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,C.P. EDINBURGH LIBRARY
R25974P0236
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OEUVRES
VICQ-D’AZ YR.
SCIENCES PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES.
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ŒUVRES
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VICQ-D’AZYRr7
RECUEILLIES ET EUBLIEES AVEC DES NOTES ET UN
DISCOURS SUR SA VIE ET SES OUVRAGES,
PAR Jacq. L. moreau (de la Sarthe),
Docteur médecin , Sous - bibliothécaire de l’Ecole de médecine, Membre
adjoint de la Société de cette École, nieiiibrc de la Société philu'
niatbit^uc, des Sociétés de médecine de Paris, de Montpellier , etc.
ORNÉES d’un volume DE PLANCHES, GRAND IN-4.“,
ET d’un FRONTISPICE ALLÉGORIQUE.
• '
TOME QUATRIÈME.
«
DE L’IMPRIMERIE DE BAUDOUIN.
A PARIS,
Chez L. DUPRAT-DU VERGER, rue des Grands-
Augustiiis, N.° 24.
AN NUI. — i8o5.
2 SCIËNCES PIIYSTOL. ET MEDICALES.
présentent un euseml)le que l’on poiirroit regarder
comme une Encyclopédie particulière , l’Eincyclo-
rÉDiE ZüONOMiQUE , (i) dout tüutcs les parties
s’enchaînent, se correspondent , s’éclairent réci-
proquement , et doivent conduire quelque jour à
ties résultats qui Ibriiieront une véritable philo-
sophie de la nature vivante : c’est-à-dire une réu-
nion des vérités fondamentales de la Physiologie
•moderne. (3)
Vi r. Q - d’A z y r sut embrasser dans ses études
toutes les parties de ce vaste ensemble. L’Anatomie
et la Physiologie , proprement dites , lui inspirèrent
( 1 ) Encyclopéclie signifiant exposition et disposition de
connoissancps en cercles, il est évident que ce mot con-
vient particulièrement aux sciences physiologiques et médi-
cales, qui forment véritablement un ensemble circulaire.
(2) Un semblable travail doit être exécuté sur le plan
de la philosophie chimique de M. Fourcroy. Je ni’cn occupe
depuis plusieurs années. Mais plus je lui applique nies mé-
ditations , plus j’en aperçois les difficultés et les lacunes qu’il
faut remplir, pour en rendre l’exécution possible. Trois
ouvrages que le monde savant alteiid avec la plus vive
impatience , fa voi iseront sans doute cette entreprise. Ce sont
ia suite de V Analonne comparée ^ par M. Cuvier; le Court
de Phj'siologie été M. Chaussior; et le Traité d' Anatomie
TatUologi f]ue de M. Dupuylrcu.
SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES. 5
»
cependant plus d’intérêt , et furent plus particuliè-
rement l’objet de ses recherches. Ne se bornant pas
à contribuer à leurs progrès, par des travaux sans
gloire , que l’anatomiste philosophe fait souvent
exécuter, il ne craignit pas d’oflilr, dans le plus
beau point de vue, les résultats de ces travaux et
en tira des consé<piences pleines d’intérêt , et des
généralités qu’il sut embellir de cette élocpience
majestueuse et en <|uelque sorte scientifique , dont
Buffon avolt fait usage avec tant de succès , pour
Vllistoire Naturelle.
Nous avons placé à la tète de ce Recueil les
Discours sur l' Anatomie où l’on remarque plus
particulièrement cette manière de présen'cr la
science avec tant d’intérêt, et de la mettre à la
portée de tous les lecteurs <|ul ont cultivé leur
esprit.
Les autres articles qui peuvent et qui doivent
également appeler leur attention, sont placés à la
suite de ces beaux discours.
Les travaux et les raémoii'es purement techniques
et relatifs aux progrès de la science, sont rejetés à
la fin et compris dans une section particulière.
La réunion de ces dlfférens objets est d’ailleurs
4 SaENCES PHYSÎOL. ET MEDICALES,
divisée par sections , et ordonnée de manière à
former , autant qu’il étoit possible , un ensemble ,
et non une collection des travaux de Vicq-d’Azyr ,
sur les Sciences Physiologiques et Médicales.
Bcole de Médecine de Paris , ce aS prairial an xii.
SCIENCES
PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES.
PREMIERE SECTION.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE.
PREMIER DISCOURS.
D E l’Anatomie en général , de ses moyens , de ses obstacles ^
des êtres qui sont l’objet de cette science , de leurs carac-
tères ; des avantages de l’Anatomie et de la nécessité d’en
étendre l’étude ’a tous les corps organisés.
L’anatomie est peut-être, parmi toutes les sciences,
celle dont on a le plus célébré les avantages, et dont
on a le moins favorisé les progrès; c’est peut-être
aussi celle dont l’étude offre le plus de difficultés: ses
recherches sout non -seulement dépourvues de cet
agrément qui attire; elles sont encore accompagnées
de circonstances qui repoussent : des membres déchi-
rés et sanglans, des émanations infectes et malsaines,
l’appareil affreux de la mort, sont les objets qu’elle
pi’ésente à ceux qui la cultivent. Tout-à-fait étrangère
aux gens du monde, concentrée dans les amphithéâtres
et dans les hôpitaux, elle n’a jamais reçu l’hommage
6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
de ces amateurs qu’il faut captiver par l’élégance et
la mobilité du spectacle. Ce n’a été qu’en descendant
dans les tombeaux et en bravant les lois des hommes
pour découvrir celles de la nature, que l’anatomiste a
jeté d’une manière pénible et dangereuse, les fonde-
mcns de ces connoissances utiles; et il n’y a point de
siècle où des préjugés de divers genres n’aient mis les
plus grands obstacles à ses travaux.
Abusé par les prestiges de la métempsycose, l’ha-
bitant de rinde est peint dans l’histoire, comme res-
pectant les coi ps des animaux même les plus vils, et
ne pouvant , sans paroîlre criminel , y porter le
couteau. Esclave de ses coutumes, l’Egyptien n’a
donné tous ses soins à l’embaumement des cadavres
que dans l’intention de conserver une demeure à la-
quelle l’àme devoit, suivant lui, rester long- temps
unie : tant d'efforts n’ont transmis à la postérité quo
des restes hideux , tristes débris d’un peuple qui fut
le père des arts, mais parmi lequel l’anatomie étoit
une science impraticable. Le culte que les Grecs ren-
düienl à leurs morts n’étoit pas moins contraire à
ses progrès. Ne les a-t-on pas vus condamner des gé-
néraux vainqueurs à perdre la vie , parce qu’ils
avüient laissé sans sépulture des soldats tués dans une
action? quel supplice auroienl-ils donc réservé à ceux
qui auroient violé leurs tombeaux? Les Roniaius
furent moins sévères à cet égard; mais l’anatoinie ne
leur dut aucun encouragement, puisqu’au rapport
de Galien , on faisoit le voyage d’Alexandi ie pour y
voir des os humains, qu’il auroil sans doute été plus
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. • j
facile de préparer à Rome, s’il n’y avoit pas eu
d’obstacles.
Plus de mille ans se passèrent, depuis, celle époque,,
dans ce même aveuglement. La religion de Maho-
met, toute guerrière, adopta les préjugés de l’Inde
et de l’Egypte. Des barbares démolirent les villes
de la Grèce, mutilèrent les chefs- d’œuvres de ses
arts, et ne laissèrent subsister que ses erreurs. On
continua de regarder comme impurs ceux qui avoient
approché des cadavres; et ce ne fut qu’au commen-
cement du quatorzième siècle, qu’au grand étonne-
ment du monde entier, trois corps humains furent
disséqués dans l’amphithéâtre ( i ) de Milan. Cet
exemple, donné par ritalie, ne fut suivi que long-
temps après en France, (2) et n’eut point avant le
seizième siècle, d'imitateurs dans le reste de l’Europe..
Mais alors on cessa presque de disséquer des ani-
maux : toute l’activité des anatomistes se concentra
dans l’examen du corps humain , et ce n’a été qu’a-
près y avoir pour ainsi dire épuisé leurs efforts, qu’ils
sont revenus, par choix, à l’ohjet de leurs premières
éludes, cultivé si long-temps par nécessité.
Déjà plusieurs savans se sont illustrés dans celte
carrière. L’académie l'oyale des sciences s’en est oc-
{ 1 ) En i3o6 et i3i5 , par Mundinus.
( 2 ) En 1376 , 1377 , i584 , i4g6, à Montpellier ; en i4g4, à Paris.
J oyez la Bibliothèque ulnatomique de Haller , V Histoire de F Ana-
tomie j-ç^r 'ül. Portai et le Discours Historique et critique sur les
découvertes faites en Anatomie , etc., par M. de Lassus, 1785,
pages 70 et 72.
8 SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.
cupée dès sou origine; (i) celle des Curieux de la
Nature y a contribué par des fragmen.s nombreux.
Blasius et Valentini ont publié des recueils où la
plupart de ces observations sont consignées. Déjà les
insectes (2) et les polypes (5) ont eu leurs historiens; (4)
enfin réunissant ce que le coup d’œil le plus vaste et
en même temps le plus juste, le génie le plus fécond
et le tact le plus délié peuvent rassembler de qualités
précieuses et rares, deux gratids naturalistes ont élevé
tin de ces monumens qui honorent les nations dans
le souvenir de la postéiaté : l’histoire des quadrupèdes
a vu le jour , et l’on a eu un modèle dans ce genre.
J’ai parlé des obstacles que plusieurs siècles de
préjugés ont mis à l’avancement des connoissances
anatomiques ; j’indiquerai ceux qui naissent de la
nature même de ces recherches.
Les moyens pi'opres à faire connoître la structure
et le jeu des organes peuvent être réduits aux suivans :
la dissection anatomique , les expériences que l’on
lente sur les animaux vivans , l’observation exacle
de leurs phénomènes, soit dans l’état de santé, soit
dans celui de maladie, et l’iiistoire des changemens
que ce dernier état apporte dans leur tissu.
A entendre quelques auteurs , il semble que la
physique soit riche en procédés capables de dévoiler
( 1 ) Voyez le Jîecucil rédigé par Perrault, dans les ancieos
Mémoires de l’ylcadimie.
( 3 ) Malpiglii , Swammcrdam , Réaumur et M. GcolTroi.
( 5 ) Tremblcy , etc.
( 4 )MM. le comte de Bufiuu et d’Aulientun.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. «j
le méccitiisinc de nos fonctions. C^udijiies rcflcxions
feront connoîlre les difficultés dont cette carrière est
l’emplie.
Un corps froid, inanimé, privé de la vie, n’offre
q’je des fibres sans ressort, des vaisseaux relâchés et
vides. L’art est, à la vérité, parvenu à les remplir;
mais un fluide étranger et grossier distend outre me-
sure les canaux les plus ouverts, et ne coule point
dans les plus déliés^ ou, si l’on emploie un fluide plu»
subtil, il s’échappe, il transsude sous la forme de rosée
et ne nous instruit point sur la structure des filières
par lesquelles il a passé. Ces réseaux nerveux qui
déterminoient les réactions les plus fortes, celle pulpe
qui étoit le ffiyer des ébranlemens les plus variés, sur
laquelle la lumière elle-même imprimoit des images
et laissoit des traces de ses vibrations; tout est insen-
sible, tout est muet; le muscle ne se roidit plus sous
rinslrumenl qui le blesse; le nerf est déchiré sans
exciter ni trouble ni douleur ; toute connexion , toute
sympathie sont détruites, et les corps des animaux
dans cet état sont une grande énigme pour celui qui
les dissèque.
Celle dissection elle-même a ses difficultés. Combien
ne faut -il pas d'adresse, d’ordre et de patience pour
découvrir , parmi le grand nombre de parties sur-
ajoutées les unes aux autres, les différens nerfs et les
vaisseaux qui appartiennent à chacune! Encore, dans
cet assemblage si mei'veilleux de ressorts de tous les
genres, court -on les risques de négliger ceux qui sont
les plus iuléressans par leurs usages, ceux dont l’éner-
lo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
gie vitale, s’il éloit possible de les voir lorsqu’ils en
sont pénétrés, rendioit les mouvemens les plus re-
marquables, et altireroit surtout l’attention de l’ana-
tomiste. S’il se détermine à interroger la nature vi-
vante , s il ose y cbercher la solution du problème
dont il est occupé, combien celte scène est plus re-
poussante encore que la première ! et combien les
vérités qu’il découvre sont cruelles à arracher et
difficiles à reconnoître! Ce n’cst plus celte immobi-
lité, ce silence qui caractérisent un entier abandon de
la vie; c’est un état toul-à-fait opposé dans lequel
la souffrance et la crainte ne laissent pas un moment
de repos : pour un animal retenu par des liens, le
plus léger mouvement est le signal de la douleur, et
redouble ses craintes. Tout son corps se contracte,
chacune de ses parties se soulève contre l’ennemi qui
la menace ou qui la tourmente. Parmi des Ilots de
sang et des convulsions, au milieu des cris aigus et
des angoisses, comment ne pas se tromper sur le siège
du sentiment? Qui pourroit se flatter, dans un bou-
leversement aussi général, de l’elroiiver les traces des
mouvemens nalurels?elquellesprécaulions,f|uelle saga-
cité ne faut-il pas pour en tirer quelques résultats ut Mes?
Le troisième ordre de moyens proposés, est l'ob-
servation exacte et assidue des phénomènes que pré-
sentent les diverses fonctions organiques considérées
dans l’état ordinaire de la vie ; mais il est diflicile
d’isoler ceux qui appartiennent à chaque viscère, (i)
( 1 ) Les anatomlites appellent viscère, tout orgaue contenu
IX
DISCOURS SUR L'ANATOMIE.
tant les connexions des parties qui composent les
corps animés sont multipliées enlr’elles! Et d’ailleurs,
quand on observe les eflets d’une action vitale parti-
culière, on n’en aperçoit point le foyer : réciproque-
ment, quand l’anatomie nous le montre, son activité
n’existe plus, et nous ne pouvons presque juuiais
saisir que par le secours de i’iiuaginatiou le lien qui
les unit.
La comparaison des viscères sains avec ceux qui
sont malades, fournit encore des connoissances qu’il
est important de recueillir. Mais n’ai'rive-t - il pas
souvent que le siège du mal est très-éloigné de celui
où se luanifoste la douleur? Si les nerfs disposés tlans
les organes, des sens pour nous communitiuer les
impressions du dehors, nous induisent si souvent en
erreur, combien ne devons -nous pas être trompés
par ceux du dedans, dont les enlrelacemens et les
l'éseaux semblent avoir pour but de nous derol)cr la
connoissance de ce qui s'y passe? il n’y a aucune ré-
gion du corps humain qui ne réponde à plusieurs
organes, parmi lesquels il est souvent diilicile de
reconnoitre celui qui est aüecté ou qui a été la source
du mal ; et les altérations qu'on observe après la
mort, ne sont, dans un grand nombre de cas, que
des effets secondaires du vice primitif, ou le produit
dans une caviié ; ainsi l’œil , le cœur , le poumon sont des viscères ,
dans cette acception.
Chaque viscère a des fonctions qui lui sont propres , et nr.e
sphère d’action plus ou moins étendue, et variable dans chaque
individu. ( A'o/e de l’Editeur. )
I
1 2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
d’une cause qui, en frappant un dernier coup, n’a
laissé presque aucune trace de son existence , dans les
lieux qu’elle a quilles.
C’est au milieu de tous ces écueils que marche le
physiologiste : le sujet sur lequel il s’exerce est très-
composé, la science qu’il cultive résulte elle-même de
plusieurs autres sciences qui doivent nécessairement
se perfectionner avant elle. Au commèncemenl de cc
siècle , la physiologie n’éloit encore qu’un vain as-
semblage de systèmes 5 c’est Haller qui les a dissipés ;
il a jeté les fondemens d’une science qui n’a de
commun que le nom avec l’ancienne. Offrons à ce
grand homme l’hommage de notre reconnoissance ,
et témoignons -lui notre l'espect en suivant sa mé-
thode , et en nous efforçant de marcher sur ses
traces.
Il n’y a point d’animal ou de corps organisé qui ne
puisse êli’e le sujet de l’Anatomie; mais l’étendi'e à
tous, C'e seroit exiger trop de travaux : il suffira de
choisir parmi les corps vivans , considérés depuis
l'homme jusqu’à la plante, ceux dont les différences
fournissent les caractères les plus remarquables, et
d’en former une suite de genres anatomiques auxquels
les espèces intermédiaires et les travaux déjà faits
puissent se rapporter.
Xi’amour du merveilleux doit surtout être banni
de cet ouvrage. Quelques animaux ont , dans certaines
parties, une conformation extraordinaire qui n’est pas
ce que l’Anatomie comparée offre de plus intéressant;
souvent même ces singularités trouvent à pciue une
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i5
place dans le système des êtres : elles ne doivent
point être oubliées dans notre tableau ; mais on y
verra sans doute avec plus de plaisir les rapports
suivis, croissans ou décroissans des diflerentes fonc-
tions dans toutes leselasses des corps organisés : on
les verra se réunir, se diviser ensuite, et la vie,
attachée à un petit nombre d’organes, se réduire,
pour ainsi dire, à seséléinens, dans quelques espèces,
et paroître d’autant plus féconde et plus assurée ,
qu’elle devient en même temps plus simple , plua
facile et plus répandue.
Les effets par lesquels elle se manifeste peuvent être
regardés comme des signes propres à la fiiirereconnoître
partout oùellc existe. Les corps vi vans sont tous dispo-
sés de manière à se nourrir (i) età se reproduire; (2)
diftérens sucs circulent dans leurs vaisseaux (3) et
reçoivent dans leurs organes une préparation rela-
tive à leurs besoins; (4) ils commuuiquent tous inti-
mement avec le fluide où ils sont plongés; (5) des
puissances contractiles, (6) plus ou moins soumises à
leur volonté, meuvent des leviers (7^ destinés à divers
Usages, et des cordons nerveux qui se réduisant eu
pulpe, établissent des rapports déterminés entre le
( 1 ) La digestion et la nutrition,
( 2 ) La génération.
( 5 ) La circulation.
( 4 ) Les secrétions,
f 5) La respiration,
( 6 ) L’irritabilité.
( 7 ) L’ossification.
i4 SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.
corps auquel ils apparliennenl et tous ceux dont il
est environné, (i) On peut déduire de ces considéra-
tions, des caractères qui Ibrnieiit les principales mo-
dificalions du système vivant.
Pour en découvrir le mécanisme , il faut rechercher
parmi leurs effets quels sont ceux qui se rapportent
aux lois bien établies de la chymie ou de la phy-
sique, et les distinguer soigneusement des effets qui
ii’onl point avec ces lois de liaison immédiate , ou
au moins connue, et dont la cause nous est cachée.
Ce sont ces derniers que Vanhelraont et Slahl ont fait
dépendre d’une archée ou de l’àine , sans réfléchir
que leur nature n’étant point approfondie, ce qu’ils
altribuoient à un seul agent dépendoit peut-être de
plusieurs. En recourant à des causes imaginaires, ne
semble- 1- il pas que ces grands hommes aient voulu
cacher leur ignorance sous le voile de la philosophie,
et qu’il n’aient pu se résoudre à marquer /usqu’où
s’élendoienl leurs connoissances positives ? Ils ont
sans doute eu raison de dire, et nous pensons coimue
eux, que certains phénomènes se rencojitrent seule-
ment dans les corps organisés, et qu'un ordre parti-
culier de mouvemens et de combinaisons en fiil la
base cl en constitue le caractère. On se trompoit,
sans doute , en leur assignant des causes hypothé-
tiques dont on a enfin dévoilé l'iiisufîi-ance ; mais
quelqu’élonnantes qu’elles nous paroissent , ces fonc-
tions ne sont -elles pas des effets physiques plus ou
( J ) L.’Vfionsiliilité.
DTSCOURS SUR L’ANATOMIE. i5
moins composés dont nous devons examiner la nature
par tous les moyens que fournissent l’observation et
l’expérience, et non leur supposer des principes sur
lesquels l’esprit se repose et croit avoir tout fait lors-
qu’il lui reste tout à faire. En un mot, ces médecins
dont on a, de nos jours, réfuté les erreurs, et que
l’on appelle avec une sorte de dédain , du nom de
mécaniciens, ont -ils fait autre chose que d’abuser
de la mécanique et de la physique? Parce qu’ils se
sont trop pressés d’en appliquer les connoissances à
la médecine , parce qu’ils en ont fait un mauvais
usage, faut-il que l’on y renonce? et si l’on s’inter-
dit cette source abondante , où puisera- 1- ou pour
enrichir notre art et perfectionner l’étude du corps
humain ?
Les fonctions des corps vivans, dont nous avons
reconnu la nature et les diti'erences , peuvent être
divisées en trois ordres principaux. Dans le premier
doivent être rangées celles dont le produit est une
préparation, une coction quelconque des sucs ou des
fluides destinés, soit à la nutrition, soit au dévelop-
pement, soit ù la reproduction de ces corps, (i)
La seconde classe compreiid toutes les espèces de
mouvemens dont ils sont animés, soit ceux qui s'exé-
cutent dans les fibres charnues, ( j) soit cette /«r-
gescence que l’on remarque dans les parties composées
( I ) La digestion ,1a n\itrition , les secrétions en général , la res-
piration, la génération.
( a 1 L’irritabilité, la circulation.
i6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
cVartères et de nerfs entrelacés et formant des ré-
seaux, soit ce ton, ce ressort toujours proportionné à
l’énergie vitale, que les maladies augmentent ou di-
minuent, et qui n’est qu’une extension de l’irritabilité,
resserrée par Haller dans des bornes trop étroites.
A la troisième classe se rapportent toutes les mer-
veilles de la sensibilité concentrée ou réfléchie, et
considérée, soit dans les organes des sens, soit dans
le centre médullaire des fibres nerveuses, soit dans les
cordons qui séparent ces deux foyers interne et ex-
terne d’eù partent et où se réunissent nos sensations.
Le fameux chancelier Bacon a donné une belle idée
des sciences , en les comparant à une pyramide dont
la pointe très- élevée se perd dans les nues et repré-
sente les questions métaphysiques , tandis que les
sciences naturelles en sont le soutien , et que les
autres connoissances sont distribuées dans l’inter-
valle , suivant leurs divers degrés de certitude ou
de probabilité.
Cet ingénieux emblème peut aussi convenir à nos
recherches. Parmi les sujets sur lesquels les physio-
logistes s’exercent, ily en a plusieurs qui , parleur na-
ture abstraite et subtile, doivent occuper le sommet
de la pyramide figurée par Bacon , sommet si souvent
élevé et si souvent détruit, tandis (|ue la base iné-
branlable croissant avec autant de sûreté que de
lenteur, reçoit le tribut des observations que chaque
siècle lui fournit, et ne se perfectionne que par la
main du temps. Ainsi la dissection anatomique et les
expériences tentées sur les animaux, seront l’appui
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 17
de rédlfice que nous n’éleverons qu'avec la plus
grande réserve; nos vœux se bornent à laisser à ceux
qui nous succéderont, un plan dont rexécutioii soit
commencée , et un petit nombre de travaux exacts
et dignes de la confiance de ceux qui s’intéressent
aux progrès de l’Anatoraie.
Mais quels seront nos points de repos dans la car-
rière que nous devons parcoui'ir, quelle sera notre
luétliude dans le choix des individus (|ui doivent servie
à nos comparaisons? essayons de le déterminer.
Des liois règnes qui embrassent toute la nature,
deux se confondent tellement qu’il est presque im-
possible d’établir leurs limites. ('es grandes différences
que l’on obsei've entre tes exli'émités de leur cliuino
disparoissent à mesure qu’on s’approche du point »|ui
«
les réunit : les champignons, les plantes vésiculaires
et articulées, les corallines, et ces végétations dans
lesquelles une famille d’animaux travaille en commun,
et qui, solidement attachées par leur base, ne peuvent
se mouvoir que dans leurs ramifications, toutes ces
substances semblent tenir le milieu entre les animaux
et les végétaux, ou au moins laissent peu d’intervalle
entre ces deux ordres. Il n’en est pas de même des
minéraux : gouvernés iuimédiatement par les lois
connues de la mécanique et des attractions élec-
tives, ne recevant d’accroissement et n’agissant qu’à
leui’s surfaces , ils forment un grand système cir-
conscrit dans tous ses points , et qui n’est équivoque
dans aucun de ses rapports.
A eette grande classe on peut donc en opposer une
O
i8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
autre dans laquelle les niasses animées par des mou-
vemens particuliers et spontanés se reproduisent par
des germes, où les élémens ne cessent de se mouvoir,
de se heurter, de se combiner de raille manières, et
dont les parties, après s’ètre accrues par une force
intérieure, dépérissent enfin et rentrent dans le pre-
mier règne , auquel la mort semble rendre ce que la
vie lui a ôté.
Ces effets sont communs aux végétaux et aux ani-
maux •, dans les uns comme dans les autres , des hu-
meurs circulent, des sucs se séparent, l’air est attiré
et coule dans des vaisseaux particuliers; les sexes
sont distincts et se fécondent, et tous éprouvent ce
développement qui leur donne, chaque année, une
couche ou des productions nouvelles.
11 n’y a donc que deux règnes dans la nature , dont
l’un jouit et l’autre est privé de la vie.
Dans le premier, sous combien de formes, avec
quelle abondance et quelle rapidité les êtres se suc-
cèdent ! la sui-face et les premières couches de la
terre, celle des eaux et leur profondeur, la zone de
l’atmosphère qui touche le globe sont remplies d’ani-
maux et de plantes et pénétrées d’une immense quan-
tité de gerrat*s destinés à peupler le monde.
L’homme occupe, sans doute, le premier rang dans
ce bel ensemble , puisqu’il connoît sa place et qu’il en a
mesuré tous les rapports; il est sans doute le roi des ani-
maux, puisqu’il les subjugue et qu’il leur commande.
Sa description doit être faite la première; elle doit être
la plus étendue, soit parce qu’elle nous intéresse de plus
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 19
prèsjsoil parce qu’indépendamment de ce motif, les
organes étant toujours composés en raison de leurs ef-
fets, c’est-à-dire de l’industrie de chaque classe d’ani-
naux, c’est encore Thomme qu’il faut, sous cet aspect,
étudier avec le plus 'de soin et le plus long -temps.
11 entre dans mon plan de considérer le corps hu-
main dans tous ses âges et dans les diverses circons-
tances où il peut se trouver, d’en examiner toutes
les parties, et d’écrire l’histoire de leurs phénomènes,
objet trop négligé jiav les physiologistes. Toujours
pressés de remonter aux causes, la plupart ont né-
gligé d’observer les effets qui s’offroient de tous cotés
à leurs regards et qu’il auioit été facile de recueillir
plutôt : ce li’est que dans les ouvrages des écrivains
les plus modernes que l’on trouve les traces de cetto
méthode. Je la suivrai; et si quelqu’un se plaint de la
trop grande étendue de mes descriptions, je lui ré-
pondrai que les recherches anatomiques, quoiqu’im-
menses, sont cependant encore incomplètes, puisque
nous ignorons quel est l’usage de plusieurs viscères
dont une corinoissance plus approfondie doit un jour
dévoiler le mécanisme; je dirai qu’il est permis de
chercher jusqu’à ce que l’on ait trouvé tout ce que
l’on cherche, et que noussommes, en Anatomie, bien
loin d’avoir atteint ce but.
Après avoir fait cet aveu, j’ai peut-être acquis le
droit d’ajouter que la description de^nos oi’ganes, quoi-
qu’imparfaite , est cependant assez exacte en plusieurs
points, et assez riche pour fournir des résultats utiles
à la médecine et à la pliilosophie ; c’est un spectacle
&0 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
dont une partie se dérobe à la curiosité qu’elle excite,
tandis que l’autre la satisfait, et dont les personnes
sages ne peuvent manquer de retirer à la fois du
profit et du plaisir.
11 est temps, en elFet, que ceux qui désirent de
s’instruire, après avoir interrogé tout ce qui les en-
toure, reviennent à eux -mêmes et donnent quel-
qu'attention à leur propre sti’ucture. Les formes
extérieures, les lois du mouvement, les élémens et
la composition des corps leur fournissent, sans doute,
des considérations importantes; mais s’ils ne savent
point quels sont les rapports de ces substances avec
Ja leur, ne perdent-ils pas le fruit le plus précieux
de leurs recherches? Qu’est-ce qu’une théorie des
sensations , si elle n’est appuyée sur la desci’iption
exacte des sens eux - mêmes ? L’examen des nerfs , de
leur origine, de leurs connexions, n’explique -t- il
pas un grand nombre de phénomènes sur lesquels il
est si commun et quelquefois si dangereux de raison-
ner mal? Et pourquoi la circulation du sang et de
la lymphe, qui sont la source et l’aliment de la vie,
ne seroit-elle pas aussi bien l’objet de nos réflexions
que la route et la direction des fleuves qui coulent
sous un autre ciel, ou celle des astres qui se meuvent
si loin de nos têtes ?
Mais dans ce travail, il ne faut pas considérer
l’homme seul; on doit le rapprocher des autres ani-
maux : ainsi rassemblés, ils forment un tableau im-
posant par son étendue, et piquant par sa variété.
L’homme isolé, ne paroît pas aussi grand; ou ne
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. a»
voit pas aussi bien ce qu’il est : les animaux , sans
l’homme, semblent être éloignés de leur type, et on
ïie sait à quel centre les rapporter. Les différens corps
organisés et vivans dévoient donc être réunis dans cet
ouvrage, comme ils le sont dans la nature. Combien
de fois, dans le cours de mes recherches, j’ai joui
d’avance du plaisir de voir rangés sur une mêm»
ligne tous ces cerveaux qui, dans la suite du règne
animal , semblent décroître comme l’industrie ; tous ces
cœurs dont la structure devient d’autant plus simple
qu’il y a moins d'organes à vivilier et à mouvoir ; tous
ces viscères où se lillre de tant de manières le fluide
élastique que nous respirons j tous ces foyers, où s’é-
laborent tant de substances différentes destinées à se
convertir en chyle et d’où se séparent les molécul rs
grossières des os, l’esprit éthéré dont les nerfs paroissent
être les conducteurs, le ferment de la digestion qui
maintient la vie au -dedans de l’individu , et cette li-
queur, plus surprenante encore, quoiqu’elle ne coût©
pas plus à la nature, qui propage l’existence au- de-
hors, et qui contient mille fois eu elle l’image ou plu-
tôt l’abrégé de toutes ces merveilles !
Que l’on ne dise donc plus que l’Anatomie est une
science sèche, stérile, repoussante, puisqu’elle seule
peut apprendre à l’homme tout ce qu’il lui est permis
de savoir sur ces div^ers sujets , les plus grands peut-
être qui s’ofl'rent à sa méditation et à son étude.
Celui qui peut s’élever à la connoissance des ani-
maux doit considérer avec soin et comparer ensemble
deux espèces d’organes, dont les uns sont placés à la
22 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
surface et les aulres dans les grandes cavités. On peut
regarder les premiers comme les inslrumens immédiats
de leurs mouvenens , el les seconds comme les ressorts
cachés de la nutrition , de la sensibilité , de la reproduc.
lion et de la vie. Ces organes se correspondent -, ils for-
ment, en quelque sorte , les deux extréniités du système
animal ; el les uns ne peuvent éprouver de grandschan-
gemens, ni de grandes variétés, sans que les aulres
y participent. Ainsi les espèces qui se nourrissent de
chair, parmi les quadrupèdes et les oiseaux, ont les
doigts aigus et les mâchoires fortement armées; mais
leurs estomacs sont peu robustes, toute la résistance
de la proie se fait au-dehors : sa chair se ramollit et
se digère aisément. Les animaux dont les alimens se
tirent des substances végétales ont, au contraire, les
extrémités des doigts enveloppées d’ongles épais; leurs
dents sont applaties dans leurs faces supérieures, for-
mées par des feuillets et dépourvues d’angles saillans
eide pointes; mais leurs estomacs et leurs intestins
sont plus musculeux et plus étendus. Il semble qu’il
y ait une opposition entre les organes exléricurs et
les intérieurs destinés à ces usages; que plus les uns
ont deTaligue à essuyer, moins il reste aux autres de
travail à faire, et qu'eiusi , par une sorte de com-
pensation, cette fonction exige à peu près, dans tous,
eu égard à leur volume, une même somme d’efibiis et
de raouvemens.
Les dents, les estomacs, les intestins, surtout le cæcum
ri la vésicule du fiel sont autant de points appartenant
au système de la digestion , el sur lesquels les anatomistes
D I s C O UR s s U R L’AN ATO M I E. 25
ont le plus insisté. Le nombre et la forme des doigts
des côtes, des vertèbres, ont encore fixé leur atlen-
tion. Le crâne et la face des animaux ont été com-
parés en général avec ceux de riiomme ; mais ces
travaux n’ont point été faits avec assez d’étendue : on
n’a point examiné séparément chacune des pièces qui
composent la tète et le squelette; on n’a point décrit
les vaisseaux; on n’a point recherché quelle est la
structure intérieure des viscères; l’histoire des nerfs
et de leur origine , celle du cerveau, du cervelet et
des glandes ont été tout -à- fait négligées; on pourroit
presque dire la même chose des organes des sons ; enfin
les muscles du chien , du cheval et du bœuf sont les
seuls dont on ait pris quelque connoissancc ; je les ai
disséqués et décrits avec la plus grande attention , soit
dans ces quadrupèdes, soit dans plusieurs autres d’un
ordre dilTérent , soit dans les oiseaux et dans les rep-
tiles ; et j’en ai tiré , pour la comparaison des animaux
rntr'eux, des résultats qui m’ont beaucoup servi. J’ai
vUjdans lessinges delà plusgrande espèce, les muscles
qui se dirigeoient du bassin vers la jambe s’y insérer
très -loin du genou et former avec elle, dans l’ex-
tension la plus complète dont ces animaux soient sus-
ceptibles, un angle qui rendoit en eux la station
parfaite difficile et peu durable; observation qui établit
une différence frappante, quant aux attitudes et aux
mouvemens, entre l’homme et le singe, et qui relègue
celui-ci parmi les quadrupèdes. J'ai vu les muscles de
la face se changer en un pannicule charnu, ceux des
lèvres s’élargir et s’aplatir , tandis que ceux du nez
24 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
acqueroient de 1 élégance dans leurs formes, et deve-
noienl plus nombreux. ( i ) J’ai vu le digastique perdi'e
entièreinenL son tendon miloyen; le ligament stylo-
maxillaire changé en un muscle; (2) le slerno-mas-
toïdien s’insérer, lanlôl à la mâchoire inférieure, (5 )
tantôt se diriger vers le haut du cou , avec les fléchis-
-aeurs de la tète; (4) le petit- pectoral manquer dans
quelques ordres; (5) les droits ilu bas-venli’e s'al-
longer; le deltoïde décomposé, pour ainsi dire, et
divisé en plusieurs portions; (6) un plan charnu très-
large se porter du moignon de l’épaule vers la tète; (7 )
le grand-pectoral fortifié en - devant par un plan ex-
térieur; (8) le grand dentelé, remarquable par une
division cervicale très- forte ; le trapèze suppléé, dans
son extrémité antérieure, par un autre muscle ; (9) le
rhomboïde s’élever jusqu’à l’occiput; (lo) le biceps
changer de nom , parce qu’il ne lui resloit qu’une tête j
les supinateurs et les prouateurs , après avoir été
( I ) Dans le sanglier et les ruminans.
(2 ) Dans le cheval.
(3 ) Dans le cheval.
( 4 ) Dans le mouton.
( 5 ) Dans plusieurs ruminans.
( 6 ) Dans les ruiniiiaiisct dans le cheval ,1e muscle deltoïde est
représenté par le i>urd antérieur du muscle commun du bras, gar la
partie moyenne et inférieure du muscle commun à 1a tête et au bra«
et par les muscles abducteurs de M. Bourgclat.
( 7 ) Ou l'appelle miisrlo commun à la tète et au brai.
( 8 ) Par le muscle commun du bras.
( ) l'ar le Lord supérieur du muscle commun à la tête et au bras.
( 10 ) Dans plusieurs fissipèdcs.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 25
réduilsà de très-petites masses, disparoilre tout-à-fail,
dans quelques familles : j’ai vu dans les lombes un
muscle déplus; (i) dans la région iliaque externe, le
grand fessiér représenté par un plan très-mince; les
deux obturateurs n’en former qu’un seul; (2) parmi
les rotateurs de la cuisse, les jumeaux marqués à
peine ( 5 ) le droit antérieur de la jambe , double; ( 4)
le droit interne très -large; (5 ) le couturier très-n.-
courci, (6) ou pres(|ue tffacé, (7) et le biceps de la
jambe tellement élargi (ju’il étoit méconnoissable : (8)
j'ai vu le solaire confondu avec le perforé, ne former
qu’unseul corps avec lui (9) et, toutes ces différences,
conservant des rapports déterminés avec les diverses
formes des squelettes et des viscères, fournir une nou-
velle preuve de cette grande barmonie que la nature
montre partout à ceux qui étudient ses productions.
C’est eu disséquant les muscles des quadi’upèdos, que
j’ai trouvé dans quelques-uns (10) des clavicules bien
formées, dont aucun anatomiste n'avoit eu connois-
( 1 ) Je l’ai appelé iléo-lombalre , dans le cheral.
( 2 ) Dans te bélier.
( 5 ) Dans le cheval et dans les ruminan».
( 4 ) Dans le lapin , le lièvre et le chien.
( 5 ) Dans presque tous les quadrupèdes.
( 6 ) Dans le cheval et dans les ruminans.
(7 )Dans le lapin et le lièvre, dans le cochon-d’Inde , dans le
shat. On le trouve bien exprimé dans le chien.
( 8 ) Il est représenté par un muscle très-grand et très-large que
l’on appelle le long-raste.
( 9 ) Dans presque tous les quadrupèdes.
( 10 ) Dans le lièvre et dans le lapin.
û6 SCIENCES PHYSIOL* ET MEDICALES.
sauce, et dans d autres, (i) des os placés dans la
même région que l’on pourroit appeler du nom de
claviculaires, et que l’on n’avoit point encore obsci’-
vés, parce qu’on n’avoil point examiné les muscle»
entre lesquels ils sont flollans.
On demandera peut -être quels sont les usages de
ces os formés à l’imilalion des clavicules, dont ce-
pendantils n’ont pas la solidité, puisqu’ils ne s’étendent
point de l’omoplate au slernuni; mais ne retrouve-
t-on pas évidemment ici la mai clie de la nature, qui
semble opérer toujours d’après un modèle primitif et
général dont elle ne s’écarte qu’à l’egret , et dont on
rencontre partout des traces? Peul -ou se défendre de
cette pensée, en voyant le plus intelligent peut-être de
tous les animaux , l’élépbant pourvu d’un carpe, d’un
métacarpe et de doigts semblables à ceux de l'homme,
mais encroûtés d’une masse solide qui s’oppose à leurs
mouvemens, et réduit ces/grarids animaux, sous ce
rapport, à la condition des solipèdes? Peut -on se re-
fuser à cette pensée en observant les deux petits doigts
extérieurs situés, dans quelques quadrupèdes, au-
dessus des doigts moyens, qui sont les plus longs et
les seuls utiles, en examinant ce faisceau charnu si
délié qui tient, dans le chien cl dans plusieurs fissi-
pèdes, la place du long supinateur? J’eut-on s’y re-
fuser enfin, en comparant les os maxillaires antérieurs
que j’appelle incisifs dans les quadrupèdes, avec cette
pièce osseuse qui soutient les dents incisives supc-
{ 1 ) Dan» le cochon-d’Indc, la belette et le chat.
DIS CO uns SUR L'AXAT OMI E. 27
rleures dans l’homme, où elle est séparée de l’os maxil-
laire par nne petite fêlure très-remarr|uable dans les
fœtus, à peine visible dans les adultes, et dont per-
sonne n’avoil connu l’usage?
Depuis qu’on se livroil à l’élude de l’Anatomie hu-
maine, on avoit toujours dit : « Les osquarrés du palais
» ont une très-petite étendue; pourquoi sont-ils sé-
» parés de la mâchoire supérieure dont la voûte
)) palatine auroit été si facilement prolongée jusqu’au
» .bord postérieur de cette fosse? Pourquoi, disoit- on,
» les os unguis ne sont-ils pas continus avec l’os
» planum , qu’il auroit été plus simple d’étendre jus-
» qu’à l’apophyse montante de l’os maxillaire snpé-
» rieur? Enfin , ajoutoit-on, la très -petite apophyse
» orbitaire de l’os palatin est un point que les os situés
» le plus près auroient facilement fourni. »
Accoutumés à voir des dispositions dont ils ignorent
les causes et la fin, les anatomistes, après avoir fait
ces questions, étoient restés dans le silence de l'éton-
nement : mais qu’ils jettent avec moi les yeux sur les
os de la face des solipèdes et des bisulqucs dans lesquels
cette région est très -prolongée, ils apercevront aussi-
tôt que ces pièces dont la petitesse les avoit surpris,
sont ici très- étendues; que c'est vraiment dans les
quadrupèdes que les os de la fade jouissent de tout
leur développement ; que dans l’homme on n’en trouve
que le raccourci ; mais que l’ordre et la distribution
générale sont les mêmes dans tous.
Ce n est pas seulement sur la structure et la com-
paraison des os, des viscères, des vaisseaux et des
28 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
muscles, que l’analoraiste élaUit ses caractères; il peut
encore donner à ses vues un champ plus vaste; il peut
s élever a de plus hautes conceptions. La distribution,
des nei’fs et la structure du cerveau, du cerv'elet et
des moelles allongée et épinière lui offrent une nou-
velle source de remarques importantes. Ces organes
ont avec lame des rapports inconnus; mais, consi-
dérés dans les corps vivans des divers ordres , ils en
ont entr’eux qu’il est possible de déterminer ; et com-
parant ensuite le tableau de ces différences physiques
arec celui de l’entendement ou de l’instinct, du sen-
timent ou des pa.ssions, desmouvcmens ou des besoins
de chaque classe d’animaux , il semble que l’on puisse
espéi’er d’avoir un jour quelque prise sur l’agent
caché qui s’unit et qui commande à la matière; com-
merce admirable et incompréhensible pour celui
même qui en est le sujet ; commerce qui sera peut-
être à jamais un mystère pour nous, mais dans l’exa-
men duquelil estpermisàl’esprit humaindes’essayer,
en dirigeant vers cette rechei'che difficile toute la fi-
nesse de l’observation la plus déliée, et toute la force
de la logique la plus exacte.
Les fautes de ceux qui ont couru la même carrière
ont montré des écueils dans lesquels nous éviterons
de tomber avec eux. Loin d’ici ces vaines et dange-
reuses spéculations sur le siège del'àmejsur les diverses
régions cérébrales auxquelles des auteurs qui la regar-
doient avec raison comme un être indivisible et simple,
avoient cependant pense, par une contj’adiotion cho-
quante , que ses diffère us modes pou voient conesr
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 29
pondre. Nous n’oublierons point que nous écrirons sur
l’Analomie ; nous nous bornerons à rechercher quels
sont les points clans lesquels il se réunit un plus grand
nombre de ces fibres molles , qui sont le foyer du senti-
ment et du mouvement. Le cerveau des quadrupèdes
ressemble beaucoup à celui de l’homme; nous y trou-
verons cependant des différences très-frappantes; nous
y remarquerons la petitesse des hémisphères , le grand
volume des tubercules quadrijumeaux, de la voûte
à trois piliers, de l’origine des cornes d’Amrnon,des
corps bordés , de l’cnlounoir et de la glande pituitaire;
le peu d'étendue des prolongemens postérieurs des
ventricules latéraux, des régions latérales du cervelet
et des éminences olivaires et pyramidales : nous in-
sisterons principalement sur la disproportion qui so
trouve dans les grands quadrupèdes entre la grosseur
des nerfs et la masse pulpeuse d’où ils sortent, et qui
leur suffit à peine: nous verrons que, dans les oiseaux ,
cet organe est fait sur uu autre plan : nous y obser-
verons quatre tubercules pairs et deux impaii’s. Des
premiers que réunissent deux commissures, naissent
les nerfs de la première paire ; les deux tubercules
inférieurs qui sont excavés produisent le tronc com-
mun des nerfs optiques, et le cervelet est formé par
plusieurs bourrelets horizontaux et très -étroits. L’exa-
men des poissons nous montrera une structure plus
variée, mais plus simple: nous y observerons plusieui s
tubercules dont les antérieurs sont destinés à fournir
les nerfs olfactifs, les moyens, où se trouvent quel-
ques éminences arrondies, à produire les nerfs optiques,
SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.
et le tubercule postérieur qui est impair et Irèii -petit,
U Icfiii lieu cle ceivelet. Heuiiissaiit ensuite tous ces
details, ne pourroit-on pas dire, ajoutei'ons-nous ,
qu’en supprimant dans le cerveau de l’homme les
grands hémisphères, le corps calleux, le septum lad-
dam, la voûte à trois piliers, les cornes d’Ammon et
leurs annexes, la glande piuéale et ses pédoncules,
en composant le cervelet d’un ou deux globules très-
petits, en plaçant sur deux lignes pai-allèles dirigées
de devant en arrière, les corps striés très- rétrécis ,
les couches optiques creusées d’une cavité et i-éunies
par leur partie supérieure, en applatissant la protu-
bérance annulaire, et en réduisant toute cette masse
à un très - petit volume, le système nerveux de
l’homme auroit alors la même disposition que celui
des poissons ou des amphibies? De même, en plaçant
en-dessus les corps striés, et en les renflant plus que
dans les poissons , en portant les couches optiques en-
dessous , en les écartant et en les excavant, toutes les
parties dont il a été question restant d’ailleurs sup-
primées, le cerveau de l’homme ne ressemblcroit-il
pas à celui des oiseaux , et avec d’autres changemens,
à celui des quadrupèdes?
Sans embrasser un aussi grand espace, je ferai voir
que, considérés sous les rapports d’un seul sens tel
que celui de l’ouïe, que j'ai décrit dans les volumci
de l’Académie royale des sciences, ( i) ou d’un seul
organe tel que celui de la voix , dont j'ai exposé la
( I ) Awacc 1 778.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. !5i
structure dans le même recueil, (i) les animaux
peuvent être rangés dans un ordre méthodique, aveo
des caractères tirés d’une seule de ces parties.
Ce sera en suiv'ant une pareille marche, que Ton
fera de grands pi-ogrès dans l’étude de ces êtres si peu
connus, et dont ou n'a décrit encore que l'écorce ou
la surface.
L’Anatomie comparée, qui s’exerce sur différens
individus qu’elle rapproche et qu’elle oppose l’im
à l’autre , n’est pas la seule ù laquelle l’observa-
teur puisse se livrer; il eu est une autre qui mérite
aussi son attention. Sou sujet, quoique plus circons-
crit, u’est pasmoius curieux et moins philosophique;
elle consiste dans l’exameu des organes des memes in-
dividus comparés entr’eux. C’est ainsi que les nerfs
cervicaux peuvent êtres assimilés aux lombaires, les
plexus axillaires aux sacrés, les nerfs diaphragma-
tiques aux nerls obtui ateurs; c’est ainsi que les extré-
mités supérieures et inferieures, observées dans la
disposition des os, des muscles, des vaisseaux et des
nerls, paroissent faites sur le même moule, mais
placés en sens inverse, par l'opposition de leurs saillies
et de leurs angles; c’est ainsi que j'ai tiré de mes
recherches le résultat paradoxal , en apparence, mais
susceptible de la demousliation la plus rigoureuse, (2^
que 1 extrémité supérieure de l'homme , ou antérieure
des quadrupèdes correspond, dans tous ses points, à
( 1 ) Année i 77g.
{ 2 ) f oj ez les Jiemotres dcV jicadtin;t det Sciences , année 1774.
52 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
l’extrémité inférieure ou postérieure du côté opposé.
La nature paroît donc suivre un type ou modèle gé-
néral, non-seulement dans la structure des divers ani-
maux, comme je l’ai déjà dit, mais encore dans celle
de leurs dilférens organes; et l’on ne sait ce que l’on
doit le plus admirer, ou de l’abondance avec laquelle
ces formes paroissent variées ^ ou de la constance et
de l’espèce d’uniformité qu’un œil attentif découvre
dans l’immense étendue de ses productions.
Après avoir tracé la marche que j’ai suivie et que
je continuerai de suivre dans l’examen anatomique
des animaux, qu’il me soit permis de faire connoître
le plan que j’ai adopté pour rendre un compte facile
de l’étal actuel delà science, et pour déterminer ce
qui reste à faire dans celle élude. Chaque auteur a
rédigé ses travaux suivant une méthode qui lui étoit
propre; quelques-uns même semblent ne s’en être
fait aucune. J’ai pensé que toutes ces descriptions ne
seroient utiles qu’après avoir été réduites à la même
exposition ; c’est ce que j’ai exéculé dans des ta-
bleaux, ( 1 )où chacun des difl'érens organes occupant
une colonne parliculièi e , la comparaison se fait par
la seule inspection des sections correspondantes que *
le lecteur peut combiner de toutes les manières dont
il a besoin pour travailler à son instruction ou satis-
faire à sa curiosité. Là toutes les observations de
Perrault, de Duverney, de Collins et de M. d’Auben-
' ( I ) Cos tableaux devoient faire partie tl’mi grand ouvrage dont
Yicij - d’Aay r iudii^ue ici It plan , et qu'il n’a pu achever.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 35
ton, sur les quadi’upèdes et sur les oiseaux; toutes
celles deCliaras, de Koesel et de VI. l'al)bé Fonlaua
sur les reptiles, de Ray, de \Villugby, d’Artedi, et
de Vl.VJ. Gotiau et Fîroussouet sur les poissons; là toutes
les découvertes de Swammerdarn , de Alalpighi, de
Kéaumur,de MM. Geoflioy, Honnet et Lyonnet sur
les insectes; là enfin, les curieuses recherches de AVil-
lis, d’Ellis, de Donati, de Treinbley , de Bâcher, de
Baster, de Boadhch , de Forskal, de MM. Adansoii ,
Muller, Pallas, Spallanzani et Diquemai'esur le vers,
les polypes et les zoophytes, se présenteront dans le
même ordre; elles y seront facilement et prompte-
ment comparables entr'elles, et ainsi rapprochées ,
. elles acquerront une nouvelle clarté par la lutuicr®
qui résultera de leur union.
•i
T. 4.
3
PLAN D’UN COURS
D’ANATOMIE
ET UE
PHYSIOLOGIE.
■“V -X. "X. *V -X-
CONSIDÉR ATIONS GÉNÉRALES.
T/e N s F. I G N E M E N T lie l’Anatoiuîe pont rtre
5«*ptré (le celui de la Physiologie , coiuiiie , en
pliysi(|ue , oh peut examiner les diffth cuies jkiitIcs
d’une machine , sans rechercher quels en sont les
usages. iNIais enseigner la Physiologie sans l’Anato-
mie , ce seroit s’éloigner des connoissauces qui peu-
vent seules ctre les bases d’une saine théorie j ce
seroit ouvrir de toutes parts un champ libre à
l’erreur.,
Haller est le premier qui ait établi ce principe,
et qui l’ait consacré dans ses écrits. Lorsqu’il publia
celui de ses ouvrages qu’il estimoit le plus,.yev pre^
mières lignes de Physiologie , ( i ) il s’éleva dans
les écoles un grand murmure. On étoit accoutumé
à trouver dans les écrits de ce genre de longs raison-
nemens , presque toujours dénués de preuves, des
( 1 ) Primœ lineœ Phj siologice.
56 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.'
opinions extraordinaires, ou des fictions brillantesr
Dans celui - ci , l’on fut étonné de ne voir que des
faits noniLreux , des détails précis , des conséquences
rapides , et surtout un esprit de recherches , jus-
qu’alors inconnu dans cet enseignement. Un pareil
traité, dont la lecture exigeoit l’application la plus
sérieuse , dont l’intelligence supposolt une médita-
tion profonde, ne dut point être facilement adopté
dans les écoles.
Les commentaires de Senac , sur le Compen^
diiim anatomique d’Heister ^ y étoient devenus le
livre classique ; mais le jugement des hommes ins-
truits prévalut : l’ingénieux ouvrage de Senac fut
abandonné , et celui de Haller réunit tous les
suffrages.
Comme il n’est point de partie de la inédecine sur
laquelle on ait tant écrit , il n’en est point non plus
sur laquelle les bons traités soient aussi rares. Les
livres de Galien , sur l’usage des parties, le système
anatomique de Collins , dont le plan est vaste et
vraiment encyclopédique , quelques-uns des livres
de Sl;ilil, les Insliiuts de Boerhaave , l’ouvrage de
Borelli sur les inouvemens, et celui de Halos sur la
statique des animaux , sont en effet, depuis le slècl»
d’IIlppocralc , ju.sqii’à 1 époque où Haller a écrit, à
peu près les seuls traités de Physiologie dignes
qu’on les lise et qu’on les conserve j presque tous
discours sur L’AN ATO mie. 5;
les autres sont défectueux , et déjà tombés dans
l’oubli.
Si les auteurs que nous venons de citer ont
mérité cette exception , on doit l’attribuer surtout à
ce qu’ils n’ont point séparé la Pliysiologie de l’Ana-
tomie. Comment donc toutes les facidtés (i) ont-
elles confié l’enseignement de ces deux sciences ù
deux professeurs difTérens ? Dans celle de Paris ,
c’est le professeur de Physiologie qui fait le cours
d’Anatomie , par lequel il termine son exercice.’
Mais il vaut mieux encore réunir ces deux éludes ,
etles faire marcher d’un pas égal, de sorte (pi’ellesse
servent de l’une à l’autre de preuve et de complément.
Cette méthode offrira de grands avantages aux
élè ves. Les détails anatomiques , qui sont arides et
rebutans par eux- mêmes, acquerront de l'intérêt,
par les considérations que la Phvslologle y mêlera.
Les disciples écouteront plus volontiers , et i-etien-
dront mieux ce qu’ils auront entendu avec plaisir ,
et qui se sera offert dans un bel ordre à leur esprit.
L’Anatomie seule n’est , poiir ainsi dire , que le
squelette de la science ; c’est la Physiologie qui lui
donne du mouvement : l’une est l’étude de la vie ,
l’autre n’est que l’étude de la mort.
( 1 ) La faculté de Médecine de Vienne , dans un plan
h ès - moderne , a commis la même faute.
58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Mais , de même que les vériiés anatomiques sont
fondées sur l’observation , les vérités physiologiques
le sont sur l’expérience. C’est sur les animaux vivans
que les essais de ce genre doivent être tentés 5 et
comme rien n’est plus difficile que de reconnoître la
voix de la nature au milieu des convulsions et des
cris de la douleur , il importe qu’un maître exercé
apprenne aux élèves avec quelles précautions il faut
qu’on l’interroge, et dans quel sens on doit inter-
j)réter ses oracles. Se propose -t- on de voir cir-
culer le sang et la lymphe dans l’épaisseur des mem-
branes transparentes où sont répandus leurs vais-
seaux ? Demande- 1 - on avec quelle force le sang
jaillit du cœur et des tubes élastiques on il est ren-
fermé ? Veut- on savoir quels sont les organes irri-
tables ou sensibles ? Est-ce la voix qu’on veut
étouffer par la section d’un seul nerf? Est -ce le
sommeil cju’on veut produire , en pressant sur quel-
ques régions du cerveau ? Enfin , est- ce la vie dont
on veut trancher en un instant le fil , en blessant
quelques-uns des points de l’organe médullaire?
Dans toutes ces opérations, la route est difficile à
tenir , et c’est au professeur le plus habile qu’il
appartient de la tracer.
11 est un autre genre d’essais non moins curieux ,
dans lesquels on combine les moyens physiques ou
chimiques avec ceux que l’Anatomie emploie. C est
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. lîg
ainsi qu’on expose un animal à la commotion élec-
trique , ou à l’action d’un air raréfié dans la machine
du vide. C’est ainsi (jue , plongé dans dos gaz de
diverse nature , tantôt il périt en s’agitant , tantôt
il demeure dans une inaction qui devient mortelle ,
si elle est trop long - temps prolongée. C’est ainsi
qu’on allume en lui la fièvre , en lui faisant respirer
un air trop actif. C’est ainsi qu’on fait couler un
sang étranger dans ses veines. C’est ainsi qu’on a
tiré , dans les animaux vlvans , les sucs digestifs tles
cavités qui les renferment. Il n’y a pas juscpi’au
suc osseux dont le physiologiste sait changer la
couleur , et si hleu diriger les mouvemens , qu’il le
détourne à son gré vers des organes qu’il encroûte ,
et où cette matière se rassemble pour former un
cylindre nouveau. Ces expériences, distribuées avec
art, romproieut, dans l’enseignement , l’uniformité
du récit : elles forcerolent l’attention des élèves,
qui ne pourrolent oublier ce que des circonstances
si frappantes auroient gravé dans leur mémoire.
Ajoutons qu’il importe d’autant plus fie fixer les
regards des jeunes médecins sur ce genre d’essais ,
qu’il est peut-être dans l'étude des animaux , le plus
utile et le plus négligé. Parmi les élèves qui sont
sortis des écoles , il n’en est aucun auquel on ait
donné jusqu’ici la plus légère idée de la Physio-
logie expérimentale. Quel motif engageroit à traiter
4o SCIENCES PIIYSIOL. ET MRDTCALES.
loni'uenienl de la slruclure des viscères , si l’on ne
se donnolt aucune peine pour découvrir le méca-
uiMne des parties que l’on décrit si bien ?
11 est encore une source féconde où le physio-
logiste puisei-a des eonnoissances utiles; c’est l’Ana-
tMiuie comparée. Celui qui n’a vu que le cerveau ,
le cœur, les poumons, l’estomac, les intestins de
l’homme , n’a <[u’une ibihle idée de ce que sont ces
viscères dans la grande chaîne des animaux ; il ne
connoît point leurs relations, et il ignore la plus
belle partie de ce (|u’il doit enseigner.
Haller a phicé dans sa grande Physiologie , au
commencement de chaque section , un abrégé des
eonnoissances que l’anatomie des animaux lui avoit
fournies Mais , n’est-ce pas plutôt à la lin de chaque
article que ces rapprochemens doivent se trouver :
et puisque c’est l’homme que l’on compare, ne faut-
il pas que ses organes soient décrits avant de cher-
cher quels en sont les rapports ? Les détails tirés de
l’anatomie des animaux , ne se trouveront donc quà
la suite de ceux dont l’anatomie humaine aura formé
le tableau.
11 suit de ces dispositions que l’enseignement de
celte chaire est composé de quatre parties ; savoir ,
l’Anatomie humame, l’Anatomie comparée , la Phy-
siologie théorlipie , et la Physiologie cxpériinentaie.
pour réunir ces quatre graïuls objets , et les fane
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 4i
concourir au meme but, le professeur ne suivra
pas un plan simplemeiU aualoniKjue ; il divisera
en plusieurs classes les usages ou fonctions des
parties, et cette méthode déterminera le nombre
et l’ordre de ses leçons , dont chacune commen-
cera par l’exposition , cpii sera suivie de réflexions
propres à faire conuoître l’action des organes rpi’on
aura examinés , et les opinions de ceux qui en
auront parlé dans leurs écrits.
Il n’existe certainement aucun corps vivant qtû
ne se meuve, au moins en lui -même, qui ne se
nourrisse et qui ne se reproduise. L’Irritabilité, la
nutrition , dont lu digestion fait partie , et la géné-
ration sont donc les trois premières fonctions (pi’oii
doit admettre dans la comparaison des corps orga-
nisés. Mais on volt que dans la plupart dos fluides
circulent , et que des humeurs se filtrent dans des
glandes. La circulation et les sécrétions auxquelles
l’ossification se rapporte , doivent donc être ajou-
tées aux trois fonctions primitives. Enfin , coniiim-
niquer avec l’air , être sensible au contact des
substances environnantes, sont d’autres attributs
propres aux corps organiques , et qui doivent faire
partie de l’examen projeté. ,
L’ossification , rirrltablllté , la circulation , la
sensibilité , la ros[)iratlon , la digestion , la nutrition ,
les secrétions et la génération , seront donc les
42 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
principales divisions du cours dont nous offrirons
ici le tableau. ( i )
( I ) Les objections qu’on ne cesse de faire contre la réu-
nion de la Physiologie à l’Anatomie , sont les suivantes;
1°. L’Anatomie, dit-on, doit être enseignée pendant
l’hiver , et la Physiologie pendant l’été : futile argument.
Qui ne sait que les parties anatomiques, détachées, isolées,
qui doivent servir à l’enseignement , peuvent être prépa-
rées et présentées fraîches dans tous les temps de l’année,
et que, avec des précautions très-simples, on peut préve-
nir , je ne dirai pas les dangers , mais les désagrémens de
la mauvaise odeur et de la putréfaction.
a°. Mais, ajoute-t-on, si on réunit la Physiologie à
l’Anatomie , il est à craindre que celui qui sera chargé de
ce double enseignement ,nes’arrête à de vaines explications,
et ne néglige les descriptions importantes à connoitre pour
les élèves dans l’art de guérir.
Je réponds, i*. qu’on n’aura point cet abus à redouter ,
si le professeur est astreint à suivre un plan complet tel
que celui que je publie, parce qu’il faudra qu’il commence
par décrire avant d’expliquer, et que de fait alors l’Ana-
tomie est réunie à la Phvsiologie , sans se confondre avec
elle , parce que dans ce qui concerne chaque organe , l’Ana-
tomie précède , et la Physiologie vient après , sans que réci-
proquement l’une puisse faire aucun tort à l’autre.
Je réponds, 2°. que si on ne prend pas ce parti, le profes-
seur qui n’enseignera que la Physiologie n’offrira à scs élèves
qu’un roman stérile et «langereux , et que l’Anatomie ne
leur offrira que des descriptions arides, et d’un très-foible
intérêt pour des commençans.
Je réponds, 5°. que j’ai toujours suivi , dans mes leçons,
la méthode que je trace , et que le public n’en a point paru
mécontent.
Ce (jui m’engage à faire connoitre le plan d un cours
d’Anatomie et de Physiologie, c’est que jamais on
publié aucun qui eût une elendue sulfisante , et qu il lu a
paru utile d’apprendre aux élèves ce qu’ils doivent attem re
d’un professeur chargé de' l’enseignement de ces deux
sciences réunies.
TABLEAU
d’un Cours d’Anutoaile et de Physiologie.
I«. FONCTION.
«E LOSSIFICATIOTV.
§. 1'“'. De l’ ostéologie sèche.
Des os en general. De leurs
cavités el de leurs éminences;
de leurs arlicul. liions , île
leur jonction ou svm|)liyse.
Du squelette et de ses di-
visions.
Des os secs en général et
en particulier
Des os de la tète en géné-
ral , et de leurs divisions. 1 )es
os du crâne. De l’os iVonlal et
des éminences qui sont la
base des cornes.
Des cornes elles -memes,
solides on creuses; de leur
accroissement et de leur re-
production.
Des pariétaux. De l’os oc-
cijiilal. Des os temporaux
De l’os sphénoïde. De l’os
ethmoïde et de ses appen-
dices. Des os Wormiens. Des
biseaux. Dessntures. Du mé-
canisme des os du crâne. Des
os de la face Des os maxil-
laires supérieurs ou anté-
rieurs ; des os insicifs. Des
os de la pommette. Des os
palatins. Des os unguis ou
du grand angle. Des os pro-
pres du nez. Des cornets in-
férieurs du nez. Du vomer.
De la mâchoire inférieure.
Des dents.
Du mécanisme de la face ,
des sinus , et des dents.
Récapitulation de la struc-
ture de la tête, de scs ovales,
de sa base.
Du tronc en général et de
ses divisions. De la colonne
épinière. Des vertèbres en
général et en particulier. De
l’os sacrum <1 du coccyx.
Du mécanisme rie l’éjiine.
de l’os innoniiné. Du bas--in.
De ses diami'lres tlnns l’es-
pèce humaine et dans les
(juadrupedes ; de son axe.
De son mécanisme.
Du Ihoras. Du sternum;
du cartilage xypboide. Des
errtes vertébrales c; sterno-
vertcbrales. De leurs carti-
lages.
INIécanisiue du sternum et
des côtes.
Des os des extrémités su-
périeures. De l’épaule. De la
clavicule et des os clavicu-
laires. De l’omoplate.
Du mécanisme de l'épaule.
Du bras en général. De l’os
humérus. De l’avant-bras et
des os qui le composent.
Du mécanisme du bras et
de l’avant- bras.
Des os du carpe, du mé-
tacarpe, et des doigts.
44 SCIENCES PHYSTOL.
Du mécanisme du poignet
et de la main , el des mouve-
rucns du pouce opposés à
ceux des autres doigts.
Des os des exlréjnités in-
férieures en général.
De l’os lémur et de ses
mouvemens.
De la rotule. Du méca-
ni.sine du genou.
Des os de la jambe et de
leur mécanisme.
Des os du larsej de ceux
du métatarse. Des doigts.
Des os sesamoïdes.
Mécanisme des malléoles
et du pied.
Rapport du pied avec la
xuain.
II. De Vostéologie fraîche.
Du squelette naturel frais,
ou des os frais en général.
Du périoste et du péri-
crâne.
Des cartil.iges en général;
des cartilages inlér - articu-
laires; des cartilages inter-
osseux ou de liaison.
Des ligamens en général ;
des ligamens ronds, longs;
des ligamens inter- articu-
laires. Des membranes et des
expatisions ligamenteuses.
Des capsules muqueuses;
des glandes et des graisses
articulaires; de la synovie.
De la moelle osseuse et du
suc médullaire.
De raj)parcil articulaire
en général.
ET MEDICALES.
Des insertions tendineu-
ses, aponévrotiques et liga-
menteuses , aux extrémités
des os qui s’articulent entre
eux.
Des os frais en particulier;
de l’articulation de la mâ-
choire supérieure avec l’in-
férieure.
Du mécanisme de la lame
inter-articulaiie.
Des divers mouvemens de
la mâchoire inlérieure.Quel-
ques remarques sur les luxa-
tions.
De la légère élévation de
la niâchoire supérieure avec
la tête.
De Tarticulation et de la
symphise de cette partie du
squelette avec la première et
la seconde vertèbre.
Des articulations des ver-
tèbres entre elles dans leurs
corps et dans leursapophyses.
De l’articulation de la der-
nière vertèbre lombaire avec
lesacrum, el du sacrum avec
le coccyx.
Du mécanisme des carti-
lages inter-osseux de l’épiiiej
de leur compression par le
poids du corps; des diverses
espèces dedécroissement dues
à cette cause. Des expérien-
ces de M. de Fontenu à ce
sujet.
Quelques remarques sur
les maladies de l’épine, sur
la gibl)o>ilé, sur la maladie
vertébrale , sur la carie, sur
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 45
luxations «les vertèbres,
et sur les inconvéniens des
corps à baleine.
De l’articulation des os
innoiuinès avec le sacrum ,
des ligaïueiis inférieurs du
bassin.
De l’articulation des os
pubis entre eux. De la sym-
physe du pubis; de son éten-
due. Do l’articulation que
forment les deux pièces qui
la composent. De la facilité
avec laquelle elle se pénètre
de sucs dans la grossesse et à
la suitedequelques maladies.
De sa section et de l’écarte-
ment qui en résulte dans la
_fcnirae, comparé avec celui
3n’on ob crve par la section
u pubis dans les femelles
des quadrupèdes. Des vices
du bassin.
De l’articulation des côtes
avec les corps et les apophy-
ses transverscs des vertèbres.
Des ligaracns du sternum
et du cartilage xyphoïde. Du
déplacement du bréchet.
Des articulations sternale
et scapulaire de la clavicule.
De la jonction de cet os avec
l’apophyse coracoïde. Quel-
ques remarques sur la luxa-
tion de la clavicule.
De l’articulation de l’orno-
phate avec le bras. Quelques
réflexions sur la facilité avec
laquelle le bras se luxe.
De l’articulation de l’hu-
mérus avec l’os du coude et
avec l’os du rayon. Du liga-
ment inter - os.seux.
Des articulât ions des os de
l’avant-bras entre eux.
De la maladieappelécfftnr-
lase.
De l’articulation des os du
ca pe avec ceux de l’avant-
bras ; de celle des os du carpe
entre eux et avec les os du
métacarpe.
De l’articulation des os du
métacarpe entre eux et avec
h’S premières phalanges du
pouce cl des doigts.
De rarticulati«>n des pre-
mières phalanges avecles se-
condes, et des secondes avec
les troisièmes.
Du mécanisme des liga—
mens de l.i main et de l’ex-
trémité supérieure.
De rétendue de l’abduc-
tion , de la pronation cl de
la supination.
De l’articulation de l’os
innominé avec le fémur. De
la cavité cotyloïde dans l’état
frais et de scs maladies.
De l’articulation du fémur
avec la rotule et le tibia.
De l’articulation du tibia
avec le péroné , et des avan-
tages de sa position oblique.
Du ligament inter-osseux.
De l'articulation des os de
la jambe avec le tarse.
De celle des os du tarse
entre eux et avec ceux du
métatarse.
Des articulations de ces
46 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
derniers, soit entre eux , soit
avec les premières phal mges
desdoigi s, et des articula lions
de ces phalanges entre elles.
Du mécanisme de ces di-
vers ligamens, et surtout de
la position de ceux qui sont
placés vers les malléoles.
De la structure des os et
du squelette, considérés dans
les différons sexes, et dans les
différens âges.
§. III. De Vostéologie com-
parée.
Des diverses sortes de
squelettes considérés dans
leurs principales différences.
Des squelettesde substance
osseuse , de substance cornée
ou cartilagineuse, et de sub-
stance crétacée , -dont les
diverses classes d’animaux
fournissent des exemples.
Du corps ligneux.
Du squelette placé à l’in-
térieur ou à l’extérieur du
corps J ou de celui qui est en
partie situé à l’extérieur et à
l’intérieur. Les insectes , les
quadrupèdes ovipares et à
écailles, offrent des exemples
de ces deux dernières modi-
fications.
Des caractères propres au
squelette Intérieur le plus
parfait j il est composé de la
tête , du cou , du thorax, des
lombes, de la c’avicule, de
l’omoplate, du bassin, et des
os des extrémités.
On considérera le squelette
sous ces différens rapp rts
dans les diverses classes d’a-
nimaux. (i)
§. ly. Expériences sur Vos-
sification.
Des expériences à faire ou
au moins à exposer sur l’os-
sification.
Des expériences de Clop-
ton Havers, sur la dissolu-
tion des os par les acides.
Des expériences de Duha-
mel , 1°. sur la manière de
colorer les os des animaux ,
en mêlant de la garance avec
les aliinens dont on les nour-
rit j 2°. sur l’accroissement
des os et des substances cor-
nées dans leurs diverses
dimensions j 3®. sur les
couches dont ces substances
sont composées J sur le
liber et le périoste, que Du-
h.amol regardoit comme des-
tinés à produire les corps li-
gneux et la substance os-
seuse.
Des expériences de M.
Fougcroux, pour confirmer
l’opmion de I\1. Duhamel.
Des expériences de Haller,
qui leudent au contraire à
piouver que la substance os-
( 1 ) Voyez le Discours sur V Anatomie cousidiiice dans ses rap-
ports avec Vllistoirc Naturelle,
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 47
s«use se forme sans le con-
cours du périoste.
Des préparations em-
ployées par MM. Hunier et
de Lassone , pour faire con-
iioître la structure des lames
osseuses et de celles des car-
tilages d’encroûtement.
Des expériences de Hé-
rissant sur la manière , i®. de
débarrasser, par l’intermède
des acides, le pareuchvme
cartilagineux, qui est la base
de l’os , du suc osseux qui
l’encroûte ; 2®. de détruire,
par la combustion , le paren-
chyme cartilagineux, en lais-
sant ainsi la substance os-
_seuse, proprement dite, sé-
parée de ce parenchyme.
Des expériences de M. Te-
non , sur la carie des os.
De celles de M.Troja, sur
la manière de produire un
os artificiel dont l’os ancien
est enveloppé, en détruisant
la moelle, et en tourmentant
à plusieurs reprises les mem-
branes et les vaisseaux con-
tenus dans la cavité qui la
renferme.
Des observations d’Albinus
sur l’ossification.
Y . De la nature des os.
Ici, le professeur fera voir
que les os de l’homme et des
quadrupèdes ne sont point ,
comme on l’avoit pensé, des
matières terreuses ; mats
qu’ils sont formés de lames
entre lesquelles est répandue
de la gélatine, et qu’on doit
regarder comme un véritable
sel neutre, composé d’acide
phosphoriquc et de chaux.
Il rappellera qu’on prépare
du phosphore avec les os , en
les soumettant à l’action d’un
acide , de l’acide nitreux , par
exemple , qui , s'emparant de
la chaux, laisse l’acide phos-
phorique libre , et peut en-
trer dans une combinaison
nouvelle.
On n’a point fait l’analy.se
comparative des os des en-
fans , des adultes , et des
vieillards.
ün ne sait point encore
quelle est la différence chi-
mique des os mous et flexi-
bles des poissons , des rep-
tiles et des insectes, d’avec
les os de l’homme et des
quadrupèdes.
Parallèle des observations
et résultats des faits princi-
paux qu’on aura rapportés.
L’os est un organe sécré-
toire dépourvu de conduit
excréteur, et qui s’encroûte
du suc osseux qu’il a séparé.
IK FONCTION.
DE l’irritabilité.
§. I®*'. Des muscles en gé-
néral.
On traitera d’abord des
muscles considérés à l’exté-
r
48 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
rieur , et en g''néral dans
leurs diverses p.irlies, dans
leurs did’érentes formes, si-
tuation, insertion, et dans
leurs usages.
Des tendons et des apo-
névroses en général.
Des gaines tjui contiennent
les tendons, et des coulisses
par lesquelles ils passent.
De la manière d'estimer
1 • .'’orce des muscles par la
direction de leurs fibres, par
la situation et la forme des
os , considérés comme des
leviers de divers genres.
Des dilférentes méthodes
de décrire les muscles.
On doit les décrire comme
on les dissèque, par régions
et par couches. Cette mé-
thode est celle des peintres.
Le tableau qu’on propose ici,
diffère en plusieurs points de
celui d’AÎbinus. Toutes les
régions y sont surtout sub-
divisées en sections, ce qu’Al-
binus n’a point fait.
Chaque muscle sera d visé,
comme les os , en faces , an-
gles, et bords, si c’est un
iiiuscleapjjlali; on ledi visera
en corps el ou ex 1 rémi lés, si
c'oit un muscle long et ar-
rondi.
g. II. 'rnhlenu des dh’erses
rc fiions où se iionvrnl les
muscles du curjis liuniuin.
Fségiou Calya. Culotte
osseuse du crâne. Muscle oc-
cipito -fiontal , et son apo-
névrose.
Région a*. Muscles de la
face en général. Section
frontale j 2*. palpébrale j 5®.
maxillaire supérieure j
nasale j 5® inler-maxillaire j
6®. maxillaire inférieure^ 7®.
labiale j 8®. cutanée.
Région 5®. Muscles de la
partie latérale de la tête.
Malacum lalere calvœ. Pc\\s.
Section i®®. auriculaire ex-
terne, 1°. hors des cartilages,
2°. dans les cartilages j 2®.
Zygomalico - maxillaire , le
muscle masseler;b®. tem-
porale j le muscle crolaphile,
el son aponévrose a double
feuillet.
Région 4®- I p cou en de-
vant. Section i®® culanée^2®.
sternale ou inférieure; 5*.
sty loïdienne ; 4®- maxillaire
inférieure ; 5®. cervicale
moyenne , dont les divisions
sont riiyoglos.-e , l’hyoï-
dienne , l’iiyo larvngée , la
laryngée, la pharyngienne
moyenne et inférieure , et
ro?sopha,;ienne.
Région 5®. Les muscles de
r;:rrière-bouche, «lu voile du
palais, du go-'eren général.
Section I®*. l’islh'iie du go-
sier ; 2*. le voi'e «lu palais;
^®. l’on vert lire sujiéi ieurcdu
jiliar vnx.
Région G*. Espace ptérygo-
maxillairc : sub rnalU. Alb.
DISCOURS SUR
Région 7®. La fosse oibi—
taire en généra 1. oecUon i’’®.
imiscles des paupières; 2®.
muscles oblirpies du globe;
5®. muscles droits du globe ;
4*. muscles droits du nerf
optique dans plusieurs qua-
drupèdes.
Régions®. Arliciilaire in-
terne. Section i‘®. les mus-
cles du marteau; les muscles
do l’étrier.
Région 9®. 'T'iioracliique
antérieure. Section i*^®. cos-
tale divisée en doux couches;
3®. claviculaire.
Région 10®. 'rhorachique
latérale.
Région 1 1*. Abdominale
’ou ventrale, divisée en quatre
couches principales.
Région 12®. Ellecst placée
autour des cordons sporina-
tiqiies.
Région i5®. Le dos , la
partie supérieure du cou et
des lombes, divisée en six
couches.
Région i4*. Région pro-
fonde du cou. Section i®*.
antérieure; 2®. latérale.
Région t5®. Région pro-
fonde des côtes. Section i®*.
surface externe des côtes; 2®,
espaces intercostaux ; 5*. sui».
face interne des côtes.
Région i6®. Région pro-
fonde du sternum.
Région 17®. Région dia-
phragmatique.
Région 18®. Région pro-
T. i.
L’ANATOMTE. 4^
fonde des lombes. Section
antérieure , le mu.vcle psoas ;
2*. latérale, le muscle carré -
des lombes , et les aponévro-
ses des environs.
Région ly®. Les parties
sexuelles.
1°. Dans le mille, section
if*. les corps caverneux ; 2*.
le bulbe de rurèlro.
2°. Dans la femelle , sec-
tion i®*. les corps caverneux ;
2®. les environs de 1 01 ifice du
vagin.
Région 20®. L’anus. Sec-
tion 1'®. supci ficielle ; a*,
profonde.
Région 21*. Le corevx.
Région 22*. La partie su-
péricuredu brasoii moignon;
le muscle deltoïde.
Région 25*. La région sca-
pulaire externe. Section 1®*.
snr-éplticuse ; 2®. sous-épi-
neuse ; aponévroses scapu-
laires.
Région 24*. La région sous-
scapulaire.
Région 25®. La région an-
térieure du bras.
Région ?6®. Li région pos-
térieure du bras ; aponévrose
brachiale très-mince.
Région 27®. La face interne
ouantérieurede l’avant. bras;
1®®. , 2*. et 5®. couches.
Région 28®. La face ex-
terne ou postérieure de Ta-
vant-bras, i®*.et 2®. couches.
Aponévroses qui s’insèrent
aux condyles de l’humérus.
4
5o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Région 29®. La face dorsale
de la main.
Région 5o®. La face pal-
maire de la main } aponé-
vrose palmaire.
Région 3 1 ®. La région ilia-
que externe ou fessicre , 1 *■*. ,
2®. et 5®. couches , avec leur
issue aponévrolique.
Région 52®. La région ilia-
que interne.
Région 55®. La région in-
terne de la cuisse.
Région 34®. La région in-
térieure de la cuisse, i®®. ,
3*. couches , avec leurs apo-
névroses.
Région 55®. La région ex-
terne ou postérieure de la
cuisse.
Section i®®. superficielle et
fémorale^ le muscle du f as-
cia lata, avec son aponévrose.
2®. L’Ischio-tibialeexternej
le hicepsou long vaste.
5®. Ischio-tibiale interne ;
le muscle demi-nerveux de
l’homme , ou biceps de la
jambe des quadrupèdes.
Région 56®. La région du
trou ovalaire : les muscles
obturateurs, les jumeaux ou
le cannelé, le pyriforme,le
carré de la cuisse.
Région 37®. Face antérieure
de la jambe.
Région 58®. face posté-
rieure de la jambe J aponé-
vrose tibiale qui se continue
avec laculotteaponévroliquc
de W inslow.
Région 59®. Face dorsale
du pied.
Région 40®. Face plantaire
du pied , divisée en deux
couches } aponévrose plan-
taire.
§. III. Des muscles dans les
animaux.
De l’anatomie comparée
des muscles, et résultats gé-
néraux des observations ana-
tomiques qui ont été faites
sur les muscles du singe et
des diverses classes de qua-
drupèdes.
Parmi les muscles de la
tète, c’est dans les muscles
de la face qu’on observe le
plus de différences. Dans le
cou , ce sont surtout les mus-
cles sterno - mastoïdien , le
sterno -hyoïdien , le thyroï-
dien, le digastrique , et l’an-
gulaire de l’omoplate qu’il
faut considérer. Parmi ceux
de la poitrine, le petit pec-
toral et le grand dcntele ont
une structure différente de
celle que ces muscles offrent
dans l’homme. Parmi ceux
du dos , on examinera le tra-
pèze et les dentelés de la res-
])iralion. Dans le bras, le
deltoïde , le biceps et les ex-
tenseurs du coude. Dans les
régions iliaques et crurales,
le muscle du fascia lala ,
l’iliaque interne , les Icssicrs,
les obturateurs , les jumeaux
DISCOURS SUR
de la cuisse, le droit anté-
rieur , le grêle interne , celui
qui répond au couturier, et
le biceps de la jambe , ou
long-vaste , dont la structure
est très -particulière. Parmi
les muscles de l’avant-bras,
le long supinateur. Enfin ,
parmi ceux de l’extrémité
postérieure, l’extenseur des
doigts, le solaire, les piro-
niers et le plantaire. C’est
dans la conformation de ces
muscles que se trouvent les
principaux caractères qui
distinguent la miologie de
l’homme d’avec cellcdes qua-
drupèdes.
Les muscles des ailes et
*des extrémités des oiseaux,
fournissent encore des difté-
reiices très-remarquables.
Les muscles robustes des
poissons et des reptiles mé-
ritent aussi beaucoup d’at-
tention.
L’histoire des polvpes fera
connoitre des animaux entiè-
rement formés de substance
contractile.
Dans la plupart des ani-
maux appelés à sang froid ,
on verra que là fibre muscu-
laire est blanche, et que sa
contraction est plus vive et
plus durable que dans des
animaux dont le sang est plus
chaud.
Cette différence donnera
lieu de remarquer que, ceux-
ci même , ou're les fibres
L'ANATOMIE. 5i
musculaires rouges, qui sont
les plus répandues, il en est
de blanches : telles sont celles
des intestins et même de la
vessie. Ces fibres sont aussi
plus irritables que les autres.
§. IV. De /a structure intime
du muscle.
Après avoir examiné les
muscles dans les différentes
classes d’animaux, on trai-
tera de l’Anatomie du mus-
cle lui-même, c’est-à-dire,
du muscle considiVé d.ans sa
structure la plus intime.
On verra que les artères
qui s’y distribuent ne sui-
vent aucune marche déter-
minée *. d’où il suit que ce ne
sont point elles qui forment
essentiellement le muscle ,
comme Vieussens et Willis
l’ont avancé.
Les veines qui en sortent
ont des valvules , et les vais-
seaux lymphatiques y sont
eu grand nombre.
Les nerfs s’y portent sous
différents angles, et leur mar-
che y est quelquefois rétro-
grade. Dans tous les cas ,
leur volume n’est point assez
considérable pourqu’on puis-
se les regarder comme for-
mant la base du muscle ,
ainsi que le Cat l’avoit
annoncé.
Tantôt les nerfs qui se
ramifient dans les organes
52 SCri’.NCES PHYSrOL. ET MEDICALES.
musculaires sont dispo-^és en
plexus, comme aux environs
du cœur et des intestins:
tantôt ils sont fournis par
des nerfs longs , dont les
filets se séparent sans rpi’il
V ait ni entrelacement ni
ganglion.
Sous cet aspect , les orga-
nesmtisciilaires doivent être
divisés en ceux qui obéissent ,
et en ceux qui n’obéissent
pas à la volonté.
Les muscles les plus irri-
tables ne sont pas ceux qui
reçoivent le plus de
nerfs. Le cœur est dans
ce cas , et les nerfs , qui sont
éminemment sensibles , ne
sont point irritables.
On n’a point reconnu de
nerfs dans les polypes : s’ils
en ont , ces nerfs sont sans
doute très - petits ; et cepen-
dant les polypes sont très-
contractiles.
La base du muscle est un
organe cellulaire et fibreux ,
qui devient blanc par la
lotion.
Dans les muscles dont la
forme est la plus simple ,
les fibres sont droites : réu-
nies , elles composent des
fais'caux qui sont coupés
à - peu - près à angle droit
par des tr.averses cellulaires.
On exposera ce que Le-
■wenbopck , Mu vset Deheyde
ont dit des fibres cl des
fibrilles.
On fera-connoîlre les opi-
nions de Swarnmerdam , de
Cowper , de Borelli , de
Muys , et de Riiysch , sur les
fo rmes globuleuse , cellu-
laire , rliomboïdale , noueuse
ou lomenleuse qu’ils ont
admises dans les dernières
divisions de la fibre muscu-
laire. Ces suppositions sont la
base de divers systèmesqu’on
indiquera en peu de mots.
On comparera la fibre
musculaire avec la fibre ten-
dineuse ou aponévrotique :
on en montrera la différence.
Sont - elles continues l’une
avec l’autre ’ Est-il vrai que
les aponévroses et les ten-
dons soient tout-à-fait dé-
pourvus de nerfs , comme
Haller l’a dit ? Si cela est ,
pourquoi les piqûres y exci-
tent-elles quelquefois une
grande sensibi'ilé ?
On suivra le tendon dans
la profondeur même du mus-
cle, où il se termine en
pointe
Pourquoi les deux tendons
du même muscle sont -ils
pour l’ordinaire opposés l’un
à l’autre dans la place qu’ils
occupent , dans leur direc-
tion et dans leur structure ?
Et quel est l’avantage d’une
tige mo^enne à laquelle
aboutissent des faisceaux
obliques, d’où il résulte une
disposition peuniforuiC, ou
semi-pcuniforuic.
I
DISCOURS SUR L'ANATO.MIU 5T
On parlera Jes caspules
muqueuses des tendons , des
glandes qui s’y trouvent ,
et du fluide onctueux qui
s’j sépare.
Résu nié des aponévroses ,
de leursdivers plansdefibres,
de leurs usages. Il n’exi.ste
pas un seul d allé d’anatomie
où les aponévrosessoient bien
décrites : le professeur y
suppléera.
^ V. Des phénomènes des
mouventens muscuLiiies
dans l’état de santé.
Du muscle considéré en
-repos , et en équilibre avec
ceux qui l’environnent.
Du muscle dans l’état de
contraction. Il se durcit en
se raccourcissant ; de la me-
sure de son raccourcissement.
De ses rides , de ses plis ,
de sa force , soit relative ,
soit absolue, soit simple,
soit composée , de scs effets;
du secours qu’üreçoit des au-
tres musc'es et de celui qu’il
leur donne ; des muscles
antagonistes.
De rintluenccdu sommeil,
de la veille , de la digestion ,
et des diverses autres fonc-
tions organiques sur l’action
musculaire.
Des phénomènes de cette
action , soit qu’elle devienne
plus forte ou plus foible.
§ V Expériences faites sur
les organes irritables.
Des expériences nombreu-
ses ont été faites sur CPS or-
ganes ; on répétera les prin-
cipales.
Les muscles se contractent,
lorsqu’on pique les nerfs qui
s’y distribuent. La même
chose arrive lorsqu’on les
pince, et surtout lorsqu’on
en tire des étincelles élec-
triques. Ucsexpériences nou-
velles ont même prouvé que
ces étincelles sont le stimu-
lant le plus fort qu’on puisse
employer dans le traitement
des personnes asphyxiées.
Lorsqu’on a fatigue le nerf
dans un dos points de son
étendue , si on le pince au —
dessouset plus près du mus-
cle, on excite eucore dg^
contractions.
Si on coupe le nerf, le
musc’e c uiserve pendant
quelques iiistans son irrita-
bilité , qu’il perd bientôt
après.
Si on lie les vaisseaux sanr
guinSjl’irritabilitédu muscle
dure un peu plus long-temps
que lorsqu’on en a coupé les
nerfs; mais elle se détruit
enfin, pour ne pl us repar oître.
On peut se servir de diffé-
reiïts acides , soit minéraux ,
soit végétaux, pour exciter
la contraction des parties
musculaires ; mais ces sels ,
54 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDfCAI.ES.
surtout les premiers , délrui-
sent bientôt les organes sur
lesquels ilsagissent. Le beur-
re cranliiuoine produit le
même effet , et pour les mê-
mes raisons.
Les organes musculaires
placés dans les différentes
cavités du corps, jouissent
à un haut degré de la force
irritable. Tels sont le dia-
phragme , dont on excite
facilementla contraction par
la pression du nerf phréni-
que , la vessie qu’on force
de se vider , en l’irritant à
l’extérieur , tels sont lecœur
et les intestins , dont on ré-
veille la contraction par le
souffle seul de la bouche ,
ou par le léger frottement
d’une petite brosse ou d’un
pinceau très- doux.
Ces organes , hors du
corps , et coupés même par
morceaux, sont encore très-
irritables.
L’œsophage des animaux
SC contracte aussi très-faci-
lement par l’effet des diflé-
rcns aiguillons.
Les grenouilles sont très-
propres à ces différentes
expériences.
Il en résulte qne les Hga-
xnens , lescapsules, les mem-
branes , les aponévroses , les
tendons, les nerfs , les car-
tillages , et les os ne sont
point irritables.
La membrane médullaire,
quoiqu’il soit démontré , con-
tre l’assertion de Haller ,
qu’elle est souvent Irè.s-
sensible , n’est point irri-
table.
Les vaisseaux lymphati-
ques le sont beaucoup ; les
grosses artères , dans les jeu-
nes animaux, sont évidem-
ment musculaires , et se
contractent d’une manière
très— marquée. L.es grosses
veines aux environs du coeui',
sont vraiment contractiles ;
plus loin , elles n’ont point
cette propriété j les organes
glanduleuxn’en jouissentpas
non plus de manière à ce
qu’on puisse en apercevoir
les effets.
La peau peut se froncer
dans différentes circonstan-
ces , et elle n’est pas aussi
dépourvue d'irritabilité que
Haller l'a dit.
Le tissu cellulaire n’en
donne aucune marque.
L’opium et les substances
narcotiques en général , éten-
dues sur les organes muscu-
laires, diminuent leur irri-
lablité.
On a dit que la plupart
de.s gaz qui proilui.scnt l’as-
phyxie , détruisent aussi
l’irritabilité des organes
mu.srulaires.
Lorsqu’on a coupé lemu.s-
cle antagoniste , ou qu’on l’a
rendu paralytique en cou-
pant ses nerfs , le muscle
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 55
opposé l’emporte , et son ac-
tion devient constante.
Lorsqu’on lie avec un fil
la partie la plus charnue
d’un membre , dont les mus-
cles sont en repos , et qu’en-
suite on les contracte , le
membre éprouve de la gêne
dans le lieu de la ligature j
ce qui prouve qu’une partie
du membre se gonfle. Cette
expérience a été rapportée
par llamberger.
Si on plonge le bras , .sans
on mouvoir les muscles ,
dans un va.se rempli d’eau ,
et qu’ensuite on lescontracle,
le niveau de l’eau s’abaisse ,
.ce qui seiuble annoncer que
le volume des muscles di-
minue dans la contraction;
mais ce résultat peut troin-
Î)er , parce qu’il sufliroit que
es muscles se rapprochas-
seut l’un de l’autre pour
que le volume total dimi—
iiu;\t. Cette expérience est de
Glisson et de Swammer-
dam.
Ce dernier a fait l’expé-
rience précédente, en plaçant
le cœur d’une grenouille
dans un vase étroit et rempli
d’eau qui s’est abaissée ,
lorsque le cœur s’est con-
tracté.
L’ob.servalion a prouvé que
les mu.scles ne pâlissent point
dans le moment de la con-
traction. 5i dans la systole ,
le cœur pAlit , c’est parce
que le sang est laucé hors
de ses cavités ; Kaw et
Vtnler.
On évitera de tromper
comme Borelli dans l’esti-
mation des forces de quelques
organes musculaires. Par
exemple , lorsqu’il a com-
paré le poids du cœur avec
celui du muscle fléchisseur
du pouce, pour en tirer des
con.séquenccs relatives à la
force du preiirier de ces orga-
nes , il a commis une grande
erreur , car outre que l’ac-
tion du fléchisseur du pouce
est aidée par celle du court
fléchisseur, les fibres du
cœur étant beaucoup plus
déliées et plus rapprocliée.s
les unes des autres que celles
du muscle fléchisseur du
pouce , on ne peut , à rai.son
du poids, établir entr’elles
aucune analogie. Il y a sous
d’autres rapports , dans ce
calcul , plusieurs sources
d’erreurs qu’il seroit trop
long d’exposer ici.
Ce sera dans le traité d’a-
natomie de VVinslow , qu’on
trouvera les meilleurs prin-
cipes sur les divers usages
des muscles. On considérera
sur- tout leurs angles d’in-
sertion , la direction des
gaines ou des poulies , et de
leurs tendons , et leur situa-
tion relativement aux diffé-
rens articles.
56 SCIRNCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
§ V 1 1. Des effets de l’action
musculaire.
On indiquera quels sont
leseûels de l’action des mus-
cles, soit relali veinent aux
os dont ils modifient les
contours , les l'orraes et les
éminences ; soit relaüve-
luent aux besoins des ani-
maux qui en sont pourvus.
Ainsi , dans l’homme on
expliquera la station , le
marcher, la course , le saut^
dans le quadrupède, sur-
tout dans le cheval, le pas
ordinaire, le li ot , le galop ,
et l’amble j dans l’oiseau ,
les diverses esjîèces de vol,
l’ascension , l’action de pla-
ner , l’abaissement , le mar-
cher j dans le poisson, la
manière dont il nage , et dont
il s’arrête ou se dirige , soit
par les nageoires , soit par
l’action de la queue.
On consultera les expé-
riences curieuses faites à ce
sujet par borelli ; dans les
reptiles , les ondes qu’ils
forment , et la manière dont
ils sautent , s’élancent ou se
suspendent ; dans les insectes,
le marcher , le saut, et le
vol j dans les vers , la ma-
nière dont ilsranipentà l'aide
d’une sorte de mouvement
péristaltique ; on en soule-
vant une partie do leur corps
on forme d’arc ; dans les j)o—
l^j'pes , en s’accrochant par
leurs queues ou par leurs
bras, ou en (brinaril avec ces
derniers une sorte de roue ,
dont le mouvement est très-
rapide J enfin d.:ns les plan-
tes parla contraction de quel-
ques-uns de leurs organes
qui semblent jouir d’une
sorte d’irritabilité.
Il existedonc dans les corps
vivans une fonction ou pro-
priété très-différente de la
sensibilité et de toutes les
autres forces quelconques ,
que Glisbon avoil connue ,
et c]ue Haller a démontrée )
elle a reçu les noms de vis
insita ou irrilabililas , dans
les écrits de Haller; de vis
pruriens dans ceux de Karv-
Boeri'haave ; de vis vilalis
dans ceux de Gaubius ; de
sensus animalis dans ceux
de Charleton.
Yllf. Du siège de l’action
musculaire.
Mais quel est le siège de
de l’action musculaire, et à
quelle partie organique ap-
partient spécialement celte
propriété Ce n’est point
aux vaisseaux , qui sont eux-
mêmes irritables , cl qui ne
font qu’alimenter le muscle ;
ce ri’esl point aux nerfs ,
qui raniment , ci qui y trans-
mettent seulement l’aiguil-
lon de la volonté ; ce n’c-st
point au tissu cc.lulaire f
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. Bj
qui n’est qu’un organe pas-
sif; ne seroit-ce pas plutôt
à une matière élastique et
contractile qui s’y separe-
roit par une sortede sécrétion
particulière à cet organe }
Ici le professeur exposera
les notions principales que
la chimie moderne a fournies
sur l’analyse des muscles.
Ce qui distingue leur tissu
fibreux , c’est i°. De n’ètrc
pas dissoluble dans l’eau ;
De donner plus de gaz
azote par l’acide nilri(|ne
que toutes les autres subs-
tances animales; 5”. de four-
nir ensuitedel'acide oxalique
et de l’acide maliqiie ; 4”" Ce
‘tissu se pourrit facilement,
lorsqu’il est humecté, et il
donne beaucoup de carbonate
amtnoniacalà la distillation ;
Ô'^. 11 brûle en se ressei ant.
Diversrapprochemeus ont
porté un des premiers chi-
mistes modernes , ( i ) à
croire que les muscles sont
le réservoir de la matière
fibreuse du sang qui s’y con-
dense , et qui y devient
l’organe immédiat de l’irri-
tabilité.
Il K FONCTION.
De la circulation.
Le professeur traitera des
organes qui servent à la
circulation, et en général du
cœur, des vaisseaux arté-
riels , et des veines sanguines
et lymphatiques.
§. l*"^. Du cœur.
Du péricarde.
De la position de ce sac,
considère dans le médiaslin;
de sa forme , de sa base , de
ses faces , de ses angles ,
pointes ou cornes, descs mem-
branes externe et interne; de
ses adhérences , de scs ouver-
tures , de son anneau , de se.s
vaisseaux, de la sérosité qui
s’y condense, de son usage.
Du cœur en général et à
l’extérieur ; de sa situation ,
de sa forme , de sa base , de
sa pointe, de ses faces, de
scs angles , de la ligne de dé-
marcation {[ui est placée
entre ses ventricules, de sa
membrane externe, et de la
graisse qu’elle reçoit dans
quelques sujets.
Des cavités du cœur en
général.
Des sinus et des oreillettes
à l'extérieur; de leur base,
de leur pointe , de leur direc-
tion , de leur étendue , de
leur adossement.
De l’oreillette droite, dite
des veines caves ; de sa
forme et de scs limites , de
sa structure externe et iu—
( 1 ) M. de Fourcroy.
58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
terne, de ses faisceaux char-
nus , ou muscles pectines ; de
la mejubrane qui se montre
entre les faisceaux charnusde
l’oreillette.
Du sinus droit, et des
veines caves, qui s’y ouvrent.
De la valvule d’Eustache.
Du sinus des veines coro-
naires.
De la cloison ou septum
des oreillettes.
Du trou ovale et de sa
valvule ; de l’anneau et de
la fosse ovale, de l’isthme de
Yieussens.
De l’ouverture veineuse
du sinus droit dans le ven-
tricule du même côté.
Du ventricule droit , ou
pulmonaire^de sa membrane
interne , de sa forme , de son
étendue , qui est plus grande
que celle du ventricule
gauche^ de ses faisceaux, ou
de son réseau charnu.
De son ouverture vei-
neuse , et de l’anneau val-
vulaire qui l’entoure ; des
muscles papillaires qui ser-
vent d’appui à la valvule.
De la division de cette val-
vule en trois pointes, qui se
terminent aux muscles papil-
laires.
De l’ouverture artérielle
de ce ventricule.
Des valvules en panier de
pigeon, qui sont à l’embou— ’
churc de l’artère pulmo-
naire.
De la cloison des ventri-
cules, et des colonnes char-
nues dont elle est surchar-
gée.
De l’oreillette gauche, ou
pulmonaire j de sa forme, de
sa pointe , de ses faisceaux
réticulaires.
Du sinus gauche ; des
quatre veines pulmonaires
qui y aboutissent ; de l’éten-
due du sinus gauche , qui
est moins grande que celle
du sinus droit; de son ou-
verture dans le ventricule
gauche.
De ce ventricule lui-même,
que j’appelle aortique ; de sa
membrane interne, de sa for-
me, et de l’étendue de sa ca-
vité , de sa pointe où la cavité
se prolonge.
De son ouverture veineuse ;
des valvules appelées mitra-
les ■, qui s’y trouvent, et des
muscles qui leur servent de
soutien.
De l’ouverture artérielle
de ce ventricule;des valvules,
dites sigmo'ides , qu’on y re-
marque , et des globules ,
dits à’Arantius , qui sont
placés au milieu du bord
flottant de ces valvules.
De l’os du cœur dans les
ruminans.
Des diverses couches de
fibres queVicussens, Lancisi,
ütenon , Seriac et H.iHer, ont
observées dans le cœur.
DISCOURS SUR
Des nerfs de cet organe;
des plexus cardiaques, de
ceux que Willis, Vieussens ,
Lancisi, VVinslow et Seiiac
oui décrits.
II. De la structure du cœur,
considéré dans les ani-
maux.
D.ans les quadrupèdes, il
est plus allongé, plus aigu, et
il s’étend plus verticaleruent
sur le sternum.
Dans les oiseaux, le ven-
triculedroil est sémilunaire,
étroit, et il semble qu’il em-
brasse le venlrioule gauche,
• autour duquel il est placé.
Dans l’homme , dans les
quadrupèdes, dans les céta-
céos , et dans les oiseaux, le
cœur est composé de dcu.x
oreillettes et de deux ventri-
cules. Dans ({uelques qua-
drupèdes ovipares , il est for-
luéde deux oreillettes et d’un
seul ventricule : telle est la
grande tortue de mer.
Dans les poissons , il n’y a
qu’une oreillette et un ven-
tricule.
Dans les insectes et dans
plusieurs sortes de vers , le
cœur est allongé, et il jouit
d’une sorte de mouvement
peristatique , comme les in-
testins.
On ne conuoît point de
cœur dans les polypes.
I;A NATO MIE. 5g
§. \\\. Observations et expé-
riences sur le mouvement
du cœur.
La poitrine d’un quadru-
pède étant ouverte, i®. on
voit les oreillettes du cœur
se contracter, «piand les vei-
nes-caves cl les ventricules
du cœurse dilatent, et ainsi
réciprûijuemeut.
2“. Pendant la contraction
des oreilleltes , on voit le
sang refluer dans les veines
caves et pulmonaires.
3°. Ou observe que les
coni r actions des or ei! telles se
font ensemble, cl que celles
des ventricules sont aussi si-
multanées.
4°. On remarque qu’à me-
sure que l’animal s’afVniblit ,
CCS contractions SC font tantôt
pins vî'e, tantôt plus lente-
ment , et qu’elles ne se suc-
cèdent plus avec la même
régularité. Les ventricules
commencent à se dilater
avant que la contraction de
l’oreillette soit achevée : cl
vers la fin de la vie l’oreillette
d roi te se contracte , pour l’or-
dinaire , plus souvent et plus
long-temps que la gauche.
Haller faisoil passer à vo-
lonté cette propriété de l’o-
reillette droite à la gauche.
A cet effet, il lioit l’artère
aorte près du cœur , et il
ouvroit l’une des veines-
caves : alors le sang, dont la
6o SCIENCES rHYSIOI.. ET MEDICALES
presence excite les cou trac-
tions des diverses parties
du cfDur , s’accumulant à
gauche , et cessant de s’épan-
cher dans les cavités droites,
l’oreillette gauche devenoit
YitUimum moriens.
Pendant la diastole , le
cœur devient un peu plus
long qu’auparavant, et il se
raccourcit dans la systole.
Dans ce même moment,
on voit la pointe du cœur se
redresser : le mouvement des
valvules , qui se relèvent
alors , force la pointe du
cœur à se rapprocher de la
hase.
Comme l’oreillette gauche
est placée sur la colonne ver-
tébrale, et qu’elle se remplit
de sang lorsque les ventri-
cules se contractent , le dé-
placement qui en résulte doit
pousser le cœur en devant ,
et sa pointe, qui est à l’ex-
trémité du rayon , doit frap-
per avec force les côtes qui
lui sont opposées.
Pendant la systole du cœur,
le sang est poussé dans la
crosse de l’aorte , qui , se
remplissant brusquement ,
tend à décrire une ligne
droite, et qui concourt, par
cet efiort , à porter en devant
la masse entière du cœur ,
qui est comme suspendu à
son extrémité.
On peut produire ce meme
effet, en dirigeant avec force?
un fluide de bas en haut dans
1 aorte thorachique vers le
cœur.
En observant la circula-
tion dans les animaux, dont
le cœur est demi-ti ansparent,
comme dans les grenouilles ,
on voit que les cavités de cet
organe se vident tout-a-iait
à chaque systole.
Le cœur de ces animaux
se contracte long - temps
après avoir été détaché de la
poitrine. On rétablit ses inou-
vemens par le souflte, par
l’impression de l’eau tiède,
et par divers stiinulans.
Dans les quadrupèdes, ou
le mouvement du cœur avoit
cessé, on l’a souvent fait re-
paroître en introduisant de
l’air dans le poumon : alors
on rétablit la circulation pul-
monaire , et le sang qui se
porte vers le cœsir y excite
des contractions nouvelles.
Ce procédé est d’une grande
utilité dans le traitement des
asphyxies.
On voit manifestement la
circulation continuer pen-
dant ({uelquc temps, dans les
animaux à sang froid, quoi-
que le cœur ait été arraché
de la poitrine: d’oii l’on peut
conclure que le sang contenu
dans le système artériel , ne
reçoit pas toute son impul-
sion du cœur, puisqu’il peut
, DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 6i
fncore se mouvoir lorsque
C‘ît organe est entièrement
dcf mit.
On rappellera les opinions
de Keil, de .lurine, de Ro-
binson , de Morgan , et de
Morlan , sur la force du
cœur : il n’y a aucune de ces
opinions oii il ne se soit glissé
quel([ue erreur, soit d’Ana-
tornie, soit de calcul. Oti en
conciliera , avec Haller ,que
la force du cœur est grande ,
mais qu’il est peul-êlre im-
possible de l’eslimer avec une
précision malhématique.
Les nerfs de la huitième
paire do l’intercostal peuvent
être liés sans que les mouve-
"mens du cœur soient pour
cela aussitôt interrompus.
On exposera en peu de
mots les opinions de Bellini,
de VieussenSjdel-'crraiilt , de
Roerliaave, sur lescausesdes
Miouvemens du cœur, et il
sera facile de faire voir com-
bien ces systèmes sont peu
fondés.
On fera voir que la cause
du mouvement du cœur ré-
side dans sa propre irritabi-
lité, que le sang excite en
passant alterna ti veinent dans
les oreillettes et dans les ven-
tricules de cet organe.
§. IV. Des artères et des
veines pulmonaires.
De l’artère pulmonaire ,
de son tronc , de sa cour-
bure.
Du conduit artériel.
De la bifurcation de l’ar-
tère pulmonaire , de sa
bnnclie droite , de sa bran-
che gauche, de leurs rap-
ports avec les troncs , des
subdivisions de ces branches
dans les poumons.
Des veines pulmonaires,
de leurs ramifications dans
les poumons , de leurs bran-
ches hors de ces organes et
près du cœur, de leurs rap-
ports avec les branches et
avec les artères pulmonaires,
de leur entrée dans le sinus
droit du cœur.
La cirriil.xlion pulmonaire,
dont 011 exposera le méraru’s-
me, étoit connu de Cesalpin
et de Servet , avant que la
grande circulation de l’aorte
e' des veines caves eût été
déterminée.
§. V. De l'artère aorte.
De l’artère aorte en sé-
' I ^
neral.
Des artères coronaires.
Des artères sous-clavières
droite et gauche.
Des carotides primitives.
De la carotMp externe j de
l’artère thyroïdienne supé-
rieure; de l’artère hyoïdien-
ne, de la sublinguale, de la
ranine, de l’artère pharyn—
gieuae inférieure, de scs ra-
6.2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
meaux pour le ganglion cer-
vical de l’intercostal, pour la
p.iirc vague et pour le mus-
cle sterno-rnastoïdien.
De l’artère labiale , ou
maxillaire externe de Wins-
low; de l’artère palatine in-
férieure ; de l’artère tonsil-
laire; des massétérinesjde la
labiale inférieure et de la
coronaire des lèvres.
De l’artère occipitale; de la
ménjngée de la fosse céré-
belleuse qui pénètre avec la
veine jugulaire interne dans
le crâne; des rameaux mus-
culaires de l’artère occipitale.
De l’artère auriculaire pos-
térieure du rameau auditif
externe, du rameau stylo-
mastoïdien.
De l’artère maxillaire in-
terne ; de la ményngée , ou
artère moyenne de la dure-
mère; de la maxillaire infé-
rieure, des plérygoïdiennes;
de la temporale profonde
externe.
De l’artère buccale ; de
l’alvéolaire ; de la sous-or-
bitaire, de la platine supé-
rieure; de la pharyngienne
supérieure ; de la sphéno-
paîatinc.
De l’artère temporale; des
auriculaires antérieures ; de
la transversale de la face; de
la temporale profonde; de la
temporale supci ficicllc ou
postérieure.
De l'arlère carotide in-
terne , ou cérébrale , en géné-
ral ; de l’artère ophtalmique ;
de l’artère lacrymale ; des
ciliaires internes courtes et
longues; des musculaires su-
périeures et inférieures ; de
la sous-orbitaire ; de la ci-
liaire inférieure ; de l’elb-
moïdale postérieure ; de
l’ethmoïdale antérieure; de
l’artère centrale de la rétine ;
des artères ciliaires anté-
rieures ; de la palpébrale
su])érieure , inférieure ; de
l’artère nasale ; de l’artère
sur - obitaire ; de l’artère
sourcilière; du rameau fron-
tal supérieur profond ; de
l’artère communicante du
cerveau ; de l’artère choroï-
dienne inférieure; de l’artère
calleuse; de la branche pos-
térieure , ou de Sj'lvius.
De l’artère mammaire in-
terne ; des rameaux thy-
miques, diaphragmatiques ,
médiastins et ryphoïdieus.
De l’artère vertébrale en
général ; de l’artère infé-
rieure du cervelet; de la la-
térale du cervelet; delà spi-
nale postérieure; de l’artère
spinale antérieure; deTartèrc
varolienne postérieure.
Du tronc basilaire; des
pyramidales; des olivaires;
de l’artère inférieure du cer-
velet (sfuivent il en sort une
seconde du tronc basilaire ) ;
des audit ives ; des arlèi es des
nerfs trijumeaux.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 63
De l’artère supérieure du
cervelet; des artères pinéales ;
des tuberculeuses supérieu-
res, et des varolieunes laté-
rales et supérieures.
De l’artère profonde ou
postérieure du cerveau ; des
artères du troisième ventri-
cule ; des inférieures et in-
ternes des couches optiques ;
des rameaux mammillaires ;
de ceux des piliers atitérieurs
de la voûte; des rameaux de
la commissure postérieure.
De la communicante de
Will is ; des artères clioroï-
diennes inférieures ;des opti-
ques inférieures; des am-
moniennes, des tuberculeuses
inférieures; de celles du troi-
sième ventricule.
De l’artère thyroïdienne
intérieure ; de l’artère trans-
versalede l’épaule, qui vient
aussi de la mammaire in-
terne ; de l’artère transver-
sale du cou ; de l’ascendante
du cou; des rameaux pro-
fonds de la thyroïdienne in-
férieure ; df la thyroïdienne
proprement dite ; de la bran-
che thorachique.
De l’artère cervicale pro-
fonde , de l’artère cervicale
superficielle ; de l’artère in-
tercostale supérieure ; des
artères intercostales, de leurs
branches supérieures et in-
férieures.
De l’artère axillaire; des
thorachiques supérieure, lon-
ue , humérale et axillaire;
e l’artère sous - scapulaire
supérieure; de la sous -sca-
pulaire inférieure de l'ar-
tère circonflexe antérieure,
postérieure.
De l’artère humérale ; de
l’artère profonde supérieure
du bras; de l’artère profonde
inférieure du bras.
De Tarière radiale.
De l’artère cubitale.
Des artères bronchiales j
des œsophagiennes; des nié-
diastines postérieures ; des
intercostales inférieures; des
diaphragmatiques inférieu-
res.
Du tronc cœliaque; de l’ar-
tère coronaire stomachique ;
de l’artère hépatique ; de
l’artère splénique.
De Tarière mésentérique
supérieure ; des artères cap-
sulaires; des artères rénales;
de Tarière spermatique ; de
Tartère mésentérique infé-
rieure ; des artères lom-
baires ; de Tartère sacrée an-
térieure.
Des artères iliaques com-
munes ou primitives ; de
Tartère iliaque interne ou
pagaslrique ; de Tartère iléo-
îombaire ;des sacrées latéra-
les ; de Tiliaque postérieure.
De l’obturatrice; de Tar-
tère ischiatique; de la hon-
teuse interne , de Thémor-
rhoïdale moyenne ; de Tar-
tère utérine, des artères
SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
6i
vésicale j de Tarière vagi-
nale j de Tarière ombilicale.
De Tarière iliaque externe
ou crurale; de Tarière épi-
gastri([ue ; de Tarière iliaque
antérieure; de Tarière cru-
rale;des houleuses externes;
do Tarière profonde de la
cuisse; de la circonflexe in-
lei ne el externe ; de Tar-
ière poplitée ; des articu-
laires.
De Tarière tibiale anté-
rieure; de Tarière tibiale
postérieure , el de leurs ra-
meaux.
De l’arlère plantaire in-
terne el externe , et de ses
branches.
De Tarière péronière et de
ses rameaux.
AM. Des veines caves.
De la veine cave suj)é-
lienre , et de ses branches
considérées dans Tordre de la
circulation.
De la veine basilique ,
et de ses rameaux ; de la
veine céphalique et de scs
rameaux; de la veine mé-
diane ; des veines brachiales ;
des veines axillaires; des vei-
nes vertébrales; de la veine
temporale ; de la veine occi-
pitale ; des veines pignlaires
externes ;de la veine labiale;
de la veine pharyngienne ;
de la veine linguale; de la
veine thyroïdienne supé-
rieure ; des veines jugulaires
internes : des veines intercos-
tales supérieures ; des veines
mammaires internes ; des
veines thyroïdiennes infé-
rieures ; des veines sous-cla-
vières ; de Tazygos ; de la
veine cave supérieure ou des-
cendante.
De la veine cave infé-
rieure, dans Tordre de la
circulation ; de la veine po-
plitée ; de la petite veine
saphène ; de la grande veine
saphène; delà veine crurale;
de la veine iliaque externe ;
de la veine iliaque interne
ou hypogastrique ; desveines
iliaques ou primitives; de la
veine sacrée antérieure ; des
veines lombaires ; des veines
spermatiques ; des veines ré-
nales ou émulgenles ; des
veines capsulai: es; des veines
hépatiques ; des veines phré-
niques ; de la veine cave in-
férieure.
VII. De la veine porte.
De la veine porte ventrale,
dans Tordre de la circula-
tion ; de la petite mézéraïque,
ou hémorrhoïdale interne ;
des veines coliques gauches ,
première et seconde ; de la
coronaire gauche; des pan-
créatiques ; des gastriques
postérieures ; des gastro-épi-
ploïques gauches ; de la
DISCOURS SUR L’A N AT ü Ml C. 65
grancle gastrique gauche J des
vaisseaux courts.
De la veine .splénique; de-
là veine iliaque inferieure ;
de la cœco-iliaque ; de la
colique droite; de la gastro-
duodenale ; de lu colique
moyenne.
De la grande veine mézé-
raïque;de la veine coronaire
stomachique droite ; des vei-
nes cysliques et des duodé—
nales;du tronc de la veine
J)orte ventrale; du tronc de
a veine porte hépatique et
de ses branches.
Delà veine ombilicale.
§. VIII. Des veines Ijm-
• phaliqucs.
Des vaisseaux lymphati-
ques radiaux , cubitaux, .«u-
jierficiels, profonds; des lym-
phatiques du bras , de
l’omoplate, de l’aisselle; des
lymphatiques du cou , su-
perficiels , profonds ou ju-
gulaires.
Du tronc lymphatique
droit , gauche , près des
sous - clavières ou de la veine
cave lymphatique descen-
dante.
Des vaisseaux lymphati-
ques saphéens, tibiaux, pé-
roniers superficiels , pro-
tonds , poplités, cruraux,
et sciatiques.
Des lymphatiques ingui-
T. 4.
naux , superficiels et pro-
fonds.
Des lymphatiques hypo-
gastriques; des honteux ex-
ternes et internes ; des lym-
phatiques lombaires, rénaux,
capsulaires ; des lymphati-
ques mézéraïques , pancréa-
tiques , hépatiques , spléni-
ques, et gastriques.
Des vaisseaux lymphati-
ques des poumons; du me—
diastin postérieur ; des lym-
phatiques cardiaques.
Des racines du réservoir
de Pecquet ; du ré.servoir lui-
même; du conduit thora-
chique , ou veine cave lym-
phatique ascendante.
§. De la structure propre
des artères.
De le urs diverses mem-
branes ; de leurs fibres char-
nues, qui sont surtout cir-
culaires. On les voit dans les
grosses artères des jeunes
animaux. On décrira la
membrane interne des ar-
tères, et les petits vaisseaux
de ces membranes, qu’on dé-
montre par l’injection.
Leur section est circulaire :
leur force de résistance est
très-gi ande ; elle a été dé-
terminée par VN' iiitringham.
Les rameaux opposent, toutes
choses égales d’ailleurs , plus
de résistance à leur rupture
que les troncs.
5
66 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
La plupart de ces rameaux
sortentàangleaigudes troncs
artériels.
l.e système artériel forme
un cône, dans ce sens, que la
somme des ouvertures deç
rameaux réunis est plus
grande que l’ouverture du
tronc.
Le nombre des divisions
artérielles , qu’on peut dé-
montrer anatomiquement ,
ne surpasse point celui de
dix-liuit ou vingt.
On ne doit donc point ad-
mettre la série des vaisseaux
décroissans , proposée par
Boerhaave , ni V erreur de
lieu, comme cause d’inflam-
mation.
Les anastomoses se font
ou à angle aigu , ou en arc ,
ou en cercle. On voit le mou-
vement se renouveler et re-
naître dans les coudes , dans
les anglesde communication,
qui sont comme autant de
diagonales entre les côtés
de divers parallélogrammes.
C’est ce qu’on observe dans
Ic.s grands réseaux.
Il n’y a ]ioint de paren-
chyme visible entre les ar-
tères et les veines. Les artères
se terminent, i°. en se con-
tinuant avec les veines ^
3'’. en se repliant , pour for-
Jiicr les conduits excréteurs j
3°. les artères se terminent
par des extrémités très-dé-
liées et très- courtes , d’oli
sortent les vapeurs qui lu-
bréfient les surfaces , et d’ou
s’élève la transpiration in-
sensible ; 4°- par des vais-
seaux séreux , non rouges ,
tels qu’on en voit dans les
membranes blanches de l’œil.
Ces vaisseaux artériels séreux
finissent souvent par des vei-
nes du meme genre, qui,
s’agrandissant , admettent
plus loin les globules rouges.
Mais, dans aucun cas, les
vaisseauxlymphatiques,pro-
prementdits, ne communi-
quent avec les artères.
X. De la structure propre
des veines.
On ne voit les fibres mus-
culaires quedansleurs troncs
et dans les jeunes animaux.
Elles sont en général placées
plus près de la peau que les
artères; et Wintringham a
démontré que les membranes
de ces derniers vaisseaux ,
toutes choses d’ailleurs éga-
les , résistent moins à leur
rupture que celles des veines.
Des valvules des veines, qui
sont tantôt solitaires , tantôt
conjuguées, tantôt ternées.
I.cs valvules se trouvent
dans celles externes , et dans
les veines dont la position
est perpendiculaire. La di-
rection de ces lames suffi-
roit pour désigner quelle est
la vraie roule du sang.
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 67
Il n’y a point de valvules
dans la veine cave inté-
rieure, dans les veines des
viscères, dans la veine porte.
Est - il vrai que les veines
s’ouvrent dans le tissu cellu-
laire et dans les diverses ca-
vités pour y repoinprr des
fluides 7 ou ne sont- ce pas
plutôt les vaisseaux ly/nplia-
tiques qui sont partout des-
tinés à cet usage ^
XT. De la slruclure pro-
pre des vaisseaux et des
glandes lymphatiijues.
Des découvertes de Rud-
bek , de Bartholln, de celles
.de Meckel , de Ilunter, de
Hewson , de M. Monro , et
de M M. Cruiskshangk ,
Scheldon et Mascagni.
Les vaisseaux lymphati-
ques sont veineux et valvu-
feux J ils sont irritables j ils
s’ouvrent sur toutes les sur-
faces et dans toutes les cavi-
tés J ils absorbent les fluides
séreux en général , et en par-
ticulier toutes les humeurs
quelconques épanchées. Leurs
troncs , auxcjuels tous les ra-
meaux se reunissent, s’ou-
vrent dans de grosses veines.
On doit donc les regarder
comme un système particu-
lier de veines séreuses, sur-
ajouté à celui des veines san-
guines.
On recherchera si, indé-
pendamment des troncs prin-
cipaux du système lympha-
tique , il y a des rameaux de
ce système qui s’ouvrent im-
médialeinenl dans les veines
sanguines , ainsi que Weekel
le pensoit.
On exposera ce qu’on sait
sur la structure intime et les
usages des glandes conglo-
bées , dans lesquelles les
vaisseaux lymphatiques se
mêlent et forment un entre-
lacement très-compliqué.
La plupart de fonctions
attribuées par Bordeu aux
lames du tissu cellulaire,
appartiennent aux vaisseaux
absorbans dont elles sont
l’appui; ce qui ne change
rien au fond de sa doctrine.
On avoit pensé que . dans
les oiseaux , l’absorption se
faisoit par les veines san-
guines. Mais llewson et plu-
sieurs autres modernes ont
trouvé des vaisseaux lym-
phatiques dans ces animaux,
dans les reptiles , dans les
quadrupèdes ovipares , et
dans les poissons , comme
dans les quadrupèdes et dans
les hommes : d’oii il suit que,
dans toutes les classes d’ani-
maux , l’absorption se fait
par des vaisseaux du même
genre.
L’expérience a prouvé que
les vaisseaux lymphatiques
conservent leur force absor-
bante quelquefois asssez long-
68 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
temps après la mort de ra-
nimai.
§. XII. Des phénomènes de
la circulation.
On traitera des mouve-
mens du cœur et des vais-
seaux dans l’état de santé ;
on les considérera pendant la
veille et le sommeil, dans
l’exercice, et dans le repos ,
avant et après la digestion ,
dans les différens âges et
tempéramens , dans les di-
vers besoins et états de la vie.
XIII. Observations et ex-
périences sur la circula-
tion du sang.
On a tenté un grand nom-
bre d’essais sur les vaisseaux
sanguins, pour déterminer
s’ils sont sensibles , s’ils se di-
latent , s’ils se déplacent dans
leur battement , ainsi que
pour connoître la force et la
direction des üuides qui cir-
culent dans leurs cavités.
Lorsqu’on lie une artère,
on voit le gonflement se faire
au-dessus de la ligature ; si
on lie une veine , le gonfle-
ment , au contraire , se fait
au-dessous.
Quelquefois cependant on
lie des artères longues, telles
que les crurales, sans rciriar-
<jucr de gonflement au-des-
sus, parce que les artères
collatérales empêchent l’or-
dre de la circulation de se
troubler.
Les acides introduits dans
Une veine coagulent le sang
dans une direction qui s’étend
vers le ventricule droit. Le
sang se coagule dans une di-
rection opposée, si on injecte
des acides dans une artère.
On a lié les veines caves
supérieure et inférieure; le
sang s’est amassé en-dessus
et en-dessous, et le cœur a
été trouvé vide.
Si , par le moyen d’uu
tube , on introduit de l’air
dans la veine jugulaire , cet
air parvient au cœur dont ou
peut ressusciter ainsi les
mouvemens.
La mêmechose arrivelors-
qu’on introduit de l’air dans
le canal ihorachique.
Pour faire durer pluslong-
teraps les mouvemens du
cœur , il suffit d’y retenir le
sang , en comprimant les ar-
tères par lesquelles il est
lancé. On peut lier l’aorte ,
dans la même intention et
avec le même succès.
En répétant avec soin les
expériences de Weitbrecht ,
de Lamure, et de MM. Ja-
dolot et Arthaud , on verra
les artères se déplacer dans
les coudes. La crosse de
l’aorte en fournit un exem-
ple. Cette loco-motion se
montre cucorc dans les ar-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 69
tères flexucses , et disposées
en zig-zag : on la produit ar-
tificiellement , en pliant les
artères mésentériques , et en
augmentant le nombre do
leurs contours, comme on
l’empêche d’avoir lieu , en
développant ces llexuosilés,
et en détruisant les angles
qu’elles forment.
Lorsqu’on empoigne for-
tement l’artère aorte, près
du cœur, on éprouve com-
Lien est grand l’elTet qu’elle
fait pour se soulever.
La loco-inotion se fait en-
core dans les artères ré-
nales , etc.
- On n’empêclie point la
loco-motion d’avoir lieu ,
en appliquant une ou plu-
sieurs ligatures à l’artère qui
est susceptible de déplace-
ment.
On n’aperçoit point de
loco-raotion dans l’aorte ven-
trale qui est fixée par le tissu
cellulaire le long de la co-
lonne épinière.
Il est plus difficile qu’on
ne pense de s’assurer , par
l’expérience , de la dilatation
des artères. A la simple vue,
le déplacement peut être pris
pour la dilatation II v a ce-
pendant quelques portions
du système artériel , sur les-
quelles il est difficile de se
tromper à cet égard. Par
exemple , on peut se con-
vaincre, parla seule inspec-
tion , que la crosse de l’aorte
se dilate, lorsqu’elle reçoit
le sang du cœur.
On emploiera , pour re-
chercher si les artères se di-
latent, une espèce de com-
pas formé de trois jiièces,
dont deux sont perpendicu-
laires et parallèles, tandis
que la troisième , qui les sou-
tient , est horizontale.
En plaçant le doigt d’une
manière niême très-super-
ficielle sur l’artère aorte ven-
trale , qui ne se déplace
point , on sent une forte pul-
sation. Doit-on l’attribuer à
ce que le tube artériel se di-
late alors, ou seulement i ce
qu’on a changé la disposi-
tion , et diminué l’étendue
du vaisseau , en substituant
à la forme ronde une forme
ovale?
L’artère carotide , mise à
nu dans le cou d'un animal
vivant , ne paroît point se
déplacer ; si on prend cette
artère entre les deux doigts ,
on y sentira des puisa tious.
Le bas -ventre étant ou-
vert , on voit les piliers du
diaphragme agir dans leurs
contractions sur l’artère aor-
te , et repousser le sang vers
la tête. Si on ajoute à la
contraction du diaphragme ,
en l’irritant encore, le pouls
deviendra plus serré.
Le pouls bat plus vite ou
70 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
se serre , lorsqu’on blesse for-
tement quelque nerf.
Dans les douleurs très-
vives, les pulsations sont
comme suspendues.
A chaque forte contraction
du cœur, il se fait, par l’ac-
tion des grandes valvules , un
refoulement du sang qu’on
peut apercevoir jusqu’aux
veines émulgentes , et quel-
quefois même jusqu’aux vei-
nes crurales.
Pendant l’expiration , le
sang est refoulé , par les j u—
gulaires, jusqu’au cerveau,
comme on l’exposera plus au
long , en traitant de la respi-
ration.
C’est dans les animaux
aquatiques qu’on verra cir-
culer le sang, et ses divers
lobules dans des artères et
ans des veines demi-trans-
parentes. On y remarquera
des colonnes de fluide, inter-
rompues en divers points par
des espaces qui semblent être
vides , mais dont les propor-
tions sont assez durables ,
pour faire soupçonner que
quelque gaz remplit ces in-
tervalles. Expériences de
Jlaller et de M. llosa. Ce
dernier en a conclu que le
système artériel n’est pas
tellement rempli , qu’il ne
puisse admettre une nouvelle
quantité de fluide, sans qu’il
s’ensuive une vraie pléthore.
On répétera ces curieux
essais.
Lewenhoeck et Haller ont
vu, à l’extrémité de la queue
de la loche , une artère se
contourner et se changer en
une veine de capacité suffi-
sante pour admettre plu-
sieurs globules rouges.
Dans la queue de quel-
ques-uns des animaux aqua-
tiques, les artères et les
veines sont disposées presque
parallèlement , et comme par
paires, qui se correspondent
avec une sorte de régularité,
et qui communiquent par
des anses les unes avec les
autres. Le microscope solaire
rend ces anastomoses très-
sensibles.
Dans les petits réseaux , la
circulation se fait souvent
avec une sorte de lenteur , et
toujours avec une grande ir-
régularité. On n’y reconnoît
plus l’ordre établi constam-
ment dans les artères et dans
les veines J les humeurs y
paroissent quelquefois li-
vrées à des mouvemens ré-
trogrades J les colonnes ne
paroissent pas conserver par-
tout le même volume : ce qui
semble annoncer que les ar-
térioles y jouissent d’une ir-
ritabilité m.irquée, mais qui
n’est pas la même dans toutes
les parties de leur étendue.
Halos a fait un grand nom-
bre d’expériences, eti adap-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. <jx
tant un tube aux grosses
artères ou aux grosses veines.
Il a vu le sang s’y élever , s’y
balancer à une certaine hau-
teur qui varioit , suivant que
l’animal faisoit des eftorts
plus ou moins violens, soit
pour repirer , soit pour obéir
aux impressions de la dou-
leur.
Le même, après avoir
passé et assujetti un tube
dans l'artère aorte, au-des-
sous du cœur, a détermine
uelles étoient les différences
es temps , pendant lesquels
se faisoit l’écoulement d’une
certaine quantité de fluide
versé dans ce tube, tandis
qu’il s’échappoit , soit par
les extrémités des artérioles
qui s’ouvrent dans les intes-
tins, soit par ces memes
artères coupées près du tube
intestinal, soit enfin par les
branches artérielles elles-
mêmes coupées près du troue
de l’aorte.
XIV. Sur l’injection des
vaisseaux , sur la trans-
fusion , et sur la médecine
infusoire.
On ne manquera pas d’ex-
poser aux élèves l’histoire et
les principes de l’art de l’in-
jection, soit à chaud , soit à
froid.
On dira comment et avec
quels soins on emploie à cet
effet , soit les graisses et les
résines , soit les spiritueux et
les matières colorantes , soit
le mercure.
On fera connoîlre l’art de
corroder , de macérer , de la-
ver , de nettoyer , et de con-
server les viscères que l’on a
convenablement injectés.
Lorsque l’injection très-
tenue réussit bien , elle passe
dans les vaisseaux les plus
déliés de la peau, des ten-
dons, des ligamens, des os;
elle se porte des extrémités
artérielles aux extrémité vei-
neuses , et on la voit suinter
des pores qui s’ouvrent à la
surface des membranes.
Une injtction faite avec
une matière pénétrante ,
passe farilement de l’artère
pulmonaire dans les bron-
ches, surtout si on prend la
précaution de dilater les pou-
mons par le souille. Le fluide
ne passe pas avec la même
facilité des veines dans les
cavités bronchiques.
On pourra tenter l’expé-
rience difficile de la trans-
fusion, dans laquelle, à l’aide
de tubes pourvus de robinets
on fera passer le sang de l’ar-
tère dans la veine , en prenant
les mesures nécessaires pour
que ce fluide n’arrive point
coagulé par le froid.
On fera aussi les diverses
expériences de la médecine
infusoire , dont les procédés
consistent à injecter dans les
7* SCIENCES PfJYSIOL. ET MEDICALES.
veines ujie petite quantité'
d’un fluide ine'dicamcnteux ,
soit purgatif, soit sudorifique,
et qui souvent ainsi injectés
dans un animal vivant , don-
neront des convulsions mor-
telles, mais qui produiront
quelquefois aussi , lorsqu’on
y aura rais un grand ména-
gement , l’effet qu’on doit
naturellement en attendre.
On tirera de ces faits nom-
breux des conclusions qui ne
laisseront aucun doute sur la
direction et les mouvemens
du sang artériel et veineux:
d’où résultera la théorie com-
plète de la circulation, telle
que Ilarvée en a tracé le ta-
bleau.
Dans cette théorie , on
tiendra un compte exact des
forces du cœur et des forces
propres et individuelles des
vaisseaux sanguins , et on
distinguera bien la circula-
tion régulière des rameaux
un peu considérables , d’avec
la circulation irrégulière des
petites branches , des petits
réseaux , et des capillaires.
M ais le sang lui-niéme et
la Ijmphe doivent être le
sujet de l’examen le plus ré-
fléchi : on en traitera dans
l’article des sécrétions.
1 F O N C T I O N.
DE I>A SFWStUILITÉ.
Des organes de la sensibi-
lité en général.
§• Du cerveau et du
cervelet.
Du cerveau et du cervelet
en général j de leurs formes ,
de leurs poids, et de leurs di-
mensions.
Des enveloppes du cerveau,
et du cervelet.
De la d ure-mère et de ses
lames, de ses replis, de la
faulx du cerveau.
De la tente et de la faulx
du cervelet , des replis sphé-
noïdaux.
De l’arachnoïde.
De la pie-mère ; de ses
replis dans les anfractuosités
du cerveau, et de ses pro-
longemens.
Des hémisphères du cer-
veau J de leurs lobes, et de
leurs circonvolutions J de la
scissure de Sylvius.
Du corps calleux et de son
raphé j du centre ovale de
Vieussens.
Du septum lucidum.
De la voûte à trois piliers,
et de la lyre.
Du corps bordé.
]^es cornes d’ammon.
Des corps striés , et de
leurs coupes.
Des coupes optiques, et de
leur commissure molle.
De la lame cornée, et du
teen !a sem i-cire ularis.
Des ventricules latéraux ,
cl des cavités digitales.
Des plexus choroïdes dos
DISCOURS SUR L’ANATOMIE.
■ventricules latéraux j de
la toile choroïdienne j des
veines de Galien.
Du plexus choroïde du
troisième ventricule.
Des pédonculesdelaglande
pinéale j de la commissure
postérieure , de la glande pi-
néale ; des tubercules qua-
drijumeaux ; du conduit
qu’ils recouvrent J du troi-
sième ventricule.
De la commissure anté-
rieure et de ses prolonge-
mens ; de l’éminence mam-
millaire ; de l’entonnoir et de
son pavillon; des jambes du
cerveau , et de la protubé-
rance annulaire.
Du cervelet et de ses cir-
convolutions J de l’appendice
vermiforme supérieur, pos-
térieur et inférieur.
De la valvule de Vieussens
et de ses colonnes.
Des corps rhomboïdaux
ou festonnés.
Du quatrième ventricule,
et de sou plexus choroïde.
De 1’ arbre de vie.
§. II. Des moelles allongée
et épinière.
De la moelle allongée ; des
éminences pyramidales et
olivaires; de la fente placée
entre les éminences pyra-
midales.
De la moëlle épinière en
général ; de son ligament in-
7^
fundibuliforme ; de la dure-
mère , de l’arachnoïde , et de
la pie - mère qui l’enve-
loppent.
De la forme et du volume
de la moëlle épinière dans les
diverses régions de la colonne
vertébrale.
Des ganglions qui sont
placés sur le côté.
De la fissure antérieure et
postérieure.
De la structure interne de
cette moëlle et <le la ma-
nière dont les diffcrens nerfs
en sortent.
De la queue de cheval et
du bouton qui est placé au
milieu de ses filets.
§. III. Des sinus du cer-
veau , du cervelet , et de
la moelle épinière.
Du sinus longitudinal su-
périeur et inférieur de la
dure-mère ; du sinus droit ;
des sinus latéraux ; des sinus
occipitaux antérieurs ou su-
périeurs , postérieurs ou in-
férieurs ; du sinus pierreux
supérieur et inférieur ; du
sinus caverneux j du sinus
circulaire de la selle tur—
chique; du sinus orbitaire;
des sinus sphénoïdaux ; des
sinus de la moëlle épinière
en général ; des sinus anté-
rieurs et latéraux, de leurs
communications transver-
sales.
SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
§. IV. Des nerfs.
Des nerfs en "énéral.
Des nerfs olfactifs, ou de
la première paire; de leur
origine, de leur cavité dans
les quadrupèdes , de leur
passage au travers de la lame
criblée, de leur distribution
dans le nez.
Des nerfs optiques , ou de
la deuxième paire en géné-
ral ; de leur origine ; de leur
jonction, communication ou
croisement; de leur sortie du
crâne ; de leur position res-
pective dans l’œil, et com-
ment la rétine en naît.
Des nerfs moteurs des
yeux , ou de la troisième
paire en général ; de leur
origine , de leur passage au
travers de la dure-mère , de
leur entrée dans l’orbite , de
leurs branches et de leur dis-
tribution, du filet qui con-
court à former le ganglion
lenticulaire.
Des nerfs pathétiques , ou
de la quatrième paire en gé-
néral ; de leur origine , de
leur passage , de leur chemin
entre les lames de la dure-
mère, de leur sortie du
crâne , de leur entrée et de
leur terminaison dans l’or-
bite.
Des nerfs trijumeaux, ou
de la cinquième paire en gé-
néral ; de leur origine, de
leur situation dans le sinus
caverneux , de leur division
en trois branches.
De l’ophthalmiquc de Wil-
lis , et de ses trois divisions ;
du rameau frontal , du ra-
meau lacrymal , du rameau
nasal , d’où naisssent des filets
pour le ganglion lenticu-
laire ; du ganglion lenticu-
laire, et de ses filets.
Du nerf maxillaire supé-
rieur; de sa sortie du crâne;
de ses petits rameaux; du
ganglion sphéno-palatin , et
de ses filets ; des branches
du maxillaire supérieur.
Du nerf maxillaire infé-
rieur ; de sa sortie du ci âne ;
des six branches qu’il four-
nit ; de la corde du tambour.
Des nerfs moteurs exter-
nes, ou de la sixième paire
en général; de leur origine;
de leur trajet dans le sinus
pierreux; de leur rameau
fourni par l’intercostal.
Des nerfs auditifs , ou de
là septième paire et général ;
de la portion molle de la
septième paire , et de son
origine; de leur sortie du
crâneetdc leur entrée dans
l’organe de l’ouïe ; de leur
épanouissement.
Des nerfs petits sympa-
thiques, ou portion dure de
la septième paire; de leur
naissance; de leur entrée
dans le trou auditif interne ;
de leur couleur et de leur
passage dans l'os pierreux ;
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 7a
leur sortie de cet os ; de
leurorigine,deleursortic ,de
leur distribution sur la face.
Des nerfs petits hypo-
glosses , ou glosso-pharin—
giens de la huitième paire en
général, de leur distribution
à la langue et aux autres
parties.
De la paire vague , ou
des nerfs de la huitième
paire , ou du moyen sym-
phaticjue en général ; de son
origine , de son passage par
Ib trou déchiré postérieur ;
de sa distribution dansie cou.
Du nerf récurrent.
De 1a distribution de la
paire vague dans la poitrine ,
sur les poumous , sur l’æso-
phage, dans le ventre, et
aux environs de l'estomac,
de la rate et du foie; de ses
jonctions avec le grand sym-
pathique, ou nerf intercostal.
Du nerf accessoire à la
huitième paire en général ;
de son origine , de sa portion
qui remonte jusqu’à la hui-
tième paire , et de son pas-
sage par le trou déchiré
postérieur, de sa distribution
sur les côtés du cou.
Des nerfs gustatifs , lin-
guaux, ou de la neuvième
paire en général ; de leur
origine, de leur sortie du
crâne, deleurs jonctions avec
d’autres nerfs.
Des nerfssous'occipitaux,
ou de la dixième paire en gé-
néraljde leur origine, de leur
sortie du crâne , de leur dis-
tribution, de leurs jonctions.
Des nerfs de la première ,
de la deuxième, delà troi-
sième, de la quatrième, de
la cinquième , de la sixième,
et de la septième paire
cervicales , de leur origine
simple ou double, deleurs
ganglions , de leur passage
entre les vertèbres , de leur
distribution , de leurs jonc-
tions avec d’autres nerfs.
Du nerf diaphragmatique,
de son origine , de sa direc-
tion , de sa distribution.
Du plexus- bracchial en
général.
Des nerfs dorsaux en gé-
néral; de la première, deu-
xième, troisième, quatrième,
cinquième , sixième , sep-
tième , huitième , neu-
vième, dixième, onzième,
et douzième paires dorsales.
De leur origine , de leurs
ganglions, de leur sortie du
canal vertébral , de leur
distribution.
Des nerfs lombaires eu
général ; de la première ,
deuxième, troisième , qua-
trième et cinquième paires
de lombaires ; de leur ori-
gine , de leur sortie entre les
vertèbres , de leur distribu-
tion , de leur jonction entre
eux et avec d’autres nerfs.
Du nerf obturateur Jen
général ; de son origine ou
76 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
de sa formation , de son pas-
sagedansle trou obturateur,
de sa distribution.
Du nerf crural en géné-
ral; de sa formation , de sa
direction, de ses divisions ,
€t sa distribution à la cuisse
et à la jambe.
Du nerf saphène.
Des nerls sacrés en général;
de la première , deuxième ,
troisième , quatrième , et
cinquième paires sacrées.
De leur origine , de leur
passage au travers du sa-
crum , de leur distribution,
et de leur jonction entre eux
et avec d’autres nerfs.
Dn nerf sciatique en gé-
néral ; de sa formation ou
de son origine , de sa roule ,
de sa distribution eu un
grand nombre de Vameaux.
Du nerf sciatique pojilité
interne.
Du nerf plantaire interne.
Du nerf plantaire externe.
Du nerf sciatique poplité
externe.
Du nerf intercostal en
général ; de ses liaisons avec
les nerfs de la cinquième et
de la sixième paire. De son
premier ganglion ; de scs
ganglions cervicaux ; de scs
rameaux cardiaques.
Du nerf splancniquc , ou
intercostal anlérictir ; du
ganglion .semi-lunaire; des
plexus stomachique , hépa-
tique ; splénique , réuul ,
mésentérique supérieur et
inférieur.
Du nerf intercostal pos-
térieur.
^ Des plexus arrière-mésen-
tériques.
Du nerf intercostal sur le
sacrum.
Des communications de
l’intercostal avec les nerfs
cervicaux , dorsaux , et
lombaires.
§ V. Du cerveau et des
nerfs, considérés dans les
animaux.
Du cerveau des quadru-
pèdes, dans lesquels le nom-
bre des circonvolutions et
la masse des lobes diminuent,
tandis que le volume de la
voûte à trois piliers et des é-
rainences internes augmente .
Du cerveau des oiseaux ,
des reptiles, et des poissons,
dans lesquels les grands lobes
disparoissent , pour laisser
à découvert les éminences
rangées par paires , d’où
naissent les cordons nerveux.
Du cerveau des insectes ,
qui n’olTre qu’un petit bou-
lon arrondi , tandis que le
volume de la moelle épinière
augmente cl se divise en
plusieurs ganglions que reu-
nissent des cordons nerveux,
en formant une anse de
chaque côté.
Des nerfs dans les diffe—
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 77
rentes classes eVanimaux ,
surtout dans les quadru-
pèdes, ou leur volume aug-
mente tandis que celui du
cerveau deiniime.
Delà torpille et de l’an-
guille tremblante. Des com-
motions qu’elles donnent ,
et des organes nerveux qui
en sont le foyer.
De la structurepropre du
nerf, du plexus nerveux,
des anses nerveuses et des
ganglions Du nerf considéré
à sa naissance oh il est mou
et pulpeux; dans son trajet,
oh il est pour l’ordinaire
enveloppé d’une membrane
épaisse ; et dans sa lerminai-
s^n , oh il redevient souvent
plus mou que dans sa nais-
sance; de sorte que le cordon
nerveux est placé entre deux
pulpes, celle de son origine
et celle de son épanouis-
sement.
§. VI. Des phénomènes de
la sensibilité dans l’état
naturel.
De la veille et de ses
divers états dans les différens
temps de la vie ; de l’excita-
tion du cerveau pendant la
veille; de son iniluencesur
les organes contenus dans
la tête , dans la poitrine ,
et dans le ventre.
Du sommeil : de l’état du
pous , de la respiration , de
l’action de la peau , et des
diverses autres sécrétions
dans un animal qui dort.
Des dilTérentcs espèces de
sommeil , des rêves , du
somnambulisme.
Du réveil , de ses causes ,
et des cbangemens qu’il
opt?re dans les fonctions des
animaux.
Des fAcIieu x effets d u som-
meil trop long-temps pro-
longé.
Du sommeil et de la veille
comparés l’nn à l’autre.
De l’utilité de leur succes-
sion , et de ses rapports avec
celle de la lumière et des
ténèbres.
Des animaux qni se re-
posent pendant le jour, et
qui agissent pendant la nuit.
La structure de leurs veux
est telle qu’ils ne peuvent
jouir des avantages de la
lumière que pendant la nuit.
De l’engourdissement que
le Iroid produit danscertainS
animaux , tels que les inar—
motes, les loirs.
Plusieurs animaux ainsi
engourdis par le froid , ont
les membres roides et cepen-
dant ils se réveillent natu-
rellement dans le temps
chaud.
§. VII. Des expériences sur
la sensibilité.
Les nerfs mis à nud ,
78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
exposés au contact de l’air ,
déchirés ou à demi-coupés,
font éprouver des douleurs
très - vives.
On avu de légères aspérités
osseuses fatiguer tellement
les nerfs dans les trous qui
leur donnoient passage , ou
dans les conduits qui les
renfermoient, qu’il en résul-
toit des convulsions très-
douloureuses j telles ont été
souvent celles du tic dou-
loureux de la face.
On parlera des effets que
l’électricité produit sur les
nerfs.
On parlera même des
expériences dans lesquelles
on a appliqué les diverses
sortes d’aimant snr les diffé-
rentes parties du corps
humain. Aucun fait ne prou-
ve qu’ils aient l’un sur
l’autre une influence réci-
proque.
Haller a déterminé quelles
sont dans les corps des ani-
maux les parties douées de
sensibilité et quelles sont
celles qui en sont privées.
Il a blessé, ( i ) dans diffé-
rens quadrupèdes vivans ,
le périoste , le péricrâne ,
les ligamens , les capsules ,
les glandes articulaires , la
dure et la pie— mère , la
cornée transparente , et les
membranes des grandes ca-
vités , sans exciter aucune
douleur.
Plusieurs organes compo-
sés de glandes, tels que le
foie , etc. , sont presque
entièrement insensibles. Les
poumons sont dans le même
cas. Les conduits excréteurs
n’ont aussi en général que
très-peu desensibilité. Nous
avons dit ci-devant la mê-
me chose du cœur et des
vaisseaux sanguins.
Mais est-il vrai , comme
Haller l’a assuré , que les
tendrons , les aponévroses ,
et la membrane médullaire
soient tout-à— fait insensi-
bles? Plusieurs faits semblent
annoncer le contraire, sur-
tout lorsque l’inflammatiou
a développé dans ces organes
plus de chaleur et d’énergie.
On consultera l’expérience
à ce sujet.
On prouvera que la sen-
sibililévient des nerfs , parce
qu’elle cesse d’exister lorsque
les nerfs sont comprimés ,
liés ou coupés.
On montrera l’influence
des organes de la sensibi-
lité sur ceux du mouvement,
en détruisant l’action des
muscles par la ligature ou
(i) Ou se sert, dans ces expériences , rd’instruniens ai{;ns , de
stilets , et de liqueurs stimulantes, telles que l’esprit - de - 'uu et les
dilfércns «aides , etc.
'DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 7^
par la section des nerfs qui
s’y distribuent. Voyez à ce
qui a été dit en parlant de
l’irritabilité.
Est-il vrai , comme Wil-
lis l’a voit pensé, que les nerfs
destinés aux mouvemens
involontaires naissent du cer-
velet, tandis que le cerveau
fournit 'ceux auxquels la
volonté commande ? Et
les anatomistss auxquels
l’origine des nerfs est bien
connue, pourroient-ils sou-
tenir cette hypothèse ?
Lorsqu’on a mis le cerveau
à découvert , on y distingue
deux espèces de mouvemens
qui tous les deux lui sont
étrangers. L’un lui est im—
Î)rimé pqrlcs artères, et c’est
e moins considérable j l’au-
tre lui est communiqué par
les mouvemens alternatifs
de la poitrine. ( 1 ) Ainsi des
secousses douces et répétées
excitent continuellement cet
organe.
Toutes les parties du cer-
veau ne sont pas aussi sensi-
bles que les nerfs dont il est
l’origine. Plusieurs écrivains
ont avancé qu’il étoit même
possible de le blesser impu-
nément , et qu’on pouvoit en
enlever des portions sans que
1 animal témoignât aucune
douleur. On ne nie point ce
que des chirurgiens célèbres
ont vu dans les panse mens
dont les circonstances ont pu
changer le cours ordinaire
des choses. On ne nie point ce
que des physiologistes h.abi-
les ont dit du peu de danger
de certaines blessures du
cerveau des quadrupèdes ,
et de la piqûre faite dans
quelques parties du cerveau
des oiseaux. 11 est un art
de porter un corps aigu de
part en part de la tête d’un
oiseau, en ménageant les
lobes du cerveau , entre les-
quels on se fait un passage;
et ceux qui disent avoir
impunément enlevé des por-
tions du cerveau sain des
quadrupèdes , u’indiquent
point assez dans quelle ré-
gion et jusqu’à quelle pro-
londeur ils ont opéré. Ce qui
suit est le résultat d’expé-
riences qu on pourra ré-
péter.
Il a semble qu’il étoit pos-
sible de blesser impunément
la substance corticale du cer-
veau, dont l’épaisseur n’est
pas constante; mais il a paru,
qu on ne pouvoit déchirer la
substance médullaire, dans
l’état sain , sans produire des
convulsions,et souvent même
la paralysie de quelques
membres. C’est du cerveau
des quadrupèdes que ceci
doit s’entendre; car on peut
(i) Ce sujet est traité plus amplement dans l’art, de la respiration
8o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
enlever, par couches minces ,
la surface des lobes du cer-
veau des poissons, même de
celui des oiseaux. On peut le
presser avec le doigt , et
<{uelquefois même en ré-
duire les couches superfi-
cielles en une espèce de
bouillie , sans donner lieu à
des accidens très-fâcheux.
Dans tous les animaux qui
ont un cerveau , lorsqu’on
pénètre avec un instrument
quelconque jusqu’à ses cavi-
tés intérieures , jusqu’aux
planchers, aux commissures,
aux éminences ou reliefs que
les lobes cachent et recou-
vrent, la mort est prompte ,
et toujours précédée de con-
vulsions violentes.
L’effet est semblable lors-
qu’on blesse , même très-
légèrement le cerveau par
sa base, comme on pourra
s’en assurer en insinuant sous
le cerveau d’un animal vivant
une canule recourbée, de la-
quelle on fera sortir un dard
à volonté. Les pédoncules du
cerveau et du cervelet, et la
protubérance annulaire ne
peuvent surtout être bles-
sés delà manière la plus su-
perficielle, sans que l’animal
expire à l’instant.
Lorsqu’on att.aquera le
cervelet dans ses lobes, la
voix et le mouvement seront
aussitôt suspendus.
Lorsqu’on le comprimera,
soit en dessus, soit en portant
un instrument entre la pre-
mière vertèbre et l’occiput,
on produira le sommeil , et
on entendra même ronfler
l’animal.
La piqûre de la moëlle al-
longée, ou celle de la moëlle
épinière , à la hauteur des
deux premières vertèbres ,
fait aussitôt périr, au milieu
des convulsions , l’animal le
plus robuste.
On blesse avec moins de
danger, on enlève même sans
tuer l’animal , le bouton mé-
dullaire qui tient lieu de cer-
veau dans les insectes et dans
les vers, parce qu’en eux la
moëlle épinière, entrecou-
pée denœuds ou de ganglions
médullaires considérables ,
paroît remplir des fonctions
plus importantes que le cer-
veau.
§. VIII. Des usages des
nerfs.
On traitera des nerfs con-
sidérés, I®. comme organes
des sens j 2®. comme organes
du mouvement; 5°. comme
instrument des sympathies;
4°. comme destinés à lier en-
semble toutes les parties du
corps vivant, qui, sans les
nerfs, n’auroient entre elles
aucun accord.
Sait— on comment les nei fs
établissent ces relations? Est-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 8i
eepar rintermèdc d’un ûuidc
subtil '} ou Jes nerfs doivent-
ils cire regardés comme des
cordes vibrantes ? On expo-
sera ces deux hypolhèses,
et on en appréciera la va-
leur.
C’est sans doute par un
mouvement , quel qu’il soit,
que les nerfs agissent, lin
parlant de celte idée simple,
on distinguera plusieurs sor-
tes de mouvemens nerveux ,
dont l’nn se porte de la Cir-
conférence au centre, cest le
juouvemeut de sensation j
l’autre du centre à la circmi-
lérence, et celui-là est pro-
duit ou par la volonté, qui
commande aux muscles, ou
par lasy mpalbie iierveusequi
se répand dans les viscères ,
et dont les mouvemens sont
spontanés; les nerfs qui sont
destinés à ces deniiers mou—
vemens, forment des plexus
dans lesquelirinfluence de la
volontés’égare et se perd. Les
cerfs qui servcntauxdeuxpre-
niières fonctions sont droits,
et le principe de la volonté
trouve en eux des conduc-
teurs taciles. La douleur suit
aussi la direction des nerfs,
et le plus souvent elle reten-
tit dans des lieux éloignés de
ceux où sa cause réside.
Du ton et de l’action to-
nique des corps vivans,qui
se composent de l’influence
réciproque de la sensibilité
T. 4
et de l’irritabilité sur les or-
ganes.
De la nécessité d’un sen—
sorium commune. IS’’cst-ce
pas dans la protubérance an-
nulaire, ou dans les principes
de la moelle allongée que
paroît être son foyer ? Tous
les animaux ont besoin d’un
centre de cette nature, où les
mouvemens aboutissent ;
condition sans laquelle il n’y
auroit dans le corps vivant
ni liarmonie ni unité.
Des P uissaiices qui aug-
menlenl ou qui diminuent
l’ac'ion nerveuse; des fU'els
de l’imagina lion ; des causes
qui s’ixercenl sur la peau,
sur les viscères de la région
épigastrique, sur l’estomac
et sur les inte.stins, sur les
p.irties sexuelles. On consi-
dérera séparément cLacun de
ces grands foyers, et on fera
voir comment, en agissant
sur l’un d’entre eux, on peut
modifier les autres.
Des acéphales, des ossifi-
cations, de quelques vices
du cerveau et du cervelet; de
quelques accidens de para-
lysie et de convulsion qui
peuvent répandre du jour
sur la matière dont il s’agit.
§. IX. De lu vue en général.
De l’œil et de ses annexes.
Des sourcils et des muscles
qui le meuvent.
6
82 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
Des paupières en général,
et du muscle orbiculaire qui
sert à les mouvoir.
De la paupière supérieure,
de son muscle, de son carti-
lage , de ses ligamens, de ses
cils , de ses glandes.
De la paupière inférieure
et de ses annexes.
Delà conjonctive.
De l’angle externe de l’œil.
De l’angle interne ou grand
angle.
De la membrane cligno-
tante.
De la caroncule lacry-
male.
De la glande lacrymale et
de ses conduits excréteurs.
Des points et des conduits
lacrymaux.
Du sac lacrymal.
Du conduit nasal j de la
manière dont les larmes cou-
lent, et de la route qu’elles
suivent.
Du larmier ou sillon la-
crymal qu’on voit creusé sur
la face de que’ques quadru-
pèdes ruminans, tels que le
renne.
Du globe de l’œil , de sa
forme , de sa consistance.
Des muscles droits ou
obliques qui lui appartien-
nent.
De la cornée transparente
et de scs latucs , de sa con-
vexité, de sa réfraction , de sa
jonction avec la sclérotique.
De l’humeur aqueuse , de
son origine , de son usage, de
sa régénération , et de la
membrane qui la contient.
De la choroïde et de ses
lames, de son enduit , de sa
couleur.
Du bourrelet et du liga-
ment ciliaires.
Du corps et des procès
ciliaires.
De la mucosité noire et de
l’anneau muqueux.
De l’iriset de sa couleur.
De la prunelle , de se»
mouvœmens.
De la membrane pupil-
laire.
De l’uvée et de ses stries
disposées en rayons.
Du nerf optique , de son
bouton ; de ce qu’on appelle
le parus dans les animaux^
de sou épanouissement pul-
peux j de la rétine, de ses
vaisseaux , et de l’artère cen-
trale.
Du corps vitré , de ses
membranes , de ses cellules,
de son humeur.
Du cristallin et de ses
couches ; de sa consistance et
sa couleur dans les différens
âges; de la convexité de ses
deux faces, de son bord ; de
ses vaisseaux ; de sa mem-
brane on capsule; de l’hu-
meur dite de Morgagni , qui
est épanchée dans le chaton
du cristallin ,,et des altéra-
tions de celte humeur.
Des chambres de l’œil, an-
DISCOURS SUR L’ANATOVTIE. 85
térîoure et postérieure , et
de leur étendue respective.
§. X. De V annlomie com-
parée àet peux , et de
leurs annexes.
Des anim.iux quf ont deux
TPnx pl.aeés l’un d’un cô'é ,
l’autre de l’autre ; de ceux
dans lesquels les deux jeux
sont placés du même côté j
de ceux qui en ont trois,
quatre , cinq , six , sept ,
linitj de ceux qui n’en ont
qu’un; de ceux dans lesquels
lesyeux sont placés eu dessus
ou au-devant de la tète.
. Des nerfs optiques qui ,
dans les quadrupèdes comme
dans l’homme, se rappro-
chent et confondent leur sub-
stance ; des expériences qui
semblent annoncer qu’ils se
croisent. On a vu, l’un des
veux ayant perdu sa force ,
le siège du mal résider dans
la couche optique du côté
opposé.
Dans les quadrupèdes , les
nerfs optiques sont immé-
diatement environnésde qua-
tre petits muscles droits qui
foi ment une gaine autour
d’eux.
Dans les oiseaux , les cou-
ches optiques sont creuses,
et les deux nerfs optiques,
avant de se diviser , parois-
sent n’en former qu’un.
Dans la plupart des jjois-
sons plats, ces nerfs se croi-
sent sans se conlbndre.
n tns quelques vers, com-
me dans le limaçon . les veux
sont placés sur des colonnes
mobiles, et les nerfs optiques
sont ilisposés en spires pour
se prêter aux diveis mouve-
iiien.s des veux
De la cornée trattsparente
des (jiiadrupèdcs , des oi-
seaux , des reptiles , et des
poissons; de sa tonne et de
ses diverses courbures dans
ces différentes classes d’ani-
maux.
Des yeux des insectes ,
dont plusieurs sont à facet-
tes ou à réseaux.
De la face interne de la
choroïde , dont la couleur est
d’un vert de mer ou d’un
jaune brillant. On lui a donné
le nom de tapétum. C’est
dans les quadrupèdes qu’elle
est le plus souvent ainsi con-
formée.
Du corps ciliaire , qui ,
suivant Haller, n’existe point
dans les poissons.
Delà rétine, de la manière
dont elle naît et se développe
dans les oiseaux , dans les
poissons , dans les insectesw
Elle semble être fibreusedans
les poissons et dans quelques
oiseaux. D.^'s conjectures
qu’on a faites sur rorg.ane
appelé du nom de pecteny
dans les oiseaux el dans quel-
ques poissons, où il sert Je
■84 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
soutien au cristallin. Il naît
de la rétine ; il reçoit un
grand nombre de vaisseaux;
il forme difiérens plis, et sa
structure est analogue à celle
du corps ciliaire.
Des usages du cristallin et
delà courbure de ses segmens
considérés dans rbomme ,
dans les quadrupèdes, dans
les oiseaux, et dans les pois-
sons : dans ces derniers, il
est globuleux.
De l’humeur aqueuse , qui
est abondante dans les oi-
seaux , et en petite quantité
dans les poissons ; de la na-
ture chimique de ce fluide ,
que les acides ne coagulent
point.
Des dimensions des diffé-
rentes chambres de l’œil dans
le diverses classes d’animaux.
Des yeux considérés rela-
tivement au milieu dans le-
quel les animaux sont plon-
gés.
De l’ordre dans lequel les
animaux doivent être rangés
en raison de l’intensité de
leur vue : sous ce rapport les
oiseaux occupent le premier
rang.
§. XI. De la vision et de son
mécanisme.
De la lumière et des cou-
leurs primitives; des princi-
pales lois de leur réflexion
et de leur réfraction.
On dira quels sont les
rayons que la cornée trans-
parente réfléchit , et quels
sont ceux auxquels elle donne
passage; comment ils se com-
portentdans l’humeur aqueu-
se, dans l’humeur de Mor-
gagni , dans le cristallin , et
dans le corps vitré, comment
ils se croisent ; sous quel an-
gle et quelle en est la mesure ;
quelles sont, à raison des
distances, l’étendue et la di-
rection de l’image qui se
peint sur la rétine , et quelle
en est la situation. Cette
image y est renversée , et
cependant l’objet est vu dans
la position qui lui convient :
sans doute parce qu’on le
juge suivant les lignes par
lesquelles sa représentation
parvient au fond de l’œil.
Le professeur montrera
comment Mariette est par-
venu à découvrir que le cen-
tre du nerf optique est in-
sensible , et que l’axe de la
vision n’est point celui du
nerf. Il exposera le système
de Mariette sur les usages de
la choroïde. Il indiquera
quelles sont les conditions de
la vision distincte, et com-
ment il se fait que plusieurs
ne voient que d’un œil , quoi-
que les deux yeux soient
sains.
Tl développera le méca-
nisme cl les circonstances de
la myopie, de la presbytie ,
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 85
et de la nyctialopie. II fera
les expériences de la chambre
obscure; il dira ce qui ar-
rive à l’œil lorsqu’il regarde
les objets au travers d’une
ouverture très - étroite, ou
au travers d’un tube long et
obscur. La théorie du mi-
croscope et celle du téles-
cope seront présentées en rac-
courci.
On cherchera si l’œil peut
s’accommoder , par un chan-
gement intérieur, à la dis-
tance et à la petitesse des ob-
jets. On exposera les diffé-
rentes hypothèses des physi-
ciens sur le jeu des dilfé-
rcut.es parties auxquelles ils
ont attribué ces luouvemens,
qu’ils ont fait dépendre , les
uns des muscles droits et
obliques, les autres du corps
ciliaire , ou du sphincter de
l’uvée. On recherchera en-
suite quels sont les divers
degrés de resserrement dont
la prunelle est susceptibl^,
et si cette contraction ne suf-
fit pas pour expliquer les
phénomènes attribués à l’al-
longement ou au raccourcis-
sement du globe.
Des erreurs auxquelles le
sens de la vue expose au su-
jet des formes , du mouve-
ment , et des distances , et
comment on corrige ces er-
reurs , qu’on a beaucoup
exagérées.
Des aveugles de naissan-
ce , auxquels l’opération de la
cataracte a rendu la vue , et
de la manière dont il jugent
de l’éloignement et des angles
des corps.
§. XII. De Vouïe en général.
De l’oreille externe ou au-
ricule ; de ses ligamens j de
ses cartilages.
Des muscles placés au-
dehors de ces cartilages ,
et de ceux qui leur sont
propres.
Des glandes de l’auticule.
Du méat , ou conduit au-
ditif externe, et de sa direc-
tion ; de la partie de ce con-
duit , qui est cartilagineuse ,
et de celle qui est osseu.se ; de
la conque ; de la peau très-
sensible qui la tapisse ; des
glandes qui y filtrent le cé-
rumen } de la nature et des
usages de celle humeur.
De la membrane du tym-
pan et du cercle qui la sou-
tient ; des lames qui la com-
posent; de l’ouverture dite
de Rivinus ; de la cavité du
tympan et de son périoste.
Des osselets de l’organe de
l’ouïe ; du marteau ; de l’en-
clume , de l’étrier, et de la
petite membrane très-déliée
qui bouche son ouverture ;
de l’os lenticulaire; des mus-
cles du marteau et de l’é-
trier.
Des cellules mastoïdien-
86 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
nés J (le la fenêtre rondej de
la fenêtre ovale j du pro-
montoire et de la cuillère.
Du vestibule et de la ca-
vité du labyrinthe.
Des canaux demi - circu-
laires en général, du canal
vertical supérieur, du ver-
tical postérieur, (le Thori-
zonial ou externe.
Du I imaçon • de l’échelle
du tyiijpari; de réchelle du
vestibule, et d la cloison
osséo— m lubraneuse rpii les
sépare J du moyeu ou mo-
diolits , et de l’entonnoir.
De l’arjneducdu vestibule,
de celui du limaçon et de la
sérosité du labyrinthe.
De la cavité qui contient
le nerf auditif, et de -.es ou-
vertures J de la pulpe de ce
nerf dans les canaux demi-
circulaires, et dans le li-
maçon.
De la corde du tympan*
des artères et des veines de
l’or.gane de l’ouïe.
On considérera cet organe
dans les quadrupèdes, où la
forme du limaçon est Irès-
difféiente de celle de l’hom-
me, dans les oiseaux, où il n’y
a qu’un oiselet avec des con-
duits demi -circulaires très-
étendus sans limaçon; dans les
reptiles , qui n’ont de meme
qu’un osselet sans limaçon ;
dans les poissons , dont les
osselets, très — irréguliers,
sont au nombre de trois ou
quatre , avec des conduits
demi-circulaires, qui , dans
quelques-uns, sont telle-
ment disposes, que l’un sert
d’enveloppe à l’autre. On
avoit dit que les poissons
navoient point de conduit
auditil externe ; mais Du —
verney l’avoit connu , et
M. Monro en a publié la
description.
On concluera de l’exposi-
tion de ces faits, que le lirna-
çonnedoit point être regai dé
comrni.' forui. nt une paitie
essentielle de l’organe de
l’ouïe eu général, auquel il
semble n’être ajouté que
pour lui donner plus de per-
fection.
§. XIII. Du mécanisme
de l'ouïe.
Des usagées de l’auricule
ou de l'oreille externe, pour
rassembler les rayons sonores.
De la tension de la mem-
brane du tympan et despuis-
san^'es qui l’opèrent.
De la manière dont les os-
selets transmet teiil les vibr.i-
lions sonores au nerf auditif.
La trompe d’Eustache ad-
met-elle les sons .' Celui d’une
montre placée dans la bou-
clie , sans être en contact
avec aucune des partie.s que
cette cavité renferme, u’en
devient pas pins .sen.' ib'e.
On dira comment les fc-
DISCOURS SUR L\\NATOMIE. 87
nêtres roncles et ovales ser-
vent à la communication du
son.
La pulpe du nerf auditif,
ébranlée par les vibrations
des parties osseuses , est le
siège immédiat du sens de
l’ouïe. Pendant que ces mou-
vemens ont lieu , la sérosité
du labyrintbe est repoussée
par les aqueducs jus<ju’aux
petits réservoirs de cette
même sérosité , qui sont pla-
cés 1res— près fie là , entre les
lames de la dure-mère.
Les deux oreilles ont rare-
ment une égale activité , et
cependant on n’enlend qu’un
seul son.
’ Des effets de la musique
sur les nerfs.
§. XlV. De Vodorat,
Du nez j de ses cartilages j
de ses muscles j de sa cloison,
qui est en partie cartilagi-
neuse, en en partie osseuse j
des sinus maxillaires , eth-
moïdaux , frontaux, et sphé-
noïdaux j des cornets j de la
membrane p!tuit.aire , dont
l’épaisseur varie dans ses dif-
férentes régions; elle est plus
mince dans les sinus que sur
les cornets , et que vers la
partie supérieure de la fosse
nasale; des glandes mu-
queuses de celte membrane.
Des nerfs qui s’y distri-
buent; de ceux de la pre-
mière paire, qui descendent
pulpeux , droits et à peu près
aralleles vers cette meni-
rane; des rameaux nerveux
de la cinquième paire , qui
s’y rendent vers la partie su-
périeure de la tohse nasale.
Des odeurs; de leurs prin-
cipaux effets, et de leurs di-
visions en plusieurs classes ,
par Haller et par Lorry.
De la structure du trou
gustatif, de la communica-
tion du net avec la bouche;
des rapports des odeurs avec
les saveurs.
De l’inlluence que les af-
fections de la membrane pi-
tuitaire ont sur les voies
lacrvmalcs par le conduit
naaal , et sur l’organe de
l’ouïe par la trompe d’Eus-
tachc ; de la sympathie qui
s’exerce entre les nerfs des
veux et ceux des narines.
De l’inspiration considérée
comme donnant aux molé-
cules odorantes une impul-
sion , sans laquelle l’organe
n’en seroit que foiWement
frappé.
De l’utilité du mucus des
narines , qui modère l’action
des odeurs , et qui maintient
la souplesse de la membrane
pituitaire.
De l’odorat des quadru-
pèdes , dans lesquels ce sens
est exquis, parce qu’én eux
la membrane pituitaire est
très-étendue.
88 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
L odorat est obtus dans Jes
oiseaux.
Il existe dans les poissons.
Des animaux classes à la
manière de i\l. de BufTon ,
suivant le développement et
la perfection des divers or-
ganes des sens.
§• XV. Du goût.
On rappellera la structure
de la langue et des glandes
salivaires , dont on trouve la
description dans d’autres ar-
ticles.
La langue est le siège du
goût : les corps sapides ont
besoin d’être dissous , pour
agir sur les nerfs de la langue.
Des saveurs et de leur
division , suivant Haller et
Linné.
De l’effet que les difféi ens
sels produisent sur la langue
et sur les glandes salivaires.
Des usages et des erreurs
du goût dans le choix des
alimens.
Les quadrupèdes qui ont
la langue armée de piquans,
ont le sens du goût plus ob-
tus que les autres.
Dans les oiseaux, la langue
est sèche , et les corps sa-
pides ont peu d’action sur
elle.
Dans les reptiles, la langue
est aussi très— sèche , et elle
doit être peu sensible.
Elle l’est davantage dans
les poissons , oh elle a plus
de mollesse. ^
§• XVI. Du toucher.
Du toucher en général.
De la peau.
De l’épiderme , de ses la-
mes , de ses sillons, de sa
continuité avec les mem-
br.mes épidermoïdes de la
bouciie, du nez, de l’anus,
des parties .sexuelles.
Du corps rélicnlafre, du
corps muqueux, et des di-
verses couleurs dont il est
imprégné.
Du derme on cuir ; de
son tissu cellulaire et liga-
menteux.
Des papilles de la peau,
qui sont surtout très -sen-
sibles, et disposées réguliè-
rement au bout des doigts.
Des glandes sébacées de la
peau , et de la graisse dont
est pénétre son tissu.
Du pariicule charnu , qui
est très-étendu dans les qua-
drupèdes, et qui existe à
peine dans quelques-unes
des régions du corps hu-
main.
Des poils; des bulbes qui
sont à leur racine ; de leur
cavité , (jui est cotonneuse
ou cellulaire; de la g.atne
qu’ils reçoivent de J’é2>i-.
derme.
Des ongles ; de leur ra-
cine ; des fibres longitudi-^
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 89
nales dont ils sont formés j
de leurs raj)ports avec l’épi-
derme } de leur adliéience
avec les papilles nerveuses j
de leur accroissement.
De la peau considéiée
dans les diverses parties du
corps humain , de son éj)ais-
seur , de son élasticité.
De ses vaisseaux artériels,
dont les exirémilés fournis-
sent la Iransjiiratiori et la
sueur.
De ses veines.
J3e ses vaisseaux lympha-
tiques ou absorl)ans , (jui
s’ouvrent sur une grande
surface.
. De ses nerfs.
De la slruclure de la
peau dans les diverses classes
d animaux, oii elle est cou-
verte de poils, de piquans ,
de plumes, d’écailles.
Des cornes tubuleuses ou
solides des animaux , et de
leurs rapports avec l’épider-
inc : il se tait quelquefois des
végétations analogues sur le
corps humain.
Des usages de la peau.
Elle est l’organe du tou-
cher.
Des qualités des corps que
le toucher fait connoîtrc , et
qu’on appelle tactiles.
Du toucher , considéré
comme propre à corriger les
erreurs des autres sens.
Du plaisiret delà douleur,
dont le toucher transmet les
sensations.
§. XYIT. De l’insensible
transpiration et Je la sueur.
Il se fait dans la peau une
exciétionet une absorption
très - abondantes.
De la sueur J de son odeur ,
de sa couleur, des molécules
hnih’uses , et de l’acide
qu’elle contient j de ses di-
verses autus qualités; de la
sueur universelle, c’est-à-
dire, qui sort de toutes les
parties du corps; et de la
sueni partielle ou locale.
De 1’ insensible transpira-
tion et de ses dilférences
d’avec la sueur ; de ses varia-
tions, eu égard aux climats,
aux saisons , aux divers
temps de la journée, à l’Age,
aux alimens, et au régime,
aux passions de l’Ame, aux
vêtemens, et aux divers états
de la vie.
De la transpiration cuta-
née et de la transpiration
pulmonaire. Des moyens
employés par MM. Lavoisier
etÜeguin, pour les obtenir
séparément.
Des expériences de Sanclo-
rius , de Dodart, de Keil ,
deRobinson,deLinnings,etc.,
sur les temps, la durée, et
la quantité de la transpira-
tion insensible.
De la diminution et de la
90 SCIF.NCES PEIYSIOL. ET MEDrCALES.
suppression de cette transpi-
ration , et des fâcheux effets
qu’elics produisent.
De l’absorption cutanée
démontrée 'par un grand
nombre de faits.
De la sympathie qu’on a
observée entre les diverses
régions de la peau , telle-
ment que les impressions
faites sur une de ces régions
se transmettent plus ou moins
aux autres, et se communi-
quent meme aux membranes
intérieures qui ont des con-
nexions avec la peau.
§• XyiII. Du sens interne.
Du principe intellectuel ,
et de ses différentes facultés.
Des sensationsjdes images^
des idées.
Des jugemens -, des raison-
neinens.
De la volonté.
Des signes propres à re-
présenter les idées.
Des diverses sortes de lan-
gage.
V*. FONCTION.
DE LA RF, SPIIIATION.
§. Des organes de la
voix.
Du larynx; dc.s cartilages
thyroïde , cricoïde, .irytlié-
noïde 3 de l’épiglotte 3 des
ligamens, des muscles des
membranes, et des glandes
du larynx.
De la glotte; des ventri-
cules de la glotte; des liga-
mens ou cordes vocales, de
l’ouverture thyroépiglotti-
que, qui se trouve dans
quelques animaux; du sac
hyo-thyroïdien , qui , le plus
souvent, est membraneux,
qui est quelquefois osseux ,
et qui se trouve dans les ani-
maux, où l’ouverture thyro-
épiglottique se rencontre.
De la glande thyroï-
dienne.
Des, vaisseaux et des nerfs
du larynx.
On rappellerais structure
des lèvres, des dents, du
palais osseux, de la langue,
du voile du palais, du nez,
et des différens sinus qui
servent à modifier la voix.
De la trachée-artère, de
ses parties cartilagineuses,
musculaires et membraneu-
ses; de ses vaisseaux, et de
ses nerfs ; de sa position, de
son ressort, el de la facilité
avec laquelle ce tube s’alon-
ge et SC raccourcit.
De l’organe de la voix des
quadrupèdes , comparé avec
celui de l’homme. Dans quel-
ques-uns , comme dans les
singes et dans le renne, une
cavité est sur-ajoulée à celle
du larynx. Dans d’autres ,
comme dans l’âne et dans le
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 91
mulet, des cellules et des
cloisons sonores agrandis-
sent les ventricules de la
glotte.
Du larynx des oiseaux,
qui est divisé en deux par-
ties, savoir , la glotte qui est
au liaut du col , derrière la
base de la langue ; et l’appa-
reil qui tient lieu des cordes
vocales, qui est, ainsi que
les ventricules de la glotte,
placé au bas du col entre les
branches de la fourchette.
Les ventricules ont des for-
mes très-variées dans les
dilfé reus oiseaux.
Dans quelques-uns des qua-
drupèdes ovipares , connue
dans le crapaud et dans la
grenouille , les cordes vo-
cales sont déta liées de toute
adhérence , et placsies au
milieu de la glotte , sans ca-
vités l.itérales ni ventricules.
Dans plusieurs reptiles on
ne trouve que la glotte sans
cordes vocales ni ventricu’es:
aussi ces animaux ne fout-ils
entendre que des sifflciuens.
Les poissons , les insectes,
et les vers sont muets , et
les bruits que quelques-
uns d’entr’eux produisent ,
n’appartiennent point à un
org tne de la voix.
De la voix et de sa forma-
tion dans le larynx et dans
la glotte.
De la voix considérée re-
latiyemeut aux âges , aux
sexes , et des changemens
qu’elle éprouve dans les dif-
férentes périodes et circons-
tances de la vie.
Des divers inouvemens
d’élévation , d’abaissement
et de contraction dans les di-
verses parties du larynx.
De la section du nerf ré-
current , qui produit le mu-
tisme , et de quelques tu-
meurs, dont la pression est
suivie du luéine effet.
De l’espèce de son que pro-
duit le larynx dans un ani-
mal privé de la vie , lorsque
l’air introduit par la trachée-
artère fait^vibrer cet organe.
Ce son est analogue à celui
que l’animal faisoit entendre.
On .Tuguicnle la force du son ,
et on le rend plus aigu, en
donnant plus de tension aux
cordes vocales ; ce qu’on
opère au moyen de qu *lre
cordes ou pinces , qu’on at-
tache d’une P rt aux exlré-
init ’s des cordes vocales , et
de l’autre par quatre vis qui
sont fixées sur une machine
quadrangulaire , et qu’ou
tourne .à volonté.
Si , dans cette expérience ,
on enlève toute la partie du
larynx qui est située au-des-
sus des cordes vocales , celles-
ci restant en place, il n'v
aura presque rien de changé
dans le son qu’on entendra.
Dans ces divers essais , on
est toujours obligé , pour
92 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
produire reffet qu’on atlc-nd ,
de serrer le larynx avec la
main : sans doute pour don-
ner aux diverses parties qui
le composent l’appui, et à
l’organeeulier , la consisance
et le ressort dont la mort les
a prive's.
Ea formation des dilFérens
tons, et de la manière dont
ils sont produits par les ins-
trumens à cordes et à vent.
On exposera rapidement les
expériences de Sauveur, et
les résultats des considéra-
tions d’Euler sur le même
sujet.
On comparera les divers
organes de la voix des ani-
maux, aux instrumens à cor-
des et à vent les plus simples
et les plus connus , et surtout
au châssis bruyant dont Do-
dart a tant parlé. La struc-
ture des différens tuyaux
d’orgue fournira des rappro-
chemens utiles j on trouvera
peut-être quelque rapport
entre l’organe de la voix et
les jeux à razette , oii se font
des vibrations sonores très—
ctendues. Ainsi , l’organe de
la voix , considéré comme
ayant son principe et son
embouchure dans les liga-
mens et dans les ventricules
de la glotte , et son corps ou
sa cavité dans les fosses na-
sales et buccales , seroit
comme un tuyau d’orgue,
dont la longueur , le diamè-
tre , la tension , et l’ouver-
ture pourroient changer à
volonté ; ce qui suffiroit ,
dans cette hypothèse , pour
produire tous les tons. On ne
regarde ici la trachée-artère
que comme un tuyau d’air ,
et on n’estime point, ainsi
qu’on a fait jusqu’ici , l’or-
gane de la voix comme s’é-
tendant depuis la glotte jus-
qu’aux poumons.
Des mouvemens combinés
de la langue et des lèvres ,
pour produire les différens
sons.
De la prononciation des
voyelles et des consonnes.
Du chant et de son méca-
nisme.
Du bégaiement.
Du mutisme accidentel et
de naissance.
§. II. Des bronches et des
poumons.
Des bronches droite et
gauche, et de leur situation
relativement au.c gros vais-
seaux qui naissent du cœur.
De leurs nerfs, de leurs
glandes , et du fluide bleuâ-
tre qu’elles filtrent.
Des poumons droit et
gauche , de leur étendue , de
leur couleur, et de leur con-
sistance dans les divers âges
et circonstances de la vie;
de leur division; de leurs
lobes et lobules ; du tissu
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 95
interlobulaire j de la manière
dont les vésicules s’ouvrent
l’une dans l’autre , et dont
les lobules communiquent
enlr’eux. De l’opinion d'Hel-
vétius sur la structure des
poumons , des artères , et des
veines bronchiques; des ar-
tères et des veines pulmo-
naires; des glandes lympha-
tiques des poumons.
§. III. Des plèvres , du mé-
diastin , du thj nius.
Des plèvres ; de leur for-
me , de leur étendue , et de
leur adossement. .
_ Du médiastin antérieur ,
et de l’obliquité de sa posi-
tion.
Du médiastin postérieur.
De leurs vaisseaux et du
tissu cellulaii’e qui les lie
aux poumons.
Du thymus et deseslobes;
de ses prolongemens; de sa
structure celluleuse ; de ses
vaisseaux , et de ses nerfs.
§. IV. Du diaphragme.
Du diaphragme en géné-
ral ; de ses insertions au ster-
num , aux côtes , aux ver-
tèbres des lombes ; de ses
régions musculeuses et apo-
névrotiques; du centre ner-
veux et de ses adhérences
avec le péricarde ; de ses
ouvertures, de ses piliers,
de ses vaisseaux et de ses
nerfs : de son action sur les
organes , sur les viscères des
trois grandes cavités.
Du développement de ces
divers organes dans la jeu-
nesse, et de la gêne que les
corps à baleine y apportent.
On exposera les fâcheux ef-
fets de cés corps sur les pou-
mons , sur l’estomac et les
intestins, sur les viscères des
hypocondres , et sur la ma-
trice , dont ils empêchent
ne l’accroissement se fasse
’une manière convenable
dans la grossesse.
§. V. Des organes de la res-
piration , considérés dans
les animaux.
Des poumons des quadru-
pèdes , qui sont divisés en un
plus grand nombre de lobes
que ceux de l’homme ; de
leur diaphragme , qui n’est
pas aussi adhérent au péri-
carde.
Les poumons des oiseaux
sont adhérons aux côtes , et
ils s’étendent , soit par des
vessies aériennes formées
de membranes , dont plu-
sieurs sont musculaires , dans
la capacité du bas -ventre,
soit par des appendices qui
communiquent avec les ca-
vités des os , et dans tout le
squelette, par des ouvertures
94 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
quo Ciunper et Hunier ont
déci iles.
Des poumons des quadru-
pèdes ovipares et des rep-
tiles , qui se contractent
d’eux - mêmes , et dont les
inouvemens ne sont point
mesurés par des intervalles
réguliers, commedans l’hom-
me et dans les quadrupèdes.
Les naturalistes ont désigné
ces organes par les noms de
pulmones arbitrarii.
Des ouïes des poissons , et
de leur vessie natatoire , qui
communique toujours avec
l’estomac , et qui contient du
gaz acide carbonique , con-
formément aux observations
de M. de Fourcroy.
Des stigmates des insectes
et des vers terrestres j des
franges trachéales des vci's
aquatiques , et des trachées
des plantes.
§. VI- Du mécanisme de la
respiration.
De l’air , de sa nature, des
gaz qui le forment ; de sa pe-
santeur, de son res-^orl , et
de sa pression sur les corps
des animaux. Des effets de
la chaleur et du froid , de
l’humidité et de la sèche—
ressesur l’aliuosphère. Delà
suspension et de la dissolu-
tion des molécules de diverse
nature dans ce Huide. Des
phénomènes du baromètre ,
du thermomètre, de l’hygro-
mètre , de l’aréomètre , des
eudiomètres, et de l’appli-
cation de leurs difféi eris ef-
fets au mécanisme du corps
humain.
De la respira'ion dans l’é-
tat de santé , de ses phéno-
mènes dans les diverses cir-
constances de la vie j des
changemens qu’elle éprouve,
eu égard aux divers lempé-
ramens et aux différentes
élévations du sol qu’on ha-
bite.
Des différens temps de la
respiration , de l’expiration
et du temps moyen. L’expi-
ration est le temps le plus
court.
Parmi les forces qui dila-
tent la poitrine, le diaphrag-
me lient le premier rang.
Des divers mouvemens de
ce muscle dans les dilTérentes
sortes de respirations , pen-
dant la veille et pendant le
sommeil.
De-i causes qui produisent
l’expiration , et de ses effets
sur les vaisseaux sanguins
voisins des poumons et du
cœur.
§. VU. Expériences sur la
mécanisme de la respi-
ration.
Dans l’inspiration , pen-
dant que les vraies cl les
premières fausses cotes s’é-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. g5
lèvent , les dernières des
fausses côtes s’affaissent et
rentrent en dedans , par l’ef-
fet de la contraction des par-
ties latérales du diaphragme.
A' ant mis les muscles in-
tercostaux internes d’un qua-
drupède à nu , on les a vus se
contracter, pendant l’inspi-
ration , comme les intercos-
taux externes j contre Ham—
berger.
On a placé entre les côtes
des fils qui suivoient obli-
quement la direction des
muscles intercostaux, pour
déterminer (juelle est l’action
de ces muscles, et si les espa-
ces intercostaux diminuent
dans l’inspiration.
Esl-il vrai que le thermo-
mètre plongé dans la poi-
trine d’un animal vivant ,
monte pendant l’expiration ?
On fera respirer un ani-
mal dans un air trop con-
densé ou trop raréfié , dans
des gaz de diverse nature , et
on en remarquera les effets.
Cette suite d’expériences
fournira des résultats inté-
ressons.
, On exposera à l’action de
la machine pneumatique un
animal dont le thorax soit
entier, et un autre dont la
plèvre soit ouverte , et on
verra en quoi les poumons
de l’un diffèrent de ceux de
l’autre.
On a coupé le corps d’un
jeune animal au-dessous du
diaphragme, et on l’a exposé
dans cet état .à l’action de
la machine du vide , dans ce
cas le diapliiagme s’est for-
tement distendu et a été re-
foulé en dehors.
On examinera l’action de
ce muscle dans un animal
vivant, et on verra comment,
dans sa contraction , il serre
l’aorte et l’œsophage. Ce
dernier est tellement com-
primé, que le vomis.sement,
même provoqué par des sti-
mulans internes très-forts,
ne peut se faire pendant
l’inspiration. On remarquera
que le centre nerveux s’a-
baisse peu pendant que l’ani-
mal inspire ; que dans les
ipouvemens qu’il fait , il en-
traîne avec lui le péricarde
et le cœur j que dans les
grandes contractions de ce
muscle , le cœur bal avec
mollesse, que le pouls est
quelquefois ondulant , et
qu’alors le médiastiu est
tendu.
On répétera l’expérience
de Sxvamracrdam , en exci-
tant la contraction du dia-
phragme par la pression ou
le tiraillement du nerf dia-
phragmatique j ce qui réus-
sira également, soit qu’on
pres.se ce nerf de bas en haut,
ou de haut en bas.
Si on coupe la moëlle épi-
nière au-dessous de l’origine
96 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
dn nerf phiénique , le mou-
vement du diapliragine con-
tinuera dese faire, tandis que
celui des autres muscles sera
suspendu.
Sr après avoir ouvert le
ventre d’un animal vivant,
on coupe circulain ment le
diaphragme , de sorte que
son action musculaire soit
détruite, la respiration cesse
presque entièrement de se
faire j les muscles intercos-
taux continuent cependant
d’élevcr un peu les côtes , et
le jeu des poumons n’est pas
tout-à-fait interrompu.
Lorsqu’on inspire un air
dont on a mesuré la tem-
pérature , il est facile , en le
rendant par l’expiration ,
d’apprendre de combien de
degrés sa chaleur a augmenté
dans son passage.
Si l’air qu’on expire est
porté par le moyen d’un tube
dans l’eau de chaux, et mêlé
avec elle, la chaux est aus-
sitôt précipitée sous la forme
de craie ou carbonate cal-
caire , parce qu’alors l’acide
carbonique , formé , comme
il sera dit plus loin , dans les
poumons , compose avec la
chaux un sel insoluble dans
l’eau.
En sc servant pour inspi-
rer d’un tube de verre plongé
dans l’eau , on y fait monter
ce fluide, et on mesure ainsi
la quaulilé d’air qui a été
nécessaire pour une inspi-
ration.
Si on place dans la gueula
d un chien un tuyau auquel
on ait adapté une vessie, on
la volt s’affaisser après quel-
ques inspirations.
On injectera de l’air dans
l’artère crurale, et on verra
s’il remplit une vessie qu’on
aura attachée à la trachée-
artère, et si l’animal ne pé-
rit pas presque toujours à
la suite de cet essai.
Du duvet placé à l’ouver-
ture de la trachée artère , y
est atliré lorsqu’on injecte
un fluide dans 'l’artère pul-
monaire après la mort de
l’animal j ce qu’on doit at-
tribuer au développement et
au léger soulèvement des
bronches , opérés par l’in-
jection.
On place 7jn animal sous
une cloche , dont la capacité
est connue , et on détermine
ainsi combien il fautdetemps
pour que l’air de la cloche
soit vicié , et cesse d’être res-
pirable.
Apres avoir mis la plèvre
à nu , on aperçoit au travers
un corps rougeâtre qui est le
poumon , et on peut se con-
vaincre, dit Morgagni , que
ce viscère ne remplit pas
toujours exactement la ca-
vité du thorax.
La gêne de la respiration,
est toujours proportionnée
I
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 97
i rétendue de l’ouverlure
tju’on a faite dans la cavité
du thorax , elles deux pou-
mons s’afTaissent lorsque 1rs
côlésdu llioraxsonl ouverts.
f^'an-Swieien.
Souvent une partie du
poumon sort par la plaie , ou
elle paroîl avoir un luou-
vciuenl opposé à celui du
l'este de ce viscère; car elle
SC contracte dans l'insjiira
tion J ce qui est produit,
arce que le pouiiiun , en se
ilataiit, tire à lui le lobe
qui est hors du thorax. Hé-
rissant a mal raisonné sur
cette expérience.
On obtient un effet ana-
logue dans l’expérience de
Gallienqui , ayant applicjué
nue vessie sur une plaie de
la poitrine observa que cette
vessie se vidoil dans l’ins-
firalion , et se renfJoit dans
expiration.
Ijorsque le thorax est lar
gemcnt ouvert des deux cô-
tés , le diaphragme continue
encore de se mouvoir un peu ;
mais lespou mous deuieurent
Sans activité, et les légères
secousses qu’ils éprouvent
leur sont tout à fait élrau-
gères.
Lorsque la poitrine est
ouverte dans une grande
étendue , l’animal respire un
peu moinsdiflicilement.étent
couché sur le dos . quedaus
toute autre positiou*
Après avoir enfoncé un
inslruiurnt aigu dans la ca^
vité droite du th.iiax il’un
animal vivant , 011 introduit
de l’air par la trai bée ar-
tère pour découviir si le
poumon a été blessé ; ce qui
u’airive pas toujours. La-
mu re>
On peut aussi ouvrir le
thorax d’un animal plongé
dans l’eau, et en souftJant
dans la trachée artère, on
cherche si le poumon a été
blessé. Expéi ience de Lie*
berkunk.
On se propose encore pour
but , dans celte opération ,
de savoir s’il existe un air
Ihorachique. Haies , lload-
lej.
On comparera le sang des
artères avec celui des veines
pulmonaires , celui de ces
dernières avec le sang des
veines caves, et le sang des
artères pulmonaires avec ce*
lui de l’art ère aorte
Les vaisseaux repliés et
tortueux dans l’expiration^
se développent dans l’ins-
piration.
Aussi un quadrupède vit-
il p'us long-teinps dans une
inspiration plus prolongée
par le moyeu d’un soutÜet
à deux âmes, que dans une
expiration souicmie. Scnac,
On cherchera si les pou-
mons des quadrupèdes ont
Uû mouvement qui leur soit
7
98 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.
propre, et s’ils peuvent se
coni racler lorsque la Irachoe
artère a été liée précédeiu-
lueiit. Les poumons des qua-
drupèdes ovipares sont au
contraire iriilables , et se
resserrent à volonté.
Les poumons de la gre-
nouille offrent un réseau
vasculaire très-beau, et des
communications nombreuses
qui se font à angle droit
entre les artères et les veines.
On liera les veines jugu-
laires et les artères carotides
tantôt en même temps que
la trachée-artère, tantôt
séparément , pour connoître
les effets qui doivent en
résulter , soit relalivcment
aux poumons , soit relati-
vement au cerveau. Moi —
Sagni.
On plongera dans deTeau
tolorée , soif avec do l’ocre ,
soit avec de l’encre , des ani-
maux vivans j et lorsqu’on
les en retirera , on cherchera
si l’eau teinte aura pénétré
dans les bronches. On fera
l’expérience de deux maniè-
res ; I'’. en abandonnant
l’animal à ses propres efforts,
de sorte qu’il ne perde la vie
qu’aj)rès être remonté j)ln-
sieurs fois à la surf ce de
l’eau, comme il arrive aux
personnes qui se no ont j 2 '.
en attachant aux pieds de
l'animal un poids (|ui ne lui
pciiuellc pas de s’élever , et
qui le force à demeurer au
lond de l’eau.
On trouve quelquefois
une petite quantitédu liqui-
de coloré dans l’estomac des
animaux soumis à cette ex-
périence.
On introduira une petite
quantité d’eau dans le pou-
mon d’un animal vivant,
par une plaie faite à la
trachee — artère. L’animal
toussera .s’agitera , souffrira
beaucoup ; mais l’eau sera
resorbee, et il n’en l'ésultera
aucune suite fâcheuse.
On plongera et on assu-
jetira dans de l’eau colorée
un animal mort, dans l’in-
tcnlion de rechercher si l’cau
pénètre dans les poumons.
Expériences de MM. Fais—
soles el Champcnux.
Lu antre ordre de jihéno—
menés a hea ncoiip occu j>é les
ph vsiologisles J ils ont vu
Je cervean , mis à découvert
s abaisser j)endaiit l’inspira-
tion , et s’éle\cr dans le
temps de rcxpiralion.
Dans l’inspiration , lesang
est attiré des environs du
coeur J il est repoussé pen-
dant l’expii atioii : a, ors il
se fait uti haltciuenl dans
les veines caves cl dans les
jugulaires , el le sang jaillit
avec P us de foi ce des vei-
nes el des sinus ouverts.
Scligling.
61 ou supplée à l’cxpl-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 99
ration par une pression vio-
lentedu thorax on augmente
l’impulsion du sang dans les
jugulaires , et on donne une
*ecousse au cerveau.
La section ou la ligature
des artères , des nerfs quel-
conques du col , de l’œsopha-
ge , et même celle de la
trachée - artère , n’empê-
chent pas que les mouvemens
du cerveau ne répondent à
ceux de la poitrine dans
l’ordre ci-dessus énoncé.
Mais ce mouvement cesse
aussi - tôt que les veines
vertébrales ou jugulaires
ont été liées. La section
«l’une des veines jugulaires
suflit pour le détruire pres-
que entièrement. Lamure.
§ VIII. Des usages de la
respiration.
On voit que l’influence
des mouvemens qui consti-
tuent la respiration , s’étend
non-seu’ement aux viscères
du thorax et au sang qu’ils
contiennent , mais qu’elle se
fait encore ressentir , soit
dans la tête , au cerveau ,
soit dans le bas— ventre , aux
viscères glanduleux , aux or-
ganes de la digestion , et
aux vaisseaux absorbans ,
u’elle excite sans cesse par
es balaucemeus utiles.
D’autres usages rendent
la respiration néce'-saire aux
corps vivans. On a décou-
vert qu’il existe dans les
difTérenles classes d’animaux
une proportion marquée en-
tre le degré de chaleur qui
leur est propre, et l’élendue
de leurs poumons. On sait
à présent que c’est dans ce
viscère que se dégage la
matière de la chaleur qui
les pénètre. L’air pur en con-
tient une grande quantité ,
et pendant que l’animal res-
pire et que l’oxigène, ou base
de l’air vital se combine
avec le carbone qui sesé—
pare du sang dans les pou-
mons, une partie du calorique
devenue libre, demeuredans
cet organe qu’elle échauffe ,
et elle se répand dc-là dans
tout le corps.
Ce qui démontré que l’air
pur ou gaz oxigene est le
véritable aliment de la vie,
c’est qu’un animil plongé
dans un vase plein de cet
air , y vivroit environ quatre
fois plus long-temps que si
le vase ne contenoit que de
l’air atmosphérique. Res-
piré trop long-temps , l’air
vital deviendroit cependant
nuisible, parce que la ma-
tière de la chaleur qui s’en
sépareroit trop abondam-
ment , abrégeroit, en excitant
la fièvre,la durée des êtresquî
eeroiçflt exposés ù son aclioa
ioo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
In^cpendainincnt d’une
po rlion de gaz azote et de
carbone qui se dégagent
du sang par les poumons,
on en voit encore sortir une
vapeur humide qui faitpar—
tie de la transpiration , et
qui me'rite d’être examinée
séparément.
L’histoire de la respira-
tion sera terminée par
l’exposition de ses différens
modes. On expliquera
le mécanisme du bâille-
ment, du soupir, du rire,
de la toux , de l’éternuement,
de la succion, de l’anhéla-
tion, et des efforts par les-
quels les muscles de la
poitrine , fortement tendus ,
servent d’appui aux autres
puissances musculaires qui
se contractent.
VP. FONCTION.
DE la digestion.
De la bouche.
Des lèvres et de leurs
commissures.
De l’épiderme , delà peau,
des glandes, des muscles
propres des lèvres et de leurs
mouvemens ; de leurs vais-
seaux, et de leurs nerfs.
De la cavité de la bouche.
On rappellera la structure
des dents.
Des gencives.
Du palais, de ses rides,
et de la niemhrane fongueuse
qui tapisse cette cavité.
§. II. De Vos hyoïde et de
la langue.
De l’os hyoïde, de son
corps , de scs branches et de
ses connexions.
De la langue en général j
de sa pointe , de son sillon ,
de la ligne médiane qui la
partage longitudinalement j
de sa hase et du trou bor-
gne qui s’y trouve; de ses
faces supérieure et inférieu-
re ; de scs bords , deson frein,
de ses pa]oilles , de ses glan-
des, de ses nerfs , et de ses
vaisseaux ; de ses mouve—
mens.
§. Du voile du palais.
Du voile du palais ; de
ses muscles propres, de ses
piliers ou colonnes , de ses
glandes.
De la luetle; deses muscles
propres , de scs glandes.
§. IV. Des glandes nmj g-
dalcs , des parotides et
de la salive.
Des glandes amygdales ,
des glandes acccs.soires aux
amvg laies; de leurs cavités,
C. de leurs conduits.
Des glandes palatines ,
.DISCOURS SUR
buccales, molaires J ces glan-
des sont des follicules ou
cryptes.
Des glandes salivaires ,
de la parotide, et de sa
glande accessoire j des glan-
des maxillaires , des glandes
sublinguales et de leurs con-
duits.
De la salive , de sa nature,
de sa quantité, des temps
où elle sort abondamment.
Des effets de la compres-
sion et de l’irritation sur
ces glandes j des dilférens
états de la salive et de ses
concrétions.
Des effets que produit la
salive sur les substances
qu’on soumet à son action.
. Ses usages dans l’écono-
mie animale.
§. V De r arrière-bouche
et de l’œsophage.
Du pharynx , de ses pa-
rois antérieure , postérieure ,
latér.ilesj de sa membrane
interne, de ses glandes, de
scs muscles propres , de
ses vaisseaux et de ses nerfs.
De l’œsophage j de sa di-
rection , de sa situation com-
parée à celle de la trachée-
artère ; de sa substance
charnue, et de la direction
de ses fibres musculaires dans
l’hoinrneet dans iesanimauxj
de sa membrane interne,
etdeses glandes folliculeu—
L’ANATOMIE, toi
ses J des glandes conglobées ,
qui sont situéesaux environs
de l’œsophage J de ses vais-
seaux, de ses nerfs, et de
l’action du diaphragme sur
ce conduit.
§. yi. De la mastication
et de la déglutition.
De la mastication et de
la manière dont se forme le
bol alimentaire.
De la déglutition, et de ses
dilférens temps.
Comment la langue, for-
mant d’abord un plan incliné,
le bol alimentaire est placé
près de sa base.
Comment le pharinx, s’éle-
vant ensuite en même
temps que la base de la
langue , et le voile du pa-
lais étant porté obliquement
en arrière , le bol alimen-
taire passe sur l’épiglotte
qui recouvre la glotte, et
s’engage dans l’ouverture du
sac du pharynx.
Comment les muscles rele-
veurs se relâchant, la masse
du pharynx retombe, ainsi
que la base de la langue ,
et comment le bol alimen-
taire, faisant un mouvement
marqué , est ensuite dirigé
pai l’impulsion des fibres de
l’œsophage vers l’estomac.
§. Yll. De I estomac.
De l’estomac, de sa situa-
102 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
tion dans Jes diflerens étals
de ]a vie ; de sa forme , de
ses faces , de ses bords, et
de S( s courbures; de ses mem-
branes, de ses plans muscu-
laires , de ses glandes follicu-
leuses, de ses glandes conglo-
bées , et de sa cavité , do ses
vaisseaux, et de ses nerfs.
Du fluide qu’on J trouve,
et qui porte le nom de suc
gastrique-, de l’incertitude
de son origine dans l’homme
et dans les quadrupèdes ; de
sa nature , de son mélange ,
et de ses principales alté-
rations.
De la fa im et de la soif,
de leurs effets dans l'état de
santé , dans l’état de mala-
die; des causes qui les aggra-
vent ou qui les émoussent;
des systèmes auxquelson a eu
recours pour en expliquer
le mécanisme. La faim et
la soif ne sont-elles pas des
modifications déterminées
d’organes nerveux où s’exerce
tin sentiment particulier : et
un des effets de cette exci-
tation n’esl-il pas d’attirer
le sang vers l’estomac et vers»,
les viscères qui y sont anne-
xés ; ce qui rend leur action
plus soutenue et plus vive ?
$. VIII. Du canal inieslinaL
Du duodénum et de sa
position.
De l’intestin grêle , qu’on
a coutume de diviser en jé-
junum et en iléum; de la
membrane externe de l’in-
testin grêle, de ses fibres
charnues, de sa membrane
interne ,de ses replis ou val-
vules conniventes , de ses
glandes , de ses vaisseaux et
de ses nerfs.
Des gros intestins.
Du cæcum , de la valvule
iléo -cœcale.
De l’appendice vermi—
forme.
Du colon ; de ses portions
droite, gauche, et de sa por-
tion transversale; de sa mem-
brane externe; de ses fibres
ch a mues ; de ses bandes mus-
culaires ; de sa membrane
interne ; de ses replis ; de ses
cellules ou cavités; de ses
glandes, soit folliculeuses ,
soit conglobées ; de ses vais-
seaux et de ses nerfs.
Du rectum; de sa posi-
tion; de sa courbure; de sa
membrane externe ; de son
muscle , qui est très-épais ;
de sa membrane interne; de
ses replis longitudinaux.
Del’ anus ; de son sphinc-
ter, considéré à l’extérieur
et à l’intérieur ; de ses glan-
des ou cryptes; de ses con-
nexions.
§. IX. Du péritoine et de
ses grandes duplicatures.
Du j)éritoiuc; de sa face
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. io5
externe 5 du tissu cellulaire
qui le lie aux parties envi-
ronnantes, et des prolonge-
mens de ce tissu.
De sa face interne.
Du péritoine considéré en
haut, eu bas, en devant, en
arrière , cl sur les côtés.
Des ligainens qu’il fournit
au foiC, à. la rate, aux reins ,
aux intestins, aux ovaires, et
à la matrice.
Du grand épiploon , ou
épiploon gastro-coütpic J de
son étendue; de ses inser-
tions ; de scs cavités ; de scs
lames; de ses glandes con-
globées ; de scs vaisseaux et
de ses nerfs.
Du petit épiploon , ou de
l’épiploon gistro-hépatique;
de sa situation et de scs la-
ines.
De l’épiploon-colique de
Haller cl de Lieutaud.
De rouverture épiploïque,
et du procédé de VVinslow,
pour introduire de l’air dans
' le sac des épiploons.
Delà facilité avec laquelle
les épiploons se remplissent
de graisse, se relâchent et
s’étendent en difterens sens.
Du mésentère ; de son in-
sertion lombaire ; de son
bord intestinal; de ses lames;
de ses glandes ; de ^es vais-
seaux de divers ordres; de
ses nerfs.
D U méso— colon ; de sa po-
cition transversale ; de ses
portions latérales, et de la
manière dont elles adhèrent
aux leins; des glandes, des
vaisseaux et des nerfs du
méso-colon.
Du repli qui soutient l’ap-
pendice vermifonne.
Du repli par lequel le rec-
tum est maintenu dans sa
place.
Des usages du péritoine
et de ses diverses produc-
tions.
§ X. Du foie, de la vésicule
du Jicl , et de la bile.
Du foie ; de sa po ilion ;
de sa div’sion eu lobes droit
et g-iucliD ; de ses bords, de
sa lace convexe, et de .son ad-
hérence au diaphragme; de
sa face concave ou base ; des
éminences de celle lace; des
enfoncemens qu’on y trouve;
de ses glandes conglobées ;
de ses artères ; de la veine-
porte ; des brandies de la
veine-cave qui y aboutissent;
de la veine ou ligament om-
bilical du conduit excréteur
ou hépatique.
De la vésicule du fiel ; de
sa situation ; de sa forme; de
sa membrane externe; de ses
fibres charnues ; de sa inein-
brane interne de ses glandes;
de son fond ; de son col , et
du repli qu’il forme ; de son
conduit excréteur ou cysli-
que; de la structure de ce
so4 SCIENCES PHYSÎOE. ET MEDICALES.
conduit ; de sa jonclion avec
le conduit liépalique, et de
l’angle qu’ils forment entre
eux J du conduit cholédoque
qui résulte de leur jonclion •
de la direction de ce conduit^
de son ouverture dans le duo-
dénum, et du lieu de cette
ouverture.
De la bile hépatique J de
la bilecjstique; de la nature
de la bile dans les dillérens
âges ; de sa couleur et de sa
consistance, de son épais-
sissement J des concrétions
qu’elle forme , et de la ma-
nière dont elle cristallise.
Comment les calcuisbiliaires
brûlent • du mouvement de
la bile dans le foie et dans ses
conduits , dans la vésicule et
vers rinteslin • de l’influence
des contractions musculaires
sur le foie et sur le mouve-
auent du fluide dont il est
péné réj des efTets de la bile
sur les intestins, sur les ali-
ïnens, et quelquefois même
sur l’estomac j de ses altéra-
tions; de sa résorblion et des
affections qu’elle produit
dans les autres organes ,
surtout à la peau.
§. XI. De la rate.
De la rate; de sa position;
de sa forme, de sa membrane
externe, de sa structure in-
terne ; de ses adhérences à
l’estomac, à l’épiploou, et au
pancréas; deses mouveniens
de ses nerfs; du fl ü de qu’elle
renferme, b’y fait-il une sé-
crétion i’ et s’il s'y en fait une,
quel est son usage ?
§. XII. Du pancréas et du
suc pancréaiiijue.
Du pancréas ; de sa posi-
tion ; de sa forme; de sa
membrane externe ; de sa
structure interne ; de son
conduit exciéleur, que M.
llollinan , cl J. G. W ir^ung
ont décrit les premiers, et
du lieu de son ouverture;
des vaisse' ux du pancréas;
de ses nerfs, de son lluide.His-
toire dis erreurs de Sj^lvius,
et d’autres à ce sujet.
Du petit pancréas, qui est
une portion du grand.
§. XIII. Des vaisseaux
ch J- leux.
Des vaisseaux Ivmphati—
ques absorbans des'inteslins,
ou des vaisseaux chyleux.
De leur origine des intes-
tins grêles et gros, par une
série de petites ampoules;
de leur direction vers les
glandes mésentériques ; de
leur passageau travers deses
glandes ; de leur marche
d’une de ces glandes veis
l’autre, ou de ces glandes
jusqu’au réservoir lombaiie;
de leur commuuicaliuu avec
N*#
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. io5
les vaisseaux lymphatiques
environnaris; du fluide qu’ils
contiennent; du chyle seul ,
et comparé avec la lymphe.
§. XIV. Des organes de la
digestion considérés dans
les animaux.
De l’os hyoïde dans les
quadrupèdes, oii des bran-
ches osseuses tenant lieu des
ligamens qui , dans l’homme,
attachent l’os hyoïde à l’a-
pophyse styloï'le.
Del’ os hyoïde dans les oi-
seaux, où les extrémités de
cet os sont enveloppées d’un
muscle conique, et remonlCHt
en arrière sur les côtés de
l’occi put.
De la langue des quadru-
pèdes ; des piquans dont elle-
est hérissée dans quelques-
uns ; de la langue des oi-
seaux; de cet organe consi-
déré dans quelques reptiles,
oh son extrémité est fendue.
De la luette, qui manque
dans quelques quadrupèdes,
tels que le cheval.
De la liqueur vénéneuse
qui coule des dents de quel-
ques reptiles, qui s’en ser-
vent pour blesser les ani-
maux , dont ils font leur
proie.
Dos sacs inter-maxillaires,
appelés abajoues, dans les
fiinj'es , etc.
De s animaux, dans lesquels
l’estomac est situé très-près
de la cavité du gosier, cl qui
manquent, pour ainsi dire,
d’oesophage. Plusieurs rep-
tiles et plusieurs poissons
sont dans ce cas.
De la structure de l’estoW
mac dans les quadrupèdes
carnivores cl dans les soli-
pèdes. Les quadrupèdes de
ces deux classes sont mono-
gastriques.
De l’estomac des rumi-
nans. Il est formé de quatie
cavités, dont la dernière,
c’est-à-dirc, celle qui com-
munique immédiatement
avec l’intestin , est le véri-
table estomac ; du mécanis-
me de la rumination.
Du long œsophage et du
jabot des oiseaux ; de leur
estomac, formé de muscles
très -épais dans les grani-
vores , de muscles moins
épais dans les oiseaux qui
vivent d’insectes , et presque
uniformément charnu dans
les oiseaux vraiment carni-
vores.
De l’estomac allongé des
reptiles , de quelques pois-
sons , et des vers.
De l’estomac cartilagineux
et à ressort des cruslacées.
Des polypes qui sont en-
tièrement formés d’un esto-
mac ou sac musculaire, où
sont contenus les altmens qui
doivent les nourrir.
D U suc gastrique recueilli
io6 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
clans les cjuaclriipèdes , et
do la dil'ficulté de l’obtenir
pur.
Du snc t^ns'rique des oi-
seaux , et dos "landes situées
a H -dessus de l’estomac qui
Je fournissent.
Dos intes ins des carnivo-
res, qui sont en gcnéiv.l plus
courts c|ue ceux des herbi-
vores.
Des intestins des quadru-
pèdes soüpèdes , *jui sont
plus volumineux c|ue ceux
des riimitians.
D U cæcum sans app-'udice
vermil'onne, te! qu’on le voit
dans la plupart des singes et
dans_ presque tous les qua-
dru pèdos.
Des appendices vermifor-
mes dans bs oiseaux; ceux
des galliiiacées ont une gran-
de étendue : ils sont au con-
traire 1res -courts dans les
oiseaux carnivores.
Do ces appendices dans les
poissons, ou ils sont très-
nombreux.
Doi animaux dans lesquels
il n’v a point de cæcum, et
dont les intestins ne peuvent
être divisés en giêlcs et en
. , , ,
Desammaux dans lesquels
l’es omac est peu distinct du
boyau.
De ceux qui ii’onl point
d’épi ploon.
Du foie qui est divisé en-
un plus grand nombre de
lobes dans les quadrupèdes
que dans l’homme.
Des conduits hépalio-
cysliqucs.
Des quadrupèdesqui n'ont
point de vésicule du liel , tels
que le cheval.
Des an imaux dans le.«quels
la vésicule du liel est loul-à-
fait détachée du foie. On le
voit dans quelques poi.'Sons.
De la bile considéiée dans
les qn.idrujièdes carnivores
et dans les herbivores, dans
les diverses classes d’oiseaux,
dans les reptiles , dans les
poissons.
Des différences de la rate
des quadrupèdes d’avec celle
de l’homme. Voyez ce que
Piuy.-ch etM. de Lassonne en
ont dit.
Dans quelques oiseaux elle
est double.
Du jiancréas dans les oi-
seaux et dans les poissons,
IDu système lymphatique
ou absorbant dans les oi-
seaux et dans les poissons, ou
l’on a voit pensé mal à propos,
que l’ab'Oibtion se faisoit
p.T les veines. G, Hunier et
ilewson ont prouvé le con-
traire.
§. XV. Des observations et
des exj'Ci iences relatives
à la digestion des ali—
viens.
Des phénomènes que Tes-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 107
tomac présente lorsqu’il est
vide et dans l’état sain.
Des phénomènes qu’offre
l’action de l’estomac lors-
qu’il est rempli d’alimenset
dans l’état de sanlé. 11 presse
la rate et la vésicule du fiel ,
et il est lui-mêiue pressé par
le diaphragme et par les
muscles du bas-ventre.
11 est irritable j il se con-
tracte très- for te ment dans les
oiseaux , avec une force beau-
coup moins grande dans
l’homme et dans les quadru-
pèdes.
De l’influence de la diges-
tion sur les autres fonctions
des corps animés.
Des gaz qui se dégagent
pendant la digestion.
Du vomissement et de son
mécanisme. Il est impossible
dans le cheval et dans les ru-
minans.
Des expériences de Wa-
lens , de Viridet, de B. S.
Albinus , et de Bils sur la
digestion.
De celles de Réaumur et
de M. Spallanzani , sur le
même sujet.
On peut avaler de petits
tubes de bois , de petits sacs
de toile; on les rend pleins
de suc gastrique , avec le-
quel M. Spallanzani assure
qu’il a opéré la digestion de
plusieurs substances placées
dans un vase hors du corps ,
dont ce suc avoit été extrait.
En tuant un oi'ieau immé-
dialemeut après (jii’il a luan-
gé, et en le laiss.aiit séjourner
dans un lieu chau • , ou le—
marque que la digestion est
à moitié laite , dans 1 espace
d'.Nix heures.
Des aliiuens, introduits
d.ins l’estomac d’un oiseau,
mort depuis très — peu de
temps, v sont en grande par-
tie digérés.
Le gésier des gallinaceos
brise des globules de cristal;
il applatit des tubes de mé-
tal très-solides: il plie des
aiguilles, il éiuousse des
pointes de lancettes. L’aca-
démie del Ciuienlo avoit
commencé ces expériences ,
que Rhedi , Maglolli, sur-
tout Réaumur, et après lui
M. Spallanzani ont fait dans
un grand détail.
L’action du gésier des oi-
seaux supplée à la mastica-
tion, et ne fait rien de plus.
Des grains de blé , renfermés
dans un tube ,sont demeurés
dans le gésier des poules ,
sans aucune altération. Dans
ce même temps , le même
organe a digéré des grains
abandonnés , sans aucun obs-
tacle , à l’action de ses mus-
cles , ou qui avoient été
moulus avant d’avoir été
renfermés dans des tubes
qu’on avoit fait avaler à
l’animal.
D’un autre côté , le paia
3 o8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
et les graines céréales ont été
digérées par les grands oi-
seaux carnivores , tel que
l’aigle , lorsqu’on a eu soin
de les triturer, ou de les
moudre avant de les faire
avaler à ces oiseaux.
Si on élève un pigeon en
le séparant de sa mère a
l’instant même où il sort de
l’œuf , on peut faire en sorte
que son gésier ne contienne
aucune petite pierre ni gra-
vier. M. Spallanzani ne s’est
point aperçu que sa digestion
en fût troublée.
Dans les reptiles et dans les
poissons, on trouve souvent
des animaux entiers, et d’un
volume assez considérable ,
avalés et disposés de manière
que tout ce qui est contenu
dans l’œsophage n’est qu’hu-
mide , et qu’il n'y a de vrai-
ment ramolli et digéré que
la partie qui touche au fond
de l’estomac proprement dit.
On voit la meme chose dans
l’estomac des oiseaux très-
voraecs.
On examinera les alimens
dans l’estomac et dans les
intestins; on verra comment
le suc gastrique agit sur eux.
La pulpe ép.aisse et grisâtre
qui en résulte porte le nom
de chinius on chime. Elle a
une odeur fade : on n’y re-
marque d’ailleurs aucun ca-
ractère d’une vraie fermen-
tation.
Dans l’homme cl dans les
quadrupèdes , la digest on se
faitsans le concoursd’aiicune
force trituranie, et par une
vraie di'-solution.
M. Gosse a trouvé le
moyen, en avalant une cer-
taine quantité d’air atmos-
phérique, de s’exciter à vo-
mir. Il a rendu ainsi les
matières contenues dans son
estomac; il a vu les alimens
réduits en bouillie, sans au-
cun signe qui annonçât la
présence d’un acide ou d’un
alkali , et il a donné une table
des substances plus ou moins
fa cil es à digérer , d’après ses
propres essais.
M. R.euss , après avoir
avalé cin(| grains d’alkali , a
cependant vomi , par le
moyen du tarlie stibié, une
liqueur qu’il a jugée acide.
Mais le tartre slibié seul
rougitla teinturede tourne-
sol. C’est ainsi que M. ipal—
l.mzani répond à l’objection
tirée des expériences de M.
Reuss.
On remarque dans l’esto-
mac , et surtout dans les
intestins , un iiiouveincnt
d’ondulation , qui commence
vers l’orilice cardiaque , et
qui s’étend vers l’anus. Ce
mouvement est appe'é du
nom de pcrislalti<]ue. Lors-
qu’il se reiiconlieun obstacle
dans le canal alimentaire, le
lieu ou SC trouve ccl obstacle
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 109
clevient quelquefois le foj'cr
d’uu mouvement en sens
couliaire , et qu’on appelle
du nom d'aiUi-péi islaliiijue.
Lorsqu’on ouvre le corps
d’un animal qui a mangé peu
de temps auparavant , on
trouve les vaisseaux chyleux,
le réservoir lombaire, et le
conduit ihoracliique remplis
d’un fluide laiteux , qu’on
peut arrêter dans son cours ,
pour le mieux voir, soit par
Ja pression , soit par des li-
gatures.
Les animaux dont on a lié
la vésicule , et dans lesquels
le couis de la bile est dé-
rangé, ont le ventre pa-
resseux, la bile'élanl le
stimulant nécessaire pour
l’excrétion intestinale.
Jlleme. FONCTION.
DES SKCRÉTIOJfS.
§. I*'. Des glandes en gé-
néral.
De la structure des glan-
des , et de leurs différences
principales^ de leurs grandes
divisions.
Des organes sécrétoires ,
qui n’ont ni parenchyme , ni
réservoir , ni conduit excré-
teur, et dont la base est une
simple membrane , tels que
plusieurs tissus membraneux
du corps itumaiu ; ou un
tissu ligamenteux et ner-
veux , tel que la peau j ou
un tissu contractile , tel que
les muscles j ou un tissu car-
tilagineux ou osseux, tel que
les os.
Des glandes qui ont un
parenchyme , sans réservoir
et sans conduit excréteur.
Les glandes conglobées et la
rate sont dans ce cas.
(^ui ont un parenchyme,
sans conduit excréteur, avec
un réservoir interne. Les cap-
sules sur-rénales .
(^ui ont un parenchyme,
un conduit excréteur, et un
réservoir externe. Les reins,
le l’oie, dans la plupart de»
animaux; les testicules.
Qui ont un parenchyme et
un conduit excréteur, sans
réservoir interne ni externe.
Le pancréas , les glandes sa-
livaires , le foie du cheval ,
Qui ont un parenchyme ,
un réservoir interne, cl des
bouches ou conduits excré-
teurs. Folliculi , crj plæ ,
glandulœ passivœ , seu ve-
sictilares.
Des crvptes simples, iso-
lées , solitaires , siniplices
et solitariœ. Telles sont les
glandes sébacées , et quel-
ques glandes muqueuses du
gosier.
Des cryptes simples et rap-
prochées , groupées , sans
communication entre leurs
cavités , aglutinatæ , con-
110 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
fregata; , Halleri. Les glan-
des aryténoïdes , celles du
palais.
Des cryptes composées ,
groupées , avec coinmunica-
tioti entre leurs cavités, con-
glutinalœ. Les amygdales.
Des cryptes composées et
rapprochées avec communi-
cation entre leurs conduits,
dont plusieurs se réunissent
en un >eul j lacunes , Incunœ.
Les glandes du trou borgne
de la langue. Plusieurs folli-
cules des intestins. l.es glan-
des des sinus , ou lacunes de
l’urètre.
Les glandes diflerenl par
leurs formes ; elles sont glo-
buleuses , lenticulaires , ulri-
culaires ( comme de petits
outres), en godet ( capsu-
lai es ) , en grappe ( aci-
nijunnes ) , fungiformes ,
pédiculées , ou pétiolées, ses-
siles.
Des vaisseaux et des nerfs
des glandes j de leur posi-
tion , de leur développement,
et de leur activité dans les
différens temps de la vie.
§. II. Des reins , des uré-
tères , el de la vessie.
Des organes qui .servent
à filtrer l’urine, cités ici
comme exemple d’un appa-
reil sécrétoire complet , com-
posé d’un grand nombre de
glandes rassemblées , d’un
couduil excréteur, d’un ré-
servoir et d’un canal pour la
sortie du fluide que les
glandes ont filtré. ^
Des capsules sur-rénales ^
de leur position, de leur
forme ; de leurs faces ; de
leurs angles J de leur cavité^
de leur suc j de leurs glandes
conglobées ; de leurs vais-
seaux , de leurs nerfs.
Des reins ; de leur posi-
tion à droite, à gauche; de
leur forme; du péritoine,
par rapport aux reins ; de
leur convexité; de leur si-
nuosité ; de leurs vaisseaux ;
de leurs nerfs ; de leur struc-
ture interne; de leur subs-
tance corticale ; de leur subs-
tance radiée ou tubulée ; de
leurs papilles ; de leurs ca-
lices , de leur bassinet.
De l’urétère; de la direc-
tion de ce conduit ; de l’uré-
tére dans le bassin ;de la ma-
nière dont il pénètre dans la
vessie.
De la vessie ; de sa posi-
tion; de sa forme; du péri-
toine , par rapport à la ves-
sie ; de son fond ; de son cou ;
de sa cavité; de sa mem-
brane interne; de ses fais-
ceaux charnus ; des glandes
muqueuses de la vessie; de
son trigone, de l’orifice des
uretères ; de l’orifice de la
vessie; des fibres musculaires
de cet orifice ; de ses con-
nexions avec les parties voi-
sines ; des dilTércuccs de la
DISCOURS SUR L’ANATOMTE. m
vessie dans le mile et dans
la femelle.
Des glandes et des sécré-
tions parliculières à certains
animaux, comme la sécrétion
du musc , etc.
III. Dr la nature des subs-
tances animales.
Avant de traiter du mé-
canisme des sécrétions , il
faut coniioitre la nature des
organes qui filtrent, et celle
des humeurs qui sont filtrées.
Un chimiste moderne a
trouvé, dans les matières
animales, une quantité re-
marquable d’azote. On ex-
ijlique, parcetle découverte,
a formation de l’ammo-
niaque que jiroduiscnt ces
substances , soit lorsqu’on les
expose au feu , soit lors-
qu’elles se pourrissent, et les
la port s de ces substances avec
celles des matières végétales
qui fournissent del’ammonia-
quo lorsqu’ellesse pourrissent
ou loiS([u’on les distille.
Ainsi , on considérera les
corps organi és comme com-
posés de lieux ordres d. subs-
tances très - dilTéronles : les
unes (ce sont les végétales) ,
donnent de l’acidc lorsqu’on
les décompose par le feu ;
les autres ( les animales ) ,
fournissent de l’alkali vo-
latil J les premières sont pro-
pres à former I esprit ardent
par la ferxueatalion ^ les se-
condes se réduisent en un
charbon dont la comlmslion
est difficilej celle-là laisse,
par la calcination, un char-
bon qui se brûle facilement.
ün remontera donc , avec
les modernes , à la nature
et à la formation de l’alkali
volatil, qui est composé d’air
phlogistiqué , ou de mofette
et de gaz inflammable. Ce-
lui-ci se sépare de l’huile ,
où il est dégagé de l’eau ,
et il se combine avec la mo-
fette des matières animales,
tandis que l’air vital de l’eau,
joint au charbon, forme l’air
fixe. Dans la fermentation
spiritueuse des végétaux , le
gaz inflammable se combine
au contraire avec une huile
végétale et du sucre jiour
fo riner l’esprit-dc- vin.
§. lY. Des humeurs ani-
males.
Du sang ,considéréconime
le fluide <|iii confient toutes
les humeurs.
D U sang , relahvemenf à
sa ’empératured ns les ani-
maux , où cl'e s’éli've au-
dessus de celle de ratmos —
plière , et dans ceux où elle
se montre à peu jirès au
même ilegré. f^es jiremiers
Sont appelés à sang chaud ^
et les seconds a sano fioid.
Du sa-ig ex-iminé phj.-i-
qnement , en égard à sa pe—
sauteur J à su couleur, aux
i 1 2 SCIENCES PITYSIOL. ET MEDICALES.
molécules ronges , j.-iuncs et
blanches qni le cou jjoscnt.
Du sang traité cliirniquc-
rnenl, soit par les réaclil's,
soit par l’action cln l’eu. 0;i le
considérera surtout couiiuc
se séparant par le repos en
deux parties, le caillot et la
sérosité.
Du caillot , qui devient
blanc lorsqu’on le lave ^ qui
est fibreux, qui se retire et
se tounneule en brûlant ,
qui se pourrit proinpleinenl,
qui n’est pas soluble dans
l’eau , qui contient beaucoup
d’azote , qui est plus aniina-
lisé que le sérum , auquel
adhère un acide , et qu’on
doit regarder connue étant
très-analogue à la pai t.e glu-
tineuse des végél; ux.
De la sérosité ,Jluide al-
bumineux ou lymphe , dont
la saveur est fade et un peu
salée , qui se coagule au feu,
qui s’épai.‘:sil par l’action des
acides et des spiritueux , qui
contient de la soude à nu,
et qui verdit le sirop de
violettes.
De la gelée gélnline ou
colle, qui diffère essentiel-
lement (le la partie albumi-
neuse ; de la manière dont
elle entre dans la compo-
sition des parties blanches
des animaux, telles que les
tendoiis , les aponévroses , les
cartilages , les mcinbranes,
les ligamens cl la peau. Elle
se liquéfie à la chaleur, et
les acid, s, ainsi que les al-
kalis, la dissolvent.
En suivant toujours lacora-
paiaisoii des substances ani-
males avec les vi^gétales , on
déleriuinei aquelssont les ràp-
poits de la gélai ine avec 'es
mucilages fadesdes végétaux.
Du lait considéré quant
a sa couleur , à sa consis-
tance , et aux phénomènes
qui se présentent lor'^qu’on
1 expose à une température
de ibà 20 degrés. Du petit-
lait , où il se développe un
acide, et qni contient le su-
cre de lait. Celui-ci contient
lui-même un acide particu-
lier. Du fromage , (jui est
analogue à la partie aibu-
mineu'e du sang. Du beurre
qui devient aisément acide
et rance, et que l’on compa-
rera aux huiles ve'gélale.s.
De la graisse qui se fond
au feu , qui se coagule au
froid, qui contient une huile
et un aci ’e dont les . himistes
modernes ont déterminé la
nature et rjui est analogue à
la bile.
De la bile elV-même ; de
l’action des acides .«ur cette
humour (ju’on .loit regarder
comme un. sa von forni.'d’une
liuile de nature presqi e ré-
sineuse unie à la .«omle ; .jui
contient aussi de l’albumeu
coagulable par le feu , par
les acides , et par les spi-
DISCOURS SUR L’ANATOVriE.
ritueux j qui rend les ma-
tières huileuses miscibh's à
l’eau , et qui est décomp<wse'e
dans le dundémiin , par les
acides que la digestion y dé-
veloppe.
Du suc gastrique , qui dis-
sout uniforuiéinenl les ma-
tières animales et végélales ;
qui les réduit eu une p;Vle
molle ; qui est anti-septique ;
qui donne , suivant plusieurs
cliimistes , des marque-, d’a-
cidilé J qui , dans le bœuf et
le mouton , est analogue à
l’acide phosphorique , et qui
agit sur l’estomac , même
ap l ès la mort.
De la salive , qui paroU
être savonneuse et chargée
d’âir, et qui contient un sel
ammoniacal , démontré par
l’odeur piquante et unneuse
que la chaux et les alkalis
fixes caustiques en dégagent.
De l’urine, qu’on doit re-
garder comme une dissolu-
tion d’un grand nombre de
substances différentes , dont
les unes sont des sels sem-
blables à ceux des minéraux
qui sont fournis par lesali-
mens , daus lesquels ils n’ont
souffert aucune altération j
dont les autres sont analo-
gues aux principes extrac ifs
des végétaux ) tandis que
ii5
d’au très sont particuliers aux
animaux, ou mémo à l’urine,
et ne se trouvent poijit en
([ualilé rolablc ailleuis que
daus ce (luide.
De l’c-vces d’acide phos-
phori(jue qu’on trouve flans
i’urinc j de la piopriété
qu’elle a , ainsi que la sueur ,
de rougir la teinture du
tournesol. Des circon.slances
dans lesquelles c.-l acide est
retenu et se porte sur diverses
parties , comme sur le.s arti-
cnlaliuus dans les goutteux.
De l’acide liliiique qui se
trouve aus.si dans l’urine , et
qui loriucla base des calculs.
Du depot de l’urine, (|ui est
un mélange de cet acide et
de pliospliate calcaire.
Les autres humeurs, telles
que le mucus des n.xriiie.s,
ic ceremin» des oreilles, le
suc pancréatique , le ffuidc
séminal, etc. , n’ont point
été analysées On exposera ,
en peu de mots, ce qu'on sait
sur ce sujet.
Pour résumer , on peut
diviser les humeurs en six
classes , comprenant , ( i )
1°. Les liumeurs salines,
c’est-à-dire, qui tiennent des
sels en di-iso'ulion , telles
que sont l’urine et la sueur.
2°. Les ÜUides huileux in.
( 1 ) Division adoptée par M. de Pourcroy. Elle est préférable à
eeUe qu Haller a publiée dans sa physiologie.
T. 4. y
ii4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
flammables, qui ont tous une
certaine consistance , et qui
sont concrescibles: telles sont
les graisses , la moelle des
os , et le cerumen des oreilles.
5°. Les humeurs de nature
savonneuse , qui sont com-
posées de matières inflam-
mables , mêlées à l’eau par
l’intermède d’un alkali mi-
néral et végétal: tels sont la
bile et le lait.
4°- Les humeurs mu-
queuses ougélatineuses, telle
que la gelée animale ou gé-
latine.
5°. Les fluides albumi-
neux ou lymphatiques, tels
que la partie séreuse du sang
et le blanc d’œuf.
6°. L’humeur glulineuse
qui forme la base du caillot,
et qui existe aussi daiïs le
tissu musculaire.
§. V. Du mécanisme des
sécrétions.
Des expériences exactes
prouvent que le sang con-
tient les différentes humeurs
qui sont fillrécs dans les
glandes. Un chimiste mo-
derne y a trouvé la bile toute
formée. On ne peut pas dou-
ter que l’urine n’en fasse
aussi partie. On peut dire
la meme chose du lait, etc.
D’un autre côté , les hu-
meurs qui se filtrent dans les
glaudos UC sont pas tellement
pures et homogènes, qu’elles
ne se mêlent pas les unes avec
les. autres dans les émonc-
toires même où se fait le
travail delà sécrétion. Ainsi
la bile se mêle à l’urine j
ainsi l'albumen., la gélatine
se trouvent dans plusieurs
des fluides animaux : la lym-
phe , qui sert de dissolvant à
la plupart des humeurs , est
repompée par les vaisseaux
absorbans , dont les bouches
s’ouvrent sur les parois de
leurs réservoirs. Ce seroit
donc se tromper que de
croire que les glandes ne fil-
trent, c’est-à-dire, ne lais-
sent passer qu’une sorte de
fluides bien déterminée.
On doit examiner avec uu
grand soin la nature du sang
qui est porté vers les diflé-
rens émonctoires ; ainsi , le
sang de la veine-porte différé*
beaucoup du sang artériel
qui coule vers les reins.
Certains organes semblent
êire préparatoires ; d’autres,
paroissent être destinés i
opérer une sorte d’assimila-
tion. Ainsi , la rate prépare le
sang qui doit être porté au
foie. Ainsi , les glandes con-
globées , qui n’ont point de
conduit excréteur, font subir
à la lymphe qui les traverse
une élaboration utile.
La vitesse du sang , la lon-
gueur, la largeur, les angle* •
des vaisseaux sont encore de» .
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. n5
élemens qu’on ne négligera
point dans la solution de ce
problème. Ainsi, les arteres
du cerveau forment des cou-
des répétés avant de parvenir
à cet organe, dont la mol-
lesse est grande. Ainsi , les
artères sperniatitjues sont
longues , grêles et contour-
nées.
Après avoir considéré les
vaisseaux qui portent le sang
aux glandes, on examinera
les vaisseaux déliés desglan-
des elles-mêmes. Ils ont dans
chacune d’elles des loiines
déterminées. Dans le foie ,
ils sont disposés en étoile;
dans la rate, ils le sont en
bvanches d’asperges; dans les
testicules , en manière de
cheveux frisés ; dans le cer-
velet, les dernières ramili-
cations sont presque trans-
parentes.
C’est en examinant avec
une grande attention ces
circonstances diverses, qu’on
reconnoîtra qu’felJes sont ,
dans les corps organisés , les
conditions requises pour la
filtration de chaque humeur.
On exposera , en peu de
mots , les systèmes adoptés
par les auteurs, qui se sont
efforcés d’expliquer ce méca-
nisme. On peut les rapporter
aux classes suivantes :
La première est celle des
chimistes , qui ont supposé
des fermons dans les g landes:
tels ont été Vanhelmont ,
Willis, Cole , J. Pascal et
Bellini.
La deuxième classe est
celle des mécaniciens , qui
ont admis dans les organes
sécrétiiires des espèces de
cribles de diflérentes formes
et grandeurs. Descartes, Bo-
rd li , Verheyen et Cock-
burneont adopté ce système.
D’antres ont supposé , avec
Lamtire, que ch que conduit
excréteur etoil res>erié par
uneforce particulière, et que
chaque humeur circuloit
avec une quantité de m u-
veruent proportionneeà l’obs-
tacle qu’elle devoit vaincre.
Nous rapportons à une
troisième classe ceux qui
pensent que les humeurs s’ar-
rêtent et se portent dans les
organesdéjà pénétrésdeleurs
molécules. Leibnitz, Newton
lui-même, Winslow, Gor-
ter, Helvétius, Lieutaud et
Parsons ont été favorables à
cette théorie.
Dans une quatrièmeclasse
doivent être compris ceux
qui ont attribué tout ce mé-
canisme à l’attraction ; soit ,
qu’avec Keil , ils aient re-
gardé la force qui unit les
molécules semblables entre
elles, comme celle qui a'^it
avec le plus d’avantage ,^et
qui préside aux sécrétions ;
soit , qu’avec Hamberger ,
ils aient cru trouver de l’ana-
iiG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
logie entre le poids des hu-
meurs et » elui des organes.
La cinquième classe est
celle des animistes, qui se
contentent de dire que Tâme
régit les opérations diverses j
et ceux-là en diflerenl peu ,
qui les attribuent à un prin-
cipe vague créé par l’imagi-
nation , pour expliquer ce
que l’observation et l’expé-
rience n’ont point encore fait
connoître.
VIIK FONCTION.
DE I.A. généra T lO IV.
I®*'. sexe innsculin dans
l’adulte.
Du sexe masculin en gé-
néral ; du pénilj des testi-
cules en général j de leur
situation J du scrotum; du
dartosjdu crémaster; delà
tunique vaginale; de la tu-
nique albuginée ; de la forme
du testicule mis à décou-
vert ; des ses régions ; de sa
structure interne ; de ses
petits vaisseaux repliés sur
eux-mêmes ; du corpsd'hjg-
mor ; de l’épididyme ; au
canal déférent; de la direc-
tion do ce canal ; des vais-
seaux et des nerfs de ces
parties.
Des vésicules séminales;
de leur situation : de leur
stiucturc externe; de leur
structure interne ; de leurs
rapports avec le conduit dé-
férent, avec la prostate et
l’urètre.
De la verge, pénis ou
membre en général; de sa
forme; de scs muscles ischio-
caverneux , et du bulbo-ca-
^ verneux on accélérateur ; des
muscles transverses ou is—
chio - bulbeux.
Des corps caverneux ; de
leur origine , de leur réu-
nion ; de leur structure in-
terne ; de leur terminaison
près du gland.
De l’urètre , du gland ,
du prépuce , et de leurs glan-
des; de la partie spongieuse
de l’urètre ; de sa partie
membraneuse ; du bulbe de
l’urètre.
De la glande prostate; de
sa forme ; de sa consistance ,
de sa structure interne; de
ses conduits excréteurs ; du
vérumontanum ; des con-
duits éjaculafeurs.
Du canal de l’urètre ; de
ses lacunes ; de ses glandes;
de ses contours.
Du fluide séminal ; de scs
qualités; de sa nature ; du
fluide de la prostate;du flui-
de des glandes de l’urèlrc.
§. II. Du sexe masculin
dans le foetus.
Des pa r t ics sexu el les m A 1 es
dans le fœtus , avant le
DISCOURS SUR
sixième mois de conception j
du leslicule dans le ventre;
Au guhernaculum teslis ; des
bourses.
III. Du sexe féminin.
Du sexe féminin en géné-
ral.
Des parties génitales ex-
ternes ; de leur situation;
de la vulve , ou pudendum ;
des grandes lèvres ; de la
fourcliette; de la fosse navi-
culaire ; des glandes des
grandes lèvres.
Du clitoris en général , de
son ligament suspenseur ; de
ses muscles ( ischio-caver-
neux ).
Des corps caverneux avant
leur réunion , lorsqu'ils sont
reunis ; du gland du clitoris;
du prépuceau clitoris , et des
nymphes ou petites lèvres.
Du méat urinaire ou urè-
tre ; de sa situation; de sa
direction; de son étendue;
de son orifice ; de sa cavité;
de ses glandes ; de son tissu ,
en quelque sorte caverneux.
Du plexus caverneux ré-
lilorme, qui entoure l’ori-
fice du vagin; des vaisseaux
de ce plexus ; des glandes de
ce plexus , qui s’ouvrent dans
le vagin ; du muscle cnns-
trictor cunni , seu vagince ,
du muscle transverse.
Du vagin; de sasituation;
de 'son orifice de l’hymen;
L’ANATOMIE. 117
des caroncules myrtiformes;
de la face interne du vagin f
de ses replis ou rides ; de
ses glandes ; de ses parois et
de leur structure; de l’extré-
mité du vagin, qui embrasse
le col delà matrice.
Des parties génitales in-
ternes Delà matrice en gé-
néral; du col de cet organe; de
SQn orifice externe ou du mu-
seau de tanche ; de sa c.avilé ;
de scs rugosités ; de l épais—
seur et de la structure de
ses parois; de son orifice in-
terne, ou de la partie du col
oui s’ouvre dans la matrice ;
<îu corps de cet organe ; de
ses faces ; de ses angles ; de sa
cavité ; de sa forme ; de sou
épaisseur; de la structurede
ses parois ; de ses cornes dan»
les femelles qui en sont pour-
vues ; de scs ligamens; du
péritoine , qui la recouvre et
l’environne; des ligamens
ronds ; des ligamens larges;
des deux replis des ligamens
larges , dont un est anté-
rieur ou supérieur ; l’autre
pos'éricur ou inférieur.
De la trompe de fallope
Près de la matrice, près de
ovaire; de ses contours et
replis ; de sa cavité ; de son
pavillon ou morceau frangé.
De l’ovaire ou testicule
des femelles ; de sasituation-
de sa forme ; de ses faces ; dé
ses cicatrices; de ses corps
jaunes, CQrpora lutea. Du.
1 18 SCIENCES PMYSIOL. ET MEDICALES.
ligament qui unit l’ovaire à
la matrice 5 de la structure
interne de l’ovaire.
§. IV . Des règles ou écoule-
menl périodiijue.
De l’agc où les règles
pa roissent . de celui où elles
finissent • des phénomènes
qu’elles présentent; de la plé-
thore locale ou organique de
lamatrice; del’espccedci'ti—
qui ennaîtou qui l’ac-
compagne; de la quantité
et de la qualité du sang qui
sort par celte voie. Del’iiti-
lité de cet écoulement , pour
disposer à la conception. La
plupart des femelles des
quadrupèdes , au moment
où elles sont en chaleur, ont
les parties sexuelles baignées
d’une Ij mphe rougeâtre.
§. V . De la conception et de
la grossesse.
Delà semencede la femme,
et de la liqueur qu’elle éja-
cule.
De la conception et de ses
particularités : de la super-
fétation ; de la grossesse ou
gestation; de ses périodes;
de sa durée; de l’accouche-
ment.
§. VI. Du fœtus et de ses en-
veloppes.
Du nombre des fœlusdans
un seul accoucUeinenl ; du
chorion ; de l’amnios ; de
1 allantoïde , des eaux de
1 ainnios ; de Vhjrpor}ianes.
Du placenta et des cotylé-
dons; de la portion utérine;
de la portion foetale du pla-
centa ; des vaisseaux du pla-
centa. Du cordon ombilical ;
delayésicule ombilicale; de
la structure du fœtus en gé-
nér.al ; de son poids total.
De la slructureidcs os en
génér;.l; des extrémités des
os ; des sutures ; des siuus de
la face ; du cerveau ; de l’œil
et de la membrane pupil-
laire ; du thymus ; des pou-
mons ; du cœur; du trou
ovale; du conduit artériel;
des ventricules.
Du diaphragme.
Du foie; de la veine om-
bilicale; du conduit veineux;
du lobe gauche du foie ; de
la rate; du pancréas; de
l'estomac ; des intestins ; des
glandes mésentériques; des
glandes cong obées; des tes-
ticules ; des bourses ; du cli-
toris ; des mamelles; des
vaisseaux du bassin ; des ar-
tères ombilicales; des reins ;
de la vessie; de l’ouraque;
du bassin ; des oxtréiuités
inférieures en général.
§. VII. Des parties sexuel-
les , considérées dans les'
divers animaux ovipares
et vivipares.
Desquadrudedes qui n’on
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 119
point de scrotum. Plusieurs
singes sont dans ce cas.
Ue la structure du corps
d’hygmor dans les quadru-
pèdes.
De ceux qui n’ont point de
vésicules séminales.
De l’os de la verge de plu-
sieurs quadrupèdes.
Il n’y a qu’un petit nom-
bre de quadrupèdes dans
lesquels le corps de la ma-
trice et ses trompes soient
disposés comme dans la
femme. Les femelles des sin-
ges qui se rapprochent le
plus de l’espèce linmaine,
jouissent seules de cette pré-
rogative. Dans les autres es-
pèces de singes, et dans tou-
tes les femelles des autres
quadrupèdes , deux sacs
allongés , et de forineirregu
lière, connus sous le nom de
cornes de la matrice, sont
placés des deux côtés de cet
organe J et les foetus y sout
spécialement contenus.
De quelques femelles des
quadrupèdes, dans lesquelles
le vagin , qui est très-étroit ,
forme divers contours. Les
s.arrigues et les marmoses
sont dans ce cas. Ces femelles
ont un sac à l’extérieur du
ventre, ou sont leur mame-
lons , et où leurs petits habi-
tent long - temps.
Des testicules des oiseaux j
du péuis court et bifurqué
de ces animaux , dans les-
quels cet organe est séparé
du conduit des urines.
De l’ovaire eide l’oviduct
des oiseaux, qui, par un
nionvemenl organique par-
ticulier , se redresse et em-
brasse l’ovaire , lorsque
l’œuf est sur le point de se
séparer de cet organe.
Du cloa([uequi tient lieu
de vessie , «le matrice , etc.
De la structure de l’œuf
fécondé et non fécondé.
De l’embryon, qui fait
essentiellement partie do
l’œuf.
Du j.tune et des vaisseaux
de l’œuf, qui font partie de
l’ernbryon.
Un observateur mo«lernc
s’est servi avec succès , des
vaisseaux du poulet , conte-
nus dans l’œul , pour obser-
ver la circulation dans les
animaux à sang chaud.
Des vaisseaux omphalo-
inésenlériqups.
Du développement du
poulet dans l’œuf.
Do l’appendice corrice
dont est surnmnté le bec du
poulet, et de la manière
dont il ouvre la coque de
l’œuf. ‘
Des ovaires des reptiles et
des poissons cartilagineux.
La vipère et la raie ne
diffèrent des an’manx vrai-
ment ovipares , qu’en ce
que , le plus souvent, leurs
petits éclosent dans le ventre
120
SCIENX'ES PHYSIOL. ET MEDICALES.
dos mères J mais , ils y sont
re'eücinent contenus dans
des œufs.
Des têtards et des em-
bryons des salamaiHÎrcs.
Des œufs des poissons pro-
prement dits.
Dos œufs des insectes j de
leurs larves^ de leur mêta-
inorpîiose.
Dans les ovipares , le fœ-
tus appartient immédiate-
ment à la femelle: il est vi-
vifié et modifié par le mâle.
De ceux qui semblent,
dans quelques saisons de
l’année, se reproduiresans le
secours du mâle, comme les
pucerons.
De ceux qui semblent re-
pousser de bouture , tels que
les polypes.
Des animaux dont cer-
taines parties se reproduisent.
Les crustacées et les vers
sont dans ce cas.
Des diverses sortes d’her-
maphrodismes dont les vers
fournissent des exemples.
Des mu'els et de l’in-
fluence du père et de la mère
d-nsces gé érations. Il sem-
ble que l’extérieur cl les ex-
trémités soient modifiés par
le père et que les entrailles
scient une émanation de la
mère.
De la génération des végé-
taux , comparée avec celle
des animaux. Suivant Linné,
le pistil se continue avec la
njoëlle de la plante.
§• ^III. Des observations
qui ont été faites sur la
conception dans les diver-
ses classes d' animaux.
Des faits qui prouvent que
la semence parvient ju.squ’à
la matrice, et qu’on l’a même
trouvée quelquefois dans les
trompes de fallope.
Des diverses conceptions
qui se sont faites quelque-
fois dans l’ovaiie et dans la
trompe.
Des expériences d’Aris-
tote, de Harvey , etdellaller
sur la génération.
Des changemens qui arri-
vent h l’ovaire après la
fécondation* comment une
vésicule se renfle , s’ouvre
ensuite , et comment un
corps , de couleur jaunâtre ,
en prend la place.
Du fluide qui est contenu
dans les vésicules do l’ovaire.
Des débris de fœtus , tels
que les dents , divers osse-
mens , et des cheveux trou-
vés dans les ovaires.
De I’ 'œuf humain , de sa
surface cotonneuse, etdeses
diffé reiis progrès.
Des faits qui semblent
prouver que la superfétation
est possible.
De la semence, vue au
microscope, et des corpus-
121
DISCOURS SUR L’ANATOMIE.
des qu’elle renferme. Des
observotions faites par Buf-
fon et Needliarn à ce sujet.
Des diverses expériences
qui prouvent qu’il n’y a
point de communication
imniédi.'ite entre les vais-
seaux de la mère et ceux du
fmtus.
Des nombreux essais que
M. Üpallanzani a tentés sur
la génération des animaux.
I! a prouvé que les molé-
cules, appeli'es du nom de
vers dans le fluide .séminal ,
ne sont pas nécessaires pour
opérer la fécondation , puis-
qu’il a réussi , dans ses ex-
périences, à féconder un cra-
paud femelle avec une por—
ti(5n de liqueur séminale qui
étoit dépourvue des préten-
dus vers.
]M. Spallanzani a prouvé la
préexistence des germes dans
les femelles, déjà admise
dans les écrits de Mal-
piglii , de Swemmerdam , de
Clieyne , de Bonnet , et de
Haller.
1°. Dans l’ovaire des pou-
les , dans celui des salaman-
dres , des grenouilles , etc. ,
parmi les œufs , il y en a de
toutes lesgrosseurs , qui exis-
tent et qui croissent, indt^
pendamment de toute in-
fluence du mâle.
a®. La fécondation des te-
Urdsse fait hors du corps des
femelles : le mâle accouplé
répand la liqueur séminale
sur les fœtus,qui se dégagent
de la matrice de sorte que
les œufs , qui n’en ont point
été imprégnés , demeurent
sans développement. La fé-
condation desœufs des abeil-
les SC fait aussi après la
ponte.
3°. On a vu dans le volvox
et dans les oignons ou bu'bcs
de certaines plantes, plu-
sieurs générations envelop-
tjées,el , pour ainsi dire , em-
joîtées les unes dans les au-
tres.
On traitera de l’influence
de la chaleur dans le déve-
loppement des germes. C’est
par elle qu’on voit se former
les premiers globules rouges
du sang dans le poulet.
Des générations artificiel-
les opérées p.ar M. Spallan-
zanisur les femelles de quel-
ques insectes, sur les œufs
de quelques quadrupèdes
ovipares, et sur une chienne.
L’œuf touché en un seul
point, est fécondé j mais la
vapeur du sperme est in-
suffisante ; le contact de ce
fluide lui-même es! néce.ssaire
pour que la fécondjition ait
lieu.
M. Spallanzani assure que
trois grains de sperme de
crapaud, étendus dans une
livre et demie d’eau , ont
I
122 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
conserve toute leur energîe,
et tjue tous les têtards plon-
gés dans cette eau , ont été fé-
condés.
MM. Bonnet et Spallanzani
pensent que le sperme a sur-
tout pour usage d’irriter le
cœur de l’embryon , et de
lui donner la première im-
pulsion de la vie.
On exposera les pri ci-
paux systèmes imaginés,
pour expliquer le mystère de
la génération , et leur insuf-
fisance. On peut réduire ces
systèmes aux cinq classes
suivantes.
La première est celle des
métaphysiciens! mctaphjsi-
ci ). Elle comprend les sys-
tèmes de Platon et dePytha-
gore, les hypothèses de Van-
helmont , de Stahl , et l’épi-
génèse de Wolf.
La seconde est celle des
mécaniciens ( mecanici ),
parmi lesquels on distingue
Aristote, Descartes, Pas-
chal , Launai , et Quesnai.
Dans la troisième sont
compris les syslèmesdeceux
qui ont admis le mélange
des deux semences ( seminis-
tœ ) : tels sont Hippocrate,
Déinocrite , Ernpedocles ,
Galien et BiilTon.
Dans la quatrième sont
ranges ceux qui on pensé
que la génération se faisoit ,
dans tous les animaux, par
le moyen des œufs (ovlslæ ).
Telle étoit l’opinion de Har-
vey,de Ma pighi , d.; Stenon,
de Yalisnieri , de Duver-
ney, de Littré, de Nuck ,
de Swammerdam , et de
Haller.
A la cinquième serappor-
tent ceux qui ont ajouté à
cette idée ( elle des animal-
cules spermatiques du mâle,
se logeant et se développant
dans l’œuf ( animalculo
OYLSlœ ). Lewenoeck , Har-
tzoecher , Andry , Bourguet,
Mery , Verheyen , Cowper,
Boerhaave, Lieutaud, Chey-
ne, et Geoffroy ont été les
principaux appuis de ce sys-
tème.
Ceux qui sont de bonne
foi , dans l’étude de l’écono-
mie animale , conviennent
que le mécanisme de la gé-
nération est tout -à- fait in-
connu.
IX'”'. FONCTION.
rf U T R 1 T I O N.
§. Des mamelles.
De la lactation en général.
Des mamelles J de leur nom-
bre ; de leur position sur la
Îioitrine , sur le ventre j de
cur forme j de la peau qui
les couvre j du tissu cellu-
laircgraisseux qu’on y trou-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i25
ve; (lu corps glanduleux qui
les forme ; des conduits ex-
C'éteurs de ce corps ; de la
direction de ces conduits ou
tuyaux excréteurs vers l’a-
réole j de l’aréole elle-inèniej
de la papille J des tuyaux
excréteurs du corps glandu-
leux , qui , de l’aréole , sc
portent à la papille. Des re-
plis de ces tuyaux sur eux—
jiicmes , lorsque la papille
n’est pas dans l’état d’t rec-
lion. Du nombre des ouver-
tures de ces tuyaux sur la
papille ( il y en a quinze dans
la femme ). Des vaisseaux
des mamelles 3 des nerfs.
§. II. Du lait.
De sanature^de sa sécré-
tion 3 de sa résorbtiou 3 de
son abondance.
§. III. Des alimens.
On les considérera relati-
vementauxdenls, àja salive,
H l’estomac , au suc' gastri-
que , à la bile , et aux intes-
tins des divers animaux.
Ou les considérera relati-
vement à leur poids, à leur
volume 3 à leur cousis—
tence, à leurs principales pro-
priétés , et à leur perspira—
bilité.
Des alimens tirés du règne
végétal , et deceux que four-
nit le règne animal.
Delà force que ce dernier
régime donne aux animaux.
Des avantages des subs-
tances alimentaires solides
qui donnent de la vigueur à
l’estomac par leurséjour ,et ,
pour ainsi dire , en le les-
tant.
Du régime mixte.
Des divers assaisonne-
raens 3 des différentes espèces
de boissons ; des effets des
boissons .«ipiritueuses sur l’e—
conomie animale.
§. IV. Du tissu cellulaire.
De sa structure dans les
diverses parties du corps 3 de
ses principales divisions , dé-
partemens et communica-
tions3de la manière dont il
divise le corps en moitié
droite et gauche, supérieure
et inférieure, de scs lames
({ui soutiennent les vaisseaux
lymphatiques.
§. V. Des divers u^es et pé-
riodes de la vieeit général.
De la différence qui y ap-
portent les climats.
De la vieillesse.
De l’état des os des vieil-
lards 3 de leurs membranes ,
de leurs muscles, et de leurs
Î24
SCIENCES PIIYSIOL. ET MEmCAEES
tendons ; de leurs vaisseaux^
de leurs glandes.
Delà vie et de la mort.
Tel est le plan que je pro-
pose, et que j’ai suivi luoi-
ïnéme,soil dans mes lejons
particulières, soit dans l’en-
seignernent dont la faculté
de M. decine de Paris m’a
lait I honneur de me charger
pendanr deux années dans
ses Ecoles.
IV"V
N
REMARQUES
DE L’ÉDITEUR.
Dans le plan que nous avons placé à la suite du premier
(discours sur l’Analomie, et dont l’idée seule est une des
plus belles conceptions de Vicq -d’Azyr , les différens faits
de l’organisation et toutes leurs circonstances sont distribués
avec beaucoup de méthode, et rapportés à leurs véri-
tables chefs de division ; c’est-à-dire aux appareils où
ils s’exécutent et que l’on regarde comuae leurs instru—
mens. ( i )
Ce tableau est analytique j c’est la méthode qu’emplova
Condillac pour les sensations, appliquée aux autres plié—
(a ) La division des ph6notnènes de la vie, en fonctions , que l’on
rapporte à des appareils d’organes distincts , n’est pas plus dans la
nature que toutes les autres divisions. C’est un arti6ce heureux dont
l’esprit humain fait usage ;mais l’organisation est un ensemble , un
tout unique , et aucun système de parties isolées , ne sert exrlusive-
Wnent à une fonction vitale. Ainsi, quoique l’appareil, que nous
rappelons appareil digestif, paroisse affecté à U digestion, cependant
Jtous les autres organes contribuent à cette fonction ; et , ainsi que
l'Bordeul’a remarqué, réfléchissent, dirigent leurs forces et le dé-
fTeloppement de leur énergie vers le système gastrique , au moment
tou celui-ci est au plus haut degré d’action. La même relation se ma-
Imfeste dans l'exercice de la pensée , dans celui du mouvement mus-
culaire , de la génération ; et l’on diroit que l’organisme est un ius-
Ùrument unique , susceptible de divers usages , et propre à différens
i.phenomènes, que nous rapportons aux régions du corps où ils se
ronanifestent, et qui , peut - être, en sont plutôt le théâtre que les
! organes spéciaux et exclusifs-, ce qui répond très - bien à l’idée
qu’Hippocrdie se faisoit de la vie , dans ces expressions una natura,
conjluxio una, consentientia oin/iia.
1 2 6 SCIENCES PH YSIOL. ET ME DIC ALES.
nomènes de la viej et, si l’on veut, une suite d’aspects '
divers de l’organisation , une extension de la division
vulgaire de l’homme , en homme moral et en homme phy-
sique j méthode heureuse , et d’après laquelle le physiolo-
giste étudie successivement l’homme musculaire, l’homme
sensible , l’homme gastrique , l’homme sanguin , etc.
On a fait, toutefois , sur le plan de Vicq-d’Azyr , quel-
ques remarques qui sont fonde'es.
Ce qui tient à l’histoire des os et à celle des muscles,
par exemple, n’auroit pas dû être séparé dans son ta-
bleau J ces deux systèmes d’organes faisant partie d’un
même appareil , l’appareil de la locomotion.
La sensibilité et l’irritabilité, placées au nombre des
fonctions , sont deux propriétés générales des corps vi-
vans; l’article sur la formation des os n’est point à sa
place, et appartient à l’histoire de la nutrition -, enfin l’ac-
tion des sens et celle des nerfs auroient dû être placées
avant les muscles et les os j et il conviendroit d’étudier
successivement, i». la digestion; 2°. la respiration, qui
est une digestion aérienne ; 5°. la circulation , qui est une
suite de la digestion et de la respiration (i); 4®. les sécré-
tions ; 5®. la nutrition ; 6°. la réproduction , qui termine
et complète cette série d’actions que présente la vie , ainsi
décomposée et analysée, pour en conuoîlre toutes les cir-
constances.
( 1 ) Suivant le citoyen Cuvier , les insectes qui ne possèdent pa*
d’appareil spécial et local de respiration , n’ont point de véritable
circulation. Le sang , ou ce qui en tient lieu , reçoit l’inlluencc de
l’air par les trachées , dans tous les points du corps , et n’est pas
réuni vers un centre ou foyer pneumatique , spécialement affeeti à
cot usage.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 127
D’après ces vues , les fonctions seroient donc divise'es
et rangées sous les huit titres suivans j savoir ;
1°. Action des nerfs et des sens.
2°. Locomotion.
5®. Digestion.
4°. Respiration.
5°. Circulation.
G°. Sécrétions.
7°. Nutrition.
8°. Génération ;
C’est-à-dire fonctions au moyen desquelles le corps vi-
vant qui les réunit cl leur doit un mode d’existence très-
étendu , éprouve des sensations, se meut , digère, ajoute
des matériaux frais à des matériaux dépouillés en partie
de leurs propriétés nutritives; les transporte, réunis, dans
le torrent de la circulation, et les élabore dans l’organe
pulmonaire ; fait circuler une liqueur appelée sang artériel
dans une suite admirable de vaisseaux ; se nourrit, s’ac-
croît, s’entretient, se reproduit, s’altère ; et, après avoir
olTert toutes les nuances du développement et de la dégé-
iiération , meurt de vieillesse, et rend au fonds inépui-
sable de la nature les matériaux dont il étoit com-
posé.
Avant Vicq-d’Azyr et Haller, les anatomistes traitoient
des différentes parties de l’organisation, sans avoir égard
à renchaînement de leurs fonctions ; et le cœur , par
exemple , étoit séparé des vaisseaux ; le cerveau , des or-
ganes des sens et du système nerveux , dans ce qu’ils appe-
loiont des traites de névrologie et de sp’anchnologie.
Le professeur Chaussier qui , d’ailleurs , a tant perfec-
tionné les études physiologiques , a conservé quelque chose
de ca désordre des anciens anatomistes; et ce n’est pas
1 28 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
sans etonnement que l’on voit ce célèbre professeur, né-
gligeant la liaison des actions vitales, séparer dans sa table
synoptique d’un cours d’Anatomie, la circulation de la
respiration, et les organes des sens , des nerfs et du cer-
veau. (.) Le même professeur a d’ailleurs adopté une clas-
sification beaucoup plus philosophique dans sa table sy-
noptique des forces vitales, où, partant du point le plus
élevé de la doctrine des corps animés , il examine d’abord
les trois grandes propriétés vitales, et passe ensuite aux
fonctions qui résultent de leur développement dans les
différens apjiareils d’organes.
Burdin, dans un ouvrage publié plus récemment que
la division du professeur Chanssier , a adopté un ordre
qui en dilFère sous plusieurs rapports, et suivant lequel
les phénomènes de l’organisation sont rapportés à sept
titres principaux^ savoir : i°. l’action du cerveau et des
nerfs j 2°. et 0°. celles des os et des muscles j 4°* l’action des
sens J 5°. la digestion j 6°. la circulation traitée de ma-
nière à embrasser dans son examen la nutrition et la res-
piration J y*, la génération.
Ces classifications des fonctions vitales , de Vicq-d’Azyr,
Chaussier et Burdin , peuvent être désignéés sous le nom
de d i visions anatomiques, parce qu’elles sont établies d’apiès
la distribution des appareils d’organes qui les exécutent, ou '
qui, du moins, paroissent contribuer plus directement àj
leur développement. j
On peut aussi ranger dans la même classe la division
plus récente, que j’ai appliquée au tableau analytique des
( 1 ) Voyez la table synoptique du plan général de* divisious et
•out - divisions principale# d’un Cours d’Anutomio.
I
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 129
différences générales d’organisation , qui semblent dépendre
de la nature du sexe.
Suivant cette division , dans laquelle il est facile de
voir que j’ai essayé de combiner l’ordre anatomique avec
une distribution philosophique, les fonctions vitales sont
distribuées en quatre grandes classes , et présentent quatre
séries de phénomènes , qui forment des manières d’exister
et de vivre bien distinctes.
La première classe comprend les fonctions de relation ;
et embrasse tout ce qui tient au sentiment et au mou-
vement, à l’existence proprement dite, à cette vie exté-
rieure qui acquiert un si beau développement dans l’homme
civilisé.
Une deuxième division est consacrée aux fonctions spé-
ciales de nutrition ; savoir, la digestion, la respiration et
la circulation , ainsi désignées , parce qu’elles se rap-
portent à des appareils particuliers d’organes, et que plus
directement liées aux fonctions de relation, et inséparables
de ces fonctions, elles sont, comme elles, des attributs
propres à l’organisation animale.
D’autres fonctions plus généralement répandues, et qu’il
est impossible de rapportera des appareils distincts, sont
reunies dans la troisième classe, et désignées sous le nom de
fonctions générales dénutrition.
La quatrième classe rassemble les fonctions reproduc —
ti\esj savoir, 1°. le travail, les actions séparées cl prépa-
ratrices des organes des deux sexes; 2®. les phénomènes,
les actes qui succèdent à Tunion conjugale , dans cet ordre :
Conception. — Gestation. — Accouchement. — Alaitement.
Les autres classifications , qu’il nous reste à indi-
quer, peuvent être désignées sous le titre de divi-
sions métaphysiques ; les physiologistes qui les ont adop-
T. i.
1 5o SCIENCES ni YSIOL. ET M EDICALES.
tées , ayant préféré, pour en former les bases , la considéra- ‘
lion ab.slraite de certaines manières d’être de l’homme ,
aux caractères qu’ils pouvoient plus aisément tirer des
ditiérens appareils organiques.
Ijes principales divisions métaphysiques des fonctions
de l’économie vivante , sont la division en fonctions
vitales, fonctions naturelles, et fonctions animales; celle
de Mauduy t , et les divisions plus récentes de MM. Cuvier,
Dumas, Bichat et Buisson, qui ont plus ou moins
d’inconvéniens et d’avantages.
D’après l’ancienne division, que l’on retrouve encore
dans un grand nombre d’ouvrages de Physiologie, ou
regarde comme fonctions vitales, l’action du cerveau, la .
respiration et la circulation , parce qu’en effet l’entretien
de la vie est plus éminemment attaché à ces fonctions, i
I
qui cesse brusquement, si elles sont un instant inter-
rompues, et que leur importance semble justifier le titre
sous lequel on les a désignées. Les fonctions naturelles
sont au nombre de quatre; la digestion, les sécrétions, j
la nutrition et la génération. Quant aux fonctions ani- ;
males, ce sont la locomotion et l’action des sens ; fonctions i
qui méritent plus particulièrement ce nom , puisqu’elles
sont propres aux animaux , et que leur développement
est intimement lié à la perfection de la structure or-
ganique.
Suivant la classification de Mauduyt , qui diffère assez
peu de la précédente, les fonctions sont rangées sous
trois litres; savoir:
I". Fomctions nécessaires i l’exis- \
tcnce actuelle.
r 1®. Action (lu cerveau.
2^. Circulation.
^ b®. Picspiralion-
i
DISCOURS SUR L’ANATOMIE,
II®. Fonctions nécessaires à l’exis- C
< 2^. Action des sens.
tence pioloiigee. / Locomotion.
1I[°. Fonctions nécessaires à l’exis-
lencc perpétuée.
r 1®. Accouplement.
<2®. Conception.
( 3®. Développement.
Monsieur Cuvier .a adopté une autre distribution, et
reconnoît des fonctions animales, des fonctions vitales,
et des fonctions reproductives. Dans les fonctions ani-
males, il place la locomotion, l’action du cerveau et des
sen.s. Celles auxcpiellcs il croit pouvoir donner le nom de
fonctions vitales, parce qu’elles sont plus généralement
répandues, sont au nombre de quatre; la digestion , l’ab-
sorption , la circulation, la respiration.
Suivant la classification de Monsieur Dumas, qui est
beaucoup plus métaphysique que les précédentes , les
phénomènes de la vie olfrent une autre combinaison , et
sont partagés en qu.atre classes; savoir: i». les fonctions
générales de relation ; (i) ?®. et 5®. les fonctions de com-
binaison (2) et de composition ; (5) 4®. les fonctions spé-
ciales de relation. (4)
Bichat n’a fait que deux classes de fonctions ; 1 ®. les fonc-
tions relatives à l’espèce; 2®. les fonctions relatives à l’in-
dividu , divisées en fonctions animales et en fonctions
organiques , regardées comme deux vies bien dis-
tinctes, et rapportées à des organes dans lesquels on suppose
des différences tranchées de structure et de propriété , que
(1) .'Action du système nerveux et des sens.
(2) Circulation et respiration.
(3) Digestion et nutrition.
(4) Génération et relation sociale , entendement , parole.
102 SCIENCES PHYSldL. ET MEDICALES.
la nature désavoue quand on l’interroge avec plus de
soin et moins de prévention.
La dénomination de fonctions et de vie organiques ne
peut d’ailleurs convenir : toute vie , toutes fonctions étant
nécessairement organiques, puisqu’elles s’exécutent par des
organes; la dénomination de vie animale n’est pas plus
heureusement clioisie, parce que plusieurs animaux n’ont
rien de celte vie , et que la digestion , que l’on regarde
comme un des élémens de la vie générale , est un caractère j
de l’animalité beaucoup moins contesté.
On doit remarquer, en outre, que Bicliat a trop mul-
tiplie le nombre des fonctions ; qu’il sépare un grand
nombre de j^bénomènes que l’on doit ranger sous le même
litre ; qu’il prend des modifications de propriétés pour des
propriétés , et qu’il regarde comme une fonction , la calo-
ricité, que le professeur Chaussier a placée avec plus de rai-
son au nombre des propriétés générales des corps organisés.
M. Piiclierand a évité quelques-uns de ces inconvéniens
et de ces défauts, dans la division qu’il a adoptée pour
son traité de Physiologie, (i)
M. Buisson , en méditant sur les idées et la doctrine
de Bichat , a admis une division très-ingénieuse , et dans les ]
détails de laquelle on trouve plusieurs vues nouvelles et phy-
siologiques, sur les rapports de plusieurs actions orga-
niques.
Suivant cette division, tous les faits de l’organisation
sont rapportés à la vie active et à la vie nutritive, qui
se composent de fonctions dont le tableau ci-joint expose
la succession et l’enchaînement. )
(i) Voyez la troisième édition de cet estimable ouvrage. Discourt
prélimitiaira.
i
TABLEAU
• DES FONCTIONS VITALES.
'VIE ACTIVE,
ARTICLE PREMIER.'
De la vue et de la locomotion.’
ARTICLE SECOND.
De l’ouïe et de la voir.
VIE NUTRITIVE.
ARTICLE PREMIER.
Des fonctions exploratrices, de l’odorat et du godt en
general.
article SECOND.
1* onctions préparatrices. La digestion et la respiration.
ARTICLE TROISIEME.
Fonctions nutritives immédiates.
§. I. LES ABSORPTIONS.
L absorption membraneuse. L’absorption organique;
§. II. L A CIRCULATION.
§. III. LES SÉCRÉTIONS ET LES ASSIMILATIONS.
Telles sont les differentes divisions au moyen desquelles les
physiologistes modernes ont essayé d’étudier les phénomènes
des corps vivans ; divisions qui présentent toutes quel-
ques avantages, et dont le nombre prouve avec quelle
activité I esprit d’analyse s’est appliqué à un ordi’e de
phénomènes ,dont il pouvoit seul pénétrer la nature.
Quelques philosophes précédèrent les médecins dans
oe genre de considération , et l’on croît pouvoir rap—
Ê
i54 SCIENCES THYSTOL. ET MEDICALES
porter à Aristote la première idée de la distinction ,
entre la vie intérieure et commune à tous les corps vi-
vans , et la vie extérieure et propre aux animaux.
Bacon s est expiime sur ce point d^une manière Beau-
coup plus positive qu’Aristote , et distingue bien évidem-
xiient par le mot de perception , auquel on a donné depuis
un autre sens, la sensibilité generale, dont la plante nVst
point dépourvue et qui préside aux phénomènes de la di-
gestion et de la circulation, de la sensibilité de relation ,
du sentiment, dont plusieurs pliilosophcs ont trop étendu
1 acception , en attribuant cette faculté à tous les corps
vivans , sans exception • ce qui conduit nécessairement ,
ajoute 1 illustre chancelier, à penser que l’on ne pourroit
pas arracher une branche d’arbre sans être barbare , et sans
s exposer à 1 entendre , comme Polydore , pousser des 1
gémissemens. j
BufTon, à qui plusieurs physiologistes modernes ont em— 1
prunte , sans le citer , plusieurs idées fécondés , a également i
senti la nécessité de considérer, sous deux points de vue '
différons , la vie intérieure et toute relative à la nutrition , |
de la vie extérieure et manifestée, par les relations plus |
ou moins étendues que le sentiment et le mouvement
musculaire établissent.
Ces deux vies, ou plutôt ces deux manières d’être , se
développent en même temps pendant la veille.
La vie intérieure , qui est d’une nécessité absolue , est
la seule qui soit eu action pendant le sommeil. « Cette
première division, ajoute Buffori , me paroîl naturelle, '
generale et bien fondée j l’animal (jui dort ou qui est
en repos , est une machine moins compliquée et plus aisée
a considérer , que l’animal qui veille ou qui est en mou-
vement, »i ....
DISCOURS SUR L’ANATOMIE, i55
» Une huître , un zoopliyte qui ne paroît avoir ni mou-
vement extérieur sensible j ni sens externe j est un cire
formé pour dormir toujours 5 un végétal n’est dans ce
sens qu’un animal qui dort j et , en général , les fonctions
de tout être organisé, qui n’auroit ni mouvement, ni
sens , pourroient être comparées aux fonctions d un animal
qui seroit , par sa nature, contraint à dormir perpétuel-
lement. »
» Si nous réduisons l’animal , même le plus parfait , à celte
partie qui agit seule et continuellement , il ne nous pa-
roîtra pas diirérciil de ces êtres auxquels nous avons peine
à accorder le nom d’animal j il nous paroîlra , quant aux
fonctions extérieures , presque semblable au végétal ; car ,
quoique l’organisation intérieure soit différente dans l’ani-
mal et le végétal, l’iin et l’autre ne. nous offriront plus
que les mêmes résultats j ils se nourriront, ils croîtront,
ils se développeront , ils auront les principes d’un mou-
vement interne , et posséderont une vie végétale j mais
ils seront également privés de mouvement progressif,
d’action, de sentiment, et ils n’auront aucun signe exté-
rieur , aucun caractère apparent de vie animale. Mais re-
vêtons cette partie intérieure d’une enveloppe convenable,
c’est-à-dire , donnons-lui des sens et des membres , et
bientôt la vie animale se manifestera j et plus l’enve-
loppe contiendra de sens, de membres , et d’autres parties
extérieures, plus la vie animale nous paroîtra complète,
et plus l’animal sera parfait. »
Il Le cerveau est le centre de cette enveloppe, comme le
cœur est le centre de la partie intérieure de l’animal.
C’est cette partie qui donne à toutes les parties extérieures
î56 SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.
le mouvement et l’action , par le moyen de la moelle de
J’epme et des nerfs qui n’en sont que le.prolongement j et
de la même façon que le cœur et toute la partie intérieure
communiquent avec le cerveau et avec toute l’enveloppe
extérieure , parles vaisseaux sanguins qui s’y distribuent ,
k cerveau communique avec le cœur et toute la partie'
ktérieure , par les nerfs qui s’y ramifient. L’union paroît
intime et réciproque j et quoique ces deux organes aient
des fonctions absolument différentes les unes des autres ,
lorsqu’on les considère à part, ils ne peuvent cependant
cesser d etre, sans que l’animal périsse à l’instant. »
Il est facile d’apercevoir l’analogie de ces beaux aperçus
de Buffon , avec les idees de Blane , sur la vie intrin-
sèque et la vie extrinsèque, et la doctrine de Grimaud,
qui fait deux grandes classes de fonctions , les fonctions
extérieures et les fonctions intérieures. Bichat , qui a
puisé dans la même source , et à qui l’on peut reprocher
des dénominations inexactes et des distinctions non-fon-
dées , a cependant reconnu plusieurs points de vue nou-
veaux dans le même sujet, et présenté, sur la différence
des deux vies, une foule de remarques et d’observations
de détail très-ingénieuses.
Hoger, dans une dissertation qui n’est pas assez
connue , a considéré les pliénomènes de la vie d’une ma-
nière plus générale , et les rapporte à deux forces , les
centiifugcs ou puissances de dilatation , qui ont leur fover
dans le cœur , et les forces contractiles ou de resserre-
ment, qui se développent par l’influence nerveuse.
1 elles sont les remarques que nous avons cru devoir’
placer à la suite du plan de Yicq-d’Azyr , qui doit être
regardé comme une esquisse très-avancée d’une pliiloso-
juiie de la nature vivante. Nous n’avons fait d’ailleurs
DISCOURS SUR L’ANATOMIE, lôf
aucun changement à ce plan; et les etuclians qui le con-
sulteront, pourront aisément lui appliquer l’ordre suivi par
leur professeur. Nous pensons , toutefois , qu’il importe
de commencer par l’action nerveuse, et d’adopter , pour
l’élude des autres fonctions , la division suivante , qui
nous paroît plus propre à faire de la ^Physiologie une
véritable science, c’est-à-dire, un enchaineiucut non-in-
terrompu de toutes les connoissanccs acquises par l’ex-
périence et par l’observation , sur les phénomènes de la vie.
DIVISION
des fonctions organiques , que l’on propose d’appliquer au
plan de V i c q - d’A z y r.
I**'». Fonction.
Action nerveuse.
Locomotion. .
. . I Sensibilité.
Ostéologie et
mouvement vo-
loutair*.
III® ' Digestion
IV* Ilespiration
V®,. Absorption
VI* Circulation
VII® Sécrétions et nutrition.
VIII* Génération
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DISCOURS SUR L’ANATOMIE.
DEirXIEME DISCOURS.
De l’Anatomie comparée en ffénéral ; de.? différences anato-
miques les plus remarquables dans chaque grande classe
d’animaux ; des descriptions anatomiques ; de la langue des
sciences; de la nomenclature anatomique et de son perfec-
tionnement.
On distingue deux espèces d’Analomie, dont l’une
est SIMPLE et l’autre co.mparée. La première s’exerce
sur des objets qu’elle considère seuls et sans aucune
relation avec ceux dont ils sont environnés ; la se-
conde en démontre les rapports. Ici, comme dans
toutes les autres sciences physiques, s’onVent deux
moyens d’instruction j l’étude des livi*es et celle de la
uature.
Si l’Anatomie humaine a le plus acquis, ce n’est pas
seulement parce qu’elle est l'ouvrage d'un grand
nombre de coopérateurs , c'est surtout parce que tous
ceux qui ont contribué à ses recherches en ont connu
1 ensemble , et que la plupart ont mis dans leurs
travaux autant d’exactitude que d’intelligence et de
clarté.
Il n’en a pas été de même de ceux qui ont cultivé
l'Anatomie des animaux. Plusieurs, peu versés dans
1 art de la dissection, n’ont considéré qu’une seule
classe de leurs parties, ou qu’une seule classe de leui’s
SCIENCES PHYSIOL. £T MEDICALES.
oiganes; le plus souvent encore, au lien i
m.e descriplion, il, ,e sont contentés de dite ce”,"" L
3 ont vu ou cru vote de «et-venien.; de sorte que ce
nest pas Ih.sto.re de la nature, mais celle de se,
ecails dont tl semble que les zootomistes se soient
pnne, paiement occupés. Que l’on parcourre lermé-
ntotres des tur.eux de la nature , les divers journau,;
recueils de Elasius et de Valentin, et l’on
verra combien sont grandes l’incohérence et la dis-
paii ecesfails analomiques qui y sont rassemblés, et
on verra combien, au milieu de ces richesses, on
éprouvé de fatigue et d’ennui.
II n’est donc pas vrai que l’Anatomie ait fait
comme quelques-uns l’ont avancé, de grands prol
grès. Ne craignons pas de dire, au contraire, que
cette science existe à peine. Perrault, dans ses \Ié-
moues justement célèbres, tous ceux qui oui marché
sur ses traces, si l’on en excepte Collins et M. d’Au-
Jenloii , tous les auteurs qui ont écrit sur l’art vété-
rinaire, n’ont traité que de l’Anatomie simple des
animaux, sans les comparer avec l’homme ou entre
eux. C’est à M. d’Aubenlon, notre maître et notre
modèle, qu’appartient l’honneur d’avoir créé parmi
nous l’Anatomie comparée proprement dite. Tout ce
qui concerne la forme générale et extérieure du .sque-
lette et des grands viscères des quadrupèdes est exposé
ans ses écrits. C’étoit riiistoire naturelle qu'il se pro-
posoit d éclairer par ses recherches. Sous ce point de
> lie il a tout fait, élan mérite de s'etre ouvert la car-
rièie, il a joiutcclui de l’avoir complètement leraplie.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i4i
Mais il nous reste une autre espèce d’Analomie com-
parée, dont toutes les parties correspondent à celles
de l’Anatomie humaine. L’on n’a point encore décrit
les articulations, les ligamens, les muscles, les vais-
seaux, les nerfs, les glandes, ni la structure interne
des viscères considérés dans les différentes classes d’a-
nimaux. l’ai commencé, depuis plusieurs années, ce
travail dontles dillicultéssont immenses; je continue-
rai de m’y livrer avec courage, espérant que ceux qui
l’acheveront un jour avec gloire, me sauront (juelque
gré de la peine que j’aurai prise pour jeter les fonde-
mens d’un édifice dont les matériaux sont épars, ou
entassés sans ordre dans des constructions vicieuses,
ou cachés encore dans le sein de la nature.
’ L’art de la dissection du corps humain doit ses pro-
grès aux efl'orls de plusieurs siècles. Les anciens ana-
tomistes n’avoient point imaginé de briser les os pour
y suivre la route des nerfs : ils n’avoient point rempli
les vaisseaux d’un fluide dont les parties les plus dé-
liées, s’échappant par les extrémités capillaires, sem-
blent reproduire le mécanisme des sécrétions dans uii
corps inanimé: il n’avoient point vu le mercure com-
muniquer aux réseaux qui le contiennent, son brillant,
ses reflets et sa souplesse : ils n’ont point connu ces
milliers devaisseaux dontles membranes, transparentes
comme la lymphe qu’elles contiennent, ont échappé
si long -temps aux yeux des observateurs. Toutes ces
découvertes , tous ces moyens , perfectionnés par la
main du temps , sont applicables a l’Aiiatoniie des
animaux.
a 4'i SCIENCES PII YSIOL. ET, MEDICALES.
Les fautes co, «mises dans la dissection du corps
]iumam nous seront toujours présentes, et leur sou-
venir nous avertira de les éviter. Des préparations trop
ongueset trop subtiles ont souvent conduit à de faux
résultats. Le corps muqueux et l’épiderme ne sont
qu’une seule et même substance : à force de les tour-
menter , on les a séparés. Le scapel de Ruysch a trop
multiplié les membranes. Weitbreclit, en décrivant
plus de cent ligamens dans la main, est devenu mi-
nutieux, diffus et obscur. L’injection, poussée avec
trop de force et d’abondance dans la rate, y a produit
des epanchemens que la nature désavoue. Coscliwilz,
Nuck, et Vasalva lui-méme , ont pris des vaisseaux
sanguins, l’un pour un conduit excréteur, les deux
autres pour des vaisseaux lymphatiques. Ces erreurs
des yeux les plus exercés nous ont toujours inspiré la
plus grande défiance de nous-mêmes dans un genre
d Anatomie on, marchant presque sans guide, nous
devons toujours craindre de nous égarer.
Ecoutons les maîtres de l’art. Ils nous disent que les
muscles doivent être décrits dans leur situation res-
pective et par couches; qu’il faut distinguer ceux qui
s’attachent aux os dans une grande étendue, d’avec
ceux dont les seules extrémités s’y insèrent; que la
structure intérieure de ces organes, et le trajet des
tendons dans leurs chairs ne sont point assez connus;
que les viscères doivent être vus en place et dans tous
les sens possibles; qu’il ne faut point borner à une
seule position le corps que l’on dissèque; qu’il convient
de lui en donner plusieurs et d’observer ce qui se passe
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i45
dans chacune d’elles ; que les vaisseaux et les nerfs
doivent être démontrés avec toutes leurs connexions ;
enfin, ils nous disent que la recherche des glandes
conglobées mérite une grande attention, parce qu’elles
annoncent toujours la présence des vaisseaux lym-
phatiques.
Avertis par ces réflexions, gardons-nous surtout
d’i'nfecter un inonde nouveau en y répandant de
vieilles opinions ou des systèmes. Profilons de
l’exemple sans nous en l'endre esclaves; considérons
Zinn, Meckel , Haller, Alliinus, lorsqu’ils ont sur-
passé leurs prédécesseurs, dans la dissection de l'œil ,
du nerf de la cinquième paire, du diaphragme , des
tuniques des intestins, et de la valvule du cæcum.
Qu’ont- ils fait? ils ont imaginé des coupes et des pré-
parations nouvelles; ils ont porté dans leurs recher-
ches , celte liberté d’esprit sans laquelle l'homme n'a
rien et ne fait rien qui lui appartienne, et par laquelle,
devenu propriétaire de ses travaux et de ses pensées,
il crée au lieu d’imiter, et commande aux préjugés au
lieu de s’y asservir.
Ces réflexions nous tracent une belle route : mais
nous a%'ons tant d’observations à faire, tant de pré-
cautions à prendre, et l'erreur nous menace de tant
de cotés, que nous sentons eu même temps redoubler
nos inquiétudes; elles augmentent surtout à la vue du
règne vivant qui se montre ici dans tout son ensemble.
Le résultat de noire premier discours a été d’offrir le
tableau des fonctions ou caractères propres aux corps
organisés. Déterminons ici quels sont, dans chaque
i44 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
grande classe de ces êtres, tels que l’iiisloire naturelle
nous les présente, les genres les plus frappans par leurs
différences anatomiques, et quels principes doivent
nous diriger dans cette étude.
Les foi'iiies des pieds et des doigts des quadrupèdes
ont de grandes liaisons avec celles de l’avant-bras et
de la jambe. Nous connoîtrons par leur examen les
rapports de l’animal avec le sol qui le soutient, avec
le milieu où il vit, et avec le corps dont il est envi-
ronné.
La tete , qui renferme les organes des sens les plus
déliés, se montre aussi sous divers aspects. Tantôt
courte et arrondie, comme dans l’homme, c’est par le
milieu de sa base qu’elle s’articule avec la première
veitèbie du cou; tantôt allongée par l’extension des
mâchoires, c est son extrémité postérieure qui se meut
sur le cou. La face est alors très* oblique, et taudis
que son volume s’accroît, celui du crâne diminue;
mais les ouvertures qui donnent passage aux neifs
s'élargissent en même proportion. Par un contraste
frappant, à mesure que le cerveau se rappetisse, la
grosseur des cordons nerveux qu’il fournit augmente;
les muscles, les divers organes, et les viscères, plus
renfles et plus robustes, ont besoin d'un mobile plus
énergique, ou d’un aiguillon plus puissant, et le cer-
veau des animaux semble se borner à ces usages.
La clavicule est un os dont plusieurs sont privés , et
( 1 ) C est i*! M. cl’Aubcnton tju’uppai tient celle remorque surl’art
ticulation de la tûic avec l’atlas.
DISCOURS SUR L’ANATOMIÉ. i45
rjui varie dans ses formes. La langue, l’os hyoïde, et
toutes les parties organiques qui servent à la digestion ,
ont des rapports constans avec les substances alimen-
taires de divers genres. Plus on s’éloigne de l’iiomme,
plus aussi les scissures des grands viscères sont nom-
bi'euses et profondes. Le cœur, situé presque trans-
versalement sur le diaphragme humain, s’incline, dans
le singe ; sa pointe se i’approche du sternum , dans les
lissipcdes; dans les solipèdes et dans les bisulques, il
est suspendu presque verticalement sur cet os, et,
dans le mouvement que l’œil de l’observateur lui voit
faire, en parcourant depuis l'homme jusqu’au clieval ,
la série de ces animaux, on peut estimera peu près à
un quart de cercle l’espace qu’il a parcouru; les pou-
mpns agissent sur l’air atmosphérique , et ils ont lea
foyers où se dégage la chaleur; l’air modifié dans le
larynx, transmet au loin les sons dont le corps est
agité; c’est par l’intermède de l’oreille que les divers
animaux en sont avertis , et comme ces organes se
correspondent , il faut les opposer les uns aux autres
et les comparer entr'eux. Le nombre et la grosseur des
mammelles sont également proportionnés à l’étendue
des cornes utérines, parce que les unes et les autres
sont relatives au nombre des fœtus à loger et de petits
à nourrir.
A laide de ces caractères, nous déterminerons ce
qui est propre à l'homme , et ce qu'il partage avec les
quadrupèdes. Nous remarquerons que lui seul est bi-
pède, c’est-à-dire, que lui seul a deux pouces aux
mains sans en avoir aux pieds, tous les autres ayant
i46 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
■un pouce à chaque extré)nité , comme les singes et les
makis, ou en étant tout-à-fait dépourvus, comme la
plupart des quadrupèdes, ou n’en ayant qu’aux ex-
trémités postérieures , comme le sarigue, le cayopollin ,
le phalange!' et la marmose; circonstance à laquelle
il me semble que l’on n’a pas fait assez d’attention.
On ne peut voirie squelette d’un quadrupède,. sur-
tout celui d’un solipède ou d’un bisulque, sans être
frappé de l’énorme ^différence de ces extrémités avec
celles de l’homme. Les os du bras et de la cuisse sont
gros et courts 5 le col du fémur a peu d’étendue; le
péi’oné n’existe que dans un petit nombre de ces ani-
maux; (i) le talon est couché obliquement de bas en
haut; les os qui représentent le métacarpe et le mé-
tatarse s’allongent à mesure que ceux de la cuisse et du
bras perdent de leur longueur, et l’animal n’est sou-
tenu que sur une partie de l’espace qui correspond à la
plante du pied.
Après avoir considéré les os des extrémités des
quadrupèdes dans un squelette , supposons- les en-
vironnés des muscles, des ligamens qui les couvrent.
Nous l'emarquerons alors que, si l’on en excepte les
singes et les quadrumanes en général, les os des bras et
des cuisses disparoissent presque entièrement sous les
masses qui les cachent et qui les confondent avec les
parties latérales des corps. Nous remarquerons que
plusieurs quadrupèdes, tels que le fourmilier, lepan-
( 1 )II n’exîste point dans les ruminans , si l’on en excepte un
mosehut.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 147
golinj'et le phalanger, ont les pieds tellement enve-
loppés par la peau , qu’on n’aperçoit que leurs ongles;
que dans l’éléphant et le rhinocéros, les doigts sem-
blables à ceux de l’homme, mais encroûtés par un
tissu très -dense, loin d’ètre propres à toucher, ne
peuvent serv'ir que de support à l’animal. Nous re-
marquerons que les expansions qui , dans le phoque
et dans le castor, forment des nageoires, et qui, dani
la chauve-souris, composent des ailes, ont les pha-
langes qu’elles masquent, pour appui. Nous verrons
enfin les extrémités des doigts recouvertes par des
ongles ou armées de grilï'es, ou entoui*ées de sahels
épais.
Arrêtons un moment nos regards sur la station des
quadrupèdes comparée à celle de l’homme. Dans celui-
ci , le corps est soutenu sur tout le pied, et fos du talon
fait un angle droit avec la jambe; position dont aucun
quadrupède n’offre d’exemple. Les singes, les makis,
le sarigue, le chien, le chat, les fissipèdes en général,
et l'éléphant lui-même, ne marchent ni sur le poignet
ni sur le talon, mais sur les doigts. L’ours n’est point
excepté de celte loi commune; M. d’Aubenton estime
aux cinq sixièmes de son pied l’espace sur lequel il
s’appuye en marchant; et les bisulques, avec ou san»
canon, et les solipèdes, ne sont soutenus que sur les
extrémités des troisièmes phalanges. Ainsi plus ou
s’éloigne de l'homme, plus ou voit le pied (ij se rétré-
(1) J’appelle pied , dans les quadrupèdes , comme dans l’homme,
i48 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
cir et s’allonger; plus la partie qui sert d’appui diminue,
et plus l’angle que le talon fait avec la jambe devient
aigu.
Je ne parle point ici de ces pieds dont la forme .
est anomale irrégulière , et qui sont moins destinés à
marcher qu à d’autres usages ; tels sont ceux de la
taupe , que l’on sait être surtout propres à fouiller la i
terre; tels sont ceux du paresseux et du fourmilier,
dont ces animaux se servent pour s’accrocher aux
arbres. Ici l’ordre des mouvemens est changé; la taupe
mai’che sur le poignet et sur les doigts , comme la
chauve-souris sur le pouce et sur le poignet.
Dans l’état de repos, les quadrupèdes et les fissi-
pèdes sont soutenus sur les tubérosités sciatiques et sur .
la plante du pied. Ainsi placés, la plupart relèvent
le tronc et se servent de leurs "mains; c’est ce que fait •
la marmote, malgré l’extrême petitesse de son pouce;
c’est ce que fait le raton en joignant ses deux mains, .
et quoiqu’il n’ait point de pouce; c’est ce qu’exécutent j
avec une grande adresse les singes et les malds. Que \
l’on ne croie pas cependant que la main de ces ani-
maux jouisse de la même force et de la même mobi-
lité que celle de l’homme. L’orang-outang a dans le
carpe un osselet particulier que Galien a décrit dans
le pithèque et dont l’homme est privé. Les autres
singes en ont un, et quelques-uns en oui deux de plus
plus que l’orang-outang. Dans tous le pouce est petit, .
tout l’cspacc qui s’étend depuis le ;<doa jusqu’à l’extrémité de*
troisiènics phalanges.
'
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i4g
et sa résistance ne peut, comme dans 1 homme , contre-
balancer celle des autres doigls.
La disposition des muscles, dans les extrémités de
l’homme et du singe, établit encore des diffeiences
plus marcjuées entr eux. Je prie que 1 ou me pei mette
d’entrer, à ce sujet, dans quelques détails que je
crois nouveaux, et par le moyen desquels nous arri-
verons à des résultats qui le sont aussi.
L’extenseur commun des doigts de l’extrémité an-
térieure des singes est très-petit, parce que le muscle
indicateur fournit deux tendons, l’un au second,
l’autre au troisième doigt, et que le muscle exten-
seur du petit doigt en fournit aussi deux , l'un au
doigt annulaire, l'autre à l'auriculaire. Ce qui m’a la
p'ius frappé dans cette dissection , c’est que je n'ai
point trouvé de muscle fléchisseur propre du pouce;
le tendon qui fléchit ce doigt sort de l'épanouisse-
ment tendineux du fléchisseur profond , sans répondre
à aucun des faisceaux charnus de ce muscle.
Dans le pied ou main postérieure des singes et des
malcis , le pouce a, comme dans la main proprement
dite , un muscle extenseur propre et un long abduc-
teur. Le muscle péronier moyen est percé pour lo
passage d’un muscle grêle qui se porte vers le petit
doigt , dont il opère l’extension et l’abduction. Le
muscle plantaire est très-charnu ; il passe , après
s’ètre élargi, sur le talon, et dans la plante du pied,
il se confond si intimement avec l’aponévrose plan-
taire et avec le fléchisseur perforé , qu’on doit le l'e-
garder comme faisant partie de l’un et de l’autre.
i5o SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
Ici se trouvent deux fléchisseurs perforans , l’un
pour le troisième et le quatrième doigts, l’aulre’pour
le second et le cinquième, et chacun de ces fléchis-
seurs fournit un tendon au pouce qui n’a point de
fléchisseur propre , non plus que dans la main anté-
jieux’e.
Il suit de cette structure que les singes doivent le
plus souvent étendre plusieurs doigts ensemble , et
qu’ils ne peuvent fléchir le pouce de la main sans
fléchir en même temps plus ou moins les autres doigts.
Il suit qu’ils sont dépourvus de ces mouvemens dans
lesquels l’action du pouce se combine avec celle du
doigt indicateur et du médius; mouvemens indis-
pensables dans toutes les opérations un peu délicates,
et sans lesquels il n’existeroit peut-être aucune trace
de l’industrie des hommes. 11 suit enfin que la main
ai’est pour les singes qu’un instrument propre à saisir
les corps, et c’est en la comparant avec celle de l’homme
.que l’on découvre pourquoi lui seul a créé les arts.
En continuant l’examen de la main postérieure ou
pied du singe, j’ai appris que chacun des muscles per-
forés fournit un tendon au pouce , sans doute afin
que, dans toutes les attitudes et dans toutes les cir-
constances possibles , ce doigt soit fléchi sans peine,
et par une suite nécessaire de la disposition des parties.
Cette structure doit etre très- utile à ces animaux ,
qui nesontpas , à parler rigoureusement , des habitans
de la terre , mais qui vivent sur des arbres , aux
blanches desquels ils sont sans cesse accrochés et sus-
pendus. Considérons -les sous cet aspect, et nous ver*
’ DISCOURS SUR L’ANATOMID. loi
rôtis que rétroilesse de leur bassin, que la forme de
leur corps qui se x’étrécit de haut en bas, que la demi-
flexion des cuisses sur l’os des îles , que la direction
des callosités, que la séparation du pouce d’avec les
autres doigts du pied sont très-propres à cette habi-
tation, et répondent à toutes les conditions de celte
hypothèse.
Je suis bien loin d'avoir épuisé la matière. De nou-
veaux faits viennent appuyer ma conjecture et la
changent en démonstration. Dans l’homme les muscle»
flécbrsseurs de la jambe se terminent par des con-
tours doucement arrondis vers la région la plus élevée
de l’os tihia. Dans le singe ces mêmes muscles se
portent très-loin sur la surface luterne de cette partie,
où ils forment une corde qui x*end très -dillicile et
très-rare sa parfaite extension sur la cuisse. Mais c’est
surtout dans la manière dont le tendon élargi du
muscle plantaire passe sur le cakaneumAa singe que
j’ai trouvé la raison pour laquelle cet animal ne peut
marcher droit. Comment, en effet, tout le poids du
corps pourroit-il être soutenu sur un base oiseuse
qui , comprimant et gênant le muscle fléchisseur ,
rendroit imparfaits et pénibles des mouvemens sans
lesquels la station et la marche n’aurolent aucune
solidité ? Li’hoinme , au contraii’e , a le talon nu et
dépouillé de toute expansion musculaire, et lui seul
est ainsi conformé.
Que l'on s'accoutume donc à regarder comme in-
dispensable la connoissance la plus exacte des plu»
petits organes, puisque l’exaxnen d’une loile aponé-
i52 sciences PHYSIOL. et MEDICALES.
vrolique nous a dévoilé pourquoi l’homme seul est
vraiment bipède, et que la description la plus soignée
des petits os du carpe a pu seule nous apprendre quels
doigts des quadrupèdes correspondent à ceux de
l’homme, et comment le pouce, l’indicateur et l’au-
riculaire sont ceux dont on retrouve les traces dans
presque tous les individus. Ç’a toujours été dans l’étude
appiofondie des details que l’on a surpris les secrets
de la nature : et c’est à ceux-là seuls qui ont le
courage de tout apprendre qu’il est permis de croire
que l’on peut tout expliquer.
I/iniitation est un autre trait non moins saillant
dans les moeurs du singe. De la fréquente répétition
des contractions musculaires naissent en lui l’ha-
bitude qui les reproduit et la sûreté qui les dirige.
On ne peut considérer un moment cette espèce d’ani-
mal sans être étonné de la vitesse et de la succession
non interrompue de ses mouvemens : on diroit qu’une
force irrésistible le tourmente sans relâche; il s’agite,
il s’appi’oche , il s’éloigne , il se pi’esse de monter, il
se hâte de descendre. Cette inquiétude est, sans doute,
im grand obstacle à sa perfectibilité. Qu’apprendre,
en effet , à celui qui se meut toujours, puisqu’il n’est
point d’étude sans réflexion , et que réfléchir , c’est
s’arrêter ?
Le nombre des doigts des quadrupèdes, considéré
dans chaque extrémité est au plus de cinq. 11 résulte
des nombreuses observations de M. d’Aubenlon que
la plupart de ces animaux ont cinq doigts à chaque
pied; que parmi ceux qui sc-nt ainsi conformés on en
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i55
compte un tiers dont le doigt interne du pied , a la
forme d’un pouce , et que, dans trente-trois espèces,
les doigis anlérieui’s et les postérieurs ne sont pas en
même nombre. C’est encore des rechercliesde M.d’Au-
benlon que j’ai lii'e les l’esultats suivans.
Les quadrupèdes peuvent elre divises en dix sec~
lions, à raison du nombre de leurs doigts.
Dans la première, en comparant toujours le nombre
des doigts d’une des extrémités antérieures avec celui
des doigts d’une des extrémités postérieures, la pro-
portion est de 5 (i) à 5 , comme dans Thomme et dans
les singes,
5-5.
Dans la deuxième elle est de 5 à 4 , comme dans lo
cliieu et le chat , 5-5.
4- 4.
Dans la troisième elle est de 4 à 5 , comme dans le
tamanoir ,
5- 5.
Dans la quatrième elle est de 4 à 4, soit que l’animal
s’appuye sur ses quatre doigts, comme l’hyennc, ou
sur deux seulement , comme les bisulques, 4-4.
4- 4.
Dans la cinquième la proportion est de 4 à 5, comme
dans le cochon d’Inde , 4-4.
5- 5.
( 1 ) Le premier nomtre désigne toujours celui des doigts de l’ex-
trémité antérieure.
1 54 SQENCES PIIYSIOL. ET MEDICALE S.
Dans la sixième elle est de 5 à 3 , comme dan*
1 ai , • 5-3.
3- 5.
Dans la septième elle est de 2 à 4, comme dans le
fourmilier, 2-2.
4- 4.
Dans la huitième elle est de 2 à ’5 , comme dans
l’unau , 2-2.
0-0.
Dans la neuvième de 2 à 2 , comme dans le cha-
meau, 2-2.
2*2.
Enfin , dans la dixième elle est de x à i , comme
dans le cheval, l’âne , le zèbre et l’onagre, x-i.
1-1.
Remarquons que , dans le phalanger , deux des
doigts sont réunis en un seul , sans cependant que
les ongles soient confondus entr’eux ; observons que ,
dans les singes et dans le makis , chaque doigt est
formé de trois phalanges , tandis qu’on n’en trouve
que deux dans quelques-uns des doigts de plusieurs
autres fissipèdes.
N’oublions pas qu’il existe une propoii-ion cons-
tante entre le nombre des os du métacarpe et du mé-
tatarse et celui des doigts , et que les quadrupèdes
hisulques ne font point exception à cette règle , quoi-
qu’avec deux doigts, ils n’aient qu’un canon, puis-
que cet os, simple en apparence, est composé dans
les jeunes sujets de deux pièces très-distinctes, qu'une
ossification rapide confond de sorte qu'il n’y en a plus
discours sur L’ANATOMIE, i55
qu’une seule (i) dans un âge avancé. Ces mêmes qua-»
drupèdes ont deux petits doigts surnuméraires sur
lesquels l’animal n’est point appuyé, et dont chacun
s’articule avec un petit os métacarpien ou métatar-
sien. Cesdeux doigts surnuméraires sont, en général,
plus volumineux dans les ruminans à cornes solides
que dans ceux dont les cornes sont creuses ; dans le
renne , par exemple , que dans le bœuf. 11 m’a paru
aussi qu’ils étoient plus gros dans les extrémités an-
térieures de ces bisulques que dans les postérieures.
Dans le sanglier les deux doigts surnuméraires sont
très-exprimés , et l’os du canon est remplacé par deux
os épais et courts. Dans le cheval l'os du canon est
environné de deux petits os aigus , (2) que l’on doit
regarder comme tenant lieu de deux os du méta-
tarse, ou comme répondant à deux ordres de pha-
langes , ébauchés.
Les os du métacarpe et du métarlase sont donc,
comme les doigts, au nombre de cinq dans l'homme,
dans les singes, dans les makis et dans plusieurs autres
fissipèdes ; au nombre de quatre bien distincts dans le
sanglier , et en général dans les bisulques sans canon ;
au nombre de quatre , dont les deux moyens sont
réunis, dans les bisulques à canon ; enfin au nombre
de trois dans les solipèdes, tel que le cheval.
L’examen des dents est encore un objet de recher-
( 1 ) Voyez le Mémoire de M. Fougeroux sur le canon du veau.
Académie des Sciences , 1772.
( 2) M. d’ Aubenton les appelle Epines.
i56 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.
elles commun à ceux qui cultivent l’Histoire Natu-
relie et 1 Anatomie j et sans lequel on ne peut avoir j
qu’une connoissance imparfaite des animaux. Les an- i
ciens regardoient les dents comme des os d’une nature i
jiarticuliere j elles jouissent , disoient-ils, d’une sensi- I
bilité , puisque l’impression du froid et du chaud j
s etend jusqu aux nerfs dont leurs cavités sont rem- |
plies. Servons- nous de ce caractère pour distinguer
les dents des animaux en deux grandes classes. Dans
la premiei’e seront comprises les dents proprement
dites, qui sont implantées dans des alvéoles, et qui
reçoivent des nerfs et des vaisseaux. On doit rap-
porter à la deuxième classe les dents aiguës ou épi-
neuses des poissons , qui font corps avec les os
maxillaires, dans lesquels on ne trouve point de ca- !
.vité ( 1 ) nerveuse ou vasculaire , et qui , n’ayant |
aucun usage l'elatif à la mastication , ne servent qu’à '
retenir et à tuer la proie dont l’animal se nourrit. (2) j
Quelques quadrupèdes, tels que le pangolin , le plia- j
tagin, le tamanoir et le fourmilier sont tout-à-fait I
dépourvusde dents; ils ne triturent point les alimens,
que l’on retrouve entiers dans leur estomac. Les mâ-
choires de l’éléphant ne sont armées que de dix
dents, (5) en comptant ses défenses. Le rat n’a que
( 1 )Si cetto cavité existe dans quelques-uns, elle est au moins
très-petite.
( 2 ) Voyez le second Mémoire de M. Droussonnet sur les dents des
reptiles et des poissons.
( 5 )Lc petit nombre de dents de cet animal est suppléé par la
grande étendue de chacune d'elles.
I
DISCOURS SUR L’A NAT O MIE.
seize dents jl’ai, que dix-liui tj le porc-épic et l’agouty,
que vingt 5 on en trouve vingt- deux dans le pola-
touclie. Les nombres de trente-deux, vingt-huit et
vingt -six dents sont les plus répandus parmi les qua-
drupèdes. Les singes en ont trente- deux. On voit co
nombre augmenter dans la belette et dans le barbi-
roussa, qui en ont trente -quatre ; dans lemococo,
le sajou et le hérisson, qui en ont trente-six; dans
l’oui’s, qui en a trente- huit; dans le chacal , qui eu
a quarante; dans le chien, qui en a quaraute-deux ;
dans la taupe et dans le sanglier , qui en ont qua-
rante-quatre ; enfin dans la mannose , qui en a cin-
quante. Les nombre douze, quatorze, quarante-six,
quarante-huit, ne sont ceux des dents d'aucun qua-
diuipède connu, (x)
M. Broussonnet , qui a fait des recherches très-
étendues sur la structure , les usages et la compa-
raison des dents des différentes classes d'animaux , (2)
a observé que leur forme varie moins dans les qua-
drupèdes herbivores que dans ceux qui se nourrissent
de chair; que, dans ces derniers, elles sont très-
blanches et très-polies; qu’elles sont jaunâtres dans
les quadrupèdes qui rongent des écorces , et noirâtres
dans ceux qui se nourrissent de végétaux , qu’ils sont
obligés de mâcher long-temps avant de les avaler ;
qne les dents molaires des ruminans sont toujours
( 1 ) Cette remarque est extraite des leçons de M. d’AuLentou.
(2 ) Mémoire sur les dents de l'homme et des autres animaux ,
comparées entr’elles.
i58 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
recouvertes d’une couche de matière luisante , noire
et semblable à l’enduit extérieur des bezoards, (i)
enfin que , dans plusieurs quadrupèdes herbivores ,
tels que les rais, le castor, l’hippopotame et l’éléphant,
l’émail , au lieu de se borner à l’extérieur de la dent,
comme on le voit dans l’homme et dans les carnivores,
s’enfonce dans l’inlérieur sous la forme de lamesver-
ticales , qui dépassent la couronne et sont exposées
aux divers froltemens de la mastication. (2)
Si , après avoir considéré les dents en général ,
nous examinons leurs divers ordres dans chaque
classe de quadrupèdes , nous apercevrons que leurs
différences constituent les caractères les plus sûrs dont
le naturaliste puisse faire usage. Quoi de plus cons-
tant, en effet , que la structure des dents incisives,
qui sont au nombre de quatre dans les mâchoires de
l’homme et du singe, au nombre de deux dans celles
des rats, au nombre de six dans celles des carnivores ,
au nombre de huit dans l’os maxillaire postérieur des
ruminans, tandis que l’antérieur en est dépourvu?
Les six larges dents incisives du cheval n’ont -elles
pas une forme particulièi’e qui les dsstingue des six
dents incisives des quadrupèdes carnivores, que leur
extrémité, plus aigüe que tranchante , caractérise
assez , comme les quatre incisives antérieures du lièvre
et du lapin, étroites, allongées et disposées sur deux
( i ) Cette remnrque appartient à iVr. (VAnbenton.
( 2 ) Comme lu mastication est très -répétée dans ces animaux , il
falloit que tours dents fussent susceptibles d’une grande résistance.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i5q
rangs, (i) ne peuvent être confondues avec les quatre
dents incisives des singes, des sapajous et des makis.
Les dents incisives inférieures des chauves- souiâs,
dont M. d’x\ubenton a fait connoître plusieurs espèces
nouvelles , sont divisées en lobes et comme festonnées;
les incisives supérieures de l’oreillard sont fourchues,
celles du hérisson sont aignës et longues; elles percent
au lieu de couper. Toutes ces dents sont soutenues
dans la mâchoire antérieure par un os que j’ai décrit
sous le nom d'incisif (-j) ou labial , que quelques-uns
appellent iniermaxillaire , que l’on a découvert depuis
peu dans les morses, et dont j’ai reconnu les traces
dans les os maxillaires supérieurs du fœtus humain. (5)
Au reste les dents incisives proprement dites ne sont
pas les seules que l’on trouve implantées dans les
os; (-i) ou y voit aussi les défenses de l’éléphant, du,
morse et de la vache marine; (5) et M. d’Aubenlon a
remarqué que la portion de l’os maxillaire antérieur
qui les soutient est beaucoup plus volumineuse que la
région opposée de l’os maxillaire postéi'ieur. Ces cir-
( 1 ) Celles de la rangée postérieure sont petites et cylindriques.
JBxtrait des leçons de M. d’Aubeiiton.
fa) Académie des Sciences, 177g.
{ 5 ) Ibidem.
( 4 ) J’ai appris de IVL Camper , dans son dernier voyage à Paris ,
que cet os lui est connu depuis très-long-temps , et qu’il regarde
comme incisives toutes les dents qui y sout enfoncées. Voyez aussi
le premier mémoire de H. Broussonuet sur les dents.
( 5 ) Les dents canines et Incisives de l’hippopotame, les canines
du barbi -roussa et la corne dçL narwal, sout aussi formées d’un«
sorte d’ivoire.
i6o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
constances prouvent bien que les défenses ne doivent
point être confondues avec les dents canines; mais il
ne pai’oît pas qu’elles puissent autoriser les natura-
listes à les classer parmi les incisives. Divisons plutôt
les dents des quadrupèdes en trois ordres : les labiales,
les angulaires et les mâchelières ou molaires. Sous-
divisons les labiales en plates tranchantes , ou inci-
sives (i) proprement dites ; en aiguës, telles que celles
de rbérisson; et en coniques ou défenses , comme
celles de l’éléphant, que l’émail ne recouvre point,
et qui sont entièrement formées d’ivoire.
Sous-divisons les molaires en petites et en grosses,
et disons : les incisives et les délenses de la mâchoire
antérieure, sont implantées dans l’os incisif ou labial.
Les angulaires ou canines antérieures , sont placées
dans l’os maxillaire, proprement dit, près de la su-
ture, qui le sépai’e du précédent , et les deux oi’dres
de dents molaires sont rangées sur les branches de
chacune des mâchoires. Nons éviterons ainsi toute
méprise , et nos expressions, d’accord avec nosidées,
ne conduiront point à l’eiTeur.
L’ouverture des ti’ous incisifs, et l’étendue de l’es-
pace qui sépai-e les dents incisives des mâchelières
sont proportionnées à la longueur de l’os incisif. Cet
espace , qui n’existe point dans l’homme , est déjà
très - marqué dans les singes cynocéphales; il s’accroît
dans les autres fissipèdes , et il occupe- une grande
( 1 ) On les appelle quelquefois , dans l’homme , du nom d*
riante».
/
>
. DISCOURS SUR L’ANATOAllE. i6i
parties des bords alvéolaires dans les solipèdes et dans
les bisulques. Les quadrupèdes qui ont des dents in-
cisivesà chaque mâchoire, à l'exception du hérisson ,
des musaraignes et du rat volant , manquent de ilents
canines, et à leur place est un espace vide comme
les barres du cheval, (i) Le lièvre et le lapin sont
dans ce cas.
C'est dans cet espace (2) que se trouvent les dents
angulaires ou canines. Celles-ci , placées dans les deux
points qui correspondent aux commissures des lèvres,
sont plutôt une arme dont l'animal se sert pour sa
défense , qu’un instruïnent propre à la mastication.
Ce qui donne une grande vraisemblance à cette opi-
nion , c’est quêtons les ruminans qui ont des cornes ,
tels que le taureau et le liclier, sont dépourvus de
dents canines , tandis que ces dents se trouvent dans
les mâchoires des ruminans, qui , comme le chameau,
n’ont point la tète surmontée de cornes, et que dans
le barbi-roussa , les canines de la mâchoire antérieure,
au lieu de se diriger vers l’intérieur de la bouche,
sortent en sens inverse vers les angles des lèvres, et
se roulent en formant, sur chaque côté de la face, des
contours très- étendus.
Un caractère propre aux dents angulaires des divers
animaux , est qu’elles sont courbes et aiguës, et qu’elles
surpassent en longueur les dents des autres ordres.
C’est dans les cavnivores (5) surtout qu’elles sontaigëus
( 1 ) Cptte remarque appartient àM. d’Aubenton.
( 2 ) Je l’appelle interdentaire , interdentitium.
(?>) Voyez le premier Mémoire de M. Broussoilnet , sur les dents
T. 4.
11
162 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
et prolongées, (i) et que leur base est large et pro-
fonde. Elles sont aussi fort longues dans plusieurs
quadrupèdes qui vivent d’insectes et de fruits. Elles
sont obliques et presque horizontales dans ceux dont
la face se termine par un long museau , tels que le
sanglier. Enfin, dans quelques genres, comme dans
le cheval, elles ne pai'oissent que sous la forme de
petits crochets, et plusieursfemellesensont dépourvues.
De cette remarque, qui n’a pas échappé à M. Brous-
sonnet, et d’un grand nombre d’autres que je pourrois
y ajouter, je conclus avec lui que les dents angulaires
sont en même temps les moins nombreuses , et celles
de toutes qui varient le plus par leurs formes et par
leurs usages.
Les dents petites molaires composent un ordre par-
ticulier moins étendu que les autres ; et que je regai de ,
avec M. Broussonnet, comme analogues à celui des
dents des carnivores. Elles sont au nombre de quatre
dans chaque mâchoire de l’homme et de la plupart
des singes. Dans le sajou on en voit deux de plus à
chaque mâchoire; ce qui porte à trente-six le nombre
total des dents de cet animal, dont les grosses molaires
sont égales en nombre à celles de l’homme. .M. d’Au-
henton a trouvé de petites molaires dans l’écureuil,
la marmotte, le hérisson, les musaraignes, lephalanger,
le chat et le tigre. Observons ici que, dans plusieurs
carnivores , les petites molaires ne sont sunuontées
( 1 ) Les quadrupèdes qui ont des dents canines courtes , ne se ser-
vent do cette arme , ni pour combattre, ni pour tuer les animaux.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i65
que d’une seule éminence : c’est ce que j’ai vu dans
le chien; la première dent màchelière après l’angu-
laire, est petite et aiguë comme une canine proprement
dite. Il me semble donc que l’on seroit exact en
divisant les petites molaires en monoscupides et bicus-
pides, c’est-à-dire, en dents qui ont une ou deux
pointes. On a regardé celles-ci comme étant formées
de deux dents canines réunies, comme chaque grosso
molaire paroît résulter du rapprochement de deux
molaires biscupides. (i) Mais cette manière de com-
parer entr’elles les canines et les deux ordres de mo-
taircs ne convient qu’aux dents de rhomme et à celle»
de quelques quadi’upèdes qui se nourrissent de fruits
et d’écorces ou de viande. On ne trouve aucun rap-
prochement entre les molaires et les canines des her-
bivores , dans lesquels ces dernières , si elles ne man-
quent pas tout - à- fait , font au moins très -peu de
saillie et se voient à peine.
Les dents auolaires ou mâchelières doivent être
considérées comme les véx'itables instruraens de la
mastication; aussi sont-elles les plus nombreuses, (2)
les plus larges , et celles qui varient le moins. Leurs
racines sont doubles, triples ou quadruples, et leurs
surfaces opposées portent surtout l’empreinte de leurs
caractères spécificiques. J’en distingue trois sortes
dans les quadrupèdes des divers ordres: les li nés sont
applaties, horizontales , et formées de lames perpen-
(1) M. J. Hunter a donné à celles-ci le nom de bifurquées.
(2 Les tatous ont beaucoup de dents mâchelières , parce qu’il>
n’ont ni incisives , ni canines. ( M. d’Aubenton. )
k
l64 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
•diculaires , dont l’extrémité saillante paroît sous la
forme de croissant, de trcfles, de triangles, d’orbes
irréguliers, de sinuosités transversales, comme on
le voit dans les rats, dans le castor, dans l’élépliant ,
dans le cheval, ( i ) et dans le taureau. Cette struc-
ture appartient aux dents des quadrupèdes qui se
nourrissent, soit d’herbes, soit de feuilles tendres, soit
même de fruits et d’écorces , comme le rat d’eau. Les
dents mâchelières des carnivores sont, au conti’aire,
coupées obliquement, recouvertes d’une seule couche
d’émail, et surmontées d’éminences aiguës et tran-
chantes de forme triangulaire ou pyramidale , et j
beaucoup plus élevées d’un côté que de l’autre. 1
Je place entre ces deux ordres les dents molaires j
qui, recouvertes d’une seule couche d’émail comme i
les précédentes, sans sinuosités sur leurs surfaces , et
coupées dans une direction à peu près horizontale,
sont hérissées de plusieurs tubercules ou pointes
mousses. On trouve cessortes de dents molaires dans
l’homme, dans les singes, dont les alimens se tirent
du règne végétal, et dans le sanglier , qui se nourrit
de fruits, de graines, et de racines plus succulentes
et plus faciles à triturer que les feuilleset les herbes.
Les dents de ce troisième ordre, ou à tubercules,
peuvent broyer des alimens de toutes les sortes;
aussi les quadrupèdes qui en sont pourvus s’en acco-
(i ) C’est tlnns le fœtus du clieval qu’il faut les considérer. On j
voit les lames verticales, d’autant plus sensibles, qu’elles seules
composent lu totulité de la dent.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i65
modent- ils , lorsque les circonstances l’exigent. Ils
sont vraiment omnivores. Les dents du premier ordre,
ou à lames , se trouvent surtout dans les herbivores»
et quelques quadrupèdes qui ne se nourrissent que
de végétaux. Celles du second ordre, ou k j)oinles ,
ii’appartienent qu’aux carnivores : leur mécanisme
n’est pas le même que celui des deux autres ordres :
on ne peut les comparer à des meules ; elles cou-
pent, elles déchirent, mais elles ne triturent pas
comme les dents à tubercules ou à lames, dont les
tablettes larges, applaties , et à peu près horizontales,
se touchent lorsqu’elles sont rapprochées, dans une
très-grande partie de leur étendue , tandis que celle»
des dents à pointes, quelques rappixjchées qu’on les
suppose, laissent toujours de grands intervalles entre
elles.
Les dents à tubercules et à pointes ont une grande
analogie entre elles : leur émail est disposé de la
même manière; les tablettes sont plus obliques, et
les éminences font plus de saillie, et se présentent
sons des angles plus aigus dans les sécondes que dans
les premières ; mais au fond leur structure est la même.
Aussi les animaux carnivores mangent-ils quelquefois
des végétaux, tandis que les ruminans et les soli-
pedes refusent de se nourrir de viandes. Les dents
à lames des herbivores sont donc très-éloignées de
celles des deux autres sections, et il n’y a point de
véritable rapprochement entre elles. Les dents de
tous les quadrupèdes connus peuvent se rapporter-
à oes trois ordres.
3 66 SCIENCES riIYSIÜL. ET MEDICALES.
C’«st une recherche curieuse que de considérer dam
cetle clàsse d’animaux les difl'érentes combinaisons
des divers ordres de dents. Le sajou, par exemple >
le raococo, le.phalanger, le hérisson et l’oreillard ,
ont chacun trois dents dont la distribution varie dans
chacun d’eux. Le phalanger a 8 dents incisives
supérieures; le macoco, le sajou et l’oreillax'd en ont
4, et le hérisson n’en a que 2. On compte dans ce
dernier 32 dents molaires ; dans le phalanger il y
en a J27 , dans le sajou 24, dans le œococo et dans
l’oreillard 22 , avec cetle différence que les molaires
supérieures sont au nombre de 12, et les inférieures
au nombre de 10 dans le mococo, au lieu que, par
une disposition inverse , les inférieures sont au nom-
bre de 12 et les supérieures au nombre de 10 dans
l’oreillard. Nous sommes bien loin de pouvoir rendre
compte de ces variétés qui ne paroisseut que bizarres
au premier aspect , mais qui sont, on n’en sauroit
douter, relatives à la force, aux besoins des ani-
maux , et surtout à la nature des alimens dont ils
doivent se nourrii’. Déjà M. Broussonnet a ingénieu-
sement remarqué que les dents incisives supérieures
et moyennes de l’homme , étant plus larges que les
latérales, et ne se touehant point, sont, par cette
disposition , analogues aux incisives des hei'bivores,
tandis que les incisiv’’es moyennes de la mâchoire
inférieure étant moindre que les latérales, ont des
rapports avec celles des animaux carnassiers. Ainsi
des observations exactes et des comparaisons suivies
expliqueront successivement toutes ces énigmes.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 167
Non - seulement le sexe apporte quelque différence
dans les formes des dents, comme je lai dit en par-
lant du cheval ; mais le climat influe encore sur leur
nombre et sur leur structure dans les animaux du
même genre. C’est ainsi que, suivant la remarque
de M. Camper, le rhinocéros d’Afrique, arme de
deux cornes, n’a point de dents ( 1 ) incisives, tandi<»
que celui d’Asie, qui n’a qu’une corne , est pourvu
de deux dénis incisives supérieures , et de quatre
inférieures. (2) Cest ainsi que, suivant le même ana-
tomiste, les lames des dents molaires de l’éléphant
d’Asie sont beaucoup plus nombreuses que celles de
l’éléphant d’Afrique-, ( 3 ) ce qui founiit un moyen
sûr pour les reconnoltre et les caractériser tous deux.
Veut-on avoir en peu de mots une idée exacte de
l’action de toutes les espèces de dents molaires dont
j’ai parlé jusqu’ici ? Dans les carnivores elle résulte
du mouvement angulaire des mâchoires qui s’élèvent
et s'abaissent , s’éloignent ou se rapprochent ; les dents
qui sont taillées obliquement, glissant les unes sur
les autres du haut en bas. Dans les herbivores, c’est
principalement de droite à gauche que 1 os maxillaiie
postérieur se déplace; dans l’homme , comme dans
les singes, les molaires inférieures, en passant sous
les supérieures, décrivent des courbes dont la gian-
( I ) Le rhinocéros dLVfrique a la peau lisse.
( 2 ) Celui-ci a la peau rugueuse et ptlssée.
(3)11 faut remarquer que cet éléphant est d’une taille iuféneure
à celle du premier.
1 tiO SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES,
deur et l’élévation varient, leur mouvement étant
comi)osé de ceux qui se font de haut en bas, de droite
à gauche, et de derrière en devant. Enfin, suivant
les observations de M. Camper, ( i ) c’est principale-
ment dans une direction longitudinale que se portent
les dents molaires du cabiai et de l’éléphant, et e’est
aussi dans le même sens que se fait, dans ce dernier ,
l’effort de leur accroissement
Des l'apporls conslans existent entre la structure
des dents des carnivores et celle de leurs muscles, de
leurs doigts, ue leurs ongles, de leur langue, de leur
estomac et de leurs intestins. Cet appareil doit évi-
demment servir à poursuivre, à tuer des animaux,
à décliirer leurs membres, à digérer leur chair, à
s’abreuver de leur sang. Se pourroit-il que celte
guerre non interrompue entrât dans le plan de la na-
ture? que par elle le fort fut armé contre le foible ; que
jjar elle fut aiguisée la dent du lion et du tigre ; que par
elle les substances végétales furent destinées à nourrir
des animaux qui, dévorés à leur tour, se replongent suc-
cessivement dans ce règne muet et insensible où tout
s’abîme et s’engloutit ; que par elle enfin furent orga-
nisés ces grands quadrupèdes (2)qu’onnei’etrouveplus,
- ( 1 ) M. Camper a fait sur l’élépliant et sur les singes uu grand
nombre d’observations nouvelles dont il est à désirer que Icssavaus
ne soient pas privés plus long-temps.
( 7. ) Tels sont le mamoulb et l’élan aux cornes palmées. Observa-
iions sur la Virginie , par M. Jefl'erson , pages io5 et 126; ouvrage
traduit nouvellement , et publié par uu des plus savons littérateurs
de celle capitale ( M. l’abbé Morellet- J
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 169
et dont les débris épars laissent entrevoir que le do-
maine de la vie a déjà reçu quelque atteinte, et que
celui de la mort s’élève sur scs ruines et s agrandit à
ses dépens.
Le rat , appelé hamsler , a des poches ou abajoues
analogues à celles des singes. Les unes et les autres
seront l’objet de nos recherches.
L’os hyoïde, dont l’usage est de soutenir la base de
la langue , s’allonge à mesure que la face et la langue
elle -même acquièrent plus d’étendue. Il est formé
de trois ou de cinq osselets dans les quadrupèdes cla-
viculés , et de neuf dans la plupart de ceux qui ne le
sont point.
Entre l’os hyoïde et le larynx de quelques singes
esl un sac ( 1 ) membraneux , et double dans l’oi'ang-
outang , simple dans la plupart des autres singes ,
osseux dans le singe rouge de Cayenne, et que
M. Campera retrouvé membraneux dans le renne,
sans que nous sachions ni quel est son usage dans les
singes , ni pourquoi cette conformation leur est com-
mune avec un quadrupède ruminant que tant de ca-
ractères en éloignent, et qui a si peu de rapports
avec eux.
D'autres cavités et des cloisons, placées à l’inté-
rieur du larynx de quelques quadrupèdes, tels que
Fane et le sanglier, forment des différences dont nous
ne négligerons point de nous servir.
Tous les fissipèdes ont un estomac simple, c’est-à-
( 1 ) J’ai donné à ce sac le nom à-'hyolvroidien.
I
3 70 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES,
dire formé d’une seule cavité. Dans l’Iiama, dans la
vigogne, dans rhippopolame, et dans quelques-uns
des bisulques sans canon, ce viscère est composé de
plusieurs sacs irréguliers qui communiquent entr’eux.
Dans tous les bisulques qui ont un canon , les quatre
estomacs sont complets, et la rumination en constitue
le principal caractère.
La vésicule du fiel manque dans plusieurs quadru-
pèdes de différentes classes 5 tels sont l’ouistiti, l’iiip-
popolame,le cheval , l’âne, le cerf, le daim, le che-
vreuil, le cariacou , l’axis et la renne.
Plusieurs quadrupèdes sont dépourvus de l’intestin
cæcum et de l’appendice vermiforine. Dans quelques-
uns même, comme dans l’ours, l’intestin colon n’est
point marqué. Dans plusieurs ruminans les intestins
grêles sont en spirale, au milieu des circonvolutions
du colon qui les entoure-, et dans les solipèdes, comme
dans le cheval, la grande étendue des intestins sup-
plée à la petitesse de l’estomac qui ne paroît pas être
proportionné au volume de l’animal.
Les vertèbres, les côtes, le sternum et les os du
bassin , composent la charpente du tronc. Jetons un
coup d’œil sur leurs différences. Les vertèbres du cou
sont, dans tous les quadrupèdes, au nombre de sept:
la constance de ce nombre s’étend jusqu’aux cétacécs^
où il subsiste, malgré la réunion apparente de plu-
sieurs de ces vertèbres. Tandis que l’atlas et Iaxis sont
soudés ensemble dans les dauphins, les cinq autres
vertèbres cervicales ne forment qu une seule pièce
dans laquelle les cerceaux osseux et les apophj^ses.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 171
soit épineuses , soit transverses , sont Irès-distincles;
et M. Camper m’a appris que dans le cachalot l’allas
est séparé, tandis que l’axis et les cinq autres ver-
tèbres cervicales inlérieures, réunies, ollVent égale-
ment lesti’aces de chacune d’elles en particulier.
Le nombre des vertèbre* du dos est toujours en rai-
son de celui des côtes.
Les vertèbres lombaires varient beaucoup. Plu-
sieurs quadrupèdes en ont cinq, comme l’homme:
tels sont l’orang-outang, le sajou, le castor, le raton,
la taupe, la musaraigne volante , le cheval (1) et le
pécari. Le nombre des vertèbres lombaires semble
s’accroître à mesure que celui des vertèbres sacrées
diminue : c’est .ainsi que l’on trouve six vertèbres
lombaires dans le singe, appelé gibbon, et sept dans
le magot , dans le mandrill , et dans plusieurs autres
où le sacrum n’est composé que de trois pièces.
Les rats en général et les ruminaus ont six vertèbres
lombaires. Le tigre, le lion, et presque tous les car-
nivores, le dromadaire, le chameau, le lièvre et la
marmotte eu ont sept. Quelques- uns, comme le loris
et le polatouche en ont neuf. On n’en trouve que
quati’e dans le coaila et le paresseux, et trois seule-
ment dans l’éléphant et dans le fourmilier
Il n'y a qu’un très-petit nombre de quadrupèdes,
tels que le castor, la inarumtte, la taupe, le pécari et
le cheval, dans lesquels M. d’Aubentoa ait trouvé cinq
( 1 )M. d’Aubenton a découvert qu’il y a quelquefois une ver-
tèbre do plus dans la région lombaire du cheval.
i72 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
vertèbres sacrées. Dans les autres, ces pièces sont au
nombre de quatre, comme dans le saï et dans le loris j
ou de trois, comme dans le gibbon; ou même de deux '
comme dans le coaila, dans le phaianger et dans il
inarmose.
Plus on s’éloigne de l’homme, plus aussi on voit le
coccyx se prolonger. Les pièces qui le forment sont au
nombre de trente dans le phaianger, dans le saïmiri,
et dans plusieurs auti’es; au nombre de trente- trois ,
dans le mococo ; au nombre de trente -six, dans le
cayopolliii; enfin on trouve quarante-deux vertèbres,
ou pièces coccigiennes, dans le fourmilier.
Le sternum est beaucoup plus étroit dans les qua-
drupèdes que dans l’homme, et le nombre des osselets
qui le composent est toujours proportionné à celui
des côtes, que les anatomistes appellent vraies, et
auxquelles j’ai donné le nom de sterno-vertébrales.
Les nombres des côtes les plus répandus parmi les
quadrupèdes, sont ceux de vingt-quatre, vingt-six,
vingt-huit et trente. Le résultat en plus, est de Trente-
deux dans l’hyène; de ti-ente-six, dans le cheval; de
quarante, dans l’élépbant, et de qiiai-ante-six dans
l’unau. Le résultat en moins, est de vingt-deux dans
la musaraigne volante, dans le campagnol volant, et
dans le cachicame.
Le lamantin n’a que quatre côtes sterno-vertébrales:
quelques-uns n’en ont que dix; dans la plupart on en
trouve quatorze ou dix huit. Le jîhoque et Tunau
sortent de ces lijuites, l’un ayant vingt, et l’autre
vingt-quatre de ces côtes.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 175
On ne connolt point de quadrupèdes qui aient moins
de huit côtes verlébrales.(i) Dans leplusgrand nombre
on en trouve dix, et plusieurs en ont douze ou quatorze.
Le clieval en a vingt; l’éléphant, vingt-six ; et le la-
mantin en a vingt-huit.
On compte vingt-quatre côtes dans le squelette de
riioinme : on en trouve le même nombre dans celui
de plusieurs quadrupèdes; mais dans quelques-uns de
ces animaux, la distribution de ces vingt-quatre côtes
difl’ère de celle des côtes de l'homme. Dans le magot,
dans le mandrill, dans le mococo, ce nombre est
composé de seize côtes sterno - vertébrales et de liuit
vertébrales; et dans la mone , il l’est de dix-huit côtes
sterno - vertébrales et de six vertébrales. Dans le
gibbon, dans le talapoin ,»daus le polatouche, dans le
lièvre et dans le dromadaire, le nombre des côtes
sterno-verlébrales est le môme que dans l'homme; ce
qui fait bien voir que l’identité de plusieurs caractères
n’est pas toujours une preuve d’analogie entre les
individus auxquels ilsappartiennent, et que dans l’his-
toire des animaux, on doit être réservé, pour ne pas
tirer des résultats faux de quelques ressemblances
trompeuses.
En général, la poitrine des quadrupèdes étant plus
étroite que celle de l'homme, doit être plus longue,
puisqu’elle a les mêmes viscères à contenir, et il falloit
que les côtes qui en forment l’enceinte fussent aussi
plus nombreuses.
( 1 ) J’appelle ainsi les fausses côtes.
174: SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Linné a dit dans plusieurs endroits de ses ouvrages,
que son premier dessein avoit été d’étendre à tous les
animaux la méthode sexuelle qu’il a employée pour
les plantes, et qu’il n’a été détourné de ce projet que
pai la ciainte de blesser la modestie de ses lecteurs.
Sans rechercher si cette crainte étoit fondée, j’assu-
rerai qu’il auroit facilement trouvé dans ce plan de
distribution systématique des caractères dont il auroit
pu faire usage : j’assurerai que sous ce rapport, comme
sous tant d’autres, l’homme diffère de tous les êtres j
que le scroium, et la présence d’un os dans la verge,
en éloigne le singe pour le rapprocher de quadupèdes;
que la forme du prépuce et de la prostrate, que la pri-
tation des vésicules séminales, que les diverses pro— ■
portions de l’espace membraneux de l’ui-ètre, que la
disposition des cornes utennes, qui n’existe point dans
la femelle du pithèque, dont la matrice n’a qu’une
seule cavité, comme celle de la femme; que l'étroi-
tesse de ces mêmescornes dans quelques autres singes,
et leur grande étendue dans la plupart des quadru-
pèdes ; que la longueur, la largeur, la direction du
vagin dans quelques genres, tels que la taupe, dont
les foetus ne franchissent point, à la manière ordi-
naire, le détroit formé par les os pubis; que la sou-
plesse et la mobilité de leurs symphises dans quelques
espèces; que les contours des vaisseaux spe)niali(jues
et les divers renflemens des ovaires sont autant de ca-
ractères anatomiques, qui doivent tenir une place
distinguée dans nos travaux. Comme ces différences
sont relatives à la reproduction des animaux, elle»
DISCOURS SUR L’\NATOMIE. 175
forment une des parties les plus importantes de leur
histoire.
Le porte -musc, la gazelle, l’hyène, et plusieurs
autres, sont remarquables par une liqueur d’une odeur
très- forte, et que contient un réservoir particulier.
Il n’y a pas jusqu’aux mamelons qui pourraient
servir de base à une distribution méthodique des qua-
drupèdes. Dans les uns les mamelles sont placées sur
la poiti’ine ; dans les autres, elles se trouvent sur la
région abdominale; et dans la plupart, elles s’étendent
à ces deux régions- Dans la première classe seroient
compris, 1°. les quadrupèdes qui n’ont que deux ma-
melons toiacliiques, comme les singes, l’éléphant et
les quadrupèdes à ailes membraneuses; 2“. ceux qui ,
comme le vari , ont quatre mamelons placés sur la
poitrine. A la deuxième classe se rappurteroient les
quadrupèdes qui, comme la jument, n’ont que deux-
mamelons abdominaux , ou qui en ont quatre, comme
la vache et les ruminaiis en général. La troisième
çlasse seroit nombreuse; des. combinaisons très- va-
riées (1) en détermineraient les genres et les espèces
on considéreroit surtout la poche de Vopossum qu’ac-
compagne une expansion osseuse dont le inàle n’est
pas privé, (2) et où les mamelons, rangés par paires,
doivent allaiter , je ne dirai pas les petits , mais les
( 1 ) M. d Aubenton a trouvé dans quelques-uns des nombres
impairs , sans doute lorsqu’un de ces organes ue s étoit point déve»
loppé.
taj Ce sont les ossa marsupialia Tyson.
176 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
embryons de ces animaux ; el l’on verroit avec quelle
constance et quelle unifoi'inité les différences de ces
organes sont d’accord avec celles qui constituent les
divisions fondamentales dont j’ai parlé ci-devant.
Enfin, après avoir soumis à l’examen les caractères
anatomiques des genres et des espèces, on cherchera
en quoi diffèrent les uns des autres les individus qui
forment les variétés des races; car il y a des animaux
qui, réduits à l’état de domesticité, et répandus sur
diverses parties du globe, y portent l’empreinte des
différens sols et des usages aux(|uels on les a assujétis.
Tels sont le cheval, le dromadaire et le taureau, que
l’homme a domptés pour les associer à ses travaux ;
tels sont le bouc et le bélier qu’il a tirés du fond des
forêts pour s’emparer de leur toison et se nourrir de
leur chair : tel est aussi l’homme lui -même, partout
en guerre avec ses semblables, partout oppresseur de
sa race, esclave et tyran de sa propre espèce. L’ana-
tomiste dira quels sont, pai’mi tant de modifications
diverses, les principaux changemens qui ont affecté
les organes.
CÉTACÉES.
Les cétacées sont si peu nombreux et si peu connus
que la distribution adoptée par les naturalistes (1) est
la seule que je puisse indiquer et suivre. Les fanons de
la baleine, les omoplates et les os des bras, ceux de
( 1 ) 7'^oj/ezla division méthodique des cétacées par M. Brisson. II
est le premier qui les ait séparés des poissons.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 177
l’av'ant- bras rétrécis et défigurés, les phalanges nom-
breuses et piülongées , dans les baleines et dans les
dauphins; les nageoij'es dont le volume ne répond
point à celui du corps , et (jui ne sont point composées
d’os épineux ni de cartilages; la position de la na-
geoire de la queue, les mamelles et les poumons dû
ces animaux ; les trous par lescjuels l’eau , mêlee d'air,
jaillit avec silllcment; les arcades zygomatiques, si
déliées dans les dauphins; leurs côtes, dont les extré-
mités vertébrales sont implantées et soutenues sur
celles des apophyses transverses, avec lesquelles ces
arcs osseux semblent se continuer; le défaut de car-
tilages sterno-costaux , qui sont remplacés par des
pièces osseuses; (i) le sternum qui est large; les os des
îles et les apophyses pierreuses des os des tempes, que
IHjii a si souvent oubliées dans leur diasecliun et ilans
la préparation de leur squelette; la structure de l’or-
gane de lüuie, qui, selon Camper, est dépour\ u de
conduits demi — circulaires dans les cétacées , tandis
que dans celui des oiseaux, on ne trouve point de li-
maçon ; le défaut de vestibule dans le cachalot et dans
le dauphin, la baleine étant le seul des cétacées où
cette cavité se trouve; toutes ces parties, toutes ces
observations trouveront leur place dans notre tableau.
OIS 1: A U X.
Les oiseaux offrent un spectacle plus attrayant et
qui est plus à la portée de l’observateur. Ce peuple
(1 ) C’est des dauphins que je parle ici.
T. 4.
12
ryS SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
léger habite l’air, la terre et les eaux. Parmi les in-
dividus qui le composent, quelques-uns s’élèvent d’un
vol hardi et disparoissent à des hauteurs d’où ils
voient sans peine ce qui se passe au-dessous d’eux, et
où ils respirent sans fatigue un air moins comprit^.
D’autres sont en quelque sorte attachés à la surface
du globe. Il en est qui ne jouissent de leurs facultés
que dans le crépuscule. Plusieurs ne vivent que dans les
ténèbres, et sont les compagnons de la nuit. Des fa-
Dnilles nombreuses sont distribuées dans les plages,
dans les marais ou sur les plaines. Moins vigoureux
et, pour ainsi dire, domestiques, plusieurs entourent
nos demeures et se reproduisent sous nos toits. Enfin
la nature , en versant ses dons sur le nouveau conti-
nent, voulut qu’une famille d’oiseaux, brillant de
tout 1 éclat des fleurs, y habitat les lieux embaumés
de leur parfum.
Les différences dans les habitudes/ qui en supposent
aussi dans la conformation , doivent servir de guide
dans la distribution des genres anatomiques des oi-
seaux. L’aigle et le hibou seront comparés l’elative-
nient à l’organe de la vue; le gerfaut, la buse et l’ou-
tarde, le seront dans la structure des muscles et des
os qui servent pour le vol. On considérera les pou-
mons et leurs appendices dans ces oiseaux , dans \e%
héron et dans les gallinacées, où ccs viscères ont moins
détendue. Le lete-chevre, qui tieirt le milieu enti'«
les oiseaux de nuit et ceux de jour, sera compare avec
eux. Le lagopède cherche le froid, et se creuse une
cavité sous la ireige, tandis qye le hocco ne vil qua
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 179
sous la zone torride de l’ancien continent. On oppo-
sera la douce mélodie du rossignol aux sons aigus du
moineau franc ; le cygne sauvage au cygne domes-
tique, les contours extérieurs de la trachée artère dans
l’oiseau-pierre et dans le paragua à son enfoncement
dans le slernum du héron et de la grue; le cou du
perroquet et de la chouette à celui de cigogne ; la
langue des colibris et des oiseaux-mouches, à celle
des pics: les os innominés de l’autruche, à ceux du
casoar et du dronte; et l’estomac du plongeon et du
coucou , (1) à ceux de la buse et du coq d’Inde.
Le castagneux poursuit sa proie sous les eaux : le
grèbe ne peut se reposer que sur cet élément : l’oie et
le canard le quittent à volonté pour habiter la terre.
■L’aigle se nourrit de chair; le cormoran, de poissons;
le pic, d’insectes; la bécace, de vers; le pigeon, de
graines ; et le merle de baies et de fruits. Chacune
de ces circonstances doit lixer l’attention du physio-
logiste.
Il examinera d’abord le squelette et les muscles des
oiseaux; étude sans laquelle on ne peut connoître que
d’une manière imparfaite., et pour ainsi dire empi-
rique, la structure d’un animal quelconque. Le cer-
veau, l’estomac, et les intestins, le larynx, les pou-
mons, le cœur et les organes sexuels , deviendront
successivement le sujet de ses recherches.
On remarque de chaque côté , dans la base de la
( 1 ) La position de cet estomac , situé tout- à -fait en devant , est
très - remarquable.
i8o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
tête des oiseaux , une pièce transversale qui , étant
articulée et mobile dans les deux extrémités, permet
à la mâchoire supérieure de se mouvoir en glissant
en arrière, et sert en même temps à l’articulation de
la mâchoire inférieure. Les deux arcades externes
que l’ont peut appeler /jaZaiiW , et qui contribuent
beaucoup à 1 élévation ou à l’abaissement de la mâ-
choire supérieure; le trou optique qui est unique,
placé derrière la cloison osseuse des orbites; le trou
auditif qui est très -grand; l’osselet de l’organe de
louie analogue à celui des quadrupèdes ovipares, et
qui est seul, au lieu d’être triple comme dans lesqua-
diupèdes; les conduits demi- circulaires qui forment
différens ovales bien exprimés; un conduit droit,
quelquefois divisé dans l’intérieur, et qui semble tenir
lieu de limaçon; des cellules osseuses très -multipliées
qui communiquent librement d’un côté de la tête à
1 autre, et au milieu desquelles sont logés ces con-
duits; tout cet appareil montre une structure que l’on,
ne trouve point ailleurs , et qui est particulière à
cette classe d’animaux.
Les mouvemens de la tete et du cou sont plus
étendus dans les oiseaux que dans les quadrupèdes;
aussi la tête des oiseaux ne s’articule avec la première
vertèbre que par une petite apopl)yse ronde, tandis
que, dans l’homme et dans les quadrupèdes, il y a
deux eminences articulaires et condyloïdiennes qui
sont ovales. Aussi le nombre des vertèbres du cou des
oiseaux surpasse - t-il celui de ces mêmes vertèlires
dans le cou des quadrupèdes, et chacune de ces pièces
DISCOURS SUR L’ANxVrOMlE. i5i
jouit -elle de la mobilité la plus grande. Ou voit F®
nombre des vertèbres cervicales, c]ui est de onze ou
douze dans plusieurs oiseaux, augmenter à mesure
fjue leur cou devient plus allongé; c’est ainsi qu’il y
en a treize dans le casoar et dans la corneille, qua-
torze dans le coq , dans la buse et dans l’aigle, seize
dans le canard, dix-huit dans la grue, et dans le
cygne vingt- trois.
Les côtes des oiseaux sont en général au nombre
de huit ou dix. Elles diflèrent en plusieurs points de
celles de l’homme et des quadrupèdes ; elles se di-
visent comme les précédentes, en sterno - verté-
brales (]) cl en vertébrales; (2) mais celles-ci se
trouvent, dans un grand nombre d'individus, aussi
bien à la partie antérieure qu’à la partie postérieure
de la poitrine. Les côtes, sterno - vertébrales sont os-
seuses jusqu’au sletnun^ elles sont angulaires vers le
milieu de leur trajet; et dans les mouveinens de la
respiration, ce n’est pas de droite à gauche , comme
dans l’homme et dans les quadrupèdes , mais de de-
vant en arrière, que la poitrine se dilate.
Les côtes vertébrales antérieures et postérieures,
ainsi que les sterno- vertébrales, varient beaucoup
dans les différeiis oiseaux. On ne trouve point de côtes
vertébrales antérieui'es dans l’aiglè ni dans la buse^
On n’en trouve qu'une de chaque côté dans la cor-
neille et dans la chouette. Il y en a deux dans l’am-
( 1 ) On les appelle communément du nom de vraiss côtes-
< 3 ) Ce sont les fausses côtes.
a 82 SCIENCES PFIYSIOL. ET MEDICALES.
tiuche, dans ]e cygne, dans la grue, dans le coq et
dans le canard.
Si l’on examine les côtes sterno • vertébrales des
oiseaux , on y remarque aussi beaucoup de différences.
Le casoar, le coq et le coucou n’en ont que quatre de
chaque côté. L’autruche , la corneille et le perroquet
en ont cinq; l’aigle, la buse, la grue, la chouette et
le canard en ont sept.
Enfin , en considérant les côtes vertébrables posté-
rieures dans les mêmes individus, il est facile de.s’as-
surer que l’aigle, la buse, la grue et la chouette ne
paroissent point en avoir, ( i ) que le perroquet n’en
a qu’une de chaque côté, que l’autruche en a deux,
et que le casoar en a trois. ' *
Le sternum des oiseaux se meut par un mouve-
ment de bascule, à la manière des soufflets des forges,
mécanisme qui a été bien décrit par Bertin. (2) Cet
os est i-emarquable par une crête très -saillante qui
l’a fait comparer à une quille de vaisseau, et par deux
prolongemens latéraux qui s’étendent en arrière, et
qu’une membrane unit avec la partie moyenne de
cet os. A droite et à gauche on aperçoit les articu-
lations des côtes qui sont très -rapprochées l’une de
l’autre, et qui jouissent dans ce contact d’un mouve-
ment assez mai'qué. Sur les côtés du sternum 011
trouve une apophyse en forme d’anse, et vers les
{ 1 ) J’ai fait la plupart de ces recherches sur les squelettes que
l’on conserve au Cabinet <tg Roi.
( 3 ) Ostéülo^ic.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i85
parties latérales et externes tles clavicules, deux
autres apophyses que j’ai désignées sous le nom de
claviculaires. _
Cette structure varie dans plusieurs oiseaux. Dans
la perroquet , dans la petite chouette , dans 1 aigle ,
dans le bièvre et dans l’oie, l’os sternum cs\. plein.
Dans le sternum du coq , les anses et les divisions la-
térales sont bien exprimées. Dans la bacasse, cet os est
mince ; les anses sont peu marquées , et les petites
cotes latérales sont très-courtes; dans les plus petits
oiseaux, ces prolongeniens sont en général tres-dis-
tincts. Le sternum du casoar et de 1 autruche semble
se rapprocher de celui de l'homme; il est beaucoup
plus court que dans les autres oiseaux; la saillie
moyenne n’existe point; un tubercule ou reiinenient
en tient lieu. Il est poreux , léger , arrondi , et il a la
forme d’un bouclier.
C’est une question difficile à résoudre que de savoir
s’il existe une l'égion lombaire dans la colonne epi-
nière des oiseaux, et quelles sont, dans cette classe
d’animaux, les limites de l’os sacrum. Pour l'csoudie
cette question, je ferai remarquer que c est \eis la
partie antérieure des fosses rénales que se trouve l’ar-
ticulation de l’os des îles avec le sacrum ^ et que cette
union se fait de chaque côté par une double éminence
en -devant de laquelle est une poi’tion très - courte
de la colonne vertébrale qui pai'oît répondre à la ré-
gion lombaire , puisqu’elle donne passage aux nerfs
qui ont reçu le même nom. 11 y a cependant quel-
ques oiseaux, tels que le perroquet , où il semble que
i8i SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
cette région manque absolumenl. Dans la buse, dans
l’aigle, dans la grue et dans la chouetle, elle e«l for-
mée de deux pièces; elle l’est de six dans le casoar
et d’une seule dans le canard et dans le coq. Remar-
quons qu’il ne s’exécute aucun mouvement dans les
lombes de loiseau, et que les différeules pièces que
l’on y trouve sont toujours soudées entr’elles.Les ver-
tèbres cervicales augmentent en nombre à mesure que
la région lombaire se raccourcit ; et comme le cou est
tres-souple et que le corps est très-court , le nombre
des vertèbres dorsales et des côles, étant lui-même
très - borné , il ne paroît pas que la mobilité de la ré-
gion lombaire eût effet de grands avantages à cette
classe d’animaux.
En convenant de placer la première pièce du sacrum
des oiseaux au niveau de la double éminence de son
articulation latérale, j’ai vu le nombre de ses osselets
varier dans les différentes espèces, depuis sept jusqu’à
douze ; et ceux du coccyx, depuis six jusqu’à huit, (i)
L’os des îles des oiseaux m’a paru présenter l’ébauche
d’un pubis dans ses parties latérales où se trouve, de
chaque côté, un osselet grêle et légèrement recourbé.
Ces petits os, considérés dans l’aigle, se touchent
presque. Reunis dans l’autruche, ils forment un vé-
ritable pubis, et nous voyons la structure propre aux
quadrupèdes recommencer là où finit celle qui est
particulière aux oiseaux.
Les clavicules , dans les animaux de cette classe sont
j
\
( I ) Academie dea Scicncea , 17/4 , page 4(ji.
\
I
DISCOUTIS SUR L’ANATOMIE. i85
longues , épaisses , et droites. Trois muscles très- forts
en dirigent les mouvemens, et un petit os courbe,
connu sous le nom àc fourchette , en mesure et en as-
sure la distance.
Les variétés de l’os appelé fourchette dans les diffé-
rentes familles d’oiseaux sont très -nombreuses. Dans
les uns , tels que le casoar et l’autruche, ( i ) la clavi"
cule et la fourchette sont soudées ensemble, et celle-
ci s’articule avec le sternum. Dans la grue et dans la
cigogne, la fourchette est distincte de la clavicule;
mais elle s’articule aussi avec le sternum. Plus les
ailes doivent avoir de développement, plus leur réac-
tion doit être grande, plus aussi l’os de la fourchette
doit être bombé , plus il doit être élastique , plus il
doit jouer facilement, et moins il doit être uni au
sternum. L’os de la fourchette réunit toutes ces con-
ditions dans l’aigle.
L'omoplate des oiseaux diffère beaucoup de celle
des quadrupèdes. Elle est surtout remarquable par sa
longueur. Deux muscles très-forts, le grand et le moyen
pectoral, sont destinés aux mouvemens de l’aile qui
s’exécutent dans l’angle formé par la réunion de la
clavicule avec l’omoplate. L’effort de ces muscles
tend à déplacer ces deux os en même temps qu’il
agit sur le bras. La clavicule est retenue par des faces
articulaires très-larges, par des ligamens très -solides,
par l’os de la fourchette et par des muscles. Il falloit
que l’omoplate qui forme l’autre extrémité du levier
( 1 ) Je n’ai disséqué ces oiseaux que dans l’âge adulte.
1 86 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
recourbé fût fixée par uneforceégale/etc’étoil ajouter
à cette force que d’augmenter la longueur de l’os à
rexti*émité, duquel sont appliquées les puissances. Les
muscles qui s’insèrent à la partie postérieure del’omo-
plate servent donc à empêcher sa bascule, que, sans
leur résistance , les fortes contractions des muscles
pectoraux n’auroient pas empêché de produire.
Nous trouverons encore des détails très -curieux
dans les extrémités des oiseaux, soit que nous consi-
dérions dans l’extrémité antérieure le grand ligament
élastique du pli de l’aile, (i) les petits osselets du carpe,
celui surtout qui tient lieu de pouce, ceux qui ré-
pondent aux phalanges que terminent les plumes
analogues à la substance de l’ongle dont elles tiennent
la place; soit que, dans l’extrémité inférieure, nous
examinions le péroné qui s’articule avec le fémur , le
grand os du métatarse qui répond au canon des soli-
pèdcs et des bisulques, et ces grands muscles dont les
uns s’étendent du bassin jusqu’aux doigts, ce quel’on
ne voit point dans les quadrupèdes, tandis que les
autres, destinés à fléchir les doigts, sont àlafoisper-
forés et perforans ; ce dont les oiseaux seuls offrent
l’exemple.
Le squelette des oiseaux diffère encore de tous les
autres par son extrême légèreté. Leurs os ne contien-
nent point de moelle ; ils sont remplis d’air, et
leurs cavités communiquent avec les poumons par-
ti ) M. Tenon a communiqué, à ce sujet , à l’Académie Royale
dus Sciences des observations curieuses et nouvelles.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 187
des ouvertures que M. Camper a décrites. Les ver-
tèbres cervicales, les côtes , la mâchoire inférieure
même en reçoivent. L air remplit non— seulement ces
trachées osseuses , il s’épanche encore sous la peau ,
comme Méry l’a vu dans le pélican, (i ) et il coule
jusqu'aux racines des plumes, de sorte que toutes les
parties de l’oiseau semblent être pénétrées du fluide
où il se meut.
Les anatomistes ont distingué deux especes de
larynx dans les oiseaux , dont ils ont appelé 1 un su-
périeur et l’autre inférieur ; mais les oiseaux n'ont
réellement qu’un larynx dont les diverses parties
constituantes sont séparées et occupent des réglons
dillérentes. La glotte se trouve, comme dans tous les
animaux qui en ont une , à la partie la plus élevée
de la trachée- artêae , vers la base de la langue-, mais
les membranes et les cavités sonores, au lieu d’être
situées immédiatement au-dessous de celle ouverture ,
comme le sont les cordes vocales et les ventricules du
larynx dans riiomme et dans les quadrupèdes, sont
placées au bas du cou , entre les branches de la loiir-
chelte. Sans m’arrêter à en exposer les variétés dans
ce discours , où je ne dois insister que sur les gi’ands
caractères des différentes classes d’animaux , je me
bornerai à faire une remarque d’après laquelle les
oiseaux peuvent être divisés sous un nouveau. rapport,
en deux grandes classes : c’est que le larynx de ceux
( 1 ) Académie des Sciences , 1666. Le cormoran est dans le même
•as.
I S8 SCIENCES PII YSIOI/. ET MEDICALES.
de ceux qui chaulent esl recouvert d’une expansion
musculaire qui suit ses contours et lui imprime divers •
inouvemens; et qu’au contraire cet organe, considéré
dans les oiseaux dont la voix rauque manque abso^ '
lument de mélodie, est nu et dépourvu de muscle»^
qui adhèrent absolument a ses parois,
Les poumons sont attachés aux côtes. Des vésicules '
abdominales , dont les lames moyennes ou diaphrag-
inatiquessont musculaires, agrandissent leur étendue j
et comme elles se remplissent d’air dans l’expiration,*
]e ventre des oiseaux se gonfle alors au Heu do ;
s’affaisser, mouvement qui se fait d’une manière in- ^
verse dans riiomme et dans les quadrupèdes.
Les organes de la digestion des oiseaux ont encore :
rme structure qui leur est propre. Quelques éminences
ou épines , de la nature de la corne, et continues
avec l’épiderme, tiennent lieu de dents , et semblent
repondre à celles que l’on appelle incisives. La langue
est rude, et l’on n’y trouve qu’un petit nombre de .
ces papilles molles qui sont le siège du goût. L’oeso-
phage , dilaté vers le bas du col , se prête au séjour
des ahmens qui s’y ramollissent , et passent succès- ■
sivement dans l’estoinac pour y subir l’action des
forces digestives. Cette dilatation de l'œsophage (2)
est très- grande dans les oiseaux qui vivent d’herbes.
( I s’agit «le l’organe nppelé communément le
et non tle la traclice artere, le long de laquelle nioiiteut des muscles
gr#:I**.s dont je ne parle point ici,
( 1 J On le counoit sous le nom de johotx
DISCOURS SUR L’ANATOxMIE. 189
de fruits ou de graines. Elle est plus étroite dans les
carnivores.
L’esloiuac varie aussi beaucoup dans ces animaux.
Je réduis à trois chefs les diflérences principales de
sa sli’uclure , observée dans un grand nombre d’in-
dividus que j’ai décrits, et dont j'ai présenté les des-
sins à l’Académie royale des sciences. Dans les un»
le ventricule proprement dit, qui se continue avec
l’oesophage, est recouvert par un muscle à deux ventre»
épais, applatis, dont les bords latéraux sont aigus , et
que deux tendons opposés réunissent. La situation do
ces tendons est transversale, leur partie moyenne
adhère un peu au sac du ventricule , et ils se termi-
nent vers la circonférence par des liicts radiés. Cette
structure est celle de l’estomac de la pintade et do
tous les gallinacëes , de l’oie, du canard et des cygnes
sauvages et domestiques. Dans les autres , quoique
la disposition soit à peu près la même, et que le
muscle digastrique du gésier conserve cette grande
épaisseur , les bords de ce muscle , au lieu d’ètro
tranchans sont arrondis ; l'estomac , considéré en
entier , est beaucoup moins appjati ; les tendons mi-
toyens sont moins volumineux, et ils adhèrent de la
manière la plus intime au sac charnu qu’ils recou-
vrent : on trouve dans le merle et dans le geai des
exemples de cette structure. Enfin, dans les oiseaux
du troisième ordre , l’estomac est allongé et arrondi :
au lieu d un tendon transversal , sur le milieu de
chacune de ses deux faces, il y a une expansion apo-
névrolique étroite, ovale,, qui Lit commencer le sac?
1 90 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
du ventricule, et que l’on peut regarder comme le
centre d’un grand nombre de rayons aponévrotiques
élégamment dirigés vers les bords : l’épaisseur du tissu
musculaire est beaucoup moins grande que dans les
deux ordres précédons. Le martin-pêcheur, le héron ,
l’aigle, l’efliaye , le lanier de Tunis, le*grand-duc ,
le pélican, la petite mouette cendrée, le goéland et
la cigogne, que j’ai disséqués, sont dans ce cas. A ces
trois divisions sc rapportent les divers estomacs des
oiseaux. Dans tous, même dans les carnivores, la
portion de l’oesophage que l’on voit immédiatement
au-dessus de l’eslomac est remarquable par un tissu
glanduleux qui forme une bande circulaire, et dont
chaque point saillant, percé d’un pore, laisse échapper,
lorsqu’on le comprime, un fluide soit de couleur grise,
comme dans la mouette cendrée , soit rougeâtre ,
comme je l’ai vu dans la cigogne , auquel on a
donné le nom de suc gastrique. Ce tissu glanduleux
est plus étendu dans les oiseaux qui vivent de chair
que dans ceux qui se nourrissent de substances vé-
gétales.
Dans ceux-ci la face interne de l’estomac est re-
couverte d’une membrane épaisse, calleuse, et dont
les replis , opposés syméti’iquement les uns aux autres,
et mus par les fortes contractions du muscle externe ,
broient lesalimens déjà ramollis par leur séjour dans
le jabot , et les mêlent intimement avec le suc que
fill rent les glandes inférieures de l’œsopbage. J’ai lou-
jojtrs ])ensé , comme le célèbre M. Ilunler, que la
viaie mastication des oiseaux se faisoit dans l’eslomac;
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 191
pliénoinène singulier, eL que Ton retrouve dans la
famille des cruslacées. Les organes destinés aux
grandes fonctions dans les oiseaux ne conservent donc
O
pas le même ordre , ni les mêmes proportions que
dans les quadrupèdes. Déjà nous avons vu la glotte
séparée du larynx par toute la longueur de la trachée-
artère ; nous avons vu les cavités pulmonaires s’étendre
dans les os, sous la peau et jusqu’aux racines des
plumes : ici, c’est dans l’estomac et non dans la bouche
que les alimens sont triturés. Le développement de
l’embryon nous oflrira d’autres difl'érences aussi re-
marquables que les premières.
Le tube intestinal des oiseaux carnivores est en
général très -court. Dans la plupart il est tout au plus
deux fois plus long que l’animal , ou il n’atteint pas
même cette dimension. La longueur totale du lanier
de Tunis, que j’ai disséqué , étoit d’un pied deux
pouces; celle de son intestin étoit de deux pieds et
demi. La longueur du goéland étoit de deux pieds
un pouce et demi ; celle de son intestin étoit de trois
pieds deux pouces. La longueur de l’effraie étoit de
huit pouces sept lignes; celle de son intestin étoit de
dix-huit pouces et demi.
Tous les oiseaux ont deux appendices cœcales
situées vers la partie postérieure du ventre. Ces appen-
dices sont moins éloignées de l’anus , et leur volume
est beaucoup moins grand dans les oiseaux carnassiers
que dans ceux qui ont un gésier.
Les oiseaux n’ont point de colon , et leurs intestins
ne peuvent être divisés, comme dans l’homme, en
19* SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
grêles et en gros: souvent même c’est près de l’estomac
que la largeur de l’intestin est la plus grande.
Dans la plupait des oiseaux on trouve deux pan-
créas. Le foie est profondément divisé en deux grands
lobes que contiennent des membranes ou loges cel-
lulaiies, et dans quelques-uns, 2ilusieurs conduits
s’étendent de ce viscère vers la vésicule du fiel et
de celle-ci vers l’intestin.
Les leins sont tres-larges. L’urine est blanchâtre
et crétacée. Les testicules sont à peine visibles hors
delà saison des amours. L’ovaire est unique, et il
s oblittère à un tel point dans les vieilles femelles que,
sans la trompe , ( i ) dont le volume diminue aussi ,
mais qui ne s efface jamais entièrement , je n’aurois
pu leconnoitre le sexe des vieilles poules faisanes que
les chasseurs prennent mal à propos pour des mâles,
et auxquelles ils ont donne le nom de coquardes.
Ici commence la famille nombreuse des animaux
ovipaies. Plus fécondes que les femelles des quadru-
pèdes, celles des oiseaux produisent, sans le secours
du male , des corpsarrondis où nage, au milieu d’un
grand amas de sucs lymphatiques , l’ébauche de l’em-
bryon dont le jaune de l’œuf fait partie. Mais cette
ébauché est imparfaite, et ne peut se développer si
1 approche du male ne lui donne ou la première
impulsion, ou quelque complément inconnu. On est
effrayé lorsqu’on arrête sa pensée sur les premiers
linéamens de l’animal qui vient d’être conçu. Mais
( 1 ) Ovidudus.
DISCOURS SUR I/ANATOMIE. igS
ici notre vue se porte plus loin encore : nous coii-
noissons le germe avciiit cjuil ait l’eçu le sceau de
la vitalité. Déjà cependant il est organique, déjà
sans doute, il jouit lui-nièine d’une sorte de vie dont
il seroit diflicile d’indiquer la nuance, mais dont il
est impossible de ne jîas admettre la réalilé.
li’œuf des oiseaux peut être comparé au produit
de la conception des quadrupèdes; mais il en dif-
fère surtout par sa consistance et par la dureté de
son enveloppe. Au lieu de prendre son accroissement
dans un viscère analogue à la matrice, il se forme
dans l’ovaire, il se modifie dans la trompe et dans la ca-
vité où s’ouvre ce conduit, et ilsortavec toutle volume
qu’il doit avoir. Mais le développement du foetus
est accompagné de circonstances particulières à cette
classe d'animaux : il se perfectionne sans qu'il sur-
vienne aucun changement dans la grosseur de l’œuf,
ce qui le distingue, soit des quadrupèdes dont le
fœtus et ses membranes forment une masse qui
s’accroît dans ses dimensions, soif des insectes et de
quelques vers dont les œufs, après avoir été déposés
par la femelle, se renflent en meme temps que l’em-
bryon grossit.
Que ceux qui se persuadent qu’il suffit de lire
les meilleures descriptions pour avoir une connois-
sance exacte des corps , veuillent bien considérer avec
moi jusqu’à quel point leur espoir est trompeur, et
de quelles jouissances ils se privent en se refusant
au plaisir de vdir et d’observer eux- mêmes. J’avois
médité long-temps sur les écrits de Harvey, de Mal-
T. 4. i5
ig4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
piglii et de Haller, et je me flaltois d’y avoir apprii
la structure du poulet et ses connexions avec les
différentes substances dont l’œuf est composé. Com-
bien je fus surpris lorsque , comparant l’objet lui-
même avec le tableau que je m’en élois formé , je
m’aperçus que la plupart de mes idées manquoient
de précision et que les images suggérées par les livres
differoient, dans plusieurs points iraportans, decelles
delà nature! Je lis une autre remarquej c’est que les
détails transmis par les auteurs n’avoieut satisfait ma
curiosité qu’après de longs et pénibles efforts pour
comprendre le sens de leurs ouvrages , au lieu que
la première vue de l’embryon palpitant dans la ci-
catricule produisit en moi l’émotion la plus vive,
et m’inspira aussitôt un grand intérêt pour cet éton-
nant spectacle.
Quoi de plus curieux en effet que celle masse de
sucs albumineux et lympides qui se changent en un
instant par la seule addition du principe de la cha-
leur , en un corps dont toutes les parties sont
viv^antes? Qui nous dira comment, au milieu de cette
masse transparente et sans couleur , se sont formés
les premiers globules rouges; quelle puissance les a
multipliés, d’où le premier jet du sang est sorti, quelle
impulsion l’a lancé dans son tubé , par quel méca-
nisme des vaisseaux, jusqu’alors imperceptibles et
sans action, s’agrandissent dans leurs diamètres, bat-
tent et se soulèvent dans leurs contours? Qui pourroit
contempler avec indifférence et ces deux blancs qui
se touchent sans se confondre, cl celle sérosité dr
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. ig5
l’amnios qui s’étend dans la même progression où le
poulet augmente; et le jaune qui, divisé par son axe ,
en deux parties inégales , et souple dans ses balance-
mens, roule toujours au-dessus de celle dont le poids
est moins grand et sur laquelle l’emhryon repose;
et cet épiderme blanchâtre dont les parois internes
de la coque sont tapissés, et qui, se détacbant à
mesure que l’évaporation avance, laisse un vide ( i )
que l’air remplit; et cette grande suiface du système
vasculaire que soutiennent les membranes dans les-
quelles les humeurs sont contenues; et les réseaux
artériels , et les troncs de ces vaisseaux qui , ramifiés
au loin, se réunissent dans le corps du poulet (jui
en est le centre; et ce corps lui-iuôme dont la peti-
tjpsse étonne loi'scju’on le compare avec le volume des
appendices auxquels il donne le mouvemement et la
vie; et ces deux points saillans d’autant plus écartés
run de l’autre que le foetus est plus tendre, et qu'ils
formeront le cœur lorsque les cavités (ju'ils repré-
sententseront placées dans de justes proportions en-
tr’elles? La grosseur démesurée du cerveau fixeroit
toute notre attention si celle des yeux n’étoil plus sur-
prenante encore. La vésicule du fiel déjà pleine de
bile , qui regorge dans l’estomac ; les intestins dont les
anses s’échappent au-dehoi’s de l'abdomen ; l’abdomen
lui-même, qui semble dans le principe, avoir toute
l’étendue du jaune, et dans lequel ce fluide doit être
( 1 ) Folliculus aëris.
196 SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES,
renfermé tout entier , ( 1 ) se montreront succes-
sivement à nos regards. Nous rechercherons quelles
( 1 ) Résultat de quelques nouvelles observations sur le jaune
considéré dans le ventre du poulet.
I. La masse du jauiie ou vitellium est une poche ronde, membra-
neuse , dans laquelle est contenue une humeur jaunâtre plus ou
moins fluide. Plusieurs ordres de vaisseaux se distribueut dans celte
membrane.
II. On retrouve le jaune dans le ventre du poulet qui vient d’éclore.
L’opinion reçue est qu’il sert à le nourrir pendant les premières
vingt-quatre heures ; mais je l’y ai vu plusieurs jours après la nais-
sance. C’est après le sixième jour qu’il disparoît en grande partie.
Alors on ne trouve à sa place qu’un petit cordon ou filet qui s’étend
de l’ombilic vers l’intestin avec les deux vaisseaux omphalo - mésen-
tériques. Dans l’épaisseur de ce cordon , et près de l’intestin , est un
petit corps rond que l’on y voit long-temps après. C’est le reste
du jaune. Le filet dont j’ai parlé s’allonge , s’amincit et se rompt , et
il ne reste qu’un pédicule attaché à l’intestin.
III. J’ai vu les vaisseaux dont la membrane qui contient le jaune
est arrosée, devenir plus grêles , se rapetisser et se flétrir en quelque
sorte à mesure que la masse du jaune diminue : mais il faut beaucoup
plus de temps pour que les membranes et les vaisseaux du jaune
soient tout-à-fait oblitérés ; circonstance très - remarquable , et qui
avuit été ignorée jusqu’ici des anatomistes.
IV. La masse du jaune est un organe creux. Le souffle poussé dans
sa cavité le gonfle très-facilement et très-promptement. J’ai fait cette
expérience sur le poulet déjà éclos ; mais je ne puis presque douter ,
d’après d’autres observations plusieurs fois répétées, que la même
structure n’ait aussi lieu dans le jaune , considéré avant la naissance
du poulet.
V. Le jaune est suspendu dans le ventre du poulet par un cordon
composé de différens ordres de vaisseaux. L’un de ces vaisseaux est
très -court ; il s’insère au tube intestinal , à peu près vers le milieu d*
v)9 conduit , et un peu plu.s près de l’anus que du pylore. Ce vaisseau
est blan(.hâtre , comme les intestins enx-memes ; son calibre est assez
considérable j il est le plus gros. L’autre vaisseau est uue artère qui
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 197
sont les lois de celte force attractive et resseraute
qui tend à diminuer l’éloignement des organes qu’un©
grande distance avoit séparés d’abord. Nous admi-
rerons les progrès de cet accroissement rapide que
l’œil de l’observateur peut suivre et constater à chaque
instant. Enfin , nous délerniinerons les périodes de
cette métamorphose par laquelle des sucs que la cha-
leur a Fondus deviennent plus cou lans sans se décompo-
ser, et dont le produit est le développement d’un
nouvel être qui se dégage de ses membranes avec
des sens pour surveiller à ses besoins, et des muscles
pour obéir à sa volojilé.
On ignoreroit encore que les petits de quelques oi-
seaux , dégagés de l'oeuf, ont besoin (l’ime licjueur
blanchâtre analogue au lait poiu' se nourrir, et quo
cette liqueur leur est abondamment fournie par la
femelle, et même par le mâle, si M. J. Hunier n’en
avoit découvert la source dans l’œsophage du pigeon.
Les membranes de la poche d'où l’on voit sortir ce
fluide s’épaississent à l'époque où les petits doivent
éclore, et il s’en échappe un suc grisâtre qu’ils rc-
*e porte vers le tronc de l’artère cœliaque , duquel part la mésenté-
rique supérieure , ou l’artère mésentérique elle- même- Un troi-
sième vaisseau est une veiue.
VI. La masse du jaune tient donc par sa face verte'èra/e , aux in-
testins du poulet ; par sa i-ace ombilicale , à l'ombilic. IZn ouvrant
l’abdomen , on le trouve étendu sur le paquet intestinal qu'il re-
couvre et qu’il cache entièrement , excepté la petite anse à laqaellu
le pancréas adhère.
VII. Je ne suis pas éloigné de croire qu’il y a aussi une petite por-
tion du second blanc qui entre dans l’abdomen du poulet.
i9« SCIENCES PHYSÏOL. ET MEDECALES.
çoivenl avec aviclilé. Celle espèce d’allailement se
conlinue même plus long-lemps de la pari du mâle
que de celle de la femelle, qui cesse de se livrer à ce
soin lorsqu’elle se prépare à pondre de nouveau.
Les oiseaux n’onl poinl de vessie. Une cavité com-
mune reçoit toutes les matières excrémentielles du
tube intestinal et des reins, et les conduits déférens
s’y ouvrent sous la forme de tubercules.
Nul auteur n a décrit les vaisseaux sanguins des
oiseaux. On sait qu’ils ont des vaisseaux lymphati-
ques, soit dans le ventre, soit dans les autres parties
du corps. Leurs nerfs sont encore moins connus. Sans
parler ici de mes recliei’ches sur ces divers objets, je
me contenterai de rapporter le résultat de n;es obser-
vations sur le nerf intercostal des oiseaux. J'avois
douté long -temps de son existence dans leur région
cervicale : je l’ai enfin découvert dans la dissection
de l’aigle, du cygne, de l’oie, du pélican, de la grande
grue, et du coq d’Inde. On le trouve enfoncé dans la
ligole où les artères carotides sont ra[)procbées l’une
de l’autre, le long de la partie antérieure du cou : là,
il remonte sous la forme d’un filet très-délié. En haut
et en bas il sa divise en deux branches : il entre avec
la carotide dans le crâne, et il se termine par un ren-
flement ganglio-forme avant de s’y engager; en bas
il s’étend jusqu’aux nerfs du cœur et du poumon, c4;
les filets du nerf splanchnique sont si manifestes dans
la poitrine, qu’il n’est pas difficile de les découvrir et
de les suivre jusqu’au lias -ventre. Les nerfs vagues
sont très- volumineux, cl les nerfs cervicaux forment
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 199
jur les côlés du cou un entrelaceiuent dont les réseaux
nombreux communiquent avec les nerfs précédons,
et se distribuent à la peau.
Celui qui considère un quadrupède après avoir pris
connoissance exacte de la structure de 1 homme»
trouve entr’eux de si gi'ands rapports qu’il passe sans
étonnement de l’examen de 1 un a celui de lautie.
Mais du quadrupède à l’oiseau, la chaîjie est rompue :
l’autruche ell(;-même ne peut servir à les lier en-
semble; car, à son pubis près, elle na aucun des ca-
ractères propres aux quadrupèdes. Son squelette, ses
poumons, son estomac, tout l’éloigne de cette classe
d’animaux. Ainsi, l’anatomiste éclairé parses travaux,
et sévère dans ses comparaisons, rejettera les rappro-
chemens grossiers, et se gardera bien de réunir ce que
la nature a séparé.
LES QUADllUrÈDES OVIPARES ET LES 5ERPEXS.
Les habitudes et les formes des quadrupèdes ovi-
pares et desserpens, oflVent un tableau plus uniforme
' et plus sombre. Ici la chaleur vitale décroît en môme
temps que les poumons diminuent; la respiration se
fait par de lougs intervalles ; la voix s’éteint ; le cœur
n'a plus qu’un seul ventricule avec des oreillettes; la
. circulation se ralentit; la masse du cerveau se rape-
tisse; le squelette a la demi - transparence des cartila-
ges; un œuf tient aussllieu de mammelle à l’embryon ;
celui-ci se métamorphose dans quelques espèces; la
fibre devient plus molle à mesure qu'elle acquiert plus
:ioo SCIENCES PHYSIOL. ET MÉDICALES.
de mobilité ; plusieurs de ces animaux ne se montrent
qu’aux approches de la nuit, pendant laquelle ils veil-
lent, taudis que la plus belle partie de la nature dort;
1111 seul genre a des ailes; quelques-uns marchent; (i)
les autres n’avancent que par sauts; (2) la plupart
rampent; (5) enfin plusieurs sont dépourvus de dents,
tandis que d’autres en ont de redoutables par un poison
caché, comme celui de l’envie, dont il est l’emblème.
Les paupières et les yeux du caméléon, le cœur et
les poumons irritables des tortues , du crocodile, du
lézaid et de la grenouille, le développement curieux
du têtard, les ouïes de la jeune salamandre, les ailes
du dragon , les vertèbres et les mâchoires de la vipère,
1 ovaire, les muscles et la peau des sei’pens, sont les
caractères que j’ai choisis dans cette partie de mes
recherches.
LES POISSONS.
lics fleuves, les lacs et les vastes bassins de l’Océan
sont habités par des animaux dont il ne faut pas quel©
physiologiste ignore la stjucture. Environnés d’un
lliiidc qui cède facilement à leur impulsion , des és-
pèces d’ailes dirigent leurs mouvemens et leur tien-
nent lieu d’extrémités. Leur corps est composé de
muscles très- vigoin eux. Des organes frangés agissent
sur l’eau qui les pénètre, et la chaleur vitale est en
C I ) C radient :a.
( a ) Salientia.
( 3 ) Jtepenlia,
201
DISCOURS SÛR L’ANATOMIE,
raison delà petite quantité d’air qu'ils en séparent. Une
grande famille de poissons se rapproche des reptiles;
leurs ouïes, très multipliées, sont fixées sur des demi-
cercles cartilagineux , et leurs os sont de la xncme
nature : ils ne reçoivent pas l’eau seulement par la
bouche; quelques-uns ont aussi des trous particuliers,
et ils la rejettent par d’autres ouvertures. I^es poissons
d’un troisième ordre ont des ouïes renfermées dans
une seule cavité et attachées à des demi -cercles épi-
neux; ils avalent l’eau, et ils la rejettent par une
ouverture particulière, qu’une membrane soutenue
par des rayons, ferme en partie. Des poissons d un
quatrième ordre (i) tiennent un milieu entre ceux des
deux premiers : leurs nageoires adhèrent à des rayons
épineux, et ils rejettent l’eau par une seule ouverture,
qu’une membrane rayonnée ne couvre point.
Dans quelques poissons l’cstoiuac est épais et ar-
l’oudi comme le gésier dos oiseaux ; ilans les autre»
il est à peine distinct des intestins. Des appendice»
nombreuses sont suspendues près du pylore. Ici , le
cœur n’a qu’une seule oreillette, comme il n’a qu’un
seul ventricule. Le cerveau n’est qu’un assemblage
de tubercules qui répondent à l’origine de principaux
nerfs; et dans quelques-uns, des organes particuliers
fixent la matière de l’électricité.
La torpille et l’anguille de Surinam seront considé-
rées sous ce dernier aspect. La lamproie, dont la partie
( 1 ) Les Branchiostè^cs.
202 SCIENCES PHYSIOL, ET MEDICÂLES.
supérieure de la têle est percée pour donner entrée
à l’eau, sera comparée avec la baudroie et avec l’es-
tui-geon. On recherchera quelle est la forme des vessies
aériennes que Cardan a prises mal à propos pour les
poumons du coffre, et par quelle puissance le tétrao-
don s’enfle et redresse ses épines. On décrira les sin-
gularités de la vessie natatoire du raalarraat, les su-
çoirs de la lorape, la tête de l’hypocampe, l’ovaire
unique de la perche , les os verts de la raustela, l’or-
gane par lequel le reraore s’attache , l’estomac et les
ailes du muge; enfin la structure du misgurn, dont
les halanceraens dans les eaux correspondent à ceux
de l’hygromètre.
Tous les poissons sont ovipares. La fécondité des
poissons épineux est une sorte de pi’odige ; des mil-
liers de grains tous propres à reproduire l’espèce, sont
entassés dans leurs ovaires, et un conduit assez court
sert de passage à ces petits œufs. Dans la plupart des
épineux anguilliformes , ces organes , disposés en
grappe, sont situés hors de l’enceinte du péritoine.
Dans l’anguille , c’est par la même ouverture que
sortent les matièi’es excrémentielles et les œufs. On
retrouve la même structure dans la lamproie, et ce
n’est pas le seul caractère que les anguillifoi-mes par-
tagent avec les cartilagineux.
Dans ceux-ci les œufs, détachés des ovaires, tombent
dans Vutérus : les petits y éclosent. Après y avoir pris
de l’accroissement, et quoique sortis du ventre de
leurs mères , on les voit adhérer encore par un coi'don
ombilical à l’enveloppe qui les coulenoil; sorte de re-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2o5
procluclion qui semble tenir le milieu entre celle des
animaux ovipares et celle des vivipares , et q*ii nous
fait soupçonner que le mécanisme de la génération
n’est pas aussi dilTérent qu'on l'a cru dans ces deux
classes d’animaux.
Les œufs des poissons branchloslèges proprement
dits sortent comme dans les épineux ; mais dans quel-
ques-uns (i) ils restent allacliés à la partie exté-
rieure de l’abdomen jusqu’à ce qu’ils soient éclos ; on
comme dans le cheval marin , (2) ils adhèrent aux
parois internes de deux renflemens longitudinaux
situés derrière l’anus, et qui disparoissent aprt's le
développement des petits. M. Rroussonnet , auquel
ces observations appartiennent, pense que celte es-
pèce de poule est la même dans tous les branchioslcges
des mers des Indes : ajoutons qu’elle est analogue à
celle de plusieurs quadrupèdes ovipares, et surtout a
celle de la grenouille appelée pipa. Ainsi appliques
à la surface du corps, les œufs des branchiostèges sont
fécondés par le mâle. Lu organe particulier sert, dans
le gras mollet (.o) à inanitenir les individus des deux
sexes réunis, et à protéger contre les flots toujours
soulevés des mers du nord un accouplement qui doit
être prolongé pour être utile. Celui des cartilagineux ,
tels que la raie et le chien de mer, se fait à la manière
des serpens, c’est-à-dire à l’aide d’un organe double:
( 1 ) Les syngnatlius sont dans ce cas.
( 2 ) Ce poisson est un synguathus.
( 3 ) Cj clopUrus luinpus.
2o4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES
ajoutons qu’il s'opère avec lenteur, et qu’il doit aussi
durer long -temps. Comme cet engourdissement, doux
peut-être , mais sans expression et sans chaleur, con-
traste bien avec les agitations effrénées des quadru-
pèdes pendant leur rut, avec la jouissance momen-
tanée des oiseaux que frappe d’un coup rapide la
commotion de l’amour; combien est riche et féconde
cette source de la. vie où se régénère sans cesse la
nature, au milieu des langueurs , des transports et des
éclaii-s du plaisir !
L’œsopliage des poissons est court et susceptible
d une glande dilatation. Il est fortifie, dans plusieurs
espèces, par des bandes musculaires longitudinales
très -fortes. Les poissons avalent quelquefois des ali-
mens d’un très-grand volume. Dans ceux dont l’es-
tomac ofire une cavité très- distincte du boyau, les
intestins forment des circonvolutions plus étendues et
plus nombreuses.
Le squelette des poissons est composé de cartilages
ou d’os que réunissent des ligamens très -serrés. On
n y voit point d’articulations composées de cavités
et de têtes arrondies. Leurs os se joignent par des
facettes diversement combinées entr’tlles. Dans (jucl-
ques espèces de silures ils représentent des cercles
passés l’un dans l’autre à la manière des cliaînon.s.
Les nageoires dos poissons leur tiennent lieu d’ex-
Irémités. Celles de l’abdomen , presque toujours au
nombre de deux, se meuvent horizontalement dans
la plupart, et elle.s servent à soutenir l’animal à une
certaine hauteur. Linné les a comparées avec raison
DISCOURS SUR L’ANATO.MIE. 2o5
8UX pi0cls dont clics ont cjucl(|iics us32[cs« Celles de Is
poitrine sont employées pour faire tourner le corps
auquel l’impulsion est donnée par l’aileron de la
queue. Les nageoires du dos et de l’anus maintiennent
l’équilibre; et AJ. Broussonnet s’est cou vaincu par des
recherches très-complètes dans ce genre, qu’elles sont
toujours proportionnées au volume des parties ante-
rieures du corps de l’animal , et qu’elles servent aussi
dans quelques-uns, en augmentant la surface des ré-
gions postérieures, à rendre la force d’impulsion plus
grande. Mais qnelqu'iinportans que soient ces usages,
quelque frappans que soient les rapports des nageoires
avec les extrémités des quadrupèdes, on ne doit pas
se permettre, à l’exemple d’un auteur moderne, de
donner les noms de clavicules , ô*omoplates eld' os des
îles aux osselets de ces organes, qui sont bien loin
d’avoir ce degré de perfection et de mpbilité que
donnent aux bras et aux jambes ces os, dont il est
évident que la famille des poissons est dépourvue.
LES INSECTES, LES VERS, LES POLYPES.
Le physiologiste, dont nous essayons ici de diriger
l’étude, n’oubliera dans scs travaux, ni les insectes,
qui pai'oissent plusieurs fuis sur la scène du monde,
toiijoui's differens d’eux- mêmes, et dont la vie est un
tissu de merveilles et un continuel déguisement; ni
les crustacées analogues aux insectes, dont les os re-
couvi’eut aussi les muscles , et qui , se dépouillant
2o6 sciences pmysiol. et medicales.
chaque année de leur squelelte entier, de la mem-
brane interne de l’eslomac et de la tunique extérieure
des yeux , semblent avoir été condamnés à partager
leur existence entre les embarras d’une enveloppe qui
se refuse à leur accroissement , et les injures auxquelles
la mollesse et la nudité les exposent; ni les vers des
coquillages , dans lesquels tout l’ordre des viscères
connus est déi-angé, dont les yeux et le cerveau ont
une mobilité bizarre , dont les trachées servent à la
fois a la respiration et à la sortie des excrémens; qui,
pourvus d’une trompe, sont la plupart carnivores, et
sinon cruels, au moins très -voraces ; dont la repro-
duction oflre toutes les combinaisons possibles des
sexes, et qui ont tous cela de commun qu’ils voient
chaque année s’accroître le volume et l’éclat de leur
demeure en même temps que leur fardeau s'appe-
santit. fje physiologiste n’oubliera point le cœur,
organe central des méduses, les fils vibrans de ces
mollasses, les piquans, les trompes ni la bouche des
oursins, ni le panache frangé des argJis , ni ces vers
qui, sous la forme d’une outre, cachent des entrailles
et un cœur. 11 considérera les animaux que la nature
a destinés à vivre aux dépens des autres et qu'elle a
mis à l’abri de toute injure en les logeant dans la
profondeur des organes où ils naissent , se développent
et meurent. 11 s'arrêtera à l’aspect de la famille nom-
breuse des polypes, dont les individus éminemment
contractiles, tantôt séparés, tantôt réunis, semblent
7i’èlre composés que de bras pour saisir leur proie et
d’un estomac pour s’eu nourrir. A l’aide de la loupe,
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 207
il retrouvera clans le inonde microscopique ce qu’il
aura déjà vu, des atomes vivans qui s’agitent, s’at-
, se repoussent , se dévorent et se iepio*“
duisent. Enfin, il comparera tous les êtres animés
avec tous les végétaux que je définis, pour mettre
le complément à ce système , des corps vivans dans
lesquels la substance ligneuse lient lieu de squelette,
dont les sucs, pompés par des vaisseaux capillaires,
circulent et s’assimilent, où il se fait des sécrétions,
une sorte de respiration, et qui engendrent, mais qui
sont dépourvus du cœur, qui no digèrent, qui n’ont
ni sensations, ni mouvemens spontanés.
Voilà sous quels rapports j’ai vu le règne vivant.
N’observer , ne décrire qu’un animal , c’est, me suis-je
dit, ne tracer qu’un portrait, c’est n'étudier qu’un
genre. J’ai osé concevoir le plan d’un tableau ; j'ai
marqué les principaux traits qui m’ont paru de-
voir entrer dans sa composition, et j’ai indiqué les
divers genres anatomiques, dont il me semble que la
connoissance approfondie dévolleroit celle du système
entier de ces corps.
Ceux qui pai coureront les tables où j’expose ces ré-
sultats de mes recherchées , remarqueront que le
nombre des individus tirés de la classe des vers y
surpasse celui des animaux plus volumineux des pre-
mières divisions. C’est que la structure de ceux-ci
peut être facilement déterminée, tandis que les autres,
échappant au scapel par leur petitesse, il faut les con-
sidérer en famille , pour suppléer, par le nombre d’ob-
aervations faites à l’extérieur de chacun d’eux, à ce
2o3 sciences PIIYSÎOL. ET MEDICALES.
qne la dissection nous dévoilerolt, si elle éloit pos-
sible, sur le mécanisme de leurs organes.
Lorsqu’un animal, ou quelqu’un de ses viscères a
été préparé par la dissection, il y a deux moyens
de le rendre utile à l’enseignement et aux progrès
de l’Anatomie: le premier est de le conserver dans
un cabinet, le second est de le décrire.
DESCRIPTION.
Voir et décrire sont deux choses que chacun se
croit en état de faire, et dont cependant peu de per-
sonnes sont capables. La j^remiére suppose une grande
attention et des lumières acquises dans le genre au-
quel appartient l’objet que l’on observe ; la seconde
exige de la méthode et la connoissance des termes
propres à donner une idée exacte de ce que l’on
a vu.
Avant Vesale, Galien et Sylvius sont peut-être
les seuls anatomistes dont les descriptions puissent
être citées avec éloge; encore le premier est -il sou-
vent diflus , et le second quelquefois abrégé. Vesale
n’a point mérité ces reproches. Plusieurs ont mis,
comme Riolan, l’érudition à la place des connois-
sances exactes. Mais c’est surtout dans les éci’ils de
Stenon, de Malpigbi, delleisler, deWinslow, d’Al-
hiuus et de Kerlin (|u’il faut chercher des modèles
de description anatomique : on la voit sous deux
formes dans leurs ouvrages. Dans l’osléologie de Ber-
lin , ses détails sont très-clairs; mais longuement
discours sur L’ANATOMIE. 209
écvils el exposés à la manière des professeurs qui en-
seignent. Dans le traité de Winslow , à l’aide de di-
visions et de subdivisions régulières, sa marche est
courte et rapide. Cette méthode est préférable ^ans
doute, puisqu’elle dit les mêmes choses avec moins
de paroles, et que, dans tous les cas, c est lendie une
formule très - vicieuse , que d’ertiployer un grand
nombre de signes pour exprimer un petit nombre
d’idées. xMais la méthode de Winslow, que je pré-
fère à toutes les autres, me paroîtra elle -même im-
parfaite si on la compare avec celle des naturalistes.
Ayant à décrire une longue suite d’objets, ceux-ci
ont vu que, s’ils n’étoient pas très- rigoureux dans
leurs définitions , très -précis et très- significatifs dans
leurs phrases, leurs traités deviendroient très- volu-
mineux et trop vagues. Un a donc créé autant
d’idiomes nouveaux qu’il y a de branches dans l’bis-
toire naturelle; les botanistes ont donné l’exemple.
La langue grecque a été mise à contribution : de
nouveaux substantifs ont exprimé par un seul mot
des idées très-complexes, et qui exigeoient aupara-
vant, pour être entendus, le secours des périphrases ;
d’autres termes aussi nouveaux ont déterminé les
diverses modifications des corps , et leur valeur a été
fixée en tète de chacun de ces systèmes.
Au milieu de ces innovations, l’Anatomie seule n’a
fait presque aucun changement dans son langage.
Comment, avec une nomenclature qui n’est presque
point enrichie depuis Galien, pourroit -elle suffire à
la description de tant d’organes nouveaux E- Nous
T. 4. li
210 SCIENCES niYSIOL. ET MEDICALES.
louchons donc au moment où notre science doit
Subi]’ la révolution générale, et c’est une étude Ij-ès-
philosophique que celle des règles d’après lesquelles
doivent être élrdjlies sa nomenclature et sa méthode.
Les réflexions suivantes contiennent le résultat de
mes recherches sur cet objet important.
DE LA LANGUE DES SCIENCES EN GÉNÉRAL, ET DE
CELLE DE l’aNATOMIE EN PARTICULIER.
Une langue pauvre, a dit ingénieusement un écri-
vain moderne, ( i ) n’a jamais été celle d’un peuple
riche. Les diverses sortes de langues se forment en
efiél et se développent dans la même progression uù
le champ des idées s’étend: et soit que l’imagination
s’élève, ou que la raison s’éclaire, il faut bien expri-
mer d’une manière nouvelle des sensations que l’on
ïi’a pas encore éprouvées, ou des combinaisons qui
n’ont pas encore été faites. 11 n’y a point de nomen-
clature ni de méthode qui ne puisse être changée par
cette influence des progrès de l’esprit.
A la vérité lorsque les idées ou les inventions
nouvelles sont peu nombreuses, on peut quelquefois,
sans rien détruire, les placer à la suite de l’enchaî-
neraent déjà formé; mais il y a un terme au-delà
duquel on ne peut s’empêcher de refondre la mé-
thode. Pour remettre l’ordre dans la faculté de penser.
fl) De V Universalité de la Langue française ; discours qui &
remporté le prix de l'Académie de Berlin, en lySi, in-8°. , publié
en 1785 , ]>a^o 4i.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 211
il faudroit , a ditllacoii, refaire rentendement hu-
main. Nous dirons, pour .remettre l’ordre dans l’en-
tendement humain appliqué à l'étude de quelques
sciences, U faut refaire leurs langues. Qu’est-ce en
effet qu’étudier une science? C’est acquérir des idées
de toutes les parties qui la composent, c’est associer
ces idées , de sorte que leurs impressions se repro-
duisent d’elles- mêmes et se succèdent sans eflort et
sans travail ; c’est les ordonner de manière que les
unes, d’individuelles qu’elles étoienl , devenues gé-
nérales , se sous-di visent en clas.ses, genres et espèces,
tandis que les autres, isolées , attendent des filiations
nouvelles; c’est en allant du connu à l’inconnu , veiller
sur l’exaclilude des faits, dans l’observation comme
sur. la chaîne des jugemens intermédiaires dans le
raisonnement ; enliii , c’est apprendre à mettre en
oeuvre toute l’activité de l’esprit, en fixant par des
paroles et des signes, la nature et les rapports delà
pen.sée.
Condillac , qu’on ne loue point assez, Coudillac ,
aussi grand que Locke, au moinsdans quelques parties
de ses ouvrages , après avoir prouvé que la faculté
de sentir est le foyer de toutes les autres, a dit le
premier que les langues ne sont que des méthodes
analytiques. Il suit de ces réflexions que l’art de rai-
sonner n’a commencé qu’avec elles; que cet art ne
peut s’exercer sans les formules dont est composé le
langage, et que plus on abrège le discours, plus eu
rapprochant les idées , on rend l’exposition claire , les
comparaisons faciles et les résultats certains.
I
2 1 2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Puisque tout le langage est une analyse , combien
n’imporle-t-il pas, dans l’étude des sciences, de per-
fectionner des inélliodes à l’aide desquelles les diverses
parties d’un tout sont séparées, examinées, connues,
nommées, comparées et réunies ! Long - temps les
seuls géomètres surent employer ces procédés utiles:
les physiciens et les naturalistes ont enfin appris à
s'en servir. On demande pourquoi Linné a donné le
nom philosophie botanique (i)au traité dans lequel
sont consignés les principes de sa nomenclature? C’est
que ce grand homme a compris que la base de tout
édifice de l’esprit est la science élémentaire des mots,
sans laquelle nul genre de connoissances ne peut ni
s’élever , ni s’affermir.
Les auteurs des premiei’s noms assignés aux subs-
tances des trois règnes , se sont servis d expressions
qui n’avoient aucune liaison enlr'elles : l’analogie et
le hasard en ont fourni le plus grand nombre. Diverses
considérations religieuses , divers sentimens de recon-
noissance et d’amitie, les inspirations mêmes de 1 or-
gueil ou les prévenances de Fadulalion ont fait le reste ,
et l’on a vu la liste des productions de la nature sur-
chargée de noms bien étrangers à son culte. Linné ,
témoin de ce désordre , résolut d’y remédier: bientôt
disparurent du catalogue toutes les dénominations
relatives, soità ces personnagesauxquels sont assignées
d’autres places dans l’histoire , soit aux grands que
la flatterie place partout, soit même aux savans des
( 1 ) Philosophia holanica.
discours sur L’ANATOMIE. 2vS
autres classes. C’est clans le ciel que cloiventetre écrits
les noms des Cassini ; c’e^l aux plantes qu’il convient
de donner ceux de Toumefort et de I^nne , comme
c’est sur les replis du corps humain que Fallope et
Sylvius ont imprimé le sceau de leur gloire.
Linné rejette , avec raison , les dénominations trop
longues ou embarrassées , d’une prononciation trop
dure, ou qui, composées dedeux racines, 1 une grecque
et l’autre latine, offrent un assemblage monstrueux
et bizarre. Mais doit-on également adopter son avis,
lorsqu’il refuse d’admettre les noms que certaines
finales (i) terminent, ou ceux dont les racines ne sont
ni latines ni- grecques? Pourquoi , dans le premier cas ,
se priver d’un moyen facile pour distinguer certaines
classes eiitr’elles ? et , dans le second, pouniuoi ne
pas préférer à des noms factices ceux que les naturels
des différenspays donnent depuis si long -temps aux
corps que nous voyons pour la première fois?
Linné blâme encore les noms génériques composés
de deux mots distincts. A la vérité cette construelion.
vicieuse en général , est gênante dan^ le discours et
dans les détails des espèces ; mais lorsque les deux
mots composans réunis n’en forment qu’un , loin de
trouver des incoiivéniens dans cette sorte de nomen-
clature , j’y vois de grands avantages, en supposant
toutefois que chacun des mots ainsi confondus ex-
prime quelques rapports essentiels de conformation ,
de situation ou d'usage. Nous employons souvent,
( 1 )En eidesj alla, strum, sler , aria.
‘2ii SCIENCES PHYSrOL. ET MEDICALES.
en Anatomie, des noms ainsi composés ; et c’cst tou-
jours avec profit pour les étudians, qui ne peuvent
les prononcer sans se rappeler les relations ou la
structure des parties auxquelles de pareils noms sont
donnés, (i)
Comme un fait nouveau n’est qu’un rapport dé-
couvert entre quelques-unes des parties du grand
système de la nature, il ne suffit pas d’indiquer ce
fait par un mot, il faut de plus exprimer ses rapports
par des adjectifs dont le sens soit l)ien déterminé. Or,
en Anatomie, nous avons peu de ces dénominations
spécifiques propres cà désigner les qualités individuelles
des corps. La plupart des noms que les'naturali.sfes
ont adoptés peuvent aussi nous servir : n’appartien-
nent-ils pas à la descript ion des surfaces extérieures?
En les empruntant et en les appliquant aux surfaces
intérieures, j en ai fait un usage que je crois légitime
et permis. Lorsqu’il a fallu en créer de nouveaux, je
les ai tirés surtout de ces termes qui, tenant à beau-
coup d’autres, et étant connus par de nombreux dé-
rives, ont une 'signification facile à transporter dans
plusieurs langues. J’ai toujours fait connoîlre leurs
synonymes latins et français, et je me suis efforcé de
mettre enir’eux une telle correspondance , et entre
quelques-uns une telle opposition, que toutes les pro-
( i) Pour résumer, il faut que les noms génériques ne soient
composés que d’un seul nom ; que leurs racines n’apparlienneut pas
a plusieurs langues ; et s’ils sont de nouvelle création , qu’ils expri-
ment la situation , la structure ou les usages des organes auxquels
h sont attribués.
discours SUR L’ANATOMIE. ai5
priélcs des corps pussent être facilement et briève-
ment exprimées.
ün se tourmente souvent , dit Condillac, pour
définir des idées simples, taudis qu’il ne faut que les
énoiicer.Ladéfîuiliandoiten effet se bornera montrer
l’objet -, elle est vicieuse , si elle le suppose déjà connu,
’l’rop courte, elle n’a pas la netlele de 1 idée ^ tiop
longue, elle n’a pas l’exactlliide de la description j et
dans les deux cas sou but est manqué.
Dans l’ordre de nos recherches , il faut choisir les
mots propres à la formation des noms génériques et
spécifiques avant de définir j et il faut définir avant
d’analyser.
L’analyse ou la division est, au fond, la même opé-
ration de l’esprit : c’est dans la succession nalurello
des idées, c’est dana la manière dont on les acquiert et
dont 011 les enchaîne qu’il faut chercher les élémens
de cette méthode. En suivant une autre roule, l’es-
prit se fatigue et finit toujours par s’égarer. Ici tous
les termes ne sont pas connus.
C'est dans la combinaison des vérités déjà décou-
vertes qu’il faut chercher celles qui ne le sont pas
encore. Ici deux excès doivent être soigneusement
évités, et cette précipitation qui se hâte de croire, en
substituant la confiance au doute et l’hypothèse à la
démonstration, et cette extrême timidité qui, sans
la connoissance exacte des principes , n’ose avancer
dans la carrière. Que ceux qui sont dans le premier
cas apprennent, s’il en est encore temps , à marcher
dans les sentiers de l’analyse, et disons aux autres
2 1 6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
qu’il n’est pas nécessaire de remonter aux premières
causes pour dégager de toutes suppositions arbitraires
le peu de connoissances que l’on a sur les sujets les
pins embarrassés. A mesure que l’on observe un ordre
de phénomènes conslans, il faut le désigner par une
dénomination abstraite. S’est -on assuré qu’une force
particulière régit ou produit certains mouvemensdé-
tenninés , quoique l’on ne connoisse que l’existence
de cette force, il faut encore l’exprimer par un mot
convenu. Maissurtout que l’on se garde bien de donner
à ces termes plus de valeur qu’ils n’en ont réellement ,
et que l’on ne perde jamais de vue les rapports dont
ils sont les signes, si l’on veut éviter la méprise et
l’erreur.
C’est encore à l’art de créer les langues, qu’il appar-
tient de choisir des mots pour fixer l’abstraction des
idées , et ce choix n’est pas indifférent : l’exemple
suivant en donnera la preuve.
Des phénomènes sans nombre et des expériences
multipliées ont appris que les nerfs sont le foyer de
la sensibilité des organes et de l’irritation des muscles.
On a imaginé un agent pour expliquer ces effets, et
l’on a donné le nom à' esprits a?iiniaux au fluide dont
on a gratuitement supposé que les nerfs étoienl remplis.
Ici l’on a commis une grande faute , en donnant un
nom individuel au lieu d’un nom abstrait à une pro-
priété peu connue. (Combien, en se servant pour la
désigner d'une expression générale, telle quecellede
force nerveuse y on aui oil épargné d’erreurs aux mé-
decins et de mauvais raisonnemeus aux physiologistes!
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 217
Les termes qui disent autre chose que ce qu ils de-
vroient exprimer ne sont pas les seuls qui doivent èlre
compris dans notre réforme; plusieurs sont impropres
ou insuffisans, et ils ne doivent point être épargnés.
Je rapporte a ceux-ci les divisions numériques , de
premier , second , troisième , tic, , qui ne donnent au-
cune idée précise de situation ni de forme, et dont
rordre peut être troublé par des observations nou-
velles, comme je l’ai prouvé dans cet ouvrage, au
sujet des nerLv Parmi ceux-là doivent èlre comptées
les dénominations de vraies et de fausses , de dur, de
mol , de grand , de petit , de honteuses , d*«ï7ci- , tlo
bouquet, d'accessoires , i\e sublime , d'humble, d'adnii-
rable, etc. 'roulesces locutions seront rejetées comme
incorrectes, insignifiantes, et comme tenant à la fois
de rimperléclion et du mauvais goût.
De même que riionnnc le plus sitnple et le plus dé-
pourvu d’imagination ne peut parler long-teinpssaus
métaphore le langage des sciences de description , le
plus froid et le plus mesuré de tons les langages ne
peut se passer d’expressions imitatives et figurées. On
dit souvent en Anatomie, qu’une partie organique
monte, se porte, descend, s’étend, se dirige, passe,
s’allonge, s’élève, s’abaisse, s’enfonce, s’épanouit, pé-
nètre, se montre, se présente, etc. Je crois qu’il seroit
très-dilficile de renoncer tout-à-fait a ces expi’cssions;
mais je désire qu'on n’en abuse pas , que l’on s’en
tienne le plus souvent aux verbes auxiliaires, en y
joignant des adjectifs ou des adverbes, et que souvent
même on rende la marche plus rapide, en supprimant
2 1 8 SCIENCES PH YSIOL. ET MEDIC A LES.
les verlies qu’il est nécessaii'e et pénible de varier lors-
qu’on les prodigue.
Ce qui a le plus contribue a rendre les descriptions
informes et prolixes, c’est l’usage où la plupaj't des
auteurs sont de s’interrompre pour disserter sur ce
qu'ils exposent. Cette marche est contradictoire aux
principes que j ai établis. Elle rend l’analyse impar-
faite et même impossible pour le lecteur, qui ne peut
se permettre aucun raisonnement sur des faits qu’il ne
connoît pas encore. La description doit donc être sé-
parée de la théorie; et c’est en ne les confondant point
ensemble que leur valeur réciproque augmentera , l’u ne
gagnant en précision ce que l’autre acquérera de force,
de lumière et de simplicité.
Ce seroit peut-être une entreprise utile que de subs-
tituer U la nomenclature ancienne de l’Anatomie une
nomenclature entièrement nouvelle dont les noms
eussent, dans les différentes classes, une correspon-
dance régulière par leur genre, par leur composition
et par leurs finales, et dont la distribution métho-
dique, soumise à des règles constantes, fût telle que
l’esprit eu conçût facilement le projet et que la mé-
moire en gardât sans j3eine le souvenir. Ce travail,
analogue à celui dont plusieurs chiniistes illustres ont
publié le plan pour la science qu’ils cultivent, semble
devoir être l’ouvrage de ce siècle éclairé; mais j’ai
pensé qu’avant d’y procéder, il falloit revoir avec le
plus grand scrupule toutes les parties de la science
anatomique, et ne se décider qu’après le plus mûr
examen.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 219
Tarin a fait paroître, en 1745, un Dictionnaire (i)
dont je nie suis beaucoup servi dans mes recherches.
J’ai trouvé dans les écrits de Linné, dans ceux de na-
liiralisles modei nes, et surtout dans le V ocahulairede
Botanique ^uhWé par . VJ. [3ulliard,(2) im'grnnd nombre
de termes que j'ai cru pouvoir adopter. Autour de ces
mots primitifs, j’ai distribué leurs dérivés, leurs accep-
tions, leurs divisious, leur synonymie, et je les ai fon-
dus avec les noms anciens, de sorte que ce n’est pas
une langue nouvelle que je propose aujourd hui, mais
une langue renouvelée et enrichia d’expressions déjà
familières à plusieurs parties du monde savant , entre
lesquelles on ne sanrpit trop multiplier la correspon-
dance de la parole et de la pensée.
Sini LA DR5CRIPT10N ANATOMIQUE DE 1,’lIOMME ET
UES ANIMAUX COMPARÉS ENTR’euX.
Cette matière est si neuve , et les anatomistes s’en
sont si peu occupés, qu'ils paroissent ignorer quels soins
préliminaires il faudroit prendre pour se disposer à
l’exécution d’un projet dont quelques-uns ont parlé,
mais sur lequel il est évident que personne encore n’a
réfléchi.
L’homme marche droit: il est, comme je l’ai dit
ci-devant, soutenu sur le talon et sur toute la plante
du pied; sa tète occupe la partie supérieure; le ventre.
( 1 ) Dictionnaire anatomique , snivi d’une Bibliothèque anato-
mique et physiologiste , par M. Tarin , in 4“,, 1743.
{ 2 ) Dictionnaire élémentaire de botanique , etc. par M. Butliard ,
iii-fol. , Paris, 17S5.
220 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
la partie antérieure, et le dos est situé en arrière. Dans
les reptiles et dans les poissons, au contraire, la tête
est en devant, le ventre en dessous, le dos en dessus.
La ligne suivant laquelle le corps de l'homme est dirigé,
et qui est verticale, fait avec celle du reptile et du
poisson un angle de 90 degrés. Dans les quadrupède»
proprement dits, on distingue, 1°. la tête et le tronc
qui sont dans une situation horizontale, comme le
reptile et le poisson; 2°. les cuisses et les jambes qui
sont dans une direction verticale , comme celle de
l’homme. Ce qui rend la position des quadrupèdes
encore plus compliquée, c’est que la plupart de ces
animaux, co}nme je l’ai dit au commencement de ce
- discours, ne marchent que sur les doigts et ont le ta-
lon relevé. Les extrémité postérieures des oiseaux
sont aussi dans une situation verticale; mais leur corps
est dirigé obliquement, et semble tenir le milieu entre
la position de l'homme et celle des quadrupèdes. Les
singes ont aussi le tronc dans une direction oblique.
D’où il suit que les parties qui sont supérieui'es dans
l’homme, deviennent antérieures dans le tronc des
quadrupèdes, dans les reptiles et dans les poissons;
obliquement tournés en devant dans les singes et dans
les oiseaux; que s’il s’agit des cuisses et des jambes, la
position est la môme dans l’homme, dans les quadru-
pèdes et dans l’oiseau; mais que s’il est question du
pied, ce qui est supérieur dans l’homme devient an-
térieur dans la plupart des quadrupèdes, parmi les-
quels on observe un grand nombre de variétés à cet
égard.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 221
Je suppose que l’on ait a décrire et a compaiei les
différentes parties d’un organe commun a ces divers
animaux, et dans lesquels on reconnoisse six faces
comme dans un cube. Ou suiv'ra sans doute dans leur
dénomination l’usage reçu parmi nous , c est à-dire
qu’on les diviseraen supérieure, inferieure, antérieure ,
postérieure ^ droite et gauche. Ces deux derniers noms
ne varient point et peuvent être également employés
dans tous les cas-, mais on voit que les quatre pre-
miers cesseront d’être comparables lorsqu ils seront
appliqués à l'homme, aux singes, aux quadrupèdes
proprement dits, aux oiseaux, aux reptiles et aux
poissons. Il faudra s’interrompre pour avertir que la
face antérieure de l’un répond à la face inférieure de
l’autre, et que, dans un troisième, elle est oblique; il
faudra dire que la nomenclature est la même pour
certaines parties des extrémités, et qu’elle difièi'e
pour quelques autres; ce qui rend le discours obscur,
en troublant toujours l’attention du lecteur.
Je sais bien qu’en plaçant sur une table tous les
corps des animaux dont on se propose de décrire
les organes, ou en les l’edressanl tous sur leuà*s ex_
trémités postérieures , onpourroit leur appliquer une
nomenclature commune ; mais dans la première sup-
position l’on cesseroit d’appeler supérieures les parties
qui répondroient à la tète; la plante du pied seroit
postérieure, au lieu d’ètre inférieure; et ce seroit
l’homme que l’on rapprocheroit des quadrupèdes.
La seconde supposition laisseroit subsister la nomen-
clature employée dans nos livres pour l’anatomie de
222 SCIENCES PMYSIOL. ET MEDICALES,
l’homme. Mais si l’on redressoit ainsi les quadi upèdessuf
leurs exlrémilés postérieures, il faudrait placer aussi
daasla situalioji verticale , à côté dé l'homme les ser-
peiis, les poissons et les vers, tahleau qui répugne au
bon goût et à la raison. D’ailleurs, dans ces deux hypo-
thèses, l’esprit seroit toujours occupé des transposi-
tions à faire pour réduire chacun de ces animaux à
sa position naturelle, et ce travail seroit plus pénible
que celui dont on se seroit proposé d’éviter l’embarras
par ce grand boulevei’sement.
Si les anatomistes qui ont disséqué jusqu’ici le corps
de l’homme et celui des animaux n’ont point aper-
çu ces difficultés, c’est que le plus souvent ils ne le
ont point comparés entr’eux, ou qu’en les compai ant
ils ont considéré la masse totale des viscères sans parler
des détails qui sont indispensables dans le plan que
j’ai tracé.
Ces considérations m’autorisent à dire que l’on a
eu grand tort d’admettre comme primitives des di-
visions qui ne conviennent qu’à l’homme seul et nul-
lement aux autres animaux avec lesquels on doit les
comparer; que les mots antérieur ^ postérieur ySupé~
rieur, inférieur, ne doivent être regardés que comme
des attributs, et jamais comme des caractères géné-
l’iques, etque, sans cette réforme, notre science ne fera
jamais de véritables progrès.
Les principes suivans contiennent l’abrégé de la
doctrine que je viens d’établir.
1°. Tout organe que l’on se propose dedécrire doit
être traité conuno un solide gcoiuétriijuc dont on
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 225
examinera d’abord à l’extérieur les faces, les bords,
etdes angles , et dont on considérera ensuite l’intérieur,
avec les mêmes divisions.
2°. Dans les dénominations que l’on donnera aux
faces, aux bords et aux angles de ces organes, on
n’emploiera que des noms que l’on puisse appliquer
à tous les animaux qui en seront pourvus ; et ces
noms seront composés des parties les plus remar-
quables de ces organes, ou de ceux des régions en-
vironnantes, ou des usages, lorsqu’ils seront bien
déterminés et assez Lciles à saisir pour qu’il ne puisse
y avoir aucune équivoque à cet égard.
3“. Il n’y a point d’expressions qui puissent rem-
placer , dans toute l’étendue du corps de l'homme et
des animaux , comme caractères de division générale,
les mots antérieur , postérieur J supérieur y inférieur ^
parce que les extrémités postérieures des quadrupèdes
étant dans une position perpendiculaire comme celle
de l'homme, tandis que le corps est horizontal , nulle
dénomination ne peut être commune à des circon-
tances aussi dilférenles. 11 faudra donc substituer à
ces quatre termes des expressions propres à chacune
des grandes régions du corps des animaux. Citons
pour exemple l’os ethnoide, qui est cubique. Quatre
de scs faces cérébrale , jiazale ^ sphénoïdale ; ou si je
veux employer des noms plus généraux, et com-
muns à tous les os de la tète, j’appelerai
celle des régions qui est dirigée vers le sommet de
l’os frontal, ou synciput; hasilahe , celle qui répond
à la base du ci'ane j faciale , celle qui est tournée vers
224 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
la face; et occ.ipUaîe, celle qui l’est vers l’occiput,
Oa voit que celle nomenclatui e peut s’étendre à tous
les animaux qui ont une tôle osseuse, puisque, dans
tous le synciput est opposé à la base du crâne cl la
face à l’occipul. J’ai indiqué dans le vocabulaire, au
mot POSITION, le développement de cette nouvelle
méthode et son application aux diverses parties du
corps et des extrémités.
4®. Non-seulement les régions correspondantes du
même organe doivent être désignées. de la même
manière, mais ces organes doivent aussi porter le
môme nom dans tous les animaux; sans quoi les rap-
procheraeus que nos travaux requièrent ne ppurroient
jamais s’exécuter.
Ce seul principe sufFiroit pour exiger de grands
cbangemens dans la nomenclature de l’analpmie de
rhomrne et des animaux: un muscle très-connu sera
cité pour exemple. Le muscle biceps du bras n’a qu’une
tête dans les quadrupèdes qui ne sont pas claviculés.
Le nom de biceps ne peut donc pas lui être conservé
dans un tableau généial d’anatomie. Je préférerois
celui de radio-scapulairc ^ qui désigne ses principales
insertions dans l’homme et les quadrupèdes. Ici les
anatomistes ont encore donné un nom d’attribut pour
un nom de genre, ce qu’il faut toujours éviter.
Tour établir un système entier de nomenclature
anatomique , il faudroit donc avoir rassemblé tout ce
f|ue l’on sait sur la structure des animaux; et celte
partie de nos connoissances n est pas assez avancée
pour qu’on puisse exécuter ce grand projet. Je ne
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 225
poiivolsclonc entjfrrirqii’iinecbaiiche: peut-être serai-
je un jour plus hardi, lorsque j’aurai aclle^■é les tra-
vaux que j’ai eommeucés. En soumellant dans un vo
cabulaire tous les lucts dont je dois me servir à un
examen rigoureux, je me suis proposé de rendre mes
desei-ipliüus plus intelligibles, et de courourir , autant
qu’il eloil eu moi, à celle reforme gcuéiale dont il paroît
que tous les nonienclateurs sonlacluellemenl occupés.
I
P È K O R A I s O N.
Ainsi, taudis que les sciences font chaque jour des
progrès, leiu's idiomes s enrichissent, et avec eux se
perlectionne l’art de penser. Les expressions techni-
ques, recounoissables , et pour ainsi dire les mêmes
dans tous les jiiiys, forment en quelque sorte une
langue universelle , également écrite, entendue et
parlée par tous les pefiples. Celte langue a resté long-
temps incomplète. Celle de rimagiiiatiou a dù se dé-
velopper la première; mais aus.si sa marche rapide a
du se ralentir. Renfermé trop long-temjis dans les
mêmes limites, fatigué par la répétition des mêmes
images, environné de modèles (jui le subjuguent,
étonné par tant de succès q ui soûl eu x-mèmes uii obs-
tacle à des succès nouveaux, le geiiie des lettres n’a
pu conserver toute sa force eu voyant diminuer ses
espérances. Mais alors, docile à la culture, le champ
des sciences et des arts s’est couvert de moissons aboa-
dantes ; le domaine de la vérité s’est accru: ses divers
langages se sont agrandis , ils s’agrandiront encore. Des
combinaisons inattendues, des observations et des dé-
£26 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
couvertes sans nombre achèveront de dévoiler la na-
ture; des imitations de toute espèce reproduiront à
tous les sens le spectacle de ses merveilles; des idées,
des images , des métaphores nouvelles, prépareront de
ïiouvelles jouissances à riinagination , qui l'ede viendra
féconde; sa langue se régénérera; l'esprit reprendra
sa jeunesse et sa fleur; et s’il les perd encore, de nou-
veaux progrès des connoissances les lui rendront sans
doute : tant il est naturel de croire que, parmi des
peuples dont les yeux sont pour toujours ouverts à la
lumière, le génie doit porter alternativement l'em-
preinte de ces différens modes , en passant d’âge en
âge par toutes les nuances de la maturité !
La liaison des sciences et des lettres est donc plus
grande que certains détracteurs ne le donnent à pen-
ser, puisque les unes et les autres s’ouvrent mutuelle-
ment la carrière, ou plutôt n’en forment qu’une où se
développent toutes les facultés de l’esprit. Que l’on
compare les écrits des modernes sur les sciences avec
les ouvrages de ceux qui les ont précédés, et l’on verra
combien est grande la supériorité des premiers sur les
seconds. Sans doute, il ne s’agit ici ni de l'ornement
ni de la pompe du discours; sans doute, on n exige
pas qu’un pliydcien soit éloquent comme M. de Bulfon,
ni qu’il ait les grands talens de cet homme illustre, pour
qu’il luisoit permisd'écriresur lanature: jene parleque
de la méthode, de la précision et de la clarté, qui sont
les qualités les plus reconimandables du style. J'<n vain
ceuxqui ne lespossèdentpasallecteront du mépris poui
elles; en vain ils diront qu’il importe peu de quelle ma-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 22;
tolère un fait soit écrit : on leur répondra que, dans
l’hisloire des sciences ainsi que dans celle des hommes,
comme il n’y a qu’une manière de bien voir, il n’y en
U qu’une aussi de bien décrire ; qu’un fait n’est plus
identique dès qu’il est raconté de plusieurs manières 5
que l’image, comme l’idée qu’elle exprime, est une;
et que parmi les inlidélilés qu'on reproche aux obser-
Vateui's, il en est beaucoup qui tiennent à ce qu’ils ont
mal dit ce qu’ils avoient bien vu.
Plusieurs de ces iniidélités tiennent encore à ce que
la plupart expriment plutôt leur sentiment que le fait
îui-mèine. A la vérité, pour bien voir, il faut le plus
Souvent aussi bien jugei'. Ici , deux roules sont ou-
vertes : fune esLtracée parla routine, par l'iitibitude,
par une sorte d instinct j c'est celle de presque tous les
lioniuies dans les détails de leur prolessioh ortlinaire :
dans l’autre, on est guidé par les principes de l’analyse
Ou de la’ synthèse; l’on suit une méthode générale ap-
plicable à tous les cas, et l’on peut ainsi s’élever aux
résultats de tous les ordres.
La première condition , dans cette l'echerche, est
sans doute de n admettre un laitqu'après l'aVoir con-
sidéré sous toutes ses faces, et avec des yeux exercés.
La seconde est de ne tirer de chaq ue observation que
les conséquences qui en résultent immédiatement, et
de ne point aller au tlà de ces conséquences.
En deux mots, agir en physicien et raisonner èh
géomètre, voilà ce qu’il faut faire pour n’ètre poiiit
trompe, et pour ne tromper personne.
lant que l’on n opère que sur des iuachines, on n'a.
328 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
pour ainsi dire , à veiller que sur soi-même ; maïs
lorsqu’il s’agit d’expériences dans lesquelles ce sont des
hommes que l’on observe, les sources du prestige de-
viennent plus nombreuses et comportent plus de dan-
ger; ceux que l’on soumet à une épreuve doivent tout
craindre , et l’on a tout à redouter de leur imagination
exaltée ou séduite; c’est elle qui a rempli le monde
d’agens supposés devant lesquels la raison se tait, et
qu’il est de l’intérêt de l’humanité de combattre et
d’anéantir. Que l’on se souvienne surtout que l’espèce
de raisonnement par lequel on remonte aux causes,
est de tous, celui qui exige le plus de savoir et de mé-
thode , et qu’il n’appartient qu’à un petit nombre
d’hommes de s’en croire capables. Que l’on se sou-
vienne encoi’e que les yeux les plus attentifs, lorsqu’ils
ne sont pas accoutumés à un genre d’observation, sont,
sous ce rapport , des instrumens très-imparfaits et dont
il faut se défier, parce qu’il y a pour eux mille sources
d’erreur.
Nous ne pouvions trop nous recueillir, mes lecteiu’s
et moi , au commencement d’un aussi long ouvrage, (i)
Je devois exposer mes vues sur la réforme de notre no-
nienclature;et avant d’entrer dans les détails de la struc-
ture des organes, j’ai voulu placer en tète un résumé des
connoissances anatomiques dont les naturalistes ont
fait usage, afin de montrer dans son ensemble le ta-
bleau de la science à laquelle j’ai consacré mes veilles.
( 1 ) La lecture de la Dissertation de Bergman, de hulagando
verc , est très-propre à faire sentir la nécessité d’uno marche sage et
mesurée dans l’étude des sciences.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE.
TROISIEME DISCOURS.
Exposition des caractères qui distinguent les corps vivans ^
et idée générale de l'organisation des plantes et des animaux.
ULLE science ne touche riiomme cl aussi près que
J’Analomie, et cependant il n’en est aucune qui soit
aussi négligée. Les médecins et les chirurgiens sont
les seuls qui s’en occupent, parce qu’ils en ont besoin
pour leur instruction , et que le public les e.stime
d’autant plus , qu’ils l’ont étudiée plusloiig-temps. Mais
elle n’est point, comme l’histoire naturelle et la chimie ,
cultivée par des amateurs, qui consacrent à son avan-
cement leurs fortunes et leurs veilles. Sans doute, il
répugne à l’homme de voir d’aussi près sou néant j
il fuit ce triste spectacle , et il consent à s’ignorer lui-
mème, plutôt que de s’affliger à la vue de tant de
misères. Le premier dégoût une fois surmonté, cette
étude offre cependant un champ vaste et fécond en
merveilles; elle détruit des préjugés nombreux; elle
donne une explication d’un grand nombre de phéno-
mènes , que chaque jour reproduit; elle rectifie les idées
fausses qu’on peut avoir prises sur l’économie animale ,
et pai’mi les erreurs qu’elle dissipe, il n’en est aucune
qui n’expose à quelque danger. Les philosophes de-
vroient au moins prendre une teinture decette science ,
sans laquelle , lorsqu’ils auront à parler de la natui’e
2Ô0 SCIENCES PHYSrOE. ET MEDICALES.
de l’homme, de ses appétits et de ses besoins , ils de-
meureront toujours au-dessous de leur sujet.
Ij homme est pciimi les corps vivans celui dont
l’organisation est la mieux connue. On a aussi dissé-
qué les autres animaux et les plantes, et on s’est enfin
apeiçu que c est la comparaison des organes , consi-
dérés à différens intervalles , dans lesystème des êtres,
qui peut répandre le plus de jour sur le mécanisme et
sur l’usage de leurs parties.
Cette comparaison , au reste , est très- peu avancée :
on a beaucoup recueilli et on a peu comparé j jamais
on n’a travaillé sur un plan commun. Chacun a décrit
à sa manière, et dans l’ordre qui convenoit le mieux:
à son système ou à ses habitudes j quelquefois même
sans aucun ordre déterminé. Il n’y a rien eu jusqu’ici
d’arrêté dans la nomenclature ; et parmi tant de mor-
ceaux si dissemblables , quel œil seroit assez habile
pour distinguer, sans un long et pénible examen, les
diftérencea et les l'apports!
Quel que soit l’état des connoissancessur cette partie
des sciences naturel les, on peut cependant réunir et pré*
senter sous un même point de vue, plusieurs l'ésultaU
d’im gi'and intérêt et quelques vérités générales.
IDÉE GÉNÉRALE.
Des caractères des corps organisés.
Je divise les corps naturels en deux grandes classes;
la première comprend les corps bruts, la seconde Ica
corps vivans.
DISCOURS SUR L'ANATOMIE. 25 1
Dans ceux-ci, les organes , par des monvemens
propres, inhérensetsponlanés, croissent dans touleslc»
dimensions à la fois, se nourrissent et se reproduisent.
Dans ceux-là, l’altraclion , soit quelle agisse seu-
lement sur les 7nasses,soit qu’elle donne aux parties
similaires des corps diverses impressions , d’où résul-
tent des formes détei minées, est le grand agent qui les
meut, (pii les modifie, qui les fait passer par divers
états successifs; c’est l'attraction qui règle les nom-
breuses variétés des cristaux , dans la compositioudes-
quels entrent des parties intégrantes , homogènes et
d’une combinaison parfaite.
Ainsi , veut -on distinguer les corps bruts d’avec les
corps vivans? Toutes les fois qu’on trouvera un corps
.naturel ayant une forme constante , mais qui peut être
divisé mécaniquement en parties d une natine diflé—
rente , et qui cependant est essentielle à sa lormation,
ou en pourra conclure que c'est un corps végétal
ou animal, c’est-à-dire, un corps vivant.
Ouelques naturalistes ont donc eu tort de regarder
lesfucus comme des cristallisations, puisque ces corps
sont composés de parties très - diC'érentes les une des
autres.
En général les formes cristallines sont angulaires, tan-
dis que les formes végétales et animales soutarondies^
La forme organique des' végétaux et des animaux
est loujoursdisposée de la manière la plus avantageuse
à la vie , à l'accroissement de l’individu et à la conser-'
vation de l’espèce; rien de semblable ne peutrésulter
de la forme constante des ci’islaux , dont la masse u#
252 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES,
s’augmente que par juxla-posilion , el dont les dive rses
molécules n’ont rien de commun entr’elJes que la force
qui les unit.
Les corp vivant sont toajou,-. oomposca <1e parlies
soli.les et de parues fluides Irès-distincles les unes des
aulres, tandis ijue l’on ne trouve en général dans les
cristaux que des parties solidifiées.
La formation des cristaux qui croissent par l’appli-
cation de lames successivement ajoutées à leurs sur-
faces, ofire quelque analogie avec les végétaux. Dans
ceux-ci, les couches se répandent sous l’écorce, c’est-
à-dire, sous un organe disgeslif, qui prépare la matière
avant qu’elle serve au développement de l’individu 5
mais le cristal n’a pas besoin d’un tel organe, puisque
3a substance qui sert à son accroissement, est déjàsera-
Wable à ses autres parties ; la propriété d’attirer les
principes homogènes', et de rejeter les principes hélé-
logènes, est allacliée à chacun de ses points , et elle
ne dépend pas, ainsi que dans le règne vivant, de la
mobilité d’un organe.
Tous les cristaux qui appartiennent à une meme
espèce, renferment, comme cristal inscrit, un polièdre
d’une figure constante. Quelques variées quesoient les
formes extérieures, ce polièdre est la forme primitive.;
les autres ne donnent que des formes secondaires.
Celles-cisoiit produites par uuesuperpositiou de lames
appliquées sur le m yaii , et qui dcciois.seni , suivant
des lois simples et régulières, par des soustractions
d une ou de plusieurs rangées de molécules iulcgraule.s.
L’existence de ces lois , prouvée par l’accord des cal-
DISCOURS SUR L’ANATOMID. 2^5
cnls, avec l’observation des angles , est le fondement
de cette théorie. La plus légère rédexion fait voir com-
bien ces principessontloinde pouvoir être appliques,
soit à la composition, soit au développement des corps
vivans.
Nous reconnoissons neuf caractères ou propii^eles
générales de la vie; savoir: i“. la digestion ; 2^. la
nuliilion ; 5°. la circulation; 4“. la respiration ; 5 . les
sécrétions; 6°. l’ossification; 7“, la génération ; 8“. 1 ir-
ritabilité ; 9°. la sensibilité.
Tout corps' dans lequel on observe une ou plusieurs
de ces fonctions doit être regardé comme organisé
et vivant.
Il est hors de doute que les végétaux doivent être
rangés dans celle grande division ; ils se nourrissent,
quehiues-unesau moins de leurs parties se meuvent;
ils croissent et se reproduisent ; des humeurs circulent;
ils se fait en eux des sécrélions et ils ont une sorte de
respiration. Mais la sensibilité est le grand caractère
de la vie animale.
Le tableau suivant fera connoilre quelles sont, dans
les difl'éreiiles classes, l’influence et l’étendue des neuf
fonctions que nous avons admises.
TABLEAU
des fonctions ou caractères propres aux corps vivans.
DlfiE&XlOK. i
I qui ont un ou plu-\
I sieurs estomacs bien
Corps TÎTansi distincts de l’œso-
I phage et du coudait
I lutcâtiuid : ^
l’homme, les qua-
drupèdes , les c éfa-
rées , les oiseaux,
les crus lacées.
254 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
dont 1 estomac nei Jesquadrupèdesovl*. ^
diffère que par quel ! pares , les serpens j
ques renflemens, de\ les poissons cartila- /
1 oesophage et dul gineux, les poisson» 1
condui t intestinal : f proprement dits. ^
1®. DI c ESTiON.<' Corps vivans<
qui n’ontqu’un tubeC , .
ou tuyau alinien-< ,
taire ;
^ les Züophytes.
qui n’ontni estomac f
ni conduit intesti-< les plantes.
Ual: (
(
2". M ÜTRITI ON./ Corps TÎvanSj
dont les sucs nour-
riciers sont absorbés
par des vaisseaux
ouverts dans des ca
vités intérieures.
l
l’homme , les qua-
drupèdes , les téta-
cées , les oiseaux ,
les quadrupèdes ovi-
pares, les serpens,
les poissons cartila-
^ineuT. les poissons
pro])rement dits, le»
insectes, les crusta—
cées , les vers.
dont les sucs iiour-[
ricierssont absorbésl
par des vaisseaux!
ouverts à la surface]
extérieure.
les plantes.
(l) On difilîngiiv Bulmird'ui les mot-
Jacques deR yers, et l’on snit que les pre*
tnicrs»qui respirent pnr deuxbrnncTiics,
•Ht un mode d’nrganiital ion qui les élève,
de pln.siexirs degrés . clans l’éclielJc des
corps animés. Lie digne successeur de
Vic~Dazyr, M. Cuvier, è c)ui nous
•levons cette découverte , nous a aussi
appris c|ue les vers articulés. Iris que
la sung-sue, avolcnl également unecir*
dilution proprrmi nt dite, tandismie les
insectes, c|iij correspondent avec le mi-
lieu atiiiospliérin ne par des tnirbécs ,
sont dépourvus crun appareil de circu-
lation , et placés, sotisce rapport , au-
dessous des précédrns. dans IV’chelle
des âointaux. ( Je î*eJilcur,)
f
qui ont du sang , desf , les
vaisseaux et uncœur
qua-
. , . . , drupèdes, les »éta-
u deux ventricules „
,, , ... .. i cees , les oiseaux,
etadeux oreillettes:'. ’
3”. cincuLATioN./ Corps vivan;
1
à un .seul ventricule,!
dont riiiférirur est), -,
. , , V Ips quadrupèdes»
rtiViAM OtI 1)1 ll.AI <»ll r.< 1 * I
divisé en plusieurs', i,.'
. . * pares , les serpens.
t iiviies , et
oreillettes
f,
■i un seul ventricule le.s poîs.son.s cartila-
c‘t à une seule oreil-' gineux les p<>i.>,sün»
ette. / proprement dits :
i»
(.
llont lo «ceur est/
ifornié p.vr un vni,'-t les crusfacées , les
peau longitudinal ,\ insectes, les vers. (i )
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. a55
(l)D’^lpr^^ lu fniU rtppnrlis dam
In note précédente , on doit ranger le»
inaectea daiii cette diWaion.
( lYofe de l'éditeur. )
noueux et contrac-<
tile , et dans les-
quels une liqueurj
blanchâtre tientlieuj
de sang :
dans lesquels oui
n’observe point de
cœur, mais des vais-*
seaux remplisdesucsi
^dedilléreiite uatureq
On trouve dans quel-
ques crustacées l’é-
bauche d’uu cœur.
les zoophites , les
plantes, (i)
(4) Il fimt aimi comprendre dam
•rite diriaion lea moHuai^ara et l«a
Tora arliciilèi. ( VoieJr /'arfirmr. )
(5) Hluairura de» corp« vtvana que
l’on ici anns le nom de tftn
sont dea moUîtaquea et rea-
^pireiil par des branchies.
( Aole Jtf l'éditeur. )
dear
deV
■i
f qui respirent par deSj
I potitnons libres
toute adhéretice
spongieux :
par des poumons li-l
bres de toute adhé- 1
rence , formés des
ceftules , et muscu-i
laires ; ^
par des poumons ad-f
nérens aux côtes , et’
pourvus d’appeudi-j
ces :
(
4". nESPiEATiON'...;^ Corps vivans/par des ouïes de di-
Averses formes :
r
par des stigmates ou^
trous placés sur les
difierens anneaux : t
(4) Lea tubas que l*on déconrre dans
^organisme v^gî^tal* et que l’on dé—
aigue soua le nom de trachées , ne pa-
roissent pas remplir des fonctions re»-
ptratoires . ainsi qtt’on l’ayoit d’abord
arancé, d’ap^^s l’analogie qui existe
entre la forme de cea tubes et celle des
trncliées des animaux.
( yote de l* éditeur, )
(5) Et presque tous les autres too-
pbitea , les escbiuodermes exceptés.
( Note de V éditeur. )
9
par une ouTerture/
appelée trachée, ou)
par des franges ex-
térieures :
par des trachées : j
dans lesquels ou n’a^
J encore découvert ni
I stigmates ni tra-\
l chees : /
l’homme , les qua-
drupèdes, les céta-
cécs.
lesquadrupèdrs ovi«
pares, les serpena.
les oiseaux.
les poissons cartila-
gineux, les poissons
proprement dits, les
crustacéè,'. (z)
les insectes, les vers
terrestres.
les vers aquati-
ques. (5)
les plantes. (4)
les polypes. (5)
5®. sEcuÉTioN.,,.., S ” y ® point de corps vÎTan* dans lesquels il ne se
> fasse des secrétions.
T. i
356 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
(ï) Les lltopliytes n*ont pas de sque>
IcUc corné , mais une t-uvelo|i])e
pierreubf. Ces aiiiroaiix sont en si
grand uombrr* dans quelques mers,
qu’ils y fprmenl de îles en^^^cs.
( de lUdileur» )
6®* ossification., Corps vivans
■(
l’homme, les qua—
1 drupè.ies , les céta-
qui ont un squelette) 1^8 oiseaux, le»
I interne osseux : S quadrupèdes ovipa-
‘ I res , les serpens ,
f les poissons propre-
ment dits.
> les poissons cartila-
(giueux.
qui ont un squelette^ les insectes parfaits,
externe corné : | les litophytes. (i)
'les crustacées , les
I coquillages, les ma-
1 drepores , et la plu-
V part des zoophytes.
cartilagineux :
{Crétacé :
[ligneux :
les plantes.
. , . (les insectes dans le
qui n ont point de '• premier état de leur
squelette : \ métamorphose , les
^vers, les polypes.
7°. ciwiRATioN
i
(
vivipares ;
I l’homme, les qua-
I drupèdes , les céta-.
‘ cées.
les oiseaux, les qua-
drupèdes ovipares ,
[ovipares, soit quel les serpens, les poia-
Corps vivans ^ 1®* œufs se dévelop j sons cartilagineux ,
'^peiit au-dedans ou' les poissons propre-
ihors de la femelle ;| ment dits , les in-
I sectes , les ernsta-
( cécs , les vers , les
plantes.
qui se reproduisent \ les vers , les poly-
par bouture ; * pes , les piaules.
8®. IRRITABILITÉ. I Corps vivons
f 14— •
I qui ont tout le corps] flccles dans le pro*t
I .««.......I .. /...î 1. I
la plupart des îu-
i
musculeux, ou coii-(iiiier état de leur
tractile : j métamorphose , le,
vers, les polypes.
i
discours sur L’AN mie
îS'
1
, l’homme , les qua-
1 drupède» , les cét.a-
\cées, les oiseaux, le»
1-1 .
8.iKKiTABiLiTiO).^Corps vlvans^
f
\
scees, ICS oiseau*, le»
dont les muscles re- J jj^pèdes ovipa-
couvrent le’ sque-/ ^ jçg serpeiis , les
lette. 1 poissons cartilagi-
I neux , les poisson»
\ proprement dits.
fil Virrit«l>iUli V« .««<■
lion , mai» une proprièlè vilale , U
motililè du profeueur Cheimier ,
nropriilù doiil le diveloppcmenl con-
tribue i toute» Ici fonction». On penl
f«irc la mAme rcroarijiie »ur 1» jenji-
kiliti. ( Ni'lt * l'éiiU^ur. )
V
dont les muscles ,
sont recouverts par les insecte» parfaits,
le squelette: ^ les crustacécs.
qui ont à peine quel-l
ques partie» con-1
tractiles , et qui ne) plantes,
jouissent d aucuns J
inouveniens spon-
tauis.
SEKSIBIUTU.
I l’homme , les qua-
\ drupède» y lescéta-
qui ont des nerfs et cées, le» oiseaux, les
uQ cerveau bien dis- quadrupèdes ovipa-«
Itincts de la moëlle\rcs, le» serpens , le»
lépinière : Ipoissons cartilagi-
■ /lieux , les poissons
f proprement dits.
I y<lt*‘ nerfsf
^Corps vivans^et un cerveau àl les insecte», les crus-
\peine distincts de la( tacées , les vers. (2)
Imoclle épiuière : I
( #) Tons ces ■nimnu'^ n’tyanl point
4e squelette iulériciir, il nVst pas bieu
démontré que leur système uerveux
soit double et comprenne autre cHmc
que la partie de ce système y à laquelle
on rapporte une vie intérieure ci de
matriüoa.'( aYoIc <U Viditeur. )
Idans lesquels.on n’a*
I point encoretrouvél
I ou qui n’ont pointj les zoophytes , le»
de nerfs , de cer-A plantes,
veau , ni de moëlleJ
épinière. \
Après avoir examiné sous un point de vue général
les caractères et les fonctions des corp.s organisés, con-
# sidérons rapidement les principaux traits anatomiques
des différentes classes des corps vivans, et dans ce
dessein, arrivons des végétaux aux animaux à main-
«8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES
menas : maniera de procéder bien préférable à cille
,u. fa,t descendre l'homme an dernier degré de l’o
ganisalion ; car s .1 est vrai que la vie de l'animal à
aang chand ne soU qne celle de l'animal à sang 1V„M
pins certames propriétés, .t q„e celle de ce derni^
ne son que la vie dn végétal, plus quelques modifica-
ions, ne peut-on pas dire que pour acquérir sur la
nature de êtres desconnoissancesqui soientrangées
dans un ordre logique , il faut commencer par l’exa-
men de ceui dont la composition est plus simple ?
des végétaux.
lia manière dont on a présenté jusqu’à ce moment
l’Anatomie des végétaiix est insnflisante. On a pris à
tout hasard la tige , la feuille , l’écorce d une, de deux
ou de trois plantes, et d’après l’examen isolé de ce
petit nombre d’individus, on s’est cru en droit de
conclure que les feuilles, la tige et 1 écorce de tous les
végétaux , sont généralement organisés de la même
manière ; de même que si l’on prenoit une partie d’un
animal quelconque, et qu’après l’avoir disséquée on
en conclut qu’on a fait l’Anatomie de tous les animaux.
Il existe en effet autant de différence entre la struc-
*ture d'une plante gras.se et celle d’un graminée,
qu’entre celle d’un quadrupède et celle d'un oiseau.
De cette méthode négligente de travailler, il est
résulté que nous n’avons ac((uis dans 1 Anatomie des
plantes que des connoissanes vagues, lesquelles de-
viennent uulles pour ceux qui n’approuvent que de*
idées exactes. Les semences et les parties de la fruc-
tification sont les seules qui aient été exactement
observées dans toutes les classes de végétaux , parce
que les auteurs des systèmes ont eu besoin de les
connoître pour former diverses classifications : encore
se sont - ils , autant qu’ils ont pu , bornés à l examen des
surfaces.
Pour se former une juste idée des végétaux, il est
donc nécessaire, i°. de disséquer avec soin, et dans
toutes leui’s parties, un certain nombre d’individus
a io SCIENCES PHYSIOL. ET ATEDICALES.
cle chaque famille naturelle ; 2®. il faut encore les
disséquer dans toutes les périodes de leur accroisse-
ment , dans lesquelles elles éprouvent de grandes
variai ions ; 3“. la connoissance de la structui’e des
parties internes des végétaux et de leurs usages ne
peut être le fruit d’une seule dissection ; elle doit
être fournie par l’observation de tous les changeraens
que peuvent subir les diverses parties des végétaux.
II s’agit surtout ici de rechercher dans quel ordre
doivent être rangés les végétaux pour être considérés
sous des rapports anatomiques et physiologiques. On
peut les examiner, ou comme formant de grandes
fiunilles naturelles qui supposent une suite d’organes
analogues et comparables entr’eux; ou comme pré-
sentant certaines qualités ou propriétés.
DES VÉGÉTAUX . '
DIVISÉS EN G 11 ANDES FAMILLES.
I-a division suivante nous a paru propre à géné-
raliser les idées que donnent les observations déjit
recueillies sur l’anatomie et sur la physiologie.
PREMIÈRE F A M I L I. E.
Les arum. ( 1 )
Nous donnerons le pied-de-veau pour exemple;
la partie de la fructification lapins remarquable dans
(i) Les {irum font eux-mftmcs partie de la treisième fatnill»
naturelle de Jussiru , suivant la méthode de Lamarck.
discours sur L’ANATOMIE. 24i
ce genre de plante est le spadix qui paroit etre un©
excroissance de substance vésiculeuse , laquelle est
très-abondante dans ces plantes, ainsi que dans les
palmiers, dont la Heur a souvent pour base cette pièce
singulière.
L’arum ilalicum et plusieurs espèces de ce genre,
sont remarquables aux yeux du physiologistejpar la
chaleur naturelle de leur spadix. \ oyez ce ([u en a
dit M. de Lainark, Dict. encycl. , art. Arum.
DEUXIÈME FAMILLE.
Les Palmiers. ( i )
Ici les feuilles de chaque année repoussent au-de-
hors les feuilles de l’année précédente , et ce sont les
bases des anciennes feuilles desséchées qui tiennent
lieu d'écorce. i
Ces arbres ne peuvent habiter les pays froids, parce
qu’ils sont formés d’un tissu vésiculaire très-lache.
En général , les plantes qui résistent au froid ont tou-
jours les fibres très-rapprochées , et un tissu vésicu-
laire très -serré. (*jj
TROISIÈME FAMILLE.
Les Orchidées. ( 3 )
La racine de ces plantes mérite une étude parti-
culière j elle est composée de deux tubercules , ou de
( 1 ) Quatorzième famille naturelle ,■ suivant la même méthode.
{ a) La théorie du calorique de Ramfurd explique très - bien l’a-
vantage de cette structure pour résister au Iroid. ( î^ots de l'Edit. )
( 5 } La vingt -cinquième Jamille naturelle.
T. 4.
i6
æ42 sciences physiol. et medicales.
deux canaux, dont l’un s’épuise par la croissance de la
plante; tandis que l’autre croît avec elle. Les semences
des plantes de cette famille, exigent également une
étude très-particulière. Elles sont d’un très-petit
volume, et elles passent pour être stériles.
Q U A T R I K ME FAMILLE.
Les Liliacées,
Toutes les plantes de cette famille ont un tissu vési-
culaire très-lâche, et une racine bulbeuse. Elles croi-
sent très-rapidement , parce que la vitesse de l'accrois-
sement d’une plante est toujours en raison inverse de
la quantité des parties fibreuses, et en raison directe
de la quantité du tissu vésiculaire dont elle est com-
posée. C’est ainsi que les fungus, qui ne sont presque
entièrement formés que de tissu vésiculaire , croissent
très-rapidement. Il faut encoi’e observer que-la tige
d’une plante bulbeuse est toujours annuelle; car la
vie d’une bulbe se termine tonj'ours à la première
floraison de l’individu; il est encore utile de recon-
noître comment dans cette famille, les graines sont
si souvent suppléées par de petits tubercules qui se
développent dans la fructification de la plante Nous
donnerons les allium pour exemple.
CINQUIÈME FAMILLE.
Les Joncs, (i)
lieur tige est toujours annuelle : on peut faire ici
( 1 ) Si-izlùinc faniitle niUurella.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 243
beaucoup d’observations sur la strucluie du tissu ve~
siculairequi est toujours très-étendu dans ces végétaux.
Ici, comme dans laclasse si remarquable des plantes
dont la tige est articulée , et dont chaque individu
semble être une suite de végétaux implantés les uns
sur les autres , et qui jouissent chacun d une vie et
d’une végétation particulière, il est important pour
le physiologiste qui cherche la cause de ce phéno-
mène, d’observer que les rejetons et les pousses de
toute nature dans ces plantes ne se forment que sur
les nœuds , et jamais dans rintcrvalle qui les sépare.
Lcspersicali'es, les caryophy liées, les plantes sarmen-
teuses ont des nouures d’une nature semblable dans
la longueur de leur tige; il paroît que dans ces parties
la continuité de la fibre est totalement interrompue,
et que la soudure entre les diverses pièces du tronc
ou des i*ameaux, n’est composée que d’un tissu vési-
culaire très-serré. 11 estaisédereconnoîlre cette vérité
si l’on fait attention à la cassure nette des tiges dans
les articulations , quelques-unes mêmes se séparent
spontanément par la dessication.
La fibre végétale ne peut prêter , dans l’accroisse-
ment de l’individu, que jusqu’à un degré d’extension
très - borné. jDans les plantes dont le développement
est prompt et considérable , tels que les grands joncs,
un seul fiiisceau de fibres n’auroil pu fournir le pro-
longement nécessaire à toute la longueur de la tige.
De là l'utilité des articulations. L’accroissement des
grands arbres ne dément point cette assertion ; si ou
examine avec attention la manière dont ils croissent,
244 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
on verra que, dans toutes les familles de plantes, on
peut poser, comme un principe certain, que la fibre
végétale ne peut plus prendre d’accroissement lors-
qu’elle est parvenue à un état ligneux.
SIXIÈME FAMILLE.
Les Graminées. ^(1)
Leur suc pi’opre est composé de sucre et de mu-
cilage. Dans plusieurs espèces, le même individu porte
des Heurs hermaphrodites et des fleurs unisexuelles.
La tige est souvent articulée : exemple, le seigle ,
■seeaLe cereale. Lin N.
SEPTIÈME famille.
Les Conifères.
Ici se trouve un système de vaisseaux qui n’ont pas
•une grande étendue dans les familles précédentes j
c’est le système des vaisseaux résinifères ; la résine
coule particulièrement dans la substance corticale.
Les végétaux lactescens n’ont ordinairement aucun
principe résineux dans leur partie ligneuse.
huitième famille.
Les Arbres à chaton. ( 2 )
Ici se trouvent des plantes dioïqucs. Il seroit bien
étonnant qu’on ne pût observer aucunedifférence entre
(1 ) Onzième famille naturelle.
(2) Dix- huitième famille naturelle. L’orme et le saule appartien-
nent à celte famille.
DISCOURS SUR L’\NATOMIE. 245
rAnatomîe fl'nne plante à fleurs mâles et celle d’une
plante femelle. Je présume que ces différences doivent
être particulièrement sensibles dans la structure deâ
pcduucules ; ceux des fleurs mâles ne doivent avoir
de rapport qu’avec la partie corticale, et ceux des
fleurs femelles qu’avec la partie médullaire.
NEUVIÈME FAMILLE.
Les Composées, (i)
Les causes des divers modes de polygamie dans les
fleurons méritent des recherches particulières. L’Ana-
tomie du réceptacle a pplalideces fleurs pourroil donner
sur ce sujet de grandes lumières. Il est à présumer que
les fleurons femelles n’ont point de relations avec la
’ partie ligneuse et la partie corticale, tandis que les
fleurons, garnis d’étamines fertiles, doivent avoir des
connexions avec la fibre ligneuse.
Il est à observer que toutes les sémiflosculeuses ont
nn système d’organes lactifères. On peut diviser la
fajuille des composées en quatre sections, qui sont:
A Les Semiflosculeuses ;
B Les Capitées ( capitatœ)',
C Les Corymbifères;
D Les composées à feuilles opposées.
DIXIÈME FAMILLE.
Les Omhellifères. (2)
Ces plantes , considérées sous un point de vue ana-
( 1 ) Quatorzième famille naturelle.
(3) Dix 'Septième familla naturelle.
246 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
tomique, peuvent èti’e regardées en quelque sorte com-
me des {leurs composées , dont les organes solides sont
dansunélat de division considérable, et dont les fluides
ont acquis un grand degré d’énergie. Toutes les parties
des espèces composées de toutes les seotionsse retrou-
vent danslesombellifères diviséesen plusieurs pièces et
parfaitement reconnoissables. Ces rapports très-inté-
ressans et très-inullipliés entre ces deux familles de
végétaux , n’ont pas encore été observés.
ONZIÈME FAMILLE.
Les Malvacées.
DOUZIÈME FAMILLE.
■
Les Pomifères.
TREIZIÈME FAMILLE.
Les Drupifères,
Le fi’uit à noyau n’est qu’une pomme dont la
pulpe est ligneuse. La substance pierreuse de la poire
et de quelques autres pomifères le démontre.
quatorzième famille.
Les Caryopliillèes. ( i ).
Elles présentent dans leur anatomie des rapports
avec les graminées.
quinzième famille.
Les Borraginèes. (i)
(i ) Seizième famille naturelle.
( a ) Quatre - vlugl-septièmc famille.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2^7
SEIZIÈME F A M I L I. E.
Les Etoilées.
D I X- s E P T T È M F. FAMILLE.
Les CucurbUacées.
dix-huitième FAMILLE.
Les Plantes grasses.
Elles lie sont, pour ainsi dire, composées que de
SLihslance corticale et de tissu vésiculaire.
J) I X-N E U V I È M E FAMILLE.
Les Crucifères.
Toutes leurs racines sont filiformes e.t pulpeuses
dans leur centre , avant la fructilicalion 5 elles sont
dures et creuses , après la formation de la graine.
VINGTIÈME FAMILLE.
Les Labiées.
YINGT-UNIÈME FAMILLE.
Lies Papillionacées.
Celte famille est très-remai-quable par rirrifabililé
de scs feuilles et la structure de leur articulation.
VINGT-DEUXIÈME FAMILLE.
Les Fougères.
Y I N G T -T R 01 s I È M E F A M I L LE.
Les Glousses.
V I N G TQ U A T R I È M E FAMILLE.
Les Algues.
2i3 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
VINGT-CINQUIÈME FAMILLE.
Les Fungus.
Les genres des algues et des fungus sont, de tous
les végétaux , ceux qui présentent les rapports phy-
siologiques les plus réels avec les animaux ; plusieurs
algues sont très -irritables ; leurs semences ne se déve-
loppent point cà l’extérieur, mais dans leur propre
substance; elles ne prennent point leur accroissement
par des couches extérieures , comme les autres
végétaux ; mais elles croissent par l’intususception
des substances qu’elles s’assimilent, ainsi que les ani-
maux. Enfin , et cette remarque est importante ,
l’analogie de leurs formes avec celles des mollusques
et des zoophytes , et les rapports que l’analyse pré-
sente entre leurs principes doivent les faire regarder
comme le passage des végétaux aux animaux. ( i )
Chaque genredes algues et des fungus exige une étude
particulière en anatomie: il est même vraisemblable
que ces genres formés par le port extérieur de la
plante , renfei ment souvent des espèces d’une struc-
turetolalement dilfércnte. Les lichens et les trejiielles
offrent dans le cours de leur existence le phénomène
( 1 ) En admettant que toutes les formes de l’organisation peuvent
être comprises dans deux séries , les végétaux et les animaux , ce se-
roit donc par leur extrémité que ces deux séries tendroient à se
réunir. Le dernier animal n’enchaîneroit pas sa classe au végétal,
comme le pensoit Bonnet ; mais le dernier rang ds la classe des végé-
taux et des animaux, les algues et les zoophites formeroient cette
réunion , ce passage insensible que l’on est souvent obligé d’accorder
aux partisans du système direct de la nature. ( Note de l'Edit. )
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 249
singulier d’un état de vie et de mort successif, cha-
que fois qu’ils sont humectés , desséchés ou gelés j j’ai
vu des lichen desséchés depuis plus de vingt années
dans les herbiers , végéter de nouveau et fructifier,
lorsqu’on les arrosoit à l’air libre.
De toutes les plantes cryptogames, les ul va, les nostoc,
les conferva, sont celles dont rorganisation est la plus
simple et la moins connue. Nous nous bornerons à
rapporter les observations qui ont été faites par i\I.
de Bauvoir, surl’ulva lactuca. Lin., connue vulgai*
renient sous le nom de laitue de mer, parce qu’on a cm
lui trouver quelque*ressemblance avec la laitue. En
présentant au microscope une portion decette plante ,
ou aperçoit un tissu si fin , t|u'avec la plus forte
lentille du microscope de Dellabaro-, combiné do
manière à grossir autant qu’il est possible , il faut
apporter la plus soigneuse attention pour le distinguer.
11 n’en est pas de même d’une infinité de petits grains
épars irrégulièrement dans ce rczeau, et que l’on
voit très-distinctement. Ces grains qui nous ont paru
de plusieurs formes et de plusieurs grosseurs , sem-
blent être placés dans la substance; peut-être sout-ce
les organes de la génération ; peut-être existe- t-il
aussi d’autres parties essentielles, que la foiblesse des
lentilles ou l'imperfection de l’instrument ne nous
permettent pas d’apercevoir.
La Nature si cachée à nos yeux dans ces sortes do
productions, se laisse un peu mieux pénéti’er , lors-
qu’on examine les fucus. Si ces plantes comparées
aux végétaux , qui nous paroissent plus parfaits, nous
25o sciences physiol. et medicales.
élonneiit par leur simplicité , combien ne nous
semblent-elles pas supérieures anxnosloc, auxulva,
et aux conferva (i).
TABLEAU
des classes naturelles dans lesquelles les vége'taux sem-
Llent présenter les plus grands rapports anatomiques.
Exemples tirés des espèces indigènes
et communes en France.
Les palmiers
Les arum Le pied de reau..
Les orchidées JOrchls , ophris , scrapias de diven^es
( especes.
/ à bulbe solide. . . La tulipe.
Les îiliacées) à bulbe imbriquée. Le lys.
\ à bulbe tuniquée. . L’oignon.
Les joncs Le .souchet, le jonc articulé, le tipha.
Les graminées Le millet , le roseau , le maïs, etc.
Les conifères. ....... Le pin , le sapin.
( 1 ) Dans ces derniers temps , M. Girod de Chantran , correspon-
dant de la société philomathique , s’est beaucoup occupé de la nature
des conferveset des byssus , qu’il a cru pouvoir retirer de la classe
des végétaux, et regarder comme des polipiers : opinion qu’U
appuyoit , i“. sur une ressemblance entre les globules intérieurs des
byssus , et les animalcules que l’on observe au dehors ; v. sur le rap-
port entre l’absence de ces globules, etl’apparntion des animalcules ,
dans dos conferves dépourvues d’abord de, ces animalcules , et où la
circonstance de l’humidité les fait paroître. M. de Candole a combattu
à la vérité cette opinion , et rendu les byssus et les conferves à la
classe des végétaux. Mais il n’en demeure pas moins prouvé que Iss
caractères du végétal sont beaucoup moins marqués dans ces dep-
nières plantes ; que l’analogie de celle - ci avec les animaux ne peut
•Ire contestée , et que les deux séries des corps vivans se tiennent et
se confondent principalement par leurs extrémités.
Vid. du reste , pour plus de détail sur cet important objet, fc
ÿulîetin de lu société philoiiialique. ( Note de l’Editeur. )
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 261
Lfs arbres à chaton
Les composées . .
Les aggrégées . .
Les ombilliféres .
Les malvacées . .
Les pomi fèves .
Les drupifères . .
Les cariophyllécs .
Les borraginées. .
Les étoilées . . .
Les cucui bitacées .
Les plantes grasses
Les crucifères . .
Les labiées . . .
Les papillionacées.
Les fougères. . .
I.es mousses. . .
Les algues . . .
Les fungus . . .
. . L’orme , le saule , le châtaignier. ^
. . Le laitron, le chardon , la tauaisie.
. . Le churdou à loulou , la scabieuse.
(Le chardon Roland, la berce, œnanth*
) crocata, buplevrum fructicosum.
( r,a mauve, alcea rosa, ælthœa, gossipium
"( herbaceuin.
. ' Le pommier , le poirier , le sorbier. _
. ■ L’amandier, le prunier, le laurier-cerise.
. ■ La saponaire , l’œillet , stellaria.
. ‘ La bourrache , la cynoglos.re.
. • La garance , le caillclait blanc.
. . Les courges , l’elaterium.
. . Le cactus , les sedum.
(La giroillée, le chou, le cochlearîa ,1e
( raifort.
iLes sauges, les phlomis, le scutellaria,
' I le mulle de veau.
(Le geiif t , le lupin , le treflle, le latbirus
. ./ amphicarpo.s, (dans le Languedoc) le
( baguenaudier.
. . La fougère mâle , l’equisetum.
(Lycopodium , le politric , fonlinalis an-
) tipyrctica.
(Marcnantia polymorpha, lichen crustacé
. . ( à écusson et à godets ; les bissns , le
^ fucus scrratus , treniella coiiferva.
1 Agaricus , boletus , hydnum , phallu.s ,
, .) helvella , elathrus, peaiza leutifera ,
( lycoperdon j uiucor.
Dans ces exemples, i". nous avons eu l'altention
de ne citer que les espèces les plus connues dans ce
pays-ci, afin que l’on puisse en étudier plus facile-
ment l’anatomie et la physiologie; 2“. nous indiquons
dans chaque classe les espèces les plus éloignées l’une
de l’autre par leur structure, afin qu’elles puissent y
former des chefs de division, et donner par leurcon-
noissance une idée plus exacte de toute la classe.
T. 4.
252 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Des principales qualités ou propriétés que
les végétaux présentent dans l’étude de
LEUR ANATOMIE ET DE LEUR PHYSIOLOGIE.
Les caractères qui foi’ment les principales saillies
du règne végétal, peuvent se réduire aux suivans:
1°. La consistance et la durée des végétaux. Ce
caractère établit une difTérence très - sensible entre
l’herbe , qui périt dans l’espace de quelques mois ,
quelquefois plutôt encore, et l’arbre qui vit pendant
plusieurs siècles.
1°. Végétaux qui vivent pendant plusieurs siècles.
Grands arbres. Exemp. le chêne, rohur. Lin.
Durée de son accroissement , environ quarante ans.
Chêne cité par Ray , cent trente pieds de hauteur sur
trente pieds de diamètre.
2°. Plantes qui vivent seulement pendant plusieurs
années.
Arbrisseaux. Exemple le l’osier des haies, rosa
canica , Linn. Arbrisseau qui s’élève de cinq à huit
pieds.
Sous-arbrisseaux. Exemple la bruyère cendrée ,
erica cinerea, Linn. Sous-arbrisseau qui a un peu plus
d'un pied de hauteur.
Herbes. Exemple la v'éronique aquatique , veronica
hecabunga, LiNN. Herbe à tige rampante dans une
grande partie de sa longueur.
5". Plantes qui ne vivent que deux ans. Exemple la
vipérine , echiu/n vulgare, Linn.
discours sur L’ANATOMIE. 255
4“- Plantes qui périssent dans le coui-s de l'année.
Exemple, le mouron des oiseaux, a/sine menf^,LlNN.
5°. Plantes qui dibparoissent promptement. Exem-
ple le nosloc , IremeLLa, nosloc ^ Lin N., production gé-
latineuse, demi -transparente, d’un vert loible , que
l’on aperçoit sur la terre après la pluie , et qui dis-
paroît dans les temps secs. On observe dans les vides
dont la surface est chargée , de petits globules , que
Pou a pris pour des semences , et que Haller regai doit
comme des bourgeons.
ir. Le nombre des lobes de la semence , on leur
absence.
i“. Plantes aux semences desquelles on n’a point
observé de lobes. Exemple, les fougères.
2°. Plantes dont lesKcmencesontun lobe. Exemple,
les graminées.
5°. Plantes dont les semences ont deux ou plusieurs
lobes. Exemple, presque toutes les plantes qui ont
des Heurs connues.
Iir. Le nombre et l’ensemble des organes , qui
forment une gradation marquée depuis la plante la
plus parfaitement organisée jusqu’à celle qui a le
moins d’organes apparens.
1°. Végétaux remarquables par un grand ensemble
de cai'actères. Exemple, le pommier , malus ,
Linn., arbre d’une hauteur moyenne; fleurs com-
plètes, très-apparentes , hermaphrodites ; cinq pétales;
calice découpé en cinq ; environ vingt èlamines;cinq
styles; fruit charnu bon à manger ; plusieurs se-
mences à deux lobes.
254 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
2°. Végétaux qui réunissent un grand nombre de
caractères, mais dans lesquels les parties de la fleur
et du fruit sont peu apparentes. Exemple , l’orme >
ulmus campesiris , Linn. , arbre très-plevé et d’une
très -longue durée; fleurs peu sensibles, hermaphro-
dites, sans calice; corolle à cinq divisions ; cinq
étamines, deux styles ; fruits petits et très-comprimés;
une seule semence à deux lobes.
5°. Plantes pourvues d’une belle corolle, mais sans
calice. Exemple, la tulipe des jardins, tulipa ges-
neriana , Linn.
4°. Plantes sans corolle ni calice proprement dit.
Exemple, le bled, triticum , Linn. , fleurs
composées de trois étamines et de deux styles.
5°. Plantes sans rameaux ni feuilles. Exemple, le
ciei’ge du Vévou. ^ cactus Peruvianus. Tige anguleuse,
cannelée, garnie d’aiguillons, s’élevant à une grande
hauteur; fleurs disposées sur la tige; calice d’une
seule pièce; environ trente pétales; étamines en nom-
hre indéfini ; un seul style ; fruit charnu semblable à
celui du poirier sauvage. Cette plante a im port très-
singulier.
6°. Plajiles sans lige, dont les fleurs sont sur des
pétioles qui sortent de la racine. Exemple ,1a violella
de mars odorante, viola odorata , Linn.
7°. Plantes sans fleurs , dojit les semences seules
sont apparentes. Exemple , les fougères.
8*. J’iantes sans fleurs dont la fructification est
peu distincte. Exemple, les mousses.
q". Plante dépourvue de la plupart des organes
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 255
Je la végétation. La truffle, lycoperdon tiiber, Linv.,
masse charnue informe, sans tige ni racine, cacliée
sous terre, bonne à manger*, elle est couverte , clans
sa maturité , d’une poussière farineuse d’une couleur
obscure , que l’on a prise pour les semences.
10°. Plantes dans lesquelles on n’observe que des
vésicules. Exemple, les moisissures.
11°. Productions qui ne sont pas évidemment des
plantes. Exemple, les champignons.
IV°. Les dillérentes positions des fleurs mâles et
femelles.
1°. Plantes à fleurs, toutes hermaphrodites. Exem-
ple , la plupart des plantes.
2°. Plantes qui portent des fleurs toutes mâles sur
. un individu et toutes femelles sur un autre. Exemple ,
le lichnls blanc des champs, lechnis dioica, Linm.
5°. Plantes qui portent sur le même individu des
fleurs hermaphrodites , avec un mélange de fleurs
mâles ou femelles. Exemple , le frêne , Fraxinus
excehior. Linx.
V°. Les différentes position^ des parties sexuelles
dans une même fleur.
1°. Le germe porté sur la corolle. Exemple, la
hyacintlie des bois, hyacinihus , non seriptus jlLlss.
2°. Le germe placé sous la corolle. Exemple, la
jonquille, narcissus ,jonquUla ^ Linx.
5®. Les étamines insérées sur le pistil. Exemple ,
l’aristoloche clématite, aristolockia cZemali/w , Linn.
4°. Les étamines insérées sur la corolle. Exemple,
la valériane des bois', valenana officinaLis , Linn.
aS6 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
5". Les étamines insérées sur lo calice. Exemple,
l’églantier , rosa canica , Lin N.
Vr. Les différentes époques de la naissance et du
développement des fleurs.
i". Plantes dont les fleurs paroissent seules au
printemps avant les feuilles. Exemple, le pas d’âne
iussilago farfara, Ltnn.
2°. Plantes dont les fleurs paroissent après les
feuilles, qu’elles accompagnent. Exemple, la plupart
des plantes qui ont des fleurs apparentes.
5°. Plantes dont les fleurs paroissent seules , en
automne, et dont les feuilles et les fruits ne se déve-
loppent qu’au printemps suivant. Exemple , le col-
chique , colchicum autumnale , Lin N.
VIT. La correspondance ou la position irrégulière,
des parties doubles, ce qui peut fournir un point de
comparaison entre les plantes et les animaux , dans
lesquels les parties doubles se correspondent toujours.
1°. Végétaux dans lesquels les parties doubles n’ob-
servent aucune symétrie. Exemple, beaucoup d’arbres
et d’arbrisseaux.
2°. Plantes dans lesquelles les parties doubles sont
opposées avec beaucoup de régularité. Exemple, l’ortie
morte des ho\% ^ atachia sylvatica, Linn. Tige qua-
drangulaire , ordinairement très - droite j rameaux
opposés exactement deux à deux , à différentes dis-
tances, de manière qua chaque paire fait un angle
droit avec les deux paires voisines; feuilles pareille-
ment opposées ; fleurs disposées en anneaux autour de
la tige.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 25;
VIII. Les circonstances locales propres au déve-
loppement.
1°. Plantes dont les racines sont enfoncées dans la
terre. Exemple, la plupart des plantes.
2°. Plantes qui flottent sur l’eau avec leurs racines.
Exemple, la lentille d’eau à longues racines, /emna
polyrhiza , Lin N.
3". Plantes qui croissant linplantées sur d’autres
plantes. Exemple, le gui. ^ iscum album, Linnk.
IX. Les diHérenlcs manières dont les plantes se
reproduisent naturellement.
i”. Plantes qui se reproduisent seulement de graines.
Exemple la plupart des plantes.
2°. Plantes qui se reproduisent de graines et par
des rejets sortis de la racine. Exemple , le fraisier»
fragaria pesca , Linn.
5°. Plantes qui se reproduisent de graines et dç
cayeux. Exemple , la tulipe.
X. La sensibilité ou irritabilité de certaines parties
des plantes.
1°. Plantes dont les feuilles et les rameaux sont
doués d’une grande irritabilité. Exemple , la sensitive ,
mimosa piidica. L. Ses feuilles et ses ranieaux se re-
plient par un mouvement de contraction aussitôt
cju'on les a touebés.
2°. Plantes dont les étamines ont de la sensibilité,
exemple, l’épine-vinette ; herberis dumeiorum.
L'hélianthème commun, helianthemun vulgare, LiKX.
Les étamines de pes plantes ont un mouvement de
T. -i.
'7
i58 SCIENCES PHYSIOL. ET -MEDICALES.
eoulracüon , lorsqu’on les louche à leur base, avec la
pointe d’une épingle.
Les remarques suivantes sur les sexes des plantes
et sur leur génération, donneront une idéedesgrandes
lumières que 1 anatoinic des végétaux peut répandre
sur les fonctions les plus compliquées des corps vivaas^
SUR LA GÉNÉRATION DES PLANTES.
Toute fleur offre des anthères ou des stigmates;
quelques-unes sont dépourvues de calicei comme la
tulipe , la fritillaire ; d’autres le sont de corolle ,
comme les gramen; il y en a qui n’ont point d’éta-
mines, comme l’aristoloche ; ou de stylet, comme la
tulipe du i’arnasse (^Paniassia^ ; mais toutes k*s fleurs,
sans exception, ont des anthères ou des stigmates,
ou les uns et les autres à la fois. 11 suit de là que ces
deux parties sont essentielles aux fleurs; mais il y a
plus ; .
Les anthères sont les organes génitaux mâles des
plantes, c’est-à-dire, qu’elles tiennent lieu des tes-
ticules et des vésicules séminales, et la poussière , ou
pollen en est la semence masculine. C’est ce que prou-
vent 1 époque où ces parties paroissent; leur situation,
leur castration et la forme du pollen.
• 1°. L’époque où ces p.nrties paroissent. Lesanihcres
et la poussière précèdent toujours lefruil ; etdemènio
que le fruit est mur lorsqu’il j)roduit scs semences ;
les anthères sont niûics cl ont rempli leur destination
lorsqu'elles ont jeté toute leur |îOU3sièrc, cl elles lom-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. aSg
tcnt alors comme inutiles. De plus les anthères pa^
roissent en même temps que le# stigmates, et non-
seulement quand les unes et les autres se trouvent sur
les mêmes tîeui-Sj mais encore lorsqu’ils appartiennent
à des fleurs dilTérentes ; ainsi les longues anthères du
coudiier, du houleau , de l’aune, ne jettent jamais
leur poussière avant que les stigmates soient déve-
loppés en-dessous, et le chanvre mâle n’a point de
pollen à donner jusqu’à ce que le chanvre femelle ait
des pistils en état de les recevoir.
2". La situation. Les anthères sont toujours situés
de manière que le pollen puisse parvenir aux stig-
mates; car ou les étamines entourent le pistil, comme
dans la plupart des Heurs, ou si le pistil est tourné
vers le haut , les étamines le suivent, comme dans la
didynamie, ou enfin si les pistils se penchent vers
le bas , les étamines sont placées en - dessous.
O : La castration. Si on enlève lés anthères d’une
plante qiti 11 a qu une seule Heur , et qu’on ait soin
d’éloigner toutes celles de la même espèce, le fruit
avorte, ou du moins il ne porte que des semences
stériles. C est un lait dont tout le monde peut s’assurer*
4 . La forme du pollen prouve qu’il n’est pas unô
simple poussière. Malpighi, Grew , et tous ceux qui
ont voulu 1 examiner au microscope, lui ont trouvé
une forme constante dans un même végétal, quoi-
que diflèrente suivant les espèces. Cette conforraaiiort
a sans doute un but; ( et pourquoi lui auroit-elle été
donnée, si cfe n eloit pour qu il s’adaptât au canal dii
pistil , où il doit entrer, comme nous le verrons dans
ÿ6o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
la suite ? ) Ce qui confirme encore celte opinion ,
c’est que le stiginate est toujours mouillé d’uiie hu-
meur pi’opre à retenir ce pollen.
C’est une ohservatiop bien frappante que celle de
jM. Bernard de Jussieu, sur Térable. Avant lui , les
micrographes a.voient cru voir que la poussière de
cet arbre étoit cruciforme 5 mais ce célèbre botaniste
^a trouva globuleuse. Pourquoi donc s’étoit-elle of-
ferte au3f autres sous la forme d’une croix ? C’est que
pour mieux s’emparer de l’humidité du stigmate,
elle se fend en quatre pièces qui portent chacune
à un point différent. Il y a lieu de croire que ces
globules sont creux , et qu’en s’ouvrant tout à coup
par l’effet de l’humidité qui les pénètre , ils lancent
une autre poussière beaucoup plus subtile, et qui est
le vx’ai principe de la fécondation.
On distingue dans le pistil trois parties, le germe,
le style et le stigmate. Le germe est l’ébauche du
futur embryon. Le style n’est pas essentiel aux plan-
tes, car plusieurs en sont privées; mais le fruit ne
sauroit venir à maturité, s’il n’est accompagné d’un
stigmate , dans la même fleur.
Les stigmates constamment attachés aux germes,
sont donc les organes féminins des plantes, comme
le prouvent d’ailleurs leur situation, leur nombre,
le temps où ils se montrent, leur chute et leur sup-
pression.
1". Leur situation , relative à celle des an-
thères, comme on l’a observé précédemment, et
leur multiplicité, suivant le nomlu’e des celullcs
DISCOURS SUR L'ANATOMIE.
qui renferment les germes j car le germe est double,
quand la cellule est double, comme dans la plupart
des plantes; triple, s’il y en a] trois, comme dans les
liliacées , les Iricolor , eic.
2°. Le temps de leur apparulion , qui est, comme
je l’ai déjà dit, le même que pour les anthci-es.
5°. Leur chute; les stigmates de la plupart des
plantes tombent avec les anthères et aussitôt qu’ils
ont reçu de cènx-ci la poussière fécondante, signe
évident qu’ils ne contribuent aucunement à la matu-
rité des fruits, mais qu’ils s'crvent uniquement
à la génération.
4°* Leur suppression , si les stigmates sont coupes,
avantqu’ils aientreÇu la poussière,le fruit ne manque
jamais de périr.
Le stigmate offre d’ailleurs deux particularités
remarquables , l’une qu’il n’a ni épiderme, ni écorce,
l’autre qu’il est toujours humide.
Tout ce qui vient d’ètre dit annonce assez que la
génération des plantes s’opère par la chute du pollen
des anthères sur les stigmates; mais on a d’autres
preuves encore dé cette vérité, i”. Elle est sensible
à l’œil , qui voit, au temps des fleurs, la pôussièrè
voler et s’attacher aux stigmates. Cela est particu-
lièrement sensible dans la violette à trois couleurs
( tricolor ). A peine cette fleur est-élle épanouie qné
le stigmate s’ouvre et représente un globe creux ,
blanc et resplendissant. Cinq étaminesqü’il a autour
de lui n’ont pas plutôt jeté leur poussièi’e blanche,
qu’on le voit , tout poudreux , se rembrunir , à
56? SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES
l’exception de la trompe j qui demeure claire et briL
lante.
2°, Les pistils et les étamines sont dans un grand
nombre de plantes , de la même hauteur, ce qui donne
à la poussière une nouvelle facilité pour parvenir aux
stigmates. Si cette égalité n’a pas lieu , d’autres cir.
constances y suppléent. Un des géranium , ( i ) et
d’autres plantes dont le pistil est moins haut que
les étamines, ont les fleurspendantes avant l’épanouis-
sement, mais à la veille de s’ouvrir elles se relèvent
et se disposent de manière que le stigmate est au
niveau de l’anthère; et dès que la poussière de celle-»
ci est tombée, elles se penchent de nouveau jusqu’à
la maturité du fruit, époque où elles se relèvent en-,
core , et facilitent , par ce moyen, la dispersion des
semences,
Le dianthus a souvent des pistils plus longs que
les etainines; sa fleur est toujours dans la même
situation; mais les pistils se recourbent en manière
de bélier, vers les anthères.
3 . Les étamines pour l’ordinaire entourent si bien
le style , que la poussière dispersée ^lar le vent ne peut
lui échapper.
Le Musa offre un spectacle très-agréable. On voit
sur une même plante deux sortes de fleurs qui ont
chacune deux sexes , |dont un seul est fécond , et
celui-ci est dllférent dans les deux; de sorte qu'elles
( I ) Géranium calicibus momphilUs ,Jlorcntibus , ereclis ,foliin
iiubcordahs.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 265 '
font siniplenient les unes rollice des mâles, les aulros
celui des femelles J mais les individus desdeux espèces
n’y sont pas rassemblés par couples; c’est une singulière
espèce de polygamie: une femelle unie à plusieurs
mâles stériles est ft'condée par les mâles d’une autre
llcur , unis à une femelle incapable de produire.
Ci.iFF. 35.
4". Dans toutes les plantes où les mâles et les fe-
melles sont séparés, soit sur difl’érentes fleurs , soit suc
(lilîérenls individus, où enfin les mâles ne sont pas
situés direclenieut au-dessus des femelles, les fleurs
doiv'ent nécessairement éclore avant les feuilles , afin
t
que celles ci ne s'opposent pas à la fécondation, et
c’est ce qui a lieu dans le mûrier, le guy , l’aulne,
. le hêtre, le noyer, le saule, le peuplier, le fiéne.
5“. On voit la plupart des fleurs s'épanouir tl’abord ,
lorsque le soleil paroît sur l’horizon, et se refermer
le soir par un lemj)s humide : sans celte précaution
de la nature, l'huniidité collant le pollen aux anlh •
Ves , lenjpècheroit de se disperser; mais ce qui est
bien remarquable, c’est qu’aussilôt que les stigmates
l’ont reçu, les fleurs ne se ferment plus, ni le soir,
ni dans le temps des pluies.
Quand le seigle* eu fleur étale ses anthères, s’il est
surpris par la pluie, les agriculteurs en augurent mal
et avec raison ; la poussière agglutinée ue peut plus
servir à la fécondation.
U n'en est pas de même de l’orge; la peau qui en-
veloppe scs grains,, le met â l'abri de l'humidité.
Quand les poiriers et les cerisiers sont sur le point
é6i SCIENCË.^ PHYSIOL. Et MEDICALES.
de fleurir, la pluie leur est souvent funeste, par la
même rJiison : mais elle Test surtout au cerisier, parce
que les anthères de cet arbre jettent leur poussière
tout à-la-füis, au lieu que le poirier ne disperse la
Sienne que peu-à-peu , et que, si une partie devient
inutile, le reste peut fruclifier.
6°. 'J’héophraste , Pline, Tournefort , et d’autres
auteurs nous ont appris que les Orientaux arrachent
des rameaux du palmier mâle, pour les attacher sur
ceux du palmier femelle, sans quoi les dattes sont
âpres et sans noyaux.
Les Ciliciens suivent des méthodes semblables,
relativement aux pistachiers. Les uns coupent deà
grappes de fleurs; ( c’est-à-dire les étamineâ
du pistachier mâle , ) les placent dans des vaisseaux,
d’où les vents portent plus aisément la poussière sur
les stigmates du pistachier femelle ; d’autres mettent
dans de petits sacs les fleurs mâles, leS font sécher»
et ils en répandent eux-mêmes la semence sur les fleura
femelles. Par ces pratiques, les uns elles autres se
procurent de meilleures récoltes.
7”. La |)lupart des plantes ayant un long pistil,
la ])ous.sière parvieudroit dillicilement aux stigmates,
si les fleurs.de ceà ]jlantcs ii’cloient pas inclinées,
comme elles le sont en ell’et.
On ncsauroit attribuer avec vraisemblaîice cette si-
tuation à la pesanteur, puisque les fruits de ces nte-*
mes plantes dix fois pins pesans que les fleurs, crois-
sent dans une direction verticale.
b". Flusieiirs plantes, comme le Nymphsca , ont
DISCOURS SUR L*A N AT O -Vf 1 Ei 465
leurs tiges dans l’eau : mais sur le point de s’épa-
nouir , leurs fleurs nagent à la surl'ace -, d’autres,
comme les renoncules aqualiipies, y sont entière-
ment plongées , et à la môme époque, elles élèvent
leurs fleurs au-dessus de l'eau, puis les y replongent
après le temps de la fécondation.
9°. lia plupart des fleurs composées semblent con-
tredire la proposition dont on rassemble ici les preuves^
cependant elles la confirment : oes{fleurs sont cons-
truites sur dillérens plans. Dans la polygamie égale,
toutes les petites fleurs portent des élainines et des
pistils; dans la polygamie superflue, ( ou plutôt aved
surabondance ), des petites fleurs qui ont toutes leurs
étamines et leurs pistils, occupent le disque, et sur
• les rayons, il n’y en a que de femelles, qui sontie-
condées par la poussière Surabondante des mâles ,
situés au milieu. La polygamie inutile ( i) ( polygamia
iVustranea) rassemble dans le disque, à coté des ma-
les , toutes les femelles fécondes; elle a sur les rayoni
d'autres femelles, mais qui sont stériles, malgré 1 a-
bondance de la poussière. Enfin , dans la polygamie
nécessaire, les petites fleurs que rassemble le disque
ont toutes leurs étamines et leurs pistils: inaiselle»
n’ont point de stigmates , et les petites fleurs des
rayons n'ont point d’étamines ; ainsi la plante seroit
stérile, et son espèce périroil , si rauteur de la na-
ture ii’avoit placé sur les rayons des pistils munis
non-seulement de stigmates, mais encore d’étamines.
{ 1 ) C’eït - à- dire où il y a des ifldi\idas inutiles.
s66 SCIENCES PU YSIOL. ET MEDICALES.
On voit donc que dans aucun cas les plantes à llenrs
composées ne manquent ni d’organes mâles , ni d'or-
ganisations femelles capables de les propager.
10°. Les stigmates se comportent à l’égard des
étamines comme les mâles des animaux à l’égard de
leursfemellcs. Ainsi, par exemple, dans les Parnassiæ ,
on obsei’%’’e cinq elamines courtes , qui successivement
6 allongent, viennent enfin toucher le stigmate , et
se retirent.
Observez la pariétaire ou la menthe, le malin,
c est à-dire, dans cette partie de la journée qui, pour
les animaux, est le plus spécialemeut consacrée aux
amours, vous verrez leurs anthères se rompre av'eo
explosion et lancer leur poussière sur les pistils. On
avancera ce moment, si l’on pique les anthères avec
une aiguille, comme l’a observé Vaillant, dise. 5.
Les melons, les concombres, les courges , portent
deux sortes de fleurs, dont les unes nommées sféii--
les, n’ont des différentes parties dont il s’agit , que les
étamines; les autres qui produisent des fruits, n'ont
que des pistils.
Les jardiniei’s ont coutume de sacrifier les pre-
mières, comme ne servant qu’à consumer inutilement
une portion de la nourriture de la plante; mais ils se
trompent. Qu’ils aient soin plutôt de cueillir les
fleurs à étamines et d’en secouer la poussière sur les
stigmates vers raidi , ou simplement de rouler ces
fleurs sur celles à pistils, et ils auront de meilleures
récoltes; car, si elles sont pauvres, c’est faute de fé-
condation ot non de nourriture. Le niôine inconvé-
DISCOURS SUR L’ANATO^TTE.
nient ari'ive , si l’on n’a pas soin d’ouvrir les lenèlres
des serres, afin que le vent aide au transport de la
poussière prolifique.
On peut faire sur les tulipes une expérience agréa-
ble. Prenez , par exemple , unelulipe rouge, arraeliez-
en les anlhèresavaiit la dispersion du pollen, et secouez
sur lesstigmales celui d’une lulipe blanche; lorsiju’en-
suite les graines de celle-ci seionl mûres, semez-les
dans un carreau particulier, vous aurez des tulipes do
trois sortes, les unes rouges, les autres blanches , les
troisièmes, ijii- parties de blanc et de rouge, comme
il arrive dans raccouplcinenl des animaux de deux
couleurs diflérenles.
Le calice est donc, pour ainsi dire, le lit nuptial
.des plantes ; il enferme et protège des organes très-
délicats; la corolle tient lieu des nymphes; ses pétales
fournissent aux mêmes organes , un nouvel abri
contre les injures de l’air dans les mauvais temps,
elles s épanouissent à la clarté d'un beau jour. Les
filamens sont les vaisseaux spermatiques , puisqu'ils
portent aux anthères le suc génital ex primé de la plante.
Les anthèi'es l'essemblent aux laites des poissons. La
poussière peut être comparée aux vermisseaux ou cor-
puscules quelconques , nageans dans le sperme des
animaux. Le stigmate est la vulve qui reçoit ce sperme ;
et le style est le vagin ou la trompe de la matrice ( ou
1 un ou 1 autre); le germe est l'ovaire; la graine est
lœuf. Le péricarpe est encore l’ovaire , mais fécondé,
développé, et renfermant les œufs qui ont reçu le
principe de la vie.
268 SCIENCES PIlŸSlàL. ET MÉDICALES.
Observons ètl finissant , que le calice vient de Yé-
corce extérieure dé la plante, la corolle de l’écorcê
intérieure ; les étainimes , de laubier j le péricarpe , de
la substance ligueuse et les sehiëncès de la moelle ; car
ees parties sontplâcées et sè dévèloppent dans le même
ordre; ainsi la fleur et le fruit sont le développement
de toutes lès parties de la plante : c’est ce que Cæsal-
pin avoit entrevu , et ce que Logau a vu d’une ma-
iiièré distincte.
On trouve encore entre ces parties des plantes et
les organes sexuels cleS animaux, d’autres analogies
que celles dont on a fait mention.
La première est celle de l’odeüf que ces organes
répandent, lorsqu'ils sont en activité.
En second lieu, les animaux ne sont jamais plus
beaux qu’à l’époque où ils sont disposés à se reproduire.
Le cerfj là tête haute, porte fièrement le bois dont
elle est ornée; les oiséaux, les poissons même , brillent
alors des plus vives couleurs ; cè temps une fois passé »
tout change, et ces animaux perdent unè grande par-
tie de leur beauté. II en est de même des fleurs ; le prin-
temps qui, si on l’ose dire , est pour elles, comme
pour le plus grand nombre des animaux, la saison des
àmonrs, est aussi le temps où elles embelüsent la teri’e
d’une plus riche parure.
Troisièmement, l’acte dé la génération affaiblit les
animaux ; c’est cequ’oîi voit particulièrement dans les
papillons et dans les phalènes : à peiné ont-ils accompli
cet acte que leurs ailes s’alfaiscnl , et que peu de temps
apres ils expirent. Euferiucz-cn un seul dans unfe
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 269
chambre, il y vivra pendant plusieurs mois. Les
l^lantes ressemblent eqpQrc eu Ce point aux animaux.
Ainsi, par exemple , la plante appelée musa vit sou-
vept un siècle dans les jardins des Pays-Bas; mais dès
qu’une fois elle est épanouie, aucun soin, aucun art
UC peuvent empêcher sa lige de se dessécher et dépérir
l’pnuéP suivante. ( i )
(1) pans les considérations précédentes , Vicq-d’Azyrqui adopte
Je? opinion? dp Linné, donne (rop d’étendue aux rupproebemens
pntre la génération végétale et la génération Qpimale. Les ovaircf
et les trompes son; même? les seules parties de l’appareil génita^
propre aux animaux, que l’on observe dans l’appareil génital des
plantes. Les autres parties que l’oa a voulu voir dans ce dernier ,
telles que la matrice , le vagin , I9 vulve , seroient entiircraent
'inutiles dans le modp de reprodqction que la nq^pre q adopté ppur
les végétaux, f'oj^ez, pour plus de détail, l’ouvrage que j’qi publiq
sous le titre à’Histoire Naturelle de la Femme , suivie d’un Traité
d’jyygjène appliquée à son régime physique et moral aux dilTércntcS
époquçs dq Iq vip , to»e lU » pag®
( de l’Jtli^ileur. )
4»
f
DES ANIMAUX.
Nous avons déjà vu que certaines parties des végé-
taux ùüiit irritables , et quoique l’irritabilité suit très-
bol uec dans Iesplantes,cen est assez pour que nous ne
devions pas regarder cette propriété comme un carac-
tèreparticLilier a la substance dont les animaux sont
formes 5 mais ce qui lesdistingue de toutes les espèces
de végétaux sans exception , c’est la présence d’un ca-
nal destiné à la (ligeslion des alimens. Tantôt ce canal
est court et év^asé , comme dans les polypes, tantôt il
s’allonge, comme dans les versj dans d'autres, il se di-
vise en plusieurs cavités.
■î Le système nerveux oHVe encore un caractère très-
frappant, et l’on n’en trouve aucune trace dans les
végétaux.
Les vaisseaux sont blancs ou rouges; ceux-ci di-
minuent en nombre et en étendue à mesure que l’on
s’éloigne davantage des premiers animaux ; et les
vaisseaux blancs sont les seuls dont soient pourvus les
animaux qui se rajiprocbent le plus des plantes.
REMARQUE DE L’E D I T E U R.
Letvpe animal élève en général le corps qui le présente
dans l’échelle des êtres; il augmente ses rap])orls, donne
])Ins d’éclat , plus d'étendue au phénomène de la vit.ililé;
en s(.rtf (jiie , suivant notre façon de voir, on p'‘ul regarder
l’animal comme l’ouvrage le p'us complet de la natuie , en
avouant toutefois que scs autres productions ont une per-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 271
fectîon relative , c’est-à-dire , la plénitude des qualités qui
leur sont propres,
Les déplaceuiens spontanés, le choix , la recherche d’une
nourriture convenable , et son élaboration préliminaire,
sont les attributs les plus saillans de l’animalité ; la pré-
sence d’un oigane desline à une véritable digestion, ne
permet donc pas de balancer sur la classe à laquelle on doit
rapporter le corps vivant qui présente cette disposition.
On observe en outre , que les animaux fournissent à
l’analyse chimique des produits particuliers j que leurs or-
ganes sont plus liés, j)lus dépendans les uns des autres;
qu’enfin leurs parties essentielles sont en plus grand nom-
bre , plus rapprochées du centre , et comme j)rolégées par
les organes extérieurs.
Quant au végétal , ce n’est pas un animal enracine, ni
un corps vivant semblable à un animal qui seroit réduit h la
partie de son être, dont le sommeil ne suspend jamais
l’actioii ; sa structure , ses phénomènes ont d’autres for-
mes. Incapable d’aucun déplacemeul spontané , réduit à un
mode d’organisation plus simple , fe végétal reçoit sans
choix , et absorbe, sans le concours d’un appareil spécial de
digestion, les matériaux dont il se nourrit. Ses organes
principaux sont en outre placés à l’extérieur , et sa subs-
tance fournit des produits moins composés à l’analyse
• chimique.
Au premier coup d’œil le végétal et l’animal paraissent
donc distincts l’un de l’autre , par des caractères bien tran-
chés. Ainsi que nous l’avons déjà remarqué , ces deux
grandes classes se réunissent cependant parles extrémités
et un grand nombre de productions organisées n’entrent
même qu’avec difficulté dans ces deux cadres où l’on essaie
de resserrer la nature vivante.
ï
^72 SCIENCES n^YSlOL. ET MEDICALES.
Ainsi , sans descendre jusqu’au dernier degré de l’éthelle
animale , sans aller même au delà des méduses , nous trou-
vons déjà le rizoslome , dont les bouclies sont de véri-
tables racines , faisant partie d’ailleurs d’une organisation
équivoque, qui tenant du végétal et de l’animal , semble
foripcr un passage naturel entre ces deux classes.
Plus loin les allributs de l’animalité sont encore moins
marqués , ou plutôt disparoissent , comme on peut s’en
convaincre en observant que l’estomac des polypes est
plutôt supposé que démontré j que des mouvemens , dont la
nature est inconnue , sont le seul trait animal que l’on puisse
saisir dans les éponges , que tout est végétal , ou même
simple végétation dans ces animaux , dans les escares , les
madrépores , les alcyons, etc. etc.
La sprie végétale a aussi ses productions équivoques , ses
derniers rangs; les confprves , par exemple , ne sont
placées parmi les plantes qu’avec effort , et d’une ma-
nière tout - à - fait arbitraire; ce qui, joint à beaucoup
d’autres motifs, doit nous convaincre dp l’insuffisance de
nos classifications , ou de la nécessité de les augmenter ,
lorsqup la science faisant des progrès , nous venons a nous
apercevoir que l’empire de la nature a trop d étendue pour
cl(p rcnfprmé dans les divisions qui lurent d’abord tracées ,
et que l’on deypoit toujours regarder comme des cadres sus-
ceptibles d’être , par la suite , diminués ou étendus.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 275
TABLEAU
des animaux clans l’ordre de leur composition
anatomique.
Les animaux sont composes ne tissu
cellulaire et de fibres inusculdirts: yPolypes, hydra. . Linné.
'vers des loophytes
1". Aveu un estomac. . .• — des litophytes.
/Biphores. . . .
(vibrio paxillifer.
Forskall.
AIullku.
Plus.
Plus.
Plus.
Plus.
I Actinies.
\ Med uses.
■ Seiches.
Des Intestins ( Argonautes.
. Beroé. . .
iLa plupart i
CUn orçane extérieur d
. 3'’-/ respiratiou ^ijueuse.
■ Quelques viscères ; un
système de vaisseaux
/ lymphatiques ; des or-
canes de génération
(sans organes de coït) ;
un réseau nerveux.
^Ün vaisseau sanguin
5®./ quelquefois le sens de \Les vers intestinaux,
i la vue.
infusoires. . . .
Muller.
Vorticellea. . .
Muller.
Brachiones. . .
Muller.
Botryles
Pallas.
’Thétis
Anomie
Linné.
Nereis
Lin N a.
Les animaux des co-
' quilles bivalves et
uniralves. . . .
''Des organes de coït/
(hermaphrodites); uni
cœur ( lymphatique )\-
sans, oreillette . avec sangsues. . .
, des pulsations dis- ’
Plus. . . tinctes; desganalions;/ T ‘ j ‘
le sens de la vue ; un\^^® animaux des co
organe masticatoire ] umvalves
imparfait , intérieur/
ou extérieur. f
27'i
Plus.
SCIENCES PHYSIOL.ET MEDICALES.
1 cerveau ; des mem-'\
bres pour la locomo- J
tiüii ; des organes de f
)arés'^
t les J]
efois '
!; unV
îxté- \
'Un
bres
la génération séparés'^
entre les mâles et les^Les insectes,
femelles ; quelquefois '
le sens de l’ouïe;
système osseux exté-
rieur
Plus.
Plus.
X
Plus.
Plus.
Plus.
("Les premiers rudimens Les poissons’cartila-
8°. i d’uusystèmeosseux in- , gineux (branchios-
\ térieur; un coeur; des . tèges chondroplé-
) vaisseaux sanguins. / rigiens J. . . .
fun système osseux in- Les poissons propre*
térieur meut dits. . . .
I . , .
IDes poumons intérieurs; ï
J un organe, de l’odo- ^f.es amphibies. . .
I
11'
12''
rat.
Un cœur hiloculaire. . Les oiseaux.
(Dcs organes parfaits de
,e(
i;;L.
goût etde mastication; J Le5 cétacées . .
des organes de lacta-\ Les mamelliferes.
tion ; une matrice. /
(0
(i) L’idée de ce lableauest très-heureuse; mais THistoire
Naturelle et l’Anatomie comparée u’étoient pas assez avan-
cées à l’époque à laquelle A^icq-d’Azyr l’a (racé, pour pré-
senter , d’une nianièie ex.àcle , de semblables rapproclie-
raens. Voici d’ailleurs l’indication rapide des erreurs qui se
sont glissées dans ce tableau.
L’estomac des vers des lilopliiies n’e.st rien moins que
démontré , cl la première famille des zoopliiles, les échino-
dermes, dont il n’est pas parlé , ont un estomac , et de plus
une ébauche de canal intestinal. Les seiches , sepia: , aux-
quelles on attribue une organisation bornée à la conibinaisoni
«l’un canal intestinal et d’un estomac , avec un tissu vascu-
Discours sur l’anatomie. 275
DES VERS.
Celte classe est la plus nombreuse de toutes celles
qui composent le règne animal.
Les vers sont répandus et se multiplient dans lo
corps des autres animaux; les premières couches de
la terre en sont remplies ; les eaux en sont peuplée.' .
Déposées sur la surface du globe, leurs enveloppes
y forment deslils d’une immense étendue; iiscroissent
daus les substances que le mouvement de la putré-
faction décompose; ils vivent au sein même de la
mort, et le monde nouveau que le microscope a
découvert en eét presqu'entièrement formé.
Les fonctions organiques dans cette classe d’ani*
maux, sont moins nombreuses, mais elles ont une
énergie plus grande que dans les animaux des autres
classes; l’irritabilité y est dans son plus grand degré
de force, et les individus s’y multiplient avec une
étonnante fécondité*
*
laire et musculaire , ont une structure plus composée. Elles
doivent être rapprochées des animaux des coquilles bi-
valves et univalves , dans la grande famille des mollusques,
dont elles offrent le Ivpe organique.
Parmi les meduses auxquelles on suppose un estomac , on
trouve le rhizoslome , dont M. Cuvier a fait récemment
connoUre la slruclüre , et dans laquelle il a trouvé dés
bouches qui sont des racines dépourvues d’un appareil
quelconque de digestion. M. Duméril , qui s’est occupé
spécialement de l’Histoire naturelle et de la Physiologie des
insectes, a fait reconnoilre le sens de l’odorat et son siège
daus cette classe d’animaux.
276 SCIENCES Pli YSIOL. ET MEDICALES.
L’examen de cette classe d’animaux promet des
faits inléressans au physiologiste.
11 est à présumer par un grand nombre de faits ,
que l’on pourroit diviser la grande famille des vers
en 4 classes, la première renfermeroit les animaux
homogynes ou qui peuvent se reproduire parla section
d’une de leurs parties , quoiqu’ils aient des ovaires.
Les hydres, les byphores de bruyère , le vihrio paxi-
life?', les ieroe J et les volvox , les animaux microsco-
piques, etc. La seconde classe, les androgynes , qui ne
se reproduisent que par des œufs ou des germes avec
des organes de la génération , sans coït. ( Les madré-
pores , les scj'lleSj les liololuries appartiennent à cette
classe. )
La troisième renfermeroit les hermaphrodites qui
ne peuvent se reproduire sans coït, etdont les sexes,
cependant ne sont pas séparés, ( les seiches, les lapli-
sies, les limaces , etc. ) Enfin une quatrième classe
seroit consacrée aux Dioïques, tels que les araphlno-
mes de Pallas, les aphrodites, les néréides, etc.
REMARQUE.
L’économie organique des animaux invertébrés
étant peu connue lorsque Vicq— d Aicjra public son système
anatomique, on divisoit encore ces animaux en deux
classes ; savoir , 1°. les insectes s 2®. les vers : groupe im-
mense dans lequel étoienl rapprochées ou plulôtconfondues
et entassées des productions qui n’avoient presque rien de
commun , que de nous être inconnues dans les circonstances
les plus importantes de leur structure. Depuis celte é|iO(jue ,
et par suite des progrès dont rAualomie comparée est
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 277
redevable au citoyen Cuvier, fi) on a mieux distribué ce
nouveau monde vital , que Ton a divisé en cinq parties j
savoir, i“. les zoophites j 2“. les insectes ; S®, les vers arti-
culés ; crustacées^ 5°. les mollusques.
Les mollusques , dont la seiche sœpia peut être regardée
comme le type , ont une circulation complète , des organes
de digestion, ua système nerveux double , des sens , et en
un iuot une organisation qui les rapproche des poissons,
dont ils partagent en grande partie la liquide habitation. (2)
Les crustacées et les vers articulés (5) sont également
remarquables par une perfection dans leur organisation
intérieure , ou l’on observe aussi une véritable circulation.
Les insectes qui respirent par des trachées, et qui sont
dépourvus d’un appareil circulatoire, ont été abaissés de
plusieurs degrés dans l’éilielle des êtres; l’étendue des mou-
' vcmens de ces animaux , l’instinct , l’industrie de quelques-
uns , et la grande expression de la vitalité , dans toute leur
classe , la rétabliront sans doute à sa première place; les
naturalistes, que l’abus des divisions arbitraires n’a point
égares ne pouvant s’accoutumer à élever un ver de terre ,
une sangsue , un limaçon , ou une huitre au-dessus d’une
abeille , d’un papillon , ou même d’une modeste fourmi , et
de tous les autres insectes dont la société et les travaux
sont si admirables.
. DES INSECTES.
Les vers étonnent par leur grande irritabilité , et
par la force de reproduction dont jouit chacune de
( 1 ) Vid. les deux premiers Mémoires qu’il a publiés sur cet im-
portant sujet , dans le Mag, Encyclop. et dans la Décade Philosop.
(2) Les limaces et les huîtres appartiennent à cette classe.
(5; L’écrevisse, les crabes, la sangsue appai tiennent à ces deux classes .
I
^78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
leurs parties. Dans les insectes, nous avons à exa-
miner les divers étals par lesquels ils* passent avant
d’arriver à celui d’insecte parfait.
Dans le premier de ces étals ils ont la mollesse et
l’irritabilité des vers auxquels ils se lient par ce pas-
sage. Dans le second état, leur métamorphose se pré-
pare et s’achève sous l’enveloppe qu’ils vont quitter ;
et dans le troisième, l’insecte ailé vole, se reproduit
et meurt. Chacun de ces états donne aux fonctions
qui lui sont propres une intensité particulière; dans
la larve ce sont les mâchoires , l’estomac et les intes-
tins qui fixent -rattenlion de l’observateur : dans
l’insecte parfait le système gastrique est presque nul,
et c'est celui de la génération quhdomine.
DES POISSONS.
■ Les poissons ont des ouïes , un cœur musculeux et
le sang rouge ; ces parties les distinguent essentiel-
lement de tout le reste des animaux. Les vers , à la
vérité, ont des espèces d’ouïes ; mais dans les vers
les organes sont mous , très-multiplies , et leur mé-
canisme est sans doute bien inférieur.
lies ouïes sont, comme tout le mondele sait , les or-
ganes de la respiration des poissons. Elles leur servent
à séparer l’air pur qui est contenu dans l’eau. Leurcba-
leur,qui ne surpasse guère que d’un degré celle de
l’élément qu’ils habitent , est aussi eu proportion do
la petite quantité d’air qui est contenue dans icau;
car ou n’ignore point que les mêmes phénomènes qui
DISCOURS SUR L’xVNATOMIE. 279
accompagnent la combustion , s observent dans le
mécanisme de la respiration.
ün peut diviser les poissons eu trois grandes classes ;
1°. en cartilagineux •, 2“. en brancliioslèges ; 5 . en
épineux. Les muscles des pjomiers ne sont point atta-
cliés à des épines, mais à des cartilages ; leurs ouïes,
plus étendues et plus multipliées que cellesdes épineux,
sont lixées sur des demi-cercles cartilagineux. Ils ne
l’eçoivent pas l’eau seulement par la gueule, mais
aussi par des trous particuliers, et ils la rendent par
d'autres ouvertures. Ils se rapprochent des reptiles par
plus d’un caractère.
Les épineux ont les ouies renfermées dans une
seule cavité et attachées à des demi-cercles épineux.
' Ils prennent l’ean par la gueule et ils la rejettent p ic
nnc ouverture particulière, que ferme en partie un»
membranesontenuepar des rayons Les branchiostèges
tiennent le milieu entre ceux-ci et les oarlilagiueux.
Leurs nageoires sont soutenues par des rayons épineux,
et ils rendent l’eau par une seule ouverture; et il*
difl’èrent essentiellement des épineux , en ce qu’ils
n’ont point de membrane rayonnée pour fermercette
ouverture.
La digestion , dans les poissons , s'opère de différentes
manières. Les organes destinés à cette fonction varient
beaucoup , quant à leur forme : aussi ces parties ne
fournissent -elles point les caractères de grandes di-
visions ; elles pourroienl tout au plus servir à dis-
tinguer des familles, niais jamais de grands ordres.
L’œsophage, dans ces animaux, est court et sus-
28o sciences physiol. et medicales.
ceptible d’une grande dilatation. Dans quelques- una
il est renforcé par des bandes musculeuses longitu-
dinales. Les poissons avalent quelquefois de très-gros
3uorceauXj et les dents ne leur servent point à ti’iturer
les alimens, mais tout au plus à tuer et à retenir leur
proie. L’estomac est grand , ordinairement membra-
neux , et peu différent , quant à la forme , dans les
diverses especes. Dans quelques-unes il n’est j à pro—
qirement parler, qu’une dilatation du tube intestinal.
Dans le muge et dans une espèce de truite il est mus-
culeux, orbiculaire , applati , très -épais, et l’essem-
lilant au gésier des oiseaux. Dans ces mêmes espèces,
l’ouverture de la gueule est assez petite. Le tube
intestinal, qui est très -court dans les autres, forme
dans celles-ci un grand nombre de circonvolutions,
et sa substance est d’un tissu plus délié.
Dans beaucoup de poissons, la partie qui unit l’es-
tomac aux intestins est garnie d’un grand nombre
d’appendices vermiformes. On observe surtout ces
parties dans les saumons, les morues, etc. Elles sont
glanduleuses et séparent sans doute une liqueur par-
ticulière nécessaire à la digestion. Le mésentère est
ordinairement parsemé de glandes ; ce sont les réser-
voirs de la liqueur qui passe dans les vaisseaux lactés,
lesquels sont très- appareils dans cette classe. Tous
les poissons sont ovipares, mais la manière dont ils
font leurs œufs ofl’re des différences très-remarquables.
Tous les épineux les jettentdans un temps déterminé;
leurs ovaires sont très -considéraiiles , et eu contien-
nent une quantité prodigieuse : ces organes sont le
DÎSCOURS SUR L’ANATOMIE. 281
plus souvent au nombre de deux , très-rarement au-
dessous , et ils laissent échapper des œufs par un
canal plus ou moins court , suivant les diQérenle»
espèces.
Uans la plupart des épineux anguilliformes, ces
organes sont situés hors de l’enceinte du péritoine ,
disposés en grappe , et leur canal aboutit dans le
cloaque. L’anguille , qui est conformée de celte ma-
nière, n’a aussi qu’une seule çt même ouverture pour
rendre les excrémens et les œufs. On retrouve la
même structure dans la lamproye, et ce n’est pas le
seul caractère que les anguilliformes aient de com-
mun avec les cartilagineux. Les organes internes de
la génération des mâles de cette famille sont aussi
Lors du péritoine et divisés en lobules.
Dans les cartilagineux, comme les chiens de mer,
les œufs détachés des ovaires tombent dans l’utérus,
et y éclosent après un certain temps. Ce temps leur
est nécessaire pour prendre leur accroissement. Le
petit sort de l'œuf sans en rompre l’enveloppe, et
il y lient encore par un cordon ombilical, quoique
hors du corps de la mère. Celte manière de se repro-
duire , analogue à celle des animaux ovipares et vi-
vipares, semble prouver que le mécanisme de la
génération n’est pas aussi difierent qu’on le cx’oit d’a-
bord dans CCS deux classes d’animaux.
Les branchiostèges proprement dits , rendent leurs
œufs comme les épineux; mais dans quelques-uns
(les syngnathes) les œufs restent collés sur la partie
exterieui’e de 1 abdomen , jusqu’à ce qu’ils soient éclos ^
2Z2 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
ou bien comme dans le clieval marin qui est une espèce
de syngnalhe, ils sont attachés aux parois internes
de deux lèvres longitudinales qui paroissent au mo-
ment de la ponte. Ces lèvres sont formées par le
gonflement des légumens de la partie qui est der-
rière l’anus 5 et elles disparoissent lorsque tous les
oeufs sont eclos. Cette manière de faire leurs œufs ,
qui est propre à tous les branchiostègesj que M.
Eroussonet a eu occasion d’examiner, pourroit bien
aussi l’être à tous ceux qui vivent dans les mers des
Indes. Elle est absolument analogue à celle de plu-
sieurs grenouilles j et la façon dont se reproduit la
grenouille pipa est à-peu-près la même.
Quelques poissons s’accouplent à-peu-près comme
les animaux à sang chaud : d’autres à la manière des
grenouilles; d’autres enfin se multiplient d’une façon
particulière qui leur est propre. Les mâles des car-
tilagineux , comme les raies, les chiens de mer,
ont deux pénis comme les serpens. Les femelles ont
aussi deux ouvertures génitales. On pêche quelquefois
ces animaux accouplés ; d’ailleurs, la fonne de leurs
organes montre assez qu’ils doivent rester long-temps
en copulation.
La liqueur séminale paroît devoir passer lentement
dans les ovaires.
Nous ne croyons pas que la génération des bran-
chiostèges s’exécute par un accouplement réel. Les
œufs déjà collés à l’extérieur du corps ne sont point
fécondés, mais le nulle les rend tels , en rc|JHndant
fcur eux à plusieurs reprises 1.1 liqueur fécondante.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 283
Peut-être même cette liqueur sert-elle encore, commo
dans les insectes , à les coller.
Le gros-mollet ( cycloplerus lumpus , LiNNÉ ) a
au sternum une partie ronde, fongueuse, ressemblant
en quelque sorte à une écuelle , nu moyen de laquelle
il s’attache fortement aux rochers. Des auteurs di-
gnesdefoi ont écrit que les deux sexes attai hésrécipro-
quement par ces parties , procedoient à lacté de la
génération. Mais la partie mâle dans cette espèce,
telle que M. BroussoneL l’a observée dans le temps
du rut, n’a pas plus de deux ou trois lignes de lon-
gueur. Les ovaires cependant ont quatre ou cinq
pouces d’étendue, ('omment s’imaginerqu’un accou-
plement, quelque reitéréqu’il fut, pût suflire à fccon-
cler tous les œufs contenus dans des parties si dis-
pi’oporlionnécs? Il est bien plus vraisemblable que
le mâle jette son sperme sur les œufs , à mesure qu’ils
sortent du corps de la femelle. Cette opération doit
être longue comme dans les grenouilles J et la nature
. semble y avoir pourvu en donnant à ces animaux un
organe particulier qui joint les deux sexes elles em-
pêche d'ètre séparés par les vagues , dans les mers
agitées, comme le sont celles du Nord où ils vivent.
Dans la saison du rut, l’orgasme vénérien se montre
à 1 extérieur , et les parties mâles ou femelles se
tuméfient.
Le squelette des poissons est composé de cartilages
ou d’os. Les cartilages sont réunis par des ligamens
très- forts, et qui suppléent en quelque sorte au défimt
de fermeté de ces parties. Les poissons de cette fa>-
284 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
mille ont les muscles très- forts; ils sont agiles et
capables d’exécuter des mouveinens combinés. Les
épines J dans les autres poissons , tiennent en quelque
sor-te le milieu entre les os proprement dits et les
cartilages: comme ceux-^^ci, elles peuvent se séparer
jusqu’à un certain point, en feuillets, et elles ont à-
peu-près la dureté des premiers. Les articulations
sont presque toutes à facettes , ce qui rend un bon
squelette de poisson très- difficile à , faire. Quelques
espèces de silures ont certains osarticulés d’une ma-
nière tout-à-fait particulière; ce sont .deux cercles
unis enlr’eux , comme des chaînons.
Les nageoires tiennent lieu de membres dans les
poissons; elles font l’office de bras, depieds, de mains,
et leurs usages varient suivant leurs diflérentes posi-
tions. Celles de l’abdomen , presque toujours au nombre
de deux , sont situées entre le bout du museau et
l’anus; elles s’ouvrent horizontalement dans la plu-
part, et ellesservent à soutenir l’animal à une certaine
hauteur. Linné les a aussi très-bien comparées à des
pieds. Celles qui sont attachées aux côtés de la poi-
trine sont employées pour faire tourner tout le coips*
L’aileron de la queue donne l’impulsion ; les nageoiies
du dos et de l’anus maintiennent l’équilibre : elles
sont toujours en proportion avec le volume des
parties antérieures de l’animal. Elles servent encoie
dans quelques-uns, en offrant une plus grande sur-
face vers les parties postérieures , à augmenter la
force d’impulsion.
• Ce qui prouve que toutes ces puissances sonlueces-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. i>85
saîres aux mouveinens des poissons, c est qu on ne
peut en supprimer une sans y porter atteinte et sans
les ralentir. Rorelli a fait des expériences que j’ai
répétées eïi 1772, et dont les résultats ne laissent aucun
doute sur cette vérité.
Dans cette classe d’êtres vivans, la chaleur dimi'
mie parce qu’il y a moins d’air respiré; le nombre
des muscles blancs augmente; en général, le sque-
lel le a moins de consistance : il n’y a dans la colonne
vertébrale ni portion cervicale, ni portion lombaire ;
point d’extrémités proprement dites, point de bassin;
le corps entier se^réduit au tronc, qui lui - même
n’est pas complet. Le cœur n’a qu’une cavité; une
artère principale fait les fonctions de veine , et redr-
vient ensuite artère ; et ce sont les organes de la
digestion et surtout ceux de la génération dans les
femelles, qui occupent ici le plus grand espace; cette
grande classe d’animaux est muette, parce qu'elle
n’a ni poumons ni larynx; elle est stupide, parce
que le cerveau ti-ès-imparfait n’offre que les tuber-
cules propres à l'origine de chaque nei-f: elle est
vivace , parce que le système de la digestion domine,
et n’est reprimé par aucun autre ordre ^d’appétit.
Au l'este , on manque encore d’observations sur les
habitudes et sur les mœurs des poissons qu’on ne
connoît que d’une manière très -incomplète.
DES SERPENS ET DES QUADRUPEDES
D V I P A R E S.
Les poissons forment avec les reptiles une grande
I
286 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
cJasse cVovipares à sang froid , qui précède ou qui
suit la classe des oiseaux, lesquels sont ovipares et
ont le sang plus chaud ; rapport qui les lie aux
célacées et aux quadrupèdes vivipares.
Le mot repli le a paru vague. Nous distinguons
ici des animaux apodes, des bipèdes, et des quadru-
pèdes ovipares.
Les sei pens appartiennent à la première section *
et ils se lapprocbent des congres et des anguilles.
Lecanneléet le scheltopusick qui n’ont que deux pieds
établissent le passage des serpens aux quadrupèdes
ovipares, parmi lesquels le clialcide et le seps ont les
quatre extrémités si courtes qu’on ne les aperçoit
point lorsque l’animal se meut , et que ce quadrupède
ovipare peut être pris pour un serpent.
L’ordre suivant nous paroît être celui dans lequel
on doit faire l’examen et la dissection.de ces animaux,
sur lesquels il l’este des reclierclies intéressantes àlaiie»
§. 1".
APODES OVIPARES.
i". Le serpent à sonnettes.
2”. La vipère commune.
Le serpent à collier.
à lunettes.
5". L'orvet.
§. n-
BIPÈDES OVIPARES.
1". Le cannelé , qui manque de pattes de derrière.
Quad. vvip.par M. de la Cépède , p. üi3.
DISCOURS SUR L’A-NATO \f lE. 287
2° Lescheltopusick, qui manque de pieds de devant.
P allas ^ ^nIov. Comment. Acad. Felrop. l. ig ^
année 174*5 Cépède , p. 617.
§. III.
QUADRUPÈDES OVIPARES.
i“. Le clialcide. Quatre extrémités très- petites.
Le seps. Quatre extrémités un peu plus éten-
dues que celles du clialcide.
2°. La salamandre ; ses fœtus 5 sa dépouille.
Le lézard commun.
5”. Le dragon volant, il/, de la Cépède^ p. 45o.
4.°. Le caméléon. PerruulL
Le scinque.
5°. L'igüane.
Le basiric. M. de la Cépède, p. 280.
6". Le crocodile.
7”. La tortue de mer.
8”. La tortue de terre,
La serpentine. Dans les eaux douces.
La bourbeuse. Dans les eaux bourbeuses,
La terra père. Dans les marais.
9*. La grenouille commune. Rana.
10 . La raine verte commune.
11°. Le crapaud commun. Bufo.
Le pipa, et le développement de ses fœtus.
Laui enti divise ces animaux en trois classes 51°. ani-
malia serpenlia , les serpens ; 2®. gradientia, les lé-
zards 5 5°. salientia, les grenouilles, etc.
I
258 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
DES OISEAUX.
A mesure que nous avançons , nous voyons le
nombre des viscères s’accroître; les extrémités se dé-
velopper, et prendre des formes plus compliquées , en
même temps que le sang acquiert plus de consistance ,
plus d’intensité dans sa couleur; que les poumons de-
viennent plus étendus, et que, dans la même propor-
tion, la chaleur animale augmente.
Ici nous devons considérer surtout les habitudes,
les besoins et les fonctions propres aux différentes
classes d’oiseaux.
Relativement aux habitudes , les oiseaux sont
diurnes ou nocturnes; ils vivent sur la terre ou sur
les eaux ; ils habitent les montagnes ou les plaines , les
lieux secs ou les lieux humides ; ils se nourrissent de
chair, de poissons, d’insectes , de v'^ers , de substances
végétales, soit herbacées , soit des fruits ou de baies ou
de graines. Quelques-uns sont omnivores.
Les uns s’élèvent dans les plus hautes régions de
l’air , ils y respirent aisément , et ne soulfrent point du
froid qui y règne; d’autres quittent rarement la sui-
face de la tei're , ne s’élèvent , en volant , qu’à des hau-
teurs médiocres, et passent leur vie dans les endroits
fort bas. 11 y en a qui , de ces mêmes lieux, se portent
sans inconvénient dans les pi us hautes régions de 1 aii.
La différence des habitudes en suppose une t res-
grande dans l’organisation. 11 est donc convenable de
dissécjuer les oiseaux dont les habitudes sont le p
opposées.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 289
Nous parcouri’ons , d’après ces vues, les principales
fajnilles de ces animaux.
La dissection des oiseaux diurnes et des oiseaux noc*
tui’nes, oUrira des résultats l’elatifs aux organes de la
.vue et à ceux de la digestion.
Parmi les premiers, les uns s’élèvent à de grandes
hauteurs ; les autres planent à peu de distance de la
terre. La forme de leurs ailes considérées dans toutes
leurs parties et les puissances qui les meuvent , seront
comparées entre elles , et il est prôbable qu’on trou-
vera aussi quelques dillérences dans les organes pul-
monaires, entre des animaux qui i*espirent , tantôt
un air ti'ès- froid , très - sec , très-léger , et ceux qui
deineurent plonges dans upe atmosphère humide ,
compacte et plus échauflée.
Sous ce double rapport, il sera utile de disséquer 5
1 . le faucon, le gerfaut, ou quelqu’un des oiseaux
qu’on nomme en fauconnerie de haut vol; 2“. la buse
et la cresserelle, qui sont des oiseaux de bas vol; et il
seroit curieux , relativement aux organes de la respi-
ration , de comparer aux oiseaux de haut vol le héron ,
qui comme eux s’élève à la plus grande hauteur dans
les ails , après avoir passé une grande partie du jour
dans les lieux les plus bas et les plus humides.
Ivelativcment à l’organe de la vue, ces mêmes
oiseaux de haut vol seront mis en opposition avec les
oiseaux de nuit.
Ün disséquera donc api’ès le gerfaut et la buse:
1”. un liéron ; 2». un hibou ou une chouette. Les ré-
sultats comparés du gerfaut et du hibou seront relatifs
290 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
8.UX or^cincs de Is- vucj ceux du geifaut et de la. buse
le seront aux puissances qui servent pour le vol. Les
résultats de l’anatomie du gerfaut, de la buse et du
héron, se rapporteront aux organes de la respiration.
Le gerfaut et la buse se nourrissant de chair , et le
héron de poisson , la dissection de ces trois oiseaux
seroit encore intéressante , relativement aux oiganes
de la digestion»
Mais il est quelques- uns de ces oiseaux qui, sans
être précisément diurnes ou nocturnes , tiennent le
milieu entre ces deux familles , et qui , immobiles dans
l’obscurité absolue et pendant la clarté du jour , ne
voient bien que pendant le crépuscule. Tel est, dans
nos contrées, le crapaud - volant , ou tête -chèvre,
que M. de Montbeillard nomme engoulev^ent. Ce seroit
donc un cinquième oiseau qu’on ajouteroit aux quatre
que nous avons déjà nommes.
Les lieux que les oiseaux habitent, étant commu-
nément déterminés par la nature des alimens dont ils
se nourrissent, sous ce rapport, j’ajouterai aux cinq
oiseaux précédons, le lagopède, connu vulgairement
sous le nom de perdrix blanche , et quelques-uns des
oiseaux qui ne vivent que sous la zone torride de
l’ancien ou du nouveau continent; tel est le hocco ,
qui est peut-être celui de ces oiseaux qu’on peut se
procurer le plus facilement. Cette espèce paroît très-
sensible au fi-tdd de nos climats , tandis que la tem
pérature au bas des montagnes, dans le plus fort de
l’hiver , est trop chaude pour les lagopèdes qui , api
être descendus l<j malin du sommet des moiiU, pour
DISCOURS SUR L’ANATOMIE, iîgf
clierclier leur nourriture, le regagnent promptement
et y passent la journée et la nuit dans des cavités
qu’ils ont creusées au milieu de la neige.
Les divers aliraens dont les oiseaux se nourrissent,
supposent des fox’ccs et des organes digestifs très-
variés j et comme il y a beaucoup de dilférence entre
les oiseaux, dans la xnauière de se nourrir, cette ma-
nière de les Considérer exige aussi de notre part des
détails plus étendus.
Nous avons déjà comparé, relativement aux forces
digestives , les carnivores et les piscivores, représentés
par le gerfaut, le hibou et le héron. J'in suivant cette
même série d’observations , nous trouverons des oi-
.seaux qui ne vivent que d’insectes , plusieurs qui ne
se nourrissent que de vers, et d’autres qui vivent en
même temps de ces deux genres d’alimens , et de baies
ou de fruits.
Pannl les premiers , nous choisirons, pour huitième
sujet à disséquer, le pic qui ne vit que d’insectes, et
dans lequel l’observateur aura eu mémo temps à
remarquer la conformation d’un oiseau habitué à grim-
per, qui a la faculté de darder sa langue très-loin hors
du bec, et de la retirer avec une grande vitesse.
La bécace , que je plaçerai au neuvième rang, ne se
nourrit que de vers. On y remarquera les particula-
rités que présente l’organe de la vue des oiseaux qui
ne voient bien que pendant le crépuscule.
Le merle et la grive , qui vivent suivant les cir-*'
constances, d’insettes , de vers , de baies et de fruits,
occuperont le dixième rang.
292 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Les pies-grièches qui donnent, pendant l’été , la
chasse aux insectes , et pendant l’iiiver , aux petits oi-
seaux, fixeront ensuite notre attention, et les mésanges
qui se nourrissent le plus communément d’insectes ^
mais qui ont en même temps la faculté de digérer
l’amande des noyaux ou des grains qu’elles percent ,
la viande et la graisse dont elles sont surtout avides,
ne devront pas être négligées.
Après les douze familles d’oiseaux déjà énoncées ,
nous considérerons , relativement à la manière de se
nourrir , les granivores , dont les uns avalent le grain
entier, sans l’écorcer ni le rompre ; dont. les autres
l’écorcent avant de l’avaler, tandis que d’autres l’écor-
cent et le triturent.
Ces différens oiseaux présenteront des caractères
très -variés dans la forme, la force et les puissances
motrices du bec , dans les organes digestifs , et surtout
dans ce premier organe de la digestion , qu on nomme
le jabot.
Les pigeons , placés au treizième rang , offriront
l’exemple d’oiseaux qui avalent le grain entier ; ils
présenteront en même temps des ohservalions à faire
sur les oiseaux qui dégorgent la nourriture , pour ali-
menter leurs petits, et en particulier sur la laculté
que celte espèce a de faire passer l’air dans son jabot
et de l’enfler.
Le quatorzième rang , ou celui des oiseaux qui
avalent le grain ajirès l’avoir écorcé, offre une nuance
que le gros bec fournit. •
La quinzième place, ou celle de.s oiseaux qui écor-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 29^
cent et qui écrasent le grain avant de l’avaler, pourra
être remplie par un grand nombre de petits oiseaux,
et en particulier par le serin , le moineau , le char-
donneret, etc.
Un grand nombi'e d’oiseaux granivoi'es paissent en
même temps l’herbe ; mais il y en a qui en vivent uni-
quement , à défaut degrain , dont d’autres ne sauroient
se passer totalement. La perdrix et l’outarde ne vivent
que de la sommité des blés, quand la terre est cou-
verte de neige ; je les placerai au seizième rang.
Je n’ai point encore parlé des oiseaux d’eau. 11 y en
a de deux genres; ceux qui fréquentent seulement le
l’ivage où ils trouvent leur nourriture, et ceux qui mé-
.rilent le nom d’oiseaux d’eau, proprement dits, qui
sont nageurs, et qui cherchent , ou une partie, ou la
totalité de leurs alimens dans les eaux.
Les premiers rentrent , ou dans la classe des oiseaux
qui vivent de poisson comme les hérons, ou danscelle
des oiseaux qui se nourrissent d’insectes ou de vers.
Mais les oiseaux d’eau, proprement dits, méritent
notre attention sous plusieurs aspects.
Ceux qui vivent indifleremment de poisson, degrain
et de plantes, doivent être examinés , et je mettrai,
par celle raison , au dix-septième rang l’oie et le
canard.
Je placerai au dix-huitième la grèbe et le cormoran
qui ne vivent que de poisson.
Ces mêmes oiseaux d’eau sont en général différens
des oiseaux terrestres , par la coupe générale de leur
corps , et ils difîèrent entre eux à plusieurs égai’ds.
294 SCIENCES EHYSIOL. ET MEDICALES.
Leur slx'uclurfc , comparée en général avec celle de»
oiseaux de terre , est donc un sujet digne d’atlenlion.
Comparés entre eux , parmi ces mêmes oiseaux , il
y en a qui sont d’excellens plongeurs , qui poursuiv'ent
leur proie sous l’eau , où ils peuvent rester assez long-
temps. Celle différence en suppose une dans l’orga-
nisation ; c’est pourquoi le castagneux , qui est un
excellent plongeur , doit occuper le dix -neuvième
rang dans ce tableau.
Parmi les oiseaux d’eau nous en trouverons beau-
coup qui peuvent nager sur les eaux , et marcher à
terre pendant que d’autres ne savent que nager , et
ne fout , pour ainsi dire , que ramper à terre. Tels
sont les grèbes, qui méritent d’ètre mis a la vingtièxne
place.
Indépendamment des différences que nous venons de
remarquer entre les divers oiseaux , d apres leurs habi-
tudes, il y en a qui méritent qu’on les examine sous
d’autres aspects. La première de ces différences est la
faculté de chanter et la privation de cette faculté -, c est
pourquoi je mets au vingt- unième rang le rossignol
qui en est le chantre par excellence, en opposition
avec le moineau franc qui n’a aucune sorte de chant.
Mais il ne suffit pas de comparer l’oiseau chantant
à celui qui ne chante pas : la femelle du premier , ou
privée absolument de la faculté qu’a son male, comme
celle du rossignol 5 ou n’ayant cette faculté qu’iinpar-
failement, comme la femelle du serin , doit etre mise
en opposition surtout avec le male de son espèce.
La voix des oiseaux chauluus n’claut pas, pendant
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 295
toute l’armée , la même, ou ces oiseaux cessant de chan-
ter dans une saison , ils doivent encore être comparés à
eux mêmes en dili'érens temps : ainsi le rossignol doit
être examiné au mois de mai , où sa voix est dans toute
sa force, et au mois de juillet, où elle est si cliangée
cju’elle n’est plusreconnoissahle.
Il seroit, sous un autre aspect très-curieux de don-
ner une attention particulière aux oiseaux qui viennent
de revêtir de nouvelles plumes.
On les considérera encore dans la saison de leurs
amours.
Tels sont eu général les points de vue sous lesquels
on peut espréer de retirer le plus de lumière et de con-
jioissance de l’anatomie des oiseaux , et ces mêtnes as-
pects sous lesquels nous les considérons, n’exigentqu#
l'anatomie de vingt -une espèces.
DES CÜTACÉES ET DES QUADRUPÈDES. ( 1 )
Les cétacées sont de tous les animaux ceux qu’on a
le moins disséqués; on sait qu’ils n*onl de commun avec
les poissons, que l’élément qu’ils habitent. Ils sont ,
quant à la structure des viscèi’es , à peu près confor-
més commeles quadrupèdes. Une remarque curieuse,
c’est que les grandes nageoires de ces animaux cachent
un appareil osseux , semblable à celui des quadrupèdes
fissipèdes; on y trouve une omoplate, un humérus.
(i) Dans l’état actuel des connoissances , les cétacées sont réunis
avec les (quadrupèdes , et l’homme dans un même ordre , l’ordre des
mammifères.
sgG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
deux os de l’avant-bras , un poignet^ et dans le dau-
phin cinq doigts. C’est ainsi que dans l’éléphant, le
pied , qui forme une masse loui-de et pesante , dissé-
qué, présentecinq doigts, et un carpe analogue à celui
de l’homme. Le rhinocéros et l’hippopotame n’en
diffèrent que, parce qu’en eux , le nombre des doigts
est moins grand.
Il est bien important de saisir toutes les occasions
qui pourront se présenter, d’examiner et de disséquer
les cétacées, qu’on divise en quatre geni-es.
1°. Les baleines.
2". Les monodons narhwaî-raonocéros^
3°. Les cachalots , phiseter. L.
4”. Les dauphins, le raai'souin.
Les quadrupèdes étant ceux de tous les animaux
qui ressemblent le plus à l’homme , ce sont ceux
aussi qui ont mérité le plus d’attention de notre part.
Un autre motif très- pressant nous a déterminés à
les considérer avec tout le soin dont nous sommes
capables; c’est l’utilité dont ils sont à l’homme dans
ses travaux. Le cheval, le bœuf, la brebis, le
chien, etc., sont devenus les sujets d’une médecine
particulière , à laquelle des établissemens ont été con-
sacrés. L’anatomie de ces animaux a dû lixernos re-
gards; elle a dû nous arrêter plus long -temps que
celle d’un grand nombre d’animaux qu’il est de 1 in-
térêt public de détruire plutôt que de les conserver.
Il n’est aucune partie extérieure des quadrupèdes ,
qui n’ait été considérée comme devant servir à la
DISCOURS SUR L’AN ATO-MIE. 297
coTislructîon des méthodes que les 11a tur alla Les ont
imaginées pour les classer. ( 1 )
D E l’iï O M M E.
C’est pour arriver à cet article que tous les autres
sont faits.
On ne connoît point deux espèces d’hommes, mais
plusieurs v'ariétés se font l'emarquer dans cette espèce.
M. Kant admet quatre races d’hommes (2} qui sont
l’Européen septentrional, l’Américain, le Nègre, et
l’Indien olivâtre d'au delà du Gange.
Erxleben en admet six; savoir, le nain du Nord,
ou le Lapon; le Tartare , vivant en Asie , depuis lo
mont Imaüs jusqu’aux cratères de la Laponie ; l’Asia-
tique, habitant au delà du Gange ; l’Européen, l’Afri-
cain et le Mexicain.
Chacune de ces races a des caractères de couleur ,
de forme et de grandeur qu’il est important de con-
sidérer , et qui se trouveront à leur place dans cet
ouvrage.
Feu M. Camper a publié , sur la structure du crâne
et de la face des divers habitans du globe , des re-
cherches , desquelles il résulte que la ligne féciale est
plus oblique dans la tête des nègres que dans celle des
Européens.
(1) Voyez pour les principaux résultats des travaux de Vicq-
d’Azyr sur l’anatomie des quadrupèdes, le deuuème Discoius sur
l’Anatomie.
(aj M- Blumenbach admet aussi quatre races d’hommes.
298 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
On trouve encore des remarques curieuses sur ce
sujet, dans l’ouvrage suivant , de M. Blumenbach :
Decas Craniorum diversarum gentium , iUustrata ;
in-4;". 1790. ( 1 )
QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA NATURE
ET SUR certaines PROPRIÉTÉS DES
CORPS VIVANS OU ORGANIQUES.
Toujours l’impaliente curiosité de l’homme a devan-
cé robservation j il aime mieux cherclier à deviner
lessecretsde la nature, que de s’elfoicer à les appro-
fondir. Les terres , les pierres , les métaux , les sels ,
les plantes, les animaux ont été les sujets de mille
fictions. On a compris enfin que le véritable savoir
n’est fondé que sur l’expérience et sur l’étude.
1°. MM. Pallas et Saussure ont parcouru les mon-
tagnes ; ils ont vu que les plus élevées s’appuyent
sur le granit, et le granit ne peut être rangé parmi.
(i)Au milieu des causes qui ont efface les tra ts originaires,
et confondu les races , il est très -difficile de reconnoitre les
branches primitives de l’c-spèce humaine. Cependant, d’a-
près les résultats fournis sur col important sujet , par un
grand nombre de recherches, on peut aujourd’hui rapporter
toutes les variétés de l’homme à trois types principaux;
i®. Tjrpe enuenssien 1 ou race prototype ; 'Ijrpenion-
^olique . ’^Fj'pp. Afiicnin. Fnycz^ pour le développe-
ment de celte opinion , l’ouvrage que j’ai publié sous le
titre à' Histoire et d’JJj giùnc de la Femme. '1 44®*
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 2g, j
les pi'emic^res productions du globe , puisqu’il est
composé de cristaux qiïi n’ont pu se former et se
réuïiir que dans une longue suite de siècles et dans
une immense étendue d’eau. Or , comment les corps
organiques atiroienl-ils e:^isléà celteépociue, puisqu’on
ii’en trouve aucuns débris dans les vieilles montagnes?
Alors les eaux couvi-oient les plus Jiaules éléva-
tions de la terre 5 de larges fleuves creusoienl les
vallons; les métaux s’y formoientou s'y déposoient,
et des substances qu’oii peut regarder comme pri-
mitives, se '^jjlaçoient par couclics sur leurs flancs,
ou composoient de nouvelles montagnes.
Enfin, lesaniinaux naquirent; des familles Immenses
cV coquillages couvrirent de leurs dépouilles la pre-
mièresuperficiedu globe : en même temps, les premiers
végétaux, nourris dans une terre vierge, et entraînés
par les eaux, s’entassèrent : des chocs, des fermen-
lalions tumultueuses produisirent des ébranlemens
inattendus , le volume des eaux diminuant , la mer
se resserra dans ses bassins , le feu des volcans s’éteignit
ou s’appaisa ; etla terre fut peuplée d’animaux etlivrée
à l’homme.
L’obervation la plus attentive présente cette série
de faits, dont la succession n’est pas douteuse, sans
que ni la durée , ni les époques , ni les circonstances
diverses eu puissent être aucunement déterminées.
2 . Non-seulement l’existence des corps organiques
sur les difl'erentes parties du globe y a imprimé des
traces piofondes et durables , mais elle a de j)lus
influé sur latmosphère et sur les eaux.
5oo SCIENCES PIIYSIOI.. ET MEDICALES.
Il est dillicile de se refuser à croire avec Bergman
que les eaux oui élé dans les anciens temps plus
abondantes qu’elles ne le sont aujourd’hui. Une grande
partie de ce fluide se décompose au sein de l’écono-
mie végétale, dans laquelle le gaz inflammable sert
à composer les huiles, les résines et la paille colo-
rante, tandis que l’air vital , autre élément de l’eau,
est versé dans l'atmosphère.
D’ailleurs, les animaux marins décomposant l’eau
à leur manière, forment la magnésie , la soude et la
craie , dans laquelle ce fluide demeure sous forme con-
crète : l’acide carbonique également formé dans la mer,
se concentre dans la chaux où il fixe aussi de feau.
Remarquons surtout que les débris des animaux;
terrestres ajoutent peu à la masse du globe; surtout
si on les compare à ces bancs calcaires qui sont le
produit des animaux marins , destination impor-
tante qui établit une différence essentielle en r’eux.
Considérés sous d’autres rapports, on peut dire que
les animaux épuiserolent l’atmosphère et qu’ils la
conv'erliroient toute entièi’e en un acide carbonicjue,
si les végétaux , en décomposant l’eau , ne répandoient
pas le gazoxigène en abondance. Sans la bienfaisante
activité de l’économie végétale , la respiration des
animaux n’auroit donc pu se faire , et pour celle
raison, on conçoit que l’une de ces productions a du
précéder l’autre dans l’ordre des êtres dont notre
monde est formé.
Sans les végétaux, il n’y auroit pas non plus de
corps combustibles.
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5oi
Mais les animaux , en changeant l’air vital en acide
carbonique, absorbent en même temps la chaleur ;
car l’acide formé par l’air vital atmosphéi ique , et
le carbone pulmonaire est plus dense que l’air vital,
et contient par conséquent moins de calorique: tel est
le foyer de la chaleur animale. C'est par l’action
vivifiante du soleil que l’équilibre se rétablit; ce foyer
intarissable de lumière et de feu répand l’une et l’autre
à grands flots. Les végétaux exposés à ses rayons
produisent de l’air pur, et la connoissance de celte
propriété de la végétation, qui est due à l’influence
de la lumière, est une des plus belles découvertes
modernes.
-On sait actuellement que l'air vital est un des élé-
mensde l'air atmosphérique. On sait que c'est lui
qui entretient la vie de tout ce qui respire; qu’il
donne à tous les corps animés la chaleur dont ils
jouissent J et qu'il sert à la combustion de tous ceux
qui s’enhamnient.
Si on plonge des substances enflammées dans cet air,
il s’en dégage une lumièré vive, et une chaleur exces-
sive : et cette propriété fournit à la physique un ins-«
tiument des plus actifs, pour exciter facilement
un très-haut degré de chaleur.
L influence de cet air sur la vie n’est pas moins
grande que sur la combustion; ilia développe, il
lauime : mais en même temps il la précipite, et si
la nature n’en eût modéré la vitesse, nous eussions
peut-être joui d’une vie plus courte, mais plus active,
et les générations se seroient succédées avec plus de
5o2 sciences phy siol. et medicales.
rapidité : une partie de cet air sur trois parties de
l’atmosphère donne la proportion qui paroît conve-
nir le plus a notre espece.
N’oublions pas que le gaz qui tempère l’activité de
l’air vital dans la composition de l’atmosphère , entre
aussi comme partie essentielle dans la formation des
animaux.
Les deux principes constiluans de l’atmosphère
paroissant donc èli’e les produits de la végétation et
de l’animalisation, ils sont les sources des acides et
des alkalis, l’air vital contenant l’oxigène et le gaz
azotique , l’alkaligène ou azote.
Il faut que l’acide carbonique soit aussi d’une grande
utilité dans la nature, car la respiration en fournit
avec abondance, et il disparoît en peu de temps. Ne
sont-ce pas les végétaux qui 1 absorbent et qui le décom-
posent en y puisant leur charbon ?
En somme , les etres se montrent partout en deux
états, l’état de combustion ou de vie qui en diffère peu ,
et l’état salin ou de mort : c’est en passant de l’un
à l’autre que se montrent toutes les nuances intermé-
diaires. Dans ces deux états, et dans leur passage con-
siste toute la chimie et se concentrenttoutes les opéra-
tions de la nature.
IIJ. Pline avoit divisé le Ciel et la Terre en zones;
Buffona suivi la même idée , à laquelle M. Zimmer-
mann n donné tout le développement dont elle est
susceptible; mais il a soigneusement distingué le climat
physique, c’est-à-dire la température du climat géo-
graphique que détermine la latitude; et celte dislinc-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5o5
tion éloit importante à établir ; car, sur les diverses
parties d’une montagne , dont la latitude est la même ,
le tableau de la végétation varie d’une manière éton-
nante. Tournefort a cueilli, sur le mont Ararat, au
sommet, les plantes de la Laponie; plus bas celles de
Suède , plus bas encore celles de France; plus près
du sol, celles de l’Italie, et enfin sur le sol même ,
Celles de l’Arménie, où est situé ce mont. Ainsi, la
zone torride n’est pas physiquement la même dans les
deux continens; plus élevée et moins brûlante dans
le Nouveau - Monde , elle nourrit 'des quadrupèdes et
des oiseaux, dont le corps est, en général ,’ moins vo-
lumineux que sous la zone correspondante de l’ancien
continent. Cette terre étant plus humide, les reptiles
et les insectes y sont plus gros, et ils se font remarquer
par de plus vives couleurs.
Les productions des zones tempérées different beau-
coup mollis les unes des autres, que celles des zones
torrides ; l’élan , ou orignal, habite les zones tempé-
rées des deux continens. Le taureau ne diffère, dans
le Nouveau - Monde , que par une bosse qui est placée
sur le dos, et formée jiar un amas de graisse; ce
qui ne doit point surprendre dans un climat on la
terre, plus neuve et plus abreuvée , produit une nour-
riture plus abondante. Le cygne est le même dans
les contrées du Nord de l’Europe, et dans celles qui
leur correspondent en Amérique ; partout ces zones
offrent physiquement beaucoup moins de différences
que celles qui sont situées sous l’équateur.
Là , le mouvement de rotation renfle le globe ter-
5o4 SCIENCES PHYSIOL. fîH' MEDICALES.
restre ; sur les grandes élévations de l’Asie, se trou-
vent les divers animaux que l’homme a rendus domes-
tiques , et dont il s’est principalement entouré. Là, se
réunissent toutes les qualités qui cai’actérisent la plus
ancienne des habitations du globe 5 de là sont sorties
les colonies noinbi'euses qui ont occupé d’abord , soit
les plaines situées entre le Mont Ural et le Mont Cau-
case, d’où elles ont passé en Europe; soit le Mont
Allas , le Nord de la Sibérie, et les contrées septen-
trionales de l’Amérique , soit vers le Sud , l’Arabie et
les Indes.
La chaleur et le froid produisent des impressions
analogues sur les plantes et sur les animaux. C est
sur la zone torride de l’ancien continent que se dé\ e~
loppent les arbres , les plus volumineux, et les fruits
les plus gros. Sous les pôles, au contraire, les arbres
qui jouissent ailleurs de tout leur accroissement ram-
pent sous la forme de végétaux dégrades et stériles.
Tous les êtres vivans semblent être attachés à une
ou plusieurs forces. L’homme seul, comme il peut se
nourrir de tous les aliraens, peut vivre aussi dans tous
les climats; il respire libi’emeut à Quilto, où le ba-
romètre ne monte qu’à vingt pouces et un quart,
même sur les Cordelières , ou le mercure ne s élève
qu’à quinze pouces neuf lignes.
L’échelle morale de riiomme est aussi la plus
étendue. Que lonl en ellet le Lapon et 1 Eskimau ,
dont les sens resserrés par le froid Iransnietleut peu
d’idées; le Crétin , dont les organes sont malades, le
sauvage , qui ne songe qu’à ses besoins les plus gios-
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 3o5
sîers : que sont de pareils hommes auprès des grands
poêles, des grands orateurs, auprès de ces grands
philosoplies qui ont si bien compx'is et si bien peint la
nature ?
Remarquons qu’il faut un certain degré de froid
pour donner au corps humain tout le développement
dont il est susceptible. Le climat habité par les Pa-
tagons est aussi froid que la Norwège. Un froid trop
considérable arrête aussi ce développement. Le do-
micile des Eskimaux, des Groëlandois et des Lapons
commence au soixante-sixième degré de latitude
nord.
En général , il est beaucoup plus facile aux animaux
qui vivent de chair de s’étendre et d’occuper
un grand espace sur le globe, qu’à ceux qui ne se
nourrissent que de végétaux : ceux-ci sont plus dé-
licats; mais en s’étendant d’une zone à l’autre, les
êtres vivans éprouvent toujours quelque influence
qui les modifie; ces changemens ne sont pas toutefois
assez considérables pour qu’il en résulte des espèces
nouvelles.
IV. Pour l’homme, comme pour lesautres animaux,
trois causes principales de variétés existent, le climat,
la nourriture et les mœurs.
Tout annonce que la couleur dépend du climat ;
les poils sont plus ou moins blonds dans le nord; à
de grandes distances, le Sénégalois ressemble au Nu-
bien : dans le nord de l’Amérique , on trouve des
espèces de Lapons ., qui diSerent peu de ceux d’Eu-
rope. Les Sauv^ages du Canada sont sous la même
T. 4,
20
oV)6 SCIENCES PElYSIOL. ET MEDICALES.
lalitucle que les Tartai’es orientaux : aussi voit-on
entr’eux de grands rapports. Ceux qui habitent les
sommets des Cordilières sont presque blancs. Enfin ,
suivant M. Bruce , on trouve des hommes blancs dans
l’intérieur de l’Afrique , même sous l’équateur 5 c’est
sur les terres les plus basses que se trouvent les nègres.
C’est sur les lieux les plus élevés que les hommes
vivent le plus long -temps et qu’ils jouissent de la plus ,
grande activité.
V. Dans l’espèce humaine, la fécondité dépend
en grande partie de l’abondance de substances alimen-
taires-, la disette mène à la stérilité, et l’oppression,
source de toutes les misères , produit le même fléau,
VI. Ceux-là se trompent qui regardent la durée
de la vie comme étant proportionnée à celle de la
aestation. Dans les animaux vivipares qui n’engen-
drent qu’un petit nombre de fœtus , c est la durée
de l’accroissement qui en offre la mesure j en multi-
pliant celle-ci par cinq ou par six, le produit donne
la durée de la vie humaine. •
En général la durée de la vie est la même à peu
près pour les différens peuples , quels que soient leurs
alimens et leurs climats.
VII. La vie est composée de deux états qui se com-
battent sans cesse, qui soiitdans une lutte perpétuelle
entr’eux; du sommeil qui est un état de repos et
d’inertie , et de la veille qui est un étal d’activite.
Dans riiomme, leur succession n’est presque jamais
celle que la nature indique-, en lui les affections mo-
rales s’exaltent -, clics dérangent les mouvemens de
DISCOURS SUR L’ANATOMIE. 5o;
ses organes, et la plupart des maladies sont reflet de
ces désordres.
Vlir. 1j6s pliilosoplies ont distingué deux espèces
d’éducation : celle de l’individu (jui est commune à
l’homme et ,aux animaux , et celle de l'espèce qui
n’appartient qu’à l’homme.
C’est par les alimens que l’homme et les animaux
reçoivent en grande partie l’influence de la terre. Les
animaux sont plus soumis que l'homme aux causes
physiques; et pour cette raison, ils ont chacun Icnr
contrée : les quadrupèdes sont surtout forcés de subir
la loi du climat ; l’oiseau s’y soustrait , et on ne sait
pas encore bien ce que peut le climat sur les poissons ,
dont plusieurs familles voyagent et' qui vivent dans
un autre élément. Les cétacées , les oiseaux aquati-
ques et les poissons sont les habitans les plus reculés
du globe ; ils parviennent à des régions que sans doute
l’homme ne pourra jamais atteindre.
IX. La grandeur du corps a des attributs positifs.
Le grand , dit un philosophe moderne, (i) est aussi
fixe dans la nature que le petit y est variable. L’élé-
phant n’a point dégénéré; ils ne produit point dans
1 esclavage. L’éléphant ,1e rhinocéi'os , I hlppopotame,
et la giraffe ne se propagent, comme l’homme, qu’en
ligne droite , sans aucune branche colLlérale ; ils
n ont point d’analogue, etlhonime, dont le volume
est moins considérable , est moins isolé qu’eux.
X. Les animaux sont des foyers de desti’uction
(i) Buffon, tome i,
5o8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
qu’on peut comparer à le flamme, ils poursuivent
tout CB qui peut servir à leurs besoins ou à leurs plai-
sirs ; et de tous les animaux, le plus deslrucleur est
l’homme.
XI. On a calculé que les races dontcerlainsanimaux
tirent leurs alimens , périroiènt par surabondance si'
elles ne leur servoient jDoint de pâture j il est des
animaux qui naissent pour que d’autres s’en nour-
rissent. Les uns sont armés de dents aiguës, dégriffés
menaçantes-, les autres sont sans défense, quelques-
uns n’opposent pas même la ruse à leurs ennemis,
qui les surpassent , non -seulement par la force, mais
encore par la vitesse et par l’industrie. A quels ré-
sultats, en se repliant sur soi-même, on est conduit
par cette vue, et comme il y a loin de là aux conseils
que l’homme éclairé reçoit de sa raison !
Dans la série des divers animaux, ce sont , toutes
choses égales d’ailleurs , les plus petits qui mangent
le plus, et ce sont eux aussi qui produisent da-
vantage.
XII. A considérer l’homme dans les divers siècles
et dans tous les lieux connus , on voit qu’il est fait
pour la société ; mais semblable en cela au castor, i
n’est pas absolument contraint à se réunir avec ses
semblables-, il paroit le faire par choix; les abeille»
le font par nécessité : une seule abeille ne peut pour-
voir à sa subsistance, et deux abbillcs ne suffisent pas
pour propager l’espèce.
XIII. Les carnivores robustes , dit Buffon , son^
solitaires-, les carnivores foible» marchent en troupes.
V.
niSCOURS SUR L’ANATOMIE. Sog
ainsi font les hommes ; leur force croît dans des pro-
portions immenses par leur réunion.
XIV. 11 existe moins d’espèces de plantes que d’ani-
maux : mais plusieurs naturalistes pensent que le
nombre des individus est plus grand dans ehaque
espèce de plantes que dans chaque espèce d’animaux.
Muschenbi’oeck estimoit le nombre des animaux à
sept mille sept cent cinquante. Erxleben l’a porté à
vingt-cinq mille. M. Zimmermann présume que ce
nombre est encore plus considérable; ce qu’il justifie
en observant qu’il n’y a point de goutte d’eau, point
de sable, point de mucosité qui n’en contiennent un
grand nombre et d’espèces difl'érentes. Quel foyer de
vie que la mer! c’est là où les corps conservent une
grande souplesse, que la nature prodigue les germes
et que les généi'ations se succèdent avec une grande
rapidité.
Le microscope a découvert des milliers d’animal-
cules, et à peine a-t-il fait cou noître quelques espèces
de végétaux.
XV. On est bien loin de connoître toute la nature
vivante , puisque la géographie d’une grande partie
de la surface du globe est encore ignorée.
On assure que l’étendue des pays que les voyageur*
,ont parcourus est à ceux qu’ils n’ont point encore
atteints , comme dix est à neuf.
-AVI. M. de Buffon a dit que l’homme ne peut
rien sur les espèces ; que son influence se borne aux
individus. Cependant certaines races, presque toutes
entières, sont subjuguées; presque tous les individus
5 10 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
qui leur appartiennent ont perdu leur force, leur
courage, leurs couleurs, leurs formes même, et il faut
se donner bien de la peine pour retrouver les origi-
naux de certaines espèces de plantes et d’animaux
dont riiomme a fait son domaine.
XVII. Les mulets, les ovipares sont féconds: les
végétaux, et dans le règne animal, les oiseaux, en
fournissent des exemples. On sait que parmi les qua-
drupèdes, lesmulets n’engendrent que dans les climats
très-chauds où cette espèce de reproduction est elle-
mêrae très-rare. En général , la fécondité des ovipares
' surpasse beaucoup celle des animaux qui mettent
au jour leurs petits vivans.
Le bardeau tient de la mère; et en général , les
deux espèces de mulets tiennent plus de la mèreque
du père. Linné avoit dit que le pistil est une exten-
sion de la moelle de la plante.
L’expérience a prouvé qu’en croisant les races , on
obtient des individus mieux développés , et des mcàles
en plus grand nombre.
En somme, les individus qui naissent danimaux
de deux espèces difiéren tes, sont d autant moins fé-
conds, qu’il y a plus d’éloignement entre les deux
souches dont la réunion lés a produit.
XVTII. On sait maintenant .[u’uri père et une mère
tous les deux dépourvus des mômes parties, n engen-
drent pas moins des enfans auxquels ces parties ua
manquent point. Ainsi, tous les systèmes fondés sur
un certain tribut Iburni par les divers organes des
païens, sont des jeux de rimagiiialion. La repioduc-
DISCOURS SUR L’AN ATÜ MIE.
lion de l’espèce dépend donc d’une action qui, comme
toutes les autres, appartient spéciliquemeut a une classe
d’organes. Mais quelles sont lescauses principalesde cet
étonnant phénomène ? C’est ce qu’on Ignore. Dune
part, il est connu que, dans les oiseaux , le fœtus
appartient à la mère, et que le père ne fait que
modifier la surface, ou quelques -unes de ces parties.
D’une autre part, on n’igjiore pas que, dans le i-ègne
végétal, un germe est surmonté d’un autre germe ;
que les boulons ^>ont de petits arbres: qu’un orme,
par exemple, est formé de plusieurs petits ormes ;
C’est là, c’est dans ces extrémités du système vivant
qu’il faut chercher la solution de ce grand problème.
XIX. Il estdesœuls d’une certaine espî-cequi crois--
sent et qui prennent du volume apres être sortis du
ventre de la mère; tels sont les œufs des poissons, des
insectes , des crustacées , des lestacées *, ils tiennent le
milieu entre les œuls proprement dits et leschcn il h s, qui
sontdesœufs imparfaits. En général, ‘ces œufs ont tous
un volume égal dans le ventre des femelles.
XX. La durée delà vie des oiseaux et des poissons
est grande. Ils engendrent avant leur entier accrois-
sement, et ils vivent plus que six ou sept fois le temps
qui y est destiné. La loi que nous avons rapportée
plus haut, relativement aux quadrupèdes, n’a donc
point d’application ici.
Les oiseaux deproiesontmoinsfécondsqueles au très.
XXL Qu’on ne se laisse point tromper surcertai-
ne.s espèces qu’on regarde comme un passage d’une
classe à une autre. Le polalouche, par exemple,.
5i2 sciences PllYSlOL. ET MEDICALES, etc.
lie, dit - on, les quadrupèdes avec les oiseaux; mais
si l’on en excepte les expansions membraneuses qui
l’essemblent à des ailes , le polaloucbe est, sous tous
les rapports , un quadrupède proprement dit ; il
n’existe en lui aucun organe qui se rapproche vrai-
ment de ceux des oiseaux. De même l’autruche est
un oiseau dont les ailes sont très -courtes; mais ses
prétendus poils sont de vraies plumes, son larynx,
son gosier , ses intestins, ses œufs sont absolument,
et en tout point, conformés comme ceux des oiseaux.
Ce que je dis ici de ces animaux peut s’appliquer à
presque toutes les espèces qu’on regarde comme ser-
vant de passage. Il n’est donc pas démontré que les
grandes familles des êtres vivans finissent par nuances
insensibles , et qu’elles se confondent entr’elles comme
quelques naturalistes l’ont pensé, et comme d’après
eux , des philosophes l’ont écrit.
XXII. Celui qui se propose d’étudier avec succès
l’histoire naturelle des corps vivans , doit être très-
versé dans l’étude de la physique expérimentale , de la
mécanique , de la chimie, de l’anatomie; il faut aussi
que, comme Pline, il connoisse parfaitement la géo-
graphie, sans quoi il ne sera que nomenclateur , et il
ne pourra tirer qu’un petit nombre de résultats de
ses travaux.
Après avoir médité sur ces réflexions , on lira peut-
être avec plus de fruit les divers articles dont cet
ouvrage est composé.
DEUXIEME SECTION.
MÉMOIRES ET FRAGMENS
SUK l’anatomie, LA PHYSIOLOGIE ET LA MÉDECINE.
M ÉMOI RE
Sur les rapports qui se trouvent entre les usages et la structure
des quatre extrémités daas l’houimc et dans les quadrupèilcs.
■RAPPOHT DE CONDORCET SUR CE MÉMOIRE.
0 N entend ordinairement par anatomie comparée
l’observation des rapj>orls et les diflerences qui
existent entre les parties analogues des lioninies et
^des animaux. M. \icq-dAzyr donne ici un essai
dune autie espece d Analonne comparée, qui jus-
qu’ici a été peu cultivée et sur laquelle ou ne trouve
dans les anatomistes que quelques observations iso-
lées : c est 1 examen des rapports qu’ont entre elles
les différentes parties d'un même individu. 11 com-
paie dans ce mémoire les extrémités supérieures de
1 homme a ses extrémités intérieures j les extrémités
antérieures de différeu tes espèces de quadrupèdes a
leurs exil émités postérieures, llexamiuesous ce point
de vue, leurs os, leurs muscles , leurs vaisseaux :
5i4 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES,
partout, il observe des ressemblances frappantes et
des différences cjui en général semblent dépendre
des fonctions différentes auxquelles ces extrémités
sont employées. Ainsi , la cuisse , la jambe , le pied
de I bomme ressemblent au bras , à l’avant - bras ,
à la main , en supposant que ces dernières parties
ont subi dans leur position et dans leur forme ,
les cbangeniens nécessaires pour qu’ds puissent
soutenir le corps et le transporter dun lieu a un
autre ;'de meme le bras et la main semblent n etre
qu’une jambe et un pied j mais altérés dans leur
forme , et disposés de maniéré quils puissent se
porter sur toutes les parties du corps , saisir les
objets , exécuter enfin tous les mouvemens néces-
saires à la défense de l’homme , à sa nourrituie ,
aux travaux des dlfferens arts.
La meme 'chose s’observe dans les animaux ; la
ressemblance est meme souvent plus parfaite , parce
que les fonctions de ces parties sont moins diffé-
rentes. En général , et pour les os surtout , si on
place l’extrémité supérieure droite , en la tournant
<1„ devant au derrière , i côté de IVxtrénilté infé-
rieure «auchc, ou aperçoit une analogie 1res - fiap-
panle , et une grande partie des différences d.spa-
roissent , parce iptc ce renversement de 1’°»'“°”
un des principaux changemeus qu’exige ‘ ^ ^
rencc des fonctions. Ainsi , dans cette uouve
PARALLELE DES EXTREMITES. 5i5
espèce d’Anatomie comparée , on observe , dit
M. Vicq-d’Azyr , comme dans l’Anatomie com-
parée ordinaire , ces deux caracWres que la nature
paroît avoir imprimés à tous les êtres , celui de la
constance dans le type , et de la variété dans les
modifications. Elle semble avoir forme ces diffé-
rentes esj)èces , et leurs parties correspondantes ,
sur un seul [)lan , mais cpi’elle sait modifier à l’in-
linl , comme elle dlrli'e tons les corps célestes par
une seule force , dont l’elVet , variant avec leurs
distances, produit toutes les apparences qu’ils nous
2)résenteut.
MËUOIRE.
On appelle du nom d'Analoinie comparée, celle
science qui oppose la structure de flioinme à cello
des autres animaux, pour en apercevoir les rapports
et les différences. C’est en superposant les objets , c'est
en mesurant leurs contours et leurs surfaces, que l’on
peut en acquérir une parfaite connoissance. Quelques
anatomistes modernes se sont surtout livrés à ce tra-
vail , et l’on sait combien ils ont augmenté, par ce
moyen, les connoissances médicinales et pbilosophi-
que.s. Si donc l’Anatomie comparée a rendu des ser-
Auces aussi importans, ne pourvoit -on pas eu instituer
une seconde, qui ne s’occuperoit uniquement que des
lappoits quont entr elles les parties du même indi-
vidu? Ces nouvelles considéraljüiis ne jetteroient-ellcs
pas un plus grand jour sur les usages j sur le méca-
5 1 6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
nisme des pièces qui le composent ? Ne seroil-il paj
possible qu’elles fissent apercevoir des analogies sur-
prenantes? Et si les parties qui diffèrent le plus en
apparence se ressembloient au fond , ne pourroit-on
pas en conclure avec plus de certitude qu’il n’y a
qu’un ensemble, qu’une forme essentielle, et que l’on
reconnoît partout cette fécondité de la nature rpiî
semble avoir imprimé à tous les êtres deux caractères
nullement contradictoires , celui de la constance dans
le type et de la variété dans les modifications?
L’Anatomie offre plusieurs exemples dans lesquels
on les trouve de la manière la plus frappante ; mais
ils ne sont peut-être nulle part aussi marqués que
dans les extrémités de l’homme et des quadrupèdes
^ former les quatre extrémités avec le plus d économie
' et de ressemblance possible , les disposer de sorte que
deux puissent se mouvoir dans tous les sens pour le
ployer au gré de nos besoins et de nos désirs, tandis
que les deux autres , plus solides , sont destinées à
la locomotion de l’individu, sans être cependant abso-
lument incapables de remplir les fonctions pour les-
quelles les premiers ont été principalement formes,
cl pour cela ne point altérer la forme primitive,
•allonger seulement ou raccourcir quelques pièces
osseuses, donner plus ou moins d’étendue à une
apophyse , creuser plus ou moins certaines cavités ,
détacher cl transporter certaines éminences , allonger
quelques muscles , serrer plus ou moins le tiss
quelques ligamens , ajouter à la longueiu d une
ou d’un nerf, ôter quelques nuances aux inouvcmens
PARALLELE DES EXTREMITES. 517
d'une articulation , et ne se permettre ces légers chan-
gemens que dans le plus pressant besoin , tel est
l’énoncé du problème dont j’ai cru voir la solution
dans la structure et le mécanisme des extrémités , et
que j’entreprends de développer dans ces Mémoires.
Pour le faire avec méthode , j’ai choisi parmi les
quadrupèdes un de ceux qui sont les plus éloignés
de l’homme, et un de ceux qui tiennent à peu près
le milieu de l’espace intermédiaire , afin qu’en dé-
montrant la même analogie aux deux extrémités et
au milieu de la chaîne , l’on puisse en_ tirer des con-
séquences pour le reste des individus dont le nombre
considérable ofFrlroit un champ trop vaste à nos re-
éherches. Le chat et le chien , parmi les fissipèdes,
non claviculés ; le bélier , parmi les bisulques;et le
cheval, parmi les solipèdes, nous fourniront des pièces
de comparaison. Nous aurons au reste peu de chose
à dire sur les animaux ; celles des parties qui compo-
sent leurs extrémités , et qui ont quelquerapport avec
l’homme , conservent la même analogie ; les autres
sont en petit nombre.
Il ne nous reste plus maintenant qu’à considérer
ces objets d’une manière qui soit commode au pa-
rallèle que nous nous proposons d’en faire; cet ordre
sera celui des parties qui entrent dans leur compo-
sition. Chaque extrémité est formée par des pièces
osseuses , par des muscles et par des vaisseaux : cha-
cune de ces divisions nous occupera séparément, et
nous tâcherons de présenter un tableau précis et mé-
thodique des rapports qui se trouvent entr’elles. Mais
5i8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
auparavant d’entrer en matière, il est important d’ob-
server que cette espèce d’Anatornie comparée peut
s’étendre non-seulement aux os, aux muscles et aux
vaisseaux , mais encore aux viscères ; ce n’est pas que
les anatomistes gardent à cet égard un silence pro-
fond : il n’en est aucun qui n’ait avancé quelques-unes
des propositions que je me propose de développer
aujourd’hui 5 mais leurs assertions sont vagues 5 elles
ne sont point confirmées par les détails et par les
comparaisons. En un mot elles font plutôt désirer,
qu’elles ne donnent les preuves de l'analogie qu’elles
annoncent.
TAKALLÈLE DES OS QUI COMPOSENT LES EXTRÉMITÉS.
Presque tous les anatomistes rangent l’omoplate
parmi les os de l’extrémité supérieure , et presque
aucun ne compte l’os des îles parmi ceux de l’extré-
mité inférieure. Une analogie très -marquée entre ces
deux os, ne nous permet pas d’imiter ces auteurs, et
nous croyons, pour des raisons que nous exposerons
plus bas, qu’il faut les en exclure l’un el l’autre, ou
les admettre tous les deux. Nous comptons donc quatre
parties principales dans chaque extrémité^ l’omoplate
et l’os des îles , le fémur et l’humérus , l’avant-
bras et la jambe , le pied et la main-, mais avant d en-
trer dans aucun détail , jclons un coup d œil sur la
position respective de ces dilTérenles pièces.
Dans l’homme , les extrémités sont paralle es a a
longueur du tronc , et placées de sorte que la paume
PARALLELE DE^^EXTREMETES. 519
de la main est toarnée en dedans, et la plante du
pied en bas et en arrière ; la rotule se trouve à la
partie antérieure, et l’olécrcàne est située posténeure-
ment. Si nous supposons que la jambe et l’avant-bras
soient fléchis, l’angle que l’avant-bras fait alors avec
l’humérus est ouvert en devant , celui de la jambe avec
le fémur, l’est au contraire en arrière : les angles de
la main avec l’avant - bras , et celui du pied avec la
jambe, sont encore en même proportion l’un avec
l’autre. La position des deux extrémités est donc
inverse : lorsque la pronation est très- forte , la tète
de l’humérus roule vers la partie postérieure, l’omo-
plate s’élève, l’olécràne se porte en devant et le talon
de la main en amère ^ alors les extrémités approchent
plus du parallélisme ; mais dans cet état forcé l’appré-
hension et l’exploration ne peuvent plus se faire d’une
manière commode , et l’humérus , tourné trop en
arrière, ne peut plus se mouvoir avec la même fa-
cilité. Il étoit donc essentiel que la paume de la main
fût placée devant et en dedans, et non absolument
en arrière et eu bas : d'un coté, si dans l'extrémité
inteiieure le talon eut ete tourné en devant, comme
il l’est dans l'extrémité supérieure , alors le porte à
fahx du thorax et de la tète , et la facilité avec laquelle
le corps se ploie et tombe en devant , l’auroit pré-
cipité à chaque pas; il étoit donc nécessaire que les
deux extrémités fussent opposées dans leurs angles.
Les observations que nous venons de faire sur le
squelette humain, se font encore avee plus de faci-
lité sur celui des quadrupèdes. L’ai^gle que l’omo-
520 SCIENCES PHYSIOL. ET-MEDICALES.
plate fait avec l’humérus , est plus manifestement
opposé à celui du fémur avec l’os des îles. L’olécrâne
et la rotule sont également opposés l’un à l’autre,
ainsi que les angles au sommet desquels ces apophyses
sont placées. La tête du radius est en dehors , comme
dans l’homme ; mais elle est beaucoup plus en devant ,
et son extrémité inférieure , ainsi que son apophyse
slyloïde, sont dans tous les fissipèdes tournées en de-
vant , en sorte que les deux os se croisent ; cette,
conformation est due à une pronation forcée et cons-
tante , qui augmente la surface sur laquelle ils sont
appuyés. 11 n’est donc pas étonnant , d’après les prin-
cipes établis plus haut , que les brutes soient prives
des avantages attachés à l’appréhension et à l’explora-
tion des objets. I/e pied et la main , sont dans leur
extrémité , les seules parties qui ne soient imint oppo-
sées; dans les singes , le radius n’est pas , à beaucoup
près, aussi tourné en dedans, et plus nous avançons
vers le modèle le plus parfait , plus nous sentons les
avantages de celte opposition que nous avons remar-
quée dans les angles des extrémités.
Maintenant, si nous détacbons une de ces extie-
mités antérieures d’un fissipède quelconque , et que
nous la placions du coté opposé, de sorte que es
bords et les faces de l’os des îles et de 1 omoplate
l’humérus et le fémur , la jambe et 1 avant- las soien
parallèles , alors la main est opposée au P
opposition cesseroit , si la pronalion cesso.t el e^ •
ll^rpophyse s, y«e radiale. ^1^- -
le talon de la maiu en arriéré. Il suit ü H
PARALLELE DES EXTREMITES. Sai
extrémité antérieure répond et ressemble principale-
ment à la postérieure , du côté opposé dans l’homme;
vérité qui, quoique paradoxale en apparence, est
cepeiidant, comme nous le ferons voir plus bas sus-
ceptible de la démonstration la plus rigoureuse.
Ces principes , une fois établis, mettent dans la plus
grande évidence ce qu'il nous reste à dire sur l’ana-
logie des dilférenles parties qui composent les extré-
^ mités de riiomtne et des quadrupèdes.
OMOPLATE. — os DES ILES.
i". L’omoplate et l’os des îles , sont de tous les os des
extrémités, ceux qui dilfèrent le plus l’uii de l’autre ;
mais cet te différence , qui frappe tant au premier coup
d’œil, s'évanouit par un examen sérieux et plus ré-
fléchi. N est -il pas facile de voir que ces deux os sont
plats, que tous les deux ont une face concave et une
bombée ; que tous les deux ont une cavité articu-
laire , et que dans le voisinage de ces cavités se trou-
vent deux apophyses ? Dans l’os des îles , elles sont
confondues l’une avec l’auti'e pour former le pubis et
le trou ovalaire ; dans l’omoplate , elles sont réunies
seulement par un tissu ligamenteux. Si on place ,
comme nous avons dit plus haut, une extrémité su-
périeure au côté opposé , de sorte que le fémur et
l’humerus soient sur la même dir^ection , alors on ob-
serve que la cavité articulaire de l’omoplate est tournée
en arrière et en bas ; que le bec de corbeau est tout-à»
fait inférieur, et répond à la tubérosité sciatique ; que
T. 4
21
522 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
la cote supéx’ieure de l’omoplale l'épond à l’échan-
crure du même nom , les fosses épineuses aux fosses
iliaques , et l’espace compris entre les apophyses au
trou ovalaire. On peut faire les mêmes observations,
d’une manière inverse, c’est-à-dire, en plaçant un
os des îles auprès d’une omoplate, du côté opposé , de
telle sorte que l'humérus et le fémur soient toujours
sur la même ligne j la largeur des omoplates et celle
de l’os des îles sont d’ailleurs toujours proportion-^
nelles. Dans les quadrupèdes, ces deux os sont étroitsH
et longs ; dans l’homme, au contraire, ils sont ar-
rondis et plus larges. C’est cette étroitesse et cette lon-
gueur des os des îles dans les quadrupèdes , qui aug-
mente l’étendue d’un diamètre antérieur de leur bas-
sin 5 c’est au contraire la largeur de ces os , et leur
peu de longueur dans l’homme , qui diminuent les
dimensions de ce diamèti'e , et qui mettent tant de
différence dans la facilité avec laquelle le fœtus fran-
chit le détroit supérieur dans l’un et dans l’auti'e. La
crêle qui sépare en deux la face externe de l’omo-
plate , ne peut éloigner l’analogie , non plus que la
crête du sternum des oiseaux n’empêche qu’il ne res-
semble beaucoup à celui des quadrupèdes. L’articu-
lation des os des îles entr’eux , et avec la colonne
épinière , n’est pas non plus un obstacle ; l’extrémité
supérieure, destinée principalement à la facilité des
mouvemens, à l’agilité et à la souplesse dans 1 homme,
comme dans les quadrupèdes , ne devoit point être
fixée contre l’épine. C’est pour cela que des muscles
font dans l’extrémité supérieure, ce que la synchou-
PARALLELE DES EXTREMITES. 525
drose fait dans rinféi’iinire ; les côtes ue permellent
pas non plus aux apopliises de se réunir eu devant.
Dans quelques genres cependaiit, un os intermédiaire
en opère la réunion , et alors elle se fait par le moyen
de celles des deux éminences que nous avons dit plus
haut répondre au pubis. Les rapports de l’omoplate
avec l’os des îles sont donc réels, et l'on peut rendre
une raison satisfaisante des diflerenccs qui se trouvant
entre ces deux os.
FÉMUR.
2". Le fémur présente toutes les parties que l’on dé-
jnonti e oi diuan einent dans 1 liumeriïs j son col est seu-
lement plus alongé et ses tubérosités plus saillatites,
et plus exprimées inférieurement Les deux-coudyles
internes de ces os font une bosse plus considérable en-
dedanset en-bas: la facette radialeest plusantérieure,
comme le condyle externedu fémur, et la ressemblance
seioit parfaite, s il ny avoit pas trois facettes dans
le ginglime de 1 avant-bras, tandis qu’il n’y en a
que deux dans celui de la jambe. La sinuosité bicipitale
manque encore; mais un ligament intéi'ieur fait la
fouclion du tendon qu’elle loge.
AVANT-BRAS. — JAMBE.
5 . L avant-bras et la jambe se ressemblent moins
que I humérus et le fémur; ces deux derniers os ne
faisant, pour ainsi dire, qu’allonger le lévier, leurs
différences ne dévoient pas être considérables : ou
321 SCIENCES PllYSIOL. ET MEDICALES.
devoiL au conli-aiie trouver dans l'avant-bras une
disposition favorable à la mobilité la plus parfaite ,
et dans la jambe, un point d’appui ferme et solide,
qui pût résister aux chocs et transporter , avec
aisance et sûreté , le centre de gravité d’un point
à un autre. 11 falloit donc faire, dans la structure,
les changemnns relatifs aux conditions que nous venons
d’énoncer c’est pour cela que les deux os de l’avanl-
bi’as, à-peu-près égaux , roulent facilement l’un sur
l’autre, que quand l’un est un centre de force, tandis
que l’autre est un centre de mobilité; c’est pour cela
enfin que la main s’articule avec ce dernier : dans
l’extrémité inférieure , la pronation et la supination
auroient été des mouvemens dangereux. Le pied,
pour être solide, devoit s’articuler avec celui des deux
os qui l’étoient davantage; aussi s’arlicule-t-il princi-
palement avec le tibia, qui répond au cubitus, et non
avec le péroné : ce dernier , si l’on y réfléchit bien ,
ne peut avoir d’autre usage que celui de former une
malléole mobile et de rendre possible, par son obli-
quité, le jeu et le glissage de son extrémité supérieure
dans le choc, ce qui prévient et éloigne les fractures
par un mécanisme aussi beau qu’il est simple. A ces
différences près, leur analogie est sensible dans tous
les points ; on trouve dans la jambe les malléoles qui
répondent aux apophyses styloïdes : la rolule , qui
tient lieu d’oiécrâne, comme plusieurs anatomistes
l’ont démontré, et au-dessus de la rolule, une
empreinte musculaire, comme on en Irouve une au-
dessous de l’olécrâne. Lorsque la jambe est fléchie.
PARALLELE DES EXTREMITES.' 026
«lie exécute un mouvement de l’otalion qui tient lieu
de supination et de pronation , sans rien oter à l'ar-
ticulation du pied avec les malléoles. 11 est donc
facile de voir que le tibia n’est qu’un cubitus renforcé,
qui s’articule avec le pied , et qui exécute tous les
raouvernens , et que le péroné l'épond au l'adius, dont
il conserve à peine quel((ues usages, parce qu’il im-
portoit au mécanisme de l’extrémité inférieure de per-
dre de vue la mobilité, pour ne songer qu’à la solidité
des j^ieds.
M A 1 K. — PIE U.
4“. La main et le pied se ressemblent principa-
lement dans le nombre et dans la structure des doigts
et des 03 qui les soutiennent: mais les dilférences sont
si marquées dans le carpe et dans le tarse, que l’on
desespereroit volontiers de pouvoir rapprocher ces
deux objets. Si cependant on compte les pièces
qui les composent , on en trouve à-peu-près un
égal nombre , et cette analogie doit en faire soup-
çonner de nouvelles; mais auparavant, il est à propos
de raisonner sur les usages auxquels la main et le
pied sont destinés, et sur les besoins auxquels ces
deux pai fies doivent satisfaire. Pour que l’appréhen
sion et 1 exploration se fissent commodément, ilfalloit
que le plan de la main et celui de l’avant-bras fussent
presque continus, autrement le radius n’a uroit pu
promener la main sur les objets qu’elle devoit con-
noître ou saisir; le pied devoit au contraire être
disposé de façon que la partie postérieure fût un léiver
commode pour les puissances musculaires, et un appui
526 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
siir pour la ruasse du corps qu'elle soulienl : il fallolt
donc qu’elle fût prolongée. D’un autre côté, l’articu-
lalion du pied avec la jambe ne devoit se faire que
par le moyen d’un seul os, sans quoi elle n’auroit pas
cté solide. Enfin, comme c’est la partie tibiale du
tarse qui , dans le marcher, se meut principalement
sur la portion métatarsienne, et que c’est la partie la
plus mobile, à laquelle, dans presque toutes les
articulations, la tète appartient, il fallolt que dansle
tarse, elle appartînt aux os de la première rangée-,
dans la main , au contraire , c’est la portion méta-
carpienne du carpe qui se meut principalement sur
la premièi’e rangée , il falloit donc que la tête appar-
tînt à la seconde rangée dans le carpe. D après ces
réflexions, nous pouvons rendre raison des difl’érences
et dest-apports qui se trouvent entre ces deux parties.
Le grand os cunéiforme s’articule avec les deux
premiers os du métatarse, et avec le scapliojde et
'les deux premiers os du métacarpe. Le trapezoïde
tient le milieu entre le trapèze et le grand os qui ,
tous deux le surpassent en grandeur, comme le second
»jt le troisième du métacarpe dans la main. I^c cu-
boïde ressemble en tout à runcifonne ; comme
lui, il soutient deux os , par la face antérieure;
il a un tubercule inférieurement, comme lin il est
incliné cl approche de la forme triangulaire. Le sca-
phoïde, dans le pied comme dans la main, soutient
les trois pi'emicrs os de la seconde langec , mais
position est inverse, pour les l'aisons que nous avons
exposées plus haut.
PARALLELE DES EXTREMITES. 027
L’astragal ressemble au sémi - lunaire , auquel ou
auroit ajouté la tête du grand os. Dans celte suppo-
sition ^ on y relrouveroit les faces articulaires, laté-
rales et supérieures, le bord ti’anchant, la face concave,
et la tête articulaire , qui auroit été transposée; enfin ,
le calcanéum est, comme le triangulaire, placé en
dehors, et s'articule avec le cuboïde, qui répond àl’un-
ciforme, et le gros tubercule du talon répond à l’os
pisiforme que l’ou supposeroit soudé avec la pointe
du triangulaire. Les principales différences que l’on
observe , consistent donc dans la forme du calcauéum ,
dans la -position inverse du scaphoïde , et dans la
t^nsposition de la tète articulaire, qui, dans l’ex-
-Irémilé supérieure, tient au troisième os de la pre-
mière rangée , tandis que , dans l’inférieure , elle lient
an second os de la première ; dans la plante du pied ,
on trouve, comme dans la paume de la main, les
éniinences qui reçoivent les insertions des muscles.
Le crochet de l’unciforme, répond à la tubérosité
du cuboïde, l’os pisiforme au calcanéum, la base du
premier cunéiforme à l’éminence du trapèze, et la
petite tubérosité du scaphoïde à celle de l’os qui porte
le même nom. L’analogie est donc complète et s’é-
tend plus loin que l’on ne s’y seroit attendu, d’après
la première inspection des pièces.
M É T A C A R 1> E. — M ÉT A TARSE,
DOIGTS.
Les rapports du métacarpe et du métatarse , et
des doigts les uns avec les autres, sont si sen^ib-les ,
5a8 SCIENCES PtI,YSIOL. ET xVTEDIGALES.
qu’il ne faut que les indiquer. 11 suffira d’observer que
si la face articulaire antérieure du premier cunéiforme
étoit plus sur le côté et en-dedans , que si le premier
os du métarcarpe étoit détaché et plus mobile, et
les phalanges plus allongées , ces deux organes
seroient les mêmes en tout point.
Les parlies'osseuses qui composent les extrémités
antérieures et postérieures des quadrupèdes, n’ont
pas moins de rapport entr’elles que celles qui com-
posent les extrémités supérieures et inférieures dans
j’horame. Déjà, nous avons fait voir les rapports de
l’os des îles et de l’omoplate dans les quadrupèdes;
nous avons aussi fait remarquer ceux de l’avant-bras
des fissipèdes, avec leur jambe qui ressemble beau-
coup à celle de l’homme. L’humérus et le fémur ,
dans tous les quadrupèdes, sont tellement semblables
qu’il suffit de b s voir l’un après l’autre, pour s’en
convaincre. Il ne nous reste donc pim qu’à faim
connoitre les rapports de la jambe et de l’avant-bras,
du tarse et du carpe dans les quadrupèdes à canon
qui, comme M. IVAubenton l’a démontré, sont les
plus éloignés de l’homme. Dans ces derniers, le cubitus
est le plus court des os de l’avant - bras : c'est un
véritable os styloïde, terminé par une grosse apo-
physe. Le péroné ressemble exactement à un os
styloïde; l’avant-bras et la jambe sont donc formés
par deux os très-considérables, qnisont, le radius
et le tibia, et par deux os styloï'des, dont 1 un a une
grosse apophyseque l’on ne remarque poiutdans 1 autre,
Pt qui paroit avoir été transportée cn-devaul, pour
PARALLELE DESEXTREMITES. 529
former la rotule. Le radius est donc l’os le plus iuipor-
tantde l’avant bras, puisque, plus nous nous éloignons de
l’homme , plus nous voyons qu’il augmente, etqu’enfm
il reste presque seul dans les solipèdes, dont le cubi-
tus est réduit presqu’à rien. liC tibia conserve la
même étendue dans l’extrémité postérieure dont le
peione est tellement diminué, qu’on en retrouvera
à peine quelques traces.
TARSE. — CARPE.
lie tarse et le carpe, dans les solipèdes, ont moins
d analogie que dans l'iiomnir. Prenons le cheval pour
•exemple. Le calcanéum et l’astragal, mal à propos
appelés os de la poulie, sont tellement conformés,
quon ne peut leur trouver de ressemblance aveo
aucun os du carpe; mais le trapezoïde, appelé grand
os pai quelques uns, ressemble beaucoup aux deux
scaphoïdes du (arse ; le cuboïde, mal à propos appelé
dillorme , et le pyramidal, semlilen t être un assemblage
de petits os que, dans le carpe, on nomme trian-
gulaire et cunéïlorme, de sorte que l’on trouve toujours
assez de rapports pour justifier notre proposition;
d ailleuis, le canon, le paturon , la couronne et le
pied se lessemlilent tellement dans l’extrémité pos-
térieure et antérieure, que les légères différences du
tarse et du carpe n’empèchent point l’analogie de sub-
sister entr’elles; il est même essentiel de remarquer
que le métacarpe et le métatarse et les doigts de l’une
tit de 1 autre extrémité se ressemblent aussi parfai-
35o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
lement dans les fissipèdes, et que l’homme est celui
de tous les animaux dans lequel ces parties diffèrent lo
plus l’une de l’autre : observation importante et qui
peut donner la solution de plusieurs problèmes pro-
posés depuis long-temps, et résolus différemment par
différens philosophes.
PARALLÈLEDES MUSCLES QUI COMPOSENT
les extrémités.
lies rapports ne sont pas moins sensibles entre les
muscles des extrémités , qu’ils ne le sont entre les
pièces osseuses qui les composent. On observe aussi
entr’eux des différences , mais elles sont relatives aux
usages parlicQliers , el il est toujours possible <Veu
rendre raison; par exemple: l’os des îles, qui doit
être regardé comme une espèce d’omoplate , n a cepen-
dant ni releveur propre, ni trapèze , ni grand den-
telé. Ces muscles auroient été de trop, puisque son
articulation avec l’épine n’empêche p^s lesmouveinena
auxquels ils sont destinés. Le quarré des lombes est
le seul qui puisse avoir quelques rapports avec le
rhomboïde. Au moins, ses insertions sont a-peu-pres
les mêmes.
Il n’en est pas ainsi des muscles qui meuvent le
fémur ; ils ont de grands rapports avec ceux de
l’humérus: le grand léssier fait , dans l’extremite in e-
rieure, les fonctions du deltoïde j comme lui, il est
formé par un grand nombre de muscles subalternes,
«omme lui, il s’insère dans le voisinage des apophyses
PARALLELE DES EXTREMITES. 55i
qu’il recouvre en partie , et à la région postérieure
de l’os des îles qui répond à la crête de l’omo-
- plate.
Le muscle iliaque et le psoas tiennent la placedu
sous- scapulaire , et leur tendon combiné s’insère à
la petite t ubérositéqui, dans le fémur, s’appelle petit
trochanter. Le moyen et le petit fessier sont situés,
comme le sous - épineux ; mais ils sont , principa-
lement abducteurs , dans l’exfrcmité supérieui-e; au
conti’aire , les muscles et la fusse sous-épineuse sont
prim ipalement rotateurs; cette difl’érence tient à ce
que 1 os des îles doit être regardé comme une omo-
plate inverse , dont l’apophyse coracoïde seroit tournéo
ên bas et en arriéré, et avec laquelle l’os luiniérus
qui lient lieu de fémur , s’arliculeroit eu sens con-
traire, et de sorte que les deux tubérosités fussent
dirigées vers la fosse sous- épineuse qui répond à la
fosse iliaque externe; alors, les muscles qui s'y insè-
rent deviendroient abducteurs au lieu d’ètre rotateurs,
comme dans l’épaule, par la raison des contraires,
les obturateurs qui sont placés entre les apophyses,
le quarré et les jumeaux , qui tiennent lieu du sur-
épineux, sont simples rotateurs, quoiqu'ils soient
placés comme les courts releveurs de l’huraérus. Les
abducteurs du fémur ont aussi quelque rapport avec
le grand pectoral, et le pectinée en a de très-marqués
avec le petit pectoral qui , dans l’extrémité inférieure,
ne devoit point agir sur l’os qui tient lieu d’omo-
plate, mais porter toute son action sur le fémur qu'il
rapproche en se fléchissant. Le muscle du fascia lata
553 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
tient aux aponévroses tle la cuisse et du grand dorsal,
dont il semble êti’e une continuation.
Les mêmes observations peuvent se faire sur les
muscles c|ui meuvent la jambe et 1 avant'bias^ la Ion*
gue tète du triceps s’insère au-dessous de la cavité
glénoïdale de l’omoplate , comme le droit antérieur,
au-dessus de la cavité articulaii’e fémorale. 11 faut
toujours se souvenir que , d’après nos réfléxions ,
l’épine inférieure et antérieure de l’os des îles répond
à la tubérosité qui est au-dessus de la cavité articu-
laire de l’omoplate ; les deux vastes répondent aux d eu x
anconés latéraux ; le couturier est un muscle ajouté
pour opérer la flexion de la jambe, pour la porter
vers sa semblable, de sorte que toutes deux se croi-
sent, et pour soutenir avec force, dans la station et
dans le marcher ,1a masse du bassin qui porte à faux
sur la tête fémorale. Or, il n’est aucun de ces mou-
vemens qui ne soient inutiles dans 1 extrémité supé-
x'ieure.
Les muscles postérieurs de la cuisse , quoique moins
nombreux que ceux qui sont placés à la partie ante-
rieure du bras, ont cependant une structure et des
usages analogues. Le biceps se joint au demi-nervcux
comme il le fait avec le coracobracliial , dans l’ex-
trémité supérieure , il s’insère à la tubérosité qui lient
lieu de bec de coibeau , et s’attache au péroné qui
répond au radius. Le muscle qui répond au brachia ,
a été dirigé du côté de l’extension , dans l’extrenule
inférieure -,1e crural lui ressemble beaucoup. Nous
avons déjà trouvé plusieurs exemples de parties ainsi
PARALLELE DES EXTREMITES. 355
transposées; le demi-membraneux et le droit interne
sont encore des muscles ajoutés comme le couturier;
la flexion et l’exlensiou de la jambe dévoient se faire
avec une force bien plus considérable que celle de
l’avant-bras, dans lequel la pronation et la supi-
nation importoient au moins autant que les mouve-
mens par lequel il se fléchit et s’étend. Le petit
anconé est ainsi transposé dans l’extrémité inférieure,
au lieu de se trouver auprès de la rotule qui tient lieu
d’ülécrâne ; il est placé dans le pli du jarret où il
s'insère au condyle externe, comme dans le bras: il
étoit nécessaire danscet endroit, pour faire , la jambe
étant fléchie, les mouvemens de rotation en-dedans,
qui répondent à la pronalion ; ceux qui se font en-
dehors et (pii répondent à la supination, sont exé-
cutes par le biceps. Ce muscle est donc supinateur
dans les deux extrémitésjce qui établit encore entr'elles
une nouvelle analogie.
Les muscles qui s’insèrent à la jambe et à l’avant-
bras, et îueuvent les doigts, ont une même structure
et mêmes usages; ceux qui sont destinés aux mou-
vemensdu carpeetdu tarse offrent plus de différences;
on aperçoit cependant plusieurs rapports entre le
cubital externe et le jambierantérieur, entre lespéro-
nieij et les radiaux ; et si les insertions de leurs
tendons ne sont pas les mêmes , c’est que , dans le pied
Il etoit important qu’ils s’étendissent d’un bord à
1 autre, afin que les plus grands eflbrts eussent pour
eSet principal de faire bomber le pied et d’en rap-
procher les pièces. Le plantaire grêle répond encore
5?54 SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES,
au grêle palmaire. Le solaire et les jumeaux sont des
muscles ajoutés pour l’extension du pied, comme les
supinateurs et les pronateurs le sont dans l’extrémité
supérieure, pour la facilité des mouveraens que la
main doit exécuter. On trouve donc partout le
même modèle , avec quelques transpositions ou quel-
ques additions qui ne font que confirmer l’analogie ,
loin delà détruire.
Les extrémités des solipèdes et des lissipèdes ont
un grand nombre de muscles qui sont les mêmes que
ceux de l’homme : alors les mêmes rapports subsis-
tent. Les muscles qui offrent les prinripales diffé-
rences , se rencontrent également dans les quatre
extrémités: dans le chien , par exemple, les extenseurs
de l’avant-bras sont en plus grand nombre que dans
l’homme: les extenseurs de la jambe et les muscles
qui répondent au droit antérieur sont aussi plus nom-
breux; le biceps brachial n’a qu’une tête : de même,
le biceps fémoral n’en a qu’une; dans le cheval,
le muscle que l’on appelé omo brachial est un coraco-
brachial ; celui que l’on appelle abducteur de l’humérus
est un grand rond : le long et le court néchisseur
de l’avant- bras tiennent lieu de biceps: le biceps
fémoral elle grêle interne l'épondenl aux adducteurs
ou triceps cruraux : la principale différence consiste
dans les extenseurs de l’avant-bras, que l’on cora])le
au nombre de cinq ; aussi , les extenseurs de la jambe
sont-ils plus exprimés et plus considérables propor-
tionellement que dans l’homme: les autres muscles
destinés au mouvement du canon et du pied sont
PARALLELE DES EXTREMITES. 555
moins nombreux , mais ils répondent tous à certains
muscles de l’extrémitc humaine , et conservent la
même analogie , avec beaucoup moins de difl'érence.
parallèle des vaisseaux et desnerrs
QUI entrent dans la composition
des extrémités.
La distribution des vaisseaux sanguins et des nerfs
se fait aussi de 1a même manière dans les deux extré-
mités. L’artère axillaire répond à l’iliaque; la mam-
maire externe qui se distribue aux muscles pectoraux,
et les rameaux qui fournissent au coraco - brachial
et au biceps , répondent aux branches hypogastriques
qui passent, soit au -dessous du pubis, soit par le
tiou obturateur, pour se distribuer aux triceps, à
la tete du biceps et du demi-nerveux. La torachi-
que inférieure se porte le long de la cote de l’omo-
plate, comme le rameau externe de l’iliaque se
contourne le long de la crête de l'os des îles. La
scapulaire interne se distribue au sous -scapulaire,
comme les artères iliaques , aux muscles qui portent
le même nom ; la scapulaire externe passe par l’échan-
cruie de 1 omoplate, et l’on doit se souvenir que la
côte supérieure répond à la région sciatique de l’os
des îles par l’échancrure de laquelle passe l’artère qui
porte le même nom, et leur distribution se fait aux:
muscles analogues. L’humérale se distribue au del-
toïde , comme la fessière, dans le muscle qui en tient
heu. Enfin, 1 épigastrique répond à la mammaire
556 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
interne, avec laquelle elle s’anostomose 5 ne seroil-il
pas à-propos de renlarq\ier que ces rapports cons-
tamment observés dans les os, dans les muscles, et
dans les vaisseaux des parties qui forment le bassin ,
et de celles qui sont placées sur le devant et sur le
côté du thorax doivent faire soupçpnner entr’ellcs
une sympathie très-grande^ c’est aussi ce que l’ex-
périence journalière confirme. Si l’on poursuit plus,
loin les ramifications artérielles , on trouve- des mus-
culaires et des collatérales qui sont les mêmes dans
les deux extrémités. L’artère se comporte dans le pli
de la jambe comme dans celui du coude 5 la péronière
répond à la radiale, et les tibiales antérieures et pos-
térieures aux deux artères cubitales et interosseuses de
l’avant - bras.
Les nerfs qui accompagnent les artères du bassin
et de l’omoplate ont entv’eux les mèmesrapports, et il
seroit Inutile de les répéter ; on y trouve de même
un rameau qui naît comme le diaphragmatique, et
que l’on connoît sous le nom d’obturateur : à l’égard
des autres, il nous suffira d’observer que le médian,
le radial et le cubital naissent priiicipaleineni des der-
nières paires cervicales et de la première paire dor-
sale, comme le sciatique naît des derniers spinaux ; au
contraire , les cutanés doivent leur naissance aux
paires cervicales supérieures , comme le crural doit
la sienne aux paires lombaires , qui sont au - dessus
des nerfs sacrés. Le sciatique semble donc tenir heu
du médian, du cubital et du radial ; comme eux il
donne des rameaux à tous les doigts inferieurs-, le
PARALLELE DES EXTRE\[ITÉS. %
sciatique externe tient lieu du cubital, les nerfs plan-
taires internes et externes tiennent lieu du radial et
du médian, et le crural fournil les nerls musculaires
et saphéens qui répondent aux deux cutanés de 1 ’ex-
tiéraité supci'ieure ; au reste, dans l’une comme dans
l’autre, ils ont un caractère qui semble être particu-
lier aux nerfs de l’épine, et surtout à ceux do la
queue de cheval; c’est qu’ils sont longs, grêles et
qu’ilsfont beaucoup de chemin avant d’arriver à leur
destination.
Nous finirons là nos recherches, que nous conve-
nons être de pure curiosité; mais l’Anatomie éclaire
le philosophe, comme elle instruit la médecine, et
Fou ne peut disconvenir qu’il éloit inléres.sant decon-
noitre jusqu’à quel point la main, cet organe auquel
nous devons tant de connoissances, peut ressembler
au pied; c’est ce que nous avons lâché de faire, en
comparant les différentes parties qui composent les
extrémités, et nous croyons avoir rigoureusement
emontré la vérité de ce vieux adage qui dit que le
pied est une seconde main ipes altéra manus. ( r )
d W Y'"" de CCS rapprochemens que Vîcq-
P aine, dit-il, une main remplace le pied antérieur des au-
.tira 9». rtlme sJZZZ
. M. suüon p.rpt.dicul.ire h.bhuelle « facile , parce que lui
,;.-aae..eaprl.
nature, a. prévoyautc Jau. t.u. .et acte., lui a duuaé d.,,'
U2
M É M 0 I P. E
Sun. la structure de l’organe de l’ouïe des oiseaux com-
paré avec celui de l’iiomme , des quadrupèdes , des rep-
tiles et des poissons.
J)e toutes les propriétés particulières aux animaux,
la sensibilité est celle qui les distingue le mieux d’avec
les corps dont ils se rapprochent le plus , tels que
les plantes ; ceux dans lesquels elle a le plus d in-
fluence , sont regardés comme les plus parfaits , et
la pulpe nerveuse qui en est le siège , semble être
destinée à établir une liaison constante entre les corps
auxquels elle appartient et tout ce qui les environne.
C’est pour -celte raison que la description des nerfs
et celle des organes des sens dans lesquels ils se dis-
tribuent , ont toujours fixé l’attention des physiciens ,
membres înférîeurs pour porter son corps , et des membres supé-
rieurs pour disposer des objets qui l’entourent , et les mettre a sa
portée. La main surtout détache l’homme des autres espèces d ani-
maux , et s’il a une si grande supériorité , c’est que la nature lui a
donné la main , nous dit Anaxagore.
rayez Aristote , 7//sf. anim. Ub. i , de partibus ; Galien de usa
^Depuis Vicq-d’Azyr, un autre anatomiste, Falguerollcs , a
publié un mémoire sur le parallèle de.s membres, sous le titre le
l),.,ert de ExUerrnt. ^nalofr. Erlang. lySS- M- Cliauss.er a tra té
le même sujet, avec une certaine étendue . dans son Exposition de,
muscles, .7«y. On peut , en outre , consulter le. Traités de Soein-
merins et de Dumas , sur le même sujet.
DE L’OUIE DES OISEAUX. 35y
mais il ne suffit pas de connoîti’e leur développe-
ment dans une classe d’animaux ; ce n’est qu’en faisant
un tableau dont l’anatomie comparée peut seule ofl'rir
1 ensemble, qu’il est possible de déterminer leurs
rapports et leur étendue respective dans le système
général des corps organiques.
Il est vrai que, pour obtenir des résultats satis*
laisans , on doit supposer un nombre prodigieux
de conuoissances acquises dans l’anatomie des dilfé-
rcns animaux; il s’en faut bien que l’on soit assez
avancé pour que l’iiisloire de tous les sens puisse être
traitée de cette manière.
. L’organe de l’ouïe est un de ceux que l’on a exa-
minés avec le plus de soin, surtout dans l’homme et
dans les c|uadrupèdes.
Nous avons cru devoir placer ici une courte des-
cription de 1 oreille de l’hoinme , que l'on peut regai-
der comme le modèle le plus parfait , et qui d’ailleurs
sera le point central de toutes nos comparaisons dans
ce Mémoire.
En dehors, une conque figurée commeun pavillon,
et un conduit externe, tortueux et oblique , sont des-
tinés à transmettre les sons jusqu’à une membrane
élastique et tendre comme celle d’un tambour; les
fiémissemens ébranlent trois osselets que deux muscles
meuvent et qui sont placés dans la cavité du tympan;
celle-ci communique avec la bouche par un conduit
appelé irowjje d'Eustache; avec la partie postérieure
de la tele, parles cellules mastoïdiennes : et avec le
labyrinthe, par deux ouvertures appelées des uoms
5io SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
de fenêtre ronde et ovale-, un des osselets qui est im-
planté dans la dernière , propage le mouvement
jusqu’au labyrinthe -, ses impressions y sont reçues par
une pulpe nerveuse qui se distribue dans trois con-
duits ovales et demi- circulaires, et dans une spire
osseuse très-élégamment contournée , et que 1 on a
comparée à un limaçon : une humeur lymphatique
maintient la souplesse de celte pulpe et peut être
résorbée dans l’intérieur du crâne par deux conduits
appelés acqueducs de Cotunni.
On sait que ces grosses masses vivantes qui habi-
tent les mers les plus profondes, et que l’on connoît
sous le nom de cétacées , sont pourvues de l’organe
de l’ouïe : le poisson muet est sensible à l’impression
des sons , sans pouvoir en produire aucun ; 1 animal
qui rampe , le froid reptile, entend aussi, et la struc-
ture de son oreille n’a point échappé cà la curiosité
des anatomistes. MM. GeoEfroy et Camper sont ceux
qui se sont le plus distingués dans ce genre de
recherches, (i) ^ ^
C’est pour compléter ces travaux , que je me suis
déterminé à faire connoître l’organe de l’ouïe dans les
oiseaux , dans tous ses détails.
Leur voix est très-étendue , et dans un grand nom-
bre d’espèces, elle est très -mélodieuse; un double
larynx et une trachée-artère très-mobile, et quel-
(0 7’ni nnsM ilonné la .Icscnptlon .1. Vorgan. J. l’o«ïe
ilans d.ux mAmoir., sur l’auatomle de «. animaux, inq.nmca
purtul ceux dütt dtrau^ers.
DE L’OUIE DES OISEAUX.
quefois même singullèreraent recourbée , eu sont les
instnimeus; mais un animal qui produit une suite de
sons doit prendre quelque plaisir à les entendre ; la
mélodie de la voix suppose donc une grande perfection
dans l’oreille des oiseaux.
Parmi les anciens, Ælien {Uh. Il , cap, 12),
Aristote ( lib. IX. ,cap, Ô9)et Pline en ont à peine en
quebjue connoissance j ils av'oient seulement observé
que les oiseaux sont très-sensibles au bruit , quei’édu-
cation peut leur apprendre à former les sons les
plus agréables , et que cependant ils manquent
d’oreille externe. Parmi les modernes, Aldrovande ,
Peyer {obs.pag, 45 ), Uerliam , (1) Perrault et Urich ,
ont parlé de l’osselet que le tympan contient : il en
est aussi fait mention dans les l'ransactions philoso_
piiiques, n . 199, et Haller l’a décrit dans le tome V®.
de sa Physiologie, page 2i5; la trompe qui établit
la communication entre le tympan et la partie in-
terne et postérieure du bec, est annoncée dans le
Ji . iigdes Iransactions philosophiques ; enfin les
conduitsdemi-circulaires ont été décrits par Perrault,
qui en a mèjue donné une figure accompagnée d'une
explication Ircs-succincte , par Schelammer , et dans
les I ransactions philosophiques, n". 29g.
Mais quoique les parties les plus essentielles à l’or-
(1) Derham l’a représenté dans la vingt - troisième figare qui est
très-défectueuse; il place un triangle sur l’osselet , et la loneue
branche n y est point exprimée. Voyez aussi Ma,, anat. planche t
542 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
gane de l’ouïe des oiseaux soient connues , elles n’ont
pas été décrites avec assez de soin : il y en a d’ail-
leurs quelques-unes dont on n’a fait aucune mention ,
et nul auteur n’en a présenté l’ensemble.
Afin de remplir le mieux qu'il nous sera possible
le but que nous nous proposons dans ce mémoire,
nous donnerons d’abord une explication exacte de la
structure de cet organe: nous le comparerons ensuite
avec celui des autres animaux qui en sont pourvus,
et nous finirons en faisant quelques réflexions sur
la perception des sons en général.
ARTICLE PREMIER.
Un examen attentif de l’organe de l’ouïe des oi-
seaux présente le conduit auditif externe , la mem-
brane du tympan, le tympan lui- même, l’osselet
conique qu’il renferme, le conduit qui tient lieu de
trompe d’Eustaclie, le labyrinthe, les conduits demi-
circulaires, le conduit droit, le nerf auditif et les
ouvertures internes.
Dans la région externe , on aperçoit le con-
duit auditif; il est environné de plumes qui ont une
structure particulière: elles sont divisées en un grand
nombre de filets longs , grêles, égaux de chacpie côté
et assez écartés les uns des autres, comme on peut
le voir dans la figure 7 ; presque tous les oiseaux ont
ces plumes symétriquement sur plusieui s lignes, elles
sont très-élégamment disposées dans le cotinga ordi-
naire , ainsi que dans celui dont le bec est surjnonté
345
DE L’OÜIE DES OISEAUX.
par un appendice, dans l’allouetle de Cayenne, dans
la tourterelle des bois, et même dans le roitelet;
dans quelques-uns, leur foi-me est des plus agréables ;
l'oiseau -mouche de Cayenne et roiseau-mouclie à
oreilles en fournissent des exemples; dans l’oiseau de
Paradis à gorge dorée, décrit par M. Sonnerat,.et
connu maintenant sous le nom de fîJileL, elles sont
très-longues et terminées par une lentille de belle
couleur; dans le grand et le petit duc, elles forment
une espèce de bouquet; dans le clial-liuant , toutes
les plumes qui environnent les yeux et le bec ont
le même caractère ; dans le cazoar et l'autruclie,
au contraire, les parties latérales de la tête sont nues
et absolument à découvert.
Le conduit auditif des oiseaux est ligamenteux ,
oblique, arrondi , assez court, soutenu sur un bord
ci'eux qui le l'étrécit, et très- mobile; le muscle cio-
taphyte adhère à sa paroi antérieure: deux petits
muscles sont situés en bas et en arrière, et parois-
sent destinés à se mouvoir et à redresser les plumes
qui sont courbées sur son ouverture.
2°. La membrane du tympan, placée au fond du
conduit auditif, est tournée en devant, elle s’insère
à un contour assez inégal: sa forme est ovale, et
son volume est très-grand par rapport à celui de
1 oiseau ; elle fait une saillie en dehors; on y trouve
trois lames ; l’interne et l’externe sont fournies par
le périoste; la lame moyenne est très-mince, trans-
pai ente , imperforée , la 5 représente la mem-
brane du tympan en i, B.
5 U SCIENCES PH YSIOL. ET MEDICALES.
5°. Le tympan offre une cavité qui est simplement
arrondie dans quel(|ues oiseaux, comme flans les gal-
linacées; et qui, dans la chonetle et dans plusieurs
autres, est divisée par une saillie Iransveisale ; ces
différences sont exprimées dans la première et dans
la troisième figure'. J’ai trouvé cinq ou voitures princi-
pales dans le tympan, trois conduisent au tissu cellu-
laire osseux: la première est très élevée et se dirige
obliquement 5 la seconde est situeedans le tissu réti-
culaire du crâne ^ la seconde est placée en arrière j
on les volt en A ,D,C. Les deux autres sont : i°. celle
qui communique avec le labyrinthe , et qu on appelle
\a,fenêtre ovale; l’orifice de la trompe d’Eustac lie , que
j’ai été surpris de trouver aussi considérable ; ces deux
ouvertures sont représentées en D , E.
4“. Un osselet conique , appelé Columella par
Srhelammer , est placé dans le tympan ; sa base qui
ressemble à un petltparasol, est l'ermée par une plaque
osseuse arrondie , qu’une membrane assujétit
dans l’ouverture ovale: le manche ou pétiole, plus
étroit dans le milieu , augmente un peu de volume
auprès de la membrane du tympan à laquelle il adhéré;
dans ce contact, on voit deux petites branches de
longueur inégale qui l'ont un angle aigu avec le
manche de l’osselet. Il m’a semblé quelquefois qu’une
de ces deux branches étoil musculaire ; la plus longue
ne se trouve pas dans tous les oiseaux ; je 1 ai obser-
vée constamment dans les gallinacccs: elle est liés
déliée , et elle se porte le long de la membrane du
tambour, à-peu-près suivant la direction de la trompe
DE L’OUTE DES OISEAUX. 545
d’Enstache; l’autre , plus courte, plus grosse, et qui
se trouve clans tous les oiseaux, s'allaclie à la même
membrane dont elle mesure la convexité, et elle
s’insère auprès de l'ouverture ovale ; on les voit toutes
deux en J , g" ^ où l’osselet est représenté en D E:
ce dernier est quelquefois environné par plusieurs
filets liganienleiix très-fins; on n’y observe rien de
plus; Derliam a donc eu tort de le représenter connue
surmonté par un appendice triangulaire qui déborde
des (leux côtés.
5". 'J’out l’appareil de l’organe de l’oine , dans les
oiseaux, est entoure d un tissu spongieux très-étendu ,
dont les cellules communiquent entr’elles d’un côté
de la tète à l’autre et avec le tympan; la base du
crâne est également creusée par des cavités rélicu-
laii es qui s étendent jusqu’à la membrane supérieure,
de sorte que les conduits demi-circidaires se trouvent
comme isolés, et placés librement au milieu d'im
espace assez considérable : ces ravi lés paroissent en E, F.
6“. Le conduit qui tient lieu de latrompe d’Eustache
est étroit et un peu aplaiti; il est placé en bas, et.
j1 s ouvre antérieurement vers les deux petites faces
ailiculaires sur lesquelles le mouvement de la partie
supérieure du bec s’exécute.
7°. La cavité du labyrinthe est ronde et fort étroite ;
une pulpe neivense très-fine y est répandue: une
seule ouverture communique avec le tympan, et
cest par le moyen de l’osselet conique implanté dans
celte ouverture, que la pulpe nerveuse est ébranlée.
h\ Les conduits demi- circulaires sont au nombre
316 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
de trois-, deux , inégaux en grandeur , sont verticaux :
le troisième est horizontal j le grand conduit vertical
est incliné de devant en arrière: le petit conduit
perpendiculaire est situé xibliqueinent de droite à
gauche , et il coupe les deux autres à angle droit -, le
conduit demi - circulaire horizontal s’ouvre par ses
deux extrémités au niveau de celles du grand con^
duit perpendiculaire. J’ai trouvé dans plusieurs oiseaux
des renflemens vers leurs orifices, qui en augmentent
l’étendue et la surface; on voit ces trois conduits dans
la fisurei,eües renflemens A'ausU figure 6 , en H ,C.
J. On aperçoit à la partie interne du labyunthe
un prolongement figuré, comme une portion de con-
duit demi-circulaire , avec cette différence qu il est
droit; il forme en bas et en arrière une espece de
cul-de-sac. Pérault le regardolt comme un limaçon ;
mais outre qu’il n’y a ni rampe m cloison quelcon-
que, il ne communique point immédiatement avec
le tympan par une ouverture qui puisse etre corn-
fe’nèt.a rcule, de .or.e ,u'il ..'a aucun de.
caraclèrcs du coclea : on le voit on / e en
10". Dan. la tégion interne et postérieure du erane
on trouva quatre ou cinq ouverture, remarquable
plus grandes ne coinniuniquen, P-- avec o -
gane de l’ouie ; deux plus petites donnant passag
aux nerfs qui y sont destinés.
lia plus grande de ces ouverlmc.s e p ^ .
milieu d’une excavation étroite
répond au grand conduit ‘ ,
plLiercoup d’ccil pour la conduit auditll Intel n
DE L’OUIE DES OISEAUX:. 5^7
mais elle ne contient qu’un prolongement de la subs-
tance cérébrale, avec quelques vaisseaux qui m’ont
paru sortir pai‘ son exti’émité.
La seconde des ouvertures, qui ne communique point
avec 1 Organe de l’ouïe, est située en bas et en arrière.
Les nerfs auditifs naissent de la moelle allongée
pjès du cervelet 5 ils passent par des ouvertures trés-
lappiochées et fort étroites, qui sont représentées
eu E, ils sont eux-mèines très-minces; un des deux
est plus gros et fait un trajet plus considérable.
J ai cru que je rendrois mon travail plus complet
en recherchant la structure de l’organe de l’ouïe dans
l’autruche, qui, comme l’on sait, est un oiseau très-
pesant et pour ainsi dire attaché à la surface de la
terre; et dans la chauve-souris, animal dont la forme
bizarre semble réunir les caractères des quadrupèdes
avec ceux des oiseaux , et qui , habitant le même
élément que ces deiniers, pourroit être soupçonné
d’avoir, dans la structure de l’oreille, de grands
rapports avec eux. M. d’Aubenton m’ayant procuré
une léfe d autruche, je l’ai disséquée avec beaucoup
d’attention; les conduits demi-circulaires m’ont paru
peu étendus et fort étroits, vu le grand volume de
1 oiseau , et je n’y ai trouvé que l’ébauche du conduit
droit: l’organe de l’ouïe de l’autruche n’est donc pas
aussi bien développé que celui des autres oiseaux :
ceux-ci étant en effet souvent placés au centre d’une
sphère irès-élendue ,avoient besoin de conduits auri-
culaires très-ouverts et très-vibralils.
Pour ce qui est de la chauve-souris , l’organe de
548 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES.
l’ouïe de Cel animal, dont aucun anatomiste n’a fait
la description , l’éloigne de la structure des oiseaux
pour le rapprocher de celle des quadrupèdes ; la
dissection in’y a fait voir un pavillon cartilagineux
très ample : un tympan forme par une cavitéshpérique
et transparente ; une membrane qui s’y inséroit
obliquement; trois osselets, dont un tenoit lieu de
marteau, avec une apophyse grêle très- prolongée ,
et un muscle très-exprime, un limaçon contenu dans
un tubercule que le tympan renfermoit , et trois
conduts demi-circulaires.
Les oiseaux dont j’ai disséqué 1 organe de 1 ouie ,
sont le coq -d’Inde, la poule, le pigeon, la chouette,
la pie, le geai, la tourterelle, le pic- vert, le canard,
le moineau et le serin.
A RTICLE I I
La description qui a ete faite de 1 organe de 1 ouïe
des animaux , la force et la mélodie de leur voix ,
et surtout cette extrême sensibilité au bruit , qui ,
en les avertissant du moindre danger, rend leur fuite
aussi prompte qu’utile en une inlinité de cii’constances,
suffisent sans doute pour faire connoître combien ce
sens est parfait dans cette classe d animaux; mais
nous en apprécierons plus facilement les rapports en
comparant les didérenles parties qui le composent ,
avec celles que l’anatomie a démontrées dans l’oreille
de l’homme, des quadrupèdes, des reptiles et des
poissons.
DE L’OUTE DES OISEAUX. 51;i
L(i conque audilive sert clans l’homme et dans les
qnadrupèdesù réunir et à diriger les vibrations sonores
versle tympan ; cette partie manque dans les oiseaux ;
elle auroit peut-être nui dans le vol , eu augmen-
tant le poids et l’éteudue des parties antérieures du
coi ps : clans plusieui’s reptilc;s et dans les poissons,
il ny a pas même de conduit auditif extei ne.
D’usage de la membrane du tambour est de trans.
mettre le son jusqu’au labyrinthe, par l’intermède
d’un ou de plusieurs osselets; elle est très-grande et
très déliée clans l’oiseau, où elle fait saillie en dehors,
dans riiomme, elle en fait une en dedans ; dans les
.reptiles et dans les poissons , elle est très-J-paisse : et
dans quelques-uns même, elle ne diffère pas de la
peau qui recouvre le reste du corps.
La cavité du tympan est moins grande, relative-
ment au volume du corps dans l’homme et dans les
quadrupèdes, que dans les oiseaux; la conque , en
réunissant un plus grand nombre de vibrations sono-
res, supplée peut-être dans les premiers à l’étendue
du tympan : et cette étendue est nécessaire dans les
oiseaux qui , comme nous l’avons dit, n’ont pas
de conque auditive : dans les reptiles , le tympan
est étroit; et dans les poissons , il existe à peine:
on ne trouve d’ailleursla corde du tambour ni dans ces
derniers ni dans les oiseaux.
Dans l'homme et dans les quadrupèdes, la cavité
du tympan est agrandie par des celulles qu’on appelle
masto^chenms , et un assemblage de petits grain,
oiseux recouvre les conduits demi-circulaires et le
55o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
limaçon ; dans les oiseaux , ces celulles n'existent point
à la vérité , mais un réseau osseux très-étendu y
supplée 5 et. environne tous les conduits qui sont
presque isolés; la force des vibrations doit être aug-
mentée par les ondulations de l’air qui y circule avec
facilité j les ouvertures qui établissent une commu-
nication entr’elles et le tympan , sont plus nombreuses
dans les oiseaux que dans tous les autres animaux
connus: on n’y trouve point de fenêtre ronde, non
plus que dans les reptiles 5 dans les poissons, il n’y a
pas même de fenêtre ovale.
Quelques reptiles, tels que la grenouille, ont,
suivant la remarque de M. Geoffroy, la trompe d’Eus-
tache courte et large: dans les oiseaux au contraire,
elle est longue et étroite.
Les osselets du tympan sont destinés à communi-
quer le mouvement jusqu’à la fenêtre ovale j dans
tous les animaux qui ont un limaçon , on trouve trois
osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier; cette con-
formation est celle de riiommeetdes quadrupèdes:
les oiseaux qui manquent de limaçon n’ont qu’un
osselet; dans quelques-iyis des reptiles qui ont des
extrémités, il est figuré en platine comme dans 1 oi-
seau. La figure 8 présente celui tle la tortue, dVgagé
de toute adhérence; il est très- allongé; 011 le voit eu
place dans la figiire 9 , en E D , et il tient a la mem-
brane du tympan représentée en D dans Jtgure
10 ; celui du caméléon est plus grêle : la platine est
fort étroite, et il se termine vers l’autre extrémité
par un léger renflement ; ou le voit dans
OJI
DE L’OUIE DES OISEAUX.
1 1 , en DE où cet osselet est isolé, et dans la
figure 12 , où il occupe sa place naturelle en G. Ces
trois dessins ont été faits par M. Geoffroy lui-niênio ,
qui a bien voulu me permettre d’en faire usage; j’ai
cru que celte courte description, en servant de pièce
de comparaison pour mon travail, cornplétcroit celui
des anatomistes sur l’organe de l’ouïo des reptiles
qui ont des extrémités ; dans les reptiles allongés ,
l’osselet est très-irrégulier; dans l’oiseau, il supplée
à l’étrier, et il est, comme lui, placé dans la fenêtre
ovale : scs deux appendices paroissent répondre au
marteau et à l’enclume. Dans les poissons épineux ,
.on trouve trois osselets aplattis et situés sur la pulpe
auditive; et dans les cartilagineux, une substance
friable comme de 1 amidon , en tient la place; mais
ïl est essentiel de remarquer que c’est dans le crâne
qu’elle se trouve, ainsi que les osselets, et non dans
le tympan, dont les oiseaux sont dépourvus.
Les conduits demi-circulaires sont également au
nombre de trois dans presque tous les animaux, si
l’on en excepte peut-être quelques-uns des reptiles
qui n’ont point d’extrémités : mais c’est dans lesoiseaux
où, eu égard au volume du corps, ils ont incompa-
rablement le plus d’étendue, où ils sont d’ailleurs le
plus élégamment contournés : ceux de l’homme se
terminent sur le même niveau : dans l'oiseau, le petit
conduit vertical descend plus bas que le grand, de
toute la moitié de son segment.
Les reptiles et les poissons n’ont rien qui ressemble au
limaçon ; dans les oiseaux, un conduit droit y supplée.
552 SCIENCES PUYSIOL. ET MEDICALES.
Tous les animaux dans lesquels on trouve la conque
auditive, les trois osselets et le limaçon, ont aussi
un conduit audilif interne : dans les oiseaux et dans
les reptiles au conlraire, les deux ouvertures ner-
veuses sont placées au niveau de la surface interne
du crâne: de sorte que l’organe de l’oi.ïe des oiseaux,
quoique beaucoup plus parfait que celui des reptiles,
a cependant avec lui des rapports conslans.
Nous n’avons point parlé des insectes, parce que,
quoique plusieurs, tels que la sauterelle et le grillon,
appellent leurs femelles, on ignore cependant jusqu’ici
comment la perception des sons se fait dans ces
animaux.
ARTICLE III.
Ce tableau de comparaison , qui prouve combien les
travauxdesmodernesonl avancé l’analomiede l’oreille,
fournit immédiatement les conséquences suivantes:
1°. L’existence des osselets , si elle n’est pas essen-
tielle , est au moins très-utile pour la perception des
sons, puisqu’on la trouve sans aucune exception dans
tous les animaux susceptibles de les entendre : mais
il n’est pas nécessaire qu’il y en ait plusieurs,
puisqu’un seul sulfit aux oiseaux et aux reptiles.
2° 11 est également démont ré que les conduits demi-
circulaires sont une partie essentielle à l’organe de
l’ouïe, puisqu’ils existent dans tous les animaux ou
cet organe a été aperçu et bien décrit.
5“. Enfin, le limaçon, qui est particulier à 1 homme
et aux quadrupèdes , u’cst pas iudispensablenient
555
' DE L’OUIE DES OISEAUX.
nécessaire aux fondions de l’oreille inlerne, puisque
les oiseaux qui en sont dépourvus oiilendeni tirs-bien.
11 y a apparence ( nous prions qu’on veuille bien
nous penueltre celle conjecture ) (|ue le limaçon
forme avec les conduils demi- circulaires , dans chaque
oreille, un double insirument composé de deux par-
ties Irès-dislinctes, dans lesquelles la pçrceplion des
sons se fait séparément, mais avec des rapports déter-
minés, ee qui doit ajouter à l’Iiainionie, à la sensi-
bililé.et pour ainsi dire à l’intelligence de l’organe.
Ne pourroil-on pas, d’après ces réflexions, consi-
dérer le sens de l’ouïe sous un double point de vue ;
premièrement, par rapport aux parties essentielles
à sa structure, qui sont une membrane, au moins un
Osselet , des conduits demi - circulaires et une pulpe
nerveuse ; secondement , par rapport à ses parties
accessoires, qui sont la conque, le conduit auditif
interne, plusieurs osselets, des muscles, la corde du
tympan , et surtout le limaçon? Ainsi les animaux
dans lesipiels on a démontré cet organe^ pourroient
être divisés en deux classes; les uns réunissent , en
effet, toutes les parties qui le constituent; les autres ,
ont seulement celles que nous avons dit lui être es-
sentielles. L'homme et les quadrupèdes doivent être
rangés dans le premier ordre : outre que les oiseaux '
sont a la tête du second, on peut encore ajouter qu’ils
ont les parties essentielles à l’organe de l'ouïe , les
seules dont ils soient pourvus, beaucoup plus déve-
loppées que l’homme et tous les autres animaux ; de
sorte que Je sens de l’ouïe, dans les oiseaux, est aussi
T. é.
554 SCIENCES PHYSIOl! ET MEDICALES.
parfait qu’il est simple, et jusqu’à ce que l’on ait
déterminé avec plus d’exactitude l’usage de la lame
spirale du limaçon , qui leur manque , nous ne croyons
pas que l’on puisse rien dire de plus précis sur la
place qu’il convient de leur assigner.
I
MEMOIRE
SUR LA VOiX.'
De la structure dcs''organcs qui servent à la formation de
la VOIX , considérée dans l’homme et dans les différer
classes d’animaux.
terenles
TT
N (les usages les plus imporlans tlit poumon, est
sans doule de diriger l'air que ses lobes ont reçu
vers les organes propres à la l'or, nation ,1e la voix •
?Mts. en même temps que le poumon établit une corn-’
nmmcalion necessaire entre le Iluide dans lequel nous
sommes plongés et les l.umeurs dont nos vaisseaux
sont remplis, l'organe de la voix qui est une dépen-
dauee de ce viscère, en imprimant à l'air un .non-
ventent vibratil, porte an loin l'expression des idées
donne aux paissions plu, d'énergie, en leur fournissant
nn langage sans lequel la nature mnette seroit vouée
H un elernel silence, et élablit entre les animaux une
coi respnndance aussi prompte que commode, pour se
conminn.quer leurs besoins. ^
-Mais connnent l'air reçoit - il des modifications
capables de produire ces merveilles? quel est cet
-tennent dont l'a.-t n'a p„i„t encore iJé les ITct ^
enun comment la voix se forme t-elle?
Le prentier anatomisle qui ait traité ce sujet d’une
namere sat, sla, sanie, a été Galien : il a attribué les
lonaltons de la votx humaine aux changemens dont ,
jf)6 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
la glotle est susceptible. Fabrice d’Aquapenclenle ,
ayant observé que la trachée-artère s’allonge et se
raccourcit lorsque le larynx s’élève ou s’abaisse , crut
apercevoir beaucoup d’analogie entre ce conduit et
une flûte.
Perrault ajouta bientôt de nouveaux développe-
inens à l’explication de Galien, et M. Dodart l’appuya
par de nouvelles probabilités -, il réfuta surtout la
comparaison établie par Fabrice, entre la trachée-
artère et une flûte, et il démontra que le son étant,
toutes choses égales d’ailleurs, d’autant plus grave
que le corps de la flûte est plus long, et la trachée
s’allongeant au contraire dans la fbrmalion des sons
aigus , il ne peut y avoir aucune ressemblance entre
ces deux instrumens.
Jusqu’à cette époque on avoit ignoré la véritable
théorie du son dans les instrumens a vent ^ un geo-
mètre célèbre, M. Euler, en découvrit les élémens,
en considérant la colonne d’air que ces instrumens
contiennent comme une corde vibrante, etenlui ap-
pliquant les mêmes formules qui conviennent aux
cordes ordinaires, il prouva que parmi les différens
instrumens de musique, les uns mettent 1 air en mou-
vement par leurs vibrations, tandis que dans les autres
IVir devient sonore par lui-même; enfin il fit voir
que l’ouverture par laquelle on introduit l’air dans
les fiûles et dans les flageolets , n’infiue pas sur l’inlo-
nation; découvertes importantes qui dévoient chan-
ger les idées des physiciens sur la formation de la
VOIX.
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 55^
M. Eenein sut profiter de ces observ'ations j il com-
mença par faire connoître l’erreur sur laquelle le
système de M. Dodart étoit fondé, eu démoutrant
qu’il est possible de produire des sons artificiels avec
le larynx, sans que la glotte y ait aucune pari, et
même apsès l’avoir enlevée; il attribua lout le mé-
canisme de la voix à la tension plus ou moins grande
des ligamens qu’il appela cordes vocales , et il rangea
cet organe parmi les instrumens à cordes, l’air fai-
sant, suivant lui, les fondions d’archet.
Celle nouvelle théorie eut d'abord plus de critiques
que de sectateurs; on ne doit point en être surpris:
• elle détruisoit nue explication domiée et reçue avec
la même confiance depuis Galien. Les expériences de
!M. 1 errein, répétées par plusieurs anatomistes, furent
couliimées par les uns et rejetées par les autres; et
maintenant encoie celle question est au nombre de
celles qui ont besoin d'une nouvelle suite de travaux
pour fixer le jugement des physiciens. Ces considé-
rations m’ont engagé à faire des recherches sur l'or-
gane de la voix. J ai pensé que je ne jjourrois par-
venir à connoître quelles sont les parties essentielles
ou accessoires à la formation des sons , qu’en consi-
déiant ces parties dans les différentes classes d’ani-
maux qui en sont pourvus. Il est de mon devoir de
publier, qu’il m’auroit été impossible d’exécuter ce
projet , si _\L d’Aubenton ne m'en eût fourni les
moyens, en me donnant des facilités pour examiner
l’organe de la voix dans un grand nombre de qua-
drupèdes et de reptiles qui font partie de la superbe
550 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
collection du cabinet du roi, si enrichie, et devenue
si inléressanle par les soins de M. de Buffori.
C’est un beau spectacle que de voir d’un coup d'œil
la disposition de ces inslrumens variés à rinfini, avec
lesquels chaque animal produit des modulations qui
lui sont propres, et peut contribuer au grand con-
cert de la nature ! Depuis l’homme jusqu’au reptile,
dans lequel la voix semble expirer pour se changer
en un sifflement, la chaîne est immense : en la par-
courant , je me suis arrêté sur les anneaux les plus
remarquables. J’ai choisi , autant qu’il m’a été pos-
sible, les individus les plus éloignés les uns des autres,
et je les ai toujours comparés avec l’homme.
Après avoir rappelé la lorme du larynx humain ,
je considérerai cette partie dans les dill’érentes classes
de quadrupèdes, dans les oiseaux et dans les reptiles;
et après avoir décrit , dans ce premier mémoire, les
organes de la voix des différens animaux, je ferai con-
iioîLre, dans le second , les expériences et les recher-
ches propres à en Indiquer le mécanisme.
Le larynx, dans l’homme, est une cavité disposée
en manière de grotte , dans laquelle on sait que la
voix se forme ; elle est composée de cinq cartilages,
rendus mobiles les uns sur les autres par dillérens
muscles ; ou y remarque deux rétrécissemeiis ; 1 un est
placé à la partie supérieure ; on lui a donné le nom
de glotte : deux membranes minces en composent les
bords , et un cartilage élastique , situé antérieurement ,
et appelé l’épiglotte, empêche les corps étrangers d y
pénétrer , soit eu divisant la coloiino du liquide quo
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 359
]’on boit, soit en s’abaissant sur la glotte , lorsque les
alimens se portent vers rœsopbage. Le second rétré-
cissement est formé par deux ligamens, disposés pa-
rallèlement de devant en arrière, et qfie M. Ferrein
a appelés du nom de cordes vocales : une excavation
est pratiquée de chaque côté entre ces deux ouver-
tures.
Tarmi les quadrupèdes, il n’y en a peut-être aucun
qui n’ait dans le larynx à peu près le môme appareil,
et il y en a beaucoup dans lesquels la dissection fait
apercevoir des pièces sur-ajoutées à celles dont le la-
rynx humain est pourvu; de sorte que, si la plupart
de ces animaux , avec beaucoup de moyens, ne pro-
’duisent que des sons désagréables , la prééminence de
la voix de l’homme ne doit pas être regardée seule-
ment comme l’elfet physique de sa constitution , mais
encore comme le fruit de son industrie, et du besoin
qu'il a de modifier ses sons pour exprimer un plus
grand nombre d’idées.
Les singes étant ceux de tous les animaux qui ont,
par leur structure , le plus de rapports avec l’homme,
j’ai cru devoir les placer dans cette exposition, im-
médiatement après lui.
On cherche depuis long- temps à déterminer l’es-
pèce de singe que Galien a disséquée : M. Camper croit
avoir trouvé dans la structure du larynx, telle que
Galien la décrite , ( 1 ) un moyen assuré de recon-
(i) De usupartiuftij edit. Charter, tom. lY , lib. VU cap n
pag. 46i. > V- *
3Go SCIENCES PIIYSIOL. ET MEDICALES.
ïioîlrs c6 singe i on liltltinsle lra.ilc.Z)e usii partiuTiz ^
qu’il y a de chaque calé de l’épigloüe de cel animal,
lin conduit que l’on doit plutôt regarder comme une
lissure, que comme un trou , lequel communique avee
un ventricule assez ample , placé aussi de chaque
çûlé. M. Camper ayant rencontré celte même dispo-
sition dans le orang-outang , aucjuel elle est paiti-
çulière , nous paroît fondé à croire que ce singe est
celui dont Galien a fait mention. ( i ) Trois orang-
oulangs, examinés avec soin par M. Camper, lui ont
toujours offert deux conduits placés au-dessous de 1 os
hyoïde, à la partie supérieure du cartilage lliyroide ,
communiquans avec deux sacs qu’il a appelés du nom
de ventricules , lesquels éloienl placés sur les côtés du
cou , et qui descendoieiil même jusqu’à la poitrine;
dans un de ces singes, ils éloient inégaux en gran-
deur; dans les deux autres ils étoienl presqu égaux,
mais ils se réunissoient pour ne former qu’une seule
cavité ; dans le troisième enfin , les conduits de com-
munication ont paru à VI. Camper, ainsi qu’à GaU
lien, étroits et figurés comme une fissure.
Tyson , qui a disséqué l'oiang- oulang d’Angola ,
n’a point parlé de la conformation ohservee par Ga-
lien dans ceux d’Asie , et par M. Camper dans ceux de
Bornéo.
I.e larynx des pîtlicques et des papions est tres-
dlfférenl de celui des orang-oulangs; au lieu de deux
(i) Trnnsactionx philosophiques , of th# royal Society, of London,
^77'J > !’• P®o' suiv.
DE L’ORGANE DE LA VOTX, 56i
Bacs, on n’en trouve qu’un placé an - dessous de l'épi-
glülle. -VI. Camper en a donné la figure dans le mé-
moire que nous avons déjà cilé.
J’ai fait la même observation dans \m mandrill
mâle, d’une très -grande taille , que j’ai eu occasion
de disséquer cet liiver. Celle espèce de singe est re-
marquable par la lunne de ses joues, (|ui sont sillon*
nées et colorées d’un très- beau bleu ; la langue de cet
animal est très-longue et très épaisse; sa tète est (rès-
prolongée, il semble, au premier aspect, qu’il y ait
deux glandes thyroïdes ; en rechercbant avec soin ,
on s'aperçoit qu’un prolongement mince et borizonfal
en reunit les deux lobes. Les cartilages du larynx
n ont rien de particulier; au-dessous de l'épiglotte se
trouve une cavité, laquelle se termine par un conduit
qui s ouvre dans une poche assez étendue, et que l’on
peut facilement gonfler d’air ; étant distendue , elle
présente un ovale irrégulier, rétréci dans quelques-
uns de ses points. Les branches de l’os hyoïde sont
disposées comme celles de fliomme; mais le corps de
cet os est épais et se recourbe au-dessus du conduit
qui mène au sac , et qu’il recouvre. Lorsque l’animal
criüit un peu fort , ou lorsqu'il se inettoit en colère ,
on voyoit le sac , dont j’ai donné la description , se
remplir et se vider alternativement.
La dissection du mangabey et de la mone , qui
sont aussi des singes de l’ancien continent, m'a offeit
une structure à peu près semblable; le corps de l’os
hyoïde est également recourbé ; au-dessous de l'épi-
glotte est une cavité demi -circulaire, qui mène à un«
562 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
excavation dont le principe se trouve vers le haut
du cartilage thyroïde , et sous le corps de l’os hyoïde^
elle est formée par une membrane mince, et qui pa-
roît se diriger latéralement ; la glotte est d’ailleux'S
membraneuse et très-mobile j les ligamens inferieurs,
appelés cordes vocales, sont très -bien exprimés; ils
sont aplattis et comme tranchans dans le mangabey ;
les ventricules (i) y sont très- marqués , et les carti-
lages ne diffèrent presque en rien de ceux de l’homme.
J’ai ti’ouvé de grandes variétés dans le larynx des
singes du nouveau continent. Le sajou gris offre,
vers la partie extérieure du cou , une poche membra-
neuse , mais le trou qui y conduit est fort étroit ; l’os
hyoïde est également prolongé dans le sai : outre
cette différence, l’épiglotte de ce dernier n’est point
percée à sa base ; il n’y a point de conduit ni de
poche comme dans ceux dont je viens de parler; les
ventricules sont très-marqués , et les cordes vocales
sont minces et comme ti’anchantes dans ces deux
singes, surtout dans le saï : je conserve tous ces la-
lïnx.
L’alouate et l’ouarine sont aussi deux animaux du
nouveau continent , que MM. de Buff’on et d Au-
benlon (2) ont rangés dans la famille des sapajous ,
parce qu’ils ont la queue prenante; leur voix étant
très - forte , ils ont reçu le nom de hurleurs; le poil
(Ol’appclle ainsi non 1rs sacs externes , mais les cavitées entre la
glotte et les corilea vocales , comme la plupart des Anatomistes.
{ 2 ) Histoire ^iuturelle , tome XV, pages i et suivantes.
DE L’OKGANE DE LA-VOIX. Ü65
clu premier est très -foncé 3 celui du second est d’im
'brun - noir.
Ces deux animaux , que l’on trouve principalement
à ( ayenne, ont fixé depuis long-temps rallention des
v'oyageiirs, par l’intensité des sons qu’ils p^■od^isent,
Barrère i ) l’a attribuée à la conformation de l’os
hyoïde ; d autres ont parlé d’un cornet placé dans
l’intérieur de leur gosier. (2) M. le comte de Iluffon (ô)
a fait mention d’une espèce de tambour , dans la
concavité duquel leur voix grossit et forme des hur-
lemens par écho. Il ajoute qu’il a observé dans un
embriou d’alouate l’organe de la voix dé|à très-formé.
Enfin, AI. d.Vubenlon, dans la description qu’il fait
de cette espece de sapajou , après avoir remarqué que
le nœud de la gorge est ordinairement très -renflé
dans ces animaux, dit qu’ayant ouvert cette tubé-
l'osité, il a reconnu qu’elle étoit creuse et concave.
On conserve dans plusieurs cabinets cette poche
isolée, sous le nom de larynx ou de gosier du singe
rouge de Cayenne. Il pai*oît cependant qu’elle étoit
encore rare il y a deux ans en Hollande , puisque le
célèbre M, Camper , qui étoit alors à Paris, eu vit
avec étonnement deux dans mon cabinet. Je le priai
d’en accepter une; depuis ce temps , il m’a écrit qu'il
a fait des recherches sur cet organe , sans me rien
Cl ) Essai de VHistoire Naturelle de l’Afrique.
( ^ ) Voyage de Binet.
( 3 ) Histoire Naturelle, tome XV, page 7.
564 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
dire de plus : j’en ai fait de mon coté, que j’ai consi-
gnées dans ce mémoire.
J’ai reçu de Cayenne (i) un gosier d’alouate en
très - bon état , avec la langue , le pharynx , une partie
de l’œsophage , tout le larynx et la poche même que
l’on connoît depuis quelque temps, mais dont la po-
sition , les connexions et les rapports sont absolument
ignorés.
Nous consldérei’ons d’abord la poche meme, indé-
pendamment de ses adhérences', nous exaraineions
ensuite le larynx de l’alouate à l’extérieur, et nous
finirons en décrivant ce qu’une coupe longitudinale
nous a offert de plus remarquable.
La poche osseuse est irrégulièrement pyramidale;
sa pointe est mousse et arrondie ; sa face supérieuie
présente deux légères dépressions sur les cotés , avec
quelques sillons vasculaires et un espace dioit, alloUj^é
et situé horizontalement dans le milieu . la face iiiié
rieure est moins égale que la première; elU foime
une convexité assez considérable, et oii y lemaïque
rm grand nombre de pores dont elle est criblée : la
face postérieure est percée par une ouverture assez
ample, arrondie en bas, et terminée supérieurement
par un segment osseux , échancré des deux cotes :
au-dessus de cette ouverture est une plaque osseuse,
aux deux extrémités de laquelle sont deux pcli es
facettes dont l’usage sera indiqué plus bas.
, l’a envoyé à M- Mau-
(i) M. Malouct, intendant de Cayenne
duit , qui a bien voulu me lo icmcltrc.
DE L’ORG A.NE DE LA VOIX. 365
li’orifice , qui est plus étroit que le fond, conduit à
Iti cavité de la poche; elle ressemble à ce qu’on ap-
pelle en général du nom de sinus en anatomie; quel-
ques lames minces et étroites s’élèvent de ses parois;
elle est j)lacée entre les deux branches de la mâchoire
intérieure, de manière que sa pointe est située en de-
vant, son échancrure en arrière , et sa grande face
arrondie en bas. J’en conserve quelques-unes qui sont
plus étroites et plus allongées que celles dont j’ai lait
faire le dessin.
Le larynx de 1 alouate , considei’e avec ses annexes
et à l’extérieur, présente les objets suivans :
La langue est longue et étroite : ayant fait au pha-
rynx une ouverture ovale, nous avons aperçu la glotte
dont l’étendue est considérable , dont les lèvres sont
saillantes, et qui est surmontée antéiieurement par
«ne épiglotte large, et qu’un frein retient, ainsi que
dans 1 homme et dans les quadrupèdes.
Le chaton postérieur du cricoide est très-élevé; la
portion antérieure de ce cartilage n’a rien de parti-
culier, non plus que la trachée-artère; le cartilage
thyroïde est beaucoup plus grand qu’il ne l’est ordi-
nairement dans les quadrupèdes de cette taille ; la
sailhe qu’il lait est très- marquée ; en arrière il se
recourbe ; ses deux faces latérales sont fort étendues
et un peu excavées.
Nous décrirons surtout avec attention; i°. deux
lipmens placés en dessus; 2”. un conduit qui commu-
niijLie avec la poche osseuse.
Le cartilage thyroïde est surmonté dans l’alouate,
565 SCIENCES PHYSIOL. ET MET3ICALES.
comme clans les autres quadrupèdes, par deux cornes,
auxquelles s’insèrent deux ligamens qui , ense plaçant
des deux côtés du pharinx et de la base de la langue,
et en se portant de haut en bas, et de devant en
arrière , aboutissent aux deux petites faceltesque nous
avons décrites vers le haut et sur les côtés de la région
postérieure de la poche ; ils sont plus étroits dans leur
milieu qu’à leurs extrémités; ils paroissent être des-
tinés à soutenir cette cavité , et à assurer ses rap-
ports avec le larynx.
Entre la poche osseuse et le cartilage thyroïde , on
trouve un conduit assez considérable, de forme ronde ,
plus large dans ses extrémités que dans son milieu,
d’un tissu membraneux, serré , et qui s’insère en de-
vant autour de l’orifice de la poche , et en arrière
enti'e les deux ailes du cartilage thyroïde , de sorte
qu’il semble que ce soit une seconde trachée - artère
qui mène à une cavité analogue aux sinus de la
glotte.
Après avoir considéré et décrit le larynx de l’alouate
à l’extérieur, nous l’avons divisé suivant sa longueur,
pour l’observer intéi'ieurement; nous avons principa-
lement remarqué ce c|ui suit :
i". Une excavation placée au - devant du cartilage
thyroïde, et qui en est séparée par un cordon sem-
blable aux ligamens inférieurs de la glotte , appelés
cordes vocales.
a^.T^a jonction du conduit horizontal avec le larynx
et avec la poche osseuse; après s’èlre élargi, il s at-
tache des deux côtés du cartilage thyroïde, auprès
DE L’ORGANE DE LA VOIX. S67
duquel il forme en amère un arrondissement, que la
saillie de ce cartilage divise inlérieurement en deux
rigoles; ces dernières percent le larynx précisément
dans le lieu où deux excavations situées devant lo
cartilage cricoïde , répondent aux sinus de la glotte,
de sorte que ces deux rigoles paroissent en être la
continuation.
Nous croyons donc être fondés à regarder le con-
duit horizontal et la poche osseuse comme une exten-
sion des ventricules de la glotte, qui doit beaucoup
ajouter à l’intensité do la voix ; car , outre que la
cavité propre du larynx est très -grande dans la-
louate , l’air introduit dans les ventricules est néces-
sairement divisé en deux colonnes pour entrer dans
le conduit horizontal; elles se réunissent ensuite dans
toute l’étendue de ce conduit: l’air s’engouffre dans la
poche que nous avons décrite , et dont les lames
ïmnces et osseuses sont très-élastiques; de là il est
répercuté vers le larynx : la saillie du cartilage thy-
roïde, placée intérieurement dans une des extrémités
du coudu.t horizontal, et les ligamens de la glotte
lortement ébranlés par ce Huide , doivent produire
une grande réaction.
La disposition du larynx, dans Falonate, est donc
ties-propre à produire un bruit considérable, et tel
que celui dont les voyageurs ont parlé.
11, suit de ces détails , que les Naturalistes qui ont
avance que le larynx du singe ne dilféroit en rien
a ceint de 1 homme , sa sont trompés; non-seulement
g stei du singe différé de celui de l’homme , mais
I
568 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
encore cet organe n’est pas le même dans tous ces
animaux : celui de l’orang-oulang est remarquable
en ce qu’il communique avec deux sacs placés en
dehors. Dans tous les singes de l’ancien conlineiil que
l’on a disséqués, au lieu de deux sacs, on n’en a
trouvé qu’un j celte conformai ion paraît moins mar-
quée dans les singes d’Amérique : il y' en a parmi
ces derniers, dans lesquels elle manque absolument,
et dans quelques-uns, au lieu d’un sac membraneux,
on trouve une cavité osseuse, jointe avec le larynx
par un conduit horizontal. Le cri des singes est aigu,
perçant, et souvent interrompu par dessous rauques
qui se succèdent en manière de baltemens^ l’air qui
entre dans les poches de différente nature , dont le
larynx de ces animaux est pourvu , paroil contribuer
à ce dernier genre de sons -, en général , une cavile
placée dessous et au-devant de l’épiglotte, et qui est
remplie d’air , doit beaucoup nuire à la formation et
aux modulations de la voix. ^
Dans les quadrupèdes digités, l’organe de la voix
conserve beaucoup de ressemblance avec celui de
l’homme-, les bords de la glotte sont minces ; les
ligamens inférieurs , appelés cordes vocales , sont bien
détachés-, on trouve de chaque côté un ventricule ,
et les anneaux de la trachée-artère sont interrompus
en arrière par un espace membraneux. L’epiglolle
du chien est triangulaire ; son extrémité est ires-a.gue;
Jaléralement elle se conlinue , en formant une espece
de crochet, avec les ligamens inférieurs de la g olle
et il y a uii muscle glosso -épiglollique. louLes
DE L’ORGANE DE LA VOIX,
parties qui composent le larynx du chat , sont très-
mobiles, j’y ai surtout remarqué deux petites meni-
bianes très -minces, qui sont placées au-dessous des
J.'gamens inferieurs de la glotte ; elles vibrent lors-
qu’on introduit de l’air par. la trachée-artère, et elles
produisent une sorte de ronnemeut analogue à celui
que les chais font entendre : Severinus et Ulasius,
qui ont décrit la structure anatomique du chat, n’ont
rien dit de ces membranes. Deux petits corps arron-
dis sont situés au bas de lepiglotte du lapin , qui est
échancrée à sa pointe. Perrault a écrit dans ses Mé-
moires pour servir à l'Histoire des Animaux , que
les anneaux de la trachée-artère du lion étoienl en-
tiers , excepté les deux ou trois premiers ; sa descrip-
tion asans douleélé faited’après un lion très-âgé;car,
ayant disséqué une lionne mise à mort , il y a deux
ans à peu près, au combat du taureau , j'ai trouvé
les anneaux de 1a trachée-artère interrompus en ar-
riéré par un espace membraneux et musculaire, à la
vérité fort étroit. Dans le kerkajou, ( i ) quadrupède
nouveau que j’ai disséqué cet hiver, et qui est ana-
logue au genre des fouines, le larynx n’olTre rien de
remarquable , si ce n’est que l’épiglotte est très grande,
très - allongée , et que la membrane qui tapisse les
ventricules est formée par des fibres longitudinales ,
parallèles et réunies en petites bandes. L’écureuil et le
renard ne m’ont rien présenté qui mérite des détails
particuliers.
( 1 ) Quadrupède nouveau dont aucun auteur n’a fait mention,
T. 4.
24
570 SCIENCES rUYSfOL. ET MEDICALES.
En passant des quadrupèdes digilés à ceux qui ont
le pied fourchu , on trouve des différences très-mar-
quées. J’ai fait au cabinet du roi , sur le sanglier, les
jnêrnes observations que M. Hérissant a publiées en
J (1) sur le cochon : le cartilage de l’épiglotte est
grand et épais*, deux reliefs tiennent lieu des ligamens
inférieurs; ils sont percés par une fente qui ressemble
à une petite glotte , et qui s’ouvre dans des excava-
tions arrondies , recouvertes par un muscle , dans les- |
quelles l’air entre , et dont il sort avec éclat. J’ajouterai !
que les cartilages arythénoïdes sont très-volumineux ;
que la glotte e.st très- ouverte , et presqu’entièreraent
entourée de cartilages , et qu’au lieu de ventricules ,
on trouve les cavités dont on vient de parler. Le la-
rynx du bœuf est très -large; la glotte est béante,
ses bords sont renversés ; les arythénoïdes font une
saillie très - considérable en devant ; les ligamens in-
férieurs sont à peine distincts , et au heu des ventri-
cules, proprement dits, on remarque une cavité qui
n’est presque pas circonscrite. Dans le mouton , la
disposition est la même ; la glotte est pre.sque tout à-
fait cartilagineuse; les ligamens inférieurs sont peu
détachés des parois , et l’espace qui les sépare est fort
étroit, ce qui tient à la structure des cartilages.
Le larynx des solipèdes est mieux organi.sé : 1 épi-
glotte, qui a peu d’étendue, est triangulaire , et se
lermine en pointe comme dans le chien ; les arythe-
noïdes se portent en devant par un angle saillant ; ils
( i) Mémoires de l'yfcaJéinia royala^des Sciences , anuèc
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 371
sont antérieurement recourbés, et les ligamens infé-
rieurs sont bien délacliés et susceptibles de vibrer : à
peine trouve -t-on aux extrémités de la glotte deux
petites diiplicatures qui peuvent être assimilées aux
deux membranes triangulaires, décrites par M. Hé-
rissant, qui , pour cette raison , avoit rangé le larynx
du cbeval parmi ceux qu’il appeloit composés. Mes-
sieurs llourgelal et Vitet , qui ont décrit avec soin le
larynx du cbe\'al , n’en ont fait aucune mention.
M. Hérissant a été plus exact dans les détails qu’il a
donnés sur l'organe de la voix de l’âne et du mulet; (1)
il a fait voir qu’une cavité creusée dans le cartilage
thyroïde , et recouverte par une membrane, est desti-
née à recevoir une certaine quantité d'air, et à lui
imprimer un mouvement de vibration très - considé-
rable. Moins de souplesse et plus de volume dans les
cartilages ; moins de profondeur dans les ventricules;
moins de saillie dans les ligamens inférieurs ; moins
de mobilité dans la glotte , dont les contours sont si
massifs dans plusieurs individus, qu’elle est évidem-
ment incapable de servir à la fonction de la voix,
des cavités ou des poches surajoutées : telles sont
les piincipales diSerences du larynx des quadru-
pèdes.
C'est ici le lieu de parler de deux animaux qu’on
a coutume de ranger, soit parmi les quadrupèdes,
soit à leur suite , le phoque et lachauve-souris. L’épi-
glotte du phoque est plus grande qu’il uç faut pour
^i) Mémoires de l u-icadurme royale des Sciences, année ijSS.
3;2 SCIENCES PIIYSTOL. ET MEDICALES.
recouvrir rouverture de la glolle : celle dernière est
placée iminédialemenl au-dessus des ligamens appelés
cordes vocales , de sorle qu’il y a enlr’eux el elle
très -peu d'espace; disposiLion que je n’ai vue dans
aucun autre animal.
Il n’y a point d’épigloüe dans le larynx des cliauve-
souris; la glolle est figurée en losange allonge ou en
ovale , et au-dessous de cette ouverture on remarque
un élargissemeul assez considérable. Dans la chauve-
souris de nie de Sainte - Hélene , appelée vampir cà nez
simple el long , une légère saillie membraneuse semble
tenir lieu d’épiglotte : dans la chauve-souris, appelée
vampir à nez composé , il n’y en a pas la moindre
apparence ; dans la première , on trouve quelques re-
plis membraneux, qui suppléent au défaut des liga-
mens ou cordes vocales ; je n’en ai pas trouve dan»
la seconde.
Ainsi le phoque se rapproche, par la disposition
du larynx , de la classe des quadrupèdes , et la chauve-
souris de celle des oiseaux.
Ces derniers peuvent être divisés en trois ordres, a
raison des diBcrcnces que l’organe de la voix présente;
dans les uns, le neeud qui se remarque dans la divi-
sion des bronches , est dépourvu démuselés; dansles
autres, un muscle serré et aplatti le recouvre : dan»
ces deux premiers ordres, la trachée-artère fait un
simple trajet depuis la division des bronches pisqu a
la glolle; dans le Iroisième ordre, elle se conloui no
de dllfémiles manières , et l’organe de la voix est
vraiiuciiL composé.
DE L’ORGANE DE LA VOIX.
On a dit que les oiseaux ont un double larynx: Fun
supérieur et Fautre inférieur : on s’exprinieroit d’une
manière plus convenable , en disant que la glotle ,
dans les oiseaux, est placée an haut du cou , et que
]e reste de l'organe de la voix , qui lient lieu des
ventricules et des ligamens inférieurs, est situé en
bas et à la division des bronches. C'est au moins ainsi
que j ai envisagé celte structure, comme les détails
su i va ns le j)i'ouveront.
La glotte des oiseaux différé par son ouverture et
par sa forme; en général c’est cette partie de l’organe
de la voix qui olfre on eux le moins de variétés: dans
le canard, dans le coq -d’Inde et dans l’outarde, on
distingue facilement une pièce triangulaire placée en
devant; dans le canard, elle est surmontée intérieure-
ment et an milieu par une saillie aiguë et cartilagi-
neuse eu arrière: sur les cotés, sont des ligamens ir-
régidiers, et les deux parties latérales de la glotte
sont formées par deux cartilages, dont la figure varie
suivant celle de la glotte elle-même. Dans l’aigle, dans
le pélican et dans le canard , elle est disposée en feni e ;
dans le casoar, elle est ovale ; elle est grande et un
peu triangulaire dans le pigeon ; et dans la poule, elle
forme une espèce de parallélogramme très- allongé.
Perrault Fa vue figurée en losange dans le cormoran.
Dans le cabaret, le chardonneret, lelinot, le verdier
et le serin , j'ai trouvé cette ouverture ovale avec de
légères échancrures sur les côtés. Dans le rossignol ,
elle ne diffère qu’en ce que les bords sont moins
«chancrés et plus unis; deux muscles placés sur les
«
074 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
côtés de la glotte, sont destinés à la former. Dans
les oiseaux, et en général dans tous les animaux qui
n’ont point d’épiglotte, l’ouverture de la glotte peut
se rétrécir au point dese fermer toul-à-fait ; maisétant
cartilagineuse, elle n’est pas susceptible de tension;
tin corps aigu , qui est placé au milieu de l’os hyoïde ,
répond à la ])ièce triangulaire et antérieure de la
glotte , laquelle est environnée dans les gros oiseaux ,
ainsi que la base de la langue , de pièces blanchâtres
et frangées.
Les anneaux de la trachée-artère sont d’une seule
pièce, et quoique minces dans plusieurs, ils ont beau-
coup de consistance et d’élasticité. M. d’Aubenton a
trouvé les anneaux de ce conduit aplattis dans l’oi-
seau-pierre: deux muscles latéi’aux s’étendent jus-
qu’aux pièces qui forment les bords de la glotte, et
paroissent les abaisser en les écartant l’un de l’autrej
la longueur de la trachée-artère est ordinairement
mesurée par celle du cou , dont l’étendue n’est pas,
ainsi que M. d’Aubenlon l’a pi'ouvé , en raison du
nombre des v'ertèbres cervicales, puisque le cou du
cygne, qui a vingt -deux vertèbres cervicales, n’est
pas aussi long que celui du flammant , qui n’en a
que dix-sepl. 11 y a cependant quelques oiseaux dans
lesquels la trachée-artère fait des contours et prend
des formes particulières. On sait , d’après Perrault ,
qu’elle est dilatée en quelques endroits de l’ibis; que
celle du coq indien fait un repli au bas du cou ; que
celle du cormoran olIVe un nœud dans cette région ;
que celle de lu demoiselle de Nuniidie s’enlonce dans
DE L’ORGANE DE LA VOIX, o;.?
le sternum , ainsi que celle du cygne. Willughhy (i)
a fait voir què la trachée-artère de la grue s'enfonce
de môme j on trouve aussi celte structure dans Je
héron.
M. Hérissant a décrit les bronches de l’oie et de
quelques oiseaux aquatiques du genre du canard ; elles
sont entre - coupées par des membranes en forme de
croissant. M. Bajon a fait connoître les replis que la
trachée-artère fait le long du sternum dans le paragua.
Enfin , M. d’Aubenton a donné une description exact©
de celle de l’oiseau- pierre , qui s’étend en dehors des
deux cotés du sternum. Tout cet appareil , qui peut
être comparé à la poche osseuse du singe - hurleur ,
aux deux sinus de la glotte du cochon et du sanglier,
ou au tambour qui se trouve dans le larynx de fane
et du mulet, n’est ainsi disposé que pour donner plus
de force et d’intensité à la voix de ces oiseaux. L'or-
gane de la voix du rossignol et celui du serin , sont
au contraire les plus simples de tous. N’est -on pas
en droit de conclure de cette opposition, que la Na-
ture paroît tendre d’elle -même vers l’harmonie , puis-
qu’il semble lui en moins coûter pour former des
sons agréables, que pour produii-e un grand bruit, à
force de contours, de membranes et de cavités ?
La ti’achée -artère , que nous avons considérée vei's
le haut et le long du cou, se rétrécit un peu vei’s le
bas, dans le lieu où les bronches se divisent j il semble
que ce conduit y ait été pincé de droite à gauche : là
( 1 } Ornithologie , page aooi
576 SCIENCES THYSIOL. ET MEDICA LES.
les bronches prennent leur origine, et dans l’endroit
d’où elles naissent, plusieurs cerceaux plus grands et
plus éloignés les uns des autres, en tormeiiL le prin-
cipe ; un cartilage mince , étroit et un peu tranchant,
est situé perpendiculairement dans le milieu; il est
quelquefois un peu échancré, ce qui a engagé quel-
ques auteurs à le comparer à un hausse-col; la face
externe de chaque bronche est formée d’une mem-
brane mince, de sorte que les cerceaux cartilagineux
n’y sont point entiers ; la pièce en fonne d’éperon ,
placée à l’origine des bronches , dilfère dans sa struc-
ture; celle du héron , dont le cri a beaucoup de
force, est très-simple ; elle est soutenue en devant et
en arrière sur les cerceaux auxquels elle correspond.
Dans le coq-d’lnde, cette pièce fait partie d’une autre,
qui est elle -même composée de deux cerceaux plus
forts et plus saillans que les autres ; les deux bronches
sont réunies vers le bas par une substance ligamen-
teuse , de sorte qu’il y a un trou entre ce ligament et
leur di%dsion : dans les petits oiseaux, la disposition
de la trachée-artère est la même à peu pi’ès que dans
le héron ; on trouve à la division des bronches uii
rétrécissement et une pièce aigue et verticale qui les
sépare : mais il y a sous un autre aspect, une diffé-
rence très-notable entre les grands oiseaux , dont la voix
a plus de force que d’agrément, et les petits , appelés
par quelques naturalistes aves canorœ , parce que
leur gosier Irès-llexlble produit des sons bien caden-
cés , et parce que plusieurs sont susceptibles d’ap-
preudre des airs assez dilliciles, et de les l'épéter d’une
DE L’ORG.\NE DE LA VOIX. 577
manière agréable. Cette difTérenoe consiste en ce que
le larynx inféneiir des grands oiseaux , tels que le
coq -d’Inde, la poule, le canard, l’oie, l’outarde, le
butor, etc. n’est composé que de membranes, et
absoliimeut dépourvu de muscles , tandis que dans
le rossignol , le serin , le linot , le verdier , le char-
donneret et 1 alouette, la partie intérieure du larynx
est absolument recouverte par un muscle dont les
fibies sont très -serrées, qui est silloné en dev'ant par
une depiession longitudinale , et qui se termine en
anièie par deux petits mamelons : dans le pigeon,
deux muscles, situes latéralement, s insèrent entre les
derniers cerceaux de la trachée-artère, aux mem-
hranes mobiles qui en remplissent l’intervalle.
A celte observation, dont aucun auteur n’a parlé,
nous ajoutons, pour rendre le tableau plus complet,
celle de AJ. Hérissant, sur la membrane qui s’étend
d une des branches de 1 os de la lunette à l’autre, et
qui ferme la partie antérieure de la poitrine.
La glotte des oiseaux ressemble assez à celle des
quadiupedes : la pièce triangulaire qui est placée en
devant , répond , non au crycoïde, comme Perrault l’a
dit , niais au thyroïde, et les segmens latéraux aux
aiy thénoïdes : la pièce qui divise les bronches et les
membranes de ces dernières , sont susceptibles de
vibier , et semblent tenir lieu des ligamens inférieurs
de la glotte; la grande distance qui sépare celle-ci
d avec loigane vraiment sonore, le défaut d'épiglotte
et de ligamens ou cordes vocales, la disposition des
membranes des bronches, et l’action que l’air échappé
.'78 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
du poumon, et conlenu dans la rc^gion antérieure de
la poitrine , sous la membrane de la fourchette, exerce
sur la partie inférieure du larynx , constituent les
principales différences de l’organe de la voix des
oiseaux.
Nous approchons du terme où la voix ne consiste
que dans quelques modulations informes, où même
elle s’aff’üiblit et disparoît enfin tout-à-fait; dans quel-
ques reptiles, elle se fait encore entendre, ^raais dans
lesserpens, quelques sons aigus, excités par la colère,
dont ils annoncent la menace et le danger, sont tout
ce qui en tient lieu. Dans la grenouille, la glotte,
qui est longue et étroite, et sans épiglotte , s’ouvre et
se feime avec autant de l’apidlté que de précision :
au-devant de la glotte sont deux ligamens , qui mé-
ritent par excellence le nom de cordes vocales ; ils
sont très 'longs par rapport au volume de l’animal,
tendus parallèlement, et tout-àfait détachés des par-
ties environnantes ; de sorte qu’au lieu d’une ouver-
ture, il y en a trois j souvent les feules latérales sont
entre -coupées par un petit ligament transversal; la
somme de ces li'ois ouvertures forme un espace ar-
rondi, qui est encadre dans un losange cartilagineux,
dont la partie antérieure est contiguë à la langue. Celle
dernière est remarquable en ce que , fixée par sa
pointe, elle est niobile postérieurement ; deux bron-
ches très-courtes , et comme argentées, naissent immé-
diaternenl de la glotte.
La structure est la même dans le crapaud ordinaire
et dans le grand crapaud de Mississipi , que j’ai dis-
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 579
séqué au jardin du roi : on ne peut s’empêcher d’être
surpris, qu’avec un organe aussi bien disposé , ces
animaux ne produisseut que des sons monotones et
désagréables.
Eerrault a observé que , dans le crocodile , la tra-
chée-artère faisoit divers contours.
Dans les animaux qui nous restent à examiner,
nous ne trouverons plus que la glotte et la trachée-
artère ; telle est la structure de la tortue, de la vipère,
de la couleuvre , et des serpens en général. Dans la
tortue , une pièce antérieure tient lieu du thyroïde; les
paiois de la trachée -artère sont minces, ses anneaux
sont continus : la glotte est très - étroite , et placée
en devant , très- près de la face interne de la mâchoire
inféiieure ; ce qui prouve que la voix, dans ces ani-
maux , ne doit avoir aucun timbre. Dans la vipère
et dans la grande couleuvre, la glotte est plus éten-
due; elle se trouve derrière la langue, qui lient peu
de place entre les deux mcàchoires, étant contenue
dans une gaine le long de l’oesophage; la trachée s’é-
largit un peu au-dessous de cette ouverture; ses an-
neaux, qui sont entiers dans son origine, se divisent
ensuite pour adhérer au poumon, et ils se terminent
en bec de flûte, au-delà de ce viscère , dans une
suite de cellules qui s’étendent jusqu’à l’extrémité de
1 animal, lequel peut être gonflé dans toutes ses di-
mensions , lorsqu’on y introduit de l’air. La glotte des
oiseaux est séparée d’avec l’organe , vraiment sonore ;
elle est la seulé partie qui constitue l’organe de la
voix dans les l'eptileg.
38o SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Je n’ai fait aucune mention des célacées , (|uoique
Pline, parmi l*^s anciens, et MM. Anderson et Klein,
parmi les modernes , aient avancé que la voix de la
baleine et du dauphin est très-forte, parce que l’on
ignore absolument la structure de leur larynx.
Je ne m’arrêterai point non plus sur les insectes;
à la vérité , plusieurs de ces animaux , et surtout les
femelles, font entendre des sons, mais les organes par
lesquels l’air pénèti'e , n’y ont aucune part; ce sont
des bruits mécaniques, produits , soit par le choc de
la partie antérieure du corselet , comraé dans plusieurs
coléoptères, soit avec des balanciers semblables à de
petites baguettes de tambour qui frappent sur une
peau sèche et tendue , comme dans les diptères , et
principalement dans la cigale.
En se rappelant les observations dont je viens d’offrir
le tableau , on peut en tirer les conséquences sui-
vantes :
1°. La glotte étant formée dans la plupart des qua-
drupèdes, par des bords presqu entiei’ement caitilagi-
neux, f|ui ne sont susceptibles d aucune tension giu«
duée; cette ouverture étant, dans les oiseaux , liès-
éloignée de l’organe vraiment sonore, et ne produi-
sant qu'un sifflement dans les serpens où elle est seule,
ne peut-on pas en conclure quelle n’est point essen-
tielle à la formation des sons ?
3°. Les ligamens inférieurs étant dans plusieurs
quadrupèdes et dans quelques reptiles, les seules par-
ties capables de vibrer, des membranes élastiques en
•tant égalciuenl susceptibles dans les oiseaux, n csl-on
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 58i
pas conduit à penser que ces différentes parties ont
un usage marqué dans la fonuation des sons ?
3°. Le timbre delà voix augmentant dans les con-
duits recourbés et dans les cavités formées par des
parois cartilagineuses et élastiques , n’est-il pasprobable
que tout l’appareil , dont quelques animaux sont
pourvus , ne tend qu’à augmenter la résonnance d«
la voix , sans influer sur son intonation?
Ces inductions sont les seules que je me permettrai
en finissanl ce méinoii e. Un anatomiste , qui se pro-
pose de découvrir le mécanisme de la voix dans les
difîérentes classes d’animaux, peut être comparé à im
curieux qui, <àprès avoir entendu dans un concert
l’eflet de plusieurs instrumeus de musique, sans avoir
d'ailleurs la moindre connoissance de leur disposition,
cherclieroit, en les examinant , à découvrir la ma-
nière dont ou les emploie, et la nature du son qu’ils
produisent. Les recherches que je viens d’exposer ne
sont relatives qu’à la structure anatomique des or-
ganes. ( 1 )
( 1 ) Depuis Vicq-d’Azyr, un anatomiste non moins célèbre,
M. Cuvier, s’est occupé de nouveau, et sous des points de vue diffé-
rens, des organes de la vois , qu’il a d’abord considérés dans les
oiseaux, avec l’intention d’appliquer la doctrine qui lui est propre,
sur leur action , à l’homme et aux autres mammifères.
Les résultats anatomiques de son travail se rapportent principa-
lement a cette partie de l’appareil vocal que Vicq d'Azyr ne regarde
pas, sans quelque motif, comme un simple supplément des deux
ventricules et des ligamens inférieurs , et que son illustre succes-
seur désigne , sous le nom de larynx inférieur.
C» larynx est situé au bas de la trachée, à l’endroit où die s*
382 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
partage pour pénétrer dans les poumons. Il est tellement le lieu où
se forme la voix , dans les oiseaux, que la section du larynx supé-
rieur, chez ces animaux , ne les empêche pas de crier.
Les bords du larynx inférieur forment une anche membraneuse,
ou , pour parler plus exactement , deux lèvres qui représentent
celle du joueur de cor de chasse.
On peut diviser les larynx inférieurs en deux classes , ceux qui
n’ont pas de muscles propres et ceux qui eu sont pourvus. Les la-
rynx de la première classe ,ont en outre, dans les mâles de quel-
ques espèces , des cavités latérales , ou des dilatations plus ou
moins étendues , osseuses et membraneuses. ( i )
Dans toute cette même classe , les mouvemens de la trachée sup-
pléent jusqu’à un certain point aux muscles propres du larynx , et
les oiseaux, dépourvus de ces muscles, ont ceux de la trachée
beaucoup plus développés : parmi les larynx inférieurs pourvus de
muscles , on doit distinguer ceux des oiseaux chanteurs , chez les-
quels ces muscles sont au nombre de dix, ce qui prouve, contre
l’opinion de Vicq-d’Azyr , que le larynx de ces oiseaux est très-
composé.
Ce nombre si considérable de muscles laryngiens s observe éga-
lement dans les hirondelles , les étourneaux , les moineaux, dont
la voix , malgré celuxe de moyens, n’en est pas moins désagréable et
fausse : ce qui dépend du timbre de l’instrument vocal , et d un
défaut de rapport entre la mobilité du larynx et celle de la trachée.
Cette partie de l’instrument vocal s’allonge , ou se raccourcit avec
d’antant plus de facilité , que scs anneaux sont plus minces et plus
séparés par des membranes flexibles, ainsi qu’on le remarque dans
les oiseaux chanteurs; ces mêmes anneaux sont entièrement osseux
ou cartilagineux dans les autres oiseaux, et présentent de nom-
breuses variétés dans leur nombre, leur rapprochement et leurs
dimensions.
La longueur absolue do la trachée est par conséquent foudamen-
taleet dépend principalement delà longueur du col de chaque oiseau.
Nous voyons que l’expérience , à l’égard du ton , est conforme
(i) Elle comprend les paons , les coqs , les faisans , les peidr" ;
en un mot, toute la classe des galliuacées.
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 383
ce principe ; les petits oiseaux chantant le plus haut , et ceux qui ont
le cou long , ayant en général la voix plus basse, '
La voix plus grave des mâles , dans tous les oiseaux de rivage, et
dans plusieurs autres espèces , dépend des contours de la trachée
qui se replie et se prolonge de diverses façons. «
Le larynx supérieur des oiseaux est remarquable ; i®. par une
ouverture longitudinale faite à la face postérieure du tube tra-
chéal ; a", par la structure même de la glotte , formée de deux
pièces osseuses , qui ne peuvent jamais s’étendre ou se relâcher.
11 faut remarquer , en outre , que le même larynx n’a ni cartilage
aryténoïde, ni cartilage tyroïde , ni épiglotte. Celle-ci est sup-
pléée par des points cartilagineux placés sur les bords de la
glotte où ils peuvent au besoin servir d’opercule.
Ce larynx supérieur se trouvant borné à la fonction d’ouvrir et de
fermer plus ou moins la trachée , varie très-peu, ainsi que Vicq-d’A-
zyr l’avoit remarqué.
- La principale différence qu’il présente tient â des tubercules placés
dans son intérieur : tubercules que l’on n’observe jamais dans les oi-
seaux chanteurs ; mais bien dans les oiseaux dont la voix est le plus
rude-
M. Cuvier conclut en outre de plusieurs rapprochemens entre
l’instrument vocal des oiseaux et les iustrumensà vent delà classe
des cors et des trompettes , que dans l’instrument vocal le son est
produit de la même manière que dans ces instrument, et qu’il est
également modifié, quant à son ton , par trois sortes de moyens,
c’est-à-dire, i®. par les variations de la glotte qui, correspondent i
selles du joueur ; 2». par les variations de la trachée correspondante
aux cors de rechange ; 5\ par le rétrécissement de la glotte supé-
rieure qui répond a la main du joueur. ( 1 )
{ Aote de l'Editeur. )
J P""*" détails, le Mémoire de M. Cuvier , Journal
Jrnj siqus , prairial an S.
EXPLICATION
DES QUATRE PREMIÈRES PLANCHES, (l)
PLANCHE PREMIÈRE.
Fig. I.
A, D, C , trois ouvertures qui conduisent au tissu cel-
lulaire osseux.
B , E , ouvertures qui communiquent avec le labyrinthe
et l’orifice de la trompe d’Eustaebe.
Fig. JL
H , I , D , conduit droit.
A , conduits demi-circulaires.
E , tissu spongieux de l’os , dont les cellules commu-
niquent entre elles.
Fig. III.
E,B,F,D,C,les ouvertures du tympan et la saillie
transversale que l’on trouve ^ dans cette cavité , chez plu-
sieurs oiseaux.
B , E , ouvertures qui donnent passage aux nerfs auditifs.
Fig. IV.
L , B , membrane du tympan.
D , E , l’osselet ou collumella. F , G ^ ses deux branches.
Fig. VI.
E, F, cellules communicantes. II , C , renflement des
conduits demi -circulaires. D, conduit droit.
Fig. VII.
L’une des plumes qui environnent le conduit auditif.
( 1 } lo volume de planches.
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 385
PLANCHE DEUXIEME.
Fig. V.
E, B, ouvertures qui traversent les nerfs auditifs,
F , A , D , autres ouvertures qui donnent passage à d^
nerfs.
Fig. FUI.
Osselet de l’ouïe isolé dans la tortue. '
Fig. IX.
E, D, l’osselet précédent en place, et tenant à la meni.
brane du tympan.
Fig. X.
La membrane du tympan dans la tortue.
Fig XI.
D, E , D , E, osselets de l’ouïe, isolés du caméléon.
Fig. XII.
Le meme osselet occupant sa place dans l’organe de
Touïe^ en G.
planche TROISIEME.
Fig. /.
O , P , Q , vaisseaux de la poche.
F, G, H, cette poche vue en devant. U, D, D, oshvoîdc.
L , trachée-artère. K , lobe de la glande tyroïde. B , C *
langue du mandrill, * ^
' Fig. II.
Cotte figure présente la poche du larynx du singe - hur-
leur , vue de coté.
Depuis A jusqu’à B , espace étroit, allongé et horizontal
de la face supérieure de la poche.
C, dépression latérale de la face supérieure.
ï. 4.
25
586 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
Depuis D jusqu’à E , face inférieure , arrondie , inégale
et poreuse.
F , échancrure placée au haut et à un des côtés de l’ou-
verture.
G , une des petites facettes placées au haut et sur le côte
de la face postérieure.
H , ouverture qui mène à la cavité de la poche.
Fig. III.
Cette figure représente le larynx du chien ; il a été ouvert
longitudinalement pour voir l’intérieur.
A, B, os hyoïde. C, épiglotte qui est triangulaire. D,
ligamens inférieurs de la glotte. F , G , ventricules. K , partie
moyenne de l’épiglotte. L , M , crochets formés par l’épi-
glotte et les ligamens inférieurs. H , I , trachée-artère.
Fig. IT^.
On voit dans cette figure le larynx du chat. A , B , os
hyoïde. E , l’épiglotte. II , I , la glotte. E , D , F , G , repré-
sente les ligamens inférieurs de la glotte et deux petites
membranes placées au-dessus , et qui frémissent aisément.
Fig. V .
Elle offre le larynx du lapin: il a été ouvert pourvoir
l’intérieur. A , l’épiglotte. B , petits corps arrondis , placés
au bas de l’épiglotte du lapin. C, D , ventricules et liga-
mens inférieurs de la glotte. E , la Irachee— artère.
Fig. VI.
Elle présente le larynx du phoque dans l’état naturel. A ,
la langue, qui est très-grande. B, épiglotte. B, C , la
glotte. E, D , les ligamens inférieurs ou cordes vocales,
qui sont très -près des lèvres de la glotte. F, la Iracbee-
arlcre.
DE L’ORGANE DE LA VOIX. 58j
Fig. FIL
Larynx de la chauve-souris-vampire de l’ile Sainte-He'-
lène à nez simple et long. A , langue. B , saillie très-peu con-
sidérable , tenant lieu d’épiglotte. B, C, glotte ovale et
comme festonée. D. la trachée - artère.
PLANCHE QUATRIEME.
Fig. FUI.
Trachée-artère du dinde. A, B, trachée-artère. C, œso-
phage. D , endroit où étoit la poche et qui a été lié. E , F ,
G, H, artères. I, nœud où est la partie inférieure du
larynx. K, trou situé eetre les deux bronches. L,M, deux
muscles placés le long de la trachée-artère.
Fig. IX.
La glotte du pigeon. A , B , la glotte. C , D, pièces
comrue frangées on hachées, qui accompagnent la langue
et la glotte de plusieurs oiseaux. E , la trachée-artère.
Fig. X.
Cette figure offre la glotte du rossignol ; sa forme y est
dessinée en grandeur naturelle; derrière, sont les pièces
hachées ou frangées.
Fig. XL
Larynx de l’alouette , qui donnera une idée de cet or-
gane, vu en dehors, dans tous les petits oiseaux; on y voit
la trachée-artère, ses deux muscles longitudinaux, le*
ronc es , et en A , un muscle qui recouvre l’organe vrai-
ment sonore.
F’^. XI J.
Dans cette figure , on voit ces parties en grandeur natu-
re e A, la langue. B , l'ouverture du larjni dans lequel
sont les cordes vocales. C, D, les bronches qui sont très,
courtes.
fragmens
Sur l’Anatomie et la Pliysiologîe de l’œuf , tirés du
Vocabulaire Anatomique , et d’un Mémoire inédit sur ce
qui arrive au jaune de l’œuf apres l’incubation.
de l’œuf.
OEuf, Oi’um, est une production couverte d’un«
enveloppe plus ou moins dure, propre aux femelles
des oiseaux , des reptiles , des poissons et des in-
sectes, et qui contient, lorsqu’elle a ete fecondee par
le mâle, le germe de l’embryon.
Qjuf avec ou sans enveloppe osseuse.
On doit distinguer dans l’œuf deux sortes de par-
ties, savoir: i“. les parties contenantes ; 2”. les parties
contenues.
r. Les parties contenantes de 1 œuf de oiseau
sont ce qu’on peut proprement appeler les enve-
loppes extérieures de cet organe, c’est - a - dire . a
coque et la membrane qui tapissent immédiatement
l’inlérieur de eette coque. La ineinbrane qui l.r ta-
pisse en dedans adhère intimement a sa s.irlace
elle est blanche et légèrement raboteuse du co e
par lequel elle lient à la coque, Ires-lisse e
blanc moins éclatant dan» sa face interne.
Dans le gros bout de l’œuf, et tou, ours u p e i m
le c,-,té, on trouve constamment un petit espa e
vide, ou plutôt qui ne contient que de l-t"-
.spaco a la forme d’un petit «■gineiit do sphèic.
ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒEUE. SS5
est dû à im écartement particulier des deux lames
de la membrane qui revêt l’inténeur de la coquille;
de sorte que la plus extérieure de ces lames se trouve
adhérente et suspendue au gros bout de la coque,
tandis que le feuillet interne est comme refoulé vers
1 extrémité opposé* de l’cjeuf , et soutenu sur l’enve-
loppe des blancs.
11°. Sous la tunique qui revêt immédiatement la
face interne de la coquille, est une seconde enve-
^loppe ou capsule dont les usages tiennent de plus
près au développement de lernbryon. La face exté-
rieure de cette seconde enveloppe est collée à la sur-
face interne de la membrane propre de la coquille,
inais d’une manière si lâche qu’il est très- facile du
l’en séparer sans la rompre. C’est sur cette seconde
tunique que sont répandus les linéamcns ou ramifi-
cations de la plupart des vaisseaux sanguins qui com-
posent le cordon ombilical, comme il est aisé d*
6 en convaincie si Ion examine des œufs soumis de-
puis quelques jours à 1 incubation. Cette seconde en-
veloppe renferme les autres parties intérieures de
l’œuf, telles que le blanc ou les blancs, le jaune
et ses annexes, le germe ou la cicatricule, etc.
DU BLANC DE l’uïUF.
Le blanc dœuf (^albumen) , est composé de deux
substances très-distinctes , qu’il est essentiel de ne pas
confondre. Ou les appelle les blancs.
Le piemier blanc, ou blanc extérieur, est une
humeur séreuse très • limpide. Ce fluide, placé im.
5go SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
médiatcraent sous l’enveloppe membraneuse com-
mune , compose la couche extérieure; de sorte que
c’est dans cette humeur que nagent et sont sus-
pendus le second blanc, le jaune et ses annexes, tels
que les chalazes et le fœtus, dans le temps de l’in-
cubation.
Quant au second blanc, ou blanc intérieur, c’est
à lui qu’appartient proprement le nom d’albumen ,
ou humeur albumineuse. Il entoure immédiatement
le jaune , et forme la plus grande partie de la masse
de l’œuf; ses proportions, relativement au blanc ex-
térieur, sont à peu près comme quatre ou cinq à
un, dans l’œuf qui n’a pas été soumis à l’incubation.
Les propriétés principales de ce second blanc sont
d’avoir une grande ténacité,- et surtout de se coa-
guler au degré de chaleur de l’eau bouillante en une
masse blanche très-- connue.
Les limites qui séparent les deux blancs l’un de
l’autre sont très - marquées ; et quelques efforts que
l’on fasse en les battant fortement ensemble , on ne
réussit point à les mêler, si ce n’est par 1 intermède
de l’humeur renfei'inée dans la capsule du jaune.
Le blanc intérieur réfracte puis.sammenl lesi'ayons
lumineux, qu’il paroît l’assembler à la manière des
verres lenticulaires. Il a l’éclat et la transparence
du cristal. Sa viscosité fait qu’étant abandonné h lui-
même il s’étend très- peu. 11 est situé en grande partie
vers la petite extrémité de l’œul , de manière qu il y
forme une couche beaucoup plus épaisse autour tlu
jaune que partout ailleurs, enfin il adhère fortement
AN AT. ET PHYSIOL. DE L’(HUF. Sgi
au centre du grand hémisphère du jaune , dans la
région* opposée à la cicatricule. Cette adhésion est
si intime dans l’œuf qui a été couvé, qu’on est
obligé d’employer le scalpel pour les séparer l’un de
l’autre.
DU JAUNE D’tBUF ET DB SES ANNEXES.
Jaune d’œuf Çi^itellus). Pour bien connoîlre ce
corps et la nomenclature qui le concerne, il faut le
considérer dans cinq états différens, par lesquels il
doit successivement passer: i”. dans l’œuf non-fécondé
et qui n’a pas été soumis à l’incubation ; 2°. dans
'l’œu! fécondé qui n'a pas été couvé; 5". dans l’œuf
fécondé qui a éprouvé les effets de l’incubation ;
4°. dans l’œuf couvé dont le fœtus est sur le point de
sortir de sa coquille ; 5*. dans le poulet qui vient
d’éclore, et quelque temps après sa naissance.
Le jaune est un corps de forme sphérique et d’une
consistance molle. Il n’occupe point le milieu de la
coque ; on le ti'ouve ordinairement plus près de la
grosse extrémité que de la pointe , et toujours plus
avancé vers un côté que vers l’autre , comme il est
aisé de s’en convaincre en faisant cette recherche sur
des œufs durcis au feu.
Le jaune ne flotte point au hasard dans l’intérieur
de l’œuf-, il est comme fixé par deux ligamens qui
sont en partie membraneux et en partie albumineux.
Ces ligamens forment ce que l’on appelle les cha-
lases (grandines), deux petits corps blanchâtres et
092 SCIENCES PHYSTOL. ET MEDICALES,
'gélatineux, Tune consistance assez ferme , situés aux
deux pôles du jaune auquel ils sont fortement
adhérens.
Les chalazes , considérées dans leur situation na-
turelle, répondent aux deux extrémités de l’œuf,
l’une à sa pointe, et l’autre à sa base. Ces deux corps
communiquent ensemble par une zone blanchâtre
très-mince, qui entoure le jaune, et qui paroît faire
partie de sa capsule. Cette bande n’est bien visible
([ue dans les œufs qui sont ti’ès- frais. C’est elle qui
partage le jaune en deux hémisphères inégaux ; l’un
plus petit / au milieu duquel se trouve la cicatricule
ou le germe, et qui se présente toujours en dessus;
l’autre plus grand, et qui tend à occuper la région
la plus déclive. .
L’extrémité de chaque chalaze , qui est opposce a
celle par laquelle on voit ces productions adhérer
au jaune, est attachée à la face interne de la mem-
brane qui enveloppe immédiatement les blancs par
le moyen d’un ircicius ou prolongement albumineux
beaucoup moins densp et plus transparent que la
chalaze elle -même. On a donné le nom de glaires ou
de colonne, coliannœ , à ces deux px’olongemeus des
chalazes. Leur insertion , ou plutôt leur adhérence
à la membrane qui enveloppe les blancs, se fait
vers l’extrémité de l’œuf; de sorte que le jaune se
trouve, par le moyen do ces colonnes albumineuses ,
comme suspendu et fixé vers le centre.
La chalaze qui répond à la pointe de l’œuf est
ordinairement plus grosse , ainsi que sa colonne , que
ANAT. ET PHYSIOL. DE L’dîUF. 5g5
la clialaze et la colonne qui sont placées vers la
base ; aussi l’adhérence de la première de ces cha-
lazes, qu’on appelle pour celte raison la grande cha-
laze , à l’enveloppe meml)raneuse des blancs, est -elle
bien plus forte et plus remarquable que celle de la
clialazc qui répond au gros bout de l’œuf, ou petite
chalaze.
La forme extérieure des clialazes est telle, qu’à la
première inspection, il semble qu’elles adhèrent à
nn enchaînement de plusieurs grainsgélatineux, réunis
en chapelet par une substance intermédiaire de mémo
iiatuie, et qui diminueroit de grosseur à mesure
qn on les considéreroit plus loin du jaune. C’est à
cause de cette disposition apparente que ces corps
ont reçu le nom latin de grandines. Mais si on exa-
mine attentivement les clialazes, il est aisé de s©
convaincre qu au lieu d’ètre une série de grains sphé-
riques, comme on l’a cru, elles ne sont au moins,
quant à la forme, qu’une production gélatineuse,
tournée irrégulièrerpent en spirale, à peu près comme
le cordon ombilical des fœtus des quadrupèdes.
Ou doit distinguer dans le jaune deux parties prin-
cipales; ces parties sont 1 humeur du jaune, ou la
capsule ou tunique qui contient celle humeur.
La capsule du jaune dans un œuf frais, et qui
n’a pas été soumis à l’incubation , est une membrane
transparente très-déliée et très- mince : on n’y dis-
tingue alors aucune organisation bien marquée, mais
seulement une zone ou ceinture d’un blanc plus mat ,
plus opaque que le reste de la tunique, plus dijQEicile
5g4 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
à rompre , et à laquelle est, fortement attachée , ver»
les deux bouts opposés de l’œuf, une des extrémités
de chaque chalaze; On aperçoit obscurément , dans
celte ceinture blanchâtre , des fibrilles qui se portent
en divers sens, mais principalement dans une direc-
tion parallèle à celle de la ceinture elle-même. Cette
zone, ou bande circulaire, partage le jaune en deux
hémisphères inégaux, savoir l’un plus considérable,
qui tend à occuper la région la plus déclive, l’autre,
moins volumineux , et qui se tourne toujours en
dessus.
Indépendamment de la ceinture ou bande circu-
laire blanchâtre , dont je viens de parler , on remarque
encore dans la capsule , vers le milieu du petit herms-
phère du jaune , une tache ronde , également blanchâ-
tre , de la largeur d’une lentille ordinaire ou d’un petit
pois. Cette tache , ou petit nuage , est ce qu’on nomme
communément la cicatricule ou le germe. On y peut
dislinguer différens cercles aussi bien ’exp-imes dan*
les œufs non-fécondés, que dans ceux quilont ete.
L’humeur du jaune, considérée dans un œuflra.s,
est un sucre à demi concret , ou épaissi a peu pies
en consislance ae .mel Celte l-meuv e la
propriété de ae coaguler au degré de chaleur de eau
Luillante. de même que le Idanc dmuft e le se
mêle et se dissout aisément à froid dans tous les li-
quides aqueux : on peut la joindre aux
laisses et la faire servir d'intermède , comme es
liueurs’émulsives. pour dissoudre dans l’eau toutes
«ovles de subslances grasses et huileuses.
ANAT. ET PHYSIOL. DE L’(EUF. 5g5
II. La plupart des physiciens qui se sont occupés
de celte recherche, et particulièrement Malpighi ,
ont cru apercevoir, dans le centre de la cicatricule
du jaune d œuf fécondé, des traces sensibles du petit
embryon que la chaleur de l’incubalion doit faire
eclore ; tandis que dans le germe de l’œuf non -fé-
condé , on n’entrevoit , suivant ces auteurs , qu’un
assemblage informe de quelques cercles concentriques
où Ion ne découvre aucune organisation qui puisse
y faire soupçonner l’existence du fœtus.
Des philosophes non moins recommandables, et à
la tète desquels je crois devoir placer Haller et
M. Charles Bonnet, assurent au contraire qu’on dis-
lingue aussi bien les ébauches de rembryon dans la
cicatricule non-fecondée , que dans celle qui l’a été.
En gai’dant toute la réserve que l’on doit se prescrire
en pareil cas, je suis d'autant plus porté vers cette
dernière opinion , que dans les observations nom-
breuses que j’ai laites sur ce sujet, et malgré toute
1 attention que j’y ai apportée, je n’ai jamais pu re-
marquer une dilférence notable entre les germes des
œufs non- fécondés et ceux qui avoient éprouvé l’in-
iluence du mille.
ni. 1». Deux ou trois jours au plus tard, après le
premier moment de l’incubation, on ‘observe à la
vue simple ainsi qu’à la loupe , dans les bords de la
circonférence de la cicatricule, et surtout dans les
trois-quarts de cette circonférence, une multitude
de points d’un rouge obscur, ou d’une couleur de
pourpre très-foncé. Ces points sont de diverses grau-
$96 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
deurs, et ils paroissent comme isolés et sépares lei
uns des autres. On ne remarque eeu ux aucune sorte
de mouvement. La cicatricule s’est un peu élargie.
Au centre de cette cicatricule, on découvre im
petit corps allongé, dont une des extrémités semble
se terminer en pointe. On ne peut bien distinguer ce
corps vermiculaire d'avec les autres parties environ-
uantes de la cicatricule, que parce qu’il est d’un
blanc grisâtre, plus brun ou plus opa.jue que les autres
points de celle surface.
2°. Vers le qualrièmeou cinquième jour, le germe
s’eit'encore plus agrandi, les points pourprés de sii
circonférence paroissent d’un rouge plus vif; ils sont
aussi beaucoup plus multipliés, plus rapprochés les
uns des autres, et ils s'avancent davantage vers le
centre de la cicatricule. Déjà on voit vers le centre
du germe, ou plutôt au milieu du petit corps allonge
qui occupe ce centre, deux points rouges, beaucoup
plus grands que les précédens, sépares 1 un de laulie
par un espace beaucoup plus large , qui battent sans
cesse alternativement. Ces deux points saillans sont
les deux ventricules du cœur de 1 tm nyon.
L'embryon lui -même, ou le petit corps allonge
qu’on voit an cc.lre de la cicatricule, a une forme
beaucoup mieux déterminée; il pareil dcja nagei
dans une bulle remplie d’une lymphe Ives- l.rap.ae .
et qui est presque de la grandeur de la cicat , ulc
A làcirconférence de la cicatricule , on reniaïque d.
séries de points d'un autre genre que ceux t o J
déjà parlé. Ces nouveaux points sont d un jaune
ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒEUF. 097-
claii’ , ils accompagnent parallèlement les séries de»
points rouges ; et celte suite de points jaunes compose
ce qu’on nomme le vaisseau du jaune, de même que
la réunion de diverses séries de points rouges forme
les vaisseaux sanguins ombilicaux, et les vaisseaux
omplialo - mésentériques ou vaisseaux sanguins du
jaune.
3°. Au neuvième ou dixième jour environ , la cl-
calricule s’est singulièrement étendue. Les moignons
des ailes et des pattes de rembryon, flottant dans la
bulle qui le renferme, comm.encent à se montrer très-
distinctement. La queue, qui forme le croupion et lo
coccyx , s’est raccourcie. La tète , les yeux , et la plu -
part des organes sont appareils. Les batlemens du
cœur sont très-forts et très -manifestes 5 et de dif-
férentes séries de points rouges et^e points jaunes ,
semés vers la circonférence de la cicali’icule , il
résulie un triple système vasculaire complet, savoir
celui des vaisseaux ombilicaux, celui des vaisseaux
sanguins du jaune lui-mème, et celui des vaisseaux
jaunes , dont le tronc s’ouvre dans le conduit intes-
tinal , un peu plus loin que le milieu de ce conduit.
Plus ce développement du fœtus s’avance, plus
aussi le jaune paroÎL acquérir d’étendue, et plus
tout à la fois l’humeur contenue dans la capsule du
jaune perd de sa consistance et de sa viscosité.
IV. Lorsque le fœtus est sur le point d’éclore,
les blaucs de l'œuf se trouvent entièrement consom-
més 5 mais le jaune paroît avoir augmenté de volume.
Le lœtus s est nourri et développé , jusq^u’à ce mo-
5g8 SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
ment, aux dépens du blanc; à cette époque la masse
entière du jaune passe par l’ouverture du nombril
dans le ventre où elle est attirée. On croit que c’est
de cette masse , renfermée dans la cavité de l’ab-
domen , que le poulet tire toute sa subsistance pen-
dant les deux ou trois premiers jours qui suivent
la naissance. Cette conjecture est confirmée par
l’observation ; car on trouve alors , dans le conduit
intestinal, une liqueur jaunâtre qui ressemble, par
tous les signes extéi’ieurs , à celle que renferme la
capsule du jaune.
V. Cependant il résulte de quelques expériences
que j’ai faites sur des poulets nouvellement éclos,
en leur extirpant le jaune qui étoit encore à peu près
tout entier dans la cavité abdominale, que ces ani-
maux, étant convenablement soignés après cette
opération, peuvent survh’-re au moins très- long-
temps; de sorte qu’il ne paroît pas qu’il soit d’une
nécessité absolue pour leur conservation qu'on ne les
frustre point du suc alimentaire que la masse du
jaune verse dans leurs intestins.
Quoi qu’il en soit, dans les jeunes poulets aux-
quels on n’a point enleve le jaune , ou voit cet oi-
gane diminuer insensiblement de grandeur, et dispa-
roître enfin tout -à -fait après un temps plus ou moins
long. Alors, il ne reste plus de cet organe que le
tronc commun du vaisseau jaune, qui s’est endurci
à mesure que la m.atière du jaune s’est épuisée ; ce
tronc du vaisseau jaune demeure, pendant toute la
vie de l’animal , attache et suspendu aux parois du
ANAT. ET PHYSIOL. DE L’ŒUF. 5gg
tube intestinal, comme un appendice vermiforme.
ojez Je Discours sur les rapports de l’Histoire na-
turellfe avec l’Anatomie.
«ES POULETS.
Poulet, Pullus galUnaceiis , est le produit de
l’accouplement du coq et de la poule domesiique,
comme parmi les animaux vivipares, le foetus est le
résultat de la réunion du mâle avec une femelle de
la même espèce.
Pour acquérir une idée précise de la formation
et de l’accroissement des petits en général , et de
ceux des animaux ovipares en particulier, les obser-
vateurs se sont principalement attachés à examiner
et a recueillir les divers phénomènes que pi-ésente 1©
développement successif du poulet dans l’œuf, sou-
mis a la chaleur de l’incubation. Je placerai ici un
abrégé de leurs recherches pour faire connoître la
nomenclature qu’ils ont adoptée à ce sujet.
Environ douze heures après que l’œuf a été mis
à couver, on commence à distinguer au milieu de la
cicatricule la membrane qui paroît tenir lieu de
chorion et que les physiologistes appelent le nid du
poulet, nidus ou la membrane du nid ; on décou-
vre de, a les premiers linéamens du fœtus, caHna,
Sur la fin du premier jour, la forme du nid est
bien déterminée.
On voit la première ébauche dn rézeau vasculaire
très- remarquable qui entoure le fœtus dans toute
letendue de la cicatricule; on nomme ce réseau la
4oo SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES,
figure veineuse: il paroît tenir lieu de placenta; les
raraificalions vasculaires qui le parcourent en tous
sens , sortent des vaisseaux ombilicaux ; ce rézeau
vasculaii’e peut déjà être aperçu treize heures et
demie après que l’œuf a été soumis à l’incubation.
Une grosse veine circulaii-e en termine la circon-
férence; on nomme cette veine le cercle veineux,
çirculus venosus.
Après un jour et demi, ou vers la trente-huitième
heure, on voit les premières traces de l’amnios, qui
est caché sous la membrane du nid.
Le cœur du poulet, /JwncZnni saliens , et les raci-
nes des gros vaisseaux qui sortent de cet organe , ne
sont d’abord dans l’embryon qu'une espèce de cercle
ou d’anneau vasculaire qui paroît alors uniforme
dans tout son trajet. On n’y aperçoit dans les pre-
miers instans de l’incubation aucune trace bien dis.
lincte des différentes parties qui doivent former dans
la suite les cavités de cet organe. On nomme ce
cercle vasculaire l’anneau ou le cercle de Malpighi ,
parce que cet auteur est le premier qui en ait bien
reconnu et exprimé la forme.
Bientôt après , on distingue dans des points éloi-
gnés de ce cercle: i». différens réservoirs qui doivent
constituer proprement le cœur; 2”. les gros vaisseaux
qui sortent de cet organe; 3“. dessegmcns vasculaires,
ou conduits de communication , dont 1 un qui est tics
long, se trouve entre l’oreillette droite et la base du
ventricule gauche, et l’autre beaucoup plus court ,
est placé entre ce ventricule et la bulbe ou l’origme
ANAT. ET EHYSIOL. DE L’(ELIF. 4oj
de l’aorte. Le premier de ces deux conduits de com-
munication est appelé le canal veineux ou auricu-*
laire , canalis venosus sive auricularis : on nomme
1 autre l’isthme^ isi/imus , ou le détroit t|ui unit la
bulbe de l’aorte avec la partie supérieure du ven-
tricule gauche du cœur.
^ Dans la suite, l’oreillette droite du Cœuf, quin*étoit
d’aboidqu’une portion de la veine cave, prend une
lorme plus marquée, et se partage en quelque sorte
en deux cornes ou angles, dont J’mterstice est occupé
par un espace blanc : l’angle antérieur, qui paroit le
plus considérable, forme l’oreillettegauche. C’est dans
l’mtervalle qui sépare ces angles, qu’est placée l’ia-
sertion du canal veineux»
Le ventricule gauche ou aortique du cœur paroît
aussi bientôt après, comme divisé en deux loges
de manière que la cloison intermédiaire de ces logel
est marquée par une ligne blanche, comme celle
qui désigné la séparation des oreillettes. Dans ces
premiers temps, W ventricule droit est très petit* il
est situé touCà-fait vers la partie supérieure du cœur,
3l salonge ensuite pâr degré vers la pointe.
Le cœur et ses mouvemens alternatifs sont quel-
quefois faciles à distinguer dès la quarante-deuxièmé
heure ; mais on ne les aperçoit le plus souvent que
veis la hn du second jour, ou vers le commence-
ment du troisième.
La figure veineuse esl parfaitement déterminée ver4
la fi,.d„ ,ro,s.ème jour, et le sang qui étoit dô
ouleurjaune, commence à prendre une teinta vouge.
as
4o2 sciences PHYSIOL. et ^MEDICALES.
A celle époque ( à la quarante-huitième lieure) »
on distingue quelques rnouvemens dans le foetus.
On aperçoit aussi les battemens alternatifs des
dllïerens points qui correspondent aux cavités du
cœur.
Ces cavités sont au nombre de trois ; elles se mon-
trent sous la forme de vésicules : celle qui doit former
l’oreillette droite , et qui n’est autre chose qu’une por-
tion de veine-cave ; elle bat ordinairement la première ;
la seconde est le ventricule gauche du cœur: la troi-
sième dans l’ordre des battemens constitue le bulbe
de l’aorte. Le ventricule droit et l’oreillette gauche
ne sont point encore développés.
Les petits moignons des ailes et des extrémités
inférieures commencent à sortir du corps, ou plutôt
à se montrer dans le troisième jour ( à la soixante-
cinquième et à la soixante- dixième heure.
On distingue aussi déjà à la soixante-dixième heure
l’oreillette gauche du cœur et les traces de la sépara-
tion qui doit bientôt se faire entnp les deux ventri-
cules de cet organe.
Au développement de ces dilférentes parties, suc-
cède, vers la fm du quatrième jour (à la quatre-
vingt -seizième heure) la première apparution du
foie, du gésier et des intestins : le plus ordinairement,
le foie ne se montre que vers la (jualre- vingt-sei-
zième heure , et l’estomac et les intestins vers la
cent-vingtième heure , dans le courant du sixième
jour.
Le ventricule droit du cœur est très-facileà romar-
ANx\T. ET PIIYSIOL. DE L’(EÜF. 4o=î
quer vers la fin du quatrième jour ou au commen-
cement du cinquième jour ( à fa quatre-vingt-sei-
zième heure ) 5 et vers la fin du cinquième jour, les
deux venlx ic ules sont très appareils, et bien conformé^»
C’est vers le milieu du sixième jour d’inruhation ,
qu’on parvient à reconnoître le poumon.
1 eu d heuies après , ^ a la ceiit-quaraule-deuxième
heure ) les reins commencent à paioîlre.
A cette mèma époque du sixième ou septième jour
d’incubation, le cœur et les gros vaisseaux qui en
sortent, se montrent sous la forme ijuils doivent
désormais conserver ; le long conduit veineux ou
auiiculaire ( cciiialia siue Uuctus vcfwsus vtl iiuricu»
lavis), qui élablissoit une communication entre les
deux oreillettes et le ventricule gauche, a disparu
ainsi que le bulbe de l’aorte, qui est à l’origine do
cette artère. Le conduit veineux s’étant raccourci
par degrés, forme 1 orifice veineux (^ostium venosum ) ,
qui établit une communication entre les cavités des
deux oreillettes, et le bulbe de l'aorte, est totale-
ment lentre dans la base du cœur, de sorte que l’ar-
tère pulmonaire qui paroissoit ci-devant confondue
avec l’aorte, est alors distincte et séparée de ce dernier
vaisseau.
La vésicule du fiel et le sternum se montrent entre
la fin du septième jour et le commencement du
huitième.
On voit la plume paroître à la surface de la peau
et la recouvrir au commencement du dixième joui-.
A cette époque, tous les organes du poulet sont
4o4 SC'IENCES PHYSIOL. ET xVIEDICALES.
apparens: les nouveaux changemens qui surviennent
par suite de l’incubation, ne consistent que dans un
plus grand développement de ses différentes parties.
On dit ordinairement qu’il y a des animaux vivi-
pares et des animaux ovipares.
Les ovipares sont incomparablement plus nom-
breux , puisque le foetus des vivipares , renfermé
dans des membranes et entouré de fluides , peut être
considéré comme un œuf que la femelle couve en
son sein , et sous cet aspect , la nature vivante est
toute entière ovipare. Ainsi, c’est dans l’anatomie
de l’œuf que l’on, devroit chercher l’explication de
cette grande énigme de la généi’ation. 11 importe sur-
tout de suivre l’état du jaune de l’œuf dans le ventre
du poulet.
Les premiers jours de l’incubation sont "destinés
au développement du cerveau , de la moelle épinière
et du cœur. C’est vers le milieu de ce temps-là que se
montre le système intestinal et gastrique , auquel le
jaune de l'œuf appartient. Depuis le dixième jour de
l’incubation, jusqu’au dlx-neuviéme , le jaune excavé
dans sa face supérieure , et servant de lit à l embryon ,
loin de diminuer de volume , s’accroît et devient en
même temps plus fluide et plus verdâtre. Celte aug-
mentation de volume et de fluidité provient de ce
que le blanc se mêle avec 1ü jaune. Aussi, observe-
t-on ([u’à celte époque, la masse du blanc diminue,
s’épaissit et disparoît. On a découvert les bran-
ches des artères mésentériques moyennes et de
la veine porte, qui sc répandent sur le sac du jaune.
AN AT. ET PHYSIOL. DE L’(HUF. 4o5
qu elles pénètrent , et dentelles alimentent profonde*
ment les membranes; d’où je conclus que le jaune,
arrosé par les vaisseaux propres aux viscères de
l’abdomen, appartient plus intimement au poulet
que le reste de l’œuf, dont la surface n’est recouverte
que par les vaisseaux ombilicaux , comme l’avoit ob-
servé Haller.
Cest jîar un pédicule creux que le jaune de l’œuf
communique avec le tube intestinal du poulet , dont
ïlest le premier aliment. Le volume de ce pédicule
est d’abord presque égal à celui de l’intestin; mais
comme ce dernier s accroît , le pédicule demeurant
le même, on aperçoit bientôt une grande dispro-
portion entr’eux.
Lesphysiologistesontdit qu’à la fin de l'incubation
le jaune entroit dans l’abdomen. J’ai cru réduire
a leur juste valeur ces expressions peu exactes, en
observant que le ventre , qui avoit une étendue
immense, relativement au corps de l’embryon, se
resserre alors; et eu expliquant le mécanisme à l’aide
uquel le jaune cède à l’action des membranes qui
le pressent, eu se contractant, et ne fait que se rap-
procher des viscères, à la nutrition desquels il doit
puncipalement servir. Le jaune , auparavant divisé
en deux ou trois lobes, lorsqu’il formoit comme une
ceinture autour du jeune poulet, paroît alors sous la
forme d un petit baril alongé ; et c’est vers le côté
cil oit du ventre qu’il se place.
On voit les divers états par lesquels le jaur.e
passe successivement, en Toi, servant à différens
4oG SCIENCES PHYSIOL. ET MEDICALES.
jours , depuis la naissance du poulet. -J’ai suivi
les diminutions de son volume, ses changemens de
forme . ainsi que les variations qu'éprouvent le
pédicule qui lui sert de canal, et le ligament ombi-
lical, jusqu’à ce qu'enfin les débris du jaune se trou-
vant rcdiiils au yolume d’un grain de millet, le
ligament disparoîl ; et le pédicule du jaune n’étant
])lus soutenu par ce ligament le renvei’se surl’intes-
liujOÙ il demeure ainsi couché. J’ai fait, pourrendre
sensiUe à l'œil cette gradation d’états , dessiner,
à diflércnies époques, les viscères du poidel nou-
vellement éclos. L’histoire naturelle fournil des rap-
procbemens curieux entre les insectes et les oiseaux;
l’abeille sui toul a des traits marqués d’analogie avec
le poulet nouvellement éclos : on y trouve, après
qu’elle a été débarrassée de son enveloppe, le même
miel dont le ver s’est nourri quelques jours avant sa
métamorphose , comme le jaune de l’œuf existe dans
]e ventie du poulet, quelques jours après sa nais '
sauce. On poursuit celle analogie , qui se sou-
tient par- tout dans ces deux classes d’ovipares,
([Lioique d’ailleurs très éloignées l'une de l’auti'e. J^i
fait ensuite dilfércnles expériences à l’aide desquelles
j'ai véi’i fié combien lejauneéloit utile à la subsistance
du jeune poulet ; en extirpant cette liqueur, quelques
joui's après la naissance de l'oiseau , quoique la plaie
fût bien cicatrisée, l’animal qui avoil été soumis à
îelte opération , lomboil dans un étal de langueur ,
qui se terminoit par une mort plus ou moins prompte.
On peut rapprocher de ceg faits les résultats
AN \T. ET PMYSrOL. DE L'(HUF. 407
des recherches que Haller avoit publiées lui-mèrae sur
la structure de l'œuf, et les observations analogues que
les physiciens modenu sonlrecueillies. C'est l’ensemble
de toutesces circonsiaiicej qui détei'minent ou favori-
sentie développement (lu germe contenu dans l’œuf.
Elles sont donc trt-s- nombreuses, les nuances de la
vie; les germes non-fécondt‘s forment la première;
les germes fécondés et parfaits, mais dont le déve-
loppcmentest suspendu, forment la seconde. Bientôt
un mouvement intestin gonûe les vEcères; le cerveau
j)aroit sous la forme de vésicules qui se boursoufllent ;
le c(eur est un anneau noiumx , dont les rcnfleniens
«’agiteront; des organes particuliers, et qui ne dure-
ront qu’un moment, naissent, se perfectionnent et
lueurent ; c’est l'embryon. Cependant les fibres se
serrent, les masses se rapprochent , les extrémités se
hiçonncnt, et le corps est entier; c’est le fœtus. Voit-
il le joui i autre élément, autre aliment, autre tra-
vad; les poumons se développent, et la circulation
est changée; c’est le nouveau né. Dans la sixième
époque, l’organe de la digestion s’affermit, et les
germes des premières dents se montrent; dans la
septième, ces germes se détruisent et d’autres les
remplacent.
Mais i,„e nouvelle exislence se prépare ; les organes
ela reproduclion se développent; cl c’esi la puberté,
eiulanl que la grossesse, l'accouchement et la
l.iclat.on remplissent la plusbelle portion de la vie
pendant que ces importantes fonctions produEent ’
‘l«i.s une classe très-étendue d’organes, de grandes
4o8 SCIENCES PHYSIOL. ET -MEDICALES.
alternatives d’accroissement et de décroissement, de
travail et de repos, le système nerveux acquiert toute
sa consistance et les muscles toute leur force; c’est
la maturité ; les organes de la réjn’oduclion s’afloi*
bîissent et meurent à leur tour ; ceux de la diges-
tion languissent, et c’est la décadence ; enfin, les
fibres deviennent dures et pesantes , et le mouvement
cesse avec la vie , pendant laquelle il s’est fait une
suite non-inleiTompue d’évolutions et de destructions
partielles, dont le cours entier de l’existence orga-
nique est formé.
FIN DU QUATRIÈME VOLUME.
#
table.
DEUXIEME PARTIE.
SCIENCES riIYSIOLOGIQ. ET MEDICALES.
Avertisse.mknt de l'Éditeur.
PRE.MIERE SECTION.
page 1
DISCOURS SUR lA N .A.T O M I £.
Premier discours. De I -dnatomie en général ;
. des êtres qui en sont le sujet ; de leurs carac-
tères , etc. ^
Plan d un Cours d' Anatomie et de Physiologie. 35
Remarques sur ce plan , par l'Editeur. io5
Deuxieme discours. De t Anatomie comparée
, en général. ^5^
TROISIEME discours. Exposition des caractères
qui distinguent les corps vivans , et idée géné-
rale de l'organisation des plantes et des ani-
maux. 22-
deuxieme section.
Mémoires et Fr.\gmens sur l’Anatomie , la
Physiologie et l.y Médecine.
Mémoire sur le parallèle des extrémités , dans
l homme et les quadrupèdes. 5^5
Mé.moire sur la structure de l'organe de l'ouïe ,
4io table.
des oiseaux , comparée avec celle de l'organe
deVouie dans l'homme, les quadrupèdes ^ les
reptiles et les poissons. 538
Mémoiue sur la voix. 558
Explication des quatre premières planches. 584
Fragmens sur V Anatomie et la Physiologie de
l'œuf. 388
labledu quatrième volume.
erratum.
P. 25i , !• a8 , hydauuj , phallus , lise* bydaum phallus.
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