  vers;  le  pigeon,  de 
graines  ; et  le  merle  de  baies  et  de  fruits.  Chacune 
de  ces  circonstances  doit  lixer  l’attention  du  physio- 
logiste. 

Il  examinera  d’abord  le  squelette  et  les  muscles  des 
oiseaux;  étude  sans  laquelle  on  ne  peut  connoître  que 
d’une  manière  imparfaite.,  et  pour  ainsi  dire  empi- 
rique, la  structure  d’un  animal  quelconque.  Le  cer- 
veau, l’estomac,  et  les  intestins,  le  larynx,  les  pou- 
mons, le  cœur  et  les  organes  sexuels  , deviendront 
successivement  le  sujet  de  ses  recherches. 

On  remarque  de  chaque  côté , dans  la  base  de  la 


( 1 ) La  position  de  cet  estomac  , situé  tout- à -fait  en  devant , est 
très  - remarquable. 


i8o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
tête  des  oiseaux , une  pièce  transversale  qui , étant 
articulée  et  mobile  dans  les  deux  extrémités,  permet 
à la  mâchoire  supérieure  de  se  mouvoir  en  glissant 
en  arrière,  et  sert  en  même  temps  à l’articulation  de 
la  mâchoire  inférieure.  Les  deux  arcades  externes 
que  l’ont  peut  appeler /jaZaiiW  , et  qui  contribuent 
beaucoup  à 1 élévation  ou  à l’abaissement  de  la  mâ- 
choire supérieure;  le  trou  optique  qui  est  unique, 
placé  derrière  la  cloison  osseuse  des  orbites;  le  trou 
auditif  qui  est  très -grand;  l’osselet  de  l’organe  de 
louie  analogue  à celui  des  quadrupèdes  ovipares,  et 
qui  est  seul,  au  lieu  d’être  triple  comme  dans  lesqua- 
diupèdes;  les  conduits  demi- circulaires  qui  forment 
différens  ovales  bien  exprimés;  un  conduit  droit, 
quelquefois  divisé  dans  l’intérieur,  et  qui  semble  tenir 
lieu  de  limaçon;  des  cellules  osseuses  très -multipliées 
qui  communiquent  librement  d’un  côté  de  la  tête  à 
1 autre,  et  au  milieu  desquelles  sont  logés  ces  con- 
duits; tout  cet  appareil  montre  une  structure  que  l’on, 
ne  trouve  point  ailleurs  , et  qui  est  particulière  à 
cette  classe  d’animaux. 

Les  mouvemens  de  la  tete  et  du  cou  sont  plus 
étendus  dans  les  oiseaux  que  dans  les  quadrupèdes; 
aussi  la  tête  des  oiseaux  ne  s’articule  avec  la  première 
vertèbre  que  par  une  petite  apopl)yse  ronde,  tandis 
que,  dans  l’homme  et  dans  les  quadrupèdes,  il  y a 
deux  eminences  articulaires  et  condyloïdiennes  qui 
sont  ovales.  Aussi  le  nombre  des  vertèbres  du  cou  des 
oiseaux  surpasse  - t-il  celui  de  ces  mêmes  vertèlires 
dans  le  cou  des  quadrupèdes,  et  chacune  de  ces  pièces 


DISCOURS  SUR  L’ANxVrOMlE.  i5i 

jouit -elle  de  la  mobilité  la  plus  grande.  Ou  voit  F® 
nombre  des  vertèbres  cervicales,  c]ui  est  de  onze  ou 
douze  dans  plusieurs  oiseaux,  augmenter  à mesure 
fjue  leur  cou  devient  plus  allongé;  c’est  ainsi  qu’il  y 
en  a treize  dans  le  casoar  et  dans  la  corneille,  qua- 
torze dans  le  coq  , dans  la  buse  et  dans  l’aigle,  seize 
dans  le  canard,  dix-huit  dans  la  grue,  et  dans  le 
cygne  vingt- trois. 

Les  côtes  des  oiseaux  sont  en  général  au  nombre 
de  huit  ou  dix.  Elles  diflèrent  en  plusieurs  points  de 
celles  de  l’homme  et  des  quadrupèdes  ; elles  se  di- 
visent comme  les  précédentes,  en  sterno  - verté- 
brales (])  cl  en  vertébrales;  (2)  mais  celles-ci  se 
trouvent,  dans  un  grand  nombre  d'individus,  aussi 
bien  à la  partie  antérieure  qu’à  la  partie  postérieure 
de  la  poitrine.  Les  côtes,  sterno  - vertébrales  sont  os- 
seuses jusqu’au  sletnun^  elles  sont  angulaires  vers  le 
milieu  de  leur  trajet;  et  dans  les  mouveinens  de  la 
respiration,  ce  n’est  pas  de  droite  à gauche  , comme 
dans  l’homme  et  dans  les  quadrupèdes , mais  de  de- 
vant en  arrière,  que  la  poitrine  se  dilate. 

Les  côtes  vertébrales  antérieures  et  postérieures, 
ainsi  que  les  sterno- vertébrales,  varient  beaucoup 
dans  les  différeiis  oiseaux.  On  ne  trouve  point  de  côtes 
vertébrales  antérieui'es  dans  l’aiglè  ni  dans  la  buse^ 
On  n’en  trouve  qu'une  de  chaque  côté  dans  la  cor- 
neille et  dans  la  chouette.  Il  y en  a deux  dans  l’am- 


( 1 ) On  les  appelle  communément  du  nom  de  vraiss  côtes- 
< 3 ) Ce  sont  les  fausses  côtes. 


a 82  SCIENCES  PFIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

tiuche,  dans  ]e  cygne,  dans  la  grue,  dans  le  coq  et 
dans  le  canard. 

Si  l’on  examine  les  côtes  sterno  • vertébrales  des 
oiseaux  , on  y remarque  aussi  beaucoup  de  différences. 
Le  casoar,  le  coq  et  le  coucou  n’en  ont  que  quatre  de 
chaque  côté.  L’autruche , la  corneille  et  le  perroquet 
en  ont  cinq;  l’aigle,  la  buse,  la  grue,  la  chouette  et 
le  canard  en  ont  sept. 

Enfin , en  considérant  les  côtes  vertébrables  posté- 
rieures dans  les  mêmes  individus,  il  est  facile  de.s’as- 
surer  que  l’aigle,  la  buse,  la  grue  et  la  chouette  ne 
paroissent  point  en  avoir,  ( i ) que  le  perroquet  n’en 
a qu’une  de  chaque  côté,  que  l’autruche  en  a deux, 
et  que  le  casoar  en  a trois.  ' * 

Le  sternum  des  oiseaux  se  meut  par  un  mouve- 
ment de  bascule,  à la  manière  des  soufflets  des  forges, 
mécanisme  qui  a été  bien  décrit  par  Bertin.  (2)  Cet 
os  est  i-emarquable  par  une  crête  très -saillante  qui 
l’a  fait  comparer  à une  quille  de  vaisseau,  et  par  deux 
prolongemens  latéraux  qui  s’étendent  en  arrière,  et 
qu’une  membrane  unit  avec  la  partie  moyenne  de 
cet  os.  A droite  et  à gauche  on  aperçoit  les  articu- 
lations des  côtes  qui  sont  très -rapprochées  l’une  de 
l’autre,  et  qui  jouissent  dans  ce  contact  d’un  mouve- 
ment assez  mai'qué.  Sur  les  côtés  du  sternum  011 
trouve  une  apophyse  en  forme  d’anse,  et  vers  les 


{ 1 ) J’ai  fait  la  plupart  de  ces  recherches  sur  les  squelettes  que 
l’on  conserve  au  Cabinet  <tg  Roi. 

( 3 ) Ostéülo^ic. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i85 
parties  latérales  et  externes  tles  clavicules,  deux 
autres  apophyses  que  j’ai  désignées  sous  le  nom  de 
claviculaires.  _ 

Cette  structure  varie  dans  plusieurs  oiseaux.  Dans 
la  perroquet , dans  la  petite  chouette  , dans  1 aigle  , 
dans  le  bièvre  et  dans  l’oie,  l’os  sternum  cs\.  plein. 
Dans  le  sternum  du  coq , les  anses  et  les  divisions  la- 
térales sont  bien  exprimées.  Dans  la  bacasse,  cet  os  est 
mince  ; les  anses  sont  peu  marquées , et  les  petites 
cotes  latérales  sont  très-courtes;  dans  les  plus  petits 
oiseaux,  ces  prolongeniens  sont  en  général  tres-dis- 
tincts.  Le  sternum  du  casoar  et  de  1 autruche  semble 
se  rapprocher  de  celui  de  l'homme;  il  est  beaucoup 
plus  court  que  dans  les  autres  oiseaux;  la  saillie 
moyenne  n’existe  point;  un  tubercule  ou  reiinenient 
en  tient  lieu.  Il  est  poreux  , léger , arrondi , et  il  a la 
forme  d’un  bouclier. 

C’est  une  question  difficile  à résoudre  que  de  savoir 
s’il  existe  une  l'égion  lombaire  dans  la  colonne  epi- 
nière  des  oiseaux,  et  quelles  sont,  dans  cette  classe 
d’animaux,  les  limites  de  l’os  sacrum.  Pour  l'csoudie 
cette  question,  je  ferai  remarquer  que  c est  \eis  la 
partie  antérieure  des  fosses  rénales  que  se  trouve  l’ar- 
ticulation de  l’os  des  îles  avec  le  sacrum  ^ et  que  cette 
union  se  fait  de  chaque  côté  par  une  double  éminence 
en -devant  de  laquelle  est  une  poi’tion  très  - courte 
de  la  colonne  vertébrale  qui  pai'oît  répondre  à la  ré- 
gion lombaire  , puisqu’elle  donne  passage  aux  nerfs 
qui  ont  reçu  le  même  nom.  11  y a cependant  quel- 
ques oiseaux,  tels  que  le  perroquet , où  il  semble  que 


i8i  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

cette  région  manque  absolumenl.  Dans  la  buse,  dans 
l’aigle,  dans  la  grue  et  dans  la  chouetle,  elle  e«l  for- 
mée de  deux  pièces;  elle  l’est  de  six  dans  le  casoar 
et  d’une  seule  dans  le  canard  et  dans  le  coq.  Remar- 
quons qu’il  ne  s’exécute  aucun  mouvement  dans  les 
lombes  de  loiseau,  et  que  les  différeules  pièces  que 
l’on  y trouve  sont  toujours  soudées  entr’elles.Les  ver- 
tèbres cervicales  augmentent  en  nombre  à mesure  que 
la  région  lombaire  se  raccourcit  ; et  comme  le  cou  est 
tres-souple  et  que  le  corps  est  très-court , le  nombre 
des  vertèbres  dorsales  et  des  côles,  étant  lui-même 
très  - borné  , il  ne  paroît  pas  que  la  mobilité  de  la  ré- 
gion lombaire  eût  effet  de  grands  avantages  à cette 
classe  d’animaux. 

En  convenant  de  placer  la  première  pièce  du  sacrum 
des  oiseaux  au  niveau  de  la  double  éminence  de  son 
articulation  latérale,  j’ai  vu  le  nombre  de  ses  osselets 
varier  dans  les  différentes  espèces,  depuis  sept  jusqu’à 
douze  ; et  ceux  du  coccyx,  depuis  six  jusqu’à  huit,  (i) 
L’os  des  îles  des  oiseaux  m’a  paru  présenter  l’ébauche 
d’un  pubis  dans  ses  parties  latérales  où  se  trouve,  de 
chaque  côté,  un  osselet  grêle  et  légèrement  recourbé. 
Ces  petits  os,  considérés  dans  l’aigle,  se  touchent 
presque.  Reunis  dans  l’autruche,  ils  forment  un  vé- 
ritable pubis,  et  nous  voyons  la  structure  propre  aux 
quadrupèdes  recommencer  là  où  finit  celle  qui  est 
particulière  aux  oiseaux. 

Les  clavicules , dans  les  animaux  de  cette  classe  sont 


j 


\ 


( I ) Academie  dea  Scicncea , 17/4 , page  4(ji. 


\ 


I 


DISCOUTIS  SUR  L’ANATOMIE.  i85 

longues , épaisses  , et  droites.  Trois  muscles  très- forts 
en  dirigent  les  mouvemens,  et  un  petit  os  courbe, 
connu  sous  le  nom  àc  fourchette , en  mesure  et  en  as- 
sure la  distance. 

Les  variétés  de  l’os  appelé  fourchette  dans  les  diffé- 
rentes familles  d’oiseaux  sont  très -nombreuses.  Dans 
les  uns  , tels  que  le  casoar  et  l’autruche,  ( i ) la  clavi" 
cule  et  la  fourchette  sont  soudées  ensemble,  et  celle- 
ci  s’articule  avec  le  sternum.  Dans  la  grue  et  dans  la 
cigogne,  la  fourchette  est  distincte  de  la  clavicule; 
mais  elle  s’articule  aussi  avec  le  sternum.  Plus  les 
ailes  doivent  avoir  de  développement,  plus  leur  réac- 
tion doit  être  grande,  plus  aussi  l’os  de  la  fourchette 
doit  être  bombé , plus  il  doit  être  élastique  , plus  il 
doit  jouer  facilement,  et  moins  il  doit  être  uni  au 
sternum.  L’os  de  la  fourchette  réunit  toutes  ces  con- 
ditions dans  l’aigle. 

L'omoplate  des  oiseaux  diffère  beaucoup  de  celle 
des  quadrupèdes.  Elle  est  surtout  remarquable  par  sa 
longueur.  Deux  muscles  très-forts,  le  grand  et  le  moyen 
pectoral,  sont  destinés  aux  mouvemens  de  l’aile  qui 
s’exécutent  dans  l’angle  formé  par  la  réunion  de  la 
clavicule  avec  l’omoplate.  L’effort  de  ces  muscles 
tend  à déplacer  ces  deux  os  en  même  temps  qu’il 
agit  sur  le  bras.  La  clavicule  est  retenue  par  des  faces 
articulaires  très-larges,  par  des  ligamens  très -solides, 
par  l’os  de  la  fourchette  et  par  des  muscles.  Il  falloit 
que  l’omoplate  qui  forme  l’autre  extrémité  du  levier 


( 1 ) Je  n’ai  disséqué  ces  oiseaux  que  dans  l’âge  adulte. 


1 86  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
recourbé  fût  fixée  par  uneforceégale/etc’étoil  ajouter 
à cette  force  que  d’augmenter  la  longueur  de  l’os  à 
rexti*émité,  duquel  sont  appliquées  les  puissances.  Les 
muscles  qui  s’insèrent  à la  partie  postérieure  del’omo- 
plate  servent  donc  à empêcher  sa  bascule,  que,  sans 
leur  résistance  , les  fortes  contractions  des  muscles 
pectoraux  n’auroient  pas  empêché  de  produire. 

Nous  trouverons  encore  des  détails  très -curieux 
dans  les  extrémités  des  oiseaux,  soit  que  nous  consi- 
dérions dans  l’extrémité  antérieure  le  grand  ligament 
élastique  du  pli  de  l’aile,  (i)  les  petits  osselets  du  carpe, 
celui  surtout  qui  tient  lieu  de  pouce,  ceux  qui  ré- 
pondent aux  phalanges  que  terminent  les  plumes 
analogues  à la  substance  de  l’ongle  dont  elles  tiennent 
la  place;  soit  que,  dans  l’extrémité  inférieure,  nous 
examinions  le  péroné  qui  s’articule  avec  le  fémur , le 
grand  os  du  métatarse  qui  répond  au  canon  des  soli- 
pèdcs  et  des  bisulques,  et  ces  grands  muscles  dont  les 
uns  s’étendent  du  bassin  jusqu’aux  doigts,  ce  quel’on 
ne  voit  point  dans  les  quadrupèdes,  tandis  que  les 
autres,  destinés  à fléchir  les  doigts,  sont  àlafoisper- 
forés  et  perforans  ; ce  dont  les  oiseaux  seuls  offrent 
l’exemple. 

Le  squelette  des  oiseaux  diffère  encore  de  tous  les 
autres  par  son  extrême  légèreté.  Leurs  os  ne  contien- 
nent point  de  moelle  ; ils  sont  remplis  d’air,  et 
leurs  cavités  communiquent  avec  les  poumons  par- 


ti ) M.  Tenon  a communiqué,  à ce  sujet , à l’Académie  Royale 
dus  Sciences  des  observations  curieuses  et  nouvelles. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  187 

des  ouvertures  que  M.  Camper  a décrites.  Les  ver- 
tèbres cervicales,  les  côtes  , la  mâchoire  inférieure 
même  en  reçoivent.  L air  remplit  non— seulement  ces 
trachées  osseuses  , il  s’épanche  encore  sous  la  peau  , 
comme  Méry  l’a  vu  dans  le  pélican,  (i  ) et  il  coule 
jusqu'aux  racines  des  plumes,  de  sorte  que  toutes  les 
parties  de  l’oiseau  semblent  être  pénétrées  du  fluide 
où  il  se  meut. 

Les  anatomistes  ont  distingué  deux  especes  de 
larynx  dans  les  oiseaux  , dont  ils  ont  appelé  1 un  su- 
périeur et  l’autre  inférieur  ; mais  les  oiseaux  n'ont 
réellement  qu’un  larynx  dont  les  diverses  parties 
constituantes  sont  séparées  et  occupent  des  réglons 
dillérentes.  La  glotte  se  trouve,  comme  dans  tous  les 
animaux  qui  en  ont  une  , à la  partie  la  plus  élevée 
de  la  trachée- artêae , vers  la  base  de  la  langue-,  mais 
les  membranes  et  les  cavités  sonores,  au  lieu  d’être 
situées  immédiatement  au-dessous  de  celle  ouverture , 
comme  le  sont  les  cordes  vocales  et  les  ventricules  du 
larynx  dans  riiomme  et  dans  les  quadrupèdes,  sont 
placées  au  bas  du  cou  , entre  les  branches  de  la  loiir- 
chelte.  Sans  m’arrêter  à en  exposer  les  variétés  dans 
ce  discours  , où  je  ne  dois  insister  que  sur  les  gi’ands 
caractères  des  différentes  classes  d’animaux , je  me 
bornerai  à faire  une  remarque  d’après  laquelle  les 
oiseaux  peuvent  être  divisés  sous  un  nouveau. rapport, 
en  deux  grandes  classes  : c’est  que  le  larynx  de  ceux 


( 1 ) Académie  des  Sciences , 1666.  Le  cormoran  est  dans  le  même 


•as. 


I S8  SCIENCES  PII YSIOI/.  ET  MEDICALES. 

de  ceux  qui  chaulent  esl  recouvert  d’une  expansion 
musculaire  qui  suit  ses  contours  et  lui  imprime  divers  • 
inouvemens;  et  qu’au  contraire  cet  organe,  considéré 
dans  les  oiseaux  dont  la  voix  rauque  manque  abso^  ' 
lument  de  mélodie,  est  nu  et  dépourvu  de  muscle»^ 
qui  adhèrent  absolument  a ses  parois, 

Les  poumons  sont  attachés  aux  côtes.  Des  vésicules  ' 
abdominales  , dont  les  lames  moyennes  ou  diaphrag- 
inatiquessont  musculaires,  agrandissent  leur  étendue  j 
et  comme  elles  se  remplissent  d’air  dans  l’expiration,* 
]e  ventre  des  oiseaux  se  gonfle  alors  au  Heu  do  ; 
s’affaisser,  mouvement  qui  se  fait  d’une  manière  in-  ^ 
verse  dans  riiomme  et  dans  les  quadrupèdes. 

Les  organes  de  la  digestion  des  oiseaux  ont  encore  : 
rme  structure  qui  leur  est  propre.  Quelques  éminences 
ou  épines  , de  la  nature  de  la  corne,  et  continues 
avec  l’épiderme,  tiennent  lieu  de  dents  , et  semblent 
repondre  à celles  que  l’on  appelle  incisives.  La  langue 
est  rude,  et  l’on  n’y  trouve  qu’un  petit  nombre  de  . 
ces  papilles  molles  qui  sont  le  siège  du  goût.  L’oeso- 
phage , dilaté  vers  le  bas  du  col , se  prête  au  séjour 
des  ahmens  qui  s’y  ramollissent  , et  passent  succès-  ■ 
sivement  dans  l’estoinac  pour  y subir  l’action  des 
forces  digestives.  Cette  dilatation  de  l'œsophage  (2) 
est  très- grande  dans  les  oiseaux  qui  vivent  d’herbes. 


( I s’agit  «le  l’organe  nppelé  communément  le 

et  non  tle  la  traclice  artere,  le  long  de  laquelle  nioiiteut  des  muscles 
gr#:I**.s  dont  je  ne  parle  point  ici, 

( 1 J On  le  counoit  sous  le  nom  de  johotx 


DISCOURS  SUR  L’ANATOxMIE.  189 
de  fruits  ou  de  graines.  Elle  est  plus  étroite  dans  les 
carnivores. 

L’esloiuac  varie  aussi  beaucoup  dans  ces  animaux. 
Je  réduis  à trois  chefs  les  diflérences  principales  de 
sa  sli’uclure , observée  dans  un  grand  nombre  d’in- 
dividus que  j’ai  décrits,  et  dont  j'ai  présenté  les  des- 
sins à l’Académie  royale  des  sciences.  Dans  les  un» 
le  ventricule  proprement  dit,  qui  se  continue  avec 
l’oesophage,  est  recouvert  par  un  muscle  à deux  ventre» 
épais,  applatis,  dont  les  bords  latéraux  sont  aigus  , et 
que  deux  tendons  opposés  réunissent.  La  situation  do 
ces  tendons  est  transversale,  leur  partie  moyenne 
adhère  un  peu  au  sac  du  ventricule  , et  ils  se  termi- 
nent vers  la  circonférence  par  des  liicts  radiés.  Cette 
structure  est  celle  de  l’estomac  de  la  pintade  et  do 
tous  les  gallinacëes , de  l’oie,  du  canard  et  des  cygnes 
sauvages  et  domestiques.  Dans  les  autres  , quoique 
la  disposition  soit  à peu  près  la  même,  et  que  le 
muscle  digastrique  du  gésier  conserve  cette  grande 
épaisseur  , les  bords  de  ce  muscle  , au  lieu  d’ètro 
tranchans  sont  arrondis  ; l'estomac  , considéré  en 
entier  , est  beaucoup  moins  appjati  ; les  tendons  mi- 
toyens sont  moins  volumineux,  et  ils  adhèrent  de  la 
manière  la  plus  intime  au  sac  charnu  qu’ils  recou- 
vrent : on  trouve  dans  le  merle  et  dans  le  geai  des 
exemples  de  cette  structure.  Enfin,  dans  les  oiseaux 
du  troisième  ordre  , l’estomac  est  allongé  et  arrondi  : 
au  lieu  d un  tendon  transversal , sur  le  milieu  de 
chacune  de  ses  deux  faces,  il  y a une  expansion  apo- 
névrolique  étroite,  ovale,, qui  Lit  commencer  le  sac? 


1 90  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

du  ventricule,  et  que  l’on  peut  regarder  comme  le 
centre  d’un  grand  nombre  de  rayons  aponévrotiques 
élégamment  dirigés  vers  les  bords  : l’épaisseur  du  tissu 
musculaire  est  beaucoup  moins  grande  que  dans  les 
deux  ordres  précédons.  Le  martin-pêcheur,  le  héron , 
l’aigle,  l’efliaye  , le  lanier  de  Tunis,  le*grand-duc , 
le  pélican,  la  petite  mouette  cendrée,  le  goéland  et 
la  cigogne,  que  j’ai  disséqués,  sont  dans  ce  cas.  A ces 
trois  divisions  sc  rapportent  les  divers  estomacs  des 
oiseaux.  Dans  tous,  même  dans  les  carnivores,  la 
portion  de  l’oesophage  que  l’on  voit  immédiatement 
au-dessus  de  l’eslomac  est  remarquable  par  un  tissu 
glanduleux  qui  forme  une  bande  circulaire,  et  dont 
chaque  point  saillant,  percé  d’un  pore,  laisse  échapper, 
lorsqu’on  le  comprime,  un  fluide  soit  de  couleur  grise, 
comme  dans  la  mouette  cendrée  , soit  rougeâtre  , 
comme  je  l’ai  vu  dans  la  cigogne  , auquel  on  a 
donné  le  nom  de  suc  gastrique.  Ce  tissu  glanduleux 
est  plus  étendu  dans  les  oiseaux  qui  vivent  de  chair 
que  dans  ceux  qui  se  nourrissent  de  substances  vé- 
gétales. 

Dans  ceux-ci  la  face  interne  de  l’estomac  est  re- 
couverte d’une  membrane  épaisse,  calleuse,  et  dont 
les  replis , opposés  syméti’iquement  les  uns  aux  autres, 
et  mus  par  les  fortes  contractions  du  muscle  externe , 
broient  lesalimens  déjà  ramollis  par  leur  séjour  dans 
le  jabot  , et  les  mêlent  intimement  avec  le  suc  que 
fill  rent  les  glandes  inférieures  de  l’œsopbage.  J’ai  lou- 
jojtrs  ])ensé  , comme  le  célèbre  M.  Ilunler,  que  la 
viaie  mastication  des  oiseaux  se  faisoit  dans  l’eslomac; 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  191 

pliénoinène  singulier,  eL  que  Ton  retrouve  dans  la 
famille  des  cruslacées.  Les  organes  destinés  aux 
grandes  fonctions  dans  les  oiseaux  ne  conservent  donc 

O 

pas  le  même  ordre  , ni  les  mêmes  proportions  que 
dans  les  quadrupèdes.  Déjà  nous  avons  vu  la  glotte 
séparée  du  larynx  par  toute  la  longueur  de  la  trachée- 
artère  ; nous  avons  vu  les  cavités  pulmonaires  s’étendre 
dans  les  os,  sous  la  peau  et  jusqu’aux  racines  des 
plumes  : ici,  c’est  dans  l’estomac  et  non  dans  la  bouche 
que  les  alimens  sont  triturés.  Le  développement  de 
l’embryon  nous  oflrira  d’autres  difl'érences  aussi  re- 
marquables que  les  premières. 

Le  tube  intestinal  des  oiseaux  carnivores  est  en 
général  très -court.  Dans  la  plupart  il  est  tout  au  plus 
deux  fois  plus  long  que  l’animal , ou  il  n’atteint  pas 
même  cette  dimension.  La  longueur  totale  du  lanier 
de  Tunis,  que  j’ai  disséqué  , étoit  d’un  pied  deux 
pouces;  celle  de  son  intestin  étoit  de  deux  pieds  et 
demi.  La  longueur  du  goéland  étoit  de  deux  pieds 
un  pouce  et  demi  ; celle  de  son  intestin  étoit  de  trois 
pieds  deux  pouces.  La  longueur  de  l’effraie  étoit  de 
huit  pouces  sept  lignes;  celle  de  son  intestin  étoit  de 
dix-huit  pouces  et  demi. 

Tous  les  oiseaux  ont  deux  appendices  cœcales 
situées  vers  la  partie  postérieure  du  ventre.  Ces  appen- 
dices sont  moins  éloignées  de  l’anus  , et  leur  volume 
est  beaucoup  moins  grand  dans  les  oiseaux  carnassiers 
que  dans  ceux  qui  ont  un  gésier. 

Les  oiseaux  n’ont  point  de  colon  , et  leurs  intestins 
ne  peuvent  être  divisés,  comme  dans  l’homme,  en 


19*  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

grêles  et  en  gros:  souvent  même  c’est  près  de  l’estomac 
que  la  largeur  de  l’intestin  est  la  plus  grande. 

Dans  la  plupait  des  oiseaux  on  trouve  deux  pan- 
créas. Le  foie  est  profondément  divisé  en  deux  grands 
lobes  que  contiennent  des  membranes  ou  loges  cel- 
lulaiies,  et  dans  quelques-uns,  2ilusieurs  conduits 
s’étendent  de  ce  viscère  vers  la  vésicule  du  fiel  et 
de  celle-ci  vers  l’intestin. 

Les  leins  sont  tres-larges.  L’urine  est  blanchâtre 
et  crétacée.  Les  testicules  sont  à peine  visibles  hors 
delà  saison  des  amours.  L’ovaire  est  unique,  et  il 
s oblittère  à un  tel  point  dans  les  vieilles  femelles  que, 
sans  la  trompe  , ( i ) dont  le  volume  diminue  aussi , 
mais  qui  ne  s efface  jamais  entièrement , je  n’aurois 
pu  leconnoitre  le  sexe  des  vieilles  poules  faisanes  que 
les  chasseurs  prennent  mal  à propos  pour  des  mâles, 
et  auxquelles  ils  ont  donne  le  nom  de  coquardes. 

Ici  commence  la  famille  nombreuse  des  animaux 
ovipaies.  Plus  fécondes  que  les  femelles  des  quadru- 
pèdes, celles  des  oiseaux  produisent,  sans  le  secours 
du  male  , des  corpsarrondis  où  nage,  au  milieu  d’un 
grand  amas  de  sucs  lymphatiques  , l’ébauche  de  l’em- 
bryon dont  le  jaune  de  l’œuf  fait  partie.  Mais  cette 
ébauché  est  imparfaite,  et  ne  peut  se  développer  si 
1 approche  du  male  ne  lui  donne  ou  la  première 
impulsion,  ou  quelque  complément  inconnu.  On  est 
effrayé  lorsqu’on  arrête  sa  pensée  sur  les  premiers 
linéamens  de  l’animal  qui  vient  d’être  conçu.  Mais 


( 1 ) Ovidudus. 


DISCOURS  SUR  I/ANATOMIE.  igS 

ici  notre  vue  se  porte  plus  loin  encore  : nous  coii- 
noissons  le  germe  avciiit  cjuil  ait  l’eçu  le  sceau  de 
la  vitalité.  Déjà  cependant  il  est  organique,  déjà 
sans  doute,  il  jouit  lui-nièine  d’une  sorte  de  vie  dont 
il  seroit  diflicile  d’indiquer  la  nuance,  mais  dont  il 
est  impossible  de  ne  jîas  admettre  la  réalilé. 

li’œuf  des  oiseaux  peut  être  comparé  au  produit 
de  la  conception  des  quadrupèdes;  mais  il  en  dif- 
fère surtout  par  sa  consistance  et  par  la  dureté  de 
son  enveloppe.  Au  lieu  de  prendre  son  accroissement 
dans  un  viscère  analogue  à la  matrice,  il  se  forme 
dans  l’ovaire,  il  se  modifie  dans  la  trompe  et  dans  la  ca- 
vité où  s’ouvre  ce  conduit,  et  ilsortavec  toutle  volume 
qu’il  doit  avoir.  Mais  le  développement  du  foetus 
est  accompagné  de  circonstances  particulières  à cette 
classe  d'animaux  : il  se  perfectionne  sans  qu'il  sur- 
vienne aucun  changement  dans  la  grosseur  de  l’œuf, 
ce  qui  le  distingue,  soit  des  quadrupèdes  dont  le 
fœtus  et  ses  membranes  forment  une  masse  qui 
s’accroît  dans  ses  dimensions,  soif  des  insectes  et  de 
quelques  vers  dont  les  œufs,  après  avoir  été  déposés 
par  la  femelle,  se  renflent  en  meme  temps  que  l’em- 
bryon grossit. 

Que  ceux  qui  se  persuadent  qu’il  suffit  de  lire 
les  meilleures  descriptions  pour  avoir  une  connois- 
sance  exacte  des  corps , veuillent  bien  considérer  avec 
moi  jusqu’à  quel  point  leur  espoir  est  trompeur,  et 
de  quelles  jouissances  ils  se  privent  en  se  refusant 
au  plaisir  de  vdir  et  d’observer  eux- mêmes.  J’avois 
médité  long-temps  sur  les  écrits  de  Harvey,  de  Mal- 
T.  4.  i5 


ig4  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

piglii  et  de  Haller,  et  je  me  flaltois  d’y  avoir  apprii 
la  structure  du  poulet  et  ses  connexions  avec  les 
différentes  substances  dont  l’œuf  est  composé.  Com- 
bien je  fus  surpris  lorsque  , comparant  l’objet  lui- 
même  avec  le  tableau  que  je  m’en  élois  formé , je 
m’aperçus  que  la  plupart  de  mes  idées  manquoient 
de  précision  et  que  les  images  suggérées  par  les  livres 
differoient,  dans  plusieurs  points iraportans,  decelles 
delà  nature!  Je  lis  une  autre  remarquej  c’est  que  les 
détails  transmis  par  les  auteurs  n’avoieut  satisfait  ma 
curiosité  qu’après  de  longs  et  pénibles  efforts  pour 
comprendre  le  sens  de  leurs  ouvrages  , au  lieu  que 
la  première  vue  de  l’embryon  palpitant  dans  la  ci- 
catricule  produisit  en  moi  l’émotion  la  plus  vive, 
et  m’inspira  aussitôt  un  grand  intérêt  pour  cet  éton- 
nant spectacle. 

Quoi  de  plus  curieux  en  effet  que  celle  masse  de 
sucs  albumineux  et  lympides  qui  se  changent  en  un 
instant  par  la  seule  addition  du  principe  de  la  cha- 
leur , en  un  corps  dont  toutes  les  parties  sont 
viv^antes?  Qui  nous  dira  comment,  au  milieu  de  cette 
masse  transparente  et  sans  couleur  , se  sont  formés 
les  premiers  globules  rouges;  quelle  puissance  les  a 
multipliés,  d’où  le  premier  jet  du  sang  est  sorti,  quelle 
impulsion  l’a  lancé  dans  son  tubé , par  quel  méca- 
nisme des  vaisseaux,  jusqu’alors  imperceptibles  et 
sans  action,  s’agrandissent  dans  leurs  diamètres,  bat- 
tent et  se  soulèvent  dans  leurs  contours?  Qui  pourroit 
contempler  avec  indifférence  et  ces  deux  blancs  qui 
se  touchent  sans  se  confondre,  cl  celle  sérosité  dr 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  ig5 

l’amnios  qui  s’étend  dans  la  même  progression  où  le 
poulet  augmente;  et  le  jaune  qui,  divisé  par  son  axe , 
en  deux  parties  inégales  , et  souple  dans  ses  balance- 
mens,  roule  toujours  au-dessus  de  celle  dont  le  poids 
est  moins  grand  et  sur  laquelle  l’emhryon  repose; 
et  cet  épiderme  blanchâtre  dont  les  parois  internes 
de  la  coque  sont  tapissés,  et  qui,  se  détacbant  à 
mesure  que  l’évaporation  avance,  laisse  un  vide  ( i ) 
que  l’air  remplit;  et  cette  grande  suiface  du  système 
vasculaire  que  soutiennent  les  membranes  dans  les- 
quelles les  humeurs  sont  contenues;  et  les  réseaux 
artériels  , et  les  troncs  de  ces  vaisseaux  qui , ramifiés 
au  loin,  se  réunissent  dans  le  corps  du  poulet  (jui 
en  est  le  centre;  et  ce  corps  lui-iuôme  dont  la  peti- 
tjpsse  étonne  loi'scju’on  le  compare  avec  le  volume  des 
appendices  auxquels  il  donne  le  mouvemement  et  la 
vie;  et  ces  deux  points  saillans  d’autant  plus  écartés 
run  de  l’autre  que  le  foetus  est  plus  tendre,  et  qu'ils 
formeront  le  cœur  lorsque  les  cavités  (ju'ils  repré- 
sententseront  placées  dans  de  justes  proportions  en- 
tr’elles?  La  grosseur  démesurée  du  cerveau  fixeroit 
toute  notre  attention  si  celle  des  yeux  n’étoil  plus  sur- 
prenante encore.  La  vésicule  du  fiel  déjà  pleine  de 
bile  , qui  regorge  dans  l’estomac  ; les  intestins  dont  les 
anses  s’échappent  au-dehoi’s  de  l'abdomen  ; l’abdomen 
lui-même,  qui  semble  dans  le  principe,  avoir  toute 
l’étendue  du  jaune,  et  dans  lequel  ce  fluide  doit  être 


( 1 ) Folliculus  aëris. 


196  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MÉDICALES, 
renfermé  tout  entier  , ( 1 ) se  montreront  succes- 
sivement à nos  regards.  Nous  rechercherons  quelles 


( 1 ) Résultat  de  quelques  nouvelles  observations  sur  le  jaune 
considéré  dans  le  ventre  du  poulet. 

I.  La  masse  du  jauiie  ou  vitellium  est  une  poche  ronde,  membra- 
neuse , dans  laquelle  est  contenue  une  humeur  jaunâtre  plus  ou 
moins  fluide.  Plusieurs  ordres  de  vaisseaux  se  distribueut  dans  celte 
membrane. 

II.  On  retrouve  le  jaune  dans  le  ventre  du  poulet  qui  vient  d’éclore. 
L’opinion  reçue  est  qu’il  sert  à le  nourrir  pendant  les  premières 
vingt-quatre  heures  ; mais  je  l’y  ai  vu  plusieurs  jours  après  la  nais- 
sance. C’est  après  le  sixième  jour  qu’il  disparoît  en  grande  partie. 
Alors  on  ne  trouve  à sa  place  qu’un  petit  cordon  ou  filet  qui  s’étend 
de  l’ombilic  vers  l’intestin  avec  les  deux  vaisseaux  omphalo  - mésen- 
tériques. Dans  l’épaisseur  de  ce  cordon  , et  près  de  l’intestin  , est  un 
petit  corps  rond  que  l’on  y voit  long-temps  après.  C’est  le  reste 
du  jaune.  Le  filet  dont  j’ai  parlé  s’allonge  , s’amincit  et  se  rompt , et 
il  ne  reste  qu’un  pédicule  attaché  à l’intestin. 

III.  J’ai  vu  les  vaisseaux  dont  la  membrane  qui  contient  le  jaune 
est  arrosée,  devenir  plus  grêles  , se  rapetisser  et  se  flétrir  en  quelque 
sorte  à mesure  que  la  masse  du  jaune  diminue  : mais  il  faut  beaucoup 
plus  de  temps  pour  que  les  membranes  et  les  vaisseaux  du  jaune 
soient  tout-à-fait  oblitérés  ; circonstance  très  - remarquable  , et  qui 
avuit  été  ignorée  jusqu’ici  des  anatomistes. 

IV.  La  masse  du  jaune  est  un  organe  creux.  Le  souffle  poussé  dans 
sa  cavité  le  gonfle  très-facilement  et  très-promptement.  J’ai  fait  cette 
expérience  sur  le  poulet  déjà  éclos  ; mais  je  ne  puis  presque  douter  , 
d’après  d’autres  observations  plusieurs  fois  répétées,  que  la  même 
structure  n’ait  aussi  lieu  dans  le  jaune  , considéré  avant  la  naissance 
du  poulet. 

V.  Le  jaune  est  suspendu  dans  le  ventre  du  poulet  par  un  cordon 
composé  de  différens  ordres  de  vaisseaux.  L’un  de  ces  vaisseaux  est 
très -court  ; il  s’insère  au  tube  intestinal  , à peu  près  vers  le  milieu  d* 
v)9  conduit  , et  un  peu  plu.s  près  de  l’anus  que  du  pylore.  Ce  vaisseau 
est  blan(.hâtre  , comme  les  intestins  enx-memes  ; son  calibre  est  assez 
considérable  j il  est  le  plus  gros.  L’autre  vaisseau  est  uue  artère  qui 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  197 
sont  les  lois  de  celte  force  attractive  et  resseraute 
qui  tend  à diminuer  l’éloignement  des  organes  qu’un© 
grande  distance  avoit  séparés  d’abord.  Nous  admi- 
rerons les  progrès  de  cet  accroissement  rapide  que 
l’œil  de  l’observateur  peut  suivre  et  constater  à chaque 
instant. Enfin  , nous  délerniinerons  les  périodes  de 
cette  métamorphose  par  laquelle  des  sucs  que  la  cha- 
leur a Fondus  deviennent  plus  cou lans  sans  se  décompo- 
ser, et  dont  le  produit  est  le  développement  d’un 
nouvel  être  qui  se  dégage  de  ses  membranes  avec 
des  sens  pour  surveiller  à ses  besoins,  et  des  muscles 
pour  obéir  à sa  volojilé. 

On  ignoreroit  encore  que  les  petits  de  quelques  oi- 
seaux , dégagés  de  l'oeuf,  ont  besoin  (l’ime  licjueur 
blanchâtre  analogue  au  lait  poiu'  se  nourrir,  et  quo 
cette  liqueur  leur  est  abondamment  fournie  par  la 
femelle,  et  même  par  le  mâle,  si  M.  J.  Hunier  n’en 
avoit  découvert  la  source  dans  l’œsophage  du  pigeon. 
Les  membranes  de  la  poche  d'où  l’on  voit  sortir  ce 
fluide  s’épaississent  à l'époque  où  les  petits  doivent 
éclore,  et  il  s’en  échappe  un  suc  grisâtre  qu’ils  rc- 

*e  porte  vers  le  tronc  de  l’artère  cœliaque  , duquel  part  la  mésenté- 
rique supérieure , ou  l’artère  mésentérique  elle- même-  Un  troi- 
sième vaisseau  est  une  veiue. 

VI.  La  masse  du  jaune  tient  donc  par  sa  face  verte'èra/e  , aux  in- 
testins du  poulet  ; par  sa  i-ace  ombilicale  , à l'ombilic.  IZn  ouvrant 
l’abdomen  , on  le  trouve  étendu  sur  le  paquet  intestinal  qu'il  re- 
couvre et  qu’il  cache  entièrement , excepté  la  petite  anse  à laqaellu 
le  pancréas  adhère. 

VII.  Je  ne  suis  pas  éloigné  de  croire  qu’il  y a aussi  une  petite  por- 
tion du  second  blanc  qui  entre  dans  l’abdomen  du  poulet. 


i9«  SCIENCES  PHYSÏOL.  ET  MEDECALES. 
çoivenl  avec  aviclilé.  Celle  espèce  d’allailement  se 
conlinue  même  plus  long-lemps  de  la  pari  du  mâle 
que  de  celle  de  la  femelle,  qui  cesse  de  se  livrer  à ce 
soin  lorsqu’elle  se  prépare  à pondre  de  nouveau. 

Les  oiseaux  n’onl  poinl  de  vessie.  Une  cavité  com- 
mune reçoit  toutes  les  matières  excrémentielles  du 
tube  intestinal  et  des  reins,  et  les  conduits  déférens 
s’y  ouvrent  sous  la  forme  de  tubercules. 

Nul  auteur  n a décrit  les  vaisseaux  sanguins  des 
oiseaux.  On  sait  qu’ils  ont  des  vaisseaux  lymphati- 
ques, soit  dans  le  ventre,  soit  dans  les  autres  parties 
du  corps.  Leurs  nerfs  sont  encore  moins  connus.  Sans 
parler  ici  de  mes  recliei’ches  sur  ces  divers  objets,  je 
me  contenterai  de  rapporter  le  résultat  de  n;es  obser- 
vations sur  le  nerf  intercostal  des  oiseaux.  J'avois 
douté  long -temps  de  son  existence  dans  leur  région 
cervicale  : je  l’ai  enfin  découvert  dans  la  dissection 
de  l’aigle,  du  cygne,  de  l’oie,  du  pélican,  de  la  grande 
grue,  et  du  coq  d’Inde.  On  le  trouve  enfoncé  dans  la 
ligole  où  les  artères  carotides  sont  ra[)procbées  l’une 
de  l’autre,  le  long  de  la  partie  antérieure  du  cou  : là, 
il  remonte  sous  la  forme  d’un  filet  très-délié.  En  haut 
et  en  bas  il  sa  divise  en  deux  branches  : il  entre  avec 
la  carotide  dans  le  crâne,  et  il  se  termine  par  un  ren- 
flement ganglio-forme  avant  de  s’y  engager;  en  bas 
il  s’étend  jusqu’aux  nerfs  du  cœur  et  du  poumon,  c4; 
les  filets  du  nerf  splanchnique  sont  si  manifestes  dans 
la  poitrine,  qu’il  n’est  pas  difficile  de  les  découvrir  et 
de  les  suivre  jusqu’au  lias -ventre.  Les  nerfs  vagues 
sont  très- volumineux,  cl  les  nerfs  cervicaux  forment 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  199 
jur  les  côlés  du  cou  un  entrelaceiuent  dont  les  réseaux 
nombreux  communiquent  avec  les  nerfs  précédons, 

et  se  distribuent  à la  peau. 

Celui  qui  considère  un  quadrupède  après  avoir  pris 
connoissance  exacte  de  la  structure  de  1 homme» 
trouve  entr’eux  de  si  gi'ands  rapports  qu’il  passe  sans 
étonnement  de  l’examen  de  1 un  a celui  de  lautie. 
Mais  du  quadrupède  à l’oiseau,  la  chaîjie  est  rompue  : 
l’autruche  ell(;-même  ne  peut  servir  à les  lier  en- 
semble; car,  à son  pubis  près,  elle  na  aucun  des  ca- 
ractères propres  aux  quadrupèdes.  Son  squelette,  ses 
poumons,  son  estomac,  tout  l’éloigne  de  cette  classe 
d’animaux.  Ainsi,  l’anatomiste  éclairé  parses  travaux, 
et  sévère  dans  ses  comparaisons,  rejettera  les  rappro- 
chemens  grossiers,  et  se  gardera  bien  de  réunir  ce  que 
la  nature  a séparé. 

LES  QUADllUrÈDES  OVIPARES  ET  LES  5ERPEXS. 

Les  habitudes  et  les  formes  des  quadrupèdes  ovi- 
pares et  desserpens,  oflVent  un  tableau  plus  uniforme 
' et  plus  sombre.  Ici  la  chaleur  vitale  décroît  en  môme 
temps  que  les  poumons  diminuent;  la  respiration  se 
fait  par  de  lougs  intervalles  ; la  voix  s’éteint  ; le  cœur 
n'a  plus  qu’un  seul  ventricule  avec  des  oreillettes;  la 
. circulation  se  ralentit;  la  masse  du  cerveau  se  rape- 
tisse; le  squelette  a la  demi  - transparence  des  cartila- 
ges; un  œuf  tient  aussllieu  de  mammelle  à l’embryon  ; 
celui-ci  se  métamorphose  dans  quelques  espèces;  la 
fibre  devient  plus  molle  à mesure  qu'elle  acquiert  plus 


:ioo  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MÉDICALES. 

de  mobilité  ; plusieurs  de  ces  animaux  ne  se  montrent 
qu’aux  approches  de  la  nuit,  pendant  laquelle  ils  veil- 
lent, taudis  que  la  plus  belle  partie  de  la  nature  dort; 
1111  seul  genre  a des  ailes;  quelques-uns  marchent;  (i) 
les  autres  n’avancent  que  par  sauts;  (2)  la  plupart 
rampent;  (5)  enfin  plusieurs  sont  dépourvus  de  dents, 
tandis  que  d’autres  en  ont  de  redoutables  par  un  poison 
caché,  comme  celui  de  l’envie,  dont  il  est  l’emblème. 

Les  paupières  et  les  yeux  du  caméléon,  le  cœur  et 
les  poumons  irritables  des  tortues , du  crocodile,  du 
lézaid  et  de  la  grenouille,  le  développement  curieux 
du  têtard,  les  ouïes  de  la  jeune  salamandre,  les  ailes 
du  dragon , les  vertèbres  et  les  mâchoires  de  la  vipère, 
1 ovaire,  les  muscles  et  la  peau  des  sei’pens,  sont  les 
caractères  que  j’ai  choisis  dans  cette  partie  de  mes 
recherches. 

LES  POISSONS. 

lics  fleuves,  les  lacs  et  les  vastes  bassins  de  l’Océan 
sont  habités  par  des  animaux  dont  il  ne  faut  pas  quel© 
physiologiste  ignore  la  stjucture.  Environnés  d’un 
lliiidc  qui  cède  facilement  à leur  impulsion  , des  és- 
pèces  d’ailes  dirigent  leurs  mouvemens  et  leur  tien- 
nent lieu  d’extrémités.  Leur  corps  est  composé  de 
muscles  très- vigoin eux.  Des  organes  frangés  agissent 
sur  l’eau  qui  les  pénètre,  et  la  chaleur  vitale  est  en 


C I ) C radient :a. 
( a ) Salientia. 

( 3 ) Jtepenlia, 


201 


DISCOURS  SÛR  L’ANATOMIE, 
raison  delà  petite  quantité  d’air  qu'ils  en  séparent.  Une 
grande  famille  de  poissons  se  rapproche  des  reptiles; 
leurs  ouïes,  très  multipliées,  sont  fixées  sur  des  demi- 
cercles  cartilagineux  , et  leurs  os  sont  de  la  xncme 
nature  : ils  ne  reçoivent  pas  l’eau  seulement  par  la 
bouche;  quelques-uns  ont  aussi  des  trous  particuliers, 
et  ils  la  rejettent  par  d’autres  ouvertures.  I^es  poissons 
d’un  troisième  ordre  ont  des  ouïes  renfermées  dans 
une  seule  cavité  et  attachées  à des  demi -cercles  épi- 
neux; ils  avalent  l’eau,  et  ils  la  rejettent  par  une 
ouverture  particulière,  qu’une  membrane  soutenue 
par  des  rayons,  ferme  en  partie.  Des  poissons  d un 
quatrième  ordre  (i)  tiennent  un  milieu  entre  ceux  des 
deux  premiers  : leurs  nageoires  adhèrent  à des  rayons 
épineux,  et  ils  rejettent  l’eau  par  une  seule  ouverture, 
qu’une  membrane  rayonnée  ne  couvre  point. 

Dans  quelques  poissons  l’cstoiuac  est  épais  et  ar- 
l’oudi  comme  le  gésier  dos  oiseaux  ; ilans  les  autre» 
il  est  à peine  distinct  des  intestins.  Des  appendice» 
nombreuses  sont  suspendues  près  du  pylore.  Ici , le 
cœur  n’a  qu’une  seule  oreillette,  comme  il  n’a  qu’un 
seul  ventricule.  Le  cerveau  n’est  qu’un  assemblage 
de  tubercules  qui  répondent  à l’origine  de  principaux 
nerfs;  et  dans  quelques-uns,  des  organes  particuliers 
fixent  la  matière  de  l’électricité. 

La  torpille  et  l’anguille  de  Surinam  seront  considé- 
rées sous  ce  dernier  aspect.  La  lamproie,  dont  la  partie 


( 1 ) Les  Branchiostè^cs. 


202  SCIENCES  PHYSIOL,  ET  MEDICÂLES. 

supérieure  de  la  têle  est  percée  pour  donner  entrée 
à l’eau,  sera  comparée  avec  la  baudroie  et  avec  l’es- 
tui-geon.  On  recherchera  quelle  est  la  forme  des  vessies 
aériennes  que  Cardan  a prises  mal  à propos  pour  les 
poumons  du  coffre,  et  par  quelle  puissance  le  tétrao- 
don  s’enfle  et  redresse  ses  épines.  On  décrira  les  sin- 
gularités de  la  vessie  natatoire  du  raalarraat,  les  su- 
çoirs de  la  lorape,  la  tête  de  l’hypocampe,  l’ovaire 
unique  de  la  perche  , les  os  verts  de  la  raustela,  l’or- 
gane par  lequel  le  reraore  s’attache , l’estomac  et  les 
ailes  du  muge;  enfin  la  structure  du  misgurn,  dont 
les  halanceraens  dans  les  eaux  correspondent  à ceux 
de  l’hygromètre. 

Tous  les  poissons  sont  ovipares.  La  fécondité  des 
poissons  épineux  est  une  sorte  de  pi’odige  ; des  mil- 
liers de  grains  tous  propres  à reproduire  l’espèce,  sont 
entassés  dans  leurs  ovaires,  et  un  conduit  assez  court 
sert  de  passage  à ces  petits  œufs.  Dans  la  plupart  des 
épineux  anguilliformes  , ces  organes  , disposés  en 
grappe,  sont  situés  hors  de  l’enceinte  du  péritoine. 
Dans  l’anguille  , c’est  par  la  même  ouverture  que 
sortent  les  matièi’es  excrémentielles  et  les  œufs.  On 
retrouve  la  même  structure  dans  la  lamproie,  et  ce 
n’est  pas  le  seul  caractère  que  les  anguillifoi-mes  par- 
tagent avec  les  cartilagineux. 

Dans  ceux-ci  les  œufs,  détachés  des  ovaires,  tombent 
dans  Vutérus  : les  petits  y éclosent.  Après  y avoir  pris 
de  l’accroissement,  et  quoique  sortis  du  ventre  de 
leurs  mères  , on  les  voit  adhérer  encore  par  un  coi'don 
ombilical  à l’enveloppe  qui  les  coulenoil;  sorte  de  re- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  2o5 
procluclion  qui  semble  tenir  le  milieu  entre  celle  des 
animaux  ovipares  et  celle  des  vivipares  , et  q*ii  nous 
fait  soupçonner  que  le  mécanisme  de  la  génération 
n’est  pas  aussi  dilTérent  qu'on  l'a  cru  dans  ces  deux 
classes  d’animaux. 

Les  œufs  des  poissons  branchloslèges  proprement 
dits  sortent  comme  dans  les  épineux  ; mais  dans  quel- 
ques-uns (i)  ils  restent  allacliés  à la  partie  exté- 
rieure de  l’abdomen  jusqu’à  ce  qu’ils  soient  éclos  ; on 
comme  dans  le  cheval  marin  , (2)  ils  adhèrent  aux 
parois  internes  de  deux  renflemens  longitudinaux 
situés  derrière  l’anus,  et  qui  disparoissent  aprt's  le 
développement  des  petits.  M.  Rroussonnet , auquel 
ces  observations  appartiennent,  pense  que  celte  es- 
pèce de  poule  est  la  même  dans  tous  les  branchioslcges 
des  mers  des  Indes  : ajoutons  qu’elle  est  analogue  à 
celle  de  plusieurs  quadrupèdes  ovipares,  et  surtout  a 
celle  de  la  grenouille  appelée  pipa.  Ainsi  appliques 
à la  surface  du  corps,  les  œufs  des  branchiostèges  sont 
fécondés  par  le  mâle.  Lu  organe  particulier  sert,  dans 
le  gras  mollet  (.o)  à inanitenir  les  individus  des  deux 
sexes  réunis,  et  à protéger  contre  les  flots  toujours 
soulevés  des  mers  du  nord  un  accouplement  qui  doit 
être  prolongé  pour  être  utile.  Celui  des  cartilagineux , 
tels  que  la  raie  et  le  chien  de  mer,  se  fait  à la  manière 
des  serpens,  c’est-à-dire  à l’aide  d’un  organe  double: 


( 1 ) Les  syngnatlius  sont  dans  ce  cas. 
( 2 ) Ce  poisson  est  un  synguathus. 

( 3 ) Cj  clopUrus  luinpus. 


2o4  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES 
ajoutons  qu’il  s'opère  avec  lenteur,  et  qu’il  doit  aussi 
durer  long -temps.  Comme  cet  engourdissement,  doux 
peut-être  , mais  sans  expression  et  sans  chaleur,  con- 
traste bien  avec  les  agitations  effrénées  des  quadru- 
pèdes pendant  leur  rut,  avec  la  jouissance  momen- 
tanée  des  oiseaux  que  frappe  d’un  coup  rapide  la 
commotion  de  l’amour;  combien  est  riche  et  féconde 
cette  source  de  la.  vie  où  se  régénère  sans  cesse  la 
nature,  au  milieu  des  langueurs , des  transports  et  des 
éclaii-s  du  plaisir  ! 

L’œsopliage  des  poissons  est  court  et  susceptible 
d une  glande  dilatation.  Il  est  fortifie,  dans  plusieurs 
espèces,  par  des  bandes  musculaires  longitudinales 
très -fortes.  Les  poissons  avalent  quelquefois  des  ali- 
mens  d’un  très-grand  volume.  Dans  ceux  dont  l’es- 
tomac ofire  une  cavité  très- distincte  du  boyau,  les 
intestins  forment  des  circonvolutions  plus  étendues  et 
plus  nombreuses. 

Le  squelette  des  poissons  est  composé  de  cartilages 
ou  d’os  que  réunissent  des  ligamens  très -serrés.  On 
n y voit  point  d’articulations  composées  de  cavités 
et  de  têtes  arrondies.  Leurs  os  se  joignent  par  des 
facettes  diversement  combinées  entr’tlles.  Dans  (jucl- 
ques  espèces  de  silures  ils  représentent  des  cercles 
passés  l’un  dans  l’autre  à la  manière  des  cliaînon.s. 

Les  nageoires  dos  poissons  leur  tiennent  lieu  d’ex- 
Irémités.  Celles  de  l’abdomen  , presque  toujours  au 
nombre  de  deux,  se  meuvent  horizontalement  dans 
la  plupart,  et  elle.s  servent  à soutenir  l’animal  à une 
certaine  hauteur.  Linné  les  a comparées  avec  raison 


DISCOURS  SUR  L’ANATO.MIE.  2o5 

8UX  pi0cls  dont  clics  ont  cjucl(|iics  us32[cs«  Celles  de  Is 
poitrine  sont  employées  pour  faire  tourner  le  corps 
auquel  l’impulsion  est  donnée  par  l’aileron  de  la 
queue.  Les  nageoires  du  dos  et  de  l’anus  maintiennent 
l’équilibre;  et  AJ.  Broussonnet  s’est  cou  vaincu  par  des 
recherches  très-complètes  dans  ce  genre,  qu’elles  sont 
toujours  proportionnées  au  volume  des  parties  ante- 
rieures du  corps  de  l’animal , et  qu’elles  servent  aussi 
dans  quelques-uns,  en  augmentant  la  surface  des  ré- 
gions postérieures,  à rendre  la  force  d’impulsion  plus 
grande.  Mais  qnelqu'iinportans  que  soient  ces  usages, 
quelque  frappans  que  soient  les  rapports  des  nageoires 
avec  les  extrémités  des  quadrupèdes,  on  ne  doit  pas 
se  permettre,  à l’exemple  d’un  auteur  moderne,  de 
donner  les  noms  de  clavicules , ô*omoplates  eld' os  des 
îles  aux  osselets  de  ces  organes,  qui  sont  bien  loin 
d’avoir  ce  degré  de  perfection  et  de  mpbilité  que 
donnent  aux  bras  et  aux  jambes  ces  os,  dont  il  est 
évident  que  la  famille  des  poissons  est  dépourvue. 

LES  INSECTES,  LES  VERS,  LES  POLYPES. 

Le  physiologiste,  dont  nous  essayons  ici  de  diriger 
l’étude,  n’oubliera  dans  scs  travaux,  ni  les  insectes, 
qui  pai'oissent  plusieurs  fuis  sur  la  scène  du  monde, 
toiijoui's  differens  d’eux- mêmes,  et  dont  la  vie  est  un 
tissu  de  merveilles  et  un  continuel  déguisement;  ni 
les  crustacées  analogues  aux  insectes,  dont  les  os  re- 
couvi’eut  aussi  les  muscles , et  qui , se  dépouillant 


2o6  sciences  pmysiol.  et  medicales. 

chaque  année  de  leur  squelelte  entier,  de  la  mem- 
brane interne  de  l’eslomac  et  de  la  tunique  extérieure 
des  yeux  , semblent  avoir  été  condamnés  à partager 
leur  existence  entre  les  embarras  d’une  enveloppe  qui 
se  refuse  à leur  accroissement , et  les  injures  auxquelles 
la  mollesse  et  la  nudité  les  exposent;  ni  les  vers  des 
coquillages  , dans  lesquels  tout  l’ordre  des  viscères 
connus  est  déi-angé,  dont  les  yeux  et  le  cerveau  ont 
une  mobilité  bizarre  , dont  les  trachées  servent  à la 
fois  a la  respiration  et  à la  sortie  des  excrémens;  qui, 
pourvus  d’une  trompe,  sont  la  plupart  carnivores,  et 
sinon  cruels,  au  moins  très -voraces  ; dont  la  repro- 
duction oflre  toutes  les  combinaisons  possibles  des 
sexes,  et  qui  ont  tous  cela  de  commun  qu’ils  voient 
chaque  année  s’accroître  le  volume  et  l’éclat  de  leur 
demeure  en  même  temps  que  leur  fardeau  s'appe- 
santit. fje  physiologiste  n’oubliera  point  le  cœur, 
organe  central  des  méduses,  les  fils  vibrans  de  ces 
mollasses,  les  piquans,  les  trompes  ni  la  bouche  des 
oursins,  ni  le  panache  frangé  des  argJis  , ni  ces  vers 
qui,  sous  la  forme  d’une  outre,  cachent  des  entrailles 
et  un  cœur.  11  considérera  les  animaux  que  la  nature 
a destinés  à vivre  aux  dépens  des  autres  et  qu'elle  a 
mis  à l’abri  de  toute  injure  en  les  logeant  dans  la 
profondeur  des  organes  où  ils  naissent , se  développent 
et  meurent.  11  s'arrêtera  à l’aspect  de  la  famille  nom- 
breuse des  polypes,  dont  les  individus  éminemment 
contractiles,  tantôt  séparés,  tantôt  réunis,  semblent 
7i’èlre  composés  que  de  bras  pour  saisir  leur  proie  et 
d’un  estomac  pour  s’eu  nourrir.  A l’aide  de  la  loupe, 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  207 
il  retrouvera  clans  le  inonde  microscopique  ce  qu’il 
aura  déjà  vu,  des  atomes  vivans  qui  s’agitent,  s’at- 
, se  repoussent , se  dévorent  et  se  iepio*“ 
duisent.  Enfin,  il  comparera  tous  les  êtres  animés 
avec  tous  les  végétaux  que  je  définis,  pour  mettre 
le  complément  à ce  système  , des  corps  vivans  dans 
lesquels  la  substance  ligneuse  lient  lieu  de  squelette, 
dont  les  sucs,  pompés  par  des  vaisseaux  capillaires, 
circulent  et  s’assimilent,  où  il  se  fait  des  sécrétions, 
une  sorte  de  respiration,  et  qui  engendrent,  mais  qui 
sont  dépourvus  du  cœur,  qui  no  digèrent,  qui  n’ont 
ni  sensations,  ni  mouvemens  spontanés. 

Voilà  sous  quels  rapports  j’ai  vu  le  règne  vivant. 
N’observer  , ne  décrire  qu’un  animal , c’est,  me  suis-je 
dit,  ne  tracer  qu’un  portrait,  c’est  n'étudier  qu’un 
genre.  J’ai  osé  concevoir  le  plan  d’un  tableau  ; j'ai 
marqué  les  principaux  traits  qui  m’ont  paru  de- 
voir entrer  dans  sa  composition,  et  j’ai  indiqué  les 
divers  genres  anatomiques,  dont  il  me  semble  que  la 
connoissance  approfondie  dévolleroit  celle  du  système 
entier  de  ces  corps. 

Ceux  qui  pai  coureront  les  tables  où  j’expose  ces  ré- 
sultats de  mes  recherchées  , remarqueront  que  le 
nombre  des  individus  tirés  de  la  classe  des  vers  y 
surpasse  celui  des  animaux  plus  volumineux  des  pre- 
mières divisions.  C’est  que  la  structure  de  ceux-ci 
peut  être  facilement  déterminée,  tandis  que  les  autres, 
échappant  au  scapel  par  leur  petitesse,  il  faut  les  con- 
sidérer en  famille , pour  suppléer,  par  le  nombre  d’ob- 
aervations  faites  à l’extérieur  de  chacun  d’eux,  à ce 


2o3  sciences  PIIYSÎOL.  ET  MEDICALES. 

qne  la  dissection  nous  dévoilerolt,  si  elle  éloit  pos- 
sible, sur  le  mécanisme  de  leurs  organes. 

Lorsqu’un  animal,  ou  quelqu’un  de  ses  viscères  a 
été  préparé  par  la  dissection,  il  y a deux  moyens 
de  le  rendre  utile  à l’enseignement  et  aux  progrès 
de  l’Anatomie:  le  premier  est  de  le  conserver  dans 
un  cabinet,  le  second  est  de  le  décrire. 

DESCRIPTION. 

Voir  et  décrire  sont  deux  choses  que  chacun  se 
croit  en  état  de  faire,  et  dont  cependant  peu  de  per- 
sonnes sont  capables.  La  j^remiére  suppose  une  grande 
attention  et  des  lumières  acquises  dans  le  genre  au- 
quel appartient  l’objet  que  l’on  observe  ; la  seconde 
exige  de  la  méthode  et  la  connoissance  des  termes 
propres  à donner  une  idée  exacte  de  ce  que  l’on 
a vu. 

Avant  Vesale,  Galien  et  Sylvius  sont  peut-être 
les  seuls  anatomistes  dont  les  descriptions  puissent 
être  citées  avec  éloge;  encore  le  premier  est -il  sou- 
vent diflus  , et  le  second  quelquefois  abrégé.  Vesale 
n’a  point  mérité  ces  reproches.  Plusieurs  ont  mis, 
comme  Riolan,  l’érudition  à la  place  des  connois- 
sances  exactes.  Mais  c’est  surtout  dans  les  éci’ils  de 
Stenon,  de  Malpigbi,  delleisler,  deWinslow,  d’Al- 
hiuus  et  de  Kerlin  (|u’il  faut  chercher  des  modèles 
de  description  anatomique  : on  la  voit  sous  deux 
formes  dans  leurs  ouvrages.  Dans  l’osléologie  de  Ber- 
lin , ses  détails  sont  très-clairs;  mais  longuement 


discours  sur  L’ANATOMIE.  209 

écvils  el  exposés  à la  manière  des  professeurs  qui  en- 
seignent. Dans  le  traité  de  Winslow , à l’aide  de  di- 
visions et  de  subdivisions  régulières,  sa  marche  est 
courte  et  rapide.  Cette  méthode  est  préférable  ^ans 
doute,  puisqu’elle  dit  les  mêmes  choses  avec  moins 
de  paroles,  et  que,  dans  tous  les  cas,  c est  lendie  une 
formule  très  - vicieuse  , que  d’ertiployer  un  grand 
nombre  de  signes  pour  exprimer  un  petit  nombre 
d’idées.  xMais  la  méthode  de  Winslow,  que  je  pré- 
fère à toutes  les  autres,  me  paroîtra  elle -même  im- 
parfaite si  on  la  compare  avec  celle  des  naturalistes. 
Ayant  à décrire  une  longue  suite  d’objets,  ceux-ci 
ont  vu  que,  s’ils  n’étoient  pas  très- rigoureux  dans 
leurs  définitions , très -précis  et  très- significatifs  dans 
leurs  phrases,  leurs  traités  deviendroient  très- volu- 
mineux et  trop  vagues.  Un  a donc  créé  autant 
d’idiomes  nouveaux  qu’il  y a de  branches  dans  l’bis- 
toire  naturelle;  les  botanistes  ont  donné  l’exemple. 
La  langue  grecque  a été  mise  à contribution  : de 
nouveaux  substantifs  ont  exprimé  par  un  seul  mot 
des  idées  très-complexes,  et  qui  exigeoient  aupara- 
vant, pour  être  entendus,  le  secours  des  périphrases  ; 
d’autres  termes  aussi  nouveaux  ont  déterminé  les 
diverses  modifications  des  corps  , et  leur  valeur  a été 
fixée  en  tète  de  chacun  de  ces  systèmes. 

Au  milieu  de  ces  innovations,  l’Anatomie  seule  n’a 
fait  presque  aucun  changement  dans  son  langage. 
Comment,  avec  une  nomenclature  qui  n’est  presque 
point  enrichie  depuis  Galien,  pourroit -elle  suffire  à 
la  description  de  tant  d’organes  nouveaux  E- Nous 
T.  4.  li 


210  SCIENCES  niYSIOL.  ET  MEDICALES. 

louchons  donc  au  moment  où  notre  science  doit 
Subi]’  la  révolution  générale,  et  c’est  une  étude  Ij-ès- 
philosophique  que  celle  des  règles  d’après  lesquelles 
doivent  être  élrdjlies  sa  nomenclature  et  sa  méthode. 
Les  réflexions  suivantes  contiennent  le  résultat  de 
mes  recherches  sur  cet  objet  important. 

DE  LA  LANGUE  DES  SCIENCES  EN  GÉNÉRAL,  ET  DE 
CELLE  DE  l’aNATOMIE  EN  PARTICULIER. 

Une  langue  pauvre,  a dit  ingénieusement  un  écri- 
vain moderne,  ( i ) n’a  jamais  été  celle  d’un  peuple 
riche.  Les  diverses  sortes  de  langues  se  forment  en 
efiél  et  se  développent  dans  la  même  progression  uù 
le  champ  des  idées  s’étend:  et  soit  que  l’imagination 
s’élève,  ou  que  la  raison  s’éclaire,  il  faut  bien  expri- 
mer d’une  manière  nouvelle  des  sensations  que  l’on 
ïi’a  pas  encore  éprouvées,  ou  des  combinaisons  qui 
n’ont  pas  encore  été  faites.  11  n’y  a point  de  nomen- 
clature ni  de  méthode  qui  ne  puisse  être  changée  par 
cette  influence  des  progrès  de  l’esprit. 

A la  vérité  lorsque  les  idées  ou  les  inventions 
nouvelles  sont  peu  nombreuses,  on  peut  quelquefois, 
sans  rien  détruire,  les  placer  à la  suite  de  l’enchaî- 
neraent  déjà  formé;  mais  il  y a un  terme  au-delà 
duquel  on  ne  peut  s’empêcher  de  refondre  la  mé- 
thode. Pour  remettre  l’ordre  dans  la  faculté  de  penser. 


fl)  De  V Universalité  de  la  Langue  française  ; discours  qui  & 
remporté  le  prix  de  l'Académie  de  Berlin,  en  lySi,  in-8°.  , publié 
en  1785  , ]>a^o  4i. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  211 

il  faudroit  , a ditllacoii,  refaire  rentendement  hu- 
main. Nous  dirons,  pour  .remettre  l’ordre  dans  l’en- 
tendement humain  appliqué  à l'étude  de  quelques 
sciences,  U faut  refaire  leurs  langues.  Qu’est-ce  en 
effet  qu’étudier  une  science?  C’est  acquérir  des  idées 
de  toutes  les  parties  qui  la  composent,  c’est  associer 
ces  idées  , de  sorte  que  leurs  impressions  se  repro- 
duisent d’elles- mêmes  et  se  succèdent  sans  eflort  et 
sans  travail  ; c’est  les  ordonner  de  manière  que  les 
unes,  d’individuelles  qu’elles  étoienl  , devenues  gé- 
nérales , se  sous-di visent  en  clas.ses,  genres  et  espèces, 
tandis  que  les  autres,  isolées  , attendent  des  filiations 
nouvelles;  c’est  en  allant  du  connu  à l’inconnu  , veiller 
sur  l’exaclilude  des  faits,  dans  l’observation  comme 
sur.  la  chaîne  des  jugemens  intermédiaires  dans  le 
raisonnement  ; enliii  , c’est  apprendre  à mettre  en 
oeuvre  toute  l’activité  de  l’esprit,  en  fixant  par  des 
paroles  et  des  signes,  la  nature  et  les  rapports  delà 
pen.sée. 

Condillac  , qu’on  ne  loue  point  assez,  Coudillac , 
aussi  grand  que  Locke,  au  moinsdans  quelques  parties 
de  ses  ouvrages  , après  avoir  prouvé  que  la  faculté 
de  sentir  est  le  foyer  de  toutes  les  autres,  a dit  le 
premier  que  les  langues  ne  sont  que  des  méthodes 
analytiques.  Il  suit  de  ces  réflexions  que  l’art  de  rai- 
sonner n’a  commencé  qu’avec  elles;  que  cet  art  ne 
peut  s’exercer  sans  les  formules  dont  est  composé  le 
langage,  et  que  plus  on  abrège  le  discours,  plus  eu 
rapprochant  les  idées , on  rend  l’exposition  claire  , les 
comparaisons  faciles  et  les  résultats  certains. 


I 


2 1 2 SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Puisque  tout  le  langage  est  une  analyse  , combien 
n’imporle-t-il  pas,  dans  l’étude  des  sciences,  de  per- 
fectionner des  inélliodes  à l’aide  desquelles  les  diverses 
parties  d’un  tout  sont  séparées,  examinées,  connues, 
nommées,  comparées  et  réunies  ! Long  - temps  les 
seuls  géomètres  surent  employer  ces  procédés  utiles: 
les  physiciens  et  les  naturalistes  ont  enfin  appris  à 
s'en  servir.  On  demande  pourquoi  Linné  a donné  le 
nom  philosophie  botanique  (i)au  traité  dans  lequel 
sont  consignés  les  principes  de  sa  nomenclature?  C’est 
que  ce  grand  homme  a compris  que  la  base  de  tout 
édifice  de  l’esprit  est  la  science  élémentaire  des  mots, 
sans  laquelle  nul  genre  de  connoissances  ne  peut  ni 
s’élever , ni  s’affermir. 

Les  auteurs  des  premiei’s  noms  assignés  aux  subs- 
tances des  trois  règnes  , se  sont  servis  d expressions 
qui  n’avoient  aucune  liaison  enlr'elles  : l’analogie  et 
le  hasard  en  ont  fourni  le  plus  grand  nombre.  Diverses 
considérations  religieuses  , divers  sentimens  de  recon- 
noissance  et  d’amitie,  les  inspirations  mêmes  de  1 or- 
gueil ou  les  prévenances  de  Fadulalion  ont  fait  le  reste , 
et  l’on  a vu  la  liste  des  productions  de  la  nature  sur- 
chargée de  noms  bien  étrangers  à son  culte.  Linné , 
témoin  de  ce  désordre  , résolut  d’y  remédier:  bientôt 
disparurent  du  catalogue  toutes  les  dénominations 
relatives,  soità  ces  personnagesauxquels  sont  assignées 
d’autres  places  dans  l’histoire  , soit  aux  grands  que 
la  flatterie  place  partout,  soit  même  aux  savans  des 


( 1 ) Philosophia  holanica. 


discours  sur  L’ANATOMIE.  2vS 

autres  classes.  C’est  clans  le  ciel  que  cloiventetre  écrits 
les  noms  des  Cassini  ; c’e^l  aux  plantes  qu’il  convient 
de  donner  ceux  de  Toumefort  et  de  I^nne  , comme 
c’est  sur  les  replis  du  corps  humain  que  Fallope  et 
Sylvius  ont  imprimé  le  sceau  de  leur  gloire. 

Linné  rejette  , avec  raison  , les  dénominations  trop 
longues  ou  embarrassées  , d’une  prononciation  trop 
dure,  ou  qui,  composées  dedeux  racines,  1 une  grecque 
et  l’autre  latine,  offrent  un  assemblage  monstrueux 
et  bizarre.  Mais  doit-on  également  adopter  son  avis, 
lorsqu’il  refuse  d’admettre  les  noms  que  certaines 
finales  (i)  terminent,  ou  ceux  dont  les  racines  ne  sont 
ni  latines  ni-  grecques?  Pourquoi , dans  le  premier  cas , 
se  priver  d’un  moyen  facile  pour  distinguer  certaines 
classes  eiitr’elles  ? et , dans  le  second,  pouniuoi  ne 
pas  préférer  à des  noms  factices  ceux  que  les  naturels 
des  différenspays  donnent  depuis  si  long -temps  aux 
corps  que  nous  voyons  pour  la  première  fois? 

Linné  blâme  encore  les  noms  génériques  composés 
de  deux  mots  distincts.  A la  vérité  cette  construelion. 
vicieuse  en  général  , est  gênante  dan^  le  discours  et 
dans  les  détails  des  espèces  ; mais  lorsque  les  deux 
mots  composans  réunis  n’en  forment  qu’un , loin  de 
trouver  des  incoiivéniens  dans  cette  sorte  de  nomen- 
clature , j’y  vois  de  grands  avantages,  en  supposant 
toutefois  que  chacun  des  mots  ainsi  confondus  ex- 
prime quelques  rapports  essentiels  de  conformation  , 
de  situation  ou  d'usage.  Nous  employons  souvent, 


( 1 )En  eidesj  alla,  strum,  sler , aria. 


‘2ii  SCIENCES  PHYSrOL.  ET  MEDICALES. 

en  Anatomie,  des  noms  ainsi  composés  ; et  c’cst  tou- 
jours avec  profit  pour  les  étudians,  qui  ne  peuvent 
les  prononcer  sans  se  rappeler  les  relations  ou  la 
structure  des  parties  auxquelles  de  pareils  noms  sont 
donnés,  (i) 

Comme  un  fait  nouveau  n’est  qu’un  rapport  dé- 
couvert entre  quelques-unes  des  parties  du  grand 
système  de  la  nature,  il  ne  suffit  pas  d’indiquer  ce 
fait  par  un  mot,  il  faut  de  plus  exprimer  ses  rapports 
par  des  adjectifs  dont  le  sens  soit  l)ien  déterminé.  Or, 
en  Anatomie,  nous  avons  peu  de  ces  dénominations 
spécifiques  propres  cà  désigner  les  qualités  individuelles 
des  corps.  La  plupart  des  noms  que  les'naturali.sfes 
ont  adoptés  peuvent  aussi  nous  servir  : n’appartien- 
nent-ils  pas  à la  descript  ion  des  surfaces  extérieures? 
En  les  empruntant  et  en  les  appliquant  aux  surfaces 
intérieures,  j en  ai  fait  un  usage  que  je  crois  légitime 
et  permis.  Lorsqu’il  a fallu  en  créer  de  nouveaux,  je 
les  ai  tirés  surtout  de  ces  termes  qui,  tenant  à beau- 
coup d’autres,  et  étant  connus  par  de  nombreux  dé- 
rives, ont  une 'signification  facile  à transporter  dans 
plusieurs  langues.  J’ai  toujours  fait  connoîlre  leurs 
synonymes  latins  et  français,  et  je  me  suis  efforcé  de 
mettre  enir’eux  une  telle  correspondance  , et  entre 
quelques-uns  une  telle  opposition,  que  toutes  les pro- 


( i)  Pour  résumer,  il  faut  que  les  noms  génériques  ne  soient 
composés  que  d’un  seul  nom  ; que  leurs  racines  n’apparlienneut  pas 
a plusieurs  langues  ; et  s’ils  sont  de  nouvelle  création , qu’ils  expri- 
ment la  situation  , la  structure  ou  les  usages  des  organes  auxquels 
h sont  attribués. 


discours  SUR  L’ANATOMIE.  ai5 
priélcs  des  corps  pussent  être  facilement  et  briève- 
ment exprimées. 

ün  se  tourmente  souvent  , dit  Condillac,  pour 
définir  des  idées  simples,  taudis  qu’il  ne  faut  que  les 
énoiicer.Ladéfîuiliandoiten  effet  se  bornera  montrer 
l’objet  -,  elle  est  vicieuse  , si  elle  le  suppose  déjà  connu, 
’l’rop  courte,  elle  n’a  pas  la  netlele  de  1 idée  ^ tiop 
longue,  elle  n’a  pas  l’exactlliide  de  la  description  j et 
dans  les  deux  cas  sou  but  est  manqué. 

Dans  l’ordre  de  nos  recherches  , il  faut  choisir  les 
mots  propres  à la  formation  des  noms  génériques  et 
spécifiques  avant  de  définir  j et  il  faut  définir  avant 
d’analyser. 

L’analyse  ou  la  division  est,  au  fond,  la  même  opé- 
ration de  l’esprit  : c’est  dans  la  succession  nalurello 
des  idées,  c’est  dana  la  manière  dont  on  les  acquiert  et 
dont  011  les  enchaîne  qu’il  faut  chercher  les  élémens 
de  cette  méthode.  En  suivant  une  autre  roule,  l’es- 
prit se  fatigue  et  finit  toujours  par  s’égarer.  Ici  tous 
les  termes  ne  sont  pas  connus. 

C'est  dans  la  combinaison  des  vérités  déjà  décou- 
vertes qu’il  faut  chercher  celles  qui  ne  le  sont  pas 
encore.  Ici  deux  excès  doivent  être  soigneusement 
évités,  et  cette  précipitation  qui  se  hâte  de  croire,  en 
substituant  la  confiance  au  doute  et  l’hypothèse  à la 
démonstration,  et  cette  extrême  timidité  qui,  sans 
la  connoissance  exacte  des  principes  , n’ose  avancer 
dans  la  carrière.  Que  ceux  qui  sont  dans  le  premier 
cas  apprennent,  s’il  en  est  encore  temps  , à marcher 
dans  les  sentiers  de  l’analyse,  et  disons  aux  autres 


2 1 6 SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
qu’il  n’est  pas  nécessaire  de  remonter  aux  premières 
causes  pour  dégager  de  toutes  suppositions  arbitraires 
le  peu  de  connoissances  que  l’on  a sur  les  sujets  les 
pins  embarrassés.  A mesure  que  l’on  observe  un  ordre 
de  phénomènes  conslans,  il  faut  le  désigner  par  une 
dénomination  abstraite.  S’est -on  assuré  qu’une  force 
particulière  régit  ou  produit  certains  mouvemensdé- 
tenninés , quoique  l’on  ne  connoisse  que  l’existence 
de  cette  force,  il  faut  encore  l’exprimer  par  un  mot 
convenu.  Maissurtout  que  l’on  se  garde  bien  de  donner 
à ces  termes  plus  de  valeur  qu’ils  n’en  ont  réellement , 
et  que  l’on  ne  perde  jamais  de  vue  les  rapports  dont 
ils  sont  les  signes,  si  l’on  veut  éviter  la  méprise  et 
l’erreur. 

C’est  encore  à l’art  de  créer  les  langues,  qu’il  appar- 
tient de  choisir  des  mots  pour  fixer  l’abstraction  des 
idées  , et  ce  choix  n’est  pas  indifférent  : l’exemple 
suivant  en  donnera  la  preuve. 

Des  phénomènes  sans  nombre  et  des  expériences 
multipliées  ont  appris  que  les  nerfs  sont  le  foyer  de 
la  sensibilité  des  organes  et  de  l’irritation  des  muscles. 
On  a imaginé  un  agent  pour  expliquer  ces  effets,  et 
l’on  a donné  le  nom  à' esprits  a?iiniaux  au  fluide  dont 
on  a gratuitement  supposé  que  les  nerfs  étoienl  remplis. 
Ici  l’on  a commis  une  grande  faute  , en  donnant  un 
nom  individuel  au  lieu  d’un  nom  abstrait  à une  pro- 
priété peu  connue.  (Combien,  en  se  servant  pour  la 
désigner  d'une  expression  générale,  telle  quecellede 
force  nerveuse  y on  aui  oil  épargné  d’erreurs  aux  mé- 
decins et  de  mauvais  raisonnemeus  aux  physiologistes! 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  217 

Les  termes  qui  disent  autre  chose  que  ce  qu  ils  de- 
vroient  exprimer  ne  sont  pas  les  seuls  qui  doivent  èlre 
compris  dans  notre  réforme;  plusieurs  sont  impropres 
ou  insuffisans,  et  ils  ne  doivent  point  être  épargnés. 
Je  rapporte  a ceux-ci  les  divisions  numériques  , de 
premier , second , troisième , tic, , qui  ne  donnent  au- 
cune idée  précise  de  situation  ni  de  forme,  et  dont 
rordre  peut  être  troublé  par  des  observations  nou- 
velles, comme  je  l’ai  prouvé  dans  cet  ouvrage,  au 
sujet  des  nerLv  Parmi  ceux-là  doivent  èlre  comptées 
les  dénominations  de  vraies  et  de  fausses , de  dur,  de 
mol  , de  grand  , de  petit , de  honteuses  , d*«ï7ci- , tlo 
bouquet,  d'accessoires , i\e  sublime , d'humble,  d'adnii- 
rable,  etc.  'roulesces  locutions  seront  rejetées  comme 
incorrectes,  insignifiantes,  et  comme  tenant  à la  fois 
de  rimperléclion  et  du  mauvais  goût. 

De  même  que  riionnnc  le  plus  sitnple  et  le  plus  dé- 
pourvu d’imagination  ne  peut  parler  long-teinpssaus 
métaphore  le  langage  des  sciences  de  description  , le 
plus  froid  et  le  plus  mesuré  de  tons  les  langages  ne 
peut  se  passer  d’expressions  imitatives  et  figurées.  On 
dit  souvent  en  Anatomie,  qu’une  partie  organique 
monte,  se  porte,  descend,  s’étend,  se  dirige,  passe, 
s’allonge,  s’élève,  s’abaisse,  s’enfonce,  s’épanouit,  pé- 
nètre, se  montre,  se  présente,  etc.  Je  crois  qu’il  seroit 
très-dilficile  de  renoncer  tout-à-fait  a ces  expi’cssions; 
mais  je  désire  qu'on  n’en  abuse  pas  , que  l’on  s’en 
tienne  le  plus  souvent  aux  verbes  auxiliaires,  en  y 
joignant  des  adjectifs  ou  des  adverbes,  et  que  souvent 
même  on  rende  la  marche  plus  rapide,  en  supprimant 


2 1 8 SCIENCES  PH  YSIOL.  ET  MEDIC A LES. 

les  verlies  qu’il  est  nécessaii'e  et  pénible  de  varier  lors- 
qu’on les  prodigue. 

Ce  qui  a le  plus  contribue  a rendre  les  descriptions 
informes  et  prolixes,  c’est  l’usage  où  la  plupaj't  des 
auteurs  sont  de  s’interrompre  pour  disserter  sur  ce 
qu'ils  exposent.  Cette  marche  est  contradictoire  aux 
principes  que  j ai  établis.  Elle  rend  l’analyse  impar- 
faite et  même  impossible  pour  le  lecteur,  qui  ne  peut 
se  permettre  aucun  raisonnement  sur  des  faits  qu’il  ne 
connoît  pas  encore.  La  description  doit  donc  être  sé- 
parée de  la  théorie;  et  c’est  en  ne  les  confondant  point 
ensemble  que  leur  valeur  réciproque  augmentera , l’u ne 
gagnant  en  précision  ce  que  l’autre  acquérera  de  force, 
de  lumière  et  de  simplicité. 

Ce  seroit  peut-être  une  entreprise  utile  que  de  subs- 
tituer U la  nomenclature  ancienne  de  l’Anatomie  une 
nomenclature  entièrement  nouvelle  dont  les  noms 
eussent,  dans  les  différentes  classes,  une  correspon- 
dance régulière  par  leur  genre,  par  leur  composition 
et  par  leurs  finales,  et  dont  la  distribution  métho- 
dique, soumise  à des  règles  constantes,  fût  telle  que 
l’esprit  eu  conçût  facilement  le  projet  et  que  la  mé- 
moire en  gardât  sans  j3eine  le  souvenir.  Ce  travail, 
analogue  à celui  dont  plusieurs  chiniistes  illustres  ont 
publié  le  plan  pour  la  science  qu’ils  cultivent,  semble 
devoir  être  l’ouvrage  de  ce  siècle  éclairé;  mais  j’ai 
pensé  qu’avant  d’y  procéder,  il  falloit  revoir  avec  le 
plus  grand  scrupule  toutes  les  parties  de  la  science 
anatomique,  et  ne  se  décider  qu’après  le  plus  mûr 


examen. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  219 

Tarin  a fait  paroître,  en  1745,  un  Dictionnaire  (i) 
dont  je  nie  suis  beaucoup  servi  dans  mes  recherches. 
J’ai  trouvé  dans  les  écrits  de  Linné,  dans  ceux  de  na- 
liiralisles  modei  nes,  et  surtout  dans  le  V ocahulairede 
Botanique  ^uhWé  par . VJ.  [3ulliard,(2)  im'grnnd  nombre 
de  termes  que  j'ai  cru  pouvoir  adopter.  Autour  de  ces 
mots  primitifs,  j’ai  distribué  leurs  dérivés,  leurs  accep- 
tions, leurs  divisious,  leur  synonymie,  et  je  les  ai  fon- 
dus avec  les  noms  anciens,  de  sorte  que  ce  n’est  pas 
une  langue  nouvelle  que  je  propose  aujourd  hui,  mais 
une  langue  renouvelée  et  enrichia  d’expressions  déjà 
familières  à plusieurs  parties  du  monde  savant , entre 
lesquelles  on  ne  sanrpit  trop  multiplier  la  correspon- 
dance de  la  parole  et  de  la  pensée. 

Sini  LA  DR5CRIPT10N  ANATOMIQUE  DE  1,’lIOMME  ET 
UES  ANIMAUX  COMPARÉS  ENTR’euX. 

Cette  matière  est  si  neuve  , et  les  anatomistes  s’en 
sont  si  peu  occupés,  qu'ils  paroissent  ignorer  quels  soins 
préliminaires  il  faudroit  prendre  pour  se  disposer  à 
l’exécution  d’un  projet  dont  quelques-uns  ont  parlé, 
mais  sur  lequel  il  est  évident  que  personne  encore  n’a 
réfléchi. 

L’homme  marche  droit:  il  est,  comme  je  l’ai  dit 
ci-devant,  soutenu  sur  le  talon  et  sur  toute  la  plante 
du  pied;  sa  tète  occupe  la  partie  supérieure;  le  ventre. 


( 1 ) Dictionnaire  anatomique  , snivi  d’une  Bibliothèque  anato- 
mique et  physiologiste  , par M.  Tarin  , in  4“,, 1743. 

{ 2 ) Dictionnaire  élémentaire  de  botanique  , etc.  par  M.  Butliard , 
iii-fol. , Paris,  17S5. 


220  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
la  partie  antérieure,  et  le  dos  est  situé  en  arrière.  Dans 
les  reptiles  et  dans  les  poissons,  au  contraire,  la  tête 
est  en  devant,  le  ventre  en  dessous,  le  dos  en  dessus. 
La  ligne  suivant  laquelle  le  corps  de  l'homme  est  dirigé, 
et  qui  est  verticale,  fait  avec  celle  du  reptile  et  du 
poisson  un  angle  de  90  degrés.  Dans  les  quadrupède» 
proprement  dits,  on  distingue,  1°.  la  tête  et  le  tronc 
qui  sont  dans  une  situation  horizontale,  comme  le 
reptile  et  le  poisson;  2°.  les  cuisses  et  les  jambes  qui 
sont  dans  une  direction  verticale  , comme  celle  de 
l’homme.  Ce  qui  rend  la  position  des  quadrupèdes 
encore  plus  compliquée,  c’est  que  la  plupart  de  ces 
animaux,  co}nme  je  l’ai  dit  au  commencement  de  ce 
- discours,  ne  marchent  que  sur  les  doigts  et  ont  le  ta- 
lon relevé.  Les  extrémité  postérieures  des  oiseaux 
sont  aussi  dans  une  situation  verticale;  mais  leur  corps 
est  dirigé  obliquement,  et  semble  tenir  le  milieu  entre 
la  position  de  l'homme  et  celle  des  quadrupèdes.  Les 
singes  ont  aussi  le  tronc  dans  une  direction  oblique. 
D’où  il  suit  que  les  parties  qui  sont  supérieui'es  dans 
l’homme,  deviennent  antérieures  dans  le  tronc  des 
quadrupèdes,  dans  les  reptiles  et  dans  les  poissons; 
obliquement  tournés  en  devant  dans  les  singes  et  dans 
les  oiseaux;  que  s’il  s’agit  des  cuisses  et  des  jambes,  la 
position  est  la  môme  dans  l’homme,  dans  les  quadru- 
pèdes et  dans  l’oiseau;  mais  que  s’il  est  question  du 
pied,  ce  qui  est  supérieur  dans  l’homme  devient  an- 
térieur dans  la  plupart  des  quadrupèdes,  parmi  les- 
quels on  observe  un  grand  nombre  de  variétés  à cet 
égard. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  221 
Je  suppose  que  l’on  ait  a décrire  et  a compaiei  les 
différentes  parties  d’un  organe  commun  a ces  divers 
animaux,  et  dans  lesquels  on  reconnoisse  six  faces 
comme  dans  un  cube.  Ou  suiv'ra  sans  doute  dans  leur 
dénomination  l’usage  reçu  parmi  nous , c est  à-dire 
qu’on  les  diviseraen  supérieure,  inferieure,  antérieure , 
postérieure  ^ droite  et  gauche.  Ces  deux  derniers  noms 
ne  varient  point  et  peuvent  être  également  employés 
dans  tous  les  cas-,  mais  on  voit  que  les  quatre  pre- 
miers cesseront  d’être  comparables  lorsqu  ils  seront 
appliqués  à l'homme,  aux  singes,  aux  quadrupèdes 
proprement  dits,  aux  oiseaux,  aux  reptiles  et  aux 
poissons.  Il  faudra  s’interrompre  pour  avertir  que  la 
face  antérieure  de  l’un  répond  à la  face  inférieure  de 
l’autre,  et  que,  dans  un  troisième,  elle  est  oblique;  il 
faudra  dire  que  la  nomenclature  est  la  même  pour 
certaines  parties  des  extrémités,  et  qu’elle  difièi'e 
pour  quelques  autres;  ce  qui  rend  le  discours  obscur, 
en  troublant  toujours  l’attention  du  lecteur. 

Je  sais  bien  qu’en  plaçant  sur  une  table  tous  les 
corps  des  animaux  dont  on  se  propose  de  décrire 
les  organes,  ou  en  les  l’edressanl  tous  sur  leuà*s  ex_ 
trémités  postérieures  , onpourroit  leur  appliquer  une 
nomenclature  commune  ; mais  dans  la  première  sup- 
position l’on  cesseroit  d’appeler  supérieures  les  parties 
qui  répondroient  à la  tète;  la  plante  du  pied  seroit 
postérieure,  au  lieu  d’ètre  inférieure;  et  ce  seroit 
l’homme  que  l’on  rapprocheroit  des  quadrupèdes. 
La  seconde  supposition  laisseroit  subsister  la  nomen- 
clature employée  dans  nos  livres  pour  l’anatomie  de 


222  SCIENCES  PMYSIOL.  ET  MEDICALES, 
l’homme.  Mais  si  l’on  redressoit  ainsi  les  quadi  upèdessuf 

leurs  exlrémilés  postérieures,  il  faudrait  placer  aussi 
daasla  situalioji  verticale  , à côté  dé  l'homme  les  ser- 
peiis,  les  poissons  et  les  vers,  tahleau  qui  répugne  au 
bon  goût  et  à la  raison.  D’ailleurs,  dans  ces  deux  hypo- 
thèses, l’esprit  seroit  toujours  occupé  des  transposi- 
tions à faire  pour  réduire  chacun  de  ces  animaux  à 
sa  position  naturelle,  et  ce  travail  seroit  plus  pénible 
que  celui  dont  on  se  seroit  proposé  d’éviter  l’embarras 
par  ce  grand  boulevei’sement. 

Si  les  anatomistes  qui  ont  disséqué  jusqu’ici  le  corps 
de  l’homme  et  celui  des  animaux  n’ont  point  aper- 
çu ces  difficultés,  c’est  que  le  plus  souvent  ils  ne  le 
ont  point  comparés  entr’eux,  ou  qu’en  les  compai  ant 
ils  ont  considéré  la  masse  totale  des  viscères  sans  parler 
des  détails  qui  sont  indispensables  dans  le  plan  que 
j’ai  tracé. 

Ces  considérations  m’autorisent  à dire  que  l’on  a 
eu  grand  tort  d’admettre  comme  primitives  des  di- 
visions qui  ne  conviennent  qu’à  l’homme  seul  et  nul- 
lement aux  autres  animaux  avec  lesquels  on  doit  les 
comparer;  que  les  mots  antérieur  ^ postérieur  ySupé~ 
rieur,  inférieur,  ne  doivent  être  regardés  que  comme 
des  attributs,  et  jamais  comme  des  caractères  géné- 
l’iques,  etque,  sans  cette  réforme,  notre  science  ne  fera 
jamais  de  véritables  progrès. 

Les  principes  suivans  contiennent  l’abrégé  de  la 
doctrine  que  je  viens  d’établir. 

1°.  Tout  organe  que  l’on  se  propose  dedécrire  doit 
être  traité  conuno  un  solide  gcoiuétriijuc  dont  on 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  225 

examinera  d’abord  à l’extérieur  les  faces,  les  bords, 
etdes  angles , et  dont  on  considérera  ensuite  l’intérieur, 
avec  les  mêmes  divisions. 

2°.  Dans  les  dénominations  que  l’on  donnera  aux 
faces,  aux  bords  et  aux  angles  de  ces  organes,  on 
n’emploiera  que  des  noms  que  l’on  puisse  appliquer 
à tous  les  animaux  qui  en  seront  pourvus  ; et  ces 
noms  seront  composés  des  parties  les  plus  remar- 
quables de  ces  organes,  ou  de  ceux  des  régions  en- 
vironnantes, ou  des  usages,  lorsqu’ils  seront  bien 
déterminés  et  assez  Lciles  à saisir  pour  qu’il  ne  puisse 
y avoir  aucune  équivoque  à cet  égard. 

3“.  Il  n’y  a point  d’expressions  qui  puissent  rem- 
placer , dans  toute  l’étendue  du  corps  de  l'homme  et 
des  animaux , comme  caractères  de  division  générale, 
les  mots  antérieur , postérieur  J supérieur  y inférieur  ^ 
parce  que  les  extrémités  postérieures  des  quadrupèdes 
étant  dans  une  position  perpendiculaire  comme  celle 
de  l'homme,  tandis  que  le  corps  est  horizontal , nulle 
dénomination  ne  peut  être  commune  à des  circon- 
tances  aussi  dilférenles.  11  faudra  donc  substituer  à 
ces  quatre  termes  des  expressions  propres  à chacune 
des  grandes  régions  du  corps  des  animaux.  Citons 
pour  exemple  l’os  ethnoide,  qui  est  cubique.  Quatre 
de  scs  faces  cérébrale , jiazale  ^ sphénoïdale  ; ou  si  je 
veux  employer  des  noms  plus  généraux,  et  com- 
muns à tous  les  os  de  la  tète,  j’appelerai 
celle  des  régions  qui  est  dirigée  vers  le  sommet  de 
l’os  frontal,  ou  synciput;  hasilahe , celle  qui  répond 
à la  base  du  ci'ane  j faciale , celle  qui  est  tournée  vers 


224  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

la  face;  et  occ.ipUaîe,  celle  qui  l’est  vers  l’occiput, 
Oa  voit  que  celle  nomenclatui  e peut  s’étendre  à tous 
les  animaux  qui  ont  une  tôle  osseuse,  puisque,  dans 
tous  le  synciput  est  opposé  à la  base  du  crâne  cl  la 
face  à l’occipul.  J’ai  indiqué  dans  le  vocabulaire,  au 
mot  POSITION,  le  développement  de  cette  nouvelle 
méthode  et  son  application  aux  diverses  parties  du 
corps  et  des  extrémités. 

4®.  Non-seulement  les  régions  correspondantes  du 
même  organe  doivent  être  désignées. de  la  même 
manière,  mais  ces  organes  doivent  aussi  porter  le 
môme  nom  dans  tous  les  animaux;  sans  quoi  les  rap- 
procheraeus  que  nos  travaux  requièrent  ne  ppurroient 
jamais  s’exécuter. 

Ce  seul  principe  sufFiroit  pour  exiger  de  grands 
cbangemens  dans  la  nomenclature  de  l’analpmie  de 
rhomrne  et  des  animaux:  un  muscle  très-connu  sera 
cité  pour  exemple.  Le  muscle  biceps  du  bras  n’a  qu’une 
tête  dans  les  quadrupèdes  qui  ne  sont  pas  claviculés. 
Le  nom  de  biceps  ne  peut  donc  pas  lui  être  conservé 
dans  un  tableau  généial  d’anatomie.  Je  préférerois 
celui  de  radio-scapulairc ^ qui  désigne  ses  principales 
insertions  dans  l’homme  et  les  quadrupèdes.  Ici  les 
anatomistes  ont  encore  donné  un  nom  d’attribut  pour 
un  nom  de  genre,  ce  qu’il  faut  toujours  éviter. 

Tour  établir  un  système  entier  de  nomenclature 
anatomique , il  faudroit  donc  avoir  rassemblé  tout  ce 
f|ue  l’on  sait  sur  la  structure  des  animaux;  et  celte 
partie  de  nos  connoissances  n est  pas  assez  avancée 
pour  qu’on  puisse  exécuter  ce  grand  projet.  Je  ne 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  225 

poiivolsclonc  entjfrrirqii’iinecbaiiche:  peut-être  serai- 
je  un  jour  plus  hardi,  lorsque  j’aurai  aclle^■é  les  tra- 
vaux que  j’ai  eommeucés.  En  soumellant  dans  un  vo 
cabulaire  tous  les  lucts  dont  je  dois  me  servir  à un 
examen  rigoureux,  je  me  suis  proposé  de  rendre  mes 
desei-ipliüus  plus  intelligibles,  et  de courourir , autant 
qu’il  eloil  eu  moi,  à celle  reforme  gcuéiale  dont  il  paroît 
que  tous  les  nonienclateurs  sonlacluellemenl  occupés. 

I 

P È K O R A I s O N. 

Ainsi,  taudis  que  les  sciences  font  chaque  jour  des 
progrès,  leiu's  idiomes  s enrichissent,  et  avec  eux  se 
perlectionne  l’art  de  penser.  Les  expressions  techni- 
ques, recounoissables , et  pour  ainsi  dire  les  mêmes 
dans  tous  les  jiiiys,  forment  en  quelque  sorte  une 
langue  universelle  , également  écrite,  entendue  et 
parlée  par  tous  les  pefiples.  Celte  langue  a resté  long- 
temps incomplète.  Celle  de  rimagiiiatiou  a dù  se  dé- 
velopper la  première;  mais  aus.si  sa  marche  rapide  a 
du  se  ralentir.  Renfermé  trop  long-temjis  dans  les 
mêmes  limites,  fatigué  par  la  répétition  des  mêmes 
images,  environné  de  modèles  (jui  le  subjuguent, 
étonné  par  tant  de  succès  q ui  soûl  eu  x-mèmes  uii  obs- 
tacle à des  succès  nouveaux,  le  geiiie  des  lettres  n’a 
pu  conserver  toute  sa  force  eu  voyant  diminuer  ses 
espérances.  Mais  alors,  docile  à la  culture,  le  champ 
des  sciences  et  des  arts  s’est  couvert  de  moissons  aboa- 
dantes  ; le  domaine  de  la  vérité  s’est  accru:  ses  divers 
langages  se  sont  agrandis , ils  s’agrandiront  encore.  Des 
combinaisons  inattendues,  des  observations  et  des  dé- 


£26  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

couvertes  sans  nombre  achèveront  de  dévoiler  la  na- 
ture; des  imitations  de  toute  espèce  reproduiront  à 
tous  les  sens  le  spectacle  de  ses  merveilles;  des  idées, 
des  images  , des  métaphores  nouvelles,  prépareront  de 
ïiouvelles  jouissances  à riinagination  , qui  l'ede viendra 
féconde;  sa  langue  se  régénérera;  l'esprit  reprendra 
sa  jeunesse  et  sa  fleur;  et  s’il  les  perd  encore,  de  nou- 
veaux progrès  des  connoissances  les  lui  rendront  sans 
doute  : tant  il  est  naturel  de  croire  que,  parmi  des 
peuples  dont  les  yeux  sont  pour  toujours  ouverts  à la 
lumière,  le  génie  doit  porter  alternativement  l'em- 
preinte de  ces  différens  modes  , en  passant  d’âge  en 
âge  par  toutes  les  nuances  de  la  maturité  ! 

La  liaison  des  sciences  et  des  lettres  est  donc  plus 
grande  que  certains  détracteurs  ne  le  donnent  à pen- 
ser, puisque  les  unes  et  les  autres  s’ouvrent  mutuelle- 
ment la  carrière,  ou  plutôt  n’en  forment  qu’une  où  se 
développent  toutes  les  facultés  de  l’esprit.  Que  l’on 
compare  les  écrits  des  modernes  sur  les  sciences  avec 
les  ouvrages  de  ceux  qui  les  ont  précédés,  et  l’on  verra 
combien  est  grande  la  supériorité  des  premiers  sur  les 
seconds.  Sans  doute,  il  ne  s’agit  ici  ni  de  l'ornement 
ni  de  la  pompe  du  discours;  sans  doute,  on  n exige 
pas  qu’un  pliydcien  soit  éloquent  comme  M.  de  Bulfon, 
ni  qu’il  ait  les  grands  talens  de  cet  homme  illustre,  pour 
qu’il  luisoit  permisd'écriresur  lanature:  jene  parleque 
de  la  méthode, de  la  précision  et  de  la  clarté,  qui  sont 
les  qualités  les  plus  reconimandables  du  style.  J'<n  vain 
ceuxqui  ne  lespossèdentpasallecteront  du  mépris  poui 
elles;  en  vain  ils  diront  qu’il  importe  peu  de  quelle  ma- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  22; 
tolère  un  fait  soit  écrit  : on  leur  répondra  que,  dans 
l’hisloire  des  sciences  ainsi  que  dans  celle  des  hommes, 
comme  il  n’y  a qu’une  manière  de  bien  voir,  il  n’y  en 
U qu’une  aussi  de  bien  décrire  ; qu’un  fait  n’est  plus 
identique  dès  qu’il  est  raconté  de  plusieurs  manières 5 
que  l’image,  comme  l’idée  qu’elle  exprime,  est  une; 
et  que  parmi  les  inlidélilés  qu'on  reproche  aux  obser- 
Vateui's,  il  en  est  beaucoup  qui  tiennent  à ce  qu’ils  ont 
mal  dit  ce  qu’ils  avoient  bien  vu. 

Plusieurs  de  ces  iniidélités  tiennent  encore  à ce  que 
la  plupart  expriment  plutôt  leur  sentiment  que  le  fait 
îui-mèine.  A la  vérité,  pour  bien  voir,  il  faut  le  plus 
Souvent  aussi  bien  jugei'.  Ici  , deux  roules  sont  ou- 
vertes : fune  esLtracée  parla  routine,  par  l'iitibitude, 
par  une  sorte  d instinct  j c'est  celle  de  presque  tous  les 
lioniuies  dans  les  détails  de  leur  prolessioh  ortlinaire  : 
dans  l’autre,  on  est  guidé  par  les  principes  de  l’analyse 
Ou  de  la’ synthèse;  l’on  suit  une  méthode  générale  ap- 
plicable à tous  les  cas,  et  l’on  peut  ainsi  s’élever  aux 
résultats  de  tous  les  ordres. 

La  première  condition , dans  cette  l'echerche,  est 
sans  doute  de  n admettre  un  laitqu'après  l'aVoir  con- 
sidéré sous  toutes  ses  faces,  et  avec  des  yeux  exercés. 

La  seconde  est  de  ne  tirer  de  chaq  ue  observation  que 
les  conséquences  qui  en  résultent  immédiatement,  et 
de  ne  point  aller  au tlà  de  ces  conséquences. 

En  deux  mots,  agir  en  physicien  et  raisonner  èh 
géomètre,  voilà  ce  qu’il  faut  faire  pour  n’ètre  poiiit 
trompe,  et  pour  ne  tromper  personne. 

lant  que  l’on  n opère  que  sur  des  iuachines,  on  n'a. 


328  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
pour  ainsi  dire  , à veiller  que  sur  soi-même  ; maïs 
lorsqu’il  s’agit  d’expériences  dans  lesquelles  ce  sont  des 
hommes  que  l’on  observe,  les  sources  du  prestige  de- 
viennent plus  nombreuses  et  comportent  plus  de  dan- 
ger; ceux  que  l’on  soumet  à une  épreuve  doivent  tout 
craindre , et  l’on  a tout  à redouter  de  leur  imagination 
exaltée  ou  séduite;  c’est  elle  qui  a rempli  le  monde 
d’agens  supposés  devant  lesquels  la  raison  se  tait,  et 
qu’il  est  de  l’intérêt  de  l’humanité  de  combattre  et 
d’anéantir.  Que  l’on  se  souvienne  surtout  que  l’espèce 
de  raisonnement  par  lequel  on  remonte  aux  causes, 
est  de  tous,  celui  qui  exige  le  plus  de  savoir  et  de  mé- 
thode , et  qu’il  n’appartient  qu’à  un  petit  nombre 
d’hommes  de  s’en  croire  capables.  Que  l’on  se  sou- 
vienne encoi’e  que  les  yeux  les  plus  attentifs,  lorsqu’ils 
ne  sont  pas  accoutumés  à un  genre  d’observation,  sont, 
sous  ce  rapport , des  instrumens  très-imparfaits  et  dont 
il  faut  se  défier,  parce  qu’il  y a pour  eux  mille  sources 
d’erreur. 

Nous  ne  pouvions  trop  nous  recueillir,  mes  lecteiu’s 
et  moi , au  commencement  d’un  aussi  long  ouvrage,  (i) 
Je  devois  exposer  mes  vues  sur  la  réforme  de  notre  no- 
nienclature;et  avant  d’entrer  dans  les  détails  de  la  struc- 
ture des  organes,  j’ai  voulu  placer  en  tète  un  résumé  des 
connoissances  anatomiques  dont  les  naturalistes  ont 
fait  usage,  afin  de  montrer  dans  son  ensemble  le  ta- 
bleau de  la  science  à laquelle  j’ai  consacré  mes  veilles. 

( 1 ) La  lecture  de  la  Dissertation  de  Bergman,  de  hulagando 
verc  , est  très-propre  à faire  sentir  la  nécessité  d’uno  marche  sage  et 
mesurée  dans  l’étude  des  sciences. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE. 

TROISIEME  DISCOURS. 


Exposition  des  caractères  qui  distinguent  les  corps  vivans  ^ 
et  idée  générale  de  l'organisation  des  plantes  et  des  animaux. 

ULLE  science  ne  touche  riiomme  cl  aussi  près  que 
J’Analomie,  et  cependant  il  n’en  est  aucune  qui  soit 
aussi  négligée.  Les  médecins  et  les  chirurgiens  sont 
les  seuls  qui  s’en  occupent,  parce  qu’ils  en  ont  besoin 
pour  leur  instruction  , et  que  le  public  les  e.stime 
d’autant  plus , qu’ils  l’ont  étudiée  plusloiig-temps.  Mais 
elle  n’est  point,  comme  l’histoire  naturelle  et  la  chimie , 
cultivée  par  des  amateurs,  qui  consacrent  à son  avan- 
cement leurs  fortunes  et  leurs  veilles.  Sans  doute,  il 
répugne  à l’homme  de  voir  d’aussi  près  sou  néant  j 
il  fuit  ce  triste  spectacle , et  il  consent  à s’ignorer  lui- 
mème,  plutôt  que  de  s’affliger  à la  vue  de  tant  de 
misères.  Le  premier  dégoût  une  fois  surmonté,  cette 
étude  offre  cependant  un  champ  vaste  et  fécond  en 
merveilles;  elle  détruit  des  préjugés  nombreux;  elle 
donne  une  explication  d’un  grand  nombre  de  phéno- 
mènes , que  chaque  jour  reproduit;  elle  rectifie  les  idées 
fausses  qu’on  peut  avoir  prises  sur  l’économie  animale  , 
et  pai’mi  les  erreurs  qu’elle  dissipe,  il  n’en  est  aucune 
qui  n’expose  à quelque  danger.  Les  philosophes  de- 
vroient  au  moins  prendre  une  teinture  decette  science , 
sans  laquelle  , lorsqu’ils  auront  à parler  de  la  natui’e 


2Ô0  SCIENCES  PHYSrOE.  ET  MEDICALES. 

de  l’homme,  de  ses  appétits  et  de  ses  besoins  , ils  de- 
meureront toujours  au-dessous  de  leur  sujet. 

Ij  homme  est  pciimi  les  corps  vivans  celui  dont 
l’organisation  est  la  mieux  connue.  On  a aussi  dissé- 
qué les  autres  animaux  et  les  plantes,  et  on  s’est  enfin 
apeiçu  que  c est  la  comparaison  des  organes  , consi- 
dérés à différens  intervalles  , dans  lesystème  des  êtres, 
qui  peut  répandre  le  plus  de  jour  sur  le  mécanisme  et 
sur  l’usage  de  leurs  parties. 

Cette  comparaison  , au  reste  , est  très-  peu  avancée  : 
on  a beaucoup  recueilli  et  on  a peu  comparé  j jamais 
on  n’a  travaillé  sur  un  plan  commun.  Chacun  a décrit 
à sa  manière,  et  dans  l’ordre  qui  convenoit  le  mieux: 
à son  système  ou  à ses  habitudes  j quelquefois  même 
sans  aucun  ordre  déterminé.  Il  n’y  a rien  eu  jusqu’ici 
d’arrêté  dans  la  nomenclature  ; et  parmi  tant  de  mor- 
ceaux si  dissemblables  , quel  œil  seroit  assez  habile 
pour  distinguer,  sans  un  long  et  pénible  examen,  les 
diftérencea  et  les  l'apports! 

Quel  que  soit  l’état  des  connoissancessur  cette  partie 
des  sciences  naturel  les,  on  peut  cependant  réunir  et  pré* 
senter  sous  un  même  point  de  vue,  plusieurs  l'ésultaU 
d’im  gi'and  intérêt  et  quelques  vérités  générales. 

IDÉE  GÉNÉRALE. 

Des  caractères  des  corps  organisés. 

Je  divise  les  corps  naturels  en  deux  grandes  classes; 
la  première  comprend  les  corps  bruts,  la  seconde  Ica 
corps  vivans. 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE.  25 1 
Dans  ceux-ci,  les  organes  , par  des  monvemens 

propres,  inhérensetsponlanés,  croissent  dans  touleslc» 
dimensions  à la  fois,  se  nourrissent  et  se  reproduisent. 
Dans  ceux-là,  l’altraclion  , soit  quelle  agisse  seu- 
lement sur  les  7nasses,soit  qu’elle  donne  aux  parties 
similaires  des  corps  diverses  impressions , d’où  résul- 
tent des  formes  détei minées,  est  le  grand  agent  qui  les 
meut,  (pii  les  modifie,  qui  les  fait  passer  par  divers 
états  successifs;  c’est  l'attraction  qui  règle  les  nom- 
breuses variétés  des  cristaux  , dans  la  compositioudes- 
quels  entrent  des  parties  intégrantes  , homogènes  et 
d’une  combinaison  parfaite. 

Ainsi , veut -on  distinguer  les  corps  bruts  d’avec  les 
corps  vivans?  Toutes  les  fois  qu’on  trouvera  un  corps 
.naturel  ayant  une  forme  constante , mais  qui  peut  être 
divisé  mécaniquement  en  parties  d une  natine  diflé— 
rente  , et  qui  cependant  est  essentielle  à sa  lormation, 
ou  en  pourra  conclure  que  c'est  un  corps  végétal 
ou  animal,  c’est-à-dire,  un  corps  vivant. 

Ouelques  naturalistes  ont  donc  eu  tort  de  regarder 
lesfucus  comme  des  cristallisations,  puisque  ces  corps 
sont  composés  de  parties  très  - diC'érentes  les  une  des 
autres. 

En  général  les  formes  cristallines  sont  angulaires,  tan- 
dis que  les  formes  végétales  et  animales  soutarondies^ 
La  forme  organique  des' végétaux  et  des  animaux 
est  loujoursdisposée  de  la  manière  la  plus  avantageuse 
à la  vie  , à l'accroissement  de  l’individu  et  à la  conser-' 
vation  de  l’espèce;  rien  de  semblable  ne  peutrésulter 
de  la  forme  constante  des  ci’islaux  , dont  la  masse  u# 


252  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES, 
s’augmente  que  par  juxla-posilion , el  dont  les  dive  rses 
molécules  n’ont  rien  de  commun  entr’elJes  que  la  force 
qui  les  unit. 

Les  corp  vivant  sont  toajou,-.  oomposca  <1e  parlies 
soli.les  et  de  parues  fluides  Irès-distincles  les  unes  des 
aulres,  tandis  ijue  l’on  ne  trouve  en  général  dans  les 
cristaux  que  des  parties  solidifiées. 

La  formation  des  cristaux  qui  croissent  par  l’appli- 
cation de  lames  successivement  ajoutées  à leurs  sur- 
faces, ofire  quelque  analogie  avec  les  végétaux.  Dans 
ceux-ci,  les  couches  se  répandent  sous  l’écorce,  c’est- 
à-dire, sous  un  organe  disgeslif,  qui  prépare  la  matière 
avant  qu’elle  serve  au  développement  de  l’individu 5 
mais  le  cristal  n’a  pas  besoin  d’un  tel  organe,  puisque 
3a  substance  qui  sert  à son  accroissement,  est  déjàsera- 
Wable  à ses  autres  parties  ; la  propriété  d’attirer  les 
principes  homogènes',  et  de  rejeter  les  principes  hélé- 
logènes,  est  allacliée  à chacun  de  ses  points  , et  elle 
ne  dépend  pas,  ainsi  que  dans  le  règne  vivant,  de  la 
mobilité  d’un  organe. 

Tous  les  cristaux  qui  appartiennent  à une  meme 
espèce,  renferment, comme  cristal  inscrit,  un  polièdre 
d’une  figure  constante.  Quelques  variées  quesoient  les 
formes  extérieures,  ce  polièdre  est  la  forme  primitive.; 
les  autres  ne  donnent  que  des  formes  secondaires. 
Celles-cisoiit  produites  par  uuesuperpositiou  de  lames 
appliquées  sur  le  m yaii  , et  qui  dcciois.seni  , suivant 
des  lois  simples  et  régulières,  par  des  soustractions 
d une  ou  de  plusieurs  rangées  de  molécules  iulcgraule.s. 
L’existence  de  ces  lois  , prouvée  par  l’accord  des  cal- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMID.  2^5 

cnls,  avec  l’observation  des  angles , est  le  fondement 
de  cette  théorie.  La  plus  légère  rédexion  fait  voir  com- 
bien ces  principessontloinde  pouvoir  être  appliques, 

soit  à la  composition,  soit  au  développement  des  corps 


vivans. 

Nous  reconnoissons  neuf  caractères  ou  propii^eles 

générales  de  la  vie;  savoir:  i“.  la  digestion  ; 2^.  la 
nuliilion  ; 5°.  la  circulation;  4“.  la  respiration  ; 5 . les 
sécrétions;  6°.  l’ossification;  7“,  la  génération  ; 8“.  1 ir- 
ritabilité ; 9°.  la  sensibilité. 

Tout  corps'  dans  lequel  on  observe  une  ou  plusieurs 
de  ces  fonctions  doit  être  regardé  comme  organisé 
et  vivant. 

Il  est  hors  de  doute  que  les  végétaux  doivent  être 
rangés  dans  celle  grande  division  ; ils  se  nourrissent, 
quehiues-unesau  moins  de  leurs  parties  se  meuvent; 
ils  croissent  et  se  reproduisent  ; des  humeurs  circulent; 
ils  se  fait  en  eux  des  sécrélions  et  ils  ont  une  sorte  de 
respiration.  Mais  la  sensibilité  est  le  grand  caractère 
de  la  vie  animale. 

Le  tableau  suivant  fera  connoilre  quelles  sont,  dans 
les  difl'éreiiles  classes,  l’influence  et  l’étendue  des  neuf 
fonctions  que  nous  avons  admises. 


TABLEAU 


des  fonctions  ou  caractères  propres  aux  corps  vivans. 


DlfiE&XlOK.  i 


I qui  ont  un  ou  plu-\ 
I sieurs  estomacs  bien 
Corps  TÎTansi  distincts  de  l’œso- 
I phage  et  du  coudait 
I lutcâtiuid  : ^ 


l’homme,  les  qua- 
drupèdes , les  c éfa- 
rées  , les  oiseaux, 
les  crus  lacées. 


254  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 


dont  1 estomac  nei  Jesquadrupèdesovl*.  ^ 
diffère  que  par  quel  ! pares  , les  serpens  j 
ques  renflemens,  de\  les  poissons  cartila-  / 
1 oesophage  et  dul  gineux,  les  poisson»  1 
condui t intestinal  : f proprement  dits.  ^ 


1®.  DI  c ESTiON.<' Corps  vivans< 


qui  n’ontqu’un  tubeC  , . 
ou  tuyau  alinien-<  , 


taire  ; 


^ les  Züophytes. 


qui  n’ontni estomac  f 
ni  conduit  intesti-<  les  plantes. 

Ual:  ( 


( 


2".  M ÜTRITI  ON./ Corps  TÎvanSj 


dont  les  sucs  nour- 
riciers sont  absorbés 
par  des  vaisseaux 
ouverts  dans  des  ca 
vités  intérieures. 


l 


l’homme , les  qua- 
drupèdes , les  téta- 
cées  , les  oiseaux  , 
les  quadrupèdes  ovi- 
pares, les  serpens, 
les  poissons  cartila- 
^ineuT.  les  poissons 
pro])rement  dits,  le» 
insectes,  les  crusta— 


cées , les  vers. 


dont  les  sucs  iiour-[ 
ricierssont  absorbésl 
par  des  vaisseaux! 
ouverts  à la  surface] 
extérieure. 


les  plantes. 


(l)  On  difilîngiiv  Bulmird'ui  les  mot- 
Jacques  deR  yers,  et  l’on  snit  que  les  pre* 
tnicrs»qui  respirent  pnr  deuxbrnncTiics, 
•Ht  un  mode d’nrganiital ion  qui  les  élève, 
de  pln.siexirs  degrés  . clans  l’éclielJc  des 
corps  animés.  Lie  digne  successeur  de 
Vic~Dazyr,  M.  Cuvier,  è c)ui  nous 
•levons  cette  découverte , nous  a aussi 
appris  c|ue  les  vers  articulés.  Iris  que 
la  sung-sue,  avolcnl  également  unecir* 
dilution proprrmi  nt  dite,  tandismie  les 
insectes,  c|iij  correspondent  avec  le  mi- 
lieu  atiiiospliérin ne  par  des  tnirbécs  , 
sont  dépourvus  crun  appareil  de  circu- 
lation , et  placés,  sotisce  rapport , au- 
dessous  des  précédrns.  dans  IV’chelle 
des  âointaux.  ( Je  î*eJilcur,) 


f 


qui  ont  du  sang , desf  , les 


vaisseaux  et  uncœur 


qua- 

. , . . , drupèdes,  les  »éta- 

u deux  ventricules  „ 

,,  , ...  ..  i cees , les  oiseaux, 

etadeux  oreillettes:'.  ’ 


3”.  cincuLATioN./ Corps  vivan; 


1 


à un  .seul  ventricule,! 

dont  riiiférirur  est),  -, 

. , , V Ips quadrupèdes» 

rtiViAM  OtI  1)1  ll.AI  <»ll  r.<  1 * I 


divisé  en  plusieurs',  i,.' 

. . * pares  , les  serpens. 


t iiviies  , et 


oreillettes 


f, 


■i  un  seul  ventricule  le.s  poîs.son.s  cartila- 
c‘t  à une  seule  oreil-'  gineux  les  p<>i.>,sün» 
ette.  / proprement  dits  : 


i» 


(. 


llont  lo  «ceur  est/ 

ifornié  p.vr  un  vni,'-t  les  crusfacées  , les 
peau  longitudinal  ,\ insectes,  les  vers. (i  ) 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  a55 


(l)D’^lpr^^  lu  fniU  rtppnrlis  dam 
In  note  précédente  , on  doit  ranger  le» 
inaectea  daiii  cette  diWaion. 

( lYofe  de  l'éditeur.  ) 


noueux  et  contrac-< 
tile  , et  dans  les- 
quels une  liqueurj 
blanchâtre  tientlieuj 
de  sang  : 

dans  lesquels  oui 
n’observe  point  de 
cœur,  mais  des  vais-* 
seaux  remplisdesucsi 
^dedilléreiite  uatureq 


On  trouve  dans  quel- 
ques  crustacées  l’é- 
bauche d’uu  cœur. 


les  zoophites , les 
plantes,  (i) 


(4)  Il  fimt  aimi  comprendre  dam 
•rite  diriaion  lea  moHuai^ara  et  l«a 
Tora  arliciilèi.  ( VoieJr  /'arfirmr.  ) 

(5)  Hluairura  de»  corp«  vtvana  que 

l’on  ici  anns  le  nom  de  tftn 

sont  dea  moUîtaquea  et  rea- 
^pireiil  par  des  branchies. 

( Aole  Jtf  l'éditeur.  ) 


dear 

deV 

■i 


f qui  respirent  par  deSj 
I potitnons  libres 
toute  adhéretice 
spongieux  : 

par  des  poumons  li-l 
bres  de  toute  adhé- 1 
rence  , formés  des 
ceftules  , et  muscu-i 
laires  ; ^ 

par  des  poumons  ad-f 
nérens  aux  côtes  , et’ 
pourvus  d’appeudi-j 
ces  : 


( 


4".  nESPiEATiON'...;^  Corps  vivans/par  des  ouïes  de  di- 

Averses  formes  : 


r 


par  des  stigmates  ou^ 
trous  placés  sur  les 
difierens  anneaux  : t 


(4)  Lea  tubas  que  l*on  déconrre  dans 
^organisme  v^gî^tal*  et  que  l’on  dé— 
aigue  soua  le  nom  de  trachées  , ne  pa- 
roissent  pas  remplir  des  fonctions  re»- 
ptratoires  . ainsi  qtt’on  l’ayoit  d’abord 
arancé,  d’ap^^s  l’analogie  qui  existe 
entre  la  forme  de  cea  tubes  et  celle  des 
trncliées  des  animaux. 

( yote  de  l* éditeur,  ) 

(5)  Et  presque  tous  les  autres  too- 
pbitea  , les  escbiuodermes  exceptés. 

( Note  de  V éditeur.  ) 


9 


par  une  ouTerture/ 
appelée  trachée,  ou) 
par  des  franges  ex- 
térieures : 


par  des  trachées  : j 

dans  lesquels  ou  n’a^ 
J encore  découvert  ni 
I stigmates  ni  tra-\ 
l chees  : / 


l’homme , les  qua- 
drupèdes, les  céta- 
cécs. 


lesquadrupèdrs  ovi« 
pares,  les  serpena. 


les  oiseaux. 


les  poissons  cartila- 
gineux, les  poissons 
proprement  dits,  les 
crustacéè,'.  (z) 

les  insectes,  les  vers 
terrestres. 


les  vers  aquati- 
ques. (5) 

les  plantes.  (4) 


les  polypes.  (5) 


5®.  sEcuÉTioN.,,..,  S ” y ® point  de  corps  vÎTan*  dans  lesquels  il  ne  se 
> fasse  des  secrétions. 


T.  i 


356  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


(ï)  Les  lltopliytes  n*ont  pas  de  sque> 
IcUc  corné  , mais  une  t-uvelo|i])e 
pierreubf.  Ces  aiiiroaiix  sont  en  si 
grand  uombrr*  dans  quelques  mers, 
qu’ils  y fprmenl  de  îles  en^^^cs. 

( de  lUdileur»  ) 


6®*  ossification., Corps  vivans 


■( 


l’homme,  les  qua— 
1 drupè.ies  , les  céta- 
qui  ont  un  squelette)  1^8  oiseaux,  le» 
I interne  osseux  : S quadrupèdes  ovipa- 

‘ I res  , les  serpens  , 

f les  poissons  propre- 
ment dits. 

> les  poissons  cartila- 
(giueux. 

qui  ont  un  squelette^  les  insectes  parfaits, 
externe  corné  : | les  litophytes.  (i) 

'les  crustacées  , les 
I coquillages,  les  ma- 
1 drepores  , et  la  plu- 
V part  des  zoophytes. 


cartilagineux  : 


{Crétacé  : 


[ligneux  : 


les  plantes. 


. , . (les  insectes  dans  le 

qui  n ont  point  de '•  premier  état  de  leur 
squelette  : \ métamorphose  , les 

^vers,  les  polypes. 


7°.  ciwiRATioN 


i 

( 


vivipares  ; 


I l’homme,  les  qua- 
I drupèdes  , les  céta-. 
‘ cées. 


les  oiseaux,  les  qua- 
drupèdes ovipares  , 
[ovipares,  soit  quel  les  serpens,  les  poia- 
Corps  vivans  ^ 1®*  œufs  se  dévelop  j sons  cartilagineux  , 
'^peiit  au-dedans  ou'  les  poissons  propre- 
ihors  de  la  femelle  ;|  ment  dits  , les  in- 
I sectes , les  ernsta- 
( cécs , les  vers  , les 
plantes. 

qui  se  reproduisent  \ les  vers  , les  poly- 
par  bouture  ; * pes , les  piaules. 


8®.  IRRITABILITÉ.  I Corps  vivons 


f 14— • 

I qui  ont  tout  le  corps]  flccles  dans  le  pro*t 

I .««.......I ..  /...î 1.  I 


la  plupart  des  îu- 


i 


musculeux,  ou  coii-(iiiier  état  de  leur 
tractile  : j métamorphose  , le, 

vers,  les  polypes. 


i 


discours  sur  L’AN  mie 


îS' 


1 


, l’homme , les  qua- 
1 drupède» , les  cét.a- 
\cées,  les  oiseaux,  le» 
1-1 . 


8.iKKiTABiLiTiO).^Corps  vlvans^ 

f 


\ 


scees,  ICS  oiseau*,  le» 
dont  les  muscles  re- J jj^pèdes  ovipa- 
couvrent  le’  sque-/  ^ jçg  serpeiis  , les 
lette.  1 poissons  cartilagi- 

I neux  , les  poisson» 
\ proprement  dits. 


fil  Virrit«l>iUli  V«  .««<■ 
lion  , mai»  une  proprièlè  vilale  , U 
motililè  du  profeueur  Cheimier  , 
nropriilù  doiil  le  diveloppcmenl  con- 
tribue i toute»  Ici  fonction».  On  penl 
f«irc  la  mAme  rcroarijiie  »ur  1»  jenji- 
kiliti.  ( Ni'lt  * l'éiiU^ur.  ) 


V 


dont  les  muscles , 
sont  recouverts  par  les  insecte»  parfaits, 
le  squelette:  ^ les  crustacécs. 

qui  ont  à peine  quel-l 
ques  partie»  con-1 
tractiles  , et  qui  ne)  plantes, 
jouissent  d aucuns  J 
inouveniens  spon- 
tauis. 


SEKSIBIUTU. 


I l’homme , les  qua- 
\ drupède»  y lescéta- 
qui  ont  des  nerfs  et  cées,  le»  oiseaux,  les 
uQ  cerveau  bien  dis-  quadrupèdes  ovipa-« 
Itincts  de  la  moëlle\rcs,  le»  serpens  , le» 
lépinière  : Ipoissons  cartilagi- 

■ /lieux  , les  poissons 

f proprement  dits. 

I y<lt*‘  nerfsf 

^Corps  vivans^et  un  cerveau  àl  les  insecte», les  crus- 
\peine  distincts  de  la(  tacées , les  vers.  (2) 
Imoclle  épiuière  : I 


( #)  Tons  ces  ■nimnu'^  n’tyanl  point 
4e  squelette  iulériciir,  il  nVst  pas  bieu 
démontré  que  leur  système  uerveux 
soit  double  et  comprenne  autre  cHmc 
que  la  partie  de  ce  système  y à laquelle 
on  rapporte  une  vie  intérieure  ci  de 
matriüoa.'(  aYoIc  <U  Viditeur.  ) 


Idans  lesquels.on  n’a* 

I point  encoretrouvél 
I ou  qui  n’ont  pointj  les  zoophytes  , le» 
de  nerfs  , de  cer-A  plantes, 
veau  , ni  de  moëlleJ 
épinière.  \ 


Après  avoir  examiné  sous  un  point  de  vue  général 
les  caractères  et  les  fonctions  des  corp.s  organisés,  con- 
# sidérons  rapidement  les  principaux  traits  anatomiques 

des  différentes  classes  des  corps  vivans,  et  dans  ce 
dessein,  arrivons  des  végétaux  aux  animaux  à main- 


«8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES 

menas  : maniera  de  procéder  bien  préférable  à cille 
,u.  fa,t  descendre  l'homme  an  dernier  degré  de  l’o 
ganisalion  ; car  s .1  est  vrai  que  la  vie  de  l'animal  à 
aang  chand  ne  soU  qne  celle  de  l'animal  à sang  1V„M 
pins  certames  propriétés,  .t  q„e  celle  de  ce  derni^ 
ne  son  que  la  vie  dn  végétal,  plus  quelques modifica- 
ions,  ne  peut-on  pas  dire  que  pour  acquérir  sur  la 

nature  de  êtres  desconnoissancesqui  soientrangées 

dans  un  ordre  logique , il  faut  commencer  par  l’exa- 
men de  ceui  dont  la  composition  est  plus  simple  ? 


des  végétaux. 


lia  manière  dont  on  a présenté  jusqu’à  ce  moment 
l’Anatomie  des  végétaiix  est  insnflisante.  On  a pris  à 
tout  hasard  la  tige  , la  feuille  , l’écorce  d une,  de  deux 
ou  de  trois  plantes,  et  d’après  l’examen  isolé  de  ce 
petit  nombre  d’individus,  on  s’est  cru  en  droit  de 
conclure  que  les  feuilles,  la  tige  et  1 écorce  de  tous  les 
végétaux , sont  généralement  organisés  de  la  même 
manière  ; de  même  que  si  l’on  prenoit  une  partie  d’un 
animal  quelconque,  et  qu’après  l’avoir  disséquée  on 
en  conclut  qu’on  a fait  l’Anatomie  de  tous  les  animaux. 

Il  existe  en  effet  autant  de  différence  entre  la  struc- 
*ture  d'une  plante  gras.se  et  celle  d’un  graminée, 
qu’entre  celle  d’un  quadrupède  et  celle  d'un  oiseau. 

De  cette  méthode  négligente  de  travailler,  il  est 
résulté  que  nous  n’avons  ac((uis  dans  1 Anatomie  des 
plantes  que  des  connoissanes  vagues,  lesquelles  de- 
viennent uulles  pour  ceux  qui  n’approuvent  que  de* 
idées  exactes.  Les  semences  et  les  parties  de  la  fruc- 
tification sont  les  seules  qui  aient  été  exactement 
observées  dans  toutes  les  classes  de  végétaux , parce 
que  les  auteurs  des  systèmes  ont  eu  besoin  de  les 
connoître  pour  former  diverses  classifications  : encore 
se  sont  - ils , autant  qu’ils  ont  pu , bornés  à l examen  des 
surfaces. 

Pour  se  former  une  juste  idée  des  végétaux,  il  est 
donc  nécessaire,  i°.  de  disséquer  avec  soin,  et  dans 
toutes  leui’s  parties,  un  certain  nombre  d’individus 


a io  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  ATEDICALES. 
cle  chaque  famille  naturelle  ; 2®.  il  faut  encore  les 
disséquer  dans  toutes  les  périodes  de  leur  accroisse- 
ment , dans  lesquelles  elles  éprouvent  de  grandes 
variai  ions  ; 3“.  la  connoissance  de  la  structui’e  des 
parties  internes  des  végétaux  et  de  leurs  usages  ne 
peut  être  le  fruit  d’une  seule  dissection  ; elle  doit 
être  fournie  par  l’observation  de  tous  les  changeraens 
que  peuvent  subir  les  diverses  parties  des  végétaux. 

II  s’agit  surtout  ici  de  rechercher  dans  quel  ordre 
doivent  être  rangés  les  végétaux  pour  être  considérés 
sous  des  rapports  anatomiques  et  physiologiques.  On 
peut  les  examiner,  ou  comme  formant  de  grandes 
fiunilles  naturelles  qui  supposent  une  suite  d’organes 
analogues  et  comparables  entr’eux;  ou  comme  pré- 
sentant certaines  qualités  ou  propriétés. 

DES  VÉGÉTAUX  . ' 

DIVISÉS  EN  G 11  ANDES  FAMILLES. 

I-a  division  suivante  nous  a paru  propre  à géné- 
raliser les  idées  que  donnent  les  observations  déjit 
recueillies  sur  l’anatomie  et  sur  la  physiologie. 

PREMIÈRE  F A M I L I.  E. 

Les  arum.  ( 1 ) 

Nous  donnerons  le  pied-de-veau  pour  exemple; 
la  partie  de  la  fructification  lapins  remarquable  dans 

(i)  Les  {irum  font  eux-mftmcs  partie  de  la  treisième  fatnill» 
naturelle  de  Jussiru  , suivant  la  méthode  de  Lamarck. 


discours  sur  L’ANATOMIE.  24i 

ce  genre  de  plante  est  le  spadix  qui  paroit  etre  un© 
excroissance  de  substance  vésiculeuse  , laquelle  est 
très-abondante  dans  ces  plantes,  ainsi  que  dans  les 
palmiers,  dont  la  Heur  a souvent  pour  base  cette  pièce 
singulière. 

L’arum  ilalicum  et  plusieurs  espèces  de  ce  genre, 
sont  remarquables  aux  yeux  du  physiologistejpar  la 
chaleur  naturelle  de  leur  spadix.  \ oyez  ce  ([u  en  a 
dit  M.  de  Lainark,  Dict.  encycl. , art.  Arum. 

DEUXIÈME  FAMILLE. 

Les  Palmiers.  ( i ) 

Ici  les  feuilles  de  chaque  année  repoussent  au-de- 
hors  les  feuilles  de  l’année  précédente , et  ce  sont  les 
bases  des  anciennes  feuilles  desséchées  qui  tiennent 
lieu  d'écorce.  i 

Ces  arbres  ne  peuvent  habiter  les  pays  froids,  parce 
qu’ils  sont  formés  d’un  tissu  vésiculaire  très-lache. 
En  général  , les  plantes  qui  résistent  au  froid  ont  tou- 
jours les  fibres  très-rapprochées , et  un  tissu  vésicu- 
laire très -serré.  (*jj 

TROISIÈME  FAMILLE. 

Les  Orchidées.  ( 3 ) 

La  racine  de  ces  plantes  mérite  une  étude  parti- 
culière j elle  est  composée  de  deux  tubercules , ou  de 

( 1 ) Quatorzième  famille  naturelle  ,■  suivant  la  même  méthode. 

{ a)  La  théorie  du  calorique  de  Ramfurd  explique  très  - bien  l’a- 
vantage de  cette  structure  pour  résister  au  Iroid.  ( î^ots  de  l'Edit.  ) 

( 5 } La  vingt -cinquième  Jamille  naturelle. 

T.  4. 


i6 


æ42  sciences  physiol.  et  medicales. 

deux  canaux,  dont  l’un  s’épuise  par  la  croissance  de  la 
plante;  tandis  que  l’autre  croît  avec  elle.  Les  semences 
des  plantes  de  cette  famille,  exigent  également  une 
étude  très-particulière.  Elles  sont  d’un  très-petit 
volume,  et  elles  passent  pour  être  stériles. 

Q U A T R I K ME  FAMILLE. 

Les  Liliacées, 

Toutes  les  plantes  de  cette  famille  ont  un  tissu  vési- 
culaire très-lâche,  et  une  racine  bulbeuse.  Elles  croi- 
sent très-rapidement  , parce  que  la  vitesse  de  l'accrois- 
sement d’une  plante  est  toujours  en  raison  inverse  de 
la  quantité  des  parties  fibreuses,  et  en  raison  directe 
de  la  quantité  du  tissu  vésiculaire  dont  elle  est  com- 
posée. C’est  ainsi  que  les  fungus,  qui  ne  sont  presque 
entièrement  formés  que  de  tissu  vésiculaire , croissent 
très-rapidement.  Il  faut  encoi’e  observer  que-la  tige 
d’une  plante  bulbeuse  est  toujours  annuelle;  car  la 
vie  d’une  bulbe  se  termine  tonj'ours  à la  première 
floraison  de  l’individu;  il  est  encore  utile  de  recon- 
noître  comment  dans  cette  famille,  les  graines  sont 
si  souvent  suppléées  par  de  petits  tubercules  qui  se 
développent  dans  la  fructification  de  la  plante  Nous 
donnerons  les  allium  pour  exemple. 

CINQUIÈME  FAMILLE. 

Les  Joncs,  (i) 

lieur  tige  est  toujours  annuelle  : on  peut  faire  ici 


( 1 ) Si-izlùinc  faniitle  niUurella. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  243 
beaucoup  d’observations  sur  la  strucluie  du  tissu  ve~ 
siculairequi  est  toujours  très-étendu  dans  ces  végétaux. 

Ici,  comme  dans  laclasse  si  remarquable  des  plantes 
dont  la  tige  est  articulée  , et  dont  chaque  individu 
semble  être  une  suite  de  végétaux  implantés  les  uns 
sur  les  autres , et  qui  jouissent  chacun  d une  vie  et 
d’une  végétation  particulière,  il  est  important  pour 
le  physiologiste  qui  cherche  la  cause  de  ce  phéno- 
mène, d’observer  que  les  rejetons  et  les  pousses  de 
toute  nature  dans  ces  plantes  ne  se  forment  que  sur 
les  nœuds  , et  jamais  dans  rintcrvalle  qui  les  sépare. 
Lcspersicali'es,  les  caryophy liées,  les  plantes  sarmen- 
teuses  ont  des  nouures  d’une  nature  semblable  dans 
la  longueur  de  leur  tige;  il  paroît  que  dans  ces  parties 
la  continuité  de  la  fibre  est  totalement  interrompue, 
et  que  la  soudure  entre  les  diverses  pièces  du  tronc 
ou  des  i*ameaux,  n’est  composée  que  d’un  tissu  vési- 
culaire très-serré.  11  estaisédereconnoîlre  cette  vérité 
si  l’on  fait  attention  à la  cassure  nette  des  tiges  dans 
les  articulations  , quelques-unes  mêmes  se  séparent 
spontanément  par  la  dessication. 

La  fibre  végétale  ne  peut  prêter , dans  l’accroisse- 
ment de  l’individu,  que  jusqu’à  un  degré  d’extension 
très  - borné.  jDans  les  plantes  dont  le  développement 
est  prompt  et  considérable  , tels  que  les  grands  joncs, 
un  seul  fiiisceau  de  fibres  n’auroil  pu  fournir  le  pro- 
longement nécessaire  à toute  la  longueur  de  la  tige. 
De  là  l'utilité  des  articulations.  L’accroissement  des 
grands  arbres  ne  dément  point  cette  assertion  ; si  ou 
examine  avec  attention  la  manière  dont  ils  croissent, 


244  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

on  verra  que,  dans  toutes  les  familles  de  plantes,  on 
peut  poser,  comme  un  principe  certain,  que  la  fibre 
végétale  ne  peut  plus  prendre  d’accroissement  lors- 
qu’elle est  parvenue  à un  état  ligneux. 

SIXIÈME  FAMILLE. 

Les  Graminées.  ^(1) 

Leur  suc  pi’opre  est  composé  de  sucre  et  de  mu- 
cilage. Dans  plusieurs  espèces,  le  même  individu  porte 
des  Heurs  hermaphrodites  et  des  fleurs  unisexuelles. 
La  tige  est  souvent  articulée  : exemple,  le  seigle  , 
■seeaLe  cereale.  Lin  N. 

SEPTIÈME  famille. 

Les  Conifères. 

Ici  se  trouve  un  système  de  vaisseaux  qui  n’ont  pas 
•une  grande  étendue  dans  les  familles  précédentes  j 
c’est  le  système  des  vaisseaux  résinifères  ; la  résine 
coule  particulièrement  dans  la  substance  corticale. 
Les  végétaux  lactescens  n’ont  ordinairement  aucun 
principe  résineux  dans  leur  partie  ligneuse. 

huitième  famille. 

Les  Arbres  à chaton.  ( 2 ) 

Ici  se  trouvent  des  plantes  dioïqucs.  Il  seroit  bien 
étonnant  qu’on  ne  pût  observer  aucunedifférence  entre 


(1  ) Onzième  famille  naturelle. 

(2)  Dix- huitième  famille  naturelle.  L’orme  et  le  saule  appartien- 
nent à celte  famille. 


DISCOURS  SUR  L’\NATOMIE.  245 

rAnatomîe  fl'nne  plante  à fleurs  mâles  et  celle  d’une 
plante  femelle.  Je  présume  que  ces  différences  doivent 
être  particulièrement  sensibles  dans  la  structure  deâ 
pcduucules  ; ceux  des  fleurs  mâles  ne  doivent  avoir 
de  rapport  qu’avec  la  partie  corticale,  et  ceux  des 
fleurs  femelles  qu’avec  la  partie  médullaire. 

NEUVIÈME  FAMILLE. 

Les  Composées,  (i) 

Les  causes  des  divers  modes  de  polygamie  dans  les 
fleurons  méritent  des  recherches  particulières.  L’Ana- 
tomie du  réceptacle  a pplalideces  fleurs  pourroil  donner 
sur  ce  sujet  de  grandes  lumières.  Il  est  à présumer  que 
les  fleurons  femelles  n’ont  point  de  relations  avec  la 
’ partie  ligneuse  et  la  partie  corticale,  tandis  que  les 
fleurons,  garnis  d’étamines  fertiles,  doivent  avoir  des 
connexions  avec  la  fibre  ligneuse. 

Il  est  à observer  que  toutes  les  sémiflosculeuses  ont 
nn  système  d’organes  lactifères.  On  peut  diviser  la 
fajuille  des  composées  en  quatre  sections,  qui  sont: 

A Les  Semiflosculeuses  ; 

B Les  Capitées  ( capitatœ)', 

C Les  Corymbifères; 

D Les  composées  à feuilles  opposées. 

DIXIÈME  FAMILLE. 

Les  Omhellifères.  (2) 

Ces  plantes  , considérées  sous  un  point  de  vue  ana- 


( 1 ) Quatorzième  famille  naturelle. 
(3)  Dix 'Septième  familla  naturelle. 


246  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

tomique,  peuvent  èti’e  regardées  en  quelque  sorte  com- 
me des  {leurs  composées , dont  les  organes  solides  sont 
dansunélat  de  division  considérable,  et  dont  les  fluides 
ont  acquis  un  grand  degré  d’énergie.  Toutes  les  parties 
des  espèces  composées  de  toutes  les  seotionsse  retrou- 
vent danslesombellifères  diviséesen  plusieurs  pièces  et 
parfaitement  reconnoissables.  Ces  rapports  très-inté- 
ressans  et  très-inullipliés  entre  ces  deux  familles  de 
végétaux  , n’ont  pas  encore  été  observés. 

ONZIÈME  FAMILLE. 

Les  Malvacées. 

DOUZIÈME  FAMILLE. 

■ 

Les  Pomifères. 

TREIZIÈME  FAMILLE. 

Les  Drupifères, 

Le  fi’uit  à noyau  n’est  qu’une  pomme  dont  la 
pulpe  est  ligneuse.  La  substance  pierreuse  de  la  poire 
et  de  quelques  autres  pomifères  le  démontre. 

quatorzième  famille. 

Les  Caryopliillèes.  ( i ). 

Elles  présentent  dans  leur  anatomie  des  rapports 
avec  les  graminées. 

quinzième  famille. 

Les  Borraginèes.  (i) 


(i  ) Seizième  famille  naturelle. 

( a ) Quatre  - vlugl-septièmc  famille. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  2^7 

SEIZIÈME  F A M I L I.  E. 

Les  Etoilées. 

D I X-  s E P T T È M F.  FAMILLE. 

Les  CucurbUacées. 
dix-huitième  FAMILLE. 

Les  Plantes  grasses. 

Elles  lie  sont,  pour  ainsi  dire,  composées  que  de 
SLihslance  corticale  et  de  tissu  vésiculaire. 

J)  I X-N  E U V I È M E FAMILLE. 

Les  Crucifères. 

Toutes  leurs  racines  sont  filiformes  e.t  pulpeuses 
dans  leur  centre  , avant  la  fructilicalion  5 elles  sont 
dures  et  creuses , après  la  formation  de  la  graine. 

VINGTIÈME  FAMILLE. 

Les  Labiées. 

YINGT-UNIÈME  FAMILLE. 

Lies  Papillionacées. 

Celte  famille  est  très-remai-quable  par  rirrifabililé 
de  scs  feuilles  et  la  structure  de  leur  articulation. 

VINGT-DEUXIÈME  FAMILLE. 

Les  Fougères. 

Y I N G T -T  R 01  s I È M E F A M I L LE. 

Les  Glousses. 

V I N G TQ  U A T R I È M E FAMILLE. 

Les  Algues. 


2i3  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

VINGT-CINQUIÈME  FAMILLE. 

Les  Fungus. 

Les  genres  des  algues  et  des  fungus  sont,  de  tous 
les  végétaux  , ceux  qui  présentent  les  rapports  phy- 
siologiques les  plus  réels  avec  les  animaux  ; plusieurs 
algues  sont  très -irritables  ; leurs  semences  ne  se  déve- 
loppent point  cà  l’extérieur,  mais  dans  leur  propre 
substance;  elles  ne  prennent  point  leur  accroissement 
par  des  couches  extérieures  , comme  les  autres 
végétaux  ; mais  elles  croissent  par  l’intususception 
des  substances  qu’elles  s’assimilent,  ainsi  que  les  ani- 
maux. Enfin , et  cette  remarque  est  importante , 
l’analogie  de  leurs  formes  avec  celles  des  mollusques 
et  des  zoophytes  , et  les  rapports  que  l’analyse  pré- 
sente entre  leurs  principes  doivent  les  faire  regarder 
comme  le  passage  des  végétaux  aux  animaux.  ( i ) 
Chaque  genredes  algues  et  des  fungus  exige  une  étude 
particulière  en  anatomie:  il  est  même  vraisemblable 
que  ces  genres  formés  par  le  port  extérieur  de  la 
plante  , renfei  ment  souvent  des  espèces  d’une  struc- 
turetolalement  dilfércnte.  Les  lichens  et  les  trejiielles 
offrent  dans  le  cours  de  leur  existence  le  phénomène 


( 1 ) En  admettant  que  toutes  les  formes  de  l’organisation  peuvent 
être  comprises  dans  deux  séries , les  végétaux  et  les  animaux , ce  se- 
roit  donc  par  leur  extrémité  que  ces  deux  séries  tendroient  à se 
réunir.  Le  dernier  animal  n’enchaîneroit  pas  sa  classe  au  végétal, 
comme  le  pensoit  Bonnet  ; mais  le  dernier  rang  ds  la  classe  des  végé- 
taux et  des  animaux,  les  algues  et  les  zoophites  formeroient  cette 
réunion , ce  passage  insensible  que  l’on  est  souvent  obligé  d’accorder 
aux  partisans  du  système  direct  de  la  nature.  ( Note  de  l'Edit.  ) 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  249 

singulier  d’un  état  de  vie  et  de  mort  successif,  cha- 
que fois  qu’ils  sont  humectés  , desséchés  ou  gelés  j j’ai 
vu  des  lichen  desséchés  depuis  plus  de  vingt  années 
dans  les  herbiers  , végéter  de  nouveau  et  fructifier, 
lorsqu’on  les  arrosoit  à l’air  libre. 

De  toutes  les  plantes  cryptogames,  les  ul  va,  les  nostoc, 
les  conferva,  sont  celles  dont  rorganisation  est  la  plus 
simple  et  la  moins  connue.  Nous  nous  bornerons  à 
rapporter  les  observations  qui  ont  été  faites  par  i\I. 
de  Bauvoir,  surl’ulva  lactuca.  Lin.,  connue  vulgai* 
renient  sous  le  nom  de  laitue  de  mer,  parce  qu’on  a cm 
lui  trouver  quelque*ressemblance  avec  la  laitue.  En 
présentant  au  microscope  une  portion decette  plante  , 
ou  aperçoit  un  tissu  si  fin  , t|u'avec  la  plus  forte 
lentille  du  microscope  de  Dellabaro-,  combiné  do 
manière  à grossir  autant  qu’il  est  possible  , il  faut 
apporter  la  plus  soigneuse  attention  pour  le  distinguer. 
11  n’en  est  pas  de  même  d’une  infinité  de  petits  grains 
épars  irrégulièrement  dans  ce  rczeau,  et  que  l’on 
voit  très-distinctement.  Ces  grains  qui  nous  ont  paru 
de  plusieurs  formes  et  de  plusieurs  grosseurs  , sem- 
blent être  placés  dans  la  substance;  peut-être  sout-ce 
les  organes  de  la  génération  ; peut-être  existe- t-il 
aussi  d’autres  parties  essentielles,  que  la  foiblesse  des 
lentilles  ou  l'imperfection  de  l’instrument  ne  nous 
permettent  pas  d’apercevoir. 

La  Nature  si  cachée  à nos  yeux  dans  ces  sortes  do 
productions,  se  laisse  un  peu  mieux  pénéti’er  , lors- 
qu’on examine  les  fucus.  Si  ces  plantes  comparées 
aux  végétaux  , qui  nous paroissent  plus  parfaits,  nous 


25o  sciences  physiol.  et  medicales. 

élonneiit  par  leur  simplicité , combien  ne  nous 
semblent-elles  pas  supérieures  anxnosloc,  auxulva, 
et  aux  conferva  (i). 

TABLEAU 

des  classes  naturelles  dans  lesquelles  les  vége'taux  sem- 
Llent  présenter  les  plus  grands  rapports  anatomiques. 

Exemples  tirés  des  espèces  indigènes 


et  communes  en  France. 

Les  palmiers 

Les  arum Le  pied  de  reau.. 

Les  orchidées JOrchls  , ophris  , scrapias  de  diven^es 

( especes. 


/ à bulbe  solide.  . . La  tulipe. 

Les  îiliacées)  à bulbe  imbriquée.  Le  lys. 

\ à bulbe  tuniquée.  . L’oignon. 

Les  joncs Le  .souchet,  le  jonc  articulé,  le  tipha. 

Les  graminées Le  millet , le  roseau , le  maïs,  etc. 

Les  conifères.  .......  Le  pin  , le  sapin. 

( 1 ) Dans  ces  derniers  temps  , M.  Girod  de  Chantran  , correspon- 
dant de  la  société  philomathique , s’est  beaucoup  occupé  de  la  nature 
des  conferveset  des  byssus  , qu’il  a cru  pouvoir  retirer  de  la  classe 
des  végétaux,  et  regarder  comme  des  polipiers  : opinion  qu’U 
appuyoit , i“.  sur  une  ressemblance  entre  les  globules  intérieurs  des 
byssus  , et  les  animalcules  que  l’on  observe  au  dehors  ; v.  sur  le  rap- 
port entre  l’absence  de  ces  globules,  etl’apparntion  des  animalcules  , 
dans  dos  conferves  dépourvues  d’abord  de,  ces  animalcules  , et  où  la 
circonstance  de  l’humidité  les  fait  paroître.  M.  de  Candole  a combattu 
à la  vérité  cette  opinion  , et  rendu  les  byssus  et  les  conferves  à la 
classe  des  végétaux.  Mais  il  n’en  demeure  pas  moins  prouvé  que  Iss 
caractères  du  végétal  sont  beaucoup  moins  marqués  dans  ces  dep- 
nières  plantes  ; que  l’analogie  de  celle  - ci  avec  les  animaux  ne  peut 
•Ire  contestée  , et  que  les  deux  séries  des  corps  vivans  se  tiennent  et 
se  confondent  principalement  par  leurs  extrémités. 

Vid.  du  reste  , pour  plus  de  détail  sur  cet  important  objet,  fc 
ÿulîetin  de  lu  société philoiiialique.  ( Note  de  l’Editeur.  ) 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  261 


Lfs  arbres  à chaton 
Les  composées  . . 

Les  aggrégées  . . 

Les  ombilliféres  . 

Les  malvacées  . . 

Les  pomi  fèves  . 

Les  drupifères  . . 

Les  cariophyllécs  . 
Les  borraginées.  . 
Les  étoilées  . . . 

Les  cucui  bitacées  . 
Les  plantes  grasses 

Les  crucifères  . . 
Les  labiées  . . . 


Les  papillionacées. 

Les  fougères.  . . 

I.es  mousses.  . . 

Les  algues  . . . 


Les  fungus  . . . 


. . L’orme , le  saule  , le  châtaignier. ^ 

. . Le  laitron,  le  chardon  , la  tauaisie. 

. . Le  churdou  à loulou  , la  scabieuse. 

(Le  chardon  Roland,  la  berce,  œnanth* 

) crocata,  buplevrum  fructicosum. 

( r,a  mauve,  alcea  rosa,  ælthœa,  gossipium 
"(  herbaceuin. 

. ' Le  pommier , le  poirier  , le  sorbier. _ 

. ■ L’amandier,  le  prunier,  le  laurier-cerise. 

. ■ La  saponaire  , l’œillet , stellaria. 

. ‘ La  bourrache , la  cynoglos.re. 

. • La  garance  , le  caillclait  blanc. 

. . Les  courges  , l’elaterium. 

. . Le  cactus  , les  sedum. 

(La  giroillée,  le  chou,  le  cochlearîa  ,1e 
( raifort. 

iLes  sauges,  les  phlomis,  le  scutellaria, 
' I le  mulle  de  veau. 

(Le  geiif  t , le  lupin , le  treflle,  le  latbirus 

. ./  amphicarpo.s,  (dans  le  Languedoc)  le 

( baguenaudier. 

. . La  fougère  mâle  , l’equisetum. 

(Lycopodium , le  politric , fonlinalis  an- 
) tipyrctica. 

(Marcnantia  polymorpha, lichen  crustacé 
. . ( à écusson  et  à godets  ; les  bissns , le 

^ fucus  scrratus  , treniella  coiiferva. 

1 Agaricus  , boletus  , hydnum  , phallu.s  , 
, .)  helvella  , elathrus,  peaiza  leutifera  , 

( lycoperdon  j uiucor. 


Dans  ces  exemples,  i".  nous  avons  eu  l'altention 
de  ne  citer  que  les  espèces  les  plus  connues  dans  ce 
pays-ci,  afin  que  l’on  puisse  en  étudier  plus  facile- 
ment l’anatomie  et  la  physiologie;  2“.  nous  indiquons 
dans  chaque  classe  les  espèces  les  plus  éloignées  l’une 
de  l’autre  par  leur  structure,  afin  qu’elles  puissent  y 
former  des  chefs  de  division,  et  donner  par  leurcon- 
noissance  une  idée  plus  exacte  de  toute  la  classe. 


T.  4. 


252  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


Des  principales  qualités  ou  propriétés  que 

les  végétaux  présentent  dans  l’étude  de 

LEUR  ANATOMIE  ET  DE  LEUR  PHYSIOLOGIE. 

Les  caractères  qui  foi’ment  les  principales  saillies 
du  règne  végétal,  peuvent  se  réduire  aux  suivans: 

1°.  La  consistance  et  la  durée  des  végétaux.  Ce 
caractère  établit  une  difTérence  très  - sensible  entre 
l’herbe , qui  périt  dans  l’espace  de  quelques  mois  , 
quelquefois  plutôt  encore,  et  l’arbre  qui  vit  pendant 
plusieurs  siècles. 

1°.  Végétaux  qui  vivent  pendant  plusieurs  siècles. 
Grands  arbres.  Exemp.  le  chêne,  rohur.  Lin. 

Durée  de  son  accroissement , environ  quarante  ans. 
Chêne  cité  par  Ray  , cent  trente  pieds  de  hauteur  sur 
trente  pieds  de  diamètre. 

2°.  Plantes  qui  vivent  seulement  pendant  plusieurs 
années. 

Arbrisseaux.  Exemple  le  l’osier  des  haies,  rosa 
canica , Linn.  Arbrisseau  qui  s’élève  de  cinq  à huit 
pieds. 

Sous-arbrisseaux.  Exemple  la  bruyère  cendrée  , 
erica  cinerea,  Linn.  Sous-arbrisseau  qui  a un  peu  plus 
d'un  pied  de  hauteur. 

Herbes.  Exemple  la  v'éronique  aquatique , veronica 
hecabunga,  LiNN.  Herbe  à tige  rampante  dans  une 
grande  partie  de  sa  longueur. 

5".  Plantes  qui  ne  vivent  que  deux  ans.  Exemple  la 
vipérine , echiu/n  vulgare,  Linn. 


discours  sur  L’ANATOMIE.  255 

4“-  Plantes  qui  périssent  dans  le  coui-s  de  l'année. 
Exemple, le  mouron  des  oiseaux,  a/sine  menf^,LlNN. 

5°.  Plantes  qui  dibparoissent  promptement.  Exem- 
ple le  nosloc  , IremeLLa,  nosloc  ^ Lin  N.,  production  gé- 
latineuse, demi -transparente,  d’un  vert  loible , que 
l’on  aperçoit  sur  la  terre  après  la  pluie  , et  qui  dis- 
paroît  dans  les  temps  secs.  On  observe  dans  les  vides 
dont  la  surface  est  chargée  , de  petits  globules  , que 
Pou  a pris  pour  des  semences , et  que  Haller  regai  doit 
comme  des  bourgeons. 

ir.  Le  nombre  des  lobes  de  la  semence , on  leur 
absence. 

i“.  Plantes  aux  semences  desquelles  on  n’a  point 
observé  de  lobes. Exemple,  les  fougères. 

2°.  Plantes  dont  lesKcmencesontun  lobe.  Exemple, 
les  graminées. 

5°.  Plantes  dont  les  semences  ont  deux  ou  plusieurs 
lobes.  Exemple,  presque  toutes  les  plantes  qui  ont 
des  Heurs  connues. 

Iir.  Le  nombre  et  l’ensemble  des  organes  , qui 
forment  une  gradation  marquée  depuis  la  plante  la 
plus  parfaitement  organisée  jusqu’à  celle  qui  a le 
moins  d’organes  apparens. 

1°.  Végétaux  remarquables  par  un  grand  ensemble 
de  cai'actères.  Exemple,  le  pommier  , malus  , 

Linn.,  arbre  d’une  hauteur  moyenne;  fleurs  com- 
plètes, très-apparentes  , hermaphrodites  ; cinq  pétales; 
calice  découpé  en  cinq  ; environ  vingt  èlamines;cinq 
styles;  fruit  charnu  bon  à manger  ; plusieurs  se- 
mences à deux  lobes. 


254  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

2°.  Végétaux  qui  réunissent  un  grand  nombre  de 
caractères,  mais  dans  lesquels  les  parties  de  la  fleur 
et  du  fruit  sont  peu  apparentes.  Exemple  , l’orme  > 
ulmus  campesiris  , Linn.  , arbre  très-plevé  et  d’une 
très -longue  durée;  fleurs  peu  sensibles,  hermaphro- 
dites, sans  calice;  corolle  à cinq  divisions  ; cinq 
étamines,  deux  styles  ; fruits  petits  et  très-comprimés; 
une  seule  semence  à deux  lobes. 

5°.  Plantes  pourvues  d’une  belle  corolle,  mais  sans 
calice.  Exemple,  la  tulipe  des  jardins,  tulipa  ges- 
neriana  , Linn. 

4°.  Plantes  sans  corolle  ni  calice  proprement  dit. 
Exemple,  le  bled,  triticum  , Linn.  , fleurs 

composées  de  trois  étamines  et  de  deux  styles. 

5°.  Plantes  sans  rameaux  ni  feuilles.  Exemple,  le 
ciei’ge  du  Vévou. ^ cactus  Peruvianus.  Tige  anguleuse, 
cannelée,  garnie  d’aiguillons,  s’élevant  à une  grande 
hauteur;  fleurs  disposées  sur  la  tige;  calice  d’une 
seule  pièce;  environ  trente  pétales;  étamines  en  nom- 
hre  indéfini  ; un  seul  style  ; fruit  charnu  semblable  à 
celui  du  poirier  sauvage.  Cette  plante  a im  port  très- 
singulier. 

6°.  Plajiles  sans  lige,  dont  les  fleurs  sont  sur  des 
pétioles  qui  sortent  de  la  racine.  Exemple  ,1a  violella 
de  mars  odorante,  viola  odorata , Linn. 

7°.  Plantes  sans  fleurs  , dojit  les  semences  seules 
sont  apparentes.  Exemple  , les  fougères. 

8*.  J’iantes  sans  fleurs  dont  la  fructification  est 
peu  distincte.  Exemple,  les  mousses. 

q".  Plante  dépourvue  de  la  plupart  des  organes 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  255 

Je  la  végétation. La  truffle,  lycoperdon  tiiber,  Linv., 
masse  charnue  informe,  sans  tige  ni  racine,  cacliée 
sous  terre,  bonne  à manger*,  elle  est  couverte  , clans 
sa  maturité  , d’une  poussière  farineuse  d’une  couleur 
obscure  , que  l’on  a prise  pour  les  semences. 

10°.  Plantes  dans  lesquelles  on  n’observe  que  des 
vésicules.  Exemple,  les  moisissures. 

11°.  Productions  qui  ne  sont  pas  évidemment  des 
plantes.  Exemple,  les  champignons. 

IV°.  Les  dillérentes  positions  des  fleurs  mâles  et 
femelles. 

1°.  Plantes  à fleurs,  toutes  hermaphrodites.  Exem- 
ple , la  plupart  des  plantes. 

2°.  Plantes  qui  portent  des  fleurs  toutes  mâles  sur 
. un  individu  et  toutes  femelles  sur  un  autre.  Exemple  , 
le  lichnls  blanc  des  champs,  lechnis  dioica,  Linm. 

5°.  Plantes  qui  portent  sur  le  même  individu  des 
fleurs  hermaphrodites  , avec  un  mélange  de  fleurs 
mâles  ou  femelles.  Exemple , le  frêne , Fraxinus 
excehior.  Linx. 

V°.  Les  différentes  position^  des  parties  sexuelles 
dans  une  même  fleur. 

1°.  Le  germe  porté  sur  la  corolle.  Exemple,  la 
hyacintlie  des  bois,  hyacinihus , non  seriptus  jlLlss. 

2°.  Le  germe  placé  sous  la  corolle.  Exemple,  la 
jonquille,  narcissus  ,jonquUla  ^ Linx. 

5®.  Les  étamines  insérées  sur  le  pistil.  Exemple , 
l’aristoloche  clématite,  aristolockia  cZemali/w  , Linn. 

4°.  Les  étamines  insérées  sur  la  corolle.  Exemple, 
la  valériane  des  bois',  valenana  officinaLis , Linn. 


aS6  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

5".  Les  étamines  insérées  sur  lo  calice.  Exemple, 
l’églantier  , rosa  canica  , Lin  N. 

Vr.  Les  différentes  époques  de  la  naissance  et  du 
développement  des  fleurs. 

i".  Plantes  dont  les  fleurs  paroissent  seules  au 
printemps  avant  les  feuilles.  Exemple,  le  pas  d’âne 
iussilago  farfara,  Ltnn. 

2°.  Plantes  dont  les  fleurs  paroissent  après  les 
feuilles,  qu’elles  accompagnent.  Exemple,  la  plupart 
des  plantes  qui  ont  des  fleurs  apparentes. 

5°.  Plantes  dont  les  fleurs  paroissent  seules  , en 
automne,  et  dont  les  feuilles  et  les  fruits  ne  se  déve- 
loppent qu’au  printemps  suivant.  Exemple  , le  col- 
chique , colchicum  autumnale , Lin  N. 

VIT.  La  correspondance  ou  la  position  irrégulière, 
des  parties  doubles,  ce  qui  peut  fournir  un  point  de 
comparaison  entre  les  plantes  et  les  animaux  , dans 
lesquels  les  parties  doubles  se  correspondent  toujours. 

1°.  Végétaux  dans  lesquels  les  parties  doubles  n’ob- 
servent aucune  symétrie.  Exemple,  beaucoup  d’arbres 
et  d’arbrisseaux. 

2°.  Plantes  dans  lesquelles  les  parties  doubles  sont 
opposées  avec  beaucoup  de  régularité.  Exemple,  l’ortie 
morte  des  ho\% ^ atachia  sylvatica,  Linn.  Tige  qua- 
drangulaire  , ordinairement  très  - droite  j rameaux 
opposés  exactement  deux  à deux  , à différentes  dis- 
tances, de  manière  qua  chaque  paire  fait  un  angle 
droit  avec  les  deux  paires  voisines;  feuilles  pareille- 
ment opposées  ; fleurs  disposées  en  anneaux  autour  de 
la  tige. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  25; 

VIII.  Les  circonstances  locales  propres  au  déve- 
loppement. 

1°.  Plantes  dont  les  racines  sont  enfoncées  dans  la 
terre.  Exemple,  la  plupart  des  plantes. 

2°.  Plantes  qui  flottent  sur  l’eau  avec  leurs  racines. 
Exemple,  la  lentille  d’eau  à longues  racines, /emna 
polyrhiza  , Lin  N. 

3".  Plantes  qui  croissant  linplantées  sur  d’autres 
plantes.  Exemple,  le  gui.  ^ iscum  album,  Linnk. 

IX.  Les  diHérenlcs  manières  dont  les  plantes  se 
reproduisent  naturellement. 

i”.  Plantes  qui  se  reproduisent  seulement  de  graines. 
Exemple  la  plupart  des  plantes. 

2°.  Plantes  qui  se  reproduisent  de  graines  et  par 
des  rejets  sortis  de  la  racine.  Exemple  , le  fraisier» 
fragaria  pesca , Linn. 

5°.  Plantes  qui  se  reproduisent  de  graines  et  dç 
cayeux.  Exemple  , la  tulipe. 

X.  La  sensibilité  ou  irritabilité  de  certaines  parties 
des  plantes. 

1°.  Plantes  dont  les  feuilles  et  les  rameaux  sont 
doués  d’une  grande  irritabilité.  Exemple , la  sensitive  , 
mimosa  piidica.  L.  Ses  feuilles  et  ses  ranieaux  se  re- 
plient par  un  mouvement  de  contraction  aussitôt 
cju'on  les  a touebés. 

2°.  Plantes  dont  les  étamines  ont  de  la  sensibilité, 
exemple,  l’épine-vinette  ; herberis  dumeiorum. 
L'hélianthème  commun, helianthemun  vulgare,  LiKX. 
Les  étamines  de  pes  plantes  ont  un  mouvement  de 
T.  -i. 


'7 


i58  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  -MEDICALES. 

eoulracüon  , lorsqu’on  les  louche  à leur  base,  avec  la 
pointe  d’une  épingle. 

Les  remarques  suivantes  sur  les  sexes  des  plantes 
et  sur  leur  génération,  donneront  une  idéedesgrandes 
lumières  que  1 anatoinic  des  végétaux  peut  répandre 
sur  les  fonctions  les  plus  compliquées  des  corps  vivaas^ 

SUR  LA  GÉNÉRATION  DES  PLANTES. 

Toute  fleur  offre  des  anthères  ou  des  stigmates; 
quelques-unes  sont  dépourvues  de  calicei  comme  la 
tulipe  , la  fritillaire  ; d’autres  le  sont  de  corolle  , 
comme  les  gramen;  il  y en  a qui  n’ont  point  d’éta- 
mines, comme  l’aristoloche  ; ou  de  stylet,  comme  la 
tulipe  du  i’arnasse  (^Paniassia^  ; mais  toutes  k*s  fleurs, 
sans  exception,  ont  des  anthères  ou  des  stigmates, 
ou  les  uns  et  les  autres  à la  fois.  11  suit  de  là  que  ces 
deux  parties  sont  essentielles  aux  fleurs;  mais  il  y a 
plus  ; . 

Les  anthères  sont  les  organes  génitaux  mâles  des 
plantes,  c’est-à-dire,  qu’elles  tiennent  lieu  des  tes- 
ticules et  des  vésicules  séminales,  et  la  poussière , ou 
pollen  en  est  la  semence  masculine.  C’est  ce  que  prou- 
vent 1 époque  où  ces  parties  paroissent;  leur  situation, 
leur  castration  et  la  forme  du  pollen. 

• 1°.  L’époque  où  ces  p.nrties  paroissent.  Lesanihcres 
et  la  poussière  précèdent  toujours  lefruil  ; etdemènio 
que  le  fruit  est  mur  lorsqu’il  j)roduit  scs  semences  ; 
les  anthères  sont  niûics  cl  ont  rempli  leur  destination 
lorsqu'elles  ont  jeté  toute  leur  |îOU3sièrc,  cl  elles  lom- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  aSg 

tcnt  alors  comme  inutiles.  De  plus  les  anthères  pa^ 
roissent  en  même  temps  que  le#  stigmates,  et  non- 
seulement  quand  les  unes  et  les  autres  se  trouvent  sur 
les  mêmes  tîeui-Sj  mais  encore  lorsqu’ils  appartiennent 
à des  fleurs  dilTérentes  ; ainsi  les  longues  anthères  du 
coudiier,  du  houleau  , de  l’aune,  ne  jettent  jamais 
leur  poussière  avant  que  les  stigmates  soient  déve- 
loppés en-dessous,  et  le  chanvre  mâle  n’a  point  de 
pollen  à donner  jusqu’à  ce  que  le  chanvre  femelle  ait 
des  pistils  en  état  de  les  recevoir. 

2".  La  situation.  Les  anthères  sont  toujours  situés 
de  manière  que  le  pollen  puisse  parvenir  aux  stig- 
mates; car  ou  les  étamines  entourent  le  pistil,  comme 
dans  la  plupart  des  Heurs,  ou  si  le  pistil  est  tourné 
vers  le  haut , les  étamines  le  suivent,  comme  dans  la 
didynamie,  ou  enfin  si  les  pistils  se  penchent  vers 
le  bas  , les  étamines  sont  placées  en  - dessous. 

O : La  castration.  Si  on  enlève  lés  anthères  d’une 
plante  qiti  11  a qu  une  seule  Heur  , et  qu’on  ait  soin 
d’éloigner  toutes  celles  de  la  même  espèce,  le  fruit 
avorte,  ou  du  moins  il  ne  porte  que  des  semences 
stériles.  C est  un  lait  dont  tout  le  monde  peut  s’assurer* 

4 . La  forme  du  pollen  prouve  qu’il  n’est  pas  unô 
simple  poussière.  Malpighi,  Grew , et  tous  ceux  qui 
ont  voulu  1 examiner  au  microscope,  lui  ont  trouvé 
une  forme  constante  dans  un  même  végétal,  quoi- 
que diflèrente  suivant  les  espèces.  Cette  conforraaiiort 
a sans  doute  un  but;  ( et  pourquoi  lui  auroit-elle été 
donnée,  si  cfe  n eloit  pour  qu  il  s’adaptât  au  canal  dii 
pistil , où  il  doit  entrer,  comme  nous  le  verrons  dans 


ÿ6o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 

la  suite  ? ) Ce  qui  confirme  encore  celte  opinion  , 
c’est  que  le  stiginate  est  toujours  mouillé  d’uiie  hu- 
meur pi’opre  à retenir  ce  pollen. 

C’est  une  ohservatiop  bien  frappante  que  celle  de 
jM.  Bernard  de  Jussieu,  sur  Térable.  Avant  lui , les 
micrographes  a.voient  cru  voir  que  la  poussière  de 
cet  arbre  étoit  cruciforme  5 mais  ce  célèbre  botaniste 
^a  trouva  globuleuse.  Pourquoi  donc  s’étoit-elle  of- 
ferte au3f  autres  sous  la  forme  d’une  croix  ? C’est  que 
pour  mieux  s’emparer  de  l’humidité  du  stigmate, 
elle  se  fend  en  quatre  pièces  qui  portent  chacune 
à un  point  différent.  Il  y a lieu  de  croire  que  ces 
globules  sont  creux  , et  qu’en  s’ouvrant  tout  à coup 
par  l’effet  de  l’humidité  qui  les  pénètre , ils  lancent 
une  autre  poussière  beaucoup  plus  subtile,  et  qui  est 
le  vx’ai  principe  de  la  fécondation. 

On  distingue  dans  le  pistil  trois  parties,  le  germe, 
le  style  et  le  stigmate.  Le  germe  est  l’ébauche  du 
futur  embryon.  Le  style  n’est  pas  essentiel  aux  plan- 
tes, car  plusieurs  en  sont  privées;  mais  le  fruit  ne 
sauroit  venir  à maturité,  s’il  n’est  accompagné  d’un 
stigmate  , dans  la  même  fleur. 

Les  stigmates  constamment  attachés  aux  germes, 
sont  donc  les  organes  féminins  des  plantes,  comme 
le  prouvent  d’ailleurs  leur  situation,  leur  nombre, 
le  temps  où  ils  se  montrent,  leur  chute  et  leur  sup- 
pression. 

1".  Leur  situation  , relative  à celle  des  an- 
thères, comme  on  l’a  observé  précédemment,  et 
leur  multiplicité,  suivant  le  nomlu’e  des  celullcs 


DISCOURS  SUR  L'ANATOMIE. 
qui  renferment  les  germes  j car  le  germe  est  double, 
quand  la  cellule  est  double,  comme  dans  la  plupart 
des  plantes;  triple,  s’il  y en  a] trois,  comme  dans  les 
liliacées  , les  Iricolor  , eic. 

2°.  Le  temps  de  leur  apparulion  , qui  est,  comme 
je  l’ai  déjà  dit,  le  même  que  pour  les  anthci-es. 

5°.  Leur  chute;  les  stigmates  de  la  plupart  des 
plantes  tombent  avec  les  anthères  et  aussitôt  qu’ils 
ont  reçu  de  cènx-ci  la  poussière  fécondante,  signe 
évident  qu’ils  ne  contribuent  aucunement  à la  matu- 
rité des  fruits,  mais  qu’ils  s'crvent  uniquement 
à la  génération. 

4°*  Leur  suppression  , si  les  stigmates  sont  coupes, 
avantqu’ils  aientreÇu  la  poussière,le  fruit  ne  manque 
jamais  de  périr. 

Le  stigmate  offre  d’ailleurs  deux  particularités 
remarquables  , l’une  qu’il  n’a  ni  épiderme,  ni  écorce, 
l’autre  qu’il  est  toujours  humide. 

Tout  ce  qui  vient  d’ètre  dit  annonce  assez  que  la 
génération  des  plantes  s’opère  par  la  chute  du  pollen 
des  anthères  sur  les  stigmates;  mais  on  a d’autres 
preuves  encore  dé  cette  vérité,  i”.  Elle  est  sensible 
à l’œil , qui  voit,  au  temps  des  fleurs,  la  pôussièrè 
voler  et  s’attacher  aux  stigmates.  Cela  est  particu- 
lièrement sensible  dans  la  violette  à trois  couleurs 
( tricolor  ).  A peine  cette  fleur  est-élle  épanouie  qné 
le  stigmate  s’ouvre  et  représente  un  globe  creux  , 
blanc  et  resplendissant.  Cinq  étaminesqü’il  a autour 
de  lui  n’ont  pas  plutôt  jeté  leur  poussièi’e  blanche, 
qu’on  le  voit  , tout  poudreux  , se  rembrunir  , à 


56?  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES 

l’exception  de  la  trompe  j qui  demeure  claire  et  briL 
lante. 

2°,  Les  pistils  et  les  étamines  sont  dans  un  grand 
nombre  de  plantes , de  la  même  hauteur,  ce  qui  donne 
à la  poussière  une  nouvelle  facilité  pour  parvenir  aux 
stigmates.  Si  cette  égalité  n’a  pas  lieu , d’autres  cir. 
constances  y suppléent.  Un  des  géranium , ( i ) et 
d’autres  plantes  dont  le  pistil  est  moins  haut  que 
les  étamines,  ont  les  fleurspendantes  avant  l’épanouis- 
sement, mais  à la  veille  de  s’ouvrir  elles  se  relèvent 
et  se  disposent  de  manière  que  le  stigmate  est  au 
niveau  de  l’anthère;  et  dès  que  la  poussière  de  celle-» 
ci  est  tombée,  elles  se  penchent  de  nouveau  jusqu’à 
la  maturité  du  fruit,  époque  où  elles  se  relèvent  en-, 
core  , et  facilitent  , par  ce  moyen,  la  dispersion  des 
semences, 

Le  dianthus  a souvent  des  pistils  plus  longs  que 
les  etainines;  sa  fleur  est  toujours  dans  la  même 
situation;  mais  les  pistils  se  recourbent  en  manière 
de  bélier,  vers  les  anthères. 

3 . Les  étamines  pour  l’ordinaire  entourent  si  bien 
le  style , que  la  poussière  dispersée  ^lar  le  vent  ne  peut 
lui  échapper. 

Le  Musa  offre  un  spectacle  très-agréable.  On  voit 
sur  une  même  plante  deux  sortes  de  fleurs  qui  ont 
chacune  deux  sexes  , |dont  un  seul  est  fécond  , et 
celui-ci  est  dllférent  dans  les  deux;  de  sorte  qu'elles 


( I ) Géranium  calicibus  momphilUs  ,Jlorcntibus , ereclis  ,foliin 
iiubcordahs. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  265  ' 
font  siniplenient  les  unes  rollice  des  mâles,  les  aulros 
celui  des  femelles  J mais  les  individus  desdeux  espèces 
n’y  sont  pas  rassemblés  par  couples;  c’est  une  singulière 
espèce  de  polygamie:  une  femelle  unie  à plusieurs 
mâles  stériles  est  ft'condée  par  les  mâles  d’une  autre 
llcur  , unis  à une  femelle  incapable  de  produire. 
Ci.iFF.  35. 

4".  Dans  toutes  les  plantes  où  les  mâles  et  les  fe- 
melles sont  séparés,  soit  sur  difl’érentes  fleurs , soit  suc 
(lilîérenls  individus,  où  enfin  les  mâles  ne  sont  pas 
situés  direclenieut  au-dessus  des  femelles,  les  fleurs 
doiv'ent  nécessairement  éclore  avant  les  feuilles  , afin 

t 

que  celles  ci  ne  s'opposent  pas  à la  fécondation,  et 
c’est  ce  qui  a lieu  dans  le  mûrier, le  guy  , l’aulne, 

. le  hêtre,  le  noyer,  le  saule,  le  peuplier,  le  fiéne. 

5“.  On  voit  la  plupart  des  fleurs  s'épanouir  tl’abord , 
lorsque  le  soleil  paroît  sur  l’horizon,  et  se  refermer 
le  soir  par  un  lemj)s  humide  : sans  celte  précaution 
de  la  nature,  l'huniidité  collant  le  pollen  aux  anlh  • 
Ves , lenjpècheroit  de  se  disperser;  mais  ce  qui  est 
bien  remarquable,  c’est  qu’aussilôt  que  les  stigmates 
l’ont  reçu,  les  fleurs  ne  se  ferment  plus,  ni  le  soir, 
ni  dans  le  temps  des  pluies. 

Quand  le  seigle*  eu  fleur  étale  ses  anthères,  s’il  est 
surpris  par  la  pluie,  les  agriculteurs  en  augurent  mal 
et  avec  raison  ; la  poussière  agglutinée  ue  peut  plus 
servir  à la  fécondation. 

U n'en  est  pas  de  même  de  l’orge;  la  peau  qui  en- 
veloppe scs  grains,,  le  met  â l'abri  de  l'humidité. 

Quand  les  poiriers  et  les  cerisiers  sont  sur  le  point 


é6i  SCIENCË.^  PHYSIOL.  Et  MEDICALES. 

de  fleurir,  la  pluie  leur  est  souvent  funeste,  par  la 
même  rJiison  : mais  elle  Test  surtout  au  cerisier,  parce 
que  les  anthères  de  cet  arbre  jettent  leur  poussière 
tout  à-la-füis,  au  lieu  que  le  poirier  ne  disperse  la 
Sienne  que  peu-à-peu  , et  que,  si  une  partie  devient 
inutile,  le  reste  peut  fruclifier. 

6°.  'J’héophraste , Pline,  Tournefort  , et  d’autres 
auteurs  nous  ont  appris  que  les  Orientaux  arrachent 
des  rameaux  du  palmier  mâle,  pour  les  attacher  sur 
ceux  du  palmier  femelle,  sans  quoi  les  dattes  sont 
âpres  et  sans  noyaux. 

Les  Ciliciens  suivent  des  méthodes  semblables, 
relativement  aux  pistachiers.  Les  uns  coupent  deà 
grappes  de  fleurs;  ( c’est-à-dire  les  étamineâ 
du  pistachier  mâle  , ) les  placent  dans  des  vaisseaux, 
d’où  les  vents  portent  plus  aisément  la  poussière  sur 
les  stigmates  du  pistachier  femelle  ; d’autres  mettent 
dans  de  petits  sacs  les  fleurs  mâles,  leS  font  sécher» 
et  ils  en  répandent  eux-mêmes  la  semence  sur  les  fleura 
femelles.  Par  ces  pratiques,  les  uns  elles  autres  se 
procurent  de  meilleures  récoltes. 

7”.  La  |)lupart  des  plantes  ayant  un  long  pistil, 
la  ])ous.sière  parvieudroit  dillicilement  aux  stigmates, 
si  les  fleurs.de  ceà  ]jlantcs  ii’cloient  pas  inclinées, 
comme  elles  le  sont  en  ell’et. 

On  ncsauroit  attribuer  avec  vraisemblaîice  cette  si- 
tuation à la  pesanteur,  puisque  les  fruits  de  ces  nte-* 
mes  plantes  dix  fois  pins  pesans  que  les  fleurs,  crois- 
sent dans  une  direction  verticale. 

b".  Flusieiirs  plantes,  comme  le  Nymphsca  , ont 


DISCOURS  SUR  L*A  N AT  O -Vf  1 Ei  465 

leurs  tiges  dans  l’eau  : mais  sur  le  point  de  s’épa- 
nouir , leurs  fleurs  nagent  à la  surl'ace -,  d’autres, 
comme  les  renoncules  aqualiipies,  y sont  entière- 
ment plongées  , et  à la  môme  époque,  elles  élèvent 
leurs  fleurs  au-dessus  de  l'eau,  puis  les  y replongent 
après  le  temps  de  la  fécondation. 

9°.  lia  plupart  des  fleurs  composées  semblent  con- 
tredire la  proposition  dont  on  rassemble  ici  les  preuves^ 
cependant  elles  la  confirment  : oes{fleurs  sont  cons- 
truites sur  dillérens  plans.  Dans  la  polygamie  égale, 
toutes  les  petites  fleurs  portent  des  élainines  et  des 
pistils;  dans  la  polygamie  superflue,  ( ou  plutôt  aved 
surabondance  ),  des  petites  fleurs  qui  ont  toutes  leurs 
étamines  et  leurs  pistils,  occupent  le  disque,  et  sur 
• les  rayons,  il  n’y  en  a que  de  femelles,  qui  sontie- 
condées  par  la  poussière  Surabondante  des  mâles  , 
situés  au  milieu.  La  polygamie  inutile  ( i)  ( polygamia 
iVustranea)  rassemble  dans  le  disque,  à coté  des  ma- 
les , toutes  les  femelles  fécondes;  elle  a sur  les  rayoni 
d'autres  femelles,  mais  qui  sont  stériles,  malgré  1 a- 
bondance  de  la  poussière.  Enfin  , dans  la  polygamie 
nécessaire,  les  petites  fleurs  que  rassemble  le  disque 
ont  toutes  leurs  étamines  et  leurs  pistils:  inaiselle» 
n’ont  point  de  stigmates  , et  les  petites  fleurs  des 
rayons  n'ont  point  d’étamines  ; ainsi  la  plante  seroit 
stérile,  et  son  espèce  périroil , si  rauteur  de  la  na- 
ture ii’avoit  placé  sur  les  rayons  des  pistils  munis 
non-seulement  de  stigmates,  mais  encore  d’étamines. 


{ 1 ) C’eït  - à-  dire  où  il  y a des  ifldi\idas  inutiles. 


s66  SCIENCES  PU YSIOL.  ET  MEDICALES. 

On  voit  donc  que  dans  aucun  cas  les  plantes  à llenrs 
composées  ne  manquent  ni  d’organes  mâles , ni  d'or- 
ganisations femelles  capables  de  les  propager. 

10°.  Les  stigmates  se  comportent  à l’égard  des 
étamines  comme  les  mâles  des  animaux  à l’égard  de 
leursfemellcs.  Ainsi,  par  exemple,  dans  les  Parnassiæ  , 
on  obsei’%’’e  cinq  elamines  courtes  , qui  successivement 
6 allongent,  viennent  enfin  toucher  le  stigmate , et 
se  retirent. 

Observez  la  pariétaire  ou  la  menthe,  le  malin, 
c est  à-dire,  dans  cette  partie  de  la  journée  qui,  pour 
les  animaux,  est  le  plus  spécialemeut  consacrée  aux 
amours,  vous  verrez  leurs  anthères  se  rompre  av'eo 
explosion  et  lancer  leur  poussière  sur  les  pistils.  On 
avancera  ce  moment,  si  l’on  pique  les  anthères  avec 
une  aiguille,  comme  l’a  observé  Vaillant,  dise.  5. 

Les  melons,  les  concombres,  les  courges  , portent 
deux  sortes  de  fleurs,  dont  les  unes  nommées  sféii-- 
les,  n’ont  des  différentes  parties  dont  il  s’agit , que  les 
étamines;  les  autres  qui  produisent  des  fruits,  n'ont 
que  des  pistils. 

Les  jardiniei’s  ont  coutume  de  sacrifier  les  pre- 
mières, comme  ne  servant  qu’à  consumer  inutilement 
une  portion  de  la  nourriture  de  la  plante;  mais  ils  se 
trompent.  Qu’ils  aient  soin  plutôt  de  cueillir  les 
fleurs  à étamines  et  d’en  secouer  la  poussière  sur  les 
stigmates  vers  raidi , ou  simplement  de  rouler  ces 
fleurs  sur  celles  à pistils,  et  ils  auront  de  meilleures 
récoltes;  car,  si  elles  sont  pauvres,  c’est  faute  de  fé- 
condation ot  non  de  nourriture.  Le  niôine  inconvé- 


DISCOURS  SUR  L’ANATO^TTE. 

nient  ari'ive , si  l’on  n’a  pas  soin  d’ouvrir  les  lenèlres 
des  serres,  afin  que  le  vent  aide  au  transport  de  la 
poussière  prolifique. 

On  peut  faire  sur  les  tulipes  une  expérience  agréa- 
ble. Prenez , par  exemple , unelulipe  rouge,  arraeliez- 
en  les  anlhèresavaiit  la  dispersion  du  pollen, et  secouez 
sur  lesstigmales  celui  d’une  lulipe  blanche;  lorsiju’en- 
suite  les  graines  de  celle-ci  seionl  mûres,  semez-les 
dans  un  carreau  particulier,  vous  aurez  des  tulipes  do 
trois  sortes,  les  unes  rouges,  les  autres  blanches  , les 
troisièmes,  ijii-  parties  de  blanc  et  de  rouge,  comme 
il  arrive  dans  raccouplcinenl  des  animaux  de  deux 
couleurs  diflérenles. 

Le  calice  est  donc,  pour  ainsi  dire,  le  lit  nuptial 
.des  plantes  ; il  enferme  et  protège  des  organes  très- 
délicats;  la  corolle  tient  lieu  des  nymphes;  ses  pétales 
fournissent  aux  mêmes  organes  , un  nouvel  abri 
contre  les  injures  de  l’air  dans  les  mauvais  temps, 
elles  s épanouissent  à la  clarté  d'un  beau  jour.  Les 
filamens  sont  les  vaisseaux  spermatiques  , puisqu'ils 
portent  aux  anthères  le  suc  génital  ex  primé  de  la  plante. 
Les  anthèi'es  l'essemblent  aux  laites  des  poissons.  La 
poussière  peut  être  comparée  aux  vermisseaux  ou  cor- 
puscules quelconques , nageans  dans  le  sperme  des 
animaux.  Le  stigmate  est  la  vulve  qui  reçoit  ce  sperme  ; 
et  le  style  est  le  vagin  ou  la  trompe  de  la  matrice  ( ou 
1 un  ou  1 autre);  le  germe  est  l'ovaire;  la  graine  est 
lœuf.  Le  péricarpe  est  encore  l’ovaire , mais  fécondé, 
développé,  et  renfermant  les  œufs  qui  ont  reçu  le 
principe  de  la  vie. 


268  SCIENCES  PIlŸSlàL.  ET  MÉDICALES. 

Observons  ètl  finissant , que  le  calice  vient  de  Yé- 
corce  extérieure  dé  la  plante,  la  corolle  de  l’écorcê 
intérieure  ; les  étainimes , de  laubier  j le  péricarpe , de 
la  substance  ligueuse  et  les  sehiëncès  de  la  moelle  ; car 
ees  parties  sontplâcées  et  sè  dévèloppent  dans  le  même 
ordre;  ainsi  la  fleur  et  le  fruit  sont  le  développement 
de  toutes  lès  parties  de  la  plante  : c’est  ce  que  Cæsal- 
pin  avoit  entrevu , et  ce  que  Logau  a vu  d’une  ma- 
iiièré  distincte. 

On  trouve  encore  entre  ces  parties  des  plantes  et 
les  organes  sexuels  cleS  animaux,  d’autres  analogies 
que  celles  dont  on  a fait  mention. 

La  première  est  celle  de  l’odeüf  que  ces  organes 
répandent,  lorsqu'ils  sont  en  activité. 

En  second  lieu,  les  animaux  ne  sont  jamais  plus 
beaux  qu’à  l’époque  où  ils  sont  disposés  à se  reproduire. 
Le  cerfj  là  tête  haute,  porte  fièrement  le  bois  dont 
elle  est  ornée;  les  oiséaux,  les  poissons  même  , brillent 
alors  des  plus  vives  couleurs  ; cè  temps  une  fois  passé  » 
tout  change,  et  ces  animaux  perdent  unè  grande  par- 
tie de  leur  beauté.  II  en  est  de  même  des  fleurs  ; le  prin- 
temps qui,  si  on  l’ose  dire  , est  pour  elles,  comme 
pour  le  plus  grand  nombre  des  animaux,  la  saison  des 
àmonrs,  est  aussi  le  temps  où  elles  embelüsent  la  teri’e 
d’une  plus  riche  parure. 

Troisièmement,  l’acte  dé  la  génération  affaiblit  les 
animaux  ; c’est  cequ’oîi  voit  particulièrement  dans  les 
papillons  et  dans  les  phalènes  : à peiné  ont-ils  accompli 
cet  acte  que  leurs  ailes  s’alfaiscnl  , et  que  peu  de  temps 
apres  ils  expirent.  Euferiucz-cn  un  seul  dans  unfe 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  269 
chambre,  il  y vivra  pendant  plusieurs  mois.  Les 
l^lantes  ressemblent  eqpQrc  eu  Ce  point  aux  animaux. 
Ainsi,  par  exemple , la  plante  appelée  musa  vit  sou- 
vept  un  siècle  dans  les  jardins  des  Pays-Bas;  mais  dès 
qu’une  fois  elle  est  épanouie,  aucun  soin,  aucun  art 
UC  peuvent  empêcher  sa  lige  de  se  dessécher  et  dépérir 
l’pnuéP  suivante.  ( i ) 


(1)  pans  les  considérations  précédentes  , Vicq-d’Azyrqui  adopte 
Je?  opinion?  dp  Linné,  donne  (rop  d’étendue  aux  rupproebemens 
pntre  la  génération  végétale  et  la  génération  Qpimale.  Les  ovaircf 
et  les  trompes  son;  même?  les  seules  parties  de  l’appareil  génita^ 
propre  aux  animaux,  que  l’on  observe  dans  l’appareil  génital  des 
plantes.  Les  autres  parties  que  l’oa  a voulu  voir  dans  ce  dernier , 
telles  que  la  matrice  , le  vagin  , I9  vulve , seroient  entiircraent 
'inutiles  dans  le  modp  de  reprodqction  que  la  nq^pre  q adopté  ppur 
les  végétaux,  f'oj^ez,  pour  plus  de  détail,  l’ouvrage  que  j’qi  publiq 
sous  le  titre  à’Histoire  Naturelle  de  la  Femme , suivie  d’un  Traité 
d’jyygjène  appliquée  à son  régime  physique  et  moral  aux  dilTércntcS 
époquçs  dq  Iq  vip  , to»e  lU  » pag® 

( de  l’Jtli^ileur.  ) 


4» 


f 


DES  ANIMAUX. 


Nous  avons  déjà  vu  que  certaines  parties  des  végé- 
taux ùüiit  irritables  , et  quoique  l’irritabilité  suit  très- 
bol  uec  dans  Iesplantes,cen  est  assez  pour  que  nous  ne 
devions  pas  regarder  cette  propriété  comme  un  carac- 
tèreparticLilier  a la  substance  dont  les  animaux  sont 
formes 5 mais  ce  qui  lesdistingue  de  toutes  les  espèces 
de  végétaux  sans  exception  , c’est  la  présence  d’un  ca- 
nal destiné  à la  (ligeslion  des  alimens.  Tantôt  ce  canal 
est  court  et  év^asé  , comme  dans  les  polypes,  tantôt  il 
s’allonge,  comme  dans  les  versj  dans  d'autres,  il  se  di- 
vise en  plusieurs  cavités. 

■î  Le  système  nerveux  oHVe  encore  un  caractère  très- 
frappant,  et  l’on  n’en  trouve  aucune  trace  dans  les 
végétaux. 

Les  vaisseaux  sont  blancs  ou  rouges;  ceux-ci  di- 
minuent en  nombre  et  en  étendue  à mesure  que  l’on 
s’éloigne  davantage  des  premiers  animaux  ; et  les 
vaisseaux  blancs  sont  les  seuls  dont  soient  pourvus  les 
animaux  qui  se  rajiprocbent  le  plus  des  plantes. 

REMARQUE  DE  L’E  D I T E U R. 

Letvpe  animal  élève  en  général  le  corps  qui  le  présente 
dans  l’échelle  des  êtres;  il  augmente  ses  rap])orls,  donne 
])Ins  d’éclat , plus  d'étendue  au  phénomène  de  la  vit.ililé; 
en  s(.rtf  (jiie  , suivant  notre  façon  de  voir,  on  p'‘ul  regarder 
l’animal  comme  l’ouvrage  le  p'us  complet  de  la  natuie  , en 
avouant  toutefois  que  scs  autres  productions  ont  une  per- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  271 

fectîon  relative  , c’est-à-dire  , la  plénitude  des  qualités  qui 
leur  sont  propres, 

Les  déplaceuiens  spontanés,  le  choix  , la  recherche  d’une 
nourriture  convenable  , et  son  élaboration  préliminaire, 
sont  les  attributs  les  plus  saillans  de  l’animalité  ; la  pré- 
sence d’un  oigane  desline  à une  véritable  digestion,  ne 
permet  donc  pas  de  balancer  sur  la  classe  à laquelle  on  doit 
rapporter  le  corps  vivant  qui  présente  cette  disposition. 

On  observe  en  outre  , que  les  animaux  fournissent  à 
l’analyse  chimique  des  produits  particuliers  j que  leurs  or- 
ganes sont  plus  liés,  j)lus  dépendans  les  uns  des  autres; 
qu’enfin  leurs  parties  essentielles  sont  en  plus  grand  nom- 
bre , plus  rapprochées  du  centre  , et  comme  j)rolégées  par 
les  organes  extérieurs. 

Quant  au  végétal  , ce  n’est  pas  un  animal  enracine,  ni 
un  corps  vivant  semblable  à un  animal  qui  seroit  réduit  h la 
partie  de  son  être,  dont  le  sommeil  ne  suspend  jamais 
l’actioii  ; sa  structure  , ses  phénomènes  ont  d’autres  for- 
mes. Incapable  d’aucun  déplacemeul  spontané  , réduit  à un 
mode  d’organisation  plus  simple  , fe  végétal  reçoit  sans 
choix  , et  absorbe,  sans  le  concours  d’un  appareil  spécial  de 
digestion,  les  matériaux  dont  il  se  nourrit.  Ses  organes 
principaux  sont  en  outre  placés  à l’extérieur  , et  sa  subs- 
tance fournit  des  produits  moins  composés  à l’analyse 
• chimique. 

Au  premier  coup  d’œil  le  végétal  et  l’animal  paraissent 
donc  distincts  l’un  de  l’autre  , par  des  caractères  bien  tran- 
chés. Ainsi  que  nous  l’avons  déjà  remarqué  , ces  deux 
grandes  classes  se  réunissent  cependant  parles  extrémités 
et  un  grand  nombre  de  productions  organisées  n’entrent 
même  qu’avec  difficulté  dans  ces  deux  cadres  où  l’on  essaie 
de  resserrer  la  nature  vivante. 


ï 


^72  SCIENCES  n^YSlOL.  ET  MEDICALES. 

Ainsi , sans  descendre  jusqu’au  dernier  degré  de  l’éthelle 
animale  , sans  aller  même  au  delà  des  méduses  , nous  trou- 
vons déjà  le  rizoslome  , dont  les  bouclies  sont  de  véri- 
tables racines  , faisant  partie  d’ailleurs  d’une  organisation 
équivoque,  qui  tenant  du  végétal  et  de  l’animal  , semble 
foripcr  un  passage  naturel  entre  ces  deux  classes. 

Plus  loin  les  allributs  de  l’animalité  sont  encore  moins 
marqués  , ou  plutôt  disparoissent  , comme  on  peut  s’en 
convaincre  en  observant  que  l’estomac  des  polypes  est 
plutôt  supposé  que  démontré j que  des  mouvemens , dont  la 
nature  est  inconnue , sont  le  seul  trait  animal  que  l’on  puisse 
saisir  dans  les  éponges  , que  tout  est  végétal  , ou  même 
simple  végétation  dans  ces  animaux  , dans  les  escares , les 
madrépores  , les  alcyons,  etc.  etc. 

La  sprie  végétale  a aussi  ses  productions  équivoques  , ses 
derniers  rangs;  les  confprves  , par  exemple  , ne  sont 
placées  parmi  les  plantes  qu’avec  effort  , et  d’une  ma- 
nière tout  - à - fait  arbitraire;  ce  qui,  joint  à beaucoup 
d’autres  motifs,  doit  nous  convaincre  dp  l’insuffisance  de 
nos  classifications  , ou  de  la  nécessité  de  les  augmenter  , 
lorsqup  la  science  faisant  des  progrès  , nous  venons  a nous 
apercevoir  que  l’empire  de  la  nature  a trop  d étendue  pour 
cl(p  rcnfprmé  dans  les  divisions  qui  lurent  d’abord  tracées  , 
et  que  l’on  deypoit  toujours  regarder  comme  des  cadres  sus- 
ceptibles d’être  , par  la  suite  , diminués  ou  étendus. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  275 

TABLEAU 

des  animaux  clans  l’ordre  de  leur  composition 

anatomique. 

Les  animaux  sont  composes  ne  tissu 
cellulaire  et  de  fibres  inusculdirts:  yPolypes,  hydra.  . Linné. 

'vers  des  loophytes 

1".  Aveu  un  estomac.  . .• — des  litophytes. 

/Biphores.  . . . 

(vibrio  paxillifer. 


Forskall. 

AIullku. 


Plus. 


Plus. 


Plus. 


Plus. 


I Actinies. 
\ Med  uses. 


■ Seiches. 

Des  Intestins ( Argonautes. 

. Beroé.  . . 

iLa  plupart  i 


CUn  orçane  extérieur  d 
. 3'’-/  respiratiou  ^ijueuse. 


■ Quelques  viscères  ; un 
système  de  vaisseaux 
/ lymphatiques  ; des  or- 
canes  de  génération 
(sans  organes  de  coït) ; 
un  réseau  nerveux. 


^Ün  vaisseau  sanguin 

5®./  quelquefois  le  sens  de \Les  vers  intestinaux, 
i la  vue. 


infusoires.  . . . 

Muller. 

Vorticellea.  . . 

Muller. 

Brachiones.  . . 

Muller. 

Botryles 

Pallas. 

’Thétis 

Anomie 

Linné. 

Nereis 

Lin  N a. 

Les  animaux  des  co- 
' quilles  bivalves  et 
uniralves.  . . . 

''Des  organes  de  coït/ 

(hermaphrodites);  uni 
cœur  ( lymphatique  )\- 
sans,  oreillette  . avec  sangsues.  . . 

, des  pulsations  dis-  ’ 

Plus.  . . tinctes;  desganalions;/ T ‘ j ‘ 

le  sens  de  la  vue  ; un\^^®  animaux  des  co 
organe  masticatoire  ] umvalves 

imparfait  , intérieur/ 
ou  extérieur.  f 


27'i 


Plus. 


SCIENCES  PHYSIOL.ET  MEDICALES. 


1 cerveau  ; des  mem-'\ 
bres  pour  la  locomo-  J 
tiüii  ; des  organes  de  f 
)arés'^ 
t les  J] 
efois  ' 

!;  unV 
îxté-  \ 


'Un 
bres 

la  génération  séparés'^ 
entre  les  mâles  et  les^Les  insectes, 
femelles  ; quelquefois  ' 
le  sens  de  l’ouïe; 
système  osseux  exté- 
rieur 


Plus. 


Plus. 


X 


Plus. 


Plus. 


Plus. 


("Les  premiers  rudimens  Les  poissons’cartila- 
8°.  i d’uusystèmeosseux  in- , gineux  (branchios- 
\ térieur;  un  coeur;  des  . tèges  chondroplé- 
) vaisseaux  sanguins.  / rigiens  J.  . . . 

fun  système  osseux  in-  Les  poissons  propre* 
térieur meut  dits.  . . . 

I . , . 

IDes  poumons  intérieurs;  ï 

J un  organe,  de  l’odo- ^f.es  amphibies.  . . 


I 


11' 


12'' 


rat. 

Un  cœur  hiloculaire.  . Les  oiseaux. 
(Dcs  organes  parfaits  de 


,e( 

i;;L. 


goût  etde  mastication;  J Le5  cétacées  . . 

des  organes  de  lacta-\  Les  mamelliferes. 
tion  ; une  matrice.  / 


(0 


(i)  L’idée  de  ce  lableauest  très-heureuse;  mais  THistoire 
Naturelle  et  l’Anatomie  comparée  u’étoient  pas  assez  avan- 
cées à l’époque  à laquelle  A^icq-d’Azyr  l’a  (racé,  pour  pré- 
senter , d’une  nianièie  ex.àcle  , de  semblables  rapproclie- 
raens.  Voici  d’ailleurs  l’indication  rapide  des  erreurs  qui  se 
sont  glissées  dans  ce  tableau. 

L’estomac  des  vers  des  lilopliiies  n’e.st  rien  moins  que 
démontré  , cl  la  première  famille  des  zoopliiles,  les  échino- 
dermes,  dont  il  n’est  pas  parlé  , ont  un  estomac  , et  de  plus 
une  ébauche  de  canal  intestinal.  Les  seiches  , sepia:  , aux- 
quelles on  attribue  une  organisation  bornée  à la  conibinaisoni 
«l’un  canal  intestinal  et  d’un  estomac , avec  un  tissu  vascu- 


Discours  sur  l’anatomie.  275 

DES  VERS. 

Celte  classe  est  la  plus  nombreuse  de  toutes  celles 
qui  composent  le  règne  animal. 

Les  vers  sont  répandus  et  se  multiplient  dans  lo 
corps  des  autres  animaux;  les  premières  couches  de 
la  terre  en  sont  remplies  ; les  eaux  en  sont  peuplée.' . 
Déposées  sur  la  surface  du  globe,  leurs  enveloppes 
y forment  deslils  d’une  immense  étendue;  iiscroissent 
daus  les  substances  que  le  mouvement  de  la  putré- 
faction décompose;  ils  vivent  au  sein  même  de  la 
mort,  et  le  monde  nouveau  que  le  microscope  a 
découvert  en  eét  presqu'entièrement  formé. 

Les  fonctions  organiques  dans  cette  classe  d’ani* 
maux,  sont  moins  nombreuses,  mais  elles  ont  une 
énergie  plus  grande  que  dans  les  animaux  des  autres 
classes;  l’irritabilité  y est  dans  son  plus  grand  degré 
de  force,  et  les  individus  s’y  multiplient  avec  une 
étonnante  fécondité* 

* 

laire  et  musculaire , ont  une  structure  plus  composée.  Elles 
doivent  être  rapprochées  des  animaux  des  coquilles  bi- 
valves et  univalves , dans  la  grande  famille  des  mollusques, 
dont  elles  offrent  le  Ivpe  organique. 

Parmi  les  meduses  auxquelles  on  suppose  un  estomac  , on 
trouve  le  rhizoslome , dont  M.  Cuvier  a fait  récemment 
connoUre  la  slruclüre  , et  dans  laquelle  il  a trouvé  dés 
bouches  qui  sont  des  racines  dépourvues  d’un  appareil 
quelconque  de  digestion.  M.  Duméril  , qui  s’est  occupé 
spécialement  de  l’Histoire  naturelle  et  de  la  Physiologie  des 
insectes,  a fait  reconnoilre  le  sens  de  l’odorat  et  son  siège 
daus  cette  classe  d’animaux. 


276  SCIENCES  Pli  YSIOL.  ET  MEDICALES. 

L’examen  de  cette  classe  d’animaux  promet  des 
faits  inléressans  au  physiologiste. 

11  est  à présumer  par  un  grand  nombre  de  faits  , 
que  l’on  pourroit  diviser  la  grande  famille  des  vers 
en  4 classes,  la  première  renfermeroit  les  animaux 
homogynes  ou  qui  peuvent  se  reproduire  parla  section 
d’une  de  leurs  parties  , quoiqu’ils  aient  des  ovaires. 
Les  hydres,  les  byphores  de  bruyère  , le  vihrio  paxi- 
life?',  les  ieroe  J et  les  volvox  , les  animaux  microsco- 
piques, etc.  La  seconde  classe,  les  androgynes , qui  ne 
se  reproduisent  que  par  des  œufs  ou  des  germes  avec 
des  organes  de  la  génération  , sans  coït.  ( Les  madré- 
pores , les  scj'lleSj  les  liololuries appartiennent  à cette 
classe.  ) 

La  troisième  renfermeroit  les  hermaphrodites  qui 
ne  peuvent  se  reproduire  sans  coït,  etdont  les  sexes, 
cependant  ne  sont  pas  séparés,  ( les  seiches,  les  lapli- 
sies,  les  limaces  , etc.  ) Enfin  une  quatrième  classe 
seroit  consacrée  aux  Dioïques,  tels  que  les  araphlno- 
mes  de  Pallas,  les  aphrodites,  les  néréides,  etc. 

REMARQUE. 

L’économie  organique  des  animaux  invertébrés 
étant  peu  connue  lorsque  Vicq— d Aicjra  public  son  système 
anatomique,  on  divisoit  encore  ces  animaux  en  deux 
classes  ; savoir  , 1°.  les  insectes  s 2®.  les  vers  : groupe  im- 
mense dans  lequel  étoienl  rapprochées  ou  plulôtconfondues 
et  entassées  des  productions  qui  n’avoient  presque  rien  de 
commun  , que  de  nous  être  inconnues  dans  les  circonstances 
les  plus  importantes  de  leur  structure.  Depuis  celte  é|iO(jue  , 
et  par  suite  des  progrès  dont  rAualomie  comparée  est 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  277 

redevable  au  citoyen  Cuvier,  fi)  on  a mieux  distribué  ce 
nouveau  monde  vital  , que  Ton  a divisé  en  cinq  parties  j 
savoir,  i“.  les  zoophites  j 2“.  les  insectes  ; S®,  les  vers  arti- 
culés ; crustacées^  5°.  les  mollusques. 

Les  mollusques  , dont  la  seiche  sœpia  peut  être  regardée 
comme  le  type  , ont  une  circulation  complète  , des  organes 
de  digestion,  ua  système  nerveux  double  , des  sens  , et  en 
un  iuot  une  organisation  qui  les  rapproche  des  poissons, 
dont  ils  partagent  en  grande  partie  la  liquide  habitation.  (2) 
Les  crustacées  et  les  vers  articulés  (5)  sont  également 
remarquables  par  une  perfection  dans  leur  organisation 
intérieure  , ou  l’on  observe  aussi  une  véritable  circulation. 

Les  insectes  qui  respirent  par  des  trachées,  et  qui  sont 
dépourvus  d’un  appareil  circulatoire,  ont  été  abaissés  de 
plusieurs  degrés  dans  l’éilielle  des  êtres;  l’étendue  des  mou- 
' vcmens  de  ces  animaux  , l’instinct , l’industrie  de  quelques- 
uns  , et  la  grande  expression  de  la  vitalité  , dans  toute  leur 
classe  , la  rétabliront  sans  doute  à sa  première  place;  les 
naturalistes,  que  l’abus  des  divisions  arbitraires  n’a  point 
égares  ne  pouvant  s’accoutumer  à élever  un  ver  de  terre  , 
une  sangsue , un  limaçon , ou  une  huitre  au-dessus  d’une 
abeille  , d’un  papillon  , ou  même  d’une  modeste  fourmi , et 
de  tous  les  autres  insectes  dont  la  société  et  les  travaux 
sont  si  admirables. 

. DES  INSECTES. 

Les  vers  étonnent  par  leur  grande  irritabilité  , et 
par  la  force  de  reproduction  dont  jouit  chacune  de 


( 1 ) Vid.  les  deux  premiers  Mémoires  qu’il  a publiés  sur  cet  im- 
portant sujet , dans  le  Mag,  Encyclop.  et  dans  la  Décade  Philosop. 
(2)  Les  limaces  et  les  huîtres  appartiennent  à cette  classe. 

(5;  L’écrevisse,  les  crabes, la  sangsue  appai  tiennent  à ces  deux  classes . 


I 


^78  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

leurs  parties.  Dans  les  insectes,  nous  avons  à exa- 
miner les  divers  étals  par  lesquels  ils*  passent  avant 
d’arriver  à celui  d’insecte  parfait. 

Dans  le  premier  de  ces  étals  ils  ont  la  mollesse  et 
l’irritabilité  des  vers  auxquels  ils  se  lient  par  ce  pas- 
sage. Dans  le  second  état,  leur  métamorphose  se  pré- 
pare et  s’achève  sous  l’enveloppe  qu’ils  vont  quitter  ; 
et  dans  le  troisième,  l’insecte  ailé  vole,  se  reproduit 
et  meurt.  Chacun  de  ces  états  donne  aux  fonctions 
qui  lui  sont  propres  une  intensité  particulière;  dans 
la  larve  ce  sont  les  mâchoires , l’estomac  et  les  intes- 
tins qui  fixent  -rattenlion  de  l’observateur  : dans 
l’insecte  parfait  le  système  gastrique  est  presque  nul, 
et  c'est  celui  de  la  génération  quhdomine. 

DES  POISSONS. 

■ Les  poissons  ont  des  ouïes  , un  cœur  musculeux  et 
le  sang  rouge  ; ces  parties  les  distinguent  essentiel- 
lement de  tout  le  reste  des  animaux.  Les  vers , à la 
vérité,  ont  des  espèces  d’ouïes  ; mais  dans  les  vers 
les  organes  sont  mous  , très-multiplies , et  leur  mé- 
canisme est  sans  doute  bien  inférieur. 

lies  ouïes  sont,  comme  tout  le  mondele  sait , les  or- 
ganes de  la  respiration  des  poissons.  Elles  leur  servent 
à séparer  l’air  pur  qui  est  contenu  dans  l’eau.  Leurcba- 
leur,qui  ne  surpasse  guère  que  d’un  degré  celle  de 
l’élément  qu’ils  habitent  , est  aussi  eu  proportion  do 
la  petite  quantité  d’air  qui  est  contenue  dans  icau; 
car  ou  n’ignore  point  que  les  mêmes  phénomènes  qui 


DISCOURS  SUR  L’xVNATOMIE.  279 

accompagnent  la  combustion  , s observent  dans  le 

mécanisme  de  la  respiration. 

ün  peut  diviser  les  poissons  eu  trois  grandes  classes  ; 
1°.  en  cartilagineux  •,  2“.  en  brancliioslèges  ; 5 . en 
épineux.  Les  muscles  des  pjomiers  ne  sont  point  atta- 
cliés  à des  épines,  mais  à des  cartilages  ; leurs  ouïes, 
plus  étendues  et  plus  multipliées  que  cellesdes  épineux, 
sont  lixées  sur  des  demi-cercles  cartilagineux.  Ils  ne 
l’eçoivent  pas  l’eau  seulement  par  la  gueule,  mais 
aussi  par  des  trous  particuliers,  et  ils  la  rendent  par 
d'autres  ouvertures.  Ils  se  rapprochent  des  reptiles  par 
plus  d’un  caractère. 

Les  épineux  ont  les  ouies  renfermées  dans  une 
seule  cavité  et  attachées  à des  demi-cercles  épineux. 

' Ils  prennent  l’ean  par  la  gueule  et  ils  la  rejettent  p ic 
nnc  ouverture  particulière,  que  ferme  en  partie  un» 
membranesontenuepar  des  rayons  Les  branchiostèges 
tiennent  le  milieu  entre  ceux-ci  et  les  oarlilagiueux. 
Leurs  nageoires  sont  soutenues  par  des  rayons  épineux, 
et  ils  rendent  l’eau  par  une  seule  ouverture;  et  il* 
difl’èrent  essentiellement  des  épineux  , en  ce  qu’ils 
n’ont  point  de  membrane  rayonnée  pour  fermercette 
ouverture. 

La  digestion , dans  les  poissons  , s'opère  de  différentes 
manières.  Les  organes  destinés  à cette  fonction  varient 
beaucoup  , quant  à leur  forme  : aussi  ces  parties  ne 
fournissent -elles  point  les  caractères  de  grandes  di- 
visions ; elles  pourroienl  tout  au  plus  servir  à dis- 
tinguer des  familles,  niais  jamais  de  grands  ordres. 

L’œsophage,  dans  ces  animaux,  est  court  et  sus- 


28o  sciences  physiol.  et  medicales. 

ceptible  d’une  grande  dilatation.  Dans  quelques- una 
il  est  renforcé  par  des  bandes  musculeuses  longitu- 
dinales. Les  poissons  avalent  quelquefois  de  très-gros 
3uorceauXj  et  les  dents  ne  leur  servent  point  à ti’iturer 
les  alimens,  mais  tout  au  plus  à tuer  et  à retenir  leur 
proie.  L’estomac  est  grand , ordinairement  membra- 
neux , et  peu  différent  , quant  à la  forme  , dans  les 
diverses  especes.  Dans  quelques-unes  il  n’est  j à pro— 
qirement  parler,  qu’une  dilatation  du  tube  intestinal. 
Dans  le  muge  et  dans  une  espèce  de  truite  il  est  mus- 
culeux, orbiculaire  , applati  , très -épais,  et  l’essem- 
lilant  au  gésier  des  oiseaux.  Dans  ces  mêmes  espèces, 
l’ouverture  de  la  gueule  est  assez  petite.  Le  tube 
intestinal,  qui  est  très -court  dans  les  autres,  forme 
dans  celles-ci  un  grand  nombre  de  circonvolutions, 
et  sa  substance  est  d’un  tissu  plus  délié. 

Dans  beaucoup  de  poissons,  la  partie  qui  unit  l’es- 
tomac aux  intestins  est  garnie  d’un  grand  nombre 
d’appendices  vermiformes.  On  observe  surtout  ces 
parties  dans  les  saumons,  les  morues,  etc.  Elles  sont 
glanduleuses  et  séparent  sans  doute  une  liqueur  par- 
ticulière nécessaire  à la  digestion.  Le  mésentère  est 
ordinairement  parsemé  de  glandes  ; ce  sont  les  réser- 
voirs de  la  liqueur  qui  passe  dans  les  vaisseaux  lactés, 
lesquels  sont  très- appareils  dans  cette  classe.  Tous 
les  poissons  sont  ovipares,  mais  la  manière  dont  ils 
font  leurs  œufs  ofl’re  des  différences  très-remarquables. 
Tous  les  épineux  les  jettentdans  un  temps  déterminé; 
leurs  ovaires  sont  très -considéraiiles , et  eu  contien- 
nent une  quantité  prodigieuse  : ces  organes  sont  le 


DÎSCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  281 
plus  souvent  au  nombre  de  deux  , très-rarement  au- 
dessous  , et  ils  laissent  échapper  des  œufs  par  un 
canal  plus  ou  moins  court , suivant  les  diQérenle» 
espèces. 

Uans  la  plupart  des  épineux  anguilliformes,  ces 
organes  sont  situés  hors  de  l’enceinte  du  péritoine  , 
disposés  en  grappe  , et  leur  canal  aboutit  dans  le 
cloaque.  L’anguille  , qui  est  conformée  de  celte  ma- 
nière, n’a  aussi  qu’une  seule  çt  même  ouverture  pour 
rendre  les  excrémens  et  les  œufs.  On  retrouve  la 
même  structure  dans  la  lamproye,  et  ce  n’est  pas  le 
seul  caractère  que  les  anguilliformes  aient  de  com- 
mun avec  les  cartilagineux.  Les  organes  internes  de 
la  génération  des  mâles  de  cette  famille  sont  aussi 
Lors  du  péritoine  et  divisés  en  lobules. 

Dans  les  cartilagineux,  comme  les  chiens  de  mer, 
les  œufs  détachés  des  ovaires  tombent  dans  l’utérus, 
et  y éclosent  après  un  certain  temps.  Ce  temps  leur 
est  nécessaire  pour  prendre  leur  accroissement.  Le 
petit  sort  de  l'œuf  sans  en  rompre  l’enveloppe,  et 
il  y lient  encore  par  un  cordon  ombilical,  quoique 
hors  du  corps  de  la  mère.  Celte  manière  de  se  repro- 
duire , analogue  à celle  des  animaux  ovipares  et  vi- 
vipares, semble  prouver  que  le  mécanisme  de  la 
génération  n’est  pas  aussi  difierent  qu’on  le  cx’oit  d’a- 
bord dans  CCS  deux  classes  d’animaux. 

Les  branchiostèges  proprement  dits  , rendent  leurs 
œufs  comme  les  épineux;  mais  dans  quelques-uns 
(les  syngnathes)  les  œufs  restent  collés  sur  la  partie 
exterieui’e  de  1 abdomen , jusqu’à  ce  qu’ils  soient  éclos  ^ 


2Z2  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

ou  bien  comme  dans  le  clieval  marin  qui  est  une  espèce 
de  syngnalhe,  ils  sont  attachés  aux  parois  internes 
de  deux  lèvres  longitudinales  qui  paroissent  au  mo- 
ment de  la  ponte.  Ces  lèvres  sont  formées  par  le 
gonflement  des  légumens  de  la  partie  qui  est  der- 
rière l’anus  5 et  elles  disparoissent  lorsque  tous  les 
oeufs  sont  eclos.  Cette  manière  de  faire  leurs  œufs , 
qui  est  propre  à tous  les  branchiostègesj  que  M. 
Eroussonet  a eu  occasion  d’examiner,  pourroit  bien 
aussi  l’être  à tous  ceux  qui  vivent  dans  les  mers  des 
Indes.  Elle  est  absolument  analogue  à celle  de  plu- 
sieurs grenouilles  j et  la  façon  dont  se  reproduit  la 
grenouille  pipa  est  à-peu-près  la  même. 

Quelques  poissons  s’accouplent  à-peu-près  comme 
les  animaux  à sang  chaud  : d’autres  à la  manière  des 
grenouilles;  d’autres  enfin  se  multiplient  d’une  façon 
particulière  qui  leur  est  propre.  Les  mâles  des  car- 
tilagineux , comme  les  raies,  les  chiens  de  mer, 
ont  deux  pénis  comme  les  serpens.  Les  femelles  ont 
aussi  deux  ouvertures  génitales.  On  pêche  quelquefois 
ces  animaux  accouplés  ; d’ailleurs,  la  fonne  de  leurs 
organes  montre  assez  qu’ils  doivent  rester  long-temps 
en  copulation. 

La  liqueur  séminale  paroît  devoir  passer  lentement 
dans  les  ovaires. 

Nous  ne  croyons  pas  que  la  génération  des  bran- 
chiostèges  s’exécute  par  un  accouplement  réel.  Les 
œufs  déjà  collés  à l’extérieur  du  corps  ne  sont  point 
fécondés,  mais  le  nulle  les  rend  tels  , en  rc|JHndant 
fcur  eux  à plusieurs  reprises  1.1  liqueur  fécondante. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  283 

Peut-être  même  cette  liqueur  sert-elle  encore,  commo 
dans  les  insectes  , à les  coller. 

Le  gros-mollet  ( cycloplerus  lumpus , LiNNÉ  ) a 
au  sternum  une  partie  ronde,  fongueuse,  ressemblant 
en  quelque  sorte  à une  écuelle  , nu  moyen  de  laquelle 
il  s’attache  fortement  aux  rochers.  Des  auteurs  di- 
gnesdefoi  ont  écrit  que  les  deux  sexes  attai  hésrécipro- 
quement  par  ces  parties , procedoient  à lacté  de  la 
génération.  Mais  la  partie  mâle  dans  cette  espèce, 
telle  que  M.  BroussoneL  l’a  observée  dans  le  temps 
du  rut,  n’a  pas  plus  de  deux  ou  trois  lignes  de  lon- 
gueur. Les  ovaires  cependant  ont  quatre  ou  cinq 
pouces  d’étendue,  ('omment  s’imaginerqu’un  accou- 
plement, quelque reitéréqu’il  fut,  pût  suflire  à fccon- 
cler  tous  les  œufs  contenus  dans  des  parties  si  dis- 
pi’oporlionnécs?  Il  est  bien  plus  vraisemblable  que 
le  mâle  jette  son  sperme  sur  les  œufs  , à mesure  qu’ils 
sortent  du  corps  de  la  femelle.  Cette  opération  doit 
être  longue  comme  dans  les  grenouilles  J et  la  nature 
. semble  y avoir  pourvu  en  donnant  à ces  animaux  un 
organe  particulier  qui  joint  les  deux  sexes  elles  em- 
pêche d'ètre  séparés  par  les  vagues  , dans  les  mers 
agitées,  comme  le  sont  celles  du  Nord  où  ils  vivent. 

Dans  la  saison  du  rut,  l’orgasme  vénérien  se  montre 
à 1 extérieur , et  les  parties  mâles  ou  femelles  se 
tuméfient. 

Le  squelette  des  poissons  est  composé  de  cartilages 
ou  d’os.  Les  cartilages  sont  réunis  par  des  ligamens 
très- forts,  et  qui  suppléent  en  quelque  sorte  au  défimt 
de  fermeté  de  ces  parties.  Les  poissons  de  cette  fa>- 


284  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
mille  ont  les  muscles  très- forts;  ils  sont  agiles  et 
capables  d’exécuter  des  mouveinens  combinés.  Les 
épines  J dans  les  autres  poissons  , tiennent  en  quelque 
sor-te  le  milieu  entre  les  os  proprement  dits  et  les 
cartilages:  comme  ceux-^^ci,  elles  peuvent  se  séparer 
jusqu’à  un  certain  point,  en  feuillets,  et  elles  ont  à- 
peu-près  la  dureté  des  premiers.  Les  articulations 
sont  presque  toutes  à facettes , ce  qui  rend  un  bon 
squelette  de  poisson  très- difficile  à , faire.  Quelques 
espèces  de  silures  ont  certains  osarticulés  d’une  ma- 
nière tout-à-fait  particulière;  ce  sont  .deux  cercles 
unis  enlr’eux  , comme  des  chaînons. 

Les  nageoires  tiennent  lieu  de  membres  dans  les 
poissons;  elles  font  l’office  de  bras,  depieds,  de  mains, 
et  leurs  usages  varient  suivant  leurs  diflérentes  posi- 
tions. Celles  de  l’abdomen , presque  toujours  au  nombre 
de  deux , sont  situées  entre  le  bout  du  museau  et 
l’anus;  elles  s’ouvrent  horizontalement  dans  la  plu- 
part, et  ellesservent  à soutenir  l’animal  à une  certaine 
hauteur.  Linné  les  a aussi  très-bien  comparées  à des 
pieds.  Celles  qui  sont  attachées  aux  côtés  de  la  poi- 
trine sont  employées  pour  faire  tourner  tout  le  coips* 
L’aileron  de  la  queue  donne  l’impulsion  ; les  nageoiies 
du  dos  et  de  l’anus  maintiennent  l’équilibre  : elles 
sont  toujours  en  proportion  avec  le  volume  des 
parties  antérieures  de  l’animal.  Elles  servent  encoie 
dans  quelques-uns,  en  offrant  une  plus  grande  sur- 
face vers  les  parties  postérieures , à augmenter  la 
force  d’impulsion. 

• Ce  qui  prouve  que  toutes  ces  puissances  sonlueces- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  i>85 

saîres  aux  mouveinens  des  poissons,  c est  qu  on  ne 
peut  en  supprimer  une  sans  y porter  atteinte  et  sans 
les  ralentir.  Rorelli  a fait  des  expériences  que  j’ai 
répétées  eïi  1772,  et  dont  les  résultats  ne  laissent  aucun 
doute  sur  cette  vérité. 

Dans  cette  classe  d’êtres  vivans,  la  chaleur  dimi' 
mie  parce  qu’il  y a moins  d’air  respiré;  le  nombre 
des  muscles  blancs  augmente;  en  général,  le  sque- 
lel  le  a moins  de  consistance  : il  n’y  a dans  la  colonne 
vertébrale  ni  portion  cervicale,  ni  portion  lombaire  ; 
point  d’extrémités  proprement  dites,  point  de  bassin; 
le  corps  entier  se^réduit  au  tronc,  qui  lui  - même 
n’est  pas  complet.  Le  cœur  n’a  qu’une  cavité;  une 
artère  principale  fait  les  fonctions  de  veine  , et  redr- 
vient  ensuite  artère  ; et  ce  sont  les  organes  de  la 
digestion  et  surtout  ceux  de  la  génération  dans  les 
femelles,  qui  occupent  ici  le  plus  grand  espace;  cette 
grande  classe  d’animaux  est  muette,  parce  qu'elle 
n’a  ni  poumons  ni  larynx;  elle  est  stupide,  parce 
que  le  cerveau  ti-ès-imparfait  n’offre  que  les  tuber- 
cules propres  à l'origine  de  chaque  nei-f:  elle  est 
vivace  , parce  que  le  système  de  la  digestion  domine, 
et  n’est  reprimé  par  aucun  autre  ordre  ^d’appétit. 
Au  l'este  , on  manque  encore  d’observations  sur  les 
habitudes  et  sur  les  mœurs  des  poissons  qu’on  ne 
connoît  que  d’une  manière  très -incomplète. 

DES  SERPENS  ET  DES  QUADRUPEDES 
D V I P A R E S. 

Les  poissons  forment  avec  les  reptiles  une  grande 


I 


286  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

cJasse  cVovipares  à sang  froid  , qui  précède  ou  qui 
suit  la  classe  des  oiseaux,  lesquels  sont  ovipares  et 
ont  le  sang  plus  chaud  ; rapport  qui  les  lie  aux 
célacées  et  aux  quadrupèdes  vivipares. 

Le  mot  repli  le  a paru  vague.  Nous  distinguons 
ici  des  animaux  apodes,  des  bipèdes,  et  des  quadru- 
pèdes ovipares. 

Les  sei  pens  appartiennent  à la  première  section  * 
et  ils  se  lapprocbent  des  congres  et  des  anguilles. 
Lecanneléet  le  scheltopusick  qui  n’ont  que  deux  pieds 
établissent  le  passage  des  serpens  aux  quadrupèdes 
ovipares,  parmi  lesquels  le  clialcide  et  le  seps  ont  les 
quatre  extrémités  si  courtes  qu’on  ne  les  aperçoit 
point  lorsque  l’animal  se  meut , et  que  ce  quadrupède 
ovipare  peut  être  pris  pour  un  serpent. 

L’ordre  suivant  nous  paroît  être  celui  dans  lequel 
on  doit  faire  l’examen  et  la  dissection.de  ces  animaux, 
sur  lesquels  il  l’este  des  reclierclies  intéressantes  àlaiie» 

§.  1". 

APODES  OVIPARES. 

i".  Le  serpent  à sonnettes. 

2”.  La  vipère  commune. 

Le  serpent  à collier. 

à lunettes. 

5".  L'orvet. 

§.  n- 

BIPÈDES  OVIPARES. 

1".  Le  cannelé  , qui  manque  de  pattes  de  derrière. 

Quad.  vvip.par  M.  de  la  Cépède , p.  üi3. 


DISCOURS  SUR  L’A-NATO  \f  lE.  287 

2°  Lescheltopusick,  qui  manque  de  pieds  de  devant. 
P allas  ^ ^nIov.  Comment.  Acad.  Felrop.  l.  ig  ^ 
année  174*5  Cépède , p.  617. 

§.  III. 

QUADRUPÈDES  OVIPARES. 

i“.  Le  clialcide.  Quatre  extrémités  très- petites. 
Le  seps.  Quatre  extrémités  un  peu  plus  éten- 
dues que  celles  du  clialcide. 

2°.  La  salamandre  ; ses  fœtus  5 sa  dépouille. 

Le  lézard  commun. 

5”.  Le  dragon  volant,  il/,  de  la  Cépède^  p.  45o. 

4.°.  Le  caméléon.  PerruulL 
Le  scinque. 

5°.  L'igüane. 

Le  basiric.  M.  de  la  Cépède,  p.  280. 

6".  Le  crocodile. 

7”.  La  tortue  de  mer. 

8”.  La  tortue  de  terre, 

La  serpentine.  Dans  les  eaux  douces. 

La  bourbeuse.  Dans  les  eaux  bourbeuses, 

La  terra  père.  Dans  les  marais. 

9*.  La  grenouille  commune.  Rana. 

10  . La  raine  verte  commune. 

11°.  Le  crapaud  commun.  Bufo. 

Le  pipa,  et  le  développement  de  ses  fœtus. 

Laui  enti  divise  ces  animaux  en  trois  classes  51°.  ani- 
malia  serpenlia  , les  serpens  ; 2®.  gradientia,  les  lé- 
zards 5 5°.  salientia,  les  grenouilles,  etc. 


I 


258  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

DES  OISEAUX. 

A mesure  que  nous  avançons , nous  voyons  le 
nombre  des  viscères  s’accroître;  les  extrémités  se  dé- 
velopper, et  prendre  des  formes  plus  compliquées , en 
même  temps  que  le  sang  acquiert  plus  de  consistance  , 
plus  d’intensité  dans  sa  couleur;  que  les  poumons  de- 
viennent plus  étendus,  et  que,  dans  la  même  propor- 
tion, la  chaleur  animale  augmente. 

Ici  nous  devons  considérer  surtout  les  habitudes, 
les  besoins  et  les  fonctions  propres  aux  différentes 
classes  d’oiseaux. 

Relativement  aux  habitudes  , les  oiseaux  sont 
diurnes  ou  nocturnes;  ils  vivent  sur  la  terre  ou  sur 
les  eaux  ; ils  habitent  les  montagnes  ou  les  plaines , les 
lieux  secs  ou  les  lieux  humides  ; ils  se  nourrissent  de 
chair,  de  poissons,  d’insectes  , de  v'^ers  , de  substances 
végétales,  soit  herbacées  , soit  des  fruits  ou  de  baies  ou 
de  graines.  Quelques-uns  sont  omnivores. 

Les  uns  s’élèvent  dans  les  plus  hautes  régions  de 
l’air  , ils  y respirent  aisément , et  ne  soulfrent  point  du 
froid  qui  y règne;  d’autres  quittent  rarement  la  sui- 
face  de  la  tei're  , ne  s’élèvent , en  volant , qu’à  des  hau- 
teurs médiocres,  et  passent  leur  vie  dans  les  endroits 
fort  bas.  11  y en  a qui , de  ces  mêmes  lieux,  se  portent 
sans  inconvénient  dans  les  pi  us  hautes  régions  de  1 aii. 

La  différence  des  habitudes  en  suppose  une  t res- 
grande  dans  l’organisation.  11  est  donc  convenable  de 
dissécjuer  les  oiseaux  dont  les  habitudes  sont  le  p 
opposées. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  289 

Nous  parcouri’ons , d’après  ces  vues,  les  principales 
fajnilles  de  ces  animaux. 

La  dissection  des  oiseaux  diurnes  et  des  oiseaux  noc* 
tui’nes,  oUrira  des  résultats  l’elatifs  aux  organes  de  la 
.vue  et  à ceux  de  la  digestion. 

Parmi  les  premiers,  les  uns  s’élèvent  à de  grandes 
hauteurs  ; les  autres  planent  à peu  de  distance  de  la 
terre.  La  forme  de  leurs  ailes  considérées  dans  toutes 
leurs  parties  et  les  puissances  qui  les  meuvent  , seront 
comparées  entre  elles , et  il  est  prôbable  qu’on  trou- 
vera aussi  quelques  dillérences  dans  les  organes  pul- 
monaires, entre  des  animaux  qui  i*espirent , tantôt 
un  air  ti'ès- froid  , très  - sec  , très-léger  , et  ceux  qui 
deineurent  plonges  dans  upe  atmosphère  humide  , 
compacte  et  plus  échauflée. 

Sous  ce  double  rapport,  il  sera  utile  de  disséquer 5 
1 . le  faucon,  le  gerfaut,  ou  quelqu’un  des  oiseaux 
qu’on  nomme  en  fauconnerie  de  haut  vol;  2“.  la  buse 
et  la  cresserelle,  qui  sont  des  oiseaux  de  bas  vol;  et  il 
seroit  curieux , relativement  aux  organes  de  la  respi- 
ration , de  comparer  aux  oiseaux  de  haut  vol  le  héron , 
qui  comme  eux  s’élève  à la  plus  grande  hauteur  dans 
les  ails , après  avoir  passé  une  grande  partie  du  jour 
dans  les  lieux  les  plus  bas  et  les  plus  humides. 

Ivelativcment  à l’organe  de  la  vue,  ces  mêmes 
oiseaux  de  haut  vol  seront  mis  en  opposition  avec  les 
oiseaux  de  nuit. 

Ün  disséquera  donc  api’ès  le  gerfaut  et  la  buse: 
1”.  un  liéron  ; 2».  un  hibou  ou  une  chouette.  Les  ré- 
sultats comparés  du  gerfaut  et  du  hibou  seront  relatifs 


290  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

8.UX  or^cincs  de  Is-  vucj  ceux  du  geifaut  et  de  la.  buse 
le  seront  aux  puissances  qui  servent  pour  le  vol.  Les 
résultats  de  l’anatomie  du  gerfaut,  de  la  buse  et  du 
héron,  se  rapporteront  aux  organes  de  la  respiration. 
Le  gerfaut  et  la  buse  se  nourrissant  de  chair  , et  le 
héron  de  poisson  , la  dissection  de  ces  trois  oiseaux 
seroit  encore  intéressante , relativement  aux  oiganes 
de  la  digestion» 

Mais  il  est  quelques- uns  de  ces  oiseaux  qui,  sans 
être  précisément  diurnes  ou  nocturnes  , tiennent  le 
milieu  entre  ces  deux  familles  , et  qui , immobiles  dans 
l’obscurité  absolue  et  pendant  la  clarté  du  jour  , ne 
voient  bien  que  pendant  le  crépuscule.  Tel  est,  dans 
nos  contrées,  le  crapaud  - volant  , ou  tête -chèvre, 
que  M.  de  Montbeillard  nomme  engoulev^ent.  Ce  seroit 
donc  un  cinquième  oiseau  qu’on  ajouteroit  aux  quatre 
que  nous  avons  déjà  nommes. 

Les  lieux  que  les  oiseaux  habitent,  étant  commu- 
nément déterminés  par  la  nature  des  alimens  dont  ils 
se  nourrissent,  sous  ce  rapport,  j’ajouterai  aux  cinq 
oiseaux  précédons,  le  lagopède,  connu  vulgairement 
sous  le  nom  de  perdrix  blanche  , et  quelques-uns  des 
oiseaux  qui  ne  vivent  que  sous  la  zone  torride  de 
l’ancien  ou  du  nouveau  continent;  tel  est  le  hocco  , 
qui  est  peut-être  celui  de  ces  oiseaux  qu’on  peut  se 
procurer  le  plus  facilement.  Cette  espèce  paroît  très- 
sensible  au  fi-tdd  de  nos  climats  , tandis  que  la  tem 
pérature  au  bas  des  montagnes,  dans  le  plus  fort  de 
l’hiver  , est  trop  chaude  pour  les  lagopèdes  qui , api 
être  descendus  l<j  malin  du  sommet  des  moiiU,  pour 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE,  iîgf 

clierclier leur  nourriture,  le  regagnent  promptement 
et  y passent  la  journée  et  la  nuit  dans  des  cavités 
qu’ils  ont  creusées  au  milieu  de  la  neige. 

Les  divers  aliraens  dont  les  oiseaux  se  nourrissent, 
supposent  des  fox’ccs  et  des  organes  digestifs  très- 
variés  j et  comme  il  y a beaucoup  de  dilférence  entre 
les  oiseaux,  dans  la  xnauière  de  se  nourrir,  cette  ma- 
nière de  les  Considérer  exige  aussi  de  notre  part  des 
détails  plus  étendus. 

Nous  avons  déjà  comparé,  relativement  aux  forces 
digestives  , les  carnivores  et  les  piscivores,  représentés 
par  le  gerfaut,  le  hibou  et  le  héron.  J'in  suivant  cette 
même  série  d’observations , nous  trouverons  des  oi- 
.seaux  qui  ne  vivent  que  d’insectes  , plusieurs  qui  ne 
se  nourrissent  que  de  vers,  et  d’autres  qui  vivent  en 
même  temps  de  ces  deux  genres  d’alimens  , et  de  baies 
ou  de  fruits. 

Pannl  les  premiers , nous  choisirons,  pour  huitième 
sujet  à disséquer,  le  pic  qui  ne  vit  que  d’insectes,  et 
dans  lequel  l’observateur  aura  eu  mémo  temps  à 
remarquer  la  conformation  d’un  oiseau  habitué  à grim- 
per, qui  a la  faculté  de  darder  sa  langue  très-loin  hors 
du  bec,  et  de  la  retirer  avec  une  grande  vitesse. 

La  bécace , que  je  plaçerai  au  neuvième  rang,  ne  se 
nourrit  que  de  vers.  On  y remarquera  les  particula- 
rités que  présente  l’organe  de  la  vue  des  oiseaux  qui 
ne  voient  bien  que  pendant  le  crépuscule. 

Le  merle  et  la  grive  , qui  vivent  suivant  les  cir-*' 
constances,  d’insettes  , de  vers  , de  baies  et  de  fruits, 
occuperont  le  dixième  rang. 


292  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Les  pies-grièches  qui  donnent,  pendant  l’été  , la 
chasse  aux  insectes  , et  pendant  l’iiiver , aux  petits  oi- 
seaux, fixeront  ensuite  notre  attention,  et  les  mésanges 
qui  se  nourrissent  le  plus  communément  d’insectes  ^ 
mais  qui  ont  en  même  temps  la  faculté  de  digérer 
l’amande  des  noyaux  ou  des  grains  qu’elles  percent  , 
la  viande  et  la  graisse  dont  elles  sont  surtout  avides, 
ne  devront  pas  être  négligées. 

Après  les  douze  familles  d’oiseaux  déjà  énoncées  , 
nous  considérerons  , relativement  à la  manière  de  se 
nourrir  , les  granivores  , dont  les  uns  avalent  le  grain 
entier,  sans  l’écorcer  ni  le  rompre  ; dont. les  autres 
l’écorcent  avant  de  l’avaler,  tandis  que  d’autres  l’écor- 
cent  et  le  triturent. 

Ces  différens  oiseaux  présenteront  des  caractères 
très -variés  dans  la  forme,  la  force  et  les  puissances 
motrices  du  bec  , dans  les  organes  digestifs  , et  surtout 
dans  ce  premier  organe  de  la  digestion , qu  on  nomme 
le  jabot. 

Les  pigeons  , placés  au  treizième  rang  , offriront 
l’exemple  d’oiseaux  qui  avalent  le  grain  entier  ; ils 
présenteront  en  même  temps  des  ohservalions  à faire 
sur  les  oiseaux  qui  dégorgent  la  nourriture  , pour  ali- 
menter leurs  petits,  et  en  particulier  sur  la  laculté 
que  celte  espèce  a de  faire  passer  l’air  dans  son  jabot 
et  de  l’enfler. 

Le  quatorzième  rang  , ou  celui  des  oiseaux  qui 
avalent  le  grain  ajirès  l’avoir  écorcé,  offre  une  nuance 
que  le  gros  bec  fournit.  • 

La  quinzième  place,  ou  celle  de.s  oiseaux  qui  écor- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  29^ 
cent  et  qui  écrasent  le  grain  avant  de  l’avaler,  pourra 
être  remplie  par  un  grand  nombre  de  petits  oiseaux, 
et  en  particulier  par  le  serin  , le  moineau  , le  char- 
donneret, etc. 

Un  grand  nombi'e  d’oiseaux  granivoi'es  paissent  en 
même  temps  l’herbe  ; mais  il  y en  a qui  en  vivent  uni- 
quement , à défaut  degrain  , dont  d’autres  ne  sauroient 
se  passer  totalement.  La  perdrix  et  l’outarde  ne  vivent 
que  de  la  sommité  des  blés,  quand  la  terre  est  cou- 
verte de  neige  ; je  les  placerai  au  seizième  rang. 

Je  n’ai  point  encore  parlé  des  oiseaux  d’eau.  11  y en 
a de  deux  genres;  ceux  qui  fréquentent  seulement  le 
l’ivage  où  ils  trouvent  leur  nourriture,  et  ceux  qui  mé- 
.rilent  le  nom  d’oiseaux  d’eau,  proprement  dits,  qui 
sont  nageurs,  et  qui  cherchent , ou  une  partie,  ou  la 
totalité  de  leurs  alimens  dans  les  eaux. 

Les  premiers  rentrent , ou  dans  la  classe  des  oiseaux 
qui  vivent  de  poisson  comme  les  hérons,  ou  danscelle 
des  oiseaux  qui  se  nourrissent  d’insectes  ou  de  vers. 

Mais  les  oiseaux  d’eau,  proprement  dits,  méritent 
notre  attention  sous  plusieurs  aspects. 

Ceux  qui  vivent  indifleremment  de  poisson,  degrain 
et  de  plantes,  doivent  être  examinés  , et  je  mettrai, 
par  celle  raison  , au  dix-septième  rang  l’oie  et  le 
canard. 

Je  placerai  au  dix-huitième  la  grèbe  et  le  cormoran 
qui  ne  vivent  que  de  poisson. 

Ces  mêmes  oiseaux  d’eau  sont  en  général  différens 
des  oiseaux  terrestres , par  la  coupe  générale  de  leur 
corps  , et  ils  difîèrent  entre  eux  à plusieurs  égai’ds. 


294  SCIENCES  EHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Leur  slx'uclurfc , comparée  en  général  avec  celle  de» 
oiseaux  de  terre  , est  donc  un  sujet  digne  d’atlenlion. 

Comparés  entre  eux  , parmi  ces  mêmes  oiseaux  , il 
y en  a qui  sont  d’excellens  plongeurs , qui  poursuiv'ent 
leur  proie  sous  l’eau , où  ils  peuvent  rester  assez  long- 
temps. Celle  différence  en  suppose  une  dans  l’orga- 
nisation ; c’est  pourquoi  le  castagneux  , qui  est  un 
excellent  plongeur  , doit  occuper  le  dix -neuvième 
rang  dans  ce  tableau. 

Parmi  les  oiseaux  d’eau  nous  en  trouverons  beau- 
coup qui  peuvent  nager  sur  les  eaux  , et  marcher  à 
terre  pendant  que  d’autres  ne  savent  que  nager  , et 
ne  fout , pour  ainsi  dire  , que  ramper  à terre.  Tels 
sont  les  grèbes,  qui  méritent  d’ètre  mis  a la  vingtièxne 

place. 

Indépendamment  des  différences  que  nous  venons  de 
remarquer  entre  les  divers  oiseaux  , d apres  leurs  habi- 
tudes, il  y en  a qui  méritent  qu’on  les  examine  sous 
d’autres  aspects.  La  première  de  ces  différences  est  la 
faculté  de  chanter  et  la  privation  de  cette  faculté  -,  c est 
pourquoi  je  mets  au  vingt- unième  rang  le  rossignol 
qui  en  est  le  chantre  par  excellence,  en  opposition 
avec  le  moineau  franc  qui  n’a  aucune  sorte  de  chant. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  comparer  l’oiseau  chantant 
à celui  qui  ne  chante  pas  : la  femelle  du  premier  , ou 
privée  absolument  de  la  faculté  qu’a  son  male,  comme 
celle  du  rossignol  5 ou  n’ayant  cette  faculté  qu’iinpar- 
failement,  comme  la  femelle  du  serin  , doit  etre  mise 
en  opposition  surtout  avec  le  male  de  son  espèce. 

La  voix  des  oiseaux  chauluus  n’claut  pas,  pendant 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  295 

toute  l’armée  , la  même,  ou  ces  oiseaux  cessant  de  chan- 
ter dans  une  saison  , ils  doivent  encore  être  comparés  à 
eux  mêmes  en  dili'érens  temps  : ainsi  le  rossignol  doit 
être  examiné  au  mois  de  mai , où  sa  voix  est  dans  toute 
sa  force,  et  au  mois  de  juillet,  où  elle  est  si  cliangée 
cju’elle  n’est  plusreconnoissahle. 

Il  seroit,  sous  un  autre  aspect  très-curieux  de  don- 
ner une  attention  particulière  aux  oiseaux  qui  viennent 
de  revêtir  de  nouvelles  plumes. 

On  les  considérera  encore  dans  la  saison  de  leurs 
amours. 

Tels  sont  eu  général  les  points  de  vue  sous  lesquels 
on  peut  espréer  de  retirer  le  plus  de  lumière  et  de  con- 
jioissance  de  l’anatomie  des  oiseaux  , et  ces  mêtnes  as- 
pects sous  lesquels  nous  les  considérons, n’exigentqu# 
l'anatomie  de  vingt -une  espèces. 

DES  CÜTACÉES  ET  DES  QUADRUPÈDES.  ( 1 ) 

Les  cétacées  sont  de  tous  les  animaux  ceux  qu’on  a 
le  moins  disséqués;  on  sait  qu’ils  n*onl  de  commun  avec 
les  poissons,  que  l’élément  qu’ils  habitent.  Ils  sont  , 
quant  à la  structure  des  viscèi’es , à peu  près  confor- 
més commeles  quadrupèdes.  Une  remarque  curieuse, 
c’est  que  les  grandes  nageoires  de  ces  animaux  cachent 
un  appareil  osseux , semblable  à celui  des  quadrupèdes 
fissipèdes;  on  y trouve  une  omoplate,  un  humérus. 


(i)  Dans  l’état  actuel  des  connoissances , les  cétacées  sont  réunis 
avec  les  (quadrupèdes  , et  l’homme  dans  un  même  ordre , l’ordre  des 
mammifères. 


sgG  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

deux  os  de  l’avant-bras , un  poignet^  et  dans  le  dau- 
phin cinq  doigts.  C’est  ainsi  que  dans  l’éléphant,  le 
pied , qui  forme  une  masse  loui-de  et  pesante  , dissé- 
qué, présentecinq  doigts,  et  un  carpe  analogue  à celui 
de  l’homme.  Le  rhinocéros  et  l’hippopotame  n’en 
diffèrent  que,  parce  qu’en  eux  , le  nombre  des  doigts 
est  moins  grand. 

Il  est  bien  important  de  saisir  toutes  les  occasions 
qui  pourront  se  présenter,  d’examiner  et  de  disséquer 
les  cétacées,  qu’on  divise  en  quatre  geni-es. 

1°.  Les  baleines. 

2".  Les  monodons  narhwaî-raonocéros^ 

3°.  Les  cachalots , phiseter.  L. 

4”.  Les  dauphins,  le  raai'souin. 

Les  quadrupèdes  étant  ceux  de  tous  les  animaux 
qui  ressemblent  le  plus  à l’homme  , ce  sont  ceux 
aussi  qui  ont  mérité  le  plus  d’attention  de  notre  part. 
Un  autre  motif  très- pressant  nous  a déterminés  à 
les  considérer  avec  tout  le  soin  dont  nous  sommes 
capables;  c’est  l’utilité  dont  ils  sont  à l’homme  dans 
ses  travaux.  Le  cheval,  le  bœuf,  la  brebis,  le 
chien,  etc.,  sont  devenus  les  sujets  d’une  médecine 
particulière  , à laquelle  des  établissemens  ont  été  con- 
sacrés. L’anatomie  de  ces  animaux  a dû  lixernos  re- 
gards; elle  a dû  nous  arrêter  plus  long -temps  que 
celle  d’un  grand  nombre  d’animaux  qu’il  est  de  1 in- 
térêt public  de  détruire  plutôt  que  de  les  conserver. 

Il  n’est  aucune  partie  extérieure  des  quadrupèdes  , 
qui  n’ait  été  considérée  comme  devant  servir  à la 


DISCOURS  SUR  L’AN  ATO-MIE.  297 
coTislructîon  des  méthodes  que  les  11a  tur  alla  Les  ont 
imaginées  pour  les  classer.  ( 1 ) 

D E l’iï  O M M E. 

C’est  pour  arriver  à cet  article  que  tous  les  autres 
sont  faits. 

On  ne  connoît  point  deux  espèces  d’hommes,  mais 
plusieurs  v'ariétés  se  font  l'emarquer  dans  cette  espèce. 

M.  Kant  admet  quatre  races  d’hommes  (2}  qui  sont 
l’Européen  septentrional,  l’Américain,  le  Nègre,  et 
l’Indien  olivâtre  d'au  delà  du  Gange. 

Erxleben  en  admet  six;  savoir,  le  nain  du  Nord, 
ou  le  Lapon;  le  Tartare  , vivant  en  Asie  , depuis  lo 
mont  Imaüs  jusqu’aux  cratères  de  la  Laponie  ; l’Asia- 
tique, habitant  au  delà  du  Gange  ; l’Européen,  l’Afri- 
cain et  le  Mexicain. 

Chacune  de  ces  races  a des  caractères  de  couleur  , 
de  forme  et  de  grandeur  qu’il  est  important  de  con- 
sidérer , et  qui  se  trouveront  à leur  place  dans  cet 
ouvrage. 

Feu  M.  Camper  a publié , sur  la  structure  du  crâne 
et  de  la  face  des  divers  habitans  du  globe  , des  re- 
cherches , desquelles  il  résulte  que  la  ligne  féciale  est 
plus  oblique  dans  la  tête  des  nègres  que  dans  celle  des 
Européens. 


(1)  Voyez  pour  les  principaux  résultats  des  travaux  de  Vicq- 
d’Azyr  sur  l’anatomie  des  quadrupèdes,  le  deuuème  Discoius  sur 
l’Anatomie. 

(aj  M-  Blumenbach  admet  aussi  quatre  races  d’hommes. 


298  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

On  trouve  encore  des  remarques  curieuses  sur  ce 
sujet,  dans  l’ouvrage  suivant  , de  M.  Blumenbach  : 
Decas  Craniorum  diversarum  gentium  , iUustrata  ; 
in-4;".  1790.  ( 1 ) 

QUELQUES  RÉFLEXIONS  SUR  LA  NATURE 

ET  SUR  certaines  PROPRIÉTÉS  DES 

CORPS  VIVANS  OU  ORGANIQUES. 

Toujours  l’impaliente  curiosité  de  l’homme  a devan- 
cé robservation  j il  aime  mieux  cherclier  à deviner 
lessecretsde  la  nature,  que  de  s’elfoicer  à les  appro- 
fondir. Les  terres  , les  pierres  , les  métaux  , les  sels  , 
les  plantes,  les  animaux  ont  été  les  sujets  de  mille 
fictions.  On  a compris  enfin  que  le  véritable  savoir 
n’est  fondé  que  sur  l’expérience  et  sur  l’étude. 

1°.  MM.  Pallas  et  Saussure  ont  parcouru  les  mon- 
tagnes ; ils  ont  vu  que  les  plus  élevées  s’appuyent 
sur  le  granit,  et  le  granit  ne  peut  être  rangé  parmi. 


(i)Au  milieu  des  causes  qui  ont  efface  les  tra  ts  originaires, 
et  confondu  les  races  , il  est  très  -difficile  de  reconnoitre  les 
branches  primitives  de  l’c-spèce  humaine.  Cependant,  d’a- 
près les  résultats  fournis  sur  col  important  sujet , par  un 
grand  nombre  de  recherches,  on  peut  aujourd’hui  rapporter 
toutes  les  variétés  de  l’homme  à trois  types  principaux; 
i®.  Tjrpe  enuenssien  1 ou  race  prototype  ; 'Ijrpenion- 
^olique  . ’^Fj'pp.  Afiicnin.  Fnycz^  pour  le  développe- 
ment de  celte  opinion  , l’ouvrage  que  j’ai  publié  sous  le 
titre  à' Histoire  et  d’JJj  giùnc  de  la  Femme.  '1  44®* 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  2g, j 

les  pi'emic^res  productions  du  globe , puisqu’il  est 
composé  de  cristaux  qiïi  n’ont  pu  se  former  et  se 
réuïiir  que  dans  une  longue  suite  de  siècles  et  dans 
une  immense  étendue  d’eau.  Or  , comment  les  corps 
organiques atiroienl-ils  e:^isléà  celteépociue,  puisqu’on 
ii’en  trouve  aucuns  débris  dans  les  vieilles  montagnes? 

Alors  les  eaux  couvi-oient  les  plus  Jiaules  éléva- 
tions de  la  terre  5 de  larges  fleuves  creusoienl  les 
vallons;  les  métaux  s’y  formoientou  s'y  déposoient, 
et  des  substances  qu’oii  peut  regarder  comme  pri- 
mitives, se '^jjlaçoient  par  couclics  sur  leurs  flancs, 
ou  composoient  de  nouvelles  montagnes. 

Enfin,  lesaniinaux  naquirent;  des  familles  Immenses 
cV  coquillages  couvrirent  de  leurs  dépouilles  la  pre- 
mièresuperficiedu  globe  : en  même  temps,  les  premiers 
végétaux,  nourris  dans  une  terre  vierge,  et  entraînés 
par  les  eaux,  s’entassèrent  : des  chocs,  des  fermen- 
lalions  tumultueuses  produisirent  des  ébranlemens 
inattendus , le  volume  des  eaux  diminuant , la  mer 
se  resserra  dans  ses  bassins  , le  feu  des  volcans  s’éteignit 
ou  s’appaisa  ; etla  terre  fut  peuplée  d’animaux  etlivrée 
à l’homme. 

L’obervation  la  plus  attentive  présente  cette  série 
de  faits,  dont  la  succession  n’est  pas  douteuse,  sans 
que  ni  la  durée  , ni  les  époques  , ni  les  circonstances 
diverses  eu  puissent  être  aucunement  déterminées. 

2 . Non-seulement  l’existence  des  corps  organiques 
sur  les  difl'erentes  parties  du  globe  y a imprimé  des 
traces  piofondes  et  durables , mais  elle  a de  j)lus 
influé  sur  latmosphère  et  sur  les  eaux. 


5oo  SCIENCES  PIIYSIOI..  ET  MEDICALES. 

Il  est  dillicile  de  se  refuser  à croire  avec  Bergman 
que  les  eaux  oui  élé  dans  les  anciens  temps  plus 
abondantes  qu’elles  ne  le  sont  aujourd’hui.  Une  grande 
partie  de  ce  fluide  se  décompose  au  sein  de  l’écono- 
mie végétale,  dans  laquelle  le  gaz  inflammable  sert 
à composer  les  huiles,  les  résines  et  la  paille  colo- 
rante, tandis  que  l’air  vital , autre  élément  de  l’eau, 
est  versé  dans  l'atmosphère. 

D’ailleurs,  les  animaux  marins  décomposant  l’eau 
à leur  manière,  forment  la  magnésie  , la  soude  et  la 
craie  , dans  laquelle  ce  fluide  demeure  sous  forme  con- 
crète : l’acide  carbonique  également  formé  dans  la  mer, 
se  concentre  dans  la  chaux  où  il  fixe  aussi  de  feau. 

Remarquons  surtout  que  les  débris  des  animaux; 
terrestres  ajoutent  peu  à la  masse  du  globe;  surtout 
si  on  les  compare  à ces  bancs  calcaires  qui  sont  le 
produit  des  animaux  marins  , destination  impor- 
tante qui  établit  une  différence  essentielle  en  r’eux. 
Considérés  sous  d’autres  rapports,  on  peut  dire  que 
les  animaux  épuiserolent  l’atmosphère  et  qu’ils  la 
conv'erliroient  toute  entièi’e  en  un  acide  carbonicjue, 
si  les  végétaux , en  décomposant  l’eau , ne  répandoient 
pas  le  gazoxigène  en  abondance.  Sans  la  bienfaisante 
activité  de  l’économie  végétale  , la  respiration  des 
animaux  n’auroit  donc  pu  se  faire  , et  pour  celle 
raison,  on  conçoit  que  l’une  de  ces  productions  a du 
précéder  l’autre  dans  l’ordre  des  êtres  dont  notre 
monde  est  formé. 

Sans  les  végétaux,  il  n’y  auroit  pas  non  plus  de 
corps  combustibles. 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  5oi 

Mais  les  animaux  , en  changeant  l’air  vital  en  acide 
carbonique,  absorbent  en  même  temps  la  chaleur  ; 
car  l’acide  formé  par  l’air  vital  atmosphéi  ique  , et 
le  carbone  pulmonaire  est  plus  dense  que  l’air  vital, 
et  contient  par  conséquent  moins  de  calorique:  tel  est 
le  foyer  de  la  chaleur  animale.  C'est  par  l’action 
vivifiante  du  soleil  que  l’équilibre  se  rétablit;  ce  foyer 
intarissable  de  lumière  et  de  feu  répand  l’une  et  l’autre 
à grands  flots.  Les  végétaux  exposés  à ses  rayons 
produisent  de  l’air  pur,  et  la  connoissance  de  celte 
propriété  de  la  végétation,  qui  est  due  à l’influence 
de  la  lumière,  est  une  des  plus  belles  découvertes 
modernes. 

-On  sait  actuellement  que  l'air  vital  est  un  des  élé- 
mensde  l'air  atmosphérique.  On  sait  que  c'est  lui 
qui  entretient  la  vie  de  tout  ce  qui  respire;  qu’il 
donne  à tous  les  corps  animés  la  chaleur  dont  ils 
jouissent  J et  qu'il  sert  à la  combustion  de  tous  ceux 
qui  s’enhamnient. 

Si  on  plonge  des  substances  enflammées  dans  cet  air, 
il  s’en  dégage  une  lumièré  vive,  et  une  chaleur  exces- 
sive : et  cette  propriété  fournit  à la  physique  un  ins-« 
tiument  des  plus  actifs,  pour  exciter  facilement 
un  très-haut  degré  de  chaleur. 

L influence  de  cet  air  sur  la  vie  n’est  pas  moins 
grande  que  sur  la  combustion;  ilia  développe,  il 
lauime  : mais  en  même  temps  il  la  précipite,  et  si 
la  nature  n’en  eût  modéré  la  vitesse,  nous  eussions 
peut-être  joui  d’une  vie  plus  courte,  mais  plus  active, 
et  les  générations  se  seroient  succédées  avec  plus  de 


5o2  sciences  phy siol.  et  medicales. 

rapidité  : une  partie  de  cet  air  sur  trois  parties  de 
l’atmosphère  donne  la  proportion  qui  paroît  conve- 
nir le  plus  a notre  espece. 

N’oublions  pas  que  le  gaz  qui  tempère  l’activité  de 
l’air  vital  dans  la  composition  de  l’atmosphère  , entre 
aussi  comme  partie  essentielle  dans  la  formation  des 
animaux. 

Les  deux  principes  constiluans  de  l’atmosphère 
paroissant  donc  èli’e  les  produits  de  la  végétation  et 
de  l’animalisation,  ils  sont  les  sources  des  acides  et 
des  alkalis,  l’air  vital  contenant  l’oxigène  et  le  gaz 
azotique  , l’alkaligène  ou  azote. 

Il  faut  que  l’acide  carbonique  soit  aussi  d’une  grande 
utilité  dans  la  nature,  car  la  respiration  en  fournit 
avec  abondance,  et  il  disparoît  en  peu  de  temps.  Ne 
sont-ce  pas  les  végétaux  qui  1 absorbent  et  qui  le  décom- 
posent en  y puisant  leur  charbon  ? 

En  somme  , les  etres  se  montrent  partout  en  deux 
états,  l’état  de  combustion  ou  de  vie  qui  en  diffère  peu  , 
et  l’état  salin  ou  de  mort  : c’est  en  passant  de  l’un 
à l’autre  que  se  montrent  toutes  les  nuances  intermé- 
diaires. Dans  ces  deux  états,  et  dans  leur  passage  con- 
siste toute  la  chimie  et  se  concentrenttoutes  les  opéra- 
tions de  la  nature. 

IIJ.  Pline  avoit  divisé  le  Ciel  et  la  Terre  en  zones; 
Buffona  suivi  la  même  idée  , à laquelle  M.  Zimmer- 
mann n donné  tout  le  développement  dont  elle  est 

susceptible;  mais  il  a soigneusement  distingué  le  climat 

physique,  c’est-à-dire  la  température  du  climat  géo- 
graphique que  détermine  la  latitude;  et  celte  dislinc- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  5o5 

tion  éloit  importante  à établir  ; car,  sur  les  diverses 
parties  d’une  montagne  , dont  la  latitude  est  la  même  , 
le  tableau  de  la  végétation  varie  d’une  manière  éton- 
nante. Tournefort  a cueilli,  sur  le  mont  Ararat,  au 
sommet,  les  plantes  de  la  Laponie;  plus  bas  celles  de 
Suède  , plus  bas  encore  celles  de  France;  plus  près 
du  sol,  celles  de  l’Italie,  et  enfin  sur  le  sol  même  , 
Celles  de  l’Arménie,  où  est  situé  ce  mont.  Ainsi,  la 
zone  torride  n’est  pas  physiquement  la  même  dans  les 
deux  continens;  plus  élevée  et  moins  brûlante  dans 
le  Nouveau  - Monde  , elle  nourrit 'des  quadrupèdes  et 
des  oiseaux,  dont  le  corps  est,  en  général ,’ moins  vo- 
lumineux que  sous  la  zone  correspondante  de  l’ancien 
continent.  Cette  terre  étant  plus  humide,  les  reptiles 
et  les  insectes  y sont  plus  gros,  et  ils  se  font  remarquer 
par  de  plus  vives  couleurs. 

Les  productions  des  zones  tempérées  different  beau- 
coup mollis  les  unes  des  autres,  que  celles  des  zones 
torrides  ; l’élan , ou  orignal,  habite  les  zones  tempé- 
rées des  deux  continens.  Le  taureau  ne  diffère,  dans 
le  Nouveau  - Monde  , que  par  une  bosse  qui  est  placée 
sur  le  dos,  et  formée  jiar  un  amas  de  graisse;  ce 
qui  ne  doit  point  surprendre  dans  un  climat  on  la 
terre,  plus  neuve  et  plus  abreuvée , produit  une  nour- 
riture plus  abondante.  Le  cygne  est  le  même  dans 
les  contrées  du  Nord  de  l’Europe,  et  dans  celles  qui 
leur  correspondent  en  Amérique  ; partout  ces  zones 
offrent  physiquement  beaucoup  moins  de  différences 
que  celles  qui  sont  situées  sous  l’équateur. 

Là , le  mouvement  de  rotation  renfle  le  globe  ter- 


5o4  SCIENCES  PHYSIOL.  fîH'  MEDICALES. 

restre  ; sur  les  grandes  élévations  de  l’Asie,  se  trou- 
vent les  divers  animaux  que  l’homme  a rendus  domes- 
tiques , et  dont  il  s’est  principalement  entouré.  Là,  se 
réunissent  toutes  les  qualités  qui  cai’actérisent  la  plus 
ancienne  des  habitations  du  globe  5 de  là  sont  sorties 
les  colonies  noinbi'euses  qui  ont  occupé  d’abord  , soit 
les  plaines  situées  entre  le  Mont  Ural  et  le  Mont  Cau- 
case, d’où  elles  ont  passé  en  Europe;  soit  le  Mont 
Allas  , le  Nord  de  la  Sibérie,  et  les  contrées  septen- 
trionales de  l’Amérique , soit  vers  le  Sud , l’Arabie  et 
les  Indes. 

La  chaleur  et  le  froid  produisent  des  impressions 
analogues  sur  les  plantes  et  sur  les  animaux.  C est 
sur  la  zone  torride  de  l’ancien  continent  que  se  dé\  e~ 
loppent  les  arbres  , les  plus  volumineux,  et  les  fruits 
les  plus  gros.  Sous  les  pôles,  au  contraire,  les  arbres 
qui  jouissent  ailleurs  de  tout  leur  accroissement  ram- 
pent sous  la  forme  de  végétaux  dégrades  et  stériles. 

Tous  les  êtres  vivans  semblent  être  attachés  à une 
ou  plusieurs  forces.  L’homme  seul,  comme  il  peut  se 
nourrir  de  tous  les  aliraens,  peut  vivre  aussi  dans  tous 
les  climats;  il  respire  libi’emeut  à Quilto,  où  le  ba- 
romètre ne  monte  qu’à  vingt  pouces  et  un  quart, 
même  sur  les  Cordelières , ou  le  mercure  ne  s élève 
qu’à  quinze  pouces  neuf  lignes. 

L’échelle  morale  de  riiomme  est  aussi  la  plus 
étendue.  Que  lonl  en  ellet  le  Lapon  et  1 Eskimau , 
dont  les  sens  resserrés  par  le  froid  Iransnietleut  peu 
d’idées;  le  Crétin  , dont  les  organes  sont  malades,  le 
sauvage  , qui  ne  songe  qu’à  ses  besoins  les  plus  gios- 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  3o5 

sîers  : que  sont  de  pareils  hommes  auprès  des  grands 
poêles,  des  grands  orateurs,  auprès  de  ces  grands 
philosoplies  qui  ont  si  bien  compx'is  et  si  bien  peint  la 
nature  ? 

Remarquons  qu’il  faut  un  certain  degré  de  froid 
pour  donner  au  corps  humain  tout  le  développement 
dont  il  est  susceptible.  Le  climat  habité  par  les  Pa- 
tagons  est  aussi  froid  que  la  Norwège.  Un  froid  trop 
considérable  arrête  aussi  ce  développement.  Le  do- 
micile des  Eskimaux,  des  Groëlandois  et  des  Lapons 
commence  au  soixante-sixième  degré  de  latitude 
nord. 

En  général , il  est  beaucoup  plus  facile  aux  animaux 
qui  vivent  de  chair  de  s’étendre  et  d’occuper 
un  grand  espace  sur  le  globe,  qu’à  ceux  qui  ne  se 
nourrissent  que  de  végétaux  : ceux-ci  sont  plus  dé- 
licats; mais  en  s’étendant  d’une  zone  à l’autre,  les 
êtres  vivans  éprouvent  toujours  quelque  influence 
qui  les  modifie;  ces  changemens  ne  sont  pas  toutefois 
assez  considérables  pour  qu’il  en  résulte  des  espèces 
nouvelles. 

IV.  Pour  l’homme,  comme  pour  lesautres  animaux, 
trois  causes  principales  de  variétés  existent,  le  climat, 
la  nourriture  et  les  mœurs. 

Tout  annonce  que  la  couleur  dépend  du  climat  ; 
les  poils  sont  plus  ou  moins  blonds  dans  le  nord;  à 
de  grandes  distances,  le  Sénégalois  ressemble  au  Nu- 
bien : dans  le  nord  de  l’Amérique  , on  trouve  des 
espèces  de  Lapons  .,  qui  diSerent  peu  de  ceux  d’Eu- 
rope. Les  Sauv^ages  du  Canada  sont  sous  la  même 
T.  4, 


20 


oV)6  SCIENCES  PElYSIOL.  ET  MEDICALES. 

lalitucle  que  les  Tartai’es  orientaux  : aussi  voit-on 
entr’eux  de  grands  rapports.  Ceux  qui  habitent  les 
sommets  des  Cordilières  sont  presque  blancs.  Enfin  , 
suivant  M.  Bruce , on  trouve  des  hommes  blancs  dans 
l’intérieur  de  l’Afrique  , même  sous  l’équateur 5 c’est 
sur  les  terres  les  plus  basses  que  se  trouvent  les  nègres. 

C’est  sur  les  lieux  les  plus  élevés  que  les  hommes 
vivent  le  plus  long -temps  et  qu’ils  jouissent  de  la  plus  , 
grande  activité. 

V.  Dans  l’espèce  humaine,  la  fécondité  dépend 
en  grande  partie  de  l’abondance  de  substances  alimen- 
taires-, la  disette  mène  à la  stérilité,  et  l’oppression, 
source  de  toutes  les  misères , produit  le  même  fléau, 

VI.  Ceux-là  se  trompent  qui  regardent  la  durée 
de  la  vie  comme  étant  proportionnée  à celle  de  la 
aestation.  Dans  les  animaux  vivipares  qui  n’engen- 
drent qu’un  petit  nombre  de  fœtus  , c est  la  durée 
de  l’accroissement  qui  en  offre  la  mesure  j en  multi- 
pliant celle-ci  par  cinq  ou  par  six,  le  produit  donne 

la  durée  de  la  vie  humaine.  • 

En  général  la  durée  de  la  vie  est  la  même  à peu 
près  pour  les  différens  peuples , quels  que  soient  leurs 
alimens  et  leurs  climats. 

VII.  La  vie  est  composée  de  deux  états  qui  se  com- 
battent sans  cesse, qui  soiitdans  une  lutte  perpétuelle 
entr’eux;  du  sommeil  qui  est  un  état  de  repos  et 
d’inertie  , et  de  la  veille  qui  est  un  étal  d’activite. 
Dans  riiomme,  leur  succession  n’est  presque  jamais 
celle  que  la  nature  indique-,  en  lui  les  affections  mo- 
rales s’exaltent  -,  clics  dérangent  les  mouvemens  de 


DISCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  5o; 

ses  organes,  et  la  plupart  des  maladies  sont  reflet  de 
ces  désordres. 

Vlir.  1j6s  pliilosoplies  ont  distingué  deux  espèces 
d’éducation  : celle  de  l’individu  (jui  est  commune  à 
l’homme  et  ,aux  animaux  , et  celle  de  l'espèce  qui 
n’appartient  qu’à  l’homme. 

C’est  par  les  alimens  que  l’homme  et  les  animaux 
reçoivent  en  grande  partie  l’influence  de  la  terre.  Les 
animaux  sont  plus  soumis  que  l'homme  aux  causes 
physiques;  et  pour  cette  raison,  ils  ont  chacun  Icnr 
contrée  : les  quadrupèdes  sont  surtout  forcés  de  subir 
la  loi  du  climat  ; l’oiseau  s’y  soustrait , et  on  ne  sait 
pas  encore  bien  ce  que  peut  le  climat  sur  les  poissons , 
dont  plusieurs  familles  voyagent  et'  qui  vivent  dans 
un  autre  élément.  Les  cétacées  , les  oiseaux  aquati- 
ques et  les  poissons  sont  les  habitans  les  plus  reculés 
du  globe  ; ils  parviennent  à des  régions  que  sans  doute 
l’homme  ne  pourra  jamais  atteindre. 

IX.  La  grandeur  du  corps  a des  attributs  positifs. 
Le  grand  , dit  un  philosophe  moderne,  (i)  est  aussi 
fixe  dans  la  nature  que  le  petit  y est  variable.  L’élé- 
phant n’a  point  dégénéré;  ils  ne  produit  point  dans 
1 esclavage.  L’éléphant  ,1e  rhinocéi'os  , I hlppopotame, 
et  la  giraffe  ne  se  propagent,  comme  l’homme,  qu’en 
ligne  droite  , sans  aucune  branche  colLlérale  ; ils 
n ont  point  d’analogue,  etlhonime,  dont  le  volume 
est  moins  considérable  , est  moins  isolé  qu’eux. 

X.  Les  animaux  sont  des  foyers  de  desti’uction 


(i)  Buffon,  tome  i, 


5o8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


qu’on  peut  comparer  à le  flamme,  ils  poursuivent 
tout  CB  qui  peut  servir  à leurs  besoins  ou  à leurs  plai- 
sirs ; et  de  tous  les  animaux,  le  plus  deslrucleur  est 
l’homme. 

XI.  On  a calculé  que  les  races  dontcerlainsanimaux 
tirent  leurs  alimens  , périroiènt  par  surabondance  si' 
elles  ne  leur  servoient  jDoint  de  pâture  j il  est  des 
animaux  qui  naissent  pour  que  d’autres  s’en  nour- 
rissent. Les  uns  sont  armés  de  dents  aiguës,  dégriffés 
menaçantes-,  les  autres  sont  sans  défense,  quelques- 
uns  n’opposent  pas  même  la  ruse  à leurs  ennemis, 
qui  les  surpassent , non -seulement  par  la  force,  mais 
encore  par  la  vitesse  et  par  l’industrie.  A quels  ré- 
sultats, en  se  repliant  sur  soi-même,  on  est  conduit 
par  cette  vue,  et  comme  il  y a loin  de  là  aux  conseils 
que  l’homme  éclairé  reçoit  de  sa  raison  ! 

Dans  la  série  des  divers  animaux,  ce  sont , toutes 
choses  égales  d’ailleurs  , les  plus  petits  qui  mangent 
le  plus,  et  ce  sont  eux  aussi  qui  produisent  da- 


vantage. 

XII.  A considérer  l’homme  dans  les  divers  siècles 
et  dans  tous  les  lieux  connus  , on  voit  qu’il  est  fait 
pour  la  société  ; mais  semblable  en  cela  au  castor,  i 
n’est  pas  absolument  contraint  à se  réunir  avec  ses 
semblables-,  il  paroit  le  faire  par  choix;  les  abeille» 
le  font  par  nécessité  : une  seule  abeille  ne  peut  pour- 
voir à sa  subsistance,  et  deux  abbillcs  ne  suffisent  pas 
pour  propager  l’espèce. 

XIII.  Les  carnivores  robustes  , dit  Buffon  , son^ 
solitaires-,  les  carnivores  foible»  marchent  en  troupes. 


V. 


niSCOURS  SUR  L’ANATOMIE.  Sog 

ainsi  font  les  hommes  ; leur  force  croît  dans  des  pro- 
portions immenses  par  leur  réunion. 

XIV.  11  existe  moins  d’espèces  de  plantes  que  d’ani- 
maux : mais  plusieurs  naturalistes  pensent  que  le 
nombre  des  individus  est  plus  grand  dans  ehaque 
espèce  de  plantes  que  dans  chaque  espèce  d’animaux. 

Muschenbi’oeck  estimoit  le  nombre  des  animaux  à 
sept  mille  sept  cent  cinquante.  Erxleben  l’a  porté  à 
vingt-cinq  mille.  M.  Zimmermann  présume  que  ce 
nombre  est  encore  plus  considérable;  ce  qu’il  justifie 
en  observant  qu’il  n’y  a point  de  goutte  d’eau,  point 
de  sable,  point  de  mucosité  qui  n’en  contiennent  un 
grand  nombre  et  d’espèces  difl'érentes.  Quel  foyer  de 
vie  que  la  mer!  c’est  là  où  les  corps  conservent  une 
grande  souplesse,  que  la  nature  prodigue  les  germes 
et  que  les  généi'ations  se  succèdent  avec  une  grande 
rapidité. 

Le  microscope  a découvert  des  milliers  d’animal- 
cules, et  à peine  a-t-il  fait  cou noître  quelques  espèces 
de  végétaux. 

XV.  On  est  bien  loin  de  connoître  toute  la  nature 
vivante , puisque  la  géographie  d’une  grande  partie 
de  la  surface  du  globe  est  encore  ignorée. 

On  assure  que  l’étendue  des  pays  que  les  voyageur* 
,ont  parcourus  est  à ceux  qu’ils  n’ont  point  encore 
atteints , comme  dix  est  à neuf. 

-AVI.  M.  de  Buffon  a dit  que  l’homme  ne  peut 
rien  sur  les  espèces  ; que  son  influence  se  borne  aux 
individus.  Cependant  certaines  races,  presque  toutes 
entières,  sont  subjuguées;  presque  tous  les  individus 


5 10  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

qui  leur  appartiennent  ont  perdu  leur  force,  leur 
courage,  leurs  couleurs,  leurs  formes  même,  et  il  faut 
se  donner  bien  de  la  peine  pour  retrouver  les  origi- 
naux de  certaines  espèces  de  plantes  et  d’animaux 
dont  riiomme  a fait  son  domaine. 

XVII.  Les  mulets,  les  ovipares  sont  féconds:  les 
végétaux,  et  dans  le  règne  animal,  les  oiseaux,  en 
fournissent  des  exemples.  On  sait  que  parmi  les  qua- 
drupèdes, lesmulets  n’engendrent  que  dans  les  climats 
très-chauds  où  cette  espèce  de  reproduction  est  elle- 
mêrae  très-rare.  En  général , la  fécondité  des  ovipares 
' surpasse  beaucoup  celle  des  animaux  qui  mettent 
au  jour  leurs  petits  vivans. 

Le  bardeau  tient  de  la  mère;  et  en  général  , les 
deux  espèces  de  mulets  tiennent  plus  de  la  mèreque 
du  père.  Linné  avoit  dit  que  le  pistil  est  une  exten- 
sion de  la  moelle  de  la  plante. 

L’expérience  a prouvé  qu’en  croisant  les  races , on 
obtient  des  individus  mieux  développés , et  des  mcàles 
en  plus  grand  nombre. 

En  somme,  les  individus  qui  naissent  danimaux 
de  deux  espèces  difiéren tes,  sont  d autant  moins  fé- 
conds, qu’il  y a plus  d’éloignement  entre  les  deux 
souches  dont  la  réunion  lés  a produit. 

XVTII.  On  sait  maintenant  .[u’uri  père  et  une  mère 
tous  les  deux  dépourvus  des  mômes  parties,  n engen- 
drent pas  moins  des  enfans  auxquels  ces  parties  ua 
manquent  point.  Ainsi,  tous  les  systèmes  fondés  sur 
un  certain  tribut  Iburni  par  les  divers  organes  des 
païens,  sont  des  jeux  de  rimagiiialion.  La  repioduc- 


DISCOURS  SUR  L’AN ATÜ MIE. 

lion  de  l’espèce  dépend  donc  d’une  action  qui,  comme 
toutes  les  autres,  appartient  spéciliquemeut  a une  classe 
d’organes.  Mais  quelles  sont  lescauses  principalesde  cet 
étonnant  phénomène  ? C’est  ce  qu’on  Ignore.  Dune 
part,  il  est  connu  que,  dans  les  oiseaux  , le  fœtus 
appartient  à la  mère,  et  que  le  père  ne  fait  que 
modifier  la  surface,  ou  quelques -unes  de  ces  parties. 
D’une  autre  part,  on  n’igjiore  pas  que,  dans  le  i-ègne 
végétal,  un  germe  est  surmonté  d’un  autre  germe  ; 
que  les  boulons  ^>ont  de  petits  arbres:  qu’un  orme, 
par  exemple,  est  formé  de  plusieurs  petits  ormes  ; 
C’est  là,  c’est  dans  ces  extrémités  du  système  vivant 
qu’il  faut  chercher  la  solution  de  ce  grand  problème. 

XIX.  Il  estdesœuls  d’une  certaine  espî-cequi  crois-- 
sent  et  qui  prennent  du  volume  apres  être  sortis  du 
ventre  de  la  mère;  tels  sont  les  œufs  des  poissons,  des 
insectes , des  crustacées  , des  lestacées  *,  ils  tiennent  le 
milieu  entre  les  œuls  proprement  dits  et  leschcn  il  h s,  qui 
sontdesœufs  imparfaits. En  général, ‘ces  œufs  ont  tous 
un  volume  égal  dans  le  ventre  des  femelles. 

XX.  La  durée  delà  vie  des  oiseaux  et  des  poissons 
est  grande.  Ils  engendrent  avant  leur  entier  accrois- 
sement, et  ils  vivent  plus  que  six  ou  sept  fois  le  temps 
qui  y est  destiné.  La  loi  que  nous  avons  rapportée 
plus  haut,  relativement  aux  quadrupèdes,  n’a  donc 
point  d’application  ici. 

Les  oiseaux  deproiesontmoinsfécondsqueles  au  très. 

XXL  Qu’on  ne  se  laisse  point  tromper  surcertai- 
ne.s  espèces  qu’on  regarde  comme  un  passage  d’une 
classe  à une  autre.  Le  polalouche,  par  exemple,. 


5i2  sciences  PllYSlOL.  ET  MEDICALES, etc. 

lie,  dit  - on,  les  quadrupèdes  avec  les  oiseaux;  mais 
si  l’on  en  excepte  les  expansions  membraneuses  qui 
l’essemblent  à des  ailes  , le  polaloucbe  est,  sous  tous 
les  rapports  , un  quadrupède  proprement  dit  ; il 
n’existe  en  lui  aucun  organe  qui  se  rapproche  vrai- 
ment de  ceux  des  oiseaux.  De  même  l’autruche  est 
un  oiseau  dont  les  ailes  sont  très -courtes;  mais  ses 
prétendus  poils  sont  de  vraies  plumes,  son  larynx, 
son  gosier  , ses  intestins,  ses  œufs  sont  absolument, 
et  en  tout  point,  conformés  comme  ceux  des  oiseaux. 
Ce  que  je  dis  ici  de  ces  animaux  peut  s’appliquer  à 
presque  toutes  les  espèces  qu’on  regarde  comme  ser- 
vant de  passage.  Il  n’est  donc  pas  démontré  que  les 
grandes  familles  des  êtres  vivans  finissent  par  nuances 
insensibles  , et  qu’elles  se  confondent  entr’elles  comme 
quelques  naturalistes  l’ont  pensé,  et  comme  d’après 
eux  , des  philosophes  l’ont  écrit. 

XXII.  Celui  qui  se  propose  d’étudier  avec  succès 
l’histoire  naturelle  des  corps  vivans , doit  être  très- 
versé  dans  l’étude  de  la  physique  expérimentale  , de  la 
mécanique  , de  la  chimie,  de  l’anatomie;  il  faut  aussi 
que,  comme  Pline,  il  connoisse  parfaitement  la  géo- 
graphie, sans  quoi  il  ne  sera  que  nomenclateur , et  il 
ne  pourra  tirer  qu’un  petit  nombre  de  résultats  de 
ses  travaux. 

Après  avoir  médité  sur  ces  réflexions , on  lira  peut- 
être  avec  plus  de  fruit  les  divers  articles  dont  cet 
ouvrage  est  composé. 


DEUXIEME  SECTION. 


MÉMOIRES  ET  FRAGMENS 


SUK  l’anatomie, LA  PHYSIOLOGIE  ET  LA  MÉDECINE. 


M ÉMOI  RE 


Sur  les  rapports  qui  se  trouvent  entre  les  usages  et  la  structure 
des  quatre  extrémités  daas  l’houimc  et  dans  les  quadrupèilcs. 

■RAPPOHT  DE  CONDORCET  SUR  CE  MÉMOIRE. 

0 N entend  ordinairement  par  anatomie  comparée 
l’observation  des  rapj>orls  et  les  diflerences  qui 
existent  entre  les  parties  analogues  des  lioninies  et 
^des  animaux.  M.  \icq-dAzyr  donne  ici  un  essai 
dune  autie  espece  d Analonne  comparée,  qui  jus- 
qu’ici a été  peu  cultivée  et  sur  laquelle  ou  ne  trouve 
dans  les  anatomistes  que  quelques  observations  iso- 
lées : c est  1 examen  des  rapports  qu’ont  entre  elles 
les  différentes  parties  d'un  même  individu.  11  com- 
paie  dans  ce  mémoire  les  extrémités  supérieures  de 

1 homme  a ses  extrémités  intérieures  j les  extrémités 
antérieures  de  différeu  tes  espèces  de  quadrupèdes  a 
leurs  exil  émités  postérieures,  llexamiuesous  ce  point 
de  vue,  leurs  os,  leurs  muscles  , leurs  vaisseaux  : 


5i4  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES, 
partout,  il  observe  des  ressemblances  frappantes  et 
des  différences  cjui  en  général  semblent  dépendre 
des  fonctions  différentes  auxquelles  ces  extrémités 
sont  employées.  Ainsi  , la  cuisse , la  jambe  , le  pied 
de  I bomme  ressemblent  au  bras  , à l’avant  - bras  , 


à la  main , en  supposant  que  ces  dernières  parties 
ont  subi  dans  leur  position  et  dans  leur  forme  , 


les  cbangeniens  nécessaires  pour  qu’ds  puissent 
soutenir  le  corps  et  le  transporter  dun  lieu  a un 
autre  ;'de  meme  le  bras  et  la  main  semblent  n etre 
qu’une  jambe  et  un  pied  j mais  altérés  dans  leur 
forme  , et  disposés  de  maniéré  quils  puissent  se 
porter  sur  toutes  les  parties  du  corps , saisir  les 
objets  , exécuter  enfin  tous  les  mouvemens  néces- 
saires à la  défense  de  l’homme  , à sa  nourrituie  , 
aux  travaux  des  dlfferens  arts. 

La  meme  'chose  s’observe  dans  les  animaux  ; la 
ressemblance  est  meme  souvent  plus  parfaite  , parce 
que  les  fonctions  de  ces  parties  sont  moins  diffé- 
rentes. En  général  , et  pour  les  os  surtout , si  on 
place  l’extrémité  supérieure  droite  , en  la  tournant 
<1„  devant  au  derrière  , i côté  de  IVxtrénilté  infé- 
rieure «auchc,  ou  aperçoit  une  analogie  1res  - fiap- 
panle  , et  une  grande  partie  des  différences  d.spa- 
roissent , parce  iptc  ce  renversement  de  1’°»'“°” 
un  des  principaux  changemeus  qu’exige  ‘ ^ ^ 
rencc  des  fonctions.  Ainsi  , dans  cette  uouve 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  5i5 

espèce  d’Anatomie  comparée  , on  observe  , dit 
M.  Vicq-d’Azyr  , comme  dans  l’Anatomie  com- 
parée ordinaire , ces  deux  caracWres  que  la  nature 
paroît  avoir  imprimés  à tous  les  êtres , celui  de  la 
constance  dans  le  type , et  de  la  variété  dans  les 
modifications.  Elle  semble  avoir  forme  ces  diffé- 
rentes esj)èces , et  leurs  parties  correspondantes  , 
sur  un  seul  [)lan  , mais  cpi’elle  sait  modifier  à l’in- 
linl , comme  elle  dlrli'e  tons  les  corps  célestes  par 
une  seule  force  , dont  l’elVet  , variant  avec  leurs 
distances,  produit  toutes  les  apparences  qu’ils  nous 
2)résenteut. 

MËUOIRE. 

On  appelle  du  nom  d'Analoinie  comparée,  celle 
science  qui  oppose  la  structure  de  flioinme  à cello 
des  autres  animaux,  pour  en  apercevoir  les  rapports 
et  les  différences.  C’est  en  superposant  les  objets  , c'est 
en  mesurant  leurs  contours  et  leurs  surfaces,  que  l’on 
peut  en  acquérir  une  parfaite  connoissance.  Quelques 
anatomistes  modernes  se  sont  surtout  livrés  à ce  tra- 
vail , et  l’on  sait  combien  ils  ont  augmenté,  par  ce 
moyen,  les  connoissances  médicinales  et  pbilosophi- 
que.s.  Si  donc  l’Anatomie  comparée  a rendu  des  ser- 
Auces  aussi  importans,  ne  pourvoit -on  pas  eu  instituer 
une  seconde,  qui  ne  s’occuperoit  uniquement  que  des 
lappoits  quont  entr elles  les  parties  du  même  indi- 
vidu? Ces  nouvelles  considéraljüiis  ne  jetteroient-ellcs 
pas  un  plus  grand  jour  sur  les  usages  j sur  le  méca- 


5 1 6 SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

nisme  des  pièces  qui  le  composent  ? Ne  seroil-il  paj 
possible  qu’elles  fissent  apercevoir  des  analogies  sur- 
prenantes? Et  si  les  parties  qui  diffèrent  le  plus  en 
apparence  se  ressembloient  au  fond  , ne  pourroit-on 
pas  en  conclure  avec  plus  de  certitude  qu’il  n’y  a 
qu’un  ensemble,  qu’une  forme  essentielle,  et  que  l’on 
reconnoît  partout  cette  fécondité  de  la  nature  rpiî 
semble  avoir  imprimé  à tous  les  êtres  deux  caractères 
nullement  contradictoires , celui  de  la  constance  dans 
le  type  et  de  la  variété  dans  les  modifications? 

L’Anatomie  offre  plusieurs  exemples  dans  lesquels 
on  les  trouve  de  la  manière  la  plus  frappante  ; mais 
ils  ne  sont  peut-être  nulle  part  aussi  marqués  que 
dans  les  extrémités  de  l’homme  et  des  quadrupèdes 
^ former  les  quatre  extrémités  avec  le  plus  d économie 
' et  de  ressemblance  possible , les  disposer  de  sorte  que 
deux  puissent  se  mouvoir  dans  tous  les  sens  pour  le 
ployer  au  gré  de  nos  besoins  et  de  nos  désirs,  tandis 
que  les  deux  autres , plus  solides  , sont  destinées  à 
la  locomotion  de  l’individu, sans  être  cependant  abso- 
lument incapables  de  remplir  les  fonctions  pour  les- 
quelles les  premiers  ont  été  principalement  formes, 
cl  pour  cela  ne  point  altérer  la  forme  primitive, 
•allonger  seulement  ou  raccourcir  quelques  pièces 
osseuses,  donner  plus  ou  moins  d’étendue  à une 
apophyse  , creuser  plus  ou  moins  certaines  cavités  , 

détacher  cl  transporter  certaines  éminences , allonger 

quelques  muscles , serrer  plus  ou  moins  le  tiss 
quelques  ligamens , ajouter  à la  longueiu  d une 
ou  d’un  nerf,  ôter  quelques  nuances  aux  inouvcmens 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  517 

d'une  articulation , et  ne  se  permettre  ces  légers  chan- 
gemens  que  dans  le  plus  pressant  besoin  , tel  est 
l’énoncé  du  problème  dont  j’ai  cru  voir  la  solution 
dans  la  structure  et  le  mécanisme  des  extrémités , et 
que  j’entreprends  de  développer  dans  ces  Mémoires. 

Pour  le  faire  avec  méthode  , j’ai  choisi  parmi  les 
quadrupèdes  un  de  ceux  qui  sont  les  plus  éloignés 
de  l’homme,  et  un  de  ceux  qui  tiennent  à peu  près 
le  milieu  de  l’espace  intermédiaire  , afin  qu’en  dé- 
montrant la  même  analogie  aux  deux  extrémités  et 
au  milieu  de  la  chaîne  , l’on  puisse  en_  tirer  des  con- 
séquences pour  le  reste  des  individus  dont  le  nombre 
considérable  ofFrlroit  un  champ  trop  vaste  à nos  re- 
éherches.  Le  chat  et  le  chien  , parmi  les  fissipèdes, 
non  claviculés  ; le  bélier  , parmi  les  bisulques;et  le 
cheval,  parmi  les  solipèdes,  nous  fourniront  des  pièces 
de  comparaison.  Nous  aurons  au  reste  peu  de  chose 
à dire  sur  les  animaux  ; celles  des  parties  qui  compo- 
sent leurs  extrémités , et  qui  ont  quelquerapport  avec 
l’homme , conservent  la  même  analogie  ; les  autres 
sont  en  petit  nombre. 

Il  ne  nous  reste  plus  maintenant  qu’à  considérer 
ces  objets  d’une  manière  qui  soit  commode  au  pa- 
rallèle que  nous  nous  proposons  d’en  faire;  cet  ordre 
sera  celui  des  parties  qui  entrent  dans  leur  compo- 
sition. Chaque  extrémité  est  formée  par  des  pièces 
osseuses , par  des  muscles  et  par  des  vaisseaux  : cha- 
cune de  ces  divisions  nous  occupera  séparément,  et 
nous  tâcherons  de  présenter  un  tableau  précis  et  mé- 
thodique des  rapports  qui  se  trouvent  entr’elles.  Mais 


5i8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

auparavant  d’entrer  en  matière, il  est  important  d’ob- 
server que  cette  espèce  d’Anatornie  comparée  peut 
s’étendre  non-seulement  aux  os,  aux  muscles  et  aux 
vaisseaux , mais  encore  aux  viscères  ; ce  n’est  pas  que 
les  anatomistes  gardent  à cet  égard  un  silence  pro- 
fond : il  n’en  est  aucun  qui  n’ait  avancé  quelques-unes 
des  propositions  que  je  me  propose  de  développer 
aujourd’hui  5 mais  leurs  assertions  sont  vagues  5 elles 
ne  sont  point  confirmées  par  les  détails  et  par  les 
comparaisons.  En  un  mot  elles  font  plutôt  désirer, 
qu’elles  ne  donnent  les  preuves  de  l'analogie  qu’elles 
annoncent. 

TAKALLÈLE  DES  OS  QUI  COMPOSENT  LES  EXTRÉMITÉS. 


Presque  tous  les  anatomistes  rangent  l’omoplate 
parmi  les  os  de  l’extrémité  supérieure  , et  presque 
aucun  ne  compte  l’os  des  îles  parmi  ceux  de  l’extré- 
mité inférieure.  Une  analogie  très -marquée  entre  ces 
deux  os,  ne  nous  permet  pas  d’imiter  ces  auteurs,  et 
nous  croyons,  pour  des  raisons  que  nous  exposerons 
plus  bas,  qu’il  faut  les  en  exclure  l’un  el  l’autre,  ou 
les  admettre  tous  les  deux.  Nous  comptons  donc  quatre 
parties  principales  dans  chaque  extrémité^  l’omoplate 
et  l’os  des  îles  , le  fémur  et  l’humérus  , l’avant- 
bras  et  la  jambe , le  pied  et  la  main-,  mais  avant  d en- 
trer dans  aucun  détail , jclons  un  coup  d œil  sur  la 

position  respective  de  ces  dilTérenles  pièces. 

Dans  l’homme  , les  extrémités  sont  paralle  es  a a 
longueur  du  tronc  , et  placées  de  sorte  que  la  paume 


PARALLELE  DE^^EXTREMETES.  519 

de  la  main  est  toarnée  en  dedans,  et  la  plante  du 
pied  en  bas  et  en  arrière  ; la  rotule  se  trouve  à la 
partie  antérieure,  et  l’olécrcàne  est  située  posténeure- 
ment.  Si  nous  supposons  que  la  jambe  et  l’avant-bras 
soient  fléchis,  l’angle  que  l’avant-bras  fait  alors  avec 
l’humérus  est  ouvert  en  devant , celui  de  la  jambe  avec 
le  fémur,  l’est  au  contraire  en  arrière  : les  angles  de 
la  main  avec  l’avant  - bras , et  celui  du  pied  avec  la 
jambe,  sont  encore  en  même  proportion  l’un  avec 
l’autre.  La  position  des  deux  extrémités  est  donc 
inverse  : lorsque  la  pronation  est  très- forte  , la  tète 
de  l’humérus  roule  vers  la  partie  postérieure,  l’omo- 
plate s’élève,  l’olécràne  se  porte  en  devant  et  le  talon 
de  la  main  en  amère  ^ alors  les  extrémités  approchent 
plus  du  parallélisme  ; mais  dans  cet  état  forcé  l’appré- 
hension et  l’exploration  ne  peuvent  plus  se  faire  d’une 
manière  commode  , et  l’humérus  , tourné  trop  en 
arrière,  ne  peut  plus  se  mouvoir  avec  la  même  fa- 
cilité. Il  étoit  donc  essentiel  que  la  paume  de  la  main 
fût  placée  devant  et  en  dedans,  et  non  absolument 
en  arrière  et  eu  bas  : d'un  coté,  si  dans  l'extrémité 
inteiieure  le  talon  eut  ete  tourné  en  devant,  comme 
il  l’est  dans  l'extrémité  supérieure , alors  le  porte  à 
fahx  du  thorax  et  de  la  tète  , et  la  facilité  avec  laquelle 
le  corps  se  ploie  et  tombe  en  devant  , l’auroit  pré- 
cipité à chaque  pas;  il  étoit  donc  nécessaire  que  les 
deux  extrémités  fussent  opposées  dans  leurs  angles. 

Les  observations  que  nous  venons  de  faire  sur  le 
squelette  humain,  se  font  encore  avee  plus  de  faci- 
lité sur  celui  des  quadrupèdes.  L’ai^gle  que  l’omo- 


520  SCIENCES  PHYSIOL.  ET-MEDICALES. 


plate  fait  avec  l’humérus  , est  plus  manifestement 
opposé  à celui  du  fémur  avec  l’os  des  îles.  L’olécrâne 
et  la  rotule  sont  également  opposés  l’un  à l’autre, 
ainsi  que  les  angles  au  sommet  desquels  ces  apophyses 
sont  placées.  La  tête  du  radius  est  en  dehors , comme 
dans  l’homme  ; mais  elle  est  beaucoup  plus  en  devant , 
et  son  extrémité  inférieure , ainsi  que  son  apophyse 
slyloïde,  sont  dans  tous  les  fissipèdes  tournées  en  de- 
vant , en  sorte  que  les  deux  os  se  croisent  ; cette, 
conformation  est  due  à une  pronation  forcée  et  cons- 
tante , qui  augmente  la  surface  sur  laquelle  ils  sont 
appuyés.  11  n’est  donc  pas  étonnant , d’après  les  prin- 
cipes établis  plus  haut  , que  les  brutes  soient  prives 
des  avantages  attachés  à l’appréhension  et  à l’explora- 
tion des  objets.  I/e  pied  et  la  main  , sont  dans  leur 
extrémité  , les  seules  parties  qui  ne  soient  imint  oppo- 
sées; dans  les  singes  , le  radius  n’est  pas  , à beaucoup 
près,  aussi  tourné  en  dedans,  et  plus  nous  avançons 
vers  le  modèle  le  plus  parfait , plus  nous  sentons  les 


avantages  de  celte  opposition  que  nous  avons  remar- 
quée dans  les  angles  des  extrémités. 

Maintenant,  si  nous  détacbons  une  de  ces  extie- 
mités  antérieures  d’un  fissipède  quelconque  , et  que 
nous  la  placions  du  coté  opposé,  de  sorte  que  es 
bords  et  les  faces  de  l’os  des  îles  et  de  1 omoplate 

l’humérus  et  le  fémur  , la  jambe  et  1 avant-  las  soien 

parallèles  , alors  la  main  est  opposée  au  P 
opposition  cesseroit  , si  la  pronalion  cesso.t  el  e^  • 
ll^rpophyse  s, y«e  radiale. ^1^-  - 

le  talon  de  la  maiu  en  arriéré.  Il  suit  ü H 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  Sai 

extrémité  antérieure  répond  et  ressemble  principale- 
ment à la  postérieure  , du  côté  opposé  dans  l’homme; 
vérité  qui,  quoique  paradoxale  en  apparence,  est 
cepeiidant,  comme  nous  le  ferons  voir  plus  bas  sus- 
ceptible de  la  démonstration  la  plus  rigoureuse. 

Ces  principes  , une  fois  établis,  mettent  dans  la  plus 
grande  évidence  ce  qu'il  nous  reste  à dire  sur  l’ana- 
logie des  dilférenles  parties  qui  composent  les  extré- 
^ mités  de  riiomtne  et  des  quadrupèdes. 

OMOPLATE.  — os  DES  ILES. 

i".  L’omoplate  et  l’os  des  îles  , sont  de  tous  les  os  des 
extrémités,  ceux  qui  dilfèrent  le  plus  l’uii  de  l’autre  ; 
mais  cet  te  différence  , qui  frappe  tant  au  premier  coup 
d’œil,  s'évanouit  par  un  examen  sérieux  et  plus  ré- 
fléchi. N est -il  pas  facile  de  voir  que  ces  deux  os  sont 
plats,  que  tous  les  deux  ont  une  face  concave  et  une 
bombée  ; que  tous  les  deux  ont  une  cavité  articu- 
laire , et  que  dans  le  voisinage  de  ces  cavités  se  trou- 
vent deux  apophyses  ? Dans  l’os  des  îles  , elles  sont 
confondues  l’une  avec  l’auti'e  pour  former  le  pubis  et 
le  trou  ovalaire  ; dans  l’omoplate  , elles  sont  réunies 
seulement  par  un  tissu  ligamenteux.  Si  on  place  , 
comme  nous  avons  dit  plus  haut,  une  extrémité  su- 
périeure au  côté  opposé  , de  sorte  que  le  fémur  et 
l’humerus  soient  sur  la  même  dir^ection  , alors  on  ob- 
serve que  la  cavité  articulaire  de  l’omoplate  est  tournée 
en  arrière  et  en  bas  ; que  le  bec  de  corbeau  est  tout-à» 
fait  inférieur,  et  répond  à la  tubérosité  sciatique  ; que 

T.  4 


21 


522  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

la  cote  supéx’ieure  de  l’omoplale  l'épond  à l’échan- 
crure du  même  nom , les  fosses  épineuses  aux  fosses 
iliaques , et  l’espace  compris  entre  les  apophyses  au 
trou  ovalaire.  On  peut  faire  les  mêmes  observations, 
d’une  manière  inverse,  c’est-à-dire,  en  plaçant  un 
os  des  îles  auprès  d’une  omoplate,  du  côté  opposé , de 
telle  sorte  que  l'humérus  et  le  fémur  soient  toujours 
sur  la  même  ligne  j la  largeur  des  omoplates  et  celle 
de  l’os  des  îles  sont  d’ailleurs  toujours  proportion-^ 
nelles.  Dans  les  quadrupèdes,  ces  deux  os  sont  étroitsH 
et  longs  ; dans  l’homme,  au  contraire,  ils  sont  ar- 
rondis et  plus  larges.  C’est  cette  étroitesse  et  cette  lon- 
gueur des  os  des  îles  dans  les  quadrupèdes  , qui  aug- 
mente l’étendue  d’un  diamètre  antérieur  de  leur  bas- 
sin 5 c’est  au  contraire  la  largeur  de  ces  os  , et  leur 
peu  de  longueur  dans  l’homme  , qui  diminuent  les 
dimensions  de  ce  diamèti'e  , et  qui  mettent  tant  de 
différence  dans  la  facilité  avec  laquelle  le  fœtus  fran- 
chit le  détroit  supérieur  dans  l’un  et  dans  l’auti'e.  La 
crêle  qui  sépare  en  deux  la  face  externe  de  l’omo- 
plate , ne  peut  éloigner  l’analogie , non  plus  que  la 
crête  du  sternum  des  oiseaux  n’empêche  qu’il  ne  res- 
semble beaucoup  à celui  des  quadrupèdes.  L’articu- 
lation des  os  des  îles  entr’eux  , et  avec  la  colonne 
épinière  , n’est  pas  non  plus  un  obstacle  ; l’extrémité 
supérieure,  destinée  principalement  à la  facilité  des 
mouvemens,  à l’agilité  et  à la  souplesse  dans  1 homme, 
comme  dans  les  quadrupèdes  , ne  devoit  point  être 
fixée  contre  l’épine.  C’est  pour  cela  que  des  muscles 
font  dans  l’extrémité  supérieure,  ce  que  la  synchou- 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  525 

drose  fait  dans  rinféi’iinire  ; les  côtes  ue  permellent 
pas  non  plus  aux  apopliises  de  se  réunir  eu  devant. 
Dans  quelques  genres  cependaiit,  un  os  intermédiaire 
en  opère  la  réunion  , et  alors  elle  se  fait  par  le  moyen 
de  celles  des  deux  éminences  que  nous  avons  dit  plus 
haut  répondre  au  pubis.  Les  rapports  de  l’omoplate 
avec  l’os  des  îles  sont  donc  réels,  et  l'on  peut  rendre 
une  raison  satisfaisante  des  diflerenccs  qui  se  trouvant 
entre  ces  deux  os. 

FÉMUR. 


2".  Le  fémur  présente  toutes  les  parties  que  l’on  dé- 
jnonti  e oi  diuan  einent  dans  1 liumeriïs  j son  col  est  seu- 
lement plus  alongé  et  ses  tubérosités  plus  saillatites, 
et  plus  exprimées  inférieurement  Les  deux-coudyles 
internes  de  ces  os  font  une  bosse  plus  considérable  en- 
dedanset  en-bas:  la  facette  radialeest  plusantérieure, 
comme  le  condyle  externedu  fémur,  et  la  ressemblance 
seioit  parfaite,  s il  ny  avoit  pas  trois  facettes  dans 
le  ginglime  de  1 avant-bras,  tandis  qu’il  n’y  en  a 
que  deux  dans  celui  de  la  jambe.  La  sinuosité  bicipitale 
manque  encore;  mais  un  ligament  intéi'ieur  fait  la 
fouclion  du  tendon  qu’elle  loge. 

AVANT-BRAS.  — JAMBE. 

5 . L avant-bras  et  la  jambe  se  ressemblent  moins 
que  I humérus  et  le  fémur;  ces  deux  derniers  os  ne 
faisant,  pour  ainsi  dire,  qu’allonger  le  lévier,  leurs 
différences  ne  dévoient  pas  être  considérables  : ou 


321  SCIENCES  PllYSIOL.  ET  MEDICALES. 
devoiL  au  conli-aiie  trouver  dans  l'avant-bras  une 
disposition  favorable  à la  mobilité  la  plus  parfaite  , 
et  dans  la  jambe,  un  point  d’appui  ferme  et  solide, 
qui  pût  résister  aux  chocs  et  transporter , avec 
aisance  et  sûreté  , le  centre  de  gravité  d’un  point 
à un  autre.  11  falloit  donc  faire,  dans  la  structure, 
les  changemnns  relatifs  aux  conditions  que  nous  venons 
d’énoncer  c’est  pour  cela  que  les  deux  os  de  l’avanl- 
bi’as,  à-peu-près  égaux  , roulent  facilement  l’un  sur 
l’autre,  que  quand  l’un  est  un  centre  de  force,  tandis 
que  l’autre  est  un  centre  de  mobilité;  c’est  pour  cela 
enfin  que  la  main  s’articule  avec  ce  dernier  : dans 
l’extrémité  inférieure , la  pronation  et  la  supination 
auroient  été  des  mouvemens  dangereux.  Le  pied, 
pour  être  solide,  devoit  s’articuler  avec  celui  des  deux 
os  qui  l’étoient  davantage;  aussi  s’arlicule-t-il  princi- 
palement avec  le  tibia,  qui  répond  au  cubitus,  et  non 
avec  le  péroné  : ce  dernier  , si  l’on  y réfléchit  bien  , 
ne  peut  avoir  d’autre  usage  que  celui  de  former  une 
malléole  mobile  et  de  rendre  possible,  par  son  obli- 
quité, le  jeu  et  le  glissage  de  son  extrémité  supérieure 
dans  le  choc,  ce  qui  prévient  et  éloigne  les  fractures 
par  un  mécanisme  aussi  beau  qu’il  est  simple.  A ces 
différences  près,  leur  analogie  est  sensible  dans  tous 
les  points  ; on  trouve  dans  la  jambe  les  malléoles  qui 
répondent  aux  apophyses  styloïdes  : la  rolule  , qui 
tient  lieu  d’oiécrâne,  comme  plusieurs  anatomistes 
l’ont  démontré,  et  au-dessus  de  la  rolule,  une 
empreinte  musculaire,  comme  on  en  Irouve  une  au- 
dessous  de  l’olécrâne.  Lorsque  la  jambe  est  fléchie. 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.'  026 


«lie  exécute  un  mouvement  de  l’otalion  qui  tient  lieu 
de  supination  et  de  pronation  , sans  rien  oter  à l'ar- 
ticulation du  pied  avec  les  malléoles.  11  est  donc 
facile  de  voir  que  le  tibia  n’est  qu’un  cubitus  renforcé, 
qui  s’articule  avec  le  pied  , et  qui  exécute  tous  les 
raouvernens  , et  que  le  péroné  l'épond  au  l'adius,  dont 
il  conserve  à peine  quel((ues  usages,  parce  qu’il  im- 
portoit  au  mécanisme  de  l’extrémité  inférieure  de  per- 
dre de  vue  la  mobilité,  pour  ne  songer  qu’à  la  solidité 
des  j^ieds. 

M A 1 K.  — PIE  U. 

4“.  La  main  et  le  pied  se  ressemblent  principa- 
lement dans  le  nombre  et  dans  la  structure  des  doigts 
et  des  03  qui  les  soutiennent:  mais  les  dilférences  sont 
si  marquées  dans  le  carpe  et  dans  le  tarse,  que  l’on 
desespereroit  volontiers  de  pouvoir  rapprocher  ces 
deux  objets.  Si  cependant  on  compte  les  pièces 
qui  les  composent  , on  en  trouve  à-peu-près  un 
égal  nombre  , et  cette  analogie  doit  en  faire  soup- 
çonner de  nouvelles;  mais  auparavant,  il  est  à propos 
de  raisonner  sur  les  usages  auxquels  la  main  et  le 
pied  sont  destinés,  et  sur  les  besoins  auxquels  ces 
deux  pai  fies  doivent  satisfaire.  Pour  que  l’appréhen 
sion  et  1 exploration  se  fissent  commodément,  ilfalloit 
que  le  plan  de  la  main  et  celui  de  l’avant-bras  fussent 
presque  continus,  autrement  le  radius  n’a uroit  pu 
promener  la  main  sur  les  objets  qu’elle  devoit  con- 
noître  ou  saisir;  le  pied  devoit  au  contraire  être 
disposé  de  façon  que  la  partie  postérieure  fût  un  léiver 
commode  pour  les  puissances  musculaires,  et  un  appui 


526  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

siir  pour  la  ruasse  du  corps  qu'elle  soulienl  : il  fallolt 
donc  qu’elle  fût  prolongée.  D’un  autre  côté,  l’articu- 
lalion  du  pied  avec  la  jambe  ne  devoit  se  faire  que 
par  le  moyen  d’un  seul  os,  sans  quoi  elle  n’auroit  pas 
cté  solide.  Enfin,  comme  c’est  la  partie  tibiale  du 
tarse  qui , dans  le  marcher,  se  meut  principalement 
sur  la  portion  métatarsienne,  et  que  c’est  la  partie  la 
plus  mobile,  à laquelle,  dans  presque  toutes  les 
articulations,  la  tète  appartient,  il  fallolt  que  dansle 
tarse,  elle  appartînt  aux  os  de  la  première  rangée-, 
dans  la  main , au  contraire , c’est  la  portion  méta- 
carpienne du  carpe  qui  se  meut  principalement  sur 
la  premièi’e  rangée  , il  falloit  donc  que  la  tête  appar- 
tînt à la  seconde  rangée  dans  le  carpe.  D après  ces 

réflexions,  nous  pouvons  rendre  raison  des  difl’érences 
et  dest-apports  qui  se  trouvent  entre  ces  deux  parties. 

Le  grand  os  cunéiforme  s’articule  avec  les  deux 
premiers  os  du  métatarse,  et  avec  le  scapliojde  et 
'les  deux  premiers  os  du  métacarpe.  Le  trapezoïde 
tient  le  milieu  entre  le  trapèze  et  le  grand  os  qui  , 
tous  deux  le  surpassent  en  grandeur,  comme  le  second 
»jt  le  troisième  du  métacarpe  dans  la  main.  I^c  cu- 
boïde ressemble  en  tout  à runcifonne  ; comme 
lui,  il  soutient  deux  os  , par  la  face  antérieure; 
il  a un  tubercule  inférieurement,  comme  lin  il  est 
incliné  cl  approche  de  la  forme  triangulaire.  Le  sca- 
phoïde, dans  le  pied  comme  dans  la  main,  soutient 
les  trois  pi'emicrs  os  de  la  seconde  langec  , mais 
position  est  inverse,  pour  les  l'aisons  que  nous  avons 
exposées  plus  haut. 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  027 

L’astragal  ressemble  au  sémi  - lunaire  , auquel  ou 
auroit  ajouté  la  tête  du  grand  os.  Dans  celte  suppo- 
sition ^ on  y relrouveroit  les  faces  articulaires,  laté- 
rales et  supérieures,  le  bord  ti’anchant,  la  face  concave, 
et  la  tête  articulaire  , qui  auroit  été  transposée;  enfin  , 
le  calcanéum  est,  comme  le  triangulaire,  placé  en 
dehors, et  s'articule  avec  le  cuboïde,  qui  répond  àl’un- 
ciforme,  et  le  gros  tubercule  du  talon  répond  à l’os 
pisiforme  que  l’ou  supposeroit  soudé  avec  la  pointe 
du  triangulaire.  Les  principales  différences  que  l’on 
observe  , consistent  donc  dans  la  forme  du  calcauéum  , 
dans  la  -position  inverse  du  scaphoïde  , et  dans  la 
t^nsposition  de  la  tète  articulaire,  qui,  dans  l’ex- 
-Irémilé  supérieure,  tient  au  troisième  os  de  la  pre- 
mière rangée , tandis  que  , dans  l’inférieure  , elle  lient 
an  second  os  de  la  première  ; dans  la  plante  du  pied  , 
on  trouve,  comme  dans  la  paume  de  la  main,  les 
éniinences  qui  reçoivent  les  insertions  des  muscles. 
Le  crochet  de  l’unciforme,  répond  à la  tubérosité 
du  cuboïde,  l’os  pisiforme  au  calcanéum,  la  base  du 
premier  cunéiforme  à l’éminence  du  trapèze,  et  la 
petite  tubérosité  du  scaphoïde  à celle  de  l’os  qui  porte 
le  même  nom.  L’analogie  est  donc  complète  et  s’é- 
tend plus  loin  que  l’on  ne  s’y  seroit  attendu,  d’après 
la  première  inspection  des  pièces. 

M É T A C A R 1>  E. — M ÉT  A TARSE, 
DOIGTS. 

Les  rapports  du  métacarpe  et  du  métatarse  , et 
des  doigts  les  uns  avec  les  autres,  sont  si  sen^ib-les  , 


5a8  SCIENCES  PtI,YSIOL.  ET  xVTEDIGALES. 

qu’il  ne  faut  que  les  indiquer.  11  suffira  d’observer  que 
si  la  face  articulaire  antérieure  du  premier  cunéiforme 
étoit  plus  sur  le  côté  et  en-dedans  , que  si  le  premier 
os  du  métarcarpe  étoit  détaché  et  plus  mobile,  et 
les  phalanges  plus  allongées  , ces  deux  organes 
seroient  les  mêmes  en  tout  point. 

Les  parlies'osseuses  qui  composent  les  extrémités 
antérieures  et  postérieures  des  quadrupèdes,  n’ont 
pas  moins  de  rapport  entr’elles  que  celles  qui  com- 
posent les  extrémités  supérieures  et  inférieures  dans 
j’horame.  Déjà,  nous  avons  fait  voir  les  rapports  de 
l’os  des  îles  et  de  l’omoplate  dans  les  quadrupèdes; 
nous  avons  aussi  fait  remarquer  ceux  de  l’avant-bras 
des  fissipèdes,  avec  leur  jambe  qui  ressemble  beau- 
coup à celle  de  l’homme.  L’humérus  et  le  fémur  , 
dans  tous  les  quadrupèdes,  sont  tellement  semblables 
qu’il  suffit  de  b s voir  l’un  après  l’autre,  pour  s’en 
convaincre.  Il  ne  nous  reste  donc  pim  qu’à  faim 
connoitre  les  rapports  de  la  jambe  et  de  l’avant-bras, 
du  tarse  et  du  carpe  dans  les  quadrupèdes  à canon 
qui,  comme  M.  IVAubenton  l’a  démontré,  sont  les 
plus  éloignés  de  l’homme.  Dans  ces  derniers,  le  cubitus 
est  le  plus  court  des  os  de  l’avant  - bras  : c'est  un 
véritable  os  styloïde,  terminé  par  une  grosse  apo- 
physe. Le  péroné  ressemble  exactement  à un  os 
styloïde;  l’avant-bras  et  la  jambe  sont  donc  formés 
par  deux  os  très-considérables,  qnisont,  le  radius 
et  le  tibia,  et  par  deux  os  styloï'des,  dont  1 un  a une 

grosse  apophyseque  l’on  ne  remarque  poiutdans  1 autre, 

Pt  qui  paroit  avoir  été  transportée  cn-devaul,  pour 


PARALLELE  DESEXTREMITES.  529 

former  la  rotule.  Le  radius  est  donc  l’os  le  plus  iuipor- 
tantde  l’avant  bras,  puisque, plus  nous  nous  éloignons  de 
l’homme  , plus  nous  voyons  qu’il  augmente,  etqu’enfm 
il  reste  presque  seul  dans  les  solipèdes,  dont  le  cubi- 
tus est  réduit  presqu’à  rien.  liC  tibia  conserve  la 
même  étendue  dans  l’extrémité  postérieure  dont  le 
peione  est  tellement  diminué,  qu’on  en  retrouvera 
à peine  quelques  traces. 

TARSE.  — CARPE. 


lie  tarse  et  le  carpe,  dans  les  solipèdes,  ont  moins 
d analogie  que  dans  l'iiomnir.  Prenons  le  cheval  pour 
•exemple.  Le  calcanéum  et  l’astragal,  mal  à propos 
appelés  os  de  la  poulie,  sont  tellement  conformés, 
quon  ne  peut  leur  trouver  de  ressemblance  aveo 
aucun  os  du  carpe;  mais  le  trapezoïde,  appelé  grand 
os  pai  quelques  uns,  ressemble  beaucoup  aux  deux 
scaphoïdes  du  (arse  ; le  cuboïde,  mal  à propos  appelé 
dillorme , et  le  pyramidal,  semlilen  t être  un  assemblage 
de  petits  os  que,  dans  le  carpe,  on  nomme  trian- 
gulaire et  cunéïlorme,  de  sorte  que  l’on  trouve  toujours 
assez  de  rapports  pour  justifier  notre  proposition; 
d ailleuis,  le  canon,  le  paturon , la  couronne  et  le 
pied  se  lessemlilent  tellement  dans  l’extrémité  pos- 
térieure et  antérieure,  que  les  légères  différences  du 
tarse  et  du  carpe  n’empèchent  point  l’analogie  de  sub- 
sister entr’elles;  il  est  même  essentiel  de  remarquer 
que  le  métacarpe  et  le  métatarse  et  les  doigts  de  l’une 
tit  de  1 autre  extrémité  se  ressemblent  aussi  parfai- 


35o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

lement  dans  les  fissipèdes,  et  que  l’homme  est  celui 
de  tous  les  animaux  dans  lequel  ces  parties  diffèrent  lo 
plus  l’une  de  l’autre  : observation  importante  et  qui 
peut  donner  la  solution  de  plusieurs  problèmes  pro- 
posés depuis  long-temps,  et  résolus  différemment  par 
différens  philosophes. 

PARALLÈLEDES  MUSCLES  QUI  COMPOSENT 

les  extrémités. 


lies  rapports  ne  sont  pas  moins  sensibles  entre  les 
muscles  des  extrémités  , qu’ils  ne  le  sont  entre  les 
pièces  osseuses  qui  les  composent.  On  observe  aussi 
entr’eux  des  différences  , mais  elles  sont  relatives  aux 
usages  parlicQliers  , el  il  est  toujours  possible  <Veu 
rendre  raison;  par  exemple:  l’os  des  îles,  qui  doit 
être  regardé  comme  une  espèce  d’omoplate , n a cepen- 
dant ni  releveur  propre,  ni  trapèze  , ni  grand  den- 
telé. Ces  muscles  auroient  été  de  trop,  puisque  son 
articulation  avec  l’épine  n’empêche  p^s  lesmouveinena 
auxquels  ils  sont  destinés.  Le  quarré  des  lombes  est 
le  seul  qui  puisse  avoir  quelques  rapports  avec  le 
rhomboïde.  Au  moins,  ses  insertions  sont  a-peu-pres 

les  mêmes. 

Il  n’en  est  pas  ainsi  des  muscles  qui  meuvent  le 
fémur  ; ils  ont  de  grands  rapports  avec  ceux  de 
l’humérus:  le  grand  léssier  fait , dans  l’extremite  in  e- 
rieure,  les  fonctions  du  deltoïde  j comme  lui,  il  est 
formé  par  un  grand  nombre  de  muscles  subalternes, 
«omme  lui,  il  s’insère  dans  le  voisinage  des  apophyses 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  55i 


qu’il  recouvre  en  partie  , et  à la  région  postérieure 
de  l’os  des  îles  qui  répond  à la  crête  de  l’omo- 
- plate. 

Le  muscle  iliaque  et  le  psoas  tiennent  la  placedu 
sous- scapulaire , et  leur  tendon  combiné  s’insère  à 
la  petite  t ubérositéqui,  dans  le  fémur,  s’appelle  petit 
trochanter.  Le  moyen  et  le  petit  fessier  sont  situés, 
comme  le  sous  - épineux  ; mais  ils  sont  , principa- 
lement abducteurs , dans  l’exfrcmité  supérieui-e;  au 
conti’aire , les  muscles  et  la  fusse  sous-épineuse  sont 
prim  ipalement  rotateurs;  cette  difl’érence  tient  à ce 
que  1 os  des  îles  doit  être  regardé  comme  une  omo- 
plate inverse , dont  l’apophyse  coracoïde  seroit  tournéo 
ên  bas  et  en  arriéré,  et  avec  laquelle  l’os  luiniérus 
qui  lient  lieu  de  fémur , s’arliculeroit  eu  sens  con- 
traire, et  de  sorte  que  les  deux  tubérosités  fussent 
dirigées  vers  la  fosse  sous- épineuse  qui  répond  à la 
fosse  iliaque  externe;  alors,  les  muscles  qui  s'y  insè- 
rent deviendroient  abducteurs  au  lieu  d’ètre  rotateurs, 
comme  dans  l’épaule,  par  la  raison  des  contraires, 
les  obturateurs  qui  sont  placés  entre  les  apophyses, 
le  quarré  et  les  jumeaux  , qui  tiennent  lieu  du  sur- 
épineux, sont  simples  rotateurs,  quoiqu'ils  soient 
placés  comme  les  courts  releveurs  de  l’huraérus.  Les 
abducteurs  du  fémur  ont  aussi  quelque  rapport  avec 
le  grand  pectoral,  et  le  pectinée  en  a de  très-marqués 
avec  le  petit  pectoral  qui , dans  l’extrémité  inférieure, 
ne  devoit  point  agir  sur  l’os  qui  tient  lieu  d’omo- 
plate, mais  porter  toute  son  action  sur  le  fémur  qu'il 
rapproche  en  se  fléchissant.  Le  muscle  du  fascia  lata 


553  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

tient  aux  aponévroses  tle  la  cuisse  et  du  grand  dorsal, 
dont  il  semble  êti’e  une  continuation. 

Les  mêmes  observations  peuvent  se  faire  sur  les 
muscles  c|ui  meuvent  la  jambe  et  1 avant'bias^  la  Ion* 
gue  tète  du  triceps  s’insère  au-dessous  de  la  cavité 
glénoïdale  de  l’omoplate  , comme  le  droit  antérieur, 
au-dessus  de  la  cavité  articulaii’e  fémorale.  11  faut 
toujours  se  souvenir  que  , d’après  nos  réfléxions  , 
l’épine  inférieure  et  antérieure  de  l’os  des  îles  répond 
à la  tubérosité  qui  est  au-dessus  de  la  cavité  articu- 
laire de  l’omoplate  ; les  deux  vastes  répondent  aux  d eu  x 
anconés  latéraux  ; le  couturier  est  un  muscle  ajouté 
pour  opérer  la  flexion  de  la  jambe,  pour  la  porter 
vers  sa  semblable,  de  sorte  que  toutes  deux  se  croi- 
sent, et  pour  soutenir  avec  force,  dans  la  station  et 
dans  le  marcher  ,1a  masse  du  bassin  qui  porte  à faux 
sur  la  tête  fémorale.  Or,  il  n’est  aucun  de  ces  mou- 
vemens  qui  ne  soient  inutiles  dans  1 extrémité  supé- 
x'ieure. 

Les  muscles  postérieurs  de  la  cuisse , quoique  moins 
nombreux  que  ceux  qui  sont  placés  à la  partie  ante- 
rieure du  bras,  ont  cependant  une  structure  et  des 
usages  analogues.  Le  biceps  se  joint  au  demi-nervcux 
comme  il  le  fait  avec  le  coracobracliial , dans  l’ex- 
trémité supérieure , il  s’insère  à la  tubérosité  qui  lient 
lieu  de  bec  de  coibeau  , et  s’attache  au  péroné  qui 
répond  au  radius.  Le  muscle  qui  répond  au  brachia  , 
a été  dirigé  du  côté  de  l’extension  , dans  l’extrenule 
inférieure -,1e  crural  lui  ressemble  beaucoup.  Nous 
avons  déjà  trouvé  plusieurs  exemples  de  parties  ainsi 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  355 

transposées;  le  demi-membraneux  et  le  droit  interne 
sont  encore  des  muscles  ajoutés  comme  le  couturier; 
la  flexion  et  l’exlensiou  de  la  jambe  dévoient  se  faire 
avec  une  force  bien  plus  considérable  que  celle  de 
l’avant-bras,  dans  lequel  la  pronation  et  la  supi- 
nation importoient  au  moins  autant  que  les  mouve- 
mens  par  lequel  il  se  fléchit  et  s’étend.  Le  petit 
anconé  est  ainsi  transposé  dans  l’extrémité  inférieure, 
au  lieu  de  se  trouver  auprès  de  la  rotule  qui  tient  lieu 
d’ülécrâne  ; il  est  placé  dans  le  pli  du  jarret  où  il 
s'insère  au  condyle  externe,  comme  dans  le  bras:  il 
étoit  nécessaire  danscet  endroit,  pour  faire  , la  jambe 
étant  fléchie,  les  mouvemens  de  rotation  en-dedans, 
qui  répondent  à la  pronalion  ; ceux  qui  se  font  en- 
dehors  et  (pii  répondent  à la  supination,  sont  exé- 
cutes par  le  biceps.  Ce  muscle  est  donc  supinateur 
dans  les  deux  extrémitésjce  qui  établit  encore  entr'elles 
une  nouvelle  analogie. 

Les  muscles  qui  s’insèrent  à la  jambe  et  à l’avant- 
bras,  et  îueuvent  les  doigts,  ont  une  même  structure 

et  mêmes  usages;  ceux  qui  sont  destinés  aux  mou- 
vemensdu  carpeetdu  tarse  offrent  plus  de  différences; 
on  aperçoit  cependant  plusieurs  rapports  entre  le 
cubital  externe  et  le  jambierantérieur,  entre  lespéro- 
nieij  et  les  radiaux  ; et  si  les  insertions  de  leurs 
tendons  ne  sont  pas  les  mêmes , c’est  que , dans  le  pied 
Il  etoit  important  qu’ils  s’étendissent  d’un  bord  à 
1 autre,  afin  que  les  plus  grands  eflbrts  eussent  pour 
eSet  principal  de  faire  bomber  le  pied  et  d’en  rap- 
procher les  pièces.  Le  plantaire  grêle  répond  encore 


5?54  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES, 
au  grêle  palmaire.  Le  solaire  et  les  jumeaux  sont  des 
muscles  ajoutés  pour  l’extension  du  pied,  comme  les 
supinateurs  et  les  pronateurs  le  sont  dans  l’extrémité 
supérieure,  pour  la  facilité  des  mouveraens  que  la 
main  doit  exécuter.  On  trouve  donc  partout  le 
même  modèle  , avec  quelques  transpositions  ou  quel- 
ques additions  qui  ne  font  que  confirmer  l’analogie , 
loin  delà  détruire. 

Les  extrémités  des  solipèdes  et  des  lissipèdes  ont 
un  grand  nombre  de  muscles  qui  sont  les  mêmes  que 
ceux  de  l’homme  : alors  les  mêmes  rapports  subsis- 
tent. Les  muscles  qui  offrent  les  prinripales  diffé- 
rences , se  rencontrent  également  dans  les  quatre 
extrémités:  dans  le  chien  , par  exemple,  les  extenseurs 
de  l’avant-bras  sont  en  plus  grand  nombre  que  dans 
l’homme:  les  extenseurs  de  la  jambe  et  les  muscles 
qui  répondent  au  droit  antérieur  sont  aussi  plus  nom- 
breux; le  biceps  brachial  n’a  qu’une  tête  : de  même, 
le  biceps  fémoral  n’en  a qu’une;  dans  le  cheval, 
le  muscle  que  l’on  appelé  omo  brachial  est  un  coraco- 
brachial  ; celui  que  l’on  appelle  abducteur  de  l’humérus 
est  un  grand  rond  : le  long  et  le  court  néchisseur 
de  l’avant- bras  tiennent  lieu  de  biceps:  le  biceps 
fémoral  elle  grêle  interne l'épondenl  aux  adducteurs 
ou  triceps  cruraux  : la  principale  différence  consiste 
dans  les  extenseurs  de  l’avant-bras,  que  l’on  cora])le 
au  nombre  de  cinq  ; aussi , les  extenseurs  de  la  jambe 
sont-ils  plus  exprimés  et  plus  considérables  propor- 
tionellement  que  dans  l’homme:  les  autres  muscles 
destinés  au  mouvement  du  canon  et  du  pied  sont 


PARALLELE  DES  EXTREMITES.  555 

moins  nombreux  , mais  ils  répondent  tous  à certains 
muscles  de  l’extrémitc  humaine , et  conservent  la 
même  analogie , avec  beaucoup  moins  de  difl'érence. 

parallèle  des  vaisseaux  et  desnerrs 

QUI  entrent  dans  la  composition 

des  extrémités. 

La  distribution  des  vaisseaux  sanguins  et  des  nerfs 
se  fait  aussi  de  1a  même  manière  dans  les  deux  extré- 
mités. L’artère  axillaire  répond  à l’iliaque;  la  mam- 
maire externe  qui  se  distribue  aux  muscles  pectoraux, 
et  les  rameaux  qui  fournissent  au  coraco  - brachial 
et  au  biceps  , répondent  aux  branches  hypogastriques 
qui  passent,  soit  au  -dessous  du  pubis,  soit  par  le 
tiou  obturateur,  pour  se  distribuer  aux  triceps,  à 
la  tete  du  biceps  et  du  demi-nerveux.  La  torachi- 
que  inférieure  se  porte  le  long  de  la  cote  de  l’omo- 
plate, comme  le  rameau  externe  de  l’iliaque  se 
contourne  le  long  de  la  crête  de  l'os  des  îles.  La 
scapulaire  interne  se  distribue  au  sous -scapulaire, 
comme  les  artères  iliaques  , aux  muscles  qui  portent 
le  même  nom  ; la  scapulaire  externe  passe  par  l’échan- 
cruie  de  1 omoplate,  et  l’on  doit  se  souvenir  que  la 
côte  supérieure  répond  à la  région  sciatique  de  l’os 
des  îles  par  l’échancrure  de  laquelle  passe  l’artère  qui 
porte  le  même  nom,  et  leur  distribution  se  fait  aux: 
muscles  analogues.  L’humérale  se  distribue  au  del- 
toïde , comme  la  fessière,  dans  le  muscle  qui  en  tient 
heu.  Enfin,  1 épigastrique  répond  à la  mammaire 


556  SCIENCES  PHYSIOL. ET  MEDICALES. 

interne,  avec  laquelle  elle  s’anostomose  5 ne  seroil-il 
pas  à-propos  de  renlarq\ier  que  ces  rapports  cons- 
tamment observés  dans  les  os,  dans  les  muscles,  et 
dans  les  vaisseaux  des  parties  qui  forment  le  bassin  , 
et  de  celles  qui  sont  placées  sur  le  devant  et  sur  le 
côté  du  thorax  doivent  faire  soupçpnner  entr’ellcs 
une  sympathie  très-grande^  c’est  aussi  ce  que  l’ex- 
périence journalière  confirme.  Si  l’on  poursuit  plus, 
loin  les  ramifications  artérielles  , on  trouve-  des  mus- 
culaires et  des  collatérales  qui  sont  les  mêmes  dans 
les  deux  extrémités.  L’artère  se  comporte  dans  le  pli 
de  la  jambe  comme  dans  celui  du  coude  5 la  péronière 
répond  à la  radiale,  et  les  tibiales  antérieures  et  pos- 
térieures aux  deux  artères  cubitales  et  interosseuses  de 
l’avant  - bras. 

Les  nerfs  qui  accompagnent  les  artères  du  bassin 
et  de  l’omoplate  ont  entv’eux  les  mèmesrapports,  et  il 
seroit  Inutile  de  les  répéter  ; on  y trouve  de  même 
un  rameau  qui  naît  comme  le  diaphragmatique,  et 
que  l’on  connoît  sous  le  nom  d’obturateur  : à l’égard 
des  autres,  il  nous  suffira  d’observer  que  le  médian, 
le  radial  et  le  cubital  naissent  priiicipaleineni  des  der- 
nières paires  cervicales  et  de  la  première  paire  dor- 
sale, comme  le  sciatique  naît  des  derniers  spinaux  ; au 
contraire  , les  cutanés  doivent  leur  naissance  aux 
paires  cervicales  supérieures  , comme  le  crural  doit 
la  sienne  aux  paires  lombaires  , qui  sont  au  - dessus 
des  nerfs  sacrés.  Le  sciatique  semble  donc  tenir  heu 
du  médian,  du  cubital  et  du  radial  ; comme  eux  il 
donne  des  rameaux  à tous  les  doigts  inferieurs-,  le 


PARALLELE  DES  EXTRE\[ITÉS.  % 
sciatique  externe  tient  lieu  du  cubital,  les  nerfs  plan- 
taires internes  et  externes  tiennent  lieu  du  radial  et 
du  médian,  et  le  crural  fournil  les  nerls  musculaires 
et  saphéens  qui  répondent  aux  deux  cutanés  de  1 ’ex- 
tiéraité  supci'ieure  ; au  reste,  dans  l’une  comme  dans 
l’autre,  ils  ont  un  caractère  qui  semble  être  particu- 
lier aux  nerfs  de  l’épine,  et  surtout  à ceux  do  la 
queue  de  cheval;  c’est  qu’ils  sont  longs,  grêles  et 
qu’ilsfont  beaucoup  de  chemin  avant  d’arriver  à leur 
destination. 


Nous  finirons  là  nos  recherches,  que  nous  conve- 
nons être  de  pure  curiosité;  mais  l’Anatomie  éclaire 
le  philosophe,  comme  elle  instruit  la  médecine,  et 
Fou  ne  peut  disconvenir  qu’il  éloit  inléres.sant  decon- 
noitre  jusqu’à  quel  point  la  main,  cet  organe  auquel 
nous  devons  tant  de  connoissances,  peut  ressembler 
au  pied;  c’est  ce  que  nous  avons  lâché  de  faire,  en 
comparant  les  différentes  parties  qui  composent  les 
extrémités,  et  nous  croyons  avoir  rigoureusement 
emontré  la  vérité  de  ce  vieux  adage  qui  dit  que  le 
pied  est  une  seconde  main  ipes  altéra  manus.  ( r ) 


d W Y'""  de  CCS  rapprochemens  que  Vîcq- 

P aine,  dit-il,  une  main  remplace  le  pied  antérieur  des  au- 

.tira 9».  rtlme  sJZZZ 

. M.  suüon  p.rpt.dicul.ire  h.bhuelle  « facile , parce  que  lui 

,;.-aae..eaprl. 

nature,  a.  prévoyautc  Jau.  t.u.  .et  acte.,  lui  a duuaé  d.,,' 


U2 


M É M 0 I P.  E 


Sun.  la  structure  de  l’organe  de  l’ouïe  des  oiseaux  com- 
paré avec  celui  de  l’iiomme  , des  quadrupèdes  , des  rep- 
tiles et  des  poissons. 

J)e  toutes  les  propriétés  particulières  aux  animaux, 
la  sensibilité  est  celle  qui  les  distingue  le  mieux  d’avec 
les  corps  dont  ils  se  rapprochent  le  plus  , tels  que 
les  plantes  ; ceux  dans  lesquels  elle  a le  plus  d in- 
fluence , sont  regardés  comme  les  plus  parfaits  , et 
la  pulpe  nerveuse  qui  en  est  le  siège  , semble  être 
destinée  à établir  une  liaison  constante  entre  les  corps 
auxquels  elle  appartient  et  tout  ce  qui  les  environne. 

C’est  pour  -celte  raison  que  la  description  des  nerfs 
et  celle  des  organes  des  sens  dans  lesquels  ils  se  dis- 
tribuent , ont  toujours  fixé  l’attention  des  physiciens , 


membres  înférîeurs  pour  porter  son  corps  , et  des  membres  supé- 
rieurs pour  disposer  des  objets  qui  l’entourent , et  les  mettre  a sa 
portée.  La  main  surtout  détache  l’homme  des  autres  espèces  d ani- 
maux , et  s’il  a une  si  grande  supériorité  , c’est  que  la  nature  lui  a 

donné  la  main  , nous  dit  Anaxagore. 

rayez  Aristote  , 7//sf.  anim.  Ub.  i , de  partibus  ; Galien  de  usa 

^Depuis  Vicq-d’Azyr,  un  autre  anatomiste,  Falguerollcs  , a 

publié  un  mémoire  sur  le  parallèle  de.s  membres,  sous  le  titre  le 

l),.,ert  de  ExUerrnt.  ^nalofr.  Erlang.  lySS-  M-  Cliauss.er  a tra  té 
le  même  sujet,  avec  une  certaine  étendue  . dans  son  Exposition  de, 
muscles,  .7«y.  On  peut , en  outre  , consulter  le.  Traités  de  Soein- 
merins  et  de  Dumas  , sur  le  même  sujet. 


DE  L’OUIE  DES  OISEAUX.  35y 
mais  il  ne  suffit  pas  de  connoîti’e  leur  développe- 
ment dans  une  classe  d’animaux  ; ce  n’est  qu’en  faisant 
un  tableau  dont  l’anatomie  comparée  peut  seule  ofl'rir 
1 ensemble,  qu’il  est  possible  de  déterminer  leurs 
rapports  et  leur  étendue  respective  dans  le  système 
général  des  corps  organiques. 

Il  est  vrai  que,  pour  obtenir  des  résultats  satis* 
laisans  , on  doit  supposer  un  nombre  prodigieux 
de  conuoissances  acquises  dans  l’anatomie  des  dilfé- 
rcns  animaux;  il  s’en  faut  bien  que  l’on  soit  assez 
avancé  pour  que  l’iiisloire  de  tous  les  sens  puisse  être 
traitée  de  cette  manière. 

. L’organe  de  l’ouïe  est  un  de  ceux  que  l’on  a exa- 
minés avec  le  plus  de  soin,  surtout  dans  l’homme  et 
dans  les  c|uadrupèdes. 

Nous  avons  cru  devoir  placer  ici  une  courte  des- 
cription de  1 oreille  de  l’hoinme  , que  l'on  peut  regai- 
der  comme  le  modèle  le  plus  parfait , et  qui  d’ailleurs 
sera  le  point  central  de  toutes  nos  comparaisons  dans 
ce  Mémoire. 

En  dehors,  une  conque  figurée  commeun  pavillon, 
et  un  conduit  externe,  tortueux  et  oblique , sont  des- 
tinés à transmettre  les  sons  jusqu’à  une  membrane 
élastique  et  tendre  comme  celle  d’un  tambour;  les 
fiémissemens  ébranlent  trois  osselets  que  deux  muscles 
meuvent  et  qui  sont  placés  dans  la  cavité  du  tympan; 
celle-ci  communique  avec  la  bouche  par  un  conduit 
appelé  irowjje  d'Eustache;  avec  la  partie  postérieure 
de  la  tele,  parles  cellules  mastoïdiennes  : et  avec  le 
labyrinthe,  par  deux  ouvertures  appelées  des  uoms 


5io  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

de  fenêtre  ronde  et  ovale-,  un  des  osselets  qui  est  im- 
planté dans  la  dernière  , propage  le  mouvement 
jusqu’au  labyrinthe -,  ses  impressions  y sont  reçues  par 
une  pulpe  nerveuse  qui  se  distribue  dans  trois  con- 
duits ovales  et  demi- circulaires,  et  dans  une  spire 
osseuse  très-élégamment  contournée  , et  que  1 on  a 
comparée  à un  limaçon  : une  humeur  lymphatique 
maintient  la  souplesse  de  celte  pulpe  et  peut  être 
résorbée  dans  l’intérieur  du  crâne  par  deux  conduits 
appelés  acqueducs  de  Cotunni. 

On  sait  que  ces  grosses  masses  vivantes  qui  habi- 
tent les  mers  les  plus  profondes,  et  que  l’on  connoît 
sous  le  nom  de  cétacées  , sont  pourvues  de  l’organe 
de  l’ouïe  : le  poisson  muet  est  sensible  à l’impression 
des  sons  , sans  pouvoir  en  produire  aucun  ; 1 animal 
qui  rampe  , le  froid  reptile,  entend  aussi,  et  la  struc- 
ture de  son  oreille  n’a  point  échappé  cà  la  curiosité 
des  anatomistes.  MM.  GeoEfroy  et  Camper  sont  ceux 
qui  se  sont  le  plus  distingués  dans  ce  genre  de 

recherches,  (i)  ^ ^ 

C’est  pour  compléter  ces  travaux  , que  je  me  suis 
déterminé  à faire  connoître  l’organe  de  l’ouïe  dans  les 

oiseaux  , dans  tous  ses  détails. 

Leur  voix  est  très-étendue , et  dans  un  grand  nom- 
bre d’espèces,  elle  est  très -mélodieuse;  un  double 
larynx  et  une  trachée-artère  très-mobile,  et  quel- 


(0  7’ni  nnsM  ilonné  la  .Icscnptlon  .1.  Vorgan.  J.  l’o«ïe 

ilans  d.ux  mAmoir.,  sur  l’auatomle  de  «.  animaux,  inq.nmca 

purtul  ceux  dütt  dtrau^ers. 


DE  L’OUIE  DES  OISEAUX. 

quefois  même  singullèreraent  recourbée  , eu  sont  les 
instnimeus;  mais  un  animal  qui  produit  une  suite  de 
sons  doit  prendre  quelque  plaisir  à les  entendre  ; la 
mélodie  de  la  voix  suppose  donc  une  grande  perfection 
dans  l’oreille  des  oiseaux. 

Parmi  les  anciens,  Ælien  {Uh.  Il , cap,  12), 
Aristote  ( lib.  IX.  ,cap,  Ô9)et  Pline  en  ont  à peine  en 
quebjue  connoissance  j ils  av'oient  seulement  observé 
que  les  oiseaux  sont  très-sensibles  au  bruit  , quei’édu- 
cation  peut  leur  apprendre  à former  les  sons  les 
plus  agréables  , et  que  cependant  ils  manquent 
d’oreille  externe.  Parmi  les  modernes,  Aldrovande  , 
Peyer  {obs.pag,  45  ),  Uerliam  , (1)  Perrault  et  Urich  , 
ont  parlé  de  l’osselet  que  le  tympan  contient  : il  en 
est  aussi  fait  mention  dans  les  l'ransactions  philoso_ 
piiiques,  n . 199,  et  Haller  l’a  décrit  dans  le  tome  V®. 
de  sa  Physiologie,  page  2i5;  la  trompe  qui  établit 
la  communication  entre  le  tympan  et  la  partie  in- 
terne et  postérieure  du  bec,  est  annoncée  dans  le 
Ji  . iigdes  Iransactions  philosophiques  ; enfin  les 
conduitsdemi-circulaires  ont  été  décrits  par  Perrault, 
qui  en  a mèjue  donné  une  figure  accompagnée  d'une 
explication  Ircs-succincte , par  Schelammer  , et  dans 
les  I ransactions  philosophiques,  n".  29g. 

Mais  quoique  les  parties  les  plus  essentielles  à l’or- 


(1)  Derham  l’a  représenté  dans  la  vingt  - troisième  figare  qui  est 
très-défectueuse;  il  place  un  triangle  sur  l’osselet , et  la  loneue 
branche  n y est  point  exprimée.  Voyez  aussi  Ma,,  anat. planche  t 


542  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

gane  de  l’ouïe  des  oiseaux  soient  connues  , elles  n’ont 
pas  été  décrites  avec  assez  de  soin  : il  y en  a d’ail- 
leurs quelques-unes  dont  on  n’a  fait  aucune  mention  , 
et  nul  auteur  n’en  a présenté  l’ensemble. 

Afin  de  remplir  le  mieux  qu'il  nous  sera  possible 
le  but  que  nous  nous  proposons  dans  ce  mémoire, 
nous  donnerons  d’abord  une  explication  exacte  de  la 
structure  de  cet  organe:  nous  le  comparerons  ensuite 
avec  celui  des  autres  animaux  qui  en  sont  pourvus, 
et  nous  finirons  en  faisant  quelques  réflexions  sur 
la  perception  des  sons  en  général. 

ARTICLE  PREMIER. 

Un  examen  attentif  de  l’organe  de  l’ouïe  des  oi- 
seaux présente  le  conduit  auditif  externe , la  mem- 
brane du  tympan,  le  tympan  lui- même,  l’osselet 
conique  qu’il  renferme,  le  conduit  qui  tient  lieu  de 
trompe  d’Eustaclie,  le  labyrinthe,  les  conduits  demi- 
circulaires,  le  conduit  droit,  le  nerf  auditif  et  les 
ouvertures  internes. 

Dans  la  région  externe , on  aperçoit  le  con- 
duit auditif;  il  est  environné  de  plumes  qui  ont  une 
structure  particulière:  elles  sont  divisées  en  un  grand 
nombre  de  filets  longs , grêles,  égaux  de  chacpie  côté 
et  assez  écartés  les  uns  des  autres,  comme  on  peut 
le  voir  dans  la  figure  7 ; presque  tous  les  oiseaux  ont 

ces  plumes  symétriquement  sur  plusieui s lignes,  elles 

sont  très-élégamment  disposées  dans  le  cotinga  ordi- 
naire , ainsi  que  dans  celui  dont  le  bec  est  surjnonté 


345 


DE  L’OÜIE  DES  OISEAUX. 

par  un  appendice,  dans  l’allouetle  de  Cayenne,  dans 
la  tourterelle  des  bois,  et  même  dans  le  roitelet; 
dans  quelques-uns,  leur  foi-me  est  des  plus  agréables  ; 
l'oiseau -mouche  de  Cayenne  et  roiseau-mouclie  à 
oreilles  en  fournissent  des  exemples;  dans  l’oiseau  de 
Paradis  à gorge  dorée,  décrit  par  M.  Sonnerat,.et 
connu  maintenant  sous  le  nom  de  fîJileL,  elles  sont 
très-longues  et  terminées  par  une  lentille  de  belle 
couleur;  dans  le  grand  et  le  petit  duc,  elles  forment 
une  espèce  de  bouquet;  dans  le  clial-liuant , toutes 
les  plumes  qui  environnent  les  yeux  et  le  bec  ont 
le  même  caractère  ; dans  le  cazoar  et  l'autruclie, 
au  contraire,  les  parties  latérales  de  la  tête  sont  nues 
et  absolument  à découvert. 

Le  conduit  auditif  des  oiseaux  est  ligamenteux  , 
oblique,  arrondi , assez  court,  soutenu  sur  un  bord 
ci'eux  qui  le  l'étrécit,  et  très- mobile;  le  muscle  cio- 
taphyte  adhère  à sa  paroi  antérieure:  deux  petits 
muscles  sont  situés  en  bas  et  en  arrière,  et  parois- 
sent  destinés  à se  mouvoir  et  à redresser  les  plumes 
qui  sont  courbées  sur  son  ouverture. 

2°.  La  membrane  du  tympan,  placée  au  fond  du 
conduit  auditif,  est  tournée  en  devant,  elle  s’insère 
à un  contour  assez  inégal:  sa  forme  est  ovale,  et 
son  volume  est  très-grand  par  rapport  à celui  de 
1 oiseau  ; elle  fait  une  saillie  en  dehors;  on  y trouve 
trois  lames  ; l’interne  et  l’externe  sont  fournies  par 
le  périoste;  la  lame  moyenne  est  très-mince,  trans- 

pai  ente  , imperforée , la 5 représente  la  mem- 
brane du  tympan  en  i,  B. 


5 U SCIENCES  PH YSIOL.  ET  MEDICALES. 


5°.  Le  tympan  offre  une  cavité  qui  est  simplement 
arrondie  dans  quel(|ues  oiseaux,  comme  flans  les  gal- 
linacées;  et  qui,  dans  la  chonetle  et  dans  plusieurs 
autres,  est  divisée  par  une  saillie  Iransveisale  ; ces 
différences  sont  exprimées  dans  la  première  et  dans 
la  troisième  figure'.  J’ai  trouvé  cinq  ou  voitures  princi- 
pales dans  le  tympan,  trois  conduisent  au  tissu  cellu- 
laire osseux:  la  première  est  très  élevée  et  se  dirige 
obliquement  5 la  seconde  est  situeedans  le  tissu  réti- 
culaire du  crâne  ^ la  seconde  est  placée  en  arrière  j 
on  les  volt  en  A ,D,C.  Les  deux  autres  sont  : i°.  celle 
qui  communique  avec  le  labyrinthe  , et  qu  on  appelle 
\a,fenêtre  ovale;  l’orifice  de  la  trompe  d’Eustac  lie  , que 
j’ai  été  surpris  de  trouver  aussi  considérable  ; ces  deux 

ouvertures  sont  représentées  en  D , E. 

4“.  Un  osselet  conique  , appelé  Columella  par 
Srhelammer  , est  placé  dans  le  tympan  ; sa  base  qui 


ressemble  à un  petltparasol,  est  l'ermée  par  une  plaque 
osseuse  arrondie  , qu’une  membrane  assujétit 
dans  l’ouverture  ovale:  le  manche  ou  pétiole,  plus 
étroit  dans  le  milieu  , augmente  un  peu  de  volume 
auprès  de  la  membrane  du  tympan  à laquelle  il  adhéré; 
dans  ce  contact,  on  voit  deux  petites  branches  de 
longueur  inégale  qui  l'ont  un  angle  aigu  avec  le 
manche  de  l’osselet.  Il  m’a  semblé  quelquefois  qu’une 
de  ces  deux  branches  étoil  musculaire  ; la  plus  longue 
ne  se  trouve  pas  dans  tous  les  oiseaux  ; je  1 ai  obser- 
vée constamment  dans  les  gallinacccs:  elle  est  liés 
déliée  , et  elle  se  porte  le  long  de  la  membrane  du 

tambour,  à-peu-près  suivant  la  direction  de  la  trompe 


DE  L’OUTE  DES  OISEAUX.  545 

d’Enstache;  l’autre , plus  courte,  plus  grosse,  et  qui 
se  trouve  clans  tous  les  oiseaux,  s'allaclie  à la  même 
membrane  dont  elle  mesure  la  convexité,  et  elle 
s’insère  auprès  de  l'ouverture  ovale  ; on  les  voit  toutes 
deux  en  J , g"  ^ où  l’osselet  est  représenté  en  D E: 
ce  dernier  est  quelquefois  environné  par  plusieurs 
filets  liganienleiix  très-fins;  on  n’y  observe  rien  de 
plus;  Derliam  a donc  eu  tort  de  le  représenter  connue 
surmonté  par  un  appendice  triangulaire  qui  déborde 
des  (leux  côtés. 

5".  'J’out  l’appareil  de  l’organe  de  l’oine  , dans  les 
oiseaux,  est  entoure  d un  tissu  spongieux  très-étendu  , 
dont  les  cellules  communiquent  entr’elles  d’un  côté 
de  la  tète  à l’autre  et  avec  le  tympan;  la  base  du 
crâne  est  également  creusée  par  des  cavités  rélicu- 
laii  es  qui  s étendent  jusqu’à  la  membrane  supérieure, 
de  sorte  que  les  conduits  demi-circidaires  se  trouvent 
comme  isolés,  et  placés  librement  au  milieu  d'im 
espace  assez  considérable  : ces  ravi  lés  paroissent  en  E,  F. 

6“.  Le  conduit  qui  tient  lieu  de  latrompe  d’Eustache 
est  étroit  et  un  peu  aplaiti;  il  est  placé  en  bas,  et. 
j1  s ouvre  antérieurement  vers  les  deux  petites  faces 
ailiculaires  sur  lesquelles  le  mouvement  de  la  partie 
supérieure  du  bec  s’exécute. 

7°.  La  cavité  du  labyrinthe  est  ronde  et  fort  étroite  ; 
une  pulpe  neivense  très-fine  y est  répandue:  une 
seule  ouverture  communique  avec  le  tympan,  et 
cest  par  le  moyen  de  l’osselet  conique  implanté  dans 
celte  ouverture,  que  la  pulpe  nerveuse  est  ébranlée. 

h\  Les  conduits  demi- circulaires  sont  au  nombre 


316  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

de  trois-, deux  , inégaux  en  grandeur , sont  verticaux  : 
le  troisième  est  horizontal  j le  grand  conduit  vertical 
est  incliné  de  devant  en  arrière:  le  petit  conduit 
perpendiculaire  est  situé  xibliqueinent  de  droite  à 
gauche , et  il  coupe  les  deux  autres  à angle  droit  -,  le 
conduit  demi  - circulaire  horizontal  s’ouvre  par  ses 
deux  extrémités  au  niveau  de  celles  du  grand  con^ 
duit  perpendiculaire.  J’ai  trouvé  dans  plusieurs  oiseaux 

des  renflemens  vers  leurs  orifices,  qui  en  augmentent 

l’étendue  et  la  surface;  on  voit  ces  trois  conduits  dans 
la  fisurei,eües  renflemens  A'ausU  figure  6 , en  H ,C. 
J.  On  aperçoit  à la  partie  interne  du  labyunthe 

un  prolongement  figuré,  comme  une  portion  de  con- 
duit  demi-circulaire  , avec  cette  différence  qu  il  est 
droit;  il  forme  en  bas  et  en  arrière  une  espece  de 
cul-de-sac.  Pérault  le  regardolt  comme  un  limaçon  ; 
mais  outre  qu’il  n’y  a ni  rampe  m cloison  quelcon- 
que,  il  ne  communique  point  immédiatement  avec 
le  tympan  par  une  ouverture  qui  puisse  etre  corn- 
fe’nèt.a  rcule,  de  .or.e  ,u'il  ..'a  aucun  de. 

caraclèrcs  du  coclea  : on  le  voit  on  / e en 
10".  Dan.  la  tégion  interne  et  postérieure  du  erane 
on  trouva  quatre  ou  cinq  ouverture,  remarquable 

plus  grandes  ne  coinniuniquen,  P-- avec  o - 
gane  de  l’ouie  ; deux  plus  petites  donnant  passag 

aux  nerfs  qui  y sont  destinés. 

lia  plus  grande  de  ces  ouverlmc.s  e p ^ . 

milieu  d’une  excavation  étroite 

répond  au  grand  conduit  ‘ , 

plLiercoup  d’ccil  pour  la  conduit  auditll  Intel  n 


DE  L’OUIE  DES  OISEAUX:.  5^7 
mais  elle  ne  contient  qu’un  prolongement  de  la  subs- 
tance cérébrale,  avec  quelques  vaisseaux  qui  m’ont 
paru  sortir  pai‘  son  exti’émité. 

La  seconde  des  ouvertures,  qui  ne  communique  point 
avec  1 Organe  de  l’ouïe,  est  située  en  bas  et  en  arrière. 

Les  nerfs  auditifs  naissent  de  la  moelle  allongée 
pjès  du  cervelet  5 ils  passent  par  des  ouvertures  trés- 
lappiochées  et  fort  étroites,  qui  sont  représentées 
eu  E,  ils  sont  eux-mèines  très-minces;  un  des  deux 
est  plus  gros  et  fait  un  trajet  plus  considérable. 

J ai  cru  que  je  rendrois  mon  travail  plus  complet 
en  recherchant  la  structure  de  l’organe  de  l’ouïe  dans 
l’autruche,  qui,  comme  l’on  sait,  est  un  oiseau  très- 
pesant  et  pour  ainsi  dire  attaché  à la  surface  de  la 
terre;  et  dans  la  chauve-souris,  animal  dont  la  forme 
bizarre  semble  réunir  les  caractères  des  quadrupèdes 
avec  ceux  des  oiseaux  , et  qui , habitant  le  même 
élément  que  ces  deiniers,  pourroit  être  soupçonné 
d’avoir,  dans  la  structure  de  l’oreille,  de  grands 
rapports  avec  eux.  M.  d’Aubenton  m’ayant  procuré 
une  léfe  d autruche,  je  l’ai  disséquée  avec  beaucoup 
d’attention;  les  conduits  demi-circulaires  m’ont  paru 
peu  étendus  et  fort  étroits,  vu  le  grand  volume  de 
1 oiseau  , et  je  n’y  ai  trouvé  que  l’ébauche  du  conduit 
droit:  l’organe  de  l’ouïe  de  l’autruche  n’est  donc  pas 
aussi  bien  développé  que  celui  des  autres  oiseaux  : 
ceux-ci  étant  en  effet  souvent  placés  au  centre  d’une 
sphère  irès-élendue  ,avoient  besoin  de  conduits  auri- 
culaires très-ouverts  et  très-vibralils. 

Pour  ce  qui  est  de  la  chauve-souris  , l’organe  de 


548  SCIENCES  PHYSTOL.  ET  MEDICALES. 

l’ouïe  de  Cel  animal,  dont  aucun  anatomiste  n’a  fait 
la  description  , l’éloigne  de  la  structure  des  oiseaux 
pour  le  rapprocher  de  celle  des  quadrupèdes  ; la 
dissection  in’y  a fait  voir  un  pavillon  cartilagineux 
très  ample  : un  tympan  forme  par  une  cavitéshpérique 
et  transparente  ; une  membrane  qui  s’y  inséroit 
obliquement;  trois  osselets,  dont  un  tenoit  lieu  de 
marteau,  avec  une  apophyse  grêle  très- prolongée  , 
et  un  muscle  très-exprime,  un  limaçon  contenu  dans 
un  tubercule  que  le  tympan  renfermoit , et  trois 
conduts  demi-circulaires. 

Les  oiseaux  dont  j’ai  disséqué  1 organe  de  1 ouie  , 
sont  le  coq -d’Inde,  la  poule,  le  pigeon,  la  chouette, 
la  pie,  le  geai,  la  tourterelle,  le  pic- vert,  le  canard, 
le  moineau  et  le  serin. 

A RTICLE  I I 

La  description  qui  a ete  faite  de  1 organe  de  1 ouïe 
des  animaux  , la  force  et  la  mélodie  de  leur  voix  , 
et  surtout  cette  extrême  sensibilité  au  bruit , qui , 
en  les  avertissant  du  moindre  danger,  rend  leur  fuite 
aussi  prompte  qu’utile  en  une  inlinité de  cii’constances, 
suffisent  sans  doute  pour  faire  connoître  combien  ce 
sens  est  parfait  dans  cette  classe  d animaux;  mais 
nous  en  apprécierons  plus  facilement  les  rapports  en 
comparant  les  didérenles  parties  qui  le  composent , 
avec  celles  que  l’anatomie  a démontrées  dans  l’oreille 
de  l’homme,  des  quadrupèdes,  des  reptiles  et  des 
poissons. 


DE  L’OUTE  DES  OISEAUX.  51;i 

L(i  conque  audilive  sert  clans  l’homme  et  dans  les 
qnadrupèdesù  réunir  et  à diriger  les  vibrations  sonores 
versle  tympan  ; cette  partie  manque  dans  les  oiseaux  ; 
elle  auroit  peut-être  nui  dans  le  vol , eu  augmen- 
tant le  poids  et  l’éteudue  des  parties  antérieures  du 
coi  ps  : clans  plusieui’s  reptilc;s  et  dans  les  poissons, 
il  ny  a pas  même  de  conduit  auditif  extei  ne. 

D’usage  de  la  membrane  du  tambour  est  de  trans. 
mettre  le  son  jusqu’au  labyrinthe,  par  l’intermède 
d’un  ou  de  plusieurs  osselets;  elle  est  très-grande  et 
très  déliée  clans  l’oiseau,  où  elle  fait  saillie  en  dehors, 
dans  riiomme,  elle  en  fait  une  en  dedans  ; dans  les 
.reptiles  et  dans  les  poissons , elle  est  très-J-paisse : et 
dans  quelques-uns  même,  elle  ne  diffère  pas  de  la 
peau  qui  recouvre  le  reste  du  corps. 

La  cavité  du  tympan  est  moins  grande,  relative- 
ment au  volume  du  corps  dans  l’homme  et  dans  les 
quadrupèdes,  que  dans  les  oiseaux;  la  conque  , en 
réunissant  un  plus  grand  nombre  de  vibrations  sono- 
res, supplée  peut-être  dans  les  premiers  à l’étendue 
du  tympan  : et  cette  étendue  est  nécessaire  dans  les 
oiseaux  qui  , comme  nous  l’avons  dit,  n’ont  pas 
de  conque  auditive  : dans  les  reptiles  , le  tympan 
est  étroit;  et  dans  les  poissons , il  existe  à peine: 
on  ne  trouve  d’ailleursla  corde  du  tambour  ni  dans  ces 
derniers  ni  dans  les  oiseaux. 

Dans  l'homme  et  dans  les  quadrupèdes,  la  cavité 
du  tympan  est  agrandie  par  des  celulles  qu’on  appelle 
masto^chenms  , et  un  assemblage  de  petits  grain, 
oiseux  recouvre  les  conduits  demi-circulaires  et  le 


55o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

limaçon  ; dans  les  oiseaux  , ces  celulles  n'existent  point 
à la  vérité  , mais  un  réseau  osseux  très-étendu  y 
supplée  5 et.  environne  tous  les  conduits  qui  sont 
presque  isolés;  la  force  des  vibrations  doit  être  aug- 
mentée par  les  ondulations  de  l’air  qui  y circule  avec 
facilité  j les  ouvertures  qui  établissent  une  commu- 
nication entr’elles  et  le  tympan , sont  plus  nombreuses 
dans  les  oiseaux  que  dans  tous  les  autres  animaux 
connus:  on  n’y  trouve  point  de  fenêtre  ronde,  non 
plus  que  dans  les  reptiles 5 dans  les  poissons,  il  n’y  a 
pas  même  de  fenêtre  ovale. 

Quelques  reptiles,  tels  que  la  grenouille,  ont, 
suivant  la  remarque  de  M.  Geoffroy,  la  trompe  d’Eus- 
tache  courte  et  large:  dans  les  oiseaux  au  contraire, 
elle  est  longue  et  étroite. 

Les  osselets  du  tympan  sont  destinés  à communi- 
quer le  mouvement  jusqu’à  la  fenêtre  ovale  j dans 
tous  les  animaux  qui  ont  un  limaçon  , on  trouve  trois 
osselets,  le  marteau,  l’enclume  et  l’étrier;  cette  con- 
formation est  celle  de  riiommeetdes  quadrupèdes: 
les  oiseaux  qui  manquent  de  limaçon  n’ont  qu’un 
osselet;  dans  quelques-iyis  des  reptiles  qui  ont  des 
extrémités,  il  est  figuré  en  platine  comme  dans  1 oi- 
seau. La  figure  8 présente  celui  tle  la  tortue,  dVgagé 
de  toute  adhérence;  il  est  très- allongé;  011  le  voit  eu 
place  dans  la  figiire  9 , en  E D , et  il  tient  a la  mem- 
brane du  tympan  représentée  en  D dans  Jtgure 
10  ; celui  du  caméléon  est  plus  grêle  : la  platine  est 
fort  étroite,  et  il  se  termine  vers  l’autre  extrémité 
par  un  léger  renflement  ; ou  le  voit  dans 


OJI 


DE  L’OUIE  DES  OISEAUX. 

1 1 , en  DE  où  cet  osselet  est  isolé,  et  dans  la 
figure  12  , où  il  occupe  sa  place  naturelle  en  G.  Ces 
trois  dessins  ont  été  faits  par  M.  Geoffroy  lui-niênio  , 
qui  a bien  voulu  me  permettre  d’en  faire  usage;  j’ai 
cru  que  celte  courte  description,  en  servant  de  pièce 
de  comparaison  pour  mon  travail,  cornplétcroit  celui 
des  anatomistes  sur  l’organe  de  l’ouïo  des  reptiles 
qui  ont  des  extrémités  ; dans  les  reptiles  allongés , 
l’osselet  est  très-irrégulier;  dans  l’oiseau,  il  supplée 
à l’étrier,  et  il  est,  comme  lui,  placé  dans  la  fenêtre 
ovale  : scs  deux  appendices  paroissent  répondre  au 
marteau  et  à l’enclume.  Dans  les  poissons  épineux  , 
.on  trouve  trois  osselets  aplattis  et  situés  sur  la  pulpe 
auditive;  et  dans  les  cartilagineux,  une  substance 
friable  comme  de  1 amidon , en  tient  la  place;  mais 
ïl  est  essentiel  de  remarquer  que  c’est  dans  le  crâne 
qu’elle  se  trouve,  ainsi  que  les  osselets,  et  non  dans 
le  tympan,  dont  les  oiseaux  sont  dépourvus. 

Les  conduits  demi-circulaires  sont  également  au 
nombre  de  trois  dans  presque  tous  les  animaux,  si 
l’on  en  excepte  peut-être  quelques-uns  des  reptiles 
qui  n’ont  point  d’extrémités  : mais  c’est  dans  lesoiseaux 
où,  eu  égard  au  volume  du  corps,  ils  ont  incompa- 
rablement le  plus  d’étendue,  où  ils  sont  d’ailleurs  le 
plus  élégamment  contournés  : ceux  de  l’homme  se 
terminent  sur  le  même  niveau  : dans  l'oiseau,  le  petit 
conduit  vertical  descend  plus  bas  que  le  grand,  de 
toute  la  moitié  de  son  segment. 

Les  reptiles  et  les  poissons  n’ont  rien  qui  ressemble  au 
limaçon  ; dans  les  oiseaux,  un  conduit  droit  y supplée. 


552  SCIENCES  PUYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Tous  les  animaux  dans  lesquels  on  trouve  la  conque 
auditive,  les  trois  osselets  et  le  limaçon,  ont  aussi 
un  conduit  audilif  interne  : dans  les  oiseaux  et  dans 
les  reptiles  au  conlraire,  les  deux  ouvertures  ner- 
veuses sont  placées  au  niveau  de  la  surface  interne 
du  crâne:  de  sorte  que  l’organe  de  l’oi.ïe  des  oiseaux, 
quoique  beaucoup  plus  parfait  que  celui  des  reptiles, 
a cependant  avec  lui  des  rapports  conslans. 

Nous  n’avons  point  parlé  des  insectes,  parce  que, 
quoique  plusieurs,  tels  que  la  sauterelle  et  le  grillon, 
appellent  leurs  femelles,  on  ignore  cependant  jusqu’ici 
comment  la  perception  des  sons  se  fait  dans  ces 
animaux. 

ARTICLE  III. 


Ce  tableau  de  comparaison  , qui  prouve  combien  les 

travauxdesmodernesonl  avancé l’analomiede l’oreille, 

fournit  immédiatement  les  conséquences  suivantes: 


1°.  L’existence  des  osselets  , si  elle  n’est  pas  essen- 
tielle , est  au  moins  très-utile  pour  la  perception  des 
sons,  puisqu’on  la  trouve  sans  aucune  exception  dans 
tous  les  animaux  susceptibles  de  les  entendre  : mais 
il  n’est  pas  nécessaire  qu’il  y en  ait  plusieurs, 
puisqu’un  seul  sulfit  aux  oiseaux  et  aux  reptiles. 

2°  11  est  également  démont  ré  que  les  conduits  demi- 

circulaires  sont  une  partie  essentielle  à l’organe  de 
l’ouïe,  puisqu’ils  existent  dans  tous  les  animaux  ou 
cet  organe  a été  aperçu  et  bien  décrit. 

5“.  Enfin,  le  limaçon,  qui  est  particulier  à 1 homme 
et  aux  quadrupèdes  , u’cst  pas  iudispensablenient 


555 


' DE  L’OUIE  DES  OISEAUX. 

nécessaire  aux  fondions  de  l’oreille  inlerne,  puisque 
les  oiseaux  qui  en  sont  dépourvus  oiilendeni  tirs-bien. 

11  y a apparence  ( nous  prions  qu’on  veuille  bien 
nous  penueltre  celle  conjecture  ) (|ue  le  limaçon 
forme  avec  les  conduils  demi-  circulaires  , dans  chaque 
oreille,  un  double  insirument  composé  de  deux  par- 
ties Irès-dislinctes,  dans  lesquelles  la  pçrceplion  des 
sons  se  fait  séparément,  mais  avec  des  rapports  déter- 
minés, ee  qui  doit  ajouter  à l’Iiainionie,  à la  sensi- 
bililé.et  pour  ainsi  dire  à l’intelligence  de  l’organe. 

Ne  pourroil-on  pas,  d’après  ces  réflexions,  consi- 
dérer le  sens  de  l’ouïe  sous  un  double  point  de  vue  ; 
premièrement,  par  rapport  aux  parties  essentielles 
à sa  structure,  qui  sont  une  membrane,  au  moins  un 
Osselet  , des  conduits  demi  - circulaires  et  une  pulpe 
nerveuse  ; secondement  , par  rapport  à ses  parties 
accessoires,  qui  sont  la  conque,  le  conduit  auditif 
interne,  plusieurs  osselets,  des  muscles,  la  corde  du 
tympan  , et  surtout  le  limaçon?  Ainsi  les  animaux 
dans  lesipiels  on  a démontré  cet  organe^  pourroient 
être  divisés  en  deux  classes;  les  uns  réunissent  , en 
effet,  toutes  les  parties  qui  le  constituent;  les  autres  , 
ont  seulement  celles  que  nous  avons  dit  lui  être  es- 
sentielles. L'homme  et  les  quadrupèdes  doivent  être 
rangés  dans  le  premier  ordre  : outre  que  les  oiseaux  ' 
sont  a la  tête  du  second,  on  peut  encore  ajouter  qu’ils 
ont  les  parties  essentielles  à l’organe  de  l'ouïe  , les 
seules  dont  ils  soient  pourvus,  beaucoup  plus  déve- 
loppées que  l’homme  et  tous  les  autres  animaux  ; de 
sorte  que  Je  sens  de  l’ouïe,  dans  les  oiseaux,  est  aussi 
T.  é. 


554  SCIENCES  PHYSIOl!  ET  MEDICALES. 

parfait  qu’il  est  simple,  et  jusqu’à  ce  que  l’on  ait 
déterminé  avec  plus  d’exactitude  l’usage  de  la  lame 
spirale  du  limaçon , qui  leur  manque , nous  ne  croyons 
pas  que  l’on  puisse  rien  dire  de  plus  précis  sur  la 
place  qu’il  convient  de  leur  assigner. 


I 


MEMOIRE 

SUR  LA  VOiX.' 


De  la  structure  dcs''organcs  qui  servent  à la  formation  de 
la  VOIX  , considérée  dans  l’homme  et  dans  les  différer 
classes  d’animaux. 


terenles 


TT 

N (les  usages  les  plus  imporlans  tlit  poumon,  est 
sans  doule  de  diriger  l'air  que  ses  lobes  ont  reçu 
vers  les  organes  propres  à la  l'or, nation  ,1e  la  voix  • 
?Mts.  en  même  temps  que  le  poumon  établit  une  corn-’ 
nmmcalion  necessaire  entre  le  Iluide  dans  lequel  nous 
sommes  plongés  et  les  l.umeurs  dont  nos  vaisseaux 
sont  remplis,  l'organe  de  la  voix  qui  est  une  dépen- 
dauee  de  ce  viscère,  en  imprimant  à l'air  un  .non- 
ventent  vibratil,  porte  an  loin  l'expression  des  idées 
donne  aux  paissions  plu,  d'énergie,  en  leur  fournissant 
nn  langage  sans  lequel  la  nature  mnette  seroit  vouée 
H un  elernel  silence,  et  élablit  entre  les  animaux  une 
coi  respnndance  aussi  prompte  que  commode,  pour  se 
conminn.quer  leurs  besoins.  ^ 

-Mais  connnent  l'air  reçoit  - il  des  modifications 
capables  de  produire  ces  merveilles?  quel  est  cet 
-tennent  dont  l'a.-t  n'a  p„i„t  encore  iJé  les  ITct  ^ 
enun  comment  la  voix  se  forme  t-elle? 

Le  prentier  anatomisle  qui  ait  traité  ce  sujet  d’une 
namere  sat, sla, sanie,  a été  Galien  : il  a attribué  les 
lonaltons  de  la  votx  humaine  aux  changemens  dont  , 


jf)6  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 


la  glotle  est  susceptible.  Fabrice  d’Aquapenclenle , 
ayant  observé  que  la  trachée-artère  s’allonge  et  se 
raccourcit  lorsque  le  larynx  s’élève  ou  s’abaisse  , crut 
apercevoir  beaucoup  d’analogie  entre  ce  conduit  et 
une  flûte. 

Perrault  ajouta  bientôt  de  nouveaux  développe- 
inens  à l’explication  de  Galien,  et  M.  Dodart  l’appuya 
par  de  nouvelles  probabilités  -,  il  réfuta  surtout  la 
comparaison  établie  par  Fabrice,  entre  la  trachée- 
artère  et  une  flûte,  et  il  démontra  que  le  son  étant, 
toutes  choses  égales  d’ailleurs,  d’autant  plus  grave 
que  le  corps  de  la  flûte  est  plus  long,  et  la  trachée 
s’allongeant  au  contraire  dans  la  fbrmalion  des  sons 
aigus  , il  ne  peut  y avoir  aucune  ressemblance  entre 
ces  deux  instrumens. 

Jusqu’à  cette  époque  on  avoit  ignoré  la  véritable 
théorie  du  son  dans  les  instrumens  a vent  ^ un  geo- 
mètre  célèbre,  M.  Euler,  en  découvrit  les  élémens, 
en  considérant  la  colonne  d’air  que  ces  instrumens 
contiennent  comme  une  corde  vibrante,  etenlui  ap- 
pliquant les  mêmes  formules  qui  conviennent  aux 
cordes  ordinaires,  il  prouva  que  parmi  les  différens 
instrumens  de  musique,  les  uns  mettent  1 air  en  mou- 
vement par  leurs  vibrations,  tandis  que  dans  les  autres 

IVir  devient  sonore  par  lui-même;  enfin  il  fit  voir 
que  l’ouverture  par  laquelle  on  introduit  l’air  dans 
les  fiûles  et  dans  les  flageolets  , n’infiue  pas  sur  l’inlo- 
nation;  découvertes  importantes  qui  dévoient  chan- 
ger les  idées  des  physiciens  sur  la  formation  de  la 


VOIX. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  55^ 

M.  Eenein  sut  profiter  de  ces  observ'ations  j il  com- 
mença par  faire  connoître  l’erreur  sur  laquelle  le 
système  de  M.  Dodart  étoit  fondé,  eu  démoutrant 
qu’il  est  possible  de  produire  des  sons  artificiels  avec 
le  larynx,  sans  que  la  glotte  y ait  aucune  pari,  et 
même  apsès  l’avoir  enlevée;  il  attribua  lout  le  mé- 
canisme de  la  voix  à la  tension  plus  ou  moins  grande 
des  ligamens  qu’il  appela  cordes  vocales , et  il  rangea 
cet  organe  parmi  les  instrumens  à cordes,  l’air  fai- 
sant, suivant  lui,  les  fondions  d’archet. 

Celle  nouvelle  théorie  eut  d'abord  plus  de  critiques 
que  de  sectateurs;  on  ne  doit  point  en  être  surpris: 

• elle  détruisoit  nue  explication  domiée  et  reçue  avec 
la  même  confiance  depuis  Galien.  Les  expériences  de 
!M.  1 errein,  répétées  par  plusieurs  anatomistes,  furent 
couliimées  par  les  uns  et  rejetées  par  les  autres;  et 
maintenant  encoie  celle  question  est  au  nombre  de 
celles  qui  ont  besoin  d'une  nouvelle  suite  de  travaux 
pour  fixer  le  jugement  des  physiciens.  Ces  considé- 
rations m’ont  engagé  à faire  des  recherches  sur  l'or- 
gane de  la  voix.  J ai  pensé  que  je  ne  jjourrois  par- 
venir à connoître  quelles  sont  les  parties  essentielles 
ou  accessoires  à la  formation  des  sons  , qu’en  consi- 
déiant  ces  parties  dans  les  différentes  classes  d’ani- 
maux qui  en  sont  pourvus.  Il  est  de  mon  devoir  de 
publier,  qu’il  m’auroit  été  impossible  d’exécuter  ce 
projet  , si  _\L  d’Aubenton  ne  m'en  eût  fourni  les 
moyens,  en  me  donnant  des  facilités  pour  examiner 
l’organe  de  la  voix  dans  un  grand  nombre  de  qua- 
drupèdes et  de  reptiles  qui  font  partie  de  la  superbe 


550  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

collection  du  cabinet  du  roi,  si  enrichie,  et  devenue 
si  inléressanle  par  les  soins  de  M.  de  Buffori. 

C’est  un  beau  spectacle  que  de  voir  d’un  coup  d'œil 
la  disposition  de  ces  inslrumens  variés  à rinfini,  avec 
lesquels  chaque  animal  produit  des  modulations  qui 
lui  sont  propres,  et  peut  contribuer  au  grand  con- 
cert de  la  nature  ! Depuis  l’homme  jusqu’au  reptile, 
dans  lequel  la  voix  semble  expirer  pour  se  changer 
en  un  sifflement,  la  chaîne  est  immense  : en  la  par- 
courant , je  me  suis  arrêté  sur  les  anneaux  les  plus 
remarquables.  J’ai  choisi  , autant  qu’il  m’a  été  pos- 
sible, les  individus  les  plus  éloignés  les  uns  des  autres, 
et  je  les  ai  toujours  comparés  avec  l’homme. 

Après  avoir  rappelé  la  lorme  du  larynx  humain  , 
je  considérerai  cette  partie  dans  les  dill’érentes  classes 
de  quadrupèdes,  dans  les  oiseaux  et  dans  les  reptiles; 
et  après  avoir  décrit  , dans  ce  premier  mémoire,  les 
organes  de  la  voix  des  différens  animaux,  je  ferai  con- 
iioîLre,  dans  le  second  , les  expériences  et  les  recher- 
ches propres  à en  Indiquer  le  mécanisme. 

Le  larynx,  dans  l’homme,  est  une  cavité  disposée 
en  manière  de  grotte  , dans  laquelle  on  sait  que  la 
voix  se  forme  ; elle  est  composée  de  cinq  cartilages, 
rendus  mobiles  les  uns  sur  les  autres  par  dillérens 
muscles  ; ou  y remarque  deux  rétrécissemeiis  ; 1 un  est 
placé  à la  partie  supérieure  ; on  lui  a donné  le  nom 
de  glotte  : deux  membranes  minces  en  composent  les 
bords  , et  un  cartilage  élastique , situé  antérieurement , 
et  appelé  l’épiglotte,  empêche  les  corps  étrangers  d y 
pénétrer  , soit  eu  divisant  la  coloiino  du  liquide  quo 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  359 

]’on  boit,  soit  en  s’abaissant  sur  la  glotte  , lorsque  les 
alimens  se  portent  vers  rœsopbage.  Le  second  rétré- 
cissement est  formé  par  deux  ligamens,  disposés  pa- 
rallèlement de  devant  en  arrière,  et  qfie  M.  Ferrein 
a appelés  du  nom  de  cordes  vocales  : une  excavation 
est  pratiquée  de  chaque  côté  entre  ces  deux  ouver- 
tures. 

Tarmi  les  quadrupèdes,  il  n’y  en  a peut-être  aucun 
qui  n’ait  dans  le  larynx  à peu  près  le  môme  appareil, 
et  il  y en  a beaucoup  dans  lesquels  la  dissection  fait 
apercevoir  des  pièces  sur-ajoutées  à celles  dont  le  la- 
rynx humain  est  pourvu;  de  sorte  que,  si  la  plupart 
de  ces  animaux  , avec  beaucoup  de  moyens,  ne  pro- 
’duisent  que  des  sons  désagréables  , la  prééminence  de 
la  voix  de  l’homme  ne  doit  pas  être  regardée  seule- 
ment comme  l’elfet  physique  de  sa  constitution  , mais 
encore  comme  le  fruit  de  son  industrie,  et  du  besoin 
qu'il  a de  modifier  ses  sons  pour  exprimer  un  plus 
grand  nombre  d’idées. 

Les  singes  étant  ceux  de  tous  les  animaux  qui  ont, 
par  leur  structure , le  plus  de  rapports  avec  l’homme, 
j’ai  cru  devoir  les  placer  dans  cette  exposition,  im- 
médiatement après  lui. 

On  cherche  depuis  long- temps  à déterminer  l’es- 
pèce de  singe  que  Galien  a disséquée  : M.  Camper  croit 
avoir  trouvé  dans  la  structure  du  larynx,  telle  que 
Galien  la  décrite  , ( 1 ) un  moyen  assuré  de  recon- 


(i)  De  usupartiuftij  edit.  Charter,  tom.  lY , lib.  VU  cap  n 

pag.  46i.  > V-  * 


3Go  SCIENCES  PIIYSIOL.  ET  MEDICALES. 

ïioîlrs  c6  singe  i on  liltltinsle  lra.ilc.Z)e  usii partiuTiz ^ 
qu’il  y a de  chaque  calé  de  l’épigloüe  de  cel  animal, 
lin  conduit  que  l’on  doit  plutôt  regarder  comme  une 
lissure,  que  comme  un  trou  , lequel  communique  avee 
un  ventricule  assez  ample  , placé  aussi  de  chaque 
çûlé.  M.  Camper  ayant  rencontré  celte  même  dispo- 
sition dans  le  orang-outang  , aucjuel  elle  est  paiti- 
çulière  , nous  paroît  fondé  à croire  que  ce  singe  est 
celui  dont  Galien  a fait  mention.  ( i ) Trois  orang- 
oulangs,  examinés  avec  soin  par  M.  Camper,  lui  ont 
toujours  offert  deux  conduits  placés  au-dessous  de  1 os 
hyoïde,  à la  partie  supérieure  du  cartilage  lliyroide  , 

communiquans  avec  deux  sacs  qu’il  a appelés  du  nom 
de  ventricules  , lesquels  éloienl  placés  sur  les  côtés  du 
cou  , et  qui  descendoieiil  même  jusqu’à  la  poitrine; 
dans  un  de  ces  singes,  ils  éloient  inégaux  en  gran- 
deur; dans  les  deux  autres  ils  étoienl  presqu  égaux, 
mais  ils  se  réunissoient  pour  ne  former  qu’une  seule 
cavité  ; dans  le  troisième  enfin  , les  conduits  de  com- 
munication ont  paru  à VI.  Camper,  ainsi  qu’à  GaU 
lien,  étroits  et  figurés  comme  une  fissure. 

Tyson  , qui  a disséqué  l'oiang- oulang  d’Angola  , 
n’a  point  parlé  de  la  conformation  ohservee  par  Ga- 
lien dans  ceux  d’Asie  , et  par  M.  Camper  dans  ceux  de 
Bornéo. 

I.e  larynx  des  pîtlicques  et  des  papions  est  tres- 
dlfférenl  de  celui  des  orang-oulangs;  au  lieu  de  deux 


(i)  Trnnsactionx  philosophiques , of  th#  royal  Society,  of  London, 
^77'J  > !’•  P®o'  suiv. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOTX,  56i 

Bacs,  on  n’en  trouve  qu’un  placé  an  - dessous  de  l'épi- 
glülle.  -VI.  Camper  en  a donné  la  figure  dans  le  mé- 
moire que  nous  avons  déjà  cilé. 

J’ai  fait  la  même  observation  dans  \m  mandrill 
mâle,  d’une  très -grande  taille  , que  j’ai  eu  occasion 
de  disséquer  cet  liiver.  Celle  espèce  de  singe  est  re- 
marquable par  la  lunne  de  ses  joues,  (|ui  sont  sillon* 
nées  et  colorées  d’un  très- beau  bleu  ; la  langue  de  cet 
animal  est  très-longue  et  très  épaisse;  sa  tète  est  (rès- 
prolongée,  il  semble,  au  premier  aspect,  qu’il  y ait 
deux  glandes  thyroïdes  ; en  rechercbant  avec  soin  , 
on  s'aperçoit  qu’un  prolongement  mince  et  borizonfal 
en  reunit  les  deux  lobes.  Les  cartilages  du  larynx 
n ont  rien  de  particulier;  au-dessous  de  l'épiglotte  se 
trouve  une  cavité,  laquelle  se  termine  par  un  conduit 
qui  s ouvre  dans  une  poche  assez  étendue,  et  que  l’on 
peut  facilement  gonfler  d’air  ; étant  distendue  , elle 
présente  un  ovale  irrégulier,  rétréci  dans  quelques- 
uns  de  ses  points.  Les  branches  de  l’os  hyoïde  sont 
disposées  comme  celles  de  fliomme;  mais  le  corps  de 
cet  os  est  épais  et  se  recourbe  au-dessus  du  conduit 
qui  mène  au  sac  , et  qu’il  recouvre.  Lorsque  l’animal 
criüit  un  peu  fort , ou  lorsqu'il  se  inettoit  en  colère  , 
on  voyoit  le  sac  , dont  j’ai  donné  la  description  , se 
remplir  et  se  vider  alternativement. 

La  dissection  du  mangabey  et  de  la  mone  , qui 
sont  aussi  des  singes  de  l’ancien  continent,  m'a  offeit 
une  structure  à peu  près  semblable;  le  corps  de  l’os 
hyoïde  est  également  recourbé  ; au-dessous  de  l'épi- 
glotte est  une  cavité  demi -circulaire,  qui  mène  à un« 


562  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

excavation  dont  le  principe  se  trouve  vers  le  haut 
du  cartilage  thyroïde  , et  sous  le  corps  de  l’os  hyoïde^ 
elle  est  formée  par  une  membrane  mince,  et  qui  pa- 
roît  se  diriger  latéralement  ; la  glotte  est  d’ailleux'S 
membraneuse  et  très-mobile  j les  ligamens  inferieurs, 
appelés  cordes  vocales,  sont  très -bien  exprimés;  ils 
sont  aplattis  et  comme  tranchans  dans  le  mangabey  ; 
les  ventricules  (i)  y sont  très- marqués , et  les  carti- 
lages ne  diffèrent  presque  en  rien  de  ceux  de  l’homme. 

J’ai  ti’ouvé  de  grandes  variétés  dans  le  larynx  des 
singes  du  nouveau  continent.  Le  sajou  gris  offre, 
vers  la  partie  extérieure  du  cou  , une  poche  membra- 
neuse , mais  le  trou  qui  y conduit  est  fort  étroit  ; l’os 
hyoïde  est  également  prolongé  dans  le  sai  : outre 
cette  différence,  l’épiglotte  de  ce  dernier  n’est  point 
percée  à sa  base  ; il  n’y  a point  de  conduit  ni  de 
poche  comme  dans  ceux  dont  je  viens  de  parler;  les 
ventricules  sont  très-marqués  , et  les  cordes  vocales 
sont  minces  et  comme  ti’anchantes  dans  ces  deux 
singes,  surtout  dans  le  saï  : je  conserve  tous  ces  la- 
lïnx. 

L’alouate  et  l’ouarine  sont  aussi  deux  animaux  du 
nouveau  continent  , que  MM.  de  Buff’on  et  d Au- 
benlon  (2)  ont  rangés  dans  la  famille  des  sapajous  , 
parce  qu’ils  ont  la  queue  prenante;  leur  voix  étant 
très  - forte  , ils  ont  reçu  le  nom  de  hurleurs;  le  poil 


(Ol’appclle  ainsi  non  1rs  sacs  externes  , mais  les  cavitées  entre  la 
glotte  et  les  corilea  vocales  , comme  la  plupart  des  Anatomistes. 

{ 2 ) Histoire  ^iuturelle , tome  XV,  pages  i et  suivantes. 


DE  L’OKGANE  DE  LA-VOIX.  Ü65 

clu  premier  est  très -foncé 3 celui  du  second  est  d’im 
'brun  - noir. 

Ces  deux  animaux  , que  l’on  trouve  principalement 
à ( ayenne,  ont  fixé  depuis  long-temps  rallention  des 
v'oyageiirs,  par  l’intensité  des  sons  qu’ils  p^■od^isent, 
Barrère  i ) l’a  attribuée  à la  conformation  de  l’os 
hyoïde  ; d autres  ont  parlé  d’un  cornet  placé  dans 
l’intérieur  de  leur  gosier.  (2)  M.  le  comte  de  Iluffon  (ô) 
a fait  mention  d’une  espèce  de  tambour  , dans  la 
concavité  duquel  leur  voix  grossit  et  forme  des  hur- 
lemens  par  écho.  Il  ajoute  qu’il  a observé  dans  un 
embriou  d’alouate  l’organe  de  la  voix  dé|à  très-formé. 
Enfin,  AI.  d.Vubenlon,  dans  la  description  qu’il  fait 
de  cette  espece  de  sapajou  , après  avoir  remarqué  que 
le  nœud  de  la  gorge  est  ordinairement  très -renflé 
dans  ces  animaux,  dit  qu’ayant  ouvert  cette  tubé- 
l'osité,  il  a reconnu  qu’elle  étoit  creuse  et  concave. 

On  conserve  dans  plusieurs  cabinets  cette  poche 
isolée,  sous  le  nom  de  larynx  ou  de  gosier  du  singe 
rouge  de  Cayenne.  Il  pai*oît  cependant  qu’elle  étoit 
encore  rare  il  y a deux  ans  en  Hollande  , puisque  le 
célèbre  M,  Camper  , qui  étoit  alors  à Paris,  eu  vit 
avec  étonnement  deux  dans  mon  cabinet.  Je  le  priai 
d’en  accepter  une;  depuis  ce  temps  , il  m’a  écrit  qu'il 
a fait  des  recherches  sur  cet  organe  , sans  me  rien 


Cl  ) Essai  de  VHistoire  Naturelle  de  l’Afrique. 
( ^ ) Voyage  de  Binet. 

( 3 ) Histoire  Naturelle,  tome  XV,  page  7. 


564  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
dire  de  plus  : j’en  ai  fait  de  mon  coté,  que  j’ai  consi- 
gnées dans  ce  mémoire. 

J’ai  reçu  de  Cayenne  (i)  un  gosier  d’alouate  en 
très  - bon  état , avec  la  langue  , le  pharynx  , une  partie 
de  l’œsophage  , tout  le  larynx  et  la  poche  même  que 
l’on  connoît  depuis  quelque  temps,  mais  dont  la  po- 
sition , les  connexions  et  les  rapports  sont  absolument 


ignorés. 

Nous  consldérei’ons  d’abord  la  poche  meme,  indé- 
pendamment de  ses  adhérences',  nous  exaraineions 
ensuite  le  larynx  de  l’alouate  à l’extérieur,  et  nous 
finirons  en  décrivant  ce  qu’une  coupe  longitudinale 
nous  a offert  de  plus  remarquable. 

La  poche  osseuse  est  irrégulièrement  pyramidale; 
sa  pointe  est  mousse  et  arrondie  ; sa  face  supérieuie 
présente  deux  légères  dépressions  sur  les  cotés , avec 
quelques  sillons  vasculaires  et  un  espace  dioit,  alloUj^é 
et  situé  horizontalement  dans  le  milieu  . la  face  iiiié 
rieure  est  moins  égale  que  la  première;  elU  foime 


une  convexité  assez  considérable,  et  oii  y lemaïque 
rm  grand  nombre  de  pores  dont  elle  est  criblée  : la 
face  postérieure  est  percée  par  une  ouverture  assez 
ample,  arrondie  en  bas,  et  terminée  supérieurement 
par  un  segment  osseux  , échancré  des  deux  cotes  : 
au-dessus  de  cette  ouverture  est  une  plaque  osseuse, 
aux  deux  extrémités  de  laquelle  sont  deux  pcli  es 
facettes  dont  l’usage  sera  indiqué  plus  bas. 


, l’a  envoyé  à M-  Mau- 


(i)  M.  Malouct,  intendant  de  Cayenne 
duit , qui  a bien  voulu  me  lo  icmcltrc. 


DE  L’ORG  A.NE  DE  LA  VOIX.  365 

li’orifice  , qui  est  plus  étroit  que  le  fond,  conduit  à 
Iti  cavité  de  la  poche;  elle  ressemble  à ce  qu’on  ap- 
pelle en  général  du  nom  de  sinus  en  anatomie;  quel- 
ques lames  minces  et  étroites  s’élèvent  de  ses  parois; 
elle  est  j)lacée  entre  les  deux  branches  de  la  mâchoire 
intérieure,  de  manière  que  sa  pointe  est  située  en  de- 
vant, son  échancrure  en  arrière  , et  sa  grande  face 
arrondie  en  bas.  J’en  conserve  quelques-unes  qui  sont 
plus  étroites  et  plus  allongées  que  celles  dont  j’ai  lait 
faire  le  dessin. 

Le  larynx  de  1 alouate , considei’e  avec  ses  annexes 
et  à l’extérieur,  présente  les  objets  suivans  : 

La  langue  est  longue  et  étroite  : ayant  fait  au  pha- 
rynx une  ouverture  ovale,  nous  avons  aperçu  la  glotte 
dont  l’étendue  est  considérable  , dont  les  lèvres  sont 
saillantes,  et  qui  est  surmontée  antéiieurement  par 
«ne  épiglotte  large,  et  qu’un  frein  retient,  ainsi  que 
dans  1 homme  et  dans  les  quadrupèdes. 

Le  chaton  postérieur  du  cricoide  est  très-élevé;  la 
portion  antérieure  de  ce  cartilage  n’a  rien  de  parti- 
culier, non  plus  que  la  trachée-artère;  le  cartilage 
thyroïde  est  beaucoup  plus  grand  qu’il  ne  l’est  ordi- 
nairement dans  les  quadrupèdes  de  cette  taille  ; la 
sailhe  qu’il  lait  est  très- marquée  ; en  arrière  il  se 
recourbe  ; ses  deux  faces  latérales  sont  fort  étendues 
et  un  peu  excavées. 

Nous  décrirons  surtout  avec  attention;  i°.  deux 
lipmens placés  en  dessus;  2”.  un  conduit  qui  commu- 
niijLie  avec  la  poche  osseuse. 

Le  cartilage  thyroïde  est  surmonté  dans  l’alouate, 


565  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MET3ICALES. 
comme  clans  les  autres  quadrupèdes,  par  deux  cornes, 
auxquelles  s’insèrent  deux  ligamens  qui , ense  plaçant 
des  deux  côtés  du  pharinx  et  de  la  base  de  la  langue, 
et  en  se  portant  de  haut  en  bas,  et  de  devant  en 
arrière  , aboutissent  aux  deux  petites  faceltesque  nous 
avons  décrites  vers  le  haut  et  sur  les  côtés  de  la  région 
postérieure  de  la  poche  ; ils  sont  plus  étroits  dans  leur 
milieu  qu’à  leurs  extrémités;  ils  paroissent  être  des- 
tinés à soutenir  cette  cavité  , et  à assurer  ses  rap- 
ports avec  le  larynx. 

Entre  la  poche  osseuse  et  le  cartilage  thyroïde  , on 
trouve  un  conduit  assez  considérable,  de  forme  ronde  , 
plus  large  dans  ses  extrémités  que  dans  son  milieu, 
d’un  tissu  membraneux,  serré  , et  qui  s’insère  en  de- 
vant autour  de  l’orifice  de  la  poche  , et  en  arrière 
enti'e  les  deux  ailes  du  cartilage  thyroïde , de  sorte 
qu’il  semble  que  ce  soit  une  seconde  trachée  - artère 
qui  mène  à une  cavité  analogue  aux  sinus  de  la 
glotte. 

Après  avoir  considéré  et  décrit  le  larynx  de  l’alouate 
à l’extérieur,  nous  l’avons  divisé  suivant  sa  longueur, 
pour  l’observer  intéi'ieurement;  nous  avons  principa- 
lement remarqué  ce  c|ui  suit  : 

i".  Une  excavation  placée  au  - devant  du  cartilage 
thyroïde,  et  qui  en  est  séparée  par  un  cordon  sem- 
blable aux  ligamens  inférieurs  de  la  glotte  , appelés 
cordes  vocales. 

a^.T^a  jonction  du  conduit  horizontal  avec  le  larynx 
et  avec  la  poche  osseuse;  après  s’èlre  élargi,  il  s at- 
tache des  deux  côtés  du  cartilage  thyroïde,  auprès 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  S67 
duquel  il  forme  en  amère  un  arrondissement,  que  la 
saillie  de  ce  cartilage  divise  inlérieurement  en  deux 
rigoles;  ces  dernières  percent  le  larynx  précisément 
dans  le  lieu  où  deux  excavations  situées  devant  lo 
cartilage  cricoïde  , répondent  aux  sinus  de  la  glotte, 

de  sorte  que  ces  deux  rigoles  paroissent  en  être  la 
continuation. 


Nous  croyons  donc  être  fondés  à regarder  le  con- 
duit horizontal  et  la  poche  osseuse  comme  une  exten- 
sion des  ventricules  de  la  glotte,  qui  doit  beaucoup 
ajouter  à l’intensité  do  la  voix  ; car  , outre  que  la 
cavité  propre  du  larynx  est  très -grande  dans  la- 
louate  , l’air  introduit  dans  les  ventricules  est  néces- 
sairement divisé  en  deux  colonnes  pour  entrer  dans 
le  conduit  horizontal;  elles  se  réunissent  ensuite  dans 
toute  l’étendue  de  ce  conduit:  l’air  s’engouffre  dans  la 
poche  que  nous  avons  décrite  , et  dont  les  lames 
ïmnces  et  osseuses  sont  très-élastiques;  de  là  il  est 
répercuté  vers  le  larynx  : la  saillie  du  cartilage  thy- 
roïde, placée  intérieurement  dans  une  des  extrémités 
du  coudu.t  horizontal,  et  les  ligamens  de  la  glotte 
lortement  ébranlés  par  ce  Huide  , doivent  produire 
une  grande  réaction. 

La  disposition  du  larynx,  dans  Falonate,  est  donc 
ties-propre  à produire  un  bruit  considérable,  et  tel 
que  celui  dont  les  voyageurs  ont  parlé. 

11, suit  de  ces  détails  , que  les  Naturalistes  qui  ont 
avance  que  le  larynx  du  singe  ne  dilféroit  en  rien 
a ceint  de  1 homme  , sa  sont  trompés;  non-seulement 
g stei  du  singe  différé  de  celui  de  l’homme , mais 


I 


568  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

encore  cet  organe  n’est  pas  le  même  dans  tous  ces 
animaux  : celui  de  l’orang-oulang  est  remarquable 
en  ce  qu’il  communique  avec  deux  sacs  placés  en 
dehors.  Dans  tous  les  singes  de  l’ancien  conlineiil  que 
l’on  a disséqués,  au  lieu  de  deux  sacs,  on  n’en  a 
trouvé  qu’un  j celte  conformai  ion  paraît  moins  mar- 
quée dans  les  singes  d’Amérique  : il  y' en  a parmi 
ces  derniers,  dans  lesquels  elle  manque  absolument, 
et  dans  quelques-uns,  au  lieu  d’un  sac  membraneux, 
on  trouve  une  cavité  osseuse,  jointe  avec  le  larynx 


par  un  conduit  horizontal.  Le  cri  des  singes  est  aigu, 
perçant,  et  souvent  interrompu  par  dessous  rauques 
qui  se  succèdent  en  manière  de  baltemens^  l’air  qui 
entre  dans  les  poches  de  différente  nature  , dont  le 
larynx  de  ces  animaux  est  pourvu  , paroil  contribuer 
à ce  dernier  genre  de  sons  -,  en  général , une  cavile 
placée  dessous  et  au-devant  de  l’épiglotte,  et  qui  est 
remplie  d’air  , doit  beaucoup  nuire  à la  formation  et 

aux  modulations  de  la  voix.  ^ 

Dans  les  quadrupèdes  digités,  l’organe  de  la  voix 
conserve  beaucoup  de  ressemblance  avec  celui  de 
l’homme-,  les  bords  de  la  glotte  sont  minces  ; les 
ligamens  inférieurs  , appelés  cordes  vocales  , sont  bien 
détachés-,  on  trouve  de  chaque  côté  un  ventricule  , 
et  les  anneaux  de  la  trachée-artère  sont  interrompus 
en  arrière  par  un  espace  membraneux.  L’epiglolle 

du  chien  est  triangulaire  ; son  extrémité  est  ires-a.gue; 

Jaléralement  elle  se  conlinue  , en  formant  une  espece 
de  crochet,  avec  les  ligamens  inférieurs  de  la  g olle 
et  il  y a uii  muscle  glosso -épiglollique.  louLes 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX, 

parties  qui  composent  le  larynx  du  chat  , sont  très- 
mobiles,  j’y  ai  surtout  remarqué  deux  petites  meni- 
bianes  très -minces,  qui  sont  placées  au-dessous  des 
J.'gamens  inferieurs  de  la  glotte  ; elles  vibrent  lors- 
qu’on introduit  de  l’air  par.  la  trachée-artère,  et  elles 
produisent  une  sorte  de  ronnemeut  analogue  à celui 
que  les  chais  font  entendre  : Severinus  et  Ulasius, 
qui  ont  décrit  la  structure  anatomique  du  chat,  n’ont 
rien  dit  de  ces  membranes.  Deux  petits  corps  arron- 
dis sont  situés  au  bas  de  lepiglotte  du  lapin  , qui  est 
échancrée  à sa  pointe.  Perrault  a écrit  dans  ses  Mé- 
moires  pour  servir  à l'Histoire  des  Animaux  , que 
les  anneaux  de  la  trachée-artère  du  lion  étoienl  en- 
tiers , excepté  les  deux  ou  trois  premiers  ; sa  descrip- 
tion asans douleélé  faited’après  un  lion  très-âgé;car, 
ayant  disséqué  une  lionne  mise  à mort  , il  y a deux 
ans  à peu  près,  au  combat  du  taureau  , j'ai  trouvé 
les  anneaux  de  1a  trachée-artère  interrompus  en  ar- 
riéré par  un  espace  membraneux  et  musculaire,  à la 
vérité  fort  étroit.  Dans  le  kerkajou,  ( i ) quadrupède 
nouveau  que  j’ai  disséqué  cet  hiver,  et  qui  est  ana- 
logue au  genre  des  fouines,  le  larynx  n’olTre  rien  de 
remarquable , si  ce  n’est  que  l’épiglotte  est  très  grande, 
très  - allongée , et  que  la  membrane  qui  tapisse  les 
ventricules  est  formée  par  des  fibres  longitudinales , 
parallèles  et  réunies  en  petites  bandes.  L’écureuil  et  le 

renard  ne  m’ont  rien  présenté  qui  mérite  des  détails 
particuliers. 


( 1 ) Quadrupède  nouveau  dont  aucun  auteur  n’a  fait  mention, 


T.  4. 


24 


570  SCIENCES  rUYSfOL.  ET  MEDICALES. 

En  passant  des  quadrupèdes  digilés  à ceux  qui  ont 
le  pied  fourchu  , on  trouve  des  différences  très-mar- 
quées. J’ai  fait  au  cabinet  du  roi  , sur  le  sanglier,  les 
jnêrnes  observations  que  M.  Hérissant  a publiées  en 
J (1)  sur  le  cochon  : le  cartilage  de  l’épiglotte  est 
grand  et  épais*,  deux  reliefs  tiennent  lieu  des  ligamens 
inférieurs;  ils  sont  percés  par  une  fente  qui  ressemble 
à une  petite  glotte , et  qui  s’ouvre  dans  des  excava- 
tions arrondies , recouvertes  par  un  muscle , dans  les-  | 
quelles  l’air  entre , et  dont  il  sort  avec  éclat.  J’ajouterai  ! 
que  les  cartilages  arythénoïdes  sont  très-volumineux  ; 
que  la  glotte  e.st  très- ouverte , et  presqu’entièreraent 
entourée  de  cartilages  , et  qu’au  lieu  de  ventricules  , 
on  trouve  les  cavités  dont  on  vient  de  parler.  Le  la- 
rynx du  bœuf  est  très -large;  la  glotte  est  béante, 
ses  bords  sont  renversés  ; les  arythénoïdes  font  une 
saillie  très  - considérable  en  devant  ; les  ligamens  in- 
férieurs sont  à peine  distincts  , et  au  heu  des  ventri- 
cules, proprement  dits,  on  remarque  une  cavité  qui 
n’est  presque  pas  circonscrite.  Dans  le  mouton  , la 
disposition  est  la  même  ; la  glotte  est  pre.sque  tout  à- 
fait  cartilagineuse;  les  ligamens  inférieurs  sont  peu 
détachés  des  parois , et  l’espace  qui  les  sépare  est  fort 
étroit,  ce  qui  tient  à la  structure  des  cartilages. 

Le  larynx  des  solipèdes  est  mieux  organi.sé  : 1 épi- 
glotte, qui  a peu  d’étendue,  est  triangulaire , et  se 
lermine  en  pointe  comme  dans  le  chien  ; les  arythe- 
noïdes  se  portent  en  devant  par  un  angle  saillant  ; ils 


( i)  Mémoires  de  l'yfcaJéinia  royala^des  Sciences  , anuèc 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  371 

sont  antérieurement  recourbés,  et  les  ligamens  infé- 
rieurs sont  bien  délacliés  et  susceptibles  de  vibrer  : à 
peine  trouve -t-on  aux  extrémités  de  la  glotte  deux 
petites  diiplicatures  qui  peuvent  être  assimilées  aux 
deux  membranes  triangulaires,  décrites  par  M.  Hé- 
rissant, qui , pour  cette  raison  , avoit  rangé  le  larynx 
du  cbeval  parmi  ceux  qu’il  appeloit  composés.  Mes- 
sieurs llourgelal  et  Vitet  , qui  ont  décrit  avec  soin  le 
larynx  du  cbe\'al  , n’en  ont  fait  aucune  mention. 
M.  Hérissant  a été  plus  exact  dans  les  détails  qu’il  a 
donnés  sur  l'organe  de  la  voix  de  l’âne  et  du  mulet;  (1) 
il  a fait  voir  qu’une  cavité  creusée  dans  le  cartilage 
thyroïde  , et  recouverte  par  une  membrane,  est  desti- 
née à recevoir  une  certaine  quantité  d'air,  et  à lui 
imprimer  un  mouvement  de  vibration  très  - considé- 
rable. Moins  de  souplesse  et  plus  de  volume  dans  les 
cartilages  ; moins  de  profondeur  dans  les  ventricules; 
moins  de  saillie  dans  les  ligamens  inférieurs  ; moins 
de  mobilité  dans  la  glotte  , dont  les  contours  sont  si 
massifs  dans  plusieurs  individus,  qu’elle  est  évidem- 
ment incapable  de  servir  à la  fonction  de  la  voix, 
des  cavités  ou  des  poches  surajoutées  : telles  sont 
les  piincipales  diSerences  du  larynx  des  quadru- 
pèdes. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  de  deux  animaux  qu’on 
a coutume  de  ranger,  soit  parmi  les  quadrupèdes, 
soit  à leur  suite  , le  phoque  et  lachauve-souris.  L’épi- 
glotte du  phoque  est  plus  grande  qu’il  uç  faut  pour 


^i)  Mémoires  de  l u-icadurme  royale  des  Sciences,  année  ijSS. 


3;2  SCIENCES  PIIYSTOL.  ET  MEDICALES. 

recouvrir  rouverture  de  la  glolle  : celle  dernière  est 
placée  iminédialemenl  au-dessus  des  ligamens  appelés 

cordes  vocales  , de  sorle  qu’il  y a enlr’eux  el  elle 
très -peu  d'espace;  disposiLion  que  je  n’ai  vue  dans 
aucun  autre  animal. 

Il  n’y  a point  d’épigloüe  dans  le  larynx  des  cliauve- 
souris;  la  glolle  est  figurée  en  losange  allonge  ou  en 
ovale  , et  au-dessous  de  cette  ouverture  on  remarque 
un  élargissemeul  assez  considérable.  Dans  la  chauve- 
souris  de  nie  de  Sainte  - Hélene  , appelée  vampir  cà  nez 
simple  el  long  , une  légère  saillie  membraneuse  semble 

tenir  lieu  d’épiglotte  : dans  la  chauve-souris,  appelée 

vampir  à nez  composé , il  n’y  en  a pas  la  moindre 
apparence  ; dans  la  première  , on  trouve  quelques  re- 
plis membraneux,  qui  suppléent  au  défaut  des  liga- 
mens  ou  cordes  vocales  ; je  n’en  ai  pas  trouve  dan» 
la  seconde. 

Ainsi  le  phoque  se  rapproche,  par  la  disposition 
du  larynx , de  la  classe  des  quadrupèdes , et  la  chauve- 

souris  de  celle  des  oiseaux. 

Ces  derniers  peuvent  être  divisés  en  trois  ordres,  a 
raison  des  diBcrcnces  que  l’organe  de  la  voix  présente; 
dans  les  uns,  le  neeud  qui  se  remarque  dans  la  divi- 
sion des  bronches  , est  dépourvu  démuselés;  dansles 
autres,  un  muscle  serré  et  aplatti  le  recouvre  : dan» 
ces  deux  premiers  ordres,  la  trachée-artère  fait  un 
simple  trajet  depuis  la  division  des  bronches  pisqu  a 
la  glolle;  dans  le  Iroisième  ordre,  elle  se  conloui  no 
de  dllfémiles  manières  , et  l’organe  de  la  voix  est 
vraiiuciiL  composé. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX. 

On  a dit  que  les  oiseaux  ont  un  double  larynx:  Fun 
supérieur  et  Fautre  inférieur  : on  s’exprinieroit  d’une 
manière  plus  convenable , en  disant  que  la  glotle  , 
dans  les  oiseaux,  est  placée  an  haut  du  cou  , et  que 
]e  reste  de  l'organe  de  la  voix  , qui  lient  lieu  des 
ventricules  et  des  ligamens  inférieurs,  est  situé  en 
bas  et  à la  division  des  bronches.  C'est  au  moins  ainsi 
que  j ai  envisagé  celte  structure,  comme  les  détails 
su  i va  ns  le  j)i'ouveront. 

La  glotte  des  oiseaux  différé  par  son  ouverture  et 
par  sa  forme;  en  général  c’est  cette  partie  de  l’organe 
de  la  voix  qui  olfre  on  eux  le  moins  de  variétés:  dans 
le  canard,  dans  le  coq -d’Inde  et  dans  l’outarde,  on 
distingue  facilement  une  pièce  triangulaire  placée  en 
devant;  dans  le  canard,  elle  est  surmontée  intérieure- 
ment et  an  milieu  par  une  saillie  aiguë  et  cartilagi- 
neuse eu  arrière:  sur  les  cotés,  sont  des  ligamens  ir- 
régidiers,  et  les  deux  parties  latérales  de  la  glotte 
sont  formées  par  deux  cartilages,  dont  la  figure  varie 
suivant  celle  de  la  glotte  elle-même.  Dans  l’aigle,  dans 
le  pélican  et  dans  le  canard , elle  est  disposée  en  feni e ; 
dans  le  casoar,  elle  est  ovale  ; elle  est  grande  et  un 
peu  triangulaire  dans  le  pigeon  ; et  dans  la  poule,  elle 
forme  une  espèce  de  parallélogramme  très- allongé. 
Perrault  Fa  vue  figurée  en  losange  dans  le  cormoran. 
Dans  le  cabaret,  le  chardonneret,  lelinot,  le  verdier 
et  le  serin  , j'ai  trouvé  cette  ouverture  ovale  avec  de 
légères  échancrures  sur  les  côtés.  Dans  le  rossignol  , 
elle  ne  diffère  qu’en  ce  que  les  bords  sont  moins 
«chancrés  et  plus  unis;  deux  muscles  placés  sur  les 


« 


074  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
côtés  de  la  glotte,  sont  destinés  à la  former.  Dans 
les  oiseaux,  et  en  général  dans  tous  les  animaux  qui 
n’ont  point  d’épiglotte,  l’ouverture  de  la  glotte  peut 
se  rétrécir  au  point  dese  fermer  toul-à-fait  ; maisétant 
cartilagineuse,  elle  n’est  pas  susceptible  de  tension; 
tin  corps  aigu  , qui  est  placé  au  milieu  de  l’os  hyoïde  , 
répond  à la  ])ièce  triangulaire  et  antérieure  de  la 
glotte  , laquelle  est  environnée  dans  les  gros  oiseaux  , 
ainsi  que  la  base  de  la  langue , de  pièces  blanchâtres 
et  frangées. 

Les  anneaux  de  la  trachée-artère  sont  d’une  seule 
pièce,  et  quoique  minces  dans  plusieurs,  ils  ont  beau- 
coup de  consistance  et  d’élasticité.  M.  d’Aubenton  a 
trouvé  les  anneaux  de  ce  conduit  aplattis  dans  l’oi- 
seau-pierre:  deux  muscles  latéi’aux  s’étendent  jus- 
qu’aux pièces  qui  forment  les  bords  de  la  glotte,  et 
paroissent  les  abaisser  en  les  écartant  l’un  de  l’autrej 
la  longueur  de  la  trachée-artère  est  ordinairement 
mesurée  par  celle  du  cou  , dont  l’étendue  n’est  pas, 
ainsi  que  M.  d’Aubenlon  l’a  pi'ouvé  , en  raison  du 
nombre  des  v'ertèbres  cervicales,  puisque  le  cou  du 
cygne,  qui  a vingt -deux  vertèbres  cervicales,  n’est 
pas  aussi  long  que  celui  du  flammant  , qui  n’en  a 
que  dix-sepl.  11  y a cependant  quelques  oiseaux  dans 
lesquels  la  trachée-artère  fait  des  contours  et  prend 
des  formes  particulières.  On  sait  , d’après  Perrault  , 
qu’elle  est  dilatée  en  quelques  endroits  de  l’ibis;  que 
celle  du  coq  indien  fait  un  repli  au  bas  du  cou  ; que 
celle  du  cormoran  olIVe  un  nœud  dans  cette  région  ; 
que  celle  de  lu  demoiselle  de  Nuniidie  s’enlonce  dans 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX,  o;.? 

le  sternum  , ainsi  que  celle  du  cygne.  Willughhy  (i) 
a fait  voir  què  la  trachée-artère  de  la  grue  s'enfonce 
de  môme  j on  trouve  aussi  celte  structure  dans  Je 
héron. 

M.  Hérissant  a décrit  les  bronches  de  l’oie  et  de 
quelques  oiseaux  aquatiques  du  genre  du  canard  ; elles 
sont  entre  - coupées  par  des  membranes  en  forme  de 
croissant.  M.  Bajon  a fait  connoître  les  replis  que  la 
trachée-artère  fait  le  long  du  sternum  dans  le  paragua. 
Enfin  , M.  d’Aubenton  a donné  une  description  exact© 
de  celle  de  l’oiseau- pierre , qui  s’étend  en  dehors  des 
deux  cotés  du  sternum.  Tout  cet  appareil  , qui  peut 
être  comparé  à la  poche  osseuse  du  singe  - hurleur  , 
aux  deux  sinus  de  la  glotte  du  cochon  et  du  sanglier, 
ou  au  tambour  qui  se  trouve  dans  le  larynx  de  fane 
et  du  mulet,  n’est  ainsi  disposé  que  pour  donner  plus 
de  force  et  d’intensité  à la  voix  de  ces  oiseaux.  L'or- 
gane de  la  voix  du  rossignol  et  celui  du  serin  , sont 
au  contraire  les  plus  simples  de  tous.  N’est -on  pas 
en  droit  de  conclure  de  cette  opposition,  que  la  Na- 
ture paroît  tendre  d’elle -même  vers  l’harmonie , puis- 
qu’il semble  lui  en  moins  coûter  pour  former  des 
sons  agréables,  que  pour  produii-e  un  grand  bruit,  à 
force  de  contours,  de  membranes  et  de  cavités  ? 

La  ti’achée -artère , que  nous  avons  considérée  vei's 
le  haut  et  le  long  du  cou,  se  rétrécit  un  peu  vei’s  le 
bas,  dans  le  lieu  où  les  bronches  se  divisent  j il  semble 
que  ce  conduit  y ait  été  pincé  de  droite  à gauche  : là 


( 1 } Ornithologie , page  aooi 


576  SCIENCES  THYSIOL.  ET  MEDICA  LES. 
les  bronches  prennent  leur  origine,  et  dans  l’endroit 
d’où  elles  naissent,  plusieurs  cerceaux  plus  grands  et 
plus  éloignés  les  uns  des  autres,  en  tormeiiL  le  prin- 
cipe ; un  cartilage  mince  , étroit  et  un  peu  tranchant, 
est  situé  perpendiculairement  dans  le  milieu;  il  est 
quelquefois  un  peu  échancré,  ce  qui  a engagé  quel- 
ques auteurs  à le  comparer  à un  hausse-col;  la  face 
externe  de  chaque  bronche  est  formée  d’une  mem- 
brane mince,  de  sorte  que  les  cerceaux  cartilagineux 
n’y  sont  point  entiers  ; la  pièce  en  fonne  d’éperon  , 
placée  à l’origine  des  bronches  , dilfère  dans  sa  struc- 
ture; celle  du  héron  , dont  le  cri  a beaucoup  de 
force,  est  très-simple  ; elle  est  soutenue  en  devant  et 
en  arrière  sur  les  cerceaux  auxquels  elle  correspond. 
Dans  le  coq-d’lnde,  cette  pièce  fait  partie  d’une  autre, 
qui  est  elle -même  composée  de  deux  cerceaux  plus 
forts  et  plus  saillans  que  les  autres  ; les  deux  bronches 
sont  réunies  vers  le  bas  par  une  substance  ligamen- 
teuse , de  sorte  qu’il  y a un  trou  entre  ce  ligament  et 
leur  di%dsion  : dans  les  petits  oiseaux,  la  disposition 
de  la  trachée-artère  est  la  même  à peu  pi’ès  que  dans 
le  héron  ; on  trouve  à la  division  des  bronches  uii 
rétrécissement  et  une  pièce  aigue  et  verticale  qui  les 
sépare  : mais  il  y a sous  un  autre  aspect,  une  diffé- 
rence très-notable  entre  les  grands  oiseaux , dont  la  voix 
a plus  de  force  que  d’agrément,  et  les  petits , appelés 
par  quelques  naturalistes  aves  canorœ  , parce  que 
leur  gosier  Irès-llexlble  produit  des  sons  bien  caden- 
cés , et  parce  que  plusieurs  sont  susceptibles  d’ap- 
preudre  des  airs  assez  dilliciles,  et  de  les  l'épéter  d’une 


DE  L’ORG.\NE  DE  LA  VOIX.  577 

manière  agréable.  Cette  difTérenoe  consiste  en  ce  que 
le  larynx  inféneiir  des  grands  oiseaux  , tels  que  le 
coq -d’Inde,  la  poule,  le  canard,  l’oie,  l’outarde,  le 
butor,  etc.  n’est  composé  que  de  membranes,  et 
absoliimeut  dépourvu  de  muscles  , tandis  que  dans 
le  rossignol , le  serin , le  linot  , le  verdier  , le  char- 
donneret et  1 alouette,  la  partie  intérieure  du  larynx 
est  absolument  recouverte  par  un  muscle  dont  les 
fibies  sont  très -serrées,  qui  est  silloné  en  dev'ant  par 
une  depiession  longitudinale  , et  qui  se  termine  en 
anièie  par  deux  petits  mamelons  : dans  le  pigeon, 
deux  muscles,  situes  latéralement,  s insèrent  entre  les 
derniers  cerceaux  de  la  trachée-artère,  aux  mem- 
hranes  mobiles  qui  en  remplissent  l’intervalle. 

A celte  observation,  dont  aucun  auteur  n’a  parlé, 
nous  ajoutons,  pour  rendre  le  tableau  plus  complet, 
celle  de  AJ.  Hérissant,  sur  la  membrane  qui  s’étend 
d une  des  branches  de  1 os  de  la  lunette  à l’autre,  et 
qui  ferme  la  partie  antérieure  de  la  poitrine. 

La  glotte  des  oiseaux  ressemble  assez  à celle  des 
quadiupedes  : la  pièce  triangulaire  qui  est  placée  en 
devant , répond  , non  au  crycoïde,  comme  Perrault  l’a 
dit  , niais  au  thyroïde,  et  les  segmens  latéraux  aux 
aiy thénoïdes  : la  pièce  qui  divise  les  bronches  et  les 
membranes  de  ces  dernières  , sont  susceptibles  de 
vibier  , et  semblent  tenir  lieu  des  ligamens  inférieurs 
de  la  glotte;  la  grande  distance  qui  sépare  celle-ci 
d avec  loigane  vraiment  sonore,  le  défaut  d'épiglotte 
et  de  ligamens  ou  cordes  vocales,  la  disposition  des 
membranes  des  bronches,  et  l’action  que  l’air  échappé 


.'78  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

du  poumon,  et  conlenu  dans  la  rc^gion  antérieure  de 
la  poitrine  , sous  la  membrane  de  la  fourchette,  exerce 
sur  la  partie  inférieure  du  larynx  , constituent  les 
principales  différences  de  l’organe  de  la  voix  des 
oiseaux. 

Nous  approchons  du  terme  où  la  voix  ne  consiste 
que  dans  quelques  modulations  informes,  où  même 
elle  s’aff’üiblit  et  disparoît  enfin  tout-à-fait;  dans  quel- 
ques reptiles,  elle  se  fait  encore  entendre, ^raais  dans 
lesserpens,  quelques  sons  aigus,  excités  par  la  colère, 
dont  ils  annoncent  la  menace  et  le  danger,  sont  tout 
ce  qui  en  tient  lieu.  Dans  la  grenouille,  la  glotte, 
qui  est  longue  et  étroite,  et  sans  épiglotte  , s’ouvre  et 
se  feime  avec  autant  de  l’apidlté  que  de  précision  : 
au-devant  de  la  glotte  sont  deux  ligamens  , qui  mé- 
ritent par  excellence  le  nom  de  cordes  vocales  ; ils 
sont  très 'longs  par  rapport  au  volume  de  l’animal, 
tendus  parallèlement,  et  tout-àfait  détachés  des  par- 
ties environnantes  ; de  sorte  qu’au  lieu  d’une  ouver- 
ture, il  y en  a trois  j souvent  les  feules  latérales  sont 
entre -coupées  par  un  petit  ligament  transversal;  la 
somme  de  ces  li'ois  ouvertures  forme  un  espace  ar- 
rondi, qui  est  encadre  dans  un  losange  cartilagineux, 
dont  la  partie  antérieure  est  contiguë  à la  langue.  Celle 
dernière  est  remarquable  en  ce  que  , fixée  par  sa 
pointe,  elle  est  niobile  postérieurement  ; deux  bron- 
ches très-courtes , et  comme  argentées,  naissent  immé- 
diaternenl  de  la  glotte. 

La  structure  est  la  même  dans  le  crapaud  ordinaire 
et  dans  le  grand  crapaud  de  Mississipi , que  j’ai  dis- 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  579 

séqué  au  jardin  du  roi  : on  ne  peut  s’empêcher  d’être 
surpris,  qu’avec  un  organe  aussi  bien  disposé  , ces 
animaux  ne  produisseut  que  des  sons  monotones  et 
désagréables. 

Eerrault  a observé  que  , dans  le  crocodile  , la  tra- 
chée-artère faisoit  divers  contours. 

Dans  les  animaux  qui  nous  restent  à examiner, 
nous  ne  trouverons  plus  que  la  glotte  et  la  trachée- 
artère  ; telle  est  la  structure  de  la  tortue,  de  la  vipère, 
de  la  couleuvre , et  des  serpens  en  général.  Dans  la 
tortue , une  pièce  antérieure  tient  lieu  du  thyroïde;  les 
paiois  de  la  trachée -artère  sont  minces,  ses  anneaux 
sont  continus  : la  glotte  est  très  - étroite , et  placée 
en  devant , très-  près  de  la  face  interne  de  la  mâchoire 
inféiieure  ; ce  qui  prouve  que  la  voix,  dans  ces  ani- 
maux , ne  doit  avoir  aucun  timbre.  Dans  la  vipère 
et  dans  la  grande  couleuvre,  la  glotte  est  plus  éten- 
due; elle  se  trouve  derrière  la  langue,  qui  lient  peu 
de  place  entre  les  deux  mcàchoires,  étant  contenue 
dans  une  gaine  le  long  de  l’oesophage;  la  trachée  s’é- 
largit un  peu  au-dessous  de  cette  ouverture;  ses  an- 
neaux, qui  sont  entiers  dans  son  origine,  se  divisent 
ensuite  pour  adhérer  au  poumon,  et  ils  se  terminent 
en  bec  de  flûte,  au-delà  de  ce  viscère  , dans  une 
suite  de  cellules  qui  s’étendent  jusqu’à  l’extrémité  de 
1 animal,  lequel  peut  être  gonflé  dans  toutes  ses  di- 
mensions , lorsqu’on  y introduit  de  l’air.  La  glotte  des 
oiseaux  est  séparée  d’avec  l’organe  , vraiment  sonore  ; 
elle  est  la  seulé  partie  qui  constitue  l’organe  de  la 
voix  dans  les  l'eptileg. 


38o  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Je  n’ai  fait  aucune  mention  des  célacées , (|uoique 
Pline,  parmi  l*^s  anciens,  et  MM.  Anderson  et  Klein, 
parmi  les  modernes  , aient  avancé  que  la  voix  de  la 
baleine  et  du  dauphin  est  très-forte,  parce  que  l’on 
ignore  absolument  la  structure  de  leur  larynx. 

Je  ne  m’arrêterai  point  non  plus  sur  les  insectes; 
à la  vérité  , plusieurs  de  ces  animaux  , et  surtout  les 
femelles,  font  entendre  des  sons,  mais  les  organes  par 
lesquels  l’air  pénèti'e  , n’y  ont  aucune  part;  ce  sont 
des  bruits  mécaniques,  produits  , soit  par  le  choc  de 
la  partie  antérieure  du  corselet , comraé  dans  plusieurs 
coléoptères,  soit  avec  des  balanciers  semblables  à de 
petites  baguettes  de  tambour  qui  frappent  sur  une 
peau  sèche  et  tendue , comme  dans  les  diptères  , et 
principalement  dans  la  cigale. 

En  se  rappelant  les  observations  dont  je  viens  d’offrir 
le  tableau  , on  peut  en  tirer  les  conséquences  sui- 
vantes : 

1°.  La  glotte  étant  formée  dans  la  plupart  des  qua- 
drupèdes, par  des  bords  presqu  entiei’ement  caitilagi- 
neux,  f|ui  ne  sont  susceptibles  d aucune  tension  giu« 
duée;  cette  ouverture  étant,  dans  les  oiseaux  , liès- 
éloignée  de  l’organe  vraiment  sonore,  et  ne  produi- 
sant qu'un  sifflement  dans  les  serpens  où  elle  est  seule, 

ne  peut-on  pas  en  conclure  quelle  n’est  point  essen- 
tielle à la  formation  des  sons  ? 

3°.  Les  ligamens  inférieurs  étant  dans  plusieurs 
quadrupèdes  et  dans  quelques  reptiles,  les  seules  par- 
ties capables  de  vibrer,  des  membranes  élastiques  en 
•tant  égalciuenl  susceptibles  dans  les  oiseaux,  n csl-on 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  58i 
pas  conduit  à penser  que  ces  différentes  parties  ont 
un  usage  marqué  dans  la  fonuation  des  sons  ? 

3°.  Le  timbre  delà  voix  augmentant  dans  les  con- 
duits recourbés  et  dans  les  cavités  formées  par  des 
parois  cartilagineuses  et  élastiques  , n’est-il  pasprobable 
que  tout  l’appareil  , dont  quelques  animaux  sont 
pourvus  , ne  tend  qu’à  augmenter  la  résonnance  d« 
la  voix  , sans  influer  sur  son  intonation? 

Ces  inductions  sont  les  seules  que  je  me  permettrai 
en  finissanl  ce  méinoii  e.  Un  anatomiste  , qui  se  pro- 
pose de  découvrir  le  mécanisme  de  la  voix  dans  les 
difîérentes  classes  d’animaux,  peut  être  comparé  à im 
curieux  qui,  <àprès  avoir  entendu  dans  un  concert 
l’eflet  de  plusieurs  instrumeus  de  musique,  sans  avoir 
d'ailleurs  la  moindre  connoissance  de  leur  disposition, 
cherclieroit,  en  les  examinant  , à découvrir  la  ma- 
nière dont  ou  les  emploie,  et  la  nature  du  son  qu’ils 
produisent.  Les  recherches  que  je  viens  d’exposer  ne 
sont  relatives  qu’à  la  structure  anatomique  des  or- 
ganes. ( 1 ) 


( 1 ) Depuis  Vicq-d’Azyr,  un  anatomiste  non  moins  célèbre, 
M.  Cuvier,  s’est  occupé  de  nouveau,  et  sous  des  points  de  vue  diffé- 
rens,  des  organes  de  la  vois  , qu’il  a d’abord  considérés  dans  les 
oiseaux,  avec  l’intention  d’appliquer  la  doctrine  qui  lui  est  propre, 
sur  leur  action  , à l’homme  et  aux  autres  mammifères. 

Les  résultats  anatomiques  de  son  travail  se  rapportent  principa- 
lement a cette  partie  de  l’appareil  vocal  que  Vicq  d'Azyr  ne  regarde 
pas,  sans  quelque  motif,  comme  un  simple  supplément  des  deux 
ventricules  et  des  ligamens  inférieurs  , et  que  son  illustre  succes- 
seur désigne  , sous  le  nom  de  larynx  inférieur. 

C»  larynx  est  situé  au  bas  de  la  trachée,  à l’endroit  où  die  s* 


382  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

partage  pour  pénétrer  dans  les  poumons.  Il  est  tellement  le  lieu  où 
se  forme  la  voix  , dans  les  oiseaux,  que  la  section  du  larynx  supé- 
rieur, chez  ces  animaux  , ne  les  empêche  pas  de  crier. 

Les  bords  du  larynx  inférieur  forment  une  anche  membraneuse, 
ou  , pour  parler  plus  exactement  , deux  lèvres  qui  représentent 
celle  du  joueur  de  cor  de  chasse. 

On  peut  diviser  les  larynx  inférieurs  en  deux  classes  , ceux  qui 
n’ont  pas  de  muscles  propres  et  ceux  qui  eu  sont  pourvus.  Les  la- 
rynx de  la  première  classe  ,ont  en  outre,  dans  les  mâles  de  quel- 
ques espèces  , des  cavités  latérales  , ou  des  dilatations  plus  ou 
moins  étendues , osseuses  et  membraneuses.  ( i ) 

Dans  toute  cette  même  classe  , les  mouvemens  de  la  trachée  sup- 
pléent jusqu’à  un  certain  point  aux  muscles  propres  du  larynx  , et 
les  oiseaux,  dépourvus  de  ces  muscles,  ont  ceux  de  la  trachée 
beaucoup  plus  développés  : parmi  les  larynx  inférieurs  pourvus  de 
muscles  , on  doit  distinguer  ceux  des  oiseaux  chanteurs  , chez  les- 
quels ces  muscles  sont  au  nombre  de  dix,  ce  qui  prouve,  contre 
l’opinion  de  Vicq-d’Azyr , que  le  larynx  de  ces  oiseaux  est  très- 
composé. 

Ce  nombre  si  considérable  de  muscles  laryngiens  s observe  éga- 
lement dans  les  hirondelles  , les  étourneaux  , les  moineaux,  dont 
la  voix , malgré  celuxe  de  moyens,  n’en  est  pas  moins  désagréable  et 
fausse  : ce  qui  dépend  du  timbre  de  l’instrument  vocal , et  d un 
défaut  de  rapport  entre  la  mobilité  du  larynx  et  celle  de  la  trachée. 
Cette  partie  de  l’instrument  vocal  s’allonge  , ou  se  raccourcit  avec 
d’antant  plus  de  facilité  , que  scs  anneaux  sont  plus  minces  et  plus 
séparés  par  des  membranes  flexibles,  ainsi  qu’on  le  remarque  dans 
les  oiseaux  chanteurs;  ces  mêmes  anneaux  sont  entièrement  osseux 
ou  cartilagineux  dans  les  autres  oiseaux,  et  présentent  de  nom- 
breuses variétés  dans  leur  nombre,  leur  rapprochement  et  leurs 
dimensions. 

La  longueur  absolue  do  la  trachée  est  par  conséquent  foudamen- 

taleet  dépend  principalement  delà  longueur  du  col  de  chaque  oiseau. 

Nous  voyons  que  l’expérience  , à l’égard  du  ton  , est  conforme 


(i)  Elle  comprend  les  paons  , les  coqs  , les  faisans  , les  peidr"  ; 
en  un  mot,  toute  la  classe  des  galliuacées. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  383 

ce  principe  ; les  petits  oiseaux  chantant  le  plus  haut , et  ceux  qui  ont 
le  cou  long  , ayant  en  général  la  voix  plus  basse,  ' 

La  voix  plus  grave  des  mâles  , dans  tous  les  oiseaux  de  rivage,  et 
dans  plusieurs  autres  espèces , dépend  des  contours  de  la  trachée 
qui  se  replie  et  se  prolonge  de  diverses  façons.  « 

Le  larynx  supérieur  des  oiseaux  est  remarquable  ; i®.  par  une 
ouverture  longitudinale  faite  à la  face  postérieure  du  tube  tra- 
chéal ; a",  par  la  structure  même  de  la  glotte  , formée  de  deux 
pièces  osseuses , qui  ne  peuvent  jamais  s’étendre  ou  se  relâcher. 
11  faut  remarquer  , en  outre  , que  le  même  larynx  n’a  ni  cartilage 
aryténoïde,  ni  cartilage  tyroïde , ni  épiglotte.  Celle-ci  est  sup- 
pléée par  des  points  cartilagineux  placés  sur  les  bords  de  la 
glotte  où  ils  peuvent  au  besoin  servir  d’opercule. 

Ce  larynx  supérieur  se  trouvant  borné  à la  fonction  d’ouvrir  et  de 
fermer  plus  ou  moins  la  trachée  , varie  très-peu,  ainsi  que  Vicq-d’A- 
zyr  l’avoit  remarqué. 

- La  principale  différence  qu’il  présente  tient  â des  tubercules  placés 
dans  son  intérieur  : tubercules  que  l’on  n’observe  jamais  dans  les  oi- 
seaux chanteurs  ; mais  bien  dans  les  oiseaux  dont  la  voix  est  le  plus 
rude- 

M.  Cuvier  conclut  en  outre  de  plusieurs  rapprochemens  entre 
l’instrument  vocal  des  oiseaux  et  les  iustrumensà  vent  delà  classe 
des  cors  et  des  trompettes  , que  dans  l’instrument  vocal  le  son  est 
produit  de  la  même  manière  que  dans  ces  instrument,  et  qu’il  est 
également  modifié,  quant  à son  ton  , par  trois  sortes  de  moyens, 
c’est-à-dire,  i®.  par  les  variations  de  la  glotte  qui,  correspondent  i 
selles  du  joueur  ; 2».  par  les  variations  de  la  trachée  correspondante 
aux  cors  de  rechange  ; 5\  par  le  rétrécissement  de  la  glotte  supé- 
rieure qui  répond  a la  main  du  joueur.  ( 1 ) 

{ Aote  de  l'Editeur.  ) 


J P""*"  détails,  le  Mémoire  de  M.  Cuvier , Journal 

Jrnj  siqus  , prairial  an  S. 


EXPLICATION 


DES  QUATRE  PREMIÈRES  PLANCHES,  (l) 


PLANCHE  PREMIÈRE. 

Fig.  I. 

A,  D,  C , trois  ouvertures  qui  conduisent  au  tissu  cel- 
lulaire osseux. 

B , E , ouvertures  qui  communiquent  avec  le  labyrinthe 
et  l’orifice  de  la  trompe  d’Eustaebe. 

Fig.  JL 

H , I , D , conduit  droit. 

A , conduits  demi-circulaires. 

E , tissu  spongieux  de  l’os , dont  les  cellules  commu- 
niquent entre  elles. 

Fig.  III. 

E,B,F,D,C,les  ouvertures  du  tympan  et  la  saillie 
transversale  que  l’on  trouve  ^ dans  cette  cavité  , chez  plu- 
sieurs oiseaux. 

B , E , ouvertures  qui  donnent  passage  aux  nerfs  auditifs. 

Fig.  IV. 

L , B , membrane  du  tympan. 

D , E , l’osselet  ou  collumella.  F , G ^ ses  deux  branches. 

Fig.  VI. 

E,  F,  cellules  communicantes.  II  , C , renflement  des 
conduits  demi -circulaires.  D,  conduit  droit. 

Fig.  VII. 

L’une  des  plumes  qui  environnent  le  conduit  auditif. 


( 1 } lo  volume  de  planches. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  385 
PLANCHE  DEUXIEME. 

Fig.  V. 

E,  B,  ouvertures  qui  traversent  les  nerfs  auditifs, 

F , A , D , autres  ouvertures  qui  donnent  passage  à d^ 
nerfs. 

Fig.  FUI. 

Osselet  de  l’ouïe  isolé  dans  la  tortue.  ' 

Fig.  IX. 

E,  D,  l’osselet  précédent  en  place,  et  tenant  à la  meni. 
brane  du  tympan. 

Fig.  X. 

La  membrane  du  tympan  dans  la  tortue. 

Fig  XI. 

D,  E , D , E,  osselets  de  l’ouïe,  isolés  du  caméléon. 

Fig.  XII. 

Le  meme  osselet  occupant  sa  place  dans  l’organe  de 
Touïe^  en  G. 

planche  TROISIEME. 

Fig.  /. 

O , P , Q , vaisseaux  de  la  poche. 

F,  G,  H,  cette  poche  vue  en  devant.  U,  D,  D,  oshvoîdc. 

L , trachée-artère.  K , lobe  de  la  glande  tyroïde.  B , C * 
langue  du  mandrill,  * ^ 

' Fig.  II. 

Cotte  figure  présente  la  poche  du  larynx  du  singe  - hur- 
leur , vue  de  coté. 

Depuis  A jusqu’à  B , espace  étroit,  allongé  et  horizontal 
de  la  face  supérieure  de  la  poche. 

C,  dépression  latérale  de  la  face  supérieure. 

ï.  4. 


25 


586  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

Depuis  D jusqu’à  E , face  inférieure  , arrondie  , inégale 
et  poreuse. 

F , échancrure  placée  au  haut  et  à un  des  côtés  de  l’ou- 
verture. 

G , une  des  petites  facettes  placées  au  haut  et  sur  le  côte 
de  la  face  postérieure. 

H , ouverture  qui  mène  à la  cavité  de  la  poche. 

Fig.  III. 

Cette  figure  représente  le  larynx  du  chien  ; il  a été  ouvert 
longitudinalement  pour  voir  l’intérieur. 

A,  B,  os  hyoïde.  C,  épiglotte  qui  est  triangulaire.  D, 
ligamens  inférieurs  de  la  glotte.  F , G , ventricules.  K , partie 
moyenne  de  l’épiglotte.  L , M , crochets  formés  par  l’épi- 
glotte et  les  ligamens  inférieurs.  H , I , trachée-artère. 

Fig.  IT^. 

On  voit  dans  cette  figure  le  larynx  du  chat.  A , B , os 
hyoïde.  E , l’épiglotte.  II , I , la  glotte.  E , D , F , G , repré- 
sente  les  ligamens  inférieurs  de  la  glotte  et  deux  petites 
membranes  placées  au-dessus , et  qui  frémissent  aisément. 

Fig.  V . 

Elle  offre  le  larynx  du  lapin:  il  a été  ouvert  pourvoir 
l’intérieur.  A , l’épiglotte.  B , petits  corps  arrondis  , placés 
au  bas  de  l’épiglotte  du  lapin.  C,  D , ventricules  et  liga- 
mens inférieurs  de  la  glotte.  E , la  Irachee— artère. 

Fig.  VI. 

Elle  présente  le  larynx  du  phoque  dans  l’état  naturel.  A , 
la  langue,  qui  est  très-grande.  B,  épiglotte.  B,  C , la 
glotte.  E,  D , les  ligamens  inférieurs  ou  cordes  vocales, 
qui  sont  très -près  des  lèvres  de  la  glotte.  F,  la  Iracbee- 
arlcre. 


DE  L’ORGANE  DE  LA  VOIX.  58j 

Fig.  FIL 

Larynx  de  la  chauve-souris-vampire  de  l’ile  Sainte-He'- 
lène  à nez  simple  et  long.  A , langue.  B , saillie  très-peu  con- 
sidérable , tenant  lieu  d’épiglotte.  B,  C,  glotte  ovale  et 
comme  festonée.  D.  la  trachée  - artère. 

PLANCHE  QUATRIEME. 

Fig.  FUI. 

Trachée-artère  du  dinde.  A,  B,  trachée-artère.  C,  œso- 
phage. D , endroit  où  étoit  la  poche  et  qui  a été  lié.  E , F , 
G,  H,  artères.  I,  nœud  où  est  la  partie  inférieure  du 
larynx.  K,  trou  situé  eetre  les  deux  bronches.  L,M,  deux 
muscles  placés  le  long  de  la  trachée-artère. 


Fig.  IX. 

La  glotte  du  pigeon.  A , B , la  glotte.  C , D,  pièces 
comrue  frangées  on  hachées,  qui  accompagnent  la  langue 
et  la  glotte  de  plusieurs  oiseaux.  E , la  trachée-artère. 

Fig.  X. 

Cette  figure  offre  la  glotte  du  rossignol  ; sa  forme  y est 
dessinée  en  grandeur  naturelle;  derrière,  sont  les  pièces 
hachées  ou  frangées. 


Fig.  XL 


Larynx  de  l’alouette , qui  donnera  une  idée  de  cet  or- 
gane, vu  en  dehors,  dans  tous  les  petits  oiseaux;  on  y voit 
la  trachée-artère,  ses  deux  muscles  longitudinaux,  le* 

ronc  es , et  en  A , un  muscle  qui  recouvre  l’organe  vrai- 
ment sonore. 

F’^.  XI J. 

Dans  cette  figure  , on  voit  ces  parties  en  grandeur  natu- 

re  e A,  la  langue.  B , l'ouverture  du  larjni  dans  lequel 

sont  les  cordes  vocales.  C,  D,  les  bronches  qui  sont  très, 
courtes. 


fragmens 

Sur  l’Anatomie  et  la  Pliysiologîe  de  l’œuf , tirés  du 
Vocabulaire  Anatomique  , et  d’un  Mémoire  inédit  sur  ce 
qui  arrive  au  jaune  de  l’œuf  apres  l’incubation. 


de  l’œuf. 

OEuf,  Oi’um,  est  une  production  couverte  d’un« 
enveloppe  plus  ou  moins  dure,  propre  aux  femelles 
des  oiseaux , des  reptiles , des  poissons  et  des  in- 
sectes, et  qui  contient,  lorsqu’elle  a ete  fecondee  par 
le  mâle,  le  germe  de  l’embryon. 

Qjuf  avec  ou  sans  enveloppe  osseuse. 

On  doit  distinguer  dans  l’œuf  deux  sortes  de  par- 
ties, savoir:  i“.  les  parties  contenantes  ; 2”.  les  parties 
contenues. 

r.  Les  parties  contenantes  de  1 œuf  de  oiseau 
sont  ce  qu’on  peut  proprement  appeler  les  enve- 
loppes extérieures  de  cet  organe,  c’est  - a - dire . a 
coque  et  la  membrane  qui  tapissent  immédiatement 
l’inlérieur  de  eette  coque.  La  ineinbrane  qui  l.r  ta- 
pisse en  dedans  adhère  intimement  a sa  s.irlace 
elle  est  blanche  et  légèrement  raboteuse  du  co  e 
par  lequel  elle  lient  à la  coque,  Ires-lisse  e 
blanc  moins  éclatant  dan»  sa  face  interne. 

Dans  le  gros  bout  de  l’œuf,  et  tou, ours  u p e i m 
le  c,-,té,  on  trouve  constamment  un  petit  espa  e 
vide,  ou  plutôt  qui  ne  contient  que  de  l-t"- 
.spaco  a la  forme  d’un  petit  «■gineiit  do  sphèic. 


ANAT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’ŒEUE.  SS5 

est  dû  à im  écartement  particulier  des  deux  lames 
de  la  membrane  qui  revêt  l’inténeur  de  la  coquille; 
de  sorte  que  la  plus  extérieure  de  ces  lames  se  trouve 
adhérente  et  suspendue  au  gros  bout  de  la  coque, 
tandis  que  le  feuillet  interne  est  comme  refoulé  vers 
1 extrémité  opposé*  de  l’cjeuf , et  soutenu  sur  l’enve- 
loppe des  blancs. 

11°.  Sous  la  tunique  qui  revêt  immédiatement  la 
face  interne  de  la  coquille,  est  une  seconde  enve- 
^loppe  ou  capsule  dont  les  usages  tiennent  de  plus 
près  au  développement  de  lernbryon.  La  face  exté- 
rieure de  cette  seconde  enveloppe  est  collée  à la  sur- 
face interne  de  la  membrane  propre  de  la  coquille, 
inais  d’une  manière  si  lâche  qu’il  est  très- facile  du 
l’en  séparer  sans  la  rompre.  C’est  sur  cette  seconde 
tunique  que  sont  répandus  les  linéamcns  ou  ramifi- 
cations de  la  plupart  des  vaisseaux  sanguins  qui  com- 
posent le  cordon  ombilical,  comme  il  est  aisé  d* 

6 en  convaincie  si  Ion  examine  des  œufs  soumis  de- 
puis quelques  jours  à 1 incubation.  Cette  seconde  en- 
veloppe renferme  les  autres  parties  intérieures  de 
l’œuf,  telles  que  le  blanc  ou  les  blancs,  le  jaune 
et  ses  annexes,  le  germe  ou  la  cicatricule,  etc. 

DU  BLANC  DE  l’uïUF. 

Le  blanc  dœuf  (^albumen)  , est  composé  de  deux 
substances  très-distinctes  , qu’il  est  essentiel  de  ne  pas 
confondre.  Ou  les  appelle  les  blancs. 

Le  piemier  blanc,  ou  blanc  extérieur,  est  une 
humeur  séreuse  très • limpide.  Ce  fluide,  placé  im. 


5go  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
médiatcraent  sous  l’enveloppe  membraneuse  com- 
mune , compose  la  couche  extérieure;  de  sorte  que 
c’est  dans  cette  humeur  que  nagent  et  sont  sus- 
pendus le  second  blanc,  le  jaune  et  ses  annexes,  tels 
que  les  chalazes  et  le  fœtus,  dans  le  temps  de  l’in- 
cubation. 

Quant  au  second  blanc,  ou  blanc  intérieur,  c’est 
à lui  qu’appartient  proprement  le  nom  d’albumen  , 
ou  humeur  albumineuse.  Il  entoure  immédiatement 
le  jaune , et  forme  la  plus  grande  partie  de  la  masse 
de  l’œuf;  ses  proportions,  relativement  au  blanc  ex- 
térieur, sont  à peu  près  comme  quatre  ou  cinq  à 
un,  dans  l’œuf  qui  n’a  pas  été  soumis  à l’incubation. 

Les  propriétés  principales  de  ce  second  blanc  sont 
d’avoir  une  grande  ténacité,-  et  surtout  de  se  coa- 
guler au  degré  de  chaleur  de  l’eau  bouillante  en  une 
masse  blanche  très--  connue. 

Les  limites  qui  séparent  les  deux  blancs  l’un  de 
l’autre  sont  très  - marquées  ; et  quelques  efforts  que 
l’on  fasse  en  les  battant  fortement  ensemble  , on  ne 
réussit  point  à les  mêler,  si  ce  n’est  par  1 intermède 
de  l’humeur  renfei'inée  dans  la  capsule  du  jaune. 

Le  blanc  intérieur  réfracte  puis.sammenl  lesi'ayons 
lumineux,  qu’il  paroît  l’assembler  à la  manière  des 
verres  lenticulaires.  Il  a l’éclat  et  la  transparence 
du  cristal.  Sa  viscosité  fait  qu’étant  abandonné  h lui- 
même  il  s’étend  très- peu.  11  est  situé  en  grande  partie 
vers  la  petite  extrémité  de  l’œul , de  manière  qu  il  y 
forme  une  couche  beaucoup  plus  épaisse  autour  tlu 
jaune  que  partout  ailleurs,  enfin  il  adhère  fortement 


AN  AT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’(HUF.  Sgi 

au  centre  du  grand  hémisphère  du  jaune  , dans  la 
région*  opposée  à la  cicatricule.  Cette  adhésion  est 
si  intime  dans  l’œuf  qui  a été  couvé,  qu’on  est 
obligé  d’employer  le  scalpel  pour  les  séparer  l’un  de 
l’autre. 

DU  JAUNE  D’tBUF  ET  DB  SES  ANNEXES. 

Jaune  d’œuf  Çi^itellus).  Pour  bien  connoîlre  ce 
corps  et  la  nomenclature  qui  le  concerne,  il  faut  le 
considérer  dans  cinq  états  différens,  par  lesquels  il 
doit  successivement  passer:  i”.  dans  l’œuf  non-fécondé 
et  qui  n’a  pas  été  soumis  à l’incubation  ; 2°.  dans 
'l’œu!  fécondé  qui  n'a  pas  été  couvé;  5".  dans  l’œuf 
fécondé  qui  a éprouvé  les  effets  de  l’incubation  ; 
4°.  dans  l’œuf  couvé  dont  le  fœtus  est  sur  le  point  de 
sortir  de  sa  coquille  ; 5*.  dans  le  poulet  qui  vient 
d’éclore,  et  quelque  temps  après  sa  naissance. 

Le  jaune  est  un  corps  de  forme  sphérique  et  d’une 
consistance  molle.  Il  n’occupe  point  le  milieu  de  la 
coque  ; on  le  ti'ouve  ordinairement  plus  près  de  la 
grosse  extrémité  que  de  la  pointe  , et  toujours  plus 
avancé  vers  un  côté  que  vers  l’autre , comme  il  est 
aisé  de  s’en  convaincre  en  faisant  cette  recherche  sur 
des  œufs  durcis  au  feu. 

Le  jaune  ne  flotte  point  au  hasard  dans  l’intérieur 
de  l’œuf-,  il  est  comme  fixé  par  deux  ligamens  qui 
sont  en  partie  membraneux  et  en  partie  albumineux. 

Ces  ligamens  forment  ce  que  l’on  appelle  les  cha- 
lases  (grandines),  deux  petits  corps  blanchâtres  et 


092  SCIENCES  PHYSTOL.  ET  MEDICALES, 
'gélatineux,  Tune  consistance  assez  ferme , situés  aux 
deux  pôles  du  jaune  auquel  ils  sont  fortement 
adhérens. 

Les  chalazes , considérées  dans  leur  situation  na- 
turelle, répondent  aux  deux  extrémités  de  l’œuf, 
l’une  à sa  pointe,  et  l’autre  à sa  base.  Ces  deux  corps 
communiquent  ensemble  par  une  zone  blanchâtre 
très-mince,  qui  entoure  le  jaune,  et  qui  paroît  faire 
partie  de  sa  capsule.  Cette  bande  n’est  bien  visible 
([ue  dans  les  œufs  qui  sont  ti’ès- frais.  C’est  elle  qui 
partage  le  jaune  en  deux  hémisphères  inégaux  ; l’un 
plus  petit  / au  milieu  duquel  se  trouve  la  cicatricule 
ou  le  germe,  et  qui  se  présente  toujours  en  dessus; 
l’autre  plus  grand,  et  qui  tend  à occuper  la  région 

la  plus  déclive.  . 

L’extrémité  de  chaque  chalaze , qui  est  opposce  a 
celle  par  laquelle  on  voit  ces  productions  adhérer 
au  jaune,  est  attachée  à la  face  interne  de  la  mem- 
brane qui  enveloppe  immédiatement  les  blancs  par 
le  moyen  d’un  ircicius  ou  prolongement  albumineux 
beaucoup  moins  densp  et  plus  transparent  que  la 
chalaze  elle -même.  On  a donné  le  nom  de  glaires  ou 
de  colonne,  coliannœ , à ces  deux  px’olongemeus  des 
chalazes.  Leur  insertion , ou  plutôt  leur  adhérence 
à la  membrane  qui  enveloppe  les  blancs,  se  fait 
vers  l’extrémité  de  l’œuf;  de  sorte  que  le  jaune  se 
trouve,  par  le  moyen  do  ces  colonnes  albumineuses , 
comme  suspendu  et  fixé  vers  le  centre. 

La  chalaze  qui  répond  à la  pointe  de  l’œuf  est 
ordinairement  plus  grosse  , ainsi  que  sa  colonne  , que 


ANAT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’dîUF.  5g5 

la  clialaze  et  la  colonne  qui  sont  placées  vers  la 
base  ; aussi  l’adhérence  de  la  première  de  ces  cha- 
lazes,  qu’on  appelle  pour  celte  raison  la  grande  cha- 
laze  , à l’enveloppe  meml)raneuse  des  blancs,  est -elle 
bien  plus  forte  et  plus  remarquable  que  celle  de  la 
clialazc  qui  répond  au  gros  bout  de  l’œuf,  ou  petite 
chalaze. 

La  forme  extérieure  des  clialazes  est  telle,  qu’à  la 
première  inspection,  il  semble  qu’elles  adhèrent  à 
nn  enchaînement  de  plusieurs  grainsgélatineux,  réunis 
en  chapelet  par  une  substance  intermédiaire  de  mémo 
iiatuie,  et  qui  diminueroit  de  grosseur  à mesure 
qn  on  les  considéreroit  plus  loin  du  jaune.  C’est  à 
cause  de  cette  disposition  apparente  que  ces  corps 
ont  reçu  le  nom  latin  de  grandines.  Mais  si  on  exa- 
mine attentivement  les  clialazes,  il  est  aisé  de  s© 
convaincre  qu  au  lieu  d’ètre  une  série  de  grains  sphé- 
riques, comme  on  l’a  cru,  elles  ne  sont  au  moins, 
quant  à la  forme,  qu’une  production  gélatineuse, 
tournée  irrégulièrerpent  en  spirale,  à peu  près  comme 
le  cordon  ombilical  des  fœtus  des  quadrupèdes. 

Ou  doit  distinguer  dans  le  jaune  deux  parties  prin- 
cipales; ces  parties  sont  1 humeur  du  jaune,  ou  la 
capsule  ou  tunique  qui  contient  celle  humeur. 

La  capsule  du  jaune  dans  un  œuf  frais,  et  qui 
n’a  pas  été  soumis  à l’incubation  , est  une  membrane 
transparente  très-déliée  et  très- mince  : on  n’y  dis- 
tingue alors  aucune  organisation  bien  marquée,  mais 
seulement  une  zone  ou  ceinture  d’un  blanc  plus  mat , 
plus  opaque  que  le  reste  de  la  tunique,  plus  dijQEicile 


5g4  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
à rompre , et  à laquelle  est,  fortement  attachée  , ver» 
les  deux  bouts  opposés  de  l’œuf,  une  des  extrémités 
de  chaque  chalaze;  On  aperçoit  obscurément , dans 
celte  ceinture  blanchâtre , des  fibrilles  qui  se  portent 
en  divers  sens,  mais  principalement  dans  une  direc- 
tion parallèle  à celle  de  la  ceinture  elle-même.  Cette 
zone,  ou  bande  circulaire,  partage  le  jaune  en  deux 
hémisphères  inégaux,  savoir  l’un  plus  considérable, 
qui  tend  à occuper  la  région  la  plus  déclive,  l’autre, 
moins  volumineux  , et  qui  se  tourne  toujours  en 

dessus. 

Indépendamment  de  la  ceinture  ou  bande  circu- 
laire blanchâtre  , dont  je  viens  de  parler , on  remarque 
encore  dans  la  capsule  , vers  le  milieu  du  petit  herms- 
phère  du  jaune , une  tache  ronde , également  blanchâ- 
tre , de  la  largeur  d’une  lentille  ordinaire  ou  d’un  petit 

pois.  Cette  tache , ou  petit  nuage  , est  ce  qu’on  nomme 
communément  la  cicatricule  ou  le  germe.  On  y peut 
dislinguer  différens  cercles  aussi  bien ’exp-imes  dan* 
les  œufs  non-fécondés,  que  dans  ceux  quilont  ete. 

L’humeur  du  jaune,  considérée  dans  un  œuflra.s, 
est  un  sucre  à demi  concret , ou  épaissi  a peu  pies 
en  consislance  ae  .mel  Celte  l-meuv  e la 

propriété  de  ae  coaguler  au  degré  de  chaleur  de  eau 
Luillante.  de  même  que  le  Idanc  dmuft  e le  se 
mêle  et  se  dissout  aisément  à froid  dans  tous  les  li- 
quides aqueux  : on  peut  la  joindre  aux 
laisses  et  la  faire  servir  d'intermède  , comme  es 
liueurs’émulsives.  pour  dissoudre  dans  l’eau  toutes 
«ovles  de  subslances  grasses  et  huileuses. 


ANAT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’(EUF.  5g5 

II.  La  plupart  des  physiciens  qui  se  sont  occupés 
de  celte  recherche,  et  particulièrement  Malpighi , 
ont  cru  apercevoir,  dans  le  centre  de  la  cicatricule 
du  jaune  d œuf  fécondé,  des  traces  sensibles  du  petit 
embryon  que  la  chaleur  de  l’incubalion  doit  faire 
eclore  ; tandis  que  dans  le  germe  de  l’œuf  non -fé- 
condé , on  n’entrevoit  , suivant  ces  auteurs , qu’un 
assemblage  informe  de  quelques  cercles  concentriques 
où  Ion  ne  découvre  aucune  organisation  qui  puisse 
y faire  soupçonner  l’existence  du  fœtus. 

Des  philosophes  non  moins  recommandables,  et  à 
la  tète  desquels  je  crois  devoir  placer  Haller  et 
M.  Charles  Bonnet,  assurent  au  contraire  qu’on  dis- 
lingue  aussi  bien  les  ébauches  de  rembryon  dans  la 
cicatricule  non-fecondée , que  dans  celle  qui  l’a  été. 
En  gai’dant  toute  la  réserve  que  l’on  doit  se  prescrire 
en  pareil  cas,  je  suis  d'autant  plus  porté  vers  cette 
dernière  opinion  , que  dans  les  observations  nom- 
breuses que  j’ai  laites  sur  ce  sujet,  et  malgré  toute 
1 attention  que  j’y  ai  apportée,  je  n’ai  jamais  pu  re- 
marquer une  dilférence  notable  entre  les  germes  des 

œufs  non- fécondés  et  ceux  qui  avoient  éprouvé  l’in- 
iluence  du  mille. 

ni.  1».  Deux  ou  trois  jours  au  plus  tard,  après  le 
premier  moment  de  l’incubation,  on ‘observe  à la 
vue  simple  ainsi  qu’à  la  loupe  , dans  les  bords  de  la 
circonférence  de  la  cicatricule,  et  surtout  dans  les 
trois-quarts  de  cette  circonférence,  une  multitude 
de  points  d’un  rouge  obscur,  ou  d’une  couleur  de 
pourpre  très-foncé.  Ces  points  sont  de  diverses  grau- 


$96  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
deurs,  et  ils  paroissent  comme  isolés  et  sépares  lei 
uns  des  autres.  On  ne  remarque  eeu  ux  aucune  sorte 
de  mouvement.  La  cicatricule  s’est  un  peu  élargie. 

Au  centre  de  cette  cicatricule,  on  découvre  im 
petit  corps  allongé,  dont  une  des  extrémités  semble 
se  terminer  en  pointe.  On  ne  peut  bien  distinguer  ce 
corps  vermiculaire  d'avec  les  autres  parties  environ- 
uantes  de  la  cicatricule,  que  parce  qu’il  est  d’un 
blanc  grisâtre,  plus  brun  ou  plus  opa.jue  que  les  autres 
points  de  celle  surface. 

2°.  Vers  le  qualrièmeou  cinquième  jour,  le  germe 
s’eit'encore  plus  agrandi,  les  points  pourprés  de  sii 
circonférence  paroissent  d’un  rouge  plus  vif;  ils  sont 
aussi  beaucoup  plus  multipliés,  plus  rapprochés  les 
uns  des  autres,  et  ils  s'avancent  davantage  vers  le 
centre  de  la  cicatricule.  Déjà  on  voit  vers  le  centre 
du  germe,  ou  plutôt  au  milieu  du  petit  corps  allonge 
qui  occupe  ce  centre,  deux  points  rouges,  beaucoup 
plus  grands  que  les  précédens,  sépares  1 un  de  laulie 
par  un  espace  beaucoup  plus  large , qui  battent  sans 
cesse  alternativement.  Ces  deux  points  saillans  sont 
les  deux  ventricules  du  cœur  de  1 tm  nyon. 

L'embryon  lui -même,  ou  le  petit  corps  allonge 
qu’on  voit  an  cc.lre  de  la  cicatricule,  a une  forme 
beaucoup  mieux  déterminée;  il  pareil  dcja  nagei 
dans  une  bulle  remplie  d’une  lymphe  Ives- l.rap.ae . 
et  qui  est  presque  de  la  grandeur  de  la  cicat  , ulc 
A làcirconférence  de  la  cicatricule  , on  reniaïque  d. 
séries  de  points  d'un  autre  genre  que  ceux  t o J 
déjà  parlé.  Ces  nouveaux  points  sont  d un  jaune 


ANAT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’ŒEUF.  097- 
claii’ , ils  accompagnent  parallèlement  les  séries  de» 
points  rouges  ; et  celte  suite  de  points  jaunes  compose 
ce  qu’on  nomme  le  vaisseau  du  jaune,  de  même  que 
la  réunion  de  diverses  séries  de  points  rouges  forme 
les  vaisseaux  sanguins  ombilicaux,  et  les  vaisseaux 
omplialo  - mésentériques  ou  vaisseaux  sanguins  du 
jaune. 

3°.  Au  neuvième  ou  dixième  jour  environ , la  cl- 
calricule  s’est  singulièrement  étendue.  Les  moignons 
des  ailes  et  des  pattes  de  rembryon,  flottant  dans  la 
bulle  qui  le  renferme,  comm.encent  à se  montrer  très- 
distinctement.  La  queue,  qui  forme  le  croupion  et  lo 
coccyx  , s’est  raccourcie.  La  tète , les  yeux  , et  la  plu  - 
part  des  organes  sont  appareils.  Les  batlemens  du 
cœur  sont  très-forts  et  très -manifestes  5 et  de  dif- 
férentes séries  de  points  rouges  et^e  points  jaunes  , 
semés  vers  la  circonférence  de  la  cicali’icule , il 
résulie  un  triple  système  vasculaire  complet,  savoir 
celui  des  vaisseaux  ombilicaux,  celui  des  vaisseaux 
sanguins  du  jaune  lui-mème,  et  celui  des  vaisseaux 
jaunes , dont  le  tronc  s’ouvre  dans  le  conduit  intes- 
tinal , un  peu  plus  loin  que  le  milieu  de  ce  conduit. 

Plus  ce  développement  du  fœtus  s’avance,  plus 
aussi  le  jaune  paroÎL  acquérir  d’étendue,  et  plus 
tout  à la  fois  l’humeur  contenue  dans  la  capsule  du 
jaune  perd  de  sa  consistance  et  de  sa  viscosité. 

IV.  Lorsque  le  fœtus  est  sur  le  point  d’éclore, 
les  blaucs  de  l'œuf  se  trouvent  entièrement  consom- 
més 5 mais  le  jaune  paroît  avoir  augmenté  de  volume. 
Le  lœtus  s est  nourri  et  développé , jusq^u’à  ce  mo- 


5g8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

ment,  aux  dépens  du  blanc;  à cette  époque  la  masse 
entière  du  jaune  passe  par  l’ouverture  du  nombril 
dans  le  ventre  où  elle  est  attirée.  On  croit  que  c’est 
de  cette  masse  , renfermée  dans  la  cavité  de  l’ab- 
domen , que  le  poulet  tire  toute  sa  subsistance  pen- 
dant les  deux  ou  trois  premiers  jours  qui  suivent 
la  naissance.  Cette  conjecture  est  confirmée  par 
l’observation  ; car  on  trouve  alors  , dans  le  conduit 
intestinal,  une  liqueur  jaunâtre  qui  ressemble,  par 
tous  les  signes  extéi’ieurs  , à celle  que  renferme  la 
capsule  du  jaune. 

V.  Cependant  il  résulte  de  quelques  expériences 
que  j’ai  faites  sur  des  poulets  nouvellement  éclos, 
en  leur  extirpant  le  jaune  qui  étoit  encore  à peu  près 
tout  entier  dans  la  cavité  abdominale,  que  ces  ani- 
maux, étant  convenablement  soignés  après  cette 
opération,  peuvent  survh’-re  au  moins  très- long- 
temps; de  sorte  qu’il  ne  paroît  pas  qu’il  soit  d’une 
nécessité  absolue  pour  leur  conservation  qu'on  ne  les 
frustre  point  du  suc  alimentaire  que  la  masse  du 
jaune  verse  dans  leurs  intestins. 

Quoi  qu’il  en  soit,  dans  les  jeunes  poulets  aux- 
quels on  n’a  point  enleve  le  jaune  , ou  voit  cet  oi- 
gane  diminuer  insensiblement  de  grandeur,  et  dispa- 
roître  enfin  tout -à -fait  après  un  temps  plus  ou  moins 
long.  Alors,  il  ne  reste  plus  de  cet  organe  que  le 
tronc  commun  du  vaisseau  jaune,  qui  s’est  endurci 
à mesure  que  la  m.atière  du  jaune  s’est  épuisée  ; ce 
tronc  du  vaisseau  jaune  demeure,  pendant  toute  la 
vie  de  l’animal , attache  et  suspendu  aux  parois  du 


ANAT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’ŒUF.  5gg 

tube  intestinal,  comme  un  appendice  vermiforme. 

ojez  Je  Discours  sur  les  rapports  de  l’Histoire  na- 
turellfe  avec  l’Anatomie. 


«ES  POULETS. 

Poulet,  Pullus  galUnaceiis  , est  le  produit  de 
l’accouplement  du  coq  et  de  la  poule  domesiique, 
comme  parmi  les  animaux  vivipares,  le  foetus  est  le 
résultat  de  la  réunion  du  mâle  avec  une  femelle  de 
la  même  espèce. 

Pour  acquérir  une  idée  précise  de  la  formation 
et  de  l’accroissement  des  petits  en  général  , et  de 
ceux  des  animaux  ovipares  en  particulier,  les  obser- 
vateurs se  sont  principalement  attachés  à examiner 
et  a recueillir  les  divers  phénomènes  que  pi-ésente  1© 
développement  successif  du  poulet  dans  l’œuf,  sou- 
mis a la  chaleur  de  l’incubation.  Je  placerai  ici  un 
abrégé  de  leurs  recherches  pour  faire  connoître  la 
nomenclature  qu’ils  ont  adoptée  à ce  sujet. 

Environ  douze  heures  après  que  l’œuf  a été  mis 
à couver,  on  commence  à distinguer  au  milieu  de  la 
cicatricule  la  membrane  qui  paroît  tenir  lieu  de 
chorion  et  que  les  physiologistes  appelent  le  nid  du 
poulet,  nidus  ou  la  membrane  du  nid  ; on  décou- 
vre de, a les  premiers  linéamens  du  fœtus,  caHna, 

Sur  la  fin  du  premier  jour,  la  forme  du  nid  est 
bien  déterminée. 

On  voit  la  première  ébauche  dn  rézeau  vasculaire 
très- remarquable  qui  entoure  le  fœtus  dans  toute 
letendue  de  la  cicatricule;  on  nomme  ce  réseau  la 


4oo  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES, 
figure  veineuse:  il  paroît  tenir  lieu  de  placenta;  les 
raraificalions  vasculaires  qui  le  parcourent  en  tous 
sens  , sortent  des  vaisseaux  ombilicaux  ; ce  rézeau 
vasculaii’e  peut  déjà  être  aperçu  treize  heures  et 
demie  après  que  l’œuf  a été  soumis  à l’incubation. 
Une  grosse  veine  circulaii-e  en  termine  la  circon- 
férence; on  nomme  cette  veine  le  cercle  veineux, 
çirculus  venosus. 

Après  un  jour  et  demi,  ou  vers  la  trente-huitième 
heure,  on  voit  les  premières  traces  de  l’amnios,  qui 
est  caché  sous  la  membrane  du  nid. 

Le  cœur  du  poulet, /JwncZnni  saliens , et  les  raci- 
nes des  gros  vaisseaux  qui  sortent  de  cet  organe  , ne 
sont  d’abord  dans  l’embryon  qu'une  espèce  de  cercle 
ou  d’anneau  vasculaire  qui  paroît  alors  uniforme 
dans  tout  son  trajet.  On  n’y  aperçoit  dans  les  pre- 
miers instans  de  l’incubation  aucune  trace  bien  dis. 
lincte  des  différentes  parties  qui  doivent  former  dans 
la  suite  les  cavités  de  cet  organe.  On  nomme  ce 
cercle  vasculaire  l’anneau  ou  le  cercle  de  Malpighi , 
parce  que  cet  auteur  est  le  premier  qui  en  ait  bien 

reconnu  et  exprimé  la  forme. 

Bientôt  après  , on  distingue  dans  des  points  éloi- 
gnés de  ce  cercle:  i».  différens  réservoirs  qui  doivent 
constituer  proprement  le  cœur;  2”.  les  gros  vaisseaux 
qui  sortent  de  cet  organe;  3“.  dessegmcns  vasculaires, 

ou  conduits  de  communication , dont  1 un  qui  est  tics 

long,  se  trouve  entre  l’oreillette  droite  et  la  base  du 
ventricule  gauche,  et  l’autre  beaucoup  plus  court  , 
est  placé  entre  ce  ventricule  et  la  bulbe  ou  l’origme 


ANAT.  ET  EHYSIOL.  DE  L’(ELIF.  4oj 
de  l’aorte.  Le  premier  de  ces  deux  conduits  de  com- 
munication est  appelé  le  canal  veineux  ou  auricu-* 
laire , canalis  venosus  sive  auricularis  : on  nomme 
1 autre  l’isthme^  isi/imus , ou  le  détroit  t|ui  unit  la 
bulbe  de  l’aorte  avec  la  partie  supérieure  du  ven- 
tricule gauche  du  cœur. 

^ Dans  la  suite,  l’oreillette  droite  du  Cœuf,  quin*étoit 
d’aboidqu’une  portion  de  la  veine  cave,  prend  une 
lorme  plus  marquée,  et  se  partage  en  quelque  sorte 
en  deux  cornes  ou  angles,  dont  J’mterstice  est  occupé 
par  un  espace  blanc  : l’angle  antérieur,  qui  paroit  le 
plus  considérable,  forme  l’oreillettegauche.  C’est  dans 
l’mtervalle  qui  sépare  ces  angles,  qu’est  placée  l’ia- 
sertion  du  canal  veineux» 

Le  ventricule  gauche  ou  aortique  du  cœur  paroît 
aussi  bientôt  après,  comme  divisé  en  deux  loges 
de  manière  que  la  cloison  intermédiaire  de  ces  logel 
est  marquée  par  une  ligne  blanche,  comme  celle 
qui  désigné  la  séparation  des  oreillettes.  Dans  ces 
premiers  temps,  W ventricule  droit  est  très  petit*  il 
est  situé  touCà-fait  vers  la  partie  supérieure  du  cœur, 

3l  salonge  ensuite  pâr  degré  vers  la  pointe. 

Le  cœur  et  ses  mouvemens  alternatifs  sont  quel- 
quefois faciles  à distinguer  dès  la  quarante-deuxièmé 
heure  ; mais  on  ne  les  aperçoit  le  plus  souvent  que 
veis  la  hn  du  second  jour,  ou  vers  le  commence- 
ment du  troisième. 

La  figure  veineuse  esl  parfaitement  déterminée  ver4 
la  fi,.d„  ,ro,s.ème  jour,  et  le  sang  qui  étoit  dô 
ouleurjaune,  commence  à prendre  une  teinta  vouge. 

as 


4o2  sciences  PHYSIOL.  et  ^MEDICALES. 

A celle  époque  ( à la  quarante-huitième  lieure)  » 
on  distingue  quelques  rnouvemens  dans  le  foetus. 

On  aperçoit  aussi  les  battemens  alternatifs  des 
dllïerens  points  qui  correspondent  aux  cavités  du 
cœur. 

Ces  cavités  sont  au  nombre  de  trois  ; elles  se  mon- 
trent sous  la  forme  de  vésicules  : celle  qui  doit  former 
l’oreillette  droite  , et  qui  n’est  autre  chose  qu’une  por- 
tion de  veine-cave  ; elle  bat  ordinairement  la  première  ; 
la  seconde  est  le  ventricule  gauche  du  cœur:  la  troi- 
sième dans  l’ordre  des  battemens  constitue  le  bulbe 
de  l’aorte.  Le  ventricule  droit  et  l’oreillette  gauche 
ne  sont  point  encore  développés. 

Les  petits  moignons  des  ailes  et  des  extrémités 
inférieures  commencent  à sortir  du  corps,  ou  plutôt 
à se  montrer  dans  le  troisième  jour  ( à la  soixante- 
cinquième  et  à la  soixante- dixième  heure. 

On  distingue  aussi  déjà  à la  soixante-dixième  heure 
l’oreillette  gauche  du  cœur  et  les  traces  de  la  sépara- 
tion qui  doit  bientôt  se  faire  entnp  les  deux  ventri- 
cules de  cet  organe. 

Au  développement  de  ces  dilférentes  parties,  suc- 
cède, vers  la  fm  du  quatrième  jour  (à  la  quatre- 
vingt -seizième  heure)  la  première  apparution  du 
foie,  du  gésier  et  des  intestins  : le  plus  ordinairement, 
le  foie  ne  se  montre  que  vers  la  (jualre-  vingt-sei- 
zième heure  , et  l’estomac  et  les  intestins  vers  la 
cent-vingtième  heure  , dans  le  courant  du  sixième 
jour. 

Le  ventricule  droit  du  cœur  est  très-facileà  romar- 


ANx\T.  ET  PIIYSIOL.  DE  L’(EÜF.  4o=î 

quer  vers  la  fin  du  quatrième  jour  ou  au  commen- 
cement du  cinquième  jour  ( à fa  quatre-vingt-sei- 
zième heure  ) 5 et  vers  la  fin  du  cinquième  jour,  les 
deux  venlx ic ules  sont  très  appareils,  et  bien  conformé^» 
C’est  vers  le  milieu  du  sixième  jour  d’inruhation , 
qu’on  parvient  à reconnoître  le  poumon. 

1 eu  d heuies  après  , ^ a la  ceiit-quaraule-deuxième 
heure  ) les  reins  commencent  à paioîlre. 

A cette  mèma  époque  du  sixième  ou  septième  jour 
d’incubation,  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux  qui  en 
sortent,  se  montrent  sous  la  forme  ijuils  doivent 
désormais  conserver  ; le  long  conduit  veineux  ou 
auiiculaire  ( cciiialia  siue  Uuctus  vcfwsus  vtl  iiuricu» 
lavis),  qui  élablissoit  une  communication  entre  les 
deux  oreillettes  et  le  ventricule  gauche,  a disparu 
ainsi  que  le  bulbe  de  l’aorte,  qui  est  à l’origine  do 
cette  artère.  Le  conduit  veineux  s’étant  raccourci 
par  degrés,  forme  1 orifice  veineux  (^ostium  venosum  ) , 
qui  établit  une  communication  entre  les  cavités  des 
deux  oreillettes,  et  le  bulbe  de  l'aorte,  est  totale- 
ment lentre  dans  la  base  du  cœur,  de  sorte  que  l’ar- 
tère pulmonaire  qui  paroissoit  ci-devant  confondue 
avec  l’aorte,  est  alors  distincte  et  séparée  de  ce  dernier 
vaisseau. 

La  vésicule  du  fiel  et  le  sternum  se  montrent  entre 
la  fin  du  septième  jour  et  le  commencement  du 
huitième. 

On  voit  la  plume  paroître  à la  surface  de  la  peau 
et  la  recouvrir  au  commencement  du  dixième  joui-. 

A cette  époque,  tous  les  organes  du  poulet  sont 


4o4  SC'IENCES  PHYSIOL.  ET  xVIEDICALES. 

apparens:  les  nouveaux  changemens  qui  surviennent 
par  suite  de  l’incubation,  ne  consistent  que  dans  un 
plus  grand  développement  de  ses  différentes  parties. 

On  dit  ordinairement  qu’il  y a des  animaux  vivi- 
pares et  des  animaux  ovipares. 

Les  ovipares  sont  incomparablement  plus  nom- 
breux , puisque  le  foetus  des  vivipares  , renfermé 
dans  des  membranes  et  entouré  de  fluides  , peut  être 
considéré  comme  un  œuf  que  la  femelle  couve  en 
son  sein , et  sous  cet  aspect , la  nature  vivante  est 
toute  entière  ovipare.  Ainsi,  c’est  dans  l’anatomie 
de  l’œuf  que  l’on,  devroit  chercher  l’explication  de 
cette  grande  énigme  de  la  généi’ation.  11  importe  sur- 
tout de  suivre  l’état  du  jaune  de  l’œuf  dans  le  ventre 
du  poulet. 

Les  premiers  jours  de  l’incubation  sont  "destinés 
au  développement  du  cerveau  , de  la  moelle  épinière 
et  du  cœur.  C’est  vers  le  milieu  de  ce  temps-là  que  se 
montre  le  système  intestinal  et  gastrique , auquel  le 
jaune  de  l'œuf  appartient.  Depuis  le  dixième  jour  de 
l’incubation,  jusqu’au  dlx-neuviéme , le  jaune  excavé 
dans  sa  face  supérieure  , et  servant  de  lit  à l embryon , 
loin  de  diminuer  de  volume , s’accroît  et  devient  en 
même  temps  plus  fluide  et  plus  verdâtre.  Celte  aug- 
mentation de  volume  et  de  fluidité  provient  de  ce 
que  le  blanc  se  mêle  avec  1ü  jaune.  Aussi,  observe- 
t-on  ([u’à  celte  époque,  la  masse  du  blanc  diminue, 
s’épaissit  et  disparoît.  On  a découvert  les  bran- 
ches des  artères  mésentériques  moyennes  et  de 
la  veine  porte,  qui  sc  répandent  sur  le  sac  du  jaune. 


AN  AT.  ET  PHYSIOL.  DE  L’(HUF.  4o5 

qu  elles  pénètrent , et  dentelles  alimentent  profonde* 
ment  les  membranes;  d’où  je  conclus  que  le  jaune, 
arrosé  par  les  vaisseaux  propres  aux  viscères  de 
l’abdomen,  appartient  plus  intimement  au  poulet 
que  le  reste  de  l’œuf,  dont  la  surface  n’est  recouverte 
que  par  les  vaisseaux  ombilicaux  , comme  l’avoit  ob- 
servé Haller. 


Cest  jîar  un  pédicule  creux  que  le  jaune  de  l’œuf 
communique  avec  le  tube  intestinal  du  poulet , dont 
ïlest  le  premier  aliment.  Le  volume  de  ce  pédicule 
est  d’abord  presque  égal  à celui  de  l’intestin;  mais 
comme  ce  dernier  s accroît , le  pédicule  demeurant 
le  même,  on  aperçoit  bientôt  une  grande  dispro- 
portion entr’eux. 

Lesphysiologistesontdit  qu’à  la  fin  de  l'incubation 
le  jaune  entroit  dans  l’abdomen.  J’ai  cru  réduire 
a leur  juste  valeur  ces  expressions  peu  exactes,  en 
observant  que  le  ventre  , qui  avoit  une  étendue 
immense,  relativement  au  corps  de  l’embryon,  se 
resserre  alors;  et  eu  expliquant  le  mécanisme  à l’aide 
uquel  le  jaune  cède  à l’action  des  membranes  qui 
le  pressent,  eu  se  contractant,  et  ne  fait  que  se  rap- 
procher  des  viscères,  à la  nutrition  desquels  il  doit 
puncipalement  servir.  Le  jaune , auparavant  divisé 
en  deux  ou  trois  lobes,  lorsqu’il  formoit  comme  une 

ceinture  autour  du  jeune  poulet,  paroît  alors  sous  la 
forme  d un  petit  baril  alongé  ; et  c’est  vers  le  côté 
cil  oit  du  ventre  qu’il  se  place. 

On  voit  les  divers  états  par  lesquels  le  jaur.e 
passe  successivement,  en  Toi, servant  à différens 


4oG  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  MEDICALES. 

jours  , depuis  la  naissance  du  poulet.  -J’ai  suivi 
les  diminutions  de  son  volume,  ses  changemens  de 
forme  . ainsi  que  les  variations  qu'éprouvent  le 
pédicule  qui  lui  sert  de  canal,  et  le  ligament  ombi- 
lical, jusqu’à  ce  qu'enfin  les  débris  du  jaune  se  trou- 
vant rcdiiils  au  yolume  d’un  grain  de  millet,  le 
ligament  disparoîl  ; et  le  pédicule  du  jaune  n’étant 
])lus  soutenu  par  ce  ligament  le  renvei’se  surl’intes- 
liujOÙ  il  demeure  ainsi  couché.  J’ai  fait,  pourrendre 
sensiUe  à l'œil  cette  gradation  d’états  , dessiner, 
à diflércnies  époques,  les  viscères  du  poidel  nou- 
vellement éclos.  L’histoire  naturelle  fournil  des  rap- 
procbemens  curieux  entre  les  insectes  et  les  oiseaux; 
l’abeille  sui  toul  a des  traits  marqués  d’analogie  avec 
le  poulet  nouvellement  éclos  : on  y trouve,  après 
qu’elle  a été  débarrassée  de  son  enveloppe,  le  même 
miel  dont  le  ver  s’est  nourri  quelques  jours  avant  sa 
métamorphose  , comme  le  jaune  de  l’œuf  existe  dans 
]e  ventie  du  poulet,  quelques  jours  après  sa  nais  ' 
sauce.  On  poursuit  celle  analogie  , qui  se  sou- 
tient par- tout  dans  ces  deux  classes  d’ovipares, 
([Lioique  d’ailleurs  très  éloignées  l'une  de  l’auti'e.  J^i 
fait  ensuite  dilfércnles  expériences  à l’aide  desquelles 
j'ai  véi’i fié  combien  lejauneéloit  utile  à la  subsistance 
du  jeune  poulet  ; en  extirpant  cette  liqueur,  quelques 
joui's  après  la  naissance  de  l'oiseau  , quoique  la  plaie 
fût  bien  cicatrisée,  l’animal  qui  avoil  été  soumis  à 
îelte  opération , lomboil  dans  un  étal  de  langueur , 
qui  se  terminoit  par  une  mort  plus  ou  moins  prompte. 
On  peut  rapprocher  de  ceg  faits  les  résultats 


AN  \T.  ET  PMYSrOL.  DE  L'(HUF.  407 
des  recherches  que  Haller  avoit  publiées  lui-mèrae  sur 
la  structure  de  l'œuf,  et  les  observations  analogues  que 
les  physiciens  modenu  sonlrecueillies. C'est  l’ensemble 
de  toutesces  circonsiaiicej  qui  détei'minent  ou  favori- 
sentie  développement  (lu  germe  contenu  dans  l’œuf. 

Elles  sont  donc  trt-s- nombreuses,  les  nuances  de  la 
vie;  les  germes  non-fécondt‘s  forment  la  première; 
les  germes  fécondés  et  parfaits,  mais  dont  le  déve- 
loppcmentest  suspendu,  forment  la  seconde.  Bientôt 
un  mouvement  intestin  gonûe  les  vEcères;  le  cerveau 
j)aroit  sous  la  forme  de  vésicules  qui  se  boursoufllent  ; 
le  c(eur  est  un  anneau  noiumx  , dont  les  rcnfleniens 
«’agiteront;  des  organes  particuliers,  et  qui  ne  dure- 
ront qu’un  moment,  naissent,  se  perfectionnent  et 
lueurent  ; c’est  l'embryon.  Cependant  les  fibres  se 
serrent,  les  masses  se  rapprochent  , les  extrémités  se 
hiçonncnt,  et  le  corps  est  entier;  c’est  le  fœtus.  Voit- 
il  le  joui  i autre  élément,  autre  aliment,  autre  tra- 
vad;  les  poumons  se  développent,  et  la  circulation 
est  changée;  c’est  le  nouveau  né.  Dans  la  sixième 
époque,  l’organe  de  la  digestion  s’affermit,  et  les 
germes  des  premières  dents  se  montrent;  dans  la 

septième,  ces  germes  se  détruisent  et  d’autres  les 
remplacent. 

Mais  i,„e  nouvelle  exislence  se  prépare  ; les  organes 
ela  reproduclion  se  développent;  cl  c’esi  la  puberté, 
eiulanl  que  la  grossesse,  l'accouchement  et  la 
l.iclat.on  remplissent  la  plusbelle  portion  de  la  vie 
pendant  que  ces  importantes  fonctions  produEent  ’ 
‘l«i.s  une  classe  très-étendue  d’organes,  de  grandes 


4o8  SCIENCES  PHYSIOL.  ET  -MEDICALES. 

alternatives  d’accroissement  et  de  décroissement,  de 
travail  et  de  repos,  le  système  nerveux  acquiert  toute 
sa  consistance  et  les  muscles  toute  leur  force;  c’est 
la  maturité  ; les  organes  de  la  réjn’oduclion  s’afloi* 
bîissent  et  meurent  à leur  tour  ; ceux  de  la  diges- 
tion languissent,  et  c’est  la  décadence  ; enfin,  les 
fibres  deviennent  dures  et  pesantes  , et  le  mouvement 
cesse  avec  la  vie , pendant  laquelle  il  s’est  fait  une 
suite  non-inleiTompue  d’évolutions  et  de  destructions 
partielles,  dont  le  cours  entier  de  l’existence  orga- 
nique est  formé. 


FIN  DU  QUATRIÈME  VOLUME. 


# 


table. 


DEUXIEME  PARTIE. 

SCIENCES  riIYSIOLOGIQ.  ET  MEDICALES. 


Avertisse.mknt  de  l'Éditeur. 

PRE.MIERE  SECTION. 


page  1 


DISCOURS  SUR  lA  N .A.T  O M I £. 

Premier  discours.  De  I -dnatomie  en  général  ; 

. des  êtres  qui  en  sont  le  sujet  ; de  leurs  carac- 
tères  , etc.  ^ 

Plan  d un  Cours  d' Anatomie  et  de  Physiologie.  35 

Remarques  sur  ce  plan  , par  l'Editeur.  io5 

Deuxieme  discours.  De  t Anatomie  comparée 

, en  général.  ^5^ 

TROISIEME  discours.  Exposition  des  caractères 
qui  distinguent  les  corps  vivans  , et  idée  géné- 
rale de  l'organisation  des  plantes  et  des  ani- 
maux.  22- 

deuxieme  section. 

Mémoires  et  Fr.\gmens  sur  l’Anatomie  , la 
Physiologie  et  l.y  Médecine. 

Mémoire  sur  le  parallèle  des  extrémités  , dans 
l homme  et  les  quadrupèdes.  5^5 

Mé.moire  sur  la  structure  de  l'organe  de  l'ouïe , 


4io  table. 


des  oiseaux  , comparée  avec  celle  de  l'organe 
deVouie  dans  l'homme,  les  quadrupèdes  ^ les 
reptiles  et  les  poissons.  538 

Mémoiue  sur  la  voix.  558 

Explication  des  quatre  premières  planches.  584 
Fragmens  sur  V Anatomie  et  la  Physiologie  de 
l'œuf.  388 


labledu  quatrième  volume. 


erratum. 

P.  25i  , !•  a8  , hydauuj , phallus , lise*  bydaum  phallus. 


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