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Full text of "Rapports de l'air avec les êtres organisés, ou, Traités de l'action du poumon et de la peau des animaux sur l'air, comme de celle des plantes sur ce fluide"

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RAPPORTS 


DE  L’AIR 

AVEC  LES  ÊTRES  ORGANISÉS. 


TOME  TROISIÈME. 


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RAPPORTS 

DÉ  L’  A I Pt 

AVEC  LES  ÊTRES  ORGANISÉS  ' 

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Traités  de  Faction  du  poumon  et  de  là 
peau  des  animaux  sur  l’air > comme  de 
celle  des  plantes  sur  ce  fliiide. 

Tirés  des  Journaux  d’observations  et  d’expériences 
de  Lazare  Spallanzani,  avec  quelques  Mémoires 
de  l’Éditeur  sur  ces  matières. 

Par  Jean  SENEBIER, 

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Bibliothécaire  de  Genève , Membre  de  diverses  Aca- 
démies et  Sociétés  savantes , et  Correspondant  dé 
V Institut  national. 


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iX.H'1 00V  XCll  € /?  7TV  0 OV  0À0  V TO  (TW^aa. 

Hipocuatis  Epidemic.  , liv.  VI,  § 6; 
Tout  le  corps  expire  et  inspire. 


TOME  TROISIÈME* 


A GENÈVE, 


Chez  J.  J.  Pasciioud  , Imprime ur-Lib^aird* 


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TRAITE 

SUR 

LES  RAPPORTS  DES  PLANTES 

AVEC  L’AIR  ATMOSPHÉRIQUE. 


INTRODUCTION  DE  L’ÉDITEUR. 

Ïendant  que  Spallanzani  s’occupoit  de  ses 
expériences  sur  la  respiration  des  animaux  , il  ne 
put  se  dissimuler  la  quantité  prodigieuse  de  gaz  oxy- 
gène absorbé,  soit  par  l’acte  lui -même  de  la  res- 
piration , soit  par  l’organe  cutané  de  l’animal  vivant, 
et  l’absorption  considérable  de  ce  gaz  qui  augmeute 
par  les  déjections  des  animaux , par  leurs  dépouilles 
et  leurs  cadavres  ; de  sorte  que  comme  cette  perle 
est  aussi  grande  que  constante  pour  l’atmosphère  à 
chaque  seconde  du  temps-,  il  fut  forcé  de  porter  ses 
regards  sur  les  moyens  que  la  nature  pouvoit  em- 
ployer pour  remplacer  ce  gaz  disparu  ; cette  re- 
cherche devenoit  d’autant  plus  nécessaire,  que  toutes 
les  expériences  eudiométriques  faites  en  mille  en- 
droits différens , et  en  des  momens  divers  de  la  journée 
et  de  l’année  elle-même , ont  toujours  montré  que 
les  quantités  de  l’oxygène  et  de  l’azote  sont  cons- 
tamment les  mêmes  dans  l’air  atmosphérique  qui  se 
trouve  en  pleine  liberté. 

Dans  ce  but,  il  considéra  les  divers  moyens  qu’on 
avoit  soupçonné  propres  à remplir  celte  grande  fin  de 
Tome  5,  A 


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( a ) 

l’économie  générale  de  noire  terre:  aussi  comme  on 
avoit  avancé,  que  le  gaz  oxygène,  rendu  par  les 
piailles  ver  les  exposées  au  soleil  pouvoit  remplir  cel 
effet  important  il  s’en  occupa  particulièrement  d’une 
manière  originale  et  ulile,  et  s’il  a vu  la  plupart 
des  faits  qu’Ingenhous  et  moi  avions  observé  avant 
lui,  il  en  a vu  quelques  autres  qui  nous  avoient 
échappé;  il  a mis  d’ailleurs  dahs  toutes  ses  expé- 
riences une  exactitude  et  une  précision , que  nous 
avions  été  tous  les  deux  bien  éloignés  de  pouvoir  y 
mettre , parce  que  les  procédés  eudioinétriques  étoient 
alors  trop  imparfaits  : de  sorte  qu’à  cet  égard  seul 
les  travaux  de  Spallanzani  deviennent  extrêmement 
précieux , puisqu’ils  complètent  tout  ce  que  In- 
genhous  et  moi  avions  pu  faire  sur  ce  beau  sujet 
et  confirment  tout  ce  que  nous  avions  déjà  vu. 

Spallanzani  m’avoit  écrit  qu’il  vouloit  composer 
et  publier  incessamment  un  Mémoire  qui  renfer- 
meroit  les  résultats  de  ces  expériences  sur  ce  sujet; 
il  m’en  avoit  envoyé  déjà  le  plan  que  je  publierai 
ici  avec  une  partie  de  notre  correspondance  relative 
à cette  matière  ; on  y verra  son  étendue  et  l’on  sen- 
tira combien  il  m’a  manqué  de  moyens  dans  les 
journaux  d’expériences  de  ce  naturaliste  pour  le 
remplir;  mais  on  saura  ce  qu’il  avoit  projeté,  et  ce 
qu’il  auroil  fait,  s’il  avoit  eu  le  temps  d'exécuter 
ce  qu’il  avoit  si  heureusement  ébauché. 

Cependant,  quoique  Spallanzani  ne  voulut  donner 
que  quelques  résultats  généraux  de  son  travail , j’ai 
pourtant  cru  qu'il  seroil  utile  aux  savans,  et  sur- 
tout aux  jeunes  physiciens  ; de  présenter  ici  le  dé- 


( 5 ) 

taîl  et  la  suite  de  ses  expériences,  non  comme  elles  se 
trouvent  répandues  dans  ses  journaux , mais  comme 
je  pou  vois  présumer  qu’ils  a voient  été  dans  sa  tête. 

Je  me  suis  écarté  à certains  égards  du  plan  qu’il 
m’a  voit  tracé  et  qu’il  vouloit  suivre , parce  que  comme 
je  l’ai  déjà  dit , je  n’aurai  pas  pu  le  remplir  avec 
les  matériaux  que  j’ai  eus , et  parce  que  ceux  que 
j’avois  sembloient.  me  prescrire  une  autre  disposi- 
tion : ainsi , par  exemple  , j’ai  renfermé  dans  un 
chapitre  particulier  quelques  questions  importantes 
et  préliminaires , qui  auroient  pu  à la  vérité  se  dis- 
cuter, en  traitant  la  question  principale;  mais  comme 
elles  auroient  fait  des  épisodes  trop  longs , et  comme 
elles  pouvoient  servir  à répandre  du  jour  sur  les 
divers  sujets  dont  Spallanzani  s’est  occupé,  il  m’a 
paru  plus  convenable  de  les  présenter  à part , de 
les  mettre  à la  tête  des  autres  sujets,  où  elles  seront 
comme  autant  de  principes  sur  lesquels  les  autres 
s’appuieront;  telle  est  l’influence  que  la  chaleur  du 
soleil  exerce  sur  l’air  clos  , et  sur  divers  gaz;  telle  est 
celle  de  l’eau  sur  chacun  d’eux , celle  de  la  terre,  etc. 

Le  public  a déjà  pu  voir  dans  ma  Physiologie 
végétale , T.  111 , que  nous  avions  eu  des  résultats 
différens  sur  le  gaz  oxygène  qui  s’échappe  des  feuilles 
vertes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  ; j’y  ai  raconté  ses 
expériences,  comme  il  me  les  avoit  écrites  lui-même  ; 
j’y  ai  répondu  à quelques-unes  de  ses  difficultés, 
et  il  n’eut  pas  le  temps  d’examiner  et  de  refaire  les 
expériences  que  j’avois  opposées  aux  siennes;  de 
sorte  que  je  joindrai  aux  mémoires  de  mon  ami , un 
mémoire  que  je  lui  ai  adressé  dans  mes  lettres  et  quel- 


( 4 ) 

ques  considérations  nouvelles  , que  ses  expériences 
les  miennes  et  celles  de  M.r  Desaussure  m’ont  fait 
naîlre  depuis  sa  mort. 

J’ai  eu  encore  plus  de  peine  pour  faire  ces  mé- 
moires que  ceux  sur  la  respiration,  parce  que  toutes 
les  expériences  de  Spallanzani  éloient  mêlées  avec 
celles  qu’il  a voit  faites  sur  les  animaux  ; ce  qui  en 
rendoit  encore  le  dépouillement  moins  facile  $ mais 
le  désir  sincère  que  j’ai  toujours  eu  de  tenir  la  parole 
que  j’avois  donnée  à cet  excellent  homme,  et  celui 
d’avancer  les  progrès  de  la  science  m’ont  fait  vaincre 
tous  les  dégoûts  qui  accompagnent  ce  genre  de  tra- 
vail; on  comprend  aisément  qu’il  faut  employer  un 
temps  considérable  pour  rassembler  des  expériences 
semblables  au  milieu  de  plusieurs  milliers  d’autres 
qui  sont  très-différentes  , pour  les  classer  ensuite  et 
les  mettre  à leur  place.  Il  est  vi'ai  que  dans  ce  sujet 
qui  m’éloit  familier , je  n’ai  pas  eu  à lutter  contre 
les  hésitations  et  les  doutes  qui  se  présentoient  sans 
cesse  à moi  , lorsque  je  m’occujrois  de  l'ouvrage  sur 
la  respiration  des  animaux  : mais  il  m’a  fallu  tou- 
jours rassembler  et  choisir  ce  qu’il  falloit  publier. 


( 5 ) 


/ 


MÉMOIRE  PREMIER. 

Sur  cette  question  : les  eaux  du  globe  décomposent- 
elles  l’acide  carbonique  (qu’elles  reçoivent  de 
l' atmosphère  (i)  ? 

Suivant  lopimon  des  physiciens  et  de,  chimiste, 
modernes,  il  y a deux  grands  moyens  employés  par 
la  nature  pour  purifier  l'atmosphère  et  la  délivrer  de 
l’impureté  que  devroit  lui  porter  la  grande  quantité 
d’acide  carbonique  produit  par  la  respiration  de 
l’homme  et  des  animaux,  par  la  fermentation  et 
par  la  combustion  : ces  deux  moyens  sont  les  eaux 
et  les  plantes. 

Les  eaux  produisent  cet  effet  par  l’affinité  qu’elles 
ont  avec  l’acide  carbonique , qu’elles  absorbent 
continuellement,  et  les  plantes  par  le  gaz  oxygène 
qu’elles  répandent  continuellement , quand  elles  sont 
recouvertes  par  la  vive  lumière  du  soleil. 

Suivant  ces  physiciens,  les  eaux  salées  de  la  mer  , 
les  eaux  douces  des  fleuves  , des  torrens,  des  marais, 
des  étangs  , celles  même  qui  tombent  du  ciel  sous  la 
forme  de  pluie  doivent  concourir  à décharger  l’air 


(i)  Note  de  l'Editeur.  Parmi  les  papiers  de  Spallanzani  qui 
m’ont  été  remis  j’ai  trouvé  l’ébauche  de  ce  mémoire  qui  devoit 
servir  d’introduction  à ses  recherches  sur  les  plantes  , et  je  me 
suis  borné  à la  traduire  de  l’italien  en  françois.  J’en  avertis  afin 
que  l’on  sache  que  dans  ce  mémoire  la  forme  et  le  fond  appar- 
tiennent entièrement  à ce  grand  homme. 


( 6 ) 

de  cette  surabondance  de  gaz  acide  carbonique , qui 
l’auroit  bien  lot  infectée. 

En  considérant  cependant  celle  absorption  conti- 
nuelle du  gaz  acide  carbonique  depuis  l'époque  où 
les  hommes  et  les  animaux  commencèrent  d’exister, 
quelques  philosophes  ont  paru  penser  que  les  eaux 
qui  sont  à la  surface  de  la  terre  auroient  dû  s’aciduler 
insensiblement,  de  manière  qu’au  bout  d’un  certain 
temps,  elles  auroient  manifesté  le  goût  acidulé  que 
l’on  remarque  dans  les  eaux  saturées  artificiellement 
de  cet  acide  carbonique. 

Pour  écarter  celte  difficulté  , quelques  savans  ont 
pensé,  que  les  eaux.avoienl  le  pouvoir  de  décom- 
poser l’acide  carbonique  qu’elles  avoieut  absorbé , 
et  qu’une  partie  de  l’oxygène  combiné  avec  le  car- 
bone pour  former  l’acide  carbonique  se  dégageoit  et 
rentroit  dans  l’atmosphère. 

Je  me  suis  proposé  dans  ce  mémoire  de  rechercher 
par  la  voie  de  l’expérience  , si  les  eaux  sont  un 
moyen  suffisant  pour  purifier  l’air  atmosphérique, 
en  me  réservant  dans  un  autre  mémoire  , de  m’oc- 
cuper du  pouvoir  des  plantes  pour  exhaler  le  gaz 
oxygène. 

J’ai  fixé  mon  attention  sur  le  point  capital  de  ce 
sujet.  J’ai  cherché,  si  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique  a véritablement  lieu  dans  les  eaux  plus 
ou  moins  chargées  de  cet  acide  , ou  si  elle  n’est 
comme  elle  a été  jusqu’à  présent  qu’une  simple 
hypothèse.  Cette  manière  d’interroger  la  nature  pour 
la  solution  de  ce  problème  m’a  paru  la  plus  conve- 
nable. 


( 7 ) 

Je  me  suis  donc  dil , si  l’on  acidulé  l’eau  avec 
l’acide  carbonique;  si  l’on  remplit  avec  elle  un  flacon 
fermé  avec  un  bouchon  usé  à l’émeri  jusques  à une 
certaine  hauteur  ; si  le  reste  de  la  capacité  du  flacon 
est  remplie  avec  l’air  commun;  si  le  flacon  bien 
fermé  est  tenu  renversé  sur  son  col  dans  un  petit 
vase  d’eau  ; alors  si  l’acide  carbonique  est  décomposé, 
et  si  son  oxygène  reste  libre  , il  sei’a  évident  que  l’aii' 
du  flacon  devra  être  devenu  meilleur. 

Expérience  I. 

Je  préparai  dans  ce  but  l’acide  carbonique  avec 
le  spath  calcaire  cristallisé  et  Iransparent  ; je  le 
relirai  par  le  moyen  de  l'acide  nitrique;  j’en  açidulai 
l’eau  de  mon  puits,  et  j’en  remplis  deux  flacons  bien 
fermés  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri. 

Je  décrirai  ces  flaçons  parce  que  je  les  emploirai 
toujours  dans  ces  expériences;  ils  contcnoienl  118,90 
centimètres  cubes,  ou  6 pouces  cubes  d’eau  chargée 
d’acide  carbonique. 

Je  les  remplis  avec  118,90  centimètres  cubes,  ou 
6 pouces  cubes  d’eau  chargée  de  gaz  acide  carboni- 
nique  , et  j’y  introduisis  sous  l’eau  5g, 45  centimètres 
cubes , ou  3 pouces  cubes  d’air  commun  qui  étoient 
la  mesure  précise  dè  l’eudiomètre  inventé  par  Mr. 
Gioberl  dont  je  me  servis  alors  et  que  j'ai  toujours 
employé. 

Je  bouchai  ces  deux  flacons  avec  soin  , je  les  lins 
ensuite  sur  leurs  cols  renversés  dans  un  vase  plein 
d’eau. 

Je  ne  parlerai  plus  de  ces  manipulations,  que  j'ai 
observées  dans  toutes  les  autres  expériences. 


( 8 ) 

Je  laissai  ces  deux  flacons  de  celte  manière  à une 
température  de  i5°;  je  la  détermine,  parce  qu’elle 
n est  point  indifférente  dans  ce  genre  d’expériences. 

Au  bout  de  l4  h ares  , je  .trouvai  que  l’air  com- 
mun s’étuit  chargé  de  160  ^d’acide  carbonique , et 
qu'il  .étoi.t  resté  sans  aucune  altération  (i ). 

Cette  expérience  fait  donc  connoîlre  que  l’eau 
chargée  d’acide  carbonique  ne  le  décompose  pas, 
mais  qu’elle  l’abandonne  à l’air  atmosphérique  dans 
son  état  naturel. 

J’avois  ouvert  l’un  de  ces  flacons  au  bout  de  10 

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heures  ',  et  je  remarquai  par  l’essai  que  je  fis  de  l’air, 
qu’il  s’échappa  hors  de  l’eau  plus  d’acide  carbonique 
dans  dés  premières  heures  qtie  dans  les  suivantes. 

Enfin  j’ai  vu  qu’après  avoir  enlevé  fiacide  carbo- 
nique mêlé  avec  l’air  fcomimm.  celui-ci  étoil  rigou- 
reusement resté  le  meme  ,i  soit  pour  la  quantité  , soit 
pour  la  ptWdl'é. 

Expérience  IL 

Il  paroissoit  clair  que  l’eau  acidulée  des  deux 
flacons  devoil  avoir  perdu  de  :son  acidité  en  raison 
de  l’acide  carbonique  qu’elle  avoit  perdu  , et  je  m'en 
assurai  par  le  goût  et  par  soir  mélange  avec  l’eau  de 
chaux. 

Expérience'  III. 

Mais  celle  eau  qui  a été,  eu  partie  privée  de  soi) 
acide  carbonique  continuera-t-elle  à produire  ce  gaz, 
eu  la  soumettant  à la.  même  expérience  avec  l’air 
commun,?.,  H 

(i)  Note  de  l’Editeur.  Un  degré  représente  la  centième  partie 
rie  la  mesuré  de  l’cudioniètre  , ici  donc  nu  degré  est  la  centième 
partie  de  3 pouces  cultes. 


( 9 ) 

Il  me  semble  que  je  ne  devois  pas  négliger  celte 
expérience.  Il  s’échappa  du  nouvel  acide  carbonique 
hors  de  cette  eau  , pour  entrer  dans  l’air  commun 
enfermé  avec  elle  ; mais  la  quantité  en  fui  plus  petite 
que  dans  la  précédente  expérience  , comme  on  peut 
aisément  le  prévoir. 

Expérience  IV . 

Que  seroit  - il  arrivé,  en  faisant  usage  de  l’eau 
commune  dans  ces  expériences  ? On  sait  bien  que 
l’eau  en  contact  avec  l’air  de  l’expérience  contient 
plus  ou  moins  d’acide  carbonique,  quoiqu’elle  ne 
nous  paroisse  point  acidulée.  L’eau  de  chaux  en 
fournit  la  preuve.  Telle  est , par  exemple  , l'eau  de 
mon  puits,  dont  je  me  suis  toujours  servi  dans  mes 
expériences  •,  mais  le  résultat  ne  correspondit  point 
à ceux  des  expériences  précédentes,  quoique  celte 
eau  fût  restée  long-temps  dans  les  llacons  avec  l’air 
commun.  J’éprouvai  le  même  ellèt  avec  l’eau  de 
mon  appareil  prieunialo-chimique  \ quoiqu’elle  con- 
tînt une  plus  grande  quantité  d’acide  carbonique , il 
ne  s’en  répandit  point  dans  l’air  renfermé  avec  ces 
eaux  dans  mes  flacons. 

Expérience  V. 

Il  me  vint  alors  dans  l’esprit  d’aciduler  par  degré 
avec  l’acide  carbonique  une  masse  d’eau  de  puits. 
J’employai  pour  cela  un  luhe  cylindrique  de  5,i5 
décimètres  , ou  de  19  pouces  de  hauteur  , contenant 
654, j3  centimètres  cubes , ou  32  pouces  cubes  que 
je  remplis  de  celle  eau. 

Je  vis  alors  qu’en  introduisant  dans  celte  eau,  eu 
lui  faisant  absorber  un  cinquantième  environ  de  son 


( io  ) 

volume  d’acide  carbonique,  et  en  la  soumettant  aux 
expériences  précédentes,  elle  ne  laissoil  point  encore 
échapper  d’acide  carbonique  dans  l’air  qui  reposoit 
sur  elle}  j’eus  toujours  les  mêmes  résultats , en  aug- 
mentant graduellement  la  quantité  de  l’acide  carbo- 
nique , jusqu’à  ce  qu’il  y en  eût  un  volume  égal  à 
la  trente-sixième  partie  du  volume  de  l’eau } alors 
la  quantité  de  l’acide  carbonique  qui  s’échappoit 
dans  l’air  commun  renfermé  avec  elle  fut  propor- 
tionnelle au  volume  d’acide. carbonique  qu’elle  avoit 
absorbé  ; ensorte  qu’elle  croissoit  avec  la  quantité  de 
l'acide  carbonique  que  l'éau  contenoit , et  celle  eau 
en  fournit  le  plus  , quand  elle  en  fut  saturée. 

Expérience  VT. 

J’ai  dit  en  racontant  la  première  expérience,  qu’il 
n’étoit  pas  indifférent  de  considérer  la  température  , 
en  faisant  ces  expériences  ; j’entends  par  là  le  degré 
de  la  chaleur  de  l’air  où  on  les  fait. 

J’entrepris  ces  expériences  dans  le  mois  d avril  , 
et  je  les  ai  suivies  dans  le  mois  de  mai  ; je  m’aperçus 
donc,  que  dans  des  circonstances  semblables , la  pro- 
duction de  l’acide  carbonique  hors  de  l’eau  éloil  diffé- 
rente , et  qu’elle  croissoit  d’autant  plus,  que  la  tem- 
pérature éloil  plus  haute. 

Au  commencement  de  mes  expériences  le  ther- 
momètre éloil  à 1 1°}  vers  le  milieu  de  mai  il  éloil  à 
i6°.  Il  me  vint  alors  dans  l’esprit  d’augmenter  celte 
chaleur  en  exposant  les  flacons  au  soleil  , parce  que 
je  n’avois  encore  fait  mes  expériences  qu’à  l’ombre  ; 
mais  il  me  falloit  un  terme  de  comparaison. 

J’acidulai  l’eau  de  mon  puits  avec  l’acide  carbo- 


( 11  ) 

nique  , mais  je  ne  i’en  saturai  pas  ; je  remplis  avec 
celle  eau  acidulée  trois  flacons , de  manière  qu’elle 
occupai  la  moitié  de  la  capacité  de  chacun  d’eux  , 
et  que  l’autre  moitié  y fût  de  l’air  commun.  J’ex- 
posai un  de  ces  flacons  au  soleil  pendant  six  heures, 
j’en  tins  un  autre  au  soleil  pendant  le  même  temps , 
en  le  couvrant  avec  un  carton  , afin  qu’il  eût  la 
chaleur  de  cet  astre  sans  sa  lumière  : le  troisième 
resta  à l’ombre.  Au  bout  de  ces  six  heures  , je  fis 
l’examen  de  l’air  des  trois  flacons. 

L’air  du  flacon  tenu  an  soleil  et  qui  avoil  reçu 
sa  lumière  conlenoit  270  d’acide  carbonique. 

L’air  du  flacon  qui  avoit  été  tenu  au  soleil  cou- 
vert d'un  carton  en  avoit  pris  210. 

L’air  du  flacon  qui  avoit  été  à l’ombre  n’avoit 
reçu  que  1 5°  de  ce  gaz. 

Il  est  donc  prouvé  , que  l’élévation  de  la  tempé- 
rature influe  sur  le  développement  de  l’acide  carbo- 
nique hors  de  l’eau  , qui  en  a été  acidulée.  On  voit 
ensuite  , que  la  lumière  solaire  11e  semble  pas  influer 
sur  l’avancement  ou  le  retard  du  développement  de 
l’acide  carbonique  hors  de  l’eau  acidulée,  mais  seu- 
lement sur  sa  quantité  , puisque  le  flacon  couvert 
d’un  carton  étoil  non-seulement  mis  à l’abri  de  la 
lumière,  mais  qu’il  avoit  encore  éprouvé  une  chaleur 
moindre.  « 

On  a déjà  observé  , que  l’eau  chargée  d’acide 
carbonique  laisse  échapper  cet  acide , quand  011  la 
fait  bouillir,  ou  quand  on  l’expose  à une  tempéra- 
ture de  8o°  ; mais  il  me  semble  que  mes  expériences 
boni  d’un  nouveau  genre  $ puisque  j’ai  vu  les  eaux 


( 12  ) 

acidulées  perdre  leur  acide  carbonique  à une  tempé- 
rature beaucoup  plus  basse  , et  puisque  l’expérience 
que  je  viens  de  rapporter  en  a fourni  à la  tempéra- 
ture de  i iu.  J’ai  même  vu  celle  eau  acidulée  donner 
l’acide  carbonique  à une  température  qui  s’appro- 
choit  de  o°. 

Expérience  VII. 

Puisque  l’eau  acidulée  par  l’acide  carbonique  perd 
l’acide  qu’elle  contenoit  et  le  répand  dans  l'air  qui 
est  en  contact  avec  elle  ; puisqu’elle  se  désacidule  de 
celle  manière,  il  paroi Lroil  naturel  d’imaginer  d’après 
l’expérience  II,  que  celte  portion  d’acide  carbonique 
qu’elle  a perdue  et  qui  reste  mêlée  dans  l’air  commun 
avec  lequel  elle  éloit  renfermée  dans  les  flacons,  peut 
être  reprise  par  l’eau  qu’on  agileroit  avec  lui  ; on 
sait  au  moins  que  l’agitation  de  l’eau  avec  l’acide 
carbonique  favorise  cet  effet.  Pour  en  avoir  la  cer- 
titude avec  la  plus  grande  précision  , je  pi'is  quatre 
flacons  de  la  même  forme  et  de  la  même  capacité 
remplis  à moitié  d’eau  acidulée  et  le  reste  d’air 
commun. 

Après  9 heures  de  la  réunion  de  ces  deux  subs- 
tances dans  cos  (laçons  , j’examinai  l’air  d’un  de  ces 
flacons,  et  j’y  trouvai  i4°  d’acide  carbonique; 
j’agitai  tout  de  suite  fortement  pendant  quelques 
minutes  l’air  d’un  di^ces  flacons  dans  l’appareil  hy- 
dro-pneumatique, et  je  fis  l’essai  de  cel  air;  je  trouvai 
les  i4u  d’acide  Carbonique. 

Je  laissai  ensuite  s’écouler  onze  autres  heures  , et 
je  pris  le  troisième  flacon;  j’en  examinai  l’air,  et 
j’y  trouvai  21"  d’acide  carbonique,  ce  qui  confirme 


ce  que  j’avois  dit  en  racontant  l’expérience  I,  que 
le  plus  grand  développement  de  l’acide  carbonique 
contenu  dans  les  eaux  acidulées  se  fait  dans  les  pre- 
mières heures,  depuis  le  moment  où  ces  eaux  ont 
été  renfermées  dans  les  flacons. 

Alors  j’agitai  le  quatrième  flacon  plus  long-temps 
et  plus  vivement  que  le  second  ; j’en  essayai  l’air  et 
j’y  trouvai  20°  \ d’acide  carbonique.  La  différence 
n’étoit  donc  que  d’un  demi-degré;  cependant  elle 
fait  naître  un  doute;  cette  diminution  d’un  demi- 
degré  doit-elle  être  attribuée  à l’absorption  de  l’eau 
agitée , comme  cela  pou  voit  être  arrivé  , ou  cette 
eau  n’a  voit- elle  donné  à l’air  que  20°  5 d’acide  car- 
bonique ? 

Quoiqu’il  en  fut , je  devois  toujours  conclure  avec 
raison,  que  l’eau  acidulée  renfermée  dans  des  vases 
clos  refuse  de  prendre  l’acide  carbonique  qui  en  a 
été  chassé , quoique  l’on  emploie  le  moyen  le  plus 
propre  pour  l’en  charger. 

Expérience  VTII. 

Ce  refus  de  l’eau  pour  reprendre  l’acide  carbo- 
nique qu’elle  a perdu  11e  dure  pourtant , que  pen- 
dant quelques  jours , au  moins  quand  celte  eau  a 
été  en  grande  partie  dépouillée  de  son  acide  carbo- 
nique , elle  le  reprend  alors  sans  la  moindre  agitation, 
en  voici  la  preuve. 

Je  pris  quatre  flacons  du  même  diamètre  et  de  la 
même  forme  que  les  précédera,  j’en  remplis  les  deux 
tiers  avec  l’eau  acidulée  par  l’acide  carbonique , et 
l’autre  tiers  éloit  l’air  commun  qui  nageoit  sur  elle, 
je  les  fermai  avec  soin , et  j’en  examinai  l’air  de 
temps  en  temps. 


C 14  ) 

Au  bout  de  5 heures  i l’air  du  premier  flacon 
contenoit  20°  d’acide  carbonique  ; au  bout  de  32 
heures  l’air  du  second  flacon  en  contenoit  33°  : au 
bout  de  58  heures  l’air  du  troisième  flacon  n’en 
contenoit  plus  que  24°,  et  seulement  160  au  bout 
de  96  heures. 

On  est  donc  forcé  de  conclure , que  lorsque  l’eau 
acidulée  par  l'acide  carbonique  s’est  dépouillée  à un 
certain  point  de  son  acide  carbonique,  elle  com- 
mence  à le  reprendre.  Ce  fait  n’est  pourtant  pas 
toujours  constant;  il  m’est  souvent  arrivé,  qu’au 
bout  de  plusieurs  jours  , je  ne  me  suis  aperçu  d’au- 
cune diminution  de  l’acide  carbonique  entré  dans 
l’air  superposé  à l’eau  acidulée;  mais  c’est  un  fait 
qui  ne  varie  jamais , l’eau  acidulée  par  l’acide  car- 
bonique exposée  à l’air  libre  y perd  une  partie  de 
son  acide  cai’bonique,  et  si  on  la  met  de  nouveau 
en  contact  avec  lui,  elle  le  reprend  proportionnelle- 
ment à la  perte  plus  ou  moins  grande  qu’elle  en 
a faite. 

Expérience  IX. 

J’avois  sur  ma  table  , ou  j’ai  coutume  de  faire 
mes  expériences  , quelques  flacons  avec  le  col  relevé 
en  haut  ; ils  n’étoicnt  pas  parfaitement  fermés,  et  ils 
étoient  en  partie  remplis  d’eau  chargée  d’acide  car- 
bonique , je  jetai  par  hasard  les  yeux  sur  ces  flacons, 
et  je  vis  à la  surface  de  l’eau  de  petites  bulles  écu- 
meuses  qui  s’échappoient  avec  un  léger  sifflement , 
au  travers  du  col  du  flacon  et  de  son  bouchon.  Ce 
phénomène  fixa  mon  attention  , je  remarquai  qu’il 
n’étoit  pus  constant , mais  qu’il  se  renouvelait  par 


( i5  ) 

intervalles.  Je  pensai  qu’il  étoit  produit  par  l’acide 
carbonique  qui  se  dégageoit  de  l’eau  acidulée  avec 
lui  ; comme  il  est  plus  léger  que  l’eau  , elle  le  pous- 
soit  en  haut,  et  le  forçoit  à s’échapper  hors  du  flacon 
en  forme  de  petites  bulles  au  travers  du  col  et  du 
bouchon  qui  n’étoit  pas  bien  serré,  comme  je  m’en 
aperçus  en  fermant  mieux  le  flacon  , et  en  mettant 
celui-ci  sous  l’eau;  aloi’s  je  l’ouvris  et  j’en  recueillis 
l’air  dans  mon  eudiomètre , je  trouvai  qu’il  conte- 
noit  8°  5 d’acide  carbonique. 

J’avois  encore  un  autre  flacon  sur  ma  table  de 
la  capacité  de  475,60  centimètres  cubes , ou  de  24 
pouces  cubes,  parfaitement  rempli  d’eau  acidulée 
par  l’acide  carbonique  jusques  à son  col,  mais  comme 
je  m’étois  servi  de  celle  eau,  il  n’y  en  avoit  plus  que 
79,26  centimètres  cubes  , ou  4 pouces  cubes  , le 
bouchon  fermoit  mal,  et  j’en  vis  sortir  quelques 
petites  bulles;  je  voulus  aussi  faire  l’essai  de  l’air 
qu’il  renfermoit , et  j’y  trouvai  5°  { d’acide  carbo- 
nique; [ce  qui  me  parut  remarquable,  puisque  le 
volume  de  l’air  étoit  de  596,53  centimètres  cubes, 
ou  de  20  pouces  cubes. 

Expérience  X. 

Je  pensai  alors  que  si  la  bouche  des  flacons  étoit 
foi  l étroite  , 1 eau  acidulée  par  l’acide  carbonique 
qu’ils  renfermeroient , produiroit  de  l’acide  carbo- 
nique en  assez  grande  quantité  pour  pouvoir  le 
recueillir  sans  les  fermer.  Je  cherchai  pourtant  à 
vérifier  cetle  conjecture  par  une  expérience. 

Je  pris  quatre  flacons  d’une  égale  capacité;  je  les 
remplis  à moitié  avec  une  eau  plus  que  modérément 


( 16  ) 

acidulée;  j’cn  fermai  deux  exactement,  et  je  laissai 
les  deux  autres  ouverts:  l’ouverture  de  leùrs  cols 
eLoil  de  9,02  millimètres,  ou  de  4 lignes;  la  tem- 
pérature éloit  de  1 70  ; voici  les  résultats. 

Au  bout  de  5 heures  l’air  d’un  des  flacon  fermés 
contenoit  i5°  | d’acide  carbonique;  il  y en  avoit 
1 b dans  ] autre  , mais  dans  les  flacons  ouverts  je  ne 
trouvai  dans  l’air  de  1 un  que  6°  i d’acide  carboni- 
que , et  dans  l’air  de  l’autre  7°. 

Ces  résultats  démontrent  donc  , que  lorsque  l’air 
commun  est  bien  renfermé  avec  l’eau  acidulée  par 
l'acide  carbonique  daus  les  flacons , celle  - ci  lui 
fournit  plus  ou  moins  d’acide  carbonique;  mais  que 
la  même  chose  arrive  dans  un  degré  moindre  lors- 
que l’air  des  vases  est  en  communication  directe  avec 
l’air  extérieur. 

Expérience  XI. 

Il  sembleroit  donc  qu’on  peut  déduire  par  une 
légitime  conséquence,  que  lorsque  l’ouverture  des 
vases  est  d’une  considérable  largeur,  ou  ne  pourroit 
recueillir  que  peu  ou  point  de  ce  gaz  , comme  je  l’ai 
observé  dans  des  vases  cylindriques;  après  y avoir 
laissé  l’eau  acidulée  par  l’acide  carbonique  pendant 
quelques  heures  , et  en  avoir  alors  fermé  l’ouverture 
avec  un  bouchon  scellé  par  la  cire  , de  manière  que 
l’air  des  vases  fut  forcé  d’y  rester  , et  d’y  reposer  sur 
l’eau  acidulée;  en  examinant  cet  air , au  bout  de 
quelque  temps  j’y  trouvai  tout  au  plus  un  degré 
ou  deux  d'acide  carbonique. 

Expérience  XII 

Mais  peut-être,  dira-t-on , que  la  pesanteur 

spécifique 


( 17  ) 

spécifique  de  l’acide  carbonique  étant  plus  grande  que 
celle  de  l'air  commun,  il  devroit  rester  dans  la  partie 
inférieure  des  vases  , où  on  les  renferme,  et  que  lors- 
qu’on ouvre  ces  vases  on  y trouve  l’acide  carboni- 
que et  l’air  dans  cette  position  ? Je  remarquerai,  que 
lorsque  ce  gaz  se  dégage  successivement  de  l’eau  qu’il 
acid i iloit,  il  doit  chasser  peu  à peu  l’air  commun 
reposant  sur  celle  eau  ; alors  celui-ci  étant  remplacé 
par  un  air  nouveau  , il  sera  à son  tour  chassé  de 
même  en  tout  ou  en  partie  , suivant  la  grandeur  de 
l'ouverture  du  flacon.  Cette  réflexion  me  paroît 
appuyée  par  l’expérience  suivante. 

Je  pris  trois  flacons  dont  le  diamètre  éloit  de  21 
lignes  et  l’ouverture  du  col  de  4,o5  centimètres,  ou 
de  16  ligues  ; j’en  remplis  les  deux  tiers  d’acide  car- 
bonique et  le  reste  d’air  commun.  Après  cela  , je  les 
fermai,  et  je  les  laissai  pendant  un  quart  d’heure  sur 
ma  table , de  manière  que  le  gaz  put  se  placer  sous 
l’air  commun  ; je  les  débouchai , et  quelques  instans 
après  j’y  introduisis  un  lumignon  allumé  jusques  au 
tiers  de  la  profondeur;  la  flamme  s’y  conserva  claire; 
mais  elle  s’éteignit  quand  je  voulus  l’enfoncer  da- 
vantage. Je  répétai  l’opération  au  bout  de  7 minutes; 
j’enfonçai  davantage  le  lumignon  enflammé  , la 
flamme  y devint  obscure  sans  s’éteindre;  au  bout  de 
6 autres  minutes,  elle  arriva  jusques  au  fond  du 
. vase  et  y conserva  son  éclat  comme  il  éloit  dans  l’air 
libre. 

Il  est  donc  évident  que  lout  l’acide  carbonique 
éloit  sorti  du  flacon;  je  confirmai  cette  conclusion  en 
introduisant  l’air  du  flacon  dans  un  eudiomèlre  au 
Tome  5.  JS 


A 

( 18  ) 

travers  de  l'eau  de  chaux,  où  cet  air  ne  perdit  qu’un 
degré,  comme  il  arrive  le  plus  souvent,  quand  on 
essaie  de  cette  manière  l’air  commun. 

Les  résultats  de  ces  expériences  démontrent  l’im- 
probabilité de  la  conjecture  de  quelques  physiciens  et 
chimistes,  qui  ont  prétendu  que  l’eau  avoil  le  pour 
voir  de  décomposer  l’acide  carbonique  contenu  dans 
l’atmosphère  en  l’absorbant,  et  de  dégager  son  oxy- 
gène , de  manière  qu’il  reste  libre  et  se  restitue  à 
l’atmosphère  qui  l’avoit  perdu,  après  s’èlre  combiné 
de  nouveau  avec  le  calorique.  Il  paroîl  au  moins 
que  les  eaux  douces  du  globe , quand  elles  ont  ab- 
sorbé une  certaine  quantité  d’acide  carbonique , le 
rendent  à l’atmosphère  , comme  elles  l’ont  pris  : on 
a pu  déjà  le  remarquer  , quand  les  eaux  douces  ont 
absorbé  la  trente-sixième  partie  de  leur  volume  de 
cet  acide.  Expér.  V.  Cette  expérience  a été  faite  à 
l’ombre  -,  mais  j’ai  montré  aussi  que  la  lumière  solaire 
favorisoit  la  sortie  de  l’acide  carbonique  hors  des 
eaux  qui  en  contenoient.  Expér.  TI. 

Je  n’hésiterai  pas  à croire  que  l’eau  acidulée  par 
l’acide  carbonique  dans  une  quantité  beaucoup  plus 
petite  que  la  trente-sixième  partie  de  son  volume 
donneroit  de  l’acide  carbonique  , lorsqu’elle  seroil 
exposée  au  soleil. 

Expérience  XIII. 

Il  me  restoit  à faire  des  expériences  sur  les  eaux 
salées  de  la  mer;  celte  recherche  irritoit  d'autant 
plus  ma  curiosité,  que  toutes  les  eaux  douces  ne  for- 
ment qu’un  petit  objet  en  comparaison  de  celles  qui 
remplissent  les  mers  ; j’élois  alors  malheureusement 


, ( 19  ) 

très-éloigné  des  côtes  de  la  mer , et  je  n’avois  pas  des 
moyens  pour  m’en  procurer  l’eau. 

J’eus  recours  à l’expédient  de  dissoudre  le  muriate 
de  soude  dans  l'eau  de  mon  puits,  et  de  l’aciduler 
ensuite  avec  l’acide  carbonique. 

Je  commençai  donc  à dissoudre  une  petite  quan- 
tité de  ce  muriate  \ le  llacon  que  j’employai  à cette 
expérience avoil  2i4  centimètres  cubes,  ou  7 pouces 
cubes  de  capacité  ; j'y  mis  1 52,85  centimètres  cubes, 
ou  5 pouces  cubes  d’eau  légèrement  salée  et  aci- 
dulée par  l’acide  carbonique,  avec  6i,i4  centi- 
mètres cubes  ou  2 pouces  cubes  d’air  commun  qui 
la  recouvroil,  je  le  fermai  avec  soin,  et  je  le  laissai 
pendant  9 heures  à la  température  de  17°. 

Je  fis  ensuite  l’essai  de  l’air  commun,  où  je  trouvai 
270  d’acide  carbonique. 

Expérience  X/F. 

Je  répétai  celte  expérience  avec  les  mêmes  cir- 
constances, seulement  l’eau  éloit  plus  salée. 

Je  trouvai  cependant  52°  d’acide  carbonique  dans 
l’air  commun,  peut-être  la  température  fut-elle  un 
peu  plus  haute  que  dans  ¥ Expérience  XIII, 
Expérience  XE. 

Je  mis  fin  à celle  recherche  en  dissolvant  dans 
l’eau  une  quantité  plus  grande  de  muriate  de  soude. 
Le  résultat  fut  encore  le  même  , après  1 1 heures  du 
contact  de  l’air  commun. avec  celte  dissolution  du 
muriate  de  soude,  je  trouvai  l’air  chargé  de 
d’acide  carbonique. 

Expérience  XI  I. 

Je  vis  encore  qu’en  exposant  l’appareil  au  soleil 


( 20  ) 

avec  celte  eau  forlement  salée  et  acidulée  par  l’acide 
carbonique , il  y eut  encore  dans  l’air  commun  qui 
la  recouvroit  une  quantité  plus  grande  d’acide  car- 
bonique. 

Je  remarquai  dans  la  première  expérience , que 
si  l’eau  acidulée  par  l’acide  carbonique  fournit  de 
l’acide  carbonique  à l’air  qui  la  recouvre;  cepen- 
dant quand  on  a ôté  à l’air  cet  acide  carbonique,  il 
reste  sans  aucune  altération  quelconque  ; il  est  tou- 
jours tel  qu’il  a été  introduit  dans  le  flacon  avec  les 
proportions  des  gaz  oxygène  et  azote,  qu’il  a com- 
munément. J’ai  toujours  observé  cette  permanence 
de  l’air  dans  toutes  ces  expériences  , non-seulement 
avec  les  eaux  douces  acidulées  par  l’acide  carboni- 
que , mais  encore  avec  les  eaux  salées  acidulées  de 
même. 

Il  faut  donc  conclure  que  si  les  eaux  stagnantes 
et  courantes  sur  la  surface  de  la  terre  considérées 
dans  leur  immense  étendue  absorbent  l’acide  carbo- 
nique qui  vicie  l’air  atmosphérique  , elles  doivent  lui 
rendre  d’abord  le  même  gaz  ; de  sorte  qu’il  y auroit 
une  continuelle  circulation  du  gaz  acide  carbonique 
de  l’atmosphère  dans  les  eaux  et  de  ces  eaux  dans 
l’atmosphère.  Rien  donc  ne  montreroit  ici  la  source 
du  gaz  oxygène  trouvé  dans  les  eaux  douces,  et  il 
paroîtroit  absorbé  par  elle  dans  l’atmosphère , 
comme  je  l’ai  fait  voir  dans  mon  Chemico  esame 
dïegli  esperimenti  del  signor  Gottling. 


( 2t  ) 

MÉMOIRE  II. 

Résultats  généraux  sur  la  quantité  de  l’air  que 
les  plantes  renfermées  dans  Pair  commun  et 
dans  Veau  peuvent  fournir  (i). 

Un  moyen  plus  puissant  que  celui  dont  je  viens 
de  parler  dans  le  mémoire  précédent  pour  rendre  à 
l’atmosphère  la  portion  de  gaz  oxygène  détruit  par 
la  combinaison  de  sa  base  avec  le  carbone , et  par 
conséquent  pour  le  reproduire  de  nouveau , semble 
se  trouver  dans  les  végétaux  , ce  moyen  paroît  d’a- 
bord devoir  être  plus  efficace , parce  qu’il  est  appuyé 
sur  une  série  de  faits  innombrables. 

Les  premières  traces  de  cette  découverte  lumi- 
neuse et  intéressante  ont  été  aperçues  par  Priestley, 
et  c’est  en  les  suivant  que  ce  sont  illustrés  deux  ex- 
celleras physiciens,  Ingenhouz  etSenebier,  par  deux 
ouvrages  célèbres  qui  ne  seront  jamais  oubliés. 

Quand  le  génie  créateur  du  physicien  anglois  eut 
trouvé , que  quelques  plantes  purifioient  l’air  eu  y 
versant  du  gaz  oxygène,  les  deux  autres  physiciens 
étendirent  et  développèrent  cette  belle  découverte 
par  un  nombre  prodigieux  d’expériences  faites  sur 

une  foule  de  plantes  avec  cette  sagacité,  cette  cons- 

. l__ 

(i)  Note  de  T Editeur.  Ce  mémoire  étoil  sans  Joule  l’intro- 
duction à ceux  que  Spallanzani  Jevoil  donner  sur  l’action  que 
les  plantes  exercent  sur  t’air  ; j’ai  encore  traduit  littéralement 
tout  ce  que  j’en  ai  trouvé  dans  les  papiers  de  ce  naturaliste  iinmorl et 
qui  m’ont  été  confiés. 


( 22  ) 

tance  , et  cette  finesse  de  discernement,  qui  caracté- 
risent les  grands  observateurs  de  la  nature. 

Chacun  connoît  la  méthode  d’Ingenhouz  et  de 
Senebier  pour  faire  leurs  expériences  ; elle  consiste 
à renfermer  dans  des  vases  de  verre  pleins  d’eau , les 
rameaux  verts,  ou  les  feuilles  des  plantes,  et  à les 
exposer  ainsi  à la  vive  lumière  du  soleil.  Ils  pou  voient 
voir  par  ce  procédé  les  végétaux  verser  dans  l’eau 
comme  une  pluie  de  bulles  aéri formes,  qui  se  rassem- 
bloient  au  sommet  des  vases  pleins  d’eau  et  renversés 
sur  leur  ouverture  dans  ce  iluide  , alors  en  exami- 
nant chimiquement  ce  gaz,  ils  ont  pu  le  connoître 
et  voir  par  conséquent  s’il  était  plus  ou  moins  pur 
que  l’air  commun. 

Il  n’est  plus  question  de  mettre  en  doute  la  vé- 
racité de  ces  expériences  faites  par  des  hommes 
exercés  dans  l’art  peu  commun  d’étudier  les  opéra- 
tions de  la  nature;  d’ailleurs  l’accord  remarquable 
qu'il  y a entr’eux  dans  les  principaux  résultats  de 
ces  expériences  faites  par  eux  dans  des  lieux  el  des 
temps  différens  , quelquefois  même  par  des  procédés 
particuliers,  offrent  les  preuves  les  plus  convain- 
cantes d’une  vérité  physique. 

Quant  à moi  je  dois  applaudir  à leurs  travaux, 
puisque  j’ai  répété  leurs  expérience;  avec  le  plus 
heureux  succès.  Je  fus  engagé  dans  ce  travail  par 
une  circonstance  sans  laquelle  je  n’aurai  jamais  pensé 
à l’entreprendre. 

Il  y a deux  ans  , que  dans  ces  momens  de  loisir, 
qui  me  permettent  de  me  dérober’  à mes  occupations 
publiques,  je  m’ocoupois  plus  particuliérement  île 


( 25  ) 

la  respiration  des  animaux  dans  leurs  différentes 
familles  , en  commençant  par  celle  des  vers,  eL  en 
procédant  au  travers  des  autres  familles  jusques  aux 
mammifères , et  par  conséquent  j usques  à 1 homme  ; 
alors  ayant  trouvé  que  l’altération  de  l’air  atmos- 
phérique par  cette  masse  immense  d’êtres  vivans 
étoit  beaucoup  plus  grande  , qu’on  ne  l’avoit  géné- 
ralement crue,  et  j’espère  l’avoir  démontré;  je  pensai 
aux  moyens  cpxe  les  physiciens  avoient  imaginés  , 
pour  conserver  à l’atmosphère  la  pureté  qu’elle  a 
ordinairement  ; mais  comme  je  m’étois  aperçu  que 
les  eaux  du  globe  rie  pouvoient  remplir  ce  but  , je 
tournai  mes  regards  sur  les  plantes,  en  les  exposant 
au  soleil  dans  l’eau  avec  les  précautions  indiquées 
par  Senebier  et  Ingenhouz,  qui  me  servirent  de 
guides. 

Je  soumis  donc  à des  expériences  quelques-unes 
des  plantes  que  ces  physiciens  avoient  employées , 
avec  quelques  auti’es  dont  ils  ne  s’éloient  pas  servi , 
et  mes  résultats  furent  toujours  semblables  aux  leurs. 
Je  vis  alors  avec  étonnement  la  prodigieuse  abon- 
dance du  gaz  oxygène  qui  s’échappoil  de  ces  plantes, 
et  quoiqu’il  ne  soit  pas  toujours  de  la  qualité  la  plus 
parfaite , cependant  il  est  toujours  au  moins  de  quel* 
ques  degrés  plus  pur  que  l’air  de  l’atmosphère. 

Cependant  comme  c’est  ma  coutume  en  répétant 
les  expériences  et  les  observations  des  autres  physi- 
ciens de  les  varier  , et  même  d’employer  quelquefois 
des  méthodes  nouvelles  , qui  m’ont  paru  produire 
des  changemens  propres  à confirmer  les  vérités  dé- 
couvertes, ou  à en  dévoiler  d’autres;  je  pensai  à 


( 24  ) 

emprisonner  les  plantes  dans  1 air  commun  , en  les 
exposant  au  soleil,  comme  j’a vois  fait  en  lis  y pla- 
çant au  milieu  de  l’eau. 


Ingenliouz  avoit  excité  ma  curiosité,  en  affirmant 
que  les  plantes  évaporoienl  une  quantité  infiniment 
plus  grande  de  gaz  oxygène  dans  un  jour  serein  à 
l’air  libre  ; que  celle  que  nous  leur  voyons  répandre, 
quand  eiles  sont  couvertes  d eau.  Expéne/ices  sur 
les  végétaux  , Tom . II , p,  80.  Eu  effet  la  condi- 


tion de  l’air  pour  les  plantes  terrestres  est  celle  qui 
leur  a été  destinée  parla  nature,  pour  végéter, 
croître  et  se  multiplier  dans  son  sein  ; au  lieu  que 
leur  état  dans  1 eau  est  pour  elle  un  état  contre  na- 
lure  , et  elles  ne  sauroient  y rester  long- temps  sans 
langueur  , sans  souffrance  et  sans  dépérissement. 

Je  me  disois  donc  : si  Ingenliouz  , ce  célèbre  phy- 
sicien , a préféré  l’eau  à l’air  dans  ses  expériences, 
c’est  sans  doute  parce  qu’il  a pensé  que  l’on  ne  peut 
pas  voir  l’air  sans  ce  moyen,  cl  qu’il  éloit  difficile 
de  convaincre  autrement , que  les  plantes  répandent 
véritablement  ce  fluide,  à moins  de  les  envelopper 
d’eau  , de  les  exposer  ainsi  à la  lumière  vive 
du  soleil  , et  à surprendre  par  celte  ressource  la 
nature  dans  son  opération  -,  c'est  du  moins  de  ccLle 
manière  que  nous  voyons  clairement  l’air  sortir  hors 
de  la  surface  de  toutes  les  feuilles.  Ibid.  loin.  I. 

Je  réponds  cependant  que,  si  lorsqu’on  empri- 
sonne les  plantes  dans  l’air-,  il  est  vraiment  impos- 
sible de  voir  1 air  qui  est  alors  produit  ; cependant 
depuis  la  découverte  de  l’e.udio mètre  à phosphore, 
on  peut  estimer  avec,  exactitude  la  quantité  et  la 


( 25  ) 

qualité  de  l’air  produit  par  les  plantes  renfermées 
dans  l’air  sous  des  vases  clos  : ce  qui  est  pourtant  le 
but  principal , si  ce  n’est  pas  l’unique  de  cette  re- 
cherche. 

Je  crois  utile  d'indiquer  ici  la  méthode  que  j'ai 
pratiquée  , c’est  encore  celle  que  j’ai  toujours  suivie 
dans  toutes  mes  expériences  de  ce  genre  sur  la  res- 
piration. 

J’emploie  des  tubes  de  verre  blanc  cylindriques 
et  de  différons  calibres,  suivant  la  nature  des  expé- 
riences que  je  veux  faire;  ils  ont  2,71  décimètres, 
ou  dix  pouces  de  longueur  ; ils  sont  fermés  herméti- 
quement dans  la  partie  supérieure,  et  ouverts  dans 
Ja  partie  inférieure.  Chacun  de  ces  tubes  est  courbé 
de  manière  que  la  partie  la  plus  longue  soit  celle 
qui  plongera  verticalement  dans  l’eau,  et  que  celle 
qui  est  fermée  par  le  bout  ou  la  plus  courte  soit 
presque  horizontale.  J’introduis  dans  ce  tube,  et  sur- 
tout dans  la  partie  coudée  lorsqu’il  est  possible  , les 
plantes  ou  leurs  feuilles  que  je  veux  examiner  , en 
supposant  qu’elles  doivent  fournir  de  l’air;  ensuite 
je  remplis  le  tube  d’eau  ; je  le  place  sur  l’appareil 
hydro-pneumatique  ; j’y  fais  entrer  une  mesure 
connue  d’air  commun  qui  chasse  l’eau  de  la  partie 
horizontale  et  y laisse  toute  Ja  plante  , ou  ses  parties 
environnées  d’air.  Je  prends  celte  mesure  pour  mes 
eudiomèt i’es , par  exemple,  pour  un  de  ceux  ou 
59,60  centimètres  cubes,  ou  deux  pouces  cubes  d’air 
sont  divisés  en  100  parties.  J’en  ai  fait  faire  de  di- 
verses capacités  . parce  que  la  variété  de  mes  expé- 
riences exigeoit  celle  variété  dans  les  volumes  de 
1 air  que  je  voulois  employer. 


( sB  ) 

Quand  le  tube  est  ainsi  préparé  et  plongé  paf 
sa  partie  inférieure  dans  un  petit  rase  plein  d’eau, 
je  l’expose  alors  aux  rayons  immédiats  du  soleil , et 
je  le  laisse  là  à ma  volonté. 

Ensuite  je  rends  l’air  que  contient  le  tube  à son 
eudiomètre  correspondant  par  sa  capacité  , et  j’ob- 
serve le  nombre  de  degrés  qu’il  y en  a relativement 
au  zéro,  qui  marquoit  précisément  la  quantité  d’air 
introduite  dans  le  tube. 

Mes  eudiomètres  sont  construits  comme  les  ther- 
momètres de  Réaumur , où  l’on  voit  une  échelle, 
qui  montre  non-seulement  les  degrés  au-dessus  du 
zéro  , mais  encore  ceux  qui  sont  au-dessous;  ainsi  le 
nombre  des  degrés  occupés  par  l’air  au-dessous  de 
zéro  seront  la  mesure  de  l’air  produit  par  la  plante 
quand  il  n’y  en  aura  point  eu  d’absorbé  par  elle. 

On  sait  que  la  mesure  de  la  quantité  du  gaz  oxy- 
gène contenu  dans  l’air  commun  marquée  sur  cet 
instrument  est.  de.  20° , ou  environ , et  par  consé- 
quent que  celle  du  gaz  azote  est  de  8o°;  en  faisant 
abstraction  du  gaz  acide  carbonique  , qui  y est  tou- 
jours en  très-petite  quantité. 

Connoissant  ainsi  l’augmentation  produite  dans 
l’air  commun  par  son  mélange  avec  celui  qui  est 
sorti  de  la  plante  , je  procède  à son  examen;  j’allume 
le  phosphore  , cl  quand  la  combustion  est  finie  , 
j’observe  la  hauteur  à laquelle  s’élève  l’eau  dans 
l'eudiomètre  ; cette  hauteur  exprimera  les  degrés  du 
gaz  oxygène,  et  le  surplus  des  ao°  fait  connoîlre  la 
quantité  de  la  pureté  de  l’air  fourni  par  la  plante 
relativement  à celle  de  l’air  commun. 


( 27  ) 

11  y avoit  une  circonstance  essenlielle  au  succès  de 
ce  nouveau  genre  d’expériences.  Quand  les  feuilles 
sont  exposées  dans  l’air  au  soleil  sous  des  vases  elos> 
elles  courent  le  risque  d’y  souffrir,  ce  qui  ne  leur 
arrive  pas  quand  elles  sont  sous  l’eau  , parce  que  la 
température  sous  les  vases  clos  est  un  peu  plus  haute 
qu'à  l’air  libre.  J’ai  vu  qu’en  suspendant  un  ther- 
momètre dans  un  récipient  rempli  cl’air  , exposé  en 
plein  air  au  soleil  , et  plongeant  dans  l’eau  par  son 
ouverture,  ce  thermomètre  montoit.  à 6 on  n°  plus 
haut  qu’un  thermomètre  placé  à côté  de  l’appareil 
et  à l’air  libre. 

J’ai  supprimé  cet  inconvénient  en  faisant  ces 
expériences  pendant  l’hiver.  Pour  opérer  avec  encore 
plus  de  sûreté,  je  faisois  plonger  les  pétioles  des 
feuilles  mises  en  expériences  dans  l’eau  , par  ce 
moyen  les  plantes  se  conservoienl  très-vertes.  Ensuite 
au  printemps,  quand  la  chaleur  augmenta,  j’em- 
ployai des  plantes  grasses  fort  charnues,  qui  vivent 
clans  les  climats  les  plus  chauds,  et  qui  ont  besoin 
d’une  serre  échaudée  ppur  prolonger  Icmr  exis- 
tence dans  nos  pays.  Telles  sont  diverses  espèces 
de  cactus  et.  d’alo'ês,  que  je  prenois  dans  le  jardin 
botanique  de  Pavie  , et  je  fis  plus  volontiers  des  ex- 
périences avec  elles  , parce  quelles  fournissent  unie 
grande  quantité  de  gaz  oxygène  très-pur. 

Ces  moyens  font  plaisir  , parce  qu’ils  semblent 
indiqués  parla  nature,,  et  qu’ils  peuvent  conduire  à 
la  vérité,  que  l’on  ne  peut  découvrir  que  par  de 
semblables  ressources , puisqu’il  n’y  a rien  d’isolé 
dans  l’ univers. 


t 


( 28  ) 

Pendant  que  je  faisois  ces  expériences  dans  l'air , 
je  les  faisois  aussi  dans  l’eau  avec  les  précautions 
dont  je  viens  de  parler.  Je  n’indiquerai  pas  ici  toutes 
les  espèces  de  plantes  dont  je  me  suis  servi;  je  dirai 
seulement  que  j’en  ai  soumis  à mes  expériences  plus 
de  i5o;  je  me  bornerai  dans  ce  mémoire  à faire 
connoître  leurs  résultats  généraux  qui  sont  les  suivans. 

L’air  obtenu  par  lés  plantes  exposées  sous  l’eau 
au  soleil  fut  plus  ou  moins  abondant , plus  ou  moins 
rare , suivant  les  diverses  espèces  des  plantes  em- 
ployées dans  mes  expériences  ; mais  il  fut  toujours 
préférable  par  sa  pureté  à l’air  atmosphérique , 
parce  que  le  gaz  oxygène  qu’il  contenoit  oulrepas- 
soit  dans  mes  eudiotnèlres  les  20°  qui  fixoient  la  me- 
sure du  gaz  oxygène  contenu  dans  le  premier  : j’en  ai 
trouvé  dans  plusieurs  45° , 5o°,  58°;  quelques  autres 
m’en  ont  donné  7 o° , 80 0 , et  même  jusques  à 920  : 
le  reste  des  degrés  pour  arriver  à 100  étoit  un  mé- 
lange des  gaz  acide  carbonique  et  azote. 

Voici  les  résultats  que  me  donnèrent  les  plantes 
dans  l’air.  La  mesure  de  l’air  commun  introduite 
dans  les  tubes  resta  la  même  sans  la  moindre  alté- 
ration de  ses  composans  les  gaz  oxygène  et  azote  , 
ou  celle  mesure  s’augmenloit  le  plus  souvent  par  l’air 
que  la  plante  lui  fournissoit.  Il  y avoit,  par  exemple, 
20°  d’air  disparu  par  la  combustion  du  phosphore, 
et  par  conséquent  l’air  où  la  plante  avoit  été  ren- 
fermée étoit  resté  ce  /qu’il  étoit  avant  sa  clôture; 
c’éloit  l’air  commun  lui-même  ; mais  je  voyois  aussi 
d’autres  fois  22%  28°,  24",  et  même  26°  disparus  par  la 
combustion  ; il  y a avoit  quelques  plantes  qui  laissoient 


( 29  ) /• 

8o°  de  gaz  oxygène  et  davantage  sons  l’eau , alors  les 
résidus  de  ces  gaz  étoient  les  gaz  acide  carbonique  et 
azote. 

Il  paroît  donc  que  la  quantité  de  gaz  oxygène 
que  les  plantes  répandent  dans  l’air  est  fort  petite , 
en  comparaison  de  celle  qu’elles  répandent  dans 
l’eau. 

Je  ne  pense  pas  que  l’on  puisse  dire  , que  la 
quantité  du  gaz  oxygène  fournie  par  les  plantes  dans 
l’eau  soit  aussi  fournie  dans  l’air;  parce  que  comme 
il  reste  alors  noyé  dans  le  gaz  azote  de  l’atmosphère, 
le  phosphore  ne  peut  l’absorber  qu’en  petite  dose. 
Des  expériences  multipliées  prouvent  le  contraire. 
Si  une  mesure  donnée  de  gaz  oxygène  se  mêle  avec 
une  double  , une  triple,  une  quadruple  de  gaz  azote, 
ou  acide  carbonique  , ces  quantités  diverses  de  gaz 
mêlées  avec  une  mesure  donnée  du  gaz  oxygène 
n’empêcheront  point  le  phosphore  d’y  détruire  cette 
mesure  : de  même  si  au  20°  de  gaz  oxygène  de  l’air 
commun  , on  en  mêle  100,  200  de  gaz  azote  et 
davantage , le  phosphore  absorbera  de  même  les  20° 
du  premier.  Il  résulte  donc  de  là  , que  la  petite 
quantité  du  gaz  oxygène  qui  se  trouve  dans  l’aie 
commun  avec  lequel  les  plantes  sont  renfermées  , 
provient  uniquement  de  ce  qu’elles  n’en  onl  pas 
donné  davantage. 

Appuyé  sur  ces  principes  je  ne  croirai  pas  m’é- 
loigner de  la  vérité,  en  assurant,  que  les  plantes 
terrestres  11e  fournissent  pas  à l’air  atmosphérique 
cette  grande  abondance  de  gaz  oxygène  qu’on  a 
soupçonnée. 


(.5o  ) 

Mon  savant  ami  Senebier,  quoiqu’il  n’ait  pas  fait 
des  expériences  directes  sur  ce  sujet  particulier , 
puisqu’il  ne  pouvoit  pas  se  servir  de  l’eudiomèlre  à 
phosphore  , que  l’on  ne  connoissoil  pas  lorsqu’il 
travailloit  sur  ces  matières  , a pourtant  soutenu  ces 
conséquences  par  de  très-fortes  conjectures  , et  je  le 
vois  tout-à-fait  dans  mon  opinion  ; cette  conformité 
me  plaît  d'autant  plus,  que  je  la  partage  ainsi  avec 
un  physicien,  qui  est  un  des  meilleurs  juges  sur  ces 
objets.  Voici  ses  propres  paroles  : « J’ai  fait  observer 
» que  la  quantité  d’air  fournie  par  les  feuilles  , et 
» qui  s’échappe  dans  l’air  est  proportionnelle  à la 
» quantité  d’acide  carbonique  que  l’atmosphère  peut 
» communiquer  aux  plantes  , et  comme  elle  en 
» fournit  pour  l’ordinaire  beaucoup  moins  que  les 
» eaux  imprégnées  d’acide  carbonique  , ou  bien  que 
« celle  des  eaux  de  sources  et  d’étangs  , il  est  évi- 
» dent  que  les  feuilles  doivent  donner  beaucoup 
)>  moins  de  gaz  ox}'gène  dans  l’air  que  dans  l’eau  ; 
» d’ailleurs  le  poids  de  l’eau  peut  faciliter  la  sortie 
» de  cet  air  et  la  rendre  plus  abondante  ; enfin  l’air 
» filtré  au  travers  de  l’eau  doit  être  meilleur  que 
» celui  qui  traverse  seulement  les  lèuilles  pour  en- 
» trer  dans  l’air , parce  que  cette  eau  le  lave  et  le 
» sépare  d’une  partie  de  cet  acide  carbonique  qu’il 
)>  auroit  pu  retenir.  » 31cm.  physico-chimiques 
T.  I ,p.  228 , 22g. 

Jusques  à présent  j'ai  parlé  de  ce  qui  arrive  , 
quand  les  végétaux  sont  exposés  à la  lumière  im- 
médiate du  soleil;  à présent  je  dois  m’occuper  de  ce 
qu’ils  produisent  , quand  ils  sont  exposés  dans  l’air 


( Si  ) 

et  dans  l’eau  , à l’ombre  et  à l’obscurité  de  la  nuit. 
Ingenhouz  a fait  sur  ce  sujet  plusieurs  belles  expé- 
riences qui  se  réduisent  à ce  résultat  final. 

Les  feuilles  des  piaules  herbacées  el  ligneuses  ren- 
fermées dans  l’eau  et  tenues  à l’obscurité  donnent 
très-peu  d’air,  et  cet  air  est  très-rqéphitique,  comme  le 
prouvent  le  gaz  nitreux  et  l’extinction  de  la  flamme 
d’une  bougie. 

Il  ajoute  que  les  feuilles  de  ces  deux  genres  de 
plantes  à l’ombre  et  à l’obscurité  vicient  aussi  beau- 
coup l’air  dans  lequel  on  les  place , et  il  en  fournit 
deux  preuves  décisives  par  le  gaz  nitreux  et  l’ex- 
tinction de  la  flamme  *,  il  en  ajoute  même  une  troi- 
sième , celle  de  la  mort  prompte  d’un  oiseau  intro- 
duit dans  cet  air. 

Cet  excellent  physicien  veut  encore  que  le  mé- 
phitisme communiqué  à l’air  soit  produit  par  une 
exhalaison  des  plantes , parce  que  si  une  plante  est 
renfermée  dans  le  vide  par  le  mercure , on  trouve 
dans  une  seule  nuit  une  quantité  notable  d’un  fluide 
aérien , qui  paroit  être  en  partie  de  l’acide  carbo- 
nique , et  eu  partie  de  l’air  entièrement  méphitique 
et  absolument  mortel  pour  les  animaux  qu’on  y 
renferme.  K.  Expériences  sur  les  végétaux , T.  I } 
p.  u. 

Le  naturaliste  de  Genève  qui  a écrit  après  le  - 
HollandoLs,  a une  opinion  parfaitement  opposée  , il 
prétend  que  les  plantes  mises  dans  l’eau  et  privées 
de  l’action  immédiate  de  la  lumière  ne  fournissent 
point  d’air  quand  elles  sont  saines.  Le  nombre  des 


( 32  ) 

expériences  qu’il  a faites  pendant  deux  étés  sur  ce 
sujet  est  prodigieux-,  il  les  a variées  de  mille  manières, 
il  a soumis  à ces  épreuves  les  plantes  qui  fournissent 
le  plus  d'air,  comme  celles  qui  en  fournissent  le 
moins  ; il  ne  s’est  pas  borné  à suivre  ces  expériences 
sur  les  plantes  terrestres  herbacées  et  ligneuses , il 
les  a étendues  aux  plantes  aquatiques  •,  le  résultat  a 
toujours  été  le  même,  les  plantes  ont  toujours  refusé 
de  donner  de  l’air  lorsqu’elles  ont  été  exposées  sous 
l’eau  à l’obscurité  naturelle  de  la*  nuit  , comme  à 
une  obscurité  artificielle  5 mais  aussi  ces  plantes  ne 
tardoienl  pas  à donner  de  l’air , quand  elles  étoient 
exposées  au  soleil , et  s’il  a vu  très-rarement  quel- 
ques bulles  d’air  produites  sous  l’eau  par  ces  plantes 
à l’obscurité  ; il  s’est  aussi  aperçu  qu’elles  étoient  le 
produit  d'une  fermentation  commencée. 

Lé  nombre  des  jours  nébuleux  étanL  beaucoup 
plus  grand  à Pavie  que  celui  des  jours  clairs  et  se- 
reins, j’eus  tous  les  moyens  de  faire  les  expériences 
que  je  voulus  sur  ce  sujet.  Je  trouve  dans  mes 
journaux  que  j’en  ai  fait  n4.  J’ai  non-seulement 
employé  les  plantes  diverses  dont  Ingenliouz  et 
Senebier  se  sont  servi  -,  j’ai  voulu  encore  que  cha- 
cune d'elles  resLâl  seulement  couverte  d’eau  pendant 
l5  heures,  de  peur  qu’un  plus  long  séjour  , surtout 
quand  la  température  étoit  chaude,  ne  Les  disposât  à 
fermenter. 

Le  résultat  a été  , que  sur  1 14  espèces  de  plantes , 
j’ai  vu  dix  espèces  qui  ont  donné  sous  l’eau  un  peu 
d’air  véritablement  méphitique  s e'éloit  un  mélange 


d’acide 


( 35  ) 

d’acide  carbonique  et  d’azote  5 mais  les  autres  io4 
espèces  de  plantes  n’en  ont  point  Fourni  fi). 

Que  faudra-t-il  donc  conclure  de  cette  dissonance 
des  résultats  ? Il  me  semble  qu’on  doit  dire  que  dans 
le  nombre  infini  des  végétaux  , il  y en  a qui  sont 
d'une  nature  différente,  et  par  conséquent  qu’il  y eu 
a un  petit  nombre  qui  sans  une  action  immédiate  du 
soleil  produisent  plus  ou  moins  d’air,  à moins  que  cet 
air  n’y  soit  déjà  moins  pur,  quand  il  est  formé  par 
l’action  de  la  lumière  solaire , mais  je  n’oserai  pas 
l'affirmer  par  l’observation  suivante.  ....  (2). 


( 1 ) J’ai  vu  dans  le  Journal  de  Spallanzani  comme  je  le  dirai 
eu  son  lieu  , qu’il  avoit  cru  que  ces  plantes  qui  avoient  fourni 
l’air  gâté  cornmençoient  à s'altérer» 

(2)  Ici  finit  le  manuscrit  du  mémoire  que  Spallanzani  vouloit 
publier  ; j’ai  préféré  de  raconter  ses  expériences  à en  donner  les 
résultats  : il  me  semblé  qu’on  y trouvera  plus  d’instruction  et 
d’intérêt.  Je  vais  recommencer  à faire  parler  ce  grand  naturaliste  j 
ou  regrettera  sûrement  sa  manière. 


Tome  3, 


c 


( 34  ) 

MÉMOIRE  III. 


Sur  les  Plantes  exposées  au  soleil  et  à 
V ombre  dans  V air  et  sous  l’ eau  (1). 


CHAPITRE  PREMIER. 

Préliminaires  nécessaires  pour  traiter  ce  sujet. 

$ ï- 

Comme  ii  est  impossible  de  faire  avec  une  grande 
exactitude  des  expériences  sur  les  plantes  exposées 
au  soleil  et  à l’ombre  , sans  s’assurer  d’abord  , si  la 
lumière  du  soleil , l'air  et  l’eau  exercent  réciproque- 
ment quelque  action  les  uns  sur  les  autres  . et  sans 
savoir  si  la  chaleur  agit  dans  les  vases  clos  d’une 
manière  différente  qu’à  l’air  libre  . il  falloit  néces- 
sairement faire  précéder  des  expériences  sur  ces 
objets,  parce  que  leurs  résultats  pourront  toujours 
facilement  s’appliquer  aux  expériences  racontées 
dans  cet  ouvrage. 

S «• 

La  première  question  qui  se  présente  ici , c’est 
celle  dont  la  solution  apprendra  y si  la  chaleur  et  la 
lumière  ont  quelque  influence  sur  l’air  commun  et 
6ur  le  gaz  oxygène. 

§ RI. 

Pour  le  découvrir  j’exposai  un  volume  donné 


(1)  Note  de  l’Editeur.  Je  commence  ici  l’emploi  que  je  ferai 
des.  journaux  d’expe'rienccs  de  Spallanzani. 


/ 


t 55  ) 

d'air  commun  et  de  gaz  oxygène  à la  chaleur  , à la 
lumière  et  à l’obscurité  dans  des  vaisseaux  fermés 
par  l’eau;  mais  je  m’aperçus  bientôt  parles  diffé- 
rences remarquables  que  j’observai  entre  mes  expé- 
riences , que  l’eau  jouoil  un  rôle  particulier  dans  les 
effets  produits  , et  par  conséquent  que  les  inductions 
que  je  pourrois  en  tirer  ne  seroient  pas  solides  ; parce 
que  si  le  gaz  oxygène  est  absorbé  par  l’eau , comme 
cela  éloit  très-probable  , et  comme  je  l’ai  prouvé 
dans  mon  Che/nico  estime  degli  esperimenti  del 
signor  Gotlling , je  ne  pouvois  pas  conclure  des 
changemens  produits  par  cette  cause  à ceux  que  la 
lumière  ou  la  chaleur  pouvoit  y faire  naître  ; de 
sorte  qu’en  renonçant  à cette  manière  de  faire  ces 
expériences  , je  résolus  d’en  employer  une  autre  qui 
lût  plus  sûre. 

5 IV. 

Je  renfermai  donc  de  l’air  commun  et  du  gaz 
oxygène,  chacun  séparément  dans  des  flacons  de 
verre  bien  fermés  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri  ; 
je  les  mis  ensuite  sur  leur  col  dans  de  petits  vases 
pleins  d’eau,  et  je  les  exposai  de  celle  façon  à la 
lumière  du  soleil , ayant  bien  soin  qu’il  y en  eût 
deux  qui  reçussent  toute  la  lumière;  tandis  que  deux 
autres  semblables  et  égaux  à ceux-ci  seroient  tou- 
jours dans  la  même  exposition  couverts  d’un  étui  de 
carton  , afin  qu’ils  pussent  éprouver  la  chaleur  que 
le  soleil  devoit  leur  communiquer,  sans  ressentir 
aucun  effet  de  son  illumination. 

Le  gaz  oxygène  fut  exposé  au  soleil  sous  l'étui  de 
carton  pendant  heures,  et  il  en  a voit  éprouvé 


( 54  ) 

toute  la  chaleur  , c’étoit  au  milieu  de  juillet  , le 
thermomètre  dans  un  de  ces  flacons  éloit  monté  à 
58°  : le  gaz  oxygène  essayé  au  bout  de  ce  lemps-li 
par  le  moyen  du  phosphore  ne  laissa  que  y—  de 
résidu.  Le  gaz  oxygène  exposé  à la  lumière  du. 
soleil  pendant  le  même  temps  essayé  de  la  même 
manière  laissa  de  résidu;  de  sorte  que  la  diffé- 
rence est  an  moins  très-petite1;  mais  il  faudroit  encore 
rabattre  de  ces  résidus  cette  portion  de  gaz  oxygène 
que  le  phosphore  brûlant  ne  consume  pas. 

Je  répétai  cette  expérience  sur  le  gaz  oxygène 
de  la  même  manière  pendant  452  heures  d’exposition 
au  soleil  ; je  fis  l’essai  du  gaz  des  deux  flacons  qui 
étoient  toujours  restés  voisins  ; l’un  d’eux  avoit.  été 
découvei't  et  l’autre  étoit  sous  l’étui  de  carton;  j’eus 
encore  un  résultat  à peu  près  semblable  au  précédent. 

L’air  commun  resta  exposé  au  soleil  dans  les  deux 
flacons  disposés  de  la  même  manière  pendant  5oo 
heures,  il  n’y  souffrit  aucune  espèce  d’altération. 

Je  répétai  encore  la  même  expérience  avec  le  gaz 
oxygène  pendant  307  heures,  et  j’y  apportai  à tous 
égards  la  plus  scrupuleuse  attention.  J’essayai  le  gaz 
oxygène  des  deux  flacons  au  bout  de  ce  temps-là  , 
et  je  n’y  trouvai  que  5°  i d’azote. 

Celle  expérience  prouve  incontestablement  que  la 
lumière  du  soleil  en  été , lorsqu’elle  est  la  plus  vive 
et  la  plus  pure  n’altère  en  aucune  manière  le  gaz 
oxygène  pendant  807  heures , et  qu’il  y reste  le 
même  que  celui  qui  y avoit  été  exposé  couvert  d’un 
étui  de  carton. 

Je  me  suis  assuré  que  les  3?^  d’azote,  que  j’ai 


'(  55  ) 

trouvé  dans  ce  gaz  oxygène , y étoient  de  même 
avant  l’expérience. 

J’ai  encore  vu  par  les  mêmes  moyens  et  pendant 
le  même  temps  , que  l’air  commun  ne  souffroit  dans 
les  mêmes  circonstances  aucune  espèce  d’altération. 

$ y- 

Ingenhouzdans  ses  Expériences  sur  les  végétaux , 
T1.  Il,  p.  210  et  211,  dit  : que  «l’air  enfermé  et 
mis  au  soleil  se  réchauffe  naturellement  plus  vite 
que  l’air  libre.  Une  plante  donc  renfermée  dans  cet 
air  reçoit  facilement  un  degré  de  chaleur,  qui  fait 
languir  les  plantes;  de  sorte  que  sa  bénigne  influence 
sur  l’air  en  contact  avec  elle  se  ralentit  bientôt , et 
cesse  loul-à-fail  ; aussi  mes  expériences  répétées  dans 
des  climats  plus  chauds  que  celui  où  je  vis  auroient 
des  résultats  totalement  différons  de  ceux  que  j’ai 
eu,  et  les  plantes  altérées  produiroient  un  air  mau- 
vais à la  place  d’un  meilleur  ». 

J’examinai  ce  fait  important  par  l’expérience;  je 
plaçai  donc  un  ihermomèlre  dans  l’air  libre  au- 
dessus  d’un  récipient  plein  d'air.  Je  suspendis'  un 
autre  thermomètre  sous  un  tube  plein  d’air  fermé 
hermétiquement  dans  sa  partie  supérieure  et  renversé 
sur  son  ouverture  dans  un  vase  plein  d’eau  , qui  y 
Lenoit.  l’air  renfermé;  les  deux  thermomètres  à l’ombre 
marquoienl  8°,  je  les  laissai  dans  celte  position  pen- 
dant trois-quarts  d’heure,  ce  qui  éloit  bien  suffisant, 
puisqu’au  bout  d’un  quart-d’heure  ils  atteignirent 
le  maximum  de  la  chaleur. 

Ue  thermomètre  à l’air  élôil  monté  au  soleil  à 
12V;  celui  qui  éloit  dans  le  tube  exposé  de  meme 


( 56  ) 

au  soleil  monta  à iy°.  La  chaleur  étoit  donc  bien 
plus  grande  dans  le  tube  qu’à  l’air  libre. 

J’observerai  ici  comme  je  l’ai  dc-jà  dit  , que  mes 
expériences  ayant  été  faites  sur  les  plantes  pendant 
l’hiver  , je  n’ai  pas  lieu  de  craindre  qu’elles  aient 
épiouvé  une  chaleur  qui  ail  pu  leur  nuire;  puisque 
quand  le  mercure  seroit  monté  à 20°,  les  plantes 
auroient  alors  été  exposées  à une  lempérature  moins 
haute  que  celle  qu’elles  ressentent  naturellement  en 
été  à l’air  libre  dans  nos  climats. 

Pendant  que  je  faisois  cette  expérience , je  mis 
sous  des  récipients  semblables  à celui  où  j’avois 
placé  le  thermomètre,  et  contenant  178,55  centimè- 
tres cubes,  ou  9 pouces  cubes  d’air  commun  trois 
rameaux  de  la  lave  adula  spica  ; ils  y restèrent  ex- 
posés au  soleil  pendant  6 heures  i;  le  bout  des  tiges 
trempoit  dans  l’eau  qui  fermoil  les  récipients;  ces 
rameaux  se  conservèrent  très-verts  , et  la  chaleur  de 
2i°  qu’ils  y éprouvèrent  11e  leur  nuisit  en  aucune 
manière. 

Je  répétai  cette  expérience  avec  le  même  succès  , 
et  j’observai  qu’il  fallut  le  temps  d’une  heure  et 
demie  , avant  que  ia  chaleur  y fût  arrivée  à son 
maximum;  de  sorte  qu’il  faut  un  temps  assez  long  , 
pour  que  la  chaleur  se  communique  à cet  air  ren- 
fermé. 

§ VI. 

Mais  les  plantes  souffrent  - elles  dans  les  vases 
clos  ? 

.Te  lins  pendant  7 jouis  à l’ombre,  dans  une  tem- 
pérature de  6 à 8°,  trois  flacons  fermés  avec  de* 


( ?7  ) 

bouchons  usés  à l’émeri  ; j’avois  mis  dans  l’un  un 
rameau  de  Lavendula  spica  , dans  le  second  quel- 
ques feuilles  de  i'aloè  hurnilis , el  dans  le  troisième 
quelques-unes  de  celles  du  sempervivum  iectorum  , 
pour  voir  les  cliangemens , que  l’air  leur  occasiou- 
neroit  et  ceux  que  les  feuilles  produiroient  dans  l’air; 
au  bout  des  7 jours  , je  fis  l’essai  de  l’air  des  flacons 
et  l’examen  des  plantes. 

Le  flacon  de  l'alo'è  liumilis  laissa  échapper  une 
grande  quantité  d’air  , quand  je  l’ouvris  sous  l’eau  ; 
c'éloit  du  gaz  acide  carbonique  ; il  n’y  avoil  plus  de 
gaz  oxygène. 

Le  flacon  du  sempervivum  tectorum  laissa 
échapper  aussi  en  l’ouvrant  une  ou  deux  bulles 
d’acide  carbonique;  il  n’y  a voit  plus  de  gaz  oxygène# 

Le  flacon  de  la  lavenclula  spica  laissa  échapper 
en  l’ouvrant  deux  ou  trois  bulles  d’air  ; il  n’y  avoit 
plus  de  gaz  oxygène,  mais  il  y eut  deux  ou  trois 
degrés  d’azote  produit. 

Les  deux  premières  plantes  me  parurent  encore 
très-fraîches , mais  la  dernière  avoit  spufl'ert  dans 
ses  feuilles. 

11  est  donc  certain  que  dans  ces  trois  expériences 
tout  le  gaz  oxygène  de  l’air  commun  avoit  disparu  ,’ 
el  qu’il  avoit  été  absorbé  par  les  plantes  rënfcrinées 
avec  lui.  TI  faudroit  donc  dire  que  le  gaz ‘oxygène 
de  l'air  qui  s’est  combiné  avec  le  carbone  de  la  plante 
a produit  l’acide  carbonique  trouvé  dans  le  flacon  ; 
mais  comme  cet  acide  est  composé  de  72  parties 
d’oxygène  et  de  28  de  carbone,  il  est  clair  que  r20^ 
de  gaz  oxygène  doivent  donner  beaucoup  plus  de 


f(  38  ) 

f~  d'acide  carbonique,  par  conséquent  il  est  claiV 
qu’une  partie  de  ce  gaz  oxygène  a été  absorbé  par 
la  plante. 

5 VII. 

J’ait  fait  voir  qu'elle  étoit  la  température  de  l’air 
renfermé  sous  un  récipient  exposé  au  soleil  , et  je 
l’ai  trouvée  plus  haute  qu’à  l’air  libre;  j’ai  cru  né- 
cessaire de  chercher  encore  la  température  de  l’air 
et  de  l’eau  dans  le  même  récipient  dont  la  forme 
étoit  tubulaire. 

Je  renfermai  pour  cela  sous  le  même  récipient  , 
deux  thermomètres  ; l’un  étoit  dans  l’air  qui  reposoit 
sur  Veau;  l’autre  plongeoit  dans  cette  eau  ; les  deux 
thermomètres  avant  l’expérience  éloient  au  même 
degré. 

Je  plaçai  cet  appareil  sur  ma  fenêtre  à 4 heures 
après  midi  ; le  soleil  fut  quelquefois  voilé  par  les 
nuages.  Voici  le  résultat  de  cette  expérience. 

Tandis  que  le  thermomètre  plongeant  dans  l’eau 
étoit  à u",  le  thermomètre  dans  l’àir  étoit  à i6®: 
au  bout  de  trois-quarts  d’heure  après  cette  obser- 
vation , le  thermomètre  plongé  dans  l’eau  étoit  à 
12°  3 ? et  celui  qui  étoit  au-dessus  dans  l’air  à iS°; 
demi-heure  après  le  soleil  baissa  beaucoup  , il  n’é- 
claira plus  le  vécipiei^tj  alors  les  thermomètres  dans 

l’air  et  dans  l’eau  furent  à 120. 

•. : u o’i ...  < • 1 • 

XVIII. 

* • i < ' î » • i 1 ■ ■ 1 ‘ | ^ 

J avpis  .forrud.  le  projet  d employer  dîiïerens  gaz; 
dans  mes  expériences  ; je  dev.ois  donc  rechercher 
encore  , s’ils  souflriroienl.  quelqu’alléralion  sur  l’eau 
à la  lumière. 


( 59  ) 

J’exposai  le  gaz  hydrogène  pendant  plusieurs 
jours  à l’action  de  la  lumière,  il  reposoit  sur  l’eau; 
au  bout  de  ce  temps,  il  ne  me  parut  point  altère  ; 
sa  flamme  me  sembla  Ja  même  ; quand  je  le  brûlai , 
il  détonna  avec  la  même  force  qu’auparavanl  ; de 
sorte  qu’il  me  parut  être  resté  ce  qu’il  étoit  et  par- 
faitement semblable  à celui  qui  avoil  été  à l’ombre 
pendant  le  même  temps. 

5 ix. 

Je  remplis  dans  les  mêmes  vues  un  flacon  fermé 
par  un  bouchon  usé  à l’émeri  avec  le  gaz  acidç 
carbonique ; je  l’exposai  au  soleil  , où  il  fut  soumis 
à son  action  pendant  00  heures,  et  où  il  éprouva 
une  chaleur  de  20  à 5o°.  Je  mis  alors  un  autre 
flacon  semblable  rempli  du  même  gaz  à l’obscurité, 
où  il  resta  le  même  temps  5 je  fis  l’essai  de  ce  gaz 
au  bout  de  10  jours,  et  je  trouvai  que  ce  gaz  s’éloit 
conservé  dans  les  deux  cas  sans  altération  , que  son 
absorption  dans  les  deux  cas  fut  la  même  par  l’eau 
de  chaux,  et  j’y  trouvai  la  même  quantité  d’azote 
que  l’on  y trouve  toujours. 

5 x. 

Il  falloit  s’assurer  encore  , que  l’acide  carbonique 
ne  s’alléroit  pas  sur  le  mercure.  J’en  laissai  donc 
sur  le  mercure  sous  un.  récipient  pendant  10  jours  ; 
il  ne  soutint  alors  d’autres  altérations,  que  Celles  qui 
dévoient  résulter  de  la  différence  de  la  chaleur  et  du 
poids  de  .1  atmosphère  ; au  bout  de  ce  temps,  je 
1 examinai  avec  plus  de  soin  , et  je  le  trouvai  parfai- 
tement le  même  ; il  lut  complètement  absorbé  par 
leau  de  chaux,  à l’exception  de  cette  petite  quantité 


• ( 4o  ) ' 

d’azote  qui  ne  le  quitte  pas  ; de  sorte  que  j’ai  pu  être 
assuré  que  dans  tou  Les  mes  expériences  faites  avec 
le  mercure,  il  est  bien  sûr  que  la  quantité  d’acide 
carbonique  produite  par  les  animaux  et  les  plantes 
sur  le  mercure  n’a  point  été  changée. 

§ XI. 

Mais  qu’arrivera-t-il  , si  le  gaz  acide  cai'bonique 
est  mêlé  avec  l’air  commun  ? C’étoil  encore  une 
question,  qu’il  failoit  résoudre,  pour  pouvoir  être 
sûr  de  l’estimation  , qu'il  faudra  faire  de  la  quan- 
tité d’acide  carbonique  fournie  par  les  substances  qui 
eu  rendent.  Je  fis  donc  l’expérience  suivante  pour 
avoir  celle  solution  que  je  cherchois. 

Je  remplis  sous  l’eau  quatre  flacons  d’une  capacité 
égale,  et  fermés  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri, 
en  y introduisant  un  mélange  d’air  commun  et  d’a- 
cide carbonique  , dont  les  qualités  éloient  les  mêmes  : 
je  bouchai  les  flacons  avec  soin  , je  les  redressai , et 
je  les  laissai  ainsi  pendant  une  heure  et  demie,  afin 
que  l’acide  carbonique,  qui  est  plus  pesant  gagnât  le 
fond.  Entre  ces  quatre  flacons,  il  y en  a voit  trois 
d’un  col  étroit,  le  quatrième  a voit  un  col  fort  large. 
Je  voulus  savoir,  si  l'acide  carbouique  qui  traver- 
sent t s’échapperoil  hors  des  flacons.  Je  les  débouchai 
au  bout  d’une  heure  et  demie,  et  j’en  voulois  faire 
l’examen  douze  heures  après  la  préparation  de  l'ex- 
périence. 

Mais  lorsqu’une  heure  se  fut  écoulée  , je  débou- 
chai ces  flacons  j il  me  parut  alors  que  l’acide  car- 
bonique s’étoi^évaporé  5 j’introduisis  une  petite  bougie 


( 41  ) 

dans  le  flacon  à col  large,  elle  entra  jusques  au  fond, 
et  elle  y resla  allumée  comme  en  plein  air. 

Au  bout  de  l 'i  heures  je  fis  une  analyse  plus 
sévère  des  trois  autres  flacons;  j’en  fis  passer  l’air 
dans  mon  eudiomèlre,  je  le  lavai  avec  l’eau  de  chaux, 
et  il  n’y  eul  point  de  diminution. 

Il  paroît  donc  que  l’acide  carbonique  malgré  sa 
pesanteur  plus  grande  que  celle  de  l’air  commun  , 
le  traverse  et  s’évapore  entièrement  : mais  l’expé- 
rience que  je  fis  avec  la  bougie  allumée  fait  voir  , 
que  la  sortie  de  l’acide  carbonique  hors  de  l’air 
commun  avec  lequel  il  avoil  été  mêlé  fut  extrême- 
ment prompte , puisqu’elle  fut  finie  au  bout  d’une 
heure. 

5 XII. 

Je  répétai  celle  expérience  d’une  manière  pins 
précise:  je  pris  trois  flacons  à col  large,  et  fermant 
bien  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri  : je  remplis 
sous  l’cair-chacun  d’eux  avec  un  tiers  d’air  commun 
et  deux  tiers  d’acide  carbonique;  je  les  fermai  scru- 
puleusement ; je  les  tins  sur  leurs  fonds  pendant  un 
quarl-d’heure,  afin  que  le  mélange  se  fit  complète- 
ment , ou  que  l’acide  carbonique  se  pricipilât , je  les 
ouvris  alors,  j’y  plongeai  une  bougie  allumée  qui 
s’éteignit , lorsque  j’arrivai  au  milieu  du  flacon,  sept 
minutes  après  la  lumière  s’y  afibiblil;  au  bout  de 
six  autres  minutes  , elle  y brilioit  comme  dans  l’air 
commun  ; enfin  après  trois  autres  minutes  elle  brûla 
jusques  au  fond  comme  dans  l’air  libre  , parce  que 
l’acide  carbonique  eu  étoil  sorti , en  traversant  l'air 
commun  qui  a dû  se  placer  dans  la  partie  supérieure 
du  vase. 


C 42  ) 

5 XIII. 

Comment  donc  arrive -l-il  qu’en  remplissant  à 
moitié  un  flacon  d’eau  acidulée  avec  l’acide  carbo- 
nique, l’air  qui  est  au-dessus  d'elle  ne  contienne  point 
d'acide  carbonique  lorsque  le  diamètre  de  sou  ou- 
verture est  large  , et  qu’on  y en  trouve  lorsque  ce 
diamètre  est  étroit  ? 

Cela  est  probablement  produit , parce  que  l’acide 
carbonique  de  cette  eau  quitte  continuellement  ; 
alors  si  la  bouche  du  flacon  est  large  , ce  gaz  en  sort 
avec  facilité,  et  par  conséquent  avec  promptitude; 
mais  si  elle  est  étroite,  ce  gaz  sort  plus  difficilement, 
et  par  conséquent  avec  plus  de  lenteur. 

5 xiv. 

Je  savois  bien  que  je  seroîs  obligé  d’employer  l'eau 
dans  mes  expériences  et  qu’elle  pourroit  aussi  avoir 
son  influence  sur  l’air  ; il  m’éloit  donc  important  de 
la  connoitre , soil  pour  la  distinguer  dans  les  effets 
produits  sur  les  sujets  de  mes  expériences  , soil  pom- 
me tranquilliser  sur  ceux  que  je  saurois  sûrement 
qu’elle  ne  produit  pas. 

Il  me  convenoit  d’autant  plus  de  faire  celle  re- 
cherche, que  j’a vois  aussi  employé  l’eau  quelquefois 
dans  mes  précédentes  expériences  sur  les  animaux  , 
et  que  je  devois  l’employer  encore  plus  souvent  dans 
celles-ci  ; pour  cela  je  me  servis  de  l'eau  de  mon 
puits  qui  m’a  toujours  servi,  et  qui  me  servira  de 
même  toujours  pour  ces  recherches. 

J’essayai  d’abord  l'air  que  j’employai,  et  je  trouvai 
suivant  la  coutume  et  après  plusieurs  essais  sem- 
blables, qu’il  contenoit  0,20  de  gaz  oxygène,  ou 


( 45  ) 

qu’il  y avoit  20u  absorbé  par  la  combustion  du  phos- 
phore. 

La  température  pendant  la  durée  de  l’expérience 
qui  fut  de  21  jours,  se  trouva  de  90,  , et  8°. 

L’air  resta  renfermé  sous  un  récipient  qu’il  rem- 
plissoit  eu  partie  pendant  21  jours,  il  reposoit  sur 
l’eau  de  mon  puits,  qui  occupoit  une  partie  du 
récipient,  et  lui  servoit  de  clôture  , parce  qu’il  y 
étoit  renversé  sur  sa  partie  ouverte.  PendauL  cet 
espacé  de  temps , je  n’aperçus  d’autres  changemens 
dans  le  niveau  de  Peau  quienlroil  sous  le  récipient, 
que  ceux  qui  éloient  produits  par  les  variations  de 
la  température  et  du  poids  de  l’atmosphère. 

Au  bout  de  ces  21  jours  j’essayai  cet  air  renfermé 
avec  l’eau  de  mon  puits  par  mes  moyens  eudiomé- 
triques,  et  je  trouvai  qu’il  n’y  avoit  eu  réellement 
aucune  espèce  d’altération,  et  que  les  résultats  que 
j’obtins  furent  rigoureusement  les  mêmes  que  ceux 
quej’avois  eu  avant  de  l’enfermer. 

Je  puis  donc  conclure,  que  celte  eau  pendant  ces 
21  jours  11’avoit  altéré  en  aucune  manière  la  pureté' 
et  la  quantité  de  cet  air.  Je  puis  donc  affirmer  que 
dans  toutes  mes  expériences  faites  avec  celle  eau  sur 
les  animaux  et  sur  les  plantes , les  changemens  que 
j’ai  observé  dans  l’air  où  je  les  ai  placés  leur  doivent 
être  entièrement  attribués. 

Je  répétai  cette  expérience  de  la  même  manière 
en  plaçant  mon  récipient  plein  d’air  commun  sur 
l’eau  de  ma  cuve,  où  il  resta  pendant  6 jours,  et 
j’eus  les  mêmes  résultats  que  dans  la  précédente 
expérience  ; de  sui  te  que  j’affirme  encore  mieux  les 
conséquences  que  j’en  avois  tirées. 


( 46  ) 

S xv. 

Il  me  vinl  pourtant  un  scrupule  ; je  pensai  que  si 
l’eau  froide  n’altéroil  pas  la  pureté  de  l’air,  il  pour- 
voit arriver  que  l’eau  employée  quelquefois  dans  mes 
expériences  à une  température  plus  haute  causât  de 
l’altération  à l'air  qui  la  recouvvoit  j il  falloit  donc 
moudre  encore  ce  scrupule. 

J’exposai  de  l’air  avec  les  mêmes  précautions , que 
dans  l’expérience  précédente  sur  l’eau  dans  un  flacon 
bien  fermé  et  exposé  à la  chaleur  de  mon  fourneau 
pendant  cinq  ou  six  jours.  J’en  examinai  alors  l’air 
avec  soin  , et  je  le  trouvai  au  bout  de  ce  temps-là  au 
même  degré  de  pureté  qu’il  avoit  loi’squeje  le  ren- 
fermai avec  l’eau  dans  le  flacon  où  if  séjourna  ; de 
sorte  que  la  chaleur  que  l'eau  éprouva  ne  produisit 
aucun  effet  délétère  sur  l’air  qui  la  recouvroit. 

Je  répétai  cette  expérience  de  la  même  manière 
sur  29,71  centimètres  cubes , ou  un  pouce  et  demi 
cube  d’air  commun  renfermé  sur  l’eau  sous  un  petit 
récipient  placé  sur  mon  fourneau  pendant  quatre 
jours  , cl  j’eus  encore  un  résultat  semblable  au  pré- 
cédent. 

^ XVI. 

Mais  L’eau  elle-même  ne  fourniroil-elle  point  de 
l’air  qui  pût  s’introduire  dans  l’air  dont  elle  est 
recouverte  ? Senebier  dans  ses  Mémoires  physico- 
chimie] aea  , rJ\  I , p.  3o  , 0/  , dit  que  l’eau  seule 
exposée  au  soleil  sous  des  récipients  qui  eu  sont 
pleins  ne  donne  ordinairement  point  d’air  , ou  que 
si  elle  en  donne  c’est  seulement  dans  une  quantité 
trè  j-pclite  j je  voulus  encore  examiner  ce  phénomène. 


( 4?  ) 

J’exposai  pendant  trois  heures  au  soleil  deux  tubes 
pleins  d’eau  de  puits;  dans  l’un  je  mis  cette  plante 
appelée  poi'celLcina  qui  peut  être  placée  dans  la  classe 
des  plantes  grasses,  dans  l’autre  il  n’y  eut  que  l’eau 
pure. 

Pendant  ce  temps , il  y eut  dans  le  tube  où  éloit  la 
plante  centimètres  cubes,  ou  un  quart  de  pouce 
cube  d’air  produit  ; mais  dans  le  tube  où  étoit  l’eau 
pure , il  y eut  une  bulle  d’air  qui  pouvoit  être  en- 
viron la  septième  partie  de  la  bulle  du  récipient  où 
étoit  la  plante  ; il  y eut  donc  plus  d’air  produit  dans 
le  tube,  où  étoit  l’eau  seule,  que  je  n’aurois  cru  sui- 
vant l’expérience  de  mon  ami  ; mais  celte  différence 
dans  le  produit  pouvoit  dépendre  de  la  différence  de 
l’eau  qu’il  pouvoit  avoir  employée. 

§ XVII. 

J’imaginai  pourtant  que  cet  air  n’éloitpas  produit 
par  l’eau  , mais  par  une  multitude  de  petites  bulles 
attachées  à la  surface  intérieure  du  récipient  de  verre 
où  l’eau  éloit  renfermée , et  que  la  chaleur  délachoit; 
puisque  je  les  voyois  partir  des  parois  du  tube  et  de 
la  surface  du  vase  sur  lequel  reposoit  le  récipient. 

Pour  vérifier  cette  conjecture , je  lins  le  récipient 
et  le  vase  , où  il  devoit  reposer  dans  l’eau  bouillante 
pendant  trois-quarts  d’heure  , afin  d’en  chasser  tout 
1 air  qui  pouvoit  y être  adhérent;  ensuite  pendant 
que  le  récipient  et  le  vase  éloienl  très-chauds  , je  les 
remplis  de  la  même  eau  du  puits,  qye  j’avois  em- 
ployée précédemment  , et  je  les  exposai  au  soleil  qui 
ue  fui  pas  de  la  plus  pure  clarté. 

Je  fis  eu  même  temps  une  autre  expérience  ; je 


( 48  ) 

remplis  de  celle  eau  bouillie  et  chaude  un  autre  réci- 
pient avec  le  vase  qui  le  portoilj  je  l'emplis  de  même 
un  troisième  récipient  qui  n’a  voit  pas  élé  mis  dans 
l'eau  bouillante  avec  cette  eau  bouillie:  enfin  j'eus 
un  quatrième  récipient  plein  de  l’eau  du  puits  sans 
avoir  soumis  le  récipient  à la  chaleur  de  l’eau  bouil- 
lante comme  les  deux  premiers  ; mais  je  les  exposai 
tous  également  aux  rayons  immédiats  du  soleil. 

Le  résultat  ne  lut  point  celui  que  j’a vois  attendu. 
Les  récipiens  et  les  vases  remplis  de  l’eau  qui  n’avoit 
pas  élé  bouillie  donnèrent  très-peu  d’air  au  soleil  ; 
mais  les  récipiens  pleins  d'eau  bouillie  n’en  donnè- 
rent point  du  tout  , quoiqu’il  y eût  des  récipiens 
qui  n’a  voient,  pas  été  tenus  dans  l'eau  bouillante  avec 
les  vases  qui  les  portaient. 

Les  premiers  récipiens  qui  a voient  donné  très- 
peu  d’air  firent  d’abord  paroître  des  bulles  infiniment 
petites  sur  la  surface  intérieure  des  récipiens  j elles 
s’augmentèrent  ensuite  , s’élevèrent  et  formèrent  au 
sommet  du  récipient  une  bulle  , mais  il  n’y  en  eut 
point  dans  les  autres. 

Il  faut  donc  conclure , que  les  petites  bulles  qui 
parurent  sur  la  surface  intérieure  des  récipiens  et 
des  vases  qui  les  portoient  n’étoient  pas  adhérentes 
à eux  , puisqu’ils  a voient  été  placés  dans  l’eau  bouil- 
lante , et  par  conséquent  que  les  petites  bulles,  et 
la  bulle  produite  provenoient  de  l’eau  elle-même  ; 
j’en  trouvai  au  bout  de  deux  heures  et  demie  une 
bulle  à peu  près  égale  à la  précédente. 

5 X'vur. 

Je  fis  alors  une  autre  expérience  ; je  remplis  de 


t' 


nouveau 


( 4 9 ) 

nouveau  un  de  ces  récipiens  qui  avoit  été  bouilli , où. 
il  y avoit  eu  de  l’eau  bouillante,  et  qui  n’avoit  point 
fourni  d’air  au  soleil  avec  l’eau  de  mon  puits , je 
remplis  ainsi  ce  récipient  immédiatement  après  en 
avoir  vidé  l’eau  bouillie  qui  y avoit  été  ; il  étoit  bien 
sûr  alors , que  si  les  balles  étaient  restées  attachées 
au  verre,  malgré  l’ébullition  dans  l’eau,  elles  n’y 
seroient  plus,  et  que  si  j’avois  encore  de  l’air  pro- 
duit, il  proviendroit  vraiment  de  l’eau  5 puisqu’on 
11e  pourvoit  comprendre  comment  cet  air  auroit 
pu  être  sl  fortement  adhérent  au  récipient  pour 
résister  à l’action  du  soleil  dans  l’expérience  précé- 
dente , et  comment  il  auroit  pu  en  produire  autant , 
que  lorsque  les  récipiens  bouillis  avoient  été  remplis 
de  l’eau  non  bouillie. 

Je  mis  donc  ce  récipient  ainsi  préparé  au  soleil , 
et  j’eus  alors  de  petites  bulles  connue  j’en  avois  eu 
auparavant. 

§ XIX.  * 

Je  variai  de  nouveau  l’expérience  , je  renversai  le 
tube  sous  l’eau  dans  mon  appareil  hydro-pneumati- 
que , pour  en  sortir  l’air  qui  s’étoit  produit , je  fis 
la  même  chose  pour  le  petit  vase  , qui  portoit  le 
récipient,  et  je  remis  le  même  récipient  ainsi  rempli 
au  soleil , mais  les  petites  bulles  ne  furent  plus  aussi 
nombreuses. 

La  cause  en  fut  sans  doute  , parce  que  l’eau  du 
récipient  et  celle  du  vase  n’a  voient  pas  été  renouve- 
lées et  qu’elles  avoient  perdu  une  partie  de  l’air 
qu’elles  contenoient. 


Tome  5. 


D 


( 5o  ) 

§ XX. 

Le  lendemain  je  vidai  le  récipient  et  le  vase  qui 
le  porloit , el.  je  les  remplis  avec  l’eau  de  mon 
appareil  pneumato-chimique;  mais  je  n’eus  encore 
qu’un  petit  nombre  de  bulles;  de  sorte  qu’il  pou- 
yoit  bien  être  arrivé,  que  les  bulles  d’air  que  j’a- 
vois  obtenues  dans  les  précédentes  expériences  fus- 
sent produites  par  l’eau  de  l’appareil , qui  étoit  en- 
trée dans  le  récipient  ; je  vidai  donc  de  nouveau 
le  récipient,  je  le  remplis  avec  l’eau  du  puits,  mais 
le  soleil  se  couclioit  et  je  n’eus  rien  de  précis  pour 
le  résultat  que  j’a  lien  dois. 

Le  lendemain  donc  encore,  j’exposai  cette  eau 
au  soleil  sous  un  récipient  contenant  un  volume  de 
i48,62  centimètres  cubes,  ou  7 pouces^  cubes  d’eau, 
et  j’obtins  un  volume  d’air  qui  pouvoit  être  ~ de 
ponce  cube,  les  bulles  se  formèrent  toujours  sur  les 
parois  du  récipient  et  sur  la  surface  intérieure  du  vase, 
mais  elles  ne  sortirent  jamais  de  l’intérieur  de  l’eau  j 
qù  les  voyoit  se  détacher  de  la  surface  du  verre  , 
où  elles  se  formoient,  el  je  les  faisois  partir  en  se- 
couant le  récipient,  il  s’en  échappoit  même  lors- 
que je  n’en  voyois  plus  à la  surface  du  verre. 

Je  plongeai  alors  le  récipient  dans  l’eau  fraîche 
du  puits;  j’en  fis  sortir  l’eau  que  je  remplaçai  avec 
de  l’eau  nouvelle;  je  plaçai  le  récipient  avec  la 
nouvelle  eau  au  soleil , et  j’obtins  encore  la  même 
quantité  d’air  ; je  répétai  ainsi  huit  fois  cette  opé- 
ration, et  j’eus  toujours  le  même  résultat,  mais  il 
me  parut,  que  j’avois  un  peu  plus  d’air,  lorsque 
la  chaleur  solaire  étoit  plus  forte , alors  j’en  avois 
^ de  pouce  cube* 


( 5i  ) 

Je  n’eus  pourtant  jamais  d’air  hors  de  l’eau,  lors* 
que  je  faisois  bouillir  l’eau  pendant  une  demi-heure, 
avant  de  l’enfermer  sous  le  récipient,  ou  lorsque 
je  l’a  vois  laissée  long-temps  exposée  au  soleil  ; ce  qui 
me  fait  conclure  que  l’eau  de  mon  puits  dônnoit 
véritablement  de  l’air , lorsqu’elle  étoit  ainsi  exposée 
au  soleil  sous  un  récipient  qui  en  étoit  rempli. 

^ XXL 

Je  renouvelai  souvent  l’eau  des  récipiens  , que 
j’exposai  ainsi  au  soleil,  et  je  gardai  l’air  produit, 
afin  d’en  avoir  une  quantité  suffisante  pour  pou- 
voir en  faire  l’essai;  par  ce  moyen  je  trouvai  que 
cet  air  rendu  par  l'eau  exposée  au  soleil  étoit  un 
pur  azote. 

Ce  gaz  ne  fut  point  diminué  par  l’eau  de  chaux  ; 
le  phosphore  n’y  brûla  point , et  je  ne  pus  l’enflam- 
mer avec  une  bougie  allumée.  Il  seroit  possible  que 
ce  fût  l’azote  uni  avec  l’acide  carbonique  , parce 
Celui-ci  restéroit  dissous  dans  l’eau  tandis  que  celui- 
là  pourroit  s’en  échapper. 

§ XXII. 

Je  voulus  connoître  la  quantité  d’acide  carboni- 
que contenue  dans  l’eau  de  mon  puits;  j’avois  217,98 
centimètres  cubes  , ou  1 1 pouces  cubes  de  celle  eau 
dans  un  vase,  j’y  versai  de  l’eau  de  chaux,  jusques 
b Ce  qu’il  ne  se  fît  plus  de  précipité;  je  filtrai  cette 
eau  pour  l’obtenir , je  le  séchai , et  je  trouvai  qu’il 
pesoit  26,54  milligrammes,  un  demi-grain  fort; 
ce  qui  m’indique  à-peu-près  la  quantité  en  poids 
d’acide  carbonique  contenu  dans  ces  11  pouces  cubes 
d’eau,  puisque  ce  carbonate  calcaire  conteuoil  les 
Üo  ce  g™. 


( 52  ) 

Celle  eau  cependant  tenue  au  soleil  en  contact 
avec  l’air  commun  ne  lui  fournit  point  d’acide  car- 
bonique , comme  je  l’ai  déjà  dit,  au  moins,  je  n’y 
ai  jamais  trouvé  plus  d’acide  carbonique  que  cet 
air  n’en  a communément. 

Je  ne  répéterai  pas  les  expériences  que  j’ai  déjà 
racontées  dans  le  Mémoire  où  j’ai  voulu  prouver 
que  les  eaux  ne  décomposoient  pas  l'acide  carboni- 
que , quoiqu’une  partie  d’entr’elles  pût  avoir  ici  na- 
turellement sa  place  : il  me  suffira  de  les  avoir  rap- 
pelées et  d’y  renvoyer  , parce  qu’elles  peuvent  être 
utiles  dans  la  suite  de  ces  recherches. 

§ XXIII. 

Senejner  m’apprit  qu'lngenhouz  et  Desaussure 
le  fils  avoient  découvert  séparément , que  les  terres 
mouillées  fournissoient  l’acide  carbonique  ; cette  dé- 
couverte éloit  importante , parce  que  cet  acide  peut 
servir  d’aliment  aux  plantes,  suivant  l’opinion  de 
mon  ami  de  Genève  ; je  soumis  cette  découverte  à 
l’expérience,  afin  de  voir  si  réellement  cet  acide  étoit 
formé  dans  ce  cas  par  l’union  du  gaz  oxygène  de 
l’air  atmosphérique  , avec  le  charbon  contenu  dans 
la  terre. 

Je  tins  pour  cela  pendant  25  heures  dans  un 
flacon  bien  fermé  39,60  centimètres  cubes , ou  2 
pouces  cubes  de  la  terre  de  mon  jardin  humectée 
par  la  pluie  avec  2 pouces  cubes  d’air  commun , 
le  flacon  resta  à l’ombre. 

Je  fis  l’essai  de  cet  air  , et  je  n’y  trouvai  pas  sen- 
siblement l’acide  carbonique,  mais  j’en  trouvai  29,71 
centimètres  cubes  , ou  1 pouce  i cube  dans  la  terre. 


( 55  ) 

§ XXIV. 

Je  fis  la  même  expérience  sur  la  terre  de  quelques 
pots  de  fleurs  ; elle  contenoit  quelques  grains  de 
raisins;  j’en  mis  69, 4 5 centimètres  cubes  , ou  5 
pouces  cubes  dans  un  flacon  qui  contenoit , outre 
cela,  128,80  centimètres  cubes,  ou  6 pouces  \ cubes 
d’air  commun  : je  les  laissai  à l’ombre  pendant  4 
heures  dans  ce  flacon  soigneusement  fermé. 

Je  fis  ensuite  l’essai  de  l’air  où  je  trouvai  5°  \ d’a- 
cide carbonique  provenant  sans  doute  de  la  com- 
binaison du  gaz  oxygène  de  l’air  avec  le  charbon 
des  matières  végétales  contenues  dans  celte  terre. 

§ XXV. 

Je  refis  la  meme  expérience  avec  plus  de  soin, 
je  renfermai  dans  un  flacon  5g,4 5 centimètres  cubes, 
ou  5 pouces  cubes  de  terre  avec  5g, 63  centimètres , 
ou  2 pouces  cubes  d’air  commun  ; ils  restèrent  1 8 
heures  dans  cette  clôture  presqu’hermétique,  puis- 
que le  col  du  flacon  bien  fermé  fut  encore  renversé 
dans  un  vase  d’eau. 

J'en  examinai  l’air  à toute  rigueur,  et  je  trouvai 
clairement  20  d’acide  carbonique  produit  avec  70 
d’azote;  mais  il  y eut.  io°  de  gaz  oxygène  absorbés 
par  celte  terre  humide. 

§ XXVI. 

Je  mis  ensuite  sous  un  récipient  5g, 45  centimètres 
cubes,  ou  5 pouces  cubes  de  sable  quartzeux  et  un 
peu  humide  avec  une  petite  quantité  de  terre , j’y 
laissai  5g, 65  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes 
d’air  commun  ; cet  appareil  disposé  de  celte  manière 
resta  1 8 heures  dans  cet  état , c’est-à-dire  une  nuit 


• ( 54  ) 

entière  et  le  reste  du  temps  exposé  au  soleil  ; c’éloit 
eu  été. 

Je  trouvai  d’acide  carbonique. 

§ XXVII. 


Je  refis  l’expérience  du  § XXV , je  mis  dans  un 
flacon  fermé  soigneusement  79,26  centimètres  cubes, 
ou  4 pouces  cubes  de  terre  de  jardin  humide  avec 
69,45  centimètres  cubes , ou  trois  pouces  cubes  d’air 
commun  ; je  mis  le  flacon  fermé  avec  un  bouchon 
usé  à i’ëméri  sur  son  col  dans  un  vase  plein  d’eau  , 
il  passa  la  nuit  dans  cet  état , et  fut  encore  exposé 
pendant  3 heures  au  soleil;  de  sorte  que  cet  appareil 
resta  de  celte  manière  pendant  18  heures. 

Je  fis  ensuite  l’essai  de  l’air,  et  je  trouvai  qu’il 
y avoit  eu  io°  de  gaz  oxygène  absorbé  et  5°  d’acide 
carbonique  avec  5°  d’azote  produits. 

5 xxviii. 


Je  répétai  l’expérience  du  § XXVI  avec  du 
sable  assez  sec;  j'en  mis  5g, 45  centimètres  cubes, 
ou  3 pouces  cubes  dans  un  flacon  bien  fermé  avec 
5g, 63  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air 
commun;  le  flacon  fut  dans  cet  état  pendant  toute 
une  nuit  et  pendant  5 heures  exposé  au  soleil , de 
sorte  que  tout  cela  resta  de  cette  manière  pendant 
18  heures. 

En  essayant  l’air  je  trouvai  2°'de  gaz  oxygène 
absorbé  et  2n  d’acide  carbonique  produit. 


§ XXIX. 

Enfin  j’ai  souvent  employé  des  ÉroNOES  dans  mes 
expériences  sur  les  animaux  et  les  plantes  pour  les 
tenu’  humectés  sans  les  mettre  sous  l’eau , il  fui  1 oit 


( 55  ) 

donc  savoir  encore  si  elles  n’altéroient  pas  l’air  em- 
ployé dans  l’expérience. 

Je  pris  une  éponge  assez  grosse  que  je  lavai  bien 
dans  l’eau  pure,  je  la  mis  sous  un  récipient  avec  une 
petite  quantité  d’air,  que  je  plaçai  sur  mon  four- 
neau et  je  le  laissai  ainsi  pendant  dix  jours  , mais 
je  vis  en  essayant  l’air  qu’il  n’avoit  point  été  altéré 
par  l’éponge. 

§ XXX. 

Il  résulte  de  ces  expériences  i.°  que  la  chaleur 
et  la  lumière  n’altèrent  ni  l’air  commun  , ni  le  gaz 
oxygène. 

2. °  Que  quelques  plantes  renfermées  dans  l’air 
sous  des  récipiens  ne  souffrent  pas  de  celte  clôture 
d’une  manière  apparente. 

3. °  Que  les  gaz  hydrogène  et  acide  carbonique 
ne  sont  point  altérés  par  la  chaleur  du  soleil. 

4. °  Que  l’eau  n’altère  point  ces  gaz  exposés  à 
la  lumière  du  soleil  et  à l’obscurité. 

5. °  Que  l’eau  de  puits  exposée  aux  soleil  fournit 
le  gaz  azote  en  très-pet ite  quantité. 

6. °  Que  les  terres  mouillées  fournissent  les  gaz 
acide  carbonique  et  azote  et  qu’elles  absorbent  le 
gaz  oxygène. 


* 


( 56  ) 

CHAPITRE  II. 

Des  plantes  mises  dans  V air  et  divers  gaz  , de 
diverses  manières. 

§ XXXI. 

Je  ne  parlerai  point  ici  de  la  manière  de  faire 
ces  expériences,  des  précautions  employées  pour  y 
réussir  , de  leur  partie  eudiomélrique  , la  répétition 
en  seroit  inutile;  j’ai  déjà  fait  connoître  quelques 
précautions  qu’il  est  nécessaire  d’employer,  et  j’ai 
décrit  les  procédés  eudiométriques  dans  le  premier 
Mémoire  sur  la  respiration  . § XXVI  et  X XV II, 
et  au  commencement  de  ce  nouveau  Mémoire. 

§ XXXII. 

J’ai  mis  à sec  dans  deux  flacons  contenant 
5g, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air 
commun  deux  petites  plantes  d'œillets , je  fermai 
ces  flacons  presqu’hermétiquement , et  je  les  plaçai 
sur  leur  col  dans  un  vase  plein  d’eau  , où  ils  res- 
tèrent 20  heures.  Je  me  suis  néanmoins  aperçu  que 
la  clôture  n’étoit  pas  hermétique  , puisqu’il  éloit 
entré  un  peu  d’eau  dans  le  flacon. 

J’examinai  l’air  renfermé  et  je  trouvai  qu’il  a voit 
absorbé  17°^  de  gaz  oxygène  et  produit  6°  ^ d’acide 
carbonique  : il  y eu  auroit  eu  sans  doute  davan- 
tage, si  l’eau  entrée  dans  le  flacon  n’en  a voit  pas 
absorbé  une  partie. 

§ XXXIIT. 

En  fusant  cette  expérience , j’en  avois  préparé 
une  autre  semblable  dans  un  flacon  dc#la  même 


( 57  ) 

capacité  que  le  précédent,  et  fermé  avec  soin,  l’ex- 
périence dura  pendant  le  même  temps;  mais  au  lieu 
d’air  commun  je  remplis  le  flacon  avec  le  gaz  hydro- 
gène, et  je  m’étois  bien  assuré  qu’il  éloit  pur  et  sans 
gaz  acide  carbonique. 

J’examinai  le  gaz  hydrogène  au  bout  des  20 
heures  que  dura  l’expérience,  eL  j’y  trouvai  6°  \ de 
gaz  acide  carbonique  qui  y a voit  été  produit. 

§ XXXIY. 

Ap  rès  avoir  fait  l’examen  des  deux  expériences 
précédentes  , je  laissai  les  deux  plantes  d’oeillets 
dans  leurs  flacons  ; je  renouvelai  l’air  commun  de 
l’un  des  deux  et  le  gaz  hydrogène  de  l’autre;  je 
fermai  alors  scrupuleusement  ces  deux  (laçons  avec 
leurs  bouchons  usés  à l’émeri  ; je  les  renversai  sur 
leur  col  dans  un  vase  plein  d’eau , et  je  fis  bana- 
lise de  l’air  et  du  gaz  hydrogène  , après  les  avoir 
ainsi  laissés  pendant  25  heures. 

Je  vis  d’abord  qu’il  n’éloit  point  entré  d’eau  dans 
le  flacon  de  l’air  commun,  et  qu’il  n’en  sortit  point 
de  lui-même  en  l’ouvrant  sous  l’eau  ; ces  deux 
plantes  d’œillets  a voient  absorbé  120  de  gaz  oxygène 
et  produit  120  d’acide  carbonique. 

11  ne  faut  donc  pas  s'étonner  s’il  n’est  pas  entré  de 
l’eau  dans  le  flacon  comme  dans  l’expérience  précé- 
dente, puisqu’il  y eut  dans  cette  expérience  170  \ de 
gaz  oxygène  absorbé  et  seulement  dans  l’autre  un  peu 
plus  de  la  moitié  de  celui  qui  éloit  contenu  dans  le 
flacon;  car  dans  cette  dernière  expérience,  il  y a 
eu  une  plus  grande  quantité  d’acide  carbonique  pro- 
duit, et  celle  augmentation  d’acide  carbonique  a 
suffi  pour  tenir  le  flacon  plein. 


( 58  ) 

Dans  le  gaz  hydrogène,  il  y eut  5*  d’acide  carbo- 
nique produit,  ou  i°  i de  moins  que  dans  la  première 
expérience. 

La  température  de  l’air  a vo  it  été  de  i5  à 20°, 
et  les  plantes  a voient  sou  fier  t dans  cette  clôture. 

§ XXXV. 

Je  répétai  cette  expérience  , en  renfermant  dans 
ces  flacons  une  quantité  de  feuilles  d'œillet  égales 
aux  deux  plantes  que  j’avois  mises  dans  la  précé- 
dente; tout  y étoit  donc  égal;  mais  je  laissai  ces 
appareils  remplis  d’air  commun  en  expérience  pen- 
dant 28  heures  , durant  lesquelles  il  y eut  pour  elles 
i5  heures  d’obscurité.  Je  fis  ensuite  l’essai  de  l’air. 

J’ouvris  ces  flacons  sous  l’eau,  il  sortit  du  pre- 
mier un  jet  d’air;  j’examinai  l’air  du  flacon,  et  je 
trouvai  que  les  feuilles  avoient  absorbé  17°^  de  gaz 
oxygène  , et  produit  4°  d’acide  carbonique  et  1 5°  ^ 
d'azote. 

Les  feuilles  du  second  flacon  absorbèrent  6°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  6°  d’acide  carbonique. 

Mais  comment  accorder  deux  expériences  si  dis- 
parates; j’ai  pensé  que  la  différence  pouvoit  provenir 
de  ce  que  les  feuilles  mises  dans  chacun  des  flacons 
avoient  été  prises  sur  des  pots  differents  ; de  sorte 
que  cette  différence  pouvoit  dépendre  de  la  nature 
des  plantes , ou  peut-être  de  la  santé  des  feuilles. 

§ XXXVI. 

Je  variai  l’expérience  faite  dans  le  gaz  hydro- 
gène , en  la  répétant  dans  le  gaz  azote. 

Je  mis  donc  une  plante  d œillet  sous  un  récipient 
contenant  5q,64  centimètres  cubes,  ou’,2  pouces 


( 59  ) 

cubes  d*aîr  commun  , et  j’en  plaçai  une  autre  sem- 
blable et  égale  clans  2 pouces  cubes  de  gaz  azote, 
ils  y restèrent  pendant  i5  heures  5 au  bout  de  ce 
temps-là  j’essayai  l’air  et  le  gaz. 

L’œillet  absorba  dans  l'air  commun  6°  de  gaz 
oxygène  et  produisit  6°  d’acide  carbonique. 

L’œillet  dans  le  gaz  azote  produisit  4°^  d’acide  car- 
bonique, ou  i°  ~ de  moins  que  dans  l’air  commun. 

§ XXXVIT. 

Je  suivis  ces  expériences  sur  dilTérenles  plantes 
en  les  répétant  et  les  variant. 

Je  tins  renfermé  dans  29,7  1 centimètres  cubes , ou 
1 pouce  ^ cube  d’air  commun  pendanl  7 heures  sur 
mon  fourneau , quelques  branches  de  thym  , thymus 
vulgaris , dont  le  pied  plongeoiL  dans  l’eau  à lu  tem- 
pérature de  i4  à 18e. 

J’en  exposai  pendant  le  même  temps  et  de  la 
même  manière  dans  la  même  quantité  d’air  à la 
température  de  70. 

Le  premier  absorba  i5°  de  gaz  oxygène  et  pro- 
duisit 6°  d’acide  carbonique. 

Le  second  absorba  8°  de  gaz  oxygène  et  produisit 
4°  d’acide  carbonique. 

La  différence  de  température  en  produit  donc  une 
grande  dans  l’absorption  du  gaz  oxygène  et  la  pro- 
duction de  l’acide  carbonique. 

§ xxxvm. 

Je  renfermai  encore  quelques  branches  de  thym 
dans  un  flacon  fermé  avec  un  bouchon  usé  à l’émeri, 
et  contenant  5g, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces 
cubes  d’air  commun , l’appareil  resta  26  heures  sur 
mon  fourneau. 


( 6o  ) 

En  essayant  l’air  je  trouvai  n°  de  gaz  oxygène 
absorbé  probablement,  g0  d'azote  détruit  de  même , 
et  5°  d’acide  carbonique  produit. 

§ XXXIX. 

J’entrepris  des  expériences  analogues  sur  la  lavande, 
lavendula  spica. 

Je  mis  dans  deux  tubes  contenant  59, 64  centi- 
mètres cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air  commun, 
un  rameau  de  lavande  ; j’en  plaçai  un  sur  mon 
fourneau  à la  température  de  18,  i5  et  1 5°  pendant 
24  heures.  Je  mis  l’autre  pendant  le  même  temps 
à la  température  de  70. 

La  lavande  qui  avoit  été  sur  le  fourneau  absorba 
tout  le  gaz  oxygène  et  produisit  4°  5 d’acide  car- 
bonique. 

La  lavande  qui  avoit  été  à la  température  de  7* 
absorba  i3°  de  gaz  oxygène,  produisit  4°  d’acide 
carbonique  et  70  d’azote,  comme  je  m’en  assurai 
par  une  bougie  allumée  qui  ne  l’enflamma  pas. 

Je  craignis  quelque  erreur  dans  l’essai  de  l’air, 
de  sorte  que  je  répétai  l’expérience  rigoureusement 
de  la  même  manière  que  la  précédente. 

La  lavande  sur  le  fourneau  absorba  tout  le  gaz 
oxygène  et  produisit  7 0 ^ d’acide  carbonique,  la  tem- 
pérature avoit  été  de  12,  i5  et  20°. 

La  lavande  qui  avoit  été  à la  température  de  70 
absorba  aussi  tout  le  gaz  oxygène  , et  produisit  70  ^ 
d’acide  carbonique  ; cela  est  vraiment  singulier , 
quand  011  considère  la  différence  de  température. 

§ XL. 

Je  lins  des  feuilles  de  lavande  dans  un  flacon  fermé 


( 6i  ) 

avec  un  bouchon  usé  à l’émeri,  contenant  29,71 
centimètres  cubes,  ou  1 pouce  ~ cube  de  gaz  oxy- 
gène pendant  7 jours  sur  mon  fourneau  : j’ouvris 
de  temps  en  temps  le  flacon  sous  l’eau  qui  y entra , 
de  manière  qu’à  la  fin  quelque  feuilles  y plongèrent. 

J’examinai  l’air  restant,  je  trouvai  que  70°  du 
volume  introduit  ou  les  avoienl  disparu  et  que 
les  5o  parties  restantes  renfermoient  i°  d’acide  car- 
bonique; celui  quiauroit  dix  y être,  avoit  été  absorbé 
par  l’eau;  et  après  la  combustion  du  phosphore  je 
trouvai  28°,  c’est-à-dire,  qu’il  y a voit  encore  i°  de 
gaz  oxygène,  eL  dans  ce  reste  ues  28°,  je  plongeai 
enfin  une  bougie  allumée;  il  se  fit  alors  un  petit 
bruit,  la  flamme  s’élargit;  ce  qui  me  fil  conclure 
qu’il  y avoit  du  gaz  hydrogène;  par  conséquent  tout 
le  gaz  oxygène  avoiL  éLé  absorbé  à une  centième 
près,  et  il  y avoit  28°  de  gaz  hydrogène  et  azote  qui 
y furent  produits. 

^ XLI. 

Je  pris  des  tiges  de  lavande;  je  les  mis  dans  un 
flacon  à col  étroit,  plein  d’air  commun;  de  manière 
que  l’extrémité  des  liges  dépouillée  de  feuilles  plon- 
geât dans  un  vase  plein  d’eau,  où  le  col  du  flacon 
éloit  renversé;  dans  le  même  temps  je  mis  dans 
un  autre  flacon  de  la  même  capacité  et  plein  d’air 
commun  des  liges  de  lavande;  mais  les  tiges  dé- 
pouillées de  leurs  feuilles  à leurs  bases  plongeoient 
au  travers  du  col  du  flacon  dans  un  vase  plein  d’eau 
chargée  d’acide  carbonique,  je  les  exposai  ainsi  au 
soleil  pendant  tout  un  jour  du  mois  de  Mars. 

Je  lis  l’essai  de  l’air,  et  je  trouvai  que  l’air  du 


( 6a  ) 

flacon  , où  avoit  été  la  lavande  plongeant  par  le 
bas  de  ses  liges  dans  L’eau  commune  éloit  resté  sans 
aucune  altération  ; tandis  que  l’air  du  flacon  où 
.avoit  été  la  lavande  plongeant  par  le  bout  de  ses 
liges  dans  Veau  chargée  d'acide  carbonique  étoit  le 
double  meilleur,  ou  contenoit  4on  de  gaz  oxygène. 

§ XL1I. 

Je  relirai  le  bouquet  de  tiges  de  lavande  dont  les 
bouts  avoienl  plongés  dans  l’eau  acidulée  par  l’acide 
carbonique  , et  je  les  introduisis  dans  un  tube,  où 
il  y avoit  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  5 
cube  d’air  commun  -,  les  bouts  de  ces  tiges  plon- 
geoient  toujours  dans  l’eau,  elles  y passèrent  la  nuit, 
et  furent  pendant  le  jour  suivant  exposées  à la  cha- 
leur du  soleil  sans  recevoir  sa  lumière. 

Je  trouvai  le  lendemain  matin  que  le  gaz  oxygène 
avoit  été  entièrement  absorbé , et  qu’il  y avoit  eu 
5°£  d’azote  produit  ; l’acide  carbonique  avoit  été 
absorbé  par  l’eau  qui  fennoit  le  tube. 

§ XLIII. 

l’a  vois  encore  exposé  à la  chaleur  solaire  deux 
flacons  pleins  d’air  commun  , où  j’avois  introduit 
dans  chacun  un  bouquet  de  tiges  de  lavande  dont 
les  bases  plongeoicnl  dans  l’eau , sur  laquelle  s’eu- 
fonçoienl  les  cols  des  flacons;  ces  flacons,  couverts 
d’un  étui  de  carton,  restèrent  exposés  ainsi  au  soleil 
pendant  toute  la  journée. 

J’en  essayai  l'air , et  je  trouvai  que  la  lavande  avoit 
absorbé  tout  le  gaz  oxygène  du  premier  flacon,  et 
qu’il  v avoit  eu  5°  £ d’acide  carbonique  absorbé , 
sans  celui  que  l’eau  avoit  absorbé  de  même. 


( 63  ) 

Dans  le  second  flacon  il  n’y  avoit  plus  de  gaz 
oxygène,  et  j’y  trouvai  6°  d’acide  carbonique,  sans 
celui  que  l’eau  avoit  absorbé  pareillement. 

§ XLIV. 

Je  tins  encore  quelques  tiges  de  lavande  dans  un 
flacon  plein  d’air  et  bien  fermé  , contenant  5g, 45 
centimètres  cubes , ou  5 pouces  cubes  d’air  commun 
pendant  g heures;  c’étoitau  commencement  de  Mars; 
en  faisant  banalise  de  l’air,  je  trouvai  i5°  de  gaz 
oxygène  détruit  et  2 2°  d’acide  carbonique  produit. 

Ce  qui  m’a  fait  penser  que  l’acide  carbonique  pro- 
duit ne  vient  pas  immédiatement  de  la  plante;  mais 
qu’il  est  plus  raisonnable  de  croire  , que  la  plante 
avoit  chassé  hors  d’elle  du  carbone , qui  s’est  com- 
biné avec  le  gaz  oxygène  de  l’atmosphère  pour  pro- 
duire l’acide  carbonique. 

Je  répétai  la  même  expérience  dans  ma  chambre 
pendant  le  même  temps , à la  température  de  8 à 9 
degrés.  Je  trouvai  que  dans  70  parties  d’air , il  y en 
avoit  encore  i4de  gaz  oxygène,  et  qu’il  y eu  eut 
70  détruits  par  la  plante.  Ces  7 parties  formèrent 
donc  en  partie  les  4°  d’acide  carbonique  trouvés  dans 
l’air  du  récipient,  et  ceux  qui  furent  absorbés  par 
1 humidité  de  cet  air;  par  conséquent  l’acide  carbo- 
nique trouvé  ne  seroit  pas  entièrement  sorti  de  la 
plante;  mais  il  auroit  été  produit  par  la  combinaison 
du  carbone  avec  le  gaz  oxygène  de  l’air,  car  si  l’acide 
carbonique  étoit  sorti  de  la  plante,  l'air  trouvé  auroit 
été  accru  eu  volume,  bien  loin  d’être  aussi  diminué. 

§ XLV. 

Je  fis  encore  la  meme  expérience  le  lendemain  ; 


( 64  ) 

ruais  je  remplis  les  flacons  avec  le  gaz  hydrogène, 
au  lieu  de  les  remplir  avec  l’air  commun.  Un  des 
flacons  ne  fut  tenu  en  expérience  que  pendant  9 
heures  , comme  les  précédeus  ; j’en  laissai  un  autre 
jusques  au  lendemain. 

La  lavande  parut  en  bon  état  dans  les  deux  expé- 
riences lorsque  je  la  retirai  ; après  l'essai  du  gaz 
hydrogène  laissé  en  expérience  avec  cette  plante  pen- 
dant 9 heures,  je  trouvai  la  même  quantité  de  gaz 
hydrogène  sans  acide  carbonique , quoiqu’à  la  même 
température  j’eusse  trouvé  dans  l’air  commun  4;° 
d’acide  carbonique. 

Le  lendemain  je  fis  l’essai  du  gaz  hydrogène  du 
second  flacon,  et  j’y  trouvai  i°  ^ d’acide  carbonique. 

Il  paroît  donc  ici  qu’avec  la  lavande,  la  produc- 
tion de  l’acide  carbonique  se  fait  par  la  combinaison 
du  carbone  de  la  plante  avec  le  gaz  oxygène  de  la 
plante;  mais  le  gaz  hydrogène  me  parut  diminué 
de  6°|.  SeroiL-il  possible  que  la  pkmte  l’eût  absorbé? 

§ XLVI. 

En  faisant  ces  expériences  avec  le  gaz  hydrogène, 
je  me  rappelai  d’avoir  lu  dans  les  Annales  de  Chimie , 
T.  XXI,  p.  336 , que  M.r  Humbold  avoil  dit  que 
les  plantes  donuoient  spontanément  le  gaz  oxygène, 
lorsqu’elles  éloient  dans  le  gaz  hydrogène  et  sans 
avoir  besoin  de  l’action  de  la  lumière.  Je  voulus  en 
faire  l’épreuve. 

Je  renfermai  par  l’eau  dans  un  tube  09,64,cen- 
timètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  de  gazh\rdrogène; 
j’y  introduisis  une  lige  de  lavande  , dont  le  pied  plon- 
geoil  dans  l’eau,  je  tins  l’appareil  à l’ombre  dans  ma 

chambre 


(65  ) 

chambre  pendant,  trois  jours:  au  bout  de  ce  temps, 
je  fis  l’essai  du  gaz;  je  trouvai  sa  quantité  augmentée 
de  io°;  je  le  lavai  dans  l’eau  de  chaux  ; j’y  observai 
8°  | d’acide  carbonique  ; ensuite  j’y  fis  passer  le  phos- 
phore que  j’y  vis  bouillir  après  l’avoir  échauffé  ; il  y 
donna  quelque  fumée , comme  on  le  voit  fumer  tou- 
jours dans  le  gaz  hydrogène;  mais  je  n’y  trouvai  point 
de  gaz  oxygène. 

$ XLvu. 

Je  renfermai  pendant  22  heures  les  Feuilles  d’un 
petit rosz’er  dans  5g, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces 
cubes  d’air  commun  contenus  dans  un  flacon  bien 
fermé  à la  température  de  i4°-|,  elles  furent  sans 
contact  avec  l’eau  ; de  sorte  que  je  pus  bien  con- 
noître  la  quantité  de  l’acide  carbonique  produit. 

Au  bout  de  ces  22  heures  les  feuilles  ne  me  paru- 
rent pas  avoir  beaucoup  souffert  ; elles  avoient  con-» 
•servé  leur  odeur  naturelle  ; je  fis  alors  l’essai  de  l’air, 
et  je  trouvai  que  ces  feuilles  du  rosier  avoient  ab- 
sorbé 1 70  i de  gaz  oxygène,  et  qu’elles  avoient 
produit  io°  d’acide  carbonique  et  70  d’azote. 

§ XLVIir. 

Je  tins  à l’ombre  dans  un  flacon  bien  fermé  con- 
tenant 4g, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  \ cubes 
d’air  commun  , deux  feuilles  d’une  crassula  coty- 
lédon; elle  y resta  pendant  10  heures. 

Elle  détruisit  la  moitié  du  gaz  oxygène,  etproi 
duisit  .5°  d’acide  carbonique 

J’avois  vu  que  ces  feuilles  de  cette  crassula 
restées  pendant  24  heures  à l’obscurité  dans  277,43 
centimètres  cubes,  ou  i4  pouces  cubes  d’air  com- 
Tome  3.  ' E 


( 66  ) 

mua  avoient  laissé  cet  air  sans  altération  et  que  les 
deux  feuilles  de  cette  même  crassula  à l’obscurité 
pendant  48  heures  dans  128,80  centimètres  cubes  , 
ou  6 pouces  i cubes  d’air  commun  avoient  produit 
4°  3 d’acide  carbonique  et  avoient  absorbé  4°i  de  gaz 
oxygène  ; alors  je  laissai  le  premier  appareil , où  se 
trouvoient  les  deux  feuilles  de  crassula  pendant  i5 
jours  à l’obscuriLé  ; ces  deux  feuilles  me  parurent 
saines,  mais  je  vis  qu’elles  avoient  absorbé  160  de 
gaz  oxygène  et  produit  4°  d’acide  carbonique. 

§ XLIX. 

Tout  ce  que  j’avois  vu  me  rendoit  plus  nécessaire 
d’établir  exactement  les  quantités  d’acide  carbonique 
produit  par  les  plantes  renfermées  dans  l’air  commun 
comme  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote. 

Je  pris  donc  trois  tubes,  je  mis  dans  chacun  des 
portions  égales  de  L’aloe  disticha  verrucosa , je  ren- 
fermai avec  elles  dans  un  des  tubes  29,7 1 centimètres 
cubes,  ou  1 pouce  et  3 cube  d’air  commun,  dans 
un  autre  la  même  quantité  de  gaz  azote  , et  dans  un 
troisième  la  même  quantité  de  gaz  hydrogène  ; j’ex- 
posai ces  trois  tubes  ainsi  disposés  et  fermés  par  l’ean 
au  soleil  pendant  une  matinée  *,  en  voici  les  résultats: 

Dans  V air  commun,  il  y eut  io°  de  gaz  oxygène 
absorbé  et  6°  d’acide  carbonique  produit. 

Dans  le  gaz  hydrogène , celle  portion  de  plante 
avoit  produit  4°  de  gaz  oxygène  et  4°  d’acide  car- 
bonique , le  reste  étoit  un  mélange  des  gaz  hydro- 
gène et  azote  qui  ne  put  s’enflammer  à cause  de  ce 
mélange. 

Dans  le  gaz  azote , il  y eut  6°  de  gaz  oxygène 


( 67  ) 

produit  avec  6°  de  gaz  acide  carbonique  $ mais  il  y 
eut  encore  6°  d’azote  absorbé. 

§ L. 

Toutes  les  feuilles  donnent-elles  également  l’acide 
carbonique  dans  le  gaz  azote  ? Cette  question  méri- 
loit  bien  d’avoir  une  solution  aussi  étendue  qu’il 
seroit  possible  de  la  donner. 

J’exposai  pour  cela  pendant  2 heures  ~ à un  soleil 
ardent  dans  des  tubes  différens  contenant  tous  4g, 64 
centimètres  cubes,  ou  2 pouces  \ cubes  de  gazazoLe, 
des  feuilles  de  vigne , de  choux  , de  framboisier  et 
de  romarin. 

Je  trouvai  que  les  feuilles  de  vigne  avoient  souffert 
et  rougi , elles  ne  donnèrent  point  d’acide  carbonique. 

Les  feuilles  de  choux  produisirent  3°  ~ d’acide 
carbonique. 

Les  feuilles  de  framboisier  n’en  produisirent  point. 

Les  feuilles  de  romarin  donnèrent  6°  d’acide  car- 
bonique. 

Mais  il  faut  observer , que  l’eau  employée  pour 
fermer  les  tubes  avoit  été  privée  de  son  acide  carbo- 
nique par  l’eau  de  chaux  ; de  sorte  qu’il  est  aisé  de 
comprendre  , que  les  feuilles  qui  donnèrent  peu  d’a- 
cide carbonique  ne  purent  le  rendre  sensible  dans  le 
gaz  azote , parce  que  l’eau  l’absorba  à mesure  que 
les  feuilles  le  produisirent  ; aussi  les  feuille»  qui  en 
fournirent  ne  laissèrent  paroître  qu’une  partie  de 
celui  qu’elles  avoient  produit. 

§ LI. 

Il  étoit  important  de  rechercher  quelle  est  la  quan- 
tité de  gaz  oxygène,  que  les  feuilles  peuvent  donner 
dans  l’air  au  soleil. 


( 68  ) 

J’exposai  donc  au  soleil  pendant  5 heures  de  la 
même  manière  séparément  dans  des  tubes  fermés  par 
l’eau  commune  et  contenant  la  même  quantité  d’air 
commun , que  dans  l’expérience  précédente  des  feuilles 
de  framboisier,  d’amarante  et  de  violette. 

Les  feuilles  de  framboisier  laissèrent  le  gaz  oxy- 
gène intact  et  produisirent  2°  \ d’acide  carbonique  ; 
il  n’y  eut  donc  point  de  gaz  oxygène  produit  pen- 
dant ces  5 heures. 

Les  feuilles  d 'amarante  absorbèrent  2°  | de  gaz 
oxygène  et  produisirent  2°  | d’acide  carbonique  ; il 
n’y  eut  donc  point  de  gaz  oxygène  produit. 

Les  feuilles  de  la  violette  jaune  absorbèrent  5°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  2°  d’acide  carbonique, 
il  n’y  eut  donc  point  encore  de  gaz  oxygène  produit. 

§ UI. 

Je  tins  pendant  4o  heures  six  feuilles  de  violettes 
jaunes  dans  5g, 45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces 
cubes  de  gaz  azote  fermés  par  l’eau  dans  un  tube  ; 
je  disposai  de  même  6 feuilles  de  la  même  plante 
dans  5 pouces  cubes  de  gaz  hydrogène , ces  deux  ap- 
pareils furent  toujours  dans  une  pleine  obscurité. 

Au  bout  de  ce  temps,  je  trouvai  les  feuilles  vertes, 
et  en  essayant  ces  deux  gaz;  je  vis  que  ces  feuilles 
avoient  produits0  d’acide  carbonique  dans  le  gaz 
hydrogène  et  2°  du  même  acide  dans  le  gaz  azote. 

§ lui- 

Je  tins  au  soleil  pendant  5 heures  dans  4<);54  cen- 
timètres cubes,  ou  2 pouces  £ cubes  d’air  commun 
2 feuilles  de  fèves  , j’en  mis  autant  dans  2 pouces  5 
çubes  de  gaz  azote;  j’employai  toujours  les  tubes 


( % ) 

dont  je  me  suis  servi , et  je  les  emploierai  toujours 
lorsque  je  n’avertirai  pas  du  changement;' la  clôture’ 
de  ces  tubes  sera  toujours  de  même  faite  par  l’eau 
commune  , quand  je  n’en  indiquerai  pas  une  autre. 

Les  feuilles  de  fève  dans  l’air  commun  et  dans 
le^nz  azote  ne  produisirent  point  d’acide  carbonique. 

§ LIV. 

J ’exposai  au  soleil  une  feuille  du  cactus  cochini - 
Tifer  dans  5g, 4 5 centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes 
d’air  commun  pendant  5 heures. 

Celte  feuille  y produisit  i°  de  gaz  oxygène  et 
i°  d’acide  carbonique. 

$ LV. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  plantes , et  leurs  par- 
ties entières  qui  absorbent  le  gaz  oxygène  , leurs 
fragmens  ont  encore  la  même  propriété. 

11  m’étoit  resté  des  fragmens  de  plantes,  que  je 
n’avois  pas  eu  le  temps  d’employer  pour  mes  expé- 
riences; ce  n’étoil  pas  des  feuilles , mais  des  tiges,  des 
rameaux  négligés;  j’ai  voulu  voir  encore  ce  qui  leur 
arriveroit  en  les  exposant  au  soleil  dans  un  air  clos. 

J’exposai  pendant  trois  jours  le  tiers  d’une  tige  de 
cotylédon  dans  5g, 45  centimètres  cubes,  ou  3 pouces 
cubes  d’air  commun  ; cette  tige  fut  exposée  ainsi 
pendant  un  jour  au  soleil,  et  pendant  les  deux  autres 
à l’ombre;  j’en  essayai  l’air,  il  y eut  \ r]Q‘\  de  gaz  oxy- 
gène absorbé  et  7°^  d’acide  carbonique  produit. 

Je  répétai  cette  expérience  de  la  même  manière 
sur  uno  tige  du  sedum  arboreum  ; il  y eut  i5°  de 
gais  oxygène  absorbé  et  4°  d'acide  carbonique  produit. 

Je  mis  de  même  eu  expérience  une  tige  de  s ta  c/y  s , 


( 70  ) 

elle  absorba  i4°  de  gaz  oxygène  et  produisit  5°  d’a- 
cide carbonique. 

Ces  expériences  méritent  de  l’attention , puisqu’elles 
montrent*  que  ce  ne  sont  pas  les  feuilles  seules,  mais 
aussi  les  tendres  rameaux  cl  les  liges  des  plantes  qui 
absorbent  le  gaz  oxygène  et  produisent  l’acide  car- 
bonique. 

§ LVI. 

Je  refis  quelques-unes  de  ces  expériences  à une 
température  plus  haute,  c’étoil  au  mois  de  juin  , la 
températnre  éloit  de  i70jà  l’ombre;  je  mis  donc 
dans  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  -cube 
d’air  commun  sous  un  petit  récipient  et  j'y  laissai 
pendant  12  heures  5 feuilles  du  sempervivum.  Pen- 
dant le  même  temps  et  de  la  même  manière  je  mis 
6 feuilles  du  sempervivum  dans  5g, 64  centimètres, 
ou  2 pouces  cubes  de  gaz  hydrogène  ; j’en  mis  encore 
6 auli’es  dans  la  même  quantité  de  gaz  azote.  J’en 
examinai  l’air  et  les  gaz  après  le  même  temps. 

Dans  l’air  commun  il  y eut  G0  de  gaz  oxygène 
absorbé  et  6°  d’acide  carbonique  produit. 

Dans  le  gaz  hydrogène  il  y eut  2°^  d’acide  car- 
bonique produit , et  le  gaz  hydrogène  fut  intact. 

Dans  le  gaz  azote  il  y eut  5°  d’azote  absorbé  et 
4°  \ d’acide  carbonique  produit. 

Ou  remarque  dans  ces  trois  expériences  la  quan- 
tité de  gaz  oxygène  absorbé  dans  l'air  commun  et 
la  production  d'acide  carbonique  qui  a été  plus 
grande  que  dans  les  deux  autres  gaz;  ensuite  qu'il 
v a eu  de  l’acide  carbonique  produit  dans  les  deux 
gaz  hydrogène  et  azote  ; mais  qu’il  y a eu  une  partie 
de  l’azote  absorbée. 


( 7*  ) 

Puis  donc  que  l’acide  carbonique  a été  produit 
dans  les  gaz  hydrogène  et  azote,  il  fautvbien  que  cet 
«eide  se  forme  dans  celle  plante,  et  comme  elles  pa- 
l’oissent  s’y  être  bien  conservées  , on  ne  sauroit  l'at- 
tribuer à un  défaut  particulier;  de  sorte  que  comme 
je  m’élois  assuré  que  ces  deux  gaz  ne  conlenoient 
point  d’acide  carbonique  , il  faut  en  conclure  qu’il 
a bien  élé  produit  par  la  plante. 

§ LVII. 

Je  n’avois  pas  mis  dans  les  expériences  précédentes 
une  quantité  d’air  commun  égale  à celle  des  deux 
autres  gaz , ni  le  même  nombre  de  feuilles,  en  sorte 
que  cette  plante  auroiL  pu  absorber  encore  plus  de 
gaz  oxygène  et  fournir  d’autres  résultats;  aussi  je 
me  résolus  à refaire  celte  expérience , et  à employer 
ainsi  6 feuilles  du  semper  vivum  avec  59,64  centi- 
mètres cubes , ou  2 pouces  cubes  d’air  commun  et 
2 pouces  cubes  des  autres  gaz,  enfin  à laisser  durer 
encore  l’expérience  pendant  12  heures,  en  conser- 
vant la  même  température  que  j’avois  eue  daus  la 
précédente  expérience.  En  voici  les  résultats. 

Dans  Pair  commun,  il  y eut  90  de,  gaz  oxygène 
absorbé  et  6°  d’acide  carbonique  produit. 

Dans  le  gaz  hydrogène , il  y eut  2°  ~ d’acide  car- 
bonique produit  , c’est-à-dire  3°^  de  moins  que  dans 
l’air  commun.  •.  * 

Dans  1 a gaz  azote , il  y eut  4°  3 d’acide  carbonique 
produit,  c’esl-à-dire  i°|  de  moins  que  daus  l’air 
commun. 

. Lorsque  celle  plante  est  à l’ombre  , elle  produit 
plus  d’acide  carbonique  dans  l’air  commun  que  danfc 
les  deux  autres  gaz;  il  faut  donc  conclure  de  celte 


C 72  ) 

expérience  et  de  quelques  an  1res  semblables  , que  les 
plantes  dans  l’air  commun  à l’ombre  produisent  plus 
d'acide  carbonique  que  dans  les  autres  gaz,  et  ce 
doit  être  l'acide  carbonique  tiré  par  les  racines  , mais 
on  ne  sauroit  douter  que  cet  acide  carbonique , ou 
plutôt  une  partie,  n’aiL  été  produit  aux  dépens  du 
gaz  oxygène  de  l’atmosphère,  puisqu’il  y en  a une 
quantité  plus  grande  dans  l’air  commun  que  dans 
les  deux  autres  gaz. 

Dira-t-on  , que  ces  plantes  qui  exhalent  le  gaz  acide 
Carbonique  exhalent  aussi  du  carbone  qui  s’unit  avec 
le  gaz  oxygène  pour  former  cet  acide?  Ce  sujet  de- 
mande de  nouvelles  expériences  semblables  à celles- 
ci  , mais  faites  au  soleil  ; ce  sera  le  seul  moyen  de  ré- 
soudre cette  question  capitale. 

Je  fais  encore  une  observation  sur  cette  dernière 
expérience  : il  y a eu  90  de  gaz  oxygène  absorbé  et 
6°  d’acide  carbonique  produit  ; mais  ces  6°  d’acide 
•carbonique  produit , ont-ils  été  produits  aux  dépens 
seuls  du  gaz  oxygène  absorbé  , cela  ne  paroît  pas , 
puisque  la  plante  doit  en  avoir  fait  naître  qui  lui 
est  propre , comme  on  l’a  vu  dans  les  gaz  hydro- 
gène et  azote.  Supposons  pourtant  que  la  plante  ait. 
chassé  hors  d’elle  2°  d’acide  carbonique , alors  il  y 
auroit  eu  4°  de  cet  acide  formé  par  le  gaz  oxy- 
gène; cependant,  il  y a eu  90  de  gaz  oxygène  dé- 
truits. Comment.se  feroil-il  que  90  de  gaz  oxygène 
n’eussent  produit  que  4°  d'acide  carbonique,  puis- 
qu’on sait  que  l’acide  carbonique  est  composé  de  ^2 
parties  de  gaz  oxygène  et  de  28  de  carbone  , il  faut 
donc  qu'une  partie  du  gaz  oxygène  ail  été  absorbée 
par  la  plante. 


('  73  ) 

§ lviti. 

Enfin  je  tins  pendant  4o  heures  à une  pleine  obs- 
curité 6 feuilles  de  la  violette-jaune  daus  5g, 45  cen- 
timètres cubes  , ou  5 pouces  cubes  de  gaz  hydrogène; 
l’eau  qui  fermoit  les  vases  avoit  été  privée  de  son 
acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux. 

Eu  essayant  ce  gaz  hydrogène  , je  trouvai  qu’il 
y avoiL  5°  d’acide  carbonique  qui  ne  pouvoient  pro- 
venir que  de  la  plante. 

§ LIX. 

Dans  un  jour  où  le  soleil  fut  quelquefois  voilé 
par  les  nuages,  mais  où  il  y eut  quelques  demi- 
heures  pendant  lesquelles  il  fut  brillant  ; je  pris  deux 
espèces  d’uloë  et  quatre  flacons  fermant  très-bien  ; 
je  mis  une  espèce  de  chacun  dans  un  flacon  plein 
d'air;  j’en  exposai  deux  à la  vive  lumière  du  soleil, 
et  les  deux  autres  couverts  d’un  carton  à la  même 
place  où  ils  reçurent  la  chaleur  de  cet  astre  sans  sa 
lumière. 

A la  fin  de  la  journée  je  fis  l’essai  de  l’air  de  ces 
flacons , et  je  trouvai  que  dans  le  premier  flacon  , 
l’air  exposé  à la  lumière  n’avoit  point  été  mêlé  avec 
l’acide  carbonique  et  qu’il  étoil  resté  intact. 

L’air  du  flacon  correspondant  à celui-ci  qui  avoit 
éprouvé  la  chaleur  solaire  sans  être  exposé  à la 
lumière  contcnoil  5°  i d’acide  carbonique  et:  l’air 
commun  étoil  resté  intact. 

Dans  le  second  flacon,  où  éloit  la  seconde  espèce 
d’aloë  exposé  au  soleil,  l’air  commun  étoil.  resté 
intact. 

L'air  commun  du  second  flacon  où  étoil.  la  seconde 


( 7^  ) 

espèce  d'aloë  correspondant  au  précédent  exposé  à 
la  chaleur  du  soleil  sans  recevoir  sa  lumière  con- 
tenoit  8°  d’acide  carbonique  et  l’air  commun  étoit 
d’ailleurs  resté  intact. 

Il  est  donc  prouvé  que  l’air  commun  dans  les 
deux  flacons  exposés  immédiatement  au  soleil  est 
resté  ce  qu'il  étoit , et  qu’il  n’y  a point  eu  d’acide 
carbonique  produit,  tandis  que  dans  les  deux  autres, 
il  n’y  a point  eu  de  gaz  oxygène  de  l’air  commun 
absorbé , mais  qu’il  y a eu  de  l’acide  carbonique  pro- 
duit ; il  paroît  par  conséquent  que  ces  deux  dernières 
plantes  ont  produit  l'acide  carbonique  sans  attaquer 
le  gaz  oxygène  de  l’air. 

Frappé  de  cette  observation  , j’examinai  de  nou- 
veau mes  eudiomètres  que  j’avois  laissé  dans  le  même 
état , et  je  trouvai  que  la  combustion  qui  s’éloit  pro- 
longée indiquoit  que  dans  ces  deux  derniers  qui  n’a- 
voient  pas  reçu  la  lumière  du  soleil , il  y avoit  eu 
2°  de  plus  de  gaz  oxygène  absorbé;  mais  cet  effet 
pouvoit  aussi  être  attribué  à la  température  qui  avoit 
baissé. 

§ LX. 

J’ai  tenu  à l’ombre  et  à la  température  de-7  à 9? 
dans  ma  chambre  des  lames  minces  d ’aloe  humilis 
elles  étoient  renfermées  dans  des  flacons  bien  fermés  ; 
l’un  d’eux  étoit  rempli  d’air  commun  et  l’autre  de 
gaz  hydrogène,  je  les  lins  ainsi  pendant  56  heures. 

Au  bout  de  ce  temps-là,  j’examinai  l’air  et  le 
gaz,  et  je  trouvai  que  les  lames  minces  d’aloë  a voient 
détruit  dans  l'air  commun  180  de  gaz  oxygène  et 
pi'oduit  i5°  d’acide  carbonique  avec  5°  d'azote. 


( 75  ) 

Dans  le  gaz  hydrogène , il  y eut  io°  d'acide  car-- 
bonique  produit,  ou  5°  de  moins  que  dans  l’air 
coin  ni  un. 

Il  paroît  donc  que  Pair  commun  concourt  à faire 
produire  de  l'acide  carbonique  aux  plantés.  Les  lames 
d'aloè  me  semblèrent  bien  conservées. 

§ LXI. 

J’ai  tenu  pendant  7 jours  à la  température  de  6 
à 8°  dans  des  flacons  bien  fermés  et  remplis  d’air 
commun  des  morceaux  de  l'aloè  humilis  pour  sa- 
voir ce  qui  arriveroit  à cet  air  ainsi  renfermé. 

Ces  morceaux  d'aloè  détruisirent  tout  le  gaz  oxy- 
gène et  produisirent  20°  d’acide  carbonique,  c’est- 
à-dire  , autant  qu’ils  avoient  détruit  de  gaz  oxygène: 
l’air  sortit  avec  violence  du  flacon  quand  je  le  dé- 
bouchai. 

On  devroit  donc  dire  ici  , comme  je  l’ai  déjà  re- 
marqué en  parlant  de  la  lavande,  § XLIII.  XLIV. 
XLV.  que  cet  acide  carbonique  a été  le  produit  de 
la  combinaison  du  gaz  oxygène  de  l’air  avec  le  car- 
bone delà  plante;  mais  encore,  si  , l’acide  carbo- 
nique est  composé  de  72  parties  d’oxygène  et  de 
28  de  carbone;  il  est  clair  que  ces  20°  de  gaz  oxygène 
dévoient  produire  plus  de  20°  d’acide  carbonique; 
il  faut  par  conséquent  qu'il  y ail  eu  une  partie  d’a- 
cide carbonique  produit  par  la  plante. 

Il  peut  néanmoins  y avoir  une  erreur  dans  l’expé- 
rience, parce  que  le  passage  de  l’air  au  travers  de  l’eau 
de  chaux  ne  lui  enlève  pas  tout  l'acide  carbonique  ; 
quoique  j’aie  vu  qu’aprèa  avoir  lait  passer  trois  lois  cet 
air  au  travers  de  l'eau  de  chaux,  il  m’eu. ait  paru 


( 7^  ) 

privé  ; d’ailleurs  au  bout  de  7 jours  l'eau  gâtée  aura 
pu  gâter  l’air;  de  sorte  que  les  conclusions  que  je 
* tirerai  ne  sauroienl  être  rigoureusement  fondées. 

§ LXII. 

Ingenhouz  dans  ses  Expériences  sur  les  végétaux 
T.  h.  p.  t4-6 , dit  que  les  plantes  ont  le  pouvoir 
de  changer  pendant  la  nuit  les  gaz  azote  et  hydro- 
gène entièrement  en  acide  carbonique.  Ce  sujet  étoit 
trop  important  pour  ne  pas  mériter  toute  mon  atten- 
tion, je  voulus  donc  l’étudier  par  des  expériences. 

Je  mis  pendant  a4  heures  dans  un  tube  rempli 
avec  59,64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’a- 
zote et  dans  un  autre  tube  semblable  rempli  avec 
la  même  quantité  de  gaz  hydrogène  des  feuilles  de 
V agave  americana.  Je  tins  ces  deux  tubes  dans  une 
parfaite  obscurité  cl  j’eus  soin  de  changer  deux  fois 
l’eau  qui  leur  servoit  de  clôture  pour  prévenir  son 
altération. 

J’essayai  d’abord  le  gaz  hydrogène  , j’y  trouvai 
5°  déplus  de  gaz  que  je  n’y  en  avois  mis;  ensuite 
je  fis  passer  ce  gaz  au  travei’s  de  l’eau  de  chaux  , 
et  je  retrouvai  tout  le  gaz  hydrogène  , que  j’avois  mis 
dans  le  tube  avec  la  plante  ; j’allumai  ensuite  ce 
gaz  avec  une  bougie,  il  s’enflamma  connue  le  gaz 
hydrogène.  L'agave  me  parut  s’être  conservée  en 
bon  étal. 

11  paroît  donc  que  l'agave  avoit  produit  5°  d’a- 
cide carbonique;  mais  cet  acide  n’éloil  pas  produit 
par  le  changement  du  gaz  hydrogène  métamor- 
phosé en  acide  carbonique;  puisqu’après  le  lavage 
dans  l’eau  de  chaux,  il  m’auroil  dù  manquer  5°  du 


( 77  ) 

gaz  hydrogène  , que  j’avois  introduit  dans  le  tube 
en  préparant  l’expérience,  ou  du  moins  une  quan- 
tité quelconque  ; ce  qui  n’est  pourtant  pas  arrivé  , 
puisque  j’ai  eu  5°  de  plus  que  le  gaz  hydrogène  mis 
en  expérience  dans  le  tube;  cependant  In genhouz 
dit  que  la  quantité  du  gaz  hydrogène  alloit  toujours 
en  diminuant. 

J’examinai  ensuile  \cgaz  azote  ',  mais  j’avois  pro- 
longé pour  lui  la  durée  de  l’expériences  qui  s’étendit 
de  même  à l’obscurité  pendant  4a  heures  ; j’eus  en- 
core 5°  i de  gaz  en  plus,  que  celui  que  j’avois  intro- 
duit dans  le  tube  ; mais  quand  j’eus  fait  passer  ce 
gaz  dans  l’eau  de  chaux , je  retrouvai  précisément 
le  gaz  azote  que  j’avois  mis  ; par  conséquent  l’acide 
carbonique  produit  n’est  pas  une  conversion  du  gaz 
azote  en  acide  carbonique. 

§ LXI11. 

Je  poussai  plus  loin  l’expérience;  je  tins  pendant 
quatre  jours  des  feuilles  coupées  à L'agave  ameri- 
cana  dans  ces  flacons  fermés  exactement  et  placés 
dans  l’obscurité  la  plus  profonde  , pour  voir  si  les 
feuilles  que  j’avois  renfermées  avec  ces  gaz  , les 
changeaient  en  acide  carbonique  suvant  la  pensée 
d’Ingcnhouz. 

J’ouvris  au  bout  de  cpiatre  jours  sous  l’eau  le  flacon 
du  gaz  hydrogène  : il  en  sortit  quelques  bulles  que 
je  recueillis,  avec  le  gaz  qui  remplissoit  le  tube, 
j’y  trouvai  d’abord  i50^  d’acide  carbonique;  après 
ce  premier  lavage , je  fis  repasser  ce  gaz  dans  une 
autre  eau  de  chaux  , et  je  fis  rentrer  le  reste  dans 
le  flacon,  d’où  je  l’a  vois  tiré;  il  resta  un  dixième 


( -78  ) 

du  flacon  plein  d’eau  , il  manquoil  donc  un  dixième 
du  gaz  hydrogène.  Dira-l-on , que  ce  dixième  de 
gaz  hydrogène  qui  manquoil  s’est  converti  en  acide 
carbonique?  je  ne  le  crois  pas  , car  il  faudroit  dire 
aussi,  que  ce  dixième  de  gaz  hydrogène  a produit 
une  quantité  d’acide  carbonique  plus  grande  que 
lui;  puisque  le  flacon  étoil  plus  que  plein  du  gaz 
aériforme  . quand  je  l'ai  ouvert.  Il  me  semble  plus 
naturel  de  penser  , que  ce  gaz  hydrogène  a été 
absorbé  par  la  plante.  En  examinant  ce  gaz  hydro- 
gène par  la  bougie  je  le  trouvai  affoibli , au  moins 
lorsque  j’ai  comparé  son  inflammation  avec  celle 
du  gaz  hydrogène  que  j’avois  mis  dans  le  flacon. 

Cet  te  expérience  m’a  engagé  à renvoyer  l’ouver- 
ture du  flacon  , où  le  gaz  azote  étoit  renfermé  avec 
les  feuilles  de  l’agave  americana , en  le  laissant 
toujours  dans  la  même  obscurité. 

§ LXIV. 

Je  laissai  donc  passer  encore  trois  jours  avant  de 
faire  l’examen  de  ce  gaz  azote.  Alors  je  débouchai 
le  flacon  sous  l’eau , il  en  sortit  une  petite  quantité 
de  gaz  que  je  receuillis:  je  trouvai  220  5 d’acide  car- 
bonique ; je  fis  repasser  ce  gaz  au  travers  d’une 
nouvelle  eau  de  chaux  ; ensuite  je  le  transvasai  dans 
le  flacon  où  il  avoit  été  mis  avec  les  feuilles  de 
L’agave  americana  qui  y étoient  encore,  et  je  trouvai 
qu’il  y manquoit  un  quart  du  volume  du  gaz  du 
flacon.  Il  me  semble  qu’il  seroit  assez  difficile  de 
croire  que  ce  gaz  azote  a été  changé  en  acide  car- 
bonique; il  est  bien  plus  probable,  que  ce  gaz  a 
été  absorbé  par  la  plante  , et  que  l’acide  carbonique 
en  est  sorti. 


( 79  5 
■S  lxy. 

Il  résulte  de  ces  expériences,  i.°que  les  plantes 
mises  dans  l’air  commun  , dans  les  gaz  hydrogène 
et  azote  absorbent  le  gaz  oxygène  dans  l’air  com- 
mun , et  donnent  dans  tous  les  trois  l’acide  carbo- 
ninique;  il  y a même  des  cas,  où  il  y a de  l’azole 
produit. 

2.°  Que  la  durée  de  l’expérience  et  l’aètion  de 
la  chaleur  augmentent  la  quantité  de  l’acide  car- 
bonique produit  et  l’absorption  du  gaz  oxygène. 

5.°  Que  l’influence  de  la  lumiève  solaire  immé- 
diate est  plus  grande  que  celle  de  la  lumière  du 
jour  pour  faire  produire  le  gaz  oxygène , et  qu’il 
n’y  en  a point  dans  l’obscurité. 

4. °  Les  plantes  qui  séjournent  long-temps  dans 
les  vases  clos  à l’obscurité  donnent  quelquefois  le 
gaz  hydrogène. 

5. °  L’acide  carbonique  est  formé  souvent  par  le 
contact  du  gaz  oxygène  de  l’air  commun  avec  le 
carbone  ; de  sorte  qu’il  ne  sort  pas  toujours  tout 
formé  hors  de  la  plante. 

6. °  Plusieurs  plantes  11e  donnent  au  soleil  dans 
l’air  clos  que  l’acide  carbonique  •,  quelques  - unes 
altèrent  le  gaz  oxygène  de  l’air;  d’autres  ne  l’altè- 
rent point. 

7.0  Les  plantes  à l’obscurité  donnent  dans  l’air 
l’acide  carbonique  et  l’azote  comme  dans  les  gaz 
hydrogène  et  azote  ; mais  elles  en  fournissent  moins 
dans  le  dernier. 

cj.°  Les  fragmens  des  plantes  absorbent  comme 
elles  le  gaz  oxygène  et  produisent  l’acide  carbonique. 


( 8o  ) 

9.0  Les  plantes  ne  changent  pas  à l’obscurité  le3 
gaz  azote  et  hydrogène  en  acide  carbonique , suivant 
l’opinion  d’Ingenliouz. 

CHAPITRE  IL 

Les  jilanles  mises  dans  l'air  et  dans  Veau  à 
la  lumière  et  à l'obscurité. 

§ LXVL 

Après  avoir  vu  l’effet  que  les  plantes  renfermées 
dans  l’air  y produisent , il  éloit  naturel  de  chercher 
celui  qu’elles  font  observer  , quand  on  les  place 
sous  l’eau  à la  lumière  et  à l’obscurité,  comme  l’ont 
déjà  montré  ceux  qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet; 
mais  on  peut  rendre  encore  cette  recherche  inté- 
ressante en  y mettant  une  exactitude  et  une  préci- 
sion , que  l’état  où  éloit  la  science  , lorsqu’on  tra- 
vailla sur  ces  matières  , ne  permeltoit  pas  alors  d’y 
mettre. 

§ LX\ir. 

Je  commençai  ces  expériences  sous  ce  point  de 
vue  avec  la  lavendula  spica.  Je  mis  donc  , c’étoit 
au  mois  de  décembre , quelques  rameaux  de  cette 
lavande  dans  des  tubes  pleins  d’eau,  renversés  dans 
un  vase  plein  d’eau  sur  leur  ouverture  : il  n’y  avoit 
dans  chaque  tube  qu’un  nombre  de  rameaux  tels 
qu’ils  ne  pouvoient  pas  être  serrés  dans  leurs  tubes; 
j’en  disposai  quatre  de  cette  manière,  ils  restèrent 
6 heures  exposés  au  soleil  ; mais  pendant  ce  temps 
le  soleil  fut  quelquefois  caché. 


( Si  ) 

Je  trouvai  lui  peu  d’air  dans  le  haut  des  tubes  , 
et  cet  air  me  parut  lout-à-fait  semblable  à l’air 
commun  par  la  quantité  de  gaz  oxygène  et  d’azote 
•que  l’expérience  faite  avec  le  phosphore  me  fit 
remarquer. 

Pendant  que  ces  quatre  tubes  éloient  placés'  au 
soleil,  j’en  avois  mis  un  autre  à côté  d’eux,  celui-ci 
conlenoit  5 9,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes 
d’air,  dans  lesquels  j’avois  introduit  la  septième 
partie  de  la  lavande  qui  éloit  dans  les  autres,  et 
dont  l'extrémité  des  rameaux  plougeoit  dans  l’eau 
qui  renfermoit  l’air  dans  le  tube. 

J’examinai  aussi  cet  air,  et  je  trouvai  que  cette 
petite  quantité  de  lavande  a voit  absorbé  2Û  de  gaz 
oxygène  et  produit  5°  d’azote;  je  ne  parle  pas  de 
l’acide  carbonique  que  l’eau  de  voit  avoir  absorbé 
en  grande  partie. 

J’avois  mis  encore  un  autre  tube  disposé  comme 
le  précédent  à la  température  de  5°  et  je  vis  que 
cette  plante  à cette  température  n’avoil  point  altéré 
l’air  où  élleétoit;  mais  comme  j’avois  observé  qu’elle 
absôrboit  beaucoup  de  gaz  oxygène,  quand  elle  étoit 
sur  mon  fourneau,  je  pensai  que  la  conservation  de 
la  pureté  de  l’air  dans  ce  cas  étoit  produite  par  la 
température  où  elle  avoit  été. 

§ LXVIH. 

Je  répétai  cette  expérience  à la  fin  de  février  d’une 
autre  manière;  au  lieu  de  me  servir  des  tubes  dont 
j’ai  parlé,  j’employai  des  flacons  bien  fermés  con- 
tenant des  volumes  égaux  d’eau,  d’air,  et  de  gais 
hydrogène;  j’introduisis  dans  chacun  la  même  quam 
Tome  a,.  F. 


( 82  ) 

ti|Lé  de  lavande  , et  je  laissai  ces  flacons  exposés  au 
soleil  pendant  une  journée  entière 5 les  uns  reçurent 
les  rayons  immédiats  du  soleil  et  les  autres  furent 
couverts  d’un  étui  de  carton. 

La  lavande  dans  le  flacon  plein  d’air  commun 
exposé  aux  rayons  immédiats  du  soleil  laissa  l’air 
intact  à toute  rigueur;  il  n’y  eut  point  d’acide  car- 
bonique produit. 

La  lavande  dans  le  flacon  plein  d’air  commun 
exposé  sous  un  étui  de  carton  au  soleil  produisit 
8°  ~ d’acide  carbonique  : mais  après  avoir  fait  cette 
épreuve  , il  me  vint  dans  l’esprit  de  purger  cet  air 
de  tout  l’acide  carbonique  qu’il  pouvoit  contenir  ; je 
le  lavai  soigneusement  dans  l’eau  de  chaux;  je  i'emis 
cet  air  dans  le  flacon,  et  je  retrouvai  tout  l’air  que 
j’y  avois  d’abord  introduit  : celte  expérience  est  bien 
importante,  elle  prouve  manifestement,  que  l’alté- 
ration de  l’air  par  la  plante  à l’obscurité  et  à la  cha- 
leur est  vraiment  causée  par  l’acide  carbonique  sorti 
de  la  plante  dans  son  état  gazeux. 

La  lavande  dans  deux  flacons  pleins  d’eau  au 
soleil  donna  de  l’air  un  peu  meilleur  que  l’air 
commun. 

Enfin  la  lavande  mise  dans  le  gaz  hydrogène  au 
soleil  où  elle  receo  oit  les  rayons  immédiats  de  cet 
astre  ne  donna  point  d’açide  carbonique,  et  je  trouvai 
tout,  le  gaz  hydrogène  que  j’avois  introduit  dans  le  fla- 
con; mais  la  lavande  mise  dans  le  flacon  plein  de  gaz 
hydrogène  et  exposé  au  soleil  sous  un  étui  de  carton 
donna  4°  d’acide  carbonique. 


( 85  ) 

J LXIX. 

Je  lins  au  mois  de  décembre  depuis  huit  heures 
du  ma  lia  jusqu’à  3 heures  - à un  très-beau  soleil 
le  thymus  vulgaris , ou  plutôt  quelques  rameaux 
de  thym  dans  quatre  tubes  pleins  d’eau  et  ren- 
versés sur  leur  ouverture  dans  un  vase  plein  de  ce 
fluide.  Je  disposai  de  même  deux  tubes  contenant 
59,45  centimètres  cubes , ou  5 pouces  cubes  d’air 
commun  avec  quelques  rameaux  de  ce  thym  dont 
la  base  des  rameaux  plongeoit  dans  l’eau  ; j’en  mis 
deux  autres  disposés  comme  ces  derniers  sur  mon 
fourneau.  Enfin  j’exposai  à l’ombre  et  à l’air  libre 
un  tube  semblable  aux  précédens  et  semblablement 
arrangé  : la  température  au  soleil  à une  heure  après 
midi  étoil  de  i5°  et  à l’ombre  de  90  ; sur  mon  four- 
neau elle  fut  de  8 à 20°. 

Je  recueillis  l’air  fourni  sous  l’eau  par  le  thym 
dans  les  quatre  tubes  pleins  d'eau  exposés  au  soleil ; 
je  trouvai  d’abord  qu’il  en  avoit  donné  moins  que 
la  lavendula  spica , quoique  le  soleil  eût  été  très- 
brillant,  il  ne  conlenoit  que  de  plus  de  gaz  oxy- 
gène que  l’air  commun. 

Le  thym  dans  le  tube  /'enfermant  l’air  commun 
exposé  au  soleil  n’avoit  absolument  £oint  altéré 
cet  air. 

Le  thym  dans  les  tubes  renfermant  l’air  commun 
sur  mon  fourneau  absorba  xo°  de  gaz  oxygène  et 
produisit  5°  d’acide  carbonique;  il  y en  eut  davantage 
sans  doute,  mais  il  fut  absorbé  par  l’eau  qui  fermait 
le  tube. 

Le  thym  resté  à l’ombre  du  soleil  mais  à la 


( 84  ) 

lumière  du  jour  absorba  4°  de  gaz  oxygène  et  pro- 
duisit y0  d’acide  carbonique. 

Ces  expériences  présentent  une  espèce  de  contra- 
diction. Lfe  thym  resté  au  soleil  dans  l’air  commun 
laissé  l’air  commun  intact  , quoique  la  chaleur  y 
fût  d’e  i5°;  tandis  que  lé  thym  à la  lumière  du 
j'our , mais  sans  l'action  immédiate  de  la  lumière  du 
soleil  absorba  4°  de  gaz  okygène,  quoique  la  chaleur 
qu’il  y éprouva  fût  de  90  ; il  paroît  donc  que  si  la 
température  influe  sur  l’absorption  du  gaz  oxygène 
dans  ce  second  cas,  il  ne  devroit  pas  y avoir  une. 
absorption  moindre  de  ce  gaz,  lorsque  la  chaleur 
est  plüis 'forte,  comme  dans  le  premier  cas,  où  le 
thym  fut  exposé  en  plein  soleil  dans  la  même  quan- 
tité d’air.  Il  faut  donc  dire  que  la  lumière  solaire 
a produit  cet  effet.  > 

Je  répétai  celle  expérience  sur  le  thym  exposé 
sous  un  tube  au  soleil  dans  la  même  quantité  d’air 
coünnuri , que  ceux  des  précédentes  expériences,  et 
je  trouvai  encore  que  l’air  11’y  a voit  subi  aucune 
altération . 

' ■ , § LXX. 

Au  mois  de  janvier  je  lins  pendant  trois  jours 
Vehdivia  la  cliicorée  sous  l’eau  à un  très-beau  soleil^ 
je  remarquai  que  le  troisième  jour,  elle  ne  donnoit 
feins  d’air;  il  n’en  sortit  point  pendant  la  nuit. 

Je  tins  de  même  une  quantité  égale  de  celle  plante 
'dans  19,81  centimètres  cubes  , ou  i pouce  cube  d’air 
renfermé  par  l’eau  sous  un  tube  ; je  plaçai  un  de 
ces  tubes  au  soleil. 

La  cliidorée  sous  Veau  au  soleil  avoil  donné  les 


de  19,81  centimètres  cubes,  ou  d’un  pouce  cube 
d’air  qui  étoit  inférieur  en  purelé  à l’air  commun. 

La  chicorée  qui  avoit  été  au  soleil  avoit  absorbé 
iô°  de  gaz  oxygène  et  produit  5°  d’acide  carbonique. 

Je  divisai  eu  quatre  parties  une  grande  feuille  de 
pommier  ; je  mis  ces  fragmens  sous  un  tube  plein 
d’eau,  et  renversé  dans  un  vase  plein  d’eau  5 j’en 
disposai  une  autre  divisée  de  la  même  manière' dans 
un  tube  contenant  5 pouces  cubes  d’air  commun  5 
je  les  exposai  au  soleil  pendant  7 heures,  et  je  fis 
l’examen  de  l’air  produit  comme  celui  de  l’influence 
de  la  feuille  sur  l’air. 

Celte  feuille  produisit  sous  l’eau  70  de  gaz.  oxy- 
gène mêlé  avec  5°  d’acide  carbonique. 

Celte  feuille  dans  lès  trois  pouces  cubes  cl' air 
commun  n’en  augmenta  pas  le  volume;  elle  y dé- 
truisit i°  de  gaz  oxygène,  qui  fut  remplacé  par  i° 
d’acide  carbonique. 

1 V8M- 

Je  mis  trois  petites  feuilles  de  poirier  sous,  nnk 
tube  plein  d'eau  et  renversé  dans  l’eau  sur  son  6u- 
verture.  Je  disposai  trois  petites  feuilles  semblables 
aux  précédentes  sous  un  tube  contenant  ü g, '45  cen- 
timètres cubes  , ou  5 po.uc.es  cubes  d’air  commun  , 
fermé  par  l’eau  , comme  dans  tous  les  antres  cas 
semblables  ; j’exposai  alors  ces  deux  tubes  au  soleil 
pendant  7 heures.  "<i  . 

Ces  feuilles  sous  l'eau  produisirent  5°  dp  gaz 
oxygène  mêlés  avec  4°  d’acide  carbonique.  ■ 

Ces  feuilles  ne  produisirent  rien  dans  l'air , elles 
absorbèrent  seulement  i°  de  gaz  oxygène. 


( 86  ) 

§ LXXII. 

.Une  feuille  de  pommier  resiée  à V ombre  pendant 
24  heures  dans  29,71  centimètres  cubes,  oui  pouce  \ 
.cube  d’air  commun  absorba  tout  le  gaz  oxygène  et 
produisit  5°  d’acide  carbonique;  elle  eu  avoil  sans 
doute  produit  d’avantage  qui  fut  dissous  par  l’eau. 

Une  feuille  de  poirier  restée  à l’ombre  dans  les 
mêmes  circonstances,  absorba  i5°  de  gaz  oxygène 
et  produisit  5°  d’acide  carbonique. 

: Cette  expérience  pourroit  indiquer,  que  les  feuilles 
à l’ombre  gâteroient  l’air,  si  la  clôture  n’influoil  pas 
sur  leur  élat  de  santé  par  l’humidité  où  elles  se  trou- 
vent , et  par  le  défaut  de  nourriture  qui  les  fait 
souffrir, 

§ LXXIII. 

Il  étoit  utile  de  multiplier  les  expériences  faites 
ainsi  en  même  temps  dans  l’eau  et  dans  l’air;  c’est 
pour  cela  que  je  n’ai  pas  craint  de  les  varier  à divers 
égards  ; elles  me  sembloient  devoir  être  fort  ins- 
jtructives. 

j Colles-ci  durèrent  pendant  6 heures,  elles  furent 
faites  sous  des  tubes  pleins  d’eau  et  renversés  sur 
leur  ouverture  dans  un  vase  plein  d’eau;  celles  qui 
furent  exécutées  dans  l’air  , le  furent  dans  des  tubes 
contenant  5g,45  centimètres  cubes , ou  5 pouces  cubes 
d’air  commun  : je  ne  décrirai  plus  ces  préparations 
d’expériences;  je  dirai  seulement  que  celles  de  ce 
paragraphe  durèrent  6 heures  au  soleil  ; et  que  les 
quantités  des  plantés  employées  furent  égales  dans 
les  deux  cas,  comme  les  quantités  de  l’eau  et  celles 
de  l’air. 


« ( 87  ) 

Les  feuilles  du  persil  produisirent  sous  Veau  4®  de 
gaz  oxygène,  celles  qui  furent  mises  dans  l'air  absor- 
bèrent  2°  de  gaz  oxygène  et  produisirent  2°  d'acide 
carbonique. 

Les  feuilles  de  chêne  produisirent  sous  l'eau  5° 
de  gaz  oxygène;  celles  qui  furent  mises  dans  l'air 
absorbèrent  ± degré  de  gaz  oxygène  et  produisirent 
2°  d'acide  carbonique. 

Les  feuilles  du  peuplier  produisirent  sous  Veau 
4°  de  gaz  oxygène;  celles  qui  furent  mises  dans  l'air 
produisirent  2°~  d’acide  carbonique  ; l'air  commun 
introduit  dans  le  tube  fut  intact , après  avoir  été 
lavé  dans  l'eau  de  chaux. 

§ LXXIV. 

Je  laissai  subsister  la  même  quantité  d’air  commun 
dans  les  tubes;  mais  je  variai  la  durée  du  temps;  dans 
cette  suite  d’expérience  , elle  fut  de  8 heures  d’ex- 
posilion  au  soleil. 

Un  rameau  de  cyprès  sous  Veau  donna  4°  de 
gaz  oxygène  et  3°  d’acide  carbonique. 

Deux  feuilles  cVorrneau  pendant  5 heures  ^ ne 
produisirent  sous  Veau  qu’une  quantité  d’air  trop 
petite  pour  être  essayée;  celles  qui  furent  dans  l'air 
produisirent  2n  d’acide  carbonique  et  laissèrent  intact 
l’air  commun  , qui  avoit  été  introduit  dans  le  tube. 

§ LXXV. 

Après  avoir  varié  le  temps  de  la  clôture;  je  variai 
la  quantité  de  l’air  dans  lequel  j’exposai  les  piaules 

J’exposai  au  soleil  pendant  6 heures  sous  l’eau 
deux  feuilles  du  coignassier , et  j’en  mis  deux  de 
même  dans  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  ^ 
cube  d’air  commun. 


( 88  ) . 

Les  deux  feuilles  du  coignassier  sous  Veau  pro- 
duisirent 5°  ~ de  gaz  oxygène  et  dans  l'air,  2°  de 
gaz  oxygène. 

Les  feuilles  de  cèdre  disposées  de  même  produi- 
sirent sous  l'eau  i°  - d’air  donL  il  y eut  i 0 d’acide 
carbonique  et  è degré  de  gaz  oxygène  ; dans  l'air 
elle  produisirent  5°  ^ d'acide  carbonique. 

§ LXXVI. 

Je  tins  pendant  4 heures  au  soleil  les  feuilles  du 
pinus  silvester  dans  59,45  centimètres  cubes , ou  3 
pouces  cubes  d air  commun  ; il  y eut  5°  d’acide 
carbonique  produit,  et  un  degré  de  gaz  oxygène 
absorbé.  Sous  l'eau  j’eus  de  l’air  qui  fut  beaucoup 
meilleur  que  l’air  commun-,  mais  je  n’en  eus  pas 
assez  pour  pouvoir  en  faire  l’essai  sans  une  addi- 
tion d’air  commun. 

Je  tins  pendant  5 heures  | un  morceau  de  feuille 
de  courge  , cucurbita pepo  dans  la  même  quantité 
d’air  commun;  cette  portion  de  feuille  détruisit  dans 
l'air  commun  3°  ~ de  gaz  oxygène , et  produisit 
5°  d’acide  carbonique.  Une  partie  égale  de  cette 
feuille  sous  l'eau  donna  une  petite  quantité  d’air 
qui  me  parut  contenir  plus  d’un  tiers  de  gaz  oxygène. 

Quatre  feuilles  d'abricotier  mises  dans  la  même 
quantité  d'air  commun  pendant  2 heures  absor- 
bèrent 2°  de  gaz  oxygène  et  produisirent  2°  d'acide 
carbonique.  Quatre  feuilles  d’abricotier  égales  aux 
précédentes  fournirent  pendant  le  même  temps  sous 
l'eau  une  très-petite  quantité  d’air  niais  il  me  parut 
excellent, 


( 89  ) 

§ LXXVlï. 

Te  tins  pendant  un  jour  an  soleil  des  feuilles  du 
laurier  impérial  dans  des  flacons  pleins  d'eau  et 
bien  fermés;  elles  me  donnèrent  très-peu  d'air,  qui 
me  parut  inférieur  de  70  à l’air  coin  mon  par  sa 
quantité  de  gaz  oxygène.  Je  mis  le  même  nombre 
de  feuilles  égales  aux  précédentes  dans  19,81  centi- 
mètres cubes,  ou  1 ponce  cube  d’air  commun,  elles 
y absorbèrent  i4°  de  gaz  oxygène  et  produisirent 
ü°  d’acide  carbonique. 

§ LXXV1IT. 

Après  avoir  fait  toutes  ces  expériences  sur  toutes 
ces  plantes,  .je  voulus  en  faire  encore  sur  une  classe 
dont  je  ne  m’élois  pas  encore  occupé;  c’était  celle 
des  plantes  que  l’on  appelle  grasses  , ou.  qui  se  dis- 
tinguent par  l’épaisseur  de  leurs  feuilles.  Je  les  com- 
mençai par  le  sempjsrvivum  factor  uni. 

J’exposai  des  leqillcs  du  semperoivum  s.ous  Veau 
pendant  5 jours  au  mois  de  décembre;  mais  la  quan- 
tité d'air  produit  fut  si  petite  qu’il  me  fut  impossible 
de  l’essayer. 

J’exposai  de  même  pendant  trois  jours  des  feuilles 
du  sempervivum  dans  19,81  centimètres  cubes , ou 
3 pouce  cube  d'air  commun  au  soleil  pendant  le 
même  temps,  elles  absorbèrent,  tout  le  gaz  oxygène, 
et  produisirent  4°  d’acide  carbonique. 

J’exposai  la  même  quantité  des  feuilles  de  cette 
plante  dans  5g, 4b  centimètres  cubes,  ou  5 pouces 
cubes  d air  commun  sur  mon  fourneau  ; les’ feuilles 
reposoienl  sur  une  éponge  humectée  par  l’eau  de 
la  clôture,  elles  absorbèrent  tout  le  gaz  oxygène 


( 9°  ) 

et  les  815  qu’il  y eut  d’air  produit  éloit  fort  mauvais. 

§ LXXIX. 

1/aloë  disticha  m’a  fourni  le  sujet  de  diverses 
expériences  relatives  à cet  objet  dont  je  m’occupe  ici. 

J’ai  tenu  pendant  5 heures  au  soleil  5 tubes  pleins 
d’eau  renversés  dans  l’eau  sur  leur  ouverture  avec 
des  fragmens  de  feuilles  de  l'alo'é  disticha,  j’en  a vois 
exposé  dans  le  même  temps  au  soleil  sous  des  tubes 
contenant  19,81  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cub« 
d’air  commun , j’en  a vois  mis  de  même  sous  des 
tubes  contenant  09,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces 
cubes  d’air  commun  ; enfin  je  mis  un  de  ces  derniers 
à l’obscurité  : l’expérience  fut  faite  au  mois  de  dé- 
cembre, le  froid  avoit  gelé  le  terrain  qui  étoit  cou- 
vert de  gelée  blanche. 

Dans  les  cinq  tubes  pleins  d’eau,  je  vis  d’abord 
l’air  j’aillir  hors  des  feuilles  avec  abondance  ; j’en 
trouvai  44,55  centimètres  cubes  , ou  2 pouces  et  un 
quart  cubes,  il  contenoit  8o°  de  gaz  oxygène,  l'air 
commun  n’en  contient  que  20°. 

Les  feuilles  dans  l'air  donnèrent  3°  | d'air  de  plus 
que  celui  que  j’avois  introduit  dans  le  tube , et  c’é- 
toit  du  ga'z  oxygène. 

Pendant  le  riiême  temps  sur  mon  fourneau  les 
feuilles  louchèrent  l’eau;  de  sorte  que  les  résultats 
ne  sont  pas  sûrs  ; je  les  passe  sous  silence. 

§ LXXX. 

Je  voulus  connoître  plus  particulièrement  le  ré- 
sidu de  ces  8o°  de  gaz  oxygène  fourni  par  l aloe 
disticha , c'est-à-dire  les  20°  restants  de  la  combus- 
tion; je  trouvai  que  c’étoil  purement  du  gaz  azote 
sans  acide  carbonique. 


( 91  ) 

§ LXXXL 

Pendant  que  je  préparai  les  fouilles  de  ValoëclLs- 
licha  pour  une  autre  expérience,  je  jetai  les  yeux 
sur  le  tube  contenant  5g, 45  centimètres  cubes , ou 
3 pouces  cubes  d’air  commun  , où  j’avois  mis  aussi , 
comme  je  l’ai  dit  § LXXIX  des  feuilles  de  cet  aloë; 
il  étoit  resté  sur  mon  fourneau  , où  il  avoii  passé 
24  heures;  les  feuilles  me  parurent  environnées  d’air; 
elles  n’avoient  pas  touché  l’eau,  et  n’avoicnt  pu  lui 
donner  de  l’air  ou  eu  prendre;  je  l’examinai  avec 
soin  et  je  trouvai  qu’elles  avoient  absorbé  90  de  gaz 
oxygène  et  produit  5°  d’acide  carbonique. 

§ LXXXII. 

Je  mis  des  feuilles  du  même  aidé  sous  sept  tubes 
pleins  d’eau;  elles  y passèrent  toute  la  nuit,  et  ne 
donnèrent  absolument  point  d’air. 

§ Lxxxur. 

Ces  mêmes  feuilles  restées  à l’obscurité  dans  19,81 
centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cube  d’air  pendant 
24  heures  à la  température  de  5 à 6°  , absorbèrent 
6°  de  gaz  oxygène;  mais  elles  ne  produisirent  point 
d’air.  L’obscurité  fût  complète  ; l’appareil  a voit  été 
renfermé  dans  une  cassette. 

§ LXXXIV 

Je  remis  au  soleil  les  cinq  tubes  qui  y avoient 
été  le  jour  auparavant  avec  les  feuilles  de  l'a  Idc 
dlsticha  § LXXIX  , le  soleil  étoit  moins  vif;  elles 
donnèrent  encore  néanmoins  sous  l’eau  3,5o  centi- 
mètres cubes,  ou  un  sixième  de  pouce  cube  d'air; 
j’y  trouvai  plus  de  la  moitié  de  gaz  oxygène  , il  y 
en  avoit  les  f£. 


( 92  ) 

§ IXXXV. 

Je  mis  de  même  des  feuilles  de  cet  aloè  dans  19581 
centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cube  d’air  commun  , 
celles-ci  ne  touchèrent  pas  l’eau,  comme  dans  le 
§ LXXIX;  elles  restèrent  au  soleil  pendant  5 heures 
comme  dans  l’expérience  du  paragraphe  cité. 

Je  trouvai  qu’elles  u’a voient  point  absorbé  de 
gaz  oxygène  dans  deux  tubes;  mais  dans  le  troi- 
sième, il  y en  eut  3°  d’absorbé  et  3°  d'acide  car- 
bonique produit. 

De  sorte  que  daus  ces  deux  cas  il  n’y  eut  point 
de  gaz  .oxygène  absorbé,  mais  il  y en  eut  5°  dans 
le  troisième  tube.  Il  paroîlroit  donc  que  la  brièveté 
du  temps  fut  la  cause  qui  empêcha  celte  absorption  ; 
la  température  de  g0  put  encore  y concourir. 

§ LXXXYI. 

Je  tins  donc  pendant  deux  jours  et  demi  des  feuilles 
de  cet  cdoe  dans  ig,8i  centimètres  cubes,  ou  î pouce 
cube  d’air  commun  à la  température  de  4 à 5°;  elles 
absorbèrent  4°  de  gaz  oxygène. 

§ LXXXYIL 

Je  profitai  d’un  beau  jour  du  mois  de  mars  pour 
faire  encore  quelques  expériences  sur  ce  même  alo'c. 

Je  coupai  des  lames  minces  à ces  feuilles,  que 
je  plaçai  daus  6 flacons  contenant  de  l'air  commun 
et  fermant  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri  : j'eq 
mis  dans  d'autres  flacons  pleins  d'eau  , ou  de  gaz 
hydrogène , ils  restèrent  tous  exposés  au  soleil  pen- 
dant un  jour, 

h' air  commun  resta  comme  ii  éloil  dans  le  flacon. 

Dans  les  flacons  rempli  d’eau , il  y eut  un  air  pro- 
duit qui  fut  un  tiers  meilleur  que  l’air  commun. 


( 93  ) 

L’air  commun  qui  avoit  éprouvé  la  chaleur  du 
soleil  sans  recevoir  sa  lumière  avoit  perdu  8°  de 
gaz  oxygène,  qui  fut  absorbé  par  les  lames  ; elles 
produisirent  8°  d’acide  carbonique. 

Enfin  le  flacon  rempli  de  gaz  hydrogène  ne  foui-* 
nit  point  d’acide  carbonique  à l’essai 3 lies  lames  de 
Valo'è  le  laissèrent  comme  il  étoit. 

11  paroît  donc  que  les  feuilles  d'a/oë  au  soleil  ne 
donnent  point  d'air  dans  le  gaz  hydrogène,  ni  dans 
l’air  commun,  mais  qu’elles  en  donnent  sous  l’eau  avec 
abondance;  cependant  ou  ne  peut  pas  dire,  que  dans 
ces  deux  cas  , il  y ait  eu  de  l’acide  carbonique  ab- 
sorbé par  l’eau  , puisque  Valo'è  éLoit  à sec  dans  le 
flacon  ; d’ailleurs  comme  on  trouve  l’acide  carbo- 
nique dans  l’air  quand  le  flacon  est  à l’obscurité , 
pourquoi  ne  le  trouveroit-on  pas  de  même  quand 
le  flacon  a été  au  soleil. 

Toutes  ces  expériences  ont  été  répétées  deux  fois 
et  m’ont  fourni  le?  mêmes  résultats. 

§ lxxxviu. 

Je  savois  déjà  que  Caloé  caulescens  glauca  don- 
Yioit  beaucoup  d'air  au  soleil  sous  l’eau , c’éloit  un 
motif  pour  l’employer  encore  dans  ces  expériences.* 

J’en  mis  donc  sous  l'eau  au  mois  de  juillet  dans 
un  tube  plein  de  ce  fluide;  au  bout  de  2 heures  £ , 
j’en  obtins  49, 53  centimètres  cubes , ou  2 pouces  \ 
cubes  et  je  trouvai  qu’il  contenoit  85°  de  gaz  oxy- 
gène ou  le  reste  étoit  l’azote  pur  ; cependant 
le  rameau  que  j’employai  étoit  détaché  de  la  plante 
depuis  plus  d’un  mois,  et  je  l’a  vois  conservé  dans 
mu  chambre  plongé  dans  l’eau  par  sa  base. 


( 94  ) 

§ LXXX1X. 

Il  y avoit  65  jours  que  j’avois  détaché  des  frag- 
mens  de  Valoe  caulescens  glauca  et  du  cactus  co- 
chiniüfer  ; je  les  avois  gardé  à l’ombre  dans  ma 
chambre;  je  les  plaçai  chacun  à sec  dans  5g, •iH  cen- 
timètres cubes,  ou  5 pouces  cubes  d’air  commun 
sous  un  tube  fermé  par  l’eau,  et  je  les  laissai  ainsi  pen- 
dant 5 heures  au  soleil . 

Le  cactus  produisit  i°-  de  gaz  oxygène  quis’a- 
joula  à celui  de  l’air  commun. 

L'aluë  à moitié  sec  avoit  beaucoup  souffert , il 
étoil  bien  plus  altéré  que  le  cactus  ; le  soleil  devint 
nébuleux  ; de  sorte  qu’en  répétant  cette  expérience 
sous  l’eau  , il  n’y  eut  vraiment  pendant  que  je  la  fis, 
qu’une  heure  et  trois-quarts  de  soleil  brillant;  cepen- 
dant je  vis  encore  l’air  jaillir  hors  des  feuilles  de 
V alo'è  et  je  trouvai  dans  cet  air  42°  de  gaz  0x3' gène 
ou  les  Le  cactus  donna  un  air  qui  contenoit 
57°  de  gaz  oxygène.  • 

On  voiL  donc  que  même  dans  ce  degré  d’altéra- 
tion , ces  deux  plantes  11’ont  pas  perdu  la  faculté 
de  produire  un  air  beaucoup  meilleur  que  l’air  com- 
mun , par  la  quantité  de  gaz  oxygène  qu’il  fournit; 
cependant  il  en  contient  bien  moins  dans  cet  état, 
que  lorsque  les  plantes  sont  fraîches. 

§ xc. 

Enfin  je  voulus  vérifier  avec  l'agave  americana 
l'expérience,  que  j’avois  faite  avec  la  lavendula 
sj) ica , et  prouver  encore  mieux  que  les  plantes  ne 
donnent  point  de  gaz  oxygène  dans  le  gaz  hydro- 
gène sa.m>  l'action  de  la  lumière  immédiate  du  soleil. 

*9 


( 9^  ) 

\ 

Jé  mis  donc  assez  de  cet  aloë  dans  5g, 45  centi- 
mètres cubes,  ou  5 pouces  cubes  de  gaz  hydrogène } 
je  les  y laissai  à la  température  de  8°  pendant  42 
heures  , et  comme  cet  aloë  donne  beaucoup  de  gaa 
oxygène  au  soleil , il  éloil  très-propre  à confirmer 
ou  à détruit  e l’opinion  d’Ingenhouz. 

L'aloë  me  parut  très-bien  conservé  au  bout  de 
ce  temps  ; je  fis  alors  l’essai  de  cet  air  produit  danè 
le  gaz  hydrogène  , mais  j’y  trouvai  2°  | d’acide  car- 
bonique, et  le  resle  étoit  le  gaz  hydrogène  que  j’a- 
vois  mis  dans  le  tube. 

§ xcr. 

Je  continuai  ces  l'echerches  sur  les  fragmens  des 
plantes  grasses. 

Je  tins  pendant  5 heures  ~ au  soleil,  sous  un  tube 
contenant  5g, 45  centimètres  cubes , ou  5 pouces 
cubes  d’air  Commun,  trois  morceaux  d’une  tige 
verte  de  l'aloë  eaulescens  spinis  rubris , je  trouvai 
que  ces  morceaux  produisant  iw  d’acide  carboni- 
que, et  que  2°^  de  gaz  oxygène  absorbé  par  eux 
a voient  été  remplacés  par  2°  t de  gaz  acide  carbo- 
nique. 

J’ai  tenu  de  même  au  soleil,  pendant  4 heures 
dans  la  même  quantité  d’air  commun  que  dans  le 
cas  précédent , trois  morceaux  du  tronc  vert  de 
l' euphorbium  eaput  tnedusœ  ; je  mis  de  la  même 
manière  3 feuilles  de  la  même  plante  sous  un  autre 
tube  , elles  y donnèrent  19,81  centimètres  cubes, 
ou  1 pouce  cube  d’air  très-pur.  Les  trois  morceaux 
du  tronc  produisirent  peu  d’air  en  comparaison  des 
feuilles,  quoique  le  volume  des  premiers  fut  plus 


( 96  ) 

grand  que  celui  des  secondes  , et  cet  air  éloit  pu- 
renient  de  l’acide  carbonique. 

En  faisant  de  pareilles  expériences,  il  m’a  toujours 
paru,  que  les  feuilles  dounoient  plus  d’air  que  les 
liges,  et  que  l’air  fourni  par  ces  dernières  éloit 
mauvais. 

Je  répétai  cette  expérience  de  la  même  manière  : 
les  morceaux  de  la  tige  de  cette  plante  me  donnè- 
rent encore  une  petite  quantité  d’air;  il  éloit  d’un 
tiers  inférieur  en  purelé  à l’air  commun , et  le  reste 
éloit  de  l’azote. 

Ces  mêmes  morceaux  disposés  de  la  même  ma- 
nière absorbèrent  5°  de  gaz  oxygène  et  produisirent 
5°  d’acide  carbonique,  pendant  5 jours;  cette  même 
expérience  faite  sur  mon  fourneau  me  montra,  que 
ces  morceaux  absorbèrent  dans  19,81  centimètres 
cubes  , ou  1 pouce  cube  d’air  commun,  190  d’oxy- 
gène et  produisirent  1 5°  d’acide  carbonique. 

§ XC1I. 

Enfin  je  tins  au  soleil  pendant  un  jour  des  feuilles 
de  la  canne  à sucre  sous  quelques  tubes  pleins  d’eau, 
et  renversés  sur  leur  ouverture  dans  un  vase  plein 
de  ce  fluide;  j’en  tins  de  même  sur  mon  fourneau 
dans  19,81  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cube  d’air 
commun  ; j’en  mis  aussi  dans  la  même  quantité  d’abc 
commun  au  soleil. 

Les  feuilles  sous  l'eau  me  fournirent  dans  cinq 
tubes  24,76  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  | cube 
d’air  qui  conleiioil  4o°  de  gaz  oxygène,  ou  qui  éloit 
le  double  mcilleur-que  l’air  commun,  le  reste  éloit 
li*  pur  azote. 


Ces 


t 97  ) 

Ces  feuilles  dans  19,81  centimètres  cubes,  ou  1 
pouce  cube  d'air  commun  au  soleil  augmentèrent 
d'un  degré  la  quantité  du  gaz  oxygène. 

Ces  feuilles  dans  la  meme  quantité  d'air  commun 
sur  rn.onfourne.au  absorbèrent  i4°  de  gaz  oxygène 
■et  produisirent  5°  d’acide  carbonique. 

Cette  plante  comme  beaucoup  d'autres  donnent 
sous  l’eau  un  air  très-pur  , et  elles  n’en  donnent 
presque  poînl  dans  l’air  commun , lorsqu’elles  sont 
avec  lui  dans  des  vases  clos  : d’où  vient  cela  ? Si 
l’on  dit  que  ce  bon  air  ne  peut  sortir  des  plantes 
dans  l’air  clos , parce  qu’il  y est  retenu  par  la  dila- 
tation de  l’air , il  me  semble  qu’il  devroit  repousser 
l’air  ambiant , comme  il  repousse  l’eau  qu’il  fait 
baisser  dans  les  tubes  : d’ailleurs  l’air  qui  sort  sous 
l’eau  devroit  y trouver  bien  plus  de  résistance  que 
dans  l'air.  Enfin  il  y a divers  corps  qui  laissent  échap- 
per leur  gaz  dans  l’air  clos. 

§ XCUf. 

Le  soleil  étoit  très-beau  dans  un  des  premiers  jours 
du  mois  de  mars;  je  mis  des  feuilles  de  canne  à sucx’e 
sous  l’eau  dans  un  tube  ; j’en  mis  dans  un  flacon 
bien  fermé  contenant  49,64  centimètres  cubes,  ou 
2 pouces  | cubes  d’air  commun  ; enfin  j’en  mis  la 
même  quantité  dans  un  autre  flacon  contenant  la 
même  quantité  de  gaz  hydrogène;  ces  trois  tubes 
passèrent  le  jour  entier  au  soleil. 

Ces  feuilles  dans  Ceau  ne  donnèrent  que  deux  ou 
trois  bulles. 

J’essayai  l’air  commun  et  le  gaz  hydrogène  où 
ces  feuilles  a voient  été  exposées  au  soleil  pendant 
Tome  5.  G 


( 98  ) 

tout  le  jour,  et  je  les  trouvai  sans  aucune  altération 
et  dans  le  même  état  où  ils  étoient  lorsque  je  les  mis 
dans  leurs  flacons  avec  les  feuilles  de  canne  à sucre. 

§ XC1V. 

Je  n’ai  pas  voulu  négliger  de  faire  quelques  ex- 
périences semblables  à toutes  les  précédentes  sur  les 
plantes  aquatiques. 

Dans  ce  but,  je  mis  une  poignée  de  myriophyllon 
sous  Veau  au  soleil , il  fournit  une  grande  abon- 
dance d’air$  on  le  voyoit  se  former  par  petites  bulles 
autour  des  filets  de  la  plante,  je  le  laissai  pendant 

4 heures  au  soleil. 

Je  fis  l’essai  de  cet  air  , j’y  trouvai  770  de  gaz 
oxygène  , 20°  d’azote  et  5°  d’acide  carbonique. 

Cette  plante  mise  dans  19,81  centimètres  cubes, 
ou  1 pouce  cube  cl'air  commun  pendant  le  même 
temps  y produisit  2°  de  gaz  oxygène. 

§ XCV. 

La  lentille  de  nuirais  mise  sous  Veau  pendant 

5 heures  au  soleil  donna  peu  d’air , mais  celui 
qu’elle  fournit  coutenoit  55°  de  gaz  oxygène  de  plus 
que  l’air  commun. 

Cette  lentille  de  marais  mise  à sec  au  soleil  dans 
un  flacon  contenant  4g, 54  centimètres  cubes,  ou 
2 pouces  5 cubes  d’air  commun  y donna  2°  ~ de  gaz 
oxygène  ; mais  comme  elle  avoit  fourni  2°  d’acide 
carbonique  le  volume  de  l’air  éloit  resLé  le  même. 

§ XCVI. 

J’avois  depuis  le  mois  de  juin  dans  une  chambre 
des  vases  cylindriques  de  verre  d’un  petit  diamètre, 
où  il  étoit  resté  de  l’eau  de  mon  puits  à une  cer- 


C . 99  ) 

taiae  hauteur;  il  yen  a voit  encore  le  premier  janvier 
59 ,45  centimètres  cubes  , ou  5 pouces  cubes,  quand 
je  fis  ces  expériences.  Ces  vases  ne  reçurent  jamais 
qu’une  lumière  réfléchie  , mais  ils  furent  toujours, 
très-bien  éclairés.  Les  parois  de  ces  vases  s’étoient 
tapissées  d’une  matière  verte . Je  versai  l’eau  de  ces 
vases  ; je  les  remplis  avec  une  eau  nouvelle  de  mon 
puits,  j’en  renversai  un  sur  son  ouverture  dans  un 
vase  plein  d’eau.  11  resta  trois  jours  exposé  au  soleil 
et  trois  nuits  dans  l’obscurité. 

Le  premier  jour  il  s’y  développa  beaucoup  d’air, 
moins  dans  le  second , et  point  dans  le  troisième  5 
mais  je  n’en  aperçus  jamais  pendant  la  nuit. 

J’obtins  ainsi  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce 
et  demi  cube  d’air;  il  contenoit  ■—  de  gaz  oxygène, 
c’est-à-dire  de  plus  que  dans  l’air  commun , le 
reste  éloit  du  pur  azote. 

§ XCVII. 

Je  mis  une  partie  de  cette  matière  verte  attacîiée 
au  tube  dans  un  autre  récipient  qui  contenoit  237,80 
centimètres  cubes , ou  1 2 pouces  cubes  d’air  commun 
sur  mon  fourneau , cet  air  reposoit  sur  l’eau  qui 
l’onfermoit;  cette  matière  ne  causa  aucune  altération 
à cet  air. 

5 xcvin. 

La  matière  verte  donne  très-peu  d’air  dans  l’air- 
clos  , quand  elle  n’éprouve  pas  l’action  directe  du 
soleil , et  elle  n’en  donne  jamais  pendant  la  nuit. 

§ XCIX. 

J exposai  pendant  un  jour  celte  matière  verte  à sec 
sous  un  tube  contenant  19,81  centimètres  cubes,  ou 


( T0°  . ) 

1 pouce  cube  d'air  commun  au  soleil , c’étoit  au 
mois  de  janvier,  le  soleil  étoit  très-brillant  et  celle 
matière  verte  m’a  voit  déjà  donné  sous  l’eau  beau- 
coup d’air. 

Je  fis  l’essai  de  cet  air,  je  trouvai  8°  de  gaz  oxy- 
gène absorbé  et  2°  d’acide  carbonique  produit,  la 
différence  entre  l’eau  et  l’air  est  considérable. 

Quelques  jours  après , celte  matière  verte  soumise  à 
l’expérience  précédente  fut  placée  dans  l’eau  à l’air 
libre  pendant  dix  jours;  alors  j’en  mis  une  partie  sous 
un  récipient  plein  d’eau  et  renversé  dans  un  vase  plein 
d’eau  sur  son  ouverture  ; elle  me  donna  2,47  cen- 
timètres cubes , ou  | de  pouce  d’air  dont  la  plus 
grande  partie  étoit  du  gaz  oxygène. 

Il  paroîl  donc  que  cette  matière  verte  mise  dans 
l’air  y absorbe  le  gaz  oxygène , et  y produit  l’acide 
carbonique  , lorsqu’elle  y est  dans  l’air  au  soleil  ; 
mais  qu’elle  produit  beaucoup' de  gaz  oxygène  et 
un  peu  d’azote  lorsqu’elle  est  dans  l’eau  et  au  soleil. 

§ c. 

Il  résulte  de  ces  expériences  i.°  que  les  plantes 
exposées  sous  l’eau  au  soleil  y produisent  un  air 
meilleur  que  l’air  commun  avec  de  l’acide  carbo- 
nique et  de  l’azote;  que  dans  l’air  au  soleil  sous 
les  vases  clos,  quelques-unes  donnent  un  peu  de 
gaz  oxygène,  la  plupart  absorbent  ce  gaz,  et  don- 
nent alors  l’acide  carbonique;  enfin  qu’à  une  basse 
température , l’air  où  les  plantes  sont  renfermées 
y reste  sans  altération. 

2.0  Que  les  plantes  allèrent  quelquefois  l’air  par 
l’acide  carbonique  qui  s’en  échappe. 


( TOI  ) 

5.°  Qu’elles  donnent  à l’obscurité  l’acide  carbo- 
nique dans  les  gaz  hydrogène  et  azote , et  qu’elles 
fournissent  dans  ces  gaz  le  gazf  oxygène  à la  lumière 
solaii'e  ; enfin  qu’elles  produisent  plus  d’acide  carbo- 
nique dans  l’air  que  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote. 

4. °  Que  les  plantes  saines  ne  donnent  jamais  d’air 
à l’obscurité  sous  l’eau,  et  ne  changent  point  les 
gaz  hydrogène  et  azote  en  acide  carbonique. 

5. °  Que  les  plantes  grasses  offrent  les  même  phé- 
nomènes , qu’elles  paroissent  fournir  plus  de  gaz 
oxygène  que  les  autres  . et  que  ce  gaz  est  plus  pur. 

6. °  Que  la  température  influe  beaucoup  sur  toutes 
ces  expériences  et  surtout  sur  l’absorption  du  gaz 
oxygène. 

7.0  Que  toutes  les  plantes  donnent  plus  de  gaz 
oxygène  sous  l’eau  au  soleil,  que  lorsqu’elles  y sont 
renfermées  dans  une  petite  quantité  d’air  commun. 

8.°  Qu’il  paroît  bien  que  le  contact  de  l’air  com- 
mun avec  les  plantes  indue  sur  la  production  de 
l’acide  carbonique. 

9.0  Qu’il  n’y  a point  de  gaz  oxygène  produit  par 
les  plantes  sans  l’action  immédiate  de  la  lumière 
solaire. 

1 o.°  Que  les  fragmens  des  plantes  grasses  négligés 
et  presque  desséchés  donnent  encore  sous  l’eau  au 
soleil  le  gaz  oxygène. 

1 1 .°  Que  les  feuilles  donnent  plus  de  gaz  oxygène 
sous  l’eau  au  soleil  que  leurs  tiges. 

12.0  Qu’il  y a des  plantes  comme  la  canne  à sucre 
qui  dorment  assez  d’azote  avec  le  gaz  oxygène  sous 
l’eau  au  soleil , et  que  la  quantité  du  dernier  croît 
avec  celle  du  premier. 


( 102  ) 

13. *  Que  les  plantes  aquatiques  offrent  à tous 
ces  égards  les  mêmes  phénomènes  que  les  piaules 
terrestres. 

14. °  Que  la  matière  présente  offre  encore  lés. 
mêmes  résultats. 

' • , ou  /i : : • r-  . . ; 

CHAPITRE  III. 

Phénomènes  particuliers  que  les  plantes  mises 
dans  l’air , dans  L eau,  au  soleil,  à l'ombre 
et  à V obscurité  font  observer . 

§ Ci- 

Après  avoir  parcouru  les  faits  divers  que  pré- 
sente le  phénomène  général'  de  l'influence  des  plaüles 
sur  l’air  où  elles  sont  renfermées,  et  de  la  nature 
des  gaz  qu’elles  produisent  dans  Feau  et  dans  Pair; 
il  restoil  encore  diverses  parties  de  ce  phénomène 
à considérer  plus  particulièrement  dans  leurs  détails  ; 
il  falloit  rechercher,  si  toutes  les  saisons  sont 
également  propres  à produire  ces  effets,  comparer 
Pair  produit  par  les  plantes  sous  l'eau  et  dans  l'air 
soit  relativement  à sa  quantité,  soit  relativement 
à sa  qualité;  fixer  les  bornes  de  cette  production 
s’il  y en  a ; étudier  l’influence  de  la  lumière  sur 
cette  production , et  par  conséquent  les  effets  que 
font  naître  l’ombre  et  Pobscurité  ; enfin  mesurer, 
s’il  est  possible,  la  quantité  de  l’air  que  les  plantes 
contiennent.  Chacun  de  ces  problèmes  demande  une 
solution  qui  lui  soit  propre  et  exige  des  recherches 
particulières  pour  la  découvrir  dans  la  nature. 


( ïo5  ) 

§cu. 

Les  plantes  donnent  - elles  de  V air  au  soleil 
pendant  l'hiver  ? * 

Il  avoit  soufflé  le  20  décembre  pendant  la  nuit 
un  venL  du  midi  qui  balaya  tous  les  nuages;  le  soleil 
fut  alors  aussi  vif  et  aussi  brillant  qu’il  peut  l’être 
dans  la  plus  belle  saison  ; j’en  pi’ofitai  pour  faire 
quelques  expériences.  La  température  éloit  alors  à 
o°  5 je  tins  sous  l’eau  et  à ce  soleil  pendant  5 heures 
les  plantes  suivantes  : aloè  caulescens  glauca  spinis 
rubris  ,aloe  ame ricana  elle  sempervivum  tectorum. 

Je  voulois  voir  si  ces  plantes  donneroient  au  cœur 
de  l’hiver  le  gaz  oxygèue  comme  elle  le  donnent 
abondamment  en  été  au  soleil.  La  terre  éloit  cou- 
verte de  neige  ; il  avoit  gelé  fort  la  nuit  précé- 
cédenle  ; la  plus  grande  chaleur  que  les  plantes 
éprouvèrent  au  soleil  fut  de  90  au  milieu  du  jour. 
Eh  bien,  pendant  la. journée,  ces  cinq  plantes  mises 
sous  des  tubes  larges,  hauts  et  pleins  d’eau  donnè- 
rent la  moitié  de  l’air  qu’elles  m’avoient  donné  en 
été  , cet  air  sortoit  par  petites  bulles  qui  se  succé- 
doient  par  jets  tantôt  continus  et  tantôt  interrompus. 

J’examinai  l’air  produit  par  ces  trois  plantes,  et 
je  le  trouvai  aussi  pur  qu’en  été. 

Il  en  résulte  donc  que  ces  plantes  et  probable- 
ment les  autres  donnent  du  gaz  oxygène  pendant 
l’hiver;  qu’elles  en  donnent  la  moitié  moins  qu’en  été, 
et  que  cet  air  est  aussi  bon. 

§ cm. 

J'exposai  encore  au  mois  de  Janvier  au  soleil, 
sous  l’eau,  des  morceaux  de  feuilles  dé  V aloè  aine - 


( io4  ). 

ricana  qui  Soient  à moitié  endurcies  par  le  gel;  je  vis 
le  suc  gelé  lorsque  je  les  coupai. 

Ces  morceaux  ne  donnèrent  que  très-peu  d'air  et 
il  ne  fut  pas  meilleur  que  l’air  commun.  Le  ther- 
momètre dans  les  tubes  pleins  d’eau  monta  pour- 
tant à g0 , et  les  morceaux  de  l’aloë  se  dégelèrent 
peu  de  Lemps  après  qu’ils  eurent  été  mis  en  expé- 
rience : l’eau  où  ces  plantes  furent  renfermées  ne 
cessa  pas  d’être  fluide. 

S CIV. 

J’ai  bien  lait  voir  jusques  à présent  que  les plante a 
sous  Veau  au  soleil  donnoient  de  l'air  meilleur 
et  en  plus  grande  abondance  que  dans  Vair  , mais 
il  faut  l’établir  d’une  manière  plus  précise. 

Je  mis  au  mois  de  Mai  un  poids  égal  de  feuilles 
d'œillets  sous  un  tube  plein  d’eau  et  renversé  sur 
son  ouverture  dans  un  vase  plein  d'eau  ; j’en  mis 
exactement  autant  sous  un  tube,  où  il  y avoit  5g, 45 
centimètres  cubes,  ou  3 pouces  cubes  d'air  commun; 
je  lis  rigoureusement  la  même  expérience  avec  le 
cactus  cocliinilifer , et  je  laissai  ces  4 tubes  au  soleil 
pendant  5 heures. 

Au  bout  de  ce  temps  - là  , j’en  fis  Fessai , et  je 
trouvai  que  la  quantité  d'air  produit  étoit  à peu  près 
égale  sous  Veau  et  dans  Vair , mais  le  cactus  donna 
un  air  d'un  quart  plus  pur , sous  l'eau  que  dans  l’air. 

§ cv. 

Je  refis  cette  expérience  au  mois  d'Avril  avec  des 
feuilles  de  framboisier  ; j’en  mis  deux  sous  des  tubes 
pleins  d’eau  et  renversés  dans  l'eau  sur  leur  ouver- 
ture ; j’en  mis  deux  autres  dans  5g,  ta  centimètres 


( to5  ) 

cubes,  ou  5 jiouces  cubes  d’air  commun;  elles  y l’es- 
tèrent au  soleil  pendant  5 heures. 

Les  feuilles  dans  L’air  commun  ne  produisirent 
point  d’air  et  absorbèrent  2°-~  de  gaz  oxygène.  Les 
feuilles  sozz.s  l’eau  produisirent  6, 6o  centimètres  cubes, 
ou  | pouce  cube  d’air  dont  le  volume  renfermoit  i de 
gaz  oxygène. 

S CYI. 

Mais  les  plantes  donnent  - elles  donc  de  l’air 
dans  Pair?  On  a déjà  pu  voir  l’influence  des  plantes 
sur  de  petits  volumes  d’air;  j’ai  voulu  encore  faire 
cette  expérience  d’une  manière  différente  sur  un  plus 
grand  volume  d’air  que  les  précédens. 

J’exposai  donc  dans  une  quantité  d’air  remar- 
quable , et  à un  soleil  très-vif  et  très-pur  pendant 
6 heures  les  plantes  suivantes,  c’étoit  au  mois  de 
Juin. 

Crassula  cotylédon  dans  277, 45  centimètres 
cubes,  ou  1 4 pouces  cubes  d’air  occupoit  l’espace 
d’un  volume  d’air  égal  à 26,4 1 centimètres,  ou  à 
1 pouce  cube.  Celle  plante  n’altéra  point  l’air  com- 
mun , mais  elle  en  diminua  la  quantité. 

Mesenibryanthemurn  acinaci forme  dans  277.45 
centimètres  cubes,  ou  i4pouces  cubes  d’air  commun, 
laissa  la  même  quantité  d’air  et  la  même  pureté  , 
que  celle  de  l’air  commun. 

Aloe  caulescens  glauca  dans  2/17,61  centimètres 
cubes,  ou  i5  pouces  cubes  d’air  commun , a donné 
les  mêmes  résultats  que  la  plante  précédente. 

Sempervivum  teclorurn  dans  297,26  centimètres 
cubes,  ou  1 5 pouces  cubes  d’air  commun  , a donné  les 


( 106  ) 

mêmes  résultats  que  les  deux  plantes  précédentes. 

L'ciloe  margci  rit  if e ra  disliclici  fut  pendant  le 
même  temps  exposée  au  soleil  dans  217,98  centi- 
mètres cubes,  ou  11  pouces  cubes  d’air  commun;  et 
le  cactus  cyliàdricus  dans  1 58, 53  centimètres  cubes, 
ou  8 pouces  cubes  d’air  commun;  l’air  n’y  reçut  au- 
cune augmentation  et  sa  pureté  n’en  fut  point  altérée. 

Ces  expériences  sont  capitales,  puisque  ces  plantes 
donnent  sous  l’eau  au  soleil  une  grande^abondance 
d’air  ; cependant  elles  n’en  donnèrent  point  dans  l'air  : 
ce  qui  prouve  la  grande  différence  qu’il  y a dans 
l’exposition  des  plantes  au  soleil  dans  l’air  ou  dans 
l’eau. 

§ CYII. 

J'ai  fait  cette  expérience  d’une  autre  manière, 
qui  pouvoit  seule  être  convaincante. 

J'exposai  pendant  6 heures  à un  soleil  vif  dans 
59,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes  de  gaz 
hydrogène  quelques  plantes  grasses  ; mon  but  étoit 
de  voir,  si  elles  donneroient  du  gaz  oxygène,  et  de 
l’acide  carbonique;  cependant  il  faut  observer  qu’on 
11e  peut  introduire  la  plante  dans  ce  gaz  qu’au  tra- 
vers de  l’eau  qui  peut  fournir  quelques  atomes  de 
gaz  oxygène,  et  qu’il  peut  y rester  aussi  quelques 
atomes  d’air  commun  adliérens  aux  parois  du 
récipient. 

Cacalia  euphorhium  ; celte  plante  produisit  10° 
de  gaz  oxygène  et  5°  d'acide  carbonique,  celte  expé- 
rience est  capitale  et  conforme  à ce  que  dit  Senebier. 

Cotylédon  orbiculata ; cette  plante  produisit  io° 
de  gaz  oxygène  et  20  d’acide  carbonique;  le  gaz  liy- 


t 307  ) 

drogène  avec  ce  mélange  s’enflamma  et  détonna. 

Alo'ë  caulescens  glaucci  ; celle  plante  produisit 
ii°  de  gaz  oxygène  et  4°  d’acide  carbonique. 

Aloë  spiralis  ; cette  plante  produisit  3°  de  gaz 
oxygène  et  4°  d’acide  carbonique. 

Cactus  cylindricus  ; celle  plante  a produit  5°  de 
gaz  oxygène  et  5°  d’acide  carbonique. 

Sempervivum  cirboreum  ; celte  plante  a produit 
5 degré  de  gaz  oxygène  et  5 degré  d’acide  carbo- 
nique. 

Euphorbium  caput  medusæ  ; cette  plante  a pro- 
duit xp  de  gaz  oxygène  et  i°-t  d’acide  carbonique. 

§ CVIII. 

Je  fis  en  même  temps  mais  seulement  pendant  4 
heures  les  mêmes  expériences  avec  le  gaz  azote  je 
n’en  employai  que  29,7 1 centimètres  cubes,  ou  qu’un 
pouce  l cube. 

Cactus  cylindricus  ; cette  plante  11e  produisit 
point  d’acide  carbonique,  mais  elle  y fourni L 90  de 
gaz  oxygène. 

Crassula  cotylédon  ; produisit  4°  de  gaz  oxygène 
et  i°  d’acide  carbonique. 

Cotylédon  orbiculqta  ; produisit  5°  de  gaz  oxy- 
gène et  20  d'acide  carbonique. 

§ C1X. 

Les  expériences  rapportées  dans  les  § CVil  et 
C Y J 11  offrent  deux  considérations  qui  méritent  qucl- 
qu’attenlion. 

Parmi  les  six  plantes  exposées  au  soleil  dans  le 
gaz  hydrogène  , il  y en  a quatre  qui  ont  produit 
assez  de  gaz  oxygène  , et  ce  gaz  y fut  plus  aboli- 


( i°8  ) 

dant  que  l'acide  carbonique;  une  d’elles  a donné 
io°  de  gaz  oxygène,  mais  une  autre  n’a  donné  pres- 
que ni  acide  carbonique , ni  gaz  oxygène  , et  l’autre 
un  tant  soit  peu  plus  de  ces  deux  gaz.  J’ai  bien 
tu  que  le  gaz  hydrogène  ne  se  décomposoit  pas  , 
et  qu’il  restoit  ce  qu’il  étoit,  puisqu’il  s’est  enflammé 
et  qu'il  a délonné  comme  auparavant  ; mais  je  ne 
me  suis  point  aperçu  que  dans  ces  expériences,  il 
y ait  eu  du  gaz  azote  produit. 

Voilà  donc  vérifié  ce  que  Senebier  a dit , que 
les  plantes  donnent  le  gaz  oxygène  dans  le  gaz  hy- 
drogène ; mais  il  dit  encore  que  le  gaz  hydrogène 
s’est  enflammé  après  son  expérience  , je  ne  l’ai  pas 
vu;  le  phosphore  y a brûlé  sans  inflammation  du 
gaz  hydrogène , il  est  vrai  que  par  le  fait  il  n’y  avoit 
pas  une  quantité  suffisante  de  gaz  oxygène.  Il  en 
résulte  néanmoins  contre  l’opinion  d’ingenhouz  dont 
j’ai  parlé,  que  le  gaz  hydrogène  ne  s’est  pas  changé 
en  acide  cai'bonique  puisqu’il  s’est  enflammé. 

Les  deux  autres  plantes  n’ont  presque  point  donné 
de  gaz  oxygène,  ce  qui  ne  s’arrange  pas  bien  avec 
ce  qu’a  dit  Senebier. 

- Senebier  dit  encore  que  les  plantes  au  soleil  dans 
le  gaz  azote  donnent  le  gaz  oxygène  , et  que  le  gaz 
azote  s’est  diminué , et  il  explique  ingénieusement 
le  phénomène.  J’ai  bien  remarqué  aussi  cette  dimi- 
nution dans  d’autres  cas;  mais  je  ne  l’ai  pas  observée 
dans  celui-ci;  elle  n’a  donc  pas  lieu  généralement; 
cependant  il  est  toujours  clair  que  les  plantes  don- 
nent le  gaz  oxygène  dans  le  gaz  azote.  • 


( i°9  ) 

S ex. 

Je  lins  après  cela  pendant  7 heures  au  soleil  des 
tubes  pleins  d’eau  avec  des  planles;  je  tins  ensuite 
deux  de  ces  planles  dans  des  tubes 'contenant  5g, 45 
centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes  d’air  commun  , 
je  lins  encore  la  troisième  semblablement  dans  un 
tube  contenant  seulement  29,71  centimètres  cubes, 
ou  1 pouce  i cube  d’air  commun  ; elles  furent  ainsi 
exposées  au  soleil  à la  même  place  et  pendant  le  même 
temps;  les  volumes  des  plantes  étoient  égaux  et  toutes 
les  circonstances  étoient  à tous  égards  les  mêmes  , 
à l’exception  des  différences  que  j’ai  voulu  établir 
et  que  j’ai  indiquées.  On  comprend  , qu’il  devoif 
être  intéressant  de  connoîlre  les  résultats  produits  par 
ces  différences. 

Le  sempervivum  tectorum  a donné  sous  l'eau  un 
volume  d’air  qui  contenoit  la  moitié  de  gaz  oxygène. 

Celte  plante  a donné  dans  5 pouces  cubes  d’air 
commun,  5°  d’acide  carbonique  et  a détruit  4°  de 
gaz  oxygène. 

L'euphorbium  caput  medusce-H  donné  sous  l’eau 
la  millième  de  5 pouces  cubes  d’air. 

Dans  les  3 pouces  cubes  d'air  commun  elle  a 
absorbé  90  de  gaz  oxygène  et  a produit  5°  d’acide 
carbonique. 

L’aloè  caulescens  glauca  a donné  sous  l’eau 
de  x pouce  ^ cube  en  air  qui  contenoit  plus  des  deux 
tiers  de  gaz  oxygène. 

Dans  1 pouce  ~ cube  d’air  commun  elle  a pro- 
duit d’air  de  moins  que  sous  l’eau  , et  dans 
ces  produites,  il  n’y  avoil  que  ~ de  gaz  oxy- 
gène, ^ d’acide  carbonique  et  le  l’este  d’azote. 


{ no  ) 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  ces  trois  plantes 
ont  donné  de  l’air  sous  l’eau  , que  sa  quantité  y a 
été  plus  grande  que  dans  l’air  commun,  que  la  quan- 
tité du  gaz  oxygène  est  beaucoup  plus  grande  sous 
l’eau,  lorsque  les  plantes  en  donnent,  que  dans  l’air; 
ou  plutôt  qu’il  y a du  gaz  oxygène  produit  sous  l’eau 
loi'squ’il  n’y  en  a point  dans  l’air  -,  enfin  que  ces 
plantes  sous  l’eau  comme  dans  l’air  donnent  de  l’acide 
carbonique. 

§ CXI. 

Je  crus  nécessaire  de  multiplier  ces  expériences. 
Je  tins  donc  encore  sous  l’eau  pendant  4 heures 
au  soleil  les  plantes  suivantes,  dont  je  mis  aussi  des 
volumes  égaux  dans  4g, 54  .centimètres  cubes  , ou  2 
pouces  | cubes  d’air  commun. 

Crassula  coccinea  donna  sous  l’eau  les  de 

t 

2 pouces  \ cubes  ; il  y avoit  — de  gaz  oxygène. 

Dans  les  2 pouces  j-  cubes  d’air  commun  , il  y 
eut  la  même  quantité  d’air  pi'oduit,  mais  il  ne  con- 
tenoit  que  de  gaz  oxygène. 

Euphorbium  cap  ut  meclusœ  fade  f rue  tus  pini, 
a donné  sous  l’eau  d’air  contenant  •—  de  gaz 
oxygène. 

Dans  l’air  commun , elle  a produit  d’air  dont 
il  y avoit  y—  d’acide  carbonique  de  gaz  oxygène 
et  le  reste  d’azote. 

JSIesembryanlhemum  erassifolium  , a donné 
sous  l’eau  j~  d’un  pouce  ÿ cube  qui  contenoit 
5g°  de  gaz  oxygène  : dans  l’air  il  a donné  la  même 
quantité  d’air  qui  avoit  la  même  pureté. 

Aloe  distic/ia  verrucosa  a donné  sous  l’eau  ~ 


( 111  ) 

d'un  pouce  4 cube  d’air  dont  il  y avoit  4i°  de  gaz 
oxygène  : dans  L’air  commun  il  a produit  2°  de  gaz 
oxygène. 

Crassula  coecinea  a produit  dans  l’air  et  sous 
l’eau  la  même  quantité  d’air  que  Yeuphorbium  caput 
medusœ  ; mais  dans  l’air  produit  sous  l’eau,  il  y 
a eu  une  beaucoup  plus  grande  quantité  de  gaz 
oxygène  ; il  n’y  en  eut  que  5o°  produits  par  celui 
que  l’air  recouvroil. 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  la  quantité  de 
l’air  produit  par  les  plantes  exposées  dans  l’air  au 
soleil  a été  presqu’égale  à celle  que  ces  plantes  ont 
fourni  sous  l’eau  au  soleil;  mais  quelquefois,  il  y 
en  a eu  moins:  cependant  le  produit  en  gaz  oxygène 
sous  l’eau  a été  toujours  plus  grand  que  dans  l’air. 

§ CXIL 

En  considérant  ce  grand  excès  de  gaz  oxygèue 
produit  au  soleil  par  les  plantes  sous  l’eau  sur  celui 
qui  est  rendu  par  les  plantes  dans  l’air  clos  au  soleil; 
j’ai  soupçonné  quelqu’erreur  dans  mes  expériences, 
ou  du  moins  j’ai  vu  que  l’excès  ne  devoit  pas  être 
aussi  réellement  grand  qu’il  paroîL  d’abord  ; j’ai  donc 
pensé  qu’une  expérience  pourroit  décider  la  ques- 
tion , et  j’ai  imaginé  la  suivante. 

La  même  plante  doit  être  mise  au  soleil  dans  un 
égal  volume  d’air  et  d’eau,  de  même  que  pendant 
un  temps  donné.  Supposons  alors  que  la  plante  dans 
l’eau  produise  un  volume  d’air  égal  à celui  qu’elle 
a fourni  dans  l’air,  je  mets  dans  un  eudiomètre  l’air 
de  l’eau  et  par  la  combustion  du  phosphore,  je  con- 
clus la  quantité  du  gaz  oxygène  qu’il  renfefmoit 


( 112  ) 

avec  assez  de  justesse  pour  les  autres  expériences  que 
j’avois  faites.  Ensuite  je  fais  brûler  le  phosphore  dans 
un  eudiomètre  semblable  qui  contient  l’air  produit 
dans  l’air  cymmun  avec  l’air  commun  lui-même.  Je 
suppose  que  ce  soit  la  crassula  coccinea  qui  a donné 
dans  l’eau  et  dans  l’air  d’air  dans  l’eudiomètre  con- 
tenant 49, 54  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  - cubes 
d’air.  J’ai  dit  que  cet.  air  produit  dans  l’eau  a donné 
•—de  gaz  oxygène;  mais  que  l’air  de  la  même  plante 
produit  dans  l’air  en  avoit  seulement  donné  par 
conséquent  la  différence  est  très -grande  enLre  ces 
deux  produits,  et  cette  grande  différence  m’avoit 
fait  craindre  une  erreur  dans  ma  manière  de  pro- 
céder; il  est  cependant  aisé  d’en  trouver  la  cause. 
En  examinant  séparément  les  deux  produits , ou 
les  d’air  trouvées  dans  l’eau  , j’avois  seule- 
ment ces  , ou  le  gaz  oxygène  est  incomparable* 
ment  plus  rapproché  que  dans  l’air , ces  y~  y sont 
noyées  dans  tout  l’air  commun  introduit  dans  le 
tube  pour  faire  l’expérience  , et  par  conséquent  il 
y est  disséminé  dans  les  eo°  de  gaz  oxygène  et  les 
do°  d’azote  qui  le  forment;  aussi  la  flamme  est 
incomparablement  plus  vive  dans  le  premier  cas. 
Pour  obvier  à cet  inconvénient  dans  la  comparaison, 
j’ai  employé  le  procédé  suivant. 

Je  mis  quelques  parties  égales  du  cactus  tuna 
sous  l’eau  et  dans  l’air;  je  les  exposai  au  soleil  pen- 
dant cinq  heures.  Elles  produisirent  beaucoup  d’air 
sous  l’eau.  Après  avoir  mis  une  mesure  connue  d’air 
commun  dans  un  eudiomètre , j’y  ajoutai  20°  de 
l’air  produit  dans  l’eau  par  le  cactus , ou  d’un  air 
* quelconque 


( 115  ) 

quelconque  produit  de  cette  manière  ce  qui  me  don» 
nuit  120°  de  cet  eudiomètre;  après  l’inilammation 
du  phosphore  l’eau  est  montée  à i4°  au-dessus  du 
zéro  de  l’instrument,  par  conséquent,  il  y avoit 
dans  ce  mélange  des  deux  airs  54°  de  gaz  oxygène, 
eL  en  ôtant  les  20°  de  gaz  oxygène  de  l’air  commun, 
que  j a vois  mis  d’abord  dans  Feudiomèlre  , il  étoit 
évident  que  les  20°  d’air  produit  par  la  plante  sous 
l’eau  en  conteuoient  i4°.  Alors  en  mettant  sans  mé- 
lange dans  un  eudiomètre  semblable  à celui  que  je 
Tenois  d'employer  l’air  de  la  piaule  , j’ai  eu  après 
la  combustion  du  phosphore  qui  fut  très-vive  les 
8o°  ou  les  de  gaz  oxygène. 

Celte  manière  de  procéder  qui  m’a  paru  très-juste  et 
très-sure  m’a  bien  fait  voir  que  cet  excès  considérable 
de  gaz  oxygène  dans  l’air  produit  sous  l’eau  sur  l’air 
produit  par  la  même  piaule  dans  l'air  commun  ne 
peut  provenir  que  de  la  pureté  du  premier  qui  reste 
sans  mélange,  et  du  mélange  do  l’autre  avec,  l’air 
commun  introduit  dans  le  tube  pour  faire  l’ex- 
périence. 

§ GXJII. 

Je  continuai  ces  expériences  sur  les  plantes  expo- 
sées sous  l’eau  et  dans  l’air  au  soleil  pour  eonnoîlre 
mieux  la  quantité  de  l’air  qu’elles  y produisent, 
et  j’ai  toujours  employé  des  plantes  grasses,  parce 
qu’elles  supportent  mieux  que  les  autres  Faction  du; 
soleil. 

J’exposai  sous  Venu  au  soleil  trois  petits  mor- 
ceaux du  cactus  cohinitifcr  ; j’en  éprouvai  l’air  d’a- 
près ma  nouvelle  méthode;  il  m’avoit  donné  cinq 
Tome  3.  H 


( n4  ) 

degrés  d air  , dont  quatre  degrés  étoienl  du  gaz 
oxygène  el  un  degré  d’acide  carbonique. 

I rois  petits  morceaux,  du  même  cactus  exposés 
de  la  même  manière  au  soleil  dans  69, 45  centimètres 
cubes,  ou  5 pouces  cubes  d' air  commun  produisirent 
90  d’air,  par  conséquent  la  quantité  d’air  produit 
dans  l’eau  a été  plus  petite  que  dans  l’air  ; mais  il 
11’y  a eu  que  20  de  gaz  oxygène  dans  l’air  et  7® 
d’acide  carbonique. 

§ CXIV. 

J’exposai  de  même  au  soleil  sous  l’eau  trois  petits 
morceaux  de  l'alo'ê  dislicha  verrucosa ; j’en  exposai 
autant  au  soleil  dans  69,15  centimètres  cubes,  on 
5 pouces  cubes  d’air  commun. 

Ils  produisirent  sous  l’eau  al0  de  gaz  oxygène  et 
i°  d’acide  carbonique. 

Ils  produisirent  dans  l’air  1 20  de  gaz  oxygène 
et  2°  d’acide  carbonique. 

L’alo'è  disticha  margaritifera  traiLé.de  la  même 
manière  fournit  sous  l'eau  120  de  gaz  oxygène, 
et  dans  l’air  8°  de  gaz  oxygène  avec  4°  d’acide 
carbonique 

§ cxv. 

Les  feuilles , les  parties  vertes  des  végétaux  don- 
nent-elles toujours  de  l'air  dans  toutes  les  cir- 
constances, où  elles  peuvent  se  trouver,  lorsqu'elles 
sont  exposées  sous  l’eau  au  soleil ? 

Pour  répondre  à celle  question , il  falloit,  savoir 
quel  seroil  l’effet  produit  par  les  feuilles  sèches,  mises 
sous  l’eau  et  dans  l’air  au  soleil.  Je  lis  pour  cela  sé- 
cher des  feuilles  de  violeLtes  au  soleil,  je  les  exposai 
ensuite  sous  l’eau  aux  rayons  de  cet  astre. 


Elles  .s'y  couvrirent  d'abord  de  bulles  , comme 
la  surface  interne  et  le  fond  des  tubes  et  des  réci- 
piens,  où  je  faisois  ces  expériences  5 mais  ces  bulles 
ne  sont  que  l’air  contenu  dans  l’eau  qui  s’altacbe 
à la  surface  des  corps  solides  que  l'on  y plonge, 
et  par  conséquent  à la  surface  des  feuilles  sèches 
que  l’on  peut  y mellre,  comme  Senebier  l’a  prouvé; 
ceci  pourtant  a pu  faire  croire  mal-à-propos , que 
les  feuilles  sèches  donnoiént  de  l’air  comme  les  feuilles 
vertes. 

J’ai  tenu  pendant  deux  jours  deux  grands  réci- 
piens  pleins  d’eau  au  soleil , renversés  sur  leur  ou- 
verture dans  des  vases  pleins  d’eau  , afin  que  tout 
l’air  qui  pouvoil  y être  en  sortît;  je  remplis  alors 
avec  celle  eau  deux  récipiens  plus  petits,  que  je 
renversai  dans  la  meme  eau  sur  leur  ouvertui'e.  Je 
fis  passer  sous  l’un  deux  feuilles  sèches  de  la  violette 
jaune.  Je  fis  passer  dans  l’autre  trois  feuilles  vertes 
et  fraîches  oe  ces  violettes;  je  mis  aussi  trois  feuilles 
semblables  de  la  même  plante  sous  l’eau  que  je  ve- 
nois  de  tirer  de  mon  puits  et  je  les  exposai  ainsi 
•au  soleil. 

Au  bout  d'une  heure  je  n’aperçus  pas  une  bulle 
d'air  sur  les  feuilles  sèches  de  la  violelte  ; seulement 
j en  aperçus  quelques-- unes  sur  les  parois  internes 
et  sur  le  fond  du  récipient , je  les  voyois  monter; 
mais  je  n’avois  pu  remplir  entièrement  le  tube  et 
le  vase  où  les  feuilles  sèches  éloient  avec  l’eau  privée 
de  son  air. 

Quant  aux  feuilles  vertes  et  fraîches  mises  sous 
les  deux  tubes  , dont  l’un  éloit  plein  de  l'eau  privé* 


\ 

( 116  ) 

de  son  air,  el  l’autre  de  l’eau  fraîchement  tirée  du 
puits;  je  vis  presqu’à  l’instant  les  feuilles  qui  étoient 
dans  l’eau  du  puits  fraîchement  tirée  se  couvrir  de 
huiles  sur  leurs  deux  surfaces  , de  même  que  les 
parois  du  tube;  mais  elles  ne  parurent  que  quelque 
temps  après  sur  les  feuilles  placées,  dans  l'eau  privée 
de  son  air,  et  je  remarquai  bien  celle  différence 
dans  ces  deux  cas,  c’est  que  les  bulles  furent  plus 
nombreuses  sous  l’eau  du  puits  que  sur  les  feuilles 
placées  sous  cette  eau  privée  de  son  air;  outre  cela 
les  bulles  dans  le  premier  cas  furent  plus  grosses;  ce 
qui  me  fait  croire  que  les  bulles  qui  sont  sur  les 
feuilles  placées  sous  l’eau  privée  de  son  air  sont  exclu- 
sivement celles  des  feuilles,  je  ne  vis  au  moins  qu'un 
très-petit  nombre  de  bulles  sur  les  pavois  intérieures 
du  tube;  au  lieu  que  sur  les  feuilles  mises  dans  l’eau 
fraîchement  tirée  , on  y voyoit  celles  de  l’eau  et 
celles  de  la  feuille. 

Je  laissai  ces  trois  tubes  au  soleil  pendant  5 heures^ 
voici  le  résultat  de  leur  séjour  sous  ces  tubes. 

Dans  le  tube  où  étoient  les  feuilles  sèches  de  vio- 
lette jaune  mises  dans  l’eau  privée  d'air  au  soleil  ; 
il  n’y  eut  qu’une  petite  bulle  d’air  produite  par  l’eau 
elle-même. 

J’avois  mis  aussi  des  feuilles  sèches  de  pêcher  sous 
Veau  de  mon  puits  ; mais  quoique  d’abord , je  n’eusse 
observé  se  former  sur  elles  aucune  bulle,  j'en  vis 
ensuite  paroître  qui  n’éloient  encore  que  celles  de 
l’eau  elle-même  qui  s’y  attachèrent  et  ne  formèrent 
pourtant  qu’une  petite  bulle.  Je  remarquai  le  même 
phénomène  sur  ces  feuilles  sèches  de  pêcher  mises 


( 117  ) 

sons  l'eau  privée  d’air  ; je  ne  vis  point  d’abord  des 
bulles  sur  leur  surface,  mais  elles  s’en  couvrirent 
à la  fin  de  l’expérience , et  elles  me  parurent  pro- 
duites par  la  fermentation  que  cette  macération  avec 
chaleur  a voit  occasionnée,  comme  je  le  jugeai  par 
leur  odeur,  et  par  une  espèce  de  coction  qu’elles 
paroissoient  avoir  subies;  ce  que  l’on  pouvoit  remar- 
quer déjà  dans  le  changement  de  leur  couleur. 

Enfin  dans  les  deux  autres  tubes  où  se  trou  voient 
les  feuilles  vertes  de  vioîette  dans  l'eau  privée  d'air 
et  dans  celle  qui  fut  fraîchement  tirée  du  puits  ; 
je  vis  bien  qu’il  y avoit  un  plus  grand  nombre  de 
bulles  sur  les  dernières  que  sur  les  premières. 

Celte  expérience  comparative  prouve  donc,  que 
l’eau  commune,  au  môins  celle  de  mon  puits,  aug- 
mente la  quantité  de  l’air  produit  par  les  plantes  , et 
qu’elle  doit  y mêler  un  gaz  méphitique  comme  je 
l’ai  prouvé  dans  le  premier  Mémoire.  Elle  prouve 
aussi  que  l’eau  absorbe  l’air,  et  que  si  la  plante  qui 
y est  plongée  continue  à y donner  de  l’air  comme 
dans  l’eau  aérée  ; une  partie  de  cet  air  de  l’eau  peut 
se  joindre  à celui  que  la  plante  fournit.  11  faut  donc 
pour  rendre  les  expériences  plus  précises  priver  l’eau 
que  l’on  y emploie  de  l’air  qu’elle  peut  avoir  absorbé , 
surtout  quand  les  feuilles  donnent  peu  d’air  par 
elles-mêmes. 

Enfin  je  voulus  essayer  l’air  de  ces  bulles  formées 
dans  les  tubes  de  l’eau  privée  de  son  air , et  dans 
les  tubes  de  l’eau  qui  l’a  voient  conservé , et  je  vis 
que  l’air  des  feuilles  mises  dans  l’eau  privée  d’air 
étoienl  environ  un  quart  meilleur,  que  celui  de 
l’air  produit  par  les  feuilles  de  l’eau  aérée. 


( v) 

§ CXYI. 

On  a d('jà  pu  remarquer  que  les  plantes  exposées 
au  sokil  sous  l’eau  donnent  du  gaz  azote,  je  l’ai  du 
moins  (indiqué  dans  les  analiscs  , que  j’ai  faites  de 
l’air  rendu  par  quelques  plantes.  J’ai  voulu  m’en 
assurer  d’une  manière  plus  certaine  en  conservant 
sur  l’eau  dans  quelques  vases  l’air  que  quelques  plantes 
avoient  rendu  au  soleil , comme  par  exemple  celui 
de  quelques  alo’è , du  cactus  triangularis  et  du  cachas 
\cochinilifer  ; parce  moyenne  potivois  voir  s’il  res- 
teroit  vraiment  de  l’azote  , quand  j’en  aurai  séparé 
le  gaz  oxygène  par  la  combustion  et  l’acide  carbo- 
nique par  l’eau  de  chaux. 

C’est  ce  que  j’ai  bien  remarqué,  et  j’ai  bien  vu 
que  le  résidu  étoit  véritablement  de  l’azote  ; puis- 
qu’une bougie  allumée  s’éteignit  dans  ce  gaz  que 
j’avois  ainsi  obtenu  parfaitement  solitaire. 

J’ai  trouvé  des  plantes  qui  en  donnoient  d’au- 
tres d’autres  d’autres  enfin  beaucoup  moins. 

Mais  d’où  vient  cet  azote  dans  les  plantes  ? Il  se 
trouve  dans  l’air  intérieur , et  il  en  est  chassé  par 
l’action  de  la  lumière  solaire.  Ceci  s’arrange-t-il  avec 
l’analise  des  plantes  qui  ne  fournissent  point  d’azote, 
ou  qui  n’en  fournissent  que  dans  quelques-unes?  Il  faut 
donc  que  cet  azote  vienne  du  dehors  : "dans  ce  cas. 
il  faudroit  dire  qu’il  est  mêlé  dans  l’eau  avec  le  gaz 
oxygène,  et, que  ce  dernier  en  sortant  des  plantes 
s’unit  à l’azote  qui  est  dans  l’eau. 

§ CX VH. 

Jl  me  reste  à examiner  la  grande  question,  dont 
la  solution  doit  apprendre  si  les  plantes  donnent 


( 319  ) 

vraiment  de  l’air  indifféremment  à l’obscurité  et 
à la  lumière  ? Ce  qui  la  ramène  à celle  - ci  ; la 
lumière  influe-t-elle  comme  lumière  éclairante  sur  la 
production  du  gaz  oxygène?  Cette  question  ponrroit 
être  déjà  presque  décidée  par  diverses  observations, 
que  j’ai  eu  l’occasion  de  faire  sur  diverses  expériences 
rapportées  dans  ce  mémoire  ; mais  comme  elle  a 
été  présentée  d’une  manière  différente  par  Ingenhouz 
et  Senebier , et  comme  il  y a encore  quelques 
physiciens  qui  ont  adopté  l’opinion  du  premier  ; j’ai 
voulu  l’étudier  moi-même  et  chercher  dans  la  na- 
ture la  solution  de  cette  question  curieuse  qui  se 
réduit  à celle-ci  ; les  plantes  saines  donnent-elles  de 
l'air  à l’obscurité? 

§ CXV1II. 

Je  fis  la  première  expérience  sur  ce  sujet  au  mois 
de  Janvier  1798.  Pendant  un  jour  couvert,  à l’air 
libre  et  dans  un  lieu  que  le  soleil  éclaire,  lorsqu’il 
n’est  pas  éclipsé  par  les  nuages,  j’exposai  sous  l’eau 
la  lavande,  la  matière  verte,  et  d’autres  plantes  qui 
m’a  voient  donné  de  l’air  au  soleil  avec  abondance  ; 
elles  ne  m’en  fournirent  alors  à cette  lumière,  qu’une 
quantité  très-petite  pendant  tout  le  jour;  mais  ces 
végétaux  et  une  foule  que  je  soumis  à la  même 
expérience  pendant  la  nuit  ne  m’en  fournirent  point 
du  tout. 

§ CXIX. 

Il  y a 1 4 jours  que  je  tiens  sous  des  récipiens  sé- 
parés dans  l'air  commun  des  rameaux  de  la  lavande , 
elle  a absorbé  plus  ou  moins  de  gaz  oxygène,  et  n’a 
pas  par  conséquent  rendu  l’air  meilleur. 


( 120  ) 

J’exposai  de  la  même  manière  pendant  5 jours  la 
matière  verte  dans  l’air  commun  sur  mon  four- 
neau, on  l’a  déjà  vu,  elle  a laissé  l’air  commun 
comme  il  étoit,  quoiqu’elle  fût  dans  l’eau. 

Le  pied  de  la  Lavande  étoit  aussi  dans  l’eau;  mais 
le  soleil  ne  s’est  presque  pas  montré  pendant  la  durée 
de  l’expérience;  aussi  l’air  où  cette  plante  étoit  ne 
s’est  point  accru. 

Je  vois  donc  clairement  que  la  seule  lumière  ré- 
fléchie du  soleil  laisse  les  plantes  comme  elle  les 
trouve  sans  leur  faire  produire  aucune  espèce  d’air; 
mais  au  treizième  jour  il  y eut  deux  ou  trois  heures 
de  soleil  , c’étoit  au  commencement  de  Février , et 
le  soleil  qui  éclaira  l’expérience,  fit  produire  assezt 
d’air  à la  plante  pour  pouvoir  en  faire  l’essai. 

Alors  je  mis  aussi  au 'soleil  la  ma  tière  verte  qui 
n’avoit  point  altéré  l’air  commun  sur  mon  four- 
neau pendant  trois  jours  ; elle  donna  yL  d’air  dans, 
le  volume  d’air,  où  elle  étoit,  et  je  trouvai  qu’il 
contenait  plus  des  deux  tiers  de  gaz  oxygène.  Je 
mis  encore  de  cette  même  matière  verte  sous  un 
gi  and  récipient  plein  d’eau  renversé  sur  son  ouver- 
ture dans  un  vase  plein  de  ce  (laide,  il  fournit  ~ d 
d’air  qui  furent  réduits  par  la  combustion  du  phos- 
phore  à ( 

5 CXX. 

Je  plaçai  à cinq  heures  du  soir  dans  quatre  tubes 
pleins  d’eau  beaucoup  de  ce  cactus  cochiuilifer  qui 
m’a  voit  fourni  une  si  grande  abondance  d’un  gaz. 
oxygène  si  pur  pendant  le  jour;  la  température  étoit 
de  xo°j  c’éi.oit  au  mois  cl’ Avril  ; je  laissai  donc  çes 


( 121  ) 

appareils  ainsi  disposés  pendant  toute  la  nuit  5 il  n’y 
eut  pas  une  seule  bulle  d'air  produite. 

On  voit  donc  bien  nettement , que  cette  plante 
privée  de  la  lumière  du  soleil  ne  donne  point  d’air 
sous  l’eau. 

§ CXXT. 

J’avois  pourtant  tenu  pendant  trois  heures  au 
soleil,  qui  fut  quelquefois  voilé  par  les  nuages  un 
morceau  de  ce  cactus  cochinilifer  dans  5g, 45  cen- 
timètres cubes,  ou  5 pouces  cubes  d’air  commun 
fermé  par  l’eau  , mais  de  manière  que  le  cactus 
ne  touclioit  pas  ce  fluide  et  il  y produisit  i°|  de 
gaz  oxygène. 

§ CXXII. 

Il  y avoit  65  jours  que  j’avois  sur  une  table  à 
l’ombre  deux  feuilles  cValoê  caulescens  glauca  spinis 
rubris , et  la  moitié  d’une  feuille  du  cactus  cochi- 
nilifer à moitié  desséchée,  et  qui  auroit  eu  le  temps 
d’élaborer  de  l’air  mauvais  , si  vraiment  les  plantes 
en  élaboroient  à l’ombre;  j’en  mis  de  petits  mor- 
ceaux sous  l’eau , qui  y restèrent  au  soleil  pendant 
une  heure  il  y eut  de  l’air  produit  avec  abon- 
dance; et  je  trouvai  dans  celui  qui  avoit  été  fourni 
par  l’aloë  de  gaz  oxygène  et  dans  celui  du  cactus 
Ces  deux  plantes  n’avoicnt  donc  pas  perdu  la 
faculté  de  donner  du  gaz  oxygène  au  soleil. 

§ CXXII1. 

Je  préparai  deux  tubes  remplis  d’eau  et  renversés 
sur  leur  ouverture  dans  des  vases  pleins  de  ce  llnide  ; 
jolis  passer  sous  chacun  d’eux  une  quantité  égale 
de  matière  verte',  je  les  plaçai  à l’obscurité;  ils 


( 122  ) 

n’y  donnèrent  point  d’air;  je- transportai  l’un  d’eux 
an  soleil;  et  un  peu  après  la  matière  verte  qui  étoit 
au  fond  du  vase  commença  de  donner  des  bulles 
d’air  qui  continuèrent  à s’en  échapper , tant  que 
le  soleil  l’éclaira.  Je  laissai  l’autre  tube  à l’obscurité 
pendant  trois  jours,  et  la  matière  verte  n’y  donna 
pas  un  alome  d’air,  mais  aussitôt  que  je  l’eus  tirée 
t:*ie  cette  obscurité  pour  l’exposer  au  soleil,  elle  donna 
du  gaz  oxygène  très-pur. 

§ CXXIV. 

J’ai  tenu  pendant  22  heures  sous  l’eau  dans  une 
pleine  obscurité  et  sous  de  grands  récipiens  renversés 
dans  l’eau  sur  leur  ouverture  des  feuilles  de  pavots, 
de  laurier,  de  noisetier,  de  figuier  et  de  minier  ; 
la  température  étoit  à 1 70  ; toutes  ces  feuilles  ne 
donnèrent  point  d’air  à l’exception  des  feuilles  de 
pavots , qui  en  donnèrent  de  pouce  cube. 

§ CXXY. 

La  crassula  cotylédon  m’avoit  fourni  au  soleil 
un  air  qui  contenoit  89°  de  gaz  oxygène,  ou  un 
air  dont  100  parties  en  contenoient  89  de  ce  gaz;  j’en 
mis  quelques  feuilles  dans  49,54  centimètres  cubes, 
ou  2pouces|  cubes  d’air  commun  pendant  10  heures 
à la  température  de  i6°|  et  à l’obscurité.  Il  me 
parut  que  celte  plante  loin  de  donner  du  nouvel  air 
avoil  absorbé  la  moitié  du  gaz  oxygène  et  produit  5° 
d’acide  carbonique. 

§ CXXVI. 

Je  disposai  six  tubes  pleins  d’eau  et.  renversés  sur 
leur  ouverture  dans  des  vases  pleins  cle  ce  fluide; 
j’introduisis  dans  deux  de  ces  tubes  des  feuilles  du 


( 125  ) 

scmpervivum  tectorum  ; dans  deux  autres  des  Feuilles 
de  framboisier , et  dans  les  deux  derniers  des  feuilles 
de  la  violette  jaune;  je  pris  ensuite  un  de  ces  tubes  con- 
tenant chacun  une  des  espèces  de  feuilles  que  je  viens 
d’indiquer  , et  je  les  exposai  au  soleil  ; je  pris  ensuite 
les  trois  autres  tubes,  que  je  couvris  d’un  étui  de 
carton,  et  que  je  plaçai  à côté  des  autres;  ils  y res- 
tèrent huit  heures  et  le  soleil  fut  très-brillant. 

Au  bout  de  ce  temps  , je  trouvai  que  les  feuilles 
des  trois  tubes  exposés  à l’action  immédiate  du  sbleil 
avoient  donné  beaucoup  de  gaz  oxygène  très-pur  ; 
mais  les  autres  n’en  donnèrent  point  du  tout  d’au- 
cune espèce.  Te  ne  compte  pas  les  bulles  attachées 
aux  parois  du  récipient;  parce  que  j’ai  bien  prouvé 
qu’elles  étoient  un  produit  de  l’eau  , Mem.  I. 

Il  me  semble  donc  bien  démontré  que  ces  trois 
plantes  à l’obscurité  et  avec  la  chaleur  du  soleil  n’ont 
point  donné  d’air. 

§ CXXVIT. 

Il  est  donc  bien  prouvé , d’après  les  expériences 
d'Ingenhouz,  de  Senebier  et  les  miennes,  que  les 
feuilles  des  plantes  donnent  du  gaz  oxygène  au 
soleil,  et  que,  suivant  Senebier,  elles  ne  donnent 
point  d’air  à l’obscurité  ; mais  qu’elles  absorbent 
alors  le  gaz  oxygène,  comme  je  crois  l’avoir  établi 
le  premier. 

Ces  idées  me  suivoienl  dans  mes  promenades  et 
je  cherchai  leurs  rapports  avec  l’économie  générale 
de  notre  globe.  , 

J’étois  à Modène  au  mois  de  Novembre  1 798,  dans 
le  jardin  de  l’ancien  Duc;  il  y a un  bois  d’ormeaux 


( 124  ) 

très-élevés  el  très-louîFus  qui  donnent  une  ômbre 
fort  épaisse.  A deux  heures  après  midi,  je  m’enfonçai 
dans  ce  bois  pendant  que  le  soleil  étoit  très-vif  ; j’y 
restai  une  demi-heui'e , et  j’y  pris  mal  à la  têle;  je 
crus  qu’il  étoit  occasionné  par  l’état  de  l’air  dans 
ce  lieu  obscur;  je  pensai  à essayer  celui  qui  étoit 
dans  l’ombre  et  dans  les  parties  les  plus  basses;  j’en, 
pris  avec  M.r  Venturi  une  bouteille,  et  je  l’essayai 
sur  le  champ  par  l’eau  de  chaux  ; mais  je  trouvai 
que  l’acide  carbonique  n’y  étoit  pas  plus  sensible 
que  dans  l’air  commun  pris  dans  la  plaine  la  plus 
découverte  : mon  mal  de  têle  devoit  donc  avoir  une 
autre  cause. 

Je  pensai  que  l’air  est  continuellement  agité  sous 
ces  ormeaux  comme  à l’extérieur  du  bois , et  que 
l’acide  carbonique  qui  se  forme  constamment  aux  dé- 
pens du  gaz  oxygène  de  l’air  est  subitement  porté 
ailleurs. 

§ CXXVIII. 

Ces  idées,  toujours  présentes  à mon  esprit,  ne 
m’abandonnoient  pas  quand  j’élois  à la  campagne; 
un  jour  du  mois  d’octobre  vers  midi,  le  soleilêtant 
bien  vif,  je  faisois  un  grand  tour  dans  un  lieu  où 
il  y avoil  un  grand  nombre  de  chênes  touffus.  J’ob- 
servai qu’à  celle  heure  où  le  soleil  est  à sa  plus  grande 
hauteur , les  deux  tiers  des  feuilles,  pour  ne  pas  dire 
trop  , étoienl  dans  l’ombre  , el  dévoient  parconsé- 
quent  absorber  le  gaz  oxygène.  Je  vis  la  même  chose 
sur  d’autres  arbres , où  je  remarquai  une  ombre  plus 
forte , sur— tout  dans  ceux  auxquels  la  vigne  se  cram- 
ponne , parce  que  l’ombre  des  feuilles  nombreuses 


( 125  ) 

de  cette  plante  augmente  celle  des  autres  dans  ^in- 
térieur de  l’arbre,  et  même  de  ceux  dont  les  feuilles 
sont  les  plus  rares  : on  l’observe  semblablement  dans 
tous  les  arbres  dont  la  tête  est  épaisse  et  bien  feuillée  ; 
mais  il  faut  dire  encore  cela  des  bois  , des  bosquets, 
et  sur-tout  de  ceux  de  pins,  de  sapins  et  de  hêtres, 
de  même  que  dans  la  Lombardie,  des  cyprès  nom- 
breux dont  l’ombrage  est  si  fort. 

On  ne  peut  se  dissimuler  d’après  cela , que  les 
feuilles  des  arbres  qui  sont  dans  l’ombre  et  qui  en 
donnent,  sont  beaucoup  plus  nombreuses  que  celles 
qui  sont  couvertes  par  les  rayons  du  soleil  : et  si 
l’on  pense  aux  herbes , à celles  des  prés , que  la 
lumière  couvre  davantage , et  qui  se  portent  moins 
d’ombre  parce  qu’elles  sont  plus  courtes,  mais  aussi 
qui  sont  en  grand  nombre  sous  l’ombrage  des  arbres, 
dont  l’ombre  s’étend  fort  loin  le  matin  et  le  soir  ; et  si 
l’on  ajoute  tout  cela  à l’ombre  jetée  par  les  montagnes 
et  les  collines,  on  verra  combien  il  y a de  tems  où 
une  foule  de  végétaux  ne  donnent  point  de  gaz  oxy- 
gène , et  où  plutôt  ils  en  absorbent. 

§ C XXIX. 

Un  jour  du  mois  d’octobre  je  me  promenai  deux 
heures  et  demie  avant  le  coucher  du  soleil  ; j’élois 
dans  un  lieu  où  il  y avoit  plusieurs  chênes  ; le  soleil 
éloit  encore  très-vif,  U me  fournit  quelques  obser- 
vations sur  les  parties  éclairées  de  ces  arbres , et  sur 
celles  qui  éloient  dans  l’ombre. 

Le  soleil  éclairoit  alors  obliquement  les  chênes; 
les  parties  de  ces  arbres  sur  lesquelles  les  rayons  de 
cet  astre  lomboient  étoient  bien  éclairées , mais  à la 


( 126  ) 

réserve  de  celle  partie  le  resle  étoit  dans  l’ombre  , en 
exceptant  pourtant  plusieurs  rayons  qui  s’échap- 
poient  dans  le  milieu  des  feuilles,  et  cpii  rompoient 
ainsi  l’ombre  en  divers  endroits.  Ayant  néanmoins 
comparé  attentivement  la  partie  éclairée  avec  celle 
qui  éloit  dans  l’ombre,  je  trouvai  celle-ci  quatre 
fois  plus  grande , et  il  faut  dire  la  même  chose  de 
l’ombre  des  feuilles  dans  les  commencemens  de  la 
matinée , ou  à la  même  hauteur  du  soleil. 

§ CXXX. 

Je  refis  encore  toutes  ces  observations  dans  le 
même  mois,  je  les  répétai  toujours  avec  un  résultat 
semblable  sur  les  noyers  et  les  ormeaux  , surles  haies 
épaisses;  il  n’y  avoil donc  que  les  arbres  ayant  peu 
de  feuilles  qui  fussent  les  mieux  éclairés  par  le  soleil. 
Que  faudra-t-il  donc  dire  des  forêts , des  bouquets 
d’arbres  de  hautes  futaies,  comme  les  chênes  et  les 
pins  ? Ne  résulteroil  - il  pas  de  mes  expériences 
précédentes  , qu’il  ne  resle  point  de  gaz  oxygène 
produit,  ou  qu’il  n’y  en  a que  très-peu,  et  même  qu’il 
doit  y avoir  du  gaz  oxygène  absorbé  dans  l’air? 

Il  me  paroît  donc  que  quoique  les  feuilles  donnent 
beaucoup  de  gaz  oxygène , lorsqu’elles  sont  expo- 
sées au  soleil;  cependant  la  destruction  de  ce  gaz 
seroit  plus  considérable  à l’ombre  ; celte  observation , 
comme  je  l’ai  dit , est  moins  frappante  pour  les  her- 
bes qui  sont  mieux  éclairées;  mais  nous  avons  vu 
encore  que  les  herbes  se  trouvoient  aussi  souvent 
dans  l’ombre  des  corps  opaques  qui  les  environnent. 

§ CXXXI. 

Enfin , pour  terminer  celle  recherche , il  me 


( 127  ) 

falloit  connoître  l’influence  des  végétaux  sur  l’air 
commun. 

Pour  y parvenir  je  pris  des  flacons  fermant  très- 
bien  avec  des  bouchons  usés  à l’émeri,  et  contenant 
5g, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air 
commun  , dans  lesquels  je  mis  séparément  diverses 
plantes  que  je  tins  dans  ma  chambre  à la  tempéra- 
ture de  8°. 

Alo'é  vera  , elle  produisit  2°  d’acide  carbonique  , 
et  absorba  5°  de  gaz  oxygène;  si  l’acide  carbonique 
avoit  été  produit  aux  dépens  du  gaz  oxygène,  il  y en 
auroit  eu  une  plus  grande  quantité  , de  sorte  qu’on 
peuL  dire  que  cette  plante  a absox’bé  le  gaz  oxygène. 

Crassulci  pultacea  , elle  a produit  2°  d’acide  car- 
bonique  et  absorbé  6°  de  gaz  oxygène. 

jMsstmb ry authe nium  crassifolium  a produit  5°1 
d’acide  carbonique. 

Je  ne  parlerai  plus  du  gaz  oxygène  absorbé,  parce 
que  je  veux  sur-tout  comparer  l’acide  carbonique 
produit  dans  l’air  commun  avec  celui  que  ces  plantes 
pourront  produire  dans  les  flacons  contenant  la 
même  quantité  de  gaz  hydrogène,  où  je  les  ai  aussi 
placées,  et  tenues  pendant  le  même  temps  à la 
même  température. 

Cacalia  repens  a produit  iü  d’acide  carbonique. 

Aloe  cœrulesce/is  gtaucci  spinis  rubris  a pro- 
duit 5°  ~ d’acide  carbonique. 

Aloe  mitriformis  a produit  2°  ~ d’acide  carbo- 
nique. 

Cactus  triangularis  a produit  5°  d’acide  carbo- 
nique et  absorbé  xo°  de  gaz  oxygèue. 


( 128  ) 

Cactus  cocliinilifer  a produit  5°  d’acide  carbo- 
nique et  2°  d’azote  , il  a absorbé  5°  de  gaz  oxygène. 

Voici  “à  présent  les  résultats  que  ces  plantes  m'ont 
fourni  dans  les  mêmes  circonstances  à tous  égards, 
avec  cette  seule  différence , que  les  flacons  au  lieu  de 
conlenir  de  l’air  commun  contenoient  la  même  quan- 
tité de  gaz  hydrogène. 

Aloe  vera  a produit  2°  d’acide  carbonique  comme 
dans  l’air  commun. 

Qra ss ulqpultacea  a produit  5°  d’acide  carbonique 
et  seulement  2°  dans  l’air  commun. 

JVIesembryantJiem uni crassifo lium  a produit  i°i 
d’acide  carbonique  et  5°  A dans  l’air  commun. 

Ccicalia  repens  a produit  i degré  d’acide  carbo- 
nique et  i°  dans  l’air  commun. 

Aloe  cœrulescens  glauca  a produit  4°  d’acide 
carbonique  ël  5°5  dans  l’air  commun. 

Aloe  7 nitriformis  a produit  6°  l d’acide  carbo- 
nique et  2°  ~ dans  l’air  commun. 

Cactus  triangularis  a produit  5°  d’acide  carbo- 
nique et  la  même  quantité  dans  l’air  commun  ; l’air 
ne  s’étoit  accru  que  d’un  degré  dans  le  gaz  hydro- 
gène et  de  j o°  dans  l’air  commun. 

Cactus  cocliinilifer  a produit  70  d’acide  carbo- 
nique et  5°  dans  l’air  commun. 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  dans  le  mesem- 
bryanthemum  crassi folium , et  le  cacalia  repens 
l’acide  carbonique  produit  dans  l’air  commun  est 
plus  abondant  que  dans  le  gaz  hydrogène  ; mais  que 
dans  Y aloe  vera  , le  cœrulescens  glauca  l’acide 
carbonique  est  produit  en  égale  quantité  dans  tous 

les 


{ 129  ) 

les  deux  ; tandis  que  dans  la  cra'ssnla  putlctcèâ  > 
Valoe  mitriformis  el  le  cactus  cochilmijer  l'acide 
carbonique  a été  produit  en  plus  grande  quantité 
dans  le.  gaz  hydrogène  que  dans  l’air  commun  , 
quoique  toutes  leurs  circonstances  fussent  rigoureu- 
sement les  mêmes. 

§ CXXXII. 

Il  résulte  de  toutes  les  expériences  de  ce  chapitre  > 
i°  que  les  plantes  vertes  donnent  du  gaz  oxygène 
en  hiver  , mais  dans  une  quantité  moindre  que  dans 
l'été. 

Que  quelques  plantes  mises  dans  l’air  commun 
au  soleil,  sous  des  vases  clos  , lui  conservent  sa  pu- 
reté , tandis  que  d’autres  l’altèrent  et  d’autres  l’aug- 
mentent ; mais  dans  tous  les  cas  il  y a de  l’acide 
carbonique  produit. 

5.8  Le  gaz  oxy  gène  produit  au  soleil  dans  l’air  par 
les  plantes  que  l’on  y renferme  et  par  celles  qui  en 
donnent  dans  ce  cas  , est  quelquefois  égal  en  voltune 
à l’air  qu’elles  produisent  sous  l'eau;  il  a été  aussi 
quelquefois  moindre  ; mais  en  général  la  quantité  de 
l’air  produit  sous  l'eau  n’est  pas  si  supérieure  à celle 
de  l’air  qu’elles  produisent  dans  l’air  commun  qu’on 
l’a  voit  cru. 

4. °  Les  feuilles  sèches  ne  donnent  point  d’air  sous 
l’eau  au  soleil,  quand  l’eau  a été  privée  d’air  avant 
l’expérience. 

5. °  Des  feuilles  dans  l’eau  privée  d’air  en  donnent 
un  peu , el  il  est  meilleur  que  l’air  commun. 

6. "  Les  plantes  donnent  de  l’azote  sous  l’eau. 

7 . °  Les  plantes  au  soled  donnent  le  gaz  oxygène 

Tome  3«  I 


( i3o  ) 

. ’ N 

sous  1 eau  et  n’eu  donnent  point  à l’obscurité,  mai» 
elles  absorbent  le  gaz  oxygène  dans  l’air  et  fournis- 
sent quelquefois  l’acide  carbonique. 

8.°  11  paroîtroit  par  l’observation  et  le  l’aisonne- 
ment  que  les  plantes  doivent  plutôt  gâter  l’air  que 
le  purifier. 

CHAPITRE  IYT. 

Del  influence  des  eaux  chargées  d'acide  carbonique 
pour  faire  produire  du  gaz  oxygène  aux  plantes 
que  Von  y tient  plongées. 

§ CXXXIII. 

J’ai  fait  mes  expériences  précédentes  daus  l’air , 
dans  l’eau  , à la  lumière  et  à l’obscurité  ; il  me  reste 
à en  faire  encore  avec  les  eaux  chargées  d'acide  car- 
bonique. Senebier  avoil  découvert  qu’elles  étoient 
pour  les  plantes  que  l’on  y tient  plongées  au  soleil  une 
source,  abondante  de  gaz  oxygène.  J’ai  voulu  aussi 
m’occuper  comme  lui  de  ces  expériences , et  je  les 
ai  faites  par  les  moyens  que  j’ai  employés  précédem- 
ment ; cependant  comme  ils  étoient  pluS  exacts  que 
ceux  de  Senebier , et  que  ceux  que  l’on  a pu.  avoir 
jusqu’à  présent,  ils  m’ont  fourni  peut-être  aussi  des 
résultats  plus  exacts  et  plus  précis. 

§ CXXXIV. 

Je  voulus  d’abord  m’assurer  que  les  plantes  don- 
noient  plus  d'air  au  soleil  sous  les  eaux  chargées 
d’acide  carbonique  que  sous  l’eau  commune,  et  que 
l’air  produit  par  elles  , dans  le  premier  cas  , éloit 
alors  meilleur  que  dans  le  second. 


( i5i  ) 

Je  luis  sous  deux  récipiens  égaux,  mais  dont  l'eau 
qui  remplissoit  l’un  d’eux  éloit  chargée  d’acide  car- 
bonique,  tandis  que  l’autre  éloit  seulement  rempli  avec 
l’eau  de  mon  puits,  des  morceaux  égaux  du  cactus 
cochinilifer  ; ils  restèrent  ainsi  pendant  sept  heures 
exposés  au  soleil  : c’étoil  au  mois  d’avril. 

L’air  fourni  par  le  cactus  dans  l’eau  acidulée  fut 
le  double  meilleur  que  l’air  atmosphérique 5 il  con- 
tenoit  6°  d’acide  carbonique. 

L’air  fourni  par  le  cactus  dans  Y eau  de  mon  puit 
ne  fournit  que  la  sixième  partie  de  l’air  donné  par 
le  cactus  dans  l’eau  acidulée  , et  il  ne  fut  qu’un  peu 
meilleur  que  l’air  commun. 

11  résulte  donc  de  cette  expérience,  que  ce  cactus 
exposé  au  soleil  dans  l’eau  acidulée  par  l’acide  car- 
bonique , donne  plus  d’air  que  dans  l’eau  commune, 
et  que  l’air  qu’il  a fourni  est  beaucoup  meilleur. 

§ cxxxv. 

Je  suivis,  dès  ce  moment , les  phénomènes  pro- 
duits par  l’acide  carbonique  dissous  dans  l’eau  en 
exposant  les  plantes  au  soleil. 

Dans  ce  but  je  pris  trois  récipiens  égaux,  j’en 
remplis  un  avec  l’eau  commune  de  mon  puits  , qui 
contient  un  peu  d’acide  carbonique,  comme  je  l’ai 
dit,  Mémoire  i.er;  je  remplis  le  second  avec  cette 
-eau  privée  de  son  acide  carbonique  par  l’eau  de 
chaux  ; je  remplis  enfin  le  iroisiéme  avec  une  eau 
chargée  d’une  forte  quantité  d’acide  carbonique  5 
j’inl.oduisis  sous  chacun  de  ces  récipiens  quelques 
lames  du  cactus  cochinilifer , et  j’exposai  ces  trois 
récipiens  au  soleil  pour  observer  les  phénomène» 
qui  s’offrir  oient  à moi. 


( ) 

Après  un  petit.  nombre  de  minutes,  la  première 
plante  qui  commença  à lâcher  des  bulles  fut  celle 
qui  étoil  dans  l’eau  acidulée  ; ces  bulles,  qui  me  pa- 
rurent d’abord  fort  peLiles,  s’accrurent  toujours  en 
diamètre  avec  une  forme  arrondie  ; mais  je  ne 
voyois  point  encore  ces  jets  fins  formés  par  une  suite 
de  petites  bulles  dont  j’ai  déjà  parlé  ; après  sept  ou 
huit  minutes  , je  vis  s’échapper  de  deux  points  fixes 
de  la  lame  du  cactus  des  petites  bulles  quisorloient 
et  se  succédoienl  à petits  intervalles  ; je  fis  la  même 
observation  dans  les  deux  autres  récipiens.  Outre 
cela , je  remarquai  dans  l’eau  du  puits  et  dans  celte 
eau  privée  de  son  acide  carbonique  de  très-petites 
bulles  d’abord  attachées  à la  plante  , et  qui  s'éle- 
voienl  eijsuite  à-  la  partie  supérieure  du  récipient; 
de  manière  que  la  petite  quantité  d’air  produite  dans 
l’eau  du  puits  et  dans  celle  qui  étoit  privée  d’acide 
carbonique  , me  parut  dans  ces  deux  derniers  à-peu- 
près  égale;  mais  la  quantité  d’air  produite  sous  l’eau 
acidulée  fut  au  moins  triple,  si  elle  ne  fut  pas  qua  ■ 
druple  de  celle  de  ces  deux-ci. 

Après  cela  les  bulles  s’échappèrent  avec  plus  de 
fréquence  dans  les  trois  récipiens,  mais  elles  ne  for- 
mèrent pas  de  jets  continus. 

Je  remarquai  quelques  différences  entre  ces  lames 
du  cactus  ; celles  qui  étaient  dans  l’eau  acidulée 
étoient  couvertes  de  très-petites  bulles,  dont  le  nom- 
bre dimiuuoit  ; elles  étoient  en  nombre  bien  plus 
petit  sous  l’eau  du  puits  , et  ce  nombre  étoit  infini- 
ment petit  dans  l’eau  privée  de  l’acide  càrbonique; 
i la  quantité  du  produit  de  l’air  dans  ces  trois  récipiens 


) 

»• 

( 253  ) 

cvoissoil  avec  lenteur  par  l’augmentation  des  petites 
bulles  qui  s’échappoient  des  lames  du  cactus , et  qui 
sortoieut  toujours  de  quelques  points  fixes  de  la  lame. 
Ceci  me  fit  croire  que  les  lames  placées  dans  l’eau 
acidulée  avoient  deux  sources  de  l’air  qu’elles  ren- 
doient,  l’une  intérieure  et  l'autre  extérieure. 

Il  y avoit  trois  quarts  d’heure  que  ces  tubes  éloient 
au  soleil  ; l’air  produit  par  les  lames  du  cactus  qui 
étaient  dans  l’eau  du  puits  me  parut  égal  en  volume 
à l’air  produit  par  les  lames  de  ce  cactus  mises  dans 
l’eau  privée  de  son  acide  carbonique;  mais  l’air  pro- 
duit par  ces  lames  dans  l’eau  acidulée  étoit.  au  moins 
quintuple,  et  les  bulles  paroissoieut  toujours  plus 
abondantes  sur  la  surface  des  fragmens  de  cette  plante; 
ou  voyoit  de  Irès-pelites  bulles  et  très-rares  s’échap- 
per de  quelques  points  fixes  hors  des  lames  mises  sous 
les  deux  autres  récipiens  , surtout  sous  celui  qui  étoit 
rempli  par  l’eau  privée  d'acide  carbonique. 

J’observai  encore  que  les  bulles  sont  aussi  nom- 
breuses sur  la  surface  des  lames  du  cactus  que  sur 
les  parties  coupées. 

Tl  y avoit  deux  heures  que  ces  récipiens  éloient 
au  soleil  ,-la  production  de  l’air  resta  la  même,  elle 
ne  s’accéléra  point;  après  la  première  demi-heure 
elle  ne  varia  pas. 

Au  bout  de  trois  heures  il  me  sembla  que  la  pro- 
duction de  l’air  diminua  dans  les  trois  récipiens, 
mais  les  phénomènes  furent  toujours  les  mêmes;  enfin 
le  soleil  me  manqua,  et  l’air  produit  dans  l’eau  aci- 
dulée fut  au  moins  octuple  de  l’air  produit  sous  les 
deux  autres  récipiens.» 


v.  ( 134  ) 

Au  fond  du  vase,  où  éloit  l'eau  privée  de  son 
acide  carbonique,  je  trouvai  un  précipité  de  carbo- 
nate calcaire  qui  pesoit  434,5 1 millimètres,  ou  jj 
grains  et  ~ , et  qui  prouvoil  la  présence  de  l’acide  car- 
bonique dans  l'eau,  ou  sa  production  par  les  frag- 
mens  du  cactus. 

§ CXXXVI. 

Pour  suivre  la  méthode  que  je  me  suis  prescrite , 
je  mis  dans  deux  tubes,  contenant  chacun  49,54 
centimètres  cubes,  ou  2 pouces  i cubes  d’air  com- 
mun , un  morceau  semblable  du  cactus  cochinilifer  ; 
un  de  ces  tubes  plongeoit  dans  l’eau  chargée  d’acide 
carbonique  et  l’autre  dans  l’eau  de  mon  puits;  je  les 
exposai  tous  deux  pendant  trois  heures  au  soleil. 

L’air  du  tube  plongé  dans  l’eau  dit  puits  fut  aug- 
menté par  le  cactus  de  4°  de  gaz  oxygène. 

L’air  du  tube  plongé  dans  l’eau  acidulée  fut  aug- 
menté de  70  de  gaz  oxygène,  c’est-à-dire  qu’il  four- 
nit 5°  de  plus  de  gaz  oxygène. 

5 CXXX5  II. 

Je  répétai  celte  expérience  en  diminuant  la  quan- 
tité de  l’air  commun  : je  mis  les  morceaux  du  cactus 
dans  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  ~ cube 
d’air  commun  , en  laissant  subsister  tou  les  les  autres 
conditions  de  l’expérience  précédente  avec  l’eau 
chargée  d’acide  carbonique  : ce  tube  resta  exposé  au 
soleil  pendant  huit  heures;  mais  au  lieu  de  varier 
l’eau  je  mis  un  morceau  de  ce  cactus  dans  un  tube 
parfaitement  rempli  d’eau. 

Dans  l’air  du  premier  tube  l’air  commun  fut  amé- 
lioré de  deux  degrés. 


( i35  ) 

Dans  le  tube  plein  d'eau  acidulée  le  cactus  fournit 
9,90  centimètres  cubes,  09  un  demi-pouce  cube 
d’air  qui  contenoit  70  d’acide  carbonique. 

Je  m'étonnai  d’abord  de  celte  production  d’acide 
carbonique  dans  l’eau  , puisqu’il  devoil  s’absorber 
dans  l’eau  de  l’expérience  ; je  trouvai  pourtant  que 
lngeiiliouz , dans  ses  expériences  sur  les  végétaux , 
'J’.  Il,  pag.  27]  , avoit  vu  un  fait  analogue  dans 
l’eau  saturée  cfacide  carbonique,  quoique  le  cas  fût 
different.  Pendant , dit-il , que  je  mis  une  plante 
dans  celte  eau  , elle  commença  à se  couvrir  de  bulles 
d’air  qui  grossirent  au  soleil , j’cn  obtins  beaucoup 
d’air  , qui  n’étoil  que  de  l’air  fixe. 

§ cxxxvni. 

En  considérant  les  expériences  que  je  viens  de 
rapporter,  et  toutes  celles  que  j’ai  faites  sur  les 
plantes  plongées  sous  l’eau  , et  qui  y donnent  un 
air  beaucoup  meilleur  que  l’air  commun,  j’ai  pour- 
tant vu  qu’elles  ne  donnoicnt  dans  l’air  commun 
où  on  les  plaçoit,  qu’un  air  à-peu-près  semblable  à 
lui,  et  qu’elles  ne  le  rendoient  qu’un  peu  plus  pur  j 
ce  qui  arrive  également  dans  lés  flacons  bien  fermés  , 
et  sous  les  vases  fermés  avec  l’eàu  et  communiquant 
avec  elle.  Je  dois  pourtant  faire  valoir  davantage  le 
second  cas  que  le  premier  , parce  qu’on  peut  dire 
que  dans  les  (laçons  bien  fermés  l’air  11e  s’échappe 
pas  aussi  facilement  des  plantes. 

Dans  tous  les  cas  où  les  plantes  furent  exposées 
dans  l’air  commun,  on  ne  sauroil.  objecter  que  la 
chaleur  fût  trop  vive,  quoique  j’aie  observé  que  sous 
les  récipiens  elle  fut  de  6°  plus  haute  qu’à  l’air  libre, 

\ 


V 


( i36  ) 

puisque  dans  mes  expériences , elle  ne  s'est  pas  élevée 
au-dessus, de  i8u,  et  puisque  les  plantes  dont  je  me 
suis  servi  supportent  une  chaleur  bien  plus  grande 
sans  eu  souffrir;  d’aillcurs  je  ne  leur  ai  pas  vu  trou- 
bler l’eau  où  elles  étoient , et  elles  ne  lui  onL  pas 
communiqué  une  mauvaise  odeur. 

Ingenhouz  etSenebier  ont  bien  trouvé  l’acide  car- 
bonique mêlé  avec  l’air  produit  par  les  plantes  plon- 
gées sous  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  ; mais 
c’est  moi  qui  l'ai  découvert  dans  l’air  commun  où  on 
les  place. 

§ CXXX1X. 

D’après  les  idées  de  Senebier  , l'acide  carbonique 
passe  de  la  terre  dans  les  plantes  par  les  racines;  il 
arrive  par  les  vaisseaux  des  plantes  dans  les  feuilles, 
où  il  se  décompose  par  la  lumière  et  y donne  le  gaz 
oxygène. 

J’ai  d’abord  pensé  à chercher  s’il  y auroit  quel- 
qu’iudice  de  cet  acide  carbonique  dans  les  plantes. 
Je  pris  pour  cela  des  feuilles  fraîches  du  cclcLus  co- 
chinilifer  qui  donne  beaucoup  de  gaz  oxygène,  je 
les  exprimai  dans  l’eau  de  chaux , il  en  sortit  une 
humeur  visqueuse  et  transparente , qui  se  déposa  au 
fond  de  l’eau  sans  troubler  l’eau  de  chaux;  le  lende- 
main j’y  versai  de  l’acide  nitrique,  qui  n’y  causa 
aucune  effervescence  ; cependant  une  eau  qui  conte- 
noit  une  petite  quantité  d’acide  carbonique  troubla 
l’eau  de  chaux  et  forma  un  petit  dépôt  qui  donna 
l’acide  carbonique  lorsque  j’y  versai  l’acide  nitrique, 

i J 

§ CXL. 

Je  fis  une  autre  expérience,  j’employai  diverses 
eaux  pour  comparer  leurs  ellèls. 


( 3 37  ) 

Je  pris  trois  tubes  égaux  et  semblables  ; j’en  rem- 
plis un  d’eau  commune,  le  second  avec  cette  eau 
privée  de  son  acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux, 
et  le  troisième  avec  l'eau  de  chaux  , je  fis  passer  sous 
chacun  d'eux  des  quantités  égales  du  cactus  cocJii- 
nilifer  ; je  fis  encore  la  même  suite  d’expériences 
avec  L’a/oe  cærulescens  spinis  rubris. 

Le  cactus  cochinilifer  fut  le  premier  qui  com- 
mença de  donner  de  l’air  dans  les  coupures  et  sur 
sa  surface  supérieure;  il  y eut  de  l’air  produit  dans 
les  trois  tubes  , et  dans  le  même  temps  la  bulle  ovale,- 
dans  la  partie  supérieure  du  Lube,  eut  les  mêmes 
diamètres  dans  les  trois  tubes. 

Je  remarquai  les  mêmes  phénomènes  dans  Vciloe  > 
mais  la  bulle  qu’il  produisit  ne  fut  que  — de  celle 
du  cactus. 

I 

Au  bout  d’une  heure  d’exposition  au  soleil,  les 
feuilles  continuèrent  à donner  de  l’air  dans  les  mêmes 
proportions  pour  les  deux  plantes  ; mais  au  bout  de 
quatre  heures  l’air  produit  s’augmenta  dans  les  six 
tubes,  et  il  y eut  la  moitié  moins  d’air  dans  le  lube 
où  éloit  le  cactus  que  dans  celui  de  Yaloe. 

J’essayai  ccL  air  produit,  que  je  trouvai  le  même 
pour  sa  nature  dans  les  six  tubes  que  celui  de  ces 
plantes,  il  contenoit  la  même  quantité  de  gaz  oxy- 
gène dans  l’eau  fournie  par  les  plantes  renfermées 
dans  l’eau  de  chaux,  que  par  celles  qui  étoient  ren- 
fermées dans  l’eau  commune;  de  sorte  que  l’on  ne 
voit  pas  que  l’acide  carbonique  y ait  influé. 

§ CXU.  ' K 

Je  tins  ensuite,  pendant  quelque  temps  , des  mov- 


( i38  ) 

ceaux  égaux  du  cactus  cochinilifer  au  soleil,  dans 
des  volumes  égaux  d'eau  fort  chargée  d’acide  carbo- 
nique , c’est-à-dire , avec  une  eau  qui  conlenoit  un 
volume  d’acide  carbonique  égal  au  volume  de  l’eau 
elle-même;  avec  une  eau  qui  en  contenoit  peu,  et 
avec  l’eau  pure. 

D’abord  il  se  forma  dans  les  trois  tubes  qui  ren- 
fermoienl  ces  eaux  avec  le  morceau  de  cactus , une 
bulle  qui  fut  égale  dans  tous  les  trois,  je  ne  remàr-* 
quai  aucune  différence. 

Après  quatre  heures  d’exposition  à un  soleil  vrai- 
ment voilé  par  les  nuages,  je  vis  que  ce  cactus  four- 
nissoit  peu  d’air  , et  je  passai  à son  examen. 

Voici  le  résultât  de  l’expérience;  dans  le  tube  où 
étoit  >Veau  pur  e , comme  dans  celui  où  étoit  l’eau 
peu  acidulée.  Il  se  forma  des  bulles  égales  , chacune 
d’elle  avoit  9,02  millimètres,  ou  un  tiers  de  pouce 
de  diamètre , mais  dans  le  tube  où  étoit  l’eau  forte- 
ment acidulée  , la  bulle  n’eut  que  6,77  millimètres, 
ou  un  quart  de  pouce  de  diamètre. 

Je  recueillis  ensuite  l’air  des  deux  tubes  qui  con- 
tenoit les  eaux  discrètement  acidulées , et  je  l’es- 
sayai ; je  trouvai  qu’il  contenoit  74°  de  gaz  oxygène , 
ai”  de  gaz  acide  carbonique,  et  110  de  gaz  azote; 
cet  air  fut  meilleur  que  celui  des  eaux  fortement 
acidulées. 

Dans  le  tube  qui  contenoit  Veau  pure  , l'air  que 
j’y  trouvai  contenoit  une  moindre  quantité  d’acide 
carbonique. 

11  paroîtroit  donc  , par  ces  expériences  , que  l'eau 
trop  fortement  chargée  d’acide  carbonique  nuit  à 


( l59  ) 

la  production  de  l’air;  que  l’acide  carbonique  ne 
sert  point  à l’augmenlation  de  la  production  de  l’air , 
puis  que  le  volume  d’air  produit  dans  l’eau  commune 
et  dans  les  eaux  discrètement  acidulées  furent  égaux 
et  plus  considérables  que  ceux  des  eaux  fortement 
acidulées. 

Je  voulus  ensuite  exprimer  sous  l’eau  les  morceaux 
de  l’aloë  qui  avoient  été  mis  en  expérience;  mais  j’y 
trouvai  si  peu  d’air  que  je  ne  pus  en  faire  l’essai  : je 
ne  fus  pas  plus  heureux  en  me  servant  de  la  laitue 
pour  en  obtenir  l’air  qu’elle  renfermait. 

En  comparant  la  quantité  d’acide  carbonique 
fourni  par  la  plante  qui  étoit  dans  les  eaux  acidulées, 
avec  celui  qui  fut  rendu  par  la  plante  qui  étoit  dans 
l’eau  pure  , j’en  retirai  un  rapport  plus  exact;  parce 
que  les  tubes  étant  plus  grands  , les  volumes  de  l’eau 
qu’ils  renfermoicnt  étoient  plus  considérables.  Je 
trouvai  5°  d’acide  carbonique  dans  l’air  produit  par 
les  feuilles  qui  étoient  dans  l’eau  pure,  etn.°dans 
l’air  produit  par  la  plante  mise  dans  l’eau  acidulée. 

§ CXLtI. 

J’exposai  à un  très-beau  soleil  , dans  deux  tubes 
pleins  de  l’eau  de  mon  puits,  des  fragmens  de  feuilles 
de  Cciloe  cœrule.scens  glaucd  spinis  rubris;  je  mis 
de  meme  de  ces  feuilles  coupées  sous  deux  autres 
remplis  avec  la  même  eau,  privée  de  son  acide  car^ 
bonique  par  l’eau  de  chaux  ; je  m’assurai  qu’elle  en 
était  entièrement  privée  par  un  essai  particulier,  en 
y versant  au  bout  de  quelque  temps  de  l’eau  de 
chaux  nouvelle,  qui  ne  me  parut  point  la  troubler 
de  nouveau  pendant  une  heure  et  demie  ; ces  tubes 


( i4o  ) „ 

furent  alors  exposés  au  soleil,  el  il  ne  parut  j>as  qu'il 
y eût  aucune  différence  dans  la  production  de  l'air. 

Alors  je  remplis  trois  tubes  avec  l’eau  de  chaux  , 
où  je  plaçai  des  fragmens  du  cactus  cochinilifer 
parce  que  je  n’a  vois  plus  d 'a/oc. 

En  observant  ensuite  Yalaë  je  remarquai  de  grosses 
bulles  qui  se  détachoient  de  la  plante  et  des  filets  d’air 
sortant  de  la  section  du  cactus  comme  de  l’épiderme, 
qui  me  semblèrent  clairement  s’échapper  de  l’in- 
térieur de  la  plante;  au  moins  en  observant  avec 
une  loupe  cet  air  qui  jaillissoit , je  vis  que  c’éloit  une 
fde  de  petites  bulles1  sphériques,  presqu’en  contact 
les  unes  avec  les  autres  et  semblables  aux  globules 
du  sang  que  l’on  voit  dans  les  grenouilles  , lorsque 
le  vaisseau  où  ils  sont  n’en  peut:  contenir  qu’un  seul 
dans  sa  largeur.  J’eus  pendant  trois-quarts  d'heure 
quatre  ou  cinq  de  ces  filets  sous  les  yeux,  et  je  les  ai 
vus  constamment  jaillir  depuis  la  plante  jusqu  es  au 
sommet  du  tube. 

Outre  ces  filets  d’air  constants  , je  remarquai  dans 
d’autres  parties  de  la  feuille  qu’il  s’échappoil  d’un 
point  déterminé  une  petite  bulle  plus  grande  que  les 
autres  qui  formoient  les  filets,  et  qui  se  suivoieut 
toujours  sans  interruption  jusqu’à  ce  que  leur  série 
fût  interrompue  par  celte  bulle  plus  grande  que 
les  précédentes. 

Au  bout  de  trois  heures  d’exposition  au  soleil , 
l’air  clans  les  quatre  tubes  me  parut  offrir  un  volume 
égal , soit  qu’ils  eussent  été  remplis  avec  l’eau  aci- 
dulée par  l’acide  carbonique,  soit  qu’ils  eussent  été 
remplis  par  l’eau  privée  de  cet  acide. 


( i4i  ) 

En  examinant  l’air,  produit  dans  Veau  sans  acide 
carbonique , j’y  trouvai  5°  de  cel  acide , et  la  plus 
grande  partie  du  reste  étoit  du  gaz  oxygène.  J’exa- 
ruinai  dé  même  l'air  produit  dans  Veau  du  puits , j’y 
trouvai  2°^  d’acide  carbonique;  la  plus  grande  par- 
tie du  reste  étoit  du  gaz  oxygène,  mais  j’y  trouvai 
8°  de  moins  d’air. 

Dans  les  tubes  où  étoit  Veau  de  chaux , il  n’y  eut 
que  quelques  bulles  d’air. 

il  résulte  donc  de  ces  expériences  , que  ce  cactus 
donne  autant  d’air  dans  l’eau  privée  d’acide  carbo- 
nique que  dans  celle  qui  n’en  avoil  point  ; mais  cela 
n’est  pas  général , comme  je  le  ferai  voir  bientôt. 

On  y voit  encore  que  Value  et  le  cactus  ont  donné 

sur  tou  L l'air  qu’ils  produisirent  dans  la  première  et 

* # 

la  seconde  heure  ; on  ÿ remarque  que  cet  air  sort 
de  l’intérieur  , et  qu’il  se  forme  ou  se  rend  sensible  à 
l’extérieur  ; enfin  cette  émission  se  fait  par  jets  liés, 
et  par  bulles  interrompues. 

§ CXLIII. 

Je  mis  en  expérience  deux  tiges  de  lavande  Iciven- 
dula  spica  dans  deux  flacons  d’air  commun  ; de  ma- 
nière que  l’extrémité  de  la  tige  de  la  lavande  de  l’un 
d’eux  plongeât  dans  l’eau  pure  , et  celle  de  l’autre 
dans  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  ; je  les  tins 
ainsi  pendant  douze  heures  dans  ma  chambre,  et  je 
fis  ensuite  l’essai  de  l’air. 

La  lavande  qui  avoit  le  pied  dans  Veau  pure  dé- 
truisit 7 0 de  gaz  oxygène;  la  lavande  qui  avoit  le 
pied  dans  l’eau  chargée  d’acide  carbojiique  détruisit 
90  d’acide  carbonique,  muis  il  faut  dire  que  l’air 


V 


( l42  ) 

contenu  dans  ce  second  flacon  avoit  un  volume 
double  de  celui  du  premier. 

§ CXLIV. 

Je  fis  la  même  expérience,  de  la  même  manière, 
au  soleil , en  observant  que  la  partie  de  la  lige  de  la 
lavande  qui  plongeoit  dans  l’eau  d’une  bouteille  à 
col  étroit  fût  sans  feuilles  5 elles  y restèrent  pendant 
une  journée  entière  : c’éLoit  au  mois  de  Mars. 

La  plante  dont  le  pied  plongeoit  dans  Veau  com ■- 
mune  laissa  l’air  du  flacon  comme  il  étoit , sans  au- 
cune altération. 

La  plante  dont  le  pied  plongeoit  dans  Veau  char- 
gée d’acide  carbonique , et  qui  avoit  toujours  été 
dans  les  mêmes  circonstances  que  la  précédente , 
rendit  l’air  commun  le  double  meilleur  ou  conte- 
nant le  double  de  gaz  oxygène. 

Je  répétai  cette  curieuse  expérience  de  la  même 
manière , et  j’eus  le  même  résultat  ; le  gaz  oxygène 
du  flacon  où  étoit  la  lavande  , dont  le  pied  plongeoit 
dans  Veau  chargée  d’acide  carbonique , s’éloit  aug- 
menté, et  l'air  du  flacon  où  étoit  la  lavande,  dont 
le  pied  plongeoit  dans  l’eau  commune  , resta  préci- 
sément ce  qu’il  étoit. 

§ CXLY. 

J’exposai  pendant  toute  une  nuit  un  rameau  de 
lavande  dans  un  tube  plein  d’eau  chargée  d’acide 
carbonique  ; je  plaçai  un  autre  rameau  dans  un  tube 
rempli  d’eau  commune  ; ils  restèrent  tous  les  deux 
au  même  lieu  pendant  le  même  temps  à l’obscurité. 

Le  lendemain  matin  je  ne  trouvai  pas  un  atome 
d’air  dans  ces  deux  tubes. 


( ï43  ) 

Te  les  exposai  alors  tous  les  deux  au  soleil , et  aussi- 
tôt qu'ils  en  eurent  reçu  les  rayons,  ces  deux  ra- 
meaux de  lavande  donnèrent  de  l’air  avec  abondance. 

Cette  expérience  démontre  l’indispensable  néces- 
sité de  la  lumièi’e  pour  la  production  de  l’air"que  les 
plantes  donnent , et  la  preuve  sans  réplique  qu’elles 
n’en  donnent  point  ,à  l’obscurité. 

§ CXLVI. 

Après  cela  il  me  vint  dans  l’esprit  de  faire  une 
autre  expérience  avec  ces  rameaux  de  lavande  dont 
je  viens  de  parler. 

Je  lavai  bien  le  rameau  qui  m’avoit  donné  l’air  à 
la  lumière  du  soleil,  après  avoir  été  pendant  une 
nuit  et  un  jour  dans  l’eau  chargée  d’acide  carbonique; 
je  l’exprimai  alors  dans  l’eau  de  chaux  , pour  voir 
si  elle  ne  la  troubleroit  point , et  je  n’ai  rien  aperçu 
qui  pût  y faire  remarquer  le  moindre  changement. 
Je  laissai  ensuite  reposer  cette  eau,  il  ne  s’y  forma 
aucun  dépôt;  j’y  versai  quelques  gouttes  d’acide  ni- 
trique, il  n’y  eut  aucune  effervescence  ; ce  qui 
prouve  qu’il  n’y  eut  point  de  carbonate  calcaire  pré- 
cipité, et  qu’il  n’étoit  point  sorti  d’acide  carbonique 
hors  de  la  plante  ; au  contraire , je  versai  de  l’eau  de 
chaux  dans  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  dont  je 
m’étois  servi , elle  se  troubla  ; il  se  forma  du  carbo- 
nate calcaire,  comme  l’acide  nitreux  le  prouva. 

Cette  expérience  fait  voir  que  la  lavande,  pendant 
tout  le  temps  de  son  immersion  dans  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  , n’a  point  pris  de  cet  acide,  et 
ne  l’a  pas  fait  passer  au-dedans  d’elle  ; de  sorte  que 
le  gaz  oxygène  qu’elle  a fourni  à la  lumière  ne  pro- 


'(  a 44  ) 

/ 

vient  pas  de  la  décomposition  de  l’acide  carbonique 
circulant  dans  la  plante;  mais  de  celui  qui  est  incor- 
poré dans  l’eau , et  que  le  contact  de  la  plante  dé- 
compose. 

§ CXLVlt. 

Je  répétai  rigoureusement  la  même  expérience 
avec  le  cactus  cochinilifer,  et  j’eus  rigoureusement 
encore  les  mêmes  résultats  à tous  égards. 

Ce  qui  confirme  donc  que  l’acide  carbonique  se 
décompose  à la  surface  de  la  plante  , et  non  pas  in- 
térieurement , et  que  les  feuilles  différentes  ont  par- 
conséquent  la  propriété  d’en  décomposer  une  quan- 
tité plus  ou  moins  grande. 

§ CXLVIII. 

Je  tins  pendant  une  heure  sous  des  tubes,  dont 
chacun étoit  plein  de  différentes  eaux,  la  plante  co- 
tyledon  orbiculare  et  l’aloe  disticha  margaritifera  ; 
je  nais  des  fragmens  de  chacune  de  ces  plantes  sépa- 
rément dans  un  tube  plein  d’eau  de  chaux  , dans 
d’autres  pleins  d’eau  privée  de  son  acide  carbonique 
par  cette  eau  de  chaux,  dans  d’autres  pleins  de  l’eau 
du  puits. 

L ’aloe  a formé  dans  les  trois  tubes  pleins  d'eau 
de  chaux  une  bulle  d’air  qui  étoit  égale  à chacune 
d’elles;  il  y eut  diverses  places  d’où  l’air  sorloit  con- 
tinuellement. 

Le  cotylédon  orbiculare  forma  dans  l’eau  de 
chaux  la  bulle  la  plus  petite  ; mais  elles  furent  égales 
dans  l’eau  privée  de  son  acide  carbonique  et  dans 
Veau  du  puits.  Il  ne  s’est  point  échappé  de  la 
plante  cette  série  de  bulles , ou  ces  jets  d’air  observés 

dans 


( 1 45  ) 

^ans  Valoe,  loutes  les  bulles  étoîent  adhérentes  à la 
surface  de  la  feuille,  cl  elles  ne  s’éle  voient  à la  cime 
tlu  tube  que  lorsqu’elles  éloient 'parvenues  à une  cei>- 
taiue  grosseur. 

tes  plantes,  au  bout  de  trois  heures,  ne  sem^ 
bloient  presque  plus  donner  d’air. 

Le  cotylédon  orbicubare  avoil  donné  dans  Veau 
<le  puits  4,9 5 cenlimèti'es  cubes,  ou  un  quart  de 
pouce  cube  d air,  dans  les  deux  autres,  il  n’en  avoit 

donne  que  a, 5o centimètres  cubes,  ou  un  sixième  de 
pouce. 

IValoe  margarilifera  disticha  avoit  fourni  un 
tjuarl  de  pouce  cube  dans  les  trois  eaux , il  contenoit 
dans  chacune  7a0  de  gaz  oxygène , et  il  y en  eut  4* 
de  plus  dans  Veau  commune. 

§ CXLIX. 

J exprimai  l’air  de  la  crassula  cotylédon  qui  avoit 
çtéau  soleil  pendant  quatre  heures  , je  l’essayai,  et 
je  le  trouvai  le  double  meilleur  que  l’air  commun; 
cependant  la  veille  j’en  avois  exprimé  l’air  après  que 
celle  plante  fut  restée  dans  ma  chambre  , et  j’en 
trouvai  l’air  semblable  à l’air  commun. 

Il  faut  donc  reconnoîlre  que  la  lumière  agit  dans 
1 intérieur  de  la  plante  ou  de  la  feuille,  et  qu’elle  y 
concourt  a la  formation  du  gaz  oxygène. 

Celle  crassule  mise  sous  l'eau  commune  pendant 
quatre  heures,  m’a  voit  fourni  un  air  qui  contenoit 
1 , < acide  carbonique , et  69°  de  gaz  oxygène  : c’est 
de  toutes  les  plantes  que  j’ai  employées  dans  mes 
expériences  , celle  qui  m’a  fourni  le  plus  de  gaz 
oxygéné  et  le  moins  d’acide  carbonique. 

Tome  5. 


K 


( i46  ) 

5 CL- 

Je  soumis  aux  expériences  suivantes  le  semper - 
vivum  tectorum  pendant  huit  heures. 

Je  plaçai  à l'ombre  , dans  ma  chambre,  sous  un 
tube  contenant  4.9,0 i centimètres  cubes,  ou  deux 
pouces  et  è cubes  d’air  et  à sec  des  feuilles  de  cette 
plante , elles  y absorbèrent  8°  \ de  gaz  oxygène  et 
y produisirent  ’j0  \ d’acide  carbonique. 

Je  plaçai  au  soleil , dans  un  tube  disposé  comme 
le  précédent  et  pendant  le  môme  temps,  des  feuilles 
de  la  même  plante  , il  y eut  4°  de  gaz  oxygène  pro- 
duit et  20  d’acide  carbonique. 

Je  tins  de  même  les  feuilles  de  celte  plante  au  soleil 
dans  un  tube  plein  d'eau  du  puits  , et  l’air  qu’elles 
y produisirent  fut  de  4°  meilleur  que  l’air  commun. 

Je  mis  encore  de  môme  ces  feuilles  dans  deux  tubes 
pleins  d'eau  privée  de  son  acide  carbonique , et 
(j’obtins  une  quantité  d’air  égale  à la  précédente  et 
d’une  pureté  aussi  grande. 

Enfin  je  plaçai  de  même  des  feuilles , pendant  le 
même  temps,  dans  beau  fort  chargée  d’acide 
carbonique  et  renfermées  dans  un  flacon  fermant 
bien , que  j’exposai  au  soleil  pendant  le  même  temps. 
J’essayai  cet  air , j’y  trouvai  69, 64  centimètres  cubes, 
ou  2 pouoes  cubes  d’air  produit,  il  contenoit  4g 9 
d’acide  carbonique,  4g°  d’azote,  et  20  de  gaz  oxygène. 

§ CLI. 

En  réfléchissant  sur  la  troisième  expérience  du 
paragraphe  précédent , il  sembleroit  que  le  gaz  trouve 
sur  l’eau,  qui  étoil  d’environ  19,81  centimètres  cubes, 
ou  un  pouce  cube  , contenoit  6o°  de  gaz  oxygène  , 


( i 4?  ) 

on  le  triple  de  celui  qui  est  dans  Pair  Commun  ; mais 
l’air  exprimé  de  la  plante  éloil  précisément  comme 
l’air  commun  ; de  sorte  que  pour  avoir  un  air  sem- 
blable à l’air  commun,  il  auroit  fallu  qu’il  y eût  dans 
celui-ci  c io0  d’azote,  et  par  conséquent  5oo°  ou  5g, 45 
centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes,  au  lieu  de  19,81 
centimètres  cubes,  ou  d’un  seul  pouce  que  j’ai  eu  ; 
cependant. , par  l’expression , la  plante  n’a  fourni 
que  jj  de  cet  air;  d’où  il  résulte  que  cet  air  ne  pouvoit 
pas  être  venu  entièrement  de  l’intérieur  de  la  plante. 

Cet  air  11e  pouvoit  pas  venir  de  l’acide  carbonique, 
puisqu’il  n’y  en  avoil  point  dans  l’eau  privée  de  son 
acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux.  Faudra-t-il 
donc  recourir  à la  décomposition  de  l’eau  ? 

$ CLII. 

J’avois  fait  sur  le  trèfle  une  expérience  semblable 
à celle  du  § CL,  que  j’avois  exposé  au  soleil  pen- 
dant sept  heures  dans  un  flacon  bien  fermé  et  rempli 
d’une  eau  fort  chargée  d’acide  carbonique  ; je  trou- 
vai dans  l’air  que  je  recueillis  66°  d’acide  car  bonique, 
üq0  d’azole  et  5D  de  gaz  oxygène. 

§ CUIT. 

Ces  deux  dernières  expériences  me  rappelèrent 
que  les  eaux  acidulées  par  l’acide  carbonique  per-* 
dent  ce  gaz , quand  elles  sont  en  contact  avec  l’air 
commun  dans  les  vaisseaux  clos , Mémoire  1.  Je 
pensai  donc  que  cet  acide  carbonique  étoit  sorti  de 
l’eau  chargée  d’acide  carbonique  ; parçonséquent 
l’eau  acidulée  où  a voient  été  le  sempervivimi  et  le 
trèfle  avoit  fourni  cet  acide  carbonique,  quoiqu’elle 
fut  encore  acidulée  après  celle  évacuation  de  cet  acide. 


1 


( i48  ) 

Je  remplis  alors  parfaitement  un  flacon  avec  cette 
eau  fortement  chargée  d'acide  carbonique  ; j’enrem- 
pl;s  un  autre  où  je  laissai  un  voile  d’air  commun  sur 
la  surface  de  1 eau;  je  les  exposai  au  soleil , renversés 
sur  leurs  bouchons  , dans  un  vase  où  leurs  cols  plon- 
geoient  dans  l eau , et  je  les  abandonnai  pendant 
quelques  heures. 

Le  résultat  de  cette  expérience  fut , que  dans  le 
flacon  parfaitement  plein,  il  n’y  eut  point  de  gaz 
produit;  mais  dans  l’autre  , sur  l’eau  duquel  j’avois 
laissé  comme  un  voile  d’air , il  se  forma  lentement 
une  addition  de  gaz  qui  s’accroissoit  lentement , et 
au  bout  de  deux  heures  il  y en  eut  09,65  centimètres 
cubes  , ou  deux  pouces  cubes. 

J’essayai  cet  air,  et  j’y  trouvai  180  d’acide  carbo- 
nique , 12°  de  ga£  oxygène  et  le  reste  d’azote;  ce 
gaz  oxygène  et  cet  azote  préexistoient  à l’expérience 
dans  le  voile  d’air  commun  que  j’avois  laissé. 

Voilà  donc  précisément  ce  qui  arrive  lorsqu’on 
met  une  plante  dans  un  flacon  plein  d’eau  fort  char- 
gée d’acide  carbonique  et  bien  fermé.  La  plante  au 
soleil  commence  à donner  du  gaz  oxygène,  de  l’azote 
et  un  peu  d’acide  carbonique;  il  se  forme  ainsi  un 
voile  d’air  sur  l’eau  qui  favorise  l’émission  de  l’air; 
cet  air  s’accroît  ensuite  , et  forme  celle  quantité  d’air 
que  j’ai  observée  dans  ces  deux  expériences,  et  qui  se 
trouve  pour  la  plus  grande  partie  , comme  on  l’a  vu, 
être  de  l’acide  carbonique. 

Cet  acide  carbonique  ne  provient  donc  pas  de  la 
plante , mais  de  l’eau  acidulée  par  cet  acide. 


( l49  ) 

§ CLIV. 

Je  plaçai  dans  des  tubes  pleins  d’eau  chargée  d’a- 
ride carbonique  des  feuilles  de  figuier;  au  bout  de 
deux  heures  d’un  soleil  bien  beau,  auquel  elles  fu- 
rent exposées  dans  celte  eau  , elles  donnèrent  19,81 
centimètres  cubes,  ou  un  pouce  cube  d’air,  qui  con- 
tenoit  o°  I d'acide  carbonique,  120  d’azote  et  8i°  i de 
gaz  oxygène. 

J exprimai  ces  feuilles  sous  Peau  de  chaux  , après 
les  avoir  lavées;  mais  l’eau  de  chaux  ne  se  troubla 
point  ; cependant,  comme  l’eau  avoit  pris  une  teinte 
verte  que  le  suc  des  feuilles  lui  avoit  donnée,  je  la 
laissai  se  reposer,  et  l’acide  nitrique  que  j’y  versai 
ne  laissa  pas  apercevoir  un  atome  de  carbonate  cal- 
caiie;  par  conséquent  la  feuille  bien  lavée  avant  d’en 
exprimer  le  suc  dans  l’eau  de  chaux,  ne  contenoit 
ni  intérieurement  ni  extérieurement  de  l’acide  car- 
bonique. 

§ CLV. 

J’avois  mis  pendant  le  même  temps  des  feuilles  de 
figuier  dans  l’air  commun,  où  elles  restèrent  aussi 
deux  heures  au  même  soleil. 

Cet  air  y resta  parfaitement  intact,  il  11e  souffrit 
aucune  espèce  d’altération. 

§ CLV  T. 

J exposai  au  soleil  des  feuilles  de  figuier  dans  l’eau 
privée  de  son  acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux, 
j’en  mis  de  même  dans  leau  de  puits;  les  unes  et  les 
autres  restèrent  au  soleil  pendant  huit  heures. 

Les  teuilles  de  figuier  qui  éloient  dans  Pëau  du 
puits  donnèrent  9,90  centimètres  cubes  , ou  un  demi 


( i3o  ) 

pouce  cube  d’air,  c’est-à-dire  dans  deux  heures  la 
moitié  des  précédentes  dont  j’ai  parlé  § CLIV. 

Les  feuilles  qui  éloient  dans  l'eau  privée  d'acicle 
carbonique  n’en  ont  donné  que  très-peu. 

Ou  voit  ici  comment  le  défaut  d'acide  carbonique 
dans  l’eau  influe  sur  la  production  de  l’acide  car-’ 
bonique , et  surtout  sur  celle  du  gaz  oxygène  ; 
peut-être  que  si  les  feuilles  avoicnt  été  totalement 
privées  d’acide  carbonique  dans  leur  intérieur  , elles 
n’aaroicut  point  donné  d’air  dans  l’eau  privée  d’a- 
cide carbonique;  cependant  le  gaz  oxygène  s’est 
trouvé  d'une  égale  pureté  dans  l’eau  fort  chargée 
d’acide  carbonique,  et  dans  l’eau  du  puits  qui  en 
conlenoit  peu  relativement  à celle-là. 

§ CLVII. 

Les  comparaisons  seules  peuvent  instruire,  pour 
juger  les  causes  par  les  effets  et  les  effets  par  les  causes; 
je  voulus  employer  cette  méthode  dans  cette  re- 
cherche. 

J'exposai  au  soleil  pendant  six  heures  quatre  fla- 
cons bien  fermés  ; chacun  d'eux  conlenoit  huit 
feuilles  de  framboisier  ; le  premier  éloil  rempli  avec 
line  eau  qui  contenoit  au  moins  son  volume  d’acide 
carbonique  ; le  second  , avec  une  eau  qui  n'en  con- 
tenoil  que  la  moitié;  le  troisième,  avec  une  eau  qui 
en  conlenoit  Un  peu  au-delà  de  celui  qui  éloil 
dans  l’eau  de  mon  puits  ; le  quatrième,  avec  l’eau  de 
puits,  Au  bout  de  ces  six  heures  je  fis  l’essai  de  Pair 
• ■ 

, Je  mesurai  cet  air  dans  un  -eudiomètre  qui  con- 
•tenpil  .^9,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes, 


produit 


( i5i  ) 

d’eau,  divisés  en  cenLièmes,  et  je  trouvai  que  le 
flacon  qui  éloit  rempli  avec  L’eau  fortement  chargée 
d'acide  carbonique , avoit  produit  les  ~ de  cette 
mesure  d’air , et  que  cet  air  conlenoit  68°  de  gaz 
oxygène,  2a0  d’acide  carbonique  et  io°  d’azote. 

Dans  le  flacon  dont  l'eau  étoit  chargée  de  la  moi- 
tié de  l'acide  carbonique  contenu  dans  le  précédent, 
je  trouvai  d’air  produit , qui  conlenoit  85°  de  gaz 
oxygène,  5°  d’acide  carbonique  et  io°  d'azote. 

Dans  le  flacon  où  étoit  l’eau  un  peu  plus  chargée 
d'acide  carbonique  que  l'eau  de  puits  , il  y eut  -~ 
d’air  produit;  il  conlenoit.  82°  de  gaz  oxygène,  5° 
d’acide  carbonique  et  1 5°  d’azote. 

Dans  le  flacon  où  étoit  l'eau  de  puits  , il  y eut  -~ 
d’air  produit , qui  contenoit  46°  de  gaz  oxygène , 
2°  d'acide  carbonique  et  220  d’azote. 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  dans  l'eau  qui  ne 
conlenoit  d’acide  carbonique  que  la  moitié  de  celle 
qui  en  contenoit  son  volume  , il  y a eu  4o°  d’air  de 
plus  produit  par  les  feuilles  du  framboisier  , que  dans 
celle  eau  la  plus  acidulée  et  qui  conlenoit  le  double 
d’acide  carbonique;  mais  dans  celle  dernière  eau 
les  feuilles  ont  donné  02°  d’air  de  plus;  et.  le  secoud 
flacon  , qui  ne  contenoit  que  la  moitié  de  l’acide  car- 
bonique du  premier  , a donné  720  d'air  de  plus  que 
les  feuilles  de  celui  où  éloit  l’eau  de  puits. 

Quant  à L acide  carbonique  il  y en  a eu  2 2°  de 
plus  dans  l’eau  fortement  chargée  de  cet  acide,  5° 
dans  celle  qui  l’étoit  à moitié  et  5°  dans  celle  qui  l’é- 
toil  le  moins. 

Dans  l’eau  fortement  chargée  d'acide  carbon i - 


( i5a  ) 

ü y a en  68°  de  gaz  oxygène,  85°  dans  celle 
cjui  l etoil  à moitié,  82°  dans  celle  qui  l’éloit  le  moins 
et  -16°  dans  l’eau  commune. 

11  3r  a eu  io°  d azote  dans  Veau  fort  chargée  d'a- 
cide carbonique , i5°  dans  celle  qui  1 étoil  le  moins 
et  220  dans  l'eau  commune. 

îi  paroit  de  là  , que  lorsque  l’eau  est  la  plus  char- 
gée d’acide  carbonique  elle  donne  moins  d’air  que 
dans  l’eau  qui  l’est  médiocrement , cl  qu’il  y a moins, 
de  gaz  oxygène:  que  l’eau  médiocrement  acidulée 
donneplusd’acide  carbonique  que  l’eau  qui  en  estplus 
fortement  chargée;  mais  ensuite  l’acide  carbonique 
diminue  dans  l’air  rendu  par  la  plante  avec  la  dimi- 
nution de  la  quantité  de  cet  acide  dans  l’eau  ; enfin  la 
quantité  de  1 air  fourni  par  l’eau  la  plus  chargée 
d acide  carbonique  est  bien  plus  considérable  pour- 
tant que  celui  qui  est  fourni  par  l’eau  de  puits. 

Il  résulte  donc  de  celle  expérience , comme  des 
précédentes , que  les  feuilles  dans  l’eau  qui  contient 
un  volume  d’acide  carbonique  égal  au  sien  donnent 
moins  d’air  que  celles  qui  sont  dans  l’eau  qui  n’en 
contient  que  la  moitié  de  son  volume,  et  que  la  quan- 
tité d’acide  carbonique  produite  dans  la  première 
eau  est  plus  grande  que  dans  la  seconde,  mais  que  la 
première  donne  beaucoup  plus  d’air  que  l’eau  com- 
mune qui  contient  le  moins  d’acide  carbonique. 

§ CLVIL 

Je  répétai  cette  expérience  sur  la  violette  jaune 
et  le  se/npervivum  tectorum  , en  me  servant  toujours 
de  flacons  bien  fermés. 

Je  mis  huit  feuilles  de  violette  dans  un  flacon  , 
que  je  remplis  avec  une  eau  chargée  d’un  volume 


( i55  ) 

d'acide  carbonique,  au  moins  plus  grand  que  le 
sien;  j’en  mis  le  même  nombre  dans  un  autre  flacon 
rempli  avec  une  eau  qui  ne  contenoit  que  la  moitié 
de  cel  acide;  enfin  je  mis  autant  de  feuilles  dans  un 
autre  flacon  rempli  avec  l’eau  de  mon  puits.  Le 
nombre  des  feuilles  fut  le  même  dans  les  trois  flacons, 
et  les  feuilles  étoient  égales  entr’elles  comme  dans  la 
précédente' expérience  ; les  flacons  ainsi  disposés  res- 
tèrent six  heures  au  soleil. 

Je  me  bornerai  à donner  ici  la  quantité  des  airs  et 
d’acide  carbonique  produits  , parce  qu’on  a vu  que 
la  quantité  des  airs  produits  est  assez  proportionnelle 
à celle  du  gaz  oxygène  , et  parce  que  j’ai  assez  mon- 
tré que  l’on  trouvoil  aussi  le  gaz  azote  dans  ces  pro- 
duits aériformes. 

J'ai  préparé  des  tubes  de  la  même  manière  avec  le 
sempervivum  tectorum  , et  j'ai  estimé  les  quantités 
d’air  produit  avec  un  eudiomètre  qui  contenoit  5 9, 4 5 
centimètres  cubes  , ou  3 pouces  cubes  cl'air,  et  qui  se 
divise  en  centièmes  de  ces  3 pouces. 

Les  feuilles  de  la  violette  jaune  dans  l’eau  la  plus 
chargée  d'acide  carbonique  ont  donné  d’air 
et  io°  d’acide  carbonique. 

Ces  feuilles  dans  l’eau  qui  ne  contenoit  que  la 
moitié  de  l’acide  carbonique  de  la  précédente  en  ont 
donné  je  n’ai  pas  cherché  l’acide  carbonique. 

Ces  feuilles  dans  Veau  commune  donnèrent  Too  d’aii1. 

Le  sempervivum  tectorum  dans  Veau  La  plus 
chargée  d’acide  carbonique,  a donné  d'air,  dont 
il  y avoit  -f*-  d’acide  carbonique. 

Dans  l’eau  à moitié  chargée  d'acide  carbonique  il 


( i54  ) 

y eut  fsê  d’air  produit,  dont  7 étoit  d’acide  carbonique. 

Dans  beau  commune  il  n’y  eut  qu-c-j—  d’air , je  11e 
cherchai  pas  l’acide  carbonique. 

§ CL VIII. 

Je  répétai  celte  expérience  du  sempervivum 
teclorum  dans  un  flacon  rempli  avec  l’eau  la  plus 
chargée  d’acide  carbonique  , el  je  le  laissai  exposé 
au  soleil  pendant  huit  heures;  je  voulois  examiner 
l’air  produit  avec  plus  de  soin  eu  suivant  les  mêmes 
procédés. 

J’eus  59,65  centimètres  cubes,  ou  deux  pouces 
cubes  d’air/ produit , il  contenoit  20  de  gaz  oxygène  , 
49°  d'acide  carbonique  et  49°  d’azote. 

On  a vu  précédemment  , que  j’ai  eu  un  résultat 
semblable. 

§ eux. 

Enfin  , je  répétai  encore  ces  expériences  de  la 
même  manière  avec  l’eau  la  plus  chargée  d’acide 
carbonique  ; les  flacons  furent  exposés  au  soleil 
pendant  5 heures. 

Huit  feuilles  de  violette  jaune  me  donnèrent 
39,81  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cube  d’air  , qui 
contenoit  4a0  d acide  carbouique , 2 3°  de  gaz  oxygène, 
eL  55°  d’azote. 

Des  morceaux  de  Yaloe  cœrulescens  spinis  rubris, 
a produit  un  air  qui  contenoit  58°  d’acide  carbonique, 
42°  de  gaz  oxygène  et  20°  d’azote 

Des  feuilles  du  framboisier  ont  produit  un  air 
contenant  42°  d'acide  carbonique,  48°  de  gaz  oxy- 
gène , et  12°  d’azote.  j 

Quelques  morceaux  tValoé  commun  exposés  sous 


( i55  ) 

la  même  eau  au  soleil  pendant  6 heures  dans  lin 
flacon  fermé,  ont  produit  68°  d’acide  carbonique  , 
io°  de  gaz  oxygène  et  22°  d’azote. 

Quelques  morceaux  de  Pciloe  verrucosa  disticha 
exposés  au  soleil  dans  la  même  eau  pendant  6 heures, 
ont  donné  64u  d’acide  carbonique , io°de  gaz  oxy- 
gène et  26°  d’azote. 

Ces  deux  dernières  expériences  comparées  avec 
les  trois  premières  monlrent  clairement , que  l’an g- 
men talion  du  séjour  des  plantes  dans  l’eau  fortement 
acidulée  avec  l'acide  carbonique,  augmente  la  quantité 
de  l’acide  carbonique  produit,  et  diminue  la  quantité 
du  gaz  oxygène. 

§ CLX. 

Je  conservai  l’eau  chargée  d’acide  carbonique 
qui  m’avoit  servi  dans  les  expériences  précédentes  ; 
j’en  avois4  flacons  que  je  remplis  complètement , et 
j’y  renfermai  avec  soin  de  nouvelles  plantes  , que 
j’exposai  comme  celles  dont  j’ai  parlé  pendant  trois 
heures  au  soleil. 

Les  feuilles  du  citronnier  y produisirent  un  air 
contenant  8i°  de  gaz  oxygène,  x 4° d’acide  carbonique 
et  ,4°  d’azote. 

Les  feuilles  du  chou : y produisirent  un  air  contenant 
6°  d’acide  carbonique  , 90°  de  gaz  oxygène  et  4° 
d’azote. 

Les  feuilles  de  la  beta  vulgnris  produisirent  un 
air  contenant  io°  d’acide  carbonique , 70°  de  gaz 
oxygène  et  ib°  d’azote. 

Les  feuilles  du  pécher  produisirent  au  bout  de 
•J  heures  d’exposition  au  soleil  un  air  contenant 


( 1 56  ) 

9°  \ d’acide  carbonique  , 75°  \ de  gaz  oxygène  et 
1 5°  d'azote. 

§ CLXXI. 

J’entrepris  des  expériences  d’un  autre  genre  , mais 
dans  les  mêmes  vues. 

Je  mis  dans  deux  tubes  contenant  178,55  centi- 
mètres cubes  , ou  9 pouces  cubes  d’air  commun  un 
rameau  de  pavot  dans  chacun  des  tubes;  ces  rameaux 
étaient  égaux  enlr’eux  ; mais  l’un  deux  avoit  son 
pied  dans  l’eau  de  chaux  et  l’autre  dans  l’eau  du 
puits;  l’eau  s’élevoit  dans  chacun  des  tubes  à 1,62 
décimètre  , ou  6 pouces  de  hauteur  , je  les  exposai 
ainsi  au  soleil.  1 

Au  bout  de  trois  heures  je  vis  que  les  feuilles 
souüroient  et  je  pensai  à en  essayer  l’air;  j’avois  déjà 
remarqué  que  l’eau  de  chaux  s’étoit  élevée  dans  son 
tube,  tandis  qu’elle  éloit  restée  au  même  niveau 
dans  l’eau  du  puits;  quoique  je  les  eusse  ramenées  à 
leur  première  température.  Alors  j’en  essayai  l’air. 

Dans  le  tube  où  étoit  Veau  du puits , il  y eut  70  de 
gaz  oxygène  absorbé  et  5?  5 d’acide  carbonique 
produit. 

Dans  le  tube  où  éloit  l'eau  de  chaux  , l’air  resta 
dans  son  état  naturel  sans  aucune  altération. 

En  comparant  ces  deux  expériences  , on  voit  que 
la  plante  qui  éloit  dans  le  tube  où  éloit  l’eau  de  chaux 
avoit  éprouvé  une  absorption  de  \ de  pouce  ; par 
conséquent  l’eau  de  chaux  en  avoit  absorbé  l’acide 
carbonique,  et  il  n’a  pas  paru  daus  l’air  qui  recouvroit 
l’eau  , tandis  qu’il  y a eu  de  l’acide  carbonique 
produit  dans  l’air  de  l'autre  tube. 


C l57  ) 

Une  heure  après  cetle  expérience  , je  mis  à l’obs- 
curité de  la  même  manière  et  dans  un  tube  semblable 
rempli  jusques  à 1,62  décimètre,  ou  6 pouces  de 
hauteur  avec  l’eau  de  chaux  une  tige  de  pavot,  deux 
heures  après  le  volume  de  l’air  étoil  resté  le  même,  il 
y eut  20  de  gaz  oxy^gène  absorbé;  mais  je  m’aperçus 
qu’au  lieu  d’un  pavot  j’avois  mis  une  branche  de 
rosier. 

§ CLXII. 

Cetle  erreur  me  fil  faire  des  expériences  avec  le 
rosier. 

Je  pi’is  quatre  tubes  , je  mis  dans  chacun  un 
rameau  de  rosie r , je  remplis  l’un  d’eux  avec  l’eau 
du  puits  , et  les  trois  autres  avec  cette  eau  privée  de 
son  acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux;  je  les  exposai 
ainsi  au  soleil  pendant  5 heures  et 

Dans  le  tube  plein  cl’eau  de  puits , il  y eut  6,60 
centimètres  cubes,  ou  un  tiers  de  pouce  d’air  produit. 

Dans  les  tubes  , où  étoit  l’eau  privée  de  son  acide 
carbonique , il  u’y  eut  point  d’air  produit. 

J’exposai  de  même  au  soleil  pendant  le  même 
temps  de  la  marjolaine  commune. 

Dans  Veau  du  puits,  il  y eut  5,5o  centimètres  cubes, 
ou  un  sixième  de  pouce  d’air  produit  qui  étoit 
très-pur. 

Dans  l'eau  privée  d’acide  carbonique  , il  y eut 
5,96  centimètres  cubes  , ou  un  cinquième  de 
pouce  d’air  produit.  v 

L’eau  privée  d’acide  carbonique  étoit  la  même 
dans  les  deux  cas;  les  résultats  de  feuilles  de  rosier 
cadrent  fort  bien  avec  ce  que  Senebier  a observé  ; 


( >68  ) 

mais  il  n’en  esl  pas  de  même  de  la  marjolaine , il 
faut  dire  aussi  que  les  feuilles  du  l'osier  donnent  peit 


d’air. 

J’ai  bien  vu  que  les  bulles  d’air  se  manifestent  sur 
les  feuilles  dans  l’eau  pure  comme  dans  l’eau  privée 
d’acide  carbonique,  qu’elles  y restent  quelquefois  de 
même  attachées  pendant  un  temps  assez  long  aux 
parties  vertes. 

Que  dire  donc  de  celte  Contrariété  dans  les  phéno- 
mènes? dirai-je  que  l’air  formé  dans  l’eau  privée 
cf acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux  n’en  a pas  été 
entièrement  privée  ? Cependant  mon  eau  de  chaux 
étoit  excellente,  et  lorsque  j’ai  vu  que  l’eau  de  chaux 
versée  dans  l’eau  commune  cessoit  de  la  troubler , et 
n’y  formoit  plus  de  précipité  calcaire  , j’ai  pensé 
qu’il  n’y  avoit  plus  d’acide  carbonique.  Pensera-t-on 
plutôt  , que  quelques  plantes  ont  le  pouvoir  de 
décomposer  l’eau  simple  \ mais  l’on  verra  par  les 
expériences  que  jJai  faites , que  l’air  se  produit  en 
volumes  égaux  dans  l’eau  privée  d’acide  carbonique 
et  dans  celle  qui  en  a : cependant  dans  tous  ces  cas 
les  tubes  comme  les  vases  où  ils  reposent  étoient 
remplis  avec  la  même  espèce  d’eau. 


§ CLX1II. 

La  matière  verte  dont  j’ai  parlé  donne  autant  d’air 
dans  l’eau  contenant  l’acide  carbonique  que  dans 
celle  qui  en  est  pri  vée , et  l’air  produit  est  également 
bon  dans  les  deux  cas. 


§ CLXIV. 

Celle  matière  verte  n’a  point  donné  d’air  dans 
l’eau  de  chaux  , où  elle  est  complètement  abîmée , 


( ^9  ) 

elle  y blanchit  ; je  la  remis  néanmoins  au  soleil  dans 
l’eau  commune  après  l’avoir  bien  lavée , mais  elle 
n’y  donna  point  d’air. 

§ CLXY. 

Les  feuilles  du  haricot  et  celles  d’hyacinthe 
donnent  dans  l’eau  privée  d’acide  carbonique  le 
quart  de  l’air  qu’elles  donnent  dans  l’eau  du  puits. 

Les  feuilles  du  jujubier  et  du  persil  ont  donné 
huit  fois  plus  d’air  dans  l’eau  du  puits  que  dans  l’eau 
privée  d’acide  carbonique. 

Les  feuilles  du  pécher  ont  donné  dans  l’eau  pure 
pendant  le  même  temps  le  double  de  l’air  qu'elles 
ont  donné  dans  l’eau  privée  d’acide  carbonique  ; elles 
en  fournissent  un  peu  dans  l’eau  de  chaux  ; mais 
dans  tous  les  cas  la  quantité  est  très-petite;  je  n’en  ai 
pas  eu  assez  pour  essayer  l’air  qu’elles  ont  fourni. 

§ CLXYI. 

Après  toutes  ces  expériences  variées  de  tant  de 
manières  . je  voulus  essayer  ce  que  l’eau  distillée 
produiroit  sur  les  plantes. 

J’exposai  au  soleil  pendant  huit  heures  le  semper- 
vivum  tectorum  dans  l’eau  distillée  et  dans  l’eau  de 
mon  puits. 

J’eus  dans  toutes  les  deux  une  quantité  d’air  égale 
par  son  volume  et  sa  pureté. 

Je  fis  celte  même  expérience  sur  les  feuilles  du 
framboisier  rubus  idœus  ; l’air  produit  dans  les 
deux  eaux  fut  égal  en  bonté  ; mais  le  volume  de 
l’air  produit  dans  l’eau  du  puits  fut  triple. 

Deux  feuilles  d'alcœa  mises  dans  5q  45  centimètres 
cubes,  ou  5 pouces  cubes  d'air  commun  et  exposées 


( 160  ) 

pu  soleil  pendant  6 heures  détruisirent  i8  de  gaz 
oxygène  et  produisirent  5°  d’acide  carbonique. 

Deux  leuilles  de  cette  plante  mises  dans  Veau  du 
puits  pendant  6 heures  produisirent  5°  d’air  qui 
furent  presque  en  totalité  du  gaz  oxygène. 

Deux  feuilles  de  cette  plante  mises  dans  Veau 
distillée  ne  donnèrent  qu’une  quantité  d’air  infiniment 
petite  , qui  me  parut  du  gaz  oxygène  très- pur. 
'J  an  dis  que  dans  l’eau  du  puits  les  feuilles  se  cou- 
vrirent de  bulles  d’air  ; je  n’en  vis  point  dans  l’eau 
distillée. 

Une  feuille  de  citronnier  exposée  au  soleil  pen- 
dant 6 heures  dans  l eau  du  puits  donna  un  volume 
d air  quinze  fois  plus  grand  qu’une  feuille  semblable 
exposée  de  la  même  manière  dans  l'eau  distillée . 

Il  resuite  clairement  de  ces  expériences  , que  la 
quantité  del  air  produit  par  quelques  plantes  exposées 
£u  soleil  sous  1 eau  distiilee  y est  considérablement 
diminuée. 

§ CLXVIf. 

J’avois  fait  ces  dernières  expériences  à Pavie 
avec  les  eaux  que  j’y  a vois  à ma  disposition  ; aussi 
je  profitai  de  mon  séjour  à Scandiano  , où  je  trouvai 
d autres  eaux  pour  répéter  encore  quelques-unes 
de  ces  expériences. 

On  a vu  que  les  eaux  dont  je  me  suis  servi  à Pavie 
précipitaient  un  peu  plus  de  26,54  milligrammes , 
ou  d’un  demi-grain  de  carbonate  calcaire  , lorsqu’on 
le*  meloit  avec  l’eau  de  ehaux  par  pouce  cube  , 
§ Mémoire  I , et  qu’elles  donnoient  au  soleil  du  gaz 
azote  dans  les  vases  clos,  § Mémoire  II. 


L’eau 


( i&>  ) 

L’eau  du  TYevisaro  me  parut  donner  aussi  un  peu 
moins  de  26,54  milligrammes  , ou  d’un  demi-grain 
de  carbonate  calcaire  par  pouce  cube  avec  l’eau  de 
chaux,  et  elle  fournil  moins  d’air  au  soieil  dans  les 
vases  clos  ; cet  air  étoit  encore  moins  impur  il 
contenoil  un  peu  de  gaz  oxygène  , mais  le  reste 
étoit  aussi  de  l’azote  : cependant  l’eau  de  mon  pùits 
comme  je  l’ai  remarqué  ne  donnolt  point  d’acide 
carbonique  au  soleil  dans  les  vases  qui  en  étoient 
pleins  lorsque  je  les  y exposai  ; mais  l’eau  du  Trevisaro 
filtrée,  parce  qu’elle  est  un  peu  bourbeuse,  ne  donna 
point  d’air  au  soleil  , pas  une  seule  bulle. 

§ CLXVI1I. 

A près  cet  examen  qui  é toit  indispensable,  j’employai 
cette  eau  du  canal  à mes  expériences  , et  il  étoit 
vraiment  curieux  de  l’employer  ainsi,  parce  qu’elle 
ne  doimoit  aucun  air  au  Soleil. 

J’exposai  donc  au  soleil  sous  Un  tube  rempli  de 
celte  eau  sept  feuilles  du  sertipervivum  tectorum  ; 
au  bout  d’un  quart  d’heure  il  s’échappa  d'une  de  ces 
feuilles  , dont  la  base  se  rompit  , un  filet  d’air  qui 
s'élança  au  sommet  du  Vase  , il  étoit  formé  par  une 
suite  de  petites  huiles  d’uu  diamètre  égal , qui  sem- 
blaient se  toucher  , et  qui  ne  discontinuèrent  pas  de 
se  suivre  ; elles  arri voient  à une  feuille  supérieure  , 
où  elles  s’arrêloient , et  où  elles  formèrent  une  bulLe 
qui  s’augmenta  peu-a-peu  5 ce  jet  d’air  dura  26 
minutes  et  la  bulle  qui  en  résulta  avoit  5,6 1 milli- 
mètres , ou  2 lignes  de  diamètre.  Je  vis  encore  çà 
et  là  des  espèces  de  jets  iutermittens  sur  les  feuilles  j 
ils  éloient  composés  de  2 ou  5 petites  bulles  sortait 

Tome  5.  L 


( 161  ) 

a la  fois  hors  de  l’épiderme  des  feuilles;  ils  s'arrêtaient 
un  moment  pour  reparoître  un  moment  après. 

Je  ne  vis  ni  dans  l’inférieur  du  tube,  ni  sur  la 
soucoupe  pleine  d’eau  qui  le  porloiL  aucune  bulle 
d’air;  aussi  les  feuilles  du  sempervivum  tectorum 
donnèrent  non-seulement,  l’air  qui  leur  éloil  propre  , 
mais  encore  celui  qui  éloil  contenu  dans  l’eau  du 
tube  où  elles  éloienl  placées. 

Au  bout  d’une  demi-heure,  la  base  rompue  d’une 
feuille  du  sempervivum  tectorum  donna  dans  celle 
eau  du  Trevisaro  que  j’avois  privée  de  sou  acide 
carbonique  un  nouveau  jet  qui  produisit  une  bulle 
de  j,  12  centimètres,  ou  5 lignes. 

Celte  eau  du  canal  privée  d’air  me  fit  pourtant 
recueillir  au  bout  de  5 heures  d’exposition  au  soleil 
une  quantité  d’air  pi'oduit  par  le  sempervivum 
tectorum  qui  contenoit  12  ou  i5°  d’acide  carbo- 
nique, 7 2°  de  gaz  oxygène  et  i4°  d’azote. 

Celte  expérience  prouve  bien  que  l’air  vient  de 
l’intérieur  de  la  plante  , que  cet  acide  carbonique 
en  sort , qu’il  n’est  pas  celui  de  l’eau  qui  en  a voit.' été., 
privée  , et  que  l’azote  ne  sauroil  non  plus  venir  de 
l’eau  , puisque  celte  eau  n’en  avoil  point  donné 
au  soleil. 

§ CLXIX. 

J’avois  dit  en  racontant  l’expérience  précédente y 
que  le  sempervivum  tectorum  a voit  donné  J 2 ou 
i5°  d’acide  carbonique  avec  les  gaz  oxygène  et  azote; 
je  voulus  répéter  l’expérience  avec  la  même  plante; 
mais  je  voulus  aussi  m’assurer,  si  l’eau  avoil  été  bien 
privée  de  son  acide  carbonique , parce  que  j’ai  dit 


/ 


( 1&2  ) 

qu'elle  en  «loti  vraiment  privée  et  je  le  Ci4oyoîs  , 
parce  que  j'y  avois  versé  de  l’eau  de  chaux,  jusques 
à ce  qu’elle  ne  se  troublât  plus  ; cependant  je  me  suis 
bien  trompé» 

Je  pris  une  petite  quantité  de  celte  eau  que  j’avois 
cru  privée  de  son  acide  carbonique  ; j’y  versai  de  la 
nouvelle  eau  de  chaux  qui  la  troubla  au  bout  de 
quelque  temps,  et  qui  y produisit  un  précipité  sensible 
de  carbonate  calcaire  ; je  remis  donc  de  la  nouvelle 
eau  de  chaux  dans  le  grand  vase  d’oùj’avois  tiré  la 
petite  quantité  que  je  venois  d’éprouver  ; je  recom- 
mençai la  même  opération  dans  le  petit  , et  j’y 
retrouvai  encore  de  l’acide  carbonique  ; ce  qui  me 
fit  comprendre  que  je  n’avois  jamais  privé  entière- 
ment d’acide  carbonique  les  eaux  que  j’en  avois  vu 
entièrement  privées  par  ce  procédé. 

Cependant  je  voulois  savoir , avec  sûreté  , si  les 
plantes  dans  l’eau  parfaitement  privé  d’acide  car- 
bonique en  donneroient  encore.  Je  fis  donc  bouillir 
de  beau  du  puits  pendant  une  heure  et  demie;  quand 
elle  fut  refroidie , j’y  versai  de  l’eau  de  chaux  à deux 
ou  trois  reprises  , je  n’y  aperçus  alors  aucun  chan- 
gement , et  je  m’assurai  de  cette  manière  que  cette 
eau  ne  contenoit  point  d’acide  carbonique» 

Je  remplis  avec  cette  eau  deux  flacons  fermants 
très-bien  avec  un  bouchon  usé  à l’émeri  ; j’y  intro- 
duisis du  setnpervivum  iectorum  , et  je  l’exposai 
là  pendant  5 heures  au  soleil. 

Dans  un  des  flacons,  il  n’y  eut  point  d’air  pi-oduit } 
et  dans  l’autre  il  y en  eut  5g, 63  centimètres  cubes,  ou 
2 pouces  cubes.  Quelle  fut  lu  cause  de  cette  différence? 


( i63  ) 

Je  ne  saurais  le  dire,  puisque  les  deux  flacons  avoieht 
été  également  bien  fermés  , également  exposés  au 
soleil  dans  la  meme  eau  bouillie  cl  tirée  du  même 
vase  , où  elle  a voit  été  bouillie. 

Quoiqu’il  eu  soit , j'essayai  cet  air  produit , et  j’y 
trouvai  5°  d’acide  carbonique,  82°  de  gaz  oxygène 
et  i5°  d’azote. 

Il  faut  donc  conclure  ici  que  cet  air  peut  être  un 
produit  de  l’acide  carbonique  contenu  dans  la  plante, 
qui  devient  gazeux  et  se  décompose  à la  lumière  ; il 
faut  pourtant  observer  encore  qu'il  y a eu  du  gaz 
azote  produit. 

§ CLXX. 

Je  fis  bouillir  pendant  trois  quarts  d’heure  l’eau 
de  mon  puits;  lorsqu’elle  fut  refroidie  , j’en  remplis 
un  tube  , où  je  fis  entrer  quatre  feuilles  de  la  violette 
jaune ; j’en  mis  quatre  autres  semblables  dans  un 
tube  rempli  avec  l’eau  de  mon  puits  qui  n’a  voit  pas 
été  bouillie  , je  les  exposai  ainsi  au  soleil  pendant 
4 heures  et  demie. 

Dans  le  flacon  contenant  l’eau  du  puits  naturelle , 
l’air  produit  par  les  feuilles  fut  septuple  de  l’air 
produit  dans  le  tube  où  étoit  l’eau  bouillie . 

11  paroît  donc  que  l’eau  bouillie  11’a  pas  empêche 
toute  production  d’air  , mais  que  cette  production  y 
a été  bien  diminuée. 

§ clxx  r. 

Je  fis  pendant  le  même  temps  cette  expérience  avec 
les  feuilles  du  sempervivum  tectorum  ; j’en  rnis  8 
feuilles  sous  un  tube  contenant  l’eau  naturelle  de 
mon  puits  ; j’en  mis  8 autres  feuilles  dans  un  tube 


( i64  ) 

égal  contenant  l’eau  bouillie  , je  les  exposai  ainsi  au 
soleil  pendant  4 heures  3. 

Je  variai  cependant  l’expérience  ; je  rompis  sous 
l’eau  une  de  ces  feuilles,  j’en  vis  sortir  immédia- 
tement des  bulles  d’air  qui  n’étoient  pas  très-petites, 
elles  éloient  à l’endroit  de  la  rupture;  je  vis  même 
qu’eu  pressant  la  feuille  à l’endroit  où  la  feuille  avoit 
été  rompue , il  en  sortit  de  nouvelles  bulles  qui 
éloient  encore  plus  nombreuses. 

Qu’arrivera-t-il  donc  , lorsque  ces  feuilles  auront 
cessé  de  donner  de  l’air  sous  l'eau  ? Je  lis  celle  expé- 
rience dans  l’eau  du  canal,  privée  de  son  acide  car- 
bonique par  l’eau  de  chaux,  dans  l’eau  bouillie  et 
dans  l’eau  du  puits. 

Eh  bien  , les  bulles  d’air  sortirent  à la  rupture  de 
la  feuille;  elles  sortirent  de  même  par  la  compression. 

Tl  est  donc  clair  encore  que  l’air  qui  s’échappe  des 
plantes  au  soleil  ne  vient  pas  de  leur  extérieur  ; mais 
qu'il  sort  de  l’intérieur  de  la  plante  , et  qu'il  traverse 
leur  épiderme  pour  s’en  détacher.  11  faut  donc 
convenir  qu’il  se  forme  , ou  par  l’acide  carbonique 
qui  se  décompose  , ou  par  la  décomposition  de  l’eau 
qui  pénétre  la  plante. 

Je  me  suis  assuré  que  l’eau  du  canal  dont  je  me 
suis  servi  dans  celle  expérience  contient  moins  d’acide 
carbonique  que  l’eau  du  Trevisaro,  et  par  conséquent 
qu’il  y en  a encore  moins  dans  la  première  que  dairs 
l’eau  du  puits. 

§ CLXXII. 

Je  mis  pendant  2 heures  £ au  soleil , dans  un  flacon 
bien  fermé  , contenant  99,08  centimètres  cubes , on 


( i65  ) 

5 pouces  cubes  de  l’eau  de  mon  puits  qui  le  rem-* 
plissoit , 19,81  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  cube 
de  feuilles  de  choux  , tpiar|d  elles  eurent,  donné  ■i, 9b 
centimètres  cubes , ou  un  quarL  de  pouce  cube  d’air , 
j’en  retirai  l’eau,  sur  laquelle  je  versai  5g, 45  centi- 
mètres cubes , on  5 pouces  cubes  d’eau  de  chaux 
pour  en  précipiter  tout  l’acide  carbonique.  Ensuite 
je  remplis  le  flacon  où  les  feuilles  de  choux  éloient 
restées  a\  ec  l’eau  du  puits  et  je  versai  de  celle  eau  nou- 
velle avec  laquelle  j’avois  rempli  le  flacon  dans  un 
ftutre  vase  , où  je  mêlai  la  même  quantité  d’eau  de 
chaux  que  dans  l’eau  précédente  ; enfin  quand  le 
précipité  fut  bien  formé  , je  décantai  l’eau  , je  séchai 
bien  le  carbonate  calcaire  des  deux  vases  , je  les 
pesai  et  je  trouvai  que  le  carbonate  des  deux  vases 
avoit  le  même  poids. 

Ce  qui  prouve  que  dans  ces  2 heures  ~ , il  n’y  a 
pas  eu  la  moindre  perle  d'acide  carbonique  , et  par 
conséquent  qu’il  n’y  a point  eu  d’acido  carbonique 
décomposé  par  la  lumière  pour  produire  le  gax 
oxygène  fourni  par  la  plante. 

J’ai  répété  rigoureusement  la  même  expérience 
avec  le  sempervivum  tectorum  , et  j'ai  eu  le 
même  résultat. 

§ CLXXIH, 

J’ai  fait  voir  que  les  feuilles  du  sempervivum 
tectorum  contenoient  encore  de  l’air  quand  elles 
cessoient  d’en  donner  sous  l’eau  , §CLXXl,  puis- 
qu’elles en  fournirent  sous  l’eau  par  la  compression 
autant  qu’auparavant  ; ce  qui  prouveroit  pourtant 
que  l’air  produit  sous  l’eau  par  les  plantes  y arrive 
par  l’iutériçur,  ou  s’y  prépare» 


( ;66  ) 

Je  fis  celte  expérience  sur  les  feuilles  du  fram- 
boisier 3 du  choux  , de  la  violette  jaune  el  du 
sempervivum  tectorum  que  j’avois  tenues  pendant 
r heures  sous  l’eau  de  mon  puits  au  soleil , alors  je 
les  exprimai  sous  l’eau. 

Je  commençai  par  les  feuilles  de  choux  qui  me 
donnèrent  19,81  centimètres  cubes  , ou  un  pouce 
cube  d’air;  il  sortit  alors  de  partout,  mais  surtout 
de  la  ruplure  des  côtes. 

J’en  Lirai  de  même  des  feuilles  de  violette  ; mais 
il  sorlit  encore  des  côtes  , et  surtout  des  plus  grosses. 

Il  en  fut  de  même  des  feuilles1  du  framboisier  et 
eu  particulier  du  sempervivum  tectorum  qui  en 
donna  beaucoup. 

§ CLXXIY. 

Je  mis  des  feuilles  de  vigne , de  pécher , de  fram- 
boisier au  soleil  sous  l’eau  de  mon  puits , jusques  à 
ce  qu’elles  eussent  fourni  tout  l’air  qu’elles  pouvoient 
donner  ; elles  en  produisirent  beaucoup  , surtout 
celles  des  deux  dernières. 

Je  pris  19,81  centimètres  cubes,  ou  un  pouce 
cube  de  l’eau  de  ces  trois  tubes,  je  versai  sur  chacun 
5g, 65  centimètres  cubes  , ou  2 pouces  cubes  d’eau  de 
chaux  , quand  le  carbonate  calcaire  fut  précipité  , 
j’obtins  après  la  dessication  environ  16, 54  milli- 
grammes, ou  i grain  de  carbonate  calcaire,  c’est-à- 
dire  la  quantité  elle  même  produite  par  l’eau  du  puits. 

Il  reste  donc  confirmé  que  le  gaz  oxygène  produit 
par  ces  plantes  provient  de  leur  intérieur  sans  être 
produit  par  l’acide  carbonique  fourni  par  l’eau  où 
«lies  étoienl  ; mais  il  faut  remarquer  que  ces  trois 


( i63  ) 

plantes  dans  l’eau  privée  de  son  acide  carbonique  y 
donnent  beaucoup  moins  de  gaz  oxygène. 

§ CLXXY. 

Sans  rechercher  précisément  les  sources  de  cet 
air  produit  par  les  feuilles  exposées  sous  l’eau  au 
soleil , voici  quelques  inductions  tirées  de  mes  ex- 
périences, 

J’ayois  eu  des  feuilles  de  choux  restées  tout,  le 
jour  sous  l’eau  au  soleil;  )c  n’en  eus  que  peu  d’air, 
mais  j’en  fis  l’analiso,  je  n’y  trouvai  pas  beaucoup 
plus  de  gaz  oxygène  que  dans  l’air  commun;  cepen- 
dant ces  feuilles  avaient  été  exposées  dans  l’air  clos 
a, u soleil,  où  elles  «voient  absorbé  une  partie  du 
gaz  oxygène  qui  y étoit,  ces  feuilles  sous  l’eau  ren- 
dirent pourtant  cet  air  plus  pur. 

Les  plantes  en  passant  donc  d'un  étal  naturel  à 
un  état  qui  ne  l'est  pas  y donnent  de  l’air  plus  pur. 
-et  elles  le  gâtent  lorsqu’elles  sont  dans  l’air;  ce  qui 
pourroit  faire  croire  que  l’air  pur  ne  provient  pas  de 
la  plante,  mais  qu’il  s’engendre  par  la  décomposi- 
tion de  l’eau  qui  touche  les  feuilles , comme  je  l’avois 
déjà  remarqué, 

§ CLXXVI. 

Les  feuilles  de  l'alaë  cïislicha  enfermées  dans  des 
flacons  bien  fermés  contenant  4 9, 54  centimètres  cubes, 
ou  2 pouces  cubes  d'air  commun  pendant  un  jour 
laissèrent  l’air  commun  intact. 

Dans  la  même  quantité  d’air  où  elles  éprouvèrent 
]«  chaleur  pendant  le  même  temps  solaire  à l’ombre  x 
il  y eut  8°  de  gaz  oxygène  absorbé  et  8°  d’acide 
carbonique  produit. 


( ïCg  ) 

Dans  la  même  quantité  de  gaz  hydrogène  pendant 
le  même  temps  à l’ombre,  les  feuilles  le  laissèrent 
intact. 

Dans  l'eau  elles  produisirent  de  l’air  un  tiers  meil- 
leur que  l’air  commun. 

Pourquoi  donc  l'aloè  ne  donne-t-il  point  d’acide 
carbonique  dans  l’air  au  soleil  et.  en  donne-t-il  à 
l’ombre?  Pourquoi  laisse-t-il  au  soleil  l’air  intact 
et  donne-t-il  un  air  meilleur  sous  l’eau. 

Suivant  Senebier  le  gaz  oxygène  rendu  par  les 
plantes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  n’est  que  l'a- 
cide carbonique  décomposé  dans  le  parenchyme  des 
plante»  par  l’action  de  la  lumière,  aussi  dès  que  la 
plante  esL  à l’ombre  elle  donne  l'acide  carbonique 5 
cependant  alors  ou  n’auroit  pas  l’acide  carbonique 
aux  dépens  de  l'oxygène  atmosphérique,  et  l’air 
li’auroit  pas  perdu  son  oxygène. 

Quand  à l'autre  question  qui  roule  sur  l'air  pur 
donné  dans  l'eau,  tandis  qu’il  n’y  eu  a point  de 
produit,  dans  l’air  clos,  il  en  résulte  seulement  que 
l’eau  est  une  condition  pour  avoir  cet  air  que  la 
plante  ne  donneroit  pas  autrement. 

§ CLXXVII. 

Il  résulte  de  ces  expériences,  i.°  que  la  plupart 
des  plantes  donnent  plus  d'air  au  soleil  sous  l'eatl 
chargée  d'acide  carbonique  que  sous  l’eau  commune. 

e."  Que  les  piaules  dont  les  tiges  plongent  dans 
l’eau  chargée  d'acide  carbonique  donnent  plus  de  gaz 
oxygène  dans  l’air  au  soleil  qu’une  plante  dont  la 
tige  plongeroil  dans  l’eau  commune,  et  surtout  dans 
une  eau  privée  d’acide  carbonique. 


( *7°  ) 

5. 9 Qu’il  y a dos  plantes  qui  demandent  seule- 
ment une  certaine  quantité  d’acide  carbonique  dans 
l’eau  pour  y donner  au  soleil  beaucoup  de  gaz  oxy- 
gène et  qu’une  trop  grande  quantité  d’acide  carbo- 
nique dans  l’eau  nuit  à la  production  du  gaz  oxygène. 

4. °  Les  plantes  mises  à l’obscurité  dans  l’eau 
chargée  d’acide  carbonique  n’y  donnent  point  d’air; 
mais  elles  en  donnent  d’abord  après  quand  elles  sont 
exposées  au  soleil. 

5. °  Le  suc  d’une  plante  qui  a passé  la  nuit  dans 
l’eau  chargée  d’acide  carbonique  ne  trouble  pas  l’eau 
de  chaux . 

6. °  Une  plante  qui  a été  au  soleil  donne  sous 
l’eau  de  l’air  meilleur  que  l’air  commun. 

7.0  L’acide  carbonique  qui  est  dans  l’air  pro- 
duit par  les  plantes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  est 
en  partie  produit  par  l’eau  ; mais  les  plantes  en 
donnent  aussi  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote. 

8.°  Les  plantes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  don- 
nent assez  d’azote. 

9.0  La  quantité  de  l’air  produit  par  les  plantes  au 
soleil  dans  les  eaux  distillées  et  bouillies  est  moindre 
que  celle  qu’elles  y fournissent  dans  les  eaux  char- 
gées d’acide  carbonique;  il  y en  a qui  ne  donnent 
point  d’air  dans  les  premières. 

io.°  L’eau  chargée  d’acide  carbonique  donne  la 
même  quantité  d’acide  carbonique  après  l’émission 
du  gaz  oxygène  qu'avant. 

11.0  Il  y a des  plantes  qui  donnent  au  soleil  le 
gaz  oxygène  dans  les  eaux  privées  d’acide  carbo- 
nique et  même  dans  l'eau  de  chaux,  mais  il  y en  a 


( *7*  ) 

d’autres  qui  n'y  en  donnent  point  ou  infiniment  peu. 

12.0  On  retrouve  dans  l’eau  chargée  d’acide  car- 
bonique où  l’on  a exposé  des  plantes  au  soleil  la 
même  quantité  d’acide  carbonique  qu’il  y en  avoit 
auparavant, 

C II  A P I T R E V. 

Des  fleurs  exposées  au  soleil  dans  l'air  et  sous 

Veau, 

§ CLXXVUI. 

Après  m’être  occupé  des  feuilles  et  des  parties 
vertes  des  plantes , il  étoit  naturel  de  faire  sur  les 
fleurs  des  recherches  analogues  à celles  que  je  viens 
de  raconter;  la  diversité  des  couleurs  dans  celle 
belle  production  des  plantes  , leurs  odeurs  pou- 
voient  aisément  faire  soupçonner  que  les  fleurs 
produiroient  des  effets  particuliers  sur  l’air , et  qu’elles 
dévoient  en  même  temps  être  soumise  à une  in- 
fluence spéciale  de  la  lumière,  qui  pourroit  se  ma- 
nifester dans  des  expériences  semblables  à celles  que 
j’ai  faites  jusques  à présent  ; je  devois  d’autant  moins 
négliger  de  les  faire  , que  Ingéniions  et  Senehier 
en  avoicnl  déjà  entrepris  quelques-unes  sur  ce  sujet, 
§ CL XXIX. 

J’avois  des  fleurs  du  lys  appelé  de  St.  Antoine, 
j’entrepris  de  faire  quelques  expériences  sur  leurs 
pétales.  J’en  plongeai  sous  l’eau,  où  je  les  agitai  et. 
j’en  vis  sortir  des  bulles,  qui  partoieut  de  leur  im 
térieur,  et  qui  continuèrent  à s'en  échapper;  je  com- 
primai ces  pétales  légèrement , et  j’en  vis  sortir  urç 


( 172  ) 

plus  grand  nombre  de  bulles,  qui  s’él an çoienl  sur- 
tout de  la  moitié  delà  pointe  du  pétale,  où  se  ter- 
mine la  petite  côte,  .le  vis  encore  que  la  pression 
sur  les  bords  du  pétale,  dans  le  voisinage  de  sa 
pointe  fa isoit  rouler  un  plus  grand  nombre  de  bulles 
entre  les  deux  épidermes,  qu'elles  s’approchoient 
ainsi  de  la  côte  , où  elles  s’échappoient.  Je  coupai 
alors  transversalement  un  pétale  je  le  vis  formé  par- 
deux  membranes , qui  n’étoient  point  assez  adhé- 
rentes enjr’elles  pour  empêcher  leur  séparation;  il 
m’a  paru  que  l’air  se  logeoit  entr'elles. 

§ CLXXX. 

Je  mis  les  pétales  d'un  de  ces  lys  sous  l’eau  au 
soleil  pendant  4 heures  ^ , ils  donnèrent  très  - peu 
d’air , et  il  n’y  avoiL  point  de  gaz  oxygène. 

J’avois  trouvé  que  les  pétales  du  Lilium  ccindidinn 
plongés  sous  l’eau  et  piis  au  soleil  avoienl  donné  io° 
d'acide  carbonique  et  90°  d’azote  : quelle  a été  la 
source  de  celui-ci?  J’ai  pensé  qu'il  sortoit  de  ces 
pétales,  puisque  j’ai  vu  l’air  s’err  échapper  par  la 
compression  sous  l’eau. 

J ’avois  trois  lys  fleuris,  je  les  comprimai  sous  l’eau  ; 
j'en  recueillis  l’air,  et  quand  j’en  eus  fait  l’essai,  je 
trouvai  qu'il  y en  a voit  un  cinquième  qui  étoil  le 
gaz  oxygène  mêlé  avec  un  peu  d'acide  carbonique, 
et  le  reste  éloiL  presqu’entièrement  de  l'azote. 

Je  mis  deux  fleurs  du  même  lys  à un  beau  soleil 
sous  l’eau  pour  suivre  les  phénomènes  qui  pourroient 
s’offrir  à moi.  11  y parut  des  petites  bulles  sur  les  deux 
surfaces,  elles  s’accrurent  peu-à-peu  avant  de  se 
détacher  ; à l’extrémité  de  la  cote  de  quelques  pé- 


( ) 

tôles,  on  voyoit  la  petite  balle  qu’on  en  fait  sortir 
par  une  légère  compression:  au  bout  d’une  demi- 
heure,  ces  pétales  me  parurent  bien  conservés. 

Il  est  donc  bien  prouvé  qu’il  s’échappe  de  l’air 
au  travers  des  pores  des  pétales. 

Pendant  huit  heures,  trois  lys  sans  leurs  parties 
sexuelles  donnèrent  sous  l’eau  9,90  centimètres  cubes, 
ou  un  demi-pouce  cube  d’air,  qui  contenait  8°  d’a- 
cide carbonique,  25°  d’azote  et  io°  de  gaz  oxygène. 

§ CL XXXI. 

Les  bulles  d’air  qui  paroîssent  au  sommet  des 
vases  pleins  d’eau  , où  l’on  expose  au  soleil  les  fleurs 
du  lys  sont  un  produit  de  la  macération  dans  l’eau 
qui  s’est  réchauffée. 

Je  mis  pendant  5 heures  sous  l’eau  au  soleil  trois 
fleurs  de  lys;  elles  y donnèrent  très-peu  d’air;  il  étoit 
fort  mauvais  et  bien  sorti  hors  de  ces  pétales  , puis- 
que je  le  trouvais  aussi  mauvais  par  l’expression, 
lorsque  je  les  eus  retirés  de  Peau;  mais  les  lys  fraî- 
chement coupés  me  donnèrent  par  l’expression  sous 
l’eau  un  air  aussi  bon  que  l’air  commun  ; cet  air 
se  gâte  sous  l’eau  au  soleil , et  il  se  gâte  de  même 
à l’ombre. 

§ CLXXXII. 

Je  mis  pendant  4 heures  £ au  soleil  dans  49,54 
centimètres  cubes,  ou  2 pouces  | cubes  d’air  commun 
les  pétales  d’un  lys. 

Ils  absorbèrent  io°  i de  gaz  oxygène  et  4°  d’azote. 
§ CLXXXIII. 

Pendant  4 heures  je  tins  les  tiges  de  ce  lys  avec 
leurs  petites  feuilles  au  soleil  dans  69, 45  centimètres 


( _1 74  ) 

Cubés,  ou  3 pouces  cubes  d'air  commun,  elles  le  luis* 
sèrenl  intact* 

Les  petites  feuilles  seules  de  ce  lys  traitées  de  la 
même  manière  laissèrent  aussi  l’air  intact. 

Les  étamines  êt  les  pistils  de  ce  lys  mis  dans  09, 64 
centimètres  cubes,  ou  3 pouces  cubes  cl  air  commun 
pendant  3 heures  absorbèrent  io°de  gaz  oxygène 
et  produisirent  io°  d’acide  carbonique  avec  5° 
d’azote. 

§ C.LXXXIV. 

Je  mis  les  pistils  et  les  étamines  d’un  lys  sous 
teçLU  au  soleil;  j’obtins  environ  6,60  centimètres 
cubes  , ou  un  tiers  de  pouce  cube  d’air  qui  contenoit 
j?°  d’acide  carbonique  , i degré  de  gaz  oxygène.  Je 
crus  d’abord  que  le  reste  étoit  de  l’azote,  mais  en 
approchant  de  cet  air  une  bougie  allumée,  il  y eut 
inflammation  et  détonation;  c'étoit  donc  du  gaz  hy- 
drogène mêlé  d’azote. 

Les  étamines  comme  les  pistils  me  parurent  cou- 
verts de  petites  bulles;  mais  cet  air  sembloil  bien  être 
iormé  au-dedans  d’eux  et  en  être  sorti. 

§ CLXXXV. 

Enfin  je  mis  des  feuilles  du  lys  sous  Veau  au  soleil, 
où  elles  111e  donnèrent  beaucoup  d’air  qui  me  parut 
très-pur. 

Ces  feuilles  m’offrirent  un  phénomène  singulier; 
elle  ne  donnèrent  presque  point  d’air,  tant  qu’elle» 
y furent  mises  entières;  mais  elles  le  fournirent  abon- 
damment, aussitôt  qu’elles  furent  déchirées;  il  sortit 
alors  aisément  de  la  déchirure , et  surtout  des  côtes 


( 17^  ) 

longitudinales  ; les  bulles  qui  s’échappoienl  Ploient 
fort  grosses  (i). 

§ CLXXXVI. 

Je  lins  pendant  26  heures  dans  5g, 64  centimètres 
cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air  commun,  2 flacons 
du pseudo  narcissus ; j’en  mis  deux  sous  un  tube, 
r où  les  tiges  des  fleurs  plongeoient  dans  l’eau  ; j'en 
mis  de  même  deux  autres  dans  la  même  quantité 
d’air  commun  , mais  les  tiges  des  fleurs  ne  touchoient 
pas  l’eau,  ces  deux  appareils  furent  ainsi  à l’ombre 
à la  température  de  to°.  J’en  examinai  ensuite  l’air. 

Les  deux  fleurs  de  narcisse  dont  les  tiges  plon- 
geoient dans  l’ectu  absorbèrent  tout  le  gaz  oxygène 
de  l’air  et  y produisirent  4°  d’acide  carbonique. 

Les  deux  fleurs  de  narcisse,  dont  les  tiges  ne  tou- 
choientpas  Veau  absorbèrent  180  de  gaz  oxygène 
et  produisirent  70  d’acide  carbonique. 

La  lige  de  ces  fleurs  influe  donc  sur  l’action  dé- 
létère qu’elles  exercent  sur  l’air. 

Je  tins  pendant  17  heures  à la  température  de  8® 
et  à l’ombre  dans  un  flacon  bien  fermé  des  fleurs 
d’hyacinthe  doubles  et  blanches;  je  mis  dans  uu 
autre  flacon  un  ■volume  de  tiges  égal  à celui  des 
fleurs  et  j’en  examinai  l’air. 

Les  fleurs  absorbèrent  5°  J de  gaz  oxygène  , et 
produisirent  5°  5 d’acide  carbonique. 

Les  tiges  absorbèrent  5°  de  gaz  oxygène,  et  pro- 
duisirent 5°  d’acide  carbonique. 


(i)  Note  de  VEditeur.  Ceci  me  paraît  propre  aux  plantes 
moflocotyUdones. 


( *76  ) 

Il  nie  sembla  que  les  hyacinthes  bleues  produi- 
sirent un  effet,  plus  grand  que  les  blanches. 

§ CLXXX V II. 

Je  refis  la  même  expérience  sur  des  hyacinthes 
blanches  et  bleues j elles  restèrent  25  heures  dans 
5q,64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air 
commun  à la  même  température  5 il  y a voit  sept 
fleurs  à chaque  tige. 

Les  fleurs  hyacinthes  blanches  sans  tige. 9 absor- 
bèrent ii°dcgaz  oxygène  et  produisirent  4°  d’a- 
cide carbonique. 

Celles  qui  avoieut  une  tige  plongeant  dans  Veau 
absorbèrent  8°,|  de  gaz  oxygène  et  produisirent 
5°  5 d’acide  carbonique  avec  ^ degré  d’azote. 

Les  fleurs  de  hyacinthe  bleue  absorbèrent  5°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  5°  d’acide  carbonique. 

. Les  fleurs  cle  ces  hyacinthes  avec  leurs  liges  plon- 
geant dans  l’eau  absorbèrent  8°  \ de  gaz  oxygène 
et  produisirent  5°  | d’acide  carbonique,  avec  i°i 
d’azote. 

Les  fleurs  seules  d’hyaciute  blanche  ont  donc  ab- 
sorbé ~ degré  de  plus  de  gaz  oxygène  que  celles 
dont  la  tige  plongeoit  dans  l’eau. 

La  raison  de  ce  phénomène  ne  seroit-elle  pas  , 
que  la  végétation  de  ces  fleurs  dont  la  tige  plonge 
dans  l’eau  est  prolongée , et  que  la  tige  concourt 
à gâter  l’air. 

§ CLXXX V1IÏ. 

J’ai  tenu  à l’ombre  pendant  24  heures  dans  29,71 
centimètres  cubes,  ou  1 pouce  5 cube  d’air  commun 
les  (leurs  de  la  fumaria  bullosa  : je  mis  dans  un 

tube 


/ 


( 177  ) 

lnbe  semblable  contenant  la  même  quantité  d’air  et 
un  volume  égal  des  feuilles  de  cette  plante;  les  fleura 
et  les  feuilles  ne  touehoient  pas  l’eau. 

Les fleurs  absorbèrent  7 0 de  gaz  oxygène  et  pro- 
duisirent 5°  d’acide  carbonique;  onze  de  ces  fleur3 
absorbèrent  8°  de  gaz  oxygène  et  produisirent  20  5 
d’acide  carbonique. 

Les  feuilles  absorbèrent  6°  de  gaz  oxygène  et 
produisirent  20  | d acide  carbonique. 

Il  paroît  donc  que  les  fleurs  de  cett ejumctria  dont 
le  volume  étoit  un  tiers  plus  petit  que  celui  des 
feuilles  ont  absorbé  plus  de  gaz  oxygène  que  ces 
dernières. 

§ CLXXXIX. 

Je  tins  une  rose  à demi-ouverte  fort  odorante 
sans  sa  tige  à l’ombre  pendant  20  heures  dans  5g, 4:5 
centimètres  cubes  , ou  3 pouces  cubes  d’air  à la  tem- 
pérature de  i4°. 

Lorsque  je  la  retirai  de  sa  clôture  5 elle  me  parut 
tres-fraiche  ; elle  absorba  190  de  gaz  oxygène,  pro* 
duisit  90  d’acide  carbonique  et  io°  d’azote;  mais 
comme  l’appareil  étoit  fermé  par  l’eau  , il  y eut  sans 
doute  plus  d acide  carbonique  produit  que  celui  que 
je  trouvai  dans  l’air. 

Je  mis  les  pelales  d’une  petite  rose  dans  un  flacon 
bien  feimé , sans  eau,  contenant  29,71  centimètres 
cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air  commun;  ils  y restè- 
rent 22  heu îes  ; ils  me  parurent  encore  frais  et  avec 
leur  odeur;  ils  avoient  absorbé  17°  ± de  gaz  oxygène 
eL  produit  io°  \ d’acide  carbonique  avec  7°^  d’azote. 

M 


Tome  3. 


( 178  ) 

§ CXC. 

Je  lins  quatre  bouquets  de  fleurs  de  sanguinelle 
pendant  4 heures  sous  L'eau  au  soleil,  il  n’y  eut  point 
d’air  produit. 

J’en  mis  la  même  quantité  dans  5q,45  centimètres 
cubes , 5 pouces  cubes  d'air  commun  au  soleil , pen- 
dant le  même  temps,  elles  y absorbèrent  tout  le  gaz 
oxygène  et  produisirent  90  d'acide  carbonique  avec 
il0  d’azote. 

§ CXCI. 

Les  fleurs  de  la  violette  jaune  double  mais  souf- 
frantes exposées  au  soleil  pendant  9 heures  dans  l'air 
commun  absorbèrent  i8°|  de  gaz  oxygène  et  pro- 
duisirent i5°  d’acide  carbonique  avec  5°  d’azole. 

Ces  fleurs  exposées  au  soleil  comme  les  précé- 
dentes pendant  le  même  temps  sous  un  étui  de 
carton  absorbèrent  170  de  gaz  oxygène,  produisirent 
90  d’acide  carbonique  et  7 0 d’azote. 

Des  fleurs  de  violette  rouge  exposées  au  soleil 
dans  24,76  centimètres  cubes , ou  1 pouce -j  cube 
d'air  commun  sans  toucher  l'eau  absorbèrent  9® 
de  gaz  oxygène , et  6°  \ d’azole  5 elles  produisirent 
4°  i d’acide  carbonique  ; la  quantité  de  ces  fleurs 
égaloit  le  volume  de  trois  roses , que  j’avois  mises 
en  expérience  dans  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 
pouce  \ cube  d’air  commun. 

Un  volume  égal  de  fleurs  de  violette  mises  au 
soleil  dans  la  même  quantité  d’air  commun  pro- 
duisirent 4°  d’acide  carbonique  et  laissèrent  l’air 
commun  intact. 

Neuf  feuilles  de  violettes  rouges  mises  au  soleil, 

0 


( 179  ) 

dans  59,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes 
d’air  commun  pendant  2 heures  \ laissèrent  l’air  égal 
en  boulé  à ce  qu’il  etoit. 

Neuf  feuilles  pareilles  mises  au  soleil  dans  l’air 
avec  leurs  pétioles  plongeant  dans  l'eau  produi- 
sirent un  peu  de  gaz  oxygène  et  i°|  d’acide  car- 
bonique. 

Les  fleurs  exposées  de  la  même  manière  au  soleil 
produisirent  20  de  gaz  oxygène  et  20  d’acide  car- 
bonique. 

Il  n’est  donc  pas  yrai  comme  Ingenhouz  l’a  cru, 
que  les  fleurs  répandent  un  air  empoisonné. 

§ CXCII. 

Les  fleurs  du  lamium  purpureum  mises  au  soleil 
dans  l'air  commun  pendant  tout  un  jour  absorbè- 
rent 20  \ de  gaz  oxygène  et  produisirent  autant 
d’acide  carbonique. 

Les  fleurs  de  Ÿiris  pumila  mises  au  soleil  dans 
l’air  commun  y absorbèrent  g0  ^ de  gaz  oxygène  et 
produisirent  7°^  d’acide  carbonique. 

Les  pétales  de  trois  fleurs  de  l' amaryllis  hella- 
dona  mises  dans  69, 64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces 
cubes  d’air  commun  absorbèrent  20  ~ de  gaz  oxy- 
gène et  produisirent  autant  d’acide  carbonique. 

Les  parties  sexuelles  de  ces  trois  fleurs  mises  dans 
29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  - cube  d’air 
commun  y laissèrent  l’air  intact. 

Les  trois  tiges  de  ces  fleurs  laissèrent  aussi  l’air 
intact. 

Les  fleurs  du  brassica  ernea  absorbèrent  3°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  3°  d’acide  carbonique» 


( i8o  ) 

Les  fleurs  du  borrago  cjJicinalLs  laissèrent  pres- 
que l’air  intact. 

Les  fleurs  du  senecio  vulgaris  absorbèrent  5°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  5°  d’acide  carbonique. 

Toutes  ces  expériences  furent  faites  dans  des  fla- 
cons bien  fermés  contenant  5g, 64  centimètres  cubes, 
ou  2 pouces  cubes  d’air,  et  ils  furent  tous  exposés 
au  soleil  pendant  g heures. 

§ CXCIII. 

Je  mis  un  morceau  des  feuilles  de  Valcea  rosea  dans 
5g, 45  centimètres  cubes  , ou  5 pouces  cubes  d’air 
commun  nageant  sur  l’eau  au  soleil  pendant  trois 
heures  et  demie.  Il  produisit  4°  d’acide  carbonique 
et  laissa  l’air  intact. 

Un  morceau  semblable  mis  à sec  dans  l’air  pro- 
duisit i°  d’acide  carbonique. 

Une  fleur  de  cetLe  plante  pendant  le  même  temps 
et  de  la  même  manière  absorba  i4°  de  gaz  oxygène 
et  produisit  6°  d’acide  carbonique. 

Huit  fleurs  de  cette  plante  donnèrent  dans  l’air 
g 1,^4  millimètres  cubes,  ou  8 lignes  cubes  d'air  dont 
i étoit  l’acide  carbonique  et  | d’azote. 

§ CXCIV. 

Deux  feuilles  du  gelsominum  ocloratissimum  te- 
nues pendant  5 heures  dans  2g, 71  centimètres  cubes, 
ou  x pouce  \ cube  d’air  commun  sur  l’eau  absor- 
bèrent 5°  i de  gaz  oxygène  et  produisirent  i°i  d’a- 
cide carbonique. 

Ces  deux  feuilles  mises  à sec  dans  la  même  quan- 
tité d’air  absorbèrent  4°  de  gaz  oxygène. 

Onze  fleurs  produisirent  4°  5 d’acide  carbonique 


I 


( 181  ' ) 

et  absorbèrent  io0^  de  gaz  oxygène,  elles  conti- 
nuèrent d’avoir  leur  forte  odeur. 

§ CXCY. 

Vingt  fleurs  du  nerium  oleander  exposées  sous 
l’eau  au  soleil  pendant  4 heures  ont  donné  19,81 
centimètres  , ou  1 pouce  cube  d’air  contenant  2 ou 
5°  d’acide  carbonique  ; le  reste  étoit  de  l’azote. 

Six  feuilles  de  cette  plante  sous  l’eau  au  soleil 
pendant  4 heures  ont  donné  4°  d’air  purement  gaz 
oxygène. 

Six  feuilles  exposées  dans  59, 45  centimètres  cubes, 
ou  5 pouces  cubes  tl’air  commun  au  soleil  laissèrent 
l’air  intact. 

§ CXCVI. 

Six  feuilles  du  capperis  spinosa  exposées  au  soleil 
pendant  4 heures  sous  L’eau  produisirent  5°  de  gaz 
oxygène  presque  pur. 

Dans  59,45  centimètres  cubes,  ou  3 pouces  cubes 
(J; air  commun,  elles  absorbèrent  i4°  de  gaz  oxy- 
gène et  produisirent  i°  d’acide  carbonique. 

Cinq  fleurs  absorbèrent  dans  la  même  quantité 
d’air  commun  tout  le  gaz  oxygène  et  produisirent 
io°  d’acide  carbonique. 

§ CXCVÏI. 

J’exposai  pendant  4 heures  au  soleil  les  feuilles 
du  geltominum  officinale  sur  l'eau  dans  59, 45  cen- 
timètres , ou  3 pouces  cubes  d’air  commun;  elles  lais- 
sèrent l’air  intact. 

Dans  un  flacon  contenant  la  même  quantité  d’air 
commun  ces  feuilles  absorbèrent  au  soleil  5°  \ de 
gaz  oxygène  et  produisirent  autant  d’acide  carbo- 
nique. 


/ 


( i»a  ) 

Huil  fleurs  mises  dans  un  flacon  de  même  capa- 
cité et  contenant  la  même  quantité  d’air  commun 
absorbèrent  90  de  gaz  oxygène  et  produisirent  4* 
d’acide  carbonique. 

§ CXCVIII. 

Les  fleurs  dont  je  vais  parler  ont  été  enfermées  par 
l’eau  dans  5y/t5  centimètres  cubes , ou  5 pouces 
cubes  d’air  commun;  le  volume  de  ces  fleurs  étoit 
d’un  i pouce  cube , et  pendant  huit  heures  elles  ont 
été  ainsi  exposées  au  soleil. 

U A Ilium  schoenoprasium  absorba  160  de  gaz 
oxygène  et  produisit  90  d’acide  carbonique. 

Philadelphus  germanus  absorba  90  ~ de  gaz  oxy- 
gène et  produisit  5°  ^cl’acide  carbonique. 

liemeroccdis  Jlctva  absorba  180  de  gaz  oxygène 
et  produisit  90  d’acide  carbonique. 

Astragalus  galegiformis  absorba  io°  de  gaz 
oxygène  et  produisit  70  d’acide  carbonique. 

Iris  jambucina  absorba  tout  le  gaz  oxygène  et 
produisit  90  d’acide  carbonique. 

Antirrhinum  majus  absorba  1 20  de  gaz  oxygène 
et  produisit  4°  ■§  d’acide  carbonique. 

Scorzonerci  hispanica  absorba  180  de  gaz  oxygène 
et  produisit  io°  d’acide  carbonique. 

Toutes  ces  fleurs  étoient  odorantes  et  fraîches 
après  l’expérience  comme  avant  ; leurs  queues  plon- 
geoienl  dans  l’eau. 

§ CXCIX. 

J’ai  voulu  comparer  l’action  des  feuilles  de  ces 
plantes  à l’air,  après  avoir  trouvé  l’action  que  eues 
fleurs  avoient  exercée  àur  lui;  elles  ont  été  préci- 
sément dans  les  mêmes  circonstances. 


( i83  ) 

Les  feuilles  de  YAllium  ont  absorbé  i4°  de  gaz 
oxygène  et  produit  70  ^ d’acide  carbonique. 

C elles  du  Philaclelphus  ont  absorbé  120  de  gaz 
oxygène  et  produit  5°  de  gaz  acide  carbonique. 

h'Ifenierocalis  absorba  5°  de  gaz  oxygène  et  pro- 
duisit 5°  d’acide  carbonique  avec  2°  d’azote. 

L ’Astragalus  absorba  7°^  de  gaz  oxygène  et 
produisit  5°|  d’acide  carbonique. 

L 'Iris  absorba  n°  de  gaz  oxygène  et  produisit 
6°  d’acide  carbonique  avec  20  d’azote. 

L ' Antirrhinum  absorba  90  de  gaz  oxygène  et 
produisit  5°  d'acide  carbonique  avec  4°  d’azote. 

La  Scorzonera  absorba  n0^  de  gaz  oxygène  et 
produisit  6°  d’acide  carbonique  et  3°  5 d’azote. 

Les  feuilles  du  Philaclelphus  sont  les  seules  qui 
absorbent  plus  de  gaz  oxygène  que  les  fleurs*,  les 
autres  plantes  ont  produit  l’effet  contraire. 

Les  fleurs  de  l’ Hemerocalis  produisirent  5°  d’a- 
zote, les  autres  n’en  produisirent,  point;  mais  les 
feuilles  de  Y fris , de  Y Antirrhinum  et  de  la  Scor- 
zonera en  produisirent.  Il  y a donc  eu  plus  de 
feuilles  que  de  fleurs  qui  ont  donné  de  l’azote. 

Enfin  si  les  fleui’s  gâtent,  l’air , il  faut  pourtant 
convenir  qu’elles  ne  le  gâtent  pas  autant  qu’Ingen- 
liouz  i’avoit  cru. 

5 ce. 

J’ai  exposé  les  feuilles  des  plantes  suivantes  et  leurs 
fleurs  séparément  dans  des  tubes  contenant  5g, 45 
centimètres  cubes , ou  3 pouces  cubes  d’air  commun 
au  soleil.  Le  volume  d’air  des  fleurs  et  celui  des 
feuilles  éloit  égal.  Si  je  n’ai  pas  prolongé  l’expérience 


( i84  ) 

pins  long-temps,  c’est  parce  que  j'ai  voulu  prévenir 
leur  altération. 

Les  feuilles  des  pois  ont  laissé  l’air  intact. 

Neuf  fleurs  de  pois  ont  détruit  2°  de  gaz  oxygène 
et  produit  20  d'acide  carbonique. 

Les  feuilles  à’ oeillet  rouge , au  bout  de  trois  heures 
de  soleil,  ont  absorbé  i°  | de  gaz  oxygène  et  produit 
i°5  d’acide  carbonique. 

Un  oeillet  rouge  a absorbé  90  | de  gaz  oxygène 
et  produit  6°  d’acide  carbonique. 

Les  feuilles  de  pavot , pendant  trois  heures  au 
soleil  dans  l’air  , laissèrent  l’air  intact. 

Un  gros  pavot  rougeâtre  absorba  à l’ombre  160  ~ 
de  gaz  oxygène  et  produisit  5°  d’acide  carbonique. 

5 CCI. 

Les  pétales  sous  Veau  donnent  peu  d’air  , les  fleurs 
de  Y Iris  Jambucina  donnèrent  de  pouce  V cube, 
qui  contenoit  de  gaz  oxygène. 

Quatre  grands  pavots  doubles  mis  sous  l’eau  et 
au  soleil  pendant  64  heures  ont  donné  les  ~~  d’un 
pouce  \ cube;  il  y avoit  d’acide  carbonique  et  le 
reste  d’azote;  en  répétant  l’expérience  j’y  trouvai  un 
peu  moins  d’azote. 

Un  grand  nombre  de  fleurs  de  pois  tenues  sous 
l’eau  pendant  10  heures,  donnèrent  | d’un  pouce  ~ 
cube  d’air  meilleur  que  l’air  commun. 

§ CCII. 

Je  lins  pendant  21  heures  dans  l’air  à la  tempéra- 
ture de  8°  un  grand  nombre  de  fleurs  de  hyacintes 
bleues  dans  un  flacon  bien  fermé;  je  mis  dans  un 
autre  flacon  un  grand  nombre  de  leurs  tiges;  il  y 


( i85  ) 

eut  JJ  d'acide  carbonique  produit  avec  io°  d’azote  et 
io°  de  gaz  oxygène  absorbé  par  les^Zei^s. 

Les  tiges  fournirent  aussi  d’acide  carbonique 
produit  avec  n°  d’azote  et  n°  de  gaz  oxygène 
absorbé. 

Les  fleurs  , comme  leurs  queues , gâtent  donc  l’air 
commun  , mais  les  queues  avoient  conservé  leur 
odeur  un  peu  plus  que  les  fleurs. 

§ CCIII. 

Il  résulte  de  ces  expéi’iences , i°  que  les  pétales 
donnent  peu  d’air  sous  l’eau , et  que  cet  air  ne  con- 
tient que  peu  de  gaz  oxygène , de  l’acide  carbonique 
et  beaucoup  d’azote. 

2.°  Les  pétales  dans  l’air  absorbent  le  gaz  oxygène, 
produisent  l’acide  carbonique  et  l’azote. 

5.°  Les  étamines  absorbent  le  gaz  oxygène  et  pro- 
duisent l’acide  carbonique  avec  l’azote. 

4. °  Les  étamines  et  les  pistils  sous  l’eau  fournissent 
l’acide  carbonique , le  gaz  hy  drogène  et  un  peu  de 
gaz  oxygène. 

5. °  Les  fleurs  dont  la  lige  plonge  dans  l’eau  gâlent 
plus  l’air  où  elles  sonl  renfermées,  que  les  fleurs  en- 
tièrement à sec. 

6. °  Les  feuilles  absorbent  plus  de  gaz  oxygène 
que  les  fleurs. 


) 


( i36  ) 

CHAPITRE  VI. 

Les  fruits  et  les  graines  exposés  au  soleil,  sous- 
l eau  et  dans  l'air . 

§ CCIV. 

Il  me  restoit  encore  à poursuivre  ces  recherches 
de  la  même  manière  sur  les  fruits  et  les  graines; 
d autant  plus  que  ces  parties  des  végétaux  avoient 
été  plus  négligées,  sous  ce  point  de  vue,  par  les  phy- 
siciens qui  m’ont  précédé  dans  ce  genre  de  travail , 
que  celles  dont  je  viens  de  m’occuper. 

3 ccv. 

Je  voulus  d’abord  comparer  l’influence  des  pom- 
mes et  des  poires  sur  Y air , avec  celle  que  leurs 
feuilles  exerce  sur  ce  fluide. 

Je  mis  donc  une  feuille  de  pommier  sous  un  tube 
contenant  29,71  centimètres  cubes,  ou  1 pouce  ^cube 
d’air  commun  ; je  la  plaçai  de  celte  manière  dans 
ma  chambre , où  elle  resta  24  heures  ; au  bout  de 
ce  temps  elle  absorba  tout  le  gaz  oxygène  et  pro- 
duisit 3°  d'acide  carbonique. 

Une  feuille  de  poirier  , placée  de  même  , absorba 
i5°de  gaz  oxygène  et  produisit  5°  d’acide  carbo- 
nique. 

La  moitié  d’une  pomme  verte , coupée  en  quatre 
portions  , mise  sous  l'eau  au  soleil  donna  assez  d’air; 
il  conlenoit  d’acide  carbonique  et  d’azote. 

Je  mis  de  même  dans  3g, 45  centimètres  cubes  , ou 
3 pouces  cubes  d’air  commun  , le  quart  d’une  poire 
verte  , que  j’exposai  au  soleil  pendant  trois  heures; 


( ) - 

je  disposai  un  autre  quart  de  la  même  manière , et 
je  le  mis  à l’ombre  pendant  le  même  temps. 

Le  morceau  de  poire  au  soleil  produisit  2°  d'acide 
carbonique  et  4°  d’azote , à Y ombre  il  y eut  2°  de  gaz 
oxygène  absorbé  et  2°  d’acide  carbonique  produit. 

§ CCVI. 

Je  tins  pendant  deux  heures  et  demie  dans  4g, 54 
centimètres  cubes , ou  2 pouces  i cubes  d’air  com- 
mun au  soleil  deux  cerises  mûres , elles  y absorbè- 
rent 4°  i de  gaz  oxygène  et  y produisirent  2°  ^ d’a- 
cide carbonique  avec  2°i  d’azote. 

Je  tins  pendant  trois  heures  deux  autres  cerises 
dans  lu  même  quantité  d'air  commun , elles  absor- 
bèrent i8°i  de  gaz  oxygène  et  produisirent  8°  d’a- 
cide carbonique. 

§ CCVII. 

Je  mis  treize  figues  bien  vertes  au  soleil  pendant 
24  heures  ; elles  y produisirent  de  l’air  contenant 
les  — d’un  pouce  - cube,  contenant  ■—  d’acide 
carbonique  de  gaz  oxygène  et  d’azote. 

Je  tins  pendant  six  heures  une  figue  verte  au  soleil 
dans  5i,45  centimètres  cubes,  ou  5 pouces  cubes 
d’air  commun,  elle  y étoit  coupée  en  quatre  mor- 
ceaux; il  y eut  4°  ^ d’air  produit,  dont  5°  étoit  de 
l’acide  carbonique;  mais  il  y eut  aussi  8°  ^ de  gaz 
oxygène  absorbé. 

§ CCVIII. 

J’exposai  sous  l'eciu  au  soleil,  pendant  sept  heures, 
une  grosse  grappe  de  raisins  blancs  bien  mûrs.  La 
surface  des  grains  se  couvrit  de  petites  bulles,  qui 
ne  grossirent  pas,  et  qui  ne  se  détachèrent  point, 


( 1 38  ) 

lorsque  j’agitai  le  vase  où  cette  grappe  é toit  placée , 
elles  étoient  encore  à la  même  place  après  ces  sept 
heures  , au  moins  pour  la  plus  grande  partie,  quel- 
ques-unes seulement  s’étoient  échappées  à la  cime 
du  vase  ; il  y en  eut  si  peu  qu’elles  ne  m’offrirent  que 
les  -f~  d’un  pouce  ~ cube  ; mais  dans  ces  28°  j’en 
trouvai  8°  de  gaz  oxygène,  4°  d’acide  carbonique  et 
le  reste  d’azote. 

J’exposai  de  même  au  soleil  pendant  sept  heures 
9 grains  mûrs  de  ces  raisins  dans  59,45  centimètres 
ou  5 pouces  cubes  d’air  commun  ; ils  y produisii’ent 
6°  d’acide  carbonique  et  20  d'azote  , et  ils  absorbè- 
rent 20  de  gaz  oxygène. 

Je  tins  de  la  même  manière  9 de  ces  grains  de  rai- 
sins dans  la  même  quantité  d’air  commun  , à l'ombre, 
pendant  le  même  temps , je  trouvai  5°  d’acide  car- 
bonique produit  et  5°  de  gaz  oxygène  absorbé. 

Il  y eut  donc  une  différence,  dans  ces  deux  cas; 
au  soleil  comme  à l’ombre,  j’eus  5°  d’acide  carbo- 
nique, mais  au  soleil  ces  5°  furent  ajoutés  à l’air  qui 
environnoit  les  raisins  , au  lieu  qu’à  l’ombre  il  y eut 
5°  de  gaz  oxygène  absorbé , tandis  qu’il  y en  eut 
seulement  20  au  soleil  et  20  d’azote  produit. 

§ CCIX. 

J’exposai  au  soleil  pendant  quatre  heures  dans 
5g, 45  centimètres  cubes , ou  5 pouces  cubes  d’air 
commun  , une  petite  figue  cVinde  verte  et  acerbe  ; 
pendant  le  même  temps  je  mis  un  morceau  de  cac- 
tus cochinilifer  dans  5 pouces  cubes  d’air  commun. 

Le  fruit  produisit  6°  d’air  dont  il  y eut  5°  d’acide 
carbonique , et  il  absorba  20  de  gaz  oxygène. 


( l89  ) 

La  feuille  produisit  5°  d’air , où  il  y en  avoit  4°  de 
ga,  oxygène.  * ^ 

J’exposai  au  soleil  deux  chcltaignes  mûres  dans 
la  même  quantité  d’air  commun  5 j’en  tins  deux 
autres  de  même  à l’ombre. 

Au  soleil  il  y eut  8°  \ d’acide  carbonique  produit 
et  4°  de  gaz  oxygène  absorbé. 

A V ombre  il  y eut  20  \ d’acide  carbonique  produit 
et  20  5 de  gaz  oxygène  absorbé. 

§ CCXI. 

Je  plaçai  dans  un  tube  long  et  large  deux  poignées 
de  glands  avec  leurs  involucres  ; ils  étoient  petits 
et  verts:  ils  restèrent  sous  l’eau  , au  soleil,  pendant 
huit  heures  : la  plus  grande  partie  de  l’air  sortit 
entre  le  gland  et  l’involucre.  J’en  mis  de  même  une 
petite  poignée  dans  5g, 45  centimètres  cubes,  ou  5 
pouces  cubes  d’air  commim  , et  ils  restèrent  au  soleil 
pendant  sept  heures. 

L’air  produit  au  soleil  sous  l’eau  fut  les  ~ de  cette 
quantité  d’air , il  conlenoit  ~ d’acide  carbonique 
et  ~ d’azote. 

Dans  l’air  ces  glands  absorbèrent  tout  le  gaz  oxy- 
gène 5 j’y  trouvai  26°  d’acide  carbonique  et  70  d’azote 
outre  les  8o°  qui  étoient  déjà  dans  l’air  commun. 

§ ccxir. 

J ’exposai  pendant  4 heures  | au  soleil , dans  la 
même  quantité  d’air  commun,  des  baies  de  la  San - 
guinelle  ,*  elles  absorbèrent  tout  le  gaz  oxygène  , 
produisirent  12°  d’acide  carbonique  et  4°  d’azote. 


I 


( *9°  ) 

§ CÇXIII. 

J'exposai  au  soleil  pendant  5 heures  dans  la 
même  quantité  d’air  commun , des  baies  demi- 
acerbes  du  Solarium  tuberosum , du  Solanum  me * 
longena  et  du  Poivre  long . 

Les  baies  du  Solanum  tuberosum  produisirent 
5°  d’acide  carbonique  et  laissèrent  l’air  intact. 

Celles  du  Solanum  melongena  absorbèrent  1 1°  de 
gaz  oxygène. 

Celles  du  Poivre  long  absorbèrent  i°  ^ de  gag 
oxygène. 

§ CCX1V. 

J’exposai  pendant  six  heures  sous  l’eau  , au  soleil , 
12  siliques  vertes  de  haricots  , dans  l’air  produit  il 
y eut  2°  de  gaz  oxygène , 20°  d’acide  carbonique  et 
78°  d’azote. 

J’exposai  de  même  au  soleil  dans  5q ,45  centimè- 
tres cubes  , ou  5 pouces  cubes  d’air  commun  , 4 sili- 
ques de  haricots,  elles  y détruisirent  i4°  de  gag 
oxygène  et  y produisirent  120  d’acide  carbonique 
et  6°  d’azote. 

§ CC XV. 

J’exposai  sous  l’eau  au  soleil  , pendant  7 heures, 
un  grand  nombre  de  baies  noires  du  Laurier  , elles 
11’y  donnèrent  que  54,66  centimètres  cubes  , ou  un 
pouce  et  | cube  d’air,  qui  contenoit  48°  d’acide  car- 
bonique, 2°  de  gaz  oxygène  , probablement  attaché 
aux  baies , et  le  reste  d’azote  : ces  baies  se  couvrirent 
de  petites  bulles. 

Je  fis  la  même  expérience  sur  des  baies  vertes; 
elles  donnèrent  moins  d’air  que  les  mûres , il  n’y  en. 


( 191  ) 

avoit  que  le  quart  de  5 pouces  cubes , dont  il  y eut 
6°  d’acide  carbonique  , 8°  de  gaz  oxygène  et  le  reste 
d’azote  : les  baies  vertes  donnent  donc  plus  de  gaz 
oxygène  que  les  mûres. 

J’exposai  12  baies  de  laurier  dans  5g, 45  centi- 
mètres cubes , ou  5 pouces  cubes  d’air  commun  au 
soleil;  pendant  7 heures  elles  absorbèrent  io°  de 
gaz  oxygène  et  produisirent  6°  d’acide  carbonique. 

Douze  de  ces  baies  , exposées  sous  l’eau , ne  don- 
nèrent. presque  point  d’air. 

§ CCXVI. 

Je  mis  12  fleurs  de  Valthea  ojjicinalis  pendant 
six  heures  sous  l’eau  au  soleil,  elles  y donnèrent  g, go 
centimètres  cubes,  ou  un  | pouce  cube  d’air  , conte- 
nant un  peu  d’acide  carbonique  et  le  reste  d’azote. 

Trois  fleurs  d’althea  exposées  au  soleil  dans  5g, 4 5 
centimètres  cubes , ou  5 pouces  cubes  d’air  commun 
pendant  trois  heures , absorbèrent  tout  le  gaz  oxy- 
gne,  produisirent  6°  d’acide  carbonique  et  20  d’azote. 

Deux  feuilles  d’althea  exposées  au  soleil  dans  la 
même  quantité  d'air  commun  , pendant  six  heures , 
produisirent  20  d’air,  je  trouvai  dans  le  mélange  5.9 
d’acide  carbonique  produit  et  i°  de  gaz  oxygène 
absorbé. 

Deux  autres  feuilles  mises  sous  Veau  du  puits  au 
soleil , pendant  six  heures , produisirent  5°  d’air , 
c’éloit  5°  de  gaz  oxygène  ; dans  l’eau  distillée 3 elles 
donnèrent  quelques  bulles  d’un  air  excellent. 

Huit  capsules  vertes  d’althea , contenant  leui's 
graines  et  dépouillées  de  la  corolle  verte  , furent  ex- 
posées pendant  six  heures  au  soleil , dans  la  même 


( *92  ) 

quantité  d'air  commun  ; elles  y absorbèrent  tout  le 
gaz  oxygène,  et  produisirent  io°  d'acide  carbo- 
nique et  io°  d’azote. 

Huit  autres  capsules  semblables , exposées  sous 
l’eau  au  Soleil  pendant  le  meme  temps,  produisirent 
— d’air  de  5 pouces  cubes  : c’étoit  de  l’acide  carbo- 
nique. 

§ CCXYII. 

J’exposai  au  soleil  dans  5g, 45  centimètres  cubes, 
ou  5 pouces  cubes  d’air  commun , pendant  trois 
heures,  deux  cônes  verts  du  sapin  sauvage;  ils  y 
produisirent  2°  d’acide  carbonique , et  laissèrent 
l’air  intact.  _ 

Les  fruits  durs  , résineux  et  ligneux  du  pin  et  du 
sapin  ne  gâtent  pas  l’air,  ils  produisent  au  soleil  un 
peu  d’acide  carbonique. 

§ CXCVIII. 

J’exposai  au  soleil , sous  Veau  du  puits  , 3 épis 
verts  du  seigle , j’en  mis  autant  dans  l’eau  privée 
d’acide  carbonique  v les  tiges  et  les  barbes  furent 
couvertes  de  bulles. 

Les  épis  dans  Veau  du  puits  donnèrent  six  fois 
plus  d’air  que  dans  l’eau  désacidulée  , et  il  étoit  deux 
fois  meilleur  que  l’air  commun;  il  fut  aussi  très-bon 
dans  l’eau  désacidulée. 

§ CCXIX. 

Les  graines  de  V ALcœa  rosea  mures  furent  expo- 
sées en  grand  nombre  sous  l eau  au  soleil  pendant 
huit  heures , elles  y donnèrent  trois  quarts  de  pouce 
cube  d’air;  un  quart  étoit  de  l’acide  carbonique,  le 
reste  de  l’azote. 


J’exposai 


( i93  ) 

i. 

J’exposai  de  meme  un  grand  nombre  de  ces  graines 
dans  5g, 45  Centimètres  cubes  , ou  3 pouces  cubes 
d’air  commun , pendant  le  même  temps  ; elles  absor- 
bèrent g"  de  gaz  oxygène  , et  produisirent  y0  d’acide 
carbonique» 

§ ccxx. 

J’exposai  pendant  quatre  heures  au  soleil , dans  la 
même  quantité  d'air  commun  que  la  précédente , 
huit  petites  galles  des  pétioles  des  feuilles  du populus 
alba  ; elles  étoient  grosses  comme  une  baie  de  lau- 
rier , elles  absorbèrent  tout  le  gaz  oxygène,  pro- 
duisirent 90  d’acide  carbonique , et  conservèrent  leur 
couleur» 

§ CCXXT. 

J’exposai  au  soleil  pendant  trois  heures  | dans 
59,64  centimètres  cubes,  ou  2 pouces  cubes  d’air 
commun  cinq  petites  galles  rougeâtres  de  l’osier 
salix  vitellina  ; elles  y produisirent  5°  d’acide  car- 
bonique et  absorbèrent  5°  de  gaz  oxygène» 

11  se  forma  un  creux  dans  ces  petites  galles;  le  ver 
qui  y habitoit  étoit  vivant  après  fi expérience;  cela 
ne  doit  pas  étonner , puisque  ces  vers  qui  sont  ex- 
posés tout  le  jour  au  soleil  y vivent  fort  bien» 

§ CCXXII. 

Enfin  j’exposai  sous  l'eau  , au  soleil,  18  galles  du 
chêne,  elles  conlenoient  en  apparence  le  petit  œuf 
qui  devoit  donner  naissance  au  ver;  mais  c’étoit  le 
ver  lui-même  , prêt  à se  changer  en  chrysalide.  L’air 
produit  contenoit  io°  d'acide  carbonique  et  le  reste 
d’azote. 

Je  mis  de  même  dans  59,45  centimètres  cubes  , oit 
Tome  5.  . N 


( i94  ) 

5 pouces  cubes  cl’air  commun  , trois  galles  plus  pe- 
tites; elles  y restèrent  trois  heures  au  soleil;  ces 
trois  galles  réunies , qui  faisoierit  à peine  une  des 
galles  précédentes,  absorbèrent  4°  de  gaz  oxygène 
et  produisirent  5°  d’acide  carbonique. 

§ CCXXIll. 

Il  résulte  de  ces  expériences,  i°  que  les  fruits  à 
l’ombre,  dans  l’air,  absorbent  le  gaz  oxygène  et  pro- 
duisent l’acide  carbonique. 

2.°  Les  fruits  au  soleil , sous  l’eau , donnent  le 
gaz  acide  carbonique  et  quelquefois  un  peu  de  gaz 
oxygène. 

5.°  Les  siliques , les  baies  donnent  de  cette  ma- 
nière beaucoup  d’azote. 

4.°  Les  épis  verts  du  seigle  donnent  sous  l’eau 
beaucoup  de  gaz  oxygène. 

CHAPITRE  Y IL 

Réflexions  générales  sur  les  sujets  traités  dans 
ce  mémoire  (î). 

J’ai  dit  pourquoi  j’avois  fait  surtout  mes  expé- 
riences avec  des  plantes  grasses , ou  charnues  et 
exotiques  ou  indigènes , d’un  pays  plus  chaud  que 
le  nôtre;  je  senlois  que  leurs  feuilles  donneraient 
plus  d’air  que  les  feuilles  des  autres  plantes  , parce 
qu’ayant  une  épaisseur  plus  grande,  elles  dévoient 


(i)  Ces  réflexions  sont  traduites  d’un  morceau  compose  par 
Spallanzàni,  et  je  les  donne  ici  comme  je  les  ai  trouvées  dans 
scs  papiers. 


i 


( ) 

'en  contenir  davantage;  outre  cela  leur  épiderme 
étant  pins  dur  et  plus  résistant,  illeur  faisoit  mieux 
supporter  les  inconvéniens  de  la  clôture  dans  une 
atmosphère  fort,  humide  > et  les  rendoit  plus  propres 
à des  expériences  prolongées.  Enfin  , comme  ces 
plantes  croissent  dans  des  climats  plus  chauds  que 
les  nôtres,  je  ne  pouvois  supposer  qu’elles  souffris- 
sent par  une  chaleur  de  6 ou  7 0 plus  grande  qu’elles 
éprouvoient  sous  mes  vases  au  soleil  qu’en  plein  air, 
dans  ce  pays,  sous  les  rayons  de  cet  astre  , tandis 
qu’elles  dévoient  en  éprouver  une  plus  forte  encore 
dans  leur  vraie  patrie. 

Ces  plantes , constamment  exposées  au  soleil  sous 
l’eau , m'ont  toujours  donné  beaucoup  d’air  meil- 
leur que  l’air  commun  , parce  qu’il  y avoit  beaucoup 
plus  de  gaz  oxygène;  c’étoit  néanmoins  un  mélange 
des  gaz  oxygène , carbonique  et  azote. 

Quand  l’eau  dans  laquelle  ces  plantes  donnent  de 
l’air  au  soleil  est  acidulée  avec  l’acide  carbonique , le 
gaz  oxygène  qu’elles  fournissent  est  plus  pur  et  en 
plus  grande  quantité. 

Senebier  prétend  que  si  l’eau  qui  environne  la 
plante  est  privée  d’acide  carbonique,  elle  ne  donne 
pas  de  gaz  oxygène.  Je  n’ai’ pas  encore  fait  cette 
observation  ; mais  comme  l’eau  du  puits  dont  je 
me  suis  servi  confient  plus  ou  moins  décide  carbo- 
nique, je  n’ai  pu  décider  celle  question  avec  elle. 

J’ai  bien  vu  que,  les  plantes  mises  à l’ombre  sous 
l’eau  ne  donnent  point  d’air,  ou  si  elles  en  donnent, 
ce  qui  est  rare  , il  est  mauvais. 

Mais  si  l’on  expose  les  plantes  au  soleil  dans  l’air* 


( jg6  ) 

commun , alors  elles  l’augmentent  plus  ou  moins , et 
il  se  trouve  , pour  l'ordinaire , moins  bon  qu’il  n’é- 
toit.  Cependant,  celte  augmentation  de  l’air  et  ce 
gaz  oxygène  supérieur  en  pureté  à l’air  commun 
que  quelques  plantes  donnent  dans  l’air  clos , ne  sont 
jxas  comparables  à la  quantité  d’air  et  de  gaz  oxygène 
que  ces  plantes  produisent  lorsqu’elles  sont  environ- 
nées d’eau  de  toutes  parts. 

Il  y a donc  une  cause  qui  trouble  plus  ou  moins  la 
sortie  de  l’air  ou  du  gaz  oxygène  dans  les  piaules 
plongées  dans  l’a  if  commun , lorsqu’elles  sont  expo  - 
sées  au  soleil  : quelle  peut  être  cette  cause  ? 

Ce  n’est  pas  la  chaleur  intérieure  des  vases  où  se 
faiL  l’expérience , puisque  , comme  je  l’ai  observé 
jusqu’à  présent,  elle  doit  être  pelile  relativement  à 
la  chaleur  que  les  plantes  exotiques  dont  je  me  suis 
servi  éprouvent  dans  leur  patrie. 

Ce  n*esl  pas  la  clôture  des  vases  pleins  d’airs  qui 
empêche  la  sortie  de  l’air  hors  des  plantes  qui  y sont 
renfermées,  puisque  l’on  observe  les  mêmes  phéno- 
mènes dans  les  vases  fermés  hermétiquement , comme 
dans  ceux  qui  ne  le  sont  pas. 

Mais  il  est  facile  de  voix-  que  , pour  se  former  une 
idée  de  cet  obstacle  , il  faudroit  connoître  la  vraie 
cause  productrice  de  l’air  rendu  par  les  plantes  ex- 
posées sous  l’eau  au  soleil. 

On  a deux  hypothèses  pour  expliquer  ce  fait, 
l’une  est  tirée  de  l’eau  elle-même  ; elle  est  adoptée 
par  plusieurs  physiciens  et  par  M.  Four  roy  , dans 
sa  Chimie , T.  IV , pag.  io.  Il  prétend  que  l’eau 
absorbée  par  les  plantes  et  portée  dans  les  feuilles  s'y 


i 


I 


( 19-7  ) 

décompose  , que  les  feuilles  absorbent  l’hydrogène 
et  laissent  libre  l’oxygène;  mais  que  la  lumière  fa. 
vorise  celte  décomposition,  puisqu’elle  ne  se  fait  pas 
à l’ombre.  Il  est  donc  clair  qu’il  doit  y avoir  une 
plus  grande  absorption  de  l’air  par  les  plantes  plon- 
gées dans  l’eau  et  exposées  au  soleil , que  dans  l’air, 
puisqu’elles  ne  peuvent  sucer  dans  l’air  que  la  petite 
quantité  d’eau  qu’il  y a. 

La  seconde  hypothèse  est  tirée  de  l’acide  carbo- 
nique décomposé  dans  les  plantes  ; elle  est  toute 
entière  de  Senebier.  Voici  quelques-unes  des  raisons 
qu’il  emploie  pour  l’établir  comme  il  me  les  a com- 
muniquées dans  sa  lettre  du  21  Février  1798. 

« J’ai  fait  voir  que  les  plantes  11e  donnent  dans 
» l’eau  du  gaz  oxygène  que  lors  que  l’eau  où  on  les 
» place  contient  de  l’acide  carbonique.  » 

» Desaussure  le  fils  a bien  montré  que  les  plantes 
» végéloient  mal  dans  un  air  privé  d’acide  carbo- 
» nique  et  qu’elles  végéloient  vigoureusement  dans 
» une  atmosphère  qui  en  conlenoit  jusques  à un 
» douzième  de  son  volume.  » 

Il  lire  de  là  ceLle  conséquence  qu’il  n'est  pas  dou- 
teux que  l’origine  du  gaz  oxygène  dans  les  plantes 
ne  soil  la  décomposition  de  l’acide  carbonique. 

« C’est  encore  un  fait  bien  prouvé,  ajoute  Sene- 
» hier,  que  la  terre  de  jardin,  celle  des' prés,  des 
» champs  fournissent  une  grande  abondance  d’a- 
» eide  carbonique  à l’air  libre  comme  dans  les  vases 
» clos,  et  que  celle  terre  perd  cette  propriété  , lors- 
» qu’elle  a été  bouillie  long-temps  dans  beaucoup 
v d'eau , et:  qui  m’a  fait  croire  avec  beaucoup  d’au- 


( 198  ) 

» très  considérations , que  la  sève  portoit  dans  les 
» feuilles  cet  acide  carbonique  qui  s'y  décomposoit 
» par  l’action  de  la  lumièi-e.  » 

En  comparant  les,deux  hypothèses,  celle  de  l’eau 
et  celle  de  l'acide  carbonique,  je  préfère  la  seconde, 
La  première  n’a  pas  les  bases  sur  lesquelles  la  seconde 
repose.  Outre  les  raisons  que  Senebier  m’a  données 
dans  sa  lettre  pour  appuyer  sou  opinion,  j’en  ai 
aussi  qui  la  favorisent,  elles  sont  tirées  de  ce  que 
le  cactus  cochilinifer  environné  par  une  eau  chargée 
d’acide  carbonique  donne  beaucoup  plus  d’air,  que 
lorsqu’elle  en  a peu,  ou  qu’elle  en  manque,  et  je 
crois  eu  avoir  trouvé  plusieurs  autres  exemples  dans 
la  longue  suite  de  mes  expériences. 

Les  plantés  environnées  d’eau  et  exposées  ainsi 
au  soleil  donnent  de  l’acide  carbonique  ^ on  le  trouve 
abondamment  dans  le  gaz  oxygène  produit  alors 
par  ces  plantes,  comme  je  l’ai  vu  avec  le  cactus 
cochinilifer , et  l’on  peut  l’expliquer  en  disant , que 
Ja  lumière  n’a  pas  suffi  pour  décomposer  tout  l’acide 
carbonique  qui  sort  de  la  plante,  et  qu’il  y en  a quel- 
que petite  portion  , qui  s’échappe  avec  le  gaz  oxygène 
devenu  gaz  par  sa  combinaison  avec  le  calorique. 
Enfin  l’acide  carbonique  que  l’on  trouve  toujours 
en  plus  ou  moins  grande  quantité  dans  les  gaz  hy- 
drogène et  azote,  où  l’on  fait  végéter  les  plantes  , est 
une  nouvelle  preuve,  qu’elles  en  laissent  échapper, 
comme  cela  arri  ve  lorsque  les  plantes  ne  paroissenl 
pas  même  avoir  souffert  , ce  que  j’ai  vu  dans  les 
plantes  grasses  exotiques  j on  ne  peut  pas.  dire  alors, 
que  cet  air  soit  lq  produit  de  la  fermentation  qu’elles 
ont  éprouvée* 


( 199  ) 

Quand  on  a posé  ces  faits,  on  explique  comment 
les  plantes  plongées  sous  l’eau  donnent  beaucoup 
plus  de  gaz  oxygène,  que  lorsqu’elles  sont  dans  l’air 
commun , parce  que  dans  la  supposition  fondée  que 
les  eaux  contiennent  de  l’acide  carbonique , les  plantes 
qui  y sont  plongées  doivent  donner  plus  de  gaz 
oxygène  , parce  qu’elles  absorbent  l’eau  avec  plus 
d’acide  carbonique  , que  dans  l’air  qui  ne  contient 
pour  l’ordinaire  que  d’acide  carbonique  de  son 
volume. 

Voici  comment  Senebier  en  rend  raison  , d’après 
ces  principes.  « Les  plantes  sous  l’eau  sont  envelop- 
» pées , m’écrit-il,  par  l’acide  carbonique  qu’elle 
» contient , et  les  plantes  le  boivent , surtout  par 
» leurs  pétioles , alors  la  lumière  le  décompose  dans 
» leur  parenchyme;  mais  la  quantité  de  cet  acide 
» carbonique  est  très-petite  dans  l’air.  Il  doit  donc 
» y avoir  dans  le  premier  cas  beaucoup  de  gaz 
» oxygène  produit  ; tandis  qu’il  y en  aura  moins 
» dans  l’air  clos,  et  surtout  quand  la  plante  y sera 
» altérée  , on  par  la  chaleur  , ou  par  l’humidité 
» produite  par  l'évaporation  de  la  plante , ou  par 
)>  tous  les  deux.  » 

On  voit  ainsi  pourquoi  la  plupart  des  plantes 
plongées  dans  l’air  ne  donnent  pas  du  gaz  oxygène, 
et  pourquoi  elles  le  gâtent  plus  ou  moins  ; l’acide 
carbonique  ne  pouvant  se  décomposer  à cause  de 
l’absence  de  la  lumière , se  mêle  réduit  en  gaz  avec 
l’air  commun. 

Il  est  aussi  probable  qu’alors  outre  l’acide  car- 
bonique sorti  de  la  plante  il  s’en  forme  encore  au 


( 200  ) 

dépens  de  Pair  commun  avec  le  charbon  de  là  plante. 
J’ai  observé  que  toutes  choses  étant  d’ailleurs  égales, 
quelques  plantes  donnent  dans  Pair  commun  plus 
d acide  carbonique  que  dans  les  gaz  hydrogène  et 
azote. 

En  récapitulant  donc  mes  observations  sur  les 
plantes  grasses , il  me  paroît  démontré  que  ces  plantes 
qui  donnent  le  plus  de  gaz  oxygène  , lorsqu’elles 
sont  plongées  sous  Peau , et  qui  en  donnent  alors 
plus  que  dans  leur  état  naturel,  c’est-à-dire  au  soleil 
dans  Pair,  en  donnent  peu  dans  Pair  clos;  de  sorte 
qu’il  n’y  a pas  de  raison  pour  qu’elles  en  donnent 
beaucoup  davantage  à Pair  libre  , d’autant  plus  que 
sans  lumière  Pair  que  les  plantes  fournissent  est 
plutôt  mauvais  que  bon.  Aussi  je  ne  saurois  dire 
quel  moyen  compensateur,  il  peut  y avoir  pour 
remplacer  le  gaz  oxygène  que  les  animaux  con- 
somment (1  ).. 


(i)  Note  de  l’Editeur.  Ici  finit  tout  ce  que  Spallanzani  a voit 
çomposé  pour  le  mémoire  qu’il  vouloil  donner  à ce  sujet. 


( 201  ) 


Lettre  du  Professeur  Spallanzani  à 
Monsieur  Jean- Antoine  Giobert , 
célébré  chimiste  , 

y . • 

Sur  les  plantes  renfermées  sous  des  vaisseaux 
pleins  d eau  ou  d'air  , et  exposées  à l'action 
immédiate  de  la  lumière  solaire  comme  à 
l'ombre  (1). 

ous  vous  souviendrez  aisément,  Monsieur,  que 
lorsque  vous  vîntes  à Pavie  l’hiver  passé , Arous  me 
files  une  aimable  visile,  et  qu’entre  les  diverses  choses 
dont  nous  parlâmes,  je  vous  enlrelins  de  quelques- 
unes  de  mes  observations  commencées  sur  l’air 
que  les  piaules  fournissent  au  soleil , et  je  vous  dis 
que  je  les  avois  trouvées  discordantes  avec  celles 
qu’a  voient  faites  sur  le  même  sujet,  deux  illustres 
physiciens,  fngenhouz  et  Senebier.  Je  crois  encore 
que  je  vous  avois  parlé  des  motifs  qui  nfa voient 
engagé  à faire  ces  recherches.  L’intérêt  que  vous 
y mîtes  et  la  curiosité,  que  vous  manifestâtes  pour 
en  connoître  les  résultats  me  font  croire,  que  vous 
verrez  sans  peine  que  je  vous  en  communique  les 
principaux  dans  celte  lettre. 


(1)  Note  rie  V Editeur.  Spallanzani  m’envoya  cette  lettre  eu 
manuscrit  avant  de  la  publier,  et  je  l’engageai  à la  faire  imprimer, 
afin  que  l’on  sût  les  découvertes  qu’il  avoit  faites  , et  celles  qu’il 
piéparoit.  J’ai  cru  convenable  de  la  joindre  ici  , quoiqu’elle  ait 
déjà  paru  dans  le  Journal  de  physique  et  les  Annales  de  chimie, 
afin  que  l’on  eût  touL  ce  que  Spallanzani  a fait  sur  cc  sujet,  et 
que  l’on  pût  juger  ses  expériences  que  j’ai  racontées  d’après  les 
lopres  idées  de  ce  grand  observateur. 


( 202  ) 

Mais  avant  de  le  faire  permettez-moi  de  vous 
donner  une  idée  de  quelques-unes  de  mes  observa- 
tions sur  les  plantes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  et 
à l’ombre;  parce  qu’elles  me  paraissent  liées  étroi- 
tement  avec  mon  but.  Un  des  objets  capitaux  des 
recherches  des  deux  physiciens  dont  j’ai  parlé  a été 
surtout  de  connoîlre  la  quantité  et  la  qualité  de  l’air 
produit  ; après  avoir  déterminé  la  première,  ils  s’ac- 
cordent sur  la  seconde  ; ils  trouvent  que  cet  air- 
chargé  d’une  plus  grande  quantité  de  gaz  oxygène 
que  l’air  commun  est  meilleur  que  lui,  et  ils  en 
fixent  le  degré  précis.  On  ne  pouvoit  pas  faire  da- 
vantage avec  les  moyens  qu’ils  avoient  alors.  Comme 
cet  air  n’étoit  jamais  pur  , que  je  sache;  le  gaz  oxy- 
gène fourni  par  les  plantes  devoit  être  mêlé  avec 
quelque  substance  méphitique.  Mais  quelle  est  la  na- 
ture de  cette  substance?  C’est  ce  qu’il  imporloit  de 
savoir;  par  le  moyen  de  votre  eudiomèlre,  je  suis 
parvenu  à découvrir  que  le  gaz  oxygène  fourni  par 
les  plantes  exposées  sous  l’eau  au  soleil  est  insépa- 
rablement joint  avec  le  gaz  azote  , et  souvent  encore 
avec  l’acide  carbonique , donl  je  me  réserve  de  donner 
une  fois  les  proportions. 

Senebier  a été  le  premier  qui  a observé  que  les 
plantes  exposées  au  soleil  sous  l’eau  chargée  d’acide 
carbonique  donnent  une  quantité  plus  grande  d’air , 
et  qu’il  est  alors  beaucoup  plus  pur.  Il  découvrit 
aussi  au  contraire,  que  les  eaux  distillées  et  bouillies 
privées  ainsi  de  leur  acide  carbonique  font  produire 
aux  feuilles  beaucoup  moins  d’air  que  l’eau  com- 
mune. 11  trouva  néanmoins  une  exception  dans  le 


( 2o5  ) 

ffimpervivinn  tectorum , et  la  joubarbe,  qui  don- 
nent. souvent  une  égale  quantité  d’air  dans  les  eaux 
bouillies  distillées  et  communes. 

Mes  observations  cadrent  fort  bien  avec  les  siennes 
sur  cette  plante  placée  au  soleil  dans  l’eau  privée 
d’acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux;  mais  je  vois 
encore  qu’un  nombre  d’autres  plantes  qui  n’est  pas 
petit  fournit  autant  d’air,  et  que  cet  air  est  égale- 
ment bon  dans  celte  eau,  comme  dans  l’eau  com- 
mune. Je  démontrerai  même,  que  diverses  planles 
ne  refusent  pas  de  montrer  le  même  phénomène 
dans  l'eau  de  chaux. 

Quant  à l’eau  chargée  d’acide  carbonique,  mes 
expériences  m’ont  faiL  voir,  que  dans  quelques  planles 
l’air  produit  au  soleil  dans  cette  eau  est  plus  abon- 
dant que  dans  l’eau  commune;  mais  qu’il  y a d’au* 
1res  plantes,  où  elle  est  égale , quand  l’eau  est  dis- 
crètement acidulée  par  l’acide  carbonique;  et  que 
la  production  d’air  est  beaucoup  plus  petite,  quand 
l’eau  en  est  saturée. 

Que  peut-on  penser  de  ces  anomalies  ? Peut-être 
que  certaines  planles  ne  produisent  abondamment 
Je  gaz  oxygène,  que  lorsqu’elles  sont  en  contact  avec 
l’eau  chargée  de  l’acide  carbonique  , qu’elles  décom- 
posent, et  que  d’autres  fournissent  ce  gaz  oxygène 
par  la  décomposition  de  l’eau.  Vous  voyez  bien 
que  je  fais  ici  allusion  aux  deux  grandes  théories 
qui  sont  le  plus  régnantes,  et  qui  sont  défendues 
par  des  auteurs  respectables  ; je  me  permettrai  d’en 
dire  ce  que  je  pense. 

A présent,  si  au  lieu  d’exposer  les  plantes  à l’action 


( 204  ) 

• • I 

immédiate  du  soleil,  on  les  place  à l’obscurité  de 
la  nuit  naturelle,  ou  artificielle,  la  scène  change 
tout-à-fait  d’apparence.  Ce  changement  a été  vu 
sous  deux  points  de  vue  différens  par  Ingenhouz  et 
Senebier  ; le  premier  veut  que  les  plantes  fournis- 
sent alors  un  air  purement  méphitique  et  fort  mau- 
vais. Le  second  affirme  que  les  planles  ne  donnent 
point  alors  d’air  perceptible  sous  l’eau , et  que  si 
elles  en  donnent,  cet  air  méphitique  est  en  très-petite 
quantité  et  le  produit  d’une  fermentation  commencée. 

Je  ne  veux  point  m’ériger  en  juge  entre  ces  deux 
physiciens , qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet  pendant 
plusieurs  années  ; d’autant  plus  que  je  ne  l’ai  étudié 
que  depuis  six  mois;  je  me  permettrai  seulement 
d’ouvrir  la  bouche  sur  cette  question  et  je  dirai 
qu’une  très-longue  suite  de  faits  m’engage  à pancher 
vers  l’opinion  du  naturaliste  de  Genève. 

Les  observations  faites  sur  les  plantes  couvertes 
d’eau  dévoient  me  servir  de  terme  de  comparaison 
pour  celles  que  j’ai  faites  dans  l’air  clos;  aussi  dans 
le  temps  que  je  renfermois  des  plantes  dans  l’air 
commun  sous  des  récipiens  et  que  je  les  exposai  ainsi 
au  soleil  et  à l’ombre,  je  laisois  les  mêmes  expériences 
dans  les  mêmes  circonstances  sous  l’eau.  J’entrepris 
celte  recherche , parce  qu’elle  étoit  nouvelle  en  grande 
partie,  puisque  les  deux  observateurs  dont  j’ai  parlé 
s’étoient  surtout  occupés  du  gaz  oxygène  fourni  par 
les  planles  exposées  sous  l’eau  au  soleil;  j’ignore  si  d’au- 
tres ont  étudié  ce  sujet  : je  l’entrepris  encore,  parce 
qu’en  faisant  ces  expériences  dans  l’air  sur  les  planles 
terrestres,  j’avois  l’avantage  de  les  étudier  dans  leur 


( 520  5 ) 

état  naturel  pour  leur  naissance,  leur  accroissement, 
leur  multiplication  et  dans  le  lieu  où  elles  se  trouvent 
véritablement  dans  leur  pleine  végétation  disposées  à 
verser  dans  l’air  le  gaz  oxygène.  Quand  on  les  con- 
sidère seulement  sous  l’eau  , ou  les  tient  dans  une 
situation  violente,  et  qui  ne  leur  est  point  naturelle. 
Il  n’y  avoit  aucun  danger  que  le  mélange  de  l’air 
produit  avec  celui  qu’elles  émettent  dans  l’air  où  on 
les  renferme  donnât  lieu  à des  équivoques  dans  les 
résultats;  parce  qu’en  connoissant  le  volume  de  l'air, 
où  les  plantes  avoient  été  renfermées  par  le  moyen 
d’un  tube  gradué,  en  faisant  rentrer  l’air  de  l’ex- 
périence dans  ce  tube,  je  savois  si  son  volume  s’é- 
toil  accru  , et  je  connoissois  la  quantité  de  l’accrois- 
sement ; l’eudiomèlre  m’apprenoit  alors  de  même 
combien  cet  air  s’étoit . amélioré  (1). 

Ingenliouz  appuyé  sur  des  raisonnemens  analo- 
giques pense  que  les  plantes  produisent  une  quantité 
de  gaz  oxygène  plus  grande  à l’air  libre  que  celle 
qu’elles  répandent  sous  l’eau. 

Senebier  a une  opinion  opposée:  il  prétend  au 
moins  que  les  plantes  doivent  donner  une  quanlié 
d’air  beaucoup  plus  petite  dans  l’air  libre  que  sous 
l’eau , et  il  l’établit  sur  des  raisons  très-plausibles  ; 
mais  il  croit  que  cel  air  rendu  par  les  plantes  est 


(i)  Note  de  l’Editeur.  Je  me  réserve,  dans  te  mémoire  que  je 
publierai  sur  ce  sujet,  de  détailler  toutes  les  attentions  et  tous  les 
moyens  que  j’ai  employés  pour  faire  ces  expériences  avec  la  plus 
grande  exactitude  , et  je  crois  pouvoir  dite  que  je  les  ai  poussées 
jusqu’au  scrupule. 


( 206  ) 

alors  meilleur  que  l’air  commun.  Il  falloil  donc 
consulter  la  nature  . et  voici  les  résultats  que  m’ont 
fourni  une  prodigieuse  quantité  de  végétaux  tenus 
au  soleil  dans  l’eau  et  dans  l’air. 

Toutes  les  plantes  confinées  dans  l’eau  ou  presque 
toutes  m’ont  fourni  une  qualité  d’air  contenant  beau- 
coup plus  de  gaz  oxygène  que  l’air  commun;  quel- 
ques-unes en  avoient  un  tiers  de  plus  , quelques 
autres  le  quadruple  et  même  davantage  ; mais  les 
choses  se  montrèrent  autrement  dans  l’air  commun , 
il  n’étoit  pas  rare  que  le  volume  en  fut  accru  de 
quelques  centièmes  ; cet  excès  étoit  peu  de  chose  eu 
comparaison  de  la  quantité  d’air  fournie  sous  l’eau 
par  les  mêmes  plantes;  plus  souvent  encore  l’air 
commun  restoit  comme  il  étoit,  mais  dans  d’autres 
le  gaz  oxygène  étoit  introduit  dans  les  plantes , et 
perdu  pour  l’atmosphère  où  elles  étoient  renfermées: 
il  est  vrai  qu’il  n’y  eut  qu’un  très-petit  nombre  de 
plantes  qui  donnassent  un  air  dont  la  quantité  du 
gaz  oxygène  fût  plus  petite  que  celle  de  -l'air  com- 
mun ; dans  un  grand  nombre  il  fut  égal;  dans  d’au- 
tres il  ne  lui  fut  supérieur  que  de  quelques  cen- 
tièmes de  degré,  et  les  plantes  qui  se  portèrent  le 
mieux  accrurent  seulement  de  cinq,  de  six  , de  neuf 
centièmes  au  plus  le  gaz  oxygène  atmosphérique  (lJ. 

En  prenant  donc  un  terme  moyen  la  quantité  de 


(i)  Note  de  Y Auteur.  Des  plantes  analogues  à ces  dernières 
' étoient  probablement  celles  dont  parle  Ingenhouz,  qui  avoient  le 
pouvoir  de  rendre  meilleur  l’air  gâte  quand  ou  les  y exposoit  à la 
lumière. 


( 207  ) 

ce  gaz  pi’oduit  dans  Pair  clos  par  les  plantes  qu’on 
y renfermoit,  fut  très- petite  comparée  avec  celle 
qu’on  obtenoit  dans  Peau.  D’où  il  x'ésulte  que  cette 
amélioration  considérable  de  Pair  atmosphérique 
qu’on  croit  produit  par  le  gaz  oxygène,  que  les 
plantes  y versent  dans  Peau  , n’est  pas  certainement 
celui  que  les  plantes  y Versent  dans  Pair  où  on  les 
renferme  ? 

Mais  que  dirons-nous  des  plantes  renfermées  dans 
l’obscurité , et  par  obscurité  je  n’entends  pas  seu- 
lement celle  de  la  nuit , mais  une  obscurité  bien 
moins  forte  comme  est  celle,  par  exemple,  d’une 
chambre  éclairée  par  la  lumière  réfléchie  du  soleil. 
Le  physicien  Hollandois  que  j’ai  loué  m’avoit  pré- 
venu à cet  égard,  il  avoit  démontré  que  les  plantes 
y gâtent  Pair  commun,  et  il  avoit  pensé,  que  cet 
effet  étoit  produit  par  une  exhalaison  empoisonnée 
sortant  de  la  plante  qui  étoit  en  partie  l'acide  car-, 
bonioue,  et  en  partie  Pair  entièrement  méphitique. 
Quoique  nous  soyons  d’accord  sur  l’altération  de 
Pair  , nous  sommes  bien  loin  de  l’être  sur  ses  causes, 
et  je  ri’ai  point  cru  que  ce  fût  une  peine  perdue  que 
de  reprendre  après  lui  ce  sujet. 

J’élois  à Pavie  pendant  ces  jours  offusqués  par 
ces  nuages  bas  et  opaques  qui  y sont  bien  plus  fré- 
quens  , que  les  jours  sereius  : de  sorte  qu’il  me  fut 
fucile  d’entreprendre  les  expériences  variées  et  nom- 
breuses que  je  pouvois  vouloir  faire.  Le  résultat 
fut  constamment  celui-ci.  Je  n’ai  jamais  vu  le  vo- 
lume de  Pair  commun  augmenté  par  les  plantes 
que  j’y  renfermois.  J’observai  au  contraire  qu’il  di- 


( 2ü8  ) 

miiiuoiL , et  que  cet  air  éto'il  surtout  altéré  par  la 
diminution  successive  de  son  gaz  oxygène;  et  par 
la  production  de  l’acide  carbonique  ; enfin  qu’au 
bout  de  quelques  heures  le  gaz  oxygène  étoit  dis- 
paru , l’altération  de  l’air  commun  est  donc  pro- 
duite par  le  pouvoir  qu’ont  les  plantes  de  produire 
avec  leur  oxygène  l’acide  carbonique,  mais  si  je 
faisois  passer  mes  plantes  de  l’obscurité  au  soleil  et 
même  à toute  la  clarté  du  jour,  elles  ne  cessoienl 
pas  de  devenir, sous  l’eau  où  on  les  plongeait,  une 
source  de  gaz  oxygène:  aussi  il  me  parut  que  les 
plantes  dévoient  causer  une  grande  altération  à l’air 
respirable  de  l’atmosphère,  si  je  calculois  la  durée 
des  ténèbres  nocturnes,  l’obscurité  répandue  parles 
jours  pluvieux,  par  les  nuages  noirs , et  l’ombre 
elle-même  produite  dans  un  ciel  serein  par  les  grands 
arbres  et  portée  sur  les  plantes  voisines;  je  voyois 
alors  combien  la  pureté  de  l’air  devait  en  souffrir. 

Les  observations  donLje  viens  de  parler  regai’dent 
les  feuilles  et  la  cime  des  plantes  naissantes,  comme 
celles  qui  fournissent  le  plus  d’air;  mais  il  y a d’au- 
tres parties  qui  allèrent  l’air  commun  à l’obscurité, 
cl  même  quelques-unes  à la  lumière  immédiate  du 
soleil.  Vous  comprenez  bien  que  je  veux  parler  des 
fleurs  et  des  fruits , et  cette  découverte  importante 
a éLé  en  très-grande  partie  faite  par  lngenhouz  : j’ai 
eu  le  plaisir  de  la  vérifier  sur  un  très-grand  nombre 
des  unes  et  des  autres,  et  elle  m’a  paru  peut-être 
sans  exception  dans  tout  le  règne  végétal.  U est  vrai 
que  ce  physicien  pense  que  ceLlc  altération  de  l’air 
est  alors  produite  par  une  émanation  pernicieuse  qui 

*6 


( 209  ) 

se  fait  hors  de  ces  parties  des  végétaux;  mais  je 
montrerai  qu’elle  est  produite  par  la  même  cause 
qui  vicie  l’air  à l’ombre  par  les  feuilles  et  les  tendres 
rameaux  des  plantes  qui  y sont. 

Eli  rassemblant  sous  un  seul  point  de  vue  les  faits 
principaux  relatifs  aux  plantes  exposées  au  soleil  et 
à l’obscurité  dans  le  sein  de  l’air,  il  en  résulte,  que 
les  feuilles  de  ce  nombre  infini  de  végétaux  et  leurs 
sommités  , lorsqu’elles  sont  frappées  par  la  lumière 
-immédiate  du  soleil  augmentent  la  quantité  du  gaz 
oxygène  qui  est  dans  l’air;  mais  que  cette  augmen- 
tation est  bien  loin  d’être  aussi  abondante  qu’op 
l’avoit  crue;  d’ailleurs  ces  parties  qui  fournissent  le 
gaz  oxygène  an  soleil  diminuent  la  quantité  de  ce 
même  gaz  pendant  la  nuit,  pendant  les  jours  om- 
breux. eL  le  changent  lentement  , mais  constamment 
en  acide  carbonique  î que  les  fleurs  le  diminuent  de 
même  à l’ombre  et  au  soleil , et  que  les  fruits  pro- 
- duisenl  presque  un  effet  semblable  à celui  des  fleurs» 
Que  conclure  donc  de  ces  effets  opposés?  Que  l’al- 
tération de  l’air  respirable  est  plus  grande  que  son 
amélioration,  ou  du  moins  que  le  mal  est  contre- 
balancé par  le  bien;  de  sorte  que  les  plantes  établi-* 
roient  une  espèce  d’équilibre  entre  la  production  de 
cet  air  vital  et  sa  destruction,  à peu  près  comme  la 
destruction  dans  la  masse  des  êtres  vivons  est  mise  en 
équilibre  par  leur  reproduction. 

Mais  dans  l’une  et  l’autre  hypothèse,  comment 
• les  végétaux  pourront-ils  contribuer  par  le  gaz  oxy- 
gène qu’ils  produisent  à pin  ifier  l’air  atmosphérique 
toujours  altéré  par  la  prodigieuse  quantité  d’acide 
Tome  5»  . O 


( 210  ) 

carbonique  fourni  par  la  respiration  des  animaux, 
par  les  fermentations,  les  combustions,  etc. , comme 
plusieurs  le  pensent?  Vous  comprenez  bien,  mon 
cher  ami,  que  par  les  simples  aperçus  de  cette  lettre 
j’ai  moins  prétendu  vous  plaire  que  vous  dire  des 
choses  qui  ne  scroient  pas  tout-à-fait  indignes  de 
votre  attention.  Quelle  que  soit  mon  opinion,  je  vous 
la  dirai  dans  le  Mémoire  que  je  vous  adresserai , et 
que  vous  recevrez  bientôt;  je  le  publierai  incessam- 
ment pour  connoître  l’opinion  des  physiciens  et  en 
particulier  du  célèbre  Senebier,  qui  s’est  tant  occupé 
des  végétaux,  et  sur-tout  de  celle  partie  de  leur  his- 
toire, et  à qui  je  communique  successivement  par 
notre  correspondance,  le  journal  de  mes  obser- 
valions. 

Je  souhaite  que  le  public  soil  éclairé  sur  ce  sujet, 
et  qu’il  puisse  prendre  un  parti  sans  aucune  pré- 
vention; si  par  hazard  j’ai  rencontré  la  vérité,  cer- 
tainement j’en  serai  flatté,  et  si  je  ine  suis  trompé, 
il  ne  m’en  coûtera  pas  pour  revenir  de  mon  erreur; 
je  puis  vous  assurer,  que  dans  l’étude  de  la  nature , 
je  ne  trouve  du  plaisir  qu’en  m’instruisant. 

Vous  savez  bien  que  c’est  l’opinion  de  plusieurs 
physiciens,  que  non-seulement  les  plantes  mais  en- 
core les  eaux  qui  recouvrent  le  globe,  concourent 
à la  purification  de  l’atmosphère  en  décomposant 
l’acide  carbonique  qu’elles  absorbent.  Ce  sujet  aussi 
beau  que  curieux  qui  n’a  point  encore  été  discuté 
par  aucune  preuve  directe  m’a  entraîné  par  sa  rcs- 
semblance  avec  celui  de  la  respiration , et  je  me  suis 
occupé  à l’examiner  dans  ce  but  par  la  voie  de  l’ex- 


t ail  ) 

périence,  aussi  ce  mémoire  sera  associé  à un  autre  sur 
cette  belle  question.  Les  eaux  du  globe  décomposent- 
elles  l'acide  carbonique  qu’elles  reçoivent  de  Pat- 
in osplière  ? 

Pavie,  i.er  Messidor  an  VI  de  la  République. 


Quelques  Lettres  et  Fragmens  de 
Lettres  de  Sp  a ll anzani  à Senebier  , 
et  de  Senebier  à Spallanzani,  propres 
à éclairer  la  question  traitée  dans  les  Mé- 
moires précédons. 

Letti'e  de  Spallanzani  du  8 Juin  ijg8. 

A-VA  n t de  répondre  à votre  lettre  du  26  Mai , 
permeltez-moi  de  vous  entretenir  un  moment  sur  le 
Mémoire  manuscrit;  qui  accompagne  celte  lettre  (1)  5 
en  le  lisant  vous  serez  peut-être  étonné  que  je  me  sois 
occupé  de  cette  matière , mais  apprenez-en  la  cause  ; 
c’est  un  pur  accident  qui  l’a  occasionné.  Un  jour 
que  j’étois  tracassé  par  la  goutte  , je  réfléchissons  sur 
l'opinion  de  quelques  physiciens  qui  attribuent  aux 
eaux  du  globe  la  propriété  de  décomposer  l’acide 
carbonique  produit  dans  l’atmosphère  ; il  me  sembla 
que  je  pouvois  résoudre  ce  problème  d’après  les  prim 
ripes  du  mémoire,  et  je  le  fis  d’abord  par  ma  première 


(1)  Note  de  l’Editeur.  Ce  Mémoire,  que  j’ai  en  manuscrit,  est 
publié  en  entier  à la  tête  de  cet  ouvrage  : j’engageai  Spallanzani  A 
le  garder  pour  le  joindre  à celui  qu’il  m’auuonçoit,  en  l’assurant  de 
l’oiiginalité  de  sa  recherche,  et  en  lui  annonçant  qu’il  u«  paroissoit 
pas  que  personne  s’occupât  de  cet  objet. 


( 212  ) 

expérience  dont  les  autres  ne  sont  que  le  dévelop- 
pement. 

J e vous  envoie  ce  mémoire , parce  que  vous  êtes 
beaucoup  plus  versé  que  moi  dans  ces  matières,  et 
que  vous  verrez  d’abord  , si  j’ai  frappé  au  but;  d’ail- 
leurs vos  idées  pourront  me  fournir  le  moyen  de 
perfectionner  cet  écrit.  Ensuite  comme  vous  savez 
avant  nous,  par  les  Journaux,  ce  qu’on  fait  en 
France  et  en  Allemagne  , vous  pourrez  me  dire  , 
si  le  fond  de  mon  ouvrage  est  neuf,  ou  si  j’ai  déjà 
été  prévenu,  parce  que  si  les  moyens  que  j’ai  em- 
ployés sont  vraiment  originaux , je  désire  d’insérer 
ce  mémoire  dans  les  Annales  de  chimie  de  Paris. 
Vous  verrez  que  je  promets  un  second  mémoire  sur 
l’amélioration  de  l’air  atmosphérique  par  les  végé- 
taux; mais  je  ne  veux  y toucher  que  les  résultats 
généraux  , sans  y nommer  même  les  espèces  de 
plantes  que  j’aurai  employées,  parce  que  ces  détails 
sont  seulement  pour  vous  comme  je  le  dirai  dans 
ce  second  mémoire. 

J’ai  le  plus  grand  plaisir  à me  trouver  d’accord 
avec  vous  sur  les  points  im  port  ans.  Aux  pag.  228  et 
229  du  tome  I de  vos  Mémoires  physico-chimiques  , 
vous  dites  que  les  plantes  au  soleil  doivent  donner 
beaucoup  moins  de  gaz  oxy  gène  dans  l’air  que  sous 
l’eau  . et  vous  en  exprimez  la  raison  à la  page  180  ; 
vous  confirmez  encore  cela  dans  la  lettre  instructive 
que  vous  m’avez  écrite  le  21  février  dernier;  mes 
recherches  m’ont  fait  voir  la  même  chose  ; ce  qui 
est  opposé  à l’idée  d’ingenhouz  , pag.  80  du  Tom.  II 
de  ses  Expériences  sur  les  végétaux  , que  je  citerai  ; 
et  dont  je  montrerai  l’erreur. 


( 215  ") 

Vous  prouvez  aussi  la  grande  influence  du  gaz 
acide  carbonique  sur  la  production  du  gaz  oxygène 
parles  plantes  exposées  au  soleil  sous  l’eau  chargée 
de  cet  acide  , et  je  la  montre  aussi  de  diverses  ma- 
nières par  plusieurs  expériences  variées. 

Vous  prouvez  encore  , contre  l’assertion  du  phy- 
sicien hollandais  , que  les  plantes  sous  l’eau  à l’ob- 
scurilé  ne  donnent  point  d’air.  Quoique  je  ne  me 
croie  pas  capable  de  décider  celle  question  entre 
vous  et  Ingenhouz , cependant  je  fais  voir  que  je 
préfère  votre  opinion  à la  sienne  ; je  raconterai  que 
sur  1 14  plantes  différentes  , tenues  dans  des  vases 
pleins  d’eau  à l’obscurité  , il  y eu  a eu  seulement  10 
qui  m’ont  donné  un  peu  d’air  , qui  étoit  un  mé- 
lange d’acide  carbonique  et  d’azote  ; cependant  ces 
plantes  ont  été  onze  heures  à l’obscurité , et  ce  fut 
seulement  au  bout  de  ce  temps  que  ces  10  plantes 
commencèrent  à donner  quelques  bulles  ; j’eus 
même  lieu  de  soupçonner  que  ces  plantes  commen- 
çoient  alors  à se  gâter. 

Je  suis  donc  parfaitement  d’accord  avec  vous  sur 
tous  ces  points  , et  je  le  suis  de  même  sur  la  plus 
grande  partie  des  points  les  moins  importans. 

Nous  avons  enfin  reçu  les  derniers  cahiers  des 

i 

Annales  de  Chimie  de  Paris  ; j’ai  lu  avec  plaisir, 
dans  l’un  d’eux,  un  Mémoire  de  Desaussure  le  fils, 
et  j’ai  vu  qu’il  vous  y rendoil  la  justice  que  vous 
méritez  , etc.  (1). 


( i ) Je  stipprime  ici  diverses  lettres  qui  ne  serment  que  I;* 
répétition  des  expériences  racontées  dans  ce  mémoire. 


( 2l4  ) 


Extrait  de  quelques  lette.es  écrites  par 
Senebier  cl  Spalljnzjni  (i). 

Je  lui  marquai  que  depuis  long -temps  j’avois 
trouvé  que  le  gaz  oxygène  fourni  par  les  plantes  au 
soleil  sous  1 eau  eloil  mêlé/avec  l’acide  carbonique, 
et  que  lorsque  cet  acide  avoit  été  absorbé  par  l’eau, 
il  restoit  encore  dans  le  gaz  oxygène  une  impureté 
qui  m’avoit  paru  le  gaz  azote;  mais  que  j’élois  em- 
barrassé sur  son  origine  , je  lui  appris  que  j’en  avois 
parlé  assez  longuement  dans  un  Mémoire  lu  à l’a- 
cadémie de  Turin  en  1790  , et  publié  dans  la  collec- 
tion de  ses  Mémoires.  J’ajoutai  cependant  que  j'é- 
tois  encore  plus  assuré  de  l’existence  de  ce  gaz  azote 
dans  l’air  produit  par  les  plantes  depuis  les  expé- 
riences qu’il  avoit  faites. 

Je  lui  parlai  de  ses  expériences  faites  sur  diverses 
plantes  qui  donnent  à-peu-près  la  même  quantité 
d’air  dans  l’eau  privée  d’acide  carbonique  et  dans 
l’eau  de  chaux  , comme  dans  l’eau  chargée  d'acide 
carbonique  et  dans  l’eau  commune,  et  dont  l’air 
produit  est  à-peu-près  aussi  bon  dans  les  deux  cas; 
je  lui  disois  que  pour  y mettre  plus  d’exactitude 
il  faudrait  peut-être  faire  comme  moi  les  expériences 
dans  l’eau  bouillie  et  dans  l’eau  distillée. 


(1)  Les  extraits  de  mes  lettres  sout  ceux-là  môme  que  Spallan- 
zani  eu  avoit  faits  ; je  n’en  avois  aucune,  copie.  .l’ai  cru  convenable 
de  parler  à la  première  personne,  afin  que  l’ou  vil  bien  qui  étoit 
celui  qui  parloit  , mais  j’y  ai  joint  les  notes  que  Spaltanzani  y a 


ttuses. 


( 2l5  ) 

A la  suite  de  ce  paragraphe , Spallanzani  ajoute 
dans  ses  papiers , qu’il  a eu  les  mêmes  résultats  que 
moi  avec  les  mêmes  eaux  , c’est-à-dire  *pie  plusieurs 
plantes  n’y  donuoient  point  d’air,  et  qu’il  n’a  obtenu 
cet  air  dans  ces  eaux  qu’avec  les  plantes  grasses  et 
les  feuilles  épaisses. 

J’expliquai  le  phénomène  des  plantes  grasses  qui 
donnent  de  l’air  dans  les  eaux  privées  d’acide  carbo- 
nique , et  même  dans  l’eau  de  chaux  , par  la  nature 
même  de  ces  plantes , dont  le  parenchyme  fort  épais 
est  rempli  d’une  bonne  quantité  de  cet  acide  carbo- 
nique ou  de  ses  élémens  (ij. 

Spallanzani,  à la  suite  de  cet  extrait,  explique  le 
phénomène  par  l’irritation  que  l’acide  carbonique 
doit  produire  dans  ces  plantes,  et  qui  doit  être  bien 
plus  grande  que  dans  les  plantes  membraneuses; 
et  il  ajoute  que  Senebier  cloute  à présent  de  cette 
irritabilité  des  plantes  considérées  en  général  (2). 

Je  continuai  à lui  parler  de  l’influence  de  l'acide 
carbonique  pour  faire  donner  de  l’air  aux  plantes 
plongées  sous  les  eaux  chargées  de  cet  acide,  et  je 
la  prouvai  par  la  même  plante  de  menthe  mise  dans 
une  eau  privée  d’acide  carbonique  et  dans  des  eaux 
qui  en  étoient  plus  ou  moins  chargées  ; aloi-s  , dans 


(1)  J’entrerai  encore  dans  quelques  details  sur  ces  expériences 
curieuses  , dont  je  me  suis  déjà  occupé  dans  ma  Physiologie 
végétale.  [Cet  ouvrage  se  vend  chez  J.  J.  Paschoud  , Imprimeur- 
Libraire  , à Genève. 

(2)  Il  faut  observer  que  ces  notes  faites  aux  extraits  de  mes 
lettres  ctoicut  Ir  sujet  des  lettres  nombreuses  que  Spallanzani  jnra 
écrites  sur  ce  sujet. 


( 2l6  ) 

le  premier  cas , la  plante  ne  donnoît  presque  point 
d’air,  et  dans  les  autres  la  quantité  de  l'air  produit 
étoit  proportionnelle  à la  quantité  d'acide  carbo- 
nique dissous  dans  ces  eaux. 

J’ajoutai  que  jusques  alors  j’avois  été  convaincu 
de  la  décomposition  de  l’acide  carbonique  par  la  lu- 
mière ; que  son  carbone , qui  restoit  alors  libre , 
enlroit  comme  composant  des  plantes  pour  la  plus- 
grande  partie  ; enfin  je  montrai , par  des  expériences, 
que  le  carbone  en  nature  ne  peut  s’introduire  dans 
les  plantes  par  la  suction  , et  que  l’acide  carbonique 
étoit  le  seul  moyen  connu  qui  put  in  traduire  dans  les 
végétaux  cet  élément  si  considérable  de  leur  sub- 
stance. 

Je  lui  parlai  de  l’influence  des  fleurs  sur  l’air  , 
et  _je  lui  disois  que  d’après  mes  expériences  il  ne  me 
paroissoit  pas  qu’elles  consumassent  autant  de  gaz 
oxygène  que  les  feuilles. 

A cet  article  , Spallanzani  ajoute,  qu’une  longue 
suite  d’expériences  lui  avoit  fait  voir  que  les  fleurs 
gâtaient  l’air  autant  qu’Ingenhouz  l’a  voit  dit;  mais 
cette  altération  est-elle  produite  par  la  substance  des 
fleure  , ou  par  leur  odeur?  Senebier  croit  que  c’est 
le  second  cas  ; mais  j’ai  vu  , dit-il  , que  les  fleurs 
altèrent  l’air  avant  d’être  odorantes. 

J’examme  ensuite  la  production  de  l’air  des  feuilles 
de  figuier , de  rosier  et  de  pêcher  dans  1 eau  bouillie 
et  l’eau  commune  , et  je  lui  marquai  que  ces  feuilles 
donnoient  beaucoup  moins  d’air  dans  la  première 
eau  que  dans  la  seconde. 

lin  faisant  la  même  expérience  avec  une  plante 


( 217  )' 

grasse,  le  sedum  anaccimpseros , je  trouvai  préci- 
sément qu’il  donnoit  dans  l’eau  bouillie  les  £ de  l’air 
produit  par  les  feuilles  de  la  même  plante  dans  l’eau 
commune. 

Je  variai  l'expérience.  Une  feuille  de  pêcher,  res- 
tée d’abord  dans  l’eau  bouillie , fut  mise  dans  une 
autre  eau  bouillie , eL  le  nombre  des  bulles  fournies 
alors  par  cette  feuille , comme  leur  grosseur , furent 
beaucoup  diminuées  , tandis  qu’une  autre  feuille  qui 
avoit  été  dans  l’eau  bouillie  , mise  dans  les  mêmes 
circonstances  que  la  précédente  dans  l’eau  commune, 
donna  autant  d’air  sous  l’eau  commune  au  soleil , 
qu’une  feuille  du  même  arbre  qui  avoit  été  déjà  sous 
l’eau  commune  pendant  le  temps  que  la  première 
avoit  été  sous  l’eau  bouillie.  Enfin  je  mis  dans  l’eau 
bouillie  une  feuille  qui  avoit  été  dans  l’eau  com- 
mune , et  j’y  recueillis  le  double  d’air  que  lorsque 

i’avois  mis  d’abord  la  feuille  dans  l’eau  bouillie. 

' ?■ 

Je  répétai  les  mêmes  expériences  avec  le  même 
succès  sur  le  sedum  anaccimpseros , et  je  conclus 
que  les  feuilles  , en  passant  de  l’eau  commune  dans 
l’eau  bouillie , diminuoient  la  quantité  de  l’air  qu’elles 
y produisoient , et  qu’en  passant  de  l’dau  bouill  e 
dans  l’eau  commune,  la  quantité  de  l’air  produit 
éloit  augmentée  ; par  conséquent , que  l’air  fourni 
dans  l’eau  bouillie  étoit  un  air  produit  aux  dépens  de 
l’acide  carbonique  contenu  dans  la  feuille. 


( 2l8  ) 


Extrait  de  deux  autres  Lettres  de 
Senebier,  écrites  le  25  août  et  à la  fin 

de  Septembre  1 798. 

J’observai  à Spallanzani  que  j’avois  remarqué 
quelques  différences  dans  les  résultats  de  mes  expé- 
riences failes  à Genève  , et  ceux  de  mes  expériences 
que  je  faisois  alors  à Rolle  , mais  que  celte  différence 
éloit  produite  par  la  différente  quantité  d’acide  car- 
bonique contenue  dans  les  eaux  que  j’avois  em- 
ployées ; que  mes  récipièns  remplis  de  cette  eau , et 
renversés  sur  leur  ouverture , donnoient  à Rolle  un 
peu  d’air  au  soleil , et  qu’après  l’expérience , qui  du- 
roit  un  jour,  je  trouvois  encore  de  l’acide  carbonique 
dans  l’eau. 

Je  fis  celle  expérience  avec  l’eau  de  Rolle  , et  une 
eau  bouillie  qui  contenoit  au  moins  un  volume  d’acide 
carbonique  égal  à celui  que  j’avois  trouvé  dans  la 
première  ; après  l’expérience  je  trouvai  plus  d’acide 
carbonique  fourni  par  cette  eau  que  par  l’autre,  et 
je  concluois  qu’il  y avoit  des  eaux  comme  celles  de 
Genève,  qui  conlenoient  de  l’acide  carbonique,  et 
qui  ne  le  laissoient  pas  s’échapper  au  soleil  dans  les 
vases  clos  et  pleins,  lorsqu’elles  conlenoient  moins 
d’acide  carbonique  que  les  dernières,  quoiqu’il  y en 
eût  pourtant  une  certaine  quantité  (1). 


(1)  Spallanzani,  dans  son  mémoire,  a observé  la  même  chose 
sur  les  eaux  qu’il  chargeoit  d’acide  carbonique  , et  M.  Paul  a 
pourtant  trouvé  que  l’acide  carbonique  reste  plus  fortement  uni  à 
l’eau  quand  elle  lient  avec  lui  dissoute  une  certaine  quantité  de 
carbonate  calcaire. 


( 219  ) 

Je  lui  racontai  que  si  l’on  cJiargeoil  d’acide  carbo- 
nique l’eau  bouillie  comme  la  précédente,  et  si  l’on 
y exposoit  au  soleil  des  feuilles  du  seclum  anacamp- 
seros  dans,  les  mêmes  circonstances  que  celle  où 
avoit  été  l’eau  seule  acidulée  par  l’acide  carbonique  ; 
dans  ce  cas  les  feuilles  du  sedum  cinacampseros  me 
fournissoient  un  volume  d’air  égal  à un  volume  d’eau 
de  28,90  grammes,  ou  de  538  grains  f,  où  je  trouvai  | 
d’acide  carbonique,  tandis  que  la  même  quantité  d’eau 
également  acidulée  ne  me  fournissoit  qu’un  volume 
d’acide  carbonique  égal  à un  volume  d’eau  de  689,99 
milligrammes,  ou  de  i5  grains;  d’où  je  concluois 
que  l’acide  carbonique  produit  11e  vient  pas  seule- 
ment de  l’eau , mais  encore  de  la  plante  comme  le 
gaz  oxygène. 

Spallanzani  observe  que  ces  expériences  ne  sont 
pas  décisives , puisque  cet,  acide  carbonique  peut 
être  venu  de  l’eau.  Ces  feuilles  ayant  commencé 
d’abord  à donner  du  gaz  oxygène,  qui  a facilité  la 
sortie  de  l’acide  carbonique,  comme  une  lame  d’air 
mise  en  contact  avec  l’eau  acidulée  par  l’acide  car- 
bonique facilite  l’émission  de  ce  gaz. 

J’observe  cependant  deux  choses  sur  celle  re- 
marque; la  première  c’est  qu’il  11e  nie  pas  que  la 
plante  ait  pu  fournir  cet  acide  carbonique,  et  il  a 
bien  montré  , que  les  plantes  donnoienl  hors  d’elles 
beaucoup  d’acide  carbonique , surtout  celles  qui 
font  observer  les  petits  jets  d’air  qui  eu  sortent , 
comme  je  les  avois  sous  les  yeux  , 2.0  le  volume  d’a- 
cide carbonique  égal  à un  volume  d'eau  de  689,99 
milligrammes,  ou  de  10  grains,  faisoil  bien  celle 


( 220  ) 

lame  cl’air  qui  devoil  favoriser  l’émission  de  cet  acide 
carbonique. 

Je  lui  racontai  les  résultats  fournis  par  les  feuilles 
du  sedum  anacampseros  mises  dans  l’eau  bouillie  , 
dans  l’eau  commune  contenant  naturellement  de 
l’acide  carbonique  . et  dans  l’eau  qui  enétoit  chargée 
artificiellement.  Ces  feuilles  , dans  l’eau  bouillie  , 
donnoient  très-peu  d’air , beaucoup  plus  dans  l’eau 
commune,  et  infiniment  plus  dans  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique.  Cette  expérience  fut  faite  le 
matin  pendant  cinq  heures  et  demie  au  soleil , entre 
lesquelles  il  y en  eut  deux  où  le  soleil  fut  quelquefois 
voilé  par  les  nuages  ; je  la  répétai  l’après-midi,  au 
soleil , pendant  cinq  autres  heures  de  cette  manière. 

Une  feuille  de  la  même  plante  , restée  le  matin  au 
soleil  dans  l'eau  bouillie , fut  remise  l’après-midi  au 
soleil  dans  l’eau  bouillie , où  elle  donna  à peine  une 
bulle  d’air  ; une  feuille  semblable  , tenue  dans  l’eau 
bouillie  le  matin  et  mise  de  même  dans  l’eau  com- 
mune, y donna  un  volume  d’air  égal  à un  volume 
d’eau  de  i,8o  grammes,  ou  de  54  grains,  et  une 
feuille  semblable  mise  de  même  dans  une  eau  char- 
gée d’acide  carbonique  , y donna  un  volume  d’air 
égal  à un  volume  d’eau  de  1 4,58  grammes,  ou  de 
262  grains. 

Une  feuille  restée  le  matin  dans  l’eau  commune  , et 
remise  l’après-midi  dans  l’eau  commune  au  soleil,  y 
donna  un  volume  d’air  égal  à un  volume  d’eau  de  1 ,5q 
grammes,  ou  de  3o  grains;  une  autre  semblable, 
mise  dans  l’eau  bouillie  au  soleil,  fournit  un  volume 
d’air  égal  à un  volume  d’eau  de  79,62  milligrammes, 


\ 


( 221  ) 

ou  d'un  grain  -j  ; et  une  feuille  semblable  , mise  de 
même  dans  l’eau  chargée  d'acide  carbonique , y 
donna  un  volume  d’air  égal  à un  volume  d’eau  de 
28  90  grammes,  ou  de  558  grains. 

Ces  expériences  me  semblent  prouver  clairement 
l’influence  de  l’acide  carbonique  sur  la  production 
de  l’air. 

J’ajoutai  encore  à tout  cela  une  nouvelle  consi- 
dération qui  me  sembloil  frappante;  les  feuilles  du 
sedufn  qui  avoient  donné  le  plus  d’air  surnageoient 
l’eau;  il  falloit  donc  qu’elles  continssent  encore  de 
l’air , puisqu’elles  alloient  à fond  quand  elles  en 
étoient  privées,  et  elles  en  dévoient  contenir  autant 
puisqu’elles  n’avoient  point  une  apparence  flétrie. 
D’où  vient  donc  cet  air  qui  est  sorti , s’il  y en  a en- 
core autant  dans  la  feuille  qui  en  a déjà  fourni  infi- 
niment au-delà  de  ce  qu’elle  peut  en  contenir  , et  qui 
en  a autant  qu’elle  en  avoit  au  commencement  de 
l’expérience  , puisqu’elle  surnage  semblablement  ? 
Il  faut  donc  que  cet  air  se  soit  reproduit  aux  dépens 
de  l’acide  carbonique  qui  y est  entré  avec  l’eau;  il 
faut  que  l’acide  carbonique  se  soit  décomposé  , et  je 
rendois  cette  décomposition  probable  par  les  expé- 
riences de  Tennanl , de  Giobert  et  de  Pearson  par  la 
voie  sèche  , comme  par  les  expériences  de  Mussin- 
Puskin  par  la  Voie  humide.  Il  faut  donc  recourir  à 
ee  moyen  , puisque  les  expériences  ne  permettent 
pas  d’admettre  la  décomposition  de  l’eau.  D’ailleurs, 
pour  l’ordinaire,  ori  voit  la  production  du  gaz  oxy- 
gène produit  par  les  plantes  sous  l’eau  au  soleil,  s’ac- 
croître jusques  à un  certain  point  avec  l’augmen- 
talion  de  l’acide  carbonique  dissous  dans  l’eau. 


( 222  J 

Spallanzani  m'accorde  celte  conclusion  , quant  à 
l’influence  du  gaz  acide  carbonique  pour  faire  pro- 
duire  aux  plantes  le  gaz  oxygène,  lorsqu’elles  sont 
exposées  au  soleil  sous  l’eau  chargée  de  cet  acide  5 
niais  il  observe  qu’il  a vu  des  plantes  semblables 
donner  une  égale  quantité  d’air  dans  les  eaux  privées 
de  cet  acide  par  l’eau  de  chaux,  et  dans  celles  qui 
en  contenoient. 

J’observerai  seulement  ici,  que  quelques  plantes 
peuvent  rendre,  sous  l’eau  privée  d’acide  carbonique, 
l’air  dont  elles  peuvent  contenir  les  élémens  dans 
leur  parenchyme  , et  comme  on  sait  qu’une  eau 
trop  fortement  acidulée  pour  la  constitution  par- 
ticulière de  quelques  plantes  empêche  sa  production , 
il  est  possible  qu’elle  lui  permette  de  rendre  celui 
qu’elle  contient , sans  lui  permettre  de  se  charger 
d’une  nouvelle  quantité  de  cette  eau  fortement  aci- 
dulée, pour  en  rendre  davantage. 

Spallanzani  remarque  ensuite  que  l’air  rendu  par- 
les plantes  grasses  sous  l’eau  chargée  d’acide  carbo- 
nique n’est  que  l’acide  carbonique  dégagé  de  l’eau 
acidulée. 

Je  répondrai  que  je  n'ai  jamais  douté  qu’il  y eût 
de  l’acide  carbonique  produit  par  l’eau  acidulée  dans 
l’eau  rendue  par  les  plantes  qui  y éloient  exposées 
au  soleil  5 j’ai  même  dit  qu’il  y avoit  quelquefois 
environ  | d’acide  carbonique  dans  cet  air  5 mais 
quand  j’ai  vu  souvent  qu’il  me  falloit  trois  ou  quatre 
mesures  de  gaz  nitreux  pour  en  saturer  une  d’air 
produit  par  les  plantes  exposées  sous  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  au  soleil,  je  n’ai  pu  concevoir 


( 220  ) 

que  la  plus  grande  partie  de  cet  air  fût  de  l’acide 
carbonique  , et  cela  m’étoit  d’autant  plus  difficile  à 
reconnoître  , que  l’air  fourni  pour  l’ordinaire  par  la 
plupart  des  plantes  exposées  sous  une  eau  suffisam- 
ment chargée  d’acide  carbonique  étoit  meilleur  que 
celui  qu’elles  rendoient  dans  l’eau  commune,  comme 
on  peut  le  voir  dans  les  ouvrages  que  j’ai  publiés  sur 
ce  sujet , et  Ingenhouz  a vu  cela  comme  moi. 

Spallanzani  remarque  encore , d’après  ses  obser- 
vations et  les  miennes  , que  l’air  produit,  sous  l’eau 
au  soleil  n’est  point  celui  qu’elles  conlenoienl  } mais 
il  soupçonne  qu’il  a été  extérieurement  produit , 
puisque  ces  plantes  donnent  de  l’air  par  l’expression, 
après  en  avoir  donné  sous  l’eau  comme  dans  leur 
état  naturel^  ce  que  Senebier  confirme  par  la  feuille 
de  sedum  , qui  surnage  après  avoir  donné  tout  le 
jour  une  grande  quantité  d’air. 

J’observerai  à cet  égard  que  cela  peut  très-bien 
être,  et  que  cela  doit  être  puisque  cela  a été  5 si  la 
feuilie  reçoit  de  l’acide  carbonique  pour  le  décom- 
poser , à mesure  qu’elle  chasse  hors  d’elle  le  gaz 
oxygène  résultant  de  la  décomposition  de  cet  acide 
qui  se  renouvelle  toujours;  ce  qui  me  paroîl  d’au- 
tant plus  probable  que  lorsque  la  feuille  commence 
à perdre  de  sa  faculté  vitale,  ou  de  son  énergie  . 
pour  décomposer  l’acide  carbonique  et  en  recevoir 
du  nouveau , elle  se  fronce , se  ride  et  gagne  le  fond 
de  l’eau. 

Je  lui  racontai  ensuite  que  j’avois  pris  des  feuilles 
du  même  sedum,  gardées  dans  la  chambre,  atta- 
chées à leur  lige  et  pendues  au  plancher  } je  les  mis 


(#  224  ) 

tîans  1 eau , elles  y surnagèrent  encore , et  quand 
elles  y furent  restées,  elles  y reprirent  une  apparence 
de  fraîcheur.  J exposai  une  feuille  fraîche  au  soleil  , 
sous  l’eau  commune,  et  une  autre  dans  l’eau  bouil- 
lie j la  première  donna  un  volume  d’air  égal  à un 
volume  d’eau  de  44  grains  5 la  seconde  donna  un 
volume  d air  égal  a un  volume  d’eau  de  4 grains  et i - 
une  feuille  alleree  sons  1 eau  commune  donna  un 
volume  d’air  égal  à un  volume  d’eau  de  19  grains, 
et  dans  l’eau  bouillie  le  volume  d’air  produit  fut 
égal  à un  volume  d’eau  d'un  grain.  Les  feuilles 
al lerees reprirent  leur  fraîcheur  dans  l’eau  commune, 
mais  elles  la  reprirent  peu  dans  l’eau,  bouillie  , elles 
y allèrent  à fond  et  surnagèrent  dans  l’eau  com- 
mune 5 ce  qui  me  faisoit  conclure  que  l’acide  car- 
bonique entré  avec  l’eau  commune  dans  les  feuilles 
leur  conservoit  leur  gravité  spécifique  naturelle  par 
le  gaz  qui  s’y  éloit  introduit  et  élaboré. 

Mais  comment  l’eau  bouillie  qui  pénètre  ces  feuilles 
leur  rend-elle  une  vigueur  moindre  que  l’eau  eom-^ 
jnu ne  ? Il  est  clair  que  cela  doit  être  dans  ma  façon 
d’envisager  le  fait;  les  deux  eaux  pénètrent  égale- 
ment les  feuilles,  mais  elles  les  pénètrent  différem- 
ment 5 l’eau  bouillie  n’y  porte  que  l’eau  ; l’eau  com- 
mune y porte  l’aliment  qui  peut  augmenter  la  vi- 
gueur de  la  plante,  et  le  gaz  qui  se  dégage  et  se  dilate 
diminue  sa  pesanteur  spécifique  5 aussi  la  première 
gagne  le  fond,  quand  elle  a perdu  la  petite  quantité 
d’air  qu’elle  contenoit  , parce  qu’elle  ne  sauroit 
en  reprendre  du  nouveau  dans  l’eau  bouillie  ; et  la 
seconde,  au  contraire,  se  remplit  d’un  nouvel  air 

que 


i 


'{  225  ) 

que  l’eau  lui  porte  à mesure  qu’elle  en  évacue,  et 
elle  continue  à végéler  et  à surnager. 

Enfin  je  remarquerai  que  Spallanzani  fit  quelques 
expériences  analogues  à celles  que  j’avois  faites  , et 
que  je  lui  avois  décrites  dans  mes  lettres  sur  Valoé 
cœralescens  glauca  et  le  cactus  cochmüifer. 

Je  ferai  remarquer  encore  ici  que  le  gaz  acide  car- 
bonique doit  entrer  dans  les  plantes  et  s’y  décom- 
poser , i°  parce  que  lorsqu’on  augmente  la  quantité 
de  l’acide  carbonique  dans  l’eau  jusques  à un  cer- 
tain maximum  déterminé  par  la  nature  de  la  plante , 
comme  je  Pavois  observé,  il  y a bien  long-tems,  on 
augmente  la  quantité  de  l’air  produit  5 20  parce  que 
la  propriété  des  feuilles  de  donner  du  gaz  oxygène 
sous  l’eau  ne  s’épuise  pas  si  vite,  lorsque  la  feuille 
ne  s’altère  pas  trop  ; j’en  ai  eu  qui  m’en  ont  donné 
de  cette  manière  pendant  deux  mois,  lorsque  je 
renouvelai  l’eau  acidulée  ; si  donc  la  quantité  de 
l’acide  carbonique  influe  sur  la  production  du  gaz 
oxygène  par  les  feuilles  exposées  au  soleil  sous 
l'eau  chargée  de  cet  acide  ; si  ces  feuilles  continuent 
à donner  ce  gaz  lorsque  l’acide  se  trouve  dans  l’eau 
pendant  deux  mois,  et  si  elles  perdent  cette  propriété 
dans  l’eau  qui  en  est  privée,  il  faut  reconnoître  que 
l’eau  ne  peut  être  la  cause  de  cet  effet,  qu’elle  n’a 
pu  fournir  le  gaz  oxygène  produit , et  qu’il  est  par, 
conséquent  très-probable  que  l'acide  carbonique  a 
concouru  à sa  production. 

Spallanzani  remarque  , que  la  fraîcheur  reprise 
par  les  feuilles  altérées  de  mon  sedum  est  un  effet 
bien  naturel,  puisque  les  feuilles  soudant  de  la  *é— 
Tome  3,  P 


( 22G  ) 

chcresse  reprennenl  leur  couleur  et  leur  élasticité 
lorsqu’on  les  arrose  ; de  sorte  qu’il  n’y  a d’autre  elfel 
à y voir  , que  celui  de  la  suctiori  de  l’eau,  et  comme 
l’altération  esL  produite  par  .l’atrophie,  le  rétablis- 
sement est  amené  par  l’eau  qui  leur  sert  d’aliment. 

Cette  raison  seroit  sans  réplique  , si  le  change- 
ment dans  l'eau  bouillie  et  l’eau  commune  ét oit  le 
même  ; mais  il  ne  l’est  pas  par  l’expérience  , puisque 
le  rétablissement  esL  plus  prompt  et  plus  complet 
dans  l’eau  commune  que  dans  l’eau  bouillie,  et  puis- 
que dans  le  premier  cas  la  feuille  surnage  l’eau  et 
qu’elle  ne  la  surnage  pas  dans  le  second. 

Spallanzani  ajoute  dans  ses  notes  : voici  le  fonde- 
ment de  mes  doutes,  comme  je  l’ai  écrit  à Senebier  ; 
l’eau  acidulée  par  l’acide  carbonique  où  les  plantes 
ont  été  exposées  au  soleil , et  où  elles  ont  donné 
beaucoup  de  gaz  oxygène,  conserve  l’acide  carbo- 
nique qu’elle  avoiL  auparavant , comme  je  m’en 
suis  assuré  par  l’eau  de  chaux.  Si  donc  il  y avoit  eu 
de  l’acide  carbonique  décomposé , l’eau  en  auroit 
nécessairement  perdu,  et  il  y en  auroit  eu  moins  , 
ce  qui  est  contraire  à mon  expérience;  au  reste,  ce 
que  je  dis  ici  de  l’acide  carbonique  de  l’eau  environ- 
nant la  feuille  ne  prouve  rien  contre  l’acide  carbo- 
nique circulant  dans  les  organes  de  la  plante. 

Celte  expérience  est  vraiment  tranchante  , et  elle 
ne  pouvoit  être  imaginée  et  exécutée  que  par  un 
génie  de  la  force  de  l’excellent  Spallanzani  , aussi 
ébranla-t-elle  ma  conviction  sur  la  bonté  de  mon 
opinion,  pour  expliquer  la  production  du  gaz  oxy- 
gène par  les  plantes  exposées  sous  l'eau  au  soleil  # 


t 227  ) 

et  je  conclus  la  lettre  que  j'écrivis  à ce  grand  homme* 
comme  il  le  remarque  dans  ses  noies  par  ces  mots  : 
ces  considérations  , et  quelques  autres,  me  font  sus- 
pendre mon  jugement  sur  la  décomposition  de  l’acidê 
carbonique  dans  les  feuilles 5 elles  vous  feront  ima- 
giner mieux  qu’à  moi  les  moyens  de  la  confirmer 
ou  de  la  détruire,  et  quoique  j’eusse  repris  plus  de 
confiance  dans  ce  moyen  , que  je  crois  employé  par 
la  nature  pour  faire  produire  le  gaiz  oxygène  aux 
plantes  , en  établissant  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique  , lorsque  je  publiai  ma  Physiologie  vé- 
gétale; cependant  dans  les  Desiranda  que  j’ai  ajouté 
à cet  ouvrage  sur  celte  partie  de  la  science,  Tom.  5 , 
pag.  297,  je  mels  celui-ci.  Examiner  encore  l’opinion 
de  Hassenfralz , qui  proscrit  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique , afin  de  délruire  ou  de  confirmer 
lues  idées  sur  la  décomposition  de  cet  acide  par  de 
nouvelles  observations.  Je  pense  avoir  bien  montré, 
de  celle  manière,  que  j'aime  mieux  pour  moi  et 
pour  les  autres  la  vérité  que  mes  opinions» 

Cependant,  comme  je  n’ai  pas  renoncé  à cette 
opinion,  et  que  je  l’ai  adoptée  dans  ma  physiologie, 
je  dois  donner  les  raisons  qui  m’empêchent  de  la 
rejeter*,  elles  seront  tirées  de  l’expérience  elle-même , 
décrite  par  Spallanzani , et  de  diverses  autres  consi- 
dérations , qui  me  paroissent  avoir  quelque  force.  ' 
Je  vois  d’abord  que  l’expérience  a été  faite  avec 
deux  plantes,  le  sempervivum  lectorum  et  le  choux , 
qui  contiennent  beaucoup  d’air,  et  qui  en  donnent 
toujours  beaucoup  *,  le  premier  même  en  fournil  dans 
l’eau  privée  d’acide  carbonique,  et  comme  l’expé-* 


( 228  ) 

rience  n’a  duré  que  deux  [heures  et  demie  , et  qu’il 
n’y  a eu  qu’un  quart  de  pouce  cube  d’air  produit, 
il  n'est  pas  absurde  de  croire  que  le  gaz  oxygène 
qu’on  a eu  n’étoit  probablement  que  celui  qui  éloit 
dans  les  feuilles  de  ces  plantes , ou  plutôt  dans  ses 
élémens  renfermés  par  le  parenchyme  des  feuilles;. 
2.°  il  est  difficile  d’imaginer  qu’il  n’y  eût  pas  de 
l’acide  carbonique  séparé  de  l’eau  où  il  éloit , en 
supposant  même  que  les  feuilles  n’en  eussent  point 
pris  , puisque  Spallanzani  a prouvé  que  lorsqu’il  y 
a une  lame  d’air  sur  l’eau  chargée  d’acide  carbonique, 
il  y a un  grand  dégagement  de  cet  acide  contenu 
dans  l’eau  ; 3.°  l’action  du  soleil  sur  cette  eau  de- 
voit  favoriser  le  dégagement  de  cet  air  d’après  les 
expériences  de  notre  célèbre  auteur;  4.°  l’exposi- 
tion seule  de  l’eau  qui  servoit  de  clôture  au  vase  de 
l’expérience  , devoit  perdre  beaucoup  de  ce  gaz 
dans  son  exposition  à l’air  libre  ; 5.°  la  prodigieuse 
difficulté  de  faire  celle  expérience  d’une  manière 
rigoureuse  . soit  par  la  difficulté  d’enlever  parfai- 
tement l’acide  carbonique  à l’eau  par  l’eau  de  chaux, 
soit  par  la  difficulté  plus  grande  encore  d’estimer  la 
petite  différence  qu’il  pou  voit  y avoir  entre  l’acide 
carbonique  contenu  avec  l’eau  acidulée  où  les  plantes 
a voient  été  , et  celui  qui  éloit  dans  l’eau  où  il  n y 
avoit  point  eu  de  plantes  , puisque  cela  dépendoit  de 
l’égale  dessication  du  carbonate  calcaire  : toutes  ces 
difficultés  m’ont  paru  insurmontables.  Le  flacon 
contenoit  cinq  pouces  cubes  , il  y en  avoit  un  oc- 
cupé par  les  feuilles  , de  sorte  qu'il  resloil  quatre 
pouces  d’eau,  dont  chaque  pouce  devoit  fournir  \ 


•(  229  ) 

grain  de  carbonate  calcaire  ; de  sorte  qu’il  y en  au- 
roil  eu  deux  grains,  qui  dévoient  contenir  environ 
de  gaz  acide  carbonique,  et  l’on  ne  tient  pas 
compte  de  l’eau  acidulée  restée  adhérente  auxfeuilles; 
mais  je  m’arrête , ces  difficultés  et  mille  autres  em- 
pêchèrent Desaussure  de  refaire  cette  expérience 
comme  je  l’en  avois  prié  , mais  je  reviendrai  sur  ce 
sujet  dans  le  Mémoire  suivant. 

J’avois  fait  des  expériences  rapportées  dans  mes 
précédens  ouvrages  , qui  m’ont  semblé  , comme  à 
d’autres,  montrer  l’influence  du  gaz  acide  carbonique 
pour  la  production  du  gaz  oxygène  ; telles  sont  celles 
en  particulier  où  les  feuilles  ont  donné  pendant 
plusieurs  jours  du  gaz  oxygène  , lorsqu’elles  ont  été 
exposées  au  soleil  sous  l’eau  chargée  de  cet  acide  ; 
je  voyois  alors  la  quantité  de  l’air  fourni  diminuer 
avec  la  quantité  de  l’acide  carbonique  contenu  [dans 
l’eau  , et  je  réussissois  à rappeler  cette  production  en 
introduisant  de  l’acide  carbonique  dans  cette  eau. 

J’en  ai  donné  une  preuve  qui  me  paroît  plus  forte  , 
lorsque  je  scellai  dans  des  phioles  remplies  d'eau 
chargée  d’acide  carbonique  des  rameaux  de  pêcher, 
de  mérisier  et  de  framboisier  , de  manière  que  l’eau 
ne  pût  y entrer  ni  le  gaz  acide  carbonique  , mêlé 
avec  l’eau  que  je  meltois  dans  ces  phioles,  en  sortir; 
je  les  fis  passer  séparément  sous  de  grands  récipiens 
pleins  d’eau  commune  , ou  d’eau  chargée  d’acide 
carbonique  , et  lorsque  j’eus  scellé  d’autres  rameaux 
égaux  et  semblables  dans  de  petites  phioles  parfai- 
tement vides  , je  les  fis  passer  en  même  temps  et. 
séparément  sous  des  récipiens  égaux  en  capacité  aux 


( a3o  ) . 

précédons  et  pleins  de  la  même  eau  qu’eux , pont 
les  exposer  tous  ensemble  au  soleil  pendant  une 
journée;  alors  je  trouvai  dans  les  réeipiens,  où  éloient 
les  rameaux  plongés  dans  des  phioles  remplies  d’eau 
chargée  d’acide  carbonique , une  quantité  au  moins 
décuple  du  gaz  oxygène  qui  s’étoil  produit  sous  les 
réeipiens  où  étoient  les  rameaux  scellés  dans  les 
phioles  vides  ; que  peut-on  conclure  de  la  différence 
de  ce  produit,  sinon  que  l’acide  carbonique  con- 
tenu dans  Peau  qui  remplissoit  la  phiole , étoit 
monté  dans  le  rameau  , en  avoit  pénétré  les  feuilles 
et  s’éloit  ajouté  à celui  que  les  feuilles  avoient  sucé 
dans  l’eau  , et  qu’il  s’y  étoit  décomposé  par  l'action 
du  soleil  sur  les  feuilles. 

Je  fis  une  autre  expérience  qui  m’a  semblé  con-- 
firmer  mon  opinon  ; je  mis  des  feuilles  du  sedurn 
anctcampseros  dans  l'eau  sous  un  récipient  plein 
d’eau  et  placé  sous  celui  d’une  pompe  pneumatique, 
je  fis  le  vide  et  Pair  que  les  feuilles  contenoient  eu 
, sortit , alors  elles  gagnèrent  le  fond  du  vase , où  elles 
restèrent  : je  me  dis  donc , ces  feuilles  sont  privées 
d’air  ; si  le  gaz  acide  carbonique  y rentre  avec  Peau , 
s’il  y abandonne  l’eau  il  doit  les  ramener  à la  sur- 
face de  Peau  en  gonflant  les  vésicules  qui  le  con- 
tiennent, et  si  elles  donnent  alors  du  gaz  oxygène 
en  les  exposant  ainsi  au  soleil,  il  doit  être  produit 
par  l’acide  carbonique  qui  y sera  entré  avec  Peau. 

Je  retirai  donc  mes  feuilles  de  dessous  l’eau , où 
elles  étoient  et  j’en  fis  passer  sous  des  réeipiens  pleins, 
d’eau  chargée  d’acide  carbonique  et  sous  d’autres 
pleins  d’eau  bouillie;  mais  je  pensai,  qu’d  laU.uit 


( a5i  ) 

d’abord  les  laisser  dans  la  même  température,  où 
elles  étaient  , parce  que  connue  je  savois  qu’il  est 
extrêmement  difficile  de  priver  les  feuilles  de  tout 
l’air  qu'elles  contiennent , il  arriveroit  qu’en  expo* 
sanl  les  feuilles  à une  température  plus  haute,  elles 
pourvoient  surnager  encore  par  la  dilatation  de  l'air 
qui  auroit  pu  y rester.  Qu’arriva-t-il  donc  ? Au  bout 
d’un  quart-d’heure  les  feuilles  surnagèrent  dans  l’eau 
chargée  d’acide  carbonique,  et  restèrent  au  fond  do 
vase  dans  l’eau  bouillie.  Je  pouvois  donc  conclure 
que  le  gaz  acide  carbonique  étoit  entré  avec  l'eau 
dans  les  feuilles,  recouvertes  par  cette  eau;  ou 
que  la  feuille  a voit  extrait  l’acide  carbonique  de 
l’eau,  où  elle  plongeoit;  de  sorte  que  je  ne  pouvois 
me  dissimuler,  que  l’acide  carbonique  étoit  entré 
dans  la  feuille. 

Ensuite  j’exposai  ces  feuilles  sous  leur  récipient 
au  soleil;  alors  je  vis  deux  ou  trois  feuilles  qui 
éloient  sous  l’eau  bouillie  s’élever  à la  surface  de 
l’eau , et  je  trouvai  sous  le  récipient  une  petite  bulle  , 
qui  devoit  être  nécessairement  une  bulle  restée  dans 
la  feuille;  mais  en  les  replaçant  sous  une  nouvelle 
eau  bouillie, elles- cessèrent  de  fournir  d’autres  bulles; 
celle  bulle  étoit  donc  bien  le  reste  de  l’air  contenu 
dans  la  feuille. 

Quant  aux  feuilles  qui  éloient  sous  les  récipiens 
pleins  d’eau  chargée  d’acide  carbonique,  elles  don- 
nèrent du  gaz  oxygène  comme  ces  feuilles  ont  cou- 
tume d’en  donner  dans  cel  le  circonstance  ; aussi 
comme  Spullanzani  a vu  avec  moi  l’air  sortir  du 
centre  des  feuilles,  el  comme  j’avois  prouvé  dans 


( 252  ) 

mes  Mémoires  physico-chimiques  que  l’épiderme  des 
feuilles  de  joubarbe  ne  donnoit  point  d’air  au  soleil, 
et  que  le  parenchyme  écorché  en  donnoit  beau- 
coup , je  conclus , que  l’air  sorloil  de  la  feuille  , 
et  qu’il  étoit  bien  probable  que  l’acide  carbonique 
qui  avoit  pénétré  la  feuille  en  étoit  la  source;  ce- 
pendant je  me  garderai  bien  de  dire  à présent  que 
cette  preuve  soit  rigoureusement  démonstrative  , 
quoique  je  ne  voie  pas  ce  qu’on  peut  lui  opposer. 

Enfin  j’ai  une  nouvelle  probabilité  en  faveur  de 
mon  opinion  : je  la  tire  de  la  grande  quantité  d’air 
qu’une  infusion  de  tan  fait  produire  aux  plantes 
que  l’on  expose  au  soleil  dans  cette  infusion,  comme 
je  l’ai  prouvé  dans  ma  Physiologie  végétale  $ car 
puisque  l’acide  gallique  est  une  combinaison  d’oxy- 
gène et  de  carbone  de  même  que  l’acide  carbonique  ; 
je  peux  encore  conclure,  que  les  mêmes  effets  devant 
avoir  les  mêmes  causes  et  l’acide  gallique  se  décom- 
sant  très-facilement,  il  résulte  de  celte  expérience 
que  l’acide  gallique  doit  par  sa  décomposition  pro- 
duire les  mêmes  effets  que  l’acide  carbonique  et  réci- 
proquement. 

Je  peux  ici  employer  encore  les  belles  expériences 
de  M.r  Desaussure  dans  ses  Recherches  chimiques 
sur  la  végétation  , qui  sont  des  conséquences  natu- 
relles de  la  théorie  que  j’avois  établie,  et  comme  elles 
reposent  toutes  sur  la  décomposition  de  l’acide  car- 
bonique, et  que  chacune  la  démontre  d’une  manière 
différente;  je  puis  encore  dire  que  la  probabilité  de  la 
décomposition  de  l’acide  carbonique  dans  les  plantes 
est  augmentée  par  toutes  les  découvertes  capitales 


( a55  ) 

que  le  génie  de  ce  savant  naturaliste  lui  a fait  faire  en 
la  suivant. 

J’ai  préféré  joindre  ces  réponses  aux  notes  que 
Spallanzani  a laissé  sur  mes  lettres  plutôt  que  de  les 
renvoyer  au  mémoire  que  je  joindrai  à celui-ci , et 
dans  lequel  je  traiterai  ce  sujet  plus  à fond  ; parce 
que  chacun  pourra  voir  quelle  étoil  la  nature  de 
l’aimable  et  instructive  correspondance  que  nous 
avons  soutenue  pendant  25  ans;  j’en  regrette  tous 
les  jours  davantage  la  perte,  uij  ami  comme  lui  ne 
se  remplace  pas , et  les  sciences  ne  retrouvent  pas 
beaucoup  d’hommes  qui  lui  ressemblent  par  leur 
amour  pour  la  vérité,  et  par  leurs  moyens  pour  la 
découvrir  et  la  faire  connoître. 

Je  joins  encore  ici  des  notes  générales  de  Spallan- 
zani sur  mes  lettres  avant  de  donner  la  lettre  elle- 
même  qu’il  m'écrivit  d’après  ces  notes  que  je  viens 
de  traduire  , et  auxquelles  j’ai  répondu  en  partie 
comme  je  viens  de  le  faire  : mais  s’il  avoit  prolongé 
sa  vie  plus  long-temps,  je  lui  aurai  fait  connoître 
quelques-unes  des  réflexions  et  des  expériences  que 
je  viens  d’exposer  à présent , afin  de  les  discuter 
avec  lui. 

Spallanzani  ajoute  ensuite  dans  ses  notes  : nou3 
n’avons  aucune  preuve  directe  de  la  décomposition 
de  l’acide  carbonique,  cependant  tout  concourt  pour 
prouver  que  cet  acide  favorise  la  production  du  gaz 
oxygène  dans  les  plantes  tl  augmente  sa  quantité. 

Que  faut-il  penser  de  la  décomposition  de  l’eau? 
Dans  ma  lettre  à Senebier,  j’ai  déjà  dit  qu’il  n’y  en 
avoil  aucune  preuve  directe  ; mais  ou  doit  observer 


( 254  ) 

encore,  que  si  l’expérience  montre  celte  décompo- 
sition opérée  par  la  chaleur,  elle  n’est  pourtant  l’efièt 
que  de  l’absorption  que  les  combustibles  font  de 
l’oxygène  , ce  qui  met  l’hydrogène  à nu  , cependant 
on  n’a  pas  vu  encore  l’oxygène  dégagé  par  l’ab- 
sorption de  l’hydrogène. 

Tout  se  réduit  donc  à ceci:  les  plantes  sous  l’eau 
au  soleil  donnent  le  gaz  oxygène.  D’où  vient-il  ? 
Est-il  démontré  qu’il  ne  sorte  pas  de  l’ifltérieur  des 
végétaux  ? Jusques  à présent,  on  n’en  voit  que  deux 
sources  ; la  décomposition  de  l’eau  et  celle  de  l’acide 
carbonique.  La  seconde  est  hypothétique  , quoique 
Senebier  dise  qu’elle  est  probable  par  les  expériences 
de  Tennant,  Giobert,  Pearson,  Mussin-Puskin.  La 
décomposition  de  l’eau  n’esL  pas  moins  hypothéti- 
que; mais  il  faut  dire  que  si  l’on  rejette  ces  deux 
hypothèses,  on  ne  peut  expliquer  la  production  du 
gaz  oxygène  par  les  plantes. 

Je  remarquerai  encore,  que  lorsqu’on  lit  la  dé- 
couverte du  gaz  oxygène  produit  par  les  plantes  , 
on  crut  expliquer  la  production  de  ce  gaz  d’une 
manière  plausible  par  la  décomposition  de  l’eau  , 
et  celte  idée  est  bien  dans  l’analogie  de  la  nouvelle 
chimie;  mais  cette  explication  a été  reçue  par  les 
physiciens  sans  aucun  examen  ultérieur.  Senebier 
est  le  seul  qui  l’ait  combattue  indirectement , en 
cherchant  à montrer  que  la  décomposition  de  l’a- 
cide carbonique  est  la  tJluse  productrice  de  ce  gaz 
oxygène  (i). 


(i)  Note  de  1‘ Editeur.  Ici  finissent  Içs  notes  de  Spallanzani. 


'(  255  ) 

Je  n’ajoute  qu’un  mot  , quoique  le  jugement  de 
Spallanzani  me  paroisse  sévère,  et  quoiqu’il  doive  le 
paroi tre  après  toutes  les  observations  que  j’ai  faites  ; 
je  me  suis  fait  un  plaisir  de  le  publier , parce  que 
je  ne  le  trouve  pas  à rigueur  sans  fondement,  et 
parce  qu’il  porte  l’empreinte  de  cette  logique  scru- 
puleuse et  de  cet  amour  pour  la  vérité  qui  ont  tou- 
jours caractérisé  les  recherches  de  mon  illustre  ami. 

Lettre  de  Spallanzani  du  27  Septembre 

1798  (1). 

....  Je  vois  bien  qu'avant  moi  vous  avez  vu  les  jets 
d’air  qui  sortent  des  plantes  exposées  sous  l’eau  au 
soleil  , et  qu’ils  avoient  été  aussi  remarqués  par 
Jngenhouz. 

Je  n’avois  point  observé  le  phénomène  des  taches 
qui  se  font  sur  quelques  feuilles  exposées  sous  l’eau 
au  soleil , votre  explication  me  semble  bonne;  vous 
pouvez  l’élablir  encore  par  l’hydrophaue  (2).  Voici 


(1)  Note  de  l’Editeur.  J’ai  "supprimé  de  cette  lettre  tout  œ 
qui  n’étoiL  pas  relatif  immédiatement  à ce  mémoire. 

(2)  Note  de  l’Editeur.  Ces  taches  se  peignent  sur  les  feuilles  , 
par  exemple  , du  framboisier  , du  figuier  > lorsqu’on  les  expose  au 
soleil  , sous  l'eau  chargée  d’acide  cai  bonique  ; elles  forment  de  gros 
points  d’un  verd  plus  clair,  disséminés  sur  la  surface  de  la  feuille, 
et  leur  nombre  augmente  à mesure  que  les  feuilles  restent  plus 
long-temps  en  expérience.  Je  sortis  de  l’eau  une  de  ces  feuilles,  et 
je  la  laissai  pour  l’examiner;  deux  heures  après  je  voulus  voir  ce 
qu’elle  oü’roit  de  particulier , et  je  trouvai  les  taches  disparues  <- 
je  pensai  que  ce  pouvoit  être  l’eau  qui  avoil  remplacé  l’air,  et  qui 


( 256  ) 

une  observation  que  j’ai  faite  sur  les  feuilles  du  rubuê 
idœus ; lorsque  ses  feuilles  ont  donné  sous  l’eau  l’air 
qu’elles  pouvoient  donner,  je  les  tirai  de  l’eau,  et 
je  les  exposai  à la  vive  lumière  avec  d’autres  fraî- 
chement coupées.  Les  premières  me  parurent  plus 
transparentes  que  les  secondes,  leur  vert  étoit  plus 
clair,  et  elles  surnageoinl  moins  bien  qu’elles. 

Vous  m’apprenez  un  autre  phénomène  qui  m’é- 
toit  inconnu  comme  le  précédent;  c’est  celui  de  la 
pureté  de  l’air  recueilli  sur  les  feuilles  qui  est  moin- 
dre , que  celle  de  l'air  commun.  Ces  deux  choses 
me  paroissent  intéressantes  par  leurs  conséquences, 
vous  attribuez  la  dernière  à l’acide  carbonique  de 
l’atmosphère  qui  s’y  dépose  , ou  qui  sort  de  la  plante, 
vous  pouvez  le  vérifier  par  l’analise  de  l’air 

Nous  sommes  parfaitement  d’accord  sur  ce  qu’il 
n’y  a aucune  preuve  de  la  décomposition  de  l’eau 
par  les  plantes,  qui  y sont  exposées  au  soleil;  elle 
devroit  produire  l’absorption  de  l’hydrogène  par  la 
plante,  et  le  dégagement  de  l’oxygène;  mais  je 
ne  connois  aucune  expérience  pour  le  démontrer; 
tandis  qu’il  y en  a mille  pour  établir  cette  décom- 
position par  l’absorption  de  l’oxygène  dans  les  corps 
combustibles  qui  abandonnent  l’hydrogène.  Il  n’est 


avoit  rendu  l’e'piderme  plus  transparent , comme  l’eau  donne  la 
transparence  au  papier  mouillé,  aussi  reprennent-ils  tous  deux  leur 
opacité  quand  l’eau  introduite  s’est  évaporée.  Cette  expérience  me 
paroît  capitale,  parce  qu’elle  montre  que  l’air  sort  de  l’intérieur  de 
la  feuille  , et  j’en  ai  eu  la  preuve  , puisque  le  phénomène  paroi t 
de  même  quand  on  place  ces  feuilles  dans  l’eau , sous  la  pompe 
pneumatique,  et  que  l’ou  fait  le  vide. 


• ( 207  ) 

'pourtant  pas  démontré  que  la  nature  ne  puisse  avoir 
des  moyens  jusques  à présent  inconnus  pour  opérer 
cette  décomposition  par  le  dégagement  de  l’oxy- 
gène, et  que  ce  moyen  ne  soit  la  végétation  des 
plantes  combinée  avec  la  lumière  solaire. 

Il  est  vrai,  comme  vous  le  dites,  que  dans  cette  sup- 
position on  devroit  obtenir  également  le  gaz  oxygène 
dans  les  eaux  bouillies  et  distillées,  comme  dans  celle 
qui  est  imprégnée  d’acide  carbonique;  mais  je  vous 
dirai  aussi,  que  j’ai  fait  des  expériences  avec  ces  eaux 
sur  des  jalantes  grasses  et  que  j’ai  obtenu  de  quel- 
ques-unes d’elles  une  égale  quantité  d’air  également 
bon,  comme  avec  l’eau  de  mon  puits;  cependant 
avec  un  nombre  de  piaules  plus  grand,  j’ai  observé 
précisément  le  contraire.  Ne  seroit-il  pas  possible, 
que  l'organisation  de  plusieurs  plantes  fût  telle,  qu’a- 
vec l’intermède  de  la  lumière  , il  fût  nécessaire  de 
recourir  à un  second  qui  seroil  l’acide  carbonique? 
Diverses  expériences  que  vous  rapportez,  dans  les- 
quelles il  y a eu  dans  des  cas  particuliers  du  gaz  hy- 
drogène produit  par  quelques  plantes,  deviendroient 
un  argument  plausible  en  faveur  de  la  décompo- 
sition de  l’eau  ; parce  que  dans  ces  cas  l’hydrogène 
ne  se  fixeroit  pas  entièrement  dans  les  piaules,  et  en 
laisseroil  une  partie  à nu.  Je  conviens  bien  avec 
vous  de  bon  gré,  de  ne  vous  avoir  donné  ici  que 
des  subtilités  , qui  prouvent  tout  au  plus  que  celte 
décomposition  de  l’eau  n’est  pas  impossible , et  qu’elle 
pourvoit  être  la  cause  du  gaz  oxygène  fourni  par  les 
plantes. 

J’ai  déjà  noté  dans  mon  mémoire  que  je  me  ferai 


( 258  ) 

tüi  devoir  de  publier  , que  la  découverte  du  gaZ 
azote  î-eiidu  par  les  plantes  vous  appartient,  et  que 
je  n’ai  fait  que  la  confirmer. 

Je  Arous  ai  donné  les  exemples  de  quatorze  plantes 
qui  donnent  au  soleil  une  égale  quantité  d’air  dans 
l'eau  chargée  d’acide  carbonique,  comme  dans  celle 
qui  en  est  privée.  Vous  observez  sagement  que  toutes 
ces  plantes  sont  grasses  , toutes  riches  en  paren- 
chyme, que  ce  parenchyme,  par  conséquent,  peut 
être  imprégné  d’acide  carbonique , et  que  par  con- 
séquent, il  est  en  état  de  fournir  abondamment  du 
gaz  oxygène  au  soleil  dans  l’eau  privée  d'acide  car- 
bonique. Cette  pensée  me  fil  un  grand  plaisir,  d’au- 
tant plus  qu’ayant  fait  ensuite  plusieurs  expérience» 
sur  d’autres  plantes  grasses,  j’ai  toujours  trouvé  les 
résultats  opposés  à ceux  que  me  fournissoient  les 
plantes  membraneuses  exposées  au  soleil  dans  des 
eaux  privées  d’acide  carbonique;  celles-ci  ont  toujours 
donné-dans  les  eaux  chargées  d'acide  carbonique  une 
quantité  d’air  beaucoup  plus  considérable,  que  celles 
qui  étoient  exposées  au  soleil  dans  des  eaux  privées 
de  cet  acide. 

Je  ne  savois  pas  que  vous  eussiez  des  doutes  sur 
l’irritabilité  des  plantes,  parce  que  vous  m’aviez  paru 
la  reconnoître  autrefois;  les  exemples  en  sont  pour- 
tant bien  multipliés.  Suivant  donc  vos  nouvelles 
idées  vous  devez  être  bien  éloigné  de  ma  conjecture 
sim  la  différence  de  la  production  de  l’air  dans  ces 
deux  cas;  mais  je  vous  prie  de  réfléchir,  que  quand 
les  plantes  ne  seroient  pas  irritables,  vous  ne  pouvez 
pourtant  pas  nier,  que  l'acide  carbonique  a quelque 


( 23g  ) 

influence  sur  elles,  et  qu’il  est  raisonnable  de  penser, 
que  cette  influence  doit  varier  avec  leur  organisa- 
tion; ce  qui  suffiroit  pour  faire  croire,  que  l’acide 
carbonique  agit  mécaniquement  sur  les  plantes,  pour 
leur  faire  produire  plus  d’air  ; alors  mon  hypothèse 
fondée  sur  l’irritabilité  des  plantes  pourroil  subsister. 

Vous  prouvez  de  nouveau  l’influence  de  l’acide 
carbonique  sur  la  production  du  gaz  oxygène  par 
les  plantes  avec  un  appareil  d’expériences  si  nom- 
breuses , si  convaincantes  et  si  belles  qu’elles  mettent 
votre  théorie  dans  le  plus  beau  jour.  Pour  ne  pas 
rendre  celte  lettre  trop  longue  je  n’en  examinerai 
que  quelques-unes. 

L’origine  du  charbon  dans  les  plantes  est  un  pro- 
blème qui  n’a  pas  été  encore  clairement  résolu , et 
qui  mérite  de  l'être;  il  intéresse  fortement  les  pro- 
grès de  la  physique  végétale.  La  décomposition  de 
l’acide  carbonique  fournit  une  raison  plausible  de 
l’origine  du  charbon  dans  les  plantes;  d’autant  plus 
que  vous  m’apprenez,  que  l’on  ne  peut  introduire 
le  charbon  eu  nature  dans  les  plantes  avec  les  sucs 
qui  y montent , parce  que  vous  vous  êtes  convaincu 
par  des  expériences , que  l’on  ne  peut  obtenir  cet 
eflct  par  l’introduction  de  la  sève  dans  leurs  racines. 

Mais  il  me  semble  que  la  nature  pourroil  opérer 
ce  qui  est  impossible  à l’art.  Je  veux  dire  qu’elle 
a des  moyens  pou^'  produire  lentement  la  dissolu- 
tion du  charbon  dans  l’eau  sucée  parles  racines, 
et  il  me  semble  avoir  lu  dans  les  Annales  de  chimie , 
qu’on  a prétendu  expliquer  commeiiL  L’eau  des  fu- 
miers lient  le  charbon  dissous  et  le  fut  entier  dans 
les  plantes. 


I 


( 24o  ) 

Vos  feuilles  de  figuier,  de  rosier,  de  pêcher  don- 
• nenl  infiniment  plus  d’air  dans  l’eau  açi'ée  que  dans 
l’eau  bouillie.  Votre  sedum  anacampseros , quoi- 
qu'une piaule  grasse  vous  a fourni  des  résultats  qui  ne 
se  sont  pas  beaucoup  écartés  de  ceux  que  les  autres 
plantes  vous  ont  offerts.  Je  n’a  vois  pas  celte  plante; 
de  sorte  que  je  n’ai  pu  la  soumettre  à l’expérience; 
mais  j’ai  répélé  vos  expériences  sur  les  trois  autres 
feuilles , et  les  résultats  que  j’ai  obtenus  ont  été 
semblables  à ceux  que  vous  avez  eus  ; je  n’ai  pour- 
tant pas  pu  trouver  le  temps  de  varier  ces  expé- 
périences  comme  vous  l’avez  fait. 

Vous  avez  fait  à Rolle  une  nouvelle  expérience 
avec  de  l’eau  qui  conlenoit  une  plus  grande  quan- 
tité d’acide  carbonique,  que  celle  que  vous  aviez 
employée  à Genève  précédemment,  et  en  remplis- 
sant avec  ^lle  des  récipens  que  vous  avez  renversé 
sur  leur  ouverture  dans  des  vases  pleins  d’eau,  vous 
avez  obtenu  quelque  peu  d’air , que  vous  n’aviez 
pas  observé  dans  vos  premières  expériences  ; vous 
avez  répélé  celte  expérience  avec  de  l’eau  con- 
tenant au  moins  un  volume  d’acide  carbonique  égal 
au  sien,  et  alors  vous  avez  eu  avec  cette  eau  au 
soleil  une  plus  grande  quantité  d’air.  En  observant 
les  mêmes  circonstances,  vous  avez  mis  dans  l’eau 
les  feuilles  d’une  plante  et  alors  vous  avez  eu  au  soleil 
avec  le  gaz  oxygène  une  plus  grande  quantité  d’a- 
cide carbonique  que  celle  que  vous  aviez  eue  avec 
l’eau  commune  , et  vous  en  tirez  néanmoins  la  con- 
séquence , que  l’acide  carbonique  trouvé  sur  l’eau 
avçc  le  gaz  oxygène  n’est  pas  sorli  de  l’eau , mais 

des 


( 24l  ) 

des  feuilles»  Permeltez-moi  de  vous  dire  qu'il  y a 
de  l’erreur  dans  voire  conséquence  ; puisque  suivant 
ines  idées,  cette  abondance  d’acide  carbonique  pour- 
roit  venir  de  l’eau  qui  en  contient  : car  par  le  moyen 
de  la  plante  vous  avez  obtenu  du  gaz  oxygène, 
et  ce  gaz  a favorisé  la  sortie  de  l’acide  carbonique 
hors  de  l’eau  comme  une  lame  d’air  commun  pro- 
duit cet  effet  (ij. 

Cette  conséquence  que  vous  avez  tirée,  et  que  je 
n’ai  pas  crue  loul-à-fait  contraire  à la  vérité  m’a 
fait  naître  des  scrupules  sur  la  mienne,  que  j’ap- 
puyois  sur  ces  jets  d'air  qui  sortent  de  l’intérieur 
de  quelques  plantes , comme  je  vous  l’ai  déjà  écrit, 
parce  que  j’avois  trouvé  de  l’acide  carbonique  dans 
l'air  qu’ils  m’avoient  fourni,  et  j’en  concluois  comme 
vous  , que  cet  acide  carbonique  sortoil  aussi  de  la 
plante;  mais  revenant  sur  cette  expérience,  j’ai 
vu  que  l’on  pouvoit  l’expliquer  autrement  dans 
l’hypothèse  de  la  décomposition  de  l’eau;  puisqu’on 
pourroit  dire,  que  cet  acide  est  le  résultat  de  la 
combinaison  du  charbon  des  plantes  avec  l’oxygène 
de  l’eau. 

Vous  verrez  sûrement  que  ces  considérations  se 
réduisent  à rien  , puisque  vos  expériences  vous 
ont  montré  comme  vous  me  le  marquez  , que  le 


(i)  Noie  de  TEditeur . J’avois  eu  tort  en  partie  dans  cette 
conséquence , mais  il  est  sûr  qne  si  l’eau  acidulée  fournit  de  l’acide 
carbonique,  la  plante,  à son  tour,  en  fournit  aussi  au  soleil  avéc  le 
gai  oxygène , comme  Spallauzani  l’avoit  vu  avec  les  feuilles  des 
planoes  grasses  exposées  au  soleil  «hns  l’eau  bouillie  et.  dans  l’eatf 
distillée. 


Tome 


» 


Q 


( 242  5 

charbon  en  nature  ne  peut  pas  monter  dans  les 
plantes. 

Votre  sedum  anaccimpseros  soumis  à une  foule 
d’expériences  ingénieuses  vous  a fait  voir  encore 
l’influence  de  l’acide  carbonique  sur  la  production 
de  l’air  par  les  plantes  exposées  au  soleil  sous  l’eau 
chargée  de  cet  acide  ; puisque  les  volumes  de  l’air 
produit  croissent  en  raison  de  l’augmentation  de 
cet  acide  dans  l’eau,  et  comme  cet  air  appartient 
aux  plantes  dans  votre  opinion  , vous  concluez 
qu’il  doit  provenir  de  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique. 

A l’occasion  de  cette  conséquence  que  vous  avez 
- tirée,  je  vous  rappellerai  deux  paragraphes  de  ma 
lettre  précédente.  Le  premier,  que  le  gaz  acide  car- 
bonique dans  l’air  de  l'eau  qui  en  est  très-chargée 
est  toujours  plus  volumineux  que  dans  l’eau  mé- 
diocrement acidulée , et  plus  grand  dans  celle-ci  que 
dans  l’eau  commune.  Le  second  est  celui  - ci  : la 
quantité  du  gaz  oxygène  produit  par  les  plantes 
est  d’autant  plus  grande  que  la  quantité  du  gaz  acide 
carbonique  qui  est  dans  l’eau  est  aussi  plus  grande. 

Je  suis  revenu  à l’examen  de  ces  deux  propo- 
sitions par  l’expérience  et  j’ai  toujours  confirmé  la 
première  , mais  il  n’en  a pas  été  de  même  de  la 
seconde.  J’ai  constamment  vu,  que  lorsque  l’eau, 
où  l’on  met  les  plantes  contient  beaucoup  d’acide 
carbonique,  il  y a beaucoup  d’acide  carbonique  et 
très-peu  de  gaz  oxygène  (1). 


^ (i)  Note  de  l’Editeur.  J#  n’ai  pas  réussi  à voir  cela,  quoique 


4 


( a43  ) 

J’ai  fait  sur  V dloè  cœrulèscens  glctucà  spinis  nt* 
bris  et  le  cactus  cochinilifer  qui  étaient  à la  vé- 
rité altérés  dans  leur  constitution -,  une  expérience 
analogue  aux  vôtres  qui  nie  paroissent  préférables 
à la  mienne.  ïlyavoit  63  jours  que  quelques  feuilles 
de  ces  plantes  se  trouvoient  à l’ombre  sur  une  table 
dans  mon  appartement  ; elles  avoient  en  partie  perdu, 
leur  couleur  verte  et  leur  consistance;  elles  étoient 
ridées.  Je  voulois  voir,  si  dans  cet  état  de  maladie 
elles  donneroient  du  gaz  oxygène.  Je  les  tins  le  26 
Mai  sous  l’eau  de  mon  puits  au  soleil  pendant  huit 
heures , l’air  de  l’aloë  contenoil  de  gaz  oxygène , 
et  celui  du  cactus  — -;  je  fis  une  expérience  com- 
parative avec  les  feuilles  fraîches  de  ces  plantes , 
l’a  r de  Valoè  contenoil  ~ de  gaz  oxygène  et  celui 
du  cactus 

Il  paroît  donc  que  ces  plantes  altérées  pouvoient 
encore  donner  du  gaz  oxygène  , quoiqu’elles  en  don* 
liassent  moins  que  les  fraîches,  et  l’on  devoit  s’at- 
tendre à cette  différence.  Celte  expérience  est  donc 
d’accord  avec  la  vôtre  relativement  à l’état  altéré 
des  feuilles  de  votre  sedum  ,*  ce  qui  de  voit  arriver 
a toutes  les  feuilles  , qui  ont  souffert  de  cette  ma- 
nière; on  les  voit  pourtant  reprendre  de  la  vigueur 


j’aie  fait  mes  expériences  avec  des  eaux  fort  chargées  d’acide 
carbonique;  le  gaz  oxygène  y dominoit  toujours  éminemment  -, 
Tomme  on  le  voit  par  mes  ouvrages  ; il  me  falloit  trois  ou  quatre 
mesures  de  gaz  nitreux  pour  en  saturer  une  de  cet  air;  mais  quand 
l’eau  éioit  surchargée  d’acide  carbonique,  alors  ce  gaz  s’échappe  de 
l’eau  et  ne  se  décompose  pas,  et  la  seconde  proposition  subsiste 
comme  je  l’avois  établie  il  y a bieu  loug-temps. 


( 244  ) 

dans  une  atmosphère  fort  humide.  Ceci  est  une  preuve 
de  l’absorption  de  l’eau  par  les  plantes,  et  comme 
leur  altération  éloil  produite  par  l’atrophie,  leur  ré- 
tablissement est  l’effet  de  la  nourriture  que  leur 
donne  l’eau  qu’elles  absorbent. 

Suivant  vos  expériences,  ces  feuilles  altérées  se 
rétablissent  moins  bien  dans  l’eau  bouillie  que  dans 
l'eau  commune,  parce  que  les  premières  sont  privées 
d’acide  carbonique,  et  qu’il  est  une  cause  de  leur 
rétablissement.  Mais  si  dans  l’eau  commune,  il  y 
a d’auLres  principes,  qui  sait  par  exemple,  si  l’é-» 
bullition  n’en  fait  pas  disparoîlre  qui  sont  essentiels 
à la  nourriture  des  plantes,  que  nous  ne  connois- 
sons  pas?  Pour  voir  si  l’acide  carbonique  a cetle 
propriété  exclusive,  on  pourroit  chercher  ce  qui  arri- 
veroit  à une  plante  altérée  tenue  sous  l’eau  bouillie , 
et  ensuite  immédiatement  imprégnée  d’acide  car- 
bonique (ij. 

Vous  terminez  votre  lettre  par  une  considération, 
qui  honore  votre  sincérité  , vous  m’écrivez  , que 
malgré  la  multitude  des  expériences  que  vous  avez 
faites  pour  établir  l’influence  de  l’acide  carbonique 
dans  la  production  de  l’air  par  les  plantes  exposées 
au  soleil  sous  l’eau  chargée  de  cet  acide , vous  êtes 
néanmoins  indécis  sur  la  décomposition  de  cet  acide. 
J’ai  aussi  des  doutes  très-forts  sur  ce  sujet,  puisque 


(i)  Note  de  l’Editeur.  Notre  ignorance  sur  des  principes  in- 
connus , qui  n’existent  peut-être  pas , nous  permeltroit-elle  d’en 
tirer  des  inductions  opposées  à celles  que  les  faits  présentent? 
J’ai  répondu  plus  particulièrement  à cette  objection  dans  ma 
'Physiologie  végétale? 


( 245 

l’eau  chargée  d’acide  carbonique,  où  les  plantes  ©nt 
donné  de  l’air  au  soleil,  en  a conservé  la  même  quan- 
tité après  l’expérience;  mais  si  les  expériences  prou- 
vent que  l’acide  carbonique  n’influe  pas  toujours  sur 
la  production  du  gaz  oxygène  par  les  plantes  expo- 
sées au  soleil  sous  l’eau  qui  en  est  chargée,  il  a cette 
influence  un  nombre  innombrable  de  fois  (1). 

Vous  savez  ce  que  je  pense  sur  la  décomposition 
de  l’eau  dans  les  plantes;  si  elle  n’a  pas  des  preuves 
directes , on  n’a  j^as  prouvé  son  impossibilité.  Dans 
le  long  chapitre,  où  je  traiterai  de  l’air  produit  par 
les  plantes  sous  l'eau  au  soleil  et  dans  l’air;  je  mon- 
trerai que  les  plantes  donnent  beaucoup  plus  d’air 
dans  l’eau  que  dans  l’air.  Ce  qui  sembleroit  fournir 
la  conjecture,  que  cet  air  provient  de  la  décompo- 
sition de  l'eau;  puisqu’il  y a plus  d’eau  dans  l’eau 
que  dans  l’air;  mais  on  peut  dire  la  même  chose  de 
l'acide  carbonique  qui  est  moins  abondant  dans  l’air 
que  dans  l’eau  (e);  il  est  pourtant  sûr  que  si  l’on 
rejette  ces  deux  hypothèses,  il  faut  renoncer  à ex- 
pliquer la  production  de  l’air  dans  les  végétaux. 

Vous  avez  la  complaisance  de  me  dire,  que  lors- 

(1)  Note  de  l’Editeur.  J’ai  donné  dans  les  extraits  de  rnos 
lettres  quelques  éclaircissemens  sur  cette  expérience,  dont  je 
parlerai  encore  dans  le  mémoire  que  j’ajoute  à celui-ci. 

(2)  Note  de  l'Editeur.  Je  ne  trouve  pas  de  parité  dans  la 
comparaison  , il  y a plus  d’eau  dans  l’eau , relativement  à celle 
qui  est  dans  l’air,  qu’il  n’y  a d’acide  carbonique  dans  l’eau  commune, 
relativement  à celui  qui  est  dans  l’air.  Outre  cela  toutes  les  plantes 
donnent  du  gaz  oxygène  dans  l’eau  commune,  et  il  n’y  a que  les 
plantes  grasses  qui  en  donnent  dans  l’eau  bouillie  : je  crois  eu 
•voir  indiqué  la  raison. 


( 246  ) 

que  tous  publierez  votre  physiologie  végétale , vous 
souhaitez  avoir  mon  mémoire  pour  faire  coiinoïlre 
les  résultats  de  mes  expériences , vous  me  faites  un 
honneur  que  je  ne  mérite  pas,  parce  que  je  sais  bien 
que  sur  ce  sujet  vous  ne  pouvez  tirer  de  mon  tra- 
vail que  peu  de  lumière  ; vous  y êtes  un  maître  , 
tandis  que  je  n’ai  pu  m’en  occuper  que  très-légé- 
rement.  Cependant  pour  ne  pas  perdre  le  mérite 
d’avoir  cédé  à votre  prière;  je  vous  indiquerai  les 
chapitres  que  je  veux  traiter  et  leur  principaux  ^ 
résultats,  parce  que  je  ne  puis  précisément  vous 
marquer  le  temps  de  la  publication  de  mon  ouvrage.. 


( 247  ) 


Plan  du  Mémoire  que  Spallanzani 
vouloit  publier. 

Chapitre  I. 

Méthode  pratiquée  par  deux  illustres  physiciens, 
Ingenhouz  et  Senebier,  pour  observer  Pair  que  les 
plantes  rendent  au  soleil. 

Méthode  différente  suivie  par  l’auteur  avec  les  pré- 
cautions qu’il  a employées  pour  l’exactitude  de  ses 
expériences. 

Chapitre  II. 

Si  le  gaz  oxygène  que  les  plantes  rendent  sous 
l’eau  au  soleil  provient  de  la  décomposition  de  Peau 
elle-même  , ou  de  celle  de  l’acide  carbonique. 

Je  ne  vous  donne  pas  les  résultats  de  ce  chapitre 
suffisamment  exprimés  dans  ma  lettre. 

Chapitre  III. 

Si  les  plantes  couvertes  d’eau  et  exposées  au  soleil 
donnent  plus  d’air  lorque  le  printemps  est  avancé 
que  dans  Pété  ou  dans  l’hiver. 

Résultats.  On  parle  ici  des  plantes  toujours  vertes 
et  l’on  démontre  l’affirmative  de  cette  proposition. 

Chapitre  IV. 

Quelle  est.  la  proportion  du  gaz  oxygène  produit 
au  soleil  par  les  mêmes  plantes  sous  l’eau  au  soleil 
et  dans  Pair. 

Résultats.  Il  y a une  égale  quantité  de  gaz  oxy- 
gène produit  par  quelques  plantes  dans  ces  deux 
circonstances  ; mais  il  y a une  beaucoup  plus  grande 
quantité  de  gaz  oxygène  dans  un  nombre  incom- 


( 248  ) 

parablement  plus  grand  de  plantes  mises  sous  l’eaw 
au  soleil,  que  dans  leurs  analogues  dans  l’air.  La 
quantité  de  l’air  fourni  par  les  plantes  dans  l’air  est 
pour  l’ordinaire  meilleur  que  l’air  atmosphérique. 

Chapitre  Y. 

Les  plantes  sous  l’eau  à l’ombre  ne  produisent  point 
ou  presque  point  d’air.  Les  mêmes  plantes  à l’om- 
bre dans  l'air  produisent  l’acide  carbonique  au  dé- 
pens du  gaz  oxjrgène  atmosphérique.  L’altération  de 
l’air  respirable  occasionnée  par  les  plantes  est-elle  pro- 
portionnelle à l’amélioration  que  les  mêmes  plantes 
produisent  au  soleil? 

Résultats.  La  très-petite  quantité  d’air  que  les 
plantes  donnent  quelquefois  sous  l’eau  à l’ombre  est 
mauvais.  D’une  immense  quantité  de  plantes  mises 
eu  expérience  à l’ombre,  il  ne  s’en  est  pas  trouvé 
une  seule  qui  ne  détruisît  le  gaz  oxygène. 

Preuves  de  fait  du  grand  désavantage  que  les 
plantes  causent  à l’air  respirable,  en  calculant  le 
temps  des  ténèbres  de  la  nuit , l’obscurité  des  temps 
pluvieux  , ou  celle  qui  est  produite  par  les  nuages 
et  l’ombre  elle  - même  que  les  plantes  ligueuses 
jettent  dans  un  temps  serein  sur  les  plantes  placées 
au-dessous  d’elles,  et  sur  celles  qui  sont  opposées 
au  soleil;  il  naît  de-là  des  soupçons  fondés,  que  l’air 
atmosphérique  est  plutôt  altéré  et  privé  de  son  gaz 
oxygène  à l’ombre  par  les  plantes  qu’amélioré  par 
elles  au  soleil. 

Chapitre  VI. 

On  trouve  que  les  fleurs  dans  chaque  saison  gû- 


' 

( 2*9  ) 

tent  l’air  atmosphérique  , de  manière  qu’en  peu 
d’heures  elles  lui  ôtent  tout  son  gaz  oxygène  dans 
les  vaisseaux  clos. 

Résultats.  L’effet  est  le  même  soit  que  les  fleurs 
y restent  à l’ombre  ou  au  soleil;  les  expériences  ont 
été  faites  dans  tous  les  temps  de  l’année  , et  le  nom- 
bre des  fleurs  soumises  à ces  expériences  a été  très- 
grand.  Les  fleurs  donnent  dans  l’eau  au  soleil  fort 
peu  d’air,  et  il  est  communément  mauvais. 

Chapitre  VII. 

Chaque  espèce  de  fruits,  de  graines,  de  bayes 
produit  sur  l’air  les  mêmes  effets  que  les  fleurs. 

Résultats.  Ces  productions  végétales  dans  diverse# 
périodes  de  leur  existence  ont  été  considérées  soit 
vertes,  soit  tendres,  soit  très-vertes , soit  très-dures  , 
soit  mûres;  il  n’y  a point  eu  de  différences  dans 
les  effets. 

Chapitre  VIII. 

Les  diverses  galles  des  plantes  gâtent  autant  l’air 
que  les  fleurs  et  les  fruits. 

Résultats.  J’ai  voulu  soumettre  à l’expérience  ce 
nouveau  genre  de  productions  végétales,  lorsqu’elles 
sont  plus  ou  moins  vertes , ou  plus  ou  moins  mûres: 
toutes  gâtent  l’air  atmosphérique. 

Chapitre  IX  et  dernier. 

Réflexions  sur  les  expériences  racontées  dans  les 
chapitres  précédons  (i). 


(i)  Note  de  V Editeur.  Tel  fut  le  plan  de  l’ouvrage  que  Spal- 
lanzani  utéditoit  et  qu’il  m’envoya  : j’«u  ai  déjà  parlé. 


( 24o  ) 


Lettre  de  Senebier  à Sr allant a ni  , de 
Rolle,  6 Novembre  1798  (1). 

T 

*1  ’ai  bien  reçu  vos  deux  lettres  du  12  et  1 6 Octobre, 
vous  pouvez  aisément  croire  le  plaisir  qu’elles  m’ont 
fait , elles  m’ont  fourni  de  l’instruction , et  elles  ont 
contribué  peut-être  à me  réconcilier  avec  mon  hy- 
pothèse qu’il  me  seroit  très-dur  d’abandonner  lout- 
à-fait;  mais  je  ne  veux  pas  anticiper  sur  ce  sujet,  je 
veux  répondre  en  détail  et  par  ordre  à votre  der- 
nière lettre  du  i 6,  au  moins  à tout  ce  qui  me  pa- 
roîlra  exiger  une  réponse. 

Je  ne  vous  rappellerai  pas  mes  lettres  précédentes 
et  surtout  celles  du  25  Août  et  du  i.cr  Septembre, 
relatives  à cet  objet. 

Quant  aux  eaux  qui  donnent  de  l’air  en  très-petite 
quantité  lorsqu’elles  sont  exposées  au  soleil  sous  des 
vases  pleins  et  fermés , il  ne  peut  y avoirde  doute  sim 
la  cause  de  l’apparition  de  ce  gaz;  c’est  le  gaz  acide 
carbonique  lui-même  dissous  dans  celte  eau  en  une 
quantité  déterminée  que  je  veux  chercher;  mais  on 
l’apperçoit  d’une  manière  plus  frappante,  quand  ou 
voit  ce  gaz  contenu  dans  l’eau,  changé  pour  sa  quan- 
tité et  sa  qualité,  dès  qu’on  introduit  une  feuille  sous 
le  récipient;  sans  doute  la  feuille  s’empare  de  ce  gaz 
et  l’on  est  bien  porté  à croire  que  la  feuille  le  dé- 
compose; puisque  sa  quantité  diminue  à mesure  que 


(1)  Noie  de  l’Editeur . J’ai  trouvé  celle  lettre  daus  les  papiers 
de  Spallanzam. 


( q4i  ) 

le  gaz  oxygène  produit  s'augmente;  puisque  dans 
un  très-grand  nombre  de  plantes  le  gaz  oxygène 
produit  est  proportionnel  à la  quantité  du  gaz  acide 
carbonique  contenu  dans  l’eau , et  puisque  le  car- 
bone est  introduit  dans  la  plante  par  ce  moyen  facile. 
Si  la  quantité  du  gaz  acide  carbonique  contenu  dans 
l’eau  est  très-petite,  il  n’y  a point  de  gaz  chassé  hors 
de  l’eau  sous  des  vaisseaux  pleins  au  soleil , quoi- 
qu’il y en  ait  suffisamment  pour  que  les  feuilles 
puissent  l’élaborer. 

Je  sais  que  M.r  Paul  qui  fabrique  à Genève  des 
eaux  de  Seltzer  factices  est  parvenu  par  une  com- 
pression très-forte  à faire  entrer  dans  l’eau  distillée 
cinq  fois  son  volume  de  gaz  acide  carbonique;  un 
de  ses  associés  qui  est  allé  à Londres  , et  qui  y a 
fabriqué  des  eaux  factices  par  les  mêmes  moyens 
a étonné  les  Membres  des  la  Société  Royale  , qui 
n’ont  pu  comprend,  e d’abord  comment  on  fabriquoit 
ces  eaux. 

J’ai  toujours  vu  que  les  plantes  souffroient  dans 
l’air  sous  les  vases  clos , au  bout  d’un  teins  très-court, 
et  qu’elles  y souffroient  d’autant  plus  que  le  temps 
de  leur  séjour  étoit  plus  long , le  vase  plus  petit , et 
l’air  moins  pur;  comme  j’ai  toujours  trouvé  de  l’acide 
carbonique  dans  cette  atmosphère,  j’ai  conclu  qu’il 
étoit  formé  aux  dépens  du  carbone  de  la  plante , 
puisque  le  volume  de  cette  atmosphère  étoit  dimi- 
nué, que  la  quantité  du  gaz  oxygène  qui  y restoit 
étoit  moindre  , ou  nulle  , quand  l’expérience  étoit 
prolongée;  enfin  que  la  plante  étoit  altérée.  Je  se- 
rois  bien  curieux  de  voir  votre  lettre  sur  le  piaule 


( 25a  ) 

chiuse , si  elle  est  imprimée  vous  me  feriez  plaisir 
de  me  l’envoyer  par  la  poste. 

Je  croyois  bien  vous  avoir  parlé  de  votre  mé- 
thode ingénieuse  pour  estimer  la  qualité  et  la  quan- 
tité de  l’air  fourni  par  les  plantes  exposées  dans  l’air 
sous  des  vaees  clos  au  soleil;  il  me  semble  même  que 
je  vous  avois  parlé  à cette  occasion  de  la  difficulté 
d’établir  une  comparaison  propre  à apprendre  ce 
qui  se  passe  dans  l'air  libx'e  ; i.°  parce  que  la  feuille 
est  enfermée , 2.0  parce  qu’elle  y est  mouillée,  5.* 
parce  que  la  chaleur  sous  le  verre  y est  beaucoup 
plus  considérable , 4.°  parce  que  l’altération  pro- 
duite par  la  feuille  sur  une  petite  quantité  d’air  dans 
cette  circonstance  extraordinaire  change  la  quantité 
de  gaz  oxygène  que  la  plante  doit  rendre.  Je  vous 
parlois  d’une  tentative  que  j’avois  faite  pour  décou- 
vrir si  l’air  fourni  par  les  feuilles  sous  l’eau  com- 
mune au  soleil  avoit  quelques  rapports  pour  la  quan- 
tité avec  l’air  fourni  par  les  feuilles  dans  de  grands 
récipiens.  J’aimerai  bien  savoir,  si  vous  avez  éprouvé 
l’air  à la  campagne  dans  des  époques  différentes  de 
la  journée , et  si  vous  avez  eu  les  mêmes  résultats 
que  moi.  Votre  méthode  est  ingénieuse,  logique 
et  si  vous  trouvez  mes  scrupules  trop  scrupuleux, 
ne  vous  plaignez  que  de  l’espèce  de  violence  que 
vous  m’avez  faite  pour  censurer  ce  que  d’autres 
admireront  avec  moi.  Vous  auriez  peut-être  rendu 
vos  procédés  plus  sévères,  si  vous» aviez  employé 
l’eau  bouillie  pour  la  feuille  renfermée  dans  l’air  sous 
un  récipient;  parce  que  l’attouchement  de  l’eau  qui 
contient  de  l’acide  carbonique  en  auroit  lait  sucer 


( 253  ) 


à la  feuille  qui  n’eu  auroit  pas  trouvé  autant  dans 
l’air. 


Il  y a un  fait  remarquable  pour  les  jets  d’air  dans 
les  plantes  à nœuds,  ils  s’échappent  des  nœuds  eux- 
mêmes  ; dans  les  polamogeton  on  les  voit  s’échap- 
per des  insertions  des  feuilles  qui  sont  des  espèces 
de  bourrelets  comme  les  nœuds. 

Il  arrive  que  les  feuilles  exposées  âu  soleil  pen-  • 
dant  plusieurs  heures  dans  une  eau  contenant  de 
l’acide  carbonique  vont  à fond  dès  le  premier  jour; 
mais  si  on  les  fait  passer  dans  une  autre  eau  chargée 
d’acide  carbonique,  elles  regagnent  bientôt  le  som- 
met du  récipient  : ceci  s’observe  plutôt  au  soleil  qu’à 
l'obscurité  ; il  arrive  même  que  les  feuilles  qui  se 
sont  relevées  ainsi  au  soleil  retombent  à l’obscurité, 
quand  elles  n’ont  pas  eu  le  temps  de  se  gonfler 
d’acide  carbonique , parce  que  la  chaleur  ne  dilate 
plus  l’air  qu’elles  contiennent  ; je  l’ai  éprouvé  de 
même  avec  des  feuilles  épuisées  d'air  sous  la  pompe 
pneumatique,  ce  qui  prouve  que  l’acide  carbonique 
peut  remplir  leurs  vaisseaux. 

Je  ne  puis  douter  que  l’air  qui  s’échappe  de  la 
surface  des  feuilles  ne  contienne  de  l’acide  carbo- 
nique, puisqu’il  se  diminue  sur  l’eau;  mais  il  con- 
tient aussi  de  l’azote  : la  quantité  du  gaz  oxygène 
qu’on  y trouve  est  bien  plus  petite  que  dans  l’air 
qui  sort  du  parenchyme  des  feuilles;  au  reste  je 
me  suis  rappellé  que  dans  mon  Mémoire  imprimé 
dans  le  Tome  Y des  Mémoires  de  Turin,  en  cher- 
chant comment  le  gaz  azote  éloit  introduit  dans  les 
plantes  j’ayois  soupçonné  mais  seulement  soupçonné 


( 244  ) 

que  l'acide  carbonique  pouvoit  bien  avoir  été  Pin- 
troducleur  de  l’azote,  mais  je  n’ai  point  eu  de  livre 
pour  m’en  assurer,  et  c’est  en  revenant  sur  mes 
idées  que  j’ai  eu  la  velléité  de  ce  souvenir. 

Il  me  semble  que  le  plus  fort  argument  qu’on 
ait  employé  contre  la  décomposition  de  l’eau  par 
la  végétation  , c’est  celui  que  j’ai  proposé  à M.r 
Berlhollel.  Les  feuilles  d'un  très-grand  nombre  de 
plantes  exposées  sous  l’eau  distillée  et  bouillie  ne 
donnent  point  de  gaz  oxygène  au  soleil,  quoiqu’elles 
en  fournissent  sous  l’eau  chargée  d’acide  carbonique; 
cependant  il  n’y  a de  différence  que  la  présence  de 
l’acide  carbonique;  alors  on  ne  peut  considérer  la 
question  que  sous  ce  point  de  vue  , l’acide  carbo- 
nique serviroit-il  d’intermède  pour  la  décomposition 
de  l’eau  comme  vous  paraissez  le  soupçonner  ? ou 
bien  l’acide  carbonique  lui-même  est-il  décomposé 
comme  je  suis  bien  porté  à le  croire? 

Je  ne  vois  pas  comment  le  gaz  acide  carbonique 
servirait  d’intermède  pour  cette  décomposition,  puis- 
que le  carbone  est  déjà  uni  avec  L’oxygène  qu’d 
pourrait  enlever;  puisque  l’acide  carbonique  offre 
un  mélange  saturé  qui  ne  paraît  pas  susceptible  de 
sur-oxygénation  ; puisqu  il  ne  paraît  pas  un  atome 
de  gaz  hydrogène , et  puisque  la  combinaison  de 
l’oxygène  de  l’eau  avec  l’acide  carbonique  ne  pour- 
rait fournir  le  gaz  oxygène  que  l’on  trouve.  D un 
autre  côté  l’hydrogène  de  l’eau  ne  se  combinerait 
pas  avec  une  plus  grande  quantité  d’oxygène;  il 
n’y  a point  d’eau  sur-oxygénée;  l’affinilé  du  car- 
bone pour  l’oxygène  est  plus  forte  que  celle  qu’il 


( 245  ) 

a pour  l’eau,  en  suposant  qu’il  en  ail  , et  je  sais  par 
rues  expériences  , que  le  gaz  oxygène  enlève  le  car 
bone  au  gaz  hydrogène  carboné;  on  ne  peut  re- 
courir ici  aux  affinités  de  ces  gaz  dans  leur  état 
naissant , qui  sont  véritablement  plus  fortes  et  peut- 
être  différentes  , puisque  les  deux  substances  sont 
alors  dans  leur  état  de  perfection. 

Dans  cette  hypothèse  on  n’auroit  pas  même  la 
ressource  du  jeu  des  affinités  doubles,  puisqu’on  a le 
gaz  oxygène  séparé  , il  faudroit  donc  toujours  arra- 
cher l’hydrogène  à l'oxygène  dans  une  température 
basse  avec  le  carbone , qui  ne  l’enlève  jamais  qu’à 
une  température  élevée  pour  dégager  l’hydrogène, 
et  enchaîner  de  nouveau  l’oxygène;  mais  il  faut 
remarquer  surtout,  et  ceci  est  tranchant,  c’est  que 
l’eau  chargée  d’acide  carbonique  ne  se  décompose 
pas  mieux  au  soleil  que  l’eau  distillée;  de  sorte  que 
puisque  la  feuille  mise  sous  l’eau  pure  ne  donne  point 
de  gaz  oxygène,  puisqu’elle  en  fournil  quand  l’eau  est 
combinée  avec  l’acide  carbonique,  il  paroîl  bien  plus 
probable  que  ce  gaz  oxygène  donné  par  les  feuilles 
exposées  sous  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  au 
soleil,  soit  produit  par  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique  lui-même.  Je  ne  répète  pas  ici  les  argu- 
mens  que  j’ai  proposé  en  faveur  de  cette  théorie. 

J’ai  bien  réfléchi  encore  sur  le  gaz  oxygène  fourni 
par  les  plantes  grasses  exposées  sous  l’eau  privée 
d’acide  carbonique  au  soleil,  et  je  trouve  que  cette 
observation  affermit  plutôt  mon  hypothèse  qu’elle 
ne  la  renverse.  Quand  je  vois  que  les  rameaux  dq 
ces  plantes  végètent,  quoiqu’ils  soient  séparés  de  la 


( ô56  ) 

plante  mere  el  de  ses  racines , que  leurs  feuilles 
se  soutiennent  vertes  assez  long-tems  et  ne  perdent 
que  peu  à peu  leur  fraîcheur  et  leur  embonpoint 
comme  les  feuilles  séminales,  dont  ils  ont  le  sort  ; que 
ces  rameaux  sont  nourris  par  le  parenchyme  des 
feuilles  qui  s’affaisse  et  disparoît  ; qu’ils  fleurissent 
alors  et.  donnent  des  graines  comme  je  Fai  vu  au 
bout  de  deux  mois  sur  deux  rameaux  du  sedum 
anacampseros  : mais  cette  expérience  ne  réussit  point 
quand  je  voulus  la  faire  avant  le  milieu  du  mois  de 
Juin.  Ce  parenchyme  fournit  sans  doute  la  partie 
alimentaire  nécessaire  pour  le  développement  du 
rameau  qui  s’allonge  , de  la  fleur  qui  paroît,  et  de 
la  graine  qui  mûrit.  Ces  plantes  qui  végètent  aux 
dépens  de  leurs  sucs  les  renouvellent  sans  doute  dan* 
l’atmosphère  , où  elles  sucent  l’eau  et  l’acide  carbo- 
nique qu’elles  y trouvent  par  leurs  feuilles,  mais 
ces  feuilles  au  bout  de  deux  mois  l’ont  pris  dans 
l’eau  chargée  de  ce  gaz , et  ont  produit  du  gaz  oxy- 
gène sous  l’eau  aérée  au  soleil.  Ces  plantes  n’ont  que 
celte  manière  de  vivre  dans  les  climals  brûlans  situés 
entre  les  Tropiques,  elles  ont  aussi  fort  peu  de  ra- 
cines relativement  à leur  grandeur , parce  que  leurs 
feuilles  les  suppléent. 

Il  est  évident  que  les  plantes  en  croissant  pren- 
nent du  carbone  , et  comme  j'ai  eu  l’occasion  d’ob- 
server plusieurs  fois,  i.°  que  les  plantes  ne  pouvoient 
sucer  les  eaux  de  fumier  qui  doivent  en  être  une 
infusion,  suivant  l’opinion  de  ceux  qui  croient  que 
l’eau  est  le  véhicule  du  carbone  dans  les  plantes; 
2°.  que  les  rameaux  que  j’ai  mis  tremper  dans  ceLte 

eau 


( 257  ) 

eau  y périssent  d’abord  quand  elle  est  pure,  parce 
qu’ils  n’en  sucent  point  du  tout,  et  y périssent  tou- 
jours plus  tôt  que  dans  l’eau  comnfune  , lorsque 
l’eau  de  fumier  est  mêlée  avec  elle;  ceci  m’a  fait  con* 
dure  , que  l’eau  n’éloit  pas  le  véhicule  immédiat  du 
carbone  et  qu’elle  ne  pouvoil  pas  l’être  ; de  sorte 
qu’il  m’a  semblé  encore  plus  probable  que  le  gaz 
acide  carbonique  qui  contient  ce  carbone,  que  les 
plantes  aspirent  avec  l’eau  par  leurs  feuilles,  et  leur 
racines;  qui  paroît  se  décomposer  au  soleil  par  les 
feuilles  mises  dans  l’eau  chargée  de  ce  gaz;  que  les 
expériences  chimiques  montrent  décomposable  par 
la  voie  sèche  et  la  voie  humide  ; qui  paroît  favoriser 
la  végétation  par  les  arroseniens  faits  avec  les  eaux 
qui  en  ont  dissous  ; qui  est  peut-être  la  cause  de 
cette  végétation  luxuriante  de  la  région  selvosa  de 
l’Etna  : tout  cela  m’a  montré  plus  probable  que  le 
gaz  acide  carbonique  dissous  dans  l’eau  et  introduit 
dans  la  plante  étoit  la  source  du  carbone  que  l’on  y 
trouve  et  du  gaz  oxygène  qui  en  sort. 

L’expérience  de  M.r  Chaptal  que  vous  citez  n’est 
pourtant  que  celle  de  M.r  Hassenfratz,  mais  j’ai  fait 
ces  expériences  sans  succès  de  mille  manières,  et  j’ai 
toujours  trouvé  que  les  eaux  de  fumier  nuisoient 
considérablement  à la  suction  des  plantes  , et  par 
conséquent  à leur  végétation  ; il  reste  encore  à dé- 
cider, si  cette  eau  contient  véritablement  le  carbone 
dissous , ou  seulement  combiné  avec  le  mucilage  qui 
fournit,  comme  je  le  crois,  l’acide  carbonique  par 
la  fermentation;  alors  les  engrais  n’agiroient,  que 
comme  je  pense  qu’ils  agissent  , par  l’acide  çarbb- 

Tome  5.  R 


( 258  ) 

nique  qu’ils  fournissent  ; cel  acide  se  combine  avec 
l’humidité  delà  terre,  et  passe  avec  elle  depuis  les 
racines  qui  la  sucent . jusques  à la  cime  des  arbres. 

Vous  croyez  que  le  gaz  acide  carbonique  que  j’ai 
obtenu  des  feuilles  exposées  sous  l’eau  chargée  d’a- 
cide carbonique  au  soleil  vient  de  l’eau  et  non  de 
la  plante;  j’ai  eu  aussi  cette  idée,  mais  comme  j’ai 
eu  l’occasion  de  remarquer  qu'il  pou  voit  y en  avoir 
environ  et  comme  la  même  eau  chargée  d’acide 
carbonique  exposée  au  soleil  dans  des  vases  pleins, 
n’eu  donne  pas  à beaucoup  près  une  quantité  aussi 
grande , j’en  avois  conclu  que  le  gaz  acide  carbo- 
nique éLoit  un  produit  de  la  feuille.  Vous  soupçonnez 
avec  vraisemblance  que  le  gaz  acide  carbonique , 
mêlé  avec  le  gaz  oxygène  , est  un  produit  de  l’eau 
chargée  de  gaz  acide  carbonique,  parce  qu’elle  se 
trouve  dans  l’air , lorsqu’il  y a eu  une  couche  de 
gaz  oxygène  rendu  par  les  feuilles  ; mais  je  ne  puis 
encore  adopter  votre  soupçon  , parce  que  j’ai  eu 
lieu  de  remarquer,  que  les  quantités  de  gaz  produit 
dans  les  premières  heures  de  l’exposition  au  soleil 
sont  souvent  plus  grandes  alors , que  dans  les  sui- 
vantes, quoique  j’en  eusse  ôté  le  gaz  produit  cinq 
ou  six  fois  dans  la  journée,  et  parce  que  commu- 
nément le  gaz  oxygène  produit  est  d’autant  plus 
pur  que  sa  quantité  est  plus  grande. 

L’acide  carbonique  trouvé  dans  les  jets  d’air  sortis 
des  plantes  seroil  une  nouvelle  preuve  de  ce  que 
je  viens  de  dire  , puisque  ces  jets  paroissent  au  mo- 
ment que  les  plantes  sont  mises  dans  l’eau  aérée , 
et  l’on  ne  pourvoit  l’expliquer  par  l’hypothèse  de 


( 25y  ) 

ïa  décomposition  de  l’eau  : i.°  parce  qu’elle  est  moins 
probable  que  celle  de  la  décomposition  de  l'acide  car- 
bonique: 2.°  parce  qu’on  ne  verroil  pas  trop  pour- 
quoi la  plante  qui  perdroil  une  si  grande  quantité 
de  carbone  ne  seroit  pas  blanchie  par  celte  perle  , 
ou  réduite  à la  couleur  jaune  qui  est  la  couleur 
de  la  toile  peinte  par  le  carbone  qui  s’y  dépose. 
Vous  voyez  bien  que  je  me  garde  très-fort  de  rire 
de  vos  idées,  et  que  je  ne  vous  rappelle  pas  le  car- 
bone qui  ne  sauroit  entrer  dans  la  plante  avec  les 
sucs  qu’elle  tire. 

J’ai  véritablement  fait  attention  aux:  deux  para- 
graphes de  votre  précédente  lettre  que  vous  me 
rappelez  dans  celle-ci , mais  je  ne  pénètre  pas  la 
conséquence  que  vous  en  tirez  contre  mon  hypo- 
thèse ou  ma  théorie.  J’ai  toujours  remarqué  que 
le  gaz  oxygène  fourni  par  les  feuilles  exposées  sous 
l’eau  chargée  d’acide  carbonique  étoit  toujours  d’au- 
tant plus  sali  par  ce  dernier  que  la  quantité  de 
gaz  acide  carbonique  contenu  dans  l’eau  étoit  plus 
grande,  et  la  quantité  du  gaz  oxygène  plus  petite, 
et  j’en  trouvois  la  cause  dans  la  quantité  du  gaz 
contenu  dans  le  parenchyme,  dans  sa  lenteur  pour 
l’élaborer,  peut-être  dans  l’a  Itération  qu’il  soufîroit 
par  cette  abondance  de  gaz  ; de  sorte  que  comme 
il  arrivoit  plus  de  gaz  acide  carbonique  qu’il  ne 
pouvoit  s’en  décomposer,  il  étoit  forcé  de  s’échap- 
per avec  le  gaz  oxygène  dans  l’état  où  il  étoit  eut  ré. 

Quant  au  second  paragraphe  , il  me  paroîl  un 
oxiome  que  toutes  mes  expériences  ont  démontré. 
Lorsque  j’ai  fait  voir  que  les  feuilles  exposées  sous 


I 


( 260  ) 

l’eau  chargée  d’acide  carbonique  au  soleil  donnoieut 
le  gaz  oxygène  , il  en  résulloit  que  plus  les  plantes 
donnoient  de  gaz , et  plus  il  devoit  y avoir  de  gaz 
oxygène  , puisqu’il  y avoit  plus  d’acide  décomposé, 
mais  c’esl  précisément  ce  que  je  crois  avoir  montré 
souvent. 

J’ai  toujours  trouvé  que  le  gaz  oxygène  produit 
par  les  plantes  exposées  sous  l’eau  aérée  au  soleil  éloit 
d’au  tant  plus  pur  qu’il  y avoit  plus  d’air  produit , et 
j’ai  montré  dans  mes  Mémoires  physico-chiiuiques 
et  dans  mes  Expériences  sur  l’influence  de  la  lu- 
mière solaire,  etc.,  qu’il  y avoit  plusieurs  plantes 
qui  rendoient  moins  d’air  , et  un  air  moins  bon 
dans  les  eaux  fortement  chargées  d’acide  carbonique*, 
de  sorte  que  je  connoissois  bien  ce  phénomène  qui 
ne  peut  s’expliquer  , que  par  une  désorganisation 
de  la  plante  , ou  une  action  particulière  du  gaz  sur 
les  parties  fluides  ou  solides  du  végétal , ou  sur  la 
lenteur  de  la  décomposition,  ce  qui  annonceioit 
aussi  peut-être  des  organes  particuliers. 

Vos  expériences  sur  l’ aloe  caulescens  et  le  cactus 
cochùiilifer  dévoient  vous  donner  les  résultats  que 
vous  avez  eu.  Ce  sont  des  plantes  grasses  qui  con: 
servent  leur  parenchyme  végétant  pendant  long- 
temps, comme  je  l’ai  vu  avec  les  feuilles  de  mon 
sedum  anacampseros  dont  je  teriois  les  rameaux 
pendus  dans  ma  chambre  : ce  qui  apprend  que  puis- 
que les  plantes  végètent , elles  tirent  à elles  l’eau 
dissoute  dans  l’air  avec  quelques  portions  d’acide 
carbonique  qu’il  y a toujours  ; mais  vous  avez  vu 
dans  mes  expériences } que  si  les  feuilles  sucent  l’eau. 


( a6l  ) 

elles  sucent  aussi  l’air  qui  y est  dissous,  puisque  les 
feuilles  rampantes  au  fond  par  l’action  de  la  pompe 
pneumatique , ou  par  l'air  qu’elles  avoient  perdu 
surnageoient  bientôt , quand  on  les  plaçoit  dans 
une  eau  chargée  d’acide  carbonique,  ce  qui  inon- 
treroit  encore  que  le  gaz  quitte  l’eau  dans  le  paren- 
chyme de  la  feuille , et  y reprend  toutes  ses  propriétés. 

Je  ne  puis  croire  que  l’eau  bouillie  perde  par 
l’ébullition  quelque  principe  inconnu  propre  à fa- 
voriser le  développement  des  végétaux , i.°  parce 
que  l’eau  bouillie  reprend  sa  propriété  de  faire  rendre 
le  gaz  oxygène  aux  feuilles  , dès  qu’on  y fait  entrer 
de  l’acide  carbonique;  2.°  parce  que  l’eau  distillée 
dont  je  me  suis  presque  toujours  servi,  quand  j’ai 
employé  des  eaux  fortement  chargées  d’acide  car- 
bonique, m’a  procuré  des  effets  semblables  à.  ceux  de 
Feau  commune  non  bouillie,  quand  on  l’a  chargée 
de  ce  gaz. 

Mais  j’ai  bien  vu  que  le  gaz  acide  carbonique 
diminnoit  dans  l’eau  à mesure  que  les  feuilles  qu’on  y 
avoit  mises  produisoienl  du  gaz  oxygène,  et  il  m’est 
arrivé  en  répétant  l’introduction  quotidienne  des 
feuilles  sous  un  récipient  plein  d’eau  chargée  d’abord 
d’acide  carbonique  et  exposée  au  soleil,  de  la  priver 
presque  totalement  du  gaz  qu’elle  avoit  dissous.  Je 
sens  bien  que  l’expérience  est  très-délicate,  et  qu’elle 
ne  se  fait  pas  sans  laisser  des  soupçons  ; mais  j’ai 
eu  lieu  de  voir  souvent  que  la  quantité  de  l’acide 
carbonique  étoit  diminuée  par  les  feuilles  que  l’on  y 
exposoil.  au  soleil  sous  l’eau  qui  en  étoit  chargée. 

J’ai  dit  quelque  part  que  les  plantes  fournissent 


( sf)2  ) 

plus  de  gaz  oxygène  au  printemps  qu'en  automne. 

.1  ai  prouve  dans  la  nouvelle  édition  de  ma  Physio- 
logie végétale  que  je  prépare,  que  les  plantes  gâtoient 
1 air  qui  leur  servoit  d’atmosphère  eu  changeant  en 
gaz  acide  carbonique  le  gaz  oxygène  qu’elle  eon- 
tenoit  par  sa  combinaison  avec  leur  carbone,  comme 
on  s’en  aperçoit  par  sa  diminution  soit  à la  mesure , 
soit  à l’eudiomètre. 

J’ai  fait  quelques  expériences  sur  les  odeurs  des 
fleurs,  elles  tendent  à montrer  que  l’odeur  fait  plus 
de  mal  aux  animaux  par  son  action  sur  les  nerfs, 
que  par  son  action  sur  le  poumon. 

Je  me  garderai  bien  de  vouloir  vous  suggérer 
quelques  idées  pour  terminer  votre  ouvrage,  je  ne 
voudrois  pas  lui  faire  ce  tort. 

Enfin  je  voulois  vous  donner  un  extrait  d'un  Mé- 
moire de  M.r  Humboldt  sur  le  gaz  nitreux , où  il 
prouve  que  les  eudiomètres  faits  par  la  combustion 
du  phosphore , laissent  dans  l’air  qu’on  essaie  une 
quantité  notable  de  gaz  oxygène  comme  un  dixième: 
consultez  le  Mémoire , lui-même,  c’est  le  N.®  oo 
des  Annales  de  chimie. 

J’ai  l’honneur  d’être  avec  considération,  Monsieur, 
votre  très-humble  et  obéissant  serviteur  , 

Senebiee. 


C =G5  ) 


Extrait  d’une  Lettre  de  Spajïlanzani  , 
du  26  Novembre  1798(1). 

Je  réponds  un  peu  tard  à cette  lettre,  et  je  me 
prévaux  pour  cela  des  fériés  de  Noël;  il  m’a  été 
impossible  de  le  faire  auparavant.  Puisque  vous  le 
souhaitez,  je  vous  envoie  ma  lettre  imprimée  sur 
Varia  delle  piaule  chiuse , elle  vous  paroîtra  sûre- 
menl  inutile,  puisque  je  vous  ai  dit  infiniment  plus 
de  choses  dans  mes  -lettres  que  je  n’en  ai  renfermé 
dans  cet  écrit. 

J'ai  relu  deux  fois  votre  lettre,  ou  pour  dire 
mieux  votre  mémoire , car  en  vérité  , elle  en  est 
un  dans  les  formes , et  c’est  un  mémoire  excellent 
et  plein  de  sagesse,  je  ne  puis  vous  exprimer  com- 
bien il  m’a  fait  de  plaisir,  et  combien  il  me  sera 
utile  pour  la  composition  du  mien. 

Je  n’ai  pas  le  temps  à présent  de  vous  répondre 
en  détail  par  une  raison  que  je  vous  expliquerai: 
je  m’arrêterai  seulement  à deux  ou  trois  de  vos 
paragraphes. 

Dans  les  expériences  que  j'ai  faites  sur  les  feuilles 
renfermées  dans  l’air  commun , il  est  très-vrai  que 


(1)  Note  de  T Editeur.  Spallanzani  me  marque  qu’il  avoit  in- 
terrompu son  ouvrage  sur  les  plantes  , pour  travailler  à rédiger 
son  ouvrage  sur  la  respiration  , dont  il  vouloit  faire  entrer  l'in- 
troduction que  j ai  publiée  d'après  son  manuscrit  avec  les  trois 
autres  mémoires  qui  la  suivebt , dans  les  mémoires  de  la  Société 
Italienne,  cl.  qu’il  votiloit  me  communiquer  avant  leur  publication. 


( 264  ) 

Teau  que  j ai  employée  pour  fermer  les  vases  ira 
presque  jamais  été  bouillie , c’éloit  celle  de  mon 
puits  ; mais  au  printemps  prochain  je  l’emploierai 
bouillie  comme  vvous  m’en  faites  heureusement  naître 
l’idée,  et  je  ferai  une  comparaison  entre  l’air  des 
plantes  obtenu  par  celles  que  j’aurai  renfermées 
avec  l’eau  bouillie  et  celles  qui  auront  été  renfer- 
mées par  l’eau  non  bouillie. 

Vous  me  demandez  : si  j’ai  examiné  l’air  dans 
la  campagne  à différentes  heures  du  jour  ; je  vous 
dirai  que  oui,  et  qu’il  y a eu  des  jours  où  j’ai  fait 
cet  essai  cinq  ou  six  fois;  en  commençant,  lorsque 
le  soleil  étoit  environ  à un  tiers  de  sa  hauteur  au- 
dessus  de  l’horizon,  et  en  les  prolongeant  jusques 
à deux  heures  avant  son  coucher.  Je  mettois  des 
vaisseaux  préparés  avec  des  feuilles  dans  les  in- 
tervalles d’ombre  produits  par  les  feuilles  des  arbres. 
Mon  but  étoit  de  voir  si  ces  ombres  gâteraient  l’air 
contenu  dans  ces  vaisseaux , et  je  trouvai  que  cet 
air  étoit  alors  gâté.  D'un  autre  coté,  les  feuilles  des 
vases  éclairés  par  le  soleil  produisoient  un  air  pour 
l’ordinaire  meilleur  que  l’air  commun.  En  consi- 
dérant ensuite  avec  attention  à chaque  heure  du 
jour  les  feuilles  éclairées  par  les  rayons  immédiats 
du  soleil  et  les  feuilles  restées  à l’ombre  des  feuilles 
des  arbres  opposés , je  concluois  avec  sûreté  que  la 
somme  des  feuilles  dans  l’ombre  surpassoit  beaucoup 
celle  des  feuilles  éclairées  dans  toutes  les  circonstances* 


( 265  ) 

MÉMOIRE  DE  L’ÉDITEUR, 

Relatif  aux  expériences  de  Sjpallanzani  sur  l’air 
produit  et  absorbé  par  les  plantes  exposées  a 
l’ombre  et  au  soleil  dans  Vciir dans  divers  gaz 
et  sous  l’eau. 

§ I. 

T i e célèbre  docteur  Priestley  donna  les  premiers 
indices  de  la  faculté  qu’ont  les  plantes  de  produire 
du  gaz  oxygène  sous  l’eau , dans  l’air  commun,  et 
dans  l’air  gâté  par  la  respiration  , lorsqu’elles  y sont 
exposées  au  soleil;  Ingenhouz  suivit  cetle  recherche 
curieuse  et  fit  des  découvertes  importantes  sur  celte 
partie  de  l’histoite  des  plante».  Je  m’occupois  alors 
plus  particulièrement  de  la  lumière  et  de  son  in- 
fluence sur  l’étiolement  des  végétaux  et  sur  d’aulres 
substances  et  je  fus  ainsi  entraîné  naturellement  à 
suivre  celte  nouvelle  carrière  ouverte  par  ces  deux 
célèbres  physiciens  ; je  répétai  leurs  expériences , 
j’en  fis  de  nouvelles,  et  j’eus  comme  eux,  l’avan- 
tage de  faire  la  découverte  de  quelques  faits  incon- 
nus , et  d’en  tirer  quelques  conséquences  utiles. 

Spallanzani,  dans  la  dernière  année  de  sa  vie, 
appliqua  son  génie  à cet  objet  particulier  de  la  phy- 
siologie végétale  , et  trouva  une  manière  de  faire 
nos  expériences  avec  une  précision,  que  l’état  où 
étoil  l’eudiomélrie  , lorsque  nous  suivîmes  nos  tra- 
vaux ne  nous  permettoit  pas  d’employer;  ce  qui 
le  mit  surtout  dans  le  cas  de  rechercher  l’influence 


( 266  ) 

que  les  plantes  exerçoient  directement  sur  l’air  et 
sur  les  différens  gaz  où  il  pouvoit  les  placer.  J’avois 
bien  déjà  fait  quelques  expériences  dans  ce  but , 
comme  on  peut  le  voir  dans  quelques-uns  de  mes 
ouvrages  sur  ce  sujet , mais  elles  étoient  trop  vagues 
et  se  trouvoient  ainsi  vraiment  insuffisantes  ; de 
sorte  qu’elles  avoient  besoin  d’être  reprises  et  refaites 
avec  celte  exactitude  que  j’avois  cru  mal  à propos 
impossible  d’atteindre. 

Enfin  M.r  Desaussure  le  fils,  s’est  emparé  encore 
de  ce  sujet  et  quoiqu’il  n’ait  eu  aucune  connoissance 
des  travaux  de  Spallanzani  , il  s’est  tracé  une  route 
nouvelle  pour  faire  des  recherches  analogues  à celles 
dont  je  viens  de  parler  , et  il  est  parvenu  par  des 
expériences  qui  annoncent  en  lui  autant  de  génie 
que  de  patience,  d’adresse  et  desavoir  à démontrer 
la  décomposition  de  l’acide  carbonique  dans  les  plantes 
par  l’action  de  la  lumière , que  j’avois  découverte 
mais  seulement  rendue  très-probable;  ce  qui  l’a  con- 
duit à Irouver  des  faits  qui  feront  une  époque  ca- 
pitale dans  la  physiologie  des  plantes. 

§ II. 

Je  ne  me  propose  pas  d’ajouter  des  faits  bien  im- 
portans  à ceux  que  Spallanzani  et  M.r  Desaussure 
on  t observés;  mais  il  m’a  semblé  qu’il  y auroit  quelque 
utilité  à donner  un  résumé  des  connoissances  ac- 
quises sur  ce  sujet,  cl  à examiner  en  particulier  les 
doutes  que  Spallanzani  a élevés  par  ses  expériences 
sur  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  dans  les 
plantes  par  Faction  de  la  lumière  solaire , d’autant 


i 


( 267  )/ 

plus  qu’il  ne  pareil  pas  avoir  eu  une  opinion  bien 
tranchée  conlr’elle  comme  on  aura  pu  le  voir  dans 
le  Mémoire  précédent  : mais  comme  il  ne  a oit  bien 
décidément  dans  mon  opinion  qu’une  pure  hypo- 
thèse, et  recounoît  pourtant  son  importance  dans 
une  théorie  de  la  végétation  ; j’ai  cru  qu’il  pour- 
voit être  nécessaire  de  reprendre  ce  sujet,  de  le  con- 
sidérer de  nouveau,  d’examiner  ses  fondemens  pour 
savoir  , s’ils  sont  aussi  solides  que  je  les  ai  crus  et  sur 
tout  pour  leur  joindre  toute  la  force  que  leur  donne 
les  belles  expériences  que  M.r  Desaussure  a faites 
pour  les  appuyer. 

Il  m’a  semblé  encore  qu’il  conviendroit  de  s’oc- 
cuper ici  des  moyens  de  la  nature  pour  conserver 
l’air  atmosphérique  dans  l’uniformité  de  son  état 
eudiométrique  qu’on  lui  trouve  partout,  au  milieu 
des  causes  toujours  renaissantes  qui  concourent  pour 
la  troubler. 

5 I». 

Avant  de  m’occuper  plus  directement  de  ces  su- 
jets curieux  ; je  dois  dire  quelque  chose  du  mé- 
moire précédent  composé  d’après  les  journaux  d’ex- 
périences de  Spallanzani. 

J’aurai  dit  en  un  mot  tout  ce  qu’on  peut  eu  dire 
de  plus  vrai  et  de  plus  flatteur;  eu  disant  que  l’on 
y retrouve  par-tout  le  génie , la  méthode , la  pa- 
tience , l’adresse  , les  scrupules , l’amour  de  la  vérité 
qui  distinguent  si  avantageusement  Spallanzani  en- 
tre les  Naturalistes  célèbres.  O11  y remarque  par- 
tout ce  désir  pur  de  découvrir  le  vrai , réuni  avec 
les  moyens  les  plus  ingénieux  et  les  plus  sûrs  pour 


( 268  ) 

le  «rer  des  ténèbres,  dont  il  est  si  souvent  enveloppé 
e pour  le  faire  briller  avec  tout  son  éclat. 

La  méthode  que  Spallanzani  a suivie  dans  ses  ex- 
périences sur  les  plantes  , n’avoit  été  employée 

“Vant  lü!  Par  aucun  de  ceux  s’éloient  occupés 
de  cet  objet,  ni  dans  aucune  des  expériences  pa- 
reilles qu’il  a répétées  avec  ses  nouveaux  moyens- 
mais  il  sentit  bientôt  les  avantages  qu’il  retirerait 
de  1 eudiomètre  de  M.r  Giobert  : c’est  avec  lui  qu’il 
a pu  faire  une  analise  rigoureuse  des  gaz  produits 
par  les  plantes,  et  de  l’air  avec  lequel  elles  éloient 
renfermées;  qu’il  est  parvenn  à distinguer  les  di- 
vers gaz  qui  y sont  presque  toujours  mêlés,  et  à 
en  mesurer  les  quantités;  M.r  Desaussure  avec  le 
même  instrument  en  a retiré  à-peu-près  les  mêmes 
avantages  et  à de  certains  égards  est  encore  par- 
venu à une  plus  grande  précision. 

C’est  ainsi  que  Spallanzani  répéta  toutes  les  expé- 
riences faites  par  lngenhouz  et  moi;  et  en  jugeant 
par  lui-même  le  degré  de  confiance  qu’elles  méri- 
tait, il  apprend  le  degré  de  confiance  que  l’on 
peut  leur  donner;  mais  il  y ajoute  ce  qui  leur 
* nianquoit’  en  déterminant  la  nature  réelle  des  clian- 


gcmens  arrivés  à l’air  atmosphérique  où  il  renfer- 
moit  des  végétaux , en  plaçant  sur  la  voie  qui 
conduit  à leurs  causes  , en  fixant  les  caractères 
des  gaz  produits  ou  formés,  et  en  indiquant  leur 
absorption. 

Ce  qui  rend  encore  les  expériences  de  ce  grand 
observateur  précieuses;  c’est  leur  singulière  variété: 
on  diroit  qu’il  connoissoit  toutes  les  routes  par  les». 


( 269  ) 

quelles  on  pouvoit  arriver  à la  découverte  de  la 
même  vérité  , et  qu’il  ne  vouloiL  jamais  se  dispen- 
ser de  les  suivre  toutes,  parce  qu’il  youloit  toujours 
avoir  la  vérité  toute  entière  et  faire  sentir  quelle 
est  comme  un  foyer  de  lumière  où  tous  les  rayons 
partants  de  tous  les  points  de  la  circonférence  doi- 
vent. se  réunir  , pour  y paraître  plus  sensibles  et 
y éclater  chacun  de  l’éclat  de  tous. 

Les  expériences  de  Spallanzani  ont  encore  ceci 
de  caractéristique  ; leur  but  est  toujours  bien  dé- 
terminé, elles  l’atteignent  et  le  remplissent  par- 
* faitement,  elles  n’ont  rien  de  vague , parce  qu’elles 
ne  sont  pas  faites  au  hasard  ; mais  comme  elles  sont 
le  fruit  de  la  réflexion  , elles  sont  aussi  des  réponses 
directes  faites  à une  question  simple  qui  devoit  être 
résolue  complètement,  ou  qui  11e  devoit  l’être  point 
du  tout  ; de  cette  manière  il  dissipe  tous  les  doutes, 
et  la  nature  que  l’on  explique  si  mal  quand  on  la 
Voit  par  l’imagination,  s’explique  ainsi  toujours  très- 
bien  par  elle-même. 

Spallanzani  a un  art  particulier  qu’il  emploie  con- 
tinuellement avec  succès  ; il  considère  les  expériences 
qu’il  a faites  pour  les  comparer  entre  elles  , et  les 
éclairer  les  unes  par  les  autres;  c’est  ainsi  qu’il  éclaircit 
par  la  lumière  de  l’une  ce  que  l’autre  pouvoit  avoir 
d’obscur;  qu’il  étend  ce  que  l’autre  ne  faisoit  qu’in- 
diquer, et  qu’il  explique  ce  que  l’autre,  laissoit 
sans  explication.  Il  faut  le  dire;  Spallanzani  a sin- 
gulièrement perfectionné  à tous  égards  l’art  de  faire 
les  observations  et  les  expériences , il  y a toujours 
porté  oe  coup-d’œil  juste  d’uu«  logique  sévère,  que 


( 270  ) 

Newton  avoil  déjà  montré  dans  son  optique,  et  qug 
le  Professeur  de  Pavie  applique  avec  le  même  art 
et  le  même  avantage  à des  sujets  qui  n’étoient  pas 
pourtant  susceptibles  de  la  même  rigueur  que  ceux 
d’une  science  physico-mathématique. 

Mais  ce  qui  le  distingue  éminemment  entre  pres- 
que tous  les  observateurs  ; c’est  la  sagesse  de  ses  con- 
clusions qui  sont  toujours  immédiates  et  qui  ne  dé- 
passent jamais  ce  que  les  faits  lui  ont  montré;  aussi 
quand  il  emploie  l’analogie,  c’est  avec  une  circons-^ 
pection  et  une  prudence  qui  semblent  écarter  tous 
les  hasards  de  cette  méthode  et  qui  lui  donnent 
entre  ses  mains  une  certitude  qui  est  si  rare , lors- 
que la  plupart  des  observateurs  osent  s’en  servir* 
Cependant  je  dois  faire  remarquer  ici  comme  je 
l’aurai  fait  à Spallanzani  lui-même  , si  sa  vie  eût 
été  prolongée,  et  que  j’eusse  eu  le  temps  de  mé- 
diter davantage  ses  belles  expériences  sur  les  végé- 
taux; c’est  que  la  manière  de  procéder  qu’il  y a 
suivie  ne  me  paroit  pas  tout-à-fait  sans  exception. 
Ainsi  le  choix  qu’il  a fait  de  l’hiver  pour  faire  un 
grand  nombre  de  ses  expériences  ne  me  semble  pas 
le  plus  convenable  : il  nous  apprend  bien  qu’il  a 
voulu  écarter  un  inconvénient  que  l’on  Irouve  en 
été,  celui  de  la  grande  chaleur  que  les  plantes  éprou- 
vent au  soleil,  lorsqu’elles  y sont  exposées  sous  des 
vaisseaux  clos , et  à cet  égard  il  a eu  une  idée  très- 
heureuse;  mais  on  ne  peut  se  dissimuler  que  les' 
plantes  dans  une  saison  froide  végètent  peu  lors- 
qu’elles végètent  encore  ; qu’elles  ne  vivent  alors 
que  ce  qu’il  huit  pour  11e  pas  périr,  et  qu’elles  n’ont 


( 271  ) 

pas  assez  de  vie  pour  déployer  leur  vigueur  : ce 
qui  influe  considérablement  sur  la  production  du  gaz 
oxygène  qui  me  paroît  le  premier  signe  de  la  vie 
végétale , et  l’on  en  trouve  la  preuve  dans  le  Mémoire 
même  de  Spallanzani,  où  l’on  voit  que  les  feuilles 
de  la  canne  à sucre  qui  ne  donnèrent  presque  point 
de  gaz  oxygène  au  mois  de  Mars , lorsqu’elles  fu- 
rent renfermées  dans  l’air, commun  ou  dans  le  gaz 
hydrogène,  lui  en  fournirent  beaucoup  pendant  l’été 
§ LXXV,  LXXVIII,  CIV.  J’avois  déjà  prouvé 
dans  mes  Recherches  sur  V influence  de  La  lumière 
solaire,  que  les  feuilles  des  plantes  en  automne 
donnoient  moins  de  gaz  oxygène  que  dans  le  mois 
de  Juin,  et  l’on  peut  aisément  le  vérifier  pendant 
toute  l’année  sur  l’ellébore  fétide. 

Je  dois  remarquer  encore  que  la  seule  inspection 
d’une  plante  ne  peut  être  une  preuve  qu’elle  n’a  pas 
souffert'  dans  l’air  clos , où  elle  est  renfermée  avec 
une  atmosphère  complètement  humectée,  non-seu- 
lement par  l’évaporation  de  la  plante,  mais  encore 
par  celle  de  l’eau  qui  lui  sert  de  clôture  : ce  qu’il 
y a de  vrai,  c’est  qu’à  l’air  libre  les  plantes  four- 
nissent une  quantité  d’acide  carbonique  à peine  per- 
ceptible, tandis  qu’elles  en  donnent  une  quantité 
toujours  remarquable  dans  les  vases  clos  ; ce  quji 
ne  peut  être  produit  que  par  la  clôture  et  par  l’al- 
tération que  les  plantes  subissent  dans  cette  atmos- 
phère ; cette  altération  diminue  leur  vie  en  les  dé- 
sorganisant; aussi  lorsque  l’on  prolonge  l’expérience 
dans  les  vases  clos  , les  feuilles  se  séparent  de  la 
matière  verte  contenue  dans  leur  parenchyme  «t 


( 272  ). 

ne  conservent  que  leurs  réseaux  formés  par  les  fibres 
ligneuses;  mais  comme  cet  effet  se  produit  plus  vite 
sur  les  feuilles  quand  on  les  lient  quelque  temps 
sous  l’eau,  on  ne  peut  douter  que  la  macération 
qui  les  met  sous  l’eau  dans  cet  état  ne  le  fasse  naître 
de  même  dans  une  portion  d’air  constamment 
chargée  de  toute  l’eau  qu’elle  'peut  contenir,  et 
comme  cet  effet  doit  commencer  au  moment  où  la 
cause  commence  d’agir,  il  me  semble  que  l’on  doit 
le  remarquer  dès  que  cette  cause  est  active  : de  sorte 
que  comme  il  est  bien  proové  dans  divers  cas  que 
l’acide  carbonique,  que  l’on  trouve  dans  les  Arases 
clos  où  elles  sont  renfermées  sort  en  partie  de  l’in- 
térieur de  ;la  plante,  il  n’est  pas  moins  vrai,  qu’il 
est  produit  toujours  de  même  par  le  contact  du 
gaz  oxygène  avec  la  plante , et  par  conséquent  par 
l’union  de  l’oxygène  avec  le  carbone  qu’il  lui  en- 
lève; ce  que  l’on  peut  toujours  sa\roir  à-peu-près 
par  la  quantité  du  gaz  oxygène  resté  dans  le  vase 
comparée  avec  celle  du  gaz  acide  carbonique  pro- 
duit; parce  que  l’on  voit  d’abord  par  un  calcul  fort 
simple,  si  le  gaz  oxygène  qui  a disparu  a pu  former 
tout  l’acide  carbonique  que  l’on  a trouvé  : cepen- 
dant si  ce  calcul  ne  peut  pas  toujours  servir  à dé- 
terminer l’emploi  du  gaz  oxygène  dans  la  forma* 
tion  de  l’acide  carbonique  , parce  que  les  plantes 
en  absorbent  pour  le  combiner  dans  leurs  fibres  ou 
leurs  fluides  ; cependant , il  montre  souvent  que  le 
gaz  oxygène  disparu  de  quelque  manièi’e  que  cela 
se  soit,  fait,  ne  peut  être  entièrement  un  des  élémens 
de  l’açide  carbonique  trouvé;  puisque  les  plantes  en 

fournissent 


( 275  ) 

fournissent  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote  comme 
Spallanzani  l’a  bien  prouvé  , et  sous  les  vases  clos  où 
les  plantes  restent  long-temps,  et  même  sous  l’eau 
lorsque  leur  séjour  y est  prolongé. 

Je  dois  pourtant  observer  ici  que  Spallanzani  a 
voulu  prévenir  cet  inconvénient  par  la  brièveté  du 
temps  qu’il  emploie  à un  grand  nombre  de  ses  ex- 
périences ; mais  ici  l’on  peut  dire  encore  : s’il  a 
empêché  les  grands  effets  de  cet  inconvénient,  les 
a-t-il  empêché  dans  toute  leur  étendue  ? 

§ IV. 

Pour  mettre  quelqu’ordre  dans  ce  mémoire  et  se 
l'aire  une  juste  idée  de  l’état  de  nos  connoissances 
sur  ce  sujet  •,  je  crois  qu’il  faut  le  présenter  d’une 
manière  qui  en  puisse  lier  toutes  les  parties. 

J’examinerai  donc  d’abord  si  les  plantes  produi- 
sent de  l’air  •,  ensuite  je  me  demanderai , si  l’air 
produit  au  soleil  sous  l’eau  par  les  plantes  est  aussi 
produit  par  elles  dans  une  atmosphère  d’air  commun. 
Il  me  conviendra  ensuite  de  rechercher  l’origine 
de  cet  air,  s’il  sort  de  l’intérieur  de  la  plante,  et 
quelle  peut  être  la  cause  de  sa  production.  Enfin 
il  faudra  voir  si  les  phénomènes  produits  par  les 
plantes  dans  l’air  libre  sont  les  mêmes  que  ceux 
qui  sont  observés  sous  l’eau  ou  dans  les  vases 
clos. 

Dans  cet  examen  que  les  expériences  exactes  de 
Spallanzani  rendent  plus  intéressant  qu’il  ne  l’a- 
voit  été  par  celles  qui  avoieut  été  faites  jusques  à. 
présent;  je  profilerai  encore  des  savantes  recherches 

Tome  5.  S 


( 274  ) 

de  M.r  Desaussure  et  je  ne  craindrai  pas  d’y  joindre 
les  nouvelles  considérations  que  la  masse  de  lumière 
répandue  par  tous  ces  travaux  importuns  m’a  mis 
eu  état  de  faire. 

§ V. 

C’est  un  fait  assez  généralement  établi  par  In- 
genhouz  et  moi , que  les  plantes  exposées  au  soleil 
sous  l’eau  commune  donnent  plus  ou  moins  cfe  gaz 
oxygène  suivant  leur  nature  et  leur  état  de  santé; 
j’a vois  encore  montré  que  ce  gaz  oxygène  n’étoit 
pas  pur , qu’il  conlenoit  de  l’acide  carbonique  et 
du  gaz  azote.  Spallanzani  a confirmé  ces  résultats 
par  ses  belles  expériences , et  il  a déterminé  comme 
on  a pu  le  voir  les  quantités  précises  des  divers  gaz 
formant  le  mélange  de  l’air  produit  par  les  feuilles 
exposées  sous  l’eau  au  soleil. 

Il  a encore  démontré  ce  que  j’avois  aussi  dé- 
montré de  mille  manières,  que  les  feuilles  sous  l’eau 
à l’obscurité  ne  donnent  aucun  gaz  qui  se  manifeste 
aux  yeux  de  l’observa  Leur  dans  les  appareils  disposés 
pour  ces  expériences  , tanL  que  les  feuilles  y restent 
parfaitement  saines;  il  étoil  bien  important  de  ré- 
péter ces  expériences , parce  qu’il  y a encore  divers 
physiciens  qui  croient  que  les  plantes  y produisent 
de  l’air , de  sorte  qu’à  cet  égard  ils  ne  peuvent  plus 
douter  de  la  certitude  de  mes  expériences. 

J’observerai  cependant , que  je  n’ai  jamais  pré- 
tendu qu’il  n’y  eût  point  de  gaz  acide  carbonique 
produit  sous  l’eau  à l’obscurité;  j’ai  même  montré 
que  dans  l’espace  de  douze  ou  quinze  heures  , di- 
verses feuilles,  de  diverses  plantes  n’en  donnoient 


4 

( 27^  ) 

point,  mais  qu’il  commençoit  à paroître  quand  îà 
feuille  fermentoit  ; il  faut  pourtant  remarquer  ici 
que  lorsque  la  quantité  de  l’acide  carbonique  est 
très-petite  , lorsqu’il  est  mêlé  avec  une  très-petite 
quantité  d’azote,  il  ne  sauroit  être  perceptible , parce 
qu’il  se  dissout  dans  l’eau  de  l’expérience , et  s’il 
échappe  à la  vue  , il  ne  sauroit  échapper  à l’action 
de  l’eau  de  chaux. 

Il  résulte  donc  des  expériences,  que  la  lumière 
seule  soutire  le  gaz  oxygène  des  plantes,  et  Spal- 
lanzani  fait  observer  à celle  occasion  que  tant  qu’il 
reste  un  peu  de  vie  aux  plantes,  elles  peuvent  four- 
nir du  gaz  oxygène  à la  lumière;  d’où  je  lire  celte 
conséquence  , que  le  gaz  oxygène  rendu  par  les 
plantes  est  une  preuve  de  leur  vie,  et  que  la  quan- 
tité de  ce  gaz  annonce  l’énergie  de  leurs  organes, 
que  l’on  voit  s’affoiblir  quand  on  les  lient  long-temps 
sous  l’eau,  lors  même  que  fou  a le  soin  de  la  réhou- 
veler  très-fréquemment. 

C’est  encore  un  résultat  curieux  des  expériences 
de  Spallanzani , que  la  quantité  de  Vazote  croît  dans 
la  production  de  l’air  fourni  par  les  plantes  exposées 
sous  l’eau  au  soleil  avec  celle  du  gaz  oxygène  qu’elles 
px-oduisent  ; . c'est-à-dire , qu’il  y a d’autant  plus 
d’azote  qu’il  y a eu  plus  de  gaz  oxygène  produit. 
Ce  phénomène  s’explique  fort  bien  dans  mon  opi- 
nion de  la  décomposition  du  gaz  acide  carbonique, 
car  si  l’azote  se  trouve  toujours  plus  ou  moins  mêlé 
avec  le  gaz  acide  carbonique,  comme  les  expériences 
de  Priestley  et  de  Spallanzani  dans  son  Estime  che- 
jnieo  tendent  à l’établir;  il  est  clair  que  plus  il  y 


( 276  ) 

aura  de  gaz  acide  carbonique  décomposé , plus  il 
doit  y avoir  de  gaz  azote  et  oxygène  produits  ; c’est 
aussi  le  gaz  acide  carbonique  que  je  regarde  comme 
le  véhicule  de  l’azole  dans  les  plantes  , comme  je  l’a- 
vois  déjà  dit,  il  y a bien  long-temps  , dans  un  Mé- 
moire imprimé  avec  ceux  de  l’Académie  de  Turin; 
c’est  bien  toujours  mon  opinion,  et  c’est  bien  encore 
à l’acide  carbonique  contenu  dans  les  eaux,  que 
j’attribuerai  cet  azote  que  Priestley  y a trouvé  ; à 
moins  d’imaginer  une  combinaison  particulière  du 
carbone  avec  le  gaz  oxygène  qui  donne  ainsi  l’azote 
lui-même,  parce  qu’il  n’est  pas  sans  vraisemblance 
que  cet  azote  appartienne  au  charbon  : mais  j’aurai 
l’occasion  de  parler  encore  de  l’azote  contenu  daus 
les  plantes 

$ VI- 

J’avois  bien  établi , que  les  différentes  espèces  de 
plantes  exposées  au  soleil  dans  les  mêmes  eaux, 
pendant  le  même  temps , avec  des  surfaces  égales 
donnoient  des  volumes  d’air  différens  et  d’une  pu- 
reté qui  n’étoit  pas  la  même,  et  j’avois  bien  fait 
voir’  en  même  temps , que  les  feuilles  les  plus  épaisses 
ou  qui  contenoienl  le  plus  de  parenchyme  étoient 
celles  qui  donnoient  le  plus  d’air,  et  qui  le  donnoient 
le  meilleur  ; mais  je  dois  dire  qu’à  cet  égard  la  pré- 
cision que  Spallanzani  a mise  dans  ses  expériences 
établit  dans  ces  rapports  une  justesse  , dont  tous 
ceux  qui  l’avoient  précédé  n’avoient  pas  approché. 
A cette  occasion,  je  démontrai  que  le  parenchyme 
de  la  feuille  étoit  l’organe  élaborateur  du  gaz  oxy- 
gène, puisque  après  avoir  écorché  une  feuille  de  la 


( 277  ) 

grande  joubarbe,  et  avoir  mis  sous  l’eau  au  soleil 
l’épiderme  enlevé  et  le  parenchyme , le  premier  ne 
donna  point  d’air  et  le  second  en  donna  beaucoup. 

§ VII. 

Pavois  bien  établi  que  les  plantes  exposées  au 
soleil , sous  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  , don- 
nent plus  de  gaz  oxygène  que  sous  l’eau  commune  ; 
que  les  feuilles  des  plantes  dont  les  tiges  plongeoient 
dans  cette  eau  chargée  d’acide  carbonique  et  placées 
sous  cette  eau  donnoient  plus  de  gaz  oxygène  au  soleil 
que  les  feuilles  des  plantes  qui  y étoient  placées  avec 
leurs  tiges  conservées  à scc  , ou  plongeant  dans  l’eau 
commune.  J’avois  fait  voir  encore,  que  la  même 
quantité  d’acide  carbonique  dissous  dans  l’eau , 
quand  elle  étoit  considérable  , ne  faisoit  pas  pro- 
duire la  même  quantité  de  gaz  oxygène  aux  feuilles 
que  l’on  y exposoit  au  soleil;  mais  qu’il  y avoit 
alors  des  feuilles  de  quelques  plantes  qui,  dans  ce 
cas , en  donnoient  beaucoup  moins  , . comme  par 
exemple  quelques  plantes  aquatiques  : enfin  j’avois 
prouvé  que  les  plantes  exposées  sous  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  11e  donnoient  point  d’air  à l'obscu- 
rité quand  elles  étoient  saines. 

Spallanzani  a vérifié  tout  cela  par  ses  expériences 
ingénieuses;  mais  il  a voulu  aller  plus  loin,  et 
quoiqu’il  eût  quelquefois  penché  pour  admettre 
mon  opinion  sur  la  décomposition  de  l’acide  carbo- 
nique , cependant  il  a été  ébranlé  par  les  expé- 
riences suivantes  : i.°  il  n’a  point  trouvé  d'acide 
carbonique  dans  le  suc  des  plantes , et  même  dans 


( 278  ) 

celui  des  plantes  qui  avoient,  été  exposées  au  soleil 
sous  l’eau  chargée  de  cet  acide;  2,0  il  a vu  plu- 
sieurs plantes  donner  de  l’air  dans  les  eaux  distillées 
et  bouillies;  il  en  a vu  même  qui  a été  produit  dans 
l'eau  de  chaux  ; 5.°  il  a remarqué  encore  que  les 
eaux  chargées  d’acide  carbonique  contenoienl  une 
quahlilé.  d’acide  carbonique  aussi  grande  avant 
d’être  exposées  au  soleil  avec  des  plantes,  qù’après 
en  avoir  retiré  celles-ci  ; ce  qui  lui  ai  fait  concevoir, 
comme  ôn  a pu  l'apprendre  dans  ses  mémoires  , 
que  mou  opinion  n’étoit  point  fondée  , ou  qu’elle 
n’étoit  qu’une  simple  hypothèse.  Cependant,  comme 
jr'ai  cru  pouvoir  défendre  encore  cette  opinion,  je 
ne  craindrai  pas  de  de  faire;  mais  je  préviens  tou- 
jours que  jé  n’entréprends  cette  défense  qu'avec  toute 
la  défiance  que  doivent  m’inspirer  le  génie  et.  l’amour 
de  la  vérité  de  mon  illustre  ami.  Je  m’arrête  ici  un 
moment,  et  je  ne  traiterai  co  sujet  à fond  qu'après 
avoir  donné  les  résultats  des  autres  expériences  que 
j’ai  racontées..  i 

r § yihl 

J’avoisi  hien  placé  des  plantes  au  soleil  dans  l’air 
commun  , sous  des  vases  clos,  mais  à l'exception  de> 
la  diminution  de  l’air,  où  elles  éloient  placées,  de  la: 
production  de  l’acide  carbonique  , que  je  n'avois  pas 
déterminée  , et  de  l’ébat  eu dio métrique  où  l'air  étoit 
resté,  je  n’a  voip  su  voir  rien  aur-delà.  ? ; ■ q; 

Spallanzani  profile  de  ce  radyeu  pour  déterminer 
la  quantité  du  gaz  oxygène  disparu,  comme  la 
quantité  dtt  gaz  acide  dârboniquse  produit  , et  il  iv-< 
gu) la  clairement  de  ses  expériences,  qu'il  y a J rès- 


( 279  ) 

peu  de  plantes  qui  donnent  du  gaz  oxygène  au 
soleil  , sous  des  vases  clos  pleins  d’air  ; que  quel- 
ques-unes laissent  l’air  précisément  dans  l’état  où  il 
étoit  lorsqu’il  fut  enfermé  avec  elles  , et  que  le  plus 
grand  nombre  absorbe  beaucoup  de  gaz  oxygène  et 
donne  de  l’acide  carbonique , qui  n’a  pas  toujours 
été  représenté  par  celui  qui  entroit  dans  la  compo- 
sition du  gaz  acide  carbonique  produit;  enfin  qu’il  y 

a eu  des  plantes  qui  ont  laissé  dans  l’air  avec  lequel 

. 

elles  ont  été  renfermées  la  même  quantité  de  gaz  oxy» 
gène  qu’il  y a voit,  mais  qui  y ont  outre  cela  exhalé  de 
l’acide  carbonique.  On  peut  bien  présumer  que  les 
plantes  qui  ne  donnent  point  de  gaz  oxygène  dans 
l’air  , quoiqu’elles  en  donnent  sous  l’eau  , produisent 
cet  effet , parce  qu’elles  ne  contiennent  pas  l’acide 
carbonique  qui  est  décomposé  au  soleil;  aussi  ces 
plantes  ne  donnent  point  de  gaz  oxygène  sous  l’eau 
bouillie  et  l’eau  de  chaux  , et  elles  donnent  le  gaz 
oxygène  dans  l’air  quand  leurs  tiges  plongent  dans 
l’eau  acidulée  ; de  même  les  plantes  qui  conservent 
la  pureté  de  l’air  où  on  les  place  , lui  fournissent 
une  quantité  de  gaz  oxygène  égale  à celui  qu’elles 
absorbent. 

Il  paroît  encore  , par  ces  belles  expériences , que 
le  gaz  oxygène  produit  au  soleil  dans  l’air  par  les 
plantes  qui  en  fournissent  sous  cette  atmosphère  et 
dans  celle  clôture  , a été  quelquefois  égal  en  volume 
à celui  qu’elles  y produisent  sous  l’eau  au  soleil  ; 
quelquefois  il  y en  a eu  moins;  mais  en  général  la 
quantité  produite  par  les  plantes  sous  l'eau  au  soleil 
a été  plus  gi  ande  que  celle  qui.  y a été  produite  dans 


( 23o  ) 

l’air  commun  •,  par  conséquent  on  peut  et  l’on  doit 
croire  que  la  quantité  d’air  produite  par  les  plantes 
à l'air  libre  n’est  pas  si  grande  qu’on  l’avoit  cru 
communément. 

Il  n’en  est  pas  de  même  à l’ombre  et  à l’obscurité, 
les  plantes  qui  y ont  été  exposées,  après  avoir  été 
renfermées  sous  des  vases  clos  par  l’eau  , y ont  ab- 
sorbé le  gaz  oxygène  et  produit  l’acide  carbonique, 
et  quelquefois  de  l’azote  ; Spallanzani  donne  les 
proportions  rigoureuses  de  ces  productions  et  de  ces 
absorptions. 

Il  résulte  un  fait  général  de  ces  expériences  , c’est 
qu’il  y a toujours  du  gaz  oxygène  absorbé  par  les 
plantes,  quand  elles  n’en  produisent  pas,  et  qu'alors 
elles  rendent  toujours  de  l’acide  carbonique. 

Mais  ces  expériences  montrent  aussi  que  le  .gaz 
acide  carbonique  produit  a deux  sources,  l’une  dans 
l’intérieur  de  la  plante , qui  le  chasse  hors  d’elle  tout 
formé  ; l’autre  dans  le  contact  de  la  plante  avec  le 
gaz  oxygène  de  l’air  qui  se  combine  avec  le  carbone 
de  la  plante,  § XLTII,  LV,  LVI,  LVIII , LXVII. 

Enfin , quand  les  plantes  n’absorbent  pas  le  gaz 
oxygène  de  l’air  avec  lequel  elles  sont  renfermées , 
communément  elles  en  donnent , et  la  quantité  du 
gaz  acide  carbonique  produit  est  fort  diminuée  ; ce 
qui  insinueroit  déjà  qu’il  y a eu  du  gaz  acide  carbo- 
nique décomposé , § LXVII. 

Il  résulte  encore  des  expériences  de  Spallanzani, 
que  les  plantes  fournissent  au  soleil  d’autant  moins 
d’acide  carbonique  qu’elles  donnent  plus  de  gaz 
oxygène,  § LXXXI , ce  qui  appuyé  d’une  autre 
manière  la  décomposition  de  l’acide  carbonique. 


( 28l  ) 

§ IX. 

Spallanzani  a répété  les  mêmes  expériences  que 
j’avois  faites  en  introduisant  des  plantes  dans  les  gaz 
hydrogène  et  azote  , et  en  les  y exposant  au  soleil , 
il  a eu  encore  les  mêmes  résultats  que  moi  ; il  a trouvé 
qu’elles  y l’endoient  le  gaz  oxygène  au  soleil  avec 
l’acide  carbonique  \ mais  il  observe  , ce  que  je  n’a- 
vois  pas  pensé  à chercher  , c’est  que  les  plantes  pla- 
cées dans  ces  atmosphères  gazeuses  à l’obscurité  y 
donnoient  le  gaz  acide  carbonique.  Cette  expérience 
étoit  pourtant  bien  importante  , puisqu’elle  prouve 
que  les  plantes  peuvent  le  produire  sans  le  concours 
du  gaz  oxygène , et  par  conséquent  que  ce  gaz  doit 
sortir  tout  formé  de  l’intérieur  du  végétal  , puisqu’il 
n’y  a rien  à l’extérieur  qui  puisse  concourir  à le 
former  ; mais  aussi  comme  une  plante  semblable 
fournit  dans  l’air  commun  une  quantité  de'gaz  acide 
carbonique  plus  grande  que  dans  le  gaz  hydrogène  , 
on  est  forcé  de  conclure  que  le  gaz  acide  carbonique 
fourni  par  les  plantes  dans  l’air  commun  , est  en 
partie  produit  aux  dépens  du  gaz  oxygène  de  l’air, 
et  qu’il  sort  en  partie  tout  fait  hors  de  la  plante. 

Le  gaz  hydrogène  dans  lequel  on  fait  végéter  les 
plantes  sur  l’eau  produit  un  phénomène  qui  m’avoil 
frappé  depuis  long -temps,  et  que  j’ai  vu  se  re- 
nouveler dans  les  expériences  que  j’ai  faites  avec 
M.  Huber  sur  la  germination  5 c’est  la  grande  dimi- 
nution de  ce  gaz  , qui  ne  peut  alors  se  charger  que 
de  l’acide  carbonique  que  les  graines  germantes 
fournissent  avec  abondance,  ou  du  gaz  acide  car- 
bonique qui  est  produit  par  les  plantes  végétantes. 


( 202  ) 

dans  le  premier  cas  , comme  les  expériences  de 
Spallanzani  le  prouvent.  M.  Desaussure  explique 
très-ingénieusement  ce  fait  par  la  production  du  gaz 
oxide  de  carbone  : l'acide  carbonique  est  décomposé 
par  le  gaz  hydrogène  à l’aide  du  calorique  que  la 
germination  développe  , il  se  forme  alors  de  l'eau  , 
eL  le  gaz  acide , dépouillé  de  son  oxygène , se  trouve 
changé  en  gaz  oxide  de  carbone.  Il  est  au  moins 
certain  qu’il  y a du  gaz  oxide  de  carbone  produit , 
et  il  n’est  pas  moins  certain  que  par  celte  combinai- 
son, il  doit  y avoir  une  diminution  dans  le  volume 
du  gaz  hydrogène  employé  ; je  puis  même  dire  que 
j’ai  observé  quelquefois  des  goutelettcs  d’eau  qui 
tapissoient  les  vaisseaux  où  j'ai  fait  ces  expériences. 

Cependant , comme  je  me  suis  assez  occupé  de  ce 
phénomène  en  traitant  le  gaz  hydrogène , et  que 
j’aurai  l’occasion  de  publier  ce  travail , je  me  bor- 
nerai à dire  ici , qu’il  n’y  a jamais  eu  de  diminution 
du  gaz  hydrogène  quand  il  a été  fermé  par  le  mer- 
cure que  je  l’ai  toujours  observée  quand  ce  gaz 
éloit  fermé  par  l'eau  ; que  je  l'ai  trouvée  plus 
grande,  quand  ce  gaz  éloit  mêlé  avec  l’air  commun, 
et  qu’elle  a peut-être  été  la  plus  grande  et  la  plus 
prompte  quand  ce  gaz  étoit  mêlé  avec  l’acide  car- 
bonique. Je  n’en  dis  pas  à présent  davantage,  parce 
que  pour  traiter  ce  sujet  comme  je  l’ai  fait,  il  me 
faudroit  faire  un  épisode  qui  seroit  trop  grand  dans 
le  Mémoire  que  je  veux  faire  ici,  et  auquel  celte 
discussion  paroi troit,  avec  raison,  un  hors-d'œuvre. 

Le  gaz  azote,  où  l’on  met  végéter  les  plantes  au 
soleil  , y reçoit  du  gaz  oxygène,  comme  on  le  voit 


( 285  ) 

lorsqu’on  les  place  .clans  le  gaz  hydrogène;  mais 
comme  Spallanzani  l’a  observé,  il  y a du  gaz  acide 
carbonique  produit  à l’obscurité;  ce  qui  offre  les 
mêmes  conséquences  que  celles  que  l’on  tire  de  cette 
production  dans  le  gaz  hydrogène. 

Il  faut  pourtant  observer  que  toutes  choses  étant 
d’ailleurs  égales ,'  la  quantité  du  gaz  acide  carbo- 
nique produit  dans  le  gaz  azote  par  les  plantes  , 
est  moindre  que  celle  que  l’on  trouve  dans  le  gaz 
hydrogène  ; ce  que  Spallanzani  a vérifié  de  mille 
manières. 

Il  paroîtroil  donc  que  si  le  gaz  acide  carbonique 
se  décompose  dans  le  gaz  hydrogène  , c’est  seulement 
au  bout  d’un  certain  temps;  il  seroit  possible  aussi 
que  le  gaz  azote  pur  suspendît  plus  vite  l’énergie 
vitale  des  plantes  qui  y sont  placées  , que  le  gaz  hy- 
drogène qui  peut  leur  servir  d’atmosphère. 

- J’ai  vu  le  gaz  azote  qui  ne  se  diminue  point  sur 
l’eau  , souffrir  une  diminution  quand  on  le  mêloit 
avec  le  gaz  acide  carbonique , ce  qui  peut  faire 
croire  que  le  gaz  acide  carbonique  l’entraîne  avec 
lui  quand  il  se  dissout  dans  l’eau  ; d’autant  plus  que 
le  gaz  acide  carbonique  ne  m’a  jamais  paru  absolu- 
ment privé  du  gaz  azote  : on  pourrait  donc  attri- 
buer ainsi  la  diminution  du  gaz  hydrogène,  dans  le 
même  cas , à la  même  cause , quoique  le  carbone 
dont  ces  deux  gaz  se  chargent,  quand  on  les  fait 
servir  d’atmosphère  aux  plantes  et  aux  graines  , 
pourvoit  expliquer  aussi  celte  diminution  par  la 
contraction  produite  dans  l’union  des  deux  subs- 
tances. Il  est  au  moins  vrai , que  lorsque  ces  expé- 


( 284  ) 

riences  sont  fort  prolongées , et  lorsque  la  diminu- 
tion du  gaz  hydrogène  a été  considérable , ce  gaz 
qui  ne  donnoit  point  de  gaz  acide  carbonique  , quanti 
on  le  brûloit , en  donne  alors  beaucoup  , et  sa  pe- 
santeur eu  est  considérablement  augmentée. 

§ x. 

Spallanzani  a démontré  que  la  chaleur  avoit  une 
grande  influence  sur  la  production  de  ces  gaz  ; il 
fait  voir  qu’à  quelques  degrés  au-dessus  de  zéro  les 
plantes  renfermées  dans  l’air  ne  donnent  plus  d’acide 
carbonique  à l’obscurité  , par  exemple  peu  à 5°  \ ; 
mais  qu’elles  en  donnent  ensuite  d’autant  plus  que 
la  chaleur  s’élève  dans  de  certaines  limites  , ce  que 
l’on  remarque  également  pour  la  production  des  gaz 
oxygène  et  acide  carbonique  fournis  par  les  plantes 
exposées  à la  lumière. 

Mais  la  chaleur  semble  influer  surtout  sur  l’ab- 
sorption que  les  plantes  font  du  gaz  oxygène,  et  sur 
la  production  de  l’acide  carbonique  , quand  elles 
sont  renfermées  dans  l’air  à l’obscurité. 

Il  me  paroît  donc , et  cette  conséquence  me  semble 
capitale,  que  la  chaleur  n’agit  pas  purement  et 
simplement  sur  les  solides  et  les  fluides  eux-inemes 
des  végétaux  , elle  doit  y agir  encore  pour  favo- 
riser cette  espèce  de  fermentation  que  l’on  remarque 
toujours;  elle  occasionne  des  décompositions  et  des 
compositions  qui  se  manifestent  par  le  gaz  acide 
carbonique  produit  et  par  le  gaz  oxygène  qui  s’ab- 
sorbe à l’obscurité.  11  me  semble  encore , d’après 
mes  expériences , que  le  gaz  oxygène  est  plus  prêt 


( 285  ) 

à s'échapper  hors  des  plantes , lorsque  la  tempéra- 
ture est  basse  et  lorsqu’elles  sont  exposées  au  soleil , 
que  le  gaz  acide  carbonique , lorsqu’elles  sont  à 
l’obscurité;  j’ai  vu  l’ellébore  fétide  et  les  mousses 
donner  du  gaz  oxygène  au  soleil , quoique  le  ther- 
momètre y fût  au-dessous  de  zéro  , et  qu’une  partie 
de  l’eau  fût  gelée,  tandis  que  suivant  l’expérience 
de  Spallanzani  elles  cessent  de  donner  le  gaz  acide 
carbonique  à l’obscurité  , quand  le  thermomètre  est 
à 5°  i au-dessus  de  zéro  ; alors  les  plantes  végété-* 
roient  encore  , comme  elles  végètent  à l’obscurité, 
et  la  lumière  , en  agissant  chimiquement  sur  l’acide 
carbonique  de  la  plante  , le  décomposeroit  à une 
température  au-dessous  de  zéro  pour  lui  faire  donner 
le  gaz  oxygène. 

On  peut  comprendre  ainsi  comment  les  plantes 
végètent  sourdement  pendant  l’hiver  et  comment 
elles  sont  en  état  de  développer  lentement  leurs 
boulons , qui  sont  pendant  ce  temps  assez  dévelop- 
pés pour  épanouir  leurs  feuilles  et  leurs  fleurs  aussi- 
tôt que  le  printemps  commence  à se  faire  sentir. 

§Xl. 

Enfin  Spallanzani  a fait  des  expériences  semblables 
sur  les  fleurs  et  toutes  leurs  parties , sur  les  fruits 
comme  sur  les  graines.  J’avois  déjà  trouvé  qu’ils  ne 
donnoient  point  d’air,  ou  presque  point  d’air  sous 
l’eau  , et  qu’il  éloit  mauvais  ; mais  Spallanzani  dé- 
termine précisément  que  toutes  ces  substances  don- 
nent sous  l’eau  peu  d’air , qu’il  ne  renferme  que  très- 
peu  de  gaz  oxygène  et  que  le  reste  est  toujours 


( 286  ) 

l’acide  carbonique  mêlé  avec  beaucoup  d’azote.  Il 
a vu  que  dans  l’air  ces  substances  absorboienl  plus 
de  gaz  oxygène  qu’elles  ne  produisoient  d’acide  car- 
bonique , et  qu’elles  fournissoient  toutes  assez  d'a- 
zote , mais  que  les  pétales  en  donnoient  plus  que  les 
autres.  Il  a remarqué  en  particulier  que  les  fleurs, 
dont  la  queue  plonge  dans  l’eau  , gâtent  plus  ban- 
que celles  qui  y sont  renfermées  à sec;  que  les 
feuilles  absorbent  plus  de  gaz  oxygène  que  les 
fleurs,  et  surtout  que  les  étamines  donnent  le  gaz 
hydrogène. 

Ces  expériences,  bien  imaginées  et  bien  faites, 
méritent  une  grande  attention  ; elles  montrent  d’a- 
bord comment  la  différence  des  organes  influe  sur  la 
nature  des  produits  ; il  n’y  a point- de  rapports  à la 
lumière  entre  les  gaz  fournis  par  les  feuilles  et  les 
fleurs,  puisque  les  premières  absorbent,  plus  de 
gaz  oxygène  que  les  secondes , et  puisque  les  pre- 
mières fournissent  abondamment  le  gaz  oxygène , 
tandis  que  les  fleurs  n’en  fournissent  que  quelques 
atomes  et  produisent  beaucoup  d’acide  carbonique 
et  d’azote  ; mais  ce  qui  esL  très-frappant , c’est  ce  gaz 
hydrogène  que  les  étamines  laissent  échapper;  j’a- 
voue que  cette  expérience  me  ramène  à l’opinion 
que  j’avois  eue,  et  que  j’avois  cherché  à établir  dans 
le  Mémoire  sur  l’ influence  de  l’air  sur  la  germina- 
tion, publié  en  l’an  IX.  ( ij,  où  je  disois  qu’il  devoit  y 
avoir  des  cas  où  l’eau  pouvoit  être  décomposée  dans 


(1)  Cet  ouvrage  se  vend  chez  J.  J.  Paschoud  , Inipriroeur- 
' Libraire,  à Genève. 


I 


( 287  ) 

la  végétation  ; mais  dans  ce  cas  et  dans  la  formation 
des  huiles  , des  résines  qui  existent  dans  tous  les 
végétaux  , et  dont  parle  avec  raison  M.  Bcrlhollet 
dans  les  Annales  de  Chimie , N°  i5o,  il  seroil  bien 
difficile  de  chercher  ailleurs  la  source  de  ce  gaz  hy- 
drogène qu’ils  contiennent. 

Je  supposois  donc  que  cette  décomposition  de  l’eau 
n’avoit  lieu  dans  les  végétaux  que  lorsque  les  gaz 
hydrogène  et  oxygène  étoient  immédiatement  né- 
cessaires pour  les  besuins  du  moment  de  la  plante , 
tandis  que  l’acide  carbonique  se  décomposoit  tou- 
jours à la  lumière  du  soleil  dans  la  plante  vivante. 
De  celte  manière  la  décomposition  de  l’eau  s’opère 
en  vertu  des  affinités  qüe  les  parties  de  la  plante  exer- 
ceroient  sur  les  parties  de  l’eau  réduite  à son  dernier 
terme  de  division  dans  les  filtres  du  parenchyme  ; 
que  ces  affinités  se  manifesleroient  par  l’action  de 
la  masse  des  matières  qui  agiroient  sur  ces  petites 
quantités  de  l’eau , et  par  conséquent  que  celte  dé- 
composition ne  s’exécuteroil  que  pour  former  de 
nouvelles  combinaisons  qui  ne  laisseroient  échapper 
aucune  des  parties  décomposées;  c’est  ainsi  qu’elle 
s’opère  dans  les  plantes  étiolées ; où  il  ne  peut  y 
avoir  que  très-peu  de  gaz  acide  carbonique  décom- 
posé ; c’est  ainsi  qu’elle  a lieu  dans  la  plante  verte, 
et  qu’elle  y est  entretenue  par  la  fermentation  insen- 
sible et  continue  qui  s’y  prolonge  toujours  : par  ce 
moyen  la  jjlante  forme  ses  huiles  et  ses  résines , et 
se  charge  du  charbon  qu’elle  renferme. 

De  cette  manière  l’explication  de  M.  BertholîeL 
subsiste  dans  toute  sou  étendue,  dès  qifiil  admet  uve<» 


( 288  ) 

moi  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  ; et  c’est 
pour  moi  une  vraie  jouissance  de  penser  comme  lui 
à cet  égard , puisqu'il  admet  aussi  à présent  la  dé- 
composition de  l’acide  carbonique , qui  est  de  pre-  . 
mière  nécessité  pour  trouver  le  carbone  abondant 
des  plantes  ; il  me  semble  pourtant  toujours  que  la 
force  des  affinités  employées  pour  décomposer  l’eau 
doit  empêcher  l’émission  de  ces  parties  décomposées. 

Il  est  cependant  vrai  que  le  gaz  hydrogène  s’é- 
chappe des  étamines  dans  l’air  libre,  et  je  ne  doute 
pas  que  l’inflammation  de  l’atmosphère  des  fleurs 
de  la  fraxinelle  ne  soit  une  preuve  de  l’expérience 
de  Spallanzani;  mais  la  différence  de  l’organisation 
de  ces  parties , l’abondance  des  matériaux  inflam- 
mables qui  composent  ces  produits  occasionnent  aussi 
des  effets  que  l’on  ne  remarque  pas  ailleurs;  ces  éta- 
mines sont  remplis  d’une  huile  très-ténue  , presque 
élhérée  , qui  doit  nécessairement  avoir  pour  com- 
posant ce  gaz  hydrogène  carboné  avec  une  partie 
d’ox}rgène , car  tous  ces  hydrogènes  végétaux  sont 
des  hydrogènes  oxy-carbonés , et  ce  sont  ceux  que 
les  chimistes  hollandois  ont  trouvé  les  élémens  de 
l’huile  combinée  avec  l’oxygène. 

§ XII. 

Spallanzani  a traité  la  question  neuve  sur  la  répa- 
ration du  gaz  oxygène  atmosphérique  employé  par 
les  animaux  , les  plantes  , etc.  ; et  s’il  n’a  pas  indi- 
qué sa  cause,  il  a détruit  une  erreur,  en  montrant 
que  l’eau  seule  ne  pouvoit  décomposer  l’acide  car- 
bonique qu’elle  y boit , comme  je  l’avois  cru , et. 

. «omm» 


( 289  ) 

comme  je  l’ai  dit  ; mais  je  dois  le  reconnoître,  quoi- 
que son  Mémoire  soit  fini  5 et  quoique  j’eusse  ex- 
pressément donné  mon  opinion  en  divers  endroits 
de  mes  ouvrages  , il  ne  m’y  nomme  jamais  5 mais 
je  dois  avouer  aussi  qu’il  m’a  fait  renoncer  à cette 
idée , et  que  je  joindrai  peuL-être  encore  quelque 
chose  sur  ce  beau  problème. 

§ xnr. 

Enfin  Spallanzani  cherche  à établir  que  les  plantes 
sont  un  très-petit  moyen  pour  rendre  à l’atmos- 
phère le  gaz  oxygène  qu’elle  perd  continuellement, 
et  que  les  idées  que  l’on  avoit  eues  sur  les  avantages 
que  les  plantes  nous  procurent  à cet  égard  sonL  fort 
exagérées.  Je  me  permettrai  sur  ce  sujet  quelques 
réflexions  que  je  présenterai  au  public  comme  je 
les  aui’ois  adressées  à Spallanzani  lui-même  , si  j’a- 
vois  alors  réfléchi  autant  que  je  l’ai  fait  depuis  sur  ce 
beau  sujet. 

§ XIV. 

Je  voudrois  à présent  examiner  les  expériences  de 
Spallanzani,  qui  semble  devoir  anéantir  l’opinion 
de  la  décomposition  de  l’acide  carbonique  dans  les 
plantes  végétantes  au  soleil  ; mais  avant  de  Je  faire  il 
convient  de  rappeler  les  preuves  qui  l’ont  rendue 
probable  , ensuite  il  me  sera  peut-être  plus  facile  de 
m’occuper  des  objections  que  l’on  a faites  contre 
celle  opinion.  Je  ne  veux  pourtant  pas  entrer  dans 
les  détails  que  j’ai  donnés  dans  divers  ouvrages  où  je 
m’occupe  de  ce  sujet , et  dont  j’ai  donné  un  précis 
dans  le  troisième  volume  de  ma  Physiologie  oègè- 
Tome  5.  T 


(.  29°  ( ) 

taie  ; je  me  bornerai  donc  à le  rappeler,  en  y joi- 
gnant ce  qui  m’a  paru  depuis  le  plus  propre  pour 
confirmer  celle  llu'orie. 

§ XV. 

Je  découvris  que  l’acide  carbonique  dissous  dans 
l’eau  favorisoit  l’émission  du  gaz  oxygène  hors  des 
parties  vertes  des  plantes  végétantes  qui  y étoient 
exposées  au  soleil  , et  ce  fait  a été  confirmé  par  tous 
çeux  qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet. 

Je  Pavois  prouvé  par  l’expérience  ; la  plupart  des 
plantes  ne  donnent  point  d’air  au  soleil , ou  du  moins 
quelquefois  une  quantité  très-petite  dans  les  eaux 
distillée  et  bouillie  , parce  que  dans  cet  état  elles 
sont  privées  d’acide  carbonique;  au  moins  ces  mêmes 
plantes  en  donnent  avec  abondance,  quand  on  fait 
dissoudre  de  l’acide  carbonique  dans  ces  eaux  , et 
quand  on  y expose  alors  les  mêmes  plantes  au  soleil  ; 
ce  fait  a été  reconnu  pour  vrai  par  tous  les  physi- 
ciens qui  ont  répété  ces  expériences. 

Spallanzani  l’a  vu  et  démontré  comme  les  autres; 
mais  son  exactitude  et  son  grand  amour  pour  la 
vérité  lui  firent  porter  son  attention  sur  quelque» 
faits  particuliers  qui  lui  parurent  en  contradiction 
avec  le  premier , et  qui  lui  inspirèrent  des  doutes 
sur  les  conséquences  que  j’en  a vois  tirées. 

Premier  fait.  Quelques  plantes  donnent  moins 
de  gaz  oxygène  au  soleil  dans  les  eaux  fortement 
chargées  d’acide  carbonique  que  dans  d’autres  où  il 
v en  avoit  moins  : j’avois  aussi  fait  cette  observa- 
lion  , et  j’avois  essayé  d’expliquer  la  cause  de  cette 
anomalie. 


( 201  ) 

Second  fait.  Celui-ci  paroîl  d’abord  une  expé- 
rience tranchante,  et  il  appartient  entièrement  à 
Spallanzani.  Il  y a des  plantes  qui  donnent  au  soleil 
du  gaz  oxygène  dans  les  eaux  bouillie  ou  distillée , 
dans  l’eau  privée  d’acide  carbonique  par  l’eau  de 
chaux,  et  dans  l’eau  de  chaux  elle-même. 

Troisième  fait  , qui  semble  aussi  d’abord  sans 
réplique,  et  dont  j’avois  indiqué  les  moyens  de  l’ob- 
server, mais  que  je  n’a  vois  pas  vérifié  par  l’expé- 
rience. L’eau  chargée  d’acide  carbonique  en  contient 
autant,  après  que  les  plantes  y ont  donné  du  gaz 
oxygène  qu’avant , et  les  sucs  exprimés  des  plantes, 
soit  qu’elles  aient  été  plongées  dans  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  et  exposées  ainsi  au  soleil , soit 
qu’elles*  se  trouvent  dans  leur  état  naturel , ne 
donnent  point  de  marque  qui  indique  chez  elles  la 
présence  de  l’acide  carbonique.  Cette  dernière  expé- 
rience paroît  vraiment  décisive  , cl  devroit  anéantir 
ma  théorie  sur  la  décomposition  de  l’acide  carbonique. 

J’ai  été  frappé  de  la  force  de  ces  objections,  et 
l’on  aura  pu  voir  par  mes  lettres  à Spallanzani  et 
par  ses  réponses  , que  j’en  avois  senti  l’importance  , 
et  j’aurai  volontiers  abandonné  l’échafaudage  que 
j’avois  bâti , s’il  m’avoit  toujours  également  paru 
croulant  par  ses  fondemens  $ mais  un  examen  plus 
approfondi  de  ce  sujet  et  des  expériences  de  mon 
ami , m’ont  ramené  à mon  opinion  , que  les  bril- 
lantes expériences  de  M.  Desaussure  ont  rendue  aussi 
solide  qu’elle  me  l’avoit  toujours  paru,  et  que  les 
suffrages  des  chimistes  les  plus  illustres  ont  confirmée 
en  l’adoptant.  Je  viens  à cet  examen. 


( ) 

§ XVI. 

Premier  fait.  Il  y a des  plantes  qui  donnent 
moins  de  gaz  oxygène  au  soleil  dans  les  eaux  qui 
sont  fortement  chargées  d'acide  carbonique  que 
dans  celles  qui  en  contiennent  une  moindre  quan- 
tité , par  conséquent  V acide  carbonique  n’est  pas 
décomposé  par  la  végétation  des  plantes  au  soleil. 

J’ai  observé  ce  fait  comme  Spallanzani , je  suis 
entré  par  rapport  à lui  dans  quelques  détails,  et  j’ai 
remarqué  que  les  plantes  aquatiques  étoient  surtout 
dans  ce  cas  , comme  on  peut  le  voir  dans  mes  Mé- 
moires physico-chimiques , Tom.  I. 

Ce  fait  ne  me  semble  point  une  objection  contre 
ma  théorie  , 1 ,°  parce  qu’il  n’exclut  pas  la  décom- 
position de  l’acide  carbonique  au  soleil  par  ces 
plantes  , qui  y donnent  encore  du  gaz  oxygène , 
mais  qui  en  donnent  seulement  une  quantité  moindre 
dans  les  eaux  fortement  chargées  d'acide  carbonique, 
quoiqu’elles  donnent  pourtant  toujours  une  quantité 
de  gaz  oxygène  plus  grande  dans  les  eaux  qui  con- 
tiennent une  quantité  plus  petite  de  ce  gaz  acide 
carbonique  que  dans  celles  qui  n’en  contiennent 
point,  puisque  ces  plantes  ne  donnent  point  ou 
presque  point  de  gaz  oxygène  dans  les  eaux  distillée 
et  bouillie  , et  qu’elles  le  manifestent  bientôt  dans 
ces  eaux-là  même , dès  que  l’on  y fait  entrer  une 
petite  quantité  d’acide  carbonique. 

2°.  11  me  paroît  donc  plutôt  que  la  quantité  de 
l’acide  carbonique  dissous  dans  l’eau  lorsqu’elle  est 
considérable,  met  un  obstacle  plus  grand  à l’émis- 
sion du  gaz  oxygène  que  les  plantes  qui  y sont  pion* 


/ 


( 2g5  ) 

gées  n’en  metlroient,  s’il  y avoit  moins  d’acide 
carbonique  dissous;  puisque  ces  plantes  donnent  ce 
gaz  oxygène , lorsqu’elles  sont  exposées  au  soleil 
dans  une  eau  qui  n’en  contient  qu’une  quantité 
moindre,  et  qu’elles  n’en  donnent  point  ou  presque 
point  dans  les  eaux  qui  en  sont  totalement  privées 
par  l’ébullition  ou  la  distillation. 

On  conçoit  d’ailleurs  aisément  comment  une  eau 
fortement  chargée  d’acide  carbonique  peut  altérer 
l’organisation  foible  de  quelques  plantes  en  resser- 
rant leurs  surfaces,  en  fermant  leurs  pores,  en  leur 
ôtant  ainsi  les  sorties  nécessaires  au  gaz  oxygène 
élaboré , et  les  entrées  à l’acide  carbonique  qui  pour- 
roit  s’y  décomposer  ; cet  acide  surabondant  peut  de 
même  altérer  les  organes  intérieurs  : ces  considéra- 
tions ne  sont  point  sans  fondeinens  , puisque  les 
plantes  trèfc-molles,  et  surtout  les  plantes  aquatiques, 
paroissent  celles  qui  donnent  alors  le  moins  de  gaz 
oxygène.  Celte  observation  sur  les  plantes  aqua- 
tiques me  paroît  ici  frappante  ; ces  plantés  habi- 
tuées à un  milieu  qui  ne  contient  jamais  qu’une 
petite  quantité  d’acide  carbonique , et  qui  sont  toutes 
très-souples  et  d’une  constitution  fort  lâche  comme 
les  potamagetons  et  les  conferves,  sont  plus  propres 
que  les  autres  à s’altérer  par  l’action  forte  d’uu 
acide;  aussi  lorsque  l’on  diminue  la  quantité  de  l’a- 
cide carbonique  ces  plantes  donnent , comme  les 
autres,  une  abondance  de  gaz  oxygène,  quoiqu’elles 
cessent  d’en  donner  au  soleil  dans  les  eaux  privées 
de  cet  acide. 

Ceci  me  rappelle  une  expérience 'que  j’ai  faite  et 


( 294  ) 

qui  a quelque  rapport  avec  ce  que  je  viens  de  dire; 
âi  l'on  me!  des  pois,  sous  l’eau  bouillie  et  sous  l’eau 
commune  , il  s’y  développe  une  espèce  de  radicule 
que  M.  Huber  et  moi  avions  prise  pour  un  commen- 
cement de  germination  , et  que  M.  Desaussure  a 
démontré  n’êlre  qu’un  gonflement  accidentel  ; n’im- 
porte, ce  gonflement , cette  apparence  de  radicule 
ne  se  montre  point  dans  les  pois  qui  sont  mis  dans 
une  eau  fortement  chargée  d’acide  carbonique,  et  si 
les  eaux  produisent  cet  effet  sur  les  graines  dures, 
si  elles  y interceptent  l’entrée  de  l’eau,  et  si  elles  s’y 
conservent  comme  dans  un  lieu  très-sec  , on  peut 
aisément  concevoir  comment  elles  produisent  un 
effet  analogue  sur  certaines  plantes. 

Il  paroît  donc  que  dans  ces  cas  l’action  des  eaux 
fortement  chargées  d’acide  carbonique  est  purement 
mécanique , et  que  les  conséquences  que  l’on  en  pour- 
roit  tirer  contre  la  décomposition  de  l’acide  carbo- 
nique ne  sa  uroientêtre  relatives  à cette  décomposition. 

§ XVII. 

Second  fait.  Mais  comme  Spallanzani  a remar- 
qué que  quelques  plantes  donnent  le  gaz  oxygène 
dans  les  eaux  distillée  ou  bouillie  et  même  dans 
les  eaux  de  chaux , on  ne  peut  pas  dire  dans  ce 
cas  , que  les  plantes  ont  décomposé  l'acide  carbo- 
nique qu’elles  ne  pouvaient  trouver  dans  les  eaux 
qui  en  ètoient  absolument  privées , lorsqu’elles  y 
ont  été  exposées  au  soleil  ; de  sorte  que  la  consé- 
quence tirée  du  premier  fait  doit  subsister  , et  se 
trouve  fortifiée  par  celui-ci. 


( 205  ) 

J’avois  répondu  à Spallarizani  par  une  foule  d'ex- 
périences que  je  fis , lorsqu'il  m'eut  appris  celles 
dont  je  viens  de  donner  ici  le  résultat  ; je  l’ai  dit 
dans  ma  Physiologie  végétale , Tom.  III , p.  22 J. 
Il  m’écrivit  seulement  après  avoir  refait  quelques- 
unes  de  mes  expériences  , que  ma  réponse  et  ses  con- 
clusions méritoient  toute  son  attention  , et  qu’il  s’oc- 
cuperoit  particulièrement  de  ce  sujet. 

Je  dirai  donc  en  deux  mots,  comme  je  l’ai  déjà 
dit  dans  ma  Physiologie  végétale , i.°  qu’il  n’y  a 
que  quelques  plantes  qui  donnent  du  gaz  oxygène 
dans  les  eaux  bouillies  ou  distillées  et  même  dans 
l’eau  de  chaux;  que  cette  propriété  appartient  sur- 
tout aux  feuilles  épaisses  des  plantes  qu’on  appelle 
grasses,  et  que  les  feuilles  minces  n’en  donnent  point. 
Spallanzani  lui-même  en  convient,  comme  on  aura 
pu  le  voir  dans  son  Mémoire  où  sont  rapportées 
toutes  les  expériences  qu’il  a faites  sur  ce  sujet. 

2.°  J’ai  fait  voir  dans  l'ouvrage  cité,  que  le  gaz 
oxygène  rendu  par  les  feuilles  exposées  au  soleil 
dans  les  eaux  distillée  ou  bouillie , ou  dans  l’eau 
de  chaux,  étoil  le  produit  de  l’air  ou  du  gaz  con- 
tenu dans  la  feuille  ; aussi  la  quantité  que  l’on  en 
obtient  alors  est  communément  très-petite  , tandis 
qu’elles  en  fournissent  infiniment  davantage,  quand 
elles  sont  exposées  au  soleil  sous  des  eaux  chargées 
d’acide  carbonique;  que  les  feuilles  qui  donnent  du 
gaz  oxygène  en  petite  quantité  sous  ces  eaux  privées 
d’acide  carbonique  vont  bientôt  à fond,  parce  qu’elles 
sont  privées  de  l’air  qui  les  faisoit  surnager;  que  ces 
mêmes  feuillos  rfui  ont  séjourné  au  soleil  sous  ces 


( 29G  ) 

eaux  privées  d'acide  carbonique  pendant  quelques 
heures  , transportées  sous  d’autres  eaux  semblables 
et  exposées  encore  au  soleil  ne  donnent  plus  d’air  ou 
seulement  que  quelques  atomes;  enfin  que  si  l’on 
transporte  au  soleil  des  feuilles  semblables  aux  pré- 
cédentes , ou  qui  ont  séjourné  pendant  quelques 
heures  dans  des  eaux  privées  d’acide  carbonique 
sous  des  eaux  chargées  de  cet  acide . elles  y don- 
nent du  gaz  oxygène  à-peu-près  comme  les  feuilles 
fraîches  ; ce  qui  prouve  bien  que  l’acide  carbonique 
agit  ici  d’une  manière  marquée  pour  la  production 
du  gaz  oxygène. 

5.°  Je  voulus  rendre  cette  preuve  plus  saillante 
par  une  autre  d’un  autre  genre  ; je  mis  les  feuilles 
que  j’avois  employées  dans  l’eau  bouillie  , sous  la 
pompe  pneumatique  où  elles  éloienl  renfermées  sous 
un  récipient  plein  d’eau  bien  privée  d’air , et  je  fis  le 
vide  ; je  n’en  retirai  point  ou  presque  point  d’air  ; 
je  mis  des  feuilles  fraîches  sous  la  pompe  pneuma- 
tique de  la  même  manière  ; je  fis  le  vide  et  j’en  retirai 
une  quantité  d’air  à-peu-près  égale  à celles  qu’elles 
avoient  donnée  au  soleil  sous  l’eau  bouillie.  Ensuite 
je  mis  ces  feuilles  épuisées  d’air  par  les  deux  ma- 
nières , séparément  sous  des  récipiens  pleins  d’eau 
chargée  d’acide  carbonique  et  sous  l’eau  bouillie; 
elles  restèrent  les  unes  et  les  autres  d’abord  au  fond 
du  vase;  mais  celles  qui  étoient  sous  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  ne  lardèrent  pas  à gagner  le  haut 
du  récipient,  tandis  que  les  autres  restèrent  au  fond 
de  l’eau  bouillie;  pour  le  succès  de  l’expérience  il 
faut  les  laisser  à la  même  température  où  l’expé- 


( 297  ) 

rience  a été  faite  ; il  est  donc  bien  sûr  que  les  feuilles 
qni  éloient  sons  l’eau  chargée  d’acide  carbonique  , 
ont  tiré  ce  gaz  avec  l’eau  ; qu’il  a quitté  l’eau  qui  le 
lenoit  dissous , et  qu’il  y a pris  dans  la  feuille  une 
une  forme  gazeuse. 

4.°  Enfin  ces  feuilles  exposées  au  soleil  ont  donné 
beaucoup  de  gaz  oxygène  sous  l’eau  chargée  d’acide 
carbonique , et  n’ont  pas  donné  un  atome  d’air  sous 
l'eau  bouillie  ; il  paroîl  donc  que  les  feuilles  qui  don- 
nent de  l’air  au  soleil  sous  l’eau  bouillie  ne  donnent 
que  celui  qu’elles  contiennent , ou  dont  elles  ont 
l’élément  dans  leur  parenchyme  , et  que  dans  tous 
les  cas  elles  décomposent  l’acide  carbonique.  Il  y a 
plus  , les  feuilles  tenues  dans  l’eau  chargée  d’acide 
carbonique  à l’obscurité  donnent  au  soleil  du  gaz 
oxygène  sous  l’eau  bouillie  et  l’eau  de  chaux  , quoi- 
qu’elles n’en  donnent  point  quand  elles  n’ont  pas 
élé  dans  les  eaux  acidulées  •,  il  faut  donc  que  l’acide 
carbonique  qu’elles  ont  sucé  avec  l’eau  , se  soit  dé- 
composé ensuite  à la  lumière  dans  les  eaux  qui  ne 
ponvoient  leur  en  donner  , et  qu’il  ait  remplacé 
celui  qui  est  dissous  dans  l’eau  acidulée  où  ces  plantes 
donnent  du  gaz  oxygène. 

Je  dirai  la  même  chose  des  feuilles  mises  dans 
l’eau  de  chaux , en  observant  qu’il  n’y  a que  les 
feuilles  qui  peuvent  supporter  l’action  de  ce  milieu 
sans  se  désorganiser  tout  à fait , qui  donnent  de  l’air; 
mais  dans  tous  les  cas  elles  offrent  les  mêmes  phéno- 
mènes que  les  précédentes  , et  la  difficulté  que  l’on 
en  liroit  contre  ma  théorie  a rigoureusement  la 
même  solution.  < 


'Foules  ces  expériences  , que  j’ai  variées  de  mille 
manières  , ont  été  faites  sur  quelques-unes  des  espèces 
de  plantes  employées  par  Spallaozani , et  sur  d’au- 
tres qui  leur  étoient  analogues  comme  le  sedum  ana- 
9 campseros , et  elles  m’ont  toutes  donné,  chacune 
dans  leur  espèce , des  résultats  parfaitement  sem- 
blables à ceux  que  j’ai  rapportés;  elles  ne  m’ont 
fourni  alors,  sous  l’eau  bouillie  et  l’eau  de  chaux  , 
qu’une  quantité  d’air  à très-peu  près  égale  à celle  que 
j’en  ai  retirée  par  la  pompe  pneumatique. 

§ XVIII. 

Troisième  fait.  L'eau  chargée  d'acide  carbo- 
nique ne  le  perd  pas  quand  on  y a exposé  des 
feuilles  au  soleil  pendant  un  certain  temps , puisque 
l'eau  employée  à cette  expérience  fournit  le  même 
poids  de  carbonate  calcaire  lorsqu'on  la  mêle  avec 
l'eau  de  chaux , que  la  même  quantité  de  cette  eau 
avant  V expérience  , par  conséquent  il  n'y  a point 
eu  d'acide  carbonique  pris  par  les  feuilles , et  il 
n'y  en  a point  eu  de  décomposé  par  elles  au  soleil. 

J’avois  bien  pensé  à celle  expérience  en  faisant  les 
autres,  je  l’ai  même  indiquée  dans  mes  expériences 
sur  l'influence  de  la  lumière  solaire  dans  la  végé- 
tation , mais  je  ne  la  fis  pas , parce  que  je  n’imagi- 
nois  pas  des  moyens  assez  sûrs  pour  la  faire  con- 
venablement. Spallanzani  l’a  faite,  et  il  eut  le  ré- 
sultat que  j’ai  donné  dans  1 exposition  du  troisième 
fait  opposé  à l’opinion  que  j’ai  établie  sur  la  décom- 
position de  l’acide  carbonique  dans  la  végétation  au 
soleil. 


(>  299  ) 

> k. 

Je  dois  faire  remarquer  ici  la  difficulté  de  faire 
cette  expérience  avec  quelque  espoir  de  succès  ; je 
la  vois  dans  le  transvasement  de  l’eau  chargée  d’a- 
cide carbonique,  qui  en  laisse  alors  échapper  beau- 
coup ; dans  l’exposition  de  l’eau  chargée  de  cet  acide 
avec  la  feuille  au  soleil  qui  entraîne  nécessairement 
une  perte  d’acide  carbonique  comme  Spallanzani  l’a 
démontré  dans  ses  expériences  sur  les  eaux  chargées 
d’acide  carbonique,  où  il  a bien  montré  qu’une  lame 
d'air  favorise  le  départ  de  cet  acide , et  la  feuille 
fournit  d’abord  ceLte  lame  d’air  au  soleil  , de  sorte 
qu’il  doit  y avoir  dans  celte  expérience  du  gaz 
acide  carbonique  nécessairement  sorti  de  l’eau  5 
enfin  comme  on  fait  cette  expérience  dans  l’air,  il  y 
a toujours  à l’air  l’eau  qui  renferme  celle  qui  rem- 
plit le  récipient;  de  sorte  que  celle-ci  doit  y perdre 
son  acide  carbonique,  et  ouvrir  des  sorties  à celle 
qui  est  sous  le  récipient,  d’autant  plus  facilement 
que  cette  eau  est  exposée  au  soleil  ; par  conséquent 
ces  difficultés  éloient  insurmontables  dans  celte 
manière  de  procéder,  et  il  ne  restoit  que  la  clôture 
avec  le  mercure  qui  pût  prévenir  ce  dernier  incon- 
vénient, sans  faire  éviter  les  autres,  mais  d’un  autre 
côté  il  en  introduisoit  de  nouveaux  qui  me  firent 
renoncer  à celte  expérience. 

Mais  enfin  Spallanzani  l’a  entreprise  et  exécutée; il 
la  fit  durer  pendant  deux  heures  et  demie,  et  au  bout 
de  ce  temps  là , il  retrouva  en  poids  par  le  moyen 
de  l'eau  de  chaux  la  même  quantité  de  carbonate 
calcaire  dans  l'eau  acidulée  où  les  feuilles  étoient 
pures  l’expérience  , qu’il  avoit  trouvée  dans  la 


( 5oo  ) 

même  quantité  de  la  même  eau  chargée  d’acide  car- 
bonique avant  de  l’exéculer  et  il  s’assura  de  la  pré- 
sence du  carbonate  par  l’acide  nitreux. 

Je  voisji’abord  par  la  petite  durée  de  l’expérience 
que  Spallanzani  avoit  pensé  aux  inconvéniens  dont 
j’ai  parlé.  Je  remarque  ensuite  que  le  poids  du  pré- 
cipité  n’indique  pas  tout  ce  que  notre  grand  obser- 
vateur lui  fait  indiquer  , puisque  les  parties  gom- 
meuses et  gommo-résineuses  dissoutes  par  l’eau  dé 
l’expérience,  furent  précipitées  par  l’eau  de  chaux; 
de  sorte  qu’il  auroit  fallu  au  moins  laver  à grande 
eau  ce  précipité  avant  de  le  sécher  pour  séparer  le 
carbonate  de  ce  qui  n’éloil  pas  lui,  et  je  ne  doute 
pas  qu’il  n’eut  eu  alors  dans  le  vrai  précipité  du 
carbonate  un  poids  bien  moindre  que  celui  qui  lui 
avoit  été  fourni  par  le  précipité  de  l’eau  chargée 
d’acide  carbonique  où  l’on  n’avoit  point  mis  de 
feuille , et  l’on  auroit  eu  dans  ce  cas  le  carbo- 
nate pur,  puisque  dans  l’eau  de  l’expérience  il  y 
auroit  eu  de  moins  l’acide  carbonique  évadé  pat* 
le  moyen  de  la  lame  d’air  , celui  qui  auroit  été 
pris  par  la  feuille , celui  qui  se  seroit  échappé  par 
l’eau  qui  servoil  de  clôture  à l’expérience;  de  sorte 
que  si  l’on  avoit  reçu  le  gaz  de  cette  eau  sous  un 
récipient  plein  de  mercure  , on  auroit  pu  voir  clai- 
rement que  la  quantité  d’acide  carbonique  introduite 
dans  l’eau  y avoit  été  considérablement  diminuée. 

J’avois  fait  celte  expérience  autrement,  parce  que 
j’avois  désespéré  de  faire  bien  la  précédente,  elle 
n’est  certainement  pas  aussi  tranchante  que  l'auroit 
été  la  première,  si  elle  avoit  pu  se  fade  avec  rigueur, 
mais  elle  peut  pourtant  signifier  quelque  chose. 


f 


( 3oi  ) 

Je  remplis  un  récipient  contenant  244,5/  gram- 
mes , ou  8 onces  d’eau  avec  de  l’eau  chargée  d’a- 
cide carbonique , j’y  mis  pendant  plusieurs  jours 
de  suite  des  feuilles  que  je  retirai  de  cette  eau  tous 
les  soirs  , pour  en  remettre  de  nouvelles  le  malin 
suivant,  et  je  les  laissai  ainsi  exposées  au  soleil  de- 
puis le  moment  où  il  pouvoit  les  éclairer  jusques 
à son  coucher  -,  je  vis  la  quantité  de  l’air  produit 
par  elles  diminuer  chaque  jour  et  je  répétai  les  chan- 
gemens  de  ces  feuilles  jusques  au  jour,  où  elles  n’en 
donnèrent  plus  ou  presque  plus,  alors  je  fis  entrer 
de  l’acide  carbonique  dans  l’eau  qui  restoil,  et  quand 
l’eau  s’en  fut  chargée,  j’y  replaçai  des  feuilles  de 
la  même  espèce  au  soleil  qui  donnèrent  du  gaz 
oxygène  comme  la  première  fois  que  je  les  y plaçai, 
et  je  vis  ce  que  j’a  vois. déjà  vu  en  faisant  l’expé-> 
rience  avec  l’eau  bouillie,  où  les  feuilles  minces  ne 
donnent  point  d’air  au  soleil,  mais  qui  en  donnent 
aussitôt  que  l’on  introduit  dans  cette  eau  de  l’acide 
carbonique. 

Cette  expérience  n’a  pas , il  est  vrai , l’élégance 
de  celle  de  Spallanzani , mais  il  me  semble  que 
les  conséquences  que  l’on  en  peut  tirer  sont  bien 
plus  sûres,  quoiqu’elles  ne  soient  pas  à rigueur  sans 
exception. 

§ XIX. 

Enfin , et  ce  fait  devoit  servir  à Spallanzani  de 
preuve , pour  le  précédent  les  sucs  des  feuilles  qui 
ont  séjourné  dans  les  eaux  chargées  d'acide  carbo- 
nique ne  donnent  aucune  trace  d’acide  carbonique , 
quoique  ces  feuilles  aient  donné  au  soleil  du  gaz 


( 5o2  ) 

oxygène , ou  même  lorsqu’elles  y ont  èlè  tenues 
à l’obscurité.  Celte  expérience  très-bien  vue  ébranla 
encore  l’opinion  de  ce  grand  physicien  sur  la  dé- 
composition de  l'acide  carbonique  par  la  végétation 
au  soleil. 

Cette  expérience  au  premier  coup-d’œil  peut  pa- 
roilre  décisive;  cependant,  quand  on  y fait  bien 
attention , il  me  semble  que  sa  force  peut  être  assez 
diminuée. 

Dans  l’expression  que  l’on  fait  des  feuilles  pour 
en  obtenir  les  sucs;  il  est  certain  que  les  sucs  pro- 
pres sont  mêlés  avec  la  lymphe  qui  doit  seule  con- 
tenir l’acide  carbonique  ; il  est  donc  aussi  certain 
que  la  lymphe  y est  enveloppée,  de  manière  qu’elle 
empêche  l’action  immédiate  de  l’eau  de  chaux  sur 
l'acide  carbonique  > qui  ne  peut  jamais  y être  que 
dans  une  petite  quantité  et  fort  divisé;  comme  il 
empêche  l’action  du  soleil  sur  cet  acide  dans  les 
sues  des  plantes  exposées  au  soleil  ; je  l’ai  vu  di- 
verses fois  , cependant  il  est  bien  sûr  que  cet  acide 
carbonique  s’y  trouve , puisque  je  l’ai  vu  dans  les. 
pleurs  de  la  vigne , puisque  les  plantes  qui  plon- 
gent dans  une  eau  chargée  d’acide  carbonique  don- 
nent plus  de  gaz  oxygène  au  soleil  que  celles  qui 
11’y  trempent  pas:  ce  que  j’avois  vu,  il  y a long- 
temps et  ce  que  Spallanzani  a vérifié;  enfin  puisque 
lés  plantes  elles-mêmes  rendent  l’acide  carbonique 
contenu  dans  leur  intérieur  , comme  çe  dernier  l’a 
démontré,  et  comme  elles  le  rendent  eucore  avec  le 
gaz  oxygène  sous  l’eau  au  soleil  ; mais  pourquoi  donc 
dirai -je  encore  les  sucs  des  plantes  exposées  au  soleil 


( 5o5  ) 

sous  des  récipiens  qu’ils  remplissent  , 11e  donnent-ils 
pas  même  ce  gaz  au  soleil  comme  je  l’ai  vu  mille  fois? 
Parce  que  Spallarizani  a démontré  que  les  eaux  aci- 
dulées ne  Jaissoient  échapper  ce  gaz  dans  les  vases 
pleins  au  soleil , que  lorsqu’elles  en  contenoient  une 
certaine  quantité,  et  lorsqu’il  y avoit  une  lame  d’air 
pour  en  faciliter  la  sortie. 

Je  croirois  aussi  que  l’expérience  de  Spallanzani 
sur  ces  sucs  n’a  pas  été  assez  prolongée  et  qu’il 
n’auroit  pas  fallu  conclure  de  ce  que  le  gaz  acide 
carbonique  ne  s’étoit  pas  manifesté  d’abord  par  le 
moyen  de  l’eau  de  chaux  à sa  non-existence  ab- 
solue •,  s’il  avoit  conservé  le  précipité  mueilagineux 
qui  se  forma,  et  s’il  l’avoit  desséché,  je  ne  doute 
pas  qu’il  n’en  eut  retiré  l’acide  carbonique  en  y ver- 
sant l’acide  nitrique. 

On  sait  d’ailleurs  qu’il  y a des  combinaisons  cal- 
caires , comme  celle  des  terres  de  ce  genre  que  l’en 
appelle  de  première  création , qui  contiennent  réel- 
lement l’acide  carbonique,  et  qui  ne  le  développent 
par  le  moyen  d’un  acide  qu’au  bout  de  quelque 
temps  et  avec  une  extrême  lenteur  : j’ai  eu  des 
résidus  pareils  d’analises  de  végétaux  qui  ne  déga- 
gèrent ce  gaz  que  de  cette  manière  , et  en  parti- 
culier un  résidu  calcaire  de  banalise  des  pleurs  de 
la  vigne. 

Mais  puisqu’il  est  vrai  que  la  lymphe  contient 
l’acide  carbonique;  puisqu’il  est  également  vrai  que 
les  plantes  tirent  par  leurs  tiges  l’eau  acidulée  par 
l’acide  carbonique,  où  on  les  plonge;  puisqu’il  est 
encore  aussi  vrai  que  cet  acide  introduit  par  beau 


( 5o4  ) 

dans  la  plante  favorise  l’émission  du  gaz  oxygène 
au  soleil,  et  puisque  les  plantes  donnent  dans  tous 
les  cas  le  gaz  acide  carbonique  qui  s’échappe  hors 
de  leur  intérieur,  comment  se  fait-il  que  les  feuilles 
placées  quelque  temps  dans  ces  eaux  chargées  d’a- 
cide carbonique  ne  donnent  point  de  gaz  acide  car- 
bonique, ou  ne  troublent  pas  l’eau  de  chaux  quand 
on  les  y plonge  , ou  quand  on  y exprime  leurs  sucs? 
Je  rappelle  d’abord  ici  tout  ce  que  je  viens  de  dire, 
mais  je  dois  observer  d’abord,  que  dans  les  feuilles 
exposées  sous  l’eau  au  soleil , le  gaz  acide  carbonique 
se  décompose  dans  la  feuille  à mesure  qu’il  y entre, 
que  l’on  y en  trouve  véritablement  comme  je  l’ai 
dit;  qu’il  faut  penser  encore  que  l’on  ne  peut  nier 
la  présence  du  gaz  acide  carbonique  dans  l’intérieur 
des  feuilles,  puisqu’elle  y est  prouvée  par  le  fait, 
puisqu’il  en  sort  avec  le  gaz  oxygène  dans  ces  jets 
d’air  que  fournissent  les  plantes  grasses  dont  on  dé- 
chire les  feuilles,  comme  on  a pu  le  voir  dans  le 
mémoire  précédent  ; de  sorte  que  sa  présence  ne 
peuL  être  mise  eu  doute  : son  existence  incognito 
dans  les  feuilles  peut  tenir  à son  union  avec  le  mu- 
cilage que  l’eau  de  chaux  peut  précipiter  sans  tou- 
cher l’acide  carbonique  ; enlin  il  peut  éprouver  telle 
modification  dans  la  feuille  qui  lui  ôte  ses  affinités 
avec  la  chaux  dissoute  dans  l’eau , et  ce  cas  ne  se- 
roit  pas  nouveau.  On  sait  que  l’acide  carbonique 
placé  sur  un  mélange  de  limaille  et  de  soufre  y 
perd  au  bout  de  quelque  temps  la  propriété  de  se 
dissoudre  dans  l’eau  , sans  doute  parce  qu’il  y perd 
une  grande  partie  de  son  oxygène  , au  moins  y 

a-t-il 


( 5o5  ) 

a-t-il  une  grande  quantité  de  ce  gaz  qui  disparoît, 
et  rien  ne  s’oppose  à croire  que  les  choses  se  passent 
de  celte  manière  dans  les  végétaux  , et  que  l’oxy- 
gène  qui  se  sépare  d’abord  en  partie  de  cet  oxide  de 
charbon  s’applique  dans  l’ombre  à la  nourriture  du 
végétal , tandis  que  lorsque  cette  décomposition  est 
accélérée  par  la  lumière  qui  la  favorise  , l’abon- 
dance de  la  production  de  l’oxygène  le  force  alors 
à s’échapper  hors  de  la  plante  ; d’ailleurs  l’acide 
carboniqiie  dans  l’état  de  celui  dont  j’ai  parlé  ne 
trouble  plus  l’eau  de  chaux. 

Enfin  j’ai  bien  vu  que  les  plantes  qui  avoient  sé- 
journé dans  une  eau  chargée  d’acide  carbonique  à 
l’ombre  donnent  par  le moyen  de  la  pompe  pneu- 
matique une  quantité  d’air  qui  contient  environ  un 
huitième  de  son  volume  d’acide  carbonique;  M.r 
Desaussure  a fait  aussi  cette  expérience  et  il  y a 
trouvé  o,o5  d’acide  carbonique  dans  le  cactus  opun- 
tia , le  résultat  de  cette  expérience  diffère  à cet 
égard  des  expériences  analogues  faites  par  Spallan- 
zani,  mais  les  moyens  me  paroissent  aussi  plus  éner- 
giques pour  faire  sortir  ce  gaz  que  ceux  que  mon' 
ami  a employés  : on  peut  faire  ces  expériences  avec' 
le  mercure , on  peut  les  faire  dans  l’eau  bouillie  et 
avec  ce  dernier  fluide,  on  trouvera  une  partie  de 
l’acide  carbonique  dissous  dans  l’eau  par  le  moyen 
de  l’eau  de  chaux. 

il  faut  rappeler  ici  l’expérience  que  j’ai  rap- 
portée § XVU  où  les  feuilles  qui  ne  donnent  point 
de  gaz  oxygéné  dans  les  eaux  bouillie  et  distillée 
comme  dan  . l’eau  de  chaux  en  donnent  néanmoins 

Tome  5.  ' V 


( 3o6  ) 

quand  elles  ont  été  tenues  à l’obscurité  dans  des 
çaux  chargées  d’acide  carbonique  , il  huit  donc 
qu'elles  y aient  pris  de  l’acide  carbonique  et  que  cet 
acide  s’y  soit  décomposé. 

M.r  Desaussure  qui  n’a, voit  pas  pensé  que  l’on 
pût  faire  cette  objection  , l’a  néanmoins  résolue 
d’une  manière  aussi  juste  qu’élégante  clans  ses 
Recherches  chimiques  sur  La  végétation  ; il  y mon- 
Ire  que  la  feuille  après  avoir  été  exposée  au  soleil 
ne  contient  point  de  gaz  acide  carbonique,  parce 
qu’il  a été  décomposé  , que  si  on  l’expose  alors  à 
l’obscurité,  l’air  la  traverse  comme  les  autres  gaz, 
cjue  son  gaz  oxygène  se  combine  avec  le  carbone 
de  la  plante,  et  for  inc  l’acide  carbonique  qui  se  dis— 
sput  dans  l’eau,  et  qu’il  éprouve  par  l’organisation 
de  la  plante  une  compression  qui  limite  les  quantités 
de  l’absorption  ; de  sorte  que  celui  qui  se  forme 
sans  cesse  devient  libre,  parce  qu’il  ne  peut  plus 
se  combiner,  ce  qui  peut  expliquer  l’acide  carbo- 
nique fourni  par  les  plantes,  quoique  cela  n'expli- 
que point  celui  qui  est  fourni  dans  les  gaz  hydrogène 
et  azote,  mais  comment  la  feuille  ne  se  sature-t-elle 
jamais  d’acide  carbonique  quoiqu’elle  paroisse  devoir 
en  être  saturée  ou  dans  l’air  ou  dans  les  eaux  qui 
en  sont  chargées?  M.r  Desaussure  monlre  fort  bien 
que  cet  effet  est  produit  par  l'affinité  bien  décidée 
de  l’air  pour  d’acide  carbonique,  quia  ses  limites; 
ce  qu’il  prouve  par  l’enlevemeut  que  l’air  fait  de 
l’acide  carbonique  aux  eaux  qui  en  ont  une  cer- 
taine quantité , comme  Spallanzani  l’avoit  aussi 
prouvé  par  des  expériences  directes;  de  sorte  que 


( 5c>7  ) 

l’air  atmosphérique  n’étant  point  en  équilibre  de 
saturation  avec  une  feuille  saturée  d’acide  carbo- 
nique , il  lui  en  enlevera  une  partie,  par  conséquent 
le  végétal  ne  sauroit  en  accumuler  beaucoup. 

Enfin  toutes  les  plantes  donnent  l’acide  carbonique 
dans  les  gaz  hydrogène  et  azote  comme  Spallanzanï 
l’a  prouvé. 

5 xx. 

Spallanzani  a eu  encore  une  idée  qui  mérite  l’exa- 
men , quoiqu’il  ne  paroisse  pas  s’y  arrêter,  et  qu’il 
ait  plutôt  cherché  à la  combattre  qu’à  l’établir  ; 
il  a pensé  qu’il  seroil  possible  que  l’acide  carbonique 
ou  l’eau  se  décomposât  à la  surface  des  plantes  ex- 
posées sous  l’eau  au  soleil  ; cette  idée  qui  est  dans 
les  possibles  étoit  vraiment  digne  de  sortir  de  la 
tête  d’un  homme  qui  aimoit  la  vérité  autant  que 
ce  grand  observateur  , et  qui  ne  vouloit  négliger 
aucun  des  moyens  propres  à la  faire  trouver;  cette 
idée  devoit  donc  être  soumise  à l’expérience  ; mais 
Spallanzani  n’eut  pas  sans  doute  le  temps  de  rem- 
plir les  vues  qu’il  s’étoit  proposées,  et  j’ai  cru  qu’il 
seroil  utile  de  prouver  par  le  fait  que  l’air  que  l’on 
obtient  des  feuilles  exposées  sous  l’eau  au  soleil  sor- 
toit  de  leur  intérieur.  Je  me  suis  donc  dit  que  si 
l’on  pou  voit  le  prouver,  on  auroit  démontré  que 
la  décomposition  de  l’eau  ou  de  l’acide  carbonique 
ne  se  fait  pas  à la  surface  des  plantes;  je  crois  même 
que  mes  preuves  ne  permettront  pas  d’imaginer  la 
réunion  des  deux  moyens. 

J’ai  prouvé  par  mie  expérience  qui  m’a  toujours 
paru  concluante  que  le  parenchyme  de  la  feuille 


( 5o8  ) 

qui  fournissoit  le  gaz  oxygène  rendu  par  les  feuilles 
exposées  sous  l’eau  au  soleil  étoit  la  source  de  ce 
gaz , connue  ou  peul  le  voir  dans  mes  Mémoires 
physico-chimiques  : puisqu’une  feuille  de  joubarbe 
privée  de  son  épiderme  donnoit  ce  gaz  par  grosses 
bulles,  quand  on  la  tenoitsous  l’eau,  tandis  qu’il  ne 
se  forme  sur  la  feuille  entière  que  par  peliles  bulles; 
mais  l’épiderme  enlevé  à celLe  feuille  ne  donnoit  pas 
sous  l’eau  au  soleil  un  atome  d’air  quand  on  l’a  voit 
soigneusement  séparé  du  parenchyme  , qu’il  recou- 
vroil  : il  paroît  donc  par  cette  expérience  que  l’air 
produit  par  la  feuille  étoit  sorti  de  son  intérieur 
ou  de  son  parenchyme,  puisque  l’épiderme  qui  le 
recouvroit  n’a  pas  donné  une  bulle  d’air. 

On  ne  peut  donc  pas  soupçonner  que  le  gaz  pro- 
duit par  le  contact  de  l’eau  avec  l’épiderme  de  la 
feuille  soit  l’effet  de  ce  contact  avec  l’épiderme , 
puisque  ce  contact  existoit  dans  celte  expérience 
avec  l’épiderme  , comme  avec  le  parenchyme  , 
et  si  le  contact  de  l’épiderme  seul  avec  l’^au  n’a 
point  produit  d’air,  il  faut  convenir  que  ce  contact 
n’a  pas  produit  le  gaz  oxygène  que  le  parenchyme 
écorché  a donné,  puisque  cet  air  sort  au  travers 
des  pores  de  l’épiderme  dans  la  feuille  entière  ; ce- 
pendant cet  épiderme  séparé  ne  fournit  point  d’air. 

J’ai  prouvé  cela  d’une  autre  manière  par  une 
expérience  faite  dans  un  autre  but,  il  y a bien  long- 
temps , et  que  l’on  peut  trouver  , dans  mes  Expé- 
riences sur  L’influence  de  la  lumière  solaire  dans 
la  végétation.  Je  pris  un  rameau  de  framboisier, 
je  dépouillai  son  extrémité  inférieure  de  ses  feuilles. 


( Sog  ) 

je  l’introduisis  dans  une  bouteille  vide  où  je  la  scellai 
de  manière  que  l’eau  ne  pût  y entrer,  et  je  plaçai 
la  bouteille  et  le  rameau  ^pus  un  récipient  plein 
d’eau  chargée  d’acide  carbonique.  Je  pris  un  autre 
rameau  de  la  même  plante  parfaitement  semblable 
au  premier  avec  le  même  nombre  de  feuilles  dont 
je  fis  entrer  l’extrémité  dépouillée  de  feuilles  dans 
une  bouteille  pleine  d’eau  chargée  d’acide  carbo- 
nique, je  scellai  de  même  ce  rameau  à la  bouteille, 
et  je  le  fis  passer  sous  un  récipient  semblable  au 
premier  et  rempli  de  la  même  eau.  Les  deux  ra- 
meaux restèrent  ainsi  sous  l’eau  exposée  au  soleil 
pendant  8 heures  ; je  vis  alors  clairement  que  ces  2 
rameaux  avoient  été  bien  scellés,  puisqu’il  n’entra 
point  d’eau  dans  la  bouteille  vide,  et  puisqu’il  man- 
qua une  partie  de  l’eau  dans  la  bouteille  pleine  ; 
ce  qui  m’apprit  que  le  rameau  de  la  plante  l’avoit 
tirée.  Quel  en  fut  le  résultat?  Le  rameau  dont 
l'extrémité  plongeoit  dans  l’eau  chargée  d’acide  car- 
bonique donna  le  double  d’air  que  le  rameau  dont 
l’extrémité  plongeoit  dans  la  bouteille  vide.  Si  donc 
la  décomposition  s’étoit  faite  à la  surface  des  feuilles, 
pourquoi  y a-t-il  eu  cette  différence  si  grande  dans 
le  produit  aériforme  des  deux  rameaux , tandis  que 
toutes  les  autres  circonstances  étoicnt  égales  hors  celles 
du  milieu  où  éloient  placées  les  extrémités  de  ces 
rameaux?  D’où  vient  donc  la  différence,  si  ce  n’est 
parce  que  l’acide  carbonique  fourni  par  l’eau , où 
l’extrémité  de  la  plante  étoit  logée  a pénétré  le  ra- 
meau, est  entré  dans  les  feuilles  et  s’est  décomposé 
avec  celui  qui  a pénétré  dans  les  feuilles.  Eu  répétant 


( 5io  ) 

cette  expérience  j’employai  l’eau  commune  au  lieu 
de  l’air  commun  qui  remplissoit  une  des  bouteilles  ; 
alors  j’eus  dans  la  première  bouteille  une  quantité 
de  gaz  oxygène  produite  beaucoup  plus  grande  que 
dans  celle  de  la  précédente  expérience  qui  avoit  été 
seulement  remplie  d’air  commun  , parce  que  celle-là 
avoiL  fourni  au  rameau , et  par  conséquent  à ses 
feuilles , l’acide  carbonique  que  le  rameau  n’a  voit 
pu  avoir  dans  l’autre  cas. 

Spallanzani  a même  confirmé  celle  expérience 
par  une  autre  qui  lui  est  analogue  et  qui  me  pa- 
roît  plus  concluante  encoi’e  , puisqu’il  plaça  sous 
deux  récipiens  égaux  en  capacité  et  pleins  d’air  un 
rameau  semblable  de  la  même  plante , dont  l’un 
plongeoit  dans  une  bouteille  pleine  d’eau  commune 
et  l’autre  dans  une  bouteille  pleine  d’eau  chargée 
d’acide  carbonique  ; il  les  exposa  pendant  le  même- 
temps  au  soleil  et  il  y eut  une  grande  différence  dans 
la  quantité  du  gaz  oxygène  produit,  elle  fut  beau- 
coup plus  grande  dans  le  récipient  où  le  rameau 
plongeoit  dans  la  bouteille  dont  l’eau  éloit  chargée 
d’acide  carbonique  que  dans  l’autre  rempli  par  l’eau 
commune.  Ici  il  ne  reste  plus  de  doute  que  l’acide 
parbonique  entré  dans  la  plante  avec  l’eau  qui  l’a 
pénétrée  et  qui  s’est  répandue  dans  les  feuilles  a été 
la  cause  de  celte  quantité  plus  considérable  de  gaz 
oxygène  trouvé  dans  le  récipient. 

Enfin  Spallanzani  a vu  comme  moi  ces  jets  d’air 
qui  s’échappent  hors  des  parties  coupées  ou  déchi- 
rées des  feuilles,  et  surtout  de  celles  qui  sont  épaisses 
pl  privées  de  leur  épiderme,  il  a recueilli  cet  air, 


( 5n  ) 

il  l’a  examiné  et  il  a trouvé  le  gaz  oxygène  mêlé 
avec  l'acide  carbonique  qui  en  sortait  égal  en  pureté 
à celui  qui  se  lamisoit  au  travers  de  l’épiderme  ; 
de  so£te  que  je  ne  saurois  imaginer  qu’il  pût  rester 
aucun  doute  sur  la  sortie  du  gaz  oxygène  hors  de 
l’intérieur  de  la  plante,  ni  sur  celle  de  l’acide  car- 
bonique qui  lui  est  mêlé. 

Comme  ce  point  me  paroît  important  ; je  joins 
encore  ici  quelques  considérations  qui  peuvent  avoir 
leur  intérêt  pour  apprécier  ma  théorie. 

Si  les  feuilles  de  la  jacobée  donnent  de  l’air  au 
soled  en  passant  d’une  eau  réchauffée  par  lui  à 20°, 
et  si  elles  en  donnent  de  même  dans  une  eau  ré- 
chauffée au  soleil  seulement  à 5°  au-dessus  du  zéro  , 
il  est  bien  clair  que  ce  n’est  pas  l’air  détaché  de 
la  feuille  qui  l’a  fourni,  puisque  les  feuilles  mises 
à l’obscurité  dans  une  eau  réchauffée  à 20°  n’en 
donnent  point;  il  faut  donc  que  ce  gaz  soit  pré- 
paré dans  l’intérieur  de  la  feuille. 

C’est  un  fait  que  les  feuilles  contiennent  de  l’air, 
puisqu’elles  surnagent  dans  l’eau  avant  de  l’avoir 
perdu  au  soleil  et  qu’elles  surnagent  dans  l’eau 
bouillie  sous  la  pompe  pneumatique  quand  on  fait 
le  vide  ; mais1  ces  feuilles  quelqu’effortxque  l’on  fasse 
ne  rendent  qu’une  très-petite  quantité  d’air  qui  est 
assez  mauvais  par  l’expression  ou  par  le  moyen  de 
la  pompe  pneumatique;  on  le  voit  alors  s’échapper 
sous  l’eau , au  moins  par  ce  dernier  moyen  au  tra- 
vers des  pores  de  l’épiderme  , ou  plus  facilement 
encore  au  travers  des  déchirures  que  l’on  peut  leur 
taire,  qui  en  accélèrent  la  sortie  ; mais  il  est  toujours 


( 512  <) 

très-difficile  de  le  faire  sortir  entièrement,  parce  qu’il 
se  trouve  plus  ou  moins  niché  dans  le  mucilage  ou 
dans  les  vaisseaux  les  plus  petits,  et  les  moyens  les 
plus  torts  ne  réussissent  pas  d’abord  à L’en  déloger. 

Outre  cela  , comme  les  feuilles  donnent  d'autant 
plus  d’air  sous  la  même  eau  , lorsqu’elles  sont  plus 
fraîches  et  plus  vivantes;  on  conçoit  que  cet  air 
produit  est  un  effet  de  la  feuille  végétante;  aussi 
les  feuilles  en  donnent-elles  , aussitôt  qu’elles  com- 
mencent à vivre  ou  tant  qu’elles  vivent  d’une  manière 
développée  ; c’est  pour  cela  que  les  jeunes  feuilles 
çt  toutes  les  feuilles  en  automne  fournissent  moins 
d’air  au  soleil  que  les  feuilles  adultes;  dans  le  pre- 
mier cas,  l’organisation  n’a  pas  pris  toute  sa  con- 
sistance ; et  dans  le  second  , elles  commencent  à 
ralentir  leur  végétation  ; c’est  encore  pour  cela  que 
les  feuilles  sèches  , les  étiolées  donnent  très-peu  d’air 
comme  je  l’ai  vu,  parce  qu’il  n’y  a point  d’organes 
assez  en  mouvement  pour  favoriser  cette  élaboration; 
ç’est  pour  cela  encore  que  les  feuilles  fanées  donnent 
très-peu  d’air  parce  que  leur  organisation  est  altérée , 
mais  tout  cela  prouve  encore  que  le  contact  seul 
des  feuilles  avec  l’eau  et  avec  l’air  n’est  pas  suffi- 
sant pour  produire  cet  etfcL , puisque  ce  contact  a 
toujours  lieu  dans  ces  expériences. 

Enfin  l’expérience  de  Spallanzani  et  les  miennes 
ont  bien  prouvé  qu’il  n’y  avoil  point  d’air  produit 
par  les  feuilles  au  éoleil  sans  végélalion,  et  que  celte 
production  est  toujours  proportionnelle  au  degré  de 
chaleur  dans  de  certaines  limites  et  aux  époques  do 
J’année  qui  favorisent  celle  végétation  ; ainsi  les 


( 3i3  } 

planles  qui  donnent  beaucoup  d’air  au  soleil  pen- 
dant l’été  en  donnent  très -peu  en  automne,  et 
presque  point  en  hiver,  comme  les  expériences  de 
Spallanzani  et  les  miennes  l’ont  bien  établi;  ainsi 
à o°  il  n’y  a point  d’air  produit  par  la  plupart 
d’entr’elles  , parce  qu’il  n’y  a plus  de  végétation  , 
ou  plutôt  qu’elle  est  considérablement  affoiblie. 

§ XXI. 

La  solution  de  ces  difficultés  contre  ma  théorie' 
de  la  décomposition  de  l’acide  carbonique  dans  les 
plantes  qui  végètent  au  soleil  m’a  mis  dans  le  cas 
de  rappeler  quelques  - unes  des  preuves  que  j’en 
avois  déjà  données;  je  ne  m’arrêterai  pas,  à les  dis- 
cuter, parce  que  les  objections  qu’on  a faites  sont 
seulement  relatives  à la  proposition  généi'ale,  et  ne 
sauroient  s’appliquer  aux  argumens  particuliers  par 
lesquels  j’ai  voulu  l’appuyer.  Il  paroîtroit  même 
que  toutes  mes  expériences  s’accordent  parfaitement 
avec  celles  de  Spallanzani  : aussi  je  me  bornerai  ici 
à rappeler  les  expériences  de  Spallanzani  qui  peu- 
vent lui  servir  de  preuves  et  celles  de  M.r  Desaussure 
qui  paraissent  en  être  la  démonstration  ; pour  le 
reste  je  renvoie  à mes  autres  ouvrages  et  à ma  Phy- 
siologie végétale . 

Les  plantes  contiennent  l’acide  carbonique  et  le 
rendent  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote  où  certai- 
nement, il  n’y  a rien  qui  puisse  le  produire,  quand 
ces  gaz  sont  comme  ils  étoient  dans  les  expériences 
de  Spallanzani  parfaitement  lavés  et  purs  ; il  en 
résulte  donc  que  cet  acide  est  existant  dans  les  plantes 
puisqu’elles  peuvent  le  chasser  hors  d’elles. 


( 3i4  ) 

Spallanzani  a fait  une  expérience  où  il  a vu  l’a- 
cide carbonique  s’échapper  des  feuilles  mises  dans 
une  eau  privée  d’acide  carbonique  par  l’eau  de  chaux; 
de  sorte  que  lorsqu’il  n’y  a point  de  gaz  acide  car- 
bonique produit  dans  l’air  au  soleil , c’est  parce  qu’il 
y a eu  du  gaz  oxygène  produit  par  la  décompo- 
sition de  l’aeide  carbonique,  et  si  l’on  n’en  trouve 
point  dans  les  sucs,  c’est  parce  qu’il  y est  enve- 
loppé de  manière  que  l’eau  de  chaux  est  sans  prise 
sur  lui , § CVI.  C VII. 

Les  plantes  qui  donnent  un  peu  d’air  dans  l’eau 
bouillie  en  donnent  beaucoup  plus  dans  l’eau  com- 
mune qui  contient  de  l’acide  carbonique  et  encore 
plus  dans  celte  eau  qui  en  est  chargée  atificielle- 
ment  d’une  quantité  plus  grande;  de  sorte  que  par 
ces  nuances , on  voit  l’influence  de  l’acide  carbo- 
nique sur  la  production  du  gaz  oxygène  que  les 
plantes  produisent  depuis  l’acide  contenu  dans  la 
plante  elle-même  jusques  à celui  que  leur  ajoutent 
les  eaux  différemment  acidulées  où  on  les  plonge , 

§ CIL,  CIV. 

L’azote  trouvé  par  Spallanzani  , et  que  j’avois 
remarqué, depuis  long-temps  dans  l’air  rendu  par  les 
plantes  qui  végètent  au  soleil  , ne  peut  être  que  celui 
qui  est  porté  par  l’acide  carbonique  , à moins  d’être 
comme  cela  n’est  pas  invraisemblable  un  effet  des 
modifications  do  l’acide  carbonique  ; mais  de  quelque 
manière  qu’on  l’envisage  , il  faut  reconnoître  qu’il 
sort  de  la  plante  , et  qu’il  accompagne  l’élaboration 
de  l’acide  carbonique  , puisqu’il  y en  a d’autant  plus 
que  la  quantité  du  gaz  oxygèue  produit  est  plus 


( 5i5  ) 

grande , et  que  la  plante  trouve  sous  l’eau  une  plus 
grande  quantité  d’aeide  carbonique  , pourvu  que 
cette  quantité  soit  en  rapport  avec  la  constitution 
du  végétal , § CXVI , CXVIII. 

Je  crois  avoir  bien  prouvé  que  les  plantes  qui 
donnent  de  l’air  au  soleil  dans  les  eaux  privées  d’acide 
carbonique  et  même  dans  l’eau  de  chaux  ne  donnent 
que  l’air  qui  provient  de  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique  renfermé  dans  leur  parenchyme  ; mais 
Spallanzani  a vu  la  feuille  du  sempervivum  tec- 
torurn  rompue  sous  l’eau  privée  d’acide  carbonique 
par  l’eau  de  chaux  et  exposée  au  soleil  donner  de 
l’air  ; ce  qui  n’a  pu  arriver  que  parce  qu’il  sortoit  de 
l’intérieur  de  la  feuille  où  il  étoit  logé  et  où  l’acide 
carbonique  décomposé  l’avoit  lait  naître  , et  s’il  a vu 
comme  moi  que  les  feuilles  minces  ne  donnoienl  point 
d’air  de  cette  façon;  c’est  parce  qu’elles  ne  contenoient 
qu'une  quantité  d’acide  carbonique  à peine  appré- 
ciable ; de  sorte  qu’il  falloit  que  cet  acide  fût  sans  cesse 
renouvelé  dans  la  feuille  par  lasuction  pour  lui  faire 
produire  ce  gaz  oxygène , quand  elle  étoit  exposée 
sous  l'eau  chargée  d’acide  carbonique  au  soleil;  enfin, 
j’ai  bien  fait  voir  comme  Spallanzani,  que  les  feuilles 
qui  donnent  du  gaz  oxygène  au  soleil  sous  les  eaux 
privées  d’acide  carbonique  en  donnent  très-peu  et 
pendant  très  peu  de  temps , j’ai  même  montré  qu’elles 
n’en  donnoient  guères  que  la  quantité  qu’on  peut  en 
tirer  par  la  pompe  pneumatique  ; de  sorte  que  les 
plantes  dans  ce  cas  cessent  de  donner  le  gaz  oxygène, 
quand  elles  ont  élaboré  celui  qu’elles  contenoient  et 
qu  elles  n’en  donnent  plus  long-temps,  que  lorsqu’elles 


( 5i6  } 

peuvent  renouveler  celui  qu’elles  ont  décomposé,  dans 
les  eaux  chargées  de  cet  acide,  § CXXI1I,  CXXVIII. 

Spallanzani  a vu  encore  que  l’air  exprimé  sous 
l’eau  d’une  plante  qui  a été  exposée  au  soleil  est 
meilleur  que  celui  que  l’on  relire  d’une  plante  qui  est 
restée  à l’ombre  ; ce  qui  me  semble  prouver  que 
l’élaboration  de  cet  air  se  fait  dans  l’intérieur  de  la 
plante  , et  que  la  quantité  du  gaz  acide  carbonique  y 
est  moindre  , § CXXXIII , CXXXVI. 

Mais  Spallanzani  observe  aussi  que  les  plantes 
absorbent  dans  l’air  le  gaz  oxygène  et  y produisent 
l’acide  carbonique  comme  ses  expériences  multipliées 
le  lui  ont  fait  voir  et  comme  il  est  aisé  de  s’en  con- 
vaincre en  les  répétant  ; mais  les  plantes  donnent 
encore  alors  le  gaz  oxygène  au  soleil.  Comment  donc 
imaginer  l’émission  simultanée  de  ces  deux  gaz  , du 
composé  et  d’un  de  ses  composants? 

Je  ^comprends  comment  au  premier  coup-d’œil 
cela  peut  former  quelque  obscurité,  mais  il  me  semble 
aussi  qu’avec  quelque  attention  elle  disparoît  bientôt. 
Si  l’on  imagine  que  l’acide  carbonique  pénétre  les 
feuilles  avec  trop  d’abondance  ; il  peut  y avoir  un 
degré  de  gonflement  qui  nécessite  la  sortie  de  tous 
les  deux.  Il  est  bien  probable  aussi  que  l’acide  car- 
bonique en  se  décomposant  fasse  reprendre  au  gaz 
oxygène  qui  se  forme  une  expansibilité  qui  force  sa 
sortie  , comme  on  le  voil  dans  les  jets  d’air  que 
quelques  feuilles  fournissent;  alors  il  n’est  pas  étonnant 
que  ces  jets  entraînent  avec  eux  une  quantité  de 
l’acide  carbonique  qui  les  avoisine:  aussi  ces  jets  d'air 
en  contiennent  assez.  Enfin  l’expérience  apprend  que 


( 3i7  ) 

celte  double  émission  est  réelle , puisqu’on  l’observe 
dans  les  plantes  mises  au  soleil  sous  les  gaz  hydrogène 
et  azote.  x 

Je  ne  sais  si  je  me  trompe  moi-même,  mais  comme 
la  décomposition  de  l’acide  carbonique  dans  les 
plantes  explique  tous  les  faits  connus  , el  qu’elle 
rend  raison  en  particulier  de  la  présence  du  charbon 
dans  les  plantes  que  l’on  chercheroit  vainement  à 
concevoir  par  d’autres  moyens  ; il  me  semble  que 
cette  idée  doit  être  mise  au-dessus  d’une  simple 
hypothèse  ; car  enfin  si  la  vraie  cause  d’un  phénomène 
les  explique  tous  , il  me  semble  qu’une  hypothèse  qui 
amène  toutes  ces  explications  la  remplace  jusques  à 
un  certain  point , et  si  cette  hypothèse  est  soutenue 
par  une  foule  d’expériences  et  d’analogies  , ne  doit- 
elle  pas  êlre  regardée  comme  montrant  les  moyens 
que  la  nature  a pu  mettre  en  usage  ? 

Il  y a un  fait  qui  m’a  toujours  paru  frappant  dans 
mes  expériences.  J ’avois  mis  un  rameau  deframboisier 
sous  un  récipient,  plein  d’eau  chargée  d’acide  carbo- 
nique ; j’en  fis  passer  un  autre  semblable  à tous 
égards,  mais  attenant  à l’arbuste  sous  un  récipient 
semblable,  contenant  la  même  quantité  de  la  même 
eau;  le  premier  jour  la  tige  coupée  donna  moins  d’air 
que  la  seconde  , mais  le  jour  suivant  la  différence  fut 
beaucoup  plus  grande  ; pourquoi  cela  ? toutes  choses 
étoient  égales  dans  les  deux  récipiens  avec  la  seule  diffé- 
rence que  l’un  des  rameaux  éloit  coupé  et  que  l’autre 
tenoil  à la  plante?  On  voil  bien  que  le  premier  tira 
dans  le  premier  jour  à peu  près  autant  d'eau  que 
çelui  qui  sorloit  de  l'arbuste  , au  lieu  que  dans  le 


( 3i8  ) 

second  jour  la  suction  diminua  comme  je  Pavois 
obsci’vé  dans  les  rameaux  dont  j'étudiois  la  suction. 
Il  résulte  de  là  que  le  premier  jour  , il  y eut  un 
peu  moins  d'eau  tirée  dans  le  rameau  coupé  , que 
dans  celui  qui  étoit  resté  attaché  à l’arbuste;  de  sorte 
qu’il  y eut  moins  d'acide  carbonique  porté  dans  les 
feuilles  pour  se  joindre  à celui  que  l’eau  pouvoil  leur 
donner  et  par  conséquent  il  y en  eut  moins  de 
décomposé. 

Cette  expérience  explique  fort  bien  pourquoi  les 
plantes  donnent  moins  de  gaz  oxygène  au  soleil  sous 
l’eau  en  automne  qu’en  été  et  au  printemps , puisque 
j’ai  prouvé  que  la  suction  diminuoit  en  automne;  de 
sorte  qu’il  arrive  alors  moins  de  gaz  acide  carbonique 
aux  feuilles  , et  il  y a moins  de  gaz  acide  carbonique 
décomposé;  aussi  quand  en  hiver  la  suction  est  pres- 
que nulle  , il  n’y  a plus  ou  presque  plus  de  gaz  acide 
carbonique  décomposé  dans  la  plupart  des  plantes  , 
parce  qu’elles  ne  tirent  alors  plus  de  sucs  hors  de 
terre. 

J’ai  déjà  parlé  du  gaz  acide  carbonique  mêlé  avec 
le  gaz  oxygène  que  les  plantes  donnent  sous  l’eau  au 
soleil  ; on  le  trouve  aussi  dans  l’air  où  l’on  place  les 
plantes  au  soleil  sous  des  vases  clos  ; il  est  aisé  de 
comprendre  qu’il  s’échappe  avec  le  gaz  oxygène  , 
mais  Spallanzani  a trouvé  que  les  plantes  en  rendoient 
toujours  une  quantité  plus  grande  dans  l’air  commun 
que  dans  les  gaz  hydrogène  et  azote  ; ce  qui  lui  a 
fait  conclure  avec  beaucoup  de  raison  que  l’excédent 
que  l’on  trouve  dans  la  production  de  ce  gaz,  lorsque 
es  plantes  sont  placées  dans  l’air  commun,  doit  être 


( 3ig  ) 

attribué  à la  combinaison  du  gaz  oxygène  de  l’air 
avec  le  carbone  de  la  plante. 

Enfin  Desaussure  dans  ses  Recherches  chimiques' 
sur  la  végétation  3 cet  ouvrage  qui  mérite  une  place 
distinguée  entre  les  meilleurs  ouvrages  de  ce  genre  par 
l'esprit  philosophique  qui  en  a dirigé  les  expériences , 
par  l’exactitude  avec  laquelle  elles  sont  faites  , par  là 
chaîne  vraiment  logique  d’idées  qui  les  unit  et  la 
solidité  des  conséquences  qu’il  en  tire.  M.r  Desaussure 
me  semble  avoir  démontré  avec  rigueur  ce  que  je 
n’avois  fait  que  rendre  très-probable.  Il  a démontré 
qu’une  certaine  quantité  d’acide  carbonique  étoit 
nécessaire  dans  l’air  pour  favoriser  la  végétation 
des  plantes,  que  cet  acide  carbonique  étoit  absorbé 
par  elles  , que  leur  carbone  étoit  augmenté  par  la 
décomposition  de  cet  acide  ^ et  que  ce  carbone 
diminuoit  dans  les  plantes  qui  végétoienl  dans  une 
atmosphère  privée  d’acide  carbonique  ; il  a donc 
montré  de  cette  manière  , que  lai  lumière  qui  dé- 
compose cet  acide  dans  les  plantes  favorise  l'aug- 
mentation de  leur  carbone  à l’air  libre  et  que  les 
plantes  périssent  beaucoup  plus  tôt  au  soleil  dans 
une  atmosphère  privée  d’acide  carbonique  que  dans 
une  atmosphère  qui  en  contient  une  certaine  quantité. 

Il  a fait  voir  outre  cela  que  les  plantes  absorboient 
le  gaz  oxygène  et  le  rendoient  à l’obscurité  en  acide 
carbonique  , que  les  plantes  absorbent  l’acide  car- 
bonique contenu  dans  l’air  atmosphérique  , et  que  le 
gaz  oxygène  forme  dans  la  feuille  l’acide  carbonique 
qui  se  dissout  dans  l’eau  de  végétation  , où  il  est 
retenu  jusque*  à ce  qu’il  s’échappe  à l’obscurité  , ou 


( 320  ) 

se  décompose  à la  lumière.  Enfin  cjue  quelques 
plantes  marécageuses  qui  supportent  l’action  d’un 
hydrosulfure  , quoiqu’il  leur  enlève  le  gaz  oxygène 
ne  supportent  pas  de  même  le  voisinage  de  la 
potasse  qui  leur  enlève  l’acide  carbonique. 

Il  prouve  surtout  par  une  expérience  directe  que 
le  cactus  opuntia  ne  fournit  du  gaz  oxygène  que 
par  la  décomposition  de  l’acide  carbonique. 

Je  me  suis  borné  à ces  énoncés  , parce  que  je  ne 
veux  pas  priver  les  physiciens  du  plaisir  de  lire  ses 
élégantes  démonstrations  , et  leur  ôter  l’avantage  de 
connoître  les  moyens  ingénieux  qu’il  a employés  , et 
les  ressources  qu’il  leur  fournira  pour  perfectionner 
l’art  de  faire  ces  expériences. 

§ XXII. 

Cette  belle  opération  des  végétaux  qui  transforme 
le  gaz  acide  carbonique  en  gaz  oxygène  , ou  plutôt 
qui  décompose  cet  acide  en  ses  élémens  , est  certai- 
nement l’elfet  de  la  lumière  immédiate  du  soleil  ; 
sans  elle  il  n’y  a point  de  gaz  oxygène  produit  au 
dehors  des  plantes,  avec  elle  il  n’y  a que  très-peu 
d’acide  carbonique  qui  s’en  échappe , mais  sans  elle 
les  plantes  en  produisent  beaucoup  plus-,  il  résulte 
donc  de  là  par  une  conséquence  naturelle,  que  l’acide 
carbonique  qui  sort  de  la  plante  a l’obscurité  s y 
décompose  à la  lumière  , et  si  Ja  quantité  du  gaz 
oxygène  produit  à la  lumière  est  pour  1 ordinaire 
plus  considérable  que  la  quantité  d’acide  carbonique 
qui  s’échappe  à l’obscurité,  on  en  voit  la  raison  dans 

ce  que  l’on  sait  sur  l’influence  de  la  lumière  , pour 

• faire 


t 521  ) 

Faire  sucer  aux  planles  les  sucs  qui  entoui’ent  leurs 
racines  , et  pour  y faire  entrer  avec  eux  l’acide  car- 
bonique qui  y est  dissous  ; aussi  comme  la  vivacité 
de  la  lumière  augmente  dans  les  plantes  la  production 
du  gaz  oxygène,  elle  y favorise  de  même  dans  une 
proportion  pareille  la  quantité  de  l’acide  carbonique 
qui  y entre. 

D’un  autre  coté  l’on  voit  que  les  plantes  à l’obs- 
curité sont  blanches  et  effilées  ; que  la  lumière  seule 
les  peint  de  leurs  couleurs , et  que  la  chaleur  loin, 
de  produire  cet  effet  concourt  à les  étioler  davantage  , 
lorsqu’elles  sont  sous  les  tubes  couverts.  II  résulte  donc 
de  là,  par  une  conséquence  immédiate,  que  comme 
il  n’y  a point  alors  de  gaz  oxygène  produit  , il  n’y  a 
point  d’acide  carbonique  décomposé  dans  une  certaine 
quantité,  et  que  comme  la  matière  colorante  verte 
des  plantes  contient  une  quantité  considérable  de 
charbon,  tandis  que  les  plantes  étiolées  en  contiennent 
beaucoup  moins , comme  je  l’ai  prouvé 5 il  paroîtroit 
que  cette  matière  colorante  verte  produite  par  l’action 
immédiate  de  la  lumière  sur  les  plantes  qui  leur  fait 
rendre  le  gaz  oxygène,  est  l’effet  de  la  décomposition 
du  gaz  acide  carbonique  , qui  dépose  alors  son  car- 
bone sur  le  parenchyme  de  la  plante  originairement 
jaune  ; de  sorte  que  le  charbon  étant  plutôt  bleu  que 
noir  forme  cette  couleur  verte  en  s’unissant  à ce  fond 
jaune  ; alors  encore  cette  couleur  verte  se  nuance 
suivant  la  quantité  du  carbone  déposé , ou  suivant 
la  nuance  jaune  du  fond  auquel  il  s’unit. 

On  voit  aussi  comment  tout  se  lie  par  cette  théorie, 
et  comment  ces  phénomènes  divers  qui  peuvent 
Tome  5.  ’ X 


( 522  ) 

sembler  si  différons  entr’eux  se  rapprochent  et  se 
trouvent  les  effets  naturels  de  la  même  cause. 

Il  est  vrai  que  dans  les  plantes  étiolées,  on  trouve 
le  carbone  et  la  résine;  aussi  dans  mon  opinion  il  ne 
sauroit  y avoir  du  charbon  sans  une  décomposition 
du  gaz  acide  carbonique,  tout  comme  il  ne  sauroit  y 
avoir  de  résine  sans  gaz  hydrogène;  je  conclus  donc 
encore  avec  M.r  Berlhollet , qu’il  y a des  élémens 
dans  les  composants  des  végétaux  qui  fournissent  l'un 
et  l’autre;  l’expérience  démontre  la  décomposition  de 
l’acide  carbonique  pour  la  source  du  carbone  , et 
l’on  peut  supposer  la  décomposition  de  l’eau  pour 
l’hydrogène  ; mais  comme  l’on  trouve  ce  carbone  et 
cet  hydrogène  dans  les  plantes  qui  n’ont  pas  été 
exposées  à la  lumière  ; il  en  résulte  que  l’acide  car- 
bonique et  l’eau  doivent  se  décomposer  encore  sans 
cet  intennède. 

J’avois  déjà  imaginé  que  cette  décomposition  de 
l’acide  carbonique  pouvoit  avoir  lieu  par  une  double 
affinité  , qu’alors  ce  qui  éloit  indispensablement 
nécessaire  à la  conservation  de  la  plante  se  décom- 
posoit  et  s’appliquoit  à son  développement  : de  sorte 
qu’il  n’y  a voit  rien  de  surabondant  ; mais  lorsque  la 
végétation  est  vigoureuse  , lorsque  la  lumière  la 
favorise  par  l’abondance  des  sucs  ; lorsqu’il  y a une 
nouvelle  affinité  à contracter  pour  l’oxygène  , alois 
sa  grande  abondance  relativement  au  charbon  et  à 
l’hydrogène  rend  son  gaz  trop  considérable  en  quan- 
tité pour  être  combiné  ou  contenu  dans  la  plante , 
alors  encore  il  est  forcé  de  s’échapper  par  les  portes 
qui  lui  sont  ouvertes,  et  c’est  pourtant  ainsi  probable- 


( 525  ) 

ment  que  l’on  trouve  le  charbon  dans  la  plantule  et 
dans  les  plantes  étiolées , comme  on  le  trouve  avec 
le  gaz  hydrogène  dans  la  résine  qu’elles  renferment; 
aussi  ce  charbon  disséminé  dans  les  sucs , et  ce  gaz 
hydrogène  en  petite  quantité , salissent  la  couleur 
jaune  du  fond  sans  la  rendre  verte,  et  le  gaz  hydrogène 
combiné  avec  le  charbon  fournit  la  petite  quantité  de 
résine  qu’elles  offrent,  mais  le  charbon  et  la  résine 
sont  tous  les  deux  dans  les  plantes  étiolées  en  moindre 
quantité  que  dans  les  plantes  exposées  à la  lumière* 

C’est  à l’action  immédiate  de  la  lumière  du  soleil 
que  l’on  doit  également  ces  phénomènes  ; sa  chaleur 
en  est  presque  ici  toul-à-fait  indépendante  comme 
dans  quelques  faits  relalifsaux  changemens  de  couleur 
qu’elle  produit.  J’avois  prié  M.r  Desaussure  le  père 
de  répéter  au  col  du  Géant , c’est-à-dire  à 1800  toises  , 
au  dessus  du  niveau  de  la  mer  les  expériences  que 
j’avois  faites  à Genève  sur  la  coloration  des  bois  par 
la  lumière  ; il  se  trouva  que  les  effets  produits  à celte 
élévation  du  sol  par  la  lumière  et  à une  température 
de  5 à 4°  au  dessus  de  zéro 'furent  beaucoup  plus 
intenses  et  plus  prompts  que  ceux  que  j'avois  observé 
à une  chaleur  de  20%  cependant  il  suivît  les  mêmes 
procédés  que  moi,  et  il  y emplo}'a  les  mêmes  moyens. 

11  résulte  de  là  que  la  lumière  peut  agir,  et  comme 
corps  éclairant  et  comme  corps  qui  commünique  la 
chaleur , et  qu’elle  produit  comme  corps  éclairant 
des  effets  qu’elle  ne  sauroit  produire  connue  corps 
qui  communique  la  chaleur  ; c’est  donc  un  fait  assez 
remarquable  , que  l’acide  carbonique  puisse  être  dé- 
composé par  ces  deux  moyens  , car  cet  acide  car- 


( 5ii4  ) 

bonique  que  nous  voyons  décomposé  dans  les  plantes 
par  la  lumière  éclairante  est  aussi  décomposé  avec  le 
soufre  et  lé  phosphore  , par  la  chaleur  qu’on  lui 
applique  , à moins  que  cet  effet  ne  soit  du  à la 
lumière  produite  pendant  l’opération. 

J’observerai  seulement  ici  que  si  l’acide  carbonique 
est  décomposé  dans  les  plantes  sans  lumière,  comme 
je  l’ai  déjà  remarqué  ; ce  phénomène  s’observe  aussi 
comme  je  l’ai  dit  encore  , quand  on  met  cet  acide  en 
contact  avec  les  sulphures  ; de  sorte  que  mon  expli- 
cation de  l’existence  du  carbone  dans  les  plantes 
étiolées  devient  ainsi  très-probable  ; si  l’on  suppose 
qu’il  y a des  sucs  propres  à produire  cet  effet  quand 
ils  sont  aidés  par  faction  de  la  végétation. 

On  ne  peut  douter  de  l’action  de  la  lumière  sur 
l’oxygène  et  de  l’effet  produit  par  leurs  affinités  pour 
gaziher  celui-ci  ; quand  on  voit  l’acide  nitrique  dé- 
composé par  le  seul  contact  de  la  lumière  et  le  gaz 
oxygène  qui  s’en  échappe  ; certainement  rien  n’em- 
pêche de  croire  que  la  lumière  produise  le  même 
effet  sur  l’acide  carbonique  dans  les  plantes,  quand 
elle  y est  aidée  par  l’organisation  active  de  ces  êtres 
organisés.  Il  est  vrai  qu’on  ne  sauroit  décomposer 
cet  acide  dans  les  sucs  extraits  des  végétaux  quand 
on  les  expose  au  soleil , mais  si  cela  faisoit  une 
objection  que  l’on  crût  insoluble  , il  faudroit  aussi 
nier  que  l’acide  nitrique  se  décompose  au  soleil  , 
parce  que  cet  acide  délayé  d’eau  ne  s’y  décompose 
pas  , cependant  la  conséquence  seroil  bien  fausse. 

Il  faut  d’abord  observer  , que  si  les  sucs  sur  les- 
quels on  fait  agir  la  lumière  , quand  on  y expose 


( 5a5  ) 

ceux  que  l'on  relire  des  végétaux  par  l’expression  se 
trouvent  dans  les  plantes  dont  la  lumière  tire  le  gaz 
oxygène  et  qu’elle  remplit  d’acide  carbonique,  ils  ne 
s y trouvent  pas  dans  le  même  état  ; dans  la  plante 
ces  sucs  sur  lesquels  là  lumière  opère  ont  été  filtrés  , 
élaborés  de  manière  qu’ils  y sont  séparés,  appropriés 
pour  l’action  que  la  lumière  doit  exercer  sur  eux: 
au  lieu  que  dans  le6  sucs  exprimés  ils  y sont  mêlés 
avec  la  lymphe  et  délayés  par  elle  : de  sorte  que 
comme  les  particules  de  l’acide  nitrique  sont  garanties 
de  l’action  de  la  lumière  par  l’eau  qui  les  étend  , sans 
doute  à cause  de  la  différente  réfraction  que  la  lumièi’e 
y éprouve  et  qui  doit  changer  ses  effets  , ou  par  la 
differente  porosité  du  fluide  , ou  plutôt  par  la  diffé- 
rente disposition  des  globules  qui  le  forment  ; de 
même  l’action  de  la  lumière  sur  les  sucs  exprimés 
des  plantes  , n’est  plus  celle  qu’elle  exerce  sur  le 
suc  séparé  dans  des  organes  particuliers  qui  doit  en 
éprouver  les  effets  ; d’ailleurs  comme  les  expériences 
que  j’ai  rapportées  montrent  la  nécessité  d’un  in- 
termède pour  favorisr  la  décomposition  de  l’acide 
carbonique  5 il  résulte  du  mélange  de  ces  sucs  dans 
ceux  qui  sont  exprimés  , que  ceux-ci  en  changeant 
la  nature  de  cet  intermède  , changent  aussi  les 
propriétés  du  suc  produit.  Aussi  dans  la  plante  le 
suc  se  conserve  et  il  s’aigrit  au  soleil  quand  il  y est 
exjîosé  hors  de  ses  vaisseaux  naturels. 

Si  l’on  fait  attention  ensuite  à l’action  de  la  lumière 
sur  les  feuilles  , ou  sur  leurs  sucs  , on  verra  qu’elle 
est  bien  différente;  d’abord  les  couleurs  ne  sont  plus 
les  mêmes,  et  l’on  sait  que  ces  couleurs  dépendent  des 


( 5^6  ) 

rayons  réfléchis  et  absorbés  $ de  6orte  qu’à  cet  égard 
les  conditions  ne  seront  plus  semblables  ; elles  seront 
encore  différentes  par  cette  raison  pour  la  quantité 
de  la  chaleur  communiquée  , et  celte  considération 
n’est  pas  inutile,  puisqu’il  y a du  calorique  à com- 
biner avec  l’oxygène. 

Enfin  si  l’acide  nitrique  se  décompose  plus  faci- 
lement à la  lumière  que  l’acide  carbonique,  ne  seroil- 
ce  point  parce  que  l’affinité  de  [l’oxygène  pour 
l’azote  est  moindre  que  celle  de  l’oxygène  pour  le 
carbone,  et  par  conséquent  encore,  parce  que  l’oxy- 
gène dans  l’acide  nitrique  est  moins  privé  de  son  calo- 
rique que  dans  l’acide  carbonique. 

§ XX UÏ. 

Mais  comment  se  fait-il  que  les  racines,  les  fleurs  , 
les  fruits  murs,  les  graines  ne  donnent  plus  au  soleil 
le  gaz  oxygène  comme  les  parties  vertes  des  plantes 
auxquels  ils  appartiennent  et  qu’ils  donnent  à leur 
place  l’acide  carbonique  et  l’azote  ? 

On  pourroit  dire  que  l’absence  de  la  lumière  en 
seroit  la  cause  pour  les  racines  et  les  graines  qui  se 
développent  à l’obscurité  j mais  il  n’en  est  pas  de 
même  pour  les  fleurs  et  les  fruits  qui  reçoivent  toute 
l’action  du  soleil  comme  les  feuilles.  Cependant  on 
peut  assurer  que  celle  raison  seroit  suffisante  pour 
les  racines  qui  ont  une^ grande  analogie  avec  les 
branches  et  les  rameaux;  j’ai  du  moins  prouvé  par 
l’expérience  , que  les  plantes  étiolées  ne  donnent 
point  de  gaz  oxygène:  ce  qui  confirme  ce  que  j’ai 
gyancé  sur  la  nécessité  de  certains  sucs  pour  favo- 


( 527  ) 

viser  Faction  de  la  lumière;  or  comme  les  piaules 
étiolées  offrent  des  sucs  plus  délayés  que  les  plantes 
■vertes,  et  comme  ils  sont  aussi  plus  délayés  dans 
les  racines  que  dans  les  branches , il  paroît  na- 
turel de  conclure,  que  ce  délaiemenl  est  un  obstacle 
à la  production  du  gaz  oxygène , lorsque  les  racines 
sont  exposées  au  soleil  : mais  il  y a plus,  quand  ces 
racines  sont  découvertes  et  exposées  au  soleil,  elles 
y verdissent  un  peu  , et  alors  leurs  parties  verdies 
donnent  le  gaz  oxygène,  comme  le  parenchyme 
des  branches  et  des  rameaux,  et  leurs  feuilles  le 
produisent  com'me  celles  de  ces  derniers. 

Les  fleurs,  les  fruits  et  les  graines  offrent  un 
autre  ordre  de  choses  ; voici  de  nouveaux  organes 
destinés  à préparer  d'autres  combinaisons;  la  seule 
observation  suffit  pour  montrer  celte  double  diffé- 
rence ; il  paroît  donc  bien  naturel  que  des  com- 
binaisons nouvelles  et  des  organes  différeras  four- 
nissent d’autres  résultats , et  par  conséquent  l'émis- 
sion du  gaz  oxygène , comme  le  dépôt  du  charbon , 
qui  sont  nécessaires  pour  former  les  sucs  propres , 
ces  alimens  des  fleurs  , des  fruits  et  des  graines 
dans  le  boulon,  jusque*  à leur  complet  développe- 
ment , connue  je  Fai  montré  dans  ma  Physiologie  , 
et  ceci  par  une  nouvelle  élaboration  dans  ces 
organes  particuliers  ; alors  les  fruits  et  les  graines 
n’offrent  plus  les  mêmes  conditions  à l’action  de  la 
lumière  : le  gaz  oxygène , le  carbone,  par  exemple, 
doivent  former  le  sucre , de  nouveaux  acides  subir 
une  nouvelle  espèce  de  fermentation,  tout  ici  doit 
s’unir,  rien  ne  doit  se  perdre  : il  fa.pt  qu’il  s’y  for- 


( 3,8  ) 

me  de  nouveaux  composés  avec  ceux  que  les  sucs 
propres  leur  portent  ; il  faut  qu’une  nouvelle  éla- 
boration les  perfectionne  , et  c’est  l’effet  d’une  fer- 
mentation toujours  établie  ; c’est  encore  ici  que 
s accumulent  l’acide  carbonique,  l’azote  et  l’eau; 
mais  cèlle-ci  diminue  par  l'évaporation  qu’elle  subit; 
cette  évaporation  rapproche  ces  élémens  déjà  rap- 
proches et  les  inet  en  étal  d’agir  plus  énergique- 
ment les  uns  sur  les  «autres  et  de  former  ces  com- 
binaisons que  les  sucs  propres  n’auroient  pas  pro- 
duites ailleurs  : de  sorte  que  dans  la  formation  des 
fleurs  et  des  graines  , il  n’y  a pas  plus  de  gaz  oxy- 
gène à1  chasser  que  dans  la  formation  de  l’aubier 
et  du  bois;  alors  encore  il  ne  reste  plus  que  l'acide 
carbonique  et  l’azote  qui  sont  inséparables,  et  qui 
sortiront  des  organes  qui  les  recèlent  avec  d’autant 
plus  d’abondance  que  la  chaleur  favorisera  davan- 
tage la  fermentation,  et  c’est  aussi  parce  qu’il  y a eu 
beaucoup  de  gaz  acide  carbonique  décomposé  $ qu’il 
est  resté  dans  les  fleurs  et  leurs  organes  une  si 
grande  quantité  d’azote.  Mais  d’où  vient  celle  quan- 
tité d’azote  qui  ne  se  trouve  pas  dans  les  autres 
parties  des  plantes?  Il  me  semble  que  l’on  en  trouve 
la  cause  dans  les  nouvelles  combinaisons  qui  se 
sont  formées  ; il  y a eu  ou  du  gaz  acide  carbonique 
combiné , ou  du  décomposé  pour  former  la  ma- 
tière sucrée  et  dans  celte  élaboration  particulière , 
il  aura  perdu  son  azote  qui  se  manifeste  alors  en 
plus  grande  abondance,  parce  qu’il  se  combine  eu 
plus  petite  quantité, 


( 529  ) 

§ XXIV. 

J’avois  bien  di L clans  les  expériences  sur  la  germina- 
tion , que  je  ne  croyois  pas  que  les  plantes  fussent 
le  seul  moyen  de  la  nature  pour  restituer  à l’atmos- 
phère le  gaz  oxygène  qu’il  perd  sans  cesse  avec 
abondance  , par  la  respiration  des  animaux  , par 
l’absorption  qu’ils  en  font  toujours  par  la  peau,  par 
celle  que  font  les  plantes  au  moins  pendant  la  nuit , 
par  les  fermentations,  etc.  ; mais  je  ne  voudrois 
pas  affirmer  que  les  plantes  n’y  contribuent  en  rien , 
comme  Spallanzani  paroît  entraîné  à le  croire  ; il 
me  sepibleroil  qu’il  a trop  conclu  des  expériences 
faites  dans  des  vaisseaux  très-petits  à ce  qui  se  passe 
dans  l’air  libre. 

Il  est  certain  que  dans  ces  petits  vaisseaux,  les 
végétaux  ou  leurs  parties  qui  y sont  renfermées 
souffrent  beaucoup  au  soleil  comme  à l’ombre  et 
à l’obscurité , quand  ils  y sont  exposés  , surtout- 
quand  l’expérience  est  prolongée  : ou  y voit  les 

feuilles  se  séparer  du  parenchyme  vert  et  s’y  ana- 
lomiser,  de  manière  qu’il  ne  leur  reste  qu’un  sque- 
lette formé  par  les  fibres  ligneuses;  il  est  encore 
certain  que  lorsqu’on  fait  celle  expérience  dans  des 
vaisseaux  plus  grands,  mais  avec  le  même  volume 
de  plantes,  l’altération  de  l’air  y est  diminuée  au 
commencement  de  l’expérience  dans  une  px’oportion 
beaucoup  plus  grande  que  celle  des  volumes  de  l’air 
renfermé;  de  sorte  qu’il  faut  conclure  que  l’in- 
fluence délétère  dans  les  petits  récipiens  estjusques 
à un  certain  point  accidentelle,  et  qu’elle  ne  peut; 
instruire  exactement  sur  l’action  des  végétaux  à l’air 


( 55o  ) 

libre,  où  ils  sont  dégagés  des  causes  qui  influent 
sur  eux  pour  nuire  à leur  organisation. 

Spallanzani  a pourtant  cru  que  l’air  dans  les  bois 
étoit  moins  pur  que  dans  les  lieux  découverts;  ce- 
pendant il  paroît  que  son  opinion  qu’il  énonçoit 
lui-même  dans  ses  journaux  avec  la  plus  grande 
réserve  éloit  plutôt  le  résultat  des  idées  que  lui 
offfoient  ses  expériences  faites  dans  de  petits  vais- 
seaux, que  celui  des  expériences  suivies  sur  l’air 
de  ces  diffère  ns  lieux. 

Je  me  rappelle  d’avoir  fait  des  expériences  de  ce 
genre  avec  une  attention  et  des  précautions  qui  me 
paroissoient  propres  à éclairer  cette  question.  .Pa- 
vois trouvé  le  moyen  de  vider  une  caralfe  contenant 
environ  61 1,45  grammes,  ou  20  onces  d’eau  avec 
le  degré  de  vitesse  que  je  voulois,  de  manière  que 
lorsque  cela  me  eonvenoit,  elle  ne  se  vidoit  que  dans 
8 heures  : de  sorte  que  par  ce  moyen  je  pouvois 
lorsqu’elle  étoit  remplie  d’eau  remplacer  ce  fluide 
par  l’air  dans  lequel  elle  se  vidoit  pendant  cet 
intervalle  de  temps  ou  pendant  un  plus  court , et 

V . , 

afin  de  faire  l’expérience  plus  sûrement,  je  disposai 
toujours  mon  appareil  de  manière  que  la  caraffe 
ne  fût  pas  entièrement  vidée  quand  je  voulois  en 
examiner  l’air,  afin  que  l’air  qu’elle  contenoit  üe 
put  pas  se  mêler  plus  abondamment  avec  l’air  ex- 
térieur que  par  les  goutles  d’eau  qu’elle  distilloit. 
Eh  bien  j’ai  placé  cet  appareil  pendant  le  jour  et 
pendant  la  nuit  dans  le  centre  des  têtes  des  arbres 
les  plus  touffus,  je  le  plaçai  de  même  dans  les  lieux 
les  plus  découverts,  au-dessus  des  plantes  herbacées 


( 55i  ) 

végétant  avec  le  plus  de  vigueur,  cl  je  irai  jamais 
trouvé  dans  aucun  de  ces  cas  une  différence  sen- 
sible enlre  ces  différens  airs  pris  dans  des  circons- 
tances différentes  relativement  au  but  de  l’expérience. 

Mais  il  faut  remarquer  encore  que  si  l’on  compare 
les  observations  eudiométriques  de  l'air  faites  par  di- 
vers physiciens  en  divers  lieux  sur  terre  et  sur  mer, 
en  différens  temps  de  l'année;  on  voit  que  leurs  résul- 
tats sont  toujours  à-peu-près  les  mêmes,  quand  les 
degrés  de  chaleur  ou  de  la  condensation  de  l’air  sont 
les  mêmes  et  cela  est  vrai  soit  qu’on  l’on  s’élève  sur  la 
cime  des  montagnes,  soit  que  l’on  descende  au  bord 
de  la  mer , soit  qu’on  l’examine  dans  des  lieux  arides, 
ou  dans  des  lieux  couverts  par  une  végétation  vi- 
goureuse ; soit  que  l’on  aille  vers  le  nord,  ou  vers 
le  midi:  soit  enfin  que  l’on  se  trouve  au  milieu  de 
l'Océan  ; soiL  enfin  pendant  le  jour  et  pendant  la 
nuit  comme  pendant  toutes  les  saisons. 

Si  ces  expériences  qui  ont  été  très- multipliées  ne 
laissent  pas  de  doute  , elles  montrent  bien  que  le 
gaz  oxygène  fourni  par  les  plantes  ne  change  pas 
l’état  de  l’atmosphère,  et  ne  le  rend  pas  meilleur, 
mais  par  la  même  raison  , elles  prouveroient  bien 
aussi  qu’elles  ne  concourent  pas  à l’altérer. 

§ XXV. 

Ce  seroit  sans  doute  un  beau  problème  à résou- 
dre , que  celui  de  la  permanence  de  l’air  que  nous 
respirons  dans  son  état  de  pureté  constante,  au  mi* 
lieu  des  causes  innombrables,  variées  et  toujours 
actives  et  renaissantes  qui  tendent  à l’altérer:  telles 


( 542  ) 

sont  enlre  mille  autres  la  respiration  de  tous  les 
animaux  pendant  toute  leur  vie  , l’absorption  du 
gaz  oxygène  par  les  animaux  et  les  plantes  vivans 
et  morts  jusques  à leur  dissolution  complète,  les 
corps  en  fermentation,  les  corps  pourrissans,  les 
combustions  de  divers  genres,  les  cendres  même  , les 
•vapeurs  liydrosulphureuses,  quelques  métaux,  etc. 
Cependant  malgré  toute  cette  perte  de  gaz  oxygène, 
l’air  atmosphérique  reste  constamment  le  même  ; 
celui  des  villes  populeuses  pris  dans  leurs  places  pu- 
bliques n’est  pas  plus  altéré  que  celui  des  plaines  sans 
habitans  ou  des  déserts.  Ce  phénomène  mérite  une 
grande  attention  par  son  importance  et  par  les  dif- 
ficultés qu’il  offre  pour  l’expliquer , comme  par  la 
lumière  qu’il  répandroit  sur  l’économie  générale  de 
la  nature  , et  en  particulier  sur  la  météorologie  ; 
il  olfriroit  un  beau  sujet  de  prix  aux  Acadé- 
mies et  aux  Sociétés  savantes.  Voici  quelques  idées 
qui  se  sont  présentées  à moi  en  m’occupant  de  ce 
sujet. 

11  y a quelques  faits  qui  doivent  à ce  qu’il  me 
semble  fixer  les  regards  de  ceux  qui  penseront  à 
ce  phénomène  curieux. 

Il  est  certain  que  l’eau  de  la  mer  , celle  des  lacs , 
des  fleuves , des  fontaines  froides  contiennent  de 
l’acide  carbonique,  la  présence  des  végétaux  qui  s’y 
développent  l’auroit  annoncée,  si  les  expériences  di- 
rectes ne  l’avoient  pas  fait  remarquer  -,  ces  eaux  con- 
tiennent aussi  du  gaz  oxygène  mais  communément 
il  y a plus  d’acide  carbonique  que  de  gaz  oxygène; 
cependant  il  y a des  eaux  comme  celles  du  Vau^ 


( 543  ) 

dier  si  bien  analisées  par  M.r  Giobert , qui  contien- 
nent beaucoup  plus  de  gaz  oxygène.  Le  gaz  acide 
carbonique  trouvé  dans  les  eaux  peuL  y être  produit 
par  les  animaux  vivans  qui  y respirent  et  par  ces 
animaux  qui  y périssent  et  qui  s’y  décomposent, 
par  les  végétaux  qui  y croissent  et  qui  s’y  détruisent, 
sans  parler  ici  des  éruptions  locales  qui  peuvent 
l’enfanter  : mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue , que 
ces  eaux  qui  contiennent  peu  de  cet  acide  en  doi- 
vent prendre  à l’air  atmosphérique  qui  repose 
sur  elles.  Cependant  on  ne  peut  s’empêcher  de  re- 
marquer que  la  quantité  de  gaz  acide  carbonique 
dans  ces  eaux  est  constamment  la  même,  qu’elle 
n’y  augmente  pas  et  n’y  diminue  pas  d’une  quan- 
tité sensible. 

Le  gaz  oxygène  que  l’on  trouve  dans  ces  eaux 
peut  être  un  produit  du  gaz  oxygène  de  l’air  qu’elles 
ont  absorbé,  et  de  celui  que  les  plantes  et  les  ani- 
maux leur  ont  fourni.  Quoique  je  ne  veuille  pas 
décider  que  les  expériences  faites  dans  des  vases  clos 
et  en  petit  puissent  rigoureusement  mener  à con- 
clure pour  ce  qui  se  passe  dans  de  grandes  masses 
d’eau  toujours  agitées  , ou  la  compression  et  les 
mélanges  de  mille  substances  pourroient  influer  sur 
le  jeu  des  affinités:;  cependant  je  dirai  ici  que  les 
conclusions  de  Spallanzani  sont  rigoureuses,  parce 
que  dans  l’état  de  nos  connoissances  on  ne  doit  pas 
aller  au-delà  des  faits  bien  constatés , mais  on  ne 
doit  pas  exclure  la  possibilité  de  trouver  ce  que 
ces  faits  peuvent  indiquer. 

Il  faut  pourtant  tirer  toujours  ce  résultat j l’acide 


( 344  ) 

carbonique  et  Je  gaz  oxygène  qui  se  trouvent  dans 
"les  eaux,  y sont  au  moins  en  partie  pour  tous  les 
deux  au  dépens  de  l’air  atmosphérique  , mais  il 
doit  y avoir  une  portion  de  l’acide  carbonique  que 
l’on  y trouve  fournie  par  les  êtres  organisés,  et  une 
partie  du  gaz  oxygène  produit  par  les  plantes;  il  ne 
faut  pourtant  pas  oublier  que  ces  eaux  qui  peuvent  et 
qui  doivent  recevoir  toujours  ces  deux  gaz , qui  ne 
semblent  pouvoir  employer  leur  gaz  acide  cai'bo- 
nique  qu’au  profit  de  la  végétation  , et  qui  con- 
somment une  grande  quantité  de  gaz  oxygène  pour 
la  respiration  des  myriades  d’animaux  qu’elles  ren- 
ferment, en  ont  toujours  à très-peu  près  la  même 
quantité.  On  comprendra  aisément  que  je  n’ai  pu 
parler  ici  de  ces  sources  qui  comme  celles  de  Seltzer 
eL  de  Pyrmont  contiennent  une  grande  quantité 
d’acide  carbonique  ou  de  celles  du  Vaudier  qui  ren- 
ferment une  grande  abondance  de  gaz  oxygène; 
cependant  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  ces  cas 
la  même  quantité  de  ces  gaz  y est  presque  toujours 
constante. 

J.e  me  dis  donc  à présent , ces  productions  d’acide 
carbonique  et  d’absorption  de  gaz  oxygène  sont 
constantes  ; elles  se  font  dans  toutes  les  minutes  de 
la  journée  et  tous  les  jours  avec  quelques  variétés 
suivant  les  climats  eL  les  saisons,  ou  plutôt  suivant  le 
degré  de  chaleur  que  l’on  y éprouve,  puisque  Spal- 
lanzani  a démontré,  pour  les  animaux  et  les  plantes, 
que  cette  production  d’acide  carbonique  et  cette 
absorption  de  gaz  oxygène  étoicnt  proportionnelles 
, à l’augmentation  de  la  chaleur  dans  de  certaines 


/ 


( 545  ) 

limites,  et  qu'elles  devenoient  nulles  ou  presque 
nulles  quand  le  thermomètre  étoit  à zéro  pour 
les  plantes  et  pour  quelques  espèces  d’animaux  'vi- 
vons, mais  pour  tous  quand  ils  étoient  morts. 

Il  résulte  donc  de  ces  faits  que  le  gaz  acide  car- 
bonique toujours  produit  doit  s'accroître  dans  l’air 
et  dans  les  eaux;  tandis  que  le  gaz  oxygène  toujours 
absorbé  doit  y diminuer  ; mais  cette  conséquence 
immédiate  des  faits  est  manifestement  fausse,  puis- 
qu’il est  démontré  par  une  foule  d’expériences  eu- 
diométriques  faites  en  mille  endroits  différens  et  en 
mille  circonstances  que  l’acide  carbonique  n’est  ja- 
mais la  centième  partie  du  volume  de  l’air  com- 
mun , et  que  la  quantité  du  gaz  oxygène  ne  varie 
jamais  que  de  quelques  centièmes  en  plus  et  en 
moins,  comme  je  m’en  suis  bien  assuré  pendant 
25  ans,  encore  je  ne  voudroîs  pas  affirmer  que  ces 
variations  fussent  indépendantes  des  moyens  que  j’ai 
employé  pour  les  découvrir  ; de  sorte  que  l’on  peut 
dire  avec  vérité  que  les  proportions  des  gaz  oxygène 
et  azote  dans  l’air  que  nous  respirons  sont  à-peu- 
près  toujours  les  mêmes. 

Ou  peut  en  dire  autant  des  grandes  masses  d’eau 
qui  paroissent  toujours  contenir  la  même  quantité 
des  gaz  acide  carbonique,  oxygène  et  azote  comme 
l’expérience  le  confirme  tous  les  jours. 

Si  donc  les  causes  qui  consomment  le  gaz  oxygène 
et  produisent  l’acide  carbonique  avec  l’azote  sont 
constantes  comme  l’expérience  l’apprend  ; il  faut 
aussi  que  les  causes  qui  dissipent  ce  gaz  acide  car- 
bonique et  l’azote,  et  qui  reproduisent  le  gaz  oxy- 


( 558  ) 

S’il  y avoit  un  moyen  de  décomposer  constam- 
ment cet  acide  carbonique  dans  la  proportion  de 
sa  production,  le  problème  seroit  résolu;  puisqu’en 
retrouvant  le  gaz  oxygène,  on  auroit  le  gaz  azote 
lié  avec  lui , le  carbone  rentreroit  dans  la  circu- 
lation générale  eL  s’appbqueroit  à la  formation  et 
à la  conservation  de  nouveaux  êtres  organisés  sem- 
blables à ceux  qui  l’ont  formée. 

On  avoit  cru  trouver  cette  solution  lorsque  l’on 
avoit  pensé  que  l’agitation  des  grandes  masses  d’eau 
pouvoit  décomposer  l’acide  carbonique;  mais  les 
expériences  de  Spallanzani  ont  beaucoup  diminué 
la  probabilité  de  ce  moyen  ; d’aillem-s  seroiL-il  pro- 
bable que  le  carbone  s’engouffrât  dans  les  eaux  d’où 
il  ne  resorliroit  plus , ce  qui  auroit  bientôL  épuisé 
celui  qui  seroit  sur  le  resLe  du  globe , et  si  on  le 
formoit  avec  les  élémens  qui  lui  appartiennent,  ces 
élémens  eux-mêmes  se  délruiroient  par  leur  em- 
ploi successif. 

On  pourroit  croire  que  l’acide  carbonique  qui 
entre  dans  la  formation  des  matières  calcaires  et 
des  coquillages  pourroient  délivrer  l’atmosphère  de 
celui  qui  y entre , sur-tout  quand  on  pense  à ces 
récifs  calcaires  qui  enveloppent  les  isles  de  la  mer 
du  Sud  , les  bords  de  la  mer  rouge  et  qui  sont  peut- 
être  les  bases  de  la  plupart  des  isles;  mais  cet  effet 
seroit  bien  lent  et  l’acide  carbonique  absorbé  par 
eux  quelque  grande  que  soit  la  quantité  qu’ils  en 
contiennent,  équivaudroit-elle  à la  quantité  d’acide 
carbonique  produit  chaque  jour  sur  le  globe  ; et 
si  l’on  pouvoit  soupçonner  que  cela,  se  passât  de 


( ) 

celle  manière > ce  que  mille  considérations  rendent 
improbables,  cela  ne  rendrait  pas  à l’atmosphère 
le  gaz  oxygène  qu’elle  auroil.  perdu , à moins  de  sup- 
poser que  ces  concrétions  calcaires  se  décomposent 
dans  la  même  proportion  5 cette  supposition  11e  sc- 
roil  pourtant  pas  fondée , puisque  l’observâtion  nous 
apprend  que  ces  récifs  augmentent,  bien  loin  de  dimi- 
nuer. 11  résulte  néanmoins  de  ces  considérations  qu’il 
y a encore  de  l’air  perdu  à reli'ouver , et  l’on  ne 
peut  imaginer  cette  perte,  puisque  le  baromètre  noua 
montre  depuis  Toricelli  que  les  colonnes  d’air  qui 
reposent  sur  la  terre  ont  conservé  le  même  poids. 
J’ai  donc  encore  augmenté  la  difficulté  puisqu’il 
faut  trouver  une  quantité  d’air  toujours  égale  à celle 
qui  se  consume  à chaque  instant  par  les  êtres  inor- 
ganisés et  à celle  qui  ne  rentre  peut-être  jamais  dans 
la  circulation  ou  du  moins  que  très -long -temps 
après  son  emploi. 

Où  chercher  donc  ce  gaz  oxygène?  J’avoue  qu’il 
est  impossible  de  le  trouver  ailleurs  que  dans  des 
sources  permanentes  qui  le  fourniront  toujours , qui 
le  fourniront  dans  la  même  quantité  et  qui  conser- 
veront à l’air  atmosphérique  l’identité  dans  le  poids 
et  dans  les  proportions  de  ses  composans. 

Sera-ce  dans  l’intérieur  de  la  terre?  je  n‘y  vois 
aucune  impossibilité , quoique  cela  ne  paroisse  pas 
probable  ; je  n’en  vois  sortir  que  le  gaz  acide  car- 
bonique , et  l’on  sait  que  La  terre  absorbe  le  gaz 
oxygène  de  l’atmosphère  5 on  sait  bien  aussi  que  le 
gaz  hydrogène  s’échappe  de  quelques  mines,  qu’il 
s’élève  au-dessus  de  ces  terrain*  brûlans,  tels  que 


( 54o  ) 

que  Spallanzani  a décrits  dans  scs  voyages;  mais  je  n’ai 
vu  nulle  part  qu’il  y eût  des  éruptions  de  gaz  oxy- 
gène , à moins  d’en  chercher  la  source  dans  les  oxides 
métalliques  ; on  trouve  au  moins  communément  les 
métaux  sous  cette  forme  et  très-rarement  autrement; 
mais  on  ne  peut  guères  imaginer  que  ce  soient  ces 
oxides  toujours  oxidés  qui  fournissent  le  gaz  oxygène. 

11  faut  donc  revenir  aux  eaux  où  l’on  trouve 
toujours  une  petite  quantité  de  gaz  oxygène,  et  la 
vie  des  poissons  que  les  eaux  renferment  le  dé- 
montre , puisqu’ils  ne  sauroient  vivre  sans  lui,  mais 
nous  avons  vu  que  ces  eaux  en  contiennent  tou- 
jours la  même  quantité  : je  sais  bien  que  les  eaux 
absorbent  le  gaz  oxygène  , comme  je  l’ai  vu  avec 
mille  autres;  de  sorte  qu’il  est  plus  probable  que 
les  eaux  le  prennent , qu’il  ne  l’est  que  les  eaux  le 
donnent , puisqu’il  paroît  que  les  eaux  n ont  pas 
la  faculté  de  décomposer  l’acide  carbonique , et  ques 
les  animaux  aquatiques  peuvent  absorber  le  gaz 
oxygène  de  l’atmosphère  au  travers  de  l'eau,  comme 


ils  viennent  le  sucer  à sa  surface. 

Il  est  vrai  que  l’on  pourroil  peut-être  imaginer 
que  l’eau  se  décompose  , mais  il  faudroit  en  indi- 
quer les  moyens  ; il  faudroit  expliquer  comment 
les  eaux  diminuées  par  celte  décomposition  restent 
toujours  les  mêmes  pour  leur  quantité;  il  faudroit 
montrer  ce  que  deviendroil  l’acide  carbonique  qui 
disparoît,  le  gaz  hydrogène  de  1 eau  qu’on  ne  retrouve 
presque  nulle  part,  de  sorte  que  celte  ressource  est 
encore  rigoureusement  exclue. 

S’il  y a du  gaz  oxygène  produit  pour  entretenir 


( 54 1 ) 

Je  feu  des  volcans , ce  gaz  est  employé  pour  en- 
tretenir le  feu  qui  les  dévore,  il  ne  s’échappe  pas 
sous  sa  forme,  au  contraire  il  produit  une  quantité 
de  gaz  acide  carbonique  que  l’on  trouve  dans  les 
eaux  qui  coulent  de  leurs  entrailles,  dans  les  grottes 
formées  autour  d’eux,  enfin  ces  volcans  ne  brûlent 
pas  toujours. 

Mais  les  sels  acides  en  se  décomposant  pourvoit 
former  le  gaz  oxygène  et  les  sels  acides  végétaux  se 
décomposent  aisément;  l’acide  muriatique  même  pa- 
roît  se  décomposer  dans  les  muriates  mêlés  avec  des 
corps  fermentons;  enfin  l’acide  muriatique  est  le  plus 
répandu:  il  semble  qu’on  le  trouve  partout , malgré 
cela,  je  ne  vois  dans  ceLle  idée  que  des  vraisemblances 
très-légères;  ces  acides  sont  en  une  quantité  trop  petite, 
ils  ne  sont  pas  assez  répandus  sur  la  surface  de  la  terre 
pour  produire  ce  gaz  oxygène , et  ils  ne  se  trouvent 
pas  toujours  dans  les  conditions  propres  à éprouver 
cette  décomposition;  d’ailleurs  les  eaux  qui  con- 
tiennent ces  sels  paraissent  eu  contenir  toujours  à-peu- 
près  la  même  quantité,  de  sorte  qu’il  ne  saurait  y 
en  avoir  aucune  diminution  ; les  plantes  qui  en  four- 
nissent n’en  ont  jamais  encore  que  les  mêmes  doses, 
celle  décomposition  de  l’acide  marin  est  fort  lente 
et  l’on  ignore  presque  ses  composans. 

Au  milieu  de  toutes  ces  difficultés  qui  paraissent 
insurmontables,  il  ne  reste  que  la  voie  des  hypo- 
thèses; mais  il  y a encore  quelques  données  pro- 
pres à répandre  une  foible  lueur  sur  ce  sujelïju’il  ne 
faut  pas  négliger  de  saisir. 

C’est  un  fait  que  l’on  ne  trouve  guères  dans  l’aie 


N 

( 54a  ) 

atmosphérique  qu’un  centième  d’acide  carbonique; 
c’est  encore  un  fait  que  l’acide  carbonique  s’élève 
à chaque  seconde  dans  l’air  ; si  donc  l’acide  car- 
bonique ne  s’accumule  pas  dans  l’air , il  faut  que 
cet  acide  le  quitte  ou  qu’il  s’y  décompose. 

Cet  acide  ne  pourroit  quitter  l’air  atmosphérique 
que  de  deux  manières,  ou  en  se  précipitant  sur  la 
terre,  ou  en  gagnant  les  parties  les  plus  élevées  de 
l’atmosphère.. 

L’acide  carbonique  ne  paroît  pas  se  précipiter  sur 
la  terre  et  y rester,  puisque  sa  quantité  ne  s’y  aug- 
mente pas,  et  puisqu’il  est  démontré  qu'il  s’en  exhale 
continuellement  quand  la  température  n’est  pas  trop 
basse  ; on  sait  de  même  que  les  eaux  n’en  contien- 
nent jamais  que  la  même  quantité,  ce  qui  ne  pour' 
voit  arriver  si  ce  gaz  s’y  accumuloit. 

L’acide  carbonique  ne  paroît  pas  s’élancer  entiè- 
rement dans  les  airs  , puisqu’il  en  reste  environ  un 
centième  dans  les  couches  basses  ; il  est  vrai  que 
Dcsaussure  en  a trouvé  sur  la  cîme  du  Mont-Blanc* 
puisque  l’eau  de  chaux  s’y  couvrit  d’une  mince  pel- 
licule, comme  on  l’observe  dans  la  plaine:  ce  qui 
aunonceroit  qu’il  n’y  en  a pas  une  quantité  plus 
grande  dans  cette  haute  élévation  qu’il  n’y  en  a dans 
la  plaine , et  par  conséquent  qu'il  ne  s’y  forme  point 
d’accumulation. 

Il  paroî  trait.  donc  que  l’acide  carbonique  doit 
rester  dans  l’atmosphère;  mais  il  ne  s’y  accumule 
pas;  mais  il  n’y  en  a jamais  qu’un  centième;  mais 
le  gaz  oxygène  de  l’atmosphère  aux  dépens  duquel 
il  a été  formé  reste  toujours  dans  la  même  pro- 


( 543  ) 

portion  avec  l’azote  ; mais  le  baromètre  indique 
toujours  le  même  poids  dans  les  colonnes  de  l’at- 
mosphère : de  sorte  qu’en  supposant  que  l’acide  car- 
bonique reste  dans  l’atmosphère  sans  une  nouvelle 
production  de  gaz  oxygène  ; il  est  évident  que  les 
■j—  de  carbone  qui  se  sont  ajoutées  au  gaz  oxygène 
devroient  changer  son  poids  d’une  manière  sensible , 
ce  que  l’on  n’a  pas  remarqué. 

On  pourrait  peut-être  dire  , que  l’acide  carbo- 
nique qui  est  dans  l’air  se  dissout  dans  les  vapeurs 
et  qu’il  retombe  avec  la  pluie,  les  rosées,  etc.,  cela 
arrive  bien  aussi,  mais  on  sait  de  même  que  la  quan- 
tité d’acide  carbonique  contenue  dans  la  pluie  et  dans 
la  rosée  est  très- petite  , et  qu’elle  ne  peut  ni  de  près, 
ni  de  loin  être  comparée  à la  quantité  d’acide  car- 
bonique produite  sans  cesse  dans  l’atmosphère  par 
les  corps  organisés  et  inorganisés. 

Il  résulte  donc  de  là  que  cet  acide  carbonique 
doit  au  moins  en  très-grande  partie  être  contenu 
dans  l’atmosphère;  mais  puisque  l’on  ne  peut  ja- 
mais le  trouver,  il  faut  conclure  qu’il  y a un  moyen 
pour  le  faire  disparaître,  et  ce  moyen  est  celui  de 
la  nature  que  l’on  ne  commît  pas. 

Il  serait  donc  permis  d’imaginer  que  ce  gaz  oxy- 
gène se  décompose  dans  l’air  lui-même  ; et  j’éta- 
blis cette  hypothèse  sur  une  expérience  qu’avoit 
faite  Félix  Fonlana  , qui  ferma  soigneusement  une 
chambre  et  qui  y répandit  une  très-grande  quantité 
de  gaz  acide  carbonique  , après  l’opération  il  n’a- 
perçut aucun  changement  eudiométrique  dans  l’état 
de  l’air  qu’il  avoit  éprouvé  auparavant. 


( 344  ) 

Cependant  comme  il  y auroil  une  partie  de  cet  acide 
carbonique  absorbé  et  retenu  par  les  concrétions 
calcaires  qui  se  forment  sans  cesse , je  pense  aussi 
qu’il  seroil  bien  possible  que  les  fibres  végétales  et 
animales  qui  absorbent  une  grande  quantité  de  gaz 
oxygène,  comme  on  l’apprend  par  les  expériences 
de  Spallanzani , dégageassent  ce  gaz  lorsqu’elles  se 
décomposent , peut-être  sous  la  forme  d’acide  carbo- 
nique qui  seroil  décomposé  par  les  moyens  que  j'ai 
soupçonné;  d’ailleurs  on  sait  de  même  que  les  plantes 
produisent  ce  gaz  pendant  qu’elles  végètent. 

Il  ne  resteroit  que  le  carbone  qui  pourroît  être 
flottant  dans  l’air  jusques  à ce  qu’il  se  fut  assez  oxidé 
pour  se  précipiter , et  certes  l'on  sait  bien  que  l’on 
voit  des  corps  flollans  dans  l’air  que  les  pluies  balaient. 

Au  reste  je  suis  bien  éloigné  de  prétendre  avoir 
résolu  de  cette  manière  ce  problème  important,  il 
me  semble  n’avoir  fait  que  ce  qu’il  faut  pour  inspirer 
aux  physiciens  le  désir  de  s’en  occuper. 

§ XXVI. 

Après  avoir  lu  ces  expériences  de  Spallanzani  sur 
les  animaux  et  les  plantes , on  voit  un  nouveau  rap- 
port entre  tous  les  genres  des  êtres  organisés.  Tous 
ces  êtres  démontrent  les  mêmes  rapports  avec  le 
gaz  oxygène,  ils  ont  tous  le  pouvoir  de  l’absorber 
et  de  produire  l’acide  carbonique;  ils  l’ont  non-seu- 
lement lorsqu’ils  sont  entiers  et  vivans , mais  encore 
dans  leurs  fr  a g mens  et  après  leur  mort. 

L’organisation  produit  donc  dans  les  deux  rè- 
gnes les  mêmes  effets,,  elle  a les  mêmes  rapports  avec 


\ 

( 545  ) 

lair  atmosphérique;  mais  les  circonstances  et  les 
résultats  sont-ils  aussi  semblables. 

Les  animaux  et  les  plantes  diminuent  la  quantité 
du  gaz  oxygène  de  l’air  atmosphérique  dans  lequel 
ils  sont  renfermés;  ils  y produisent  l’acide  carbo- 
nique soit  en  l’extrayant  tout  formé  de  leurs  subs- 
tances, soit  par  leur  contact  avec  le  gaz  oxygène; 
ils  y combinent  tous  du  gaz  oxygène  qui  s’incar- 
cère probablement  dans  leurs  fibres , et  ils  donnent 
naissance  à ces  effets  pendant  leur  vie  et  après  leur 
mort;  les  quantités  d’acide  carbonique  produit,  de 
gaz  oxygène  absorbé  et  même  de  gaz  azote  fourni 
sont  assez  considérables.  Je  remarquerai  ici  que  cet 
azote  que  l’on  croyoit  seulement  rendu  par  les  subs- 
tances animales  dans  leurs  analises,  que  nosanalisles 
modernes  avoient  su  découvrir  dans  les  produits  des 
végétaux  est  encore  exhalé  hors  d’eux  pendant  leur 
vie.  Voilà  donc  des  litres  de  ressemblance  qui  con- 
fondent ces  deux  genres  ou  ces  deux  ordres  d’êtres 
organisés,  et  voici  des  preuves  que  l’air  atmosphé- 
rique avoit  été  calculé  pour  leurs  besoins  et  que  leur 

* 

organisation  a été  mise  en  rapport  avec  l’atmosphère. 

Mais  ces  ressemblances  n’excluent  pas  des  diffé'-i 
rences  considérables;  ainsi  par  exemple  la  lumière 
ne  change  pas  la  nature  des  gaz  que  les  animaux  exha- 
lent, comme  dans  les  végélaux;  les  animaux  dans 
aucun  cas  connu  ne  donuentdu  gaz  oxygène;  celui 
qui  s’échappe  parla  respiration  est  celui  qu’ils  ont  ins- 
piré , et  les  plantes  en  donnent  toujours  à la  lumière; 
les  plantes  n’absorbent  pas  le  gaz  oxygène  à la  lu- 
mière et  n’y  donnent  que  peu  ou  point  d’acide  carbo- 


( 346  ) 

nique , les  animaux  y donnent  comme  à l'obscurité  1« 
gaz  acide  carbonique  et  y absorbent  de  même  le  gau 
oxygène.  Les  animaux  ne  rendent  pas  communé- 
ment J 'azote  pendant  leur  vie  sous  la  forme  de  gaz, 
mais  les  plantes  en  exhalent  toujours  plus  ou  moins 
avec  le  gaz  oxygène,  et  il  se  trouve  mêlé  avec  plus 
ou  moins  d’acide  carbonique.  Les  animaux  rendent, 
il  est  vrai,  beaucoup  d’azote  dans  leurs  urines  et 
paroissent  ainsi  en  combiner  beaucoup  plus  que  les 
plantes  qui  en  offrent  peu  par  leur  analise  , mais 
si  celles  - ci  l’exhalent,  ou  a la  preuve  complète 
qu’elles  le  repoussent  sans  le  combiner;  il  faut  pour- 
tant reconnoître  qu’il  y a quelques  espèces  qui  sem- 
blent faire  cette  combinaison. 

Ne  pourroit-on  pas  soupçonner  que  le  charbon 
qui  se  trouve  dans  les  animaux  y est  porté  comme 
dans  les  plantes  par  la  voie  de  l’acide  carbonique 
et  de  l’hydrogène  oxy  - carboné , mais  comme  ce 
dernier  gaz  se  combine  plus  étroitement  avec  les 
huiles,  il  ne  paroît  pouvoir  s’en  dégager  que  par 
la  décomposition  de  leurs  composans,  et  c’est  peut- 
être  à cela  qu’est  due  la  propriété  qu’ont  les  huiles 
d’absorber  le  gaz  oxygène. 

On  ne  peut  pourtant  s’empêcher  de  remarquer 
cette  uniformité  de  moyens  pour  conserver  les  êtres 
organisés  ; ils  sont  composés  des  mêmes  élémens  et 
ils  ne  paroissent  différer  que  par  leurs  proportions 
dans  les  mélanges,  c’est  aussi  pour  cela  qu’ils  se 
servent  réciproquement  d’alimens;  qu’ils  se  trouvent 
placés  au  milieu  des  mêmes  substances  et  qu’ils  sont 
toujours  en  rapports  avec  elles. 

J 


I _ 

( 347  ) 

§ XXVII. 

Ce  paragraphe  ou  plutôt  cette  note  devient  inutile 
à ceux  qui  ont  eu  la  patience  de  lire  les  ouvrages 
que  j’ai  publié  sur  le  sujet  traité  dans  ce  volume , 
mais  comme  j’ai  eu  souvent  l’occasion  de  me  citer, 
de  la  même  manière  que  l’auroit  sûrement  fait  Spal- 
lanzani  ; et  comme  j’ai  craint  de  multiplier  les  noies 
en  renvoyant  toujours  à mes  ouvrages  ; j’ai  cru  qu’il 
seroit  plus  court  d’indiquer  ici,  les  principaux  ar- 
ticles sur  lesquels  roulent  ces  citations  avec  les  ou- 
vrages d’où  elles  sont  tirées  : j’ai  pensé  qu’il  seroit 
facile  à ceux  qui  auroient  quelque  goût  pour  ce 
genre  de  recherches , de  lire  les  ouvrages  que  j’ai 
indiqué  où  ils  trouveront  tout  ce  que  j’ai  annoncé. 
Les  ouvrages  dont  je  parle , sont  : 

Mémoire  physico  - chimiques , 3 vol.,  publiés 
en  1782. 

Recherches  sur  V influence  de  la  lumière  solaire 
pour  métamorphoser  l'air  fixe  en  air  pur  par 
la  végétation  y 1 vol.  1780. 

Expériences  sur  l' influence  de  la  lumière  solaire 
dans  la  végétation , 1 vol.  1788. 

Je  ne  dis  rien  de  ma  Physiologie  végétale , im- 
primée en  1790  pour  l’Encyclopédie  par  ordre  de 
matières , ni  de  l’édition  que  j’en  ai  donnée  en  5 vol. 
l'an  VIII,  ou  j’ai  traité  à fond  la  décomposition  de 
l’acide  carbonique  par  la  végétal  ion  , comme  dans 
les  Recherches  sur  l'influence  de  la  lumière  solaire 
dans  la  végétation.  Je  me  borne  ici  à quelques  sujets 
que  Spallanzani  a traité  après  moi. 


( 546  ) 

L’air  commun  et  l’acide  carbonique  ne  s’altè- 
rent pas  au  soleil  pendant  plusieurs  jours.  Mémoires 
phys.  chimiques , T.  I , p.  278.  Expériences  sur 
L'action  de  la  lumière , p.  324. 

L’eau  ne  gâte  pas  l’air  qui  repose  sur  elle.  1 Mé- 
moires phys.  chim.,  T.  I,  p.  55. 

Effet  de  la  chaleur.  Expériences  sur  l'action  de 
la  lumière  solaire,  p.  i63. 

Expériences  faites  en  hiver , ibid.  p.  168.  Mém. 
phys.  chim. , T.  I,  i65. 

Air  produit  dans  les  gaz  hydrogène,  azote  , oxy- 
gène et  air  commun.  Mém.  phys.  chim. , T.  I , 
p.  2 5 1 et  2 07.  Expériences  sur  l'action  de  la  lu- 
mière solaire,  p.  253  , 23 7 , 24i,  244. 

Absorption  de  l’air  à l’obscurité.  Mém.  phys. 
chim. , T.  I , p.  85. 

Les  feuilles  qui  n’ont  point  donné  d’air  à l’obs- 
curité, en  fournissent  quand  elles  sont  exposées  à 
la  lumière.  Expériences  sur  l'action  de  la  lumière 
solaire,  p.  48,  226. 

Les  feuilles  cà  l’obscurité  dans  les  eaux  chargées 
d’acide  carbonique  ne  donnent  point  d’air  , ibid.  54. 

Les  plantes  gâLent  l’air  à l’obscurité , ibid.  116, 
159  , x4o. 

L’air  sort  de  l’intérieur  des  plantes.  Mém. phys. 
chim.,  T.  I,  p.  26,  28. 

Les  plantes  donnent  moins  d’air  dans  l’air  que 
dans  l’eau.  Mém.  phys.  chim.,  T.  I,  p.  228. 

L’acide  carbonique  cause  de  la  production  du 
gaz  oxygène  dans  l’exposition  des  plantes  au  soleil. 
Expériences  sut'  l'action  ue  la  lumière  solaire , 21  i. 


( 547  ) 

Le  gaz  acide  carbonique , s’échappe  hors  des 
plantes  exposées  au  soleil.  Mém.  phys.  chim. , 
T.  I,  p.  555.  Expériences  sur  l'action  de  la  lu- 
mière, p.  182,  192,  527. 

L’acide  carbonique  produit  par  les  plantes,  ibicL 
p.  192. 

Air  fourni  par  les  plantes  dans  les  eaux  bouillie 
et  distillée.  Mém.  phys.  chim,.  p.  07.  Recherches 
sur  l’influence  de  la  lumière  solaire  , p.  17. 

Plantes  qui  donnent  moins  d’air  au  soleil  dans 
les  eaux  chargées  d’acide  carbonique  que  dans  l’eau 
commune.  Mém.  phys.  chim. , T.  I,  p.  5 jl  5 . 

Acide  carbonique  trouvé  dans  l’air  des  plantes. 
Expériences  sur  l’action  de  la  lumière  solaire , 
p.  45o. 

Les  plantes  exposées  au  soleil  dans  une  eau  aérée, 
lorsque  celte  eau  est  mêlée  avec  l’eau  de  chaux 
donne  un  précipité  gommeux.  Recherches  sur  l'in- 
fluence de  la  lumière  solaire  , p.  25. 

Expériences  sur  toutes  les  parties  des  plantes. 
Mém.  phys.  chim. , T.  X,  p.  i5i , 296,  298,  299. 


Fin  du  troisième  et  derî.ier  volume. 


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