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Full text of "Essai d'une théorie sur la structure des crystaux. Appliquée à plusieurs genres de substances crystallisées"

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LOUIS  2EBAOC 
t'iiiinuacieu  de  lr»  classe 


LOUIS  DEBACO 
riarmaeiCD  de  !»•  Classe 


ESSAI' 

D’UNE  THÉORIE 

V 

SUR  LA  STRUCTURE 

DES  CRYSTAUX. 


Digitized  by  thé  Internet  Archive 
in  2016  with  funding  from 
Wellcome  Library 


■ https://archive.org/details/b28762411 


■ESSAI  . 

D’UN  E THÉORIE 

SUR  LA  STRUCTURE 

DES  CRYSTAUX, 

APPLIQUÉE 

A PLUSIEURS  GENRES  DE  SUBSTANCES 
CRYSTALLISÉESi 

Par  M.  VAlbé  H AU  Y , de  V Académie  Royale  des 
Sciences  3 Profejfeur  d! Humanités  dans  Wniverjité  de 
Paris » 


A PARIS , 


Chez  Gogué  & Née  de  la  Rochelle,  Libraires, 
Quai  des  Auguftins  , près  le  Pont  Saint-Michel. 

"irai:. 


M.  DCC.  LXXXIV. 

SOUS  LE  PRIVILÈGE  DE  I.’ACADÉMIE , 


Hl3T0?*'OAl 

^glOlCAU 


r*  4 

• ^ .» 

avertissement : 

L a théorie  que  je  propofe  dans 
cet  Ouvrage , eft  fondée  fur  l’ac- 
cord .de  i’obfervation  avec  le  calcul, 
dont  je  ne  pouvois  me  difpenfer 
de  faire  ufage  , pour  traiter  , avec 
quelque  fuccès  , une  matière  où 
tout  eft,  pour  ainfi  dire  , propor- 
tion & régularité.  Quoique  les 
démonftrations  que  j’ai  employées 
n’exigent , la  plupart , que  des  con- 
noiiïances  ordinaires  d’Algèbre  8c 
de  Géométrie  , il  faut  un  œil 
exercé  pour  concevoir  les  figures 
dont  une  grande  partie  repréfente 
fur  un  plan  des  objets  en  relief, 
avec  des  lignes  qui  fe  croifent 
dans  tous  les  fens.  Il  feroit  bon 
que  les  Leéleurs  , qui  défi reront 
fuivre  les  détails  de  ces  démonftra- 


AVERTISSEMENT \ 

tions  , exécutaient  eux-mêmes  ou 
fiflent  exécuter , Toit  en  carton  i 
foit  avec  toute  autre  matière  , des 
folides  qui  repréfenteroient  les 
principales  variétés  des  Cryftaux  , 
& y traçaient  les  lignes  indiquées 
dans  les  figures.  On  pourra  s'aider 
des  développemens  qui  fe  trouvent 
à la  tête  de  chaque  article,  pour 
donner  à ces  Cryftaux  artificiels  des 
formes  exaèïcment  femblubles  à 

celles  des  modèles  produits  par  la 
Nature. 


/ 


TABLE 


DES  ARTICLES. 

Art.  I.  D*  la  ftruElure  des  Cryftaux  en 
général , & de  ïexiftence  de  la  forme  primitive 
renfermée  dans  chacun  d'eux  , page  47 

Art.  II.  Des  loix  de  décroijfement  auxquelles 
font  ajfujetties  les  lames  compofantes  des  Cryftaux, 
confidérées  dans  lepajfage  de  la  forme  primitive 
aux  formes  fecondaires , y 6 

A R t.  III.  Application  aux  Cryftaux  de  fpath 
calcaire  , 75 j 

Art.  IV.  Application  aux  Spaths  pef ans , 119 
Art.  V.  Application  aux  Spaths  fluor s-phofpho - 
tiques , 134 

Art.  VI.  Application  aux  Cryftaux  de  Gypfe  , 

14  6 

Art.  VII.  Application  aux  Cryftaux  de  Gre- 
nats , 1 69 

Art.  VIII.  Application  aux  Topaqes  du  Bréftl 
& de  Saxe } 188 

Art.  IX.  Application  au  Grés  cryftallifé  de  Fon- 
tainebleau , 204 

Art.  X.  Obfervations  & conjectures  fur  la  for- 
mation & fur  Vaccroijfement  des  Cryftaux , 206 


E x t ra  i T des  Regijlres  de  V Académie  Royale 
des  Sciences , du  26  Novembre  1783. 


M essieurs  Daubenton  & de  la  Place 
ayant  rendu  compte  d’un  Ouvrage  intitulé  : 
EJj  'ai  d'une  Thcorie'fur  la  Structure  des  Ciyjiaux  , 
par  M.  l'Abbé  H A 0 ¥ , l’Académie  a jugé  cet 
Ouvrage  digne  de  fon  approbation  , & d’être 
imprimé  fous  fon  Privilège  : en  foi  de  quoi  j’ai 
fîgné  le  préfent  Certificat.  A Paris,  le  26  No- 
vembre 1783, figné  le  Marquis  de  Condorcet, 
Secrétaire  Perpétuel. 


Fautes  ejjentielles  à corriger . 

Pag.  70  , lig.  16  , o rt , lifez  0 r i. 

Id.  lig.  ip,  rt  parallèles  i 0 /lifez  r r parallèle  à t ai 


4 


INTRODUCTION» 


INTRODUCTION . 

§ous  quelque  point  de  Vue  que  l’on 
envifage  la  Nature , on  eft  frappé  de 
l’abondance  & de  la  variété  de  fes  pro- 
ductions. Tandis  qu’elle  embellit  & 
anime  la  furface  du  globe  par  la  fuc- 
ceflion  confiante  des  êtres  organifés  ; 
elle  travaille  en  fecret,  dans  les  cavités 
fouterraines  ,fur  la  matière  inorganique  , 
& femble  fe  jouer  dans  la  diverfité  des 
formes  géométriques  qui  naiffent  de 
fon  opération.  On  fait  que  quand  les 
molécules  des  fubftances  minérales  fe 
trouvent  fufpendues  librement  dans  un 
fluide  avec  le  degré  de  pureté  & de 
ténuité  néceffaire  ; quand  elles  jouif* 
fent , félon  l’expreffion  fl  nette  & fl 

A 


2 Introduction. 
précifede  M.  Daubenton  ( i ),  du  temps , 
de  Vefpace  & du  repos , elles  cèdent  à 
la  tendance  qu’  elles  ont  les  unes  vers 
les  autres , s’approchent , fe  réunifient 
& forment  par  leur  affemblage  des  po- 
lyèdres terminés  ordinairement  par  des 
faces  planes.  Ce  font  ces  corps  aux- 
quels on  a donné  le  nom  de  cryftaux  , 
ôt  dont  l’étude , mieux  fuivie  depuis 
un  certain  nombre  d’années , a décou- 
vert aux  yeux  des  Naturaliftes  un  nou- 
vel ordre  de  faits  intéreffans , où  l’on 
voit  jufqu’aux  moindres  molécules  de 
la  matière  foumifes,  par  une  Sagelfe 
fuprême,à  des  loix  toujours  fùbfiftantes, 
d’où  naiffent  l’harmonie  & la  régula- 
rité. 

L’étude  dont  il  s’agit , ôc  en  général 
celle  des  minéraux , eft  bornée  à un 
nombre  de  genres  beaucoup  moins  con- 
fidérable  que  celle  des  animaux  & des 
plantes  ; & à cet  égard , elle  exige 
>■  ■■  ■ — - ■■■—  ■■  »» 


(i)  Leçons  de  Minéralogie. 


Introduction.  5 
moins  d’efforts  de  la  part  de  l’efprit , 
qui  , étant  moins  partagé  par  la  multi- 
tude des  objets  , en  faifit  plus  facile- 
ment l'enfemble  & les  rapports  mutuels. 
Mais  la  diverfité  des  formes  dont  une 
même  fubftance  eft  fufceptible  , offre 
ici  un  grand  obftacle  de  plus  à vaincre. 
Dans  les  animaux  & les  végétaux,  les 
divers  individus  d’une  même  efpèce 
portent  , pour  ainfi  dire  l’empreinte 
vifible  d’un  modèle  commun  ; la  gran- 
deur de  l’objet , les  dimenfions  refpec- 
tives  de  fes  parties  , leurs  couleurs  , 
peuvent  varier  : mais  , au  milieu  de  ces 
modifications  accidentelles , la  forme 
primitive  fubfifte  toujours , & s’annonce 
par  des  traits  apparens  & ineffaçables. 
Dans  les  minéraux  au  contraire , & 
fur-tout  dans  les  cryftaux,  les  variétés 
d’une  même  forte  paroiffent  fouvent 
au  premier  afpeét , n’avoir  entr’elles 
aucun  rapport , & quelquefois  même 
ceux  que  l’on  y apjerçoit  deviennent 

une  nouvelle  fource  de  difficultés.  O11 

A 2 


4 Introduction» 
connoît , par  exemple  , trois  rhomboïdes 
de  fpath  calcaire  (1) , différens  les  uns 
des  autres  par  leurs  angles  plans , ou, 
ce  qui  revient  au  même,  plus  ou  moins 
furbaiffés.  Cette  diverfité  d’angles  dans 
des  formes  analogues , que  l’on  doit 
fuppofer  produites  par  des  molécules 
parfaitement  femblables,  offre  un  fait 
peut-être  encore  plus  furprenant , que 
la  différence  totale  qui  fe  trouve  entre 
d’autres  variétés  du  même  fpath. 

Une  difficulté  d’un  genre  tout  op- 
pofé  , provient  de  la  reffemblance  des 
formes  dans  des  fubftancestrès-éloignées 
les  unes  des  autres  par  leur  nature. 
Les  Obfervateurs  exercés  favent  com- 
bien de  minéraux  divers  affectent  la 
figure  de  l’octaèdre  & celle  du  cube. 

Avant  de  faire  connoître  les  moyens 
par  lefquels  j’ai  effayé  de  lever  une 
partie  de  ces  difficultés,  j’obferverai 

(i)  Voyez  ci-après,  article  I , n°.  3 , la  définition  du 
mot  Rhomboïde , d’après  lè*fens  cpe  j’ai  cru  devoir  y atta- 
cher. 


Introduction.  y 

que  I on  peut  fe  propofer  deux  chofes 
dans  l’étude  des  cryftaux  : l’une,  de  tirer 
de  leurs  différentes  formes , des  carac- 
tères diftin&ifs,  pour  reconnoître  les 
minéraux  ; l’autre  , de  comparer  ces 
formes  les  unes  avec  les  autres  , d’en 
faifir  les  rapports  & les  différences,  & 
même  d’expliquer , s’il  fe  peut , le'mé- 
canifme  interne  de  leur  ftruèture;  de 
réduire,  en  un  mot,  la  Cryftallographie 
à une  Science  qui  ait  des  principes  fixes, 
d’où  l’on  puiffe  tirer  des  conféquences. 
propres  à répandre  du  jour  fur  une  ma- 
tière jufqu’ici  enveloppée  de.  tant  d’obff 
curités. 

A l’égard  du  premier  de  ces  objets , 
il  eft  certain  d’abord  que  jamais  on  ne 
pourra  faire  de  la  Cryftallographie  la 
bafe  d’une  diftribution  méthodique  des 
minéraux.  Outre  qu’ils  ne  fe  préfentent 
ni  toujours  ni  même  tous  dans  l’état 
de  cryftaux,  il  faudroit , pour  qu’on  pût 
établir  une  méthode  fur  ce  fondement, 

que  chaque  forte  de  minéral  affeètât  une 

A3 


6 Introduction. 
forme  particulière  qui  lui  appartînt  à 
l’exclufion  des  autres,  & dont  les  mo- 
difications, fi  elle  en  fubilfoit  quelques- 
unes  , fuflenttrop  légères  pour  mafquer 
la  forme  originaire  au  point  de  la 
rendre  méconnoifiable.  Or,  j’ai  déjà  re- 
marqué combien  les  formes  des  cryftaux 
étaient  éloignées  de  fe  prêter  à la  fim- 
plicité  de  cet  ordre.  Ces  formes  ne 
peuvent  donc  être  employées  que  fubfi- 
diairement  & comme  caractères  fécon- 
dai res,  avec  ceux  qui  fe  tirent  de  la 
calfure  , de  la  dureté,  du  poli,  &c.  ; & 
c’efi:  de  cette  manière  qu’elles  ont  été 
employées  par  M.  Daubenton,  dans  fa 
diftribution  méthodique  du  Règne  Mi- 
néral. 

Quant  au  fécond  point , qui  confifte  - 
à établir  une  théorie  fur  la  Cryftallifa- 
tion,  il  m’a  paru  que  l’on  avoit  trop 
négligé  de  faire  les  recherches  qui  pou- 
voient  conduire  à ce  but.  J’avoue  qu’au 
premier  coup  - d’œil  il  fe  préfente  un 
fi  grand  nombre  de  formes  acciden- 


Introduction.  7 
telles  , que  Ton  ne  préfume  pas  qu’il 
foit  poftible  même  d’entrevoir  la  marche 
de  la  Nature  à travers  cette  multitude 
de  déviations  apparentes  qui  nous  la 
de'robent.  Cependant,  en  y regardant 
de  plus  près,  on  obferve  que  beaucoup 
de  formes,  qui  d’abord  avoient  paru 
femblables  dans  les  cryftaux  de  nature 
diverfe  , diffèrent  entr’elles  par  les  an- 
gles plans  de  leurs  faces , par  les  incli- 
naifons  refpeèlives  de  ces  mêmes  faces , 
par  les  hauteurs  des  axes  des  pyramides 
qui  fe  réunifient  fouvent  bafe  à bafe  , 

f 

pour  former  un  feul  cryftal,  &c.  On 
remarque  de  plus  que  ces  angles  & ces 
axes  font  conftans  dans  la  même  variété 
de  cryftal,  quel  que  foit  le  Pays  d’où 
elle  a été  apportée,  en  fuppofant  d’ail- 
leurs quelle  foit  bien  nette  & bien 
prononcée.  On  apperçoit  des  paffages 
d’une  forme  à l’autre,  des  gradations 
marquées,  qui  indiquent  des  rapproche- 
mens  que  l’on  n’avoit  pas  foupçonnés 

d’abord.  Ce  font  ces  obfervations 

A 4 


S ÎNTRODUCTIOK, 
fuivies  avec  foin,  ôc  fouvent  répétées* 
qui  m’ont  fait  naître  le  défir  ôc  l’efpé- 
rance  de  faire  un  nouveau  pas  dans  la 
connoiflance  des  cryftaux,  ôc  de  ré- 
pandre quelque  jour  fur  cette  matière, 
d’autant  plus  intérelfante , quelle  tient 
très  - probablement  à l’une  des  caufes 
générales  du  mouvement  des  corps  ôc 
aux  plus  grands  phénomènes  de  la  Na- 
ture. 

Au  relie,  mon  delfein  n’a  pas  été  de 
rechercher  la  manière  dont  agilfent  les 
forces  primitives  auxquelles  elt  fou- 
mife  la  cryftallifation.  Je  ne  fais  s’il 
feroit  poflible  d’avoir  égard  à tous  les 
élémens  qui  doivent  entrer  dans  une 
pareille  théorie  , tels  que  le  volume 
des  molécules  fur  lefquelles  les  forces 
dont  il  s’agit  exercent  leur  aôlion  , le 
degré  de  denfité  du  fluide,  fon  degré 
dî  température  , la  forme  de  la  cavité, 
Ôc  autres  circonftances  femblables,  qui 
influent  néceflairement  dans  la  forma- 
tion des  cryftaux , ôc  qu’il  faudroit  fou- 


V 


Introduction.  9 
mettre  au  calcul  , pour  réfoudre  com- 
plettement  les  problèmes  de  cet  ordre. 
Je  me  fuis  borné  à un  genre  de  re- 
cherches plus  à ma  portée  , en  me  pro- 
pofant  de  déterminer  la  forme  des  mo- 
lécules conftituantes  (1)  des  cryftaux  , 
ôc  la  manièrp  dont  elles  font  arrangées 
entr’elles  dans  chaque  cryftal.  C’eft 
cette  combinaifon  que  j’appelle  Jlructure ; 
& l’on  verra  , dans  le  cours  de  cet 
Ouvrage,  quelle  eft  foumife  à un  petit 
nombre  de  loix,  dont  les  modifications 
combinées  produifent  toutes  les  variétés 
de  formes  que  l’on  obferve  dans  les  cryL 
taux. 

Les  réfultats  auxquels  conduit  une 
pareille  théorie  , ne  pouvoient  être 
conftatés  qu’à  l’aide  de  la  Géométrie. 
L’afpeQ:  feul  de  ces  polyèdres , fur  lef- 
quels  il  femble  qu’une  main  exaèle  ait 
porté  la  règle  ôc  le  compas,  pour  en 


(1)  Voyez  ci-deiïous,  art.  I , n°.  z , ia  définition  de 
ce  mot. 


rio  Introduction. 

t - 

fixer  les  dimenfions , indique  un  objet 
fufceptible  d’être  fournis  aux  méthodes 
rigoureufes  des  Sciences  mathémati- 
ques: mais  il  falioit  trouver  dans  l’objet 
même  des  données  fuffifantes  pour  ex- 
clure toute  fuppofition  arbitraire  , & 
pour  conduire  à des  folutions  qui  re- 
préfentafient  les  vrais  réfultats  du  travail 
de  la  Nature. 

Une  obfervation  que  je  fis  fur  le 
{path  calcaire  en  prifme  à fix  pans,  ter- 
miné par  deux  faces  exagones  (i)  , me 
fuggéra  l’idée  fondamentale  de  toute 
la  théorie^  dont  il  s’agit.  J’avois  remar- 
qué qu’un  cryftal  de  cette  variété,  qui 
s’étoit  détaché  par  hazard  d’un  groupe  , 
fe  trouvoit  calfé  obliquement,  de  ma- 
nière que  la  fratlure  préfentoit  une 
coupe  nette , & qui  avoit  ce  brillant 
auquel  on  reconnoît  le  poli  de  la  Na- 
ture. J’effayai  fi  je  ne  pourrois  point 
faire,  dans  ce  même  prifme  , des  coupes 


(ï)  Voyez  le  n°.  >8. 


Introduction.  i i 
dirigées  félon  d’autres  fens  ; & après 
différentes  tentatives  , je  parvins  à ob- 
tenir de  chaque  côté  du  prifme  trois 
ferions  obliques  : ôc  par  de  nouvelles 
coupes  parallèles  aux  premières  , je  dé- 
tachai un  rhomboïde  parfaitement  fem- 
blable  au  fpath  d’IOande,  & qui  occu- 
poit  le  milieu  du  prifme.  Frappé  de 
cette  obfervation  , je  pris  d’autres  fpaths 
calcaires  , tel  que  celui  qui  forme  un 
rhomboïde  à angles  très-obtus  (i),  celui 
dont  la  furface  eft  compofée  de  douze 
plans  pentagones  (2)  ; & j’y  retrouvai  lç 
même  noyau  rhomboïdal  que  m’avoit 
offert  le  prifme  dont  j’ai  parlé  plus 
haut. 

Des  épreuves  femblables , faites  fur 
des  cryftaux  de  plufieurs  autres  genres , 
affez  tendres  pour  être  divifés  nette- 
ment y me  donnèrent  des  noyaux  qui 
avoient  d’autres  formes  > mais  dont  cha- 


(1)  Voyez  le  n°.  iz. 
(z)  Voyez  le  a0.  15, 


fî  2 Introduction, 
cune  étoit  invariable  dans  le  même  genre 
de  cryftal.  Je  crus  alors  être  fondé  , 
d’après  les  tentatives  faites  fur  les  cryf- 
taux  mentionnés  , & d’après  des  raifons 
d’analogie  pour  les  cryftaux  que  leur 
dureté  ne  permettoit  pas  de  divifer  , à 
établir  ce  principe  général , que  toute 
variété  d’un  même  cryftal  renfermoit , 
comme  noyau  , un  cryftal  qui  avoit  la 
forme  primitive  & originaire'  de  fou 
genre. 

Cette  forme,  comme  on  le  voit, 
n’eft  point  prife  arbitrairement , mais 
indiquée  par  la  Nature  elle  - même  : 
aufïi  verra-t-on  dans  cet  Ouvrage  qu’elle 
eft  fouvent  fort  différente  de  celles  qui 
ont  été  adoptées  par  d’autres  Auteurs 
pour  les  divers  genres  de  cryftaux , fans 
aucune  raifon  de  préférence  fondée  fur 
l’expérience  & l’obfervation. 

La  forme  primitive,  confidérée  par 
rapport  à chacun  des  cryftaux  fecon- 
daires  d’un  même  genre  , repréfente 
un  polyèdre  infcrit  dans  un  autre 


Introduction.  13 
polyèdre  , qui  varie  pour  la  figure  , le 
nombre  & la  difpofition  de  Tes  faces  : 
tantôt  c’eft  un  prifine  fans  pyramide  ; 
tantôt  le  prifme  a une  pyramide  à cha- 
cune de  fes  extrémités  ; d’autres  fois 
enfin  , c’eft  un  affemblage  de  pyramides 
groupées  régulièrement. 

Lorfque  les  cryftaux  font  allez  tendres 
pour  être  divifés  , on  peut  faire  dans 
le  noyau  des  ferions  parallèles  à fes 
différentes  faces  ; toute  la  matière  en- 
veloppante fe  divife  aufli  parallèlement 
aux  faces  du  noyau:  en  forte  que  toutes 
les  parties  que  l’on  retire  par  ces  dif- 
férentes ferions  font  femblables  en- 
tr’elles  & au  noyau.  li  en  faut  cepen- 
dant excepter  les  parties  fituées  fur  le 
bord  des  lames  compofantes  , qui  fe 
préfentent  fous  une  forme  différente 
des  autres.  Pour  concevoir  que  cela 
doit  être  ainfi,  fuppofons  un  cube  inf- 
crit  dans  un  oéhèdre  ; fi  l’on  divife 
l’octaèdre  par  des  feétions  parallèles  aux 
faces  du  cube , il  eft  clair  que  l’on 


ï4  Introduction. 

retirera  , par  ces  ferions,  une  multi- 
tude de  petits  cubes  de  l’intérieur  de 
l’oêtaèdre  ; mais  les  parties  fituées  près 
delà  furface  ne  pouvant  avoir  leurs  faces 
extérieures  parallèles  aux  faces  corref- 
pondantes  du  cube , n’auront  pas  non 
plus  la  forme  cubique  : en  forte  que  la 
divifion  donnera  toujours  un  refie. 

Il  y a plus  ; quand  même  on  fup- 
poferoit  aux  parties  d’un  cryflal  fecon- 
daire  des  formes  différentes  de  celles 
que  l’on  obtient  par  les  feélions  dont 
j’ai  parlé , il  feroit  encore  impoffible 
de  réduire  le  cryflal , en  concevant  fa 
furface  liffe  & polie  , à un  affemblage 
de  molécules  toutes  femblables  en- 
tr’elles.  Que  l’on  prenne  , par  exemple  , 
d’une  part  un  rhomboïde  femblable  au 
fpath  d’Iflande,  & de  l’autre  un  prifme 
à fix  pans  , terminé  par  deux  faces 
exagones , qui  eft,  comme  je  l’ai  dit, 
une  des  variétés  du  fpath  calcaire  , tout 
Géomètre  fendra  facilement  que  ces 
deux  cryflaux,  en  fuppofant  leurs  fur* 


Introduction.  i? 
faces  parfaitement  de  niveau  dans 
toute  leur  étendue , ne  peuvent  être 
compofés  de  parties  femblables.,  ou, 
ce  qui  revient  au  même  , qu’il  n’y  a 
aucune  forme  de  polyèdre  qui  puiffe 
fervir  à tous  les  deux  de  mefure  com- 
mune. 

\ 

Ces  confidérations  m’ont  fait  pré- 
fumer que  les  faces  des  cryftaux  fecon- 
daires  ne  dévoient  pas  être  confidérées 
comme  des  plans  géométriques,  mais 
qu’elles  étoient  pleines  de  petites  iné- 
galités : en  forte  que  leurs  lames  , au 
lieu  d’avoir  leurs  bords  de  niveau,  les 
avoient  difpofés  en  retraite  , à-peu-près 
comme  les  degrés  d’un  efcalier , ôc 
que  même,  dans  plufieurs  cas  indiqués 
par  la  ftruêture , comme  on  le  verra 
dans  la  fuite  de  l’Ouvrage , le  bord  de 
chaque  lame  , au  lieu  de  former  une 
arête  continue , étoit  comme  dentelé , ôc 
formoit  alternativement  des  angles  ren- 
trans  ôc  faillans. 

Dans  cette  hypothèfe  , la  plus  natu- 


i6  Introduction. 
relie,  & même,  j’ofe  le  dire  , la  feule 
raifonnable  que  l’on  pût  imaginer , les 
parties  d’une  forme  en  quelque  forte 
étrangère,  qui  occupoient  le  contour 
des  lames  , n’offroient  qu’une  apparence 
trompeufe  ; & en  fuppofant  les  divi- 
fions  mécaniques  du  cryftal  pouffées 
jufqu’à  leur  dernière  limite , c’eft-à-dire , 
jufqu’au  point  d’ifoler  les  molécules 
conftituantes  , ces  parties  s’évanouif- 
foient  entièrement  ; il  ne  reftoit  plus 
alors  que  des  molécules  exactement  fem- 
blables  entrJelles , & au  noyau  renfermé 
dans  le  cryftal , dont  la  ftructure , con- 
fidérée  fous  ce  point  de  vue,  fe  trou- 
voit  ramenée  à une  parfaite  unifor- 
mité. 

Si  l’on  fait  attention  à l’extrême 
petitelfe  des  molécules  conftituantes  des 
cryftaux  , on  concevra  aifément  que  , 
dans  le  cas  d’une  cryftallifation  parfai- 
tement régulière  , les  vacuoles  & les 
inégalités  dont  j’ai  parlé  doivent  être 
nulles  pour  nos  fens.  Mais  il  s’en  faut 

bien 


Introduction.  17 
bien  que  toutes  les  conditions  requifes 
pour  conduire  la  Nature  au  but  de  fon 
opération  , fe  trouvent  toujours  réunies* 
Gênée  dans  fa  marche  par  miljle  acci- 
dens  &par  faction  de  différentes  caufes 
perturbatrices,  elle  agit  fouvent  par 
des  degrés  intermittens  , Jaiffe  fon  ou- 
vrage imparfait , quelquefois  ne  fait  que 


l’ébaucher  , & par-là  même  fe  décèle  à 
des  yeux  attentifs , & donne  à entre- 
voir le  fecret  de  fon  opération.  On 
obferve  alors  fur  la  furface  des  cryftaux  , 
tantôt  des  fines  ou  cannelures,  qui  in- 
diquent non-feulement  la  pofition  des 
lames  , mais  même  leur  retraite  ; tantôc 
des  afpérités  , qui  annoncent  les  petites 
faillies  dont  les  rebords  des  mêmes  lames 
font  tout  hériffés. 

Ces  indices  m’ont  paru  confirmer 
l’hypothèfe  dont  j’ai  parlé  : cependant , 
pour  lui  donner  le  plus  grand  degré  de 
probabilité  poffible  , il  falloit  encore 
y imprimer,  pour  ainfi  dire  , le  fceau 

du  calcul;  & c’eft  alors  que  la  Géo« 

B 


i 8 Introduction. 
métrie  devenoit  d’un  ufage  indifpen-* 
fable  : mais  on  ne  pouvoit  appliquer 
ici  le  calcul , fans  connoître  la  forme 
exade  des  molécules  conftituantes.  Or, 
les  fedions  que  l’on  peut  faire  dans  un 
cryftalne  donnent  pas  précifément  cette 
forme  ; elles  déterminent  feulement  les 
angles  des  faces  , & non  pas  les  dimen- 
fions  refpedives  des  côtés , puifqu  entre 
deux  fedions,  on  peut  toujours  en  faire 
paffer  une  troifième  , qui , fans  altérer 
les  angles,  changera  les  dimenfions  de 
la  figure  produite  par  les  premières  fec- 
tions.  Lorfqu’on  divife , par  exemple  , 
un  cube  de  fel  marin , on  peut  en  retirer 
à volonté  des  parallélépipèdes  redangles 
de  toutes  fortes  de  dimenfions  refpec- 
tives , fuivant  les  diftances  que  l’on 
mettra  entre  les  fedions.  Rien  ne  dit 
où  il  faudroit  s’arrêter  parce  qu’à 
quelqu’endroit  que  l’on  effaye  d’entamer 
le  cryftal,  la  fedion  paffera  toujours 
entre  deux  molécules  , fans  qu’on  puiffe 
jamais  ifoler  celles  ci , à caufe  de  leur 
extrême  petiteffe. 


Introduction.  i p 
Pour  avoir  quelque  chofe  de  fixe  à 
cet  égard  , j'ai  choifi  d’abord  des  cryf- 
taux  dont  on  ne  peut  douter,  ce  me 
femble,  que  les  molécules  ne  foient 
d’une  figure  parfaitement  régulière  , 
c’efl>à-dire  , n’aient  leurs  faces  toutes 
égales  & femblables  entr’elles.  Tels  font 
emtr’autres  les  cryftaux  de  fel  marin  ôt 
ceux  de  fpath  calcaire  : la  ftrueture 
même  des  variétés  de  ces  cnyftaux  indi- 
que vifiblement  que  les  molécules  de 
l’un  font  de  vrais  cubes  , & celles  de 
l’autre  des  rhomboïdes  ; car  fi  cela  n’étoit 
pas , il  faudroit  dire  ? par  exemple  , 
qu’un  noyau  rhomboïdal  de  fpath  cal- 
caire , au  lieu  d’être  compofé  de  petits 
rhomboïdes  femblables  à lui  - même  , 
feroit  un  alfemblage  de  petites  lames 
ou  de  parallélipipèdes  , qui  auroient  une 
épailfeur  moindre  que  leur  largeur.  Cela 
pofé,  comme  toutes  ces  lames  s’appli- 
queroient  les  unes  aux  autres  par  leurs 
faces  femblables  pour  former  un  rhom- 
boïde tel  que  celui  dont  il  s’agit  } il 

B 2 


20  Introduction. 
faudroit  concevoir  que  toutes  les  gran- 
des faces  des  lames  compofantes  fe- 
roient  parallèles  à deux  faces  oppofées 
du  rhomboïde  , & que  les  rebords  ou 
petites  faces  des  lames  répondroient  aux 
quatre  autres  faces  du  rhomboïde.  Or , 
un  pareil  affemblage  ne  s’accorde  point 
avec  la  flrudure  & la  forme  des  cryf- 
taux  fecondaires  ; car , dans  la  plupart 
de  ceux-ci  , les  parties  furajoutées  au 
noyau,  forment  des  efpècesde  pyramides 
femblables  entr’elles , & appliquées  par 
leurs  bafes  fur  la  différentes  faces  du 
noyau.  Mais,  dans  l’hypothèfe  dont  j’ai 
parlé  , on  ne  conçoit  pas  comment  la 
pyramide  qui  repoferoit  fur  une  des 
faces  du  noyau  , formée  par  les  rebords 
des  petites  lames  compofantes  , pour- 
roit  être  parfaitement  femblable  à la 
pyramide  appliquée  fur  la  face  voifine , 
qui  feroit  formée  par  les  grandes  faces 
des  mêmes  lames.  La  difpofition  fymé- 
trique  de  la  matière  enveloppante  me 
femble  annoncer  évidemment  que  toutes 


Introduction.  ai 

les  faces  du  noyau  font  des  affemblages 
de  figures  femblables  entr’elles  & à ces 
mêmes  faces  ; ce  qui  fuppofe  que  le 
noyau  lui-même  a pour  molécules  conf- 
tituantes  de  petits  rhomboïdes  , plutôt 
que  de  fimples  lames. 

La  figure  des  molécules  étant  déter- 
minée pour  les  cryftaux  dont  je  viens 
de  parler , j’ai  trouvé , par  le  calcul  , 
que  parmi  une  infinité  de  loix  poffibles 
de  décroiffemens  , il  nJy  en  avoit  qu’un 
petit  nombre  auxquelles  la  formation 
de  ces  cryftaux  fût  affujettie.  Pour  don- 
ner , dès  maintenant , une  idée  de  ces 
loix,  fuppofons  qu’on  fe  propofe  de 
former  , avec  une  multitude  de  petits 
cubes , une  pile  quadrangula^re  régu- 
lière, c’eft-à-dire  ,compofée  de  couches 
q.ui  aillent  en  décroiffant  uniformément 
de  la  bafe  au  fommet.  Il  eft  clair 
qu’ayant  pris  à volonté , pour  compofer 
la  première  couche  , un  nombre  quarré 
de  petits  folides  cubiques  , on  pourra 
difpofer  les  couches  fuivantes  de  ma- 

B3 


2 2 Introduction. 

nière  que  chacune  ait  fur  fon  contour 
•une,  ou  deux,  ou  trois  rangées,  ou  un 
plus  grand  nombre  encore  , de  moins 
que  la  couche  qui  fe  trouvera  immédia- 
tement au-deffous  ; en  forte  que  les 
nombres  des  cubes  qui  compoferont  les 
couches  fucceffives  feront  repréfentés 
par  les  termes  d’une  férié  récurrente. 
Plus  les  cubes  compofans  feront  petits  , 
plus  la  pile  approchera  de  la  forme 
d’une  pyramide  à.  faces  liffes  : de  ma- 
nière que,  fi  l’on  fuppofe  les  cubes  pref- 
qu’infiniment  petits , l’efpèce  d’efcalier 
que  forment  les  couches  compofantes 
par  leur  retraite  , devenant  infenfible  à 
l’œil , la  pile  fe  préfentera  fous  l’afpedl: 
d’une  véritable  pyramide  'quadrangu- 
laire  , dont  la  hauteur  variera  félon  que 
la  férié  qui  repréfente  les  couches  de 
fuperpofition  fera  plus  ou  moins  conver- 
gente. 

Telle  eft  la  manière  dont  il  faut 
concevoir  les  décroiffemens  qui  fe  font 
fur  les  bords  des  lames  qui  compofent 


Introduction,  25 

ïes  cryftaux  fecondaires.  On  verra  dans 
cet  Ouvrage  que  ces  lames  décroiffent 
également  parleurs  angles,  dans  plu- 
fieurs  cas  ; mais  toujours  fuivant  une 
loi  telle  que  les  parties  qui  fe  trouvent 
fupprimées  à chaque  application  d’une 
nouvelle  lame , font  des  rangées  de  mo- 
lécules parfaitement  égales  & fembla- 
blés  à celles  dont  le  noyau  eft  faHern- 
blage.  L’exiftence  des  loix  dont  il 
s’agit  eft  prouvée  par  l’accord  du  calcul 
avec  l’obfervation  , puifque  les  angles  , 
foit  plans  , foit  folides  , des  cryftaux , 
calculés  d’après  ces  mêmes  loix  , fe 
trouvent  être  les  mêmes  que  ceux  quJon 
mefure  immédiatement  fur  le  cryftal. 

En  admettant  ces  loix , & en  raifon- 
nant  par  analogie  des  autres  cryltaux 
dans  lefquels  les  dimenfions  refpeêlives 
des  molécules  n’étoient  pas  déterminées  , 
je  fis  l’opération  inverfe  fur  ces  derniers 
cryftaux;  c’eft  - à - dire  que  je  fuppofat 
d’avance  les  mêmes  loix  de  décroif- 

fement  que  j’avois  découvertes  dans  les? 

B 4 


24  Introduction. 
premiers  cryftaux,  & d’après  cette  hy- 
pothèfe , je  déterminai  par  le  calcul 
la  hauteur  des  molécules  ( i).  J’expli- 
querai dans  la  fuite  de  cet  Ouvrage 
de  quelle  manière  je  fuis  parvenu  à 
déterminer  aufii  le  rapport  que  gardent 
entr’eux  les  côtés  des  bafes  de  chaque 
molécule  , dans  le  cas  où  ces  bafes 
font  , par  exemple  5 des  parallélo- 
grammes obliquangles , ou  des  rhombes 
alongés , comme  dans  les  molécules 
du  gypfe. 

Voilà  à quoi  fe  réduit  le  fonds  de 
mon  travail  fur  les  cryftaux  , & la 
théorie  qui  fera  développée  dans  le 


(i)  Il  n’eft  pas  inutile  d’obferver  ici , que,  même 
abftraélion  faite  des  dimenfions  refpeélives  des  molé- 
cules , i’exiftence  des  loix  de  décroiffement  dont  j°ai 
parlé  n’en  ftroit  pas  moins  prouvée.  On  Ignoreront 
feulement  fi  ces  décroiffemens  fe  fonr  par  une  rangée- 
de  molécules , plutôt  que  par  deux  ou  trois  rangées , 
ou  par  un  plus  grand  nombre.  Mais  il  feroit  toujours 
vrai  de  dire  que  les  décroiffemens  qui  ont  lieu  dans 
tel  cas , feroient  doubles , par  exemple , de  ceux  que 
fübilfent  les  lames  dans  tel  autre  cas.  AinÆ  la  théorie 


Introduction.  2 f 
cours  de  cet  Ouvrage.  Tout  confifte  à 
réfoudre  , dans  chaque  cas  particulier  , 
ce  problème  général  : Etant  donné  un 
cryflal , déterminer  la  forme  précife  de 
fes  molécules  conjlituantes , leur  arran- 
gement refpeclifj  Ù les  loix  que  fuivent 
les  variations  des  lames  dont  il  ejl  com - 
pofé. 

Les  données  à l’aide  defquelles  j’ai 
déterminé  , foit  la  figure  des  molécules 
conftituantes , foit  la  mefure  des  angles 
des  cryftaux  , dépendent  affez  fouvent 
d’une  obfervation  faite  fur  l’égalité  fen- 
fible  des  inclinaifons  refpeètives  de  cer-< 
taines  faces  du  cryftal,  ou  fur  celle  de 
certains  angles  plans  ; égalité  que  je 
fuppofe  parfaite  , d’après  un  principe 
dont  je  parlerai  dans  un  moment.  De 

que  je  propofe  eft  indépendante  à cet  égard  de  l’hypo- 
thèfe  dans  laquelle  les  décroilTemens  les  plus  ordinaires 
fe  font  par  une  ou  par  deux  rangées  de  molécules , 
quoique  cette  hypothèfe  me  paroifle  très-probable , 
tant  à caufe  de  fa  grande  fimplicité , que  parce  qu’elle 
cft  la  feule  qui  s’accorde  avec  la  ftruéture  des  cryftaux 
fccondaires,  comme  je  l’ai  prouvé  ci-deflus. 


^ 6 Introduction. 
même  , lorfqu’un  des  angles  faillans  oit 
des  angles  plans  d’un  cryftal  eft  fenfi- 
blement  droit  , je  le  fuppofe  tel  en 
toute  rigueur.  Je  préfume  que  les  per-* 
fonnes  qui  fe  font  exercées  fur  les  ma- 
tières phyfiques  , trouveront  ces  fuppo- 
fitions  extrêmement  plaufibles.  Il  paroît 
en  effet  qu’il  y a certains  points  fixes 
ôc  certaines  limites  déterminées  aux- 
quels la  Nature  s’arrête  dans  le  courâ 
de  fes  opérations  & de  fes  mouvemens  : 
telle  eft  la  * direction  fuivant  la  perpen- 
diculaire ; telles  font  les  égalités  entre 
certaines  quantités  du  même  ordre  : en 
forte  que,  quand  nous  ne  pouvons  ap- 
percevoir  aucune  différence  entre  les 
réfultats  de  l’obfervation  & les  termes 
abfolus  dont  il  s’agit  , on  en  conclut , 
avec  toute  la  vraifemblance  poftible , que 
ceux-ci  exiftent  réellement  tels  qu’ils 
nous  paroiffent  ( i ). 


(t)  On  a remarqué,  par  exemple,  que  la  ro  atior» 
la  lune  autour  de  foi*,  centre . avoir  fenfiblement  la 


Introduction.  37 

Après  tout , quand  même  les  fuppo* 
fitions  dont  je  viens  de  parler  ne  fe* 
roient  pas  abfolument  exactes  en  elles— 
mêmçs  , tous  les  réfultats  qui  s’en  dé- 
duifent  doivent  être  du  moins  regardés 
comme  des  approximations  fi  voifines 
des  véritables  réfultats , qu’il  ne  s’enfuit 
aucune  erreur  appréciable  pour  nos 
fens.  Au  défaut  des  données  dont  il 
s’agit  , j’ai  été  quelquefois  obligé  de 
mefurer  un  ou  deux  angles  des  cryftaux, 
& j’ai  déduit  de  ces  mefures  la  valeur 
des  autres  angles  ( 1). 


même  durée  que  fa  révolution  périodique  , fans  que 
jamais  on  ai:  pu  découvrir  entre  ces  deux  durées  la 
moindre  différence  appréciable.  D’après  cette  obfervation, 
les  Agronomes  fe  croient  fondés  à admettre  une  égalité 
parfaite  entre  l’une  & i'autre. 

(1)  Cere  dépendance  réciproque  des  différens  angles 
d’un  cryftal , fuffiron  feule  pour  prouver  que  l’ufage  de 
la  Géométrie  n’eft  pas  aufïi  inutile  qu’on  pourroit  le 
croire  dans  l’étude  des  cryftaux.  En  évaluant  l’un  après 
l’autre  par  des  moyens  mécaniques  tous  les  angles 
plans  & folides  d’un  cryftal , on  fe  met  infailliblement 
dans  le  cas  d’afligner  des  mefures  incompatibles  entr’elles. 


2 8 Introduction. 

Dans  tous  les  cas  où  l’obfervatioii 
m’a  fourni  des  données  fufceptibles 
d’une  certaine  précifion  , j’ai  pouffé 
l’évaluation  des  angles  jufqu’aux  fé- 
condés de  degré  ; dans  les  autres  cas  , 
je  me  fuis  borné  aux  minutes.  Pour 
vérifier  fur  le  cryftal  même  les  angles 
trouvés  à l’aide  du  calcul  , je  me  fuis 
lervi  d’un  infiniment  que  j’ai  fait  conP 
truire  exprès  avec  tout  le  foin  poffible  ; 
& il  m’a  paru,  ainfi  que  je  l’ai  déjà 


& contradictoires  aux:  principes  de  la  Géométrie.  Pour  ! 
le  peu  que  l’on  Toit  verfé  dans  cette  Science , on  fait 
que  la  valeur  des  différens  angles  d’un  cryftal  fuit  auffi 
néceffairement  de  celle  d’un  ou  deux  premiers  angles  , , 

' que  la  valeur  du  troifième  angle  d’un  triangle  fuit  de  : 
celle  des  deux  autres.  D’ailleurs  , en  employant  le1 
calcul,  on  a la  liberté  de  choifir  pour  angles  fonda- 
mentaux ceux  qui  font  le-  mieux  exprimés  fur  les  cryf--  i 
taux,  dont  il  n’arrive  que  trop  fouvent  que  certaines' 
parties  font  fujettes  à des  déviations  capables  de  mettre- 
l’inftrument  en  défaut.  On  peut  auflî  partir  fucceflive- 
ment  de  deux  ou  trois  angles  bien  prononcés,  pour 
. comparer  enfuite  les  différens  réfultats  que  l’on  a obtenus, 

& parvenir  à une  plus  grande  précifion  , en  reftifiant  ui* 
réfultat  par  l’autre. 


Introduction.  29 
dit  , que  les  angles  dont  il  s’agit 
étoient  conftamment  les  mêmes  que 
j’avois  déterminés  par  la  Trigonométrie. 
Les  différences  , s’il  s’en  trouvoit , 
étoient  trop  légères  pour  être  attribuées 
à d’autres  loix  de  décroiffement  , ôt 
ne  pouvoient  être  l’effet  que  de  quel- 
ques petites  déviations  occafionnées  par 
des  circonftances  particulières  ; car  il 
me  femble  que  dans  ce  cas  3 comme 
dans  une  multitude  d’autres  , on  doit 
regarder  les  réfultats  que  donne  le  cal- 
cul comme  les  limites  dont  la  marche 
de  Ja  Nature  s’approche  d’autant  plus  , 
qu’elle  eft  moins  gênée  par  l’aèlion  des 
caufes  étrangères  , fans  lefquelles  elle 
atteindrait  toujours  ces  mêmes  limites, 
ôt  nous  offrirait  autant  de  précifion 
dans  fes  effets , qu’il  y en  a dans  nos 
calculs. 

La  théorie  que  je  viens  d’expofer 
fournit  un  moyen  facile  pour  fuivre  tous 
les  paffages  d’une  forme  à une  autre  , 
ôt  pour  expliquer  les  facettes  qui  rem* 


5 o Introduction. 
placent  , dans  certains  cryftaux  , les 
angles  folides  ou  les  arêtes , & que 
j’appellerai , avec  M.  Daubenton , fa- 
cettes fur  numéraire  s.  Par  exemple  , fi 
des  lames  qui  décroiffoient  fimplement 
par  leurs  bords  dans  un  cryftal , vien- 
nent à décroître  en  même  temps  par 
quelques  uns  de  leurs  angles  dans  un 
autre  cryftal  , celui  - ci  aura  quelques 
faces  de  plus  que  le  premier  ; & ces 
faces  feront  tantôt  verticales , tantôt 
plus  ou  moins  inclinées  , félon  que  les 
décroiffemens  fe  feront  faits  fuivant  une 
loi  dont  l’aâion  aura  été  plus  lente  ou 
plus  rapide.  Mais  ces  inÿlinaifons  ne 
peuvent  fe  faire  que  fous  un  petit  nom- 
bre de  degrés  différons  , qui  dépen- 
dent de  la  hauteur  des  molécules  , ôc 
des  loix  qui  agiffent  dans  la  Cryftallifa- 
tion  : en  forte  que  le  nombre  des  va- 
riétés d’un  même  cryftal  eft  néceffaire- 
ment  limité.  Lors  donc  que  l’on  dit 
que  tel  cryftal  n’eft  autre  chofe  qu’un 
premier  cryftal  incomplet  dans  fes  arêtes 


Introduction.  $ i 

ou  dans  fes  angles  folides  , on  énonce 
un  fait  dont  la  loi  des  décroiffemens 
fournit  l’explication.  Il  y a auffi  des 
cryftaux  qui  ne  diffèrent , par  rapport 
à d’autres  cryftaux,  qu’en  ce  qu’ils  font 
plus  alongés  dans  un  certain  fens;  ou 
en  ce  qu’au  lieu  d’être  Amplement  corn- 
pofés  de  deux  pyramides  appliquées 
bafe  à bafe  , ils  ont  un  prifme  inter- 
pofé  entre  les  deux  pyramides  , ce  qui 
eft  encore  une  forte  d’alongement. 
Toutes  ces  efpèces  de  transformations 
fe  déduifent  des  principes  établis  ci- 
deffus. 

Mais  il  faut  bien  obferver  que  , 
même  en  s’en  tenant  au  Ample  énoncé 
des  faits  , on  ne  peut  établir  aucune 
méthode  avantageufe  pour  expofer  la 
gradation  des  formes  dont  un  même 
cryftal  eft  fufceptible  , fans  partir  de 
la  véritable  forme  primitive  du  genre  , 
c’eft  - à - dire  , comme  je  crois  l’avoir 
prouvé  , de  celle  que  donnent  les  fec- 
tions  faites  dans  les  cryftaux  , ôc  les 


3 2 Introduction. 

autres  indices  de  ftru&ure  combinas 
avec  les  loix  auxquelles  eft  a(Tu jetti  le 
mécanifme  de  cette  ftruéture.  Toute 
marche  qui  n’eft  point  dirigée  Vers  ce 
but , eft  effentiellement  défectueufe  , 
parce  qu’elle  eft  contraire  à la  marche 
de  la  Nature  ; ou  que  fi  elle  s’y  rap- 
porte quelquefois  , ce  n’eft  , pour  ainft 
dire,  que  par  accident,  non  par  une 
fuite  des  principes  de  la  méthode , qui. 
ne  peut  être  en  elle  - même  qu'arbi-- ; 
traire. 

De  même  , lorfqu’on  indique  le  paf- 
fage  d’une  forme  à une  autre  par  le 
retranchement  de  certaines  parties , ou 
par  l’alongement  d’un  cryftal  dans  tel 
fens  , il  arrivera  que  ces  indications:  I 
feront  juftes  toutes  les  fois  que  la  chofe:  I 
fautera  aux  yeux  , fi  j’ofe  m’exprimer'  ' 
ainfi  , ou  qu’il  fera  impoffible  de  Te:  I 
tromper  fur  la  correfpondance  des: 
angles.  Mais  fi  une  nouvelle  loi  de:  8 
décroiffement  détermine  dans  une  va-- 
riété  de  cryftal  de  nouveaux  an- 

gies. 


INTRODUCTION,  33 
gles  ( i ) , qui  fe  rapprochent  fenfible- 
nient , par  leur  valeur  , de  ceux  de  la 
forme  primitive  que  l’on  a adoptée  : 
alors  , en  eftimant  le  fens  ‘dans  lequel 
cette  forme  aura  varié'",  d’après  des 
moyens  mécaniques  qui  ne  peuvent 
jamais  donner  avec  précifion  la  valeur 
des  angles  , fur  - tout  lorfqu’on  opère 
fur  de  petits  objets  , on  s’expofera  à 
prendre  le  paffage  d’une  forme  à une 
autre  à contre-fens  de  la  ftru&ure  ; on 
confondra  les  angles  fecondaires  avec 
les  angles  primitifs,  dont  ils  différeront 
réellement , quoique  d’une  petite  quan- 
tité , telle  qu’un  ou  deux  degrés  ; ou  bien 
l’on  alîignera  des  valeurs  différentes  au 
même  angle  que  l’on  aura  mefuré  fur 
un  fécond  cryftal  fans  le  reconnoître. 
Dans  toutes  les  indications  de  ce  genre , 
il  faut  abfolument  prendre  la  ftruélure 


( t ) On  peut  voir  à l'article  des  fpaths  pefars 
( n°.  41  & ftpv.  ) , plufieurs  exemples  de  ces  valeurs 
rapprochées  dans  des  angles  qui  tiennent  cependant  à 
des  cir.conftances  très-différentes  les  unes  des  autres. 

G 


34  Introduction. 
pour  guide  , li  l’on  veut  éviter  les  mé- 
priXes  dans  lefquelles  peut  entraîner  la 
confidération  ifolée  des  formes  exté- 
rieures. • 

Il  réfulte  de  ce  que  je  viens  de  dire, 
que  toutes  les  formes  fecondaires  font 
autant  de  variétés  de  la  forme  primi- 
tive , lefquelles  peuvent  être  confidé- 
rées  comme  produites  par  excès  ou  par 
défaut.  Par  exemple,  la  forme  rhom- 
boïdale  du  fpath  d’Iflande  eft  la  forme 
primitive  du  genre  des  fpaths  calcaires. 
Prenons  d’une  autre  part  le  fpath  cal- 
caire à douze  plans  pentagones  : ce 
dernier  cryftal  peut  être  conçu  comme 
formé  par  un  noyau  de  fpath  d’Iflande  , 
avec  un  furcroît  de  matière  qui  l’en- 
veloppe , & le  change  en  dodécaèdre  ; 
êc  , fous  ce  point  de  vue,  le  dodécaè- 
dre fera  une  variété  par  excès  du  fpath 
d’Iflande.  Mais  fl  l’on  fait  attention  , 
d’un  autre  côté,  que  les  lames  fura- 
joutées  au  fpath  d’Iflande  font  reliées 
încomplettesj  foit  par  leurs  bords , foit 


Introduction.  3 y 
par  leurs  angles  dans  le  paffage  de  la 
forme  rhomboïdale  à celle  du  dodé- 
caèdre ; ou  , ce  qui  revient  au  même, 
fi  l’on  fuppofe  que  toutes  les  lames  qui 
compofent  la  matière  environnante  du 
noyau  deviennent  tout -à -coup  com- 
plexes , en  reprenant  les  parties  qui 
leur  manquent  : alors  le  dodécaèdre 
deviendra  un  cryftal  rhomboïdal  fem- 
blable  au  noyau  , excepté  que  fon  vo- 
lume fera  plus  conüdérable  ; & ce  même 
dodécaèdre  , envifagé  fous  cet  afped  , 
fera  une  variété  par  défaut  du  fpath  d’Xf- 
lande. 

J’ai  dit  qu’on  voyoit  allez  fouvent 
des  cryftaux  de  différentes  natures  fe 
préfenter  fous  des  formes  femblables. 
La  difficulté  qui  réfulte  de  cette  ref- 
femblance  fe  trouve  en  partie  levée 
par  les  obfervations  que  j’ai  faites  fur 
la  ftruéture  des  cryftaux.  J’ai  trouvé  que 
ceux  qui  avoientla  même  forme  étaient 
auffi  compofés  alfez  ordinairement  de 
molécules  ? qui  différoient  entr’ elles  pour 


3 Introduction. 

la  figure  , mais  qui , par  leurs  diverfes 
combinaifons,  produifoient  des  polyè- 
dres terminés  de  la  même  manière.  C’eft 
ainfiquele  Tel  marin  cubique  &le  fpath 
phofphorique  delà  même  forme, ont  pour 
molécules , le  premier  des  cubes  , ôt  le 
fécond  des  oélaèdres. 

Il  eft  cependant  très-probable  quil 
y a des  cryftaux  de  nature  différente  , 
foit  qu’ils  aient  ou  non  la  même  forme  , 
qui  font  des  affemblages  de  molécules 
conftituantes  femblables  entr’ elles  ; car 
celles-ci  étant  elles  - mêmes  des  com- 
pofés  de  molécules  élémentaires , il  fe 
peut  que  différens  principes , combinés 
de  diverfes  manières  , produifent  des 
molécules  conflituantes  de  même  forme  ; 
comme  on  voit  des  molécules  confti- 
tuantes  , différentes  par  leur  figure , 
compofer  des  polyèdres  qui  fe  reffem- 
blent  par  l’extérieur.  Ainfi , quoique 
l’on  puiffe  affurer,  ce  me  femble  , que 
des  cryftaux  , femblables  entr’eux  quant 
à leur  forme  , font  toujours  de  diffé« 


Introduction.  37 
rentes  natures  , lorfqne  les  molécules 
conftituantes  dont  ils  font  l’affemblage 
ont  des  formes  différentes  , on  n’a 
pas  droit  d’admettre  la  proportion  in- 
verfe  ; favoir , que  quand  les  molécules 
font  femblables  par  leur  figure  , la  na- 
ture des  cryflaux  eft  aufîi  la  même. 
L’étude  des  cryflaux  ne  peut  donc  fervir, 
comme  je  l’ai  déjà  remarqué  , qu’à  le- 
ver une  partie  de  la  difficulté  dont  il 
s’agit.  Pour  en  avoir  l’entière  folution , 
il  faudroit  être  en  état  de  déterminer 
la  figure  des  molécules  élémentaires  ; 
réfultat  dont  nous  fommes  encore  bien 
éloignés , malgré  les  progrès  fenfibles 
qu’a  faits  la  Chymie  dans  ces  derniers 
temps. 

Quelque  fimples  & vraifemblables 
que  m’euffent  paru , dès  le  commence- 
ment, les  différentes  vues  que  je  viens 
d’expofef  , j’étois  bien  déterminé  à ne 
pas  m’en  rapporter  à mon  propre  juge- 
ment. J’ai  trouvé  , fi  j’ofe  ainft  parler  , 
une  récompenfe  bien  précieufede  cette 

C 3 


38  Introduction. 
réfolution  dans  les  encouragemens  que 
j’ai  reçus  de  M.  Daubenton  , qui,  par 
l’intérêt  qu’il  a pris  à mon  travail , ôc 
par  le  confeil  qu’il  m’a  donné  de  le 
préfenter  à l’Académie , a mis  le  com- 
ble aux  obligations  que  je  lui  avois 
déjà  pour  avoir  guidé  mes  premiers  pas 
dans  l’étude  de  l’Hiftoire  Naturelle  : 
heureux  fi  j’avois  pu  puifer  en  même 
temps  , dans  fes  leçons  , cette  jufteffe 
de  coup-d’œil;  cette  manière  exacte  & 
précife.  d’étudier  , de  fuivre  , d’appro- 
fondir un  objet , qui  en  fait  connoître 
tous  les  points  de  vue , & n’en  laiffe 
appercevoir  aucune  partie  qui  ne  foit 
bien  éclairée  ! L’application  que  j’ai 
effayé  de  faire  de  la  Géométrie  à l’Hif- 
toire  Naturelle , m’avoit  mérité  encore 
l’accueil  ôc  les  bontés  de  M.  Bezout; 
& perfonne  n’a  plus  de  motifs  que  moi 
de  partager  les  regrets  de  l’Académie, 
qui  pleure  , dans  ce  Savant  aimable  ôc 
vertueux,  un  de  fes  Membres  les  plus 
illuflres.  M.  de  la  Place  , diftingué  éga- 


Introduction.  3 p 
lement,  ôcparfes  profondes  recherches 
fur  plufieurs  branches  de  calcul  ôc 
par  la  variété  de  fes  connoiflances , a 
bien  voulu  permettre  aufli  que  je  lui 
fifle  l’expofition  de  ma  théorie,  & m’ex- 
citer à de  nouvelles  recherches,  dont 
le  fruit  a été  la  découverte  des  loix 
auxquelles  eft  foumife  la  ftructure  des 
cryftaux.  J’avoue  qu’il  eft  doublement 
flatteur  pour  moi  de  pouvoir  ici  en 
même  temps  acquitter  ma  reconnoif- 
fance , ôc  citer  en  ma  faveur  des  noms 
auiïi  propres  à infpirerla  confiance. 

Dans  le  temps  où.  je  commençois  à 
me  livrer  à l’étude  de  la  ftrutture  des 
cryftaüx  , j’ai  eu  occafion  de  lire  un 
Mémoire  de  M.  Bergmann  fur  la  Cryfi 
tallifation,  qui  fe  trouve  parmi  ceux 
de  l’Académie  d’Upfal  , pour  l’année 
i7  7jp.  Le  but  de  cet  illuftre  Chymifte 
eft  de  rapporter  la  formation  de  diffé- 
rens  cryftaux  à la  figure  du  fpath  d’If- 
lande  , c’eft- à-dire,  d’un  cryftal  rhorn- 
boïdal , dans  lequel  l’angle  obtus  de 

c 4 r'  * 


40  Introduction. 

chaque  face  eft  de  ioi°h  Cette  forme 
eft  comme  la  bafe  fur  laquelle  travaille 
M.  Bergmann  , pour  expliquer  la  for- 
mation de  plufieurs  fpaths  calcaires , de 
l’hyacinthe,  du  grenat  dodécaèdre,  de 
quelques  fchorls  , & de  la  marcaflïte  à 
douze  plans  pentagones.  Il  conçoit  que 
ces  différens  cryftaux  font  formés  par 
des  plans  tantôt  conftans  & tantôt  dé- 
croiflans  , qui  s’accumulent  fur  les  faces 
du  rhomboïde  central. 

J’ai  été  frappé  fur-tout  de  l’explica- 
tion qu’il  donne  du  fpath  calcaire  à 
douze  faces  , qui  font  des  triangles  fca- 
lènes  (1)  : on  la  trouvera  expolee  dans 
cet  Ouvrage  à l’article  de  ce  cryftal  , 
N°.  33.  Cette  explication  eft  très-bien 
vue , entièrement  conforme  a la  Na- 
ture ; & M.  Bergmann  l’a  vérifiée  lui- 
même  par  les  fra&ures  faites  dans  le  cryf- 
tal,  comme  je  le  dirai  au  même  endroit  : 


( 1 ) C’eft  celui  qu’on  appelle  vulgairement  dent  de- 
cochon « 


Introduction.  '4  *' 
'&  s’il  eût  également  fuivi  pour  les 
autres  cryftaux  1 indication  de  la  Na- 
ture ; s’il  ne  fe  fût  point  livré  à des 
conceptions  purement  hypothétiques  , 
qui  ne  s’accordent  point  avec  l’obfer- 
| vation  , ainfi  qu’on  en  pourra  juger  par 
la  difcuflion  oû  je  fuis  entré  (N°.  2 6), 
âu  fujet  de  l’explication  qu’il  donne  du 
fpath  à douze  plans  pentagones  , il  eût 
ajouté  l’honneur  d’avoir  obtenu  un  plein 
fuccès , à celui  d’avoir  publié  le  premier 
des  vues  fatisfaifantes  fur  la  ftrudture  des 
cryftaux  (1). 

Je  dirai  maintenant  un  mot  du  plan 
que  je  me  fuis  tracé  dans  cet  Ouvrage. 
J’ai  développé  , avec  le  plus  de  clarté 
qu’il  m’a  été  poflible  ? dans  les  deux 
premiers  articles , les  principes  fur  lef~  ( 


(1)  M.  Bergmann  a publié  depuis,  dans  fes  Opufcules 
thymiques , Tom.  II,  pag.  ire  & fuiv. , ce  meme  Me- 
moire  qu’il  a fore  étendu  , & auquel  il  a ajoute  de 
nouvelles  vues  fur  la  formation  des  premières  moleculei 
des  cryftaux , mais  qui  n’ont  aucun  rapport  avec  la  ma- 
nière dont  j’ai  envifagé  la  Cryftallifation. 


42  Introduction; 

quels  eft  fondée  la  théorie  de  la  ftruc* 
ture  des  cryftaux.  " Obligé  de  citer  des 
exemples , je  les  ai  choifis  parmi  les 
cryftaux  dont  la  forme  ma  paru  la  plus 
iimple.  Les  articles  fuivans  renferment 
des  applications  de  cette  même  théorie, 
faites  principalement  à fix  genres  de 
fubftances  cryftallifées  ; favoir,  lesfpaths 
calcaires  , les  fpaths  pefans  , les  fpaths 
fluors  phofphoriques  , les  gypfes  , les 
grenats  , 6c  les  topazes  de  Saxe  6c  du 
Bréfil.  « 

Je  commence  chaque  article  par  dé- 
terminer la  forme  primitive  du  genre  (i), 
6c  en  même  temps  celle  des  molécules 


( i ) J ’ai  pris  le  terme  de  forme  primitive  dans  uiï 
fens  moins  ftriét  que  je  n’aurois  pu  le  faire  , en  enten- 
dant par  cette  forme  celle  des  molécules  conftituantes. 
La  forme  primitive  , telle  que  je  l’ai  confédérée  dans 
cet  Ouvrage  , eft  celle  qui  ne  peut  plus  être  divifée 
que  par  des  feftions  parallèles  à fes  différentes  faces  r 
& dont  les  lames  , lorfqu’on  les  fous-divife  , donnent 
toutes  parties  femblables  entr’elles  & aux  molécules 
conftituantes  , fans  aucun  refte.  Cette  manière  de  voir 
m’a  paru  pires  .conforme  à la  marche  de  la  Nature , 

i 


Introduction.  4 i 

qui  compofent  les  cryftaux  de  ce  genre  . 
de-là  je  palTe  aux  formes  fecondaires  , 
qui  m’ont  paru  les  plus  remarquables, 
j’indique  d’abord  le  développement  du 
cryftal  j qui  en  eft  comme  la  définition. 
J’explique  enfuite  fa  ftrufture , & je 
détermine  les  loix  des  décroilfemens 
que  fubifient  les  lames  dont  il  eft  formé. 
Je  déduis  enfin  de  ces  loix  , la  mefure 
des  angles  plans.  Dans  les  calculs  que 
j’ai  été  obligé  de  faire  pour  évaluer  ces 
angles , j’ai  tâché  de  réfoudre  le  moins 
de  triangles  qu  il  m a été  poffible.  On 
fait  que  les  valeurs  des  logarithmes 
des  finus,  co  - finus  , tangentes  ? &c. , 
ainfi  que  de  ceux  des  nombres  naturels  ? 
n’ont  pu  être  trouvées  que  par  approxi- 
mation; en  forte  que  les  réfultats  aux- 
quels on  parvient  , apres  avoir  relolu 
une  fuite  de  triangles  5 font  necclfaite- 


cjui  nous  offre  plus  Couvent  les  cryftaux  fous  une  foi  me 
telle  que  je  viens  de  la  définir , que  fous  celle  qui  îe- 
préfenteroit  rigoureufemçnt  la  molécule  conftituante  du 


Introduction. 
ment  affe&és  de  quelques  légères  er- 
reurs. J’ai  donc  préféré,  dans  tous  les 
cas  qui  m’en  ont  paru  fufceptibles,  l’ufage 
des  équations  , dont  les  termes  repré- 
fentent  toujours  d’une  manière  rigou- 
reufe  le  rapport  des  lignes  qui  fervent 
de  données  pour  parvenir  à la  folution 
du  problème.  Outre  l’avantage  d’une 
plus  grande  précifion  dans  les  réfultats, 
cette  marche  m’en  a procuré  un  autre  , 
je  veux  dire  celui  de  découvrir,  dans 
les  cryftaux , quelques  propriétés  géo- 
métriques j qui , à la  vérité , n’ont  rien 
de  démonftratif  par  rapport  à la  théorie 
que  j'ai  établie , mais  qui  m’ont  parti 
allez  curieufes  pour  n’être  pas  négligées. 
On  en  verra  des  exemples  dans  les  fpaths 
‘ calcaires. 

L’article  qui  termine  cet  Ouvrage 
renferme  quelques  vues  fur  la  formation 
même  des  cryftaux,  & fur  la  manière, 
dont  je  préfume  que  leur  accroilfement 
fe  combine  avec  leur  ftru£ture. 

La  nouveauté  d’une  théorie  que  je 


Introduction.  4?! 
regarde  comme  très-fufceptible  d être 
perfectionnée,  & l’efpace  qui  me  refte 
encore  à parcourir  pour  arriver  au  terme 
de  mon  travail,  ne  me  permettent  d’offrir 
cetOuvrage  au  Public  que  comme  un  (im- 
pie Essai.  Je  me  ferai  un  devoir  de  profiter 
de  toutes  les  remarques  qui  me  feront 
communiquées,  & qui  tendront  a donner 
plus  de  précifion  à mes  réfultats  , ou  à 
reêlifier  ce  qui  ne  fe  trouveroit  pas  exac- 
tement conforme  à la  Nature,  dans  les 
explications  que  j’ai  données  de  laftruc- 
ture  des  cryftaux.  Je  me  propofe  de 
traiter , d’après  les  mêmes  principes  , le 
plus  grand  nombre  de  fubflances  cryftal- 
lifées  qu’il  me  fera  poffible.  Je  préfume, 
par  les  tentatives  que  j’ai  déjà  faites  , 
qu’il  s’en  trouvera  plufieurs  qui  offriront 
des  indices  trop  légers  de  ftrutture, 
pour  que  l’on  puiffe  rien  prononcer  à 
cet  égard  d’une  manière  certaine.  En 
expofant  alors  mes  idées , je  ne  les  don- 
nerai que  pour  de  fimples  apperçus  , 
qui  auront  befoin  d’être  vérifiés  par  des 


4#  INTRODUCTION, 
obfervations  ultérieures  , & qui , à ce 
défaut , pourront  du  moins  devenir, en- 
tre des  mains  plus  habiles,  une  matière 
de  recherches  plus  profondes  ôt  plus 
heureufes.  Puilfé-je  trouver,  dans  l’ac- 
cueil des  vrais  Savans  , de  nouveaux 
encouragemens  pour  étendre  mes  vues , 
multiplier  les  applications  que  l’on  en 
peut  faire , & contribuer , autant  qu’il 
dépendra  de  moi , aux  progrès  d’une 
Science,  qui,  récente  encore,  mais 
cultivée  de  toutes  parts  & fous  diffé- 
rens  afpeèts  par  des  Obfervateurs  d’un 
mérite  très  - diftingué  , fera  fans  doute 
une  époque  intérelfante  parmi  les  divers 
genres  deconnoilfances  dont  notre  fiècie 
a enrichi  le  domaine  de  l’efprit  humain  1 


ESSAI 

D'UNE  THÉORIE 

/ 

SUR  LA  STRUCTURE 

DES  CRYSTAUX, 

Appliquée  a plufieurs  genres  de 
fubjlances  cryjlalijees . 


ARTICLE  PREMIER. 

De  la  Jlruiïure  des  Cryfîaux  en  général  , & 
de  l'exiftence  de  la  forme  primitive  renfermée 
dans  chacun  d'eux. 

o<g=£fc=da 

i.  P ou  r peu  que  Ton  obferve  la  Nature 
avec  des  yeux  attentifs  & avec  un  efprit  libre 
de  préjugés  , on  fe-convaincra  facilement  que 


48  De  la  Structure 
les  minéraux  font  totalement  dénués  de  l’ef- 
pèce  d’organifation  que  quelques  Auteurs  leur 
ont  attribuée.  Cette  qualité  fuppofe  des  vaif- 
feaux  deftinés  à recevoir  les  fluides  qui  ten- 
dent à s’y  introduire,  & un' mouvement  in- 
terne capable  de  favorifer  le  cours  de  ces 
fluides,  & de  contribuer  au  développement  & 
à la  confervation  de  l’individu.  Un  examen 
réfléchi  des  minéraux  décèle  au  contraire  un 
défaut  abfolu  de  jeu  & de  fouplefle  dans  leurs 
parties  internes  , une  Ample  ftrudure  fans 
organes  & fans  fondions  , en  un  mot  , un 
aflemblage  purement  fymétrique  de  molécules 
réunies  fucceflivement  les  unes  aux  autres  par 
une  force  attradive,  dont  la  nature  & la  manière 
d’agir  font  encore  peu  connues,  mais  dont 
l’exiftence  eft  atteftée  par  un  trop  grand  nom- 
bre de  faits  pour  qu’on  puifle  la  révoquer  en 
doute. 

2.  Tout  minéral  qui  fe  préfente  fous  une 
forme  régulière , & dont  les  faces  peuvent 
être  repréfentées  par  des  figures  géométriques, 
porte  le  nom  de  cryjîal.  Il  y a deux  chofes  à 
confidérer  dans  la  ftrudure  d’un  cryftal  : i°.  la 
figure  de  fes  molécules  conflituantes  -,  2°.  l’ar- 
rangement qu’elles  gardent  entr’elles  , & d’où 
dépend  la  figure  même  du  cryftal.  J’entends 
par  molécules  conjlituantes  celles  qui, fufpendues 

d’abord 


DES  CRYSTÂÜt'  49 

d'abord  dans  le  fluide  où  elles  étoient  en 
difïolution , fe  font  attirées  mutuellement,  & 
réunies  pour  former,  par  leur  aggrégation  , 
des  polyèdres  de  figure  régulière.  Tout  ce 
qui  s’étend  jufqu’à  cette  limite  inclusivement , 
eft  du  reflort  de  l’Hifloire  Naturelle.  Le  Chy- 
mifte  , qui  commence  où  finit  le  Naturalifte  , 
décompofe  les  cryftaux  jufques  dans  leurs  mo- 
léculesconftituantes  , pour  y retrouver  les  pre- 
miers principes  ou  les  élémens  des  corps. 

Parmi  les  différentes  formes  fous  lefqueîles 
une  même  fubflance  cryfiallifée  peut  fe  pré- 
fenter,  il  y en  a une  que  l’on  doit  regarder 
commelaforme  primitive,  dont  toutes  les  autres 
ne  font  que  des  modifications , quelque  peu  de 
rapport  quelles  femblent  fouvent  avoir,  au 
premier  coup-d’ceil  , avec  cette  même  forme 
à laquelle  elles  tiennent  par  une  origine  com- 
mune. Cette  forme,  indiquée  par  la  Nature 
même,  ainfi  qu’on  le  verra  bientôt,  & non 
pas  prife  arbitrairement  & comme  au  hafard, 
efl:  dans  le  fel  marin  celle  d’un  cube  par- 
fait , dans  le  fpath  fluor  phofphorique  celle 
d’un  odtaèdre  , dans  d’autres  genres  de  cryftaux: 
celle  d’un  folide  rhomboïdal  (1)  , dont  les  angles 


(T)  d appellerai  , dans  le  cours  de  cet  Ouvra ge , folide 
rhomboïdal , ou  Amplement  rhomboïde  , un  paralléli- 

D 


ço  De  la  Structure 

font  plus  ou  moins  ouverts,  félon  les  diffé- 
rentes natures  des  fubftances  cryftalüfées.  La 
forme  primitive  paroît  être  le  réfultat  de  la 
cryftallifation  la  plus  parfaite  dont  un  minéral 
foit  fufceptible  ; mais  ce  n’eft  pas  toujours 
celle  qui  le  rencontre  le  plus  ordinairement. 
Le  cube  eft  beaucoup  plus  commun  dans  le 
genre  des  fpaths  phofphoriques  que  l’odaèdre, 
qui  eft  cependant  la  forme  primitive  de  ce 
genre  de  cryftaux.  Toutes  les  formes  qui  dif- 
fèrent de  la  forme  primitive,  porteront , dans 
cet  Ouvrage  , le  nom  de  formes  fecondaires. 

4.  On  trouve  un  certain  nombre  de  cryftaux 
qui  font  affez  tendres  pour  être  divifcs  par  le 
moyen  d’un  inftrument  tranchant.  Avec  un 
peu  de  tâtonnement  & d’habitude  , on  par- 
vient à faiftr  les  joints  des  lames  dont  ces 
cryftaux  font  compofés  , à détacher  ces  lames 
les  unes  des  autres,  à fous-divifer  enfuite  cha- 
cune d’elles  en  parties  régulières,  & dont  les 
furfaces  ont  ce  reflet  brillant  auquel  on  re- 
.» — ■ ■ ..  • - ■-  — - - 

pipède  obiiquangle , dont  les  (ix  faces  font  des  rhombes 
tous  égaux  & femblables  entr'eux.  La  dénomination  de 
rhomboïde,  à laquelle  les  Géomètres  ont  attaché  une 
idée  différente , m'a  paru  la  plus  (impie  que  je  puffe 
employer  ; elle  eft  fondée  d'ailleurs  fur  l’analogie  avec 
les  expreïfions  de  fphéro'ide  , A’cllipfoide  , Sec. , qui 
défignent  des  folides  , & non  de  (impies  furfaces. 


DES  Crystaux.  5"I 

conncît  le  poli  de  la  Nature  (r).  Cette  efpèce 
de  direction  des  cryftaux  offre  des  indices  d’au- 
tant plus  certains  de  leur  ftruéture,  qu’on  ne 
peut  divifer  que  dans  un  fens  déterminé,  pour 
obtenir  des  portions  de  cryftal  à furfaces  planes 
& brillantes,  toutes  les  feétions  que  l’on  ten- 
teroit  de  faire  dans  d’autres  fens  ne  produifant 
que  des  fragmensd’une  forme  irrégulière,  parce 
qu’alors  on  brife  au  lieu  de  divifer. 

y.  J’ai  obfervé  que  tous  les  cryftaux  qui  fe 
prêtoient  à ces  feélions  renfermoient  un  noyau 
de  forme  primitive  , quelle  que  fut  d’ailleurs 


(i)  Il  y a peu  de  pierres  ou  de  Tels  cryftallifés  qui 
n’offrent  des  coupes  nettes  dans  des  fefts  parallèles  au 
moins  à deux  faces  oppofées  de  la  forme  primitive  , & 
fur  lefquels  on  ne  puiiîe  faire  une  opération  femblable 
à celle  que  font  les  Lapidaires  en  clivant  une  pierre 
précieufe.  J’ai  même  trouvé  un  certain  nombre  de  fubf- 
tances  métalliques  , qui  fe  prêtoient  à cette  opéra- 
tion. Ces  coupes  une  fois  déterminées  , la  pofi.ion  des 
autres  faces  fe  conclut  beaucoup  plus  aifément  des 
autres  indices  de  ftruélure  que  l’on  obferve  fiir  les  cryf- 
taux. Cette  différence  de  cohéfion  par  rapport  aux 
diverfes  faces  des  molécules  voifines  dans  certains  cryf- 
taux  , me  paroît  dépendre  en  grande  partie  de  l’étendue 
même  de  ces  faces , & du  nombre  des  points  de  contaft, 
qui  font  plus  multipliés  fur  les  faces  dont  l’adhérence  eft 
plus  forte. 


$2  De  la  Structure 
celle  du  cryftal  fur  lequel  on  opéroit;  en  forte 
qu’en  enlevant  par  des  coupes  fuccellîves  6c 
parallèles  toute  la  matière  appliquée  fur  ce 
noyau  , on  pouvoit  aifément  le  mettre  à dé- 
couvert. L’analogie  6c  des  indices  extérieurs 
de  ftruéture  , dont  je  parlerai  dans  la  fuite  , 
m’ont  fervi  à étendre  cette  obfervation  aux 
cryftaux  que  leur  trop  grande  dureté  ne  per- 
met pas  de  divifer  : en  forte  qu’il  n’y  a , ce 
me  femble,  aucun  lieu  de  douter  que  ce  ne 
foit  un  fait  général  pour  tous  les  genres  de 
fubftances  cryflallifées.  Pour  éclaircir  ce  que 
je  viens  de  dire  par  un  exemple,  je  choifis  de 
préférence  le  fpath  fluor  phofphorique cubique, 
à caufe  de  la  {implicite  de  fa  forme. 

Soit  B D E N M L (PL  I.  j'zg.  i.  ) , un  de 
ces  cryftaux  cubiques.  Si  l’on  eflaye  de  le.  di- 
vifer pir  des  feélions  parallèles  à fes  faces,  on 
éprouvera  une  réfiftance  conlidérable;  & il 
l’on  parvient  à vaincre  cette  réliftance  par  des 
efforts  réitérés  , on  n’obtiendra  que  des  frag- 
mens  irréguliers  : mais  fi  l’on  dirige  le  plan 
coupant  fuivant  une  ligne  g/  parallèle  à la 
diagonale  B E de  l’une  quelconque  des  fix 
faces,  6c  que  de  plus  on  donne  au  meme  plan 
coupant,  par  rapport  à cette  face,  une  incli- 
naifon  qui  doit  être  à-peu-près  de  yq°  & 


des  Crystaux.  53 

demi(i),  on  enlevera  fans  peine  la  pyramide 
ou  l’angle  folide  I ghf,  dont  la  bafe  fera  un 
triangle  équilatéral  gfk.  A quelqu’endroit 
que  l’on  tente  d’entamer  le  cryftal , on  trou- 
vera par- tout  la  divifion  également  facile  , 
pourvu  que  le  plan  coupant  foit  toujours  di- 
rigé dans  le  fens  que  j’ai  indiqué;  d’où  il  fuit 
qu’en  faifant  des  frétions  parallèles , & prifes 
à de  petites  diftances  dans  la  pyramide  I ghf, 
on  enlevera  des  lames  triangulaires  équilatérales, 
qui  iront  en  croiflant  uniformément  vers  îs 
centre  du  cryftal. 

Suppofons  la  divifion  continuée  fucceftive- 
ment  fur  les  huit  angles  foîides  du  cryftal,  & 
toujours  dans  des  parties  correfpondantes  , & 
fituées  à des  diftances  égales  du  centre.  Lorf- 
que  l’on  fera  arrivé  au  milieu  des  côtés  du 
cryftal  , les  frétions  voifines  fe  toucheront  ; 
&,  paflé  ce  terme  , elles  s’entrecouperopt  mu- 
tuellement : de  manière  que  les  triangles  équi- 
latéraux relieront  incomplets  dans  leurs  fom- 
mets,  & fe  changeront  en  exagones  , tels  que 
a b c df  e ( fig.  2 ).  Dans  les  frétions  ultérieures, 
les  petits  côtés  a b , c d , fe  de  ces  exagones 


(1)  La  véritable  mefute  de  cec  angle  eft  de  540  44'  , 
comme  il  eft  facile  de  s’en  convaincre  par  le  calcul, 
d’après  la  difpofition  du  noyau. 

D3 


5*4  Ds  ia  Structure 

s’accroîtront  pa^  degrés  ; & il  y aura  un  point 
où  lje^agone  deviendra  réguliercomme  hopsr i. 
Siü*pn  continue  les  fedions  au-delà  de  ce 
poiiît  , les  cotés  op  , sr , ih  de  hexagone  de- 
viendront , à leur  tour  , les  grands  côtés  , & 
iront  toujours  en  augmentant  ; en  forte  qu’enfin 
la  figure  paflTera  au  triangle  équilatéral  grc/n; 
& , à ce  terme,  le  noyau  du  cube  fera  décou- 
vert , '&  fe  prélentera  fous  la  forme  d’un  oc- 
taèdre à faces  triangulaires  équilatérales.  On 
peut  encore  faire  dans  ce  noyau  des  fedions 
parallèles  à fes  differentes  faces  i chacune  même 
des  lames  compofantes  du  cryftal  dont  il  s’agit 
( & il  en  faut  dire  autant  de  tous  les  autres 
cryftaux  ) peut  auflî  être  fous  - divifée  par 
des  coupes  parallèles  aux  faces  du  noyau. 
Mais  comme  la  ftrudure  du  fpath  phofphori- 
que  préfente  une  difficulté  à réfoudre,  par 
rapport  aux  parties  dont  il  fe  trouve  compofé 
en  dernier  réfultat , lorfqu’on  pouffe  la  divilion 
mécanique  auffi  loin  qu’elle  puiflfe  aller,  je 
me  borne,  pour. le  moment,  à la  confidéra- 
tion  du  noyau  odaèdre  que  l’on  en  retire  par 
les  fedions  défïgnées.  Au  fond,  la  forme  du 
noyau  exilfe  par  tout  dans  le  cryftal , puifqu’il 
n'y  a aucun  endroit  où  l’on  ne  puiiTe  faire  des 
fedions  parallèles,  aux  faces  d’un  odaèdre. 
Mais  la  manière  d’opérer  que  j’ai  indiquée,  me 


DES  Crystaux,-  75 

paroît  jetter  plus  de  jour  fur  la  ftru&ure  des 
cryftaux,  en  faifant  envifager  la  forme  primi- 
tive  comme  une  partie  fondamentale  commune 
à tous  les  cryftaux  d’un  meme  genre,  dont 
elle  occupe  le  milieu  , & autour  de  laquelle 
tout  le  refie  de  la  matière  cryftalline  fe  trouve 
combiné  de  diverfes  manières,  félonies  diffé- 
rentes variétés  du  cryftal. 

6.  Je  ne  prétends  pas  qu’un  cube  de  fpath 
phofphorique  ait  commencé  par  un  odtaèdre 
d’un  volume  proportionné  au  Tien  , & qui 
auroit  pafle  enfuite  à la  forme  du  cube  par 
une  addition  de  lames,  les  unes  exagones , les 
autres  triangulaires.  Les  plus  petits  cryftaux 
que  l’on  puifle  appercevoir , à l’aide  du  mi- 
crofcope,  fur  une  gangue  de  fpath  fluor  , ont 
déjà  la  forme  cubique  , & fe  feroient  fans  doute 
accrus  par  des  fuperpofitions  de  couches  fuc- 
ceflïves  à furfaces  quarrées  , fi  les  circonftances 
euflent  été  favorables  a cet  accroiffement.  La 
diftindtion  de  ces  couches  fe  manifefte  dans 
pîufieurs  cryftaux  par  la  diveuflté  de  leuis 
teintes  ou  de  leurs  degrés  de  tranfparence. 
Je  crois  donc  que  l’opération  de  la  Nature  eft 
déterminée,  dès  le  premier  inftant,  en  vei  tu 
des  loix  de  la  Cryftallifation , à produire  des 
cryftaux  cubiques  imperceptibles,  dont  cha- 
cun renferme  déjà,  comme  noyau,  un  petit 

D 4 


56  De  la  Structure 
oéèaèdre,  lequel  s’accroît  en  même  temps  que 
le  cryftal  entier , avec  lequel  il  conferve  tou- 
jours le  même  rapport  en  folidité  & en  fur- 
face.  Ainfi , quand  je  parlerai  des  lames  ap- 
pliquées fur  le  noyau  d’un  cryftal,  je  ne  con- 
fidérerai  la  chofe  que  du  côté  de  la  ftrudure 
de  ce  cryftal,  fans  aucun  égard  à fa  formation. 
Les  vues  fur  Icfquelles  eft  fondée  cette  dif- 
tinâion  , feront  développées  davantage  par  la 
fuite  , ainfi  que  la  manière  dont  il  me  paroît 
que  l’accroiffement  des  cryftaux  fe  combine 
avec  leur  ftruéture. 


ARTICLE  II. 

Des  loix  de  décroijjemcnt  auxquelles  font  affujetties 
les  lames  compofantes  des  cryjlaux , confédérées 
dans  le  pafj'age  de  la  forme  primitive  aux  formes 
fecondaires. 

7 . L’existence  delà  forme  primitive  , dans 
chacun  des  cryftaux  fecondaires  , peut  déjà  nous 
aider  à entrevoir  la  vérité  d’un  fait  qui  a été 
avancé  par  plufïeurs  Auteurs,  mais  fans  qu’on 
en  ait  apporté  aucune  preuve  claire  & fen- 
fible  : c’eft  que  toutes  les  variétés  d’un  même 
cryftal  font  originaires  d’une  forme  unique  , 
qui  fe  modifie  de  différentes  manières,  félon 


T)  E S C R Y S T A U X,  ^ 

les  divers  changemens  que  des  circonftances 
particulières  apportent  dans  la  loi  primitive 
de  la  Cryflallifation.  Je  vais  efiàyer  de  mettre 
le  fait  dont  il  s’agit  dans  tout  fon  jour,  en 
confidérant  la  flrudure  des  parties  furajoutées 
au  noyau  dans  les  cryftaux  de  forme  fecon- 
daire.  Cet  examen  tend  à éclaircir  un  des  points 
les  plus  importans  de  la  théorie  des  cryftaux, 
puifqu’il  nous  conduit  à établir,  par-rapport 
à leurs  lames  compofantes,  des  loix  de  dé- 
croiflement  , d’après  lefqueîles  on  peut  dé- 
terminer d’une  manière  précife  la  figure  de 
leurs  molécules  conftituantes  , & calculer,  auilï 
rigoureufement  qu’un  objet  de  cette  nature 
puilTe  le  permettre,  la  valeur  des  angles  plans 
ou  folides  de  toutes  les  formes  tant  primitives 
que  fecondaires. 

8.  Propofons-nous  d’abord  un  exemple  tiré 
d’une  cryftallifation  très-fimple.  Concevons  un 
cube  qui  ne  puifie  être  divifé  nettement  que 
par  des  fedions  parallèles  à fes  faces  ; fuppo- 
fons  de  plus  fix  pyramides  droites  quadrangu- 
Jaires,  toutes  de  même  hauteur,  dont  les 
bafes  quarrées , égales  aux  faces  du  cube  , 
repofent  fur  ces  memes  faces  : le  folide  alors 
fe  trouvera  changé  en  un  autre  qui  aura  vingt- 
quatre  faces  triangulaires,  compofées  de  la 
fomme  des  rebords  de  toutes  les  lames  décroif- 


yS  De  la  Structure 
fantes,  dont  les  pyramides  font  cenfées  ctre 
Faflemblage.  L’axe  de  ces  pyramides  pourra 
varier  en  hauteur  , félon  que  les  décroiflemens 
fuivront  une  loi  plus  ou  moins  rapide  ; & fi 
l’on  imagine  que  cette  loi  foit  telle  qu’il  eft 
néceffaire  pour  que  les  faces  adjacentes  des 
pyramides  voihnes  fe  trouvent  deux  à deux 
fur  le  même  plan  , le  nombre  des  faces  fera 
réduit  à moitié  , & l’on  aura  un  folide  dodé- 
caèdre (PLI,  Jïg.  3)  à plans  rhombes  tous 
femblables  & égaux  entr’eux,  avec  un  noyau 
de  forme  cubique.  Je  déterminerai  plus  bas 
la  loi  de  décroiffement  qui  a lieu  dans  le  cas 
du  niveau  des  faces  adjacentes  dont  je  viens  de 
parler. 

En  fuppofmt  le  dodécaèdre  divihble  , il 
feroit  facile  de  détacher  fucceflivement  toutes 
les  lames  décroiffantes  appliquées  fur  le 
noyau  ; & comme  ces  lames  ne  peuvent  être 
fous  - divifées  que  par  des  fe&ions  parallèles 
aux  faces  de  ce  même  noyau  ( y ) , ces  ferions 
faites  à des  diftances  convenables  , partage- 
ront chacune  des  lames  compofantes  en  un 
certain  nombre  de  cubes  parfaits  , excepté 
que , fur  les  côtés  de  ces  lames  , il  ne 
blera  y avoir  que  des  portions  de  cubes , à 
caule  de  l’inclinaifon  des  rebords  qui  compo- 
fent  les  faces  des  pyramides.  Ce  défaut  appa: 


I 


des  Crystaux,  59 

rent  d’uniformité  dans  la  ftruéture  du  cryftal , 
fait  naître  une  difficulté  dont  je  donnerai  bientôt 
la  folution. 

Nous  avons  des  cryftaux  de  la  forme  que 
je  viens  de  décrire,  qui  font  trop  durs  pour 
être  divifés  , mais  dont  la  ftruéfcurer  s’annonce 
par  des  ftries  ou  cannelures  parallèles  aux 
bafes  ad,  do , oe3  ae,  &c.  , des  pyramides 
furajoutées  au  noyau.  La  nature  de  ces  cryf- 
taux n’eft  pas  encore  bien  déterminée  (i).  Le 
grenat  dodécaèdre  a cette  même  forme , mais 
avec  une  ftru&ure  toute  différente;  & ce  ne 
fera  pas  la  feule  fois  que  nous  verrons  des 
cryftaux  entièrement  femblables  à 1 extérieur , 
formés  par  des  molécules  qui  diffèrent  fenfible- 
ment  entr’elles,  foit  pour  leur  figure  , foit  pour 
leur  arrangement. 


( i ) Je  préfume  que  ces  cryftaux  font  de  la  même 
nature  que  l'hyacinthe  de  couleur  brune  , qui  fe  trouve 
parmi  les  produits  du  Véfuve;  car  cette  dernière  s ex- 
plique très-naturellement  par  une  fuperpoficion  de  lames 
quarrées  appliquées  fur  deux  faces  oppofées  d un  cube 
ou  d’un  parallélipipède  reélangle  , & qui  décroisent 
dans  leurs  angles  par  deux  rangées  de  molécules.  Les 
angles  qui  réfultcnt  de  ce  décroilfemcnt  font  parfaite- 


ment égaux  à ceux  qae  donne  l’obfervation.  Mais  ce  n eft 
Ici  qu’une  conjefturc  , qui  a befoiu  d’être  appuyee  par  de 
nouveaux  faits. 


60  De  la  Structure 
ç.  Les  lames  appliquées  fur  le  noyau  peu- 
vent décroître  , non-feulement  vers  leurs  bords, 
mais  aufti  vers  leurs  angles;  ce  qui  jette  une 
grande  variété  dans  les  formes  des  cryftaux 
fecondaires.  Eclaircilfons  ceci  par  un  nouvel 
exemple  tiré  du  fel  marin  oéfaèdre.  On  connoît 
maintenant  des  cryftaux  fadices  de  cette 
figure,  que  M.  Rouelle  a obtenue  le  premier  , 
en  faifant  cryftalliferle  fel  dont  il  s’agit  ( i ). 

Soit  donc  abcds  ( Jig.  4)  un  odaèdre  de 
fel  marin:  on  ne  peut  divifer  cet  o&aèdre 
qu’en  faifant  des  fedions  orgt  parallèles  aux 
bafes  communes  des  pyramides  quadrangu- 
laires  dont  l’odaèdre  eft  formé.  Les  lames 
que  l’on  détache  d’abord  en  partant  de  la 
pointe  des  angles  folides , ont  des  figures 
quarrées  , qui  vont  en  croilfant  uniformément 
vers  le  centre  du  eryftal.  Il  éft  de  plus  évi- 
dent que  les  rebords  de  ces  lames,  en  fup- 
pofant  que  celles-ci  aient  une  certaine  épaifleur, 
font  inclinés  par  rapport  à leurs  grandes  faces* 


(1)  Je  ne  prétends  pas  examiner  fi  la  forme  ottaèdre 
de  ce  fel  dépend  ou  non  de  quelque  principe  particulier, 
qui  auroit  influé  fur  fa  cryftallifation  ; il  fufüt  , pour 
mon  objet , que  ce  fel  fe  divife  en  cubes  aufli  nets  & aufli 
bien  prononcés  que  ceux  qu’on  retire  du  fel  marin  ordi- 


naire . 


DES  Crystaux.  Ci] 

Si  Ton  fait  des  fedions  femblables  fucceflive- 
ment  fur  les  fix  angles  folides  de  l’odaèdre  , 
lorfqu’on  aura  pafle  le  milieu  des  arêtes  ou 
les  plans  eoupans  fe  touchent , les  fedions 
voilines  anticipant  les  unes  fur  les  autres, 
feront  difparoître  les  quatre  angles  desquarrés, 
qui  fe  changeront  en  odogones  , tels  que 
mr  tuf p ix  ( fig.  6).  Dans  les  fedions  ulté- 
rieures , les  côtés  mx  }f  u.  ,r  r , de  ces  odo- 

gones iront  en  décroifîant  jufqu’à  ce  qu’enfin 
l’odogonefoit  revenu  à la  figure  quarrée-,  &, 
à ce  terme  , le  noy  au  cubique  du  cryftal  paroîtra 
à découvert. 

Si  l’on  fous-divife  les  lames  quarrées  que 
l’on  avoit  détachées  d’abord , les  lignes  de 
fedion  s’entrecouperont  de  manière  à former 
des  quarrés  entiers  vers  le  milieu  des  lames  , 
& des  triangles  redangles  ifocèles  fur  les  bords, 
comme  on  le  voit  fig.  5.  Les  fedions  faites 
pareillement  dans  les  lames  odogones , pro- 
duiront un  affortiment  de  quarrés  & de  trian- 
gles, difpofés  comme  le  repréfente  la Jïg.  6; 
en  forte  que  les  lames  quarrées  que  l’on  pourra 
détacher  du  noyau  , feront  les  feules  qui 
aient  leurs  furfaces  uniquement  compofées  de 
petits  quarrés.  Pour  avoir  maintenant  les  dé- 
croifïèmens  des  lames  par  les  angles,  il  ne 
faut  que  reprendre  ces  lames  dans  un  ordre 


€ 2 De  la  Structure 

contraire  à celui  que  je  viens  d’indiquer  pour 
la  divilion  du  cryftal , c’eft- à-dire , en  allant  du 
noyau  à la  furface  de  l’oétaèdre. 

10.  Les  joints  qui  réfultent  de  cette  divifion 
femblent  annoncer , dans  la  ftru&ure  du  cryftal , 
un  défaut  d’uniformité  encore  plus  marqué 
que  celui  qui  paroît  avoir  lieu  par  rapport 
au  cryftal  dodécaèdre  dont  j’ai  parlé  précé- 
demment; car,  dans  celui-ci, les  furfaces  des 
lames  de  fupcrpofition  font  uniquement  com- 
pofées  de  figures  toutes  femblables  entr’elles  ; 
il  n’y  a que  l’inclinaifon  qu’on  obferve  dans 
les  rebords  de  ces  lames  qui  puifle  faire  quel- 
qu’embarras.  Mais  le  cryftal  oâaèdre  préfente 
encore,  outre  cette  inclinaifon  , un  mélange 
de  quarrés  & de  triangles  ifocèles  fur  les 
grandes  faces  des  lames  , fans  qu’il  foit  pof- 
fible  de  fous-divifer  mécaniquement  aucun 
des  quarrés  en  deux  triangles  ; ce  qui  fem- 
bleroit  lever  au  moins  en  partie  la  diffi- 
culté. ' 

il.  Il  n’y  a peut-être  point  de  cryftal  fecon- 
daire  dont  la  ftruéture  ne  foit  fujette  à l’une 
ou  l’autre  de  ces  efpèces  d’irrégularités  : dans 
plufieurs  meme  , on  les  obferve  toutes  les 
deux  à-la  fois  ; en  forte  que  fi  l’on  s’en  tient 
aux  fimples  apparences,  il  ne  femble  pas  qu’il 
foit  poflible  de  concilier  les  faits  clairs  8c 


DES  CrYSTAUX-.  6% 

fenlibles  auxquels  conduit  l’obfervation  , avec 
cette  unité'  que  tout  nous  porte  à admettre 
jjdans  la  compofition  des  corps  qui  appartien- 
nent à une  même  (ubftance.  L’analogie  feule 
qu’établit  entre  ces  corps  l’exiftence  d’une 
forme  primitive  commune  renfermée  dans 
chacun  d’eux  , fait  foupçonner  entre  les  parties 
mêmes  qui  enveloppent  le  noyau,  un  rapport 
de  figure  plus  parfait  que  celui  qu’indique  le 
premier  apperçu  de  la  ftruéture. 

On  ne  peut  pas  dire  que  les  vraies  molé- 
cules confiituantes  des  cryftaux  foient  fem- 
blables  aux  portions  qui  parodient  manquer 
dans  les  petits  cryftaux  fitués  fur  le  bord  des 
lames  de  fuperpohtion  ; en  forte  que  chaque 
cryftal  feroit  compofé  ultérieurement  de  par- 
ties de  la  même  figure  que  celles  qui  fe  trou- 
veroient  fupprimées  : car  , comme  il  arrive 
allez  fouvent  que  , dans  un  même  cryftal , 
les  lames  décroiflent  les  unes  par  leurs  bords  , 
& les  autres  par  leurs  angles , ainfi  que  je 
l’ai  dit  plus  haut  , il  eft  aifé  de  voir  que 
les  parties  fouftraites  d’une  part , ne  peuvent 
reflembler  à celles  qui  manqueroient  de  l’autre. 
Or  , je  le  répète,  il  eft  contre  toute  vrai- 
femblance  d’admettre  pour  molécules  confti- 
tuantes  d’un  minéral,  des  corps  de  plufieurs  for- 
mes différentes. 


64  De  la  Structure 

12.  L’hypothèfe  que  j’ai  adoptée  pour  ré- 
foudre la  difficulté  dont  il  s’agit,  effc  , fi  je 
ne  me  trompe,  beaucoup  plus  (impie,  plus 
naturelle  , & fe  trouve  d’ailleurs  confirmée 
par  l’obfervation  & par  le  calcul.  Elle  confifte 
à admettre  dans  le  décroiffement  des  lames 
de  fuperpofition  , des  fouftraélions  de  molé- 
cules ou  de  cryftaux  parfaitement  femblables 
à ceux  dont  le  noyau  eft  compofé,  c’eft-à- 
dire  , que  chaque  lame  aura  vers  fes  bords  ou 
vers  fes  angles  une  ou  deux  rangées  de  mo- 
lécules confiituantes  de  moins  que  la  lame 
placée  immédiatement  au-defi'ous  i car  j’ai  ob- 
fervé  tantôt  l’une  &.  tantôt  l’autre  de  c es  loix  de 
décroillement  (1). 

Suppofons  , par  exemple  , que  dans  le 
dodécaèdre  à plans  rhombes  dont  j’ai  expliqué 
ci-defius  la  ftruéture , une  des  faces  du  noyau 
cubique  foit  repréfentée  par  le  quarré  ADCB 
U%-  7 )>  les  deux  grandes  faces  de  la  première 
lame  de  fuperpofition  par  le  quarré  c lmn  > 
celles  de  la  fécondé  par  opqs>  &c.  Il  eft 
évident  que  les  décroiffiemens  fe  feront  par 
des  fouftratftions  d’une  (impie  rangée  de  mo* 


( 1 ) Il  fe  trouve  aufti  des  cryftaux  dans  lefquels  les 
lames  décroilTent  par  des  fouftradUons  de  trois  rangées  ce 
•molécules:  mais  ce  cas  eft  rare. 


lccules 


DES  CrYSTAUX.  6<) 

îécules  d’une  figure  exadement  cubique;  ce 
qui  eft  , dans  le  cas  préfent,  la  loi  que  habillent 
les  lames  ducryfial,  comme  je  le  prouverai  plus 

bas. 

Si  au  contraire  les  furfaces  citées  étoient 
repréfentées  fucceflivement  par  les  quarrés 
ADCB,  opqs  , u \ J' x , &c.  , alofe  les  dé- 
croifïemens  fe  feroient  par  des  fouftra&ions 
d’une  double  rangée  de  molécules;  & la  loi 
de  ces  décroiffemens  ayant  une  aârion  une 
fois  plus  rapide  que  dans  le  cas  précédent  , 
la  hauteur  des  pyramides  fuperpofées  fur  le 
noyau  ne  feroit'que  la  moitié  de.  ce  qu’elle 
eft  dans  le  dodécaèdre  à plans  rhombes.  Dans 
l’un  & l'autre  cas , les  faces  du  cryftal  fecon- 
daire  ne  feront  que  la  fomme  de  toutes  les 
arêtes  (aillantes  AD  , cl  , o p , &c,  qui , étant 
prefqu’infiniment  rapprochées  , à caufe  de 
l’extrême  petiteffe  des  molécules  conftituantes  , 
s’offriront  fous  l’afped  d’un  plan  continu.  Mais, 
dans  la  réalité  , ces  faces  feront  fillonnées 
par  une  multitude  de  ftries  ou  de  cannelures, 

nulles  pour  nos  fens,  h le  travail  de  la  Nature 

* * 

a acquis  tout  le  fini  dont  il  eh  fufceptible  : 
car  lorfque  la  cryftallifation  aura  été  gênée 
par  quelque  caufe  accidentelle  , & que  les 
décroiffemens  des  lames  ne  fe  feront  pas  faits 
par  des  degrés  parfaitement  égaux,  il  pourra 

E 


66  De  la  Structure 
y avoir  fur  les  faces  du  cryftal  des  irrégula- 
rités qui  fe  manifefteront  par  des  (fries  fenfi- 
bles  ; & c’efl  ce  qu’on  obferve  en  eifet  fur  un 
allez  grand  nombre  decryftaux,  & en  particulier 
fur  ceux  dont  il  s’agit  ici. 

13.  PafTons  maintenant  aux-  décroiflemens 
qui  fe  font  vers  les  angles  des  lames,  comme 
dans  le  cryflal  de  fel  marin  odaèdre.  Une 
des  faces  du  noyau  étant  toujours  repréfentée 
par  le  quarré  AB  C D ( fig.  7),  fi  l’on  fup- 
pofe  que  les  décroiflfemens  dont  je  parle  fe 
faffentpar  des  fouftradions  d’une  fimple  rangée 
de  molécules , ce  qui  effc  le  cas  de  l’odaèdre 
dont  il  s’agit  , comme  on  le  verra  bientôt  , 
il  n’y  aura  de  fupprimé,  vers  l’angle  A,  par 
exemple,  à la  première  fouftradion  , que  le 
cube  auquel  appartient  la  petite  face  A acb; 
à la  fécondé  fouftradion  , les,  deux  cubes  in- 
diqués par  a dre  , b c i e , fe  trouveront  fup- 
primés  ; à la  troifième  , les  trois  cubes  dont 
les  faces  fupérieures  font  d-f  v r , c r 0 i , eiy  g , 
Se  ainfi  de  fuite  : en  forte  que  les  rebords 
des  lames  de  fuperpofition  feront  compofés 
fucceflivement  des  arêtes  terminées  par  les 
points  a,b;d,c,  e;/,  r,  i , g;  k,  v,  0,  y, h, 
&c.  ; & comme  les  molécules  conftituantes 
font  d’une  finefle  extrême,  & que  les  points 
dont  il  s’agit  font  difpofés  fur  des  lignes 


DES  C R Y S T A U X.  67 

droites  ab  , de,  fg  , kh,  &c.  (ce  qu  il  faut 
bien  obferver),  les  faces  du  cryftal  qui  feront 
compofées  delà  fomme  des  arêtes  auxquelles 
appartiennent  ces  points , paroîtront,  comme 
dans  le  premier  cas  , former  un  plan  continu, 
quoique  ce  plan  foit  réellement  tout  hériffé 
d’autant  de  petites  afpérités  , qu’il  y aura 
d’arètes  Taillantes.  Enfin -,  comme  il  n’arrive 
pas  toujours  que  toutes  les  conditions  requifes 
pour  une  cryftallifation  parfaitement  régulière 
fe  rencontrent  à- la -fois,  le  défaut  de  quel- 
qu’une de  ces  circonftances  produira  néceffai- 
rement , dans  la  matière  cryftalline  , une  dif- 
tribution  inéga'e;  en  forte  que  les  faillies  dont 
j’ai  parlé  venant  à fe  grouper  en  une  multitude 
d’endroits  , pourront  devenir  fenfibles  , comme 
elles  le  font  en  effet , lorfqu’on  examine  , à 
l’aide  d’une  loupe,  les  furfaces  de  plufieurs  des 
cryflaux  fecondaires,  où  les  décroiffemens  fe 

J 

font  par  les  angles. 

S’il  y a deux  rangées  de  molécules  fouf- 
traites  fur  les  angles  de  chaque  lame  , alors 
les  rebords  des  lames  de  fuperpofition  fe 
trouveront  alignés  fucceffivemeut  fuivant  les 
droites  de  , kh,  &c.  ; & fi  l’on  fait  attention 
à la  profondeur  & à la  figure  des  vuides  que 
doivent  biffer,  dans  ce  cas  , les  molécules 
fouftraites , on  concevra  qu’il  doit  y avoir 

E z 


s 


63  De  la  Structure 
non-feulement  de  (impies  afpérités  produite^ 
parles  lignes  anguleufes  , telles  que  drcie , 
mais  même  des  enfoncemens  alignés  dans  le 
même  fens  que  les  (tries  dont  j’ai  parlé  plus 
haut.  Aulli  apperçoit-on  quelquefois,  dans  ce 
même  cas  , de  petites  cannelures  tranfverfales  , 
comme  je  le  dirai  en  expliquant  la  ftruéture  des 
cryftaux  dont  les  faces  offrent  des  indices  de 
ces  petites  inégalités. 

iq.  Remarquons  que  quand  il  ne  fe  fait 
fur  les  angles  des  lames  que  des  fouftra&ions 
d’une  (impie  rangée  de  molécules , l’excès  d’une 
lame  fur  l’autre  eft  mefuré  à chaque  angle  par 
la  moitié  A t ( jig.  7)  de  la  diagonale  d’une 
des  faces  de  ces  molécules:  au  lieu  que  dans 
le  cas  d’une  fouftraétion  par  deux  rangées  de 
molécules  , le  meme  excès  eft  mefuré  par  la 
diagonale  entière  Ac.  Dans  les  décroiffemens 
qui  fe  font  fur  les  bords  des  lames , il  eft  clair 
que  l’excès  d’une  lame  fur  l’autre  a pour  me- 
fure  la  largeur  a c d’une  des  petites  faces  des 
molécules  conftituantes  , ou  le  double  ai  de 
cette  largeur , félon  que  les  fouftraétions  fefont 
p3r  une  ou  par  deux  rangées  de  ces  mole- 
cules.  Cette  obfervation  eft  importante  pour  la 
fuite. 

Les.feétions  que  nous  faifons  dans  les  cryf- 
tauxnous  trompent  donc  fur  un  point  effentiel 


des  Ckystadx.  Cy 

Üe  llur  véritable  fhufture  , en  nous  offrant 
des  parties  qui  parodient  différer  les  unes  des 
autres.  La  dernière  de  ces  parties  que  nous 
publions  détacher  & appercevoir,  eft  encore 
compofée;  à mefure  que  nous  multiplions  les 
coupes , les  triangles  dilpolés  fur  les  bords 
des  lames  deviennent  plus  petits  } & enfin 
nous  les  verrions  s’évanouir  entièrement  , h 
nos  ihfl  rumens  étoient  allez  délicats  & nos 
organes  allez  parfaits  pour  nous  permettre 
de  pouffer  la  divifion  mécanique  d’un  cryftal 
jufqu’au  terme  où  elle  ne  nous  laiffferoit  plus 
aucun  point  de  partage  à failli'. 

Cette  théorie  fe  trouve  confirmée  par  les 
explications  faciles  & naturelles  qu’elle  fournit 
de  certains  faits  finguliers  que  nous  offre  la 
Cryftallifation  , & par  l’accord  qui  fe  trouve 
entre  les  angles  calculés  d’après  le  décroifle- 
ment  des  lames  , & ceux  qu’on  obterve  fur 
les  cryftaux  eux-mêmes.  C’eft  ce  que  je  vais 
éclaircir  par  quelques  applications  hmples  aux 
cryftaux  dont  j’ai  déjà  parlé  dans  cet  article. 

iy.  Le  niveau  des  faces  voihnes  dans  les 
pyramides  difpofées  autour  du  noyau  cubique 
du  cryftal  dodécaèdre  à plans  rhombes  ( 8 ) , 
eft  une  luite  néceffaire  de  la  loi  de  décroiffe- 
ment  la  plus  fimple  , -je  veux  dire  celle  qui 
ne  fuppofe  que  des  fouftra&ions  d’une  rangée 


yo  De  la  Structure 

de  molécules  conftituantes.  Pour  le  prouver, 
foient  abcd,bfgc  ( fig . 8)  deux  faces  contiguës 
du  noyau  ; foit  o t s un  triangle  dont  le  côté  or, 
couché  fur  le  plan  du  quarré  b c g f,  mefure  la 
quantité  dont  la  face  du  noyau,  repréfentée 
par  ce  quarré  , dépafTe  vers  chacun  de  fes  bords 
la  première  lame  de  fuperpolition  ; foit  s t 
l’épaiffeur  de  cette  lame  : le  troifîème  côté  os 
fera  néceiïai rement  appliqué  fur  l'une  des 
faces  rhomboïdales  du  cryftal  fecondaire.  Cela 
pofé,  il  eft  évident  que  Ton  aura  ot  = st  , 
puifque  chacune  de  ces  lignes  eft  égale  au 
côté  d’une  des  molécules  conflituantes , dans 
fhypothèfe  où  il  n’y  a qu’une  rangée  de  ces 
molécules  qui  foit  fouftraite.  Si  l’on  conçoit 
maintenant  un  fécond  triangle  ort  difpofé 
comme  le  premier,  par  rapport  à la  fac eabcd, 
on  aura  r i = io  = o t <=ts.  De  plus , on  a 
rt  parallèle  à io,  de  io  également  parallèle 
si  t s : donc  f l'on  mène  la  droite  i t , il  fera 
facile  de  voir  que  les  quatre  lignes  dont  il 
s’agit  ont  leurs  extrémités  fupérieures  fur  une 
même  droite  ros;  & comme  on  peut  appli- 
quer le  même  raifonnement  à toutes  les  autres 
lames  de  fuperpofmon , il  s’enfuit  que  la  ligne 
ros  , prolongée  de  part  de  d’autre  du  point  o „ 
tombera  fur  toutes  les  arêtes  de  ces  lames  , 
& par  conféquent  que  les  deux  triangles  adja- 


DES  C R Y S T A U Xi  7 1 

Cens,  compofés  de  la  fom me  de  ces  ai  êtes,  font 
lur  le  même  plan. 

On  oblerve  un  grand  nombre  de  cryftaux 
fecondaires  , dans  lefquels  les  faces  produites 
par  les  rebords  des  lames  furajoutées  au  noyau  , 
ie  trouvent  deux  a deux  fur  le  même  plan  , 
comme  dans  le  cryftal  dodécaèdie  dont  il 
s’agit.  Cette  difpofition  a . d’abord  quelque chofe 
de  fingulier  : il  lemble  plutôt  que  les  faces 
adjacentes,  dans  les  pyramides  voilines,  de- 
vroient  fe  préfenter  fous  une  multitude  d in- 
clinaifons  différentes,  & que  le  cas  où  elles 
fe  trouvent  de  niveau  devroit  arriver  ties- 
rarement.  On  conçoit  a préfent  comment  ce 
meme  cas  eft  au  contraire  fi  commun  , puifque 
les  décroiflemens  dont  il  dépend  font  ceux 
qui  fe  font  fuivant  la  loi  la  plus  fimple  & la 
plus  régulière  de  toutes. 

i(5.  Tout  triangle  faifant  la  même  fonélion 
que  le  triangle  o s t , ou  r i o ( j%.  8 ) , prendi  a , 
dans  le  cours  de  cet  Ouvrage  , le  nom  de 
triangle  menfurateur  , parce  qu  il  fert  a mefurer 
la  loi  des  décroiflemens  que  iubiffent  les  lames 
de  fuperpofition.  Je  ferai  un  ulage  tres-fié- 
quent  de  ces  fortes  de  triangles  , dont  lapofi- 
tion  , ainfi  que  le  rapport  de  leurs  côtés  , varient 

félon  les  circonftances. 

17.  J’ai  dit  ( iq)  que  les  mefures  des  angles 

E* 


72  De  la  Structure 
auxquelles  on  parvenoit  à l’aide  de  la  même 
théorie,  s’accordoient  avec  celles  que  donnoit 
l’obfervation.  Prenons  pour  exemple  le  Tel 
marin  oéfoèdre  , dont  la  ftrudture  a été  ex- 
pliquée plus  haut. 

Soit  ab p ( Jïg.  (?)  une  des  faces  de  l’oc-v 
taèdre  , ar  la  hauteur  de  la  pyramide  quadran- 
gulaire  à laquelle  appartient  cette  même  face. 
Ayant  mené  a 0 perpendiculaire  fur  bp,  la 
ligne  or  fera  elle-même  perpendiculaire  fur  ar  ; 
& le  point  r étant  le  milieu  de  la  bafe  quarrée 
de  la  pyramide,  on  aura  or—bo. 

Concevons  que  n c 0 repréfente  le  triangle 
menfurateur  , dans  le  cas  préfent.  en  fera  le 
côté  d’une  des  molécules  cubiques  qui  forment 
la  première  lame  de  fuperpofition  ; & comme 
les  décroiflemens  fe  font  ici  par  les  angles  de 
ces  lames,  oc  fera  égal  à la  diagonale  en- 
tière d’une  des  faces  des  molécules  [confti- 
tuantes  ( 14)  , fi  les  foufhadions  ont  lieu  par 
une  double  rangée  de  molécules,  & fimple- 
ment  égal  à la  moitié  de  la  même  diagonale  , 
s’il  n’y  a qu’une  rangée  de  fouftraite.  Or  , 
un  coup  - d’ceil  jetté  fur  le  cryftal  fuffit  pour 
faire  juger  que  l’on  a en  plus  grand  queco: 
donc  il  faudra  fuppofer  c 0 égal  à la  moitié 
de  la  diagonale  du  quarré.  Cela  étant,  foit 
co  = 1;  en  étant  égal  au  côté  du  quarré  3 


y 


■DES  C R Y S T A U X.  7? 

on  aura  cn  — p^ï.  Or,  à caufe  des  triangles 

1 femblables  cno,  rao,  on  pourra  faire  auili 

_ * 

or  — i 5 & a r=  p^ 2.  Maintenant  a.o~  = ar 

o r z=  3.  De  plus,  b 0=  0 r = 1.  Donc 

<z  Zi  =\/ ü+4-  b o1  ==' V 5 + 1=1.  D’ailleurs , 

il  eft  évident  que  bp  = 2 Z>  0 = 2.  D où  il 
fuit  que  le  triangle  b a p eft  non  - feulement 
ifocèle  , mais  équilatéral;  c’eft-  à • dire,  que 
chacun  des  trois  angles  de  ce  triangle  eft 
de  6o°.  Or  , l’obfervation  donne  les  memes 
angles  ; d’où  il  réfulte  que  la  loi  de  décroiffe- 
ment  fuppofée  eft  celle  qui  a lieu  dans  la  for- 
mation du  cryftal. 

18.  La  précifïon  avec  laquelle  on  trouve  , 
à l’aide  de  la  théorie  que  je  propofe,  les  angles 
exprimés  en  nombres  ronds , & déjà  déter- 
minés d’une  manière  infiniment  probable  par 
l’infpe&ion  feule  de  la  forme,  comme  ceux 
de  l’oétaèdre  à faces  équilatérales  ; cette  pré- 
cifion  , dis-je,  affure  les  réfultats  du  calcul, 
lorfqu’on  applique  celui-ci  à des  angles  qui 
ne  peuvent  être  exprimés  que  par  des  degrés 
joints  à des  minutes,  fécondés,  & autres 
parties  aliquotes  du  degré.  Nous  aurons  fou- 
vent  occafion  , dans  la  fuite  de  cet  Ouvrage, 
de  rencontrer  de  ces  évaluations  fraétionnaires. 


74  De  la  Structure 

On  verra  aufli  que  la  même  théorie  conduit 
à déterminer  le  rapport  des  diverfes  dimen- 
fïons  des  molécules  conftituantes  , lorfque  ce 
rapport  n’eft  point  indiqué  par  la  ftruélure  des 
cryftaux. 

icp.  Quoique  je  n’aie  obfervé  jufqu’ici  que 
des  décroiftemens  qui  fe  font  par  des  fouf- 
traélions  d’une  ou  de  deux  rangées  de  molé- 
cules , & quelquefois  de  trois  rangées  , mais 
très  - rarement , il  eft  poftible  qu’il  fe  trouve 
des  cryftaux  dans  lefquels  il  y ait  quatre  ou 
cinq  rangées  de  molécules  fupprimées  à cha- 
que décroilïement  , &:  même  un  plus  grand 
nombre  encore.  Mais  ces  cas  me  femblent 
devoir  être  plus  rares  , à proportion  que  le 
nombre  des  rangées  fouftraites  fera  plus  confi- 
dérable  , parce  que  la  formation  du  cryftal 
s’écarte  alors  d’autant  plus  de  la  loi  de  dé- 
croiiïement  la  plus  fimple  &:  la  plus  régulière  , 
que  nous  avons  vu  être  en  même  temps  la 
plus  ordinaire. 

Il  réfulte  de  tout  ce  qui  précède,  qu’un 
cryftal  fecondaire  eft  fufceptible  d’autant  de 
formes  différentes  , que  fes  lames  compofantes 
peuvent  fubir  de  décroiffemens  divers  dans 
leurs  bords  ou  dans  leurs  angles  , de  manière 
que  les  cotés  ou  les  pointes  des  petites  mo- 
lécules qui  termineront  ces  lames,  fe  trouvent 


DES  Crystaux.  7 y 

I de  niveau.  On  conçoit  donc  comment  le 
nombre  des  formes  fecondaires  eft  néceftairc- 

(nent  limite,  quoiqu’en  fe  permettant  de  mu- 
tiler à volonté  un  cryftal,  fans  aucun  egard  à 
fa  ftruclure  , onpuiffe  concevoir  pour  une  même 
forte  de  (ubftance  une  infinité  de  formes  di- 
> verfes. 


ARTICLE  III. 

Application  aux  Cryjlaux  de  fpath  calcaire. 

20.  Ij  a matière  calcaire  eft  fi  généralement 
répandue  dans  l’intérieur  du  globe  , & en 
même  temps  fi  fufceptible,  à raifon  de  fon 
peu  de  dureté  , d’être  attaquée  par  l’eau  qui  en 
détache  •&  en  entraîne  les  molécules  dans  fon 
cours,  que  l’on  ne  doit  pas  être  furpris  de  la 
grande  quantité  de  cryftaux  de  cette  nature 
que  renferment  les  cavités  fouterraines.  Ici , 
comme  dans  plufieurs  autres  parties  des  règnes 
de  la  Nature  , la  variété  femble  le  difputer 
à l’abondance.  Il  efl  peu  de  genres  de  cryftaux 
où  la  Géométrie  trouve  plus  à s’exercer,  & 
où  ces  efpèces  d’enveloppes  régulières , qui 
déguifent  la  forme  du  cryftal  primitif,  aient 
été  modifiées  de  tant  de  manières  différentes. 
Les  joints  des  parties  qui  ont  concouru  à 


Ly6  De  ea  Structure 

l’accroifl'ement  du  fpath  font  d’ailleurs  faciles 
à faifir  i les  coupes  que  l’on  tente  d’y  faire  , 
en  fuivant  ces  memes  joints,  font  nettes,  d’un 
poli  vif  & brillant,  qui  ne  laifTe  aucune  équi- 
voque fur  la  ftruéture  du  cryflal  , quoique 
fouvent  compliquée.  Audi  fuis  - je  redevable 
d’une  grande  partie  des  faits  qui  fervent  de 
fondemens  à la  théorie  que  j’ai  propofée , 
aux  obfervations  que  j’ai  faites  fur  ce  genre  de 
cryflaux,  où  l’on  trouve  à-la-fois  tout  ce  qui 
peut  favorifer  des  recherches  de  cette  nature, 
l’abondance'  de  la  matière  & la  facilité  des 
opérations. 

Forme  primitive . 

Spath  calcaire  rhomboïdal,  connu  fous 
le  nom  de  Jpath  cClJlande.  Spath  calcaire  rhom- 
boïdal obtus.  Daubenton  ,Tableau  minéralo- 
giqiie. 

Développement.  6 rhombes  égaux  & fem- 
blables  entr’eux  , tels  que  abc  d ( Pl.Il,fig . io)i 
le  grand  angle  b a d = ioi°  32'  23/y;  & par 
conféquent  le  petit  angle  a de  = 78e  27' qrj" . 

21.  Ce  cryflal  étant  la  forme  primitive  du 
genre,  ne  peut  fe  divifer  que  par  des  feétions 
parallèles  à fes  faces  (y);  ce  qui  donne  de 
petits  rhomboïdes  femblables  entr’eux,  & au 
rhomboïde  entier.  Quant  aux  angles  du  rhombe. 


des  Crystaux.  ^ 77 

lie  les  ai  déterminés  par  le  calcul,  d api  es  la 
| ftruéture  du  fpath  calcaire  en  prifme  a hx 
pans , terminé  par  deux  faces  exagones  , comme 
je  l’expliquerai  plus  bas.  Les -valeurs  trouvées 
ne  différent  que  de  2'  13"  de  celles  qui  font 
indiquées  par  M.  de  la  Hire  {a)  i car  , félon  ce 
Savant , le  grand  angle  du  fpath  d Illande  efc  de 

1 o 1 0 30'. 

Newton  , qui  a donné  une  explication  # de 
la  double  réfraétion  fi  connue  de  la  lumière  à 
travers  ce  meme  fpath  , affigne  poui  la  valeur 
du  grand  angle  ioi°  52'  (b).  Ces  différences 
viennent  fans  doute  de  ce  que  l’on  n’a  encore 
déterminé  les  angles  dont  il  s’agit  qu’en  les 
mefurant  immédiatement  fur  le  cryftal  même,, 
ou  en  mefurant  les  deux  diagonales  du  rhombe , 
pour  déduire  de  leur  rapport  la  valeur  des 

angles. 

Forme  fecondaire . 

Spath  calcaire  rhomeoÏdal  a sômmets 
TRÈS  obtus.  Spath  calcaire  rhomooidal  lenti- 
culaire. Daubenton  , Tableau  miner. 

Développement.  6 rhombes  égaux  & fem- 
blables  entr  eux , tels  que  gfp  0 (fig.  H ) , 


ÏO  , 


(a)  Mémoires  de  l’Académie  des  Sciences  , ann.  17 
p,  675)  , édit,  in- ii. 

( b) Newtonis  Optice  , Quxftio  xxvt 


78  De  la  Structure 

dont  le  grand  angle  f go  = ii^°  18'  56",  & 

le  petit  angle  g op  = 6y°  qi'q.". 

2.2.  La  même  fubftance  , qui  prend  la  forme 
rhomboïdale  dufpath  d’Illande  , dans  le  cas  de 
la  cryftallifation  la  plus  parfaite , nous  offre 
encore,  parmi  fes  diverfes  modifications,  deux 
autres  rhomboïdes,  l’un  à fommets  très-obtus, 
qui  fait  le  fujet  de  cet  article  , & l’autre  à 
fommets  aigus  , qui  fera  décrit  dans  la  fuite. 

Concevons  que  les  trois  plans  rhombes 
hcaiy  hctb,  c a 0 t ( Jîg.  12),  repréfentent 
les  trois  faces  fupérieures  d’un  cryftal  de  la 
forme  de  celui  dont  il  s’agit  ici.  Si  l’on  effaye 
de  divifer  ce  cryftal  à l’aide  d’un  inftrument 
tranchant  fitué  obliquement  fur  l’une  des 
arêtes , telle  que  et , & dirigé  de  manière 
qu’il  paffe  par  des  lignes  px,pl,  parallèles 
aux  diagonales  cb  , co,  on  détachera  d’abord 
une  pyramide  oblique  à trois  faces,  dont  la 
bafe  xp*l  fera  la  coupe  même  faite  dans  le 
cryftal.  Si  l’on  continue  la  divifion,  toujours 
fuivant  des  diredions  parallèles , on  détachera 
des  lames  triangulaires  qui  iront  en  croif- 
fant  uniformément , & dont  les  grandes  faces 
feront  femblables  au  triangle  x p l.  On  voit 
aifément  que  la  pyramide  détachée  par  la 
première  feétion , n’eft  elle-même  qu’un  com- 
pofé  de  lames  triangulaires,  telles  que  celles 


DES  Crystaux.  79 

dont  je  viens  de  parler,  & que  Ion  enleve- 
roit  les  unes  après  les  autres  , en  divifant  de- 
puis la  bafe  xpl  de  cette  pyramide  jufqu’à 
fon  lommet  t.  L'angle  fupérieur  p de  toutes  ces 
lames  eft  égal  au  grand  angle  b ad  ( Jig.  10  ) du 
fpath  d’Iilande. 

Si  l’on  t'ait  alternativement  des  fedions  fem- 
blables  fur  les  fix  arêtes  du  cryftal,  lorfqu’on 
fera  parvenu  au  milieu  des  côtés  h b,  b t , to,  &c, 

( Jig.  12  ) , les  facettes  triangulaires  produites 
par  le  retranchement  des  angles  folides  , fe 
toucheront  par  leurs  angles  latéraux  ; & fi  l’on 
continue  la  divilion  au  delà  de  ces  points,  & 
toujours  fur  les  lix  arêtes  , les  triangles,  tels 
que  xpL  (Jig.  iy  ),  anticipant  alors  les  uns 
fur  les  autres  par  leurs  angles  x , l , fe  chan- 
geront en  pentagones  puihf , dont  la  bafet/t 
décroîtra,  tandis  que  les  côtés  ut,  fh  , iront 
en  augmentant  ; en  forte  que  le  pentagone 
parviendra  par  degrés  à la  figure  du  rhomb epbei, 
&:  à ce  terme  le  noyau  rhomboïdal  paroîtra  à 
découvert. 

En  frappant  fur  les  lames  triangulaires  ou 
pentagonales  que  l’on  a détachées  à chaque 
ledion,  on  voit  ces  lames  le  divifer  en  petits 
rhomboïdes  tous  femblables  au  noyau  ; & lî 
l’on  imagine  la  divifion  poulfée  allez  loin  pour 
que  les  rhombes  pacd , arsc  , &c.  repré- 


v 


8o  De  la  Structure 
Tentent  les  faces  des  molécules  conftituantes  a 
on  concevra  ( 13  ) que  les  petits  efpaces 
triangulaires  tgrn,  n^h,  &c.  , difpofés  fur  la 
bafe  des  lames,  font  reliés  vuides  par  la  fouf- 
traéfion  des  molécules  qui  auroient  completté 
ces  lames  , dans  le  cas  d’une  cryllallifation 
plus  parfaite.  Cette  itruCture  effc  indiquée  à 
l’extérieur  par  des  llries  ou  filions  , qui  ont 
exactement  les  mêmes  directions  que  les  lignes 
bc,  0 c,  gd,fd,  &c.  ( fig.  12 ).  On  verra  bientôt 
la  raifon  de  ces  (tries. 

Examinons  maintenant,  dans  un  plus  grand 
détail,  les  diflérens  états  par  lefquels  paflent 
fuccefiivement  les  lames  de  fuperpolition.  Il 
eft  aifé  de  voir  d’abord,  d’après  la  ftruCture 
du  cryftal , que  les  furfaces  compofées  de  la 
Tomme  des  bords  fupérieurs  b c , 0 c , g d , f d , 
&c. , de  ces  memes  lames.  Te  trouvent  deux 
à deux  Tur  le  même  plan.  En  appliquant  ici 
le  raifonnement  que  nous  avons  fait  ( iy  ) par 
rapport  au  dodécaèdre  rhomboïdal  , dont  les 
molécules  font  des  cubes  , on  en  conclura 
que  les  lames  de  fuperpolition  du  fpath  dont 
il  "l’agit  décroiflent  dans  leurs  bords  fupérieurs 
par  des  fouftraCtions  d’une  fimple  rangée  de 
rhomboïdes.  Ce  font  ces  décroiflemens  qui  occa- 
fionn’ent  les  llries  dont  j’ai  parlé. 

Les  côtés  ut3fii 3 &c.  (fig.  15  ) , des  pen- 
tagones 


i 


DES  Crystaux  S r 

tagones  vont  au  contraire  en  croifTant  depuis 
le  noyau  , puifque  le  cryftal  lui-meme  continue 
de  croître  dans  les  parties  qui  correfpontient 
à ces  côtés.  Or,  il  eft  facile  de  concevoir 
que  ces  accroiflèmens  le  lont  de  la  même  ma- 
nière que  dans  un  rhomboïde  limple  de  fpath 
d'Iftande  , qui  augmenterait  en  volume  fans 
changer  de  lorme.  Il  n y a donc  nulle  difficulté 
à cet  égard.  ^ 

Quant  aux  bafes  inférieures  , foit  des  pen- 
tagones , foit  des  triangles , elles  relient  conl- 
tamment  fur  le  même  plan  fans  décroître  ; en 
forte  que  fi  l’on  conçoit  qu’une  des  faces  du 
noyau  foit  repréfentée  par  le  rhombe  ab  c d 
(fi 'g.  14),  la  furface  fupérieure  de  la  pre- 
mière lame  de  fuperpolition  fera  fituée  comme 
le  pentagone  j e g h n , celle  de  la  fécondé 
comme  le  pentagone  r i km  t , & ainfï  de  fuite. 

Pour  prouver  que  les  lames  de  fuperpofi- 
tion  font  conllantes  par  leurs  bafes,  j obierve 
d’abord  que  le  cryftal  peut  être  également  divile 
dans  le fens  des  petites  diagonales cb,co,  dg,  &c. 
< fig . 1 2) , 5c  dans  le  fens  des  lignes  ht,  ms  , &c. , 
qui  coupent  les  premières  à angle  droit.  Ces 
fécondés  coupes  ne  font  que  les  prolonge- 
mens  de  celles  que  l’on  peut  faire  dans  la 
partie  inférieure  du  cryftal  , parallèlement  aux 
petites  diagonales  des  trois  laces  qui  appar- 

F 


82  De  la  Structure 

tiennent  à cette  meme  partie.  Soit  h m s t le 
rebord  inférieur  ou  la  bafe  d’une  des  lames 
triangulaires  que  l’on  détacheroit  par  une  fec- 
tion  faite  dans  le  fécond  fens  ; foit  ou  ek 
l’arète  extérieure  d’un  des  petits  rhomboïdes 
qui  occupent  le  rebord  dont  il  s’agit  : d’après 
la  ftruéture  du  cryftal,  l’arète  cb  fe  confond 
avec  l’un  des  côtés  du  noyau  ; donc  cette 
arête  eft  une  ligne  dro'ge' continue  : d’où  il 
fuit  que  toutes  les  autres  arêtes  dg  ,qy , &c., 
font  pareillement  des  lignes  droites  continues. 
D’ailleurs,  toutes  ces  lignes  font  évidemment  fur 
un  meme  plan.  Donc  tous  les  rebords  hmst, 

mnxs  , &c. , n’étant  autre  chofe  que  la  fomme 

\ 

des  petites  lignes  r%,  ek,  &c. , qui  font  partie 
des  lignes  cb  , dg,  &c.,  font  auflï  fur  un  meme 
plan  , fans  qu’aucun  dépaffe  l’autre.  En  appli- 
quant le  même  raifonnement  à toutes  les  au- 
tres lames  de  fuperpofition  , foit  triangulaires, 
foit  pentagonales  , on  concevra  que  les  rebords 
inférieurs  de  ces  lames  font  tous  de  niveau, 
ainfi  que  je  l’ai  annoncé. 

La  ftruéture  du  fpath  que  nous  confdérons 
ici  , eft  une  des  plus  favorables  pour  prouver 
la  théorie  que  j’ai  propofée  ; car  les  llries  qui 
fïllonnent  les  faces  du  rhomboïde  font  h nettes 
& fi  marquées  fur  une  multitude  de  cryftaux 
<ie  cette  variété,  qu’elles  annoncent  fenfible- 


DES  CRYSTAU3C,  8} 

trient  les  décroiflemens  • des  lames  par  les 
lûultraclions  que  j ai  fuppoié  fe  faire  fur  les 
rebords  correfpondans  des  memes  lames.  Mais 
il  eft  aifé  de  voir  que  ces  ftries  ne  peuvent 
pas  exifter  , fans  que  les  rebords  inférieurs  ou 
les  bafes  des  lames  que  l’on  détacheroit  par 
les  ferions  ht,  ms,  perpendiculaires  aux  li- 
gnes cb,  dg,  &c.,  ne  foient  eux-mêmes  den- 
telés, puilque  ces  rebords  interceptent  nécef- 
fairement  des  petites  portions  de  fries.  Or  , 
cette  efpèce  de  dentelure  eft  difpofée  préci- 
fement  de  la  manière  qu’il  eft  néceflàire  pour 
laifier  vuides  les  petits'  efpaces  triangulaires 
ftués  à la  bafe  des  lames  dont  le  cryftal  eft 
compofé;  d où  il  réfulte  que  l’exiftence  des 
décroiflemens  fur  les  rebords  des  lames,  qui 
eft  indiquée  parles  ftries  , aflure  en  quelque 
forte  celle  des  décroifTemens  par  les  angles. 

Quant  aux  angles  plans  de  ce  cryftal,  j’en 
renvoie  le  calcul,  ainfi  que  celui  des  angles 
des  cryftaux  qui  vont  fuivre  , à l’article  où 
je  traiterai  du  cryftal  qui  m’a  fourni  des  don- 
nées pour  évaluer  les  angles  de  fpatb  d’ If- 
lande  , -parce  que  ceux  - ci  fervent  enfuite  à 
déterminer  les  angles  des  autres  cryftaux  cal- 
caires» 


F ^ 


84  De  la  Structure 

Spath  calcaire  a sommets  très-obtus  (a) 

ET  A FACETTES  TRIANGULAIRES  ( flg.  17  ). 
Spath  calcaire  rhomboidal  lenticulaire,  avec 
fix  facettes  triangulaires.  Daubent.  Tableau 
minéral. 

Développement.  Six  pentagones  égaux  & 
femblables  entr’eux,  tels  que ghmnr  (Jig.  11  ), 
5c  fix  triangles  ifocèles  abgyjîg.  13). 

Angles  du  pentagone,  hgr—  1140  18 ' 56". 
g km—  gr  n~  <?  y°  32'  6" . h m n = r nm  = 
ni 70  i87  2 6". 

Angles  du  triangle.  & ag=  13  30  12'  30'’'.  u b g 
c=agb=  13°  23'  4;". 

23.  Ce  cryftal  n’eft  autre  chofe  qu’une  va- 
riété du  précédent , qu’il  faut  concevoir  in- 
complet dans  les  fix  angles  faillans  du  contour, 
à la  place  defquels  on  obferve  fix  facettes 
furnuméraires , de  figure  triangulaire,  fituées 
verticalement , en  fuppofant  que  l’axe  du  cryf- 
tal foit  lui- même  dans  une  pofition  verticale. 

Nous  avons  vu  (22)  qu’en  divifant  le  fpath 
rhomboidal  à fommets  très-obtus  , on  obte- 
noit  des  lames  triangulaires  jufqu’aux  points 
où  les  plans  coupans  devenoient  contigus  les 
uns  aux  autres.  Concevons  que  ces  lames  , 


(a)  C’eft  celui  qu’on  appelle  vulgairement  fpath  cal- 
caire en  tcce  de  clou. 


DES  C R Y S T A U X. 

au  lieu  d’être  confiantes  par  leurs  bafes,  comme 
dans  le  fpath  que  je  viens  de  citer,  aillent  en 
décroiffant  uniformément  vers  ces  mêmes 
bafes  ; de  manière  que  les  facettes  triangu- 
laires abg  (ftg-  17)5.  qui  réfulteront  de  ces 
décroiffemens,foient  fi  tuées  verticalement. Dans 
ce  cas , les  lix  grandes  faces  du  cryflal  de- 
viendront des  pentagones  c abr  h ,c  agp  n,  &c. , 
& l’on  aura  un  folide  femblable.  à celui  dont  il 
s’agit  ici. 

24.  Cherchons  maintenant  la  loi  de  décroif- 
fement  qui  a lieu  dans  le  cas  préfent.  Soit 
abedgh  ( Jîg . 16)  ,.le  noyau  rhomboïdal  du 
cryflal.  Soit  abdg , un  quadrilatère  formé  par- 
les petites  diagonales  ag , bd  , de  deux  faces 
oppofées  acgh , b fie,  de  ce  même  noyau  > 
& par  les  côtés  ah,  dg,  compris  entre  ces 
diagonales.  Concevons  enhn  que  nom  foit  le 
triangle  menfurateur  ( 16)  , dans  lequel  n 0 égale 
le  côté  d’un  des  petits  rhomboïdes  compo- 
fans  , &/im  mefure  la  quantité  dont  l’une 
quelconque  des  lames  triangulaires  excede 
l’autre  par  fa  bafe.  Or  , cette  ligne  n m eft 
dans  la  direction  de  la  petite  diagonale 
d’un  des  rhombes  compofans  ; donc  puifque 
les  petits  rhomboïdes  , dont  le  cryflal  eff  1 af- 
femblage  , font  fitués  par  rapport  au  noyau 
de  manière  que  toutes  les  dinaenlïons  corref- 


î?S  De  la  Structure 
pondantes  font  refpeétivement  parallèles  ds 
part  & d’autre,  on  aura  nin  parallèle  à a g9 
no  parallèle  à dg ; & à caufe  de  la  fituation. 
verticale  des  facettes  triangulaires,  m o fera 
aulli  parallèle  à l’axe  a d du  c-ryftal.  Donc  le 
triangle  nom  eft  femblable  au  triangle  g d a; 
donc  dg  : a g : : no  : n m.  D’où  l’on  conclura 
aifément  que  n m eft  la  petite  diagonale  en- 
tière d’un  des  rhombes  qui  forment  les  faces 
des  petits  rhomboïdes  compofans;  c’effc-à-dire , 
que  les  décroilTemens  (14)  des  lames  trian- 
gulaires furajoutées  au  noyau , fe  font  par  des 
fouftradions  de  deux  rangées  de  molécules 
conflituantes» 

Spath  calcaire  a douze  faces  penta- 
gones (fig.  18).  Id.  Daubent.  Tab.  miner. 

Développement.  Six  pentagones  g h m n r 
( fig . 11  ),  difpofés  trois  à trois  à chaque  fom- 
met  du  cryfïal.  Six  autres  pentagones  rnt  uk 
( fig.  19  ),  dont  les  angles  fupérieurs  font 
litués  alternativement  enfens  contraire,  & qui 
forment  les  faces  latérales  ducryftal. 

Angles  du  pentagone  ghmnr.  hgr—  1140 
1.8'  $6". g h m—g r n—  32'  6".  hmn  =rnm 

= 1 17®  18'  2 6". 

Angles  du  pentagone  rntuk.  nrk=i^fi 
i2r  30".  rnt—r  ku=^  1 130  2 fi  4 fi'.nt  u=kut 


DES  C R Y S T A U X.'  87 

27.  Ce  cryftal  fe  divife  d’abord  comme  le 
fpath  a fommets  obtus  & à facettes  trian- 
gulaires ( 23  ) , par  des  (estions  obliques  fur 
les  arêtes  des  pyramides  , en  lames  triangu- 
laires, dont  le  grand  angle  eft  de  ioi°  31' 
13",  jufqu’à  ce  qu’on  foit  arrivé  aux  points 
m , ni  k,e,z,  x (Jig i 18)  , ou  aux  extrémités 
des  bafes  des  pentagones  qui  forment  les 
fommets  du  cryftal.  Paflé  ces  points  , les  lames 
triangulaires  fe  changent  en  pentagones  : 8c 
enfin  lorfque  les  plans  coupans  fe  touchent  , 
ce  qui  arrive  quand  les  fe  étions  tombent  fur 
les  hauteurs  go  , gp , &c. , des  pentagones  qui 
terminent  le  cryftal,  celui-ci  fe  trouve  changé 
en  un  autre  , qui  eft  auili  à douze  plans  pen- 
tagones , mais  dans  lequel  les  faces  des  deux 
fommets  font  difpofées  en  fens  contraire  de 
celles  du  premier  cryftal.  Le  contour  d’une 
de  ces  faces  eft  repréfenté  par  le  pentagone 
go  es p.  Si  l’on  continue  la  divifion  par  des 
feétions  parallèles  à ces  mêmes  faces  , les  rec- 
tangles n k u t diminueront  peu-à-peu  en  hau- 
teur & au  point  où  ils  auront  entièrement 
difparu,  on  aura  un  cryftal  femblable  à un 
rhomboïde  de  fpath  d’Iflande,  mais  incomplet 
dans  les  fix  angles  folides  du  contour  , qui 
feront  remplacés  par  autant  de  facettes  trian- 
gulaires ifecèles.  Enfin , par  des  divifions 

F 4 


88  De  la  Stedcture 

ultérieures,  on  fera  difparoître  ces  facettes, 
& l’on  arrivera  par  degrés  à un  cryftal  com- 
plet de  la  forme  du  fpatli  d’Iflande , c’eft-à- 
dire  , au  noyau  du  premier  cryftal  dodécaèdre. 

2.6.  Pour  tracep  une  des  faces  terminales 
go  es  p ( fig.  1 8 ) , ouAHKDG  ( fig . 20  ) , du 
cryftal  à douze  faces  pentagones  qui  fe  trouve 
engagé  dans  le  premier,  foit  A BCEun  rhombe 
femblable  à celui  du  fpath  d’Iflande.  Par  les 
points  K,  D,  milieux  des  côtés  BC,  CE, 
faites  paffer  la  droite  K D.  Du  milieu  r de 
cette  droite,  menez  rPI,  rG,  parallèles  aux 
côtés  AE,  AB.  Enfin,  des  points  d’inter- 
fedion  H , G , abaiffez  les  droites  H K , G D , 
fur  les  extrémités  de  la  ligne  K D ; la  figure 
AH  KD  G fera  le  pentagone  cherché. 

La  fhudure  des  lames  dont  les  grandes 
faces  font  femblables  à ce  pentagone  , eft 
indiquée  parles  divifions  tjue  préfente  la  figure. 
•Il  eft  aifé  de  voir , d’après  ce  qui  a été  dit  ( 24), 
que  les  rebords  inférieurs  de  ces  lames  , fur 
lefquels  on  doit  concevoir  que  les  petits 
efpaces  triangulaires  xip,  &c., 

fe  trouvent  vuides  , décroiiïènt  , depuis  le 
noyau,  par  des  fouftradions  de  deux  rangées 
de  rhomboïdes.  Quant  aux  rebords  PIK,GD, 
comme  ils  font  partie  des  faces  verticales  qui 
réfultent  , ainfi  q.ue  je  l’ai  prouvé  (2^.  ),  d’une 


T)E$!  C R Y S T A U X.  §9' 

loi  de  décroiflement  par  des  foufiraétions 
d’une  double  rangée  de  molécules,  ces  rebords 
ne  font  compofés  que  des  arctes  terminées 
par  les  points  K,  c,  g,  s,  &c.  ; en  forte  que 
chacun  des  triangles  K ac } cng,  qui  refient 
Vuides  de  ce  côté  , correfpond  toujours  à deux 
molécules  conflituantes. 

I Enfin,  lorfque  l’on  continue  la  divifion  fur 
le  rhomboïde  incomplet  de  fpath  d’Iflande  dont 
j’ai  parlé  plus  haut  , le  pentagone  AHKDG 
revient  par  degrés  à la  figure  du  rhombe 
AHrG,  qui  repréfente  une  des  faces  du 
noyau  , en  paffant  par  des  figures  eptagones 
AH.  cf  b d G , AH gxhmG,  &c. 

27.  Il  y a ici  une  remarque  importante  à 
faire.  On  pourroit  fe  tromper  dans  leftimation 
des  décroiflements  qui  fe  font  vers  les  bafes 
DK  des  pentagones  de  fuperpofition , en  ne 
faifant  attention  qu’à  la  diftance  de  ces  bafes 
par  rapport  à l’axe  du  cryftal  ; car  cette  dif- 
tance étant  toujours  la  même  , on  en  con- 
cluait que  les  lames  font  confiantes  vers  ces 
mêmes  bafes.  Les  décroiffemens  , tels  que  je 
les  confidère  , confiftent  en  ce  que  le  rebord 
de  chaque  lame  eft  réellement  dépafle  d’une 
certaine  quantité  par  celui  de  la  lame  placée 
immédiatement  au  défions.  En  effet,  fi  les 
rebords  des  lames  étoient  de  niveau  , tous 


/ 


<pc>  Dé  la  Structure 

ces  rebords  fe  trouvant  alors  fur  le  même 
planque  l’un  quelconque  d’entr’eux,  qui  efl 
évidemment  incliné , leur  fomme  formeroit 
auflï  des  furfaces  inclinées,  au  lieu  que  celles 
dont  il  s’agit  font  verticales  , en  fuppofant 
que  l’axe  lui-même  ait  une  fituation  perpen- 
diculaire à l’horizon.  Il  réfulte  de -là  que, 
quand  les  rebords  d’une  pile  de  lames  font 
difpofés  en  retraite  par  rapport  aux  faces  du 
noyau  , ces  lames  doivent  être  cenfées  dé- 
croître vers  les  rebords  dont  il  s’agit  , quoi- 
qu  à confîdérer  leurs  dimenfions  abfolues  , 
elles  duffent  paroître  confiantes  , lorfqu’elles 
augmentent  d’un  côté , à proportion  qu’elles 
décroiffent  de  l’autre. 

La  ftruâure  du  fpath  à douze  plans  penta- 
gones , telle  que  je  viens  de  l’expliquer , efl 
très  - differente  de  celle  que  lui  a fuppofée 
M.  Bergmann  (a).  Cet  illuflre  Chymifle  com- 
paie  le  cryflal  dont  il  s’agit  à un  grenat  do- 
décaèdre , dont  les  fommets  auroient  leurs 
faces  rhombofdales  tronquées  par  les  trois 
ang1es  extérieurs.  Il  attribue  à ces  deux 
cryflaux  la  même  formation  ; &,  félon  lui, 

1 un  & 1 autre  réfulte  de  l’accumulation  d’une 


(a)  Opufc.Phyfica  & Chemica.  Upfal,  1780,  vol.  Il, 
pag.  6. 


T)  E S C K Y S T A U X.  çj' 

jftyultîtude  de  pentagones  égaux  fk  femblables 
ifur  les  deux  fommets  pvramidaux*d’un  folide 
( i hom bo  1 da  1 , qui  auroit  aulTi  (es  faces  tron-*- 
quées  par  leurs  trois  angles  extérieurs  ; ce 
qui  change  ces  faces  en  des  pentagones  que 
• l’Auteur  appelle  plans  fondamentaux . Cette 
explication  fuppofe  d’abord  que  la  forme  ori- 
i ginaire  du  grenat,  & celle  des  fpaths  calcaires, 
: font  parfaitement  femblables  ; & M.  Bergmann 
avertit  lui-meme , des  le  commencement  de 
fon  Ouvrage , que  fon  but  eft  de  ramener 
plufieurs  cryftaux,  du  nombre  defqueîs  efi:  le 
grenat , à la  forme  du  fpath  d’Iflande,  ou  d’un 
parallélipipède  dont  l’angle  obtus  eft  de  ioi° 
3°'  Pour  chacune  des  faces.  Or,  le  grand 
angle  plan  du  grenat  eft , comme  je  le  prou- 
verai, de  iop°é28'i  ce  qui  établit  d’abord 
une  diftincHon  très-fenfible  entre  les  formes 
primitives  des  deux  genres  de  cryftaux.  La 
meme  explication  fuppofe  encore  que  l’angle 
au  fommet  de  chacun  des  pentagones  qui 
terminent  le  cryftal  dont  il  s’agit  ici  , eft 
égal  au  grand  angle  du  fpath  d’Iflande,  quoi- 
qu’il y ait  entre  ces  deux  angles  une  diffé- 
rence de  près  de  130.  D’ailleurs  , félon 
M.  Bergmann  , les  plans  fondamentaux  peuvent 
être  tronqués  : ce  qui  eft  contraire  à l’obfer- 
yation.  Enfin,  il  réfulteroit  de  l’explicatioà 


De  la  Structure 
donnée  par  ce  Savant  , que  le  fpath  à douze 
plans  pentagones  pourroit  être  divifé  par  des 
coupes  nettes  dans  des  fens  parallèles  aux 
faces  de  fes  deux  fommets  pyramidaux.  Alais 
il  en  eft  tout  autrement,  comme  on  peut  s’en 
convaincie  par  1 expérience,  d’après  ee  que 
j’ai  dit  ci-deflfus. 

Spath  calcaire  en  prisme  droit  a six 

PANS,  TERMINÉ  par  DEUX  E XAGONES  REGU- 
LIERS ( fig.  21  ),  Spath  calcaire  en  prifme  à 
(ix  pans.  Daubent.  Tabl.  miner. 

La  définition  feule  de  ce  cryftal  en  indique 
le  développement. 

28.  Le  fpath  dont  il  s’agit  eft  de  tous  les 
cryftaux  calcaires  celui  qui  s’éloigne  le  plus 
du  noyau  rhomboidal  par  fa  forme  extérieure. 
Il  a encore  ceci  de  particulier,  que  rien  n’in- 
dique, au  premier  afpeét,  les  côtés  diviftbles 
du  cryftal.  Pour  parvenir  à cette  divilion  , 
il  faut , apres  avoir  incliné  le  plan  coupant 
d un  angle  de  fur  1 une  des  bafes  exagones 
du  prifme  , faire  une  épreuve  par  rapport  à 
deux  côtés  contigus  de  hexagone,  en  diri- 
geant les  feéiions  parallèlement  à ces  memes 
cotés.  On  s appercevra  qu'il  n’y  en  a qu’un 
des  deux  fur  lequel  on  puiffe  détacher  des 
lames  nettes , & à furfaçes  polies,  Suppofons 


des  Ckystaux.  93 

que  ce  foit  le  côté  gd  , alors  on  opérera  fur 
: les  côtés  gd , cn}qi,  en  paiïànt  les  côtés 
intermédiaires  dc,nq,  3 g;  & pour  divifer 
le  cryftal  dans  fa  partie  inférieure  , on  prendra 
les  côtés  tfy  ht,  &c, , qui  font  difpofés  al- 
ternativement par  rapport  aux  côtés  de  l’exa- 
gone  fupérieur.  Cette  alternative  de  divifions 
vient  de  la  lituation  du  noyau,  dont  les  faces 
répondent  de  part  & d’autre  à trois  différent 
côtés  des  exagones  qui  forment  la  bafe  du 
prifme. 

Cela  pofé , les  lames  que  l’on  détachera 
d’abord  feront  des  trapèzes  tels  que  amro , 
dont  la  hauteur  ira  toujours  en  croilfant , fi 
l’on  fuppofe  que  le  prifme  lui-même  ait  afl:ez 
de  hauteur  pour  que  les  feefions  fupérieures 
ne  fe  confondent  pas  avec  les  inférieures  ; c’eft- 
à-dire  , pour  que  les  points  m,  r , b , k , refient 
toujours  diftingués  , tant  que  les  plans  cou- 
pans  ne  pafleront  point  par  l’axe  du  prifme. 
On  peut  juger,  par  la  feule  infpedion  du 
trapèze  H G D K.  (Jïg.2 o),  de  la  ftructure 
de  tous  ceux  dont  il  s’agit , en  obfervant  tou- 
jours que  les  efpaces  triangulaires  font  vuides 
fur  les  quatre  côtés  du  trapèze. 

Au-delà  des  points  a , 0,  y ( jîg.  21  ),  où 
les  fedions  voifines  fe  touchent , les  trapèzes 
anticipant  les  uns  fut  les  autres  par  leurs 


94  De  la  Structuré 

angles  fupérieurs,  deviennent  des  exagones  4 
tels  que  esKDvi  (fig.  20),  qui  parviennent 
par  degrés  à la  figure  d’un  pentagone  fem- 
blable  a AHKDG  , 6c  dont  le  fommet  efl: 
fur  la  ligne  H G.  A ce  terme  , on  a un  folide 
a douze  plans  pentagones,  entièrement  fem- 
blabîe  à celui  que  l’on  retire  ( 25-  ) du  fpath 
calcaire  décrit  dans  l’article  précédent,  & qu’il 
faut  divifer  de  la  même  manière,  pour  retrouver 
le  noyau  ducryfial. 

Il  efl:  aifé  de  concevoir  que  les  trapèzes  & 
les  autres  figures  dont  ce  cry fiai  efl:  l’atfem- 
blage  , décroiflent  dans  leurs  parties  inférieures 
par  des  fouftraétions  de  deux  rangées  de  molé- 
cules conftituantes  ( 24  ) , puifque  les  faces 
compofées  de  la  fomme  de  leurs  baies  font 
dans  une  fituation  verticale.  Il  ne  s^'git  plus 
que  de  déterminer  la  loi  des  décroiffemens  qui 
fe  font  vers  l’angle  fupérieur  A (fig.  20  ) des 
pentagones  dans  le  paflage  de  ceux  ci  à la 
figure  du  trapèze  , lorfqu’on  reprend  les  la-  S 
mes  dans  un  ordre  contraire  à celui  des  divi- 
sons indiquées,  c’eft-à-dire,  lorfqu’on  part  du 
noyau. 

. 20.  Soit  toujours  ab  d g (fig.  16),  une  coupe 
géométrique  du  noyau  femblable  à celle  qui 
a été  indiquée  ( 24  ).  Soit  psr  le  triangle 
menlurateur,  dans  lequel  on  aura  p s , égal  à 


•des  Crysta  U X.  9^ 

la  ligne  qui  doit  donner  la  mefure  des  décroif- 
femens  , s r égal  au  côté  ou  à l'arète  d’une 
des  molécules  conftituantes , tk  p r fitüé  pa- 
rallèlement à b i , que  je  (uppofe  mené  de 
l’angle  folide  b,  perpendiculairement  fur  l’axe 
a d*du  noyau.  A caufe  des  parallèles  ps , ai, 
d’une  part,  & sr,  b a , de  l’autre  i les  trian- 
gles s pr,  bai,  font  femblables.  Donc  b a : 
ai  ::  sr  : p s.  Or,  b a eft  le  côté  du  noyau; 
ai  eft  la  moitié  de  la  petite  diagonale  d’une 
des  faces  du  même  noyau  i s r eft  le  côté  d’une 
des  molécules  conftituantes  : d’où  il  fuit  que 
p s fera  égale  à la  moitié  de  la  petite  diago- 
nale d’une  des  faces  des  mêmes  molécules  ; 
c’eft-à-dire , que  les  décroiffemens  fefontf  14), 
dans  la  partie  fupérieure  du  cryftal , par  des 
fouftractions  d’une  (impie  rangée  de  petits 
rhomboïdes. 

Le  cryftal  prifmatique  dont  i!  s’agit  , eft 
fufceptible  d’un  grand  nombre  de  variétés  de 
formes.  Quelquefois  le  prifme  n’a  que  très- 
peu  de  hauteur  ; d’autres  fois,  les  exagones 
qui  le  terminent  ont  trois  grands  côtés  & 
trois  petits.  Il  fe  trouve  même  de  ces  prifmes 
qui  font  triangulaires.  Mais,  d’après  les  prin- 
cipes expofés,  il  lera  toujours  facile  de  ra< 
ptener  ces  différentes  variétés  à une  ftruôiure 
commune  , de  trouver  la  pofttion  du  noyau  , 


$6  De  la  Structure 

& de  déterminer  la  loi  des  décroifïemens  que 
fubiftent  les  lames  de  fuperpofition. 

30.  Une  obfervation  que  j’ai  faite  fur  ce 
même  cryftal,  m’a  fourni  des  données  pour 
calculer  les  angles  plans  du  noyau.  Si , après 
avoir  détaché  un  fegment  du  prifme  par*  une 
fedion  oblique,  faite,  par  exemple,  dans  la 
diredion  du  plan  amro  ( Jig . 21  ) , on  ren- 
verfe  ce  fegment  de  manière  que  la  face 
amro  relie  appliquée  fur  la  partie  dont  elle 
a été  détachée,  & que  la  ligne  m r fe  con- 
fonde avec  la  ligne  ao  , le  quadrilatère  3 m rq 
fe  trouvera  de  niveau  avec  le  plan  de  hexa- 
gone dga  0 ne , fans  qu’il  foit  poffible  d’ap- 
percevoir  la  plus  légère  inclinaifon  entre  ces 
deux  plans.  D’après  cette  obfervation  , il  eft 
très- vraifemblable  que  l’angle  qui  réfulte  de 
l’inclftaifon  refpedive  des  deux  plans  ^ mrq  , 
amro,  eft  exadement  égal  à celui  que  fait 
le  fécond  de  ces  plans  avec  a\qo\  d’où  l’on 
conclura  que  le  triangle  a!  d b' , formé  par 
les  inclinaifons  refpedives  des  trois  plans  , eft 
non-feulement  redangle  , mais  ifocèle.  Or,  en 
faifant  attention  que  le  plan  amro  eft  paral- 
lèle à la  face  correfpondante  du  noyau , ft 
nous  fuppofons  que  le  folide  repréfenté Jig.  16, 
foit  difpofé  comme  le  noyau , il  fera  facile  de 
voir  que  le  triangle  a'  d b'  {jig.  21)  eft  fem- 

blable 


Ides  CrystAui  97 

blable  au  triangle  ati  (Jîg.  16),  compofé  de 
la  moitié  ai  de  la  petite  diagonale  du  rhombe 
acgh,  de  la  ligne  it  menée  perpendicu- 
lairement fur  Taxe  , & de  la  portion  a t du 
même  axe.  Donc  le  triangle  ati  e ft  aufll  redan- 
gle  & ifocèle. 

Soit  a t =±=  i t =3=  1 , on  aura  a i = 2 ; 8c 

à caufe  que  t i eft  le  rayon  droit  du  triangle 
équilatéral  chb,  formé  par  les  trois  grandes 
diagonales  des  faces  fupérieures  du  rhom- 
boïde, ih=  1/3,  & par  conféquent  ah  = 

]/  {ai  y ( i h y — 5.  Réfoîvantle  trian- 

gle redangle  aih  à l’aide  de  ces  données,  on 
trouvera  pour  le  logarithme  du  finus  de  l’an- 
gle iah  , le  nombre  9 8 8907  y <5  , qui  répond 
à l’angle  de  yo°  46'  6r/  30’".  Donc  c ah  ==# 
IOi°  32;  1 3 ^ & par  conféquent  le  petit  angle 
ahc  efl:  de  78°  27'  47"  (a). 

31.  Il  eft  facile  maintenant  d’évaluer  les 
angles  plans  des  autres  cryftaux  décrits  précé- 
demment. Prenons  d abord  le  fpath  rhomboi- 
dal  à fommets  très-obtus  ( 22  ).  On  a pu 
obferver , d’après  la  cftrudure  de  ce  cryftal , 


(a)  On  trouvera  f 3 5 ) ces  angles  déterminés  par  un 
fécond  procédé  , qui  donne  exactement  le  même  re- 
fultat. 


G 


98  De  la  Structure 

que  les  petites  diagonales  cb  , co  ( fig . 12), 
des  deux  faces  voifines  , coïncident  avec  deux 
côtés  d’une  même  face  de  noyau  -,  en  forte 
que  l’angle  b c o e ft  égal  au  grand  angle  des 
rhombes  du  fpath  d’Iflande.  Donc  on  peut 

repréfenter  c b par  j/”  y,  & b 0 par  2^3  = 
iS  1 2.  Et  àcaufe  de  h r= 7 ht~\  b 0 ; & de  cr= 
4 c b ,on  pourra  faire  auffi  h r=yr  1 z,  &cr=j/ 7 
Réfolvant  le  triangle  lire  à l’aide  de  ces  don- 
nées , il  viendra  pour  la  valeur  du  logarithme 
de  la  tangente  de  l’angle  hcr,  le  nombre 
101901076,  lequel  répond  à l’angle  de 
770  9'  28".  Donc  l’angle  het  = 1140  18' 
76"  , & l’angle  ch  b = 67°  4 1 ' fi'. 

32.  PafTons  à la  recherche  des  angles  du 
pentagone  ghmnr( fig.  11  ),  qui  donne  les 
grandes  faces  du  fpath  à facettes  triangu- 
laires (23  ).  Ayant  tracé  ce  pentagone  par  une 
méthode  femblable  à celle  qui  a été  indi- 
quée (27)  pour  le  pentagone  AHKDG 

{fig.  20  ) , nous  aurons  toujours  g e — J/" 7 , & 

fz—V  12. 

Confidérons  le  triangle  mt  h.  Par  la  conflruc- 
tion  de  la  figure  , nous#avons  mt  = ~fe  = 


99 


DES  CkYSTAUX. 

D’ailleurs  , gs  = \ ge  = l-  V y = J J/" 4 J. 

Donc  h = io8  + -}y  = ^ / 1 y 3. 
Extrayant  les  racines  indiquées  à moins  d’un 
millième  près,  on  trouve  mt  = 1,732  .ht 

e °p 

= 3, 051.  De  plus,  l’angle  /i  tm  — a =32° 

yo'  3 a'7.  Le  triangle  hmt , réfolu  d’après  ces 
valeurs  , donne  pour  le  logarithme  de  la 
tangente  de  la  demi  - diftérence  des  angles  h 
& m,  le  nombre  957807272,  qui  répond  à 
l’angle  de  43°43/42//.  D’où  l’on  conclura  que 
l’angle  hmt , ou  (on  égal  tnr,  eft  de  I 1 70: 
iS'  26//;  & l'angle  t h m de  290  y L 2//.  Ajou- 
tant ce  dernier  angle  à l’angle  ght  — 6g°  41/ 
4"  , on  aura  l’angle  ghvi , ou  Ton  égal  g r n , 
de  pyQ  32'  6".  Quant  à l’angle  hgr , nous 
avons  déterminé  (3  1)  fa  valeur,  qui  eft  de  1140 
i8'y6'ù 

A l’égard  des  triangles  a b g ( fig.  13),  qui 
forment  les  facettes  latérales  du  cryftal  , il 
eft  clair  d’abord  que  a b = h m ( fig.  1 1 ). 
Ayant  abaifte  de  plus  la  ligne  ax  perpendicu- 
laire fur  bc,  on  aura  bx  — mt  ( fig.  11). 
Or , les  valeurs  d%  ces  lignes  fe  déduifent 
aifément  du  calcul  des  angles  du  pentagone. 
Ces  valeurs  donneront  l’angle  b ax , que  l’on 
trouvera  ck  66°  3 6'  iy".  Donc  bag  = 133° 

G 2 


ïoo  De  la  Structure 

12'  30"  ; & ab  g,  ou  fon  égal  a gb,  eft  de  23^ 

23'  4 S''- 

Je  ne  dirai  yien  des  angles  du  fpath  à douze 
plans  pentagones  , parce  qu’il  fera  facile  , 
d’après  les  opérations  précédentes,  d’en  trouver 
les  valeurs. 

Spath  calcaire  a douze  faces  trian- 
gulaires scalenès  , connu  fous  le  nom  de 
Dent  de  Cochon.  ( Pl.IlI  ,jig.  21  ).  Id.  Daue. 
Tableau  miner. 

Développement.  Douze  triangles  fcalènes 
(fg.  23  ) égaux  & femblables  entr’eux.  L’an- 
gle eh  g — ioi°  32/  13".  egh  = 54°  27'  30". 
ge  h = 24°  o'  17". 

33.  M.  Bergmann  a décrit  avec  beaucoup 
de  vérité  , dans  l’Ouvrage  dont  j’ai  parlé,  la 
difpofition  refpeftive  des  lames  qui  compo- 
fent  ce  cryftal , Se  s’eft  alTuré  lui  - même  de 
cette  difpofition , en  obfervant  les  fra&ures 
faites  dans  le  dodécaèdre.  Ce  Savant  conli- 
dère  le  fpath  dont  il  s’agit  comme  produit 
par  l’accumulation  d’une  fuite  de  plans  rhombes 
décroiffans  , qui  s’élèvent  fur  les  faces  du 
noyau  , en  reliant  toujours  contigus  à l’axe 
par  leur  angle  fuperieur.  Dans  ce  cas  , la 
fomme  des  bords  extérieurs  de  tous  les  plans 
de  fuperpofition  forme  les  faces  triangulaires 


DES  CrYSTAUX.  IOI 

de  deux  pyramides  exagones , dont  les  bafes 
fe  trouvent  réunies  par  une  ligne  anguleufe 
acgh,  &c. , compofée  des  fix  arêtes  Taillantes 
du  noyau. 

Cette  explication  indique  la  manière  dont 
il  faudroit  divifer  le  cry fiai , pour  détacher 
toutes  les  lames  dont  il  ell  l’aflêmblage  , & 
mettre  le  noyau  à découvert.  On  conçoit 
aifément  que  chacune  de  ces  lames  peut  être 
fous-divifée  par  des  feétions  parallèles  aux  faces 
du  noyau  , en  petits  rhomboïdes  femblables 
à ce  noyau.  C’eil  auili  ce  que  m’a  donné  l’ob- 
fervatîon. 

34.  Selon  M.  Bergmann , les  axes  des  pyra- 
mides feront  d’autant  plus  longs,  que  le  dé- 
croiflement  des  lames  fe  fera  fait  plus  lente- 
ment , & vice  verfâ.  Cependant  tous  les  cryf- 
taux  de  cette  variété  , que  j’ai  obfervés  , 
avoient  les  mêmes  angles  plans,  en  fuppofant 
que  leur  forme  fût  bien  prononcée  ; d’où  il 
fuit  que  les  axes  des  pyramides  avoient  aufli 
des  hauteurs  proportionnelles  au  volume  des 
difrérens  dodécaèdres.  Ce  fait  tient  a la  loi 
des  décroifîemens  que  fubilTent  les  lames  du 
cryftal.  J’ai  trouvé  qu’il  falloit  fuppofer  que 
les  fouflraétions  fe  faifoient  par  une  double 
rangée  de  molécules  conûituantes , pour  que 
les  angles  calculés  d’après  cette  loi  de  dé- 


302  De  la  Structure 
croisement , fuffent  égaux  à ceux  du  cryftaî* 

3 y.  Soit  acgh  (jîg.  24  ) une  des  faces  du. 
noyau,  geh  une  des  faces  du  dodécaèdre, 
& le  quadrilatère  abdg , le  même  qui  eft 
repréfenté  fig  1 <5.  Menons  am  , prolongement 
de  b a , jufqu’à  la  rencontre  de  eg;  menons 
aulîi  h p , g perpendiculaires  fur  l’axe  ed. 

La  méthode  que  je  vais  employer  pour 
chercher  les  angles  du  cryftal  dont  il  s’agit, 
fervira  à la-fois  à démontrer  deux  propriétés 
géométriques  affez  fingulières  du  folide  repré- 
fenté parce  cryftal,  comparé  avec  le  noyau* 
L’une  conlifte  en  ce  que  la  partie  ae  de  l’axe 
qui  dépalle  le  noyau , eft  égale  à l’axe  même  a d 
de  ce  noyau. 

Voici  la  fécondé  propriété,  a cgh  étant  , 
comme  je  l’ai  dit,  une  des  faces  du  noyau, 
fi  de  l’angle  c on  mène  et  , qui  coupe  le 
côté  ah  en  deux  également,  le  triangle  a c t 
fera  femblable  à chacune  des  faces  du  cryftal 
fecondaire  , avec  cette  différence  que  celles- 
ci  auront  leurs  côtés  doubles  des  côtés  corref- 
pondans  du  même  triangle. 

Confîdérons  d’abord  le  triangle  menfurateur 
k i g.  Puifque  les  lames  de  fuperpofition  dé- 
croiffent  ici  parles  bords , fi  l’on  fuppofe  dans 
chaque  lame  deux  rangées  de  molécules  fouf 
traites,  comme  j’ai  reconnu  que  cela  étoit 


DES  CRYSTAUX.  I03 

néceffaire,  nous  aurons  ig  égal  à deux  fois 
la  petite  diagonale  d’une  des  faces  de  ces 
molécules  , & i k égal  au  côté  de  ces  mêmes 
molécules.  Or,  à caule  des  triangles  fembla- 
bles  ma  g,  kig3  on  a gi  : ik  ::  g a : cnn. 
D’où  il  eft  facile  de  conclure  que  ga  étant  la 
petite  diagonale  d’une  des  faces  du  noyau, 
a m fera  égal  à la  moitié  du  côté  d’une  des 
mêmes  faces.  Donc  am  — \ d g.  Maintenant 
les  triangles  femblables  eam,  edg , donnent 
d g : am  : : ed  : e a.  Donc  ed  — 2ea,&ad 
— ac ; ce  qui  étoit  la  première  propriété  à 
démontrer. 

Cherchons  maintenant  la  valeur  abfolue  de 
l’axe  a d.  L’angle  ga\  étant  de  43°  (30), 
le  triangle  rectangle  a g y eft  ifocèle.  Donc  ai  — 

Va~gz  — g?  = \/8  — 4 ( 30)  ; ou  ai 

— 2. De  plus,  di  «=  \Zdgl — g\'=\  S 4 

= 1 . Donc  ad  ou  a e — ai  -+■  d 1—  3 ;doù 
il  fuit  que  e 3 = y.  D’après  ces  valeurs  , on 

aura  e g — e ^ 4-  g'?1  — V7  2 y -H  4 ~ 

V7  29. 

Il  ne  refte  plus  qu’à  chercher  eh.  Or , eh  = 


v/= 


J' 


s*  * Z 


De  la  Structure 


}/  (e  a -H  dif  gf  = \/  ( 3-hi)1 -H  4 

r=  |/" 20.  Nous  avons  donc  dans  le  triangle 

egh,  eg  — }S2  9,  e h ^20,  gh=  V $ (30). 
Il  faut  prouver  maintenant  que  ces  valeurs 
font  doubles  de  celles  des  côtés  du  trian- 
gle a et. 

Du  point?,  abailîons  tx  perpendiculaire 
fur  c h -,  nous  aurons  c x = \ch  =|  jX  1 2 ( 30), 

Si  t x=\  ao  — x-  2.  Donc  et  = 

^ v7  =1^29. 

D’ailleurs,  e a = 9 = j jS  20  ; 8i  a e 

z=  \ c a = 1-]S Partant , la  fécondé  propriété 
indiquée  eft  également  démontrée. 

IPfuit  de  - là  que  l’angle  eh  g,  qui  eft  le 
plus  grand  des  trois  angles  plans  de  l’une 
quelconque  des  faces  du  cryftal  fecondaire  , 
eft  parfaitement  égal  au  grand  angle  c ah  des 
rhombes  du  fpath  d’Iftande.  Quant  aux  deux 
autres  angles , il  fera  facile  de  les  déterminer, 
d’après  les  données  que  nous  avons  trouvées 
ci-deflus.  On  aura  pour  le  logarithme  du  finus 
de  l’angle  egh,  le  nombre  99  1 04  6 1 6,  qui 
répond  à 94°  27'  30";  d’où  ilréfulte  que  le 
troifième  angle  gç  /z  ==  24°  Q.'  1 7", 


DES  C R Y ST  AUI  lOf 

Si  Ton  fe  propofoit  de  réfoudre  le  problème 
inverfe  , c’eft-à-dire  , fi  1 on  prenoit  pour 
donnée  l'égalité  des  angles  eh  g,  c a h,  laquelle 
eft  fenfible  par  l’obfervation  faite  d’une  part 
fur  le  cryftal  fecondaire , & de  l’autre  fur  un 
cryftal  d’Iflande,  on  trouveroit  que  ces  deux 
angles  ne  peuvent  avoir  d autre  valeur  que 
celle  de  ioi°  32/  130. 

Pour  le. prouver,  ayant  déjà  les  mêmes 
lignes  que  ci-deffus,  menons  op  , far  , perpen- 
diculaires , l’une  fur  e\3  l’autre  fur  eg.  Soient  e\ 
— .Vj  g {=p  h=a.  Les  décroiffemens  des  lames 
de  fuperpofition  fe  faifant  toujours  fuivant  la 
loi  indiquée  ci-deflus,  on  aura,  ainfi  que  je 
l’ai  prouvé , ea~ad;2>caz  = 7 = 

s Xt 

Cherchons  d’abord  l’expreffion  algébrique 
de  la  furface  du  triangle  ifocèle  cah.  Cette 

furface  efirzo  x oh^\/ 0 pz  -\-apz  x V phz — opz. 
Mais  op  = \gi  = \ a.  ap  = \ ai  = \ x. 

Subftituant  ao  x oh  = \/  7 &z  -4-  rr  xl  * 


V ^ — i a'  = V ~6  a*  + ^ az 


x 


Vif:  a1  *!= 


4.  1GO 


!io6  De  la  Structure 

Evaluons  maintenant  la  furface  du  trian- 
gle egh.  Cette  furface  eft  \eg  x hr. 

Or,  eg=  y/ g f = V az  - h xz. 

De  plus  , e g : eh  + h g : : eh  — h g: 

e r g r* 

Mais  e h =\/ /z/r-f-ep1  ~ yV  4-  ~ xz. 

hg=ah=  \/hpz  + ^ — y/<r  -h  x*. 
Subftituant,  la  proportion  deviendra al-\-xz  : 


6 

7 


H-^s  ar1  ;er — g r.  D’où  l’on  tire  er — gr 


al-h~xz~  az- 


î 5 


X 


3 x 

-i 


Va' 

3 a;2 


x1 


Va1 


X2 


ÿ . Donc  gr , qui  eft  la  plus 

petite  des  deux  quantités  , fera  égal  à \èg 

Uer—gr)=zL  \/  a^xz 


* a 


z x 1 


io^  + *.Donc  S1 


10  K ZZ1  -f-  JC 


ioo  a 2 


ioo  JC* 


— 


§ r* 


Or  3 h r 


DES  CrYSTAUX. 


107 


x1  — 


84  <r 


100 


a*  — 10  a'-  xz  — 4 a;4 
I O O ll~  — f—  I O o x1 


Donc  la  furface  du  trian- 


gle egh  fera  \ eg  x hr  =L\/  a'  -+-  a;1  x 

% z 75  ^+84^  y1  2_  \/ 

100 a:4-ioox2  îo  * 75  a 4 8q  a~  x~ 

Maintenant,  fi  l’on  prend  fur  eh  la  partie 
hs  égale  à gh  , & que  l’on  mène  g s,  il  eft 
clair  qu’à  caufe  de  l’égalité  des  angles  ehg, 
c ah,  & de  celle  des  lignes  a c , a h , g h , h s , 
le  triangle  g h s fera  femblable  & égal  au 
triangle  cah.  Or,  les  triangles  ghs , g h e, 
ayant  pour  hauteur  commune  une  perpendi- 
culaire qui  feroit  abaiffée  de  l’angle  g fur  e h , 
prolongée  autant  qu’il  efl:  néceffaire  , font 
entr’eux  comme  leurs  bafes  s h,  eh.  Donc  les 
triangles  c a h , egh  , feront  aufii  comme  les 

lignes  ah,  eh,  ou  comme  4~  77-  xz  : 

\/  a1  -+-  ^ xL, 

Reprenant  les  expreflîons  de  ces  deux  trian- 
gles , telles  que  nous  les  avons  trouvées  plus 

haut,  nous  aurons  —-V  7 S a4  -j-  1 2 a1  xz  : 

^ 7)  a4  -+•  S ^ az  xz  : : 's/ à1  -)r  ~ ^ xz  ’ 

Ÿ 4“  77  x1 . Supprimant  les  fractions  — , 


rio8  De  la  Structure 
&!es  fîgnes  radicaux  ; puis  égalant  le  produit  des 
extrêmes  à celui  des  moyens  ,75  a«  4-  12  a4  xz 

4-48  a*xz  4-  — a 1 = 15  a6  4-  84  ** 

4-3  „V4. 

Réduifant  & divifant  tout  ce  qui  refte  par 

2 108  a;1 

* * > on  aura ==  27a1  , & 108  ** 

M ' 

= 677  <z\  Divifant  par  3 , 3(5x1=  227  a1. 
Extrayant  les  racines,  6 ^ = 17  a;  donc 
a~  ~ts~  x = -x.  C’eft-à-dire , que  g%=  ~ e% 
— aç.  D’où  il  fuit  que  po  — ap,  & que  le 
triangle  reélangle  ap  o e ft  ifocèle  : ce  qui  eft 
précifément  la  même  donnée  , d’après  laquelle 
nous  avons  trouvée 30)  que  l’angle  cah  étoit 
de  loi0  32'  13". 

Spath  calcaire  rhomboïdal  a sommets 
Aigus  (a).  Spath  calcaire  rhomboïdal  aigu. 
Daueenton,  Tableau  miner . 

Développement.  Six  rhombes  égaux  & 
femblables  entr’eux.  L’angle  b ac  ( fig.  27)  au 
fommet  du  cryftal  eft  de  770  31'  20".  L’angle 
a b g = 104°  28'  40". 


(ü)  On  a donné  aufli  à ce  fpath  les  noms  àe  fpath 
muriatique  , fpath  coquillier  , parce  qu’on  le  trouve 
Couvent  dans  les  coquilles  foflïles. 


DES  C R Y S T A U X.  10p 

•$6.  Voici  la  troilième  forme  rhomboïdale 
que  nous  offrent  les  fpaths  calcaires.  Elle  eft  dis- 
tinguée de  celles  dont  j’ai  déjà  parlé  (21  & 22), 
en  ce  que  fes  deux  fommets  font  compofés  de 
trois  angles  aigus  , au  lieu  que  dans  les  deux 
autres  fpaths  cités  , ces  memes  angles  font 
obtus. 

Suppofons  que  abgc,  acfe  ( fig . 2p  ) , re- 
préfentent  deux  des  faces  qui  fe  réuniHent 
trois  à trois,  pour  former  un  des  fommets 
aigus  de  ce  cryftal , 5c  que  cg  hf  foit  une  des 
faces  qui  forment  le  fommet  oppofé.  Pour 
divifer  le  rhomboïde  par  des  coupes  nettes  , 
il  faut  que  les  feétions  fe  falfent  parallèlement 
aux  arêtes  ac , a b , aei  &c. , en  paffant  par 
des  lignes  i m , In  , &c.,  également  éloignées 
de  ces  arêtes.  Cela  pofé , on  détachera  d’abord 
des  lames  pentagones,  telles  que  aimnl , 
dont  l’angle  ial  au  fommet  fera  de  iot°  32' 
l 3",  comme  celui  du  fpath  d’Iflande  , & dont 
les  deux  angles  m n , fur  la  bafe  , feront  droits. 
Ces  lames  croîtront  en  largeur  à chaque  fec- 
tion  , en  même  temps  qu’elles  décroîtront  en 
hauteur.  Lorfque  l’on  fera  arrivé  au  point  oîi 
les  feétions  voihnes  fe  toucheront,  c’elt-à- 
dire,  au  milieu  des  côtés  b g , cg,  cf,  ef3 
&c.,  le  cryftal  fe  trouvera  changé  en  un  autre, 
qui  aura  fix  faces  pentagones  ferjablables 


no  De  la  Structure 
à abghl  (Jig.  26  ) -,  lefquelles  feront  des 
portions  d’un  rhombe  a c ek  , avec  fix  facettes 
triangulaires  ifocèles  i h p ( jig . 27  ) , qui 
feront  le  rélidu  des  faces  primitives  du  cryf- 
tal  , & qui  auront  leur  bafe  h p égale  à la 
bafe  gh  ( Jig.  26  ) des  pentagones  , & leurs 
côtés  adjacens  & égaux  aux  côtés  l h des 
memes  pentagones.  Au-delà  des  points  de 
contaâ  dont  j’ai  parlé  s les  fe&ions  anticipant 
les  unes  fur  les  autres,  feront  difparoître  les 
angles  g, /î,  des  pentagones  ; en  forte  que 
ceux-ci  pafleront  fuccellîvement  par  les  figures 
abstuxl,  abndrl,  &c. , jufqu’à  ce  qu’ils 
foient  parvenus  à la  figure  du  rhombe  aboi ; 
& à ce  terme  , on  aura  le  noyau  du  cryftal. 

Si  l’on  fait  des  ferions  dans  quelqu’une 
des  lames  pentagones  abg  hl , dont  j’ai  parlé 
d’abord,  on  s’apperçoit  que  ces  lames  ne  font 
qu’un  afl'emblage  de  rhomboïdes  femblables  à 
celui  du  fpath  d’Iflande  , avec  des  vuides  trian- 
gulaires, difpofés  tant  fur  la  bafe  gh,  que 
fur  les  côtés  b g , l h , & qui  font  produits 
par  des  foufiradtions  de  molécules  confli- 
tuantes,  comme  je  l’ai  déjà  expliqué.  Quant 
aux  lames  , foit  eptagones  , comm q abstuxl, 
loit  exagones  , comme  abndrl  , que  l’on 
détache , paffé  le  point  où  les  feétions  voifines 
fe  touchent , il  eft  aifé  de  juger,  par  la  feule 


DES  CRYSTAUX.  ÏII 

infpeétion  de  la  figure,  26 , qu’elles  ne  font 
pareillement  qu’un  aflemblage  de  molécules 
femblables  à la  forme  primitive. 

37.  Cette  ftrudure  fournit  des  données 
pour  calculer  rigoureufement  les  angles  plans 
du  cryftal  dont  il  s’agit.  Soit  ab g c (Jig.  27  ) , 
une  des  faces  de  ce  cryftal.  Si  l’on  divife  cette 

iface,  en  faifant  palier  les  droites rp  , sh,hp, 
par  le  milieu  des  côtés  , il  eft  aifé  de  voir 
que  le  triangle  i hp  repréfentera  ce  qui  refte 
de  la  face  a b g c , lorfque  les  fe&ions  faites 
fucceffivement  fur  les  différentes  arêtes  du 
cryftal,  indiquées  p'us  haut  ( 36  ) , font  par- 
venues à leur  point  de  çontaét.  Or,  le  trian- 
gle ihp  étant  lemblable  au  demi  rhombe  abc, 
toute  l’opération  fe  réduit  à trouver  l’angle 
p i h.  Remarquons  que  p h — gh  {Jig.  26  ) 
= bl,  qui  eft  la  grande  diagonale  d’une  des 
faces  aboi  du  noyau.  De  plus,  pi  {Jig.  27 ) 

= lh  ( Jig.  26 , = — = a o , qui  eft  la  petite 

diagonale  du  même  rhombe.  Donc  ph  = 

/ 3 ( Jig.  27  & p i — 2 . Le  triangle 

p n i , réfolu  d’après  ces  valeurs,  donne  pour 
le  logarithme  du  finus  de  pin , le  nombre 
978701  y 6,  qui  répond  à l’angle  de  370 
io//*  Partant,  l’angle  p i h , ou  fon  égal 


1 1 2 De  la  Structure 

cab  , fera  de  73°  31'  20"  ; d’où  il  fuit  que 
le  grand  angle  a b g du  rhombe  eft  de  104° 
aS7  40". 

38.  Cherchons  maintenant  la  loi  des  dé- 
croiflemens  que  fubiffent  les  lames  ajoutées 
au  noyau.  Mais  obfervons , avant  tout,  que 
ces  lames  , prifes  en  partant  du  noyau  , 
croiiïent  vers  leurs  bafes,  en  même  temps 
qu’elles  diminuent  dans  le  fens  de  leur  largeur; 
de  forte  que  la  première  de  ces  variations  eft 

une  fuite  néceflaire  de  la  fécondé.  Il  faut 

/ 

prouver  maintenant  que  l’une  & l’autre  fe  font 
par  une  (impie  rangée  de  molécules.  Com- 
mençons par  les  décroiflemens  qui  ont  lieu 
fur  les  angles  latéraux  des  lames  de  fuperpo- 
fîtion.  Soient  g t eho  , g 0 knr  , a p s k h 
{ fig.  29.  A),  trois  des  grandes  faces  du 
cryftal,  en  le  fuppofant  parvenu  au  point  où 
il  auroit  fix  faces  pentagones,  & fix  facettes 
triangulaires  ifocèles  , dont  une  eft  repréfentée 
par  0 hk.  Nous  avons  vu  (36)  que  les  lec- 
tions  faites  dans  le  rhomboïde  conduifoient 
à un  folide  de  cette  forme.  Soient  de  plus 
g c b u , b p l u,  gui  x , les  rhombes  dont  les 
pentagones  cités  font  partie.  Ayant  mené  la 
diagonale  ux , imaginons  une  nouvelle  lame 
pentagone  , qui  feroit  appliquée  fur  la  face 
go  kn  r.  Cette  lame  fera  néceffairement  plus 

troite 


DES  C R Y S T A U X.  I î 

étroite  que  celle  à laquelle  appartient  cette 
meme  face»  Soit  qy  q le  triangle  menfurateur: 
qq  qu’il  faut  fuppofer  relevé  obliquement 
fur  le  plan  de  la  figure,  étant  le  côté  d’un 
«des  petits  rhomboïdes  qui  compofent  la  lame 
que  nous  conlidérons  ici , il  ne  s’agira  que 
d’avoir  la  valeur  de  q y , qui  mefure  la  quan- 
tité dont  la  lame  dont  il  s’agit  eft  furpaffée 
par  celle  qui  efi:  placée  immédiatement  au- 
deflbus.  Or- , comme  on  peut  concevoir  le 
triangle  qy  l fitué  où  l’on  voudra,  fiippo- 
fons  que  l’angle  jy  foit  au  milieu  du  côté  ok, 
de  manière  que  qy  fafle  partie  de  u x.  q y 
étant  dans  la  diredion  de  hy,  il  efi  facile  de 
voir  que  le  triangle  qy  q efi  femblable  au 
triangle  huy,  à caufe  des  parallèles  qq,  hu9 
& des  pofitions  de  qy , qy,  fur  les  prolongement 
de  u y , h y.  Donc  hu  : uy  : : qq  : q y -,  ou 
\ b u : ~ ux  ou  ~ eu  : : qq  : qy\  ou  enfin 
b u : c u : : q q : q y.  Or  , b u efi  le  côté 
ou  l'arète  du  rhomboïde , auquel  appartien- 
nent les  faces  g cb  u,  g u l x , &c.  ; c u efi  la 
grande  diagonale  d’une  de  ces  faces  ; qq  efi 
le  côté  d’une  des  molécules:  donc  q y fera  la 
moitié  de  la  grande  diagonale  des  faces  de  cette 
molécule;  c’eft-à-dire,  que  les  louftradions  fe 
font  par  une  fimple  rangée  de  petits  rhom- 
boïdes. 


H 


VJ 


ïi4  De  la  Structure 
PafTons  aux  variations  qui  ont  lieu  fur  les 
bafes  des  lames  de  fuperpofition  , & qui  font, 
comme  je  lai  obfervé  plus  haut , de  véritables 
accroifiemens.  Menons  la  hauteur  pf  du  pen- 
tagone apskh,  prolongée  jufqu’en  u,  & la 
hauteur  o f du  triangle  ohk.  Concevons  que 
fm  i loit  le  triangle  menfurateur,  dans  lequel, 
ayant  déjà/m  égal  au  coté  d’un  des  rhom- 
boïdes qui  compofent  le  rebord  inférieur  ou 
la  bafe  de  la  lame  à laquelle  appartient  le 
pentagone  apskh,  il  ne  s’agira  plus  que  de 
favoir  h m i (a) , qui  mefure  l’excès  de  cette 
lame  fur  celle  qui  eft  au  - deffous , eft  égal 
hmplement  à la  moitié  de  la  petite  diagonale 
du  rhombe  primitif  , ou  à cette  diagonale 
entière.  Or , fm  eft  parallèle  à g u,  qui  eft  l’un 
des  côtés  du  rhomboïde  , auquel  appartien- 
nent les  faces  g c b u , gulx,  &c.  ml  eft  pa- 
rallèle à pu,  qui  eft  la  petite  diagonale  d’une 
des  memes  faces;  de  plus ,f  i fait  partie  de  of : 


( a ) Voyez  ( fig.  zp.  B)  une  coupe  verticale  du 
folide  dont  il  s’agit  , & dans  laquelle  les  iignes  g u , 
pu,fo , Sic.,  répondent  à celles  qui  l'ont  indiquées 
par  les  mêmes  lettres , fur  la  fig.  zp.  A.  On  y voit 
aulTile  triangle  fm  i , dans  fa  véritable  poficion;&  la 
ligne  continuement  anguleufe  fm  i Ç «•  0 > repréfente 
l’efpèce  de  crénelure  formée  par  les  rebords  des  lameÿ 
compofantes  fur  la  furface  du  triangle  o h k. 


DES  CHYSTAUX.  ïlf 

tlonc  le  triangle  fi  m eft  femblàble'  au  trian- 
gle ouf  Partant,  uo  : / u ::  fm  : im ; ou 
'ign  : ? P 11  ■"  : Jm  : 1 m j ou  enfin  gu  : i pu 
::  fm  : im:  d’où  - l’on  conclura,  par  un 
raifonnement  lemblable  à celui  que  nous  avons 
fait  ci-defius,  que  i m eft  la  moitié  de  la  petite 
diagonale  d’une  des  faces  des  rhomboïdes  com- 
pofans  ; c’eft-à-dire , que  les  accroiffemens  fe 
font  vers  cette  partie  du  crylfal,  par  de  fimples 
rangées  de  ces  rhomboïdes. 

Je  ne  dirai  rien  des  variations  que  habillent 
les  lames,  par  rapport  aux  angles  à la  baie 
des  pentagones  , ou  il  fe  forme  de  nouveaux 
rebords  qui  changent  ces  pentagones  en  epta- 
gones  (jd)  , au-delà  des  points  de  contai! 
des  feétions  voihnes.  Il  eft  aifé  de  voir  que 
ces  rebords  étant  fur  des  plans  parallèles  aux 
faces  du  noyau,  tout  fe  pafTe  à cet  égard  , 
comme  fi  ce  meme  noyau  le  fut  accru  fans  chan- 
ger de  forme. 

On  peut  déduire  de  tout  ce  qui  précède, 
une  méthode  facile  pour  tracer  , à l’aide  du 
compas  & de  la  règle,  les  faces  des  princi- 
pales variétés  du  fpath  calcaire  , rapportées  à 
un  noyau  commun.  Ayant  déterminé  à vo- 
lonté le  côté  du  folide  rhomboïdal  qui  doit 
repréfenter  le  noyau  , on  tracera  un  rhombe 

H 2. 


ji6  De  la  Structure 
ac.gh  (fig-  28)  femblable  à l’une  quelconque 
des  faces  de  ce  rhomboïde  , mais  dont  les 
côtés  feront  doubles  de  ceux  des  memes 
faces.  On  mènera  de  plus  les  deux  diago- 
nales ah,  a g du  rhombe  , & la  droite  et, 
qui  doit  aboutir  au  milieu  t du  côté  ah. 

Cela  pôle,  le  triangle  fealène  act  donnera 
l’une  des  faces  du  .fpath  à dent  de  cochon,  comme 
je  1’  ai  prouvé  plus  haut  (35*). 

Pour  avoir  une  des  faces  du  fpath  rhom- 
boidal  à fommets  très -obtus  (22),  laiffez 
fublîfter  la  grande  diagonale  ch,  & prenez  le 
côté  a h pour  en  faire  la  petite  diagonale  d’un 
nouveau  rhombe  gfpo  ( fig.  1 1 ),  Ce  rhombe 
fera  celui  du  fpath  dont  il  s’agit. 

Pour  le  fpath  rhomboïdal  à fommets  aigus 
(3 6),  laiffez  pareillement  fublîfter  la  grande 
diagonale  ch  (fig.  28)  du  rhombe  aegh,  & 
prenez  fa  petite  diagonale  a g pour  en  faire  le 
côté  d’un  nouveau  rhombe  a b gc  ( fig.  27).  Ce 
rhombe  fera  l’une  des  faces  du  fpath  à fommets 
aigus. 

Spath  perlé.  Id.  Daubent.  Tableau 
minéralogique. 

39.  Le  fpath  perlé  fe  trouve  rangé  parmi 
les  fpaths  pefans,  dans  les  divers  Traités  de 


DES  Crystauï.  IÎ7 

Minéralogie  qui  ont  paru  avant  que  j’euile 
communiqué  à l’Académie  des  Sciences  ( a.  ) 
les  obfervations  que  j’ai  faites  relativement  à 
cet  objet.  Les  cryilaux  de  ce  fpath , ordinai- 
rement groupés  confufément*,  & difpofés  en 
recouvrement  les  uns  fur  les  autres,  font  auiîi 
quelquefois  affez  détachés  pour  que  l’on  puiffe 
en  appercevoir  diftinéfement  les  différentes 
faces.  Ils  fe  préfentent  alors  fous  des  formes 
rhomboïdales  tout-à-fait  femblables  à celles 
du  fpath  d’Iflande,  ayant  des  angles  égaux  à 
ceux  de  ce  cryftal,  & fe  divifant , comme  lui, 
parallèlement  à leurs  faces  , en  cryflaux  plus 
petits,  & de  la  meme  figure. 

Frappé  de  ce  rapport  de'  ftruélure  entre  des 
cryftaux  que  l’on  avoit  regardés  jufqu’ici 
comme  très-diflerens  , j’ai  cherché  à me  pro- 
curer des  éclairciffemens  fur  les  propriétés 
phyfiques  & chymiques  du  fpath  perlé.  M.  Brif- 
fon  , qui  prépare,  fur  les  pefanteurs  fpécifiques 
des  corps  naturels,  un  Ouvrage  doublement 
précieux,  & par  fexaditude  des  réfultats,  & 
par  la  sûreté  de  la  nomenclature  qui  fera 


(a)  Le  Mémoire  ^ui  renferme  ces  obfervations  a cte 
lu  à l’Académie  le  15  Juin  1781. 


H 3 


3 i 8 De  la  Structure 
prife  dans  îa  belle  diffribution  méthodique  de 
M.  Daubenton  , a eu  la  complaifance  de  me 
communiquer  l’évaluation  des  pefanteurs  rela- 
tives des  fpaths  pefans , du  fpath  perlé  , & du 
fpath  calcaire  rhomboïdal.  Voici  l’ordre  de 
ces  pefanteurs,  rapportées  au  terme  commun 
de  la  pefanteur  de  l'eau,.  que  M.  Brillon  fixe 
à ioooo. 

Spath  pefant  en  lames  rhombôïdales.  . 44434* 

Spath  pefant  en  mafl'es  blanches  & 

opaques 44300. 

Spath  perlé 28378. 

Spath  calcaire  rhomboïdal  . . . . 27171. 

On  voit , par  ces  évaluations , que  la  pe- 
fanteur fpécifique  du  fpath  perlé  diffère  beau- 
coup moins  de  celle  des  fpaths  calcaires  que 
de  celle  des  fpaths  pefans. 

M.  Bertholet  a bien  voulu  aufli  me  faire 
part  du  rélultat  de  Fanalyfe  qu’il  a faite  du 
fpath  perlé.  Cet  habile  Chÿmifte  a trouvé  que 
ce  fpath  n’efl:  qu’un  compofé  de  matière  cal- 
caire, avec  une  petite  quantité  de  fer,  dans 
la  proportion  de  quatre  grains  ou  quatre 
grains  & demi  fur  cent.  Ainfï  le  fpath  perlé  , 
fous  quelque  point  de  vue  qu'on  le  confidère, 
doit  être  rangé  parmi  les  fpaths  calcaires  ; & 
s’il  a une  pefanteur  fpécifique  plus  conftdé- 

« 


DES  CRYSTAUX,  I19 

dérable , &:  ne  fait  pas  une  aufïi  prompte  efter- 
vefcence  avec  les  acides , on  ne  doit  attribuer, 
ce  me  femble,  cette  différence  qu’au  mélange 
des  parties  ferrugineufes  qu’il  contient. 


ARTICLE  IV. 

Application  aux  Spaths  pefans. 

40.  J e place  ici  les  fpaths  pefans  , parce 
que  leur  forme  primitive  a du  rapport  avec 
celle  des  fpaths  calcaires  , comme  nous  le  ver- 
rons bientôt.  Les  cryftaux  du  genre  dont  il 
s’agit  ici  , ont  excité  l’attention  des  Phyfi- 
ciens  par  la  propriété  qu’on  a reconnue  à plu- 
Peurs  d’entr’eux  de  devenir  des  phofphores , 
lorfqu’après  leur  avoir  fait  fubir  une  certaine 
préparation  , & les  avoir  expofés  pendant 

quelques  inftans  au  foleil , on  les  porte  daqs 
un  lieu  obfcur.  Ils  n’ont  pas  moins  exercé 
la  Chymie  par  la  recherche  de  cette  terre 
particulière  que  l’on  en  retire  à l’aide  de 
l’analyfe  , & à laquelle  on  a attribué  leur 
pefanteui"  ccnhdérable  i ruais  dont  il  paroit 
que  la  nature  n’eft  pas  encore  bien  connue. 
Quant  aux  caractères  que  * peut  fournir  la 
Miuéralogie  pour  diftinguer  ces  mêmes  fpaths 
d’avec  les  fpaths  fluors  - phofphoriques , il  me 

H4 


120  De  la  Structure 
femble  qu’aucun  de  ceux  qui  ont  été  indi- 
qués jufqu’ici  n’eft  propre  à fixer  d’une  manière 
nette  & précife  la  limite  qui  fépare  ces  deux 
genres  de  pierres,  fur-tout  Iorfqu’elles  ne  fe 
préfentent  pas  fous  des  formes  afl'ez  régulières 
pour  qu’on  puiffe  déterminer  leur  cry ffallifa- 
tion.  Mais  la  ffruéture  fournit  entr’eux  un 
point  de  partage  que  je  regarde  comme  à 
l’abri  de  toute  équivoque;  car  en  détachant, 
à l’aide  d’un  infiniment  tranchant  , un  frag- 
ment  de  la  pierre  fur  la  nature  de  laquelle 
il  refiera  quelque  doute,  & en  frappant  avec 
précaution  fur  ce  fragment , on  verra  paroître 
des  joints  qui  donneront  des  rhombes  qu’on 
ne  pourra  fous-divifer  en  triangles , fi  le  frag- 
ment appartient  à un  fpath  pefant  , & des 
triangles  équilatéraux , fi  l’on  opère  fur  un 
morceau  de  fpath  phofphorique.  Ceff  ce  que 
l’on  concevra  aifément , d’après  l’explication 
que  je  donnerai  de  la  ftruéiure  de  ces  deux 
genres  de  cryftayx. 

Forme  primitive. 

» 

Spath  pêsant  en  lames  khomboïdales. 
Id.  Daubent.  Tabl.  miner. 

Développement.  Deux  rhombes  femblables 
au  rhombe  abcd  (j%.  io),  qui  efi  celui  du 
fpath  d’Iflande.  Quatre  rectangles  égaux. 


1 2 1 


DES  CRYSTAUY. 

41.  Les  deux  rhombcs  -qui  forment  les 
grandes  faces  oppofées  du  cryftal  dont  il 
s’agit  ici,  ont  , autant  que  j’ai  pu  en  juger 
par  les  mefures  que  j’en  ai  prifes  , les  mêmes 
angles  -que  le  rhombe  du  fpath  d’Iflande  ; 
c’eft-à  dire,  que  le  plus  grand  de  ces  angles 
eft  de  ioi°  32'  13'',  & le  plus  petit  de  78" 
27 ' 47"  ( 21  ) , en  fuppofant  l’égalité  par- 
faite (a).  J’ai  pris  une  lame  rhomboïdale  de 
fp3th  calcaire  ; je  l’ai  appliquée  fur  une  lame 
de  fpath  pefant,  en  faifant  correfpondrc  le 
grand  angle  de  l’une  avec  celui  de  l’autre,  & 
il  m’a  femblé  que  les  lignes  qui  formoient 
ces  angles  coïncidoient  exactement,  fans  que 
je  puffe  appercevoir  aucune  différence.  On  ne 
confondra,  cependant  pas  une  lame  de  fpath 
pefant  avec  une  lame  de  fpath  calcaire,  puifque, 
dans  celle-ci,  toutes  les  faces  étant  rhom- 
boïdales  , font  inclinées  refpeélivement  les 
unes  fur  les  autres  ; au  lieu  que  dans  le  fpath 
pefant , les  faces  latérales  étant  des  reélangles  , 
font  perpendiculaires  fur  les  deux  grandes  faces 
du  cryftal. 

Le  fpath  pefant  en  lames  rhomboidaîes  fe 
divife  parallèlement  à fes  différentes  faces  , 
en  rhomboïdes  partiels  , ou  en  petits  prifmes 


(a)  On  trouvera  ci  -après  ( n°.  47)  une  autre  donnée 
qui  conduit  aux  mêmes  angles. 


122  De  la  Structure 
droits  & quadrangulaires  , dont  les  bafes 
font  des  rhombes  qui  ont  des  angles  égaux 
à ceux  de  la  forme  primitive.  La  ftruéture 
du  cryftal  ne  détermine  point  le  rapport  de 
la  hauteur  de  ces  prifmes  avec  le  côté  du 
rhombe,  puifqu’on  peut  divifer  le  prifme  par- 
tout où  l’on  voudra  par  des  feétions  parallèles 
à fes  deux  bafes  ; ce  qui  donne  d’autres 
prifmes  plus  courts,  dont  la  hauteur  varie  à 
l'infini.  Je  prouverai  plusbas,  que  ces  prifmes  , 
conlfidérés  comme  les  molécules  conftituantes 
des  fpaths  pefans  , ont  la  forme  la  plus  (Im- 
pie , c’eftàdire  , que  leurs  faces  latérales  font 
des  quarrés. 

Formes  fecondaires. 

Spath  pesant  octaèdre  a sommets 
aigus.  ( PL  W ,fig.  30  * ).  Daubent.  Tableau 
minér. 

Développement.  Quatre  trapèzes  b a g m 
( fig.  31).  Six  triangles  ifocèles  as  g ( fig.  32). 


* Les  Commets  du  cryftal  , tels  que  je  Id  coniîdère 
ici  ; font  compofés  des.  faces  triangulaires  a g s , ogs  } 
b q m , x q m , qui  fe  réunifient  deux  à deux  par  leurs 
bafes  aux  extrémités  du  cryftal.  Les  aifgles  formés  par 
les  plans  de  ces  triangles,  à l’endroit  des  arêtes  s g, 
q m , font  dans  le  cas  préfent  des  angles  aigus. 


DES  C K Y 5 T A U If,  ï 2 3 

Angles  du  trapèze  bmg  = agm  = 46°  8; 
46".  mb  tx  g ci  b = 1 ] 3 0 T 1 / 14".  Angles  du 
triangle.  g^j  = J3°  7'  yo".  a gs  = as  g=  63° 
26'  y". 

42.  Les  feétions  par  lefquelles  on  détache 
les  grandes  lames  dont  ce  cryftal  eft  com- 
pofé  , fe  font  parallèlement  au  plan,  qui*  eft 
cenfé  paflêr  par  les  hauteurs  a c , bp  ( jig.  30), 
des  triangles  qui  forment  fes  quatre  petites 
faces.  Ces  lames  rcpréfentent  , par  leurs  gran- 
des faces,  des  exagones  alongés , tels  que 
AB  G H N O ( jig,  33  ) , dont  la  longueur 
AH  eft  confiante  , & qui  s’accroiffer.t  en 
largeur  jufqu’à  la  lame  du  milieu , qui  eft  la 
plus  grande  de  toutes.  En  fous-divifant  ces 
exagones  , on  trouve  qu’ils  fe  partagent  en 
petits  prifmes  quadranguîaires  femblables  à la 
forme  primitive,  ôc  dans  lefquels  le  petit  angle 
du  rhombe  eft  tourné  vers  le  fommet  A ou  H 
de  hexagone.  Les  triangles  que  l’on  voit  fur 
les  grands  bords  des  exagones,  annoncent 'les 
petits  vuides  qui  fe  trouvent  entre  les  angles 
extérieurs  des  molécules  conftituantes  difpo- 
fées  le  long  de  ces  memes  bords.  La  fituation 
du  noyau  de  forme  primitive  eft  indiquée  par 
le  rhombe  PRST. 

43.  Quant  à la  loi  des  décroiffemens  que 
fubiflent  les  lames-  de  fuperpofition  , tandis 


124  De  la  Structure 
qu’elles  diminuent  en  largeur,  on  la  trouvera, 
d’après  les  principes  expofés  ci  - deiïus  ( 1 3 ). 
Mais  comme  nous  ignorons  quelle  eft  la  hau- 
teur  des  molécules  conflituantes  , il  a fallu 
faire  à cet  égard  une  hypothèfe  que  nous 
verrons  bientôt  fe  vérifier  par  l’accord  du 
calcul  avec  l’obfervation.  J’ai  donc  fuppofé 
que  les  faces  latérales  de  ces  molécules  étoient 
des  quarrés  ( a).  D’après  cette  fuppofition  , 


(a)  Il  n eft  pas  inutile  d’obferver  ici  que  les  coupes 
qui  fe  font  parallèlement  à ces  quarrcs  , font  moins 
faciles  & moins  nettes  que  celles  qui  font  parallèles 
aux  rhombes  des  bafes  ; auftt  ces  dernières  figures  offrent- 
elles  moins  de  points  d’adhérence , ayant  moins  d’étendue 
que  le  quarre  de  même  contour.  Ceci  revient  à l’ob- 
fervation  que  j’ai  déjà  faite  ( pag . 5 1 , Note  1 ).  On 
verra  qu  elle  fe  vérifie  par  rapport  à d’autres  genres 
de  cryftaux  dont  je  parle  dans  cet  EJfai.  J’en  retrouve 
encore  la  confirmation  dans  un  affez  grand  nombre  de 
fubftances  cryftallifées  , fur  lcfquelles  je  me  propofe’ 
de  publier  mes  vues  dans  la  fuite.  Par  exemple  , les 
cryftaux  du  feldr-fpath  offrent  trois  coupes  différentes  : 
1 une  dans  le  fens  d’un  parallélogramme  obliquangle  , 
êf  les  deux  autres  parallèlement  à deux  reéfangles.  La 
première  de  ces  coupes  , ainfi  que  celle  qui  fe  fait 
parallèlement  à l’un  des  reétangles , eft  plus  nette  que 
celle  qui  eft  parallèle  à l’autre  reétangle.  Audi , en 
recherchant  par  le  calcul  les  dimenfions  des  faces  des 
molécules,  d’après  la  loi  des  déaoiffemens , ai-je  trouvé 


DES  CRYSTAUX.  125- 

foit  oc  l ( Jig.  34  ) le  triangle  menfurateur. 
Il  eft  clair  par  la  fuppolition  , que.  0 L eft 
égal  au  côté  B i 33  .)  d’une  des  molé- 

cules conftituantes.  Il’  ne  refte  plus  qu’à  déter- 
miner cl,  qui  doit  donner  la  loi  des  décroif- 
femens.  Or,  l’angle  ocl  eft  égal  à l’angle  r a n 
( fig • 30),  formé  par  une  perpendiculaire  ar , 
abaiftee  de  l’extrémité  a de  l'arête  a b fur 
l’arète  gm,  & par  an,  menée  perpendiculai- 
rement fur  l’axe  cp  du  cryftal  ; c’eft-à  - dire, 
que  l’angle  0 cl  (fig.  34  ) eft  la  moitié  de 
celui  que  forment  entr’elles  les  grandes  faces 
du  cryftal  fur  l’arète  a b ou  ox.  D’après  cela, 
un  ftmple  coup  - d’oeil  jeté  fur  le  cryftal  , 
fuffit  pour  faire  juger  que  l’on  a,  dans  le  cas 
préfent,  ol  plus  petit  que  cl ; d’où  il  fuit 
que  cette  dernière  ligne  fera  la  petite  diago- 
nale entière  d’un  des  rhombes  compofans,  & 
non  pas  la  moitié  feulement  de  cette  diago- 
nale : car  alors  on  auroit  0 l plus  grand  que 
cl.  Il  faut  donc  qu’après  avoir  calculé  -l’angle 
ocl,  en  faifant  ufage  des  données  précédentes, 
& en  avoir  pris  le  double,  on  ait  un  angle 


que  le  dernier  rcélangle  dont  je  viens  de  parler  avoic 
une  furface  plus  grande  dans  le  rapport  de  3 à 3 , 
que  celle  de  l'autre  re&angle  & du  parallélogramme 
©bliquangle,  qui  fon:  égaux  entr’eux. 


126  De  la  Structure 

égal  à celui  que  l’on  obferve  fur  le  cryflaï 
même  , en  mefurant  l’inclinaifon  des  deux 
faces  , qui.fe  réunifient  à l’endroit  de  l’arète  ab 
ou  o x. 

Il  efl:  aifé  de  voir , d’après  l'égalité  des 
angles  du  rhombe  dans  le  fpath  pefant  & le 

fpath  calcaire,  que  l’on  a Z 0 = ]/"  y (30  V, 

cl  = ]/"  8.  Donc  co  Réfolvant  le 

triangle  re&angle  ocL  à l’aide  de  ces  données, 
on  trouvera,  pour  le  logarithme  de  oc  l,  le 
nombre  97  9 z S 1 3 3 ? fiui  répond  à l’angle 
de  38°  15/  43^,  avec  un  refte  , lequel 
vaut  plus  de  3 0 Donc  l’angle  que  forme 
1 inclinaifon  refpe&ive  des  grandes  faces  du 
cryftal  fur  les  arêtes  ab,  0 x , doit  être  de 
76°  35/  27 "ifk  l’angle  formé  par  l’inclinaifon 
des  mêmes  faces  fur  les  arêtes  gm , qs  , fera 
de  103°  20''  3 3//.  Or  , l’obfervation  donne 
fennblement  les  mêmes  angles  ; ce  qui  con- 
firme, la  fuppofition  faite  par  rapport  à la  ; 
forme  des  molécules  conftituantes , & fait  voir  4 
de  plus  que  les  lames  de  fuperpofition  dé- 
croifîent,  dar^  le  cas  préfent,  par  des  fouf- 
traélions  d’une  double  rangée  de  molecu'es 
( 14);  en  forte  que  ces  lames  peuvent  être 
repréfentées  fuccefiivement  par  les  exagor.es 
ABGHNO,  A gdllkm  (/g.  33). 


des  Crystaux.  J 27 

Quanta  l’angle  formé  par*  les  petites  faces 
triangulaires  bqm,  xqtn  d’une  part,  & ags , 
ogs  de  l’autre  (fig.  3°)>  fur  les  arêtes  qm9 
g s , fa  valeur  eft  évidemment  de  78°  27'  47"; 
puifque,  d’après  la  ftrudture  du  cryftal,  cet  angle 
eft  égal  au  petit  angle  du  rhombe  de  figure 
primitive. 

44.  Le  calcul  des  angles  plans  du  cryftal 
eft  facile,  d’après  ce  qui  précède.  Propofons- 
nous  d’abord  de  déterminer  ceux  de  la  face 
triangulaire  ags.  Il  eft  aifé  de  voir  que  an 
& c n font  entr’elles  comme  la  moitié  de  la 
petite  diagonale  du  rhombe  appartenant  au 
fpath  pefant  eft  à la  moitié  de  la  grande  dia- 
gonale du  même  rhombe,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  comme  la  petite  diagonale  entière 
eft  à la  grande.  Ce  rapport  fuit  évidemment 
de  la  ftrudlure  des  lames  exagones  qui  com- 
pofent  le  cryftal;  c’eft  à-dire,  que  an  : en  : : 

8 : 12.  D’ailleurs , à caufe  des  trian- 

gles femblables  c 0 L ( Jïg . 34  ),  & r an  ( fig.  30), 

on  a a n : n r : : c l : 0 l : : 8 : g • 

D’ou  il  fuit  que  nous  pouvons  faire  an  = 

V 8,  cn—y^  I 2 , ècnr-^l/  y.  Ayant  mené 
ac  perpendiculaire  fur  gs  , nous  aurons  ac  = 

Y7  = V 8+12^=  J/Tô. Main- 


v 


128  De  la  Structure 
.tenant,  dans  le  triangle  reétangle  acg,  nous  con- 

noifl'ans  cg  = nr  20  . Ré- 

folvant  ce  triangle , on  aura  pour  le  loga- 
rithme de  la  tangente  de  l’angle  agc , le  nom- 
bre 1 o 3 O 1 o 3 o o , qui  répond  à l’angle  de 
6j°  26'  5".  Cette  valeur  fera  aufli  celle  de 
l’angle  a s g , & l’angle  g as  fera  de  530  7' 
5 o". 

Cherchons  maintenant  les  angles  du  tra- 
pèze gm  b a.  Dans  le  triangle  redtangle  agr9 

nous  avons  r g — en  = }/  1 2,  Sc  ar  = 

V/ anL  -5-  rnz  — J/'  8 -H  S =■  V'  13.  Ré- 
fol vant  ce  triangle,  nous  trouverons  pour  le 
logarithme  de  la  tangente  de  l’angle  agr,  le 
nombre  100173811,  qui  répond  à 46°  8/ 
4 6 ",  valeur  de  chacun  des  angles  fur  la  bafe 
du  trapèze  ; d’où  il  fuit  que  la  valeur  de  l’an- 
gle gab,  ou  d emba  fon  égal,  fera  de  133e* 

$1'  14". 

Spath  pesant  octaèdre  cunéiforme  a 
sommets  obtus.  Id.  Daubent.  Tabl.  miner . 

Développement.  Quatre  trapèzes  bmga 
( fig.  38).  Quatre  triangles  reétangles  ifocèles. 
Angles  du  trapèze  b m g — agm  — 63° 26'  6". 
g ab^=mb a — 11 6°  33'  jq". 

47- 

* 


DES  C Fv  Y S T A U X.  3 2$» 

451.  Les  cryflaux  de  ce  fpath  , que  fai  ob- 
servés, avoient  été'  apportés  du  Mont  Etna, 
& leur  matrice  étroit  mêlée  de  foufre.  Ou 
remarque  fouvent  , à chacun  de  leurs  Com- 
mets , deux  facettes  furnuméraires,  qui  rem- 
placent les  deux  angles  1/olides  lîtués  aux  ex- 
trémités des  arêtes  de  ces  Commets.  Je  fais 
^bflradion,  pour  l’indant,  des  facettes  dont  il 
s’agit.  # 

Le  cryftal  odaèdre  qui  vient  d’être  décrit. 
Ce  di vile  comme  celui  de  la  variété  précé- 
dente 1.42)  > mais  ies  rhombes  , qui  coropo- 
fent  les  lames  exagones  que  l’on  détache  à 
chaque  feéhon , ont  leur  grand  angle  , au 
lieu  du  petit , tourné  vers  le  Commet  du  cryftal, 
qui,  par  cette  railou,  eft  obtus-angle  , comme 
On  peut  en  juger  par  l’inCpedion  de  la  figure  36, 
laque'le  repréfente  une  coupe  exagone  de  ce 
cryftal. 

0 

\6.  Les  décroiffemens  des  lames  de  fuper- 
pofition  Ce  font  , dans  cet  odaèdre  , Cuivant 
la  loi  la  plus  fimple  , c’eft  - à - dire  , par  des 
fouftradions  d’une  feule  rangée  de  molécules. 
Pour  le  prouver,  repréfentons  encore,  par  la 
figure  30,  l’odaèdre  dont  il  s’agit  ici,  & qui 
ne  dhlère  de  l’autre  que  par  la  valeur  des 
angles.  Soit  col  ( fig.  3^  _)  le  triangle  men- 
^urateur , dans  le  cas  préfent,  On  aura  o l plus 


130 


De  la  Structure 


grand  que  c l , comme  on  s’en  apperçoit  â 
la  feule  infpeétion  du  cryftal  ; ce  qui  indique 
que  c L n’eft  que  la  moitié  de  la  grande  dia« 
gonale  d’un  des  rhombes  compofans.  Quant 
à la  ligne  ol , elle  fera  toujours  égale  au  côté 
de  la  molécule  conftituante.  On  aura  donc  ol 


— y , c / = 3 , & co  = V/'  8.  Ces  va- 

leurs donnent  32°  14'  15/'  pour  l’angle  0 c l $ 
d’où  il  fuit  que  l’angle* formé  par  les  incli- 
naifons  des  grandes  faces  du  cryftal  fur  les 
arctes  ab  , 0 x,  eft,  dans  le  cas  préfent,  de 
104°  28*38";  & f angle  formé  par  les  incli- 
tlaifons  des  mêmes  faces  fur  les  arêtes  gm9 
s q,  dQ  750  31'  22"  > ce  qui  s’accorde  avec 
l’obfervation.  Ainli , les  lames  de  fuperpofi- 
tion  décroiftent  dans  çe  cryftal  fuivant  la 
loi  indiquée  plus  haut;  c’eft-àdire , que  les 
faces  exagones  de  ces  lames  peuvent  être 
repréfentées  fuccellivement  par  les  figures 
AB  G H NO,  A/i  H r r , &c.  (3%.  36 


47.  Déterminons  maintenant  les  angles 
plans  du  cryftal , en  commençant  par  ceux 
des  faces  triangulaires  s a g.  Les  triangles  fem- 
blables  anr,o  cl , donnent  a n : nr  : : c l : ol  :: 


3 : 5 • De  plus  , an  : c n : : j/”  3 : j/-  2 . 

Donc  nous  pouvons  faire  a n s= 


DES  C R Y S T A U X. 


* 3* 

yir=y  y , Sccn=]/r2.  Donc  ac  =- 
— — 

y an1  -+-  c tr  = y.  Mais  cg=nr=yr~ÿï 
donc  le  triangle  reiflangle  ac  g cil  ifocèle  : 
d’où  il  fuit  que  la  face«r«g  effc  elle  - même 
un  triangle  rêdangle  iiocèle;  ce  que  l'oblerva- 
îion  confirme  pareillement  ( a ). 

A l’égard  des  angles  du  trapèze  gm  b a , con- 
fidé rant  Je  triangle  reétangle  agr,  nous  avons gr 


— cn  = V 2.  , & ar  =V an'  -f.  nf-  — 

^ 3 + 5"  = V 8.  Ce  triangle  réfolu 
donne  pour  logarithme  de  la  tangente'de  agr , 
le  nombre  1030  I 0300,  qui  répond  à 6f 
2(5' valeur  de  chacun  des  deux  angles  a g m9 
bmg;  dou  il  fuit  que  celle,  de  chacun  des 
angles  g ab,  m b a , e( t de  1160  33'  yy" 

Concevons  maintenant  que  le  cryftal  ait  à 
chacune  de  fes  extrémités  les  deux  facettes 
furnuméraires  dont  j'ai  parlé  plus  haut  ( q.y  _), 
Si  ces  facettes  font  allez  grandes  pour  fe  tou- 
cliei  par  leurs  fommets  , elles  deviendront  „ 
dans  ce  cas , des  quadrilatères  alongés  , tels 
que  oais  (fig.  37  );  les  faces  triangulaires  du 

(a)  L’exiftence  de  l’angle  droit  dont  il  s’agit  ici  allure 
les  valeurs  trouvées  pour  tous  les  autres  angles , d’après 
le  principe  énoncé  pag.  iè  de  l’Introduftion. 

12 


132  ' De  la  Structure 

cryftal  fe  trouveront  changées  elles-mêmes  ert 
d’autres  quadrilatères  d 0 s b , imgs,  & les 
grandes  faces  feront  des  exagones  irréguliers a 
dont  la  fig.  37  repréfente  deux  moitiés  ahtmi a 
ahkdo.  Tant  que  les  coupes,  qui  fe  font  dans 
le  cryftal,  ne  paflent  que  fur  les  facettes  acci- 
dentelles , ces  coupes  font  des  redangles,  tels 
que  cdbnÇfig.  3 6).  Au-delà  du  point  où 
ces  coupes  paflent  aufli  fur  les  quadrilatères 
qui  font  refiés  des  faces  triangulaires  du  cryf- 
tal, les  redangles  fe  changent  en  ©dogones 
femblables  à cBGtz&NOd  {fig.  36  ).  Enfin, 
la  figure  de  la  dernière  coupe , qui  pafle  pat 
les  deux  pointes  du  cryftal  , eft  un  exagsne 
femblable  à ceux  que  l’on  détache  de  l’odaèdye 
fimple  & fans  facettes  furnuméraires.  Si  au 
contraire  ces  facettes  font  trop  petites  pour 
fe  toucher , auquel  cas  il  eft  aifé  de  voir  que 
les  faces  triangulaires  de  l’odaèdre  fe  trou- 
vent changées  en  pentagones,  alors  les  coupes 
odogones  confervent  leur  figare  fans  paflfer  à 
celle  de  l’exagone, 

48.  Les  facettes  dont  il  s’agit  réfultent  de. 
la  même  loi  de  décroiflement  qui  a lieu  dans 
l’odaèdre  à fommets  aigus  (42),  par  rap- 
port aux  grands  côtés  des  lames  qui  compo- 
fent  cet  odaèdre  ; c’eft-à-dire,  que  les  lames 
<jdu  cryftal  à facettes , au  lieu  d’être  confiantes 


T)' ES  CrYSTAUÏ,  135 

dans  leur  axe  ou  leur  hauteur,  décroiflent 
vers  leurs  extrémités  A,  H ( fîg,  36  ) , par  des 
fouftradions  d’une  double  rangée  de  molé- 
cules confirmantes.  Audi,  l’angle  que  forment 
les  plans  des  facettes  furnuméraires  fe  trouve- 
t-il  être  de  76°  35/  27"  , comme  celui  que  for- 
ment les  grandes  faces  de  l’o&aèdre  à fommets 
aigus  par  leurs  inclinaifons  fur  les  arêtes  ab , 0 x, 
<Jg • 3°)’ 

49*  J’ai  dit  ( 13  ) que  quand  les  décroiiïe- 
mens  fe  faifoient  par  des  fouftradions  d’une 
double  rangée  de  molécules  conftituantes  , 
il  fe  pouvoit  qu’il  y eut  des  ftries  fenhbles  fut 
la  furface  du  cryftal.  J’aiapperçu  de  res  ftries,  à 
1 aide  de  la  loupe  , fur  les  facettes  furnumé- 
raires  de  1 odaèdre  dont  je  viens  de  parler. 
Aufiî  ces  facettes  font -elles  précifément  de 
celles  où  les  décroillemens  des  lames  fuivent  la 
loi  indiquée. 

50.  D après  les  données  que  fournit  cette 
loi,  ôc  en  général  laftrndure  de  ce  cryftal  , on 
peut  déterminer  , par  le  calcul,  les  angles  plans 
du  meme  cryftal  ,dans  le  cas  des  facettes  furnu- 
méraires. Je  me  borne  à donner  le  réfultat  de 
ce  calcul. 

J°*  P°ur  la  facette  a 0 s i ( fig.  37  & 39  ) 3 
i 0 s = 87°  agi1  27 " . a os  ou  a i s = 1 io°  29/ 
l6".  iao  =$i°  iÿ.  1", 

13 


134  De  la  Structure 

2°.  Pour  le  quadrilatère  s im  g( jïg.  37  & 40  ), 
i m s—  yo°.  m is  ou  mgs  = 1080  if  48  ".gs  i~ 

Sf  8'  24». 

3°. Pour  l’exagone  l r ab  ^x  (jïg.  3 S),bar  = 
abq~  ii6°3  3/  S4''  ^ ra  — ^lx  — I0^° 
rl’x  = ixl=  134°  o' 6". 

Le  fpath  pefant  eft  fufceptible  de  plufieurs 
autres  variétés  de  formes',  dont  je  ne  dirai 
qu’un  mot.  Ce  fpath  fe  trouve  cryftallifé,  par 
exemple  , tantôt  en  lames  exagones  , 6e  tantôt 
en  lames  reétangles  , avec  des  bifeaux  fur  les 
bords  ; ce  dernier  porte  le.  nom  de  fpath  pe- 
fant en  tables.  Il  fera  aifé  , avec  un  peu  d’at- 
tention , de  ramener  la  fbu&ure  de  ces  lames, 
à celle  des  cryilaux  oélaèdres  dont  j’ai  parlé, 
6e  dont  elles  ne  font,  pour  ainfi  dire,  que  des 
fegmens.  On  déterminera , avec  la  même  fa- 
cilité , la  loi  des  décroiftemens  que  fubiffent 
les  lames  compofantes  ; dans  le  cas  où  les  cryf- 
taux  ont  fur  leurs  rebords  des  bifeaux  qui  réfui’ 
tent  de  ces  mêmes  décroiffemens. 


ARTICLE  V. 

Application  aux  fpathts  fluors-phofphoriques. 

51.  La  plupart  des  cryftaux  de  ce  genre 
ont  une  difpofition  encore  plus  prochaine  que 


DES  C R Y S T A U X.  I 

les  fpaths  pefans , à répandre  une  lumière  au 
milieu  de  l’obfcurité,  puifqu’il  fuffit  , pour 
leur  faire  produire  cet  effet  , d’en  jeter  des 
fragmens  fur  des  charbons  ardens,  fans  aucune 

préparation. 

Ce  meme  genre  de  pierre,  très-peu  varié 
quant  aux  formes  qu’il  préfente  , eft  peut- 
être  celui  dont  l’afped  eft  le  plus  fufceptible 
de  fe  diverfifier  , par  les  couleurs  vives  & 
multipliées  dont  la  Nature  a peint  fes  diffé- 
rens  cryftaux  , & qui  les  ont  fait  aftïmiler  au 
cryftal  de  roche  violet,  & à la  plupart  des 
cryftaux  gemmes  fous  les  noms  de  faujje 
améthijle  , fauffe  émeraude , faux  rubis , &c. 

Les  formes  des  fpaths  fluors  fe  réduifent  à 
celle  de  foâaèdre  & à celle  du  cube , qui  eft 
la  forme  qu’il  affeéte  le  plus  ordinairement  , 
avec  quelques  modifications  qui  indiquent  le 
paflage  d’une  de  ces  formes  à l’autre.  Mais 
nous  verrons  bientôt  que  ces  mêmes  formes , 
fi  Amples  & fi  régulières , cachent  une  ftrudure 
pour  ainfi  dire  équivoque  , & qui  ne  permet 
que  d’afligner  , par  conjecture  , la  véritable 
figure  des  molécules  conftituantes  de  ces 
fpaths. 

Forme  primitive. 

Spath  fluor  -phosphorique  octaèdre* 
îd.  Daubent.  Tabl.  miner , 

I 4 


i%ïfr  De  £a Structure 

Développement.  Huit  triangles  équilaté- 
raux. 

52.  Les  divers  cryftaux  de  forme  primitive 
dont  nous  avons  confidéré  jufqu’ici  la  ftruc- 
ture  , ne  peuvent  être  divifés  qu’en  petits 
cryftaux  d’une  forme  unique  , 6e  qui  a les 
mêmes  angles  que  le  cryftal  entier.  Il  n’en 
eft  pas  de  même  de  l’odaèdre  des  fpaths  fluors; 
de  quelque  manière  qu’on  y falfe  des  fedions 
pour  détacher  les  parties  qui  le  compofent  , 
il  eft  impoffible  de  ramener  ces  parties  à l’unité 
de  figure , & la  diviiion  donne  toujours  au  moins 
des  cryftaux  de  deux  formes,  je  veux  dire  des 
odaèdres  & des  tétraèdres. 

Soit  abnts  (Jzg. 41)  un  odaèdre  de  fpath 
phofphorique.  Suppolons  que  l’on  faCTe  paffer 
par  les  milieux  c,  0,  g,f,  d,  &c.,  des  arêtes 
de  cet  odaèdre  , des  plans  coupans  dirigés 
parallèlement  à fes  faces  ( ce  qui  eft  la  feule 
manière  de  divifer  le  cryftal  par  des  coupes 
nettes),  les  différentes  fedions  que  l’on  aura 
faites,  produiront  fix  odaèdres  partiels,  dont 
chacun  le  confondra  par  l’une  de  les  pyramides 
.avec  l’un,  des  angles  folides  de  l’odaèdre  to- 
tal , & huit  tétraèdres  à faces  équilatérales  , 
qui  fe  réuniront  par  un  de  leurs  angles  folides 
au  centre  de  l’odaèdre  total , avec  les  fom- 
mcts  des  pyramides  inférieures  des  odaèdres 


DES  CrystauI  rI3? 

partiels.  Les  triangles  c o g , g r e , oh  J , dec.  3 
repréfentent  les  faces  extérieures  de  ces  té-, 
traèdres. 

Déplus,  chaque  oétaèdre  partiel  ayant  une 
hauteur  fous-double  de  celle  de  l’oétaèdre  to- 
tal , fera  j de  cet  oétaèdre,  de  chaque  té- 
traèdre fera  ^ de  l’un  des  oétaèdres  partiels. 

Obfervons  maintenant  qu’en  divifant  un 
tétraèdre  parallèlement  à fes  faces  par  des 
ferions  faites  fur  les  moitiés  des  côtés  de  ces 
mêmes  faces  , on  a quatre  nouveaux  tétraèdres, 
dont  chacun  eft  £ du  tétraèdre  entier,  plus 
un  octaèdre  qui  eft  la  moitié  du  meme  té- 
traèdre. 

Suppofons  que  , par  de  nouvelles  coupes 
femblables  à celles  qui  viennent  d’être  indi- 
quées , on  fous  divife  les  ftx  oétaèdres  de  les 
huit  tétraèdres  que  l’on  avoit  eus  d abord,  en 
<le  nouveaux  octaèdres  de  tétraèdres  ( auquel 
cas  il  eft  facile  de  voir  que  chaque  tétraedre 
fera  le  quart  d’uo  des  oétaèdres  produits  par 
la  même  divifton  ) , les  nombres  d oétaedres 
de  de  tétraèdres  que  l’on  obtiendra  fucceffi- 
vement,  formeront  deux  fuites  récurrentes; 
favoir  : 

pour  les  ottaèdres  , 6.  44.  344.  273 6.  21856,  &c. 
5c  pour  les  tétraèdres,  8.  80:  672.  5440.  43648  , &c. 

Exprimons  maintenant  chacun  des  termes 


138  De  la  Structure 

de  ces  deux  fériés  , par  une  formule  générale 
qui  nous  fera,  néceffaire  dans  la  fuite.  On  peut 
obferver  que  , dans  la  férié  fupérieure  , un 
terme  quelconque  du  rang  n eft  égal  à huit 
fois  le  terme  précédent,  moins  au  nombre  2, 
élevé  à la  puiffance  n.  Cela  pofé  , le  premier 
terme  étant  6,  on  aura  pour  l’expreftion  des 
différens  termes  de  la  férié, 

6,  6. 2- — 2%  6. 2*— -i5 — 25, 6.  i9  — 2* — 26 — 24... 

6c  en  général , l’expreflion  d’un  terme  quelcon- 
que fera  , 

A — (5.  25"_î 23"-4 o 3n— « 2j7!-3 2*.. 

Or,  les  termes  négatifs  étant  pris  dans  un. 
ordre  renverfé , forment  une  progreflion  géo- 
métrique croiflante  , dans  laquelle  le  premier 
terme  a=zn , le  dernier  terme  u=  2in~ 4 , & la 
raifon  q = 4. 


Donc  5= 


4.  1%  n -4  __  J» 


• I 


3» 


5 2 


Donc,  en  fubftituant,  l’on  aura, 

A = 6.  2î”-!  — i 25"  -+- 1 1”  = 1 2’"— 

, -H  2*=;i!'+  t 2”  =}S“  + ii”. 

A l’égard  de  la  loi  que  fuivent  les  termes 
de  la  férié  inférieure  , on  remarquera  que 
chacun  de  ces  termes  eft  égal  au  double  du 


SES  C R Y S T A U TC,  hï  3# 

terme  correlpondant  de  la  férié  fupérieure  , 
moins  au  nombre  2 élevé  à la  puilTance  n-fr-i; 
d’où  il  luit  que  l’expreflion  générale  d’un  terme 
quelconque  de  cette  férié  ell , 


B = f 8"  + t 2S  — a"-*-1  ==  t 8"  + f 2"  — , 
2.2n=T  S"-f  2n  = !(3"-  ^n). 

On  peut  encore  retirer  d’un  oéïaèdre  de 
fpath  fluor,  des  parties  d’une  forme  différente 
de  celle  de  l’o&aèdre  & du  tétraèdre.  : par 
exemple,  des  rhomboïdes  dont  les  flx  faces 
auront,  leur  grand  angle  de  1200;  mais  ces 
rhomboïdes  ne  font  eux-mémes  que  des  affem- 
bîages  d’un  oélaèdre  & de  deux  tétraèdres, 
appliqués  fur  deux  faces  oppofées  de  cet  oc- 
taèdre. En  général,  les  parties  détachées  du 
cryftal  entier  fe  réduiront  toujours , en  der- 
nière analyfe  , à des  oétaèdres  & à des  té- 
traèdres , fans  qu’il  foit  poflïble , même  par 
des  fections  fuppofées  & purement  idéales , de 
concevoir  un  o&aèdre  divifé  en  tétraèdres 
femblables  à ceux  dont  il  s’agit,  c’eft-à  dire  , 
dont  les  faces  foient  des  triangles  équilaté- 
raux. m 


5*  3 . Si  l’on  s’en  tenoit  ici  à la  fimple'  appa- 
rence , il  faudrait  admettre  dans  le  fpath  fluor 
une  ftruéture  mixte , & des  molécules  conf* 
situantes  de  deux  formes  diverfes.  Mais  une 


/140  Df.  la  Structure 

pareille  fuppofition  eft  également  contraire  ^ 
& à la  raifon  d’analogie  qui  fe  tire  de  la 
ftrudure  uniforme  de  tant  d’autres  cryftaux  ,, 
& à la  fimplicité  que  tout  nous  porte  à 
reconnoître  dans  la  compofition  des  corps 
naturels.  Je  penfe  donc  qu’il  en  eft  ici  de 
l’une  des  deux  formes  dont  il  s’agit,  comme 
des  portions  de  cryftaux  qui  paroiftent  exifter 
fur  les  bords  des  lames  compofantes  dans  les 
cryftaux  fecondaires -,  c’eft  - à - dire , que  les 
tétraèdres  ou  les  oétaèdres  fe  trouveroient 
nuis  , li  nous  pouvions  pouffer  la  divifion 
du  fpath  fluor  jufqu’à  fes  molécules  confti* 
tuantes.  Ainfi , d’après  cette  conjeéture , les 
premiers  oétaèdres  , formés  par  le  groupe-* 
ment  des  molécules  conftituantes  , étoient 
Amplement  compofés,  par  exemple , foit  do 
Ax  petits  odaèdres  , foit  de  huit  tétraèdres 
réunis  par  les  bords,  &:  qui,  fe  groupant  en- 
fuite  avec  d’autres  cryftaux  de  la  meme  forme, 
ont  produit  des  octaèdres  d’un  certain  vo* 
lume,  & dans  lefquels  les  vuides,  laiffés  par 
la  non-exiftence  des  tétraèdres  ou  des  oc- 
taèdres, font  infenfibles  par  rapport  à nous. 

Comme  on  n’a  jamais  obfervé  lè  fpath  fluor 
fous  la  forme  du  tétraèdre,  tandis  qu’on  re- 
trouve, dans  ce  genre  de  cryftaux,  l’oétaèdre 
avec  fes  modifications  5 il  fembleroit  peut-être 


DES  CRYSTAÜX.  ï 4Ï 

plus  naturel  de  penfer  que  les  molécules  de 
ce  fpath  font  des  octaèdres.  Cependant  la 
grande  {implicite  de  la  figure  du  tétraèdre 
pourroit  faire  pencher  aulli  en  faveur  de  cette 
même  ligure.  Je  ne  déciderai  point  ici  entre 
ces  deux  opinions;  j’efpère  que  les  recherches 
que  je  me  propofe  de  faire  fur  quelques  autres 
cryftaux,  dont  la  ftructure  conduit  à admettre 
de  meme  des  vacuoles  dans  leur  intérieur  , 
contribueront  à répandre  de  nouvelles  lumières,  . 
& à fixer  nos  idées  fur  le  fait  particulier  dont 
il  S*agit. 

La  quantité  de  vuide  qui  exifteroit  dans  un 
o&aèdre  de  fpath  fluor,  fi  la  chofe  étoit  telle 
que  je  le  fuppofe  , ne  peut  faire  une  difficulté 
férieufe.  Suppofons  , pour  un  inflant , le  cryflal 
fans  vacuoles.  Soit  fl3  la  folidité  d’un  des 
petits  octaèdres  compofans  ; 7 a>  repréfentera 
la  folidité  d’un  des  tétraèdres  correfpondans  ; 
d’où  il  eft  aifé  de  conclure,  d’après  les  for- 
mules trouvées  plus  haut,  que  la  folidité  de 
tous  des  oCtaèdres  fera  à celle  des  tétraèdres, 
comme  7 a>  8”-+-  \ a)  2"  eft  à + æ5  (78"—  t a') 
= \ a 3 8"  — t a>  2n.  Remarquons  maintenant 
qu’a  mefure  que  n augmente , la  quantité  a3  2” 
devient  plus  petite,  par  rapport  à la  quan- 
tité <z3  8n  ; en  forte  que  fi  l’on  fait  fucceili- 
yement  «==  1 , n = 2 , n ;=  5 , &c.  ? on 


De  ea  Structure 

aura  fl3  2"  = 4 a3  8%  a5  2"  = a?  8",  a3  2* 
*— : -^a5  8",  &c.  '■>  & en  général  a3  2n  = T"  a3  8”^ 
D’où  il  fuit  que  fi  l’on  repréfente  par  n le 
nombre  qui  répond  à la  dernière  de  toutes  les 
divilions  poflibles  , ce  nombre  étant  en  quel- 
que forte  infini , la  quantité  a3  in  pourra  être 
confidérée  comme  prefque  nulle  , par  rapport 
à la  quantité  a3  8".  Si  donc  l’on  fuppofe  que 
Je  cryftal  ne  foit  compofé  que  d’oétaèdres , 
la  quantité  de  vuide  lera  à la  quantité  de  ma- 
tière à-peu-près  dans  le  rapport  de  \ a>  8" 
à -L  a1  8"  ; c’eft-à-dire , qu’elle  en  fera  prefque 
la  moitié.  Si  l’on  conçoit  au  contraire  que  les 
tétraèdres  exifient  feuls,  la  quantité  de  vuide  ' 
fera  un  peu-  plus  que  le  double  de  la  quantité 
de  matière  ; fuppofitions  qui  paroiflfent  très- 
admilfibles  , lorfque  l’on  fait  attention  à la 
grande  porofité  des  corps. 

Forme  fecondaire. 

Spath  fluor-phosphorique  cueique.  la. 
Daubent.  Tabl.  miner. 

54.  J’ai  déjà  fait  voir  ( y ) de  quelle  ma- 
nière il  falloit  divifer  un  cube  de  fpath  phof- 
phorique  pour  en  retirer  le  noyau  oâaèdre» 
Les  lames  qui  .recouvrent  ce  noyau  font,  comme 
je  l’ai  dit  ? les  unes  triangulaires , & les  autres 


DSS  CR  Y ST  AUX.  I4Î 

éxagones  ; 3c  fi  l’on  faitattention  que  ces  lames 
ne  peuvent  être  fous  - divifées  que  par  des 
fedions  parallèles  aux  faces  du  noyau  , on, 
concevra  que , dans  ce  cas , leurs  grandes 
faces  fe  trouveront  partagées  en  un  certain 
nombre  de  triangles  équilatéraux  , dont  les 
uns,  tels  que£,Y.,  y (PLI,  fig.  2),  repré- 
Tenteront  des  faces  de  petits  odaèdres  engagés 
dans  I’épaifleur  des  lames,  & les  autres,  tels 
que  t repréfenteront  des  vuides 4interpofés 
entre  ces  odaèdres  , ou  vice  versa  j en  forte 
que  les  rebords  bc,  df , ^e, .feront  tout  hé- 
riflfés  de  petites  pointes,  que  l’on  appercevroiü 
fur  la  furface  du  cube , fi  nous  avions  des  inf- 
trumens  d’Optique  afléz  parfaits. 

55.  A l’égard  des  décroifiemens  -que  fabif- 
fent  les  lames  de  fuperpofition  , il  eft  aile  de 
concevoir  qu’ils  n’ont  lieu  que  par  rapport 
aux  côtés  bc,  df,  ae  ( fig.  2 ) , qui  correfpon- 
dent  aux  angles  folides  du  noyau.  Soit  a b d c 
( /%•  42  ) une  coupe  géométrique  du  noyau, 
prife  fur  les  hauteurs  a b , bd,  de  , c a , de 
quatre  des  faces  de  l’odaèdre.  Cherchons  la 
loi  des  décroiffemens  qui  fe  font  dans  la 
partie  qui  répond  à l’angle  a.  D’après  Je  prin- 
cipe expofé  ci-deffus  ( 27  ) 3 il  faudra  eftimer 
ces  décroiftemens  par  rapport  à un  plan  qui 
feroit  de  niveau  avec  la  face  triangulaire  3 


144  De  la  StructurE 
dont  cl  b eft  la  hauteur,  ou  , ce  qui  revient 
au  même  , par  rapport  à la  ligne  an  , prolon- 
gement de  a b.  Soit  menée  ah,  parallèle  à bc  » 
il  eft  clair  que  les  rebords  des  lames  de  fuper- 
pofition  feront  contigus  à cette  ligne  a h 
Soit  a go  le  triangle  menfurateur  , dans  le  cas 
préfent.  On  aura  og  égal  à la  hauteur  d’une 
des  faces  d’une  molécule  élémentaire  odaèdre* 
Mais  de  plus  og  eft  parallèle  à ab  ; donc  le 
triangle  a go  eft  femblable  au  triangle  abc • 
D’où  il  réfulte  que  a o eft  aulTi  la  hauteur 
d’une  des  faces#  d’une  molécule  conftituante. 
Si  l’on  termine  le  rhombe  aoge,  il  eft  aifé 
de  voir  que  ce  rhombe  repréfentera  une  coupe 
femblable  à a b d c ; d’où  il  faut  conclure  que 
les  décroiflemens  fe  font  par  des  louftradions 
d’une  rangée  de  petits#octaèdres  ( a ). 

56.  Quant  au  fpath  phofphorique  odaèdre 
cunéiforme,  c’eft-à-dire,  dont  les  deux  fom- 
mets  font  en  arête,  au  lieu  d’ctre  en  pointe  , 
on  voit  évidemment  que  ce  cryftal  n’eft  autre 
chofe  que  le  noyau  du  cube , alongé  par  une 
application  de  nouvelles  lames  triangulaires  , 


(a)  Si  l’on  fuppofoit  que  les  molécules  conflituames 
fuflent  des  tétraèdres  au  lieu  d’odlaèdres,  on  trouveroir 
de  même  que  les  décroiftemens  fe  font  par  des  fouftrac- 
ùons  d’une  rangée  de  ces  tétraèdres. 

faite 


DES  C R Y S T À U X.  *4$ 

faite  de  deux  côtés  oppofés  de  l’oéhèdre.  Ample. 
1/  fera  également  facile  de  concevoir  la  ftruo, 
ture  de  toutes  les  formes  de  cryAaux  inter- 
médiaires entre  celle  de  foélaèdre  & celle  du 


cube  ; par  exemple,  de  celle  qui  a quatorze 
faces  , favoir , flx  quarrés  & huit  triangles 
équilatéraux  qui  remplacent  les  angles  folides 
du  cube.  Tous  ces  paflages  fe  préfentent  deux- 
ièmes, lorfqu’on  divife  un  cube  de  fpath-< 
fluor  pour  en  extraire  le -noyau  odaèdrew 
57'  La  cryAallifation  du  fel  marin  offre  les 
principales  variétés  que  l’on  obferve  dans 
les  cryAaux  de  fpath  fluor-phofphorique.  Mais 
l’identité  de  ces  formes  fe  trouve  jointe  à 
une  Aruéture  bien  différente  de  part  & d’au- 
tre , puifque  le  fpath-fluor  n’eA  compofé  que 
d’oélaèdres  ou  de  tétraèdres  , au  lieu  que  le 
fel  marin  eA  un  affemblage  de  petits  cubes  ; 
en  forte  - que  la  forme  primitive  de  l’un  de 


ces  genres  de  cryAaux  n’eA  , par  rapport  à 
l’autre  , qu’une  forme  fecondaire  , & vice, 
xers.î,  Chacun  pourra  faire  atfement  la  com» 
paraifon  de  l’un  avec  l’autre,  en  rapprochant 
1 article  précédent,  de  ce  qui  a été  dit  vers 
le  commencement  de  cet  Ouvrage  (y)  fur  la 
Aruélure  du  fel  marin  oétaèdre. 


De  la  Structure 


ARTICLE  VI. 

Application  aux  cryjlaux  de  gypfe . 

5"8.  Xj  a ftrudure  des  cryftaux  de  gypfe  eft 
en  général  peu  compliquée  , & fe  laifte  en- 
trevoir dans  la  plupart  de  leurs  variétés  par 
des  indices  plus  ou  moins  fenfibles.  Il  eft 
rare  qu’on  n’y  découvre  pas  des  fra&ures  pro- 
pres à faire  naître  dans  l’efprit  d’un  Obferva- 
teur , des  idées  fur  la  figure  & fur  la  difpofi- 
îion  refpedive  des  parties  conftituantes  de  ces 
cryftaux.  Audi,  dès  l’année  1710,  c’eft-à- 
dire  „ dans  un  temps  où  l’étude  de  la  Cryf- 
tallographie  étoit  à peine  naiffante  , M.  de  la 
Hire  a-t-il  donné  à l’Académie  un  Mémoire 
fur  la  ftrudure  du  gypfe  en  fer  de  lance  de 
Montmartre  5 & fi  les  explications  de  ce  favant 
Académicien  font  plus  ingénieufes  que  fon- 
dées , comme  j’efpère  le  prouver  dans  la  fuite 
de  cet  article  , c’eft  que  n’ayant  fous  les  yeux 
que  des  fragmens  de  ce  meme  gypfe , & ne 
confidérant  qu’une  partie  ifolée  d’un  enfemble3 
où  tout  eft  lié  par  des  rapports  intimes  & 
néceffaires  , il  n’a  pu  parvenir  aux  indudions 
qui  fe  tirent  de  la  çomparaifon  d’une  format 


DES  CrYSTAUX.  J 47 

avec  une  autre  , de  qui  fervent  de  guines  pour 
ramener  à une  feule  figure  primitive  toutes 
les  différentes  variétés  d'une  même  forte  de 
cryftak 

L’examen  des  cryftaux  dont  il  s’agit  ne 
m’ayant  point  oflert  jufqu’ici  d indications  afiez 
sûres  pour  que  je  puffe  déterminer  avec  une 
certaine  précilion  la  valeur  de  leurs  angles  , 
j’ai  mefuré  les  principaux  de  ces  angles  avec 
tout  le  foin  polîible,  & j’ai  déduit  enfuite  de 
ces  mefures  , à l’aide  du  calcul  , celles  des 
autres  angles  qui  en  dépendent,  en  pouffant 
l’approximation  feulement  jufqu  aux  minutes  de 
degré. 

Forme  primitive . 

Gypse  en  lames  khomboïdales.  Gypfe 
en  cryftaux  rhomboidaux.  Daubent.  TabL 
minir. 

Développement.  Deux  parallélogrammes 
obliquangles  AB  CD  ( PL  V , 43  •)  s ^ 

fix  redangles.  Angles  du  parallélogramme 
B A D =B  CD=  1130.  AD  C = A BC=s 

6?°- 

ycy  Les  lames  dont  il  s’agit  fe  fous-divifent, 
comme  tous  les  autres  cryftaux  de  forme 
primitive,  par  des  fedions  parallèles  a leuis 
différentqs  faces ; mais  les  coupes  qui  fe  tout* 

K 2 


148  De  la  Structure 

parallèlement  aux  grande»  faces  obliquangles  i 
font  bien  plus  nettes  que  les  feélions  laté- 
rales que  l’on  peut  faire  dans  les  autres  fens. 

Quant  aux  molécules  conflituantes  dont  ces 
lames  ne  font  que  des  aflemblages  , on  verra 
plus  bas  quels  font  les  moyens  que  j’ai  em- 
ployés pour  découvrir  la  vraie  forme  de  ces 
molécules  , qui-  eft  celle  d’un  parallélipipède  , 
ou  d’un  prifme  droit  quadrangulaire  , dont  les 
bafes  font  des  parallélogrammes  obliquangles , 
ayant  aufli  leurs  angles  de  1130  & de  67°, 
& leurs  côtés  dans  le  rapport  de  12  à 13,  & 
dont  les  faces  latérales  font  des  recftangles , 
dans  lefquels  le  côté  qui  mefure  la  hauteur  du 
prifme  eft  comme  32. 

Forme  fecondaire. 

Gypse  a dix  faces.  ( fig.  47).  ld.  Daubent, 
Tabl.  miner. 

Développement.  Deux  parallélogrammes 
obliquangles  s 0 d p ( fig.  44  ).  Quatre  grands 
trapèzes pdgm( fig.  43  ).Quatre  petits  trapèzes 
don  g (fig.  46  ). 

Angles  du  parallélogramme/?  s 0 = 0 dp  = 
izfi.sp  d=  s 0 d= 

Angles  du  grand  trapèze  p m g = âpfi  , 
dgm=  590  28',  dpm=:  136°  33'.  pd  g=i2Q° 


DES  CrYsTÀUX.  *49 

Angles  du  petit  trapèze  dgn  = 84°  48'. 
odg=z9$°  12'.  don—  1270  22'.  on  g=  520 
38'. 

60.  Le  cryftal  décaèdre  , qui  eft  l’objet  de 
cet  article , & dont  tous  les  autres  cryftaux 
de  gypfe  ne  font  que  des  variétés , fe  trouve 
communément  dans  les  carrières  de  Montmar- 
tre & des  environs.  Les  parallélogrammes 
obliquangles,  dont  l’un  eft  repréfenté  (Jîg.  44  ), 
forment  deux  faces  oppofées  de  ce  cryftal. 
Les  quatre  grands  trapèzes  font  réunis  deux 
à deux,  comme  les  repréfentent  pmgd, 
mga  r (fig.  47  ) ; en  forte  que  leur  incîinaifon 
fur  l’arète  mg  , & fur  celle  qui  lui  eft  oppo- 
fée  , forme  en  cet  endroit  un  angle  tres- 
obtus.  Les  quatre  petits  trapèzes  font  pareil- 
lement réunis  deux  à deux  aux  extrémités  du 
cryftal  , où  ils  forment  par  leur  incîinaifon 
fur  l’arète  gn,  & fur  celle  qui  fe  trouve  dans 
• la  partie  oppofée  , des  angles  moins  obtus  que 
les  précédens. 

Le  décaèdre  dont  il  s’agit  fe  divife  d abord 
parallèlement  à fes  deux  faces  rhomboïdales. 
Si  l’on  fuppofe  la  divifion  faite  fucceftivement 
des  deux  côtés  oppofés  , on  détachera  des 
lames  qui  toutes  auront  les  memes  angles,  oC 
q.ul  iront ‘en  croiffant  graduellement  jufquà 


! 


j y0  De  la  Structure 

celle  du  milieu  , qui  eft  la  plus  grande  de 

toutes. 

Quant  aux  parties  compofantes  de  ces 
lames , elles  ont  entr’elles  une  adhérence  qui 
ne  permet  pas  de  les  féparer  avec  la  meme 
facilité.  Le  moyen  le  plus  avantageux  pour 
appercevoir  les  petits  parallélogrammes  obli- 
quangles  dont  ces  mêmes  lames  font  l’afTem- 
blage,  eft  de  frapper  deffus  à pluheurs  re- 
prifes  avec  quelque  corps  dur  : alors  les  lignes 
de  féparation  fe  manifefteront  ; & en  faifant 
un  léger  effort  comme  pour  rompre  la  lame  , 
on  vaincra  aifément  l’adhérence  de  fes  parties 
compofantes.  Qn  peut  encore  placer  cette 
lame  fur  une  pelle  chaude , jufqu  a ce  que  la 
matière  gypfeufe  foit  devenue  toute  blanche 
par  l’adion  du  feu  ; lorfqu’on  l’aura  retirée  * 
on  appercevra  diftinétement  piufieurs  frag- 
mens  ou  petites  lames  ayant  la  forme  primi- 
tive , qui  fe  feront  détachées  d’elles  - mêmes* 
par  l’exfoliation  ; & 1 on  pourra  s en  procurer 
un  plus  grand  nombre  , en  frappant  avec  pré- 
caution fur  cette  même  lame  calcinée. 

Le  grand  angle  de  chaque  lame  étant  5 
comme  je  l’ai  dit,  de  1270  , & le  petit  angle 
de  530,  b l’on  fous-divife  une  de  ces  lames, 
on  la  voit  fe  partager  en  parallélogrammes 


' DES  C R Y $ T A U îyi 

obliquangles  , tels  que  brpg  ( fig*  4^)* 
pofés  de  manière  qu’ils  ont  leurs  grands  cotés 
br , gp,  alignés  dans  le  même  fens  que  les 
petits  côtés  a e , l i de  la  grande  lame  dont 
ils  font  partie,  & leurs  petits  côtés  bg,  rp , 
oppofés  aux  angles  aigus  de  la  meme  lame. 
En  imaginant  la  divihon  pouffee  jufqu  au  point 
où  ces  parallélogrammes  feroient  les  faces 
des  molécules  conftituantes , on  concevra  que 
tous  les  efpaces  triangulaires  , difpotés  le  long 
des  côtés  al,  ei,  fe  trouvent  vuides  par  la 
fouftraétion  d’un  nombre  égal  de  molécules. 

Le  noyau  du  gypfe  dont  nous  confidérons 
ici  la  ftruélure , eft  indiqué  par  le  parallélo- 
gramme h t s f,  qui  repréfente  une  de  fes 
bafes. 

Chacun  des  efpaces  triangulaires  a g b,brc, 
eft  évidemment  égal  à la  moitié  de  chacun 
des  parallélogrammes  de  forme  primitive  ; en 
forte  que  la  bafe  a b ou-  b c du  triangle  eft 
elle-même  égaie  à la  petite  diagonale  vx  dun 
de  ces  parallélogrammes.  L’angle  b a g,  mefuré 
avec  foin  , eft , à très-peu  de  chofe  près , de 
53°  , & l’angle  ah  g eft  de  6o°.  Il  fuit  de 
ces  valeurs  que  les  deux  côtés  bg,  ag,  op- 
pofés l’un  à l’angle  de  y 3°  & l’autre  a l’an- 
gle de  6o°  , font  entr’eux  comme  les  f nus  de 
ces  mêmes  angles  , c’eft  - à - dire,  comme  les 


ij'i  De  la  Structuré 

nombres  75)86,  & 8660.  Or,  ces  nombre^ 
eux-mêmes  font  dans  le  rapport  de  12  à 13 
“"h-  7777  5 laquellè  fraéhon  peut  être  négligée 
ici  , puifqu’elle  ne  vaut  pas  Mais  les 

cotés  b g,  ag  du  triangle  a b g étant  propor- 
tionnels aux  cotes  t h , t s de  la  bafe  thf  s 
du  noyau  , il  s enfuit  que  ces  derniers  font 
aulli  entr  eux  a-peu-près  comme  les  nombres 
12  & 13  i & par  conféquent  les  bafes  du 
prifme  qui  repréfente  les  molécules  confti- 
tuantes  du  gypfe , font  des  rhombes  un  peu 
alongés  , ainfi  que  je  fai  dit  plus  haut  (5-9). 

61.  Cherchons  maintenant  la  loi  des  dé- 
croiflemens  que  habillent  les  lames  de  fuper- 
pohtion.  Si  1 on  melure  l’angle  que  forment 
pai  leur  mclinaifon  les  grandes  faces  en  trapèze 
du  cryftal  fur  l’arète  mg  (fig.  47  ),  ou  fur 
celle  qui  lui  eft  oppofée , on  trouve  cet  angle 
de  1440.  Soit  rog  ( fig . 49),  le  triangle 
menfurateur;  l’angle  rgo , égal  à la  moitié  du 
précédent , fera  par  conféquent  de  720.  De 
plus  , r 0 fera  la  hauteur  d’un  des  petits  prifmes 
qui  forment  les  molécules  conftituantes  ; & 
quant  à og,  ce  qui  fe  préfente  de  plus  na- 
turel , eft  de  fuppofer  qu’il  eft  égal  à la 
hauteur  og  ( fig . 48  ) d’un  des  efpaces  trian- 
gulaires a b g-,  auquel  cas  les  décroiftemens 
dont  il  s’agit  ici , favoir  ceux  qui  ont  lieu. 


■DES  Cr  Y ST  AUX.  *5*3 

fur  1î:s  bords  al , e i , fe  feront  par  des  fouf- 
traclions  d’une  rangée  de  molécules  confti- 
tuantes.  En  effet,  il  fuit  de  cette  fuppofi- 
tion  , comme  nous  le  verrons  bientôt,  que 
les  décroiffemens  fe  font  fur  les  bords  ae , l i, 
par  des  fouftraétions  d’une  double  rangée  de 
molécules  : ce  qui  eft  analogue  aux  Loix  déjà 
obfervées  dans  d’autres  cryftaux. 

Quoique  les  coupes  latérales , qui  fe  font 
dans  le  cryftal , ne  foient  point  allez  nettes  (60) 
pour  que  l’on  puiffe  diftinguer  li  les  rebords  de 
ces  âmes  font  inclinés  ou  non  fur  leurs  grandes 
faces,  je  fuppofe  ici  que  les  molécules  confti- 
tuan tes  font  des  prifmes  droits  -,  car  tout  eft 
parfaitement  fcmblable  des  deux  côtés  oppofés 
du  cryftal  , ce  qui  indique  de  part  & d’autre 
des  décroilferriens  égaux.  Or  , cette  égalité 
ne  pourroit  avoir  lieu  , Il  les  petits  prilmes 
dont  il  s’agit  étoient  obliques,  parce  que 
leurs  rebords  faifant  d’une  part  un  angle  aigu, 
&:  de  l’autre  un  angle  obtus  avec  les  faces 
des  lames  fur  lefquelles  ces  prifmes  repofe- 
roient  par  leurs  bafes  inférieures,  les  faces  du 
cryftal,  compofées  de  la  fomme  de  ces  memes 
rebords  , ne  pourroient  former  de  chaque 
côté  des  angles  égaux,  foit  entr’elles , foit  avec 
les  autres  parties  du  cryftal. 

Pour  réfoudre  le  triangle  or  g ( fïg.  ftp  ) , 


* 5*4  De  la  Structure 

il  faut  d’abord  connoître  o g.  ConfidéronSrCetté 
même  ligne  dans  le  triangle  ao  g (fig,  48  > 
Nous  avons  l’angle  de  730,  l’angle  0 de  go°, 
& le  côté  ag—d66o  (60).  Réfolvant  ce  trian- 
gle , on  trouvera  le  nombre  3 839866J  pour 
le  logarithme  de  og. 

Il  eft  facile  maintenant  de  réfoudre  le  trian- 
gle or  g ( fig . 49  ) , à l’aide  de  ce  logarithme, 
& des  angles  g=  720  & r = 180.  On  trou- 
vera pour  le  logarithme  de  0 r le  nombre 
432805)04,  qui  répond  à 2 125)0.  Ce  der- 
nier nombre  exprime  la  hauteur  0 r d’un  des 
prifmes  qui  donnent  les  molécules  confti- 
îuantes.  Comparant  cette  hauteur  avec  le 
côté  b g (fig.  48  ),  dont  l’exprellion  eh  79  86 
(60) } on  trouvera  que  le  rapport  de  l’un  à 
l’autre  eh  celui  de  12  à 32  à moins  d’un  -J— 
pies,  comme  je  l’ai  déjà  indiqué  C pp). 

Paiïons  à la  loi  des  décroiffemens  que  fubif- 
fent  les  lames  compofantes  du  côté  des  pe- 
tites faces  du  cryftal.  L’angle  que  forment 
entr’elles  ces  faces,  en  s’inclinant  l’une  fur 
l’autre,  eh,  à vue  d’oeil,  beaucoup  moins 
obtus  que  celui  des  grandes  faces  \ ce  qui 
indique  que  les  décroilfemens  fe  font , dans  le 
caspréfent,  par  des  fouftraôcions  d’une  double 
rangée  de  molécules. 

Soit  c p d [fig.  70) , le  triangle  menfurateu? 


DES  CrYSTAüX.  , ïyj- 
pour  le  cas  dont  il  s’agit  ; il  faut  d abord 
chercher  la  valeur  de  c d.  Or,  d apres  la  loi 
de  décroiffement  fuppofée , il  eft  facile  de 
voir  que  c d eft  double  de  bn  (fig.  48),  me- 
née perpendiculairement  de  l’angle  b fur  le 
coté  a g. 

Dans  le  triangle  bng,  nous  avons  l’angle 
^ = 67°,  l’angle  n = go° , & bg=rj6S  6 (60). 
Réfolvant  ce  triangle , il  viendra  6 6 3 5 5 dt. 
pour  le  logarithme  de  b n . Ajoutant  à ce 
logarithme  celui  de  2,  nous  aurons  4 1 6 73  874 
pour  le  logarithme  de  c d. 

Maintenant , dans  le  triangle  c p d ( fig.  yo  ), 
on  connoît  cp  = or  (jig.  49),  dont  le  loga- 
rithme eft  43280^04,  comme  nous  l’avons 
trouvé  ci-deffus.  A l’aide  de  ce  logarithme  , 
& de  celui  de  cd,  & de  plus,  faifant  atten- 
tion que  l’angle  c eft  droit,  on  trouvera  pour 
le  logarithme  de  la  tangente  de  c d p le  nom- 
bre 101607070,  qui  répond  à l’angle  de 
yy°  12'  ; d’où  l’on  conclura  que  l’angle  des 
faces  cherché  eft  de  iio°  44Ù  Or,  1 obferva- 
tion  donnant  le  meme  angle,  il  en  réfulte  que 
la  loi  de  décroiflement  que  nous  avons  fuppofée 
eft  celle  à laquelle  eft  aftujettie  la  formation  du 
cryftal. 

62.  La  valeur  des  angles  plans  du  meme 
cryftal  fe  déduit  facilement  des  calculs  pré* 


% 56  De  la  Structure 

cédens.  Commençons  par  celle  des  angles  du 
trapèze  pmgd  ( fig.  47  ).  Ayant  mené  pu 
peipendiculaire  fur  m g , p k perpendiculaire 
pai  îapport  a lune  quelconque  des  grandes 
laces  des  lames  de  fuperpofition , & u k auffi. 
peipendiculaire  fur  pk,  nous  aurons  le  trian- 
gle  puk  feinblable  au  triangle  r go  (fig.  49  ). 
Cherchant  dans  ce  dernier  triangle  le  côté  gr, 
d apres  les  données  qui  font  indiquées  plus 
haut  (61  ) , on  trouvera  pour  fon  logarithme 
le  nombre  43498841,  qui  par  conféquent 
peut  aulli  repréfenter  le  logarithme  d e pu 
(fg-  47  )• 

Maintenant,  fi  Ion  fait  attention  que  tandis 
qu  il  n y a quune  rangée  de  molécules  fouf- 
tiaite  fur  le  bord  al  ( fig.  48  ) d'une  des 
lames  compofantes  , il  fe  fait  une  double 
fouflraélion  fur  le  bord  a e , on  concevra  que 
go  ou  fon  égal  x%,  mefurant  les  décroiiïe- 
mens  qui  le  font  fur  le  bord  al , la  ligne  a 1 
exprimera  la  quantité  dont  ce  même  bord 
feroit  diminué  pour  la  fouflraélion  des  deux 
rangées  de  molécules  renfermées  entre  les 
lignes  ae}  cfi  Donc  la  valeur  de  ai  pourra 
repréfenter  celle  de  mu  (fig.  47  ).  Or,  a 1=2 
ab-\-bc-+-ciz=z2ab-\-  ao.  Pour  trouver 
°b , on  confidérera  le  triangle  abn,  dans 
lequel  on  connoit  l’angle  a de  yfi,  l’angle  ri; 


DES  CRYSTAÜX,  içj 

d<?  90°,  & le  coté  bn,  dont  le  logarithme 
eft  3866  3354,  comme  nous  l’avons  trouvé 
( 61  ).  Cela  pofé  , il  viendra  pour  le  loga- 
rithme de  a b le  nombre  35)640068,  qui 
répond  à 5)204,  valeur  de  a b.  Donc  ac=z 
18408.  Maintenant,  dans  le  triangle  a g 0 3 
on  connoît  l’angle  a de  53°,  l’angle  0 qui 
eft  droit,  & le  logarithme  de  g 0=  3835)8665, 
ainfi  que  nous  l'avons  vu  f6i).  Ce  triangle 
réfolu  donne  pour  le  logarithme  de  a 0 le 
nombre  37  1 698  05) , qui  répond  à 5-211, 
valeur  de  ao.  Donc  — 18408  -J-  J211 
= 23619.  Cette  valeur  fera  aufli  celle  de  m u 
(j %•  47  ) 3 & l’on  trouvera  pour  Ton  logarithme 
îe  nombre  43732616. 

Réfolvant  le  triangle  reéhangle  p m u , 
d’après  les  données  précédentes,  on  aura  pour 
le  logarithme  de  la  tangente  de  p m u le 
nombre  99766223,  qui  répond  à 4.30  27', 
valeur  depmu;  d’où  l’on  conclura  que  l’angle 
mpd—  136°  33'. 

Cherchons  auflr  les  angles  d,  g,  du  même 
quadrilatère.  Ayant  abaifié  d b perpendicu- 
laire fur  mg,  on  aura  log.db  = 1 0 g.  pu 
===  43498841.  -^e  plus  j ü eft  facile  de  voir, 
avec  un  peu  d’attention,  que  {Jbg.  48  ) , 
repréfentant  la  quantité  dont  le  bord  ai  eft 
diminué  par  la  fouftra&ion  des  deux  rangées 


i;S  De  la  Structure 
de  molécules  comprifes  entre  a e,  cf,  la  ligne 
lh,  ou  Ton  égale  t \ , exprimera  la  quantité 
dont  le  même  bord  eft  diminué  par  la  fouf- 
tradion  correfpondante  des  deux  rangées  de 
molécules  renfermées  entre  ii,  ty.  Donc  la 
valeur  de  t % peut  repréfenter  celle  de  b g 
(Jig.  47  )•  °r  > t ? ==  c t — ci  = ac  — a o = 
1840S  — 5-211  ï=  13 197,  quantité  dont  le 
logarithme  eft  41 20475-2  , qui  par  conféquent 
fera  auffi  celui  de  b g ( Jig . 47  ).  Le  triangle 
redangle  db  g étant  réfolu  d’après  ces  don- 
nées, il  viendra  pour  la  tangente  de  l’angle 
d<rb  le  nombre  101204089,  qui  répond  à 
590  28' , valeur  de  dgb  ; d’où  il  fuit  que  l’an- 
gle g dp  eft  de  1 20°  "$2/. 

Il  ne  refte  plus  qu’à  trouver  les  angles  des 
trapèzes  do  n g.  Soient  abaiffiées  de  , 0 y , 
perpendiculaires  fur  grc,  il  eft  facile  de  voir 
que  la  valeur  de  chacune  de  ces  lignes  fera 
repréfentée  par  celle  d e p d (Jig.  5°)‘  » 

en  achevant  de  réfoudre  le  triangle  pod,  dont 
nous  nous  formates  déjà  occupés  ci  - deflus  , 
on  trouvera  pour  le  logarithme  de  pd  le  nom- 
bre 441 17905- , qui  fera  auffi  le  logarithme  de 
de  f ou  oy  ( Jig.  47 ). 

On  cherchera  auffi  d g , & 0 n—p  m (Jig.  47), 
à l’aide  des  triangles  dbg,  pmu , & l’on 

$nua  lQg*dg  & lo&'  0Ti=s 


DES  CrYSTAUX.  179 

îog.  pm  = 43124716.  Réfolvant , d’après 
ces  données  , les  triangles  redangles  d g e, 
oy  n , on  trouvera  pour  le  logarithme  du 
il  nus  de  l’angle  g le  nombre  99982128,  qui 
répond  à 84°  48'  ; & pour  le  logarithme  du 
finus  de  l’angle  n le  nombre  99003 189 , qui 
répond  à 92°  38'.  D’où  il  fuit  que  l’angle  d=s 
930  12' , & l’angle  0=  1270  22/  (a). 

63.  Le  parallélogramme  rzeil  (fig.  48), 
qui  repréfente  les  grandes  faces  des  lames  du 
gypfe  décaèdre  dont  je  viens  d’expliquer  la 
ftru&ure  , eft  fujet  à des  variations  de  figure, 
produites  le  plus  fouvent  par  le  défaut  des 
angles  a & i.  Il  arrive  alors  que  les  lames 
compofantes  prennent  des  figures  arrondies  , 
telles  que  nehtlm  (fig.  71).  Dans  ce  cas, 
la  forme  des  cryftaux  fubit  elle-même  des  chan- 
gemens  plus  ou  moins  confidérables. 

Ces  arrondiflemens , que  l’on  doit  regarder 
comme  des  efpèces  de  décroilfemens  , fe  font 
fans  doute  par  des  fouftraélions  de  molécules 


(<*)  Les  valeurs  de  ces  logarithmes  varient  un  peu  , 
fuivant  les  différentes  analogies  d’après  lefquelles  on 
peut  les  déterminer  ; mais  ces  variations  ne  tombant  que 
fur  les  dernières  décimales , n’influent  pas  fenfiblementi 
&r  les  réfultats. 


tt  <5o  De  la  Structure 

conffituantes  j & fi  ces  fou  bradions  étolenfc 
variables  dans  la  proportion  néceffaire  pour 
que  les  ordonnées  de  la  courbe  fuffent  dans 
un  rapport  confiant  avec  les  abfciffes  , on. 
pourro.it  déterminer  la  nature  de  cette  courbe: 
mais  comme  les  arrondiffemens  dont  il  s’agit 
prennent  une  multitude  de  courbures  diffé- 
rentes par  rapport  aux  divers  cryftaux  d’une 
même  forte,  il  paroit  impoffible  de  rien  éta- 
blir de  fixe  à cet  égard,  & il  faut  les  regarder 

M 

comme  l’effet  d’une  cryftallifation  confufe  fie 
précipitée  , dont  on  peut  tout  au  plus  afllîgner 
le  rapport  en  général  avec  les  formes  nettes 
& bien  prononcées,  dont  elle  n’offre,  pour 
ainfi  dire,  que  des  traits  ébauchés  & impar- 
faits. 

S’il  ne  fe  fait  qu’un  léger  arrondiffement 
vers  les  angles  a , b {fig.  51),  en  forte  que 
le  parallélogramme  obliquangle  adbc  prenne 
une  figure  femblable  afcpd  -,  dans  ce  cas  , 
il  fe  formera  vers  chacun  des  deux  fommets 
du  cryffal  une  face  curviligne  adoffée  aux 
deux  faces  planes  en  trapèzes:  ce  qui  donnera 
à ces  fommets  l’afped  de  deux  pyramides  à 
trois  faces,  .dont  celle  qui  eft  courbe  forme 
quelquefois  un  arc  bien  arrondi , & d’autres 
fois  a peine  fenfible  3 félon  que  les  lames  de 

fuperpofition 


fcfcs  Crystaüï,  i5i' 
fuperpofition  font  elles-mêmes  plus  ou  moins 
arrondies  par  leurs  petits  angles.  On  trouve  à 
Montmartre  des  cryftaux  de  cette  variété. 

Le$  lames  dont  il  s’agit  5 en  prenant  des 
figures  plus  arrondies , telles  que  e htlmn 
{fio-  S1  produiront  des  formes  encore  plus 
éloignées  de  celle  du  cryftal  décaèdre  , & qui 
peuvent  fe  modifier  de  diverfes  manières  , 
mais  dans  lefquelles  il  fera  facile,  avec  un 
peu  d’attention  , de  reconnoître  les  traces  de 
la  forme  primitive. 

Enfin  , fi  toutes  les  lames  ont  conftam- 
ment  une  figure  femblable  a gsrx  (/g.yi)5 
laquelle  effc  compofée  de  deux  fegmens  de 
courbe  réunis  par  leurs  cordes  , & fi  ces 
lames  vont  en  décroiffant  de  part  & d’autre 
de  celle  du  milieu  , il  réfultera  de  leur  aflem- 
blage  un  cryftal  de  forme  lenticulaire  à peu- 
près  tel  que  ceux  qu’offre  le  fpath  calcaire  à 
fommets  très -obtus,  dont  les  angles  & les 
Tords  font  émouflès , mais  qui  aura  une  ftrudture 
très-différente  de  celle  des  cryftaux  fpathiques 
dont  il  s’agit. 

Toutes  les  variétés  de  cryftaux  que  je  viens 
de  décrire  font  fujettes  à fe  grouper  ; & dans 
ce  cas  , les  cryftaux  fe  regardent  ordinaire- 
ment par  les  faces  qui  font  compofées  de  la 
fortune  des  grands  bords  de  leurs  lames.  On 

L 


'i6l  De  la  Structure 

fait  que  ceux  qu’on  appelle  cunéiformes  ne 
font  autre  chofe  que  des  portions  de  deux 
cryftaux  lenticulaires  , accolées  enfemble  par 
une  de  leurs  faces  , qui  le  trouve  plane  à 
l’endroit  de  la  jonction.  Il  arrive  allez  fouvent 
que  les  coupes  de  ces  fragmens  cunéiformes 
reprefentent  à-peu-près  deux  triangles  fcâlènes. 
La  feule  infpe&ion  de  la  figure  y 2 fuffit  pour 
faire  connoître  le  rapport  des  triangles  b ad, 
cad  dont  il  s’agit , aux  parallélogrammes  bgdl, 
cgdm,  dont  ces  triangles  font  des  fegmens. 
Les  bords  bd,  cd  de  ces  fegmens  ont  tou- 
jours un  poli  terne,  Sefont  meme  quelquefois 
tout  hérilfés  de  petites  afpérités  , qui  indi- 
quent les  fouftraétions  de  tous  les  petits  prifmes 
rhomboïdaux,  qui  auroient  terminé  les  parai* 
lélogrammes  , dans  le  cas  d’une  cryftallilation 
plus  parfaite. 

64..  M.  de  la  Hire  (a)  confidéroit  chacun 
de  ces  triangles  comme  un  alfemblage  d’élé* 
mens  , qui  étoient  eux-mêmes  des  triangles 
fcâlènes  , tels  que  abr  ( fig . yy),  dont  les 
angles  étoient  de  70,  60  & yo  degrés.  Selon 
ce  Savant  , ces  triangles  étoient  difpofés 
comme  dans  la  figure  citée  ; c’eft-à-dire  , que 
ceux  qui  étoient  placés  à droite , tels  que 


(a)  Mémoires  de  l’Académie  des  Sciences,  ano.  17191, 


DÈS  Crïstaui  1 6$ 

bar,  n’avoient  point  leur  angle  de  6 o°  fitué 
au  point  b,  ni  diagonalement  oppofé  à l’an- 
gle de  même  valeur  dans  le  triangle  à gauche 
azr  , comme  on  l’obferve  par  rapport  à l’an- 
gle s du  triangle  a p s:  mais  l’angle  au  pointé 
étoit  le  plus  petit  des  trois  angles  du  trian- 
gle a b r , c’eft-à-dire,  de  jo°  ; en  forte  que 
la  ligne  b r convergeoit  avec  la  ligne  a e , au 
lieu  de*  lui  être  parallèle  comme  sp>  & que 
ces  deux  lignes  formoient  à leur  réunion  en  c 
un  angle  de  io  degrés.  Tous  les  angles  dont 
il  s’agit  ont  en  effet,  à quelque  chofe  près , 
les  mefures  indiquées  par  M.  de  laHire.  Cette 
idée  du  renverfement  des  triangles  élémen- 
taires, qui  ont  leur  bafe  fur  la  ligne  bc,  eft M 
comme  je  l’ai  obfervé  , très  - ingénieufe  , & 
paroît  d’abord  fournir  l’explication  la  plus 
vraifemblable  de  la  ftru&ure  des  fragmens  de 
gypfe  dont  il  s’agit.  Mais  lorfque  l’on  rap- 
porte ces  fragmens  aux  cryftaux  lenticulaires 
dont  ils  ont  dû  faire  partie  , & que  l’on  a 
fous  les  yeux  tous  les  paflages  & toutes  les 
dégradations  de  forme  qui  conduifent  d une 
variété  à l’autre  , on  reconnoît  que  l’hypo- 
thèfe  de  M.  de  la  Hire  , quoique  féduifante, 
n’eft  point  conforme  à l’ouvrage  de  la  Nature* 
C’eft  fur  quoi  il  eft  néceffaire  d’entrer  dans  un 
plus  grand  détail. 


De  la  Structure 
Soit  b de  a ( fig.  y 2 ),  uh  fragment  de  gypfe 
cunéiforme.  J’ai  déjà  obfervé  que  ce  fragment 
faifoit  originairement  partie  de  deux  cryftaux 
lenticulaires  , accolés  par  une  de  leurs  fur- 
faces.  Aufli  les  côtés  b d , c d,  font  - ils  réelle- 
ment curvilignes  , quoiqu’affez  fouvent  leur 
courbure  ne  foit  pas  fort  lenfible  (a).  M.  de 
la  Hire  lui- même  avoit  remarqué  cette  cour- 
bure. Si  l’on  frappe  fur  une  lame  détachée  du 
fragment  par  une  fedion  parallèle  à l’une  de 
fes  grandes  faces,  les  fradures  fe  manifefte- 
ront  par  des  lignes  anguleufes  p ar,  p s r , &c. 
L’angle  p ar  eft  de  io6°  , & l’angle  ps  r de 
120°.  Divifant  par  2 chacun  de  ces  angles  , 
pour  avoir  ceux  du  triangle  asp  ou  a s r , 
on'  trouve  que  l’angle  p s a ou  r s a eft  de 
6o°,  & l’angle  pas  ou  j a r de  5-3°  : d’où  Ü 
fuit  que  ap  s ou  ar  s eft  de  70°;  ce  qui 
s’accorde  avec  les  mefures  prifes  fur  le  gypfe 
décaèdre  ( 60  ).  Ces  valeurs  différent  fen- 
liblement  de  celles  qui  font  indiquées  par 
M.  de  la  Hire.  Mais  en  employant  les 
moyens  les  plus  exads  que  j’aie  pu  imaginer, 
& en  réitérant  les  opérations  fur  un  grand 


(1)  On  obferve  même  communément  une  légère  cour* 
hure  dans  les  côtés  a b,  a a. 


des  Crystaux.  ’i(Sy 

nombre  de  fragmens  , j’ai  toujours  trouvé  les 
memes  réfultats,  à quelques  légères  différences 
près. 

On  voit,  par  cet  expofé,  que  les  triangles 
bad,  cad,  doivent  être  regardés  comme  des 
fegmens  de  deux  parallélogrammes  b g d l „ 
g c m d , accolés  comme  le  repréfente  la  figure. 
Le  côté  gd,  par  lequel  les  triangles  font 
contigus  l’un  à l’autre  , eft  toujours  une  ligne 
droite.  .Les  deux  autres  côtés  prennent  des 
courbures  plus  ou  moins,  fenfibles  -,  & l’on 
doit  concevoir  que  ces  côtés  ne  font  que  la 
fomnae  des  angles  extérieurs  d’une  multitude 
de  molécules  conftituantes  , entre  lefquelles 
il  refte  de  petits  vuides  triangulaires  , occa- 
lionnés  par  la  fupprefiion  d’un  certain  nombre 
de  molécules.  Ce  fait  eft  analogue  à celui  qui 
a lieu  pour  le  décroifiement  des  lames  de 
fuperpofition  , excepté  que,  dans  ce  dernier 
cas,  l’opération  de  la  Nature  eft  plus  régulière 
te  plus  également  graduée. 

Ce  n’eft  doux  que  par  accident  que  les 
triangles  cfk,  ut  x , &c.  , qui  fe  trouvent 
furie  côté  curviligne  cd,  ont  à- peu  près  des 
angles  égaux  à ceux  des  triangles  aen,  nos, 
&c.  , & ne  paroiffent  autre  chofe  que  des 
élémens  fcmblables  à ces  mêmes,  triangles  , 
rnais  difpofés  dans  une  fituation  renverféo. 


166  De  la  Structure 
'Au  fond , les  deux  angles  extérieurs  des  trian- 
gles cfh}  ro  u , &c.,  font  fujets  à une 
multitude  de  variations  , à caufe  de  la  cour- 
bure de  la  ligne  c d.  Ces  variations  n’ont 
/point  échappé  à M.  de  la  Hire;  mais  il  les 
regardoit  comme  de  {impies  jeux  de  la  Na- 
ture. En  un  mot , fa  théorie  péchoit  , en  ce 
qu’il  penfoit  que  chacun  des  triangles  exté- 
rieurs , tels  que  cf  h , étoit  originairement 
égal  à la  moitié  d’un  parallélogramme  e n o r 
de  figure  primitive  ; au  lieu  que  ce  triangle 
n’eft  autre  chofe  qu’un  fegment  irrégulier 
d’un  parallélogramme , qui  eft  demeuré  in- 
complet par  le  défaut  d’une  partie  des  mo- 
lécules qui  dévoient  concourir  à fa  forma- 
tion. 

6<).  On  trouve  à Saint- Germain -en- Laye  , 
& ailleurs  , des  cryftaux  de  gypfe  décaèdre 
femblables  à celui  qui  a été  décrit  plus  haut 
( 60  ) , excepté  que  l’ordre  des  trapèzes  eft 
renverfé  ; c’eft-à-dire  , que  ceux  qui  étoient 
les  plus  grands  dans  la  première  variété,  font 
les  plus  petits  dans  celle  dont  il  s’agit  ici , (S* 
vice  versa. 

Il  y a des  cryftaux  de  cette  même  variété 
qui  n’ont  que  huit  faces  , & qui  peuvent 

être  confidérés  comme  des  prifmes  applatis  & 
obliques , dont  les  pans  3 au  nombre  de  fix  » 


DES  CRYSTAUX.  \C"J 

font  des  parallélogrammes  obliquangles  , & 
dont  les  bafes  font  des  exagones  alongés. 
Pour  concevoir  la  ftruéture  de  ce  cryftal , il 
faut  fuppofer  qne  toutes  les  grandes  lames 
rhomboïdales  dont  il  eft  formé  ont  une  lon- 
gueur confiante , 6c  décroifl'ent  feulement  en 
largeur. 

Le  gypfe  à huit  faces  fert  de  paffage  à 
d’autres  variétés.  Il  arrive  quelquefois,  par 
exemple  , que  le  triangle  ace  ( fig . yq)  man- 
que dans  les  parallélogrammes  abgh , qui 
repréfentent  les  grandes  faces  des  lames  com- 
pofantes , & qu’en  même  temps  le  cryftal  fe 
trouve  engagé  dans  fa  matrice  par  fon  extré  • 
mité  inférieure.  Alors  il  fe  forme  au  fommet 
une  facette  furnuméraire  , compofée  de  la 
fomme  de  tous  les  bords  femblables  à c e , & 
les  deux  grandes  faces  du  prifme  deviennent 
des  pentagones  , tels  que  c e n p b. 

66.  Concevons  de  nouveau  un  cryftal  de 
gypfe  à huit  faces,  & fuppofons  que,  furies 
deux  lames  extrêmes  de  fuperpofition  fem- 
blables au  parallélogramme  abgh  (fig.  yq), 
c’eft-à-dire , fur  celles  qui  forment  les  deux 
grandes  faces  oppofées  du  prifme  , il  fe  foit 
appliqué  de  nouvelles  lames,  toujours  conf- 
iantes dans  leur  hauteur  cm,  te  qui  décroif- 


fj6S  De  la  Structure 
fent  feulement  en  largeur,  jufqu’à  ce  qu’elles 
foient  réduites  à une  fimple  arête.  Dans  ce 
cas,  les  exagones  , qui  terminent  le  prifme, 
fe  changeront  en  rhombes  a d b g (fig.  ) f 
les  deux  grandes  faces  du  même  prifme  dif- 
paroîtront  , & les  quatre  autres  , telles  que 
d bf  e } bghf , &c. , qui  fe  feront  accrues  en 
largeur , formeront  les  pans  d’un  prifme  té- 
tragone  & oblique.  J’ai  obfervé  cette  variété 
parmi  de  petits  cryftaux  qui  occupoient  la  ca- 
vité d’une  géode  gypfeufe. 

Quelques  - uns  des  cryftaux  dont  il  s’agit 
fe  rapprochoient  de  la  forme  arrondie  des 
cryftaux  lenticulaires  , & fubiffoient  encore 
d’autres  modifications  de  forme  que  je  ne 
m’arrêterai  point  à détailler.  En  général  , il 
il  y a peut-être  point  de  minéral  dont  les  cryf- 
taux foient  plus  fujets  à fe  déformer  que  le 
gypfe  ; ce  qui  fuppofe  une  multiplicité  d’acci- 
dens  & d’aélions  perturbatrices  dans  la  cryf- 
tallifation  de  cette  efpèce  de  fubftance  ano- 
male* 


DES  CRYSTAUX. 


ARTICLE  VII. 


Application  aux  Cryjlaux  de  Grenats . 


genre  fe  refufent , 


pour  l’ordinaire  (rz),  Par  leur  dureté,  aux 
différentes  feétions  que  l’on  tenteroit  d’y  faire 
pour  en  détacher  des  lames  qui  euffent  le  poli 
naturel.  Mais  en  appliquant  ici  la  théorie  que 


( a ) Je  dis  pour  V ordinaire  ; car  j’ai  obtenu,  dans 
des  grenats  dodécaèdres , des  fections  nettes  , & d’un 
allez  beau  poli,  faites  parallèlement  à leurs  faces  rhom- 
boïdales  ; ce  qui  vient  à l’appui  de  la  théorie  qui  fera 
expofée  dans  cet  article.  Ces  feétions  prouvent  encore 
évidemment  que  les  grenats  dont  il  s’agit  ne  peuvent 
avoir  la  même  ftruélure  , ni  les  mêmes  molécules  com- 
pofantes  , que  les  cryftaux  dodécaèdres  dont  j’ai  parlé 
N°.  8,  & qui  reffemblent  à des  grenats , excepté  qu’ils 
font  affez  fouvent  d’une  couleur  verdâtre,  & que  les 
ffries  qui  fiilonnent  leurs  faces,  indiquent,  ainfi  que 
je  l’ai  expliqué  au  même  endroit  , qu’ils  font  compofés 
de  molécules  cubiques.  Or  , des  cryftaux  dont  les  mo- 
lécules font  effentiellement  différentes  de  celles  des 
grenats  reconnus  pour  tels , ne  peuvent  être  du  même 
genre  ; & il  faut  néceffaircmenc  que  ceux  dont  je  viens 
de  parler  foient,  comme  je  l’ai  dit  , d’une  nature  particu- 


lière. ( V oye^pag.  Note  i ). 


170  De  la  Structure 
j’ai  déduite  des  obfervations  faites  fur  les 
cryftaux  qui  fe  laifTent  facilement  entamer , Se 
en  profitant  des  indices  extérieurs  de  cryltal- 
lifation  , qui  annoncent  la  pofition  des  lames  , 
je  crois  être  parvenu  à expliquer  la  ftru&ure 
des  grenats  de  la  manière  la  plus  vraifemblable. 

Forme  primitive. 

Grenat  dodécaèdre  (Pl.VI9jig.  f6)* 
Grenat  à douze  faces.  Daubent.  Tableau 
miner. 

Développemént.  Douze  rhombes  égaux  & 
femblables  entr’eux.  L’angle  obtus  acd  ou 
ab  d de  ces  rhombes  (fig>Sl)y  de 
2.8'  1 6";  & l’angle  aigu  bac  ou  b de  = 70° 

j1  44  • 

68.  Le  grenat  dont  il  s’agit  peut  être  con- 
lïdéré  comme  un  afTemblage  de  quatre  rhom- 
boïdes , ayant  leurs  angles  plans  égaux  à 
ceux  du  rhombe  abdc,  & difpofés  de  ma- 
nière qu’ils  ont  un  de  leurs  fommets  obtus 
au  centre  du  dodécaèdre,  & l’autre  fommet 
à découvert  ( a ).  Les  trois  rhombes  qui  fe 


(a)  Cette  manière  de  concevoir  la  ftruéture  des  gre- 
nats , que  j’ai  vue  depuis  expofée  ailleurs  , fe  trouve 
dans  un  Mémoire  que  j’ai  préfenté  à l'Académie,  fur 
ce  genre  de  cryftaux  , vers  la  fin  de  l’année  1780. 


DES  Crystaux.  371 

réunifient  pour  former  un  de  ces  derniers 
fommets,  font  repréfentés  par  abdc,  caon9 
c d en  ( fig.  y (5  ).  Chacun  de  ces  mêmes  rhom- 
boïdes doit  être  cenfé  divifible  en  un  nombre 
cubique  de  petits  rhomboïdes  égaux  entr’eux, 
& femblables  à celui  dont  ils  font  partie; 
d’où  il  fuit  que  le  grenat  dodécaèdre  eft  aufil 
l’affemblage  d’une  multitude  de  ces  petits 
cryftaux.  Mais  il  eft  très-vraifembiable  que  II 
Ton  pouvoit  faire  dans  le  grenat  des  coupes 
nettes,  & qui  euflent  le  poli  de  la  Nature, 
les  petits  rhomboïdes  dont  il  s’agit  fe  fous- 
diviferoient  encore  en  d’autres  folides  plus 
petits,  & d’une  forme  différente  , qui  feroient 
des  tétraèdres  tous  égaux  & femblables  entre 
eux.  Voici  les  raifons  fur  lefquelles  cette  vue 
eft  fondée. 

* J’ai  d’abord  obfervé  , en  général , par  rap- 
port à tous  les  cryftaux  qui  fe  laiffent  enta- 
mer , que  leur  noyau  étoit  toujours  divihble 
parallèlement  à fes  différentes  faces  ; & l’ana- 
logie nous  porte  à croire  qu’il  en  feroit  de 
même  du  noyau  dodécaèdre  des  grenats  , s il 
fe  prêtoit  à une  divifïon  mécanique  (fl). 

I 


(a)  Cette  divifion  a quelquefois  lieu,  jufqu’à  un  cer- 
tain point , comme  je  l’ai  dit  dans  la  Noce  du  N°.  6 7. 


[172  De  la  Structure 

De  plus , on  trouve  de  ces  grenats  qui  font 
incomplets  , de  la  même  manière  que  fi  l’on 
en  eût  détaché  une  lame  par  une  fection  pa- 
rallèle à l'une  de  leurs  faces.  La  coupe  de 
ces  grenats  préfente  alors  une  face  exagone, 
qui  a quatre  grands  côtés  & deux  petits;  ce 
que  Ion  concevra  , en  jettant  les  yeux  fur 
un  grenat  dodécaèdre  parfait,  & en  le  fup- 
pofant  coupé  , comme  je  viens  de  l’expliquer. 
Or,  il  eft  très-probable  que  l’Art  auroit  pu 
opérer,  à l’aide  d’une  divifion  mécanique , le 
meme  retranchement  qui  a lieu  ici  par  uno 
modification  des  loix  de  la  Nature , fi  le 
cryftal  eût  été  divifible. 

Concevons  donc  que  l’on  ait  fait  dans  un' 
grenat  dodécaèdre  différentes  feétions  parallèles 
a fes  douze  faces.  Il  eft  aifé  de  voir  que  ces 
feétions  diviferont  les  petits  rhomboïdes  dont 
le  dodécaèdre  eft  cenfé  compofé,  de  manière 
qu’elles  pafferont  par  les  petites  diagonales 
des  faces  oppofées  de  ces  mêmes  rhomboïdes. 
Or,  en  divifant  un  rhomboïde , comme  il  vient 
d’être  dit,  on  en  retire  fîx  tétraèdres  égaux  & 
femblables,  & dont  les  faces  font  pareillement 
femblables  & égales  entr’elles.  Deux  de  ces 
faces  ont  pour  côtés  l’axe  du  rhomboïde , la 
petite  diagonale  d’un  des  rhombes,  2c  le  côté. 


UES  Crystaux,  175 

du  rhombe  adjacent  dans  l’autre  partie  du 
cryftal  ( a ).  Les  deux  autres  faces  font  exacte- 
ment les  moitiés  des  mêmes  rhombes  , en  fup- 
pofant  ceux-ci  divifés  dans  le  fens  de  leur  petite 
diagonale. 

Les  tétraèdres  dont  il  s’agit  me  femblent 
être  les  véritables  molécules  conftituantes  des 
grenats.  Ce  qui  confirme  cette  fiypothèfe  , 
c efl  qu  on  ne  peut , fans  y avoir  recours  , 
expliquer  , ainfi  que  nous  le  verrons  bientôt, 
d’une  manière  fatisfaifante  & conforme  à la 
théorie  que  j’ai  établie,  les  décroifîemens  des 
lames  du  grenat  dans  le  païfage  du  dodécaèdre 
à la  forme  des  cryftaux  fecondaires. 

69.  La  recherche  des  angles  plans  du  grenat 
dont  il  s’agit,  n’eft  qu'un  fimple  problème 
de  Géométrie  , qu’il  eft  facile  de  réfoudre.  Ce 
cryfial  a quatorze  angles  folides  , dont  huit 
font  formés  par  la  réunion  de  trois  angles 
plans , & les  fix  autres  par  celle  de  quatre 
angles  plans.  Or,  il  efi:  aifé  de  voir  d’abord 


[a)  Si  l* 1  on  cherche , par  le  calcul , la  valeur  de 

1 axe  du  rhomboïde  dont  il  s’agit  , on  trouvera  que  ce: 
axe  eft  égal  au  côté  du  rhombe;  d’on  il  fuit  que  les  faces 
du  tétraèdre  font  des  triangles  ifocèles  tous  égaux  & fem- 
Llables. 


174  De  la  Structure 

qu’une  ligne  droite , menée  du  fommet  d’un 
des  angles  folides  compofés  de  quatre  plans 
au  centre  du  cryftal  , eft  la  petite  diagonale 
d’un  des  rhombes  qui  forment  les  faces  inté- 
rieures des  quatre  rhomboïdes  dont  le  cryftal 
peut  être  cenfé  compofé. 

De  plus,  fi  l’on  trace  les  grandes  diago- 
nales de  quatre  rhombes  extérieurs,  en  faifant 
le  tour  du  dodécaèdre , ces  diagonales  forme- 
ront un  quarré , dont  la  diagonale , palïant 
néceiïairement  par  le  centre  du  cryftal,  fera 
par  conféquent  double  de  la  petite  diagonale 
d’un  des  rhombes  du  dodécaèdre. 

Il  fuit  de-là  que  la  grande  diagonale  du 
rhombe  eft  à la  petite  comme  le  côté  du  quarré 
eft  à la  moitié  de  fa  grande  diagonale  , c’eft- 
à-dire  , dans  le  rapport  de  i à ^ 2 , ou 

de  2 à 2.  Donc  prenant  les  moitiés  des 
deux  diagonales  du  rhom-be  , nous  pouvons 
faire  nd  ÇJig.  57)==  2,  8c  b n — 2.  Le 

triangle  reâangle  b n d , réfolu  d’après  ces  va- 
leurs, donne  pour  la  tangente  de  l’angle  nb  d 
le  nombre  101707150,  qui  répond  à 740  44/ 
S".  Donc  l’angle  a b ^ = 109°  28'  16" , & l’angle 
bac  3=  70°  3 17  44". 


DES  CRYSTAUX. 


Jlî, 

Formes  fecondaires. 

Grenat  a vingt-quatre  faces.  Ü.Daue. 
Tableau  miner . 

Développement.  Vingt-quatre  quadrilatères 
égaux  & femblables  entr’eux  , tels  que  g oep 
( fig.  y8  ).  L’angle  oep  — 1170  2'  8''.  g oe 
= gpe=  82°  IJ7  3".  ogp—  78°  27 '46". 

70.  Concevons  que  des  lames  rhomboïdales, 
femblables  à celles  que  l’on  détacheroit  par 
des  feâions  faites  parallèlement  aux  faces  du 
grenat  dodécaèdre  , foient  empilées  fur  ces 
mêmes  faces , mais  aillent  en  diminuant,  fui- 
vant  une  loi  uniforme  , jufqu’à  ce  qu’elles 
foient  réduites  à un  point.  Il  rélultera  de 
cette  accumulation  douze  pyramides  quadran- 
gulaires  , qui  repoferont  par  leurs  bafes  fur 
les  faces  du  dodécaèdre.  Suppofons  de  plus 
que  les  décroilfemens  des  lames  de  fuperpofi- 
tion  fe  falfent  fuivant  une  loi  telle  que  les 
faces  adjacentes  des  pyramides  voifines  fe 
trouvent  deux  à deux  fur  un  même  plan. 
Soient  gane,gbme,mdne  ( fig . y 9 ),  trois 
rhombes  du  dodécaèdre;  geg,  ge0>  les  faces 
adjacentes  de  deux  pyramides  voifines  dans 
le  cryftal  fecondaire  -,  p e n,  ren  , deux  autres 
faces  pareillement  adjacentes,  &c,  Ces  faces 


1 y 6 De  la  Sîructure 

formeront , par  leur  réunion  , des  quadrilatères 
g o e p , p e r n , &c. , dans  lefquels  on  aura 
a p = go,  & p e = eo  j & d’une  autre  part 
pn  = rn,  p e — r e,  &c.  Mais  le  point  p étant 
plus  éloigné  de  l’angle  aigu  g , que  de  l’an- 
gle obtus  e,  on  aura  auffi  pg  plus  grand  que 
ptt,  &,  par  la  même  raifon,  og  plus  grand 
que  e o,  &c.  ; ce  qui  eft  d’accord  avec  l’obfer- 
vation. 

Les  douze  pyramides  furajoutées  au  noyau 
donnent  quarante-huit  triangles  ; & divifant 
ce  nombre  par  deux,  à caufe  du  niveau  des 
faces  adjacentes  , on  aura  vingt  - quatre  qua- 
drilatères pour  la  totalité  des  faces  du  cryftal 
fecondaire. 

En  obfervant  avec  foin  les  quadrilatères 
dont  il  s’agit  , on  y apperçoit  très  - fouvent 
des  (tries  parallèles  aux  grandes  diagonales 
ge,  en,  em  de  ces  quadrilatères,  & qui  indi- 
quent les  joints  des  lames  de  fuperpofition,  & le 
fens  dans  lequel  elles  font  appliquées  l’une  fut 
l’autre  (a)". 

Examinons  maintenant  d’une  manière  plus 


(a)  Je  fuis  même  parvenu  à divifer  des  grenats  vol- 
canifés  de  Pompéia  , par  des  coupes  nettes  qui  annon- 
çoient  l'application  des  lames  l’une  fur  l’autre , telle  que 
je  viens  de  l’expliquer, 


particulier^ 


Ces  Crystaux.  \n-i 

particulière  la  ftrudure  d’une  de  ces  lames. 
Il  eft  ailé  de  voir  d’abord  que  la  furface 
fupérieure  de  cette  lame  cft  un  rhombedomg 
( f.g . 60),  femblable  à ceux  qui  forment  les 
faces  du  noyau  ; que  fa  furface  inférieure 
eft  un  exagone  ablc  ne  , dans  lequel  les  côtés 
ab,cn,  font  nuis  pour  nos  fens  , puifqu’il 
faut  fuppofer  la  lame  prefqu’infiniment  mince. 
Les  rebords  font  au  nombre  de  fix , dont 
deux  triangulaires  adb,  n m c , fitués  perpen- 
diculairement par  rapport  aux  deux  grandes 
faces.  Les  quatre  autres  rebords  font  des  pa- 
rallélogrammes obliquangles  alongés  d b i g , 
glcm,  &c.  , dont  les  plans  font  inclinés  à 
angles  obtus  , & de  la  meme  quantité  fur 
celui  du  rhombe  domg.  Suppofons  deux  fec<- 
tions  faites  l’une  fur  dg,  l’autre  fur  gm,  pa- 
rallèlement aux  rebords  adoe,eomn  (ces 
fedtions  font  polîibles,  d’après  les  divifions 
indiquées  dans  le  cryftal  ) : alors  la  lame  fe 
trouvera  partagée  en  une  lame  rhomboïdale  , 
dont  les  rebords  oppofés  deviendront  paral- 
lèles , & qui  fera  un  afifemblage  de  petits 
rhomboïdes  femblables  à ceux  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut  ( 68  ) , plus  un  refte  , qui, 
étant  divifé  par  des  fedtions  faites  parallèle- 
ment aux  plans  des  triangles  ab  d,  m n C , 
donnera  des  demi-rhomboïdes  , dont  chacun 

M 


ij8  De  la  Structure 
fera  formé  de  trois  tétraèdres  pareils  à ceux 
que  nous  avons  confédérés  (68)  comme  les 
molécules  intégrantes  du  grenat.  Or  , les 
rhomboïdes  qui  compofent  la  lame  rhomboï- 
dale  adjacente , étant  divifibles  chacun  en  (éx 
tétraèdres  de  la  meme  forme,  il  s’enfuit  que 
la  lame  entière  a bl  c me  n’eft  aufh  qu’un  affem- 
blage  de  ces  mêmes  tétraèdres. 

De  plus , on  concevra  , avec  un  peu  d’at- 
tention , qu’une  rangée  de  rhomboïdes  répond 
à deux  rangées  de  tétraèdres.  Or  , fi  l’on 
confédéré  les  décroiflemens  des  lames  de  fuper- 
pofitionpar  rapport  aux  rebords  a do  e , eomn, 
on  conclura  , par  un  raifonnement  femblable 
à celui  que  nous  avons  déjà  fait  ( iy  ),  que 
les  fouftraéHons  doivent  fe  faire,  fur  ces  re- 
bords, par  une  fémple  rangée  de  rhomboïdes  , 
ou  , ce  qui  revient  au  meme  , par  deux  ran- 
gées de  tétraèdres , pour  que  les  faces  adja- 
centes des  pyramides  voifénes  fe  trouvent  de 
niveau  ; d’où  il  fuit  que  les  décroiffemens  fe 
feront  aufîï  fur  les  rebords  oppofés  d b l g9 
glcm,  par  deux  rangées  de  tétraèdres.  Mais 
quoiqu’une  rangée  de  rhomboïdes  foit  équi- 
valente, comme  je  l’ai  obfervé  , à une  dou- 
ble rangée  de  tétraèdres  , il  ne  faut  pas  en 
conclure  que  la  lame,  repréfentée  par  la fig.  60, 
puiffe  être  uniquement  compofée  de  rhom-^ 


DES  CRYSTAÜX.  179 

boïdes  ; puifque,  de  quelque  manière  que  Ton 
fous-divife  cette  lame  pour  en  détacher  des 
rhomboïdes  entiers,  ilyaura  toujours  un  refte  , 
qui  ne  peut  plus  être  compofé  que  de  té- 
traèdres. 

Si  l’on  fuppofoit  nulles  les  parties  qu’on 
intercepteroit  parles  feâions  faites  fut  dg y 
gm,  ainli  que  je  l’ai  expliqué  plus  haut,  & 
qui  font  l’excédent  des  lames  rhomboïdales 
auxquelles  ces  parties  font  adjacentes  , dans 
ce  cas,  toutes  les  arêtes  m g , gd,  &c. , des 
lames  de  fuperpofition  , feroient  encore  de 
niveau  avec  celles  des  lames  qui  formeroient 
la  force  triangulaire  voifine  , ce  qui  réduiroit 
le  cryfial  entier  à de  {impies  rhomboïdes.  Mais 
alors  les  rebords  des  lames  de  fuperpofition 
feroient,  d’un  côté,  un  angle  obtus,  & de 
l’autre  un  angle  aigu  avec  les  furfaces  des 
lames  placées  immédiatement  au-deffous.  Or, 
il  paroit  plus  naturel  de  fuppofer  cet  angle 
aigu  rempli  par  des  tétraèdres,  puifque  cette 
dilpofition  établit  une  fymétrie  parfaite  entre 
les  parties  correfpondantes  du  cryfial. 

Une  nouvelle  raifon  vient  ici  à l’appui 
de  ce  que  j ai  dit  ( 68  ) fur  la  réduction  du 
noyau  en  molécules  de  figure  tétraèdre.  J’ai 
déjà  obfervé  (Note  du  n°.  70),  que  le  gre- 
nat a vingt  - quatre  faces  étoit  quelquefois 

Ma 


TSô  Dê  la  Structure 

affez  tendre  pour  être  entamé  par  un  inftru- 
ment  tranchant , & que  ce  cryital  fe  divifoit 
par  des  fedions  qui  pafloient  entre  les  grandes 
faces  des  lames  de  fuperpofition.  Or,  il  réfulte 
des  obfervations  faites  fur  les  cryftaux  divi- 
fibles  , qu’une  divihon  commencée  peut  tou- 
jours être  continuée  dans  le  même  fens  , en 
allant  de  la  furface  au  centre  du  cryftal.  D’où 
il  réfulte  que  toutes  les  divifions  fuppofées 
dans  le  grenat  à vingt-quatre  faces  étant  pa- 
rallèles aux  faces  du  noyau  , celui-ci  fe  fous- 
diviferoit  aufli  parallèlement  à ces  mêmes  faces  ; 
ce  qui  conduit  encore  à des  molécules  té- 
traèdres, comme  nous  l’avons  vu  dans  l’article 
cité  ci  déifias  (a). 

On  pourroit  objeder  que  l’explication  pré- 
cédente paroît  contraire  à ce  que  j’ai  avancé 
( iy)  i favoir , que,  dans  le  cas  où  les  faces 
adjacentes  font  de  niveau  , les  décroiffemens 
fe  font  fuivant  la  loi  la  plus  fimple  & la  plus 
régulière  , puifque  cette  loi  doit  être  celle  qui 
n’exige  qu’une  rangée  de  molécules  fouftraitesa 
au  lieu  qu’il  y a ici  fouftradion  de  deux  ran- 
gées de  tétraèdres.  Mais  on  concevra  aifé- 


(a)  On  verra  , ci-après  (74) , que  les  cryftaux  de  blende 
fe  divifent  exa&ement  de  la  même  manière  par  des  coupe# 
très-nettes. 


DES  Crystaux.  181 
ment  que  s’il  ne  fe  faifoit  qu’une  fouflraction 
d’une  limple  rangée  de  molécules,  les  faces 
adjacentes  , compolées  de  la  fomme  des  arêtes 
des  lames  de  fuperpofition  , feroient  entr’elles 
des  angles  rentrans.  Or  , il  paroît  que  les  loix 
primitives  de  la  Cryftallifation  excluent  tout 
angle  rentrant  dans  les  cryftaux  , puifqu’on 
ne  connoît  aucun  exemple  d’une  fubftance 
cryftallifée,  où  les  faces  voilines  forment  en- 
tr’elles des  angles  de  cette  nature,  fi  ce  n’eft 
dans  les  minéraux  qui  font  compofés  de  deux 
moitiés  d’un  cryftal , réunies  fans  doute  pair 
accident  , 8c  retournées  en  fens  contraire  , 
comme  l’a  très  - bien  obfervé  M.  Demefte  (a), 
par  rapport  à quelques  variétés  du  gypfe. 
Cela  pofé , fi  la  loi  dont  il  s’agit  n’eft  pas  en 
elle-même  la  plus  fimple  que  l’on  puifle  ima- 
giner , du  moins  a-t-elle  réellement  la  plus 
grande  fimplicité  poflible,  dans  l’hypothèfe  des 
loix  aéluelles  auxquelles  eft  foumife  la  Cryftal- 
lifation ; ce  qui  me  femble  fuffire  pour  lever  l'a 
difficulté. 

71.  Il  ne  s’agit  plus  que  de  déterminer  , par 
le  calcul , la  valeur  des  angles  plans  du  grenat 
à vingt  - quatre  faces.  Soient  gfh  e,  gn  me 
(7%.  61  ),  deux  faces  adjacentes  du  noyau; 


(a)  Lettres,  Torn.  I,  p.  358. 


182  De  la  Structure 

goep  s une  des  faces  quadrilatères  du  cryflal 
fecondaire.  Ayant  mené  du  point  o une  per- 
pendiculaire fur  le  plan  du  rhombe  g / h e ? 
cette  ligne  tombera  fur  le  centre  b de  ce 
rhombe.  Menons  encore  les  diagonales  ge, 
cp  du  quadrilatère  , & la  ligne  cb,  qui  fera 
perpendiculaire  furge.  Cela  pofé  , il  eft  facile 
de  voir  que  les  deux  rhombes  gfhe,gnme, 
pouvant  être  confidérés  comme  deux  des 
faces  d’un  prifme  exagone  régulier  , l’angle  que 
ces  faces  formeront  entr’elles  fera  de  120°. 
Donc  l’angle  oc  b,  qui  efl  la  moitié  du  fup- 
plément  de  cet  angle,  fera  de  30°.  Doncco& 

= 6o°  ; donc  c 0 i = c bz  -f-  b o1  =c  b'-~ f-  c o\ 

d’où  l’on  tire  ^ co1  — c bz. 

Maintenant , dans  le  triangle  reétangle  g b e 
(/zg.  62)  * , la  ligne  b c eft  une  perpendicu- 
laire abaiffée  de  l’angle  droit  fur  l’hypothé- 

nufe.  De  plus  , g b = = jX  q (69) , b e — 2 , 


— ■ £ b 1 

fk  ge  — 6.  Donc  c g — ' 

• ge 

ce  — tl = . Donc  c b1 

g ? v & 


4 

^ V 6 ’ 
— g c x c e 


& 


* Le  rhombe  g fh  e eft  ici  le  meme  que  celui  de 
la  fig.  61. 


DES  CrYSTAUX.’  183 

4 X i t 

= I =3- Subftituant  dans  l’équa- 


tion^co1== c bz , on  aura  \ col  = y ; d’où  l’on 

* T T 6 O,  ~ 4 

tire  coz  , oc  co 

Dans  le  triangle  c 0 g ( Jig . 61  ),  nous  con- 
noifTons  donc  c 0 


Cï=^7,&1'a[" 


gle  c = 5)o°. 


Or,  r : tang.  £ ::cg:co  ::  3 : ^6. 

Le  réfultat  du  calcul  donnera  pour  la  tangente 
de  l’angle  g le  nombre  95)119343  » 4ui 
appartient  à 390  1 3'  5 3" Donc  l’angle  pgo  = 
78°  27'  46". 

Maintenant,  dans  le  triangle  ceo,  nous 


avons  c 0 = | , 


& l’angle  c =90°. 


Mais  r : tang.e  : : ce:  co  : : : j :l  3 • 24. 

On  trouvera,  d’après  cette  proportion,  pour 
la  tangente  de  l’angle  e,  le  nombre  101 1298435 
qui  répond  à 31'  4".  Donc  l’angle  0 ep  = 
117®  2'  B";  d’où  l’on  conclura  que  chacun 
des  angles  go  e , gpe,  eft  de  82°  ly'  3". 

M 4 


Il 84  De  ia  Structure 

Grenat  a trente-six  faces.  Id.  Daubent: 
Tebl.  miner. 

Développement.  Douze  rhombes  a b d c 
(j%*  57  ) 5 Semblables  à ceux  du  grenat  dodé- 
caèdre (68).  Vingt-quatre  exagones  alongés 
gr  se tu(  fig.  y8  ),  L’angle  rgu  = 78°  27  ' 46". 
set  — 11 70  t.'  8".  g r r ou  g u t—  1 qo°  qô'  7". 
e s r ou  et  u=  12 1°  28'  y 6". 

72.  Concevons  que  l’accumulation  des  lames 
décroiflantes , qui  a donné  la  variété  précé- 
dente, foit  arrêtée  tout- à-coup  à une  cer- 
taine hauteur,  en  forte  qu’il  n’y  ait  fur  les 
douze  faces  du  noyau  que  des  pyramides 
naiffantes  , au  lieu  de  pyramides  entières  : 
alors  les  faces  Supérieures  de  toutes  les  lames 
extrêmes  donneront  douze  rhombes  up  0 t , 
tnnlk , rshq , &c. , femblablçs  aux  rhombes 
abge>gfde,  &c.  , qui  formoient  les  faces 
du  noyau,  & feulement  plus  petits;  & au  lieu 
des  quadrilatères  goep,  pnre,  &c.  (fig.  yp), 
on  aura  vingt-quatre  exagones  alongés  grsetu , 
ao  temn3  &c.f ^zg.  63),interpofés  entre  les  douze 
rhombes;  ce  qui  fera  en  tout  trente-fix faces. 
On  voit , par  cet  expofé , que  la  forme  du 
grenat  dont  il  s’agit  ici , eft  intermédiaire  entre 
celle  du  grenat  dodécaèdre  , Sc  celle  du  grenat  à 
vingt- quatre  faces. 


DES  CRYSTAUX;  3 85 

7J*.  Les  angles  plans  des  cxagones  font 
très-faciles  à déterminer;  car  ayant  tracé  un 
des  quadrilatères  g 0 e p (fig.  58  ) du  grenat  a 
vingt-quatre  faces  , fi  l’on  mène  la  diagonale 
g e , & les  lignes  rs,  ut  , parallèles  à g e , & 
également  disantes  de  cette  ligne  , on  aura 
un  exagone  grsetu , dont  les  angles  feront 
égaux  à ceux  de  l’exagone  du  grenat  à trente- 
fîx  faces.  Or  , nous  avons  déjà  trouvé  ci- 
delTus  ( 71)  l’angle  rgu  de  78°  27'  46",  & 
l’angle  set  de  M'f  o!  S".  De  plus  , il  eft  aifé 
de  voir  que  les  angles  grs  ou  g u t d’une 
part  , & eu  ou  etu  de  l’autre,  font  les  fup- 
plémens  des  angles  rgefk  ge  s ; d’où  il  fuit  que 
l’on  aura  g rs  =g  u t = 180° — (39°  i3/5'3/)  “ 
140°  46'  7",  &iesr—etU'=zi$o°-*-(  j'8°3i/ 
v=  121°  28/  $6"  (a). 


(a)  Le  grenat  dodécaèdre  peut  fournir  à la  Géométrie 
une  application  du  calcul  de  maximis  & minimis. 
Ayant  cherché  , à l’aide  de  ce  calcul , quel  étoit  de 
tous  les  folide  s à douze  faces  rhomboïdales  celui  qui  , 
à capacité  égale , avoit  la  plus  pedte  furface  , j’ai 
trouvé  que  les  faces  de  ce  folide  font  des-rhombes  égaux 
& femblables  entr’eux,  dans  lefquels  le  rapport  des 

deux  diagonales  eft  celui  de  1 à y y 5 comme  on  l’a 
déterminé  plus  haut  ; c’eft-à-dire  , que  le  folide  dont 
il  s’agit  eft  parfaitement  femblable  au  grenat  dodé- 
caèdre. Ce  problème  a beaucoup  de  rapport  avec  un 


ï86  De  la  Structure 


Addition  à V article  précédent. 

74.  Quoique  je  ne  me  fois  point  propofé 
de  faire  entrer  dans  cet  EfTai  ce  qui  concerne 
les  fubftances  métalliques  , je  crois  cependant 


autre  qui  a été  réfolu  par  plufieurs  Auteurs , & dans 
lequel  on  propofe  de  déterminer  l'angle  du  fommet  de 
1 alvéole  des  abeilles  , qui  donne  le  minimum  de  fur- 
face.  Le  folide  , qui  repréfente  cette  alvéole  , a pour 
bafe  un  exagone  régulier  , & pour  faces  latérales  fix 
trapèzes  avec  un  fommet  formé  de  trois  rhombes.  Dans 
les  folutions  que  j'ai  vues  de  ce  dernier  problème , on 
ne  fait  varier  que  la  grande  diagonale  des  rhombes  du 
fommet  ; en  forte  que  l’on  n'a  le  minimum  de  furface 
que  par  rapport  à ce  fommet.  Si  l’on  vouloit  réfoudre 
le  problème  dans  toute  fon  étendue , en  faifant  varier 
au/ÏÏ  la  hauteur  de  l’efpèce  de  prifme  formé  par  les 
trapèzes  latéraux  , on  trouveroit  que  , pour  avoir  le 
minimum  de  furface , il  faut  prendre  la  moitié  d’un 
dodécaèdre  femblable  à celui  du  grenat  , & coupé  dans 
une  direction  perpendiculaire  à l’axe  de  ce  dodécaèdre. 
L'alvéole  des  abeilles  a une  hauteur  beaucoup  plus 
confidérable  que  celle  d’un  pareil  folide.  Mais  cette 
dimenfion  e/l  afîortie  aux  ufages  de  ces  alvéoles , qui 
ne  font  pas  feulement  deftinées  à recevoir  le  miel , mais  , 
encore  à fervir  de  logement  aux  abeilles  nouvellement 
éclofes  , qui  y reftenc  jufqu’à  ce  que  leur  développe- 
ment foit  achevé  , ainfi  que  le  remarque  M.  Maraldi , 
Mémoires  de  l’Académie  des  Sciences,  1711,  Obfer~ 
vation  Jur  les  Abeilles. 


DES  CRYSTAUX.  1S7 

devoir  ajouter  ici  le  réfultat  des  obfervations 
que  j’ai  faites  fur  les  blendes,  dont  la  ftrudure 
eft  abfolument  la  même  que  celle  des  grenats. 
On  connoît  des  cryftaux  de  blende  à vingt- 
quatre  faces,  dont  douze  font  des  trapézoïdes, 
tels  que  ateu  , a t iq , auhq  , &c.  ( fig . 64  ) , 
& les  douze  autres  des  triangles  ifocèles  alon- 
gés  h u x , eux,  &c.  , réunis  deux  à deux 
par  leurs  bafes  , & interpofés  entre  les  qua- 
drilatères, ainfi  que  le  repréfente  U figure.  J’ai 
divifé  un  allez  grand  nombre  des  cryftaux 
dont  il  s’agit, par  des  coupes  très-nettes,  paral- 
lèlement aux  douze  quadrilatères.  Ces  divi- 
sons emportent  peu  à-peu  les  douze  triangles 
ifocèles;  & lorfque  ceux-ci  ont  entièrement 
difparu  , le  folide  fe  trouve  réduit  à un  dodé- 
caèdre à plans  rhombes,  qui  a exadement  la 
même  figure  que  celui  du  grenat  {fig-  5 ^ 
Quand  ces  dodécaèdres  ont  été  extraits  d une 
blende  rougeâtre,  ils  reffembîent  tellement  a 
des  grenats,  que  l’on  feroit  tente  de  s y 
méprendre  au  coup- d’œil  , fans  la  différence 
du  poli  , qui  eft  beaucoup  plus  vif  dans  la 
blende.  Si  l’on  fous-divife  ces  memes  dodé- 
caèdres toujours  parallèlement  à leurs  faces  , 
la  divifion  donne  en  dernière  analyfe  des  té- 
traèdres irréguliers  à faces  triangulaires  ifo- 
cèles, tels  que  ceux  qui  ont  été  décrits  (68)’ 


’i88  Dé  la  Structure 

Il  efl:  donc  extrêmement  probable  que  les? 
molécules  de  la  blende  font  de  la  même  forme 
que  celles  du  grenat  ( a ),  Les  tétraèdres  dont 
je  viens  de  parler  , combinés  de  diverfes 
manières  , d’après  les  loix  de  Cryftallifation 
que  j’ai  expofées  dans  cet  Ouvrage,  produi- 
sent de  nouveaux  tétraèdres  à faces  équila- 
térales , des  oélaèdres  réguliers , des  parallé- 
lipipèdes  obliquangles , & d’autres  polyèdres 
de  diverfes  figures  indiquées  par  différens 
Auteurs  , & en  particulier  par  le  favant 
M.  Born , dans  Ion  Litkophylacium , Irc.  Part,, 
p.  132  & fuiv. 


ARTICLE  VIII. 

Application  aux  Topazes  du  Bréfil  & de  Saxe , 

75*-  Le  s deux  topazes,  qui  font  l’objet  des 
cet  article  , forment  deux  fortes  de  pierres 
diftinguées  l’une  de  l'autre  par  plufieurs  carac- 
tères fenfibles,  & en  particulier  par  celui  de 
la  couleur,  dont  M.  Daubenton  a fu  tirer  un 


O2)  Voyez  ce  qui  a été  dit  ( Introduction  , p.  36  ) iun 
cette  reflemblance  des  molécules  dans  des  cryftaui  dît 
sature  différente. 


DES  CRYSTAUX,  189 

parti  fi  ingénieux  , en  graduant  les  teintes 
des  divers  cryftaux  gemmes  proportionnelle- 
ment à celles  que  l’on  obferve  dans  le  fpeétre 
folaire  produit  par  la  réfra&ion  de  la  lumière  à 
travers  le  prifme  de  Newton  ( a ).  Dans  cette  gra- 
duation , la  topaze  de  Saxe  correfpond  au  jaune 
ftmple  , & celle  du  Bréfil  au  mélange  du  jaune 
& de  l’orangé.  Cependant  j’ai  cru  devoir  réunir 
ici  fous  un  même  point  de  vue  les  deux  to- 
pazes dont  il  s’agit , parce  qu’elles  font  com- 
pofées  de  molécules  conftituantes  fembLbles 
entr’elles;  & quoiqu’au  premier  coup  - d’œil 
elles  paroiflent  annoncer  des  différences  mar- 
quées , meme  par  rapport  à leurs  formes 
extérieures,  j’ai  reconnu  , en  examinant  celles- 
ci  avec  attention,  & d’après  la  ftruéiure  des 
cryftaux  , qu’elles  étoient  originaires  d’une 
meme  forme  primitive  , qui  eft  feulement 
moins  apparente  dans  la  topaze  de  Saxe  , & 
comme  déguifée  par  un  plus  grand  nombre  de 
facettes  furnuméraires. 

Je  ne  fâche  pas  que  la  forme  primitive  de 
ces  cryftaux  ait  été  encore  vue  ifolée.  Cette 
forme , ainfi  qu’on  le  verra  dans  la  fuite  „ 
feroit  celle  d’un  prifme  quadrangulaire  , dont 


(a)  Mém.  de  l’Acaff  des  Sciences,  ann.  I74°* 


j£o  De  la  Structure 
les  pans  font  des  re&angles,  & les  deux  bafes 
des  rhombes  ayant  leurs  angles  à - peu  - près 
de  1240  30',  & 53°  30'.  La  forme  dont  il 
s’agit  exifte  , en  quelque  forte  , par  parties 
dans  les  deux  topazes  i car  celle  du  Bréfil  fe 
préfente  alfez  communément  fous  la  forme 
d’un  prifme  tel  que  je  viens  de  le  décrire  , 
mais  furmonté  d’une  pyramide  , & la  topaze 
de  Saxe  fe  trouve  fouvent  terminée  par  deux 
faces  horizontales  : mais  outre  qu’il  y a un  com- 
mencement de  pyramide,  le  prifme  eft  à huit 
pans  inégaux  entr’eux. 

76.  Quant  aux  molécules  conftituantes  des 
topazes,  elles  font  auffi  des  prifmes  droits  , 
qui  ont  leurs  bafes  femblables  à celles  du 
cryftal  déformé  primitive,  & dont  la  hauteur 
eft  une  moyenne  proportionnelle  entre  la 
grande  diagonale  des  rhombes  de  la  bafe  , & 
une  ligne  double  de  la  largeur  des  memes  rhom- 
bes, comme  je  le  prouverai  dans  le  cours  de  cet 
article. 

Topaze  du  Brésil. 

Formes  fecondaires. 

Topaze  du  Brésil  en  prisme  droit 

RHOZttBOÏDAL  , TERMINÉ  PAR  UNE  ET  QUEL- 


DES  CrYSTAUX.  rç)ï 

QUEFOIS  DEUX  PYRAMIDES  A QUATRE  FACES 

triangulaires  ( PI . VII,  fig.  6 5 ).  Topaze 
du  Bréfil.  Daubent.  Tabl.  miner. 

Développement.  Quatre  redangles  alongés 
&:  égaux  entr’eux , tels  que  b oht , s o hg,  &c. , 
formant  les  pans  du  prifme. 

Quatre  triangles  fcalènes  , tels  que  abo 
(fis*  65  & 66  ) , formant  les  faces  ces  p yra- 
mides.  L’angle  a b o = 370  1 1'.  a 0 b — 65/ 0 5 j', 
b ao=  720  74/. 

77.  Le  tiflu  de  cette  topaze  eft  feuilleté  , 
ainfi  que  celui  de  la  topaze  de  Saxe,  & les 
lames  qu’on  en  détache  , en  la  clivant , font 
placées  parallèlement  aux  bafes  du  prifme,  & 
ont  leurs  grandes  faces  lifles  & brillantes. 
Quoiqu’en  effayant  de  fous  - divifer  ces  lames 
on  ne  puifife  obtenir  que  des  fragmens  irrégu- 
liers, probablement  parce  que  les  faces  laté- 
rales des  molécules  ayant  beaucoup  plus  d’éten- 
due que  les  bafes  , ont  aulli  entr’elles  une 
adhéfion  beaucoup  plus  forte  (a),  cependant 
on  ne  peut  douter,  ce  me  femble  , que  les 
lames  dont  il  s’agit  ne  fuient  des  aflemblages 
de  petits  prifmes  droits  , dont  les  pans  font 
parallèles  à ceux  du  prifme  total.  Cette  induc- 
tion fuit  naturellement  de  l’analogie  des  autres 


(a)  Voyez  la  Note  de  la  page  j 1. 


ic) 2 De  la  Structure 

cryftaux  j & d’ailleurs  nous  verrons  que  les 
réfultats  des  calculs  faits  d’après  cette  hypo- 
thèfe  fe  trouvent  d’accord  avec  l’obferva- 
tion. 

Quant  aux  pyramides  qui  terminent  le 
prifme , elles  font  produites  par  les  décroifle- 
inens  des  lames  de  fuperpofition  , dont  la  loi 
fera  déterminée  plus  bas.  Le  prifme  eft  pref- 
que  toujours  cannelé  irrégulièrement  dans  le 
fens  de  fa  hauteur  j ce  qui  fuppofe  des  fouf- 
tra&ions  inégales  , & pour  ainli  dire  inter- 
mittentes, de  différentes  files  longitudinales 
de  molécules  conffituantes.  Ce  n’eft  pas  la 
première  fois  que  j’aie  vu  les  lames  compo- 
fantes  d’un  cryftal  fuir  en  quelque  forte  par 
leur  difpofition  en  retraite  fur  les  faces  primi- 
tives. J’ai  obfervé  entr’autres  des  rhomboïdes  de 
fpath  calcaire  femblables  au  fpath  d’Iflande  , 
dont  les  faces  étoient  inégalement  ftriées  dans 
des  fens  parallèles  aux  arêtes  du  rhomboïde. 

Topaze  du  Brésil  en  prisme  droit  a 

HUIT  PANS  , TERMINÉ  PAR  UNE  OU  DEUX 
PYRAMIDES  A QUATRE  FACES  QUADRILATERES 

C/g.67). 

Développement.  Quatre  reétangles  alongés, 
tels  que  codu  } odlr,  &c.  , formant  quatre 
des  pans  du  prifme.  Quatre  trapèzes  r s g l , 

g b t u 


DES  CrYSTAUX.  I93 

cbtu  (jig.  6 7 & 68  ),  formant  les  quatre  autres 
pans  du  prifme.  Quatre  quadrilatères  irréguliers, 
tels  que  a or  s ( fig . 67  & 6c?) , qui  font  les  faces 
des  pyramides. 

Angles  des  trapèzes  s r Z = glr  = 1080  23'. 

r s g=lg s—  71°  37/* 

Angles  des  quadrilatères  oas  = 720  yqr. 
aor  = 6ÿ°  g 5'.  a sr—  63°  7'.  orj  = iyq0^. 

78.  Il  arrive  allez  fouvent  que  les  fouftrac- 
tions  de  molécules,  qui  forment  les  ftries  ou 
les  cannelures,  dont  le  prifme  de  la  topaze 
du  Bréfil  eft  fillonné,  fe  font  régulièrement  , 
depuis  un  certain  terme  , félon  une  loi  qui 
fera  déterminée  dans  la  fuite.  Alors  le  prifme 
eft  à huit  pans,  dont  quatre re&angles  , réunis 
deux  à deux  fur  les  arêtes  od  {jig.  67),  & 
celle  qui  lui  eft  oppofée;  ces  redangles  font 
évidemment  les  réfidus  des  pans  du  prifme 
primitif.  Les  quatre  autres  pans  , qui  font , 
comme  on  l’a  vu,  des  trapèzes,  anticipent 
fur  les  pyramides  terminales  ; en  forte  que 
les  faces  de  celles-ci,  qui  étoient  triangulaires 
dans  la  première  variété,  deviennent,  dans  le 
cas  préfent , des  quadrilatères  tels  que  ceux  qui 
ont  été  décrits. 

Comme  on  retrouve  ces  memes  pans  beau- 
coup mieux  prononcés  dans  le  prifme  de  la 

N 


j £4  De  la  Structure 

topaze  de  Saze  , & que  d’ailleurs  cette  der- 
nière fournit  plus  de  données  que  l’autre  , 
pour  déterminer  la  loi  des  décroilTemens  des- 
lames  & la  hauteur  des  molécules  confti- 
tuantes,  je  renvoie  à l’article  fuivant  tout  ce 
qui  concerne  ces  différens  objets  , qui  font , 
ainfi  que  nous  le  verrons  , communs  aux  deux 
topazes,  avec  quelques  modifications  de  plus 
par  rapporté  celle  de  Saxe. 

Topaze  de  Saxe. 

Forme  fecondaire. 

4 ' 

Topaze  en  prisme  a huit  pans  , terminé 

PAR  UNEOU  DEUX  PYRAMIDES  INCOMPLETTES 

A six  faces  ( fig.  70 ).* Topaze  de  Saxe.  Daub. 
Tabl.  miner. 

Développement.  Quatre  reéicangles  étroits  , 
tels  que  tski , t f p i ( j%.  70  & 74  ) , qui 
font  les  réfidus  des  faces  primitives  du  prifme, 
comme  dans  la  topaze  du  Bréfil  à prifme 
odogone. Quatre  pentagones  irréguliers  sunçk 


(*)  Je  fuppoferai,  dans  cet  article,  que  le  prifme  n’a 
que  fon extrémité  fupérieure  qui  foit  en  pyramide, l’extré- 
mité inferieure  étant  prefque  toujours  engagée  dans  la 
gangue  du  cryftal. 


DES  CRYSTAUX,  Ipj* 

(Jïg.jo8c  76),  fermant  les  quatre  pans  larges 
du  prilme. 

Un  exagone  un  peu  irrégulier  a b 0 e r c 
C jig.  70  & 72),  qui  remplace  le  fommet  de 
la  pyramide.  Deux  pentagones  eungr(  jig.no 
& 73  ) , ayant  leurs  côtés  égaux  deux  à deux, 
& leurs  fommets  n,  iitués  (ur  les  arêtes  7Z£, 
qui  joignent  les  pans  larges  duprifme.  Quatre 
autres  pentagones  plus  irréguliers  b dft  0 , 
0 t sue , &c.  (jig.  70  & 75"  ) , qui  forment  les 
quatre  autres  faces  de  la  pyramide  incom- 
plette  , & correfpondent  chacun  à un  pan 
étroit  du  prifme,  6e  à une  partie  du  pan  large 
voifin. 

Angles  des  pentagones  s un  % k ( jig.  7 6 ). 
u s k—1080  23 u n 1=123°  gj.sun—  128°  j. 
s k%  =ngk  —co  °. 

Angles  de  hexagone  a b 0 e rc  ( jig.  72  ).b  0 e 
~ ac  r = 124?  20'.  0 e r — erc~cab—  ab  o 
*=  117°  47/- 

Angles  du  pentagone  e un  gr  (jig.Jï  ).r  eu 
= erg=iio°  44'.  e u n =rgn = 1220  6'.  u «g 
= 7 q°  20'. 

Angles  du  pentagone  otsue  ( jig.  jg).  eol 
= iio°  j.o  eu  — 1 17°  30'.  e u s = g>o°  2 6'. 
use  — 1 j.  ot  s = ôy°  5 5 

79.  Telle  efi:  la  forme  fous  laquelle  fe  pré- 
fente a fiez  communément  la  topaze  de  Saxe; 

N2 


ir,6  De  la  Structure 
mais  cette  forme  eft  fujette  à beaucoup  de 
variations,  dont  les  plus  intéreflantes , relati- 
vement à l’explication  de  fa  ftruâure  , font 
de  nouvelles  facettes  , qui  doublent  les  faces 
latérales  de  la  pyramide  incomplette  ; en  forte 
que  ces  faces  changent  d’inclinaifon  , & fe 
relèvent  en  arêtes  parallèles  au  côté  corref-  . 
pondant  de  hexagone  terminal.  ( V oye\  la 
figure  71  ).  Par  cette  nouvelle  difpolition  , les 
pentagones  b df  t 0 , ot  s ue  ( fig . 70),  fe  trou- 
vent réduits  aux  pentagones  £ dftm , q us  t in 
(fig-  71  ) , & leur  partie  fupérieure  eft  rem- 
placée par  une  facette  furnuméraire  bfmo'  ou 
o'mqe La  figure  des  autres  pentagones,  tels 
que  eungr  (fig- 70),  fe  trouve  modifiée  de 
manière  que  ce  qui  refte  de  leur  fprface  eft 
un  oétagone  e'quyyg^r'  (fig-  7 1 )•  Quant 
à leur  par  Lie  inférieure  , elle  eft  remplacée 
par  un  triangle  ifocèle  y n'y.  La  figure  des 
pans  pentagones  sun^k  ( fig-  yO ) du  prilme 
fe  trouve  altérée  à proportion  , & devient  un 
exagone  suyn'^k  (fig-  71  )•  On  a j dans  ce 
cas,  treize  faces  pour  la  pyramide,  outre  les 
huit  faces  ordinaires  du  prifme.  Ces  différentes 
faces  font  encore  fufceptibles  de  varier , Cli- 
vant lespolïtions  où  fe  trouvent  les  arêtes  ç m , 
m q,yy , &c. 

80.  En  mefurant  avec  loin  les  inclinaifons 


des  Crystaux.  IP7 
qu’ont  entr’elles  , & avec  les  pans  duprilme, 
les  faces  de  la  pyramide  modifiée  , comme  je 
viens  de  l’expofer  ( a ) , j’ai  trouvé  l’angle 
formé  par  la  face  pentagone  mqust  (fig.  71) 
avec  le  panreétangle  tski  du  prifme,  fenfi- 
blement  égal  à l’angle  formé  par  la  face  oéto- 
gone  e'quyyg^r'  avec  l’exagone  terminal 
a'  b'  o'  e!  r'  d . De  plus,  chacun  de  ces  deux 
angles  efl,  à très-peu  de  chofe  près  , de  136°. 

D’après  ces  données , la  feule  hypothèfe 
dans  laquelle  les  réfultats  du  calcul  foient 
conformes  aux  autres  obfervations  que  l’on 
peut  faire  fur  le  cryftal , efl;  celle  d’une  loi  de 
décroiflement  , par  une  Ample  rangée  de  mo- 
lécules pour  la  face  triangulaire  y n'  y ; par  deux 
rangées  de  molécules  pour  la  face  octogone 
adjacente  e'  q uy  y g * r'  ; par  deux  rangées 
encore  pour  la  face  pentagone  qu  stm;  &c 
enfin  par  trois  rangées  pour  la  face  quadrila- 
tère adjacente  o,mqcf.  Mais  avant  de  palier 
aux  réfultats  qui  fuivent  de  ces  diverfes  fup-r 


(a)  J'ai  mefuréces  inclinaifons  fur  une  très-belle  aigue- 
marine  d’un  volume  coniidcrable  , qui  fe  trouve  au  Ca- 
binet duRoi.  Onfait  que  la  forme  de  ce  cryftal  gemme 
eft  abfolument  la  même  que  celle  de  la  topaze  de 
Saxe. 


198  De  la  Structure 

portions,  il  faut  déterminer  la  hauteur  des 
molécules  prifmatiques  conftituantes. 

81.  Soit  Idm  (jîg.  77  ) le  triangle  menfu- 
rateui  , par  rapport  aux  décroi/Temens  des 
lames  qui  forment  la  face  vn  q u.  s t (jîg.  71  ), 
ôc  l d h ( Jîg . 81)  le  triangle  menfurateur  pour 
la  face  o&ogone  t'  qu  y y g*  r'  (jîg,  71)5  Ia 
ligne  l cl  étant  la  hauteur  d’un  des  petits 
prifmes  dont  il  s agit,  on  aura,  d’après  les 
met  u les  indiquées  plus  haut  (80),  l’angle  d l m 
(J %•  77)  = 44°,  & l’angle  lmd=46°  (a); 
on  aura  auflî  l’angle  dlh  ( jîg.  8 1 ) =*  46° , 
& lhd  = 440:  donc  les  triangles  dlm,  dlk 
font  femblables  ; ce  qui  donne  dm  : dl  : : dl 
: d h. 

Soit  a b nd  (jîg.  79)  la  furface  de  la  bafe 
d une  des  molécules  conhituantes  de  la  topaze. 
Ayant  mené  la  perpendiculaire  bo  fur  le  côté 
dn  , on  aura  , par  la  fuppofition  , dm  (jîg.  77) 
~ 2b  0 (jîg.  79) y à caufe  des  décroiflfemens 
par  deux  rangées  ,Scdh(  jîg.  81  ) —an  (jîg,  79  ), 
a laifon  de  la  même  loi  de  décroiflement ^ 


( a ) Les  lames  de  fuperpofition  ayant  leurs  bafes 
dii'pofees  perpendiculairement  aux  pans  du  prifme  , 
il  eft  vifible  que  d m eftaufTi  perpendiculaire  à Tun  de  ces 
pans,  & par  ccnfequent  l m d = 136°  — po°  = 4 6°. 


DES  Crystaux. 

qui  a lieu  ici  par  rapport  aux  angles  des 
lames  compofantes.  Subftituant  dans  la  pio 
portion  dm  : il  ::  U : àh,  elle  devient  260 
:d/  ::  il  : an;  c’eft -à- dire , que  la  hauteur 
dl(fg.  77)  d’une  des  molécules  prifmatiques  , 
eft  une  moyenne  proportionnelle  entre  deux 
fois  la  largeur  b 0 (fig.  79  ) de  la  bafe  , & la 
grande  diagonale  a n de  la  meme  bafe;  ce  qui 
ell  le  rapport  que  j’ai  indiqué  (7^)* 

Cherchons  à préfent  la  valeur  des  angles 
bnd,  abn,  de  la  bafe  dont  il  s’agit.  La  pro- 
portion 2 bo  : dl  ::  dl  : an  donne  a n ou 

2 gn=idl)\  De  plus,  b 0 X du  = gn  X 

zb  o 

j bo  X dn_ 

bd—gnX2dg;  d’où  l’on  tire  d g = — — * 

(dl)1 

Subftituant  à la  place  de  2 gn  fa  valeur  3 

on  a dg.=  Or,  d’après  les  va- 

, ^ z (bo)1  X dn  ____ 
leurs  indiquées  ci  - deuus  , Tdlf 

fin  ( 44°  x r-  , en  prenant  dn  pour  le 

z .fin.  (46°  )* 

rayon  r.  Donc  log.  fin.  dng  = 2 log.  fin.  44° 
4-  log.r  — 2 log- fn.  46°  — log.  2=  96686444, 
lequel  nombre  répond  à 17 ° 47'*  Donc  bnd 

N4 


200  De  la  Structure 

= 57°  34' > & adn  = i2^°  2(5';  laquelle 
valeur  fe  trouve  être  la  même  que  celle  quon 
obferve,  en  mefurant  l’inclinaifon  refpe&ive 
des  pans  tfpi,  tski  ( fig.  70 ) , qui  font  , 
comme  je  1 ai  dit  ( a ) , les  réfïdus  des  pans 
primitifs  du  prifme  de  la  topaze  de  Saxe. 

Soit  maintenant  Idp  ( fig.  8o  ) le  trian- 
gle menfurateur,  qui  doit  donner  la  loi  des 
décroiflemens  , par  rapport  à la  facette  trian- 
gulaire y n'y  ( fig.ji  ).  Ces  décroiffemens  étant 
fuppofés  fe  faire  par  une  (impie  rangée  de 
molécules  , on  aura  dp—  gn  ( fig,  yp  y% 

Or , nous  avons  vu  que  g n = 

4 b o 

fin . ( 4 60  )1 

Tjïfi.  44»  3 & b8-  S11  ou  log.  dp  — 

~ l°8’  fin‘  4^  * — fin.  qq.0  * — logar.  i = 
<93*710669.  De  plus,  faifant  attention  que 
nous  avons  pris  pour  la  valeur  de  dl  le  (inus 
de  46°,  on  aura  log.  dl  = 9 83*6934  1.  Le 
triangle  l d p étant  réfolu  d’après  ces  don- 
nées, on  trouve  pour  le  logarithme  de  la  tan’» 
gente  de  Ip  le  nombre  97141328,  qui 
répond  à 27°  22'  ; d où  il  fuit  que  l’angle 


(a)  Voye^  le  développement  de  cette  topaze. 


DES  CrYSTAUX,  20Ï 

formé  par  la  facette  dont  il  s’agit  avec  l’exa- 
gone  terminal,  eft  de  <?o°  -J-  27^  22/  = 1 17° 
22  ' ; laquelle  valeur  fe  trouve  également  véri- 
fiée par  l’obfervation. 

Quant  aux  décroiiTemens  par  rapport  aux 
facettes  o'  ef  q m (fg.  7 1 ) , ils  fe  font , comme 
je  l’ai  annoncé  ( 80  ),  par  des  fouftraétions 
de  trois  rangées  de  molécules  ; c’eft-à-dire  , 
que  dans  le  triangle  menfurateur  Idr  (fg.  78), 
on  a,  outre  logar.  dl  = 985"  69  341, 
comme  ci  - deflus  , log.  dr  — log.  b 0 - 1-  log.  3 
= log.  fin.  440  — log.  r -4-  logar.  3 = 
100178626  (fl);  ce  qui  ^donne  pour  le  lo- 
garithme de  la  tangente  de  l’angle  /,1e  nombre 
101609285",  qui  répond  à 540  2iù  Partant, 
l’angle  formé  par  la  facette  dont  il  s’agit,  avec 
l’exagone  qui  termine  le  cryftal,  eft  de  145”° 
2 1!  , ainfî  que  le  donnent  les  mefures  prifes  fur 
le  cryftal. 

Voilà  le  premier  exemple  de  décroiffement 
par  trois  rangées  de  molécules  , que  j aie 
encore  trouvé  parmi  une  multitude  de  cryf- 
taux  dont  j’ai  obfervé  la  ftruéture  ; d’où  l’on 
peut  conjecturer  que  ces  exemples  ne  feront 
pas  moins  rares  dans  la  fuite.  Ainfi , il  faut 


(a)  Nous  avons  eu  ci-defTus  zb  o — dm  — fin.  44°? 
d’où  l’on  tire  log,  b o — log.  fin.  440  — log • i. 


2oi  De  la  Structuré 
les  regarder  comme  des  efpèces  d’exception? 
aux  loix  les  plus  ordinaires  , qui  font  celles 
des  décroilfemens  par  une  ou  deux  rangées  de 
molécules. 

La  figure  odaèdre  du  prifme  eft  allez  nette* 
dans  cette  topaze  , pour  permettre  de  déter- 
miner avec  précilion  la  loi  des  décroilfemens 
que  fubiffent  les  lames  compofantes  depuis 
les  arêtes  fp,  s k ( fig.  68),  où  fe  terminent 
les  pans  redangles  du  meme  prifme. 

Soit  A dh  b C r n e (PI.  VIII , fig . 82  ) une 
coupe  horizontale  de  ce  prifme.  S’il  ne  fe  fai- 
foit  aucunes  fouftradions  de  molécules  conf- 
tituantes  , la  coupe  dont  il  s’agit  auroit  la 
figure  du  rhombe  A B C D.  Suppofons  donc 
qu’au  point  d,  où  commencent  les  décroif- 
femens fur  le  bord  AB,  il  y ait  une  rangée 
dgl  B de  molécules  fouftraites  ; une  autre 
rangée  fp  si , au  point  f diftant  du  point  d de 
trois  molécules  , & ainfi  de  fuite.  Cherchons 
les  angles  qui  réfultent  de  cette  loi  de  dé- 
croilfement.  Dans  le  triangle  df  g , nous  avons 
l’angle  d g f = A dg—gf  34' , & le  côté 
gf—^dg.  Donc  on  peut  faire  d g = 1 -,  gf 
= 3.  Réfolvant  ce  triangle  , on  trouvera  pour 
le  logarithme  de  la  tangente  de  la  demi- 
différence  des  angles  d & /,  le  nombre 
93,772678  , qui  appartient  à 43°  30'  5 d’où 


DSS  Crystaux.  20J 

l’on  conclura  que  df  g ou  fhp  = 18°  437  : 
ajoutant  à p h x , qui  eft  de  y1)0  3 V ■>  le  double 
de  fh  p , on  aura  l’angle  dhb  — £3°,  & l’an- 
gle A dh  = A ~hfdg  = S 5°  34;  + i°5° 
q^7  = 1610  17^  ce  que  confirment  encore 
les  obfervations  faites  fur  le  cryftal.  On  voit 
par  - là  que  les  décroiiïemens  dont  il  s’agit 
fui  vent  une  des  loix  les  plus  ordinaires  de  la 
Cryftallifation  , excepté  qu’ils  fe  font  par  des 
degrés  intermittens  (a). 

82.  Pour  revenir  maintenant  à la  topaze 
du  Bréfil  , j’ai  obfervé  que  , dans  ce  cryftal , 
les  décroiflemens  des  lames  qui  forment  par 
leurs  rebords  les  faces  des  pyramides  , fe  fai- 
foient  par  des  fouftraélions  de  deux  rangées 
de  molécules , comme  pour  les  faces  0 t s u e 
( PI.  VII,  fig.  70  ),  ou  qmtsu  ( fig . 71  ) , dans 
la  topaze  de  Saxe. 

Quant  au  calcul  des  angles  plans  de  l’une 
& l’autre  topaze  , je  m’abftiendrai  de  le  don- 
ner ici,  parce  qu’il  eft  îfong  & un  peu  com- 
pliqué , fur  tout  pour  la  topaze  de  Saxe  ; 


(û)  On  pourroicaufli  concevoir  la  loi  dont  il  s agit  ici, 
comme  une  efpèce  de  loi  de  décroiffement  par  trois  rangées 
de  molécules. 


20-p  t)  e LA  Structure 
mais  à l’aide  des  inclinaifons  qu’ont  entr’elles 
les  différentes  faces  de  ces  cryftaux  , il  fera 
facile  aux  Géomètres  , qui  voudraient  vérifier 
mes  calculs,  de  retrouver  les  réfultats  indiqués 
dans  le  développement  des  deux  topazes. 


ARTICLE  IX. 

Application  au  Grès  cryjlallife  de  Fontainebleau. 

83.  rJ^ o u T le  monde  connoît  aujourd’hui 
le  grès  rhomboïdal  de  Fontainebleau  , dont 
M.  de  Laffone  a donné  , dans  les  Mémoires 
de  l’Académie  des  Sciences  pour  l’année  1777, 
une  defeription  très-exaéle  & très  - détaillée  , 
ainfi  que  des  carrières  dans  lefquelles  on 
trouve  cette  forte  de  cryftaux.  M.  Sage  a 
reconnu  (O  que  ces  rhomboïdes  étoient  com- 
pofés  d’environ  * de  matière  calcaire  fur  7 de 
matière  quartzeufe  i ce  qui  doit  les  faire  ran- 
ger parmi  les  pierres  mélangées.  Je  me  fuis 
propofé,  dès  l’année  1782,  de  rechercher  fi 
la  forme  des  cryftaux  dont  il  s’agit  apparte- 


/ 

(rz)  Elémens  de  Minéralogie,  2e  édition,  Tom.  1 
pag.  253. 


DES  CRYSTAUX.  205- 

noit  aux  fpaths  calcaires  , ou  il  elle  n étoit 
point  le  réfultat  de  quelque  modification 
particulière  , occafionnée  par  le  mélange  de 
la  matière  quartzeufe.  J’ai  reconnu  d’abord, 
en  mefurant  leurs  angles  plans,  que  ces  angles 
étoient  fenfiblement  égaux  à ceux  du  fpath 
rhomboïdal  à fommets  aigus  (36),  c’eft-à- 
dire,  de  770  31'  20",  & de  104°  28'  40", 
à quelques  variations  près  , occafionnées  par 
les  arrondifièmens  que  fubifient  a fiez  fouvent 
les  rhomboïdes  vers  leurs  fommets.  Je  fuis 
meme  parvenu  à divifer  quelques  rhomboïdes 
de  grès  cryftallifé , dans  le  même  fens  que  le 
fpath  calcaire  dont  je  viens  de  parler,  & de 
manière  que  les  coupes  étoient  allez  nettes 
pour  laifler  reconnoître  le  poli  de  la  Nature, 
quoiqu’un  peu  ofiufqué  par  la  matière  du 
grès.  Ces  recherches  font  l’objet  d un  Mé- 
moire lu  à l’Académie  des  Sciences  le  18  Jan- 
vier 1783.  Le  réfultat  des  obfervations  rap- 
portées dans  ce  Mémoire  , eft  que  la  fubftance 
quartzeufe,  mêlée  avec  celle  du  fpath  dans 
les  rhomboïdes  dont  il  s’agit,  ne  contribue 
en  rien  à leur  figure  ; mais  que  les  molécule.9 
du  quartz,  trop  peu  divifées  pour  être'  fuf- 
ceptibles  d’une  \raie  cryftallifation  , font  feu- 
lement entraînées , & en  quelque  iorte  com- 
mandées paj:  celles  du  fpath  , qui  feules  ont 


20 6 De  la  Structure 
le  degré  de  ténuité  néceflaire  pour  Ce  cryflal- 
lifer  (a). 


ARTICLE  X. 

Obfervations  & conjectures  fur  la  formation  & fur 
VaccroiJJement  des  Cryjlaux. 

8q.  J E me  fuis  borné  , dans  les  articles  pré- 
cédons , à ce  qui  regarde  la  ftrudure  des 
cryftaux.  Quoique  je  n’aie  appliqué  ma  théorie 
qu’à  un  certain  nombre  de  genres  , 6c  que 
j’aie  omis  pluficurs  formes  que  je  n’ai  point 
encore  été  à portée  d’obferver , ou  qui  m’ont 
paru  moins  intérefiantes  que  celles  auxquelles 
je  me  fuis  arrêté  , je  crois  en  avoir  aflez  dit 
pour  qu’on  ne  puiffe  douter  que  les  lames  qui 
compofent  les  cryftaux  fecondaires  ne  fubif- 
fent  réellement  les  loix  de  décroiftement  que 
j’ai  aflignées.  Il  arrivera  peut-être  qu’en  mul- 
tipliant les  obfervations , on  découvrira,  dans 
certains  cryftaux , des  exte.ifions  particulières 
de  ces  loix  : mais  il  me  femble  que  , dès 


[a)  Ces  obfervations  avoient  déjà  été  faites  en  partie  ; 
mais  on  n’avoit  pas  encore  déterminé  d’une  manière  pré- 
cife  à quelle  forme  de  fpath  calcaire  les  cryftaux  dont  il 
s’agit  dévoient  être  rapportés. 


DES  CRYSTAUX.  207 

maintenant , on  peut  préfumer  , avec  beau- 
coup de  fondement  , que  la  marche  la  plus 
ordinaire  de  la  Nature  eft  celle  que  j’ai  indi- 
quée, & que  les  variations  même  que  cette 
marche  pourroit  éprouver  dans  certains  cas  , 
auront  toujours  un  rapport  aflignable  avec 
l’une  des  loix  dont  il  s’agit  ; en  forte  qu’elles 
en  affureront  l’exiftence  , loin  de  la  rendre  équi- 
voque , & ne  feront  qu’en  modifier  l’adion  , 
fans  en  altérer  la  régularité.  Les  réflexions  que 
je  vais  ajouter,  fur  la  formation  & fur  l’accroif- 
fement  des  cryftaux  , me  parodient  d’autant 
plus  propres  à répandre  du  jour  fur  ce  qui 
précède,  qu’elles  feront  déduites  immédiate- 
ment de  l’obfervation  & des  faits  que  pré- 
fente la  ftrudure , & que  je  m’abftiendrai  de 
donner  aucune  hypothèfe  fur  la  nature  & fur 
la  manière  d’agir  des  loix  primitives  , dont  la 
connoiffance,  li  elle  ne  nous  a pas  été  refufée 
pour  toujours,  ne  peut  s’acquérir  que  par  une 
longue  fuite  d’expériences  & de  recherches 
profondes  , qui  manquent  à l’état  aduel  de  la 
Science. 

Il  eft  vraifemblable  , comme  je  l’ai  déjà 
remarqué  en  piaffant  (6),  que  la  figure  d’un 
cryftal  eft  ordinairement  déterminée  dès  les 
premiers  inftans  de  fa  formation.  Tous  les 
cryftaux  quartzeux  , calcaires  & autres  qu» 


208  De  la  Structure 
l’on  obferve  fur  une  même  gangue  (a  ),  fe 
reflemblent  par  leur  forme  , quel  que  foit  leur 
volume;  en  forte  que  ceux  mêmes  qui,  par 
leur  fin elTe  extrême',  échappent  à nos  yeux , 
& ne  peuvent  être  apperçus  qu’à  l’aide  d’un 
inftrument  d’Optique  , ont  déjà  la  figure  des 
plus  gros,  Nous  avons,  par  exemple,  fur  cer- 
taines matrices  , des  aiguilles  de  cryftal  de  ro  - 
che,  dont  la  petitefife  efi:  extrême:  cependant 
ces  aiguilles  ont  un  prifme  interpofé  entre 
les  deux  pyramides  , lorfque  les  groffes  parmi 
lefquelles  elles  fe  trouvent  mêlées  , pré- 
fentent  cette  variété  de  figure.  Si  chaque 
aiguille  étoit  formée  d’abord  par  deux  pyra- 
mides fans  prifme , en  forte  que  l’interpofi- 
tion  du  prifme  entre  les  deux  pyramides  ne 
commençât  à avoir  lieu  que  quand  le  cryftal 
feroit  parvenu  à une  certaine  épaifleur  , on 
verroit  ordinairement  fur  une  même  gangue 
des  cryftaux  avec  pyramide  fans  prifme  , & 
d’autres  avec  des  prifmes  à tous  degrés  d’élé- 


( a)  On  trouve  à la  vérité  quelquefois  fur  la 
meme  gangue  des  cryftaux  d’uue  même  nature  , qui 
diffèrent  par  leur  forme;  mais,  très  - probablement  , 
l’époque  de  la  cryftallifacion  des  uns  & des  autres  n’eft 
pas  la  même  , & ils  font  } pour  ainli  dire  , le  produit  de 
deux  jets  différens. 


vation. 


DES  C R Y S T A U X.  20p 

Vation.-  Cependant  on  remarque  un  rappoi  t 
a fiez  fenfibîe  entre  le  volume  des  différentes 
aiguilles  & la  hauteur  de  leur  prifme.  Si  quel- 
ques-unes ne  montrent  qu  un  commencement 
de  prifme  , cela  paroit  venir  de  ce  que  le  reite 
du  cryffal  eft  enfoncé  dans  la  gangue  ; & en 
effet  , on  apperçoit  affèz  fouvent,  du  coté 
oppofé,  la  fécondé  pyramide,  ou  même  1 au- 
tre extrémité  du  prifme  , qui  forme  une  faillie, 
•&que  Fon  reconnoît,  à fon  alignement,  pour 
faire  partie  du  même  cryffal. 

Il  en  faut  dire  autant  des  cryffaux  fpa-thi- 
ques  , & de  ceux  des  autres  genres.  Quelle 
que  foit  leur  hneffe,  ils  font  déjà  complets. 


chacun  félon  fa  variété  ; on  n’en  voit  aucun 
qui  préfente  le  noyau  a découvert,  ou  le  paf- 
fage  du  noyau  à la  forme  fecondaire.  D après 
cette  obfervation  , il  me  paroit  important  ue 
diftinguer  entre  la  ftruâure  d’un  cryffal  fecon- 
daire & fon  accroiflement , puifque  celui  - ci 
fe  fait  communément  en  fens  contraire  de  la 
ffrudture.  Dans  le  fpath  phofphorique  cubique, 
par  exemple,  les  lames  que  Ion  détache,  en 
fuivant  les  envers  fens  indiqués  par  la  fhuc- 
ture  , font  difpofees  parallèlement  aux  faces 


du  noyau  oétaèdre  ; au  lieu  que  1 accroiffe- 
ment  du  cryffal  s’eff  fait  par  une  fuite  de 
couches  concentriques  parallèles  aux  faces  du 


O 


2io  De  la  Structure 
cube.  On  pourroit  demander  pourquoi,  la  chofe 
étant  ainh,  il  n’eft  pas  poflible  de  divifer  net- 
tement un  cube  de  fpath  phofphorique  paral- 
lèlement à fes  faces?  La  raifon  en  eft  , que  les 
furfaces  des  couches  , ou  des  enveloppes  qui 
s appliquent  les  unes  fur  les  autres  pendant 
l’accroifTement  du  fpath,  ne  peuvent  être  des 
plans  liffes  , mais  font  nécefîairement  hérifïées 
d’une  multitude  de  petites  afpérités  , ou  de 
pointes  de  petits  oêhèdres  ou  tétraèdres , ainfi 
qu’on  le  concevra  ailément  , d’après  l’expli- 
cation que  j’ai  donnée  ( $4  ) de  la  ftruéture 
dont  il  s’agit.  Cela  pofé  , les  lames  qui  com- 
pofent  les  couches  concentriques  dont  j’ai 
parlé  , fe  trouvent  comme  engrenées  les  unes 
dans  les  autres  -,  en  forte  que  la  main  qui  di- 
rigerait l’inftrument  tranchant  dont  on  fe 
ferviroit  pour  effayer  de  divifer  le  cube  paral- 
lèlement à fes  faces,  ne  pourroit  fe  prêter  à 
tous  les  mouvemens  anguleux  qu’exigerait 
cette  efpèce  d’engrenage. 

Un  raifonnement  (impie  prouve  , ce  me 
femble  , que  l’accroiffement  des  cryftaux  doit 
fe  faire  , le  plus  ordinairement  , de  la  ma- 
nière que  je  viens  d’expofer.  La  cryfhlli- 
fation  d’une  fubftance,  fous  une  forme  plutôt 
que  fous  une  autre,  tient  nécefîairement  aune 
caufe  particulière  , ou  plutôt  à une  modification 


des  C r y s t a u x.  2 I I 

des  eau  Tes  générales  qui  influent  dans  cette 
opération  de  la  îNature.  Il  le  peut  , pai  exem- 
ple, que  l’agent  qui  détermine  la  matière  cryf- 
talline  à prendre  telle  figure  préférablement  à 
telle  autre  , vienne  en  partie  de  la  qualité 
meme  du  fluide,  dans  lequel  sopeie  la  ciyf* 
tallifation.  Or,  l’influence  de  cet  agent  doit 
avoir  lieu  , dès  que  les  molécules  font  allez 
rapprochées  pour  fe  grouper  de  manière  à 
produire  déjà  un  cryftal  élémentaire,  qui  n’eft, 
pour  a in  fi  dire,  qu’un  infiniment  petit,  3e  qui 
ne  fait  plus  que  grolîir , en  confervant  fa  figure. 

8y.  Propofons-nous  un  exemple  de  cet  ae- 
croiflèment  , tiré  du  fpath  calcaire  a deux 
pyramides  hexaèdres,  dont  les  faces  font  des 

triangles  fealènes  (33)*  P^Lls  Pet'ic  n0.Yaa 
qui  puifle  donner  l’élément  du  cryftal  fecon- 
daire,  eft  celui  dont  chaque  face  eft  formée 
de  neuf  rhombes  , c’eft-à-dire  , que  le  lolme 
eft  compofé  de  vingt- fept  molécules  rhom- 
boïdales.  Concevons  que  c ( fig . 83  j foi t un 
des  fommets  de  ce  lolide  , & que  g b cf,  b cnm , 
cf  fin,  foient  les  trois  faces  qui  fe  réunifient 
pour  former  l’efpèce  de  pyramide  terminée  par 
ce  fommet.  Pour  avoir  le  cryftal  élémentaire 
cherché  , il  faut  concevoir  au  moins  une  cou- 
che appliquée  fur  chacune  des  deux  pyramides 
dont  efl  compofé  le  noyau.  Or , puifque  les 

O 2 


2i2  De  la  Structure 

décroiiïèmens  fe  font  , dans  le  cas  préfent, 
par  deux  rangées  de  molécules  ( 34  ) , il  eft 
aifé  de  voir  que  la  couche  dont  il  s’agit  ne 
couvrira  que  les  trois  rhombes  a,  r ,0.  Voyons 
donc  combien  il  faut  de  molécules  pour  for- 
mer cette  couche  , fans  lailfer  aucun  vuide. 
Suppofons trois  rhomboïdes  appliqués  fur  a,r,o, 
de  manière  qu’ils  aient  leurs  faces  refpective- 
ment  parallèles  à celles  du  noyau.  Ces  rhom- 
boïdes laifferont  d’abord  trois  interftices  entre 
celles  de  leurs  faces  , qui  aboutiront  aux 
arêtes  contiguës  au  fommet  c,  telles  que  ce. 
Il  faudra  trois  nouveaux  rhomboïdes  pour 
remplir  ces  interftices  ; plus , un  quatrième 
rhomboïde  pour  remplir  le  vuide  qui  reftera 
au  fommet  c;  en  forte  que  le  fommet  infé- 
rieur de  ce  dernier  rhomboïde  fe  confondra 
avec  c .•  ainfi  chaque  couche  fera  compofée  de 
fept  molécules , & l’aflemblage  du  noyau  8c 
de  ces  couches  donnera  bêlement  du  cryftal 
fecondaire  formé  de  quarante-un  petits  rhom- 
boïdes. 

Concevons  maintenant  que  , dans  l’inftant 
fuivant , le  folide  s’accroifle  de  la  plus  petite 
quantité  poftïble  , en  reftant  toujours  aflujetti 
à la  loi  indiquée;  le  noyau  croiftant  en  même 
temps  , chacune  de  fes  faces  fe  trouvera  com- 
pofée de  vingt-cinq  rhombes,  c’eft-  à - dire. 


des  Crystaux.  213 
que  ce  noyau  fera  formé  de  cent  vingt -cinq 
molécules.  ( Voye\  la  figure  84).  Il  y aura  deux 
couches  appliquées  fur  chacune  des  efpèces 
de  pyramides  dont  il  eft  compofé.  La  pre- 
mière de  ces  couches  couvrira  les  vingt -fept 
rhombes  renfermés  dans  le  contour  de  la  fur- 
face  1 tk  u y x.  Or,  en  raifonnant  comme  ci- 
delfus  , on  concevra  que  , pour  couvrir  ces 
vingt- fept  rhombes,  il  faut  trente  fept  molé- 
cules. La  fécondé  couche  qui  couvrira  les  trois 
rhombes  correfpondans  à ceux  qui  font  autour 
du  point  c , fera  de  fept  molécules , comme  dans 
le  cas  précédent. 

Dans  un  troifième  inftant  , le  noyau  fera 
compofé  de  7*  ou  de  343  molécules;  il  y aura 
trois  couches , la  première  de  91  molécules, 
la  fécondé  de  37  , & la  troifième  de  7. 

Dans  le  quatrième  inftant , le  noyau  fera  de 

ou  729  molécules  ; il  fera  recouvert  par 
quatre  couches  , la  première  de  1 69  molécules , 
la  fécondé  de  9 1 , la  troifîeme  de  37?  & ftua” 
trième  de  7. 

A in  fi  , les  différens  états  du  noyau  feront  fuc- 
ceflîvement  comme  les  puiftances  fi,  33  7%  9’  » 
&c.,  & en  général  ( in  -t-  i )3  3 appellant  n le 

nombre  des  inftans. 

Quant  aux  couches  ajoutées  au  noyau,  pour 
exprimer  généralement  les  nombres  de  molé- 

03 


214  De  LA  Structure 

culcs  dont  elles  font  compofées  fucceflîvement, 

obfervons  que  , 

7 = 3 “b*  3 4- 1 = 3 • 1 1 4-  3 • i + i. 

3 7 = 27  4-  9 -+-i=3*  5 1 4-  3 • 3 _'r  1 * 

9 1 =75'  4-  iy-H 1 = 3 - 5'1-+-3*  y-+“ I* 

1 69=1474-  214-1  = 3-7 14“3-  7 4-i,&c. 
D’où  il  eft  aile  de  juger  que  les  nombres 
dont  il  s’agit  forment  une  férié  récurrente. 

Soit  toujours  n le  nombre  des  termes  , on 
aura  pour  l’exprelTion  générale  de  chaque  terme 
3 (2  n — 1 )14“3  C 2 n — 1 )4- 1 = 1 2 n1 — 6 n 4- 1 ; 
<x  doublant,  pour  avoir  le  nombre  des  mo- 
lécules qui  composent  les  deux  couches , 
2 ( I2R1  — 6 n 4-  1 ). 

On  peut  regarder  cette  formule  comme 
l’expreftion  algébrique  des  accroiffemens  du 
cryftal;  & en  fuivant  une  marche  femblable 
pour  les  autres  cryftaux  fecondaires , on  trou- 
vera d’autres  nombres  de  molécules  & desleries 
analogues,  dont  les  termes  varieront  fuivant 
un  autre  rapport. 

Un  noyau  élémentaire  , compofé  de  vingt- 
fcpt  molécules,  eft,  comme  je  l’ai  dit,  le 
plus  petit  que  l’on  puifle  concevoir,  relative- 
ment à la  variété  de  cryftal  que  nous  venons 
de  confdérer.  Mais  il  y a certaines  variétés 
où  il  faut  fuppofer  un  noyau  formé  d’un  plus 
grand  nombre  de  molécules  i ce  qui  arrive 


DES  CKYSTAUÏ,  215* 

lorfque  plufieurs  décroifTemens  ont  lieu  à la- 
fois.  Un  coup  d’ceil , jeté  fur  la  figure  83, 
fuffit  pour  faire  concevoir,  par  exemple,  que 
la  première  couche , appliquée  fur  un  noyau 
de  vingt-fept  molécules  , ne  pourroit  fubir 
en  meme  temps  des  décroifTemens  par  deux 
rangées  de  petits  rhomboïdes  pour  les  re- 
bords hf,  hn,  &c.  , & par  une  rangée  pour 
les  rebords  cf,  en , &c.  } car,  dans  ce  cas  , 
la  couche  fe  réduiroit  à zéro.  II  eft  donc  pro- 
bable que  le  nombre  des  molécules  qui  com- 
pofent  le  noyau  élémentaire  du  cryftal,  varie 
ielon  les  cas-,  de  manière  cependant  que  ce 
noyau  eft  le  plus  petit  pofTible , relativement 
à la  forme  qui  doit  résulter  de  Tadion  pré- 
fente  des  loix  de  la  Cryftallifation.  Au  refte, 
je  ne  propofe  ces  vues  que  comme  des  con- 
jedures , qui  me  paroiffent  d’autant  plus  plau- 
ftbles,  qu’elles  font  conformes  à l’idée  de  la 
plus  grande  {implicite  , qui  fera  toujours  le 
fondement  des  explications  les  plus  heureufes 
que  l’on  puiffe  donner  des  phénomènes  natu- 
rels. 

I!  peut  arriver,  par  une  forte  d’exception 
aux  loix  ordinaires  de  la  Cryftallifation , qu’un 
cryftal  continue  de  croître  en  hauteur , tandis 
qu’il  conferve  la  même  épaiffeur.  J’ai  vu  des 
cryftaux  de  fpath  calcaire  en  prifme  à fixpans^ 

O4 


2.i6  De  la  Structure 
terminé  par  deux  faces  exagones  ( 28  ),  qui 
fembloient  compofés  de  piufieurs  prifmes 
courts  appliqués  les  uns  fur  les  autres  par 
leurs  baies  intérieures  ; de  manière  que  la 
réunion  de  ces  prifmes  s’annonçoit  fenhble- 
ment  par  une  couche  très-mince  , plus  tranf- 
parente  que  le  refie  du  cryftal,  & interpofce 
entre  les  deux  prifmes  voiiins.  Dans  les  opé- 
rations de  la  Nature,  il  fe  rencontre  des  acci- 
dens,  des,  circonftances  fecondaires,  qui  font 
varier  l’effet  des  caufes  primitives  i & fi  ces 
variations  doivent  avoir  lieu  , il  femble  que 
ce  foit  fur-tout  à l’égard  de  la  cryftallifa- 
tion , qui  eft  livrée  à l’influence  d’une  multi- 
tude de  caufes  particulières  dont  les  a&ions  fe 
fuccèdent,  s’entre  croifent  & fe  balancent  mu- 
tuellement (a). 

86.  La  ftruéture  des  cryftaux  étant  foumife, 
comme  on  l’a  vu  , à un  petit  nombre  de  loix 


( a ) C’eft  encore  à l’influence  des  caufes  accidentelles 
qu’il  faut  attribuer,  ce  me  femble,  les  irrégularités 
de  certains  cryftaux  , qui  préfentent  des  défauts  d’ac- 
eroiiTement  dans  quelques-unes  de  leurs  parties  , ou 
des  excès  produits  par  une  matière  furabondante  dans 
les  parties  oppofées.  De  ce  nombre  font  les  cryftaux  , 
dont  certains  angles  folides  font  complets , tandis  que 
les  angles  correfpondans  manquent  abfolument , & fe 
trouvent  remplacés  par  des  face. tes. 


DES  CrYSTAUX.  217 

fecondaires , dont  les  aétions  combinées  mo- 
difient de  différentes  manières  les  formes  des 
fubffances  cryftallifées  , les  effets  de  ces  loix 
fe  trouvent  néceflairement  refferrés  entre  cer- 
taines limites  , qui  s’étendent  depuis  la  forme 
primitive  , que  Ton  doit  regarder  comme  l'effet 
le  plus  fimple  de  la  cryftallifation  d’une  fubf- 
tance  , jufqu  a la  forme  qui  eft  le  produit  des 
modifications  les  plus  compofées  des  loix  dont 
il  s’agit.  Or,  il  me  paroît  que  la  détermina- 
tion de  ces  limites  eft  un  des  problèmes  d’Hif- 
toire  Naturelle  les  plus  intéreflans  que  l’on 
puiffe  propufer,  puifque  la  folution  de  ce  pro- 
blème donne , pour  ainfi  dire  , la  fomme  de 
toutes  les  aétions  des  loix  d’affinité,  qui  fol- 
licitent  les  molécules  de  la  matière  à s’attirer 
mutuellement  & à s’unir  entr’elles.  Je  vais 
effayer  de  réfoudre  ce  problème  par  rapport 
au  fpath  calcaire,  en  cherchant  combien  il  y 
a de  formes  poffibles  dans  ce  genre  de  cryf- 
taux,  d’après  la  connoiflance  que  nous  avons 
des  décroiffemens  les  plus  ordinaires  que  fu- 
biflent  leurs  lames  compofantes  ; c’eft- à - dire  , 
de  ceux  qui  fe  font  par  une  & par  deux  ran- 
gées de  molécules , foit  pour  les  côtés  des  lames, 
foit  pour  leurs  angles. 

Repréfcntons  par  A'  & par  A"  les  décroif- 
femens par  une  tk  par  deux  rangées  de  rnolé- 


2x8  D £ jla  Structure 

cules*  pour  l’angle  c (Jig.  84)  d’une  des  la- 
mes clpq,  appliquée  fur  le  noyau  ; par  a!  ôc 
par  a!'  les  décroiflemens  vers  l’angle  p , & 
par  B;  & B"  les  déeroillemens  fur  les  angles 
latéraux , qui  ne  peuvent  varier  l’un  fans  l’au- 
tre , fans  quoi  le  cryllal  ne  feroit  pas  régulier. 
Repréfentons  par  C & C " les  décroilfemens 
par  une  & par  deux  fur  les  côtés  cl,  cq,  te 
& par  c'  te  c"  les  décroilfemens  fur  les  côtés 
lp,  p q.  Il  eft  évident  que  ces  quatre  côtés 
varient  aufli  deux  à deux.  Enfin,  défignons 
par  F les  faces  ou  facettes  qui  correfpondent 
aux  faces  du  noyau  , dans  le  cas  où  les  dé- 
croilfemens  s’arrêtent  tout-à-coup  à un  certain 
terme,  comme  dans  le  grenat  à 36  faces  (72), 
nous  aurons  les  onze  quantités  A',  A" , a! , a" , 
B' , B%  C' , C " , c'  ,c" , F,  parmi  lefqu elles  F, 
prife  toute  feule  , repréfentera  le  noyau  ou  la 
forme  primitive.  De  ces  onze  quantités , il  faut 
d’abord  fupprimer  a',  pour  la  raifon  que  je  dirai 
plus  bas. 

Relient  dix  quantités  qu’il  faut  combiner 
une  à une  , deux  à deux  , trois  à trois , tic.  Fai- 
fan  t ?n—  jo,  on  aura  pour  ces  différentes  com- 

binauons  7724-  m.  - --4-772. •.  

* i 3 


-F  772. 


777 


777 


777  — 3 


&c,=  10  -h  47 


DES  CrYSTAUX.  219 

120  •+•  2io,  &c.  = 1023  combinai- 
sons. 

Obfervons  maintenant  que  A'  , a " & C' 
donnent,  la  première  des  faces  horizontales,  & 
les  deux  autres  des  faces  verticales.  D’où  il 
fuit,  i°.  qu’aucune  de  ces  trois  quantités  ne 
pouvant  exifter  feule  , fans  quoi  le  cryftal  ne 
feroit  pas  terminé  dans  toutes  fes  parties  , il 
faudra  retrancher  trois  combinaifons  : relient 
1 020  i 2°.  que  la  combinaifon  a!'  C;  ne  peut 
non-plus  avoir  lieu  feule,  puifqu’elle  ne  pro- 
duiroit  que  des  faces  verticales  , ce  qui  fait 
encore  une  combinaifon  à retrancher  : relient 
2019  combinaifons. 

Je  n’ai  point  fait  entrer  dans  ces  combinai- 
fons les  differens  états  que  fubilfent  certaines 
parties  des  lames  , foit  en  reliant  confiantes  , 
foit  en  croiffant  fuivant  une  loi  particulière  , 
tandis  que  les  autres  parties  décroilTent.  La 
raifon  en  eff  , que  les  décroiffemens  de  ces 
dernières  emportent  nécefiairement  avec  eux 
la  confiance  ou  les  variations  des  parties  dont 
il  s’agit.  Ainfi , dans  le  fpath  calcaire  à fom- 
mets  très-obtus  ( 23  ) , les  décroilfemehs  des 
lames  dans  leurs  bords  fupérieurs  par  une 
rangée  de  molécules  , rendent  néceflairement 
ces  lames  confiantes  par  leur  angle  inférieur. 
Dans  le  fpath  calcaire  à douze  plans  penta:- 


220  De  la  Structure' 
gones  ( 2.$  ) , les  variations  que  fuivent  les? 
ïames  de  fuperpoiition  par  leurs  côtés  H K, 
G D ( fig.  20),  font  pareillement  une  fuite 
néceflaire  des  décroiflemens  de  ces  lames,  vers 
leurs  bafes  DK,  par  deux  rangées  de  molé- 
cules. Ainfi  tout  dépend  ici  de  la  loi  des  dé- 
croilfemens  ; en  forte  que  fi  l’on  imagine  dif- 
férens  plans  appliqués  fur  les  arêtes  des  lames 
de  fuperpofition  aux  endroits  où  celles  - ci 
décroiflent,  ces  plans  détermineront  les  faces 
du  cryftal  fecondaire , ou , ce  qui  revient  au 
même , leurs  communes  fedionsfe  confondront 
avec  les  côtés  de  ces  mêmes  faces. 

On  peut  concevoir  maintenant  pourquoi  * 
dans  l’ordre  des  combinaifons  , il  faut  fup pri- 
mer la  quantité  a! , ou  celle  qui  donne  des 
décroiflemens  par  une  rangée  de  molécules 
fur  l’angle  inférieur  p ( fig,  84-  ) des  lames  de 
fuperpofition.  Car  foient  ANGB,  ABCO 
C fig-  8y),  deux  des  faces  qui  fe  réunifient  trois  à 
trois  autour  du  fommet  fupérieur  A d’un  noyau 
de  fpath  calcaire,  & BGDC  l’une  des  faces 
qui  fe  réunififent  autour  du  fommet  inférieurD 
du  même  noyau.  Nous  avons  vu  ( 24  ) que 
quand  les  lames  de  fuperpofition  décroifloient 
vers  leur  angle  G B C ou  B C O par  deux 
rangées  de  molécules,  les  facettes , produites 
par  ces  décroiflemens  , avoient  une  pofîtion 


DES  CRYSTAUX.  22  ï 

Verticale  ; d’où  il  fuit  qu’une  loi  de  décroif- 
fement  dont  l’aâion  feroit  plus  lente,  telle 
que  celle  qui  auroit  lieu  dans  le  cas  des  dé- 
croiffemens  par  une  rangée  , donneroit  des 
faces  , dont  la  pofition  indiquée  ici  par  les 
lignes  BR  , CQ,  divergeroit  par  rapport  à 
Taxe  A D du  noyau  ( a ).  Donc  les  plans  qui 
pafleroient  par  ces  faces  formeroient , en  s’en- 
trecoupant, des  angles  rentrans.  Or,  j’ai  déjà 
remarqué  (70)  que  les  loix  primitives  de  la 
Cryftallifation  paroiflfoient  exclure  tout  angle 
rentrant  dans  les  cryftaux.  Ainfi  la  combinai- 
fon  dont  il  s’agit  ne  peut  avoir  lieu  , même 
en  la  fuppofant  réunie  avec  une  autre  com- 
binaifon  , ce  qui  feroit  néceffaire  , puifque  , 
fans  cela,  le  cryftal  ne  feroit  terminé  dans 
aucune  de  fes  deux  extrémités , fon  axe  étant 


(<z)  Les  lames  du  fpath  calcaire  rhomboidal  à fom- 
mets  aigus  (3-5)  varient  , à la  vérité  , par  des  fouftrac- 
tions  d’une  rangée  de  molécules  fur  leur  angle  infé- 
rieur. Mais  il  faut  bien  obfervcr  que  ces  fouftraéfions 
fe  font  en  allant  de  la  furface  du  cryftal  au  noyau  3 
d’où  il  réfulte  que  fi  l’on  confidère  ces  mêmes  lames 
depuis  le  noyau  , elles  fubiffent  de  véritables  accroif- 
femens , qui  ne  font  que  l’effet  nécefifaire  des  décroiflV- 
mcns  par  les  angles  latéraux.  Voyez  la  ftruéturc  du  fpath 
dont  il  s’agit. 


522  Dê  la  St  Rücturh 

infini , à caufe  de  la  divergence  des  faces  à l’e'garçj 
de  cet  axe. 

Parmi  les  iOip  combinaifons  dont  le  fpath 
calcaire  eft  fufceptible,  il  n’y  en  a guères  que 
trente  qui  foient  connues , à en  juger  par  les 
defcriptions  des  Auteurs  qui  ont  donné  fur 
cette  matière  les  détails  les  plus  amples.  Il 
eft  vraifemblable  qu’on  en  découvrira  de  nou- 
velles: mais  je  prélume  que  le  nombre  des 
faces  fe  trouvera  limité  ; & il  n’y  a guères 
d’apparence  que  les  dix  poiitions  que  donne- 
roit  l’enfemble  des  quantités  mentionnées  fe 
rencontrent  toutes  dans  un  même  cryftal , at- 
tendu  qu’il  faudroit  qu’un  grand  nombre  de 
circonftances  concouruflent , ce  me  femble  , 
pour  produire  un  effet  aufli  compliqué.  C’eft 
à l’obfervation  à nous  apprendre  quelles  font 
les  limites  jufqu’où  s’étend  la  marche  de  la 
Nature  dans  les  variations  dont  cette  marche  eft 
fufceptible. 

87.  Je  vais  maintenant  donner  un  exemple 
d’une  ftrucfture  relative  à une  modification  de 
forme  que  je  n’ai  point  encore  obfervée  jus- 
qu’ici dans  les  fpaths  calcaires  , de  que  je  ne 
fâche  pas  qu’aucun  Auteur  ait  décrite. 

Concevons  que  les  lames  appliquées  fur  un 
noyau  rhomboïdal  de  fpath  d’Iflande  décroif-  1 


DES  C R Y S T A U y.  22$ 

fent  feulement  dans  leur  angle  fupérieur 
A (fig.  86  ) , par  deux  rangées  de  molécules. 
Les  taces  produites  par  ces  décroiftemens  ref- 
teront  contiguës  aux  deux  fommets  de  l’axe, 
& feront,  avec  cet  axe,  un  angle  beaucoup 
plus  ouvert  que  celui  qui  eft  formé  par  les 
faces  du  noyau  avec  le  meme  axe.  En  confï- 
dérant  ces  faces  comme  autant  de  plans  qui 
s’entre-coupent,  il  fera  aifé  de  voir,  avec  un 
peu  d’attention  , que  leur  aflortiment  doit 
produire  un  rhomboïde  très- applati  , dont  il 
s’agit  maintenant  d’examiner  la  ftruéïure,  & de 
déterminer  les  angles  plans. 

Soit  ADFP  ( fig . 87)  une  des  faces  qui 
fe  réuniflfent  trois  à trois  au  fommet  A de  ce 
rhomboïde,  & foient  DFGN  , PFGE, 
deux  faces  de  la  partie  inférieure  du  cryftal, 
G étant  le  fommet  oppofé.  Ce  cryftal  ne  pou- 
vant être  divifé  que  parallèlement  aux  faces 
du  noyau  , les  plans  coupans  détacheront 
d’abord  des  lames  triangulaires,  telles  que  h rk 
B 1 O,  &c.  dont  l’inclinaifon,  par  rapport  à l’axe, 
fera  tournée  vers  le  fommet  A.  La  ftru&ure 
d’une  de  ces  lames  eft  indiquée  par  la  pofition 
des  rhombes  qui  occupent  la  furface  du  trian- 
gle hmk  ( Jig . 86  ) , où  l’on  voit  que  les 
lignes  h m3  m k , font  dirigées  de  manière  qu’en- 
tre leurs  interférions  hi  m , avec  les  rhombes 


224  De  la  Structure 

compofans  , il  y a toujours  deux  de  ces  rhombes 
interceptés  ; ce  qui  eft  une  fuite  de  la  loi 
des  décroiflfemens  par  deux  rangées  de  molé- 
cules. Au-delà  des  milieux  B , O , &c.  ( fig.  87) 
des  côtés  DF  , P F,  &c. , où  les  feétions  voi- 
fines  fe  touchent,  ces  fe&ions  s’entre- coupe- 
ront de  manière  que  les  angles  B,  O,  des  trian- 
gles BmO  (fig.  86)  difparoîtront,  & que  ces 
triangles  prendront  des  figures  pentagones  , 
telles  que  acmnd , & paieront  par  degrés  à 
la  figure  du  triangle  bmg  ( a ).  Alors  on  aura 
un  folide  à douze  faces  triangulaires  , dont  lix 
femblables  entr’elles  , 5c  repréfentées  par  le 
triangle  A RS  {fig.  87  ) , feront  les  réfidus 
des  faces  ordinaires  du  rhomboïde  que  nous  con- 
fidérons  ici;  & les  fix  autres,  telles  que  bmg 
(fig-  86  ) , feront  femblables  à des  moitiés  de 


(a)  Les  lignes  qui  forment  ici  le  pentagone  acmtid, 
indiquent  feulement  les  pofitions  refpeétives,  & non 
les  dimenfions  des  côtés  de  ce  même  pentagone  ; car 
comme  il  s’accroît  en  fauteur  , non-feulement  vers  fa 
baie , mais  aulTi  vers  fon  fommet  m , à mefure  que 
l’on  détache  de  nouvelles  lames  , il  eft  aifé  de  conce- 
voir que  les  feétions  a c , d n font  plus  éloignées  1 une 
de  l’autre  que  dans  la  figure  ; en  lorte  que  quand  le 
pentagone  eft  parvenu  à la  figure  du  triangle  b m g , la 
haie  b g de  ce  triangle  doit  être  conçue  comme  étant 
encore  égale  à la  ligne  B O. 


rhombes 


'des  Ceïstaux.  227 

rhombes  du  fpath  d’Iflande.  Au-delà  des  points 
R , S , &c.  ( fig.  87  ) , les  fedions  intercep- 
teront des  pentagones  0 xmyi  (fig.  86  ), 
qui  retourneront  par  degrés  à la  figure  du 
rhombe  st  m u;  & à ce  terme,  le  noyau  du  folide 
paroitra  à découvert. 

Telle  eft  la  ftru&ure  de  ce  rhomboïde-, 
qui  , s’il  exiftoït,  feroit  le  quatrième  dans  le 
genre  des  fpaths  calcaires.  On  n’en  peut  point 
imaginer  d’autre,  en  n’admettant  que  les  loix 
de  décroilTement  par  une  ou  par  deux  rangées 
de  molécules. 

88.  Cherchons  maintenant  la  valeur  des 
angles  plans  de  ce  rhomboïde.  Soit  a 0 p g 
(fig.  88)  une  coupe  du  noyau  femblable  au 
quadrilatère  abdg  de  la  PL  III , fig.  24; 
c’eft-à-dire , formée  par  les  petites  diagonales 
a g , op , de  deux  faces  oppofées  de  ce  noyau  , 
& par  les  côtés  ou  les  arêtes  ao,pg,  com- 
prifes  entre  ces  diagonales.  Prolongeons  p g 
jufqu’à  ce  que  l’on  ait  gc===P§S  menons  acr 
prolongée  indéfiniment  ; puis  ayant  coupé 
l’axe  ap  en  trois  parties  égales  aux  points  n >h , 
menons  fur  cet  axe  les  perpendiculaires  n c p 
hr , jufqu’à  la  rencontre  de  la  ligne  acr.  Soit 
a m t le  triangle  menfurateur  , les  décroiffe- 
mens  fe  faifant  ici  par  deux  rangées  de  mo- 
lécules , am  fera  ( 14)  Petlte  diagonale 

P 


326  De  la  Structure 
entière  d’une  de  ces  molécules,  & mt  l’une 

des  arêtes.  On  aura  donc  (30)  am  =2  ylf=z 

V 8 , & mt  = y S • Or , à caufe  des  trian- 
gles femblables  amt  , age , nous  pouvons 

faire  auftï  a g = y 8 , ôege  = V~5  . Main- 
tenant les  triangles  pgh,  pen,  qui  font  aufli 
femblables,  donnent  pg  : pli  ::  pc  : p n. 

Subftituant  ( 50  ) , on  aura  y~J  : 1 : : 

J/"  S : P n — • 2.  Donc  c n = p çz  — p jp 

— y 20  4 — 4*  De  plus  , nous  avons 

VL1(  3 f)  » que  =3. Donc  p n—  2,  & an—i. 

Donc  ac=  V^/r  -h  ^ h1  = y~T6~Zyi  __ 

V . 

J^T7./zr  = 2cre==8; &ar=V  £7*  4-  Æ 
~y  64-+-  4=f/’68;enfinpr=y/  /T71  -f-  ]ThL 

= 1/64-1-  i = j/6  5.  Or  , dans  tout 
rhomboïde,  l’extrémité  de  la  petite  diagonale 
ie  trouve  toujours  à la  meme  hauteur  que  le 
point  h , qui  eft  aux  deux  tiers  de  l’axe. 
Donc  ar  fera  ici  cette  diagonale,  5c  p s fera 
l’une  des  arêtes  du  rhomboïde  ; donc  dans  ce 
lolide  la  petite  diagonale  eft  au  côté , dans  le 

rapport  de  y 08  à y 6 3.  Soit  ADFP (Jtg.Spy 


■DES  CrYSTAUX.  12J 

‘fume  des  faces  du  rhomboïde,  on  auia  A I) 


^^6  5,  AC  = r /os  =/i7  5 & 

par  conféquent  DC  = / 65 — 17  = 4^ 

s=s  4J/3.  Résolvant  le  triangle  re&angle  ABC» 
d’après  ces  données,  on  trouvera  pour  le  loga- 
rithme de  l’angle  D A C le  nombre  99341635; , 
qui  répond  à 79°  14'  32"  ’ d’où  il  fult  (lue 
l’angle  obtus  DAF  eft  de  118e  29'  4"  , & 
l’angle  aigu  ADP  de  6i°  3°;  9 6 A 

89.  On  pourroit,  en  imaginant  d’autres  com- 
binaifons  , déterminer  de-  nouvelles  formes 
analogues  à celles  qui  font  déjà  connues.  J ai 
prouvé  (22)  que  quand  les  lames  qui  s’appli- 
quent fur  le  noyau  décroifïoient  continuement 
dans  leurs  bords  fupérieurs  A B , A O ( fig.  86)  , 
par  la  fouftraétion  d’une  rangée  de  molécules, 
il  en  réfultoit  un  rhomboïde  à fommets  plus 
obtus  que  ceux  du  fpath  d Iflande  , mais  moins 
que  ceux  du  rhomboïde  que  nous  venons  de 
confidérer.  Suppofonsmaintenant  que  les  lames 
de  fuperpofition  décroiffent  vers  les  mêmes 
bords  par  des  fouftraélions  de  deux  rangées 
de  molécules.  Ces  décroiffemens  produiront 
un  folide  S G N R T H ( fig.  9°  ) a douze 
faces  triangulaires  ifocèles  , toutes  égales  en- 
tr’elles , & dont  l’angle  au  fommet.  C G R 
ou  H G C , ou , &c.  5 fera  de  93°  i 48"  » comme 


22%  De  la  Structure 

on  peut  s’en  convaincre  en  calculant  cet  angle*' 
d’après  la  loi  de  décroiffement  indiquée.  Nous 
avons  déjà  dans  le  fpath  calcaire  un  cryftal  à 
deux  pyramides  exaèdres  (33),  mais  dont  les 
faces  font  des  triangles  fcalènes.  Lefolidedont 
il  s’agit  ici  fe  divifera  par  des  feétions  a b e d , 
faites  parallèlement  au  plan  qui  feroit  cenfé 
paffer  par  les  arêtes  GH,  G R,  lefquelles 
font  celles  du  noyau  lui-même.  Il  fera  facile 
de  concevoir  tout  le  refte , en  faifant  atten- 
tion à la  ftruéture  qui  doit  réfulter  des  décroif- 
femens  dont  j’ai  parlé. 

90.  Il  peut  même  arriver  que  deux  formes 
tout  à fait  femblables  fe  trouvent  dans  le  même 
genre  avec  des  ftruéhires  différentes.  Concevons 
des  lames  qui  décroiffent  vers  leurs  bords  in- 
férieurs B C,  O C (Jig,  86),  par  une'rangée  de 
molécules.  Ces  lames  , en  s’appliquant  fur  le 
noyau , produiront  un  folide  à fix  faces  verti- 
cales , qui  feront  des  parallélogrammes  obli- 
quangles  conr,  rnts(Jîg.ç)  1 ),  terminé  par 
deux  fommets,  dont  chacun  fera  formé  de 
trois  rhombes,  tels  que  acrs  , femblables  à 
ceux  du  noyau.  Ce  cryftal  exifie  en  effet  , & 
a été  décrit  par  M.  Bergmann  dans  l’Ouvrage 
cité  N°.  27.  Maintenant , fi  les  lames  de  fu- 
perpofition  décroiffent  en  même  temps  vers 
leurs  angles  fupérieurs  , tels  que  a , par  une 


DES  C B Y S T A U X.  22$ 

langée  de  molécules,  ces  décroiflefnens  pro- 
duiront des  faces  horizontales , aux  deux  extré-, 
mités  du  folide,  qui  feroit  alors  entièrement 
femblable  au  prifme/a  (îx  pans  rectangles  du 
N°.  28  : mais  ce  folide  fe  diviferoit  par  des 
ferions  obliques  fur  les  arêtes  verticales,  telles 
que&  d , rn,  & no'.l  pas  fur  les  arêtes  formées 
parles  côtés  de fexagone , comme  dans  le  prifme 
dont  je  viens  de  parler.  O11  voit  par-là  de  com- 
bien de  variétés  la  Cryftallifation  elf  fufccp- 
tible. 

Au  refte  , quoique  les  formes  des  cryftaux 
foient  déjà  très-multipliées , & qu  il  y ait  lieu 
de  préfumer,  d’après  tout  ce  que  je  viens  de 
dire , qu’on  en  découvrira  encore  un  grand 
nombre  par  la  fuite  , cette  confidération  ne 
doit  point  faire  naître  contre  la  CryPcallogi  aphie 
un  préjugé  auflî  injufte  , j’ofe  le  dire  , qu  il 
feroit  nuifible  aux  progrès  de  la  fcience  des 
minéraux  , puifqu’il  nous  en  feroit  négliger 
un  des  points  de  vue  les  plus  intéreffans  & 
les  plus  curieux.  Efforçons-nous  plutôt  de  voir 
la  Nature  telle  quelle  eft  , d’en  fimplifier 
l’étude,  en  la  foumettant  à des  principes  fixes 
& conftans  , & de  faire  difparoître  une  partie 
des  difficultés  qu’entraîne  cette  étude,  en  liant 
les  détails  les  uns  aux  autres  par  les  vues  les 
plus  générales  auxquelles  nous  permette  de 


^3°  De  l'a  Structure  des  Crystau** 
nous  élever  le  peu  de  connoilTance  que  nou$ 
avoriS  des  caufes  ultérieures  auxquelles  IeCréa-* 

teur  a fournis  les  différens  phénomènes  de  rUni* 
.vers,. 

eiN, 


I 


TABLE 

DES  MATIERES. 

A 

j\.  CCR  OISSEM  EST  DES  CRYSTAUX.  Eli 
quoi  il  diffère  de  leur  fîruéture , pages  55  6 56. 
Id.  pq.g.  109. 

Alvéole  des  Abeilles.  Sa  forme  a beau- 
coup de  rapport  avec  celle  du  Grenat  dodécaèdre, p.  18?. 
Voye-[  la  Note. 

Améthiste  ( fauffe  ) , pag.  1 3 f . 

Angles  des  Crystaux.  Ne  peuvent  être 
déterminés  avec  préciffon  qu’à  l’aide  de  la  Géométrie, 
p . 17 , Note  1.  Principes  qui  fourniflent  des  données 
pour  les  évaluer  p.  ij. 

B 

Blende.  La  forme  primitive  de  fes  cryftaux  & des 
molécules  qui  les  compofent  , eft  très-probablement 
la  même  que  dans  les  Grenats  , p.  186  & fuiv . 

c 

Crystalli  sation.  Idée  générale  de  cette  opéra- 
tion de  la  Natui  e ) p . \ & z . 

Crystallographie.  Difficultés  que  préfentc 
l'étude  de  cette  Science,  p . 3 & fuiv.  Ne  peut  être  U 
baie  d’un  fyffêmc  de  Minéralogie  , p. 


/ 


232  Table 

Crystaux.  Ce  qil’on  entend  par  ce  terme,  p.  a. 
Id.  p.  48.  Leur  noyau,  y.  11  fuiv.  ld.  ^ 51  6 
fuiv.  Leurs  formes  primitives,  p.  4^  & 50.  Leurs 
formes  fecondaires  , p.  50.  Leur  divifion  mécanique  , 
p.  10.  Id.  p.  50  & fuiv.  Loix  de  décroiflement , aux- 
quelles leur  ftruéture  eft  affujettie  , p.  21  & fuiv. 
Id.  p.  J 6 ci-  fuiv.  Leur  accroiflement  doit  être  dif* 
tingué  de  leur  ftru&ure,  p.  55  & $6.  Id.  p.  107. 

D 

Bécroiss  e m e n s.  Voyè-^  Loix. 

E 

Xmerauue  ( faulTe  ) , p.  135. 

F 

Facettes  surnuméraires  des  Cr  y s taux. 
( Leur  explication  , y?.  3 o. 

Feldt-Spath.  Voye ^ Spath  étincelant. 
Forme  primitive  des  Crystaux.  Exille 
comme  noyau  dans  toutes  les  variétés  d’un  même 
genre  , p.  10  & fuiv.  Id.  p.  5 1 & fuiv.  On  ne  peut 
établir  aucune  méthode  avantageufe  en  Cryftallogra- 
phic  , fans  partir  de  la  vraie  forme  primitive  des 
Cryftaux,  p.  3 i'  & fuiv. 

Formes  des  Crystaux.  Combien  elles  font 
variées,  p.  3 & 4.  Nombre  des  formes poffibles  dans  le 
genre  du  Spath  calcaire,  p.  217  & fuiv. 

Formes  secondaires  des  Crystaux, 
p.  50.  Peuvent  être  regardées  comme  des  variétés 
par  excès  ou  par  défaut  de  la  forme  primitive  , p.  34 
35- 

G 


bus  Matières; 

G 

Géométrie.  Néceftîté  d’en  faire  ufage  dans  une 
théorie  fur  les  Cryftaux,  p.  9.  Id.  p.  17  & 18.  Son 
utilité  pour  l’évaluation  des  angles  , p . 17  , Note  1. 
.Grenat.  Structure  de  fes  Cryftaux  & loixde  décroif- 
fement  auxquelles  elle  eft  aflujettie  , p.  1 69  & fuiv. 
Le  Grenat  dodécaèdre  eft  de  tous  les  folides  à douze 
plans  rhombes,  celui  qui  donne  le  minimum  de  furface, 
p.  185  , Note  a. 

Grès  crystallisé  de  Fontainebleau. 
A quelle  variété  de  Spath  calcaire  il  fe  rapporte  , 
p.  2,05. 

Gypse.  Structure  de  fes  Cryftaux  & loix  que  fubiflenr 
fes  lames  compofantes  ,p.  14 6 & Ju.iv . 

H 

Hyacinte  des  Volcans.  Conjecture  fur-  la 
ftruéture  de  cette  Pierre  .p.  57 , Note  1. 

L 

Loixde  décroissement  auxquelles 

EST  SOUMISE  LA  FORMATION  DES 

Crïsiaüx  , zi  & fuiv.  Id.  p.  j 6 & fuiv. 

M 

MÉTHODES  POUR  DÉTERMINER  LA  GRA- 
DATION DES  FORMES  DANS  LES  CrYSTAUX. 

Sur  quels  principes  elles  doivent  être  fondées,  p.  31* 
Minéraux.  Comparaifon  de  leur  étude  avec  celle 
des  Animaux  & des  Végétaux  , p.  z & fuiv. 
Molécules  constituantes  des  Crys- 
t a u x.  Leur  définition,  p.  48  & 47.  Moyens  em- 
ployés dans  cet  Ouvrage  pour  déterminer  leur  véritable 
forme  , p.  18  & fùv. 


Q 


134  Table 

N 

Noyau  des  Crytaux,/*.  ii&  fulv.  là.  p.  $ t 

& fuiv. 

O 

» 

O R gat$i  sation.  Les  minéraux  en  font  abfolument 
dépourvus,  p . 48. 

Pesanteurs  spécifiques  de  quelques 
Spaths  fluors  pesans  et  calcaires, 
d’après  M.  Briffon  , p.  118. 

Phosphores.  Propriété  des  Spatlis  fluors  & des 
Spaths  pefans,  confidérés  comme  Phofphorcs  , p.  119 
& 134. 

Propriétés  géométriques  du  Spath 
calcaire  a deux  pyramides  exaèdres, 

p.  101. 

R 

Rhomboïdes.  Ce  qu’on  doit  entendre  par  ce  terme 
dans  cet  Ouvrage,  p.  4^  , Note  1. 

Rubis  (faux)  ,p.  135. 

S 

Sel  marin.  Ses  molécules  font  de  vrais  cubes,  & 
non  de  fnnples  lames  quarrées,  p.  15»  & 10.  Struélure 
du  Sel  marin  oéïaèdre , & loix  de  décroiffement  qu’elle 
fubit,/.  60  & fuiv.  Sa  différence  d’avec  celle  des  Spaths 
fluors , p.  14?. 

Sélénite.  Voyei  Gypse. 

Séries  récurrentes.  Voyei  Suites. 

Spath  calcaire.  Ses  molécules  font  des  rhom- 
boïdes parfaits,/’.  151  & zo.  Struéture  de  fes cryftaux  8C 
loix  auxquelles  elle  efi:  foumife,  p.  75  & fuiv . Calcul 


b e s Matière?.  235 

tia  nombre  des  formes  qu’il  eft  fufceptible  de  recevoir , 
p.  117  tsfuiv.  Exemples  de  quelques-unes  de  ces  for- 
mes, qui  n’ont  pas  encore  été  obfervées  ,p.  zzz  & fuiv. 

Spath  étincelant.  Remarque  fur  la  forme  exatte 
de  fes  molécules,  p.  114,  Note  a. 

Spath  fluor.  Structure  dé  fes  cryftaux , p.  1346 
fuiv.  Difficulté  de  déterminer  la  forme  de  fes  molé- 
cules conftituantes , p.  13?  & fuiv. 

S pa  t h perlé.  Il  eft  un  vrai  Spath  calcaire  , p.  1 1 6 
& fuiv. 

Spath  pesant.  Structure  de  fes  cryftaux,  & loix  de 
décroiffement  auxquelles  elle  eft  foumife  , p.  & 
fuiv. 

Spath  séléniteux.  Voyt\  Spath  pesant. 

Stries  et  autres  inégalités  qui  exis, 

TENT  SUR  LA  SURFACE  DES  C R YS  T AU  X. 
p , if.  Ici.  p.  6 <)  & fuiv. 

Structure  des  Crystaux,  p.  9.  Id.  p.  47 
& 48.  Difficulté  de  la  ramener  à l’uniformité , p.  13  & 
fuiv.  Id.  p.  6 z & fuiv . Hypothèfe  qui  lève  cette  diffi- 
culté,/;. if  & fuiv.  Id.  p.  64  & fuiv.  Combien  il  eft 
important  de  prendre  la  ftru&ure  pour  guide  dans  la 
Cryftallographie,  p.  31  & fuiv. 

Suites  récurrentes.  Exemples  de  l’ufage  que 
l’on  en  peut  faire  dans  l’étude  des  Cryftaux , p.  137  & 
113. 

T 

Topazes  de  Saxe  et  du  Brésil.  Struc- 
ture de  leurs  cryftaux  & loix  auxquelles  elle  eft  fou- 
iïûfe,/;.  188  & fuiv , 


13<S  TaêEe  des  Matières; 
J'rianGlE  mensurateuk.  Son  ufage  pour  dc> 
terminer  les  loix  de  décroiflement  dans  les  Cryftaux  , 
Z7*  7 !•  * 

V 

Végétaux.  Leur  étude  comparée  avec  celle  des  M1-* 
néraux,  p.  z & fuiv . 

Fin  de  la  Table  des  Matières, 


Del  Imprimerie  de  Demonviele  , rue  Chriftine.  1 7 S 3 . 


» 


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. 


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1 • • 


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pi.  m. 


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