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Full text of "De la génération des vers dans le corps de l'homme, de la nature et de les espèces de cette maladie; des moyens de s'en préserver et de la guérir."

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GENERATION 
DESVERS 


17 DANS is CORPS DE L'HOMME, 
DE LA NATURE ET DES. ESPÈCES 


e- G de la guérir. | 
| TROISIÈME EDITION 


N: 
+ "1" Conf dérablement augmentée, & formant 


d un Ouvrage nouveau , avec Figures, 


| PAR M. ANDRY, CONSEILLER pv ROY, 
| Leüleur Profefeur en Médecine au Collége Royal, 
ee Doéteur Régent, de ancien Doyen de la Faculté de 
Un Médecine de Paris, rc. ÿ 
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ADARIS, 


la Veuve ALIx , , au-deflus de la se) 
des Noyers , au Griffon, 


Lamerr & Duranp , à la Sagefe 
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M. D. CC. XLL. 


IN AVEC MOTO ET PRIVIEEGE DU ROI. 
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Vermiculi vivos n0$ torquent , > mor- 
vuos confumunt ; ut vere. Job. Cap. VIIT. 
v. 5. Caro mea undique verminofa eff. 
Thom. Barth. Aa Med. & Philofoph. 
ŒUVRE 


Les Vers nous tourmentent pendant 
notre vie, & nous confument après rmo- 
tre mort : Ce qui confirme bien la pa- 
role de Job, chap. VTIL. v. $. Ma cHaIR 
N’EST QUE POURRITURE. Thom. Barth. 
AG. de Med. & de Philofoph. T. F. 


à 

* Ce pafage n'effpas dans la Vulgate , [elon les mèmes 
termes que le cite ic: Bartholin. Elle porte : CARO MEA 
REPLETA EST PUTREDINE , MA CHAIR EST PLEINE 
DE POURRITURE. Mais PHébren porte : MA cHAIR 
EST CHARGEE DE VERS; @ la Verfion des Septanté, 
Van CORPS EST COUVERT DE POURRITURE ET DE 

ERS, 


L 
VL 07 


HISTOPICAL 


MEDICAL 


| 
R AŸ7 


| LA GENERATION 
'ÉPES VERS | 
Dans fe Corps de l'Homme. : 


2 
 CHAPITRESIXIEME. 
Des Moyens de fe garantir des 


l’ers. 


]N ne peut être préferve 
A des Vers après fa mort : 
1 & celui qui meurt au mi- 
— lieu de l'abondance, plein 
de force & de richefles, dont le 
corps eftrempli du meilleur fuc, (4) 

(a) Lfle moritur robuflns, dives @ofelix 3 Vifcera 


Tome II. 


398 De la Génération 
:& dont les.os font comme pénétrés 


dé la moëlle qui les a nourris ,(4) 


féra mangé de ces Infectes dans le 


: tombeau, comme le plus malheu- 
reux & le plus pauvre. Tout ce que 
: l'homme peut prétendre, eftde s'en … 


garantir pendant {a vie ; c’eft de 
quoi nous allons tâcher de donner 
quelques moyens. 

Trois chofes nous rendent fujets 
aux Vers ; le mauvais air, les mau- 
vais alimens, & le mauvais ufage 
des bons ; c'elt-à-dire , que pour fe 

réferver des Vers, il faut refpirer 
ya bon air, éviter certains alimens, 
& uféravecregle de ceux qui con- 
viennent. 

La qualité que l'air doit avoir 
par rapport à ce que nous nous pro- 
pofons ici, c'eft d’être pur & fub- 
til: un air de cette forte eft moins 


rempli de femences de Vers il re. 


veille la chaleur naturelle, favorife 


ejus plena funt adipe, € medullis offa illius irri- 
antur: alius vero moritur.in amaritudiné anime 
abfque ullis opibus ; C7 tamen firmul in pulvere dor- 
mient , Co Permes operient eos. Job. Cap 23. V. 24. 
(a) Voyez Chap. x1v. Art, x où j'explique en 
quel fens on peut dire que la moëlle nourrit Les 
os, : 


es er 


æ aa LH Le and EU ; k à 


Dunes Vers. 1 #99 
le cours du fang, empêche les hu- 
meurs de fe corrompre par le repos, 
& Ôte aux femences vermineufés À 
qui font dans le corps, ce qui pour- 
roit faire éclorre les Vers qu'elles 
renferment. L'air épais & impur 
au contraire , outre qu'il eft tout 
chargé de femences de Vers, cor- 
rompt les humeurs en les arrétant 
par la groficreté, & en les altérant 
par fon impureté ; &_ainfi prépare 
aux Vers, dont il introduit, ou dont 
il rencontre déja dans le corps les 
femences, toute la matiere nécef. 
faire à leur nourriture & à leur ac: 

croiflement. 
Les alimens qu'il faut éviter. 
our {e garantir des Vers , font les 
A re , excepté le beurre ; ce font 
les chofes fucrées , les viandes vi- 
naigrées, le cidre, les pignons, les 
melons, les champignons, &c. Je 
dis les viandes vinaigrées, rien ne 
réveillant plus les Vers que le vi- 
naigre , ainfi que l'expérience le fait 
Voir, d’ailleurs cette liqueur étant 
elle-même toute pleine 1 ces Ani- 
maux, ne peut qu'introduire dans 
le corps une grande quantité de 

À ji 


î » 0 

400 . De la Génération 
Vers, & de femences à Vers. Qu'ei- 
le foit remplie de Vers, c’eftunfait 
dont tout le monde fe peut con- 
vaincre par fes yeux : Et puifque 
nous en fomines la-deflus , il ne 
fera pas inutile de rapporter tout 
ce qui s'obferve à ce fujet dans le 
vinaigre par le moyen du microf- 
cope. La premiere chofe eft, qu’il 
ya dans le vinaigre un très-grand 
nombre de Vers faits comme des 
Anguilles |, dont les uns font vi- 
vans, & les autres morts ; que les 
premiers vont & viennent, ainfi 
que des Poifons, & que les autres 
demeurent au fond, où ils fe cor- 
rompent peu à peu, & où ils for- 
ment comme une légère fange, 
d’où naiflent enfuite d’autres Vers. 
La feconde , que plus le vinaigre 
eft fort, & plus on y remarque de 
Vers. La troifiéme, que quand le 
vinaigre eft dans le tonneau , il y 
a plus de Vers vivans , & que quand 
il eft en bouteilles, il y en a plus 
de morts. La quatriéme , que fi on 
pañle le vinaigre par un couloir, 
on n’y rémarque de trois jours au- 

cun Ver , après quoi il en vient 


| des Vers. 407 
d'autres. La cinquième, qu’un gros 
de Thériaque, jetté dans deux pin- 
tes de vinaigre, en tue tous les Vers. 
La fixiéme, que fi après avoir mêlé 
cette Thériaque dans lé vinaigre, 
on laifle pendant un mois au Soleil 
ce mélange dans un vaifleau bien 
bouché , ayant foin d’agiter le vaif- 
feau de temps en temps, & qu'au 
‘bout du mois on filtre la liqueur > 
on aura un vinaigre exempt de Vers 
pour toujours, & un excellent an- 
tidote contre la pelte & contre Les 
fiévres malignes. La feptiéme, que 
lon obferve plus de Vers dans le 
visaigré rofat, que dans aucun au- 
tre : toutes expériences que chacur 

eut faire, & dont on peut tirer 
Fe des conféquences utiles pour 
Ja fanté. ù 

Quoiqu'il faille éviter le vinai. 
gre quand on veut fe garantir des 
Vers , il ne s'enfuit pas que toutes 
les chofes aïgres doivent être évi- 
tées dans ce deffein ; Fefprit de ni- 
tre, par exemple, l’efprit de fouf£- 
fre, lefprit de fel dulcifié, font 
bons contre les Vers , aufli-bien 
que le jus de citron & de grenade. 

À iti 


_ 402 De la Génération 

Nous avons un grand nombre d’e- 
xemples de perfonnes que l’ufage 
de certaines chofes aigres a rendu 
fujettes aux Vers; & Spigelius ra- 
conte qu'ayant été appellé, pour 
voircette Dame Allemande, (+)dont 
nous avons parlé dans le Tome I. 
laquelle rendit un morceau de Ver 
plat, qui fit tant de mouvemens, 
& l'ayant interrogée fur l’état où 
elle s’étoit trouvée auparavant, & 
fur fa maniere de vivre, il apprit 
d'elle qu'étant fille , elle étoit fort 
fujette aux Vers ronds ; qu’alors 
elle mangeoïit {ouvent du lait cait- 
lé :aimoit fur-tout le lait aigre, 
&c tous les alimens aigres. 

La plüpart des aigres engendrent 
des Vers, & fi on l’obferve bien, 
on verra que tous les enfans, qui 
ont des Vers, ont l’haleine aigre. 

Quant aux pignons, dont on af- 
faifonne la plüpart des viandes en 
plufieurs Provinces , ils engraifient, 
font une bonne nourriture, con- 
viennent dans la phthifie, dans la 
ftrangurie , dans l’âcreté de luri. 
ne ; mais cependant font plus pro- 

(a) Spigel. de Lurabr, lat, Cap, x 3. | 


NES des Vers. - 405$ 
pres qu'aucunes chofes à nourrir 
certaines: fortes de Vers ; l'expé- 
rience l’a fait voir , & je pourrois 
en citer plufieurs exemples. Pana- 
rolus en rapporte un, aflez digne 
de remarque. En 1652. à Rome 
au mois de Mars , une Religieüfe 
Capucine , qui avoit été fujette à 
des fyncopes & à plufieurs autres 
maladies, rendit par la bouche un 
Ver vivant, qui avoit deux cor- 
nes comme un Eimacon , & fix 
pieds ; il étoie rond & long, ne 
paffant pas néanmoins fa longueur 
de deux doigts. Panarolus voulut 
voir ce qui feroit contraire à cé 
Ver , & fit dans ce deflein plufeurs 
effais , qui méritent bien d’être rap 
portés. Il chercha ‘d'abord com- 
ment il le pourroit nourrir ; il s’a- 
vifa de lui donner des pignons, ce 
qui réuffit fi bien, qu'avec cela il 
le fit vivre treize jours ; pendant 
ce temps-là il recourut à divers re- 
medes pour le tuer: il commenca 
par la thériaque feule , puis la méla- 
dans du vin, enfuite dans du vi- 
naigre ; il vint après cela à l'oignon, 
à Pail, à l'eau thériacale , à l'efprit: 

iv: 


404 De la Génération 
de vitriol mêlé dans l’eau de char- 
don bénit, au mercure, au fel : 
mais tous ces remedes furent inuti- 
les, & le Ver mangeoit toujours 
les pignons. Douze jours fe pañfe- 
rent ainfi , & le treiziéme une 
Dame de qualité pria Panarolus (4) 
d’éprouver d’une huilequ'elle avoit, 
qu'elle difoit être extrémement 
bonne contre les Vers. Panarolus 
en fit lexpérience le même jour , & 
la feule odeur de cette huile tua le 
Ver. C’étoit une huile qui fentoit 
la thériaque, & qui s'évaporoit ai- 
fément : ce qui 5 juger à Panaro- 
lus que ce pouvoit être quelque ex- 
trait de thériaque bien préparé ; 
quoi qu’il en foit, cette huile fit 
mourir le Ver , &z les pignons le 
conferverent vivant contre tous les 
autres remedes. 

Pour les melons , expérience ne 
confirme que trop ce que dit Car- 
dan , que c’eft un fruit qui produit 
beaucoup de corruption ; & qui 
renferme enfemble toutes les mau- 
vaifes qualités qui fe trouvent fé- 
parément AA autres : un fruit 


(a) Panarol, Tatrolog. Pentecof}, 4, Obferu. 29. 


… desVers. 405 
qui nuit à l’eftomac, au foie, à fa 
rate, aux inteftins, aux poumons, 
aux reins , à la veflie : un fruit qui 
remplit Ie corps de venin, caule 
des fiévres peftilentielles ; qui ne 
s’affocie bien avec aucun breuvage ; 
“qui avec le vin, engendre des hu- 
meurs pernicieufes , produit des 
phlegmons , & plufieurs autres ma- 
Jadies: qui avec l’eau ,-caufe des 
lienteries, & d’autres flux de ventre 
dangereux. Je voudrois pour la 
fanté publique , dit Panarolus , que 
les Magiftrats interdififfent l'entrée 
de ces fruits dans les Villes; car 
quelle plus grande pelte, dit-il, a- 
ton à craindre que celle de ces 
fortes de fruits, qui font mourir 
tous les ans plufieurs milliers d’hom- 
mes? Ce que fouhaitoit ce Méde- 
gin , fe pratique en partie aujour- 
d'hui à Paris. Le fage Magiftrat , 
par les ordres duquel la Police y 
eft fi bien entretenue, voulant pré- 
venir les maladies qui pourroient 
courir parmi le peuple, a foin tous 
les ans de défendre l’entrée des me- 
Jons pañé le mois de Septembre, 
qui cft le temps après lequel ils font 


7 PNR LE REP R PU T Sr RU TS OU PR NU Pr dé LE Ge de ii à à 1 


406  DelaGénération 
plus dangereux. Les melons ne font 
point fujets à être mangés des Vers, 
mais 1ls ne laifent pas d’en produi- 
re beaucoup dans le corps par les: 
crudités qu'ils ycaufent. 
Au regard des Champignons, 
c’eft une regle générale qu'ils font 
trés-indiseftes ; or, tout ce qui eft 
indigefte, à moins qu'il ne le foit 
par {a dureté, comme les noyaux 


de cerife & les pepins de raifins,. 


fait beaucoup de corruption , & par: 


conféquent doit être évité quand: 


on craint les Vers. 

Les Champignons font un fang: 
groflier & épais, forment des ob- 
ftruétions, demeurent long temps. 
dans Feftomac, & empéchent la 
digeftion des autres alimens par un: 
mauvais fuc qu’ils rendent , & dont 
Peftomac eft toûjours fatigué ; quel- 
quefois même ils reftent plufeurs. 
jours dans l’eftomac fans fe digé- 
rer , & alors ils peuvent produire 
des maladies trés-dangereufes. J'en 
ai Vu, il y a quelques années, un tri- 
fe exemple en la perfonne d’un 
Auditeur des Comptes , nommé 
M. Bonnet-de Cuviers, lequel mou-- 


des Vers. 407 
rut fubitement en revenant de la 
FoireS. Laurent, vers la fin de Sep- 
tembre de lannée 1699. Il pañloir 
en fon Caroffe, à neuf heures du 
foir, dans la rue Briboucher, pour 
s’en retourner au Faubourg S. Ger- 
main, où il demeuroit. Commeil 
étoit à l’entrée dela rue, il fut faifi 
d’un afloupifflément profond , sa 
fit croire d’abord à deux de fes 
amis , qui étoient avec lui, qu’il 
faifoit femblant de dormir; mais 
ces Mrs ayant peu après reconnu 
que leur ami fe trouvoit mal, firent 
arrêter le Carofe au bout de la rue, 
devant la boutique d’un Chirur- 
gien, nommé M. Dupati : on prit 
le Malade qui n'avoir plus de force … 
ni de connoiffance, on le tranfpor- 
ta chez le Chirurgien, qui lui don- 
na aufli-tôt l’émétique , lequel ne 
fitnul effet , parce que la gorge étoit 
tellement engagée , qu'il ne put 
pañler. Je fus appellé fur ces entre- 
faites ; je fis d’abord fa'gner le Ma- 
laide ; le fang fortit fort épais, fe fi- 
geant dans Îes palettes en même 
temps qu’il y tomboit. Quand 
faignée fut faite, le Malade s'agita 


408 De la Génération | 
beaucoup , & je m’appercus d’urt 
effort qu'il fit, pour rejetter quel- 
que chofe du fond de Peftomac ; 
aufli-tôt je pris une ferviette ,; que 
je trouvai fous ma main, &@& la lui 
prélentant à la bouche , je reçus 
dedans,un quartier de champignon; 
je demandai d’abord sil n’avoit 
point mangé de champignons ce 
jour-là, & fes amis me dirent, qu'il 
y avoit trois jours qu'il en avoit 
mangé dans unragout, qu’au refte 
il n’avoit fait aucun excès; fes la- 
quais , que j'interrogeai, me répon- 
dirent la même chofe. Enfur aprés: 
bien des agitations , on manda 
M. de Frefquieres, qui ctoit fon 
Médecin , lequel fit réiterer la fai- 
gnée. Mais tous ces fecours furent 
inutiles ; la connoiffance ne revint 
point au Malade, & il mourut fur 
les dix heures du foir chez le Chi- 
rurgient. ii: 2: 

left difficile de ne pas juger que 
les champignons furent la caufe de 
cet accident ; puifque le Malade en 
rendit un morceau qui s’étoit con- 
fervé trois jours dans fon eftomac, 
fans s’y digérer. Je ne prétends pas 


des Vers. . 409 

conclure de-là , que tous ceux qui 
mangent des champignons ayent 
à craindre un fitrifte fort ; mais du 
moins on peut connoître par cet 
exemple ;, combien cette nourriture 
eft indigefte , & par conféquent ca- 
pable de cette corruption qui peut 
donner lieu à la génération des 
Vers. On trouve dans les Journaux 
de Bartholin , (4) une hiftoire pref- 
que femblable , d’un homme, qui 
après avoir mangé des champi- 
gnons à fon fouper , tomba en apo- 
pléxie, mais qu’on fit revenir heu- 
reufementen lui brulant du fouphre 
fous. le nez. On en trouve un au- 
tre dans Pierre Gontier , (b ) au fu- 
jet d’un neveu qu’il avoit , lequel 
penfärpérir au milieu de la nuit, 
d'amétranglement qui lui prit pour 
avoir mangé des champignons le 
Loir: 
Les truffes ne font pas moins 
dangercufes que les champignons, 
& l’on peut voir R-deflus le Cha- 
pitre IV. de ce Traité, Obferva- 
tion huitiéme. 


(a) Thom. Barth. Tom. III. Cap. CXVI. 
* {b.) Petr, Gont. de Cibis ab olerib. Pet, Cap, XX. 


TE NT id” docs, WE -2 "6 < Det A le LENS cd ad 
à ; pre 


410 De la Génération fast 
I n’eft pas toujours en notre pou- 
voir de nous garantir des Vers; 
ces Animaux fe forment fouvent en 
nous, dans un âge, où l’on eft in- 
capable de veiller à ce qui nous 
peut nuire. C’eit aux meres & aux 
nourrices d’avoir ce foin pour leurs 
enfans, & de prendre garde de ne 
leur rien donner qui puifle produi- 
re en eux de la corruption. Ce qui 
fait que la plüpart des enfans font 
fujets aux Vers, c’eft le lait trop 
vieux qu'on leur préfente dès qu'ils 
font nés, & la bouillie dont on les 
nourrit trop tôt. Le premier lait, 
que doivent fuccer les enfans, eft 
celui qui fe trouve aux mammellés 
des nouvelles accouchées, c’eft un 
lait purgatif qui délivre l'enfant 
de toutes fes humeurs fuperfitiess 
& quine chargeant point l’efto- 
mac, n’y caufe point ces crudités , 
qu'un lait plus vieux & plus nour- 
riffant , ne manque jamais d'y pro- 
duire. On a recours , dit Spige- 
 lius, (4) à des médicamens pour 
purger les enfans nouveau nés, & 
l'on néglige la meilleure de toutes 


(a) Spigel. de formato fat parte [ecund&, Cap. 3. 


des Vers. AIT 
les médecines, qui eft le lait que 
la nature prépare dans les mam- 
melles des nouvelles accouchées. 
Ce lait eft un aliment médicamen- 
teux proportionné à la foibleffe 
des enfans nouveaux nés, & qui 
devenant tous les jours moins pur- 
gatif, ne devient nourriture qu’au- 
tant que leftomac à la force de le 
digérer; d’ouilarrive que le ven- 
tricule n’eft point furchargé, & qu'il 
eft exempt de ces crudités, qui 
tombent dan$ les inteftins, & y 
font éclorre des Vers. | 
- Quant à la bouillie, cette nourri- 
ture groflitre , donnée aux enfans 
avant qu'ils ayent atteint le troifié- 
me ou le quatriéme mois, caufe 
beaucoup de crudités en eux, fur- 
tout lorfque la farine, dont on la 
fait , n’a pas été cuite dans le four ; 
caralors labouillie en eft plus pefan- 
te & plus indigefte : ce qui la rend 
propre à la génération des Vers. 
La farine qu’on deftine à la bouil- 
lie des petits enfans , doit être mife 
au four dans une terrine après que 
le pain eneft tiré, & être alors re- 
muéc de temps en temps pour 
- #1} | 


D'CHOS RC AR ER RES DS cr) dd ps LA ot à mel 7 


412 De la Génération MS 
qu'elle cuife également. QUE 
la bouillie faite de cette farine foit 
fort légére , il eft bon néanmoins 
de n’en donner aux enfans qu’une 
ou deux fois par jour, & encore 
faut-il que les Nourrices ayent foin 
de les faire tetter peu aprés ; afin 
que cette même bouillie foit dé- 
layée parle lait, & fe digere plus 
facilement. 
Ce n'’eft pas affez de prendre de 

bons alimens, pour fe préferver des 

Vers ; il faut NÉE de certaines 
regles dans l’ufage qu’on en fait. 
Cet ufage confifte en trois chofes ; 
la premiere , à manger dans un 
temps qui foit favorable à la dige- 
ftion ; la feconde , à obferver dans 
les viandes unordre , qui nepuifle 
point troubler Ja coétion qui s’en 
doit faire ; car tout dépend de Ia 
bonne digeltion, les crudités fai- 
fant prefque toute la corruption, 
qui rend nos corps fujets aux Vers; 
& la troiliéme à ne point trop man- 
ger , ou trop boire à chaque repas; 
ce qui empécheroit encore plus la 
digeftion que toutes les autres fau- 
tes qu'on pourroit commettre; à 
quoi 


des ers. AI 3 
quoi je puis ajoûter ponr quatriéme 
précaution , de ne point manger 
trop de viande. | 

Pour le temps, if y a trois cho- 
fes à obferver; la premiere, cet 
Fappétit, j'entends un appétit fain, 
&z non malade ; un apétit qui vient 
du befoin de la nature, & qui fait 
que les viandes fe mangent avec 
plus de gout, qu'elles font plus 
étroitement retenues dans l’efto- 
mac, & qu'elles s’y digérent plus 
parfaitement : ce qui fait dire x 
Ehppocrate , que lorfque l'appétit 
nous invite à une chofe, ik la faut 
préférer à toute autre, (+) quand: 
même elle ne feroit pas d’une fi 
bonne qualité, parce qu'en effet 
et appétit fait qu'elle Le digere 
mieux. 

La: feconde, eft la coûion des. 
_alimens du dernier repas qu'on à. 
fait ; car il ne faut jamais fe mettre 
à manger qu'on n'ait lieu de croire: 
-Queces premieres. viandes font di- 
gerces ; autrement la cotion eft 
troublée:, iffe fait des crudités. &- 
tout le Corps fe remplit d’humeurs: 
| (29 Aÿhorn 38. {eër. 2; | ‘ 
Tome. B. 


na nn LS din D 
: u Ti 
; é ide à Fr 
à 


4T4 De la Génération 

corrompues propres à nourrir des: 
Vers. Aufli voyons-nous parexpé- 
rience , Que ceux qui mangent à 


toute heure , fans obferver aucun: 


temps’, font plus fujets aux Vers. 
que les autres. 
La troifiéme , eft d’avoir Fefto- 
mac dégagé ‘avant que de manger s 
car s’il eft plein d’humeurs corrom- 
ues, les viandes, au lieu de s’y 
Mn (Since , Y contraéteront le- 
vice de ces humeurs : ce qui a fait 
dire à Hippocrate , que plus om 
nourrit un corps impur, & pluson 
Fendommage. (4). Le moyen de 
chaffer cette corruption , ou dela 
prévenir, eft de prendre Tee 
fois avant le repas un peu de cafe. 
ou quelque autre chofe d’équiva- 
lent , pour vuider l'eftomac. : 
Pour ce qui regarde l’ordre des 
viandes , il faut commencer par les 
plus faciles à digérer ; parce que 
celles-ci n'étant point retenues par 
d’autres d’une digeftion plus lente, 
fortent de l’eftomae aufli-tôt qu'el- 
les font digérées , & ne s’y cor- 


fompent pas comme elles feroient 


(a) Æphor. ir. 10. 


Ù — 


… des Vers. AA YT 
fi elles y fjouraoient aprés la co- 
étion faite. Ainfi les chofes molles 
fe doivent prendre ordinairement 
avant les dures, les humides avant: 
les féches, les liquides avant les. 
folides, celles d'une qualité chaude: 
avant celles d’une qualité froide , 
prenant garde routefois de ne point 
trop donner dans la variété des. 
mets ; cette diverfité de viandes , | 
qui fait la douceur des repas, ne: 
produifant quela corruption (4 ) &. 
les Vers. cs ü 

J'ajoûterai ici qu'il eft bon de fe 
ténir en repos quelque tetnps aprés 
le repas, parce que le promprexer- 
cice, après qu'ona mangé, caufe 
beaucoup de crudités, & par con- 
féquent beaucoup de corftuption.. 

La digeftion ne fe fait pas toute 
dans l’eftomac , elle {€ perfedionne 
encore dans les inteftins grefles ,. 
& cela par le moyen de la bile, qui: 


y vient par le conduit & par le 


pore biliaire ; enforte que lorfque 
le foie, où que lé conduit dont nous: 
venons, de parler, ne font point 
obfirués, cette bile entrant dans le: 

Ca) Dulcedo ils Fermes. Jobs mage + 


5. 1: 


416 De la Génération 
duodenum , & de-là dans le refts 
des inteftins, y acheve l'ouvrage de 
la digeftion , & ste par ce 
moyen, qu'il ne s’y fañle de la cor- 
ruption. s'enfuit de-là , que c’eft 
une bonne précaution , pour fe ga- 
rantir des Vers , de prendre de 
temps en temps des chofes qui puif- 
fent prévenir , ou: corriger les ob- 
ftrudions du foic. | 

On demandera peut-être com- 
ment il fe peut faire que certaines. 
chofes foient meilleures au foie 
qu'aux autres vifcéres ;. & fi c’elt 
qu'elles ayent de l'intelligence , 
pour s'attacher au foie plütôt 
qu'aux poumons. ou ailleurs 2 
_ Cette raillerie, qu'on fait fur la 
vertu de certains remedes., eft mal 
fondée , & voici une expérience 
qui montre comment Îes remedes,, 
fans avoir une intelligence qui les 
conduife , vont porter leur effet à. 
une partie plutôt qu'à une autre. 
… Que l'onjette de l’eau‘forte fur. 
un.conpofé d'or & d'argent , cette 
cau-forte s'attachera à l'argent, le 
difoudra , & coulera fur For fans 
y faire impreflion. Jettez de l'eau 


des Vers. * ÆIT 
_regale fur ce même compolé, cette 
eau ira porter fon aétion fur l'or ; 
& ne touchera point à l'argent 3. 
d’où vient cette différence ? Elt-ce: 
que.ces eaux ont de linftinét, pour 
aller diffoudre , l'une l'argent plütôt. 
que l'or, & l'autre l'or plutôt que 
l'argent > non fans doute : mais c'eft 
que les. parties infenfibles. de ces 
eaux. font de différentes figures , 
& les pores de ces corps aufli; en- 
forte que lorfque l'eau-forte, par 
np , (Trouve un corps comme 
l'or , dont les-pores ne font pas pro- 
portionnés à la figure de fes poin- 
tes, elle coule deflus fans y faire 
d'impreflion , & fi-tôt: qu'elle en. 
trouve un , dont Îes pores font fi- 
gurés d’une maniere propre à recc- 
voir. {es pointes, comme eff lar- 

ent, elle s'infinue dedans, & em 
Épare les parties. I] faut ratlonner 
ainfi, de l'aétion des remedes fur 
des parties du corps, plütôt que: 
fur d’autres. Et pour mettre la cho- 
{e dans un plus grand jour , imagi-- 
nons un corps artificiel , fait de 
verre , dont les poümons foient 


d'or & lé foic de. fer. Suppofons. 


Dr 
. 


AT8 De la Génération 7 

dans les vaifleaux de ce corps, de: 
Feau-forte au lieu de fang , ne con- 
coit-on pas que cette liqueur, étant 
portée aux poümens , n’y mordra:. 
point ; & que fi-rtôt qu'elle rencon- 

trera le foie, elle s'y atrachera, & 
agira deflus ? Imaginons encore la 
chofe autrement. Suppolons Îles: 
poumons de verre, & le foie d'or, 

& en même temps les conduits de’ 
ce dernier embarraflés de petites: 
parties de fer difficiles à ôter, com- 
ment s'y prendre, pour lever les: 
obftacles que ces parties de fer fe- 
ront dans le foie ? C’eft de jetter de 
Feau-forte dans ce corps artificiel ;- 
car alors nous concevons que cette: 
eau , fans endommager les poû- 
mons , ( aufquels je fuppofe qu’elle 
fera portée par une circulation: 


se peut imaginer ) & fans en- 


ommager la fubftance du foie. 
diffoudra les parties de fer qui fe- 
ront dans ce dernier vifcére , & en: 
rendra les paflages libres. Voilà. 
une image de ce qui fe pañfe dans 
le corps animé , lorfque les reme- 
des agifent fur certaines parties 
plutôt que fur d’autres. 7 


des Vers. : .  4t9 
Si ces exemples ne fufifent pas. 
pour faire comprendre la chofe ;. 
en voici un plus clair, rapporté par 
Mr Tournefort dans cette fçavante 
Thefe, qu'il fit foûtenir le r4. de: 
Novembre de l’année 1697. dans: 
les Ecoles de Médecine de Paris, 
Prenez deux couloirs de papier 
gris, dont l’un {oit imbibé d'huile, 
& l’autre d’eau; verfez dans cha- 
eun , de l’eau & de l'huile mélés. 
enfemble, l’eau feule coulera au- 
travers de celui qui fera ( 4 )péné- 
tré d’eau , & l'huile feule au-travers. 
de lautre. Suppofons que ces cou- 
loirs communiquent enfemble par 
_plufieurs. tuyaux , qui portent à 
Fun , le réfidu de l'autre, n’eft-il 
pas vrai que toute l'huile contenue 
dans le couloir abreuvé d'eau, paf- 
fera au-travers du couloir abreuvé 
d'huile , & que toute Peau conte- 
aue dans le couloir imbibé d'huile, 
pañlera à travers le couloir imbibé 
d'eau. C'eft ainfi qu’il: faut raifon-- 
ner de l'effet des remedes qu'on pré- 
fcrit , les uns pour pañler à travers: 


(a) Quaff, medic, an morboram-curatio ad leges 
Mechanica referendæ:>. 


4:0 De la Génération à 
les reins & les nettoyer , les air 
tres pour purger le foie , les autres 
pour humecter & rafraîchir les 
poñmons. Ces remcdes font por- 
tés à toutes les parties; mais ils. 
pénétrent les unes plütôt que les au- 
tres , felon le rapport Le y trous 
vent avec la maticre , dont cespar- 
ties font abreuvées , ou compo- 
fées. - 
Les excès de Venus font une 
des chofes les plus contraires à La 
bonne conftitution du foie, & les. 
plus propresiay produire des obftru- 
étions. Ces excès affoibliffent outre: 
cela leftomac., en diflipant la cha- 
leur naturelle, & eaufent par ce 
moyeñ une corruption , qui. peut 
produire beaucoup de Vers: 

La trop grande application d’efi 
prit, & les grands efforts d'étude. 
font quelquefois plus de tort à la. 
digeftion , & caufent plus-de cor- 
ruption que les excès , dont je viens: 
de parler , fur-tout quand on fe met: 
desleëtures longues & appliquan- 

- æs, d'abord aprés les repas. 


js CHAPITRE: 


des Vers. | 421 

A4 rt dde ed 
CHAPI TRE VII. 

De la forrie Te Vers , € des 


prognoffics qu’on en doit tirer. 


NT Ous ne parlerons dans ce Cha- 

N pitre,que de la fortie des Vers 
qui font dans les inteftins : ce qui 
regarde celle des autres étant peu 
confidérable. 11 y à plufeurs cir-. 
conftances à examiner dans la for- 
tie des Vers ; les unes concernent la 
perfonne , les autres le temps, les 
autres le lieu , les autres les excré- 
mens , les autres les Vers mêmes. 

Les circonftances de la perfonne 
font : fi elle eft:en fanté où malade $ 
fi elle a pris quelque médicament, 
ou fait quelque chofe à quoi on. 
puiffe attribuer la fortie de ces 
Vers. 

Celles du temps : fi les Vers for- 
tent dans le commencement , dans 
 l'érat , ou dans le déclin dela mala- 
die. | 

Celles du lieu : s'ils fortent par 

Tome IT. C 


De ATP LR 


422 De la Génération 

haut ou par bas , & en cas que ce 
foit par haut, fi c’eft par le nez, ou 
par la bouche. 

Celles des excrémens : files Vers 
fortent mêlés dans les matieres , ou 
tout feuls ; 8 la qualité des déjec- 
tions qui en ont ou précédé, ou ac- 
compagné, ou fuivi la fortie. 

Celles des Vers : s'ils fortent 
morts ou vivans , entiers ou rom- 
pus, enfermés dans quelque enve- 
lope, ou entierement libres : fon- 
dus, ou dans leur forme naturelle, 
d’unc couleur plürôt que d’une au- 
tre; épais ou menus, en grande ou 
en petite quantité : toutes cir- 
conftances néceflaires à remarquer, 
& que nous allons examiner bar 
ofdre. | $ 

La Perfonne. 

Si la perfonne eft en fanté, & 
que les Vers foient fortis par la for- 
ce de quelque médicament, où pris 
en qe , ou appliqué en dehors, 
il y a lieu de juger que ce n’eft 
point tant la chaleur naturelle tou- 
te feule , que le fecours étranger 
qui les a chaflès, & par conféquent 


| des V'ers. 

que le corps dépourvu d’une cha- 
_ eur naturelle fuffifante > pour em=- 
pêcher la corruption qui 
ces infetes , eft'en danger de mala- 
die , fi l’on n’a foin de recourir aux 
évacuans & aux altérans. Si au con- 
traire la perfonne n’a rien fait ui 

uifle avoir chaflé Les Vers > ilen 
Eu bien augurer , puifque c’eft 
une marque que la nature a eu aflcz 
de force pour fe débarraffer cllc- 
même fans être aidée. 

Si la perfonne eft malade, & que 
les Vers fortent d'eux-mêmes , il 
faut avoir égard à la feconde gir- 
conftance, dont nous allons parler, 
qui cft celle du temps. 


Du Temps, 


S'ils fortent für le déclin dé Le 


maladie , le figne eft bon » parce 
que les forces fc rétablifänt alors À 


il y a apparence di nc fortent 
qu'à caufes de la c aleur naturelle 


ui Saugmente, & qui ne leur laif. 
€ plus affez de Corruption pour s’en- 
tretenir. S'ils fortent dans le com- 
mencement de la maladie , le figne 


C ij 


423 


€ntretient. 


+4: 


424 De Lx Génération 
eft mauvais, parce que la fermen- 
tation des humeurs n'étant pas en- 
core faite , ils ne peuvent guère 
fortir qu'à caufe de lâcreté de la 
matiere , ainfi que l’obfervent la 
plupart des Médecins. 

Levinus Lemnius (4) voulant ren- 
dre raifon de ce figne, dit que les 
Vers connoiffent par une certaine 
fagacité naturelle, la ruine prochai- 
ne du corps ou ils font, & que c’eft 
pour cela qu’ils abandonnent la pla- 
ce. Il ajoute qu'ils font en cela fera- 
blables aux Loirs & aux Souris, 

ui prévoyant, dit-il, que la mai- 
fa où ils font va tomber , l’aban- 
donnent quelquefois plufieurs mois 
à l'avance. Sans mentir, Levinus 
Lemnius juge bien favorablement 
de la prudence & de la fagefle des 
Vers, de célle des Loirs , & de 
. celle des Souris ; pour moi , qui ne 
fcaurois croire que ces animaux 
foient fi intelligens , j'eftime qu'il 
vaut mieux s’en tenir la raifon 
que nous avons apportée. 


(a) Levin, Lemn, de occultis nature mirac. lib. x, 
Eae 13e : : ; 


des Vers. A2 
Du Lieu. 


‘ Dans une maladie le figne eft 
.ineilleur quand ils fortent par bas, 
que quand ils fortent par haut ; par- 
ce que d'ordinaire quand ils fortent 
a Haut , cela vient de l’une de ces 
deux caufes , ou de quelque obftru- 
étion confidérable dans les gros in- 
teftins , laquelle empêche qu'ils ne 
prennent leur chemin par le ventre, 
ou de quelque obftruétion, foit dans 
le meat cholidoque , foit dans le 
re biliaire , laquelle emipêche ka 
ile, qui ef fi contraire aux Vers, 
| De dans le duodenum , 
& permet ainfi à ces mémes Vers 
de remonter jufques dans Peftomac, 

& de pafler de-là dans la bouche. 
Les Vers ne remontent pas feule- 
ment des inteftins dans la bouche, 
. mais vont quelquefois pendant le 
* fommeil jufques dans le nez lorfque 
là bouche ef clofe , & fortent par 
Îes narrines { 4) : ce qui ne doit pas 
furprendre , ni paroître d’un plus 
mauvais prognoitic , que s'ils for- 

Ce} Fernel, de morb, inteflin, de Lumbr. 
C üj 


#16 De la Génération 
toient par la bouche, vû la commu: 
-nication qu’il y a du fond du palais 
avec le nez. 

Quand la perfonne eft en fanté il 
n’y a pas lieu de croire qu'il puifle y 

avoir de telles obftruétions, puifque 
ces obftruétions caufent toûjours de 
grandes incommodités , ainfi il eft 
à juger que fi les Vers fortent alors. 
par haut, cela peut venir de ce qu’on 
aura été trop long-temps fans man- 
ger, ce que oblige les Vers, mal- 
gré le fiel qui fe décharge dans le 
duodenum , de remonter jufques. 
dans l'eftomac , pour y chercher à 
manger , & de fortir enfuite par 
ha bouche. Levinus Lemnius (4) dit 
avoir vu plufieurs fois des Versre- 
monter ainfi , & fortir par le nez s 
mais il ajoute que ca toujours été: 
-avec danger dans les malades, & 
fans péril dans Îes perfonnes en 
fanté, 

Quelquefois Les Vers fortent par: 

baut , attirés dans l’eftomac par les. 
alimens qu'ils y trouvent , & un: 
exemple, que nous rapporterons: 


CP] Levin, Lemn, lib, x. cap, 22,.de occult, naturi. 
iracs | 


| des Vers: 4iŸ 
plus bas d’une Religieufe , qui en 
vomifloit prefque tous les jours 
quand l'heure de fes repas appro- 
choit, en eft une marque aflez évi- 
dente. On lit dans le Voyage de 
Raffilly , qu'en Afrique on voit des 
Serpens , qui aux heures des repas 
viennent dans les maifons manger 
ce qui tombe fous la table , & s'en 
retournent après fans faire mal à 
perfonne ; c’'eft ainfi que les Vers 
viennent quelquefois dans lefto-. 
mac chercher à ces mêmes heures: 
de quoi manger. Quant au vomife- 
ment qui arrive alors , il eft facile 
de voir qu'il vient du picotement 
que ces animaux affamés font à cet- 
te partie. | 
Les Déjethons. 


Il vaut toûjours mieux que les: 
Vers fortent avec les déjeétions que 
tout feuls , lorfque c’eft dans le 
commencement , ou dans l'état de’ 
Ja maladie. La raifon en eft, que 
quand ils fortent avec les excré- 
mens, ileft à croire que ce n’eft pas: 
par l’âcreté feule des humeurs, mais 
par le mouvement même des ma- 

Civ 


4218 De la Génération 

tieres qui les entraînent, au lieu que 
quand ils fortent feuls , on ne peut 
guère foupçonner autre chofe que 
la malignite de humeur ; il n’en va 
pas de même quand c’eft dans le dé- 
clin de la. maladie ; il n’en faut ti- 
rer alors, felon Hippocrate , aucun 
mauvais augure (4). 

Il arrive quelquefois qu'après 
avoir jetté des Vers par haut ou par 
bas, on vomit une matiere noire 
femblable à de l'encre, cefigneeftt  : 
mortel, fur-toutau commencement | 
de la maladie. Quand les Vers for- 
tent mêlés dans les excrémens , & | 
que ces excrémens qui les accompa- | 

nent font jaunes , le figne eftbon, | 
Bi dans la fanté , foit dans la mala- 
die , pourvu toutefois qu’en mala- 
die, ce ne foit pas au commence- 
ment. Ce qui fait que ce figne eft 
bon, c’eft que la jauneur des ma- 
ticres marque que c'eft la bile qui 
a chafé les Vers, & parconféquent 
que cette humeur étant dans fa for- 
ce naturelle, peut réparer le vice 
des autres. Je dis la même chofe 


Ce] Hipp. Prenot, art, 10. 


des Vers. 429 
des matieres! qui précédent la {or- 
tie des Vers. 1 

. Quand les Vers fortent euls , 
dans une maladie, & que c'eft par 
l'effort de quelque médicament , le. 
figne eft bon; nous remarquerons 
que c'eft ainfi qu'eft forti le Soliums 
repréfenté dans la Planche :.. I 
vint feul & fans aucun mélange 
d’excrément. 


Les Vers. 


Quant aux circonftantes qui re- 
gardent les Vers mêmes, la pre- 
| miere que nous avons rapportée , eff 

s'ils fortent morts où vivans ,. ê& 
c’eft par celle-là que nous commeRr 
cerons. 

Morts ou vifs. 


 Onne fcauroit tirer de cette cit 
conftance: aucun prognoftic, fans 
avoir égard à celles qui regardent 
Pétat de la perfonne, & en cas que 
la perfonne foit malade, à celles . 
qi regardent le temps de la mala- 

die. Voici donc ce qui eft à obfer- 
ver. Si la perfonne fe porte bien , 


430 De la Génération 
- il n'importe que les Vers foient 
morts ou vivans, parce qu'il eft à 
juger , s'ils fortent morts , que c’eft 
faute d’avoir trouvé affez de cor- 
ruption pour vivre; & s'ils fortent 
vivans, que c’eft pour chercher ail- 
leurs la nourriture corrompue qu'ils 
ne trouvent pas. Si la perfonne eft 
malade, il faut examiner les divers. 
temps de la maladie, & fçavoir 
que dans ledéclin du mal , les Vers. 
peuvent fortir morts ou vivans fans: 
rien préfager de mauvais, & cela 
pour les mêmes raifons que lorf- 
u'ils fortent du corps de ceux qui 
€ portent bien; mais dans le com- 
mencement de la maladie , ou dans 
Pétat , il en va tout autrement; car 
alors c'eft toüjours un plus mauvais 
figne de les voir fortir morts que 
vivans , y ayant apparence, que 
c'eft plütot le venin de la maladie 
qui les à tués, que la force de la 
chaleur naturelle qui les a chafës.. 


Entiers ou rompus. 


Il n'arrive guère qu'aux Vers 
plats de fortir rompus , 8 même 


des Vers. 43% 
ils né viennent prefque jamais au- 
trement ; mais pourvu que la tête 
ne refte pas dans le corps, iln’en 
faut pointtirer de mauvais augure, 
parce que ce qui eft refté meurt 
bientôt, & eft enfuite entraîné par 
les matieres, ou par quelque leger 
purgatif; au lieu que quand la tète 
demeure, le Ver reprend de nou- 
velles forces, & croît totjours. 
J'ai quelques-uns de ces Vers, ot#f 
:Pon voit manifeftement par certai- 
nes marques, qu'ils ont été rom- 
pus , & qu'ils ont recrus à peu prés 
eomme les plantes qui repouñent 
à côté de l'endroit où on les à cou- 
pées. R | 


Enfermés dans des envelopes. 


ils fortent enfermés dans une 
envelope , c’eft un bon prognoitic , 
parce que d'ordinaire ils fe trou- 
vent tous enfemble dans ces enve- 
Jopes , fans qu'il en refte aucun au 
tre dans le corps : de maniere que 
uand ils fortent ainfi fur le déclin 
’une maladie, on en doit bien au- 
gurer. Aufli remarque-t'on que les: 


437 De la Génération 
Malades qui rendent de ces pee 
de Vers, pourvu que ce ne foit pas 
dans le commencement de la mala- 
die , fe rétabliffent quelquefois plus 
promptement que ceux qui les ren- 
dent feuls &z fCparés. Un enfant de 
quatre ans réduit à lagonie , & dés 
auparavant abandonné des Méde- 
cins , (4) rendit tout à couppar les 
felles, fans qu’on s’y attendît , une 
veflie de la groffeur d’une bale de 
Jeu de Paume , dans laquelle fe 
trouverent des milliers de Vers; 
après quoi il fe rétablit Eau AE 
ment. Îl arrive quelquefois qu’au 
lieu de trouver plufieurs Vers dans 
ces envelopes, on n’entrouve qu’un, 


mais le figne n’en eft pas totjours 


plus mauvais pour cela, vû qu'il 
arrive fouvent qu’un feul Ver pro- 
duit d’abord cette envelope ÿ & 
qu'après y avoir été enfermé feul 
quelque temps , il y engendre en- 
fuite d’autres Vers, qui font cette 
fourmilliere qu’on y découvre : en- 
forte que quand il ne s’y en ttouye 
qu'un , cela peut fouvent venir de 
ceque le Ver n’y a pas été enfermé 

6a) Amat, Lufit. cent, 1.cur, 40, d 


+ des Vers. 433 
 affez long-temps, pour y en engen- 
drer d’autres. Benivenius (4) dit, 
qu'un Médecin étant tourmenté 
d'une grande douleur d’eftomac,. 
& faifant tâter par un de fes Con- 
freres, l'endroit de fa douleur , ren- 
dit parle vomiflement un morceau 
de chair fait comme une petite 
boule, dans lequel fe trouva en- 
fermé un Ver , comme une graine 
dans A goufle , & dont la fortie lui 
procura une prompte guérifon. 
Gabucinus ( b ) rapporte un exem- 
ple femblablé d’une Dame de qua- 
lité. 
Ces vefies fortent quelquefois 
fans renfermer des Vers, ce qui cft 
un mauvais figne, à moins que le 
Malade n'ait rendu des Vers aupa- 
ravant, ou n'ait pris quelque mé- 
dicament qui puifle faire juger que 
filon n’a pas remarqué des Vers : 
dans fes déjeions, c’eft qu'ils ont 
été tués dans le cofps par lation 
du médicament , & font enfuite 
{ortis en colle , & hors d’état d’être 
remarqués ; car il faut obferver ici 


(a) Beniv. cap. 88. de abditis. 
{b) Gabuc. Comment. de Lumbr, Cap. 13, 


36 LE dé A 4 Le ft et: : » # 


454%  Dela Génération 


que quand ces corps membraneux , 
que le vulgaire appelle poches à 
Vers, fortent feuls enfuice d’un mé- 
dicament propre contre les Vers, 
il eft à juger que ces corps membra- 
neux fe font rompus & déchirés 
par l’aétion du remede ; queles Vers 
contenus dedans , étant fondus par 
la force du même médicament , 
font {ortis par les {elles fans avoir 
figure de Vers; mais quand ces 
membranes fortent d’elles-mêmes 
fans être détachées par aucun mé- 
dicament , il eft à craindre que les 
Vers mêmes n’ayent percé la meme 
brane, ne fe foient répandus dans 
la capacité des inteftins , & que 
cette membrane ne fe foit féparée 
d'elle-même à force de vieillir , 
comme on voit de vieilles peaux 
fe lever quelquefois de deflus les 
mains. Or, je dis qu’alors, le pro- 
gnoftic elt mauvais , parce que c’eft 
une marque que les Vers fe font 
engagés ailleurs dans les inteftins ; 
& qu'ayant eu aflez de force, pour 
percer. la membrane qui les renfer- 
moit , ils peuvent faire des érofions 
dangereufes dans les parties où ils 
font allés. | 


des Verh.} 43; 
Ces corps membraneux font rif- 
fus par les Vers comme la toile, de 
l’Araignée eft tiflue par lAraignée, 
comme la coque du Ver à foie, 
ef tiflue par Le Ver à foie, & com- 
me les envelopes dans lefquelles on 
trouve les petitsdes Chenilles , font 
tifues par les Chenilles mêmes. Ces 
membranes , comme le remarque 
Hollier , (4) tiennent quelquefois 
toute l'étendue des inteftins; en- 
forte qu’elles couvrent les extrémi- 
tés des veines latées, empéchent 
par-là le chyle d'entrer a ces 
vaifleaux , & par conféquent pri- 
vent Le corps de fa nourriture ; ce 
qui eft fouvent cauie de la maigreur 
extraordinaire , où tombent ceux 
qui ont des Vers; de maniere que 
quand ces corps membraneux for- 
tent, le Malade en retire toûjours 
cer avantage , que les geines laëtées 
n'étant pas recouvertes, la diftribu- 
tion du chylen’et plus empéchée. 
Quelquefois ces membranes s’en- 
gendrent fans qu'il y ait des Vers 
dans les inteftins; alers c’eft toû- 
jours un bon figne qu’elles fortent 
[a] Hollier , de Morb. intern. Lib. 1, Cab, ÿ4. 


436 De la Génération 

de quelque maniere que cela fe 
faffe , foit d’elles-mêmes, foit par . 
Padtion de quelque purgatif. Fer- 
nel (4) parle d’un Ambafladeur de 
Charles-Quint , qui après avoir été 
incommodé pendant fix ans d’une 
tumeur, qui alloit depuis l'hypo- 
condre droit , jufqu’à l'hypocon- 
dre gauche, & avoir tenté inutile- 
ment toutes fortes de remedes, 
rendit enfin, par le moyen d’un 
fort lavement , un corps dur & 
ferme de la léngueur d’un pied, 
cave dans le milieu, que les Afli- 
ftans prirent d'abord pouf une por- 
tion des inteftins, mais que le 
prompt foulagement du Malade, 
fit voir ‘n'être qu'unacorps étranger. 
Le même lavement fut réitéré, & 
le Malade rendit un autre corps 
membraneux comme le premier, 
aprés quoi “il recouvra la fanté. 
Paul Pereda (4 ) aflure avoir vu une 
femblable membrane , laquelle 
avoit une aulne de long, & étoit 
d’une cavité à y mettre Ja main : 


(a) Ferrel, de Morb. inteflin. in initie. | 
(b} Petr. Paul Pereda. Schol. ad method. ve- 

rand, Joann, Mich, Pafchal, Lib. 7.c.15. 
j'en 


—— 


f des Vers. 437 
jen conferve une qui a environ un 
tiers d’aulne , laquelle eft faite 
comme un boyau, &aune cavité . 
à y mettre lepouce. Elle a été ren- 
due fans douleur, par M. * * de- 
meurant chez M. de Ferrari, Avo- 
cat au Confeil, rue des Noyers , 
Jequel m'envoya querir fur le 
champ. Celui qui l’a rendue fe porte 
bien, & ce n'eft pas la feule qui 
foit fortie de fon corps. Ceux qui 
ont lu la vie de Jean Heurnius , 
{çavent. ce qui y eft rapporté de 
Jufte Lipfe , qui après une médeci- 
ne fut délivré d’une longue & fà- 
cheufe maladie, par la fortie d’un 
corps membraneux fait comme un 
inteftin, & qui lui donna d’abord 
tant de frayeur , que fans Heurnius 
qui le raflura, il ne croyoit pas de- 
voir compter fur un moment de 
VIC.. | 

I ne faut pas oublier de remar- 
quer qu'il arrive aufli quelquefois 
que ces membranes font une por- 


* on des inteftins rongés par quel- 


que humeur âcre; fignetrès-dange- 

reux dans les dyflenteries, & pref- 

que totjours mortel. Je conferve- 
Tore IL. | 


? 


438 - De Le Génération 
dans de l'eau-de-vie une membrane: 
de cette forte , qui a été rendue 
dans une dyflenterie invétérée , fans. 
que le Malade qui #la rendue aitr 
pu échaper par aucun remede. 


Fondus.ou entiers: 


Les Vers du corps fe fondent- 
aies de telle maniere après: 
être fortis, qu’il n’en refte pas la: 
moindre apparence ; ce qui eftfou- 
vent caufe, felon la remarque de: 
Monardus (4 ),que-les Gardes vou- 
lant montrer aux Médecins les: 
Vers qu'elles ont remarqués dans: 
les déjeétions de leurs Malades, ne’ 
trouvent plus rien quand elles les: 
cherchent. Lorfque cela arrive .. 
c'eft une marque que les Vers ne: 
font pas d’une fubftance forte, & 
qu'ainfi ceux qui reftent dans le” 
corps, céderont aifément’à lation: 
des médicamens. se 

Quelquefois ils peuvent fe fon- 
dre dans le corps-méme par le’ 
moyen de certains remedes , & for-- 
tirenfuite tout en colle & en glai- 

(a) Monard, Epif, Lib. 4. 


| 


| des Vers... 439? 
res. Que les Vers fe puiffent ainfi 
fondre , l'expérience le fait voir, 
& voici un fait qui ne permet pas: 
d'en douter. M. de Caën , Do- 
éteur de la Faculté de Médecine 
de Paris, m'a raconté qu'une Reli- 
gieufe, qui prefque tous les jours ,. 
un peu avant fes repas, vomifloit 
une grande quantité de Vers ,; le 
vint un jour confulter aux Ecoles 
de Médecine , où il étoit de vifite 
avec feu M. Perreau de l’Académie: 
des Sciences , Docteur de la même 
Faculté ; que comme elle y fut ar- 
rivée, elle vomit en leur préfence 
beaucoup de Vers : que M. Perreau 
en emporta quelques-uns dans une 
boëte , qu'il mit dans fa poche ; que 
quand il fut arrivé chez lui, il 
trouva que ces Vers , réveillés par 
la chaleur de la poche, étoient 
plus vifs qu'auparavant : qu'alors il 
cflaya divers remedes fur ces infe- 
étés, pour voir ce qui les pourroit 
tuer le plus Put 5 & 
‘qu'ayant jetté de la glace fur quel- 
ques-uns, ceux là coulerent aufli- 
tôt en eaux , & difparurent prefque 
dans le moment. Il rapporta ce fait- 
| Di, 


lis 


" 


o De l4 Génération 
dans l’Académie des Sciences, con1- 
me une chofe digne d’être remar- 

uée, & M. Duhamel, membre 
célébre de cette Académie , m'a 
dit avoir été préfent à ce récit. 


La couleur. 


Les Vers fortent ou rouges, ow 
blancs , ou jaunes, ou livides; les. 
rouges font d’un mauvais progno- 
fic ; parce que cette couleur dénote 
qu'ils. fe: font nourris de fang ,. & 
qu'ainfi ils ont fait érofion à quel- 
sue portion des inteftins: ce quine 
Gauroit avoir que des fuites fà- 
cheufes. | 
Les blancs ne préfagent ni bien 
ni mal , les jaunes & les livides 
font d'un mauvais augure ; car il 
faut remarquer que les Versfe tei- 
gnent ordinairement de la couleur 
des chofes, dont ils fe nourrificnt.. 
Les Chenilles qui viennent fur 
l'écorce des arbres , font grifes ; 
celles. qui mangent les herbes font 
vertes ; celres qui naïflent fur les 
fleurs font de diverfes couleurs, {e- 
lon la couleur des fleurs, où elles 


.. des Vers. : 445 
ont pris naiflance. Il en eft ainfi 
des Vers du corps ; ceux qui fe 
nourriflent de fang font rouges ; 
ceux qui fe nourriflent de chyle ow 
de pituite font blancs; ceux qui fe: 
“nourriflent de bile font jaunes & 
livides. Or, commegla bile eft une 
humeur que les Vers fuyent, & 
que cette bile eft un baume, quk 
empêche toutes les autres humeurs. 
de fe corrompre, il eft impoflible 
que les Vers fe nourriffant de bile, 
ce baume.ne foit.corrompu & affa- 
di; & qu’ainfi le Malade n'ait tout 
à craindre, puifqu’il n’y a point. 
de corruption plus dangereufe & 
plus difficile à corriger , que celles. 
des chofes , qui fervent à conferver 
les autres. 


Minces ou épais, 


S'ils font fortgros, c’eft une mar 
que qu'ils n’ont pas manqué de 
nourriture ; & qu'ainfi la corrup- 
tion ayant été fort grande, il efk 
difficile qu’elle ne le foit encore, 
& que le Malade n’en recoive du 
dommage, fi on n’a pas foin d’éva- 
eucr promptement. 


AT De la Génération 

_ La groffèur des Vers vient aufffi 
très-fouvent de ce qu'ils en‘contien- 
nént d’autres dans le ventre : ce qui 
fe peut connoître en les ouvrant ;. 
ou en les écrafant. Quand cela eft,. 
le figne eftencore plus mauvais 
parce qu'il démote une plus grande: 
pourriture; auffi la plüpart de ceux. 
qui rendent de ces fortes de Vers. 
meurent peu aprés. 

Amatus Lufitanus ( 4 ) parle d’une’ 
petite fille , qui rendit un Ver long’ 
êz rond que l’on écrafa avec le 
pied, & du ventre duquel forti- 
rent aufli-tôt plufieurs autres Vers;: 
il ajoûte que la fille ne vécut pas: 
Jong-temps aprés. | 

Panarolus (b) rapporte deux 
exemples de la même nature, lun: 
d’un jeune homme de feize ans, & 
Fautre d’un jeune homme de tren-- 
te ; il dit que le premier devint 
heétique, & moutut aprés avoir 
rendu quatre mois auparavant , un 
Ver , dans le ventre duquel s’en: 
trouva un autre enfermé : que le 
fecond tomba dans une fievre ticr< 


LA 
(a) Amat. Lufit. cent. $, curat. 46. 
Gb) Panar, Pentecoff, $, Objerv. go 


des Pers 44% 
ce , & mourut au bout de dix-fept 
jours , après avoir été délivré d'un: 
femblable Ver. Nous avons rap- 
porté dans le Chapitre Il. Art. I. 
quelques exemples de Vers ainfi: 
remplis d’autres: Vers. 


En grande, ouen petite quantité: 


Quand ils fortent en grand nom-- 
| bre, le figne eft bon & mauvais. 

,- tout enfemble ; il eft bon, en ce’ 
que c’eft toujours autant de corru- 
ption de fortie, & mauvais en ce’ 
que ce grand nombre de Vers ne’ 
peut avoir été dans le corps, fans 
que quelques-uns ayent fait éro- 
fion aux inteltins : je dis , ayent 
fait Crofion , parce que quand les. 
Vers font en fi grand nombre, ils. 
s’affament les uns les autres, & que: 
les plas affamés ne manquent gué- 
re de s'en prendre au lieu qui les: 
renferme. 

. Aprés avoir parlé des moyens de: 
fe garantir des Vers, & avoir rap- 
porté les prognoflics qu'on peut ti-- 
_ rer dela fortie de ces Animaux. 
nous refte à-marquer les reme-- 


_ 


444 De la Génération 

des propres pour s'en délivrer. 
Nous obferverons qu'entre ceux 
qu'on a coûtume d'employer pour 
cela ,.il y en a debons, & de dan- 
gereux ; c’eft pourquoi nous:ferons 
un Chapitre exprès des remedes 
qu'il faut éviter , & un autre de: 
ceux que lon peut pratiquer avec’ 


A] 


fuccés. 
ARR SNS LAS à 
CHAPITRE VIII 


De certains remedes gw'on:a co4- 
tume d'employer contre les Vers: 
des intéfins ,. © quil faut 
ÉVIT ET +: | 


] L y abien de l'erreur fur le fait 
des remedes qu’on employe con- 
tre les Vers ; quelques Auteurs (4 }- 
gonfeillent levinaigre pour les tuer; 
d’autres la poudre de Vers deffé- 
chés , d’autres de l’eau où a trempé 
du mercure, d’autres le mercure er 
fubftance , d’autres la poudre nom- 
mée , Semen contra, d’autres le tabac, 


C@) Perdule, particul. Therap. Lib, III. cap: 2 re 
d’autres 


es Vers. _ 44$. 
autres l'éau-de-vie d’autres le 
fl ,:tous .remedes dont il eft bon 
‘dets'abftenir 1 2001, 
- Le vinaigre netue-pas toutes for. 
tes de Vers, & il y en a qu'il fait 
revivre quand ils méurenht, ainfi que 
mous:le rémarquerons dans le Cha 
pitre neuviéme. «D'ailleurs ,-CE qué 
nôus avons dit du vinaigre dans lé 
Chapitre fixième , fuffit pour-faire 
foupçonner qu'il pourroit bien être 
plus favorable que contraire aux 
Vers. « BAGRPQUL S 4 durroitet 
1 Lapoudre de Vers defféchés fait 
æendre , je, l'avoue, ‘beaucoup de 
Vers quand on en ufe quelque 
temps, mais ce font ceux qu'elle 
produits. Et comment n’en produi- 
roit-cile pas ;: aétant elle-même 
:qu'un amas. de: femences : à Vers 2 
Ainfi il ne faut pas tout-à-aitisen 
rapporter à ce (que les Auteurs nous 
-difent à l'avantage de cetté poudre, 
“êt à ce qu'en dit entr'autres Levi- 
aus Lemnius , qui,en parle comme 
du meilleur de tous les remedes. 3 
_P’eawou le mercure-a trempé eft 
“bonne contre les Vers ÿ Mais cont- 
ane ilen faüt.ufer-plus d'une fois: 
Tomell, E 


EN 


446 De la Génération 

pour q qu'elle fac fon effet ,ilarri 
ve que les parties fubtiles du-mer- 
Cure qui ÿ {ont mélées, : offenfent 
à la longne le genre nerveux » & 
caufent des tremblemens, Jajoûte 
à cela que la plüpaït des Malades, 
à qui j'ai fait prendre de cette eau, 
fe font plaibs à moi:qu elle leur 
haidoit des pefanteurs d'eftomac , 
&c des gore trés-incommor 
des. 

Le inercure: préparé que l'on 
pr end en fabftance , s'appelle Aqui- 
la.alba, Où mercure doux ; On en 
donne fix; fept, huit  & jufqu'à 
vingt ê& trente grains, felon les 

ges & les tempéramens, dans quel- 

ue conferve. Ce remede pris feul , 

eut caufer le flux de bouche, étant 
pue réitéré. Ainfi ileft bon de 
le méler avec quelque pürgatif 5 
autrement on doit l'éviter, ou 
moins n'en pas faire un ufage fami- 
lier, siln'ya quelque foupçon de 
Vers vénériens 3 Car alors le mer- 
çure doux .eft à con (eiller. 

” Le Semen-contra €ft contraire 
aux Vers; ‘mais ‘ il eft en même 
| Hem ps popraïte aux Ma Mais ven 


FL — des Vers. AR 
# échaufe confidérablement: ROLE 
peut caufer des fiévres violentes, 
Quelques. perfonnes difent que fi 
l'on met de cette graine dans du 
pain chaud ,elle y produit une fort 
grande quantité de Vers; ce pour 
roit bien être une fable. Je né dé» 
|. cide-rien néanmoins B-deffus, 
| — Pource qui.eft du Tabac. je ne 
prétends pas nier qu’il ne puiffe être 
| Le contre les Vers; mais sil à 
| quelque vertu contre cette mala- 
die » Ceft par un endroit, qui le 
rend en même temps trés-dange- 
feux; çar il contient en lui-même 
un fel cauftique fi mordant, que 
ce fel:confime même les chairs les 
plus dures qui s’'amaffent dans les 
ulcéres: enforte que fe mélant avec 
la falive qui coule dans l'eftomac, 
tre mêle elle-même avec 
des alimens , il en pañfe une partie 
dans les inteftins avec le chyle ,.& 
te autre fe difiribue avec le fang 
tout le corps, d'où il arrive que 
pe 2 d que foient les Vers, 
il'eR- difficile FER échappent à 
action de ce fel ; qui eft porté par 
tout: Mais ce même fe} ph rend 
| ij 


{ 


44% De la Génération | 

Île rabac ‘bon contre les Vers , le 
rend en même temps sérnicieux au 
Corps 5 car il picote 1 violemment 
les parties tendres ëc délicates , où 
il s'attache, qu'il les relâche & en 
dérange toute la tiflure ; il excité 
auffi à la longue dans les nerfs, 
des mouvemens convulfifs , qui ap> 
prochent fort de ceux de d’épilep- 


fie ; ainfi que leremarque M. Fa: 
gon dans {a fcavante Thefe fur le 
Tabac ; d'où je coûclus que Îles 
maux que produit le tabac ; quand 
on en ufe fouvent , étant beaucoup 
plus grands que les avantages qu'on 
en peut retirer contre les Vers , on 
n'en doit point confeiller le fré- 
quent ufage dans cette maladie. 
J'ajoûte à cela avec de célébre Mé: 
decin que je viens de citer, qu'il 
y a dans le tabac un fouphre nar- 
ae encore plus dangereux que 
fon let. Ce fouphre eft dela ina: 
ture de celui de l'opium , qui’fe 
diffout également dans l'huile ; dans 
Y'efprit ; dans les fels , & dans l’eau; 
ce qui n'arrive pas aux autres fou: 

hres. Le fouphre du tabac étant 
donc de ce caractere ; on'eft pas plie 


? + 
ie . des Vèrs' _ 448 
tôt cñtré dans le corps, qu'il s'y 
diffour par le moyen de la lymphe, 
ou-de l'efprit qu'il y rencontre; 
& alors débarraffé des féls qui le 
lioïert ,; fes parties branchues s’en 
gagent les unes dans les autres ,; & 
caufent des obftruétions & des en“ 
gourdiflémens , qui ralentiflent. lé 
cours des efprits animaux. Ainft; 
felon Ha: diverfe difpofition. des 
corps ; Faune .de ces deux chofes nœ 
manque: prefque jamais d'arriver ÿ 
ou les fels piquans du tabac déchi- 
rent les parties, & en rompent la 
tiflure, ce quine peut que hâter 
ruine du corps; ou les fouphres 
narcotiques , dont ilefcompofé, 
ralentiffent lé mouvement ékr fang;, 
& par ce repos caufent des apo- 
pléxies, & fouvent , comme Je 
remarque le même M. Fagon,, des’ 
morts foudaines ow prématurées, 
Cene font point iei des conjectu- 
res fondées fur des idées de’ Cabi: 
ner, ce font des faits certains; en 
 Yoiciurentrautrés qui mérite d'étre 
fematrqué. , , STE 
En: 1606. dans la rue S. Denis au 
Sépulchre ; je traitois un. Malade 
E iij 


so De la Génération | 
qui tomboit fouvent d’apopléxiés 
aprés l'avoir traité quelque temps, 
fans qu'il reçut tont le fouligement 
que je m'étois promis, jappellaren 
_confultation M. de Saint - Yon, 
Docteur de la Faculté de Méde- 
cine de Paris , lequel ne trouva pas 
à propos de rien changer dans les 
_remedes que j'avois prefcrits.; mi 
dans Ia méthode que je fuivois:: Jé 
€ontinuai done , maïs le mal s'opt- 
piâtrant toûjours , comme le Ma- 
hide ‘prenoit beaucoup de tabac, 
je craignis que ce fouphre narcoti- 

ue n’agît trop fur lui, ouque ce 
4el à force de picoter les parties du 
cerveau , ne les tint trop relâchées:; 
& qu'ainfi, ou ce fel ou ce fou- 
phre , ne fût une des principales 
œaufes de la maladie. Je confeillai 
donc au Malade de fe defaccoû- 
‘tüumer peu à peu du tabac, & de 
s’en abftenir enfuite abfolument > 
ail fuivit mon avis , & äl n’eut pas 
été un mois fans en prendre, qu'il 
4e porta mieux, fes attaques furent 
moins fréquentes & moins longues, 
& au bout de fix mois il fut guéri. 
+ Comme la Thefe que M. Fagon 


Teen rene LA 
ä donnée fur le tabac , fait voir at 
long tous les aëcidenis que peut caus 
fer Le fréquent ufage de cette plan- 
te, j'ai cru que les Lcéteurs feroient 
bien aïfes de trouver cette Thefe 
dans cc Livre : Je l'ai traduite én 
François à la fin de ce Volume. 
:: Bontekoé.eft du riomibre de ceux 
gi ‘recommandent le tabac contre 
les Vers ; il le regarde même com- 
me un des plus furs moyens de pro 
longer la ‘vie. CetAuteur a tou 
jours des fentimens qui lui font 
particuliers ; il 'oùtre les chofes , 
jufqu'à dire que comme on doit 
continucllement refpiter l'air, on 
doit aufi recevoir fans céffe la fu- 
mée du tabac , qui ne nous eft pas 
Moinsutile , dit-il, que la refpira» 
tion. Il ajoûte que les femmes doi- 
vent fumer aufli, &c que d'ailleurs 
c'eft un parfum fi agreable, que 
ceux qui jugent des chofes fans: pré: 
jugé, le:préférent à tous les autres, 
Ce difcours eft trop outré pour 
mériter qu'on lerréfute & 11 ct 
aflez digne d’un homme, qui ne 
fait pas difficulté d'avancer: dans 
ün autre endroit de fon. QBNTIGE , 
{v 


452 De la Génération 
que la tempérance n’eft pas üne 
chofe fi néceflaire à la fanté, & 
que quand-onamangé avec: excés 
comme la faim tarde davantage à 
venir, & qu'ainfi Fon:prend moins 
d’aliment dans le repas fuivant , il 
arrive qu'on n'en à pas trop pris 
pour tout un jour; aprés quor ik 
ajoûte, qu’à bien juger des chofes:, 
Fintempérance n’eft point nuifible 
ælafanté: (a) 20 ciel 
- Quant à l’eau-de-vie ; commé 
elle eft plus capable d’épaiflir les 
humeurs, que de les fairecirculer ; 
elle ne fçauroit étre bonne contre 
les Vers : le principe eft certain: 
Mais on doutera' peut-être que cet= 
tereau :foit telle que nous difons:; 
c'eftidire, qu'elle épaififfe des 
fucs de notre corps , au lieu de les 
difoudre » & c’elt ce qu'il ef facile 
de prouver. IE eft fi peu vrai qué 
l'eau-de-vie:fubtilife les humeurs; 
ue fi l’on en feringue feulement 
x onces dans la veine: jugulaire 
d'un Chierr, on lui trouvera un 
moment aprés , les poumons rem: 
plis de grumeaux de fang coagulé. 
(a) Bontechoé » Paré. 3 Chap. 4 | 


iodeh Pen 45% 
É’eau-dé-vie épaiffit la glaire d'œuf: 
fi l'on en tient quelques gouttes 
dans la bouche , elle coagulo la fa- 
live’, & la. fait devenir comme en 
ecole. H y a dans Peau-de-vie un 
acidé dominant, qui fair même 
qu'elle arrête le fang: des plaies: 
ceftdoncune erreur de croire qu’el 
le fabtilife les-fucs denotre corps. 

Au regard du‘ feb, ceft-le fenti- 
ment commun qu'il eft bon contre 
les Vers; mais on fe trompe. Ees 
Poiffons de mer font attaqués de 
Vers comme ceux d'eau douce. Le 
fromage le plus falé n’en eft pas 
exempt , témoin le plus fort gruye: 
re , & le Rochefort. Ainfi ceux-là 
fe trompent, so fe guérir , ou 
“e préferver des Vers, mangent tour 
res leurs viandes extrèmement [2- 
les. Il feroit même facile de mon» 
trer que l'ufage exceflif du fel pro- 
duit des: défordres dans le: corps, 
qui peuvent être très-favorables: 4 
la génération des Vers ; mais: cela 
noùs Écarteroit. NÉ AE 
: Il y a un autré remcde dont j'ai 
vu quelques perfonnes fe fervir, fi 
toutéfois on peut l'appeller un Le 


+ 


4S£ De la Génératiôi | 
mecde ; c’eft de boire de lea daté 
laquelle ayent trempé des écorces 
vertes de noix : ce que je püuisaflu- 
rer de ectte eau, e’eft, qu'elle n’& 
d'autre effet que de béaucoup é- 
chauffer, & qu’elle ne chafle du 
corps aucun Ver. La raifon pour- 
Quoi on a cru qu'elle pouvoit. tuer 
les Vers du corps, ou les chafler, 
c'eft que fi l'of en jette dans un 
jardin , on voit aufli-tôt tous les 
Versde l'endroit où l’on én'a jeté; 
fortir en foule, (4) ainfi que le rap= 
porte Chürles Etienne dans {on 
Agriculture, Erafme daïis fon Col- 
Joque fur la Chañe, dit la même 
thofe ; (4) maisil fe peut bien faire 
que ces Vers fortent ainfi, plütôt 
attirés que chaflés par cette eau, & 
qu'ils viennent fur terre, comme 
ôn les y Voit venir lorfqu’il com 
mence à pleuvoir, & comme :ort 
Voit les Poiflons fauter au-deflus 
de l’eau quand: la fraîcheur de 1x 
Auit s'avance. On peut oppofer que 
cette eau étant fort amere , il ft à 
€roire que lorfqu'’elle fait fortir de 
a) Carol. Steph. Agricult. Lib, 3, Cap ape 

"6b) Erafm, Collog. im venar, CLAÈLLe 


: Rs Vos,  #5$ 
térré les Vers, c’eft plûtôt parce 
que les Vers la fuyent, que parce 
qu'ils la recherchent. Je réponds à 
cela que toutes les chofes ameres n6 
font pas contraires aux Vers ; & 
encore moins à toutes fortes de 
Vers ; témoin l’abfynthe , dont la 
tige & les feuilles (ont toutes COU- 
vertes de petits Vers, ainfi qu'on 
sen peut convaincre par le microfs 
éope. : | 
- Mr Baglivi rapporte quelques ex 
pre qu'il a faites fur les Vers ; 
. lefquelles , felon lui, peuvent beau: 
éoup fervir à nous faire connoître 
Pinutilité ou le peu de force de cer+ 
. tairis remedes. | La 
“En 1694. à Rome, il prit des 
Vers vivans fortis du corps d'un 
Malade , il en mit quelques-uns 
dans de l'efprit de vin, oùilsvé- 
éurent cinq heures enticres; il en 
mit d’autres dans du vin, d’autres 
dans ane diffolution d’alôës ; d’ex= 
trait de chamædrys , & de tabac, 
& ils y vécurent neuf heures; il 
en mit d’autres Le foir dans de l’hui- 
Je d’imandes douces, & il les trou 
va en vic le lendemain matin, mais 


6 De Ha Génération 
Hnguiffans; d’autres dans dujus 
fHimon!, & le jour fuivant ilsétoiens | 
éncore fort vigoureux > d’autres 
dans un vaifleau à moitié plein de 
mMercuré, &c il les trouva vivans le 
léndemain; qui tâchoient de gagner 
ke haut durvale. (4) : wow 
- M: Rédy rapporte aüfli-plufieurs 
expériences de'cettenature,-par lefs 
quelles: 1 prétend prouver que la 
plüpart des remedes qu’on employs 
contre les Vers, doivént être. évi- 
tés, ou comme dangereux:ou coms 
me inutiles. Le fentiment commun 
eft que Faloës:, la-coralline, la thés 
æiaqué , le mithridate, l’orviétan 
& plufieurs autres médicamens defs 
agréables’, font éxcellens contre: 
les Vers : que Le fuere aucontraire:; 
le miel, les fruits font pernicieux 
dans cette maladie; mais Mr Rédy 
foûtient ( nous verrons fi-c'eftaves 
raifon',:) qu'on-fe trompe en' cela; 
& qu'ik n'y a rien qué les. Vers 
fuyent davañtage , que lé fucre, le 
iiel-&e les fruits. Pour le prouver, 


LA 


fa) Georg.  Bagliv. de prati medicd ad. veraré | 
ob erv., rakion. revocand, Cap.'9. Aït. de Luxibrice 
fuétors L OR DEV 


des Wers. 457 
ji rapporte diverfes expériences 
qu'il à faites fur les Vers de terre , 
ne doutant point que ce qui eftcon- 
traire à ceux-ci, ne foit également 
éontraire à ceux du corps. Voici 
quelques-unes de ces expérien- 


Premiere Expérience: 


H mêla de la terre avec de la thé- 
riaqué , & da mit dans un vaifléau 
de verre ; puisil yietta quatre Vers 
deterre , qui ny furéntpas plûtôr, 
qu'ils {e cacherent dans la terre, 
MiRédy vingt-quatre heures aprés, 
ajoûta de la thériaque, les Vérs de- 
meurerent toûjours tranquilles ; ik 
augmenta peu à peu la dofe pen- 
dant quatre jours, mais cela ne {er- 
vit de rien, & les Vers n'en furent 
pas moins vigoureux. Il fit la même 
“expérience avéc du ‘mithridate:ê 
de l'orviétan ; ‘elle né réuffit: pas 
mieux. Après céla, dit Mr Rédy ; 
dans quelle erreur n’eft-on pas de 
y. 1 18 SR MONTRE IUT Et 
« (a YFrantifei Redy y de. Animalculis que in core: 
os PRE uen SPÉNUN  RAFIR 


2 LE ; 


458. De le Génération | 
battre les enfans pour leur faire. 

prendre de la thériaque ou du mi- 

RAR contre les Vers? Il avoue 
néanmoins que fi on met des Vers 
dans de la thériaque mêlée avec de 
l'eau , ils y mourront ; mais il pré- 
tend que ce n'eft qu'à caufe que le 
miel qui entre dans la thériaque, 
venant à fe détremper , touche 
plus immédiatement le Ver; & il 
avertit qu'il vaudroit bien mieux 
donner du miel tout pur aux en- 
fans, que de leur faire avaler une 
aufli grande quantité de chériaque 
qu'il en faudroit, pour que le micl 
qui entre dans cette compofition , 
pût produire dans le corps des Ma- 
EME le même cfilct qu'il produit 

hors. | 


Seconde Expérience, 


- I délaya de bon miel d'Efpagne 
dans un peu d'eau, & il y jetta 
quatre Vers qui y moururent en 
moins d’un quart d'heure ; il réitera 
la même expérience fur plufieurs 
autres , qui moururent prefque tous 


En auffi peu de temps. Après cela 


mn des Vers: 459 
dit-il, comment ofe-t'on foûtenir 
que les chofes douces nourrifflent 
les Vers ; & pourquoi ne pas don- 
ner de l’eau miellée aux enfans qui 
ont des Vers , plütôt que.de leur 
faire avaler tant de breuvages 


Le 2 


ämers qui les révoltent? 
Troifiéme Expérience, 


I mit des Vers de diverfes grof- 
feurs , dans de l’eau fucrée : les plus 
petits y moururent en une heure ; 
& les autres en deux. Mais ce qui 
fait bien voir, dit-il, combien le 
fucre eft ennemi des Vers, ceft 
que fi vous jettez fur un Ver, du fu- 
cre en poudre , le Ver meurt pref- 
que aufli-tôt. M, Rédy remarque 
ici que les fangfues craignent auffi 
le fucre, & que fi on les met dans 
de Peau fucrée , elles y meurent 
| avant vingt-quatre heures, 


IL jetta quatre Vers dans une dif- 
folation d’aloës ,: & les y laiffa 
vingt-quatre heures, après quoi 1} 
s'3 ; 


460 De la Génération 
fes retira tout vivans, & des mit 


dans de la terre où il avoit mêlé de 
Faloës, ils y vécurent plufieurs jours. 


©: Cinquiéme Expérience. 
Mâchez quelques morceaux de 
pommes, de poires, d’abricots, 
‘puis mêlez quelques Vers dans ce 
que vous aurez mâche, ils y mour- 
ront en peu d'heures. 

: Comme ces expériences ont été 
faites fur des Vers de terre, lacon- 
féquence qu’en tire MrRédy pous 
des Vers du corps, .pourroit bien 
n'être pas affez jufte 5 il l'avoue lui- 
même : mais ildit fur cela , que 
comme on trouve plus aifément 
des Vers deterre, que des Vers du 
corps , illui a été plus facile de faire 
fur ceux-là, fes expériences. H en 
xapporte néanmoins quelques-unes 
qu'il a faites fur des Vers du corps; 
& comme elles font en cela même 
de tout&une autre force que lesau- 
tres, nous rapporterons (4) les prin- 
cipales. EST 


£ () Nous avons déja rapporté. tout cela dans de 
x feptiéme Journal de 17094 mais nous y répon- 
DFI 17 GÉNIE SONO 


+ 
Es 


1 ne Pert. st 461 
7,19 Des Vers du corps mis dans 
de l'eau froide, y ont vécu les uns 
foixante & les autres foixante & 
deux hetiress… Ion EITE 
‘12%, Dans de Peau où l’on avoit: 
jetté une grande quantité de terre: 
figillée, ils ont vécu autant ;: la terre: 
figilléc cependant pañle pour être 
ün bon remede contre les Vers. :: 

3°. Dans de l’eau de fleur d'o-- 
| range, &: dans de l’eau-rofe, ils: 
|, font morts’en-dix-heures.. À 
|: 40: Dansde l'eau fucrée ,épaiflie- 
Æh confiftance de julep, ils ne vi- 
“Vent: pas plus’ de trois: ou quatre: 
camees:0 dal nl cu à EN 

5°. Si on les met'dans du vin, ils: 

ÿ RER Haois prés de deux: 
Jours, au lieu que les Vers de-terre: 
ÿ meurent: prefque d'abord: 

: 6, Dans de: Feau où l'on:avoir 
‘broyé de la coralline;, ils ‘ont vécu: 
plus de foixante heures, &. dans 
une infufion-d’aloës; plus de trente... 
| M Voilarles expériences les. plus: : 
} -confidérables queMrRédyait faités: 
| “pour découvrir ce qüi-peut-être com 
| traire aux Vers; (4) mais ces cxx 

(a) Francifci Redy, de Animals pin cor 

rome IL. E 


467 De la Génération 
périences de Mr Rédy & celles de 
Mr Baglivi ne font point aufli dé- 
cifives qu'ils l'ont cru, pour la con- 
clufion qu'ils en tirent. Car il fe 
pent bien faire que certaines chofes: 
dans lefquelles on aura jetté des- 
Vers fans qu'ils y meurent, on qu'ils: 
en foient contrariés , tuent ou Con- 
trarient néanmoins les. Vers lorf- 
qu’elles feront entrées dans le corps, 
parce qu'alors étant mélées avee les: 
ca de l'eftomac ou des inteftins., 
elles peuvent par le moyen de ces 
fucs qu'elles rencontrent , acquérir 
une qualité contraire aux Vers: Le 
vin mêlé avec du lait , ou avec du: 
bouillon, et à plufeurs de ceux 
qui aiment l'un & l'autre féparé- 
‘ment ; un breuvage infupportable. 
L'eau de pourpier. tout de même , 
& plufieurs autres dans Jefquelles: 
mous voyons vivre fi Jong-temps: 
les Vers que nous y avons: jettés 
peuvent Être contraires à ces Ani- 
maux, lorfqu’elles font mêléesavee- 
les différentes Pre qui fe ren- 
_contrent dans l'elomac & dans les: 


poribus Animalinm wivornm: reperinntir 3 Obfervaz 
Pig #65+ | 


F4 des Pers: #68 
inteftins.: De plus, par le mélange 


. de certains fucs , qui feuls ne feront 


point contraires aux Vers, il peut 
fe faire des fermentations capables 
de les chafler ou de les tüer. Tettez 
de l'huile fur de’ l4 chaux, nulle: 
ébullition’: jettez-y de l'eau, ils'ex 
cite une fermentation violente: J'at. 
joûte à cela qu’à l’occafion de cet. 


 taines chofes avalées qui entrent 


dans les inteftins, ces inteftins font: 
capables de plufieurs mouvemeng: 
qu'ils n’auroïent peut-être pas: fans: 
cela: Or de ces mouveniens il peut: 
ÿ en avoir quelques-uns qui déta- 
chent lés Vers’ adhérens aux meme 
branes des inteftins, & les chaffenr: 
plus infailliblement que ne fair l'ir- 
fitation de certains purgatifs,. qui 
des corpsmême les plus remplis de: 


Vers ; ne chaffnt fouvent aucun 


Ver’, & qui ne purgent que leshu- 
meurs & les excremens, :, 11 
De plus, les diflolvans de l’efto- 
Mac en agiffant fur les médicamens 
jue nous avalons', en tirent des 
ubftances qui fotivent-oñt une qua 

Eté toutéantre que colle des medi- 
éamens d’où’ ils les" cirént. Si l'om 
EF 


464. De la Génération 


met, parexemple, dans une difo 


lution-d’aloës , des Vers de terre, 
ils y vivent long-temps ; mais fion 
Les jetre dans un verre d’eau, où l'on 
mette feulement une goute d'huile 
d'aloës;. on les voit fur Le champ 
faire des contorfions incroyables’, 
£ battre les flancs avec les deux 
extrémités de leurs corps, puis tom- 
ber morts tout à coup au fond du 
weïre; l'expérience el conftante ; 
je lai faite plufieurs fois. Cela pofé; 
ikn'efbpas étonnant:qu'une dofe d'a 
Joës ; qui étant difloute dans un:peu 
d'eau , ne: fera pas-fuffifante pour 
tuer , ni peut-Ctre même, pour ins 
comm'oder des Vers quon-yjettera, 
puiffe néanmoins étantavalée , tuer 
eu: chañler les: Vets qui feront dans 
Le: corps ; il:n‘y a pour Îe compren- 
dre, qu'à: fuppoler une chofe très 
xrai-fémblable ; quieft que cette 
huile , ou autre fubftance équivar 
lente; vienne à fe féparer de F'aloës, 
par-l'opération des. diffolvans ds 
l'éftomac, laquelle furpañle en ver 
tutoutes Les opérations de Chymie: 
.… Quant au miel. & à l’eau fucrée; 


où les Vers: meurent, En, pou: de … 


Lan. desRete ve UA46S 
temps, il y a tout lieu de’ croire 
que.ces. Infeëtes n’y périflent que 
parce qu'ils s'eneny vrent.Or quand 
en avale du miel, ou autre chofe: 
femblable dont les Vers s'accom- 
modent , onn’enavale pas ordinai- 
rement afflez, pour que ces Vets 
puiflent s'en enyvrer & y. étre fub- 
mergés : ils s’en nourriflent feule- 
ment. On dira peut-être quil ny 
a qu'à avaler tant de miel que lés 
Vers sen ere && s'y noyens. 
É’expédient feroit bon, s'il ne $ÿ 
agifloit fimplement que detuer ou 
de chafler les Vers ; mais ikeft aifé 
de voir qu’on-ne pourroit ,fansnui- 
re à fa fanté., avaler la' quantité de 
miel: qui feroit néceflaire pour que 
es Vers s'y noyaflent :dans- notre 
corps. Voilà ee que j'avois à re- 
marquer fur les remedes qu'il eftà. 
propos. d'éviter: ; pafñlons .à. ceux: 
qu'ilcft à propos de faire, 


466 De la Génératioh 4 
GRAS RERO 
CHAPITRE IX.. 


Des Remedes propres contre toutef 
fortes de Vers du corps humain. 


Y Omme fes Vers du corps hu 
| main, _ainfi.que nous l'avons: 
obfervé , ne naiflent pas tous dans 
les inteftins, mais que plufieuts s'en- 

-gendrent ou’ réfident dans la: tête. 
dans le foie, dans le'cœur, &c. 
nous partagerons €e Chapitre en: 
deux Articles. : Dans le premier 
“nous marquerons les Remedes pro- . 
pres contre les. Vers qui occupent 
d’autres parties que les inteftins 5: 
& dans le fecond ; les remedes 
propres contre ceux des inteftins. 


dés Vers . 467 


2 


= © 


ARTICLE PRÉMIER: 


Remedes contre les Vers exentérax 
:Ceft-a-dire ; qui font ailleurs que 
° " ‘danslesinteffins: 
æ És Vers éxentéraux fe divifent 
en cinq clafles:, comme nous: 
Favons vu ; fçavoir’, r°.les Encé- 
-phales ; proprement dits. puis les: 
inaires , les Ophthalmiques, les: 
Auriculaires & les Dentaires.. 2°. 
Les Pulmonaires ,. les’ Cardiaires . 
Jes Sanguins , les Véficulaires & les’ 
… Élcophages. 3°. Les Cutanés ; fça- 
‘voir; les Crinons ; les Cirons, les: 
Bouviers, les Soyes, les Talpiers & 
les Toms. 4°. Les Umbilicaux & 
es Vénériens. . $°. Les Oefopha- 
“giens , & les Spermatiques. 
Parmi les Vers de ces cinq'clafes 
‘n’y a que ceux de la premiere , de’ 
a feconde:, de la troïfiéme, & de’ 
hi quatrième’, qui foient nuifibles: 
aucorps. Les autres ,ainfi que nous 
Favons remarqué plus haut, font re: 
gardés comme amis du‘corps:,, & 


* 


468  Deta Génération HAS 
pour cette raifon , n'ont pas befoir 
de remedes; c’eft pourquor nous ne 
lescomprendrons pas ici 


… Reñiedes contre les Kers: Encéphales 


Les Encéphales proprement dits 
éelt-à-dire, qui s’'engendrént dans: 
Te cérveatt ou fur fes menibranef, 
font très - difficiles à chafler ; vu 
qu'il ne peuvent fortir par le nez; 
qui eftlaiculeiffüequ'ils pourroient 
avoir, s'ils en avoient'quelqu'une. 
D'un’ autre côté, fi par Feflet de 
quelque’ remiede ;: ils viennent à 
mourit dans latête, ils n'y peuvent: 
caufer qu'une corruption capable de 
tuer les malades. Ainfi de‘quelque 
mañietb:que loir confidere:la cho 
fe ; ce mateft d'urie.difficile guéri- 
Lon ; je dis difficile , car abfolument 
parlant; il n’eft pas mourable, ëc 
Schenckius (4) prétend qu'un excel-" 
lentremede contre cesVers ef le vin: 
‘de Malvoifie dans lequel ontbouik- 
-H'des raiforts-Onren donne an ma-' 
lade: une fuffifante quantité à jeûn: 


P La Séhimckilibi >. Obferv, Med, de capit. dolor. 


Nous: 


. des Vers. 469 
Nous avons parlé de ce remede 
dans l'Article premier du Chapi- 


tre troiliéme ; de fçavoir comment 


ce vin ou autre remede quel qu'il 
foit, peuttuer le Ver, fans que {e 
cadavre de cet infeéte caufe dans le 
CCrvCau aucune corruption mot 
telle, c'eft ce qui ef trés-difficile. 


Contre Les Rinaires. 


Les Rinaires , c’eft-à-dire, ceux 
qui font dans la racine du nez, peu- 
vent être chaffés par des errhines : 
le fuc des feuilles de Bétoine tiré 

at le nez eft bon pour cet effet, 
A poudre de Bétoine, & celle de la 
plante nommée par les Botaniftes 
Doroticum plantaginis folio , font en- 
core de bons remedes dans :cette 
occafion , étant pris parle nez. Le 
Dororicum plantaginis folio, eftrare , 
& 1l faut prendre garde de s’y laifler 
tromper. Comme j'en ai une gran- 
de quantité que j'ai cucillie moi- 
même aux environs de Plombiere, 
où élle croît en abondance dans les 
prairies ; j'en ai fait diverfes expé- 
ricnces , & je puis dire qu'il n’y a 

Tome IL. G 


470 De la Génération | 
point de fimple qui foit fi bon que 
celui-là pour dégager fans émotion, 
le cerveau par le nez. On peut met- 
tre la fleur de cette herbe dans le 
nez, foit fraîche ou féche, comme 
Jon veut ; une pincée fufhr. Elle dé- 
charge beaucoup de pituite , non- 
feulement par le nez , mais encore 
par la bouche, & elie foulage con- 
fidérablement le.cerveau. On n'en 
Açauroit trop confciller l’'ufage aux 
perfonnes replertes , & à celles que 
la pituité incommode. 
L'huile, & felon quelques-uns, le 
tabac , font fpécifiques contre ces 
fortes de Vers. | 
Il faut fe rappeller là-deflus les 
deux hiftoires que nous avons rap= 
portées depuis la page 75. jufqu’à 
la page 88. On y voit de quelle 
maniere ont té chaffés deux Vers 
Rinaires du nez d’une femme, l'un 
ar du tabac , & l'autre par de 
huile. “ de. 
“Voici.ces deux faits en abrcgé ; 
«°. cette femme donc il eft parlé 
dans la premiere hiftoire, rendit 
{on Ver après avoir mis inutilement 
gnufage pendant quatre années tour 


ter 4? 


des Pers. 47% 


tes fortes de remedes , excepté le 
tabac, qu’elle s’avifàa de prendre au 
bout de ces quatre années » & dont 


elle ufa l’efi 
LL. ‘prit en pou 


ace d'un mois. Elle le 
re par le nez, & à péi- 


|: ne le mois fut-il fini, qu'ayant un 


|_=Matin éternué avec cflort , elle 
| moucha fon Ver, qui forti tout 
roulé en pelotton. Voyez la page 
75- où la chofe eft contée au long. 

| 2”. Cet Officier dont il eft arlé 
| dans la feconde hiftoire , rendit le 


tes 


fien de le moyen de quelques gou- 
‘huile d'amandes douces qu'il 
{e fit verfer dans l'ore 


ille gauche, 


où fon Ver, RES logé dans le 


nez, lui caufoit un 


ourdonnement 


<onfidérable , ce qui ne laifloit pas 
foupçonner au malade , d'avoir un 
Ver dans le nez. | 
Nous avons rapporté aprés un 
habile Phyficien , page 87. de 
quelle manicre ce Ver étant dans 
le nez, à pu être chaffe par un re- 
mede infinué dans l'orcille. L’expli- 
cation eft méchanique , & peut 
|. beaucoup fervir dans là pratique de 


Médecine , 


nous y renvoyons. 


Gi- 


472 De la Génération 
Contrerles Auriculaires. 


. Quant aux Vers des oreilles, ce 
font de bons remedes. pour les tuer 
ou pour les chafler , que lejus d’oi- 
gnon, ou,quelques goutes de vieille 
urine , melée.de miel , ou comme 
fenfeignen Diofcoride , Galien & 
Aerius, unpeu de fuc de Calamen- 
the : le lait de femme feryngué 
dans l'oreille eft encore três-bon 
pour les faire fortir : la fumée des 


n re 


chofes ameres, recue par lenez & 
par la bouche font aufli de bons fe- 
cours. Salmult rapporte (4) que ces 
fumées firent fortir un jour à un ma- 
Jade onze Vers par les orcilles. On 
peut faire des parfums avec la fe- 
mence de Jufquiame & la cire , ré- 
duites en petites bougies , qui Ctant 
jetrées fur Les.charbons, rendent une 
fumée excellente contre ces Vers : 
on l’introduit dans Îles oreilles , par 
le moyen d’un petit entonnoir. 

Mais pour bien juger de ce qui 
peutréufir contre les Vers des oreil- 
HA , il faut examiner ce qui peut 
: CA] Salmult, cent. 2. obferv. 3 9e | 


? 


des Vers 473 
#éüfir contre les perce-oreilles lort:- 
qu'il y en eft entré quelqu'un : il fe 
préfente fur cela une expérience qui 
ne fçayroit être trop confultée. Le 
perce-oreille n’entre dans l'oreille, 
& ne s y plaît quand il y eft entré, 
de parce qu'il y eft attiré par le 
uc même qui fe trouve dans Foreïl- 
le; & le Ver qui eft produit dans 
Vefïeille ne s'y produit non-plus &z 
n’y demeure , que parce que l'hu- 
meur conteriue dans l'oreille leur cft 
favorable. Ainfi ces deux fortes de 
Vers peuvent être regardes comnre 
de même nature par rapport à ce 
Je peut réuffir pour les faire fortir 
e l'oreille. Cela pole, voici l'expé- 
‘rience dont il s'agit. On y trouve- 
ra en l'examinant dans toutes fes 
circon{tances, une lecon fidéle de 
ce qu'il elt à propos de faire ou de 
nc faire pas contre les Vers Auricu- 
laies. qu 
En 1723. au mois de Mars, dans 
le Bourg de Domard, Diocéfe d’A- 
miens, un jeune Garçon (4), âge 


(a) Lettres fur des Perce-oreilles , par M: de Sa- 
voye , Curé de S. Ouen, imprimées à Paris. Premiere 
. Lettreen 1725. Seconde Lettre en 1716. Troifiéme 


G 15} 


474 Desa Generation 3 
alors de neuf ans, fils de M. Laffite: 
Maître Chirurgien du lieu, fe plai- 
gnit d'un mal d'oreille, & dit qu'i 
croyoit avoir fenti entrer ; étant 
couché fur l'herbe, quelque petite. 
bête dans fon oreille droite. 

Peu de jours après on en vit for- 
tir un de ces infectes qu’on nomme: 
perce-oreilles, & quelques autres. 
jours après , il en fortit fucceflive- 
ment jufqu'à quarante. Le pere de: 
l'enfant furpris d’un tel évenement, 
fe mit à chercher quelle pouvoit 
être fur la terre la nourriture de 
ces. infeétes , &c il trouva qu'ils 
aimoient beaucoup une certaine 
pomme douce. Inftruit de cela, il 
mit de temps à autre à cet enfant. 
dans l'orifice de l'orcille , de petits. 
morceaux de cette pomme, ce qui 
parut avoir quelque fuccès, mais: 
les Vers ne délogeant pas affez vite, 
il voulut chercher quelque autre: 
Lettre en 1728. Quatriéme Lettre en 1731 chez: 


Guillaume Cavelier ; auPalais; Guillaume Cavelier: 
fils, rueS. Jacques ; la Veuye Piflot , Quay de Con 
ti; Jean de Nuili, au Palais, PAT 

Mercure d'Août 1725. pag. 1761. 

Mercure de Juin :726.pag.1355. 

Mercure de Septembre 1728. pag 2000; 

Mercure de Janvier 1731. pag. 58. 


| 


des Vers: 4TS 


iioyen. Il confulta pour cela les: 


Livres de fa Profeflion, & n’y trou- 


vant rien qui lui convint , il prit le’ 
parti de confulter les Médecins d’A- 
miens & d’Abbeville. Les uns lu 


ordonnerent d'introduire dans l’o- 


reille de fon fils , l'huile d'amande’ 


douce , l'huile de cumin , l’éau-de- 


vie; les autres, d’y feringuer l'eau 


de mercure , avec l'huile de. tére- 
benthine. Il fuivit ce dernier avis, 


& dés le lendemain , il vit avec 


étonnement fortir cinq de ces infec- 
tes par l'oreille gauche ; car aupara- 
vant ils ne fortoient que-par la droi- 
te. L'enfant en Re enfuite plu- 
fieurs autrés , après quoi il fut huit 


à neuf tnois fans reffentir aucune 
douleur ; & fans rendre aucun Ver, 
mais depuis la fin du mois de Mai 


172 5.-jufqu'au 24. Juillet de la me- 


me année , il en rendit indiftinétc- 
ment par l’une & par l’autre oreille, 


au moins cent vingt. 
. Les douleurs dont le jeune gar- 
con fe plaignoïit alors, & qui ne du: 


roient qu'un moment , fe failoient 
fentir , ainfi qu'il le défignoit, le’ 


lbng des mufcles cretaphyles, juf- 
Giv 


« 


476 De la Génération 


qu'à la future coronale , auffi-bierr 


u’à la furface coronale, depuis ka 
Fu jufqu’à la racine du nez. Il 
étoit d'une bonne fanté, & d’une 
complexion plus forte que les au- 
tres cnfans de fon âge. 11 avoit en 
cependant deux foibleffes depuis 
ces Jours-là., fans perdre la raifon, 
& fon teint devint plus blanc qu'il 
n'étoit auparavant. : 

Le pere de l'enfant tenta enfuite 
un nouveau remecde, qui fur de fe- 
ringuer dans les oreilles de fonfils , 
une expreflion d’amers. Ce remede 
fit d'abord peu d'effet, mais M. La£ 
fite, (c’eft le nom du pere) ne vou- 
Jant point y renoncer ,, crut devoir 
le fortifier par de nouveaux amers:, 
& y faire entrer une dofe d’eau dé 
mercure. Il er fit l'épreuve le pre- 
-mier Otobre 1725. & l'ayant con- 


.tinuée pendant fix jours, lui & fa 


femme virent fortir des oreilles de 
leur enfant pendant ces fix jours. 
quatre-vingt-deux Perce-orcilles , 
outre plufeurs autres qui furent 
trouvés dans fon lit ; &'il ne fe pafla 
prefque aucun jour, jufqu’à la fin 
de l’Automne, qu'il n’en fortit de 


æe 


+ des Vers. 477 
temps à autre , & même pendant 
THyver. | : 

_ Aurefte, parmile grand nombre 
de ceux qui fortirent en différens 
temps des oreilles de ce malade , il 
s’en trouva pluficurs qui étoient une 
fois plus gros que ceux qui fe trou- 
vent ordinairement fous les pots de 
fleurs , & dans les coins des fené- 
tres. : xl 
Un de ces gros: Perce-oreilles 
l'ayant fait beaucoup fouffrir pen- 
dant huit ou neuf heures , avant 
ue d'arriver à l’orifice de l'oreille, 
où il parvint enfuite, le jeune hom- 
me le voulut prendre, &enle pre- 
nant , il fe fentit violemment pi- 
qué à un doigt , cé doigt s’enfla à 
Pinfant , & il sy forma du pus. 
Une autre circonftance remarqua 
ble , c'elt que ces infetes fortoient 
des oreilles en reculant, &e faifoient 
d'abord paroître leur fourche où 
croiffant de derriere. 
= Lereémedetiré des amers & l'eau 
de mercure ayant enfuite paru trop 
forts à l'enfant, qui ne pouvoit plus 
Les fupporter , le pere eut recours à 


d'autres moyens. Un Prêtre du voir 


4, 


478 De la Générations jai 
finage lui confeilla l'huile de chene: 
ViS, mais avant que d'en feringuer- 
dans l'oreille, on vouluten éprou- 
ver la vertu-für plufieurs de ces in- 
feétes qui évoient fortis vivans , on: 
€n toucha plufieurs avec cette hui 
1e, & ils moururent fur le champ. ; 
Après une telle expérience on CG 4 
ringua de l'huile en queftion dans: 
ls oreilles de l'enfant, & il en for | 
tit plufieurs Perce-oreilles morts:. 
mais foit que l'huile de chenevis ne 
püt fe répandre dans tous les finus , 
où ils fe trouvoient renfermés, ou’ 
qu'elle ne foit pas aufli mortelle ,. 
qu'elle parut l'être d'abord par l'ex-- 
périence que l'on fit, la fource n’en 
tarit point. Ce qui obligea de fouf- 
fler dans les orcilles de cet enfant 
de la fumée de tabac & defouffte. 
Mais ce remede ne fut pas plus cfi- 
cace que les autres pour exterminer 
abfolument ces infectes, qui fe mul- 
tiplioient fans fn:. On s’avifa donc 4 
d'un autre expédient, qui fut d'appli-- 
quer aux orcilles des morceaux de 
poires de bon chrétien, pour attirer: 
ces infeétes ; & voici quel fut l'éve- 
nement. de. ce remede. Les Perce-- 


À des Vers. 479: 
ercilles venoient pendant la nuit 
manger ces morceaux de poires , 
| puis rentroient fi fubrilement dans 
| les oreilles , qu’il n’étoit pas pofli- 
ble d’en attraper aucun, quelque 
mefure que l’on prit pour cela. En- 
fin foit que le conduit par lequel ils: 
fortoient & ils rentroient aupara- 
vant füt depuis devenu calleux, ou: 
ESS quelque autre caufe , ils fuf- 
ent moins replies de fenti- 
ment , il y avoit déja long-temps 
que l'enfant ne les fentoit plus ni 
rie ni rentrer. Ce jeune homme, 
ui l’année de devant fouffroit peu, 
(ff enfuite beaucoup,"& cprou-- 
va une infommie prefque conti-- 
nuelle. Depuis Le commencement 
du Printemps. , le nombre de ces: 
petits animaux s’augmenta de plus. 
en plus. Mais voici un évenement 
bien extraordinaire, l'enfant s'étant 
fait par une chute une contufion fur 
le fourcil gauche , cette chute ou- 
-vrit un nouveau chemin aux Perce- 
oreilles , & il en fortit plufieurs. 
par le nez. | 
L'Hiftorien de ces faits eft M. 
de Savoye , alors Curé de S. Ouen. 


4$0 De la Génération se 

& Doyen Rural de Vignacoutt. 1}; 
font outre cela, certifiés dans le mê- 
me-temps par les Officiers de la Ba- 
rônnie de Domard , qui en ont été 
témoins oculaires (4). Il y a plufieurs 
réflexions à faire fur cette Hiftoire 
qui n'eft pas encore finie, & dont 
nous rapporterons la fuite quelques 
pages plus bas. Ces réflexions regar- 
dent les remedes que nous venons 
de rapporter , & qui furent em- 
ployës pour chafler les Pérce-oreik 
les ; dont il s'agit. À 

Les amers , dit-on dans cette 
Hiftoire , ayant fait d'abord peu 
d'effet , -on crut devoir les fortifier 
par de nouveaux amers, & alors on 
vit fortir pendant fix jours quatre- 
Vingt - deux Perce-oreilles , outre 
plufieurs autres qui fe trouverent 
dans Le lit de l'enfant. 


REMARQUE. 


Ori ne peut douter que les Perce- 
@rcilles n'aiment l’imertume , puif- 
que le dedans des oreilles étant enc 
dé , comme il eft, d’un fuc amer. 


Ca] Mercured’Août 1725, & de J uin 1736: 


des Vers. 481 

ui eft ce qu'on appelle Ceramen , 
LÉ laifent dans les oreilles. Cela 
polé, il eft à croire que les amers 
qu’on feringua dans les oreilles de 
l'enfant , n’en firent {ortir les Perce- 
creilles que parce que ces animaux 
accoururent à l'amertume qu'on 
leur préfenta ; enforte que fi'ceite 
amertume deur avoit été contraire, 
elle les auroit plütôtobligés à s’en- 
foncer davantage dansd'oreille qu’à 
en fortir. 1l.faut faire le même rai- 
fonnement de trous les Vers qui fe 
trouvent dans les oreilles. Ils ne s’y 
. plaifent que parce qu'ils aiment f'a- 
mertume qui y cft ; ainfi pour les 
atrirer dehors, il faut leur préfenter 
des chofes ameres , comme celles 
qu'on préfenta à ces Perce-oreiles. 
Il eft vrai qu’on dit dans la rélation, 
qu’ils fortoient en reculant ; ce.qui : 
 pourroit d’abord faire croire qu'ils 
TES ainfi pour éviter les atners, 
bien loin d'y accourir. Mais il y a 
bien plus d'apparence , qu'inondés 
de ces amérs qu’on leur lançoit avec 
force, ils ne fe tournoient de:la for- 
te, que pour défendre leur tête con- 
se l'abondance & la violence de 


“482 De la Génération 
‘'injeétion , & mieux goûter par:ce 
moyen la liqueur qu'ils recevoient. | 
On n'a point marqué quels étoient 
‘ces ameérs qu'on feringua ; on dit 
‘en général que c’étoit une expref- 
fion d’'amers qu’on feringua dans 
les oreilles , ce qui n’eit pas affez di- 
re : mais pour fuppléer à ce filence, 
nous croyons pouvoir avancer ici 
-une Chofe qui LR fans doute 
quelques perfonnes , mais qui ne 
Jaiffe pas d’être aufli propre dans le 
cas dont il s’agit, pour attirer de- 
hors les Vers des oreilles, qu'aucun 
autre remede que cepuifle être.C’eft 
de faire-un onguent avec un peu de 
ficl de bœuf , decire jaune, & de 
beurre, & d’enduire de cet onguent 
Tentrée de l'oreille ; c’eft une com- 
pofition qui imite l’enduit nommé 
cerumen, dont l'oreille eft revêtue 
en dedans , & par cela même elle 
ne peut, pour les raifons que nous 
avons âlleguées ci-devant , qu'être 
capable d'attirer les Vers. Du fiel 
-de bœuf pourattirer les Vers ! Quel 
remede , bon Dieu, s’écrieront là- 
deflus certainesgens.il eft vrai que la 
<chofe paroît extraordinaire , puif- 


des Vers. 483 
| «que Île ficl.de bœuf appliqué für le 
nombril des enfans qui ont des 
Vers dans les inteftins , fufit quel- 
quefois feul pour chafler du corps 
-CES animaux ; mais il faut confide- 
Ter que ce qui eff contraire aux Vers 
contenus dans les boyaux, ne l’eft 
‘pas pour cela à tous.les autres , & 
que les Vers Auriculaires fenourrif 
fant comme ils font dans un lieu 
‘plein d'un fuc amer , .& S'y trou- 
vantbien , ne peuvent être contra- 
_«riés par un remede qui a de l’ana- 
logic avec le fuc amer de l'oreille, 
Mais qu'au contraire ils doivent être 
attirés par là, comme par un appas: 
ainf c’eft une bonne méthode à fui. 
vre, pour faire fortir les Vers Au- 
riculaires , que de frotter legere- 
.ment l'entrée de l'oreille, avec l’on- 
-guent que nous venons de décrire. 
Quant à l'huile de chencvis que 

| Ton feringua dans les .orcilles de 
| J'enfant , comme cette huile con 
trarie plus que toute autre les Vers 
des orcilles, la bonne méthode dans 
ces occafions feroit de tirer l’hui'e 
par le nez ; elle s’infinueroit dans 
Torcille par le tympan , où il y @ 


484  Dela Génération | 
une ouverture qui communique au 
nez , ainfi que nous l'avons ,remar- 

qué pag. 75. 83. 84. parlant d’un 
Ver {orti par le nez, & elle chafle- 
roit par ce moyen, ces infeétes de 
foreille , l'huile ieur étant contrai- 
re; mais de la feringuer dans l'o- 
rcille, c'eft le moyen de les faire 
fuir jufques danse nez. Auf dit-on 
dans cette hiftoire que les Perce- 
oreilles, après qu'on eut feryngué 
l'huile dans l'oreille, n'en fortirent 
pas aufli abondamment qu'on S'y 
actendoit, & que ceux qui fortirent, 
étoient la plüpart morts. On ajoute 
dans la même relation, que l'enfant 
s'étant fait en tombant une contu- 
fion fur le fourcil gauche, les Per- 
ce-oreilles fortirent alors en partie 
par le nez. Ce qui confirme a re- 
marque que nous venons de faire 
touchant l'ouverture qui communi- 
que du tympan au nez: 

Au relte , il faut éviter de faire 
mourir les Vers dans le nez ou dans 
J'orcille , lorfqu’on peut les en faire 
fortir vivans , car leurs cadavres 
cauferoient une pourriture dange- 
_ reufe. I1 n’en eft pas de même des 


Vers 


| Vers desinteftius , On enñ voit aifé- 


\ 


des Vers. 48 
menñt la raifon. Au refle, les Perce- 
oreilles dont il s’agit, ayant été pro 
duits par le premier qui entra br 
l'oreille de cet enfant, & qui s’y 
donna famille, il n’eft pas étonnant 
que plufieurs d’entre eux fuffent de- 


venus plus gros que les Perce-oreil- 


les ordinaires, vu l’abondante nour- 
riture que dés qu'ils furent éclos, 
ls irouverent * cie cet endroit. 
Mais ce n’eft pas la principale ré- 
flexion qu'il y a ici à faire, Là plus 


importante , eft que ces Vers étant 


nés dans l'oreille de l'enfant, ce 
n'étoient plus de: Vers étrangers , 
mais de véritables Vers Auriculai- 
res ; enforte que les remedes qui 
ont reufli à les faire fortir , doi- 
vent être regardés comme de véri- 
tables remedes contre les Vers des 
oreilles ; & que ceux qui n’y ont 
pas réufli, doivent au contraire , 
être regardés comme des remedes à 


éviter contre les Vers Auriculai- 


res. 


| . Hfe préfente ici une grande dif- 


ficulté {ur la: fortie de ces Perce- 
orcilles ; qni d’abord fortoient par 
Teme II. 


486 De la Génération 

l'oreille gauche, & dont cinq for-- 
tirent enfuite par l'oreille droite. 
Quel: paflage- ceux-ci purent - ils: 
trouver. de l'oreille gauche à l'o- 
reille: droite ? Il y a lieu de croire: 
que l'huile de térébenthine chaffa 
d’abord ces.cing Vers dans le nez. 
par la petite ouverture que nous: 
avons dit être au tympan de loreil- 
le, & avoir communication avec: 
le nez. 2°. Que ces Vers étant dans: 
le nez, s’enfuirent de-là dans l'oreil-- 
le gauche, par l'ouverture du tym- 
pan de cette’orcille: ouverture. à. 
la vérité bien petite, mais qui peut 
fans doute. prêter , s’élargir dans le: 
corps vivant , lorfqu'un Ver vient 
à la picoter & à faire effort pour y 
entrer: L'on fit fort mal deferinguer 
cette huile de térébenthine dans: 
l'oreille. C’eft:dans-le nez qu'il la’! 
falloit gliffér ; & il n'ya pas-d'ap- | 
parence, en confidérant la firucture : 
du nez & de l'oreille, que fi on s'ÿ 
étoit pris de la forte, aucun Perce--\ 
oreille eût paflé à Forcille gauche, . 
_& aw'ils ne faflent tous fortis par” 
Porcille droite, jufqu'au dernier, , 
gourvu: qu'on eût continué quel+- 


| Mes Vers | 287 
| ques jours à infinuer de cette huile 
dans lenez. Au refte l'explication 

ue nous avons donnée de la fortie 
de ces Infectes par l'oreille gauche, 
en les faifant pañler d’une orcille à 
l'autre par l'entremife du nez, au 
moyen de ouverture du tympan; 
cette explication, dis-je, n’en ex- 
clud pas une autre, qui paroît aflez: 
naturelle ; fçavoir , que ces Infeces. 
qui fortirent par: l'oreille gauche à 
y étoient cntrés par dehors, aprés. 
être fortis de l'oreille droite, & 
s'être difperfés alors autour: de ‘la. 
tête du Malade ; d’où enfuite , ils 
S'étoient infinués dans l'oreille gau- 
che. Cette explication paroît aflez: 
vraifemblablé, Nous avons encore 
à rapporter quelques endroits de: 
cette Rélation , qui ne font pas d’u- | 
ne petite conféquence pour ce qui: 
concerne Îa pratique de la. Méde- 
cine. . 


Suite de la Rélation ci-deffus…. 
En ?727. ie pere dujeune homa- 
me, de l'oreille: duquel: il fortoit: 


toûjours une grande: quantité dé: 
Hiÿ) 


488 De la Génération | 
Perce-oreilles , s'avifa de faire 
prendre à fon. fils, matin. & foir , 
endant quinze jours de fuite, un. 
bol fait avec fept grains de mer- 
cure doux & autant de diaphoré- 
tique minéral incorporés dans de 
la gelée de grofeille ; ainfi ce fut 
par jour, quatorze grains de mer- 
cure doux, ce qui monta à deux 
cens-dix grains. | 
Ces bols mercuriels. chafferent 
une grande quantité de Perce-oreil- 
les ; mais le Malade tomba. dans 
un état déplorable. Son corps de- 
vint couvert d'abfcès, & dans des 
parties dangereufes, ce qui déter- 
mina le fieur Laffite , pere du Ma- 
lade , à renoncer à un tel remede. 
Mr de Savoye, en. parlant de « 
cet inconvénient ,. dit quele Mala- 
de n’obfervoit point le régime con- 
venable en tel cas; qu’au contraire 
tantôt il mangeoit un gros chan- 
teau de pain, tantôt de la viande 
ou des fruits, à l’infcu de fon pere 
& de fa mere. Ilajoûte que non- ! 
feulement on ne put: compter Ê: # 
nombre complet des Perce-oreilles . 
qui fortirent dela tête de ce jeune 


K, 


des Vers. 489 
homme , pendant lannce 1727. 
mais que le nombre en a ét encore 
lus confidérable dans année: 728; 
PA fieur LaMite &fa femme décla- 
rent qu’ils en ont vu fortir 62. le 
30.. Juillet de la même année, & 
que laWeille il en étoit forti plus 
e. 20. Ce qui doit plus étonner, 
* c'eftqu'’il y avoit déja. plus-de cinq 
ans,.que le jeune homme étoit tra- 
| vaillé de ces.Infedes. Il.en fortoit 
|. peu l'hyver, mais le mois de May 
| _1lsrecommencoient à fe montrer, 
V& ne cefloient de paroître qu'à la 
fin de Novembre. Ils ne fortoient 
pas tous.les jours , maïs il étoit rare 
qu'une femaine, ou au plus, une 
aninzaiée fe pafât fans qu'il en 
ortit. Ils étoient la plüpart fort 
gros, & plus gros que les Perce- 
oreilles ordinaires. Depuis deux 
ans le Malade ne fes fentoit plus., 
ni quand ils fortoient , ni quand ils 
rentroient. Au refte 1l n’éteit point 
fourd , & il fe portoit d’ailleurs 
afflez bien. Il avoit toüjours grand 
appétit, mais fon teint pâlifloit 
beaucoup ,.& l’on croyoit voir en 
Jui, comme un commencement de 
flupidité. | 


- 


408 De la Génération 


Quoiqu'il foufrit. beaucoup em 


Eté, ildouffroit encore-plus en Hy-- 
ver , & fon perc crut le perdre: 
l'Hyver de 1727. - | 

Ce jeune homme, qui pendant: 
cinq à fix ans avoit été tourmenté: 
de ces Perce-orcilles , endrés. 
facceflivement dans fatête, & for- 


tans tantôt par les oreilles, tantôt: 


par le nez, s'eft trouvé en 1730.. 
parfaitement guéri, & cela par un: 
pur effét du hafard ; s'il faut s’en: 


fier là-deffus, aux conje@tures. Leæ 


jeune homme s'étant trouvé au 
mois de Janvier 1730. dans la mai- 


fon d'un des amis de fon pere , où: 


l’on buvoit de l’eau-de-vie , boiflon: 


fâmiliere dans ce lieu-là ; fur-tout: 
parmi les petites gens ; on lüi en: 
ft boire plufieurs coups, qui lui: 


porterent à la tête. On vit peu après 


fortir de fes oreilles ; une quantité : 
prodigicufe de ces Perce-orcilles;. 
&c depuis ce temps-là, jufqu’à la: 


fin d'Avril, qu'il en rendit un qui: 
étoit apparemment le feul qui re- 


ftoit: il n’en eft plus forti. Ses che. 
veux qui étoient bruns dans leur 
Jongueur:, & blancs aux extrémis- 


des Vers: Apt 
tés, reprirent une couleur égale. 
| Toute cette Relation eft atteftée - 
| par un grand nombre de témoins. 


Remarques fur La fuite: de cette Relation. - 


Le mercure doux que le fieur 
Laffite Chirurgien, fit prendre à. 
fon fils, ne convenoit point en fi 
grande dofe, & pendant un fi grand: 
nombre de jours. On ne doit attri-. 
buer les abfcès qui couvrirent le: 
corps du Malade, qu’à la fonteex-- 
traordinaire que lé mercure doux: 
donné en fi grande quantité , pro-- 
duifit dans les humeurs. Sï l'on: 
avoit mêlé ce mercure avec quel-- 
que purgatif pour entraîner par bas: 
ces humeurs , à mefure que le mer-- 
cure lesauroit fondues , il ne feroit 
point furvenu d’abfcés ; mais de le 
. mêler avec lédiaphorétique miné- 
ral feul qui pouffe les humeurs à la” 
circonférence , -on ne pouvoit pren-- 
dre un meilleur moyen pour cau-- 
fèr les-abfcès qui furvinrent.. 

Deux cens dix grains de mer: 
cure doux donnés en deux femai-. 
nes à un jeune homme de quinze. 


_ 


492 De La Génération | 
ans , pour lui faire fortir des Vers 
qu'il a dans les oreilles, la-dofe eft 
exorbitante. | . 

Quant à l’eau-de-vie dont on fit 
boire plufieurs verres au jeune 
homme , & qui l'enyvra , c’eftune 
grande queltion, fi l’on doit attri- 
buer à cette yvrefle, la guérifon 
dont il s’agit. En cas que cela foit, 
la gucrifon eft finguliere : mais ül 
feroit dangereux. d’en. faire des 
cfMais…. 


Contre: Les Dentaires: 


Le mcilleur remede contre les 
Vers des dents, eft de tenir les dents 


propres, de fe les laver tous les 


matins, & après les repas, & s'il 


y a des croutes fur les dents , d’ô-. 


ter ces écailles , ou avec un fer:, ou 
avec. quelques gouttes d'efprit de 
{el dulcifié, qu'on met dans un peu 


d'eau, La racine de plantain mäâ- : 
chée eft encore un bon remede, 


aufli-bien que l'aloës & la myrrhe, 
mêlés avec un peu de miel, & ap- 
pliqués à l'endroit où l’on-fent du 

mal à.la dent , la: douleur cefle 


- pour 


| < des Vers. À 49% 
pour long-temps, & même nere- 
vient plus fion à foin de réitérer 
quelquefois le même remede. Quel- 
er Auteurs confeillent de bruler 
es graines de Jufquiame, & d’en 
faire aller la fumée aux dents: ils 
| difent qu'on voit fortir aufli-tôrde 
| Ja bouche , des Vers, que cette 
| fumée emporte ; mais ce fait cf 
une pure fable. Foreftus (4) écrit 
que ces prétendus Vers ne font 
qu'une apparence de Vers, laquelle 
{e voit toûjours dans la fumce de la 
raine de Jufquiame. J'ai voulu en 
Pire l'eflai , & je n'ai point vu cet- 
| te apparence de Vers. Foreftus a 
: fans doute rapporté le fait fans l'a- 
voir éprouvé; mais ce qui me fur- 
rend, eft qu'un autre Auteur af 
“ en avoir fait l'expérience’, & 
avoir vu cffectivement ces. Vers. 
Voici comment il s'explique: »Soue 
» vent les mains demangent fort à 
»caufe| de petits cirons & tignes 
“quisynourriflent, & caufent ce 
» prurits Pour les faire choir; j'ai 
# vu prendre de la graine de cette 
| | (a) Foreff. de <Ægritud. dentivm, Lib. 14, 0% 
L. feu. 7. in Schol. pag. 96 conmag fecundé. 


Tomelz, 


94 De la Génération 
» herbe, que pour l'amour de cela 
5 ils nomment tignée , c'eft la ha- 
» nebané on jufquiame ; qui a de 
#petits godets pleins de petits 
“grains, &C On En ufoit de cette 
» facon. Ayant des charbons allu- 
y mès en un réchaud, & tout au- 
» prés un baflin plein d'eau ; on jet- 
#toit cette graine fur le feu, & on 
» mettoit les mains à la fumée, 
» puis après que l'on les avoit te- 


» nues aflez à cette fumée , on les … 


# trempoit en l'eau froide , &c in- 


» continent paroifloient en la fu 


» perficie de l’eau une infinité de 
» Vermifleaux , & difoit-on affir: 
» mativement, que CES Vers étoient 


les tignes qui étoient forties de : 


»la peau. Quand jeus bien confi- 
» déré ceteflet, & vu de prés les 


» mains, OÙ il me avoit aucune 4 ; 


» parence que cela fût avenu , je fs 
“tant que je découvris la fincefe, 


# Je pris une petite piéce debois, 
squeje mis à cette fumée. de jufe | 
» quiame , puis je la trempai CR | 
Veau, & il en fortit aufli des Vers . 
# tout de même que l'autre fois : jy 
p préfentai aufli unc pantoufñle ; unG ! 


« _ 


: 


f 


des Vers, à. 495$ 
vpiéce de fer, & plufenrs! autres 
» chol&s , qui toutes enfin rendoient 
» le même effet; car ayant mis ma 
» Main, Où je ne fentois aucune ins 
» commodité, je vis qu'ilen fortoit 
»autant que de celle de ceux qui 
» Étoient tourmentés de demangeai- 
# {on : je pris réfolution que céci 
» étoit une impofture, & cépen- 
» dant je concluds que ces grains 
» étant cn fumée, il y avoit en icelle 
une humeur craf prête à fe con. 
* geler, qui fe géloit À la froideur 
» de l'eau, & qu'aiñfi il fembloit 
Que ce fuflent tignes. 
- Nous avons remarqué: plus haut: 
que le incilleur remede contre les 
Vers des dents,, eft de fetenir les 
dents propres, & de fe les laver: 
tous les matins ; nous ajoüterons ici 
qu'on nefçauroit mieux faire que 
de [e les laver avec quelques cuil- 
lerées: de cette: eau de fougere que 
je fais préparer contre es Vers.» 
Élle ôte toute la pourriture des 
dents, les empêche de {e gâter, & . 
les affermit. 11 eft vrai qu’elle laifle: 
alors pour quelques momcns un, 
peu d’amertume fur la lan gue , mais 


Li 


496 De la Génération te 
on eft bien‘dédommagé de ce petit 
inconvénient par le bien qu'elle 
rocure aux dents , aux gencives & 
a toute Ja bouche. | ÿr: 


Contre les Pulmonaires, 


Les Vers qui s'engendrent dans 4 
poitrine , & qui caufent des toux 
violentes, ainfi que nous l'avons 
obfervé ailleurs, font très-diffici- 
les à chaffer ; ily a un remede ce: 

endant que divers Médecins con- 
eillent pour les faire fortir par le 
cracher ; c’eft de donner au Mala- 
de du fuc de Marrube mélé avec un 
peu de miel, & de lui faire fuccer 
un peu d'oximel fcyllitique en fors 
me delooch 


Contre les Hépatiques" | 
- On peut prendre contre les Vers 
du foie, plufieurs matins de fuite 
dans un bouillon, environ douze 
grains de poudre de Cloportes , où 
un bouillon au Veau,où l’on ait faic 
bouillir un peu d'hépatiques: 


L 
[2 


HS ï. 
des Vers. 497 
Contre les Caïdiairesi 


Contre les Vers du cœur faites 
boire du fuc d'ail, de raifort, & 
de creflon, ou bieñ prenez racine 
de gentiane & de pivoine , de cha- 
cune deux gros ; myrrhe, un gros : 
mettez le tout en poudre fubtile , 
mêlez-en une pincée dans üne 
goutte d’eau ; & frottez de certe 
| eau le dedans des lévres du Malade 
| plufieurs matins de fuite. Heben= 
ftreit dans fon Traité de la Peñe , 
. dit que l'ail rout feul eft le plus 
prompt de tous les remedés contre 
cette maladie, & il rapporte là- 
deflus une expérience aflez remar= 
uable. Un grand Seigneur, dit-il ; 
étoit tourmente de plufieurs maux 
qu'on attribuoit au cœur, & com 
me il ne recevoit aucun foulage- 
ment, un jeune homme, qui étu- 
dioit en Médecine, & qui étoit 
connu du Médecin ordinaire , étant 
venu , dit qu'il fe fouvenoit d’avoir 
lu qu'il y avoit un genre de Ver, 
qui fe trouvoit quelquefois au cœur, 
& contre lequel la plüpart des rç 

| ii 


. 498 De la Génération s 
medes étoient inutiles , excepté 
l'ail; que ce Seigneur pouvoit bien 
avoir un Ver femblable, & qu’on 
devoit tenter ce remede. Le Mala. 
de netint nulcompte de l'avis d’un 
jeune homme fans expérience ; il 
s'opinmtra à vouloir être traité à 
Fordinaire, & il mourut. On lou- 
vrit, & on luitronva dans le cœur 
un Ver tout blanc , qui avoit une 
tête longue, dure comme de la cor: 
-nc: on prit le Ver tout vivant, & 
en le mit fur une tablé au milieu ! 
d’un cercle, qu’on décrivitavecdu  ! 
fuc d'ail. Le Ver comméncea à fe 
traîner de côté & d'autre, s'éloi= 
gnant roüjours de la circonférence 
du cercle, & enfin chafñlé parlo2 4 
deur de l'ail , fe retira au milieu du 
rond, où il mourut par la force de * 
cette odeur. ; 1 


Contre les Sainguins. 4 
; & 
Rien n'eft meilleur contre les ; 
Vers qui s'engendrent dansle fang, 4 
que le jus de cerfeuil; on en peut 1 
prendre une cuillerée trois fois par 4 
jour pendant une femaine, le ma- 


MN er déPare se 40% 
tin à jeun , l'après midy deux heu- 
_ tés après le diné ; & le foir un peu 
| avant que de fe couchers  : : 


22 5 


» 
* 


f 
Haaer 2% 4 Eva #0 
Contre les Véficularres. } 
… Le fel végétal eft bon:contre Îé 
Vers qui font dans les reins & dans 
la veflie ; on en peut prendre un 
| demi gros le matin dansun bouil- 
| Jon. Le chryftal minéral y cf bon 
_æncore. | Ge LU FES GR 


| Contre les Elcophages. 


| & l'huile d'amandes ameres. 
dr: Contre Les Chtanës.. N 


d. - 


» … Les Cutanés ; comme nous l'a- 
|  vons vu, font les Crinons, les Ci: 
ons, les Bouviers, les Soies &c les 
MAFoms. | 
\ Jln'y a pas dé meilleur remede 
contre les Crinons , que de baigner 
le Malade dans de leautiede , puis 
de le frotter de miel auprès du feu, 
& de pañler enfuite furle corps un 
hnge un peu rude. 

Liv 


495 


_ Lefuc de Calamenthe y convient, 


PAS É SL MINI TS a « 1171: Fr Æ D OX, LR CE 
La QUE Ju ” 44 L 


‘400 De. la Génération 
.. On peut laver les puftules avec 
de l’eau où l’on aura mis’ du fiel de 
bœuf ; ou bien les bafliner avec ce 
ui fuit. Prenez fix dragmes d’eau 
di millepertuis, une demie dragme 
de miel commun, & une dragme 
de poivre ; mélez le toutenfemble. 
. Il eft à propos quelquefois pour 
fe défaire des Cirons & des Cri- 


nons, d'en venir aux remedes inté- 


rieurs, & cela pour:corriger laci- 


dité & la vifcofiré du fang , & des: 


autres" liqueurs nourricieres , la- 
quelle entretient ordinairement ces 


Infc@es. Ces remedes font, de : 


mettre dans fon vin un peu de tar- 
tre foluble , avec un peu d'oxymel 
{cillitique; de prendre quelquefois 


dans du vin d'Efpagne , ou dans de. 
l'hydremel , un demi gros de la 


compofition fuivante : Deux drag- 
mes d’élixir de vie, une dragme 
d'extrait d’abfynthe , une dragme 


d'yeux d'Ecrevifle , fept à huit gout-. 
tes d'huile de fafafras ; remuer : 


le tout jufqu'à ce qu'il foit bien 
mêlé. | 


D 2: des Vers. . $o1 


3 


Contre les Bouviers 


| + . 1] faut employer les mêmes re- 
. medes qui conviennent contre Îes 
h Cirons. Quant aux Soies & aux 
Toms , j'ai rapporté dans le Cha- 
pitretroiliéme , par quel moyen 08 
s'en guérit, 


Contre les Lib liéaiés: 
Voyez le Chapitre IL 
Contre les Vénériens. 
| ) Auaite alba, eft un excellent rei 
| mede contre ces Vers ; la doze eft 


depuis fix jufqu’à trente grains en 
| pilules. | 


|. ARTICLE SECOND. 


|. Des remedes contreles Vers des intefans. 


Ê N Ous commencerons par les 
| NN remedes contre les Vers ronds 
. - % 

& longs; nous viendrons enfuite & 


402 Della Génération | 
ceux des Afcarides , puis à Ceux du M 
Tænia ouSolitaire; ce qui fera ter- # 
iminé pour conclufion entiere du M 
Chapitre ,: 1°. par des remarques 
générales fur le traitement des Ma 
Hades attaqués de Vers, & fur la 
ianicre dont agifflent les remedes 
anthelmintiques,. c’eft-ä-dire , an 
tivermineux. 2°, par une lifte unt- 
verfelle de ces remedes rangés dans 
leurs chaffés, felon qu'ils fètirent, « 
‘ou des plantes, ou des Animauxs 
ou des:minéraux, qu'ils font fim- 4 
ples ou compofés, & autres diffé- " 
rences. 3°, Par dés réfléxions de 
pratique fur la quantité extraordi- 
faire de cés mêmes remédes. 

: °ÏÉ Y À nés ReMEDdES dont l'effet ” 
ordinaire eft de tuerles Vers fans 4 
les chafer , & d'autres quiordinaiz. « 
rement les tuent & les chaflent ; car . ” 
ifne laifle pas d'arriver aufiquel 
quefois que lesuns & les autres les 
_Chaffent vivans ; nous parlerons 
dés premiers dans une Section à 
part, & des autres dans une autre 
Section. FES 


PT 


des Pers a so3 


RE TT ONE 7 777 ke 
Des Remedes qui tuent les Vers des ” 
“et intefhins. À 


D) E ces remedes les uns fe pren- 
A7 nent en dedans, & les autres 
| s'appliquent en dehors; nous rap- 
porteron$s d'abord ceux qui fe pren- 
nent intérieurement, & puis nous 
. Viendrons à ceux qui s'appliquent à 
Y'extérieur. 


Remedes internes. 
:} Ces remedes font le vin blanc; 
| Jabiere , le verjus , le pourpier, la 
| graine de pourpier, celle de chou, 
de citron , l'écorce d'orange amere, 
Fail , les oignons, la poudre de ra- 
cine de gentiane , l’eau dans laquel- 
le on à fait infufer de Ia racine d’an: 
gélique ; la coraline , la rafure dé 
corne de Cerf & d’yvoire, la corné 
de Cerf brulée, les trochifques de 
corail & de corne de Cerf, le beur- 
re, l'huile, la moutarde, la graine 
de tanaifie dans un peu de fyrop 


ÿo4 De laGénération É 
Violat , le bol d'Arménie , l’eat à 
Ja glace , le jus de citron, &c. 
On peut prendre l’une de ces 
chofes ,ou quelpues-unes enfemble: 
Comme graines de citron , d’o- 
feille, de pourpier, de coriandre 
pulvérifée , de chacune un gross ! 
poudre de diamargaritum froid un: | 
demi gros, rafure d’yvoire &. de 
corne de Cerf, de chacun demi- 
fcrupule; fucre rofat, une once; 
& s'il y à un cours de ventre qu'il 
foit à propos de modérer, corail & 
poudre de rofes ; de chacürn un 
demii-gros:.méler le tout en pou- 
dre fübrile ; & en faire une opiate 
avec de, l’oxyfaccharum , & de la 
conferve de rofes & de chicorée. : 
Le jus de plantain, [a vieille 
thériaque, les amandes ameres , le 
fuc dé grenade mêlé avec de l'huile 


d'olives, font encore de bons re- 


medes. L’efprit de nitre, celui de 
fouphre ; Fefprit de fel dulcifié, 
téuffiffent heureufement ; onen peut 
prendre quatre ou cinq gouttes des 
uns ou des autres dans un peu d’eau 
commune , évitant de mêler ces ef- 
prits enfemble. L'huile de bois de 


7 ot des Vers. sof 
geniévre prife à jeun, efttrès-bon- 
ne contre les Vers, aufli-bien que 
celle de bois de coudrier; on en 
donne quatre ou cinq gouttes dans 
un peu de vins & davantage, fi 
c'eft pour des perfonnes avancées 
en âge. | 
» Quand les enfans ont dela fiévre, 
| voici un julep qu’on leur peut don- 
mer pour tuer leurs Vers : eaux de 
|» pourpier & de chicorée ,-de chacu- 
|, ne deux onces; confe&tion d’hya- 
cinthe un fcrupule ; poudre de co- 
raline autant; corail préparé demi: 
{crupule ; fyrop de limon, demi- 
| énce ; mêler le cout, & le donner 
à boire. rai 
| : Quand la fiévre eft maligne, & 
| qu'il y à lieu de craindre qu'il n'y 
ait des Vers , comme cela arrive 
quelquefois , il faut faire ce qui 
uit : Prendre une fuffifante quan- 
tité d'eau de fcorfonaire , de {cas 
bieufe & de pourpier ; fix gros de 
fyrop de limon , démi-ferupule de 
| poudre de Vipére , & autant de 
poudre de coraline, demi-gros de 
fel de prunelle , un fcrupule de con- 
fc&ion d'hyacinthe , & faire de: 


506 De la Génération f 
tout cela un julep. Dans les mala- 1 
die, de peñte, (4) lorfqu'il y a des M 
Vers, lejus de citron eft d’un grand 
fecours. dure NS D 
Si avec les Vers & la fiévre ,ily 
a convulfion & vomifilement, il 
faut faire le remede fuivant. 
Prendre quatre onces d’eau de 
pourpicr , trois gros d’eau thé- 
riacale , un gros de confection 
d’hyacinthe; & autant de poudre - 
de coraline, méler letout cnfem- 
ble , & en faire une potion que l’on 
piendes en une fois ou en deux, fe- 
on l’âge du Malade, La coraline, | 


RS rasé 2 


pe 
ref 


EXT 


dont nous parlons , eft fi bonne “ 
contre les Vers, qu'il arrive fous- 
vent qu'un feul gros pris dans’ du 1 
vin, les tue &c les chaflc'en même, 
temps. i 


: La vertu de ce fimple a étéin: 
connue à Diofcoride , à Galien « 
& à tous les Anciens Nous en: 
devons la connoïifflance aux Mo: 
dernes , qui en'ont fait diverfes . 
expériences. Mathiole , Antonius: « 


(a) Peflem viennef]:m nuperrime. à vermiculis or 
tam Medicinotarunt, à fucco citri profiigari, Thom, 
pa ù d'a : t 


“arch. Alta Medic, for, #7, p.85, 


4 


Π. 
" 


… des Vers, + 507 

Mufa , Mercurial, (4) relevent 
l'excellence de ce remede par-def- 
fus celle de tous es autres, & en 
rapportent plufieurs effets furpre- 
pans , dont 1ls ont été les témoins. 
… L'huile eft un excellent remede 
çontre les Vers, ilen faut préndre 
quelques cuillerées à jeun ; je dis à 
jeun , parce qu'alors l’eftomac & 
| les inteftins étant vuides , cette 
| huile touche les Vers plus facile- 
| ment, | 
| - Le Ver meurt fitôt qu'il ne peut 
| plus refpirer ; or, il ne refpire que 
|| par le moyen de certaines petites 
|  trachées, qui font rangées Îe long 
| de fon corps : enforte que fi l'on 
| bouche ces trachées avec quelque 
| chofe d'ondueux, qui empéche le 
commerce de l'air , 1l faut néceffai. 
rement que l’Animal meure faute 
de refpiration , fans même que la 
tête, & tout ce qui n'eft pas tra 
chée, foient frottés. Cela eft fi vrai, 
-que fi l'on met de l'huile à un Ver 
ailleurs qu'aux trachées , fans même 
épargner la tête, le Ver vivra , & 


| (a) Meréurial, Lib. LIL: Caps 10. de More 
Perd HN QU NE Lo, ICS 
4 


” À d 


508 De la Génération... 
aura fon mouvement ordinaire. Si 


on en met à quelques trachées feu 


lement, on verra les parties, où 


feront ces trachées , devenir fans W 
mouvement propre; & fi on en » 


met à toutes les trachées, le Ver 
demeurera immobile , & mourra 
prefque fur le champ. 

M. Malpighi à fait toutes ces 
expériences ; j'en dis autant du 
beurre, lequel produit le même 
effet , & qui étant pris à jeun, 
tue 14 Vers mieux que ne fait l'ail. 


Nous pouvons remarquer ici que 


Feffet de l'huile fur les Vers n’efk 
point une chofe , que ies Modernes 
ayent découverte Îles premiers , les 
Anciens l'ont reconnue comme 
nous ; & Ariftote dit en termes ex- 
prés danse Chapitre 27. du huitié- 
me Livre de fon Hiftoire des Ani- 
maux, que tous les Infeétes meu- 
rent quand ils font touchés d'huile : 
il ajoûte même une chofe, dont il 
eft facile de faire l'expérience , qui 


eft que fi l’on ne fe contente pas de 


toucher tout le corps avec de lhui- 


le,.mais qu'on.en touche aufli la 


tête, & qu'enluite on expole le 
: Ver 


A nn de pie UE TITI. 


© des Vers. — | $os 
| Ver au Soleil , il meurtencore plus 
. Promptement ; Pline écrit la même 
chofe. | 
: De toutes les huiles ordinaires ; 
celle de noix cft la meilleure contre 
les Vers; 8 à Milan les meres ont 
 Coûtumc de donner une ou deux 
fois la femaine à leurs pctits en- 
| fans, des roties d'huile de Noix , 
| avec un peu de vin , pour faire 
| mourir les®Wers. Nous remarque 
|: rons ici que l'huile d'amandes dou- 
|, ces ne fait pas fur les Vers un effet 
| fiprompt , ainfi qu’on le peut voir 
| par l'expérience que nous avons 
| rapportée dans le Chapitre huirié- 
| me : ce qui vient fans doute, de 
| € que les parties de cette huile 
| font plus poreufes | & par confe- 
| quent moins capables d'empêcher 
| Fentrée de l'air dans te corps dur 
| Ver. Au refle il ne faut pas croire 
| que l'huile lorfqw’elle eft dans notre 
corps, puiffe tuer les Vers, comme 
| elle tue un Ver de terre que nous 
en frottons, ou que nous y jettons; 
| carilen faudroit avaler une trop 
| grande dofe pour cela, & cette 
| quantité feroit dangereufe ; mais 
Tome IL. 


à 
: 

ds EC 

ES 


10 De laGénération 
toûjours elle les tue à la longue; 
uand on en prend plufieurs jours 
e fuite. A7. 
Quelques goutes de vin le matin 
à jeûn font bonnes contre les Vers ; 
far-tout il n’eft pas à propos quand 
“on eft attaqué de cette maladie, de 
boire de l'eau pure aux repas , il 
faut y méler un peu de vin, pour+ 
vu toutefois que ce ne foit pas du 
vin verd , caf celui-IY loin d’êtré 
contraire à la vermine , eft capablé : 
d'en engendrer. Il vaut bien mieux « 
boire de l'eau feule , que d'y mêler 1 
du vin qui n'ait pasaflez de maturi- M 
té. Au moins l'eau feule , pourvu 4 
elle foit bien pure, & qu'on n’en à 
boive point trop, n’eft point malfai- « 
fante , & c'eft une erreur groffiere M 
de penfer que cette boiffon:, quand « 
elle eft ordinaire , rende les gens « 
chagrins & de mauvaife humeur , 
comme fe l'imaginoient les Grecs 1 
ui traitoient Demofthene d'hom-# 
me épineux & difficile , parce uils 
ne buvoir que de l'eau ; car c'e le 
reproche qu'ils faifoient à cét Ora-\ 
teur , lorfqu'il leur rcpréfentoit uns 
peu vivement leur devoir. A 


désiPerse Ai). Gr 

"Si l'on y fait réflexion , on ver ra 
que le vin a dérangé bien des cer- 
veaux , qu'il a abruti bien des sens 
d’efprit , & fouvent changé en Fe. 
rocité les mœurs les plus douces. 
Auff les perfonnes les plus fages ont 
toûjours Cté fobres {ur le vin, Déz 
moithene dont nous venons de par2 
ler, n’en buvoit point , & on l'ap- 

clloit le buveur d’eau, comme il 
| le témoigne lui-même fur la fin dé 
| fa feconde Philippique. Ciceron en 
| buvoit très-peu auffi; en effet, le vin 
peut fournir quelques bons mots ; 
il rend pour l'ordinaire les gens 
agréables dans les repas, il donne dé 
| Ja facilité dans les converfations , 
| ainfi que le remarque le même Ci- 
ceron(« ). Mais, comme l'infinue fi 
bien cet Auteut , il y à une grande 
différence entre ce qui fait un hom- 
me de compagnie , & ce qui fait un 
| homme grave & fenfé. Lors donc 

que je confeille ici le vin contre les 
| Vers , je prétends qu’on en ufe fo: 
brement , & qu'on le resardé com- 
| me un breuvage fur lequel il faut 


| grandement fe ménager. Durelte, 


Ca) Cicer. pro Calio. vèrfus firers. 


K i 


CE 


$12  Dela Génération 

on a un grand nombre d'exemples 
de l'efficacité finguliere du vin con- 
tre les Vers, & en voici un bien 
remarquable qu'un Médecin de la 
Ville de Todi dans le Duché de 
Spolette, a écrite à M. Baglini fur 
le fujet de cette boiffon donnée dans 
une maladie vermineufe épidemi- \ 
que. M. Baglini me l'a communi- # 
quée dans une fçavante Lettre qu'il 
m'a écrite fur le vingt- deuxiéme 
Aphorifme de la premiere Section; 
laquelle Lettre eft aufli imprimée 
dans fes Oeuvres. 


Ed PTE = 


Obfervation importante fur l'ef- 
fet du Vin contre les Vers ; : 

laquelle m'a été communi- 
_quée par M. Baglivi, Méde- w 


cin de Rome. 


Circa finem epiflola , utilem de lumbri- M 
cis obfervationem adjicere vifum eff , de 
qua elapfo anno 1700. eruditus Male 
Tudertinorum in Umbria Medicus ad me 
fcripfit. Conflitutio ferè epidemica febrium 

ntridarum > malignarum erat , ægreti à 
Gitca feptimum vel decimum quartuis mur \ 


EE 


des Vers... .$13 

bi diens moriebantur | &: continud vexa- 
|. bat illos ingens peétoris anxietas. Vermes 
teretes magna copia excernebant fingul. 
Hi Vermes in vino pofiti flatim peribant ; 
in oleo , aqua faccharata | fpiritu vini s, 
aceto , fucco limonum per plures horas at- 
que dies vivebant. Qui vinum biberunt 
ægroti, ones convaluere. Inter éos mu- 
lieres atque [enes majori numero interiere. 
Vinum itaque antidotum fuit morbi, & 
morbi caufe. C’eft-à-dire. Un fçavant 
Médecin de la Ville de Todi m'a 
écrit l’année derniere 1700. l’obfér- 
_vation fuivante. Il regnoit dans ce 
pays-là des fiévres malignes épidé- 
miques : les malades qui en étoient 
attaqués mouroient vers le fept où 
vers le quatorze ; ils fentoient de 
grandes oppreflions de poitrine, & 
rendoient forceVers longs & ronds. 
_ Ces Vers mis dans. du vin y mou- 
roient aufli-tôt : jettés dans de l’hui- 
le , dans de l'eau fucrée , dans de 
l'efprit de vin , dans du vinaigre, 
. dans du jus de limon , ils vivoiernit 
_plufieurs heures, & quelques-uns 
même plufieurs jours. Les malades 
à qui on fit boire du vin guérirent 
tous. La mortalité fut plus grande 


sta Dé la Génération 
{ur les femmes & fur les vieillards, 


que fur les autres. Enfin, comme on 


voit , le vin fut l’antidote de ces 


maladies , & de la caufe de ces ma- 


ladies. Fou 
Je remarquerai ici à cetté occa- 


fion , qu'encore que le vinfoitun 
bon remede contre les Vers , ce 


n’eft pas un reméde univerfel con- 
tre ce mal, & voici là-deflus un fait 
que les Leéteurs ne feront peut-être 
pas fâchés que je rapporte. 2? 
Le- mois de Septembre 1703. 


‘on m'écrivit de Bar-lé-Duc, que: 


pendant tout le Printémps & tout 
PEté de cette année-là, des mala- 


dies caufées par les Vers, ayantre- : 


gné dans le Barrois , les Malades 
avoient recus de grands foulage- 
mens par lulage dés remedes indi- 


qués dans mon Livre. Que Madä- 


me la Comitefle de Nétancourt, qui 
étoit alors dans lé pays , s'étant 
employée elle-même au-foulage- 


ment des pauvres , avoit fait avec 


le fecours des remedes que jé mar- 
que, plufieurs cures confidérables, 
& celle entre autres d’un Bouchér 
de Revigni,à une licuc de chezellé, 


DORE" 
| Bt 


| des Persi ii 5. gg: 
lequel jetta un Ver femblable à 
celui de la premiere planche de 
mon Livre, & long de huit aulnes, 
fans y comprendre plufieurs mor- 
ceaux rompus , qui fortirent en fi 
grand nombre, que les perfonnes 
qui les virent, jugerent qu'il falloit 
ue ce Ver eût eu dans le corps 
d'où il venoit de fortir , plus de 
douze aulnes de long. Le Malade 
avoit une violente fiévre continue, 
avec tranfport au cerveau; c'étoit 
un homme accoûtumé au vin. En 
fanté il en buvoit abondamment, 
& il ne voulut pas méme s'en pri- 


ver pendant fa maladie. Son mal 


augmentant de plus en plus, Ma- 
dame-la Comtefle de Nétancourt , 
lui fit ufer d'un desremedes mar- 
qués dans le Traité de la Généra- 
tion des Vers, & le Malade rendit 
le Ver dont nous venons de parler. 
La {ortie de: cet Infcéte fut fuivie 
d’une guérifon fi prompte , qu'au 
bout de 24. heures, la fiévre cefa , 
& que peu de jours enfuite le Ma- 
lade fe porta mieux que jamais. La 
perfonne qui m'écrit fur mandée 
pour confefler le Malade qui étoit 


$16 De la Génération 
abandonné, & pour le difpofer 4 
Ja mort, Ce qui furprit davantage, 
c'eft que cet homme eût des Vers ; 
car il eft à remarquer, m'écrit-on , 
que avoit fon corps aviné; qu’en 
anté il buvoit du vin avec excès; 
& que nonobitant fa fiévre toute 
violente & continue qu'elle étoit ; 
il n'avoit jamais voulu quitter le 
vin , quoique défendu par tous 
ceux qui le voyoïient , lefquels di- 
foient que c’étoit le vin qui le rédui- 
foit à cet état : mais il a bien! fait 
_voir, me mande-t-on, que lon fe 
trompoit ; car dés le moment qu’il 
eut nris bas le Ver, it commença 
à dormir, ce qu’il n’avoit fait de- 
puis long temps ; la fiévre le quitta 
au bout de vingt-quatre heures , & 
quelques jours après il ne parut pas 
qu'il eût été malade. Je la vu plu- 
fieurs fois depuis , m’ajoute la perfon- 
ne qui m'écrit (4), & 11 eff dans une 
parfaite fanté. 
La graine de chanvre eft encore 
très-bonne contre les Vers. On la 
pile bien , & on la jette dans une : 
fuffifante quantité d’eau ; puis on la 
(a) Voyez h Lettre ci-après, LES 
remué 


Fi 


he ; 
remuc jufqu'à ce qu'elle fa une e 
péce de pâte claire. Enfuite on paf- 
{e le tout par un linge , & il en fort 
un fait, dont il faut prendre un ver- 
re à jeûn. 

Le millepertuis eft admirable 
contre les Vers ; il en préferve mê- 


me le fromage, fi l’on a foin de l’en- 


des Vers. sr? 
& 


_veloper de cette herbe. (+) Querce- 


‘ 
' 
i 
Li 
1 
| 


| 
| 


Th, Barth. tom. 5, c, gr, 


* Tome II. L 


tan & quelques autres Auteurs re- 
commandent ce remede. La manie- 


| , ie de prendre le millepertuis eft de 


le faire bouillir dans de l'eau, & de 
boire de cette cau avec un peu de 
fucre. On en peut faire auf du fy- 
rop. Bartholin confeille les feuilles 
de millepertuis infufées dans de l’ef. 


prit de vin, & données dans quel_ 


| que fiqueur convenable (4). L’eflen- 


ce de millepertuis eft encore excel_- 
lente pour chafer les Vers, & mé- 


| mc les Vers plats(c). 


© Ta] Quercer Rediniv, | 
(b ) Barthol. A2 Aphnienfa ; vol, r. Cap. 40. 
(C) Sed necinfantes ab his monffris prorfus immu.. 
nes effe docuit me filia bimula qhæ anno, 1674. poff 
ufom Hypericonis aliquandiu continuatum s particu- 


rejecit,€9 hoc ipfo abomn;i qua antea affigebatur molef. 


fe in AGis 


. dam de lumbrico Lato,, fpithamam he per aluum 
t 


214; liberata ef}, Joann, Henr, Brec 


s18 De la Génération k 
Le pourpier eft un fouverain re- 

mede contre les Vers des inteftins ; 

maison ne devineroit pas pat quel 

endroit + c'eft parce qu'il contient 

‘ du mercure qui eft fi bon contre les 
| Vers. On. doit cette découverte à - 
un Auteur Chinois. ILy4; ditil(z), ! 
un moyen de.fe procurer dumercu- ! 
re à peu de frais : il n’y a pour cela | 
qu'à prendre de petites feuilles de 
certe plante, les broyer dans un ! 
mortier, avec un pilon deboisd'A- # 
cacia , les expofer au foleil levant, « 
& les laider à cette expofition du- + 
rant trois JOurS où environ ; PUIS 
Jorfqu’elles font féches , les Lis 
bruler. legerement ; ‘enfermer en- 
fuite cetté poudre dans un vafe de Î 
terre vermfié , le bien boucher ,; 
l’enfouir dans la terre, & l'y laif- : 
fer quarante-neuf à cinquante jourss. 
après quoi retirer le vafe,, lony 4 
trouvera le vif-argent bien formé. 
L'on vend à Pekiri deux fortes de . 
méreure, l’un qui fe tire dés mines, 
& qu'on à pelle Chan-chou-in ; 8€. 
l'autre qui fe tire de certaines plan- 


| 
{ 


(a) :XXUT: Recugil des L: Ed.& Cur: pag. 458 f 
gg. & fuir. î At 277 F1 


Les 


Le 
4 


des Pers. fr? 
tes, entre autres du. pourpier, 8€ 
qu'on nomme 7fdo-choui-in. 

L’Herbier Chinois, qui en celz 
s'accorde avec Le fentiment des Bo- 
taniftes d'Europe , donne au pour- 
pier les mêmes vertus qu'on attri- 
Lie au Mercure, On y lit que le 
pourpicr cft froid de fa nature, qu'il 
faitmourir toute forte de vermine , 
qu'il diflout les vifcofités , qu'il eft 
volatil, qu'il debouche & tient ou- 
verts les: différens canaux. du corps 
huinain. 

.: Quoi qu'il en foit, le vif-argent 
| tiré des plantes , & entre autres du 
| Pourpier ,/ doit être plus dégagé 
d'impuretés que celui qui fe tire 
des mines , parce que pour s'exal- 
ter dans une plante , il faut qu'il fe 
décharge-des fibres rameu fes & ful- 
phareufes tnt l'embarraflent ; en 
lorte que-cette exaltation le puri- 
fie, & produit le même effet que la 

au de chamois, à travers laquelle 
FR Chymiftes le font pañfer. 

Les feuilles de pourpier, quand 
On Les regarde au grand jour , pa- 
roïflent comme pointillées ‘d’ar- 
-SCnt; C6 qui pourroit e Venir 

| ij 


20: De la Génération & 
des particules de mercure qui y font 


: Contenues. 


: Le pourpier fe peut prendre en 
{alade , il fe pent prendre-dans des 
Lbouillons , on en peut mettre dans 
les potages 5 il faut employer Îles 
feuilles & les côtes: enfemble, les 
côtes , fur-tout , ont plus de vert 
contre des Vers s elles ‘imitent 
affez la figure des Vers ordinaires, 
ce qui paroîtroit favorifer le fenti- 
ment de ceux qui prétendent que les 
Jantes portent la fignature.des cho: 


_%s contre lefquelles cliés fontipro- 


pres , CE que nous ne remarquons 


qe pañlant. L'eau de pourpief L 
diftillée , la décoétion:, &: l'infu- 


fion de pourpier. font encore de 
Dons contre- Versi 91 


\ 


_. En voilà bien affez pout ce qui à 


regarde les remedes qui fe prennent 
en dedans , venons à ceux qui $Em- 
ployent.en dehors, 40.50 
— ‘Remedes extérieurs ; ou topiques contre 


Les Vers. tie Lot 


f 
l 
f 


fiel de bœuf ; huile d’abfynthe’, 
.gelle deruë , ou celle d'amandes 


\180 


Ces: remedes extérieurs: font le # 


LE : 


des Pers, | gzr 
atietes , avec quoi on peut méler de 
| la poudre de cumin, de la poudre 
d'aloës , ou de celle de petite cen- 
taurée. Ces topiques fe mettent fur 
lenombril; l’emplâtre fuivant peut 
encore.être fort bon. 
| Farine d'orge , fuc de vermicu- 
faris | une demi-livte de chacun ,; fu- 
. meterre broyée groflierement ,:vi- 
naigre blanc quatre onces, faire de’ 
| cela un.emplätre, qu'on appliquera 
| fur Le nombril Cet emplâtre ap- 
| paife. aufli la fiévre. a BA 
| Ces remedes | tant intérieurs ÿ 
au'extérieurs , tuent quelquefois les 
Vers, mais.ils ne les chaffent pas toû- 
jours , c’eft pourquoi il faut fe pur- 
| ger aprés. Venons aux remedes qui 
| es tuent & qui les chaflent. 


SEctionlIl. 
| Remedes qui tuent @ qui chaffent les Vers: 


*  Esremedes qui.tuent & qui chaf- 
fent les Vers., fe. prennent pref- 
que tous en dedans.Ces remedes font 
l’aloës,l'hiere picre,la poudre d’écor- 
ce d'orange amere, la rhubarbe , &c-- 
k | Liij 


“. 
- 


\ 


#22 De la Génération 51 
On difflout lhiere picre dans ua M 
peu de vin blanc, ou bien onlamêle W 
avec un peu de diaphænie ,owonen 
fait des pilules avec un peu d’agaric ! 
&c de fyrop d’abfynthe. La poudre M 
d'orange amere fe prend dans du vin. ! 
Borel la récommande fort ; & dit 
avoit va‘ un Ethique abañdonné de 
tous lès Médecins, auquél ce reme- 
de pris jufqu’à trois fois', ft rendre 
Force Vers, & procura la'guérilon (2), 
‘la dofe eft un gros chaque fois. 
Pour les enfans bien jeunes, on 
peut faire infufer dans l'eau de pour- 
pier quatre fcrupules de rhubarbe, w 
avec fix grains de canelle , pañler le 4 
tout à travers un linge , & dans la 
colature difloucre une once de fyrop 
de chicorée fimple, & avant que l’en- 
fant prenne ce breuvage , lui donner 
un lavement de lait , pour attirer les 


Vers par bas. 


Ou bien. 


Faire infufer un gros & demi de 
thubarbe dans un verre d'eau de «“ 
pourpier , pafler cela à travers un 
linge le lendemain matin , & le 
© La] Borcll. obferv. medicophy, cent, x .cbférv. 90. 


| des Vers."  S13 
| donner à boire à l’heure ordinaire du 
| réveil; réiterer le breuvage deux fois 
| par femaines , jufqu'à ce que la cor: 
| ruption du corps foit évacuée. On 
Dore à cette purgation , pour 
rendre plus forte; une once de fy- 
rop de chicorée , compolé de rhu- 
barbe ; fi c’eft un enfant délicat , ïl 
fuffira de demi-once. Le fuc de ver- 
| veine eft encore un bon remede (4). 
|. J'aimislefucreau rang des chofes 
qu'il fant éviter , pour fe garantir des 
Vers ; mais cependant quand il eft 
pris en grande quantité , il ne laifle 
pas quelquefois de tuer les Vers, &c 
de les chaffer. Aldrovandus parle d'u» 
ne petite fille, qui pour en avoir man- 
gé un gtos morceau ; rendit un grand 
nombre de Vers par bas ; le miel fait 
le mêmé effet quand il eft pris à plei- 
ne cuillere. Mais il eft bon là-deflus 
d’avoir égard à la remarque que nous 
avons faite p. 216.120. 21. &c 
Les pommes douces, nommées en 
Latin Melimela , font faire aufli beau 
coup de Vers ; les raifins féchés au 
foleil ont la même vertu , étant 


ta) Monard: lb. 3. fimpl. medicam. ex novo orb8 
dlasor. cap, de verbend, à ÿ 
L iv 


924  Dela Génération 
pris à jeün en grand nombre. . : 
Levinus Lemnius dit que c’eft une 
expériencequ'ila faiteavec{uccès {a}: 
la raifon de cela eft,que les Vers atti- 
rés par ces nourritures douces s’en 
rempliffent fi fort, qu’ils font obligés 
de crever ; & commeles chofes dou- 
ces , étant prifes avec abondance, 
lâchent le ventre, il faut néceffaire- 
ment, que les Vers fortent où morts 
ou mourans. Nous avons déja touché 
cette raifon dans le Chapitre VIIL. 
On parle d’un certain moyen, pour 
tirer du corps les Vers, commen ti- 
reroit des poifflons de l’eau: c’eft d’at- 
racher à un fil quelque appas , qui at- 
tire les Vers, & puis de faire avaler 
cet appas, ayant foin auparavant que 
le malade demeure quelque temps 
fans manger , pour affamer les Vers, 
&c les obliger à venir à ce qui fe pré- 
fente : on tire enfuite le fil, &le Ver 
vient , dit-on, avec l'appas. : 
Schenchius rapporte un exemple 
de cet artifice , & dit qu'on tira un 
jour par ce moyen , un ferpent du 
corps d’une femme, en fe fervant 


(a) Levin, Lemn, de occult. natur, mirac, Lib, 34. 
Cap, 21. y 


( 
il 
(B 


des Vars! s2S 


d'un appas TRE de miel & de fa- 
rine. Cet expédient peut être bon, 
pour tirer de Peftomac, des animaux 
entrés par la bouche, comme ileneft 
entré quelquefois à quelques perfon- 
nes qui dormoient fur l'herbe ; mais 
pour tirèr des Vers engendrés dans le 
corps, c'eft une pratique fur laquelle 
je ne veux rien dire 5 quelques per- 
fonnes aflurent l'avoir vu reuflir de- 
puis peu ; én mettant pour appas des 


cœurs de pigeons ; mais € que je puis . 


affurer auf , eft qu'il s'elt vu des 


| Charlatans impofer au peuple, en ca- 
chant adroitement des Vers dans le 


rétendu appas qu'ils faifoient ava- 
cr. | | 
Contre les Vers de la jauniffe. 


® Dans la maladie de la jaunifle Îes 
inteftins font fouvent remplis de 
Vers , parce que la bile, qui eft fi 
contraire à ces animaux ; nC {fe dé- 
charge pas alors dans les inteftins ; le 
meilleur remede contre ces Vers eft 
de prendre pluficurs matins de fuite 
un verre de la décoétion {uivante. 
Chelidoine , une poignée ; feuilles & 
fleurs de millepertuis , de chacune 


h 


416 De la Génération 

demi-poignée ; rafure d’yvoire, fien- 
te d’oye pulverifée , de chacun trois 
gros ; fafran,un demi gros; ces deux 
derniers dans un notiet : jetter le tout 


dans un pot où il y aitune chopine 


de vin blanc , & une chopine de vin 


d’abfinthe, mettre le pot fur le feu, ! 


& quand cela aura bien boüilli, le 
pañler, & dans un verre de la cola- 
ture difloudre une once & demie de 


bonnemanne , avec un fcrupule de : 
diagrede : il y en aura là pour trois 


matins. | | F 
Ce remede ne chafle pas feule- 


ment les Vers , mais guerit en même 
temps la jaunifle. Je ne puis m'em- 


pêcher , à cette occañon, de blä- 


mer ici un remede que certaines | 


perfonnes confeitlent contre cette 


maladie, & qui à la vérité la guerit " 
effédiement, mais dont les fuites 


font fi mauvaifes qu’on ne fçauroit « 


trop le comdamner. C’eft de don: 


ner adroitement au malade , dansur ! 


demi verre de vin blanc, huit ow 
neufpoux. Car j'avertis que ce re- 
mede remplit quelquefois de vermi- 
ne les inteftins, & qu'après avoir 


Tu. To Comme 


ff mar 


Ôté la jaunifle au malade, il le fais w 


| des Vers S27 
tomber dans une maigreur extraor- 
dinaire, & lui caufe une faim devo- 
rante , que rien ne peut aflouvir : 
George Hannæus rapporte là-deffus 


- Fhiftoiré d’un homme gueri de la 


jaunifle par ce moyen, & mort peu 
de jours enfuite, dans le corps du- 
quel on trouva un nombre inom- 
brable de poux vivans qui lui devo- 
roient les inteflins. (4) | 

. La bile qui tombe dans le duo- 


|. denum , eft fouvent ce qe cmpé- 


che les vers de monter jufqu’à Fef- 
tomac: mais dans la jauniffe, com - 
me cette bile eft retenuë au foye, ils 
vont plus facilement dans le ven- 


| tricule; c’eft ce qui fait que quand 


on donne quelque remede contre les 
vers à toc de malades, ils en 
rendent quelquefois par haut. Le 
17. de Juillet de l'année 1699. chez 
M. Dugono, Secretaire du Roï, vers 


| S. Landry, un Domeftique que je 


(a) Ex Epifiolà Geotgii Annai ann. 1674. eÆgrum 
âctero laborantem , pedilis ore fumptis fepters ayt 
novem fanatum fuifle per aliquot dies 3 fed brevi fames 
canina eum cépit € atrophia,unde mors. In aperio bu- 
jus cadavere innumeri pediçrli in intefhinis giventesyvifs 


fuerunt. Thom. Barthol, Aéta Media, V gum, 3. Cup 


D CE, | 


-528 De la Génération 


traitois ,qui avoit une jaunifle unt- 


verfelle,en vomit un fort gros après 
avoir pris d’un fyrop contre les vers, 
J1 faut avoir foin dans ces occafons!, 
de donner des lavemens de hit, pour : 
attirer les Vers par bas ; çar il faut 
les empêcher autant qu'on peut, de 


monter dans leftomac, parce qu'a | 


lors ils font plus difficiles à chaffer.8&z 
CEE RS ‘4 . s Lg 
qu’ils peuvent nuire davantage. 


Contre les Vers dans la Pleurefie. 


Quand la pleurefie eft mêlée de : 
Vers, ce qui arrive quelquefois , 
comme nous l'avons remarqué, il 
faut fuivre la pratique qu'obfervoit. 
Rulandus, (4) & que Quercetan (b) 
recommande fi fort, qui eft de com-. 
mencer d’abord par la purgation 
c’eft là principalement que doitavoir | 
lieu l'Aphorifme d’'Hippocrate, (c): 
que lorfqu'il eft befoin de purger! 
dans une maladie , il faut le faire 
dans le commencement. Les fré-. 
quentes faignées en cette occafion 
font trés- dangereufes : iF n’en eft\ 


€) Ruland. centur. 
(6) Quercetan:rediviv,tom, 3, de pleuritide.. 
&) Apb. 19, [eë, 2. ! 


| pas de même dans les autres pleu- 
| refies. 


Remedes contre les Afcarides. 


Les Afcarides {ont des Vers difi- 
| ailes à chafler, & cela pour plufieurs 

railons. La premiere, c'eft que ces 
animaux font fort éloignez du ven- 
tricule ; en forte que les remedes: 
perdent leur force avant que de par- 
Q venir jufques où font ces vers. La {e- 
|'conde, c’eft que les Afcarides font 
envelopez dans des humeurs vif. 
queufes , qui empêchent l’ation des 
medicamens. : La troifiéme , c’eft 

ue ces Vers montent quelquefois 
dis le cœcum. Or, cet inteftin 
| éranten forme de cul- de- fac, les 

Afcarides s'y tiennent comme re- 
tranchez. Quoi qu’il en foit , il vaut 
mieux les attaquer par bas ; & pour 
cela il n’y a rien de meilleur que de 
mettre au fondement un fuppoftoi- 
re de cotton , trempé dans du fel 
de bœuf, ou dans de l’aloës diflout. 
Ouun petit morceau de lard atta- 
ché à un fil: on l'y laifle quelque 
temps, & aprés on le retire tout 
rempli de vers. Onpeut, au lieu de 


3e De la Génération 

lard, prendre de la vicille chair fa- 
lée. Les lavemens de décottion de 
fumeterre font très-bons contre les 
Afcarides ; on peut joindre à la fu- | 
meterre l’ariftoloche, la chicorée, 
Ja tanaifie , la perficaire , l’atriplex, 
& en faire la décoétion avec de l’eau 
& du vin blanc: quand elle eft fai- 
te, ileft bon d'y joindre un peu de 
confection d’hiere. 

Pour les enfans, voici le lavement 
qu'on peut.faire.:! 105 a bu 

Prendre fetilles de mauves & de 
violiers, de chacune une poignée; ! 
fetiilles de choux , une ou deux; 
graines de coriandre & de fenoüil , | 
de chacune deux gros; fleurs’ de 
camomille & de petite centaurée , 
de : chacune une pincée : faire une 
déco@ion du tout avec du lait, & 
difloudre dans la colature une once 
de miel commun, & deux gros de 
confeétion d’hicre. 

Hippocrate (4) confeille, pour 1 
chañler les Afcarides, de prendre de : 
la feménce d’agnus caftus , dela bien : 
broyer avec un peu de fiél de bœuf, 


Le] Hip. sqi venir B. 66. 


h -à 


D 


no des Vers. 0 Sax 
puis de délayer le rout-avec un peu 
d'huile de cedre, enfuite d’en faire 
un fuppofitoire avec de La laine 
graffe. 1: WE 


, 


Remedes contre le Ver Silitaire, ou 
ANT Tania: 


Les remedes que nous avons rap- 
portés jufques ici, font la plüpart 
inutiles contre le Tænia. Les autres 
Vers fortent quelquefois d’eux-mé- 
mes, mais Je Solitaire ne fort pref- 


que jamais ainfi : & comme le re- 


marque Hippocrate; quand on ne 
le chaîñfe par aucun médicament, il 
wvicillitavec fon hôte. 
Avicenne dit qu'il réfifte à l’ab- 
fynthe , &z que la fougere eft un re- 
mede cfficace pour:le chafler. Cér 
Auteur & raïfon, mais il faut fca- 
voir préparer la fougere. L'écorce 
de racine de fongcere feimelle & de 
 meuricr ; pulvérifées, & données 
tantôt féparément, tantôt mélées 
enfemble , tantôt accompagnées de 
quelquès autres fimples , font d’ex- 
cellens remedes contre le Solitaire. 
C'eft avec ces dèux racines que je 


532 De la Génération 
fais préparer l'eau de fougere, fi 
connue aujourd'hui par es bons ef- 
fets contre les Vers, & même con- 
tre la maladie qui noue les enfans. 
Je me flatte qu'on me pardonnera 
bien de ne pas divulguer la prépa- à 
ration de cette Eau , dont je n'ai 
donné la recette qu'à M. Dionis 
‘mon gendre, Do@eur-Régent de la … 
Faculté de Médecine de Paris, & : 
qui demeure avec moi depuislong- … 
temps : je m'en flatte d'autant plus, 
que j'enfeigne dans ce Livre la ma- 
nicre de préparer plufieurs autres 
remedes qui peuvent étre fubftitucs 
avec fuccés à celui-là. Quand on 
voudra employer la poudre de ra- 
cine de fougere femelle, on pourra 
joindre, s'il eft néceffaire , un peut 
de poudre de tanaifie pour fortifier 
Vefomac. Mais il y a ici deux cho- 
{es à obferver ; l'une, qu'il eft bon 
de choifr la tanaifie la plus chant- 
pêtre , parce qu'elle a plus de vertu. 
Et généraiement parlant , les her- 
bes de la campagne ont plus de for- 
ce. Ce qui fait dire à un Ancien 
que la nature eft Ja mere des plan- 


tes des champs, & la marâtre. des 
plantes 


0 des Vois: + "483; | 
plantes domeftiques. (4) L'autre À À 
c'elt qu'il faut prendre l'écorce de | 
laracine de meurier avant qué les 1 
_meures foient en maturité , fans quoi 
cette’ écorce eft privée delà meil- 
leure portion: de l'humeur qu'elle: 
contenoit auparavant. Ce qui s'ac- 
corde avec ce que remarque Pline. 
que les racines ont moins de vertu 
étant cucillies après la maturité dur 
fruit, ( 4) que devant. | 


Pour les enfans à La mammlle. 


On peut donner aux enfans À la: 
| mammelle, un demi gros de pou- 
| dre de-racine de fougere femelle . 
le matin dansun-peu de lait, où de 
bouillie, en deux prifes, d’une heure: 
à l’autre, ayant foin de les purger 
| le lendemainavec quelque chofe qui: 
|_ ne foit pas violent. 


Pour les enfans un peu. grands. 
Aux enfans un peu grands ,. on: 


(4) Dici folet téllurem offe marrem Sylvefirium , no-- 
|. Vercam autèm urbanorum. Alexandri Aphrodifei pro- 
| Demat! Lib, 2. problem: 52: ‘eds: 
(b) Ne illud quidem dubitaiur omnium radicum-vim 
cffedtufque minui, f fruêfus pris maturefcant, Plips- 
Hiff..narur. Lib, 13, Cap, wltim,- ‘2 7 1 


Tome II. M 


De La Génération 

peut donner Cette poudre dans du 
{yrop de fleur de pêcher, où dans 

c l'eau: descentinode , on de plan- 
tain , felon les circonftances que 
nous allons marquer: 
=: Si les enfans ont le ventre refferré , 
41 faudra mettre la poudre dans le 
fyrop de-fleur de pêcher : mais s'ils 
ont le cours de ventre , il faudra la 
Jeur donner dans feau de centino- 
de, ou de plantain ÿ car il faut ob- 


ferver, quand on veut chafler les : 


Vers ; de méler des aftringens avec 


Jes' remiedes qu'on donne ; lorfque « 


Je,ventre eft :trop libre, parce que 
fans cela le médicament fortant trop 


4 
4 


+tôr, n'a pasle remps d'agir fur les # 


Vers. 
| Remarque fur la racine de Fougere: 


La racine de fougere femelle cit 


une des chofes les plus propres con- 
tre. les Vers plats jou Solitaires , &C. 
contre tous les autres; elle a cela 


“d'avantageux aw'elle ‘convient à 
“toutes fortes de perfonnes , à. ceux 


1 


“qui ne l'ont,.pas , aux enfans , aux 


# 


LA 


À 
1. 
» 
l 
se 
ÿ 


‘ 
3 


C 
te 


. 


“qui ont la fièvre, comme à ceux 


+ 
: 


{ 


1 unes Pen... gas 
jeunes gens, &c aux vieillards; elle 
fait venir outre cela le lait aux now 
rices. Quelques Auteurs ont écr& 
qu'elle étoit dangereufe aux femmes 
groflés ; mais ils fe font trompés: 
comme le fait voir Spigelius, dans 
fon Traité de Lumbrico laro, 


_Opiate contre le même Ver. 


Prenez coralline, verveine, fcor- 
diam, pouliot , origan , de chacun 
une demi-poignée : racine de di- 
étamne blanc, de fougerc, d'angé- 
lique , & de gentiane, de chacune 
deux gros ; écorce de racine de 
. meurier, ungros & démi; graines 
de moutarde , de pourpier & de 
crefon , de chacune un gros ; poi- 
vre , un demi gros ; fafran , un demi 
fcrupule : faire de tout'cela une pou- 
dre, & avec du miel écumé méler . 
Te tout en forme d’opiate; à quoi 
onpeut ajouter un demi fcrupule 
d'huile de vitriol : la doze eft d'un 
demi gros , d’un gros, & d’un gros 
87 demi : c’eft añlez. d’un demi gros 
pour les petits enfans. | 

-L’auile d'amandes douces que now 
Mi} 


CE EE. cé JE 4 US 27" 


… 


536 De la Génération 

avons dit être moins propre contre 
les Vers, que celle d'olive où de 
noix , ne laifle pas cependant d’être 


fort bonne contre les Vers plats. IL . 


femble même ; nonobftant ce que 
nous en avons dit, qu’elle foit fpé- 
cifique contre ce Ver. Un Malade 
que j'ai vu au mois de Juin 1734. 
& qui avoit ke Ver Solitaire, prit 
par le confeil de fa mere, à qui on: 
avoit fort vanté l'huile d'amandes 
douces , deux onces de cetre huile , 
& peu de temps après , il rendit 
quinze aulnes de fon Ver. Quelques 
jours enfuite , il reprit la même 
quantité. d'huile d'amandes douces; 
&c il rendit plufeurs aulnes durmême 


Ver. 


Paris, & qu'il s'en retourna dans fon: 


pays, je n'en ai pas eu: de nouvelle: 


depuis. | | 
La graine de citrouille: & de con- 
combre, prife enémulfon ,;eft d’un 
grand effet dE le Ver Se à 
ce qui eftappuvé du témoignage d’'E- 
Ru T TR qui dit Fins à Dif- 
fertation Angloife fur le Ver plat 


qu’il à un morceau de Tæniade24 


home, 


Comme ce Malade n'étoit pas de: 


“S. 
} 


y ne SM ns Dar, ES à à 


di _ des Pers. 537 
pieds de long, qui a été rendu par 
un jeuné homme de 20. ans, aprés: 
que ce jeune homme eut avalé un: 
verre d'émulfion, préparée avec ces: 
deux fortes de graines. Edouard 
Tyfon remarque à ce fujet, que ceux 
qui croyent que les fimples portent 
Ja fignature des maladies auxquelles: 
ils up propres , n€ manqueront pas. 
de tirer de ce fait, un grand argu- 
ment en faveur de leur opinion. 
Nous avons dit la même chofe du: 
pourpier , page 520. Les côtes du: 
pourpier reflémblent aux Vers ronds: 
& longs , & les graines de concom- 
bre & de citrouille aux petites por- 
tions que rendent cenx qui ont le: 
Tænia , lefquelles ne font que des. 
morceaux qui fe féparent de ce: 
Mers 

: Ces remedes ne font pas Îles feuls: 
qu'on puifle employer contre le So- 
litaire. Guillaume Fabricius, Phili- 
BertSarrazenus , Jean Jacques Craf 
tius . Olaus Bortigius, rapportent 
des. exemples de Vers femblables: 
qu'ils aflurent avoir fait fortir; & 
comme ils: difent: les rémedes dont: 
ils fe font fervis, &.en mêmetemps. 


AE 


IN D'UONIT D'ONOR S PAT  U C Q ATe 
RÉAL EM TE Tr TT "2. v4 CARE T CL OT 00 OT 07 1 
: L. ge LA M AS ES CORSILENT TRE 


$38 


De la Génératiow 
les fymptômes: des Malades, avec 
plufeurs circonftances utiles à fça- 
voir ; je crois qu’on ne fera pas fâché 
de voir ici les remarques de ces Au- 
teurs fur ce fujet : les voici traduites 
en François. | 


Remarques de Guillaume Fabricius, (a) 
écrivant à lhilibert Sarrazenus 


: 
& 
| 
£ 


traduites du Latin. k 

À mon retour de Lyon, je vis » 
ici un Ver plat, d’une longueur fur Î 
prenante ; COMME le fait eft curieux. | 
je me ferai un plaifir de vous le rap- | 
porter. Une Dame de cette Villes, # 
âgée d'environ vingt ans , d'une À 
compléxion aflez délicate , avoit de « 
grandes douleurs de ventre, des foi- 
bleffes d’eftomac, des naufces , des ! 
rapports, & un dégout général pour À 
tous les alimens. Elle me fit appel- 
ler fur la fin du mois d'Avril decette 
année r669. Je lui fis prendte le ! 
premier jour de May d'une poudre: ù 
‘compofée de rhubarbe , de turbith , ! 
& de fenné ; à quoi j'ajoûtai du fy- 1 
zop de rofe laxatif, compofcderhus 
: 


fa) Guill, Fabrice. cent, 2, Obferv. 70 


ADARE par CAT TU Re 1 


des Vers. $39 
barbe , d’agaric , & de fenné. Ce re- 
mede lui fit rendre par bas , un Ver 
pr qu’elle me montra, & dontje 
fus étonné ; car il avoit vingt palmes: 
de long , toit large de fix grains , & 
épais de deux ; maintenant qu'il eft 
deffeché , il n’eft pas fi large : il à 
des interftices tout le long du corps,, 
&c ces interftices font de l’efpace de 
deux grains, & élevés d’un côté en 
forme de dents de {cie : il eft tout: 
blanc, & a au milieu de ces interiti- 
ces de petites taches noires; une des: 
extrémités eft mince comme un fil ,. 
& d'autre large comme le relte du: 
corps; je n'yai point vu de tête, & 
je n'en ai jamais trouvé à ces fortes: 
de Vers. Après que le Ver fut forti . 
je purgeai la Malade, & lui ayant 
‘donné enfuite pendant quelques. 
jours , des fortifians, elle fe rétablit: 
æntierement. Elle eft à préfent dans 
une fanté entiere. Pour le Ver je le 
conferve defléché , & le regarde 
comme une.des chofes les plus rares: 
quejaye. Voili, Mr, Phiftoire fuc- 
cinéte de ce Ver , dont j'oppole Ia: 
defcription à ce bruit faux & ridi- 


cule , qui seit répandu dans la Suifle,. 


s4o . Del Génération | 
& jufques dans la Bourgogne , dur 
monftre de Payerne: : 151 til 0980 
À Payerne , ce 28. Août 1609.11 
Il y a une chofe à obferver ici ;. 
c'eft le dégoût qu'avoit: la Malade 
pour toute forte denourriture; quel-- 
ques-uns de ceux qui ont ce Ver 
étant tourmentés d’une faim extraor-- 
dinaire.. va 


Réponfe de Philibert Satrazenus., à 
Fabricius:, traduite du Latin. (a) 


Uand j'ai recû la Lettre oui 
Q vous me parlez de ce Ver plat,. 
j'avois en même temps une Malade 
attaquée de la même maladie. Com. 
me j'attendois. le fuccès des remedes: 
que je lui faifois,. j'ai differé à vous. 
écrire jufqu'à ce que je püñle vous: 
en donner des nouvelles: Voici en: 
peu de mots.ce que j'ai obfervé dans: 
cette maladie, & la conduite'que 
jy ai tenue: La Malade cft âgée de: 
trente-quatre ans, aflez replette, & 
a été dans fes premieres années fr 
fujette aux Vers, qu’elle en rendoit 
fouvent par les felles, de tout plats, 

fa): Gnill, Fabric. cent.1. Obferv, 70... 
: longs: 


des Vers. sa 

Tongs d’une aulne | d’une aulne 8 
demie , quelquefois de davantage, 
& larges du doior ; quand elle 4 
été mariée, elle a cu pluficurs en- 
fans, qui font tous morts peu de 
mois après leur naiffance » Ce que 
. AOUS avons attribué à la mauvaife 
… difpofition de la mere. Ce fond de 
vermine s’eft acru en elle à un point, 
ue ces dernieres années elle a ren- 

4 des Vers par le fondement, par 


” Ja bouche, & par le nez. Quand il 


En devoit fortir , le ventre de cette 
femme enfloit, & fouffroit les mé- 
mes moOuvemens que celui d’une 
femme grofe lorfque le fœtus 
change de place; peu de temps aprés 
ils montoient à la bouche, & elle 
en tiroit avec lesdoigts, des lon gueurs 
confidérables ; ce mouvement de 
ventre perfévéroit quelquefois ‘06 
alors la Malade tomboit en délire : 
| Cet quelque chofe d’incroyable , 

que le nombre de remedes qu'on 
lui a faits, les fréquentes médecines, 
Vaïl , la coralline , la poudre à Vers, 
la thériaque , l'abfynthe , touta été 
| mis en ufage | mais inutilement, 
Cette pauvre femme 14 gée de fouf- 
| Tome T2, | N 


) 


Î 2 De la Génératiof 
ir fi long-temps , m EnvOya querir 


il y a quelques jours, je lui ordonnai 
Fapozeme fuivant. ‘à 
‘me. Racine de diétamne de fou- 
ocre , de polypode de chêne , de 
chacune une once; écorce de raCi= 
.me de caprier, de tamaris, ÉCOICE 
moyenne de frêne, de chacune fix 
gros; germandrée chamæpitys , ab- 
fynthe , fauge, de chacune un ma- 
nipule ; petite centaurce , URE pin- 
cée ; graines d'anis , de citron , de 
ourpier, femen-contra , de chacun 
deux gros ; coralline , une demi-pin- 
céc; {enné , femence de carthame , 
de chacune deux onces;; agaric trO= 
chifqué, uhe demi-once; écorce de 
myrobolans citrins, de chacun trois 
gros : Faire une décocion du tout , 
dans une fufñfantc quantité d'eau, 


réduire la décoétion à dix Ones. de 
| liqueur , dans la colature difloudre 
une once & demie de fyrop de chi- 
corée compoié derhubarbe , autant, 
de fyrop de fleurs de pêcher, oxy=,\ 
mel fcillitique , UNE OPEE * méler-le 
tout , en faire un, apozçme pour 
uatre dofes ; . mettre fur le tont : 
quatre. fcrupules de poudre de dia, : 


+ 


des Pers: 


L'AR] 545 
|: Margaritum froid; ufer de cet apo- 


Zéme quatre matins de: fuite , une 
dofe chaque fois >, dans laquelle on 
difloudra cinq sos de diacarthami, 

& une once de fyrop de chicorée 
compofé de rhubarbe. tk 
* Frois heures aprés avoir pris de 
cet apozeme, je lui faifois mettre 
fur le ventre bien chaudement, un 

peu de l’onguent fuivant. 


Onguent d'Agrippa, trois onces ; 
… pulpe de coloquinte pulvérifée , fix 


gros ; fcammonée ; demi-once ; Myr- 
rhe, aloës, de Chacun trois SOS ; 


| -agaric blanc, cinq gros ; poudre de 


racine de cyclamen, un gros & de- 
mi; faffran , autant ; huile d’aman- 


| dés ameres, fix onces ; fuc d'ail & 


… de fcordium , de chacun demi.once;, 
| mêler le tout {ur le feu jufqu’à con- 
| fomption des fucs, Y ajoütant une 
| once de pétrole, avec une fuffifante 
| quantité de cire, &enfaire un on- 
guent. 
nn Surle foir je lui faifois prendre 
un lavement de Jait, compolé de 
| plufieurs thofes douces propres à at-. 
| tirer les Vers en bas. LE 
| “Ainfi attaqués de tous côtés s'ils 
ij 


4 De la Génération | 
font fortis en pelottons. IL enavoit 
des longueurs qui pañoient vingt 
pieds.La Malade depuis ce temps-là, 
fe porte mieux, elle a meilleure cou- 
leur , fes douleurs de ventre font ap- 


paifées elle dort, & ne tombe plus | 


en délire. | 


: La 
| Outre tous ces remedes, Je lui ai 


fait prendre un gros & demi de mer- 
cure en fubftance , tout pu ; pale à 


ci % 


travers le cuir, & depuis ce temps 


h, elle na plus été tourmentée de M 


Vers. Mais voici une chofe à remar- 
quer au fujet du Mercure ; c'eft que 
11 Malade , qui portoit alors un em- 


fâtre pour la matrice ; trouva peu " 


detemps après, Cet emplâtre tout 


rempli de mercure : CE qui fait voir 
combien les parties du mercure font. 
fubtiles, pour traverfer ainfi les in- 


teftins , les mufcles, & tous les té- 
oumens. Nous avons confeillé à pré- 
fent à la Malade de manger du pain 


de fégle, d’ufer de thériaque de 
temps en temps , & de prendre des | 


pilules fuivantes. CE 
#. Mañfe de pilules d'hiere, com- 


oféé d'agaric, demi-once ; extrait 


d'efula , deux gros 5 myrthe , um. 


- | 


à | des Vers. $4$ 

ros & demi ; coralline ; quatre 
fcrupules ; fafran ; un {crupule ; ré: 
duire le tout en mañle avec du fyrop 
de chicorée, compofé de rhubarbe ; 
partager en cinq pilules, une dragme 
de cette compofition , & prendre 
deux de ces pilules de deux jours 
Jun , le matin à jeun. Adieu, je 
vous manderai quel fera le fuccés 
de tout ceci; j'attends de vous un 


peu d'extrait d’éfula de votre ficon. 


À Lyon ce 12. Décembre 1609 


«.? 


. Autres Remarques de Guill. (a) Fabricius, 
éfrivant à Crafftius , traduites 
du Latin 


I L faut que je vous communique 
ce que J'ai remarqué fur les Vers 
plats. En 1604. la fille d’un Bour- 

cois de cette Ville , (4) nommé 

aniel Romay , âgée de neuf ans, 
étoit malade d'un bubonocele : com- 
me je voulois faire incifion à 12 
partie, je préparai le corps à cette 
Opération , par desapozemes & des 


LA A 


médecines ; & ayant donné à læ 


(a) Guill. rinra 2. Obferv. 70: 
{&) De Payerne, 
R N iij 


CPE Li fl) da) / ia: AE) LES 
L 


546 De la Génération 
Malade un breuvage fait avec le 
fyrop de rofe laxatif, compolé de 
rhubarbe, d’agaric'& dc fenné; elle 


rendit par bas un morcean de Ver 


plat, long de fept palmes environ. 
Peu de jours.après, qui étoit le 8. de 
Novembre ,.je fis l'opération , & 
ayant conduit la plaie à une parfaite 


guérifon , l'enfant fe rétablit, &clle 


s’eft tojours bien portée depuis. 
Tai chez moi ce Ver tout defléché, 
& je le conferve avec foin dans mon 
Cabinet. pute 
L'année derniere, une’ Dame de 
ualité de cette Ville, me confulra 
fur un mal de matrice qu’elle avoit : 
elle me dit qu’elle fentoit un froid 


incommode à la région du nom- 


bril, &au bas ventre : comme elle 


fe plaignoiït outre cela , d’une do 


leur de tête, je lui ordonnai des pi- 
lules céphaliques, qui la purgerent 
bien , & lui firent rendre par les 


felles un morceau de Ver plat, long: | 


de neuf palmes, de la même lar- 


geur, & de la même figure que celui 


dont je vous ai parlé dans ma pre- 
gmiere Lettre. | | 
Il y a quelques années que je dé- 


Zn 


| des Vers, $47 
livrai d'une dangereufe & longue 
maladie une petite fille, qui fit un 
Vér tout femblable ; la négligence 
de ceux qui Ctoiént auprés d'elle, 
fut caufe qu'on jetta une partie de 
ce Ver, dont il ne refta 4 
tion , qui eft venue jufques à moi. 
Quand on pañle le doigt fur ces for- 
tes de Vers, on les fent raboteux 
| d’un côté, & unis de l'autre : il ne 
|. m'eft jamais arrivé d'en voir d'’en- 
tiers. Je laifle plufieurs exemples 
femblables, à caufe de mon peu de 
loifir. Adieu. | 
| Autres Remarques de Guill.(a) Fabricius, 
ln écrivant a Crafftius , traduites du Latin. 
P Our ne pas vous écriré fans vous 
A rien mander de particulier, il 
faut qu’à préfent je vous fafle part dé 


ce que jé n'eus pas le temps de vous 


marquér dans ma derniere Lettre, 
au fujet des Vers plats. Je vousdirai 
donc qu'une Dame, nommée Ma- 
dame Mace, à préfent Veuve de 


M. Robault, qui étoit un célébre 


Apoticaire dé Laufanne , fut fort fu- 
(a) Guill. Fabr. cent, 2, Obferr. 70. 
N iv 


F ll 


| be dû ta Gide bd a Lutte & À d Gé A 


À 


elle les fentoit fe rompre dans fes 


»“ 


548 De la Génération 
jette pendant fa jeuneffe à des palpita> 
tions de cœur, à des foiblefes d’efto- 
mac,®& à des obftruéions de vifceress 
elle fit divers remedes par l’ordon 
nance des Médecins ,& de temps en 
temps aprés un certain purgatif , 
que prenoit quelquefois, elle ren- 

oit des morceaux de Versplatsaflez 
longs. Quand elle fut mariée, & M 
qu’elle eut commencé à avoir des M 
Enfans , fes palpitations ceflerent, # 
fon vifage devint meilleur ; mais 
elle demeura incommodée d’une 
lienterie , pendant laquelle elle ren- 
doit quelqufois par bas, des mor- 
ceaux de Vers rompus, qui étoient. 
longs , les uns de fix palmes. , les au- 
tres de neuf, les autres de dix. Or, " 
ce qui eft à remarquer, c'eft que 
toutes les fois qu’elle en rendoit, # 


inteftins. Cela ne l’empêcha pas d’a- 
voir plufieurs enfans , & fur-tout 
des garcons, dont plufieurs vivent. 
Un certain jour , après avoir pris une 
médecine, elle rendit un morceau 
de Ver qui avoit fept aulnes, me- « 
fure de Laufanne, c’eft-à-dire fix * 


palmes * le refte du Ver demeura « 


dede Men 44e 
dans le corps: mais peu de jours 
aprés”, elle en rendit la plus grande 
partie, fans fentir comme aupara- 
vant , que rien fe rompit : ce qui 
lui fit juger qu’elle étoit entierement 
délivrée de ce Ver; en effet, il ne 
lui eft plus rien arrivé de femblable 
depuis cetemps-là, & même le flux 
de ventre , dont elle avoit toujours 
été incommodée , s'arrêta : enforte 
que depuis douze ans, elle a Cté en 
parfaice fanté. J'ai appris cela de 
fon mari même, qui me le dit en 
préfence de fa femme. Ils m’ajoû- 
terent Vun & l'autre , que fi tous 
les morceaux qu'elle avoit rendus, 
étoient joints enfemble , ils feroient 
plus de vingt aulnes. 
Chez M. de Villadin le Gouver- 
eur, il y a une Servante , âgée de 
trente-un ans, laquelle eft tour- 
mentée depuis long-temps par cette 
forte de Ver plat : & ce qui eft di- 
gne de remarque, c'eft que depuis 
quelques années ; elle ne manque 
point tous les ans, vers la S. Jean- 
Baptifte, d’en rendre des morceaux 
fort longs. | 
_ Madame Marguerite de Mulli- 


$50 De la Génération 

nen, femme de M. de Villadin, que 
je viens de nommér, me montra 
En 1607. trois de ces morceaux dé 
Vers plats, que cette Servante avoit 
rendus , lefquels faifoient plus de fix 
aulnes. Je n’oublierai pas de vous 
dire, que cette Servante fent conti- 
nuellement dans le ventre un certain 
froid qui l’incommode beaucoup, 
fouvent aufli elle eft attaquée dé 
 Diarrhée, & quelquefois elle ef 
trop reflérrée ; à cela prés, elle jouit 
d’une affez bonne fanté , elle eft ro- 
bufte, & ne s’inquiete pas beaucoup 
de fon mal. Je lai purgée quelque: 
fois avéc des pilules faites d’aloës , 


de rhubarbe, d’agaric, & d'éxtrait - ! 


de coloquinte. Je lui ai fait prendré 
aufli d’une poudre pour tuer & pour 
chafer les Vers : mais une chofe: 


furprenante., c’eft qu'un certain Em: 


_pirique lui ayant fait boire trois ott 
uatre fois d’une ptifanne faite avec 


violemment fans rendre aucuti Ver; 


feule coloquinte , elle fut purgéé 


L 24 


& cependant lorfque la S. Jean ap N 


proche, ces morceaux de Ver for: 

tent d'eux - mêmes comme par ur 

Mouvement critique de Îa mature, 
Adieu. : | 


_ 


des Vers. $53 
| Remarques d'Olaus Borrigius. | 


L( J N jeune homme de 26. ans, 


tourmenté d’une faim dévo- 


rante, quon nomme Boulimie , \e- 
quel fe plaignoit de différentes dou- 
leurs dans le dos, & dans les inte- 
fins, fentoit un fi grand froid au 
nez, qu'il croyoit que le nez lui al- 
loit tomber. Je fus mandé pour voir 
le Malade : je lui ordonnai une juite 
dofe de diacatholicon & de dia- 
phœnix , mélés dans des eaux con- 
venables , & je lui fis rendre par ce 


| moyen deux lambeaux de Ver plat 


tout vivans, de la longueur de 24. 
pieds, mais morts quand ils me fu- 
rent apportés. Les incifions de ce 
Ver , lefquelles étoient en grand. 
nombre , ne compofoient pas une 


ligne droite comme celles de Sen- . 


nert &Tulpius,mais elles étoient cre= 


nelées & dentelées, & le long du mi. 


lieu du dos la bande n’étoit pas diftin- 
guée par des interfeétions contigues., 
nert a fait graver; mais entre cha- 
que interfeétion , on voyoit au mi 


comme celles de la figure que Sen- 


s52 De la Génération 

licu certains points élevés , tante 
trois comme dans la figure de Tul- 
pius, tantôt davantage. Ces points 
étoient quelquefois exagones , & … 
tout remplis d’une liqueur épaifle, 
qui le premier jour paroifloit blan- … 
che comme du lait, & enfuiteap- : 
prochoit de Ia couleur du fang. Mais ” 
ce qu'il b, a de furprenant, c'eft que 

le Malade n’a pas feulement rendu 
pour cette fois, de tels morceaux de 


Vers, mais que toute l’année il à 


continué d'en rendre, foit de plus 
Tongs , foit de plus courts, toutes les 
fois qu'il aréitéré la même médeci- 
ne : or, il l’a réitéréc environ quaran- 
te fois : mais ce n’eft pas encore Ia 
fin, & fi l’on fupputoit tout ce qu'il 
a rendu de ce Ver jufqu’à préfent , 
cela monteroit à plus de huit cens . 
pieds. Quant à moi, j'en conferve 
dans mon Cabinet environ la lon- 
gueur de deux cens pieds. Au refte 
je n'y ai point remarqué detête, & 
il y a bien apparence qu’il n’eft pas 
tout forti, car le Malade fent de 
temps en temps des morceaux de 
ce Ver fe rompre dans fon corps. 
J'ai cffayé contre l’Infeéte dont if 


- 


des Vers. | NT 


| agit, le mercure doux, & autres 


remedes ordinaires qu'on employe 
avec fuccès contre les Vers Stron-. 
gles & contre les Afcarides ; mais. 
cela n'a fervi de rien. Je n’ai jamais 
pu chafler que par des purgatifs ce 


| mauvais hôte. La même chofe m’eft 


arrivée à l'égard de la femme d’un 
Marchand de Biere , & d’une Dame 
de qualité. Enfin après avoir mis le 
jeune homme à l’ufage fréquent des 
amers, je fuis venu à bout de le 
guérir desfa boulimie , & depuis l’on 
n'a plus vu en lui de fignes deVers.(4) 

Fabricius , & Olaus Borrigius, 
comme nous venons de voir , difent 


| qu'ils m'ont point vu de tête au Tæ- : 


nia, c’eft que cette partie s’en fépare 
aifément, & refte ordinairement dans 
le corps du Malade. 

_ Aprés tout ce détail, il eft imbor- 
tant de faire ici une remarque géné- 
rale; fcavoir , que dans la plüpart 
des maladies des Vers, foit Vers 
plats , foir Vers ronds & longs, ou 
autres, il faut {ouvent avoir moins 


d’égard aux Vers mêmes, qu’à la 


(a) Thom. Bartholin , Aa Medica & Philofoph, 
Hafnienfin. yolumen 2. anni 1673, 


éd à Gr du dd dla Mn de | 


554 De la Génération | 
matiere vermineule , parce quecette 
maticre, comme nous l'avons déja 
remarqué plus haut, eft la princi- 
ale caufe du mal; ainfi dans letrai- 
tement de ces maladies, on doit fon- 
ger fur-tout, à deux chofes , & c'eft 
De ce que nous allons voir danslase- 
ion fuivante. qu 1 


SecTrron Ill. 


Remarques générales fur le traitement 
des maladies vermineufes. 


| 
| 
| E viens de dire que dans letrai- 
| À tement des maladies de Vers,on 
| doit, fur-tout , fonger à deux cho- 
| fes; voici ce que c’eft. La premiere 
eft d’évacuer la plus grande quantité 
| qu'il fe peut, de cette matiere ver- 
minêufe dont nous venons de. par- 
| ler; & la feconde dé corriger ce 
wil en refte après l'évacuation. Si 
| onc cette matiere caufe des con-. 
vulfions, desaffe@ions foporeufes , 
des tranfborts, de grofles fiévres, 
comme il arrive quelquefois, felon 
la: remarque que nous avons’ faite 
daas le Chapitre IV. il faut d’abord 


der à arr de, or Mérite LÉ. ni M té AL eds ee RES RS 


| des Vers. 5 
_ défemplir les vaiffeaux par la fai- 
* gnée, pour faciliter l'ofcillation des 
vaifleaux , & favorifer par ce moyen 
M Jacirculation du fang , laquelle eft 
M roûüjours embarrafléc dans ces occa- 
M, fions, à caufc de l'épaifleur des fucs 
L\ produits par cette humeur vermi- 
_ neufc, qui eftun acide coagulant; 
. puis venir à la purgation des pre- 
MW micres voyes, pour enenlever cette 
“ matiere, dont quelques parties s’in- 
troduifant dans la mafle du fang, 
deviennent un des plus forts obfta- 
cles à la tranfpiration , &c par con- 
… {équent une fource de maladies. La, 
.… fconde chofe à quoi il faut fonger, 
Mu cft de recourir aprés la purgation à 
… J'ufage des amers: ces amers trou- 
vant alors moins d’empêchement, 
u font tout autrement cfficaces, foit 
I pour corriger l'ugre pernicieux qui. 
… refte, foit pour chafler les Vers qui 
bn ont échappé à la purgation. 

 . Je confeille ici la purgation après 
(\ . ja faignte , parce que l'expérience 
(à m'a appris que cette méthode eft la 
meilleure qu’on puiffe fuivre pour 
ln, guérir radicalement ces maladies ; 
| quoi qu'en difé un Auteur Moder- 


: L. ÿ 


$$6 De la Génération | 
ne, (4) qui prétend que la purga- 
tion ne fcauroit être d'aucun fecours, 
dans quelqué maladie que ce foit, 
& qui foûtient contre route raifon, 
& toute expérience, que l'avantage 
qu'on attend de la purgation, fe 
doit uniquement attendre de Îa: 
faignée. Comme ce fentiment , s'il 
avoit cours , feroit d’une funefte 
conféquence pour la vie des hom- 
mes, & que l’Auteur qui le vou- 
droit introduire , s'appuye d’un rai- 
fonnement fpécieux , qui pourroit 
impofer à quelques jeunes Méde- … 
cins, nous croyons qu'il eft de notre 
devoir de montrer ici le faux d’un 
tel raifonnement. 

Nous avouerons d’abord avec 
Auteur dont il s’agit, que la tranf- 
piration eft la plus A UE & en 
même temps la plus néceflaire de 
toutes les évacuations. Enforte que 
lorfque cette évacuation eft .trou- 
blée, foit par l’'épaifeur que l'acide” 
d’une matiere vermineufe produit 
dans le fans , foit par quelqu’autre 


(a) Mr H*%* dans fon Explication Phyfique & 
méchanique, des effets de La faignée & de la boiflon 
dan la cure des maladies. | 


+ | caufe, 


definir di ia dt Ris ei. Béi:2 


des Vers. S57 
caufc , il ne peut arriver que du dé- 


{ordre dans les fonétions du Corps. 


La Vérité de cette propofition ef. 
- ai P e- . 
juftifiée par des expériences incon- 


teflables, & il n'y a aucun Méde-. 


Cin qui la révoque en doutc. Mais 


| notre Auteur abufe vifiblement de 


ce principe , pour le faire fervir de 
preuve à fon opinion. 

Ce qui doit, dit, parfaitement 
convaincre de l’inutilité de la pur- 


M gation dans les maladies même où 
| 1f faut évacuer, c’eft que fa purga- 


tion vuide infiniment moins que la 


tanfpiration, & voici, continue- 


t'il, comment on peut Île démon- 
trer.. Dr | 

» L’évacuation du bas-ventre , eff 
#7€N proportion avec la tran{pira- 


»t1on , Comme d’un. à .dix , c'eft-à- 
“dire, que la tranfpiration évacue 


»dix fois autant que l'évacuation du 


li » bas ventre ; de forte qu'une per- 


| » fonne qui dans un certain intervale 


| »de matiere par les Ç 
|» même perfonne dans un égal ef- 
# pace de temps , fe déchargeroir de 


» de temps, perdroit Lee onCes 
elles ; cette 


» quarante onces de matierc par la 
ose II. 


r 4 NEA NNEAVE DL NT 


OT SA 


558 De la Génération 


FUTERITTEEE 


» tranfpiration. J1 feroit donc vraë. | 


» de dire que filon tranfpire d'un. 
» dixiéme moins qu'à l'ordinaire , : 
»on en fera autant incommodé que. 


» fi l'on n’alloit point du tout, à la 


» elle. Donc on foulagera un Ma. 


vlade en le faifant tranfpirer d'un 
» dixiéme pis qu'il ne failoit, au- 
1 


» tant que fi on lui rendoit une plei-. 
»ne & parfaite liberté de. ventre. 
» Mais fur ce principe, Cette der- 
»nicre évacuation doit beaucoup 
» perdre de fon, crédit ; car quand. 
» on parviendroit À la. rendre cent. 
» fois plus copieufe qu’à l'ordinaire », 
sonne feroit pas plus que fi on avoit, 
»rendu la tranfpiration dix fois plus, 
» abondante que de coutume, Ainft 
»une perfonne à qui il uMfoit, 
» pour fe conferver en fanté, d'aller, 
une fois à la felle, fera obligée d'y 
_valler cent fois. pour guérir d'une. 
»maladie, & fi elle avoit coutume. 
» d'y aller deux fois , il faudra l'y. 
» faire aller deux cens fois. Deplus, 
sajoûte-til, s'il eft vrai que a fai- 


» gnée ; COMME on Va obfervé, vui-. ! 


, de autant en un moment, que la, 


æ tranfpiration €n fix heures ; la fai- 


des Vers. Ss9 
# ghéc doit être préférée au- deffüs de 
 »lapurgation, (4) d'autant qu'elle 
#aura plus dé facilité que le bas- 
#VEntre , pour fuppléer au défaut de 
»la tranfpiration. 

. Voilà ce que Mr Hecqüet nous’ 
donne pour une Démonftration dans! 
fon Livre intitulé : Explication Phyfi- 
qhe Gr méchanique des effets de la faignée ; 
de La boiffon dans la cure des maladies. 
. I dit donc que l'évacuation du bas: 
ventre eft à l'égard de la tran{pira- 
tion comme un à dix, enforte que 
fi quelqu'un qui aura coûtume er 

fañté , PA ROTE les jours deux fois 


| 4lafelle, & de fe délivrer par- là: 


d'environ quatre onces de matiere 
chaque fois, vient à tranfpirer d’un 


dixiéme moins qu’à l'ordinaire, il 
faudta pour le ouérir par la purga- 


tion, le faire aller deux cens fois à 


Ja fellé, c'eft-à-dire, lui faire éva- 
cuer hüit cens onces de matiere par 


le bas-ventre. Mais fi ce principe eft 
vrai , il ne conclud pas moins contre 
| Ha faisnée, que contre la purgation. 
En effet, dès qu'il faut une évacua- 
Ne ] Préférée au-deflus de la putgation > À veut 
di8 [ans doute , préférée à La purgation. 4 


O 5j 


ol 4 él ' 7 Bi gr ls à 0 Liu 67 sé D bu Cut tu dc 4 id AUS die cet dé ie 
" r 7" L: 
x 


s6o De la Génération 

tion de-huir cens onces pour fup- 
pléerici, par le moyen des felles , 
au défaut de la tranfpiration, iln’en 
faudra pas une moindre pour fup- 
pléer à ce même défaut par le moyen: 
de la faignée; & par conféquent ce 
(era huir cens onces de fang qu'if 
faudra tirer à ce Malade, fs on veut 
fuppléer par la faignée au défaut du 
dixiéme, dont on fuppofe que fa. 
tran{piration cft diminuée ; c'elt-à- 
dire, qu'il faudra lui faire quatre 
vingt faignées de neuf onces cha- 

cune. | 

L'Aureur fetrompe donc vihble- 

ment, & fon erreur vient de deux 

mépriles. La premiere, de fuppofer , 
comme il fait, qu'un purgatif, pour 

remédier au défaut de la tranfpira- 

tion, doive évacucr d'autant plus. 
par les felles , que la tranfpiration 
eft diminuée; ce qui eft abfurde. Car 
une. médiocre évacuation, du bas- 

ventre , peut donner affez de liberté 
aux liqueurs &c aux vaifleaux qui les 

contiennent, pour que les humeurs 
reprennent leurs cours, & fe filrent 
dans leugs différens couloirs, moyen- 


nant quoi, la tran{piration fe réta- 


drole ARR Éd yétialt di Brass padit fé “at Aid: : Gi Élu Ses 
Pr ps L, « ? 


l 


| + idees Pers, "it s6r 
blifa, & fera d'autant plus abon- 
dante , qu'il y aura eu plus de ma- 
tiere tranfpirable retenue. C’eft ainfi 
qu'on voit quelquefois une évacua- 
tion légére ,rappeller tout d’un coup: 
la circulation , procurer d’heureufes 
fueurs, & calmer de grands fymptô-. 
mes. Ceux qui ont quelque expé- 
rience dans la pratique de Médeci- 
ne , fçavent par exemple , avec quel 
fuccés on purge , foit par haut, foit 
par bas , aux premieres approches. 
de la petite vérole, & avec quelle : 
promptitude l'humeur maligne qui 
ne pouvoit fortir auparavant, fe fait 
jour enfuite au travers de Ja peau , 
qu'elle couvre de puftules. C'’eft que: 
la purgation ne dégage pas feule- 
ment le bas-ventre, mais oblige les 
glandes inteftinales en les picotant , 
à. fe décharger de l'humeur que la. 
mañle du fang y dépofe, ce qui leur 
donne plus de facilité à en recevoir 
d'autre, & met par conféquent plus. 
à l'aife le fang & les vaifleaux. L’Au- 
teur ne mefure ici le bon effet de la 
purgation, que fur la quantité qui 
S'évacuc par les felles, fans fe fouve- 
nic du.fage avis d'Hippocrate, que 


NE CPP D CON RTE Te d dre. dl à EU dattes Là hui dub ROBE AR à + 0 d'éded :Hiii D Vie à a é 
: ; bd: USER dE LES, 
2 - " 


s6z DelaGénératim. 
c'eft par la qualité, & non par Le 
uantité de l'humeur évacuée ; Qu'if 
sue juger du fuccés d'un purgatif. En 
effet, l'évacuation d’une petite quan- 
tité d'humeur qui fera de Fobftru- 
tion quelque part, ou qui fournira 
ER levain coagulant, capable 
e retarder le mouvement des liqui- 
des’, fuffira fouvent pour rétablir le 
cours de toutes les humeurs, tandis 
qu'une plus grande évacuation qui 
enlevera une autre humeur» dans 
laquelle ne réfidera pas la caufe de 
la maladie, ne fervira de rien, où 
fera méme dangereufe. La feconde 
méprile de l'Auteur, c’eft de fuppo- 
fer que plus on va à la fetle, quand 
én fe porte bien, &c plus on difipe 
par la tranfpiration. » Celur,, dit-il, 
» à qui il fufffoit pour fe bien por 
»ter, d'aller une fois # Ta felle’, fera” 
> obligé d'y aller cent Fois pour gué- 
rit d'ane maladie où la tranfpira- 
»tion fera diminuée d’un dixième x 
» & s'il avoit coûtume d'y aller deux 
» fois, il faudra. l'y faire aller deux 
,cens, 11 fe fondé fur ce que quel- 
ques Médecins difent que la tranfpi- 
ration diffipe dix fois autant que 


”" 


_ 


boul Hé ù dif 2. do dant: D feu ‘Éd D, 6 SE 


Là des Vers: + 63 


l'évacuation du bas-ventre ; maïs it 


ne prend pas garde que lorfque ces: 
Médecins parlent ainfi, c’eft en fup- 


pofant que l'évacuation du bas-ven-. 


tre ne pale pasune certaine mefure : 


ainfi dès qu'on fera monter cette. 


évacuation au double & au triple, 
ce ne fera pas la même proportion, 
&c, la tranfpiration ne pourra plus: 
l'emporter de dix fois autant. Les 
Médecins dont il s’agit, ont obfer- 
vé à peu près ce qui fe diffipe cha- 


que Jour par les divers endroits dur: 


corps pour l'entretien de fa fanté ;, 


| & aprés avoir fupputé en, général, 


ee qui s'évacue par les urines, par le: 


cracher , par les felles, ils ont con- 
| clu, que fuppolé qu’il forte chaque: 


jour tant de matiere par les urines. 
tant par le cracher , tant par les fel- 
les, la tranfpiration doit être en:telle: 


 & telle proportion à l'égard de cha- 
. cune de ces évacuations ; d'où il eft: 
| facile de voir que fi on vient à chan- 


ger leur fuppofition, & à vouloir 


qu'il sévacue plus. ou moins de ma- 


ticre par le bas-ventre, il ne doit: 
plus y avoir la même proportion: 


_ entre l'évacuatien qui fe fait par les: 


al | VV NRINT "7 1 à 


w hd riens de “tr bb Méh E ilnhe 7 it, à alé shot ee GS en RS ie de di 
: U 1 , : L ‘ b à « . F 
& 


#64 De la Génération 
| felles, & celle qui fe fair par fa tran£ 
|  piration; celä eft conftant. Ainfi c'eft 
fe méprendre étrangement, de croire 
je pour rétablir. la tranfpiration 
ans un Malade qui avoit coûtume 
en fanté , d’aller deux fois par jour à 
la felle , il faille l’y faire aller deux 
cens fois , fi on veut venir à bout de 
le guérir enle purgeant. Maisune 
remarque qu'il ne faut pas oublier 
ici, c’eft qu'il eft faux que l’évacua- 
tion du bas-ventre, foit à la tranfpi- 
ration, comme r..à 10. felon Sanéto- 
rius, Aph. 4. 6. 7. Scét. 1. elle n’eft 
que comme 3. à $, c'eft-à-dire , que 
6 la tranfpiration pañle d’un peu plus 
| que de Ha moitié , Févacuation dæ 
Bbas-ventre. 11 faut de plas confidé- 
rer que Sanétorius étoit Italien, & 
qu'il écrivoit eeci dans un pays ot 
l'on tranfpire beaucoup: 
Ce que lAuteur ajoute , fçavoir 
due s'il eft vrai, comme on l'a ob- 
ervé, que la faignée vuide autanterr 
un moment, que la tran{pirarion em 
fx heures, la faignée doit être pré- 
férée à la purgation, où , pour ne rien’ 
changer dans fes termes, au-deffus de 
Ja purgation, n’eft pas plus exact. 
Nous: 


" 


2 


Lu, des Vers. _ 565 
Nous remarquerons d’abord , que 
cet Auteur dit à la page 17. (4)que 
ce qui s'évacue chaque jour par le 
bas.ventre, ne va pas à plus de qua- 
tre onces; & page 12. qu’on ne perd 
pe plus en quinze jours par les fel- 

ss, quen un feul par la tranfpira- 
tion ; d'où il s'enfuit, que R tranfpi- 
ration doit difliper foixante onces 
de matiere en un jour , & par confé- 
quent quinze onces en fix heures. 
Or, fur ce principe , uné faignce 
ordinaire , qui n’eft que de Hate on- 


ces , ne fçauroit donc évacuer autant 


Run moment, que la tranfpiration 
en fix heures. Mais l’Auteur , voyant 
bien que pour ce qui regarde fa pré. 
tendue Démonftration , il ne fçau- 
roïttrouver fon compte à ce calcul < 
S'eft avifé d'en füivre un autre : nous 


nous y tiendrons. Selon ce calcul , 
l'évacuation du bas ventre n'eft plus 


En proportion avec la tranfpiration , 
comme d’un # quinze ; elle l’eft feu- 
lément comme d'un à dix. Enforte 


| “qu'en fix heures, ce n'eft que dix 


onces de matiere qui s’échapent par 
Finfenfible tranfbiration , au lieu de 
(4) Thefe fur la faignée, 


Tome II. P 


de UE a à tit des cdi dei AUS A dr ED 0 ie de it pô : ‘dé « 


 (élaica FT 


ninze, ce qui répond aux. neuf à 
LE: onces de fang qui s’évacuent par 
une faignée de trois palettes. Mais 
quoique {elon cette fupputation , il 
{oit vrai que la faignée enleve autant 
en un moment, Que la tranfpiration 
en fix heures, il ne s'enfuit pas pour 
cela , que la faignée doive être pré- 
férée à la purgation, puilque une 
fimple ES fait rendre fans 
peine par uné feule felle , plus du 
double & du triple de ce que peu- 
vent tenir trois palettes de fang, Ain: 
fi une purgation qui fera faire quatre 
ou cinq felles en ün matin, ÉVACUE- 
ra plus alors que: quatre où cinq:fai- 
gnées. Si donc on na égard ici, 
comme fait notre Auteur, qu'à la 
quantité de l'évacuation , bien loin : 
que l’on doive préférer la faignée à 
la purgation, On doit au contraire , 

référer la purgation à la faignée, | 
puifque pour évacuer autant en un 
matin par la faignée , qu'on évacue- 
roit par la purgation , il faudroit au 
moins.trois faignées en un matin. 

La prétendue Démonftration de 
notre : Auteur na donc. rien de 


566 De la Génération 


“concluant , bien loin d'être une Dé. 


A des Vers; S6y 
imonfiration, Ainfi cllé ne doit poi 
nous empêcher de démeurer tou- 
jours danse fentiment où nous fom- 
mes fur l'utilité de Ja Purgation dans 
les maladies vermineufes ÿ pourvu 
toutefois qu’on ne néglige point 1z 
faignée , qui eft ici trés-fouvent d’un 
grand fecours , comme nous l'avons 
remarqué plus haut: mais ce reme- 
_ de, auffi-bien que le purgatif, veut 
|. être fagement ménagé ; car de croire 
avec le même Auteur , qu'on puiffe 
fans rifque, tirer prefque tout le fan 
d’un Malade » C’eft renoncer aux lu- 
micfes les plus claires de la raifon & 
de l'expérience , Pour ne rien dire de 
plus. Auf les preuves que cet Au- 
teur apporte pour juflifier une fi 
étrange propofñtion » NC font pas 
Moins étranges, que là propofition 
même qu'il veut établir. , [1 fuffit , 
» dit-il, dans {à Difertation fur 1a 
»Saignéc, de faire attention au peu 
» de forcés & de fang qu'il faut pour 
# empêcher un Malade de mourir. 
# Car enfin un Malade wétant obli- 
| #gé à aucun Mmouvément , ou exer- 
_#cice confidérable, & n'ayant à fai 
“re que de ne Point mourir, il né 
Pi 


68 De La Génération 


> Jui faut ni plus de fang, ni plus de : 
» force qu'à un homme endormi, : 


» par la raifon que vivre , pour l'un 


» & pour l'autre ; n’eft que refpirer 3 
» ou pour parler plus exaétement , la 


» vie dans tous les deux ne confifte 


# que dans le pouls & dans la refpi- 
#fation ; En un mot, dans la circula- 
wtion du fang.... Donc un Mala- 
vde na befoin que de très-peu d’ef- 
» prits, & de fans , puifqu'il vit avec 


#{i peu de force.,.. La vie fe con- 
» fervant donc pendant le temps du 
» fommeil & de la maladie , moyes- 
» nant le mouvement de fi peu de 
# parties folides, en doit conclure 
» Que trés-pEu d’efprits & de fang eft 
# deftiné pour faire vivre un Mala- 
»# de, & un homme qui dort. Sup 
» pofons qu'une perfonne vienne à 
. tomber malade; alors tout le fang 


» qui devoit Être employé pour faire. 
n agir tout le corps , demeure oifif 
.& fans ation. Or, fuppofé que 


, de vingrlivres de fang qui fe trou- 
vent dans le corps, cinq livres fuf: 


» fifent pour entretenir la circulation : 


, & la vie dans ce Malade, ce {c« 


» ront quinze Ivres de fang qui ne. 


| des Vers. -$6s 
“nferviront pas alors àle faire vivre. 
» Ajoûtez à ces quinze livres ce qi 
» fera retenu dans les vaiffleaux, par- 
» ce que la tranfpiration, commeïl 
» arrive ordinairement dans les ma- 
_»ladies, fe trouvera arrêtée, cetté 
#» quantité de fang inutilé à la vie, 
»devra groflir confidérablement. 

Ï faut prouver ici trois chofés. La 
Ha , qu'un Malade eft fembla- 
ble à un homme. qui dort. La fe- 
conde , que dans un homme quia 
vingt livres dé fang , cina livres fuf- 
fifent pendarnit le fommeil, pour faire 
la circulation ; & la troifiéme , que 
de vingt livres de fang qui féront 
dans le corps d’un homme éndorimi, 
il y en doit avoir par conféquent 
quinze d'oifives , & qui ne fervent 

€ rien. Aprés cela , on pourra pro- 
noncer hardiment que pendant le 
fommeil & pendant la maladie, les 
. trois quarts du fang font fuperflus , 
d'où s'enfuivra que le fommeil qui 
ef fi néceffaire pour rétablir les for- 
ces , ne fera plus qu’un déréglement 
. de la nature, & la fource d’une infi- 
_nité de maladies , puifque la plus 
. grande partie des annee demeu- 
iif 


ta. ME et PONS SC UE ‘Éd € "à r 


579 De la Génération 

rant oifive alors & fans aïlion ; ne pour- 
ra plus fe dépurer. Cependant , {elon 
les Obfervations de Sanétorius , la 
tran{piration augmente du double 
dans le fommeil ; jufques là mêine:, 
que felon cet Auteur , elle eft quel- 
quefois plus grande alors , que dans 
les plus. grands exercices dela veil- 
le , en fuppofant prefque Fégalité 
de temps. Or, comment pourroit-ik 
arriver que pendant fept heures de 
fommeil , on tranfpirât infenfible- 
ment & fans peine le double de ce 
qu'on tranfpire pendant la veille , fi 
dans le fommeil , la plus grande 
partie des liqueurs étoient oifives & 
fans aëtion. Mais quand on pourroiït 
prouver toutes ces chimeres, celæ 
ne ferviroit qu’à détruire le fyftême 
qu’on veut établir ; car enfin, fup- ! 
pofer qu'un homme endormi & un 
Malade n’ayent befoin pour vivre, 
que de cinq livres de fang; & que 
15. livres deméurent en eux, oifi- 
ves & fans ation , c’eft fuppoler que 
lorfqu’on dort, ou qu'on eftmala- 
de , l'équilibre des liquides & des 
folides n’eft pas néceflaire à la vie : 
cependant l’hypothefe de celui à qui 


Vale Pas. xt 
‘appartient cette comparaïfon , roule 
entierement fur l'équilibre destiqui- 
des & des folides , dans lequel con- 
fifte la vie & la fanté. Cet Auteur 
foûtient dans fa même Différtation 
fur la Saignée, que vingt livres de 
liqueurs font néceffaires pour répon- 
dre à fa force des folides; & que 
cette force eft naturellement bornée 
| à faire circuler vingt livres de liqui- 
| de; deforte, dit-il , que pour faire 
| fubfifterla vie ; & pour entretenir la 
fanté ; il faut que les liquides & les 
folides foient toûjours dans cette 
proportion. Il ajoûte que le Méde- 
gin ne doit avoir d'autre vue que de 
rétablir cet ordre & cet équilibre 
entre les folides & les liquides. Ces 
principes une fois pofés, comment 
peut-il avancer qu'il n’y a nul dan- 
ger à diminuer destrois quarts la 
mafñe du fang , & de la réduire à 
cinq livres dans les Malades qui en 
| ontwingt ? Eft-cc-là un moyen bien 
fur de remettre les liquides & les 
| folides en proportion les uns avec les 
autres ? Car fi l'augmentation des 
liqueurs au-deflus de ce qui eft n€- 
ceffaire pour l'équilibre des folides 
P iv 


572 De la Génération 
& des liquides, eftun déréglement ; 
la diminution de ces mêmes liqueurs 
au-deflous d’un certain point , fera 
un autre déréglement., Ainfi les fup- 
ofitions que nous venons de com- 
QUE , font non-feulement abfurdes 
* dans la fpéculation , mais d’une con- 
 féquence dangereufe dans la prati- 
ue. J'ajoûterai même , fanscrainte 
d'être défavoué par la fçavante Fa- 
culté qui m'a inftruit , & dont je 
fais gloire de fuivre la Doûrine, 
qu'il n'y a point de Médecin zélé 
pour l'honneur de fa Profefion, & 
pour la vie des hommes , qui ne 
. doive s'élever avec force , contre 
des maximes fi téméraires , & ft 

| meurtrieres. 

r Je terminerai ce Chapitre, enre- 
marquant que fi la purgation eft 
d’un grand-fecours dans les maladies 
vermineufes, c'eft fur-tout lorfque 
Ja maladie eft aigue , & qu’elle com- 
mence ; parce que c’eftalors ordinai- 
rement que fe préfente l’heureux mo- 
ment de l’orgafme , dont nous avons 
{uffifamment parlé ailleurs ,(4).& 


© (4) Voyez Remarques de Médecine fur l'orgafme 
dans les maladies , fur la faignée, fur la purgation 


* des Vers. #73 
dont pour cette raifon ,nous ne di- 
rons rien ici. Qu’ik nous foit permis 
feulement , de finir par ces excellen- 
tes paroles d’undes plus fçavans Mé- 
decins de la Faculté de Paris, Pur- 
gationcm fanè èn acutorum initits Jeprus 
fuadet vera medendi ratio ; comprobat felix 


_’experientia , nec probibet , quin no pains 


prefcribit, éimperat divinus Senex.(a) 
Paroles qui ne peuvent trouver d’au- 
tres advérfaires, que ceux à qui la 
raifon, l'expérience, & Hippocrate, 
font abfolument inconnus. 


SECTION IV. 


Sur La maniere dont agifent Les remédes 


antiverMineux. 


D É ces remedes , les uns agif- 
7 fent par une vertu manifefte, 
les autres par une vertu cachée, dont 
on ne peut découvrir la raifon. En- 
tre les premiers, on compte toutes: 


les huiles, parce: qu'elles bouchent 


& laboiffon , imprimées chez d'Houry , rue de la 
Harpe, au Saint Éfprit. 

(a) Quaf. Medic. M. Petro. Bourdelot Prefde. 
An per-acutis ut plurimum purgato per fuperiora F 
Arts 3, Vers hs firem. | 


rére. TES QU D | SD LS LE Lo D A don 


74 De la Génération 
fes pores des Vers , & qu'il eft vifi- 


ble que fi elles tuent ces Infeétes , 
comme elles font, c’eft parce qu'en 


bouchant leurs pores , ou leurstra- 
chées , dont toute leur peaueft par- 
femée , elles empêchent ces Ani- 
maux de tirer l'air au-dedans- deleur 
corps , ce qui les doit étouffer. 

Ces trachées, comme nous la- 
vons remarqué plus haut , & que le 
remarque Mr le Clerc dans fon 
Hiftoire des Vers plats , ont été ob- 
fervées & décrites par Mr Malpr- 
ghi , dans fa Diflertation fur le Ver 
à foie. Ce dernier a en même temps 
découvert par plufieurs expériences, 
que Fhuile étoir un poifon-pout les. 


Vers. Ayant touché , dit-il , avec 


un pinceau trempé d'huile, les tra- 
chées deiquelques Vers à foie, je 
les vis tomber {ur le champ en con 
vulfion, & expirer. Pour mieux 

m'aflurer de cette propriété de l'hui- 
le, j'oignis d'huile, les trachées fupé- 
ricures d'un Ver à foie, depuis la 
tête jufqu'au milieu du corps, & 
alors il devint paralytique de cette. 
partie, remuant feulement lautre 
moitié du corps , que je n’avois pas 


des Vers. En 
touchée d'huile. I demeura une 
nuit en cet état , mais le matin üË 
reprit fon mouvement entier. Jeluï 
donnai de la pâture , & il fabriqua 
fa coque. Je fis la même expérience 
fur d’autres Vers à foie, & la même 
chofe arriva. 

Comme j'avois frotté d'huile les 
parties fupérieures de ces Vers, je 
frottai à d’antres , les parties infé- 
rieures jufqu'au même endroit , & 
je vis alors ces Vers à foie remuer 
Ja moitié fupérieure de leur corps, 
fans pouvoir remuer l'inférieure, 
celle-ci étant devenue toute para- 
lytique. Une circonftance bien di- 
gne de remarque , c’eft que dans 
_ ceux-ci que j'avois oints d'huile par 
en bas, la moitié fupérieure du corps 
tiroit l’autre à foi , au lieu que dans 
les premiers, l’inférieure ne tiroit 
point la fupérieure. Au refte le bat- 
tement du cœur fe faifoit trés-rare- 
ment fentir dans les parties d’en-bas. 
Quelques-uns de ces Vers, après 
avoir demeuré deux heures ainft 
perclus de la moitié inférieure de 

eurs corps, commencerent à man- 
ger, & fe mirent à faire leur coque. 


MPPET LL RES d Br 
| ‘ 


‘476 De la Génération 

qu’ils acheverent dans Ie temps or- 
dinaire. Deux d’entre eux mouru- 
rent plufieurs jours après, & un au- 
tre ayant vécu long-temps au-delà, 
jetta fa foic , & puis mourut. . : 

Je touchai avec de l'huile tout Îe 
côté droit de quelques autres Vens 
à foie, & tout le côté gauche de 
quelques autres ils devinrent tous 
engourdis, & à peine pouvoient-ils 
- fe mouvoir PEN les excitoit. 
Enfin lé haut de leurs corps ayant 
repris vigueur , car le bas étoit toit: 
jours fans mouvement , ils commen 
éerent à manger , & acheverent 
leur ouvrage. 

Pour avoir là-deffüs un éclairciffe- 
ment entier, je me contentai de leur 
mettre de l'huile feulement à la tête, 
à la queue , & au dos , fans toucher 
aux trachées ; il n’en mourut aucun, 
& rien d’extraordinaire ne leur ar- 
riva; ce qui m'a fait conclure que 
gils mouroient lorfque leurs tra- 
chées étoient couvertes d'huile , 
c'eft parce qu'elles ne pouvoient 

lus recevoir l'air , ce qui caufoit une 
ufocation. Mais pour m’aflurer da- 
vantäge de la chofe, j'oignis avec 


4 des Vers. (224 
du beurre tous les orifices des tra- 


chéés, & ces Infeétes moururent {ur 


le champ. Le même effet arriva par 


l'ufage du lard , du fuif, & autres 


graifles, 


Le miel Jiquide , quand on en 
frotte ces Vers, les tue tout de même, 


Je tentai fur des Sauterelles, fur 
desGrillons, & fur d’autres Infetes 
femblables , les mêmes expériences 
| de l’huile , du beurre, & du miel, & 
€Hes réuffirent de la même maniere. 

Voilà ce que rapporte Mr Malpi- 


ghi; plufieurs autres expériences de 


même nature ont été faites par le 
célébre Mr Rédi ( 4 ) fur des Vers de 
terre, & elles ont eü le même fuc- 
cés ; avec cette différence néanmoins 
qu'ils ont +fiffé un peu plus long- 
temps à l'huile que les Vers à foie, 


_ Voici comme s'explique là-deflus ce 


{cavant Auteur. J'oignis plufeurs 
fois d'huile d'olive , quatre Vers de 
terre; puis je les mis dans une phiole 
de verre , avec un peu de terre, & 
ils y vécurent plus de quinze jours, 


Je ne m'en tins pas à cette épreuve, : 


venté. 


(a) De gli animali viventi dentre gl animali vie 


be “> ab dc 7 HE | si du da 1 SE, à 


Le 


ETS PA PU EN PEUT PUR PONOPTT ( PT PU NTE 
J LAS M | 


$73 De la Génération | 
je remplis d'huile d'obive deux au= 
tres vales de verre, dans lefquels je 
jettai deux gros Vers de terre bien 
vigoureux : Ils y devinrent vingt- 
quatres heures après, tout engour- 
dis, mais ils ne laiflérent pas d'y 
vivre. Voyant cela, je les tirai de 
Fhuile, & les mis dans un autre vafe 
avec dela terre fraiche ; lun y mou- 
sut au bout de trois jours, & l'au- 
tre en vécut fix, mais très-languif- 
{ant. Il eft donc certain, conclud 
Mr Rédi, que l'huile eft contraire 
aux Vers de terre, mais qu’elle ne 
leur eft pas un poifon aufh préfent 
qu'elle l’eft aux Mouches , par exem- 
ple , aux Guépres , aux Abeilles , 
aux Scorpions , aux Grillons, aux 
és Limaces , aux Vers à foie , à toutes 
| es fortes de Chenilles , aux Scolo- 
pe marines, aux Sangfues, 8x. 
à plufieurs autres Inféctes fembla- 
bles. | 
Au refte , ainfi que le remarque 
fort à propos Mr le Clerc, il faut 
bien diftinguer d’avec l'huile d'olive 
toutes celles qui font compofées de 
particules âcres & pénétrantes ; parce 
que celles-là agiffent moins par leur 


Ed 


| des Vers. Rye 

onétuofité , que par leurs particules 
falines,, bituraineufes, qui font très- 
activés: Telle eft l'huile de pétrole, 
laquelle par les pointes de fes fels, 
percé tout d’un coup le corps tendre 
du Ver; enforte que fi vous verfez 
feulement deux ou trois gouttes de 
cetté huile dans le fond d’une phio- 


Le, & que vous jertiez enfuite dans 


cette phiole plufieurs Vers , vous les 
voyez périr prefque fur le champ. 
TFoutes les huiles tirées par le feu. 
prodüilent le même effet ; telles 
font par exemple, les huiles de fuc- 
cin, de bois & de bayes de genic- 
vre, de coudrier , & toutes les huiles 


| extraites d'aromates, & de plantes 


aromatiques. 

C’eft par la même caufe que le fel 
commun , le fel gemme, & plu- 
fieurs eaux minérales, foit froides, 
foic chaudes, dans lefquelles regne 
un fel fixe, font fi contraires aux 
Vers. Mais i] faut écouter encore 1à- 
deflus le fçavant Mr Rédi, cité fort 
à propos à ce fujer par le même 


Mr le Clerc. 


Si» dit-il, l’on fait fondre dans 
de-l'eau-de fontaine, autant. de {cl 


î 


Lhtduot 2) Side Es ét se 


580 De 14 Génération 
welle en peut difoudre , & que 
dans cette diflolution, l'on jette des 
Vers de terre, ils y MEurent à l’in- 
flant. Si à cette mÊÈme Eau falée , l'on 
ajoûte une égale quantité d'autre 
eau, où il n'y ait point de fel, les 
Vers qu'on y Jette, meurent en 
auffi peu de temps: Si l'on y ajoûte 
our la troifiéme fois autant d’eau 
nouvelle, ils meurent €n Un quart 
d'heure. Si l'on réitere une quatrié- 
me fois , ils demeurent deux heures 
fans mourir. Le fel gemme, le vi- 
triol de Chypre ; Jalum , le nitre, 
font le méme effet ; mais la difflolu- 
tion de fel conimun, celle de fel 
emme, celle denitre, à plus de 
DU : Je vitriol en a un peu moins, 
&r l'alum un peu moins ENCOTÉ: On 
voit par - là , conclud Mr Rédi, 
pourquoi certaines Eaux minérales ; 
telles par exemple, que les eaux de 
Tectucium , Agua T etlucii, les eaux 
de Bagnols , del Bagnuolo , Étant bues, 
tuent fi puiffamment les Vers du 
corps humain ; étant facile de com- 
rendre que .cette vertu leur vient 
du fel fixe qu'elles contiennent : fel, 
au refte qui les rend en même temps 
| pur gatives ; 


La 


* des Vers: 58 
purgatives, ce qui cft caufe qu’elles 
| Chaflenc aufli les Vers qu’elles tuent: 
: Ces expériences que MrRédi a faites 
fur la vertu antivermineufe des fels 
fixes naturels, ont porté Mr le Clerc 
à enfaire de femblables fur la vertu 
des fels fixes préparés par lefeu, & 
il a trouvé qu’ils avoient contre les 
Vers, la même vertu; fur quoi il 
cite le fel detartre (4). Il a trouvé 
. de plus que l'efprit volatil de {el de 
_ Vipére, & autres volatils fembla- 


bles , ne fontypas moins efficaces 


| contre ces Infecétes. 

| Si lon jette dans de l'efprit de vin 
| des Vers deterre, ils y meurent tout 
d'un coup ; ils vivent três-peu dans 


| Jevinfoit rouge ou blanc, foit doux 


bou non ; ilsne s’accommodent pas 
» mieux du vinaigre. Plongés dans de 
Feau poivrée, ils n’ont guére qu'urm 
quart d'heure de vie, fi l'eau eft bierx 
|. chargée de poivre; mais fi elle l’eft 
peu, ils y durent quelques heures 
| felon le plus ou le moins de poivre 
|. qu'on y à mis. | 

(2) Quod autem de [alibus: fixis naturalibus obfer- 
wavit x celeberrimus, comper: C7 ipfe falia fixa à 


| sis parata Jal, rartaripnt, adhbibems. 


Zoine IT. 


582 | De. la-Genération 

ls meurent trés-vite, lorfqu'on 
eur jetre deffus de là poudre de pois 
vre, ou de canelle, ou de tabac ; 
celle de tabac leur eft plus contraires 
Dans le jus de limon aigre., ils vi- 
vent quelque peu detemps; mais ce 
qu'il y a de furprenant, ils périflent 
beaucoup plürôt, dans le jus de li- 


mon doux, & dans celui d'orange 


de Portugal. dns HE 
L'eau de vif-argent eft fort con- 


traire aux Vers, comme l'onfçait; 


mais comment agit-elle fur ces In- 
edtes ? C'eft ce qu'il n'eft pas facile 
d'expliquer , non pie que la raifon 
pourquoi le jus de limon doux & 
d'orange douce, leur eft plus con> 
traire que celui du limon aigre & 


de l'orange aigre. Que l’eau de MCEz 
cure foit ennemie des Vers, voici 
là deffus des expériences qui RE Pere N 
mettent pas d'en douter ; fur-toutà , 


Fégard des Vers de terre ; car pour 
ceux du corps, on ne peut pas S'ER 


convaincre aufli certainement par. 


les mémesexpériences; ces Vers në 
vivant pas tous aufli long-temps hors 
du corps, que vivent hors de terre 
les Vers de terre, & n'ayant pas la 


58 
même vigueur. Enforte, qu'ont peut. 
les comparer en cela aux Poiffons de 
mer, dont la plûpart meurent dès 
qu'ils font hors de la mer. Quoi qu'il 
en foit, voici les expériences qu’on 

cut faire fur les Vers de terre avec 

eau de mercure, & qu'a faites 
Mr Rédi. 

: Jejettai, dit-il ,une grande quan- 
tité de mercure , dans une bouteille 
de verre pleine d’eau commune, 
prefque bouillante ; jy laïffai le 
mercure infufer pendant douze heu- 
res. Après quoi, l’eau étant froide, 
ÿy mis quatre gros Vers de terre, 
fans Ôter le mercure, ils y vécurent 
vingt heures. 

: Je mis dans un'autre yaifleau de 


| verre une quantité beaucoup plus 


confidérable de mercure ; enforte 
que tout le fond du vaifleaw en étoit - 
couvert, puis je gliffai doucement 
fur ce mercure un gros Ver deterre; 
Finfeéte commença aufli-tôt à s’a- 
giter avec foice, rendant beaucoup 
d'écume & d'eau épaifle ; enfin au 


_ bout de 24. heures, il mourut en 
| convulfion. . he 


Ce qu'on pent dire de plus pro: 


Qÿ 


534 De la Génération 

bable pour expliquer l’aétion du 
mercure fur les Vers, eft qu'étant 
compolé comme il l'eft, de particu- 
les extrèmement fines &c pénétran- 
tes; ces particules fines s'accrochent 
avec les fucs épais & vifqueux dont 
le Ver eftcompofé, & y font une 
divifion, qui rompant toute la liai- 
fon des parties du Ver, ne permet 
plus par conféquent à l'Infeéte de 
vivre. FAR ‘ 

La raifon pourquoi la plüpart des 
amers tuent ou chaflent les Vers, 
elt bien plus facile à rendre ; lamof- 
dacité de ces amers parle d'elle- 
même fur ce fujet, fans qu'il foit be- 
foin de faire là- deflus de grands rai- 
fonnemens >; mais ils ne font pas tous . 
également lumbricides , ( a) ou lum- 
brifuges ; c'eft ce qu'on va voir par 
les expériences fuivantes. Je délayaï, 
dit Mr Rédi, une aflez grande quan- 
tité d’aloës dans de l'eau, pour la # 
rendre bien amere. Je jettai dans 
cette eau quatre Vers de terre ; ils: 4 
en parurent d’abord très-contrariés, W 
mais ils ne laifferent pas d'y vivre 


(a) Lumbricides, c'eft à dire, qui tuent les Vers ; 
Lumbrifuges, c'eftà-dire, quiles chaffent. 


des Vers s8s 
afez tranquillement pendant 24 
heures. L'un d'eux commença à fe: 
dépouiller de fa peau depuis læ& 
queue jufqu'au mikeu du dos & du‘ 
ventre ; là cette peau fe renverfa & 
fe ramafla, de maniére qu’elle en-- 
toura comme un cercle tout le corps 
du Ver.: autres vingt-quatre heures. 
s'étant pañlées ; je tirai de cette eau 
amere les Vers en queftion, & les 
| mis dans un vaifféau de verre, avec 
|: un peu de terre fraîche , où j'avois 
mélé quelque peu d’aloës pile : ils. 
vécurent plufieurs jours dans cette 
phiole. Je réitérai la premiere expé- 
rience fur autres quatre Vers de ter- 
re, & ils vécurent dans l’eau amere 
quatre jours entiers. Qui croira après: 
cela , dit Mr Rédi, que l’aloës foit 
auffi contraire aux Vers du corps. 
que Font écrit quelques Auteurs ? 
Mais fi ce fuc, tout amer qu'il eft, eft 
fi foible contre les Vers , lorsmême 
vite les touche, quel eflet , deman-- 
e le même Mr Rédi, doit-on atten-- 
dre , lorfqu’on l'applique en cataplà- 
me {ur le ventre,ou qu'on y applique 
des amers encore moins at , tels. 
que les feuilles de pêcher broyées. 


586 De la Génération 
avec du vinaigre , & autres remedes 
femblables , fi fort vantés parmi le 
vulgaire. La déco@ion de lupins,qui 
eft fi amere , n’eft pas plus ennemie 
des Vers: ceux de terre qu'ony jette 
y vivent plufieurs jours Le 

Dans une forte décoion d’abfyn- 
the , ces Vers vivent quelquefois des: 
vingt-quatre & des trente heures. 
Dans ‘une infufion de pomme de 
coloquinte, ils vivent un peu moins, 
& ne pañlent guère quatorze heu- 
res. | 

Dans de l’eau où l'on a laiflé tremr- 
per un jour ou deux, du femen contra, 
autrement , dit Barbotine', ils ne vi- 
vent guère plus de fépt ou huit 
heures. 4 ‘ 

Dans dé l'eau olona fait infu- 
fer du fenné ou de la rhubarbe, les: 
Vers de terre meurent en quinze ow 
vingt heures. | Ê 

Dans une infufon de quinquina , 
is vont quelquefois jufqu’à quarante- 
fix heures. 

- On voit par-là 1°. que les amers 
n'ont pastous la même vertu contre 
Jes Vers. 2°. Que ce n’eft pas préci- 
fément à leur amertume qu'il faut 


L 


‘dei Pers. #4 s8r 


_Attribuer cette propriété , puifque 
|. Faloës beaucoup plus amer que le 


femen contra, leur eft cependant moins 
contraire , que le femen contra. On 


dira peut-être que la force de ce 


dernier , vient de fon odeur , qui eft 
fort pénétrante ; au lieu que celle de 
Faloës ef fort foible : mais l’abfyn- 
the , quin’a pas moins d’amertume 
que le fémen contra, & qui n’a pas 
non plus une odeur moins fenfible , 
eft cependant , comme le remarque 
Mr Rédi, moins bonne contre les 
Vers, que le femen contra. Bien plus , 
le srifolium fibrinum , quin’a prefque 
point d’odeur , & qui eft très-amer, 
épargne beaucoup moins les Vers de 
terre , que ne fait le femem: contra , ni 
Fabfynthe. C’eft de quoi s’eft con- 


| vaincu Mr Rédi par plufeurs expé- 


riences, en jettant dans une forte 
décoétion de cette herbe même def- 
féchée, nn certain nombre de Vers 
de terre ; car ils y {ont tous morts 
en deux, trois, ou au plus vingt- 
quatre heures , & cela aprés de vio- 
lentes convulfions , & un dépouille- 
ment entier de leur peau , enforte 
qu'ils paroifloient tout écorchés.. 


85 "De la Génération 

La racine d’énula campana ; qui 
- a beaucoup d’odeur', &c encore plus 
d'amertume , eft fi contraire aux 
Vers dont il s’agit , que. dans une 
décottion de cette racine, ils meu- 
rent en quatre ou cinq hewres de 
temps , & fe dépouillent tout de 
même de leur peau. Ces fortes d'a- 
mers agiflent donc violemment con- 
tre les Vers. Il faut avouer cepen- 
dant , que dans d’autres amers ablo- 
lument dénués d’odeur , on ne trou- 
ve pas la même propriété ; c'eft de- 
quoi Mr Rédi s’eft auffi convaincu: 
par plufieurs expériences. 

La petite centaurée , qu'à caufe 
de fon extrême amertume, quelques 
Auteurs ont appellée Fiel de terre, 
n'a pas plus de force fur les Versen 
queftion, que l'aloës dont nous avons 
parlé. Car fion en met quelques-uns 
dans une décottion de cette plante , 
on les y trouve encore vivans trois 
jours aprés ; quoique cependant peu 
après qu’on les y a jettés, leur peau 
fe fépare prefque toute , comme 
Mr Rédi a obfervé qu'elle fe f€- 
gase dans l'infufion d’aloës. Cette 

#3 Obfervation 


UÙ + 
1 


Î 
: 


D UNS PRES MNT Ut CSN) CCR 


des Vers: | LV 08 
Obfervation eft de Mrle Clerc. (4) 
Si les amers en tant qu'amets , 
font fi différens entre cux, par rap- 
port à leur vertu anthelmintique , ceux 
qui fe diftinguent particulierement 
par leur odeur , foit qu’à cette odeur 
il y ait peu d’amertume mêlée » Où 
qu'il y en ait beaucoup, ne font pas 
moins différens entre eux , par rap- 
ort à la même vertu contre les 
ee Nous avons là-deffüs , parlé 
de l'abfynthe & du femen contra » qui 
font de ce genre ; quant aux autres 
amers, (2) qui comme ceux-là , 
frappent fortement l’odorat, les per- 


| fonnes qui ont lu Diofcoride, & 


les autres anciens Auteurs , fcavent 
combien la menthe, qui eft du nom- 
bre de ces amers odorans, eft recom- 


| mandce contre les Vers. Mais fx 


vertu en cela eft telle, qu'on peut 
feulement la comparer à celle de 
l'ablynthe ; car fi dans une décodion 
de feuilles de menthe defféchées : 
l'on jette des Vers de terre ; ils y 


| vivent environ vingt heures. La 


9 
Je 


| même chofe arrive dans une déco- 


+ (4) Damuel. Clerici Hifloria , lator, lumbr Cap. XP 
(b) Daniel. Cler, ibid, $ : 


Tome IL. \ R 


590 De la Génération 


à 


ion de feuilles féches d’auronne, 


foit mâle ou femelle : la décoétion 
de fleurs decamomille, a une vertu 
femblable:; mais de toutes les her- 
bes de ce genre, la tanaifie eft celle 
qui ale plus de vertu contre les Vers, 


auffi-bien que le matrube blanc & 1 


fa matricaire ; dont la décoction, 
lors même qu'elle eft faite de ces 
herbes feches , tue les Vers de 


| terre en cinq ou fix heures, aprés 


les avoir auparavant dépouillés de 
leur peau. | 

Le fcordium deffèché perd fon 
odeur , & la décodion de cette her- 
be ainf defféchée, & {ans odeur ; 
ne produit aucun effet fur les Vers, 
fi ce net qu'elle les dépouille de 
leur peau. | 


La décotion de rbue fraîche tue 


les Vers en cinqou fix heures. Cette 


herbe cependant perd toute fon * 
odeur , & en méme temps; la plus ! 
grande partie de fon amertume par : 


J'ebullition. La même perte lui ar- 


rs 


rive par Île defféchement.; en quoi » 


elle differe bien du marrube blanc, 


… 


& de la tanaifie, qui érant fecs , ne. 


Jaiflent pas de conferver toute, 


des Wers. sax: 
leur amertume , & toute leur odeur. 
IL ferbleroit par tout ce qui 2 
été dit ci-deflus, que les feuilles de | 
fabine qui ont une odeur & une 
amertume trés- confidérable que la 
déco@tion ne leur ôte point, de- 
vroient avoir une grande force con- 
tre les Vers; cependant les Vers de 
terre jettés dans l’eau où cette herbe 
broyée toute fraîche à bouilli ; 
y vivent environ douze heures. (a) 
On peut mettre au rang des amers : 
propres contre les Vers , la déco: 
tion de café ; les Vers de terre 


| vivent cependant environ Vingt- 


quatre heures, mais auparavant ils 
ÿ quittent leur peau , & deviennent 
mols & flafques , comme tous les 
autres dont il a été fait mention juf- 
qu'ici. | EN Le 
Quoique l'infufion de thé ne foit 
pas amere, nousfuivrons ici l’exem- 
ple de Mr le Cler, qui croit en de- 
voir parler à l’occafion du café ; les 
Vers de terre y vivent quinze à vin gt 
heures, quelque forte que foit l'in- 
fufñon , mais ils n'y quittent point 
leur peau comme dans la décoion 
{2) Daniel, Cleric, ibid, | 
R i 


592 De la Génération 
de café ; ils y deviennent feulement 
rés dites & très-refplendiffans 3 ils 
rennent de plus comme une coû- 
leur d'amétilte, (4) & au lieu d 
romber mols & flafques au fond du : 
yaifleau , ils acquierent au contraire 
lus de dureté; d’où il eft à juger , 
Eos Mr le Clerc, qu'aux particu- 
les dérerfives du thé, font jointes 
des particules aftringentes qui refler- 
rent lestrachées de lInfeéte ; & les 
empêchant de recevoir d'air , le font 
mourir faute de refpiration. vo 
La décoëion de fœnu- grec a beau- 
coup d’amertume & d'odeur; elle. ” 
fait mourir en douze heures au plus 
tard les Vers deterre qu'on y jctte, 
& les rend mols & flafques. La grai- 
nc de cette plante bouillie dans de 
l'eau, rend la décoétion mucilagi- 
neufc; mais ce mucilage n'eft pas. 
fort contraire aux Vers, générar 
lement parlant , on peut dire que les 
liqueurs mucilagineufes ne nuifent 
pas beaucoup d'elles - mêmes aux 
Vers de terre, & c'eft ce qu'a éprou- 
vé Mréle Clerc par diverfes cxpé- 
riences qu'il a faites à ce fujet , & 
(a) Darie. Cleri ibid. | *'f 


LUS Lu Lt 


des Vers 93 
dont nous aurons plus bas occafion 
de parler , aufli-bien de de plufieurs 
que MrRédi a faites fur la coraline, 
qui eft fi amere , & d’une odeur fi 
pénétrante. ie mule. 
- Tous ces amers font plus ot 
moins contraires aux Vers , fclon 
qu'ils abondent plus ou moins en 
particules abfterlives , autrement di- 
tes favonneufes , lefquelles dépen- 
dent d'un {el fixe mêlé dans une ma- 
ticre grafle & füulphureufe. 

Quant à l'ail, A la faveur âcre 
fernble plus pencher du côté de la- 
. cidé, que de celui de l’amer, & dont 
l'odeur fétide, peut être regardée 
comme la pefte du nez : voici com- 
me s'en explique M. Rédi. 

_Je fis frotter d'ail tout le dedans 
d’un pot de terre, & jetter au fond 
du vaifleau les morceaux d'ail qui 
étoient reités, puis je mis dans ce 
. pot, fix Vers de terre ; dont trois 

étoient fort gros, & trois plus pe- 
tits. Sitôt qu'ils y furent , ils parurent 
frappés de l’odcur & de l’attouche- 
ment de l’ail , puis ils devinrent en- 
gourdis. Jeles couvris alors de bon- 
nc terre, où j'avois mêlé pluficurs 
Riij & 


+ 


94 De la Génération 
morceaux d’ail bien broyés & éera- 
fés. Je les tirai de là vingt jours 


aprés tout.vivans ; il y a apparence 


qu'ils auroient vécu encore un grand 


nombre de jours, fije les avois laïf- | 


fés dans le vafe , car ils étoienttrés- 
vifs. | | 
On voit par cette expérience ; 


que l'ail n’eft pas fi contraire ‘aux. 


Vers deterre, qu'on fe limagine- 


roit d’abord ; & que fi on leurlaifle 


de la terre qui eft leur nourriture, 
ils éludent par le moyen de cette 
terre, les coups mortels que l'ail 
leur pourroit porter ; en quoi ils 
reflemblent , dit Mr le Clerc, à ce 
Géant Antéé , fils de la Terre, qui 
attaqué par Hercule, reprenoit fes 


forces fitôt qu'il touchoit la terres; | 


c’eft la comparaifon de Mr le Clerc: 
Il conclud de-là , que c’eft fe trom- 
per, de croire qu'en frottant avec 
de l'ail le nombril des enfans qui 


ont des Vers, on les guérit de cette . 


maladie ; mais cette conféquence ne 
doit pas être regardée comme bien 
certaine , les Vers de terre & les 
Vers du corps étant de différente 
pature ; enforte que ce qui eft peu 


ANR Mens | 595 
contraire aux Vers de terfe, peut 
bien l'être davantage aux Vers du: 
corps, qui font plus foibles & plus: 
| temdres; joint à cela que l'ail appli- 
quée fur le nombril, fait faire aux 
mufcles du‘ bas-ventre, des mouve- 
mens qui peuvent beaucoup’ aider 
lation de l'ail pour chafler les Vers. 

Quoi qu'il en foit, pour bien s’af- 
furer de la force ou de’ la foibleffe 
de l'ail contre les Vers de terre, il 
faut faire bouillir légerement quel- 
ques goufñles d'ail dans de l'eau, & 
quand la décoétion eft froide , y 
plonger deux outrois de ces Vers, 
on verra qu'ils y vivent plufieurs: 
heures, lesuns plus, les autres moins. 
Mais felon une expérience que rap- 
porte là-deflus: Mr le Clerc, & qu'il 
à faite, ils y vivent environ fix heu- 
res, & demeurent roides après la: 
mott. R | 

Dans la déco@ion de racines de’ 
biftorte pulvérifées , ils vivent envi-- 
ron vingt-quatre heures , & dans: 
celle déracine de tormentille , aufi 

ulvérifée , ils vont jufqu'à trente’ 
Rte PME foit dans l’une , : foit' 
dans l’autre, ils fe durcifflent & fe: 

Riv: 


496 . De la Génération h 
roidiffent en mourant ;.ce que Mr le 
Clerc attribue avec raifon , à la'qua- 
lité aftringente de ces racines. (4). 
On voit aifément pourquoi des 
chofeshuileufes , falées, âcres , aci- 
des , aftringentes , tuent les Vers; 
mais on ne conçoit pas de même d’où 
vient que les chofes douces, telles 
que le miel , le fucre, & autresfem- 
blablés, produifent cet effet, & le 


produifent même plus efficacement 


que la plüpart desamers.  : 
Ayant délayé da miel d’'Efpagne 
dans un peu d’eau , dit Mr Rédi, & 
dans cette eau miellée, ayant jetté 
quatre Vers, je les ÿ ai vu mourir 
tous quatre en moins d’un quart 
d'heure. J'ai réitéré l'expérience un 
grand nombre d’autres fois, & je 
l'ai vu réuflir de même pour l’efpace 
de temps. L'eau fucrée produit le 
même effet , comme le remarque 
cet Auteur ; il conclud de-là , qu'au 
lieu de tourmenter les enfans com- 


me l’on fait, par desremedes amers 


qui les révoltent , il vaudroit bien 
mieux leur donner du miel, dufu- 


cre, & autres chofes femblables, 


(a) Damel, Cleric. ibid. 


Un or 


Te + - 
Te mm PR — — 


DE des. Vers, .«e $97 
‘qu'ils avaleroient avec plaifir , & 
| qui les délivreroïent plus furement 
| de leurs Vers. Nous avons touche 
cet Article.p.46 5.on y peut recourir, 
. Mr Rédi confeille de même con- 
tre les Vers des enfans, les fucs qui 
{e tirent des fruits doux : il faut l’en- 
tendre fur ce fujet. 7e 
« Je pris, dit-il, des raifins queÿa- 
_ vois fait fufpendre depuis long- 
|, temps au plancher , & qui étoient 
| très-doux; jen exprimai le jus, & 
dans cejus je jetrai quelques Vers; 
je les y vis mourir en une demi- 
heure , & ils devinrent durs & fecs. 
» Croyons aprés cela , ajoûte-t'il ; 
#que les fruits doux, produifent des 
» Vers dans le corpsdes enfans ! bien 
» Join de-là : Si l’on mâche des pom- 
mes, des poires, des abricots, des pê- 
ches,que l’on tire de fa bouche ce qui 
aura été ainfi mâché,& que dans cette 
bouillie , on mette des Vers vivans, 
jartefte qu’on les y verra mourir 
en peu de temps. | 
Comme ces expériences ne regar- 
dent que les Vers de terre, & que 
ces Vers font d’une nature différen- 
te de celle des Vers du corps , 


598 .  DelaGénération + 
Mr Rédi ne s’en eft pas tenu aux: 
épreuves qué nous venons de qe | 
porter. Il en a faites fur les Vers du: 
corps, & voici ce que ces dernieres: 
nous apprennent. | ; 

Si l’on prend des Vers récemment … 
fortis d#'corps, qu'on les mette dans: . 
un lieu où. il n’y ait point d’humi- 
dité , ils y meurent en peu de temps ; 
mais fi onlesmet dans de l'eau, & 
de l’eau qui foit bien pure , ils y vi- 
vent des foixante , & quelquefois: 
dés foixante & dix heures. Nous: 
rappellerons fur: cela ce que nous: 
avons rapporté ci-devant , au fujet: : 
de ce Ver qui fut rendu par une: 
Penfionnaire de lAflomption., le- 

uel vécut pendant près d’un mois: | 
lans une cavette d’eau fur une fe- 
nêtre, c’eft bien plus: que de vivre: 
foixante & dix heures. 

Dans l’eau où l'on a mélé de la: 
terre figillée, qui pañle pour étre fi: 
contraire aux Vers du corps, ils vi-- 
vent environ ce nombre d'heures. 
Dans celle où l’on a mélé de la co-- 
raline, qui pafle tout de même pour 
être: un fi bon remede contre les: 
Vers, ils vivent jufqu’à des fix & fept: 


! 


des Vers.. 99 


jours ; & dans l’eau où l’on a diflout 


de l'aloës , ils ne pañlent guëre trente: 
heures. | f 
La poudre de corne de Cerf mife: 


dans de l'eau , ne fait rien à ces 


| Vers, non.plus que celle de l’ongle: 


de pied d’Élan, ni celle d'yvoirce 3. 
le Bézoar ; foit Occidental , foit 


‘Oriental, eft également inutile con- 


| tre ces Vers; maisils meurent prom- 


ptement dans Feau falée , & plus 


| promptemrnt encore dans l’eau-de- 


vie ; ce qui arrive de même aux 
Vers de terre, avec cette différence, 
que les Vers du corps réfiftent plus. 
à l'aétion des médicamens , que ne- 


| font les Vers deterres ce qui parof- 
| troit incroyable, fi des expériences 


certaines & conftantes n’en étoient: 


_ la preuve; vu qu'il eft certain auf. 


Ra mm 


par l'expérience , que les Vers de 


| terre, ont un mouvement plus fort, 


font plus vigoureux & plus agiles ;. 
& que les Vers fortis du corps , font 
au contraire lents , engourdis, & 
prefque fans ation, en comparai- 
fon de ceux qu'on tire de terre. 
Nous avons remarqué que ces: 
Vers fortis de terre | mouroient 


- 


600 De l4 Génération  : | 
promptement dans le vin ; il n’en … 
eft pas de même des Vers fortis du 
corps : Mr Rédi obferve qu'ils vi- 
vent dans le vin, les uns vingt-qua- 
tre heures, les autres quarante , les 
autres foixante , plus ou moins. 

Mais il y a ici une circonfkance à | 
examiner, qui eft que les Vers for- … 
tis du corps, viennent d’un lieu où | 
ils ont pu s’accoütumer au vin, y. 
ayant peu de perfonnes qui n'en boï- 
vent; au lieu que les Vers de terre; 
n'ont que l'eau & la terre pour nour- 
riture. + 

Il faudroit pour pouvoir raifon- 
ner jufte là-deflus , mettre dans un. 
verre de vin, des Vers rendus parde : 
petits enfans , & dans un autre verre 
de vin, des Vers rendus par des per- . 
fonnes qui buffent du vin, on ver-. 
roit alors lefquels de ces Vers vi- . 
vroÿent plus long-temps dans la li- 
queur dont il s’agit; & encore ne 


faudroit-il pas s’en tenir à une feule 


expérience , il faudroit réitérer la 
chofe plufieurs fois. PRE 

Les Vers ronds & longs du corps. 
humain, vivent au plus dix heures . 
dans l’eau rofe, dans celle de fleurs 


des Vers. ‘6ot 
| d'orange , dans celle de myrte , 
| mais les ronds & courts , qui font les 
| Afcarides , y meurent fur Îe champ. 
| Dans l’eau fucrée en confiftance 
de julep , les Vers du corps vivent 
environ trois heures, ou au plus, 
quatre; c'eft ce que Mr Rédi aflure 
avoir éprouvé un grand nombre de 
| fois. Au refte quand on fait les expé- 
| siences dont nous avons parlé juf- 
_ qu'ici, äil faut prendre garde de 
noyer les Vers dans les liqueurs où 
| on les jette; caralors , commeils ne 
| peuvent manquer d’y étouffer par la 
trop grande abondance de la liqueur 
qui les couvre, on n'a pas lieu d’attri- 
buer leur mort à la qualité de la 1i- 
queur , & tout ce qu'on peut juger ; 
c'eft que ces Vers étouflent plutôt 
les uns que les autres dans les liqueurs 
où on lés noye; ce qui ne fert de 


rien pour fe régler dans le choix des 


LE 25 ef on pme Pi 


De. 


Je, 


0 em mn 


. pif 


remedes qu'on doit employer con- 
tre les Vers ; ces remedes ne fe pre- 
nant pas, & ne devant pas non plus 
fe prendre dans la quantité qu’il fau- 
droit pour noyer ces Vers dans i 
corps. ki. 
. Quoi qu'il en {oit , comme il y a. 
très-peu de différence entre l’effcc 


LR tan ie M ddl ie TS dre ee de 5 PN PI 
#4 5 HL 1 


‘602 De la Génération L 
que certains médicamens produifent M 
fur les Vers de terre, & celui que M 
ces mêmes médicamens produifent M 
fur les Vers du corps , nonobftant la 
différence qu'il y a entre la ftruéture 
intérieure des Vers de terre , & 
celle des Vers du corps son peut fans « 
erreur , regarder en général comme 
contraire aux Vers du corps, cequi M 
€ft contraire aux Vers de terre. La M 
différence qu'il peut y avoir là- « 
deflüus, confiftant en peu de chofe. 

L'eau où l’on a fait bouillir dela . 
guimauve, eft bonne contre les M 
Vers; mais comme elle agit foible- w 
ment (car fi dans cette décoction M 
on met des Vers deterre , ils y vi- 
vent-quelquefois jufqu’à trente & 4 
trente-fix heures ) il eft bon d'y mê- ! 
ler du vin ; la ÉAnANe en acquiert ! 
alors plus de force: on peut même 
faire infufer la guimauve dans du 
vin pur, elle fera alors un puiflant 
remede contre les Vers. Cequeje dis 
de la guimauve, fe doit entendre 
auffi de la mauve; & ce vin de mau- 
ve aura pour le moins autant de & 
vertu, que celui de malvoilie. ; 

Quelques Critiques , faute de fca- 


bé. le À ché à ù CPR N TE PPT R NT, 17 


GeSRers) UP o 

‘voir , & je puis dire même , faurc 
de foupconner que la mauve füt 
bonne contre les Vers, fe font à ce 
füujet répandus en déclamations.con- 
tre moi , aprés s'être inftruits par l’er- 
rata dé la premiere édition de mon 
Livre, qu'au licu de vin de mauye, 
qui s’y étoit rs par erreur d’im- 
preflion , il falloit Hire vin de mal- 
voifie ; ne s’imaginant pas que le vin 
préparé avec la mauve, püt être en 
| fair de contre-Vers, l'équivalent du 
‘vin de malvoifie ; enforte qu'ils ont 
cru que la faute en queftion, dontils 
ne fe font inftruits que dans mon 
errata , Choquoit non-feulement la 
Grammaire , mais la Médecine. Au 
refte , c'eftune voyc bien facile pour 
critiquer les livres , de vifiter les 
érrata , d’expofer enfuite les fautes 
qu'on y a vues, & de faire fem- 
blant de ne les y avoir pas vues. 
_ On prépare un excellent vin de 
mauve contre les Vers avec la graine 
de cette plante : on fait bouillir lé- 
gérement la graine dans du vin rou- 
ge, & on donne quelques cuillerées 
de ce vin. Il à outre cela la pro- 
prièté d’être bon contre lesnaufées, 


La 


604. De la Génération 
& contre un nombre confidérable 


de maladies. Les Anciens ont re 


gardé la mauve comme un remcde 
prefque univerfel, (4) ce qui eft 
caufe qu'ils l'ont appellée , Omni- 
morbie. | 
Dans la décoétion de polypode, 
les Vers de terre ne vivent guêre 
lus de huit ou neuf heures. Dans 
celle de fébeites, ils vivent aufñli très- 


peu; & voici là-deflus une expé- 


rience de Mr le Clerc. Je mis, dit: 
il, dans une livre d’eau bouillante, 
trois onces de febeftes avec Îles 
noyaux, dont j'avois feulement dé- 
taché la pulpe; je laiffai réduire la 
déco&ion à moitié , puis l'ayant 
laiffé réfroidir, j'en pris une fufifan- 
te quantité, où je jettai quelques 
Vers deterre, ils y moururent €en- 
viron fix heures après. | 
Je fs enfuite une femblable déco- 
&ion, mais plus forte , & dans la 


colature quand elle fut froide , je 


(a) Mathiol, Comment. in Lib. fecundum Diofco- 


. ridis, Cap. CXTI. 
Semen malvæ ex vino rubro potum naufeam tollit. 


Malva ad multa utilis eff, ideoque non immerito an-" 


tiqui malvar omni-morbiam appellarunt. 
Jettai 


bé nine les , hoc à été ét SOLE, QU nt à 


à à 21 te So Os Li de ONCE OT 1,4 
ré à à bd) CE ET iv) < À a : 


| des Vers: 6oÿ 
| Héttai cinq Vers; ils n’y vécurent 
|. pas au plus, Lu Heurés.s1:14 14 
Dans une forte infufion de régue- 
| life, fraîchement tirée de terre, ils 
| vivent plufieurs jours, & tout au- 
| tant que fi c’étoit dans de l’eau fim- 
| Le , avec cette différence que dans 
_k décoûion dont il s’agit , toute 
| leur peau s’enleve. Mais dans la dé- 
| cotion de réouelifle feche, ils ne 
| vivent guérce au-delà de quinze ou 
|: feize heures, quelquefois cependans 
| ls vont jufqu'a vingt heures, mais 
c’eit tout le plus; leur peau fe déta- 
| che de même de deflus tout leur 
|. COrps. Het 
|. Now avons fouvent parle jufqu’ici 
| de cette féparatibn de peau; mais 
une réfléxion que nousn’avons point 
encore faite là-deffus , non plus que 
. Mrle Clerc, & qui paroît affez im- 
| portante, c'eft que certaines pelli- 
| eules que rendent dans leurs déje- 
. étions la plüpart de ceux qui ont 
des Vers , pourroient bien venir de 
| ce que les Vers du corps, par lation 
| de certains remedes fur ces Vers fe 
| dépouilleroient de leur peau , com- 
mc fc dépouillent de la leur, les Vers 
Tome II. S 


A à (64 dé re Ex à ES 
la Re Ce LE à GO E dédie GAS at Rd GS dpi sal 


606 De la Génération 
de terre: la chofe paroît aflez vrai- 
{emblable, & quand on voit de ces 
pellicules & efpeces de membranes 
dans les déjections , il n°y a pas d’ap- 
parence que ce füt fe tromper, { 
les regarder comme des fignes cer- 
tains de Vers. È 
Mais en fait de régueliffe, iln'ya 
rien de plus contraire aux Vers de 
terre, que la poudre de cette racine. 
Elle les tue en un quart d'heurelorf- : 
qu'on en afperfe leur corps.On pour= w 
roit croire que cet effet viendroit : 
de ce que la poudre en queftion ; ! 
bouche les pores de leurs corps, & 
empêche par ce moyen, l'air d’en- 
trer dans les trachées ; mais voici « 
une expérience dé Mr le Clerc , la= M 
quelle ôre tout lieu de le penfer. I M 
prit de la poudre de bouis extrème- « 
‘ment fine, il en couvrit toute la fu- M 
perficie du corps” @e quelques Vers, w 
& ces Vers bien loin de mourir en 
un quart d'heure , vécurent les uns ! 
x heures, Îles autres be d’où il 
faut conclure que la caule pourquoi 
la: réguelifle en poudre jettée fur ces 4 
Vers, atant de vertu, eftautre que 
le bouchement des pores , 


dès Vers: 607 
-… Sil'on demande pourquoi le miel, 
| 16 fucre, la réguelifle , la mauve, le 
polypode:, & autres chofes douces, 
dont les particules qui s’en déta- 
chent fur la langue , picotent &: 
ébranlent vivement les papilles ner- 
veufes de cét organe, font contrai-- 
res aux Vers ; je réponds avec Mr le 
Clerc, que cela provient d’un ‘{el: 
particulier, renfermé dans les fab 
_ flances dont il s’agit , lequel s’introt 
. duit par:fes pointes dans le corps: 
tendre & délicat des Vers, & y pro-- 
duit des déchiréméns. ti 
Le fucre, par exemple; qui eft fi. 
doux, n'eft autre chofe, qu'un fuc 
épaifi qu'on peut regarder comme 
le fel eflentiel de la plante d’où on: 
le tire, & comme très-peu diffé- 
rent du füc que les Abeilles tirent: 
des fleurs. Or’, 1e miel, ainfi qu'on: 
fçait , eft une fubftance {aline ful- 
| phureufé, qui fermente aifément ,. 
qui fournit un efprit ardent, ce qu'on: 
Î détonvte de même dans le fucre.. 
| Quant à la régueliffe, 6n y {ent au: 
| Milieu de fa douceur dominante, . 
| une faveur déterfive, qui ne peut: 
| procéder A re falin &- 
M: | aps ci 


Le 


6o3 De la Gén ération des Vers. 1 


oléagineux , dont les particules ve- 


nant à fe répandre fur les Vers, 
dérangent néceffairement la tiflure 
de leur corps. ; NT 

Cette propriété de fa réguelifie ef 
fur-tout indiquée par une amertume 
fecrette qui sy dévelope lorfque 
la racine eft feche. Le 

La mauve ou guimauve a tout de 
mêmé, des particules abiterfives 
très-propres à déranger la tiflure 
tendre & délicate du corps des Vers. 


Mais le polypode l'emporte en cela ? 


fur la mauve & fur la résuelifie ; 
auffi tenferme-t'il dans fa douceur 
une amertume aflez fenfible. | 
Le fucre étoit inconnu aux An- 
ciens. Aldrovandus paffe pour le pre- 
mier des Modernes, ( 4) qui l'aitre- 
commandé contre les Vers. | 
“11 n'y a guère de maladies contre 
lefquelles la Médecine fe fait mife 


plus en peine de chercher desreme- : 


des, que-contre ces Infectes. Il 'eft 


étonnant à quel. nombre on a fait | 


monter les. remedes dont ïl s'agitz | 
c'eft ce qui fe va voir par lalike fui- 


vante. { b 


ça) ctidrov. de Infeff. Lib. FI. Dan. Clerie, Hiffors. 


ge. Lumbr. Cap. XP. | 
b) Das. Cleric. Hif. later, Luusbris.. 


js jé 609 


Lifle des Remedes contre les Vers. 


(> remedes fe tirent ou des plan- 
Lotes, ou des Animaux , ou des 
minéraux. Les uns & les autres font 
ou fimples , ou compolés. Les fim- 
ples que fourniflent les plantes font 
ou racines , ou feuilles, ou fleurs , 
ou fruits, ou fuc de ces fruits, ou 
graines, ou bois, ou écorces, ou 
gomimes , ou réfines ; ou gommes- 
réfines, ou huiles: nous les allons 
expofer par ordre. | 


 REMEDES ANTIWERMINEUX 
tirés des Racines. 


RACINES de RACINES de . 


“Ache. Calamusaromatiques 
Acorus.. Carline.. 
Ail. Chicorée fauvages 
Androfemum. Contra-yerva.. 
Angélique, Croifette: 
Anthora. Cyclamen. 
Ariftoloche. : Daucus dé Crete. 
Arum. | Enula-campana. 

 Afphodele. . Efule. 
Azarum. Fougere femelle. 
Barbe debout. : Fraxinelle. ; 
Biftorte; Fumeterre.. 
Brione. | Galanga. 


| Gto: Rämedes antivermineuxs 
Racines de. |. Racines dé: 


Garance. | Petafites. 
Gentiane. . Poiypode.. 
Gingembres- |Porreau. 
Gramen. Prime-vetres- 
Gratiole. - Pyretre. 
Hyfope. . Raifort. 

Iebles ne Réponce.: 
Impératoire. Romarin. 
Ipecacuanha. - Sanicle. 

Iris. Scorfonaire. 
Méchoacan. Scrophulairee-- 
Murier. Souchet. 
Oignon.: Succife. 
Ozeille. Terre-mérite. 
Patience. - | Tormentiile. à 


tt = 
REMÉDES ANTIVERMINEUX- 
qui fe tirent des feuilles. 


Feuirres:de FEUILLES de‘ 
Abfÿynthe. Betule, donton fai: 
Agripaume. cuite #7 extrait, 


dans de l'huile d'ab-} Bugloife.- buse: 
- fynthe, do appliquée i BUS, dont on fait un 
extrait cr une-builes : 


fur le nombril. 
Alliaria. i Calamenthe. . 
Apiaftrum. Caiega. 4 
Armoife. | Cata putia Cataria,'- 
Arnopglofle. | Chamædris; 
Artichaux.. | Chamæpitis. - : 
Auricula muris. | Chardon benit” 
Aurone, mâle. . | Chicorée fauvage- 
Bete blanche. Conifa. #4 


B.étoine.- | Corallines-- 


Remedes antivermineux.  G1T 


Feuizres de 4 FEuizres de: 
Coftus hortenfis. Millepertuis. . 
Crefon. Myrthe, 

| Dent de Lion, Noyer. 

|.  Eftragon.  [Origan.. 
Eupatoire. | Ortie. 
Fumeterre, Perfcaire. 
Garance. Pécher. 
Gingembre. Piantain: 
Gui. Polium montanuma. 
Héiiotrope. Pouliot. 
Hyfope. Pourpier. 
Jéble. Reine des prés. - 
Joubarbe. Sabine. 
Laitue fauvage. . SR 
Lavende. Scabicufe. 
Laurier. Scordium. 
Linaire. 3 Seneçon. 
Marjolaine: Senné. 
Marrube. Tabac. 
Matricaire. . Tanaifie.-. 
Mélifle. _  ‘ |Thym. 
Menthe. Trefle. 
Mercuriale. Vérvéne. 


REMEDES. ANTIVERMINEUX 
qui {e tirent des Fleurs. 


_ Ffeurs de FLEurs: de: 
Camomille. Mille Pertuis. . 
Centaurée. ( petite) DRE 
Houblon. 


Jatinthe, 4 ce 


612  Remedes antivermineux.: 


REMEDES ANTIVERMINEUX 
qui fe tirent des fruits. 


EFrRuiTs de FRUITS dé 
Amandes douces. les de buiffor. 1 
Amandes ameres. Myrobolans. 4 
Amande de Pêche, |Noïifettes. 1 
Citrons. Olives & leur huile; | 
Coins. Orangesaïgres&dow 
Coloquinte. ces. 
Concombre fauvage. | Pignons. 
Dattes, - de Pilaches. re | 
Epine vinette.  lPoivre à 
Figues feches. | Prunes fauvages. j 
Gérofles. Raïfins & leur vin. 
Grénades. Sebeftes. 


Mures ordinaires, cel-' Tamarins. 

oo 

REMEDES- ANTIVERMINEUX 
qui fe tirent des graines. 


Grainesde | GRAINES de 

Ache. Courge. 

: Ammi. Creflon. 
Anet. Cubebes, 
Arroche. Cumin. 
Bañlic. Epine vinette: 
Chanvre. | Eupatoire. 4 
€hou. Fenouil. - 
Citron. : 'Fœnugrec.. N. 
€oncombre. Galega. 
€oriandre. Genet, 


_Geniévre 


| nm 


à 


Remedes antivermineux) ts 


_Graïnes de GRAINES de 
Géniévre. ” |Ozeille. ré 
Herbes aux poux. | Perfil, 


Herbes aux puces. |Plantain, 
Houblon, la cendre de| Pois rouges, en déco= 
Jonfarment bue dans\  &ion. 


du lait. Porreau. 
Laurier. | Pourpier. 
Lin. | Queue de poutceau: 
: Lupin. : Ricin. fon huile mife 
Maniguette, | Jur le nombril @ fur 
Mauve & Guimauve. l'eflomac, tue les vers. 
Melon. Roquette. | 
 Mille-pertuis, + [Rue. 
 Moutarde, _ [Santoline. 
 Myrthe. Seigle, ex décotion: 
Navet. 5 Sumag::5#4 
Orange, . | Tanafe. 
Ortie. Vefle, en déco“ion. 


| °t 


EE 


mo tegnt, 
REMEDES ANTIVERMINEUX 
tirés des bois & écorces. 
Bors,Econces. | Bois, E’coRces: 


ÂAloes. | Oranger. 

Caprier , écorce de [e| Picea. 

. vacige. | Quinquina, /a moyen. 
Chêne. ne écorce. 

- Citronier, antal;yas 
Coulevrée. | Sapin , fes branches 
Fréne. hou. tendres, d fon écor- 
Genevrier. | ce, en décoétion 
Grenadier, : {Saffafras. : 

Guaïac. | = ITremble | /on écorce 


Lierre , en décoët. dans | moyenne. 
du lait, Jen écorce. | Turbith. 
Tom. IL. T 


g14 Remedes Antivertineux. 


REMEDES. ANTIVERMINEUX 
qui fe tirent des Gommes , des Rc- 
{ines, & des gommes-refines. 

GomMEs ET RESINES) GomMeEs RESINES. 


Acacia. 4 Cerifer, gomme. 
Aloes. |Euphorbe , gomme re- 
Ammoniac. | frneufe. | 


Affa fetida, à deux on Geniévre, £oMMeE. : 
| rois grains , 4ifouts Lierre , genme. 
dans de l'eau. Maftich. 
Baumes , ross les bau-| Myrrhe. 


mes naturels. Scammonée. R 
Bdeliium. Suye de cheminée. 
Camphre. Térébenthine. 


Cedria , refine.. I « 


REMEDES ANTIVERMINEUX 


tirés des huiles. 


Huies de  Huires de 
Amandes doures Gr 4- Noix. 
meres. _ [Noyaux de pêche. 
Buis. Ricin. 


# 


Geniévre , tirée des Succin. 
bayes. Thym._ | ù 
_ pin des Remeges antivermineux ÿ tirés 
des plantes. si 


REMEDES ANTIVERMINEUX 


compofés , qui fe tirent des 


plantes. 


Remedes compolés » qui Je tirent des plantes 


principale ment. 
Confettion hamech. Diacurthami, 


Eau 0% l'on à jetté de 


|:18 Remedes antiverminenxs Gr $ 
*’Diaphenix. | Philonium. . 


_ Diafcordium. |Syrop ‘à chicorée ; 
| Diaturbith, cwmRha-| comp. de Rb. 
| harbaro. Syrop de fleurs dePé- 
| Elixir de proprieté. cher. 
Hiere picre. | Thériaque. 


“Orviétan. 


“Opiat de falomon. Vin d’abfyathe, 


os 
| REMEDES ANTIVERMINEUX 


tirés des animaux. 


|  Beure frais. chée. 
l Bézoard. | Graifle d'oye. 
| Caftoreum. Ivoire rapée. 
Corne de cerf. Miel. 
Fiel de Bœuf, Ongle d’élan. 


Fiente de chevre /&- Poudre de vipéres, 


| I — 
| REMEDES ANTIVERMINEU) 


tirés des mincraux. 


Bol d Armenie. Sel. 
RE: Corail. Souphre, 
| Eau de chaux. Vitriol, fur tout 
|  imaille de fer. Dre 

Pétrole. 


| MEDICAMENS ANTIVERMINEL 


compofés, qui fe tirent des 
|. minéraux. 


Saphran de mars. 
Tartre ftybié. 


Tÿ 


l'étaim & du plomb 
fendus, 


616 | Remedes antiverminenx. KE 
RE'FLE XIONS-PRATIQUES 
fur La quantité extravrdimaire des re 
medes contre les Vers. sp 


Qus venons de donner une 
\ grande lifte de remedes ; mais. 
cette lifte demande beaucoup de 
choix. Voici fur cela quelques ré* | 
flégions. FRENCH 
LA coralline eft un des pluspuiffans 
& des plus innocens remedes qui 
s'offtenr dans la lifte dont il s’agit. 
Braffavolus, Mathiole, Mercurial , 
& les plus fameux Auteurs de Mé: 
decine , regardent avec raifon, cette 
herbe comme une des plus fouverai- 
nes contre les Vers, ainfi que lere- 
marque Mr le Clerc (4). Mathiole(b) 
parle d'un petit enfant , qui pour 
avoir pris une dragme de coralline ;, 
rendit jufqu’à çent Vers ; & Brafa- 
volus fait mention d'un vieillard à à 
8. ans(c), réduit à l'extrémité, le- 
quel rendit cinq cens Vers par l'effet 
d'un inédicament compofé de fcor- 
dium & de coraliine. | 


(a) Daniel, Cieric. Ha Lator.. 
{b) Mathiol. in fimplic. examine. 
(c) Braffav. in fimplic. examiney 


| ; MMS Mers act 617 
+ Mr Rédi dit, qu'ayant mis quatre 
Vers dans une forte infufion de co- 
jalline , ils y vécurent. jufqu’à fix 
jours ; d'ou il conclud que la vertu 
de cette herbe n’éft pas auffi fouve- 
raine. contre les Vers qu’on fe l’ima- 
gine. Mr le Clerc fait à cela une ré- 
ponfe qui paroît bien jufte, fcavoir, 
que la coralline en poudre & prife 
en fubftance, peut avoir beaucoup 
plus de vertu contre les Vers, qu'é- 
tant prifé en infufion , owen déco: 
tion ; aufli les Auteurs qui confcil: 
lent cette herbe contre les Vérs , ne 
- confeillent jamais de la prendre en 
 infufñon, mais coûjours en fubftance, 
_ En cflet, comme Pobferve le même 
 Mrle Clerc, & que nous l'avons 
| aufi obfcrvé ailleurs dans ce Livre 
. page 463. il y a une grande différen- 
ln ec entre les diflolvans de l’eftomac, 
| & l'eau commune; celle-ci ne peut 
| tirer qu'une légère teinture des mix: 
. tes, au lieu que la liqueur ftomacha- 
| Le agit fur les principes les plus inti- 
| | mes de ces mixtes & les féparc. Les 
| principes de la coralline ainfi déta- 
1 chés, & rendus à eux-mêmes, font 
| portés du ventricule dans tout.le con- 
44 Tiÿ 


613$ De la Génération | 
duit inteftinal, où ils ne peuvent 
manquer de contrarier les Vers qu'ils 
rencontrent, ces principes étant dé- 
gagés de tout ce qui pourroit retar- 
der leur aétion. 

Le femen contra, & autres fim- 
ples d'une amertume & d'uneodeur 
trés forte , font d’une nature dif- 
férente de celle de la coralline ; 
leur décotion ou infufion agit au- 
tant que fi on les prenoït en fub- 
fance, parce que l'amertume dont 
ils font remplis, & lodeur qu'ils 
répandent, qui eft ce qui les rend 
contraires aux Vers, fe communi- 
quent facilement aux liqueurs où on 
les faitinfufer ou bouillir. : 

La tanaifie tient le premier rang 


aprés la coralline , ce qui lui a fait | 


donner avec raifon, comme à la 
coralline, le nom d’Herbe aux Vers. 
La rhue , le marrube blanc , l'énu- 
Ja campana , approchent de la vertu 
de ces herbes, aufli-bien que les au- 
tres amers dont les noms font rap- 


portés dans la lifte précédente ; ce ï 


ui leur vient de leur qualité amere. 


Quant aux médicamens doux & 


huileux , nous avons fuffifamment 


| des Vers 619 
arqué plus haut, d’où vient qu'ils 
font contraires aux Vers; c’eft pour- 
quoi nous n’en dirons rien davantage 
ici , non plus que de ceux qui font à- 
cres,acides, ou falés, dont nous avons 
fait voir que les pointes s’infinuoient 
aifément dans le corps tendre des 
Vers, & en dérangeoïient la tiflure, 

Mais il y en a d’autres dans le ca- 
talogue ci-devant, qui ne paroiflent 
agir contre les Vers par aucune qua- 
lité manifefte. De ce genre cft le 


| pourpier, qui étant prefque infipide, 


_ne femble pas devoir être fort con- 
traire aux Vers , & qui cependant 


eft un des remedes les plus efficaces 
contre ces Infe@es; ce qui lui vient 
dés particules de mercure qu'il con- 


tient, comme nous Favons remar- 


| qué plus haut page 518. où nous 


renvoyons. 

Cette herbe cependant renferme 
quelque chofe d’auftere, qui pour- 
roit bien auffi contribuer à fa quali- 


té antivermineufe. 


Le gramen, ou chiendent n’a non 


plus aucune faveur marquée, & ce- 
pendant il ne laifle pas d’être con- 


traire aux Vers; fon eau même di- 
Tiv 


Bio _ - De la Génération 
fillée eft fort bonne contre ces In- 
fe@es. Elle les fait mourir quand or 
les en arrofe; ce que nc font pas 
bien des eaux ameres. 

Nous pañlons pour la briéveté , 
plufieurs autres plantes marquées 
dans le catalogue ci-defflus, & nous 
venons aux remedes tirés des Ani- 
maux. s 1 

Ces remedes font en petit nom- 
bre ; car nous en excluons la poudre 
de Vers defléchés , foit dé Vers de- 
terre, ou de Vers fortis du corps ; 


cette poudre , comme nous en avons 


averti page 445. ne pouvant intro- 
_ duire que des femences de Versdans 
le corps. Nous en excluons les cor- 
‘nes & les os tant de Cerf, que des 
autres Animaux, comme d’un fort 
petit fecours, à moins que ces cor- 
nes & ces os ne foient brulés; ce 
qui les rend un peu plus propres 
contre les Vers, mais aflez cepen- 
dant, pour qu'on doive les mettre 
au rang de véritables remedes anti- 
vermineux ; quoique l'action du feu 


leur ait donné un peu.de pointe & 


d’âcreté. 


Nous en excluons les cantharides, 


hs 
14 


MDI SN deal arr RNA CNGAT 
comme capables de produire däris 
les vifcéres des érofions très-dange- 


reufes, & de nuire encore plus aux 


Malades qu'aux Vers. 

- Le caftoreum eft prefque le feu 
des remedes tirés des Animaux, qux 
- puiffe être employé utilement con 
tre les Vers. T 

Quant aux minéraux, le mercure 
eft un bon remede contre les Vers ; 
on en fait bouillir une certaine quan- 
tité dans de l'eau, & on donne à 
boire cette eau; mais il faut le faire 
bouillir long-temps, & en mettre: 
beaucoup; fans quoi, cette déco- 
étion n’a pas beaucoup de vertu. 

11 faut au reffe prendre garde de 
donner de cette eau de mercureaux 
enfans ; nous en avons dit la raifon 
dans le Chapitre des remedes qu'il 
faut éviter , nous y renvoyons. 

Le mercure doux , autrement dit, 
aquila alba , eft bon aufli contre les: 
Vers; mais il-faut y apporter des 
précautions ; nous Îles avons mar- 
quées dans le même Chapitre, nous: 
_y renvoyons tout de même, cet 
| page 444. | 

Les médieamens qui évacucmt 


+ 


622  Dela Génération 
fourniflent un grand nombre de re- 
medes contre les Vers, mais îl faut’ 
bien de la prudence pour choilir 
ceux qui conviennent. Il y en a de’ 


dangereux, tels que font parmi les. 


plantes , l'hellebore , l'épurge , la 


coloquinte, le concombre fauvage,. | 


-Péfule, l'euphorbe , la gratiole, le 
ricin, &c. | . 

Tous les violens évacuans , foit 

par haut, foit par bas, tant ceux qui 


font tirés des plantés, que ceux-qué 


font tirés des minéraux , doivent 
être évités ici, de peur qu'en vou- 

. Janttuer les Vers , on ne tueles Ma- 
fades mêmes. Mais pour les éva- 
cuans doux & modérés, tels que le 
fenné, la rhubarbe, le fyrop de 
fleurs de pêcher, celui de rofes, celui 
#,de chicorée compofé de rhubarbeï, 


& autres remedes femblables ; on 


peut s’en fervir fans crainte, pourvu 
qu’on n’excede pas dans les dofes. 
Il y a des remedes-évacuans fi forts 
& fi vifs, qu'ils produifent même 
kur effet , étant feulement appliqués 
für le ventre; tels font la bryone , le 
concombre fauvage , la gratiole, 
Firis , le cyclamen , ou pain de pour- 


LS, Fos Lee 


DE 0 ee. | 
17 hi TER 


EL en de Dh ci 


En CAP je np 


4 
ist hnt | 


si RE 


des Vers. 613 
ceau, l'épurge, l'ièble, la lauréole. 
l'euphorbe , la coloquinte , le ricin. 

On fait avec ces remedes diver- 
{es fortes d’onguens, & entre autres 
celui de Atharnita, qui étant mis fur 
le ventre , purge abondamment ; 
maisces purgatifs extérieurs qui pa 
roifflent d’ailleurs fi commodes , en 
épargnant la peine de rien prendre 
paf la bouche , font très-dangereux , 
& on ne fcauroit trop approuver ce 
que dit là-deflus Jacques Sylvius, 
qui, en parlant de ce dernier, dit 
que c'eftun remede peu fur pour les 
tempéramens qui ne font pas extré- 

-mement robuftes. Parum tutum mir ne 
robufle corpore. Maïs ce qu'il y 4 en- 
core de fâcheux dans ces remedes .. 
c'eft 1°. qu'ils caufent quelquefois 
des fuperpurgations , comme l’ob- 
ferve Mr le Clerc; 29. qu'ils canfent 
fouvent de rudes tranchées , de vio- 
lens tenefmes fans évacuer aucune 
matiere ; ainfi il vaut mieux s’en te- 
. nir aux purgatifs doux qui fe pren- 
nent par la bouche. | | 
IL ya d’autres remedes , qui , ap 
pliqués fur le ventre , ne caufent au- 
‘cun accident , & qui chaflenr les: 


ki 


624 De la Génération 


Vers : ceux-là fe peuvent em 


ployer en toute occafion , & à Pé- 
gard de tous les tempéramens ; tel- 
les font toutes les efpéces d’ablyn- 
the & de menthe , la tanailie, Fau- 
rone,la rhuec, les feuilles d’artichaud, 
l'ait, l'oignon, le fiel de bœuf, la 
fuye de chemince , le fouphre, le 
fel ammoniac, la myrrhe , l'afa 
fœtida, les huiles de pétrole , de 
coudrier, de genicvre , le vinaigre, 
l'efprit de vin. FANS Pate 


bte deb Ed de 


GTA PE TIR EUX, 


Des précautions à obferver quand 
on fair des remedes contre les 


Vers. 


Ï L ne fuffit pas pour tuer où pouf 


chaffer les Vers, de faire les re- 
medes que nous avons marqués dans 
le Chapitre précédent. Il pourroit y 
avoir du danger de s’en tenir à ces 


feuls fecours , parce que les Vers at- 


taqués ne mourant pas d’abord , ou 
nç mourant pas tous à la fois du 


l SAUOAEN AT ERS. QU? 62$ 
‘même coup, il arrive fouvent que 
<ccux qui ont réfifté à l'effort des 
médicamens , étant ainfi contrariés, 
-mordent les inteftins & les percent. 
Il y a une précaution à prendre con: 
tre ce danger, c’eft de ne point de- 
_meurer long-temps fans manger. 
Bien des meres ont bcfoin de cet aviss 
elles croyent la plüpart, que quand 
leurs enfans ont des Vers, il faut 
| faire jeûner ces pauvres enfans, pour 
|! Cviter, difent elles, la corruption; 
ne prenant pas garde , qu'en voulant 
ainfi éviter un mal, elles en caufent 
un autre. Les Vers lorfqu'ils font 
trop affamés, ne manquent guère 
de percer tôtou tard, la cavité qui 
Îles renferme. 2 
‘Il faut donc tenir pour certain, 
a ceux qui ont des Vers, ont be- 
oin d'être plus nourris que les au- 
tres ; il faut faire alors ce qu’on fait 
quand on a des Rats dans un Cabi- 
net, où font des papiers de confé- 
quence, qu'on veut garantir de la 
de de ces Animaux : On y laifle 
du pain & de l'eau, les Rats s'en 
raffafient, & on les empêche par ce 
moyen, de faire leur proye d'autre 


626 De la Génération ; 
chofe. Mais autant qu'il eft avanta- 
geux de beaucoup manger lorfqu'on 
D des Vers, autant il elt dangereux 
de le faire lorfqu'on en eft délivré ; 
car il faut en cette occafion vivre 
Le plus fobrement ëc le plus frugale- 
ment qu’il eft poflible, pour éviter 
toute forte de corruption ; fans quoi 
ce feroit s'expofer de nouveau à la 
même maladie : cette fobriété ce- 
pendant doit avoir fesregles, & il 
ne faut point la faire pratiquer avec 
trop d’exaétitude aux enfans, parce 
qu'ayant plus de chaleur naturelle 
que lesautres , &t avec cela un corps 
qui prend fon accroiffement tous les 
jours , ils ont befoin d’être foütenus 
par une plus abondante & plus fré- 
quente nourriture ; aufli remarque- 
r’on que les jeunes gens portent le 
jeûne avec bien plus de peine, que 
ne font les perfonnes d'un âge avan- 
cé; c'eft pourquoi Hippocrate dit 
dans un Aphorifime exprès , que les 
enfans, 8 tous Ceux dont le corps 
n'a pas encore pris fon accroifle- 
ment, doivent être plus nourris , 
fans quoi, dit-il , il faut qu'ils deflé- 
chent, parce qu'ils ont une chaleur 
plus grande. 


des Pers. 6277 
. Ty a une autre PSERORTE à ob- 
” ferver quand on fait des remedes 
çontre les Vers, c’eft d'interrompre 
ces remedes de temps en temps ,'& 
cela de peur queles Vers, tropob- 
ftinément attaqués , ne fe cantonnent 
dans les cavités de l’intcflin colon, 
où qu'ils ne tournent leur corps d'une 
maniere qui les mette hors d’attein- 
te à lation des remedes ; car l’un 
ou l’autre arrive quelquefois. Ce 
n'eft pas toüjours de l’ufage opinià- 
tre des médicamens, que dépend la 
guérifon ; le point eft de fcavoir 
prendre fon temps, & dans le trai- 
tement d’une maladie, comme dans 
1e gouvernement d’une affaire, la 
trop grande précipitation eft fou- 
vent caufe qu'on échoue. 

Il y a des occafions où c’eft un 
grand remede, pour rétablir la fan- 
té, que de fufpendre tout remede, 
_& fi Pline (4) lé jeune dit fi bien, 
en parlant de l'Eloquence, ae cet 
Artneconfifte pas moins à fe taire 
qu’à parler ; on peut bien dire de 
celui de la Médecine, qu'il ne con- 
SOA .Accepi nonminus interdum oratorium effle tacere 
quam dicere, Plin. jun, Epiff, Lib. 7. Epift.126. 


613 De la Génération VU 
fifte pas moins quelquefois à s'abfte- 
nir d’ordonner des remedes , qu'à en 
prefcrires + mr 
Nous finirons ce Chapitre par une 
gemarque importante touchant les 
médicamens que l’on prend d'ordi- 
naire contre les Vers ; elle regarde 
en même temps les autres dont on à 
coûtume d’ufer dans la plüpart des 
maladies : c’eft qu'il faut: quelque- 
fois éviter de les prendré en bol, à 
moins qu'il ne s’agiffe d'avaler que 
que drogue qui puifle gâter les dents 
ens’y arrêtant (4); la raifon de cela, 
c'eft que le bol eftune mafle que l'on 
ne mâche point , & qui entrant dans 
l'eftomac fans avoir été divilée , ré- 
{ifte fouvent à lation des diflolvans 
de ce vifcye , lefquels ne font que 
gliffer fur cetre mañle fans la pénétrers 
en forte que le remede demeurant 
trop long-temps fans fe déveloper , 
ne produit pas l'effet qu'il devroit. 
Tous les eftomacs des Malades ne 
font pas tels qu’ils puiflent difloudre 
les bols. Les Partifans du fyRème de 
Ja trituration , répondront fans dou- 
te, que l'eflomac a une fi grande 
{4) Comme le mercure, | 


__ force 


… 


« des Vers. _ 629 


. force pour broyer tout ce quiyen-- 
ln tre, qu'il ne faut pas craindre qu’un 
peut bol pui réfifter à cette action = 
| ils diront que dans l’état de fanté , 
| cette force Droyante pafle de beau- 
| coup celle des machoires ; qu'elle 

€ capable de farmonter une réfi- 
[M lance de douze mille neuf cens cin. 
le quante & unelivres, & qu'ainfi il 
{0 net pas poflible qu'elle diminue 
" affez dans une maladie » Pour ne 
Pouvoir écrafer un petit bol, A cela 


L 
"a 
PU 


L 
7 


(Mie n'ai que deux chojes À oppofer ; 
{ha premiere, c’eft l'expérience, & 
M fans citer 1à-deflüs un grand nombre 
| Fe exemples , en voici.un qui pourra 
Mlufire 4 

MP Enuiyrr. À l'Hôtel de Tours & 
IMParis, je craitois Mr le DES de 


DS 


u foulagement, j’eus recours à d'au 
res fébrifuges, & quelques jours en- 
Auite j'ordonnai, de concert avec Mr 


Dumoulins, qui futappellé en con- 


6,0 De l4 Génération FL 
entraîna avec des excrémens bien 
jiés, plufieurs bols de quinquinas 4 
qui avoient té avalés quatre jours 
| auparavant , & ds fortirent auffien- 
tiers. que fi on les avoit confervés 
dans une boëte. | | 
La feconde chofe que j'ai à oppor 
fer, cet qu'à confulter la ftrudure 
de leftomac, fes mouvemens , la 
 difpoñition de fes fibres, &c. il n'eft 
pe poffible qu'il {oit capable d'un 
royement tel que les Partifans de 
la Trituration le fuppofent ici: On 
peut voir ce que nous AVOTS dit la- * 
dcflus dans le Traité des alimens de ! 
Carème ; it eft inutile de le répéter : | 
au furplus les efforts que quelques ! 


mu 


Auteurs modernes ont fair depuis . 
eu pour tirer de l'oubli ce fyftème : 


abandonné (4), ont tellement ache- ! 


À 
A 
L 
4 
x 
] 


ta) Le fyftême dela digefion par le broyement » 0 
pâquit du remps d'Hippocrate ,ceft-à-dire, dins un 
temps où lAnatumie n'étoit encore guère connues W 
ceit ce qi farorifa d'abord lecours de ce fyitème rl 
& donna lieu à quetques Médecins de foürenir:que # 
Peftomac n'éroit que Îe récepracte des alimens foli- # 
des ; ‘que ces alimens après avoit Eté délayés & broyés« 
dans Ta bouche, achevoient de fe broyer dans l'efto- 
mac , Où par ce MOyEn > is fe convertifloïent en chy-* 
Je; mais que fa boiffon àcaufe dé fa liquidité , new 
pouvant être fujette au broyement, aoit aux poñ-! 
mons , & non à leltomac; où par fon abondance elles 


| (éd Bt 


A des Vert: 631. 
vé de le décrier, que ce n’eft pref- 
que plus fa peine de Ie combitire. | 


ébitesssssesssss es 
CHAPITRE XIII. 
ÆAphorifines for les Vers du corps. 


de l’homme. 


V'Ai cru devoir terminer ce Traité 
par des maximes qui en fiffent : 
comme une récapitulation générale, 
& dont quelques-unes püfent fervir 
d'éclairciflment & de fupplément 
à l'Ouvrage. Ces maximes font 
courtes , & quelquefois exprimées à 
demi mot. Pour les bien entendre, 
il faut avoir lu tousles Chapitres. 


auroit ; difoient-ils , plürôt nuit à la digettion, qu’elle 

n’y auroit aidé, Hippocrate , comme on le voit dans 

fon quat:iéme Livre des Maladies . s'éleva fortement 

contre une opision fi vifiblement contraire à la raifom 

& à l'expérience ; & il nous apprend que s’il fe don- 

aa ce foin, c’elt parce quel’erreur dont il s’agifloit, 

avoit déja un grand nombre de Partifans. Elle ne tint 

pas long-temps contre les raifons d'Hippocrate , & x 

tuine d’une erreur fi groffere fut bien-tôt fuivie de 
la déroute du fyftême de La Trituration , qui y avoir 
donné lieu Mais Erafiftrate le releva enfuite, & le; 
fyfiême s'étant foûtenu quelque temps. retomba de 
nouveau dans Poubli, d'où quelques Auteurs récens 
s'efforcent en vain aujourd’hui 4 letirer. Voyez Le 
386. Journal des Sçavans , 1713, page 599, 


Vÿ 


632 De la Génération 


SECTION I. 


* 


{L © E Ver eft un Animal com 
x plet, & auf complet qu'au-. 
cun autre Animal qui foit dans la 
Nature. | pe Fa 
I. Le Verrefpire, & a despoü- 
. Mons. | 
II. Tousles Vers ont du fang 
quelques petits qu'ils foient. | 
IV. Ce n’eft point jar la couleur 
rouge que Île Eten es c'eft par 
l'ufage auquel il fert: 
V.Il y a des Vers qui ont plufeurs: 
cœurs & plufieurs poñmons. 

VI. Les Vers, ainfi que tous les 
Animaux, viennent de germes, où: 
iis font renfermés en petit. | 

V LI. Plufeurs œufs de Vers en- 
trent dans notre corps avec l'air, & 
les alimens , & fouvent dans notre 
chair par dehors. à | 

VIII. Quandles œufs des Vers: 
font en nous, les Vers renfermeés. 
dans ces œufs éclofent , pourvu qu'il 
y ait én nous.une matiere propre à 
es faire éclorre: | | 

IX. Il en eft des œufs des Vers, 
comme des graines des plantes ; qui: 


… des Vers. és 
ne pouffent pas en toutes fortes de 
terres. f 
À. Comme les Vers s’engendrent. 
par des germes , il eft impoffible 
d’en voir des efpéces nouvelles.  : 
X I. La plüpart des Vers qui s’en- 
gendrent dans la chair corrompue 
d'un Animal mort, y étoient déja. 
en œuf, du vivant de l’Animal. 
X II. Certains grains d'avoine ne 
laïfent pas que de poufler ,. après 
, avoir été enfermés dans le ventre du 
| Cheval; les œufs de Vers queW’Ani- 
| mal à avalés, produifent tout de 
_même leurs Vers après la mort de 
PAnimal. 
 XIIT,. L'air eft rempli de femen- 
ces de Vers; l’eau de pluye, le vi- 
naïigre , le vin pouflé , la vieille’ 
biere , le cidre, Ie lait aigre en font 
tous pleins. Hi: 4: 
XI V. Toutes les parties du corps 
font fujettes aux Vers, fans en ex- 
cepter aucune. 4 
XV. Le fang & l'urine en font 
quelquefois tout remplis. - 
XVI. Les grains de la petite véro- 
le renferment quelquefois des Vers.: 


GR DelGénatiot, 
| Section Il. 


L 


LW Es Vers des inteftins font de 


4 trois fortes ; les Strongles,(4} 


les Afcarides , & les Tænia. Les 
 Strongles font ronds & longs, les 
Afcarides longs & courts, & les 
Tænia longs & plats. | 
II. Le Ver Solitaire, ou Tænia, 


engendre en l’homme dés le ven- 


tre de la mere. | 

111. Le Ver Solitaire eft d’une 
Tongueur exceflive, il a ordinaire- 
ment cinq à fix aulnes , & quelque- 
fois beaucoup au-delà. Hé 

IV. Le Solitaire eft ordinaire- 
ment feul de fon efpéce dans le corps: 
de l'homme..l ne s’y rengendre plus: 
quand il en eft une fois forti. | 

V. Le Solitaire ne fort prefque 
jamais fans remede; c'eft un feul 
Ver, & non plufñeurs Vers joints en- 
femble. 


VI. Les Vers qui fe produifent E 


hors des inteftins, s’engendrent à la 


tête , aux oreilles, au nez:, au foie, 


au cœur , &C. 


R (a) Ain appellés du mot Grec seoloxes: 
Tongs & ronds. PR ic 


VUS 
uw 


# 
Cr TE 


+ 


: Nodes Vert Ÿ . 653$ 
VII Les Vers du cœur caufent 
quelquefois des morts fubites. 

VIII. Les Vers qui s'engendrent 
dans le fang , n’empêchent point le: 
fang d’être vermeil. : | 

I X. Les Vers Cutanés font quel- 
quefois des foffes fous la peau, com- 
me les Taupes en font fous la terres: 
& de méme que celles des Taupes fe: 
connoiffent par la terre qu’elles ont 
élevées , celles des Vers fe connoif- 
fent quelquefois par des efpéces de: 
cordes qui s’élevent fur fa peau, & 
qui font femblables à la broderie 
_qwon remarque fur l'écorce des me- 
Jons. Ces cordes pénétrent fort avant, 
&c on les enleve avec la pointe d’une 
aiguille: | 

X. Il y a des perfonnes qui ont 
les pieds fi gâtés de ces cordes, qu'ils. 
ne peuvent marcher. 1! y # quelque 
temps queje fus appellé chez. une Dame 
pour voir un mal qu'elle avoit aux pieds, 
_& ce mal fetrouva être de ces cordons, quê 
lui rendoient la peau des pieds comme une 
écorce de melon. 

X I. Les cancers font tout pleins 
de petits Vers imperceptibles, qui 
rongent les fibres des parties , & 


|! 


ra . 


656: De la Génération 


L2 


tous les cribles des glandes; en forte 


que les glandes , recevant prefque 
tout ce qui fe préfente, grofliffent 
d'abord outre mefure; enfuite ces: 
Vers s’augmentant , & continuant 
de ronger ce qu'ils trouvent, ils ul- 
cerent fouvent la partie & la confu- 
enter NAT AMENER 1551 € PEUR 
LL ÉAyepoite peut être quel- 
quefois caulée par des Vers. 
XIII. Les Vers peuvent caufer 


des tumeurs au corps & des excroif- 


fances , comme ils en caufent aux 


feuilles de chêne, où par leur pi 


euille de circuler à l'ordinaire : ce 
qui produit fur la feuille cette ex- 
croiffance ,. qu'on appelle noix de 
galle, & qu’on regarde mal-à-pro- 
pos comme un fruit. : “ns Dos 
_ XIV.Iiya certaines difformités, 
qu'on apporte ennaiffant , lefquelles: 
peuvent venir quelquefois de Vers, 
qui auront, rongé les parties tendres: 
du fœtus, & par ce moyen auront 
caufé des tumeurs, ou es LOrtuo— 
fités. 4 MEN 
XV. Pluficurs maladies 


>= 


que ils empêchent le fuc de la 


" qu'on: 
attribue’ 


PE, À 


53 


Æ | 4 
attribue mal-à-propos à des forts 
viennent de Vers. 

XV L Dans la jauniffe , les inte- 
ftins font quelquefois attaqués de’ 
Vers. 
X VIT. Les Vers Umbilicaux ne 
font , felon toutes les apparences , 
que des Vers desinteftins. 

X VIII. Les Crinons pañfent pour 
des Vers, & il y a bien de l'apparen- 
ce qu'ils n'en font pas. 

_XIX. Les Crinons & les petits 
Dragons font différens. 

X X. Le petit Dragon eft un véri- 
table Ver , ce n’eft niune varice , D 
un abfcès. 


des Pers. " 37 
8 


SEcTiOoN III. 


| TD Ans quelque maladie que 
 : tombent les enfans, il faut 
_ fe défier des Vers, ou d’une matiere 
| vermineufc. 
TI. Les enfans font plus fujets aux 
Vers que les autres, & entre ceux- 
ci les pituiteux plus que les bilieux. 
| III. Quand les enfans portent: 
| fouvent leurs mains À leur ventre ; 
on doit craindre qu'ils n’ayent des: 
Tome II. | X 


638 De la Génération | 
Vers, particulierement s'ils fe plai- 
-gnent de quelques tranchées. 
À LV. Perdre la voix, étre tout 2 
Gin: attaqué de-manie ; {ont quel- 
quefois des effets de Vers. 
À S'éveiller avec furprife & alar- 
me , rticulierement dans les en- 
Fans, eft un figne certain de Vers, 
ou de petite vérole. 

VI, H y à ne certaine haleine 
Aigre , qui eft une marque affurée de 
Vers ‘2: | RATE 

: V LI. Etre toujours affamé , quoi- 
qu'on mange beaucoup, figne aflez 
ordinaire de Vers. | ?, 

YI1I. Les Vers longs & ronds 
piquent fouvent, & font fentir de 
grandes douleurs ; les Vers-plats ne 
piquent pas: 

[X. Les yeux Caves ; je vifage 
bicuâtre , & en même temps une fié- 
vre intermittente , font affez fouvent 
des effets &c des fignes de Vers., 

X. Le Sohtaire:, où Tzænia, fe con- 
soit par de petites portions » faites 
en forme de graines de citrouille ,, 

ni fe trouvent dans les excrémens. 
.XB Les petites portions en for- 
mede graines de citrouille, qui LE 


< 


ho 


des Vers. 639 
trouvent dans les excrémens de ceux 
ui ont le Solitaire , font des Or- 
uons de ce Ver, qui fe rompt faci- 


lement. 

X 11. Le Solitaire confume le chy- 
le Le plus pur. | 

X 111 Le Solitaire caufe quel- 
quefois des apparences de grofiefte. 

V. Le Pays & la Saifon peu- 
vent fouvent {ervir à confirmer les 
fignes de Vers. 

X V. Trois chofes rendent nos 
Corps fujets aux Vers; le mauvais 
air , les Mauvais alimens, & l’ex- 
cés des bons. 

XVI. Le vinaigre qui tue les 
Vers de terre, ne tue Pas toüjours 


| ceux du Corps ; il y en a de ces der- 


nicrs quiy vivent quelquefois fort 
long-temps. | 
.ÆVIL Les pignons font perni- 
<icux quand on à des Vers. 

XV IIL Les melons caufent des 


| indigeftions, qui fouvent fervent à 


faire éclorre des Vers dans les inte- 
fins, © 7 
XIX. Les champignons font ca 
pables de produire beaucoup de Vers 
dans le corps. | 
ä X i 


+ 


64° De la Génération: 


. 


leur donne trop tôt de labouillic , 
ouque cette boui 
de la farine crue , qui n'a pas été cui- 
te fur le feu, ou dans le four. 


X X I. Ce qui engendre le plus de 


yermine dans les corps des enfans, eft. 


la pernicieufe coûtume que l'on a de 
leur refufer dès qu'ils font nés, le 
Jait que la nature prépare dans les 
mammelles des nouvelles accou- 
chées , & de leur donner des nour- 
rices, qui font relevées de couche 
depuis long-temps , & dont le lait 
par conféquent cf plus nourriffant , 
qu'il ne faut alors. 

KXIL Les remedes qui défob- 
@ruent le foye, font de bons pré- 
fervatifs contre les Vers. 

XXIIL Le lait des nourrices 
peut être quelquefois plein de Vers : 
pour: le connoître, ilen faut exami- 
ner quelques gouttes avec le microf- 
COpe. 


ice ef plein de Vers, il faut chan- 
er la nourrice ,finon on expofed'en: 
BU à dés maladies mortelles. 


K X. Souvent les enfans devien-" 
nent fujets aux Vers, à caufe qu'on 


llie cft faire avec. 


XXI V. Quand Le lait d’une nour- | 


PRO CE CN 64 
 XXV. La plûpart des nourrices 
de la campagne font fujettes aux 
Vers, parce qu'elles mangent bcat- 
coup'de laïtage & de fruits. 


SECTION IV. 


. Le fortie des Vers, bien con: 
sfidérée, fert à faire des pro: 

gnoftics Jjuftes de:ce qu’il ÿ a à crain- 

dre, où à efpérer pour le Malade. 

IT. 11 faut confidérér dans la for 
tie des Vers l’état de la perfoñne qui 
les rend ; le temps de la maladie’, 
dans lequel ils fortent ; le lieu par 
lequel ils: fortent ; les éxcrémens 
| dans lefquels ils font ; Ja quantité. 
_ lcouleur, là groffeur des Vers, & 
s'ils font morts ou vivans. 

TIT. Quand: on eft en fanté, & 
qu'on rend des Vets, fans avoir riérr 
| pris qui les puifle chafler, il en faur 
| tirer un bon augure. | 
|. IV. Les Vers qui fortent par le 
| AZ , viennent quelquefois des: in 
teftins. - 

V. Quand lés Vers fortent für le 
déclin de la maladie, le ligne eft 
bon ; quand ils fortent au commen 
cement , il eft mauvais. HT 

X 1j 


642 De in Génération 
| VI. Au commencément, ou dans: 
_Pétat dgla maladie, il vaut toûüjours: 
mieux que les Vers fortent avec les 
déje&ions , que tont feuls, a moins. 
que ce ne foit par l'effet de quelque 
médicament. | 

V11. Aprés avoir rendu des Vers 
par haut, vomir une matiére noire 
femblable à de l'encre, eft un figne 


mortél, fur-toutau commencement | 


de la maladie: -#%2"% MAN 
V 111. Quand les exerémens, qui. 
{ortent avec les Vers, font de cou- 


leur jaune , ceft un bon figne; s'ils 


font blancs , le Malade et en dan- 


g Cr. $ - L: : 
1 X. Si Pon fe porte bien, il n'im- 
porte que les Vers fortent morts on: 


vivans, Mais dans le commencement 


ou dans l'état de lamaladie, c'eft un 

mauvais préfage qu'ils fortent morts. 
‘X. Il n'arrive guëres qu'aux Vers 

plats de fortir rompüs. AU 5 
KI. Quand une partie du. Ver 


lat eft fortie, & que l’autre demeu-, 
re dans-le corps, pourvu que la tête: 
foit dehors, iln'y a rien à craindre: 


X LI. Quand les Vers fortenr en 


fermés dans des envelopes, c'eftfout 


des Fers. 643 
véht le préfage d’une prompte sué- 
rifon. A D et 
"XIII. Lesenvelopes oùfontrens 
fermés les Vers, font tiffues par les 
Vers , comme la toile de l’Araignée 
cf tiflue par l’Araignée, & comme 
la coque du Ver à foie eft tifüc par 
Vera foie: 117 
XIV. Les Vers dü corps fe ré- 
_ duifent quelquefois tout encau aprés 
,  €tre fortis ; ils fe fondent fouvent de 
Ja forte dans le corps même. 4 
X V. Quand les Vers fortent en: 
glaires & fondus, le figne eftbon: . 
. XVI. De l'eau à la glace jettée 
fur des Vers, qui viennent de {ortir 
du corps , les fait quelquefois tom 
Ber tout d'un coup en eau, 
“XVIT. Quand les Vers font rou- 
ges, le prognoftic eft mauvais ; les 
blancs ne préfagent ni bien ni mal 
par leur couleur ; les jaunes & les: 
Jivides n’annoncent rien de bon: 
| XVIII. Les Vers minces font 
. d'un préfage moins mauvais que les 


‘ar OÔS: 


Xiv 


‘44 De M Génération 


SECcTLO N V. 


}. N employe fouvent contre 

es Vers, des remedes qui 
font plus capables de Îles multiplier 
que de les tuer. 

II. La poudre de-Vers defféchés, 
eft un mauvais remede contre les 
Vers: elle en produit d’autres. 

J1I. Le mercure eft bon contre 
les Vers ; mais il a de fâcheufes fui- 
tes , & on ne doit guëres lemployer 
que lorfque Îles Malades font atta- 
qués de Vers vénériens. 
I V. Il fauréviter contre les Vers, 

le femen: contra 

V. Si l'on met dans de l'efprit de 
vin , des Vers du corps, qui foient 
vivans, ils y vivent quelque temps > 
ils vivent long temps dans dujus de : 
lHimon. | 

VI. Le jus d'oignon, la vieille 
urine mélée avec un peu de miel, 
le fuc de calamentbe, le lait de fem- 
merayé dans Voreille , tout cela font 
de bons remedes contre les Vers au- 
riculaires. | | 

VLI. L'efprit de fel mêlé dansun ; 
peu d’eau, eft un bon remede contre 


h 


des Vers. | 645 


fes Vers des dents, aufli-bien que 


Ja racine de plantain mâchée. 

VIII. C'eft une fable que ces 
Vers, qu'on dit s'envoler avec Ra 
fumée de la graine de jufquiame. 
“IX. Le fuc de marrube , mêlé 
avec un peu de miel , eft bon contre 
les Vers pulmonaires. | 

X. La poudre de Cloportes cft 
bonne contre les Vers hépatiques. 

X I. L'ail ; les raifforts, le creflon, 
Ja racine de gentiane , celle de pi- 
voine, la myrrhe, font fouverains. 
contre les Vers cardiaires, 


 XHI I. Le jus de cerfenils'employe 


avec fuccés contre les Vers fanguins. 

XIII Le fel végétal chañfe les: 
Vers véficulaires. 

XIV. Quand un enfant eft fujet 
aux crinons, il faut le baigner dans: 
de l'eau tiede, puis le frotter avec 
‘du miel auprès du feu, & enfuite 
Jui paffer un linge rude fur le corps. 

X V. Laver le corpsavec de l'eau 


où a bouilli de la racine de gentia- 


ne , eft un bon remede çontre les: 
Cirons, & contre les Vers nommés 
Bouviers. 


XVI L'huile d'olive & de noix. 


646. Dela Génération 
tuent les Vers promptement : : 
X VIT. Le grand jeûne elt con: 
traire 4 ceux qui ont des Vers dans: 
les inteftins.… An Lame 
X VIII. Quand'on fait des re: 
medes contre les Vers des inteitins, 
À faut les interrompre de temps en: 
En A Os 
XI X. La fougere femelle, & l’é- 
corce de racine de meurier , font 
fpécifiques contre le Solitaire. 
XX. La raïfon pourquoi certains 
Vers fortis du‘corps ;. vivent dans le: 
vinaigre ; c'eft que la plüpart de ces 


Vers fe noutriflent d’une matiere’ : 


aigre qui eft dans le corps. 


X 7 Oilà ce que je m’étois propolé: 


d'écrire fur les Vers qui s’en- 


gendrent dans le corps humain. J’au- 


rois pu rapporter ici un grand nom- 


bre de remedes qui font répandus 


dans'la plüpart des Livres de Méde- 
cine, & remplir ce Traité de plu: 
ficurs formules différentes que je n°y' 
ai point mifes ; mais j'ai cru qu'il vas 
loit mieux m'en tenir à peu de re- 
medes,, & en choilir de bons , que’ 
de faire un amas dé receptes, qui 


— . s ‘ a 
. 


| ondes Perse: _E4T 
auroient rendu ce Livre plus gros ;, 
fans le rendre meilleur. 
En fait de remedes , nous n'avons 
pas d'autre chemin à fuivre, que la 
voye des obfervarions ;. & vouloir 
découvrir par la raifon feule, la ver- 
tu des médicamens , c'eft ne vouloir 
jamais trouver ce qu'on cherche. At- 
tachons-nous done à l'expérience 
& laiflons ces chicanes & ces vaines 
fubtilités , qui felon la penfée d’un: 
Ancien, (4) nous rendent fembla- 
bles à-ces petits .Infeétes qui ne fe: 
plaifent que dans les broflailles. Evi- 
tons cette Médecine Scholaftique,. 
qui. n’eft bonne que pour la difpute , 
& faifons-nous une Médecine pofi- 
_tive qui nous puifle fervir dans la 
Pratique. Par une Médecine pofiti- 
ve, je nentends. pas. une pofitive 
d’autorités, laquelle confifte à {ca- 
voir les fentimens de divers Auteurs: 
fur un même point, comme eft l& 
. pofitive de Théologie. J'entendsune: 
politive de faits, laquelle nous ap- 
(a): Reperias Fm in be rer mir è callidos ,- 
cum ab illà cavillatione difcefférint non mais fufficere” 
in aliquo graviore aûu, qum parva quædam anima* 


lia , que in angufliis mobilia campo detrabendunturs. 
Quintil..Inflitut, Oraror, Lib. XIE. 


643. De l4 Génération 
prenneice qui a réuffi le plus fou 
vent dans les mêmes circonftances:. 
& Je dis que cette Médecine pofiti- 
ve, réglée par la méthode, eft 
véritable Médecine. 

La Médecine Scholaftique nous 
rend habiles à la repartie, pour nous 
tirer adroitement d’une objeéion ; 
& l'autre nous rend fenfés & pru: 
dens pour ne rien ordonner que de 
convenable : l’une fait des entétés 
& des opiniâtres , l’autre des Mé- 


decins de bonne foi, qui ne cher 


chent qu’à s'inftruire, & à être uti- 
les : l'une ne s'applique qu’à forger 
des fyftêmes., & l’autre s’étudie prin- 
cipalement à repler fa conduite :: 
Fune cherche des détours pour fe: 
défendre , & l'autre des remedes 
pour gucrir les maladies : l’uire con: 
fulre fes préjugés ,. & l'autre con 
fulte: la raifon & l'expérience : l’une 
fait des Pédans.. & l’autre des Mé- 


decins.. | | 
% 


… 


; des P ns | 649 
GARE SAR PARU D 
CHAPITRE XIV. 


Eclairciflement [ur divers endroits 
| de ce Livre, 


T Efujet de cet éclaircifflement , 
L eft une Lettre de Mr Lémeri, 
Docteur-Régent de la Faculté de 
Médecine de Paris, imprimée dans 
les Mémoires de Trévoux au mois 
de Novembre 1703. Contre {a pre- 
micre Edition dece Livre. Entre les 
Articles que mon Cenfeur reprend 
dans le Traité qu'il attaque, les uns 
y font, les autres n’y font pas ; & les 
autres y font à la vérité , mais fc 
trouvent en même temps corrigés 
dans l'Errata, où il les a pu voir. 

Voilà tout l’ordre que nous fui- 
vrons dans cer éclairciflement , que 
nous ne donnerions point cependant 
au Public , fans l’occafion qu’il nous 
va fournir d'expliquer ici des matie- 
res, dont l'examen ne peut être qu'u- 
tile. 


Les Articles que l’Auteur de Îa 


D. Lettre cenfure dans le Livre de Îa 


t 


659 De la Génération À 
Génération des Vers, & qu'on y lit 


effedtivement , font : | 
Premierement , Que peu de per- 
fonnes , ou faines ou malades, font 
exemptes de Vers. Le Cenfeur dit 
H-deffus, qu'on devine affez mon 
motif, & que c'eft que je veux par 
ce petit préliminaire , autorifer mes 
explications touchant les maladies 
dont je parlerai dans la fuite. Jen’ai 
rien à dire fur cela, finon que ce 
‘Cenfeur oublie de remarquer qu’a- 
prés avoir avancé. la propolition, 
j'ajoûte que c’eft ce qu'obferve Pla- 
terus, & ce que l'expérience con- 


firme lorfqu'on ouvre des corps 


morts. 

Secondement : Que les Vers fan- 
guins fuivent le cours du fang, c’eft- 
à-dire, que du cœur ils font, portés 


par les artères dans les chairs , d’où 


ils font repris par les veines ; mais 
que comme il arrive quelquefois 
qu’ils font trop gros, pour être reçus 
avec le fang dans ces mêmes veines, 
ils reftent dans les chairs , où ils 
produifent des furoncles, des clevu- 
res , & fouvent de ces galles univer- 
felles qui afigent tout le corps. 


des Vers. G$x 
L'Auteur de la Lettre dit , que 
cette explication paroît fuppofer 
deux faufletés évidentes. La premie- 
re , que la capacité des veines , 
qui eft beaucoup plus grande que 
celle des artéres, doit, fnivant.èctre 
explication , être beaucoup plus pe- 
tite, .puifqu’il femble que les artères 
ont bien gu contenir les Vers dont 
ail s'agic, & que les veines qui leur 
répondent , font trop étroites pour 
les pouvoir laiffer pafler. La fecon- 
de , c’eft que les pores des chairs qui 
font effeétivement trés-petits, ré- 
. pondent néanmois , felon moi, à la 

Capacité des artéres : puifqw'ils peu- 
| vent conter aufli-bien qu'elles, 
| Les gros Vers qui en viennent , & 
que cependant ces pores ont en mé- 
me temps une capacité plus grande 
que ceMes des veines, qui ne per- 
mettent pas le paflage à ces Vers. . 

_ L’Auteur dela Lettre n’auroit fans 
doute pas fait une telle objeétion, 
… s’il eût confidéré que ces Vers, quoi- 
| que fort petits, font néanmoins des 
corps folides ; & qu’ainfi il peut ar- 
river facilement que plulieurs Vers 
fanguins demeurent engagés dans 


s 


652 De la Génération 

es fibres des chairs ; en forte que 
ceux qui y féjourneront affez pour 
y pouvoir un peu groffir par la dif- 
férente nourriture qui S'y (Trouve, 
ne pourront plus être repris fi facile- 
ment par les veines , &z feront obli- 
gés de refter dans les chairs. I n'eft 
pas befoin pour cela, de fuppofer 
que les entrées des veines foient plus 
étroites que les extrémités des arte- 
res; le feul accroiflement du Ver 
difpenfe de recourir à des fubrilités 
de cette nature, & il femble même 
qu'on pourroit ici , affez à propos, 
renvoyer notre Auteur à la Fable de 
la Belette, pour y trouver l'éclair- 
ciflement de fa difficulté. 

Il y a une réfléxion à faire fur ce 
que l’Auteur dit touchant les arté- 
res & les veines. Il foûtient que les 
entrées des veines qui répondent aux 
extrémités des artéres , font plus 
groffes que les extrémités de ces ar- 
téres; & ilajoûte que cela eft de 
l'aveu de tous les Anatomiftes. Il 
auroit bien fait de dire comment on 
a pu fçavoir la chofe fi certaine- 
ment, & de quels microfcopes on 
s’eft fervi pour s’en convaincre. È 

Troifiémement 


Ke des Vers. 6$3 
" Troifiémement : Que la pleuréfi 
| €ft très- fouvent caufée par les Verss 
| L’Auteur dela Lettre faitici uneré- | 
 fléxion; c’eft que dans les maladies: Pis 
où il y a des Vers, on n’a pas plus 
de raifon de juger que les Vers foient 
la caufe, que le produit de la mala- 
die. Ce que dit là notre Auteur, fe: 
. trouve vrai quelquefois ; mais quel: ; 
|. quefois auffi il y a des fignes qui dé- 
… términent le Médecin à croire l’un: 
| plütôt que l'autre; comme par exem- À 
h ple, lorfqu'il voit qu'en certaines 
| rencontres, on gucrit ‘une inaladie: | 
| en donnant des remedes contre les. dt 
| Vers, & qu'on ne la guérit pas fi: 
| Bien , en n’en donnant pas. 
0 Quatriémement : Que dans les. 
… fiévres malignes, je failois rendre: 
un grand nombre de Vers ; après’ 
quoi je guériflois mes Malades par 
| l'ufage des cordiaux. Queje ne trou- 
- vai point de meilleur moyen pour - 
mguérir ces maladies, que de les trait 
“ter par rapport aux Vers. L’Auteur 
Inde la Lettre dit ici, que mon obfer- 
Mvation n’eftpas vraic. Pour en prou: 
| ver la faufleté, il commence par 
| diré , que fi l’obfcrvation étoit relle 
| Tome.1 1. É | 


654. De a Génération | 
sf: PL er. 
que je Ja rapporte, tout Médecin 
auroit reconnu.ce grand nombre de: 
Vers. Et enfuite pour achever fa 
preuve, il dir quetout Médecin ne’ 
Va pas reconnu. On ne conteltera 
pas, je croi, cette derniere propofi- 
tion; çar quand ce ne feroit que 
l'Auteur de la Lettre, qui n’auroit 
pas reconnu ce grand nombre de 
Vers, cefeul exemple fuffiroit pour 
lui faire dire vrai. Pour ce qui eft 
durpremier point, fçavoir , que tout 
Médecin. agroit reconnu ce grand 
nombre de Vers; nous laiffons: au 
Lcéteur à juger de la force d'untel 
raifonnement. Aprés tout, mon Cen- 
feur prend ici mes paroles trop à la 
lettre : lorlque je dis.que je failois 
rendre un grand nombre de Vers. 
Ce mot de grand nombre ne doit 
pas fe prendre à la rigueur ; & sil 
ne faut, qu'avouer que jai un peu 
exagéré , je l'avouerai volontiers , 
pour faire voir que j'aime lexadie 
vérité, | NU 
Cinquiémement : Que je foutiens 
que des Vers vénériens en rongeant 
8 mordant tout ce qu'ils trouvent , 
eaufent tous les ravages qui arrivent 


PS PR PE PS NN TE 


f 


? 
| 


: 
L 


VPRLTRS 


TOR des Verts | : &ÿ$ 
dans les maladies vénériennes. On 
peut à la rigucur mettre cet Article 
au rang de ceux qui ne fe tronvent 
pas dans le Livre de la Génération: 
des Vers. Car je dis feulement, qe 


uant aux vénériens, Mr Hartfoe- 

fer eft de fentiment qu'ils caufent 
tous Îles ravages qui arrivent dans. 
les maladies vénériennes ; qu’ils ron- 
gent & qu'ils mordent tout ce qu'ils 
trouvent; & que fi le mercure gué- 

rit cette maladie , c’eft parce qu'il 
tue les Vers. Après quoi, j'ajoûte 
que j'ai vu des perfonnes atraquées. 
de ces fortes de maux, fe fentir très- 
foulagées en prenant des remedes 
contre les Vers; & un jeune hom- 

me entre autres , qui pour avoir ufé’ 
pendant un mois d’une ptifanne faite 
avec la gentiane, & s'être purgé de 
temps en temps avec l'aloës, “is 
font de bons remedes contre les: 
Vers, s’en trouva fi bien, qu'ayant 
pris enfuite , pendant quinze jours 
des ptifannes d’efquine & de falfe- 
pareille, il n'eut befoin d'aucun au- 
tre remcde ,: & fut parfaitement … 
guéri. (4) 

_ (æ) Dans cette nouvelle Edition , je combas lé: 


Y y 


U 


656 De la Génération 


L'Auteur de la Lettre dit ici trois 


chofes. La premiere, qu'il eft aflez 
difficile de concevoir que les nodus, 
les exoftofes., & plufeurs autres 
fymptômes vénériens , qui dénotent. 
naturellement un acide fort corrofif 
& coagulant , foient les effets des 
Vers. La feconde, que les douleurs 
roduites par ces Infe&es, feroient: 
Eee différentes de celles que reflen- 
tent ceux qui.ont cette maladie. La. 
troifiéme, que peut-être je n'étois 
pas bien fur que ce jeune homme eût. 
une maladie vénérienne. Ptit 
Quant au premier point , fçavoir,. 
qu'il eftdifficile de comprendre que 
les nodus., lesexoftofes. & plufeurs. 
autres fymptômes vénériens qui dé- 
notent un acide corrofif & coagu- 
lant , foient les effets. des. Vers : il 
paroît par ces paroles , que F'Aureur 
de la Lettre ne croit.pas qu’on. puifle 
dire que les Vers caufent ces rava- 
ges, & direen même temps que ces 
mêmes ravages viennent aufli d'un 


acide corrofif & coagulant. Maïs en. 


expliquant comment la pleuréfre 


fentiment.de ceux qui croyent que lesmaladies ve 
aériennes viennent de Vers. 


"4 


“ des Vers. GST 
FA quelquefois être caufée par des 
Ters ; je dis que pour le compren: 
dre il n’y a qu'à confidérer ce que 
peut produire cette maticre corrom- 
pue, qui accompagne toûjoufs les 
Vers; parce qu'il n’eft pas difficile: 
de juget qu’elle peut aifément affe- 
éter la plevre , & l'enflammer; pour 
quoi-tout de même ne pourra-t'on 
pas dire , que pour comprendre 
comment les Vers peuvent caufer 
tant de ravages dans [es maladies: 
vénérienneés , il n'y a qu'à confidé- 
rer dequoi eft capable l'humeur aci- 
de, corrofive & coagulante , qui 
accompagne toûüjours les Vers véné- 
riens , & qui fe met: quelquefois 
avec eux de la partie ? 

Au.regard du fecond point, qui 
eft que les douleurs que ces Infectes: 
imeis , feroient bien diffé 
rentes de-celles que reflentent ceux 
qui ont des maux vénériens ; l'Au- 
teur de la Lettre. pouvoit bien juger 
que comme dans la pléuréfie caufée 
par des Vers, jattribue la douleur 
de côté à l'inflammation que l’hu- 
meur corrompue qui accompagne 
toûjours les Vers, produit. dans l& 


x 


es De la Génération 


A 


plévre ; de même auffi dans les maux 


vénériens , lorfqu'il y a dés Vers, je’ 


puis bien attribuer une bonne partie: 


des douleurs de cette maladie aux: 
humeurs corrofives qui: accompa- 
gnent toûjours les Vers vénériens ,, 
comme nous venons de dire... 
Enfin pour ce qui eft du troiliéme,. 
feavoir , que peut-être je m'étois pas: 


bien fur que cejeune Homme eût um: 


mal vénérien ; on peut répondre qué 

eut-être auffi én étois-je fur. Mais: 
je ne fuis point entêté : j’accorde- 
rai volontiers que je n'étois pas bien: 
fur dé la chofe: C’elt pourquoi j'ai 
retranché dans cette nouvelle Edi- 
tion , VArticle dont il s'agit. 

Le fixiéme Article que lAutèur 
de la Lettre reprend , eft que les 
grains de Ja petite vérole font rem: 
plis de Vers que plus il y a de Vers 
lans ces grains , & plus les grains- 


* F » a à à »n 7 
marquent. Que pour les empêcher : 


de RE , on n’a qu'à frotter ke 
vifage | 
Que quand au commencement de la. 


petite vérole on fe baigne les pieds: 
dans du lait chaud , toute la petite’ 
vérole fe jette fur les pieds ; parce 


‘une eau qui tue ces Vers. 


_.. des Vers 4:  &sœ 
que les Vers qui font dans.les puftu-- 
les , courent au lait. RAA 
L’Auteur de la Lettre ne dit rien: 
de particulier fur ces propofitions , 
il les taxe feulement-d'affe&ation. 
Cependant la derniere pourroit bien: 
n'être pas feülement affedtée, mais. 
faufle & infoûtenable ; d'autant plus. 
que felon men fentiment même , sil 
y a quelquefois des Vers dans les 
grains de la petite vérole, il ne: 
s'enfuit pas que les grains de la pe- 
tite vérole viennent de Vers. Ainfi: 
mon Cenfeur m'épargne plus que je: 
ne incrite. 
Le feptiéme , Que le Ver plat, ou: 
le Solium ,, contient dans toute {on: 
étendue un amas de petits corps glo- 
Duleux, qui font de véritables œufs. 
Que ces œufs après être fortis du: 
ventre du Ver, grofliffent infenfi- 
blement dans l'inteftin de l'homme, 
& fortent quelquefoisen:abondance: 
avec les excrémens de ceux qui ont 
ee NER F4, | 
 L’Auteur de la Lettre s'applique à 
combattre ce fenriment, & ÿ foû- 
tient que cela ne s'accorde pas avec 
ce que je dis ailleurs, aprés Spigé… 


669 De li Génération 
lins, de Lumbrico lato, fçavoir, que 
le Solium eft toûjours feul de fon.ef- 


péce dans le’corps de l'homme; & 


que quand il en'eft une fois forti, il 
ne s’y rengendre plus. Pour prouver 


que cette opinion eff fuffe , il dit 
rss fi les œufs dont je parle, fonte 


igrand nombre, rien ne peut em 
FE que quelques Vers n’éclo- 
ent de ces œufs, où pour parler 
fon langage , rien ne peut empêcher 
anelques-uns de ces œufs de s’éclore : Car 
féroit-ce, continue-t’'il, comme le 
prétend l’Auteur de la Génération 
des Vers, parce que le Ver d’où 


viennent ces œufs, confume lui feul 


tout le chyle qui leur eft néceflaire 
pour fe déveloper entierement 5 Mais 
cette raifon pourroit tout au plus 
avoir lieu pour expliquer comment 
les Vers éclos, ou pour parler encore 
avec L'Auteur de la Lettre; COMMENT 
Tes œufs éclos & devenus Vers ne peu” 
vent atteindre à la grandeur de cc- 
Jui dont ils viennent; mais elle ne 
fait point fentir pourquoi ces œufs 
ne fe dévelopent point du tout. Car 
pour fe déveloper ; reprend-il, ils 
mont proprement befoin PAST 

eur, 


dans ces œu 


| Ieur 


et 


des Vers. | 66 


| feur. La taifon dont l’Auteur de 12 


Lettre fe fert ici pour combattre 
mon fentiment , fe réduit donc 4 


 fuppofer que les œufs de ce Ver 


n'ont proprement befoin que de cha- 
{eur pour fe déveloper €ntierement. 
H auroit été à propos que l’Auteur 
n'eut pas feulement fuppofé la pro- 


ki pofition, mais qu'il l'eüt prouvée. 


Quoi qu’il en foit, quand même i] 
feroit vrai que les Vers Contenus 
8 n'auroient befoin que 

de chaleur pour éclore » ilne feroit 
pas vrai Ranr cela, que toute cha- 
At propre. Or la chaleur 

ctant différente , félon Îa nature des 
matieres où elle fe rencontre , 12 
chaleur du chyle , par exemple, 
étant autre que celle des autres fucs, 
& celle du tbe » différente de celle 


du chyle même, felon qu'il eft plus 
‘ou moins mêlé de bile » il s'enfuit 


que le Solium dévorant une bonne 
partie du RUE avant que ce fuc 
Sintroduife dans les inreftins 0e 


| qu'il s'y mêle avec la bile » ainff 
| que Je l'ai remarqué, ne lai à fes 
|. petits qu'un chylé plein debile, & 
| par conféquent un chyle , dont 12 
| Tome II. Z 


662. De La Génératio# : 
chaleur, différente de Pautre ; n'eft 
peut-être point Propre à faire éclo- 
re les petits, Vers clant nous par- 

L'Auteur de la Lettre revient: un 
peu de fon (entiment fur la chaleur 
jl avoue enfuite qu'il faut quelque 
nourriture pour faire éclore ces Vers, 
mais 1] dit qu'il n'en faut point tant, 
& qu'il en eite rotjours aflez dans 
{es inceitins pour cela + 
5 Le u'il dit È feroit vrai fans une, k À 
circonitance. . C'eft que je remarque 
que Le Solum (e nourrit du chyle : 
avant que (ce fuc (oir mélé de bile , 
&e que eût ce qui eft caule que cet 
Infecte tient (à ère vers le pylores 4 
ceit-à-dire, à l'orifice inférieur de 
Peflomac , où il trouve: ce chyle tel & 
qu'il le cherche. Car fi cela eft, ïl | 
ne: fert de rien d'oppofer que Île 50: il 
jium n°eft point aflez gourmant pour. # 
canfumer tour le chyle x puifque, ia À 
partie qu'illaife , étant deftituée de n 
celle qu'il à: dévorée!, devient pat ; 
conféquentitrop amer par le mê. * 
lange dela bile, pour étre propre 2, 
faire éctore ces Vers, ou à les nouts= 
RÉ qu'ils fonséclesn 0 


e 
» 


des Vers 665. 
: Notre Cenfeur n'en demeure as 
Rs il dit qu'au moins faut-il avouer 
Que quand Le Soium eft une fois forti 
sn corps, lesœufs dont il s’agit, peu. 
vent fe nourrir fans obftacle LION 
qu'ainf rien A a que cette ef 


péce de Vers ne 


€ rengendre, 


+ Ce raifonnement {eroit démon 


ftratif, fi par malheur je n'avois dit ; 
ainfi qu’on le peut Voir dans ma Pré. 
face , & ailleurs, que ce Ver ne 
fort paint de lui-même, & que pour 
lechañer il fut recourir à des re 
medes ,ce qui eft Le {enti ment d'Hib. 
Pocrate ; car cela fuppofe » il cft fa- 


| -cile dejuger que'le remede uichaffé 


le Solium des inteftins de l’ mme , 
€n Chaffe aufli les œufs > Ou que s’il 


| <n refte quelques-uns, il les tue, 


L’Auteur de la Lettre, aprés des ob- 
jcétions fi foibles, conclut d'un air 
tiomphant , que le raifonnement 
QUE j'ai fait pour accor €r mon ob 
? né für le Sofiym » AVEC Ce que 
Jappelle Iles œuf: de ce Ver » Cft tout- 
à-fait infoûtenable. “y 
Au refte ; aprés avoir Propolfé ce 
Que j'ai avancé fur Je Solium ; je rap... 
Porterai ici-un doute que j ai fur ce 
Zi 


* 664 De la Génération 
fujet.. Hippocrate dans lé quatriéme 
Livre des Maladies, Art: 27. &c Spi- 
gelius dans fon Traité du Ver plat, 
. Chapi:re dixiéme , difent que ce 
Ver le produit dans homme dés le 
ventre de la mere; & qu'enfuite fi 
on ne le fait fortir par quelque re- 
mede , il vieillit avec l'homme, êc 


faccompagne jui au. tombeau : 
nr Mere Si ps chofe eft ain- 
h, ne peut-on pas dire , que CE qui 
fair que le Soliur eft feul de fon ef- 
péce dans le corps où il fe trouve, 
& nes y rengendre pas même aprés 
enêtre forti,c'eft que les fucs dont le 
Solinm déja grand s'accommode dans 
le corps de l'homme fait, ne font 


pas tels qu'il les lui faut avant que 


d'éclore , ou d'abord après qu’il eft 


éclos; parce qu'apparemiment il a 


befoin alors d'une nourriture telle 
que le fœtus eft capable de Ja four- 
dir? Car on ne peut nier que les fucs 
qui fe forment dans le fœrus ne foient 
par leur qualité ; trés-différens de 
ceux qui fe forment dans l'homme 
adulte. Cette explication eft aufli 
vrai-femblable ,.pour le moins, que 
gelle que nous avons donnée : elle 


+ 


D 


| des Vers: | 66 
5 | Le FER Ve . 
s'accorde de plus , avec le fentiment 
d'Hippocrate , qi dit que le Ver 


plat s'engendre dans le fœtus, lorf- 


que le lait & le fang de lamere vien- 


nent à fe corrompre. Atrefte, quoi. 
qe nous foyions fort du fentiment 
"Hippocrate & de Spigelius fur la 
 folitude du Ver plat, nous remar: 
querons qu’il s'eh point fr néceflai- 
rement folitaire, qu'abfolument par- 
lant , il ne puifle avoir compagnie. 
En effet , ne fe peut-il pas faire que 
de plufeurs œufs de Solium, qui fe 
trouveront dans le corps d’un enfant 
encore au ventre de fa mere, il en 
réufife deux : que les deux Vers qui 
féront éclos fe nourriffent & croif> 
fent enfemble péndant plufeurs an- 
nées , fans que l’un prévale aflez fur 
l'autre pour lui voler fa nourriture 
& le faire mourir ; qu'enfuite en 
donnant à fa perfonne qui les aura, 
quelques remedes contre les Vers, 
on lui fafle rendre deux Solium ; & 
c'eft pour cela que dans cette nou- 
velle Edition , aû lieu de mettre 
comme dans la premiere , que le 
Solium eft feul de {on efpéce dans le 
corps où il fe trouve, j'ai mis qu'il 
| Z üj 


666 De la Génération è 
eft ordinairement feul. Au refte , ce 
fait étant trés-rare, fans doute, ne: 
détruit point la vérité du fentiment 
d'Hippocrate & de Spigelius , qué 
le Soliam eft feul de fon efpéce dans 
le corps de Phomme; parce qu'il en 
eft de cette propofition comme de 
pluficurs autres ; dont la vérité fe 
doit tirer du cours ordinaire de la 
nature, & non des exceptions qui 
y arrivent par des cas rares & fin- 
guliers. 

_ Le huitième Article que l'Auteur 
de la Éettre juge digne de cenlure , 
eft qu'on ne peut être préfervé des 
Vers après fa mort : Que celui qui 
meurt au milieu de l'abondance, 
plein de force & de richefles., dont 
le corps'eft rempli du meilleur fuc . 
& dont les os font comme pénétrés 
dc la moëlle qui les a nourris, fera 
mangé de ces Infeétes dans le tom- 
beau , comme le plus malheureux & 
le plus pauvre. Len 

L’Auteyr de la Lettre remarque 

ici que Job , que Jai cité comme 
Auteur de ces paroles , ne dit point 
“que la moëlle nourrit les os; & à 
cette occalion , il demande pourquoi 


| \ 

RE SL: 2 te AO PER à 
_ donc je m'avife de le dire : il ajoute 
que cela meft bien moins pardon- 
nable , qu'il ne l’auroit été à Job; 
parce que je fuis Profefleur d'Anato- 
mie au Collége Royal, & que je 
dois {çavoir que les os du corps fe 
nourrifflent par des vaifleaux fan- 
guins. 

‘Je remarquerai que fi l’Auteur de 
la Lettre avoit affifté à mes Confé- 
rences dans le Collége Royal, il au- 
roit fcû qu'encore que les os , ou 
pour parler avec lui, les os du corps fe 
nourriflent par des vaifléaux fan- 
guins ; je prétends qu'ils fe nourrif- 
fent de moëlle ; que la matiere de 
cette moëlle eur eft portée par les 
vaifleaux. fanguins ; que quand l'os: 
eft folide , comme font, par exem- 
ple , les offélets de l'oreille, lebois: 
des Cerfs & des Daims,, les vaifleaux 
finguins verfent cette matiere feu- 
lement dans le corps de Pos ; & que 
quand il ft creux, ils la verfent aux 
uns dans le corps de Fos feulement, 
comme à ceux dont font compofées 
les pattes. des Homars & des Ecre- 
villes, & aux autres dans le corps 
& dans le creux de l'os tout enfem- 

Z'iv 


668 De La Génération | 
ble. Il auroit appris qu'au dedans 


de ceux dont la eavité eft remplie | 


de moëlle, il y a, felon mon fenti- 
ment , divers petits trous par où 
pañlent plufieurs vaifleaux qui vien- 
nent de la moëlle ; que comme dans 
les os des vieux Animaux, il ne 
laifle pas d'y avoir des vaiffeaux fan- 
guins diftribués dans leur fubftance , 


quoique ces vaifleaux n’y paroïiflent 


pas ; de même dans les os où l’on 
ne remarque pas de moëlle, foit 
parce qu'ils ne font pas creux, ou 
que létant, l'œil ny en découvre 


point ; il nes'enfuit pas que dansle 


“corps même de cesos, il n’y en ait 
une véritable. En effler.il n'eft pas 


déraifonnable de penfer que ce qui. 


nourrit l'os , eft un extrait de ce qu'il 
yade plus délicat & de plus fin dans 


la portion huileufe du fang ; & que 


cette partie fine & délicate extraite 
de la portion huileufe du fang, en 
quelque lieu qu'on la pre , OÙ 
dans le creux, ou dans le corps de 
l'os , n’eft autre chofe que la moëlle. 
It eft facile d'expliquer comment 
les vaiffeaux fanguins portent le fang 
dans le corps & dans la cavité de 


des Vers. * 66% 
Yos; comæment la partie Ja plus dés 
licate & la plas fine de la portion 
huileufe de ce fang, fe filtre dans 
la fubftance des os folides ; com- 
ment dans ceux qui font creux, & 
dont la cavité eft pleine de moëlle, 
elle fe filtre & dans la fubftance de 
los, & dans un tiflu fpongicux &c 
véficulaire que la cavité de cet os 
renferme. Ces derniers fe nourriffent 


|. comme les plumes des Oïfeaux.; car 


le creux du tuyau: de la plume n'eft 

as feulement formé pour accorder 
enfemble la fouplefle, la force & la 
légereté , mais encore pour fervir 
comme de magafin à la nourriture 
qui doit être diftribuée dans touite la 
plume ; en forte qu'un même moyen, 
ainfi que l’obferve un Auteur mo- 
derne, fatisfait ici tout à la fois à : 
plufieurs vues différentes. Je conclus 
de-là que mon Cenfeur aw Heu de 
s'éronner qu'on puifle dire que la 
moëlle nourrit les os, devroit re- 
garder comme une erreur Île fenti- 
ment oppofé. Quoi qu'il en foit, 
puifque cet Auteur.eft fi furpris qu'un : 
Profefleur d’Anatomie au Collège 
Royal, croye que la moëlle nourrt£ : 


676 De la Génération it 
Les os, nous remarquerôns qu'il 16 
feroit bien plus, s'il fcavoit quecce’ 
méme Profefleur enfeigne que la. 
moëlle n’a point de fentiment : caf 
ceux qui ôtenc à la moëlle l'avanta- 
ge qu'elle a de’nourrir les os , luien: 
donne un autre qu’elle n’a pas, qui 
€ft d’être d’un fentiment très-exquis,. 
& ils infiftent beaucoup plus fur cer 
article que fur l’autre. Comme cette 
érreur n'eft pas moins grande que la 
premiere’, peut-être que les Lecteurs: 
ne trouveront pas Mauvais que nous 
en difions ici un-mot par eccafion: : 
La moëlle eft une matiere huileu- 
fe | coulante & liquide, renfermée 
en pliieurs véficules membraneules 
trés-dtliées , communiquant les unes- 
aux autres, dans le tiffu defquelles: 
ectte même matierc'eft filtrée. Quel- 


ques Anatomiftes la définiflent un: 


amas de plufieurs véficules mem 
Draneufes très-déliées, ouvertes les- 
unes dans les autres , & remplies 
d’une matiere huileufe , coulante & 


liquide. Mais cette définition con 


fond le contenant avec le contenu , 
 &z n'eft pas plus exate que celle 
qu'on denneroit du: jus de: citron, 


L 
A 

w. 

|. 


| des Pers, 671 
en difant que c’eft un amas de plu- 
fieurs véficules membraneufes rem- 
lies d'un fuc acide & tranfparent. 
D'ailleurs ellene s'accorde pas avec 
le langage de ces mêmes Anatomi- 
ftes, lorfqu’ils difent que la moëlle: 
tranfpire , qu'elle pafñle à travers le 
corps de los, que c’eft ce qui rend 
les os jaunes après la mort de lAni- 
mal ; que pour éviter cet inconvé- 
nient, les Ouvriers qui employent 
des os dans leurs ouvrages, ont la 

précaution de les fcier en long pour 
en Ôter toute la moëlle, & même 
le tiflu fpongieux & véficulaire, afin: 
que la blancheur de l'os ne foit point 
 altérée : que la moëlle eft un fuc 
d'une faveur douce & d’une confi- 
._fance onétueufe, &c. Par où l'or 
voit qu’ils diftinguent [a moëlle d’a- 
vec le tiflu membraneux & véficu- 
aire où elle eft filtrée, & qui la 
renferme. Cela pofe, il eff facile de 
voir que la moëlle étant un fuc, 
elle ne fcauroit avoir de fentiment, 
. & qu'il n’y a pas moins. d'abfurdité 
à luien attribuer, qu'il y enaurôit 
à en attribuer au fang. Il eft vrar 
qu’on alleouc des expériences pour 


622  DelaGénérarion 
prouver que la moëlle a du fenti- 


ment ; mais il fuit d’expofer ces:. 


expériences ; pour faire connoître 
qu'elles ne prouvent nullement ce 
qu'on e# conclut. On dit premie- 
rement, & on: le dit avec vérité. 
qu'en voyant panfer ceux qui ont 
perdu un bras ou une jambe , on s’ap- 
perçoit qu'aufli-rôt que la moëlle 
eftrudement touchée, les Malades 
donnent des marques d’une nouvel- 
Je doufeur. Secondement , que fion 
fait fcier l'os. de la cuiffe d’un Ani- 


mal vivant, qu'on mette le bout de … 


Pos entierement à nud, & qu'en- 
fuite après avoir attendu que l'Ani- 


mal ne crie plus, onlui plonge un: : 


ftilet dans la moëlle, alors! Animal 
donne des fignes d’une trés-vive 


douleur. Cette derniere expérience 


a été faite dans l’Académie Royale 


des Sciences ; mais. il eft facile de 


voir que fr lAnimal crie fi fort ! 


quand on touche rudement la moël- 
le, ou qu'on y enfonce un filet, 


c'eft qu'en même temps on:touche 


&c on pique letiffu membraneux-8&z 
véficulaire quirenferme cette moël- 
ke, & qui aun fentiment trés-vif. 


On. des Vers. 7. : 673 
|! Mais pour revenir au propos que 
| nous avons quitté , l'Auteur de la 
Lettre dira peut-être, que puifque 


Job, dans le pañlage que j'ai cité 


| a'eft point entré dans la queltion de 
| Ja nourriture des os , au moins pour 
| cette raifon, je n’y devois pas en- 
trer non plus en traduifant comme 
j'ai fait, @ medullis offa illius irrigan- 
tur , pat , @ dont les os font comme péné- 
1 trés de la moëllz qui Les 4 nourris. 1 eft 

* vrai que j'aurois pu me difpenfer de 
traduire de la forte, & que fi je me 


… fufle contenté de mettre, dont les os 


| font tout pénétrés de moëlle , j'aurois tra- 
| duit plus littéralement. Mais c’eft 
tout l'avantage qui en feroit arrivé; 
car à confidérer le paflage & l’oc- 
cafion où il eft placé , on ne fent 
nullement que ces mots, & dont les 


os font comme pénétrés de la moëlle qus 


| les a nourris , tappellent aucune que- 

. flion d'Anatomic. En effet, ces ter- 
| mes, gui les a nourris , ne paroïflent 
| pointètre mis là fcholaftiquement, 
mais feulement par rapport à un cer- 
tain ufage commun , qui fait qu'on 
dit qu’une chofe en nourrit une au- 
tre , lorfqw'elle lui fournit une ku- 


_. 


674 De la Génération 

meur qui l'entretient, & qui l'em- 
pêche de fe deffécher. C'eft ainfi 
qu'on dit que l'eflence nourrit les 


cheveux ; que l'huile nourrit la cor 
pe; que certaines pomimades nour- 


riffent la peau, &c. Or, perfonne 
ne niera qu'au moins en ce fens , la 
moëlle ne nourrifle les os On voit 
par à, comme il ne faut pas toù- 
jours prendre à la rigueur certaines 


expreffions. Nous ajouterons même 


que fi ces chicanes éroient admiles, 
notre Auteur feroit à reprendre de 
dire, comme il fait dans fa Lettre , 
quil a expérimenté plufieurs fois, 


qu'en touchant des bouteilles fur 


Jefquelles il étoir. tombe quelques. 
gouttes d'un efprit acide mincral » 
fa main 4 reffenti des demangeaifons con- 


fidérables ; puifqu'on pourroit répli- … 


quer, qu'un Phyficien doit fçavoir 
que ce n'eft ni la main, ni le pied 


ni aucune autre partie qui fent ,mais 
que c'eft l'ame À la vérité, cette 
expreflion ne feroit pas bonne : fa 
main 4 vefenti de la demangeaïfon ; mon 
pied fent de La douleur , ma tête fent de. 
grands élancemens ; Pour j'ai reffent: de 
La demangeaifon à la main 3 je fens du, 


Pere #3 


1 tuées Pers - 675 
| mél au pied; je [ens de grands élance- 
| mens à la têre. Maïs ce n’eft que par 
une railon qui regarde les regles du 
langage, & nullement parce que 
les ienfations n’appartiennent qu'à 
l'ame : car s’il falloit s’aftreindre à 
. parler toujours en Philofophe . on 
| ke rendroit ridicule. C’eft pourquoi 

dans le fixiéme Journal des Scavans . 
de l'année 1702. on reprend le Tra- 
duéteur du Traité de la Sobriété, de 
Ce qu'ilne trouve pas à propos qu’on 
dife que le manger flatte la langue, 
& de ce qu'il {e croit obligé d’aver- 
tir par une note exprès , que c’eft 
. plütôt l'ame qui eft flattée par l'en. 
| ‘tremife de cetteorgane. 

Nous voici arrivés au-neuviéme 
des articles qui font repris par l'Au- 
teur de la Lettre , & qui fe trouvent 
effectivement dans le Livre où illes 
reprend. Cet article, c'eft-que.e me 
fuis mis en rête , pour mefervir de fes 
termes ; de décrier: dans un: Chapi- 
tre exprès , Lés remedes que l’on em- 
ploye le plus ordinairement contre 
ïe re. En effet, j'y condamnele 
t#bac , le vitaigre ; la poudre de 
| Vers defléchés, de femen-contra , l'eau 


.676 De LaGénération 
où ont trempé des écorces vertes de 
noix , celle où a trempé le mercure, 
& enfin lemercure doux donné tout 
feul, & fans étre mêlé avec aucun 
purgatif. L'Auteur de la Lettre , 
pour prouver en général que ces re- 
medes font bons, dit que ceux que 
je fubftituc à laplace, ne paroiflent 
pas à beaucoup près fi bons, & qu'ils 
ont du moins autant d'inconvéniens. 
Selon ce Cenfeur , je trouve le femen 
gontra plus échauffant que l'oignon, 
ue l'ail, que la moutarde ; & lui 
pour montrer le contraire , il dit 
ue le femen contra n'elt pas plus é- 
chauffant que l'oignon , que l'ail, 
nc la moutarde. Je condamne l’eau 
. mercure, parce qe Malades 
étant obligés d'en uler long-temps, 
il arrive qu'à la longue les parties 
fabtiles du mercure offenfent les 
nerfs, & caufent des tremblemens s 
8 mon adwerfaire pour faire voit 
que je me trompe ; dit : Que cette 
eau n'eft pas fi mauvaile, que je Ja 
veux faire pañler ; que je ne dois pas 
m'imaginer qu'elle foit moins jé 
cifique pour les Vers ,& qu'elle pro- 
de plus de mauvais effets, toutes 
chofes 


Re 


BU: des Vers, x 677 . 
|  chofes d'ailleurs égales ; que l'eau 
à la glace que je mets au nombre des 
remédes excellens que j'ai éprouvés. 
ous rémarquerons ici en paflant, 
qu'on verra plus bas que je ne mets 
point l’eau à la glace: au rang, des 
remedes que j'ai éprouvés contre les 
Vers. Au regard du mercure doux ; 
PAuteur de la Lettre dit que je le 
| place auffi au rang des mauvais re- 
., medes contre les Vers, parce qu'à 
à la longue il peut caufer le flux de 
. bouche. Cet Auteur pour prouver le 
contraire de ce fentiment qu'il m'at- 
| tribue, dit que je lui ferois plaifie 
de lui citer dans tout mon Livre un 
. feul remede auf bon que celui-là, 
| ILajoûte que s'il falloit profcrire le 
= mercure doux du nombre des reme. 
| des contre les Vers, parce qu'il cau- 
fe quelquefoisune Iégere falivation Û 
|} ny auroitguéres de remedes dans 
| mon Traité, que l’on ne profcrivit 
L\par.de meilleurs raifons. Le Cenfeur 
| auroit dû rapporter ces meilleures 
| raifons ,. mais il garde cela par de- 
| vers lui. Nous laïffons à juger de La 
| force detoutes ces preuves. 
Quant au vinaigre, notre Auteur 
Tome IT. À à: 


673  Dele Génération. M 
me reprend d’avoir dit querienne 
réveille plus que le vinaigre , les 4 
Vers. du corps : que cette liqueur M 
étant clle- même toute pleine de * 
Vers, ne peut qu'en introduire une « 
grande quantité dans le corps. Ilme « 
reprend encore de ce que je rcjetté 
la plüpart des chofes aigres, êc 
qu'en les réjettant , J'EXCEpte néan- # 
moins les efprits de nitre, de fou- 1 
phre, & de fel. La raifon qu'il al- : 
Îegue pour me reprendre de cette ex- ! 
ception , c'eft que ces cfprits font 
des aigres. Cependant de peur de « 
me faire en céla un mauvais procès, M 
‘ildit que je répondrai ut-être que M 
ces efprits font des acides minéraux ,. M 
& que je ne rejette que Îes aigres 4 
végétaux. La-deflus il remarque que M 
néanmoins jexcepte le citron, 12 4 
grenade, le verjus, & à ce fujet il 
s'étonne comment je les ar pu Ex- 
cepter. Ii demande s'il y 2 deux aci-w 
des plus femblables en nature, que” 
eeux du vinaigre & du verjus; & 
our conclulion , il dit que pour peu 
w'on foit verdé en Chymie, on n'at- 
tribuera jamais .à des corps d'une 
nature aufi femblable , des efkiss 


Je 
tout-à-fait contraires. # 


des Pers: 679 
|  L'Auteur de la Lettre me prête 
| ici unc réponfe que je ne ferai pas. 
Car comme l'acide du vinaigre ef 
un acide de décompofition, aïnfi que 
parlent les Chymiftes.,. & que celui 
du verjusne left pas, je trouve de 
la différence entre l'acide du vinaie 
gre, & celui du verjus. Mais fans 
recourir à cette raifon , la feule dif- 
férence des effets qui fe remarquent: 
dans le vinaigre & dans le verjus, 
doit fuffire plus qu'aucune autre: 
chofe , pour faire juger que leur na- 
turc eft différente. C’eft une maxi- 
me trop fujettc à erteur, que celle: 
de croire que nous devions reglet: 
Les effcts des caufes fur l'opinion que 
nous avons de la nature de ces cau- 
fes. H paroît bien plus fur de juger 
de Ja nature des Caufes par celles de: 
leurs effets. On dira, parexemple. 
que l’eau des Gobelins eft d’une na- 
turc différente de celle de la Seine. 
parce que l'eau des Gobelins eft 
jonne à certaines teintures aufquel- 
fes Vautre n'eft pas propre. On dira 
encore, que comme il y a des eaux: 
où cuifent certaines légumes, d'au 
tres où ces. mêmes légumes ne cui 


630 De la Génération 

fent pas, il faut que ces eaux ayent 
une nature différente. Mais fi parle 
_ fimple examen de leur nature, on 
vouloit deviner ces effets , on cout- 


roit grand rifque de n'y jamais par- 


venir ; puifque ces eaux confidérées 
en elles-mêmes doivent paroître en- 


core plus femblables ennature ; que 


ne le paroiffent à l’Auteur de la Let- 
tre , le vinaigre & le verjus , dont 
le premier étant un acide qui vient 
de la décompofition du corps, an- 
nonce par confèquent , qu'il eft d’un 
différent cara@ere. L’Auteur de la 
Lettre ajoûte, que fije confidere 


avec le microfcope, le verjus & le 


jus de citron , j'y remarquerai un 
grand nombre de Vers. Peut-être 


que lorfque le verjus commence à fe 
écompofer , & qu'il eft gâté, y dé- 


couvre-t'on des Vers; mais qu'ilen 
. renferme avant de fe décompoler, 
c'eft de quoi je doute ; l'expérience 
en eft facile à faire. | 

Le dixiéme article eft que j'ai dit 
dans la Préface , que j'ai éprouvé 


tous les remedes dont je parle, & 


qu'il n’y en a aucun de douteux. Je 
nc dis pas tout-à- fait cela ; je dis que 


des Fers ess 


Je.prends garde à n’en rapporter 
aucun. de douteux, & que je n'aye 


éprouvé. Or, il femble qu’on peut 
bien prendre garde de ne rapporter: 


aucun remede douteux, & cepen- 


- 


dant être contraint d’en rapporter 


quelques-uns qui le foient.. Cela ar- 


rive lorfqu'’entre les maladies contre 


_lefquelles on propofe des remedes , 
: il s'en trouve qui ne font pas aflez. 

fréquentes, pour qu'on puiffe avoir 
là-deflus lexpérience néceflaire ; en. 
forte que tout ce qu'on peut faire. 
alors , c’eft de fibien prendre garde 
de nerapporter: aucun remede dou- 


| teux, que lorfqu'on en rapporte de 
tels , cela vienne de ce qu'il n’eft pas. 


poflible de faire autrement, ou de 
ce que cela eft très-difficile. Ainfi. 
de ce que je dis que je prends garde 


de ne rapporter aucun remede dou- 


| teux, ilnes’enfuit pas que je dife., 
|. qu'entre les remedes que je rapporte, 
il a’y'en ait aucun que je n’aye Cprou- 
| vé: L’Auteur de la Lettre auroit pur 
_ fur ce fujet m'attaquer dans un autre 
endroit, où je dis bien plus précifé-, 
| ment ce qu'on me reproche d’avoir 
dit dans la Préface, c’eft à la fin du: 


682 De la Génération 

Livre ; car j'y dis formellement, que 
les remedes que j'ai rapportés font 
furs , & que la connoïflance que j'ai 
de leurs vertus , n’eft point l'effet de 
mon raifonnement , mais de mes- 
* obfervations ; ce qui fans doute ne 
peut s’excufer, fi l'on n'a Pindul- 
gence dé croire que j'ai feulement 
prétendu dire cela de la plus grande 
partie des remedes que je propofe: 


Cette explication ne feroit pas toute: | 


de faveur, il y auroit même quel- 


que juftice; car entre les remedes. 


rapportés dans le Livre de la Géné- 
ration des Vers , s'il y en a qui ne 
font rapportés que fur la foi de quel- 
ques Auteurs , comme par exemple,. 


les remedes qui regardent les Vers: \ 


encéphales, & quelques autres : on 


peut dire qu'il paroït par la maniere » 


dont je les rapporte , que je nc pré- j 


tends nullement infinuer que je Îes 
aye éprouvés. Cependant tout bién: 


confidéré , il'eft certain que j'ai par- . 
ici trop univerfellement , & qu'au | 


lieu‘de dire, les remedes que j'ai rap- # 
portés font furs , j'aurois mieux fait M 
entendre ma penfée, fr j'avois dit , … 
la plüpart des remedes que j'ai rap—, 


| RO des Peri 687 

portés font furs: On ne dit jamais: 
moins , que lorfqu’en dit trop. 

Le onZiéme article eft fur ce que 
j'ai dit de certaines gens que je traite 
de demi-fcavans , & que j'accufe de 
entendre pas la do@rine des acides: 
&c des alkalis, qu'ils mettent à tou- 
tes fortes d'ufages. IT paroît par la 
manicré dont l’Auteur de la Lettre’ 
s’offenfe de ces paroles, qu'il a pris: 
pour lui le terme de demi-ffavant ; ce- 

endant je certifie que je m'en fuis. 
ervi fans penfer à lui. Mais après. 
tout, il faut avouer aufli, que je: 
tourné un p£u trop' en ritieute ces: 
demi-fcavans , & que l’Auteur de la. 
Lettre n’a pas tout-à-fait tort de m'en: 
reprendre : Car après avoir rapporté 
Fabus qu'ils font de la doétrine des: 
acides & des alkalis, je dis que ft 
on leur demande pourquoi la Seine 
charie des glaçons en hyver, & 
rom tarrelquefois les ponts, 1ls ré- 
pondront bien-tôt que cela vient des: 
acides & des aïkalis ; car l’eau , con- 
tinué-jé, {e figera par les acides de’ 
Pair qui fixeront les alkalis ; &c les. 
- parties de pierre ow de bois que les 
glaces rompront , ne fe feroient: 


684 De La Génération 


point rompues , files acides infinués. 
dans leurs pores ,.ne les avoient-ren- 


dues.caffantes : ainfi ajoûté-je , pour-- 
quoi le feu confume-t'il-une maifon; 


c’eft que les acides & lesalkalis-font : 
mis en mouvement > Pourquoi l'a- 
tion des Mâcons démolit-elle les : 
bâtimens ? bien-tôt les acides & les: 
alkalis en feront la caufe. La plai= 


fanterie eft un peu outrée, & pour 


cette raifon , je l'ai retranchée dans 


cette nouvelle Edition.; mais.cepen- 
dant toute exceflive qu’elle eft, l'Au- 
teur de la Lettrene l’a pas prife pour 
“une plaifanterie ; car il avertit très- 


férieufement, qu’on impute là aux. 
demi-fcavans des abfurdités qu'il ne. 
croit pas qu'aucun. d'eux ait jamais. 


pu penfer. 


Le douzième. article ef, que j'ai 


dit que fi j'avois voulu m'arrêter à 
tous les raifonnemens qu’on me fit 


fur les acides & für les alkalis, pour’ 


. mepronver que le Malade que j'ai. 
delivré.du Solium , dont on voit la fi- 
gure dans la premiere Planche, n'a- 
voit aucun Ver ; qu'il le falloit en- 
corc faigner, & lui donner enfuite 
le petit lait, ce Malade. auroit en- 

ÇOIE 


HE ‘des Vers. NAT RES à: $. 
_ core fon Ver, ou {éroit mort, L'Au- 
_ teur dé:la Lettre prend de-là occa- 
fon de dire, que j'ai le malheur de. 

| trouver par-tout, dans la pratique 
)_ de ma profeflion, de ces demi-{ça- 
Vans; mais queje ne M'arrête point 

à leurs raifonnemens fur les acides 

| &.fur les alkalis | pour prouver qu'il 
| faut faigner & donner le petit lait. 
| Que cependant on ne fe feroit jà- 
|, mais imaginé que ces fortes de gens 
L fuflent tant attachés à {a faignée & 
» au petit lait, fi je ne l'aflurois , puif 

| qu'il femble que leurs principes les 
| induifent à bien d'autres remedes 
|ique ceux-là. Ce que dit là l'Aureur 
E de la Lettre , ne fait rien contre mon 
| obfervation particuliere ; _puifque 

| dans ce même endroit j’ajoûte , que 
llecux qui S'oppoloient au deffeir, que 
| Javois de purger ce Malade , di- 
| foient que la coûtion des humeurs 

| m'étoit pas achevée ; que les acides 

| & les alkalis n’avoient pas encore 
fini leur combat dans fe corps du 
1 alade; & qu'ainfi il valloit mieux 
| en attendant , faire faigner le Ma- 
| de , & le mettre au petit lait pour 
1 Calmer ce$ grands troubles CxCitÉS 
Tome ZI. Bb 


ae = 


= 


2 


VA L De. Wu à Génération 
‘entre les acides & les alkalis que” 


fclon eux ,n'étoit capable que. d'aug- « 


. de la Lettre e cft un peu fujet à pren- | 


© wavoit aucun Ver ; qui 


dis que l'huile de UiOL& ce Île: 


de donner un remede purgatif , qui M 


enter ce grand combat. L'Auteut . 


dre ainfi pour des. propoñtions 1 uni- 


verfelles , des propoñtions particu- M 


Jieres. Au refte ; javerts qu'au lieu w 
de ces mots : Si J'apois voulu m'arreter 


dont on voit la figure ; planche premiere ,\ 
il Le falloit encore # 


faigner » &œ lm donner enfuite le petit 
lait, ce Malade, asroit encore fon Per ; 0H 
eroit mort 5 j'averttis , dis-je ; que jen 
devois mettre les fuivans : fcavoir ,4 
Si j'avois voulu m'arréter, 4 tous Îles rai 
snoemens que lon fait fur les acides 
fr les alkaliss &' qu! mauroient prouvé 
que le Malade que j'ai détivré du Soliun 
dont on voit La figure dans la planche pre 
miere , 1aveit aucuñ n Ver, & q#il falloits x! 
Le faigner dé lui donver "enfuite le. petits 
Lait, 1 auroit peut-être el encore: Jr Ver de : 


erott mort. 
Le treiziéme article ‘et, que je 


| 
‘| 
à tous les raifommemens que on te fit fur À 
les acides & les alkalis ae me PTOHVETN 
que le Malade que ji dé livré du Solium k 


| 


| PRE TE 7 
‘tartre mêlées enfemble , deviennent 
infipides. L’Auteur de la Lettreaver- 
tit , qu’à fa véritéelles perdent beau- 


coup de leur acrimonie , mais qu'el- 


‘les ne font pas abfolument infipides 
pour cela. Cet Auteur à railon, & 
je devois dire prefque infipides. 
Le quatorziéme eft, que pour ex. 
pliquér comment un remede pris in- 
| téricurement, sé agir {ur une par. 
| tie plutôt que lur une autre, Je dis 
que fi l’on jette de l'eau-forte fur un 
| compofé d'or & de fer, cette eau 
forte s’attachera au fer , le difloudra, 
& coulera fur l'or fans y faire im- 
| preffion : que c’eft:là une image de 
Ce qui fe pañle dans le corps humain ; 
dorfau'on remede s'attache , par é- 
_xemple, au foie plütôe qu'aux poû- 
Mons. L'article tombe fur ces mots, 
Un compofé d'or & de fir. L'Auteur de 
. la Lettre dit à def, que la grande 
| connoiflance que j'ai de Ja Chymie, 
m'a fait avifer depuis quelque temps, 
| dediftiller la fougere , au lieu que 
 Diofcoride nela donnoit qu'en pou- 
dre; mais que cette grande décou- 
| verte eft un peu flétrie Par une autre 
| opération de Chymie , js Be Mc 
| | b 


* 


de su. 


588 Dela Génération 4 
que troples demi-fçavans dumépris | 
que j'ai pour eux: Cette opération | 
de Chymie au refte , dont l'Auteur 
de la Ééttre parle ici, c'eft le compo- 
fe d'or & de fer, que nous venons de 
voir. Il ajoûte que.fi mes ordonnan- 
ces étoient .foutes auf difficiles à 
exécuter que Ma prétendue Lopéra- 
tion , mes Malades feroient en grand - 
danger de mourir ou de réchaper ; aVant 
que le remede für préparé. L’Auteur 

| de la Lettre veut dire fans doute, 

| que je ferois moi-même en grand 
danger de voir mourir ou réchapper 
| mes Malades avant que mon rEMCe 

| de füt prêt. Mais cela n’eft rien. ll 

£ me demande ici que je lui apprenne 

| donc la maniere de faire un compofé 
d'or & de fer; & enfuite ildit, qu'on 

APE mélera bien enfemble tous. les au- 

+ » tres métaux , Mais que POUE le fer; 

on n’a point Encore trouvé le fecret 

; de le mêler avec aucun autre métail: 
| Après ces paroles , il admire com- 

ment.donc j'ai pu apprendre à faire 

_ des compofés fi merveilleux." 
On voit par-là que l'Auteur dela : 

Lettre ne croit pas qu'il foir poflible 

‘dc faire aucun compofe, quelqu'il 


 . dés Park: kr PE 689 
… fit, qu'on puifle appeller un com- 


pofé d'or & de fer. Si cela eff, j'ai 


eu fans doute, grand tort de propo: 
fer, pour faire mon expérience , de 
jetter de l’eau forte fur un tel com: 
polé. Mais d’un autre:côté, fi pour 


faire un compofé d'or &'de fer, fur. 


lequel mon expérience püifle réuflir; 
il fuffifoit de mêler enfemble de 14 
limaille d'or & de’ la limaille d’at 
 cier; s’il fufifoit dé faire un tout, 
| dont quelques parties fuflent d’or, 
| &c quelques autres de fer; s'il faffi 
. foit de fouder de l'or & du fer, 
| Auteur du Livre dela Génération 
| des Vers pourroit bien n'avoir pas 
tant de‘tort, puifqu'il ne doit point 
| s'embarrafler de quelle maniere foit 
| fait ce compolé d'or & de fer, pour- 
vu que c'en foit un fur lequel on 
| puifle voir l’eau-forte s'attacher à 


une partie de ce compofé, & épar- 


| gner l’autre. Ce clou de Florence 
| moitié or & moitié fer, qu'on mon- 
| troit autrefois comme un exemple 


| inconteftable de la vérité du grand 
œuvre, & qu'on ne montre plus, au- 


| jourd’hui que les microfcopes font 
| en ufage ; étoit un clou où l’on avoit 
Bb iij 


“690 De la Génération 
- Qudé on enté délicatement. une 


pointe d'or; & par conféquent ce 


clou étoit un compofé d’or & de fer. 
11 faut être terriblement Chymiite, 
pour croire qu’on n€ puiffe demeu- 
ter d'accord de cela fans ignorer la 


Chymie. C'eft pourtant là l'erreur 


que l'Auteur de la Lettre me reépro- 
che; c'eft là, pour me fervir de fes 
termes , ce qui flétrit la-grande décou- 


verte que j'ai faite de difliller la fougeres 


au lieu que Diofcoride la donnoit 
en poudre. Il eft facile de voir que 
la méprife de notre Chymifte vient 
de ce qu’il a confondu Îles compolés 


d’alliage avec ceux de jonétion , qui | 


font néanmoins bien différens. Une 
maifon eft un compofé de pierre &z 
de bois, fans que cette pierre & que 


ce bois foient incorporés enfemble. ! 
Peut-être que l’Aureur de la Eettre \ 


dira qu'il convient qu'en ce fens on 
peut dire un compofé d'or & de 
fer; mais qu'auffi je devois donc 


m'expliquer. Une telle réponfe ne | 
mettroit guêres à couvert NOTE Au-. 


teur ; car outre que je né pouyois 


£ . 1° , . ‘4 
pas me croire obligé de m'expliquer. 


fur un point où il étoit impoffible 


Pal 
L ‘ 


: 0 G des Vers. 691: 
| de deviner que quelqu'un fe püt: 
| méprendre , je dis un peu plus bas, 
| que pour donner plus de jour à ma 
| penfce, iln'y a qu'à imaginer un 
| corps artificiel fait de verre, dont. 
les poumons foient d'or , & le foie: 
de fer. Cela pouvoit ôter à l'Au-. 
| teur de la Lettre tout lieu de fe mé- 
| prendre. | 
| Le dernier article eft fur un point 
| où notre Cenfeur a bien plus de rai- 
| fon. Aprés avoir dit dans la pre- 
| miere Edition, que fi on jette de: 
| Jeau-forte fur un compolé d’or & 
| defer , cette eau s’attachera au fers 
| & épargnera l'or. J'ajoûte que fi au 
| lieu d’eau-forte , on fe fert d'eau ré- 
gate , cette eau ira porter fon aétion 
fur Jor, &' ne touchera point au 
| fer ; car c'eft-là une véritable inad- 
vertance, en forte que jai mérité 
| qu'on me confeillât de choifir une 
autre fois l’argent comme plus pro- 
|pre à être refpcété par l'ean ré= 
Hwales 2!" 
| Entre lesarticles que l'Auteur de 
| Ja Lettre reprend dans le Livre de 
Ja Génération des Vers, voilà ceux 
qui s’y trouvent ; venons à ceux qui 
| | Bb iv 


692 Dela Génération Ve 
ne s'y trouvent pas. Ces articles fe: M 


réduifent à douze, dont fix feront 


compris dans le quatrième. | 


Le premier ; eft que Auteur du … 
Livre de la Génération des Vers, : 


_. pour rendre raifon des. furoncles , 
des élevures, &-de ces galles uni- 


verfelles qui afigent tout le corps ,. 


a recours aux Vers fanguins , &e en- 


core à des femences de Vers infi- 4 
nuées dans les pores des chairs. Mais. 
la chofe n’eft nullement ainf :j'ex- 


‘4 
D. 


| plique comment les Vers: peuvent 1 


caufer des furoncles, des élevures 


& des galles univerfelles, quand it 


arrive que ces maladies font produi- 


tes par Les Vers, &-qu'elles ne vien- 


nent pas d’ailleurs. Or , eft-ce-là re- 
courir aux Vers pour expliquer ces 


. maladies? Dire, par CRU ,com- 


ment l'homme perd la raifon quand 
ila pris trop de vin, eft-ce recourir 
au vin , pour expliquer comment 


. l'homme perd la raifon? Décrire 1 
‘comment le fréquent ufage du tabac 
abrege larvie , eft-ce recourir au ! 
tabac ,; pour s'expliquer comment ! 


la vie/'s'abrege ? Faire voir ComMm-. ! 
ment les liqueurs.qu'on.boit aujour- ! 
” Et, ré » 


Ke LL des Vers il | ‘168% 
d'hui avec tant d’excès , alterent les 
parties nobles , eft-ce recourir à ces: 
liqueurs, pour expliquer l’altération- 
des parties nobles ? Enfin s'il m'eft 
permis d’ajoûter encore une compa- 
raifon , décrire comment une mai- 
fon tombe quand les Mäçons la dé- 
moliflent , eft-ce recourir aux Mä- 
cons , pour expliqner comment tom 
be une maifon ? | 

Le fecond eft, que parce qu’Ap- 
pien Aléxandrin , en parlant d'une 
certaine maladic qui afHigea un jour 
l'armée des Romains, dit que cette 
maladie fut incurable faute de vin; 
j'infere de-là, qu'elle venoit de Vers 
engendrés. dans la tête ; je n'infere 
point qu’elle en venoit , mais qu'elle 
en pouvoit venir, ce qui eft bien. 
différent. Appien Aléxandrin racon- 
te que les Romains dans la guerre 
contre les Parthes, fous la conduite 
de Marc-Antoine, furent réduits ; 
faute de vivres, à manger les her- 
bes des champs , & fe trouverent 
enfuite attaqués d’une maladie épi- 
démique, confiftant dans une fureur 
qui leur faifoit fouir la terre à belles: 
mains, & rouler de grofles pierres; 


694 De la Génération Hit 
comme fi c’eñt été pour les faire’ 
fervirà quelque grand deffein. L’Hi- 
ftorien ajoûte , que ce mal fut incu- 
rable faute de vin, qui étoit, dit- 
il, le feul remede à cette maladie. 


i 


Aprés avoir rapporté le fait tel que 
le voilà , je dis que cette fureur pou 


voit bien venir de’ quelques Vers 
engendrés dans la tête des Romains” 
par le mauvais fuc des herbes qu'ils 


avoient mangées. Je remarquerai 
ici à cétte occafion, ce que j'ai re- 
marqué ailleurs dans ce Livre, qu'en- 
core que le vin foit un bon rerñede 
contre les Vers, ce neft pas un re- 
mede univerfel contre ce mal ; 
témoin la Lettre fuivante qui m'a 
été écrite fur ce fujet.… 


De Bar-le-Duc le 18. Sep- 
tembre 1703 ‘ 


D Epuis fept ou huit mois, des: 
maladies caufées par des Vers, 
ayant jufqu’à préfent régné dans tout 
Ie Baroiïs, les Malades ont recu’ de’ 
grands foulagemens par les remedes: 
marqués dans le Livre de l4 Généra- 


sion des Wers , fur-tout aux cnvirons 


des Vers. - ES. 

de chez Madame la Comtefle de 
Nétancourt , laquelle s'étant em- 
ployée elle-même au foulagement 
des pauvres, a fait par le moyen 
des remedes de ce Livre, beaucoup 
de cures, & entre autres celle d'un 
Boucher de Rerigni, à une lieue de 
chez elle , auquel elle a fait jetter un 
Ver plat long de huit aulnes & plus. 
Car avant que le tout {ortit , le Ma- 
lade commença à en rendre par bas 
des morceaux de la longueur d'un 
doigt, d’un poulce, de deux poul- 
ces, d'un demi poulce, & en une 
quantité extraordinaire; Ce qui fit 
juger aux afliftans que ce Ver étant 
entier , pouvoit avoir prés de douze 
aulnes. Il étoit de même forme &z 
blancheur que celui qui eR décrit 

. dans le Livre de la Génération des 
Vers, avec les mêmes féparations 
& petits boutons au milieu. Je fus 
mandé pour confcffer le Malade & 
Je difpofer à Ja mort. Sa maladie 
le prit par une fiévre continne avec 
tranfport au cerveau , & il étoit 
abandonné. Ce quinous furprit da- 
Vantage, c’eft que cet homme eût 
des Vers ; car il eft à remarquer 


Gy6* De la Génération 
u'il avoit fon corps aviné, qu’ 
fnté il buvoit du vin en très-grande: 
quantité, & que nonobftant fa fié- 
vre , toute violente & continue: 
qu'elle étoit , il n’avoit jamais voulw 
quitter le vin, quoique défendu par: 
tous ceux qui le voyoient , léfquels 
difoient que c’étoit le vin qui le ré- 
duifoit à cet état ;: maisal a bien 
fait voir qu'on fe trompoit, car dés’ 
le moment qu’il eut mis bas le Ver, 
A commenca à dormir. La fiévre. 
céffa au bout de vingt-quatre heu- 
res, &c quelques jours après il fe 
porta mieux-que jamais. Je l'ai vu 
plufieurs fois depuis, & il eft dans 
une parfaite fanté, &c.Je fuis, Mon: 


a 


fieur , Votre, &c. Remy de Bar: 


Capucin.… 


Le troifiéme article’, eftque lor£- 


que je dis que la pleuréfie vienttrès: 
fouvent de Vers je n'avance cette 
propofition, qu'à l’occafion d’un feul 
pleurétique que j’'achevai de guérir; 
en lui faifant fortit-un grand Ver aps 
pellé Suium: Mon Cenfeur fe trom- 
pe, je n'avance point cela {ur:le feul 


exemple de ce pleurétique; car je’ 


des Vers. tt Le 9 


dis formellement que plufieurs Au- 


teurs font mention de pleuréfies ver- 


a 


mineufes ; que Gabucinus «entre au- 
tres, aflure avoir guéri une fille pleu- 
rétique-en lui donnant un médica- 
anent contre les Vers , lequel lui en 
fit rendre une grande quantité ,après 
quoi la-pleurélie cefla. Il ajoute de 
plus que Quercétan ayant fait ouvrir 
pluficurs vieillards morts de-pleuré- 
lie, ce Médecin leur trouva les inte- 
ftins remplis de Vers, & qu'il re- 
garda ces Vers comme la vraie caufé 


| de leur mal : ainfi au lieu d’un pleu- 


rétique , en voilà plufieurs. Au réfte, 
il eft étonnant que notre Auteur ait 
ici pu fe réfoudre à confeflér que j'ai 
fait fortir ce grand Ver, & qu'il 


|. sait pas {cu trouver quelque moyen 


ingénieux pour nier le fait. il faut 
convenirque cet Adverfaire eft bien 
peu inventif quand il parle fur le 
papier. 


| "#Lequatriéme, S'il faut croire mon 
| Cenfeur, c’eft que parmi les Apho- 


sifmes du Chapitre précédent , j'ai 
inis ceux-ci. RE 
1. La fiftule lacrymale vient de 


2" Vers. ik « 


693 De la Génération 
3. L'hydropifie vient de. Vers. 
4. Les tumeurs & les excroiflan- 
ces viennent de Vers. 
s- Les maladies qu'on attribue 
à des forts , font caufées par des 
Vers. G 


6. Les difformités qu'on apporte 


en naiflant , viennent aufli de Vers 
qui ont rongé. les parties tendres du 
ŒtUS. 

Ces aphorifines ne font point dans 
mon Livre. Au lieu du premier , La 
fiftule lacrymale vient de Vers, j'ai 
mis, Dans la fiftule lacrymale, l'eau 
qui fort des yeux eft pleine de pc- 
tits Vers qu’on difcerne avec le mi- 
crofcope. 38 


Au lieu du fecond , Les cancers 


viennent de Vers , j'ai mis, Les can- 
cers font tout pleins de petits Vers 
imperceptibles. Ces Vers rongent 
les fibres des parties , & tous les 
cribles des glandes ; en forte que ls 
glandes recevant prefque tout ce qui 


fe préfente, groffiffent d’abord outre 


mefure ; enfuite ces Vers s'aug- 
mentant & continuant de ronger 


ce qu'ils trouvent , ils ulcérent. 


_2. Les cancers viennent de Vers." 


LL 
; 


dun 
ver 


. GR mp a . IS EE op. Da rs 
Sn. er Te Po SOI RC: re an — 


- 
A Qt. mad a > 


14 des Vers: 699 
+ fouvent la partie, & la confument. 
Ce n’eft pas là dire que les cancers 
viennent de Vers, mais c'eft dire 
feulement qu’il y a des Vers dans les 
cancers, & qu'ils y font de grands 
d'AVASES ; Gufà examiner enfuite fi 
ces Vers font la caufe , ou l'effet des 

cancers. 

” Au lieu dutroifiéme , L’hydropi- 
fie vient de Vers, j'ai mis, L'hydro- 
pilie peut être quelquefois caufée 
-par des Vers. 

Au lieu du quatrième , Les tu- 
meurs & les excroiffances du corps 
viennent de Vers, j'ai mis, Les Vers 
peuvent caufer des tumeurs au corps, 
& des excroifflances , comme ils en 
-caufent aux feuilles de chêne , où par 
leur piquure , ils empêchent le fuc: 
de la feuille , de circuler à l’ordinai- 
re, ce qui produit fur la feuille cette 
excroiflance qu'on appelle noix de 
galle , & qu'on regarde mal-à-pro- 
«pos comme un fruit. 

Au lieu ducinquiéme, Les mala- 
dies qu'on attribue à des forts , font 
çaufées par des Vers , j'ai mis, La 
plüpart des maladies qu’on attribue 
à des forts, viennent de Vers. 


700" De la Génératiote. ERCTA 
Au lieu du fixiéme, Les difformi= 


tés qu'on apporte en naïffant, vien- 
nent auffi de Vers qui ont rongé les 


parties tendres du fœtus, j'ai mis,Les 
difformités qu’on apporte en naif- 
fant, peuvent venir quelquefois de. 
‘Vers qui auront rongé les parties 
tendres du fœtus, & par ce moyen 
auront caufé des tumeurs ou des 
tortuofités. 

Que devient après cela, la réfle- 
xion de l’Auteur de la Lettre, lorf- 
qu'il dit qu’on peut juger de la bon- 
té des autresaphorifmes de mon Li- 
vre , par cet échantillon? Ne pour- 
roit-on point dire avec plus de vé- 
rité, que cet échantillon fuffit pour 
faire juger de la fincérité de mon 
Cenfeur ? 

Le cinquiéme article eft, que je 4 
place le mercure doux au rang des 
mauvais remedes contre les Vers; 
parce qu'étant fouvent réitéré , il 
peut caufer le flux de bouche , mais 


que je lui fais pourtant la grace de 


l'admettre quand il y a quelque 
foupcon de Vers Vénériens. Sur quoi 
l'Auteur de la Lettre dit , que je lui 
ferois plaifir de lui citer dans tout 

mon 


» il peut caufer le 


} 
“ 
à 


€ 


Le des Persia : go 
mon Livre, un feul remede auffi ex- 
cellent que celui-là , contre toutes 
fortes de Vers. 15 el 
Je ne condamne point le mercure 
doux contre les Vers; je conféille 


. f{eulement de le donner mêlé avec 


quelque purgatif, &. je défends.de 
le faire prendre feul , à moins qu'il 
ny ait quelque foupcon.de Vers 
Vénériens, parce qu’étant pris feul, 

ke de bouche : 
c'eft page 204: premiere Edition. 
Or, confeiller par exemple, de ne 


| point boire de vin fans y mettre de 


eau, eft-ce défendre le vin, & le 


| mettre aurang des mauvais breu- 


Vages? Dire qu'on ne doit point 
manger de viande fans manger du 


| pain, eft-ce défendre la viande LS. 


la mettre au rang des mauvaifes 


| nourritures? Avertir tout de même, 


de ne point prendre de mercure 


. «doux contre les Vers, fans y mêler 

. quelque purgatif, eft-ce défendre 
! le mercure doux, & le placer’. 
| comme conclud.notre Auteur, au 
. rang! des mauvais remedes contre 
|. les Vers? : | 


: Le fixiéme. .eft.que j'avoue que: 
Tome IL. Cc. 


* 


dun D rite + alor 7 408 Hi ARE AMOR. - LL 
, MENÉS EL 0 TN PP 0 ne DORE D MU DURE MON ON EU 
\ . È + F 


702 Della Génération voi 
le fémen contra cf contraire aux Vers; 
& cependant que je ne veux pasque 
Von s'en ferve, parce queje prétends 
il échauffe beaucoup. L'Auteur 
de la Lettre demande là-deflus pour- 
quoi donc j'approuve Vail, l'oignon, 
la moutarde , & fi c’eft que je croye 
que ces drogues n'échaufient pas | 
pour le moins autant? Si je condam- \ 
ne le femen contra , ce n'eft point par 
la feule raifon qu'il échauffe beau- 
: coup, je le condamne parce qu'avec 
cela ilcaufe lafiévres car je dis en M 
termes formels , que Île feren contra, M: 
eftà la vérité contraire aux Vers, k: 
mais qu'il eft en même temps con- M 
traire aux Malades , parce qu'il é- à 
chauffe confidérablement, & qu'il # 
caufe fouvent des fiévres violentes. 
Cela étant , il eft facile de ré-M 
pondre à la demande de notre Au- M 
teur , & de lni expliquer d'où # 
vient qu'en condamnant le femen\ 
%ontra , je ne condamne pas auf” 
Poignon & l'ail qui échauflent beau- 
coup. C'eft que tout ce qui échaufle 
ne caufe pas la fièvre, & que le fe-s 
men contra non-feulement échauffe.,h 
mais qu'en même-temps il cauic la, 


ne on éminc mr 
hf ire Des mr he 


a 


TE Er ET 


à. des Vers. |. 203 
. fièvre. Si lAuteur de {a Lettre s’é- 
| ronnoit de cette propolition , que 
tout ce qui échauffe ne caufe pas la 
fiévre , on pc lui alléguer l’e- 
xemple de la gentiane , du quinqui- 
na, & de quelques autres remedes 
cchauffans, qui loin de caufer la fié- 
vre , la gucriflent. 

- Le fepriéme reproche qu’on me 
| fait, c’eft que je mets l’eau à la glace 
| au nombre des remedes exceliens , 
| & que j'ai éprouvés contre les Vers. 
Quand j'aurois dit que leau à la 
glace eft un excellent remede contre 
les Vers; quand j'aurois ajouté que 
je lai éprouvé ; por que je ne 
| leufle point confcillé pour toutes 
| fortes d’âges & de tempéramens, je 
| n’aurois rien dit en cela que de fort 
croyable ; mais comme je ne lai 
| point dit, je mets cetarticle aurang 
de ceux qui ne fe trouvent point 
dans mon Livre. Au refte dans le 
Chapitre des Prognoftics qu’on peut 

formèr ‘au fujet de la maniere dont 
| les Vers fortent du corps, je dis en- 
| tre autres chofes, qu’il faut confi- 
| dérér s'ils fortent fondus ou enticrs: 

_& afin qu'on ne doute point que les 
Cci 


Se Pr Tr ta Re se N D ETAT \ 
Ab ‘37 die ME des Qu DE LE hs FRE 
1 7 F 1 


704 Dela Génération ‘A 
Vers ne fe puiffent fondre ;.je rap L 
porte que feu Mr Perreau de FAca- 
démie Royale des Sciences, racon- À 
ta un jour dans l'Académie, qu'ayant 
emporté chez lui “dans une boëte 

uelques Vers prefque morts,qu'une: L 
fille venoit de jetter. par le vomific- 
ment ; il trouva quand il fut arrivé 
chez lui, qué le chaleur de fapo- «= 
che les avoit réveillés : qu'alors il | 1 
effaya divers remedes fur ces Infe- 
es; pour voir ce qui Îes pourroit ! 
tuer plus promptement , & qu'ayant : 
jetté de la glace fur quelques-uns, 
ceux-là coulerent tout en Eau ; & 
difparurent prefque dans le moment: 4 
c'elt page 198: À l’occafion de ce 
fait ,je mets dans mes aphorifmes, : 
page 326. que de l'eau à la glace ! 
jettée fur des Vers nouvellement « 
fortis du corps, les fait quelquefois « 
| tomber tout d'an-coup en eau. Voilà | 
tout ce que je remarque fur l'eau à la 
glace à l'égard des Vers, "uit. 
- Quoique ces articlés ne foient à 
point dans mon Éivre ; mon Cen- « 
feur n’a pas laiflé de les y voir, 8 « 
de les y voir fi bien, qu'il ne les M 
excepte pas méme du nombre de. 


… 


a, 
‘4 
Ÿ 


| - des Vers. 70.5: 
eeux qui lui ont , dit-il, fauté aux. 
YEUX. | ; HART 
Quant aux articles qu’il reprend, 
& que Ayo marqués dans l'Errata, 
il y ena deux. La mauvaile fortune. 
de mon Cenfeur a voulu que ce fût 
fur ces deux. articles qu'il s’applaudit 
le plus. Le premier, eft vin de Afau- 
ve, pour vin de Æfalvoifie x: & le.fe- 
* cond, l'huile de vitriol & l'huile de 
tartre, qui font chacune fort acides. 
Nous n’examinerons point s’il a eu 
befoin de l’Errata de mon Livre, 
our connoître deux fautes d’ailleurs 
Ehblee La recherche eft peu im- 
ortante.. Il {uffit que je n’aye paseu: 
be ici des.lecons de mon Cen- 
feur. Peut-être fera-t’on bien aife: 
de fcavoir d’ou font venues ces fau 
tes. Au lieu de mettre dans mon Ma- 
nufcrit-, vis de AMalvoifie tout au: 
long. Je mis.vin de Maly. en abrégé. 
felon la coûtume que j'ai de couper 
ainfi la plüpart des mots pour les. 
écrire plus vîte. L’Imprimeur voyant 
Maly..crut qu'il y avoit Aalve, & 
imprima ainfi. Un Correéteur qui 
examinoit les épreuves à ma place, 
car les empêchemens de ma Profef- 


rmbet Del Génération 


fion me détournerent alors de ce 


foin, crut bien faire de corriger | 


Malve,par Mauve, parce qu'on dit des 
Manves, & non de Aalves , quoique 
en latin cette plante fe nomme {4al= 
va, J'apperçus la faute quelques jours 
avant que l'ouvrage für achevé d'im- 
primer, & Je la marquai dans l'&r- 
gata. Voilà le fait comme il cf ar- 
rivé. Au regard de l'huile de vitriol 
& de l'huile detartre , qui font cha- 
cune fort acides, V’'Errata avertit qu'il 
faut lire: dont l'une eff fort acide, & 
Pautre fort âcre. I y avoit dans mon .! 


Manulcrit, qui [ur la langue font cha- 


eune fort aëlives. L'Imprimeur au lieu 
d'aétives , mit acides, & le Correcteur 
d'Imprimerie ayant laiffé pañler la 
faute, je trouvai à propos de la cor- 
riger dans l'Errats , en mettant dons 
lune eff fort acide, dr l'autre fort acre. 
Comime ces huiles cependant ont 
toutes deux de lacrimonie , nous 
pourrions trouver, à redire à Cette 
correction méme , & montrer qu'el- 
fe n’eft pas aflez exa@te; mais il faut 
laifer cela- à PAuteur de la Lettre, 
qui a plus de loifir que nous. On 
avertit même que dans la fuite, quel 


a 


: 


| des Vers.  %o+ 
que foin que ce Cenfeur, où quel- 
ques autres comme lui , prennent 
d'écrire, ou de déclamer contre le 
Livre de la Génération des Vers , 

on ne répondra point. Ce font des 
Auteurs mécontens , il eft jufte de 


| leur laïfler pafler un peu leur cha- 


grin. On fçait bien que le Livre de 


: la Génération des Vers, n’eft pas ce 


qui les incommode le plus. Ce qui 
les bleffe véritablement, font les ex- 
traits que j'ai donnés fur leur fujet, 
dans le Journal des Sçavans. Quel- 


qu'un dira peut-être que la corre- 


ction dont 1l s’agit, eft défe&ucufe 


par un autre endroit que celui que 


nous venons d'indiquer ; puifque ff 
je dis que l'huile de vitriol & lhui- 


|, Je de tartre, font, l'une fort acide, 


& l’autre fort âÂcre , ce n’eft que dans 
le deffein de montrer qu’elles ont 
une méme qualité, ce qui eft ab- 
furde; mais 1! eft facile de voir que 
cette qualité que je prétends leur 
étre commune, n’eft que de faire 


“une forte impreffion fur la langue ; 


puifque pour. prouver enfuite que 
lorfqu’on les méle enfemble , elles 
perdent cette qualité communc, j'a- 


703%  Dela Génération : 148 
vertis qu’elles deviennent infipidess 
Ce n'eft donc qu'à n'être: point infi= | 
pides, & à-faire au-contraire une | 
grande impreffion fur l'organe du! 1 
goût, que confifte ici'la qualité que’ » 
je dis-être commune. à: Ces deux. 
huiles: rt (rs AL TR 
Le Cenfeur finit fa Lettre, en di: 
{ant qu'il feroic à fouhaiter que je ne, { 
mifle pas ainfi les Vers à toutes for- … 
tes d’ufages : fi cela et, ilalieu d’ê: ” 
tre content, puifque, comme nous; M 
venons de le voir, les reproches qu'il & 
m'a faits là-deflus, font fans fonde- # 
ment: Il'ajoure que c'eft lé défaut M 
commun de tous les faifeurs de fy- 
flêmes ; dès qu'ils voyent qu'une hy- n 
pothefe peut expliquer deux ou trois | 
phénomenes, de l'appliquer atout, 
& d’une bonne chofe, d’en faire fou- 
“vent une trés mauvaife. Il dit que … 
pour lui, il eft convaincu que cet 
excés eft la fource la plus Péénac 
& la plus ordinaire de nos erreurs 
& il avertit qu'il travaille préfente- 
ment à une Differtation particulieres, 

; : LE 
fur ce fujet , de laquelle il fera part, 
au Public. R ‘ 
Ce quecet Auteur remarque Ce : 
es: 


des Vers. 709 
les faifeurs de fyftêmes eft trés-véri- 
table.Et de la maniere que dans mon 
Traité, je déclame contre ceux qui 
mettent à toutes fortes d'ufages , les 
| acides & les alkalis ; il feroit bien 
difficile que je fuffe d'un autre {en 
| timent que notre Auteur. | 
_ Voïläunepartie des réféxions qui 
| # font offertes dans la ledture de 
| cette Lettre. Il feroit à fouhaiter 
L pour celui qui l’a écrite, qu’il eût 
L'été un peu plus fidéle dans fes cita- 
tions, & qu'ilne füt pas, comme 
il eft prefque toüûjours , le Cenfeur 
& l'Auteur de ce qu'il rapporte. Cet 
inconvenient étoit facile à éviter: 
Mon Livre eft bien éloigné d’être 
lMafez parfait, pour réduire un Ces4 
| feur à lanécefité ou de fe taire, où 
Md’inventer. Mais c’eft le défaut com- 
| mun de prefque tous les faifeurs de 
| «critiques : dés qu'ils lifent, ou qu’ils 
} entendent quelques propofitions qui 
| Leur déplaifent, & qu'ils ne peuvent 
| reprendre dans les termes qu'elles 
| font, ils les changent, ou en fabri- 
| quent d’autres à la place, pouravoir 
| lieu de critiquer; & d’une bonne 
| Chofc , ils en font à deffein une trés- . 
Tome IL, 


zie De La Génération des Vers. 1 
mauvaife.. Nous fommes convain- Ÿ 


ous que cet excés eft la fource la plus 


féconde &c la plus ordinaire des 


mauvaifes critiques. Nous ne Pror M 
mettons cependant là-deflus aucune 


! 


Differtation ni générale , ni parti- w 
culicre. C'eft beaucoup que le peu“ 
de loilir que nous avons, ROUS ait” 


permis de donner nos réflexions {oc 
getre Lettre LUN T ANSE 


À 
} 
. 
s- il 
x} | 
12 
E he 4! 
{ 


| ÉCRITES | 
À L'AUTEUR ; 
Par MHaARTSOERER, & | 


, Par Mr BAGLIVa, fur Je 
| Sujet des Vers, 


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LETTRE: 


|. De Me. Nicozas HARTSOEKER 3 


de l’Académie Royale des Sçien+ 
… ces , écrite d'Amflerdams. 


Fr Monsieur, 


- 1] faut fans doute que le Ver dont 


vous m’avez envoyé Feftampe , foit 


plus rare chez vous qu’ilne l’eft dans 
ce climat; car je connois plafieurs 
perfonnes qui ont été attaquées de 
cette maladie , & qui ont rendu des 


| Vers. d’une prodigieufe longueur , 
| & femblables au vôtre. Mr Tulp ;, 


autrefois fameux Médecin d'ici, en 
fait mention dans fes Obfervations. 
Un Médecin de nos amis ema tiré 
un du corps d’ün homme il n'y a 
pas encore quinze jours, & ce Ver 


excede la longueur du vôtre. Mais 


Mr Ruifch, Profeffeur d’Anatomie 
en cette Ville d'Amfterdam , m'en 
a fait voir deux, dont l’un a plus de 
quatre-vingts aulnes de ce Pays, qui 


|. font plus de quarante aulnes de Fran- 


D d ii 


di fire 


D 


714 Lettres écrites à l’Auteur 
ce, ce que faurois de la peine à 
croire , fi je ne l'avois vu; car cela 
pale toute croyance : & pour dire 
Ja vérité, Monlieur, cela me déran- 


ge-entierement das les penfées que ‘* 


j'ai toûjours eues , & que je ne fçau- 


rois encore FéJetter, que tout ce qui « 


a vie , foit Animal, foit plante. 
vient par femence, & que rien ne 
s'engendre jamais de pourriture ; car 
fi ces penfées: font vrayes., où voit- 
on furterre des Vers de cette efpé- 
ce, qui ayent une longueur ff déme- 
furée ? On aura beau dire.que les 
alimens qu'ils trouvent dans les 


boyaux , où ils ont pris leur demeu- 


re ; font changer leur figure | & les: 
allongent fi exceflivement; cela ne 
contente ‘pas. On 'pourroit croire 


que ce Ver, puifqu'il eft commun ! 
chez vous , & plus ordinaire dans . 


ce Pays aquatique & bourbeux , ré: 
fide au fond des eaux bien avant 
dans le limon, & qu’ainfi il peut 
arriver qu’on avale de fes œufs par 
la boiffon , ou autrement ; mais ff 


cela étoit , n'en auroit-on jamais : 
trouvé dans la boue ? Pour moi, - 
Monfieur ; je crois qu'ils ont été . 


‘ 
{ 


© fur le fujet des Vers. 791$ 


| éréés avec les hommes , & que leur 


efpéce eft aufli ancienne que la râcé 
humaine ; dé même que cette forte 
dé Poux, qui ñe fe trouve que fur 
Fhomme , & dont fans doute Ja race 
fe perdroït , fi celle de Fhomme ve- 
ñoit à manquer. Je penfe que ces 


| Vers s’engendrent par male & par 


femele dans les boyaux , & que 


RE uñs de leurs œufs venant à 


ortir avec les excrémens , & à tom- 


| ber fur quelque herbe, ou fur quel- 


qu'autre chofe, font avalés par un. 
dutre, dans les entrailles duquel les 
Vers. renfermés en ces œufs éclofent 
& fe nourriflent. On trouve des In- 
fectes par-tout, dont quelques-uns 
s’attachent à un feul Animal, pour 

prendre leur nourriture ; d’autres 
à plufieurs, comme la Puce , qui fe 
trouve fur l'homme, fur les Chiens, 


| & fur beaucoup d'autres Animaux. 


On voit quelquefois des millions de 
Vers dans les Moules; le fray de la 
Morrue en eft parfemé ; on en a 
trouvé dans toutes les parties du 
corps de l’homme , même jufques 
dans la glande pineale, s'il eft vrai 


cequ'on m'en a affuré. Enfin il fem- 


« Dd 1v 


2 


316 Lettres écrites a l'Auteur Ë 


ble que tous les Animaux ayent été 


faits, pour fe fervir denourriture les M 


uns aux autress les grands mangent 


lespetits &,en font mangés. J'elpere M 


avoir bientôr l'honneur de vous en 


tretenir plus amplement de bouche 


{ur cette matiere, & de vous aflurer | 


que je fuis avec refpect , - 


t4 


MONSIEUR, 


Votre très-humble & très: 
obéiffant ferviteur,. 
Nicozas HARTSOEKER. 


- A Amfierdam , ce 26. de Févr. 1699. 


Autre Lettre de Mr Hartfoeker. 
Mox SIEUR, 


Je crois que tout ce qui. eft amer 
& purgatif, eft bon pour faire fortir 


les Vers desentrailles; de forte que 


la rhubarbe feule pourroit être em- 


ployée avec effet. Quand on la don- | 


ac à mâcher aux enfans , on dit que 


| fur Le fijet des Perse T TAF. 
| cet pour fortifier leur eftomac, 
| mais je penfe qu'elle ne fert à autre 
chofe , qu'à tuer les Vers qui s'y 
trouvent, On peut auf. donner avec 
fuccès.le mercure doux; car ce n'eft: 
pas un poifon. afflez violent pour 
tuer le Malade, mais il left pour- 
tant aflez pour tuer les Vers, pour 
peu qu'ils en avalent. Mon enfant 
étant dangereufement malade , & 
fans efpérance de guérifon ; je lui 
donnai quelques grains detartre é- 
métique, ce qui en apparence , ne 
fit ce jour-là aucun effet fur lui ; mais 
le lendemain il rendit deux eu trois 
gros Vers morts, & fut guéri auffi- 
tôt. Pour vous dire ma penfée , 
Monfieur , je crois que les Vers cau- 
fent la plûpart des maladies dont le 
genre humain eft attaqué , & même 
que ceux qui ont les maux, que Fon 
appelle vénériens , nourriffent dans. 
leur corps, une infinité d’Infectes in- 
‘vifibles qui rongent & mordent 
tout ce qu'ils trouvent, & fonttous 
les ravages que l’on’ fçait ; aufli ne 
peut-on bien les chafler que par le 
mercure, qui devient dans notre 
corps un poifon qui les tuc. Mon 


* 


718 Lettres écrites àl' Auteur 
fieur Ruifch ne m'a {cu dire du Ver 


dont je vous ai déja écrit, aucune 
particularité qui mérite que je vous 


en entretienhé; mais il m'en a of- 
fert un morceau, is je vous en- 
voyerai , fi vous fouhaïtez , afin que’ 


vous puifliez voir s'il reflémble au 


vôtre. Je fuis avec tout le zele & 
toute la paflion imaginable ,; 


MONSIEUR, 


. 


Votre tréshumble & très- 
obéiffant ferviteur , Nrco- 
* LAS HARTSOEKER. 


Æ Ainflerdam Le x 1. Juin 1699. ? 


ose RME 
 DÉMrGEORGESBAGLIVÉ 


Mes'pecin DE ROME. 


R len, Monfieur , ne nr'a été plus 
.Nagréable qué votre Lettre. J'ai 


toüjours aimé l'illuftre Antonio Al- 
* L'Original en latin eft à lafin du volume. 


Le 


a 


_ 


fur Le fujer des Vers. 719 
Berti, à caufe de fon éruditien pro- 
fonde , de la douceur finguliere de 
fes. mœurs, & de fa tendrefle pour 
moi ; mais je l'aime encore davan- 
tage depuis qu’il m’a procuré l’oc- 
cafion de vous connoître ; & entre 
plufieurs marques d'amitié que j'ai 
recües de lui ,; je regarde celle-ci 
comme une des plus fingulieres. 

Je reffens un extrême plaifir de 
celui que vous avez goûté dans la 
leéture de mon Livre. Je nofois me 


| flater d’être parvenu à quelque de- 


gré de perfeétion dans la pratique 
de la Médecine ; mais peu s’en faut 
à préfent, que je ne change d'opi- 
nion : la crainte d'etre d'un autre: 
avis que le vôtre, meréduit com- 


_me par force à juger favorablement 
| de moi-même. Quoi qu'il en foit, 


Monfieur , je n’oublierai rien, pour 
acquérir les qualités que vous m'at- 
tribuez , & je ferai tous mes efforts 
pour rendre conformes à la vérité. 
les fentimens que vous avez de 
moi. 

Je me réjouis d'apprendre que vous 
travaillez à un Traité fur les Vers 
du corps de l'homme, & que vous 


420 Lettres écrites à Auteur 
DABPONE de l'expérience & dé 
_ Fobfervation. Comme c’eft un fujet 
important , fur lequel on n’a point | 
encore écrit à is &c que lama- 
niere dont vous vous y prenez , ele 
une: Méthode que jufqu'ici peu de 
gens fe font donné la peine de fui- … 
vre; votre travail ne peut manquer. 
d’avoir une approbation poste 
Hâtez - vous donc , Monfieur, de 
donner au Public un Ouvrage finés 
ceffaire.. à Due 
J'ai recu l'Eftampe du Ver plat 
que vous avez fait fortir du corps 
d’un Malade attaqué de pleurélie & 
de tranfport au cerveau, Vous me 
demandez mon fentiment fur cette 
efpéee de Ver. 1°. Si je penle qu'it 
vienne d’un œuf. 2°. À quoi j'at- . 
tribuc fa longueur extraordinaire. 
.3°, Si je crois qu'il s'engendre dans : 
Fhomme, dés le ventre de la mére, 
comme l'écrit Hippocrate, & s'il eft 
rare ou commun à Rome. Vous me 
demandez encore fi:c’eft fur des Vers 
de terre, ou fur des Vers du corps ; 
que j'ai fait les expériences que je 
rapporte dans le premier Livre de 
ma Pratique. Je vais vous répondre, 


| “fur Le fujet des Vers. 7 ax 
 Monficur, fur ces cinq articles , le 


| plus clairement & le plus fuccinéte- 
| mentqu'il me fera poflible. : 
| _ Je fuis fort de votre avis fur la 


génération des Infeétes. Tous les 
Animaux & tous les végétaux tirent 
leur origine d’un œuf. Que fonttou- 
tes les graines des plantes , finon au- 


| tant d'œufs, qui renferment en abre- 


gé tous les hs la plante qui 
doit fortir? La fermentation du fue 


|" nourricier qui fe préfente , le reflort 


de l'air, la chaleur du Soleil, & le 
féu central de la terre, font dévelo- 
per enfuite ces principes ; les met- 


| tente” mouvement , & les font 


eroître peu à peu jufqu'à l'étendue 

i leur eft prefcrite par la nature, 
on les différentes efpéces des 
plantes. | | | 
+ Si tous des Philofophes & tous 
Les Médecins conviennent fur ce 


! mo à l'égard des végétaux , à plus 


forte raifon doit-on penfer la même 
chofe des Animaux, tant de ceux 


| que l’on appelle imparfaits, que de 


ceux que l’on nomme ter Car 
otitre qu’en toutes choles il y à un 


| pidré toûjours égal, toûjours fem- 


CE 


1 


22 Lettres écrites a l'Anteur | 
blable à lui-même, que tout vient 
d'un même principe ; & après un 
certain cercle de mouvement ; re-. | 
tourne au MÊME tErme ; -On rEmar- | 
que dans les Infetes une ftructure , 


üne liaifon d'organes ; des opéra- 


I feroit honteux à un Philofophe, 


à un Médecin , dans un fiécle aufli | 


éclairé que celui-ci, où l'expérience : 


& les folides préceptes des Mathé- 


matiques, ont apporté tant de lu- 
miere pour la découverte des caufes, 
- d'attribuer à un arrangement for- 


tuit de matiere corrompue ; ce que 
a loi invariable de la nature fait 


d'une maniere fi conftante & fi re- 
lée dans toutes les femences. 

Ce n’eft donc point Ja pourriture 

qui produit les Infectes ; mais ce qu'il 


0 |! 
(l 


tions & des mouvemens qui lesh 
mettent fort au-deflus des plantes. : : "! 
 Ainfi , puifque les végétaux new 
s'engendrent point de pourriture ; M 
c'eft une conféquence-que les Infe- 
&tes n’en viennent point non plus. | 


faut remarquer , c’eft que la chaleur. | 


& la fermentation des chofes qui 


pourriffent, contribue à la fécondi- 


té des œufs des Infectes , ou plûtôt 


_ 


fur le füjet des Vers: 723 

‘excité & réveille les parties imper- 
<cptibles.de FAnimal, cachées dans 
Jœuf. déja fécond , & leur donne 
comme le premier foufle de vie. 
Cette chaleur fait le même effet que 
elle du Soleil, ou que celle d’une 
Poule quicouve. . | à 
Ce que nous difons des Infe&es 


| en général, fe peut dire en particu- 


lier des Vers iqui s’'engendrent dans 
de corps humain ; ils ne viennent 

oint d'un fuc corrompu , comme 
A limaginent les faux Galéniftes ; 
mais un fuc corrompu échaufe & 
réveille les œufs de ces Vers, qui 
_éclofent par ce moyen. 1e 

Le Ver plat tire donc fon origine 


d'un œuf de fon efpéce ; & comme 
tous les êtres ont des propriétés, qui 


| mne‘les abandonnent jamais, à caufe 


des loix immuables de la nature, 
le Ver plat a ceci de particulier. 

w'aprés s'être engendré dans lesen- 
fins , lorfqu'ils font encore.au ven- 
tre de Îcurs meres, il croît peu à 
æeu dans la circonvolution des inte- 
ftins , jufqu’à ce que, femblable à 
un ruban, ilait atteint toute l’éten- 
due des boyaux. Il ne parvient à 


L LE de “RMS à: TT 
| 
4 1 


ù 714 Lettres écrites à l'Auteur 
cette longueur qu'après plufieuts at 
nées , parce. qu'il faut que fes par- 

dics commencent à £e déveloper &c 
à croîtré peu à peu , avant que de al 
‘pouvoir fe manifefter d'une maniere 
1 4 
| 


fi fenfible. 1. 1 
On ne doit point s'étonner qu'un 
fi long efpacc de temps foitnéceflai- 
re pour l'aceroiffement parfait decet … 
‘Animal, vu que c'eft la coûrume de 
Ja nature , ainfi qu'on le voit dans le 4 
germe de lœuf , dans Îles pu 
des plantes, & dans l'accroifiement 
des végétaux , de tracer d’abord les 
premiers linéamens de ce qu'elle 
veut mettre au JOUr ; c'eft-à-dire , : 
de former premicrement de petits 
facs membraneux, qu'elle remplit 
d'une humeur délicate, & qu’elle % 
manifefte après dans le temps arré- 
té. L’humeur ainfi renfermée , fe 
trouve défendue contre les injures 
extérieures ; elle s'épaiflit 8 reçoit 
enfin , par le moyen des envelopes 
qui .la refferrent, la figure qu'elle 
-doit avoir, C'eft ainfi que tous lès 
Animaux & tous les végétaux , fe- 
Jon les différentes efpéces qui les di- 
finguent , & felon lordre établi 
par 


_ «fur le fajet des: Vers. : 725 

| par [a nature , arrivent chacun en 
| plus: ow en moins de temps , à la 
| grandeur.qui leur eft propre. 

| : Ce fentiment fe trouve confirmé 
|" par les métamorphofes admirables 
| du Ver à foie : car encore que fes 
| aîles , fon aiguillon, &1les autres 
parties qui paroïflent quelque temps: 
| aprésfa naiflance ,. foient déja aupa- 

| ravant dans cet Animal ; elles fe 
| débrouillent néanmoins par degrés, 

|, & ne fe montrent qu'aprés un cer- 
tain nombre de jours, 5 

| - Les dentsdemeurent cachées plu- 
| fieurs années dans leurs alvéoles , 
| les cheveux font long-temps enfer- 

| més comme en pelotons dans leur 
| bulbe, ou dans leur racine , jufqu’à 

| ee qu'aprés un certain point de ma- 

turité, ces petits corps viennent en- 

| fin à forcer leurs prifons, & à crof- 

| tre à la maniere des plantes. C’eft 

ainfi que la longueur extraordinaire 

\ du Ver plat , quoique renfermée 

| toute entiere dans le petit œuf qui 

| Ra reflerre , ne paroît néanmoins 

| qu'après que l'œuf eft parvemr à om 

certain terme, par où l’on voit qu’il 

| faut attribuer l'éténdue de cet Infe- 

4 Tome Il. Ee 


726 Lettres écrites a L' Auteur * 
&e, non à l'abondante nourriture M 
qu'il prend'dans les inteftins, ainf " 
que fe J'imaginent mal-à-propos 
quelques Philofophes, mais à une 
propriété particuliere qui le diftin- M 
gue des autres Vers. En effet , qu'un M 
Pigmce , par exemple , mange tant M 
qu'il voudra ; qu'il s'engraïle des 
meilleures viandes , ik demeurera 
toüjours Pigmée. 36384 SA 
Vous me demandez ici, fije crois w 
que cet Infeéte s’engendre en lhom- 
me dés le ventre de la mere? Hip M 
pocrate le penfe de la forte dans le « 
IV. Livre des Maladies, Nombre 27. 1 
ainfi que vous le remarquez dans 
votre Lettre. Or, comme les paro= 
les de ce grand homme font pref- » 
que toûjours l'écho de la nature, je « 
ne voudrois pas m'écarter  facile- M 
ment de fon opinion, ou fi je m'en w 
éloignois, ce ne feroit point pour | 
me laifler aller aux frivoles fubtili- 
rés du raifonnement , ni aux Vaines 
fidions des hypotheles, que je fais 
gloire de méprifer ; ce feroit pour, 
m'attacher À quelque expérience, 
. conftante , qu’une longue fuite d'ob=, 
fervations m'auroit fait: connoître 


É “fur Le fujet des Pers. 717 
| infaillible. II y a plufieurs maladies 
qu’on apporte du ventre de la mere, 
| comme font celles que nous appel- 
| lons héréditaires; pourquoi ne pen- 


ferons-nous pas que le Ver plat foit 


de ce nombre, fur-tout lorfquenous 
avons pour nous l'autorité d'un 
| homme aufli éclairé qu'Hippocrate.' 
Cet Auteur au même endroit que 
| nous vénons de citer , dit qué ce Ver 
s'engendre dans le fœtus , lorfque Ie 
fang & le lait de la mere étant trop 
abondans; viennent à {e corrompre, 
| & il ne paroïît pas avancer cela fans 
| raïfon'; car en cffet, comme: on a 
découvert certainement par plu 
| fieurs obfervations modernes, l’en- 
fant dans le ventre de [a mere, fuce 
& tire par la bouche , une Iymphe, 

ui tient de fa nourriture du lait : &' 

ont fans doute la corruption & la 
fermentation réveille les œufs des 
| Vers plats, & les difpofe à la vie, 
. ce que [a corruption des autres cho- 
fes n'eft peut-être pas capable de 
FFC RAD À O9 PRÉSENCE 


Je crois que c’eft la raïfon pour- 


quoi €e génire de Ver ‘eft plus com 


| mun en Hollande , parce qu'on y 


E ci} 


928 Lettres écrites a l'Autenr 


abonde en laïitage, &quelesEabi- , 


ann vivent prefque que de lait 
& de fromage. J'ai connu à Rome 


en 1696 ,.un JEUDE homme de vingt: 


ans; extrémement pâle. fort maigre, 


grand cracheur, lequelfailoit exces 


de toutes fortes de. laitages... Un ma- 


tin, comme: il coupoit un oignon, à 


l'odeur luien vint fi. fortement au 
nez , qu'il demeura comme fuffoqué.. 
& qu'il croyoit mourir ; mais quel- 
ques. momens aprés il luifurvint un, 


vomiflément,  &il jetta un Ver, 4 


4 * 


plat de,trente pieds de long , tout, 


roulé comme un peloton, aprésquoi. | 


il revint à lui. 


4 De fcavoir fi. les. Vers plats s'en 


gendrent auffi quelquefois dans les: 
adultes, c'eft.ce que.je n’oferois dé-. 


cider , l'expériencenemenapprend, W 


L] 


n'eft pas impoflible, quoique lip. 

ocrate ne.nous en.parle pas Pour 
s’éclaircir du. fait ,1l faudroit quand 
les malades rendent de: ces Vers». 


examiner s'ils ont donné des fignes. . 


de cette maladie dès. leur énfance,ow 
s'ils n'en ont donné qu'après ; dans. 
le premier cas.il y auroit lieu, fans. 


— 


rien; j'eftime cependant, que, cela, | 


LA 


= fur le fujet des Vers. 7213 
doute, de conclure que les Vers-au- 


sut dé but RÉ RÉ QE MAÉ E MORE LE 


roient été formés avant la naiflance 


de l'enfant; & dans.le fecond, qu'ils 
ne fe feroient produits que long- 
tems-aprés : Car il n’eft pas probable 
qu'on puiffe apporter dés la naiflance. 
un Ver de cette forte ; fans être d'a- 
bordattaqué des. fymptômes qu'il a: 
coûtume de caufer... 


1 


: Ces.fymptômes font ; un-crache- 


ment continuel, destranchées , une 
grande pâleur , une foibleffe de tout. 
le,corps', tantôt des dégoûts , & 
tantôt des.appetits exceflifs pour les. 
mêmes.viandes, des douleurs que: 


| l'on fent à jeün vers la region du 
| foye , & dont la violence fait quel- 


quesois perdre tout à coup laparole. 
le petites portions.vermiculaires en 
forme de graines de, concombre, 
lefquelles. ts des fragmens du Ver: 
plat, &z que Dodonée après Hip- 
pocrate regarde comme les fignes 


| cara@eriftiques de cette maladie. 


Le Ver plat n’eft point commun à 
Rome , ni dans le refte de l'Italie, 


| comme:en Hollande ; ce qui vient 


peut-être de ce que les Italiens n’ha- 
bitent pas ,. comme les Hollandois,, 


Ed . 


730. Lettres écrites àl'Auteur Qi ‘M 
un pays froid, humide & marécaæ=" Un 


geux, & que d’ailleurs ils ne font 


pas fi intemperans qu'eux à Fégard 
des laitages ; car iln'y a pas contre 
tes Vers, de préfervatif comparable « 
à la fobrieté. 1438 à (IX 


Tai vû à Rome, ily a quatre ans; M 


unenfant de deux ans hi rendit par” M 
bas sun ver vivant, long dé vingt 
pieds, que j'aurois encore trouvé | 
plus grand , fi l& mere de l'enfant 
n'avoit rompu le Ver. "1 "". 
Cet enfant étoit pâle & foftlan- 
guiflant. Dans le même tems une 
femme fut attaquée de fiévre, & 
d'une grande douleur à larégion du W 
foye , avec tumeur ; j'ordonnai d’a- ! 
bord une faignée du bras, mais elle M 
fut inutile. Je fis mettre enfuite;" k 
fur la partie malade , de l'huile d'ab= 
fase 41 forvint auffi-tôt à cette | 
emme ; un vomiflement avec une” 
diarrhée, & elle rendit cent afcari- 
des , après quoïelle fut guérie- Cinq” W 
jours après, le mal recommenca ; 
je fis piler trois oïignées d’abfynthe, 
qu'on appliqua fur la région du foyes ! 
ce quine fut pas plutôt fait, quel 
malade rendit quinze autres Vers ; 


| fur le fajet des Vers \ 73% 
| & recouvra la fanté. Pour moi, je: 
| crois que cette douleur de la région: 
du foye , n’étoit point du foyemé- 
me , mais de la partie de l'inteftin: 
color, qui pañle à la cavité de ce: 
vifcere. Spigelius 8: Sennert ont 
écrit au long du Ver plat ; ce der- 
nier fait aufli mention du Ver umbi- 
lical : il y a des Vers qu'on appelle 
erinons , dont patlent quelques Au- 
teurs. Panarolus rapporte l'hiftoire: 
d’un malade, qui dans le tems d’une: 
fiévre maligne épidemique, rendit 
des milliers de Vers vivans, dont 
les uns avoient des becs , les autres: 
étoient velus , & les autres reflem- 
bloient à des Vers cucurbitaires. … 
Quant aux expériences que j'ai 
rapportées fur les Vers dans le pre- 
mier Livre de ma Méthode Prati- 
ue , je les ai faites non fur des Vers: 
de terre , mais fur des Vers du corps 
humain. En 1694. une bonne fem- 
me, âgée de cinquante ans, malade 
ici à Rome, d’une fiévre & d’une 
dyflenterie, rendit environtrois cens: 
Verstout vivans, longs comme des. 
féves, & prefque faits comme des 
Vers cucurbitaires. J'en jettai quel= 


+32  Éettresécrites à l'Autenr 
ques-uns dans de l'efprit de vin AA 
dans une infufion de fantoline ou: 
PO À Vers, où ils moururent aw 
out de cinq heures. J'en mis d’au- 


tres dans du vin, dans de laloës dif- 


fout , dans de extrait de camædris , 
dans de l'extrait detabac, & üls y 
vécurent neuf heures. D’autres ( c’é- 
toit un Jehdi fur fes neuf heures du 


foir ) dansde l'huile d'amandes dou- 


ces, dans du fuc de limon , dans uæ 


vafe à moitié plein de mercure, dans 


de l’eau de Teétuciumr., quieft une 
eau minerale fort chargée de fels ; 
& le Vendredi matin , je tronvai en- 
gourdis ceux que j'avois mis dans de 


l'huile d’amandes douces ; agiles & | 


vigoureux , ceux qui étoient dans de 
l'eau de Tedtucium, dans le firop de 
limon , & dans le vafe de mercure : 
il faut remarquer que ces derniers 
fuyoient le mercure, &s’efforçoient 
de gagner le haut du vafe. J'en mis 
d’autres dans de l’eau de fleurs d’o- 


ranges, & dans: de l’eau rofé; huit 
heures après ils y moururent avec 


dés convulfions. Voilà pour ce qui 
regarde les Vers. | 


Je fuis ravi, Monfeur, de voir 


Par 


- | 
Ed 
L 


D eu Jijet desPers “733 
pat votre Lettre, qu'en cetems , où 
a Médécine eft comme fur le point 
de périr par les fpeculations & les 
Hypothéfs 

fe trouve en France-des efprits éclai- 
rés, qui voyent le danger qu'elle 
| Court, qui connoiflent que l'unique 
| moyen de la conferver, c’eft de fuir 
le fañte des opinions, & de recourir 
à Hippocrate , pour apprendre de 


ture, le chemin de la vérité, Jene 
France des Genies élevés, que l’er- 


teur ne fçauroit furprendre ; car 
quand eft-ce que cette illuftre Na 


RE 


hommes 2 “Re 
Vous voyez par le programme 
que Je vous envoye, que j'ai été re- 
-<u l’année derniere dans la Societé 
; Movale de Londres; je le fuis à pré- 
{ent dans l'Académie d'Allemagne : 
Je crois que cette nouvelle vous fera 

Plaïlir. Je viens d'écrire à notre cher 

ami l'illuftre Antonio Alberti : Je vous 

: ‘3 de l'en avertir. Adieu ; Mon- 

 fieur. | 


| De Rome, ce 14. Juillet 1609. 
EF f 


BESSESS 


2 Mn FRS SS 


En 


F— re 


cer 


Tome II. 


—ÿ è Tr, 


2: CSL Pl SE CIS 


es, dont on l’accable Re) 


| lui, comme de l'interprète de la na- 
: 


fuis point furpris qu'il yaitainfien 


ton n'a pas cté fertile en grands 


vhs nnines és DE a à > 


DISSE 


| sUR DE | 
LA GENERATION N 
. DE LHOMME | 
me Par les Vers Spermatiques. ë 
_ Annoncée pag- 18740 

LAHIREE 


Si l'Homme tire [on origine d'un Ver 


"F1 
E mouvement » qui ef le princiss 
Apec de la vie, eft cout enfemble 
je principe de la mort. La vie cons, 
fifte dans l’aétion reciproque des pare) 
ties folides contre Îles fluides, & des. 
parties fluides contre les folides; &. 
cette action MÊME eft ce qui dés 
truit infenfiblement jes reflors dont. 
nous fommes compofés. La fermen- 
tation qui entretient dans le corps I& 
duidité des liqueurs , diffipe en mê= 
metems ce qu'il y a de plus fubtil en 
nous. Cette perte inévitable fait que 


à 


| 


# 


par les Vers Spermatiques: 735 
| Les liquides S'épaifliffent peu à peu , 
| que les folides ont moins de orce 
| pour les repouflèr, & que les par- 


&z leur foupleffe , deviennent fujet- 


ble que tout concoure à avancer ce 


|L& fans mefure, le fommeil & les 
| veilles dont nous äbufons fouvent , 
l'Ics pafions continuelles. qui nous 
| agitent , & mille accidens dont nous 


| Jours. D'un autre côté, fi nous con- 


Corps, la finefle de fes Organes, 1z 
| dépendance que tous fes réflorts ont 
| les uns des autres; en forte qu'un 


| nous admirerons comment une ma- 


| Moment, encore plus comment tant 
[de fortes d'animaux que la mort 
|ménace à chaque inftant , peuvent fe 
| conferver par la multiplication , fans 
qu'il s’en perde une feule efpéce : 


Fij 


| ties du corps perdant enfin leur jcæ. 
| tes à la vicilleffe & à la mort. Il fem. 


terme : l'air que nous refpirons , les 
| alimens que nous-prenons fans regle 


| ne fçaurions nous garantir tout celæ : 
| fert à abréger le.cours naturel de nos 


| fiderons la Compofition de notre 


| feul arrêté les arrête prefque tous 


| chine fi délicate peut fe foutenir un 


| cit un effet de la fagefle du Créa< 


M 


TE les étres corporels de relle manier M 


‘ fecond Livre des Georgiques, décrit, 


336 De la Génération de l'Homme h. 
teur, qui ayant faitle mondefujétà # | 
upe continuelle viciffitude, à difpo: 


Li 
N'2 


Gtôt réparée par la produétion dés | 
autres. Cette Pro idence éft fur-tout M 
admirable dans les plantes : on lei. 
voit fe multiplier à l'infini , noù feu- » 
leiment par le fecours que Jeur four- 
nit la nature dans ce fonds inépuifa M 
ble de graines ; mais encore par plu- | 
ficurs reflources que J'aft a décots ! 
vertes , & qui ne Iont toutes qu’une 4 
fuite des femences, Virgile dans le M 


re que la deftruétion des uns cit auf 


en detail les différentes maniérés 
dontonprocure cette multiplication \ 
artificielle. CPE: 0 

Elle fe fait, dit-i1 “tantôt par des vez 
jettôns qu'on arrache du corps de l'arbre , M 
& qu'onmet dans des foffes s tantôt par | 
des fouches qu'on enfoiit $ “tantôt par dés M 
pieux plantés dont: on 4 fendu la pointe ei pl 
quatre » ou PAT dés perches ai guifées par 
Le bass, G:qu'omenfonce dans La terre ; taie | 
ht par des provitis ou marcotes 3 tantôt par | 
deboutures , & quelquefois même ; ainfr 110 
qu'il fe pratique. fur l'Olivier, par des ti= 
ges prefque féches que l'on coupe , GE 


a —. 


in: He 


s. 
DR 


à dede ME ni Eat ® LC hf > nd did ii Ne DS, SE Nr pu 


Lo par les Vers Spermatiques. 737 
| étant mifes en terre [e renouvellent d'une 
| maniere [urprenante , G pouffent des raci- 
FAP | 
 Ajoutons à cette fécondité des 
plantes ; celle qu’elles recoivent par 
Je retranchement de leur bois fuper- 
flu ; fécondité qui nous fait voir fen- 
fiblement que chaque plante n'eft 
| autre chofe au-dedans , qu'un tiffu 
| merveilleux d’une infinité d’autres 
| - plantes de même efpéce. 

|- Tandis que les végétaux ont tant 
 dereflources pour leurreproduétion, 
| les animaux pour la leur n’en ont 
| «qu'une feule, qui eft celle des femen- 
| «ces, &: qui leur eft commune avec 
| les plantes ; mais il ne leur en faut 
| pas davantage pour fe perpétuer, 
| parce que veillant eux-mêmes à leur 
| propre confervation , ils fe défen- 
| dent fufifamment des dangers où 
| des plantes font à toute heure expo- 
Modern 17 PT A 
Is fe produifent donc par le feul 
moyen des femences. Ce moyen, 
| ainfi que nous le montrerons , eft le 
| même en eux que dans les plantes. 
| Ileft vrai qu'il y paroît différent en 
| quelques circonftances jé cites 
| Fi. 


ETS VENTES 


738 De la Génération de l'Honme Li. 
mais il ne laiffe pas d’être toüjours M 
uniforme eflentiellement ; en forte ll 
que pour bien connoître l'originedu M 
- corps de l'homme & celle de tous | | 
les animaux , il ne faut que bien 
examiner l'origine des autres corps 
VIVans, | 1. 4118 
II. | 


On n'aura pas de peine à fe con- M 
vaincre de cette uniformité de la na- 
ture dans ce qui regarde la pluscon- M 

fidérable fonétion des corps vivans, 4 
- qui eft la. génération , fi l’on.confi- 
de le rapport adinirable qui fe 
trouve entre ces mêmes êtres , dans 
ce qui concerne leurs autres fon-Wk 
étions principales & les organes né- 
ceffaires à leur vie. Les corps vivans, # 

foit animaux ou plantes, vivent , fe” 
nourriflent & croiflent tous de la” 
même maniere. Les uns & les autres. 


{ont des tiflus de vaifleaux arrofés par 4 
des liqueurs dont la fermentation h 
continuelle entretient la vie :en un 
mot , ils ont tous une même ftruétu-" 

re, cflentielle. Cette convenance, 

qui de l'aveu de tout lemonde , pa-w 
roît parfaite entre l’homme & les » 


|. propres 


mé x 


| parles Pers Spermatiquess 739 
| autres animaux, n'eft pas moins En- 
tiere entre les animaux & les lan- 
tes. Les fibres des plantes font fr 
tits canaux qui conduifent chacun 
leurs liqueurs : Ces canaux ont en 
dedans, des inégalités qui font,le 
même office que les valvules dans le 
corps des animaux , c’eft-à-dire, qui 
foutiennent les liqueurs , & en em- 
pêchent le reflux fur elles-mêmes. 
| Un grand nombre de veficules fem- 
| . blables aux glandes veficulaires des 
| animaux, & attachées les unes aux 
| autres en maniere de chaîne, tra- 
-verfent les fibres dont nous parlons : 
ce font des refervoirs où les fibres 
verfent les fucs' qu'elles apportent, 
8 oùces mêmes fucs féjournent 
quelque tems, &e acquierent le de- 
gré de perfetion qu'il faut pour la 
nourriture de la plante. 
Perfonne n'ignorc que c'eft l'air 
qui entretient dans les corps vivans 
Je mouvement des fucs, & quiexci- 
te la fermentation néceffaire à la vie. 
Auffi tous les corps vivans font-ils 
pourvûüs de poumons où d'organes 
À recevoir cet air par le 
moyen de la ipaq Si CES Of= 
iv 


ri dE dt da A 


BA à 


j40 De lu Génération de l'Honvne. 


ganes paroiffent un peu différens, {e- ï À 


AN 


Ton les différens fujets où ils fe ren- 
contrent , ils s'accordent tous en.um | 
point, qui eft de tirer l'air &d'en M 
tranfmettre la partie la plus fubtile ; "M 
dans le fang , ou dans les liqueurs M 
qui en tiennent lieu. - (hi 


Les animaux à quatre pieds ont 4 


aufi-bien que l’homme, deux poû- M 
mons compofés de trachées & de: 
“véficules membraneufes, fur lef- # 


_ quelles fe répand un fi grand nom- 


bre de vaifilcaux fanguins, qu'elles : 


en paroiffent charnues. Le fang qui M 


coule dans ces vaifeaux , eft non- 
feulement broyé & diviféen pañlant 


entre les véficules dontnousparlons, # 


mais il y reçcoitencore quelques par- M 


ties fubtiles de l'air qu'elles contien- M 


nent. Dans les oifeaux, outre ces » 


fortes de poumons , on remarque 


des cavités membraneufes contenues ! 


dans la capacité du ventre , lefquel- 


jes renferment une grande quantité | 


d'air deftiné à d’autres ufages. Dans 


les animaux amphibies , comme. 
dans les Tortues, & dans les Gre- 


nouilles, les véficules pulmonaires », 


font plus grandes à proportion que | 


F = PPT 20 
Lu S 


|: par les Vers Spermatiques. 74% 

| dans les animaux terreftres, & el- 

| les paroiflent membrancufes , ou 
parfemées de moins de vaifleaux 
fanguins. Les Poiflons ont des pou- 
mons d'une ftructure merveilleufe; 
c'eft ce qu'on appelle les ovies ; où 
les branchies : comme ces animaux 
ne peuvent refpirer d’antre air que 
celui qui eft mêlé entre les parties de 
l'eau. où ils vivent , les organes de 
leur refpiration font faits de manic- 
re , que cet air s'y fépare d'avec 
toutes les parties de l’eau. Ce font 
des feuillets placés les uns fur les au- 
tres , quatre de chaque côté , com- 
pofés chacun d'une grande quantité 
de petites lames offeufes , longues , 
étroites , doubles , rangées lune con- 
tre l'autre comme les filers de la 
barbe d’une plume , & recouvertes 
d'une membrane qui eft parfemée | 

: d’un nombre innombrable de rami- 
fications d’artéres & de veines. L'eau 
qui entre dans la bouche du Poiffon , 
& qui fort enfuite par les ouverture 
res des ouies, fe filtre à travers les 
barbes de ces'ouies elle s'y divife 
en plufieuts parcelles, & fe fépa- 

- rant enfin de l'air qui y eft mêlé, 


dr eee 


442 De la Génération de l'Homme 
elle le flaifle tout pur au Poiflort: 
Cet air ainfi dégagé de toutes par= | 
ties aqueufes , frappe immédiates N 
ment les vaifleaux fanguins , & lorf. M 
que les oùies viennent à fe reflerrer, 
là compreflion qu'il fouffre entre 
leurs lames qui s’approchent alors 
les unes des autres, le poufle dans # 
le fans, Lés Poiflons à coquilles , M 
comme par exemple , les Hüîtres , 
ont des ouies à peu près femblables, M 
mais qui tiennent plus de volume 
que le refte du corps. Dans les Infe+ M 
&es , les organes de la refpirationne M 
fe trouvent pas rafñfemblés en üne M 
feule cavité comme dans la plüpart 2 | 
dés autrés animaux; mais ils font M 
répandusipar tout le corps, (c’eftce 
qu'on appelle Trachées ,) on les voit . 
tantôt longs & étroits comme des … 
canaux , & tantôt dilatés en forme 
de celtules membraneufes. Ces or- « 
ganes diftribuent à tout le corps de 
l’Infeéte l'air néceflaire pour y ani- 
mer & y faire couler certaines li- . 
queurs groffieres & vifqueufes. Les … 
végétaux ont aufli leurs trachées, 
& ils en ont une fi grande quantité 
qu'on y'en découvre prefque par- 


parles Vers Spermariquer. 743 
tout. Elles y paroïflent faires par les 
différens contours d’une lame min- 
ce & un peu large, qui fe roulant 
fur elle-même en ligie fpirale, où 
en maniere de vis, forme un tuyau 
aflez long, tantôt large, & tantôt 
ferré, tantôt uni dans {a longueur , 
&c tantôt partagé en plulieurs cellu- 
les : l'air porté par ces conduits à. 
toute la plante , pénétre la féve, la 
fubtiife , & pour ainfi dire, la ré- 
veille , par fa fermentation qu'il y 
excite. D'ailleurs les trachées venant 
à s’enfer par la raréfa@ion de l'air 
uiles remplit , & enfuite à s'affaif. 
{er par [a condenfation du même 
‘air, compriment, à diverfes repri- 
fes, les vaifleaux prochains ; & 
avancent parce moyen la circula- 
tion des fucs. | Er 
Les plantes ont leurs vifcéres.cor: 
me Îles animaux. Ces vifcéres font 
les racines , le tronc , les feuilles, 
les fleurs & les fruits. Les trois pre- 
miers, fcavoir, lesracines , letronc 
&. les feuilles, fervent à la nourri- 
ture ; & les deux derniers, fcavoir, 
les fleurs & les fruits, fervent à la 
génération. Les plantes ne pouvant 


744 De la Génération de l'Homme 


aller chercher leur nourriture, fupgs 


pléent à ce befoin, par le fecoursdes 


racines qui puifent par leurs orifices 
comme par autant de bouches, le 
fuc que la terre fournit. Ce fuc reçoit 


fa premiere coction dans les racines; M 
il y eft broyé & digéré par le mou M 


vement continuel des trachées qui 


s'y rencontrent en abondance. L'air 
fubtil avec lequel il {6 mêle , de fait 
fermenter dans des véficules , qui 


font comme autant de petits efto= " 


macs, où il eft retenu jufqu'à ce qu'il 
ait acquis aflez de fubtilité pour s’in- 
finuer dans les fibres du coler de la ra: 
cine : car ces fibres font des lacis &z 
des contours difficiles à pénétrer , & 
qui imitent parfaitement les glandes 
conglomerées des animaux. Le fuc 
de la plante ainf préparé, pañle dans 
le tronc & dans les branches, où il 
fe digere de plus en plus : il eftpor- 
té de-làa dans les feuilles qui ache- 
vent de le perfeétionner , & de le 
rendre propre à nourrir tout le corps 
du végétal ; car il ne faut pas croire 
que les feuilles ne fervent que d’or- 


nement à la plante ; elles lui font {4 


nécefäires, qu'on ne fçauroit l'en 


es 


parles Vers Spermatiques. 74S 
dépouillér entierement , fans lui cau- 
{cr un defféchement total. Ce font, 
des paie qui par leur ftrudtures & 
par leur office , ont beaucoup de rap- 
port avec la peau des animaux ; & 
cé rapport , que nous examinerons 
ici en paflant , fervira encore à mon- 
trer la convenance merveilleufe qu'il 
| vyaentre les animaux & les plantes, 
f La beau eft un tiflu d’extrémités de 
nerfs, d’artéres, de veines & de 
tendons. Elieeft toute parfemce de 
glandes, & percée d'une multitude 
prodigièule de canaux excrétoires ; 
les fucs qui y fontapportés, s’y fil- 
trent à cravers les glandes, & tan- 
dis que le fuperflu de ces fucs, deve- 
nu la matiere de la tranfpiration, 
s'échappe par les canaux excrétoi- 
res , les liqueurs duement préparées 
| dans la peau, vont porter à tout le 
| corps uñe nourriture convenable, 
Les feuilles des plantes ne font tout 
de même, que destifus de fibres, 
de trachées, de véficules, & d’au- 
tres vaifleaux qui s’y réunifent. Les 
fucs qu’elles reçoivent s’y partagent 
‘en une infinité de routes , & préfen- 
tant ainfi plus de furfaces à l'air, en 


LA 


"46 De La Génération de l'Homme 


peu ralentie dans le tronc, erani- 


me de nouveau; & le fuperflu des 


fucs eft oblige de fortir par la tranf- 


piration : ce qui fe fait quelquefois 
une maniere fenfible , ainfi que 
dans les feuilles de l’Erable , furief 
quelles on voit fouvent une liqueur 


mielleufe , S'CHÉPREE de leurs pores. 


La féve après avoir recu fa derniere 
coction dans les feuilles , rentre dans 
le corps de la plante , defcend même 
jufqu’aux racines, où elle fe mêle 
avec le nouveau fuc qui vient d'être 

uifé de la terre. Puis remontant par 
É mêmes canaux qui l'ont déja con- 


duite, elle fuit un mouvement de 


circulation , aflez femblable à celui 


qu'on a découvert dans le fang des 


animaux. Cette ancienne féve fert 
de levain au nouveau fuc; elle lui 
donne le premier changement, & 


‘on peut la comparer à la falive qui 
. vient préparer l'aliment dans la bou- 


che. 
La Nature, comme on voit, fuit 
en général un même plan dans ce 


font plus aifément pénétrés. Par ce 
moyen , la fermentation d’abord 
commencée. dans la racine , puis un. 


LE, pénér-àn 


parles Vers Spermatiques.  Y4F 
qui regarde la ftruéture, l'accroifie- 
ment, & l'entretien de tous Les corps 
vivans. Pourquoi voudra-t'on qu’el- 


de fe démente dans ce qui regarde 


| eur génération ? N'y a-r'il pas en 
|: cet tout lieu de juger que puifque 
les animaux & les végétaux vivent, 
fe nourrifent & croiflent de la mêé- 
me-maniere ; ils fe reproduifent aufli 
tous d’une maniere femblable ? Or, 
| comme nous montrerons que les 
|; plantes conçoivent par des germes, 
| qui font eux-mêmes autant de peti- 
| res plantes , nous ferons obligés de 
conclure que la conception de l'hom- 
me, fe doit donc faire aufñli par de 
| petits corps organifés , qui foient 
| eux-mêmes autant de petits ani- 
| maux. Le récit de ce qu'on décou- 
| vre par le microfcope, dans Thu 
| meur deftinée à la génération des 
| animaux, difpofera par avance l'ef- 
| prit à tirer cette conclufion. 


III. 


La génération des corps vivans , 
n’eft que le dévelopement de leurs 
femences, & leurs femences ne font 


48 De la Génération de l'Homme 


ue de petits corps vivans formés … 
des le commencement du Monde, 
& renfermés alors dans les premiers 
individus mâles de chaque efpéce. | 
La premiere plante mâle, par Exem- 
ple, qui fut créée, ne contenoit pas» 
feulement la plante qui en devoit … 
venir d’abord , maïs elle renfermoit w 
encore toutes les autres plantes, qui » 
dans la fuite des fiécles, pouvoient … 
{ortir de celle-là, & les renfermoit M 
toutes envelopées les unes dans Îes ” 
autres. Le premier homme , tout. 
de méme, contenoit en lui, non-… 
feulement tous les defcendans qui 
en font fortis, & qui’en fertiromt , | 
mais encore :tous les defcendans pof-. 
fibles. Cette regle s'étend fans ex- 
ception , à routes les différentes ef- 
péces de corpsanimés ; en forte que 
da génération de chaque animal & 
dechaque plante, éft moins la pro- , 
duttion-d'un'nouvel être, que’le dé- 
velopement d’un être trés-ancien. … » 
La génération à fes loix ; elle -{e 4 
fait dans l'homme & dans tous les w 
animaux par Le moyen des deux fe- 
xes : un &l'autre fournit une ma- 
tiere abfolument néceffäire à la con- 
ception. 


+ ta 


hd 4 ÉLLONES C7 RE 


-par Les Vers Spermatiques. 749 
eéption. Celle que fournit le mâle, 
eft une portion extraite du fang des 
artéres , & du fue des nerfs, travail- 
Ice dans une longue fuite de vaif 
{eaux fins & délicats, qui forment 
dans homme , :& dans la plüparr 
des autres animaux , deux pelotons 
| ovales, fitués l’an à côté de l’autre, 
| & fufpendus chacun au fond d’une 
| envelope membraneufe faite com- 
me une bourfe, + î 
,: Quelques Philofophes regardent 
| feulement cette matiere comme une 
liqueur qui. contient une grande 
abondance d’efprits 3 mais fi l’on 
gonfulte es déconvertes de Ia Diop- 
trique , on la regardera comme con- 
| tenant un amas infini de petits ani- 
| maux qui font faits comme des 
| Vers: On les difcerne dans l'hom- 
| me, & dans la plüpart des bêtes, 
Ceux de l’homme ont la tête groffe, 
&c le corps crès-délié : ceux des bru- 
| ses ont la tête plus petite, & le ven- 
tre plus gros : les uns & les autres 
} font dans un mouvement trés-aétif. 
| Si l'on ouvre le corps d’un animal 
| fin & vigoureux, & qu'avec le 
| microfcope on examine les vaifleaux 
RO Tome II. Gg 


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RSR STE © RER © 2 re == = == < = = 
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750 De la Génération de l'Homme 
{éminaires, on appercevra dans la M 
liqueur qu'ils contiendront , unff M 
prodigieux nombre de Vermifleaux, M 
qu'une petite portion de cette ma- 4 
ticre, quand elle feroit moins grofle 
qu'un grain de fable , en laiflera voir 1 
lus d'un million ; ou s'il arrive 
qu'on n’en découvre point, c'eft que 4 
lhomme étoit ftérile. Ces Vers ti- 
rés hors du cadavre avec la liqueur w 
où ils nagent, & mis à paft pour L | 
être tee , vivent quelquefois M 
juiqu'à quatre Jours; mais dans lc 
cadavre ils ne pañlent pas vingt-qua- 
tre heures. Si l’on fait le même exa-! 
men fur le cadavre d’un vicillard ,# 
‘on trouvera moins de ces Vers,en-" 
core feront-ils languiffans , quelque: 
fois même n’en trouvera-t'on point. 
Si c'eft fur celui d’un enfant de douze 4 
à treize ans, il s'en préfentera une à 
grande quantité ; mais ils feront la # 
plüpart pliés & envelopés comme" 
des Infectes dans leurs nymphes +4 
au lieu que dans les corps qui: ne font 
ni trop jeunes ni trop vieux , on les: 
trouve dévelopés & avec un mouve* 
ment trés-fenfible. Toutes circon-M 
flances , qui femblent déja nous don- 


parles Vers Spermatiques. JS 
ner lieu.de conjeéturer que ces pe- 
tits animaux pourroient bien être 
la matiere effentielle > immédiate de ls 
génération, d'autant plus que les mé- 
mes expériences faites fur des Cogs , 
fur des Chiens, & far d'autres ani- 
maux qu'on peut ouvrir Vivans , 
réuffiflent de la même maniere. 
Quelques Médecins prennent pour 
matiere immédiate de La Génération, celle 
dont il fe fait dans le fexe une éva- 
| euation réglée; mais ils n’obfervent 
ps qu’elle ne contribue en rien à 
a formation de Yenfant. D'autres 
donnent ce nom à une humeur vif- 
queufe que fourniflent les glandes 
vaginales des femmes , mais c'eft 
avec auffi peu de fujet ; puifque cette 
humeur ne fert qu'à ramollir les 
parties qu'elle arrofe, & à lesren- 
| dre gliflantes, conformément. aux 
ufages que la nature en doit faire. 
D'autres enfin, appellent ainfi une 
humeur épaiffe, contenue dans les 
veflies qui compofent les ovaires des 
femmes. & connue. aujourd'hui . 
fous lenom d'œufs : ils prétendent 
| queces œufs renferment en petit, 
| toutes les parties de l'enfant , comme 
| Ggiÿ 


sé hd 


+sz De La Génération de l'Homme. n.. 
la graine renferme la plante. Leur 
fentiment, quoique vraifemblable,. ‘4 
n'eft pas néanmoins vrai , puifque M 
ces. œufs, qui ne font point encore M 
fécondés , ne contiennent par confé- oi: 
uent aucune partie du fœtus ; aw (0 
lieu que les graines des végétaux 
aufquelles ils ies comparent, ont déja 
reçu ce qui doit les rendre fécondes.. M 
Mais fi l'œuf n’eft point cette mas 1 
tiere immédiate dont nous parlons. M 
À eft toujours le lieu où elle eft ad- 
mile & fomentée, & ainfi ne con-\ 
tribue pas peu à la génération. L'œuf 
ft un corps membraneux, fait en M 
forme de petit fac, & rempli d'une 1 
liqueur qui s'épaiflit au feu. H ya 
deflüus, un point blanchätre prefque w 
imperceptible, que lon nomme Ci. 
catricule. C'eft une cellule propre à 
recevoir quelqu'un des Vermifleaux 
contenus dans la fubftance dumäle. 1 
Elle cit faite de maniere à n’en pou-M 
voir admettre qu'un feul.. On la di- 
ftingue fort fenfiblement dans les 
œubs des Oifeaux. Ce qu'il yarde. 
‘remarquable, c’elt que quand l'œuf” 
a été fécondé par le mâle, on apper- 
çoit dansla cicatricule un petit ani. 


parles Vers Spermatiques. 753 
mal; & que lorfqu'il ne l'a pas été, 
on n'y en appercoit aucun. De forte 
qu’il femble que la conception de 
l'enfant ne s’accompliffe, que lorf- 
que parmi un fi grand nombre de 
petits animaux renfermés dans la 
fubftance du mâle, il s’en introduit 
quelqu'un dans l'œuf de la femme, 
ou pc lo per enfuite, & y ac 
quérir la figure d'homme. Cette hy- 
pothefe , commeé on va voir , ne LE 
| .-pofe rien dont on ne trouve une f- 
| delle image dans la maniere dont les 

plantes conçoivent. HU He 

IV. 

: + La génération fi variée en appa- 
rence : AS les différentes efpéces de 
|: corps vivaps, ne fuit efenticllement 
dans tous’, que Îles mêmes loix, On 
| obferve dans tous diverfes parties 
| qui conftituent les fexes , & fans lef- 
quelles la génération eft impoffible. 
Ces. parties fe trouvent égalemenr 
dans l'homme, dans les animaux à 
__ quatrebieds, dans les Oifeaux , dans 
| les Poiflons, dans les Infeétes, & 
|  danslesplantes ; avec cette circon- 


En a D MES PP CR NS TT OU 
D CUS MR Re PA or 


354 De la Génération del'Homine À 
ftance toutefois , ue les deux fexes 


internes & les parties € ï 
mâle & de la femelle. li n'y en a “ 
point non plus parmi les Oifeaux 
& parmi les Poiflons connus ; MAIS M 
on trouve les deux fexes réunis dans 
quelques efpéces d'Infedtes , Entre M 
lefquels font les Limaçons de terre, » 
les Sangfues , les Vers deterre , &C- 
Cependant aucun de ces Infectes ne | 
peut concevoir fans le fecours de # 
l'autre. Ce qu'il y a feulement ici … 
de particulier ; c'eft que les deux | 
Infeétes peuvent concevoir enmême 
temps l’un de l'autre par un double. * 
accouplement. Les plantes ont leurs » 
fexes aufli-bien que les animaux. | | 
Les parties mâles des plantes, font | 
les Etamines, garnies de leurs fomi- 
mets; & les parties femelles , font 


les Pifhiles. On entend par Etaminess 


par les Vers Spermatiques. 375$ 

ces petits filets placés ordinairement 
au milieu de la fleur : par Sommets, 
ce qui termine le haut des filets ; 8. 
par Pifhiles, une petite tige verte qui 
s'éleve entre les filets dont nous par- 
lons. Dans le Lis, par exemple, les 
petits corps jaunes qui occupent le 
milieu de la fleur, font les fommets: | 
les filets blancs qui les foûtiennent , 

font les Etamines ; & ces parties en-. 
| femble font les parties mâles. La 
| poudre jaune qui fe détache: de ces 
fommets , & qui tient aux doigts 
| quand on y touche, contient les 
| germes du Lis. La tige verte & min- 
. ce qui paroît entre ces petits corps 
. jaunes, eft ce qu'on nomme le Pi- 
| file. Cette tige eft creufe & termi- 
| née €n haut par trois coins arrondis 
& fendus ; elle recoit les germes 
qui fe détachent des fommets du 
| His, & elle les conduit jufqu’au ré- 
| fervoir des graines : car le bas du 
piftilé cache dans fa cavité de petits 
œufs , ou autrement des véficules 
| féminaires, qui font les graines de 
| Ja plante. Ces graines deviennent 
| fécondes par l'intromiflion des ger- 
mes qu'elles reçoivent; & toute la 


da sa Haru de did à à he nie on ei à ie ail 
556 Dela Génération de l'Homme 
partie entiere qui comprend le hau 


Re le bas du piftile, eftlapartiefe- 


melle du lis. k 


La plupart des plantes portent fur © 
fa même fleur les deux fexes. On M 
peur nommer celles-là Plantes Andre ü 
ges, I yen a d'autres efpéces, où 


les deux fexes font féparés en diffé- 


rens endroits du même pieds & 


d'autres, où ils fe trouvent fur des * 
picds diférens , & tout-à-fait détae 4 
chés. Entre ces dernieres, on peuf « 


appeller mâles , celles qui portent 


les éramines garnies de leurs fom- ? 
mets ; & femelles , celles qui por- 3 
tent les piftiles. Parmi les plantes 
qui produifent fur de même pied ; : 
Jes parties mâles &c les pure fe- | 

| des autres , 
on compte le Blé de Turquie ; la | 
Larme de Job , les efpéces de Ricin, # 
le Tournefol, PAmbrofie, le Sapin, j 


melles féparées les unes 


fe Noifetier , le Chêne , l'Aune, &c. 
Entre celles dont les parries mâles 


# 
A1 


J 
e” 
'È 
À 


À 


& les parties femelles croiffent fépa- | 
rément fur les différens pieds de la 
mêmecfpéce , on comprend da Mer- 


ÿ- 


« 


curiale , le Chanvre, Epinard , 


FOrtie, le Houblon, le Saule tie 


Peuplier ; 


n 


par les Vers Spermatiques! >> 
Peuplier, &c. Dans les fleurs à feuil. 
iés, les Etamines prennent leur ori- 
gine des feuilles de la fleur. Dans 
celles qui font fans feuilles , & qu’on 
nomme Chatens, comme par exem- 
ple , dans les fleurs du Noyer, elles 
artent du Pédicule , C’eft-à-dire ; de 
a queue même de la fleur, & quel- 
quefois fe trouvent fi courtes, qu'à 
peine paroiflent-elles. Pour ce qui 
cft des fommets, il y a des fleuts où 
ils ne font que l'extrémité même des 
Étamines, laquelle eft élargie & ap- 

| platie. En quelques autres , les fom- 
mets paroïflent faits de l'union des 

| filets ou Etamines, qui fe confon- 
| dant enfemmble, forment un petit 
tuyau. La plüpart des fomniets font 
divilés en deux bourfes , qui, le 
plus fouvent s'ouvrent en deux par 
les côtés, comme une porte brifée. 
| Elles renferment une poufficre fine 
| & réfineufe, qui étant foufflée au 
_ travers de la flamme d’une bougie, 
” s'enflamme aifément. Cette pouflic- 
re, felon ce qu’elle paroît par le mi- 
l'crofcope, cft un amas de petits glo- 
| bules, dont la couleur & la grofieur 
varient felon la diverfité des plantes, 

Tome IL. Hh : 


et 4 OP du dé à T » 4 ar À 
j CN dt dre: es AT PR ETS TON TOUR OP AT 
. CUT LR A AS 


À | | 
758 De La Génération de l'Homme 
& dont les furfaces font quelquefois 
tout hériflées de pointes. On n'apu 
jufqu'ici découvrir dans ces globu- LA 
les aucun germe de plante. Îl y 24 
néanmoins tout lieu de juger, par 
les effets qu'ils produifent , que char LA 
que globule renferme en rACOUTCI M 
une plante de la même nature que . 
celle où il croît. Le piftile tient lieu / 
des parties, qui dans Îes animaux 
femelles font deftinées à la générar, 
tion : il occupe ordinairement leu 
centre te la fleur. 1 n’a pas la même « 
figure dans toutes les plantes. En, 
quelques-unes , il eft rond ; en d’au- M 
tres, quarré; En d’autres, triangu- 
Jaire, ovale, femblable à un fufeau, “ 
j un chapiteau , à une piramide, M 


Cette partie ef ordinairement fiftus 
leufe , & ouverte en haut par plu-! 
Geurs fentes garnies de petits poils, ! 
& enduites d'un fuc gluant: Le fond. 
du piftileelt le réfervoir des graines,s 
Ce réfervoir peut étre appellé du, 
nom d'ovaire , à caufe du rapports 
qu'il a avec lesovaires des animaux." 
11 femble aufli que nous pouvons! 
nommer 7rompe, Je canal: qui :fortk 
de cet ovaire, & dont l'ouverture! 


> 


LL DE. à. dun M Are 


par les Vers Spermatiques. 7$9 
eft à l'extrémité du piftile ; puifque 
par fon ufage il paroît femblable 
aux trompes de la matrice ; & ce 
font aufli les termes dont nousnous 
fervirons en parlant de ces mêmes 
parties. Nous remarquerons donc , 
que comme dans les animaux on 
rencontre autant de trompes que 
d'ovaires ; aufi dans les plantes on 
trouve prefque toûjours autant de 
ces parties que nous y appellons 
Trompes , que de celles que nous 
nommons Ovaires. À l'égard des 
fleurs, où les deux fexes font réunis, 
le piftile eft placé entre kes étamines, 
Cette fituation fait qu'il fe couvre 
aifément de leur poufficre féconde : 
dont quelques grains s’infinuent dans 
la cavité de la trompe, Mais lorf- 
que les parties mâles & les parties 
fémelles. au lieu de fe trouver en: 
femble, font féparées en différens 
| endroits d'un même pied , ou fur 
. différens pieds d'une même efpéce , 
C'eft par l'entremife. du vent que les 
plantes conçoivent. L'on comprend 
aflez que les fommets venant à être 


fecoués par le vent dans le temps de 


leur maturité , répandent la pouflie- 
hij 


1 


76© Dela Génération de l'Homme :. 


se qui les couvre ÿ & que cette pouf … 


fiere eft enfuite portee par le moyen 


de air fur les piftiles, où la glue 


qu'elle y rencontre fert à la retenir, 


C'eft alors que ces petits globules , Lo 


ou plütôt ces petits germes de plan- 


tes  paffant par les cavités destrom- W 


pes, vont chacun s'infinuer dans une 


graine Ou véficule féminaire, dans 


Jaquelle ils fe confervent comme 


dans un œuf , & commencent à 1 
prendre quelque accroiffement. Les , 

Jantes femelles , ou cette poufferé : 
ne peut parvenir . demeurent féri- 


les. Toutes les plantes dont les fleurs 


n’ont point de fommets , font ftéri- 


les auf, comme on peut le remar+ 
quér dans la Pivoine à fleurs dou- M 
bles, & dans le Grenadier fauvage. M 
“1 eft vrai que la Pivoine à fleurs « 


doubles produit quelquefois des | 
goufles, où l'on voit des apparen- M 


ces de graines, mais CES prétendues à 


raines ne viennent point à maturi- M 
té. Nous ajoûtenons, que fion Ôtem 
x une plante Îles fommets de fes w 
fleurs, on lui ôte en mème temps 


tout moyen de multiplier : c'eft ces 
qu'il. eft facile d'éprouver fur le Blé 


2 À 
+ 
& 
l 


Lu 


\ 
| 


1@ 


dé 


par les Vers Spermatiquess. 76%. 
de Turquie & fur le Ricin, en.en 
coupant les étamines avant qu'elles 
foient mures ; car alors les piftiles , 
au lieu de porter des graines fécon- 


des, ne porteront que quelques vé- 


ficules vuides; qui ne tarderont pas 
même à fécher. Si entre les plantes 
d'une même efpéce,, dont les fleurs 
& les fruits croiffent fur des pieds 
féparés , l’on en cultive en particu- 
| lier quelqu'une de femelle , en forte 
|: qu'elle ne foit point à portée de re- 
cevoir aucun grain de la poufliere 
qui fe détache des fleurs du mâle ; 
cette plante folitaire, ou ne condui- 
ra point de fruits à maturité , ou 
| n’en donnera que de flériles , qui 
| feront femblables à ces œufs que 
| font les Poules fans le, fecours :du 
Coq, dans lefquels iln’y a point de 
germe. C’eft une obfervation qui {e 
| peut faire aifément fur la mercuria- 
| le, fur le chanvre, & fur d’autres 
lantes. Que l’on confidere avec foin 
. les graines ou véficules des végétaux 
avant qu’elles ayent été rendues fe- 
condes , on ne les verra remplies 
que d’une liqueur claire, & on n'y 
remarquera Jamais CE corps opaque 
Hh ii} 


762 De la Génération de l'Homme 
que l’on difcerne dans les autres , Îe- 
quel fe dévelopant à mefure que la 
graine croît, laiffe affez voir qu'il 
eft le principe de la plante, ou plü- 
tôt la plante même en abregé. Ajoü- 


tons que lorfque les fleurs font dans di 
leur perfection, non-feulement les M 


extrémités des piftiles fe couvrent 
de la poufliere qui échappe des fom- 
mets; mais que fi l’on ouvre les trom- 


pes des piftiles, on rencontre alors 4 


dans leurs cavités jufques vers les 
graines ou véficules féminaires , une 
grande quantité de cette poufliere. 
Il ne refte plus qu'à découvrir par 
où le petit globule, ou autrement 
la petite plante , peutentrer dans la 
graine pour la rendre féconde. Ce 


pañage eft très-fenfible dans la plû- i 


part des graines : elles ont une petite 


ouverture prés de l'endroit qui les w 


attache. Cette ouverture eft une cel- 


lule femblable à celle que l'on nom- 4 


me Cicatricule, dans les œufs des ani- : 
maux; & elle n’eft pour l’ordinaire 


capable de contenir qu'un feul ger- M 


me. Soit donc que le petit globule 
de pouflicre qui eft arrivé par la 
trompe jufqu’à l'ovaire de la plante, 


par les ers Spermatiques. 763 


éintroduife tout entier dans la cel- 


lule dont il s’agit, foit que la ma- 
ticre réfiñeufe du même globule ve. 
hant à être difloute par la liqueur 
qui enduit la trompe, laifle échap- 
per la petite plante toute nue, cette 
plante s’infinue toûjours , d’une ma- 


niere ou d’une autre, dans la cellule. 


Il n'y a qu'à examiner les pois & 
Îes féves d'haricot, pour y diftin- 
guer fenfiblement cet She ; OÙ 
cette cicatricule, avec la jeune plan- 
te cachée dedans , laquelle femble 
| en défendre l'entrée par fa petite ra- 
cine. 

” Que ce qui fe pañfe dans la géné- 
fation des végétaux, ferve donc à 
nous faire juger de ce qui fe pañle 
dans les autres corps vivans; & puif- 
que la conception des plantes fe fait 
par des germes, qui font eux-mêmes 
de petites plantes, & qui fe déta- 
chant des parties mâles du végétal , 
| entrent dans les œufs, ou autre- 
| ment dans les graines de la plante ; 
la conception de l'Homme & des 
autres Animaux , fe fait de même 
par de petits animaux, qui de la 
fubftance féminaire du mâle, dans 

Hh iv 


264 De la Génération de l'Homme 
laquelle on en découvre un fi grand 
nombre , ainfi que nous l'avons re M 
marqué, s’introduifent danslesœufs M 
de la femelle , comme de petites M 
plantes dans leurs graines. € 


. Quandces petits animaux fe font M 
ainfi introduits dans leurs œufs , ils 
y croiflent infenfblement , &yde- 
meurent jufqu’à ce qu'ils ayent ac- 4 
quis un certain point de grandeur w 

& de maturité. Ces œufs font de 
deux fortes ; les uns envelopent & « 
nourriflent le fœtus dans le corps 
même de la mere ; les autres l’enve- 
Jopent & Ie nourriflent hors du corps 
de la mere. Les animaux qui pro- 
duifent les premiers, font appellés 
Vivipares, parce qu'ils enfantent leurs 
petits tout vivans. Ceux qui produi- 
{ent les feconds , font nommés Ovi- 
pares parce qu’ils enfantent leurs 
petits encore enfermés dans l'œuf. 
L'Homme, les Animaux à, quatre 
pieds, quelques Poiffons, & quel- 
ques Reptiles , font des animaux 
vivipares. Les Oifeaux , la plüpart N 
des Poiflons , & tous les Infeétes font 
des ovipares. Entre les œufs des ovi 
parcs ; les uns font fécondés dans le 


4 


| par les Vers Spermatiquess. 765 
| corps même de la mere, comme les 
| œufs detous les Oifeaux ; & les au- 
tres ne le font que hors de la mere , 
comme ceux de prefque tous les 
Poiflons. Car parmi ces derniers , le 
mâle fuit ordinairement la femelle 
dans le temps qu'elle pond, & ïl 
 Jaiffe échapper alors une liqueur qui 
| rend féconds les œufs fur lefquels 
| -elle.ferépand.  : on 
| Dans les œufs des Oifeaux , le 
blanc ou le fuc glaireux fournit la 
nourriture. au petit fœtus. Ce fuc 
glaireux fe fond peu à peu par la 
chaleur; il pañe enfuite par les deux 
cordons qui tiennent le jaune fuf- 
pendu, &traverfant ce Jaune qui 
fert à lOifeau de Placenta, il fe 
gliffe par les vaifleaux umbilicaux , 
jufqu’au corps de POifeau. Tous les 
petits des autres animaux OvVipares 
{e nourriflent dans l'œuf à peu prés 
de la même maniere. Pour ce qui eft 
_ des vivipares, leurs œufs rendus fé- 
| conds dans les ovaires, venant à s'é- 
_ chapper de leurs loges. defcendent 
par les trompes jufques dans la ma- 
_ trice; ils n’y font pas plütôt tombés, 
| qu'ils s’yattachent par l'endroit qui 


+66 De la Génération de l'Homme 


les lioit à l’ovaire ; puis par le . 
moyen du cordonumbilical , & des 


petites bouches du placenta , le fœ: 


tus, toûjours contenu dans l'œuf, 
tire fa nourriture des vaifleaux la- 
étés de la matrice, comme le Poulet 


tire la fienne du blanc de l'œuf , par 
le moyen du jaune qui eft fon pla- 
centa. à 

Au regard des plantes, on peut 
dire qu’elles font tout enfemble & 
ovipares , & vivipares. Elles font 
ovipares, en ce qu'elles produifent 
des graines qui ne different guëères 
des œufs des Oifeaux; car la petite 
plante n’eft-elle pas contenue dans la 
cellule de [a graine , comme l’em- 
brion dans la cicatricule de l'œuf? 
Les lobes des femences ne renfer- 
ment-ils pas la premiere nourriture 
de la plante, comme le blanc de 
Fœufrenferme celle du Poulet ? Les 
vaifleaux qui compofent ces mêmes 
lobes , ne tiennent-ils pas lieu de 
placenta à lajeune plante en lui fil- 
trant fon fuc nourricier ; & les con- 


duits qui lui portent ce fuc ainfi pré- 


paré, ne font-ils pas ce que fait dans 


Je Poulet le cordon umbilical > Elles 


par lesWers Spermatiques. 767 
font auffi vivipares , puifqu'elles 
produifent des bourgeons , c’eft à- 
dire, des ptantes déja toutes éclofes 
& toutes formées. 

On ne finiroit pas, fi l’on vouloit 
| fur ce fujet examiner à fond toute 
| Ja conformité qui fe trouve entre les 
animaux & les végétaux. Elle eft fi 

rande dans ce qui regarde la loi 
eflentielle de la génération, qu'à cet 
| égard, on peut dire que ce qui fe 
|‘ pañfe dans les uns, eft une image 
de ce qui fe pafle dans les autres. 


V. 


On fait, & on ne peut le confi- 
dérer fans plaifir, avec quelle indu- 
ftrie les rejettons des plantes , gar- 
nis de leurs feuilles, de leurs fleurs 
& de ieurs fruits , font arrangés dans 
les bourgeons. On fcait que le plus 
4 œuf d'un Infete , cache un 
_ Ver qui s’y dévelope d’abord peu à 
| peu, & qui enfuite y quitte la for- 
me de Ver pour fortir fous celle de 
Mouche, de Papillon , ou de quel- 
que autre Infeête femblable. On 
fcait enfin que les œufs des animaux 


768 De la Génération del’ Homme 
plus grands , renferment ; dans une | 
partie à peine vifñble, tout PAni-. 
mal qui en doit naître. La connoif- 
fance de ces merveilles doit dimi- 
nuér l’étonnément où l’on pourroit 
être fur la Génération de l'Homme 
par le Ver Spermatique. Pour bien 
fuivre une métamorphofe d’abord 
_fifurprenante ; il faut confidérer ce. 
Ver dans Le corps d’un enfant. 3 
: Tandis que l'enfant eft dans {es 
premieres, années le Ver Sperma- 
tique dont il s'agit , n'eft encore 
qu'un Ver engourdi &c fans action ; 
out replié für lui-même , & qui 
pour fe déveloper & fe mouvoir , a 
befoin d’une nourriture plus conve- 
nablé. L'enfant eft-il parvenu à un 
âge plus fort, &a-vil atteint le ter- 
me que la Nature à fixé à l'Homme 
pour fe reproduire, Îe Ver réveillé 
alors par des fucs plusactifs , fe dé- 
brouille; il prend un mouvement 
fenfble, & nejaiffe plus douter de 
ce qu'il ft. Il perfévere dans le mé- 
me état tout le refte du temps qu'il 
perfévere dans le même lieu. Mais 
#l change bientôt de fort , lorfque 
à la faveur du liquide où il nage , 1h 


æ 


22 


Pie 


par les Vers Spermatiques. 7 69 


| yient à pañler du corps de homme 


dans celui de la femme. Ileft alors . 
porté dans les trompes jufqu’à lo- 


| Vaire : l'œuf qui s'y trouve mur le 


pee & dont la cicatricule eft 
a plus ouverte , le reçoit fans peine ; 


| je petit Ver s'attache par fa queue 
| aux membranes de la cellule ou il 


vient d'entrer. Cette queue eftun 


| cordon compolé de plulieurs petits 


tuyaux , qui font déja le cordon 
umbilical de l'enfant , & par lef- 
quels les fucs nourriciers font por- 
tés de l'Animal à l'œuf, & de l'œuf 
à l’Animal. Dans ce commerce ré- 


. « 


| ciproque, PAnimal & l'œuf ne font 


qu'un feul corps , qui venant à crof- 


tre, eftobligé de s'échapper de l'o- 


vaire , & de defcendre par lestrom- 
pes dans la matrice. L’œuf ainfi ar- 


rivé dans un lieu que la Nature lui 


a deftiné particulierement, s’y colle 
par l'endroit qui auparavant l'unif- 
{oit à l'ovaire. L'Animal nourri alors 
par de nouveaux fucs , fe dévelope 
de plus en plus; & bien-tôt ce n'eft 
plus un Ver Spermatique , mais un 
fœtus humain. L'œuf, de fon côte, 
forme le placenta de l'enfant. La. 


770 Dela Génération de L'Homme 


pellicule extérieure du Ver reçoit 
ne extenfion confidérable, & fait 
l'envelope que les Anatomiftes ap- el 


pellent Amnios , laquelle renferme 


le fœtus immédiatement : la mem- FU 


brane de la cicatricule forme cette M 
autre envelope que les mêmes Ana- 4 
tomiftes nomment Chorion, 8 qui eft M 


par-deflus l'amnios. Quand plufieurs 


œufs fe trouvent murs à la fois; 
chacun de ces œufs reçoit fon Ver # 


Spermatique, & il fe fait des ju- 


meaux. La cicatricule , ainfi que ! 


© nous l'avons remarqué , eft conftrui- E 
te de maniere à n’admettre ordinai- 


rement qu'un Ver ; mais fi par quel- 
ue cas extraordinaire , il arrive 


qu’elle foit affez grande pour en ad- | 


mettre davantage , il fe forme des 
monitres à plulieurs têtes, & dont 
les autres membres fe multiplient 
plus ou moins, felon le nombre des 
Vers introduits. 

Le fœtus eft ordinairement neuf 


mois dans le fein de fa mere. Pen- 


dant ce temps , il croît & fe per- 
feétionne infenfiblement : mais au 
bout du terme, il eff fi grand & fi 
vigoureux , qu'il ne peut plus {e con- 


par les Vers Spermatiques. 731 
tenir dans un fi petit efpace. Il cher- 
| che alors un féjour plus libre; & 
| aprés divers efforts pour fe dégager 

de fa prifon , il s'échappe, & com- 
mence à refpirer, devenu homme 
enfin de Ver Spermatique qu'il étoit 
dans fon commencement. | 


Fin de la Difertation. 


Cette Thefe compofée en Latin par Mon- 
fieur Geoffroy, de l’Académie Royale des 
Sçiences de Paris, & Docteur Régent de la 
Faculté de Médecine de Paris, a été foûte- 
nue fous la Préfidence de ce Doéteur, le 
Jeudi treiziéme jour de Novembre mil {ept 
cent quatre, Il en eft parlé au long dans le 
vingt-neuviéme Journal des Scavans de mil 
fept cent cinq, & dans les Mémoires de 
Trévoux du mois de Novembre mil fept 
cent cinq, page 1846. 


772 


De L'Académie Royale des Sciences , Do= à 
éteur- R égent de la faculté de Médeit- 
ne de Paris , € réponfe à quelques dif. 


… ficultés qui lui ont été faites contre la 


précedente Difertation [ur le fjflême de 
La Génération de l'Homme par les Vers 


Spermatiques. Laquelle lettre 4 étéen- 
voyée par M: Geoffroi à l'Auteur de ce 


Livre. 


MonsiEUR, 


jo RODT RUES 
DE M GEOFFROY, 


4 à | 


& 
\ 


W 


Puifque la lettre que jai écriteà | 


un de mes amis de Province fur la » 
Génération de l'Homme parles Vers. 
Spermatiques , vous paroît propre à * 


éclaircir & à confirmer ce fyRème , 
j'accepte avec reconnoiflance l'offre 
obligeante que, vous ME faites de 


Vinférer dans la nouvelle édition de : 


votre Traité de la Génération des 
Vers avec la théfe quej'at déja don- 


née fur cette matiere, & que vous. 


n'avez 


Dont Éflidiueté -: L'éitdi": 
+ : LE F 


Lettre de M. Geoffroy. 773 
| n'avez pas juÿée indigne du foin que 
vous avez pris de la traduire en notre 
langue. Voilà donc cette lettre, 
| Monfieur , que je vousenvoye tranf- 
| crite au net. Je vous prie de la reli- 
- re encore une fois ; vous la produi- 
| rez, ou vous la fupprimerez, com- 
| me vous le jugerez à propos : je vous 
Fabandonne. Jefuis, &c. 


MONSIEUR, 


Ê Votre trés-humble & trés- 
obéiffant ferviteur , Grzor- 
FROY. 


| JL ne faut pas croire, que j'aie 
| Aavanccle fylléme de laGénération 
| des corps vivans dans les plantes, 
| dans les animaux, & particuliere- 
ment dans l’homme ; comme une 
| vérité inconteftable, bien loin de 
| cela je n’ai prétendu la propofer que 
comme une queftion problematique, 
| telle que doivent être les queftions 
| de nos Thefes de Médecine , dont 
| on peut foûtenir prefque également 
| Paffirmative & [a negative, & com- 
| me le font en effet les Bacheliers, 
Tome II, 8 7 


Lettre de M. Geoffroy. "4 i 

ui font obligés de parler dans ces 
Rte d’Aëtes. 110 
On peut donc ne regarder ce fen- l 
timent que comme une hypothefe 
un peu hazardée, mais qui cepen- À 
dant , toute hazardée qu'elle et, ne 
manque pas de vrai-femblance , j'o- ie 
fe dire même qu’elle en a plus qu'au- \ | 
cune opinion qu'il y ait eu jufqu'à 4 
préfent fur la génération. 1 
Ce qui rend une hyvorhefc plus LA) 
vraifemblable qu'une autre , c'eft 
lorfqu’on y fuppofe moins de chofes, 
lorfau’on y explique un plus grand M 
nombre de faits & d’une maniere M 
plus fimple. Or cc fentiment fur la W 
reproduétion des corps vivans €ft n 


“plus fimple que cout autre , plus gé- 
néral & fuppofe moins. Il eft plus” 
fimple , puiique dans ce fentiment , . 
tous les corps organifés font formés. 
dès le commencement du monde 
par l’Auteur de la nature; au lieu … 
qu'il éroit très-difficile de concevoir ” 
leur formation dans l’ancienne opi-, 
nion qui mettoit la génération dans 
Parrangement fortuit de quelques 
parties de matiere mélées confufe- 


ment, 11 eft plus général, puifque, 


_. Lettrede M. Geoffroy. 775 
par ce fentiment , on explique éga- 
lement la génération dans tous les 
corps organifés. A la vérité , le fyftè- 
me des œufs & des graines paroît- 
aufli La êc aufli général, mais il 
fuppofe le point principal de tout le 
fyftême, c’eft l'animal & la plante 
tout. formés dans l'œuf & dans la 
graine , ce qui n’eft point fuppofé 
dans ce fentiment-ci. 
| Je disque les Défenfeurs du fyfté- 
|: me des œufs fuppofent le petit ani- 

mal dans l'œuf, mais ils ne peuvent 
le démontrer qu'après la féconda- 
tion : & pareïillement ils fuppofent 
| dans les graines les petits germes des 
| plantes, mais ils ne peuvent faire 
voir ces rudimens de la plante dans 
Ïes graines avant leur fécondation. 
Au contraire , fi l’on examine les 
œufs des animaux avant qu'ils ayent 
été fécondés par le mâle, onny. 
peut découvrir aucuns prémices de 
Fanimal. Dans les œufs que les pou- 
les pondent fans le coq , quoique ces 
œufs paroiflent auffi beaux .& auf 
gros que Îles autres , cependant onne 
| _ voit qu'une cicatricule vuide & dans 
| Jaquelle on ne trouve point ce petit 
La Ji ij 


” 


= 


776  Latrede M. Geoffroy... 0 
corps, qu'on reconnoît par le déve " 
loppement qui s’en fait dans lafuite, M 
étrele corps déja forme, du poulet. 
Ceux qui ont. élevé des vers à foye 
fcavent que fi un papillon vient à | 
pondre des œufs fans l’aide du mâle, 
ces œufs font clairs ,tranfparens , &£ 
qu'on n’y voit pas ce petit point noit 
ou opaque ; ( qui eft le commence: 
ment du petit, Ver où de la petite » 
chenille ,) qu'on découvre dans les 
œufs féconds ; ce qui eft caufe qu'on h 
rejette ces. œufs clairs qui font toû; 
jours ftériles. Oh rencontre MÊME M 
fouvent de ces œufs ftériles parmi les 
œufs féconds pondus tous par le mé- 

me papillon, parce qu'apparemment 
ces œufs n’ont pu Être fécondés com- 
me les autres. pour gquelque. caufe 

articuliere. À ot À 

. Dans les graines on obferve la mé: 
me chofe. On rencontre fouvent des » 
graines fans germes , &c par confe- 
quent ftériles. Et on en trouve mês 
me au-milieu de quelques fruits auf : 
beaux en apparence , que les autres. 

Si on obferve d’ailleurs toutes les 

graines dans leur commencement 
avant que la fleur foit tout-à-fait 


| Lettre de M. Geoffroy. 777 
| épanouie, on les trouvera claires & 
| tranfparentes, & fion les examine 
quelque tems aprés que la fleur eft 
pañlée, c’eft-à-dire , après [eur f€- 
condation , ces graines font rendues. 
opaques par un petit corps qui ef 
apparemment le germe. 

. Les Ovariftes fuppofent que. ces 
germes n’ont fait.que croître , & 
u'ils étoient déja dans les œufs & 
| ie les graines , mais cen’eft aan 
|. fuppofition gratuite ; & puifqu’or 
nc peut par aucun moyen les apper- 
| -cevoir dansles œufs & danses grai- 
| nes avant leur fécondation , quoi- 
qu'on les y: découvre aifément par 
la: fuite , il eft bien plus naturel de- 
croire que ces germes n'étoient au- 
paravant ni dans les œufs nidans les. 
graines , & qu'ils n'y font arrivés. 
que dans l'inftant de cette féconda- 
in. te tu Sat | 
|. . Pour.fe convaincre de ce que j'a- 
 vance. il n’y a qu'à confidérer. ce: 
qui fe pañé dans Îe tems de la fécon- 

dation chez les animaux. | 

.: Parmi les Poiflons, qui ne s’accou- 
plent point, la liqueur , qui dansle: 
male eft deftinée à la génération , ne 


5 M di 


778 .Lettrede M. Geoffroy. 
fait que fe répandre fur les œufs que 
la femelle vient de pondre, & qui 
flotent dans l'eau. Parmi les autres 
animaux, où fon ne peut obferver 
les chofes de la même maniere, on 
fcair feulement que la liqueur du 
mâle fe porte non-feulement dans la 
cavité de la matrice, mais même 
jufques dans les trompes ; où on la 
trouve fouvent dans les animaux 
que Fon ouvre peu de tems aprés 
Paccouplement ; & il eft à préfumer 
qu'elle arrive jufqu'aux ovaires, OÙ 
elle arrofe quelques œufs de la fe- 
melle. | 

La fécondation fe fait donc par 
l'épanchement de cette liqueur du 
mâle fur l'œuf ; d’où on peut con- 
clure fort naturellement que l'effet 


que cette liqueur produit fur les œufs 


des animaux, et principalement d'y 
porter le petit.Ver ou le petit ani- 
. mal qu’on découvre dans Pœufaprés 

_ce temslà, & d'autant plus qu'on 


Je diftingue déja dans cette liqueur ê 


fécondante. 


Nous avons d'autant plus de rai- 


fon de croire que ces petits Vers ow 
animaux, dont la liqueur du mâle eft 


Lettre de M. Geoffroy. 3795 


| remplie, font les principes de la gé- 
nération ou le commencement de : 


l'Homme & des autres animaux, 
que nous le trouvons roûjours con- 
bise dans les liqueurs qui rem- 
pliffent les vaifleaux fpermatiques de 
tous les animaux , qu’ils varient fe- 


| Jon leurs differentes efpéces ,& qu'ils 


manquent dans ces liqueurs , lorfque 
par l’âge ou par les maladies, elles 


| deviennent fkcriles. 


En établiflant de cette maniere, 
le fyftême de la génération des Ani- 
maux, nous ne raifonnons que fur 
des faits conftans &c fans rien fuppo- 
fer d’incertain , au lieu que les Ova- 
riftes fuppofent , ro. Les commence- 
mens de l’animal dansl'œuf, quoi- 
qu'ils ne les voyent point , & de plus 
un efprit fécondant dans la liqueur 
du mâle deftinée à la génération, ce 
qui eft très-incertain. Car felon eux, 
cet efprit féminal doit être très-fub: 


| til & trés-volatil , & cependant par- 
| miles animaux aquatiques, cet cf- 


prit tout volatil qu'il eft, n’eft ni 
énervé ni difliné par les eaux avec 
lefquelles la liqueur fe mêle ; ce qui 
paroît tout-à-faitimpofible. Parmi 


5$o Lettre de M. Geoffroy. 
Ja plüpart des Poiflons iln'y à point. 
d'accouplement; la emelle jette fes 


+ 


Al 


le frai fur ces mêmes œufs; oravant M 
que l'eau ait étendu cette liqueur fur 4 
tous ces œufs , l'efprit fécondant 
doit en avoir été diffipé par les eaux- 
La difficulté de la fécondation eft 
encore plus. confidérable pour les 
huitres & les autres coquillages qui 
fe tiennent attachés aux rochers où 
au fond de la mer , fans avoir que 
très-peu de mouvement. Le fai des 
mâles eft porté au gré des eaux de 
côté & d'autre, & enfin le hazard 
fait que les œufs des femelles en font 
touchés & rendus féconds. Que de- 
viendroit pendant ce tranfport l’ef- 
prit féminal , fi la génération fe fai- 
{oit par fon entremife? Ilauroit tout 
le tems de s’exhaler, & jamais les 
œufs des huitres & des autres co- 
quillages de cette nature, ne POUF 
roient être rendus fécondbs. 
Nous évitons donc dans notre {y- 
féme.ces deux fuppofitions, & par 
confequent jufques ici ce fyftème eft 
plus fimple que celui des Ovariftes 
pour la génération des animaux. 
| Voyons 


œufs , & le mâle qui la fuit répant de 


Lettre de M. Geoffroy. 78% 
| Voyons préfentement sil n'en cft 
… pas de même pour la génération des 
| -plantes. 
| Jufqu’à ce que la fleur commence 
_ àpañler, on n'appercçoit aucun corps 
| ou germe de plante dans les em- 
| bryons des graines ou veficules fémi- 
| naïres, & on ne.commence à apper- 
! cevoir du changement dans ces em- 
| bryons, que lorfqué la poufliere des 
|. étamines efttombée. s 
| Cette pouflicre des étamines eft 
néceflaire à la fécondation , puifque 
| dansles plantes où les étamines naïf. 
fent fur le même pied en des lieux 
diffcrens , ou fur différents pieds, fi 
| on vient à couper ces étamines dans 
| Jletems qu’elles commencent à pa- 
æoître , & avant qu’elles {oient ou- | 
vertes, les fruits ne viennent point à 
maturité , ou s'ils meuriflent , ilsne 
contiennent point de germes, & 
| font par conf. equent ftériles. . 
| La nécefité de la poufliere des 
Le étamines pour faire croître les grai- 
nes, pour les faire venir à maturité, 
_& pour les rendre fécondes , €ftcon- 


| firmée par les obfervations de tous 
Tome IL. | Kk 


Loch : db : ir 


82 Lettre de M. Geoffroy. 
les Botaniftes fur le Palmier qui pre- 
duitles dattes. c'EC 

Certe efpéce d'arbre porte leséta- « 
mines fur un pied fépare de celui qui 
porte les fruits : de maniere qu'on En 
difingue ordinairement les piedsen . 
mâle & femelle. Theophrafte , Prof- : 
per Alpin ;, & tous les Botaniftes. 
E Gnviennent que fi un pied femelle M 
n'a point de mâle dans fon voifinage, 
il ne porte point de fruits, ouque 
s'il en porte, jls ne viennent que ra- | 
rement À maturité » ils font àpres 
BR de mauvais goût , ils font fans ” 
noyau & par confequent fans germe: 
mais pour faire meurir ces fruits, 8 M 
pour Îles rendre bons à manger ; OR à 
a foin ,ou de planter un Palmier mâ- 
Je dans le voifinage , où de couper « 

des branches du Palmier mâle char- M 
gées d’étamines fleuries , & de les 
-atracher aux branches du Palmier fe-u 
melle ; quelquefois méme on ne fait. 
que fécouer ces branches far ecllesu 

.du Palmier femelle , & pour lorsil” 
produit de bons fruits , en abondan- 
ce & féconds. Cette obfervation fut " 
confirmée à M. Tourneforten 1697- À 
par Hadgi Muftapha Aga homme À 


__ Lettre de M. Geoffroy. 783 
d'efprit & curicux , Ambaffadeur de 
Tripoli vers le Roi, comme ce fça- 
vant Botanifte le rapporte dans fes 
Inftitutions Botaniques. 

Ce n'eft pas feulement fur Les Pal: 
mricrs qué ces obfervations fe véri. 
fient! Cela eft encore tres-fenfible 
fur la plûpart des plantes qui por- 
tent Îes fleurs & les fruits fur diffe- 
Tens pieds ou fur differens endroits 
du même pied, pourvü que lon ait 
Un trés-grand foin de couper les éta£ 
mines avant qu’elles ayent comment 
cé à fe déveloper, où ‘pourvû que 
l'on tienne les plantes femelles dans 
| des endroits où la pouficre des Éta- 
|: mines ne puiflé avoir aucun acces , 
comme il a été dit dans la Thefe. Je 
fçai bien qu'on pourra m'objeéter ce 
que rapporte M. Tourñefort dans 
ces mêmes Inflitutions, qu'il a vû un 
| pied de femelle de houblon produire 
des graines dans le Jardin du Roi . 
| où il n’y avoit point de pied mâle: 
mais on peut Îui répondre que les 
étamines ont pü être apportées d’ail- 
leurs fur ce pied femelleipär le vent, 
comme nous en avonsiun bel exem- 
ple rapporté par Jovianus rhin $ 

| i 


784 Late de MG eoffroy. 


Précepteur d’Alphonfe Roi de Na 
ples , qui raconté quel'on vit de fon 
fems, deux Palmiers, Lun mâle culti- 
ve à Brindes, 8 l’autre femelle éler 
yvé dans les bois d'Ortrante 5 que Ce 
dernier fut plufieurs années fans por- 
ter de-fruits , jufqu’à ce qu'enfin s'é- 
tant élevé au-defius des autres arbres 
de la forêt, äi püt appercevoir (dit 
le Poëte } le Palmier mâle de Brin- 


licuës, Car alorsil commença à POr- 


ter des fruits en abondance. Iln'y a À 


aucun heu de douter qu'il,ne com- 
mença pour lors à porter des fruits » 
ue .PACE qi COM mença dés-lors 
À recevoir 
ficre des éramines.que le vent enlc- 
voit de deflus Je Palmier mâle , & 
- qui étoit emportée.par-defius les au- 
tres arbres. Nous expliquons par-là 


d'une, maniere naturelle ès fenfble « 


cette Fécondité qui a.bien gmbarraffé 
%es anciens Phyficiens , & auw'ils at 


tribuoient À la fympathie ouàfa- 


des ; quoiqu'éloigné de. plufeurs ; 


{ur fes-branches la pouf 


mour.qui fe rencontroit entre let at 


bres. Voici les paroles de l'Auteur;; 
Brandufi fatis lonigè viret ardua tertis 
Arbor:, Idrmæis ufque petita:locis ; 


: 


| 


d 


_ Lettre de M.Geoffry. 785$ 
Altera hydruntinis in faltibusæmula Palma , 
… Illa virum referens, hæc muliebre decus. 
Nonuno crevere folo , diflantibus agris, 
Nulla loci facies , nec focialis amor. : 
Permanfit fine prole diu , fine fruétibus arbo® 
-. Utraque , frondofis , & fine fruge comis. 
At poftquam patulos fuderunt brachia ramos 
. Cœpere & cœlo liberiore:frut , Li 
Frondofique apices fe confpexere , virique” 
 Illa fui vultus, conjugis ille fuæ 
Haufere & blandum, venisfitientibus,ignem, 
 Optatos fœtus fponte tulere fu. ‘ 
Ornarunt ramos gemmis , mirabile dit, 
Implevere fuos melle Hquente favos. 


Cettehiftoire, en prouvant la né- 
ceflité dés étamines pour la féconda- 
tion du Palmier ; fait voir que l'é- 
loignement n’eft point une raifon-à 
oppofer à la fécondation des autres 
arbres par la poufliere de ces:mêmes 
étamines.. 09. MON 2 0h 
-.: On dira que jen’ai point de preu- 

Yesque chaque grain de cette pouf- 
fiere foit une petite plante en racour- 
ci , puifque le microfcope ne me 
montre chaque grain que comni€ 
une petite boulle lifle &z hérifflce 
de pointes, pleine ou percée dans 
fon milieu , ou enfin de quelqu'autre 
raniere. Je convies qu'il'eft diffi- 
cile de’ diftinguer daris chacun de 
K k ii} 


Via à | 
186  Leitréde M.Geofroÿ. 
ces petits grains les prémices dela 
plante , parce qu'elle eft repliée fur 
elle-même, & peut-être enveloppée | 
d’une. membrane, ou du moins re- 
vêtuë d’une matiere refineufe & f€- 
che ; qui s'embrafe très-facilement 
lorfqu’on la foufle fur la fime d’une 
chandelle, de même que feroit de 
la raifine en poudre. Peut-être qu'a- 
vec letems on trouvera le moyen de 
développer ce petit germe, & de le 
découvrir à nud. Mais cependant ft 
on s’opiniâtre à ne vouloir regarder 
que comme une fuppolition cette 
propofition , on conviendra du 
moins qu’elle eft très-vraifembla- 
ble, puifque ce n’eft qu'après l'intro- 
miflion de ces petits corps dans les 
piftiles , qu'on commence à appet- 
cevoir un corps opaque dans les vefi- 
cules féminaires ou embryons de 
graines , lequel en croiffant fait ap- 
percevoir dans la fuite qu'il eften ef | 
fet le germe de Haplante. 

Enfin ce qui acheve de confirmer 
cette hyporhefe, c’eft l'uniformité 
qu’elle nous découvre dans la géné- 
ration dé tous les corps vivans:uni- 
formité qui feule feroit un grand pré- 


| Lettre de M:Geoffroy. 757 
jugé en faveur de cette opinion ; 
mais qui jointe à tant de faits & à 
tant d'apparence de vérité ; tient 
heu d'une parfaite démonftration , 
{i toutefois on en peut efpérer dans 
‘ces fortes de matieres. 

. Aprés avoir établi les rte de 
notre hypothefe & farisfait en mé- 
me tems à plufieurs objections , ‘il 
faut répondre à quelques autres qui 
demandent un détail particulier. 

19. In'ya si d'apparence , dit- 
on qu'un Infee quitte fa nature 
d'Infeéte pour prendre celle d'un 
animal parfait. 

C’eft un ancien préjugé , de diftin- 
guer lesanimaux en parfaits & inx- 
parfaits ; préjugé dans lequel l'igno- 
rance où l’on étoit autrefois fur la 
ftruure de leur corps, & particu- 
hicrement de ceux qui font les plus 
“petits , a long-tems entretenu les 
hommes. Les yeux ne découvroienc 
point dans les Vers, dans les papil- 
fons , dans les mouches & dansles 
autres Infectes , les mêmes parties 
que dans lesautres animaux, & on 
croyoit qu'elles y manquoient. On 
voit ordinairement ces Infeëtes pren- 
KK iv 


— 


788  Æettre de M. Geoffroy. 
dre naiflance dans la bouë , dans le 
fumier, dans les chairs corrompuës 
ou les herbes pourries, & on acru 
que ces petits corps n’avoient point 
d'autre origine que l’aflemblage for- 
tuit des parties de matieres qui fe 
pourrifloient. On a même été jufqu’à 
croire que les: animaux plus gros., 
comme des grenotiilles, des macreu- 
fes, &c.n’avoient qu'un pareil com- 
mencement , fans faire refléxion que 
ces animanx forment des efpéces 
conftantes, qui font toûüjours pro- 
duites de même , & qu'il efkimpof- 
fible que le hazard produile un ar- 
rangement de parties toûjours uni-. 
forme & toûjours conftant. Nous 
avons l'obligation au fçavant M.Re= 


di, d’avoir un des premiers débrouil- 


lé cette matiere, & vérifié que la gé- 
nération des Infeétes vient de male 
& de femelle, & qu’elle fuit le fy- 
ftème des œufs, de même que par- 
mi les autres efpéces d'animaux. 
Plufieurs habilesPhyficiens, & parti- 
eulierement M. Swammerdam), ont. 


commencé à anatomifer les Infeétes, 


& nousavons l'obligation àcegrand 
homme de nous avoir démontré 


Lettre de M, Geoffroy, 789 
dans ces petits animaux des parties 
femblables aux nôtres, où qui em 
font les fon@ions. La mort l'a pré- 
venu avant qu'il ait pû terminer ce 
grand ouvrage, & M. Duverney ; 
qui le continue aujourd'hui, & quË 
fuit ces petits- amimaux depuis le’ 
commencement jufqu’à leur fin, bien- 
loin de nous repréfenter les Infeétes’ 
comme des animaux imparfaits , 
nous y découvre tant d'art qu'on 
peut dire’qu’ils font plus parfaits ie 
les animaux Les plus confidérables 
Dans les chenilles , dans les vers qui 
fe changent en papillon , ou! enfin 
dans les animaux qui dé reptiles de- 
viennent volans , il eft furprenaut 
de voir quel changement arrive en 
toute La Mrudture interieure de leurs . 
petits-corps. Une infinité de’parties 
qui reftoient pliées fe dévelopent au 
Bout d’un certain tems: quelques- 
unes devienhent ablolument inuti- 
les , fe defféchent & tombent : quel- 
ques autres deviennent méconnoif- 
fables. Rien n’eft plusadmirable que 
de fuivre tous ces changemens. La 
grenouille eft poiflon dans fon com- 
mencement, c'eft ce petit animal 


#96  Lettrede M. Geoffroy. 
qu’on nomme térart,qui a une grofle 
tête , une geule de poiflon, des na- 
geoires & une queuë comme les 
poiflons : elle refpire par des otiies 
qui font les poumons particuliers 
aux poiflons. Quelque tems aprés , 
fa queuë & fes nagcoïres tombent 
& laiflent voir des pattes, avec lef- 
quelles elle peut marcher & nager. " 
Tout le devant de fatête ou plutôt ÿ 
fon mafque tombe de même queles 
otiies , pendant que fes poumons 
. femblables à ceux des animaux ter- 
reftres fe développent, & devien- 
nent non-feulement vifbles , mais 
même confidérablement gros, d'in- 
vilibles qu'ils étoient auparavant. 
Ne peut-on pas regarder comme 
une plus grande perfection dansces 
animaux , ce don de pouvoir goû- 
ter la vice fucceflivement dans diffe- 
rens états & dans differens élémens? 
Le plus fouvent l'état des vers 
n'eft qu'un état de paflage pour arri- 
ver à uneautre forme. Ainfi la plü- 
part des Vers qui s'engendrent dans 
Ja chair pourrie , fe changent en 
mouches. Certains gros Vers qui fe 
gicnnent aflez long-tems eachés dans 


a 


Lettre de M. Geoffroy. 79T 
la terre, fe changent par la fuite en 
hannetons. Les Vers à foie & les 
chenilles deviennent papillons. Et je 
ne connois que les Vers de terre qui 
puiflent conftituer une efpéce qui ne 
fouffre point de métamorphofc. 

Cela étant ainfi , on pourra doref- 
navant regarder la forme deVer dans 
_Jes animaux , comme un indice pref- 
que certain d’une métamorphofe fu- 
ture , bien loin de la regarder com- 
me un obftacle à ce changement. 

2°. On objeéte en fecond lieu, 
que j'attribue au petit’ animal un in- 
ftinét imaginaire pour le faire mon- 
ter dans fa cellule. J’avouë qu'il eft 
difficile de développer un myftére 
auffi caché que celui de la Généra- 
tion , fans y rencontrer bien des dif- 
ficultés qu'on a beaucoup de peine à 
réfoudre. Mais lorfqw'on ne voit pas 
une oppofition formelle à ce qu'on 
‘donne pour la eaufe d’un effet évi- 

dent, Tfembte qu'on n’ait pas droit 
de la contefter. Telle eft la Éfficulré 
en queftion. Ji ne s’agit point ici d’in- 
fin , je n’en ai point attribué au 
petit animal pour entrer dans fa cel- 
lule ; je fçai trop bien qu’en matiere 


791 . Lettrede M. Geoffroy. 7 
de Phyfique il faut des loix de Mé 


% 
LE 2 


chanique, & je tâche d’en donnef 


de probables. ira éR 
La prodigieufe multitude d’ani- 


Maux que: la liqueur Spermatique 


Charrie , inondant l'œufqui fe trou: 
ve prêt à être fécondé , il eft prefque 
impoñible qu'il ne s’err préfente un à 
la petite ouverture de la cicatricule. 
Et de’ cetté prodigieufe multitude il 
n'yenaquun qui ypuiffe trouver pla 
ce , parce que la cicatricule n’eft pas 
capable d’en contenir davantage. Si 


par hazard elle eft affez grande pour: 


en admettre. deux , il en viendra 
deux fœtus fous une même envelop: 
pe, ou un monftre de deux fœtus 
joints par quelque endroit du corps. 
Et à facilité avec laquelle cetévéne- 
ment d’ailleurs aflez commun s'ex- 
plique par ce fyftême ; eftencore une 
preuve de fa vraifemblance. 

. 3°. On dit que c’eft aller chercher 
bien loin l’ufage. de ces petits Vers, 
qué d’en faire les prémices de l’hom- 


me , qu'ils peuvent être produits 
dans la liqueur féminale pour d’au- : 
tres ufages, comme d’agiter la li- 


queur & d’en: faciliter l'exhalation 


des éfprits: 


PET ie 


Lettre.de M.Geoffro). 793 
Outre que j'ai déja fait voir qu'on 
{uppole fans preuve , des efprits dans 
cette liqueur, ilme paroît bien plus 
paturel de tirer cette confcquence , 
de les petits animaux ou vermif- 
eaux qui fe trouvententrés-grande 
quantité dans.une.liqueur fi nécefai- 
re à la Génération, font eux-mêmes 
la caufe prochaine & immédiate de 
la Génération , que de.croire qu'ils 
n'en font que de foibles inftrumens 
& très-éloignés , fur-tout lorfqu’on 
n’en découvre point de caufe plus 
prochaine. Après cela l'autre ufage 
qu'on leurafligne n’efk nullement né- 
ceflaire , & cette caufe finale n’eft 
point du tout vrai-{emblable. Tout 
ce qui eft liquide eft dans un aflez 
grand mouvement fans avoir befoin 
d’un aide aufifoible que celui qu'il 
recevroit du: mouvement .des ani- 
maux qui pourroient S'y mouvoir. 
Dira-t-on que les poifflons ont été 
créés dans la mer , les oifeaux dans 
J'air, pour empêcher par leur mou. 
yement ces liquides de fe corrom- 
pre» L'un n'eft pas plus plaufible 
que l’autre. nr 
‘49, On trouvé que la conception 


794 Lettre de M. Geoffroy. 


par le moyen du petit Ver, charge 


trop le fyftême du développement. 
* Mais en quoi le fyftéme du dévelop- 

ement eft-il plus chargé dans cette 
Fate que dans le fentiment or- 


dinaire des œufs ? Si nous admettons 


dans Adam tous les petits animaux 
enfermés & comme emboités lés uns 
dans les autres ; les Ovariftes ne fup- 
polent-ils pas de même tous leurs 
œufs enfermés les uns dans les autres 
& contenus dans Eve? On ne peut 
donc rien nous objecter fur cela, 
qu’on ne puifle oppofer de même à 
l'opinion des œufs déja reçûë. Mais 
pour défendre préfentement l’une & 
l'autre de ces opinions contre ceux 
qui trouvent trop d'embarras dans 
le développement, qu’ils confiderent 
avec moi ce qui fe pafle dans la na- 
ture, &ils verront combien en effet 
le fyftême du développement eft 
chargé ; mais en même tems ils fe- 
ront forcés de convenir que quelque 
furchargé qu'il paroiïfle , il n’en eît 
pas moins vrai. Voyons ce que dit 
M. Dodart fur Ja fécondité desplan- 
tes , démontrée particulierement 
dans l’orme, & dont le Mémoire 


Er 
: 


Letire de A4, Geoffroy. 779$ 
cft inferé dans les Mémoires de l'A- 
cadémie Royale des Sciences de 
Fannée 1700. En voici l'extrait. Une 
merveille aflez expofée aux yeux de 
tout le monde & peu obfervée , c’eft 
la fécondité des plantes; non pas feu- 
Jément la fécondité naturelle des 
plantes abandonnées à elles-mêmes, 
mais encore plus leur fécondité ar- 
tificielle procurée par la taille & par 
le retranchement de quelques-unes 
de leurs parties. Cette fécondité ar- 
tificielle n’eft autre que la natureile ; 
car enfin l'art du Jardinier ne donne 
pas aux plantes ce quelles n'avoient 
point , il ne fait que leur aider à dé-: 
velopper & à mettre au jour ce 
qu’elles avoient. Voici un exemple 
de la fécondité que peut avoir un 
arbre , en fait des graines feulement, 
qui font comme l’on fçait, le dernier 
terme & l’objet de toutes les produ-. 
étions de l'arbre. 

On fcait que les ramaux de l’Or- 
ime ne font que des glanes de bou- 
quets de graines extrémement pref- 
{ées l’une contre l’autre. M. Dodart 
ayant pris au hazard un Orme de 
fix pouces de diamètre , de vingt 


796  Lettrede 71. Geoffroy. 

pieds de ‘haut , jufqu'à la naïfflance 
des branches, :& qui pouvoit avoir 
douze ans, en fit abattre", avec un 
croiffant ,unt branche de huit pieds 
de long , & négligeant les graines 
qui avoient été abbatuës par les 
coups redoublés du ceroiffant , & 
par la chüte de la branche, al fit 


. compter ce qui en reftoit. On trou- 


$ 


va fur cette branche 16450. graines. 

11 y a fur un Orme.de fix pouces 
de diametre, plus de dix branches 
de huitpicds , mais fuppofé qu'il n'y 
gnait que dix , ce {ont pour chacune 
de.ces dix branches 164500. graines: 
Toutes les branches qui n'ont pas 
huit pieds, prifes enfemble , font 
une furface qui eft beaucoup plus 
que double de la furface des dix 
branches de huit piéds. Mais.en ne 
la pofant que double , parce que 


, peut-être ces branches moindres font 


moins fecondes, ce font pour tou- 
tes les branches prifes enfemble 
329000. graines. 

Un Orme peut aifément vivre 
centans, & l’âge où il a fa fécondi- 
té moyenne n'eft aflurement pas ce- 
lui de:douze ans. On peut donc 

| compter 


(l 


« 


A 
a és 


Pres 


… Æettre'de M. Geoffroy. 397 
compter pour une année de fécon- 
dité moyenne, -plus de 329000. & 
n'en mettre-au lieu de ce nombre 
ns 330000, c'eft bien peu. Mais il 

aut encore multiplier ces 330000: 
par les cent années de la vie del’Or- 
me. Ce font donc 33000000. de 
Baies qu'un Orme produit en toute 
& vie, en mettant tout au plus bas 
piéd. Et ces: trente-trois millions 
font venus d’une:feule graine. 

. Ce n'’eft là que la fécondité natu- 
relle de l'arbre, qui n'a pas fait pa- 
roître tout: ce.qu'il renfermoit, 

: Si on lavoit étêté, il auroit re 
| pouffé de {on tronc autant de bran- 
| ches qu'il en avoit auparavant dans. 

{on état naturel; & ces nouveaux 
jets feroient fortis. dans l’efpace de 
. fix lignes de hauteur , ouénviron, à 
- l'extrémité du tronc étêté. : ., : : 

- À quelque endroit & à quelque: 
| hauteur qu’on l’eüt étêté, il auroit: 
| toujours repouñlé également ; ce qui 
roît conftant par l'exemple. des ar- 
| bres nains, qui-font coupés prefque 

rés pieds rés terre. nie | 

|  Toutle tronc depuis la terre juf-. 

qu'à la naiflance : des branches , eft 
Zome LE. | LE 


798 Léitesde 1. Geoffro. d 
donc plein de principes ou aepetns 


embrions de branches ; qui a lavé 


rité ne peuvent jamais paroître tous 
x la fois ;" mais qui étant conçüs 
comme pärtagés par petits anneaux 
circulaires de fix lignes de hauteur , 
compofent autant d'anheaux ; dorit 
chacun-en'particulier eft prét à pa- 
_roître ; &parbitra roûjours dés que 
lé retranchement' fe fera précile- 
ment au-deffus de lui. OP 
Toutes ces branches invifibles ca- 
chées , n’exiftent pas moins que cel- 
Les qui fe manifeltent; & fi elles fe: 
manifeftoient elles auroient un 
nombre égal'de graines, qu'il faut 
par conféquent qu'elles contientiénet 
déja en petit.” 


Donc en faivant l'exemple pro- 
pofé il y a en cét Orme autant de 


fois trente-trois millions de graïnes;, 


ue fix lignes font contenues dans 


la hauteur -de vingt pieds ; Ceft-à- 
dire, qu'il y a 1 5- milliars 840. mil- 


lions de graines, & que cet arbre | 


À 
‘1 
& 


contient actuellement en lui-même 
de quoi fe multiplier & fe reprodur- 


re un nothbre de fois fi prodigieux. 


L'imagination eftépouvantéc de fe 


Lettre de M. Geoffroy... 799 

Voir conduire jufques-là par lexpé- 
rience & par laraïfon. - MUC: 
Que diront à ces Obfervationss 

ceux qui craignent de trop charger 
le fyflême du at PUS ? Ne 


feront-ils pas forcés d’avouer qu'ils 
ont eu une idée trop bornéc de la 
prévoyance infinie du Créateur pour 
fa: propagation des Etres vivans » 
Mais qu'ils permettent à préfent à 
notre raifon de pénétrer au-delà de 
ces bornes , où les fens nous ont con- 
duits, & où ils commencent à nous 
abandonner. Ils reconnoîtront que 
tout ce que les fens viennent de leur 
montrer, n'elt encore rien en com- 
paraïfon de ce qu’elle leur va dé- 
couvrir. Car fi lo vient à penfer 
que chaque graine d’un arbre con- 
tient en elle-même un fecond arbre, 
qui contient le même nombre de 
graines ; que l’on ne peut jamais ar- 
river ni à une graine qui ne cON- | 
tienne plus d'arbres ; ni à un arbre 
qui ne contienne plus de graines, ou 
qui en contienne moins que le pré- 
cédent , & que par conféquent voilà 
| une progreffion géométrique ‘croif- 
| - Sante, dengle premier terme eft 5. 
: CNE 


80o  Lettre-de M. Geoffroy 

le fecond 1 5840000000. letroifé- 
me le quarré de 15840000000. le 
quatriéme fon cube , & ainfi de fui- 
te, à l'infini; la raifon & limagina- 


tion feront en quelque forte per 


dues & abimées dans ce calcul im 
menfe. ; | 

Cette fuite prodigieufe de nom- 
bre eft capable d’eflrayer des efprits: 
qui ne font pas accoütumés à pouf- 
{er bien loin leur méditation ; mais: 
ceux qui ont coûtume de creufer , 
foit en Phyfique, foit en Mathéma- 


tique , fçavent qu'ils ne vont pas 


bien loin fans rencontrer bien-tôt 

uelque infini; comme {fi YAuteur 
de la Nature avoit pris foin de ré- 
pandre par tout fon principal ca- 
ractere. 

Si donc on demeure d’accord du: 
fyftéme du: dévelopement dans Îles. 
plantes , tout furchargé -qu’i ef, 
comme on n’en peut pas douter, OM 
ladmettratrès-aifément dans les ani- 
maux, où ikparoît moins chargé, 


& on l’admettra d'autant plus faci- ? 
lement , que ce fyfême eft le plus. 


fimple de tous. Car fuppofant. une: 
fois tout créé en méme. temps ,, COM 


Lettre de M. Geoffrey: … 8or 
mc femble le marquer ce pañlage de 
l'Eccléfiaftique [ 18. 1.] Deus creavit 
omnia fimul , 1 ne faut pas fe donner 
la torture, pour trouver de quelle 
maniere fe peuvent former tes corps: 
organifés, qui ne font plus que fe 
déveloper les uns après les autres. 
Au lieu qu'il fera toujours aufli dif: 
ficile d'expliquer leur formation for- 
tuite, que de démontrer qu'en met- 
tant dans un ereufet de l'or, de l'ar- 

nt, du cuivre, de l'acier, & de 
l'émail, les parties de chaque ma- 
tierce fe rangeront de telle forte, 
qu’elles formeront une montre. 

5°. On fait une cinquiéme ob- 
jeétion; fçavoir, que l'animal que 
lon: commence à découvrir dans 
Fœuf aprés la conception , ne paroît 
point un Ver. | 

Je répondrai à cela, que fi l’on 
pouvoit ouvrir la cicatricule de l'œuf 
un inftant après la conception, c’eft- 
à-dire , immédiatement aprés l’en- 
trée du Ver, on y découvriroit en- 
core le petit animal fous la forme 
de Ver. Maïs comme il commence 
a groflir prefque aufli-tôt qu'il com- 
mence à prendre une nouvelle nour-+ 


Sox Lettre de M. Geoffroy: 

riture dans l'œuf , & comme de 
nouvelles parties commencent cn 
même temps à fe développer en lui ; 
il n’eft:pas étonnant qu'on ne Îe voye 
plus fous la forme de Ver , mais dans 
les différens états où ilpañle de cette 
forme à celle de l'animal, de l'ef- 
péce duquel il doit être. À 
: Ona obfervé des fœtus tout for: 
més dans l’ovaire & dans les trom- 
pes de la matrice au bout d’un temps 
fort court après la conception ; mais 
cela ne détruit point mon hypote- 
fes & tout ce qu'on empeut con- 
clure., c'eft que les petits animaux 
qui font les prémices de l'Homme, 
Rs peu de temps après qu'ils: 
ont arrivés dans l’œuf , la forme 


de Ver, pour commencer à pren— 


dre la forme humaine. 

Entre les obfervations des fœtus: 
inférées dans les Mémoires de l’Az 
cadémie, la plus circonftanciée eft 
celle qui eft rapportée par Mr Do- 
dart en l’année 170r. d’un embrion: 
de vingt-un jours. I} avoit encore 
que fept lignes de long , mais à pei- 
ne y pouvoit-on diftinguer Îes par- 
ties ; on n’y difcerneit bien que læ 


Eettre de M1. Geoffroy. 803 
tête & le tronc : les cuHee & les 
bras n’étoient point encore dévelop- 
pés ,. & fa rête avoit le tiers. detoute 
{a Tongueur. Dira-t’on que cet'En- 
brion futun Homme formé? Et n’a- 
voit-il pas en cet état plus de rapport 
avec la forme de Ver qu'il avoit en 
premier lieu, qu'avec celle de l'Hom- 
me? Suppofant que la tête du petit 
Ver: fût devenue la tête du fœtus, 
dont le refte dir corps avoit été ca- 
ché dans ce qui faifoit la queue de 
ce même Ver. Mais je dis plus, ce 
Vernet pas encore homme parfait,’ 
au bout de neuf mois qu’il vient au 
monde; car on peut dire qu'il n’eft 
dans cet état de perfeétion , que vers: 
les vingt ans, qui eft à peu près le 
terme où le corps de l'homme a ac- 
quis toutes fes proportions. 

6°. On attaque enfuite le fyftéme 
des Plantes, & onobje@e que la dif- 
ofition de certains piftiles qui s’al- 
Des beaucoup au-delà des fon- 
mets des étamines, ne permet pas 
Fentrée de ‘la petite farine prolifi- 
ques | 
: Je‘conviens-que quelques piftiles 
farpaflent de beaucoup les fomumets ; 


Sox Lettre de A1. Geoffroy. 


mais cela n'arrive ordinairemett 
que dans les fleurs panchées ou ren-, » 


verfées ,.& pour lors cette fituation 
de piftile favorife la fécondation; 
car dans ces fleurs la pouflicre ne 
peut tomber des capfules des éta- 
mines; fans qu'il s’en attache une 
grande quantité aux pifétlés.- Quel- 


ques-uhs même de ces piftiles pro- 


longés font. garnis: de petits : poils 
dans leur longueur. où à: leur extré- 
mité, pour mieux rêtenir ces petits 
grains, & prefque tous font enduits 
d’une légére glu southérébentine, à 
ape les petits grains s’attachent ai- 
ément.. Dans la Tulipe & dans 
quelques autres fleurs le piftile-ne 
commence à s'élever au-deflus des 
fommets des étamines , qu'après que 
les étamines étant murës ;-ont:déjæ 
verfé jeurs pouflieres. Ain{hdan$ ces 
fleurs l’allongement du piftilene nuit 
plus à la fécondation qui l'a pré- 
cedé. | Hot 
Je conviens-que: ce n'eft pas aflez 
d'avoir prouvé que:la pouffiere pro- 


lifique des étamines peut s'attacher, : 


aux piftiles des-fleurs:: qw'il-refte 


gnçore à la conduire. jufques dansi: 


les. 


be 


| Lettre de M. Geoffroy.  8os 
les cellules des oraines , & j'avoue 
qu'il ef trés-difiei € de com prendre 
comment ces petits grains y parvien- 
nent. Mais de ce que l’on à peine à 
découvrir comment une chofe fe 
fait , doit-on la conclure impoñi- 
ble, fur-tout lorfqu'on découvre au 
tant d'appareil pour la faire réuflir; 
que nous En voyons dans les plantes 
pour préparer cette pouffiere proli: 
fique dans les étamines » Pour la ré: 
pandre dans un certain temps, pour 
la recevoir dans ce imême temps fur 
les piftiles , & pour l'y retenir > Ne 
VOYORs-nous pas dans les animaux 
quelque chofe d’auffi difficile à con- 
cevoir, lorfque nous trouvons dans 
les Oifeaux l'entrée de Pinfundibu- 
Jam, ‘ou entonnoïir de leur matrice 
forc éloigné dé l'ovaire. On à peine 
à S'imaginef Comment Ics ‘œufs fe 
détachant dé l'ovaire vichnentcher- 
cher l’ouverturé ‘de cet €ntonñoir , 
quoiqu’on ne puifle pas douter que 
cela ne fe fafle. Tout l'appareil des 
fcurs doit nous perfuader de Ja né- 
ceflité des poufieres prolifiques pour 
la fécondation des graines; & les 
autres preuves que j'ai déja rappor- 
Tome IL. M m 


06  Létre'de A1. Geoffrey. 
tées ci-devant , achevent de.nous El 
convaincre. Quelques: obfervations 
leveront avec le temps, les doutes 
qui peuvent refter encore. fur cette 
matiere. 

7°. Ondit avoir -obferve que des 
fleurs d'abricotier ,. dont les fom= 
mets des étamines. avoicnt: été ron- 


gés par des Mouches ;; ne laifferent 
pas, de porter du fruit; mais étoit- 
on bien.afluré que tous les fommets 
avoient Cté enticrement mangés, & 
qu'ils Favoient été avant qu'il fe fût 
épanché aucun grain, de : pouflieré 
des capfules de cés fommets?Et fup- 
pofé que cela für, on ne!peut rien 
conclure contre. (ce fyftème , de ce 

ue: des: früits ont fuccedé à ces 


fleurs 3 car fouyent.des pieds d’ar- 


bres femelles, portent des fruits fans 
Le fecours. des. étamnes ; mais CES 


fruits-avortent erdinairement, : OU 


s'ils, viennent à une efpéce. de ma- 


rurité, ils font. pres & de mauvais 

oût, comme JE l'ai déja fait obfer- 
ver dans |es Palmiers ; & ils font 
fériles, COMME je l'ai obfervé moi- 
même dans plufiéurs poires , pom- 
mes, 8 autres fruits, dont les pe- 


vw 


Lettre de M4. Geoffroy 807 
piñs étoient flétris, defféchés & fans 
Scrme, On peut ajoûter à cela que 


condés du Coq , ne différent pas ex 
trieurément des autres > & font 
Pourtant ftériles. QU 
‘8°. On ne peut s'imaginer que 
Fair puifé étre l’entremetteur “de 


Metteur de celle des Poiflons, & 


autres animaux qui reftent immo- 
biles attachés au fond delà mer ? 
D'ailleurs fi quelques plantes faute 
de vent , demeurent fcriles, eft-ce à 
l'obfcrvateur dela Nature , qu'il s’en 
faut Prendre, & le malheur eft-il 
fi grand » RP reL 4 

9°. On ajoûte enfin » que fi ces 
petits grains de pouflicre étoient 
autant de plantes > ils devroient , en 
tombant à terre, Y Produire autant 
de petites plantes ; mais Pourquoi 
| N'aVoir pas fait la même difficulté 
! touchant la liqueur deftinée à la pro- 
Ki m ij 


où Lette de M- Geoffroy: | 
AGREE animaux? Car enfin 
i Îe petit animal ne rencontre pas 
dans la terre , Où dans l'eau, une 
nourriture convenable pour le faire 
croître ; & s'il ne la trouve que dans 
diauf de la femelle, Île petit germe 
de la plante n€ rencontre. pas non 
plus dans, la terre, une nourriture 
propre pour fon dévelopement ; il 
ne la trouve que dans l'embrion de 
la grainc. . ù 1 
SiPon veut comparer préfente- 
fngnt , fans préjugé les diverfes 
opinions fur la Génération des Plan- 
tes & des Animaux ; filon pefe bien 
les preuves des unes & des autres , 


y 


& les difficultés qui {e rencontrent | 


dans toutes ces hypothefes , je ne 
doute pas qu'on nc convienne. aifé- 
ment Que Ja nôtre .eft plus fimple, 


plus générale, ‘&z admet moins de 


fuppofitions. Je ne fuis point entêté. 


de mon opinions & comme je n'ai 
pris ce parti qu'en artendant MIEUX » 


ñ l'on a quelque chofe de meilleur à 


me propoler , je le fuivrai avec plais 


r 


fir; la vérité étant Y'unique but que, 


je me propofe. Te (ui. 1024 100" 
J'ai dit dans le Chapitre huitiéme, 


7 


Lettre de M. Geoffroy. 809 
au’encore que le tabac püt être bon 
contre les Vers, en en prenant fou- 
vent, ikfalloit néanmoins ufer mo- 
dérément de ce remede; parce que 
lé fréquent ufage en étoit dangereux 
à la fanté. | 

Comme les raïfons que j'ai ap- 
portées pour faire voir ec danger, 
font tirées de la fcavante Thefe l2- 
tine que Mr Fagon premier Méde- 
cin de Louis XI V. à fait foûtenir 
fur le Tabac; j'ai cru que j'oblige- 
rois les Leéteurs, fi je mettois ici 
cette Thefe que j'ai traduite en Fran- 
cois pour l’utilité de ceux.qui n’en- 
tendent pas le latin. 


M m ii} 


$10 Des bons C>.des mauvais effets 


QUESTION AGITEE 
le 26. de Mars de l'année 1699. 
aux Ecoles de Médecine de Pa- 

ris , fous la Préfidence de Mon- 
fieur Fagon, Confeiller du Roi 
en tous fes Confeils d’'Effat ; Pre- 

-  mier Médecin de Sa Majefié. 


Scavoir file fréquent ufage du Tabac 
7 labrege Ta vie. 


TRADUCTION DU LATIN. 
I. 


P Our porter un jugement jufte 
des effets que peut produire le 
Tabac, il faut avoir une connoiffan- 
ce parfaites de l'Anatomic. Cette 
connoiffance eft même fi néceflaire 
dans toute la Médecine, que fi l’on 
n’en fait pas le premier fondement 
de cet Art, c’eft en vain qu'on tra- 
vaille à Ja confervation du corps 
humain. Mais il ne faut pas confon- 
dre la véritable Anatomie avec les 


D 4 


| du Tabar. © Sat 
légers commencemens où étoit cet- 
te Science du temps de Galien, ni 
par conféquentis’applaudir de ce que 
Ton-connoîtra la figure , la couleur, 
da fituation des principaux vifcéres , 
Jesrendons , & la maffe charnue des 
-mufcles. 

Ce {eroit n’en fcavoir guères plus 
que ceux que leur Profeflion fervile 
oblige à déméler en général, les par- 
ties des animaux , pour diftinguer 
celles qui {€ peuvent vendre plus 
cher ; ou qui font les plus propres à 
la délicatefle des mets. 

: Le Médecin doit déveloper dans 
le corps ce qu’il y a de plus caché ; 
il faut qu'il cherche les premiers 
Principes qui compofent les vifcé- 
res ; qu'avec le ftilet & les inftru- 
mens les plus fins, il dilate les plus 
ie vaifleaux ; que dans un nom- 
re prefque infini de glandes, à pei- 
ne vifibles, il débrouille les diffé- 
sens cribles , par lefquels elles fil- 
trent les fucs qu’elles recoivent. Il 
faut qu'il fuive Les plus petits filets 
des nerfs; que la diftribution qui 
s'en fait aux diverfes régions du 
corps , lui apprenne Ja correfpon- 
| M m iv 


812 Des bons & des mauvais effets 
dance des organes les uns avec les 
autres ; qu'avec toure l'attention des 
yeux , ilremarque jufqu'à la dernie- 
ré tiflure des mufcles; qu'aidé du 
microfcope , il obferve les vis, les 
voutes, les fpirales, les cellules que 
forment les fibres les plus déliées, 
& que par la fragilité & la fincfle 
de toutes ces parties, ik fçache juger 
de ce qui eft capable de les rompre, 
ou de les conferver; & par confé- 
slat d'afloiblir , ou de fortifier la 
anté ; d’abreger , ou de prolonger 
Ja vie. 5 De 
Avec ces lumieres , on découvre 
facilement les effets que peuvent pro- 
duire dans le corps les chofes qui y 
entrent; on voit l’ordre. ou le dé- 
rangement que peuvent y. apporter 
le vin, l'eau-de-vie ; l’opium ; de 
tabac; mais on en juge bien plus à 
fônd , lorfque fans s'être arrêté à la 
difléction des corps privés de vie; 
on a pañlé à celle des animaux vi- 
vanss car autrement , ON ne : peut 
guêres avoir appris que la firucture 
& la fituation des parties folides; 
& cela ne fuffit pas pour donner une 
connoiflance entiere de tout ce qui 


0 


PE cost DE LE 


PET EMEA TES TRE 


» 


du Tabac. 8 I 5 
fe pañfe dans le corps humain. Il faut 
donc pour bien juger de teut ce qui 
peut, ou ruiner , OU entretenir Ja 
vie , avoir creufé jufques dans les 
entrailles des animaux vivans , Y 
avoir vu comme le corps eftentre- 
tenu dans fes fonctions par l'accord, 
& en même temps par le combat 
des parties fluides & des parties {o- 
lides, dont la machine vivante eft 
compofée : il faut y avoir obfervé 
comme les fluides font un eflort 
continuek eontre les parties folides 
qui les renferment , comme les fo- 
lides réfiftent fans ceffe à la violence 
des fluides qui les heurtent ; & 
comme rien par conféquent ne fcau- 
roit être plus contraire à la fanté & 
à la longue vie, que ce qui eft ca- 
pable de ralentir trop le mouvement 
des fluides , ou de l’augmenter outre 
mefure: d'où lon peut voir ce qu'il 
va à craindre, ou à efpérer de l'u- 
fage fréquent du Tabac. 

-. Mais pour tirer de Anatomie 
tout le fecours néceffaire, non-feu: 
lement en ce qui regarde cette que: 
ftion, mais encore en ce qui cor 
cerne toutes les autres de la Méde: 


814 Des bons > des mauvais effets 

cine ; il faut confiderer fans prévent 
tion, ce qui fe pafle dans les corps ani- 
més , n’écouter d’autre interprete de 
la Nature, que la Nature même , & 
ne point préférer lautorité des An- 
ciens aux témoignages de fes yeux ; 
encore moins négliger l'étude de la 
vérité , pour fe laifler aller aux vains 
difcours de certaines gens, qui te- 
. nant de la groffiereté de l'air où ils 
font nés, s'imaginent qu'il eft de 
Icur honneur de conferver dans leur 
vicilleffe.les erreurs de leurs premie- 
res années, & qui pour donner quel- 
que crédit à leurs faufles opinions, 
ne ceffent de publier que c’eftun cri- 
me de s’écarter le moins du monde 
de la Doétrine des Anciens. Qui ne 
voit qu'un refpeét. fi aveugle pour 
l'Antiquité, n’eft qu'un mafque, dont 
fe couvre leur parefle &c leur igno- 
rance ? Ils font profeflion de fuivre 
les Anciens, mais fuivent-ils les ma- 
ximes de probité que leur ont Haiflé 
ces premiers Maîtres ? Sereglent-ils 
fur les mœurs de ces-grands hom: 
mes ? Dira-t'on, parexemple, que 
Pefprit noble d'Hippocrate, que ce 
défintereflément , dont il fait l’'élo= 


Ve 


du Tabac. _ 815 
ge, foit en eftime parmi ceux qu’une 
lâche & fordide avidité rend iñfen- 
fibles à l'honneur , jufqu’à leur faire 
employer la fraude, pour fupplanter 
ceux dont le mérite leur.fait ombre, 
& courir enfuite fur leurs dépouil- 
les > Si zelés en apparence pour les 
Dogmes des Anciens , en font-ils 
plus dociles aux maximes de bien- 
féance, que les Anciens obfervoient 
f: religieufement ? Gardent-ils ces 
dchors-graves & modeftes , fi recom- 
mandés par Hippocrate ? Ne don- 
nent-ils pas les premiers-dans les ex- 
cés du Tabac ; ne diroit-on pas 
même qu'ils cherchent à autorifer 
cet abus par Jeur exemple ? Eux, qui 
par un regard ferain , par un air 
doux & tranquille, devroient ani- 
mer la confiance de ceux qui les con- 
fultent; ils n'ont pas honte de fe 
préfenter avec un vifage tout cou- 
vert de Tabac, & où l’onne difcer- 
ne quelquefois que les traits diffor- 
mes que cette poudre y a tracés. Ils 
font auprès d’un Malade plus occu- 
pés de leur tabariere, que de l'exa- 
men de ces fignes redoutables, qui 
ne vont pas moins qu'à décider de 


s: Le Ge d'un til) En dé 


- 


816 Des bons & des mauvais effets. 
ha vie, ou de la mort, & ils ne s'en: 
barraflent nullement qu’on lés voye 


ainfi tout enyvrés d’une vapeur , 


qu'ils refpirent fans cefle, exercer 
comme par maniere d’acquit un mi- 
niftere , où toute l'application de 
l'efprit humain feroit à peine fufi- 
fante. 

EUX 


S’ilne faut pas s'entéter des An- 
ciens , ilne fauc pas auffi leur refufer 
notre eftime. Il eft vrai qu'ils ont 
ignoré plufieurs chofes que notre 
fiecle plus heureux a découvertes ; 
mais en récompenfe, nous leur en 
devons plufieurs autres, qu’ils ont 
trouvées les premiers. D'ailleurs ils 
ont cherché la. vérité par eux-mé- 
mes, & ils l'ont fait avec tant de 
bonne foy, que cela feul devroit 
fuñire, pour nous les rendre recom- 
mandables. A quel degré de perfe- 


tion penfons-nous que ces grands 


hommes ne porteroïent point leurs 
premicres découvertes, s'ils renaïf- 


{oient aujourd’hui au milieu de tant 


de fecours qui leur ont manque 2 
Que de corrections. ne feroient-ils 


Vlr re dE 


du Tabat. … + 817 
int dans leurs Ecrits, s’ilsles éclair- 
cifloient par .des Commentaires ? 
Que d'erreurs , que d’obfcurités , ne 
banniroient-ils point , pour faire 
place à la vérité, à l'évidence? Ils 
chafferoient , fans doute , du Tem- 
le d'Efculape, ces vaines Idoles de 
qualités & de facultés, fi fouvent & 
f vainement invoquées contre l'i- 
gnorance ; ils ne perdroient plus le 
temps à examiner , COMME la ba- 
lance à la main, les divers mélan- 
ges des élemens ; ils ne reconnoi- 
troient d’autres caufes de la vie &c: 
des fonctions de l'animal , que celles 
qui fe tirent de la ftructure merveil- 
leufe des nerfs, de la circulation du 
fang, & des rencontres mutuelles 
de ces corps qu'Hippocrate a recon- 
nus , l'amer, l'acide, le doux, & le 
falé, | 
Voilà le parti qu'auroient pris les 
Anciens, s’ilsavoient eu les mêmes 
fecours que nous; c’elt celui par con- 
conféquent que doivent embrafler 
leurs partifans. Ces zéles Sectateurs 
refpeétent, difent-ils, l'antiquité ; 
qu'ils refpcétent donc la vérité, qui 
eft fi ancienne; qu'ils en infpirent 


S18 Desbons co des mauvais effets 
l'amour aux jeunes gens , en ne leur. 
enfeignant rien que de vrai; qu'ils: 
ne s'imaginent pas qu'il foit permis 
de s’abandonner au caprice dans le 
choix des opinions, d’attaquer en 
pleine Chaire dés Maximes univer- 
fellement recües, d'en fubftituer de 
faufles, & de remettre fur la fcene, 
à la honte d’un Art tout divin , des 
erreursridicules , que le temps a en- 
fevelies. Un Médecin judicieux mé- 
prife tout ce qui ne fert point à l'in- 
telligence des Loix de la Méchani- 
que; de ces Loix, dis-je, qui font 
tout l’ordre , & fur lefquelles eftap- 
puyée toute l'œconomie du corps 
animé. Uniquement attaché à lex- 
périence de fes {ens, il mene par- 
tout ces fidéles témoins, il examine 
avec eux ce qu'une ferme, ou une 
lâche tiflure de parties, ce qu’un 
mouvement uniforme , ou tumul- 
tueux de liqueurs, peuvent contri- 
buer de leur part, pour prolonger 
ou pour abréger la vie. 

ans lajeuneffe , la fruéture fer- 
me, & la trame folide des parties 
avec la couleur vive de la ne ,font 
des fignes’ vifbles d’une fanté par- 


du Tabac. 819 
faite, & d’un tempérament fort & 
_ vigoureux.’ Dans la vicilleffe au 
contraire , les infirmités, dont on 
eft alors accablé , nous apprennent 
tes défordres qu'entraîne aprés foi 
Jerelâchement des parties nerveu- 
fes, & nous font voir que la circu- 
lation naturelle du fang une fois af 
foiblie , eft la caufe la plus prochai- 
ne de la mort. : 

En effet, dans cet Âge, non-feu- 
lement les mammelons de la peau 
feflétriflenr, & les rides font des 
fillons fur le corps , non-feulement 
les voutes des nerfs s’affaiflent , & 
une chair molle & pendante défi- 
gure des membres déja dénués de 
force; mais encore les ligamens fe 
relâchent ; & une humeur lente , 
qui tombe fur les articles des pieds 
ou des mains, y forme la goutte ; 
les fibresrompues, ou affoiblies. ne 
confervent. plus aux vifcéres leur 
premiere folidité ; le reffort du cœut 
fe ralentit, le corps perd fon ation, 
. tout tombe en ruine, & les routes 
- du fang fe bouchent de telle manie- 
re, que la circulation. diminue tous 
les jours, & fe termine enfin avec la 
chaleur & la vie. 


0 Des bons & des mauvais effets 


Quand ces accidens viennent de 


la Loi inévitable de la Nature, ils 
n’approchent que pas à pas, ëc aprés 
une longue fuite d'années ; mais ils 
fondent tout à coup dés la jeunefle 
même, & malgré la bonne com- 
plétion , lorfqu'on les appelle par 
les voluptés, je veux dire, lorfque 
par l'abus des plaifirs, on débilite 
les parties nerveufes ; qu'on en dé- 
range la ftruêure par le choc fré- 
quent de ces liqueurs volatiles, qui 
à force d'irriter les fibres des mem- 
branes, de les piquer , dé les déchi- 
rer ; ou à force de les engourdir;, les 
defféchent à la fin, & les privent 
du fuc nourricier qui les doit péné- 
trer comme une rofée. Or , la caufe 
la plus propre à produire tous ces 


pernicieax -CACtS , c'eft l'ufage im 


modéré du vin , c'eft celui de l’eau- 
de-vie «de l'opium ; c’eft fur-tout:;, 
comme nous le verrons; celui du 


T'abac. 
LI L 


L'Amérique, vaincue. par les Ef- 
agnols, triompha dela fierté .de 
{es Conquérans ; & leur infpira fes 
propres 


du Tabac. À Srr 
propres mœurs ; elle hâta le trépas- 
de ces nouveaux Maîtres’, par le 
don qu’elle leur fit de Ja maladic vez 
nérienne, & d’unc pernicicufe: plans 
te , qui la vangerent biéntôc'de 14 
fervitude & de [a mort de fes habi:! 
tans. Cette plante, qu’il feroit à fou : 
haiter qui fût toûjours demeurée 
Inconnue ; citappellée dans le pays 
Picielt 8 Peru ; & en Efpagne.. 740 
bac. Elle fat apportée par une foté 
Efpagnole , qui amena én même 
temps une troupe de gens attaqués 
d’une matadie honteufe. Cette flo: 
te répandit done ‘malheufenfeinene 
deux fortes‘ de maux fur nos erres!! 
_& l'Europe vit aufli-tôt fondre fur 
elle une foule de matadiés! qu'elle 
_n'avoit point encore connues. Le 
Tabac, dont la graine fut envoyée 
de Portugal par les foins de Nitor é 
Ambaffideur de François IT. & de- 
puis feméc fous le nom de Nico: 
“ane, crot aufli facilement dans no: 
tre climat , que la jeuneffe Françoife, 
fi docile au mat, fur prompte à en 
abufer. Cette herbe, fi l'on en exa- 
mine fa feuille & fa racine, reffem- 
ble affez bien à la petite jufquiame ; 

Tome IL. Na 


82» Des bons & des mauvais effets 
mais.fi l'on en confidere -les.effets:, 
on .la doit mettre au rang, des pas 
vots &.ides morelles ; elle furpañle 
même.par fon fouphre;, & par Fhui- 
le dangercufe qu'onsen -diftille, l& 
mandragore , le folanum que nous 
appellons furieux , &.le-ftramo- 
nium : cependant lorfqu'on en {çait 
ufer avec-prudence , elle et. à-ehi- 
mer, pour.les grands avantages qu'on 
enretire, 8. doit tenir rang, parmi, 
les meilleurs. remedes de la Méde- 
cine.. introduite à propos -dans-les: 
narines, foit entiere où pulvérifée , 
elle;picote, doucement la membra- 
ne, dont. les énfoncemens du nez, 
Sc les petits ‘es qui le/compofent ; 
font .revêtus cette membrane fe 
reflerre alors, & par l'effet. de plu- 
fieurs fecorifes fucceflives, compri- 
me les mimmelons & les-glandes , 
dont elleieft parfemée ,, & en ex- 
prime, comme d'autant d'éponges ; 
la mucofiré fuperflue quis-sy2reft. 
amañlée. :! hou 1 rails 
Cet excrément étant chañfé, les 
{érofités ne trouvent plus d'obflacle 
à leur fortie elles fuivent le mou- 
vement qui vient d'être imprinxés 


du Tabar. 823 
& comme une eau qui coule par 
des fiphons , elles fortent avec abon- 
dance des vaifleaux & des glandes 
d'alentour. Il arrive par le même 
»icotement , qu'en mâchant le Ta- 
ac, ou en le fumant , les glandes 
des mâchoires, & les vaifleaux fa1- 
fivaires , fans œefle ébranlés, laiflent 
échapper une grandt quantité de fa: 
live, qui emporte avec foi la ma- 
ticre des fluxions. Il fe communi- 
sr en même temps aux membranes 
cs poumons une certaine impul- 
fion , qui les débarrafle d’une pituite 
vifqueufe, dont la fortie fait fou: 
vent la guérifon de lafthme , & de 
pluffeurs autres accidens. | 
Le Tabac contient un fonphre 
narcotique , par lequel il appaife la 
douleur des dents ; il produit outre 
cela, par le moyen de ce fouphre 
une telle tranquillité dans le corps 
& dans l'éfprit, qu'on peut regar- 
der cette plante comme l'herbe fa- 
meufe , dont parle Homere , la- 
quelle avoit la vertu de changer la 
trifteflé en Joye ; car le Tabac, par 
la force de ce fouphre, diflipe les 
ennuis, fait trouver un bonheur few 
Nas 


824 Des bons & des mauvais effets 
Gble au milieu de la pauvreté; il fe 
gliffe agréablement dans les veines’, 
fait concevoir de douces efpérances, 
confole l’efprit , &c. Ceux même 
qui manquent du néceflaire , trou- 
vent dans le Tabac de quoi oublier 
leur néceffité. Une pituite, qui leur 
tombe fans ceffe dans l'eftomac , 
leur rend labftinence fupportable, 
foit que cette pituite y tienne lieu 
d'alimens , foit qu'elle engourdiffe 
les nerfs du ventricule, & les rende 
infenfibles à la faim. 
Le Tabac n’eft pas feulement pro- 
re à pluficurs incommodités. du 
dedans ; il guérit encore les ulcères 
du dehors ; il mange les mauvAifes 
chairs, conduit le mal à une heu- 
reufe cicatrice, & fait ce que très- 
fouvent les autres remedes n'ont 
pu faire. Mais les mêmes caufes , 
qui le rendent capable de tant de 
bons effets, quand on Îe fçait em- 
ployer à propos , € fervent qu'à 
lc rendre d'autant plus dangereux 
quand on en abufe ; car puifqu'il 
rénferme un fel cauftique , par Îc- 
quel il puriñe les ulcéres, mange les 
carnofités lés plus dures, & décou 


du Tabac. 11 826 
vre jufqu’à la chair vive; quel dé- 
fordre ne caufera-r'il pas, fi à force 
d'en ufer, il vient à mordre par fon 
fel âcre , fur des membranes tendres 
& délicates ? Il ne pourra manquer. 
alors d’exciter des convulfions dans 
les nerfs de la gorge & du ventri- 
cule , & d’ébranler tout le genre 
nerveux. Quel tort ne fera point la 
falive , qui coulera dans l’eftomac, 
f; une fois chargée de ce fel , elle 
en répand par-tout l’âcreté , en fe 
mélant avec les alimens, qui doi- 
vent être convertis en chyle , & 
portés enfuite avec le fang , à toutes 
les parties du corps? 

- Le fouphre narcotique du Tabac 
n'eft pas moins à craindre que fon 
fel; ileft vrai que ce fouphre, par 
lengourdiflément qu'il caufe aux 
païties , arrête, comme nous l'a- 
vons remarqué , les plus violens 
maux de dents , émoufle la pointe 
de la faim, affoupit de telle manie- 
re les fens & toutle cerveau, que 
quand on en eft une fois enyvré à 
force de fumer , on oublie fes cha-. 
grins, on fe croit heureux , & les 
miferes de la vic nc touchent non 


$26 Des bons & des mauvais effets 
plus, quefi l’on avoit bu de Peau de 
ce fleuve qui faifoit perdre tout 
fouvenir. Mais fi l'on examine bien 
tous ces avantages ; on verra qu'il 
ne faut pas beaucoup s’y fier , & qu'il 
faut appréhender ici les Grecs & 
leurs préfens. 


IV. 

‘1H falloit que celui-là eût une 
fanté bien à l'épreuve, qui ,après 
avoir effuyé les horribles fymptô- 
mes que caufe d’abord: le Tabac, 
ofa le premier continuer l’ufage 
d’une plante fi dangereufe. Il vou- 
Jut fans doute braver la mort, lorf- 
que fans craindre la pernicieufe fu-, 
mée de la pipe, il eut le courage de 
tirer à pleine haleine, un poifon 
plus dangereux que celui de la cigue. 
Difons plütôc qu'il faut avoir un 
corps autrement fait que celui des 
autres hommes , pour fe croire au- 
deffus des maux qui fortent de cetre 
boëte de Pandore , par l’'émiflion 
d'une fimple pouflierc ; ou qui avec 
fa famée d'une pipe ,.vont porter 
teur mortelle imprefion jufqu'aux 


du Tabac. PRE Tr 
endroits du corps les plus reculés. 
Quels affauts ne fouffrent point ceux 
ui commencent à fumer? Je ne 
çai quel venin fecret fe fait auffi- 
tôt fentir au-dedans : l'eftomac eft 
Cbranlé par des naufées , renverfé 
par des vomifilémens; le cerveau eft 
attaqué de vertiges , la tête devient 
chancelante , les yeux obfcurcis ne 
peignent plus d'autre image que 
celle de la mort, le corps gémit 
fous divers accès de chaud & de 
froid; le cœur prefque fans ation, 
refufe aux parties le fang & les ef- 
prits, dont elles ont befoin; & ce 
qu'il y a de plus déplorable, la mé- 
.moire , €e précieux tréfor, eft le 
premier bien que la fumée du Tabac 
enleve à l'homme ; de forte que, 
pour être initié à ces noirs myfte- 
res, il faut commencer d'abord par 
facrifier l’ufage de fes fens & de fa 
raifon. | 
Si aprés s'être réveillé d'un te 
affoupiflement, on confidéroit com- 
bien tous ces ravages font capables 
d’altérer les principes .de la vie, il 
n’eft perfonne fans doute, en quile 
dcfir de vivré ne l’emportät fur ka 


828 Des bons G* des matvais effets 
paflion qu’il auroit pour le Tabac. 
Le plaifir qu’on y trouve , eft un en- 


chantement qu'il faut laiffer à ceux 


à qui la vie eftonéreufe , & qui n’ont 
pas de quoi fournir à fes beloins. 
C’eft aux Matelots, c’eft aux Soldats, 
# chercher dans la fumée du Tabac 
de quoi fe diffimuler les ennuis de la 
vie 5 cette oilive occupation con- 
vient encore à un certain vulgaire 
inutile, qui femble n'être au mon- 
de, que pour confumer ce que It 
terre produit de plus mauvais. Mais 
un homme d’efprit, qui a de l'édu- 
cation , de lapotitefle , & de la fan- 
té ; qui a recu de Dieu, du bien & 
de la fagefle pour en-ufer, doit évt- 
ter avec foin cet appas trompeur, 
& ne jamais infecter fa bouche de 
la puanteur d’une pipe. Que s’il n’eft 
pas capable de fe conduire ainfi par 
lui-même, il faut qu'il permette à 
fes amis de le reprendre librement ; 
il faut que leurs reproches lui faflent 
confulion, & le tirent comme par 
force, de cet enchantement, quand 
même par {es plaintes , il diroit qu'ils 
le tuent, en voulant ainfi l’arracher 
à une habitude fi douce. fs | 

| ue 


Ê 
à 
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WE 
L: 
‘4 


< 


PRE A 


du Tabac. | 829 
Que fi leur trop de complaifance 
de laifle à la merci du Tabac , non- 
feulement fà raifon toute fpirituelle, 
toute divine qu’elle eft , deviendra 
grofliere ; non-feulement le corps 
accablé , accablera l'efprit, mais ce 
Corps déja ruiné dés Ja fleur de l'âge, 
& vieux avant le témps, deviendra 


dans peu la proye de la mort. Ces 


avertiflémens ne font nulle impref_ 
fion {ur ceux que le Tabac à une 
fois féduits; & s’il sen trouve quel. 
ques-uns qui approuvenr ouverte- 
ment les confcils qu’on Jeur donne 


l''07 h:1 res 


l-deflus, & qui réfolus de rompre. 


une habitude fi dangercufe | jettent 
au vent cette poudre qu'on leur 4 
décriée tant de fois comme un poi- 
fon ; ils ne font pas plütôt {euls 
‘qu'ils retournent à Ja tabaticre & à 
la pipe. Ils reprennent ces inftrumens 
funeftes , avec lefquels ils fe font déja 
débilité le cerveau &'les nerfs; & 
comme fi en trompant leurs amis j 
ils parvenoient à fe tromper eux- 
mêmes, il reviennent à leur bre- 
micre coûtume: dés qu'ils ne font 
plus fous les yeux de Ceux qui les ont 
repris. D'où peut venir la caufe 
Tome II. Oo 


LR ; 


830 Des bons dr des mauvais effets 

d'une conduite fi peu fage , finon de 
_ce que la volupté ennemie de la rai- 
fon, empêche toûjours que la pru- 
dence n'agifle; elle éblouit les yeux 
de l'efprit , & dérobeà la vue les re- 
gles quon doit -fuivre. Le fort de 
ceux quifont ainfi aveuglés , va juf- 
qu'à leur faire aimer leur propre mal, 
ce qui ef Le dernier de tous les maux. 
Les autres plailirs ne nous féduifent 
pas long-temps 5 le chagrin les fuit, 
de prés, & le moment vient qu'au 
lieu de les rechercher, on fe repent 
de les avoir pe il n'en va pas 
ainfi du plaifir que l'on trouve dans 
Yufage du Tabac; c’eft un charme 
qui devient tous les jours plus puif- 
{ant , une habitude qui fe change en 
nécefité, un amufement les pre- 
miers jours, & enfuite une occupa” 
tion férieufe, dont on ne peut plus 
fe paffer. On fe repréfente alors le 
Tabac ; comme un des plus furs 
moyens. de prolonger la vie. On 
s'imagine de multiplier par- là le 
nombre de fes années , de vivre au- 
tant que Neftor, & de couler des 
jours. exempts d'infirmités ; on {€ 
fit accroire qu'en détournant ainfi 


h 
LL. ! 
ki." 

v1 


VOYyES générales, on confulte plus 
{a fanté que fon Plaifir ; mais on ne 
Prend ‘pas garde que cette diftillaz 
tion continuelle d'eaux qui pañlent 
par les narines , détruit ïla és lor- 
gane de l'odorat, 
Le nez cit fait Pour recevoir les 
odeurs | comme fà figure le Marque, 
non pour f{ervir d'émondoire 
aux pee » Ainfi que d’autres par- 
tics , qui deftinées à cct ufage, font 


narines & fur les autres - organes, 
l'humeur pituiteufe qu'elles recoi- 
vent. | 
* Mais pour les jeunes gens, à moins 


qu'ils ne foient malades de Cathar. 
Oij 


UT 
4 


832 Des bons do des mauvais effets 
res, jamais ils ne doivent avoir le 


nez fujet à ces écoulemens , &c Cette 


partie ne (e décharge en eux que de” 


ce qui pourfoit ralentir laétion de 


Jodorat 5 c'eft. donc bien s'oppofer 
au defein de la Nature, que d'é- 
mouffer par Île fouphre parcotique 
du Tabac, &c par cette EaLt QUE lon 
attire fur le nez ; Le fentiment vif & 
délicat d'une membrane deftinée au 
difcernement des odeurs» & d'em- 
barrafler par une férofiré continuelle 
fes cellules de cet. organe travaillées 
avec tant d'artifice, pour retenir les 

articules : qui exhalent des corps 
odoriférans. Ajoûtons à cela que par 
le poids des humeurs, que l'on dé- 
termine à prendre ce chemin, of 
appéfantit la tête, ce lieu deftiné aux 
fonctions de Pefprits & que plaçant 
ainfi un égoût à la partie du corps 
Ja plus fublime, OP fait un cloaque 


wil eft à propos quelquefois de 
de Tabac, la {ortie des mucofites 
ui fe font amafiées dans le nez pen- 


dant la nuit, & de chañler par,des \ 
éternuemens la ymphe trop abon- - 


rovoquer à. fon lever, par. un peu f: 


dante, dont: regorgent les glan 

_ voifines. Mais quand fous ce pré- 
texte , on fait de ce remede une coû- 
tume, on ne dégage plus la tête , on: 
l'accable’; fous l’efpérance d'arriver 
à une meilleure fanté.. on fe rend 
tous les jours plus infirme , & la 
lymphe fans cefle provoquée À for- 
tir , fe fépare tellement de la mañle 
du fang , que les fibres de ce fang , 
deftituées de l'humeur qui leur fer- 
voit de véhicule , s'embarraffenten- 
femble, perdent prefque tout mou- 
vement , & caufent par ce repos fu- 
nefte , des morts fubites. Voilà les 
fuites ordinaires des évacuations 
qu'on fe procure par le Tabac. 


V. 


Les meilleures chofes deviennent 
mauvaifes par l'abus que l’on en 
fait ; celles qui nous fervent de nour- 
riture ordinaire , & qui par la con- 
formité de leur fubftance avec la 
nôtre, par lc mélange proportionné 
de leurs principes, nous convien- 
nent Le plus ; font pour nous autant 
de fources de maux, lorfque nous 

| O oi 


S 


3 834 Des bons &> des mauvais effets 

en abufons. Elles fe changent alors 
en un poifon mortel, qui renverfe 
quelquefois tout à coup les princi- 
pes de la vie, & nous livre à une 
prompte mort. La chaleur naturelle 
n'eft-elle pas fouvent opprimée par 
les excès du vin , & par ceux que 
l'on fait des meilleures viandes ? Il 
eneft ainfi des odeurs; étant bien 
ménagées , elles flattent l’odorat , &z 
fortifient le cœur; mais fi-rôt qu'on 
en abufe , elles allument le fai ÿ 
troublent le cerveau, font tomber 
en pamoifon, & caufent quelque- 
fois des épilepfies. De quelle fureur 
ne faut-il donc pas être tranfporté » 
pour abufer de telle forte du Tabac, 
qu'on n'en prenne pas feulement plus 
de fois & en plus grande quantité , 
qu'on ne prend les alimens les plus 
néceffaires, mais qu'on en tire la 
poudre par le nez prefque à chaque 
fois que l'on réfpire. Il arrive de-là 

ue les narines font toûjours pleines 
& Tabac, & par conféquent que 
tout l'air qui entre par le nez dans M 
les poumons , n'y entre que mêlé du « 
fouphre narcotique, & du fel âcre Æ 
de ce Tabac. L'air ainfiinfeété,in- M 


; du Tabac. 835 
fete Ia mañfe du fang , avec laquelle 
ilfe méle; le fang agité par les ef. 
prits fougueux : à lair ya portés, 
fait effort pour les éloigner, & fe 
trouve la victime de mille mouve- 
mens féditieux, dont il n’eft point la 
caufe. Le chatouillement qu'excite 
dans le nez cette herbe funefte , qui 
a tellement triomphé de la liberté 
des hommes , qu'ils ne font plus 
maitres de s’en pañler , peut étre ap- 
pellée avec raifon , une feconde Ve- 
nus. Mais comme la volupté que 
fait goûter la premiere, eft appcllée 
par les Anciens , une courte “puieE 
fic , on peut dire que celle qui fe 
trouve dans l’ufage du Tabac, eft 
une longue & prefqué continuelle 
épileplie. Car la membrane délicate 
des narines , fans cefle picotée par 
les fels âcres de cette poudre, tranf. 
met fon mouvement jufqu’aux mem- 
branes du cerveau , & par une dé- 
“pendance néceffaire , fecoue toutes 
les parties nerveufes du corps & des 
vifcères; ce qui arrive fi fouvent, 

ue dans la fuite la moindre OCCa- 
on fufft pour réveiller dans ces 
parties le mouvement atuel clles 

O oiv. 


1 
# 


836 Desbons & des mauvais effets 


font accoûtumées. Que la commu- 


nication des membranes du nez, avec 
les nerfs des vifcéres , puifle être 
caufe de tant de défordres . c’eft un 
fait dont on ne peut douter après ce 
qu'on voit arriver tous les jours dans 
les prompts fymptômes de la paf 
fion hyftérique , & dans ceux de la 
mélancolie; puifqu'il ne faut que 
limpreflionlégére d’uneodeur agréa- 


ble , pour les faire venir fur le: 


champ comme un coup de foudre , 
& qu'une odeur défagréable pour 
les difliper enfuite avec la même 
promptitude qu’ils font venus. C’eft 
à cette caufe, qu'il faut rapporter 
lindifpofition fi connue aujourd’hui 
fous le nom de Fapeur; & que le 


Vulgaire , peu foigneux d'examiner 


ce qu'il penfe, attribue mal à pro- 
pos à des fumées , qui s’élevent fou- 
dainement du bas-ventre au cer- 
veau ; car il n’y a aucun chemin 


par où ces prétendues vapeurs puif- 


fent monter du bas-ventre à latête, 
pour produire ces tempêtes fubites, 
qui ébranlent tous les nerfs du corps. 
Ce n'eft donc pas à des fumées, c'eft 


à des mouvemens convulffs qu'il : 


— 


LA 


0 du Tabac. 837 
faut attribuer ce tumulte des vifce- 
res; c’eft-à-dire , que les fibres & les. 
membranes, dont les vifcéres font 
compolés & foûtenus, venant à être 
reflerrées par quelque acide , ou à 
fe froncer par l'âpreté de quelque 
fuc auftere., ou à s'agiter par le 
choc violent de quelques efprits cor- 
rompus qui les heurtent , fe racour- 
ciflent, & par un ébranlement fuc- 
cefif, communiquent leur mouve- 
ment de convulfon , non-feulement 
à toutes les membranes des autres. 
vifcéres, lefquelles ont commerce 
enfemble par la liaifon des nerfs, 
mais encore aux meninges, qu’elles. 
fecouent avec violence , & par con- 
féquent au-cerveau qu'elles compri- 
ment par la contraétion qui s’ÿ fait 
des tégumens qui le couvrent. Or, 
comme ces fymptômes s’excitent 
bien plus aifément dans des parties. 
que plufieurs irritations précédentes. 
ot déja difpofées à la convulfion ; 
il eft facile de comprendre que la 
continuelle émotion , où le fréquent 
ufage du Tabac entretient les par- 
ties , peut tellement difpofer les. 
nerfs aux mouvemens convulfifs ,. 


838 Des bons > des mauvais effets 

que la moindre occafion ou d’ine 
humeur picotante , ou d’une odeur: 
fubtile , fera capable de produire 
ces mouvemens de convullion que 
lon appelle vapeurs. Les parties ainfi 
agitées par tant de fecoufles réité- 
rées ; fe lâchent à la fin , perdent 
leur reflort , & les fibres qui les 
compolfent ; fouffrent tant de mou- 
vemens contraires’, fe racourciflent 
& s'étendent fi fouvent avec effort ; 
qu'elles ne tardent pas à fe rom- 
pre. Elles tombent les unes fur les 
autres ; les petites cavités des tuyaux 
ne fe foûtiennent plus, les voutes 
s'affaiffent , les pores fe bouchent, 
les voyes ouvertes auparavant com, 
mencent à fe fermer, & ne permet- 
tent prefque plus au fang ni aux ef 
prits de circuler : ce défordre met 
les parties hors d’érat de réparer par 
une nouvelle fubftance celle qu’elles 
perdent tous les jours; le fang qui 
fort des artéres rentre moins libre- 
ment dans les veines ; alors les mem- 
bres privés de nourriture plient fous 
un poids qu'ils ne peuvent plus por- 
ter ; & le corps abbatu tombe dans 
unc langüeur univerfelle. Ajoûtons. 


du Tabac. 839 
à cela que la plûpart des fibres des 
nerfs engourdies par la vapeur nar- 
cotique du Tabac, dont elles font 
remplies, perdent prefque tout fen- 
timent , & ne Jaiflent plus de pafla- 
ge libre aux efprits animaux ; car 
comme le fouphre de l'opium fe dif 
fout également dans l'huile , dans les 
liqueurs fpiritueufes , dans les falées, 
& dans l'eau, ce qui le rend diffé- 
rent des autres fouphres ; de même 
le fouphre de la nicotiane , d’une 
nature femblable à celui-ci, entrant 
dans les petits conduits des fibres 
nerveufes par le moyen des fels qui 
Ie lient, s'y diflout par la Ilymphe, 
ou par Fefprit qu'il y rencontre. 
D'où il eft aïfé de comprendre que 
les parties branchues du fouphre, 
fe dégageant des liens du fel , s'em- 
barrafent par conféquent les unes 
dans les autres , & bouchent les 
conduits où elles fe trouvent. Il'ar- 
rive de-là que les efprits animaux 
ne peuvent plus fe faire jour à tra- 
vers ces fouphres, à moins qu’il ne 
vienne une afflez grande quantité 
d’efprits, pour forcer les obftacles. 
Mais fi les vapeurs narcotiques du 
Tabac furviennent fans cefle , fi ek- 


9 


840 Des bons dx des mauv. effets du Tab: 
les fe fuccédent toûjours les unes 
aux autres , il eft certain qu'elles 
boucheront les conduits des fibres 
à un tel point, que les efprits ani- 
maux , quelque abondans qu'ils 
foient , n'y trouveront plus d'entrée, 
& que les nerfs engourdis ne pour- 
ront plus être réveillés. Aufli la plü- 
part des jeunes gens, qui prennent 
trop de Tabac, font attaqués de 
tremblemens dés leur jeunefle mé- 
me, Leurs mains mal aflurées., n’a- 
giflent piusavec la même vigueur ; 
leurs pieds chancelans femblent fe 
refufer au fardeau du corps ; les-par- 
ties nobles fe flétriffent , les fibres 
fpirales du cœur n’ont prefque plus 
dejeu, ou ne jouent que par fail- 
lies; la tiffure & la trame des par- 
ties fe déchire, ou fe relâche ; la 
machine vivante fe détruit ainfi peu 
à peu; fon mouvement ,. fans le- 
quel elle ne peut fubfifter , s’affoi- 
blit de plus en plus , en forte que 
la mort , qui fans lufage fréquent 
du Tabac, auroit été moins promp- 
te, vient d'un pas précipité , termi- 
ner une vie qui ne fait que de com- 
mencer.. Donc le fréquent ufage du Ta: 
bac abrége la vie. 


er 
fe 
‘ 
Ca \J 


Lettre de M. Baglivi. 841 


NICOLAO ANDRY, 


Confiliario & Lectori Regio, Do- 
| €ori Medico Parifienfi. 


S. F. P.-M. L. 
GEORGIUS BAGLIVUS 
S. P. 


1. L Ttteris tuis humaniflime atque elegan- 
| 0 L,tiflime fcriptis nihïl his diebus accept 
jucundius, Antonium Albertum virum doctif- 
fimum , quem ob incredibilem morum fua- 
vitatem , & fummam erga me fidem ac be- 
nevolentiam amavi femper & colui, nunc 
obfervo magis, & in oculis, licet à me lon- 
ge remotum , perpetuo fero. Nam præter 
innumera .quæ ipf debeo benefñcia , nova 
quotidie , quæ fua eft humanitas, mihi con- 
ferre non definit. Nuper enim occafionem 
mihi dediffe eruditifimum Nicolæum Andry, 
Galiorum Æfeulapium,per Litteras cognof- 
cendi, benefcium ejus puto inter maxima 
profeéto collocanduim. 

Ad te igitur ut proxime accedam, Do- 
iffime Andry , gratæ certè mihi Litterx tue 
fant , fed gratiffimus qui te ad fcribendum 
animus impulit. À liberali enim & prolixà 
erga me voluntate tuà profetum elfe credi- 
derim ftudiofum te efle opufculorum meo- 
rum , & mihi aliquid atque adeo tantum tri- 
buere in praxi medici quantum optavi equi- 


842 Lettre de M. Baglivi. 


dem femper, fed affecutum me id effe nun= 


quam putavi. Nunc fi tu vir auétoritate & 
doétrina apud Galliarum medicos celeberri- 


mus ita de me fentis, in dubium pene re-_ 


voco judicium meum , nec me prorfus au- 
deo contemnere , ne à te diffentiam, &eni- 
tar multo etiam quàm antea diligentius ut 
-accedam proxime, fi ullà ratione potero , 
quù tu me pervenifle jam exiftimas , ut ali- 
quando veritati jure des , quod fortafle nunc 
humanitati magna ex parte largiris. - 

Valde gaudeo tratationem de Lumbricis 
per obfervationes & experimenta à te fuf- 
ceptam, quâm primum elegantiflimis Pa- 
rifienfibus typis edendam effe ; quod quidem 
argumentationis genus Cum omnino novUm 
fit & à paucis tali methodo exornatum , 
magnam ex eo te laudem & exiftimationem 
à cun@is reportaturum efle confido. Age 
‘igitur, opufque utilitati publicæ fummope- 
re neceflarium quam citiflime poteris ex- 
pedias. 

Cum Epiftolä accepi quoque fchema Lum- 


brici lati , plurium ulnarum longitudine , 


à triginta circiter annorum yiro , pleuritide 
ac delirio laborante , excreti. Latus itaque 
Lumbricus cum non occurrat frequenter in 
praxi, quatuor funt quæ de illo à me petis. 
1. Quidem , an ab ovo ducat originem ? 
2. Deinde undenam tanta ipf longitudo ? 
3. An ab utero matris, ut Medicinæ parens 
obfervavit, ferant ipfum ægroti. Denique, 
frequenfne fit in urbe Romi, utin Hollan- 
dia efle folet? An vero rarus ut in Galliis £ 
Queæris iterum utrum experimenta à me re- 


Lettre de A. Baglivi. Sas 
lata circa Lumbricos, lib, 1. Praxeos, fue- 
rint circa Lumbricos terreftres 3.1 CirCa |. 
Lumbricos humanos? De fingulis breviter ; 
pro ingenii tenuitate , nonnulla dicamus. 

Omnium animalium ac vegetabiliun prin- 
cipium & origo ab ovo eft ; quid enim aliud 
plantarum femina quam ovum , in quo ve- 
luti in compendio quodam univerfà future 
plantz rudimenta contrahuntur , eaque, ac- 
cidente nutritii fucci fermentatione » Aaeris 
elatere , duplicique-calore, altero quidem 
folis, altero verd telluris magnæ centrali, 
fenfim veluti foluta compedibus excitantur ; 
crefcunt, & ad tantam ; debito tempore , 
perveniunt magnitudinem , quanta unicui- 
que plantarum generi ex congenitis nature 
legibus debetur. 

Si talia Philofophi ac Medici ad unurm 
omnes de vegetabilibus opinantur , quantd 
magis fentiendum id erit de viventibus non 
folum perfeétis , verum etiam de imperfe- 
étis quæ vulgo vocant infe&a. Nam præter- 
quam quod idem rebus in omnibus ac æqua- 
libus ordo fit, &-ab uno oriantur omnia 
principio , & omnia in unum , poft genera- 
lem quemdam definant circuitum : Infe@a 
admirabili partium nexu, & conftruétione, 
iifdem nobiliori vitalium Operationum exer- 
citatione , non folum plantis minime ce- 
dunt ; fed ea in re illis longe antecellunt. 

Quamobrem cum nemo plantas À putre- 
dine oriri ftatuerit, ne quidem infe&a alia- 
que vilia animalcula ab eadem origine de- 
ducere debere fuam , cum ratione æftiman- 
tur. Pudet enim Philofophum ac Medicum 


+ 


feliciffimo {cientiarum hoc feculo , in quo 
per experimenta ; {olidaque Mathematices 
precepta , rerum caufæ illuftrantur , fortuito 
putredinis cafui tribuere , quæ conftans & 
perpetua feminibus inhærens naturæ lex 
moderatur & dirigit. | 

Non enim putredo «eft quæ viventia pro- 
| ducit imperfeéta ; fed putrefcentium reruim 
calor & fermentatio ; rerum femina unde- 
quèque vagantia per orbem ; fœcundat , ut 
ita dicam , five potius’futuri animalculi pri- 
mordia fæcundato in ovulo torpida & iner- 
tia excitat, fermentat ; 80 veluti primam 
vite auram eifdem infpirat , idemque cum 
illis agit quod calor (lis, aut gallinæ in- 


cubatio gallinaceis cum OVIS & in Bombi- 
cum ovulis. # | 
uæ fuperius de Infedis univerfe dixi- 
mus , ad Lumbricos quoque in homine naf- 
centes jure quodam poffunt accommodari ; 
ut pote qui non À putrefcente generantur ; 
saxoxuno ficuti vulgo putant Pfeudogaleni- 
ci, fed ab eodem Lumbricorum ovula in in- 
teftinis latentia excitantur , -& ad vitæ actus 
reducuntur. 
Latus itaque Lumbricus ab ovo fui gene- 
‘is originem ducit fuam , & ficuti fingula- 
cum rerum fingulæ funt proprietates , à qui- 
bus ne minimum quidem deflettere queunt 
ob inviolabiles naturæ leges iifdem impofi- 
tas ; ita & lumbrici lati , naturà fu, pro- 
igni folent in fœtu hærente adhuc in utero 
mattis 5 paulatim crefcunt in orbiculos, do- 
nec fafciarum , more univerfam inteftino- 


rummolem adæquent:. Non nif poit plurium 
annorum 


844 Lettre de M. Baglivi. 


% 
À 


_… 


Lettre de AZ. Baglivi. 845 
annofum curfus ad debitam perveniunt lon- 
gitudinem , crefcentibus enim fenfim hujus 
infeéti particulis , fenfim quæ jam creverunt 
manifeftantur. 

Nec mirum tam longotempore propriam 
acquirere magnitudinem ,. familiare nam. 
que eft naturæ, prout in ovorum cicatrici- 
bus, plantarum feminibus, & in ipfà vege- 
tatione obfervamus , partium lineamenta 
primo defcribere ;. facculos nempe membra- 
naceos quos deinde , humore replendo , fta- 
to tempore manifeftat ; reddito enim craffio- 
re, contento in facculis five utriculis icore.,. 
ab ambiente membranâ figuram & tutamen 
obtinet, atque ita pro naturæ ordine, vif- 
cera & partes omnes , fuo quæque tempore, 
breviori aut longiori , pro animalium ac 
vegetabilium varietate exolefcunt. | 

Opinionem hanc confirmant admirabiles 
Bombycum, formicarum ,. aliorumque in- 
feétorum Metamorphofes |; ipforuni enim 
alæ, fpicula , variæque corporis partes licet 
antea extiterint , non nifi paulatim, & fta- 
tuto quæque tempore , fe nobis produnt. 

Dentium femina in alveolis , plures per 
annos , ficuti & pilorum glomeramina in 
bulbo five radice fuä ,in fubcutaneä pingue- 
dine implantata reconduntur , donec tandenr 
_…accedente neceflariä maturitate, veluti ve- 
getando. foris erumpant. Ita & lumbrici lati 
longitudo ingens, quamvis in ovulo tota, 
veluti in compendio quodam, contra@a fit, 
non apparet tamen antequàäm debitam ma- 
turitatis fuæ metam acquifiverit. 

. Unde non ab uberiori quo vefcuntur ali-- 

Tomé I I. Pp 


846  Lettrede M. Baglivi. 

mento , incredibilis eorum longitudo dedu< 
cenda , prout nonnulli falsd opinantur , fed 
à congenitis proprietatibus huic lumbrico- 
rum generi præ aliis familiaribus ; vefcan- 
tur enim & faginentur cibis quantüm velint 
Pigmæi, Pigmæi tamen femper erunt. 

Sed hic ulterits quæris an ab utero ma- 
tris eum adferant infantes, an vero poftea 
in illis generetur. Summus Medicinæ pa- 
tens lib. 4. de Morb. primam ,ut obfervas , 
tenet opinionem, & cum ipfius præcepta 
faturæ oraculo confirmata funt , haud facile 
ab ejus fententiâ recedo ; & fi recedam non 
me profeéto rationes , aut vana hypothe- 
feon ( quas flocci pendo ) figmenta ; adre- 
cedendum moverent. Sed propria experien- 
tia , per multiplicem obfervationum feriem 
conftans reddita & infallibilis. Quare ficuti 
plures dantur Hereditarii morbi , qui ex 
ditero fua ducunt principia, quid ni etiam 
de latis lumbricis hoc idem fentiendum ; 

multo magis cum divinum fenem hujusrei 
habeamus autorem ? 

Ait hic, loco jam laudato , ex late & 
fanguine redundante & corrumpente fe ,hos 
vermes in fœtu, uteri clauftris conclufo ; 
produci ; idque non fine ratione opinatus 
éffe videtur : fugit enim puer in utero la 
&eam lympham, ut certis recentiorum obfer- 
vationibus,probatum eft; àcujus putrefcente 
fermentatione excitantur latentia horum 
lumbricorum ovula , & ad vitam difponun- 
tur, quod quidem aliarum rerum putref- 
cens fermentatio præftare forfan non poteft. 

Eademque de caufa fatum efle puto ut 


« si 
Sr: à 
PCR 


Te 


” 


re 


— 


Ne 


es Fr 


APTE 


- 


Lettre de M. Baglivi. 847 
hic vermis epidemice grafletur in Hollandia 
præ aliis regionibus, nimium abundante 
la&iciniis ; cujufque incolæ la@e & cafeo 
fere perpetud faginantur. Cognovi Romz 
anno r696. juvenem viginti annorum , pal- 
lidum , macie affe&um , fputatorem , &in 
omni la@iciniorum ufu intemperantem ; hic 
cum mane cœpam cultro refecaret , ejus 
odore ita vehementer commotus eft, & adeo 
ingenti fuflocatione correptus , ut brevi fe 
moriturum putaret, nif fuperveniente vo- 
mitu ; ejeciflet lumbricum teretém » tres 
pedes longum , & rotundam in pilam con- 
globatum ; quo exclufo flatim conva- 
Hits? | 

Ar prætèrea generari quoque poffint lati 
lumbrici in adultis, nihil audeo dicere 3, 
cum nihil hac de re, mihi adhucfconftet ex- 
Perientiä. Puto tamen impoffibile non efle, 
licet Hippocrates fuo tempore non obfer- 
vaverit , & utinre difficih clare & diftin- 
te procedamus, obfervandum eft an æget 
figna det lati lumbrici ab ineunte ætate ., 
an vero poftea & annis jam gravis, Si prie 
mum fit, ab utero efle credas ; fi alterum: 
ñon nifi coder adulto genitum efle exiftiz 
mandum. Dificile enim adducor ut cre- 
dam puerum. ab infantia in inteftinis lum- 
bricum gerere, nec affci {fyÿmptomatis quæ: 
cum hoc vermium genere conjunguntur. 

Sunt autem dolor circa jecoris regioneny 
jejuno tempore, ingens fputatio ; & fi do= 

r nimis excruciet , aphonia fupervenit. 
Tormina circa ventriculum ferociunt : pal- 
hdi. fant & imbecilles ;. ad. Jabores pigti, 

Ppij 


848 Lettre de M. Baglivi. 
quandoque faftidiunt cibos, quandoque ap= 
petunt inordinatè , Vermiculos figurä cu- 
eurbitinà excernunt ; qui cum fint refciflæ 
partes lati lumbrici , illos dum apparent pro 
figno horum pathonomonico habet Doétif- 
fimus Dodonæus cum Medicinæ parente 
loco citato. 

In Uibe Rom, & in reliquà penè Italià, 
non ita frequens eft latus lumbricus ut in 
Hoilandiä, quia Itali humidam , paludo- 
fam , frigidamque non incolunt regionem , 
nec forfan funt nimium intemperantes ficuti 
Hollandi, præftantius enim pharmacum con 
tra lumbricos fobrietate non datur. 

Quatuor ab hinc annis obfervavi Romæ 
puerum duorum annoïrum ; excrevifle per 
alvum, vermem vivum duos pedes lon- 
gum, quem, nif fuiflet à matre refciflus ; 
multd longiorem vidiflemus. at 

Puer.erat pailidus & multum imbecillis. 
Eodèm tempore mulier corripitur febre cum 
ingenti dolore, tumoreque in hepatis re- 
gione, vena brachii tunditur , fed fruftra : 
dolentem locum ungi juffimus oleo abfyn- 
thii per coétionem faéto ; paulo poft vomi- 
tus & diarrhæa fuperveniunt , & centum 
vermes ex afcaridum genere eïjecit, à fa- 
nitatem recuperavit. Quindecim pol dies 
recrudefcunt omnia ut fuprà ; de vermi- 
bus denud fufpicamur, contufis tribus ma- 
nipulis abfynthii romani, & affe&æ parti 
appoñtis quindecim vermes emifit , ftatim- 
que convaluit ; hunc vero dolorem circa 
regionem Hepatis, non ipfus Hepatis , fed 
inteflini colon è regione hujufce vifceris ; 


L) 


Lettre de M. Baglivi. 849 

fuifle arbitramur. Multa de: lato [umbrico 
videntur apud Spigelium , & Sennertum 
multa apud hunc de verme umbilicali, de 
crinonibus fub cute. Apud Panarolum de: 
vermibuscucurbitinis , roftratis äc pilofis ad: 
mille per alvum vivis excretis , fæviente 
malignä febre ,. epidemici:,. ab uno: folùm: 
ægrotante, 
. Experimenta quæ circa lumbricos feci &. 
in praxeos noftræ lib. 1. defcripf. Non fuere 
circà lumbricos terreftres , fed humanos. 
Muliercula enim quinquaginta ann. nata 
febre: & dyflentarià correpta , ter centum 
circiter vermes. vivos ejecit Romæ annoré94.. 
Erant longitudine Fafeok , figurâ fere cu- 
eurbitini. Injeéti in fpiritum vini &inin- 
fufñionem feminum fantonici poft quinque 
horas periere. Poft novem, in vino , diffolu- 
tione aloës , extra&ti Camædrios:,. & extra- 
&i Tabaci. Die Jovis, horâ decimä quinta,. 
pofti fuère in oleo amygdalarum dulcium 
in fucco Limonum , in aqua tetuccia- 
na ( mineralis eft , & falinis principiis. 
‘abundat) & in vafe , mercurio vivo femi- 
pleno. Sequenti die Veneris hor matutinä: 
in oleo amygdalarum duleium. inveni vi- 
vos , fed valde torpidos & imbecilles : vivos 
Verd , vegetos & valide mobiles in aqua te- 
tucciani , in fucco limonum, & in vafe 
mercurii. In hoc timen, mercurii contatum 
 fugiebant , & ad fummitatem vañs progre- 
diebantur. Immerf in aquam florum auran- 
tiorum & rofarum , poit oéto horas convul- 
fionibus correpti , obiere. Atque hæc de 
Jumbricis, : 


8çso Lettre de M. Baglivi. 

Mirifice deletatus fum non defuifle in: 
Galliis, (fed quando illuftris & inclita Gal 
liorum Regio claris viris ferax non fuit ?} 
acres ingenio viros qui. mecum fentiant dif- 
ficillimis hifce praxeos medicæ temporibus, 
in quibus omnia fpeculationum & hypo+ 
thefeon flu&ibus agitata turbataque vide- 
mus , non ante ceflaturam tempeftatem , 
quèm Medici fpretà opinionum arrogantià 
& faftu, ad Hippocratem clavum tenentem: 
& moderantem confugiant , & ab eodem 
naturæ voce loquente difcant , quâvià pro- 


grediendum fit ut ad veritatis metam in Me- 


dicina , tandem perveniamus. 

Elapfo anno inRegiam Societatem Ar- 
glicanam adfcriptus fui, ut vides; nuncirr 
Academiam Germanorum, quod ad te fcri- 
bo propterea quod gratum id tibi fore con- 
fido. Hoc eodem tempore fcripf Epiftolamr 
ad amiciffimum Antonium Albertum , de 

uà illum moneas rogo. Vale Galliarum: 
Ocelle , & Reipublicæ shot , faluti-tuæ con- 
fulere non definas. 


Rome. Pridie Idus Julias , 1699» 


a. 2 mL Ne Se me Se ge Se 43 
Ta Tu ne Zn PR a A 700 

OISE Ve 2 Ve Se SE SE Fes des 2) 

ETS ASS DIS UNS AS CN A 


TABLE 
DES MATIERES; 


€ontenues dans ces deux Volumes. 


A. 


Igréès.. Si les aigres 
engendrent desVers. 

page 401. 

Ail, Si l'ail eft contrai- 
fc aux Vers. 594 
Alimens qu'il faut évi- 
ter pour fe garantir des 
Vers. 399. 
.Amers. Pourquoi lx 
plüpart des amets tuent 
ou chaflent les Vers. 584. 
Andry (Nicolas ) Ana- 
gramme de fon nom.35$o. 
Animal. Si le grand 
nombre de pärties qui 


com pofent un animal , eft 


Re à qui en fait la. 
perfe&ion. KE 
Animaux. Des différen- 
tes efpéces de Vers qui 
s’engeudrent dans lesani- 
maux. 27:55 
Que tous les animaux 
ont d’autres animaux qui 
les dévorent, 168, 
Génération desanimaux 
par les Vers Spermaïi- 
ques. 172 
sAphorifmes fur les Ver 


du corps de l’homme.s3 ve. 
ÆApophyfe vermiforme,, 
pourquoi ainfi appellée.. 
7e 
Apoflume. Ver velu for- 
ti d'une apoftume venue à. 
la cuiffe d’un jeune:hom- 
me. 124. 
Appétit, Ce que c’eft 
qu’un appétit fain, 413. 
Aquila alba. Ce que 
c'eft. 
Afcarides.  Remedes 
contre. les Vers appellés 
Afcarides.. 529. 
Auriculaires. Remedes. 
contre les Vers appellés. 
Auriculaires. 472. 


B. 


Bagliv:, Ses Expérien- 
ces fur les Vers pour prou- 
ver l’inutilité ou le peu de- 
force de certains reme- 
des. 455$ 

Ses Obfervations im- 
portantes fur l'effet du vim 
contre les Vers, $12, 


| M ji: 4h MALE Sade 


352 | 
Ses Lettres écrites à 
Auteur fur le fujer des” 
Vers. 711. 
Sa Lettre Latine. 
_ Barres ; Médecin de 
Montpellier, fes Obferva: 
tions pueriles-fur un nom- 
bre de petits Vers plats. 
220. 
Bourdelot. Sa Thefe An 
peracutis ut plurimum pur- 
gatio per fuperiora? 573: 
Bowillie, Ses bonnes &t- 
mauvailes qualités. 411. 
Bouviers. Remedes con- 
tre les Vers appellés Bou- 


viets.. œ for. 
€: 
Cardiaires, Remedes 


contre Jes Vers appelés 
Cardiaires:. 497 
Catalepfie. Si cette ma- 
ladie vient quelquefois de 
Vers. 340. 
Champignons.Leur mau- 
yvaife qualité. 406. 
Chanvre. Sa graine bon- 
ne contre les Vers, 517. 
Charollois, Lettres de 
ce Médecin au fujet d’un 
Ver fanguin. 107 109. 
Ciron, Définition de cet 
Infedte ; pourquoi appel- 
Éé en lirin .4carus. 128. 
Cœur. Penfée où étaient 
les Anciens qu’il n’y avoit 
point de cœur en pluñeurs 
Infectes, fe 
Infecte dans fequel il 

fe trouve un fi grand 
nombre de cœur, que ce 
m'eft prefque qu'une chaï- 


841... 


_tanès.. 


AT 


TABLE 


ne de cœurs depuis la tête 
jufqu'à l'extrémité du 
COrps.. Ibid. 

Colaffon. Lettre de Mon- 
fieur Coliffon Chirurgièn 
à Vatan, fur un Verfan- 
guin.. 112 114e- 

Coralline. Sa propriété: 
contre les Vers. 06 

Cutanès. Remedes con- 
tre les Vers appellés Cu- 
499% 


D. 


Daval Doëéteur en ME- 
décine de la Faculté de 
Paris ; fes Obfervations 
futles Vers, 31fe 

Dèntaires.  Remedes 
contre les Vers’ appellés 
Denraites.. 491 

Den's Vers qui fe trou- 
vent d'ordinaire fous la 
carie des dents. , 94. 

Default: Médecin de 
Bourdeauxs; fa Differta- 
tion (ur la-rage. 361. 

Deffandan premier Me 
décin de la Reïne pre- 
miere Douaïriere d’Efpa: 
gne ; fa Lertt écrite de- 
Bayonne aw du Tæ- 
nia.. ” rr4 

Digeflion. Qu'elle ne fe- 
fair pas toute dans l’efto- 
mac. A‘S. 

Digeffion. En quel tems. 
näquit le fyftème de la 
digeftion par le broye- 
men. k 630: 

Doronic. Obfervations- 
curieufes faites à Plom+ 
bieres fur le dororic # 

feuilles: 


DES MATIERES. 853 


feuilles de Plantain, 43, 

Dragonean. Définition 
de cet Infeéte felon Am. 
broife Paré, 136. 


E. 


Eau de Fougere, Que la 
préparation de cette eau 
n'eft pasdivulguée. 532, 

Que Mr Dionis Do- 

eur Régent Ue la Fa- 
culté de Médecine de Pa. 
ris, eft feul qui en ait 
la recette de Mr Andry. 

Ibid. 

Remarque fur la 1a- 
cine de fougere; 554. 

Ver canin rendu par 


l'eau de fougere ; Let- 


tre à ce fujec. 58. & 241. 
Eau de Mercure , autre- 
ment dite de vif-argent, 
Si elle eft bonne contre 
les Vers. 445. 
Eau-de vie. Si elle eit 
bonne contre les Vers. 
452. 
Ean, D'où vient l'a- 
verfion que les enragés 
ont pour l'eau, 362. 
Elcophages. Remedes 
contre les Vers appellés 
rt à 499. 
_ Encéphales, Ce quec’e 
que les Vers appellés En- 
céphales. 671. 
Remedes contre les Vers 
appellés Entéphales. 468. 
Enragés, D'où vient l'a- 
vetfion que les enragés 
ont pour l’eau. 362. 
* Effomac. S'il s'engendre 
Tome II, 


des Vers dans l’eftomac 
248. 

Exent:raux. Remedes 
contre les Vers nommés 
Exeméraux, 467. 
Expériences de Mr Ba- 
glivi & Redy , pour prou- 
ver que Ja plüpart des re- 
med:s qu'on employe 
contre les Vers, doivent 
être évités ou comme dan- 
gereux, ou comme inu« 
tiles, 456. € Juiv. 


F, 


Fabricius ( Guillaume.) 
Ses Remarques au fujet du 
Ver plat, 538 f4$e 

Fagon premier Méde- 
cin de Louis XIV. Qu’on. 
lui doit la connoiffance 
de lorig. du Kermés pat 
la piquute d'un Ver. 421. 

Sa Thefe fur le Tabac. 


$tro. 

Faim que caufent les 
Vers. 303 305. 
Femme. S'il eft vrai 


que le corps de la femme 
foit un ouvrage impar- 
fait. - 
Feux follets, Ce que 
cet. ! 6$. 
Fiévre. Julep qu'on 
peut donner à un enfant 
pour tuer les Vers quand 
il a de la fiévre. S95. 
Foie. Quelles font les 
chofes qui contribuent le. 
plus à produire des ob- 
ftruétions dans le foie. 
410. 


Vers trouvés dans Le 


Q q 


Hd Fu) Léa €. 27 


ee Eh ae à à dhp d ASEE A MANOR E LRE É  a 
F7 ” 


854 BADE 2 10; 


f4 EN * A 
_ foie d'un enfant de deux 
ans; Obfervation de Gaf- 
par Bambin à ce fujer. 
SEA 96. 
Fongere. Que la prépa- 
vation de l’eau de fou- 
gere n'eft pas divulguée. 
532 
Que Mr Dionis Do- 
&eur Régent de la Facul- 
té de Medecine.de Paris, 
eft feul qui en ait la re- 
cettede Mr Andry. Ibid, 
Remarque fur la racine 
de fougere. 534. 
Fourmis qui percent en 
pne nuit des portes de ca- 
binets & d'armoires , & 
qui rongent même 
cuivre & l'argent. at. 
Frayeurs, Si les Vers 
caufent quelquefois des 
frayeurs, & files frayeurs 
euvent aufli quelquefois 
à leur tour donner lieu à 
la produ&tion des Vers, 
329. 
Fromage. Moyen ; de 
préferver Le fromage des 
Verts. $77: 


G. 


Génération, Differta- 
tion fur la Génération de 
l'Homme par les Vers 
- Spermatiques. 734. 

Génération des animaux 
par les Vers. 172. 

Génération de l’'Hom- 
me par les Vers Sperma- 
«iques. Objeétions contre 
ce fyftême, 


173. 
Geoffroy. Sa Lettre à 


l'Auteur de ce Livre tou- 
chant laDiffertation furle 
fyflème de la Génération 
de l'Homme par les Vers 
Speérmatiques. 772 
Glande pinéale, S'ilfe 
trouve des Vers jufques 
dans la glande pinéale. 
71. 

Goiffon Médecin de 
Lyon ; fon fentiment fur 
la caufe dela pefte. 348. 
Grencuilles. Si elles fe 
produifent de la pluye. 14. 
Groffeffe. Pourquoi les 
femmes fe trompent fi 
fouvent lorfqu'elles veu- 
lent juger du tems de leur 
D otelles 162 


H. 


Hartfoeker. Ses Lettres 
écrites à l'Auteur fur le 
fujet des Vers. 7Il. 

Hecquet. Son Livre in- 
titulé : Explication Phyfi- 
que € méchanique des ef- 


fets de la faignée &r de la 


boiffon dans la cure des 
maladies. $ 59e 

Hépatiques.  Remedes 
contre les Vers appelés 
Hépatiques. 
… Hippocrate. Que ce Mé- 
decin a reconnu le pre- 
mier que le Ver plat étoit 
feul de fon efpéce. 245$e 

Huile. Excellent reme- 
de contre les Vers, 507. 

Propriété; de l'huile fur 
les Vers ; Expériençe,cu- 
ricufe à ce fujet. $74 

Que les huiles font un 


496%. 


PM PR de D TO ET PT 9 1 OP 
r : À D ce 0 AS 


DES MATIERES. 853 


bon remede contre les 
Vers des inteftins. 85, 


. 


Jauniffe. Remcde con- 
cre les Vers de la jauniile. 
s25. 

Infeële.. Ce que c’eft. 1. 
Si les, Infe&es refpi- 


rent. 3. 
Si les Infeêtes ont d 
ang. 4. 


Obfervations qui font 
voir que les Infeétes ne 
font pas des ébauches. de 
Ja Nature. Fe 

Penfée où étoient les 
Anciens qu'il y avoit 
point de cœur en plu- 
fieurs Infeétes. Ibid. 

Inteflins. Des Vers du 
corps humain qui naiffent 
hors desinteftins. 67. 

Desfignes des Vers qui 
font ailleurs que dans les 
inteftins, 371. 

Des fignes des Vers qui 
font dans les inteftins. 

roue 376. 

Des remedes contre les 
Vers des inteftins. soi. 

De certains remedes 
qu'on a coûtume d’em- 
ployer contre les Vers 
des inteftins , & qu'il faut 
éviter, 444. 

Joli de Fleury Procu- 
reur Général, Lettre qui 
lui aété écrite d’Alais par 
Mr de Rochebouet , au 
fujet d'un Ver. 332. 

Julep qu'on peut don- 


ner à un enfant pour tuer 

les Vers quand ilsontde 

la fiévre. 505. 
K. 


Kermés. À quieft düe 


la connoiffanc: de lori- 


rigine du Kermés par la 
piauure d’un Ver, 42 


Eÿ 


Lait Que le lair des 


nouvelles accouchées eft: 


un aliment médicament 
teux proportionné à la 
foibleffe desenfins. 417. 

Lémeri. Eclairciflement 
fur une Lettre de Mr Lé- 
meri contre la premiers 
éditiorr de ce Livre. 649. 

Lettre de Mt Geoffioy à 
l'Auteur de ce Livre tou- 
chant laDiffertation fur le 
fyftême de la Génération 
de l’homme parles Vers 
Spermatiques. 772. 

Lettre de Mr Lémeri 
contre la premiere Edi- 
tion de ce Livre. 6494 
‘Lettres écrites à Auteur 
par Mrs. Hart{ocker & 
Baglivi fur le fujer des 
Vers. 711 

Littre (M. ) Médecin 
de la Faculté de Paris; 
fes curieufes Obferva- 
tions fur des Vers for- 
tis du nez. 76% 

Longchamp Officier du 
Roi à Orbec. Sa Lettre 
fur de petits Vers plats 
qu'il a rendus, 2192 


Qi 


NL 


Alan nt AUS A 1 RAR + 
on peut dire que la moëllé 

M. nourrit lesos, : 398 

Montabourg Médecin 


Macreufes, Si elles s’en- 
gendrent du bois pourris 
des vieux vaifleaux, 14. 
Malades, Que lon n’exa- 
mine pas affez sil y a 
des Vers dans les Mala- 
des. 339. 
Maladies Vénériennes. 
Si elles ôtent la fécondité. 
179. 

Maladies Vermineufes. 
Remarques géntrales 
fur leur traitement, $54. 

Malset Médecin de la 
Faculié de Paris. Ses Ob- 
fervations fur un Ver 
aouvé dans les Sinus 

rontaux, 84. 
… Malvoife. Vin de Mal- 
voile bon contre les Vers. 

68. 

Médecins. Ignorance 

de certains Médecins mo- 
dernes , au fujet du Ver 
Solitaire. 258. 

Melon, Si ce fruit pro- 
duit beaucoup de corrup- 
tion, 404. 

Mercure. Si l'eau de 
mercure eft bonne contre 
les Vers. 445 

Moyen de tirer Iè mer- 
cure du pourpier. 578. 

dei pEgu S'ileftbon 
contre les Vers. $77. 

Minéraux, Des diffé- 
rentes efpéces de Vers qui 
s’engendrent dans les mi- 
néraux, 37 149 


Moëlle, En quel fens 


de la Faculté de Paris ; 
fa Lettre écrite le 30. Mars 
1735. au fujet de plufieurs 
lambeaux d'un Ver Soli- 
taire , qui pouvoient fe 
monter à la longueur de 
40. aulnes, 33° 
Moutons. Sorte de Vers 
finguliers qui fe trouvent 
dans le foie des moutons. 
62. 

Muet. Que les Vers font 
fouvent une des caufes qui 
peuvent rendre muet, 
300, 


N. 


Nex. Vers fortis du 
nez. 73 67: 
Noix. Si l’eau dans la- 
quelle on a trempé des 
écorces de noix eft bonne 
contre les Vers, 454: 


©. 


Oenf. Comment le Ver 
Spermatique s'attache à 
l'œuf, 175. 

Opiate contre le Ver 
So'itaire. s35. 

Oreilles. Vers fortis de 
Poreille, 92. 

Orgafme. En quel tems 
fe préfente l’heureux mo- 
ment de l’orgafme. $32, 

Os. En quels cas on 
peut dire que la moëlle 
nourrit Les os, 398 


nt Bu . LA À 


DES MATIERES. 


P, 


Perce-oreilles. Lettres 
fur des Perce-oreïlles, par 
Mr le Curé de St Ouen, 

473 € fuiv. 
Remarques à ce fujer. 
480 & 491, 

Peffe, Si la pelte eft cau- 
fée parles Vers. 342. 
Pignons. S'ils font pro- 


pres à nourrir les Vers, 
. . . ae 
Pitois Médecin de 


Beaune en Bourgogne. Sa 
Lettre fur le Ver Soli- 
taire. 138. 
Pleuréfie. Définition de 
cette maladie, 312, 
Pleuréfie vermineufe, 
310, 

Poumons. Vers trouvés 
dans les poumons, 95, 
Infeétes qui ont plu- 
fieurs poumons. S. 
Pourpier. Pourquoi il 


eft bon contre les Vers, : 


518. 

Puce, Particularité con- 
cernant cet Infe@te, 6. 
Pulmonaires. Remedes 
contre les Vers appellés 
Pulmonaires, 496, 


R. 


Ragr. Si la rage a pour 
caufe les Vers. 361. 

Rédi. Curieufes Obfer- 
vations de ce Médecin 
touchant des Vers trou- 
vés dans les inteftins de 
différens animaux, 60, 


857 
Remedes, Commentles 
remedes fans avoir une 
intelligence qui les con- 
duife ; vont porter leur 
effet à une partie plütôt 
qu'à une autre ; Expérien- 
ce âce fujet. 416. 
Maniere dont agiflent 
les remedes antivermi- 
neux. 573 
Lifte des remedes con- 
tre les Vers. 609. 
Réfléxions Pratiques fc 

la quantité extraordinaire 
des remedes contre les 
Vers. 616. 
Précautions à obferver 
yand on fait des reme- 
des contre les Vers. 614. 
De certains remedes 
qu'on a coûtume d'em- 
ployer contre les Vers des 
inteftins , & qu'il faut évi- 
ter. 4444 
Remedes extérieurs où 
topiques contre les Vers. 
$20. 

Remedes internes bons 
contre les Vers. 503. 
Rinaires. Ce que c'eft 
que kes Vers Rinaires. 72, 
Rinaires, Remedes con- 
tre les Vers nommés Ri- 
naires, 469. 
Rougeard Médecin de 
FAïgle en Normandie, 
Ses Obfervations fur les 
Vers que l’on trouve dans 
les Tanches. é2 
Rongerolle Chirurgien 
de Verneuil, Sa Lettre 
écrite à la Faculté de Mé- 
decine de Paris tauchan£ 
un Ver d'une figure & 


Qa ii 


“858. 
longueut extraordinaire. 
323e 


S. Ÿ 


Saigrées. Vers fortis 
par les faignées, 104. 
Sang. méprife des An- 
ciens qui ont écrit que la 
plüpart des Infeétes n’a- 
voient pas de fang. 4. 
Si. l'humeur appellée 
fang , eft telle par fa cou- 
leur ou par fon ufage. 
Ibid, 

Si tous les Vers qui ÿen- 
gendrent dans ke fang 
font d’une même figure © 
; 105. 
Sangnins, Remedes con- 
tre les Vers appellés San- 
uins, 498. 
Sel, Si le fel eft bon 
centre les Vers. 453 
Semen-contra. S'il eft 
contraire aux Vers. 446. 
Solitaire ,ou Tænia.Ce 
qui peut donner lieu à la 
génération de ce Ver. 36. 
Si c’eft un animal uni- 
que, ou une chaîne de 
Vers. 


247. 
Lieu où fe mourrit ce 
Ver. 242, 
Signes du Solitaire. 
386, 


Qu'il produit dans les 
femmes des effets plus fä- 
cheux que dans les hom- 
mes. 309. 

Ridicule raifon, Pour- 
quoi le Ver Solitaire eft 
plat. 170,174. 

Suurd, Enfant de dou- 


TABLE 


ze ans, qui tous les ma- 
tins étoit fourd de oreille 
gauche, & cefloit de l’é- 
tre aprèslediner, 91. 


T. 


Tabac. Si Le tabac eft 
bon contre les Vers. 447. 
Traduétion de la Thefe 
de Mr Fagon fur letabac. 
8:10, 

Tania, ou Solitaire, Ce 
qui peut donner lieu à 
la génération de ce Ver, 
36% 

Que c’eft quelque cho- 

fe de curieux que la ftru« 
êture intérieure du Tæ- 
nia. 265$, 
Que ce n’eft point un 
fait rare ni extraordi- 
paire de voir rendre des 
Tania ou Vers Solitaires 
à des femmes en couche, 
ai 

Signes du Tænia. 385. 
Sa répullulation. 231. 
Remedes contre le Tæ- 
nia. 531. 
Tanaihe. Fourquoi ap- 
pellée lherbe aux Vers. 
« + 60 

Que la poudre de ta- 
naifie eft bonne pour l’e- 
ftomac. s22. 
_ Tanches. Fort fujettes 
aux Vers plats , & qui 
reffemblent au Tænia 64 
Solitaire pour la lon- 
gucur. 2 
Tartre émétique. Bon 
contre les Vers. ; 316, 
Taupe, Si ft vrai 


DES MATIERES. 


qu'elle foit fans yeux. 8. 

Tournefot. Sa Thefe in- 
ticulée : «An morborum cu- 
ratio «ad deges. Mechbanicæ 
refcrenda. 419: 

Tyfon ( Edoua'd. )} Sa 
Difflertation Angloife fur 
le Ver plat, 212. 


V. 


Végétaux. Des différen- 
tes efpéces de Vers qui 
s’engendrent dans les vé- 
gétaux. 37 42. 

V'eine porte. Vers trou- 
vés dans le tronc de la 
veine porte. 340. 

Ver. Ce que c'eft. r. 

Comment s'engendrent 
les Vers dans le corps de 
Jhomme, Lis 

Siles Vers & plufieurs 
autres Infeétes s’engen- 
dtent de la feule corrup- 
tion. LS 

Quelle eft la matiere La 
plus propre à faire éclore 
les Vers dans le corps de 
l'homme , & à les y nour- 
rir quand ils y font une 
fois éclos, 27; 

Des différentes efpéces 
de Vers qui s’engendrent 
daus le corps de l'hom- 
me. 37° 

Des Vers du corps hu- 
sue qui naiflent hors 
des inteltins. 67. 

Des différentes formes 
que prennent les Vers 

281. 

Des effets des Vers dans 

Je corps humain, 291, 


859 
Des effets des Vers qui 
font dans les inteftins, 
299 

Des moyens de fe ga- 
rantir des Vers. 397. 
Quelles font les chofes 
qui nous rendent fujets 
aux Vers, 108 
Alimens qu'il faut évi- 
ter pour fe garantir des 
Vers. 399. 
Qu'il n’eft pas ennotre 
pouvoir de nous garantir 
des Vers. 410, 
De la fortie des Vers, 
& des prognoftics qu'on 
en doit tirer, 421. 
Vers des inteflins, Qu'il 

y en a de uoÿs fortes. 
CE À: 2 

Vers Strongles. Pour- 
quoi ainfi appellés. 1h. 
P'er Plat. À quoi il 
reffemble ; pourquoi ap- 
pellé Tænia. 194. 
Combien il y en a d’ef- 
péce. Ibid. 
Vers. Plats , appellés 
Cucuibitaires, & pour- 
quoi 210, 
Ver Solitaire. Que le 
Ver Solitaire s’engendre 
dans l'enfant au ventre 
de la mere felon lopi- 
nion d’Hippocrate. 34. 
Qu'il s'engendre dans 
l'homme à toute forte 
d'âge felon Sennert, 35. 
Ce qui peut donner lieu 

à la génération de ce 
Ver. 36. 
Ver Solitaire. Ridicule 
raifon, Pourquoi il eft 
plat. 270 274 


Qaiv 


7” $ £ r NT 7" 4 PAR | a 
860 AT DNDAE Di 
Efpéce de Vers quiron- ils naïffent ; pourquof 
gent le bois des vaiffeaux. ainf appellés 123. 
\ so. Vers appellés Crinons. 
Si la rage a pour caufe FNYELT 
Jes Vers. 361, Vers appelés Bowviers. 
Des fignes des Vers. Wr19. 


370. 

Si Fhomme tire fon 
origine d'un Ver. 734. 
Aphorifmes fur les Vers 
du corps de l’homme, 
Fe 631. 

Ver Spermatique. Com- 
ment il s'attache à l'œuf. 
175. 

Differtation fur la gé- 
nération de l’homme par 
les Vers Spermariques, 
734. 

Vers trouvés dans la 
veflie du fiel. 243. 
Ver d’une figure & lon- 
gueur extraordinaire, Let- 
tre à ce fujet de Mr de 
Rongerolle Chirurgien de 
Verneuil. 323. 


Vers trouvés dans les | 


finus frontaux. 84. 
Vers foitis du nez, 73. 


VS 

Ter velu forti d’une 
apoftume venue à la cuif- 
fe d’un jeune homme, 
124. 

Vers Vénériens, 147. 
Si toutes les maladies 
vénériennes viennent des 
Vers. 147. 
Vers V'éficulaires. Qu'il 

y en-a de plufeurs figu- 
res différentes, 120. 
Vers fortis par les uri- 
nes. I2fe. 
Vers Elcophages, Où 


Vers appellés Soies.[bid. 
Vers appellés Talpiers. 


137% 

Vers appellés Toms. 
140, 

Vers appellés Vmbili- 
Caux. | I4I, 
Vers appelés Oefopha- 
giens. ER TA 


Vers Spermatiques. Leur 
figure, 153. 
Vers fortis par les fai- 
gnées. 401. 
Vers Ophthalmiques, 
Pourquoi ainfi appellés. 


Vers fortis de l'oreille, 
92. 

Vers Dentaires. Pour- 
quoi ainfi appellés. 94. 
Vers appellés Dalberes. 
Ce que c’eit que ces Vers, 
10$. 

Vers Hepatiques. Pour- 
quoi ainfi appellée, 96. 
Vers Spléniques. Pour- 
quoi ainfi appellés. 98. 
Vers Cardiaires. Pour- 
quoi ainfi nommés. Jbid. 
Vers Péricardiaires, Ce 
que c'’eft ; pourquoi ainfi 
appellés. 100, 
Vers Sanguins. Pour-. 
quoi ainfi appellés. 103. 
Lettres fur les Vers 
Sanguins, . 106, 
Vers trouvés dans les 
poumons, 95 


UN PR PT) A UT | 


DES YMATITERMES: 


De certains remedes 
qu'on a coûtume d’em- 
ployer contre les Vers des 
inceftins , .& qu’il faut 
évirer, 444. 

Des remedes propres 
contre toutes fortes de 
Vers du corps humain, 

466, 

Des remedes contre les 
Vers desinteftins. $sor, 

Maniere dont agiflent 
la plüpart des remedes 
que l’on donne contre les 
Vers. 573. 9 fuiv. 

Lifte des remedes con- 
tre les Vers. 609, 

Réfléxions Pratiques fur 
la quantité extraordinai- 
re des remedes contre les 
Vers. 616. 

Précautions à obferver 
quand on fait des reme- 
des contre les Vers. 614. 

Vers compofes fur Mr 
Goiffon Médecin. 360. 

Petite Vérole. Que les 
grains de la petite vérole 
font quelquefois remplis 
de Vers. Obfervations de 
Borelli à ce fujet,. 123. 

Féficulaires. Remedes 
contre les Vers appellés 
Véfculaires. 499. 
_ Vieuflens Médecin de 
Montpellier. Son expli- 
cation de Ja ftruéture du 
Ver Solitaire, 270. 

V'if-argent. Pourquoi le 
vif-argent tiré des plan- 
tes » & entre autres du 


A. mn LÀ ras M doi débh D nb: 


861 
pourpier, doit être plus 
dégagé d’impuretés que 
celui qui fe tire des mi- 
nes, S19. 
Vin. Obfervation im- 
portante fur l'effet du vin 
contre les Vers par Mon- 
fieur Baglivi. s72. 
Vin de Malvoifie bon 
contre les Vers. 68. 
Vinaigre. Ce qui s’ob- . 
ferve dans le vinaigre par 
le moyen du microfcope, 
400. 
Sile vinaigre tue toutes 
fortes de Vers. 445: 
Vinaigre Comment il 
peut ronger la pierre. 40: 
Vipere. Vourquoi la 
poudre de Vipere fe rem- 
plit de Vers quand elle a 
été gardée quelque tems. 
ay 
Umbilicaux., Remedes 
contre les Vers appellés 
Umbilicaux. sor. 
Vrayet Médecin d’Ab- 
beville. Sés Lettres au fu- 
jet des Vers Sanguins. 
40 106. 
Urines. Vers fortis par 
les urines. 121, 
Winflow. Sa découver- 
te anatomique au fujet 
du Ver Solitaire. 252. 
Lettre de ce Médecin à 
ce fujet. Ibid. 
Autre Lettre du même 
fur un Ver trouvé dans le 
tympan de l’oreille d’une 
fille de trois ans, 93. 


Fin de la Table des Matieres, 


# 


; t at Li Ge T 


' À 


VeRx 4 TA 0 


JXeft important de confulter cet Errata 4 4 


. principalement les endroits qui y font 
marqués d’une Etoile. F4 


PRE FACE 


ï P Age xx. ligne 14. J'en examine les 
efpéces dans le troifiéme Chapitre ;. 
ajoñtez , où je traite au long des 

__ Vers fpermatiques. s 

# Page xxj. ligne r6. On: voit dans le on- 
ziéme , quelles précautions if faut appor- 
ter quand on fait des Remedes contre les 
Vers, lifez, le onzième Chapitre eft fur 
la maniére dont agiffent les Remedes an- 
tivermineux. ; 

* Même page xxj. ligne 20. Je traite par oc- 

cafon dans le douziéme , de certains Vers 
nommés fpermatiques , dont plufieurs 
Phyfciens croyent quefont formés tous les 
Animaux , 4/ez, Je traite dans le douzié- 
me, des précautions qu'il faut apporter 
quand on fait des Remedes contre les Vers. 
Page xxiv. ligne 6. Je me contente de rap- 
porter fimplement fa Critique à la fin du 
Volume , //ex, je mecontente de rappor- 
ter fimplement {à Critique à la fin du Livre. 

Page xxvij. ligne. 10. A la fin de ce Volume 

font trois Lettres qui m'ont été écrites fur 
le fujet des Vers, life, j'ai renvoyé aux 
derniéres pages de ce Traité, trois Lettres 
qui m'ont été écrites fur le fujet des Vers 


0 


Page xxix. ligne 14. J'ai mis à Ia fin du Vos 
Jume une Lifte exaéte de ces réformes , 

_ difez je finis par une Lifte exade deces 

un Py) k : LUS € É 


; «réformes. 


MR : n 
MOT ATAT 
CORRE 


2 


EN 


Ne CORrs DV LIVRE. 


_ + Page 3. ligne 6. infcifum, lifez , incifum, 
! Page 25.1. 15. mufilage, /ifez, mucilage. 
Page 32. ligne 16. Hippocrate niant, lifez, 
Hippocrate ajoute. | 
Page 45. ligne premiére de la citation mar- 
. ginale , Afnienfa, lifez , Hafnienfa. 
Même page 45. ligne demiére de la cita= 
tion marginale, albas li/ez , albos. 
Page 54. ligne 7. ayant , lifez , ajoûte. 
Page 64. lig. 18. Mathrole, lifez , Mathiole. 
Page 65.lig. penult. curiofe, lifez, curio[z. 
Page 69. ligne 25. & au plütard, li/ez, ou 


au plütard. 
Page 72. ligne antepenult. Fernés , lifez, 
+ Fernel. 
M « Page 95. ligne 14. Brafluvolus, Z/ez Braffa- 
n dvolus. :: : 
Page 149. ligne 17.1] fauten cet endroit un 
. à linez. 


Page 152. lg. 13. vircelloni , Lf. vercelloni. 
* Page 187. ligne antepenult. à la fin dece 
Volume , Lfez , à la fin de ce Traité. 
Page 197. ligne 2. fe laiflent appercevoir , 
lifez , fe laïffent appercevoir fans peine. 
Page 198. ligne ro. Il a deplusune épaiffeur 
& une confiftance que la plüpart des au- 
tresTænia n’ont pas, lifez ,il a, aufli-bien 
que celui de la Figure 2. une épaiffeur & 


Page 216. ligne 13. Mrde Fermethuy, Ufez à. 
Mr de Fermeluy. Es 

Page 289. ligne 3. fvammeidam, lifez, 
fvammerdam. 4 A . 

Page 318. Mr Centugi ,li/ez, Mr Contugi. 

* Page so2. lignes 3. & 4. pour conclufon 
entiére du Chapitre, /fez , pour conclu- 
fion de cette matiére. ’ pr" 

* Page 554. lig.8. dans la Seétion fuivante, 
lifez , dans le Chapitrefuivant, 

* Même pag. 554. lig. 9. Setion III. Hfez , 
Chapitre X. | #: 

* Page 573. 1 14. Seët. IV. lifez , Chap.XI. 

Page ér1.colonne 2. ligne 13. lifez, Rue, 

Page 624. ligneé. Rhue , lifez , Rue. 

Même page 624. ligne 13. Chapitre X. W/ez, 
Chapitre XII. 

Même page 624. L.19. les Remedes que nous 
avons marqués dans le Chapitre précé- 
dent, lifez , les Remedes convenables , & 
effacez , que nous avons marqués dans Le 

. Chapitre précédent. : ; 

%' Page 727. ligne 20. une lÿymphe quitient de. 
alt ©. Ja notrriture du lait, li/ez , une lymphe 
* qui tient de la nature du lait. 
Page 728. ligne 14. un Ver plat de trente 
pieds de long , #/ex , un Ver rond & long, 
. ayant trois pieds de longueur. + 


2 0