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BIOGRAPHIE
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JEUNES GENS;
conlrefait toiû exemplaire qui ne sera
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BIOGRAPHIE
DES
JEUNES GENS,
ou
HfES DES GRANDS HOMMES
QrfyfttrlnnTntiu, leur génie et leurs actions béroSqaes, sont dJgaes
d*lti« proposés pour modèles h la Jeunesse ;
Pae Alphonse de BEAUCHAMP,
Aalcif i» raîstoire de la Gneire de la Vendre , l'on des coopcrateurs
de la ttograilkie uaiTcrNile,
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Bl QUÀTAS raOïrnSPIGES ALLE60RIOUB5»
S7 PJB SOIZARTS-DIZ POKTlLAiTS.
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TOME SECOND.
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PARIS,
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BIOGRAPHIE
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JEUNES GENS,
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D'ALEXIS EYMERY,
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BIOGRAPHIE
DES JEUNES GENS.
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Iir PARTIE.
i 1^
GERMANIGUS CÉSAR.
f I£8 de Drmns et neveu de Tibère 9 Germa<*
nicns César, d'une extraction plus illustre encore
da e6ié maternel» ^tait, par la vertueuse Ântonia
ta mère , petit-fiû de Marc-Autoiue et petit nc«
Tea d'Auguste* Uu décret du S^nat avait dëcerué
à Dmsns et à sa postérité le surnom de Gemia-»
nicus y pour éterniser le souvenir des victoires
que ce prince avait remportées sur les Germains ;
mais ce samom elorieux fut encore plus lapanago
du fils que du père*
Angoste ayant adopté Tibère 9 fils de sa fonune
livie 9 obligea ce prince à en user de même à
regard de Germanicus, fils de son fi-èrc, qui
Sr là devint le petitsr-fils de lempereur. Il était
jà Tidole du peuple et des soldats par ses beu*
reusos qualités et par sou caractère aimable*
Bientôt la guerre fut pour lui une soiirca
d'instruction et de ç;loîrc.
La révolte soudaine des Dalmatcs et des
Pannoniens ayant rempli de terreur la capitale
Tome Z/. t
2 GEILMANICUS.
de l'Empire , Auguste chargea Tibère d aller*
combattre les insurges ; l'auiiëe suivaute ( la
6* de Jésus-Christ et la 756** de Rome) il lui
envoya Germanicus , qui était alors questeur,
pour le seconder dans ses opérations. Auguste
comptait sur l'activité d un jeune prince dans la
fugueur la plus brillante de Tâge , et plus ea—
core sur son cœur droit , franc et généreux*
Germanicus partit à la tête des levées faites à
Home et en Italie. Tandis que Tibère marchait
contre les Pannoniens , il ouvrit la campagne
conti^ les Dalmates. Vaincus dans plusieurs coin-*
bats , ces derniers cherchèrent un aSile dans leurs
forteresses; mais elles ne purent leur servir de
rempart, et plusieurs d'entre elles s'étant ren-»
dues , ils furent contraints de se soumettre , du
moins en appai^nce. L année suivante leur chef
T^ifi recommença les hostilités avec plus d'achar*
nement encore. Germanicus l'attaquai avec les
mêmes troupes qu'il avait déjà menées tkla victoire.
Ses succès furent d'autant plus rapides , qu'il
avait une parfaite connaissance du théâtre de
la guerre et de la manière de combattre des
insiu'gés.
Cette seconde campagne commença par le siège
de Bhetium , ville forte : peu s'en fallut qu)»
Germanicus n'y périt avec toute son armée. Les •
assiégés, feignant de prendre la fiiite, abandour*
Tient les murailles y se retirent dans la citadelle »
et en même temps qu'ils laissent pénétrer Far-»"
roée romaine^ ils mettent le feu^à leurs maisons,
^]ui étaient remplies de matières combustibles*
Tout h coup les soldats de Germanicus se voient
entourés de flammes et assaillis par les assiégés %
il ne leur restait pour moyen de salut qu à se
faire joiuf à travers cet incendie général , qui con-
suma la ville et la citadelle. 11 y péril^uu grand
nombre de légionnaires. Germa uicus marcha eu-»
4 GEBl^LAKlCrS.
parvenu à l*Einpiro , et de ià leur amour pour
^e fils , qui donnait les nicmes espérances. £n effet,
<VerTnanicus avait lesprit populaire et raffabilité
h\ plus engageante , bien différent de Tibère > qui,
ttans son air et dans ses discours , était dur et
impérieux.
Auguste, qui préférait Germanicus à Tibère»
lui avait fait épouser sa petite-fille Agrippine, et
îl le destinait alors à venger la défaite des légione
de Varus. En conséquence, après le retour de
Tibère , il donna la mission à Germanicus de te
rendre dans les Gaules pour enyabir les contrées
de la Gejrmanie qu'Arminius avait entraînées à
la révolte contre les Romains 5 ainsi Germanicus
6C vit à la tête de huit légions campées sur le
Hhin , et partagées en deux corps , occupant les
deux provinces de la Gaule-Belgiqne > appelées la
Haute et la Basse-Germanie* Il était alors âgé de
vingt-huit ans* Ce fut au sortir du consulat qu'il
reçut le commandement de toutes ces forces , les
plus considérables qui se trouvassent réunies du»
nucmie partie de l^mpire. Il commença l'exei^
cice de son commandement par le cens ou dénomr
itrement des Gaules, et il y travaillai tlorsqu'Aof-
|;uste descendit au tomlieau. Sa position deTÎnt
alors très-délicate à Fégard de Tibère, priifte
ombrageux et dissimulé. Le nouvel empereur
craignit d'abord que Germanicus, se trouTsnt
commander en chef huit légions et un pareH
nombre de troupes auxiliaires , et joignant à ces
forc(*s redoutables Tamour des peuples , n'aimât
mieux possécler TEmpire que rattendre ; mais plus
<f emmnicus pouvait prétendre au rang suprême ,
plus il sVtYorçait dy affermir Tibère.
Sr trouvant alors près des Belges , il oicee
leur serment pour son oncle. De son côté Ti-
bère' , voulant , par pure politique , mettre son
neveu dans ses'mtëréts , demanda pour lui le
GERMANlCUSi 5
puissance proconsulaire. En yertu de cette nou-
velle difi^oitë , qui lui fut conférée à yie par k
Sénat , Germaiiicud eut une autorité presque ab-
solue sur toutes les troupes romaines , tant dan«
les provinces que 4^ns la capitale ; en un mot , il
fat créé généralissime des forces de l'Empire*
Les commissaires du Sénat qui lui portèrent le
décret étaient aussi chargés de le consoler de la
mort d^ Auguste.
Cependant Tibère venait à peine de prendre
possessioQ de la puissanee impériale , que l'armée
de Pannonie se révolta , dans le dessein d'engager
une guerre civile qui procurât aux soldats des
récompenses. Cette sédition ^t appaisée par
Drusus , frère de l'empereur. Mais, presque dans
le même temps et par les mêmes causes 9 les
légions de Germanie s'ébranlaient avec d autant
plus de violence qu^elles étaient supérieures ea
nombre , et soutenues de l'important espoir que
Germanicus ne souffrirait point de maître , et
qu'il se lirrerait à elles , comme étant assez fortes
pour déterminer une révolution. Ce fut dans le
camp du Bas-Rhin , près de Cologne , que s'al-
luma la sédition des soldats , au moment oîi
Germanicus était encore occupé à recevoir les
tributs des Gaules.' Au premier bruit de la révolta
des légions il partit en diligence , et rencontra 9
à quelque distance du camp , les soldats , dont les
regards baissés contre terre semblaient annoncer
le repentir. Il entre dans l'enceinte , et tout re-
tentit aussitôt de plaintes amères. Quelques-uns ,
prenant la main du prince sous prétexte de la lui
baiser , lui faisaient toucher leurs gencives dé—
{mouillées de leurs dents 5 d'autres lui montraient
eur corps courbé par la vieillesse. Germanicus
arrive à son tribunal. Là , voyant les soldats
pêle-mêle , il leur ordonne de se former par
compagnies pour mieux entendre sa réponse ,
A GERMANICUS.
les soldats, il proiîtu de celle disposition ptiur
leur dëpriudj'o dans une harangue , nrvc Its
AToulcui^ les plus vives, ratrocite de leur con-
duite, et pour leur arracher Taveu de réuormité
de leur faute. Tous le supplient de punir les plus
coupables, de pardonner aux faibles» et de les
mener ensuite à rennemi; tous demandent avec
instance qu'on leur rende Agrippine et le noux^
lisson des légions. Germanicus promet soa fils,
remettant le reste entre leurs mains. A ces mots
la l'évolution fut entière, et les soldats punirenl
eux-mêmes les chefs de la sédition.
Le calme fut bientôt rétabli dans le camp;
mais à soixante milles de là deux légions persia*»
tiiieiit dans leur révolte* Germanicus se préparait
Ik les aller combattre, lorsqueUes le pi^vinreol
en punissant elles-mêmes les coupables. Cetta
espèce de gueiTC civile présentait un spectacle
id'horreur dont on n avait jamais vu d'exemple»
On laissa les soldats se rassasier de carnage ^
jouir de la vengeance et s'en dégoûter» Germa-
nicus, à son entrée dans le camp, s^écria les
larmes aux yeux : « Ce u^est pas là un remède ,
« mais une boucherie! » La férocité du soldat
d[iaug<*ant alors d objet, ils demandèrent à mar-
cher à Tennemi pour expier leur fureur* Ger-
manicus fit aussitôt jeter un pont sur le Bhia»
0t passa le fleuve avec son armée*
Ainsi fut appaisée Tune des plus dangereuses se*
iditions; ainsi tut rétablie la discipline, et a£fenuie
Îanlorité de Tibère , par l'habileté , le courage et la
ésintéressement de Germanicus* Si ce prince eût
Touluse prêter au vœu des l^ons, il eut été pro-
clamé maître de Tautorité souveraine ; les soldai^
et le peuple avaient conçu Tespoir que, parvenaà
l'Empire , il réaliserait le vœu de son père Dmana
Cl faveur de la liberté de sa patrie* De là cette
urdtui* pour son élévation, it laquelle persouua
g:i^imanigits. 9
ne 8*oppo8alt que lui seul. On verra bientôt
comment Tibère récompensa cet inviolable atta*
chement à sa personne et à ses intérêts*
Germanicoi» venait d'entrer en Germanie
avec des troupes dont les mains sacrilèges
voulaient expier tant de meurtres dans le sang
des ennemis du nom romain. Tout, dans le
pays des Marses 9 fut mis à feu et à sang. Plu-»
sieurs autres peuples germaniques 9 excités par
cette cruelle invasion , ^attaquèrent les Romains
dans leur retraite , et ne mreut repoussés que
par l'effet du couraee et de la prudence de Ger-
manicus. Le bruit de ses^ exploits parvint bientôt
à Rome 7 et y causa une }oie générale i maig
Tibère en conçut de l'inquiétude. H avait vu avec
plaisir la sédition ^ppaîsée ; mais il voyait avec
peine les gratifications et les concés livrer à Ger-»
manicus la faveur du soldat. Il rendit compte
cependant au Sénat des services rendus par le
jeune béros, mais en termes trop recherckés et
trop magnifiques pow qa'ils parassent l'exprès*
non d^un sentiment vraî.^
L'année suivante Germanicus fît de plus grand»
préparatifs encore , dans la vue de venger la mort
de Varus et la défaite de ses légions.
Les nations germaniques étaient divisées depuis
que la mésintelligence régnait entre Arminius ,
qui avait défait Varus , et Segeste , ami sincère
et fidèle des Romains. Geimanicus n'eut pas
Îdutôt appris que ces deux cbefs nourrissaient
'un contre l'autre la plus ardente animosité ,
qu'il envahit et ravagea le pays des Celtes. 11
marcha ensuite contre Arminius en personne.
Ce chef avait prévalu dans l'esprit des barbares ,
parce qu'il voulait nationaliser la guerre contre les
Romains. Germanicus remporta sur lui un avantage
signalé , et fit sa femme prisonnière. Mais , ayant
soulevé les nations voisines et rassemblé uns
to GVJMAmCCèé
noayelln année , ArminiiiB parut plus ri*iIoU'«
table encore , et Gerniauicus niarclm de iioik**
y(;au contre Inî. L^arniëe romaine s'avança
Î'usqu aux confins les plus reculés du pays des
îruclères , lava^ea toute la contiée entl'e TEnifl
et la Lîpy>e , et pénétra dans la foret de Reutlierg
(en WVstphalle ), oîi le» osseinens de Varus et
de ses lésions étaient encore h découvert. Cette
foret célèhi'tî conserve encore le uiéjne nom 9 et
le champ voisin s'appelle TVinfeldt, ce qui, dans
la langue du pays, sif^nifie Chainp de la T^ictoire»
Gerjnanicus et son année rendirent les derniers
devoirs à Varus et à ses lésions. Le prince i>08a
Jui-niénie le premier ^azon de ce commun tom-*
beau, et par ce devoir pieux il honora les morts
et partagea Taflliction des vivans. Il poursuivit
ensuite Arminius, qui, lui échappant sans cesse
et f];agnant des lieux inaccessibles , parvint à
comJ)attre avec avantage Cecina, lieutenant de
Gennanicus. Ce prince mena quatre légions jus-
qu'à rOcéan, leur fit descendre l'Ems, et, retour-
nant ensuite par mer, non sans danger, jusqu'à
rendN)uchure du Uhin, il se rendit par tr;rrc à
Colo^n<*. Là il trouva Servîmes, frère de Segeste,
qui venait se soumettre aux iioniains. Voyant le
zèle dont les hohials éUiîent animés, il s'f^fl'orçait
d'accélérer la vi(*foire par de grands piéparatifs
i>our une troisième campagne. En méditant sur
es opéjations de la guerre, et sur tous les
événemens hcunMix et malheureux qui avaient
signalé ses deux invasions, il vit que les Germains,
défaits en plaine et en batailles rangées, avaient
pour eux leurs bois, leurs marais, un été court,
clés hivers piémaluiés, et que les soldats ne
soufY'raient pas tant du feu de reimemi que de
la longueur des marches et de la pert<; de leurtf
armes; qne la Gaule s épuisait de chevaux; que
cette longue file de bagages, difliciles à couvrir ^
Il
GEaiVIANICUS.
litt anx embuscades : au lieu que paf i
trouvant' une foute iucoonoe àreiuteini, et plus
facile pour les siens , il ouvrimit plutôt la
pagne , era'jarqueroit ses convois avec ses lé^
et, en remontant les fleuves, verrait arriver ses
troupes toutes fraîches dans le cœiii' de la Ger— "
manie. Fermement résolu d'eiAiuter ce plan,
GermauîcTis Kt constrnirS en diligeuce mille vais-
seaux', et assigna l'île des Bataves pour le reudci-
vons général; puis il embartiuc so» armée,
jUTÎve iremboHcbure de TEms, et, aprfe avoir
débarqué ses troupes, prend avec elles le che-
min du Weser. Sur les bords de ce Ocuve , et h
la télé des Cbëmsipes , il reaeontre Arminiiu,
rî , feignant de fuir, cherchait à attirer une partie
l'armée rcunaine dans des embuscades,
Gei-manicus, ayant passd le Weser , est instruit
par un ti-ansftige qu'Arminins, sontenii de plu—
■ '. liears nations gui ven'^ient de le j oindre , ten—
. terait d'attaquer ic camp des Romains ta niiit
snivaute. A la veille d'une affaire décisive, îl
veut souder les dispositions du soldat; mais il se
défiait dés tribuos et des ceaturious, dont le»
rapports étaient sooTent .pios agi^ables qoe fi-
dèles; de ses affranchis, toujours un peu esclaveniç
de 'Ses amis, trop soaveid flatteurs; ménie dec
■Memblées générales de l'arâiée , où le petit
'ttombre diclf à la muttttade ce qu'elle répètes
Ëafia , pour' lire au fond des âmes , il veut voir
■es soldats libres , sans snrreîUanâ , lorsque , à^ta
leurs re{Hts militaires, ils déploient leun craii^H
êC lean «^rances. La ooit yenue , il prend des
router détonruées, inconnues des sentinelles. Eik-
velosfié d'une peau de béte iauvaee , et suivi d'un
KBtMHQBie, il traverse les moa & camp , s'arrêta
SVbme tenté, et là jouît iîte ta renonuqëe< L'un.
tteUttut n haute naissance , l'autre sa boon»
B^oe, b plupart sa patîèobe,. son afiabitité, son
nouvoUo nniu^o , Ariniiiiiis parut plus rr<1oti«
tiihie ciicoix* , ci (irniiiuiicus inatTim do iiou""
yrau contre lui. I/nrinrr rouiuiur snvau^'a
1*us(|u aux iMUiiiiiH Ivs plus r(Tul<^4 <lu pavii des
kurtrrrH , lava^ra toute la roiituM* mtir l'Enifl
vt la Lip)N* , vt p(?u(''tra dans la iorrtch* R<Mill)rr|;
((Ml NVcsipiialir )« où U\h ossrnirns Ac Varus et
<ie ses lé^ituis etairni encore h découvert. Ci*tt6
forêt célèbre» conserve eniH>re le ni^Mue nom , et
le clianip voi.Mu s appelle* // infvUlt^ ce qui, daiis
la langue du pavA, si^nilie ihtinip de la rhiairr»
(■(*rnuuHcuH et son armée* r<*iuiir(Mit les derniers
d<ïvoirs li >'arus et à ses lésions. L(* prince posa
Jui-nuMue le premier ^a/.oii de ce conunun ù>ni*
})cau, et par ce devoir pieux il honora les morts
et partagea raflliction des vivans. Il poursuivit
ensuite Arminius, qui, lui échappant sans cesse
vi ^a<;uant des lieux inaccessibles , parvint 2k
rondmttre avec avantaj^e (lecina, lieutenant de
Gernuuiicus* Cv. prince nuMia «juatre lé^^ions jus-»
<ju7i rOccan, leur TUdescendiT rjCnis , et , retoui>*
liant ensuite par mer, non sans danger» jusqu'à
IVudMiuchun* du Uhin, il se rendit par terre à
(iolo^nt*. lia il trouva Seri;imes, frère de Sc^estc,
qui vcuiiil se stiii mettre aux Konmins. Voyant le
arèle dont les soldats étaient animes « îl sVtVoi\ait
d*a<Tclércr la vict«)lr(* par de {;rands préparatifs
Îiour mu* troi.sième campagne. En nuMlitant sur
es o|HM-ations de la ^uern*, et sur tous les
^yénenuMis heureux et malheureux qui avaient
signalé scsd(Mi\ invasions* il vit que lesGennainsi
délails en plaine et en halailles nin{;é<*s* avaient
5our eux leurs bois, leurs inarsis, un été court,
es hivei>i piématuiés« et que les soldais ne
sondraient pas tant du feu de rennenii que de
la loii{;ueur des marches et de la perte de leur^
anues; «{ne la Oaule s épuisait de clu*vaux; que
cette longue idc de bagages > diillciles à couvrir f
GERMANIOJS- Tf
prêtait aux embuscades : au lieu (pie par mer ,
trouY ant une route inconuue à l'eimcmi , et plus
facile pour les siens , il ouvrirait plutôt la cam-
pagne , embarquerait ses convois avec ses légions,
et , en remontant les fleuves , verrait arriver ses
troupes toutes fraîcbes dans le cœur de la Ger— *
manie. Fermement rdsolu dVxëcuter ce plan ,
Germauîcus fit construir8 en diligence mille vais-
seaux, et assigna Tîle des Bataves ppur le rendez^
vous général ; puis il embaixjuc son armée y
arrive à Tembouchure de TEms , et , après avoir
débarqué ses troupes , prend avec elles le che-'
min du Weser. Sur les bords de ce fleuve , et h
la tête des Cbérusques , il rencontre Arminius^
Îuî , Ceignant de fuir, cberchait à attirer une partie
e Tarmée romaine dans des embuscades.
Germanicus, ayant passé le Weser , est instruit
par un ti'ansftige qu'Ai'minius , soutenu de plu-
sieurs nations qui venaient de le joindre , ten->
terait d'attaquer le camp dos Romains la niiîC
suivante. A la veille d'une afïîure décisive , il
veut sonder les dispositions du soldat : mais il se
déliait des tribuns et des centurions , dont le»
rapports étaient souvent plus aij;réahles que fi-
dèles ; de s(.»s aflrancbis , toujours un peu esclaves 5
d«* SOS amis, trop souvent flatfoiirs; n>6me des-
asîiiemblécs générales de raînico , où le petit
nombre dicte» à la multitude ce cpi'olle répète»
Enfin, pour lire au fond des iunrs, il veut voir
ses soldats libres, sans surveillaiis , lorsque , dans
leurs rcîpas militaires, ils déploient leurs craintes
et leurs espérances. La nuit venue , il prend des
routes détournées , incommes des sentinelles. En-
veloppé d'une peau de bete sauvage , et suivi d'un
seul homme, il traverse les rues du camp , s arrête
à chaque tente, et là jouit de sa renommée. L'un
exaltait sa haute naissance , lautre sa bonne
mine , la plupai^t sa patience^ son alTabililé, suiv
t% GERMAinCUS.
caractère toujouj*s égal ; tous se promettaient dt
faîiv ^k'Iater leur, amour vt leur dévouemeul
pour lui sur le champ de bataille y eu iuimolant
les ]>arjure8 et les intraoteui*s de la paix. £iicou-
racé pai* tant de te'uu)igiiages Uatteurs , par des
pi ésages et des auspices iavorables 9 le matin
même Gennaiiicus convoqua raruiée et dëcl»ra>
dans une harangue <no(]uente , qu'il était rësola
de finir une pénilde guerre par une batiiillc d^
cisîve. L(*s soldats i*époudeut aussitôt par de vives
acclamations.
Les deux armëes étaient en présence » et les
Homains marchaient à Fennemi % lorsqu ou vit
passer huit aigles qui) volant vers la iorét, s y
enfoncèrent. A cet ueureux augure Geruianicus
s'écria : « Suivons ces aigles ; ce sont les dieux
« tutélaij'i^s de nos légions. » Les Germains ne
purent soutenir le choc > et Gennuuicus ixîsta
vainqueur ; nuiis > sVtant ralliés 1 ils revinrent
bientôt à la charge avec une rage aveugle. Cette
seconde bataille fut encore plus terriole cnie la
première. Gennanicus , à la tête des conortt*s
prétotiennes ^ fondit le premier dans la forêt»
Là on se battit corps à corps. Les Germains ne
le cé<luient point en bravoure , mais la nature du
combat et des armes leur donnaient du désavan*
tagc. Gennanicus avant ôté son eascpie pour être
mieux recomui , criait de s*acharner au carnage , <
de ne point faire de prisonuiei^ » cpi on n'aurait
la paix que par la oestiiiction cutièi'e des Ché-
ruM|ues.
Cette seconde bataille gagnée « il prouon^*a
réloge des vainqueurs en présence de son armée
entièiv , et &t élever un U'ophée avec cette iiis*
cription magnifique : « L'armée de Tibère César»
« victorieuse des nations entre l'Elbe et le Bhin »
« a constieré ce momunent à Mars i à Jupiter et
* à Auguste. » Il n j fit aucune mention de lui**
GERMANICUS. i3
même , soit crainte de l'envie , soit persuasion
intime qae les grandes actions se snifisent à ^elle»»
mêmes»
L'ëté touchait à sa fin , et Germanicns , aprifl
avoir renvoyé une partie des légions par terre »
rembarqua le reste de sa flotte pour regagner
l'Océan par l'Ems. D'abord la mer fut tranquille;
mais bientôt un vent violent , mêlé de grêle et
soufflant à la fois de tous les côtés, emporta et
dispersa les' vaisseaux en pleine mer. Un grandi
Bombre y périt ; on fit naufrage sur des écueils*
Autant rOcéan Temporte en violence sur un«
autre mer , autant cette tempête l'emporta sur
les autres par tout ce qu'elle eut d'extraordi^
naire et d horrible* La galère de Germanicu^
aborda seule cllbz les Cauques» Tant que dur^
l'ouragan oi^ le vit courir le jour et la nuit $ur
les rochers et sur les promontoires > criant , se
reprochant la perte de tant de vaisseaux et de
tant de braves soldats ; à peine ses amis purent^
ris l'empêcher de se précipiter dans la mer. Enfin
le vent s'appaisa , et les vaisseaux rentrèrent dé-
labrés ; on les répara à la hâte pour les remettre
en mer : quelques-uns avaient été emportés jus-»
qu'en Angleterre.
La nouvelle de ce désastre fit reprendre les
armes aux Germains 5 mais l'activité de Ger-
manicns trompa leurs espérances. Il envoya une
année contre les Celtes, fondit lui-même sur
les Marses avec une armée plus nombreuse , et
recouvra deux aigles de Varus. Après l'expédi-
tion il fit hiverner ses troupes, à qui la joie
(le ce succès avait fait oublier les disgrâces de
la mer ; il les combla de ses libéralités, et tint
compte à chaque soldat de ce qu'il déclara avoir
perdu. Une autre campagne aurait terminé la
guerre; mais l'envie porta Tibère à enlever à
Germanicus une gloii^e dont il était presque ea
14 CEllMANiaiS.
poHHrRHion ; Jl Iv. rappolu bouh prétexte do Tenir
|ouir (lu trionmhr (lui lui avait été décerné*
11 fallut uln^ir ; GcruiuniniH cjuittu lurmcfo à
regirt))oiir retenir h lloitir» Tuutcti leicohortca
rrdtoi'irmi(?H ullorcut au il(*viiut ilo lui , ciuoiuuo
ur<h-o u'oùl éié douné rni*h ùv.ut d outre «Iief.
La route était couverte uo peupUi ju»qu'h lu (lin-
tauco dv. vill^t inillost TllH^re >'<'Çut GcM'uiauicua
fiv<*c (uutcHlcH (U^uiouHtjniiouiid anootion tit d*aiui«
tidiUiuiMaycc hi pliiipi'oioudcdiHttiuiuluttoapllare-
ooiunMUida au iSt^uat conuiM! di^iM* don pluH ^runda
konuiMiiH» Li! 26 luai do r«unfi(> Muivuntit, 770
do la londation dv iioiuo, vi 17 do J. C» , Goj'iim*
liicuti triouipha don Clu^riiHtjuoH , doH OitoM, dea
AgrivaiiouH otautimnatiouM qui Iiahitaiout outre
le illiin ot rKU)04 Co ti iouipho , «li$i c^uiouio dovfH
nuo raro , lut do la plu» grande umuuiliconoe»
LoH d<dpouili('H, loM oaptifH, lot» ronroMoututiu'aa
doH ilonvoM, cl(*N nioataauoH, doH couilmU oruèiHitit
la noitipc. Maiti co 4111 Hurtout iixait Iob rogarda
ol TalUnition, 'cotait la porHouuo mémo do Gor—
inaniciiH, m hoanlc ni majoHLuouAo« et son cUur
couvert do uvh cin({ onians. loutrioiH, dit Taoit<* »
on uo pouvait ho ({(^loudro d'un oorlain Hontiniont
do ciHjntoon voyant cpio hon p^t'o Diumum n'avait
pan ou longtom])H i\ jouir dv la faveur du poupin;
<mo son oncle MarcelluH Hâtait vu onlov<$ a lu
ifour do Ha Jouu(*hbo , au milieu doH adoratoui's do
l'Empire , et «{u'il y avait coniuio une inUuouco
maligne attaolu^o à ranumr du peuple romain.
Tilx'^rc , pour rendre la Noh^nnitd pluti cuin»
pl(Mo , fit diMtrihiier au peuple 3oo «(^HtcrcoH par
U*te, ot HO di^aigua oonitul avec OornuinicuH pour
lamule Huivaute» On nVn fut naa plu» persuadé
do m teudrfîMo pour son IUh a(toptif , ot hientât t
aooH doH motifs lionoraîdcHTil ) ($Holut do rdcartiT»
1^*H trouhlcH d'Orient lui ofl'rirent une oocaHÎoii
fiivoiuiilo ptiiu' boUHtiaijo Gormaaicutt à ho« li$«»
GERMANICUS. i5
gions ckéries , en le trausportaut dans de nou-
velles provinces où il resterait exposé aux coups
de la politique et du sort. Tibère représenta au-
Sénat qu^étaut sur le déclin de Tâge , et Dioisua
son fils n ayant pas encore assez de maturité ,
Genuanicus était le seul qui , par sa sagesse , pût
rendre le calme à rOrieut* Un sénatus*consulte
déféi*a aussitôt à ce prince le ^ouTemenieut gé-«
nierai de toutes léâ provinces ëU'-delà de la mer,
avec une autorité supérieure à celle de tous les
autres commandant , et des pouvoirs«^lus éten-*
dus que pour aucun auti^e gouverneur, depuis
Pompée-Ie^rand. Mais , pour Ijalancer une au-
torité si exorbitante , Tibère donna le gouver^
nemcnt de Syrie à Cneius Pison , génie violent ,
Il qui les égards et la déférence étaient inconnus*
A sa hauteur naturelle il ajoutait la pjésomptiou
3ue lui inspirait la noblesse et les biei^s immenses
e Plancine > son épouse. Pison se crut envoyé
en Syrie pour traverser les espérances de Gei>
maiiicus ; et s'il ne reçut pas des instructions
6(»crètes do. Tibèrcî , oonnne ou le crut alors , il
est certain que rinipératrice-nièro rrooninuuida
elU'-nieiiK^ a Plaiioliie (l(î fatii^ucr l'eimuse de
(vcrniaiiicus par des rivalilés et jiar des niortili-
catloiis.
Vers la fin de raniiée Oermanicus partit pour
son };oiiveriioineiit , avee sa (enniie Ajjçrippine et
son iils Caïus , sinnoinnié Caiigiiid, Après avoir
essiivé deux temp^'les violentes , l'une dans le
golfe Adj'iatiqiH» , raiilrc dans la mer Ionienne ^
il se rendit en Dalniatie pour y visiter son frèi«
Driisns. De lii , suivant la côte illyrienne , il
gagna Nicopolis, ville d'Achaie qu'Auguste avait
iuilie en nu'nioinî de la journé(î d'Aotiuin ; il y
resia quelqu(»s jours pour y reparer sa llolte, et
profita de ee temps pour voir un gdfe (jue la
%ictoiie a rendu si cclèbic, les nionuniens cou-
J4 CEllMANiaJS.
|)()HHrKHioii ; il le r«|)|H'lii sou h ])ri$t(*xto do Tenir
jouir (lu liîuni|)h(M|ui lui avait (:td iléccmé»
11 fallut oMv ; (»ciinaiii(MiM <juittu luriiK^e it
ri>(;rrt )K»iir n'^niir ik liouir. 'J'uutcii loscohorlfît
1)1 (:toi-i(!Uii(>H ullrrrut au clrviiut <lo lui y (|uoiuiie
\)r(lr(! uVAL cié duund cnili ùv.ux dVïutrc ellef»
La rouli* éUxli coiivorle m* peuplft jusqu'à lu dit*
tanrn dv. yiu^l iiiillna. TilH*re l'^IÇUt GcTiiiuulcui
nvrr toulcHlrH d4*HionHtraii()niid aflcrtion e.t d*aiiii«
ti(^,inaiM avec: la pluA pr oloiido dissiuiulatton; il le re*
roiuinaiula nu »S<'uat couun<* di^iir drH pluH frauda
lionururH. 1a*. hO nuii di^ lanufir Kuivaute, 770
<1(* la londatiou i\v iUntïo^ et 17 de J« <^ ^CfTiiia-
liirijs trioniplia d<'H Chc^iii.HtpirH , dcH Olt(*8, dei
A{;iivaiiciis claulrr^ natiouH cpii hahilaiiMit entre
Ir iUiln et rKll)r« Ce ti ioniplir , tfléic^uionir. devfî*
nue raie , lut de lu plus ^ramie uui|;uificenee«
LeH (l^^pouilles, les eaptiCH, leH reiirdsM'uttiliu'Jg
«les lleuveii, deH niouta^iieH, deM coinlmtM ornèrent
la pompe. MaiHee (pli Hurtotit iixait le» regarda
1*1 ]'alU!iition,'eeLail la persoiine ni£uio de (^er—
maiiicii.s, m\ heanlé m inajesUiouHe» et Boii elmr
couvert (l(^ tkvn eiti({ c^iiaiiK* 'routefoiH, (JilTaeîtf*,
on lie pouvait se (U^ieudre (1*1111 e(>rlaiii K(*n(iinent
ùv. eiaiiit(!eii voyant (pie son pèr(; DriiHUH n'avait
pas eu lou(;t(*iups à jouir i\v la faveur du peuple;
<pie Sou oiiele Mareelliis K*e(ail vu eidc^vd à la
ll<*ur de Ha jeunesse, au milieu <les adora tiîurs do
rjCiiipire , et ({ii'il y avait eoinine une inNuenco
maligne attiurlM^e h laniour du peupUi romain.
7'ili(M(> , pour rendre la Kolennitd ]duH coin*
yU'.ïv. , fit diHtriliu(*r au peuple 3oo seHtcrcCH par
t^ite, et He de^sigua coimul nvee (xeniMnicuspour
laiiiule suivante. On n'en fut paH plus persuadé
d(; sa teudreAS(; fMnir son fils acloptif, et hientot»
6011S (les mol ils lioiioraldeHril 1 (^solut de rdcartcir»
Les (roid)leH d'Orient lui onVirentune oe^*asion
finoi.ilile pour boUfiLiuiie ^ieinmnicutt & M!« Itf-
GERMANICUS. ïS
gions cbéries, en le transportant dans de nou—
Telles- provinces où il resterait exposé aux coups
de la politicjue et du sort. Tibère représenta au-
5énat cpi'étaut sur le déclin de Tâge , et Drusua
son (ils n'ayant pas encore assez de maturité ^
Oennanicus ét^it le seul qui , par sa sagesse , pût
rendre le calme à rOrient« Un sénatus-K^onsulte
déféra aussitôt à ce prince le ^ouitemeiliént gé-«
Biéral de toutes léâ provinces au-delà de la mer,
avec une autorité supérieure à celle de tous les
autres commandant , et des pouvoirs^lus éten-*
dus que pour aucun autre . gouverneur , depuis
Pompée-le^rand. Mais , pour balancer une ai*-
torité si exorbitante , Tibère donna le gouver-
nement de Syrie à Cneius Pison , génie violent ,
h qui les égards et la déférence étaient inconnus*
A sa bauteur naturelle il ajoutait la présomption
que lui inspirait la noblesse et les biens immenses
de Plancine , son épouse. Pison se crut envoyé
en Syrie pour traverser les espérances de Ger-^
manicus ; et s'il ne reçut pas des instructions
secrètes de Tibère , comme ou le crut alors , il
est certain que l'impératrice-nière recommanda
elle-même à Plancine de fatic;uer répouse dç
Germaiiicus par des rivalités et par des mortifi-
cations.
Vers la fin de Tannée Germanicus partit pour
son gouvernement , avec sa femme Agrippine et
son fils Caïus , surnommé Caligulci, Après avoir
essuyé deux tempêtes violentes , Tune dans le
golfe Adjjatique , Tautre dans la mer Ionienne ,
il se rendit en Dalmatie pour y visiter son frère
Drusus. De là , suivant la côte illyrienne , il
Uagna Nicopolis , ville d'Achaïe qu'Auguste avait
bâtie en mémoire de la joui^née d'Actium ; il y
l'esta quelques jours pour y réparer sa flotte, et
profita de ce temps pour voir un golfe que la
* ictoiie a rendu si célèbre , les monumens cou-
1^ GERMANICU&
sacrés par Aagiiste et le camp de Marc-Antoine»
Ces licDX , où il retrouvait partout les tracas d#
ses pères , lui offraient un srand spectacle d^iiH
fortunes et de prospëritës. Il se rendit ensuite à
Athènes, où il ne parut qu'ayec un seul licteur»
par ëgard pour cette ville ancienne et alliée* Les
Grecs le reçurent avec les honneurs les plus re«
cherches , mêlant à ces distinctions les z^^cits .d^^
leur propre gloire > afin de donner à leur flatterie-
plus d'autorité.
De là , gagnant liEubéc , Germanicns trav-ersft
Lesbos , où Agrippine accoucha de Julie , son
dernier enfant. Il parcourut la c6te d'Asie»
visita dans la Thrace Pcriuthe et Byzance » pé-
nétra par la Propontidc jusqu*à l'embouchure de
TEuxin , curieux de connaître ces lieux intérea*
sans par leur antiquité et par leur réputation ;
il remédiait en même temps aux maux des pro«
viuces , appaisait leurs dîssensjous , et réprimait
l'injustice des magistrats.
A son retour de lïuxia il désirait voir les
mystères des Samothraces ; malgré tous ses ef«*
forts. , des vents contraires Técartèrent é^ cette
route. Après avoir considéré les ruines de TroiCy
qui, par l'idée qu'elles rappelaient les vicissi^
tudes du sort et l'origine de Rome y lui pa—
rurent si vénérables, il côtoya de nouveau l'A^e»
et alla débarquer à Golophon pour y consulter
Toracle d'Apollon de Glaros. On pitétend qu'ea
ternies mystérieux, suivant l'usage des oracles »
il annonça une fin pxsématurée à Germanicus.
Cependant Pison et sa femme Plancine , qui
avaient pris la route de Syrie , commencèrent
des Athènes à exéouterv leur plan d'insulte contre
(icrnianicus. D'Athènes, coupant au travers des
Cyclades par le trajet le plus court , ils accélë*-
rèrent leur navigation, et atteignirent Gcrnia»-
cicus à Rhodes. Gd prince n'ignorait pas les per-
GERMANICXJS. 17
sccutions odieuses qui rattendaient. Telle ëtaît
toutefois sa générosité , que 9 Toyant une tempête
emporter Pison sur des écueils , il enyoja ses
meilleurs yaisseaux pour sauver un ennemi dont
la mort n'am^it pu être imputée qu au hasard.
Ce procédé n'adoucit point Pison. Irrité du moiu-
Ji^ retardement , d^ le lendemain il quitte et
devance Germanicus, et, à peine arrivé en Syrie ,
il s'applique à gasner l'armée , excitant les sol*
dats à mettre de 1 obéissance et du zèle à désobéir
k Germanicus.
Mais l'Arménie demandait les premiers soins
de ce prince. Là, de laveu des grands d^ pays^
et au miilieu des acclamations de la multituae ,
il ceignit le bandeau royal à Zenon , fils de Polé-
nion, roi de Pont, ami et allié des Romains.
D* Arménie il passa en Cappadoce , qu'il so.ulagea
d'une partie des impôts; puis il visita la Ck>ma—
gène, qui venait de se soumettre aux lois de
Kome*
La joie de si heureux arrangemens était trou^
l>Iée par les chagrins que donnaient h Germanicus
l'orgueil et la malveillance de Pison. Ils se ren-
contrèi^nt à Cirrhe. Le prince, aigri par des
amis qui exage'ruient les torts de Pison, s'expli-
qua le premier en présence de quelques contidens.
Pison répondit par des excuses pleines darro-^
çiaiice , et Ton se sépara la haine dans le cœur-
On vit arriver dans l'intervalle des anibassa-
cJeurs d'Artahan, roi des Parthes, avec qui Gernia-
uicus renouvela Fanoienne alliance des Romains»
L'année suivante il fit un voyage en Egypte
pour en reconnaître les antiquités. Les besoins
de la province en furent le prétexte. En ouvrant
les greniers d'Alexandrie , il fit baisser le prix
des grains , et il se rendit cher à la multitude en
marchant sans gardes avec la chaussure et l'hahit
l^rec . imitant çu cçla Scipion rAliÛcaio ,^ qui , au
ao CËRMANICUS.
Ainsi përit Germanicus César , dans la trente*
quatrième année de son âge. Soncorps» avant d*êUe
porté au bûcher, fut découvert à nu dans la place
îl^Antioche, où se fit la cérémonie des funéi*aillr.ft.
Il demeura douteux , dit Tacite, 8*il s'y trouyait
des traces de poison; mais, s'il en faut croire Sué^
tonc, il était tout couvert de taches noires et Lieues,
et l'écume lui sortait de la bguche* Les Labitans
d'Antioche poussèrent la douleur jusqu'à rim-
êiété , car, ayant appris la mort de ce prince 9 ils
incèrcnt des pierres contre leurs temples , ren-
irorsèreut leui^s autels, et expulsèrent de leurs
maisons leurs dieux pénates ; tel fut Thorrible
délire de quelques-uns d'entre, eux , qu'ils expo-
sèrent leurs eiifuud nouveaux-nés et les abao*
donnèrent.
11 est plus aisé de concevoir que d'exprimer
la consternation que la nouvelle de sa mort ré-
{landit dans Home , oii il était universellement
chéri. Le premier bruit de sa maladie avait alarmé
toute la ville ; on apprit presque immédiatement
sa mort, et il s'éleva anssitol un cri de douleur
et d'iudignalion. Par hasard quelques marchands
{lartis des c6U>8 de la Syrie annoncèrent sa conva-
rsrrnce : cette nouvelle est siussitût crue, anssitât
divulguée ; la joie Texagère de bouche eu bouche ;
on court par toute la ville; on enfonce les portes
des temples. Tibère, éveillé par les cris dallé-
Ivresse , éprouve la mortification d entendre crier
sous les fenêtres de son palais et dans toutes les
mes : Salva Roma ! salva, patria ! sahnu cmî
Cermanicux ! Mais celte joie immodérée fit bientôt
place à la plus profonde affliction* La nouyelle
certaine de sa mort étant ai*rivée , toute la TÎlk
re ton lit de cris , de plaintes et de lamentations»
Sans attpudre ni édit de ma^jisfrats ni sénatus^-
«consulte , on abandonne les tiibunaux , on fierms
les iioutiques^ on fcime l€3 maisons 9 et les rues les
GERMANICU5. »t
plus fréquentées deviennent tout à coup un
désert. Le Sénat , assemblé extraordinairement ,
décerne à Germauicus de grands honneurs , dans
le dessein d*immortaliser la mémoire d^un prince
si chéri et si digne de Tétre*
Sa mort, dit Tacite, répandit un deuil universeU
Les nations étrangères , les rois barbares pleu^
rèrent ce grand honrnie , si aifable pour les al-
liés, si doux pour les ennemis, dont la figure et
les discours imprimaient une égale vénératioa,
et qui , bannissant de la grandeur suprême lor—
eueil qui la fait haïr , n'en avait conservé que la
dignité qui la rend imposante* Frappé de quel-
ques rapports entre la figure et Tâge aAlexaudre
et de Germanicus , le genre et aus^ le tbéâtre
de leur mort , on compara souvent , ajoute Ta-
cite, la destinée des deux héros. On observait
qu avec les avantages de la beauté et d'une nais^
sance illustre, tous deux avaient, non loin de
leur trentième amiée, succombé sous des embûches
domestiques paimi des nations étrangères ; mais i
Ton préférait le Romain , doux envers ses amis ,
modéré dans les plaisirs , asservi aux lois d'un
seul et chaste hymen , et non moins intrépide ,
quoique sans témérité. On songeait aux obstacles
qui Tavaient empêché de subjuguer la Germanie ,
accablée par tant de défaites , et Ton ne «Joutait
pas que si , avec les titres , les droits de souve-
rain , il eût été le seul arbitre de ses destinées ,
il n'eût égalé bientôt dans la gloire des armes le
Macédonien , qu'il surpassait par sa modération ,
sa clémence et ses autres vertus.
Les qualités de son esprit répondaient à celles
de son âme. Au milieu du tumulte des armes et
de la gtlÉrre il cultiva avec succès l'éloquence
et même la poésie. Il avait composé des comédies
grecques 5 une tiaduct!ou d'Axatus en vers latins,
et des épigrammcs : le temps eu a épargné quel-
2% f.lînMANItttS.
«|ut's*iino8, fmriuî l«*8tjurllt»s ou vu troure A^lti^fi^
lùt'usrs. Il t*ut la ^Itun' «r^tiv iniâ nu nwiç^ dtm
aiitrurs i\\\\ tlrvaifut servir ilc* ntoilMe^ et «on
luisto tut plaro (^irun rcux dt*» illu^tn^ écvi-^
iraius <Iout la sallo An Siimi ëtnti oruiV*
i\v prinro rut (r'\gri)i|uuo uru(\niruns« Nri>an«
T>rusus « (jiuis« suruomuif^iailî^ulu; troia auliva
iils qui uuuiruivut ru 1ms ii^r « rt ti^ois (illrs ,
)V|;rip|>iur. uu^rr «Ir Nrrou* Drusiillr , ri Lt\ilUs
plus rounttr soi:s Ir u(uu dr Julir*
i\^rî|>))iur,aivahlrrilr(!<mlrui\sVtaltrmU)\niU(^
nvtv h'srruilrrs tl»» sou r|iou\ rt avcT m** rul'tui^^
Ailouu'ou plruraitruron^iiriiuaotrui», lorstuur le
kruittir la piorhaiur an'i\rr tr.\j;rippîur ik Uruulrs
sr rrpaiulîf (tuit à vo\\\i : r*rtait l«' prruiior port
rt Ir plusst^r où rllr put ahonlrr. Tous srs nuii)»,
tous vvu\ <|ul avaitMit 5rrvi sous sou opoux • uu
(;i\uul uouiiu'r d halulaus (lt\< villrs \oisiurs, tlu
plus l(Mu «prits }i|>ri\(ùvrut la tlottr ru piriur
nuT, M^ port(>ut ru fouir uou srulriurut »ur lu
port rt sur Ir ri\ai;r , uiais jus()ur sur 1rs murs ri
sur l(*s toits « |\u-tout ruiiu d'oii la \ur pouvait le
plus st'ttMulir.
La tlottr ruliv iusrusîMruuMit daus uu ap)mrril
tui*ultr(* rt uuu'ur« hiru i*loi»;nr tit» rallô»;rrssiî
ordiiiain* au\ ua> i>;a(t'Ui^ (|ui anixrut* A |H»iur
rut-<ui >usf>rtir(lu vaisseau A|;rippîur avrr st»*
ruians, Turur srpulrralr dans 1rs uiaius« It^s
rrganls ti\rs rontn» trjTr, rr ut» lut «ju*uu srul
rt uuMur ni dr doulrur, vi \otis u*aurir* distiu— *
^ur « tlit Taritr « ui houuurs « ui rruuurs% ni
rti'au«;rrs, ui parrus. Tihrn» avait ruvovô drut
iM>hort«'s pivtoriruurs rt Tordit» aux maj;istn«t:ft
i\v rriuliv i^ la uuMuoiiv dr sou tils j^t^ttif Ir»
drruirrs dt^voii'S rt 1rs luumrurs dus n sa nit*—
luoiit*. Les trihuus rt 1rs rruturituis portairut
It s rrudrrs sur Irurst^^mulrs; ru avaut uuux'Imirut
1rs rusri^ur» uucs, les iuLsiTaux rouvertes* DutM
GERMANlCtrS. a?
f crûtes les yilles où passait le convoi, le peuple en
deuil, les cheToliers en habit militaire, ou brûlait
solenuellenient des e'toifes, des parfiuns et d'autre»
oilrandes funëraires. Les habitaos mêmes des yilles
écartées de la route venaient au devant du cortégéy
sacrifiaient des victimes , élevaient des autels aux
dieux mânes , exprimaient leur désolation par de»
cris et par des larmes unanimes. Les consuls , les
séiiateurs et une grande pai*tie du peuple romain
allèrent à la rencontre du convoi 5 on les voyait
tout le long du diemin par troupes épaj*ses , et
chacun donnant un libre cours à ses pleurs. Lé
jour où Ton porta dans le tombeau d'Auguste les
restes de Germanicus fiit marqué tantôt par un
silence de consternation^ tantôt par un bruit tumul-
tueux de gémissemeus. Les citoyens remplissaient
les rues , le champ de Mars étincelait de flambeaux,
tous les soldats étaien^ous les armes , les magis—
strats sans décoration , le peuple assemblé par
ti'ibus , et tous , en s écriant que la république
était perdue , qu'il ne restait plus d'espérance ,
seiiililaient oublier qii^ils avaient des maîtres. Ti^
bère sVfibrca de niettix' fin aux regrets par uit
édït ; il laissa condamner Pison pour étouffer les
soupçons dont il éliiit l'objet , et dans Tespoir
ciîrune vlctiaic sufîirait pour calmer la douleu»
publique*
A
AGRICOLA.
^^^^>^^^^>^fc^i^^<
CNEIUS JULIUS AGRICOLA.
VJNEius JuLius Agricola fat anerand honinie
lums doute ; mais peut-être uc doit-il s«i cëlébrlté
i^i^au double avauta^c d'avoir eu Tacite pour
arndre et pour historieu. Sa vie est un morceau
i) histoire achevé ; c est un chef-d'œuvre de bio-
§1 aphie, et le meilleur modèle qnon puisse ofirtr
ans ce genre à la jeunesse ; aussi notre marche
»' trouve-t-elle toute tracée. Nous n'aurons qu^
suivre Tacite lui-niéme, qu% puiser dans ce peintre
iitiinitahle les traits et les couleui-s qui nous ser-
viront à faire connaître le euerrier vertueux et
magnanime qu*il a iumiortalisé.
Agi icola naquit à Fréjus , dans la Gaule Nar-
houuaisc. Ses aïeux étaient intendans de Fempe»
reur^ ce qui leur donnait le rang de chevalier.
Son père y Jiilius Grœcinus , sénateur devenu
cclcbre comme orateur et comme philosoplie «
fut puni de uiort par Caligula pour avoir refusé
d'être Taccusateur de Marcus Silanns. Sa mère,
Julia Porcilla » dame d'une vertu exemplaire ,
éleva le jeune Affricola avec tonte rafifectioiK
maternelle. Tous tes genres d'instruction jutiles
remplirent son premier âge et son adolescence»
Outre un heureux naturel , une chose encore
le préstTva des séductions du vice ; c'est que dès
son enfance il eut pour séjour et pour école Mar^
seille. ville où régnaient alors un mélange et une
cuuiUuiûiïou de la politctôe des Giccâ et de la
AGRICOLA. %5
simplicité de la province. Il s y serait livré à
lëtude de la philosophie avec plus d'ardeur et
dVmthousiasine qu'il ne convenait à un Romain^
rt à un sénateur, si la pmdence de sa mère n^eût
mis un frein à cette passion immodérée. Son âQie»
ëievée et courageuse , dit Tacite , aspirait à une
gloire éclatante , et il poursuivait ce fantôme
brillant avec plus' de chaleur que de sagesse 9 mais
bientôt lage et la raison le calmèrent, et il apprit
de la philosophie ce qu'il y a de plus difficile 9
à mettre de la mesure oans le bien même*
Il fit ses premières armes en Angleterre , sons
Suetonîus Paulinus , général attentif et sage , qui
le distiiigiia et le jugea digne de partager sa tente*
Devenu tribun , il ne s en fit pomt un titre pour
rester dans l'ignorance , obtenir des congés , se
livrer aux plaisirs, comme cette jeunesse licen-
cieuse qui fait du service militaire un état de di^
sipation et un prétexte d'oisiveté ; il s'applicruait
ati contraire à étudier la province , à se taire
I. onnaître de l'année , s'instruîsant avec les plu»
bîibiles, vivant avec les plus vertueux , brave sana
ostentation , ne briguant point , ne refusant point
b-s commissions périlleuses , et en tout mettant
de la circonspection et du zèle.
Paulinus avait alors à soutenir une guerre ter-
rilJe. Le jeune Agricola y acquit de Thalnleté ,
<le l'expérience et de lemulation ; il y prit aussi
l.i passion de la gloire militaire , passion mal-
lipurcuse , dit Tacite , sous un règne où il suffi-
siit de S(î faire remarquer pour se rendre sus-
pect , et oîi l'on n'était pas moins compromis par
nue l>onne réputation que par une mauvaise.
Revenu à Rome pour ])riguerles magistratures,
il épousa Domitia Décidiana, dune naissance il-
lustre. L'éclat de cette alliance et le crédit qu'elle
lui procura facilitèrent son avancement. Los deux
époux vécurent dans luaiou la pius infime i ils
'lonitt y/, 3
26 AGRICOLA.
»o vhévhsww.ni inuhuïllriiienii et 8c ]irërâ*aR*nt
jVf^t'icolii <»iitiiit lu (|iirsturo : Ir. rtort lui tlounii
VAsif pour dopartrninit, rt Salvius Titiunuapour
priuMiusul. Vuv. yroyuwv. kî richr ot & lu diici*rf"
lion AvA drpi'f^dalourti, un proronsul {Ymw nvidttrf
tian?) l)onirs vi disposti i\ arlirtcT Iv. Mvnvv sur ans
nintvvi'sntions pnrtonii\s Korlra do conipluiaiuicfi»
tvWv» fuiiMil 1rs doux rpnMivoa anxquelloa il itS*
fiishi. Sn fiiniillo »y urcrul d'uuo filln qui drvait
l(* d(Mlonuunf;('r ot lo ronsulor, car il iHTdit liiea*
lot un liU cpril avait v\\ aunanivunt. Il (Miasa doua
l*inaction rt Iv. rrpos lout l intorvallo Av sa qurt-
tmv h son trilmnnt, rt son trilmnat niâuio, tant
i\ connu iswait rc^spiit du rfe^nc Av. Mdrou» aous qui
une laclio iiuloirnro dtait rdputi'o aagraar» Il ou*
hvr\n In même riivont»pcvtion dansaa piëUirts oik
1uMn'ruKrnu*nt il nVut rna Av. jurldictiou à cxcr*
(*.rr. Dans 1rs jeux vt iians toutes Itm oocuaiuna
d oclat il Mï niontrn nuignifiquo , uiuia avin: idq*
Mux! « et se fit ni^ne honneur de sou tfcouoniie*
roniniis entiuiie par Gallm au rec ou virement dca
richesses dont Noron avait depouilld Ira teiujplM»
il lit en sorte « par IV^xactitude scM'Upulcusc de sca
rechrrcheH, ([ue TUnipire n VAl d auti^ca aacrllrfgea
1^ déplorer ipie ceux de Nerou.
Lainide suivante lui porUi un coup aonaible
dans ses afTeetioiis et dans sa lortuue. Leaaoldaia
de la tlotie d'OUiou nuissaer^rent au utâre daua
pa maison de eampagnot surin cote de ViuUiui^
^lia« et pilh^ivnt son pntrinu)inc« Agricula partij^
Av llonie pour aller iTudre les dernicra deroîrt à
m nuVc; d apprit eu rouUï que Veapaaion pré*
tendait Si TEuqiirc» et suMc-K:hnmp u ae drfclart
pour lui, i
iSIut icn, qui conmiandaitiN Rome pourlcnoUYcl ^
enipcnnir, le chargea daller faire doa levëoi |
})ui:î, salisfuit de son dcàintcVesaemeut et de aoa j
AGRICOLA. vj
acUyllé, il lui donna le commandement de la
▼îngtième légion , aloi^ en Angleterre ; elle avait
tardé de reconnaître Vespasien , et Ton prêtait i
sou chef des vues séditieuses* Agricola , envoyé
pour sévir, aima mieux pai^ître , par Une mocfé*
ration très-rare , avoir trouvé les soldats dans
l'ordre que les y avoir fait rentrer.
Bolanus gouvernait l'Angleterre » mais avec
trop de mollesse pour un peuple si remuant. Afin
de ne pas lui porter ombrage , Agricola , qui savait
concilier les devoirs et les égards, mit un frein à
son zèle. Bientôt après Bolanus fut remplacé par
Ccrialis. Alors la caiTière fut ouverte à son ému-
lation et à ses talens. Cérialis Tassocia d'abord
à ses fatigues et à ses dangers , et bientôt api èd
à sa gloire. Souvent il lui donnait une partie
de l'armée à commander, quelquefois de plus
grandes forces, et Ton ne vit jamais Agricola se
prévaloir de ses succès; il les reportait à leur
premier auteur, à son général. Ainsi , à' force de
subordination et de modestie , il échappait à l'en-
vie , mais non pas à la gloire.
A son retour Vespasien le fit patricien, puis
gouverneur d'Aquitaine , poste ti es - important
et pai' lui-même et parce qu'il menait au consu-
lat, pour lequel ce prince l'avait désigné. Avec
sa seule pénétration naturelle , Agricola n'c'tait
point déplacé, même parmi les gens de loi, par
la justesse et la promptitude de ses décisions. Il
avait ses heures réglées pour le travail et pour
le délassement. Dans les audiences et sur son tri-
bunal il était grave , attentif , sévère \ mais il
montrait plus souvent de Tindulgcnce. Ses fonc-
tions l'emplies, il laissait le personnage d homme
public, et, ce qui est iuGnimeut rare, il pouvait
être indulgent ou sévère sans rien pei'dre du res-
\ ]3ect des p<îuples ou de leur aflection. Ce serait
1 faire injure à lui tel homme que de dire qu'il fut
2*
:io ACiiiœLA.
f'I il répj'ima ccb iiivt;iitioiiA <lu fi.sc plus ondrciiscs
([x (> les trihiilfl. Php vra rdf oriiu;:) , opdréf^s dis la
picinicVr niuiéi'^ j\^i'u:olii /niilit ddsiniMo aux
liictoiis vv.lU*. paix qiu; la ii<^^li(^oricc ou lu eoiiiil-
\ciu:v dv ses pi c(ldci!.s.S4:iirB leur uvuit rcudue uusiii
ro(loiilal)l<ï fiiK! la ^lu rrc.
1)(s <pu* 1 e(o (ul vcMiu il no. mit h la ttio. do. sou
.'iiiiKM', nr luulliplitiiil (ItiiiN 1rs inurcheH , louant
lirs soldai j do<:il('K, Ji^priiiiiiiiduut les traiiirurs;
niiinpiaiit lni*nienic li* Icrniiu pour (^ainp^T , hou*
daiil Irti iiiitrai» cl 1rs hois, iiupiieliiut rciuinni
.«ur louH les poitifs, 1(^ fad^aiil par du nouvelles
MiiprisrH, et, apr^s Tavoir Ulv.n (^(fVn^if, UKHiit de
inesiii^rinrut pour lui (aire naîfre Ir ddhir dn la
p:ii\. 11 uiiH'iia aiiiHÎ plusii'urs canlous qui
.s\''..:iînit iiioiitics îafrailahlrs à abjurer leurs
lii.iursy a doiiufT dvs oUv^va^ et, pour !(*» tenir
ru l)ridr , il (^(^i!)lit i\vi\ foi'ls el dca ^armiKins
a>f-<: tautcriutrll«i;(4i(!ertdr8oiii)(pwï nuLlr partie
dans Ir rrsto dr l'An^letcrrr nr fut plus dcB lor<
à Taliri <I<>s iiicursioiiH d/*s ilomaiiis.
Tout l'hiver fut employé h en douter un plan
des plus HalntaireH. Piiur <pie les liretous, qui ?{•«
vaiciit Imliiturllenieiit dans Tdlut de sauvngeii »
toujouri; voisin dv. Pdlalde ^u<:^re, s*aceoulmnàs«
M'iit à la paix ci nu ie]>os par les plaisirs» Agri*
e<da nv cessa de les <Mi{>H^er i^ oonKlniire des teni*
pies, di» places publiques, des maisons; ily rdus&It
j)ar des eiliortalions particulières, par aucîlquca
iivauces des deniers publics, en louant ractivitë
(les uns, i»i r(>pruf*liant aux autres leur iiiactioû.
Il oblinl deux par le point d'honneur ce qu'il
n aui ail. j)u espdrer de la coutraint<?. 11 ouvrit aussi
d<'s écoles pour les (^nfans de leurs chefs; il leur
HKHilra qu il prdierait h IVsprit des Gaulois le bon
sens <les Dretous , et iiientôt ces hommes , qui
avaifiit dddai{^nd de parler la lanj^ue latine, se pi-
quà ( jil de la parler uyec grâces ; ils adoptèrent
AGRICOLA. 3i
ensuite jusqu'aux manières des Romains ; la toge
derint à la mode. On les amena peu à peu juscju'à
vouloir tout ce qui à la longue insinue le vice; les
portiques , les bains , les festins élëgans , toutes ces
recherches d'un luxe corrupteur , ce que le vul-
gaire enfin appelle civilisation , et ce qui ne faisait
que river leurs fers*
La troisième campagne fit connaîti'e de nou-
veaux pays et de nouvelles nations; tout fut
exploré et ravage jusqu'à l'embouchure du Tay ,
rivière d'Ecosse. Les barliares , effi^ayés , iVosè-
rentattaquer les troupes romaines. Les militaires
remarquaient que nul général n'avait mieux su
qu'Agricola choisir des positions avantageuses :
aucun des forts qu'il fit construire ne capitula,
ne fut aba^idonné ou pris.
n employa la quatrième année de la guerre à
soumettre le pays qu'il avait parcouru. Dans sa
cinquième campagne*, qui répond à la première
année du règne de Domitien , il parvint aux deux
golfes et à la langue de terre qui sépare TAngb.-*
terre de l'Ecosse, appelée alors Calédonie, et, osant
le premier traverser ces golfes sur un n^tvire , il
borda les deux rives de ses flottes, et occupa tous
les défilés par ses troupes. Les barbares , qui avaient
toujours reculé, emmenant avec eux leurs famil-
les , leurs ti^sors, leurs troupeaux , se virent en-
fermés pour ainsi dire dans une seconde ile. Diins
une suite de combats toujours heureux Agricola
dompta des nations inconnues jusqu'alors, et gar-
nit de trouj)e cette partie de l'Angleterre qui est
en face dellrlande, moins encore pour gaider
sa conquête cpiepour en tenter une nouvelle. Llr-
lande en effet , placée entre la Grande-Bretagne
et l'Espagne, et à portée de la mer des Gaules ,
pouvait lier , par un commerce très-animé, ces
trois puissantes portious de l'Empire romain.
Telles étaient les vues d'Agricola ; ii aYaitmémc
r.
32 AGRICOLA.
•
ucciirîlli un |)etit roi de 1 Iiiaiide 9 chassa par det
Fujcts rebelles, et il le retenait près de lui, dit
Tacile, sous le \oile de laniitic^ avec le projet
d en faire rinstruniciit d*une nouvelle ccmquêli •
La sixième aniide de son eoavemeinent fui mai -
quce par une expëditii.u imposante par mer et
par terre. Pour ne pas s'engager dans des pays eu-
cure ineoniius , au-delà du golfe de Bodoti ie ou
du Lras de mer d Edimbourg, où les peuples
étaient en mouvement et les passages gardés
ar des gens armes , il lit avant tout recomiaitre
c pays par sa flotte. C'était la première fois qu'il
la faisait concourir h ses desseins. Les Bretons, à
ce que dirent les pn^onniers, étaient confondus.
à la vue du spectacle de tous ces vaisseaux qjoi
£uiviii<'nt Taruiëe , et de cette guerre qui se pou»-
i»ait à la fois sur terre et sur mer; ils voyaient que»
la L arrière de l'Océan ainsi foi-cée , on allait les
poursuivre jusque dans leur«dernier asile.
G^peudant les Calédoniens , i^solus de tenter le
sort des combats , se réunissent « attaquent de nuit
la neuvième légion, qui était la plus faible, et »
après avoir surpris les coi ps-de>gardes , forcent
les retranchemens ; déjà même on combattait
dans le camp, lorsque Agricola, averti par ses
coureurs, survient à propos, fait cbarger l'enne«
mi en queue par son infanterie etisa cavalerie
légère. Cette double attaque épouvante les Calé^
doniens; le jour venu, ils voient briller les aigles
et les enseignes des légions ^ et, craignant d*âre
enveloppés, ils se retirent. Les bois et les marais
l'a vorisent leur retraite et empêchent que la guerre
lie soit terminée par ce combat, qui, selon quelques
bévaus anglais, eut lieu dans le comté de -Fofe*
Enorgueillis par ce succès, les soldats romains
s'écrient qu il n y a rien d'impossible à leur cou-*
lage, et qu'il faut pénétrer jusqu'aux dernières
bornes de rAnglcterre. Les Calédoniens 1 d'uu
AGBICOLA. 33
antre cote , attribuant plutôt leur dëf^te à lljiabi-
letë d*Agricola qu'à la valeur des Koniaiiis, s'uni-
rent plus ëtroitement que jamais pour la défense
de leur liberté. '
Ce fut dans le cours de cette même année que
des soldats Usipiens» leyéa eu Allemagne pour
8ei*vii* en Angleterre y se saisirent do trois brigan*
tins afin de regagner leur pays, cinglèrent en
haute mer, et> poussés çàetlà par les vents , firent
le tour de T Angleterre- Ils s étaient embarqués »
suivant Dias, sur la côte orientale, et arrivèrent
sur la côte occidentale , où campait alors Farmée
d*Agi4cola : ce fut par eux que ce général sut
que TAngle terre était xuie île.
Au commouce^ncnt de sa septième campagne
Agricola , fiappé dans sa famille, perdit un fiU
qu*il avait eu l'aimée précédente. Dans ce mal-
heur il ne se piqua point de cette insensibilité fas-
tueuse qu aUbctent ordinairement les âmes fortes ,
comme il ne se laissa point aller non plus aux
gémissemens et à labatteinect des femmes. Les
soins de la guerre Iirent quelque diversion à sa
doiîleTir.
Il fit prendre les do va us à sa flotte , avec ordre
de muUiplior les descentes , afin de porter 1 alarme
sur iJusieurs points, et lui se mît en miu^che avec
des troupes lestes qu'il avait rentorcées d'mi corps
de Bretons auxiliaires éprouvés par une longue
soumission. Il trouva les barbares déjk postés au
monU^rampius, aujourd'hui le mont Grant^baine,
dans la province de Stratern , en Ecosse.
Loin d'être découi^agés par leur dernière dé-
faite , les Calédoniens, persuadés qu'il ne leur res-
tait que la vengeance ou la servitude, avalent ras-
Femblé toutes leurs forces pour résister à IVn-
nenii commun. Ils étaient déj?i plus de trente mille
hommes en armes; chaque jour il leur arrivait d<':j
renforts, lors<pe, demandant le combat à grand*
34 AGRICOLA.
cris, Galgacus, distingué unira touB les chefs par
sa valrur et par sa naissance, fît à cette multitude
un(* haiaii{;iir i apportée par TaciU', qui est saiis
contredit un di-spinsbraux morceaux d éloquence
qu'oiVre dans cc> genre la langue; latine* G*tte lia-
ran4;ue fut reçue avec transport, avec les chants,
le riéniiss(*nient et les clameurs eonfnsf^s ordi*
naires aux l).1riares. Déjà ils se formaient en
batailli; lorsque Agri<!ola, qui avait p«'ine à cou—
t<;nir la valeur des léj^ions, crut devoir 1 exciter
encore par uu discours noble et vigouieux que
l^on trouve également i Lu is Tacite. Jl mit ensuite
pied à terre il la fête des Romains, et c<nninenra
i attaqu(.',pi( in d'espérance et de courage. On com-
battit qiielfjue temps à coups de traits; mais Agri-
cola, voyant que les Calcdonic ns U naient ferme à
leur poste pour nVii point perdre i avantage , dé*
tai^iia ses cohortes hatavf.'S ("t allemandes, afin de
connnencer la mêlée, sûr de ces troupes, accou<*
tumées à une longue ditfcipliiie. Elles courent
attaquer les ennemis, les pressent de leurs bou-
cliers et de la poinU; de leurs épées , percent les
premiers bataillons, et parviennent au sommet du
coteau: les légions, animées par leur exemple, lei
suiventet renversent tout ce qui se pi ésentf* devant
elles. La -cavalerie bretonne, qui avait tenté de
cbarger, fut arrêtée par l'éfiaisseur des bataillons
romains jointe aux inégalités du sol; elle fut re-
poussée sans peine, et dans beaucoup d endroits les
chars vides, les chevaux sans condacteurs, courant
au hasard, tout épouvantés, rcuvei*sèrent les rangs
ena(!mis. Mais les Bretons qui occupaient le som-
met des collines et qui n avaient pu encore coni'*
Ijattre , méprisant le petit nombre de Romains ,
quoi(pic victorieux, commencèrent h «^étendre pour
les envelopper : c*éliiit ce que craignait Agricola ,
mais aussi ce qu^il avait prévu. 11 lit avancer un
corps de réserve de cavalerie y qni , venant fondre
AGiUCOLA. 35
ftvec violence sur le gros de larmée calédonienne 9
<{u*vl tourna , la prit à dos. On vit alors dans
toute l'étendue de la plaine ua spectacle d'horreur
et de désolation. Ici les vainqueurs poursuivaient,
frappaient , faisaient des prisonniers , les égor-
gî- aient pour en faire de nouveaux ; là , selon 1 ins*
tiiict de la peur ou du désespoir , des troupes de
liretons armés fuyaient devant une poignée de
soldats, etd'autres, sans armes, se jetaient au milieu
des Romains pour y chercher la mort. La terre
était couverte d'armes, de corps, de membres
mutilés et de sang. Quelquefois aussi les vaincus
avaient des retours de courage et de fureur.
IlalHés aux approches des forêts, déjà ils enve^
loppaieut les détachemens qui les poursuivaient
sans piécautionS, et si Agricola, présent partout >
ii*eût envoyé ses cohortes les plus braves et les
plus lestes pour les cerijer et les relancer, s'il
n'eût fait m(*ttre pied à terre à une partie de sa
cavalerie pour fouiller les endroits les plus foui'*
rés , tandis que le reste, à cheval , battait les clai-
rières, la téméraire confiance des vainqueurs leur
eût coûte cher. Se voyant poursuivis en bonordre,
les fuyards gagnèrent des reti^ites inaccessibles, ou
la lassitude du carnage et la nuit empêchèrent de
les suivre. Ils^aissèrent dix mille hommes sur le
champ de batiiille ; les Romains n en perdirent
que trois cents. Le jour découvrit mieux encore
toute retendue de la victoire; partout un silence
profond , les collines désertes , les toits fumans
au loin, et pas un être vivant. Telle fut la célèbre
journée de Grampius, immortalisée par le burin
de Tacite , etoii, grâce aux dispositions d'Agricola,
les Romains furent encore vainqueurs, non par
Tascendaut d'une bravoure supérieure à celle de
leurs adversaires , mais par l'avantage que la dis-
cipline donne toujours à une valeur exercée sur
une intrépidité aveuglé et sauvage.
:jr, ACiîicoî.A.
'I*:t4'ilr iir i;il <'ii l.i.-iil.H rie («'ii , h foli^ di l:i jnjpf't
fflil l>iilili(fi'i v:h:m|ih'Iiih , |:t fir fil;ili(»Ji i-l. I;i iiii..f*i-f;
flf.H vaiiinis; iiiiiiis Idii.s ii J'uviiliiifr , honiiiif-H fl
fV'iiiiiif"';, (*mii1oimI;i:i} 1' iir.i ÎMiiinifatifMiH , I.! :riii:iiit
Iriirs l)lrf,sr.. , .s.i|>jir laiil lis uns i''-^ aildcH , ali.iii—
«loiiiiani lri!]'.'i iiial.soiis vl y ni' MaiH. r'iiX'iiw'-iiifs Ic
ifU'y les |M-irf; rf 1< r; «'poux allaiif cf. rcvriiaiif. de
1» la^r il i ahallriiinil. , ri. fli; I aniiMciiiflil h la
i'a^(% il l'aH])f'i*l. (Ir Iniis fiifaiiHcf. de IriiiH friiiiiif'A;
|ilii.si('iirH iiiritic U'H iiiassacruiil {ii'ir iiiiir csprco
ïir ))iti('.
Â}*,iirol;i, vciyaiil ijn'ilH ii« f» nillîaù'iit îinllft
pai l^f'f. (jiu' la saisoiK rro|i avancée., ne. prriiirtlUiît
))oiiif de f onliiiiirT I<-k opri af ioriH , rfiiiini;! nt'B
lr(iii|W'K dain le pays fIrK Ilof'csffK, qiiViii mnlv.U'e
\r pays d'Aiij^iiH, rii ririissr. Aprrn avoir piiM ilff
ofair/ HcUrres priiplfs, ii(:liar-;j^ra rai-iii'Hl tl^HU iïniUi
dr lairi» Ir Ifiiii'dr la (î raiidf'-|{rrfa;'^ii<* , Cf* qui fut
rif^nilr avrc siircr.s ; nii riif aiiiHi' la prcilTO
i:t:rt:\uu: <^iw. rAir'Jrfrrn* rfail. iiuf lie, ('(»riiiiic; OU
If; cfoyail. depuis peu. fi'rlaif. la \}*-t'ui\tTO. foif
cjn^nw fl(»lf.r roinaiie l'nfrfpmiiiif. r.fVv rinvi^a-*
tioM. On a vu fdninir'nl Tidirp (*•:' ^it'ifo )«r four do
In i'$rniu\t—\ht\ny^iu' rlai' vrin.r; *ï A(;: iccdH ; M
flofhr fiiff'<invi il. le:: Orr.aflrM rf. rcrtmiiul wfinifr.
Tliylrf , rarlif! jiiH<pralorH , dif. l'arit.f , daiiH h:B
iw'n^i'H l'I Un friiiKi'i , (*r cpii fil. croirrr aux iiUi
ciU(M:'4!lalf. rii lai.(!:',ff. ii d'aulii-H .'i^ulcuwrnf. Irn ilcB
fifr Sli''flaud. Tunlr la nayi^^afion Tuf. lu'uiruKf* , lït
In Hoftc rrvinl. iiif>uil|r'r au pori dr 'i'nilulc*, dV>ù
rllf f:tail. parfir. (}wh\\wH auffiiiH .su]>posff' uf. c|ur;
cVnf. Ir* poi l df SaiiduK'.li; iiiai.i II paraît chiivv.^
meut, pai' 'rai:ilf! (pir* la HofU; d*A|;ri(*ola , dfntit
siIfjrH en lù'tn^m^ nvaildA appareiller d'un port de
Ci: l'oyaiJiiir.
(w'hI aiuM(pi*apr^i Hf'pt. f'iiiiipafj;nr*flrAiigIc'(crre
fui ridi^i ciunif. Nuliju^i'^c par A^iicoln.
Il uuvojH Ictt tl<;UîU fli; tou:t ccn dviiiicmcrui ii
AGRICOLA. 37
I>omitien > et quoiqri il eût écrit sa relation du
toa le plus modeste, Tempereur la lut, à son ordi-
naire , la joie sur le front et le chagi^n daos le
coeur ; mais il crut devoir laisser reposer sa haine
jusqu'à ce que les ti*ausportâ du public et len-
thousîasme dés soldats se fus^ut calmés , car
Agricola commandait toujoui^ en Bretagne» Il lui
fit donc décerner par le Sénat les ornemens triom-
phaux , la statue couromiée de lauriers , tous c^
honneui^s qui tenaient lieu du triomphe et aux-
quels il mit le comble par les plus pompeux
éloses.
Il eut même soin d^insinuer quHl lui destinait
le gouvernement de Syrie. On cfrut dans le temps
qa il lui en avait envoyé les provisions par un de
ses affranchis de confiance, avec ordre de ne les lui
remettre que dans le cas oîi il le trouverait en
Angleterre , et que laffi^anchi , l'ayant rencontré
en mer dans le détroit ménie , était revenu sans
avoir daigné lui parler»
Cependant Agricola avait remis à son successeur
la province tranquille au -dedans et au-dehors ;
mais dans la crainte qu'un trop grand concours
de peuple ne donnât trop d e'clat à son arrivée , il
trompa Tempressement cîe ses amis , entra de nuit
dans Rome, et se présenta aussitôt au palais impé-
rîal, selon l'ordre qu'il en avait reçu. Pour tout
accueil , Doniitien Temlirassa froidement , ne lui
dit pas un mot, et le laissa se perdre dans la foule
dés courtisans.
Dès-lors, pour tempérer ])ar d'autres vertu»
l'éclat de sa gloire militaire , Agricola se concentra
dans une vie tranquille et retirée , sljnplc dans ses
vêteniens , modeste dans sa conversalion , n'ayant
pour tout cortège quun ou deux amis 3 de sorte
que la multitude , portée à n'estimer les grands
hommes qu'autant qu'ils éhdent de la pompe et de
l'éclat , ti'ouvait la rcnonunée d Agricola une
énigme inexplicable»
38 ACniCOLA.
Dam cra premiers trnips il fut accusé pitit
clunr ffiift h son insu (!i*vant lVnipcn*ur% et alt-
Bous fîi;alcni(>iit h son insu. Ce qui IVi posait
uinsi , vc \\étn\vi\i ni (1rs denonciulions , ni Irs
plnintrft (!c cjurlqucs )mr(iculiri*s, mais la julousio
tlu prince , su haine pour toutes les vertus » la
Si^pre gloire crA(;ricola , et , les plus lian^^ereux
0 tous les ennemis , ses pundg>'ristes. Il survint
aussi, par I impdritie et la lAeheté des ^i^ndriiiix,
de niallieureux oveneniens et des d^sastrcn qui
ne |N>rmirent pas qu*on n)it en tnibli la luiulc
valeur du conquëranf de TAnaleterre ; mais sous
un prince U*l que Dtnnitien la renommée était
un orinie. Cepi*ndant , h foire de modération et
de pnidence, Aûricola vécut encore neuf uns » en
évitant avec stnn n*tte vaine allretation d 'indc*-
pendancc et c«'8 hravadi.'S indise^^feM par len^-
qm'lles on provoque la eéléhrlté et la mort.
« Qu^ils sachent doue , 8*éorie Tacite , ceux rn:!
n'achnirc^nt que les vertus > qu on ne ])erniet point
que Ton puisse être un grand homme sous uu
mauvais ]>rince , ef cpie lu soumission modc^Kte ,
jointf* à une conduitt; ferme et suce , donne tout
auLint de gloire qu(? ces entrepriM'S extraordi*
uaires où tant dlimnmes ont cherché uue mort
fumeuse sans utilité pour ITJat. »
Agricola élait né le i3 juin , et il moiu*ut If
23 août , dans lu 56*^ unnée dv son ^ao , la qli" de
rère chiétienne, et la 12*' du rétine de Domitien.
Sa mort, dit Tacite, désolante pour ses purensi
douloureuse pour si'S amis , ne fut pas sans in-
térêt mente pour les étitin{*er8 et pour les in-
c*onuus. Ce qui ouguientait rafiliction « cVtnit
le sou]M;on universeilenu^nt répandu que Do-
mitien I avait fuit empoisonner. Pour moi, njoute
Tucile , je n*oserais ullirmer rien de positif. Au
reste , pendant sa maludie , lempereur , soit
lii(ii:cai](.e , ^oit ciii'pijifé . le lit vi:jiter par sii
AGRICOLA. 39
affi*anchis et ses médecins de confiance , arec une
assiduité qui n^est pas ordinaire aux souverains*
Ou a la certitude que s le jour de sa mort, il y
eut des courriers disposés exprès pour rendre
compte j de moment en moment , du progrès de
son agonie , et personne ne crut que Domitiea
eût montré cette impatience pour une nouyelle
capable de laffliger* Il n'en parut pas moins , les
yeux baignés de larmes , au milieu du deuil
public , désormais en repos sur l'objet de sa
naine , dit Tacite , et cacuant mieux la joie que
la crainte. On ouvrit le testament du défunt :
Domitien s'y trouva institué cohéritier avec la
meilleure des femmes et la plus tendre des filles*
On le vit s'en réjouir comme d'un honneur et
d'un hommage* De continuelles adulations l'a*-
vaient fait arriver à ce degré d aveuglement et
de corruption , qu'il ne savait pas que les bons
pères n'appellent à leur succession que les mau-
vais princes*
Voici le portrait que Tacite nous a tracé de
son illustre beau-père : « Si la postérité , dît-il ,
voulait connaître jusqu'à sa personne , il était
bien fait sans être grand ; sa physionomie avait
de l'assurance ; la grâce y dominait : vous Teus-
siez jugé sur-le-champ un homme de bien , et
sans peine un grand homme. Sa vie , si Ton
cousiaère sa gloire 9 fut ti^ès-longue et très-
complète : en effet , il avait épuisé les vrais
))îens , ceux de la vertu ; et à l'égard de ceux
de la fortmie , que pouvait-elle ajouter aux dis-
tinctions consulaires et triomphales ? Ses richesses
n'étaient poiut iimueuses ; elles suflisaient à son
rang.
« O Agricola ! s'écrie son sublime historien ,
heureux par l'éclat de ta vie , tu le fus encoio
par l époque de ta mort. Tu n'as pas vu i<*s
portes du Sénat assiégées , les scualf urs investis
40 ACniCOLA.
lie solilats , tant de coiiHuIntn*!i (*uvrIo]>|H$!i ilniis
lo même innssaore > tutit d'îliusifes romaines
exiléesi «'t fu|;ilives !
« S'il esl nu asile pour IcH niâiiefi de riiomino
vertueux ; si , eouiine les saj;eB ninieut à lo
croiiT « \vs avmu\v9 Tiuies ne meurent poinf avi*o
le eorns quelles nninuMit » jouis* Aji^ricola ! du
jt^pos uialtérulile; et nmis, qui sonnnes tes eu—
fans , daigne nous nuuener « de In fuildesse do
ees regrets et dt^ ees lamentations pusillanimes,
h une Terme eontemplatioU de t(*s vertus > quQ
in*otuneraient des larnu^s et d(*s sanglota : ceat
>ieii plutôt par ra<lmiration , par des Iouang(*s
immortelles et , si la nature le |U*rmettait « J^r
la ivss<Mnlilance avec toi , qu'il eonvient dc! t'ho»
iu)rt*r. Voilh les vrais hommages (pii doivent
signaler lu ttmdivsse do t(*s pi*oclies, voilh ce que
j'oserais reeonunander mt^me ^ ta lillc et k ta
lemme % de cons(*rver la nuhnoire d*uu pèro «
eelle'd*un époux, en se rap|H*Iant sans cesse
t(»utes ses aelions et toutes ses pan>les, en s*al-
taehant l^ sa gloire et aux traits de son Anio ,
Inen plus qn*ii eeux de son eorps; non que je
veuille interdire ees iiuagi*s que l<* marbre ou
Talrain nous retraet^nl; mais ees simulaen^S sont
lVagil(*s et rérissahles cM>mnn^ les traits dont ils
sont la eopu*. Il \\y a qut* la lorme de r&mo
qui soit éttTuelle ; ce n'(\*it ni Tart ni la ma-
Itère « nuiis les mieurs et les actions qui peu**
veut la fixer et la retraeer* Tout ce que iious
avons aimt^ y tout ce que n<ms avoiM rëvA^
d*Agrieola subsiste et sui)sistera dans la mé-
moire des liounnes et dans IV^ttTnitd des âgM»
J>e grands noms denuMinM'onl inconnus et aaus
gloin*; Tonldi les dévori^ra : celui d^AcricoU»
roii^i^MU* dans vrt éerit , vivra dans riiistoillï « •
qui est le temple de rinimortalittft »
TITUS. 4T
^'^i^r>^r>%i'fc^'%^^^>%'V^<%»^/%/^i'^i'%''^'V^/%'%i^
TITUS,
EMPEREUR DES ROIVUINS.
EPUis dix-neuf siècles le inonde entier désigne
eniperetur sous le glorieux titre de Délices dw
\re humain; il le mérita par une bonté cons^
itCj universelle , et en faisant le bonheur du
is grand empire de Tantiquité*
Ce prince nacpiit le 3o décembre , Van 40 de
re chrétienne , vers lo temps de la mort de
Ii«;ula; mais à peine alors Vespasien, son père y
trait-il dans la caiTière des îionneurs : qui se
ait imaginé qu'un jour il parviendrait à lem:-
•e?
Titus , élevé à la cour de Néron avec Britan-
iis , reçut lit même éducation sous les mêmes
ixties. On asr.nre qu'un astrolu^tie ou devin, cou-
té par Narcisse , fameux atfi'ancUi Je Claude ,
* le sort^de Britannicus, répondit que ce n'était
5 à ce prince, mais à Titus, alors présent , que
jnpire était destiné. La plus étroite amilfé le
it à Britannicus 5 et même, selon Vliistorien
cite , il goûta le breuvage empoisonné qui fit
rir ce jeune prince , placé dans ce fatal moment
es de lui à la table de Néron 3 il en fut même
rs-dangereusement malade.
En mémoire de sa tendre amitié por»r Britan-»^
.*us, il lui érigea, lorsqu'il Uit parvçjiu à TEm—
•e, deux statues^ Tune d*or, dans son palais^
Toniç 11^ 4
3a AC.lllCOLA-
■
wocuoillS un f)ctit roi «le I liiaiulr « chnssé par clrt
Ftijrls robclKs , et il le rcti'nuit pros ilo fiiî, c!it
lacilr, Kous U) loilr do rainiti<i« avro Ir projet
dVii iairo liustriniu ni d^uiio nouvrllc coii<|uêi« •
La sixioair aiuidr Ar. soiiGouvonunu'iitfiiimac-
quoV ]mr une expédition miposauto par mer et
par (erro.lN^ur ne pas s*enga^er dans des pays en-
core incomiiis , au-delà du ^olfe de B(»dc>trie uu
du ])ras de mer dEdiudioui^, oii les pcniplos
étaient ru mouvement et les passages gardes
λar des gens armes « il iil avant tout reconnaître
c pays par sa flotte. Celait la première ibis qu^il
la faisait concourir à ses desseins. Les Bretons^ à
ce que dirent les pn>onnier89 étaient confoiidut
à la vue du spectacle de tous ces vaisseaux qui
suivaient l'armée , et de c( tte guerre qui se peut*
liait à la Ibis sur terre et sur mer; ils voyaient que»
la L arrière de TOc éan ainsi Ibretu; y on allait le*
p(»ursni> re jus(|iie dans leur,dernier asile*
Cependant les Calédoniens y résolus de teuter le
8ort dt*s combats , sv. réunissent • attaquent de nuit
la neuvième li^gîon, qui était la plus faible, et,
après avoir surpris k^ coi ps^e-gardes i forceut
I(^s retranch(*mens ; déj«\ m^me on combattait
dans le camp » lorsque Agricola, averti par ica
eouiTurs, survient a propos, fait cbarger renne*
mi en queue par son infanterie et#a cavalerie
légère» Cette double attaque épouvante les C«alë*
doniens; le jour venu, ils voient biiller les aisles
et l(>s enstigues des légions « et, craignant deti*e
enveloppés, ils se retirent* Les bois et les marais
favorisentleurretraitc^etemp^clieut qiie la guerre
ne soit terminée )>ar ce cojubat, qui, stMon qiielquea
bavans anglais, eut lieu dans le comté de Tofe.
Knorgueillis par ce succès, les soldats romains
sVciieiit qu'il ny a rien d'impossible à leur cou-»
I a£;e , et quïl faut pénétrer jusqu'aux dernières
bi>rues de rAngletcrre* Les Calédoniens i duu
AGRJCOLA. 33
antre côte , attribuant plutôt leur êémite à lliabi-
letë d*Agricola qu'à la valeur des Koniahis , s'uni-
rent plus étroitement que jamais pour la défense
de leur liberté.
Ce fut dans le cours de cette même année que
des soldats Usipiens, levéa eu Allemagne pour
servir en Angleterre , se saisirent de trois brigan-»
tins afin de regagner leur pays, cinglèrent ea
haute mer, et, poussés çàetlà par les vents , firent
le tour de TAngle terre. Ils s étaient embarqués »
suivant Dias, sur la côte orientale, et arrivèrent
sur la côte occidentale , où campait alors l'armée
d'Agi^icola : ce fut par eux que ce général sut
que l'Angleterre était une île.
Au commencement de sa septième campagne
Agricola , frappé dans sa famille , perdit un fila
qu'il avait eu l^année précédente. Dans ce mal-
heur il ne se piqua point de cette insensibilité fas-
tueuse qu'aflcctent ordinairement les âmes fortes ,
comme il ne se laissa point aller non plus aux
gémissemens et à rabattement des femmes. Les
soins de la guerre firent qucl<j[ue diversion à sa
doulenr.
Il fit prendre les de vans à sa (lotte , avec ordre
de miihiplier les descentes , afin de portf^r l'alarme
sur jjnsleurs points, et lui se mit en marclie avec
des troupes lestes qu il avait reurorcées d\iu corps
de Bi'etons auxiliaires éprouvés par une longue
souan'ssion. Il trouva les barbares déjà postés au
monti^i ampius, aujourd'hui le mont Grantzbaine,
dans la province de Stratern , en Ecosse.
Loin d'être découragés par leur dernière dé-
faite , les Calédoniens, pei^suadés qu'il ne leur res-
tait que la vengeance ou la servitude, avalent ras-
semblé toutes leurs forces pour résister à IVn-
iiemi commmi. Ils étaient déjà plus de trente mille
hommes en armes; chaque jour il leur arrivait de:;
rçufui'ts, lorsque, demandant le cojobat à grands
34 ACIUCOLA.
cris , Gniiçnciis, disliii^uc^ ciiln* tous los clicffl par
8u valf'Ui' et par su iiaiNKmirc, fit à crtti* inultiliulc
inw haiaii{*U(> lapporUic par TariU*, citii rst sans
coiitrctlit un (IrHpliisliraiix iiion:i-au\ cl ($l<)(|ui>nco
cpi'onVr (luiiHCf! {>riin* la lan^ud laliiu*. Ccltr hn^
raii^iip itit H'^^ur avec liaiis|)ort, avec lf*H chaufjiy
hi ridinliMrnH-iit ri Irs riaiiàfiirs roiifnHrfi onl[«
naiiTH aux h.lrlarcri. Diijà ils mï iornnuViit en
bahiillc; lors<pt(* A^rit^ola , <pti avait \V'\î\v h cou—
t(?iiir la valeur (J( h hi^^lous, r.rnl drvoir IVxritfT
rnrort* par un dinrours nohlr vi vi^^ouicitx (jiie
Ton trouve ('^alniimt dans Tacilr. 11 itiitcnsuito
1)ir(l a Icrrrà lu Iclc des Kotnaiiis, (*t coinnifMirn
'a(U(pi(*,plriti (rrK|)i;raii(:ril(lfM:ourai;(>.(>u(>oiii-
ballil (pif'ltpir Iciiips à coups t\r. Irnifs; mais A^ri-*
cola, voyant ipi<! Irs (îaj^fdonit ns l< liaient trriiir k
leur pohlr ])our nVn point perdre; ravanla(2;r> , d«f*
tiielia ses coliorieii halaveH e-t alteniandett, afin de
commencer lu in/dcc,sur de ces troupes, ucrou-*
iunuf(;.s (I une longue diKcIpliae. Elles courent
attrupier les ennemis, les prennent de leurs bon»
rliers et de la pointe! de leurs ëpces , percent le0
premiers ha lui lions, et parviennent au sommet da
eoti'an:l<*s Ic^^ions, aninnV.spur leur exemple, leg
Buiventet renversent toutee'pii He preste n te devant
elles. Lii «cavalerie bretonne, «pii avait tenlë da
cbar^er, iutnrrel<ie par 1 épaisseur des halailloos
romains Jointe aux ind^aliles du sol; elle fut re-*
pouss(5e sanspeine, et dans beaucoup d endroits le$
chars vides, les chevaux sans oouductenrs, courant
au hasard, toutdpou vailles, renversèrent les rangff
ennemis. Mais les Ihxftons qui occupaient le som-"
met des collines et qui n avaient pu encore com«»
I)attrc, indpristtiit le pc«tit nombre de Romains ,
cpioi(pie victorieux, conuneiu^èrentfts*!^ tendre pour
les envelopper : c'était ce ({ne craii^nail Af;ricola y
mais aussi ce qu^il avait prévu* il lit avancer un
corps de réscr?e de cavalerie » qui , venant ibndrt
AGRICOLA- 35
avec violence sur le eros de larmëe calëdonienne ,
cfu'U tourna , la prit à dos. On vit alors dans
toute retendue de la plaine luj spectacle d horreur
et de désolation. Ici les vainqueurs poursuivaient,
frappaient , faisaient des prisonniers , les égbr-
gtaicut pour en faire de nouveaux.; là , selon lïns-
tiiict de la peur ou du désespoir , des troupes de
Bretons armés fuyaient devant une poignée de
soldats, et d'autres, sans armes, se jetaient au milieu
des Romains pour y chercher la mort. La terre
était couverte d'armes, de corps, de membres
mutilés et de sang. Quelquefois aussi les vaincug
avaient des retours de courage et de fureur.
Ralliés aux approches des forêts, déjà ils enve-
loppaient les détachemens qui les poursuivaient
sans piccautions, et si Agrîcola, présent partout ^
u eût envoyé ses cohortes les plus braves et les
plus lestes pour les cerner et les relancer , s'il
n eût fait metti'e pied à terre à une partie de sa
cavalerie pour fouiller les endroits les plus foui-^
rés , tandis que le reste, à cheval , battait les clai-
rières, la téméraire confiance des vainqueurs leur
eût coûté cher. Se voyant poursuivis en bon ordre,
les fuyards gagnèrent des retraites inaccessi hies, oit
la lassitude du carnage et la nuil empêchèrent de
les suivre. Ils^laissèrent dix mille hommes sur le
champ de batiiille ; les Romains n en perdirent
que trois cents. Le jour découvrit mieux encore
toute l'étendue de la victoire; partout un silence
profond , les collines désertes , les toits fumans
au loin, et pas un être vivant. Telle fut la célèbre
journée de Grampius, immortalisée par le burin
de Tacite , et oîi, grâce aux dispositions d'Agricola,
les Romains furent encore vainqueurs, non par
l'ascendant d'une bravoure supérieure à celle de
leurs adversaires , mais par l'avantage que la dis-
cipline donne toujours à une valeur exercée sur
une intrépidité aveuglé et sauvage.
36 AORTCOLA.
Tacitn point en traits de fou , à coté di l.i joie et
fluhii (in UP8 vainqueurs, la dénoVdl'uni et lu niiNere
des vaincus; en ans tous à luvfnfcire, lioiiinios ri
fcinines, coufoiiflaiit U.urA lanuMitations , tiaiiiant
leurs bU'bses , s appelant Ir-s uns l«*s autres, al.an-
doiuiant lfUi*s maisons et y ni< Kaiit eux-niêines le
feu f les pèif'S et les «-poux allant et revenant de
la ra(;e k 1 ahattinnent , et de l'aDattenient à la
rage, à ras])eet de leurs en fans et de leurs fenuues ;
plusieurs nicmc les massacruut par une espèce
de pitié.
^{^ricola, voyant qu^ils ne f^ ralliaient tiulle
part, et ipie la saison, trop avancée, ne penucttait
)x>int de continuer les opérations, ramena ses
troup#'S dans le pays des Horestes, qu^on croit être
le pays d'Aiigus, en Ecosse. Après avoir pris dcf
otiifi^cs de ces peuples, il chargea laniiral de sa (lotte
de faire le tour de la Grande-Bretagne, ce qui fut
ciécnté avec succès ; on eut ainsi la preave
certaine que TAn^vIeterre était une île, comme oa
le croyait depuis peu* Celait la première fois
cpl^me flotte romaine entreprenait cette navig^*-»
tion. On a vu comment Tidée <^c faire le tour dû
'la Grande-Bref a;;iie était venue Ik A|^iîcola; sa
flotte découvrit les Orcades et reconnut m£me
Thylé , caclié jus<4u alors, dit Tacite, dans les
neiges et le^ frimas , ce qui fit croire aux uiis
3uec'étjiitrirlan(?c,et k d autres seulement les îles
e Shetland. Toute la navigation fut heureuse, et
la flotte revint mouiller au port de Trutule, d*oii
elle était partie. Quelques auteurs supposent qae
c*est le port de Sandwich; mais il paraît claire»
ment par Tacite que la flotte d'Agricola , ëtant
alors en Ecosse, avait dû appareiller d'un port de
ce royaume.
C est ainsi c{u*après sept campagnes TA ngleterre
fut eutièrenicut subju^^uée par Agi'icola.
Il envoya les détails de tous ces ëvcnemens ^
AGRICOLA. 37
Domitîen > et quoiqu'il eût écrit sa relation du
toa le plus modeste, i empereur la lut, à sou ordî"
uaîre , la joie sur le front et le chagrin dans le
coeur ; mais il crut devoir laisser reposer sa liaine
jusqu'à ce que les titiuspcfrts du public et len-
thousiasme des soldats se fusaient calmés , car
Agricoia commandait toujoui^s en Bretagne* Il lui
fit donc décerner par le Sénat les ornemens triom-
phaux , la statue couromiée de lauriei^ , tous ces
honneui^s qui tenaient lieu du triomphe et aux-
quels il mit le comble par les plus pompeux
éioses.
Il eut même soin d^insinuer qu^il lui destinait
le gouvernement de Syrie* On cfrut dans le temps
qu il lui en avait envoyé les provisions par un de
sesafB^nchis de confiance, avec ordre de ne les lui
remettre que dans le cas oîi il le trouverait en
Angleterre , et que Faffi^anchi , Tayant rencontré
en mer dans le détroit même , était revenu sans
avoir daicné lui parler*
Cependant Aejricol a avait remis à son successeur
la province ti^auqiiille au -dedans et uu-dehors ;
mais dans la crainte qu'un trop grand concours
de peuple ne donnât trop de'clat à son arrivée, il
trompa renipressenient de ses amis , entra de nuit
dans Home, et se présenta aussitôt au palais inipé^
rial, selon Tordre qu'il en avait reçu. Pour tout
accueil , Donatien LVmljrassa (Voidemeiit , ne lui
dit pas un mol, et le laissa se perdi^e dans la foule
des courtisans.
Dès-lors, }>our tempérer ])ar d'autres vertus
Véclat de sa gloire militaire , Acjricola se concentra
dans une vie tranquille et retirée , simple dans ses
vêtemt us , modeste dans sa coiiversaliou , n'ayant
pour tout cortège quuu ou deux amis 5 de sorte
que la multitude , portée a n'( slimer les }:;rancls
liommes qu'autant qu'ils éttilent de la pompe et de
l'éclat , ti'oiivait la renonunéc d Agricolu une
éuigme inexplicable*
J8 AO ni COLA.
<
DiiuA cr(i proiiiirx'H tctti|)s il Tut iicruiK$ plus
«luiir ioifi h hoii iiiHu dcvuiil IV*Jii|>('rriir, cX iih-
ttOtJH (^(;HlriticiiL h Hon iiiHii* ()v qui IV'ipoKait
(liiiHi , vv irc^liiinit ni tlva ilduoiK^iulioiih , iiî Ua
plaiiitf'H tUi quv.U\\iVH |mi-ficiiliri'ti, iiihim lit juiouriiiî
<lu princf* , su |jiiîiii> yanv toiitrM \vn v(!rlii.s , lu
pl'oprr uloiiT* irA^ric^JH , vi , Ivh plus daii^rriMix
ilc tritiH iMi l'uiinni.H , H<!tt patir^^yrisfcs. H Hiirvint
uuaH) , imr 1 iinpdrilii* vl la l/irht'fd (k'M ^t^iidx'uiix ^
ili: inaljjriirciix tiv(^iU!fnf*iiH d des d(^sas(i'(*H qui
iKï ]N*ritiin!iil ]}Hn ([u\m mit (!fi oiildi la ImiiU!
valeur du i:on(pj<^i'Hiif dr rAn^^irfciTf* ; uiaÎH Hong
tiii priiiœ tf*l i\uii ])ojniti(!ii la munuinéi*. dtait
un criiiuî. (Irpi'iidant , h force tla inod^ratiou et
do prudriici!, Af^ricola vdcuL (•ncoir ni'urauH > ru
dvitnul kiyv.v. Hoiu c*(!ttiî Yuiu<* ailii'ctatioii d'iiuK*-
pcudflueo (;t cvs J)j'uvud(;ii indiKci i^fcN par I<'h*
cpicllm on provcxpic; 1» t'dli^liriti^ i;t lu mort.
« Qu'ils sucliput donc , hévrlr. Taoitiî , ci'.ux en!!
n'u<bnirrnt qur* Icm vf'iluM, ijuVui no ]Mïniu*i point
c|uo Ton puiHHii ùivii un uraud hoinnio mous un
luauvaiii prinro « ot ([uo la souniitMiun niod(*Htn «
joiiilo h uuo c*onduiL(; iorniis ot Mifio , donno tout
autiuit do p;loiro quo ooh ontroprisoH oxtiaordi-
nairott où tant (riiouuuoH ont onorclid une mort
ianiouHo rtauH utillM pour l'Ktat. n
A^ricola dlait ué lo i3 juin, ot il mourut le
23 luiùl , dans la 56** aiiiu^o do hoii A^o, la 9«3" de
l'cro <'|jic*liouno, ot la lU,** du rot^iio iw. Domilion.
Sa mort, dit TaoiU;, dcttolauto pour 00s parens 1
donlourouHo |»our hom amis , no l\it pas s<ins in-
UU'ùl ni/tnio pour Iom <^trau{vors ot pour los in-
rouiiu». Co qui uu^montait lainiotion 9 cVtoil
If* ftoupoon univorfMtilonuMit rdnandu quo Do*
iiiif.ii'n 1 avait fait onipoificMinor. rour moi, njoufci
'rm'ilv , jo n osorais a/Iiruior rion do positif. Au
ifslo , pondant sa nialadio , Toniporour » Hoit
l>i( tiiïJ.iiKO , hoit ('iirl^):;i't* , lo lit vi.iifor pur sis
AGRICOLA. 39
nffranchis et ses médecim de confiance , arec une
assiduité qui n^est pas ordinaire aux souverains*
Ou a la certitude que*, le jour de sa mort, il y
eut des courriers disposes exprès pour rendre
compte j de moment en moment , du progrès de
son agonie , et personne ne crut <jue Domitiea
eût montre cette impatience pour une nouy elle
capable de laffliger* Il n'en parut pas moins , les
yeux baisnës de larmes , au milieu du deuil
public , dësormsds en repos sur l'objet de sa
naine , dit Tacite , et cachant mieux la joie que
la crainte. On ouvrit le testament du défunt :
Domitien s'y trouva institué cohéritier avec la
meilleure des femmes et la plus tendre des filles*
On le vit s'en réjouir comme d'un honneur et
d'un hommage* De continuelles adulations l'a*-
vaient fait arriver à ce degré d aveuglement et
de corruption , qu'il ne savait pas que les bons
pères n'appellent à leur succession que les mau-
vais princes*
Voici le portrait que Tacite nous a tracé de
son illustre beau-père : « Si la postérité , dit-il ,
voulait connaître jusqu'à sa personne , il était
bien fait sans être grand ; sa physionomie avait
de Tassurance ; la grâce y dominait : vous l'eus-
siez jugé sur-le-champ un homme de bien , et
sans peine un grand homme. Sa vie , si Ton
cousiclère sa gloire , fut très-longue et très-
complète : en effet , il avait épuisé les vrais
biens , ceux de la vertu ; et à Tégard de ceux
de la fortune , que pouvait-elle ajouter aux dis-
tinctions consulaires et triomphales ? Ses richesses
n'étaient point inunenses i elles suflisaient à son
rang.
a O Agricola ! s'écrie son sublime historien ,
heureux par léclat de ta vie , tu le fus eucoie
pur l époque de ta mort. Tu n'as pas vu h*s
portes du Sénat assie'gées , les sénateurs investis
40 AO RIGOLA.
de soldats , tant de coiiHulaîrrs rnvrioppës dans
le même massacre , tant d'illustres romaines
exilées vi fu^ilivrs !
« S'il est un asile pour les mânes de Hiomme
yertu(!ux ; si , connue les saf^es aiment à le
croire , les grandes âmes ne meurent point avec
le corps quelles animent, jouis, Agricola ! du
repos inaltérable; et nous, qui sommes tes en-
ians , daigne nous ramener y de la faiblesse de
ces regrets et d(ï ces lamentations pusillanimes,
à une ferme eontemplatioU de t<;s vertus , que
f)rofaneraient des larm<;3 et des sanglots : c est
>icn plutôt par Tadmiration, par des louanges
immortelles et , si la nature le permettait , par
ia ressemblance avec toi , cju^il convient de tlio-
iiorer. Voilà les vrais iiom mages qui doivent
signaler la tendresse de [va* produis, voilà ce que
jV>seraîs nrconuuander même à ta fille et à fa
femme, de conserver la mémoire d'un père*
celle" d*un <*poiix , en se ru))pelant sans cesse
toutes ses acti(;iis et toutes si!S paroles, en s^al-
taciiant à sa gloire et aux traits de son Ame ,
liien plus qu'à ceux de non corps; non que je
veuilhî int(*rdire ces images qu(î le marine ou
Tairnin nous retracent; mais ces simulacres sont
fiagiles et périssabl(*s comme les traits dont iU
sont la copi(s 11 nV a que la forme dit Tûine
(jui soit c'tf*rnelle ; ce n'est ni l'art' ni la ma-
tière , mais les mœurs vi les actions qui peu-
vent la fixer et la retrac(;r« Tout ce que nous
avons aimd , tout ce que nous avons rëvdré
d'Agricola subsiste et sui)sistera dans la mé-
moire des liommes et dans l'éU^rnité des âgest
De grands noms demeureront incouims et sans
gloire; l'oubli les dévoi'cra : celui <l'AcricoU«
coie*igné dans cet écrit, vivra dans rhistoiit:*
qui est le temple de rimniorlalité<
/
\
TITUS. 4r
TITUS,
EMPEREUR DES ROMAINS.
»uis dix-neuf siècles le monde entier désigne
npereiy sous le glorieux titre de Délices dw
humain; il le mérita par une bonté cons—
5 universelle , et en faisant le bonheur du
grand empire de Fantiquité.
prince naquit le 3o décembre , Van 40 de
chrétienne , vers lo temps de la mort de
ula ; mais à peine alors Vespasîen, son père y
it-il dans la caiTière des honneurs : qui se
t imaginé qu'un jour il parviendrait à reni-
tus , élevé à la cour de Néron avec Britan-
, reçut le* même éducation sous les mêmes
es. On asînire qu'un astrologue ou devin, cou-
par Narcisse, fameux aifi^ancUi Ja Claude ,
? sort'de Britannicus, répondit que ce n'était
ce prince, mais à Tilus, alors présent , que
pire était destiné* La plus étroite amitfé le
à Britannicus, ot même, selon riiistoriea
;e , il goûta le breuvage empoisonné qui fit
ce jeune prince, placé dans ce fatal moment
de lui à la table de Néron 3 il en fut même
dangereusement malade.
L mémoire de sa tendre amitié porr Brîtan-»^
i, il lui érigea, lorsqu'il fut parvciiu a TEm—
deux statues. Tune d'or, dans son palais^
."o/zie 11^ 4
4^ TITUS.
Vautre d*îvoire ) qu'on portait avec pompe •
les jeux du cirque*
Les plus aimables qualités brillèrent en lui
êon enmnce , et se développèrent de plus en
^ mesure qu'il approcha de Tâge viril. Sa be
était un mélange heureux de majesté et de grâ
il était dune force singulière, quoiqu'il ne
que d'une taille moyenne et qu'il eût le ventr
ru gros. Titus avaitune mémoire très-heure
s'appliqua de bonne heure à Tétude de 1
quence et de la poésie , et y fit de grands proj
U était tellement versé dans les langues sre
et latine, et composait avec tant de faculté
discours ou des vers dans ces deux langues >
pouvait même improviser. Il excellait aussi
tous les exercices du corps , maniait les ai
avec beaucoup d adresse et montait un cl
l^vec habileté. 11 s était accoutumé à écrire 1
rite par le moyen des abréviations , et s exe
quelquefois avec ses secrétaires dans rartd'iu
les écritures; il disait souvent à ce sujet
ti'aurait tenu qu'à lui d être le plus grand tausi
die 1 Empire.
Titus servit d'abord en qualité de tribun i
ftaire en Allemagne et dans la Grande-Bretaj
<^t.s'y fit remarquer tant par sa valeur que pj
modération et ses manières obligeantes, ainsi
le prouve le grand nombre de statues chai
d'inscriptions honorables qu'on lui éleva dao
deux provinces»
Après avoir terminé ses premières campag
il s'attacha au barreau avec plus de dîstiucuoi
d'assiduité. Ce fut alors qu'il épousa Acri
TertuUia , fille d'un chevalier romain qui aya
préfet du prétoire. Devenu yeuf, il épous
secondes noces Murcia Falvia , femme d'une i
sance illustre . qu'il répudia après en avoir en
fille n<Hnmée Julia Sabina» Au sortii' de la ^
TiTtrs. 43
ture? cliarge dont îl s'était acquitté avec un ap-
plautlissement général , il devint le lieutenant de
son père, à qui Néron avait donné le commande-
ment de l'armée romaine en Judée, L'historien
Joseplie atteste que Titus- se couvrit de gloire dans
cette guerre. Il réduisit Taricîée et Gamale ,
places fortes, et dans une action il eut son cheval
tué sous lui , et monta celui d*un offîcier onuemi
qu'il venait de renverser.
Peu de temps après il fut envoyé par Vespasîen
pour féliciter GaÙ^a sur son avènement à l'Em»»
pire. Partout où passait Titus il attirait les regards
sur lui , et le bruit se répandit que Galba l'avait
mandé dans Tintention de l'adopter. C'étaîtle vœu
général. Une physionomie heureuse , une intelli-
gence parfaite , propre à tout, cultivée par toutes
les belles connaissances, le talent de parler et
d'écrire avec facilité et avec no})lcsse , une valeur
éprouvée dans plusieurs campagnes, tant de qua-
lités réunies avec la première \igijeur de Tage ,
car Titus entrait alors dans sa vingt-huitième'
année; tout enfin, selon le témoigiiage de Taoilc ,
le rendait digne du rang élevé que senijjlait déjà
lui déiérer ropinioii puj)liquc»
Tilus venait d'arriver à Corlnllie lorsqu'il
apprit le meurtre de Galba, et que Teiupire éiaiC
disputé par Otbon et Yitellius. Ces nouvelles
conunandaicnt un nouveau système decondiilto,
et il déiiLéja avec ses amis sur le parti qu'il devait
prendre. Coutiiiuer sa route et aller à Rome ci a il
une démarche à la fois iiil'i uctueuse et inipriuleute ;
il ne pouvait ^»as espérei' i[iic celui qu'il trouverait
en possession de la souveraine puissance lui sût
gré d'un voyac;e entrcpiis ponr un autre; d'ail-
leurs il devait craluthe d être retenu comme
otage soit ]iar Othoii, soit par \itellius. S'il re-
touillait sur ses pas, il n'était pas douteux que le
44 TITUS*
\aiuquetir m 8€i*ait oflcusë; mais riiiconT^nieiiC
iir paraissait pas aussi gimve, car enfin la victoire
etiit encore îiicerfrine, et Vcspasien , en se ran*
i;cant du côté de la fortune, couvrirait aisément le
tort de son lils. Mais si Vespasien avait des vues,
plus hautes, s'il aspii^it lui-même à riliiipire , il
ii'élait plus question de se précautionner contre
les omiiragr's et les défiances^ il faudrait alors
tirer Tcpée. Titus inclinait vers ce dernier paiii ,
frt après qu'il eut l.alanré les motifs d'espérer et de
cramdre, res]>érunce renip(>r(a, et il se décida à
relouinier rn Judce vtTs son père. On crut alors
^luc sa passion pour j^éiiviioe avait influé sur t^a
<iéleruuiiatiou, cari! aimait déjà cette reine; mais
Tacite lui rend encore le témoignage f|ue sou
devoir ni les affaires ne souillaient jamais de son
attachement pour IViénire.
Titus en reveiutiitcn Orient roulait de erands
projrts dans son esprit. En passant par 1 île de
.Chypie il visita le temple de Paphos , où Venus
clait honorée sous la fip;ure bizarre d un cône de
marbre blanc» Ce tfmple avait un oiacle <]ii6
Titus consulta, d'abord sur sa navigation, ensuite
sur touti* 6a fortui.r. hr piètre, après avoir répondu
fil puhlic à SOS qui'.stio:<s. lui annouo'i en particu-
lier une éié^ation aus^i f^jaude <|ue suLite»
l\Iais il n'était plus b'»soin aioisd'une wience
surnatuielle pour prédire lVni])ire h Vespasien*
Son mérite, oj^piK^é ji 1 iiidi<;nité d OtLoa et de
Vitellius , les forces cfn'il conunandait , ses succès
dausla guMrc ilvs Juii's,. lexemple de trois empc»
jeuischoisis u iiitairemeut, tels étaient les g^r ans
de sa graiideur prochaîne* Oii ne (fai*lait qne da
prodiges qui la lui présageaient; mais il faut s'en
t( uir sur ce point à la judicieuse observation de-
T'K^ite : « L événement , dit cet historien pkilo»
« sophe y nous a rendap bien savans. Depuis que
» UOU& avons va rélcvatioa de Vcspaiica > nous
TÎTCS. 4'>
9 nous sotmnes persuailës qae des présages en—
» voyés du ciel la lui avaient annoncée. »
Lorsque Titus arriva auprès de son père il le
trouva déterminé extérieurement pour Oflion ^ à
cj[ui il avait lait prêter par ses légions le serment
■de (idélité> mais «après Tavoir réconcilié avec
Mucieu , gouverneur de Syrie , Titus contrii>ua
avec cet faiabile politique à faire prendre à Vespa-
sien la résolutiou d aspirer lui-même à FEmpire^r
Proclamé par les légions d'Orient , Yespasien di-^
rigea la marche de ses armées vers 1 Italie , lais?-
saut Titus en Judée pour y cojitinuer la guerre ^
pour assiéger et prendre Jérusalem , qui résistait
encore aux armes romaines. Avant sou départ il
eut occasion d admirer le bon naturel de Titus et
ses sentbnens pour son frère Domitien, contre
lequel Yespasien était iiTité , à cause de son in-*
conduite et de son orgueil. Titus ne voulut point
laisser partir sou père sans avoir calmé son cour-^
roux ; il plaida vivement la cause de son frère , et
conjura lempercur d'être en garde contre tous-
ceux qui cherclieraieiit à Taigrir contre Domitien»
« Pour qui , lui dit-ii , auriez-vous de la iioiité si
« ce a était pour votre propre fîls? Les flottes et
« les légions sont des soutiens moins puissaiis pour
» la dignité impéiiahj qu'une succession nom-
« breuse. IN os amis peuvent nous abandonner par
« iiicoustatiec^ , d autieii parce que nous ue sau-
« rions combler tous leurs vœux : ce n'est que
•f de noire sang que nous pouvons nous pro—
*t mettre Jiuie iuviolal>le fidélité. Dans un élafc
« prospère nous ne trouverons que trop de gens
« pi êts à partager notre boubeur; mr.is il n y a
« que nos propres p.ireus qn' puisiont nous aider
« à soiilcnir Tadvei site. Il n'est pas possible même
« qu'il y ait une véritable union cutie deux: frères ^
« si If'ur père commun ne leur en donne
* t exemple. » Vespasicu, moins appaisé pai' ve
48 TTTCS.
blpan de la conduite de ce priace ayant son a\<^
neiiient h rErirpiro. Les prëtendus actes de vî—
î^ucur qu'on lui impule du vivant de son père
ëf nient (les ados de justice contre des conspira-
teurs, et des précautions nëcessaîrrs pour assurer
la vie do l'empereur et la tranquillité publique*
Il n'est pas douteux que riiabitude de 1 ëquitc et
do la honte ne fût déjh ancienne chez Titus lors-
qu'il prit les rênes du gouvernement.
Du reste, l'opinion desavanlagouse qu'on avait
Conçue de lui tourna onsuile a sa gloir<i ; cai' si sa
conduite no fut pas entièrement oxomplede taelies
avant qu'il parvînt au suprême pouvoir, aucun
prince no gouverna jamais avec plus de sagesse '9
de inod^ï aiioii v.t de bonté.
Il aimait la roiuf Bérénice, et il en était aimé j
mais à ]>rine fut-il reconnu empereur après la
moit.de V<:.snasien , maleié les intrigues de Do—
mition son fjère , qu'il réloigiia de Home et de
rihilio. Pins sévère sur sa conduite et sur ses pro-
pres déinaivljos depuis qu'il ne dépondait plus que
de sa volonté souIe, il lut frappé de Imconvé-
nient d'un mariage qui déplairait à tous les Ro-
mains , car déjà le peuple se plaignait devoir son
empereur servilement épris dos chaiTnes d'une
étraîigèro. Le mariage d'Antoii:e avec Cléopâtre
avait é!é univeisellemeiit condamné 5 et quelle
romparaison entre Cléo])atre, reine puissante , et
Eérénice , qui n'avait que le titre de reine ! Titus ,
persuadé que son principal devoir consistait à ne
<lonncr à ceux qui lui obéissaient aucune occa-
sion de censure et de plaintes, se vainquit lu!»
même ^ et , sacrifiant sou penchant ^ la raiaon
d état, il renvoya Bérénice sans retour ; il éloigna
aussi ses propres amis 9 les anciens compagnons^
de SOS plaisii's, ne voulant réi^ner que par la seule*
influence de la sagesse. La vertu seule donna
dx oit à son amitii$ s madft il méritit d'ayoir de Yxaii»
TITUS. 49
amis , avantage si rare dans une si haute fortune»
On avait encore blâmé la profusion de ses repas ;
il étendit sa réforme sur ce point , et voulut que
désormais la gidcté et là liberté, sans aucune sorte
d'excès , régnassent à sa table. On lavait aussi
taxé d'avidité pour largent ; il ef&ça entièrement
cette tache en se montrant toujoui^ juste , gêné*
reux et magnifique. Tel est le changement que la
souveraine puissance opéra dans Titus. Il signala
les commencemens de son admiaistration par une
mesure que lui dicl:a son incliuatiou bientaisante.
Tous les Césars , couformémcnj; à un édit de Ti-
bère y regardaient les prérogatives, les dons , les
bienfaits provenant de leurs prédéccssoui's comme
Dids slls ne les ratifiaient de nouveau t Titus ,
par un édit général , confirma toiUes les dona-
tions , toutes les prérogatives aniéricui'cs , et
sa volonté à cet égard fit loi désormais dans
IXmpîre. Telle était sa bienveillance , qu'il ne
pouvait se résoudi^e à renvoyer quelqu'un mé-
. content de son audience, ou du moins sans quelque
espérance pour l'avenir ; et s( s amis lui ayant
représenté qu'il prometlait qiu Iqucfois plus que
ne pouvait tenir même un empereur, il répondit :
« Personne ne doit se retirer triste de l audience
de son prince, » Se rappelant qu'il avait laissé
passer un jour sans le marquer par aucun bien-
fait, il s'écria : « O mes amis , j'ai perdu un jour ! »
paroles mémorables, consacrées à jam:iis dans les
umales du genre humain.
Noh seulement il respecta les propriétés avec
lue scrupuleuse attention , mais il refusa les cou-*
tributions et les présens établis par l'usage , et
^ ^ I feardés comme des témoignages volontaires de
%'" Iraffection' des peuples pour leur prince ', cepen-
'^ IluitU surpassa tous ses prédécesseurs en liLéra-
*'w, et jamais prince avant lui n avait montré
Tome IL 5
5o TITUS.
autant de magnificence clans les jeux et les spec*
iacles publics , ainsi que dans les (édifices*
En prenant possession du ' grand pontificat il
déclara qu'il recevait cet(e diguiié ftaciëe comme
un engagement à conserver ses mains pures 9 et à
ne les jamais souiller par le sang d aucun citoyen;
il protesta même, avec serment, qu'il aimerait
mieux përir que de tuer : il tint parole « et u*or«
donna la mort de personne* Deux patriciens
ayant éié convaincus d^avoir conspire contre lui
pour s'ëlever à IXmpire , Tjtus , fidèle à ses
maximes de clémence , se contenta de les avertir
de renoncer à leur projet insensé , ajoutant que
le trône était un présent du destin , et crue 9 s ils
formaient des désirs plus raisonnables , il s*enga«>
geait à les sadsfaire* Il les admit le même jour a
sa table 9 dépêcha en même temps un courrier
Ïour rassurer la mère de Tun d eux » qui , loin de
Lomé y était alarmée sur le sort de son fils* Le
lendemain , ayant fait placer les deux conspira*
teurs à ses cotes en spectacle » il leur donna à
examiner les épées des gladiateurs ({u'on lui ayait
présentées suivant Tusage , les remettant avec codp*
fiance dans les mains de œux qui venaient de Ira*
mer conti*c sa yie.
Un prince si plein de douceur ne pouyait aA*
mettre ni souffrir les accusations odieuses 1 qui ,
transformant presque toujours en crimes de I&e*
majesté de simples paroles souvent innocentes ».
avaient été pendant long-temps la terreur dfli
Sens de bien. Il en abolit entièrement Tusage » et
éfendit quW intentât aucune accosatioa de œ
genre. « Ces prétendus crimes de lèse-mafesléf
« dit-il , ou me regardent y ou regardent mes
« prédécesseurs* Quant à moi , je ne puisjêtre on»
« tragé ou insulté > car je ne fais rien» je pensftf
« de condamnable » et les discours qui a^oat
TITUS. 5ï
« d'autre appui que le mensonge ne me pa-
« missent oignes que de mépris ; ceux qui me
«c noirciraient à tort seraient à plaindre , et si
«c c^ëtaifavec raison il y aui-ait une injustice
fi criante à les punir pour avoir dit la vërité.
« Quant aux empereurs qui m'ont précédé y il
K netient qu'à eux, sans doute, de venger leurs
a injures , s'il est vrai qu'ils soient véritablement
« entrés en part des droits de la Divinité, et ils
«c n'ont besoin alors ni de mon secours ni de mou
«c appui* » Ainsi , bien loin que les délateurs et ceux
qui les subornaient , restes de lancienne tyrannie 9
b*ouTas6ent accès près de Titus , ce prince, au
contraire , ne traita sévèrement que ces hommes
méprisables et dangereux ; ils furent chassés de
Rome ou punis avec plus de rigueur encore* Pour
nicttre la vie des citoyens plus en 8Û|:*eté>
Titus fit revivre la loi salutaire portant qu'on ne
pouirait faire le procès à un citoyen qu'en vertu
des termes exprès dune loi.
Populaire par inclination autant que les pre-»
miers citoyens de Rome l'avaient été autrefois
par ambition, il permettait qu'on Tabordât; il
admettait le peuple dans les Thermes alors
qu'il y prenait les bains , et s'il donnait des
combats de gladiateurs, il laissait la multitude
décider du nombre et du choix des combat taas :
toutefois, au milieu même de cette extrême affa-
bilité, il savait toujours conserver la majesté du
touvoir suprême , et Tacite lui rend à cet égard
c même témoignage que Suétone.
La félicité dont jouissaient les Romains sous un
prince uniquement occupé du soin de les rendre
heureux ftit troublée par trois gi'audcs calamités,
l'embrasement du Vésuve, une maladie coutagieuse
et un terrible incendie dans Rome. Ces déplorables
désastres ne pouvaient manquer de toucher un cœur
, ti'l que celui de Titus 3 il les l'esscutit non vseule-
5*
5% TITDS.
nient en prince , mais en père , et il nVpargna ni
soins ni dépenses pour apporter des soulagemens
à tant de maux. Aucun secours humain ou divin
ne fut néglige' pour remédier aux ravages de la
peste. Pour réparer les douunaces que la Campa-*
nie avait souHerts par les terribles secousses du
Vésuve , Titus assigna des fonds abondans et les
successions dévolues au fisc ; il chargea deux con->
sulaires de lexécution des mesures et des arran-
gemens convenables pour soulager ce pays inal—
heureux ; et , foulant hâter les secours par sa pré^
sence, il se transporta lui-même sur les lieux
l'année suivante. Il répara ensuite , avec une ma-
gnificence et une sollicitude vraiment royales et
paternelles , les désasti^s de Tincendie de sa ca-
pitale ; il déclara , par une ordonnance publi-
quement affichée, quHl prenait toutes les pertes
sur son compte, et consacra à la réparation
des temples et des ouvrages publics tous les
on^emens des maisons impériales ; il préposa
des chevaliers romains à la réparation de tous
les dommages des particuliers et à la recons-
truction des maisons ; et pour avoir lui seul la
eloire de réparer tant de maux , il re^a le
dons que les villes , les rois , et même de riches
Sarticuliers lui offraient , afin de diminuer le poids
'une si énorme dépense* Ce fîit dans Téconomie ,
ressource si féconde pour un souverain , que Titus
trouva non seulement de quoi suffire aux bev
soins de TEtat , mais encore aux plaisirs et à
Famusement du peuple*
On sait que cnez les Romains les spectacles
étaient un objet important et l'un des ressorts èe
la politique des empereurs. Titus, après avoir
achevé le fameux amphithéâtre commence par
Yespasien, et si élégamment décrit par Martul»
qui le met au-dessus des pyramides et des antres
^merveilles de Tantiquité , en fit la dédicfice sgleii*»
TITUS. 53
nelle. Selon la coutume , il donna à cette ôccasîok
des fêtes et des jeux nmgnifi(jues. Ils durèrent
cent jours , et réunirent tous les difierens genres
de spectacles qui pouvaient s'exécuter dans un
ainpliitliéâtre; conîbats de gladiateurs , combats
de bêtes, batailles sur terré, batailles nayales. En
un seul jour parui^ent et furent tuées cinq mille
bêtes féroces de toute espèce ; on fit battre deâ
élépbans , on fit battre des grues les unes contre
Icsauti^es; une femme combattit un lion, et le tuA«
Le même cirque , successivement rempli d'eau et
mis à sec , tantôt présentait des flottes , tantôt des
troupes de terre en grande manœuvre. Par ces
divertissemens magnifiques, Tit^s cbercbaità faire
oublier au peuple les calamités qu'il venait d Ré-
prouver, et qu'il avait su réparer lui-même avec
une si toucbaute sollicitude.
Le Sénat , par un généreux principe de recon-
naissance, décerna de nouveaux honneurs à Titus,
qui avait prjà, avec la pompe accoutumée, le
titre d'empereur, à l'occasion des succès d'Agri-*
cola en Angleterre. Mais, pour le malheur du
monde, ce prince ne jouit pas long-temps des té-
moignages de la gratitude publique.
A la fin d un spectacle auquel il assistait il tourna,
dit-on^ ses regards versle peuple romain , et fondit
en larmes ; circonstance que les historiens ont
regardée comme un présage de sa fin prochaine.
Presque immédiatemont après Tituspartit de Rome
pour aller daas le pays des Sabins , d'oîi sa famille
était oiigiaaire. Suétone rapporte qu'en partant
il parut triste et affligé. La fièvre le prit en route j
mais' il continua de sf faire porter, quoiqiiil ju-
geât sa maladie mortelle , voulant finir ses jours
dans la maison même où son père était mort. Eti
chemin il ouvrit sa litière, et, regardant le cipl,
il se plaiii^ait d être coadaniiié à mourir dans toute
la vigueur de lage, sans lavoir nicriLé3 « Car,
y
.54 TITUS.
« ajoufa'^t^I» ma TÎe est saus reproche, et je n^iû
« à me repentir que d'une seule action. » On a
forme diflerentcs conjectures sur le remords dont
Titus emporta le secret au tombeau. Ce prince
ayant gagne ayec peine ÇutyHs , sa maison pater-
nelle, expira peu ae temps après y être arnvë, le
l3 septembre , dans la cpiarante-uuième année de
son âge , api^cs ayoir régné deux ans deux mois et
vingt jours. Sa maladie fut courte , et Plutarque
a écrit, sur le rapport même des médecins de ce
prince , que dans Torigine son mal n'était point
^ gi^ve , mais qu'il laugmenta par l'usage immo-^
cléré des bains , dont 1 liabitude lui avait fait une
nécessité > mais Pbilostratc assure qu'il fut empoi-
Kouné par son frère Domitiou, et Suétone y sans
faire cette imputation . dit pourtant que Titus re^
pirait encore lorsque Domitien , impatient de l'é-
gner , exigea que tous ses oifficiers l'abandon-*
nassent.
Telle fut la fin prématurée d'un prince que »
depuis son avènement à l'Empire , l'Iristoire
comble d'éloges sans y joindi^e aucun reproche ;
d'un prince dont la souveraine puissance , chose
très " remarquable y perfectîomia les qualités et
corrigea les défauts ; d un prince dans lequel toutes
les vertus se trouvaient remues sans le mélange
d'un seul vice ; d'un prince enfin qui ne connais-
sait de meilleur moyen d'être supérieur aux
autres qu'en faisant du bien à tous. Quelle déplo-
rable ratalité quW tel empereur , l'amour du
genre humain , et qui regardait ses sujets comme
ses enfans , ait été ainsi moissonné dans toute la
vigueur de l'âge , comme si les hommes n'étaient
pas dignes d'être gouvernés par la vertu ! Le bruit
de sa mort plongea Rome dans ime morne gous^
ternation , qui se répandit bientôt dans tontes les
provinces jusqu'aux bornes les plus reculées de
l'Empire. Les sénateurs > saos avoir été couto*
TmiS. - 55
qjoéi , se rendirent en hâte an palais dn Ç&tat , en
firent onyrir les portes , et , en présence dn peu-
ple , comblèrent Titus, après sa mort de plus de
louanges qulls ne lui en avaient prodiguées lors«
qu^îl pr^dait à leurs dëlibërationSé
Titus fut mis au rang des dieux* C'est le seul
honneur que Domitien fitrendre à la mémoire d*un
frère qui ayatt toujours été pour lui un objet d en-
vie etdehaine; encore; au milieu de la désolation
générale , ne ûit-il que forcément l'interprète des
i^egrets amera/ du monde entier , et rechercha-t-*il
ensuite toutes les occasions de critiquer la conduite
de Titus et d'avilir sa mémoire ; mais tel est l*as«
cendant de la vertu sur le trône , que Titus revit
encore aujourd'hui dans tous les cœurs«
56 ANTOMN
'«^««^^««««^^«^^««^^'«(^««^^^«^
TITUS ANTONIN,
surnoimmï: le pdeux.
Vj'est la France, ou plutôt lanKenne Gaule «
3ui a eu la gloire de douuer à 1 Empire romain ,
ans la personne cVAutouin le Pieuar, le meilleur
de ses princes ; il tirait son origine paternelle de
la ville de NinieSn en Languedoc. Sa iamille,uom-
n^éc Aurélia^ notait îLliistiée que depuis peu par
les grandes charges* Les deux aïeuls dAntonin
furent consids , et son père pnr^'int aussi à cette
dignitë; il tenait par ses alliances à tout ce qu^il j
UT ait aloi's de plus illustre dans Kome.
Titus Antomn iiaf|uit le 19 septembre deTaipSâ,
sous le règue de Doniitien, ^ Lavinium, daus la
campagne de Rome, où sa famille était venue s*ë*
tablir après avoir quitté Mimes. 11 monba dès son
enfance un heureux nalurcLet réunit eu se déve-
loppant tous les avantages du corps et de Tâme*
Une physionomie à la ibis douce et majestueuse, un
esprit orné, le talent de parler ^vec dignité et «Tec
grâce , des mœuis douces, une modération par-
faite , un fonds inépuisable d'équité 9 de libéralité
et de bienfaisance y un penchant décidé pour In re*
traite et pour la vie chanipélre , telles furent Ici
qualités qui rendirent Antouin si recommandaUe. >
8a naissance et ses richess€*s rapp<'lèit>ut de bonne
heure aux plus hauti s dignités. 11 devint conûral
h tn'nt(w[uatre ans, fut choisi par Adiîcn pour être
Tun des qiuiti*e consulaires chaînés de gouTeraer
J
■^ f ■
J ■
cniit r^çstime^gfoéittle» Se T^btmt à Rpme^jkérie^
rappela dai» ion ooa^ili rà il se fit xemàr^iiiBlt
par.dUfi.aîTM i^pniplîswdoaQew
ne fiit pcHiiilHnftux àrrecMpi^îb'efe^ kâf
nia Fanstii^'^il n'eiteufr paa, moin» cTafleetioti et
de rewect féar son U^ur^père/Anmiii Vi^^
dont il soulSÉgea )a TieiUèS8e/iai.prétant l'apiitii v
de son bras pour Vaider à se rendre aiiS<^ ..*%'
cette action de piété lui Talut, ditKin, le samoiâ
de Piusy qui Marque unbon cœur, une âme £elle} .
' sensible à Famitié et à la rtoonnaâssanoe earm
"feafiMuille et sa patrie» " v S
Adrien y toulant se cberclier à lut-mAme et ft /
l*£^pire un appui reçomviandable , jeta* les jeux
sur Antonia, et résolut de ladon^lber; maisil nJÛbt
à ce saj^ sénateur le teiups de déUbér^r s'il ^
cepterait lé^droitii la succession du premier trSne
de runiyers*' Lcvrsque tout fut d'accord Tempe»
irenr assembla dans son palais liu grand oonseily
et, après ^yoir exposé les motife qui le dé<Maient
à désîguer Antonin pour son ^.s^c^e86eur, « Je
« sais, ajouta-t->îI , que, digue à tous les égaj'ds
c d aspirer au pouvoir suprême, Antonin est
« lliomme du monde le plus modeste, et que rien
' « n'était plus éloigné de sa pensée que lélévalion
« à laquelle je le destine. Toutefois , malgré son
« goût pour le repos ,^j espère qu'il ne se. refusera
« ni à mes besoins m à ceux de TEtat , et que *
a surmontant sa répugaance, il se soumettra au
« fardeau que je lui iii^pose« » C'est ainsi qu'An-
tonin fut adopté* Lorsqu Adrien , toui*meuté par
une longue maladie, youlutse donner la mort,
Antonin lui en ôta d abord les moyens et 1 exhorta
ensuite , le conjura d'adoucir ses maux par la })a-
tîence , au lieu de les aigrir par' le désespoir. Il
sauya aussi plusieurs sénateurs qu'Adrien youlait
faire mourir. ,
58 ANTONIIÎ.
Son aTÀieinent ik la souveraine ptuannce fut
un sujet de joie uni vei*8eUe pour le Sénat, ponr le
peuple et pour tout l^Eiupire. U prouva a abord
sa }nété filiale euyers Adrien par les honneurs
qu'il lui fit readix? , et refusa ceux qu on Touhit
accumuler sur sa tête lorsqu'il entêté reconnu em*
pereur.
Sou élévation à la puissance suprême ne chan*
Sea ui ses babiUulos ni sou cai*aetère ; il continua
e montrer le même l'espect pour leSéuat et pour
Toitli^e des chevaliers , et ne se fit jamais servir
que par des esclaves* U continua aussi de rendre
compte de sou admiiitstration avec la même
candeur, soit au Sénat , soit au peuple, auquel il
laiss.1 le droit de se choisir ses magistrats.
Dès le commencement de sou i è«(ne il roanifeata
cette clémence inaUérable qui distin^ait partîcu*
lièremeut sou cai*actère* Quelques sénateurs nm^
bitieux ayant formé contre lui une coimiration »
il ne put les dérober à la vengeance du Sénat»
mais. il ari*éta toute recherche coutre leurs oom*
plices : « Je ne veux point , dit«-îl , commencer
« mon gouvernement par des actes de rigueur »(
et il ajoutai : u Ce ne serait point une chose'quipût
« me faire ni honneur ni plaisir, qu'il se trouvftt
« par les informations oue je fusse haï d*un grand
« nombre de mes concitoyens. » Cette douceur
réussit ; rhistoiit^ ne fuit plus mention d aucunn
trame ounlie contre un prince qui se vengeait si
noblement.
Livré tout entier au gouvernement de l'État, il
étaitdiflicile de le tromper » car il prenait connu»-
sance de tout par lui-4néme ; aussi les'courtiiaîai'
ne vendaient point xm crédit dont ils ne jouissaient ^
pas auprès d un pnncc si clairvoyant et si appli»
que. 11 consultait, il est vrai, ses amis, et em-
pruntait souvent les lumières d autrui pour mieux
voir , mais sans se laisser jamais conduire en aveu» *
T ■*
^aiteèM^^.fivver, pour aiottdirey «n mp4]!MU^
•oitpar dttdiiecMm qp'ilprai^^ MuSiî^
•oit p#r d^ dédbraliQMOT'ilûuiHÛtpùiiHeré^
dMT.Cepriiic^ admiraUM qppUqmit aagowrerns^^ ,
maXjiftwQ^Yxàs^ixév attentiôa elk
{(ouYerner m maison«ll dîmiaiia loi in^pàti» eteli^
loignit aux perceptaufs- dea deiiÀjn^lMibtiGB de-^
a'ae^tter de leurs diarges afeo faiinMiiléy u<» .
jiyuBit mieux, disaH-tl, être paurre ^ne dVmoir
•ea coAres pldns aux dépens dWapprfan^ Besjiw
^ jaopae du bien public, il proJGgna sa fortune Mr«
aomieUepour ne pas tarir le trâ<KPde l'Etat* LHibp»*
' pératrioe FauatÎDe se plaignant un joordece ^pSSk
. ayait diqwsë de la plus ^rancle parae He son iW
eu fiiTeur des indigena, il lui répondit que la n*^-'
dresse d'un emj^reur ne consistnit que dans la
fiflicttë publique.
11 supprima toutes lespensiMs^oblQniies-paf
l'intriBTOetparkfayeurtcarilnBgurdaited .
une fiuie cruelle de laisser ronger l'Etat (c'était
son expression) par des hommes qui ne lui ren«
daient aucun service» Nesnomade, poète lyrique^
flatteur inf&me , qui dans une ode pindariquef avait ^
'célébré les amours d'Adrienetd'Antinoiis, fot)^;»»
.lement privé de sa pension.
Le mérite seul fut récompensé par un si sa(^
enqpereur; il n avançait dans les charges que les
gens de bien. Dans la crainte de fouler les peu«>
5 les par des voyages ou des déplacemens onéreux,
. ne s'écarta jamais de Rome, centre de rEmpirCf
d'oii il veillait sur toutes les provinces à la fois y
se trouvant ainsi plus à portée de pourvoir aux
besoins de ses {peuples. Econome sans avarice , et
libéral sans prodigalité , il refusa les successions
testamentaires ; il eut horreur des confiscations^
il exempta l'Italie et les provinces d'une redevance
^
6o ANTONIN* .
qiio l(«8priipIoB payaient aux empereurs à Tocca**
sioii (le leur avdiM'iiieiit; il fit aux troupes les dis*
tiihutious (lusu(^c, dUiMIt des foudspour Tédu-
cu(ioupubli(|ue, peusioiuia des maîtres d éloquence
et de philosophie y acconla des indemnités aux
sénateurs pauvres et aux magisliats qui ue pou-
vaient subvenir aux d(5penses g^ttachei^ à leurs
charges.
Les jeux uifcessaires à lamusenient du peuple
ne lui paraissaient pas superflus; mais il n'approu-
vait |>as h's profusions dans ce genre ^ et il limila
les diipcuises pour les combats de gladiateurs*
MalgrtS C(*s principes d'une sévèi*e économie «
Antonin ne hiissa i»as que d embellir Home de
phisieui^ édiiiees ; \? éleva un temple en Thon-
neur d'Aifvien , et acheva le magnifique mausolée
consacré i\ ce priiKH". 11 fit consti^uirc un port à
Oaëte, répnm celui de Terrai ne et b&tit un su-
ptrbe imlais i\ Lorie , en Toscane , où il avait été
«Uevc et oh il mourut. Mimes, la patrie de ses
ancôtres , lui attribue ayeo beaucoup de probaU*
lité les deux plus superlx's monumens qui restent
parmi nous de la magniiicence romaine , les
arènes et le pont du Gara. Antonin distiibua aussi
des sommes considérables pour la rél)aratioa de
plusieui*s monumens dans la Gi^èce , ilouie > Im
Syrie et l'Afrique. 11 transforma en ville le bourg
di']\\llantiumen Aivadie , qui , à cause d Evaudre*
était regaixlé comme le berceau de Rome» et il
l'exempta de tribut « en lui donnant en outre le
priYiléî;e de st^ gouverner pur ses pix>pres loij»
Le prince fit lui-même plusieurs ordonnances
pour régler et periecticmner la jurisprudence ro-«
mai ne. Il dct\uulit dr poursuivre eu matière cri*
iniik^He deux fois le même pré\enu pour un Grime
dont il aurait etéalisous: il modéra Li rigueur du
(h oU romain dans les cas utiles au fisc ; et, par one
troi>io:ne ordonnance qui nous a été couscrvrfe
ANTONÎN. 6r
par saÎQt Âugttstîa fCt qui regarde les causes dV-*
clultère , il établit pour règle que si un mari poui>-
suiyaitsa femme en justice pour cause d'infidélité ,
il fallait que le juge eisaminât^i le mari avait lui-
même gardé fidélité à sa femipe, pour qu'ils fussent
tous deux punis , s'ils étaient tous deux coupables;
« Car, dit l'empereur , il me paraît tout à fait in-
« juste que le mari exige de sa femme robscrva-
« tion a un engagement qu'il n'observe pas lui-
« même. »
Son équité lui fit autoi arrêter le cours des per-
sécutions dirigées contre les premiers chrétiens ,
qu'un préjugé presque universel dévouait alors à
la haine publique. Ëusèbe nous a coilservé le res-
crit qu'il envoya aux peuples de TAsie-Mineure
pour protéger les chrétiens contre les soulève^
mens et les persécutions.
Diverses calamités publiques survenues sous son
règne exercèrent sa piété «ecourable 5 ime famine ,
le débordement du Tibre , un incendie considé-
rable à Rome , d'autres incendies à Narbonne , à
Antioche , à Cartbagèiie , un tremi)h"mont de terre
en Asie, tels furent les maux auxquels Antonin
apporta tous les remèdes qui pouvaient dépendre
de lui. Il ne cessa de prouver que rien ne lui était
plus cher que le soulagement et la félicité des
peuples. Pendant la disette qui affligea Rome la
populace, furieuse de n'avoir pas de pain, mécon-
imt l'empereur et lui jeta des pierres. Au lieu de
vengei^ 1 autorité outragée , Antonin aima mieux
appaiser les séditieux en leur rendant compte des
mesures qu'il venait de prendre pour soulager la
misère publique ; il y ajouta des secours eflficaccs
en faisant acheter à ses dépens du blé , J(»s vins , des
huiles, qu'il distribua gratuitement aux pauvres.
Sous un tel règne , avec un tel plan dv gouver-
nement , av<*c une administration aussi paternrllf* ,
l'Empire romain ne pouvait manquer de jouir de
fia ANTONIN.
In plim henreuM tranquillité* Quelquet t^roltrs
dp la part drg juifii , qurlcjHcs mouvcinens sédi-
tiriii m AcIiniV, vn Ëgypti:» appaind» sans peine ;
1rs Maorrs , \vê Dacrs , îmAUnuiH , qui , h diTerscs
rrpt'iiifSy tcnlèrrTit de troublrr la paix puhlicfuo
dnnfi la liauff— Asie 9 et (tui furent contenus dans
le devoir; les brigands dont il fallut arrêter* les
coursi'S dans In (>rand«*-I3retAgne y tels furent les
dvdnrniens qui s<»ug le ri^gne d Antnnin ndcessitè—
rent Temploi <]es armes et troublèrent niomcuta'-
ruminent le cal nie heureux de son ynstc Empire*
Tout(*fois en W^gne doit]iaHser pour un i*ègae tout'
pacifique. Antoiin aimait la paix par goût et par
nSIlexion ^ et eVst lui qui a sauve pour aiusi
dire de Toubli ce mot admirable de Scipion>
qu'il rdp<^tait souvent : « J aime mi(!ux consenrer
« un citoyen que tuer mille ennemis. » Il nVntro-
prit jamais aucune gueire ofTeusivc dons la Tue
de faire des conquAtf*s. 11 pensait avec raison que
le véritable et solide moyen d augmenter la gran*
deur de l'Empire était de faire fleurir , par la cul«
ture des terres et ]mr le commerce » la ricbe et
vaste «(tendue de pnys qui lui obéissait* La seule
réputation de sa justice lui donna sur les rois et
sur les peuples voisins une autorité qu'il u aurait
f)u nixjuérir par les annes^ telle était même !•
lautf niée (pie les ennemis de lltmie avaient- de
•on équité « que souvent ils le prirent pour ar-
bitre dans leui's difTéirns av(*c TlUmpire* Quoique
le roi des l^arthes eAt déjà envahi LArménie » ce
primn^ licencia ses troupes h la réception d*uiia
sinqde Irttre d^Autonin ; et cependant renipereur
ixv lui témoignait point une complaisance moUe > et
rofuHait tnf*tnv de lui rendre le trAhe d or conquit
Mw Tra jan sur Cho•ro^s• Les rois d^Hircanie » des
jlaet riens et des Indes lui délnlt^lTnt des amUa»"
■;(M)rurH pour obtenir sou alliance et son amitié**
rUai t4M\iuae > roi d Ii:éi ic » tint à Aomo Lui pirf*.
1
ANTONIN. 63
senter ses hommages , et lui témoigna plus de fer^
meté qu'il n'en avait montrée pour Adrien. P%co-«
rus fut rétabli par lui roi des Lazes , peuple de la
Colchide; les Arméniens, les Quàdes et bean-<
coup d au&es nations reçurent avec respect les
princes <]u'il leur donna pour souverains ^ quoi^
qu elles ne dépendissent point de FEmpire* Faire
r^ner autour de lui le calme , la tranquillité et
le l>onheur, telle était la politique d'Antonin.
Sa conduite privée répondait à la sagesse avec
laquelle il gouvernait les a£&ires publiques* Sa
table était migale; il y admettait ses amis, mais
sans gêner leur liberté* Quand il faisait quelque
séjour à la campagne c'était dans ses pro^n'es
terres, comme lorsqu'il n'était que simple parti-
culier* Ses amusemens étaient innocens ; à Rome
il assistait quelquefois aux jeux des pantomimes, et
se délassait du fardeau des affaires dans la con-
versation avec ses amis ; à la campagne il se li-*
vrait à la pèche, à la chasse, aux promenades
champêtres* ^
Cependant la vie de ce sagç empereur ne fat pas
entièrement exempte de taches , et ses mœurs ,
dit-on, ne ftirent pas toujours pures. L^histoire
lui reproche aussi son excessive indulgence pour
rimpératrice sa femme , dont la conduite nlionor-
rait pas le trône; son attachement pour elle fut
souvent taxé de faiblesse* Mais , eu général , la
maturité et la sagesse qui dirigeaient toutes les dé-
marches d Antouin produisirent en lui une égalité
Sarfaite , qui est le trait le plus cai actéristique
'une vertu supériem*e*
Ce prince avait vécu jusqu'à 1 âge de plus de
soixautc -treize ans sans ressentir aucune infirmité ,
si ce n'estdes migraines assez fréquentes, quiTobli-
geaieut d interrompre son application aux affaires;
mais cièsqu*ilse sentait mieux il reprenait son tra-
vail avec une nouvelle ardeur. Au commencement
66 ANTONIN.
qui a été dît de Socrate, qu'il était seul cstpablc de
8 abstenir et de jouir des choses dont le cominuii
des hommes n'a ni la force de se priyer ni la sa-
gesse de bien user. Tels sont les principaux traita
du caractère d'Antonin, que nous ayons puisés dans
le tableau touchant de ses qualités et de ses vertus
que nous & tracé Marc-Aorèle ^ son digne suc-
cesseur.
Naturellement porté à la clémence « même en-
yers les méchans y il ne lui échappa jamais > dans
un espace de yiugt-trois ans 9 la moindre action
qui pût offenser personne. Achevons de peindre ,
par quelques traits de caractère 9 ce prince j IW
des meilleurs qui ait jamais gouyemé les hommes.
Quand il parut en Asie , revêtu de la charge
de proconsul , il logea la première nuit dans
la maison du sophiste Polémôn. Ce fisistueux et
orgueilleux Asiatique était alors absent ; mais à
son retour , indigné de trouver sa maison oc-
cupée par le proconsul , il cria , s'emporta , et »
par des plaintes amères , força pour ainsi dire
Antouin d'aller, au milieu même de la nnit,^
chercher un autre asile. Cependant Antonin fut
élevé à lEmpire , et Poléinon vint à Rome lui
faire sa cour. L'empereur lui fait l'accueil le pins
obligeant , l'embrasse même , sans lui témcrigner
aucun souvenir de Tin jure qu'il en avait reçoe 9
et il dit à ses officiers : « Qu'on loge Polémon dans *
« mon palais , et surtout que personne ne la dé-
« place. » Un acteur étant venu se plaindre me
Polémon l'avait chassé du théâtre', « Qnâk
K heure était-il, dit l'empereur, lorsqullvcasa
« chassé ? •— Midi , répond l'acteur» -^ Hë bien 1
« reprend Antonin^ il m'a chassé de sa miisonà
« mmuit , et j ai pris patience. »
Un jour il visitait le palais d'un riche aén-^
teur nommé Valerius Onculus ; ayant rentf-
que avec admiration des colonnes de porphjre 9 '
ANTONIN. Çrf
il lui demanda d'où lui Tenait un ornement
si magnifique ; Onculus 9 noa moins grossier
que le sophiste Polëmon , lui répondit brusque-
ment : « Souyenez-vous , lorsque tous êtes dans
« la maison d'autrui , qu'il faut être sourd et
muet. » L'empereur, loin^de s'offenser de la bru-
tale repartie de ce sénateur , lui passa dans plu-
sieurs autres occasions 9 avec la même douceur,
ses railleries piquantes.
Ce prince ayant fait venir de Qialcis , en Syrie,
le philosophe stoïcien Apollonius pour être le .
précepteur de Marc-Aurèle , Apollonius vint ac-
compagné de plusieurs de ses disciples , tous ^r-
gonaïUes, dit Lucien , et très-disposés à chercher
la toison d'or. Dès qu'il fut amré à Rome An-
tonin lui fit dire de se présenter au palais , pour
qu'il put lui mettre le jeune disciple entre les
mains. Apollonius répondit que c'était au disciple
à venir trouver son maître. On rapporta ce mot
à Antonin, qui dit en riant : « Apollonius re-
« garde-t-il conmie un voyage plus pénible de
« se rendre de sa maison au palais que de Chalcis
« à Rome? » Toutefois il consentit que Marc-
Aurèle lui fit les premières avances et allât le
trouver chez lui.
Marc-Aurèle pleurant ensuite la mort de celui
qui l'avait élevé , ses courtisans blâmaient cet
excès de tendresse , comme peu convenable à la
dignité d'un prince : « Laissez-le plettrer , dit An-
« tonin , et sonlBfrez qu*il soit homme , car la
« philosophie ni la dignité impériale ne doivent
« éteindre en nous les sentiraens de la nature. »
Antonin avait 1 esprit 01 ué; il aimait les lettres,
qu'il avait cultivées, non en savant de profession,
mais en homme d'état et en prince. Ou avait de
lui , du temps dv Dioclétien , plusieurs harangues
oii rëgnaît ini goût d éloquence digne de son ok-
ractère et de son rang.
68 Ï^IARG-Al^RÈLE.
MARC-AURÈLE,
EMPEREUR ROMAIN.
.JuA vertu (le Marc-Aurèle , fils et succeapeai; .
iïAntoNÙi le PieiLx , dont nous Tenons de retra^w
cor riiistoirc , a uaru plus austèi^ et moins piu^SL
peut-être que celle de ce prince aimable etbqklà'*.
outrée quelquefois et moins naturelle ^n e||et^ '
elle n'ëtait pour ainsi dire que le fruit de Vë^iK^
cation , d'une étude profonde et d'un traTail iiiï^
fatigable. ; .X
Ce grand prince appartenait h la {amille ji|èC
Annius, d origine espagnole, et alliée à l'empereoit .
Adrien. 11 naquit à Rome , le z6 avril de Fanailb? '
121, la quatrième du règne de cet empei'ew m '*'
sous le second consulat d'Annius YeruSjSon aïtnP^ ,
paternel. On lappela d abord Verusy comme 10^' ï-
aieul , et ce nom semblait convenir autant à M"
caudeur qu à cet amour pour la vérité qu'il ma-
nifesta dès son enfance. Adrien , jugeant niènia
que ce nom n'exprimait pas assez Theureuse dii->
position de son caractèi*e , voulut qu'on l'appelât ^
p^erissimus , ou parfaitement vrai. j ,
Il réleva dans son palais même , et Ini'doipn-^
pour précepteurs ctpour maîtres JHérode AttieÀt^*^ !
.orateur grec ; Cornélius Fronto , orateur latSiif
v\ Junius Rusticus, qui joignait à une naissance
illustre un goût héréditaire pour la philosophie ^
jjtoique.
Oti inshniisit le jeune Vérus dans les sciences
cl dans tous les ^rts nécessaires à la cultore de
MAPiC-AiJRELE. 69
reçprît et au développement des quaMtés corpo-
relles ; le dessin, la musique, la course, la lutte,
les dauses militaires enti^èrent aussi dans son
plan d'éducation. La langue de Platon lui devint
familière comme la sienne ; Fhistoire lui apprit
à juger les hommes; Vétude des lois lui montra
la base et le fondement des états*^ Il compara
ensemble les lois de tous les peuples; mais la
poésie et Téloquence eurent peu d'attraits pour
lui , et , dans ses écrits pliilosophiques , il re-
mercie les dieux de n'avoir pas fait de grands
progrès dans deux genres dé littérature qui Tau-
raîent arraché à des études plus solides.
• Ses maitnes s'attachaient surtout à lui élever
1 ame et à le former à toutes les vertus morales
et politiques ; aussi les aima-t-il avec tendresse 9
et trouvèrent-ils en lui un disciple reconnais-
sant. Rusticus devint son confident et son ami , et
lui inspira de bonne heure les principes de l'école
de 2^aon. Le jeuue Marc-Aurèle fréquenta aussi
l(»s écoles publiques des rhéteurs , et il y forma
de lui-même , avec plusieurs de »ses cohcUsciples,
des liaisons d'amitié que ne put altérer leclat
même du trône.
Naturellement grave et sérieux, il s'adonna de
j)iétérence à l'étude de la philosophie, dont il
< oiiiiut de bonne heure tous les systèmes. Son
a tdeur fut telle , qu'à Tâge de douze ans il prit
i habit de philosophe, cest à dire le manteau
ç^vec y il prétendit même embrasser la vie austère
des plus rigides stoïciens, dont les préceptes lui
apprirent à soumettre son corps à son esprit , à
f lire usage de sa raison pour enchaîner ses pas-
sions , considérer le vice comme le seul mal, et
lu vertu comme le bien suprême. ^
Ce rigorisme philosophique , l'application infa-
li::çable à l'étude , et la sévérité du régime alté-
ivrcnt sa complexion; mais, quoique faible , sa
70 MARC-AimÊLE.
santë reprit en lui plus de vignenr» et, maigre
une yie toujours laborieuse , elle loi ménagea
une lon^e carrière.
Mais s*il adopta le maintien sérieux des philo—
sophes , il n en eut point la morgue ; son accueil
prévenant et gracieux annonçait un prince' sans
orgueil > modrste sans timidité, graye sans sé-
cheresse» A quinze ans il prit la robe virile ; ses
mœurs restèrent sans tache , et si dans le fea de
rage 1 amour prit ^lelque pouvoir sur lui, biien—
tôt il en secoua le )oug.
Son désintéressement et sa générosité éclatè-
rent d'abord en faveur d'Anna Gornificia , sa soeur
unique , à laquelle il céda toute la ^Slcession de*
son père , en disant que pour lui celle de son aïeul
lui suffisait. Tant de vertus et de qualités aimables
le firent aimer et estimer d'Adrien , et lorsque ce
prince eut désigné Antonin le Pieux pour son suc-
cesseur, il exigea de lui qu'il adoptât Marc-Amrèle,
alors ftgé de dix-huit ans , ainsi que son frère La—
cius V('rus* Le jour même de Fadoption Adrien
le nomma questeur. Loin de s'enorgueillir de ton
élévation , le jeune Marc-Aurèle plenra sur sa
grandeur, et ne put dissimuler sa trist^ne : « Pon-
« vez-vous m'en demander la cause ! disait-il à
« ceux qui étaient étonnés de sa donlenn Je Tais
« régner, et qiieis pièges , quels dangers n*eiivi-
« ronnent pas le trône et les souverains ! »
Cependant, après la mort d'Adrien, il se TÎt-
encore plus près du trône , et Antonin, qu venait
d'y monter, lui donna sa fille Fauslîne enma-
ria<:;e, le désigna consul pour l'année saîtanlBy
le déclara César, et le logea dans le pàlufe'ds
Tibère : c'était presque l'associer à l'Empila» Ces :
nouveaux honneurs n'altérèrent ni la sininlifiil^
ni la modestie de Marc-Anrèle ; nul fiùte ooiS sa
maison ^ ni dans ses écpiipages , ni sur sa'Mr*
sonuc. Comblé d'honneurs , destiné au traie t
-MARC-ACIŒLE. ' 71
il contîaua les études qu'il ayait commencées ,
et reparut même aux leçons publiques des maî-
tres aéloqucnce et de morale.
* . Antonin le revêtit bientôt de la puissance pro-
consulaire et tribunitienne ; connaissant dès lors
sa probité et sa pénétration , il n'agit plus sans
^ le consulter; mais , ne négligeant pas néanmoins
de seconder son étude favorite pour la philoso-
phie , il fit venir de Chalcis , en Syrie , un célèbre
stoïcien appelé Ajiollonius, qui apprit à Àfarc-
Aurèle tout ce que promet le stoïcisme , c'est à
dire Téléyation des sentimens , la fermeté dans
les maux de la vie , et ce mélange de la douceur
avec le courage -^oble et ferme.
Le jeune prince se montrait digne des hon-
neurs par lesquels Antonin l'égalait presque à
^ lui-même* Jamais fils ne fut plus soumis à son
père , et pendant vingt-trois ans qu'il lui servit
d^appui et de conseil il augmenta chaque jour ,
!»ar sa modestie et par sa sagesse y l'affection que
ui avait vouée Antonin.
On vit alors se renouveler cet exemple admi-
rable que Vespasien et Titus avaient donné à
à l'univers ; on vit un père et un fils posséder ,
exercer en commun le souverain pouvoir sans
défiance, sans ombrage, avec une tranquillité,
une paix qui démontraient jusqu'à l'évidence la
vertu supérieure de l'un et de l'autre.
Appelé seul au trône par la volonté d'Antonin ,
et reconnu empereur par If» choix de ce prince ,
il prouva que le rang suprême n'est pas , comme
on se l'imagine , incapable de souffrir de par-
tage ; par une générosité dont l'exemple est
unique dans Tliistoire , il demanda au Sénat que
son frère Lucius Venis fût associé à TEnipiro. Les
deux empereurs ne se partagèrent point entre
eux les provinces comme avaient fait autrefois
Octave et Antoine 5 ils les gouvernèrent eu com-
72 MAnC-AUniiLE.
-«iiiii , commri deux frères daiiA unn condilinn
privf^e rd|«iruirnt iiiin Hucccsiiioiu ToutisfoU Marc-
Aurilr avait sur l^iciuH VcruM la prddiniiiniico
<|uc donne la 8U|u$rioritd de Tà^e et du iiidriUs »
rt quoifjiie les dvMX empereurs gouvcriuisseiit
aveo uuuiiiiuitd, Lueius n'dtuU guère que le lieu^
tenant de son coUèuue, dont il tdnioigna du-
Itord vouloir iniiU^r la sagesse f^t la retenue»
G(*pr*udant Vologèse , roi des Purtiies » ayant
atta((iid l'Arnidnie et la Syrie, on décida qua
Vrrns irait s^opposiir aux l'arthes, et cpte Mait:*
AnriMe nisterait à lloinc; ]>our U'nir les réiics dli
l'ouv(*rnenu*nt. Ce prince c^spdrait que la guitrre
«Idlourntïraît Verusde la moifossf^ voluptueuse ■
la(pielle il ne. livrait h lltnnt!; nuiis S(*s espdraiices
furent tronipdrs. Verus, unitiueiuent occupé de
ses ])laisirs à Antioelifi 9 ne prit aucune part aiut
opérations ni aux victoires dit ses généraux»
Taudis (pi*il se livrait ^ tous les excès de la
ildliancln; , car il ne lui nnunpniit, pour r(*sscm«
liicrr h Néron, aucrun viee <pie la cruauté) MarC"
Aurèle sattirait par s<;s vertus Tadmirattou dcf
Itoiiiain», d<int il faisait la gloire et le bonticur*
Jamais, sous la répuhlifpie, le peuple u^avait joui
d*niic liljrrlc si réi*lle; jamais aucun empereur
ji avait porté plus loin la déréirncr pour te Sénat*
Loin de prendre omln-agr de Tautorilé de ce
4 «irps illustre, il IVxiiilail en tout et s'y sou*
iiirltait lni-jn/*me; il lui renvoyait souvent par
icspect 1rs causes qui devaient Atre jugées à soa
propre trilmuul. Dans toutes les aflau'osqui con-
(f i'nai(!nt la guerre ou la paix, il prenait ton- j
j«juj's la vis des sénateurs : « N est^il pas pllll \
«' juhte, dÎMait-il , que je suive le sentiment de .;
« (nut d'illurttn;N amis, que de prétendjts luoi seul
i« l'aire plier taul d*aiuis illustres sous nia vo«
«• lonti? ! n
J/eiLcnqdc ct la sage adniinisli'alion dW priflôt
MARC-AURÈLE. 7S
SI' Tertaenx mirent sous son i*ègue là verta ea <
hounenr ; il la~ chérît tellement qu'il eu, fit une
divinité , à laquelle il consacra un temple dans I#
Capitule.
Il usa de tout son pouroir afin de réprimer yf
par de salutaires règlement, la licence des mœurs
et la corruption de la jeunesse* Toutefois 'y quoi-*
que sans yices lui— même , il était conyaincu da
ta nécessité de la tolérance pour les yices des
autres , pourvu qu'ils ne fussent pas portés aux
derniers excès : « Nous ne pouvons pas faire les
« hommes tels que nous les voudrions, disjait-il;
« ainsi supportons-les tels qu'ils sont, et tirons
« d'eux le meilleur parti qu'il est possible. » Cette
modération lui réussit , et il eut la satisfaction
rare de voir les méchans deyenir bons par ses
soins, et les bons croître en vertu.
Les Parthes ayant été défaits par Avidius Cas—
dus , lieutenant de Verus , ce succès fit donner
par le Sénat à ce prince , occupé de ses plaisirs à
Antioche, le titre ae vainqueur des Parthes et des
Bfèdes. Verus ne quitta qu'à regret le séjour dé-
licieux de la Syrie pour revenir à Rome. Le Se-*»
nat déféra le triompbe et le titre de père de la
patrie aux deux empereurs , titre que Marc— '
Aurèle n'avait jamais voulu accepter pour lui
seul. L'union était parfaite entre les deux frères 5
elle fit le principal ornement du triomphe qu'ils
célébrèrent en commun, portes sur le même char,
ayant avec eux tous les enfans de Marc- Aurèle»
Le retour du voluptueux Verus fut fatal à
l'Empire 5 il avait ramené d'Orient à sa suite la
peste , qui entra avec lui dans Rome , et de W
letendit jusque dans les Gaules et jusqu'au Rhin,
même. Ce fléau fit dliorribles ravages dans tout
fEmpire. Le cœur paternel de Marc- Aurèle ea
lut si touché , que , soins et dépenses , tout fut pro-
Ègué pour arrêter les progrès de ce mal affreux*
Tome IL 7
76 MARG-AURÈLE.
fleuvo. Los Jazygos furent battus deux fois , U
première eu ruiiiiouie , et la seconde lorsqu'Ui
trayrrsalent le Daimije sur la glace.
Après une victoire complète les soldats exi*
fièrent de ce bon prince qu*il leur fît des largesses*
iVoici sa réponse : « Mes amis , nous avons vaiiH
m eu , II est Tiai; mais s'il faut tous doilnor lef
% dépouilles des citoyens, qu'importe à l'Etat
« YotiY^ victoire ? Tout ce que je vous donuerais
« au-delà de ce qui vous est dû serait tiié da
-« sang de vos procbes et de vos pères* »
Cependant, toujours occupé de commander eli
persoime , Tempereur , dans le coura de la cam«
pagne suivante, se ti*ouva enfermé avec ses lé*
gious dans le pays des Quad(*s, au-delà du Da-
liubc. Seri es de près , les uns couti-e li*s autres »
et n'ayant point dVau, les Romains se défeudalent
vaillamment contre les bari)ares, qui s'étaient ein»
paré de tous les passages. Couverts de blessures»
mourant de soif, et ne pouvant ni combattre ni se
détendre , ils toucbaient à la plus teiTible extré*
mité , lorsque , les nuées se rassemblant de toutes
luce,
pour
leur boucbe , d autres tendaient Icnra casques et
leura l)oucliers v(a*sle ciel : c^est ainsi que sontre*
pi'ésentés les soldats de Mpo-Aurèle sur la fil-
meuse colonne d'Antonin a Rome. Des partie»*
larités encore plus éti^nges^ et que beaucoup dV-
cri vains ont qualifiées de miracles 9 concoiiptmit»
dit-on, à fixer la victoicc sous les draMauids'
Marc-AurèLe. Ce prince; ftt la paix , ou pu^tsm»
pendit la guerre, moyemiant la resUtution àeoBai
mille prisonniers romains. U eût dëûré tan
doute compléter la victoire en réduisant ca
provinces de l'Empire le pays des Majcomansst j
celui des Sarmaies^ moins pour flatter ^on nAi^
MARC-ADRÈLE. 9^
tîoQ qcic pour avoir de sûrs garans de la fidélité
de ces peuples ; mais il fiit arrêté dans ses projeta
de conquête par la révolte d'Avidiiis Cassius ea
Orient. Ce lieutenant de Marc-Aui'èle , déjà cé-
lèbre par plusieurs exploits , s^était fait proclamer
empereur à Antioche. Le Sénat , informé- de sa
révolte , le déclara ennemi de la patrie , et confis^*
qoa ses biens, que Marc-Aurèle adjugea au trésor
public ; puis , quittant la Germanie , il se dirigea
•vers rOrient, pour aller au-devant d'Avidius»
résolu de lui remettre l'Empire si les dieux vou-«
laient qu^il régnât à sa place : « Si je me résigne à
■ tant de travanx, dît-il en partant, ce nVst ni
« par intérêt ni par ambition ; je ne désire que
c le bonbeur de mon peuple. » il apprit en route
qa' Avidins venait d^être poignardé par un centa<»
non. On lui apporta la tcte delusurpatcur; mais
il détourna les yeux^ et ordonna que ces tristes
restes fussent innumés avec bonneiu*. Maître des
révolta , il voulut sauver la vie à tons ceux ^n\
avaient voulu lui ravir TEmpire; il devint l-.ir
protecteur auprès du Sénat , qui s*apprêtait à
venger son prince ; il implora la grâce de
SCS ennemis : « Je vous conjure au nom des
« <lieux, écrivit-il aux sénateurs, de ne pas faire
« verser le sang. Que les exilés reviennent, qu'on
« rriide les biens à ceux qu*on a dépouillés, et
■ plut au ciel, ajouta-t-il, que je pusse ouvrir
« les tombeaux!... Songez, pères conscrits 9
« que la vengeance est indigne d'un eniperonr.
« Vous pardonnerez donc aux enfans d'AviJius 9
« à son gendre et à sa femiiie. »
Il exprima les mêmes sentimens à Tinipéra-^
trice Faustine , qui le prcssiut de punir rigou*
rcusenient les complices de la révolte: « Rien,
« lui répondit Marc-Aurèle, nVst plus digne
« d'un empereur romain que la clénicJice; cette
• vertu a placé César parmi les dieux^ elle a
r« * MAiicvrniiTJE.
« roiuln ^r«»iistr saiiê; rllo n iiiérîtê h vofl^
« |<ir Iv ti(t(' liomxalU' i\v Finu. (^ir ue
« l'uifi-je irraio niuîiv la vie î^ Cassîus^ rt
« m Vu taiir uix ami ! Sovt/ dDiie tJAiu|itille«
« ma oht^iv rt^iislinr; ne \riis livitx ni à la
« ciwinJe ni à l\s|=iit tle veui;rauce : Muit*
«' Auièle tsl puiîo^e yiw les «Uouii. »
i-lti rfltt, il pauirmia tlo si bonne foî« qinl
ftiitiiit 1rs |airns (i A\i<iins an\ lionneurs vi aux
I liai j;t s. l.r Se liai , i!eJei unt u sa prièi e .» le remer-
cia i\c >i\ uum^< icoide.
Qtii>i*ii.e la ie!.«llitïn eût t^(é étoiî^ec presque
iirs ^a naisMiiee, îVViu'-jAuièie jnpa ifuune si
{;] auile a^italirn itérait avoir éliianle toute» les
])ut\ineei» de i*Unent; il lêsiUut datUr luî<-
iiirnie \ jt-pitittr lo calme. Il paitit« et lil
revÏMe paitout lo ns^vet pour son uutoiifé«
lais^^aut ^^uth.ut des !ti«iuip:n{^es de «a bony
et <te su cienK'nee. Tons Us ]tapier» trouTCS
ciu A Cassius api es mi nioit (nient biûle» par
oitliv de lempi leur, sans u>oir éiè twaiùwht
« No voulant pas. dit-iU être tVnvê de hajr% a
II pardonna atïx villes et axix ptnplcs ^i
»Vtait nt eivlaies contre Ini, maintint la paix y
renouvela les tiaites« s<^ lit aimer des priurt^s
it des peuples « et laissa partout îles monumeus
dune phil(vsi>plne qui ue consistait paH seule*-
un nt en beaux, discours, mais eu acticou utilet
à 1 bnmanite. *
iV la Syrie Maiv-AurtMe passa ^'nEgrple,
et vint à Aiexandiie, on il \écut plutôt
cltoven et eoninio pbilosopUe qiu> comme <
^HMeur* Api es tjueU|U(*s eoiilëi*eiR'es à Smjmt
a^ee le sophiste Ai istide , il se ivndit à Ath&Mei
ii\ tlt ii^ùtier au3k uivstèies de Céi'^s £leusiaes
aciotda aux Atbêniens plnsieiu^s privibrge»» et,
pio^rteur d'une ville mère des art* et «h^
»cuuccs> il } louda plu;^icul^ chaîu'» ife pro^,
' feaicm»-, et /effi>réB' de loi reiwé Mm anc^
•Iiutre.' D'Athèner il mit à û Voile pour lltalte,
et) quoique liattà par la tempête, alwi^heo'^
'nusement % Briudes. ' U il prit U SK dU
Habit de naix ,' lui et toute ^la ktiite , o ajaiâ .
S nuis Toum sonffirir que les ^Idats parniaeiit ^
orne , et qtéme en Italie , en' habit de guerre*
"Il rerenait Toinqueur des Marconuins et' des
-Qnadea , et paeifîciitniT de tout l'Orient, le 2$
'décemlH^ il fît son entrée triomphale i Eome ,
'accompagné de son fHa Commode. C'était Mtk
~Meond triomphe. Les largesses qu'il distribnÀ
%D peuple et aux soldats surpassèrent en magn»'
'ficçBce tontes ceUes de ses yréâérrmfvr?,
' *iBln>A«rye mit à profit le sejoi'i (!'.■ dcus
'■- — -'— qu'il fit h Rome par rclnMi.-fnn'nt de
lois sages, oh terillc , ;n(i ri'iiiiUé,
'lante qu'inspE^ 1<- \i\. \, yxiUhc. Il
sur Ift réforme do 1^ jii.-.liLP , sur
la tutelle des mineiuf , sur Li polki- géiu^rale ;
'îl midgea la risueur' de t'ancîeit droit romafai,
'«idé par les plus savans jurisconBultes , parmi
'lei»quela l'histoire nomme Cerbidius Scevola >
maître célèbre du grand Papinten , disciple eu'^ .
core plus fameux.
Ses généraux rt'ayant pu arrêter les courses
des Germains , Marc-Âurèle résolut d'aller dt
nouveau les combattre en personne , dans l'es*-
poir de réduire enfin la Germanie en proTincè
romaine. Avant de quitter Borne îl demanda
au Sénat la permission de prendre dans le trésor
public les sonimfs nécessaires aux fi'aîa de la
'guerre; « Car, dil-il , tout appartient au Sénat et
« au peuple; nousn'aïoiisricuquenousne tenions
,■ de tous; le palais même que nous haI>itong est
'« votre bien, b
En le voyant s'engager de nouveau dans unâ
goeiTe enviroonée de (bagers, les philosofbM
to MARC-AURÈLE.
de sa eonri craignaut qu arec lui ne p^riiaon
plussublimcsconrcrptioiisclo la philosophie 9 le
Suèrent dv. \r.H leur e^LpIicputr nain iitilln réu
larc-AuriMc! daigna, dit-on, si! prêter 2i 1
désirs, rt leur donna pendant trois jours de
Tantes leçons, dans les<|uelU'S il leur expose
diiTérens systèmes d<*s philosophes*
Arrive' aux environs du Diinnhe 9 il 1
irern le pays ennemi une picpu; ^iirdén poui
tisane dans le t(;niplc de Vc^llone , renouvc
ainsi une céidmonio usiti^e dès les plus am
temps pour les d<^elarations de guc^rrc* Il 1
porta plusl(!urs victoires sur les Niarcomans
Qundes et les Sarmates* La C^ermanie tout
tière aurait peut-dtre plid sous h; joug de B
êi la mort n'avait irapne lemperciur jiu m
do ses triomphes. 11 iul enlevé , seloa 1
Capitolin 9 imr une maladie contauieusc f a
avoir donne h sou (ils (iommode des avis t
inutiles r|ue sa^es* Dion assuro positivci
qu'il nérit empoisoimé par la perfidie des nj
ans iiévoxiéé h Commode ^ impatient de rëg
et il ajoute que le tribun de service étant
Kur la drrrnière foi» demander le mot d ord
mpereur mourant , il lépcnidil : « Ailes
•r soleil levant; pour moi je me eouelu*. n S\
couvert ensuite la \éU'. , eomme pour don
il expira pr<-ft(|ue ansnitot,^ Vinde/iona, en ]
fionie , aujourd hui Vienne en Auttiehe 9 l
mars , Âaé <\v. eincpjanUi-liuit ans aecomplis, et a
il voir legné dix-iUTuI' ans depuis la mort d'Auti
A peine lu nouvcdle de sa mort ftit-«lle
pandue dans JEUime , que le Sénat, eu hali
(teuil , et llome entière firent éclater loua la
inoi^nages de la douleur publique*
On s écriait de touti!S parts , tant était gr
Vadmiration pour les vertus de MarcAui
quc; prêté par le ciel à la tcn*c # co priuce ▼<
tatUn^xp gy Et u pev^fl ie sToc s;
dieu tôni ».«_». ti» . i et Je aalseTi ci
' Aie 4e tarkùaphe , t>t« d'or daat' le a^twif-j,
ten^le, <nd|B]*i pn «, tons'lea hoonean inNi
nuBs et. ixtmk. uiï n t dëcern^ On mmt;
legu^ comme impie , mt OpitoUa , cclnî qin
B^anit pat eu. le butte ou Itittatne de Marê^
Jsrâe, et' pendant deaz 'siècle ce cnlte m
1 duia prea^pie toatea lea bntilles. -x '
Stoa Casau» , On excès de botttrf fMnt^
Hr^ Mt J« cède tache qu'où puisse relever dan»
•e.kean cAnettev. L'indulgence escessive de
KlH)p>i&iirèIe poer i ■ & ère , pour sa fdome ,
aonraon fils^pasta fiLcQêt les bornes de la vertu
iwnartinBe, et iaii un y^rîtalile tort puIiUc.
Ml^ H «m lia repri d'avoif toUré les hoii-
lAMa idA«idbe»,(|B pératricc Faiistiac , oa
B bMaig l»ga plw a orc d'avoir sacrilié le boa-
mimt- je p^nneors mutions d'hommes à, bk ten* .
faoae pour on Ala indigoe-,^ auquel il laissa l'iku—
terîté suprême , au lieu de la déposer eotre les
nùas de Popinien, sou gendre , qui la méritait
par wa vertus. Saos doute les vices mouatruenx
an Ëls ont affaibli aux yeux de la postérité
l'éclat des vertus du père ; mais peut-ou repro->
dier & un père de n'avoir pas démérité son fils ,
et il ou priuce éclairé de n'avoir pas vicdé , an
détriment de son propre sang , le priac^ de
lliérédîté , si nécessaire à ime monarcnie !
. I>*iiii autre côté, en outrant la vertu, ce prince
• donné lieu Je croire qu'il entrait de PaSeo-
tttîon dans une douceur poussée au-delà de tonte
nenire , et que la vanité y avait plus de part qne
Iks sentimens du coeur ; mais att a réblé victo-
rieusement ce reproche > eu y opposant la cod»-
hnté égalité de la conduite de Marc-Aurèlej
Ra MAnC-AUKKLn.
rntifWtUi qui , «rMlx^ril :4'>iu Ant'Miîfi , f;l. criAiiîfi!
fH':rl I it un r/'i^fif: de vi<i^f îiiis > ii'; sVflfc jainiii»
!)• .ojiH-|f* pourfnil. , |;i in-ilir^ l'iW: r/iiri un" n
rdloiti lif* 1)1 V'îi'Ui '!'• M.ir<-Aiiir;i«' , et | ;i hit«<î
criiypotTisi''* Au lifii (h' Mi'itrirr l^i h/M!(^ fh* (u!
pri.irr îiilorahlf, NM'iiii^io'M rr; fiiMcau pfir (|fU'l-
r[ii('H iniif.H f|<ii TaHM* ni cotiiiaitrr; sa vir; ]»rivde et
Jti hcaiiM <lf: .-^^Ki iHiir.
«SoUi'c , aii'.tf'n* , airiMi*, «iinnl*» rt nio'1'*ntf» ,
sa vi'^ rnl ]r roiiiriM'iilairp Ir* phiii iiob]<; r|ui ait
jamais cîî«; fait <lrH pr i.i('i|K'H *l" /r ion. De.'» «on
crnCanm nir-nr? , ni la lfi:if<'KH'î ni la jfn<* n aiUS*
ITHMil la srrriiifr^ fonjourn l'^al*- H*! sori viHnç^f*»
Il vivait f'( il dlail v/;fu rrHn<nr nu siniplf piuli^
Cïulif r ; Honvrnt il allait h mr<l «?( outcr l«'ff pliilo*
0oplicr( dan*» U'Ut'A CfTolc» $ il 'Inif^'ia luvmr donner
i|nf?|r|nrroi» df*H IpronA dn |>liiloHoplir(' , tnni«( ifvrc
ÎduA dr puhiiri((* pfnfWdn; t|a*il nt» f^nvriinit il
a tuiulvsl'w. d un na^^f? cl à Ih dignité; d un r*in-
pf;n'nr. Jl vi'^ifait s^h aniirt pour prn mi'jlff fiin^
iK'nl nialad''H , cl il ii'i'fvait, Inn'i4 vinUrti , le
matin , siuiH a)»par('il , san.H fasfi; , dans la c\ii\mhre
inrinc oii il avait conrlif*.
M'il^n; son i.idilï'iîmK'fî i-t son untprii* pour llîf
Apr'f'facIf'H ri. p«Mii' Ir-H jf-n\ pifiilir^ , il y aHsi^fflit
(Miiivciit, par la «jcnlr i aiH'>iifp]c tr prnplr* romain
s'rn iiionfiail, avide ; il vu ordonnait luùttui Am
ina;;nilifpM'.H.
'Vr\ dtait le ca raclure dn 9n liontd , que rcffil-
ftion du Hitn^ des p^-rsonncM m^nirs Irs plus Tilcf
lui Taisait lioi rr'ur* Il corj-i^ca rjnhumuiiiftf drf
romliat» d( s (;ladia1rnrfi , on \rn l'orçant de se
jnfvnin*r rntnî i'ii\ kuis danj^rîr pour Iffiir rie»
Ijji rriifant qui daiisuit Hur In ronlc sëtaiit tué
rn tombant , Mar<--7\ut(ïlr ordcninn que désor*
niois tUvA niatcla.. Hf'rai/'iit disposai» BOUft If fioordpt
ni/'m-^ on 1rs voiii;'/urH nrrrairnt leur» JC'QS ;
Ci'tt'' jci'ornu; (^îilnluii'; u'j .soufînt.
■ v^ic-iip:^:. _'""■■"';■■■
Toujours enclïu à pardounn? les i
fluuu<?ae&, lien ue pouvait iâire riolcuce a
oéveuse l>oiité, ni ienarmilé (les aUpn|ats,
craiirte que iimpunitd n'eu provoquât du se
Llubles.
La guerre à ses yenx n'étnit que le fléau âé
la oaLure hnmaineï et cepemiaiit, lorsque la- né" "
ccssité d'une juste défi'Uji: In forçait de preiidi-e
les armes, il ne craignait pas dVixposeï' sa per-
souae et de paraître à la Icti; des troupes. La .'
guerre contre les Germains Toecupa penda;^
prcscfuc (ont sou i ègno , ue lui laissanl tpie d'as-r -
scz courts iuterTalli'â de repos , cur ics barbares .
4|u'il avait à combattre, inquiets par caractère}
iiDjiIoi airut la paix daus les reters , et repr&— -
naieiit les ai'iai'â dès que le daugi'i* nVbiit plus. '^.
Pâodant huit biveis rigooreus on vit Mai^c-Au— ■
rèlc camper sur tes bords glacés du Danulie.
w — ' "W fatigues portèreutiufiu lesdoruîcrs ceuns ■:■
■■' g^ sa. coiHpleiioo^
fi seulement eu prince olfie dans sa
conduite le modèle le plus parlait de la pbîloso—
pliie pratique, inuis, comme auteur d'eu ouvrage
très-distiiîjiié , uéjjligé pour le stjle , mais tissu
de maximes excellentes , respirant la morale la
pins pure , il doit êCfe mis an nombre de»
écrivains pliilosopliea les plus célèbres. Cet ou-
vrage , parvenu jusqu'à nous sous le nom de
Méditations de Marc—Aurèle, fut composé dans
le tumulte des camps, et peut être regardé- tonte- -
fois comme le code de la philosoplile Ta plus épu-
rée. Il est écrit en grec, et divisé eu douze livres.
Od îguore si ce qui nous en est parvenu est un
ouvrage entier , ou si ce u'est qu'un recueil
d'extraits détachés ; mais tout porte à croire que
Marc— Aurèlo la composé tel que nous l'avoua..
On pense bien qu'un prince si éclairé ne pou— .
.vait manquer d accord*; r -y •■"teclioo non seule—
86 PROBDS.
norablos destîiiéps , dans 1 aiicieimc Rome , à r^
coiiipciiser la valtMir. LVinporcur Vaîërien , ea
lui aimoiiçaiit qu il lui confiait le coiumaiidempnt
de la troisième legioa , lui écrivit : « Mon cher
« ProUis , je -vous avance bien vite ; mais si je
« compte vos seiviccs , la rëcompense ne vient
« pour vous qu à pas lents. » Dans la carrière
des honneurs Proi^us se montra constamment
supéi'ieur au grade quil occupait. 11 avait la ré-
putation du plus vaillant oiEcier de Tarmëe ro-«
maiue, et il acquit même de la gloire dans les
combats singuliers. Resté vainqueur en Afrique^
d'un certain Ai^dion , célèbre par un courage
ferme et opiniâtre , il lui éleva , après l'avoir,
tué , un beau monument , et lK)nora ainsi la va-
leur de celui qu'il avait vaincu. L'Afrique et le
Pont, le Rhin, le Danube, le j\il et lEuphrate
lui Iburnirent tour à tour les occasions les plus
brillantes de développer son courage et ses talens.
militaires. Il réduisit en Afrique les Marmarides »
qui occupaient le pays entre 1 Egypte et rOrient.
Appelé à Cartbage par une rébellion , il y ré-
tablit Torib^e et le calme. LV^upereur AurSlicn ,
tout aussi appréciateur du mérite dv. Probusque.
Valérieu lui-même, auquel il avait succédé , lui
confia le commandejuent de la plus vaillante lé-
gion de ses armées, et lui <5crivit une lctti*e ho-
norable dont voici les ])r()prcs expiassions-: « Afia
ce que vous sacbiez , lui dit-il , à quel point je
•c vous estime, recevez le commandement de la
' tt dixième légion , que Claude II m'avait donnée à.
« gouverner. Ce corps est heureux , et il semble
u que sa prérogative singulière soit de naTOÎr
u pour commandaus que de futurs empereurs. »
Ces dernières paroles indiquent qu'Aurélien ju—
g'n\it Probus digne de l'Empire. Quoi qu'il en
soit , ce prince le chargea tie reconquérir ITl—
I^Ypte sur It's liauteuans de Zéuobic , peudaut.
PROBCS. «7
qii'îl poussait lui-même la guerre en Orient
contre cette reine. Probus mmeua TEgj'pte à
Tobeissauce d'Aurëlien. Tacite 5^ successèui- d'Au-
rëlien , voulant suppléer à son peu d'expe'iience
pour la guerre par 1 habileté de ses généiaux ,
nomma Probus commandant ^en chef de toutes
les troupes d'Orient 5 il lui promit le consulat
e.t les couroimes de triomphe : « J'ai été ciéé
« empereur par le Sénat, lui écrivit-il à cette,
«f occasion , et du consentement de lairate en-
ce tière ; mais sachez que c'est sur vous et sur
« vos talens que repose la république. »
Après la mort violente et imprévue de cet
empereur , deux armées se disputèrent l'avan-
tage de porter chacune son chef sur le ti^ône des
Césars. L'une, qui occupait 1rs provinces d'Eu*-
rope et d'Afrique, proclama Florianus, préfet du
Îirétpire , et frère utérin de l'empereur. Mais les
égions de l'Orient , qui obéissaient aux ordiTsde
Probus en Syrie , en Phénicie , en Palestine et en
Egypte , se déclarèrent pour lu^ et le proclamè-
rent Auguste. Cette élection spoutance ne fut re—
yétue.d'aucuno fomie de délibération ; ejie se fit
tuniultuaii émeut à Antioclie par la soldatesque 5
tous s'unirent et s écrièrent à l'envi : « Probus
a Auguste 5 puissent les Dieux vous être pro—
V pices ! » On s'attioupe , on élève un troue de
(;azon , on y fait monter Probus , on le revêt
d'un manteau de pourpre; puis , au milieu d'ac-
clamations léitérécs , on le reconduit au palais
d'Autioche.
Pi'obus ne se prêta qu'avec répugnance it cet
empressement des soldats pour son élévation.
6oit qu'il bésiîiit de monter sur un trône envi-
ronné de péi'ils et ceint du san^ de tous ceux
qui lavaient occupé depuis pi es d'un siècle,
»oit mode stie , il cUsait aux soldats : « Vous n'y
«c 4ivez point assez songé; vous ne vous tiouyc-«^
S8 PKOISUS.
« reB point Urureiix sous mon empife. Je M
« 5fii8 point , je ne \fux point tous flatter, a
Loin de i et'lin cher In fH)iii pi^ « il pai'ut ne Fao*
cepterqxinvrc la plus sincère i^pugnance ; niab
quicoucpir dans ors temps orac^ux se voyait ap<«
prier au trône « ^tait dans la nÀrssitë dVmontêr
ou de Txfrir. «Je n'ai jamais désire l*£mpire , ëcriTÎt
« IVobus à Capiton^ prëtetdu pitftoirc* et je ne
« Tai reçu que malc^i é moi ; mais if nVst iéjjk
« plus eu mon pouvoir de me d<5Hvrer dHin éclat
« mil mVxpose à Tenvie ci à tant de dangers* »
Probus avait environ quarante ans lorsqn^l (aC
cleve' au trône des Césars ; il jouissait alors da
toute sa réputation , de lamour des tix>upes9 et
de cette victicur desprit propre aux grandes en^
tiTpris<^s. 11 sut pix>f iter habilement de 1 avantago
que lui donnait dans lopiniou des peuples Tusui^
patîon pr^ipitëe de» Florianus sou compétitenrb
qui, siuis attendiT le consentement du Sënat»
sentait empare de la couronne* rix>busse d^hra
le ven(:i;eur du Sénat. Il avait li vaincre les légiooi
invincibles de TEurope , et ne pouvait leur op^
poser que les troupes etTeniiniff^s de la Syrie et
de rEpyple. Sa fortune et sou activité surmon*
tèiHnil tous les obstacles* Sacrifiant la cause ptt»
blique ik s<'s intérêts, son rival avait laissé ht
Castes « ennenus naturels des Romains ^ pour
tua relier contre les léi;îons d'Orient* Pro1>us vint
à sa ivncontre ; mais* au lieu de liviTr bataille) il
sut temporiser t^ pix>pos* Les vdtifrans d'Europe i
accoutumes à des climats temp<^i^ » turent vt^
capables de supporter les chaleurs ëtouRaulN de
la Cilicie ; aux maladies se joignirent de ùé^'
queutes désertions et une ddlt'ctton lente* Les
«télilés de la Cilicie nVtaient que faiblement gar»
di*s; Tarse ouvrit ses portes à l^robus, et les FPstet'
alV;ul>lis des légions dXurope délivrèrent enfin
Tétat des horreurs d'une guerre civile i en sncii»
PROBUS- Bef"-
rianns , qu^elles méprî^aieïit. NVyantplus
irrent, Probus eut recours à la confir-*
lu Sénat* Sa lettre respire les sentimeus
riote romain ; elle était conçue en ces
tf Lorsque vous ayes choisi un de tos
res , pères conscrits 9 pour succéder à
Tcur Aurélien , vous n'avez été détermi-
e par votre justice et par votre sagesse ;
ius êtes les souverains légitimes de luni-»
2t votre puissance revivra dans votre po*»
Plût aux dieux que Fiorianus , au lieu
rrogcr la pourpre conmie un héritage
ilicr , eût attendu votre décision ! Mais^
a nécessité de résister à un usurpateur »
;ions m'ont déféré le nom d'Auguste 9 et
ini Fiorianus de sa témérité. C'est à vous
r si je suis digne de 1 Empire; je remets
2 équité mes prétentions et mes services. »
•econnaître que la souveraineté résidait
lemcnt dans le Sénat. A la lecture do
;tre les sénateurs témoignèrent leur vive
ion de ce que Prol^us demandait à tenir
î sceptre qu'il possédait déjà. Mille accla-
, remplies de louanges et de vœux les
tteurs , ratifièrent le choix des armées
!; , et un décn t passé d'une voix unanimci
soleuuellcnit^nt à Probus toute Tautorild
s les attributions de la dignité impériale,
malgré lu confusion causée pai* tant de
meus , de guerres civiles 5 d élections faites
ruscjncnt ])ar les gardes prétoriennes et
soldats , de j'ègnes tyranniqiies , on voyait
encore les nieincs principes de gouvor-
et les mêmes formes établies par Au-»
fondateur de la monarchie des Césars,
us se fit une loi de rappeler ces pi écieuses
s qui avaient limité l'autorité par les ins-
:Jv et il les c tendit même en faveur du
r//. 8
9* pnoiius.
t^énnt 9 fiiiquol il Uhm le gouvernement civil i r
m*. ]Vs<>ivunl fN liii-inriiir uwv U; coiiiiiiniKlcniri
iiii]>ioin(' <Un niii:(MK, ou plirtot riioiiiiMir dff sot
tenir 1rs m iiirs ninnliifs. Non Hciilruinit il voi
lut (|nr Irs nin<;ishiils civils , (Inns les proviiin
i[i)i élnirnl. dirit l< ntrnl sous In main (1(* r(*ni|H
rriir, irrtssrnf. du Sénat Iniis missions et Icu:
))oii\oiiSn niai.s il fif consarrer par des di^T^ls cl
^<Mla( 1( s édil.s <(iii («inanaifiit de son trône i to)
son iè|;n(' K'i'oiMiil à de si hranx c<Mnun!neeinen
Le pK nii( r iLsa^^c (]ii il fil <ir son uiilorilc l'i
fjr (innir 1rs niriii Iriris, d'AnierMii vt i\v Taeitc
«•t %\r par<lonnrr aux parlisans dr^'UoriiMius. La
«lan^'iTH de I K'at ra|>|)«'lrrrnr ( iisui^f* dans l<
lîai'Us, (jiii , depuis la mort d'Anrc^lien ^ <^taîej
inieslees |)»)r pitisieiiis nations {;erniani((ues
^'ll< s (pie les ri<iiii .;.'ni^;nons , les Kranes et \i
A'andah s. Kesie v:4iii(|nenr <lans nn p(ran<l noiiibi
dceondials, il (iia an\ liarhares quatre cent iiilll
lioninies, repiit sur enx sni^nnle-dit villes ipu
usaient en\aliies , les eliassa d(* tonte la riHuIf
jias.sa le llliin , olilij^ea les drhris de letn
ainH'es de se K-lirir au-delà du Neeker et (1
l'l*lll>e , inonda leur pitys , tendit aux hiirban
rava^CN poni- iii\a;;e!i , ri ramassa nn aussi {;iiin
imtin (p e eelui qn ils avaient (ait daiisl< s <«Hn|e
^iiisi siihjn^i es , neni' de leurs M»is vinrent)
jeté* «nix pi<'ds de TenipeM nr pi.i.r Ini deiiinnd(
l^i-riee <l la paix. Le vainqueur exi^ui qu'on 11
remit exat tt ment les deporilles et leR pi itioiuiîeJ
eidi \es aux provinees. lin trihiit eoniiiiilaiil €
Lié, en tiou)iianx et en elievnnx , Meules ri
eliesses des l.ai Imres, (ut destiné h reiilretini df
^uruisons élahlies sur lis l'rontl^reii de l £nipîn
J'jilin Pro!:us oi donna aux («rriiniiiiH de 11
fournir seiv.e mille hommes de leur pluH lirav
jeunesse pour servir dans les ai niéea roiuniiin
il eut buùi loutvlui^ dv uv pîw Iviiii' iiéunis d
Ixiibares, e( de les distrîbaer dans diffiïrens ct>i-ps :
■ U est bon, dît-il ^ ce sujet, cpie nous tii'imis
« îles seroUrs des bai'bates, poui'vu touEefblâ qae
■ ce secours se fasse seiiïïr et non apcreevoir'; ■
mnxime sa{>e , dout l'oubli attira liirit des mal"
lii'Urs à l'Empire. Probiis ci-ut le préserver des
incursions des Geruiaius cri élevant un ri?mpart
'depuis le Khiil jusiju'au Danube.
LFi»e muraille de pierre d'une gl'andé ïiàu-^
(enr, fortifiée par des tours plaiéi-s îi des dis-
tances coDTciiables , s'étendit à Iraveis desi col-- ,
Itnes-^ des vallées , des mamis et des rivières, c£
>mt alioutir aus bords du Rliiii , après ml circuit
"de pr^s de cent lieues. Cette bahière imposarité
unissait ainsi 1rs deux grands fleuves, bonlevârfa
baturrls des providera de l'Europe. Mai», depuis
U Cbtfle jusque la Graade-Cretagije , t'eip^-
'ttiOEe des siècles prouve ronibirn sont inutiles
' Ot-s fortifications étendues caiilre im ruuemi actif
*£! libre de vinier ses attaques. Le sort qa'é^
JirimiTa le mur de Probns confimie robseirn-^
lion générale ; il fut renversé par les AHemands
mprès la mort de ce prince. Cependaut la Gaulé
Jîtait pacifiée et la Germanie contenue. De a
inrands , de si rapides succès, qui n'avaient occuptf
ft-obus que l'espace d'un an , o'eaorgueillissaieH|
point le raintpx'ur ; sOn langage , dans sa lettre
au Sénat , fut modeste et même religieuse : ■ Jâ
« rends grâces aus dieux immortels , dît Probus ,
« de ce qu'ils ont confirmé par l'événement , Ô-
* pères conscrits ! le jugement favorable quft'
« vous avez pirlé de moi. La Gaule est délivrée f
B la Germanie soumise; nous u''avoDs biiss^aut
» barbares vaincus que le sol de leurs, teires^
> tout ce qu'ils possédaient nous appartient. Les
■ campagnes de la Gaule sont labourées par deS'
• bœul's di> la Germanie ; leurs troupeaux ser-
c veut à notre uoQi-htui'«j leurs ham mnoA*
9^ PIU)CU5.
M ti'nt notri; cavalmc; ; nos grcnicrt font plein*
« cl«; li;ur» lild»; neuf rolê eiifiii tout Tenu* se
« proHlf'nurr h mffs pH:Js ou plutôt aux v6ti«s«
« OrdofiiH-z flofic iU; tfoU;nnclifîs actions de gi'flc<»l
« a m d'u'ux, Mticv.yt'Z l'iioniniagc 9 pères cons-
tt ci'iU, des couroiim^s dW que les villes des
« (iaiileg inVitit ofTerU'S en reconnaissance de leur
41 «{(•lîvianrr, et coiuacrca^les à Jupiter et aux
« autrettdif.'ux. »
Lanni^c; suivante ProLus , consul peur Ift
neeonde foin, niarclm vei'H IJllyriey exposée aux
inerirsiorm dvn Sarniules. La ti;rreur de Bt:B armes
disper-Ha ces ImvU'arvH ^ qui renli'^rent dans leurs
àéM'vlH, La victffire suivit Prohus parl<mt* Arrivé
en Tiiiaee , il fil rentrer ^lans le devoir les dif-
ferenfi prupIrH de la nali«^n des Gotijs» qui rc-
clI(Tcli^r('fll avec eni|)rrsii<;nH>iit Fallianac d*un
princr hî belliqueux. JVlai.s le.s Isaures, reUtinchés
<lanH IcurK nuHila^ne.s deTAtiie mineure ^ se mon-
trèrent plus opinlalreH. l'rol>us , ayant pacifié
rOeeident , ne piepnrail h aller eu Orient pour 7.
faire reH(u;rl<>r Kon nom et ses armes; il voulut
en TMiHKiint ou Houiurllie ou détruire ce peuple
i\v. (M'i(;»ii<lK, (|ui , au niill«u de l'ILuipire 9 en lira-
vait la (>uiHsan<:r ; il assiii^ea et prit un grand
lunnhre de leurs lorter<'8S(s, nuirelia ensuite dajis
la llau^^-E^y|)^(•, où la réindliou » excitée par
rusuriiatcur Firnius, nVtait point rncoi*e appaî«-
sée; il repoussa et Hul)iu«;ua les Vlenimys» qui
lialûlaienl le Iuujj; du Nil , yiv» des eatamctes 1 et
s<! rendit nuiitre <1<'8 vilirs de Cuptos et de Pt»-
IdnuiÏH. (if^lte vieloire (>ul d(i Téelut et augmenta
la trrreur (pie lapprorlie d(* Pj'olius f à la tête
d'unr arnu1(*, avait dcljà \v\éo. parmi les Bsrses»
lirsolii de eoujurer l'ora^r , leur roi Vararane
envoya des aud)assad(Mtrs (|ui trouv<^rrnt l'em*
Ix'iriir ronuiin déjiV ranipc^ sur les nioutagnoi de
*Ai mcuict Jrf audience qu'il leur donna renouveh
PROBUS. 93
Texemple de la simplicité , de la frugalité rigide ,
et en même temps de la fîertë courageuse des
Gurius et de^ Fabricius. Il nV eut point d'hosti-
lités , et la paix fiit conclue. Frobus ne renonçait
pas néanmoins au projet de faire la guerre aux
Perses; mais il la différait afin de porter toute
son attention sur les barbares du Nord , qui me-»
naçaicnt de troubler de nouyeau la tranquillité
de ITEmpire. Arrivé en Thrace , il y transplanta
cent mille Basternes, peuple scyhique. Cette po-
lonie réussit 5 les Basternes s'accoutumèrent aux
mœurs et aux lois romaines, et devinrent des su—
jets fidèles. Mais les Gépides , les Vandales et les
Francs ne se prêtèrent pas avec la même docilité
à l'exécution des plans politiques de Probus.Toutea
les peuplades de tant de nations différentes qu'il
transplanta sur les terres de l'Empire se révol**
tèrent , coururent les terres et les mers , et exer-
cèrent la vigilance et l'activité de cet empereur
guerrier. Si sa sagesse ne put amollir la dureté
des barbares et les détourner de vivre en paix
sur le territoire de TEnipire , du moins la ter-
reui' de son nom les contint, et les frontières
furent respectées.
Malgré lactivité et la vigilance de Probus, il
lui était presque impossible de contenir dans
roliéissance toutes les parties de son vaste em—
f»ire, et tant d'années diflérentcs qui connaissaient
e secret de faire et de défaire des empereurs.
L'bistoire nomme trois cliefs de révolte , ou trois
usurpateurs qui s'élevèrent contre Probus, mais
dont les entreprises n'ont point de dates certaines.
D'abord Saturnin , qui commandait les légions
d'Orient; mais les troupes fidèles que Probus
avait en Asie combattirent les révoltés , tuèrent
leur cbef , sans Tordre et même contre Tintention
de Probus. A peine le calme fut-il rétal)li en
Oiieut /-que la rébellion de Proculus et de Bo-*
94 moBus.
110SU8 C'xcifâ de nouveaux ti'ouhles dans la Gaale#
Ils l'urcjil teiTass(?< [un et Tauti^e , et Probus, S9
inoalraiit i^ciiciHuix, usa lie lu yictoiise avec mo-
lierafiou.
Après de si grande exploits Tcmpercfiir se
Fciidit à Ivouie pour > ceif i)n?r sa propre jiçloîrc
jmr ua [[iouiplie c[ue méritait sa valeur, ti'iouipW
juagnin<jue. Le ^x^iple , après avoir coateinp!é
les tro|)hees d'Aurelieu , contemplait avec la
nicMue satislactiou ceux du liéros «pii lui amit
succédé. (^(» prince triompha eu même temps d(»
Gcrmaius et dc*s Blemm\s, uafious dont léloi*-
gueuieat du imrd au sud douiiait une si liaute
itiée de la graad(?ur rouiaiae. A roccasiou de ce
trioui])li(i Pro!)us fit , seloa l'usage , des lar-
P'sses aux soldats et aux peuples , et doiuia dés
jeux et dv9 spectacles.
Aya.'it ainsi réfa!)li le calme daus toute IVfen-
î!^\\e dr I IC.upire, il se ])répaiait h alier venger
s\ir l( s Peisf's le désastre et la iioilte tle Valérien*
Il sf» (li!M*g<»a vers llllyrie , rendez-vous de ses
ajMuéf'S , ou tout se disposait pour sa granule en-^
t reprise. Là , voulant niaiufeuir la discipline
avec autant de rip;idité ([ue d exactitude, il crut
jw(fvenir les désordres des soldats en les em-
ployant à des travaux utiles. Wjii il leur avait
lait exécuter eu K;;vptc plusieurs ouvrages
consiiléi ai)les (pii avaient contribué î1 la splendeur
et à l'avantage» de cctîe t'crlile conti;ce. ProLus
avait perlée tiomu? la na\ igatiou du Nil, si impor—
tanli poi.r Home même. Des tenudes , des ponts,
des poFtiiptes <'t des- palais avaie.Ji'. é'é construits
pui" les mains des soldats , < eveuuî> tow h touir
arcliitcctes , ingénieurs, cuiriva eu:*s. Guidd par
le!$ menues principes, il exerça daimrd ses lé-*
gions à couviir de vignes les cûtc aux ft^rtiles de la
(.iaule et de la Pannctnic; il les lit travailler en-
suite ù dcs;>échcr les mai'ai* isitucs pics <c Sir-^
I
PKOBt-S. ^
milita, sa patrie-, pu crcustinf nii canul qaî «•
poi-ti?rait leâ eaux dsus la Save. IMjù ita vasi
terraîu connu »ous le nom de Mont-AIeuo , i
, qui ne présentait de tous côlés t[U(- des mai ois in
n-cts , coninmiçait Si se couvrrtir eu de rïclics pâ
turag^s ; les (l("'rîcbemGr>s avançaient, et Probos '
-■û;-iuêine plaidait aux travaux p^ni1ilr« des lé-
{jAÛiuaireg, sans trop eouâuItcT la dispodlion de»
esprits; il paraît même qn'ît enffanima psr ou^
ÏDconséqu<>ftc« le mécoutentement des Irouj>ef.
l*ltia occupé des ïntéi-éts àe. IXuipiiv q«(? de cfîitK
de l'armAî , ri tfcitlé de Cf vain esp<jir iju'une paix I
perpëtui-Ue lui épargnerait bieuliit La iiecesâilé' (
(Tavoîr toujours iur pied uue multitude Af. luer— j
ceuBires daiigerrus , on prélpiid iju'il eut l'ini— |
prudenc* de matiilester ea peu&éc tout entière. ^ I
Cette ifldiacrètion . ou plutôt ce vœu d'une âme. \
plus occupa du boufa'iir de rbumaiiïté que des
intérêts lin pouvoir et die sa gloire , deviut {ktaT :
à l^b)is> Daiis l'un des jours les plus ardens de J
1« eaikttiile, comtneîl'prpssait lui-même Wtra- j[
taux de ce pé.iïlde dessëchemenl , tout à coup
II-; soldats , in Wis. . j< tient \e\%v= uviW-, , preniit-u[
l(-s armes, et se levoltent. ï^eurs ii îj KÎdilieux
annoncent à l'empereur le danger qui Ir menace;
il court se réfugier dans une tuur élevée , mobile
et garnie de Fer, qu'il avait fait construire pour
dïri^r-r lui— même ces ouvj âges ; mais cette tour,
qn il dérrnd tout seul, est f'oiiée, emportée d'as-
Eant . et Les lé^ïoniiaii es iurifus plongent leur
épét- dans le * in do l'infortuné Probos. La rage
du Tanné' s'appaî^a dès [{u'ellc eut clé assouvie,
et lessulilats.OuLliaiit la ^étéû'édu piiiice qu'ils
Tenaient de niiissacrer, et se repioclianl cet at—
teulat, se Iiâièrent d'clcvfr h sa niémoiie mi mo-
nument durable , avec celle éiùlapbe : « Ci gît
■ l'empereur Proijiis , dont la vie et les manrs
• répouiUreut ù sou uom. Il subjugua tous le»
94 WIOFrtTS.
IIh ïnvi'td ^TwiHir* riKi <■! raiifi'c , ri l'rdfai.s
ilri iilifiH.
Ajnr* «II' si .';rjiii(|.i e^ftloif.s r<!iîipfrMir
Winlil ti liniiH» pour y ri'lrum' wi propi'C j;l
par iiii friiHiiplif «pif iiirritail km viilnir, (ridiii
iiiii{/,iiin/pH'. \éi' pr-iiplf , apif'H av<Hf' ronfr'ii
\v!i IrnpIa'f'H d'AiM f'Iifii , i'(»iifrtiiphii(. avf*<
tti/^iiic silfi'tiiM'tioli mix (In lic^ro.s «pw lui a
fHHTf'dr. O iM'iiirc lii<Hiipiia m iiirinr fciiipM
GrrniaitiM ri (Ick niriiiiiivs, ii.ilioits doiii I i •
uiMMiir'iil (In nord an hIhI (l(Mni:uf nnc f«i li
lili'c de la ç;raiidcnr roiMiiiiic. A rocniHirMi d
liifiniplif Pridais (il , mcIimi rnsii;^(* , dcH
t;f !;Hrs iinx Holdaln cl aii\ peuples, cl d(Miilii
jeux el d(M Kpeelnele^.
Avu'il aitisi r(*':i!ili le etdni'* (liiN t()n((* IV
fl(H' df I l!.npir<-, il se pie'p.nirif à ii\>.tv \r\
h\M' Il '< IVi'J M le dr-.jisli'e ef. In lioïKe «le VaU'i
Il SI' iln i;^ea v«'rM rillyrie , rendey.-von.-t de
arnu'<-M , ou loiit w disposail piinr sa «grande
Irep is". \.i\ , ynnlanl, inaiid'Miir la dîsei|
avei' inihiiil de ri'.ridil(' (pi(« d ( \n« titndc* , il
pM'M'nie IcH d('u>idr'>s drs s'd.JaK vu [n^
pli>\.iiit II des (r:i\iMi\ iitijc;:. \}ryA il lent* i
l'ail 4 ^(m'iiUm' en lv;vpti* p!u^i(Mirs ouvi
fou iii'(*i ;ii)lf's (pii ;i\:ii< ni etMilriiaKMt la spleu
el ;i ra\j|iiliii;e de e« l'e l'.ilile eonKre. Vv
int):i jwir<-« lidiiiic l:\ iiMN i;;:ilion iln NiL ni iiil
|-.inl> piMii Uoni(* niiMnc. l)eH leniiden , des p(
de;; p«M liipirn ef des palai;4 nyaieii' «^'i* riKinl
pai Jes ni:nnM dr*M s(ddals « i ( v(*ll^^* font' ^
aei'hiieeU'N . iii«;VnienrH « enlîivi» (MI'Mi ritiidl^
le!» nMMn(*!t piineipiM . Il e\enM d ai tord se
p.itMi'i n eon\ i ir de % i;;nf*K les eèti aux lVrtili*rt
(t-nde v{ de la PaipKinie; il Ie4 lit fravaillri
i-\.Ltc ù UvËitclicr W^ murais ;»i(uv3 pic;) ^c
- J0illi>, ia 'Kpbiwi ^ <a creoimt ua cnnal qui pn
^portepit' ïç> «R» ^Ds Ui Sare. Dëjii uu vusle
feindiiooai^.MiM'Ie nom de Moni-^lruo , et .
,'aaiiieiH'^Bentaïtde.toiuc6tésm(e(l>?s marais in—
&cb, conunaiait à ae coarertu' eu de riches pîi'-
Inngetj le» d^jn-iqheineiu jituiçaieiit, et Frubus
-U-méme pr^-tçlait mix trsraoz péuiiilp» des lé-^_
, giConaires, bbbs trop coôsnlter- la (lispobiltou des
.esQ^ib; il parait même çp'it enflamma par Ujh/
ïncoDsé^ieBce le mëëo.atentement des 6?oup«i.
Plus occupé des îutérétAde l'Empire q«e de cemz
de l'armfe , et Satlé de ce Tain espoir qu'une paix
perpétuelle Ini épargnerait bientôt la nÀ;euit^
faToîr toujours sur pied uue mulâtode de niar—
cenaîres dan^eu , on prétend qu'il eût l'im^
wudeôce de taamfêster sa penfi^ tout enlMre. ;
Cette îndiscrAloQ, ou plutôt ce voeu d'une. ftme-
floï oGCDjitfe du bcmbf ur de l'huroamté que dea
intérêts au pouTorr et.de sa ^oire , deriot &taJF -
1 Pcobus. Daus l'an des jours les plus ardéns de
l* canicnle, comme' il'^reseait lui-même Je^tra-
VBUx de ce péiiilile dessécliement , tout à coup
les soldats, irrités, jettent leiii's outils, preanent
les armes, et se révoltent. Leurs ci îj séditieux
annonceat à l'enipri'ear le danger qui le menace r
il court se réfugiir dans une tour élevée , mobile
et sarnie de Fei*, qu'il avait (ait construire pour
diriger lui- même ers ouvjagis; mais cette tour,
qu'il défend tout seul, est foicée, emportée d'as-
saut, et les Jégionnaiies iurieux plongent leur
é^ée dans le si'iu de l'iiifoi'tuné Probns. La rage -
- Ai l'arma- sappaiia dèli (pi'elle ouf élé assouvie,
et les soldats, ouliliaiit la eéyëiï'é du piince qu ils-
veuaient de massacrer, ttse reprocliaut cet at-
tentat . se liâtèrent d'élever tt sa mémoire un mo-
numeitt durable , avec cette éiiitajilie : « Ci gît
« l'empereur Proitus , dont la vie et les mœurs
■ répoutUieut à sou nom. Il subjugua tous les-
9^ PROBUS.
« pouplrs l)ar1)nrrs , et vaincjuit tout les tyrans
« t|ui s't^lo virent coiilrr lui» »
Ainsi m^rit \v vortuctix IVobus i au commeu-
ccinnit clii mois (I*iioût do Tan 2B2 , h TA^JO do
cîiKiuaufo ans « ot anrc^s avoir it^gnd six ans et
({iKMqiif^s nu>i>. Il lut ain^rf!inc*nt iTffivttë du
^(Mint , du priiplo roniniii et nifuno drs narkarr^».
r|iii , 8*ils orai^nniontsa valeur, jdvcraieiit sa pru*
Lili^, sa rlcinourc et sa juslicot
Canis , sou Hurn^sftcuis \^ vrngca , soit par
y.clc, soit par politiipio , et il exerça contre ses
assassins uuf* justice Kevere. En secondant le vœu
du Séiuïi vl du peuple, il mit JVobus au raug dci
dieuic , et lui éleva des temples. Mais avec Pr<H"
Inis expira Tauforité du Sdnat, qui sidiît de nou*
V( au le jou^ militaire.
Probus eût (ait i-evivre le regiic d^AugUile si
](> erinu* des soldats ueût abrd^é ses jours* Dans
six ans il é^ida les aneiens héros de Rome 1 6t
rétaldit Tordre dans toute Té tendue de TEmpira
romain. Aussi (guerrier (|u*Aur(ilic*n 9 tnaii plui
doux ; aussi nuMléré pctut-Étri^ que Marc-Aurèle
maïs plus propre a la (guerre , n'employant le
anne.s que par nécessité, ri respectant les Idis y
ce prince, atliMilif h rendre ses sujets beureux y
toujours occu)<é (\r ]>rojcts utiles , faisant servir
les travaux des soldats aux avajda^es de la paiX|
releva dans un tr^u<; fort court soixante-^lnL
villes , fornui <riial)iles généraux, et répaftditsor
liojiu; la plus grande i'élicit<{ dout un grand Emr^
pij'C ait jamais joui. ,
h»
• i<«l
lULEER. ^
JULIEN,
EMPEREUR ROMAIN.
|0LS6 Constance, frère de Constantin le GnuKlf
>at deux femmes ; Gadla, qui lui donnaOallus Cësar
it Basilina , <jui mourut peu de temps s^res a^oir
lonnë le jour à Jtdien , ainsi nommé de son grand
làre materneL Ce prince > appelé danS' quelaueg
Dscriptions Julius Flavius CUnudàis .y naquit %
lonstautinople , le 6 novembre 33i $ il y fut élev»
oiqa'à la mort de son oncle Constantin , et faillite
«tte époque être compris, avoc son frère Gai-*
us dans Fhorrible massacre de sa famille , .or-«
lonné par les fils de Constantin , massacre dans
equel son père et ses. plus proches parens furent
nveloppés* Julien n^avait que six ans lorsqu'il
ichappa à la perfidie des' ministres de Constance^
ils et successeur de Constantin , et à la yio^
enoe des soldats. Il assura lui-même depuis que
es premiers ordres de Constance port^^t qu'oA
e massacrerait avec son père, deux de ses oncles
t sept de ses cousins; mais que Fempereur , son-
geant qu'il n'avait rien à craindi^e d'un enfant, se
ioatenta de l'exiler.. Difierentes villes de la Bi—
bynie furent suoccssivemeut choisies pour le lien
le la résÀàgxce de Gallus et de Julien pendant le
emps de Riir première éducation; mais lorsqoe
lar leur âge ils parurcut susceptibles d'éveiflei)
es soupçons de Tempereur, on les tranféra dans la
[brteresse de Macellum, ])rèsde la ville de Césarée»
Cette prison était ttu ancien palais, autrefois la ré*
Tonic IL 9
98 IULIEN..
8idenc<ï des rois <1e Cnppaclocc. Là Ensè
Nicomëdie , charge de reducation des deox j
prinœs, leur ^oima d\;xc<?llr;iis maîtres po
iiisliniirc dans toutes les sciences , notaniineiil
donius, c|iii l(;ur inspira de lu gravité , de 1e
destie et du iiic^pris pour les plaisirs et p
YolupU^. Si ri<:ii n'dtiiit udgiigc pour leur ù
l'esprit et le cœur , d^un auti*e cote, entourd
deux d^îspious et de gardés , ils n avaient lu
luissionde voir personne^ ils passèrent six an
le elei^d> niais avec des dis]M)8itions bien
rentes sur ia religion. Gallus montrait bea
de piëtë; mais Julien nourrissait en secr
•orto ; de penchant irrésistible -pour le
nisnie. C'est à «es premières annécfk , <
lesquelles il fijt abandonné à ia surveillani
(jniefte des assassins de sa famille , qu'il fau
remonter les causes qui déterminèrent depv
apostasie ou son changeinen t de religion ^ cîi
tance délicate qui altéra sa i*éputation et
sa gloire. Les noms de Christ et dé GitlM
de religion chrétienne et d'esclavage 9 s'aMo<
'alors daUH son inraginntion,su8oeptiblc des îii
'fions les f lus \iy v.ti et les plus durables»
CepemiHut des embarras imprévus aya
sentir la nécessité de donuer de nouveaux
à 1 Ktat et au trône , l'Empereur, ou plututl
ni sires, rev^^h'rent Gui lus du titre de César i
yingt-eînquième année de soirûgo ; de ib'
ii pAssa sur les (i(>gré.s du ii'one d^Boiis
D^iis CM changement do. fot*tune le nraveai]
'n'ônhiia pas bon fi^re Julien; il obtint pi
'leti'lionnenrs (his Ti son nmg, ra|pf)>Rrence
Jiitei h: ri la rcslilntion i\v son patrnnoine.
' pcj'cur cousculil mgjnc que Julien quillAt 1
' JULIEN. 99
Macellnm pour venir continner 8C$ çtu4c8
ïiUîtiople. Le jeune pi lace y gagua , par
uite et par sa modestie /l.afiectioa des
} de eettc capitale de rEiupire.
quoi(|u*îI frécjii entât les écoles comme un
»ai'ticulier et sans aucune distinction , Teiu*^
, jaloux des sentinicus qu'il înspiraTt , lui
i de se rendre à Nicomëdie. Dajis rintci;"*
n frèie Gallus provoqua par ses imprû-»
?t par ses cruautés laliauie et la vcngeauce
)ercùr, et subit inie sentence de mort. Ju«*
k la veille d'éli'e enveloppé dans cette
disgrâce ; on Taccusa injustement d avoir
les desseins anibitûux de son frère , et
r lui-même h iâ puissance souyeraiuek De
ignonununix pareil a celui qu
Eîsquc tous 1rs jours aux amis et aux adlic—
sa famille. Ses rrgards, ses gesits et jus-
i silence , tout était cxaiuiné, interpiclé
eil iucpiiet de la plus sévère- inquisition..
;6le de Tadversifé le jeune. Julien avait
Le la IV'rmclé < t de la prudence 5 il sut r(»n-
son resscntiiuiMit et sa douleur, mais sans
iJer jus([uà llatfcr le tyran meui'ti k'r do
V» Il aurait ]Kirlagé le* sor,t dumaliirurcux
sans la ferme et ij|,éiiéreuse bieiivc illauco
^ératjice Eetsel)ia , é])ouse de Constance,
4; aussi distinguéiî par son méi ile qne par
fé ; ee fui par S(m iut( jcession qiui IVm-
;ouseiitit à voir Julie u. qui plaida sa cause
f» n«)])le assui anee, .saiïs juslilier par crainte
llalterle la so\eritc delVmpcxHur (Mivera
c, ni sans Tiii iter eu se plaii;nant du traite-
ijuste qu'il venait dVssuyer. Coustauce
favoruilcmcut , et lui promit uuc seconde
y*
Ï06 JI1.1CN.
hQdi«fice ; mais elle fut ëcarUSe fêt le grand eh
brllaii 9 qui commençait h ci aiodro que Julie
itai^uAt In fnvriir et la coiiliaiice de son ina
Tout(*foi8 rindulgcuce d*£u8ebia prévalut dai
tonseil f et Constance f convaincu de Tiiuioc
de Julien, lui aMiî(;nA la ville d^Atb^iies pour le
Ile son enih Ia*. prince oli^it avec joie et m
ârec entiiousiasme & un oi*drc si conforme i
Slésirs , car (1^s sa plus tendre eiibnee il i
montri! un goût iéclaâ pour la langue , les ma
les seiences et la reliciou des Grecs. Julien ai
h AttuMies vers le milieu de Tannée 3S5; il i
alors vingt<-quAtre ans. Là, éloigne du tnn
des armes et de la pef fidic des coiirs » il li
iétudia les auteurs profanes et les livres de lï
pare àainte ; il puisa six mois au milieu dee boc
ilc rAoadéniie et dans la conversation flunilièn
Ïhilosoplies , et surtout de Maiime » nu^pnel U
icha , et qiiî , ditron , flat|^it son ambition fl
pronii*flDnt l*Empire* Non seulement les pUI
phes d'AUl^ues trfivailMrent )k cultiver son g4
ttiais ils excSt^renl le xèle de leur auguale 4
]pottr \v.9 vaines illusions du paganisme. Seadi
Btlions pour les dî^ux de la Grèce et de Bm
'décelèrent dès cette épouue) un dévot et âbk
^ttadienieht pour ces divinités ikbule'uses'fcr
déji^ la passion dominante de Julien* Elevé *
l'Asie nuiieureau milieu desscandalenaeaqnen
de rAriaiiisine , son esprit s'était armé de défi
contre une nïlision dont les firettvesluisôoaUi
obscurcies jmr les disputes violentes des évéïg
pftr les variations continuifUes de leurs tjuAl
et par des motifs profanes* Daillenra les
j>1iist<*8, que son Qoûtet sa liMralité atCraica
loule auprès de lui, avaient établi une allinnca
T;6uréu8e entre la litrératuro et U relimea
jH'CS, et au Hru d'admin^ les poésies dllon
couu^c les productions originales dn génie i
JULIEN. loi
liomme) iisleé attribuaient sërieUBement aux in»*
Skirations célestes d'Apollon et des muses. Toute*
bis l'apostasie de Julien rpjta couvert» encore
d*un Toile mystérieux; il crut devoir à sa sûreté
de dissimuler ses opinions relifl;!euses , et les prin-'
cipes accommodai» du polythéisme lui permirent
de prendre part ou culte public des chrétiens, qu'il
nWoptait pas. Sa dissimulation dura dix ans , de-*
fiuis son initiation secrite à Ephèse jusqu'à l'épo-«
tpie de la guerre civile*
Taudisjcrué ce prince donnait tout son temps
à rinstroction et a l'étude dans la ville la plus
éclairée et Ifi. plus poUe de la Oi4ce , l'imfiéi'atrice
Cuaebia, sabienfidtriee^ n'oubliait pas lis soin de
la fortune* Après de longs et secrets efforts, son
ascendant remporta auprès de l'empereur sur
l'opposition des favoris , et il fut décidé que Julien
naît , avec le titre de César , gouverner les peu—
plea de la Gaule, dès qu'on aurait célébré son
mariage avec la princesse Hélène , sœur de Gons->
lance.
Julien témoigna des regrets et une douleur sin-
cère quand on l'arracha oc sa retraite chérie pour
lui ouvrir la carrière des honneui^ , soit qif il pré-
férât la vie privée et 1 étude, soit qu'if craignît
* d^éprouver le sort de son frère. Arrivé à Milau, il
fut reçu avec iiiagoificence par ordrn de l'impé-
ratrice» Jeune et plein de candeur, il ne put cacher
son indignation quand il reçut les respects p(;rfides
et ser viles des assassins de sa famille; il craignait
Çyur sa vie , pour sa gloire , et même pour sa vertu,
oute sa confiance résidait cUtiis la persuasion que
Minerve elle-même (h'rigeait sans cesse sa con-
duite. L'impératrice s'elforça', par les caresses les
plus affectueuses , de calmer ses craintes <*t de le
réeoncilier avec sa foi'tuiie. Le premi(;r sacrifice
qu'il fit à la grandeur fut de raser sii Longue barbé
et de troquer le manteau d'un pliilosophe gi'eç
io4 JUUER.
une dépêche prcMëf! , loit poor Tinter «ne ronde
•oit pour nuSnager un moment k tes études fiiTO
ritef.
I)îf?ntot , jiar la TÎgufiur de son propre génie
Cl'espénnncc et par les safl«ïs conseils de Sal
»9 officû^r An mérite distitif;ué 9 il acqai
non ëcuïr.nu'.ni la théorie , mais la soîsnce prati
que df: In f;af;rre. Toutefois sa pr^'mi^e eam
rfçru; rw! fut puK (ieurf?usc ; eu marrhant du Rlit
ia pouf'hiiiti: de» Alkmauds il perdit deux M
i;ionri. Mulfi uoo MTondc; action t établit et assnr
Mit f ciniihilion niiliLairt:; il repoussa les barbares
^m etaif;iit vr-riu IVrivironner et Fassî^er dans u
«{Ufirtiors d'hiver à Sens.
])<rM loij vr;rlurr: de la campagne suivante Jn
liffii lui-fii£me , û la fête d#*s vdférans , pëuéti
«laiis li'M caiitonnemfriB dfs C>i;riuaitis y rétaUil 11
aurirmies forlificafioris de Saverne^et seagync
|M*rsonne, au fiioJH d'août , coritn; Cbuodomar <
ail autrc^s roi» gf^rmaiiiSy la niémorabl# baisfll
d*Arg(rntoratiiiii ou df* Strasbourg* Six. mille bai
bures y penlirmil la vie, sans compter cevx qi
iunrnt fio^i^.fdnfiH lclUiiii,etQiuodomttr fnteuCovu
fi prÎH. I^f ji:ijfir: (léaur fit un rirspectueux liom
ina^f: a \'t'ut\uTt:ur tU; cf: troplii^e tle la victoire*
À]nf-n la i)afiiill<? hon Sf)ldatH If saluèn'ut du titi
é' jétiffu.stf: ; mais il Ir me fa uvfc ifidignation , di
saut ([Uf lii vi(:loirf:<^taJl(iiif: principalement à Cou
tance , et (ju'f:lle avuil éié rcuiportée sous ses nui
Juli/m luî-iuéme fiarle de cette journée célèbi
coinnif: de l'éfio^pu? df* fancienne liberté rendi
iàijk (;aiilcN. Il trtmnytx immédiatement de rétabli
i'antifpjfr dis4:ipliri«s dans touLf;i»a vigueur, eu ei
Î)Ohanf. auK rife<;(;sdu i:anip,«t habillés en femme
f:> ('ijytif-flH fjiii avaient compromis un moment]
feuhjf. fif; la r niée*
Lf-D r'ranctf i'uient subjuguifs la campagne sui
JULIEN. lo5
irantoy et le jeune Gësar étendit sagement ses lé-
gions depuis Cologne jusqu'à l'Océan, et, parla
terreur autant crue par le succès de ses armes , il
réduisit bientôt les tribus germaniques à implorer
la clémence et à subir la loi du yainqueur. Ma»
ce n^était pas assez pour le jeune César d'avoir
chassé des Gaules les barbares; il aspirait à égaler
la gloire du premier et du plusillusàre des Césars^
Ik son exempte, il composa des Commentaires de la
guerre des Gaules* Il fit au-delà du Rhin trois
expéditions brillantes» à la suite desquelles il dicta
les conditions de la paix à plusieurs rois de la Ger^
manie. Plus heureux que César, il conserva et
répara la Gaule plus qu il ne la conquit. Aussitôt
oue par sa valeur il se fut assuré d'un intervalle
Je paix , il occupa ses loisirs à relever les villea
dévastées par les barbares; sept postes entre Mets
et l'embouchure du Rhin furent reconstruits et
fortifiés» La culture ayant été interrompue par
les calamité de la guerre , Julien suppléa par
ses soins paternels à la disette , en faisant venir
de la Grande-Bretagne six cents barques chargées
de grains»
Son administration tendait à assurer aux peuples
le bonheur et la paix. Il s^occupait dans ses quar-
tiers d'hiver du gouvernement civil , et i^mblait
préférer aux fonctions de général celles de magis-
trat. Il examinait soigneusement toutes les procé-
dures , et adoucissait la rigueur des lois. Il léprima
un jour, par une réponse pleine de dignité et de
sagesse , le zèle indiscret d'un avocat qui , sans
preuves , accusait de concussion le président de la
Gaule Narbonnaise. « S'il ne faut que nier , s'é-
•c criait l'iionime dubarreau,qui jamais sera trouvé
I coupable ? — Et s'il suffit d'affirmer , s'écria
■ Julien , qui jamais sera déclaré innocent ? »
Son influence salutaire se fit sentir particulière-
ment au sein des villes de la Gaule accablées de-
96 PROBUS.
« peuples harhArcs , et vainquit tooi les tyrans
t( (|iii sVlo^roiit coiiLre lui. »
Ainsi pdrit \v vertueux IVobus 1 au commen-
ccinent du mois cl^août de Tau 28a , à Tugc de
cin(iuautc ans ^ et après avoir lëgnd six. ans et
(pie)quf*s nioi.^. Il lut amèrement resrcite' du
^*ennt , du peuple romain et même des narbares^
qui , s^ils craignaient sa valeur , lévéraieut sa pro»
hUé, sa clemoHce et sa justice*
Carus , son successeur 9 le vengea > soit par
zèlC) soit par politicpie , et il exerça contre ses
assassins uuf* justice sévère. En secondant le vœu
du 8dnat et du i)euple, il mit Probus au rang dct
dieux , et lui éleva des temples. Mais avec jPro*
Lus expira l*aufori((^ du Sénat, qui subit de nou*
V( au le jon{^ niililaire.
i^robus eût fait revivre le règne d^Auguste fti
le erimt* des soldats uVût abrd^é ses joui*s« Dans
six ans il e^alu les anciens héros de Rome > ti
rcta1)lit Tordre dans toute Vétenduc de TEmpire
romain. Aussi guerrier qu'Aurélien , mais plus
doux ; aussi modéré peut-être que Marc-Aurele».
maïs plus propre à la guerre , n'employant Ici
armes «pie par iiéeessilé , et respectant les lois f
ee prince, utlentif à rendre ses sujets heureux >
(niijouis oecu] é de projets utiles , faisant servir
les lra>aux des soldats aux avantages de la paiS|
releva dans un jr<riie fort court soixantc-Klix
villes , f(»rma d1ial>iles généraux, et répaildSt sur
Bonn* la plus {grande i'clicité dont un graudEia-*^
pire ait jamais joui.
njixBs. ^
JULIEN,
EMPEREUR ROMAIN.
J0LS6 Constance, frère de Constantin le Graoclf
eut deux femmes ; Galla, qui lui donnaGallus Cësar
et Basilioa y <jui mourut peu de temps s^res a^oir
donné le jour à Jtdien , ainsi nommé de son grand
pare matemeL Ce prince , appelé dans' queLnieg
inscriptions Julius JFÏavius CUaufius ^ naquit ^
Constantinople , le 6 novembre 33i ; il y. fut életé
jusqu'à la mort de son oncle Constantin , et faillite
cette époque être compria avoc son frère Gal-^
lus dans Fhorrible massficre de sa famille , .or**
donné par les fils de Constantin , massacre dans
lequel son père et ses. plus proches parens furent
enveloppés* Julien n^ayait que six ans lorsqu'il
échappa à la perfidie des' ministres de Constance^
fils et successeur de Constantin , et à la yio^
lence des soldats. Il assura lui-même depuis que
lés premiers ordres de Constance port^^t qu'on
le massacrerait avec son père, deux de ses oncles
et sept de ses cousins; mais que Fempereur , son-
geant qu'il n'avait rien à craindi^e d'un enfant, se
contenta de l'exiler.* DiiTérentes villes de la Bi—
^ynie furent successivement choisies pour le lieu
de la rési^Muce de Gallus et de Julien pendant le
temps de Kiir première éducation; mais lorsqoe
par leur âge ils parurent susceptibles d'éveiller,
les soupçons de l'empereur, on les tranféra dans la
forteresse de Macellum, près de la ville de Césarée»
Cette prison était un ancien palais, autrefois la ré*
Tome IL 9
98 JULIEN..
sidence des rois de Cappadoce. Là Ensèl
Nicoinëdîe , charge de réducatîon des den y
princes y leur 4onna dWcelleus maîtres poi
instruire daus toutes les sciences , notaïunieut
donius, qui leur inspira de la gravité , de la
destie et du mcpris pour les plaisirs et po
Yolupté. Si rien n*dtiit néglige pour leur £0
Tesprit et le cœur , d'un auti^ coté^ entowés
deux d*espions et de garnies 9 ils n avaient la
mission de voir personne > ils passèrent six ans
relégués. Elevés- dans les principes de la rel
catholique j. déclarée relicion de l*État par (
tantin , ib firent même l'office de lecteurs
le clergé > mais avec des dispositions bien <
rentes sur la religion. Gallus montrait beai
de piété ; mais Julien nourrissait en secre
aorte de penchant irrésistible -pour le 1
liisme« C'est à ^ ses premières annécfis , a
lesquelles il fut abandonné à la surveillanc
^ièle des assassins de sa famille , qu'il faut
remonter les causes qui déterminèrent depni
apostasie ou son changement de religion, cir
tance délicate qui altéra sa réputation et i
sa gloire. Les noms de Glirist et de GonsI
de religion chrétienne et d'esclavace, s^associ
alors dans son innigination^susceptible ées îni
■vions les jplus vive& et les plus durables*
Copenclant des embarras imprévus ayai
"isentir la nécessité de donner de nouveaux c
à 1 Etat et au trône , l'Empereur, ou plutôt»
nistres, revêtirent Gallus du titre de César d
'vingt^cinquiome année dv. sou* âge ; de sa ]
il |â^sa sur les degrés du trône d^Bonst
IMns ce changement de fortune le nraveau
•n'buhlia pas 6ou frerc Julien ; il obtint po
'leâ* honneurs dus h son rang, Ta^uirence
lîiierté et la restiUition de son pati^nnoine* ]
' pcrcur cooscutit mcm^' que Julien quittât h
' JUUEN. 99
?au de Macellnm pour veiùr continuer sc$ étudies
Coustautinoplc. Le jeuuc piiuce y gagna , par
1 couduite et par sa modestie > * l'attectioa des
labitaiis de cette capitale de FEnipire.
Mais quoiqu^ii fréquentât les écoles comme un
impie paiticuUer et sans aucune distinction , l'em—
ereur 5 jaloux des sentiineuç qu.il inspirait, lui
rdonna de se rendre à Nicomçdie* Dajis rinteç-r
aile son Frère Gai lus provoqiia par ses imprii-*
ièuces et par ses cruautés laliaine et là yengeauce
h l'empereur, et subît une sentence de mort. Jui^
ien fut à la yeille d'éti*e enveloppé dans cette
erriLle disgi'âce ; on Taccusa injustement d'avoir
lartagé les desseins ambitieux de son frère j, et
l'aspirer lui-même à là puissance souveraine* De
a rcti'aîtc de l'Iomeon le ti^ans.fe'a sous une
;eait presque tous les jeiurs aux amis et auxacUié-
ens de sa famille. Ses n^gards , ses geslts et jns-
[ii"à son silence , tout était examiné, interprété
ivec l'œil inquiet de la plus sévère :inqnisitioiu.
A Fécdle de Tadversîté le jeune. Julien avait
icquîs de la icrmeté et de la prudence ; il sut ren-
ènrier son ressentiment et su doideur , mais sans
€ dégrader juscju à llattor le* tyran meui trier de
on fière. Ilaurait partagé 1(^ sor.t dninallienreux
}allus sans la IVrnie et généiense bit intiilance
le riinpératrice Euse])ia , épouse de Constance ,
)rinciLSS4* aussi distinguée par son inéi ile qu(» par
A Ix-auf^ ; ce fut par son int( icession que rem-
leieur consentit à voir Julii n , qui plaida sa cause
ivec une noble assuiance, sans justifier par crainte
)u j)ar flatterie la sévérité de l'empert ur envers
;oii fièrcj nisanslin ilej- (Mise plaii;nant du traite-
lient injuste qu'il venait dVssnyer. Constaîice
i'écuuta favoral^lcmcul ? et lui i)roiuit uuc seconde
9*
to4 JUUXR.
une éipèAe^rtmêe, aoit peur TiBitejrwM goafc>
•oit pour méuiger «n momeBl à aes <tadcifcf^
rites.
Bientôt , par la ^îgaenr de woa propre gMe»
Crexpéricnce et par les sages conaeila de Sa^
cr, officier An mérite distingué) il acqoil
non seulement la théorie , mais la s^pnoe pntt-
que de la guerre. Toutefois sa {nremière €•»-
pagne ne fîit pas heureuse ; en marchant du Bbia
3k la poursuite des Allemands il perdit deux ié*
liions. Mais une seconde action réiahlit et asann
sa réputation militaire; il repoussa les Inurlwm»
qui etaieut venu leuTironner et 1 assii^^ dansaca
quartiers d'hirer à Sens*
D^s louvcrture de la campagne snituile Jv-
lieu lui-même « à la tête des Tétérans, pégAra
dans les cantonnemens des Germains , rétulillet
anciennes fortifications de SaTeme^et ngnacs
personne, au mois daoût^ contre QiuoooMarel
six autres rois germains, la mémorahle
d^Argentoratuni ou de Strasbourg. Six
bores j perdirent la Tie , sans compter ee«z qui
lurent no\ es dans le Rb tn^et Chuodomar fut entouré
et pris* ïie jeune César fit un respectueux hom*
mage à l'empereur de ce trophée ae la rictoire»
Après la bataille ses soldats le saluèrent du titre
À'jétêfu.Kte ; mais il le rejeta avec indignation • di^
saut que la victoire était due principalement à Coifa^
tance ^ et qu elle avait été remportée soîis let «us-
piecs.
Julien lui-même parle de cette journée célMhre
couiuie de l'énoque de lancieime liberté rendue
aux Gaules. 11 essaya immédiatement de rétablir
Tantique discipline dans toute sa yieueur , en ex-
[>osaiiht aux risées du camp, et habillés en firaunea»
es t^iyai'ds qui avaient compromis un moment le
salut dv lannée.
Les Francs fuient subjugués la campagiie sui-
i:
JUUEI?. ïo5
TUitOy et le jeune Cësar étendit sagement ses lé-
gions depuis Cologne jusqu'à l'Océan, et, parla
terreur autant que par le succès de ses armes , il
réduisit bientôt les tribus germaniques à implorer
la démence et à subir la loi du vainqueur. Mais
ce n*était pas assez pour le jeune César d'avoir
chassé des Giàules les barbares; il aspirait à égaler
la gloire du premier et du plus illustre des Césars^
à son exemple, il composa des Commentaires de la
guerre des Gaules, il fit au-delà du Rhin trois
expéditions brillantes, à la suite desquelles il dicta
les conditions de la paix à plusieurs rois de la Ger-
manie. Plus heureux que César, il conserva et
répara la Gaule plus qu il ne la conquit. Aussitôt
oue par sa valeur il se fut assuré d'un intervalle
ae paix , il occupa ses loisirs à relever les villes
déwtées par les barbares; sept postes entre Metz
et l'embouchure du Rhin furent reconstruits et
fortifiés. La culture ayant été interrompue par
les calamités de la guerre , Julien suppléa par
ses soins paternels à la disette , en faisant venir
de la Grande-Bretagne six cents barques chaînées
de grains*
Son administration tendait à assurer aux peuples
le bonheur et la paix. Il s'occupait dans ses quar^
tiers dliiver du gouvernement civil, et i^mblait
préférer aux fonctions de général celles de magis-
trat. Il examinait soigneusement toutes les procé-
dures , et adoucissait la rigueur des lois. Il réprima
un jour, par une réponse pleine de dignité et de
sagesse , le zèle indiscret dW avocat qui , sans
preuves , accusait de concussion le président de la
Gaule Narbonnaise. « »S'il ne faut que nier , s'é-
« criait l'iionime dubarreau,qui jamais sera trouvé
« coupable ? — Et s'il suffit d'aflfinner , s'écria
« Julien , c[ui jamais sera déclaré innocent ? »
Son influence salutaire se fit sentir particulière—
meut au sein des villes tle la Gaule accablées de-
îo6 JtTT.IEN.
jHi i !» li>n|i(-4innp« tmii le |ioids im àlmenniùOÉ i ëH
c*aiaiiâlds di; la giicTfc etclf la tyrannio intérievtti
Ou vil rf-iiiiitn* Tffipril cl'îii(Ju»frii* aree T^poir
d(î Iq jouibhuiicf* ; l'agi m-uJIums les mauufiustiiivi
cL 11? <:oiiiiiH'rc(.* i econiiueiicèrent à fleurii^ mhis \m
|)i'€>(rclioii ci<*s IoIk.
Lh* jruiu* (.e:»iir jftaît surtout les ymn arefi
coiiiplaÎKaurr ri sHlislactioti 8ur la vîilr de Pariiï
\v sié^f* df: ha \é.>u\viii-A* vn hiver etrolijft de ^bB
aHlr'rtioiiparlicuHnr* Crtte brillante capitale n*oe*
eu pu il a loi» cpruiic petite ili* nu milieu delnSeiftei
.oii Ton lUi poavail fuh'cr «{Uf? par deux pouttm
LoÎK. UiH- <4>aisMf ior£l couvrait le nord «le la>ri*
^ièrr; mais le sud 9 qui porte aujourd'liiii lefio^|i
df; |>a)'s latin 9 tut succ^6^ivf'lucat orné par JuHeA
d'un palais dont ou voit fncoit; les rcsti'S, ^\ak
aniplulluiâlrc* , d'un acqurduc , et dnii cliaiiip de
Mars pour exi»rccj* les troupes. La licence et la
roriuptiou d*Antioi-liC ia|)pelèrent depuis au ioitf^
Vfnî»' de Julien Ira luwurs siiiiplat et wuâfStm
dv sa cluïre Luièce , où 1rs plaisin duciniueetdat
UjcuUts élaiont inconnus ou niëprisés; il ctomp»-
rail aver indignation Irs S)'iiensrfl*ëniini^à l'hon*
note cl inavc rohlitilc de rhuliitaul des rirea de la
Maîk^tandis que les barbares <rAIIeinagne 1*0"
douiaieiit Julien , dfuit ils a\ aient éproUTé la
valeur, que Irs ]»io\inrcs de; la <jaule, beureuies
et tianqnitbs, joni^^air'llt avec reron naissance des
])i<'hl^ils de son adinijiijttialion , tout \v reste dff
rLnqiire lan^uihMutsoiis la honteuse tyianniecka
«iiiniques du pubiis de Conslanee. Les vertus de
Jiilirn blessaient les boutions et les favoris qui
hiKaienl oppoMfs à scni éldvalion subite; ils ne
(!e:«i^nairnL le philosophe guerrier que |wr les
b(»hi iqiiet.s iuMiltans de .sain'Hge velu, de J'ûrie
rt'st'iu tir la ponrina ; on tournait même en Hdi*
euh; bC's Uepechcs simples et modestes 9 conuac «
: i
> •
: •
! .
rc'pios'^nîë comme lui o'>jot (!(? cîcVisiou ot ]
cps'is. Eu pioio à. In cTiiiiile et à l Viivie , .
eivui', aiK|ii<;L Jiilini était. devrriu suspect
lut de succès, lésol 11 t , pour lairuililir^ de
edemaudc*r uno paj'tie cousidérable de ses : j
•es, sous prétexte de la i>uei're Qoutre les
s. Le jeune Cësar était daus ses ([uarliers
?r à Paris loj*s^u'il reçut loidre impérial *:
etti'o eu laarchc, sans délai, quatre; de ses | ',
ns de la Gerniauie , qu'il avait si souveut
lites à la yictoire* 11 piévit et déplora les
» de cet ordre imprudent. La plupart de ces
îaires ue s'étaient eùrôléa que sous la coa-
i expresse qu'on ne lew ferait jaiuiiis passer
Ipes : la toi publique et Tbomieur d<^ Julii'a
ut été les garaus de ce ti'aité. Forcé de céder
•voir, et en butte à 1 envie et à la méchanceté,
prima ^ dans les termes les plus positils , le
de quitter la poui'pre , qu'il ue pouvait plus
T avec gloire. 11 douua des ordres cepen—
pour 1 exécution des commeuulemeus de
lei'eur; mais le mécontentement des troupes
Lirait une prochaine explosiou. Les soldats ,
nés, 1 assend)lés autour de Paris, enviroimeiit
lais dv. Julien, y pénètrent de force, sai-
it [cuv jeune César avec une respectueuse
nce , le portent sur son tribunal, et le pvo-
eut <'nqHr(îur nialji^ré sa résistance; puis ils
leenf un milieu d eux , et traversent, 1 epée à
io8 SUVŒS.
Libanios et Zosûne , nous ont laissa de son élé^êf^
tion à l'Empirp ; mais les auteurs dirëtiena km^
nuexit que ce prince agit de concert arec ks sol'*
data. Quant à Julien lui-^^méinef il dédaim a^len^
Bellement «jue, jusqirà la fin du jour quiWécéda'
cette élection militaire , il ignora le dfjwtin de
Tannée. Nous n^aToiit aucun motif ds rrtvnnnér
en doute Thonneur d'un héroa el la TAneM oW
philosophe*
Le nouvel empereur en^o]fa ki prenùft*
jours de son règne à modérer le aèle de ses Jfot^
tisans et à sauver la vie à ses ennends» C|iiomu
détrmmié h conserver b titre que ^tOÊÔi djs ni
déférer l'armée , il aurait Toohi éviter à l^ftàonfié
les calamités d'une guerre civile. Sa preamiM
démardie auprès de renperenr fist de' ksi
adresser une lettre adroite et modérée « daba
laquelle il le priait de permettre qu'il gardlt le
titre d'Auguste qu'on venait de lui oonner maig|td
lui. Tous les officiers de l'armée écrivirent aussi
à l'empereur pour le prier de tout confirmer t' M
de se concerter avec Julien, qui avait exig^d^bn >
par serment y de n'exciter aucun trouUe si Goiii^
tance le laissait dans les Gaules avec les jprérôte^
tives de Fautorité souveraine*
Des préparatifs de suerre accompagnèruttl.' ffA
80utinit*nt ers propositions paciiiqu(»s. BAJii' les
Kous de fanûllo qui auraient pu rapprocher
deux beaux- 1] ères venaient cV^tre dissous \inT^
mort de l'impératrice Eusebîa et par colle
lène, sœur de Constance et femme de h
Abandonné à ses propres pas!(ions et aux artii
de ses eunuques ^ Constance rejeta toute espèce
d'acconimodenient , et déclara la guerre à Julien*
L(\s deux enipereni-s , à mille lieues Vnn de
Vautre , continuèrent pendant plusieurs mob 9
de ]^lris à Antiocbe , une négociation inutile.
Julien 9 persuadé quil ne pourrait se inâinlenir
JULIEN. 109
que par les armes , résolut de confier sa fortune
et sa vie aux hasards d uue guerre civile. Sa
situation exigeait des Dxesui>es promptes , et il
jdevait moins compter sur le nomljre de ses troupea
que sur la célérité de ses mouvcmens. Après
avoir rassemblé sou ai'mée dans les environs de
Bâle, il prit la résolution hardie de marcher sur
Coustantiuople. D abord il s enfonce dans l'épais-
seur de la £ôrét Noire , qui recèle les sources du
JOanube, et pendant plus d'un mots le sort du
nouvel empereur resta ignoré à Tunivers* Il pé-
nètre à travers les montagnes et les marais >
«'empare des ponts ou traverse les rivières à la
nage 9 et 9 suivant toujours une lime droite y
sans examiner s'il est sur le territoire des Aornains
bu sur celui des barbares , il paraît enfin entre
Vienne et JEUtisbonne* Là il s'empare d'une flot-
tille 9 et embarque ses troupes sut le Danube*
Le secret de sa marche , sa dilicepce et sa vi-
gueur surmontant tous les obstacles 9 il débarque
0on armée vers Simisum« Il y entre en triomphe'^
et fait distribuer dans les principales villes de
l'Empire une adroite apologie de sa conduite.
11 se rend maître presque aussitôt de llllyrie et
iles défilés importans qui la séparent de la
Thrace.
Cependant l'empereur , n'ayant plus d'inquié-
tude pour la guerre de Perse, avait tourné ses
armes contre Julien , et marchait en personne à
aa rencontre pour le combattre ; mais y arrêté
par la fièvre , il mourut en peu de jours , sur les
frontières de la Cilicie 9 au pied du mont Taurus^
le 3 novembre 36 1*
Les généraux de l'armée d'Orient annoncèrent
à Julien , au moment oiï il entrait dans la
Thi*ace , que tous les soldats étaient prétsT à œ
ranger sous ses drapeau^ Ainsi, sans verser le
sang 4e ses concitoyens» sans courir le hasard
J 4
1X1 JULIEN.
regai^ait le suprême ponroir < i
moyen de plus de faire du bien i muet* Il
porta aussi la réforme dans radministratioii de
la justice, et ëricea une chambre extraordi-»
naire pour rechcrdier la ci>ndnile dès ministavt
de son prédëcesseur , contre lesqnek t'dleraiçBt
tontes les voix de l'Empire* Les plus tiiwi|i>lile<
furent condamnés ; mais tous ceux qui s*mient |
déclares contre Julien quand il était matfiB^ ^
particulier n'eurent qn'à se louer de son ind&*
gdce quand il fîit ceint du diadème impériiL
prince avait témoigné publiquement M^
mécontentement à un masistrat nommé TTialae^l
sius; aussitôt , profitant ne la oonjooctmne » drilï
délateurs et des ennemis particuliers de Tbikmf^'-
tins abordèrent Tempereur en lui disant : « Thse-^
« lassius , l'ennemi de votre auguste peraoaae^y'
« nous a enlevé nos biens; il a commis millÉ.
« violences* »
L'empereur, dans la crainte ^*on ne TonlÉt.
Blmser de la disgrâce de ce magistrat , réponAt'
aux accusateurs : « J'avoue que votre ennemi
« est aussi le mien; mais c*est précisément ce
« qui doit suspendre vos poursuites contre Wf
« jusqu'à ce qu'Q m*ait satisfait : je mérite tios
« la préftfrence. » En même temps il déSendlt
au préfet de les écouter , jusqu'à ce qu'il eijt
renau ses bonnes grâces à l'accusé , et il leiSn
rendit bientôt. Julien se hâta aussi de congédiÉr
les Qmosi, officiers oui , sons nrélexte «nfiM^'
mer l'empereur de cnoses utiles, étaient;^
espions dangereux et le fléau de la eodMv-dl
enveloppa dans la même réfomc la n«MnbvM||||
armée d'espions et de délateurs que ConetaM
avait soudoyés , méprisant toutes ees '^"^{wM
3ui couvraient leur inimitié personneHc dhi¥fl|v
u bien public. Porté naturellement à la
inence> il refusa de voir on crime cepitll
JUUEN. n3
l'impradenoe d*im riche habitant d^Ancyre , qui
s'était fait faire une robe de pourpre ; il lui
envoya par son propre délateur une chaussure
couleur de pourpre , afin de completter la niagni^
ficence de son vêtement impériaL Dix de ses
gardes ayant été conduits chargés de %haîne» ei^
ta présence pour avoir conspiré contre sa per-
sonne, Julien, au lieu dea tortures de la mort y
qu^ils méritaient et qu'ils attendaient, ne» pro-
nonça qu'une sentence de bannissement c<mtre
les oeux plus coupables*
Ce prince abhorrait le système de despotisme
oriental introduit par Dioclétien et par Gon»-
lintin , et de lui-même il conféra au Sénat de
Constantinople les honneurs , les privilèges et
l'autorité dont jouissait encore exclusivement
le Sénat qui siégeait à Rome. Sa sollicitude ne se
borna point à la capitale de l'Empire ; elle s'é^
tendit sur les Sénats municipaux des provinces.
Les villes de la Grèce furent aussi soulagées par
ses soins paternels, et reprirent leur ancienne
^lendeur ; Athènes le reconnaissait pour sou
bienfaiteur et pour son appui , et Argos avouait
qu'elle lui était redevable de sa délivrance.
Devenu le chef suprême de FEmpire, Julien
crut avoir le droit de préférer les dieux d'Homère
et des Scipion à la religion cliréfeienne , que son
oncle avait établie dans le monde romain; mais >
en sa qualité de pliilosophe , il voulut justifier
son opinion en écrivant contre le christianisme»
Son but fut d'abord de calmer la fièvre théolo-'
gique dont le peuple avait été saisi depuis les
édits de Dioclétien. Il trompa l'espoir et déjoua
tes manœuvres des factions religieuses en re-
poussant toutes les insinuations de Tintolérance
et du &natisnie. Instruit par Tliistoire et par la
réflexion, il donna une loi digne dun hommo
d*Etat et d'un philosophe, en accordant ime tolé-
Tçni^ JL lo
xz6 JULIEN.
de religion. La disette de blë augmente lé
tentemeut public* Julien y ponryut, et ne Ait
sëy^re qu^uu iuitant envers deux cents des pl«»
riclies citoyens d'Autioche » qui s*ëtaient permis
de lui taire des remontrances peu respectueuses»
Mais il ne put obtenir pour lui-méme^k pardcn
qu'il avait accordé; pendant la liberté desSatai^
nales tous les quartiers de la -ville retentirinil
de cbausons insolentes qui tournaient en ridîcul»
les lois, larelicion, la conduite personnells» tt
même ia barbe de lenipei^eur. La conniveneé dis
magistrats et les applaudissemens de Ift multitade
mmouçaient clairement Topinion de la ville, en*
tière d Antioche. Au lieu d'abuser on de se
servir de son autorité pour venger ses propre»
injures, l'empereur se contenta aune rcprésaill»
innocente ; on lavait outragé par des satires et
par des libelles» et lui , sous le titre i^Enmemi de
la bflrbe, écrivit et publia une confession irouiqne
de ses fautes , et une satire amère des mimrs
licencieuses et efféminées des babitans d^Antiodie«
Cette réponse fut exposée publiquement ans
portes de son palais. Le Misopogon,ce singulier
monument de l'esprit, de la douceur et dn res*
sentiment de Julien , est parveim jusqu'à nous.
Dominé par son ardeur guen'ière» Julien se mit
en campagne dès les premiers jours dupriutempSf
et après une marcbe laborieuse de deux jours il
l^arréta ù Bcecée , ou Alep. Là y instruit qnU j
«v^ait à la tête du conseil municipal un chrëlica
télé qui venait de déshériter son fils pour wfmr
embi-assé la religion de Tempeneur et abjuré 4»
christianisme , il mande ce jeune homme yC^s tsts*
elle de compassion, lui promet d^appaiser son piio*
A cot effet il l'invite avec son fils à la tahln ■(»<• .
périale , se place au milieu d eux , et recc
au père cette tolérance qu'il pratiquait liû-tnème;
WÛ|9 il ne put lîen obtenir de ce père înflf^iWri ]
se tournant vers le jeune homme affligé, il |
; : « Puisque yous ayez perdu un père à cause
[noi , c'est à moi de yous e& tenir lieu. »
*ès une marcbe de quelques jours il fit son -
î à Uiérapolis, située presque sur les bord»
Aiphrate , et qui était le rendezr-yous général
I armée. Là il déclara ouyertement le projet
ihir la Perse. Deux routes 7 conduisaient ,
k gauclie 9 en traversant la province d'Adia—
et 1 autre à droite, par F Assyrie, en côtoyant
•rds de l'Euphrate. Des magasins avaient été
s sur Tune et Tautre de ces routes. Julien
le d'abond trente mille hommes, sous les or-
le deux de ses.lieutenans, et il leur enjoint
rager les fertiles cantons de la.Médie et de
ibène, et d'arriver sous les murs de Ctési*
, capitale de la P^rse , à peu près au temps
ai-méine , avancé le long de l\EÂiphrate par
e route , commencerait le siège de cette ré-»
ce royale de Sapor.
succès de ce plan dépendait en partie du
?t des secours du roi u'Arménie , qui s'était
;é à fournir une armée auxiliaire ; mais ce
e dans le fond de son âme n'était rien
s que favorablement disposé pour le succès de
îdilion. Cependant rbabi le Julien avait com-
ses préparatifs de manière à tromper les es—
et à détourner l'attention de Sapor. Les lé-*
semblaient marclier vers Nisibis et le Tigre ,
ue tout à coup, se i^pliant à droite, elles ti^a—
rent la plaine nue et découverte de Calorrcs,
"ivèrent le troisième jour aux bords de l'En-'
:e. L empereur poursuivit ensuite sa marche
sa grande armée le long des rivages sinueux
; fleuve , et après luie route d'un mois , de-»
son départ d'Autioche , il découvrit les tours
Ircesium , la dernière place de sou Empire*
uiuéc, la plus nombreuse que les empereurs
\m
ifto JUUElf*
l'Luphrate et ]o. Tigre, et que Julien fit rtflabUr*
Les navire» roinaîiw arrivèrent ainfi au miliea
«lu Tt^c f insultant aui yainrit liarrières que W
baliilans de Clëiiiphon avaient euayë d oppfMcr à
leur passagi". Il fallut entui(e faire paiwer le Tigrf à
larniëe ,qui vint investir Coclieyiiiacc forte située
fur le Tigre , vit^-vis de Citff ipiion , et cmi était
considéré; comme un faubourg fortifié oa cette
capitale ; mais ce ne fut qu'après avoir ren^rfë
une victoire complète sur l'arméo des P4Tiea»qui
osa disputer le patsage. Une nartie de Ta:
maiue sVmpara du camp de IVnnemi.
Cependant Julien, après avoir pénétré en Tain—
qurur jusqu'aux |K)rtrfS de Ctésiphon, ne voyait
arriver du côté du nord ni le roi a Annénie , ni le
corps. d'année fj[u'il avait détaché pour venir le
joindre par TAdialtène. D*un autre coté Ctésiphon,
assiégée et prÎM* trois fois par ses pi édéoftaenrs y
était devenue une place imprenable ; elle était
pourvue d'ailleurs cPimmenses magasins de Tivrea
et d'uue forte garnison. Un conseil de guerre d^
cida que le siège de cf'tti; capitale serait nne oprf'
ration inutile et dangenruse* Dans ce monaanA
niénie Julien n'jetaitavec mépris des ouvertorea
de paix du roi de Persf*. Sur de vaincre en bataiUe
rangée, il résolut d'iniit<>r la liardiesse d'Alexandre,
et de pénétn;r si avant dans les provinces de Hui-
térieur, que «on rival se vit forcé de lui dispvter
l'eninire de l'Asie au si;in de l'Asie même. Trompé
fmr leM rapports d'un transfuge , d'un Persan fc-
gitif venu dans son camp avec un eorlégBf f nKen
prit In I ésolution liasardée de brûler sa floltSBa et
de ne garder que vingt-flaiix peti|i|p snjhnryM'
lionH qui devaient suivre l'armée sutr'An ToItHreaf
etMTvir de pont loisi|u'îl faudrait passer les ri^
vièrf'H; il mï proposait aussi , par cette Tésrfntion
déK(rK|)éj éc , d'ôtcrr h si'S soldats l'espoir de la re»
ti ttitc > et de ne leur ioisKT que TaUeimliTV ^
• JULIEW. 12»
vaîacre ou de mourir. La flottille fut brulëe aa
milieu des murmures d65 légions.
Sapor, rassure cependant sur le sort de Ctësî-
pLon , venait de rassembler sur lefr frontières les
plus occidentales de ses états une armée formi-
dable , résolu d'attaquer l'empereur jusque dana
sa retraite. Mais > apprenant bientôt que l'armée
romaine avançait dans le cœur de l'Assyrie , il
ordonna à ses sujets d'abandonner leurs villages ,
de fuir dans des villes fortifiées , de chasser leurtf
troupeaux, devant eux, et de mettre le feu aux
fourrages et aux champs deblésmm's. Julien n'eut
bientôt plus devant lui que le désolant aspect d'une
terre déserte 9 fumante et dépouillée 9 et d'un
vaste incendie qui interrompait la marche des sol-*
dats. Ce moyen désespéré, mais efficace , ditl'his*
torieu Gibbon , ne peut être employé que par l'en-*
thousiasme d'un peuple qui met l'indépendance
au-dessus des richesses , ou par la rigueur d'un
gouvernement absolu qui s'occupe de la liberté
publique sans laisser aux sujets la liberté du choix.
Le zèle et l'obéissance des Persans secontlaient en
cette occasion les ordres de Sapor , et bientôt
l'armée romaine se vit réduite aux faibles convois
de vivres qu'elle avait conservésjCt qui diminuaient
chaque jour. L'effort d'une marche rapide et bien
dirigée aurait pu conduire l'empereur en peu de
joui^ aux portes des villes opulentes d'Ecbatane
et de Suse ; mais , trompé par la perfidie de se»
guides , cette dernière ressource lui manqua. Ses
troupes errèrent plusieurs jours dans le pays qui
se trouve à l'orient de Bagdad. Le déserteur Per-
san, après avoir mené Julien dans le piège, écliappa
à sa colère , et les soldats de sa suite , mis à la
torture , avouèrent le secret de sa trahison. Dans
cet état de détresse générale Julien adopta la
seul expédient praticable 5 il résolut de se rappro-*
liàCTf par un mouvemeut rétrograde? des bords d^
Tome IL li
ÏI4 JUaEN.
i rauot^ um\Trs(llo ^ Lous les «lijots de IXi
.)! alTootii luciao luwucuiip <io douceur i
^ les cliiôUoas » ci rap^H Is« tous cens, qui a
! .rie cxiU'S sous lo irj;iio tie (Unistauce pour
i a\c ivlij;ion. .Maïs tu uiOnio tinn|>i> rîtui i
I xalontir â»u /Me et sii liévotiou poiu* le le!
.senu'ut ilu cuUo païen. uXectuitunio dc$ su
t iAuco. à voir <]an$ uu enipeix'iu* clii etiou le i
ti'ier^ Je Sii taïuille . et «Iftus le tbiui il
! cœur rouJaut peul-èUv la ]vIÎ!;iou conipli
crimes i|uVlle eoutlauuuî; place eativ i^aiu
et la ciaiute, ses ^oùU. sim imai^uiatioii
aiue« les niulheurs Je i^ii taaiilie« les sic us
lavait prépaie ilavaiiei» au clu\ii{i^^meut
voulait o]>ei ( j* daiis la leli^iiuu II ordouii
uu Cilit i;e::eial irouvrii* les temples du
lùsiue: il lit lui-nièine les touctioiu> de $c)u
.pontife. a>ee toutes les etVcjnouii s puieiii
itt pc iiulie à et'tê de lui« daus fuus ses poi
Jupiter, ipii Uù doauait laeourouueet la poi
!Mars et Mereure. qui l liouorairut du doi
TaU ur et de rcloui:eiiet . !M;îis son iienio cl
::a piMssanee ne si.î.Kvut ut pas er.coie pour
.i\\:' liiu nlijiion l'e .lee d«. l'appui des pii
tîieil'. ^iipa s . ili s ^^jcerptesi moi aux et
disei; îi'ie eecIe.-iaMiipie , d'une itiiu'on <]
piecipîiaiit v^'is sa uâae . n'ctail suseï
dauv ii!ie !i staui atlon soliile et laisoiuuuUe.
(.\' l^iiïee. tpii «.îeJai:;i.ait le {ox^^ suluùi
ri^cUijiile . t\n>.\it le saeiillei» voion£aîi>e
laÏMXi sur les autels d'ApoUou ci de Jupîi
se luotitiait pLilosi>|'liede\ot aU4(]><f à l» n
logie i;reeip)e» Son ^^sU!lle iLeolo^Ûqiie • o
MU la doeijiuo des puitoiiiciou:^. cvtiUeUi
eleiuens île la religion nulurt lie : il rct^om
et au*! ait la cause eleiiielie de rttni\ei'Ȕ
aUiileiùî toutes les peï teelions d\ine«.4
iu finie . iuaecessiMe à Tinte II ip^uco des
niorUlî' : il vio\,ût à l ctcnnîc du inoiidc.
• ÏITLIEN. ii5
- Maïs le ïèle Téhëment des chrëtîeris, qui mëpri-
Baîout le culte et qui renversaient les autels de
ces divinités fabuleuses , mit Julien dans un état
de guerre avec une partie nombreuse de ses
sujets. Il alla trop loin sans doute en laissant
paraître sa haine contre les clu^étiens, qu'il ne
désignait que < sous le nom do Guliiëens, en leur
Xiefusant tuus les emplois civils et militaires, en
leur interdisant d'enseigner les ■ sciences et- les
belles-lettres. C'était là ua commencement de
Sersécution» Toutefois il sentait l'avantage que
ouîiait aux chrétiens la pureté de leurs mœtirs
et l'éclat de leurs vertus , et il ne cessait de les
proposer pour modèles et 'pour exaniples ^h±
prêtres des païens. j » >• /. i ♦. -:
- £q me me temps qu'il s'efforçait de fa îore^rëTaldJf
et triompher les dieux d'Athènes etidc Aome^ Juliea
nourrissait dans son esprit dos projets plus vasrtef
encore; il voulait humilier l'orgueil de Sapbr ",
roi de Perse , qui pendant plusieurs années avait
ravagé les pi'oviiices orientales de l'Empire. Ne
respirant que la gloire, instruit par l'expérience J
animé par le succès de la guérit? de Germailie i
il espérait signaler son règne par des exploits
pius Lrillaiis et plus méniorables. Son plan con-
sistait à pénétrer au centre même de la Pei'se ,
pour V dictc»r la paix à son ennemi vaincu. Julien
prirlitdeConstantinople, traversa les provinces de
l'Asie mineure , et vint à Antioche environ huit
mois après la moii: de son prédécesseur. La il
employa le repas de l'biver à réparer les foix;es
épuisées des légions des Gaules, et. à kétablii* la
discipline parmi telles de l'Orient. Maisce jjrihce se
trouva toutàcoupti anspoité aumilien d'un peuple
elléaiiaé, malin , disposé à tourner en ritlicule se^
mœurs et ses habitudes sévères. L'aveisiou des
Svricns pour sa personne était d'autant plus enve—
niiuée? qu'elle avait aussi pour motif la dilTéreace
xifi JULIEN.
de religion. La disette de blë augmenta lè mécoi»^
tentemeut public. Julien y poarTUt, et ne ^
§éjhre qu'un iuitaut envers ueux cents des plus
riches citoyens d'Antioche y qui s'étaient permit
de lui faire des rt^uiontrances peu reipectueuaes»
Mais il ne put obtenir pour lui-méme'^le pardan
qu'il avait accorde; pendant la liberté des Satur-
nales tous les quartiers de la- ville retentireitt
de cliausons insolentes qui tournaient en. ridicvla
les lois, la relicion, la conduite personnelle * tt
même ia barbe de lempereur» La connivence des
magistrats et les applaudissemens de Im mvltitade
annonçaient clairement l'opinion de la ville, en-*
tière d'Antioche. Au lieu d'abuser on de se
servir de son autorité pour venger set propres
injures y l'empereur se contenta aune reprësaille
innocente ; on l'avait outragé par des satiree et
par des libelles, et lui , sous le titre HEfmemi df
la bfirbe, écrivit et publia une confession ironique
de ses fautes , et une satire amère des mcenis
licencieuses et efféminées des babitans d'Antioche*
Cette réponse fut exposée publiquement ans
poitps de son palais. Le Misopogon, ce fingnUer
monument de l'esprit, de la douceur et du res-
sentiment de Julif'u , est parvenu jus^li nous.
Dominé par son ardeur guen'ière 9 Julien le mit
en campagne dès les premiers jours du printempSf
et api'ès une marche laborieuse de deux jours il
l^arréla à Bœcée , ou Alep. Là , instmit qn'il 7
»vait ù la tête du conseil mnnicipal nn dSrétim
zélé qui venait de déshériter son fik pour avoir
embrassé la religion de Tempenenr et abjuré 4o
christianisme , il mande ce jeune homme 9 et, totÊF»
elle de compassion, lui promet d'appaiier son père»
A cvi effet il l'invite avec son fils à la taUe i^^
périale , se place au milieu d'eux, et recoimnande
au pt'if^ cette tolérance qu'il pratiquai tlui-ménie^
jaulils il ne put lien obtenir de ce père înfleiiMr^
JUIJEN. txj
alors, se fonniaiit yers le jeune homme affligé, il
lui dit : « Puisque tous ayez perdu un père à cause
c de moi , c'est à moi de tous ea tenir lieu. »
Après une marcbie de quelques jours il fit soa
entrée à Hiérapolis, située presque sur les bords
de l'Euphrate, et qui était le rendea^vous géaéiul
de son armée. Là il déclara ouyertement le projet
d'enyahir la Perse. Deux routes y conduisaient ,
l\me à g^uclie 9 en trayersant la proyince d'Adia—
bène, et Tautre à droite, par l'Assyrie, en côtoyant
les bords de lIEuphrate. Des magasins ayaient été
établis sur Tune et l'autre de ces routes. Julien
détache d'abond trente nulle hommes, sous les or-
dres de deux de ses. lieutenant, et il leur enjoint
de rayager les fertiles cantons de la.MédIe et de
l'Adiabène, et d'arriyer sous les murs de Ctési^
phou , capitale de la Pfcrse , à peu près au temps
on , lui-méine , ayancé le long de l^uphrate par
Tautre route , commencerait le siège de cette ré-*-
lidence royale de Sapor*
Le saccès de ce plan dépendait en partie du
jbèle et des secours du roi d'Arménie , qui s'était
engagé à fournir une armée auxiliaire ; mais ce
prince dans le fond de son âme n'était rien
moins que favorablement disposé pour le succès de
l'expédition. Cependant Thabile Julien ayait com-
biné ses préparatifs de manière à tromper les es-^
pions et à détourner l'attention de Sapor. Les lé-
gions semblaient marcher yers Nisibis et le Tigre ,
lorsque tout à coup, se repliant à droite, elles tra-
yersèrent la plaine nue et découverte de Calorrcs,
et arrivèrent le troisième jour aux bords de TEu-
phrate. L'empereur poursuivit ensuite sa marche
avec sa grande armée le long des rivages sinueux
de ce fleuve , et après ime route d'un mois , de-
puis son départ d'Antioche , il découvrit les tours
de Circesium , la dernière place de sou Empire.
Son armée, la plus nombreuse que les empereurs
i<".n;ii!iNruKsritt.j:uM;ii«o|i|MKi'('atil Prt'!W><i.!tr»lilon*>
lail ti Mn\;i!ili -('iii(( mille iuiiiiiiirs rlfrctits , toiiK
s<»Ii!;ilr« (lioisi.s cl (li:«( i|iliiiiis. Julien ilis|>«isail en
oiihr (11111 (>(ii|t.s (ni iiiifliilili* (If S('> IIh'k miixI'*
li.ii; (S, cl (riiiic ildiliilc (le (l(iu/.(* cctiLs iiaviics ( t
(11- i iiKi'iaritf s ^a|(*i'('.s à laiiics, ([iii (icvait siilvri* ,
.HUi' 1 l'j.|ilii air , l(>.s iiioiivf'llinis de 1^1*1111*1* f-t
tniii iiii- il Si .v.!m .oins. Lr 7 avril 1 «'nip'Tciir, iitiri-s
a\(Hr li.i- a:iwii(' ses lrfMi|ir.s, nilru Mit* le t<*ri*il(»îl «'
(les Pri:.. >>. Is oi-<!r(; (le >a niai'cli(; , dans les ({i\si-|-(ii
(le la jM('M>|wiiaiiiir , lui (iii i;^(* snr (l'ois ('(ildiiin s;
la cav-ili lie |n oi('';^< ail le (laiu -}.;.iiu'lii-(lr 1 ai'iiii.'r*;
r('ii:|)ci(-iir clail ii la irii ilc la coldinir du (■«•iid'f*.
Mai 1 voilaiil «'oiiriiiri' les d( voiis (le i;(*iM-i al ave C
I.i II [i. (•Nt'ii'.iîioii <ii: c-|icf'dc [ l'anpin- , il se |ioi *-
(..;! .i\ (-(' I a* I . '('.ut i-o:u| a^nif d iiiir .siin|d(* (*.s('or (c
dr i.i\ alci il' ic rie,;- .a l(*'|r de la; ni('«'<. a 1 ni ri»'r( —
i;a] (if ^ :.nr les il.inrs , (i |i.ii loni nîi sa |M l'sf iic^!
l'O.a.iil a.iiiii: T on pi o'(*ç;f r SfS.l.i<Mi|ifS. Sa pi*i-—
li.K I (• fon.juf If (ni (-1 i.f di' la ville d Aiiallici.
L •. iiaiiila.i:. d( :> \ illi s, oiiy^-i les, lioi s dV*lal d'(»|i—
|i<i..-i aiuii.if !(• islatiff , sfidiiyaifiil a\('(' piiM'i—
|ii.' sli'iii. l\Iai . : if:iL( I Tai iin-f lui liaicrlc^c par la
<>iv.ii:-iif p«-i..a:iii( . Jiiifu livia |fs fliimips de*.
I A. .', : If aii\ inaiJKfis <!f la ^ilclif. Le* AssV—
I i( ii:-. , (•poii\anl('':i . ap|:i if icnl \tï> ( aux .i 1(*iii'K(*«'
cM'i >, fl par di .. iiin.ii!alioii . ils f(»nipl('U^'l*f ni la
niiiif de Iriir pays < l ifiiilii-fiil les clifiiiin.H iiii —
p; ali( al)lr... i.a i'frnifu' dt* Jnlifii siii ni<iilf:i tons
If. oJjNlaf If.-t. 11 (orin 1 If si(*;;f de IVri.siiliot* ,
on Aiiiiai-, > ilii <;iatidf , pfiip!('>f, i'ui'lf., Mi(lldf!Klir
iiin i ■ anrlif tU 1 Miiplnalf , à fimpiaulf iliillcMcl<*
la j (' .!<!( iiff lo^alf d( ^i('.ipiioii; il la pril crntf*
:. Mil il la 4!(*ti ai lit. li .ii'.npni iiiMiilf,fii pcr-»
M .1... .1.1 lot If If S.M- df Maoj^atiialfrli.i,(piisfiKiiilait
i.' .i!..f ■ .1 rouvrir la capilalf ; < Ile cnL Ii: iliuiiic
:(il. (.(S d( :i\ .si(';j,f.> lui d(nnir*rfn( plil.H criinc!
loi. oi(a;ioii iic la^nalfl' .■>i4 VitU'Ur* il i'ul prC:»f|UC
JULIEN. Ï19
tiorrassë par les armes de trait et par leis grosse»
pierres qu W dirigea coatré sa personne dans l'at-
taque de la citadelle de Périsa])or. Au momeut
d oixlouner Tassaut de Maogamalecha il en exa-
minait attentivement les fortifications extérieures,
Iprsque deux Persans , qui s'étaient dévoués pour
leur pays, vinrent Tassaillir à coups de cimeterre.
•Julien se couvrit adroitement de son bouclier, et>
d'un coup d épée dirigé d'une • main ferme et
adroite , il renverse mort à ses. pieds l'utï des
assaiibuis. « Maintenant, dit-*il, en marchant sur
« les ruines de Maogamalecha, nous avons fourni
«f quelques matériaux aux sophistes d'Antiochc. »
Dans cette guerre il s'abstint, à l'exemple d'A^
lexauth^e le Grand , de voir des vierges captives
dout on lui avait vanté les charmes. Ayant toiP*
joui's su se défendre de Famorce des plaisii s , il
disait souvent-, d'api es un poëte grec ; « La
« cliastt^lé est , à l'égard des mœurs , ce que la tête
« estxlans une belle statue, et que rincontinence
.« sufUt pour dépaier bi.plus belle vie. » Dans
cette même expétlilion , ayant aperçu h la suite
de rannéo plusic urs chanif aux cliargés de vins
excjuîs , il déiViidit aux chameliers do passer outre :
« Kiïi]^ok'tc7. , leur dit-il , ces soiu ces empoisonnées
.« de voUiplé et de déiiauche ; un soldat ne doit
.« point boire de vin s il ne l'a pris sur reiiriemi,
« et moi-mênic je veux vivre on soldat. » Lorscjue
l'aruiée ti'aversait des terrains inondes il marchait
à pied à la tête des légions, dont il voulait partager
toutes les fatigues.
C'est ainsi qu'en triompliant de lui-même et de
tous les oi)sta€les il ariiva juscpi'anx portrsde la
ville royale de Ctésiphon , défondue par les eaux
de l'Euplnate , par des mui ailles élevées garnies
de toui^s , et <riin ooté par dos marais iinpéuétra-
bles. La flotte passa l'Euphratc; par le canal pro-
fond que Trajan avait fait creuser autrefois entre
i^o BÉUSAIBE.
iiiriiîe 9 et dVssujettir ses soldats à une dîsdpline
sévère. QiiaraMe mille Persans 9 commandés par
Pérose ^ et «'uliardis pai^purs premiers succès ,
vinrent lui livrer Lataille. Bëlisaîre sut les con-
tenir un jour entier par ses habiles manœuvres ,
et le lendemain il retarda l'action jusque yers
le soir , heure à laquelle les Persans avaient cou-
tume de prendre leur repas. Les trouvant alors
afl'uildis par la i'aini , il les fit attaquer sur toute
la liîj;ne, et, apièsnn rude combat dont le succès
fut ion{:;~^|tes Laiancc, il remporta une victoire
complctei^PF
Laimëe suivante il fut moins heureux. Les
Perses s'étaient portés en Syrie pour s'empArer
d^Antioche : Bëlisaii^e , avec vingt mille hommes «
marclia au secoiu's de cette capitale. D'abord ses
mana'uvres rendirent vains tous les projets de
Teiuiemi ; mais bientôt les cris séditieux aes sol-
dats et rimpatience des officiers le forcèrent de
tête de Tinfanterie romaine 9 prévint une euti^^
défaite en mettant pied à terre, et en faisant voir
à ses troupes qu'il ne leur restait d'autre res-
source que Tinti épidité du désespoir. La nuît s^
para les conibattans , et les Perses , après ce
combat glorieux , rentrèrent dans leur camp re-
tranché. Cet échec 5 que iJélisaire avait prévu, ne
fit qu'augmenter la confiance que sa valeur et ses
talens inspiraient a ses soldats i mais les courti-
sans saisirent cettr occasion pour nuire à un gé-
néral (pii ne devait son élévation qu'à son mente.
Bélisaire fut rappelé parce qu'il n'avait pas rem-
porlé une victoire complette, et ce général, dis-
gracié , se vengea noblement en conservant le
troue à Justinien lors de la furieuse sédtl&jgui qui
éclata à Constant iuople en 532. Les insurgts *£-
KÉLISAIRE. i3t
H aient de proclamer Hypace empereur: Bëlîsaire,
ciécitlë à périr ou à venger son prince , se met à
la léte des troupes et de quelques sujets fidèles.,
il charge les insurge's dans le Cirque, en fait un
grand carnage , et en peu d'heures il rend la
tranquillité à Constantinople et la couronne à
Justinien. Ce prince , reconnaissant, lui donna le
commjindement en chef de Texpédition d'Afrique.
Cîelimer, roi des Vandales, avait usurpé le trône
de Carthage sur Hilderic, à qui il avait Fait crever
les yeux. Ce fut sous prétexte de venger Hilderic
que Justinien oi doiuia rarnienicut qui devait dé-
cider du sort de TAfrique. Il ne s'agissait de rien
moins que de chasser les Vandales de cette pro-
vince et de les replacer de nouveau sous la do-
mination de l'Empire. Bélisaire , qui n'aimait pas
les grandes armées , s'emljarqua seulement avec
six mille chevaux et dix mille hommes d'infanterie;
mais tel était le pouvoir dont il était revêtu , qu'il
pouvait exercer par mer et par terre une ajitorité
aussi absolue que celle de l empereur. La flotte ,
composée de cinq cents bâtimens de transport et de
quatre-vingt-douze vaisseaux armés en guerre,leva
1 ancre vers le milieu de juin 583 , et vint se ranger
avec une pompe gueriière devant les jardins du
palais impérial. Le patriarche Epiplsane donna sa
]>énédiction , l'empereur ses derniers ordres , et la
tjompette de Bélisaire annonça le départ. L'ex-
pédition mit aussitôt à la voile , au bruit des ac-
clamations et des vœux d'un peuple innombrable
qui couvrait au loin le rivage. Les vents con-
traiiTS ayant retenu pendant quatre joui's l'ar-
mement à Rhodes , Bélisaire y donna un exemple
remarquable de fermeté et de rigueur, en faisant
exécuter, sous les yeux mêmes de l'armée , deux
soldats , Huns de nation , qui venaient de tuer
uii de leurs camarades. Ces derniers , se croyant
outi âgés 5 se mutinèrent ; mais lautorité et l'é-
l«n|iirncc Ao Tîelisairc» 1rs firent bîfîntot rentrrr
«liuis Ui devoir; il fil sentir aux soldats rëiionuitë
du meurtre , l:i neeessilé de la justice et rinipoi^
(anee de la disoi]»lin(*. La (lotte, après avoir lou"
(*lié la Sicile ])our s(^ ra\i(aiLlcr, passa devant
Tile de Malt(s découvrit les caps d'Afrique,
lonp;ea les cotes , et jeta l'ancre à cinq journées
environ au sud de Cartha^e. Ilélisairc 9 voulant
éviter d'être attaqué en nuT, ordonna aussitôt
le débarqu(>n)ent , malgré lavis contraire des
(;én('raux , assemblés en conseil sur le vaisseau
amiral.
L'armée prit terre trois mois après son départ
de Constantino])le, et sVtahlit aussitôt dans un
camp retranché sur la côte. Bélisaire comniu-
in'((ue son activité aux travailleiu's ; dès le jour
mêm(> le fossé, achevé , fut entouré de palissades*
Li^ lendemain cpielques-uns des jajxlins des eu-
virons furent ])illés , et le général , aprèft le châ-
timent des coupables, saisit cette occasion légèrCf
Diais décisive , pour pénéb*er- ses ti^u]>es des
pi'incipes d'é(iuité , de modération et de saine
politique dont il était animé lui-même : «Lorscjue
« je me suis cliargé) leur dit-il, du soin de sub-
¥ ju^uer TAfriipie , j'ai inohis compté sur le
« nombre , ou même sur la bravoure de mes
« troupes y ({ue sujla disposition amicale des na—
« turrls du ])ays et sur la haine innnortelle qu'ils
M portent aux Vandales. Vous pouvez s(*uls m ôter
« c<; moyen de succès, si vous continuez à en—
« lf;v(*r de force c(; que vous ol>tiendriez aisément
V par une léj;ère rétribution. Quelle foliedccom-
« ))romettre v(»tre sûreté et de renverser nos
•< ( sj>érances ])ar une misérable avidité ! Votre
« salut dépend de votre modération. Celle-ci
« rendra Dieu propietî à notre cause , les Afri—
•c cains ailectionnés, et les Vandales faciles à vaiiv-
« crc. Alors seulement TAiriquc pourra rentrer
't«MM hî^ doiîiiliatidk de» Cëiars. » Tels favent *
ks faeureiu^ ^rffets de- la discipUioe établie pur
Bâisai]*e^ apé les habitàas de l'ÂÊriqae TioraDit
eBXrHoaJmès kn of&ir des' vivres en aboiidaDtee:^
mal ne prenait la ftiite, nul oe cachait ses' proi* ^l
vinons, ne fei*niait su cabane;- on eftt dit qw
Farmée traversait les terres de 1 jBmpire*
; Ne e<HHi^îs8ant poiiit la sitoation des éntieatti^j
Mlfarmée inarc^ veirs Garthage en ordre db
tataiflg, en côtoyant le rivage qu'elle avait à s9k
dfotteÂ-^Bâisaiiv , prenant pour modèle If» opé*
ratious'^le César snr le même théâtre , diriàeà lai ^
maircbe vers Leptis et Aâramète, dont lesJwOU^ -
tâns /^s'empi^ssèrent * à son apm^cidiè 'db^^ltf
0Éivrii^- leurs portes» La flotte enli^ longelot la
c&tef €t peroâit i^rèmait de vue IV^rimeii 4pât
fiiisait eoriron àùme milles-^par jour $ «t boànaâit
dM^pè'aràr des cau^ HttrandbiA bu des vues'
• Aimée k Grasse > palais des rois Vnhdalss»
' aitoé à seize lieues de Garthage , l'armée y &tïguëe'9
put jouir un moment de quelque repos , que pro«
Toquaient de frais bocages, des eaux ^limpides
et des fruits délicieux*
. Cependant Gelimer, roi des Vandales, privé
dNme partie de ses forces, qu'il avait envoyées
^ ia conquête de la Sardaigne , et étonné d'ailleurs
d'une attaque aussi brusque, avait fait le plan
de tourner l'armée romaine, tandis qu'Amatas>
son firère , l'attaquerait de firent ; mais ce prince ^
ayant commencé trop tôt son mouvement, fut
défait et tué. L'armée v€uidale , survenue après
cette première action , remporta quelques avan<«
tages sur les corps dispersés de l'armée victorieuse.
Bélisaire accourt aftfsS^ttot à la tête de ses gardes
et d'un gros de cavalerie au secours de ses troupes
en désordre; il met en fuite les Vandales et
leur roi Gelimer» et ramène b ivictoire sou«
fea drapeau]^
t34 BELISAIRE.
Le lendrinaîu ilinnrclie vri^s Cartilage , y arriye
à Tditiée de la nuit, trouve toutes \c^ portes
ouvcrtos, la ville illuniinëo, le peuple saluant et
appelant sou liJ)drateur t^ craucls ciis, et invo-
quant comme un dieu futëlaire Bëlisaire vain-
queur. Dans un discours y digne de sou caractère
<?t de la ciixonstance , ce gênerai exhorta sea
ti'oupes h ne pas souiller la gloii'e de leurs armes;
il fit ensuite son cntiëe triomphante au milieu des
acclamations publiques. Instruit que son amiral ,
Galonyine, commençait à piller les magasins et
les maisons voisines du port, il le réprimanda,
et le força de restituer tout ce qu'il avait pris.
Aussi , au moment même ou TAlriquc changeait
de maître et de gouvernement, le commerce de
Cartilage n était point interrompu; les boutiques
demeuiaient ouvertes et remplies dacheteurs,
et l(^'squ'on eut plaif^^.rJes gardes nombretises
les soldats se retirèrent tranquillement dans les
malsons qui huir étaient assignées. Le génie seul
de Eélisaire réprima les passions d'une armée
victorieuse dans un siècle oïl lusage et l'impu-
nité autorisaient Tahus de la conquête.
Ce grand homme occupa le palais des rois
vandales , et , assis sur le trône de Genseric ,
il reçut et distribua le butin fait sur les vaincus;
il fit grâce de la vie aux Vandales trcmblans qui
s^étaient réfugiés dans les églises. Les officiers
mêmes du monarque fugitit servirent respec-
tueusement le vainqueur dans un festin somp-
tueux que le prince vandale avait commandé»
La fortune réservai: îk Gelimer des revers plus
cruels encore. Après la perte de sa capitale il
avait rassemblé les débris : ; son armée fugitive
et de son camp , assis à qUitli')} journées de Car«
liiage ; il commença à insulter cette ville*
L'esprit actif de Bélisaire, qui, au sein même
du tiîomphe, savait prévoir' la possibilité d'ooe
BELISAIBE. i35
deBiîte 9 ne voulait pas que 1 Empire romain en
Afrique dépendît de la fortune des armes ou de la
faveur populaire. Les fortifications de Carthage ,
tombées en ruines pendant les quatro-vingt-quiîize
auiiëes de la domination des Vandales , furent rc-
leve'es: soldats, matelots, citoyens , encouraj^ës à
lenvi par les libëraLités de Bëlisaire, se livrèrent
sans relâclie à ces utiles ti^avaux , à ces mesures
de précaution que réclamait la prudence.
El efïot, Z-izon, frère deGelimer, revenu de
la conquête de la Sardaigne, parvint à opérer
sa jonction avec tous les guerriers vandales.
Leur roi marcha aussitôt sur Cartilage avec tous
ses soldats réunis , et dix fois plus nombreux
que les Romains.
Mais ceux-ci étaient commandés par Bélisaire*
Une seconde bataille allait décider sans retour
du sort de l'Afrique. Elle fut livrée à Trica-
mare , vers le milieu de décembre , trois mois
après le débarquement. Là ou vit encore le
f;énie de Bélisaire triompher du nombre et de
a valeur. Le combat parut indécis jusqu'au
moment ou Zazon reçut un coup mortel ;
aloi^s les Vandales prirent la fuite , et une
journée , plus honteuse que sanglante , leur en-
leva irrévocablement Tempire de TAfrique. Bé-
lisaire mena son infanterie à Tattaque du camp ,
où 1 armée victorieuse se rassasia de pillage ,
reprit les dépouilles de Tltalie, de la Sicile, de
la Grèce , et celles de Carthage et de l'Afrique y
tant de fois ravagées par Genseric. Les soldats ,
chargés de butin , quittaient leurs rangs et er-
' raient sans guide sur la route de Carthage ; la
victoire aurait pu changer de parti si l'ennemi
eût osé revenir. Pénétré de la honte et du
danger d'un pareil désordre , Bélisaire passa une
nuit pénible sur le champ de bataille théâtre
de sa victoire. A la pointe du jour il arbora soa
i36 BEUSAIRE.
di*a]>eau sur une coliint^ , imppela ses gardes et
ses vétérans , et rétaîilit p'U à peu dans soa camp
la souiulssîoa et la diseipLine. Il avait remporté
cette grande victoire avec sa seule cayalene et
par l'habileté' de ses maaœuvres. Il fut le pre-
mier, depuis Cesai*, «jui rendit aux Romains
Hiabitude de vainci'e dîes ennemis supérieurs en
nombre.
Après avoir détaché un corps de troupes à la
Soiirsuite de Gelimer, qui venait de se réfugier
ans le pays des Maures , Bélisaire prit ses ouar—
tiers d'hiver à Carthage, d'oii il envoya un oe ses
Séuéraux informer lempereur quVu trois mois
[ avait achevé la conquête de rÂfrique. Le seul
bruit de ses victoires (it renb*cr successiTement
sous robéissauce de l*Enipire les provinces les
5 lus éloignées : la Sardaigne et la Corse se ren-
ireut à im officier de Bélisaire : les îles de
]^Iaj orque et de Miuorque consentirent à clemeik<*
rcr des dé|>endances du ix)yamne d^Afrique»
Bélisaire . piir Tordre de lempereur , régla la
défense et Tadminist ration de sa nouvelle con-
quête, oii il établit cinq ducs. Toutefois elle
demourait imparfaite tant que Gclimer ne serait
point au pouvoir des vainqueurs.
(a*, prince s était réfugié avec sa suite sur le
mont l'apuas, niontii^ue escai-pée et presque
inaccessible , située à lextiémité de la l^nmidiCy
et habitée par des Maures alliés des Vandales»
Là 9 cerné par mi détachement , accablé bientftt
de misèi^ et privé de toutes ressources, il se
rendit à Pbaras , envoyé de Bélisaire, qui btt
confirma an nom de ^empereur les prome
iperei
de sûreté personnelle et d un traitemeat
lable. Lk roi vaincu et captif vint se mettre à
la discrétion de Bélisaire, qui le reçut avec une
sorte de pompe milibiii*e dans le fiuijKNirg d*AclM
«ù il a?«iit choisi sa demeure*
BEUSAIRE. i37
lHaîs tandis que le général de Justînîen *ou-
'tnettait TAfrique , ses envieux , ses généraux
i&émes assuraient avec perfidie , dans leurs dé-
pêches particulières, que ce grand homme, fier
(le sa réputation , songeait à se faire en Afrique
un état indépendant. Le héros, instruit de ces
bruits injurieux , et connaissant l'esprit soupçon-»
neux -de Justinien , sentit qu^il ne lui restait qu a
arborer l'étendard de la révolte ou à confondre
ses ennemis par une apparition subite h la cour»
L'innocence et Thonneur déterminèrent son choix.
Il fait embarquer ses gardes , ses captifs, ses
trésors ; une navigation heureuse favorise soU
trajet, et il arrive inopinément à Çocnstantinople.
Une conduite si franche toucha Justinien, dissipa
tous les soupçons , et la reconnaissance publique
fit taire Fenvie.
Pour couronner de s! grands exploits, Justi-^
nien renouvela un pompeux honneur qui , depuis
le règne d^Auguste , était réservé aux empereurs
et à leurs en&ns; il décerna le triomphe au vain*
queur de l'Afrique. Le cortège triomphal sortit
du palais de Bjzance , et traversa les principales
rues pour se rendre à FHypOfbaume , oîi l'atten-
dait 1 empereur sur un trône élevé. Au lieu de
se montrer sur un char de triomphe , le modeste
«vainqueur marchait à pied , à la tête de ses braves
compagnons d'armes ; tout le reste de la pompe
ressemblait aux anciens triomphes. On portait
devant Bélisaire les dépouilles des rois vandales ;
à sa suite marchaient les prisonniers, et à leur tête
Gelimer,vêtu d'une robe de pourpre et environné
de sa famille. L'admiration et l'attention pu-
blique se partageaient entre le héros vainqueur
et le roi captif, entre Bélisaire et Gelimer. Dans
l'un on contemplait le modèle de la plus haute
valeur , de la sagesse dans le conseil , de Isi
promptitude dans l'exécution , de la modestie
Tome IL la
t38 VEUSAIKE.
dans Icê plua brillans succès ; on TOjaiî cfi
lautFC un einnple éclatant de la fragililë (
trônes les mieux aiTcrmis. Le vainqueiir et 1^
taincu poriaîent égalnnrnt TempreHite de ]m
puissance, divine qui avait fait succomber Gelimer
«outcnu de cent soixante mille combattans, et
iait triompher Bëlisaire 9 qui n^en avait que seise
mille. Aussi, lorsque le roi captif entra dans le
Cirque, et quil aperçut devant lui Tempernir,
A droite et k gauche une foule immense cnie la
curiosité avait attirée 9 il répéta , pénétré oe ses
«léant, les paroles de l'ecclésiaste : Fmùé det
nfanités , tout n'est que vanité !
Justinien reçut le vainqueur dans le Cirque 9 et
peniétiia son triomphe en faisant frapper une
médaille qui s*est conservée jusque nos |Oiirs « ri
#ur le revers de laquelle on lit : BéiiaUrep ta fftw*
élcs Romains.
Ce crand homme fut déclaré consul poar Tan*
née suivante 535 , et le jour qu'il jprit poateisioa
de son consulat fut un secoiid tnompne. Forte
au Sénat dans une chaise curulé sur les épmdca
clcs prisonniers , il distribua au peuple pendsnfr
le trajet la plus riche partie du butin qn il avait
emporté d'Afrique.
Cette conquête ouvrit un vaste champ 11 l'am*
bition de Justinien , et prépara de
La célèbre Amaloxintfae , leur reine t
Théodoric, venait de périr par la pe
Théodaty son parent, dont elle avut^^Vf
faire un appui en lut donnant sa main
couromie. Justinien saisit l'occasion d# i
aeiisioiis domesticjues pour revendiquer lea
ilie*
de TEinpire sur l'Italie* Théodat, crai_
euacmi si redoutable 9 eiiaya la Toie dss
^LISAIRE. z39 -.
■ muÀM in[|irévu le.e lui fit rompre
JMU* d^ BAiwin avait mis k la Toîle poar la
ifiîcîlet Ma maaie de terre et <le mer pai'iit tout
Jk ooop devant Cato ne. Au lieu de solliciter dea
<BCOiir< da roi de* Gotha , les Siciliens obéirent
ATM-ieie k la première sommation de Bëlîsairc. '
falsrme, ifféÔAu par une garnison de Gu^ ,
«ffOM Mnle de la résistance. Bélisaire iutroduh -
«M Taineanx dani la partie du havre la plua
iTMMiie de la ville j et imagine, pour n'en empa—
*.Kr* «o majea. aiusi singulier qu'inrailUhle. 11
Ait liiwi I an sommet de ses mâts de hune ses
.dudonpea remplies d archers, qui , de cette jiost-
.tiaB Aewée, domineut et balayent les remparts*
XeihalntBiiStaccaM^s d'une grêle de âèclies,prea-
,BHlt l'^ponvante^ capïtident.
,t-. .Bdisâiremtra anssi dans Syracnse, réanissnnt
wnm la Sicile à l'Empire , dont elle avait élé loiig^
.JtaM* aéfêxée. Il 7 demeura le veste de l'hiver ,
jifjgnr avnrar sa conquête et pour mettre ordie"
^i^pyfern^aenteivil; mais les KoMnts laissés en
j Jitntpie • étanf révoltés , c«t événement înattenda
itri 1"'* '~ cours de ses desseins. A U jm—
mâèn nouvelle de la révolte Bélîsaire qqitte'ta
^.Sicâlet va débarquer à Carlluigeavec^atbonunes
.^oïaM de sa garde, et par sa présence aenle sanve
]a ville. Deux_ mille soldats, d'une fidélité sti9~
r .f«ete 1 reviennent soos les drapeavx de - lenr
...MMâea général, qui se met aussitôt en route ponr .
. ^^ler k ul poursuite des rebelles, commandés par
^■jlUtts. Il les atteint près de Membrèse , à six
n'isqvesde Cardiage.Hmtmille d'entre eux, tre^-
CUuM A son approcbe, sont défaits à la première
t fhaiMi" Ce rapide succès anrait rétabb la paix
■. «M Juriqne si BéLisaire n'eût été rappelé en Sicile
j appaÎBer une autre sédition qui venait
d'éclater parmi ses propres troupes. Les
dn commandement et les vertus de l'obéis-
740 BÉUSAIBE.
«ance ii*ei1staient plus €p^ dans le seul Bâisaire;
#on retour fit tout rentrer dans l'ordre»
Après avoir laisse des garnisons suffisantes à
païenne et à Syracuse, il embarqua ses soldats
h ftL>ssiiie y et prit terre sans réûstance à Reggio,
sur le bord opposa. Un prince Goth, qui avait
épouse la fille du roi Tbéodat, gardait cette
entrée de l'Italie; mais, regardant sa natioB
comme peixlue , il passa ayec ses troupes dans le
camp de Eélisaire , et pria le général romain de
le recevoir au service de l'Empire. La flotte et
l'armée ayancèrent jusqu'à Naples, sans se perdre
Srcsque jamais de vue pendant une route de près
e cent lieues, en côtoyant le rivage de la mer.
Jjes peuples de ces contrées, qui aibborraient le
vom et la religion des Gotbs , fiivorisèrent les
Romains. Naples , alors moins grande qu'elle ne
Test aujourd%ui, mais très-forte et défendue
par une noml^euse garnison, fut investie par
terre et par mer. Des députés du peuple se pré*-
sentent a Bélisaire pour le suppber ,de ne pas
s'occuper d'une conquête indigne de sesanneii
mais d attaquer plutôt le roi barbare en bataille
rangée , afiu de pouvoir réclamer comme conqué-
rant , après U yictoii'e , la soumission des villes
41t«ilie. « liorscj^ue je traite avec des ennemis,
« répond Bélisaire , je suis plus accoutumé à
« domier qu*à recevoir des conseik; du reste»
« je tiens d une main la ruine de Naples.» de
« i'auti^e la liberté et la paix , telles que je ]m
m ai accordées à la Sicile. » Naples était parturfe
en deux factions* Celle qui voulait se dâenor»
remportât Le siège durait depuis vingt joim» «I
la patience de Bélisaire était éniisée» car son
intention était de marcher avant Pbiver sur Bone
et contre le roi des Gotbs. . L'ordre de lever le
siège venait d'être donné; l'armée allait se nettM
en m^chC} lor^qu'up bu^ureux bawrd tint oftir
BELISAIRE. 141
à Bâisaire le succès - qu'il n'espérait plus, tin
soldat isaurien avait reconnu le canal desséché
d'un aqueduc , et il rapporta au général qu'on
pourrait s'y frayer un passage. Oh y travailla
secrètement , et quatre cents Romains péné-
trèrent dans l'aqueduc, et y au milieu de la nuit,
surprirent les sentinelles et enfoncèrent les portent
de la ville. L'armée entière y entra , et usa du
droit de la guerre , surtout les soldats huns , qui
se faisaient remarquer par leur cruauté et par
leurs sacrilèges* En vain Bélisaire parcourut
d'abord les rues et les églises pour arrêter le
massacre et le pillage : « Arrêtez , criait-il à ses
« soldats 5 c'est Dieu qui vous donne la victoire y et
« vous outragez la ma j esté divine par votre cruauté!
« L'or et l'argent vous appartiennent à juste titre 9
« comme une récompense de votre valeur; mais ,
« au nom de l'humanité, épargnez les habitans;
« ils sont chrétiens, ils sont soumis, ils sont
« nos concitoyens. Rendez les enfans à leurÀ
« pères, rendez les femmes à leurs maris, et que
« votre générosité leur apprenne de quels amis^
« en nous combattant, ils se sont long-temp*
« privés. »
Les vertus et l'autorité du conquérant sau-
vèrent la ville 5 dans un même jour les Napoli-
tains perdirent et recouvrèrent la liberté. Bélisaire
repeupla Naples , et établit en Sicile , dans la
Csdabre et dans la Fouille , des colonies de pri-
sonniers de guerre faits en Afrique»
Les Goths, irrités de la prise de Naples et des
succès qui rendaient Bélisaire maître de toute l'I-
talie méridionale , massacrèrent leur roi Théodat,
et élurent à sa place Vi tiges , guerrier actif 'dont
la réputation était établie sur des actions éclatan-»
tes. Vitigès , voulant différer les opérations d'une
guerre offensive , ne laissa dans Rome que trois ou
çpatre mille soldats»
Des députés du pape > du clergé , du Sénat et
1^4 BÉUSAIRE. «
IVUsaSroréstJut. nvc^do* fbixtnttfluproportioii*
n(Vs« dodofoiidre uiio mcrinti! de douie milkii
contjf coiit oinqtmnto mille burbireiu Déjà il mmI
iO|mro Iv» uuin» tlo Romo^ euvirouiK^là ville de
fort ilical ions « ot tVruio le Tibre «reo uite diatiie*
\a} mole ou ^'|>ulcn^ «rAdrîeu aervit pour la pre*
nuf^rc^ iois do citadolle. CImcuii des lieuteiuuit dtt
lVii$<iire tut clmi^ do la garde d*uue des portes
do la \illo. 1,08 ASsi^(i(osus uavsieut nU en Mb-
brasser toute la eircoufAtnice $ ils n investirent
({uo la {vartie couiprise depuis la porte Preneste
justpr^ la voie Flauùuienne « eVst h dire sept
portos au liou do quatorte* Décidas, le dix-nettp*
tîf^uio jour du M^go « ik livrer un assaut grfnëral^
ils uiaivlii^n'ut sur sept colonnes y pr^mltfs de
lours niacliiiu's %\o guoriT« A leur approche Bë-»
Hs;ùro lança lui<-iuèuie le premier IraiU Telles
(^taiout sa torce ot sou adresse • qu^il perça d*outre
eu outiv Tuu dos chots dos barbares qui se
trouvait le plus pr^s dos iTmparis* Un cri d*»»»
1)laudîssoinons ot do victoii^ retentit le long oe
a uuii aillo. IVIis<uiv diVoolia un second trait f
qui out le niouio suooi'^s (*t (|Ut fut suivi des mêmes
aooliiniatious. Il ordonna ensuite aux archers de
tiror sur b\s attolagos qui portaient les tonrs* A
1 instant les bcruts Inivut couverts de blessures
niortoUos , et los toui^ devinrent immoliiles*
Toutolbis lattaipio fuf pouss^^o vivement pair
Vi(i(;(\s pr^s do la porto PiTueste. LVspoîr de là
victoire otdu luitin animait les Gotbs» et si un seul
poste oAt cMéy les Romains et Rome elle niéme
fêtaient p<'nlus. Au milieu du tumulte et de Teb
froi R(<li8uire ne perdit pas un moment de tu»
l(* plan do rattsque et de la dëfensc| U observa
toutes los vicissitudes de lassant 9 calcula toualil
avantages possibles, se porta dans tout les eu-^
droits p(<rilleux , et ses ordres 9 calmes et dAïisib ^
îuspiri^rcut ii sc| soldats lob^issance et U ytu
f
BÉLISAIKE* 145
coui*age. On touchait à la chute du jour , et Ton
se ]>attait depuis le lever du soleil. Repousses
lie toutes parts, les Goths avalent perdu ti*eute
mille hommes , et comptaient un pareil nombre
de blessés; il leur fallut songer à la rcîtraife. Le«
KiHnains les poursuivirent en chantant h* nom efc
les victoires de leur général , et réduisirent en
cendres leurs machines. Cette journée tut la plui
glorieuse de la vie de Bélisaire ; Ronu^ lui devait
son salut. Le siège dégénéra depuis en un languis^
saut blocus , qui dura une anné(*. Dans une sortie
les Romains éprouvèrent un échec pour avoir
[>erdu des iiistans précieux et irréparal)ies danë
e pillage du camp des ennemis; mais la retraite ^
faite avec précipitation , fut couverte par la pru-«
dence de 15élisaire.
Ce grand liomme avait cherché par des soin*
assidus à garantir Rome de la famine , ])Juâ
teiTÎble que les armes des Gotlis. Drs grains
avaient élé tirés de la Sicile , de la Cam]>anie e^
de lîi Toscane. En vain rennemi sVmpara de*
aqueducs ; 1rs précantious de Eélisaire furent s}
heureuses , qu(» les eaux du Tihre continuèrent
à tenir les moulins en activité. D'ailleurs la ville
iiavant pu rli'e investie; tout entière , la navi-«
gation du Tibre, la voie Latine, les voies Ap-»
pif'une et Osfieime étaiont demeuiées libres; on
put introduire du bélail et des grains : c'était
aussi par là que se retiraient les hai)itans qui
allaient cliercher un asile en Sicile et en Campanie«
MaisVitigès parvint ii resserrer la place et à inter-*
rompre les connnunications, en étaidissant ver»
la voie Latine et la voi(i Appienne un camp
n^ti'anelié. Les magasins de llojne s'éijuisèrent'
insi^nsiblement , et dans 1rs derniers mois du
biége le jx'Uple fut (ixposé à tous les maux
de la disette (»t aux maladies contagieuses. Béli-
saire, inébraulahlc; reicU^ avec dédain l'idée d'unô
i^ BÉLISAllŒ.
toutes In discussions furent calmdcs, 1
oppositions lurent sucmonti^es par sa ferr,
ration. Mais ces nioniens de discorde a val
respirer les Gotlis. On venait de pm
saison précieuse ; Milan avait éià. ddtruil
l'Vancs, esLcJtes par tant de dcchirr;fnf
guerres , venaient d'envahir les provin
tentrjoiiales de Tltalie. La l'oi des Ootlj
lisairc lui-ni/;nie reclierchèrent Taniiti
allids dangereux. Les maladies contae^i
ayant i'orcés de repasser les Alpes , Bdl
8on(^ea plus alors quVi t/'rniîner sa eom
mit le sidf^e devant Auxiniuni , où il eût <
d'un trait si Tun de ses (gardes, nommé U
Feût garanti {;(5ndreusr'njent du coup j]
interr^fptant Ut trait avec sa main.
U fallait soumettre llavennes , sid^e d(
sance des Goths , et oli Yitiges s'était rëfi
les derniers appuis de son tronc, (^aud
eut investi oetU* capitale il ne tarda pas i
vaincre par lui-même que la famine ëta
moyen qui lui restAt de dompter Vo]
des barbares ; il fit (garder soigneusemeii
et la mer, et les canaux du Pô. Tandis qi
sait le blocus , il vit avec surprise deu3
Siideurs arriver de Constantino])le avec
de paix que Justinien avait impnidemm
sans consul tr;r son général victorieux. : <
arrangement }jonU;ux et précaire , qui j
l'Italie, et laissait au successeur de Tliéc
provinces situées au-delà du Pô. Daiu^ct
décisif Bélisaire , avec la grandeur d'i
véiilable |jr»mme detat, résolut de co
le danger ou de recueillir seul la clo
l^éiiéreusc désobéissance ; il rejeta le
pai tage , et déclara sa résrdntion de
Vi tiges chargé de chaînes aux. pieds
tiiileu. Lcd GOII10 9 élouués du sa fermeté
BÉLISAIRE. 149
rant comparer d'ailleurs la réputation et la fortune
de ce grand Lomme avec la faiblesse de leui* mal-
heureux roi 5 ne virent plus d*auti\î expédient poup
se conserver en corps de nation que d'offrir la
couronne à Bélisaire , à condition qu'il abjure^
rait l'autorité de Justinicn. Mais l'éclat trompeur
du diadème ne put séduire la loyauté d'un sujet
aussi fidèle ; sans accepter une of&*e aussi éblouis-*-
saute, il enprofita,et5Usant d'une politique adroite,
il se fit ouvrir les portes de Ravennes. C'est ainsi
que , vers la fin de Tannée 53*9 , il eut en son
pouvoir Vitigès, roi des Goths. Son inflexible
fidélité n'accepta de serincns qi^î ceux qu'on lui
prêta comme au représentant de Justinien, et il
ne fut pîs offensé d'un discours où les députés^
Gotlis lui reprochèrent d'aimer mieux être esclave
que roi.
Mais Justinien avait déjà prêté Toreille à l'en-
vie. Jaloux lui-même des brillans succès de son
général, il le rappela, sous prétexte que sa pré-
sence était nécessairie pour détendre 1 Orient con-
tre les innombrables armées des Perses. Bélisaire
df'vina les motifs cachés qui faisaient agir l'empe-
reur , et, feignant de ne pas les soupçonner, il
emiiarqua ses trophées à Ravennes, et vint prou-
ver encore sa fidélité par sa prompte obéissance.
Cette fois l'empressement du public fut son
seul triomphe ; les respects et l'admiration de son
pays suppléèrent aux faibles éloges de la cour.
Mais il fallait opposer le vainqueur de l'Italie
ù Chosi'oès , roi de Perse , qui venait d'envahir la
Syrie et menaçait la Palestine. Tandis cpie ce mo-
nar([ue superi)e suivait le cours de ses desseins
ambitieux, Bélisaire, avec une armée sans paie et
hiiiis discij)lin(», campait au-delà de l'Eupluate, à
six milles deiNisibis. IJ forme aussitôt le proj^4 d'at-
tirer les Perses hors de leur imjux'nable citadcîlle ,
Cïpcrant ensuite intercepter leur retraite et péud-
jSo BÉLISAIRE.
tivr clans la place arec les'fuyanb. Il f*(
il abord de la fortcrcsa^ de Sîaaccrane ; maii fes
piuii.s Koiit cleccmccTlds par Fîntrai table iadocilitë
d Aulhia», prince; anihc allie de Jtutinien | il &it
manquer Ir U.mpa d a^ir.
Cliosroès» crpoiuliiTit se rit force de Tenir dé-
fendre srs [>ropre» EtaU , et si les talens de Béli-
saîre eiiHMint éié Mt:oadds, il eût rempli l'attenfe
ficellerait* en faisant la conquête de Ctéaîfhon» Il
l'ut rn4;ore i appelé ù la fin de la campaoïe par
une cour l<»ujours in^^ratr* ; mais les daagert
lurent tels au p j 'i n temps de Tan i>ëc suivante y quTl
fiiihit le tenvo)'ei>de nouveau à la tête des troupes* \
Le héros , prcscjue seul , se rendit au canro avec one j
extrême; edléritd , dans l'espoir de suspendre par sa '
seule |>rés<.'nce rinvasion de la Syrie. Sesmanoro-
vres sur les liords de rKuphratc arrêtèrent en
eflet (Jliosroès , qui , feignant d'ouvrir une né-
^r>ciation pacifique, lui envoya des ëmissairet
•ous le nom d'ambassadeurs. Belisaire reçut avec
adresse; et avec <Ii(^nité , dans la plaine sitnee entra
lliéropolis et rKuphratc, les envoyés ou pIutAt
l(;s espi.ms du roi de Perse. Sa tente ëtait de la
ten'le la plus grossière , et offrait le modeste
4'<|uipaf);e d'un guerrier qui dédaigiiait le luxe
«le l Orient; les diverses nations enrôlées sous
ses drapeaux campaient autour de Ini , et l'art
avait dis[)osë rappur(;nt désordre de leur cam-
pement. I^i disposition des tentes cacha la
]iond)re véribible des troupes. Trompé par l'a-
dresser e;t intimielé par h* génie de Bélisairè, le
nie)nare|ue p€;rsan craignit une bataille êécUyft
dans un pays ifloigné. INe sachant point an jnite
qne;lles dtiiieint les forces d*un adversaire dont il
eonnaissait le mérite? , le* grand roi se hâta de re-
passer TKnphrate : Bélisairè le pressa et le har-
cria élans sa retraite'.
i\ ut-être la conquête de T Afrique et du rojNHuq*
BELISAIRE. l5l
des Goths est-elle mcûns glorieuse pour Bëlisaire
({ue cette yictoire sayaote , qui ne coûta point de
sang , et à laquelle le hasard et la valeur au soldat
ifeurent aucune part.
Tandis que Bëlisaire saurait ainsi TOrient , les
désordres et les inb^igues de sa femme Antoninar
lui causaient de cuisans chagrins domestiqués»
Pour mieux subjuguer son époux , cette fameuse
favorite de la fameuse impératrice Théodora
excita en secret la malveillance de Fempereui*
contre Bélisaire, De nouveaux nuages furent ré-
f»audas sur sa fidélité ; on Vaccusa d'avoir saisi
'occasion d'une maladie de Justinien pour parler
avec la liberté dun citoyen et d'un soldat. Rap-
pelé aussitôt , il put juger dès qu'il fut aux
portes de Constantinople que cet ordre n'était
f|u'une disgrâce. Sa suite , peu nombreuse et de
f»eu d'apparence , et son état d'abandon excitèrent
a compassion du peuple. Justinien et Théodora
le reçurent avec une froide ingi'atitude , et les
courtisans avec insolence. Bélisaire regagna en
tremblant son palais. Là, dans une agonie do dou-
Icm* et de crainte 5 il attendit bi mort 5 cpi'll avait
si souvent bravée les armes à la main. Des com-
niissairos dépécliés en Orient avaient ordre de sai-
sir ses trésors et de chercher des prétextes pour le
I rouver criminel. Enfinim message de rim]>ératrice
iiii annonça son pardon en considération d'Anto*
iiina, mais à la condition expresse qu'il se montre-
rait reconnaissant envers sa femme , non par dt;
vaines paroles, mais dans toute la conduite? du reste
de sa vie. Bélisaire jura d'être à jamais soumis aux
volontés d'Antouina et de l'impératrice. Il rentra
aussitôt eu grâce auprès de l'empereur, qui lui con-
fia de nouveau le commandement de 1 Italie et la
conduite de la guerre, avec le titre de comte du
pabiis, après avoir piélevé toutefois sur sa for-
luj*e pjrs de trois millions à litre d'amende. Sls
i:;2 BLLISAIRE.
iiiuIk i'.t mtnnv. Iv. ]Uiupl(\ dlaîent persuodtff cpi'tiiM;
lois Ijoi'h de lu cupiliili: il lirait eclaU;!* iMst vérita-
lilcs HciitiiiiniH, l'I, (|iril Hucrififïniit à nu jwileirtn»
^o.iitiv.rMi fViiiiiif;, riiii|)(^rMlricc*9 et {M!ut-étre l'em*
^wrrur* On M! Li'oiiipuil; mi loyauté inviolable
jiiinit toujours au-dcttHu» du caractèro d*iin
J^i jaldiiKir de In cour de llyiuincfî Payant forcé
de Lai.sHcr la (:oii(|ii(H(; dtt l^llulic iinpurfaîti; » son
l)nis(jiiiMli*|»art. avait raiiinid Iccouruufs dtisGotluiy
«|iii , SOUK II! coiiiiniiiidffiiK'iit i\v. Totila^ viiiiaieat
^H'CKfjuf; d'y rrlahlir leur doiiiiiiution» Bdliiairo
accrpla, mai» aveu: r<f|Mi^ijnric(*, lu liirrikliî tâche do
rcparrr les riiiilf*HdeH (;(^iidruiix(|uiruvaif*iit reni-
|»la('<*. La iiKTiltait ouverti; aux JioitiuioB,ct Dell-*
hiïtvr. entra diiii.s If; port df; lluvcfiiiic's à la tête
d'uni; i'nilAc. cxpcdiliun. J)i; là il i;nvoya dc% ordret
plutôt (|ui; d(;KH('(!ourH aux ville» qui tiîiiaieiit c«ii-
c'on; pour ri!ju|>in% il manquait d'hoinm/ïs,
«runiiffH, df; clirvaux et d argent, ou plutôt il
était déuu(^ dn tout va cpril faut pour la guerre.
J'oussc; à Ijout pur Ich d(;laiH, trompé dans toute!
av.H chihUhuci'H , il rrpa.ssc la mc;r Adriatique f et
8ilt(;n(l à J)yj-riif'liiuni Tarrivc^ïe de quelqucH nfu<«
lortM. IIh parurruL rnlin , vl iUUihairo vint dé-
Jiarqiirr rrn li^t à rrfudxnurlnuv du Tilire , )>Our
M(;('ourir Jioim; ussir^^ilc. Totila avait ru soin de
)iY'\mn^v (U'H olmlarlrs di^ni;» d'un t(*l adveituiire ;
V. Tiln'f'f^fail frrniil par un«; i'ortc' chaîne* et ({ardé
pur iU'.H l(nir.s. lUfljhaire lornu; l'entn;priM! hai^
di(; <\('. f'orccT ton If 'H Ich hurrièn;»; il remonte
if; J'iln-f; avec uni; flottillf?; mai» tteii lulena et sa
2;a^('.sHf! Kont rcnduK inutile» par lu négligence* i*t
rinipf^i'itie de ISuiMar , (^onverneur de Uoiue. Béli*
ffiiiff fut ffircé de H'arrelf;r , et, diuis ce seul iiiS'
.liinL de sa vie, il (il paraître quelque éttiotion de
hurpiisf; et de trouble. Kn proie k une lièvre ar-
dcale cl presque mortelle, ovcusiounéeimrleaanp
1
BELISAIRE. i53
Soisses de son esprit , il donna h. regret l'ordre
e la retraite , et Rome fut abandonnée sans pro-
tection , à la merci et au ressentiment de Totila.
Ce prince , inexorable à l'égard d'une ville qui
avait arrêté pendant si longtemps le cours de ses
victoires , préparait des feux et des macliines pour
renverser les plus beaux monumens de l'antiquité,
et changer Rome en un désert : les remontrances
fermes et modérées de Bélisaire suspendirent
l'exécution de ce dessein destructeur, et Rome fut
conservée, .
Après avoir placé une armée d'observation à
peu de distance de la ville , le roi des Gotbs mar-
cha avec le reste de ses troupes en Laconie et
dans la Fouille. Bélisaire , profitant avec habileté
de cette diversion, tourne avec mille cavaliers
d'élite les retranchemens des Gotljs qui couvraient
Rome , taille en pièces les ennemis qui osent le
combattre , et pénètre encore ^une fois dans la
ville étemelle : elle attirait encore les regards du
monde. Bélisaire y rappelle ses troupes , et l'a-
mour de la patrie ramène sous l'étendard iuipé-
lial , qui flottait au Capitole, tous les babitaus que
lu (Icau de la guerre avait cloigués. Le modeste
vainqueur envoya encore une fois les clefs d«
llonuî à Justinien. En vain Totila arrive de la
Pouille à marches forcées pour venger sa honle
ri son injure; en vain les Golbs donnent trois
fois un assaut général ; trois fois ils sont repous—
s('S , et ils perdent la fleur de leurs ti'oupes.
Tout c(M[uo pouvaient faire le courage et l'habi-
leté availété accompli par Bélisaire ; c'était à Justi-
nien à terminer par de vigoureux eflbrts la guerre
entreprise par son ani])ition; mais , soit indolence ,
soit jalousie contre son général victorieux, il le
laissa dans l'épuisement, et lui ordonna d'établir
le théâtre de la guerre en Laconie. Ce grand
homme , dont ne pouvait triompher la puissance
. 154 lîliLISAlRE.
(1rs linrlNiiTA, fut pour ainsi dire vaincti <
i'( lt(! {^iiriTf; i^ii<»l)l(s par la (IdsoLëîssancc rt
la lâclK^N* i\v. la plupart dv nnn gcliiérniix» A
dvu\ rxprdifioijs iiifViirhirtisf'S le vaiiujui'iir di
U\\\v. Iaii(;iiif. fiiron* (piflipu* triiipH saiiH f;lo
dniiH rimiclion, iiisi|u iisori japprJ,(|u*ii obtint c
a})r('H la nioif (le rini]imilrit*r>.
Ses df-rni^n*K cantpa^nf*» auraient (lu afTa
la jalousie dr ses coiitcMnptcurs, qu'avait ir
Icrlal (le; ses prcinirrH rxplnits; mais dans <
)iitlr(!ontr(! la l'orlnnc il])arut aux vrais appn
tciH's d(ï fa ç;Ioirr plus (^rand rapttaînr^ (|U au
inriit. nirnur on , traînant deux rois captifs de
le tronc i\i*. Jnslinicn, il («(ail parvenu au
liant point de prosp(*i'it(Ç et de honhrur» LV
ririiee avait nniri sa sa^ess(*9 mais sans pouvc
garantir des coups du sort; il avait cclinpp
{«laive des liarhares, et il fut fk la v(*ille de toi
sons le fer d\nie |)oî^ii(!e de conjures (|ui vrn
de le d('sip;irer ronime la prenii(?re vîelinie h
nioier apn\s reni]»erenr. Ce danger le rend
moment pins elier à son prince, et T^(^lisairep
iM'poser lie ses Iravanx dans le ninj; (Hev
conife dn j)alais el de ^^(^iHM'al de r()ri(!nt. M
ji'avail pas lon<!iié<'n(u>rean terme de ses (ïx pi
son rep<»s el. sa vieiilrsse lïirent illustrés par
drrnière vieloire ((ui .sauva IVmpeiTiir et s
]iilale*
( If* in t eon ( i*e 1rs Rid^a rrs, ces nouveaux et n
failles ennemis <le I KnipirccpieVélisaîrereui
(!edernier(!ti;lorieii)i Iropln'e. Le Danube ayai
fvl(^ ik une f;i'a nd(! profondeur p(^ndant ITiiv
55(; , Zaber(;an , (!hei'deH Bulgares etdesKsrln
fraversa les fleuves, franchitensuitcli'Btnont
s'ins opposition, ser(*pandit dans la ]V1ac<fdoîne
la 'nira<*e , et nieuaea (!onstantinoble. Les tr
im|H'riales ('taient dispersâmes : Justinien trri
1^'s I égards du jniuc(r el les espcranees du p
BÉLISAIRE* id5
80 portèrent sur Bëlisaire. It était alTaihli par les
aiioécs; mais le danger public lui rendit toute sa
vigueur; il reprit cette armure sous laquelle il
avait subjugué Cartilage et détendu Rome. On
rassemble à la hâte les chevaux des écuries im-
périales , ceux des particuliers et même du Cirque;
] eu nés gens et vieillards, tout s^anime au nom
de Bélisaire. Une armée de citoyens se range sous
ses drapeaux et vient camper en présence d'un
ennemi victorieux. Le lendemain la cavalerie des
Bulgares commença Tattaque. Le vieux héros
avait embusqué deux corps de cavalerie d'élite ,
qui , sortant des bois tout à coup , tournent les
ennemis et les prennent en flanc. Le chef des Bul-7
gares, qui sentit aussitôt la main d un maître , bat-
tit en retraite et cessa ses attaques. Bélisaire l'au-
rait poursuivi si les ordres de Justinien lui eus-
sent permis de compléter sa victoire. Lorsqu'il
rentra dans Constantinople les habitans , encore
pénétrés des dangers qu'ils venaient de courir , le
reçurent avec des acclamations de joie et de re-
connaissance dont ses envieux frémirent et lui
(ii'fut un crime. A ' son entrée au palais il fut
accueilli par un morne silence, et l'empereur,
après l'avoir embrassé froidement, même sans le
jrjuercier , le renvoya se confondre dans la foule
des courtisans.
DiMix années venaient de s'écouler après ce
dernier exploit 9 lorsqu'en 56 1 une "conspiration
contre Justinien se forma dans le palais , et réunit
les pins vertueux et les plus vicieux des courti-
sans. L'indiscrétion d^un complice sauva les restes
de la vie caduque de Justinien. On découvrit et on
arrêta les principaux conspirateurs. Sergins, Tun
d'eux, séduit par l'espoir de conserver ses jours,
accusa deux officiers de la maison de Bélisaire :
ils lurent arrêtés aussitôt , et la torture les porta
il déclarer qu'ils avaient agi d'après les secrètes
i56 BEUSAIRE.
instructions de leur maîti'e. La postérité n*apa ad-^
meltrc qu'un bëros si fidèle y après ayoir dédaigné
dans la vigueur de Tâge les offres les plus propres
à tenter sou ambition et sa juste yengeauce, ait
songé a conspirer contre la vie d un prince auquel
il ne pouvait lotig-tenips survivre. Bien ne put
troubler son innocence ; il avait assex vécu pour
la nature et pour la gloire, et il parut devant le
conseil avec moins de frayeiu* que dVndignatioD ;
sa contenance fut noble et sa résignation parfaite»
On i avait déjà jugé coupable, et, pour iliumi*
lier davantage, on feignit de lui laisser la yîe pa^
grâce; ses biens toutefois iiirent séquestrés 9 et» à '
compter du mois de décembre jusqu au môia de
iuillet 564 , son propre palais lui servit de prison.
Enfin, son innocence fut reconnue et avouée pu->
bllciuement ; sa liberté , ses biens et son honneur
lui furent rendus. Mais cette persécution acca-
blante avait miné la vie du vieux héros; ses jours
furent abi égcs sans doute par le ressentiment et
yiiv la douleur , et huit mois après que son inno-
cence fut reconnue il termina sa glorieuse car-
rière. *
Au lieu de funérailles , au lieu de monumenA et
de statues que la reconnaissance pidjlîque aurait
dû lui décerner, Tinjustice le poui^uivit jusque
dans la tombe; un décret impérial confisqua ses
))ieus et ses trésors , dépouilles des Gotlis et des
Vandales. 'Al est, d'après le fragment authen-
tique de Malaca et la chronique exacte de Nico—
))liane , le récit véi'itable de la disgrâce de Bélisaire
et de ringratitude de Justinien. 11 est reconnu-
maintenant que la tradition qui représente ce
lic'ros privé de la vue et mendiant son pain dani
les rues de Constantinople nVst qu'une fiction
})o[nilaire, un conte moral répandu en Italie au
douzième siècle, et adopté depuis six cents ans
avec confiance, ou plutôt avec intérêt, comme
BEUSAIRE. 1S7
1 étrange exemple des vicissitudes de la for-
no. Un contraste si frappant a saisi l'imagination
»s poètes et des artistes, et Belisaire a toujours
é représenté mendiant, aveugle et misérable,
ais depuis que la critique a épuré 1 histoire,
•us les écrivains judicieux se sont accordés à re-
lier cette tradition populaire. Elle doit son ori—
[ne à Jean Twdzès , auteur sans jugement du
onzième siècle , qui dans ses récils a con-
»ndu la disgrâce de Jean de Cappadoce avec celle
5 Belisaire. Il est constant que ce héros ne perdit
oint la vue , et qu'il recouvra au contraire sa
^putation et sa fortune. Ainsi , tout semble avoir
)acoui*u à donner plus d'éclat au nom de liéli— .
lire, et ce nom ne périra jamais. Dans un siècle
e servitude le respect et l'admiration de son
ays le vengèrent de la méchanceté des courti-
iQS et de l'ingratitude de la cour. Tout à la fois
bëral et juste , il fut aimé des soldats sans perdre
affection du peuple. Quelque part qu'il se mon-
tât dans Constantiuople , soit au Cirque , soit
ans les rues, soit dans les lieux, publics, soit à la
)ie des troupes , il attirait et charmait les re-
ards ; ses manières douces et gracieuses \a ren-
aieiit cher à la multitude. A l'armée il se plaisait
fournir lui-même de l'argent et des secours aux
lessés et aux malades ; ses visites affectueuses
ontri huaient encore plus que les remèdes à la
nérîson du soldat. La perte d'une arme ou d'un
iieval était réparée à l'instant par sa généreuse
ttention. La marche d'une année commandée
ar iiii enrichissait un pays au lieu de ra]>pauvrir ,
t telle était la discipline rigoureuse de so*à camp ,
lie ses soldats n'auraient pas dérobé une pomme
e dessus l'arbre , ni ouvert un sentier dans un
liauip de blé 5 aussi , à l'ombre de ses drapeaux ,
,* cultivateur vivait dans la tranquillité et dans
iS8 EEUSAIRE.
laliondance : « Nous sonimrs les gardes deslalxm»
« iTUi s, clîsuit Cl* u;i*aiul homme à ses soldats ; dm
« arnicu rst iViiv ])oiir protéger les campagnes et
a non poui' irs i avuçer. » Au milieu de la licence
d(> In vîc luiiitaire il se montra toujours duiste
et 8ol«rc. Eu vain lui oflraitr-on les plus beUes cap-
tives de la rare d(*s Gotbs et de C€*Ue dt*s Van-
dales ; Ijélisairt* dtHoumait ses recards de leurs
cliarmcs , et y aussi continent que le premier des
^>cipion , jamais on ne le soupçonna aavoir aimé
d'autre ienmie que la sienne. Il lut , il est Trai ,
un des maris les plus faibles , comme un des plus
ci'ands hommes qui aient jamais existe ; mais nous
devons éviter de décrire ici avec complaisance 9
comme Tout fait tant d'écrivains d après Procope,
les disgiaces conjugales du vainqueur des Gotha
et des Vandales. Il suffira de dii*c que, souvent
trompé par les lannes et les séductions d^Anto-
nina, il la crut innocente; qu'ouvrant enfin les
Tcuxsur ses désordiTS, il la trouva protégée de
la faveur et de toute la puissance d une impéra«-
tricc altièrc > et qu'il redevint époux faillie et
doeiJc.
Mais , en ne considérant que le héros et non le
jouet d'una femme artificieuse 9 nous le voyons »
au milieu des périls de la guerre, montrant de
Taudace sans témérité, de la urudence sans hési-
tation , de l'inipétuositc ou de la lenteur selon que
le commandent les circonstances ; nous le voyons
conserver l'espérance ou la feindre au denier
terme de l'adversité ou du malheur, et paraître
fûniplc et modeste dans la plus haute fortune»
Plus guerrier au'homme d'état, et, dans Tordre
politique, né plutôt pour ohéir que pour com-
mander, il se montra toujours ferme dans ke
revers, et ne se défia que de sa proqpérilé* Quoi*
qu'il ait égalé ou surpassé même les ancieDa
BEUSAIRE. iSç
maîtres de l'art de la guerre , sa maxime Êivorite
était de ne jamais risquer de bataille quaad on
pouvait réussir saus tirer 1 ëpée . Eu un mot , son
miérite , sa fortune , sa puissance et ses malheurs
en ont fait le personnage le plus intéressant et lo
plus célèbre du Bas-Empire»
Tfio NARSÈS.
NARSÊS,
GJLiSliftAL DE L'EMPIRE D'ORIENT-
J^'iiTfiTOTRK n'a pu pprrrr \rn ((fiiiMirrs qui en—
vf'|op|K'nL lit piidif! ri rori(;iiir* Ar. cvi (funiiqtie
faiiKMix, l(! Hciil \u'ul^(*.lrv. tU: m clatfM* infVir-
liiiKrf* qui mûl piirvrnii t^k m: fuirr; un nom ilhistri».
l'ilmii^cr, prlsoniiicr de f^urrnï , rHclav<î danA le
])alaiH iiiiprrial t\v. OoiiHlaiitinoplr*, nt d'un nxié^
rieur rcpoiisHaiit , il H(;nil)lail. (pu; In fortune fît la
nattin* ne lui vmhm'.uI prilparif nur dm olwtaclcf;
iiiain datiH un v.ovyn (;rf^l(!, Taibln vt d'une petite
Hlahirr, INarHrH rat^liaif, rAiitr; d'un lionnnn d^dtat
vl Vvtwv{!(îi' iVutx héros, l'iard d'ahord nu dernier
raiif; du palais impérial, ri voui^ an «ervice du
\\i\v i\vH IriiinirH, il passa nn'fwpio toute sa jeu-*
nrsse il uianirr Ir ruscaii, l 'a if^u il In et In navette*
y\fi milieu de rrs Iravanx indignes d'uni; âme
i'\v.\r,v , Narsf'H ex erra il M^rrl^UimOnt les facultés
d*uii rspril plein de vigueur et de pdndtmtioD*
Quoiipie sans aucune U^inlure drft lettrei y et
«•(ranger aux Heien(!eH, il montrait pin a dliabilet^t
plus fie vrai savoir, plus dVIoquence que Tëillica-*
fion n'en procure aux lionimrs onlinairei* U
seiilil sa l'orée, et voulut s'dlnneer hor» (|c la
sphêrr; élroife et commune où tout semblait l6
roiidiimiier U une ét^*riirlle (dMcnrilë^ Un aënie
f'IeiKJii r\ i^rofond , un sf*nM droit et infaillible y
igic aclivifc sans inqui(;lude9 toujoui'» guidée pay
NARSES. i6i
la prudence, la connaissance de lui-même, des
Lonimcs en général, assurèrent le succès de ses
premières démarches. Il lui fallut sans doute un
peu d'intrigue et de manège pour s'élever de la
condition d'esclave aux. premières dignités du
palais ; mais Narsès dut bien plus encore à son
propre mérite les faveurs de la fortune»
Il s'éleva par degrés , et devint successivement
garde des arcliives , grand cliambellan , trésorier et
favoii de Fempereur Justinien. Ce prince prêtait
Toreille avec surprise et avec satisfaction aux
mâles conseils de son chambellan et de son tréso—
rici^ privé. Ce fut dans quelques-unes de ces
conversations familières que le génie de Narsès se
décela , et que Justinien put juger lui-même
des heureuses dispositions de son favori pour la
science du gouvernement et même pour l'art de
la guen-e. L empereur lui confia d'abord quelques
ambassades , où les talens de Narsès se perfection-
nèrent et parurent dans un plus grand jour.
En 532 , lors de la fameuse sédition de Cons—
tantinople , il n'était encore que chambellan ; mais
clans le conseil il appuya les avis énergiques de
rijnpératrice Théodora , et ses propres émissaires
soumirent à force d'argei^ la faction des Biens.
Narsès , faisant éclater pour la première fois
son courage martial , anima les soldats , se mit
à leur tête , fondit ainsi que Bélisaire sur les fac-
tieux , et , de même que ce grand homme , assura
par sa fermeté le trône à Justinien.
Bientôt après , au grand étonnement de tout
l'Empire , du sei'vice domestique du palais et de
ladministration des revenus privés de l'empereur ,
Nar^s parvint au rang de géjiéral , et dans cette
noble carrière , qui semblait si incompatible avec
sa cojulition et ses emplois , l'eunuque éga-
lera un jour Bélisaire lui-même , dont on l«
veira devenir Témulc et le rival de gloire.
Tome IL J4
Après aTofr coaqu» rAfrN|ae sar les YaadUcs^
Seliiaîre eatreprenait alors (538) dnpvber les
G«)tb» de lltiik et de iFalre rvmtrer ce berccm de
la paii9am:e romaine sous la domioatioa de IXoft-
pîr*?. LVatrv prise était dititicile. JiBtînîen diarj^
>arkis «i* jmener à sdq £:éaéral en chef on renfort
«Le deux miiie aaiilizin^s Hernies oa LomlMrdket
ciat[ mule ho aimes îles plus braves trwipes d*0-
rieikt. Narsès de barque nans le Pîcentiny et Tient
opérer sa jonction avec Belisaire à Fîrenum * phce
maritime de Tltalie. Mais . arrÎTé au camp > il se
trouTe comme à Te trot t dans un rang subalterne >
et veut être plutôt le collègue que le sobor—
donué de S4in i^êueral : îL affecte même F^nlité
cie rang . et se montre plus dispose à conunander
<{u u obéir.
Ljl conduite de Narsès fit soupçonner <|iilt
était sec rètr ment autorise à croiser les Yues de
Eeiisaire. Quand ce «zéne'ral proposa dans le
coui<.il deiiTOYor une partie de 1 armée an
secours de Milan, et avec le reste d*atttqner It
place dX^'bain , Nai*sès combattit ouTertement
cette proposition. Cé^ait, à son avis > mal em*
ployer les forces romaines que de les destiner à
préserver luie ville et ^conquérir Tautre* Bélisaiie
sentit les consei]ueuces de cette opposition. Uol^
jectaque rompre le concert , si nécessaire ausnecès
d une expéilition impoi*taute . c'était se priver de In
victoire , et que diviseï* les forces romaines c^était
les anéantir 3 puis, croyant réduire- Narsès an
silence , il produisit une lettre de rempereoT
cp'il avait jusi^u alors tenue secrète » et cju
déférait à lui seul le conunandement en dief*
jVIais , tout en subordonnant Narsès à Bâianre 9
Justiiiien ajoutait : « ^taut qiie cela pourra être j
•< avantageux au service de 1 état. » Narsôa prît j
de ces dernières paroles un prétexte pour éluder j
ks ordres de lempereur; et d'aprè».ce droit inr
lin îl se montra coDstainment d'un avis
isé à celui de S^lisaire. Il ne consentit même
ree répugnance au siège d'Urbain , cl , médî—
dès lors une séparation , il sonda les dispo-
sa de ses partisans et des soldais du corps
ittùt'eous ses ordres. Les Héndes, auxiliaires
ntbbles, lui étaient dé voHés. Sûr detitraîner
'Ms drapeaux dis mille Roniains on soldats
éiétês, Narsès abandonna son collègue pen—
fo'unit , et se mit en raiirche pour aller feïre-
nnquéte de la province on les Goths avaient
li le centre de leur monarcKie. Son premier
tfit fut la prise d'Imola; il prit aussi mie.
îe de l'Eniili»,
^WDdaiit il était k craindre que la mésiiW .'
Knce qui venait d'ttclaler eub'e le général
*ef et le favori de Jnstiuien n'eiitminât l«
e des attires, de l'Ëmpir» en Italie; mais
•aire , aidaift par sa lêrmeté que par sa cons—
«, triompha de cette rivnlité. Narsès fut
mI^ aux fonctions domestiques du palais ,
^e rien pourtant pitt alTaiblir son crédit
pès de l 'empereur» En favori prudent et
Fré , il continua de jouir de la confiance
ne et de lu conversation lamilière de sou
rerftin ; les cetirtisans lui surent sré méi
otr osé lutter contre le génie et lascendant
lélisaire. Dès lors Narsès nourrit en secret des
jets de grandeur et de gloire qui n'attendaient
I pour éclater qn'ime occasion/ favorable ;
ne se présenta (lue donze ans plus tard. A
e époque les services de E^isaire ayant paru
i utiles en Orient, l'empereur sentit le besoin
I général capable d'achever !a conquête 'de
die , que le premier des {généraux romains
ît laissée impaiTaile. Loin de demander ni de
ïcitcr le commandement , Narsès prit le
j62 KARSÈS.
Aprt^ avoir conquis l'Afrique tar les Vandales i
Bclisaire entrcproimit alors (538) d'expulser les
Ijoths (le Llbilîc et do. faire ivntrer ce lierceau de
la puissance roiiinîne sous la domiiiatiou del*Em-
Sîrp. LViitivpriso était diflicile* Justinien cliarge
larsès d'amener ik son |;dn<^i*al en chef un rcnfoii
de deux mille au^iliniresHctndes ou Loinl>ardS) cl
cinq mille hommes des plus l)raves troupes d'O-
rient. Narsès d^lKirc[ue dans le I^icentin , et vient
opérer sa jonction avec Bëlisaire à Firenum y place
maritime de Tltulie. Mais , arrivé au camp , il se
U*ouvc comme à Télroit dans un rang subalterne i
et veut être plutôt le rolli'^^ne que le subor-
donne de son général ; il afTecte même l'égal! le
de raui* , et se montre plus disposé à commandei
<[\ili obéir.
La conduite de INam*» fit soupçonner qu*i1
était secret(*mcnt autorisé à croiser les vues de
liélisaire. (juand ce {général proposa dans h
cons(;il denvoyer une |>sirtie de Varmëe an
secours de Milan ^ et avec le reste dVttaquer la
piaec! dUrliain , JNarsès combattit ouvcrtenienl
"Celle proposition. (Téliiit, à son avis 9 mal em-
(»loyer les l'on^'s romaines cpie de les destiner l
préserv(*r une* ville et ^conquérir Tautre. Bélisairc
sentit les eonMMpiiMices de cette opposition* Uob-
jecla ({uc; rompre le concert , si nécessaire ausnccèi
d\nie expédition importante , citait se priver de b
vicloin; , et qiu* divisf^r les forces romaines c^ëtaî
les anéantir 3 puis, croyant réduire- Naroit ai
fiileiuïe , il produisit une lettre de rempereui
qu'il avait ]us(pi'alors tenue secrète t et ^
déléi-ait h lui stîul Icï conunundcaicnt en^ clief
jVlais , tout en subordonnant Morses à Btflisrire
Jnslinien ajoutait : « Aftittuit que cela pourra étn
•< aviinta^enx au servie«î de rélat- » Narsôf prî
de ces dernières paroles un pi'étexle pour élude;
ks ox'drcs de rcmpcicuir ; et d aprè» ce droit inr
NARSÈS. i63
certain îl se montra constamment dW ayis
opposé à celui de Bdiisaire. Il ne consentit même
qu avec répugnance au siège d'Urbain , et , médi-
tant dès lors une séparation , il sonda les dispo-
sitions de ses partisans et des soldats du corps
qui était sous ses ordres. Les Héniles , auxiliaires
redoutables , lui étaient dévoués. Sûr d'entraîner
sous ses drapeaux dix mille Romains ou soldats
confédérés , Narsès abandonna son collègue pen-
dant la nuit , et se mit en marche pour aller faire
la conquête de la province où les Goths avaient
éta1)li le centre de leur monarchie. Son premier
exploit fut la prise dlmola; il prit aussi une
partie de r£mili«.
Cependant il était à craindre que la mésin-
telligence qui venait d'éclater entame le général
en chef et le favori de Jnstinien n'entraînât la
ruine des affaires de TEmpire en Italie; mais
Bélisaire , autairt par sa fermeté que par sa cons-
tance , triompha de cette rivalité. Narsès fut
rappelé aux fonctions domestiques du palais ,
sans que rien pourtant pût affaiblir son crédit
auprès de l'empereur.- En favori prudent et
rései*vé , il continua de jouir de la confiance
intime et de la conversation familière de son
souverain ; les courtisans lui surent gré même
d'avoir osé lutter contre le génie et l'ascendant
de Bélisaire. Dès lors Narsès noumt en secret des
projets de grandeur et de gloire qui n'attendaient
plus pour éclater qu'une occasion / favorable ;
elle ne se présenta que douze ans plus tard. A
cette époque les services de Bélisaire ayant paru
plus utiles en Orient, l'empereur sentit le besoin
d'un général capable d'achever la conquête 'de
l'Italie , que le premier des généraux lomains
avait laissée imparfaite. Loin de demander ni de
solliciter le commandement , Narsès prit le
tiompn tous le» chIcuIb de» GOU10 en Miuit.
nv mirer Htm ariiidc uvc*c prdcaution le long «le
lit oolo iiiiirîtiiiHs taiidis que sa flotte 9 peqdant '
la iiiuirlir , jclitif. siuH^rsHivainfnit des ponts de
]mi(*Hiix aux fiiilMMicliiirrs des flntvos qui tomlient
dans TAdt iali(|iir au nord de Havennes* L'armée
iMtlirrr ^a^ua colle villf! sans essuyer atioiuie
pcrliu Ku pasHaut )u*ès îles lacunes de* Vcfniie y
^arM^s Hanêla drvant l'île de lUulto; là, aprii j
avoir adrr.Hsd h Dieu dc^s pri£>res soleuiieU09« »
il fil vcrn de liatir deu& églises s*il obti*nait la
victoire. Il nrsla ni^uf jours h Rttvennes pour J
j'ashcnililer 1rs déhris di! Tarniée i|u*Hvait rom-
niandée liilliMairr; puis il nnirclm vers Ritilini 9
jesolu flr i-(^|H)iidn* Naits ddiai aux insultantes
provocafiouH (l<* reuucnii. Mais il iallait pasaer le
îi('tiv(>, douf (ou.H US p(»nfs avaient dld rompus par
Ir.H (■o(:li8« (pli ddiriidaiciit Taulre rive avec de
iioMil:i'cuii delarlirnirnti de ea valerie*
Nars(>M, il la félr des siens , donne le siannl et
fotrr Ir pa.sHa(;n tiia!{*id Ions lesefliirts dUdrislaSi
(pii roinn)an<lail dans Uiniini. O* eupîtaine goth f
dans une eliar^r , lonihr sons les eoups d*un soldat
romain , «pii loi rcnipr aussitôt lu lAleetla porte
h \ai'si\s : u Vous voyeK , dit ee cdaéral a ses
« soldats, vons voyc» (pu* la Vrovidenee à notn?
« insu eondnil nos hias el dirij^e nos coupSt »
11 l'ait passer aussitôt !«; fleuve h toute rannde
inijulriale , et, sans entrer dans Rimini» continue
sa uni relie vers lionie, dvite ki voie Flaininienne
el la forteresse dit Pntrii , ne voulant pas s'amOi"
si>r ^ prendrtr des plares, car tel éfiiit son prifi-
eipe favori , «pi^nu* linlaille gn{«néH bit tomber
If's lenipatt.s et dispense de pUisieui*S siëgSSi
J)'antres motifs peu I aient en(*ore Nurses k accé*
Irni' le nionient d*un(* Imlaille déeisivot L*arinrfe
<prii eonitnandail «^tait le d€*niier effort de
ll:lnipirc, et k» liuis di; cbu^iie jour augnim-
NARSES- 167
taîent Teinbarras des finances ; d'ailleurs se»
troupes, nimasde diffërentes nations, semblaient
impatientes du frein de la discipline , et pouvaient
tourner leurs armes les unes contre les autres»
Au contiTiire, le roidesGoths aurait trouvé sort
intdrét à traîner la guerre en longueur ; mais ce
prince avait h craindre Tesprit de révolte de ses
sujets et les embûches de la traliison ; il résolut
en <^n$éi{uence de connue ttre son royaume au
liasard d'une seule jom'née. Tandis que Narsrft
continuait par Lano sa marche savante , qiiMl tra-*
▼ersait en li^ne droite les collines d'Urbain et
reprenait la voie Flaminienne près du lieu où est
maintenant Ac|ualogne , Tutilà , informé de son
appi'oche , l'appelait Téia et rassemblait ses
ti'oupes aux environs de Rome pour marcher au—
devant de Tennemi.
Los deux armées furent bientôt à la distance
de <leiix cents stades Tune de Tautre, près de
Tigina , aujourdlmi Pagina, vers le Metaïu^o ,
entre Urbain ot Ferrombronc. Dan» un message
hautain Narsc's offrit aux Gotlis , non la paix ,
mais un pardon; l(*ur roi répondit qu'il était
décidé à viiincre ou à motirir. « Quel jour fixez—
vous pour le combat ? lui dit le député de
Narsês, — Le huitième jour , répondit Totihi. »
Mais dos le lendemain au poiut du jour il
essaya de suiprendie son adversaire, qui, soup—
çoimant un piège, s'était préparé à la badiile.
Au centre Narsès avait placé les Iléruios ou
Lombards, ot à chacune de sos ailes huit mille
llomaius ; sa gauche éti\it couverte par quinze
cents cavaliers d'élite. Du poste qu'il avait
choisi, à la tête de l'aile droite, il parcouiut
les rangs Ti cheval , exprimant dans ses paroles
et dans son niaintici la certitude de la victoire ,
et excitant ses soldats à punir les crimes et l'au-
nlace iuscnsée d'une buudc de brigands; il leur
f
«:ij>|iif' sur
^a«; 2 mm-: c'.Ki.ltart tnù
-iv v-vBo l'*:\î^ui- lut tffii
.V.V.VA !<•* Aun
i-.: <l iUrit9>iiitt
:.H..-luit ■ U (
iW Odtli». roi
t >4rs>'«a\uit(l
iturmliuilorict
, -iw». «\t d'ouvrii
NARSES. 169
Ae Lagiiin , aujourd'hui Ijentagîo , et leur 4'oi
Totila , perce d'un coup de lance , alîa expîrer
finns un villacçe voisin. Les vainqueurs retrou-
vèrent son coi']>s 5 et les députes que Narscs
envoya innncdiatcinent à Constantinople pour
annoncer son triomphe offrirent k Justînien la
cuirasse du roi des (rotlis teinte de sang, avec
sa coiuronne enrichie de pien^eries. Assis au milieu
du Sénat , Justinien vit déposer à ses pieds les dé-
pouilles dW prince digne d'un meilleur sort.
Narsès , aussi grand après la victoire que pen-»
dant la ])ataille, et nullement e'bloui d'un sliccès
si éclatant , en rapporta toute la gloire à Dieu ,
et partout sur son^^ssage fit retentir les églises
d'actions de grâces et de louanges. Il combla les
Lombards d'éloges et de récompenses , mais , ré-
solu en même temps de se débarrasser de ces auxi-
liaires féroces et dissolus, il les fit escorter d'une
manière honorable jusqu^aux frontières de la
Pannonie.
Instruit que Téia , guerrier actif et intrépide y
menait de succéder à Tc^ila , et qu'il rassem—
Mait à Pavie les Goths échappés à la défaite ,
Naines envoya ses lieutenans vers les bords du
Pô , afin de couper le passage aux fnyards qui
accouraient pour joindre leur nouveau souverain.
Prenant ensuite le chemin de Rome avec Je reste
(le sa re<loutable armée , Narsès mit en passant
garnison dans Spolette , dont il fit relever les
murailles. Il prit Narcis et Pérouse par com-
position, et il investit Rome au moment même
où ses généraux traversaient la Toscane en vain-
oueurs. Il marqua autour de la vaste enceinte
de Rome les divf^rs postes que lui oii ses lieute—
* Dans devaient attaquer par des attaques simulées
10U réelles. En même temps il observait en
silence le côté mal gardé ou d'un accès facile
> par oîi il comptait pénétrer.
Tonie IL l5
Î70 AAi\si;s.
\i l(*i forlKiriitliiiis fin iiiôlr «rAiInrii nî crilm
fin port nr pnrrnt iiirrlri' l(»n}^-lf'inps Ir vain-
ipH-ni' (!(':i <>(»llis ; il piil possr.ssiiMi t\r Hfiiur, vi
Jns;iiilf'n irrnt ( iicorc nnr fuis les rlrl's <lr rctti*
iinrinnir (-iipiliiir ilf 1 l''.tn]nrr, cinij fois prise f-(
irpilM' MMis son ir;;n('.
Di'pnis liirn <lrs sirrlrs on n*iiviii(. vu <!<* ptrri'P
ru Jtiilir roinlnitr iivcr pins d iiiiriiKiiiif* rt dViH
sfinhlr ^ ni <lr {;rn('i'iil ^^^»p^('ll* «•}. ohi'i plu)
univrr'Ki'lif'nH lit t\\iv iNaisrs. l'rrsoiiiir 11*0^11! le
4-f>nln'(lin* ni lui if'sîslrr; tons ms lifnti'iinii» Ir
MronHiiirnl à Trini, |n-cnvr rcrlninf? «pi'îl ron-
Hiiissait. Tari de sr ronrilifft|àanioiir ri la vKur-
i.ition (!( s snii.ilIrriK's. I^InTIiincs rsprils iiiHliii*
v\ siitjiiipH'K cssii>rrf'n( dr Ini iippliipic*r If s cpi-
^niinnn s de Clodiru ronirr Knîropr ; ninift il
l'iircnt liirnlôt t'oi-i-fis dr rliaii};ri' dr langn^r , r
i\r i'f'lrlnrr anssi la saf;f*ssf* , la drxhirité vi IVv
Irilnir hravonrr de rrninnpn; ^n^^^i^r• Lf*B en-
lu'inis nn'nHK , rpii , à rouvrrlniT dr la cuiiipHgiu
NVtairiil nio(pn*s i\r kî^ |irrsoiiiir et lavairiit rv
piTsinlr coininr nnr rsprrr de iiioiiHirc aur
lidicnlf (\\ir r.iir , rrciiiiiuirnit , opirs nvoi
rp|-on\(' la l'or<c dr son hia^;, i|nf! itI niiiiiipif* cl
palai.N tU' <ionstantiiniplr avait i'anm d'un livmx.
r. filait il C.nnn's, cliâtran <lf la (!uiii|faiiir,'fo
lilif' par Tntiiu v\ conlif* à la ^a^flf' dr. ii€»ii l'ri'i
Aii^<'rn< <|iH' If's (iolji-; a\aifiit. l'fiiiVniié lu plt
p,iandf' partif fie Icnrs rirlicssfs. Mursès cnvo
.imsitôt nnf flivision i\v Sfni uriiirc pour fu
nui' If* sif'^f flf rt'lli! inrtrn.*Hdf!« Pour lu
ipn* fie pins ^rantls soins (KTU]N*iit | îl poi
Ir rfstr di' Tainn'i' à Koini.! , oii lf*9 divrn
if'volnlions fTnnr si Ifni^nf ^nrrrr avnirnt co
innipn la pnlif'i* vl Ifs inn'urs; il déploie lùru
d.nis If- (;(Hivf'rn(>nii'iit de cftlr rapiUile rt f
prnvIiHfs fontpiisfN Ifs talfus (1^111 adtiiîiiistr
Uni i-tliiui'} cl la vigilance d'un capitàiiiie pi
NARSES. 171
voyant ; toutes les branches du service pu])lie
il leê or^àmsey il les surveille avec un soin admi«-
rable.
Cependant le nouveau roi des Goths, alarma
du siège de Ciunes , gagne par des marches
rapides et secrètes les côtes de la mer Adria-
tique, et vient en Campante par le Piconum et le
pays des Samni tes. Narsès, informé de sa marche y
rappelle ses lieutenans , i-assemble toutes ses
forces 5 et va camper au pied du Vësuve. Le Sar-
nus ou Drano , qui de Nocera vient tomber dans
la mer de Naples , séparait les deux armées*
Soixante jours se passèrent en combats partiels
livrés sans résultats. Enfin le roi des Goths »
abandonné par sa flotte , prêt à manquer de*
▼ivre, et voyant Narsès maître de la mer, des*
cendit de la colline avec la noble résolution de
vaincre ou de mourir les armes à la main. Il fond
à Timproviste-sur Tarmée romaine; le cond)at
est d -abord tnmultueux,' puis les deux armées se
«épurent comme de concert , et, reculant quclquei
pas pour se ranger en bataille , elles se chargent
ensuite avec une fureur égale. Le roi des Goths
fait inutilement des prodiges de valeur ; les disr*
positions de Narsès étaient infaillibles. Téia ,
jKîrcé de dards et de javelots dans le plus fort
de la mêlée, mourut avec honneur et non avec
gloire. Malgré la perte de la bataille son armée
fidèle , espérant venger son trépas , recommença
Je combat le Lendemain. Une nouvelle défaite
accabla les Goths et les força de souscrire à. la
capitulation honorable que Narsès leur fit pro-
poser , et par laquelle il leur permettait de rcsi-»
der en Italie comme sujets ou soldats de Justi-
nien , ou de se retirer dans un pays indépendant.
Tels furent les résultats de la bataille du Vésuve :
ils auraient assuré la possession de l'Italie à
Narsès ; mais quelques villes résistaient encore »
l5*
17% nARSÈS.
i*\. Ao% cmirmis pin» cluncfîreus qiift les Q|Dfhi
éUiont à la vrille de venir lui disputer fl^^tn*
qnétr;.
Au liru rie 8\irr('lrr h couler les doiiceurg
cViine victoire nc]ir(<^e par de si pdiiiblea eflorts^
]Narfiè8 mureliti droit à Ctimes pour faire m jonc»
fion avec 1rs troupes qui en avaient commencé
le 8ié{^e. Cunirs , située sur uu rocher eflcarpë.»
dtjiit alors la plus forte place de lltalie ; elb^
renlrruiait ce cpie les (Voilis poss^daîrnt de plM
prérlriii[ , les restes de l(>iir arnicfe et de lenri
rieliesses. Nars<'S ordonna plusieurs nttauuei;
juaÎK elles furent infructueuses; il fit pratiquer
oUu's une mine dans Tantre large et profond creusé
par les nuiins de la nature, et où la sibylle arait
autrefois retulu ses oi*acles* Lorsaue Je pan de
la muraille (pii portait sur toute la caverne ne '^
fut plus Kouti'ini rpie par desdlais» les mineurs j «
mirent le feu et se sauvèrent à la hflte* A peine ^
furent-ils à l'ahri , que les murs, les tours et une [
partie de la ville s'éci'onlèrent h la fois a^ao
un fracas liorrilde, et couvrirent de leurs déWs
toute la pente de la colline. Les Grec» s'^i
daient à pénetrcT dans la ville sans aucun
(aele ; mais outre les fondrières, les prëcipm^i
les escar|M'mens, Unit de ruines amonpelëei «fil^
niaient un renqiart aussi dilYicile à franchir que
la uni rai Ile nulnie. Cependant Nars^, profitint
de Teffroi des assic£;cs , lit donner l'asiavC de
Tan Ire coti; d(î la placée : ses trou|)es y trcwifirenti
d#*s fd)st»cles invincibles. Kebutë de tantd'r
inutiles, Nars«>s ordonna la retraite; «il
Ini-meine que la place ne serait jamais \
de vive force, et, apprenant dailleura qn*i
eKSîilin de Francs venait de descendre pv^
alpcs iUutiennes dans les plaines de l'Italii
ricurr, le* vaiiic|ueur des Gotlis résolut de
une puilic de ses troupes pour tenir GttnM'
NARSES. Î73
qiiec , et avec le reste de se transporter en Tos*
cîitie, pour ne pas abandonner cette belle pro-«
vince aux ravages des barbares. Les forces qu'il
laissa devant Cumes enfermèrent la place d unje
circonvallation , et ç;ardèrent avec soin toutes les
avenues. Nai'sès marclia à grands pas vers la
Toscane 5 Pise , Flor(»ncc et les places mari-
times lui ouvrirent leurs portes; mais Lucques ,
déjà au pouvoir des Francs, osa soutenir un
siëge. Ainsi le vainqueur des Gotlis allait avoir
encore à disputer 1 Italie à un nouveau déluge
de guerriers de la Gornianie.
Aprt'S la mort de Totila et de Téia les Gotbs ,
voyant leurs affaires d^espërées , avaient eu
recoiu's à Tbéobalde , l'un des successeurs de
Clovis , dont les états étaient plus à la proximité
de l'Italie. La conduite de ce prince fut insidieuse j
il n'accorda pas aux Gotbs des secours directs;
mais, de leur pro]>re autorité , Lotbarès et Bucelin ,
deux frères allemands de nation , et cliefs prin-
cipaux des troupes de Tbéobalde , amenèrent
une armée puissante en Italie sous préitç^tte de
marcber au secours des Gotbs. Ils navrent
en vue de sei'vir ni les Gotbs ni les babitans de
ri ta lie ; leur unique dessein était de s'emparer
de cette contrée , de laisser les deux partis s'af-
faiblir et se consumer, alin que, l'un étant abattu,
ils pussent accaJ^ler lautre par leur propre poids ,
sans avoij* Jjesoin de so fortifier du titre d'alliés
lies Roniaijis ou des Gotbs.
Lolbaic'S et Bucelin venaient d'envabir tout
le pays qui est situé entre les Alpes et la mer de
Toseane. Des Jors lltalie entière se trouva
divisée entre les (xotbs, les Grecs et les Francs ,
tîois nations dont cbaeune avait son territoire,
ses provinces et ses plac^ps fortes. INlais les Godis,
df'piiis la défaite de ïéia , se trouvaient bors
d'état de se relever eux-mêmes , e». sa^is la for-»
17% WARSJiS.
#>t. flou mnrmis pi un cliinc^rnix qni^ les Qofhi
é\Mvni \k la v^ilif! (U; yv.nir lui dUputer s^'^Mi*
qii /*;£!?.
Ali lirn fin ft\irr/*ff!r à conter Ira doiinmn
fVuniî vinloircî wchvlvi*. pnr «c fti pifiiihles cflorts,
!Narft^H inarrtm droit à (ininffs pour Mvf. m jonc*-
fion avrc: 1(^H l.roiipf^H qui rn avaifïrit commiïiic^
le flidf^r^ CiimrK , Kilnrn sur un rcM^hf^r eacan>é »
t^f^it. dlor» la pliiH forf/! place df; J'ICalir j rlle
n^nrf'riiiait a; cpie lo» (îroilig pofls^daîrnt <b* pinf
pi'i'cifriiK , |f!H n'flfi'H dr lr:iir arnino rC de leiiri
rirhcsHf'S. NarHf*» ordonna plimicurfi nitaqiir*»;
fiiaJH vWv» rnmit infnirluoiisfîs; il fit pratiquer
alor8 iinr ininrrdaiiM Tanlnï large et profond oreiim
par Ir'K inaiiis de la nature, etoîi la sibylle arait
aiifi'ffroÎH rendu Mr% oracles. I^iorsqnc le pan de
la nuira il le (pii portait sur toute la caverne ne
fiitplu.4 Hoiif/Miu que par deB^ïtais, les mineurs y
mirent le feu et se sauvèrent à la hâte* A peine
fnrent-ilH ii Tahri , que les niiirs, les tours et nne
pHi'tie de la ville Herronlèrent à la fois avec
un fnietiH liorrihie, et couvrirent de leurs débris
foufr la pente de la ccdline. IjCs Grecs s'atten-"
daient h pc^nétrer daiiH la ville sans aucun ok^
tarie ; mais outre les fondrières, les prëcipicea,
IcH eK4'ar|N'ii)eii.H, huit de ruines amonfïclëes fior-
niaient un rempart aus»i dilYicile ih franchir que
la muraille même. Cepciidarit Narsès^ pjxifilant
de Teffroi des as»ié{;éH , fit donner l'aMHMit de
Taiitre vMA i\v. la place ; ses troupes y troairèrent
df H obstacles invincilden. ReliutlS de (antd'eflforU
inntiles, Narses ordonna la i*etniite ; 'il jogieA
Jui-méine que la place ne sera it jamais eiDportéB
i\v vive force, et, apprenant duilleura qu*iui
essai m de Francs venait de descendre pu* les
nl|)f s niufieniieH dans les plaines de rilaliêiupé-i
ri<Mirr, !(• vaitupienr des OoUis rdsolut de kiiicr
uii(; |KU'iic de SCS li'oupci^ pour teuir Cuvei Uo^**
NARSÊS. 173
qiTPC , et arec le reste de se transporter on Tos-
lîiiie, pour ne pas abandonner cette belle pro-
vince aux ravages des barbares. Les foixîes qu'il
laissa devant Cumcs enfermèrent la place dune
circonvallation , et t];ardèrent avec soin toutes les
avenues. Narses marcba à grands pas vers la
Toscane 5 Pise , Florence et les places mari-
times lui ouvrirent leurs portes 5 mais Lucques ,
déjà au pouvoir des Francs , osa soutenir un
siëge. Ainsi le vainqueur des Gotlis allait avoir
encore à disputer l Italie à un nouveau déluge
de guerriers de la Germanie.
Apres la mort de Totila et de Téia les Goths ,
voyant leurs affaires désespérées , avaient eu
recoiu's à Tbéobalde , l'un des successeurs de
Clovis 9 dont les états étaient plus à la proximité
de l'Italie. La conduite de ce prince fut insidieuse ;
il n'accorda pas aux Gotbs des secours directs ;
mais, de leur propre autorité, LotJiarès et Bucelin ,
doux frères allemands de nation , et cbefs prin-
cipaux des troupes de Tliéobalde , amenèrent
«ue armée puissante en Italie sons pré»t(yttc de
warcber au secours des Goths. lis n'avbîent
vn vue de sei*vir ni les Gotlis ni les habitans de
l'Italie ; leur unique dessein était de s'emparer
de cette contrée, de laisser les deux partis s'af-
fuîi>lîr et se consumer, afin que, lun étant abattu,
ils pussent accabler Tautre par leur propre poids ,
sans avoir liesoin de so fortifier du titre d alliés
des Konuiins ou dos Gotbs.
Lc»tbait'S et Bnceliii venaient d'envabir tout
\v pays cjiii est situé entre les Alpes et la mer de
Toscane. Dès lors l'Italie entière se trouva
divisée entre les (roths, les Grecs et les Francs ,
tîois nations dont cbac.une avait son teri-itoire ,
SCS provinces vl ses places fortes. Alais \os Goibs,
depuis la défaite de Téia , se tr/^u voient liors
détat de se relever eux-mêmes, et bUsis la Ibr^
I
■ ■
j Francs, vl loutos noux pressées vivomni
Karsos. Luo({ik'S soutint un siégp long et \i
Il reu\* La place avait 6\é bloquée araiit l'ar
I «le Nnrscs. et !<*» assiégés étaient convenus
t<ii rendre s'ils nVtaient pas secourus clans le
|||1 «le trenlc jours; ils a raient mrnic liTre des ot
dans IVspoir de Toir bieutôt paraître la
«entière iU>s Francs. Le terme expire sans cra*s
= M I secours ait paru ; ntiiis la p^rnison et les nal
^ "' refusent de se soumettre. Irrité de cette înHd
iNarsès lait toutes les dispositions pour un
taque sérieuse ; ses officiers lut conseillent i
I 'I de sn ven^r sur les otages. C*esi ici qu^écl
* * ' modération et la sagesse de Narais ; trop hi
pour fa Ln* tomber sa cob>re snr det înnoce
•: ; Ij i ae. contente de faire craindre ce qa'il aurs
' . |« ciécuter selon les droits ut} la guerre : il on
"l'i^ <l amener à la Tue des remparts de LiicqtK
,^j H la tête de son armée, les ôtaj^ cbarg
t chaînes, l(\s mains attachées derrière le de
suivis de soldats la hache leTcc. Un si triste
. lac le attire sur les murs de la tîIIc tous les
] ' tans , qui pous» des cris Umenhibles , c
NAR5ES.. 17^
précipiter du haut des murailles pour mourir
avec leurs enfaus , avec leui^ époux infortunés»
Alors Narsès , faisant signe de la main , k Vous
m méritez , crie -t— il aux assiégés , vous méritez
« de perdre ceux qui vous sont si chers; mais il
« serait indigne à moi de les faire périr ; je vous les
« rends. » £t aussitôt, donnant l'ordre à ses soldats
de tirer leur épée , « "Voilà, dit*-il, sur quoi j 'ap-
te puie mes succès , hien plus que sur vos sermens
« et sur vos otages. » En même temps il les fait
mettre en liherté , et les renvoie dans la ville au
milieu des transports de la joie puhlique*
Ceux— ci ne cessèrent d'exalter rhumanité et la
générosité de Narsès , de proclamer ses louanges ,
et de disposer ainsi les hahitans à la soumission;
ils firent sur les cœurs les plus obtinés une im-
pression plus vive et plus favorable qu'on n'aurait
pu l'attendre des efforts de toute l'armée.
Narsès faisait- encore le siège de Lucques
lorsque Fulcaris, l'un de ses meilleurs lieu tenan s ,
s'étant avancé sous les murs de Parme sans aiAune
précaution et au mépris de ses instructions , fut
entièrement défait pai* un corps nombreux de
Francs commandé par Bucelin. ï'ulcaris paya
de sa vie son imprudence. Accal)lé sous le nom-
bre , il aurait encore pu se sousti'aire par la fuite
à une mort presque certaine ; ses cardes l'y
exhortaient : « Et de quel front, leur dit-il , mé
présenterai— je à Narsès ! » Poussant sou cheval
dans la mêlée , il tomba presque aussitôt , la tête
fendue d'un coup de hache. Cette défaite n accrut
pas seulement la fierté des Francs ; elle leur pro-
cura encore de nouvelles forces : les Gotlis, dis-
persés dans l'Emilie et dans la Ligurie,accourureaf
de toutes paj'ls pour se joindre aux vainqueurs,
L( s fuyards portèrent Ttipouvante dans le camp
iinpciial. et les î^it'ncnuix croyaient déjà voir
cf-ttc uiie'e ùViiiicinis foudre sur Icnr tête. Narsè*
1-8 ^A^lSÈs.
au service de Jiistiiiioiu IViiiIaut son sâour à Kî«
iiiinî un parti i\v dviix mil le Imrbaivs cfe ramiée
(le Bucelin vînt porter le di^sonlit^ jiiâqiraux
portes (le la ville. ^îîirsès^ te'nioiu de leui^s otfvacH
tatious, nioute aussititt à che\al , se lait suivre par
trots cents de ses ^ar(l(*s, et ti^ouye IVnneiui rangé
en bataille et à eouv(*it par une c^misse forêt*
11 parvient à l(*s attirer dans la plaine vn doiuiaut
Tordre h sa ^ai'de de sînuder une relraite sans
confondre l(*s ran^s. Aussit()t les cavaliers loumeiit
bride :> Narst^s à leur t^'le . et les barbares, les
crovant (*n déroute , s^ëlaneent lun*s de la Torvt et
se nu*ttent sans ordre i^ la jioui^uite des Grecs ;
ils se flattent déjà (]ue cette rencontre va tenui—
uer la guerre par la prise de Karsès. A peine
sont-ils éloi^iu's de la Tor^t, (pic les gardes font
\ol((*— taee et cbar^^ent m bon ordre I(*s barluires *
dont la cavalei'ie prend aussit(»l la fuite* L'infan-
terie « eÛVavée et surprise, se laisse massacrer
sans résistanee. I-(\s Francs perdii^cnl neuf cents
boninns, et leurs iu^ards, couverts de honte et
de blessures , rejoignirent le gros de leur aimée «
et y port<^'iviit le diH^ou rarement. De retour
à llavennes, ISarsès apporta tous ses soius et toute
sa |Hév(»yaiuM» à s assinn r l(*s fruits de ses victoires*
et il alla ensuite (einiiner rbi\er ii Rome* S<'a
soldais ne b^ passai tut point dans l oisiveté »
ebaipie jonr^ dapiès les îiistruetions et IVxcniple
de Karsès, ils (iiisaitMit IV^xereiee «i pied et h
cbeval, s'aecontuumnt à olu^ir au s(ni de la ^tun-
pette et à oécuter les pas et l(*s cH'oluUonsde la
dans(* p\rrbi(pie* A Ton ver tu n» de la campagne
l\ars('^s rassendila ses trinipes aux environs de
Home, on elles CorimVent une ann(5e de dix*4iuit
mille cond>at(ans. Les barbai es, stuis bicouduîCi^
(l(* llui^elin, apii'S a\oir péuélié, le bni^ du golfe
A(biati(pie, jnscpran détroit de Sicile, et tout
ja>at;é sur leur passade, s'a\unccivnt IcuteuN'ut
NARSES. 179
rsTÉ Capone , an nombre de trente mille hommes.
Le chef cLrs Franc»., décidé h combattre Narsès 9
s'établit sur le pont de Casilirum, et couvrit sa
droite par le Vulturne. Les bannières de Narsès
sapprochèrent bientôt , et ce général , quoique
inférieur en nombre , vint camper de Fautre
côté de la rivière • Les deux am^^ , en présence y
se rangeaient chaque jour en Vitaille sans en
venir aux mabis ; l'espérance , la crainte , et
toutes les passions qui s'élèvent et se combattent
tour à tour à la vue d un grand péril , s^gitaieut
également les deux partis. Toute Vllalie atten-
dait avec anxiété Tissuc do la bataille qui devait
décider de son sort. Ce fut dans les opérations
ti^anquillea qui précédèrent ce grand événement
que les talens de Narsès se monti'èrent avec
le plus d'éclat ; ses habiles manœuvres inter-
ceptèrent les convois et les vivres des çun^mis ,
les privèrent de l'avantage que devaient leur
donner le pont et la rivière , et le laissèrent
maître du chpix du terrain et du moment de
Taction. Le jour de la bataille , lorsque les rangs
étalent déjà formés , il apprend qu'un des princi-
paux chefs des Ilérulrs vient de tuer un de ses
domestiques pour ime fîiute légère. Narsès s'arrête
aussitôt , et ordonne qu'on amène devant lui le
jueurtrior : « Ce serait attirer la colère de Dieu
« sur nos têtes , dit-il , cpie de combattre sans avoir
tf ]mni un tel crime. » Et aussitôt il fait exécuter
hî coupable dtvant toute l'armée. Une si prompte
justice lévolte les Hérules, qui, pleins (le dépit,
jettent leurs ai*mes et refusent de marcher au
combat. Narsès , sans chercher à les. appaiser ,
s'éci'ie au milieu du bruit des trompettes : « Qui
« veut vaincre me suive. Si les ilérules ne se
•t hâtent de gagner leur poste, ils perdront les
K honneurs de la victoire. » En même temps il
marche à l'eimemi. Les Hérules méritèrentl)icu-
ifîo N A lis lis.
tût \M\r lour valfMir i\\\v Narsc'^» ouIiIiAt Ir^w
(U*s(il!(Mssanrr. \aVA FraiH^s s'nvançaioiit Av. Umr
voiv Siuis la loi'iiio criiii (rîaiiclr. Leur prv-
kii^iv al(;M|U(» fui triTihIn ; iIh pciX'c^mit h
coups i\v liarlu' li* iaîMr nMtlro lU*. ]Sfat*H^fl , qui
\vi^\Tf^ul ni souriant dniis Ir pi('};(' fnlnl, onloii*
ll.^)t^ sa raval«pt> dv Iva (oiiriirr ri. de; Ira fiiTCK*
tir. Hiiofliii (»t In plus uraiuln purtii* île son niinifi
pi'i'iiTiit sur \v rliaiiip Av hataillr ou duiiH les faux
(In Vu II II nu*. (!(* fut iiiu; scromlf! joiini^c de
rainu's, prrsipu* sur Ir iu/'muo trrrniii; mais la
j;l«»in» <!r ÎNarsrs lut plus suli<l«» <*t plus dumblc
(pu> vvWv crAnnihal. wScs soldats , aiin^s avoir
(■nl<'ri(1 IfMiis nutrts, nTucilH 1rs dcpouîllps et
1rs arnirs des nuu'inis, ]>illé lour camp vX ddtniit
leurs iv>l.raurlif*iurus , rrprlnMit. la routit do Roinn
riiar^rs t\c Ituliii , rliautant drs liynuios dti vic-
tfiin*, (I cMiiiduisaut. au uiîlîni d\*ux Iniir {^cf-
u<'i'al r<»unnr vu tiiouiplir. A sou Piittéc* dai>»
Jiniiu» ^'arsrs ('la la l<*s armes vt Ifs Irosor.H
tlvi (lodis , des IVaiu's vl des OermainH; w%
soldais , eou verts dv (;uirlaudrs et de eou—
roiuif*s , K^U'hrèrent. la («loire du vaiutpieuri
Jtouu* vit p(Mir la dej'nièi*(> lois mit* marche Irîom-
phale. (IVtait à Narsès i[\iv les valurju^irH rap-
portaient tonte leur(>loire ; ils raduiiraieiiteomnio
un ^fMu'e créateur (|ni gouvernait h son ^r<^ le
destin des batailles , et ipii savait l'aire luiîlre la
vietoiie du sein niêin<* <iu d(\sor<lre«
liV peuple, <pii s'aimndoniu* sans réservr l^ Iii
ynv eoinnie i\ la tri)itess(s \\v pouvait, se rassasier
de letes, d«» jeu\ l't. de spcvtacles : h'» soldait! se
livraient avec tout renniortenuMit: uiilîliiîi*!^ i^ ces
«livei'tissenuMis tunudtueux. Mais ee m* Tut point
par uiu' induli;iMic<* |)usillainuHf et fumiste cinu
Nar.^è<i eaptiva raileetion <Ie ses lrou]><'s; cneM
ahusèrent. un nuiiuent. , il est vrai, de leur pros-
perilc et dv leur gloire 5 Uunu* l'clcntilUo la joîa
• NARSÈS. t8i
l>ruyaiilc Av. leurs daiisos et de leurs festins :
Nai'ses, les rappelant bientôt h la sevcrite de la
<\iscipliue| leur adi*essa une harani];ne (jui neut
pas é.lé indigne d'un ccMisenr romain. Il leur
reprocha ces desordres, qui soni liaient leur nfpu-
tatiou <*tconipi'onif\ttaient lein* sun^le» Les soldats
rouf^rnitet rentrèrent sous rolKMSMinco» La disci'^
plino s'afTennit, on jepaia les fortifications; on
(>leva des camps n^tranelies^ un duc, revêtu du
cojuinaudement militai i'<ï, fut établi <Ians chacune
des villes principales, et le coup d\i.*il <Ie JNarsès
embrassa tout ce vaste pays, cpii s*étend de la Oâ*-
labre jus(pruux ])icMls des Al])<'s.
Aprf» avoir elc soumise pendant soixante ans
a\ix Goths, ritalie fut réduite en province de
TEmpire, et Narscs la gouverna quinze annc*t!S
avec autant de fermeté que de talent. Les Francs
et les Germains, qui ^'avaient désolée, étaif>nt
vaincus etdéti'uits en partie par Tépee de Narsè^.
Leurs déhris , errans et consumés par les maladifrs ,
rn punition , dit A^athias, dr. la sacrilège rapacité
avec lacpielle ils avaient dépouillé les églises sur
Jrur piissai;!* , fiiiM'nt loreés (rahaniionnei' sans
roniliat eetie helh* (M)n(iée. Jl ne resiail. plus
qii\ni i)ar{i d(* s(*pt milh^ (îolhs , ([ui s'était
4I ahord réinil an\ J''ran<\s, mais (|ni,s(! voyant à la
nu'i'ci du vainqueui*, et craii;nanL dr le trouver
jnexoiahle , sr jeta dans la vilh' de (Jompsa ,
aiijoiinriiui Cou/.a , dans la priuei|)aii(é ulté'-
rirure, sons la conduite dv. lla«;naris , llun dit
iialion , guerrier aussi rusé <pi'iii(M'pi<l<'. Ka^naris
avait fornu» le dessein de rasscmhler (ous les
(fullis répauilus en Italie pour renouveler la
guerre. Saisès, voulant éloulfer Tineendie (jui
iMena<Niit de renaître», marcha en p(*rsonn(? contre
]iai»naiis , et ordonna tx)us les préj)aialifs d'un
siéj^e vit;onr(Mix <ît opiniâtre. L'audacieux Rat^na-
iis siuilit alors <ju il lui serait impossible de s^c
soutciiîi' lnii{;-lrin]is |)iu' la loiro rnn(rr lu pinK-
MiiH'i' rt la ir|iiihili«Hi (le NuisrM; il iV.hoIiiI. d iim«|'
i\v |)i'ilî<llr et <lr Iciilrr iiiu* hiihisoii (Iciiil Ir
Niircr'S , en i'r))l(>iit;('iiiit llhilic (hiiiM lu roiifiisioii
v{ le tf'oiihlc, liivorlsfrall ses (It'HSriiiN aiiilnlifiii.
IMriii (le koii unir pKijcf. , il dcniaiHlf» à roiilrrri'
avrr NaiM^'S. l/(*ii(irviic i'hI. arcDidrc. IsVH deux
^riirranx K*av:iiirriil. ni plein rliaiii|>, suivi» (1*1111
iiniiiUrr t'^al d<* ravalicrs. Arrivt^H j^ lu Yllr 1*1111
<!(* laiilrr , ils ni* dcHacliiMil sctils (*l. n*l$loî^ii(*iit
«Ir i|iii'l4|iirs pasdr l<MJr (>iiirorf(*|i(»Mr ooillidirri' 011-
hr*inl>lf:. Marsan, cIkkjik* liii'iitni. de la hiitiU'iir
iivrr lai|ii('llr Ir ImiI'Imiit parlail dr rapilliltitioit ,
t\r traitf', i\v vniwrsHinii, \v r(iii|*(Mi(! hhiin liiîririi
ncrniilrr. On nr M>pai'(>. Ua^iiai-ÎH rqfirnd lii niiiln
ilr i AiMi.iï , ('t., ai'rivr à la poi't<<r. du trait , il Imnd»
son aie , sv rr Uni nie toiil à rnnp ^ la inaiii<>r(* i\vn
Scy\\u's vl des ParllirH,«d()id il (IrsTriidail, dcf-
cocIk* sa (Irriic h Narsrh, cl Ir inantpu*.
ICnlIaniiiirs pai* rv\U* luùiwxtv vl par le* pc^ril Ar.
1(Mii' ^('iH'raU It.'H ^al'df•N laiicrnf. ImiN ciim'nildf!
JrniN d'ails sur rr niisi^rahlr, uni liindai prrrc^ ^\v.
f'(ni|iH. Sa nHn'I.df^Raniia \v paiii ,ipii nVlait nppnyï?
(pir snr sa Ic^nirrili^ et snr son (MMira^f** Îa'H wmiI
mille (lotlis nMifuniKS dans Toii/a si* liAlrn *iit. cln
ti'ailrr avcr 1Nars(V,(piî lr?nr arrordii la vio) iiiaÎN
«pli, ]ionr (^UniiVor vvlir srin(*nrr diMcWolfr, Irn
fit Iransportrr à OnnstaiiliiiDple, iHTdundtl <pir
(ani dr Imrharrs, dont la ^iirrrc (^fail. IVh^ninit. ,
nr ponriairnl jamais lorinrr des niiJcIh H«iiniiH
dans un Mial po.tsi^dtf si lon^ « Irnips par l(!ur
iiati(ni.
Après avnir di^lrnil. In pnit^snnrr drH r«olliH,
irnvci'sï^ li's «'spi^raiUM-M drs l^'iatirs, ri tniniiii^
licnrrnsrniriit. nur i^nrtTtr san|;lniifr ipii (hiniil
depuis près de vin^;! amures, Mars^M H\Mvnfm en-
Heiilielleinenr^ iniii^dier aux d^sordrcN^h tohihlir
la (rancpiillif<(, i\ rdcvcr les ruines dont Htnlir
<$Uiit cuuvcrJe.
NARSÈS/ tR3
Les murailles des yilli.'S et les monumons pu->
1>lics de première ulilKé lurent répares par son .
ordrc^ Deux magiiifiqurs iiisei'iptioiis , ({u'oii lit
encore sur le pont Salai o. à une lioue de llouie,
nous apprennent (jue Naisses rétablit ce pont, dé-
tiiiit par Totila.
Il corrigea l<»s abus sur le cours des monnaies ,
régla les impots , et défendit aux j^ens de guerre
de se mêler des jugemens civils. H fit aussi r'ou-
irir à Rome l<îsécol(s puldiques de philosophie ,
de médecine, de jurisprudence, de belles-lettres,
et il rétablit les honoraires des professeurs. Ce fut
h sa pnère et à celle du pape que Justinien régla
^Vuiie manière fixe, par une pragmatique sanction,
le gouvernement civil de 1 Italie. Cet édit , daté
du i5 août 554, et en vertu duquel les lois de Jus-*
tiiiien servirent de boussole à Tadministration et
oux tiûbunaux, fiit adressé à Narsès, qui s^efibrça
de seconder les vues de l'empereur en restaurant
les villes et -en rétablissant toutes les bases de la
civilisation et de la morale publique.
Quoiqu'il apportât tous ses soins et toute sa
eollicitiide à rendre à la ville de Rome son au-
tieji lustre, il fixa toutefois le siège du gouverne-
ment à Ravennes, à cause de sa situation géo-
f;raphique. De là en effet il surveillait plus
iivanlageusement les desseins etles niouvemensdcs
harbaies voisins deTltalie.
Après plusieurs années d'une administration
sage et tranquille la guerre se ralluma : elle au-
lait eu des suites funestes si Narsès n'eut pas
maîntcMiu sa conquête par la même valeur et par
la même activité (jui l'avaient rendu maître eii.
&i peu (le temps de Tllalie entière.
Ce fut en 563 qu'un seigneur, nommé le comte
Widin, très-accrédité parmi les Goths , avant fait
lévolter les villes de Vérone et de Brescia, ras-
^cndila tout ce qui restait de soldats de sa nation »
174 NARSES.
tcirssc lie Ciimes, où ils s'étaient r<Hiigiii5 ar^
, i^iii'si iiirîlK'uiTs troupes et leurs tiësors-, ib
tturaîeiit e'ié iléti uit6 en peu île temps ; le reste >
«le la nation, dispersé en Italie, se rangeait soit ^
(lu ei*!c il('s Francs, soit du cote des Grecs.
rius nombreux ijue les Grecs , les Francs sem-
Llaient en état de tenter des opérations plus déci-
sives. Toutefois le sort de la ^uen*e paraissait
dépendre de lu résistance deCunieset deLiieques,
lune détendue par les Gotlis, Tau Ire par les
Francs, et toutes deux pressées vivement par
??arsès. Luctpics soutint un sié^e long et vigou-
reux. La place avait été blocpiée avant l'arrivée
lie Narsès, et les assiégés étaient convenus des*
rendre s'ils nVtiuent pas secourus dans Tespace
«le ti*entc jours 3 ils avaient même livré des utagea,
«lans IVspoir de voir bientôt paraître raimée
«entière iU*s Francs» Le ternie espire sans qu'aucun
secours ait paru; mais la garnison et le^ nabitans
retuïtent de se soumettre. Irrité de cette infidélitét
iNarsès lait toutes les dispositions pour une at*
tiu]ue sérieuse ; ses oflîciers lui conseillent même
€lc se venger sur les otages. C est ici qu'éclate la
modération et la sagesse de Narsès ; trop humain
pour fa in*, tomber sa colore sur des innocens , il
se contente de faire craindre ce qu'il aurait pu
exécuter selon les droits de la guerre : il ordonne
<Va mener à la vue des rem^Kirts de Lncquc^s» et
il la tête de son armée, les ôtaoe» chargés de
chaînes, les mains attachées derrière le dos 9 et
sui,vis de soldats la hache levée. Un si triste 8pec->
lacle attire sur les murs de la ville tous les liabi-
tmis 9 qui poussent des cris lamentables , car les
otages appartenaient anx plus illustres familles ;
leurs mères, leurs femmes courent sur les rem-
parts et sur le haut des tours , donnant toutes les
marques du plus violent désespoir; elles chargent
le cruel Nai'sès de lualédictionss elles veulent se
pi (^cîpiter (lu haut dos muiuillps pour mourir
av«;c leurs rnfaus, avfc U^uri» époux infortunés*
Alors Narsès, faisant .si<;ne <1«; ia main , v Voug
« méritez, ciic-l^W aux as.si(;^(^s, \oms méritez
« de pfrrdre ct*ux qui vous >ont si clicrs; mais il
■ serait indi^nf* à moi de; Jcsfiiirc périr; jV* vous If 'S
« rends, a lit aussiloL, donnant Tordre àsffssoldats
de tirer leur épée , </ Voilà, dit-il , sur quoi j'ap—
« puie mes sucées , liien plus que sur vos sermens
« et sur vos otages, a Kn même temps il les fait
mettre en liberté , et les 1 envoie clans la ville au
milieu des transjunls de la joie publique.
(>:ux-ci ne cessèrent dVxalter lliumanilé et la
générosité de Marsès, de proclamer ms louantes,
et de dispostf;r ainsi les lialnlans à la soumission;
lis tirent sur les cœurs les plus olitinés uim im-
pression plus vive et plus favorable qu^>n n'aurait
pu Tattendre des ed'orts de toute laïuiée.
Kars/.'s faisîiit- encore le siéi^e de Lucfnies
lon»c|ue Fulcaris, Tuude ses meilleurs lieulenans 9
liVtant avancé sous les murs de Parme sans aiAune
jiréeaution et au mépris de ^i;s iustruclions, fut
ciifiêreineiif. (lélaît par un cor[)S nombreux de
l'*janes connii;in(lé )):ir IjiirrJii). ]''iilc;ii is pava
tïi: i^ii vif son iin[»îiHb'ii(:e. Accablé sons Jo nom—
i)re, il aurai! eiicorr* pu se sr^iistrair^: [saj- la fuifc
a nue njort pres^pie fcilnitu- ', .ses ^aidcs ly
< xboi lai#-nt : " Kl. df! rjnr:! fjoril,, b-nr dil-il , nie
|M és^nfeiai— je à INarsês 1 " l'ons.sanl. :^');i rbeval
dans la inéb-e , il tosnba prf<^'|iie anssiiô! , la fric
firiidiir: d un coup Je bacbr*. CcMr; délMiUr n ar( i iit
pas sr iibjrir fif.Ja fl< île des l'iano; elle leur pro-
t nra em ore tht nouvelles ït>vv.<':s : les (jro'ii-., di .-
prisés dans rKnn'lie-ef dans la Li^uri<;,acconi nr(;nl
«il- LoiiU:, parts pour s<' joindre aux vaiiir|neurs.
J.'.-, liivarils porfènnt 1 éponvanle dans bî camp
iitidér i.il . «1 b'.-» urni'ianx eiovaii-iil. (ici.i voir
I . [U: ii< i'f il ( iint mi} iondic sur leur Icic. ^Sursciï
t?^ "NARSKS. '
if'çuf (Invnnt Liu'(j(i('s cvs nouvcllrs (ilaminufps
^nit^^ii (le la porto dv tant do bnivos otd'iiii |>iioi- j
rior toi qno ÎMiloaris, mais sii|^dririir à tuus los
cvoiioiiiciis ot toujours ariiicf coiitnî Irn rcvrrs , il
rassura ses trou])(>s ot prc^ssu ])lns vivoirioiit le
Dojà on laiioaît dans In ville des traits fînflam-
1110S ; poj'somio ii\)sait |)lns paraître sur Ior iiin-
laillos , (^t l(\s inaoliiiu*s avaient lait hrcVlic ni
plusieurs endroits. Los otages i*ouvojés pRp
iNarsos n'douhloronl alors leurs instances pour
cii|;a<;cj* leurs oonipatriotes à traiter avec un
fnn<'iui si ^onéreux; <Mifin , mairie ropposition
i\r ((uehnies o(lici(!rs do Tarn co do Bucelin (pli
(;\;taieji(. )e((>s d.ms la ville, l(v parti de la paix
J\>nipoi-fa. Après trois nuns de sif'ge les lialutnns
<l<î Luecjuos ouvrirent leurs portes à Nnrscs, qui,
feians leur tonuti^^iu'r au(run resseutim(*nt do IcHir
infidélité ])assdo , iresii^eu (Peux auou ne condition
cpio^de reeonnaltro la simveruiuetd do rc^iipc-
jeur. Telle; fut la r<uului(e do Narsos au si^^vt et
?) la pris(> do Lueipu's. Il s'y (^ouvrit (I<* gloins il
y (!ej»lova tant d Iniuianitc', de eldnience, de va-
leur et <le {zein'e, t[\w sa ic'pulation (*n lut d('oî-
clee. La sujx^rioriu^ (pTil aeepiit d(\s lors sur lis
]''j'aiu\s iw eessa plus d'augmenter juscju'à 1 entier
Xoeonvn*nient d(t Tltalii*.
INarsès laissa {garnison dans la ville conquise,
f't, eoninie on toueljait à la (in d(? rautoinno, il
lit des disp(»siti(uis ])our nu'ttre ses troupes en
cpiartiii* (rin'\er. Jl scrutait le désavantage (pi'il y
aiuiaît à ecnnhattre dans e(*tlo rude saison des
i'nneniis (pu*, uva dans un eliniat iroid et liuinide,
Todouhlaient i]v vigueur en hiver et s'aflaiblis-
saifMit dans les elialeurs de 1V(('. 11 K('puru doue
[Bon arnu'f^ , et ajn es avoir ('lahli des (pnirtiors
dans les ])Iae(\s voisin(\s d<î rA|)einiin, avec oi*dro
ii SOS divibioiLs do se rassembler ù Iloinc au com*
1
_ I
■ 4
l
utre et des périls (ruiio plus lon<);iie résis- j
, en livrant à Narsès , lui, les dieux, les |î
pçiies, la eouroniK» , (!t toutes les riehesses il
jroths. 11 repj ésiîiita aux autres clieQi de &a *
11 que la elinle de la monarcliie des Goths 1
talie elaHt inévitable , riioiineur exigeait ' j!
i remissent lltalie dans les inains de ses
ns maîtres plutôt que de la laisser piller et
îter par des barbares. Après leur avoir com-
ique et fait goûter son projet , il se rendit à
mies. Arrivé eu préseuce de Narsès , il lui
înta, sans autre préambule, les clefs de la t
resse de Ciunes, en lui déclarant qu'il la
ittait, ainsi que sa personne, à son entière
»sition , et qu'il promettait de le servir dé-
lais avec autant de fidélité qu'il Tavait cora-
i jusqu'alors avec valeur. Narsès reçut Ip
2e gotb avec une satisfaction mêlée de
ité , et lui assuia le traitement le plus hono-
î; puis il expédia l'ordre au corjis d'armée
itait devant Cuiu(?s de prendre possession de
lie , de mettre en sûreté les trésors des rois
s fvt de prendre ensuite des quartiers d'hiver . !
dans la ville nïeine, soit dans les places voi-
I
1-8 NiMiSÈS-
aii srrvico do Justiniin. rendant son séjour àKi<«
iiiini 1111 inirti i\v dnix niillr Imrbarrs de luniiée
do lJuo(*iin vint portor le dc^sordro jusqu^aux
portos d(* la villo. Naisos, ioinoiii do Iouvh dëyas-'
tadous, iiionto aiissilot. à ohoval , so fait suivre par
trois ooiits do koh {;>ardos, ol trouve 1 oiiiinui langë
ou hataillo ot à ooiiV(*i( par uiio épaisse tbréti
Il parvioiit à los altiror dans la plaiuc on duiuiaut
Tordro t^ sa ^ardo t\v sîiuulor uuo rc^traîto sans
ooiiibudro los raims. Aussitôt b'scavaliors tounicut
))rido, JNars^s à lour lolo, ol los l>aj'baros , hs
oroyaiit on dc^roulo,sVlaiu*out hors «lo lu Corot rt
ht*, inoltcnt sans ordro h la ])oursiii(o dos Gitcs ;
ils so flat((Mit doji\ ciuo colto rcucoulVo va lt»nni-
iior la guorn» par la prise» de JNarsos. A poioe
sont-ils oloi[!;nos do la ibrot, que les gardos font
voiffî-laoo ol cliar{|;(*nt m bon ordre losbarbaiTS»
dont la cnvalorio prond aussitôt la fuite* L'iufan-
torio, oflVaj'i^o ol surprise, se laisse massacrer
sans r(1sis(anr(*. I,os Franos perdirent neuf cents
liouinns, ot leurs fuvaj'ds, couverts de honte et
do blessures , rejoignirent le {|;ros de leur annëe «
ol y portôiTiil le déo.oura{;eniciit. De ix»tour
a llavoinios, INarsos apporta tous ses soius et toute
sa |>idvoyano<' à s assure r los IVuits do ses victoires,
ot il alla oiisuilo toiinii)or rhiv(*r ii Home» 8o»
soldats no le. passoimt point dans Toisivold ;
oha(ju<' jouO;, dapros los instruolions ot 1 Viceni])le
do Narsos , ils (aisaicMil rrxoroioo à pied et ft
ohovul, s'aocnntunianl ^ tdii^ir au son do la ti*oni-
polto et h (rxiculor los pas v\ los i^vidnlions do hi
danse ])yrrhi(|Uo. A Touvoi luro do la eanipa|;n(*
NarscXs rassiMnbla ses troupes aux environs do
Home, <Mi elles l'orni^rent niu* arin<V di^ di\-huil
nulle coinbattaiis. Los barbaics , sous la conduitt*
i\v ]!neolin, apios avoir pénolid, h* Ioul', du goifo
A<Iriati(pio , jusqu'au di^lroit do Sioih* , et tout
ia\a^!;t^ sur lour passade, s*a\aneèront leuteniout
NARSES. 179
Yert Capoue , au nombre de trente mille hommes.
Le cliei' des Franc», ddcidd h combattre Nars»ès ,
8*ëta]>iit sur le pont de Casilirum, et couvrit sa
droite par le 'Viillnrnc. Les bannières de Nurses
s'approchèrent bientôt , et ce gëiiëral , quoiqiie
infëi'ieur en nombre , vint camper de Tautre
c6t<^ de la rivière. Les deux am^^ , en prëicnce ',
se rangeaient chaque jour en^Ritaillc sans eu
venir aux mains ; IVspérance , la crainte , et
toutes les passions qui s élèvent et se comliatlent
tour à tour à. la vue d'un gr.ind péril , agitaient
également les deux partis. Toute Tlfalie atten*
dait avec anxiété Tissue de la bataille qui devait
décider de sou sort. Ce (ut dans les opérations
tranquilles qui précédèrent ce grand événement
que les talens de Narsès se monti'èrent avec
le plus d^éclat ; ses habiles manœuvres inter-
ceptèrent les convois et les vivres des ennemis ,
les privèrent de l'avantage que devaient leur
donner le pont et la rivière , et le laissèrent
maître du choix du terrain et du moment de
Fiiction. Le jour de hi bataille , lors^jue l^s rangs
CLalent déjîi l'oinies, il a|)|)r(Mul (ju'un des priiici-
pauï chefs des llérulcs vient de tuer un de ses
donirslirpipsponr iukî faute léi^ère. Narsès s'arrele
aussitôt , et ordonne qu\)n amène devant lui U*
iiieurtiier : « Ce serait attiier la colère de Dieu
K .surn(is lèles, dit-il , ({ue de combattre sans avoir
<( |)niii un Ici crime. » Et aussitôt il l'ail exécuter
le conpalUe devant tonte raruiée. Uiu; si j)rom|)t(*
ju.sli(!e rcvoltc les Héinles, qui , pleins (le dépit,
jcftcnt lenj's armes et refusent de marcber au
cund)at. îSarsès , sans eliej*cli(îr «•» les.appaiser ,
s écri(î an mili(;u du bruit des trompettes : « Qui
« vcîut vaincre; me suive. Si les llérnb^s ne se
u lial<*nt de ^aj^ner leur posic, ils perdront les
*< lioimeurs de la vi**loire. » l'ji même temps il
niarclie à Teimemi. Les llcrules méiitèreut^jiea-
if^o NAIISES-
tôt par leur yalciir que Narsès ouLliât leur
clésobfHssance. Les Francs sWançaient de leur
coté sous la Ibriuc (Vuii triangle* Leur pre-
wiière attaque fut terrible ; ils percèrent à
coups (le haclie le faible centre de Narsès > qui
lei'iTçut en souj*iaut dans le pî^ge fatal, ordon-
nant à sa cavalMpe de les tourner et de les inves-
tir. Bucelin et la plus içrande partie de son armëe
périrent sur le cbanip cle bataille ou dans les eaux
du Vulturne. (]e fut une seconde joumëe de
Cannes, presque sur le même terrain; maïs la
î;loire de Narsès ftit plus solide et plus durable
qu(» celle d'Aïuiibal. Ses soldats, après ayoîr
euterrd leurs morts, recueilli les dépouilles et
les armes des ennemis, pilld leur camp et détruit
Icui's reti'ancbemens , reprirent la route de Rome
cliargcs de butin , cbantant des hymnes de vic-
toire, et conduisant au milieu d'eux leur gé-
néral conmie en triomphe. A son entrée dans
liome Narsès étala les armes et les trésors
des Gotlis , des Francs et des Germains; ses
soldats , couverts de guirlandes et de cou-
l'onnes , célébrèrent la gloire du vainqueur.
Home vit pour la dernière lois une marche ti'iom-
jrbale. C'était à Narsès que les vainqueurs rap-
})0Jiai<'nt toute leur gloire ; ils lad mi raient comme
un génie créateur qui gouvernait h son gré le
(b^stiii des batailles , et qui savait faire naître la
victoire du sein même du désordre.
L(» peuple , ([ui s'abandonne sans réserve à la
joie comme li la tristesse , ne pouvait se rassasier
de fêtes , de jeux et de spectacles : les soldats se
livraient avec tout IVinnortement militaire à ces
divertissemens tumultueux. Mais ce ne fut point
par une indulgence pusillanime et funeste que
Narsès captiva raifection de ses troupes ; elles
abuscrejit un moment , il est vrai , de leur pros-
périté et de leur gloire ; Rome retentit de la joie
KAKSES. I8i
bruyante de loiirs danses et de leurs festîus :
Nai'sès, les rappelant bientôt à la sévérité de la
discipline y leur adressa une haran^^ue qui n'eut
pas élé indigne dW censeur romain. Il leur
r^îprocha ces désordres, qui souillaient leur répu-
tation etcoiupronKîttaicnt leur sûrefé. Les solchits
rougirent et rentrèrent sous robéissancc* La disci-
pline s'affennit, on répara les fortifications; on
éleva des camps retranchés ; un duc, revêtu du
cominandement militaire, fut établi dans chacune
des villes principales, et le coup dVjuil de Narsès
embrassa tout ce vaste pays, qui s'étend de la Oâ*-
labre jusqu'aux ])ieds des Alj)es.
Apri» avoir été soumise pendant soixante sltïs
mis. Gotlis, l'Italie l'ut léduite en province de
l^Empire, et Narsès la gouverna quinze années
avec autant de fermeté que de tiilent. Les Francs
et les Germains, qui | avaient désolée, étaient
vaincus et détruits en partie par l'épée de Narsèç.
Leurs débris , errans et consumés par les maladies ,
en punition , dit A^atbias , de la sacrilège rapacité
îivcc laquelle ils avaient déjiouillé les éiçlises sur
Jfur passade; , (ui'ciik forcés d'abandonner sans
conihat celle belbî contiéc^ Il ne resLiit plus
qu'un parti do. sept mille; (iollis , qui s'était
i\ aborcliéuni aux T'iancs, mais (jui,se vo^-ant à Ja
merci du vainqueur, cl craij^nant de le trouver
inexoral)le , se; jeta dans la ville de Compsa ,
anjourd'bui Cou/a , dans la principauté ulté»-
I irnre , sons la conduite de Raj^naris , IJun de
nation , ^ucjiicr aiissi rusé (ju'inti épide. lla^naris
avait formé le dessein de rassembler tous les
(iollis répandus en Italie poui* renouveler la
^ueri'e. Narsès, voulant étou/îer l'inceintlie qui
menaçait de rcîuaître, marcha en pejsonne contre
llai^naris , et ordonna tous les préj)aiatifs d'un
siéi^e vie^oureux et opiniâtre. L'audacieux llagna-
iis sentit alors qu'il lui serait impossible de se
178 KAPuSÈS-
au service de Justiiiirn. Poudaiit spû séjour àftï«
iiiini un parti de deux mille barbares oe raiinëe
de Buceliu vint porter le désordre jusqu'aux
portos de la ville. Naiscs, témoin de leurs dëvas>«
lalious, nionle aussitôt à cheval , se fait suivre par
trois cents de ses gardes, et trouve rennein! ranaé
en bataille et à couvcj t par une épaisse foréti
Il parvient à les attirer dans la plaine en donnant
Tordre h sa garde de sinuder une reti^ite sans
confondre les langs. Aussitôt les cavaliers tournent
bride, Narsi^s à leur tête, et les bai'bares , les
croyant en déroute , s'élancent hors de la forêt et
8(! mettent sans ordi'e à la ])oursuite des Grecs y
ils se flattent déjà que cette rcncon&e va termi-
ner la guerre parla prise de Narsès. A peine
sont-ils éloignés de la ibi'ét, que les gardes font
volte-face et cbargent rn bon ordre les bar)>are8 ,
dc)nt la cavalerie pi*end aussitôt la fuite. L'infan-
terie, efirayée et sui^rise , se laisse massacrer
snns résistance. Les Francs perdirent neuf^* cents
bonimcs, et leurs fuyards, couverts de honte et
de blessures , rejoignirent le gros de leur armëe^
et y portèrent le découragement. De retour
il llavenrifs, Narsès a))porta tous ses soius et toute
sa prévoyanc(î à s'assurer les fruits de ses victoires,
et il alla ensuile terminer Tliiver h Rome. Ses
(soldais ne U) passriciit point dans Toisivetë ;
eluujue jour, d'après les instructions et IVxemple
de Narsès, ils faisaient Texereice à ])ied et à
clieval, s'accoutumant à obéir au son de la trom-
pette et h e^cécuter les pas et l(*s évolutions di* la
danse pyrrliique. A r<iuverture de la campagne
INarsès rassendila ses troupes aux environs de
llome, où elles formèrent une armée de dix-liuit
inill(> combatfans. Les barbai es , sous la conduite
(le l!ucelin , a|)rès a>oir pénétié, le long du golfe
A(!iiati(|ue, jus(ju\'ui détroit de Sicile, et tout
ju\iu^é sur leur passage, s'avancèrent Icutemeut
NARSES. 17g
vers Capoue 9 an nombre de trente mille hommes.
Le chef dns Fraac»<, ddcidë à combattre Narsès 9
s établit sur le pont de Casilirum, et couvrit sa
droite par le "Vultume. Les bannières de Narsès
3 approchèrent- bientôt , et ce général , quoique
infëi*ieur en nombre , vint camper de Taultre
côté de la rivière. Les deux am^^ , en présence \
86 rangeaient chaque jour en%taille sans ei^
venir aux mains ; Vespérance , la crainte , et
toutes les passions qui s'élèvent et se combattent
tour à tour h, la vue d un grcind péril , agitaient
également les deux partis. Toute Tlfalie atten*
dait avec anxiété Tissue de la bataille qui devait
décider de son sort. Ce fut dans Ips opérations
tranquilles qui précédèrent ce grand événement
que les talens de Narsès se montrèrent avec
le plus d^éclat ; ses habiles manœuvres inter-
ceptèrent les convois et les vivres des çnn^mis ^
les privèrent de Tavantage que devaient leur
donner le pont et la rivière , et le laissèrent
maître du choix du terrain et du moment de
l'action. Le jour de la bataille , lorsque les rangs
étaient déjà formés , il apprend quW des princi-
paux chei's des Hérulrs vient de tuer un de ses
domestîc|uospour une faute légère. Narsès s'arrête
aussitôt , et ordonne qu'on amène devant lui le
meurtrier : « Ce serait attirer la colère de Dieu
« sur nos têtes , dit-il , que de combattre sans avoir
« ])uni un tel crime. » Et aussitôt il fait exécuter
le coupable devant toute l'armée. Une si promptt*
justice lévolte les Hérules, qui, pleins de dépit,
jettent leurs armes et refusent de marcher au
coml)at. Narsès 5 sans chercher à les. appaiser ,
s'éci'ie au milieu du bruîf des trompettes : « Qui
« veut vaincre me suive. Si les lîérules ne se
•c hâtent de gagner leur poste, ils perdront les
*< Iioiiueurs de la victoire. » En même temps il
marche à l'eimemi. Les Hérules méiitèreut\)ieu-
iRî NARSiiS.
KOI I tenir lonp;-(rinps par la force contre la jPnî^
liniicretln M'|iutati(ai<Ir NarM?s; il rdsolut a uier
i\v priful'ic r(. Ar irutvr niin lialiison dfint le
Miocès, en rrploii^raiit 11 lu lie dans la confusion
cl lo Iroiihlr, favoriserait ses desseins auiliitîeui.
Plein (le son noir pro)<*t, il demande k conférer
avec Narres. LVntrevtie est accordée* Lés deux
{^énéninx s'avancent en plein champ y niiris d*uii
noni1>re l'^^al de cavaliers. Arrivés à la Tlie IW
i\r. lantrc , ils se détachent seuls et 8*<éloignent
de (pielqnes pas de leur escoi*te pour confiArer eii-
fi<*inhlc. Nars^tf, choqué hientot de la lunteiir
avec hupielle le i)arhnre parlait de capitulalion ,
<1e traité, de concession, le congédie sans luîrieu
accorder. On se sépare, llagnaris ]*eprend la route
de Conza , et, airivé à In poiiée du- trait y il baade
son aie , se retourne tout à coup k la manière des
^)0}'fhes et des I^rthes,«dont il descendait , dé-
' coche sa flèche à Nars<!S , et le manqvie.
Entlanmiés par cette noirceur et par le péril de
leur (général, les pirdes lancent tous ensemble
leurs traits sur ce misérnhie, qui tomba percé de
coiijis. Sa mort désarma le parti ,(pii n*était appuyé
que sur sa témérité et sur son courage» Les 8C»t
mille Gotlis renfvrmés dans Couza se h&tèrentoe
ti*aiter avec Narsès, qui leur accorda la vie y mais
qui, pour étonlTer cette semence deiévoltCi les
lit transporter h ConsUmtinople ^ persuadé que
tant de lmr]>nres, dont la guerre était l'élément,
ne pourraient jamais former des sujets alunis
dans un Ktat possédé si long-têmjMi par leur
nation.
Après avoir détruit la pninsance des GodiSy
reiiy<>rsé les espérances des Francs, et terminé
heun^usement une guerre sanglante qui Aevait
depuis près de vingt années, Tltirsès s^occopa et-
sentiellement h remédier aux désordres » à fetabUr
la tranquillité, u relever Ics mines dont- lltalie
était couvci'ie*
NARSÈS/ i83
Les murailles des villes et les monumens pu-»
Mies de première utilité t'ureat repaies par sou .
ordre. Deux magaifiqurs inscriptions, (jii'on lit
eucore sur le pont Salât o, à une lieue de Rome,
lious apprennent <jue Narsès rétablit ce pont , dé-^
jti^uit par Tôtila.
Jl corrigea les abus sur le cours des monnaies ,
régla les impots , et défendît aux gens de guerre
de se mêler des jugemcns civils. H fit aussi r'ou-
yrir à Rome les écol( s publiques de philosophie ,
de médecine, de jurisprudence, de belles-lettres,
et il rétablit les honoraires des professeurs. Ce fut
à sa prière et à celle du pape que Justiaien régla
4'uue manière fixe, par une pragmatique sanction,
Je gouvernement civil de 1 Italie. Cet édit , daté
' du i5 août 554 , et en vertu duquel les lois de Jus-»
iinien servirent de boussole à radm.inistration et
ûux tiûbunaux, fiit adressé à Narsès, qui s'efforça
de secouder les vues de l'empereur en restaurant
les villes et -eu rétablissant toutes les bases de la
civilisation et de la morale publique.
Quoiqu'il apportât tous ses soins et toute sa
Bollicitude ^ rendre à la ville de Rome son au-
' lûen lustre , il fixa toutefois le siège du gouverne-
ment à Ravennes , à cause de sa situation géo-
graphique. De là en effet il surveillait plus
evantageusement les desseins et les mouvemensdes
Jiarbares voisins deTltalie^
Après plusieurs années d'une administration
sage et tranquille la guerre se ralluma : elle au-
rait eu des suites funestes si Narsès n'eût pas
maintenu sa conquête par la même valeur et par
la même activité qui l'avaient rendu maître eq.
51 peu de temps de l'Italie entière.
Ce fut en 563 qu'un seigneur, nommé le comte
Widin, très-raccrédité parmi les Goths , ayant fait
révolter les villes de Vérone et de Brescia , ras-^
sembla tputce qui restai); de soldi^ts de sa nation ,
]R4 NARSiriS.
vl appela 1rs Francs cf IrsGonnaiiis i^ son srcourt.
Attiré par ortto ivvoltr, Amînp;, srigiinir puis-'
siiiit (liMa Soiialto, passa 1rs AI|H*sà la Ivifi aune
'ariiuV uomhn'ustN vi savan^^a justiiiaiix iMirdscle
rAdi^r. ^a^s(\s, drja oociipr sur laiitrt^ rivo, lui
<Mivovailrii\ï!e* s»s i;riirrau\ pour IVxIiorlcr ik ne
pas roiii|HV la paix «ffalilio rntrr 1rs Francs c*t
I Kinpirr. Ainiii*;, inoutrant son javi 'lof « i (*|ioiHlit
i> (pi'il nv \v cpiît tarait pas tant ipiil lui n*stei*ait
i> mi h ras pour li* lancier. » Ci^lto fîrrti? fut mal
smitruiu'; Auiîn<^iul drfait et fur dans uiu^ bâ-
tai llo , vi \v rhrf ors doliis « (pii a\ait soufllv le feu
i\v la irvoltr. tut iliil prisonnier vt oomluit à
(^>ns(antino])l('. \ rrono vi Bivsi^a * (|uoîf pir hii*u
t'or(iticM*s vi garnies dr trouprs*n(* tinivnt mis loue-
tcnips contre le vainipuHir. Naines outniuans Vé-
rone le 2o juillet , vi peu de jours aprcs Bri*scia
lui ouvrit ses portes. 11 lit porl(*r 2k IViiiprn*ur
le hulin le plus ]u*cHMeu\ avin: les clds de ces dcu&
villes , alors très-opulentes.
[/exemple d^Annnt; ixv put ivtenir dans le (lc<-
voir Sindlul , elierdesllorules. 11 avait fidàli^niCDt
seconde Narsès, vi sa I>nivoure avait rtc rcconi-»
pensée; nniissa lierte naturelle lui persuada 011*01»
ne d(*\ait cpiVi ses propres exploits laconquelode
l'Italie « et (pi^il lui serait lacile dVn dc|H)uiller
A'arsès. Dt iix ans après la délai te d Aniiiig il
nnna les restes de sa nation, li\ra Imtaille, fut
vaincu et lait prisonnier. ^aI*sès voulant, par un
exemple i\v M*veVite« contenir ik*s |H*upl(*s et cles
cliels i*enniaus« lit exécuter le relH'Uu Sindlial à
inu* potence de tivnte pieds de haut. L^ltalieen*
tièie i\ii dcsornuiis contenue dans le devoir pen^ <
liant t(nit le rt*ste de son administration.
I)<<pnis frei/.e ans sii s;i^essi* niaiutenait daat
VoiuMssance et ilans la paix cette Udle conquête
«nie sa valeur avait si lieureusenieut r^ume à
I Empire. Quoi<pie cet cuuuijue guerrier fut ~
NARSES- »85
rîvë au terme le plus avaaeé de la vieillesse , sou
âme conservait encore toute sa vigueur. Le vain-^
queur des Goths, des Francs, des Aileiaauds et ,
des Hérules , était toujours redoutable , et quoique
sur les bords de la toiu^je , il pouvait encore y
précipiter avant lui Alboin et ses Lombards, qui ,
des bords du DanuJje, tournaient leurs regards
avides sur Fltalie comme sur une proie réservée
aux guerriers du nord. L'impératrice Sopliie ,
femme de Justinien II , entraînée par sa haine
contre Narsès, prit soin elle-même de renverser
la seule barrière cpii pût préserver l'Italie d\me
nouvelle irruption de barbares.
Tant que vécut Justinien , Narsès n'eut point à
craindre Fingratitude d'une cour versatile et
faible. Justinien, qui avait deviné son mérite, lui
laissa gouverner cette Italie conquise par sa va-»-
leur; maïs à la mort do ce prince^ quatorze ans
après la conquête , Narsès , sans appui à la cour ,
fut bientôt en butte à la haine d eimemis envieux
et jaloux.
L'impératrice Sophie , princesse altière, qui
gouveruait elle-même TEtat, ne onscrva point
pour un vieil eunuque les scMitimeiis de bienveil-
lance et d'estime qu il aviiit inspiréi à Justinien. Il
ncn fallut ])as davantage sans doute pour m: ttre
en action les nombreux ennemis que Narsès avait
à (ionstantinople et en Italie , surtout parmi les
grands, dont il réprimait l'insolence avec fer-
meté. Lt's calomnies secrètes , les lettres ano-
ii\ mes, les lil>eUes furent d'abord employés c<mtre
Ir vaincpieur îles Goths ; enfin ses ennemis se
lia ttèrent ouvertement de provoquer et d'obtenir
sa disgrâce auprès d'une jeune impératrice avide
de pouvoir, et qui devait être assez portée d'elle—
même à donner hîs grand(*s places de l Empire 4
ses partisans et à ses créatures.
Tome IL i6
iftS NARSES.
Les coartîflansy jaloux de Nuraës, pcfwJftienC
% IVinpereur que 1 Italie , après une ioqmiegiieiTP »
i' ouïssant enliii cFuiie tranquiiUtë parfaite « il fall-
ait faire rctitrrr n CoiistautiuopiG le produit drs
contributions Lrvces dans cette nouvelle conquête ,
€\t remplir ainsi le trésor dpuiaé 9 an lien delaiisfr
]^nrsi>s s enrichir des tribus d'un pays dont il sem-
lilnitcHre Itii-inéme le sciUTerain. En même tenms
Sis pruticiuèreiit des înteliis^ences aviec les prion-
paux personnn<;es de Konie , déjà mécontens de k
se vérité de Nurses. Ceux-ci écrivirent à la coar
pour se plaindre de l'oppression sous laqaeUe,
disaient-ils, on les tenait eneluinës; ils acru-
f^èrent Narsi'S de |«ouvenier l'Italie d*unp manim -
t y ni lin if pie et odieusi* aux peuples. Des dépnlës
furrnt envo\ es h Constant innnle pour donner pins '
<le puidsàces sierusations, et Ih ils s clerèrent avec
anicrtnnie conln* ce qu'iU a|v|ielaicnt'Ie despo-
tisme d\ni f nmiqiie grec. Ces calomnies, appuyéfS
pur rini]*éi'utrice , trou\ ère nt crédit dans resprit
de L'f'uipertMir, et l'envie, (|ni avait triomphé da
mérite de lîélisaiiv, tricinipha é^ale^lent «la géaie
dr Narsès. 'routefois le t'iihlr miprrnir, rnalmt
éviter d aigrir nii t;éiiéral puissant qui ponvait
avee înipniiitM n't'nsrr d^obéir, seconttféilfl'aa-
vovf'r à Narrés Tordre de taire passer à Conslaa*
tînople, sans uueinie retenue, le prodirit de tons
l(>s impôts levés en Itsdie. Nursf*s répondit qa'îlfe
soumettrait avec i*espect a toutcïs les décisions de
son souverain ; mais cpie le salut de illah bi
faisait un devoir de représenters|iie, ai Vas ca
retirait leé sciâmes néci*ssaire8 ponr IV
ties places fortes et de larraëe, on
f'ailliblenient IVntrée de cettctellep
I>ariiares \oisins , toujours prêts à IV
((iiaii surplus il était bien informé des plainlrs
fpi'oii avait envoyées contre lui à la eonr} mais
qu'il ct(^tdi>]^>ost;'à rcmb*ccompt(9 de^cwijiiiliCj
•41!
1
i:
:1 coiisenlaît nièinc, s^il ëtait trouvé cou-
ù subir la peine des concussionnaires.
représenta lions furent considërées à la ji
le Byzaiice comme un refus formel d obéir. \
ératrice Sophie , craignant de mancpier l
;ion de satisfaire sa baine , se chargea du ^
'huniiii(4* le vainqueiu* des Goths , qui, par k|{
Lpioits et par son âge, méritait les plus
5 égards. Cette print^îsse imprudeute en-
dil-on, un fuseau et une quenouille à l'eu-
Çuerrier , avec ce billet insultant : « Il faut
î homme pour avoir le droit de manier les
los et de gouverner des provinces. Revenez
c sans délai a Constantinople, pouryoccu-
la sui'intendance dos ouvrages Je mes [;
jnes; cVstla seule place qui convienne à un fi
li-lionims tel que vous. » Indigné de cet il
7^e , le liéros lance sur le courrier des regards !*=
lans, et , pénétré du sentiment de sa force , I
, lui dit-il, va dire à celle qui t'envoie que 1
5 (ils seront tissus de manière qu'elle ne les »,
►rouillera pas aisément. » Aussitôt il sort de (
' ; mais au lieu d'aller se présenter coimne j
clave on comme une victime à la porte du ' *
< de Byzance , il se retire à Naples. Là , nV- 1.
nt plus que sa vengeance, il médite d appeler ;.
n et SCS Lombards pour venger sou injure, )t
►uvrir ainsi aux barbai^es les bai'rières de ■ j,
e pour punir l'ingratitude du prince et du i.i
e. Déchiré tour ii tour par la colère et par 1
moi'ds, tantôt il brûle d'impatience devoir
jmbards au milieu de Rome, d'entendre les
»semens de cette vilb? ingi^ate, de jouir da-
; du désespoir de l'impératrice humiliée ;
t, honteux de vouloir détruire ainsi lui-
c le fruit de ses victoires, et d'emporter dans
mbe le nom d(î traître après avoir acheté
aut de travaux celui de délenseur de l'Em-
I
'• r
J
38S NARSÈS.
pii'o , Il prciul In rësulutioii «ralln* à Conatantî-
lioplo poi'trr sa tête h l\'iupri*eur, et lu! cI^%'oUer
avniit do mourir lli iiialigiiitd et la uoîixn;ui* (le
won ennemis.
Telles tétaient les agitations de son lune , lors-
qn'^ I appi'oelic du danger les Romains, se rappe-
lant le mérite de leur gént^rul vîetorieui y em-
Î)lo}èrent pour le calmer la ir.i^diation du pa|>e
lean 111. L'habile puiitiie , 11^ avec Narsès u une
étroite aniitic^, ^ieut le trouvera Naplea, écoute
«es plaintes, entre dans ses seutiiuens» lui fait
ngréer le repentir de si's eom|iAtriotes , et finit
par Tadiiueir. Mais Narsès })ei*siste toutefoii à
vouloir recourir directement i^ la justice de 1 eni->
pereur; il veut paHir pour B) zanee : « Gardex*
vous Lieu, lui dit le pape, de vous nietti% à la
merci de vos emu*niis ; demeurea daus ce pajs,
que vous avez sauvd , et dans lequel ils lie
H'uyent voi s nuire. Si vous avez besoîu d*apa-
ogie, moi-niî^ne j^irai plaider voti*G cause*.
Revenez h Rome, oit vos accusatc^urs sont à
pr^stMit aussi odieu\ qu'i^ >ous-meme« Lepi^uultf
pleure >olre absence; il vous recevra avec des
trans|Kii'ts de rectnuiaissance et de joie* Rome
est le tropli<5e de \oti'e valeur j elle sera votie
plus sûr asile. 9
Mai*s(^s consent enfin à rentrer dans Reine. Le
peu])le accourt au-devant de lui , se prosterne k
ses pieds, le supplie de* lui pardonner, et de conju-
rer la temp^'tt^ cpù menace de foudra sur ritalie.
Briaisdéjh la disgrâce de ce grajid Itomme y Brait
)eld un tel di^sordre, cpi^Alboîii, après «Toirmia
sur pied une armée iKimbreuse , ii attendait plua
que le priidemps pour passeur l(*s Alpes*
Dans Tîntervalle Narsès, accablé de Tieilkase
et de chagrin , meurt, emportant dans la tombe le
dgulourcu^ pro«ci\tiiueut cpie l'jitaliç (jchappera
i;
NARSÈS. 189
de nouveau à TEoipire , auquel il Fayait ri glo-
rieusement réunie par ses exploits.
Quelques auteurs ont prétendu que Narsès
dans sa colère avait en effet appelé Alboin pour
en faire le terrible instrument de sa vengeance ;
mais ce fait, qui n'est appuyé sur aucun témoi-
gnage authentique 5 a été révoqué en doute* Narsès
pouv«ait se mettre à couvert des fureurs de l'im-
pératrice Sophie sans s'appuyer du secours de»
Lombai ds. Ses propres soldats ne lui étaient-ils
pas dévoués ? Ils avaient frémi de sa disgrâce , et
ils pl^ui èrent sa mort. Il est même douteux que
la cour de Byzance ait envoyé , du vivant de
Narsès , l'exarque Lougin pour le remplacer.
Fut-il destitué ou fiit-il maintenu dans legénéralat
et dans le gouvernement de l'Italie , c'est ce que les
témoignages de l'histoire ne permettent pas aas-
surer. Un fait constant , c'est qu'il mourut en 567,
deux années après Justinien , et que , l'Italie
n^ayant pour sauve^garde que sa valeur et sa ré-
putation, seules digues qu'on pût opposer aux
barbares , sa mort la laissa en proie à de
nouvelles incursions et à de nouveaux désastres.
Si nous examinons le caractère et les qualités
do ce grand homme , nous trouverons qu'il possé-
dait à un degré éminent toutes les vertus qui ne
sont pas incompatibles avec l'ambition et l'amour
de la gloire. Dès que cette nol)le carrière lui fut
ouverte il ne vit plus devant lui que Bélisaire, et il
ne fut pas exempt de jalousie. Tous deux avaient
de grands talens et de grandes vertus; mais les
vertus de Narsès parurent d'abord moins franches
et plus concentrées, par cela même qu'il s'était vu
long-temps dans la nécessité de se plier à la dis—
simulatioii de l'intérieur du palais des rois. A
peine la fortune eut-elle placé dans ses mains un
grand pouvoir, qu'il parut s'élever de lui-même
«t devint un pei'goAuage liistorique du premier
190 KARSKS.
iiiilvr. Il fit liirnlot oublier, par Téclat de fon
rnrfr iff*, rkiJinilîafion (ic ba couditîon d^euiiufiue;
il htif Kf; cfiricilifT ropîiiioii, nia'itrisf;!' et captiver
Jf'.^ espf iU, iii!iinlf'iiir nrir; (lifteiplîtie hév^'tc #t h;
filin; i.'iici ir du Mildat; il l'ut à la lois tésh'Ciri ku'
riuiiii , cJeiiJiMit ft ffr me , ^énéreui el 1 igide , s^ilirc,
fiii(;.'il, i'eli<^ifijx et iiiéiue dëvot* Oiitililé de ri-'
ehf-hM'S par sou souv^ntiii, il en employait une
]»:ii f ir* pour if souf ir 11 de sa dignlti5 et pf>ur 1 éclat
de sa rr-pieeiitafioii ; le ifbtir il le lépaiidait en
liKt'ifili{é> (i #'11 auni^'ur»; il dé|)ensa de grand'*»
8oiuni<» Ml jé|fiiiatious, rn fondations pieusffr»
fie uioiju.slèi f-K ( t d t';^ii!i''S ; ausbi , selon kf
liistoi ieuft f\-r! Aiastirpir s , I Empire fut encore
iiioiiih redevalilf de ses Hueres glorieux à la force
de st'S aj-nie.s(|u il ït /îîeacilé de ses prières.
Tel fut eef r iihuf|uf' (;uf rr'icr , grand et puissant
p'iiir* , mnic df- pl.éiiouiène fpie la nature ne rc
produira pruf-éfre janiaiK.Onne peut s*cmpécher
drr n'eounailif; «juf r-s qualifé» liéioïfiucs en ont
fait un de cet* pr j tonnages j ares que la Providence
seniMe ïoniwr ensreretpour le soutien desEm^
pires elmue(fiaiis«
JS'fffft. Qufhpjrs aufr-urs ont confondu ce Nanèflf
vaitirpirur drs OolJjs, avec un autre général du
niéiiie nom , Arn ériîen d'origine, et cpiî vécut
justjirau legne de J'hoeas. Il eut été superflu de
fiV'ii^a^rr iei dan» unr' r!iiicusi>i«ii a ce sujet* Il
HufFit .vans doulf d indi(|uer cette confusion pro-*
duite par Tidrii^iré rie nom, et qui a été» pouf
cpu'Irpics savans j Folijet d'une conti'OYjenp bj^io<"
riquc.
COMNENE. 191
f>i-%'%'%-V^^*^''*'W^'^>i*>^^^'^^^^-'^'~^'*"V^^->'>-X^'^n'%'%'^'%i'^'V>'»i«>f»'W*l'*'»miK
JEAN COMNÈNE,
EMPEREUR D'ORIENT.
Xj'empibe romain aprçsThéodose s'était divisé, et
avait formé , sous les noms d'Orient et d'Occident ^
deux empires distincts et séparés d'intérêt. Fondée
par Constantin , la ville de Constantinople était
devenue la rivale de Rome , séjour des premiers
Césars. L'empire d'Orient survivait à celui d'Oc-^
cident; mais déjà au 12* siècle on pouvait le corn-*
parer à un vieux chêne dont les racines commen-
cent à s'ébranler. La faiblesse des empereurs , les
factions de leurs ministres , les intrigues des eu-
nuques du palais , la haine que se portaient les
différentes sectes religieuses , les disputes dogma-
tiques , la dégéiiération du couraee et la perte de
la discipline , tout faisait entrevoir que l'Empire
serait démembré peu à peu, et tôt ou tard anéanti*
Les empereurs d'Orient n'avaient déjà plus Hen en
Afrique , et une partie de l'Asie miueure leur était
enlevée ; tantôt vaincus , tantôt vainqueurs , ils
défendaient contre les Musulmans les frontières
d'Asie , et du côté du Danube ils s'efforçaient de
repousser les Scythes , qui , sous le nom d Abares
et de Bulgares , désolaient par leurs incursions
les beaux climat^s de la Remanie. D'autres guer-
riers vinrent encore de plus loin ébranler aussi
l'Empire. Les Latins, ou occidentaux, queles entre-
prises des croisvules précipitèrent en Orient, se
192 œMNÈNE.
moiiti rrrnt inoitiH Ich iiIlif^A cleH oinporoiirs gn!C4
qiir Iriii*!! niiidnii^ , ol ocpciidaiit iU fêtaient arm&
pour la iiiriiir vwusv vl ooiiLi'i' Iva inéiuos aclvci^
BiiiiTS.Ti'llit liluil la Hitttatioii i\r Tmipire d*Oi'innt
lorsqu'Aloxisi, aprrH Tavoir gouverne uvc*c autinit^
i\v i'vrnïoié.iixii': d adirsHfS ilrticriidit au luiiibcou et
laiHKii pour lidi'ilicr son liln J(>an Coniiièiie.
Dans vvUr loii<<nr »uilo de prluoc^s ifui ont rdgnd
sur lit Itas-MinpiiT, an nombre de pluit do. cent, Ift
fils MMil d'AU'XÎs nidri(c* par ses vi^rtus l'estinitf
vi l^adintiation dv. la posferifd ; m'uI parmi tant
dVnipcn'ui's il prut ùlvo. offert pour modèle aux
prliioes (ini sont, appeldd h rc^(!;ner. L^histoire ce-
{lendnnt Fa eotidannic^ preHcprh l'oulili; h peine Ici
itsUn'iens modrrnes ibnt-ils mention de ëVA vcrtuji
et de ses exploits, et aucun Inogrnphe ne aVtalt
eiieore oeenpc^ dVetîre la vie de ce prince*
11 natpiil en 1086. Le jour mémeue sa naissance
Tt inpetenr son pi^re , sungeunt h lui assurer la
eoni'onne, la lui posa sur la iùlo. dans lu cdrë-
nionie du l)ap(/*nie. Hien ne fut ixéç^Wujé pour son
(^diiratioti; mais, dc^ponrvn des dons de lu luiturCf
le jfuiie lit^ritier tin (rone ne montra pas d^aboi'd.
vv (pi'il serait nn jour. A seixe ans il fut marié à
lii priiieesse de Hongrie, Pyrisc:a, fille du roi ka-
ilislas. Son earael^re eonunt'iu'ait alors h se dd*
vrldpper, el offiait un nuflunge de fermeté et de
douceur, de vivacité et de iéflf>iiou« Mais il eut
il liiltec eoii(r(> luversion de rimpératrico IrèuCi
princesse d'iinv. humeur hautaine et impéiîeiisf>
licite nuVe dénaturée tmvaillait secrètement à
écai'lfM* du troue son propre fils pour y placer ion
cendre Drienne , <pi<dle aimait de uriféretice»
Alexis, au contrains chérissait son lilif ety n'é-
coutant que la voix de lu nuflii*c, il le déticM
pour sou Huccess(Hir > eu lui couféraut )e txtre
il'Aiii;uste«
i Oit de la justice de ses droits et pcnnfedé qoÊ
COMNENE. 193
•on père , ayant un fils capable de liiî snccëder , ne
le ■ frustrera pas en faveur d'un gendre , le jeune
prince se met en mesure de déjouer les intiûgiWS
de sa mère, qui, pendant la dernière maladie d'A-
lexis , agît ouvertement pour faire tomber la cou-
ronne à Brienne. Jean, averti de Tétat désespéré
de son père et des intentions malveillantes de
rimpératrice , pénèti^e dans la chambre du mou-
rant , se prosterne à côte de son lit , l'embrasse
les yeux mouillés de larmes, lui prend la niain, et,
de son consentement , en détiiche aussitôt l'anneau
impérial sans être aperçu de sa mère. Convaincu
par ses yeux qu'il n'avait pas de temps à perdre
pours assui^er la couronne , il sort aussitôt, accom-
pagné de son frère Isaac, qui le seconde avec zèle ,
monte à cheval , se met à la tête de ses amis , et se
rend maître du grand palais. Irène, informée de ce
coup d'éclat, envoie dire à son fils que l'empereur
respire encore , et que sa démarche est un crime.
Le prince, sans s'arrêter, pousse son entreprise,
et se met en devoir de s'opposer aux tentatives de
sou compétiteur; maisBrienne, excité par Timpé-
ratrice, plus excité encore par sa propre femme >
impatiente de régner, ne montre ni résolution ni
courage. Déjà le nouvel empereur est reconnu; il
reçoit partout le témoignage de l'approbation
universelle; les princes , les généraux , les séna-
teurs , groupés autour de lui , marchent à sa suite ;
le patriarche et le clergé le proclament dans
Sainte-Sophie. Mais les soldats varangues, chargés
dé la garde du palais d'Alexis, en ferment l'entrée ,
etrfeclarent que tant que l'empereur aura un souffle
de vie ils n'obéiront qu'à lui seul ; ils ferment les
portes du palais , et se mettent en dt'voir de les
îléfentlre. Eu vain les grands et le peuple procla-
ment , an milieu des acclamations , le jeune Com-
aène, et le désignent comme le seul, le véritable
lufritier d'Alexis 3 eu vaiu le priace lui-mêuio^
T^mc IL 17
T94 COMMUNE.
rommanrln »iix vnran/,iirs dn lu! ouvrir le palais
iU* fion |)(;r('; il un ])(*iit YHÎncrr hnir résIsUiiice
ipr'cMi U'ur moiilrarif. L aiitirau iinpdrini : « C'est »
« Irurdil-il, cr(|iir jcr tinitt ctn mon père comme
« 1111 f;nf;o (lu (It'oil (|ii*il iiic trniisiiiet à yotre
« ohc^i.Hsaiicr. » La'H yorirR Houyrent, et Tair rc«
tiMilil. (l<; cris cKr loii* vt de nouvel 1rs HcclamationSt
AlrxLS, eu proie a une longue etlaborieuse agonici
iiVxpîra «pie le soir du 17 août 11 18 y et Jean
Coninène tut iuiivers<dlenient reconnu*
Mais une nièn; puJKsaiite qui avait préfôrë son
f;endr(! ^ koîi fils, une; scrur ambitieuse qui voih
ait porter son mari sur Iv. tr^ne au prdjudicnde
soupropn; iVère, devaient inspirer de finquiétude
au légitime souverain. UenCej'mii dans son palaiBf
il agit au-»deliorK par des ininistres fidèles v.t intcU
lig(!nH,(pii assurèn;nt ses droits en tru vaillaut avec
^agesHe à lui gagner le e(rur df!S peupl(>s*
AxueU , nomme grand domestitpic 9 se mon^
trait surtout Tappui du tjoue et Tornemeiit de la
eour. Ce choix ne pouvait qu^lionorer le discerne-*
ment du jeune empereur. Anuels 9 Turc de nais^
saneei n'avait de narbare qiu; sou origine; fils
d'un des principauTE oillciers du sultan Soliman,
il avait dté introduit jeune encore dans le palais
de Coiistantinople api es lo prise de JNicde; il était
du menu! ag(? que rlidritierdu trône, et Alexis,
cliariné de sa bcume niin(;et de ses qualités aitna-
Mcs , Tavait donné à son fils pour yull partageât
ses div^rtiHsemens et ses dtudes. -Axuels gagna
l)ieiitôtle ccnur du jcuiie])rince,quih sonayëucuient
H TKmpire lui donna toute sa confiance» Les j^r^
tus et la modéi ation d(; ce ministre fidèle le mi-
rent au-dcHsus de leiivie et de la haine» Pendant
les vingt -quatre années de ce nouveau rèonc
aueun nuage, aucune mésintelligence, aucun dé*"
l^ont ne rompit Taccord honoroLle qui réimait
rntre Jf'an Coumèuc et son ministre 1 pu pîutut
•ou ojni.
fiant Vempertur commençait à peine à
rr l'Empire , qu'il Be tbmia confre lui unç ^
tlon ourdie par Anue Coninèiic. Cette
e pbîlosopUe u'avait pas penlu l'espoir de
ions le nom de son epons. La carilc ijtiit
rrompue, et les porLes du palnis drvnient
dans la nuit mé rue au signal des coiijuiéa:
■iou (te Brieiine fil manquer la eoiispiia—
ÏB le Iriidejuain elle fut enlièi'eiiu.-nt d^
c. Comnèuc , vuulaut cougacrei- pat- un
ïl^mencelegcomineucemens de son if'gnei
vie aux conjiir^5,ou plutôt leur pardonua,
Inpart rciitrèi'cnt peu de temps après daua ,
ms , doot la confiscation avait é\é pronon-
ine 1 la plus coupable , fut la première à
:r la bouté de son frère. Ce prince s'^Iait
rfë dans sou palais pour la coufondi'c pur
ares de son crime ; en voyant ec palais
t d'or et rempli de richesses, ■ Hélas ,V<^
■t-il eu soupirant, mesprocLcs sont doue
Imuemia, et les étrangers mes amis ! Puifr-
le crime a renvn se' l'ordre de la nature ,
ins celui du niéjite. « Se tournant alors
>a ministre , « Mou cher Aiuels , lui dil-tl ,
UB donne toutes ces richesses; tous les biens
ette sœur ingrate et criminelle seront k
désormais, n Asuels, interdit, se jette aux
d'empereur: « Prince, s'écrie le ministre,
liens sont le patrimoine de votre auouste
Ue ; il est juste qu'ils y retournent; ils se-
rt profanés par des mains étrangères. Vous
déjà vaincu par votre clémence la priit-
! votre sœur; achevez votre victoire; ne
!oane£ pas à demi. Donnez-lui les biens
Ile a perdus; pour moi je suis déjà comblé
trop de bienfaits. — Et qtoî , répond
pereor , toucbé de la modestie généreuse
m vertueux favori, et moi je serais îudt«
17*
Î96 COMNiiNE.
« giic de rc^^nor si je ikï savais Rncrkfler mon res
«( gniliiiiciit avec mitant <lr. gmiitlnur crfim
m qu*Aiii(;ls San ifio kuii propice iiitéréU » Il reii
dit aussitôt son aiiiitir à sa sa;iir , et la laissa joui
tl*aii4iiiLl(*nH'iil de tousses biens.
L'inipérnlrice n^avait eu , dit-on, anciinc par
Il la eonjuration do sa fille; voyant 8€mi fils ci
possession de la eouronne, ellereprjtl(*8 sentimen
d'une mère , se dcUieha des inhi^ucsde la cour
ft se retira dans un monastère , cru Vile avai
fonde ]>our y (unir ses jours au sein uu repos e
de la rrli};ion.
Tout annon^Niit que Vempirc f^rcc serait rufu
l^ouverné par un prince a la fois prudent «rt brave
ieruie et modéré. Sv.h qualiUM morales siinisaicn
seules pour lui attirer rairection des peuples : vn
Mt<irieur n'y répondait point* Ce prin(!C étaitma
fait et très-basané; 011 Tayait snnioinmé I<
Maure h cause de la couleur de ses cheveux et<1i
cou teint : nrrfte et rnpillo niger, dit Guillaum
de Tyr. Mais lors({u'on s'aperçut <[ue cet cxfc
rieur pfu avantaç^eux eaeliait une âme élevée f
l^énérensc! , on lui donna le surnom de Ca/o^Jea
ou de /ii'fW'^Jran , comme si Ton eût voulu mai
cjuer, par e(;tt(; dénomination nouvelle, que S4
Uilens et ses vertus faisaient toute sa ]N*auté*
Après avoir pourvu à la tranquillifé iiitërieui
de. rUtat, et s'être ailermi sur le trône, Comiièi
ju^ea ({u'il ét'iit temps de tirer Tépce coiiti'e l
ennemis du dehors* Les enlreprist's des Tur
( vi;;(:aient surtout la vigilance (^t 1 aetivifé iVi
prince guerrier* ; ces emieniis naturels de l'Empî
avaient rompu le tiaifé i\r. Suman api es la ni\/
«rAlexiî , et déjà ils inrestaient la llrry^ie.
Dès la seemide amiét? i\v. i>on rv{!^iw Coinuèi
résolut de passer en Asie* pouj' arrcU^r leurs |>ri
|^r€!s» Luodicée , ville considénible , fut lu prciuîè
COMNKINE. Î97
concpiéte An IVriipriviir; il IVmporU crassaut»
maïyi,ré lu bravoun; du la ^ariiiKoii lurqnc* Auhm
humain qiir c',oiira^i*ux, il donna Tonlre formel
d*ëpargnrr Iv.s haljiUns, el sut nicUrcï un Irnin h
la cruaiiJd du Holdat. Après pliisirur» ronilialt
ttUtcrsKifs, où il Cul toujouiH vaimpintir , il n'Hfa
maitrc do la VUiy^w., (!lj-rnfiii à (Jonsfaiifinoplo
au niillru iIch acclanialionii du pcuplo i;l des sol-«
daU. P<!itdanl Ihi virr il donna Iouh hvh soinn à
ladininislrafion do rKnipijo, MVilorrant do rani-
mer lo connnr;rcc , Io.h arlH ol rapîi-.ulturo.
La Panipliilic lut le ihelît rod(^ la (:an)pa(;ii«{ siii-
mnlo. Comnènc mil lo Hië{^c devant So/opoli»»^
place importante hâlie sur une monta^^ne {*scar-
])év. et inaeee!>sil)l(% Mille di/lieultds rebutèrent
(1 abord l'empereur ; enfin il înni(;ine d'attirer'
par une ruse la f^arnison fnrcpie borK doK mu«
railles; il 1 enveloppe, et la passe au fil de Tépée^
Dc^pourvue de garnison, So/opolis ne fit plus an-
cuue rdsisfjHiire, et r<!m))ereiir , maître do eettc;
ville, étendit bieutolst^H concpiélesjuhfpi'aux portr.'t
de Tarse,
I)ans SCS ex|)(îclili<)ns d'Asie ('oiiiiiriic ne so
coiihiihiil. pas (ra^randir le d >iiialii(' de IJCnipirc^
(Il inéiiic lriii|>s «pi'il prciiail. des villes, «pTil
souiiii Mail des proviiKes, il Ltavaillaif., selon h»
pasiion du sièelf*, a snhjui^iK j* b's es[>ril;. , ii faire
(les ('r)ii(jué(es au <-|iris(iaiii^nie , ef à au^nient.ej*
le nombre de ses sujels : une foule de niiisnl —
iiiaiis eoiiverlis enljèreiiL voiojitaireuieiit dans seti
lioiipes.
'I andi;. cpie vers l'Asie rKinpire éhiiJ ()resse par
les 'l'ni es , à roeejrienl. il élail. Iiareele par cTaiiIres
barbares Scribes d'oi i|.;ine. La nation des l'al/.i-
iiaees , renoussiie an-delà du Danuiie par Ale\i: ,
f epai ni i\(' nouv<'au en armes , c'I viuL porler le
Len el le carnage en Marï'rdoiue,
Il fallail oj)pos(r un(; di^ueir(!e toircuC de bai>
Î96 COMNiiNE.
« giie de réfficr si je ne savais sacrifier mon ret«
«( senliment avec autant de (candeur d*Am«
m qu^Aiiiels sacrifie son propre intérêt* » Il ren-»
dit aussitôt son aniif le à sa sœur 9 et la laiisa jouir
ti*aaquiLleinf'nt de tous ses biens.
L'iinpc^rntrice nWait eu , dit-on, aacttM part
Il la conjuration de sa fille; yoyant son fils en
possession (le la couronne, elle reprit les sentimeni
îl'unc niere , se dctficha des inhiguesdela cooTi
rt se retira dans un nionastcre , au'cUc avait
fond^ pour y finir ses jours au sein du repos et
de la rrH}i;ion.
Tout annonçait que IVmpire grec serait enfio
gouverne par un prince à la fois prudent et brave*
l'ernK; el nioJerd. Ses qnalité.s morales suffisaient
frculos pour lui attirer lafTection des peuples : sou
ntlirieur n'y répondait point* Ce prince ëtaitnul
fî»il et très-basiiué; <m Tavait surnommtf k
Maure ?i cause de la couleur de ses cheveux et de
ton teint : rnrue et rnpillo niger^ dit GuîUamne
de Tyr. Mais lorscp'on sapf;rÇut cpic cet eitf»
lieur pru ^avantageux cachait une âme <Slevée et
généreuse , on lui donna le sumqni de Calo^Jgan
ou de Beait^Jcan , comme si Ton eût vouin marr
(juer, par celle dénomination noiiTcUe) quewi
Uilcns et SCS vérins faisaient toute sa beauté»
Après avoir pourvu a la tranquillité intérieort
deTEtat» et s être aflbrini sur le trônc« Conmèue
jnt^ea qu^il éUit temps de tirer ré]iëe conlre kl
ennemis du dehors. Les enlieprises des Turcs
< li^oaient surtout la vigilance et Tactirité Hwêm
]>rince guerrier ; ces ennenns naturels de lXaiprS|
iiviiicnl ronipn le traité de Saissan après la MOii 1
d'AU^xi^ , el déjii ils infestaient la phi-ygie«
IV .s la seconde année de fron règne Comnène
reM>int de passer en Asie pour arrêter leurs pro-r
gi èii. Laodicée , ville considérable 9 futlaprcinîeM
COMNÈNE. ' Ï97
conquête de l'empereur; il Temporta d'assaut >
maigre la brayoure de la garnison turque. Aussi
humain que courageux , il donna l'ordre formel
d^épargner les habitans , et sut mettre un frein à
la cruauté du soldat. Après plusieurs combats
successifs, où il fut toujours vainqueur, il resta
maître de la Pbrygie , et rentra à Constantinople
au milieu des acclamations du peuple et des sol-«
dats. Pendant Thiver il donna tous ses soins à
radministration de l'Empire , s'eflbrçant de rani-*
mer le conunerce , les arts et Tagrlculture*
La Pamphilie fut le tbe'âtre de la campagne sui-
T^nte. Conmène mit le siège devant Sozopolist,
place importante bâtie sur une montagne escar^
pëc et inaccessible. Mille difticultës rebutèrent
d'abord Tempereur ; enHn il imagine d'attirerv
par une ruse la garnison turque bors des mu-
railles; il l'enveloppe, et la passe au fil de l'ëpée*
Dépourvue de garnison, Sozopolis ne fit plus au-
cune résistance , et l'empereur , maître de cette
ville 5 étendit bientôt ses conquêtes jusqu'aux porte$
de Tai'se.
Dans ses expéditions d'Asie Comnène ne se
contentait pas d'agrandir le domaine de l'Empire J
eu mcme temps qu'il prenait des villes, qu'il
soumettait des y)rovinces, il travaillait, selon la
passion du siècle, à su])jugii(r lés esprits, à faire
des conquêtes au christianisme , et à augmenter
le nomJjie de ses sujets : une foule de musul-
mans convertis entrèrent volontairement dans sea
troupes-
Tandis que vers TAsie l'Empire était pressé par
les Turcs , à l'occident il était harcelé par d'autres
l»arbares Scythes d'origine. La nation des Patzi-
naces , repoussée au-delà du Danube par Alexis ,
reparut de nouveau en armes , et vint porter le
£l*u et le carnage eu ]\lacé<loine.
Il fallait opposer une digue à ce torrent de bar^
198 COMN£NE.
!>iuYS. LVmpcrrur, sans tirer aucane de irs
ti^ni|>es(rAsic|« ivtouups là pour contenir les Tara,
Ui ilo uouvoUos lovtM^s |H>ur Ws oppo$(»r aux Pàtsi-
nucrs^ niurclinoii ^lacctluiao, et, s étant cantonné
h iWoe, oniplovn une partie de 1 année en pr^
parut ils et en uej;(HnntIons. Il attira k^ principaux
ehot's dos liarliares dans son camp, les traita aTfc
nia4;iiiticoncc • et en détacha ain^ plusieurs du
piirti dr la cueri'e; maïs n^avant nu nouer le
cor|)s entier do la nation « il jngtni qu il railaitcom-
battiv ces ImrlmiTS pour les roixn?r à la paix.
IK^s Ton vertu IV du printenifis l«^ Patunacrs
eux-mêmes vînit>nt oflVir la Im taille à Comiièiir.
1> prince doima aussitôt le signal du combat à tn
trou|H's « tpril avait eu le temps de former à la
discipline (*tau\manoHivres. l^ii victoire fut loofi*
temps balancée. Taudis (pie l'Empereur faisait le
devoir d*un i^eiieraU il eut la cuisse percée d'un
javelot : en vain sesollieiers le pressèrent de quit-
ter le champ de bataille ; il continua de donner
ses onires et de piVsider aux uuinœu¥re$« Eofia
les Imrbares tiiivnt de'taits et forcés do regajpier
ieur camp. 1^^. sVnviroimant do leurs cliariob*
couverts de peaux de bieuf et liés ensemlde* ils
V placent leurs tennues et Unu*s enfans , et s*en
fout unebarrit^re impénétrable « ne laissant que
d étroites issues de distance en distance pour
loiuire sur les Grées.
Il fallait livrer une sorte d^assaut à celte en*
ceinte hérissée de piques et dVpées. L*empereur«
impatient d achever sa victoiiY% veut deaceiiArede
cheval malgré sa blessuiv , et attaquer en personne J
à la tête de ses soldats ; rien ne raurait nrrêléii 1
ses gardes, sautant sur les chariots, nelesMHiHit 1
mis eu pièivs <\ cou^vh de hache. Dès lors les enw*
mis« privés ile retrancheiuens« ne firent plus an-
c\me résistance. L Vmi>eiTur ari*êta luinnéme le
massaere eu taisaut mettre eu suretc tous '
sgimLer«,
CQ3VIÎÏÈNE. Î99
Le lendemain on yit arriyer au camp impérial
le reste de la nation yaincue. Hommes , femme^ ^
yieillards , tous ddclarèrent qu'ils venaient vivre
volontairement sous les lois de TEmpire. Les plu»
aguerris et les plus robustes furent incorporés dans
ïes troupes impériales ; on donna aux autres de»
terres à cultiver.
De retour à Constantînople , le premier soin
de Comnène fîit d'aller rendre à Dieu de solen-
nelles actions de grâces dans leglise Sainte-
Sophie pour cette victoire mémorable 9 et ce
iour devint une fête annuelle nommée la fête des
I^atz inaces*
A cette guerre en succéda une autre moins
dangereuse contre les Serves , qui inquiétaient le»
frontières par de fréquentes incursions, et qui
venaient de détruire le château de Roze. Le com-
mandant de la garnison impériale avait fui à leur
approche r il fut puni de sa lâcheté ; l'empereur t
après l'avoir fait revêtir d'une robe de lèmme ,
ordonna qu'on le promenât sur un âne dans les
rues de Constantînople. Cet exemple , en impri--
mant le sceau de l'infamie à une action de lâche-
té, réveilla le courage des troupes. L'empereur
marcha ensuite au devant des Serves, et les défît
en bataille rangée. La nation se soumit ; on trans-
porta dans les campagnes fertiles de Wicomédie,
presque désertes, ceux qui ne furent point incor-
porés dans les troupes.
Au retour de cette expédition rapide Comnène
revêtit Alexis , son fds aîné, de la pourpre impé-
riale, et l'associa au titre d'empereur; il décora
en même temps Andronic, son second fils, du
titre de scbastocrator. Ses regards se portèrent
ensuite sur l'administration et sur la police de son
vaste empire.
Mais une nouvelle guerre exigea bientôt sa pré-
sence vers le Danube. La défaite des Patzinac^sef
i;
loo œMMENE.
<U'8 Serves ti^avalt pas ôtë aux Hongrois IVspoir
ireiitanier quelque proviucc de l'Empire. Ils pas-
eèreiil le ileuve, prii*ent et ru ill^reut Belgrade ,
€'( portèrent le ravage jusqu^à Triadize» Cette ville,
irisc' et saccagc'e, les mettait sur les frontières de
a Thraee : pour en dcfendix; Teutrëc Comnène
so tran$]iorta à Pliilippopolis* Son armée était
Composée eu grande partie de cavaliers lombards
4't de tures auxiliaires; il y joignit des troupes de
la Tlirace vt de la Macédoine , fit constmire une
grande quantilé de barques , et , remontant le Da-
nube ^ attaqua les Hongrois , sur lesquels il rem-
))orta \u\ grande victoire. Il fit bâtir à la lift te un
l'oii sur 1rs ruines de Belgrade. La campagne sui-
>anto raliattit d(* nouveau la fierté des Hongrois.
Knlîn leur rc»i Etienne et lenipereur on vinrent
il nn(* négociation , et conclurent la paix.
(<e])enclanl la i épuhliquc de Venise , deveirae
puissance maritime , ne reconnaissait plus la souve*
laineté des em])eieurs grecs, et, en se détachant
ainsi de TEnipire, lui faisait perdre une des
))rane1ies les ]>lus l'iVondes de son commerce*
Tour leparer ce (tonnnage Comnène forma
des liaisons avec les villes maritimes de ritalie»
et attira ainsi dans ses ports toutes les marchan-
dises de TAdriatique.
I.a guerre de Hongrie tenninée, il reprit le des-
sein de recouvrer TA sie-Mineure. Répandus dans
la J^inipLilie, les Turcs s'étaient oéjà rnidui
maitn*s de (lurtamone , Tune des principales villes
du ]ia\s; celait rancienue GemtanicopiUitm Hem*
perenr la prit pai* escalade , en Xi2d, et repsiss
tMisuite le Bosphore avec un gi*and nombre de pri«
•sduniers. Dans la vue i\v. relever Tesprit nurtial
«les i'recs II il voulut donner à sa capitale le spee*
iacle (lune pompe à la lois religieuse et militaire.
1a'. jour ii\é pour son efitrw à Constantinofile
les lues iurcut tendues des plus riches tapisseriesi
' èt.liord sic I de metateUïi;
defmk lu en e lu; a l'^^uiè Sainfer
Sopbie*» Vemperenr à pied» a croix à la mainy .
•gs4céà^t un char couyert aor, d'argent et de
. mefareriesy fLttM de c raux blancs conduits par
Mfl priiooipanx offici dé llE^pire, ^ tenaient
1m rênes, et sjormo] de l'image de la vierge )!
' à la .protection 46 ia<j Ue le penple 'attribuait
les succès et la prosj^nte de l'If mpire* Ce cortège
«iignifique» reiwLtà Sainte-Sophîe/^^^^
I ;war rentra -«[isnite en pompe dans so^ palais* •
lÀ jMpfusion qm règne dans les i^fs des h^^
riens al Jean Comnène ne permet pas de namfit
aTeo exactitude la suite de ses exploits à la oaJlie .
. précise des, années auxquelles ils doitent se tvp^^ '
porter. D^uis la guerre de Paphlag^nie. jn0^^
ceUe dé Cilicie un eqpace de dix années s*ec6ulM^ .
pendant lequel ce prince Tertueux.| asns sur
f ^ *-A — j^ /*• — *— *-nj ne s'i^ecups sans reUc&e
ijets des douceurs dTun gou^
équitable, ^ussi actif qu'ii^
telligeut , il employa ce temps précieux à ré^er
rintérieur de ses £tats. Cette partie de son his-
toire ne serait ni moins curieuse ni moins utile
que ses faits guerriers; mais Nicetas et Cinna-
mus , minutieusement occupes à décrire des çom-^
bats et des sièges, nous ont dérobé les instructions
que la conduite d'un prince si estimable aurait
Eu donner à. ceux aue le destin appelle à régir
>s Etats et gouverner les peuples.
Tandis que l'empereur grec envoyait des am-
bassadeurs à Lothaire , empereur a Allemagne y
pour resserrer les liens qui unissaient les deux
Empires , de nouveaux germes de guerres se
développaient en Asie.
Le traité éventuel qu'avait fait Alexis avec les
princes croisés, et eu vertu duquel toutes les villes
JLd Tancien domaine de l'empire d'Oiient devaient
104 COMNISNE.
prnndro nî r«po» nî nourriture; que lomqne »
ii'c dans sa ti'iirn, il dtnit sAr qu^niicune partie du
ijorvico n'avait «Ut^ on 1)1 ui(» ou n<*Rlif^i^«\ A force de
soins vi de couru'yTf! , il miporhi le faubourg IVprn
Il la main. 11 tourne aussitôt ses attaques contre
le corps d(^ la place ; mais il est repoiuiKd au pre*^
luicr assaut. Il allait revenir h la chai*ge lorsque
les lr.il>itans , <>nray es, entrèrent im uëgoeiatiou ; ils
oflrirent \uut sonnne consid<$rable et un tribut an*
iiu<^l siTon dpar{];iiaitla ville. L'empereur, pressd
d'arrêter reffnsion du san^, souscrivit aux propo«
sitions des assii^^ds. Parmi les riclies prëscns qu ils
lui oflrirent, tels que de beaux cbeyanx arabes»
des dtoffiïs de soie broehëes dW « des tables enri*
clii(*sde pierreries, ou remanpiait une croix d*aiiA
s<Milc pierre ])rcÇeiense , d un prix inestimable, tra-
vaillée autrefois pai' Tordre de IVmpéhfMir Cons-
tantin , et toini)d(» entre les mains des Musulmans
apr(>s la délaite de llomaiii Diog<>ne«
On touchait a la fin de la campagne, et rem-
percur ordonna le départ de Tarmde pour ses
(piartiers d'hiver, uiali^ré les instances des princes
latins, dont la condnitf! n'avait pas été irrépro-
chable* Arrivé à Antiocbe, il y fit son entrée pu-
Mitpic , accompagné de ses fils et (l'une partie de
son armé(.'. \a) prince (rAnlioehe et le comte
(rK(l(\sse tenaient la bride de srm cheval ; le
patriart^ln^ , suivi tUi (*h*rgé et du peuple, vint en
procession au-(l(>vaiitde lui , chantant des psaumes
et des hynïiK's au sondes instrumens de musitrae»
Oii conduisit ainsi IVmpereur h la grande église
et an palais, oit il fut honon^ comme un maître
exer^^mt I autorité souveraine et prodigant ses
faveurs aux princes , aux seigneui^s et à tous les
liahilans.
I^'aire <rAntioche sa ]>lace d armes pour conqué-
rir la Syrie, et s'y maintenir comme dans une
place du sure lé pour reteulr les |iriuces chrëtietts
■ '■-■.. l . ■ - t r - . -
• ■ - ■ Si •
■ ■■«-. . , ..
''\ CXXHSÈIjE. . ■ >.l^
tjère penuE^ de GoûÉùnè^ae» Ce pian politiqii)e,'n(Miit
'exiéiailkm létvU Bécessàiit^li ses tiies, n^^
jgcijiàpper . longtemps à la péo^tration àeà priocèé ^
latious* Ne |Ki^Taiits'o]^po8eroaf(ei^^
seins de remperenr, us<:alôiômèreiit ses inten-*
lions , et, par des émissaires secipeti, excitèrent le
lieople à la rëTolte. Le peuple s^éaad , et Ton en-^
lepoitcrier de toutes parts t « Antiocbe es^perdnei
. m .elle e^t yendue aux Grecs , ^i ont les demetires
M . de nos pères»^ SauTonsnaous dans les déserti» »
« ibiiçiéj^r ces clameurs , tout le penple d'AxH
• tipclp :^a|||ttronpe » prend les armes ^ atla^pe lé*
perswHjmdela suite de. l'empereur , et lespoilSK^
fflûlÎB|iq[u^aux portes du palais* Ce-prîiioe aûnût
Iu repousser la violence par la force ^* ordm^i^ .
3 jnassacre des hahitans d'Antioc^^ elihester *
maître de l». TiUe parla terreur | mak son coeur
^magnanime rejeta ee parti , ^ue réj^xmyait lliu*^
ju^ké. Jl dissimule son indignation , et tdande '
jHpprès de lui 1^ princes $ les seigneurs et lès -prin-
cipaux habitans : « Je vois , leur dit-il , que mes
« intentions et mes vues sont mal interpiëtées; la
jBc malveillance me suppose des desseins sinistres :
«c c'est à tort. Je me repose au contraire sur
« votre fidélité , et je n'ai garde de vous rendre
m responsables de la témérité d'une muj^tnde
. jt aveugle. Assurez le peuple que dès demain je
ic le délivrerai d'une injuste déliance ^ et que je
«c sortirai d'Antioche. » Tous les assistait répoi>>
.iSent par des acclamations et par des louanges ,
xxaltant la prudence et la modération de l'em-
p.ercur. Le leqidemAin ce prince sort du palais
avec son corijége, et va camper hors de la ville.
JJài il donne Lieutôtle signal du départ à l'armée.
.Les princes latins simulent des regrets , feignent
ile vouloir le retenir. L'empereur leur promet de
riiyegir en 3)' rie avec des forces sufiisantes pour
%o6 COMIVENE.
l'ii fniTf* In ronrpiéU'* Le» Wfi|;npuni le cnmM^i
iU: vcf'ijx et. lie. héiiédiviumê 1 et raccompagnent
jiiH<|iraiii rronfii-rcH ch; 1h Cilîciiï. Ce prince f
iipi7;H (li'iix aiiiK'f-H d aliHCiicc; 9 rentra ver» la fin
ilr raiiiirr; i to(^ datiH mi canîtalct menant h sa
fiiiiU; un (;rari(l nonilin; de ]>risounierB et un riche
hiitiii fuilKur \vh Musulniaurt.
Jamais, ina l(;iéd('H guerres »! rr<5((uenf4ïs, l'Em-
invf 11 avait f;U; niiciii p;ouvernd ni ni heiirifiix ;
V» lois y iiUx'u'iii olffMTveeH, et la justice n*y était
pas un vain nom ; ra^rieultnre et le commerce
y éf aient <^^aiemrnt enroiiragd» et honorée Mais
i'. était par iIvh \vv\uh ^u('lTi^re» cpie pouvait se
houtfrnir un Knipin; nienaed juM|u alors par des
eimnni.H n'doutaldcH (pie le ft«;ul courage du prince
Irnait en rrliec*
Tnl riait U; nioliilr dp» actions de Comn^ne; il
fuyait l(! n*pos eomme nuiKible h la sûreté de
hOH iieuples. Jiiloriné (|ue les Turcs ravageaient les
]danieH d<; la Ititliynie, on le vit partir, qiroîque
malade, sauM alt^'ndre le printemps* Iji nouvelle
w\i\v i\r. m marelif; mit leH Turcs en fuite. N'ayant
jduH «rrnnrmi.H h romiiattre, il jdpara les places
t\r. la Hifliynir, el (Munipa si^h troupes à des tnt^
vaux milit4iin-H. dv tut pour les soldats un sujet
4le m(!rontriit4in(Mit el de nninnure; l'cmpereury
pru HyiiHilde à vvh plainU?», repétait souvent i|ue
de liouH Kfddals tw devaient eoinuiitre d*autre fa*
lij^ne (pie rinae.tion, d'autre lamille (|uc rannëe»
(Pautn^ patrie (pie leur eamp*
La eampngne (pi^il méditait avaitpour but prin»
ripai de souMtraire la province du Pont aux in—
furHions v.i aux ruvnces d(fs Turcs» LVnipereur J
péïK'tra par la l'apliïagonie en côtoyant le bord
de la mer. Mais (rette ma relie présenta des difli-
rnlles iiiatt(!iidu(*s; il ialhit forcer tous les passages
Vv.\i^.r i\ la main , et rnrnuïe, liarasséede fatiaue»
n'aj riva dans le l'ont (|u'au solstice dliirert Le
COMNÈNÉ. 207
pereur se cantonne d'abord dans la ville de Kînta;
puis, sans attendre le printemps, il entre en cam-
pa!j;ne. Mais il a bientôt h eoini3attre dos ennemis
plus redoutables que les Turcs ; la disvtte et le
froid. Cette campagne pe'aiide amena plusieurs
actions sanglantes , dans ruac* des.'jiu lies le prince
Manuel, le plus jeune des fils de l'empereur, cou-
rut pique baissée donner au milieu des escadrons
ennemis. La hardiesse du prince, le péril où il se
précipitait attirèrent apiè* lui toute rannée; ce
fut à qui signalerait sou zèle pour l'empereur en
djégageaut son fils chéii. Les ennemis fiu-ent re-
r eusses et défaits. Manuel, comblé d'éloges pAr
armée , fut réprimaiidé par son père pour avoir
manque aux lois de la discipline en sortant des
rangs, et pour avoir compromis par sa témérité
k salut de l'armée entière.
La campagne suivante fiit tout aussi pénible ;
mais rien ne pouvait rebuter un prince guer-^
rier pour qui le repos était un supplice. Les
progrès des Turcs en Asie lui inspiraient une
inquiétude secrète pourFavenir ; il sentait d'ailleurs
que les établjssemens formés par les Latins en Sy-
rie et en Palestine ne seraient jamais pour 1 Em-
pire une barrière rassurante. Ces grands motifs
Î politiques lui inspirèrent le dessein d'accomplir
a conquête de toute la Syrie , et de chasser les
Musulmans de la Palestine. Il feignit toutefois
de n'avoir en vue que de répondre aux pres-
santes sollicitations du prince d'Antioche, qui in-
voquait l'exécution du traité conclu quatre an-*
nées auparavant. Instruit que les Turcs venaient
d'entrer en Paniphilie , et qu'ils assiégeaient Sozo-
polis , Tempereur rassembla ses meilleurs troupes
et se mit en cainpaççne. Presque toutes les forces
f t les trésors de l'Empire marchaient à sa suite.
Jamais il ne s'était vu à la tète d'une si helle
armée. Il prit la route d'Antioche par la Cilicie ;
umis au lieu de trouver des ^liés parmi les La-
loS COMNÈNE.
tiiis , Il ne trouva cpxe des ennemis dëclar^ qni
lui rrfusàrcnt même Jrs vivres. II fit rayngei* io
territoiro d'Autioche, et reviut ensuite passer llii"-
ver eu CiLicio , près d^Auazarbe , résolu d'entrer
en Syrie dès que la saîsou le permettrait » et dj
sigiialea* sa puissance par .quelque exploit méiaù»
raille. Mais le dosliu ou avait décide autrement
Ua accident a&ssi fuucste qu'imprévu renvens
tous les projets de ce prince guerrier et magna-
uime. Il aimait lâchasse, et se livrait souvent I
cet exercice favori, qui seul le délassait de ses Ira-
vaux militiiircs et politiques» Campé alors dam
une contrée hoisée, entre deux hautes moutagoei
de la chaîne du Taurus, il sortit ua jour avec MM
é([iiipng(!s ordinaires , et, s étant engagé ^uis UM
iorêi pleine de botes sauvages, il vit venir à lui
1111 ciiornie sanglier que poursuivaient ses cbienii
Il Tadond de pi(^d ferme , et lui plonge son épiea
daii.s le flanc. Percé et conteim par la main de,]
ranj^uslc chasseur, l'animal furieux rugit et ren-
vers(; par ses vi()lent(>s secousses le carquois di
prince , rempli de traits empoisonnés, uontlNui{
Ini perce la main et y fait une large blesson*
On y appli<pie aussitôt un premier appareil
LVmpei'eur retourne le soir au camp 9 et paMI
a.ssez trauquillement la nuit. Mais déjà le poisoa
circulait dans ses veines ; la plaie s était envfr*!
uiniee et enllamnice; le prince souffrait des doQ"
leurs cuisantes ; hientut même l'enflure se COiB"!
munique au bras, et les médecins ne volent pbs,
de remède que dans lamputation. Décidé à dmmh
rir, Tempereur s y oppose: « Ce n'est pas trofi
« de deux mains, dit-il, pour tenir leii rèflflj
« dini vaste Empire. »
J.e s^>nl regret qu'il témoigne dans un inora€lt|
si douloureux ce n'est pas de voir s'éclipser lei|
^j-audeuis humaiaes , mais de n'avoir pu accooir,
pUr ses vastes desseins poui* lu sécurité de l'Est"
Z09
np lui otât
ie
s portes de aa
• M*
ui présenter
doh.
(T ccitc (Ut-
in le B
sage de la c lU <
mte, et 1-^1....: „ MB w
m'a reqiiéles , Toulaat kr
îre marque de boiiWi,pin»,fciÈiiul: ;ippfk'r ses
inistres , les seigneurs de sa ctàr, et lei princî-
nx. oUiciers de l'arma , il rOMemlila ee qui''
i restait de foicesi et, se montrant wul io«n-
es maux , il leur adressa va diseoDi'B
fuchant et patheti^e sur le sort de l'Empire.
'" ne restait plut à, te pHiice que deux fih,
: et Maaaeli Le deruier seul était k'npnlile
p tenir les rênes du Goiiverneinent. " Mes amis,
I dit l'îiinpercur aux, grkads qui entouraient son
y lit de mort , l'aHioar que j'ai pour vous et
■ pour TEtatcat si peu dësintëi'ess^ que je cher-
' ; un succe«« , hors de ma famille si
1 Tautre de mes eiifaus ne méritait pas
; de TOUS gouverner. Dn pilote qui par igno-
' . rancc perd son Faîaseau , meurt couvert d,e
f honte ; cette boAte rejaillit sur celui même
' qui lui a confié le gouvernail. J'aime met
> ceux fils également, et s'il ne s'agissait pas de
I l'Empire, )e suivrais dans la distribution de*
I mon héritage l'ordre qu'a suivi la nature; mais
f la succession au trône n'est pas on présent ;
J c'est un fardeau, et un père doit en charger ■
fe celui de ses piif^ins qui est le pins. en état dé
%•]& porter.' La Providence a pns soin de dési>
■ gner nuSo successeur; jugée TOus-mèmes si Ma-
* auel, mon secondais, n'est pas celui qui m^
% rite de vous commander. Son courase s'est
* tnontré è Néocécarée , oîi nous lui dûmes la
K victoire. Tous coiuiaisses d'ailleurs sa fer—
* meté; vous avez, vu sa. pinidence se mûrir.
1^ Proclamez donc empereur celui qui en est
■ digne. C'est Dieu qui m'inspire dans ce der—
« nier moment , oh s éteignenf: toutes les afTec-
Tomèîl. 18'
il» ALFRED LE GKAND.
IV"= PARTIE: t
ALFRED LE GR
IlOI D'ANGLETEBBE.
Ai-fusd ëlait ndro cl'EtIieIr«I, roi dos Saioitt
(M;ciil<<nlnux en Aii^IfUTi-e , loraque en paji
^liiit tit proie ikiix nivii|;i-N <Iob ^Irniiaan. U "
iiWiiiiliig<',<laHsloB(-iUhii'e,i>riiicipBle-'-
(li'S rois s!iTioiu> , l'ail 849. Celte notice
iiiiTii ('<' i|ui nous rst. piivvtiuu de plus But
^ IV^iinl lie cet hniiinic vi-HÎmcnt cmtn»
4!t tr(is— auperii'uc h i»))! siècle.
Aviiiit il<> monter sur le (rûiie Alffcd ni
M'\li (loiiii^ de ^iani\i's preuves de courâoe. lU
une i^ucn-c cotiti't^ Ir.s Dtiiiois le roi son iMn II
(-oiiliu le eoiiiiiiiiiideiiieiit de la moitié dt soB ar-
tiiée. Alli'ed 1 un itioinciit «le lïvi'er iMbùllof
vdj'iiit livre iixpiielude qu'Etlifli'cd , retil4 ^Mi
su leiile pour prier > ne doituftil pas le ■iëuV*'
l'Htlaque; emporta mr son iu)|iBlieute Brdmr(3
Duireliu aux ctiueiiiis uvec ses seules forces, jtu*
^re son etlrème iiirei'i<)nl«{ sous le i-apport du
iiiiinbre, il iiiiiiiiliiit le eiinibnt snns d^sa vanlsge
\i,s-.\»ii rv (|ii'euliii Kllielred vint ^ son aecoiin.
!.(:> DuiioÏM lurent m'u fit fuite u\fic ua gruul
B
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%...
W^^ML
^ffi^M
i :„_ ^^ ^a^^l
^^m
^
wjrmfSFf-i dé se i^fii^er dam leiiEQr fer^
ienase -dé J aouig» fameose à répo^pie Aa ce»^
tlPKrrea m.tinrières. Ôh compta parmi les lidorla
; «n de leurs généraux et cinq comtes. jCette ht^ '
^iMlle se livra près d'AiJidown.
\ Qaatorse jours apri^ lesDanob reçurent des .
t M^rts qui les mirent en état de rentrer en cam-
■ jf^e. ïts combattirent les deui frères à Bas^
ângy en Hampsldrè* L'af&ire fiit indécise , et l'on
|.t*iUBqua de nouveau à Merdune ou^Merden9
Ams le Wiltshlre* Les Dianob fnreat d'alxnrd en*
.IncÀ, imis ils se rallièrent; ils étaient (s'il eu
; &iit croire les historiens Anglais) très-supérieurs
«I Dombre , et ils disputèrent le terrain avec tant
^4>raToure que le roi Etfaelred lut blessé , et
£ 'Alfred 9 obligé d'ordonner la retraite , perdit
lucoup de monde avant d'aVoir pu gsaner un
lieii de sûreté. Quoique la yictoire se rat ainsi
oéclarée pour les Danois» Alfred défendit pieu*-
loaient son frère et son roi blessé y et le fit franjbr-
porter à Wittingham. Efbelred mourut peu de .
temps après , et fut enterré à Winboume 9 dans lé
Dsrsetsliire* Oa lui fit une épitaphe latine dont'^
Toici la traduction :
« Ici repose le corps de saîot Ethelred , roi des
« Saxons occidentaux, et martyr , qni le ^3 avril,
<c Pan du Seigneur 872 , périt par la main des Da-
te nois païens. »
. Alfred, devenu roi, fiit sacré à Winchester;
mais ce ne fut qu'après avoir loogtemps refusé de
se rendre aux instances de la noblesse et du
clergé* Dès l'âge de douze ans il avait annoncé
le goût le plus vif pour l'étude et la retraite.,
L état déplorable oii il vit son pays l'emporta sur
la répugnance qu'il avait à porter la couronne ,
et dès lors il résolut de remplir diguement les
pénibles fonctions dont il se chargeait.
A peine avuit-U j^cndu à son frère les derniers
at4 ALFRED LE O&JifrD. 'i
devoirs y que les Danois, 8*ëtaiit ai îs j*^*^ '
Wiiteii , lui présentèrent la bataille, il let nul |
«Vahord m déroute ; nuiis ses troupes les mot ]
riuursuivis avec trop peu d ordre 9 ils repnreiU '
'avantage. Cependant Tintl^ëpiditë d*Alfred dans
le combat et sa cdiéritë h recruter aon armés |
portèrent ses ennemis à lui proposer un accom*
inodemenl; ils Lui offrirent de lui livrer lesplacrs
dont ils s'étaient empai*és , et de sortir oe soa
royaume , à condition qu^il ne s'opposerait point
là l(*ur8 con([uét(*s en d^autres parties de Hle. Ls
prutlenee fit un devoir an jeune roi d'accepter des
conditions si avantageuses. £11 conséquence les
Danois se mirent en marclic pour le nord de llAaF»
gleterre; niais, au lieu de se porter sur le Nor*
tliuiriJ)erlun<l, ils se rendirent à Londres, et
passèrent 1 hiver dans cette ville, qu'ils ayaioit
prise pendant le dernier rèane*
L<>8 Danois exécufèrcMit d'abord le traité ayec
assez <lc bonne fbS 5 mais une nouyelle' troupe
venue de buir pays s'empara par surprise oa
cliûleau de Warebani, le plus tort du royanme
de Wessex , vt t|ui renfermait quatre des sept
doini nations coiuiues sous le nom îS HepUirckieê
^ified fit des représentations au général Danois^
mais îlen reçut pour réponse <{uelesdiflKrena corps
de troupes danoises niois étaldis dans le royaume
étaient indépendans 1( s uns des antres et ne se
CI oyaient pas liés pni* l(;s traités qu'avaient COQ'
dus leurs compatriotes, Alfred crut d'abord qaH
ne lui restait plus d autre parti è prendre qnec0"
lui (le la guerre; nuiis quand il eut comparé ssf
forces avec c(>lies (i<>s enn(^mis il résolut de conif"
ϻosrr avec l(*s circoiistances , et d'aclu'fer kipail*
iWc fut jurée de p:irt et d'antre , tant snr les sa-
cres hrae(^lets des Danois idolâtres , qne sur let
saintes reli<jues révérée» par les Anglo— Saxoas#
Les Dunoi;» rouipircat le ti'ailé 9 sui^rirent wi
AtFRED LE GRAND. ai S
t«r|tB de cavalerie qui mni-cliait sans dcfiancc , et ■
fe i-<>iiclireut maîtres (lo la ville dExeter, oùîls &e
^rtîfièretit pour y passer l'hiver.
Alt'i'ed , s'^ressant à &a iiol)lt?s9e, lui remontra ,
Is nécessité de résister à de tels enacmis, et bien—
lât il put mettre sur pied une armée considéralile.
£set(-r l'ut reprise, et sept actious eureat lien
flao» une sttJe caDi|)ii<;jir ; mais Alfred , que le
Hv^ dy anneB iw fàT«rin pu foqfonrs , m' vit
iUigrf de nouvean à négocier avec lé* Oanmi, C&
Ule Mal mojen qa'û trouva de mettre fin k mw
«III II qui diminuait sans cène le nomIn« ie tét
Bonpes , taudis ijoe les ennenùt recernient ton—
JMin de noBTeanx renforls. Lea Danois m nû—
rtiwnt dans le roprume de Keiàe, oh, bt db*
■heoer one vie entaOe, iU s'iaiM^fiwimitiiTeo
A peine les Saxons occideatata étateBt-»3c d^
InrÀ des Danoi» , que le fameQx R6U0A ae fo^
mta SOT leurs fcôtei. Mais Alfred n'àntl point
Ubenci^ ses troupes ; unûteiiC la circonapection'Jk
la valeur , il mit ce nouvel ennemi hArs d'état di^
rien entreprenilre.
Bollon remît à la voile, se porta vers les rivage*
de la France, et y fonda le dncb^ de Normandie,
préféçaut ainsi, quelle qnepûtavoir été d'ailleurs
la résistance d'Alfred, une contrée opulente à na-
territoire déjà épuisé.
Les guerriers danois , dont les ftM^ces s'étaient .
eonsi^rablement accrues , inondèrent encore nlte
fob le royaume d'Alfred. Afbibli* par tant de
combats, et liécourasés par des invasions dont Qs
ne voyaient pas la fin , les Anglais se livrèrent
■u désespoir. Ceux qui ne purent fuir se soumi-
rent aux vainqueurs ; d'autres se retirèrent dans-
la principauté ue Galles , pour y attendre des cip-
M>nstances plus heureuses; le .plus petit nombre
.^sla fidèle à sou souvemn maUiciu'eux> Alfred
ai(î ALFRED LE CRAN».
yriian i\u\\ rlail pni«lf*iil ilo cd<W pour nn trin)ii
Il Toni^r; il ri^iiolul dr m* n>tm!r dtiiiii un clottrei
h l\*xiMii|)l(' (Ir son oiicicf HiillinMlt niiclo Mrrcii**
L*uii <lt' M(*s |ilii.H(M*iirl!«rlii)p;riiiM rtit(lV*(i*i« rihhiit
1^ sr s('|ia rrr (l«> non tMioiinr KlMWÎtlm , ({iril niiuiiit
livre iiiMi (nulirssr <lon( vWv i^hùt di|^ur « Dt drft
fMiians ciuVlIr lui iiviiil <1oiuii>m. Il IfMir nMiigiin un
lîcMi (Ml ils riiiTiit (Ml Hiiirtdi puis il prit lo clii»miii
t\r lu piciisr rclraih* «jiril avait clioisio* no IniiMUt
pas pour r(*Ia «l*avoir 1rs ymix uuvrrt» mir ton
p<Mipl('. Il (Ml sortit (iiiclqiKf tompH api*^ii'y «•(, k In
iiivtMii* (1*1111 (l(*|,;iiis(Mii(Mit , il w* mit nu iiervicedtt
relui (pii avail soin <l(* S(*h tl*oup<*uuX»
Ou iir sait pas (•xartriiH.Mit H^il lut ivronnu de
vr\ luMiiiiir; mais uiu* aii(*r(lol(^ rtotiudi) |Hmr cer*
(aiiirprouvrniit (|ii(^ la iriiiiiK* (l(* vv |tliyimu iglto-
rait su naissaïu^r ri son raii;;. tJii jour cpnl ^titt
4issi.«; iiiipr('*s (lu Iru rt ahsorlx^ (luuH «en ptni»ët*9i
il laissa hrûlrr uu ^àtraii , (nioi(iur wi itiiiUn*aw
lui (Mit (U'douiM^ (r(Mi avoir soiti. Llhf lui i*f)pl*oclia
sa u(^^li«;(Mir(* av(*r s(W(M'ité< rt lui dit (|U0| « uwl«
M };ir \v. p(Mi (Ir soin ({u'il y np|>ortnit % il n*m
« iiiau};(M'ait pas luoius sa part ([untul il Mmît
w (MiiL »
Il iry avait pas loii{;*((Mups cprAllVcd NT trou*
vait(laiisrr(t4'sitiialioii iiiis(^rnlil(Nloi*M|u*iliipmiit
pirs (lu li(Mi oii il ivsidail un trrraiu d*uun faillie
(i((Mi(lu(f (pic r(Mi(lai(Mil iiia(TrHsil>l<! don drux c6tél
l('*s rivi(M*rs dr Parr(*t rt do Thoiu* t rt de front un
\asl(* niar(^Mi^(*. Sans vvbm^ vc\i\vi du destf^n dt
vaiiuMT wn (Minriiiis rt do rtHHiuvrer mi puiemueei
il l'ut Irappi^ dr \'u\ôv. (nu* Hur rit trrrHiu» devenu
iiiahonlahlr par 1rs liois rt IrN murniftdout il ëiait
( iilouK* , on pourrait ronstriiiiT uno fortm^MMi
(roii il altiuiiMM'nit avrr s(^MU'iti1 1(*H pOftt«ft dlinoil
les plus voisins; (Ml roiis(i(pi«Mico il (rouvntnojenile
i'oiiiuiuiiitpirr $oti projrt i\ (pud(|uri^uuidc setplus
ALFRED LE GRAND<^ 217
StUlcs partisans 9 et parvint y avec leur secours , à
l'exëcuter.
Son premier soin fut de faire yenir sa famille
lans ce lieu de refuge ; les nobles qui Tayaient
accueillie ly conduisirent en secret. Bientôt il
barcela ses ennemis par de fréquentes attaques»
et leur fit comprendre que malgré les ayantages-
qu'ils avaient dîT à Fimmense supériorité de leur
nombre , ils ne devaient pas le cousi<lérer comme
absolument dé tait. Quand Alired eut reconcpiis sa
couronne il éleva sur ce même sol une forteresse
plus considérable , et dans la suite il y fit cons-
ti'uire un monastère , en témoignage de recon-
Batssance envers le cieL Cet édifice , situé envi-
ron à quatre milles anglais de Bridge water en
Sommersetsbire , fut appelé par Alfred ^the—
lingpy, ou l'île dos nobles , en mémoire des sei-
gneurs qui s'étaient rendus ])rès de lui pendant
son infortune y dans les t(?mps modernes il fut
connu sous le nom d'Atliclney.
Le y)lus grand mal qu'Alfred avait à redouter
dans cette retraite c'était le mancpie de provi-
sions ; les liistorieiis en ra])poj tout pour preuve
le fait suivant. Un jour , taudis que l biver était
fort rude , il envoya tous s(^s gens cbercbcîr des
.vivres; il était si diiïicile de s'en procurer, que le
roi et la reine furent seuls dispensés de cette sortie.
Alfred alors , selon son usage quand il pouvait
disposer de quelques-uns de ses inoniens , prit un
livre, pendant que son épouse ElsVitba s'occupait
de détails doniestii[ues. Un pèlerin se présenta à
leur porte , et leui* demanda ([uelque cbose à
manger. Il ne restait qu'un seul ])ain. La reine , le
montrant à Alfred, lui fit voir combien cela serait
insufiisant si les babil ans de la forteresse reve-
naient sans.av()ir rien pu se procurer. Alfred n'en
donna pas moins à Tétraiiger la moitié de ce qu'il
possédait, et, s'adiTSsaut à Elswitha^ il entreprit
2 orne IL J<j
«i8 ALFRED LE GRAND.
ùr. la consAlrr , on remarquant pieusement « que
u celui (lui aynit pu nourrir cinq millG homniei
« avec eiiK| pains et deux, poissons , pourrait faire
« (si telle ctiiit sn volonté) que lu moitié du paii|'
» suffit h tous leui*s liesoins. » Le voyageur parti,
Alfred continua sa hn^ture, et les historiens ajou-
tent ({ue sa charild Put rdconipeq^e* 8es compa-
{i^uous revinrent avec une si grande quantité de
^ ivres , que pondant tout le temps de cette espèce
d exil ni leur prince ni eux ne se virent plua exv
posés h de telles extrcniités.
Nous avons rapporté ce trait parce qu*îl honore
Alfred; mais nous ne nous arrêterons |H>îut à un
Mui^e qu^il eut ensuite, a ce cpie prétendent ton^
jours les ni^Mues historiens » et ((ans leoucl suint
<iuthhert, lui apparaissant , Tassura quil recouv
vrerait son royaume.
Alfred avait passé plus d^unc année dans cette
situation malheureuse , lors<{ue llubba , chef «les
Danois, en labsenee de son IVère Hinguard , eu<*
valiit le pays de Galles , et de là passa dans 1^
Df'voushire, qui iais«iit partie du royaume de
Wrssex.
0(l<lune, comte de ce pays, était un homme
courageux et dcvoné a Alfred. Résolu de résister
aux Danois , il se jeta dans le château deRenwith»
situé à 1 embouchure de la rivière Taw. Hubba
vint Fassié^er; mais Oddune sut persuader à ses
soldats de faire nue sortie vigoureuse pour 'se
fravrr un passfi«;e au milieu de Ta nuée eoneniet
iliiroura^és \wr le su4X*^A , ils poumiiTireot
leurs avantages, liuhha lui-même fut atf nomhra
i\v,i morts ; mais ce qui contribua plu» enottn
h l:i (li:>()erbioii des Dauois , ce fut la perte de leur
c<-lrl)re étendard magique, appelé RemisenimtÊ
(\nhcnu , qui tomba au pouvoir des Anglais; ces
ru\.ihisseujs y attachaient une vertu suniaturdlei
ii poilait l'image d*un corbeau, brodée puf kl
ALFRED LE GRANfi. 2T(>
trois sœurs de Hinguar et de Hubba. On pensait
qu^il avait été fait ^ar un art merveilleux ; de
plus les Danois ëtaicnt persuades que cettorbcau
battait des ailes quand ils devaient obtenir la vicv
toire 5 s'ils devaient être battus , il annonçait leur
défaite en baissant languissammcnt sa tête.
Quand Alfred apprit la victoire du comte Od-
dune et la mort du général danois , il conçut les plus
beureuses espérances , et s'efforça de lesxéaliser^
Il manda ses nobles , qui se rendirent avec em-
pressement auprès d'un roi pour lequel ils con-
servaient toujours deraffection et an respect. 11
leur reconunanda de rassembler promptement le
plus de troupes qu'il leur serait possible , et de les
partager en petits corps pour éviter tout soupçon^
mais en se tenant tout prêts à les rassembler aussitôt
qu'il leur eu donnerait Tjordre ; puis il les con-
gédia^
Cependant le plus difScîle de son entreprise
restait encore à exécuter ; il fallait prendre con^
naissance de la situation des ennemis , toujours
rampes au milieu du royaume^ afin d'agir con-
formément à ces lumières. Alfred , ne sacbant
point à qui confier une cnlrepiise si <Ufficile ,
prit la résolution la plus audacieuse dont jamais
prince ait conçu la pensée. Il résolut de s aven*-
turer lui-même au milieu du camp des Danois ,
afin de connaître avec certitude leurs forces et
leur position» Pour effectuer ce projet il se dé-
guisa , se munit dune barpe , conune s'il eût
eberché h subsister en jouant xle cet instrument ,
et entra dans le camp des Danois. Il y resta plu-
sieurs jours 5 car les minstrels ( ou joueurs a lus-
trumens), étaient fort bien accueillis dans tous
les lieux où ils se présentaient ; AlfiTd fut même
admis .dans la tente du général , découvrit les plans
les plus secrets de ses ennemis , et tout ce qri
pouvait manquer à leur discipline. Il apprit eu-
X9*
c n;ncl(K--yoiJK ^éiiuiui tir. M!S troui^fs.
L<! jour (lési(;ri(; il m: iv:n(lif. prrrA iUi son nr
aBrIxtoti, à IVrnlit'O orientale du liois, #;t fut
d(;sc'8lrouprs a ver de.» transports dcjoiciiiexpi
Llrn. Trois jours après Vannéct anglaise paru
vui; (1rs Diiuois, «pn* se livraicnl alors au p
» JC(lin{;lfin , ville du Ilani])sliir#*, et ïi fpK
dislau(u: de leur eanip fortifie. Son approcl
jeta dans la plus all'reusc eonstcrnation. A
ttenlit qu'il ne d(;vait pas leur donner le tpin
revenir de leur terreur; apr^'S une: cour
tfner{;i(fue exhortation à ses K<ddats, il don;
hi^nai d<* TaLtaipie. Klle fut impétueuse; m
leur valelir, les Danois ainsi surprit» furent «
pes <le iffder; peut-éire aussi Ja perl#; de
citendard leur avaiL-i:lle persuadtf cpie leurs <
<:f^iient devr nus défavorahles à leur cause ;
Jfur deroutedevinteoinplète, et leur arniéf!
(]ue entière fut taillée eu pfèees. iÀiux vu
iiondnc qui purent 4l('liann(>r se réfugièrent
un eliAtf'au voisin. Alfred 1rs poursuivit , et i
qu'ils eussent pu revenir de leur consterna
il les pressa si vivement, qu'ils furent bî
Il I oMi^es de capiluler.
I Un aussi graud suecès ne lui fit point a
' donner fies piineipes de doueeur. Il 8*atlacli
partie des î)anois, et les mit en possessÎG
pays dit if: roynumr tVlîst-Ànç^Ue , sous la
«iition (pi'ils enibrasseï aient Ja religion c
'lieivie i qu'ils obligeruicut le reste do leurs <
ALFRED LE GRAND. aar
rtriotes à quitter File , et qu'ils empêcheraient
l'avenir , autant qu'ils le pourraient , de nou-
veaux débarquemens. Ils donnèrent des otages.
pQur l'exécution de ces articles ; ceux qui ne
Toulurent point renoncera leur. religion s'em-
barquèrent pour la Flandre.
Gutlirum , qui avait été nomme par Hubba
gouverneur d'Est- Anglie , et qui , depuis la mort
de ce prince , oonmiandait l'armée danoise , con-
sentit à cette capitulation , et vint au camp d'Al-
fred avec trente de ses principaux officiers. Le roi
se rendit avec ces nouveaux convertis à Auler^
petit village du Sommersetsliire , peu éloigne
d'AltUeney , où ils furent tous baptises eu grande
cérémonie. Alfred fut lui-même parrain du chef
danois y auquel il donna le nom d Atlielston. En*
suite il les traita tous magnifiquement pendant
douze jours à Wedmore , et leur -fit en les con-
gédiant des présens aussi considérables que sa si^
toation put le lui permettre.
Cette victoire importante ayant ainsi surpassé
les plus vifs désirs d'Alfred , il vit i^evenir près
de lui ceux de ses sujets que la crainte avait
chassés de leurs demeures ou contraints de se
soumettre aux annemis. Pour mieux s'assurer
l'amitié du chef danois , Alfred' lui donna le
royaume d'Est- Anglie , alors entièrement habité
par des Danois, se réservant seulement la sou-
veraineté titulaire , comoie maître de touta
l'Angleterre.
Il y avait alors dans ce pays des Danois de
deux classes différentes ; ceux qui étaient tléjà
établis dans les royaumes de Nbrthumberland ,
IMercic et Est- Anglie , et ceux qui chercliaieat à
se procurer des demeuras fixes. Alfred avait
conclu son traité avec ces derniers. Quand les
autres apprirent la défaite .de leurs compa-
triotes ils s'cstiiuèiTiit licurcux de pouvoir con-
AT4 ALFRED LE GHAm).
clc*voi]*8y que les Danois, s*^tant avancés juqnl
Wilt«ii , lui prt^Mîiitèrriit la bataille* Il les mît
dahorcl ru d^^routc»; niais sot trouprs les ayant
Ï)oui-8utvi8 avec trop pou dordre, ils repnrcut
uvnntngc. Crpoiiduut TiuttiSpidité d* Alfred dau»
!<' combat cl sa cdiérîté h reorutoi* son armëe
por(mMit ses (Miurniis h lui proposrr un accom—
inodrniont; ils lui uflrirrnt de lui livrer les places
dont ils s'tftairut ruiparcs, et de sortir Je sou
royaume, à coudiltou c|u'il ne s'opposerait point
Il leurs conc|uét«'s eu d autres parties de Hic* La
prudence lit uu devoir au jeune roi craooepter dea
eondilioiis si avau(a||(cuses. En consétiuence les
Danois se minant en marche pour le noi*d de l^Afr»
i;le(erre; mais, au lii u <le se porter sur le Mot*
thumherland, ils se rendirtMit à Londres» et
pussrrrnt lliiver dans cette ville , qu'ils avaient
prise pendant le derni(*r r^ane.
Les Danois eii<kmtèrcMit a abord le traite avec
ossez de bonne toi ; mais une nouvelle* troupe
venue de lejir pays s'empara par surprise m
ciialrau de Wareliam, le plus fort du royaume
«le Wessex , c*t (pii renfermait quatre des sept
dtnniiiatîons comuies sous le nom iYffepÊarcluem
All'ied lit des représentations au gënëral Danois }
mais il en reçut p(mrrépon.<4(M[ne lesdilTërens corps
de troupes dtuioises a loi s établis dans le royaume
étaient indcpendans l( s uns des antres et ne ae
et oyaient pas lies par les traités qu*a valent con-*
élus letu's compatriotes. Alfred crut d*abord qn^il
ne lui restait plus d antre parti h prendre «pie ce*
lui de* la guerre*; nuûs cpiand il eut comparé SCS
forces avec celles d**s ennemis il résolut de Cdllr"
Ïios( r avec les citx^Otistances , et d aclu*ter in paiX«
')IL* fut jurée <l(^ p:irt et d antre « tant snr lessni*
crrs bracelets des Danois idolâtres, que sur lee
sainirs rrli<|ues révért^es par les Anglo— Saxons»
Les Danob rouipircut k txailé i surprirent un
r
ALFRED LE GRAND. ai.-î
«orps de cavalerie qui mni'ctiait sans défiance , et ■
- oe l'ciidirent maîtres (te la ville dEieter, oîi ils se
fortHièrcut pour y passer l'hiver.
Alt'i'ed, sadressant àsa noliles^e, ]ui remonlra
la nécessité de résister k de tels ennemis, et bien-
tôt il put mettre sur pied une arni^ considéralile.
Eseter l'nl repiise, et sept actions curent lieu
(lans une seule campagne ; mais Alfred , que le
sort (IçÉ armes ne Irtyorisa pas toujours , se ïi£
■,tMif,é de nouTeaD t Dégocier stcc IoDiuimi. Ce-
int le wnl laoyea qu'il troavft de nettre fin % niie'
jgMvtv qai diminuait sans ces» le nonabre de ■>>
troupes , taudis que les ennemis reeeraleid ton—
jflMrt de noBveaux renforla. Les Danoù «e TCti—
lièrent dans le royaume âe Merde, oit, Iék fc
àieoei^-one vie errante, il» s'incoipDtJMdnreô
, le» babjtane. : ■■ ■^,- '.'■
A peine les 5ax(ms:oocidentaia Aaic^>*^ èt-
Ihréi^s Danois, que le ÀmenxIUdloA wpr^
«Cnta mr leurs fcôtet. Ikhis Alfred nVnR point
IfceadéMS troiqwfl; umsaaDt la ctrcon^ection k
la valeur, il mît ce nouvel enneim hArs d'état de'
lieu entreprendre.
Kolloa remit ^ la voile, se porta vers tes rivages
de la France, et j fonda le dncbë de NDrman<hej
Îréfévaut ainsi, quelle que pût avoir été d'ailleurs
1 résistance d'Alfred , une contrée opulente & un.
territoire déjà époisé.
Les guerriers danois , dont les forces s'étaient ,
considérablement accrues, inondèrent encore nA«
fois le royaume d'Alfred. A&iblis par tant de
combats, et déconraeés par des invasionsdont ils
ne voyaient pas la fin , les Anglais se livrèrent
au désespoir. Ceux qui ne purent fuir se soumi-
rent aux vainqueurs ; d'autres se retirèrent dans-
la principauté de Galles , pour y attendre des cip-
coostances plus heureuses; le. plus petit nombre
resta fidèle à sou eouverain malheureux. Alfred
ftifi ALFRED LE ORANH.
yfim% qi/il (-Idil. pniflnil lU; r.étUtr pmtr lin UniUfià
Il lonif^f*; il M'Holiil (le h«' irliri*r ilnnuiin i^loUri*^
h Vvxv.imAr Jf Hoii oiiclf? nullii'cfl, roi cic! Mf*m«'«
J/tin fie fif!M |iliiHrrii«'l(4c|iiigririH i\il iVMrt* tMnit
il Ml! H(*|»nrf'r «lo Moti rniMifif KUivilliii « (|fril iiimnit
iwvr iinn |.fiiHrf*H>4f! ilonf. rlli! iUml di^iii*, v.i de*
riiriiiiH (fii'i'llf* lui avait f|otiiii;M. Il leur nnmanH un
lini f>ii iIh (iirriif. f*n Hurvté^ piiiii il prit lo cfiifftiiil
ifr Iti pliMiHf* vviViùU: (iii*il iivaildlofHir*, n<f IftiMMint
p.14 pour rrla «ravoir Ir» y»iix oiivitU iiiir hou
pnipU*. Il (!ii Horfif. «piflqni* M.*iiipH apl'^rt| r*t « ik In
iiivnir (1*110 (Ir^iûm'iiimil., il w» mit iiu Bervicfldo
ri'liii (|iii avilit Hoiii «If* wn Iroupeaiix*
On lie Haif. ])aN rtartfiiK.'nt H^il fut rrrfrîitlU âtt
rcl Ijciiiiiiif; niaiH iiiii* atirTiJcitr? Attnuév. pour Cftr*
laiiif'proiivrrait (|iii^ la rciiiiii«' (i«* rn paynnn ignr^
niif fin iiaii^arK^f v\ mon niii{^. lin jour «pi*!! était
iiHni'i aiipf'f'H (lu (('Il cf. aliNorlx* (hiiin MH pciiiiëf^i ,
il lai ma ï)vû\rv un ^tfiU'tiu , (nMii(iu(; m tnnitrfWMj
lui eut onioiitii: ircri avoir Koiri. LIIiî lui raproeïm
hit ll(•^li^(•n(^(■ iivcr H(:vrril(5i d lui ditfpff!^* innl-*
«< \\yr. le pcrl (le hoiii (pril y apportHÎl « il nVn
« tnaii^frait pan iiioiiiH »a part ipfiliul il gffmit
(f cuit. »
Il ii*y avait paM loti{;--f(«iiip-4 rpi^Alfriril ht* trou*
vaifflairicctfi'Hitiialioii iniM(^rHhl(?,lui*iiqii*iliipi?rc'U(
pi'f'H (lu lieu oîi il irHidait iiti li'i'nitn tVuitn faillie
/.U'wUir. (pi(r rcrulairiil juacccrtHililf? dofi d(*Ull c6ttft
U'f* riviiTcM (le Parr(*t et do TItorir , c*t de front tifl
\mtr. riiat-«!(*a^(*. SaiiN cvnm: rcupii du deinpn de
vaificir nt»n (MiiirmiM et do r«K!UUvror Ml puiiMtioe y
il Ciif. frappe^ d(* l'idiM! inio nur cv. Irrriiin , flevcnu
iiiMJiordaldff par U'h Imiih (*t Ivn niiimis dont il ëtait
l'iilouK* , on pourrait roiintriiirr uni* forterffMO t
(l^oii il all^Hiiicrait avcfr Hf^curill^ ]vH potteg dttnoia
h'ipiiifi voiHiuH;cti r.(MiH«!(pjf*n(;f; il trouva moyen de
i-oiiiiiiuiiifpirr»onpr(»jcth(pi(*l(|U('»-uui(dcM;iIlllie
ALFRED LE GRAND* iif
fidèle» partisans , et parvint y ayec leur secours y à
l'ex^uter.
Son premier soin fut de faire venir sa famille
dans ce lieu de refuge ; les nobles qui Tavaient
accueillie ly conduisirent en secret. Bientôt il
harcela ses ennemis par de fréquentes attaques >
et leur fit comprendre que maigre les avantage»
qu'ils avaient du à Timmense supériorité de leur
nombre , ils ne devaient pas le considérer comme
absolument défait. Quand Alfred eut reconquis sa
couronne il éleva sur ce même sol une forteresse
plus considérable , et dans la suite il y fit cons-
ti'uire un monastère , en témoignage de recon-
naissance envers le ciel. Cet édifice , situé envi-
ron à quatre milles anglais de Bridgewater en
Sommersetsbire , fut appelé par Alfred -Ethe—
lingey, ou File des nobles , en mémoire des sei-
gneurs qui s'étaient rendus près de lui pendant
jj>on infortune ; dans les temps modernes il fut
connu sous le nom d'Athelney.
Le plus grand mal qu'Alfred avait à redouter
dans cette retraite c'était le maQ(£ue de provi-
sions ; les bistoriens eu rapportent pour preuve
le fait suivant. Un jour , tandis que Ibiver était
fort rude , il envoya tous ses gens cbercher des
.vivres ; il était si difficile de s'en procurer, que le
roi et la reine furent seuls dispensés de cette sortie.
Alfred alors , selon son usage quand il pouvait
ilisposer de quelques-uns de ses inomens , prit un
livre, pendant que son épouse Elswitba s'occupait
de détails domestiques. Un pèlerin se présenta à
leur porte , et leur demanda cjuelque cbose à
manger. Il ne restait qu'un seul pain. La reine , le
montrant à Alfred , lui fit voir coml)ien cela serait
insufiisant si les ba bilans de la forteresse reve-
naient sans.avoir ricji pu se procurer. Alfred n'en
donna pas moins à Tctranger la moitié de ce qu'il
possédait , et , s'adrcssaut à Elswitba , il entreprit
Tome IL 19
%3o fiODEFROY.
i'soAvtroy HÎfvnnla non courage fut on combat
AÎiiguliiT qu'il />ut h soutonir coiiti*e un ff'ignmir
Aou parent. ]U iftaîrnt dîvitds au ftujnt ffune terre
corittitldrabU; , et , scdoQ l^iëage du tirnips , ci'ttA
«|urrelJ^ ilf'VHÎt {iivd. tvrmïnéo, par les ariiieit. Le
jour c'IioiMi pour lo coniliat les deux chanipioiiH
/•Il Iront en lier. Ils se* hatlcrut longtcmips arrc
iiiu* é*Mi\e valeur ; nmin enfin Godefroy ]N)rte h
tum ucIverHaîn* un coup si rude, que son dptfe ie
cattsc sur sou bouclier. Les juges du campi le
yoyaut d/$sarm(^ , veulent arrêter le combat; mais
4'liacUM des eonilialtaiis H*y rvSusCé (jodcfroyi loin
dV;tre aballit, hh sert adroitement du tronçoD de
son éyév.j et en frappe avec tapt de force son ad*
versaire ji la Icnine gaiickc, qu'il le renferie
preM|ue sans vie. U le désarme , et quoiqu'il fAt
iiiaîlre des jours de son ennemi, il ne profita de
i*et avantage <mo pour le faire consentir à une
paix convei)al)le«
(/odefroy se rangea sous les drapeaux de l'em*
per(^ur Henri IV, et le servit avec autant de râleur
/nie d/* fid/^lild en Alleinagi^e et en Italie. Il se
/lislingua surtout Ma bataille livrée par ce prince
en io8o h llodolplie de Jleinfeld , duc de j»ouabe«
il qui Gtcgoire Vil ayait ctwoyé la couronne
inipifriab*. Godefroy le tua de sa propre main«
Ileni i, voulant se venger du pontife» alla nictti^Ie
nïé^a devant Il/une, et lltoditfioy entra le pre-
mier dans cette ville, h la t^U) des troupes qu'il
eommandaif. Mais par la suite il se repâitit
d'av/>ir enibrastiff un parti que la yictoire méve
ne put faire trionipber , et que la plfmart dff
vUvéùvna j'esardttieiit comiius sacrilé|p!« VùW 0lr
pier K(*s expLoiû , coiidamnds par l'esprit de ioa
biè(!le , il ht vœu à cvlUt dpoque d'aller à Jéro^
hulr^in , non comme simple pèlerin f mais comiit
iU'Xi'iisi'.ur des ebrdlicns opprimés. U était déjà
iruéué de celle niée lorsqu il fonda >4b oonctiii
GODEFROY, l3t
jiYCcla Tcrtuense Ide , sa mère, le prieuré dç
Saint-Pierre lès- Bouillons ^ car dans Tacte de
fondation, date de 1084, c'est'-à-dîre onze ans
ayant le départ de Godefroy potir la Terre-»
Sainte , il parle de ce voyage.
Urbain III s occupait des moyens de mettre h
exécution les projets de Grégoif e VII , son pré-»
dëcesseur^ il alla en Auvergne présider le fa-
meux concile de Clermont, en 1095. La croisade
contre les infidèles fut décidée dans cette assem?*
blée , au cri de Dieu le veut ^ Dieu le veut y qui
devint par la suite le cri de guerre des croisés^
On choisit , pour commander les armées qui de-r
vaient passer en Orient, des guerriers déjà ce-*
lèbres par leur valeur et par leurs exploits. Per-*
sonne n'avait plus de droit à cet honneur que
Godefroy ; aussi fut-il nommé l'un de^ princir-
paux chefs de cette expédition extraordinaire»
A peine la décision du concile fut-elle connue,
que la noblesse de France et des bords du Rhi^
prodigua ses trésors pour les immenses prépa-»
ratife qu'elle nécessitait; les femmes mêmes se
dépouillèrent de leurs ornemens les plus pré-
cieux ; plusieurs barons , qui n'avaient à vendre
ni terres ni châteaux, imploraient la pitié des
fidèles qui ne prenaient pas le croix, et ceux-ci
croyaient participer aux mérites de la guerre
sainte en fournissant à l'entretien des croisés;
quelquesr^uns , par un zèle mal entendu , rui?-
iièrent leurs vassaux et pillèrent les bourgsf et les
villages pour se mettre en état d'aller combattre
les infidèles. Godefroy de Bouillon , conduit par
une piété plus éclairée , se contenta d'aliéner §e^
vastes domaines ; il vendit la principauté de
Stenay à l'évêque de Verdun , et céda ses
droits sur le duché de Bouillon à Olbert , évêque
de Liège 5 pour la somme modique de quatre mille
îparcs d'argent ^t une livre d'orc
icôr iVV
:u'a al- I
i3i GODEFROY.
Avant do <nii(t«,T \a Vv»iKts il inatibia h Akl
lUi colMce de iluuz<^ cliaiioinn m llMinBcâr
Sain(-Mi<.'lirt , ^t touliniiii la iliKution Gtile
pi'it-tirié (K- ,S'aint~T'ierrr léi h
icctioriiinit pntiituiiènnnrul.
qlUllfl^-vill[(t iuill« bulnMlru «I <lii m!U« e»r*«
ftïirii 1 Hcr'>iiii)»((ti/ île v drni ffjtrr* , Enabdw d
Baudouin, il k mit vn mnrclut ou |>riri[pinp* <I«
l'aiiiiëe 1096, trui* moi* aprd l« d<<nn(m da
rutK'ilr Ak Cienuout. L'amufu fjue crMnmiuMliiit
le Aw. Ae. IIi)ui)lun l'tuit cntiiiu»^- dit •nitbit
Tonii^» h 1» Ji»rtpli(Ui, «f)ir»iiTiS duim 1m cuNf
ImIa i ail*»i IrMiii'a-t-i'ilt' df» «rcuuri et de» «1-
Ir^it itiiii» Uju* le* [luvi '(uVIIf li«tr^r*a , daiH
CMii. iiiAmp* im if* iirmiU-n crotMi» , •<>« Im
ordre* lin J'icrrn i'ICnnihi , ii*u*airnl rancwi-
Ué ([UG de* oUtacle* etaU-i itnnemî*.
Lii approrliaHt de C»n*tan(inoplc Q Ift^
(luebî combt dt- Vtv^niiudaii , Huctm U Crud^
frÀre da roi dn Fraiicr Phili|>pi: I" , jf-l^ par 1(4
tempête aur Im c^li-fl d'Kiiiir , avnil &é «rréf^
pur Ir* onire» An l'inriperaur Al'ti* Omaènp
Gcid «"froy «iicoy a d^ntiatiilrr à iViu]KTt»ir la rd»
mralîuu de ci-t ou(ra^4-. Alntï* . i|ui («p^jl i|«i^'
le frère du rrfi de Fi-aticr dfnir-iudait eutm «M
luatii* un à\»^K ijui |)i)uiTutt le ini-tliel l'abri'
de* vntrtiiriMw i\r* I^liiuti fit au» dduul^ d»
iàoAt^iroy Hric K^ponMT iicn favoralilc 1 le du df*
Butultou lu put rdimu- aon indiqua timi et b
l'urcur lie anu urméf. \ 1m " '" "* '
furMit Ira il A-a (soumit un najj
daut huit iourv l<-a IVrtilf-* r«jnp«((iii« i
Tliriu:i> di'vii)r<rnt un iImîAIk' (I« <U!vMtiilioa. 1
futili- il'-» Oirctqui l'uvtiifiii ver* (^roIantiuM
iui'orriM rcitt liii'nlôt l'empereur do lu ttf '
veiii/ftitiKii di-i I^lii». AIctia, rffrnT^ lira
ijuc jiouvail uvuîr «a f'uuRte poljtjiiue ,
k
arri vt
messe appaiâa Godefr lyu
et ordunua que les Irt n
des amis et des allié^.
Gliiic|ue' jgur de nouTCaux croisés arriTaient '
daus la BytbiDÎe et ee l'angcaieut soua lee dra-
peaux du duc de Bouillon. S il ne tut pas préci—
E^meat tSlu clief 3c la cioisade, comme le pré-
tejulciit quelques historiens , il obtint du moins
sur les iiutres chefs une supériorité qu'aucun
tl'etix ne lui eoutc^ta jamais.
Qnoiqu'à l'arrivée des ciirétietis eu Asie l'em^
pire des Turcs SeljoJicidcs peuchât déjà vers an
décadeacG , il prés^utait encore une barrière re—
doulnble aux guerriers (le l'occident. Livrés tout
entiei s au soin de déi'eodre leur puissance et leur
.n^Hôgga, inenacég.p»rrfwwait>MJnparthrBlitoi>
lèf TiM^ ,a|i«BHtH»iwiert 1» iab*Td»){»grieiili
Âffi. et du commerce ua Grecs f lents eacinat
ils ne connaissaient plus d'autre profeosioa ^nè
celle d^ armes , n'ambitionnaient plus d'autre
richesse qu^ le butin à taire sur l'enneMii. Us
avaient pour chef le fils de SoCman Eilidgc
Aralan, , que ses exploits (xmtre les chrâiraa
avaieat fait sarnommer le cframpipn, cacn/..Cc
yriace avait un eénie fécond^ «n . ressources , et
un caractère inébranlable d»a3 les rerero. Dès
qu'ils eurent connaissance de l'app^odite 'des
croisés , les plus courageux dâEenseurs de L'ida—
uisme arrivèreut de toutes les jiroTÛices de
l'Asie -Mineure , et Tinrent se ranger sous, ses
étendards. - *
Pleins de confiance en leurs forces , et sans cour
naître celles qu'on pouvait leur opposer-, les
croisés assiègent Nicée. Dès les premiers jours
du siège ils livrent plusieurs assauts dans les-
Tome //. s.(t
i34 GODEFROT.
quels Os font inutilement des prodiges de vtiew*.
Kilidge Arslan , qui avait dépose rtani Wirfaaia
Iraon «i «a CamiUe, s'avança pour aeeonrir la
place. Il anime les siens par sonexeni^leetparae^
discours 9 leur montre le camp des croises et k
riche butin qu'il renfermait comme la juste ré-
compense de. leurs exploits. Ils attaquent d*aliord
les clirëtiens avec fureur; mais ils ne penvent
soutenir lonc^temps leur ardeur impétueuse :
Godcfroy était partout et portait la mort et l'rf-
froi dans leurs rangs. Bientôt le trouble ae met
parmi eux ; ils se voient forcés de se retirer dans
les montagnes , et sont trop heureux d*y trouve^
un nsile.
Kilidge Arslan , désespérant de sauver Nicée,
se retira avec les débris de sgn armée » et coamt
dans les provinces susciter de nouveaux ennemis
aux chrétiens. Les croisés poussèrent alors le
siège avec vigueur. Un Sarrasin, que lliiaiMre
nous présente comme un géant, fit dana ce siéip
des exploits qui surpassent ceux qne raconte
{antiquité fabuleuse. 11 ne se faisait paa snobs
remarquer par son adresse que par sa forcé ; R
ne portait jamais que des coupa mortela. Ua
jour qu*il était sur la ]^ate*forme d*ono loiar
attaquée par les ciH)isé6 , il bravait lui eenl les
efforts des ennemis ; tantôt il faisait plenvoir
sur les chrétiens une grêle de pierres; lanlIC,
élevant la voix y il défiait les plua bnvcB an
combat. Les chrétiens, furieux, dirinnical
leurs efforts contre lui. Le fierSamami oon
de blessures, se défendait encore vailinuM^lt:
fvodefroy, que son courage retenait niHiaBi»
accourut nu bruit de cette attamie ^émtnfitt
décocha un trait d^arbalète au redootanle Séi^
1 asiu « le perça an cœur, et le fit ronler dha Insft
de la plaie-fonne dans le fossé»
\pr^ un siège de sept semaîncs in nBa ie
i
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y/m- liay ihwi w tafironii Jgiiui>8
i kt mftlftdties , et wirtowt Im 'hoartewft 4é.lfî
en firsnl pëi^ivÉl grand noMolireicIli^iM^
stfAeDiea amtwitgcfaii qp ënii JhMh» A>«
ffM i»B peuplé ohrfn ; les ■tfiilif IndMN ihr
irinipe retentirent yaôÊieiBenl dbwtftnrièm*^
mrs pbinlesy et quelqncftit niéBe wkM
Mrnes. -•/
I. jucrÎTèrent enfin devant Jknliodbe. ' GeMe
est aituëe au miiitn dW pà;^tetile ^
4 de prairies , derfjnèrea titfl.de Iwrflt
ftafpect de ces riciMa odatodëa Ée^-eooinÉe
jMalheureux clir<l>ens ae rehmf tanteWg
lant le séjour qn*Oa 7. firenl? Inup i^île '
iMmblëe par la crainte de-|pei9dlhâ nu*<da
I cheft le plus chéri , le krare et gfarfrWtL ^
$|koj« Un jour le due de BmuUihi «*é(puia
une forêt , et courut le plut grand danger
léfendant un soldat attaque par un ours,
rrassa cette bête féroce; mais on s'aperçut
t^ qu'il était blessé à la cuisse et qu'il
ait tout son sang ; on le ramena mourant'
le camp des croisés. La perte* d'une ba-^»
\ aurait cauâé moins de consternation que
ouloureux spectacle qui s'oifint alors au
tiens; tous yersaient des larmes en iuTO^
it le ciel pour Godefroy. Heureusement lu
ure n'était pas très-dangereuse; mais,af^
\ par la perte de son sang, le duc de Bouillon
. longtemps sans reprendre ses forces, et fut
^ pendant plusieurs semaines de se iaire
iT aans une litière à la suite de l'armée» Ce-»
ant on ayait commencé le siège d'Antîod»e;
1
«36 OODEFBOT.
cette iUl«.t^£tir»d4ti)> !■ < »iii>['-« .!<
itwin« . rediMibluil IVni
vroÎM» : U-» .tiSiiplr* i
Autiorhe U 6tn! ilr i !^
j »*»it ^(é nommé le l'i. ',, ..._L.. d. 1 _. ^- I
lotsés; k-« v«tU>» UHnt» qui IViixiratUMieNt. «• i
«utluot te tk<ivp Orontc , onVxipitt àir* uIwMMm ]
mlouUbWit «u coani:<> d««-ctirvtîm«. 1^ sipgs J
l'ut louft <>l pëfùUr; lu atnnnnlr , iiiii ■'rTatI eti»^ I
dans le ram^ >lr* rtir^ti^tw , rniiitiïltiia «4 r«iv»BW
me àea vhri» , W timiti'iMe» déliMictir* ain>a 4
t(Urt)<'» «' U*i-ri-rul le* s-iliUlx. rti o-t^f^mll 1
rnoorp Ira proorc^* riattrA-Av. nu u>ilù-ii He tri. I
(l!«eiuâoas^ iiAvaitcrtirfdrniontrrrletMppiMix; 1
U ^ixtèrtiiité tt l't*\aH Mijïf el ^otuoliih-iir i^tf
Iwnuiriil In !■««■ ik> «nn ram<-lj>rr ; il ét»ît rate
parvenu à nraoïMT tr i-nlmo et la patx ]ia>mi b*
rlu^licD». t> ht^roft ae w (Usliufinit (Mf mnii4
Cn bravonivrt pwr uti •ulrfptiliM t len» t(^
uririis ont rnroiilé tf* brillniu vt[iloils Ot «■!
be«iix fuits d armr*. Kivn n'tsl niK-ttx lAltewt^ (fil4'
Hi \iili-ur et !A fui<* |nr<Kli;;irii»t' ; viiiri n^iiM'
iMfliiu uti tcuil rnjkpurli' Mr Gaifia«n>9 ttt* Tvr
«HT Icqwl ou pPuiTJitl rlrrrr i{i>rli{iit>s ttotiùc
I^iulunt le si^i d'AMtiocho un SarnuÏH , uoH
xaoins mlaiit«]>lr ijiw reW itoiil
tn kautr »t>1un> , **• nvésrntt n» fort 4e li
pour couifcaltre Godcïivr, et Uu ]>i-ewii
\ju'îl lut iNirbi mit m ptèeid fc>tt tM>at''lirr.
duc ()r Bouillon, imliguo tir cvllc aiuloc*
(fanpssr mr »(•» ^Irirrt, «eUiwv cnnire mm tAM
versiiiiv!. et lui *»<^Be >nr lopatile lui c«ap if;
U'iTil>le. ^ail piu-inpj urtn roi-|i« f» ét»i pMrtMl
1» première tomlm it lrrit>. et laBlre n^tk «ft
)<< l'tifvai, cpii i-cnti-n d»i» la >ille, oit eH UptfcA
rctlouliU la cuiutcriuttiiiu dn awi<^i^ Airimbl
pes MT
irr. UT
: 1
GODEFROY. 2.37
tomba eu pouvoir îles clirÂtiens le 3 lui»
À la suite de cette victoire trois jours s'dcoTi-
lèreat au milieu des t'êtes et des rcjouissuiices ;
le quatrième fut un jour de cniaiité et de dniul.
Uue armée t'ormidable do Sarrasins s'approchait
d'AutiucIie, et le& raiiiqneura furent eui'-Diùin< s
Mâie'gt's dans la ville dont ils venaient de SC
reluire niaLtri?s; pour comble de maux, in disette
6e iit WiifôE sentir , et exerça les plus crucU
ravages. Au uilien de tontes les richesses cou—
l]uist>s sur les Sarrasins , les croises se voyaient
condamnes à toutes les Itoireurs de la misère
et de la faim. C'était ■vainement jpie Godefroy
et l"éïéi|ue du l'uy , le pieux Adliémar , em-
ployaient leâ exJioi'tïtioiis pour rauimer te cou-
rage de CCS guerriers , et leur montrer la honte
dontils pliaient se couvrir aux yeux de l'Eui'ope ;
celte i^loqueiice , qui avait éveilla leur enthou—
Btasiue , ne pouvait plus calmer leur désespoir.
It^duils ^i inangtT les clicvaux, les chameaux ,
et même les animaux les plus immondeïi ])lii*t
■ieurs proisés clicrchèrent i s'enfuir d'une TiJUe
qui ne leur présentait que l'image et la perspec^
tiT« delà mort. ïant qoei Godefroy est qnelqifet
tÎïWb il les partagea avec ses compa^ftas } enfin
Ufîtkwcri&cedesoa.denuerèbLevkl deltttKille,
^■e ^0$iya, comme tousiès Autres croises , i^tait
aux plM cruelles nécessites* TAjÀ pÀraissait dé-'
seapâ^ loEsqu'na -prêtre de MajTDeitle, nommé
pierre Barthélémy, annonce que Dieu vient -de lui
découvrir duas une rérëlotion'le lieu oti était
â^pptée la sainte .lance i-aa la trouvé' effectiTe-*
nfentdons l'eatliûit indiqué, hei cJirétiens , sortie
- to|t^ à coup de le«r ahattetnent, reprennent le
çourageet léaergioiqni les avaient animés'd'abord.
Ou t)iutlîa les hoiTCiirs àt lafaïutuo, le nombre
de» «UQcmis j ics pins pasiil%uiuie« sont aàtét-tM
s38 GODEFROT.
fin sang des Sarrasins ; tous •oarent «a
Godc£roy s'agite » porte dersal eux la sainte lanee y
qui semble être le gage assuré de leur ncloire.
Ou entend partout retentir le cri de guerre $ IKem
le V0ut, Dieu le veut. Les Sarrasins sont attaqués
avec fureur , et bientôt les rires de FOrontet les
bois, les plaines , les montagoes sont oouYerles
de morts et de Bjyards » et les croisés remporteal
une victoire complète* •
Après cette mémorable journée les Turcs n'op-
posèrent plus qu*iuie faible résistance, et ne firent
presqu'aucuu effort pour arrêter la marche des
croisés, qui s'avancèrent à grands pas vers Jéru^
salem. Ils traversèrent, sans s'y arrêter, lVv>
poli , Tyr, Sidon, £mmaiis et Betlbéem : à Fus*
pect de ces lieux révérés ils oublièrent leurs longi
malbrurS) les pertes qu'ils aTaient faites, et re*
trouvèrent toutes leui's espérances. Enfin , le lo
juin 1099, l'armée arrive sur les hauteurs de
NicopOHS ; la ville sainte s'offre à ses regards* A
cette vue chacun fait éclater la plus titc allé-
cressc ; tous s écrient , en versant des larmes de
)oie et d'attendrissement : Dieu le veut , Dieu k
veut! Les uns, à laspect des saints lieux quUs
vont délivrer, scï jettent à genoux; les autres
baisent avec respect cette terre qu'avait foulée le
Sauveur, et qui était consacrée par son sang. Ib
jurent tous de venger la ville samte des outi
et du joug des infidèles. ^
Jérusalem , qui , à Tépoque de Tarrivée des
ses à Constautinople , appartenait aux TuroomnaSy
venait de changer de maîtres; les Sarraaiiii en
avaient diassé ces peuples ,- et cette 'cité , jadis si
llorissante , semblait alors ensevelie soussesprenra
ni il) PS ; b'S rtniparts seuls étaient en bon afeaCk
Lrs croisés ne pouvais ulen détaclier leurs regards^
et (gémissaient de l'é'at d'abaissement oîi elle étadl
tombée. £xhaltés par les douloureux récits des
GODEFROY. %3q
chrétie&s f iigilt& et par les àÉkÊÔàâ êe r^fpneft-
'•HMi sous laquelle Ils ëtaieat aocaUés , lescroiséf
demandaient à grands cris qu'on livrât l'assaut ,
persuadés que Dieu seconderaitleur brayoïure par
des miracles. On donae le signal; ils s'avancent
en bon ordre vers la yille. Jamais ou ne yit tant
d^ardeur dans les soldats de la croix; mais ils
n'avaient ni échelles, ni machines de guerre; leur
bravoure fut donc inutile , et les Sarrasins forcèrent
les assaillans à la retraite. Quelques jours après
ik tentèrent une nouvelle attaque > qui neut pas
plus de succès que la première.
Déjà lentliousiasme qu'avait excité la vue de
Jérusalem commençait à s'affaiblir , et le siège
traînait en longueur ; il dura quarante jours , et
ce fut, dit un historien, quarante jours de misère
et de calamité.
La disette affligeait les croisés ; une sécheresse
extraordmaire ajoutait encore aux horreurs de la
famine et de la guerre ; toutes les campagnes voi-
sines de Jérusalem avaient été dévastées ; la fon-
fa\fie de Siloé était tarie ; le torrent de Cédron
était corrompu par les chaleurs de Tété 5 toute
l'armée périssait de faim , de soif et de misère.
La prompte conquête de Jérusalem était le seul re-
mède à tant de maux.
On se liala de construire des machines ; les
arbres furent en peu de temps changés en halistes,
en béliers , en catapultes , en énormes toui^ de-
vant lesquelles devaient s'écrouler les remparts de
la ville assiégée.
Le jeudi 14 juillet 1099 ^es préparatifs étant
terminés , on donna le signal d'une attaque géné-
rale : tous les soldats coururent aux armes; toutes
les machines s'ébranlèrent h la fois. Au midi , à
rorîent et au nord, les tours roulantes s'avan-
cèrent vers le rempart , au milieu du tumulte
cl des cris des soldat;>. Godcfroy , placé sur la
2^6 GODEFROY.
plate-forme de sa fortri*esse de bois, animait Ici
sivns par son exemple et par ses paroles. Malgré leur
vnlcur. les croisr^ trouvèrent pourtant une léais-
tniiceopînit'.tre; les toui's furent pn-sque entîère-
nietit 1)iùIms par les Sarrazîns dans une sortie,
et la nuit arri\a sans qi:e la victoire parût se dc-
citlcr pour les croises. Ils rentrèrent dans leur
camp en fi (^missaut de rage et de douleur j ils
ne pouvaient se coN>oIer ffe ce que Dieu ne les
avait point enrort* jnge.M4ignes {fentrer dans la ville
sainte et d^ adorer le tombeau de son fils.
La nuit sr passa de part et d'autre dans les ph»
vives ii)(pi ieiiides : rliacun déploi ait ses pertes , et
ti cm 1 liait (Un (»s*«nyer de nouvelles. Le jour sui-
vant lannna les mômes combats et les mSraes
cîani^rrs.
Lr p- entier clioc fut impétueux et terrible.
Les elHt>ti« ns , indignés de la résistance qulls
avaient ëproiué'' la veille, combattaient arec fu—
reni". Les assi(^^es, (piî avaient appris Ta rrivëe
d'iiiir aiiiéf é[;\ptienne, étaient animés par Fesn
yiùv d(- la\ic(oi](*; ils s\i t tachaient surtout ^ la
t(»u]- de (yud« fiov , siii laquelle brillait une croix
dor , don! la.-pcct provoquait leur fureur et
Iriiis oiilragrs. Ce pi ince avait vu tomber à«ses
c<*(es ses écuvc rs vi plu^'icurs de ses soldats; lui—
nièuK était en liiilfe à tous les traits descniiemisj
il coiii1,atfaif au u;i!ieu des morts et des blessés »
et :i( cessait d'exliorter ses compagnons à i*edon-
Lier de coi:iage et d'ardeur. Malgré la grêle de
traits dont, il est assailli, ^il fait avancer de pluà
en pi es sa tour versets nnii ailles 9 et laisse ton^
ber* son ])ont-l<'Vis ; alors il s*élance sur léa ren^
parts, et, suivi dun grand nombre des siem que
son (Tf'in]?Ie cntiaîni , il enfonce les Sarrasins 9
les p(,iMsuit, et vole sur leurs traces dans les
r\u> (i(> Jerusatmi. Les Musulmans ftJrnt de foutes
l»ai ts, et la ^illc sainte icteutit du cri de'goerré
. GODEFEOY, 14» ■
fllTJIs.TibUiw.dËt croisés , Dieu le veut. Dieu le *
:LCe&t le rendre di i5 juillet 1099, à hois Iieures
iJlitigMt- , que les dir^tiens entrèrent dans Jérusa- -
^ktn : on. remarqua que c^^Iaît à pareil jour et à -
Uin£me henre que Jésus-Christ eipira.
Cette dpoque iTiéiuorable auiait dû rappeler
IcVrcœarb^s Wiitiim-ns de miséricorde ; mais,
ûffis par les maux ifi'i^ avaiiait âonSert», ùvi^^
tés par la lon^e n^slànce des ^arrauiu , let'
difiétieiis massacr^reut sans pitié tout ce ^'Os'
xeacoâtrèrent dans Jérqaaiem. . • • ; -,-
he pienx &odelroy ne s'était point livr^àoea',
baotenx excès après.la.^ictoiie^ineipoiiTaatiàr-''
vMer te canuse, il arait dA^uriiéïsês regki^jfa .,
ces scènes *aMglnntes»g^ auirfidetiioia acuvilim^' .
il s'éteit rendu ( sansannos.etlesipieda'iiu-/^toiat'^
l'ié^ise du saint S^mlchrei Biientôt laiunvrc^'
^ ce tovcbant exemple de dérotion se répan-
dit dans l'année. Tontes les ventleances, toute» '
les {nrenrs s'appaïtent. Passant diine extrémilé-
à l'autre, les .croises dépouillent leura babits-
sanglaosy font retentir Jérusalem de leurs g^
missemens et de leurs sanglots , et marcheut
tons ensemble , les pieds nus et la tête décou— '
T«rte, Ters l'église de la Résurrection.- .. ; ^
<■ Ces contrastes inexplicables, dit M. Mibband'
■ dans son excellente Histoire dès Croisades , se
■ font flourent remarquer dans ces guerres de
« religion. Quelques écriTains ont cru y tron»er-
« un prétexte pour accuser U : religion chré—
« tienne; d'autres, non moins areugles et non
■ moins pasMOnnéi , ont voulu excuser les déplo-
■ rablet excès du fanatisme i rhistorien impai^
■ tial se contente de les raconter, et gémit en
■ silence sur les &iblesses de la nature humaine. >-
Lorsque les croisés furent maîtres de Jéniaa-
lem ils s'occupèrent de lui douier des loit et
Tome XL ai
«41 CODEFROY,
f1*y ntl^yrr 1c tronc Av. DuvUl et ic Sakrnion»
MaiH ({iifl rlioiv fiiirr ? A «jiu'l priiicr donner cetU)
roiirotim* hHviéi'? Lcf» o|niiloiitf furi'iit loiigtoiiifM
iiirrrliiitirH ; imhh* UfH itxvr un ddcida que ce
rliois HfTiiil Inil pur un roiiHril particulier, com-
|)OHf^ i\r. (lit lioiiiiiicH lf;H |iluH vv.coiïinianAMtp^
ilii rlrr^i^ (4 (N; rariiii^c?. On ordonna detprilinni,
dcrs jfnncM f-l dch iiunionrii , iiour (lUc lu Ciel d«i«
f;niît. pidsidifr h lii nomination uuon allait faire»
4J(*ux (inî lUiiirnt iipprli^i» 2^ crlioÎKir le roi âc Jéru^
$ii\viu )nr(>n!uli*n pif'!M*nrr de rarindf? clirëtienuc
de nVrouliT iiucun lutérvi^ nunuiic aflcction pai^
tirulic'ri!, et Av. ronronner lu riUf;<ïMiM* i.'t la tiïHu*
cpi u niu:ri o^cr Ivu ftiîrvitcurs oe tout reus qu
fNiuviiiiMit (ivoir d(*i prdlfntiouH 1^ la couronne,
i-.l ipi'il.H leur (ircnt pr/;li*r tufrnirnt de léifélvr
tout VA* qn'il.H liaviiMnit Hur lc*s niœurff, la carae*
fj^rr vi ïrH \wuv\iuuH Ivê plun Mciifta dfi kun
muilri'H. I^'H M(t-virr*iirH dr* ijod4.*rrojr de Bouillon
n'odirrnt \v Ir^nioi^nufçi* If! plut éclatant k aadou-
rciir, il Hfiii Ijnnianitd vX surtout & fa di$voUon.
rinnolsiin.'. Quunl h nuit courni^c, il avait pour
li^nioiii toiitr rarnii^ ; on lUdoulait à IVnvi m
f'iploilN ; un) ih! u'unÎMiail pluH de Miflrag» parmi
IrH i:i-oiMrh. AprCN avoir niÂrruicnt délibéré y bv
^hu-tfiu'H If* proi'lauièicntdfinc rfii du Jdruialcin,
vi v.viU' nomination vxcWn une nlldgrCMWi ttasvêT"
M'ilr. TooH «apidafidiMiiifut da voir Aodcfroj
flf^po.sitairiï df* IfrnrH plu» rlierif interdit* Ob alw
f-liit'clif-r If? nfiuvf:au roi daui fta iiiaii|iHi| fea
f'l(-rh:urH et Ivê princfH \v. conduiHiraiit fsn IiÎmi*
phf à IV^lirii; du haint Sf^pnliTf , où il prêta lar-
iiiciii. df; rfHpf!(*tf*r Ifïft lois dt* rboiineur et da la
jiiklirc. Lorsqu'on vfjulut cciiudre son Avnt
du diadéuic oi lui coui'dr(;r les loarouaa db la
• . : . ■-•/ *■ ■• '. -■■ -'.. ' ' -'"'' ■■ -
• Smreiaur do monde aWt 4^
• et qtt'il ne T<iulait d'autre titre' fj6e eetm dé
kêtSenàtmr'èiL tombeau Ha J.*^Ù. et de barim
ft du sdnt Sépulcre. » «• .
. t dl jpeine;€todêfroy tâtàUHil d'àcéej^Jr le p^
>S|pin lioiuieàr de converAèrJénisalem, qu'fl
: ab i^oliUgé de défendre la TiÛe ccmtre iea IronbiBi'
Ai iondan d^ij^hrpte. Une arasée innomhraMr
dEBôrpfiena, d'Éthiopiens et d'Arabes » rasseinbléBi'
' ca ima de Mahomet , s'aTaoee yen la eapt»
Ide de la ludée, sous les ordres àe Véùiir JdShm^
> ta mime payait pris J^oédlem siïr lies ^Wci «
«C ^ a^ait Jnré/de la reprendre sitf les d^uriln
iie«i* Godefroy alla ano-^n^nt dea eMenm, li^
rencontra dans la plaine -d^Ascaloa • et; ter di^^
* i^pcès- la. bataille d'Jàscalon les Sarrasins n'é^
pbas en état de tenter de nonyelles entrè^'
> et cette victoire termina la guerre de la:
première croisade.' Libres enfin de leurs reensty
poisaa'ils avaient enlevé le saint Sépulcre aux:
infidèles , après quatre ans de travaux et de pé-'
rils y les premiers croisés quittèrent Jéï'usalem ,
et ne laissèrent pour la défendre que trois cents
chevaliers et la valeur de Gode&oy. Ce prince
s'occupa moins à étendre son nouveau royaume
qu'à le conserver et à y .faire respecter Tordis
et la justice ; il établit un patriarche , fonda deux
chapitres de chanoines , l'un dans Féglise du saint
Sépulcre , l'autre dans celle de la Résurrection , et
donna enfin à ses sujets un code de lois rédigées ,
par la sagesse et par une piété éclairée*
n ne jouit pas loogtemps du bien qu'il atait
fait ; un an après le départ de ses compagnons
Oode&oy mourut à Jérusalem, le i8 juillet iioo»
Ce héros fnt aussi intrépide aux approches de la
41*
jl44 GODEFROY,
mort qu il Tavait éto dans les coiiilmts ; luî-ménie
exliortuit ik la résignât ton sos amis et ses M*r\itt*ui*s
clésoliSa y c|uî phniiairnt d'avaiicr la |>erto qulls
0 Liaient faire. Consulté sur le choix de son suct!(r$«
8cur, il i^Spondit « que ce devAÎt èirc celui qui on
u seniit le plus digne. »
Ce {;rana capitaine lut vivement regrette. Plein
de courage , )a prudence et la modération tenqié*
rèivut toujoui*^ sa valeur, et jamais il ne IVxcrça
que contre les ennemis de la foi. Fidèle à sa
tmrole » libéral , désintéressé « accessible & tous »
(*s princes et l(>s chevaliei^ le regardèrent comme
leur modèle , et les soldats comme leur iière.
Dans un siècle où la superstition égarait quelque*»
fois IcST' nie il leurs esprits, Godcfn>y se lit rcuiar*-
quer par un zèle ardent pour la vérité et fw
une clévotîon inébranlable, mais ^elaii*^.
u Jamais Tantiquité fabuleuse , dit TaUië de
fc Cboisy , ne s'est iuiaginé un héros aussi parfait
ce en toute cliose que la vérité de lliistoirc ncMis
ff repiésent(^ Oodefroy de Bouillon. Sa naisianoe
« était illustre ; mais ce fut sou mérite qui Tâera
ce au-dessus des autres, et Ton peut dire de lui
fF que sa grandoui* fut louvragc ae sa Tertu.
• . . ■.
fl
SUGER,
I
ABBE DE SAINT -^DENIS,
Jliinistre dÊtat sous Louis VI\ ik U Gfosl
Ministre et Régmi sous Louis FÎIi dit tê «
Jeune.
«■
SuGSR nAqnit Tan loSi y de }làr6iU }laiitrM et
incoimus* La ville de Sainf-Denis et oeUe dé
Toury en Beauoe se disputent l'honneur de ràYoir
vu naître j d'autres Teulent qu'il ait tu le jour à
Saint4>mer,dan$rArtois>Tille alors nouTeliemettl;
fondée et sans considération. Il était âgé de neuf
à dix ans lorsque ses pareus le consacrèrent à la
profession religieuse dans l'abbaye de Saiut-Denisé
C'était alors une coutume très en yigneur-dd
fixer le sort des enfans avant qu'ils eussent atteint
lage de discernement; elle fut depuis sagement
abolie, ^dam , abbé de Saint-Denis > ayant remar*
que dans le jeune Suger les plus heureiises dis-
positions pour les sciences , l'envoya faire se»
premières études dans une célèbre école aux
environs de Poitiers. Le jeune religieux justifia
pleinement les espérances de son supérieur. Aprèa
avoir obtenu les plus brillans succès dans tous
ses exercices , il fut rappelé à Saint-Deuîs pour
v étudier la philosopliic et la tliéolosie. Il an-
nonça dès lors ce qu'il serait un jour 5 $\\
étouuaîi ses maîtres par ses progrès surprenons
246 SUCER.
vt son (iptitadc pour Ion ctiidea les plas difficiles ^
il so fuisaît estinior ot cb(5rir de cimcun par Fëlë-»
ipation de st*s mmiUiikuis, pnr lu bouté de son
caractère o( par vvlU* niodcslie qui est le plus
bel oriinnoiit d<* la jruiirASO.
Philippe 1"^ rc^i^Oiût vn France. Il avait coniic
aux nligicMix dv Suiiil-DoiiiH rt^iUication de son
fils iini({U(^ Louis, siirnomiiié Ir GtvSf héritier
])ros<>n)ptif dr. la ooiiroinic*. Dans ces temps
d'i^iioraiioo , o\i Ton uo trouvait des hommes
d\iu rsprit rullivé <pic dans les cloîtres, c'était
ilrs moiurs (pii iiislmisaittni Irs fils de nos rois*
Le jcuue priaro, nial^n^ son afFabililéy ooi lui
{i>a<;iiait tous los cœurs, clait assez diflicile sur
\i\ choix dv! s(*K favoris ; niais du moment qu'il
etil vu Su^cr il so smlit al tiré pnr ses manières
douces et insinuantes, par sou air enjoué et
8)>irihu'l, et conçut pour lui une amitié qui ne
si; ihinnuitit jamais par lu suite. Souple auprès
des grands sans bassesse, Iv. religieux sut toujours
se maintenir dans les bonnes grâces du pnnce*
Telle fut rori;;ine de Télévatlon de Soger.
Louis , rappeler h hi cour pour prendre part au
p>uvei'iu!nieul, u^ouldia pas lami de sa jeunesse ;
il lui confia d ahord ])hisieur8 missions, dontSuger
s^uM|ni((a avec auUnit de zcMe que de succès. Peu
h peu h' prince h* chargea de» emplois les plus
iuiportans , et finit ]»ar lui accorder une confiance
bans horncs.
])e son côlé rah])d Adam 9 qui avait toujours
ru pour h> jeunt; rt^li^ieux l*al1eetion d*uil {lèrei
se plaisait à cuUiver H(>s rares disposition! pour
les ailaires , et ne négligeait aucune Ôccation deU
produire li la cour. Il s*en faisait accompagner
l()rs(pril éhiit a|)peM au conseil royal « dont les
<nl)l)és(l(> Sainl-Diiiis faisaient partie ; d'autres foiSf
quand il ni* pouvait s'^ reuiirci il chargeait Snger
d'y i^llci* sié^'c à sa place , et malgré sa jeunesse
fioB^«upérKar , qui {MMàit InHlitew pour *l^'
. htttôe politique. U' aasittà Hmt ît j3âstmi|tï
ooBcile&, o& ilfitremBÎquèr leattleiiiii^^k»^ '
Louis le Gros ayant succM^ ï Plffîfljpe I"}
toB p«re, mort le 39 jufllet liflflt'Soger 'oc^-^
ibençu à jouir de U plus hante fîiTMr daas;lÀ
.BonrellecDur; ilderint l'Ame des coiùals du
roi > qui ne âusfcit rien sans son arU< L*aU>é
Adam saint »lte occasion pour In rcvèlir des
principales digoitës de' l'aUujf; ; il lui donna
■es prtvdtés de Toury et de D'iiieviil. Ces deui
> les plus îaqwrtanteB de U communauté ,
dimensaient l'heureux moine ([iii en était revâtu
delalriste TÎe dn cloître, ut lui procnraieut la
|<»«tsiance d'an immense rerenu. C était uu grand
kbnsqœ cette ekceMre liberté, dout U plupart
dea jinrits ne fiûiaient tuaee que ponr vivre
daiM Ja d&aucbe et dans l'iodoleuce.
Soger ne suivit point leur exemple ; iffl'ù'tntro'
dniaît pas les pratiquer minutieUteg de la d^otioit
monarque dans les prévôtés soumises à sa 'siu'retl'
lanoe, il y fit régner l'ordre, et en bannit l'didveU!.
Celle de Bernerai , comme tout le duchtf de
Normandie , dont elle dépendait , £taît sous le joQg
de Henri , roi d'Angleterre. Le nouvean prevôt
sut bientôt, par ses habiles négociations) affirândiir
cette ville de l'oppression des.oificiers hnf^ais}
mais il ne vint pas aussi facilement à bout dé
délivrer Toury des vexations de Ungue», baron
dn Pniset , qui infestait la provinde de ses b^î— '
^ndages. Les seigneurs des efivirons , intimidés
-par l'audace et la puissance de ce petit tyrany-
n'osaient se plaindre au roi de France , on têilter
de se faire justice eux-mêmes. Suger, qui avait
choisi la prévôté de Toury pour lieu de sa r^-
deuce ,~les fit rougir de leur lâcheté et les engages
a4B SITGER.
à prrscHtw nu roi iiim rrqiiôlc coiilre le seignrnr
du J^iisct, pnniuMaiit (rup|mY<u* Iriir clcmandf!
(lo tout son rmli(. Louis \v Gros, prince* actil* ,
|)l<*iu (le rouni^r , cl surtout ruiu'in! Jr rinjusticc,
saisit iwvv urtlour IWcasiou do chfttior cet iiiso-
\v\d vassal. Oii rosi>lu( d'abord de proet^der contre
lui par les voies juriditjues. Souiuié do cuinpa-*
raitre doaiit le roi. llup;ues refuse avec mépris
tli* s'y ii>udi e ; il est deelar<5 eriniinel de lèsc-
luaji stc , et eoudauiué ))ar coutumnee. Louis se
«lisposc à prendre les armes pour aller exëciiter
lui-uieuic la s<Miteiice. Ce|MMulaut Sucer, ayant
par sou ordre levé des troupes et fortificS Toury,
«y reuferiua eu atteiidaiit l'arrivée de Taiiiiéc
royale.
i'ant-il entrer dans le de'Inîl de cette expédîtloiiy
(pii eoûla tant de san<^ ii la France, et dont rohjrt
et 1rs lésultats nousseuiblent aujourdliui si p(*H
iinportiuis ? L'un <les princes les plus valeureux
de son siècle , Louis le Gros , perdit plusieurs an-
ii<5es devant le château du Puiset, qui, d*npr£s le
tcnioigria^e des historiens coiiteiuporaiiis, n*avii(
pour fortifications que des iuui*s de bois* Doux
fois vaincu , deux fois éparti;nd par la clënieiice de
ce prince, ce ne fut <pi après une troisième ié^
fait(* (pu^ le hnron <lu Puiset, sentant qu*il n'avait
]dus de pardon à espt^rer, prit la fuite, et se jeta
lians les troupes qui tous les ans partaient pour
la terre sainte : c'était alors le refuge de toM
1rs inallu'ureux : celui-ci mourut eu chemiiu
Pendant toute cette (guerre Su^er déploya le
couiii^e d'un soldat et l'habileté d^uii gëiiëraU
Tiansfonnée en place d'armes, l'halntation d*ua
«iinj le religieux tenait en res})ect un ennemi qMe
Louis le Gros avait tant de peine ii vaincre» Ce
prince en con^nit une nouvelle estime pour Stiger,
et d(>puis ce temps il jeta toujoura les yeux sur
lui lors4ju'il avait besoin d'uu bomnie Ibrma et
iuti épidc*
. ,^.Qpi$JiqpitÊ anaëçs après ^^ajnat à traiter une yti^
.{uîre ii^ipôrtaute ayec le pape C^&te III ,^1^^
oharaéa de cette, négociation le pirëvot dé Tooi^,
mii £k termiftti.à la satisfaction des deuiL parties*
Gpnime celui ^ ci se disposait ii retonriier en
France, le^ntife, qui avait conçu la pins haute
idée de son méritev T9ulut le retenir et l'attacher
à sa personne par qnelqnè fonction éminénte;
mais Suger ne. yonlait sei^ir que sa patrie et spn
roi ; il refusa les offires honorâmes du pilpe» '
Adam , abbë de Saint -^ Denis , était mort
le 19 février 11229 pendant que Suger. était en-
ivre à Rome : les religieux, sans attendre son
retour , relurent d^une voix unanime pour ren»-
plir la place vacante. Le roi, non content de cojà-
. firmer son élection , honora le nouvel abbë d'mie
distinction bien glorieuse ; il se rendit à Saint*
I>enis le jour que Suger y arriva, et le reçut
avec toutes lés marques de l'affection la plus
touchante. Ce monarque profita de l'occasion
pour lui donner des' emplois plus considérableii
. que ceux dont il l'avait revêtu jusqu'alors ; iMui
confia l'administration de la justice , la direction
des affaires de la guerre et les négociations étran-
gères. Ainsi Tabbaje de Saint-Denis devint le
centre des relations politiques de la France.
Suger répondit à la confiance de son roi en lui
inspirant ces sages règlemens. qui concoururent
encore plus efficacement que la force des armes à
rendre à la couronne de France l'autorité que les
vassaux avaient usui'pée sur elle; je veux parler
de rétablissement des communes , de l'aflfranchîsse-
ment des serfs, et des mesures prises poui' diminuer
les attributions des justices seigneuriales. '
. Habile négociateur , il fitprévaloir les volontés
de son maître à la diète assemblée à Mayence le
25 mai 1 125 , où il parut en qualité de plénipoten*
tiaire lors de Télectiondu successeur de Henri Y >
ji!)o StJGER*
cn)]uTCiir cl*AIlemaffiio. La même année il suivît
I^uia*lc-Gros dai)» lu ^urrre que ce prince entre*
prit pour cliAlicr i(; coinU^ crAtivfrguC} coupahle
(le yiuieuci*8 m vers i'ëv^ciue dv. CliTmout. L*ar^
iiiëe (lu roi mit Iv. sidgo cirvnnt cette ville 3 l'ac-
tion lut vive de part et d autre; il j périt beau««
coup de moudc. Sugcr y pensa perdre la vie; il
dit lui-iiit'jiic , dans 1(.'8 écrits qull a laissés 9 que
dans cvtU*. uocaKiou il ne dut son salut qu'à la
boulé i\v Bvs armes.
Les luHloricns p(>ns(*nt que eVst h cette gncrfe
qu'il iaut ra])))orU'r roiigiiic de sa conversion y si
1 f)ii peut a]»p(il(*r de ce nom Le ]>erf([*ctiounement
de la verlu. Le péril auquel il avait eu le l>onbeur
d'écliap])er lui rappela vivement la fragilité de
la vie et la ^laudeur de la Providence* Bon ci-*
toyeu, courtiHaii sîueèrc, ministra sélé, il songea
y>Lus sérieusement qu'il n'avait jamais fait à deve«
nir un moine exemplaire) et h pointer dans sou
a)>lmye la rélormo qu'il allait metti'e dans sa
manière de vivre#
Cv fut l'an II 27, le cinquième de son adminis*
tration, qu'il s'oeeupa de léaliser cette pieuse en->
treprisi*. Les leli^ieux de Saint-Denis s'étaient
souvcut nu)ulrés indociles envers ceul de leurs
ahlies qui avaient manifesté le m £*me dessein; l'as*
cendantque Suger avait su prendre sur ses moines
elait si puissant , qu'il n'éprouva de leur part au-
eime rt'sislance ; tous enihrass<Tent la réforme
avec ihlc; l'abbaye devint l'édification de laohrë**
tlonté, et iSnf'T se vit l'objet des bénédictions
de tous les fidèles.
Sa table , ses habits, ses équipa^ araient
ehan^^é de face; toute pompe mondameen était
retiancijée , et L'abbé de Saint-Denis ne paraissait
])lus en pui)Iic qu'avec l'eitérieur le plus simple.
Les personnes du monde n'eurent plus dis lora un
si lii)i'c accès dans io monastàrci L'adminbtratioa
* . _■
transférée ailleurs* ïî' afàUi m4itte rëadia de
ue plus repare^lre à la cour; maiale roi l'y tap^
pelait^ sans ces^ ^ et ai l'aUbë .de Saint- Dmû^
croyait de son cievbir de s'y montrer» ce n'ëtait
cpi'ayec mip modestie qui âifiait tout le aionde»
Le soin des a&ires piuiliques, nehii fiiisaitphiB
u^liger ceUe^ de son jEibbaye ; il tenait Itôujoura
la main à rotiservation des règlemens» et liéià
n'y souffrait de son absence*
Suger . sayait ainsi depuis quatre ans 'concfr*
lier i austëritë, -du cloître ayec les deyoïrs d»
rhomme d^tat, lorsou'un Mxndent fuileste, (pi
remj^t la Fraisée de deuil, lui fournit une ooctt^.
sion nouyeUe de déployer son "zèle et sa pru^
dence* Le jeune Philip]^ » fils aîné de Lovus le
Gros, ayait .péri au muieu d'une partie de plaisir;*
Il était dans sa quatorzième année; son père
l'ayait &it sacrer deux ans auparayant, et ce içun6
prince donnait les plus- belles eiqpéraaces* Sugèf
ne quittait plus le roi depuis ce &tal moitiënt;
il employait toutes les ressources de son esprit
et de son éloquence pour calmersadouleur: Louis
était inconsolable. Cependant, enhardis par cet
événement, que l'on croyait du plus sinistre au<^
gure, des seigneurs et des évêques séditieux par-
laient de transférer la couronne dans une autre
famille; les plus fidèles seryiteui*s du roi, le roi
lui— même étaient consternés : Suger partagêleurs
alannes , mais non leur incertitode ; il songe à
sauVer l'Etat et la race royale du péril qui les
menace* Louis-le-Gros est infirme, yalétudi-
naire ; il y a tout à craindre qu'il ne yienne à
manquer tout à coup, et alors l'ambition des
grands vassaux de la couronne n'aura plus de
))ornes. Pour prévenir ce malheur Suger conleilla
au roi de faire couronner le prince Louis , son
secondais, devenu l'aîné par la mort de Philippe*
%4aL GODEFROY.
d'y reléyer le trône de David et de Salomon*
Mais quel choix faire ? A cjiiel prince donner cette
couronne sacrée ? Le» opinions furent longtemps
incertaines ; pour les fixer on décida que ce
cboix serait fait par un conseil particulier , com-
posé de dix hommes les plus reconuDandables
du clergé et de larméc. On ordonna des prières ,
des jeûnes et des aumônes , pour one le Ciel dai-
gnât présider à la nomination €pi on allait faire*
iCcux qui étaient appelés à choisir le roi^de Jéru-
salem jurèrent en présence de Tarmée chrëtienbe
dç n écouter aucun intérêt, aucune affection par-*
tîculière , et de couronner la sagesse et la yertu.
Guillaume de Tyr rapporte que les électeora
mirent le plus grand soin à étudier l'opinion de
lamiée sur chacun des chefs , qu'ils allèrent jus-
qu'à interroger les serviteurs de tous ceux qui
pouvaient avoir des prétentions à la couronne »
et qu'ils leur firent placier serment de révéler
tout ce qu'ils savaient sur les mœurs , le carac*
tère et les pcnchans les plus secrets de leurs
maîtres. Les serviteurs de Gode&oy de Bouillon
rendirent le témoignage le plus éclatant à sa dou-
ceur, à son humanité et surtout à sa dëvotio^.
exemplaire* Quant à son courage , il avait pour
témoin toute l'armée ; on racontait à TenYï ses
exploits ; nul ne réunissait plus de suffrage parmi
les croisés. Après avoir mûrement délibère» le4
él^teurs le proclamèrent donc roi de Jérusalem ,
et cette nomination excita une allégresse univer»
selle. Tous s'applaudissaient de .voir Godefiroy
dépositaire de leurs plus chers intérêts. On alla
chercher le nouveau- roi dans sa^maî^pa; les
électeurs et les princes le conduisirent en tiiaai<^
])he à l'église du saint Sépulcre , oii il- prftasfir-
meut de respecter les lois de Honneur et de la
justice. Lorsqu'on voulut ceindre 80i| firent
du diadème et lui conférer les n^irques de 1%
GODEFROY. i^S
royauté , il refusa en disant « qu'il n'accepterait *
« ]amais une couronne d'ojp dans une ville où le •
« Sauveur du monde avait été couronne d'épines ,
« et qu'il ne voulait d autre titre que celui dé
« défenseur du tombeau de J,-C. et de baron
K du saint Sépulcre. »
A peine Godefroy venait-il d'accepter le pé-
YÎlleu-x bonneur de gouverner Jérusalem , qu'il
se vit obligé de défendre la ville contre les troupes
du Soudan d'Egypte, Une armée innom}3rable
d'Egyptiens , d'Etbiopiens et d'Arabes , rassemblés
au nom de Mahomet , s'avance vers la capi-
tale de la Judée, sous les ordres de l'cmir AfdbuII,
le m.ême qui avait pris Jérusalem sur les Turcs ,
et qui avait juré de la reprendre sur les chré-
tiens. Godefroy alla au-devant des ennemis, les
rencontra dans la plaine d'Ascalon , et les défit*
entièrement*
Après la bataille d'Ascalon les Sarrasins n'é-
taient plus en état de tenter de nouvelles entre-
prises , et eette victoire termina la guerre de la
première croisade. Libres enfin de leurs vœux ,
puisqu'ils avaient enlevé le saint Sépulcre aur
infidèles, après quatre ans de travaux et de pé-
rils 5 les premiers croisés quittèrent Jérusalem ,
et ne laissèrent pour la défendre que trois cents
chevaliers et la valeur de Godefroy. Ce prince
s'occupa moins à étendre son nouveau royaume
qu'à le conserver et à y faire respecter l'ordre
et la justice ; il établit un patriarche, fonda deux
chapitres de chanoines , l'un dans l'église du saint
ijépulcre , l'autre dans celle de la Résurrection , et
donna enfin à ses sujets un code de lois rédigées
par la sagesse et par une piété éclairée.
n ne jouit pas longtemps du bien qu'il avait
fait ; un an après le départ de ses compagnons
Oodefroy mourut à Jérusalem , le i8 juillet iioo.
Ce héros fut aussi intrépide aux approches de la
2,1*
%44 GODEFROY.
ijiorl qu^il Tavail ddl thuiH Ick cotnimis ; Iiiî-mèitii!
i.'xliortuit h la rr^si^llu^iotl tu*H num etwê iiifrvil^ui*s
(léfloli^g , qui j)|ruiainil (ravuiK'fï la |M*r(fi qu^îlt
Qllaieiit faii'i;. Cnii6uM. hiii* h* choix dv. iton sut?cf?iH
rti:ur, il n^pomlit u (|ur cf* (lovait éti'e celui qui eu
u Hi*rail li; nlus ili^^iic. »
C(; ^ruiMi capitaituf lui vivenirnlrogr^ttdi Plein
(1(' courage* , )a pnulc*iH*« oX la itUKliÇralion tnni]\é^
rcrruL IfiMJour» i»a valeur , et jainaiH il ne l'exerça
qu(* cAHilVit |('H niiiiiinis tle la foi. Ficli^le à •«
tiaroh* , libdt al , dâmMvcMé , accvmhle à tous ,
irtt princes cl les ciievalici'H le rc^ardf^reiit comme
l(Mir iiiociclc y cl Ic8 HohIatH connue leur jière*
Dans un siiu;l(ï où 1(1 (luperstitioii dgarait qutique<«
lois Ic^nieillcurs csprils, Croilcf roy se fit rein ttr«*
cjntrr j)ar un zèle ardent pour la véritd et |i|ir
uni* (Icvolion indhranlahle, mais (Sclaii'ée.
u Jamais rantitpiitd fahuleusi* , dit Tublië de
i( Clioisy , ne s\*«t inni{;ind un lidros aussi parfait
« en touUt i'.liose cpic la vdrltë de lliistoire nous
«r repid.senle (Mideiroy de Douillon. Sa naisaanoa
u dtaiL illustre ; mais ce fut sou mdritc ciui Téleira
u aii-<lessus des aulnes, et Ton peut dire de lut
« que bu grandeur fut l'ouvrage oc sa Tcrtu*
StTGÈBL «4$
•r
SUGER ,
iBBE DE SAINT -^DENIS,
^
«m
onoËA naquît l'an loSi^ iepkrmê pÊMreê e|
inconnus. La rille de Saint-Denis et celle dé
Toory en Beauce se disputent l'honneur de râYoiï'
yu naître 5 d'autres yeulent qu'il ait tu le jour à
$aint-Qmer,dansrArtoîs,Tille alors nouyeliettieat
fondée et sans considération. U était âgé de neuf
à dix ans lorsque ses pareus le consacrèrent à la
profession religieuse dans L'abbaye de Saint-Denisé
C*était alors une coutume très en vigueur^ dé
fixer le sort des enfans ayant qu'ils eussent atteint
lage de discernement; elle fut depuis sagement
abolie. ^dam, abbé de Saint-Denis, ayant remar*
que dans le jeune Suger les plus heureuses dis-
positions pour les sciences , l'enyoya faire se»
premières études dans une célèbre école aux
environs de Poitiers. Le jeune religieux justifia
pleinement les espérances de son supérieur. Aprèa
avoir obtenu les phis brillans succès dans tous
ses exercices 5 il fut rappelé à Saint-Denis pour
V étudier la philosophie et la théoloeie. U an-
nonça dès lors ce qu'il serait un jour 5 «'il
étomiaii ses maîtres par ses progrès surprQuans
\
^ ^
Ministre d'Etat sous Louis VI ^ dit U Grosl
Ministre et Régent sous Louis f7J> ittt tê %
Jeune»
246 SUGER.
vi son aptitode pour les études les plus d!i
il se faisait estimer et cbënr de chacun par Yéié^
nation de ses sentinicus, par la bonté de sou
caractère et par cette modesLie qui est le plus
bel ornement de la jeunesse.
Philippe V^ régnait en France. Il avait confié
aux religieux de Saint-Denis Téducation de sou
fils unique Louis, surnommé le Gros y héritier
présomptif de la couronne. Dans ces temps
diguoi ance , où Tou ne trouvait des hommc-s
d'un esprit cultivé que dans les cloîtres , c*âait
des moines qui instruisaient 1rs fils dé no9 rois*
Le jeune prince, malg^^c son a fiabilité 9 qui lui
gagnait tous les cœurs, était assez dîfHcîle sur
le clioix de ses favoris ; mais du moment q[a*il
eut vu Suger il se sentit attiré par ses manières
douces et insinuantes, par son air enjoué et
spirituel, et conçut pour lui une amitié tffd ne
se cléuienlit jamais par la suite. Souple auprès
des grands sans bassesse , le religieux sut tonjoun
se maintenir dans les bonnes grâces du prince»
Telle fut lorigine de Télévation de Snger.
Louis , 1 appelé à la cour pour prendre part an
gouvernement, n*oublia pas lami de sa jennenc ;
il lui confia d'abord plusieurs missions, dont Sucer
s'aeipiiKa avec autiiut de zèle que de succès. Peu
a peu le prince le chargea des emplois les plus
inipoi Unis , et finit par lui accorder une oonfiaoce
bans horues.
De son coté labbé Adam , qui avait tODJoors
eu pour le jeune religieux Ta ifectiGn d*un père f
se plaisait à cultiver ses rares dispositions |KNir
les aHaires , et ne négligeait aucune occasion de le
produire à la cour. Il sVn faisait accompapMsr
lorsqiril était appelé au conseil royal « dont les
^l)lJés (le Saint-Denis faisaient partie ; d'antres feis«
quand il ne pouvait sV rendre, il chargeait SagO"
(1 y uller siéger à sa place , et malgré sa jeunesse
StGËR. 247
l'on vit toujours celui-ci représenter dlgnemeut
sou supérieur , qui passait lui-méine pour uu
habile politique. Il assista aussi à* plusieurs
conciles , où il fit remarquer ses talens , son élo-
quence et sa capacité.
Louis le Gros ayant succédé à Philippe I*',
Son père, mort le 29 juillet 11 085 Suger com-
mença à jouir de la plus haute faveur dans la
nouvelle cour; il devint Tâme des conseils du
roi 9 qui ne faisait rien sans son avis. Uabbé
Adam saisit cette occasion pour le revêtir de»
principales dignités de Fabba je , il lui donna
les prévôtés de Toury et de Bernéval. Ces deujl
charges , les plus importantes de la commimàuté 9
dispensaient Theureuî moine qui en était revêtd
de la triste vie du cloître j et lui procuraient la
jouissance d'un immense revenu^ C était im grand
abus que cette eicessive liberté , dont la plupart
des prévôts ne faisaient usage que pour vivre
dans la débauche et dans l'indolence.
Suger ne suivit point leur exemple 5 s'il n'intro*
duisit pas les pratiques minutieuses de la dévotioii
monastique dans les prévôtés soumises à sa surveil*
lance, il y fit régner Tordre, et en bannit l'oisiveté.
Celle de Bemeval , comme tout le duché de
Normandie , dont elle dépendait , était sous le joug
de Henri , roi d'Angleterre. Le nouveau prévôt
sut bientôt, par ses habiles négociations, afifranchir
cette ville de l'oppression des officiers anglais ;
mais il ne vint pas aussi facilement à bout de
délivrer Toury des vexations de Hugues , baron
du Puiset , qui infestait la province de ses bri-
gandages. Les seigneurs des environs , intimidés
par l'audace et la puissance de ce petit tyran,
n'osaient se plaindre au roi de France , ou tenter
de se faire justice eux-mêmes. Suger, qui avait
choisi la prévôté de Toury pour lieu de sa rési-
dence , les fit rougb* de leur lâcheté et les engagea
2^V> sroER.
;i pn'soiitor aiiroî une ro(iiirlo conh'o le srîfçiirnr
(la J\iis(t, pronu'tlant d appiiviM' leur clciuaiidn
tir N)îi! son orcclil. Louis \c («rosn prîtioo actif,
plein (le coumi^e, e( surtout einiein! de rinjusticT,
!.alsll a\ee ardeur i'oeeasi(Ui de cliafii^r cet iiiso-
î{ ut vassal. Oii résolut d'ahord de pnucder contre
lui nar les \oies jurîdi(|ues. Sonnné de C(mi]Ki-
raiti'(* doaiit le roi* lingues l'iiuse avec nicpris
de s N lendic; il ( si (!eelar(î eriniim»! de lès(-
niaji sie , et eoiulannu' par contumace. Louis se
(lisjiose à prendre les arnu»s pour allrr exécuter
îui-uKuno la sentence. Cependant Sui;er, ayant
|)ar son ordre lève des troup(»s et fortilié Tcniry,
i>'v renferma en atteudaiil rarri>ce de TaiMUCC
roNale.
Laut-il entrer dans le détail de cette oxpédîtîoii,
(pii coûta tant de sanj; ii la France, et dont lolij(t
et les r('sultats nous semblent aTij(mrd liui si peu
imporlans ? L'un des prin(»es les plus valeureux
de son si(Vle , Louis le («ros, perdit plusieui*s au-
ïiées devant le.» château du Puisct, qui, d'après le
témoi^na^e des Instoiiens conten\porains, ii*avart
pimr fortifications (pu^ des mui's de bois. Deux
fois >aiiUHi , deux t'ois épari^né par la clémence de
ce prince, et» ne fut (pi après \mo truisièiiio dt*-
faite (pu' le l>aron du Puisel, sentant ipi'il n*avait
■plus de ])ar(Ion à espérer, prit la fuite , et se jeta
dans les troupes (|ui tous l(*s ans partaient pour
la terre sainte» : c'était alors le refuse de tous
les mallu-nreux : celui-i*i mourut en chemin.
INMidanl toute cette çjuerre Sut^er déploya le
courage d'un soldat et Thahileté A\iii çéitëml.
Tianstormét» (MI plac(» d'arnu^s, i'hahitaliou d*uii
^iin; le religieux teirait en res}>rct un ennemi que
Louis le Gros a>ait tant de peine ik vainci'e. Co
prince en coiuHit une nouvelle estime pour Sufijer,
et di'puis ce temps il jeta toujoui^ le8 yeux sur
lui l(H-Si|u'il avait besoin d'uu hoimiic iiTuw U
Àuîxcpidc.
...,Qlidqo«ft anaéçs après^ayant à traiter une |i^
.£ure ûiiportaute arec le pape Cfidute III ,, Louis
charaéa de cette, négocîsitîon le prévôt dé Tiourjr»
qui El tennina à la satisfaction des deulc poitfeii*
£pmme celui ~ ci se disposait k retomuer en
.Fraqce, le pdntife» qui avait conçu laplus hàt^
idée de son méritev voulut le retenir et l'attacher
à sa personne par quelque fonction ëminentei
mais Suger ne voulait servir que sa patrie et SQti
xt>i; il refusa les offires honorables du pilpe.
Adam , abbé de Saint-** Denis , était mort
le 19 février 1122, pendant que Suger était en-
core à Rome : les religieux , sans attendre son
retour , l'élurent d'une voix unanime pour rewr*
plir la place vacante. Le roi, non content de conr
nrmer son élection , honora le nouvel abbé d'uâie
distinction bien glorieuse ; il se rendit à Saint-
Denis le jour que Suger y arriya, et le reçut
ayec toutes les marques de l'affection la plus
touchante. Ce monarque proûta de l'occasion
pour lui donner des' emplois plus considérables
que ceux dont il l'avait revêtu jusqu'alors ; il lui
confia l'administration de la justice , la direction
des affaires de la guerre et les négociations étran-»
gères. Ainsi Tabbaje de Saint-Denis devint le
centre des relations politiques de la France.
Suger répondit à la confiance de son roi en lui
inspirant ces sages règlemens. qui concoururent
encore plus efficacement que la force des armes à
rendre à la couronne de France l'autorité que les
Tassaux avaient usui'pée sur elle; je veux parler
de l'établissement des communes , de l'affranchisse-
ment des serfs, et des mesures prises pour diminuer
les attributions des justices seigneuriales.
Habile négociateur, il fit prévaloir les volontés
de son maître à la diète assemblée à Mayence le
25 mai 1 125 , où il parut en qualité de plénipoten-
tiaire lors de Télectiondu successeur de Henri Y >
%io StJGERé
emiureur d^Allemagiic. La même annëe il suivit
Ix>ui»^le-Gro8 dans la guerre que ce prince entre*
prit pour cbÂticr le comte d^Auvorgue^ coupable
de violences eiiyers rëvéque de Clerniont. L*ar^
inée du roi mit le siëge devant cette ville ; i'ac~
tion lut vive de part et d autre; il j périt beau-
coup de monde. Suaer y pensa perdre la yie; il
dit lui-même , dans les écrits qu'il a laissés , que
dans cette occasion il ne dut son salut qu'à la
bonté d(3 SCS armosé
Les ijislorirns pensent que c'est i cette guerte
mi'il faut ra]>porter Toriginc de sa converaion i si
1 on peut appeler de ce nom le perfectionnement
de la vertu* Le péril auquel il avait eu le bonbeur
d ecliap])er lui rappela vivement la fragilité de
la vie et la grandeur de la Providence* Bon ci**
toycn^ courtisan sincère 9 ministre zélé, il songea
plus sérieusement qu'il n'avait jamais fait à deve«
liir ini moine exemplaire $ et à porter dans sou
a])l)aye la réforme qu'il allait mettre dans sa
manière de vivre*
Ce fut l'an il 27, le cinquième de son adminis"
tration, qu'il s'occupa de réaliser cette pieuse en-»
treprisf*. Les i*eligieux de Saint-Denis s^étaient
souvent montrés indociles envers ceulL de leurs
abliés qui avaient manifesté le même dessein; l'as*
cendantque Snger avait su prendre sur ses moines
était si ])uissant, qu'il n'éprouva de leur part au*
cune nfsistancc ; tous embrassèrent la réforme
avec zèle; rab)>aye devint l'édification de ladirë«
licnté, et JinfT se vit Tol^jet des bénédictioaf
de tous les fidèles.
Sa tiiblc , ses habits, ses équipa^ ayaient
elinngé de face; toute pompe mondameen était
r(> tranchée , et l'abbé de Saint-Denis ne paraissait
])ius en public qu'avec l'extérieur le plus simple*
Lrs personnes du monde n'eurent plus dès lors un
i»i libre accès dans le monastère* L'i ' '
' /
I tn^ranee «illears* K .aTAii* même résK^u de
'■ 4ieplii9 répars^fre à la odqt; nurâte roi Ty rap-
' fdi^t ^aiiS;Cei9e» et ai l'aÛié.âe Samt*>Dem^
^. d^i^ît 4à Bon oeybir de «V numtfer» ce n'était
E'ayoc imp modestie qui âifiait tout le aionde*
soîii desf «iffidres publiquçs, ne^lui faisait plus
péf^iger .celle$ àè son jAbbaye ) il tenait liôajoivr»
la main à l'observation des règlemens^ et rié|tt
> n'y souffrait de son absence*
Suger . sayait ainsi depuis quatre ans "COUCiN
lier Taustérité.. Au cloître ayec les deroirs à»
ll^iHiime d^tat f lorsqu'un accident fuAeste , (pi
renqplit la Fraisée de deuU, lui fournît une ooca<^
non iQioayeUe de déployer son ^le et sa pm-^
d^ce* Le jeune Philippe f fils aîné de Loob le
Gros , ayait .péri au muieu d'une partie de ^aiair;«
ne quittait plus le roi depuis ce &tal niditiènt;
il employait toutes les ressources de son esprit
et de son éloquence pour calmer sa douleur: Loui»
était inconsolable. Cependant, enhardis par cet
événement , que l'on croyait du plus sinistre au«-
gure 9 des seigneurs et des évêques séditieux par-
laient de transférer la couronne dans une autre
famille ; les plus fidèles serviteurs du roi , le roi
lui— même étaient consternés : Suger partagêleurs
alarmes , mais non leur incertitude ; il songe à
sauver l'Etat et la. race royale du péril qui les
menace* Louis-le-Gros est infirme , valétudi-
naire 5 il y a tout à craindre quHl ne vienne à
manquer tout à coup, et alors l'ambition des
grands .vassaux de la couronne n'aura plus de
bornes. Pour prévenir ce malheur Suger conleilla
au roi de faire couronner lé prince Louis , son
secondais, devenu Tainé par la mort de Philippe-
2â2 StJGER.
Le roi accueillit cet a?.is ayec tran^ort» tt ta
ilouleur parut se calmer.
Le coui'oniH'iiieut du jeune roi , qui eut lieu à
Rheiins^ le 2,6 octobre ii3i $ ejias8Ui*aat un suc-
cesseur à Louis-le-Gro8, appaisa les craintes du
luoiiarque et riiicjuiétude de la natiou. Sugeryuui
avait inspiré h sou maître une démarche si saiu'»
taire , lui devint plus cher que jamais ; la famille
royale ne parlait de lui qu avec reconnaissance ,
et les courlisaiis lui témoignaient le plus profond
respei.t. Paraissait-il au conseil , tousles membres
de cette assemblée auguste se levaient eu sa pré*
seuce , et attendaient pour se rasseoir qu'if eût
pris sa place; ils n'osaient rien décider en sonab*
jsenoe; c'était toujours son avis qu'ils adoptaient,
et bien souvent ils Tobligeaient de répondre pour
tous aux difficultés que le roi leur proposait. Mais
tu ut iriioimeurs n'étaient pour dinsi aire que le
prélude de c(*ux auxquels la Providence le aesli-'
liait ; Suger avait encore un plus grand rôle à
jouer sur la scène du monde*
Louis VIT , dit le jeûne , qui avait snccédrf I
Louis le Gros, mort le i^' aoûtilSy, eut comme
son père de iVé(pientes guerres k soutenir contre
SCS vassaux; comme lui, il consultait sovrent
Sug('r; mais il n'eut pas d'abord le bon esprit de
suivre toujours le conseil de ce sage ministe,qui
eût pu supplét r à son incapacité.
Il avait mis la ville de vitri en Pertoia à feu
et à sang ( 1 14^3 ) , pour se vefigor de Thibrad»
comte de Champagne. Saint Bernard TeMagm
à faire une croisade eu personne pour expwr ce
crime. Supérieur k son siècle , Sugnr aenlaii
Tabus de ces expéditions lointaines s qui « lui -
Ut iist's pour les peuples y fur\*aient les rois à
ahaiidonuer les rênes du gouvernement. U t*9p~
pi>>a ritrtonu'ut à Tavis de saint Bernard , et
tiuhu lit* persuader uu roi d^ euvoj'er
F
SCfCEEK.'. «5S
0éat de I «t db rester dans mb Etals Sr
« Bfois ) aii;. le pr^ideôt' JUoauIt , les cou*'
c «etk de saint Bernard ëtâieat' reçus comme
« des ordres dft cieL II. avait ëtë donne à cet
« bowQfte ei(traordina^*e dé doimacr les esprits;
% Ûtilerojaif d'un moment à' IsLOtre pwer dn
iç fb^. de apH' dë&ert afi miUeu.dea cours; jamais
m 4^plaèë,sa|is titre, sans. caraeftàre,^
cette co^Alliration gui est aib^dessus de l'ântb— ^
m aà; sii|)|di6 W>ine de Glairraui: , plus puissant
$i ipe TabBiT^iger , premier ministre de jPranceV
â oepeiidaul Saint-Bernard n'était pas nn aussi
« (piiMl|k)litiqueq[n'il,étaitim saint nomme et lu
« bejL.esj^rit. » .: t i : îj^f* r
Avant de partir pour Ik terre >saintèiIetMni«
liât lime assembljfe a Etampes-. ^mmbt gr\dtflibéraR>
spr lejAeoixdWiri^^t. Jamais élection ne se fil
8rTee.,fiUis,de droitiire'et d^quitë. U fallait pcmr
r^pier un homme également agréaMe au pnnce »
JMox (prands et au peuple , un génie consommé dans
I^ âffiores par une longue expérience, et mii sût
iJUer la douceur et la fermeté. Tel était l'abbé
Snger : top0 les suffrages se réunirenten sa &yeur«
Jl refusa d'abord cet emploi, dont il sentait tout le
focde^u; m^s il fut obligé de* céder à l'autorité dn
pape , qui lui commanda expressément de se sou-*
mettre au y œi^ unanime du prince et de la nation*
On lui associa le comte Raoul de Vermandois y
qui. fiit chargé du commandement des armées sous
L'anliorité du régent.
, Tandis ^e Louis ne retirait d'autre fruit de son
expédition .que la double honte d'être vaincu par
les infidèles et déshonoré par Eléonore sa femme ».
qui l'accompagnait , la France fut paisible sous le
gonvememeat paternel de Snger. IL sut réprimer
par des règlemeus sévères la cupidité de ceux oui
Erofitaiènt de l'absence di^ roi pour s'emparer des
îeos ^ l^lise. }1 administra le trésor royal aveo
%IÎ4 SUCER*
tant cIVconotnie 9 V^^y («niis fouW les pmipli*! , il
trouva Iff) moyen dVnvoycr pltiBicuiv nii» det bt-
CTuiiiM criit^nil Hii roi*
i'rol4!ctrnr iUi luiblc) il <$(nif le tténu dp l'on-
prcMM'iir; crtiint vl ith]ktU5 dlint If* loynnmcfi h
1 L'gal rlii HoiivPt'Hin !(• |ilii» hIihuJii ,tbut pliait soiitf
fM*8 0i(lrcH. J^'H pn'inicrfi p>rMontiAgf'ii dt' !*£!■( y
\vH pi inci'H fin HAng iii^iinm ri*ronhoiiihRif*nt Mii
iHiioi'il4^, vl hii prodi^iuiirnt le» titrât de gran^
ilv.itr cfl iV€tUc^,sr, Mi qiiclmifH-uns dVnt]*u fiix
vonlHinil nv. Houfttruirr; h lolidiHMittce qulli lui
drvuîfnt, Sii^f^r savfiit bi#*nti)t les fnire rcttirtr
duntilr (lfvoii'.(fCoirroi,duu(U* NortnBndtf^yNjrant
rrfiiM; dr servir daiiA rannc^e rran^*aisi?<*n qualité
di; vaHital de la eouronm.*| le réff/nttt, après avoir
i*pnisi1 avec lui lea Tii(»yens de persuasion 9 finit
par enqdoyer les c»rdres et 1rs menaces : le duc 9
(lui cnnnaiNHait la fenneM de Stiger 9 prit le parti
a oijiiir. iiaoïd , comte de Vninnndoisy beaii-mre
d(; LouÎN le Jeune , qui , comme nous i'arons vu 1
avait éié nonniif^ lieutenant ^ën<$ral des armées
M»uH 1» regeiit, Hâtait enipni^ de la citadelle de
iJour^es y dont le i*oi avait confié la garde à Far»
ehevécjue de eettn ville : Itfprélnt s'en plaignit k
Siif^rr : ephii-f!i commanda d*un ton si absolu an
( onde dVivacner la ]dare , cpie liaoul la remit au^
i»ilot entre leH main» de lareliev^mie*
i..a iciMjhilîon du HaL;e nUlté de oaint-*Denis s^
tendait bien an-<delh dea liniitf'S de la Franoé* Il
j-eeeviiiteliaque jour de» tf-moignages éoUltaiiaiAa>*
timc de la part <lrs souverains étrangeriy ^fA
plus d une foiii le prirent pour arbitra dé' bliri
dîflerenH. Sur un faut bruit oui courait qwSv|er
M'iiiit emharqiiii pour la iSirile» Rogerj roi de
i'vUr eonhtre, Nortit de ses Etats pour aUar 4 sa
reiiroidt e. David , roi dl£cosse j envoya au rifasBt
liiif andiawinde pour lui demander son amilUb
Cijieiidanl Louis le Jfune entretOAMl' afCi
l' -
fiivtaetiam ci^mspôndaiice mn^m* Dt]iftMi]pMtioià
iulWiTassaiite, ce, prinpe denuinJuit des 6<»i8eib
an sage miiûsùre ; mais la lenleur et la difficultrf .
dçB commiinifcàtiops fiaisaientâQe cet conseils arri-
vaient la plupart du temus lortqiie Vimprudeajt
monar^e atait commis oes &«tes irrëpArables.
Le r^ent aurait youlu laisser igiMirer les Jioiif-'
wUfS accablantes qu'il recevait de la Palestine;
a&ctant un air calme et tranquille » il les tenait
secrètes ]e, -plv9 long-4emps qu'il pouvait ; mais
ces bruits finissaient toujours par se répandre 9 et
jetaient dans la France des alamœs d'autant rius
TÎTei., que des esprits mal intentionnës se [dal^ -
svent encore à aggraver le mal qu'il était àéu-» '
I^afi&i permis de soupçonner* (m reconnaissait
alors combien Louis lé Jeune eftt Agi sagement '
si, moiiîs ébloui de réloquence de saint Bernard »
il eAt îiMvi les conseils de Fabbé de SiLutt^Denis^
etne le fut pas engagé en personne dans cette &-*
tale:e]qp^tion ; cnacun vantait la prévoyance du
sage ministre ; la France , tranquille sous son '
aamittistration paternelle, le bénissait. Saint Ber*
nard y au contraire , était l'objet des trop justes
reproches de toute la chrétienté. Le moine de
Oairvaux crut se justifier en rejetant sur les crimes
des croisés tout le mauvais succès de l'entreprise%
Quelque disposés qu'eussent été les grands, à
ee soustraire à l'obéissance , nous avons vu que
la prudente fermeté de Suger savait les contenir;
mais la fin de sa régence ml signalée parome ré^
Tolte beaucoup plus dangereuse que toutes celles
au.^ avait étouffées jusqu'alors* Robert, comte
de Dreux, frère du roi, était revenu de la Pa-f
lestine quelques mois avant Louis le Jeune ; il
entendît les murmures des peuples contre l'im-r'
prudent monarque , et résolut de profiter de ce
mécontentement pour s'emparer du trône. Il se
fit bientôt un grand nombre de partisans clan^ les
a56 SUCER.
pi-ovinces, et était sur le poîut de se rendra
luaitre de pliisieiii'» places importantes. • ^
Sus^er. , averti des coupables pi*o)ets du comte
di^ Dieux, Ht tous ses etVorts pour 'en prévenir
les i tVets. Cette alVaiiv lui donna tant cVinquië»
tuile, que , si l ou eu croit sou biographe latin 9 sa
saute eu tut aiteiée, et que ses cheveux devini*ent
eutièn*ui«'ut l)laiics« Après avoir uiisde hôniirsg^r*
iiis(uis du us toutes les villes du royaume , et desti-
tué les gouverneurs dont la fidélité lui était su*-
p'cte , il convoque l(*s états - généraux pour
preiulre des mesures eflieaees coutiv les factieux.
Ou vit venir à cetteasstMubUkïtoutcequ^il v avait
de plus quuliiîé punni les seigueui*s et les pi-élats
Iraii^uis. Roiicrt de Dreux }' parut aussi % suivi
duue uoiubrcuse eset>rt(*. Peu intimidé de cet ap«
pareil , Suger parla d*alH)i*diHmtre tous les rebelles
avec une fermeté qui les iléconcerta ; puis» prenant
à parti le prince coupable, il le pressa si vive-
ment que Robert se vit tbivé d avouer sou crime
et dt? rentier dans le devoir.
Ainsi liuiuiliés par le régent, les factieux réso*
lurent de se venge >r. Il était diflicile d*atteiiler à
sa vie; Sugerniaivhaittoujoui'suocunipasnë d'une
suite nominvuse, et daiUeurs, sûr de la fi<iëlittf
de ceux qui reutouraient, il ne craignait pas plus
le poison que le ter. Ses (>nneuiis 'prirent alors le
parti de le perdre dans Tesprit du roi. Ils firent
parvenir à ce prince dillérentes lettres i|ui ten-
daient à l'endi'c suspecte la conduite de r
nistre.
Pendant la tenue des états Suger eut
une occasion de déployer son courage* Une qne*
relie violente s'élaut élevée eutre le comte de
Dreux et Henri , fils du comte de Champagne , œs
deux princes , également fiers , avaient roolu de
vidf'r leui-s diilérens par les armes. Le jour était
indique poui* le combat; tous les granos avaient
n
ril^àrti p4 Vta ôd l'^iktre chcuoplon. Suger
Itlle d'abo; le* récohtnlier ; inais voyant que
' -te» «.fia ui Kl prières nt pouvaient nea sur
' f il u^ de Son Aatanté. Il leur défendit de la "
■i^ ' Ja roi de K battre , stou mt^nacc de les iâlre
C^Âter. ills reftuaîeBt d'oWu'. Les deux princes
j^âalfTOulu transgresser ses ordres, Sugn-Ieafit
ju^der ft vue jusque ce C[u'ild eosseof jtirë de n~
ioDcer à leur dessein. ^ ■ ■ ,
,!« &ible Louis le Jeune , qui n'aTsIt que tro'p
halement ajoute foi aux calomnie* dirige contre'
Otimiaistre , cràt alors que su présence ^bùtabso--
unentnëceMaire en France, etœ songea |4uBqaï
■AlaPMn retoflr ; c'rtait avancer le moment de là
mtification de Sujger. Arriva i R(»iie, ce JKioos
'irréla quelques jourd auprh dâ toanrain pèa-
ifâs. Le Saint-Père lui parla si a'^otageùHment
le la sage administration et de la fidâittf dfl
înger, qse Louls, entràtaë par an tÛBoignage
iBsR re^ectaUe, se {wvmit Men de rendre toute
«owifiance à ce Té\é serviteur ; il voulut mente
■Tant de quitter Rome lui donner des marques
tulhentiques de sa satisfaction , en liu adressant
a lettre la plus obligeante qu'un souTerain'pnisse
Ecrire it un sujet : « Qu'il me tarde , mon cher ami,
ui mandait-il , qn'il me tarde de vous vdir et de.
rous embrasser! Venez au'devant de moi nu jour,
plutôt que les princes et les seicneurs de ma cour,
iGn que je puisse apprendre de vous seul ce qui
l'est pass^ dans mon royaume pendit mon ab-«
lence. Ce que vous ine airet. sera la règle de ma
;onduil£. ■>
Louis le Jeune an-iva enfin dans le mois de bo-
remhre 1 149 , après deux ans et quatre mois d'nb-
tence. Son entrée à Paris lut aussi magnîlîqne que
l'il fût revenu vainqueur des infidèles. Sucer re— ■
oait alors entre les mains de sou roi les renés dà
j^ouvcrnement avec pins de joie qu'il ne les
Tome II. aa ■
*%S& SUGER.
avait acceptées. Ce iour fut téritalilaineiit pour
lui seul un jour de triomphe* Louis, channe des
heureux résultats de ladiniaistration du sage mi-*
uistre 9 ne crut pouToir mieux lui en tëmoisper
sa satisfaction et sa reconnaissance qu*en lui dccer»
nant publiquement le glorieux titre de Pèrtde la
Patrie.
Au titre de régent près , Suger conserrait tou~
jours la même autorité ; jamais il n*eut plus de
crédit et de puissance que depuis le retour du
i*oi. La paix , la guerre , les traités, les alliances »
les iinanees, les ailaîi*es civiles et ecclésiastiques y
tout dans le gouvernement était soumis à la déci*
sion de labbé de Saint-Denis. C'était à lui que
Ton s*udresâaitd*aboixl pour obtenir quelque grâce
du roi , crui ne faisait rien sans son ministre* En
laissant ainsi régner Suger sous son nom , ce mo-
narque prenait le parti le plus sage» car ai iparfois
il se mêlait d^agir sans le consulter > il s'encaseait
dans les démarches les plus imprudentes» Ahlheu-
reusenu'ut i>our la France et pour lui , Louis le
Jeune se vit prive trop tôt de 1 appui de sa ûu-
blesHt? ; la mort lui enleva cet ami fidèle le i3
janvier 11 Sa.
Suger était alors ûgé de soixante-dix ans* Sa fit
avait été exemplaire ; sa mort fut édifiante. Depuis
«(uelque temps il n'allait plus à la cour , nialgi'é
les instantes sollicitations du roi. Sentant sa lin
prochaine , il avait voulu terminer sa can*ière au
s<Mn de son abbaye , et consacrer à Dieu lea der-
niers jours d*unc vie qui avait été si utile à la
patrie.
La France le regretta longtemps. Le roi > qui
voulut honorer ses iunérailles de sa prëseiioe9 lui
iloiiiia des larmes sincères. «Ce prince > ditMé-
« iviiïi , se trouva aussi ébahi de cette mort one
« le serait un homme qui am ait perdu iOn guidt
H dans un pays désert et inconnu. »
50&1EIU'
l^etlsioines de rdbbare lui âigèreiit-im tombej^vi
dont la stmc&ure n*Aait pas nàoûis simjple q^e
riiiacriptîoii : J9Sc jac^ Sufbsfuii àthas ( cî-^t
l^dbbë Suger). C'est la simpudJUl même de lln»*-
erqptîon qui en'feit le mfrite $ proÙQûceir le non»
d'mi grand bonune n'est-ce ]^ fidre son- plni
bel éloge?
r
1
a6o SALAfilN.
SALADIN,
SULTAN D'EGYPTE.
SSaiadin naquit h Tokrit , Tille située mr la
rive orieiitnlo du Tigre , Tan 522 de llitfgyre «
li'Sj de J.-C. : cette ville faisait partie du petit
pays des Curdes , qui séparait rArniënie du ter-
ritoire des Mèdes, Saladiii fut élevé ik Damas,
tous les yrux de soii père Ayouh, Un nttaolir-
xiieiit sn])f*rstitieiix pour les pratiques de la rcii*
l^ion de Âlalioinet , une liaiue implacable contre
les cindtiens , tels luirent les principes qu*oa
•^attacha i^ lui inspirer dc'^s rentaucc* Ou ne dé-
couvrait en(H)re ilans le j(-uiie Saladin aucun
syuipti.nie de ces passions qui annoncent ordi—
iiaiifnient nii j^eiiie ( xtiaordinaire ; il ne pa~
raissait né <ine pour cultiver des vertus paisibles^
et rien ne piilsa*;( iiil sa !;randour future»
N(»ureddin , sultan dWlep ^ de Mosnl et dt
Damas, déjii nuiitre <le la Syrie et de la Méso-
potamie , voulait encore ajouter lEgyptc à ses
castes possessions, (.le prince ambitieux entreprit
dVn chasser la duiastie de> Fatimîtes^ et Shir—
couli , oncle «le ^^aladin , fut cliargédu Comman*
d<*ui< nt de rarmée qu'on envoya au Caire*
Saladin suivit son oncle , et se distinfRia dit
ses pr( iniers pas dans la can'ièrc militaire par
une >aleur brillante, un coup dVil pronapt et
sur , un sang froid que rien nn déconcerta ja—
niais; il s'atliiait resliuie des chefs; son aflahîiité
s:i popularité le faisaient adorer deaf soldats.
Dimtôt asi>ui^ du clcYOUCJucnt de lann^i Sa*
Cî s;
«I..
pv: ^ ■ ■ ■ ■
BALAXHBf. ,i6f
-^ponr lui-même ) et "de se i^dre maître de ce
t>eaa pays* Il ^ réussit, et tandis qiae par liitè
politique adroite il contenait dans & devoii^ lei
émirs , mëeontens <fe sa iiaute fortune , il aTaîl
SLSsez d'art pour persuader à NouTeddin qu*fl
n'avait pas manque de fidélité envers lui , ët;SUt
.éviter la vengeance dW ennemi trop puissant^
Si'cjuelque chose peut &ire pardonner à Sa-»
ladin cette usurpation , c'est la manière dont il
usa de son pouvoir ; toujours juste et modéré » il
ne se fit pas moins chérir des peuples qu'il ayait
soumis que des soldats coimpagoons de ses vie—
.foires.
Depuis plusieurs années les.suerriers de llSn^
rope couvraient le chemin de l^Orient 5 le désir
de délivrer le tombeau de Jésus-Christ et' de
rendre plus faciles les courses pieuses des pèlé^
rins que la dévotion attirait à Jérusalem y avait
^ soulevé l'Europe contre l'Asie* Les pFemiers
succès des chrétien» ne s'étaient pas souténtt»;
toutefois ils possédaient encore Jérusalem , doiit
Amaury était roi , et quelques parties de la Syrie.
Une lutte terrible se préparait. Taudis que les
souverains poutifes ordonnaient aux princes eu-
ropéens d^aller conil)attre les infidèles , les imans
promettaient aux princes musulmans l'absolution
complète de leurs fautes et les délices du paradis
s'ils prenaient les armes contre les chrétiens.
Cette guerre était appelée sainte par chaque parti ,
et -ceux qui mouraient en combattant, soit pam^i
les chrétiens , soit parmi les mahométans y étaient
honorés du titre de martyrs.
A l'époque où Saladm fondait sa nouvelle
Euissauce l'ardeur des princes chiétiens semb-
lait se ralentir ; les secours n'arrivaient plus
en Orient. Frédéric , archevêque dv Tyr , avait
essayé en vain de ranimer l'enthousiasme 5 il
a62 SALADIN*
avait en Tnîn parcouru l*Europe « reprtfsenM aun
(Hflerens monar€|ues les besoins pressuns des
rlirétiens de Syrie « leurs malheurs , l'oppression
sous lac^dle ils g^^niissaient , la profanation des
lieux saints. Cette peinture « qui avait boule--
versé tant de royaumes quelques annëea anpa<«
ravant , ne piH>auisit alora qu'une pitié 8ténle«
Le pape Alexandre III i célèbre par ses dëmélés
avec Frëde'ric , empereur d'Allemagne , faisait
à ce prince une guerre funeste à toute la chrë*^
tiente ; Temperenr , occupe^ en Allemagne et en
Italie , ne pouvait servir la cause conunune ;
Henri II , roi d' Angleterre , était retenu par ses
disputes interminables avec TaiTlicvéque aeCan«
torbcry ( Thomas Becquet ) ; Louis le Jeune ,
attentif aux troubles de rAngleterre ^ se prépa*
rait à profiter de ces dissensions pour s*emparer
des provinces que le roi d'Angleterre possédait
encore en France ; Andronîci Manuel venait de
monter sur le trône chancelant de Constantin-
nople par le meui'trc de son neveu , Frédéric
Ikirberoiisse : ainsi les princes chrétiens , tout
entiers à leurs inttVèts particuliers » seBiblaient
abandonner leurs fit^res de l'Orient.
Des mallieurs plus grands encore que cet
abandon attendaient les chrétiens dans la Pa«
lestine. Un affreux ti*emblenient de terre ren-
versa la plupart des villes de Syrie , et des vil*
lages entiers disparurent ; la teri^ , entr'ouverte
en cent endroits , engloutit les hommes et lem
ouvrages. G'pendant le danger commun ne fit
point suspendre les opérations militaires'! loin
de cherch<^r ^ remédier au fléau qui déioliM ce
pays , on continua de se battre avec plus d*adiar-
nenient que jamais sur les débris de lat Sjrie*
Etrange aveuglement des hommes , qui -se dis*
putaient qiuîlques parties dune terre qui lenr
était enlevée par un pouvoir au-*dcMUS dt oelui
de tous les rois !
SALADIN, 263
Tel était IVtat des choses lorsqu'Adhed-Sediii:^
Issah-Abdallah , c'est à dire le protecteur de la
religion , quatorzième calife de la race des Fati-«
mites y expira : sa dynastie s'ëteigait ayec lui.
Va de ses ancêtres ayait conquis l^gypte en 97^9
et cette famille y régnait depuis cette époque»
Saladin , comme on Fa tu , s'étant rendu maître
du pays , méprisa la politique barbare desprince.^
de l'Orient , laissa yivre les enfans d'Adhed 9 et
ne changea presque rien à leur situation* £n
enleyant à ces princes un empire dont ils n'au-
raient pas joui , il leur laissa les plaisirs au
milieu desquels ils étaient accoutumés de yivre r
la mollesse , la yolupté éneryaieut leur courage 9
et le rassuraient contre leur ambition. Saladin
les fit enfermer dans le fond du sérail ayec le»
ministres de leurs débauches 9 s'empara de ton»
leurs trésors 9 et yint habiter le Curs ou palais
des Fatimites.
Il ne garda rien pour lui-même de toutes^ ce*
richesses ; il les distribua aux officiers et aux
soldats. Cependant il réserva ce qu'il y avait de
])lus précieux pour Noureddin 5 il ne p^t que la
qualité de son lieutenant , fit prier pour lui dans*
toutes les mosqueVs , et revêtit du nom de ce prince
tous les ordres qu'il publia. Mais cette soumis-*
sion n'était qu'apparente ; en lui abandonnait:
quelques vains attributs de la souveraineté, il eit
exerçait tous les droits 5 il voulait régner , et
attendait que sa puissance fût assez bien affermie
pour lever entièrement le masque.
Noureddin manifesta plus d une fois son mécon-
tentement 9 et menaça même d'aller châtier un
ministre insolent. Saladin lui fit faire alors les
protestations les plus respectueuses ; mais en
paraissant toujours soumis à ce prince , il n'était
pas moins disposé à lui résister et à se soutenir
malgré lui dans le gouvernement de l'Egypte. Il
0^4 «ALADIN.
ioMiiii «le- lioiivflli'» iiiiîirr"» . iit fortjfir-r If* C.n'r'' r
fit. ri«- iioiiii j 4i.\ ii|i}>iovi.>iijiiii('fii<ffi.s d «irrii'*^ rt
t\f iiiiMiitiriiit , r-t >f iii(*ii:i^r-;i par là liiitr r<-tr>Ji^<-
sûif- (iiiiii le fiit oii la forliiiif* !»<' f!ei:lar«'r>i i
(fiiifjf lui. \f>ii) f-fifiiii M- pM'tjaiait à %r.-iâir i*:
( h«iv-.f-r fi Jvj\ ph' , loiMjti'il iiioiiitit hijliiteiiif-fit .
rji J l'^'i , a 1 âw- clf riiifpiaiitr-ItLit .iiis.
Apii"» la moi t il»: «»■ jii iiirr .SaKiflin pi it |K;-»-
.s< >^ifiii i{i- J).iiiia:>; iiiai.^» il iit rlaL«iiii t(-t.«tiiiih,tif:
p< ( : s(jii\(iaiii le j« iiiif [ijiiicf! .^ali )j . fil.^ <;^
N<.i.l f fif'iii . r-t mr roiiM 1 var|ii(- If ttlif* flH>«ii-at#- «^?
son liiiitciiaiit. : il oi «ioiiiiu au nom «li* «f pj inirr* {••
/"//////. r>u pi lii I- [iiililiipif-t tSa piji*»*)aiir'i* ttai.f
îii'i-i Jitii-i mie, il cm v-,;! 1 if utôt «l»* «li-r-ïiiixiiifr . *»•
lit I 1 o( iaiiK-i /iiih.iri , (-t »uiJO}^fa bilia i».-aciiot?%
f!<- j;t s'iii Vf I aiJii ff-.
>.il II . I.i-iifiir ili- jNiiiirr-flfliii. prit hs arm**
I ' i'i i'i'îi iidi f s4 .s flioit-.. 1 1 haiarif a 1)11 fiir»iii# it(
I iiilji.i m I- <!(• .".on ii\;ii ; iiiiii>i [*■ *^i'u'if: Av Salaiii»
I I iiijjo; l;i . f I ï-ii I j-.', il -f vit paisihii' poj» «ivi^tîr
(iu i».,ivoii Mipi l'-ijif. ( iii- loii maifif «J#- I Kin-
|i;i-. il 1 ('( Oin|ii-M il iii.'t'^iiiliijiu-iiit'iit ii-a uniciini
«l'ii lui avaifiif iihjiiI.' <■ It- pi ii^ fl*' /.Mf.
ï." < (MlJiliflU Mllflll «II- HO.'I l/'J»!!*" lui fll.1f«p ^'
p.ji t\i - i';i: ii-->f iiH-ii^ iiljii'»i|ni tu- Vrtii\*f'v}ii'U ht
pi fl «-'' iifij f- st ^ ( iiii«p r'-l( 1 fl<iii> lâi.S\iif', 1 Aia-
J>i<-. la i'i r ^' it 1.1 .\:r>o|>ottunir. il t\i voir an
N. !■:;'- <l J-iii/, , #11 >\iii-. (jii il savait uiiir lir croL-
1 li" pf J «toiiiifl .iii\ l,f illiiiilf ^ ipialit^H cpii le clis-
tiiiunaiciit. i j- ^'n'-^t- l'.iillil lui (lr'\f-iiir tlilifaU'. Ln
jo'ir ipif . pii-stpif M-ul . il fiaiitiiiait la pla(^
|-i.ri if-'jl»! r;iff.t(p!<- . un liojiiiiif'M* jftte sur lui,
l«- l'oi'jiiiii (I .1 1,1 111 lin . i'i 11 Iilf-fi-f il la léli'. Sa-
i:iiliii le ,.iiit. .111 monii nt oii il allait rfiioiibicr ,
lui u I H lu- ^ttw poi;.'.iiai il , le pf ic-r: ilir coupH, et 1^
M.ivf ] » iii>if I a ^t'^ pi( (l>. l)aMh 1 iii>tant un Af""
( "ijii :i ,1 i.i /:• vaiiri- : mail il c'pt ou%c U; fiuriiicr
^«w >. ■ uji t:vi:iciii(; lui :,ucccd<.' ^ cl mcuit cuco^c
SALADIN. 16$
de la main du Sultan. Cette action se passa avec
tant de Fapidité que les gardes de Saladin eurent
à peine le temps daccourii*, le sabre à la inain^
pour le défendre.
Cependant Saladin , pleiù d'agitation , rentra
dans sa tente à la suite de ce combat ; il ordonna
qu'on fit une revue exacte des officiers de sa mai-
son, et qu'on cassât tous ceux qui paraîtraient
stispects. Les trois assassins qui l'avaient alarmé
étaient sujets du vieujc de la Montagne <, prince-
faible et barbare , toujours pi et à servir la ven-
geance des mëcontens ; ils étaient enti es au ser-
vice du sultan, et avaient levé tu 1 habit de ses
mamelucs. Le vieux de la Montagne, qu'on appe-
lait aussi le Prince des Assassins y avait vendu la
tête de Saladin au visir Kamschtuzin , gouverneur
et ministre du jeune Saleh.
Ce même siège d'Eruz fut témoin d'une action
qui fait encore plus d'honneur à Saladin. Après la
prise de cette place on vit arriver une jeune fille
escortée par un grand nombre d'esclaves. Saladin
alla au-devant d'elle, et reconnut la sœur de
Saleh. La princesse voulut se jeter à ses pieds ; il
la retint, et lui demanda ce qu'elle désirait de lui :
« Je viens vous prier , lui dit-K^Ue , de nous rendre
« Ja forteresse d Eruz. — Je vous Taccoi de , ré— ^
a pondit le sultan. » Il ajouta même à ce don des
pj'ésens considérables , lui montra toutes les ri-
chesses qui étaient alors dans son camp , et Tenea—
gca à choisir ce qui la flatterait davantage. Il la
leconduisit ensuite jusqu'aux portes de la ville
qu'il venait de lui rendre.
Saladin, maître de tout ce royaume, songea
bientôt à couquéiir celui de Jéiusalem. De
violentes factions (icchii aient ce petit c'at , qui
marchait à sa ruine. La Palestine , qui avait été le
berceau de la relifçion, vit trop souvent les chré-
tiens en mécoimaîlre Fesprit^ au lieu de s'uuÎT
Toniç IL a3
266 SALADIN.
pour résister aux infidèles y les croises semblaient
chercher à se détruii-e cuir-mêmes; des guerres
intestines les divisaient , et le désordre ëtait porté
au comble* Ces maux étaient en partie l'ouyraf^e
de Raymond de Ghâtîllon. Au mépris des traités
faits avec les musulmans , Raymond enlevait des
caravanes entières de pèlerins de la Mecque , qui
réclamaient en vain le droit des gens et ceux de
l'humanité. Saladin résolut de réprimer ce bri—
Î;andage ; mais il cacha si bien ses desseins , que
es chrétiens le croyaient encore fort Soigné
lorsqu'ib apprirent son arrivée en Palestine. H
commença par les harceler pendant ^uelmes
)onrs san5 en venir à une action décisive* Les
cfiréticns étaient fatigués et affiublis par ces petits
coniijats toujours très - meurtriers : Saladm ne
l'ignorait pas* A la pointe du jour il fit mettre le
feu à des broussailles épaisses qiai couvraient les
campagnes ; les flammes s'étendirent rapidement
et gagnèrent le camp des chrétiens. "EtouiSéB par
la chaleur, suffoqués par la fumée , ils étaient
dans une confusion extrême y lorsque les soldats
de Saladin se jetèrent sur eux en poussant des pris
horribles. Les malheureux ne firent quNme fiiiUs
résistance ; n'espérant plus que la mort, ils la reçu"
rcnt presque sans défense ; prêtres , chefa , soldats i
tous -succombèrent. RufHn, cvéquedePtoIânuuif
qui portait la croix devant eux, fut tué aa flMH
ment oii il élevait cette croix en imploranl Is .
ciel pour ses frères. TeLi-Eddiu Omar, neren ^
Saladin, s'empara de ce > signe réwéréf et dit à
Saladin en le lui présentant : c Upanlt , vsr
tt la désolation des chrétiens, que ce bois ACit
« pas io moindre fruit de votre victoire* »
Guy de Lusîgnan , alors roi de Jérusalem, iat
fait prisonnier à cette bataille, qui est oomM
dans L'iiifitoire sous le nom de baûUUe de TU^
rirula*
sALApnr. \^.
ataitht^tpie h Ttctoîre tat iétàâi&SiSaSntit ^
»■ le carnage, et dotma ordre qu'on unentC' ^
iBt lui toiules prisonniers. Lnrigoan n'aXtear'
que la mort ; quel &it ion ^totm^nent loii^ .
. K Yit non seulement traité ârec .hamanit^r
I arec une politesse qu'on aurait ta. vain dwr-
aU>T» dans les cours les pins polies de VEa—
il Admis à la table du vaînqiieur > celnï-a loi .
enta nne coupe de liqueur rafraldue dans U .
e> Le roi de Jà'usalem, apràs uvoli Iju, vou<"
Waser la coupe à Raymond de CliâfiUon, pri* 5
àer comme lui : u Arrête^' lui dit Salatiin, jQi^
i Teox pas que ce perfide boive en ma pré^
Doe, cal- je-ne puis lui faire, gr6ce(i). I^ci^^j'
aigeur de Jes attentats, ^ mis en ma pois-f J
nue. Sdaviens-toi de tes infractions bu:x traî-^
s, des cruautés exercées enTOrs les mnâulmani^?
ème en temps de paix , de tts brigaadagee p^
> (es l}la^h&nes contre lé pivphète , de lett[
itreprises sacrîl^es^ contre Ifs deux viU^in
întes de la Mecque et de M^ne , vt icçois la"
ste châtiment du à tant de forfaits. » A ce«
I Saladin lui abat la tête d'un coup de aabre>
e tête sanglante roula jusqu'aux pieds de Lusi"
i ; le prince pâlit : a Rassures- vous , lui dit
sultan , la perUdie ne retombe que sur soi^
iteur. Je me venge d'un traître, mais je sais
specter le malheur. ■ Au bout d'un an Sala-
orisa les fers de Lnûgnan sans exiger de .
|OQ ; mais il lut fit jurer sur l'ËTaoffile qu'il
ortérait jamais les annescontre lui. Ce priocti
int pas sou serment.
I Cétiît nnecontnne iii«ioUl]le chraleimiualmii)^
i M coniem encore «ujourd'hai cbci quclquet Ats-
de ne point faite mourir lei priMuaiert a qui ils
ni donnj k boire «t à maiieer.
43'
%yo SALADTN.
Avant de quitter lu ville saiiite il j ëtablit dtei
tfcolrs inusiilniancs , et fit des i-èglcincns si sagefl
€[110 1rs ehrdltens el les musulmaus y vëcureul
ijuelqiie temps sans troiil)le.
Cepeiulaiil II iie restait aux dt^fensenrs de la
«roix qu'Aiilioelie, Tripoli , Jopnd et la ville de
Tyr; Snladia el son gendre > le sultuu d'iconium ,
possédaient tout le r(\sle.
Au hi^it des suecès du yainqucur de Jdnisa-
lem toute TEurope fut troul>lée > le pape Clé*
ment 111 remua la France, TAUeniagne et TAn-
jgletfTre, riiilippe- Auguste elle vieux Ilem*i 11
»(us])endirent leurs diflt^rens , et ne rivalisèrcnl
plus (|ue de zèle pour marcher au secours dn
clii'éliens de TOrient. Ces deux monarques fireuj
puJilier, chacun dans leurs états 9 que tous cem
cnii ne se croiseraient pas paieraient le dixième
de leurs revenus et Av. leurs biens-meubles poiu
les frais de rai*mcment : c'est ce qu'on appeh
éinie salatUncy laice qui atteste la terreur qu'ins-
piraient les victc»ires du sultan. •
Toutes les puissances de rOccIdent se ligaèren
tlonc il la fois pour attaquer Saladin ; mais cetti
liouvelle expédition, en dépeuplant TEurope» ni
BCTvit (|u'ii retarder de quelques momens la niini
des chi'éUens en Asie.
L'empereur Frédéric Earberoussc, si farnem
par les perséeulions qu'il essuya des papes e
qu'il leur fit soiiffi^ir , se croisa presque en mémi
temps. 11 jouissait d\me grande réputation parm
les croisés, ilahile politique , gi'and capitaine
(:])rouvé par la fortune , il eonchiisit en Asie uni
armée de cent cinquante mill(> hommes.
La cour de Constant inople avait appris par l'ex
périenee que les eioisés étiiiiMit des amis dance
r(*ux , et rempereur Isaae Lange , préféi'nnt le
avoir pour ennemis, résolut de s'alliera Saladin
'Fi édci'ic tilt doue les Grec» ii combattre. Il falUi
, SAhABÏS. .fj*
'ù.é0$!Mt à tnràrs,Ia lliraœ im paMtfijè les «rm^;
-l^lm iBuulii* Tainqaeiir As Gi^p*, Fréiëric gagQA
jgoçcessiiQemèiit plnsieii^ et diSEit le mtui
d'ieonifim , gendre de Saladm. La mort -vint. le.
énrprendre au milieu de fisessuocèa*. .Après un exéi<-.
5cice Tiolent, il ^eùt un jour l'iminnidence de se.
-baiguex^dans le fleuve SeJef, quijparait ètrefe
mCTie que le Gjdnus, et d<mt les eaux sont extrê-
mement froides^ il mourut sur-^e-champ ,.et le.
fruit de ses victoires fut perdu. L'armëe» diqà tâbi^
lilie par de nombreux combats, se dispersa presse.
• entièrement après la mort de Tempereur ^ et
•on fils Frëdëric, duc de Souabe» n'en putréamir
^WOB'Ses drapeaux que sept à huit mulç» qfL%
"conduisit à Antiocbe» Il y trouva Guy ôb Luâi^'~
0nan^ qui voulait encore lutter contre son ^^aifr-r
qpiear Saladin, au mépris delà foi defisenâenst
et maigre l'in^alîté ae forces* Cette. uôÙTdle
. Intie coûta beaucoup de sang aux dirëUei)«* Après
vlnsieurs combats , dont aucun ne fat décisif y îo
fils de Frëdâîc Barberousse , qoi eût pu.èCfe ém^
• pereur d'Occident, perdit la vie prèsdelHolémaïs^
dont Saladin venait de s'emparer. On pr^enta au-
sultan un grand nombre de prisonniers faits pen*
. dant le siège de cette ville. Parmi eux on remar-
quait un vieillard qui , accable sous le poids des
ans , pouvait à peine se soutenir. Saladin fut attendri
en le voyant , et, après l'avoir rassuré par des té^
moignages de bonté , il lui fit demander par ses
interprètes quel était son pays : « Ma patrie 5
« r^ondit le vieillard , est si éloignée quil fau-
« drait plusieurs mois pour y arriver. — Et
« pourquoi à votre Age , reprit le sultan , vene«-
« TOUS mè faire la guerre de si loin ? — J[e n'ai
« entrepris ce voyage que pour avoir le bonheur
c de visiter la terre sainte avant de mourir. — •
te Faites donc .votre pèlerinage , répliqua Saladin;
« soyez libres allez finir vos joui:^ dans le sein de
s*s SALADI?r.
« votre famillr , et portez à vos cnfans ces
« qiies (l(' tna hienv<'nianee« » En in^'iiic tei:
lui iît donner de riclirs nrésens et un elic^al
lequel on conduisit le vieillard au cuni]» des
tiens.
L*Asie mineure était un gouffre où vei
/engloutir toul<*s les forc(»s de rEuro|.u». L^
delViniK'n'ui- Frëtleric etait^nti^renlent une
mais des (lottes nombreuses, parties d'Angle
€le France et d'Italie, amenaient cliu<|ue je
nouvelles trouf>es , et ne faisaient nue* prc
Tariivje de Philippe- Auguste et du jeun
d* Angleterre, qui avaitsuoc< dcîh son]M^»re Ile
Tous les chrétiens de TO^'ient s'étaient ra
blés ])Our assiéger Ptolémaïs , et quand le
France et le roi d'Angleterre se furent join
assiégeans, on faisait monter h plus de troi
mille hommes les fondes des chrétiens. Sa
retenu vers TEuphrate par la révolt«î (U»s :
ï^oureddiu, ne pouvait secourir cette vill
houlevart de la Syrie ; elle fut donc ohlig<'€
rendre aux armées fomiidahles qui Tassiég^
Mais h peine les croisés jouissaient -ils de
conquête hrillante , que la division %c mit
leurs chefs. L'orgueilleux Richard aliéna t<
esprits par sa hauteur ; atlectant un ton de ix
il voulait prendre ime autorité sans Lorn
tous ces princes indépendans , dont les
réunies composaient Tarmée chrétienne. On
toutes les qualités hrillantes qui distinguai
monarque , et bientôt la hnine succéda h V
]-a(ion. Nul n'étaii moins disposé h suppur
L(uiteui*8 de Richard que Plnlippe-Auciist
rival de gloire et de fortiuie ; fatigué ae v<
chard usurper tout Thonneur de lexpédit
se d( cida h retourner en France , et serai
"presqu'aussitôt après la ])rîse de Ptolémaïs
maladie grave ne Teût forcé de prolonger i
)our dons la Palestiue.
'SÀLÂDtS. «^
. Siitaffin Ixâ, enyoja des amhaawùieori paor le
fiSiciter sur son rétablissement et lui mm é^
présens dignes dW grand roi » selon IWigR déê
musulmans, de donner mémeii leurs ennemis tki
témoignages de magnificence*
Peu de temps après le départ de j^JhiUi^pe-Aa^
guste Richard dent complètemenf^ilàmn d^iût.
fes environs de Joppé ; on dit même que les deux
princes se rencontrèrent dans la mêlée , s'atia*r
quèrent ayec fureur y et cpie le roi d'^Aïu^etérrè
reayersa le sultan de cheval. L-audienticité de
cette anecdote 9 petT^importante d'ailleurs » n'est .
pas garantie ; iHais il est certain qyCih firent 'Vua
tt Tautre des prodiaes de videur , et que^fiatadin
perdit yingt mille nommes dans eette sanj^Éntê
affînre*
Maître de Jbppé, le roi d'Angleterre réiokit
d'y ajouter de nouvelles fortifications ^ et dUler
ensuite s'emparer d'Ascalon, que Ton regardait ^
cïomme -une des clefs de la Palestine du c(t^ de
. l'Egypte. Des transfoges découvrirent k Sàladm lés
desseins de Richard. Le sultan craignait que* les
chrétiens , maîtres d'Ascalon , ne lui fermassent
la communication de l'Egypte; il voulut d'abord
5 ré venir le roi d'Angleterre et jeter des troupes
ans cette place pour la défendre; mab les émirs
lui ayant représenté qu'après tous les maux qu'on
avait soufferts àPtolémaïs , et le massacre de tant
de musulmans, les soldats se renfermeraient avec
peine dans une autre ville ; qu'il valait beaucoup
mieux réserver les troupes pour la défense de
Jérusalem, qui serait sans doute bientçt assiégée,
il se décida à retirer toutes les troupes qui se trou-
veraient dans la place, et à la détruire entièrement.
Saladin s'approcha d'Ascalon; mais dès qu'il
fut arrivé sous les murs de la ville il frémit du
dessein qu'il allait exécuter. Il s'arrêta , soupira ,
garda quelque temps un morne silence , et dit eii'^
^74 SALADIN.
suite aux officiers qui Tcntouraient : « Mes enfans
«e me sont très-cliers ; ccpeiulautj'ainierais mieux
•t les perdre <pe cVoter une seule dos pieiTcs de
K de cette ville ; maïs si le hivn de la rcli{{îoii et
(c de mes peuph^s (>xige ce sacrifice, je le fais sans
« regret. » . Api os avoir ])rouunc<5 ces paroles il
înti^TOgea de nouveau les iniuns et les docteurs de
la loi , et leur demanda si la ruine d^Ascalon était
absolument ncWssaire. Ils rdpondin.'nt afllrmati-
Tement. ce II faut donc oL(^ir aux oixlres da ciel, »
dit Saladin, et il iit signifier au moment même
à tous les iiahitans d abandonner la place. Cei
mallicureux vinrent se jeter à ses pieds et de*
mandtT gi'ace pour leur patrie : le sultan fut
touchti de Irur soit, mais il iailut obcir.
On travailla h la démolition de la place; maïs
comme ce travail allait lentement*, on mit le feu
partout, et la (lamme cousuma entièrement cette
Lelle ville , naguère si florissante.
Cependant lUcbard nWait pas tire parti de ses
victoires et de sa position; au lieu de marcher
rapidement sur Jérusalem , qui ue pouvait être
secourue , il perdit un temps précieux* Saladin
en ])rofita pour réparer ses pertes et se mettre en
éfiit de lui rrsistor. Le l'oi d'Angleterre finit par
conclure avec lui une trêve de trois ans et trois
mois. Les conditions du traité permettaient aux
chrétiens de visiter les saints lieux, pourvu qu'ils
Î' tiissent en petit noinbre , d'exercer librement
cur religion , et d avoir quelques prêtres dans
l'église de la Résurrection ou du Saint^SépuIcre »
qu'on l(;ur céda.
Tel fut le résultat de cet te célèbre croisade 9 qui
conta tant d'hommes et de trésors à l'Europe*
Dès (pu; cette es])èce de paix eut été puliliëe
les chrétiens et h>s umsulmans se réunirent et
senihiè](>iil ne faire qu'un peuple; on céiéljra cet
événonicut par des tournois et par des fêtes. Les
SAÛBr». a/S
. .. ^ iietmrb^tlanoHesse&ançmae,
t'emprenèKnt cTidler viiiter le suUan ?i Ramla. -,
Ce prince les recevait arec sa bontc ordlaaire, les
admettait & sa table » et De les reoToyait qu'après \
tes aroir combles de présens.
Les cpoisà se renoireot eo, foiUe k JérnsaJop,
ponrTremplir.leurT<Xii>lUçhard,^liiëtaitaï{m|. ,
malade, se troura tout i coap fthnDcloimA' M. .'
prîace anglais craignit pour ce grand aomtirè dit -,
cbréËéns qui se livraient ainsi eux - mt^mes aa
pouvoir des in&dèles ; il cml devoir mettre un
frein à leur cèle, et leur défendît d'aller fi Je'rusa- -
ïem sans sa permission. CetordrefutpGu respecta. .
Bichard a'adressa an soIIbii lui-même, et le pria
dé ne recevoir dans la citlj sainte que raux qui
auraient on ardre signé de sa main. Sitladîn loi .
r^mncUt que. les croises n'aient Tenus dans îa
Palestine que pour faire leurs prières dans les
çaints lieux ; qn il se croîrût coupable de leur re- , ■
fiuer cette consolatioa , et que les pèlerinages
étaient recommanda par I>i«n même , et par son
prophète Mahomet.
I^ plus grande partie des croîs& ayant enlîii
qnittë la terre samte , Saladin congédia soit .
armée et se rendit îk Jérusalem , qu'il embellit et '
fbrtitia. Libre de tous soins , il voulait entre-
prendre le pèlerinage de la Mecque ; déjà il feisait
Élire les préparatifs les plus brillans pour ce
voyage, lorsque les émirs, assemblés Si JéruSE^
lem , lui reprcsent^ent que l'espérieuce avait
appriscombieu on devait peu compter sur labonne
foidescliétiens, qui étaient eu grand nombre dans
la Palestine; qu'ils garderaient la paix jurée tant
qu'elle leur serait favorable , et la violeraient -sans
scrupule dès qu'ils pourraient commencer impu-
nément les hostilités ; que si le sultan s'éloignait
de la SjTie il était à craindre qu'ils ne profitassent
de son absence pour ravager le pays et s'emparer
tji^ SALADI5.
r de Ji'rusali'in ; ni"' i« piiî'icitee rlaîl nAvwaini
, poûr-couteiiir »ln«s lu i-csinvt Iiiurç» lr% finistmin»!
f Vdiiîtif^i et miViiriii In rcliition d'un prince wn-
MstHÎt tnoîitii H l'uin' doH pMi'nuugi'H qit'à n-illiT
nu lionlHTiirfl îi lu sûreté Je w» ptiuplc-t. S*l(ulin
s(i mnitit il Af» ci>n«i>ils kî Bugrs > vl iv iran^-* <ui
Ï(>l(>rînH(t<? dp In Sliniiu'. Il ossai^ 1r li'aïuiuillile
p W* peu|)lra ou cuncluaiit uqp )'aix tléGnkîrc,
nvfc 1rs clu-(<liMiH , ijtii t<ius qlI)ll^rfut Ih Pifirs-
Vatf. Saiiulin, apn^s iivoir si'i'otirHtf iiHctiiuo Uitur*
h Jt'rasnlpm , n«vlil cour nllri- *UîtiT les cites ic
In Sjrin, et se rciulit Ji DiunitH . o{i il complÀit
mU^v cjiioliiueA mois. 11 avait l'iiitoiitiim <)«> pàarcr
eiiBuite en EyvptC; miùn lu i»»r( le Mti-])nttbiM
ci'Ite villi;. Oi^ prince, qui ne nf^liatrnit Micnnv
dcï pratiijMcs de su religion , l'tait sll^ ait-dcviuit
drï pùl«rnia d»! lu Meciiut; il Uf piît pas iinvélr-
nirut tj^tiil portait h»i>îlucllcm<'nt ; le frdid le
Bni«il) il tiprouvii nnn ^^raridr' laMiliidr , imi fut
bii'iitùt sHÏTir d'une fièvre ordciitc. Le Icudrraain
il <tc plnignit d'avoir beaucoup souflcit pcntbint la
liuih il fit uiirffort pour se I(!Tfr,inuîs.iiiin>sU-fiiw
fiiililfssu l(! fit iTtonilH>r sur ron liL 11 ticnuuida
un pi'U d'pBu tiL'de pour caluter U »<>ir <^ui le d^
». vornit; on lui ru upuorta qui «ïtiiil liatuUsnlc^il
la ivuvoyn , et mi lui eu ilonua un inomntt «près
do la froidr : <> \\f i)uni, dit-il nvrc doucour.
« ue pDurrai-jr pniiit Htoir de l'fHa UMe?»
« Quplleii mdHirs! qnri t^uruclî^i-c ! «ticric un4tc4
a tcn»iiu9 lie cKti; tcène i n cA« nrrivnit b quri>
■ qu'nn ilo uons. iiotA tp. niauquù-ions pu du
» lîriscr In vasncoul» Ut6b'd<^ lr*clnv«quiii«u>
■ Korvimit ^1 mal. a
Cepeuilanl lo hrnit *r ri^pand dnui' Danuu «pis
lu sultan est eu dauger; & eotti- »ou\cll<? on (erate
li-s linutiqucs , on cnl^vt- le» nmn'liiinfli»a du
tnan'lit'. Le» unx vouf «r proslernrr duu» Ips nKu>
(jU(.W, les ftuliTs courent nu palais;
SALÂDIN* i77
|HMrte9> on flxréte les mëdeoips du prince» Mi
ébssrAe à lire dans lèuï> yeul ce:gue IW doit ,
<9përer ou craindre. La^viUe est f leine de tm--
aMdte et d*eSroi« Tous ressentent enfin la donlew
des enfafis qui sont prêts ai perdra un père ten-
dremient elnié ; tous youdraent donner leur yje
"pour sauver celle de leor maître»
Pendant le peu de jours qoUl T^mt encore
Solndin s^occupa à donner des instruetiotts>à sox
.fils Afdbal, qui lui succédait au trône , etli com^
mander aux ëmirs d^aider^ de jieurs conseils 'Ce
prince et ses auh^es enfans. H fit distriliuer des
«unones à tous les pauvres» mène ara-ehrëtiens
indigens qui se trouyaient dans la yille* Cobmm
il avait toujours prodigué ses trésors ^pour* les
nutres, et né s'était jamais rien réservé pour ïm^
- vàême 9 on fut obligé de vendre ses •menUes' et
ses Ujous afin de remplir ses intentions*
Il ordonna à rofficier qm portait ordinaîreteedt
S09 élenc|ard dans les ccônbats d*attacl|er au boiit
d*une lance le drap dans lequel il devait être «nse^
TeM j et de crier dans les rues de Damas en le
montrant au peuple : Foilà ce que Saladin, *»ain^
ijMÂeurde V Orient , emporte de ses conquêtes. *
Ëufiu il empira , le douzième jour de sa maladie,
à lage de ciuquaute-sept ans, Tan isçd de J-d. ,
589 de riiégyre. Il avait régné'vingt— deux ans en
£gypte depuis la mort du calife , et dix* neuf eu
Syrie depuis celle de Nonreddiné
Le deuil fut général dans tout l'empire et
£éme dans tout FOrient ; on {»*ia pour Saladin
tus les mosquées de la Mecque et de Médine y
honneur qu^ou ne rendait quaux califes et aiAL
souverains qui s étalent le plus distingués parleur
bra\*>ure , leur justice , leur humanité et leur «Me
poUr la religion.
Sa clémence , son équité , sa modération , sa libé-
ralité > hien plus que ses conquêtes, ont rendu sa
178 SALADIN.
mëinoîre chèrè à tous les musulmans et à tout oeuK
qui saveut apprécier la vertu.
S'il emporta lostime et les regrets des peuples»
peu de princes (urout plus dignes d'inspirer de
pai*eils sentîmoiis ; peu de souyeruns ont ponsté
aussi loin la générosité. Maître de l'Egypte ^ de U
Syrie > de TÂrabie et de la Mésopotamie , qui lui
payaient tribut, il ne laissa dans ses coffi^ que
quarante -sept dragmes d*argeiit, et un seul eca
aor. On fut oblicé d'emprunter tout ce qui
servit à SCS funérailles.
Sa justice égalait sa macnificence; il tenait lai-
niême sou divan. Toutes les personnes 9 sans dis-
tinction de rang, dace» de pays, de religioas
trouvaient un accès libre auprès de lui ; les mu-
sulmans, les clirétiens, les nationaux, les étran-
gers, les pauviTS, les riches , tous étaient admis
à son tribunal et jugés selon les loix , on plutôt
selon Tcquité naturelle. Sou neveu Teki— Eddin
ayant été attaqué en justice par un parlicnlier « il
le força de compaimitre*
Un certain Omar, marchand d*Akclat|Tille qui
n^était pas soiunise à Saladiu , eut même la haïr-
diesse de présenter une requête contre ce prince
devant le cadi de Jérusalem , pour réclamer la
succession d'un esclave que le sultan avait re«
cueillie. Le cadi ^ étonné > avertit Saladip des pré*
tentions de cet homme , et lui demande ce qu'ott
devait faire : « Ce qui est juste , » répliqua le
sultan. Il comparut au jour indique» dâcndit
lui-même sa cause , et la gaffna ; loin de pviiir
la témérité de ce marchand , il lui fit domier vae
somme considérable , voulant le récompeier
d avoir assez compté sur Son int^pritrf poor plaî"
der contre lui.
^ Ses sujets abusaient souvent de cette fiidliltf * et
Tinipoi (unaient à toutesles heures du jour deleuTS
i^uerellcs et de leurs discussions particdièret*
SALADIN. £79
Un jour qa'il avait travailla toate la matiiiëeayec
les émirs , il se retira pour ftller prendre quelque
repos. Un esclave vint dans cet instant lui de-
mander audience. Saladin lui dit de revenir le
lendemain : « Mon affaire , lui répondit l'esclave »
«c ne souf&*e aucun délai » , et il lui jeta son mé-
moire presque sur le visage* Le sultan ramassa le
mémoire sans manifester aucune émotion , le lut
attentivement, trouva la demande juste , y fit droit,
et , se tournant vers ses officiers , qui paraissaient
surpris de tamt de bonté : « Cet homme , leur
« clit-il , ae m'a point offensé ; je lui ai rendu
âc justice 5 et j'ai fait mon devoir. »
Dans le temps qu'il était le plus irrité contre
les chrétiens , à cause de la cruauté de Richard ,
qui à la suite de la prise de Ptolémais fit trancher
la tête à un grand nombre de musulmans 9 on
traîna dans sa tente un officier chrétien saisi de
frayeur* Saladin lui ayant demandé la cause de
*ou efftH>i : Je tremblais , lui dit l'officier, en ap-
te prochant de votre personne ; mais j'ai cessé de
« craindre en vous voyant : un prince dont l'as—
« pect n annonce que la bonté et la clémence ne
« peut avoir la cruauté de me faire périr. » Le
sultan sourit ^ et lui accorda la vie et la liberté.
Saladin n'avait aucune de ces grandes passions
souvent funestes à rhumani té lorsqu'elles régnent
dans rame des souverains; plus grand encore par
ses vertus tranquilles et pacifiques que par ses
exploits guerriers, la nature semblait l'avoir des-
tiné à la vie privée plutôt qu'au gouvernement
d'un vaste empire. Il manquait peut-être un peu
de cette fermeté nécessaire aux princes pour faire
respecter leur puissance ; il ne put jamais établir
parmi les troupes une discipline sévère, et con-
tenait ses émirs plutôt par sa libéralité , sa bonté
et sa douceur, que par son autorité. La fortune
le plaça pour amsi dire d'elle-même sur uu
ftRo SALADIN.
Il une qu*il irninLitîouiinit \wû d nkorcl ; mat» la
uccrssiU^ i\o s'y inaiiiftMiîr Iv. rendit iHgi vit envers
HOii hic-nrailcMir. Lar( li}>i<)n , plus que; lu |H>lîtic|un,
lui iii'dit (|uclqurl'oiâ vris(îr du Bai^, qu'il avait
Lorrctir do i(f)>aiuln\
Sa iiiriin' iiispii ait oucoro plus d*ainour que de
i*rsp('ct ; son r('{];ard n'a v ait point cetto iiertë cpii
annoiuT tpic*l(|iirrois les maîtres du monde* Ses
discours c^taitMit simples , polis , URturelleinent
i^lo(|iieiiK ; mais son ima{*inatiou ne sVlevn jnniaia
h la ]>c)ésie , et rarement li ees figures hardies 9
h rrs meUqilkores si iamîlit'^res aux orientaux*
lloiilti\a mi gcMU'e dVtude bien frivole et ti'cs-
nppic'rié par les drvbis nnisulmans, celui decoiH
iiaitrc toutes les traditions nndiomclnues et les
diverses ex]>liration8 de TAleoran. Il favorisa peu
Irs poètes et 1rs dialeetieiens, fort communs alors
dans rOrient ; mais eombla de hîenfnils les doc-
Itnirs de la loi , H nu sévit que contre les écri-
vains qui ne res])(H^taiont pas dans leurs ouvrages
les nneurs et la religion.
Sala<lin fut ini usnipatem' • on ne peut le nier;
suais ses grandes (pialit<^ le'gitiment an quelque
sorte sa pnissane<'. (>lni*h\ nVst— il \>bb digne de
la couronne ipii ])eut faire le plus de bien aux
lionnues ? Sans les guerres oh Snladin fut 'en-
traîné son p(Mn>le eut peut-être éié le peuple le
plus heureux Ao. la terre.
tmmm
FERDINAND IIlH
■ il;- le ' ■* .
■ X/ # •
ROIDECASTOLB
SURJÎOMMÉ LE MlNl*.
V."
! ERDiKAND III, dit le Saint 9 itàqmt,^ ^PSh
'Alphonse, roi de Léon , et^;.mrçi^^ de
astiUe, dont la sœur aînée, ÈUiiciu^i^mtjEP^
e saint Louis* Bërengère, f;dipi§iq|^^jr>pr(^faaya'
» états du royaume , à l^xjdusim de ^"Mafiapip »
t couronner son fils , et VWr èùlatèrleê çoayi|v^
teors la c^monie se nt à la h$îe ^eni pUijbe
ampagne , et sous un arlope» /; .
Berengère et Ferdinand eurent, dî^abord à cpm-
^ttre plusieurs grands du royaumcw et çurtoijut
ent. Parmi ces dernières Donia fut^ «emportée
'assaut. Alyare , moins disposé cmé jamais à se
oumettre , eut l'audace de démander pour terme
.'accommodement que Ferdinand f&kxiçmis sous
a tutelle. Le jeune roi avait alors dix-nuit a^s*i
Retiré à Valladolid avec son fils, Bpre^gère
ni confirma la cession qu'elle Idi avait faii|;e^u
rône de Castille. Cependant Alphonse, roi <le
uéon 5 ëpoux de l'une et père de Fautre , se plai-
gnit d'avoir été trompé par Berengère, et, dçfns
Tome IL ifc4 \
-«■
D III,
; SAINT. ■■/.
t, naquit en I&094
t de Bérei)gôre de
, Blanche , fut lu^
ais 16*1^111- reiaa wr
lusiou de Blyiobe,
- écMcter les com;^
[a hâte , en |tUiiie
rent d'abord à com-
lyaume^ et suitf^t
puissante nial^^j^
tuvcraine. Queltfu^
itë; d'autres rést/g^
3onia fut emportée
osé que jamaiB à se
ëuiander pour tenn-c
inand fût rqinis sons
alors diï-liuit bqs.
son fils, Ii(;re«gèrc
elle Vui avait faÎK,^»
ni Alphonse, roi «li;
re de Fautre , se plai-
f BérenaÈre, et, dqus
14
ftRo SALADIN.
Il une q^ril lùunhitiouimit pas dnbord; ma» la
uéccAsiU' (le s y inaiiif(Miir lo rendit iMgi*nt envers
Hoii lârnlailcMir* Lan li^ion , plus que la politîc|ue,
lui iiiTut ([Uflqurfois verser du sai^> qu'il avait
horreur de i épandiv.
kSa (lt;ure iiispij ait eueoro plus d*ainour que de
iTspeet ; son i'e{vard n'avaît point cette iierté qui
aniioiiee ipielcpiefois les maîtres du monde* Ses
discours cUaieiit simples , polis , naturelleineut
i^lo(|ueiis; mais son ima{;inatiou ne s*éleva jamais
h la poésie , et rarement i^ ees fif:;iires hardies ,
h e(*s métaphores si iamllières aux orientaux*
Il cultiva im p;enre d étude bien frivole et ti*èsf-
np]>ié(Mé par les dévots musulmans i celui de con-*
iiaiire (out<'s les traditions mahomctaues et les
diverses explications de rAleoran. 11 favorisa peu
les poêles et les dialeetieiens, fort communs alors
dans rOrienf ; nuiis combla de bienfaite les doc-
l(Mirs de la loi , et ne sévit que contre les écri-
vains qui ue respectaient pas dans leurs ouvrages
les moMirs et la religion.
Saladin fut un usui-i)atrur , on ne peut le nier;
mais ses {rraiulf^^ (pialités légitiment on quelque
sorte sa puissance. Celni*lii n'est— il pas dligne de
la couronne (pii peut faire le plus de bien aux
hommes ? Sans les guerres où Soladin fut 'en-
traîné son peuple eût ]H'ut-être été le peuple le
plus hcui'cux de la terre.
tmmm
FERDINAND IH. ^ i8i
FERDINAND III,
ROI DE CASTILLE,
SUBNOMMÉ LE SAINT.
t ERDiNAND III, dit le Saint, naquit en 120O9
d'Alphonse , roi de Léon , et de Bérengère de
Castille , dont la sœur aînée , Blanche y fut mère
de saint Louis. Bérengère , choisie#pour reine par
les états du royaume , à Texclusion de Blanche ,
lit couronner son fils , et pour écarter les compé-
titeurs la c^^monie se fit à la hâte , en plaine
campagne , et sous un arbre.
Bérengère et Ferdinand eurent d ahord à com-
battre plusieurs grands du royaume,^ et surtout
le comte Alvare , clief de la puissante maiso<J;de
Lara , qui affectait Vautorité souveraine. Quelqu^
villes reconnurent leur autorité; d^autres résii^*_^
rent. Parmi ces dernières Donia fut emportée
d'assaut. Alvare , moins disposé que jamais à se
soumettre , eut l'audace de démander pour terme
d'accommodement que Ferdinand fût remis sous
sa tutelle. Le jeune roi avait alors dix-huit ans.
Retiré à Valladolid avec son fils, Bprengère
hii confirma la cession qu'elle lui avait faite du
trône de Castille. Cependant Alphonse , roi de
Léon 5 époux de l'une et père de 1 autre , se plai-
gnit d'civoir été trompé par Bérengère, et, dans
2 orne IL ^4 ^
aH6 FERDINAND III.
U1I4* pnrtic de rj.^KOtt^iie cuiidiattiuent fcuiil les
^Llluullt*Llllla , (|iu>i(|u'il u^y eût pas euh'e enx.
rctlc iiiU'llif;rnc>(' et et^tte uiiild de iriics aui {ont
]>r(iA]itir('i' (It'it ullit'H. AIplioiiHc IX » roi aè Léoa
l'I fu^re do Fc^nliimiid , jH^inporUi sur Ivs eunenû»
de lu i\n iiiu^ victoire iniportanU^ ; niaii lori-
3ii*il al luit vn mneivier Dieu à Saiut-JacuiM
V CoiiipoHlt'lle , il lut Haisi d'une iiialudie dont
il luuurul. Avant dVpoiiser l)^iTnL;rrfî il avHil
vu iiiif prt'Miit'ie truinu» uppctl^ti Tlii^ri'aiu , (|ui
lui avait donii(i doux lillc» ; toujdUi'H prévenu
condr aou lils , il lot» institua ]mr ttou tcHtuinaut
Lt'rilirrt*H du ro^aunu! dr LtHiU.
i^orcnf^riv l'xhorla hoii liU h aVinparcr de ce
pavH , i\ rcxclusion tir hoh aœnrtit l**i*rdniand
Mii\it itcH rouHi.'iU , et les villra Ira plus coiiai-
dcruhlra lui ouvriront Irura purtoa. C«*pritdaut
loa i^i'iiuda balan^Miiont onti't* lui c^t les priureasoM;
do soi'Io mw. Totat d 'Alphonse était uieimcd des
phia ^rantiK nialluMirH.
La roino Tlioidsia ifétait point morte; Al-
plkoiisi' avait été oidi^é iU\ disaoudiv aon nmria|*ft
uvoc oUo par l'ojdro du |uipo Innocent IJl , auua
pietoxto ((u'ila élaiont pai'ona» Cottcî prini'oaae
-vint do lN>rtu{;al pour anpnyur loa droita de aes
iillf-a ; nuiis loa piélata un royaume de Ldon iii-
loi post'i'onl lour autorité pour teruiiner eea dif-
flirt us par une paix duniliio , ot lu plupart
d*onlro eux ao prononceront on laveur ue l^er-
dinand.
J'ji (*onso(pu'noo on conclut un traite' |mr lecpirl
les drux Ktrura ronono(>ront à loura prélentiona ,
ino^onnant uno pension annuollo de trente mille
pioooK d'or (|ui dovaio^it h'iir ôtre pavéea en
cuiiinmii. Aijisi lo royaume tlo Léon , aépard de
la tJnstillo dopuia soixanli— troii^o ana y redevint
uni* pro\iiioo do outto nionarclno.
Ferdinand a}unt contracté une alliance avec
FERDINAîiD III. S8S
j9Ïr pris, par esprit de [>«niteuce, l'hftbit des
pralicrs de Saiut-^Iacques. Son frère se retira
i Afrique, près du roi de Maroc, et acbcra
iSDtôt ses jours daus ce pays.
IQnand ces dcnx horames eurent eessi^ d'exist«r
i^ïx se rétal)lit entre Alphonse et son fils, et
n|L s'occupa de faire la guen-e aux Alaures ; mais
toiqu'un asiei grand iiouilirc (fËspacnoIa eu»-
Bt prisla croix, vers ia tin de iai8, divcrioli»-
desae perniireni pasaiors d'ablcoii'deiâaccès. .
^uoode suivante la peste et U famine ravagèrent
te grande partie de l'Espagne. Eu laso Ferdi-
■âa épousa Be'atrïx, tille de Philippe, qui avait
^empereur d'Allenui^ne.Souroyaumen'ëtaitpaa
^quille ; un homme issu d'uue ancienne maison
3,Castille, Kodrigue Camei-s, leva des soldata
foa prétexte d'aller à la terre sainte , et désola
4|iuDénicut par ses pillages les frontières de sa
Bb'ïe; car alors lea papes, dësiraat avec ardeur
Be la Palestine filt reconquise , exeiuptaleut de
Muridîctioa ordinaire et évoquaient à un trï-
Enol ecclésiastique les causes de tous ceux qui
Tenaient le titre de croises. Ce Rodrigui^ tuiile-
>ts fut cite devant la cour à Valladolid , et, con-
unné par contuinaee , ses biens furent confis-
iiés ; on lui ôla tous ses gouvernemens. Mais
omme il s'était réfugié dans une place très-forte,
''enlinand , soit qu'il désespérât de le réduire à
ou obéissance , soit qu'il craignît qjie ces non-
'eaux troubles ne replongeassent la C asti lie dans-
ine foule de malheurs , fit la paix avec ce rebelle,
^t lui donna , comme dédommage ment , quatorie
milles pièces d'or.
Les séditions renaissaient sans cesse. A peine
Elodrigue était-il soumis, que Gonsalve, frère
les deux seigneurs de Lara dont nous avons parlé ,
«□ta de troubler comme eux la Castille , et d^
lOuieTer contre le roi un gouverneur de Moliua.
1
il
I
284 FEnniNAND ni.
Lii [truAmm Hi- lu n-im- IlériMifi^rD fit rradirr
ccdcriii^^i'i))!"» I''rli<vuir) itiiiia (t>iiiiMlvi> iu> t><ik
«lib-nir i^rùcr. et »•■ iv.iir-.t tluiif lii ]>»rlU> <b' f£|>>i
pii)tiip i)ti'ii|ii'{' |ini'W Miiiii<-u, «il il immnil. '
VrM l'iiH 1*83 Fcidirtiiiiit mit wir yM t
■mni!» iininlMVvA» poiii- atltuiutr \ct tnaeam lUt
«n n'l>|;i(iD, rt rnvugi-ii U» t'cnttlli^rr.i ilit ruTHuiiui
<lo VitlrrHV. Un i-oi ilv llii#*n. <]iil finrlnil te nnm
«le MohnmiiiL'il , itdvi'ït »hx rln i{)i<'ru 1» [intl^t
de ta ropitiilt'» Lm hiiltitnii* di-^ Qui'lmla fào-
liirciit nu Dwntniir*- Hi* Miuffuir mi «i^. Dn
wrnpordi lirni'>illotio lorw.rt fou» If» jcnrui p'Ot
y fiii-i'iit iiiRiiitavi i.(j| ; IcH otitii* )iAl)iMni , «IodI li:
jioiiiliri' était ilc «^pt milln, luivnt poimt-n^ m
cnplivit^- l'iimii-ur» *illc«, ffUrayét^» An ce» Iff-
rililcH réitiiltudi ilii ilroir île In (jiirrrf , *■■ tuja-
ininriit aux flftiitilliiiii. dunl iHiitiei- n-vtnt IrbFii)*
phanto II Toli'ilc hii muiit itr ncivctubrit 1204. Ot
•mccès no fui-ciit [mu li* triilti le roi irumn* ■!■■
^itlfiice t appi'li- Zi^it , M mii/it urrc «n viUi k
ï'niliiiiinil. Un i*i'li'|iir c<"t divfTi nctcvde l'ol-
jili'Mt! di! In )iiii-l ili-i (iiriqui'i lu» tïc tEtnimna,
«Il iliMtit i|riif les iitinHim iii nvnirni iiinnlm.,tl
vinloiil (|tiii lo (livisiiiioi inb-KliiiiK If* inrrriii|'nl
hol« «lY-tHl (le Ml il.-ll:iiiiir r.i-ilip Ira iUrtili
ri-nliimml, MM-Oiunt;.' Jr i»l.i.. rt. i,lin.M»f.l.-i .1.-
liouvt'lIcscciiKJiiAtr'H, cl liC ïuliliml pan luîwi' a»i
miiiiiilinitUK lu facilita dit lui li'BinU'r uvn: |>lat
«l'nvuiitHgr , tr raniitcn mmnni^tf, rt prit l« viH*
dr- Snea , dmiL il cuiifin lu Minuit tnix dtnalien
(li< Calulitiva.
.hiMiituliiri ri)K-1irv^'|Be d« Tnihl», fUmnii
JUidriituo, Bviiil Été \r ilu» nrdfiU prnpii^lcuf '
de et* fiS|«5iljlionM et le pririrlpl '««um'iI <1m
joint- rnu Criliiiiii. (Ir l'éUt de- hnArtMe uù l<!t
M.iiiii'i' l'iiiilril ri'iliiitft , tout lU'UX r<t»nliirriit
•11' ni imiiiiiTnrr In f-iici-if atvc- iiliui du- *i(;i>co>-
tucuiu (]ti'aii|iLiiiivaitt ) itwii lu liiétntj atteûil
FERDINAND TIL affS
iVune violente maladip , ne put cette fois accom-
pagner son prince à l'arinee ; il mourut , et l'ë- ■
■vêcjTie lie Plaisance le remplaça dans la nouvelle
expédition. Les Castillans se répandirent dans les
belles plaines qui enïiroan«nt Grenade , et rava-
eËrent tout le pays. Les'iKiltitans de cette ville
demandèrent la pais, et offiirent ponr l'obtenir
de délivrer ù-eize' eenfs chrétieos prisonniers. ■
Ferdinand consentit à ces conditions, honora- ,
hlcs pour ses armes , et i-evint & Tolètle.
Tôot semblait alors aiuioncer la Un de la puis-
sance musulmane en Espagne. Les chrétiens de
l'Andalousie iLiva-f-reiit Ifs fuviro.is <!.■ f^c^illc. ■
iaat le toi se hâta de tnettr« une érm^tor pied
' poDrVopposer à hrâtt Airm»6\m.i\ftA}àXÊii,
-perdit Tmgt itiille homï^, et-W {MteftMaâlbr '
■■■le peste de SW9 troupWi. ■ "'■ ,_•■'■: #»'J^iK'v-'
^ Fenlinbnd allait 'Hi'é^- ]^Mti'''d6 e^^cJMabftuieft
m &TorableB qhand lif^remê Kàndw i.^œnr 3e
. sa mère , le pressa par des lettres Âr'dqpeiiâe»
- de se rendre eti''FFance pour ta prbtégér'coatre
les entreprises des grands , ainsi cjue son fils jalcfirs
Agé seulement de douze ansi Duu antre'cètéle
roi maure de Baë'sa fat massacré ftir ses snjeâ ,
en haine de ce qu'il aVait fait la paii ave* le ft»
de Gastille. Ferdinand fît céder les lîeas du sahe
à la politique et aux. intérêts de son peuple ; u
résolut de combattre ies Maures plutôt qUe de
se hasarder a entrer en France. Heureusement
la mine Blanche était une femme douée de quk—
lités très— rares ; privée du secours qu'elle avait
imploré, elle parvint à- rétablir la paixdajis le
royaume de son fils.
' Ce, fut en l'an 1227 que Ferdinand marcha de
nouveau contre ks Maures. Le roi de Sëville
obtînt la paix , en se soutnfttant à lui payer ua
tribut de trois cent mille éc«s d'or.
Les diveiï rois chrétiens qui se partageaient
.»T8 FERDINAND lit.
roi maim Zaëa lui ollj'tt tics coniliUoiH At furix.
b èf-AVuiitii^iruiU'S 1 il cuoieitlaituJinr à lui jmjtv
un trilint: U: iu(iaui'i[u<- aiTit|;tMini« ri^TaMi tuuL
Lt's ëvJiilirsrt li-N i^rumU arnigipoiits nnirnènuit
de» liuu|>c» il Iciii" sonT»raifi. PitTi-K Emilie .
(ivdiiiKt do Nai'lioiiiic , rMidiiisU au enjiip *lc t»c-
uurs au cntf» iltSlite vmii]i(i«^ éf jcttuns Fran^tùt»
La* AiigUU même* tcooudjtrenl Its |trajel» ia
DiUiH le mètac temps dix-buit «nisarauz nm-
.vnU^iit lie Tiuiiit pout' «pcouijr Ici hioiMc^ Le*
trouppK ([u'iU porlaii'iit nr purent w retian* «Iniib
lu pUctset k'sMaurcï turent oliliu^s de capîtuleiri
Lu pi iw (lo Coi'duuc par Fi^rditimid . cAie Ae
Valcni'ir piu" JitiTtjnm > l'cndirciit pliu c^Ièbm ijok
^ jaiu»i8 Ic^t iiniiiK <lr cp» dras prince* dans toute la
k clir^lirnl^. Vré ituLiT» «oureriiiiu Av l'Europe leur
r vnviiy^i't'iit dcH andiu»sudcui« pour Uta téVuâleràe
" leurs tniiniplu-H.
' I-Vrdiiinnd nviiît nlor» perdu su prcmicre
i^ot»e. Uéi«nKftre,1pii piirnit avoir venu» vser-
ci-r Siu- aou liiit la ni£iui! auturil^ ((h« sa ttmt
Clditcliu nvait Hur aiiint Louiit , luï lit ëpoiuer.
Jianii»' , (illr du l'omis- de l'oilicr».
L'ii divisiuiis tiil''slinGa des Mnurra conti-
tiuiiicut tonjeui'ii. Hiidit'l , mi di- Murci« , ciïi-
fiiiiiit tairil>ilioit d'un Au te» r.oRipiitriolro, oflrit
FiidiiiHTiil di; lui remrlti-e arin rova»uie , wnia
1» cuiidiliuii ijuc 1g print^uciiatillnii te dëlvndnil
(k tiiuU' ullutjut! lutéi'ii'unt ou ^tranf^'c; il
dcniniiduit m, outiT de ponvoir coiucrwr la
moitié de ai>8 revonua actueli, Ferdinand iio CTot
puxdt-vuii' nd'uH;i:-il<<H citTrcK iti uvantugmvf}
ci(iit4unnt4UK In rgi iimurc at. clian^cAl deprn
il s'i-tuprcma du mfllredfsguruiaotisdaiitlirs'niiùt
Icurea plut'ira de la Mmcii-.
Bi'puÏK lon^li'uips nii pi'ctwaiL Frrdînnud d^a-^
eit^ger la ville de Jncu, sur lu<jitcUv oa f^fiùt biti
' rERDINAÎSD m.
284
inutiles, n s'y
que présentaient
détermina ,
la situation
^K cette
\ille , ses fortifications et le
MbSl
P«re,
asenrs; inai& le
siège
fut de
Kaoâftitt que FerdimUncT fonnait cette entre-
priie difficile le roi âuore de Grenade , de qui
Jwiàa Aépwàiit, TÎt ses sujets se soulever contre
lui, et ùii en danger de per<Ii-e la vie. Il ne
traiva d'autre moyen de salut que de se confier h
"H-ffioêmùté du pnnce castillan , et vint en couse'-
ttoeoce dans le camp de Ferdinand , dont il baisa
là^maiDj pour lui témoigner sa soumissioti. L'ar-
tàtSa principal de l'alliance qu'ils concluient fut
que jAëc appartiendrait à Fei-dinanJ, que 1»
ftince musniinai) assisterait , comme tributaire ,
al'aOBembl^e ^^nérale des États, et qu'eufiu lei
amenils, aussi Lien que les allids des deux mo-
narques, seraient les mêmes. ' ~
Ce traita fut scrupuleusement exécuté- Ferdi—
uod entra dans Jaëu, j établit un ^vêque, eC
irendit la place encore plus forte qu'elle n'était
KnparaT3nt.
Ici lliistoire du roi de Castille présente un trâît
qui ne Itii est pas personnel , mais tellement digne
d'admiration et si singulier dans ses détails^ que
nous ne croyons pas devoir le passer sous silence.
Sànche, roi de Portugal, Sy.aat été chassé du
b-âme par son frère Alphonse , vint finir ses jours
à Tolède, où le monarque castillan lui donna une'
pension. Ce roi , privé de la couronne après nn
légae de trente-quati'e années, eut cependaut un, ■
sujet fidèle ; ce fut le gouverneur de Coimhre' t
que les historiens appellent Flectiiis, et dont le
nom méritait d'être immortalisé. Assiégé par lo
nouveau roi , il ne consentît jamais à se rendre ;
quoiqu'il fût réduit aux plus dures extrémités. On
lui apprit enfin que le souverain dont il défendait
Tome JJ. ■■ aS
îcjo FERDINAND HI.
la cause renaît de mourir ù Tolède. Il demanda
la permission de >i* rendre dans cette Til)e » et
l\>btint facihnnent. Alors il se Kt ouvrir le tom^
beau de Sanche « et ailiTssa au cadavre de ce roi
im discours dont il importe de ne pas omettre les
tiétails mêmes mrune fausse délicatesse semblerait
vouloir retrauciier.
K Tant c|ue j*ai cru que vous viviez encore t
jusiiua manger
« do IWino. Mes e\Lortatîons > mon exemple oat
« i^outenu le courage des citoyens , oui souvent
u avaient riiitciition de se i*cndre« J ai rempli
« tous les ilevoii-s d'un sujet (idèle : je remets au-
« ituinlhui entre vos niaius. aprcs votre raorti
u les clos tle la ville que vous m aviez confiée* Je
u suis absous de uuui serment : je déclarerai aux
M liabitans de Coiinbre que vous n^étes pliis leur
u roi, et je leur persuaderai d obéir désorpi^t
« au roi votre iVère. »
Ferdinand, résolu d'assiéger Séville, envoya
on Hiscaye Raymond Bouii'aee, habitant de But-
gos, et è:Lcellent marin, pour anuer dans oette
province un grand nombre de vaisseaux. Yers cç
inènie temps sa mère, la reine Béreng^re, mou-i
Ywi , et il maria son iils Alphonse à la ÇUe du to\
d'Arragon.
AxatulV, roi nmsulman do Séville, raçaenibia
toutes st»s l'oives pour résister h Tattaque de Fei^
dinand; il lit même venir des tioupes d'ACrkm ^
et éipiipcruue année navale sur le GuadalquiriTy
1l(>nve asst*z profond à Séviîle poui* porter d^
grands vaisstMuix,
TiMdinand, à la tcto d'nn corps de troupes Ibr^
ini(lai)le , partit d'Alcala le 2o août 1247. Buini
les capitaines linnenx qui maiTlmient sous ses dnH
peaux était le Tolcdau Gardas Pérès de yai^gasi
FERDINAND HT. sLgi
mtî 9 dans ane circonstance pérlUense , avait
ajouté à sa haute renommée. Se trouvant avec un
autre cavalier loin du coi'ps d armée , il avait vu
venir sept Maures qui se disposaient à empêcher
leur retour au camp espa^iol. Le compagnon de
Garcias lui conseilla aussitôt de se sauver, et prit
lui-même la fuite. Garcias dédai{;na de Timiter ,
et quoique Les Maliométans fussent aussi bien
montés que lui , aussitôt qu'ils le reconnurent ils
n'osèrent l'attaquer* Ce qui met le comble h la
gloire de Garcias , c'est que , lorsqu'il fut réuni à
ses compatriotes , il ne voulut jamais nonuner
celui qui Tayait abandonné dans un si grand
périL
La longueur du siège de Séville fatiguait les
Castillans , lorsqu'ils reçurent à propos de nom-
breux secours. Plusîeui's seigneurs et prélat»
vinrent se joindre à eux. Le roi maui*e de Gre-
nade y vint lui-menu^ , plus fidèle à sa promesse
qu'à ce qu'il devait à ses compabûotes. Toutefois
Timmense étendue de la ville ne permettait pas
qu'elle fût entièrement bloquée, et les muni-
tions de toute espèce y entraient avec une grande
facilite.
Il était d'une extrême importance de rompre le
pont au moven duquel les difterens quartiers des
assiéi^és communiquaient ensemble. Ce Boni fa ce ,
que Ferdinand avait nommé amiral de sa flotte ,
imagina pour y parvenir un sti'atagème qui eut
un succès complet. Deux de ses plus grands vais-
seaux allèrent à pleines voiles , par un vent impe'-
tueux et dans 'le temps do la plus haute marée,
lieurter le pont de Séville. Quoitpi'on leut carui
lie tous côtés par dos I>arres do for , il fut obligé
de céder à uu choc si violent. Li^ assiégoans ,
transportés do joie , so prépanVeut alors à monter
à Tassaut , et les Maures perdirent presque toute
cipérauce. La disette de vivres, qui commençait
2()H SAINT LOUIS.
•« %«%%>>^%«^^%«^^%^%^««%^^
SAINT LOUIS,
ROI I)E FJIANCE.
I jOUis IX avait reçu Av la nature toutes les qtia-
litiis ({ui (ont les grands huiniiies , le: courage ,
riiilréplditd et IVlévation de lame. 11 conçut de
vastes prii]vt», c:onduîslt de nondjreusc^s aj'in<$cs
au-deJïi des mers, (il des yn'odi^e» de valeur, et
ee ((ui surtout est aduiirahle en lui , cVst que
dans ses aetions il eut inoins en vue sa propre
* gloire ({ue le tj'ioniplic do la religion et lehoiiheur
de ses sujeLs.
S(nis la froisièuie race des rois do France la
puissanec* des (grands vassaux An lu couronne,
f(iii se lignai<;nl souvetit contre leur souverain,
tétait devenue redon table. Tour pilîvcnir leurs
complots contre Tluir^'diti^ Au troue , tous les
rois de France, juscpi'à Plii lippe-Auguste, aïeul
de Louis IV, avaient fait couronner leurs filsam<S»
de loiir vivant. Louis \1 11, inquiet de n*a voir pas
pris cette piécaution, assembla prcïs de son lit de
mort les grands de son royaume 9 leur rccom—
jnaiida son fils , reçut pour lui leur serinent de
fidélité* , et d<^elara l'f^geute la relue Blanche de
(laslille, son épouse.
Louis IX n fils Av. Louis VIII et de Blanche de
rastillr, n(^ le 2,S avril I2i5^ fut baptisé à Poissy :
diins hi suilr il aimait à prendre le nom de Louis
de i^)issy , et souvent uiemesigimit ainsi. Il u*avait
SAINT LOUIS. igM-
(douze ans lorsqu'il parvint au tronc, le.lH
Embre 1226. Le çouyernemenl lut rcmû'lH
che (le Caatille , ainsi que l'avait ordonna UN
toi. Lesgi-an(livassaux€spérèreut,àla lavet^Ft .
^ miaorîtë et d'une régence, étendi-e leur'-
wolr , et conspuèrent ctmli'e celai du roi le f
f même de son couronnementi
A prudence et In fermeté de la n^geate firent
buer leur dessein ; elle assembla imc armée ,
Wha avec son £ls contre Thibault, couile «le
taspagoe , l'un des priucipnnx i-éroltés , le
moe mettre bas les armes et de l'ecoiirir k la
Koce du roi. Louiâ IX traita ensuite aveV ^âi ■
K« Kbellcs; ce qui força Henri II, roi d'Ai|^
Bre,qui n'avait plus de partisans parmi llV'l.
■dk <rassaut de la couronne de France , à con-*
R atec lui uue trêve d'iiti an. Henri interposa
Éiuédiation du pape Grëi;oire IX. ponr
les Français de lui faire la guerre. Eu .
égenCe renouvela les traités faits sous
prec^Jens avec l'empei-eur Frédéric It .
•an, roi des Scmaias. fils de ce prince , ~
ilef^oels ils s'en}<age3ieut ii ne pus servir l'iVu-*
ptre contre la France.
^ graiids vassaux, qni n'avaient pas renonce ï
r projet ambitieux, rompirent l'année sui-
te la bonne intelligence qui existait entre la
CsDte et Philippe, comte de ïloulopie, oncis
roî ; ilï attirèrent ce dernier dans leur parti ,
lui promettant de l'aider à^ s'emptter de la
eace, et même, s'il le voulait, ia la cou*
•ne. Philippe avait tout préparé pour MsaûÛT
roi r alors dans l'Orléannaîs. Ce ]eune pmcè y
rti du danger qu'il courait , se retira à Mont'
ry, et informa de sa situation les habitaiîs da
'is. Tous ceux qui étaient eu état de porter les
les se rendirent soudain près de lui, et le ja-
nèrent en tiimnphe dans sa capitale.
a./i SAINT unis.
ÏA'îi ooiiiiii'f^s i\v. t'uiTiit pas pluH hrurcui dand
iiiir iiouvrllc tcnlativc! qu^ilt) inx'ul eucurt? jiru de
temps apirs (*oii(rr le* roi.
La iV^cikfcN (Irlt^iaiitaux va*u\. du papo, foi^a
colU; iiUMiif aiiiirc If rotulodr Toiiloiiscsqui sVhiit
soiisdair au pouvoir i\c Vé^\m\ h mï soiiinrtln' h
9('8 plus I i^ourrusrs'lois. Lr rointc^ doiuiu «*ii ma*
r'uv^v sa lillt* Jcauur, alorK C\^v.v. dt* neuf uim, îk
AI|)lionsf* , Tun des Ti ^reH d(^ I^oui» W» Lu* h'aitë
qui nlhd)lil (a ])aix euliUMM'S diMix nri lires assura
1)our l'ayeiiii' la rt^uuioii du comte do Toulouse à
a (*ouronne île l''iaue(*.
TikiliauU. sVlalt altiié la litiiiie des {^rnuds pour
iravoir pas voulu tremper dans» uu nouveau com-
plot (prils avaient Itu'uu^ efudro leur souvoraiii;
ils fondirent sur les triais <lu conilc*, Huns le prt^
lexle de souleiiir d'aiuMeus droits de la iviue de
(lliypre au etunk^ (I(; (lliainpa^ue. Ije roi unux*Iui
à sini seeours. Les rehelles le firent supplier de* ne
pas exp(»ser sa personu(> pour une eaus(* cpii lui
était étran^èr<*. Le roi , ipii n'avait h relie <5pO(|ue
loutau plus cpu: (piiu/.e ans^ rcpuudil i|UCU ttlU-^
(piant son vassal on TaHaipiait hii-ni/'Mnè , et
<)u'il le dc't'ejuliait au péril i\v. sa vie* Ce jeune
piiiiee j-epoussa les ViSollés hors des terre» du
éonité de (ihauioimne, et, nu»}-einianl uuarantt!
mille iVaijes (pi'il donna dans la suiU' h Tliilmult
])oui* raelieter les drnilsde lu reiiu^ de Chypre, il
se Ht eeder par lui h\s eï)mti^s de lUoi» , de
(Ihartres , «le Saunmr et la vie<»ndiÇ de. (Uui-
(eaiulun : ainsi il dut à un aele de justice Tiigran-
diss(M\ient de ses domaines.
Le ^(nn(e de Itoulo^m» ^ foreé de cpiillrr le
eauip des li^m^s pour «hilemlrc» son propn» pny*
eonfre le eonite X\ riandr«\s, (pil l'avait adaipié
à la prièr(> d<' la le^entts rentra en 1228 Bou&
ToLiMiisanee du roii
Lii ivljiv ixxvïv proUtu habilemcut des divisiouji
;^v :'^
A
SAINT xoins; ^
* ifoi s^eraiaciteiiaqiie joiir'«atre laê ^praudsponr
.n^QCier avec plnsieiirB de celui dont le» dp^
mailles étaient situés aa-«delà de laLcMure riîa rCH
-connurent Louis IX due de Guyenne*
■ Halgrë tous ces mauyàis jsoocèa» le .opîalli; île
BÉreta^^,. affienhi dans sa révolte^ ,. jn* d&bra
Tassai du ixn d'Ansleteire, ^ kd a^^fouim
grandes sommes aargent pour se soutenir i^iAtre
Và roi de France. Celui-ci punit bientôt Lç comte
de sa félonie , en se rendant maître d'Augeis après
im siège de trente jours* "
Le roi d^ Angleterre débarqua à Saint-Màlo !•
3o àyril i^o , y fut reçu avec^de grands honneur» ,
par lé comte de Bretagne^ Louis DL-, ifû ayait ra*
mené à son parti le comte de 1% Marche et tmi
lés seigneurs de la Loire,. màrdia contre le roi
d'Angleterre » assiégea Ancenis , s'en empara y
'■ reçut la foi et hommage de pluiueûrs seigneurs de
Bretagne, et confisqua les terres et lé^ biens des
seigneurs de Normandie qui ayaient ofEertiieurs .
-^aeryices au roi son ennemi.
La saison avancée ne laissant plus rien à crain-«
dre des Anglais , dont une partie de l'armée éîsil
en proie à la disette et aux nialadies , Loujs ÎX
laissa des forces suffisantes sur les frontières ) et
revint au mois de septembre à Gompiègue, oîi '
s'opéra la réconciliation des grands du royaunie
entre eux et leur réunion avec lui. >
Honteux du peu de succès de son entreprise ,
Henri II repassa la mer au mois d^octobre. Il as-
pirait à réparer l'année suivante Thonneur de
ses armes ; mais il manquait d'argent. La sollici-«
tâtion du pape Grégoire IX, et plusieurs autres
circonstances , amenèrent les deux rois à un traité*
Une trêve de trois ans fut conclue entre eux à
Saint-AuLin, au mois de juillet 1 23 1.
La France commençant à Respirer , laTégente
s'occupa de concilier les intérêts qui divisaient
1/î SAINT LOUIS.
racore qiiclqiirs MÎ^jncura. Eltr fit «dh! raru^ h
l'or» W {ij-o)i'i>«eur» dir 1 Uiiîvci'ftiliJ i nui «Vu
ibùcnl Uiu^élii'iaa^.» bluniib- li'uitt? iiutirûviur-
vcnuc ratrv !<'« c-cnlii-i-» et In luiliitm» du faul>aurg
SaiDl-M«rc<-au. Elle rriiiit m vigueur uoc unluii*
luilcc rendui; xiicir-nnenicut CouU'i' le» luurci u-
reniif^* (l(-> juif't, fdrtiTia 4|ucluut-i plncr* ilr»
frotili^rci, ri-iiouxilu le» ti'uitàf*ili mitt: Vaai>i<-
■rur Fr^ttcrU; et avec le roi iW Riiiiiaiiia nunr
' initintttuir In conconlr calrv Irx vbmuiik iU?tdeui
Etutat , et tu lever l'iulerdît piuimucé par jiluûcun
En 1 1J4 Lriui* TX ^(louKi MaripirriU- , fill« altiii
(lu ouile de Proycnce. Oita priucc««* joigniil It
uur st'unde bcauU Iiettucuup dV-iprit* utw Inalt
pt^<é «t auf; vtTtU udiiiirnljli;.
Iji trHe entre le roï il'An|{U;(('JTe,-odÛ (b
l-'rntH;e rtlc cuint<- de Dix-U^uri fut roinpo» par
Cl- dfi-iiici' ijui;iiiun ti'in|W uvuut i'tf|K;<)U« oïl «D«
di'.vait osiiirrr. Le coial'? ^draua dnat c«ltp a»ii-
vrili; rcvullCiQue ue loutint^u lo rui d'Ange*
ki-i-iV (^ (ut iiljUu^ tic n'i'iiurir ik In i:l^nicfloeik
Ixiuit TX , <|ut loi laitiia wt i^liiU.ft cuiiKiitit tu^ra
- (jiw hhu Jil» , 4ui u'éluit \>it» coupnhle dv w Klo-
ui'-.lM^riUtde lit DrcUgiic, maiftMiu laconcLitMM
qa'aprè» su looit vile wrnil n'unie h In Fratice.
L(i (roinle M- Kouiiiit aux voloiiti^n de ïoil «wliTt-
latu, et d/,<-lurn nu roi d'Aii^li^liTii* <]u*il nn w
retoniiaiMBÎt plut pi>uri>»u vunfuit.
Lnui* IX , pi'iflitaat dca |pi;iim de m mère ifeni
l'nrt difficile de remuer, l'uppuw cuusIaniineBt \
co 4juii te* ktiikU vRMaui. contnuiliuiK'tit dn ttl-
liaiicei de Ittmille avt-c ïr» ciinfuii* An FËUI : ,
et'Uc Mig« j>ulili<|ue fut trè»-l)» uialrlc k ta puî** j
Le x,*! Hvi'il 1 33') . In roi it vital ntleiiil m tinol-
lUli^lllu iiitii^e. (w lâ^tr (Vitii de pmidri! |g jpg 1
tk- iv-^vulc; inul» i;Ilc u'rii nul )>»* uiuil
wa ^omtToetaBut tant qo'eUcLT^imt ; «n fili^ ^
ï^ibatilt, qid venait d'beriter du royaume de
lUl'^n^i-fo™* contre le roi un nouveau com- -
^otjcpie la tenaeté de celui-ci i-enversa. Le
eqpçte rèkmaat X la soumission : le roi lui par-
donna ,' il condition qu'il lui remettrait quelque»-
' Twes ae ses places frontières , qu'il accomplirait
h ^at&t posâibie aoif yœu d'aller en terre sainte , '
- que dé sept ans il ne reparaîtrait en
"^ Le pape ^citait continuellement les prioc^a
chvétieus à marchei- nu sccours-de la Falestiae.
^ vieux de la Montagne , souverain de queltjucs
feo^eajKmaméaleaJssaisiiiiens, etqre ses crimes
iM fidt, appeler le pi'iace des Assassins , sachant
qne le pape comptait sur Louis IX pour le mettre
fin tête d'une de ces eipédittous générales qui
■ .nfnîent plus d'one fois failli renverser le malio-
^iétùme j enTO ja. deux de scssuppôtspour le faire
f^bir; mais ce coup afireux manqua ps^ b Iftr
ntordsdecelui mêmec^ravaitmmté-
Le roi donna en I23g une haute preure de Bà.
' jiutice et de son désintéressement , par son refns
de prendreies armes cont;re l'empereur' iFrë^ric ,
que te pape venait de' coadaumer, etdontilofi&ait'
lesEtats au comte Robert, frère duroi.
Louis IX, à peine âgé de vingt-six ans, était
parvenu à remettre l'autorité royale au méiAe
l>oint où son aïeul l'avait portée : ses gram^ vas- .
saûx paraissaient soumis; cependant us nourria>
saient un esprit d'indépendance que les circons-.
tances réveillèrent. Le comte de la Marche éclata -
le premier ; il reçut bientôt le prix de sa sédition
par le ipvage de ses terres : sa femme alors gagna
deux scél^i'als qui devaient empoisonner le roi i
juais ils furent arrêtés et punis de mort.
Le roi. d'Angleterre arriva pour souteuîr la ré*
3oo SAINT LOUIS.
bollion drs grands vassaux de France ; Taiiica. îl
était sur le point d*êU'c fait prisonnier , quand
Richard , son fi ère , demanda ponr Ini une trêve
d*ini jour, dont il profita pour s'échapper.
L*aniiéo suivante llenii II s'exposa à une non-
velle défaite en voulant léparcr la première. Le
comt«.' de la Marche , ohligé de recourir à la clé-
mence du roi, lui cifda toutes les places fortes
qu'il n avait pu dércndre contre lui, et s'engagea
SI liii faire hommage lige pour tous les Etats quli
conservait.
Ce tiaile' fut fait a l'iUifu du roi d'Angleterre!
qui , pressé de touscofes et ciaignaulpour laGa^
cot;ue, demanda la paix. Une trêve de cinq ans et
d( iiii lui fut accordée.
Le roi avait dompté les Anglais et les rebeller}
il ne lui restait plus qua soumettre le comte de
Toulouse, le plus ardent des chefs de la ligne; il
en ti iompha , et fil la paix avec lui en f243.
La trêve r ntre rAn(;leterreet laFranceint con-
firniée à Bordeaux au mois d'avril de la même
année. Par ce trailé le roi demeura en possessioa
de tr:nf#*s ses comiuétes ; Henri lui rendît les plaees
qu'il lui a^ait prises depuis la fm de la campagne»
et sV'ugagta h li:i parrr cinq mille 1 ivres sterlingb
Le roi, dcni\ié de tous ses ennemis, songea à
rétiilih'r la paix de Téf^lise. Le saint siège était
vacant depuis dix-huit mois; les cardinaux ne
voulaient pas élire un pape avant que Frédéric
ncût renn's en iiherlé ceux de leurs collègues
qu'il retenait prisonuiers. L'empereur souscrivit
à leur condition; mais comme ils ne terminaîeBt
)as Tclection, il ravagea leurs terres et inTCSiit
lonie avec une aimée.
Louis iX, tout en reprochant aux cavdinaol
leur indifiérencepour le hien général, lenr pro*
mit an protection contre Frédéric, « dont nous ne
« craignons, dit-il, ni la haine, ni les «rtifioea» cl
k:
SAINT LOUIS. 3ot
m dont nous blâmons la conduite, parce qu'il semble
« vouloir être en même temps empereur et pape. »
Les cardinaux s^assemblèrent à Anagnie 9 .et
élurent enfin le cardinal Fimbalde , qui prit le
uom. dlunoçent IV. Ce nouveau pape maintint
l'excommunication prononcée contre 1 empereur ,
qui rompit avec lui et fit pendre quelques pères
cordeliers porteurs de lettres du pape à plusieurs ,
princes de TEurope. /
Tandis que l'Italie était dans la consternation y
la France fut comblée de joie par la naissance d'un
héritier du trône , qu'on nomma Louis.
Le pape, poursuivi par Frédéric , demanda un
asile au roi de France. Pénétré de ses malheurs y
Louis eût désiré le recevoir dans ses états 3 mais
son conseil l'ayant éclairé sur le danger que pour-
rait entraîner l'influence du saint père , u ne l'ac-
cueillit point.
Peu de temps après le roi fut attaqué d'une
dyssenterie et d'une violente fièvre qui le condui-
sirent en peu de jours aux portes du tombeau 5 il mit
ordre à quelcjues affaires importantes de l'EtatjCt se
«lisposa à paraître devant Dieu. La nouvelle de son
danger jefci toute la France dans la consterna tionj la
douleur était peinte sur tous les visages 5 la noblesse,
le peuple , les ecclésiastiques montraient une af-
fliction égale 5 les églises se remplissaient du
matin au soir de fidèles qui adressaient au ciel
les prières les plus ferventes pour la guérison du
roi ; on faisait des processions publiques ; on venait
en foule , de toutes les parties du royaume, savoir
ce qu'on avait à craindi^e ou à espérer; il sem-
blait que chaque Français tremblât pour l'exis-
tence d'un père.
Il resta un jour entier dans une si profonde lé-
thargie , que le bruit de sa mort se répandit par
toute l'Europe. Dans ce moment affireux la reine
mère ordonna qu'on exposât la châsse de saint
3ox SAINT LOUIS.
Dr*nis, et plaça sur le lît du malade nn méroeaii
de la vraie croix et autres reliques qa*on aTaît
eues de IVinprreur Biiudouin ; puis elle prononça
avec ff*r>'eur ces paroles: « Seigneur, glonfi«»z au-
c )ourd*huî , non pas nous, mats votre saint nom ;
« sauvpz le royaume de France» que vous avez tou*
« jours protégé. » Le roî sortit au moment même de
sa léthargie , f*t les premiers mots qii*îl prononça
fun-iit pf)ur demander la croix àTévequede Paris,
qui étiiit h ses côtes, et pour faire le tcpu du
voyage d'outrr-mcr. Otte circonstance affaîUît
In joi(; fpir son retour à la vie avait causée; la
lii-vrr diiniiiua par degrés, et deux mois suffirent
pour lui n'ndrr une santé parfaite.
Au mois dp juin de 1 an 1245 un concHle fut
tiiui à Lyon à IVfTrt de terminer les dîflerens
dp IVmpprpur avec le saint siège , et d*unir tons
les priiicps rlirélîpus pour la défense delà relîfpon
cobti'p Ips iiifi<lèlps. Dans ce concile rempcrenr
pxroniniunié fut déclaré déclin de ses états.
hti roi , dpsjipprouvant égalemmt et 1 empereur
et Ip pa]ip, ^arda Li iirutralité. II sentait le danger
d*a|ipu%vr uiip inpsurp s<'nilil aide contre un
vrraiii; mais il pntia dans les vues du concile
lalivpnipnt h la guerre sainte*
La l'rovpiice. 9 iisuriiée sur la couronne de
Fiaiicp apip^ la niorf. rie Louis le B^gue, lui fut
rcudne tmis ans après par le inariagr contracté»
m i2é\f}* entre Charles, frère de Louis IX »
]>éatiix, fille du comte de Provence.
A la prièrp du roi le pape envoya en Fi
I e\pqiip (le Tiisrulp on qualité de l<wit pour vrê*
cher la cioisîidp. L*cxemple, Tautonté da rm , It
(liNrrttiis foiiehnrit qiril proiioura dans TasseniliUB
soit ikhIIp oti le léî;at commeoca à fempUr m
nii.N^ioii , eiitiainnierenl tous les coeurs diui iâint
zi'lf ; 011 ne connut plus qirun intérêt , mi*an dëMT»
qiriiii ))e$oin; tout ce qu'il y avait de plus iUuilTO
_•« _
SAINT LOUIS. SoS
&a sons la bannière du Christ; on TUit-m '
rendre la croix , et saint Louis eut I^snm
[ composer une armëe nombreuse* tAr^mà-^, *
inquiète des destins de la France, fili^
jpuyer ses prières et seslaniiea cU», di»r >
Loquens^e 1 éy é<]ue 4^ Paris i auiassuir^li^r r :
i les circonstances. dans lesc^uelLes ilAfaitr
icëson yœu luipermettaientcfe s*en d^jageiri! ,**
'ébranla sa résolution : «c Vous. m'assures»
[ , ^e je n'ayaispas une entière liberté. 4*^$- .
jnand je yous demandai la croix et que Je fii .
Toeu ; je yous crois » et puisoué Vous juge»
, je tiens ce yœu pour nul. » En. même .
û s'6ta la croix de dessus l'épaule etlaiemit.^
es mains de Téy éque i mais il ajouta aussitôt ; ^
ous la redemande maintenait , et je JhisVœa •
er combattre contre les infidèles. Pometr» .
douter que je n'aie actuellemeiit tow la
[laissance requise pour l&ire un yœu fjoi-
ilige ? Je yoi^ déclare donc que je ne bpirai
e mangerai que je n'aie reprrs la croix. »
ut son départ le roi renouyëla latrèye^T^c v
eterre , et le pape s'en rendit garant,
lime fut établie pour le succès de l'expédi-
et une trêve de qiîatre ans conclue entre
îs priHfcea chrétiens»
avait coutume de se préparer au voyage, de
re sainte comme on se prépare à la mort}
réconciliait avec ses ennemis ; on faisait des
itions; on rempllsss^it enfin tous les devoirs
chrétien. Lpuis s^n acquitta de. la^naiiière
LS rigoureuse, et Çt publier p«pc des reli-^ .
, dans tout le royaume, que si l'\m de se^i.
avait SQulfert quelque dommage ou par fi^a
ou par celle de ses ofliciers , il ^tait prêt ^ ,
>arer. Il quitta les magnifiques habits qu'i^
it ordinairement, se revêtit du plus simple .
me, et fit donner aux pauvres les sommes
>misées sur sa toilette.
'noAC*
3<(4 SAINT Loris.
Quani] il ru) fait prfttcr A ses borons le sei
de fidAilf! et liummat^c i. ses doux (i[M, Loaûfl
l*hilimir, Micoi-o t'iifuus , il alla à Sainl-^Drait
pn^ncW lytciidari), If Iwurdoni-I les autres inar-
quds drs pèlerins de la terre saùite , r.t m; mil et
luarcliG au mois do juiu J348 , !c voiidixxU *1'«^
pràï lu l^cuIou^U.'. Ix's pi'ivct-ssiritiH dr I'ar!sl{'CW\
(luinii-ciit jusiiu'h l'aLliayr Saint- Antoine, 11 d6^
clai'R n^grulela rciiie mhce , et l'investit <Ic l'au—
Iorit<! royali^ daus toute son dteiidue. La reimi
son «épouse voulut absolument le aiuTrc; pliuieiay,
daniea do la coui- imitèrent ko» esemple.
Le l'oi eut direrses confifrences îi Ljoa aveoi
pane; il lui fit sa coufession a^érnlo » gagna *
inuulf^euccs, etreçut sa l^fn^diction. It «Hilii _^
ensuite son voyage, s'cmliaDjuu le ftâ aoAt par |
un yerit favorauli;, fit voile avec une année con-
sidérable et nue flotte trèft-hicn équipée.
La prudence l'engeftca it dël>ar([tier d'aboid
dans l'ilejde Cliypre , afin de prendre ci)nni>!«»acf
(lu pujs enniini avant de »'y en|j;uger, de (omet
des ma^sins it'ai-mes et do vivres, et Âo s'assurer
une rctiaile en cas de mallipur. Celte aa^. uicntro
eut tle tacheux r^ullats i la ricueurdr l« .-uiisoB
rendant fort dnngercux le trup't de flivpre eo
E^pte, on resta dans cette ile jusou'^ F&nuesj
la maladie se mit dans les (roupes; ilvn péntos.
grand nomhi'e , et l'on perdit juwjult deux OBlK^
garante personnes de distinction. ^
Quelques Sarrasins sVtaÙUt ri^uniit dans Htl'
de Chypre dans le dessein d'nttt^nter h la vie ihii
roi ; mais ils fureut découTerls et arrêtés.
Louis IX déclara la gutnrc ^ Maleck Salfl^
Soudan d*Ëgypte. La flotte du roi était de dbt-'
Luit cents vaisseaux; l'amitie se composiit in
vinç^t— Luit mille chevaliers fraii^^ais , anglais 4t
cypriote. Dons ce temps ou uc calculait la grû-
SAINT LOUIS. 3o5
fleur des armées que par' le nombre de cheva-
liers qm s'y trouyaient; les plus considârables
d'entre eux avaient chacun leurs troupes , et
plusieurs leurs bannières.
Une violente tempête força le roi de relâcher
h la pointe de Limessa , après avoir été sépare
d'une partie de ses vaisseaux. Il se remit bientôt
en mer , et opëra sa descente à Damiette avant
l'arrivée du reste de sa flotte.
Les prodiges de valeur du roi , qui se jeta, à la
mer l'épée à la main, furent imités par son armée.
Les troupes du Soudan, étonoéesde la viguemr de
l'attacpie , se débandèrent. La ilotte des SaiTasins ^
aussi intimidée que leur armée de terre , remonta
précipitamment le Nil. Le roi après cette vic-
toire établit spn camp sur le bord de la mer*
Le bruit de la mort du Soudan répandit alors
un tel effroi parmi le peuple , que la garnison et
les habitans de Damiette abandonnèrent cette
ville après j avoir mis le feu. Le roi , averti à
temps 5 envoya ses troupes éteindi'e Tincendie , et^
devint sans coup férir maître d'une des plus
belles places de TOriciit. Modeste au milieu de
la gloire , Louis en fit un hommage sincère à
Dieu. Il lit son entrée à Damiette non avec la
pompe et le faste d'un vainqueur , mais avec
l'humilité d'un chrétien ; il marchait les pieds
nus , et était suivi de la reine , des princes se$
frères , du roi de Chypre , de tous les seigneurs
de l'année, du légat, du pati'iarche de Jérusalem ,
des évêques et de tout le clergé du camp. Cette
auguste procession se rendit jusqu à la princi-
pale moscpiée , qui fut purifiée et dédiée à la mer
du sauveur.
La reine et les autres princesses restèrent à
Damiette (andis que l'année s'avança pour atta-<
<£uer le Caire. L'impétuosité du comte d'Artois,
Tome IL 26
3o6 SA1\T LOUIS.
(|ui avait vaincu los Sarrasins à Massoure
<iu };raiKl Caire, lui coûta la vie, et faillit c
lu perte de toute lariuëc , qui ne dut son
Cl ira la prodigieuse valeur et à riuconcevab
tivitd (lu roi; ou le voyait partout'^oii les
étaient repousses . et son exemple et ses dis<
ranimant le courage des soldats y rétablis
Tordre parmi eux. Une fois il se trouva
loppé par un peloton d'infidèles; Fun dVi
uait son cheval par la In idc et voulait l'enii
prisonnier; il en tua plusieurs , et dcai^ta les
a coups d épée.
La résistance opiniâtre de rarniée fra
rallentjt Ui eourrau;e des Sarrasins, et api
massacre coiisidérai)le des deux côtés Is
faille cessa. Ce fut alors une chose véritahl
^loi'ieuse pour les Fiançais de n'avoir p
vaincuspar rennemi, dont rannce était bca
plus nomi)reuse que la leur. Connue le r<
tou]*nait à son camp , il répondit au priei
( luvaliers de THôpitaLqui lui denuuidait si
des nouvelles du comte d'Artois: « O^lles^
te siiis , cVst <[u il est en paradis. » Le lendeni
ce terrible jour rarinéc? d<*s Sarrasins li^
nouveau combat aux cliictiens. Le* ftHi gr
dont <>lle se servait s'a l tachait aux. habii
soldats, aux caparaçons des chevaux « et If
brasaicnt d<^s pieds à la tête. On cntendaît p
de toutes parts des cris épouvantables; les
jetaient à terre, les autres quittaient leurs
et dans leur fuite connnnniquaient le fe
habits de ceux qu'ils touchaient. Le déi
étant partout au comble, la cavalei'ie en
fit un carnage affieux des Français. Le
(rAnjou allait succomber quand le roi sou
averti de son danger, court à bride abattue
secours, s<* jette IVpée à la main à tiavt
iiiHdcleS; et, uialgié le feu dout il se ti'uM^
.. -.^-rr-tr — I rfajene où tpte ceux qui s'oppo—
^ %at k.» ptHB^,^ dëlirre son frère; ensuite
, ^-nfiïe an troupeï, repotùsé ks enaeuiis, et
- nmpix )e tàràm cpt'oa avut pi^rdo.
'. r' ' Aptes ceà deux combats il hd niutÙHi â'119- .
^ Inite. Oa conYÎnt que le roi "randruf la TiUe de'
f. .^Mmiette, et que le aoudanlemettndtenpptw*^
[ ' non de tout le royaume de J^i'asalem. Le »aaàB0
i «xigea des 6tages; onluioffiittmdesdenxfijap»,' '
h- 'da«>i. Les députés mahométans demnndèlrent le
f- roi lai-^néme ; à cette piopostlion le boji dieva-
." lier messire Geoffroy de Siugim s rcpondil : u Que .■
! * jl 'n'auraient les Turcs la personne du roi,et qu'il
', « àiraBit beaucoup mieux que les Turcs les eusseut '
i «tons tués, qu'illeurfât reproctié d'BToirbailld
' «leoi'roten^^e. sLerôivoulaitqii'onacceptâtla '
/ èoadîtion proposée , et employa ses efforts pour '
:' ^pt'oa lui permît de "se sacrifier au salut de sou
I .. ^ Snr le refiis de leur lifrer le roi , les ibEAlét
! rompirent la négociation , danis l'espoir mhH
t Soute que le triste état o& ito trouvaient les '
• chrétiens les forcerait plus tard d'accepter les
pins dures -conditions.
Les maladies de toute espèce attaquèsent l'a^ '
mée des chrétiens ; leur camp devint bientôt un
bâpital , et peu après un cimetière-
Cet horrible état de choses fournit 'an rot le
■moyen de montrer jusqu'à quel point il portait
l'héroïsme de la charité; il proiuguait ses tré-
sors pour soulager les malades , se tenait att
chewet du lit des moaraos pour les consoler et
les eihortcr h se rendre dignes d'une autre rie ;
0a préseuce et ses pieux discours inspiraient dà
courage aux moins résignés. Un témom oculaire
■ raconté qu'étaut allé visiter un des valets dfi
tjiambre de ce prince, pour l^engager au ino—
ment de sa mort à avoir confiance ^ Dieu ; le
Snfl SAINT IX>UIS.
miitucU* lui ilit; " J'uI[('ii(Uiiu)i)ui'ii'r|iii) mon i
■ lui m'Iioiiorc rfc Ml \iTCMWi r kI ]o ne partirki'
tr imiiit lit' te inonilc mieje n'aie rryu crtte con«ol»«
u lion. «Li' tu) lu lui aunntt,ct il jX'tiif- lut-il itortid*
In linitL' lin iimliuii.1, (jutr c(ï (lornii-i' vitpirn. Ij: roi
rcHieuUt h son luur Iv mnl dont le» iiulira ataii^
élé ri-a|>p(!s I iA lu fnmiuQ viut L'ncurc uccroltre loi
^lUiUn-ui-M lie l'nniit!!?.
i)ii prit nli>i'« In rdswliilioii An quitter looamp
ot ilu »ç retirer sur Daniiotti-. Avunt «pic Lbi^
tuiîo ae mit rn marche le roi fit «nuri^i- la nj-
truiti! (le tuu> les bof^iiges et de tou» Li^n mftlwlotr
et U» «uivît , ijiiuii^uo KiHitTrunt lienucvup Inî'
lufuic. On le prcNMit de «n iTiidie b Damielte
iiir iiit vaiaseiiu , ce qui litnit iiiuiiis tUngereut
<]up <1V aller piu- terre ; nmii) il rcl'uMi , dMaat
•■ (lu'il lie {Hiiivuit te réuiudro ti iibuuilouiwr tnnl
« de vailliuiii liommeit urec tesiiuel» il étKt ré-
« Holn de përir. » U *e tint h l'nrri^re— gard^
Albtqud souveut dan» ta innrchr , il arriva enfin
dauH une {letîti! ville iKimuii^t' Ciissel, uù il taïubii
iliiiM iiiir si griiiiile dL'IriilLmt'i' qu'un le cnit prtt
d'expirrr. dnueticl île CliQlilUiu dotinn d«ua i;n
lieu utiu marque cstrnordiduiro lie sa liniviiure*
eu (lijfmidaut A lui wul l'i'nti itc il'iiue relraile iHEr
Uquelle on iirrivnlt ^ la luuiïoii où 5'étAit rf.'tiré
le roi. Cnucbct d!<ti ibimit île f^rund* vtmjiê do
Battre à toua les iididèles , l'ii cniiiit (te toutes se*
fon^s : B A CliÛlilluu, clirraliersl A Ch&tillou ,
> clievolîfri! A CliAtilloïkl >• l'ersuiuic nrTÎiit it
son BCMturSi et it fut tuif. Dans eettt' rsbifuiita
ut) (tea M-igiicurs de la eour . iijifii'lrf Muiiliiirl.
alla avec ta [lemiiMioiidu roi ileninuilcr h tr*itr.T
ovec un émir qu'il avait ii]irrcii dan* le m-cnivr
ranu d» l'anuëe euu<<iiii<!> Lt-'iiiir , qui Muit
coiiiliirii lo «ultuti di^iiîiait être eu |»oMMiiaD d«
Daiuictle, était sur Ii: point de ruiupoMT ««ce
UuiiUgrt, quand un li^raut du roîi toit tpu) U
k
SAINT LOUIS. 3o9
otiLlé ses esprils, soit par nn zèle
l ebleudu pour la vie de son maître, Tint sans
. m avpir reçu l'ordre crier à haate voix : " Set-
,« Bbenrs chevaliers ,readci-vous tous ; le roi voua
'. « lieiaandepariiioi,ctaevousfaiteâpastuer> "Tous
les comLattaos se reudirent alors aux iafidèles.
L'âuir entra sans résistauce à Cassel , où il fit le
roi prisoimier. Ce prince , résigné à la volonté de
-Dieu, demanda aJorssoB brjnaire & son dupe—
IbIu, et le lut avec le même caÛàe et la- ^içM
' attention que s'il eût été en jtarfiûte MDËf «t dans
fonpalais de Paris.
Aucun des seigneurs ni des goerriers ehnf&ns
qui se reikdaieut à Dainiette par mer on pv
.t^rre u'iéchappa aux Sarrasins; tous iarênf taei ,
on pri» par les infidèles , im médaq joiuucfè-
rcut sans oitîé un grand nombre de malade^*
lies barbares enfermèrent la multitude de» Jfrh~
,^ a<nuiiers,danB une espèce de parc fenq^de ma— -,
- ' railles ; ils les en faisaient sortir l'un après l'astre,
. et ceux <^ ne voulaient pas renoncer A Jém^
Christ étaient tués. *
On plaça le roi dans une toite qu'on entoura
d'une forte earde. Quoiqu'il fut faible et malade,
. il ne lui échappait pas une parole d'impatience;
il se faisait lire les prières de la messe par eba
chapelain; au milieu des mauvais traitemens qull
recevait de ses ennemis il conservait avec eux on
«ir d'empire et de majesté qui leur imposait.
Le Soudan exigeait du roi qu'il lui rendît la
ville de Damiette , et qu'il lui donnât an million
de besatis d'or pour sa rançon et celle des autres
prisonniers : le roi lui fit dire <t qu'il ne se racbète-
B rait pas pour de l'araent ; qu'il of&ait Damiette
« pour sa rançon , et For pour celle de ses compa-
a gnons d'armes. » Le sultan lui i épondit que, par
estime pour lui , il lui remettrait !e cinquième de
}a somme. Une trêve de dix am allait se conclure
3ia SAINT LOïîIS.
cntri^ cr« Amt prium lArMinr le twtAaa mVîl k
lu mile «l'une contpinilinii liioi^'r cuitrr lui par
1j-*(^ioiiB. Oux-ri c«iilim>r-rriit Ir tikil^ Tail )i>r
le toiiilnii. sous la toodiliw» '{Ui- If lui p^iûrmil
sur-l(^-cliaiup la moitié <1l- U mmuiuc ctinTCtfOi- ]
ellr Irnr fut (louii(!(?.
Eii irtilrant Ji Dantïcttr In ^mîni la^i*mt Ion
ie» nMlailr», ronipimil (ouïra )r* raarhîiM^ Ou
riii, y luiri^tit le fen, et iMIUi«<tirPDt f Ils n'&l^-
i-aifiit (Mï U tu: k ce UMiuanjuv el «us aNln-t
priMiiiuifr*.
Cliacun to disposait h la tnorl, qtmnO rnfipir*
liarijarcs . reiulus h U voix de l1>oniieur , nntvo-
lidii'iit leur traire.
La flotte- fran^'uiitfr lit voilr trr* l» I*alr«linr, rt
Ir roi arriva au port d'Acre li- 8 iiwï itSn, en
fort niaavoi» «5(piipngp , ronia coiiialé d'avutr loul
perdu pour la couse du Cluiil.
Lttuia IX ne Drépm-Hil ï partir ponr U Fraïuw ,-
où lu r<^ra-nt<! le prowiil lortrmmt Ar rrrniir.
lorwpic lliorriblecoiiduïtr dos Siirrasins, qiiï c«v-
E aient la tête n ceui des priïoatuers (pii ne *«n-
ittiiit pas M- n^iidre niHlionieUtn» , le Tuiiauil tmn-
Iilf'i' Kur It- Korl dei dii'^tieiis de U Palrstinr que
Mtu uluencc livreruil it la mrreî dr» infiilcJca , Ir
itëlcnnîna d'y prnlonKer son sèjnur.
II envuya i-eproeliei- aux i^uiiis Ira iufrac-
tiuns qu'ils faisau-ut il leurtrailt'. Oux-^iî , qni
anvaieut que le »oudan tir Danui* avait offni m
roi de 1<^ laitiscr niaitro dn royaume de lén»-
Balem s'il roulait e'uuir avec lui contre em,
lirent droit li «ex r^daliiatîom , afiu de rempfaber
de contracter ralliaii<.-e qu'iU n-doulaïenl.
Le »oudan de Damas rncoinmeit^-n olnn In
liostilitrîs contre les elirétieiu» df U nalr^tlBi!,
emp^clm les ^luiin de pouvoir rejiiiinlre le roi,
et , lex tiyant liattns . s'unll n«er ro« cnnlre lui.
Sivcracs ii^gociatioiu avec W <!inin d'Egf ptO
SAINT LOUIS. 3ii
•t If Mmdbv^le Damas, le iclalilissfmeiit (1«
^Belmes - -)^acas vtutportautes , cjuelqucs petit»
yomw«te d(H|t l'ÏHue lie cltangea rien h la posi—
tifU^B C^MnuCdes <leus partis ,*occupcreat les
^iûtt« ann^'qae le i oi le^ila rn Palestine après
M difliTraBce.. Paidaiif cet intervalle il visitait
. «ouTent le« saints lieul , £û«iit de Imkdh hn^û
i |ùed, ne-niRiigeait cjoe da paîn, ue oaTait^M)'
de l'eBD , et portait snr sa cliair «n nde dliCe. J
Xht rit ce prince dnaser alnsîevn feb-sia'Ws y
épholes les corps morts ae« «hr^tieiis et letooirter
CMna kl fosses préparées pow. leur aépmurt;^
quoique les hommes employés à fx traTall "put
■ent & peine supporter -la pnanîeiit- de'vea coiftt
déjà tout pbuivis ; action plus adnnr^^ P^*^
£tre que tons ses hauts faits d'une» ' - '
La. reiue régente mourut le>K"déc«iBl«« 1*5». '
Le roi , qui était dans sa chapelle iokwa'U' apprit
de la bouche du légat la perle qulf renaïC de
faire , jeta a'ahord un grand cri et Tena a aboD-^
danles larmes ; mab bientôt , se prédpïtMlt ni -
pied de l'autel , il adressa à Dieu ces belles pa-^
rôles : • Seigneur , je tous suis obligé de m'ayoir
■ coaservésilougtenipsune aimable mère; Tousmé
« l'enlevez, et c'est votre volonté absolue. Il est
■ vrai qu'il n'y avait personne au monde pour qni
« j'eusse pltis d'attacitemeot et de teadresee ; mais
■ puisque vousl'avezainsi ordonné, quevotresaint
« nom soit béni à jamais. • A|vès cet acte de pieux
liéroïsme il resta seul avec son confesoenr , et
' commença l'office des morts pour le repos dé
l'âme de sa mère. A dater de ce moment il ne
manqua pas' un jour de sa vie de feire dire
l>onr elle une messe des morts eu sa présence»
f:icepté les dimaDcbcs et les fêtes, se xotifor—
maat dans cette restriction à l'usage de l'église.
Il se pi-épara dès lors à sou départ pour, la
France j mais il ue quitta pourtant la iSdesline
3ii SAIXTLOCÎS.
ipi'aprJ» «voir mi» orrfro ftuUiil cjn'il i-titilcb
puiMiincc nux nfliiiiMilc» L-UnJlipJiij il Ir-» n'on
iiiiindn vivement »u\ Muiiin ilu l^^at, h qui il bim
un lion uombmir tr»upc* et l>cniicoiip il'argtvt.
11 n-iiiit lit fonimamlcmcnt d'Acr«V. lorlerr»»* la
pliu importtinte , à litoûroy Je SargiiK>« , ciuï
eut *ou» M» artli'eii ct-itt i-lmunUttii poui* la
Louifl, aoHtettnnt paiittiit-son rarnolirw ri^Ii-
gieus I fit de sa flotte, et HUrtout de bou vniHarau ,
UDI! lwl>^et■ d ësliU) ou Iv sRi-vicfi divin »eci^li!)>rnit
ovec terveurÉ (V pi'iiict'auuliaîlait Imilde eoïKiué-
rir de« caursh Dieu, iju'il alla i]iii-lq(ieloi«|u»>
qu'il Inire lui-inéiiie lu manœuvre il la ptaee de*
niutoloU, pour leur laÎMer le temps de i-ccevuil'
IcKHereuH^iit de pénitence.
l'in uppi-ix;baiit de l'ili; dr^ Chjprc , la mtfpriH
des pilotes Ht Honnir le vni«»Kiiii dn ra! anr ad
banc de aalile dur eoininfl ui» roch(*r; 1« cluw fill
»i violtiut et In «ruquetnent du vaiiueun tï ti^rv
rible, quv i;liii(niit crut ipi'il itlIuitVentr'miTriri
le roi seul , éitraii^ei- h la conslcniation gtJnëralri.
M prosterna ilcvaut le aaint-eaereuieiit pcrtir de*
niniidt-r El Dieu non st'cunrH. On viïîla rkailc Idi
vaiiiïeau lie tuua cût^K) mt n'y dAruiivrit
fente, et personne De douta dn iniraciif i|ni vcii
de a'npérer.
Apn'ta une tiavtn^^ de nis «ciuainea, pendi
laquelltt U flolti! CQUlut pluRÎeurM daiigtm, ■
d^imniun auxIIoid'Yères Le ii juillet isSift
rui prit tnieltjuea jours de i-epoi , puis eontintUM
yiijM^i'. Il arriva fr VIneetmi>ii le 5 acplitmbrff i
iillii sui--lc^-cliamprcudn- gi^ccsitDïruk l'ai*
Saiiit-Dciiia,
Il l'ut peu leiiiiilth; it lii jnin que le pWf
(.^L'Iiiler il »ou retour. Ln »itiialion niulliRurru
N<i Irouvaieiit \t:6 chrétiens d'Orient élnit fonjoii
prdscate à au jmuée i <1 gardait i
1
^ouloiin ^ de Um les ■ ImfT— > mîyimrt -^ ;
avaient pert' à seic6t^ ' ' -*';-
Ctpendant sa profends trùteM»,' le âénr (pili -
avait de retourner à la tem niâtes àé^ qi^'
manifesta eu ue quittant |Ml V CTCox'ét let«nM •
fieuT auxqueb il àe lÏTrait c^itinndlenuiBt, aé '
empéclicrent pas de reprendre eu mam le tinioa -
de lElaL-
Paidant ion absence la r<!gente ^tait partiei*
nue , par l'mlluence do pa|>e , eotretniiF^ta pnik-
avec t Angleterre; elle s«tait ensoîte oppocëo aveo '
succès à la croisade «nie le pape avait fottpuUter
contre Conrad, fils dé l'en^wreur Fr^d^ric, et'-'.
enfin, ^la mort de RaTinood YII, elle aVa{t liÂuj''
le comié deToulonseà la. cfnronne.' , > ■ ' j -- ■.
.LaFi-aacc ét»itpwsil>Le; mais Ut antrm âatt
de l'Europe étaient remplis de tronldeti FrfEd^ric
était mort en is5o. Ctùiràd son fila,- ^. avait
continué la guerre contre le pape , veABÎt d'Atre
empoisonné par Main&oî, fils ahtareld^Fréd^ '
rie, et ce dernier, accnsé d'avoir contnbué ^ 1«
mort de son propre père, ue tiit pas moins par
la suite créé tuteur de Conradin, fils de Conrad-
Louis IX s'occupa alors des mojensde pnxw-
rer la paix à son rovaame, et de la reiulre Mix -
princes ses voisins et & l'ëf
Henriin, raid'Angleterret vint faire nOvOTace
en France; il resta à Paris hiût joars. Louis IX
lui rendit les plus grands bouneurs , et lui donna
les plus brillantes fêtes. Quebjue tenfps après
le retour de Henri en Angleterre il se fit une
prolongation de trêve entre les deux tionifinnes.
Vers cette époque le roi maria sa fille Isabelle
avec Thibaolt, comte de Champagne etr^i de '
liavarre.
H publia cetteannée plusieDrBordonaaaemaltleSr
parmi leu^lles il faut com^«ndre celle qui dé*
fend aux juges d'accepter aocon présent.
Tome SI. «g
3ot SAINT LOUIS.
Dtruis, et plaça sui* In lU du iiialaJfî un môrccaa
dfi lu vraic! croix et aiilrns l'cliqucs qu'on avait
eues de rmipcreur Baudouin ; puis elle prononça
avee ferveur ces paroles: « Seigneur, (glorifiez au-
•c jourd'liui , non pus nous, mais votre saint nom;
% sauvez l(;rf»yauine de France, que vous avez tou-
te jours prolé^^. » La l'oisortit au moment mêmede
sa Idlliar^ie , et les premiers mots qu'il prononça
fureut pour demander lacroix.àrdvcqucde Paris,
qui dUiit }i ses coLes, et pour faire le ycku du
voyage croutre-mer. Cette circonstance aflaiblit
la joie (|ue sou retour à la vie avait causdc; la
iu'vre diminua par de^r<^s, et deux mois suffirent
pour lui ren<Ire mie wnild parfaite.
Au mois de juin de Tau 7245 un concile fut
li'uu à liVon â IViff^t de terminer les diflereiis
de Tempereur avec le saint sic^e , et d^uiiir tous
les princes ciir(^tiens pour la ddfense delà religion
C4iblr(î les JnfidtMes. Dans ce concile l'empereur
c.xcoinuiumé fut décLird ddclm de ses états*
Le roi , désapprouvant é^^alement et 1 empereur
et le ])ape, {^aj'da la ntailralitc. Jlscintait le danger
<rappu>vr une mesure semblalde contre un sou-
verain; mais il entia dans les vues du concile re-
laUvemeul h la guerre suînlcr
l^a l'roveuce. , usurjide sur la couronne dft
France upiès la mort de Lonis le f^gue, lui fut
rendue trois ans après par iv. mariage contracté,
fil 1246, ejitre Charles, ïiv.vv. du Louis IX, avec
]]éalri&, fille du comte de Provence.
A la prière du roi le ])ape envoya en France
révèqiKide Tnsenle en ([ualilé de légat pour prê-
cher La eroisiide. LVxeniple, lautorité duroi, le
diseours touchant rpi'il pj-ononca dans rassemblée
solennelle où le légat ccnnmeuça à remplir sa
mission , enflammêient tous les cœurs d'un saint
Zide; on ne connut jdus qu'un intérêt, qu'un désir,
qu'un J)esoiu ; tout ce qu'il y avait do plus illustre
SAINT LOUIS. 3i5
ttonne , dît-il , puisqu'ils n'ont offense que moi.
Plût à Dieu qu'en me condamnant moi-même
à im pareil supplice je pusse bannir le blas-
phème de mon royaiune ! »
Un traité conclu à Corbeil en 1 258 régla tous
;s différens qui existaient entre lui 'et le roi
'Arragon. Leurs droits respectifs furent fixés de
lanière à ne plus laisser aucun doute. Ce traite
it très-avantageux à la France, qui ne céda
ne des droits sur des pays au-delà des Pyrénées » .
poits qu'il lui était impossible de faire valoir
tmr rester en possession d'un grand nombre dp
ille et de domaines considérables en-deçà.
Ce fiit cette même année , et dans 1er même
eu , que fut arrêté le mariage de Philippe , se^
ond fîb du roi, avec Isabelle, infante d'Ar^
Eigon.
Peu de temps après un traité de paix fut con--
lu avec l'Angleterre : le roi de France céda
5 Limousin , le Quercy , le Perrigord, et fournit
i solde pour entretenir cent chevaliers pendant
eux ans. Le roi d'Angleterre renonça à tous ses
retendus droits sur la Normandie, les comtés
u Maine , de Tou raine , de Poitou , et sur tout
e qu'il avait possédé en-deçà de la mer , excepté
es domaines qui lui avaient été abandonnés. Ce
irince vint ensuite à Paris, fit hommage au roi
e tout ce qui lui appartenait encore en France ,
t fut rétabli au nombre des pairs , en qualité de
lue de Guyenne.
En 1269 le roi eut la douleur de perdre son
ils aîné , âgé de seize ans , qui déjà se montrait
ligne de lui succéder. Dans les instructions qu'il
ui avait données on remarque ces paroles :
Enfin , mon fils , ne songez qu'à vous faire ai-
mer de vos sujets , et sachez que je mettrais de
grand cœur quelque étranger à votre place , si
i je croyais qu'il dût gouverner mieux que vous. »
27*
3<^ SAINT LOUIS.
Qnand il out fuit prêter à ses barons le sermeiil
<1r flclAité et lioiiiiiuif^n k ses deux fils, Louis et
rhilîm)o, cncoi'e cntans , il alla à Saint-Denis
piTncin* I Vtciidarcl , le boui*don et les auti*c8 mar-
ques des pèlerins de la tcire sainte , et se mit en
inarclie au mois de j^iu J248 1 le vendredi d*a-
pi'ès la PenteiX)U*. L(*s processions de Paris le coo-
duisiitïnt jusiiu'h labliave Saint-Âiitoiue. 11 dé-
clam rdgrnle la reine mère 9 et l'investit de Tau-
torîtd ]*i>yale dans toute son dtcndue* La reine
son dpoiise voulut absolument le suivre; plusieuri
dames de la cour imitèrent son exemple*
Le roi eut diverses conférences Ik Lyon avec k
pape; il lui fit sa confession générale y gagna les
indulgences, et reçut sa l>énédiction« Il continot
ensuite son voyage, s'embarqua le 25 août par
un yent favorable, lit voile avec une armée con«
sidérable et une flotte ti^ès-bien équipée*
La pinidence IVngagea k déliarqucr d'abord
dans rîle|de Chypre , afin de prendre connaissance
du ])ays enuemi avant de s'y engager, de former
des magasins d armes et de vivres, et de s'assurer
imc retraite en cas de malheur. Cette sage mesure
out de fâcheux résultat;} : la rigiu;ur de la saison
rendant fort dangereux le trajet de €liypre en
Egypte, on resta daus cette îlo juscm'à Pâques;
la maladie se mit daus les ti'oupes; il tin péntun
grand nombre , et Ton perdit jusqu'à deux cent
quarante pei^sonues de distinction.
Quelques Sarrasins s'étaient réimis dans Itle
de Chypre daus le dessein d'attenter à la vie da
roi ; mais ils furent découverts et arrêtés*
Louis IX dédain la guerre h Maicck Salis
Soudan d'Kgypte. La flotte du roi était de dix-
huit cents vaisseaux; l'armée se composait de
vingt-huit mille chevaliers français , anglais et
cypriots. Daus ce temps on ne calculait la gran*
1
SAINT Lions. 3i?
de Lombardle, ou avec œlle âe To^^
0am. : <m aiouta que al Iti socceték^ toii^ipdt à
^Ufle fille oe. j^'oi non mariée > cette fille ne pour^
irait ^ousér qu'un prioce affl-ëé par Ife pape.'
. Si. januda entreprise jBit meine âé^ perué et dd
4jifficn|*ësy..<^ Ait celle4à; il fallftif Tuucrè liflûii*
jfiroi, roi puiaaant sur mer et sur terre* Le âétit
d^aroix* une çpuroiyie ne permit 'pas an pomte de
se laisser efôrayer par des obstacles presctde^ in-
vincibles j ses pr^aratife furent fiiits à Pinst^nt
iniu'qnë* Le pape publia une croisai confire
^ilainCroi ,. et releva de leur rœu éfsatm qm s-é^hient
crgis^ pour la terre sainte , pouiirti\qirïl8 pair-
tissent pour la guerre dltaEe. Vïté\knoiè consi-*
dérable fut bientôt rassemblée. . ' n
La flotte de MainCroi était du double |lu8.loi^
ane celle du comte d*Anjou; mais le comte ,, jiigne
J^re de Louis , sentant croître son courage à me-r
sure que crofssaient les dangerSjs'embarqcia malgré
toutes les représentations, et iRfiriTU à Rome lé^ 1^5
mars, yeille de la Pentecôte, après avoir essuyé
une horrible tempête. Le péril af&eux qu'il avait
atlronté le rendit plus cher aux Romains , qui le .
croyaient ou mort ou prisonnier; ils lui rendirent
les plus grands honneurs, et le mirent en pos^
session du sënatoriat, en présence ^e quatre carr
dinaux que le pape avait envoyés pour assister à
cette cérémonie.
n reçut Finvestiture du royaume de Sicile au
mois de juin, et fut couronné l'année suivante,
ainsi que sa femme Béatrix.
Le comte prouva bientôt qu'il étut digne du
rang auquel il venait d'être placé ; son invincible
courage le soutint seul contre toutes les attaques
de Mainfroi jusqu'au mois de novembre, oîi 1 ar-
mée des croisés vint le joindre.
Enfin, après avoir donné des marques extraor-
dinaires de valeur dans toute cette campagne > il
3i« SAINT LOtJIS.
remporta, le 26 février, une victoire éd
dans un combat où Mainfroi hit tué : la
et la mort de cet usurpateur ne furent qu'un
punition de tous ses crimes.
Le comte, reconnu roi de Sicile sans aucD
position , se trouva possesseur d'un des plus
«tats du monde , par une conquête que Vï
regardait comme impossible j^ et qui ne lu:
que trois mois.
Toujours occupe de rendre la justice , d'
^a famille, d'entretenir la paix dans ses
dcmpêcher la guerre entre ses voisins, L<
vers cette époque maria Jean , son troisièi
a lolande , nlle dindes , duc de Bourgogne
fille Blancbe à Ferdinand , (ils d'Alphonse
de Castille.
Il devint médiateur entre le roi d'Ang
H celui de Navarre, et leur fit conclu,
trêve de quatre ans*
Il avait apport^ d'autant plus de soin à
les afiaires de sa famille , qu'il voulait entrep
une seconde expédition pour la délivrai
chrétiens d outre mer, qui ne respiraient
quelques années qu'à la faveur des guerres
Surrazins s'étalent faites entre eux.
La conquête de la Sicile terminée , on
la croisade : cette expédition paraissait é
inîeux devoir réussir, que le nouveau roi
cilc était tout entier dévoué au pape.
Le 5 mars 1267, après un mscours te
qu'il prononça dans une assemblée solenn
^*ands du rojaume, le roi, qui n'avait
«juitté la croix , déclara qu'il l'avait t
portée dans l'intention de retourner à 1
mainte y mais qu'il voulait en ce momen
t»reudre des mains du légat $ puis il invi
es assistans à l'imiter. Ses b*oia fds eija.
titude de seigneurs suivirent son ei.euiple.<
SAINT LOnS. 3i9
Qii avait besoin d'argent , on imposa des taxea
siu' le clergë et sur les bourgeois des villes*
Louis IX , dont la santé était très-faible 9
n'ignorait pas les dangers auxquels il allait s'ex---
poser; il pourvut à rétablissement de tous ses
enfans , et chargea du gouvernement Mathieu ,
abbé de Saint-Denis , de la famille des comtes
de Vendôme , et Simon de Clermont , comte de
Nesle , homme d'une rare prudence , leur sub-
stituant 5 en cas de mort , Philippe , comte d'E—
vreux , et Jean , comte de Ponthieu. Trois ans
ayant été employés aux préparatifs de son expé-
dition , le roi alla , en 1270 , prendre l'oriflamme
à Saint-Denis. Il redoubla sa ferveur , et la fit
paraître dans une foule de circonstances , prin-
cipalement dans une procession où il marcha
pieds nus depuis le palais jusqu'à Notre-Dame»
Des querelles étant survenues à Aigues-Mortes
entre des croisés de diflférentes nations , et sept
cents hommes étant restés sur la place ^ le roi se
transporta au lieu oîi se passait le désordre , fit
pendre les plus coupables , et la sédition fut
appaiséc.
Il s embarqua ensuite avec toute l'armée , le
J^^ juillet 1270 ; il écrivit une lettré aux deux
régens , dont la teneur montre qu'il n'avait rien
de plus à cœur que la gloire de Dieu et le bien
de ses sujets.
Le lendemain de l'embarquement on mit à la
voile. Le roi avait dans son vaisseau le duc d'A—
lençon ; Philippe , son fils aîné , était dans un
autre vaisseau , avec le comte de Nevers et le
comte d'Artois. L'armée se montait à soixante
mille hommes.
Le temps , qui était alors fort beau , changea
tout à coup ; la flotte fut accueillie de violentes
tempêtes , et quand elle arriva à Cagliari , en
Sardaigne , on avait perdu une grande quantité
â'hommes et de chevaux*
.B •
î !
•:tfiiiitii:iin . u «^#iii-iii: t:«i<intjiautjii isi':j itl l-CI* E
« bï \i'. [loiivai.s élir U: paiTaiii (Ju roi de 1
« luiiU (le lju|)ft'iiio ! Ia* b<'(:<iij(I mot if (
TiiiiÎM, place |)Mi i'oitifide , pli iue de rie
faeile à prendi'e, servirait iieaiicoup auc
non entreprise de la terre sainte , car il i
hV'iii parer de eette place si le roi sarrasi
pas de Ijoiiiu; foi.
L*arjiide frati^^aÎM* o]>drn facilement sa
dans le urand gcdfe de Tunis , et se r
peu de jours , bans beaucoup de peii
perles , niaitressc! de Cartijage. Mais I
Alors détrompe sur la conversion du roi d
vc. jtrince usa de tontes sortes de iiises
tiquer Tarniee des cliiéliens , et envoya i
camp juHtprii cent sariasins , qui , sons
de s*y rendre pour se convertir , toni
i^improviste sur les Français , en tuèren
soixante , rt H\«nruirGnt«
ÏA' roi de Tunis ne faisant que des o»
elles , Louis IX. attendit non frère , le n
cile, pour faire le sié^e de cette ville.
I^e retard de ce prince fut causii des I
désablres qui suivirent. Les clialeurft <
t 4
SAINT LOl;^S. 3|i
AAmnoiDS ne l'empédba pas ^ pendanl plusieiin
îooiB 9 â*agir et de danoer ses drdres ayeo J» >
même présence d'i^prit qu'il aojrauit eiiiè>eo^|iai^
flûte santé. Lorsqu'il sentit s» fin appcocï^ec il se '
''fit coucher fHtr la cendi^e , . et bientôt après il ex«*
]Hra y le aS août~i27o \ il était âgé de cinquante-
cinq ans et quatre mois, et.ayait r^pié^ quarante-^'
trois ans neuf mois et dix-neuf iours* Sa. mort .
répandit une ai&euse consternation dans toute .
•l'armée. Le secret d'embaumer les corps n'étant
pas alors connu , on ne put transBprtar €n
France que ses os : la caisse qui les rnSfermait^
amsi que son cœur , fîit déposée à Notre-jpame 5
et le lendemain conduite en grande pompA^à
Saint-Denis* Philippe voulut porter^ lui-^iii^nè
sur ses "épaules les restes précieux de son père.
I^es instructions que ce roi laissa éclates oe^ sa ^
main , et adressées à son fils , sont des 'leçona
yraiment royales et chrétiennes» Le pape Boni—
fiàce YIII canonisa Louis IXen I197» On lui doit
rétablissement des Quinze-Vingts 9 construit pou^
loger trois cents gentilshommes que les infioièles
avaient privés de la vue. Il aimait et protégeait
les lettres , et donna , dit-on , le premier plan de
bibliothèque publique.
Jamais prince ne se rendit plus digne que
saiut Louis de l'amour et de la vénération de ses
sujets ; sa vie fut un dévouement continuel à son
Dieu et à son peuple ; il unit aux humbles vertus
du chrétieu les brillantes vertus du héros. Pru-
dent et ferme à la tête de son conseil , libéral
sans cesser' d'être économe , intrépide au milieu
des camps , on le voyait tour à tour s'occuper des
Elus grands intérêts politiques , répandre des
ienfaits , essuyer les plus rudes fatigues , livrer
des combats , remporter des victoires et affronter
les dangers les plus iinminens ; généreux envers
les vaincus , magnanime envers les rebelles , il
1
3o8 SAINT LOlnS.
inuladr lui dit: r J'uUoiulsh mourir cpie mon saiul
« roi m'honore dr sa prcsrnco 9 et )c ne partirai
« point d(! cr monde cmc je u'nio itçu crttc consola-
« tion. » Le roi la lui dotmn,ct & peine fut-il sorti de
la tend* du malade, <pu* ce dernier expira. Lp 1*01
ressentit à son (our h* mal dont les autres araient
vlv. frappés, et la famine vint eneore accroitrcles
^lallieurs de Tarmée.
Ou prit alors la résolution de quitter le cnmp
et de se relii'«»r sur Da miette. Avant que lar-
inée s<* mit en marelie le roi fit assurer la re-
traite de tous les lia^ages et de tous les malades 1
et les suivit , cpioinue soutirant l>eaucoup lui-
même. On 1(* pressait d(* se ren<li^ h Damiettc
sur un vaisseau , ee qui était moins dangereux
que d'y all(*r par l<*rre ; mais il refusa , disaut
« qu'if n<' pouvait s(^ résoudre 1^ abandonner tant
K (Te vaillans honuues avee lesipuds il tStuit ré-
« solu de périr. « 11 s<» tint h Tarrièiv-ganlo
Altaipu^ souvent dans sa imu^he, il arriva enHu
dans une petite ville nonmié<^ Cass(4, où il tomba
dans uuf^ si grandi* défaillance^ qu'on le crut pr^
«rexpirer. (raueliet de Clultilloii donna dans ce
lieu um^ maripu' exti^aordinaire de sa bravoure 1
en défendant à lui seul lentrée d'une retraite pr
laquelle ou arrivait h la nuiison où s'était irtiré
le roi. (Raueliet «listi ihuait de gnuids coups de
sahnt i^ tous les inlidèles, en criant de toutes «es
forées : « A (lliâtillon, elievaliers! A CliAtiilou y
« chevaliers! A Chalillon! » Persomie ne vint ik
son secours , et il fut tué. Dans cc^lti* extrémité
Un des seigneurs de la cour , apjxdé Montfort»
alla avec la permission du roi demander ik traiter
nvec un émir qu'il avait aper^'U dans le ni*euiier
rang de l'aruu'e ennemie. L'émir , qui savait
comhien le sultan dc^siiail être en possession de
Damiette, était sur le point de composer avc*c
Mouli'ort^ quand un licjaut du roi> soit c|uc la
r ■
TmGXJESaUOk 3a3
DU GUESCLIN,
•i
CONNÉTABLE bE EMNGE/
it.
Bertrand Du Gubscliv» fib 4e Renault S»
Gnesclins gentilhomme breton, naquit Tan laSfi'»
BÙ château de la Moihe-Brion , à six lieûei de
Rennes. Son père passait pour un deç plus hsTareii
chevaliers de la Bretagne; mais sa fortuni^iie loi"
permettait j)as de tenir le rang que lui donnaient
sa naissance et son mérite*
La nature avait privé le jeune Du Ouesdin de
tous les avantages extérieurs $ il était laîj^t mal
fàiU Une humeur altière et indo(»le venait encore
augmenter ces défauts, qui l'avaient rendu Un
sujet d aversion pour sa mère; elle ne pouvait se
consoler de Tavoir mis au monde : « Il n'y a pas
« de plus mauvais garçon sur la terre , disait-elle
« souvent; il est toujours blessé y le visage en
« sang , toujours battant ou battu, t» En enet y à
peine âgé de six ans, il était devenu, par sa
force extraordinaire , la terreur des petits paysans
du voisinage : son père ne cessait de lui repro-*
cher ces luttes coatmuelles avec des enfans d'un
rang si inférieur au sien. Le jeune Bertrand re-
connaissait ses torts , promettait d'être plus sage
à l'avenir; mais la vivacité de son naturel l'en-
traînait à la première occasion. On démêlait
cependant en lui, malgré ses formes rustiques,
les traits d'une âme élevée ; il était compatissant ,
généreux , et sensible à la louange. Un jour qu'il
revenait dWe de ses expéditiou^ contre les petits.
324 ^^ GUESCUK.
paysans, unr uiuic ie sn lu^re lui «lit , ponr \r
couMtkr dr» rrpi'nulu'K «le !k>* paif^na , qu'il tn^it
qudtjui! jour un |;rttn<l rupîtuiiu-. Hfilriind fui
fiumi^ ii« cette piiHUction, vt comi>ln ttr mrrtv»
CfUc ^tii lui iii'^imgfait ni Itleu u glotr» fulurc.
Dhms la Miib; m;» ^tartm* sr LTurrnl ol>]i(;é* «I'
le nruftnDc!- pour n^rinipr »ori haiiirnr gwr-
royiuiti^ T 411Î l't-ipoaait rliit^ac jour îi de iiou* vaut
duiigciv. th'rti'uiiU it'^'buppn w sa pi'iwiti , et m.-
Td'ut;>" ct«* U" 'l"" "*■• u'ifl'» ■■ •■rlui-*û Ju^ra
inicux ]e iouuo liominc '. il i-ngnt^-a Itcfiuttlt
Pu (iiM-tcltu il ue pas cuutraindrt dans eon fils
do pcncbiutt <iui , bicji diiift^) ponvaît le con-
duire h la (gloire tt it In t'ortiinr. Lp p^re m
ivndit & ces sages repidscutatiou» : BeitrMul
obtint uu pKU ultis de libi'rli^; au lui d<iniui
|n£iii'-- up clicvnt , ft des armrK proport ioiui^* &
•on Agt ; mais il n'en r<«la pas moins l'otijcl
â'iuie biiritillance active.
T»ut« In Doblcitse brriopiic «itait assembla h
AofiDus pour ui) tournois ; les plus famirux cb^
viilicrs venaient j tûti-e l)rï)ler leur com-age et
leur mlreiue. Vim t'uulo di: spi-t^taU-urs excitait ,
l'éuiulutinn dt^ii (.unifia tians. Le jeunt! Du Ci
clin , qui n'avilit iilors que qiiiiiM atw, ann^,
bien tUùr^ ttVasnyer an valeur dans c*tte (éVk
brillante; inuia m)ii |iiVe n'y nppiiM, Ltr jt
bonuuu iivaiL la conscienre de srs roiti-a; il <
pruiitr uu citfrvnl ft des arme», se rend au
du tournois, C(, taus être connu, denfeiu]
rompre une Luiee. l^ pr«ntier ijui ke
eut diisHi-çoniitf ; tmKo autre» veulfnl
vcinenl lui disputer la victoire ; ils ont le ml
sort. La suriitis)^ des UHii»(itna ^tiit au utnl
Kii ndiuiniil t* force ri la valeur de ca iVAi
tahU: (champion; on liHtloit de i
]|<-iK>iilt Du Oueicliii rnti-e: eu lii.-« pour le ci
Lillic> miùs bîEùl qu'il M-s uruic» Brrbvud
DU GUESCLIN. 325
reconnu son père , il baisse humblement sa lance.
On ne crut ])as longtemps que la criaintc dxxn.
«i rude adversaire lui avait fait refuser le conir
bat. jUn chevalier normand , connu daiîs toute
lïurope par ses hauts faits , fond sur Tinconna
avec la rapidité de 1 éclair , lui enlève son
casque , et toml)e lui-même entraîné par la
violence du choc. Do Guesclid nVst point ébranlé;
mais son visage est découvert. Quelle fut la joie
lie son père en reconnaissant son fils dans le vain-
queur du tournoi ! 11 courut Feiri brasser , et jura
de ne rien négliger pour cultiver ses heureuses
dispositions.
La guerre était allumée en Bretagne entre '
Charles de Blois et le comte de Montfort , qui
(se disputaient la souveraineté de cette province.
Edouard III, roi d^A ngle terre , soutenait avec
chaleur la cause de ce dernier. Du Guesclin offirit
6es services à Charles de Blois , que là France fa-
vorisait. Il se distingua dans cette guerre par plu-^
fleurs actions d'éclat , eiitr 'autres par la prise de
la forteresse de Fougères, située dans la forêt
du Tillay. Cette place , défendue par une garnison
anglaise , était capable d'arrêter une armée. Il y
pénétra par surprise , avec soixante hommes dé-
guisés comme lui , et se rendit maître de Iji forte-
resse après avoir fait des prodiges de valeur.
Le duc de Lanças tre, qui commandait les armées
anglaises en Bretagne , assiégeait Rennes et avait
pris les plus grandes précautions pour empêcher
Du GuescHn d'entrer dans la place. Celui-<;i s'en
dédommageait en harcelant l'armée ennemie par
des courses continuelles 5 à la tête d'une petite
troupe qu'il avait formée et disciplinée lui-même,
il interceptait les convois, tombait sur les déta—
chemens qui s'écartaient , et massacrait les fourra-
geurs. Il apprit par un prisonnier que les assiégés
étaient réduits à la dernière extréniité, et par-
3io SAINT LOUIS.
ciitrn CCA df!ui priiiors lorsque le soudnn pëi
lu mïio iVuno. conKnirtilion tramée cmiirc lui
lc8 i^tiiii s. Cfiux-ci v(mi\nnbrvMt le traité fnit
le rtoiiclun, soiiH 1(1 c'oiiflitiori (|UC! h*, roi pai
8ur*-l(;-chniiip lu iiioitië de* la ionitiie cotiYc:
Mv leur fui iUmtuU'.
En rrnlruiil à Dainidtf* \vn émirs tu^rf*nl
lr*fi muliulcK, rompirent toulcrt lr*M marhiiif*
roi, y mirent lo, i'cu, et délibérèrent 0*il s n
raient pa.s la vie ù ce luonartiue et aux a
prirtonniers.
Cliucun se disposait tk la mort, quand enfi
))arl)ureH , rendu» h la voix de Thonneur , n
tinrent leur troilé.
La ilotle iranyaiHe fit voile vers lu PaleAtin
le roi arriva au port d*Aere le 8 mai I2fi(
fort niuuvuiH écpiipage , mais consolé du voir
perdu pour la cause du Olirist*
Lcmis IX se préparait h parfir pour la Fri
ou lu réuente le pressait iorti^ment de rev
lorH(|ue 1 iiorrilde conduite! desSarrasins^qni
xiient la t6l(* ii ceux des prisotmiers qui ne
aient pus se rendre nndioméluns, le faisant I
h\vr sur le sort t\v» eliréliens de la Palestin*
son ulisence livrerait ii la merci des infidèl
détermina d'y prolonL;er son séjour*
Il envoya reproelier aux émirs les ir
lions (prils faisaient h leur truiti^. G*ux-ci
savaient que le soudfin de Danms avait oflr
roi de le laisser maître du royaume de J
salem s'il voulait s'unir avec lui contre
firent droit ii ses réclainalions , afin deFemp
de contracter TallianiT qu'ils redoutaient*
Le Soudan de Dumas recommença aloi
hostilités contre les chrétiens de la pulei
einp/^rlia les émirs de pouvoir rejoindre le
et, li*s ayant Jmttiis, s'unit avec vim contre 1
Diverses né(jociutious avec les éuiii's d'L
1
JDU GIIBSGUN. Hg
lontrale captai auprès du village de Oxdierdi-^
Normandie. G*ëtait là q/ae dérait 8«d4fper, le 6
1364, cette bataille inémodra]dtfN{id sigiiilA
le manière si brillante Favant-reille an ttere
Charles Y ; c'était en ce jour ijné Du Ôneselhi
lit apprendre aux Anglais , tant de fois Tain**
ors y qu'ils n'ëtaient pas inyinciUiss» Jua^'ai*^
le héros breton ne s'était fiiit connaître qm
de hardis coaps de maiu ; il déploya dan» câto
Lsion les talens d'un généfal coiiAomihé*
^rès avoir reconau la situation .de reufenil i
nt ses mesures en consé<{uenc6* ConanO' ma/A,
ée était beaucoup moins nômhretise cpe celle
»ptal , il se posta dans une yaOër» entre lé
itagne de Cocherel et la rÎTière dXmre, et
puya sur un bois pour n'être pas tooratf.' Jfnid
erré dans un espace étroit, iLjnendît: ikiitile à
lemi l'avantage du nombre.' Le captai é'eiii*-
ided hauteurs. Son habileté pisnaa déconcerter
sages dispositions de Du GuescUn. L'armiée
içaise était à la veille de manqoer de Trrrer;
iptal résolut de la tenir en échec et d'éviter ime
on , afin de la réduire par la famine. Bertrand
iprit l'intention du général anglais 1 et , s'avi—
: d'un stratagème pour le forcer au combat, il
nit de se retirer précipitamment. Les enne- "
, persuadés qu'il n'osait se mesurer avec eux ,
lent se mettre à sa poursuite y en vain le captai
ire que c'est une ruse , disant « que Du Gkiesclin
'est pas homme à fuir devant l'ennemi. » Les
îers anglais et navarrois s'obstinent ; le captai
obligé de céder ; il descend dans la vallée,
oilàles oiseaux ])ris ! '» s'écrie Du Guesclin en
ant les ennemis s'engager dans le défilé. Il fait^
e-face# Le captai reconnut son imprudence 5
îuvoya un héraut au général français pour
gager à se retirer , et pour lui offrir des vivres ,
t il devait avoir graad besoin : « AHei dire au
Mme IL • *8
I
33o nu GUESCLIN.
« captai , rë|>cnf1it Du Guesclin ^ mie nous Minpe»
« roiis aujourdliui à ai^s clëpo iis* » IHiia» se dispo-
sant au comlmt : « Pour Dion , mes amîs » dit-il
« à ses soldats, souvruei-TOUs que nous avons un
m nouveau roi do Fiance, et qu'il faut que sa
«t couronne soit aujourd'lnii étreniiëe par vous! »
L action s engagea, et devint bientôt geuéitile. Du
Guesciin', arme d'une Lackc , se pi écipitait dans
les rangs ennemis en criant : Notre^Vame Au-
gnesclw ! cri terrible qui répandait autant d effiroi
qu«' les coups qui partaient de sa main» Le com-
Lat, commencé le mutin, ne finit qu*à la nuit.
Les Anglais et b^ Na\-tiriH)is, vaincus et dispei'séi,
nViirent pas même la ressource de fuir; la rivière
et les montagnes leur fermaient les passages;
€un ne put éi^bapper à la mort ou aux fers ; le
captai lui-même lut fait prisonnier et eayoyë an
roi de France.
Ce prince était alors 2k Reims, pour la cërémo*
:nie du sacre. La nouvelle de cette victoire le ma-»
plitde joie et d espérance. Pour prix d un service
aussi signalé, il cuni Du Ouesclin maiëdialde
iNormnndie ; il lui donna aussi le comté de Lon«
gueville, dont il avait dépouillé le roi de Navarre»
Birnto) le roi 1 envoYU en Di^tagne auprès de
Cbarles de Blois. La guerre était i allumée dans
cette province entre les deux compétitenra. Mont«
fort assiégeait la \illc d'Aurai a la této d*iiM
puissante armée. Du Guesclin et le prinœ qu'il
stTvait ma relièrent au secours de la place avec
des troupe[l non moins formidables* Montlbrl
était secondé par Jean Cliaudos et lant oe qne
l*Angleteri*c avait de vaillans ffénëraux. Ia As*
taillr se donna sous les murs d Aurai » le a^srp*
toiulire 1364. Du Guesclin ordonnait toiit,wUsit
Mir tous les points de Tarméi^; il animait par ttt
«lisoours les soldats y et Cbarles de Blois lai*
iiiêine : « Courage, mou prbice , lui disait^»
« \ous uYtz pour vous le cœur des Bretouia *
Xfeî errances ^'il Toukit iasjpéer,m compiiîfè
tèfur de MoAtfbrt se tusseatpeiifc-étre céalisees;^
Charles de Biou eût ^putë icfs cooscols du bérç§
liretoh. Du Guesclîn ayait. rangé rarmée en troi$
corps de bataOle; il s'étMt charge du ctmuâffioder'
ment dn premier | le comte d*Auxerre conduisait
'le second ; Charles de Blois se réservale troi<|f
même* Jean Ghandos > qui laissait pour le. plus ha«
^ifile capitaine anglais après le.pnnce deGatt^i^^
^ put s'empêcher d admirer la manière doât {M
Guesdin venait de disposer ses troupes ; il u« se
contenta pas d en faire Téiogct; il limita en ^ao;^
'l^eant ses soldats dans le même ordre.
' Le signal du combat est donné* En TainlHi
Guesdin enga^ Qiarles de Blois à modérer sop
' ardeurs ce prmce 9 sourd aux -j^las sïiges mij^
Teut attaquer le premier ; il passe im fuisseauqui
le sépare de Uarmée ennemie. Cemouyement pre»
^dbàité met la confusion dans ses rangs. Du Guesclii|
,M la douleur de Toir son plan de bataille 5. ^pi lui .
eût peut-être donné la yîctoire, détruit ayant
Faction. Montfort a attendu sans s'ébranler le
choc des ennemis. Le co;rps de bataille qu'il comr
mande est aux prises ayec ^elui que conduit
Charles de Blois : celui-ci cherche son rival dans
la mêlée ; il le joint enfin. Tous deux étaient
- également braves , également valeureux ; mais
Charles de Blois fut moins heureux. Il succombe «
et sa mort est la ruine de son parti. La nouvelle
de ce fatal événement circule de rang en rang^ et
remplit les partisans de Montfort d'une nouvelle
ardeur. L'armée de son compétiteur , consternée
de la perte de son chef, commence à plier. Du
Guesclin veut venger la mort de son prince ; il
rallie autour de lui quelques amis fidèles , et sou-
tient longtemps reffort des ennemis» Bientôt ac-
cablé par le nombre ; épuise de fatigue , il n'a plus
3i4 SAINT LOUIS.
Voici ) selon lo sirt* Ao. JoiuviLle, à quelle occa-
sion QviU" oriloiniance fut rendue.
L'abbé de Clup;ny avait l'ail présent de deux
ln>s-braux chevaux au roi loi's de son retour,
vl avait le IcMideniain obtenu de lui une longue
vi favorable audience. Le: sire de Joinyîlle , usant
de la familiarité que le roi lui penneKait, lui
demanda s'il réponihait franchement à une cpies-
tion qu'il voubiil lui faire : le roi le lui promit:
« N'esl-il pas vrai, sire , reprit-il, que les deux
« iM'aux chevaux que vous a donnes 1 abbé de
« Chiçriiy lui ont mérité la lon[:;ue audience dont
« vous 1 avez honoié ? — Cela pourrait bien être
« vrai , dit io. roi. — Oh bien , sire , cottthiua
« JoinviMe , défendez -donc aux gens de votre
<c conseil de rien prendre de ceux qui ont à faire
« à eux , car soyez certain que 8*ils pi*cnneut ils
« en écouleront plus diligemment et plus longuc-
m ment , ainsi (juc^ vous l'avez fait de 1 abbé de Glu-
« gny. n l^ roi rit de la réflexion y en fit rli*e son
conseil , et mit à eiécution le sage avis do Joinville.
En ]25f) il traita du mariage de Louis, son fils
aîné, av(K; JJérengère, fille d'Alphonse X, roi de
Castîlle , qui fui déclaiéi; héritière de cet état
dans le cas où son pèi'e mourrait sans laisser
denfans mâles; mais la mort piématul-éc de Louis
empocha la consommation du mariage.
Un 121)7 le roi rendit une ordonnance qni mit
lin aux guerres que les nobles se faisai(*nt entre
<'UX , guiïrres désastru(*uses pour la patiîe » et il
abolit dans les terres qui dépendaient de sa justice
royale la preuve de l'innocence par diu;l* Il porta .
conti'c b^s blasphémateurs et les impies un édit
<jui les condamnait à avoir les lèvres percées
a\cc un fer chaud. La séyâvité de cet ëdit
fil mui'nmrer le peuple ; quelffues séditieux se
répandir(>nt conlre lui en nmlédictions : il s'op-
posa à ce qu'on sévil contre eux : « le leur par-
■^ ïto GimscixBf. : /àjp
.taîbi^pîBÉa/gL nn.pèii militaire il ajoa^.dçB/i^r
' ioas plus pùissâiiteB 'sur desinHniiaet ^ aWaleot
ca Tue me .leur iatërét ; il Içjar firoiiitt » pour
yrix de leur départ , deux cent mille finuics d^-
ïoi de France f^'3^et les trésors du roi de Cssiille.
I^ traité fut <jQ|iclu 8ux^le-*ciiram. Jingues de
Gaurelay , leur dbef , jura de seryir,t>u<}iie8clin 4^
le roi de France contre tous, excepté contre fe
roi d'Angleterre et le prince Noir ^ ses sbaverains
naturels. Charles Y mt si content du succès d^
cette négociation , qu'il embrassa Du Çuesclin aux
yeux de toute. la cour. U reçut très*-4umorabIe*<» .
ment les principaux oifficiers des grandes coaStmi'^
|;nîes, leur donna un magnifique repas,; 'leur
paya la somme convenue , et les renyoyil trèa^
saùs&its. ^ s
. Les compagnies . prirent la route â^Afiffïék ,
sous la conduite de Jean de Bourbon « comte de
la Marche , qui avait reçu de jCZharles Y le titre
de général , avec ordre <(e ne rien faire sans les
avis de Du Guesclin. Arrivées sur les terres du
pape , elles ne manquèrent pas de rançonner le
saint-père. Celui-ci , au lieu cPor, leur donna l'ab-
solutiou. Les soldats , ne trouvant pas leur compte
dans une telle réponse , menacèrent de mettre tout
là feu et à sang dans le pays : « Donnez^leur ce
« gu^ils demanaent(disait Du Guesclin, qui, n'étant '
tr que faiblement obéi par cette spldatesque^'se
c voyait quelquefois obligé de flatter ses caprices),
•t Ce sont tous des garnemens ; nous les faisons
« prudhommes malgré eux. Le plus sûr parti e^
M de leur céder. » Puis il demanda cent mille
francs pour eux, et une absolutiçn en bonne forme.
Jje pape consentit à tout , et se hâta d^envoyer la
ftonmie, s'estimant trop heureux d'être débarrassé
de ces hôtes incommodes.
Les compagnies se dirigèrent ensuite vers l'Es^
pague, où Henri Xranstamure les attendait a y c«
3i6 SAINT IX)UÎS.
Les grandi d'An^h'teri'o » étant ligui^i tr
contre loiir roi , I» trouble était au conibif
Tappaittcr les dc^ux partis » ({ui ayaif*nt I
haute ïdéi* de lu sagesHc et de rc^tjuitë de
Loui0, consentirent à hc soumettre a soi
ment* Le roi annula les articles arrêtés <
parlement contre lautorité du souverain, <
nuls lessennirns forcés cju avaient préfésc
ordonna (|ue les fort^-n^ssi*» qui avaient et
entre les mains des vin^t-quatre dé]>ufés <
lement lui seraient rendues , enfin qu'ils :
raient dans tous les droits possédés légitii
par SCS prédécess<;urs , sans quUl fût p<
en rien uéroaé aux chartrcs qui contcmai
privilèges et lilMirtés des nations.
La plupart des ligués se récridnmit coi
arrêt; Tun dY*ux » le comte de Leycestre y
dit maître de presque tout le royaume : 1
son fils Edouard furent faits prisonnieri
Edouard , s'étaut sauvé de prison > ramei
parti beaucoup de seigneurs , livra une
uii le couiUi de Leycesti*e Ait tué , et les rcl
repentirent de n'avoir pus souscrit au jn
du roi de France.
En 1^65 le pape donna Tinvestiturc de 1
à Cbarles , comte d'Anjou , frère du roi; i
gnit le séuatoriat de Rome pour trois
tout sous la condition que ce prinee pas»
Provence en Italie, avant Tannée expirée
combattre Mainfroi; qu'il rétablirait la ;
tion ecclésiastique , l(;s appellations au
siège ; qu'U restituerait les biens enlevés pa
froi, rappellerait les exilés, rendrait la
prisonniers, casserait les ordonnances que
rie Conrad et Mainfroi avaient publiées coni
torité et la liberté eccléHiasti^[ue; qu'c
royaume do Sicile ne serait jamais soumis
percur ni au roi d'Aliemagoe f ni réuni
-^ ... « ^ Heipi» JkL GnescHa, oti dberduat '"
i H hrenir le» maux de la^rre» (nrér _
1 M BouitÀ qu^allait entraîner )e si^ èl$ *
grande yille, tenta de îren fendre œaitns
capitulation» Naturelleméçit ëloqaent, il 9e.
gea de la n^ociàtion , et sVsn aeqoitta si bien ,
y ménageant les intérêts ifet deux partis» i|
riîiequit ToilMe à Henri ïranstamave ^ (pa accorda
: '_^%aunenses privilèges à cette vill^.
. . Dom Pèdre avait été chert^r nn asile à C(«r»
V jdones il n'osa y attendre Henri > qui était d^
\ "inaître de toute la CastiUe» Le-^ilînqneur si^irail
^diè près lelhbi ftigitif, et entrait^ dans tontes lef
, Villes qn'il abandonnait. Dom Pèdre, réfiig^ à $é»
inOe, délibéra s!il n'attendrait pas son rif al; buû
t'aiiproche de Du Guesclin fit bientôt cesser sesirré»
' aolutions ; il s enfuit Iftchement ^ et > suivi d'im (jétît
. aeanbre de courtisans y il partit de Cadix avec troià
.vaisseaux j seuls débris de sa fortnne 9 et alla inH
"plorer le secours du roi de Portugal. Dom Pèdre 9
^pii jusqu'alors avait passé pomjlBn guerrier ha<^
bile et valeureux , ne montra dans sa disgrâce
qu'une âme (aible et pusillanime , tant le coutage
militaire est insuffisant lorsqu'il est privé de l'appui
des autres vertus.
~ Ce prince avait laissé à Séville une garnison de
vingt mille bommes. La place était bien fortifiée f
approvisionnée pour deux ans, et commandée par
un gouverneur résolu de défendre son poste )us^
qu'à la mort } elle paraissait inexpugnable. Henri
Transtamare tînt conseil pour décider si l'on
devait tenter le sîége ; l'avis général fut pour
là négative. Du Guesclin soutint seul l'opinion con-
traire; son éloquence et la force de ses raisons
la fit prévaloir. Aussitôt la place est investie par
quinze mille bommes divisés en trois corps. Le
roi marche à la tête de l'un d'eux , et attaque le
coté qui est le mieux défeudii^ il a cédé le com*-f
n
336 DU GUESCLIN.
iiiniulcmcnt biipi'dui-àDuUui'iicliu. On «rbatUI
tle part et d'autre nvcc uu caiiru){i* |irodigi«nx pi
uu iivaatage égal ; mai» le héros brotou . voul&iit
ë)iiir(iiii'r M-s bokltitâ , fit somicr lu rcliaili» , t^t Ir»
ti'oupfs n'iitr^rciil ùuim le cuiujt.
Le Iciidf main l'action rc coitimeiiça avec une
nouvelle ardetir. Ou Gursciiu avait [laahé la oui 1
à riioval, el avait prii toutes eu» uirniirc* pour
assurer le succè». Son eimoir im: fut pu» trotnprt
S(!ville tut au pouvoir' <U Traiistainare avant Lu
tia du jour. Les vainqueurs . furieux > se réiiuadî-
mitdnntila ville, et l'oininlreiit cl'ultord 4]iiel<{i>i.'«
cTc^s; lunis DuGuencliii ne tarda )ms i nrr^ter le
I)illLi£;e ; il rt^lJiblit l'ordre ■ et nceorda nue eapi-
tulnlion lioiiurabit! au gouverneur i:t i> la gai-nitoUf
i|ui nvnieiit .tt vaillaïuuu'ut dtTendu la plnctt.
Ccpendaut Ip nifilliruivus dnm TmIfo , nal
aiH^ufilli par de roi de l*ortugal, sVlait réfugié
uuprra du prluce de- GalU^it , i[ui tenait oh cour fe "^
lloitleaus j il Kolticita sou appui nvvc In Immom*
du plus vileoiir^»nn. Le prince niiu;lnis était gêné-
nuK; il oublia ]<'S eriiut-s de iluiu J'èdne, et na
Kuiij^cn (lu'ii ses tuallifuin : Ivutefui» il voulul
avant de premlrr parti jtour lui, consulter te ri
son pi>i-e. £«louaid se biiss» éblouir par 1m u
giifiipies pi'oiiM'Hkra dis Caiililluu. Le printe
ailes se mit alors en nian-lie, rt jnia tic oei
quitter les nrmrs qu'il u'eAt reii '
siu- la tête do dom P^die. Il» traversèrent tai
l'Espagne) (itjoi(j>iil'i'nl Tramlnniuru. Ou Tirini
n'était plus pnélatde résister: Icscoinpagnn^""
l'avaient placé siir le tiûiie t'avaitut abaoïli
pour puiidÂi' souit It'H di'ttjit^aux du piiucc taig
leur l^{;iUnM.'i>ouvtTniii ; «on plut Innue «mril
Du GuescUn , étoit absent ; il était allf '
Fram-e leviu' de uouvelle» liuupes. Cep
Trauslninnre éluit résolu li an bien d^i!(nlre;_
eut Mcntôt juis sur ^Iv^l uu9. HV^W V*
t" l^tanowrqjoiSL avait sa ioépiixèr ài|è8..tt}|et$ ^èéS»^
'ç \^tait lés Gastilkns à lé B^^rtiJc^coi^tF^J^^
f' dcmt'ils redojftaiJGiit la ^èainië. î^' prijacê//li,'
'i: Galles r ne pouyant s'emip^her d adniirer le Hm>u^
rage de Tr^nsiamare^, « Ce Mtard, dit -il éU.
« pleip coiuieill, est an chetcMÉr plein de grande
m. prouesâe'. V ' ■;!
Le retour de ^il Gnesclin rendit .rc^spéi^ce aa '
ectBopëtitëur de dom Pèdre* A aniyait. avec '.un, .
I*ènibrt de chevaliers français* et bretons ^ pins ^
oonsidërable par la valeur que' par le no&uirè» *
L'aiKués anglaise était campée auprès de la ViU»
\' de Kasarètte. EpnlBëe de fatigûels^ inanqtiant' de.
'* vivres , cette ville se fût rendue d'elle-ifnéme sî» »
conformëment à Tayis de Du Guesclin , Transtar
mare eût ëyité une action; mais ce:prince» t^iâé
r^Ebctîpn de S6S troupes, deuiiiL À>is plus ob^H*
|, bmises ^ûe celle» de Fennemi y et ln>ul<int de se
mesurer jâvec* le redoutable Edouard, rejeta ei
ccHiscil prudent , et vint présenter la bataille mivl
Anglais. Du Gruesclin^qui comptait pour rien la èu-^
périoritë du nombre quand celle de la /valeur n*y
répond pas , mettait tout en usage pour, engager
Henri à contour son ardeur et celle des omciers
espagnols : « Vous voulez donner la bataille >
« disait-il au prince , vous la donnerez } mais
a vous serez vaincu, je vous le prédis. J'y perdrai
« la vie ou la liberté ; mais vous y perdi*e;t encore
« plus que moi. » Transtamai^e , ordinairement
si docile à ses avis , ne Fécoutait pas. Le comte
d'Aiguës, jeune présomptueux , s emporta contre
r^ le bâx>s Breton au point de Taccuser de lâcbeté :-
^ Du Guesclin montra toute sa ^^andeur d'âme en
méprisant une pareille injure 3 il se contenta d'une
légère réparation.
L Cependant , comme il fallait céder, Du Guesclin
se disposa au combat avec la même ardeur que
rsi Im-méme l'avait ordonné* Henri ^ tonché de ce
TonieU. ag
320 SAINT LOUIS.
Lrs n^oîscs, qui s'îiiiai;iiiuîeiit purtîr pour aller
ru E^yple ou eu ]\il(\shiic , fur(*iil fort ëtonni'^
<|iiaiul Li; roi ])r<)p<»sa cl mis sou rouseîl daller à
'tnuis « sur les cotes il'AtViqur. Deux inotitii lui
avaieul fait preudre cette lèsolution ; le premier
éUût r<>s]U)ir (lue le roi de Tuuis lui niruit donne
i\c su eoiiversioii. Louis disait quoIcpiefaiB h ses
eouiideus: u Qu<*lle cousotatiou serait-ce pour moi
« tii je |u»u>ais c'(r<' le parraiu du roi de Tuuis aui
« louis de baplêuie ! Le seeoud motif ëlait que
Tuuis, place peu i'ortifiëe , pieiue de richesses et
facile à prendi'o , se^^irait beaucoup au succès de
Aon outiTprise de la terre saiute , car il comptait
s'empai'ei* de cette place si le roi sarrasiu u^ëtait
pus (le bonue foi.
L'année iVau^Miisc* o]\évn facilement sa descente
dans le (jraud (^olfe de Tuuis , et se rendit en
peu de jours , sans iK'aucoup de peine et de
pertes , uuiitresMi de Car t base* Ma» Louis fut
alors détrompe sur la conversion durci de Tunis;
ce })riuce usa <le lout(>s sortes de ruses pour fa-
ti(;ucr raruiée <les cliiélieus , et envoya dans leur
camp jus([u\\ cent sanasiiis , qui , sous piidteite
de s y rendre ]iour se convertir ^ tombèrent à
Tiiuprovisle sur les Frnn^^ais , en tuèi*ent jusqu'à
soixante , et sVnliiircutt
L<' roi de Tunis ne; faisant que des escarmou-
ches , Louis 1>L attendit sou Irère » le roi de Si-
cile, pour faii'f! le sié«;e de cette villct
Le retard de c(\iii'incc fut cause! des horribles
désastr(*s qui suivirent. Les chaleui*s devenant
4>xcessives , les nudadies se mirent dans le camp.
Jeun , comte de Nev(4\H , fils du roi « fut une di^s
premières victinu^s ; ou le transporta dana sou
vaisseau , oit il mourut le jom* de rinvention de
caint £ti<'une. I^ cardinal lé^^at le suivit de firv*»
Ta\ peu de jours tout \v. camp fut it^nipli de fie-
VH's niali<;iu's et de toutes sortes de nuiludiea ; le
roi lui-même fut alta([i:c crime dvssiMiteiie qni
F -
DO GOESCU«. ' ^
Uit beaucoup de rtfputatitia anprb ^c» gens ge
ànen% d'avoir reconquii l'Espagne ea une aenïe ;
lonmëe , mais peu dlioouenr auprès des gêna dfi
bien d'avoir rétabli ua tjran; encore moins en
■«■t-il de satisfaction et de profit. Ea effet, l(Mn
-d'accomplir les brillantes promesM^ qu'il atàit
ftJtes au prince anglais, il ne paja pas mésne_ k ,
èes btiapes la solde dont il ^tait cosTenu.
■ Dé retour à Bordeaui , le vainipiéur A^TTa-
Mrette ollrit à Du Gnesctiu de lui reodie sa Uberfaf
' sans rançon , s'il toulait proiaetire <le ne pku
aeirirle roi de France. uJ'ainu'rnisiniGui. mourir
■» en prison , répondit le chcTnlier, que de donner '
« uae parole que je ne Toudi-ais pas tenir, n Cn
Mire jour le prince le fit appeler : « Mossire '
■■m Bertrand, lui dit -il, on pr^tpud <jue je ne -
■ « TOUS ose mettre &■ dëlÎTrance , parce q»e j'ai
« peur de vous. — H y en a qui le disent, reprit '
'«-DuGoescUn, et de cela je me tiens fort bonori.
«t -^Mà bieD,dit le prince de Giille$,cbai-iné de sa
« franchise, pourvonsprouvçrrpicjeTousestiuic,
■ mais qae je ne vous crains pas, je vous rends
« votre lilïerté; fixez vous-même votre rançon. ■
îLe chevalier , sans s'étonner , la fixe à «ent
mille florins. ' Et où prendrez-vous donc cette
« somme ? s'écrie le pruïce. —Je ne suis qu'un
« pauvre gentilhomme, répond Du Guesclîn; mais
« le roi de France et celui de Castille, le pape et le
* duc d'Anjou me les prêteront; et ti j'allais en
B mon pays , les femmes me feraient ma rançoa
« de leurs quenouilles. ■
La princesse de Galles , qni était alors à Bor-
deaux , voulut voir un guerrier ij vanté , et pour '
lai donner nue preuve de soB estime , ella lut'
offiit de payer vingt mille florins sur sa raiiçon.i
Dn Gnesclin fléchit le genoux devant elle i et lui
dît : ■ Ah , madame ! je croyais être le plue laid
23*
322 SAINT LOUIS.
pardonnait h tous. Il rëprhna l'iusolciice Aes
Sniiuls vassaux , irndlt' au troue toute sa splcn-
ouv y abolit les coutumes consacr<k*s par la
barbarie 9 et ncut d'autre Aésir que celui
do défendre Topprimé , d'antre ambition que
iVèirc le plus juste des hommes et le meilleur
des rois. Malgj^ë sa haute pieté il soumit le tem-
porel de Téglise aux intérêts de Tdtat , ne con-
fondant jamais la religion avec ses ministres i rt
apportant le même zèle h anc^autir les prc^ten-
lions injfistes qu'ik protdger le pouvoir Idgitime.
Modeste an nnlieu des succès > il montre one
noble, fiertd dans les revers. Enfin, une mort
chrétienne couronua une si belle vie*
^ fiUGDESCLlN.
éprouvée, il repassa en Espagne ,. oh il fit des ^
lirogrés rapides. lia plupart des seigneurs Cfisr*
liHmiis étaient réniis se ranger sous ses étendards* ,
HrÂyait reprb Calahorra et Burgos , et yenàit de
mettre le siëge devant Tolède, à la tété de soixante
miHe hommes, lorsqu'il fut agrâblement surpris
psrrarrivëe de Du Guesclin* Le Urûàbreton^aprës
aroir surmonté tous les obstacles dWe niiarchQ.
trareFsée par les élémens. et par les ennemis j^
amenait à Transtamare un corps de sept mille
Français*
Dom Pèdre , à la nouvelle des âu^oès de Henri
Transtamare; avait ressenti les plu^ vives alarmes; •
il se voyait à la fois abandonné de tious lés princes
chrétiens, et trahi par ses sujets, qoi' ne voyaient,
&ï lui qu'un tyran odiéui:. ttftllu mendier de&se^ .
cours chez les rois maures, et. conclut avec eux '
une ligue offensive et défensive contré -tous les
princes alliés de dom Henri* Grâce à .œtte hon-
teuse , mais utile allianpe , dom Pèdre se trouvait
à la tête d'une armée florissante et nombreuse ;
tout^ semblait lui promettre des succès. L'arrivée
prochaine de Du Guesclin le plongea de nouveau,
dans la consternation. Il lui importait dVttaquer
Transtamare dans ses retranchemêns avant que le
général français ne se fût joint à lui. Dom Pèdre
iiiarcliait rapidement vers Tolède ; mais Dugues-
clin , instruit par ses espions, le prévint de vitesse, .
et arriva avant lui sous les murs de la place.
Les deux ennemis étaient en présence ; il leur
tardait également de combattre. Henri surprit son
rival par une brusqué invasion dans son camp.
Dom Pèdre , non moins habile que lui , a bientôt
rétabli le combat, et Iîk victoire reste -indécise.
Du Guesclin , posté sur une petite colline qui do-
minait larmée du tyran , était demeuré jusqu\i-
loi*s siniple spectateur de l'action. Par une poli-
tique ma<^nauime , il voulait laisser à dom Henri
.1
irrus à î»or<ïraux; s'il iviicoiUrait sur s;\
«jiu'l({ut* prisouuifr de s^uorrt' tVaii^\us dont
y'wnv aiiuoiK^Mt la tuisorr , il 110 manquait
x\v lui clonnordo <]iioi pavcM' siiran^^>n et roi
son ôijuipai;o. Arrive» à Paris, It* bon ohova
roon ]>ar \c roi connue un ami dont on a ot
tomps srparo. Toutes los bourses lui Inir
Tertes : DuCiuesclin v nuisii Siins serupulo.
tpril eut reçu bien au-oel«^ de 8ii rançon, il
néanmoins «^ Bordeaux Sims un double ; 1
avait racbete' tjuatre mille Français avant d
dans cette ville, ^v Vous laites le i\iagniliqi
K dit eu riant le prince ; vous donner, à
*■ « inonde, et vous ne vous resi»rvei rien «oui
« u il tant donc que vous {;ardiez la pri»i>u
{ j (luesi'lin iTatteudit pas lon|;-temps s;\ do'li\
sou retour h Bonleaux lut suivi de TarruM
i;enlilbonune cbarj;é par le roi île France %
et le «lue d*Anjou , de paver à rAuglais la
r de Tillustre prîsomiier.
fleuri Traustanian' aprèd sa dofaito
^ : retire en France* , à la cour du duc d'Anjou
V . du roi, et son lieutenant en I^an^uedtK'. llall
: . Tisitur le nape, qui résidait «^ Avicuon. Le
j
K ^ fiU GDESCLIN.
épTQtxvée, il repassa en Espagne ». oh il fit des l
progrès rapides. Ea plupiart ^s seigneurs G^r*
tiMans étaient Ténus se ranger sous ses étendards* ,
H- avait reprb Calahorra et Burgos , et yenàit de
mettre le sîëge devant Tolède, à la tête de soixante
^ mille hommes, lorsqu'il fut agr^iblenlent surpris
parl'arrivëe de Du Guesclin. Le hirùé bretdn^aprês
avoir surmonte tous les obstacles dWe marche,
traversée par les ëlémens. et par les ennemis j^
amenait à Transtamare un corps de sept mille
Français*
Dom Pèdre , à la nouvelle des suooès de Ilenri
Transtamare; a va i t ressenti les plus vives alarmes ; •
il se voyait à la fois abandonné de tous lés prince<)
chrétiens, et trahi par ses sujets, qaine voyaient,
en lui qu'un tyran odiéui:. ïtidhL mendier des.se^ .
cours chez les rois maures, et. conclût avec enx '
une ligue offensive et défensive contré -tous les
. princes alliés de dom Henri. Grâce à œtte hon-
teuse , mais utile atliaiipe , dom Pèdre se trouvait
à la tète d'une armée florissante et nombreuse ;
tout^ semblait lui promettre des succès. L'arrivée
prochaine de Du Guesclin le plongea de nouveau.
î dans la consternation. Il lui importait Jattaquer
Transtamare dans ses retranchemêns avant que le
i général français ne se fût joint à lui. Dom Pèdre
, marchait rapidement vers Tolède ; mais Dugues-
clin , instruit par ses espions, le prévint de vitesse, .
et arriva avant lui sous les murs de la place. • •
Les deux ennemis étaient en présence ; il leur
tardait également de coml^attre. Henri surprit son
rival par une brusqué invasion dans son camp.
Dom Pèdre , non moins habile que lui , a bientôt
rétabli le combat, et la, victoire reste 'indécise.
Du Guesclin , posté sur une petite colline qui do-
minait larmée du tjran , était demeuré jusqu'à-
loi*s siniple speclateur de Taction. Par une poJi—
^-' tique luagnanime , il voulait laisser à dom Henri
326 DU GUESCLIN.
laient de se rendre : Du Guesclin résolut de sa
jeteur dans Rc^unes h. quelque prix que ce fût. Il
asscnd)le ses compagnons , leur communique
son ardeur, pénètre la nuit avec eux dans le
camp des an^^lais, tue les sentinelles , et met le feu
aux leutf^s. L'alarme se rëpand parmi les enne-
mis, qui, se croyant surpris par Tarmée de Charles
d(î Biois , n(ï son^^ent qu'à fuir sans oser rësistfîr»
Du Guesclin traverse ainsi le camp an milieu du
tumulte, des flammes et du carnage, et entre
dans A(;nncs , cpii le reçut comme son libérateur*
Sa ])réscuce a rendu le courage aux assiégés; sous
SCS ordres ils ont constamment Tayantage dans
• de fré(furntes sorties. Lancasti^e 9 après aroir yu
brûlt.T toutes • ses macliines de guerre et périr
une partie de son année, est obligé de lever le
siège.
Nous nVntrerons pas dans le détail des nom-
breux exploits par lesquels Du Guesclin se signala
dans celte giierre; cont<>ntons-nous de dire que
Charles de JBlois, en reconnaissance de ses nom-
breux services, Tanna chevalier de sa main , et
lui fit épouser une riche héritière, célèbre par
son esprit, son savoir et sou attachement à son
époux et à sa patrie. Hu tons-ncms de suivre Du
Guesclin sur un plus grand théâh'c*
Après la ha lui Lie de Poitiers Edouard DI -
avait résolu de rassemlder toutes ses forces pour
accabler la France , ébranlée par un si cruel re-
vers. 11 retira de la Bretagne les troupes qu'il y
avait envoyées au secours de Montfort* Une trêve
avait clé conclue enti'c les deux compétiteurs :
Du Guesclin , qui ne pouvait rester oisif , alla se
joindre avec sa compagnie h. Tarmée du dauphin 9
CharL(;s le Sage , qui gouvernait le royaume pen-
dant la captivité du roi Jean , son père. Ce prince
était alors occupé h défendi'e le royaume contre
les entreprises des factieux , et à combattre
DDGCESCLmj 3^
•l^sae• Un d^l^lus braves càpitauies de IVù^f
efst chaîné dlt^ia gai*dc de cet ëtrok passage^ ;
Pèdre, se YOjKint en&rmë sana ee^ir' iW.
, to.nie de se sauver à la faveur de Ia*Jiuit| ik
Tété et conduit dans la tente de Lebègue ^é
înes , gardien du passage* Henri Treûistamare*
e au même instant. Les deux frèretf eotrent
reur; ils saccableiE<f|de reprœhèaet d'in-^
, s'élancent lun contre Tautre* et se saiV
it au corps. Dom Pèdre, plus vîgoureutr -
sse son frère ; il allait Vîmmoler, lorsëoe icî
e de Roque - Bei'tin , Arragoaais , sa&it la
e de Traustamare , et Iv. remcft'-tak* dom^
e : Henri tire sou poignards et lé^plduge'diinâ
;ui* de son euiicmi. Du GuescUn , f éinoin de'
ort de dom Pèdi^e , ne put s empêcher d Va •
Vi Quelle n'eût pas été sa douleur 9 s'il^ût pu
OIT que la calomnie devait le représenter un
comme le principal et perfide autawdè èatCi'
lante tragédie ! ■' ■ '•''[' '*
venait de faire un roi ; il alla- sattyier floii^
» Sa présence était désorodhis inutile eir 'ËlH>
e 5 il partit jiour la France à la première iti--
ion de sou roi, qui lui mandait que les" An- ^
invcstissiiient le royaume. Transtamare vit
chagrin le départ du héros breton 5 il aui*ait
voulu le retenir , et il y serait parvenu si \e^
leurs et les richesses avaient eu quelque pou-
sur ce cœur magnanime.
u Guescliu, après a voir joint l'armée du duc
jou , frère du roi , qui se trouvait eu '
mine , prit chemin faisant les villes dé
sac , Tonucius , Aiguillon , et plusieurs autre»
•s sur les hords la Garonne. Sa présence
ilissaît les troupes d'une confiance toute nou-
'. Les Anglais , auparavant victorieux dans
les combats^ (îiairut battus partout. DuGnes—
quitta l)icnl6t l(» duc d'Aujou, et se rendit
es du duc de Bcrri , qui assiégeait Limoges*
!i
1
344 ^^ r.UESCCfN.
11 ItAlH In l'ctlflititui <li- uctte ftboc iTiinorfatiU;. L-t
a»»i6^é» m> «miRèn'itt jilun « w iltrliinilni àhM
iju'il* viicut Du OuvH-liii it Ictim porlri ; iU nfi-
tulËriiiit»
Li' lirr"» lirrfon iw s'iinrlii |uia Innginnpti fo
■Gu^fUiMf ; Uft urdii'H i/J'i-i r« du i-ol l'appi^lnitiii ù
luoour. UliarlcB V votiliiil lui ((oniici' )n ch&ri^fde
i;(iiiiié(Hblc , vacmite ]^>iiVMii (Miuixiiiuii de l'icMiei,
tjiii^ M)ii ft)t'! iriidnil itirapablc ilc rminlii', niait
«u'îl nvnil iiiilixlionoiVi-fiHr»» Tiilcur. I.'nntiii-ilo
Holif-rt KjioUrs, tf^iii^i-FiI iinj^liiii , Hptrf avnirrii-
\iigé l(!» ciivironi di> l'iiri», venait ilr «t- piirU«
sur U UijHUca et le na^i Cliurtrniii . lut-sijii'na ii|i-
prit «pic I>u GiH'»clu» urrîviiil. Crtli* rifuivrlln bi*-
jiiiii uuo joio univcrBcllf. Li> mi lui ctivojn tino
<l<!pulat)au. Sf>n riitr^c h l'amsc fit aux oetlumil-
tint» du pcu|ilt!; uu uriaMoi-'t, iW (pif juii(ju'Alni«
n'uvait été en UMigM t]uu pour Iri* ruiJi> Charli-)
jfçiit i« liërna lirvlon tvno toiilK» 1rs iftJmmiftrR-
tiutisdo l'umili^i il lui pr(*.it'»l>i tVpdo ilrtvutiu^-
tiililf. Ce lil<i'(M, ni di{tii«* d') Itt potltr, fut la
modeiitic du In rrrnscr ! « Jcnfi t>uîit , dît-il , rpi'uii
« ptiuvrii tlievnliiir , lUt muvre lin cl ici io>- eu liitt
■ d'ufnim» ' ht' rni fut ubligij ilVuii>Ifi*r''r li-n uliu
vive» iiisUucrii : • MoMuifi ftcrti'unti , Itii ilit-ilinit
Cl voii» fiicuipc poiut 1 ju ii'ni doiis mnn roymiios
a Itiii-K. cmuiiii, lu'vmi, c-duiIi- ni linroti ^uî un
u m- l'iiiuii liourit'iir df m-rvii- KnUH vtiB nrilir»; ri
y rrlusHil , il rucourruït foule dm
. FritiCï l'oilieé joY''H»mi^t , et Je voa«
■ iiiipnc. "UuGufM'liuof'tlti. Toub- tafAUriip- 1
pt»udi[ i\t'iM-li<iii.Clinrlc»\ . .nl.ia:.»» 1.' nouTr.m 1
connt^Ulilr; il luî duiimi iiii liip'uicnt dnns nuii I
^luliii» , il le lit uiangei' h n» liilili'. Tiiiil iriiotiitn
lie rtii]>iii(inl <{uii duuui'i' dr> iui|ini!hid('(i nu niw-
ilctilii ^nciriiTi îl no »'nn omyail pu» <1i(tli(r, l'i il
crui)(imil dVii'itPr l'nnvi''. 'Imirmnitc pal- ««]'
•Ddvi I il deiuuuda au ruï lu pruuitwc du w |)u< u
:::r'
rr -
r
DU GDÈSCUN. 3XS
4sroife lëgèrement les rapports ^e l'on .pourrait
fiiire contre lui, et de ne jamais le condamner
sans Tentendre* Le monanjue.hiî en donna. Fassn*
«rance, et le nouveau connétable prêta'' serment
entre ses mains. .'^
Du Guesidin se bâta de partir pour la Guyenne^'^
Charles ne lui avait donné que quinze cents
bommes* La politique de ce pnnce était de rui-
ner insensiblement la puissance des Anglais ^ il
craigoait que de' trop grands effolrts ne lés obli-
geassent à trop de résistance. 11 fut bientôt étonpé
lui-même des progrès de Du Guesdîn.
Le connétable s était tu en peu de -temps à la
tête de quatre mille combattans» qu'il- avait équi-
pés à ses frais. Son argent, ses meubles, sa vai»^
selle et les bijouq^ de sa digne épouée furent em-
ployés à ce noble usage. Ce fut pendant cette
campagne que, selon Tsuitique usage de la cheva-
lerie , il choisît poiir frère d'armes Olivier de
Clisson, qui, sou égal en courage et en talens
militaires, devait lui succéder jbns sa dignité.
Les deux héros signèrent à Pontorson Pacte de
leur confraternité', et s'engagèrent à défendre
réciproquement leurs biens , leui* vie et leur
honneur contre tous , excepté contre le roi d«
I^rance.
La petite armée que commandait Du Guesclîa
était composée de l'élite des guerriers français. Ce
fut avec de tels hommes que cet habile général fit
luie campagne que Voltaire, dans sou Essai sm*
les Mœurs , compare avec beaucoup de raison à
celle qui sous le règne de Louis XIV immorta-
lîsii Turenne. L'année suivante ne fut pas moins
glorieuse au connétable ; deux campagnes lui suf—
iirent pour chasser les Anglais du royaume. Dans
la première ou le vit dissiper et exterminer cette
armée fonnidable que Robert KnoUes avait con-
duite eu France , et qui avait fait trembler le roi
336 DU GLESCLIN.
iiiaiHl(Mnent supreiuc àDul^iu'sclîii. Ou st.* liatfii
(h: pari cl d'aiitjr avec un courage ]»rfKiî*|;î(!U\ fi
1111 avanta<;'(* v.{i^i\\', mais In iuîros hi'(>lc>ii , youluii'
f''|Kii^n('i' SCS soldais, fil sonner lu i-t'lraile , v.l li*:
(ron|U'S rciilrrrcnl dans i(; c*aiii|)«
Le icndcniain i ad ion n^roininrnça avec iiuf
nouvelle ardeur. Du («ucscliii avait passe la iniil
?i elieval , el avait pris (ouïes tes mesures poiii
assurer le sucées. Son espoir ne lut pus trompr::
i^éville l'ut au ptuivoir de Translumari* avant iii
fin du jour. Les vaimpieurs, furieux , s«:rfipundi-
rcnl dans la \ille, cl c(nnniirenl rlahonl <ju(*l(|uet
e^ccs; mais Du (Vucsclin ne tarda ]ias à arrêter !(
pili;ii;e ; il K'IaMit IVirdre , e( arcrorda une capi-
tulalion lionoraMt; au gouverneur et à lu^urnisoii;
(jiii avaieiit .si vaillamnu>ut défendu la place.
(cependant le mallicureux dom Fèdre , mal
accueilli |)ar le roi de J'ortut<al , s'diait rfifue:it
auprès du prince de (Galles , (pii trônait sa court
lloideaux ; il stdlicila son appui avec la l>asses.sc
Au plus vil courtisan. Le prince anglais était ^cné-
K u\ -, il oublia les ci imes de dom l^'rdrc , et lie
soic^ea (pTii ses inaIlH;urs : toutefois il voulut,
av:tnf de prendre paifi pour lui, (consulter le roi
son père. lOdouaid se laissa éMouir par les iiia-
f;niii(pieK j)romesses ihk Caslilian. Le prince de
(«ailes se mil alors en niarcht!, et jura di; ne pai
(piillcr les armes i\u il n^'ut remis la couronne
sur la (éle de dom Pèdi'e. Ils traversèrent toute
IMspa^nc , et joignit eut Tiaiislaniare. Ce prîiirc
Il éfail plus en é(a( de lésisler : les coiii puâmes qui
rayaient place sur le tronc l'avaient iibaiidoniiî
pour passer sous 1( s drapeaux i\u pi iiice aiij^lais.
leur lé^ilime souverain 5 son plus ferme lippu! .
Du (iiu'sclin , était a])S(Uit ; il était allé ei
l'iiOKf? lever de ncnivelles troupes. Ce|K*ii(1anl
'rcaiislaïuare était lésolii à Hf*. Ijieti défendre; il
cul hicuioL xiiia b\ix' pig^l une ujiiuv'V couiiiiléi aLk
L*aiii ur'^il avait sa inspirer à «es. sujets e^déiï*
lait les Castillans à le serfir contrer dmn Pèircl^
dunt ib redovtaîciit la ^raioniè. hb prince )ài.
balles 9^ ne pouTant s'emp&her d'admirer le'cou^
rage de- Transtamare, « Oe bâtard, dit -il etk
K plein con8^> est on cheyalkr plein de grande
K proues^. V '
lie retour de fhl Gnesclin rendit l'espëi^oe an
MMnpëtitèur de dom Pèdre. U àri ivait avec '.on
t'enfort de cberaliers français et bretons , plus ^
ponsidërable par la valeur que' |^ le notauDirè*
IjBTfiiiée anglaise était campée auprès de la Villa-
lie Nasarette. Epvdsëe de fatigueDs» manquant' de.
rivres y cette ville se fût rendue d'elle— piéme sî» '
poafomiëment à l'avis de Du Guesclin , Transta^»
inare eût ëvitë une action j mais ce prince > VÙF àé
réfection de sf s troupes « deux, fois plus iibmr^
Inrêuses ^e celles de Fennemi , et bruinait de se
mesurer avec* le redoutable Edouard , rejeta ce
^nseil prudent , et vint prësenter la bataille mJOL
inadais. Du Guesclin^qui comptait pour rien la su-
lënoritë du nombre quand celle de la valeur n'y
épond pas , mettait tout en usage pour engager
lenri à contçair sou ardeur et celle des officiers
;pagnols : « Vous voulez donner la bataille y
disait- il au prince , vous la donnerez ; mais
vous serez vaincu, je vous le prëdis. J'y perdrai
la vie ou la liberté; mais vous y perdrez encore
plus que moi. » Transtamaie, ordinairement
docile à ses avis , ne l'ëcoutait pas. Le comte
iffues, jeune pi ësomptueux v s emporta contre
leros Breton au point de Taccuser de lacbetë :~
Guesclin mouti^a toute sa ^^ndeur d^âiine en
risant une pareille injm*e ; il se contenta d'une
"C réparation,
pendant, comme il fallait céder, Du Guesdia
sposa au combat avec la même ardieur que
-même lavait ordonné* Henri ^ touché de cm
ne IL 2Q
33il ra; CCESCLIN.
noLli* pr«ci!iW ' cmUraHaa le sfiiiérem ch^nliiT k >
la vw iU.-t(l«us oniK^ : > \i>uk aUM cmnb«itra
• avec u'oas , lui ilïl-il , cl [c »™i» devm tM»cor»
■ c«tte victoire, n Du Giicadiii mjitl avec rvï(>tt<
riinnnrur 'jur lui fuixuil Tr'anvbimurfr , rt , pnor
pnL-o»n«p-t' le: «nldnt , fuigiril <lc )ini-tiigrr n.-t c^
poir chimérique.
O nii'il avait pr^vu arriva. tJo curps Ht- tnjupM
etutiUiuiir^ jint b<UtLi'uscn)«-nl la fuîtr cl6< le cn*it-
mrncement île l'actimi. Kh vain doni tleoii m
dei'inJ eu i)é*e8[n?r<?, va valu Du C'Ueaclin MiuUent
«smiJ
é dewl
j ou û'^
gloii-e. TrariKlnnini'e se voit Fnt'ui olilîgë de
retirer. I^ li^i-oR Bretou . eutoniï! de ciuq ou si]
dicvalicri)niiu(;ais, tliuttciicoret^k- um t'iutemû
Lo prince île (iulieg, luliniraiit U- ocMirwge ile rei
braves , tes pressait (lo se i-codrc. Pjerr» U Cruel
criuit qu'un ne fit pa» de qutu-tier VDu Gut-MJîn:
cciui-ci eiilend ce pmpns , «Vliiiicr vers le Ijn^ i
et lui ])ortc un eoiip (piî le iviiTei-te évanouît nM
allnit rettcniblcr; mais plusieurs Aiigla» IVdw^
Inpprtit . se jetteul: sur lui, le saisimeul eleow •
IJemieiit fous ses n!)ouv''itiCH$. Du Ouewlin murt
olors son é\iéc au prînco de Galles , et lui dit :
• J'ai du moins In consolation de ne reuctre 11*0*1
■ é\<én qu'an plus Yaillaiil pi-ince de lu bftv. > j
Doui Pèdre. revenu de sou ^vniioui.-Hemenl, foBtj
sou ennemi désarmé ; il tire sa dngue , et t^ «B-1
jeter buj- lui; le prince de Gallcâ rarrêtc »Tcil
|iidî»nationt et pour tuusti-aire iMn prisuiu)>er A
)n liircur de ce làclie , il le eoitfin au captai <\f
llucli , BTec ordre de le couduirc ft Bordeam.
u lié bien ^ dit le capta) 3l Du CueKliu 1 vow»ic<'
i> pi*it<'3 fk Coclierel , et je vous lû^iis aujourd W-
■ — Oui , i-cpondil \e fier Breton , rnnî» K Co-
K clierel VOUS f&tcs mou prisouuiej- , et vaut
« u'élcs aojourd'liu! qiu; mon gtuttlcUt >
DU GUESCLIN. 33^
Le prince de Galles, dit le judicieux Méxeray ,
eut beaucoup de lépulation auprès des gens de
cuerrc d'avoir recouquis ITIspagae en une seule .
journée , mais peu d'honneur auprès des gens de
J)ieu d'avoir rétabli un tyran ; encore moins en
eat-il de satisfaction et de profit. En effet , loin
d'accomplir les brillantes promesstts qu'il avait
faites au prince anglais , il ne ])aya pas même à
«es troupes la solde dont il était convenu.
De retour à Bordeaux , le vainqueur de Na-
sarette offrit à Du Guesclin de lui rendre sa liberté
«ans rançon , s'il voulait promettre de ne plui
sei'virle roi de France. «J'aimerais mieux mourir
« en prison , répondit le clievalier, que de donner
« une parole que je ne voudrais pas tenir* » Ija
autre jour le prince le fit appeler : a Messire
« Bertrand , lui dit - il , on prétend que je ne -
« vous ose mettre à délivrance , parce que j'ai
« peur de vous. -— Il y en a qui le disent , reprit
« Du Guesclin, et de cela je me tiens fort honoré.
« — Hé bieujdit le prince de Galles,charmé de sa
« franchise, pourvousprouvercjue jevousestime,
« mais qne je ne vous crains yjas, je vous rends
« votre liberté; fixez vous-même votive rançon. »
te chevalier , sa us s'étonner , la fixe à cent
mille florins. « Et où prendrez^vous donc cette
'< somme ? s'écrie le prince. — Je ne suis qu'un
« pauvre gentilhomme, répond Du Guesclin; mais
« le roi de France et celui de Castille, le pape et le
« duc d'Anjou me les prêteront; et si j allais en
« mon pays , les femmes me feraient ma rançoa
•c de leurs quenouilles. »
La princesse de Galles , qui était alors à Bor*
deaux , voulut voir un guenûer la vanté , et pour
lui donner une preuve de son estime , elle lui
offrit de payer vingt mille florins sor sa rançon.
Du Guesclin fléchit le genoux devant elle 9 et lui
Jit : <c Ah, madame ! je croyais être le plus laid
;î9*
336 DU GLEiiCLLN.
inaiulemcnt suprême à Du Guosclîu. On se battit
lie; part et d'autre avec un couraiie pixidisiieux et
lin avantage éi;a! ; mais le héros breton , voulant
t'parL;ner ^es >oiilats. fit sonner la retraite; et li-s
troupes rentrèrent dans le camp.
Le lendemain Tact ion reconnuença avec in\f*
nouvelle ardeur. Du Cîuescliu avait passe la nuit
?i clieval , et avait ]iris toutes aes mesures pour
assurer le succès. Son es])oir ne tut pas trompe:
^e'\ille Tut au pouvoir de Transtamare avant la
lin du jour. Les vaint[u<nrs. furieux . se rêpandi-
nnî dans la ville, et commirent d'abord quelques
e^cès: mais Du Gnesclin ne tarda ]»as à arrêter le
]MÎl.ii;e ; il lelablit Tordre, et accorda une capi-
tiilalion lionoraMe au i2;ouverneur et h la garnison,
(jni a\aieitt si vaillannnent défendu la place.
(.-(•pendant le mallicureux dom Pèdre . mal
accueilli par le roi de Portut^al , sétait rëfucie
anpiès tlu piince de (falles • cpii tenait sa cour à
lîoidraux ; il sollicila son appui a>ec la bassesse
<In plus > il ct»nrli>an. Le prince anglais était î;êné-
rc u\ ; il oulïlia bs ciinies de dom l*èiU'e • et ne
îoiij^ca ipi à ses malheurs : toutefois il voulut ,
a\aii( de prendre ]>ai(i pour lui, consulter le roi
sn.i ]>ère. Edouaid se laissa el.louir par les ma-
t;nii!«pies ])i'omesses du Ca^lilian. Le prince de
Tialles s(^ mil alors en inarche < et jura tle ne piis
(juiîter les armes cpi il nVnt remis la couroune
sur la (èie de tlom Pèdre. Ils traversèrent toute
1 Kspa|;i;ne , et joignirent Tianstamare. Ce prince
n était plus en é(at de résister : les compagnies qui
l'avaient ])laeé sur le tronc Tavaicut abandouiir
poui* ])asser sous b s drapeaux du prince anglais,
Icui' légitime souverain ; son plus tenue appui «
On (iueselin , était absent ; il était allé en
Kr.iuce lever de nouvelles troupes. Cependant
'rr':\iiNfaînar(* était lésohi à so bien défendre: il
eut j^iLUiol iiiib sui' pied une ttjiju^'v cou^idéi ablc.
harles le Mauvais ^ roi' }le Nayauve^ ^pi iféry.
lit ligue avec les Anglais.
* Da Guesclio eut le bonheur d'ayoir Chutes im-.
w^ peur tëmoin de ses premieni exploits en* .
KTeur de la France. Les troupes dm dauphin Ur^i.
rfgeaient le château de Melun , oébupé p«r les
joglais. Le jeune Bertrand contribua beaucoup'
11.^ succès de Tentreprise par sa yaleur opinifttre* »
L jnontait seul à Tassant» et,jdlaitjpënÂtrer danîfrla
laoe , lorsque Féchelle qui le portait fut reuterv'-
feparlesennemisjîl fut pr^pitë dans le Ibsstf^
'oik on le retira privé de connaissance» Ce foi le
■i
frinoe lui-même qui enyoja du inonde à son
ôtnns. A peine revenu de réranonissema;it que:
ni avait causé sa chut^. Du Guesdin coioanaté&t
MMBveau à l'assaut , repous^; les assif^éi 9 ipê\
iraient fait une sortie j et les força de rentmè.
laiis leurs murs. On peut regarder, cette actioa
•fMiBBie le principe de la fortune de Du Qaesdiiu
3hfuies le Sage conçut dès lors pour lui une esv- •
iœ toute particulière , et ne n^ligea aucune '
occasion d'employer un si valeureux guerrier.
Sensible aux bontés du dauphin , le héros bre-
ton lui donnait chaque jour de nouvelles preuvçs .
ie coura&e et de dévouemeotj aussi lorsque le roi •
lean , délivré de ses fers en vertu du traité de •
Bretigny , revint en France , Charles le Sage se fit •
on devoir d'apprendre à son père les exploits de
Du Guesclin. Le roi, persuadé qu'il ne pouvait faire
une mcôl^enre acquisition , engagea le chevalier à
6 attacher tout à Êaiit à son service. Bertrand
avait toujours été porté d'inclination pour la
France ; ^1 s'empressa de se rendre à l'invitation
du monarque , et , lui parlant ayec cette franchise
et cette liberté qui lui étaient naturelles > « Sire »
« lui dit-il , mon métier est la guerre. J'ai ac-
« quis l'amitîé de plusieurs braves guerriers des
« plus considérables de mon pays^ si vous me
34» BU GUESCLIN.
rj^iu'cr un moment la sagesse de Charles, H dcrl-
\it au eonnélahle une lettre froide, par laquelle
illui reproclinit la lenteur de ses opérations, et
senililait accuser sa fulelilë. Un pareil affront de-
\ait otie l)ien sensible» à Du Guesclia 3 il renvoya
sur-le-cliamp Tépëe de eonnélai^le.
(!]liarles lut bientôt désabuse : le eri public .
s\ileYait contre la disgrâce de Du Guesclln ; ses
accusateurs se \irent en Initie au mépris général*
he sag(». monarque s\»inpressa de ré])arer son tort,
cl le lit d'une manière éclatante. 11 lui députa le
duc d'Anjou et le duc de Bourbon ; ses frères ,
pour lui laire des espèces dVxeuses et l'engager à
jeprendre ses ibnctions. Du Guesclin résista long-
tcMnps ik leurs instane(»s, mais fniit par céder; il
levint ù V**ris. Une tiève avait été conclue avec le
duc de Bretagne. Le roi l'envoya dans le midi de
la France, où plusieurs chefs de compagnies au-
çiaises avaient pénétré. DuOuesclin partit avec
oie pour cette expédition, qui devait lui fournir
(.xeasion de prouver sa fidélité à son prince, sans
o]>prin)er la Bj'etagne , sa patrie. Dans son en-
thousiasme , il dit au roi : « Je ne sais,. sire, si
« j(î retournerai (hi lit ii oîr je vais ; je suis vî<'iiii
« et non pas las : mais , je vous en supnlie, faiti s
•t la paix avec la liretu^ne , car vos niedh'urs se i-
w viteurs sont de ec Jxau pays. » (Iharles lassuia
qu'il avait lui-même à eonir de tenniner celte
guerre. Jm connétable ])artit avec celle pensée
consolante. 11 entra dans la Guyenne, et chassa
les Anglais de plusieurs places dont ils s'étaient
rendus maîtres. Airivé sous les murs de la ville
i\v. (]liâteaunenf dt; l,\aiidon , il fut atteint d'une
iièvr(^ continue qui leniporta en (pu'l([ues jours.
11 vit approcher sa lin ave(^ ue eaiine qui n'appar—
tient (pTau héros et au chrétien ; m disant adi<'u
à ses vieux compagnons d'armes qui entouraieiiL
bOii lit de mort 9 il les pria de ne point oublier
eaeontrale captaiÀoprès^a^illatfede Cbdbefdf-^
n Normandie. C'était là cpe détcat 9fi|frer i le é ^
ftai 1364, cette J>atailleiniëmaraU««q^ sigoria '
'fine ufianière si briliaitle raTanl-*Teiile dtt sïuDre
8 Charles Y ; c'était en ce jour q[ae I>a Oneacliii
cirait apprendre aux Anglais , tant de fois Tain-»
néurs, qu'ils n'étaient pas inyinciUbs» JiuMpi'a'n.
>n le héros breton ne s'était fiiit connaître fpio
mr de hardis coftps de maiu ; il déploya dans câto
iièasion les talens d'un général conAomnié#
^près avoir reconnu la i^itoation.die rénideml^
..pnt ses mesures en conséq^ience* Conime ton
r&ée était beaucoup moins nOmfaretise <jne cello
à captai, il se posta dans une rallëc^ entre ïà '
lontagne de Cocherel et la ririère d'EnrO) et
à^uya sur un bois pour n'être pas iQianiiLé«'jÉfkiiu
Bnerré dans un espace étroit, iLnendk: iaiitile à
^ninémi l'avantage du nombre.' Le captai s'em*-
•nideS hauteurs. Son habileté pensa dëecmcertèr
M sages dispositions de Du GuescUn. L'àrniiée
riiiftçaise était à la veille de mancpei!' de ttvreft~;
&Vi»tptal résolut de la tenir en échec et d'éviter une
etîon , afin de la réduire jiar la âimine. Bertrand
<Mnprit l'intention du général anglais » et , s'avi—
ant d'un stratagème pour le forcer au combat y il
eignit de se retirer précipitamment. Les enne- '
lÛlB 9 persuadés qu'il n'osait se mesurer avec eux ,
eulent se mettre à sa poursuite y en vain le captai
kssure que c'est une ruse , disant « que Du Onesclin
; n'est pas homme à fuir devant l'ennemi. » Les
officiers anglais et navarrois s'obstinent ; le captai
^ obligé de céder; il descend dans la vallée,
r ."Voilàles oiseaux pris !'» s'écrie DuGuesclin en
royant les ennemis s'engager dans le défilé. Il fait^
polte-face# Le captai reconnut son imprudence;
il - envoya un héraut au général français pour
l'engager à se retirer , et pour lui offirir des vivres ,
iont il devait avoir graad besoin : « Allez dire au
Tome IL 'J&
3r)o (SIARLES V.
CHARLES V.
DIT LE SAGE,
ROI DE FRANCE.
Cjk princennqiiîthViiicf»nnrs,leli janv!cri337.
J<'an, sou pt'ir, qui fut depuis roi do r mucc, éiMt
nlois dur i\v Noi inandio ; J'Iiiiippedc Valois y sou
a'iVul , occupait l(^ troue.
ClmrlcH n'avait <pic deux nus lorsque les Fran-
çais perdirent contre les Anglais la fameuse ba-
taille navale de riùduse, cpii fut lopniludedes A6-
sasti'es (pii sij^iuilèrent \v. règne de Philippe. Ln
roi (rAngleterre, Kdounrd 111, qui avait etd le
oouqx^titeur d(* Valois ii la couronne , ne cesm
d'être son emu'uii , et fut ]U'esaue toujours vain-
ueur ; la ville de Calais et ]ilusiours prôvinci'S
e la France^ furent (envahies par ses annes.
rinlippe de Valois citant mort le 22 août l35o ,
Jean, sonills, lui succdda , et Charles , en qua-
lité d'iM^ritier piésoniptif du troue, prit le titre
dedau])liin,uue lui conférait la ]>ossossion du Dau-
phiné,qui, lors de sa rc^uniou h la couronne (1)9
était devtaiu lapanage de ïniué des fils de France.
(i) A U fin du r^gne préctîdtnt, en i34g.
î
lèàr de M< nuort se fassent peut^-étre céajisées^^
"Charles die Blois eût écouté les txiiiseils dà héitnp
Itretoh. Da Gdiesclia aTàîtruigé lArmée eo trois
"terps de bataille ; il s'était chargé du cominayid^. -
inent du premier ; le comte dTAuierre conduisait
5e second; Charles de Blois se réier?a:le trofy
infaoïe* Jean Chandos , cpii fessait pour le. pluA hi^
Jflé capitaine anglais après le.pnnce de .GalUt^
^îlè put sVmpécher dadmirer la manière doiit {hl
tSiiesclin venait de disposer ses troupes > il u« se
-^eobtenta pas d en faire Tëlog^; il Timita &i fan^
*^ge^àBt ses soldats dans le mén^ ordre*'
'^' Le signal du combat est donné* £n Taîn D«
' Gùesdin engage Charles de Hois à modérer son
àrdevj ce prince, sourd aux pbis sftçe» aTui>;
"Ifèiitattaipier le premier; il passe un fnisteauqpii
lt:sépare de l'armée ennemie* Cemouyement pre-
f^ftKté met la confusion dans ses rangs* Du Gue^cUi^
rtf la douleur de Toir son plan de bataille 9. <pd liid .
r^lÊt peut-être donné la victoire, détruit ayant
Taction. Montfort a attendu sans s^ébranler le
dmc des ennemis. Le cojps de bataille qu'il comr
vUmde est aux prises ayec 4îelui que conduit
tSiarles de Blois : celui-ci cherche son rival dans
la mêlée ; il le joint enfin* Tous deux étaient
-'également braves , également valeureux ; mais
Coarles de Blois £ut moins heureux* Il succombe »
et iBa mort est la ruine de son parti* La nouvelle
de ce fatal événement circule de rang en rang, et
' remplit les partisans de Montfort d'une nouvelle
ardeur* L'armée de son compétiteur , consternée
At la perte de son chef, commence à plier* Du
Guesciin veut venger la mort de son prince ; il
rallie autour de lui quelques amis fidèles , et sou-
tient longtemps TefTort des ennemis* Bientôt ac-
cablé par le nombre ; épuise de fatigue , il n'a plus
342 DU C;LESCLIN.
iiiir £;loirr aan» piirliit^f^ , piTsiiadc qu'une victoîrr
«loiit ïoa l'ispa^nols auiaiciil st'uls Uiul llioiiueur
inspirai ail aux |m-ii])I('s hraiicou]! plus de cou-
Hitiicf ([iir si 'rianslainaïc ne (h^vail col uvaiila^^c
4jirati M-roiiis (irs J^'i aurais; mais, le voyuuL enilii
])i i'i ;i Mi( ('ojnl)(>r, il sorl de son iituclioii^ s^ëlancc
;tii ntilicu dis nniciiiis, el 1rs disperse. DoiiiPèdrc*
J( s I allie ( l les laiiièiie a la charge avec uuc iiou—
-ville ardeur. Uik second i:oud)al coniiiience. Du
iiiieselin ri Ti anslauian* en sorl(*rit vainqueurs.
Doin i'èdre, pn s(pie sans ressonrcf; , se* rendit
à la cour d'un des plus puissans ruis nuiures, et
<'ii ol)iinl. de {^lands secours. On ]))'efen<l que,
l'.our piix ('e (cld' pio(ecli<»n, il aiijuia la foi du
t.i s ))ri( s ( I M' Ci niattonie'an. Suivi île clinîuar.fe.
u::ili(' Siii i asiiis, il eniia<-ii l'Ispa^ne el inaixrija
vei s sou I i\ al , dans l(^ d(*sscin de lui i'aire lever if
t>ie^e d(* ScvilUî. J)'un auln; cofé doni Foniand ,
fidèle lieutenant de doni Pèdie, s^diri«;eail vers le
jnc'ine point à la têlf^ de tr(fnlc mille Espagnols*
TransIaniaK^ ])a!ut crahord alarmé de cet anne-
]n(>nt fonuidahle : Du (itui'S(din,(piesa {:;ale(c ahaii-
donnait laicnu'nt, le lassnia par écrite saillie:
(( VtW Dieu , ])uisque les infidèUs viennent ii
u nous, nous ^'aurons ]:as besoin de les aller
¥ clienhei- en Syri(î ! « llenii élail incertuin s'il
devait aller au-d(!vant d(î rennemî; le héros brc-
t(jn ren(*ouia^ea , et (il ])ic\aloir son opinion dans
le conseil <lu prince. L action s'ens^a^eu dans les
])laines de Montiel; les deux compétiteurs com-
iitandairiit en personne. La victoire, lon(;tenqH
disputée, linit par M', déclarer pour le paj'ti où
commandait Du (juesclin. Don il^èdrc, après avoir
cond)altu eik (!és(8péié, ejai(>nant de tomlnr \i-
>aNl an ])onvoir dr! son i'ière, prit la fiiilc et se
\vli\ (hins le château de Monli<>l. Transtauiare în-
x-slii la plac(;, et la fila l'instant entourer d*uue
mm aille dan^ laquelle on n'u\«ûl ménagé qu'unr
DUGDESCIIN. : .39
eilMptatio|i|i im.peh militaire il ajon^.d^s.tipr
sons ptos puissantes sur des bommet ^ n*aTaieot
en Tue que .leur intact ; iï l^.iir {tfroimt » pour
jyrix de leur départ y deux cent mâle frûscs dn-
mi de France ]^.^t les trésors du roi de CastOle*
Jje traite fut ciyiiclu sur-le-champ. Hugues de
Canrelay, leur chef, jura de servir.Du Gimclin ^
le roi de France contre tous» excepté contre le
roi d'Angleterre et le prince Noir, ses souTcrains
■atfirels. Charles Y rat si content du succès d^
cette négociation , qu'il embrassa Du Guesclin aux
yeux de toute. la cour. U reçut très^Jumorable^ .
ment les principaux oiffiiciers aes grandes coliipa—
finies, leur donna un magnifique repas» leur
paja la somme convenue , et les renvoya trèsr'
fftfas&its. "^ s
. . Les compactes prirent la route d^AvigniSb 9
apiis la conduite de Jean de Bourbon , comte de
;|à Marche , qui avait reçu de .Charles Y le titre
w général , avec ordre <(e ne rien faire sans les
•Tiade Du Guesclin. Arrivées sur les terres du
ptfpe , elles ne manquèrent pas de rançonner le
saint-père. Celui-ci, au lieu aor, leur donna Tab»
solution. Les soldats , ne trouvant pas leur compte
dans une telle réponse , menacèrent de mettre tout
là feu et à sang dans le pays : « Donnez-^leur ce
-« qu'ils demandent(disait Du Guesclin, qui, n'étant '
« que faiblement obéi par cette spldatesque,*se
« voyait quelquefois obligé de flatter ses caprices}.
« Ce sont tous des garnemens ; nous les faisons
« prudhommes malgré eux. Le plus sur parti es^
« de leur céder. » Puis il demanda cent mille
francs pour eux, et une absolution en bonne forme.
lie pape consentit à tout , et se hâta d'envoyer la
Somme, s'estimant trop heureux d'être débarrassé
de ces botes incommodes.
Les compagnies se dirigèrent ensuite vers l'Es^
pague, où Henri Xranstamarc les attendait aves
326 DU c;rjT;sf:rjiv.
liii<Mil (In nt»vvtu\n: : Du (fiirH<:l!n râiolutili! m
ji'lrr flaiiH llftiiicK ii f|ii('lqiif; prix qiif; ci? fût* 11
iiHiM;tnhlr ni'H roiii|):i(^iioim , li:iir cofnmiinic|iii}
fioii unWuv , \}étïi:U'r. I» nuil avi'c: *:u\ clan» le
4-4itii|> fii'ft tin^hiiN, l.ijf! IfH Mf'iilindlftflfCt met if; feu
iiiix Iriilr'H. l/iihiririf! h47 irparnl ptiniii le» enne-
mi h, (j ni, Hr rroyniil HurpriH n»r Vunuiic. iUi i'éhnvïeê
lift HloÎH, iif Hoii^i'iil. fjii*ù fuir %miH oif;r riiiiiitifr*
Du i'tuvM-.Wn \tv\viHv aiiiHi Ir camp au niilii;ii litt
luniiilfi!, rli'H ilammrN fl iUi (uiriia^Cy f*t cntrtt
«IdiiM JUfiitifH, fpii \v. rvt^.ul rnmiiKï miri li liera toort
Sii prAriicf; a n^tidii Ir roiira^if aux aiwil^^éAî n^Ui
MCH orflri'H iU oiif (!OtiHtaitim(;iil l*uvautu^c danf
.fie iWuiuttiU'H Horfir-H. i^iiiratifre) aprf!» avoir vu
lii'ulrr (fHjli'H M'K ma(Jiirif'i> ilf: uu(?n'(! <;t prfrir
iiiH! pat'lif! tUi ftoii ariiico, vM olili^d de lever It
Noiifi irrtitrrnmH paH riaiiri le détail de* nom*
lirf'iix rxploiU par Irmpirli Du Ouetfeiin m; iignala
flarih l'.vlU' y^iwrrv.; i:orif.«'nUHiif-noUft dédire que
^JiarlcM fir ){lolH,rii nronnaiHHanCfï de les nom-
lire ux Hfivirrfi, raritia rlirvalicT de HA inaiuy et
Jiii fil. rpniihft- iiiif vïvhv. MnlU'i'v^ rdlèbre par
NOM f'hprif. , t^oii hiwn'tr vi Htm aftarhetnent è MMI
#^|)otix t'.l a Ma pafrif'. II/if.oiifv-riouH d4; iuivre Du
CiiwmMii Huv un plim faraud ihiiiitvt*,
ApMH la liuldillf; rJi: iWdit'vn fxloiisrd III
nvaii irhcilii di; viWM'tuUU'.v ioulr» Ms» forée» pour
ar:(:a)dcr la Fi auci; , ('brardde par un hï cruel re-
\rrH, Il refila dr la jjrclnf^uf! le» troupe» qu'il J
ny.iU vti\i)yv.tnn\i m-j'ouiH de MonUVirt* Une trêve
avait t:\r. rotirhif! cniit* le» deux eompëtîteur» 8
Du itut'M-Uu , (jui m* pouvait re»tf(r oisif 9 alla «6
joiliriri' iivft: hh coitina^nli; h Tannée du dauphin 9
i;ii;iil*?* ji: Saîjf, nui (;<Hiv<TiuiiUe royaumr |ien«
«hini hi caprivitir du mi ifraii , »on |»ère» Co priaee
rfaii iilor't of (:iipf< h d^fr.-ndre Us royaume tontra
Irb riitifpii.ti'ff dr» facllcu» , et à combattre
'i'"*;-
le nvur^ ro^^^ Vfmvni. (pi »*é*':-, '.
t. av.- les Anglais.
Dn Cu4;sclia eat le IwidKiir d'aroir Ourles 1»-.
Sage pour témoin ,de ses prmiî«n explints »>,
givenr de la Fretice. Les froii{)es cH dauplÙB a»-i^' '
siégeaient le cb&teau de Melon , oftupé par lea
Anglaie. L« jeime Bertrand (»mtrilma beaucoup'
au succès de l'entreprïse par sa TBieqr (^iniàtre. •
n montait seul à l'assaut, et^Uaitp&i^tverdaiwla
place, lorsque l'&helie qui le jfiortitit fat noter* '^
see par les ennemis; H fuï précipita dans le fow^f
d'oà on le retira priv^ de connaissnnce. Cefittle
prince lui-même qui envoya du incmde à son - tibf ■
cours. A peine revenu de l'^anonissement fOgi .
lui avait causé sa ctiuU, DaGuesclin covntda^i
nouveau à l'assaut, repoussa' les vssitfgési qdh
avaient fait une sortie j et les for^ de rentoig.
dans leurs murs. On peut rega^jer. cette action
comine )e principe de ut fortune de Da Gnetc)iB>
Cl^rles le Sage conçut d^ lors pour loi une e*^ :
time toute particulière , et ne ndglîgea aucuna '
occasion d'employer un si valeureux guerrier.
Sensible aux lionlés dn dauphin, le héros bre-'
ton lui donnait chaque jour de nouvelles preuves
de courage et de dévouement,; aussi lorsque le roi -
Jean , délivre' de ses fers en vertu du traité de •
Bi-etîgn;y , revint en France , Charles le Sage se 6t -
un devoir d'apprendre à son père les eiploîts de
Du Guescliu. Le roi, persuadé qu'il ne pouvait faire i
une Di4j||^nre acquisition, engagea le chevalier à :
s'attacher tout à fait à son service. Bertrand
avait toujours été porté d'iodination pour la
France ; il s'empressa de se rendre à l'invitation
dn monarque , et, lui parlant ayec cette trainchiSe
et cette liberté qui lui étaient naturelles , « Sire ,
« lui dit-il , mon métier est la guerre. J'ai ac-
« quis l'amitié de plusieurs braves guerriers des
« plus conûdérables de mon pays> û vous ma
3a8 DU GÏJi:SCUrf.
■ ilijiiiii'7. moyen Uu IfK riitiTtctiir.îli yoiulêroft
1 iii's-ii.\!ilil(> (HTvicc. — Je \w ifpiii cl'nutc
u li'iiioiii <ti' li'ur viih-tir ijiui voiii-iii6iw, Ivl
« i-i'jxiiKlit II' roi; l't. nu ulU'ndtiut iiiîriix je von
« ll<>lllll^ crut litriccs <lc inra ordonitnnccs * cl II
• futidii ii(SceMniri-H pour [(•» tippointof. • ht\
cn|ntiiiii(-H t'onuniint uior» vux - mituiet Icuil
Cumi<nKui''i>- Du (iui-Hcliii itoinpum In »K^Jtiii° i*"^
gnotiUliomiupt de kii provirirn, lu nlopart I
se» pai'i'iis ou umitt ft toi»' il'utto vatt-ur épioi
v^u. hn rui lui cciiilin t-ii outre In cftutmaïKls^
loruldcla rorb-rcM} ilu I'')iit(>iiion,rii Normande
où , malaré U paii , Us Aiif^lnia conimetta^
i]t' (^niiitu iMnorili'i-B. Du Oucsclili répondit h j
Imulr o|ihiiaii ijn'on iivnît conçut^ de lui i ît batt
les Aiiglni» Cl) maiiilf» rciicoiitif* , Ina forçi
d'iJviicuei' ploiLfurs pUcoa cpi'il» rrtcnatotit ù
m^i'ii dfiR tj-aild», nt paciriu la tiroviMn. '
. Lv roi do Navutiv, qui nVluit jniunis plli
Htpaté il lit guerre (juc loi'squ'îl Tf^nnil de joi-C
Ift puix. avait fait lui miitsniit ariiM'niditt cûiitr
lit Friiuce. Jmiii (te Gnitlly , cMptal do Bui^
l'un (les jslux ntdoiitnliIi'H purtinni» du ru! d'An-
ftlctrrrc, t'dtAit joint h Cliiirlpn lu Mauvaiit avci
' du uoiiibmiuna troupes auglaispn. Le roî JrJii
dtnit i\t: iiouvruu alwc-nl ; il avait nu l'imprudouoi
de ivtounicr en Anf}i<1i^rrr rrpmidra ma l'eti
HOI1B ua prétrxtn ns^icK liivulp. I^ diupltiu , if^ffcô*^
du i-uyauincpour la aocotul» foi* , itiwilutd'tippil
flcntu Navnn-oiH une- rtinialnDctr vig<mr«A> Dl
GuMclin «raouda cette rnti'iipriftc mire sutout d
viguMir yuB do buccAh. Aprti avoir pria i» yîli
de Mimt»i|tar «ti-atn^àmc, ut In cIiOl'Hin aprèf n
vif iiHHiiut. il K*9 l'fîniiit Hultjvdc ci?tft' pUoc, le,
avril 1364, jour de la mort du rai Jonii.
Depuis eavircin nu luuii vo gtfudral tem
cnni \in^ne u lu [Ala d'uiit^ nmién pfu nnRiluvuna
luaia btcii diociplin^c et uuiiniie de lou ««prit. Ii
Ik
Mneontrale captiJliiuprès^ufi^SIftifttie CoAeréiti
rà Nonnai idie* C'était là qae dètw jNrf^^
mai 13649 cette JbataillA inënutfiBdiW^ sigillé,
d'âne manière si brillante l'aTant-^reille dtt jKum
do Ghairles Y ; c'était en ce jour ^pie Dn Ooeaclin
derait apprendre aux Anglais , tant de fois rain-»
qoéurs, qu'ils n'étaient pas invincîbLMi» Juwiii'an.
lors le héros breton ne s'était fiiit cennaitre gué
per de hardis comps de maiu ; il déploya dans cette
Mcasion les talens d'un général conAomnfié#
Après ayoir reconau la i^itoation .de Téiiifeiill,
il pnt ses mesures en conséquence* Gonime' aoil
armée était beaucoup moins ntaibretise que oelle
du captai > il se posta dans une Tallée^-entre ÏA
montagne de Cocherel et la xÎTière d'Emre, et
s'appuya sur un bois pour n'Atre pas toarAé^^ifiihi
reMerré dans un espace étroitv^ il jnsndit; iautile à
l'ennemi Tayantage du nombre.' Le captai s'em**
MradeS hauteurs. Son habileté pensa dëeoacertèr
le» m^ dispositions de Du Guesdin. L'année
firançaise était à la yeille de manquer de tivret;
le captai résolut de la tenir en échec et d'éviter une
action , afin de la réduire jiar la âimine. Bertrand
comprit Tintention du général anjglais 1 et 9 s'ari—
sant d'un stratagème pour le forcer au combat ^ il
feignit de se retirer précipitamment. Les enne- '
mis , persuadés qu'il n'osait se mesurer avec eux ,
yeulent se mettre à sa poursuite ; en yain le captai
assure que c'est une ruse , disant « que Du Onesclin
« n'est pas homme à fuir devant l'ennemi. » Les
officiers anglais et nayarrois s'obstinent ; le captai
est obligé^ ae céder ; il descend dans la yallée.
« Voilà les oiseaux pris !*» s'écrie DuGuesclinen
voyant les ennemis s'engager dans le défilé. Il fait^
yoite-face# Le captai reconnut son imprudence^
il envoya un héraut au général français pour
l'engager à se retirer , et pour lui offrir des vivres ,
dont il devait avoir graaJ besoin : « Allez dire au
3^S> m tUTSCLlM.
l'iiaîvr un iiiomont la sourssc lU» C^liarles, Il l'cii-
\'\i au oonnolaMr une Icltro fioiilo. par latjuollc
il lui rt'puH-lunJ la Icutrur dr si s o|u*'saf ioMS. et
se uiMail aivuxr sa ruîrlllo. l n pareil atVi ont lîo-
^alt rli(^ Mcn s» nsIMo à Du (îurscliii : il n n\o\a
hur-lt*-rliauîp 1 vycc ilo ciMuu'IaMt».
tliiarlrs l'ut l>i(Mi(ol tîc\«îal>usô : \c cv\ pul»lir
s'cli^ait condv la clisiiiàtM» t\v Du (îui'srliii : srs
at< iisatt'Ui s sr viirul ui lulto au uirprîs c^cucial.
I.»' sai;»' uu»nan|ur s'ruï]>n>>a lU* lo'panr son l«»ii.
it 1(' ti( duiir uiauirrt ivlaianti'. Il lui dopula lo
i]uc d* \n|nu (t le* iluo clr liourhou . srs t'i oiTS »
pour lui fairo tirs rspro» s «l* \ousos vt rrnj;aî;rr à
I ( pnihîiv M s rono(ii>u>. Du Gim sv^liu i csista louj;-
(< uips à ii'urs instances, mais iinit par ccdrr : il
II \ inf à Paris, l ne tirvo avait viv ronclur avrv* lo
iluc tir l>rt taiiui'. Lr rt>i IVmtïva tlans \v uiidi t!e
la l'îantM». t>n plusi(»urs olicts clo v*tnnpai;nirs »m.-
jilais(s avaient ]»cMU'frt'. Du durscliti partit av, t'
yi'ir pour cviix' i\|(tli(ion, tpii devait lui loui nir
I f « ( ii.sittu tlt*pr(»u\er sa titlolilo à stui piiiuv. sar.s
t»p|Minier la Un l.»j;ne , sa patrit^ Dans st>ii cii-
tliuii^iasnu» . il ilil an rt»i : »* Je ne >ais..sire, si
u je r« tiinrnrrai tîu li« n t>îi j«* > ais : ji' suis v î« i!ii
• i I in»n pa> las : mais . je \ l'us en sripplie . l'iil» >
• la paix a\ee l.i \'\ ^ la jie . ear \tïs nuilliiirs >■ ; -
f \il(Ursso!il di re Im ;mi pavs. v. (ih.irlis I as-^uia
tjM il a^ail Ini-iîM-ni.* à eienr tiv' lerinÎMer et îîi*
mi. I n^ !.<' t t»unr:.«f!e ].îil!l a\(e eetle pt n?c'e
e(>n<i>!ante. Il enli.i (<;niN la Gn^enur. et cha><.%
l( s Aniiiai.N tle pluNienrs plaees dt>iit ils sV'taifut
reutlus niallrts. .\iri\t* sons les murs de la \ille
de (lliàlt anni uf tle U.nidnn . il lui atteint d'iun^
( i-\ rc t'ohliinie (|i:i I i nu^tn'ta en (|ni iipn s |\itir>.
II \ il .ipproi lier >.» lin a\ee tîe ( ,dnit» tpii nappiii —
lit ni iju ,in liertts e| an t'ine'îitn ; en disant atilt u
( . \iei!\ eonî}-.»j;nfMis tlarnu^s tjui entourait ni
.' ii( (!>' i'.ii'it. il !.■> pria de ik' poiiiî ouliiir
V
DU GÇrESCLBSr. 349
se qa'il leur ayait dit - mille fois t « En ^nelqfue
c pays que tous ferez la guerre i^ Bouyenez-Toua
t que les gens d'ëglisè, les femmes, les enfans et *"
c le pauyre peuple ne sont pas yos ennemijs* ».
Puis , saisissant Tëpëe de connétable , il la baisa -,
lyec un saint respect, et protesta qu'il ne Tayait
jamais tirée que pour Ibonneur du roi. Après
ayoir rempli d une majiière édifiante tous les
deyoirs que la relision prescrit aux mourans >
il expira , le i3 juillet 1080 , âgé de soixante^ -
six ans. *
Les Anglais rendirent un honneur singulier' à
sa mémoire. Le gouyerneur de Ciiâteauneuf de
Randon était conyenu ayec le connétable de se
rendre^si , dans un
secouru. Sommé de rendre
mort de Du Guesclin , le gouyerneur ne se crnt
pas dispensé de tenir sa parole. En effet, il yàit-à
ta tête de sa garnison oéppser les clés, de la. y iUe*
sur le cercueil du connétiu>le. . /
Du Guesclin fut enterré à Saiut-Dàiis. « Le.roi
je Charles, dit un de nos orateurs isacrés , youlut
*t que la terre sainte qui couvre les os des rois de
•t France lui fût commune avec eux , et que , .
M comme il n avait pas eu de plus considérable
ic serviteur en sa vie , il n'en eût point aussi de
ic plus proche de soi en ressuscitant, selon Tespé-
/K.rance des chrétiens.» On décerna depuis Iç
même honneur au grandi Turenne , qui fut , comme
le bon connétable, le modèle des nommes elt des
guerriers*
LU. 'aveu MXi \,\ftM*M.Xi%a.M^X%i U.^ fM» .
certain délai, il n'était pas
*endre la place le jour de ut
ï
:iry2 criARLEs v.
liiltio (Vnrrrfrr rr }>riiirr,(1orit los talons (ï^alnimt
^ambition. Edounnl 111 était di^iiomciit w^i^oiidd
))iir l(! (M'iiirc iU\ (jriillcs , son fils, surnoininé le
pn'nco nuir. Ce jc'uiir licros avnit traversd en vaiii-
(jiu^iir phisirurs provinces IVan^^nîscs. Jran ninr-
rlia roi lire lui à la tét<! de cniatrc-viii^t mille
hommes , cl Ir rencontra ]>i T^s ilc Poitiers. Ce fut
là r]iie se doiiiia cetfc liataillo mcnioraliln où lu
valeur et.riiahilek; du prince, anglais, oui navnît
que huit mille hommes, LVniporla sur le coura^^e
aveugle de son ennemi. Le roi Jean, ([ui se* croyait
sur du suerès, fut défait, a])rès une inêlét! san*
fiante , et tomba au ])ouvoir du vaturpieur.
Le dauphin c<mimandait une division , qui fut
mise eu déroute dès le premier choc. Les oflieiers
(pli renlouraienl, pour cmivrir la hoiitt; de leur
fuile, rentraîiièreut avec eux, sous prët(?xtc de
•-sauver respérance de Dlltat : on lui lit de|iiiis un
crime de c(;tt<» désertion forcée, et cette injuste
préveniioii , jointe au s<mv(!nir de ses liaisons
avec h^ roi de Navarre , no fut pas le moindre
ohstaeh^ <{iril eut à vaincre pour gagner la con-
liance des Français.
La Fran(*e élait dans la consternation In plus
profond(> ; privée de son roi , menacée par
rAii^Lais victorieux , recelant dans son sein le
germe des dissensions civiles, elh; n avait pour
appui ([111111 priiic(; à pciiu; âg(; d(; dix— neuf uns ,
etcoiuiii seiilrnieiit par des faihh'sses.
Mais le dauphin va hi(*nt(^t forcer h Tcstimc un
peuph? (pli n'a pu (Micore Tappriicier. 11 assemble
les états générniix, y ])arle av(*c une assurance
jnodesti* , se fait coidirnu^r le titre de lieutenant
g('n(raldu royauni(s(pie son père lui avait donné,
(!l demande des secours (Vhonnn(?s et d'argent. Au
lion d(* songer aux moyens de sauv(T la France^
les ('tais ne s'occupent ([ue dos projets de réforme;
ils exigent la dcslitutiou des premiers fonction-**
miireâ de FEtat , de cèta îen cmi le d^n'piœ.lBctiiSt •
la*oUyë les cpnsèmer» les pins sucs et les pku"
•fidèles. L'évéque: Roliert Lecocq , dé|iuté dn'v
clérgëy et Marcel, prévôt dés 'marchancU 9 iC^ .
firent remarquer par leur insôléiïce ; ils euretti: '
Taudace de proposer au dauphin tm (conseil comr-
pos ' de yingfr-huit membres choisis dakâ les trois^ '^
., ordres , sans la participation duquel ' il ne pottr^*
I» ;3rait rien faire ; ils n'accordaicfnt un subside qafk' '
ces condiikions humiliantes : Qiarles sentit qite
de pareils secours seraient trop acheta 5 il cou»''
gëdia les ëtats , sous prf^texte qu'il ne deyait rien
arrêter sans Tassentinient du rpi« ■ ' '
Il apprend que Fempereur d'Allemagne Char^ --
les IV y son oncle , et des légats du pape s^sont
rendus à Metz pour essa^r*^ rétablir la pèis-
entre la France et TAngleterre. Le dauphin Vy
rend , ^oins, dads l'espoir d'un accommodeiiaént ' ^
- aussi difficile à conclure, que pour ' laisser à ses
partisans le soin d'effectuer en son absence une
mesure dont L'exéèution aurait pu compromettre .
son autorité s'il eût été présent ; c'était4'altéira-
tioii des monnaies , opération toujours funeste,
mais que les circonstances rendaient indispensa-
ble. Cependant cette dernière ressource devait
lui manquer : les factieux , que la dissolution des -
états avait déconcertés , saisirent cette occasion
de renouveler leurs clameurs et de soulever les
Parisiens.
De retour dans la capitale , le dauphin fit man- ^ -
der le prévôt des marchands. Cet audacieux dé-*
magogue se présenta devant lui avec une escorte ^
et lui déclara qu'aucun secours ne lui ^erait ao*
cordé si les états n'étaient assemblés , et s'il ne
consentait préalablement à la destitution des
fonctionnaires proscrits et à la suppression de la .
notTvelle monnaie. Charles jugea qu'il n'y avait
d'autre partie à prendre que de céder pour uu
Tome II. 3o
\^* V ' * * r i v V/i» '• V»» ^\ ,. .Vaut..» I '-
»-!;''^'r.n'^''";":;i ^•^vv;'\f^:.i.•...-
V'"*' ii.ivt.»l ■•>"'''"• ,., iiin\>'""., ,,ui II*
";,::"'■■' .•^ii::''::::lv.--;';:.;;;t';:\.-'
l t, .»^'"V»'"\ .;,,..,u.il \'> V\ ,.., \rs a.^V
CHAMJSS ▼/ - ^ tSS -
iafrtictii^iix ^ car le prince se Mta de Tereiàrj
à Pfàîs 3 à la prière des clie& de la cabale* Anirtia
par ce qui s'était passé au Loayre crae ce qaHIa
^yaîent^is pour de la faiblesse notait cbês le'
daupbin 'qaWé adroite rësenre 9 ils avaient t^'
fiolu de couvrir leurs pernicieux desseins d*im voile '
impénétrable. iM députa qu'Sb lui envoyèrent^ ^
pour, solliciter sou retour étaient dur^ â^ ki
laire mille offres de Service. Ils n'annoifigaient'' *
plus diusolentes prétentions ; ils suppliaient.^ •
Charles se laissa séduire par ces protèstatioiA^ il
revint ; mais dès des premiers jours de son arrivée-
il n'eut pas de peine à reconnaître le peu dé'sia^
cérlté de Marcel. Sommés d'éiécuter tes proine»» .
ces qu'ils avaient faites au nom des Parisietis , ils ' -
répondirent qu'ils ne pouvai^it rien décider me*
les états du royaume ne fussentconvoqnés* Ghànes
était retombé dans ime situation irtie pôovoii^ rien* -
refuser; il indiqua l'assemblée pour le 7 novembre*
^de cette année i357. Mais un nouvel incident allait
mettre le comble à son embarras.
Charles le Mauvais , arrêté par le roi Jean*,
quelque temps ayant la bataille de Poitiers , était
eu prison depuis vingt mois. Les factieux persér-
cutciieut le dauphin pour obtenir sa délivrance ;
mais il se gardait bien de céder à leurs importu—
nités ; le roi de Navarre était un ennemi trop
dangereux. Toup à coup on apprend qu'il est en
liberté ; il paraît certain que les factieux ont fa-
vorisé son évasion. Marcel et Lecocq, plus insolens
que jamais , Forcent le dauphin à lui donner un
sauf conduit. Charles le Mauvais se bâte d'en
profiter ; il vole à Paris , résolu de se foire nom-
mer roi de France à la faveur de l'anarchie. Une
multitude de scélérats accourent sur les pas de ce
prince , qui s'est déclaré le protecteur du crime. Il
entre dans la ville suivi de cet infâme cortège", au-
quel se sont joints l'évêque de Paris, Marcel et ses
il llJtl -II:.,'.!»*' i* j''««ii* !'■ I» :.<:■ ll:«j'H**' y :i'\tl',\*' -
* I. liij liijl lui {'i!iL ^i"' '• ' " •'•.;i> ;•«]'.' : . V.' : « : : '-
lij il |î •• ;iinti'»i'; - î ;:l i' J i • ". j-j ."■#• '.j-j:;f «î» *: u . ' -
\;ii-î 1/ ;»iif liii'f.-^ <!'. J jM » '■ fi*! .. \ '.ji -^t ».)«•/ f *'...• • * ^
< ;.|ili V lit . i^'- «l;i:j/i:;/i *\\-\\\.\\\ ■ rw:i i!i" »_».:•'; i;. ;
jj :i -lî piJ-fulrr- -iir lt:i n:i.-,-*.'i .t.; iitfn.-^u* tf
t.'iii « ijii'-ijji : «^1 [••.NMiff i/i'ir'i/*' j iii-><l« lic.f.' *io
Lh «lajiil.i ïl iiji»- iiiâ'jj.' *i\ii« ]' fit f'ir;i^ î.*:r
îi uitt- il]»]».'!! « iiu- i « • i-iii lij.ilioii ;»>«r If i j,i ïû*
r^-iivîti I * , L* s» r< i! •. f ■ iiur «» « \ = : • .jt . < f i. a;,^!* —
ÏMlt j'il!-J' I;. . »0,"- '••.';:.■ . i> i."- l'Il f*<' I f ->
J< il'. , i i.i'i '!i .' ' i . » t ' 'il' '. Il" \t i ( nl|••■.'-
^^l•. ':. « I )•■,'•'! • • .' I.' l'.'iu'.t ;!\if l;f« jt;«'i!«'
■»i i.ii •' c f • !■ ., . M » î Cl • 1 • Il \ ;•.■_« ji:t "i \ J •.»!•■ il
• 'i.f il- (., I J. .. . I .. ... : r':' !• <. m., il -« i l ij-.> r'hr > . îj t. ,
4 f c ♦•'! -M \îi ' /' !' I %' J.':»' Î.MÇii.r fir rji'i t.. •. "iî
iii .â'ii'/.: !' » «ii.r .«>ji -' :jj f oiijj.'i c!<- « i i'\:: f
M.l ;h I' î Ir ^î . ■•..li . : •:!.••» il ;i\ >iif yi i^ «ii > iik -
T l;l ^ • • 1 ' « ■ f :« •. r I «1 ..',; ( .. 1,1. UJ' I « M-i lAt t . «|l t
jj .it'.i I J II.» •■•■ ri.- ■ « '.I . ;jri< î I".
iiJM.i'.l i' • r' I i.:!i j-.iix (|[ii r fiili;in»r' nnn îiii-
ti; î f . }i' jj,i «1<- *•.•.;.;/< • o; f f'i- I';:: j-» . ir'\r- fi'-g
jiM.|M , (!;iii> 1 :.i'< liiiiifi d ;itf:iijiir f* 'jf cli'iiipljiii :
• »in;-M i\( i/ii <«:!<' li'iiiiu- (!( • d] t\its pf>iii" as—
;.l!ii.|f I <!( . Ijii:.iii> I (!<iMii!-.>. J,f-% f'iif-fif ii\ f'f i-
j'.K ni *'' i'î'i ' fjiir cfl ;ii iiji iii^'Jil sp j)i «'jiiilf.'
^'ilif:« Mi\. Lii Niiili le juilirc JcH cisslllf ifr; la
':,',iii;/«' (U: ;w -. l'àlf-iitious : ijr-ii lifr |if.'lll calllIPr
i» h: ii»«|' i«'li:(ir-<; <-.îi)iiil(:('S ; ils fouJ î^iixdr'l' h%
%,:^i II ', i\f |:i \ ilic . ( I jr liisciif (le lui>i>(T c'utrer les
J . t}\i> ' > (jii allf ij(l If (litii{)ljiii. ^
\'.i,«il II ioiijj,}i;iit ; il Cl lit ili'voir s'îjfTraiicliîr
r.i' i <,(:!(• coijlt iiijli'f f'I Sf! (IccliU (rf IlilIltr'JIK'Ill |JOUr
\'- I : f.'f \:r, ill M'. ÏMifiii . |)()ii]- clfniiifr ?i sa fîir-
lî' .1 «.J. iur û juilq.i lifiajACc/j il lit j»oi ter à sts
, . CHARLES V. ^ ^^ 357
rtisatis un 'chapeau rouge et Lieu': tout Parti
vit leur exemple; niais le recteur^-de TUai-»
râite défendit aux jétudiàns et aux docteurs de 1
^n^Ire cette marque de faction : un |)areil trait
t honneur à ce corps respectahle. * ' > ^
Le dauphin, menace de toutes parts 9 faisait
antiles eftbrts pour conjurer ForÉge. L'ëvêque
Làon , soutenu par Marcel , s'ëtoit lAis à la
e du conseil. Charles avait hesoin ilè toute ;
prudence et- de toute sa fermeté pouf ne pa« '
nher dans les pièges que lui tendait à chaque '
tant ce prêtre séditieux; il sentait que les Pa— ,'
iens n étaient si animés contre lui que jiflrce
on leur représentait sa conduite et ses intcii—
ns sous les couleurs les plus fausses* DansJat-
e de regagner TafFection de ce peuple i^ij^
r les factieux , il annonça qu^il se rendrait aux
lies pour faire lui-même son apologie. Eur
in Marcel et Lecoq voulurent Fèn dissuader; -
urles persista , et se rendit presque sans suitf; -
lieu indiqué. Cette première marque de con—
ace de la part du dauphin fit impression sur
populace, et la disposa à l'écouter favorahle-
•nt. Le prince , dans un discours simple et tou-
■mt, justifia sa conduite avec dignité; puis,*
rès avoir témoigné les sentimens les plus pa-
nek à ce peuple qui Tavait méconnu , il
»utâ : « Je veux vivre et mourir avec vdus ,
Parisiens ; fermez l'oreille à des suggestions
perfides 5 et jetez -vous avec confiance dans
les hras de votre prince légitimé , qui vous re-
gardera toujours comme ses enfans. » Tous
coeurs sont émus. Vive notre dauykin! Nous
i obéirons y s'écne-t-on de toutes parts. Chailes
retire; il est reconduit en triomphe; son cœur
laîtà la joie , à la plus douce espérance. Marcel
;es complices sont consternés,
1 importait à ce chef de faction de ramener
358 CH.U\LES V.
le p( uple à son pai ti ; il le tuit a^mbler le Ion-'
clnimiii à Suiiit-Jac(j[iir>s*rU6pîial« Le danpliiu,
inroriJic de 0^*116 ciéiiiarciie » s'y rend auisitôU
J( au (le Donuaiit, sou chancelier 9 porte poarlnî
la paiolc , (.1 plaide la cause du prîuce avec
l'tialcur : le peuple l'écoute iaToralilement. Vii
<les r.éililieux veut piuier àëou tour ; un murnui-e
uuiveisel lui impose bileuce. Charles se retire;
il Cl oit avoir acquis pour jamais la faveur po-
, ])uhiire. Mais qui p< ut compter sur les caprie»
il(> la multitude ! A peiue «'st-îl parti , qu'un d»
mutins prend la pajoie; Marcel se montre; toit
chaude vu un nionu ut ; les Parisiens ont em*
LrasM* h parti dt Marcel.
Cliailcs. (iaiis la vue d'intimider letfactieaif
avait l'iiit jé;>an(lie le hiitit du prochain retonr
du roi; mais les ( uiieiuis du Gouyernement,^!
eiilretiiiiii'itl dis liaisons secictes avec rAncle*
t.'iie, éiaient trep j.ien informés de œ qui M
pass(:it à L<>udi( s ; cette sa^^e piécautîon du dau*
pJiin d(rvint iiiiilile.
Lf s relielli s s«- montrent plus audacieux que
jat.iaio. PertpM^nv, l'envoi ë du roi de Nawre?
a i iriiprudruee (U* reprocher au dauphin l'mné'
ciiiiou l'ii r!i i-iiirr tiai!é couclu enti'e les drA .
yi iiiees. Un Ja- ': ia, parlant au nom du peofkf
lui (lit insolMiiiiit nt qii on se déclarerait coatre ,
lui s il lie satis'aiN^tit ;)as le loi de Navam saf
toutes ses d( mamîes. u Vous n*avez pas tontditaf
nrpreud un autre moine , et ce diêrQicr k
ti\a le piince avec plu& d'insolence*
Bientôt le .tan*^ coule dans l^risf an f^àtué^l
dilieux. Mai cl rassemhic la Ue dn pf''
marche à sa tête , et entre dau;^ le pillais das
))lilii. Tous les oHieiers tuient ot se oispcfSCflL
niaieehaux de (^jjanjpa^ne et de NçroModit
tent ^f■uls îh.!!;»'.-» du prince. « £n Toolea-fv^ ^
»; mu virj f deuumdc Clua*le;iaux 6éJitieaz«"S''fl^
1;
CHARLES V. 389
«• répond Marcel âyéc apurançe 9 ne Toos eê^
ft baissez de chose que vous Toyes, car il et€
« ordonner* et convient iqu'il soit ainsi* sr PuiA^
^'adressant à ses satellites , « Allons , dît*iil 9,
«e faites eu bref ce « pourquoi vous êtes tenuâ^
« céans. » A ces mots les furieux se jettent sur
. les maréchaux ; ils tombent percéa de' mille
-coups , et leur sang jaillît sur le prince, qui ne
doit la yie qu a l'insolente protection du prévôt
-des marchands. ' - - ..
Ce scélérat , enhardi Viu crime par la facilil4
qu'il trouve à le commettre 9 se rend à l'hôtel
de Ville , harangue le peuple ^ et lui vante sont
forfait comme un acte de justice t on l'applaudit*
Fier de l'approbation de lamultitude , il veut èK—
core avoir celle du daupliin, se présente à lui de
souveau , et la réclame avec insolence* Accablé
pfir tant de coups, le prince n'a pas la force de-
. résister* Dans la situation oii il se trouvait uû
refus de sa part eût tout perdu sans retour*
Le désordre qui régnait dans lar capitale! avait
fini par se communiquer aux provinces.
Depuis la dernière trêve , conclue à Bordeaux ,
la plupart des compagnies qui composaient Its
deux armées s'étaient dispersées dans le royaume^
et, faisant la guerre pour subiûster, portaient
Sartout la désolation. Plusieurs de ces troupes
e brigands , favorisées en secret par le roi de
Navarre , infestaient les environs de Paris. Marcel
▼oulut profiter de ce trouble général pour faire
entrer dans son parti les autres villes de la
France 5 mais elles demeurèrent fidèles pour la
plupart , unique ressource qui restât au dauphin
dans l'anéantissement de son pouvoir.
Enfin , le ao janvier i357 , parvenu à sa
vingt- unième année , âge où finissait alors la
minorité de nos rois , il se présente au parle-
weut^ et s'y fait déclarer régent du royaume.
3^.1 (:j|y\l;ij:s v.
Dis rc Dioiitf'iil l<Mis h s arfi's tUuain's (in Cion-
\(i iH nu ni. M* fircnl iii Sdn noiii , Siiii.s (énoncer
iiihi (in j'f)i s(;n prrr.
H iw xiulail |)lns rlic ii la merci ilrs l'aii-
si: ii>; ii h échappa «le la capitale, cf [Kircoiu ni If S
]»i f)\ iiicf-s, (pi il Ironva «iaiis les nu il!r nies dispc—
siiinns. La convocation (i(s clafs L'.<fn(:]anx ii'i
a\.-uf mal M'n>si ; il ]>rii le parti d a.ss:.'jnhlcj- (l( s
ci-(> -> partii n!i< i s : ceux dcf (iljampa«^n(' , fcnns à
\ l'i li:.., ( i Cl i\\ (le ritardie. tenus ii (!oin))ièt^ne, Ici
ai t-oi (!•*':( ni hsscconis (pi il deniaïuiail. thi loua
.sa {.iu(l(ntr iernnt(?; on h? renieicia de n'a\oir
pas (!('s( sp(' (! de la patrie. Les l*aiisiens y riiienf.
}.(MUM al( ni( nt. Idatm.'s ; on lui oUVil. ineiiie dr s
M cours ..uiïi.sans ponj les punir; mais Je cltiiiphiii
«'•laii trop .sii^c pouj- (aire la ^Mvin: à ses snjels ;
il promit, st ul( incnt de ur. pas rentrer dans Ja
capilalr (juc les piiiuipan^ factieux ii*eussMit.
]wH ir la peine de h nis crime s. (!ija(|iie jour îl
%f.sail «;iossir je noud«re de ses ]>ai îisiins ; de
l'.i:l(S pai ts la nol)l(-ss(; ven<iiL se ranger an-*
loii!' de lui.
(!( pendant le parti des relielles d(;elin;iîl seii-
sihlenuiit. (Jiai 1( s ai;it alors avec aniaiil fl( vi~
^lieur (jiu- de pru(lciu:c. il se pi esente devant
J'aris à la t/rte (Tune arm<1«' nond)rense ; assez
loi t. pour le I rendre d assaut. , îl îflf cronlenle
d ( n Jornu-r le !>lo( us , voidaul rlonner aux tialii-
taus le t( nips de se; r(prnlii'. Dans cetUî extrc-
mi((; Mai Ci I , (jni n(! peiiL espérer (le partioii,
enirepiend île meltie le eoiiibU? n ^»^^ attentats.
Il va lj(>uv( r le loi de Navan<;,4in cHail à Suint-'
ï)( nis avifc (piehpu s troupes, i^l sVnj;a};e à l'iii-
lu i\n]n- dans l'aiis, à massacrer tons les parli-
s;ih.-. du M'-'cnt , et à |(r l'aire cdUrouiKîr roi (Uî
J i;iii(c par lév('(pu' de Laon. Le? criiiKi allait
('•i!<- cousonnuf* sans I(î conr'ai;(î d'un gondrrux
li.'ovf 11. J»uu Minllui'd j J'uu des capiUiiKS de la
{çardLe bonrjgeoise > 8i*>7^^ da jMnnpIojt » 'lÉia
Marcel au raornent M il allait Uexecisler. JLa
mort du chef des sëd^iieirf Ait aurv^e de la dis-*
persîoa de ses complices t0èxi prompt diâtî-*' .
ment de plusieurs. Les nrisieiis , touchéi' de re-
pentir, envoient une dëputatioii au. rident» ii|b-
ploretit sa clânence , et le conjurent /Pentrcf* daitf
leur ville. t
Le lendemain il s'j rendit , accompagne dfim '
nombreux cort^e 9 au bruit des acclamation» dn '
Bmple , qui se portait en foule sur son passage.
n bourgeois eut I audace de lui crier : « Fàrdûea,
« sire, si j'en fasse cru, tous n'y fossiex jà fsf
« .trë; mais au foirt on Jh fera peu p^mr voqs.»'
Lé comte de TancarYiIle , qui précédait, ta
prince, indigné de ce propos , ^^rauait dâà Ttny
celui qui l'avait tenu pouril'en punir sur llieure :
Charles le ^retint , et se contenta de répondre à
cet homme avec un sonrire de mépris : « On ne
« vous en croira pas, beau sire. » Ofee felle m<H^
dération fît plus d'impression sur le peuple qite
ne l'aurait pu faire la punition la plus sévère.
Satisfait du prompt retour des Parisiens à lem*
'devoir, Charles donna l'assurance d'ensevelir
dans l'oubli tout ce qui s'était passé pendant les
troubles. Cependant il était des coupables dont;
les forfait^ ne pouvaient rester inipunis ; le ré<-
ç^ent les excepta du pardon général; la plupart
étaient évadés , et le peuple^ animé par Maillard,
avait déjk fait justice des autres.
Ainsi Charles n'eut pas besoin de signaler son
entrée dans la capitale par l'appareil des si^—
plices. Sa bonté, qui ne connaissait point de
x>ornes , le porta à remettre aitf femmes et aux
enfans des condamnés ude partie de leurs biens
confisqués ; il n'y eut pas même d'exception pour
la veuve de Marcel.
On se rappelle que l'assemblée des états de
Tome U. 3i
*N
lA.'i" l\iv;iit ronhaiiil dr pnMioiiccr la (Irstlliitii^ii
<!•• vlii^I-tli ii\ olliriiMs, fl6iil li> si'uJ rriiiii* était
I '.i|- atlachi'iiu'iil (i'(i|) siiirrn* aii\ iiitrirls ilu
1 i.iiil et à 1 InHiurur du .s()ii\ri'aiii. Cliiarlo si»
rrprocliail aiiiri'riniMit cclir itijiisticv iViivi'i* , ri
s*r'f;)il (ou JOUI'; |)2*iiinis ilr la rr|)arf'r. Snii aiiU>-
ri-r (-(.lil altuN a^si'/. iitVci uiir juiur iic plus avoir
V- ri'iu's à (M > uiiMia^rnicii'; ([iic 1rs nialiicurs dm
iruy-i avairnl coiiMuaudcsà la pi mit iii*r ; il ptm-
>ai( utaiul''u:iui >uî\rr .sans routraiud* U'S iiKiiivc-
inrus d«' .s.i ju>lirc' c\ ilo >ia i;i*iu»n»siU' ; aussi sVin-
pri'SNa-l-il <!<• rtMidn* à tf\s roiirlioriu.iiri's Iruis
( ii'iis et leurs ilii;nil(*s. \\\v uiio ordoiiuaiiri* ipi'il
\ inl {tronoufiT lui-niruic au parlrinout , il drrlara
«ju'il i« -.lilu.iit ,</•» lh'ri< ri Jtilt'/rs .\ujrt.\ en leurs
t,:f' t'f rrîîoiiiTnct'y : v\ Charles, pour. lUiniu^r
plus «rrrial à n lit* rrparalitui , lil si^uilîiM* sou
ordi.'MU \\\vr à (f.us les souverains de l l:luro|>e.
('.r|i<'ud.iiit !•> roi de Na\arre, ouh't* de voir ses
\ rupllees i*liàli(-s ou reduils au siU*nee dans la
• . pil.de . pi'oli s(a ipi'il n'aurait jamais de paix
..N I- le 'e^eni. Dans sa liin'ur, il rassenilila des
t>.(.>s(!e ton<; entes, envoya dt'iier ieilaupliiu*
I l.i.jiia \\\v\< par L'ire ri par eau, el appela à
x.ui Si (-0111 1 Uoiu-rl Ivnolles , fameux capitaiuf*
a'i ;l.iis.
('. hii-ei, iioiiolntaiil la t'vve . faisait d'hor-
ii!»lis n\a.;is diuis la (^iianipa^ue. Xprès avoir
lait iMte teiilali\e iiiulile eoiide la \illede Tri>ves«
il joi^îiil !«• .\ ivarr«»is, dans ri'S|>eraneo de piller
l'.i.is. I.'n'.jiit aurai! bien drsire aller ù Irur
iriii'ontre ei ne pas ev)ioser la rapitali: aux dé-
■..•,'î(s d'un sie^e: mais il enu!;n.iiL cpn: les iiai^
\'.->-\\> >'er<l> «|u*}' etiusirvail «'ueore le roi do
':\.irrr lie prolilass.'n! «le stm alis«:nee pour
• . '!•! !• r ee «lan_;c'reM\ euueu}i. Ca'peudaut tout
I. i<>\ irnif «lait I 11 proii' à la fun*ur i\vs ^eiis
•:e. l II \11U de Taris rcduKc à la uei^
-CHARLES v: â»
nière disette. H d^pcmAdff dtt'jfoi dé']i|ftVarre dé'
porter le coup mortel & la Friàicé ; mafs^tse'priiice,'
Ear une de ces mconséquenoeé qui firent toujoûré
1 base de sa conduite, parut abandonner ses cou*
pables projets au moment o& leur succès paiïûs-t
sait le pins assure. Il fit sa paix âY^ le danpbin «r
^t le rendit p^tcr ainsi dire IWI^ftrè de jpresme
toutes ses prétentions. Cet aecord sattva <&i^ ,
mais ne soulagea point les ]^b<ÔTÎnceS9 carlinHipS^
nisons qui avaient tenu poW leVoi de Navarre
se déclarèrent pour TAnglaîs, afin de çio&tiiûieï*
leurs, brigandages. On ne peut douter que cette
perfidie ne fôt secrètement avouée bu mêmcLCom^
mandé par Charles le Maiivaiife *
Ce déluge de mauf^sansëesaë renaisnaïH sem-- '
blait prêt à submerger le vaièéeati cle*l'Etaî;niaI|L
Cliarles le Sage voilait siir }a¥rânce : ^^Ibblab^T
à un Jiabilc. pilote T[ui ^p^ur détoumèï^%i tein*
péte, sait à propos céder ou résister à ses coups ,
on le voyait 9 par im beuréui melatk^^ dVdresse»
de condescendance et de fermeté 9 souteuir ce
malheureux jovaiime contre l'attente de tous.
Eicntôt la guerre ouverte avec l'Angleterre va
mettre sa sagesse h. de nouvelles épreuves.
Le roi Jean, ennuyé de sa prison, avait fait
avec Edouard iiu traité dont les conditions étaient
eapabJes d'achevac la ruine de la France. Il cé-
dait en toute souveraineté au roi d'AngleteiTc
la Nonnandie, la'Guienne, laSaiutonge, le Pé-
jigord, le Querci, le Limousin, le Poitou, l'An-
jou , le Maine , la Ton raine , et d'autres posses-^
sions importantes. Il s'engageait en outre à payer
quatre millions d ecus d'or pour sa rançon. Le
li'ailé , signé à Londres par les deux rois , fiit en-
^ oyé en France au régent pour qu'il le ratifiât^
Charles se trouvait dans un étrange embarras : il
lui 1 épugnait de souscrire à une paix si désas-
li'cuse^ il ne craignait pas moins de voir mal
3i*
l
:r.a f:iiM\ij:s v.
).ili1r (ViiiTrlrr vr firiiirr^doul. 1rs faims ('^alirmil
i\iiiil)ilioM. l'Mnii.'iril III «Hait (li>;ii«'inriil. stToiuiri
|)ar le priiin* dr <«iill(\s , mou fils, Kiiriioiiiiiir In
prince uoii\ i^w jciiur Ih'h'oh aviiil IraviM'sr eu \uiii-
i|iiriir |ilnsirur.s proviiicrK IVaii^NiiHi's. Jrnii inar--
rli:i coiitn? lui \\ la Irir di* llnut.I*(*-vill^l mille
lioiiiiiirs , ri Ir rriu'oiilra picVs nt! INiitiri's» (!i>riit
là (|ur M' donna vv\\k\ lialaillr iiiriiioialdr ciii lu
valeur rl.riiahilrUi du priuri! anglais, qui u avait
ipu* Iniil. uilllr liouiiucs, IVuipnrla sur le* conrii^o
uvfMi^lr dr son rnnruii. Le roi Ji'au, (piî S(* rni^ ait
MU* du su(*('rs, tut. dri'ail, apirs uni* niiMri; 8Uii«
piaule , et loinha au pouvf>ii* du vaiuipu'ur*
l««' diiupiiiii roniiuaiulail uur division , «piî fut
mise f*n dri'ouir drs \v prrnii(>r rhoi*. Les onicifiii
ipii rrnloniaicnl , pour couvrir la honti' dr leur
l'iiilr, rciitraiiirrruL avrr (Mi\ , sous |>rt*t(*\tiMlfï
-sauver IrspcMaucr dr ri'llal. : (ui Itii iil d(*puis uu
rriuic dr rrtir df'srition Ioitcv, ri frlto îujustu
]U'('vrnlion , jointr au souveuir dr m*s liaisouM
avec Ir roi de N.ivarrc* , lu^ fui pas Ir iii(»iudi*n
ohstacir «pi il rui \\ vaincrr pcuir ^a^an* lu ruu-
lianrr drs l''t'aiu'ais.
■
La l''ranrc riail. dans la conslmuiliou lii ]>luii
)roiiHidr ; pri\(>o d(* son roi , nuMUUTr par
-''An^lais vielorirnx , rrerlaut dans hou sriu lo
^cruH* drs dissensions civiles, elle n'avaif |Muir
ïi|)pui ([u'un prinei? à peine â^e de dix— ueuTanSi
tri. eoiuju seuleineni par des faiblesses.
Mais ledau|)liin va hienlôt foreer [^ IVsliuifî un
peuple i|ni n'a pu eiieoit» lappideier. 11 assenddu
lert états ^énf'iaux, v parle avee une nssuriiiu^n
fuodesie , si; riiit eonliruu'r le litre de lieuleuaut
gênerai du i'(»yauiiie,(pu* son père lui avuit. doiiui^,
et deiuaiule des seeours d'IioiiMuest^t (rar^ent. Au
lieu de souder aux uuiyeus de sauver I» FriiiiCf?^
les états ne s'oeeupent tpie des projeliidc! rôlurine;
ils ex 1^(^111 lu deslituliuu des preuiicrs luucliun^
l
cir\RLF,s v; .tri.T
rtiircixli' l'Klut, (1r ceux cii niii le rlniipliiii avait
roiiyÉ U« roiiM-ili.'nt l.'s pU »Ûr> H U-n plu^
iJèU». Lev^fiiiP Kuliiit L.iu«-q , «leputii <lu
ilerg*!. rt Miinvl , jin-vM des iiiafi-huriiU , se
irf.ut rfnuin{u(-r pue leur itiunlriict^ j '1* "'urimt
audacf de proposer im dim^iliiii un coiix'-il coia-
HJM àc vii)gH>uit iRPiiitirt-B clioisiti tlaiiB loa troï»
inire», bbiu 1h purLicipalton duquel iluupour-
wt rino ('ttirr< ; iIk ii'iiocorduimt un «ubaide qii'h
i«A i-onditiuns liuniilimitea : ChcirlM irntit (pie
iKpnrrils wcuitn> fteiuient trop Hcliutd* l il con-
;wîil Irt( états , nour pr'^lcitn qu'it ne dt<vtût rîon
irr Abrr sau» run-ti-iiliiiimil Ju roi.
Il apprend que ri'ii)|H'rrur d'Allmm^iie Clinr-
c» IV , ton oncle , et de» U■ç^Rt» du ihibi' ku dont
Yrulas h Metx pour eKovei* de ri'tnJilir \a pais
inti-t? In i'niticc et l'Angle terre. Lo daii[4iia «'y
Viu] . jii"inH diiiiK Teiipuîr d'un accomiuo dément
Ul»»! dillii:ile .'i coiielun: . (pie pour luixM-r ii ne»
ftortitaiiB Ut soId d'cflectuvr en ton alMcticc une
itMiue dont L'exfkution aurait pu compromettra
WMI «utoritfi s'il eût dt^ pr^ueiit; e'était r»lt^ra-
Lion de* inoriiiiiieH , opeiulioii liiUJ'>iiM' l'iiiii'Sie,
tniiis que les eirconHtanceit rendaient înifispenM—
l>Ie. Cepeiidiiiit ccrllc dernière ressource devait
lui m:i)iquer : les t)irtii>u\ , «pic la dissolution des
l'tib uviiil ilirujicertes , saihiccnt cette occadon
de lenouvi'li'i' leurs claïucurti et de soulever IcH
Dii'-lo'ir il.-ui»lit eilpitnle.'lediiupliinfitmnn- ■
der le piév.M d.s luiircliand». Cet audacieux dé-
nitif^oKiie se pr'éseritii devniit lui avec une escorte,
el lui (léi'liii'ii (juaiicun secours ne lui serait dc«
cordi! si li'H étals nelïiii'ut atkieiiibUs , et s'il na
cdiisriiliiit préiiliililenieiit a la destitution des
runctioiiiiaii'i'H priiitents et à la suppression de la
uouvi'llc uionnaie. C lui ries ju^ea qu'il n'y avait
d'iiulif iiiirliu it prendre que d« céder pour uu
■n,Jii. ' ^ ^3,
.354 CHARLES V.
temps ; il souscrivit à tout :'les états lui accorde*
rcnt un sul)si(lr. Murccl et ses fauteurs se réser-
\èreut la pcicrptiua dv cet impôt ; tout clans en
{vouv ornement (levait se faire ])ar leur cqum il ; ils
lie laissèrent au daupliin qu'une ombre d'autoi i(c*
Cep(*n(lant le roi prisonni(T, ayant conclu avrt!
Edouaid une liève de deux ans, avaitenvo\éh
son fils Turdie de suspendre la levée du suhbide
accoi dé par les éfats. Cette défense contrariait 1rs
factieux, ({ui coniptiiient s'enrichir aux dépens du
public ; ils en lu eut lui ci^ime au dauphin , et
trouvèrent moyen de mettre le peuple de leur
parti. La suppression de ce subside était, disaient-'
ils, un attentat aux droits de la nation; et tel était
raveu^lement des Parisiens , quils demaiidèrenth
farauds cris le i établissement de Timpot cjui les
écrasait.
Ils ouvrirent enfm les yeux, et s'aperçurent
que Mai cri et ses adhifrens, très-rigoureux clans la
percîeplion du su))side, en faisaient ime dila])ida-
tion scandaleuse. On devait remployer à soudoyer
d(»s lr<>np(\s pouj' la défense de la vdle < et cepen-
dant <Ie.< bandes navaroises infestaient impuné-
ment les environs. On commença à murmnier
ronire le ]»révôt des marchands , et chaque jour
voyait diminuer le nombre et la confiance de se»
pai tisans. Attentif à proiiter des continuelles In-
consé(|uenees de s^s ennemis , Chailcs saisit cette
<)ccasio(i pour essayer de secou(»r le joug de ses
tyrans. 11 fait venir au Louvre Marcel et les chefs
<le la faction ; pour la premièix; fois il leur paile
III maitn', et cléclare qu'il reut gouverner seul :
Marcel, terrassé par cette résolution soudaiue»
jironn^t de se soumeltix'.
Lr,<luuphiu profila de cet intervalle de tran-
<{uilJité pour parcourir les principales villes de
France , comptant ([ue sa présence les disposerait
à lui iiomuir des jsccours. 11 pivjaît que ce voyage
CHARLES T. ■ 3r.5
fui iiift u<'lii<:us , cnr la initier w. Iiâtu ih icvcMiii-
. h PoH» , il U prière des cliff* de la ciibnU'. Avn-li»
par ce tjuis'dtjiit pBâw! au Louvre (rue ce qu'ila 1
Qvnieut pris pnur de lu l'uiblc^ae n'était chri le
' (lau|iliin qu'une adroite reiierve , ils avnÎL'nt ré~
«oludccouvrb- leurs pernicieux desseins (l'un voîlt'
' imp^iidtralile. LÀ députés qu'ils lui cnroyh'cnt .\
' pour Rdllicitirr sou retour étaient chargés dt^lui j
I fuire niillo oflres de Service. Ils n'aimun^iuierit i
< plus d'insolentes préteiiUous i ils suppliaient.
CharW se laissa séduire jmr ces pro testa t ioiiï ; il ,
I revint; mnisdèsJcspremiei-i juurside son arrivée |
il n'eut pas de peine à r««onn:iitre le peu de niu— I
céiûtd de Marcel. Sommes d'eïéeuter les pi-omes-
«es qu'ils avaient faites au nom des Piiiiniens , ils '
' l'iipoiulirent qu'ils ne pouvaient rien décider mts
Icsétitt» duroyaumcneiussentconvoqués. Cltorie* ,
1/ tftiûtreloml>édnugunesitualtoahiicpouvoiri'ien
I* rcl'uieri il indiqua l'ussemldéc pour le /novembre |
-^deisetteauDée j357.Maisnn nouvel incident allait ;
' nettre le comble à son embarras. y
Chnrlrs le Mauvais , arrêté par le roî ïean'. '
qiicltinc li'iiips iiYiint lu liiilailJede l'oltîers, étiiit
en pi'îsork depuis vingt mois. Los factieux perse—
eutiiientle daupliin pour obtenir sa délivrance;
mais il se ^iu'dait bien de céder à leurs importu—
niles ; le mi de Navarre était un ennemi trop
ilaiigeren\. Tonp à coup on apprend qu'il «»t en
lilierté ; il ])arait certain que les factieux ont fa-
Torisé son évasion. Marcel et Lccocq, plus insolens
<{uc jamais , forcent le daupliin k lui donner un
sauf couduit. Ciiarles le Mauvais se hAte d'en
profiler } il vole à Paris , résolu de se faire nom-
mer roi de Franee à la faveur de l'anarchie. Une
multitude de scélérats accourent sur les pas de ce
priiicc! , tpii s'est déclaré le protecteur du crime. Il
entre dans la ville suiyide cet infâme cortège, au-
<^uel se sont jointe revécue de Paris , Marcel et ses
3S6 CIlAiaKS V.
|mr(isniis. F.niprt'ssiMU» l'alir hrilUTsnnc^loqiirnrr,
il Imriiii};!!!' Ir |u*iiplr Ir U-ndi^iiiiiiiuIf sou arriviV,
« I lui tail 1111 loii*; (iisroiirs dans ltM|Url ,ni' rr|iiV*-
5<*iitaiit conmir une \ irliiiif dv la l\ raniiir, il iiKru-
«ii'il Jcs iiiitlllriirs par Ir i*<vi( |)atiirli<|tifMlrs ntaii-
^aisliailciiaMis (|iril pn'((Mulaviiirs(iiil1î*j-ls<laiis >•■
taptivid*. \éC liaiipiiiii «lissimnlc son in<li|;nali()ii ;
il a su prrndri* sur lui «rassisli*!* an Irioinplir dr
«on t*iuu*nii ; sa pr< scnn* uuidrrr rin.solciur do
i*uraU*ur , l't ronlicnt la inultiludr.
La rrainir (Tuiir };ni irr civilr Ir lit ronsrntir
à um* appan-nio M'* t>nrillalion uvit Ir roi dt*
Ma^niVr. Lci» di u\ pi inocs sr viniil, ri uiaiij;!*-
mit plusieurs Tols cuscudvle. Dans un de ces
iestiiis riieiilier de la eouronnt* Tuf. eiupid-
^ou"('«l'i ii!al;^;e' la peonij'iilude av<v la<|uelle
W iiil serouiii^ î'i iVel ilu 1 reuva{;e lut si violent
«[ue U'daupliln i n perdit les ouL'Jes et les (*1u'veu\,
A't consena (<Mile <a \ieuiH* laii<;ueur ffui de\ait
l'U alii'j^er le eours. On snupeonna d(M'rriinu'
tlharles le Ma'iyais; mais il a\Hit pris des UU'~
^ures si seeièlis et si suies pour rexeeutcr, ipi«
jamais on ne pu. !" euuvainere.
Jtientôt las^e ti une paix <pii eneliaîiif Kon nu-
«li'.ee , le i*<m de Na\arn' sort de Paiis , lève des
lionpes dans l'iuti iition (rattaipUT'Ir daupliiu :
veluî-ei de son eôU* donne «les ordres poui* as-
^elnide^ des Itonnncs d*aruii\s. \a'% faetu'ux fei-
j;iU'nl «I»' eroiec «pu' eet arnu-ment so prc'pnrr
«iinlre i u\. l'.n >ain le ])i-in(M* l(*s asiitire de lu
4lroi(uiM^ de ses intentions; rien ne ])rul raliiuM*
jfi'urs inquiétudes siund<>i*s ; ils loiil ^iirdrr 1rs
|ioi'lesil(* la \ille,et rel'nseiit de laitôc*r cutriT les
groupes (pratteud le dauttiu'u. ^
I iMareel Irimupliait ; il erul. devoir K^iiffraiirlnr
tle toute eontrainle et, S(* drelarer liauteiueul pour
je i'\t\ de ^avarre. l'adiii , ]ioui' donner ^ sa lae—
Lion un air d'iiule'penda^jicc , il iil porlcr i^ stctf
CIIAïlLES V. 3Sr
us un cliiippuii roiiyt et Meii : tout Paiii •
leur cTtetnpli? ; ai\ih le rrrctt'ur de 1 Uni-*
dcfenilit auxétiidiana et aux docteurs de
e cette oiarque de faction : nti pareil trait
ia«ur h ce ftirpa respectable,
laupbioi -menace' de toutes parts, fuisaif
les cflorlB pour conjurer l'orat^c. L'evôtjue
ta, souteuu par Marcel, s'était mis à la
I conseil. Charles avait hesuiu de. toute
dence et de toute sa t'ermeld pour ni! pu* ■
* dans les pi^aes ipie luî tendait !i cliaitue
ce prêtre s<$iiitioui ; il sentait que les Fa—
n'étaient si auîniés contre lui que pArce
leur reprëseulait sa conduite ctsesinten-
Dua les couleurs les plaa fausses. Dans .la
■r regagner l'alfection de ce peuple ^gfvçê
'• factieux, il acnonen qu'î) s*; rendrait aitx
pour faire lui-même son apologii;. Eu,
[arcel et Lecoq vouiurtnt l'rn dissuader;
s persista , et se rendit presipe suns suite
i indiqué. Celte première marque de cou-
de la part du dauphin fit impression sur
olace, nt In disposa îi l'ëcoutir Favofiiljlc-
Le priiitjc, daus un discours simple et tou-
jusljfia sa conduite avec dignilé; puis,'
ivoir téniiiignë les sentiiuens les plus pa-
à ce peuple iini l'avait mdcounu , il
: " Je veux vivre et mourir avec vous ,
siens ; frrniez l'oreille 'n des suggestions
ides, et jctei-vous avec eonlianec dans
)ras de voire prince légitime , qui vous re-
lera toajuurs comme ses enfans. n Tous
urs sont «^iiius. f^ive notre dau/Ain! ]\'ous
Hroiis, s eriic- t-tin de toutes parts. Charles
re ; il e^l ri'conduîl en ti iomphe ; son cœur
ï la joie , à la plus dnucc espérance. Marcel
;omp]iees sont C'iiislenn^s.
jqioi tait il ce chef de l'uctiou de ramener
3:'>8 (:ii.AULF.s y.
\v p< ii])Io h 5011 ))in(i ; ii 1<* rail, uiïsiinlilrr le lai—
cicinaiii à Saii)i-Jii(M{iic8-nio|»ilah Le* ituupliiiit
jului iiiii (le ci'llti cléJuairlK! , s*y rend umsilôt*
J(au (io Dunuuiil, iiou clmiutrlior, purto pour lui
la ]iai-ol(* , ( l pluiil<^ la raiiHf* du prince ivri:
rhainir : ic peuple! IVrouIr iavorahirnicnt. in
i\vii t.viWi'wux veut parlitr liéou Umrx un niunauru
iiiiivcisfl lui impose bil(Mic(*. Churles se rflile;
il eioil avoir ac(jui.s pour jamais lu tHvrnr iii)-
, pulaiie. jMais ipii pt ul eompter sur l(*fl i*uprici=»
de la ninhitude ! A peiuc est -il parti , qu'un di>s
luutiiis prend la paioie; Marcel se niontrr ; i(i«l
rliau^c «n nu nionu ul ; les TaribieuB oui eiu«
luasM! l( parti d( Mareel.
(iljailrs, dans la \ue d'intimider Iri factioui^
avait, fait lepandie le hiiiildn prochain n'tonr
du rui ; mais lis ( nnemis du Cîouverneiurnl,qui
enireli iiaienl lUs liaisons seeictes avec rAnpjle-
Ix 1 le , lilaient trop i.ien informes de ce qui se
passiiit à h<>nfli<s ; eelle sage piécautiou du dau-
phin devint iiintiU*.
L( s rehellfs si* nionlrent plus andacieui que
jamais. Teeipsii^nY , Vvii\u\é. du roi do Navarre ,
a 1 inipruilf n(*e ite repioelior un dauphin 1 ôiei^t^
eulicni -Ju <!< rw'irv traid^ couclu eutie IvA «leux
ÎMinees. Un Ja**:! in, parlant au nom du pêuplrv
ni (iil insoii m nu ut i[u ou se iléelurerait contii:
Jni s il ne satis'aisait pas ie loi de Navarne sur
t(Mites ses d( nnuiiies. « Vous neuves pas toutdit» y
repj end un autre moine , et ce dernier myec-
li\a le primée avee. plus d'iusolenci%
liienlôt ie sanj; e.oule duiis Paris, an gnSdc^sé»
ditieux. Maie<'l rassend)le la lie du peuple y
ma relie i\ sa tête , et entre dun:| lo palais du uau*
])iiin. Tons les oHieiers iiuent cl Be dis|>ersent« Les
mart^eliani de (lliampagne et de Nvrnmndie rcA-
lent seuls auprès du prince. « Kn yonlm^-vous à .
I? ma vic?deuiau(.lc Cluu'h';iaux bvJitieuXt-^iiirci
r
CHAR1.ES V. 33<t
1 n'iMiiiil Marcel avec a.sf'urani-c , nu toii» ta-
B liiiiHsi'X de vlio8c <{ue vciiii voycs , cnr il r«t
* ortlonu^et cotivieut qu'il soit ninsi. » Puis,
• Bilrestiaiit à m-s salcllil^s , ■ Alloua , <lit-il ,
' » fuitud eu bref ce, pourquoi vous étos TCnii9
« k'dun». H A ces raoU Ira furieux sr jettent Rur
. lu iiiDiL^clinux ; iU tombent perces de mille
coups , et leur Gan|:< jaillit sur le princf , (jiii un
" doit lu vie qu'à LiutoUibU: piotectloa du jiicvôt
. -dcM toairliuuds.
O M'ëlérat , eiiliardi ^u crime par la Tacililé
qu'il trouve h le t omiuettie . «■ rend & l'hôtf l
de Ville , liaranguc Iri peuple , et lui viuite non
forfait comntf lui artr do justice : on l'applnudil*
Fier de 1 approliatioii de la multitude , iJ * put en-
core aroir «-lie du duupliiu , m pi é^^iite h lut de
nouvfau , et la idclamc avrc iiuoleacs. Acrnldtf
par taot do coup», le prince u'a pn* la forer do
r^ûster. Dann la siluation oJi d so trouvait ua
< refus de »a part eût luut perdu mus rclour<
Le désordie i}ui rëguait duns 1» capitale avait
Depuis la dernièri: trêve , conclue ^ Bordeaux ,
la plupart des coiupag^uics qui oomnosaient it»
deux aimées s'dluiciit disperse'cs dans le loj'aume,
et , faisant la guerre pour suLsister , portaient
partout la désolation. Plusieurs de ces troupes
de brigands , favorisées eu secret par le roi de
NaviiiTC , iiifestuicut les environs do Paris. MaixTol
voulut pruiiler de ce trouble géiiéi'al pour faite
enti-er dans sou parti les autres villes de la
France; mais elles demeurèreut fidèles pour la
Slupart, unifpie ressource qui restât au dauphia
ans l'aiiéiuitissemeiit de son pouvoir,
liufin , le ao janvier i3^j , parvenu a sa
vingt-uiiièmo aimée , âge où finissait alors la
minorité de nos rois, il se présente au parle—
«>eut, et n'y luit déclarer léycnt du royaume.
36o CJLM'JXS V.
Dos 0(» inonuMit tous lissichs c'iiianrs ilii Cou-
'vt'i lu nu'iit sr tirent cii sou iioin , sans t'iioiiar
l'olni (lu roi sou porc.
Il ur voulait plus êlro à la inrrcî ilrs raii-
siius; il sochappîi dr la ca}»italo, et paivourut los
]>io\iucos^ (ju'il trouva dans los mrî[l(-uros(lîiî|H'-
sitioMS. ]^a -(\)uvooatiou dos olats ^ouéraux lui
avait uial roussi ; il ]>ri( le parti d assoiublor d(s
étais part iouliors : oou\ do Cliampa»;m» , tonus à
A orlus, ( t oou\ i\v Pioardio, tonus à Conipioi»uo. lui
aooordoroiil los sooours (piil donuiiuluit. On loua
sa prudouto loruiolo ; on lo rrni<TCÎa de n'avoir
jias dest^spo: é de la patrie. Los Parisiens y furent
^euéralonirut blâmés ; on lui oflrit même des
sioours sutlisans pour los punir; mais le dauphin
litait tr<»p saj;o pour faire In pierre h ses sujets;
il promit st ulouiout de ne pas rentrer dans la
oa})italo que los pi inoipaux faotieux nVussMit
jMulo la point» dv leurs orinios. Cliaque jour il
>o\ait j;iossir le uoud>ro de ws partisans ; de
ti.utis paits la noblesse venait se ranj;er au-
tour do lui.
Cï^pondant le parti des rebelles déclinait sen-
sibl(*uu*nt. Charles atiit alors avec autant de vi—
Joueur (]U(» i\r prudence. Il se présiMite flevant
l*ai'is à la tète d'une anuco nombreuse; assert
foi t pour lo prendre d'assaut , il rfl» contente
d (U fonuor lo blocus, voulant donner aux liabi-
taus lo temps do S(» l'opontir. Dans cetttî extixi-
mité Marcel , (]ui no peut espérer de pardon «
enti'0])roud de mettre û* eomblo h ses attentats.
Il \a trouver le roi do Navam»,<iui était à Saint*
Di nis avec cpu^lqucs troupes , et sVngaj»e î^ Tin-
troduiro dans Paris, h massacrer tous les parti-
sans du régent , <'t à lo faire couromier roi tle
Franco par levocpu» de» Liion. Li* crime allait
ôtK» oonsonnué sans le courage d'un géndrenx
ciloYt'u. Jeun Maillard, l'un dos capilaims de la
CHARLES V. 36 r
f^artle boorgeuise , instruit du complot , tua
Miircel au moment oîi il allait l'esecutei-. La
mort du chef des séditieux fut suivie de lu dîs-
pci'ïiou de ses complices et du prompt châti-
ment de plusieura. Les Parisiens , touchés de re- '
pcntir, euvoîcut une députation au ragent, îiii--
tiloreiit sa clémence , et le conjurent d'entrer daos
enr ville.
Le lendemain il s'y rendît , accompagné d'un '
nomhrenx cortège , au bruit des acclamations du
Eeuple , qui se portait en foule sur son piissuge.
'«bourgeois eut l'audace de lui crier : oPnrdîeu,
■ sire, si j'en fusse cru, tous n'y fussiez jà çu-
■ tré ; mais au fort on ^ fera peu pour vous. »
Le comte de Tancamlle , qui précédait le
priuce, indigné de ce propos , piquait déji vers
celui qui l'avait tenu pourVen punir sur TLeure :
Cburles le l-etint , et se contenta de répondre k
cet bomme avec un sourire de mépris ; a On ne
■ vous en croira pas, beau sire. » XJae telle rao-,
'déralion fit plus d'impression sur le peuple que
ne l'aurait nu fiiire la punition la plus se'ïère.
Satisfait du prompt retour des l'iinaiciis ù leur
-devoir, Charles donna l'assurance d'ensevelir
dans l'oubli tout ce qui s'était passé pendant lea
troubles. Cependant il était des coupables dont
les forfaits ne pouvaient rester impunis ; le re-
tient les excepta du pardon général; la plupart
étaient évadés, et le peuple, animé par Maillard}
avait déjit fait justice des autres.
Ainsi Charles n^eut pas besoin de signaler son
entiée dans la capitale par l'appareil des sup-
plices. Sa bonté, qui ne connaissait point de
nornes , le porta it remettre aoV femmes et aux
enfans des condamnés ude partie de leurs biens
con6squés ; il n'y eut pas même d'exception pour
la veuve de Marcel.
On se rappelle <fat l'asseniblQe des états do
Tome U. 3l
3^2 CHAllLKS V.
i.i.">7 Taviiil ronl.niiiil. dr proiionccrla rlf*iifiliilirm
flr \iu^L-(lrii\ ollMMcrs, fl6iiL l(! Kciil rri un* était
Icnr aftii('lir*iii('iit. trop siiicrn) aux îiitrirLs du
ri'lLiil, (*t. il riiuiuirtir (lu Koiivt'iaiii» (^iiarlos sn
rr>|ir(>('liai(. aiiirrniirnl ccllv. iiijuHtirc; forcc^r , vt
sVfiiil. toiiJDiirs proini.s dr. la irpurrr. Son aulo-
rifé (liait alors assez alfci iiii(? |ioiir im> plus avoir
rroMirs ù CVS iii(!iia{;rin(>ns nitc \vn jiialliriirs dvB
temps avaient, eoniniaïuldsà la piiulcncr; il pcni-
vail. inainlciiant. suivre sans eonLrainf.n li*s inouvo
mens de sa jnsliee et, de sa ^(inc^rfMild; aiiHsi soni-
pressa-t-il Ar rendre? ù «.es fonrlionnaires jeui^s
i'iens (^1 l<:ni's di;^niles. l'ai' nne ordonnaiirr* fiii*ij
vinl prononeer lui-mên^; au parleinont, il ddelara
cju'il restituait, cr.v hans vt fidhlfs ,sujt'Ls en limrs
('lats vt rcm)}iwnU's ; (;t Cljarlfts , poiii: dnnnrr
plus dVeiat à vv\W. l'rparat.ion, iil Ki^iiiiicr son
r>:-dnnn:in(*e à Ions les souverains do i'Ûuru|N*.
(iepend.nit l(* roi d(r JNavarre, onti'ii do vuirsrfl
< 'Kupliees elialles ou réduits an silrnrc! dUus In
t ..pilale , pj'otesta (|u'ii n aurait, juinaîtt de paix
ii\ee le !-(^^enl. Dans sa iiinnir, il ra5s<*iiil)la <leA
toieesde tousrotés, envoya défier l<t (Inupliin,
l»lo(|na Taris paj- t.ern^ eL par eau, vX appela à
Mon sceourl Uui>erL l^ngllc^s , iunuiux capitaiao
auj^lais,
(]rlni-ei, n(inrd)iitanf. la t,rev(î 9 ^Mii^nit (VliorT*
rildes ia\a;^es dans la (]liam[)a^u(!* Apres avoir
t'ait, une* t.entaliv(? inutile contre? la ville de Trovc^H,
il joignit le INavarrois, dans respc^rancn dr ]nllcv
X\iri.s. Le ri:;;,enl aurait, hieui désire aller à leur
i'en(!onlrc cl ne ])as exposer la eapitaln aux (1<^-*
Piastres (Tnii sie^e^ mais il eraif^nail (pu; l(ts naiv
t'iian.s s(îcJ<'ls ijuy «'onservait encore Ut roi dfï
IN.narL'e \\v. profifasMMkl d(! son alisr.-nce ]»oiir
i'aj)peler ee (lan'^ereu\ (Mineini* (]t*p(Midant luul
le royaume était, en ju'oie .^ la fureur des ucns
ij'. i^uerrer, el la \iilc' de Pui'is i*uduilc à lu uei^
^^HAUI.ES V. 333
ni^T* diseltP. îl rf^pen(i«it ttu roi Ae HSTarre dp
jioiiei'lecoup moiîelà le France; mu is ceprmi?'\
pai' une de ces încoaséqueucps ([uî fircut toujouis
la base de sa conduite , ])arut al>andoijner ses cou-
|taJdt« projets au moment où leiu' succès (>arais-
sail le plus assure. 11 fît sa pnix arec 1c daiiplûn ,
i-tle. reiulit pAin- aïasi dii-e l'hrbîlre de piTscgiic
toutes SCS prëtKPitinue. Cet accord sauva l'aiis .
mais lie loula^ea poiat lesproTiaces. carlesgai—
nUons qui avaient tenu pour le roi de Navarre'
se dcclaiî-reiit {tour l'Anglais, alin de continuer
leun bi i^3i>dB}<es. Ou ne petit douter ipie celte
pci tîdie ne lut secrètement avotiée ou même com-
mandé par Cliarles le Mauvais. *
Ce ïl^luge de niau^ sans cesse renaissans seni-
bl&tt pi-êt à sulnuerger le TKÎsscnu de lEtat; niiUK
CJiai-les le Saf^e vMItuit sur !a Fmncc : setnlilaJilIff '
ù ua Jiabîle. pilote (lai ,'pour detoiiriicr lu tem-
pête, sait à propos ceiUT ou i'é^i$tci' a ses coups -,
«Ml W TOYait, par lui heureux mélange d'adresse.
Je oonaesceadaiice et de fenueli* , soutenir ce
ninlIieureuT lovaume contre l'ijtteiite de tous.
Bifiitùl la guerre ouverte avec l'Aii^letciTe va
uicltre sa sa{;rs«c ^ de nouvelles épreuves.
Le roi ivw\ . ennuyé de sn prison , avait fait
.-«vcc Edouard ini traitétlDiitlescoiididonsétaient
capables d"iulicv»C la mine de la France. 11 cé-
dait eu toute souverainclé au roi d'Aiigleteire
i,i Normandie, l<i'C>uieiiue, InSnlutongc, le Pc-
rie,ord . le (^iieivi , le Limmisiii , le Poitoii, l'An-
joH , Je Miiiue . la Touraine , et d'auti-es posses-*
:jlous importantes. Il s'engageait eu outre à payef
qiufrc millions d'écus d'or pour sa rançon. Le
û'uité , si^né à Londres par les deux rois , fut en-
1 oyé en Fiance au régent pour qu'il le ratifiât.
CUarles se ti'ouvait dans un étrange embarras ; il
lui lepucnalt de souscrire i inie paix si désas-
lif use : il uc craignait pas moins de voir mal
3i*
364 ^'" \T{hr.S V.
iiitcrpn'tor nnr opiMmitum i|ui allait prolonger lu
«M|ili\itc^ (te son prir. H prit le pni'ti dr coin-
i]iuiii«|urr Ir Iniitc^ ik TussmibliV ilm rtnlH • (|ui
If* irjrtrifMit iriiiii* \ui\ (iiiuiiîiur« \a^ pniplf \\o
Varis, rouvo(|iu^ ciisiiito par lo ix^gciit, inniiiliRbi
Irn iiiriiic's sciiliiiioim il orgurîL uatîonul. Alors
Clmrlc^s iir halnii^n plus h irruH(*r la rHlifirntioiii
]jrrini €pii ixv sVltniflaitpas A un |tnrrilu^»illnti
ic plul{;in( ainrn'iiii^ut dr sou ISIs vi dp mm iiciiplo.
Kdoiiard, pluNaiiiinr cpio jniuttÎBCOUtrt) IniVancf ,
\l■lllla^ la iv\v d'une ariiii^cdr ceiitmillr hotnnirs
\ét* if'^rnt n'avait, «pir pru di* IrouiH*» à oppufrr à
drs iorrrs NI impuNautrs. Uiir siMilo iHilnillr IHHI*
\alt tout pi*rdr(*( il sr ^anla bioii don rourir Ifi
l'istpir» ; IVxniipli» liiurKlr Av aou|>èrr Tavait froi»
]h(Mi instruit. M'aiToiniurKlaiit aunrnujoiirtuiTS . il
mit bonnes ^aruiaous dan» lrB*plud*(i lortm, rt
al)4indouna ]v» caiiipagurs ik des ruvngrs iiu^TÎ*
tal)l('M,
llicn lie (rouldait la marrlip du roi d'Anglf<-
Irrrr; il pouvait sr tranH])ortrr Maïut oliatnclp d'uiir
villr K l'aiitro^ uiai^ rllrn Olaiciit;»! lûrii niuuirn,
(ju'il n Vu prit pas iiiir. Jl <^.olioua drvnnt Snint-
Onirr rt drvant Atuirus; il nr l\it pa8 plus lirw-
1TUX NOUS les inurs dr RriiiiH , iprîl tint awir^iHi
prndant si\ s(*u)aiiu*s« pr^tcudant s'y t'ain^wirivr
roi de Fraiirr. Tr prndant Ir nagent. »e triinit n»ii-
ferme dans Paris. J^donard vicMil i?aiupc*r à lavur
dft rntto villn : irriti^ dr? iio rtmeonti^rr aucun rn-
nruii , il aniusn sa rnrrnrrn dcSiiritaiit Ira rlivi*
rous; il ddBc le dauphin, il iuaullu Im Puriiiirus,
Crux-4*i innnuurairut liaiilonimt dr rîuacliou i^
laipirllr Im foi\ait Irur priurr: mais Clmrlra, nuwi
)Hui lourlié drs ])ra\adrs dn TAiif^lais ijuo dri
plaiutrs rt dr» solliritatioun dm Frauçnis. irstr
luëbraidahln ; il avait prrvu w oui arriva. l£douard,
<'n ravaj^raut la FraïUT. dtitrnisil «rspixion*» ivk-
«ourcr» ; les vivres do (ardc>i\*nl pas n lui uuiu-*
CHARLES V. 36S
jtier ; les maladies et les rigneurâ Je la KaUon
ilTaiblisHant chaque jour son armée, ses priiici—
jaux officiera le pressèrcut de terioiiicr une ex-
i^dition qui ddiuentait le bonheur constant dont
tes armes avaient joui jusqu'alors. Dëjîi II ne pa-
raissait plus si éloigné ae la paix, lorsqu'un orage
épouvautable , qui lui tua Iieancoup d'hommes et
de cbevaui , et qu'il regarda comme l'effet de la
vengeance céleste, le fit enfin consentir à nn a<>-
commodément. Les néi^ocialîuns s'ouvrirent à
Bretiffuy, entre le dauphin et Le prince de Galles;
elle» durèrent sept jours, et finirent par un traite
oui , tout désavantageux qu'il était , l'était cepen-
oant beaucoup moins i[ue celui que Jean avait
voulu conclure à Loudrt^s r Charles recueillait iiu
moins ce ti-uit de sa persévérance.
La Guienne, le Poitou, Tn Saintonge , le Li-
mousin demeuraient en toute propriété à l'An—
eleterre , qui s'engageait à renoncer expressément
£ totitet sf s prétentions siirlftcouronn«deFraace,
là Normandie , le Maine, la Touraînti et l'Anjon.
Trois millions .l'ficus d'or d<;vai.;iit êlre le prix de
la liberté du roi Jr>an. Les deux monarques ra-
ti fièrent ers conditions h Calais, le aS oulobre
l36o. Le dfiuphin s'était rendu dans cette ville;
son eiiti-evue avec «on père fut des plus tou-
chantes. De retour h Pavis . Jnnn s'etnprcssa de
donner k Charles un témoignage méritée sa sa-
tisfaction, on ratifiant tous lés actes faits par lui
eu qualité de l'éj^rntJ ' '
Tandis qu'Edouard mettait tout en œuvre pour
interprétera son avantage ou éluder les condi-
tions d'un traité iiui lui cool'érait la possession
légitime do l;iiil lie provinces usurpées, le roi
Jean se portait avec ardrur aux sacrifices les plus
onéreux pour l'aii-e honneur aux engageiiB'ris qu'il
avait pris. C'clMlt en vain qu'on fui ohjectait
l'épuisement îles htiauccs et le vif altachemeut
:\f.G niAIlLKS V.
(|ii(' Ir.l trinoii^iiiilnif les payn qu'il nllnlt rrrîrr;
) !i ^aiii on cs.siivalt (le lui |H*i-Miiii(lr*i' i\iir \;i ii'kar-
\.-iisr toi (In roi «K Angleterre l(* ilrpi^fiiit t\v m".
M-iinniN; si\ mille (■cnsiror nViLlurriiliiiiH moins
( (/ni|i(es à l'Aii;j;iuis polir le. premier piiieiiiriif de
(.1 lanion dn loi de; l'^ninre, (*l. les onIreH iefl plus
pieii.s inreèrent ses snjets h ptisser soiiH h* jon^ dr
Mtn I îviil. l.(> (lan| liin p'inissai(. de rîiiiprndenio
piinefnalite de son père envers iiii eniifMiiî fpii le
iroiiipail ; mais il se eonscdait. en peiisnnl cpi'ini
jonr.il ponrrait revenir snr ini tiaifr (jn'l''.doiinirl
«iilaeliail de nnllihl en rextieiihuil riiiil. ** V]m
« jusieel non moins poliliipierpir le roi tVAtv^U^
u terre, (lliarles le voyait Ii'au(|nillcni('iit H^'iiCef-
¥ rer ponr ainsi dire de hii-nieinr, e( lui foin-
H iiii ., par sa inaiivais(; loi, les iiriiie» rlonl il
« divail parla siiil<! s'* servir roiilrcUni avee nii-
« lanl de sa;^esse (pie de lioiiheiir. >i (Villars, His-
toire de l'iaiK*!!, ij*-' v<diiine. )
lii.strnil par radveisifcl , Jean ]Kinil. irahonl
donner tons ses tioins an {^oiiverneiiienf. 11 ii'eAt
jij inaïKpier de gouverner aveir Hnf^eKNi* s'il se
lût loiij(»nrs iaisiié guider par leH roiiseîfH de hoii
iiis aîiu^ ; mais trop souvent un eiilciteiiienl. or-
;;neillenx le rendait, sourd à toiiIcH leH rt'pif'seiK
liilions. Outre dans sa proLitcf coiniiie dniis kji vu-
leur, le dernier nrfv de flou rc'^iie lui uiir niipni*
«lenee <pii mil le eoinhie ii limtes eelleil cnril iituit
eoinmises. Sons pr4;texlr dr u avoir )mis le* jiioym
de payer sa raiieon, il relûiiriitt h l^nndreH Hfi
reiiiettif! enlre les mains dJidouard, c*t y niouint
(piehpies mois après (le H avi'îl It)6^) , n IYi(;(* dr
ein(|iiante-(pial.te uns, aprèji en uvuir idgiiti c|ua-
(oi"/.e.
Peu de joiirti après rii^rlcH lo^ofçn, riiupiii^mf*
du nom , fui suci.^w^ JU'Iiiin; il (^fiiit tteçi^é de viiiK^*
.se|)lans. IVIonté sur le fi'diie daiiH un teiiipH fiii M*s
d:in;;eis dont I l'Jaf «Çlail iiteiiarc^ M*nibhiH*iil v\i-'
;;;er ini pi 1:^-0 (.;n(iii(r, le nouveau jui , d'uiu:
«EA&tifeS V. -867-
tenltf ddickletj^ça propre aux exerÊicet mili- .
taiiM} deVait remédier h tous \çs maui. par sa
prnoence. Ihifontl dn son cabiuet il sut çxdcuti.T
ceqa'on huraït; à peine ose se prometti-o clù plus
- grftnd capitame. f 11 setiifalait, ditMé^ci^ù, que* sa
■ sagesse eût attache Infortuné à son service; df-a
« le commencenirut de son règne il fit voir que
■ les Français pouvaient hattre les Anglais , qui
« les avaient toujours battus durant k's règnes '
« pr^cédena. n Pour éviter les désastres cittud
parles iàutesde son père rt de sou aïeul, il siûf^l .
des maximes toutes contraires & celles i^iii avftiifiit
dirige leur coiiduilc. il ifeatrcprit laiùais de
gOeire mal h propos , et ne la (ît jamais par lui-
In^me, aassi hrureuic par ses généraux que cfs
princes avaient été malhpu^ell^ 111 pcrsonue, Dil _ ,
vivant do sou pnf il avait su (î('m("'lr'r les tideuri '
de Bertrand Du Guesclin, et l'avait engagé às'at—
t&cbér au service de France : ie Tfiillant jSretou
fut le prinéipal instrumïqt de» graiUls. dc^ùu du '
sage monarque*
Charles le Mauvais, towOBTa pièt i s'armer
contre la France , ravageait là NQmiandîe , à la
tète de plusieurs compagnies anglaises et navar-
roises. Jeau de Grailly, captai de Buch, seigneur
gascon, l'un des plus célèbres générant de Vdti
temps, s'était joint au 'roi de Navarre, i[ntUû
Bvatt déféré le commandement de tdùtes' SËS
troupes. Ib avaient couçule projet insenséd'allier
à Reims s'opposer an couronnemeot de Charles*
DuGuesciins'avBDceïlenvtencontre] arrête leur
marche , et , ti;ois jours avant le sdcTe du rof, il
remporte sur eux une victoire complète ii Coclie-^
rel, entre Evreux etVernon. Le captai de Buch y
fut fait prisonnier. Charles, pensant le gagner par.
des bienfeils, lui rendit la liberté et le fît son
chambellan. Mais sitôt que la ^erre recom-
mentra, Jean-de Grailly, peu reconnaissant, ce^
368 CHiUULES V.
uoiiça au serrioo du roi , et prît oongë de lui. Le
sage nioiianjue suivait qu*il allait preucb^e parti
pour les Anglais; il pouTait retenir ce dangereux
«'iiiiemi ; mais mHte mesure , commandée par la
prudence, eût été en opposition avec la justice;
il laissa partir le captai de Bucli malgi*^ Fa vis de
ses courtisans.
Un des piTmiers soins de Charles à son a veut-
nient au trône fut de pourvoir au maintien de la
Î*ustice. Il eonfirma dans Teiercice de leurs charees
es magistrats des coui^ souveraines , dont les
fonctions cessaient alors h la mort du roi, et
t|u*ils lie pouvaient reprendre sans Fagrc^nient de
âM>u successeur* Pjir une autre oixlonnance il en-
joignit expressi^nient aux hommes de loi d*assister
les ]>auvivs de leurs conseils et de leurs soins
sans exiger aucun salaii^e. C est par de tels règle-
mens que le nouveau roi s'annonçait à ses sujets.
La guerre était allumée depuis plus de vinct
ans entix! le comte de Montibrt et Charles de
Elois, qui se disputaient le duché de Bretagne»
Edouard II! soutenait ouvertement le comte de
Moût fort : Charles V fiivorisait son rival , dont
la cause, attaquée par rAngleterre, devenait na-
turellement celle de la France. Montfort ajant
mis le siège devant la ville d'Aurai , Charles de
Elois vint à sa rencontre. Le désir lécinroque
qu*ils avaient de terminer entin une si longue
querellé , lardcur avec* laquelle tous deux se pré-
f aidaient au comhat , semhlaieiit présager que
action allait être décisive. Les deux armcf?s com-
mença iont i\ s'ébranler ^ lorsque larrivée d*ini
courrier arrêta ce mouvenuMit. Il venait de la
1)art du roi de France, qui invitait Montfort «^
ever le siéce d'Aurai <'t îi se rendre à Paris, où
il trouverait devant lui Justice et conieniementm
Montfort, plein de confiance en Téqnité du mo-
narque qui lui envoyait ce message i oflre de s«
■r
CHABtES Vé %^
ionmettre 2t Ml dl^iidon. Charles danois ne Teiil.
tf'ea rapporter qu'au sort des armes : U ayaîl pro^;
nonoé tarrét de 8|i perte. Vamea dalis le coiiUMtt t
il laissa par sa mort la possesaîcHâ da dncbë âm
Bretagne à son riyàl. Jeanne de PentfBèitrè » sfi
Teuye, implora le secours de ht Francse poor elle
et pour deux enfans qu'elle lavait eus de son mal^
heureux^ époux. Chartes V suivit d'abord les mou-
▼emens ^'une généreuse oompàsûon^ il exhorta le
duc d'Anjou , son frère , auprès duquel s^était retir
réelacomtessedeBloisy leur proche parente, à nt
5 oint abandonner cette princesse', 1 assurant que
e son. côté il la seconderait puissammenté Buda
le sage monarque sentit bientôt, qu'en prauuit
parti pour Jeanne de Penthièvre il se fierait mk
dangejreilx ennemi de Montfinrt, qui^ poutté k'
Iiont, ne manquerait pas de se mettre ffoua la.
protection et' de se ranger spus Thomniage du roi
OhAngleterre* Sacrifiant une vengeiBHm particu-f
lière au bien de l'Etat, il se contente dVtre te mé<
diateur de la paix entre la comtesse et Montforté
Dans les conféreuces qui pour cet effet s ou-
vrirent à Guérande il soutint les intérêts de cette
princesse avec tant de chaleur, qu'il obtint pour
elle des conditions assez favorables. Monttort,
reconnu duc de Bretagne, rendit honunage au roi
de France.
/^ers le même temps Charles accorda la paix
au;r)oi de Navarre, qui renonça' aux vaines pré--
tentions sur le duché de Bourgogne, qui avaient
servi de prétexte à sa révolte. Toujours perfide ,
toujours ami du trouble et de l'intrigue, le Na«-
varrois ne cessait de tromper alternativement le
roi de France et le roi d'Angleterre. Charles le
Sage savait déconcerter ses complots sans faire
scm}>Iant de les connaître , montrant ainsi com-n
bien une politique franche l'emporte sur les artif»
lices de la mauvaise foi.
^70 aiAMXS V.
Alniil , pnr ilni^ (ntllrin île rinii <l|(n]Kini'nl
aviLiiUfitui, CliUilrB nvaîl. i\t» \n jitrmiërn «n-
tti^c ilf HV1I r^tfiii^ t niiit lu Fnint't' Il l'nliri d'il
cniieniU du ilclKtiR; intiin [l'nutrr* fnnr-rnii la dt.''
Kolnii^iit i>u-il(!(lniiit. Lc> Iroupci lic-coci^r* . ({iii
n'élniriit t^iiiÙPH bous le uom do grandei mmfn-
f^nitauu Mntniidiins , ru"fBnr«ii-nl Imitr.s K-i pni-
viiiWKd y |it i-p^l>inipiitli;iicuUiiiil('i ili' lumiitm-.
Tirilci- de Ira rdiluitr pur \n» nttii»» v'rhi él&
iti<lr<iirt' toiiiili>iHTaiUuKf>f.ilclupui( t d'nUbtiri
11LI iKiiait-ini pu Inm*'!' ilf» rnrci:» •HffltAnlrt
jitmr \v* arciilili'i'?' U' roi (<toil. <lum un iHmnjii'
entliniraa | nu hrui-iux cnricoiiri tle ulirotixtancvi
\iut iW tÀvar. Henri TrimMamard riiajiubjt t(<
tt/iiio Âc nnHtillc h ton fii^rc ifom VhAtr , 1r»p
di(tiii> (fu RiiMiorii tic Cnifl. Il rnto^'ii iVniiimIfr
di n «ccdiir» îi (lliiiili'ii V. Lii mine iitiitimijtir' ,
n)iu'»nTnirTirird'' ulIiir (ii('srii«ilu(i(iM< A rqli4iU>
uiiiuL IcH <air.h dt-s (-oiti|M|^t>ii-*i , If* r'ii|[u||i^ \
nuivin Da Oumi'llii m Cn^tillc. t>» lirl^mU»
H^duitK pur l(N|)<<ir d'un uriitvi?au liutii) , t|uit>
tbi'piit cidiii lin iiiiv» ■[iii> h urs rtipiiii» «VMÎml
tf{■ui^d. Cliiulca i ut dujdttiiiK'nt il »• li<lirilpr dit
ccttn uiL'iiiru ; ni dëlîvruiil, au» nivnuiiui d'un
liÀiii il ao pruriiinil un a\\\è iililu i-t fidjili'. A]*rt«
ItoU niuiM'i d'unii gurrm «isnnli'c pur de» «uodti
diviiH, Titiiiatiiuinrc n'otibUn jiiinni* (jii'Il dtfdtt
«in Irônn nux sccoiini dr Ohurlos V , rt JljMit
pni' lit suite pluH tl'uiit! oucuMtfii tlo lui li^nigMbr
ui i-ccoiiiiaiHMiiicc, ^"'
Qti[>iqiit>M AuiH^f^a dti piiii H unu *('«fn< écnÀtK
m\e iiïiiiciit HidK nu roi ilr Frutirn pour r^liiMlr
KculiiinrMTii; non U'diini- diait plpln, i-t. uipmilaiil
le» jitmiidi riluirntdiuiiiiiK^iii In montmic rniidur h
son \«i'iUble tili-o. et l'aii*, nînM (pic ii<«ni«t-
ron» , » Vin bol liinD irai ciluqiie jour dn imurrAU
moniuii''ni>. f/>ii miin* du tnçf nionni'qiir Pitilinm--
biiiLiit loutc* ka purlic* dri riidiiiîiiiiitmli'uii uri'u
l » ■ ■ ■ . .»
jm.snocèi ^l;l'«gricaltare, lludq^lrie et le
jpommuerce intérieur, .encouragé» pftr sâ^proted^
tioîi) étaient bientôt devenus florissant* Len Cà»^
iillans, les Portugais et les Italiens, ^i jMsiaient
àiors pour les plus bahiles pégocianfi de ifBorope >
adirés par; le^ priyi^ëgf s que ce.|^iiïce lévùt ddl^
cordait , s'en^pressaient de fréquenter nos parla »
êMonnaîent:une nouvelle vie an: eolE^oiinerce maxV*
tîme. La marine fi ançaise , absolument rainée
depuis la fatale bataille.de rEclusè, réparait sétf
pertes avec. Y*apidite. GUai4es était heureux S il
jouissait du, boimeur de la France. '_ ■ * *" *
iPour ç^mjile de félicité, la reiiie Jeanne f^sft
vertueuse compagne , init au monde un' fils qtif
fut nommé Charles. On sait ave^^qilelll; Joie tes
Français ont tpujours accueilli le premiiea* âë die
leur souverain; mais âans cette o^msibti nhé
idurconstance particulière contribuai;" à rendre
leur allégresse encore glus Wve* 'Ikêpuis dix-^
neuf ans de mariage le roi' n'aivait 'eii« encore
aucun enfant mule* L^enfant royal prit le titré
de dauphin y et régna depuis sous lé nom de
Charles YI. Le jour du baptême de son fils,
Charles Y fit distribuer une sçtume d'argent
assez considérable à tous ceux qui se présen-
tèrent 'y regardant son peuplé coiûme une gt^nde
famille dont il était le chef , il voulait qne les
plu|s pauvres de ses sujets pussent participer à
sa joie.
Il s'était toujours proposé de rendre aux An-
glais les humiliations <lont ils avaient ^abreuvé son
père et sou aïeul ; mais il attendait pour mettre
ce projet à exécution qu'il fût en état de lutter
contre eux avec avantage* Quatre années lui
avaient suffi pour réparer les désastrjçs de deux
règnes. Son peuple le bénissait : lés Anglais al-
laient bientôt fléchir ■ devant lui. 'Déjà il leur
portait des coups indirects en protégeant Henri
3-2 CHARLES V. I
Traustamare contre dom Pèdre « en tàietîf
duquel le prince de Galles faisait de grands ef**
forts.
L'illustre rejelon d*£clouard 111 gonvcmaît la
Guicnne et 1rs provinces voisines^que son père lui
avait doiinë(>s à litj'e de principauté. Epuise par
les sacrifices que lui coûtait joumellement la
l^ierre de Castille , il avait voulu imposer nne
taxe gënëraie sur toutes les terres de sa souve-'
rainetë. C(;tte nouveauté , qu'on n'avait point
connue sous les rois de France , révolta la no-*
blesse , dëj^ mécontente des procédés da mo-
narque et clu priuce anglais. Les principaux sei-
gneurs portèrent leurs plaiutes au roi Cnarles V ,
suzerain de la Guienne : ce prince 9 a'gréablemenl
suipris d'une panûHe dépulation, Irur promit de
veiller au- maintien de leurs privilèges ; niais
comme la fortune semblait pour lors favoriser
les Anglais en Espagne j il lésolut d'attendre un
moment plus favorable pour accomplir sa pro-
nw'ftse.irn'attendit pas longtemps; la mort et la dé-
lai le du cruel dom Pèdre ayant assuré le trône
SI Transttunare , le prince de Galles se vit forcé
«révaruer la Castille. Ce dernier, peu accoutumé
à de pareils revers , avait rapporté de cette ex-
pédition une lan<;iieur, une mélancolie que rien
ne pouvait dissiper , et qui le rendait incapable
de comniund(!r en personne.
Edouard '111 , après avoir pendant TÎngt ans
abaissé la France 9 la croyant hors d'état de se
relever, s'endormait au sein de la mollesse et de
rindobmce ; on eût dit f|ue la fortune lui avait
fait ouhliei' qu'il n avait dû ses succès qu'à son
infatigable, activité* 11 se croyait souverain ab*
solu de la Guienne <;n vertu du tra|||é de Bré-
tigiiy ; mais conmie il n'en avait observé près—
qnaucune condition , et que d'ailleurs il 'avait
cunuuis divei'ses hostilités > Charles V> pour faire
^kàÊÊet la jastiûe de jsa cause , ohi( &yoir atta-^
qoer la yaliditë du traitrf ayant de se déclarer
pontre Edouard. Tous les articles de la pailL fo-
rent sorupulenseineat examii^ii dans son. cou**
0éH 9 et le résultat de cette opëratio tàt con*«
forme au» rues équitables du sa^ mouarque^
Edouard, ainsi dëcnû de la sourertinetë absoiue
de la Guienue , demeurait toujours yaind de là
ix>aronoe : ce fot à ce. titre que la roi de France
procéda contre lui , et jamais, dans les tènqps les '
plus henreun de la monarchie , tios roia n*ont dé-
ployé plus de grandeur ni plus de fermeté quia
Charles n*en fit paraître dans cette occasion»
Dans une séance solennelle du parlement ijpréi»
aidée ]^r le monarque , qw s'y reimt"aocompilgné-
des procès et des pairs cm rojaulme, lesBeigoéora
de Guienoe» s'adressant à la cour et au roi de
France , leur souTcrain légitime , demandèrent
justice contre le prince de Galles. L'aumiate as*
aemblée reçut leurs plaintes , et sur-k^éhamp
on dressa uu acte au «nom du roi , par lequel le
Ï rince anglais était cité à coç^paraitre pardeyant -
a cour des pairs.
Un ajournement personnel signifié au yain-
iqueur de Poitiers eût été trois ans plutôt une
bravade insensée ; mais Charles se sentait en
état de parier en maître. Ijà prince Noir ne put
retenir son indignation à la lecture de l'acte t
« Oui , oui , s'écria-t-il j je comparaîtrai à Paris ,
« mais ce sera le casque en tête et suivi de
«c soixante mille hommes. » Il font le dire à la
honte de ce héros » il s'adonna dans cette occa-
sion-à une violence indigne de son caractère , en
faisant arrêter sous un faux prétexte les deux
officiers qui lui avaient signifié l'acte d'ajour-
nement.
Le roi n'apprit pas sans indignation IHnsulté
fiiite à ses députés. L'attentat était notoire ; il
374 CHARLES Vi
piiiit iiit Ji'S lors preiuliv Ips ahiira poiif
uiic proiniitc veugcBuw I iii»t« Oinrirs \r
(Icvnit il srvi rmit'uiia l'cM'iujiU' Û'um- inucli^rs-J'J
lion qui onnonçiiit su iiu;i(!tiorit<*i il conhiir m
n buentinu'ut. Il n'jiïtiit png eiicoii; liifeliiif' lu
guMire HU i-oi d'AiiKlr'Iu'n' ; uiui» ufin ijoc rhiiii
une cuiim aiiKsi jtiittp un iip nfit n'fit'DrliiT
un roi ùv Fi'Hot^r U plu» Irgt'n; iiiiititliim nn^
Ibrmnlitéi rpçiuia - il vnuliit pncort> Cnir» ci'itjr
ilci'iii^ri! ((«iiiHi'cliP . <jiie \e» ui«nan>« thi nrinr»
de GitlW wiuMaii>nt uvniv rAmliiff innttip. Il
Uiiuidf un des dtTiiicr» valets de .■.on hàtef.\a
cliHrf'C iluiie lettre wtiloo [mur li» roï il'Autfn^
l<'irt,aYec ordi^dc ae U rc met Irp qu'il Erlniiin^l
liii-iii/inir> F.pouvantL' de et iiiivnnf;>! , Ir^ pniiviii
liuiuinc m; rtiitl it Lmidn'H. Oii l'îiilrodciir ilcvmil*
lu i\KV moiiuri(ue , <liiil n'ose iTgnrtW <'n fact,
et lui pi'éunti- tii IroiililnDt ïfi iiiiq»i>l. Lu lirc-
tiiic du culte \fUxe iio gui-piPiiif p*ii rnoîi»
T'idoiinrd quo le cUoi« d'un pnreil iiiPKsnêcr! H
lif iieut m cruire b*b yciis i il rvnmÏHt! * plii-
»li'iirii it^pritieit le» sceaux nui nttrslcut l'authri^
li( ili- de l'i=ri ïl : t'i^liiil iirii' (ItVIamtluu de i^rmrv
Lr nuillji'iii'cux Mili'l ('tait plu» tlil)H i]iir Vil' m ^
*.rv;.ii[ l',i-ll,i(ir,u <|iti «c ]..'it;ii.iil »n_r lil tipU-t iv
yi'iKvf, l'^iliiuui'J . qui no {>i>jf:<?duit inirtil niwf ^
■l'uviiit fitil ]>■ ))i-iiicu df liaUr» , niMUiii ti! ini^
t»^^l■r et le tenvoyu liliri'; il pmiiiIiii( ijHfj cctij
l'ii^iiutiU' luystiilcation i^luil i\ne yi-u^rancv tttl^
nicrÎLéc (le l'HUroiit qu« tioii HLi avait l^it ko T
(Je l'raii»'.
Jdtnaia (Ii^clarBlinn A«^ gurrrr M Tut ailirïtf^
jihw proinptPB liohtiliti'u. AmiU qti'Etl«wui*c(
s/iuj((! Il fiiiro »ii»»])i^|nini6l'!É. Altl"\iU<* €1 l
L» itulrefi plttoc» du coml*^ du l'aitltiii'ii ^
l'iiiK^iaau pouvoir ilc (Jlmrlr > V ; lis li'iru
l'uit'mie n*aient rewinorli? df gratulu t»*aiL.„.,
vLi.is It- Quorci clJuiiiii-IliiuiTpwrilcux onitA*^!
ÇHAftLUS y. 37S
eonlmauidlées par le» ducs de Bem et d^Anjovi^
Frères^ du roi, s'ëtaîent ponees sur les proyiace»
ç^dée^ aux-Aaglais , tandis quWe flQtte 6*aii^
cuise jetait sur les cètes d'ÀngKfJKtre des troupes
Su s efkuparèrcnt de PortbsmoffiK^'-et dësolàrent '
us les enyirous. Le roi d'Anjpeterre ne fut pan'
liioiiis surpris de ces brusqucis attaques qu'il ne
TaTait été de la déclaratiou 4e guerre. Eu atteur
àmt qu'il pût mettre suiupiea de plus gjraodea
forces , il se hâta d'euTojer eu Frai^ce Iç duo
d^orck, Fun de ses fils, à la tête de quelqoet
troupes > puis il ordonna une levée en masse oans
lous ses états. ■ «
Le K9} àe France s'était rendu à Konén pour
^tre à portée de surveiller les Anglais qui aTJ||||hlt
débarqué à Calais* Son attention ne se portait
pas moins sur ce oui se passait dans la Guyenne 9
principal théâtre oe là guerre* D*une santé trop
faible pour paraître à la. tête de ses années / tout
néanmoins ne s^ Taisait que par ses ordres ; sea
savantes combinaisons dirigeaient tous les mouve—
meus de ses généraux. ; il était la me de leurs
exploits; il leur recommandait surtout de ne
point livrer de batailles et de s attacher seule-
ment à tenir les eunemis en échec ; connaissant le
caractère du Fiiiaçais , dont Fardeur bouillante
n'a besoin que d êU*e réprimée , c'était en l'em-i
pochant de combattre qu il lui apprenait à vaiun
cre. £11 vain les ennemis , étonnés de cette noui
VcUe méthode de faire la guerre , essayaient
d'engager une action géaérale ; il n'y eut dans
toute cette première campagne que quelles
escarmouches , quelques combats particuliers.
Une de ces rencontres fut plus fatale aux An-
glais que ne Tauiait été la perte dune gi'ande
bataille. Lîî brave Cliandos , lun de leur» fins,
l^abilcs et de leurs plus vertueux capitaii^w^g-, Jbt
tué au passage du ppnt de Leusac en Poitou*
376 CHARLES V.
Lrs Anglais 1c pleurèrent , et leg Français » asKS
{^ënéreux pour rendre justice à leurs ennemis,
donnèrent des nfgrets à la mort prématurée de
ce gruud lionime.
Au milieu* des soins de la guerre Charles V ,
loin de négliger les autres parties de l*administrfr<
tion , rendait \cfi. plus sages ordoiuiances ; la po*
lice du royaume était surtout rpbjct de son atten-
tion. Pour réprimer 4il licence militaire 9 il dé-
Ibudit ù tout liomme d'armes de se retirer sans la
permission d'un officier supérieur, de jamais ricii
rfxîgcr des bourgeois et df^s paysans, et de lever
des compagnies sans une auto Hsatiou expresse* La
iiireur des aumsemens frivoles et àes jeux de
liasard était à son comble ; le prudent monarque
1rs interdit tous , sans excepter les plus innocens ,
pour exciter ses sujets à se livrer à des dîvertisse-
mens propres à les rendre agiles et robustes , tels
que lexercice de la lance , de Tare et de Tar-
bulèle. De tels règlemens ne pouvaient avoir un
efl'et durable ; Cbarles V le sentait sans doute ,
mais il était nécessaire de les prescrire dans un
temps oïl il fallait que tout liomme fût soldat.
Le 1*01 manquait de fonds pour l'ouverture de
la campagne suivante; il fallut se résoudre à lever
de nouveaux subsides : les états généraux furent
convoques pour cet effet. Que les temps étaient
changés ! Chartes se rappelait encore avec amei'^
tume les humiliantes contradictions qu'il avait
éprouvées dans ces assemblées n^étant encore que
dauphin ; avec quelle satisfaction il vit dans cette
occasion tout son peuple, ])ar la voix de ses repré-
sentans , lui ])rodiguer les éloges les plus flatteun
et les témoignages de Taffectiou la plus sincère !
On lui accorda sans nmrmnre tous les impôts
qu'il demandait, et pour répondre à la confiance
de ses sujets le sage roi prit des mesures efficaces
pour qu(î Ju levée de ces subsides «ut lien aans
aucune vexation.
CHARLES V. 37/
^ JUHOfé dM..l)OnRes dispositions de son peuple,
Jllungfcn dès lors à rappelei- aa roi d'Ai^cterre
stksoafila qu'ils étaient aéi rassaïuc delacou-
rtmoe dé France. Il prononça lui— me me 'dans la
Minr d« pairs V:\rrdt d'Edouard et tlu prince de
SaUes^uigles d^'clarant rebelles, ordonnait lacon-
EbcàOoa de toutes les terres qu'ils possédaient en
Fnnce* tlne pareille sentence eût été un acte de
àdïe à Charles n'avait pn se promettie de l'eié-
mt«r par 4«s Bmm.
■'■ Q était d'anlant phis en état de le faire , que
Dn Guesclin allnlt reprendre le commandement
fb «■années. Ce bra*e capitaine se trouvait alors
en Espagne, où le roi HeuriTranstamare lui avait
donne die rklies possessions. Charles le Sage ne
■roolxitpas commencerla'CampBgnê sans DuQue&-
olin. Ala -r^mjère îustallatioiMde son souvâ^in ,
lilUiiatre Breton quitta la Ca&lille , et joignit en
Gnjenne l'armée du duc d'Anjon : sa présence
remplit lea soldats trançais d'une noavette ardeur;
Inn succès furent rapides ; en pea de temps Ôs
s'emparèrent de plusieurs places très-importantes
situées le long de la Garonne. De son côté le duc
de Ber ri remportait de ^ftuds avantages daus le
liimousin. ™^
Cependant une armée dejnhte^nq milIe^Aïf
glais j eommandée par le vàimwt Robert KjooÙeSt
était di^barquée à Ç^I^is , et répandait la idésoU'
(ion sur son passagt. Dans ce pressant dBnger le
roi eut recours au système de défense que sa «a-
Esse lui avait si heureusemmt inspire pendant
captivité de son père ; 3 mit dans tontes W
places en état de défense bonnes et âdèles gar-
nisons , et ordonna aux babitans des campagnes
de s'j retirer avec leurt efiets les plus précieoTt
Les cnncniis s'avancèrent sans éprouver la plua
légère rcsïstance , et parcouriirent le Verman-
dois , la Brie et la Champagne ; mais s'ils purent -
Tome II. 3i
t^y^igrr li's çainpiigiirt. que CtinrlcK leur niiil
en qûdyup Mirtc aiiaïKlonnves , ils n>^ priAmt aa-
ctute pKJiCe il 11 port auto. lb> W préieutbn-nl juscpie
tous 1rs mura, de l'aris , où t tatt i'«iirr>rm<^ li> mî ,
rt orfirnt fafc-e cnteotlre li* son Af Irurs tremuriltt
aux pgrim dn l.nUTi-e. 1^ licllitrucuae iiublnBi'
(jnl rliloqiiiit Cliarlps brûlait d'aller cliâlin- e<5
IpilUiiU ; uiais lo saçfi luwiunjiK contritail cettt
Bj'dcur , et luiâsait &es iiiipn||kuK (^itnemtf (lertlre
Iciirfcmpâ en courses imitilf 8, et (le venir lès tire-
mièrra victimes de la disette qu'Us i'^p«ndMeal
-pnrloiit.
CVtnil à Du Gu«sclii) qu'il réarmait le saîd iIc
vengn* (ont de ravagps. Arriviîit l'aris, ce raillant
capitaiue reçut Vépée ds t-oiuietuLIcj Alt w ntta
jias oisive cnb'r nei moîfS. Suivi d'nno luiavt pen
TÎcrs rrimrats , il se niit k U pourâMi^^i" l'nrmét
anglaise. Longtemps , au grë Ûm sac^ » ijmrmr-
tioiis ilc Hiu rat, il se c(tult'ul£ tU: iiarru'ler In
rnncniis; mais ayant Irouvc dau» \e Maine r<Mv I
rnuon de leur livrer une attaque ^«^n^iale , il |tt
('^t complt^teuieitt. CcUc arniéc Ivriuiilahl^qne
Knnllt's ofait L-ouduitc ut PraiurciliMwriit, et«f
t^c^iiérnl 8c trouva trctp Tieureux d'aller c«cl>mil
honte datis un chfttAKu (ju'il |ioj>««<Utit eo ~
tngiie. ■■■
Le connétable se rendit ensuite dana le BCrri^'
d'oii il dias«H les AnKliii£,4]uiàe relii-j^icnl ikiidr .
J'oitou. Bitnttit npiilH il les t-\{wUa d^' Ui Towr^g
l'iiine , de VAnjou < du l.iuioti«iii el dti llout^bé
L'année »i'fvaiite U (lotte du roi 4r CmltTl*
n<t< le allii< d(T Chajles V . ■'«•aiiwrta snrorUe <jl
Au^liiisunif vietoirt ïi^iul^r : cotveLfvfut le<i
ttiiil de la I uiiic entîm' di- letir ïwni fit Franu
t'Aunis , la Saintoiif^ it le Poitou leur ruvntn
lr>(<s |irf$i]i;enii)>»itt>r. Ij- runui^laMv.diiMnp
■wii'gcttit H [irciiSit tpiUt» 1« [lUocf ù ««n a
: iM'ffléB l' rtbi'éesplbschitil^
. MrtisMk "or a 4 lecerre , Tint'aietClfe'lè c6nt^. ^
Ueà tantoe desascn»; il fat diffiidt et pvfa'jMirlef
s Franfais dani unie rencontre près de la yille dé'^
^ Sonbue » et conduit rers le roi de France* ' Ckar>-.
h ' enrers lui que la. première foift ;' Jean de Gràilly
I' -' fut enferme dans une tour du Teinplè ! il j mounu
; ^ miatre ans après , consume p^o* ime mélÂtt^oilié qui
le rendais insensible aux ^rdaf par If^sqUéU le'rot
' ' de France tâchait d'adoucur sa captiTitë. *
Llionneur et la nécessite firent eiifin sortir
Edouard de* son inaction; il résolut d^aller-conit-'
;^ Jiattre ses ennemis en personne , se flattant.qué stf
seule présence ramènerait la ' TÎ^toire jiotii^ ses
étendards. Rien ne fut oubHé jj^ur a^iùr^er le
. ' succès de son expëditioh'5 quatijpehts vaisseaux
f ' furent rassemblés ; toute la nobfflEe anslaise* yint
offrir ses services à son roi ; le prince de Galles ^
dont la santé sVtait un peu ra£fermie pendant son
séjour à Londres , devait accompagner son père :
jamais armement plus considérable n'Miit sorti
des ports de l'Angleterre. ^
Charles voyait sans efifroi ces immenses* pré-
paratifs ; ses prudentes dispositions l'avaient mis
k l'abri de tous les événemcns. Ses plaoes étaient*
bien approvisionnées , bien défendues; il tenait en
son pouvoir presque toutes celles du Poitou , à
l'exception du fort de Thouars. Cette ville , où
s'était renfermée une"" partie des seigneurs de la
province, ne se défendait enèôre quff parce qu'ejle
avait l'espoir d'être secourue'pàr les Anglais. Du
Guescliii la tenait assiégée. Son ainnée était nom-
breuse , pleine de conlinnce , et chaque jour le roi
y faisait passer de nouvelles troupes. Le Poitou
allait devenir le principal tlu'âti e de la guerre :
38o CHARLES V.
cVlalt Tcn ccUeproviucç qu'Edouard arait def«
tcin de* hc dirigfîr; mais Ir-s éicfinens, d'accord ayec
Irs vœux do toute la France 9 rcpoussèrrnt la
flotte de cr; prince sur Ir» cotes d'Augleteire. Ea
vain , prndaiit neuf mois qn*il tint la mer 9 il sel'-
foi'^a do vaincre cet oLsliicle inattendu ; il se vit
contraint de ic^uçiptr ë(t(ports»G)fut alors que ce
prince, ddsr'ftpérë» dit au snjctde Oiarles le Sa;;r
« Que jamais roi ne sVtait moins armé, et ne lui
« avait donné tant ai faire* »
Ccnrudant les fM:îgncurs qui résistaîent encore
dans la forteresse de Thonars , voyant cp'ils attcn**
daient en vain les Anglais, remirent la place entre
les mains de Du Gucsclin y et rendirent hommage
au roi de Fiance. Lii reddition de Thonars as-
fiura la posM^shion de tout le Poitou et de la
Guyenne. Edouard eut alors recours à des iu-
trigues qui ne lui lëusttirent pas mieux que tes
armes ; il voulut détjiclior lo roi de Castille de
ralliaiM-e de Charles Y 9 et cv. fut le roi de Na-
varre qui si; eluirgea de cette négociation ^ mais
Tianstaujaie ne lépouditqu^avecniépris aux su^;-
l^eslioiis du perfide Mavari ois, et déclara haute-
iricnt que les x^tfres les plus avantageuses ne lui
feraieiil juniuîs oublier son amitié pour le roi de
r'jaiiee.
Le monarque anglais s^adressa ensuite au duc
de Dreljigne, qu'il trouva dans les meillcfures dis-
positions. Mont fort , quoique vassal de Charles V}
avaif. toujours ]uëseus à sa mémoire les services
qu'Edouard lui avaitrendus; maisilne putaoîr en
fîii faveur comme il 1 aurait désiré» Toute la no-
i)lrss<; de la province éliiit portée dUnclination
fwur (]hai les V , qui avait su se Tatlachcr par ses
lieu (ait s et ses hons proeédc's. Les seigneurs bre-
tons dcu-laièreut au duc qu'ils ne le serviraient ja-*
mais (roi lire la France , et en même temps ils
douiicTcut avis au roi des mauvais desseins ds
t .
'flbiifert. Qi/ÊaieBf cpi dans totttès let dëmardhei^
'respectait les règles deia justîcef ettTOTm womÉoeè
ce Tassai infidèle de r<^iiprei|tintel|Bipôes|iTed
les ennenû»^ la France* ISb dac nnrfalit tettjjs
•compte*'deey|^rdre , une aràufe française entra ^
Bretagne^ etM^entÀt soumis la^proyinôeenfière é
à l'exoeptioiiN' «r Brest et de Denral , forter^lse
où s'ët9Lit reûté Robert Knolles* Montfort, de**
pooiUë deses ëtats, s'enfuit à Londres. Edoiuu*d f
pour venger -son malheureux, allie /rassembla une
armëe de plus de trente mille hommes» dont il
confia la conduite au duc de Lancastre y Fun de
tes fils. Comptant beaucoup sur un pareil secours^
le duc de Bretagne osa enroyer au roi ^de France
im défi dans les termes le» plus mèiiaçans* •
^ Mais le prince aurais ,' loin d'imiter le sUe de
son 'père pour les mtëréts de Mœitfort» seoibla
prendre à tâche de l'humilier. Au lieu, de se di^
riger vers la Bretagne 9 comme le duc l'ayait es*
pérë , Lancastre prit la route de la GruyennCf aprè»
avoir traversé en brigand toutes les provinbes de
la France, depuis TArtois jusqu^au Limousin.
Charles , toujours fidèle à son systèm'ë de dë-^
fense, avait donne des ordres si bien combinés 5
et qui furent $î ponctuellement suivis , que tou»
ces^pays souÔrirent peu de dommages. Pendant
la nuit ses troupes se tenaient rentermées dans
les forteresses 5 pendant le jour elles ne cessaient
de suivre, de harceler les Auglais, chargeant ceux
qui s'écartaieut , et les pressant de telîe sorte qu'ils
n'avaient pas le temps de se procurer des vivres
ni des fourrages : le succès couronna ces mesures
prudentes. Cti^ries le Sage eut la satisfaction de
voir cette arnlëe , naguère si nombreuse , réduite
à ciuq ou six. mille hommes à son arrivée à 'Bor-
deaux 5 ce fut avec ces faibles débris que le duc
de Lancastre repassa eu Auglcteire.
Plusieurs fois le pape Grégoire XI avait tâché
38s CHARLES V.
dn r^roncilirr Ir ruî il<< France aTVB Etlnunnl:
CitMl';». ijui' U prueiH^rilé n'uTi-twIail (ms, prêU
Ac Ixmne-^ l'oiriUi.- nus tolltirtliliiiiih du rrc-
pOCbiMc poiilil'i-; uiuIh le lui d'All|{|(Hr-rr^ . tout
Vitincii 4{u'il cliiil. auii'>iii,'iiil <li s |)i«U-ii<i">i«lrap
^Itïëcs. lïcpui» plu* di- il' ■ M'uc»
atKÙiitlÙ-u (Iniis la Till> ' iMr?r-
- til]' h lui accominoilouii ' -. pnii-
niiiicf'*; inui» «!<■ ni lau^i^i n ..v^,*" ■■<>■■'<• uiiImm»--
Umi> mt'îi lu ctiuclusioti d'uiiv tiérrd'utM- ituiiëe.
Cliurirs V prolilu de ck uouri inlirvallr de
|iuu(|uillil^ pnui- s'occuprr plu» particuli^ri-innil
Ak* uDuiii-ti iiit<!i'ieui¥S. l'tnim pltisii^uiii ordon—
tisiiccfi uul rrudi'iit Iviuaii^uiiuc dn la isf^s^e de
ce Kinnd piiiic, il eu nuM unr rt'ltitiv^& la
tuajoiil^ fies rois : justinBloitcllf «Tait- été tnée .
il l'agcili' tiitf^tct oiiam; il cauiia)«dait par n-
piirieiicf Ivs iacoilvétitciid d'uni? si lanmtc itiîiA»—
rite ; il votilul c(u<! di'-M>i'mui« le» rtm iuuent m»-
jciu'8 it imiitxirxc ana. Celle nnloanimeml du uioic
d'tioût t374: qurdcmaRs aurait evit<!ii bFritncei
hi celle loi KÙt été vu viuuuuf nous le rèone pré-
KéJicnO.
Les Id^U du pnpe, toujours rcetrio ft Bmgrv
pour tiHvailliT n U p«iix , uvaî<>ul ulitenu u»r ■
pi'ui'cigatioii de la tièvc . Imiuiue l'Aniflélpmj
«<pi-4iiivi> un malliiur \>ka plim l'uiiPAtc t]iuf tous
les (!pMi)iti-i'N dci f(ui;rm pi éit'driiles. Sno plu*
femir npput , le pnncc de Calli.i . succomba i «h '
lau^uiBOOullmmtBi Ii It^e dKipiaïuiitc-cix ki
Les l'i Diieaiit t'ux-m£iars rrgrctlJrenl c« Wro
Cliarles Y , 4111 MvatI liotwrcr le lu^ritc riana
Mil fiiiirmis. lui lit t.éléi'iiT on ««rtice iun%ln«
tiui)iii l il awiiita uvf c toux li-* gramU du rovaume. 4
Uni- M-iuMnlrU^.iH'ilr «N.-ail dû iaim Aémer (
lii pi'it it Edui.ii.i). L'Anitlirtern: ifliiii éptui^
d'li<jiiii)»Li> cl il'iin^i ni; !<■ [ivii di- li-(»>i|wa<|>i] Ui
~" '" 'ot , UUif» iicbiis de M-a aiiui'i->, uagnâis
à
GHAHX£SVv ^
«i iioii:d>retise8 et 81 florâsaiifceÉ ^ Afmlènt 'p^gtéà:
cette coiifiaoce qui bien soureDl cH vttm'iaii^ '
raiitde layictoiice* Le roi de Fnuuse ailMitrajMy
qui ; à aon aYëaenieiit au trdne^ arait trouve les
finances ruiikiés^, les .forces de l'Etat rédtiites à
douze cents hommefjffl^armes, arait an par son
ordre et par.son ^onémie remplir ses cdjBres sans .
fouler ses peuples; cinq armées 'puissantes et bien
entretenues portaient en divers lieux la terreur *
du nom français , tandis, qqj|ine flotte , compoiB^
de ;trente-cinq gros vaisseaux de ligne, et d'un
grand nombre de bâtimens')plus légers, venait tout
récemment de sortir de ses chantiers. En état dé*
tout entreprendre 9 il oflrit la paix anx conditioitts
les plus avantageuses. Il cbvait céder qnatorse
cents villes fermées et trois miUeforteresses^^ pour
les seules provinces d'Aquitaine^ car dans céé
temps de guerres intestines tout n'était <fïé place
forte dans la France* Ces propositions ne satis-*
firent pas' encore les plénipotentiaires de l'ambi-
tieux Edouard ; ils retournèrent à Londres y mais
ce prince n'était plus ; il avait été enlevé à ses sujets
le 21 juin 1377, à Tâge de soixante-cinq ans. On
pourrait proposer ce monarqt^ pour modèle , s.'il
avait su modérer son ambition. Charles , en appre-
nant sa mort, lui donna de sincères regrets , et dît
« Que bien noblenientet bien vaillamment il avait
« régné , et que bien devait être de lui nouvelle
« et mémoire au nom]>re des Preux. » Les der-
niers jour d'Edouard avaient été signalés par une
invasion de la flotte française sur les rôtos d'Anr-
^letcrre. Jean de Vienne , amiral de France, qui la
conmiandait, prit et mit à contribution toutes les
Ïdaces de Tile de Wigtb, fit une descente dans
e comté de Kent, et désola tout le midi de l'An-
gleterre. La consternation se répanditdaiisLondres*
Douvres était menacée; mais cent nulle Anglais
s'ctant pi ésentés pour défendre ce rempart de TAn-
3^ r.HAlU£S V.
i;)i-li-iTe , Jt>Bn (te Vi«niM> tti rrtini . ap i'^ AVtûr &ÎI
M-Hlir A or« rmiAnii* iki U Fniiici- qu'il u'oil pas
iiitpoHiklc <lc surprciulrp liiir île,
La iiiorr dw roi d'Atifth'Irnv «ymit mtu^m loiilis
Icji n<!)i;uciatii>n». et lu tri'tc rtuHl rx|>it«*r, Chnrl>i
le Sngti , t\\ù . luul (liogio^rf qu'il Aait k la paix ,
kViltkil toii|uuiv trira pi'f't h U ^iirriVi rnTttji (Ir*
trtiii)H's dnii» tontr» lr« provîtircn «h U-s Ançloif
tiVlnicnt psH riili^rftniCDt px(iiil»<ls. Cinq orm^r*
ii'iiii^-iiiM'A ^tHÎrut on online lrtn|«« snr nîra. L'ntiv
fut i-itTO}*<^cu Artoin, nuniulmlHnïl Atim^ftp.
uiio «ulrv en Gnyei)iir , ui>r qimlrîf inR rn BiT'
ttfyte ; If! ni<Fvojniit mananpif n-tint U ^«raiifV
«iipi'^a de lui pour la faire diaiiHvrr au «cocMrf
fie i^rllc iet minlrr tuitm qui en uui-nit Ikimhiu
Cette pn'cnutHui dt-vinl inutile : le* Arnt^rit tkva*
foinrti fuiTut Tklorimiset *ur tnos les piituto. DrS
nomlireuM'a urovincos que tes Ancluîs piMH<dkîrn('
eu Frnneelt la mMrtthinHJemt. il nclrurml*Mf
pluf que oui» , Bre^t et Doixleaus . et ù Cfau-lt»
ne put les eitipfelier île n'y tiiniiiti'itir , i! Im f
tint si bieit Moqués jusqu'il lu fin cln sou fVgne ■
qu'ils t\iiTiilpl»tû(pnMuini- -ut que luailmtlMnsni
pluci'ï iiiinoi'tHum.j>- La priulèfloe ih- Cfanrleft'V,'
• dit VMi Millot, l'activité du (.■annrftuMe . tt
■ t.'nni-a)(e et le iMe de la iinliun , urairat opcn* c*
« eliau{;eweul , plus glorieus au roi '\vv ue l'uvaieoC
• elei\«ciieiinetuisl<-»»uih-Kilr»)'nlaille*(1rCertS
■ et (1« Poitiers , enr il est fiHÎle île îciutr d
• l)onhe«vex(i'aonlinnire,«t triik^iificilede .^^
■ ]i>ii iT le* uiallieur* k furtii île n^f-M>'. ■ DiwIC
Bw*.si ipif If» peuples awtnjptt il «n |
de lAii^leli-ree se reganlaient iii<
qiiis que eouiiue dt'li*i<!s par ee sape uinuar<qne.
Cmitlil^ des faveurs de In fniiune, quempiV;.
«IriH-,- senibiflit inaiti-i«er . rlrfrî de w* .«njet» Anf)
il einil le wuvetu- et le pi^i-e. Oiarle* «^Isit l'nliH
de l'aitiuiiatioudcii tfiraugen. Touyletsomenoi
CHARLES V, *38»
V-empreMaient de rechercher son amitië* Outré;
Heuri Translamare , le roi d Ecosse , celui d'Arra?*
gou et Uempeixîur d'Allemagne furent constami*'
luent ses alliés. Le roi de Chypre se fit longtemps
un honneiu* de résider à la cour de ce grand
prince. Christine de Pisan , témoin oculaire , rap-i»
porte dans un de ses mémoires que le Soudan de
Biihylone envoya à Charles 'V une députa tioni
solennelle , dont le seul hut était de lui témqigaei^
Testinie et Tadmiration qu'inspirait sa profonde
sagesse. Suivant une chronique maimscrite du
temps 5 le roi d'Arménie entretenait aussi des re-
lations d'amitié avec Charles V , qui fut même le
médiateur de ses démêlés avec le Soudan de Ba-
hylone. Des Anglais refusaient seuls de rendre
justice au mérite d'un prince dont ils connaissaient
trop hien l'hahilet© : « Ce n'est qiï'nn avocat » ^
disait le duc de Lancastre, qui se préparaît à faire
une invasion en France. « Oui , i épond Charles ,
« si je suis un avocat je lui prépare tel plaidoyer
K dont la sentence ne le réjouira guère. » Il n'y
manqua pas ; Lancàstre , complettcment hattu , ne
recueillit d'autre fruit de son expédition que beau-»
coup de honte et la pertç de sou armée.
L'empereur d'Allemagne Charles IV ayant fait
lui vœu de pèlerinage à Saint- Maur de Fiance, et
voulant jouir sur la fin de ses jours du l)onheur
de voir son neveu Charles»le Sage , vint de Prague
ù Paris , comme la reine de Saba , dit ingénieuse-
ment un auteur moderne , était venue voir Salo-
nion. Le roi de France, prévenu de ce voyage par
une lettre très-affectueuse de son oncle , avait or*
donné de graiuls préparatifs pour sa réception.
On le reçut magnifiquement dans toutes Ict
villes 5 mais comme on se rappelait les prétentions
chimériques do souveraineté que quelques empe-
reurs avaient ours sur tons les roj^iumes cliétiens,
on prit garde dç ne rendre à Charles IV aiicua
'J u/nc 11. ôji
3«6 CHARLES V.
Al'.» lionncurs que le» »i)eU dotvràl an sonTieraiii.
On ne siinnapasles cloclii%, et cfiix qui lelMra»*
gvërcnt De niani^iièrent pu:: iIp dirf t|ur r«ilait
s par ordre du roi leur st'igaeur. — Vous ^tekle
•I birn venu daas la ville rlu roi . lui dît ïe inairt
« de Saint-QueutÎB. n Cette séTërité ému* Ui lé-
j'émouial paraîtrait aujourd'hui dp la uettlmar ,
mais c'ëlnit alors l'esprit dn $iècl«. Clnr]c« le
Sage était s^vl aa-drssus de tontes M>a iHinulin;
mais le ^aic ue peut pas toujoura fi'all*rau«lttrdn
pt ëjvgësqii'il iiiEpirc. Quoi qu'il ru soït, rrmprreur
lot tiès-satisfait de l'acctieil que lui (!l sonneviii.
n UG pouvait se lasser d'adinii'Cr l'ordre et l'opu-
lence qui régnaient daus une cour qu'iluvailniru
mal organiste tous le rh^fç du roi Jean. Plusi«Dn
fois il aaiiisla an conseil du rni . qui saisit cette
occasion pour faire- éclater devant l'enipereur
lYqnilë de w conduite ii C&ard des Aiq^bii^ Dam
un discours très— éloquent il esposa tous In griefs
de la France contre 1 Anpjleterrc, et fit lire ensuite
toutes les pièoes ]'nstiticat)vcs> Charles 1V< non
content d'approuver Ie« laisoni allé^uëm p*r lu
-sage roi , lui oilî'it de le seconder de tout fton pou-
voir dans la pouisuîte de cette Kuei-re.
Lemperenr venait de prendre cûn|(é du nni,
quinte joors s'ëtaient à peine ërnulcs dtqinis lc«
1 ëjouissances ausquolles avait donné lira La prë*
M-nce du premier souverain de la clirétienlëiloi^
que toute la Franee fut plongëc dans le deuil. La
reine mourut des suites d'une couche, à l'iode
ipiarante ans. Charles avuit plus d'nne fott hS/L
pt-t-uve de constance dans l'advenilc; mnis îl fût
accahié de ce coup imprévu ; en perrl^al l'Abirt
de toutes ses ufTections , il vojait la Fiimco CuM
une perte encore plus snuide. Aux Ttrrtiig de «oB
Ncie Jeaime joignait les qualilt^x d'uue {j^witb
reine. Le roi connaissait sa lenuetë > sa (h'sci^IiOQa
et sa capacité dau Iw aOkitcs j il «rail "
CHARLES V. • 88/
mae confiance sans bornes. Depuis longtemps
il se Tétait associée dans les soins du gouverne-
ment ; la reine paraissait à ses côtés aux était
généraux de la nation. > comme aux conseib les
Îiius secrets , et y donnait souvent son avis .sur
es affaires mises en délibération é Pendant les fré-
quentes maladies auxquelles son époux était sujet ,
citait sur eUe seule qu'il se reposait du soin de
gouverner ; elle seule faisait les dépêches , et les
scellait de son propre sceau. Trop épuisé paries
souffrances et par les travaux pour qu'il pût st
promettre de longs jours, Ciiarles s'était flatté di|
moins que cette sage princesse lui survivrait, et
qu'en qualité de régentn du i^jaume et de tutricd
du dauphin elle mettrait la France à labri des
dangers d'une minorité s la mort prématurée d#
Jeanne renversa les plus chères espérances do
prévoyant monarque.
Les tristes impressions qu^avait laissées oè
fiital événement étaient encore récentes , lorsque
1 état fut raen'acé d'un raallieur bien plus grand.
Charles le Sage faillit être victime d'iuxe nou-*
-vcUc pei-fidie du Navarroîs. Charles , comi^
de Beaumout, Fils aîtic de .Charles le Mauvais %
«vait un vif désir d'aller voir le roi de Frauce,
ion oncle. Le Navarruis , loin de s'opposer a ce
-voyage, le regarda comme une occasion favo*
1 able pour se défaire de Charles V. Il avait à sa
cour deux hommes dont l'adresse égalait la mé^
chanceté, Delarue, son chambellan, et Dutertre,
son secrétaire ; les jugeant capables de tous les
crimes , il les chargea d'empoisonner le roi : c^
lut dans ce dessein qu'il le^ envoya à la suite df^
jeime Charles son fils.
Ciiarles le Sage, trop juste pour rendre le ûl$
responsable de la conduite du père , reçut le
comte de Beaumout avec tous les égards dus it
sa uaist^nce» Oa P^h cou^i^ment chi com])h>t
33*
.^88 * CHAULES V.
tniuHipnr Owi-Irt lo Mnuv«irT "n n'f^n
ui W» ori.»iiïitiiii«t ni U's iiriiirir>anx iirOni-
um»; ou iiomutc Hculnitrut Vjt liarlii^ ijui nr-
cuinpiiiftnBieiit le lib du rtii de Nat'vi'n.'. Lp jciimi-
pl^Ki? iVil iulriTogi^i mmU lu iianilrur du U-& >i!-
CiUM-s, I» ib-nitMrr île hs d^mruhiii cl h i!lia-
tirovrc Innwcllr ilclinrliu liii-tiiî'iiip It difccwirTir
le* n>u|in1ilL-H , tout M' l't'iinil jiiitu- nllrttrr son in* |
nix-ciiKr. Eiilin. <>u uViiIpluxftc iloutr surllital» 1
pitllililc'lc Diitii-tn-H Drlorup; arr^lA, n|^- |
qu*"» it [a «jiifftliuii , !l» nvou^rciit Jptir crime ri
Cliuricx V iVKuIat iil<»n tlt^pntiir h- roî ili' Nor
vnnc. irniic ninui^iv i!i-lntnnlc ; il fut atxhaéé
diii<« «* (li'Mc'iit par le lui ilef^stillF, «no Gdèl« >
nllir- CliHrIf'H k- Mauvais. il(!|iunil)L( du «r* Aat»^ i
|i.iMa ru An^lvlcrm , 4<l livra mit Anf[l»i» laitUtt ]
lie ClirrhoMrg, In st-ulo pUw inporUiulrqiu !■!
nMtât (laus iv royaume.
Si If lut fie hiivan't tàl r^osi>1 dnns IVxécih>
tion lit- KQU (-(lupnlili' ilt-wciu. il nVill fait ipiv Uter
IVflét t)e «on pri'Riirriinpiitiil. Nomayoïistn pr^
CMlriiiniciit quL> ('Imrlr» V . nVlanl «-ucore <iu«!
d4Upbtn, avOit été <>jii[i(>i»<iiin<i, et qu'il nr àmt
qu'il (U- proutpl» Mfwirs .In conY^Tntion ée»
ï il'! lin in<<iWin HJtrmaii<K «{iiv lui t-iittif « rMnp»- .
i«ur CliariM IV son uiiclc, avait afmif la m^J
Itiki'i- du pbi«oii Ml Itlï fai^HMl une utiTCTlOPP «À^
Iinit. Il avnit dit qiiv qiiHnd cclUr )>Ib!l> « '
il M' reIVrtDcrIr prince motirniit prcH^uci
un buut àti viii|;tT<lf iix »ini la nlnie ur r
ri- liii nii aii>is Hr wpli'nilirK i3Ba,
(lijirlcï'V Tit.ftpiu-wrJisr 1» mort o*i>c r<*a _
tioii; il cwplovit K'iw-)! dr )our«iiiii lui n-«tainM4
ù K'tu!t-uner ^ Ina quo innitiis du hcMihciir ilp •
jiciiplc. Il .n'caiiiiiiaiHU aux *ojii.i tli- *r» Ir^m II
(liiiipliiii «on fils, pncoi'c cnlànt. t'iip |iiémy«fN
iui|iiii:ic élcudait scaawi> nii<-<J«|h duUwolvmi) m
pàt dit ^'U dermait les troubles tjaâ deiraiênt
agiter le rèsac; du ^noaïfaeureux Charles VIv Le
]oiir même oe sa mort il supl^riiBii pbr'^œiecép^
domiance expresse la plupart des imp6tfr qraeks
circonstances l'aYaient f<Mrcé d'éUitir. La Fi jmcd
le perdit le %6 septembare i38oà* GiMOrlesi^kait â^
> de quaraute-quati^ ans;; il'en tfrdit ré^é dh;-^
Kf' sept. » , , ' '
^ « Ce monarque, dit le président JSëuault»: *«
. mëritë un ëlogé ^ .doit ser^rûr de leçon à iôésim
. rpis.r c'est que jamais princilB nO'iSer. plut > ta&t à
/lemander conseil, et ne se laissai moms^gouVélr^
ner que lui. » Il sut toiijou]:^ allier à la poHti^ue
. la' justice et la probité. « J^ ne = trottTéi les roit
c béurcux, disaît-il uu jour, qu'en ce qu'ib ont
« le pouvoir do faire dubîèa. »'A ce titre 'ChnSes
le Sage mcrita le sunio«\ ^Heimux que tixiâë^
perna la voi^ publiqo&B^^AmHe et ffutlfti bunifeliir
.toujours ëgale , il tr^U^il AT%ovIàopkë extrême
1>onté les .stïryiteurs elles tiaortisain-quî' Ventoir^
^ Itiicnt^iln'étaitsëy^qu'enyers^QSjdtil^neniQûft*
..traieot pas de respé^ot pout* la religion et pcAir lef
bonnes mœurs. Ûii^^igneur avait tenu un dis-
cours trop libre devant le dauphin son fils ; CMirles
le Sage cliassa le coupable de sa cour, et dit à ceux
qui étaient prësciis : « Il faut inspirer -aux enfen^
« des princes l'amour ;dq la vertu, afin duf ils aar-
« passent en bonnes ,^eutrreii cenX'qa'iiiiklbifimt
« surpasser en dîmitë» » U avait en horreur les
jeux de hasard, etTesdëfei$ait ^itialifooraitiàémd
de SCS bonnes grâces Jehan de Saii^frë *^uè parce
qu'il ne jouait ni aux cartes ni aux-dez. Eco-
nome et frugal, il ^ait néanmoins magnifique et
liîjcral dans les occasions d'éclat. « Il aiiniiit à
CCI tendre la vérité delà bouche des gens de bien ,
dit Mézerai , et quoiqu'il méritât de suprêmes
louanges, il avait peine d'en souffrir , et 1rs mé-»
prisait entièrement , parce que de tout temps les
i-ourtisiins on ont doiind nui bons et aux irmiivaii
priiicrs. Pai^dcssus ioiitcK ai'H Y(*rtiiH dt^lalHinil la
«intiiih* (l(* Dieu rt 1«* f.iAv. Av. In juBtîce^ «kiiit h
•oiii dtjint In plus iiohio foiiclîoii de l:i roynuti^,
i& se plaisnità lu rrudreni pnjnHHinfîy v.i tu; Imii-
«vait fort souvent nun niulif^ncm de 8(iii parlnufiif.
.Oelait lîi (|u^il faisait, ndiniivr sou raisonnmiriit
ri snu (>lo(|uru(M!, i^puisMinl c(U(ïl(|U(*foi8 tout. In
jujrl, rt m\ Inissaiit v'ion i^ dire m «h 0011 chu uce-*'
ii(*r ni à sou avocat ^diK^ral. »
Ou trouva dnuB M(*h colTrrs dix-sept millions
de livres dv. sou temps, dus h l'ordre et h TëcMi-
iiouiir fpi'il mit dans les finances, et au soin
(pril prit d(* l'aire ilourir Tagriculture daus sou
l'u^iiuiiie,
J)oii(5d*une instruction pru comiuune, il aima
les lettres, et (ut 1h protecteur de ceux qui 1h8
cidlivaient. Il se faisait lire eliaque jour quelciuViu-
\rîl^e sur le ^ouverneiiu'nt, et se plaisait a pui-
M'r dans riiistoire d'utiles exemples. On peut re-
Î;arder (^Uarles V comme le vc^rifahlti ibnuateur de
a l>iljliolli(>(pie de Paris. Il parvint h rassiMnhIer
«iiviroii neuf cents volumeT.dans une Ai'iS toui*s
i\u Louvre , ipii fut iu>mni($o la Tour de la lA"
hntin't*, (l'cKait un nond>re l>icu considërahlc pour
ee temps <le Imrharie et d'ignorance , oùrimpri-
merie ir($(ail |>jis encore inventée. Le roi Jean
n'avait laisse^ h (ihnrl(*s le Sagct qu^uue vinglaiuti
de volumes. Qui eut pu prévoir dès lors qu*uuo
si mince collc^ction dût Hrn l'origine de cittUi
vaste
orne
:e liihlio(lii\pie cpii fait Tun des plus beaux
cnien;! de lu capitale du giaiid £nipirc !
! . SURHOMME LE >iAGNÀNIA«î^
»':• ■';'..î ■«
,•*
'f ... • 1 , . ^; 1» Il
'"■T..
v,>.
I ■ ■'
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, joignait à une yaleur hépàiipte nçfi (P9P^ QtP^
dëration ; il ayait ui^ casiir cimips^tifttiit et fjMé»
ipeux , une grande force et ni^ gninid^ Ifapqiultité
ifeq^t , beaucoup de priidenb^ , dç çl^^ttoiéfesso*
ifteD|r, de droiture*, de tejf^fi^Bpics^^ ^
jpbâr la justice ; il tenait 0dèl^93e|^ sespromesf^t,
et se lirrait arec transport aux dSfices de Tëtude ;
reconnaissant et modeste il nVimail du trône qu9
le pouvoir qu^il lui donnait de faire le bien.
'Fils d^léoaore d'Alhuouerque et deFerdii|an4
le Juste 9 in^nt de Gastule que les Ârr^onaii
. avaient appelé à régner , Alpbon^ ii^onta gur le
trône d'Arragon après la mort de açii pèrcf^en 141 6;
il avait alors trente-i|B ans» J^ jfjpençieé aete par
lequel il signala sa puissanbe tut 4e d^dbîrer^
sans la lire» une liste de seigneurie qui avaient
conspire contre lui : « Je les forcerai 9 dit-il , k
« reconnaître que j*ai plus de soin de leur, ^if
« qu'ils n'en ont eux-mêmes. ?
Cette action généreuse envers ae$ ei^i^emis fut
suivie de beaucoup d'auU-es qui ne sont pas njtoins
remarquables. Marin , officier d'un grand mëf ite f
qui nourrissait contre lui une forte baine dont ijL
• 3(>i AtPHônsBgir.
HVuit Konvml donné dr» pn-una , fut [M-UJaiii I*
wi^e it'uM) platyi qu'il ilt^eiRUit/ Ix^ »ttti)»ti vir-
-tittirus . «'iflunl JHf m sur lui . ■(■ jir'^puraiMit à Ir
(nirn ntouri^ sur I»> lnw'ln-; M\'nf>ntn f'Mitprr»"
df le iH-Ui-vr lie li^irs uikiiUi Ini Ik i^lilurr m*
Iiù'fis . lui dotiiin i'aitgpui'u>i 1<^ fti^nulciirs, p'^tl
«csciitaiis à lu l'Ouï-! et le* viitublâ (le ctin^mèu
" a fucilitt! U'AliitioiiiP h tMnltinrier filait Irllt ,
qu'on aurnit pu juitrinrnt lui Bppliqnrr miu'
u ili,( du CAtir.qu'U Ay avait i|ik Itï I ''
ft&t uuHîf'j-. Loi-i>(|ue, Inilii pluuniirN
jHi^Uke jpnxiiuic, on lui rrpKWtiloit iju'îf ntJÎI
trop <i indalaritcc pow 4l'iu(li)tm'R injdi, ilr^
fDinluit 1 " Dieu me (Icmnnilrrn compte tut ju«r ,
- iIpb ouMilIcs »)u'il m'» coiilii^c» , M jp *tuii «loif
• la wtttiirucliou lie Irti lui ^tMlnpiil'ri- totitii eu y'm
■ et HUiwi Miiii(.'s qu'il me tnn |MiMiitiIf-. »
Sou cortir t!tiût «i noUlr , ipir itiuiu!» la iliTianA
n'y p^uëb-a . vl (|u*il rttl hiAiup i-tnijji il'afx-uvillîr
tcN Huu|i^-onM <pi'ou t-lk'K'liiiil il |i|i iiiïjtiirr «iittra
»r« cuitVDUK. Cûint' »lc IM.'diii» . i;i'au(l duc dvTo»>
cHue. rival- dont un iiiiwnil ijn'il uvmH loiil i
triiindte , lui uyant Uit pit'unt iVuit li'^bmtt
Tîlr LivO|îI posiicr'livivKuriuiIuMff.loliluUlriii
ri W lut «ïi'i; licnucniip di- mluu- , uiioîqi» »r*
tl»-(tr(;ius piiascnt voulu lViiijiJ''fii'i' iTt- Vuuini ,
(luiiH Liiviiinlr- tpi'il iir IViI • .iq> i ' M
ni rut ml]<-*(i lu livt.jjr il .1..
■ Voli'c |H-tir me foiulili- liU'i I i
■ tl'•■^t IIHH nu pouvoir dr» p:ii'' I u
. .li.p.J^-C.Rl.m» iUvoUcInmi.t: l'iru n./.u,' à
■ (l(-l'<'iitl , et c'i-it Ml uiiiin putsanutc <pii doit l^|
Si romucroilcnip|i(ur«lit«t"r""- '■ ■■•' ^
lie In mut! Mniir i!p dislilli- 1 * ;-
«l'AIplmtuK* In prfiuiri' feu ili
"' . Cp priiii'i-, ijui étnil II
K,v oniii'i-, ijui
L cl Uti plu5 uii
biitux cl Uti plu5 uimcibk-s <to l Li
ilJHOHSEV. SçS j
-.I^Tee jns»on ItfaïïueFite Hîjar, l'une tirs Temmca
âeU reine, doijt )1 avait eu un lilii nommé Fer-
«Uiiàfid. DbiA tm accès de irireur Marie fit etraa- . ,
;glet^ Ba rÎTole. Alphonse, oé pouviiiit plus virre
^ auprès i"dne fcmtoç «oiipslite irim cririie aussi
, cruel, et' ne Totivant paa s'qi venger, oUa cller-
* cber au âeiu des arméb Ujae dlvnrsiou à sa dou-
leur et & son resseatiment. 11 rouait déji. sur
l'Arragw , la Catalogne , le royaume de Talent^ ,'
la fleS »kl^are«, k Sicile et la Sardaigiiéj llle;
de Corse itaii&qtfsit aeu|e à sou Eiairire sur Iti M^
diterranée. Il s'empara eu 1420 ; par 'surprise}
^'nne gmSde partie de cette' île; mais la Vigoii-
reuse r&istance que lui'o{ipt>sa Fe' diât«ân Bon^
face, et le désir de s'assarerniie conquête 'pW'
importante que celle de cette île , le détenmilB k
IVvacner. H ne remporta alors d'astre &aît da
Boh entreprise que la naine des Génbis.
Jeanne II de Naples,' atlaquéà par lonîs HI
- «L'Anjou, son fils adoptif 1 arec qui elle Tenait de
. rompre, sollicita AIjMionsedeteiiirliBOUseéours;
luipromettanEôc l'uJopîêrpGîirâOïiiieritîer. I^
conseil d'Atphon^e «'était pas d'avis de cette guerre,
. et parce qCte l'ennemi qu il fallait combattre était
pmssaut , et parce qu'on ne pouraiC compter
sur le's promesses d'une reine qni chaque jour
donnait des preuves de l'inconstance de son carao
ttre. Alphonse répondît : « Utrcole ne se laissait
« pas tant prier; il allait au secours des malheu—
■H reux sans qu'on rinyitât; et vous roulex que
« nioî j'alianttoDne une reine, une fenime, qui
■ dans l'estrémité où eUe est me crié de l'aller
« délivrer ! Il y a du péril en cette guerre , j'en -
• conviens ; nos lauriers aussi n'en seront que plus
B beaux. Montrez-moi enfin des héros qni aient
« acquis de la gloire sans s'être jamais exposés. •
Alphonse força son concurrent ô lever le siège
àe Naples. Jeanne se raccommoda bieutot avec le
394 ALPIIOSSE V,
tlur il'AnjiNl . ri Ifriiin iiiu- rtNijnrelion maire II
ru( t nt iln-iii'-r, iliml Im iuuxi-A ranttli* ^tutunicnl
ini> mm-iiiM- , fiinnaîl lii- miii t-nlé li- prc^M ie
•Vtn]xin-r(t«i lariiiu-i-ltL- U cwwtuîrcrii Am^uUi
tuai* nitciui (Il ( (Wi foiniilfite im- iêamiu
frit niptiirc milrf le roi d'Arj-aftvn tl U itlùu
Ji-uiiiir ««nul (ii:(ati$, oii eu «întaui iiuttM i1*m
!<■■ ru>'* df Nuplpn , oii t'ua u- LbIIîL priiil»nl jilur
wi^iir* (<>ut*. Qtmiijiir (l'aliuiil nipouvi^ ni ninoi.
Al[>hi)r»c rliHkwi i-nrm Ia rnix- Jf MtcA|itUl(), ihml
Il Ml n ndit iiiuiItc. Ccpi-iuUnt îi ijuifU tlliliit
|>iiiir allr-r lUriiutir trt yrh^nit étalm, «jUi (Haûiut
iiir<iiiii'((|ipitr|faOii*liUunt, rt •tr[U|i:irsq-iidia>iiu
il>- Mnrtrill'-, '|ui np))i)rl4-iiiiil b ao» n*Bl le duc
il'Arijitu t il aLn(i(li>itâa le |)ilIa^o de crltc *iUe
A M'R loldHb ; moiN ujunl Djiprii i|U(r prvM|ne
lout>'> In fanait* ii'dluirnt ri-tiiVt» ilanii muc
i'nl)*c, p|> rni|>ai't<inlnTiwrllriilnir*r-d>'Ulr-a)ilu«
pii<iriMii, U untiiutiali W!i|;tii'ilpBili-nlDuri;i rtdi:
ritira rainn-lrr ce miiit aNilt'. (.ri ■Inrucf île Mui^
«•îllr amintui ulor» tlo lui tvnu-ltrv loutn U«
" iL-îW't ir-'. i'^M'zl Pticnrc ni Inir pommam,
«il roiili<;i KKtoni' trur MHtib lie li> «illci il Inir
p<<I1lli< iT' ■>•■•■[••' l'J.i lit I'' lit-Il où rlll'«ritltdraîrlil(
vL l'i'lu .' 'I II < I I I. I <l >'lli-ii iiiK'Uii iliiil : ■ Je ti»
■ Ti'iil I II l>. II. 'M il, il iic-iuupt» vcnurnin
A\iifm uvijtr kimIii lit tniiniiiillilc ^ l'ArrafiaiiB
Ali>ht)iii<iiemit(;it wiiivli" pour «llri-do uoutmo
uMitiapr Nujikii. Vaii Icuinc-lr l'it)'»»! omiliiMnl iln
relilJiifir dar» utw lloi il uiifc^iit de loin anril»
*rt ^ul^ri'» {)ui ritail aur I'- jitiiul ilVlii- i-iiKloultR
iiv.r r<<i|iii|»aur it Irji (nfiifi'H >i«<iUf! |iorUiiI. Il
iliiiii iiti'i'iliilti'rh «un «('('•lui's: «-«^-«u. épou-
tHiiliia, lui iri't'iioriilj-nt iiii'il vniit mic-ui Imuu-r
ft^'ir U(l VuinMuii i|ui- dVi|>t)»i'r imi' llolt« tout
t'Uliirii Hii n>uiriii|ti*. Al|ilii>iiHr , iiV^L'uiilunl t|ue
•011 l'uuin^tj et *uu liu'uuutlét iDiHth: lur l'aïui-
ALPHONSE V. $gH
^nà, part an secours de la asikre , et la sauve en.
àVxposant laI-4kéBie au p^^Jpwi péril. S.Vl^
plaudissaiii de ce bpuheur» ST di9ait : « jf^auràii
« *pr^fér^ sajis difficulté de mê ycnr ensetdi dans
jR joi iner avec toute la flotte, plutôt tpfif de Toii*
« périr ^n» mes y eut des ïnisërabm jsaua lieuf
« prêter lamaîu pour les secourir» »
Api*ès ce Irsà!^ héroïque il se r^çiit eu route»
et r^tnpoi^ta dans soâ chemiu ime.Tiotoire coiur:*
ptôte i»ur Iç roi de TuiUa*. Alphonse pouvait fairç
' opi nouvelles concpétea^sur Ik c6(^ d'Afrique ; mais
réspérance de deYènir md^tfà du beau rdyauiM.
demples, et peut-être dê.t0«i^ntalie,uatllit
dkvÀntage son ambition. GeUe coAtr^.» tantdè
fois- subjuguée par dès natiohs ]|a^l^ar«(S» était lè
tbâtre de la guerre et dçs intrigu^. {^^Mç^taiit^
Jetone se d^b\rait tantôt pour un parti ^^Wtôjt
pour un autre. Alphonse, dont toutes l^ Mjuh-
sànces rivales reiiherchaient l'alliance , esper^it^.
- à la Jfavéur de lem> débats , se placer sur. le trônpt
deNaples. . . ,
• La reine Jeanne révoqua en i^SS ^adoption
du duc d Anjou y et.adopta de nouveau Alphonse »
sous la condition qu'il ne mettrait pas le pied dans
ses états tant qu^eile vivrait. Le pape > seigneur
suzerain de Naples , r^^fusa l'investiture de ce
royaume au roi d'Arragon , qui s unit alors au
concile de Bâle contre le souverain pontife. Le
duc d'Anjou mourut l'anni^e suivante ; mais cet
événement , qui paraissait de\voir être favorable h.
son rival, lui devint au coiUrairajiuislblé, la
reine Jeanne ayant alors adopte^ son n*ère René.
Jeanne mourut le 2 février i4'35. Alphonse ré-
solut alors de profiter de sa mort' peur conquérir
Naples. Jamais entreprise ne paxut devoir êtf^
aussi facilement couronnée par le succès; sou
parti était puissant j il. avait une afmée redou-^
table; une flotte imposante ^ et son concurrent
r
3gG ALPHONSE V.
'langMMail iUm Ir* (en Ou ilo^^ 1
L'aév^nnanil int|it<'*ti rrrnvfraai t»al&o
fcrîDaMlo Mf rr»ni-*-4 irAIplMto*!-. I^ riH»]nftr3n
^Tl tsârçraîl rrtlp jiliiv Ir |upp , le duc ila ,
V dÀHarfmil t^a» à U f»b vnutr» lui. Cc# Gfnnci'J
fÏDTviit CutlKipti-r n*r<' tmr flr>tIr<Lc r,
tfanx ; If n>i irArruj;oii od romitMutLi!! linfl";
cini|ï nuii l'atair^l genoi», (Wl'du jt*T nne
lanlf^ itiAntrnTiT triditn- ttn «Ltit . ■ aIImHib
ourniFiit ï Li i;alf-rroù I<r nii Aaît b\cc M>a fi
Atph'Mi*^. nfïlMil h M' rendre tin Ji toultv ■
Dfit Ir nn-inlfi' parti. Le mit- i)i; U flotlr. M.J
lîrii dr lo Tf-n^rr, xni*il suti esf raplc. Le obIti
hfor (TAJphoiiir ^jHjuïMita »nn urnirr (Wlrrrr,
^î, Taiiicnr (it>iul qnc ie caniIaUiv, fut |ioit-
«trïvtr (•! laillÂ^ m pièces {ui la guiiunn ilc
Ciarlr. AlphnitH-iaTuilcoiuciili ^rcclU- ganiuua,
d^ nlTamcf-. mil di'hiir* lntri-mni<« i-t ('-«rnbiu:
■ J'uiiiu^ uiiciii. (lil-il.^nr fi*»- jiivitiliv la
« oùd f!r ii]ao*t"<-'>' illtujuajijté' ■ Ce ti-aitdr _
tlnir iHmr et «le hoiit<5 tor cbaulv fut U cau^ d
iv-vrrs t|irr«nna alar» A'.tihiinM? ( mnb U IV
vîtliTiice , qui MT pliitl h lÀ-uinpnMrr W ■Hio
If-rturnHrs, ruiiliit qitc iMili^Ciûli- ik CC-(iriu£(d
fini In Kotitn' dr Mu IwjiilH-ur.
L'nmim) Jiuquil ii .Vdiif i-ciido rqidraîl Ir o
(raîiidi-ehlni li>r<T I. ilcinat-Uia ; AlptionM!, «4
r>dil(iiifnt <li(tnf d-j sui-Dom île MujjnitMiifle. Il
i(tpoiidit : mJ'«îni^-rab miru» ùtre \elé dtu» fl
« wtc nu foiid dp lu mer, que de rou*riilir & u
■ iJdinnrctif; indt^iw de moi. » Los {'■t'noU, <
f^liiicul sous ta dnmîiintiim du duc- de Mtlnn, 1
livtTiTut leur ]>rbuiuiirr. Alplioiise pftrtiul l
rnin-unnmî, un prol<^ctrur pl nwaI1i<! ficwtiu
CInrtihIc pniiciuî , rt wiiii «■wirniciit il nlAinl ■
hi.ii<- , celle de se* frère» et ils louJcii
|tre wposé à aocime . rançum. ^ maj$ le duc lii» ,
j|j;^iW]i,coiik;lt}t çncorpiun^tiait^ay^ç lai» par le- •
"cpiiei il s^engagcaît à l'aider dans la conquélp.du».
ly^arume^de^aples^ et le^.Cïr^iipî^lQiii de re^îivr
aucun ayan^ge de .leoif victoire, mir j^i^onse, se
yireat.obligés à |ui pa;^er par la suitie ime espèce
de tribut <]i^,fy^iisi3^it:.en vne. triiell^ d'or ; l&h
""^jafcés de la xp^Wfp^ de.Qêfltes. iren^ient
ujûe anqéf lui ojïnr, pejte tfWl^r OB' ffîîniek-
cés^ijpie*^^ . ^ ....,; - , itft^ . ■: •* '.•
. . lie prqnuQr ^m d'AIplipnse J&it ^ f^ .mettre âi|
é%t de recommencer la'Siierreiie' U obtint d^
grands succès C9atre IsaJbmtê dç Lorravie'^ qai-
çélendit en béroïne.les débris du. trài|ç,oii était
appelé: son époux B4né,.tw]0iU»^f(pj|iaPwie^^^
duc de Bourgogoe. ^ .., ,;, ; \ ; ;,;: f, ij i ti*.. {
n conclut' une^ pai;L défiqi}i]re le Sb^fi^tçinbiiQ
1436 avec. Ip ro\. 4^1 Ca^^iÛe* yiyemeiit, cMftqu^
peu de temps ^piès par le p^pe^ il r$ijmgfirta.«ai:î
lui uoe .victoire éclatante* Un, des géii^éi^VP^^WN^ .
inis ayautf été fait prisonnier 9 on se saisit de }ip%
les papiers de cet officier ^ parmi lesquels; il se
ti^ouva des lettres <jui intéressaient le royauiue et
. la personne même du roi. On vi&t en donner avis
0 Alphonse, en lui faisant observer qu'il était ipoi*
portant qu'il Lût ces lettres , afiu çie découvrir
quels complices avait Vofficier* Le groi ordonna
qu'elles lui fussent sur-le-champ apportées ,. et les,
jeta au feu sans les lire,
Réué , enfin sorti de sa prison ^ conibattit vail-r
lamniicnt pour sa c<{uronne .; maiâ la fortune
trompa coustamment son courage ; sa flotte fut
entièrement défaite > et.il se vif , assiégé dans,
Naples. Cependant la mort d'Alphonse , infant
d'Arr^gon , tué à ce siège , obligea les Aragonais de
le lever. :,...'.
Le roi d'Arragon adliéra au concile formé.confre
le pape Eugène, qui, vaincu par lui, l'avait ex-^^
3qR ALPHONSE V.
cumnmnit!, ri Uiiiu)|t)>ii eiK-orrd'^ armei
il'Aiijhii , b ijui il lu- mlit plui (juf* Pc
cl Nii{>lra.
Alpin »iM! ri'nipùrta «me > ictoti-« romplr-lc , Ir tt
juillet 1^41, Il Truitt . KUr Sfnrcr , ^AiérBl fin p»pe,
3tii nxiilnllnil (lorir li- dur cTAnjou , et iMi^M
e BKtiviuii Kiiiiti». Kiit;^ie «rnts irainmu«I
«wntr» lui le rliic Ae. MiUii , \'riiitH- , Gain cl
l'iorttiK.'n I inpl|;r^ cclli' coa)iti*m rrdoutaMr , AJ-
tilioiiftf ftVin|taiM tic l*'iiiiu>lc, Tmidis nu 'il ÛuAl
If Miégir df i-i'tte ntncc 11 rninil lous tnMtnK
pr'iiiiimrT *W le toid lir \* inrr. Dnns uat^ «le ai
il «per^-iit tur Ir rivu^r li' ndaiii
initial euiirini uiir Ir» lloU y uvnicnl jrldï il
■'Ideêlii •
5":
«iML-ctirI aiiuitûl de (-liFval , ordonne il m »uile ik
l'imilri- ut lit? I ailler ii iliiiini'i' la »^»u)liir« i ce
corpa , dërouvt'i-t ci étcii'lu Mir le uhic : teitt»r 1
inir<>nt Aon Ji ntuwT la li-no powr fcire un* I
fn«ut)Ott('Oiivi')t le Cor[<s d'il» drap,«t<Hi IVuw- |
vrliU AIjitMTOW, ([ul dtait liuvnïllé le pirinW 1
rrUe bonne ccuTn.' , ruHinr» m )inainl tiir U
fniM' uiip wtite croîs ipi'!l l'n^omia iIp m^s niiiiik
Mii'itn>n(!p«ii»ole, AlplioiiM-coulinuaMiuoie j
Tcr« MnnI». 0»mm(>«ou uiiiido liavFtMÎl !•■ VnU
tiinii* . il B'apci\-ut nue In mpidilif dw llPB»f t
liatimit un cavalier, <[iii couinit rÎMiie et
iKijn- ; il fuit ai^iii* h qticl'incs ofiicii'i « d'allur M
dnnnrr du ircuura; (T«ï-ti, eflinj*^» d« U ft™*"_
ileur du )>l!ril, nv vcultint pa* t'y ripAirr i Ir n4/
pitpm «ou clirval , »e jrtti! no (orl dp TritM , eu njJ
liir lp cuvaliiT) rt i|iiilU: boii liabit puui' l'en 11^
Vf^lil-,
(inuiloU NAvanyail pcndiitil re tntnpt pour «m^
pf'cliir ranii<<e d'Alptioiis'.- dt p«nr Iv Dm** S
,(liii-ci »B («uilir HuMc-tluiinp contre le aért^n|*
l'iiiii'ini, l'atlfuiut;, Irlint, Uii l'ait uii grMm uon^
(<r(- de pnHOiiHU'ia , et li< ponnniil jucipi'nDS pwrlci
4lWe pWc où il «! »ttUTr ovec lu pm tlp iikhmU
ALPHON^ T. '3?»
^uiloi resUît. L&mift surrîMtjlefm ile itonTe
ttu m^ien A'aac cainpagne déserte; il tt'&rut ao-
eme espèce de proviMoiu ^ épaisê par la lumv ,
mr 1& Boîf , accablé dé fatigne , il se rît oblige de
cbocher snr la terre , ainsi qœ l^te sa snïte. Jol
lever dn soleil on vint lui offi^*»* FÛn aTA: la
moitié d'un fromage et quelonu mîfcnaafes m«s
m'on avait eu bien <le' la peine à troiiTer : 41—
mtKise ne voulut jamais engaâter,iïsaot^'iliW
Un convenait pas de manur dans le temps que
testes ses troapes avaient faim.
' Le roi d'Arragon se rèodit enfin maîbe ie
Tfaples , l'an 1442 , après nn long si'ége , en faisant
Tgmmer adroitement son armé&par le même aque-
duc où Bélîsaire avait fa^ Aasser les troupe^ de
l'Empire. Il entra daaî nàput avec toote la
'pon^ qui décorait le triomphe des généraux ro-
naint^ temps de la répnblïqtic , disposa ses
nooreanx états ea conqnetant', et fit recopnaïtrs
hAitierdesa cooronne Ferdinand , son fils uatu-
rd. Le pape Eugène , contraint de recevoir la loi
du prinoB qni avait triomphé à lui seul de toutes
les forces d'Italie , lui donna l'investiture du
rovaume de Naples , et légitima Ferdinand.
Le roi reconnut l'électiof^u pape , lui restitua
Terracine , qu'il lui avait prise , et se déclara en sa
faveur contre Sforce, qui s'était emparé de bt
Marche d'Ancône , qui appartenait au saint si^e»
Ahthonse, maître de ce pays, le remit au pape:
«elui-ci en reconnaissance lui ofiit deux villes
asses considérables ; le çoi les remuai ■ C'est par
« religion et par Eèle pour Téglise, dit-il, goej'iû
à entrepria cette expédition, etuonparintà'étau
* par un motif d'ambition, n
Parmi le nombre considérable de prisonpïeri'
feîts au siège de Naplés se trouvait le général
Antoine Gondola ; le conseil de guerre l'avait
' coadamne ik mort d'une voix imoaîme ; Alphonse,,
400 AIJMIONSE V.
iloiit il i'U\\\ Vf'iinr'mi le plus cruel , s^opposa inni
i»t iilciiiciil il 1 r>t>( iilioii (11- cet ai'jcf. , iiisiîsil rcii-
<lil à Vf L'.f'iir'Hl, iivfc .sa lilx'i'le, fiiiiNfs les v't*
<'li('ssrs <|i(i lui ii\iii(>ii( viv prises. Alphoiisi^ mmi-
-\'iiva Ions l( s auli'fs |>ris()iiJii< r.s, (*l «lislrilMiri liu
J'ar^rnf à vvm\ (If>ii1 il avaif. adiinié la hravoiiif.
<1< llr iioMr rondiiiU; lui {^agna It'JUaiif-nl les
Cd'uis, (|ii il i(>i;iia dis lors sur son iiouvrau
rovauiiic sans avoir à craiutlrc* aucun rival ni uu-«
Clin ruiinni.
La villrdr INapIcsavait résolu (]VrΣ;rruii arc do
liioiiiplir Iwv princr, aliii dr p(>rpr(u<>r la nicMnoirn
<!(• s(sa(*fioiislHlioi(pi<*s('li;ciicr(>us('s; déjà la place
ciaii inar(pif>r, cl I on allailronnnnicor si aliulli'C
la maison d nn vieil onicier (pii avail servi uvnc
assez, de nuM'ilt* dm ant toule la guerre dJlalic :
Alpiicnise déicndil alisolunieiit quon luiicliaL à
eellc maison : u J'aime mi^mx , dit-il, nie passer
« du ne niass(* de pierre e'xposéu à la ]duî(j vt aux
<• (jnafi(> venis , que <le souO'iir qn on cléliiiisc
" I liôlel dun o/ru-iei' (pii m'a (oujonrs servi ^rt
(« m'a donné en (ouhs les occasions des^ireuves
» <!<' sa iidélité (d des lcmoii;na^es signalés de sa
« valeur. »
iVss('ss(.'ur Iranquil^* d(* Naples, Alphonse s en-
i];a^ra bien fol. dans une longue; £;U(rre coulre
SforcM' , aventurier i[u\ selail f:nipaié du duciié
de Milan 3 il (*ond)allil eusin'fc; les Florenlins, les
Aéniliens et les Génois. Diiranl le cours de vts
expéditions, Louis Pode^ son sectéfaii-e, lui écri-
vit qu\ni ol'lieier s'odraiL <ralier l)iui<'j* la flotte
des Vénitiens cl tons l(>urs magasins, in on voulait
lui assurer la sonnn(* de deux mille éeus, el qu il
K'pondwit. sur sa lele du succès <le cette entre-
))rise : AI|>l)onse dit. k cpi^il ne voulail employer ni
u rusr; ni trahison ; nrais qu il préiciulaii y aller
«« i\r honne ^nerr**, (^'«'sL à <lire vainci'e ses en—
« ucniis par la ioice ou renoncer ù la vicloû'C* Si
. ALPBCHjrSE V. >>
t j'einplovii^ , a joata-t*-iI y le moyen qnie; m'offl^
t>çotjMPeâturier) je n*atirdis fâtnÉis (|oè k ^tépit^
c'tatWt dé celui qui sWisâ'debiràleilf^fam^Kit
c -temple d'Ëphèse^. bien loin dé MTYoii^ admiië
c âc la postëritë, cet homme o^^élé regarda
c qaWoc imëpris , et rbistoire iméme jusq[a'à
I présent le fait passer pour u» foi» »• ' " ' *J^' ;
I«es' armes triomphantes' d'Alphtasë araîênt
unenë les Florentins» et les Vënlciens'à'ltiideiltoil^
lerla paix. Gominsihil ëtalt «frië jk>iat die Ik'Sq^^
;lure, son ministre hii écrivit que ctô à&as pmé^
lanices désirant fortement la' fin de la goérfe ,
1 -pourrait tirer déciles plusieurs Millions '^SKl^
|>hoase lui répondit : « •Vous detez <;ti»ililatCre
onse^ y eC savoir ft^fout
ih ptti&s ^je Miili ékM
C[ue'|tttilai8 j&tfai^ett M
» pensée dTy mettre'* aucun' ]priti>poaP'MMi^b^
« aoheter à mes ennemis* w • ^ •■ ' *. :»ii'.>* ■ '> j.
iia réf)ublique de Gènes était aU ntdmetttjfëiCHf
pirer sous lé pouvoir d^ Alphonse , lor8qtt^il''iii!b4^
rut à Naples, le 2^ juin i4f)8**'ll< était âgé de
soixante-*quatorzeans, et en avaitrégné quaratote-*"
trois. Il laissa les couronnes d*Arragon et de Sicile
à Jean, sou frère; celle de Naples à Ferdînand^i
sou fils naturel ; ses deux filles, Marie' et' Eié6^
nore , avaient épousé ,» la*' première -Ife due- de
Ferrarc, la^jeconde le duc de Fuessa, tous déu:^
pnnces d'Italie. " ' •
Alphonse V est le plus illustre "des rois qui
sont montés sur le trône d^Arraf^n; géhéi^eux^
libéral y inti'ëpidc , clément , afiaUe ,' tatai^t , re-
ligieux , huniaiii, il fut le héros de son sièj^e. Il
recueillit lés muses bannies- de Constantinople •
fonda Tempiixî espaghol en Italie ,' ne fît ]>eser
aucun impôt sur ses peuples, et s'occupa princi-
palement du soin de les rendi*e heureux.
Son emblème était UA livre o«vei:.t3 par CD sy nr-
"fçnie //. 3^
j.
4fi ALPHONSE T-
Uili' il cntniiluît (|ik- b »cipiHf p<^t |)êcanire
ceux <jui ^<>uvl■l'lu.■lll , el qu'on U ti-onv^ Jwu \*r
livrt'» luriH]ti'(iti aa'd le» bien cIioImt. u Lr*Vki»Ui
•• illsajt-il qnilqnofoit , sont me* plus fidj^ln cou'
•• iteUlera et iiwn ptiis bu|;i*s tnînÎBti'es ; ji* ii'aî (|uî
■ viinitultcr leur» cvi-iU , ll« luf dîactiil Inufoun la
« vi'rifci utwtî (jiiaiid je *i-iii j« W îtrtin-rojjf ,*l
a loitiotirs ÎU nw l'i^oiidriit mi» pas»toit , rao»
• (k^uUeineut . ni Miih uucuDe ciuitite de me ilt^
« plaii'p. lura iiitJuif tju'iltt ijik lliiUtrtit li- ntnini. ■ U
ptii-tuit toHJoun>surhijlrK(-oinmfnlniifade(^CMr,
ne nnssait jamnis lia spuI joiiTMna Iks lire, rt m
plaisait ii rt^péUr ; ■ Auprt-» tle ce (ji-autl bominv .
• je uc ïuîk rju'itn Ignurutit. ■
Alphonse CMnploynit «TR loiiur» Ma lFCtnre;au-
cDue occupa tioD ne loi plaisnit nulaut ; ellearail
lit puUToirdclepiénr ^galt-nieut <ie» Joulmn du
vorptt el lie celles île ràiuiv Tatulis <ju11 •^jtKimtil
At^npoue il y tomba lunlnije; cliucun alors *'ew
prPSMi (l'aller lui porter îles aecniirs et des amtibt-
iDffii*. Un de ses amis qui 4^lutt à la u»aii>agnr , nii-
prciianl son dan^r , an'oiinit nuiû <la mitvoe
qu'il savait devoir être le plus eflïciKW sur )*^ priitrc;
i-Vtaieot des livres. 11 t'uioiit au i;Iievet du lit d'Ai-
}<honi>e . et conimença A lut lire<fuel(pu!!ipagr!t Au
Quint-Curoe; cette lecture disùpacotniac par rn-
«AnnttMuent les «oufttMicca du rw , rt tr ^lént m
peu (le jours,ce<piiboiilmiditMMi)n^d|cîiu.Depu»
••i-lU- L'|>o(|ue Alphonse disiiît en baduiaul i ■ l'>i
• pluK de. confiimcc dnnt; Quiut-Cui-ce (juc dii»
■; Wut l'art de la lu^ecine. » •
(U- pi-ioce avait h la loin de U prtifond<mr. ds
In ^i4c« et lir In ^oieté diins >Vi-»prit j il mÎHmnUt \
ayvo làciUlé sur touteti fortes de sojfrta . ot pn^aût '.
«uns effort de lu raillerie la plas fine et la plo*-]
a(;r^al>ln aux pcnst^i-M leit pltiH )(ravoi. Co (oar i
({ii'on lisait it sa cour Iti fable dcK liarpir» . i'
s'aperçut qu'uu liununi,- d'uu caract^ie (lEtgulterJ
• ■ . *• ■
; ^i§fj^ Ms^Uiié à cette leetore yeniiit ^ifl^if^tiliât
1^ ;>iÉ|<jiÉQ^ik Ifû paxce qiitol1iiftoi|9;|Nàte'q^
<^ aniftii4ijqF^6biiIeiixhabileji)l Uj^cemiiii? fie «su
^S^cile dc^t-lijûraiéfiie ainsi que éa^mUte itaifUDt
' priginaifvss ; <Ne voii^l&chez pas, dit Alfiboiise, lé(^ .
^«> hai^iesnedemeiu^ntplusaujoai^liuiinic^fless
,tt et çVçt là mte ces oîieaux aicideft ont diiputi œ
- « tei^ps £xé.leiurdoinieile.i^PTOd1^^ >
qu'il ^i^;glî$ cette plaîsaoterie xmagita eetlt $0eir ^
' MQn : ce ; Bonn^oi l'homnae nW-tt jhînai» -iwiti»*
M (ait. 9 et «e peut-îl isetti^râoiuie borne ^ Mi 4é* ,
« sirs? » Ï49S sayans de fia jeoKT ayaiU: fait peur {fi
x4^nài^ beitMccMP dle^nts uiiiiiks , il J&i « "Que
^4 (fWe laun imatiabk de ilhomiiie était uw jproaré
jF.des pliis fortes de^laiiipt snl^îiiie AdModOia â <
« ^ifc ai^lë $ qu'étant sorti iSes iiiaûif de IKeîi , "SI ,
»^^ po^itait troeiDôi: qu'en lui soirritoosy IMeu
tf seal étant sa fin et sou prineipe» Aian llioiaiBe \
f ajouta-t^ly né pour posséder IKeti' étenicilie*-
« mei^t, ne saurait )amds étire heureux en met-
ff tant ses fins dans les créatures , qui ne peuTenjt
,« oQî,nr qu'un bien toujours incertain > périssable
.■« et fragile. » ^ :'\ • '
Personne n'avait une. plus haute et plus jucAé
iilée.que ce prince des devoirs attachés au tr6ne i '-
« I;a vie d'un roi , disait-^ il , sert d'ei^mplë
« au peuple , surtx>ut quand elle n'est guère bieA
« réglée , les sujets étant plutôt portés à suivre les
•« vices d'un souverain qu'à imiter ses v^ertusv
'¥. .llien ne semlile , ajoutaii-il , plus^ indigne d'un
^ roi que de le voir commander ^lux^autra»? et de
ff^ ne point savoir se commander à kfi-4néiiiQè y car ^
« il est tout à fait ridicule que celui qui gouverne
« soit hors d'rtat lui-même de se conduire , et qu'il
« se trouve dans la nécessité d'avoir un guide qui
« Je mène. »
H ne perdit jarauis un instant de sa vie? av.ssi
i
41.4 ALPHOmE T.
t'iini|>ni-Bil-il!<ilnilutlli>ui>(>u ItUniA tW cnitr4^<fu(
■M l'c II l'ont ICI tt (|iii< (lu vi-nt ttiuH cffc liomaMipii
h'dhI jUIIiiiî* lVji|ii'U orcup<i «iim- <Ip |Mrn»ér* fri-
Vitlrv , DM (lui «mt loii)«uri b ■Votn^l'-iiir rtr
t'hriai-H iuiitiiiM ilnriH Ici cutnfngiÙBa uii Jl> )«
trciiivi-til.
AI|ibi)HM' Mvnit jiiui' l't ntlfl In jMintév'tlé i\t^»nt
IcHjiniit i k' vîrriiilnt(|gf.»c<i iiuinlitvuiHri tiulujiii
itvnii'iit r^lMiiiIu miT- Kii yw, W avlii"» liéri)ï<j<"'J
l'I ((diii!r«uwii piir l(iti|Hrll^» il aviit rou<hiii i4iit
<fi' rit'uriti btul ifla n'i^tutt rini ranr lai. «i (««
liitlui'ii'Uit (III h't, po^lti'ji nV» ilevalt'iil potuoRH»
ini' lu iiiiJitKiirr ; iiiimm iiViii]irpii](a-t-ll d'nlllrfrt
■II. cour et ilr l'omtilnr <l'i )>i'i<iirn> et iVam'iiié \n
ri-riviiiiiji idli'-lii'i'ii (1« <(»ii lrtii(iii t liiH* \ Via\li
lui (iiil HiiniK* It» jiliia f(i Hiidii dlu^c* , ri l'oiil pru-
l'hune \p l'tii nii'giittiiiinti i m 11 În m lut diM.'r-niailli'*
nom iU oui mu-om plu» dufniM U vtix iltr la ju-
liot' (|Ur celle (If l«t Ifil'OlUluiïMlIK'O.
Unr «litivnalurhlledu i\iine i]u'Alplioii)e aralt
ilo viviv lUiM le* kw» (!tiiit (ini ivxptct nllgirtu
liiiiir Ip* iini-it'UB tiiiiiiuiiii'(ii| il i-u iIuTian nuo
||^r1UV^ dikltiulr! im iiii!uu ih iiittU: l^|a ki'"**^
|ii<'i'i'i'H iliiiil on [ivnil Ei>'Nuiii piiiir L-hai'ui*r In
lui ilit i|ii'<iiL piJiMiitil m tirer d'uii iiiirini Hi'*"
(l'iiii <|iii iiiiHniiil iiiiiir iitoii iH» iiuO d'oUi I« maiMMl'
■11- •iiiii|»i}(>ii: itr ( :ii'i<rtiii. AI)il>iin»o 1
■ J'iiiuii' iiiit'iii liiiiimir r''p>i>i<'r uiun t
• hiiilf iiKiii nrlilli'i'liMiiKiil'ollrr iii-ufatiL-rliitli
• iiK'iirr imli<]ur ilcct |îlilluMt])Ii''i^l*li-ti;tuml
• I Y'ivlire .. qui <lr >i>ik rKiii|Ni u»«uri<it lii vit- r
• l'iirltiiif à Uni ilu (H.'uplc* et ti w uouibiv ii
• (li'ciUi^ntM> ■
\ -
y^^^i^t^^^^^ty^
t •.ÉÊÊÊmeÊfÊf'i . -. ] . ^ *
ES COEUR
* .- ■ j • * . ■ • ' . ■
' àÉtiilÎE VtGOtlAStt. '
^.
ET hojnme> dont la prpqpërit^çtlç&^isgrftce»
ont ëgalemjeot contribua, à renifrt} le nom fam«iu(,
■ :TÎYa4t en.^Frauce au «piiosième siècle y son» }&
ic^grie 4e Quùries yiL Il,n«/qpiit àJBotar^es, d*u^
llÛ^le marchand* Le.cônunerce ma|*itime détail
viors trèsrPeu connu dana, Je royaume'^, Jacques
jCçeur s'y adonna , et les liéuéficiî^. ^*il y . fit d»»
. vinrent le principe de sa fortune. Le premier
emploi public qu'U exerça £ut céliû de makre de
la Monnaie dans sa yiHe patale ; ensuite Chaiiea YIÎ
lui confia celle à^argender* Dans l'orisine cette
dernière charge ne s étendait pas au-<Ienors de la
maison du roi ; largeutier était chargé de rece-
voir amiuellemjent une certaine somme des rece-
veurs des provinces pour les dépenses privées du
mouai^quc : Jacques Cœur eut des attributions
J>eaucoup plus étendues y réglant avec ces pro-
vinces les contributions qu elles devaient payer ,
il fut en effet ministre du trésor royal. On
ignore, et sans doute on ignorc^ra toujom^ s'il
abusa des moyens qu'il avait de.s'euridiir,.au3^
<lépen& de l'Etat > ce qu'il y a deii:ertain,.c'cst
qu'il ne tarda point à devenir. le particulier le
plus opulent du royaume. Ceux qui soupçonnent
sa fidélité pj'éteudent que son . immense ibrtime
ne conimença qu a lépocpie oîi il put disposer des
deniers de liitut. Alors il é<juipa plusigurs galères
4«6 JACQUKS ClFJJR.
h Hcrt rnùii, ri (ouriiit un roi dm nonimes Milt!'*
MiuilrN]Miur Hul)vriiirh lu mAv\v dv quatre! urm^r^.
<!(• <lr'i uior fuît vn\ vn mi fuvritr , nuiiiltte du moins
il lit 8ri vîr iN ruvaiitu^i du i*oyuutpe une ^rmuli?
]>iir(i«* doH ioiidn dont il )H>uvnit dUpoffrt 11 ^^t
ô'iilciii(*u( rrcoiiini par Im Uiiilorioiia qu'il ucmmhi-
par Lf'ii niiilc»rioii9 qu
trihiia
iiiaudi
il pas prii , laii 1448 | h iTtnoltiY hi Nul*-
î<* M»UM la dniniiiatioii du mi do Frnun* , vn
f-t (pli rir pins c*ii nluN- KuflerttiiNMiit «ur le UViiie
(pir lui avainit (ii;^pnld \vn Atiglttin « conçut U
(MMisfV d(» tVtahlir daiiK non royautiir Toi^di r «|ti^
(!<' loii;;nrs f;iH'rr('s avaÙMit t.ro)t Honvtml (roubUs
An iifMuhrr cVh iiniiUMtnitionii (|U(^ vi* pi*hicr vi hou
<Mi!iHril vonhirrni< richinN nr trouva IVinnuMiilf
lii ioi'tinn' dt's (inaiiri't'K. Ou romnifu^n par fiiiif
l'M ver une lorlr iiinrnWi* a nti Floimlin qnr Irë hi!«^
(i>i i( IIS iippclltMit Jtfui dr Xfntivainfii il rluit itTi-
yvuy (;(<n(^i al i\rn fiiiaiir(*s , vi il roiiviul d*uil \j^rM\A
MiMuUrr de d«<pii'<lali<»tiN. J\»ni ]iort<* h pniMT
ipi'il filait roupatilr; niaiH on uinwmtt h mivuir
ipril a^nna «mvh «U^litH par la Inive de In v^rifr «
f ( non ilaoN 1rs lonrmiMiH dr la qnrnlion ^ inoy«^u loti»
joiifs r(pii\(u|iir di* oonnuid'r le» (*rimoH« Jncouii*
(iiiMir n^sMiMihl \v <()iiliT-^'<»iip di< lu dU^rAcN! <Vuu
lioiiiiiir (pli lui «^(iiilHuliordoimi^ Aviiit*iUgnort^f
ii\ ait-il UAviét \vh umlvfTHaiîoini du rorrvt*ur gi^-
iirral i'<lVst fiicorr \h un df orH poitrin liiltoriqui*»
Mir IrMpicls il vttl ^ ]Hmi pri'^ inipotëilile de prti*-
uunrcM'. Il rsi du n*Hlcf li^H-<*n1iiri qur Jacqur»
(iuMir r^iritaît rc*nviiS (MI Ir vil tdaliiMT Ml fiMtunr
IMir i\vH acMpiisilionM di* ]»irns-iuuuru))lr* « vt on
'iirnisu. llaiiM un sicVlo d*i|;iiorun<*e où In vn-*
iiuiiM* r( ui)l>lc JiMiiuicd Arc avait Jt^ coadauiiicc
,■ t •
mx bAcher comme sorcière ^r dfs Au^lm cq|'eUp
îjLtaft rainous et par des Fra^içau siiperstilieiii:^
on n^hésita point à croire que Jacques Cœur ne ,
^f^sédkt iM'rfierre phihspphaie. Cette rérérie, ne
TBui pas i|vaëine aétrci^erieusemeiit refvi;^» '^
Son luxè^'iéa terres dpat il avait accnns la posr-
^e8sioIl .et'•a-1|^glM6Qence indisposaient contre
lui les principaux seigneurs du royaupnte, qui n^
pouTaient riraGser sou opuleoce. On nja pas
mancRië de repiWher à Jacques Cœur cet orgueil
que donnent les richesses subitement acquises; 'ou
a. dit que lors de l'entrée solennelle de Cttarles.VII
dans la ville de Rouen il marchait près de c^ prince
avec des armes et un vêtement semblables a oeuj;
que portaitle célèbre comte de. Dunois* Maisll est ^
constant, comme onTadéjà dit, qjoe jtaoquesGçur
eut jone part très-grande h la jnéductÎQn oe la Sov
jnandie j il pouvait donc ancSbitioniier ' just^m^nt A» ^
jparaitre dans une cérémonie publiqueiivec un éclat
auquel ses services lui dqunaieut le di^oit d'aspirer*
l>es hommes impartiaux ont prétendu que ce même
Dunois , qiie ses braves compi^ous d'armes y La
Hîre , la TrimouiUe, etc. > n avaient pas plus effi—
cacement contribué que Jacques Cœur à i établir
Charles VII sur le trône, et tout prouve que cette
assertion n'a lîen d'exagéré. Une accusation plus
§rave que toutes les autiTS pèserait sur la mémoire
e Jacques Cœur, s'il était vrai qu'il eût enti*e-
tenu avec le dauphin, qui, lut depuis Louis XI,
des liaisons suspectes , et dirigées conti*c le ino*
narque ; mais quelle que fût. l-anim/psité de ses
ennemis , ils ne purent jamais alléguer à pet ^gai'd
rien de positif contre lui *, ils n'osèrent m£ine pas
le charger (le cette accusation lorsqu'ils parvinrent
enfm à le faire mettre en jugement.
Ce ne fut pas d'abord de déprédation des finances
qu'on l'accusa. Une dame de la cour, Jeanne
de Vendôme , épouse de François de Mpn^éro^ ,
1
^8 jacC»i;es cfÈuft.
^ré^ntlît ({n'il owalt mipoisnniM^ Agn^S Sar«l .
inort^ l'aniiër iptiréHi iiU:. Il Ait antléfae orit*
■Au roi ; loai»!! se }iiiti(iu *t ronitiK-lfiiivul , qut »mi
iM-TOwlricK fut obli^ik? <lç lui iI'miiut la iilosci»-
tïi-ir Mlixfurtion , «il, p'iur parler comme I'»
liiituritiM, ilKlui faire utn'-mlcnonmurtlr.
Cp|ii]iwliint if uitttivîii* sui-tfb de (.ttl« pr('mi(r«
îiit:-ul|Hitioii IIP put iIctcrniiiK;!' kt» i-impiiiU ^ If;
lui»!U?i- jouil- (l(- ba ti^uquillili?. Ou l'iicciua d'nroîr
fuliiifiti le» mniitiaû:!! claa» \e. Irinps qu'il ifCnit A
lioui-^cN (it U Pari» maître ilf ctli- partît di » ri-
rlv'iwos tle lElnt; on BJontn qu'il avait fiût Inta-
)>oi't*i' liorB diî France un graud nnmhrv de pifïr»
îl'ur ft d'argnnt uîmî allt^ië^^e; ou lui repi-ocb»
dt-R <-onc*nuïou«;tin prcUTidit^u'ilavûit founu ita
nmir» nui Miuulmiiu» , H coiulmnn^ arlji'lraii*-
iu«nt aux guLèrra un.praiid nombre d'ÎRnwra»;
on lui lit uu moie d'avoir TPiivayé ea Eg^ftv
ua THclavir du iHicH K^fugié «u' tiu de w» lai»-
wuux ; enfin on soutint «pi'il htoîI ^il tirer de
triw-rorteB 9onimi-« d'aiRcut de iilnsiitir» partîwi-
\îen, et niémc! dy pruviiicct, bous piètrxto 'pic
d'il ttmui ritiiicnt dotintii un roi , ■ auquel îU tcr-
Tiiicnt iiourjotuT nu dn, u
l'oni- sou premier moyen de d<!(i[iiw! il mUéçn
le yiiv'Mf^p de ileriiatuiv , et iea ^Buds TtDaim
de i'oififr» le réclamèrent eniniiu; eoclési»^
(ii]Uf; mais on n'riit aucun é-^rd à leurs i-ciuon-*
tiniieBS ni ît leurs protestalioiui. JiKN)ni-> Okbt,
ràluit ik »e disculper, deouinda des avocut» poitf
{■onueils : on Ifs lui rrfnM, rt li eclle circoMtsBn
neproHte paa cncot* qu'il fût inntMieat, cite
d^monlre du moins qti'il ritatt jioursiiîvi a«cê
uu acHanienieut voisin d*- l'injuslice. l^ cow^
luiMiiJii ituinuHfe par If roï ^otir le juger, et k
lu lôlrile iRijuelle ^lail Antoine de Gii]hauitn,iM
voulut pas non plus lui ponneltrc d« fuir»? *'Ulei»-j
tl;o des lûnoiii»i cUv ni: lui dunna ([uc deux
>*•
JACQUES cceqiu ^
pour préparer sa défense, qupjj^'Udëmoatrâfi
que ce terme était insufiisant^ pîi^sqiae les ti^^ .
qui pouvaient établir son innocence se' trouyiâent >
epars en divers lieux, sur ses vaisseaux ou dantf ,
les mains de ses facteurs» On fit plus encore ;^<Hi
eut recours il la question pour obtenir de lui àe^
•afeux que, libre , il reûisait de "faire* L^ tour-*
mens , selon quelques écrivains , ou , suivant d'au-*
tçes , leur appareil seul , le déterminèrent à re-»
connaître la vérité des accusations; La procédure
fut portée au ror, qui se trouvait aloi^ au^idiâtea» .
de.Lusignan. On déclara Jacques Cœur atteint et
convaincu des délits qu'on Im imputait, et il fut.
condamné à mort; mais Charles VII lui fit srâce
de la vie , « En considération, disait ce pnnpe^
u de quelques services, et à la recommandalaoa ',
EL du pape. » Il fit amende honorable à Poitiers»
On ajoute qu'il dut payer quatre cent inille écus '
pour indemniser le fisc, des sommes qu'il s'était
illégalement appropriées, et que, le reste de ses
biens lui fîit ensuite oté par la voie de confiscation.
L'arrêt prononçait de plus son bannissement à per-
pétuité , et 5 par une clause fort étrange , le prince ,
revenant sur laccusation de lempoisonuement
d'Agnès Sorel , déclara « qu'à l'égard des poisons ,
ic pour ce que le procès n'était pas en état , le roi .
k ii^en faisait aucun jugement , et pour cause, y^
On changea sa peine de bannissement en celle,
de réclusion chez les cordeliersde Bancaire, ou il. '
devait demeurer en J'ranchîse, J^exa. ans après,
profitant du zèle que les anciens commis témoi-
gnèrent pour sa délivrance , il s'évada , et s'enfuit
en Italie. Là , ayant rassemblé quelques débris de
sa fortune , il monta sur les gailères que le pape
avait armées contre les Musulmans , et mourut de
maladie vers la fia de Tan 1456, dans l'île de
Chio. Il y fut inhumé dans le chœur des corde-
licrs de la capitale de ce pays. Il y avait dans sa;
TQvieU, 3a^
c
^T« JACQUES CŒUR.
IrstiiuV qiioltiuc eliuscdcsirxlruordînaîrej qu*OQ
iriicsitii point 9 un »'wc\c plus tard , ù y ajouter
ilrs cleliiiis l'iirorr plus iiKM'vr'illnix. ihi preti'iiilil
«ju'il nVtiiif ])oiiil mort ù Cliio , et qu'il ^ était
inarir (liiiis LiltMlr Ciiypro, où il avait acquis de
r\ttn\ eaux h c'sors ; mais ces particularilcs ont pani
dt'uiifics de t'oudcmcnt aux. Jiistoricus aiiii& de la
lerili'.
II rcsuU(» dii procrs dr Jacques Cœur deux faits
iri('>(Misal;I('s, rinifpi'il n'avoua rifuqu*au moment
oîi il l'ut ('pouvante par TappareiL des supplices ;
raiitre ([iieses ju^es tenu)i}^nèrent toujours contre
liii mu: haine tiès-piononeée. Antoine de Clia-
J):miies ))rr)fi(a de ses dcfpouilies, et ne rougit pas
de s(r faire adju^^er à vil prix ses priucipales
pos>essioris.
J)ans la suite Louis XI, soit par amour de
re'quité, soit parce qn*il fut toujours disposé à
iiieidper la mémoire d(* son perc , et rennemi
deVlarf! de (Ihahaimes, fit revoir le procès ; mais
le ])arlemeiit ne voidut point prononcer, parc^ard
pour la in('moire de Charles VII, et les liéritiers
de Jai*(pi( s Co'ur et d(! Chahannes firent une tran-
^ae(ion par la({U( Uc les premiers recurent une
ni(lem[iit«>. C était réellement proclamer Tinuo-
irenee de leur parent.
L'opuh'iiee de Jacques Cœur avait passé en
provi'rl)e. JMusieurs fois son prince Tavait nom-
mé à des amhassades dispendieuses, et il y avait
toujours déployé une gnuule magnificence» Ia
plus n marquaJilc dv. ces missions fut celle dont
jl l'ut ehar|j^é en 1448. Il se rendit alors à Lau*
'j..ii\iiv ])our contribuer à faire cesser le scliinne
<xel((- par Félix V , (;t rendit à Charles YII ainsi
«ju'à la France fin ti les si»rvices.
Ajoiilons iei, afin de rassemhler tout ce qu'il y
a d'uutUeiitiquc sur Jacques Cœur et sur sa famille ,
JACQUES CŒUR. 411
•jn'uiitte ses fils, nomméJcan, (leTÏntarcheTéque
tle Bouj'ges , où il se fit estimer et où il mourut
en 1433. Fût-il parvcuu dans l'église à une û
émiiiente digoil^, si l'opiaioii publique n'eût pai
été favorable à son père r
Quoiijue nous pensions devoir imiter la circons^
pection des bistorieus , qui n'ont ose ni absoadre
ni condamner absolument Jncgues Ca:ur , nous
devons dire eu sa faveur que les soui-ces avouéei
àe sou opulence prouvent asseï qu'il put devenir '
le pins l'icbe particulier de France rsans avoir
Bvl, besoin de recouiir à des actions illicites et
punissables.
Doué du génie dn commerce , il i-éfl^cbit qnâ
les peuples Italiens , et principalement les V^ni^
tiens et les Génois , faisaient avec le levant un
b'afic considérable. Il avait aussi sous les yeux
l'exemple de la prospérit^à laquelle la famille
des Médicis s'élevait par lis mêmes voies. 11 sut
babilemeut imiter de tels exemples g et envoya
aux maliométans des lingots d'or et d'argent , des
arnies défensives , ainsi que les objets auxquels se
réduisait alors le produit des manufactures de
Frunce , tels que des draps , du papier et dea
toiles. En retour ses vaisseaux lui rapportaient
des soies etjde l'e'picerie , dont il lui était facile
de tirer des gains considérables ; ainsi l'beu-
Teux résultat de ses spéculations lui fournit les
moyens de les étendre progressivement. Cette ■
manière d'expliquer comment Jacques Ccenr ao-
Îuit l'immense fortune qui devint la cause de ses
isgrâces et de ses mallieurs , n'a certes rien de
chimérique ni d'improbable.
Xernunons cette notice en citant textuellement
une réilexîons très-judicieuse que sa dsstiaée a:
inspirée à Velly.
o Le revers qu'éprouva Jacques Cœur , dit ce
« sage historien > est une leçon frappante pour ses
F .
.404 ALPHONSE V.
i*oniparaît-il l\ des ballons ou bien h. dos ontrcftqm
jio reiirermcfit que du vcriit tous ers boinxu''9 <jiti {
ii'out ^aiiiaîs rcs])rit occnpd que de pensërs frl^ 1
voles , ou (fui sont toujours à s'entretenir rie
c-|]os(;k inutiles dans les compagnies où ils se
trouvent.
Alphonse avait jour et nuit la postérité devant
1rs y(;u\ ; Je vil'ecJatcpie ses iwmbreuses victoires
avaient rdpandu sur sa vie, les actions bëruïciuci
et ^énérf:us(*s par lesrpielles il avait conquis luut
de eœurs,' li)ut cela u'dtait rien pour lui, si les
histoj'iens ou h*s poct(^8 nVn devaient pas eoAsa-
cHîr la mémoire ; aussi s empressa-t-il d'attirer à
sa.eour et de combler de prëscns et d'uniitid les
écrivains célèbres de son temps; tous à Tenvi
lui on! donné les plus grands élof^es, et l'ontpro*
clamé ir. roi fnffgnnriùite ; mais en lui décernant ce
iioui ils ont encore plus écoulé la voix de la jus^
tice qu(! <:elle de la reconnaissance*
Une suite- naturelle du désir qu'Alphonse avait
de vivre <Ians les Ages était son respect rcdigicux
pour les anciens monumens; il en donna une
pi'euve éelaliinte au siège de Goète. Lqs grosses
pi(>rres dont on avait b(*soin pour charger les
mortiers vinrent à manquer, et alors quelqu^un
lui dit (pi^on |)ourrail en tirer d'un ancien cha-
leau qui passiiit poui' avoir été autrefois la maison
d(; cain])agnc <l(; Cicéron* Alphonse répondit :
« J'aiijie niicnix laissftr l'eposer mon canon et
« touUî num artiilerit;, que d'aller profanerla de-
« meure antique dc.co philosophe et de cet orateur
« célèbre ,. qui de son temps assurdit la vie et la
« (ortiine à tant de peuples et à un nombre inlim
» dccitoyeuSi »
4o6 JACQUES CŒUR.
^ srs frais, et iburiitt au roi dea sommes suifi-*
snittes pour subvenir à la solde de quatre ann^v.
Cv dernier fait est eu sa (aveur , puuqoe du moius
il lit servir à l'avaula^ du royaunie une grande
partie des foiuls dont il- pouvait disposer» Il est
éj;aleuicut reeoumi par les historiens qu'il ne cou-
trilnia pas peu , Tan I4fâ i à remettre la Nor-
mandie sous La domination du roi de France , en
fournissant Targojit n<$cessaire à cette expéditioiit
D(nix ans s^ctaient ik peine ëcouléa depuis le-
poque où Jacques Gonu* avait rendu à son prince
et à sa patrie cet important service, lorsque
l^iiarLes VU , dont la pi'ospëritë croissait toujours ,
f t (pli fie plus en plus- s'aflermissait sur le trtnie
que lui avaient m.sputë les Anglais , conçut la
pfMisee de rt^tablir ckins son royaume Tordre que
fi'* ioii<^ues cuerres avaient trop souvent trouble.
Au nombre des amëlfoi*ations que ce prince et son
c(»:isoil voulurent eiVeetuor* se trouva Tcxamen de
la fortune des iinauei.TS. On commença par faite
|>;îy(>r une (orte amende à un Florentin que les Lis-
ti! lie lis appellent Jtan de Xtiiiicoins, il ëtait iTci-
veur ^(^néi al des liuaiices ;, et il convint d uu grand
Tiouibre de déprtHlalions. Tout porte à penser
(ju'il éUûl coupaJile; mais on aimerait à savoir
tju'il avoua m^s d<îlits par la force de la vëritc ,
1 1 non dans les tour mens de la question , moyen tou-
jours équivoque de connaître les crimes. Jacques
Cieur ressentit le conti'C-coup de la disgrftoe u uu
lioninu' qui lui était suLordonnd. Âvait-*'il ignoré i
a\ait*il toléré les malversations du reeeveur gé«-
lUM'al ? C est encore lii un de ces points historiqiu^s
sur lescpu'ls il est à peu près impossible de pni^
iLoueer. U («si du ivste («^s-celtain que Jacques
(ianir e^ritait IVnvic; ofi le vit léaliser sa fibrtunc
»ai' des aequisitious de biens-immeubleS , et on
aeiHisu. Dans uu siècle d'ignorance où la ver-
tueuse et noble Jeamic d'Arc avait été coudauuice
i
nEBRE mvBcssast, 413
PIEME D'AUBUSSON,
iCILUSD AUItaE DE L'OADRE DE MALTE..
X4E plus illustre des Ordres religbnx et mîUtdix
mes, roi-dre de Saint-Jean-de-J^rnealem, datses
jheaux jours et ses titres de gloii-e à des Français.
Jkccablé dès sa naissance par l'éclat, la richesse,
iJes, exploits de l'Onli'e des Templiers, il n'acqiiit
fUmite plus de vigueur et de céleltrilé que lorfr~
kme la grande-mai tri se de deux Français eut sou-
'^*tein sur les ruines fumantes de Rhodes et sur leu
-^remparts de Malte le courage des clieraliers , et
^ Jorsqn'elle eut liiit ftiir toutes les forces de l'em-
, pire ottomau devant l'éteodard de la religion.
* Le premier de ces dettx grands— maîtres iîit
- Pierre d'Aubusson. Ne en I4x5| d'une fiunille dis-
tinguée de la Marche (l), ses premières années
'- forent consacrées à la carrière miBtaire. A l'ëpo*
■ que oil les Turcs dévastaient la Ho&grie , et où le
duc d'Autriche Albert, gendre de l'empereur
Sîgismond , marchait contre eux , le jeune il'An-
Ijusson suivit ce général , et signala son courage
4o8 JACQLES CŒUR.
prc'tgndît qu'il avait rmpoisoiinc Agnes Sorel ,
iiKnto l'aiiiior piéccMc iiU'. Il fut an été par ordre
du roi; mais il S(* justifia si coniplc^teiueut , que sou
aeousatrice fut oblii»de de lui donner la plus m-
lirre satisfaction, ou, pour parler comme les
liistorirns, de lui faire auuMide lionorallle.
(^.(']>('n(!ant le nrauvais suecès do cette première
inculpation ne put déterminer ses ennemis à le
laiss<*r jouir de sa tianquillite. Ou Taccusa d'avoir
falsifid les monnaies dans le temps qu'il était h
l>ourj;es vt a Paris maître de cette partie des ri-
chesses de 1 Etat; on ajouta qu'il avait fait trans*
]»orter hors de Finance un ç;rand nombre de pièces
<l or et d'argent ainsi altérées; on lui reprocha
des concussions; on prétendit qu'il avait fourni des
arnus aux Musulmans , et condamné arbitrairc-
ïn( lit aux iialèies un irrand nombre d'innocens;
on lui fit un crime d'avoir renvoyé en Egypte
un ( sclave cliiélien léfu^ié sur un de ses vais-
seaux ; enfin on soutint qu'il avait lait tirer de
Il ès-torlcs sommes d'argent de plusieurs partîcu-
liri's, et même d(^ provinces, sous prétexte que
c( s dons étaient deslinés au roi , « auquel ils ser-
vaient j)our jouer au dez. »
J^)ur son premier moyen de défense il allégua
le ]nivilége de cicncatitre ^ et les grands vicaires
de Poitiers le réclamèrent comme ecclésîas-
ti<jue; mais on n'eut aucun éi:;ard à leurs remon-
tiances ni ii leurs protestations. Jacques Cœur,
léduit à se disculper, demanda <les avocats pour
conseils : on les lui re^fusa, et si celte cii'consûince
ne ]>rouve pas encore qu'il fût innocent, elle
démontre du moins qu'il était pouï^suivi avec
un adiarnemcnt voisin de l'injustice. La com-
mission nommée par le roi pour le juger, et à
la tel(» de lîiquelle était Antoine de Chabaunes,ne
voulut pas non j)lus lui permettre de faire enten-
dj e dus témoins 3 clic ne lui donna que deux moif
"?
' PIERSE D'ÂUBUSSQN» 4x5
le récit des hauts &its des cheTali^ de BHodes »
et les relations chaque, jour. plus aflrèuses de Ift .
]>arbarie qu'exerçaient lés Turcs sur les priso»*
liiens dhrétiens, yinrent, enflammer .son imagi-^
nation et donner à ses - idées une directioo. nou^
Telle» Il alla se feire recevoir chevalier *àBl]K>des y
et quoiquHl y eût une défense du chapitre * ^tsn-
pdmettre jusqu'à ce que les finances épuisées lEiti»»
-maalL en meilleur état , on voulut bien pa^sçîr sur >
une loi si rigoureuse en fayeur du mérite et du
nom du récîpieiKlaire. Il fut admis dins la langue
d'Auvergne , et re^ut le grade de coxnmandeur.
En 1457 le nouveau chevalier vit son cîm- '
rage récompensé , et son a^le ims à Tépreuve la
plus honorable*
Mahomet , après la prise de Constantinc^lè et
la mort du dernier empereur grec 9 crotanit qu«
tous les princes de l'Asie devaient fléchir sous sa
Puissance , commença près dés chèvalieni* de
ihodes à faire éclater ses prétentions hautaines.
lie viâîr dépécha au grand-maitre un ambassa*-
deur pour le sommer de reconnaître Mahomet
souverain de toutes les îles de la religion; en
conséquence de ce titre , de faire porter tous les
ans à son trésor un tribut de deux, mille ducats :
au rjefiis du grand - mSiitre , Mahomet déclarait
la guerre.
Jean de Lastic , qui commandait alors les che-
Taliers , répondit que l'ordre religieux de Saint-
Jean dépendait du souverain pontife des chré-
tiens 'y que leurs ancêtres , par leur valeur et au
prix de leur sang , avaient depuis long-temps
conquis File de Rhodes et les îles «voisines , dont
aucun prince ne leur avait disputé la souverai-
neté; que par son élection à la grande-maîtpse
elle savait été mise en dépôt entre ses mains;
qu'il en était responsable enyers ses frères , et
Tome IL 35 *
4TO JACQUES CŒCUR.
(lt*stlnde cpiclquc chose de si cxtruoriUnaîre 9 qu'oa
n'Iicsitii point , un siècle plus tai*d , à y ajouter
clos dé (ails encore plus merveilleux. On préti^ndit
qu'il nVtiiît point mort ii Chio , et qu il s'était
marié dans llle deCliy])re, où il avait acquis de
nouveaux trésors ; mais ces particularités ont paru
dénuées de tbudemeut aux liistoricus amis ac la
vérité.
Il résulte du procès de Jacques Cœur deux faits
irrécusables, ^unqu*iln^lvoua neuqu^aumoiueut
où il lut épouvante par l'appareil des supplices ;
Vautre que ses ju^es témoiguèrcnt toujours contre
lui une haine très-prononcée. Antoine de Cha-
bamies profita de ses dépouilles, et ne rougit pas
de se faire adjuger ù vil prix ses principales
possessions.
Dans la suite Louis XI , soit par amour de
lequité, soit parce qu'il fut toujours disposé à
inculpei* la mémoire de sou père , et l'ennemi
déclaré de Chabannes, fit revoir le procès i mais
le parlement ne v ouliit point prononcer, par égard
pour la mémoire de Charles VII , et les liëritien
de Jaccpies Cœur et de Chabannes firent une tran-
^actiou par laquelle les premiei^ reçurent une
indemnité. C'était réellement proclamer Tinuo*
cence de leur parent.
L'opulence de Jacquets Cœur avait passé en
proverbe. Plusieurs lois son prince l'avait nom-*
jné li des ambassades dispendieuses , et il y avait
toujours déployé ime grande magnificence» La
plus n^marquaJilo de ces missions fut celle dont
il fut ciiargé en 1448. Il se rendit alors à Lau-
sanne poitr contriJjucr ù faire cesser le schisme
excité par Félix V , et rendit à Chailea VU ainsi
tpi'h la France d'utiles services.
Ajoutons ici, afin de rassembler tout ce ^^il y
a d'uutUcuti([ue sur Jacques Cœur et sur 0a fiunijle >
PDSBBE D'AÇ&JSSPW. 417
dRélite qui ftvàit ordre de débarquer éàm VQê
et de se jeter dadft la yiUe assi^ëe* . .'
Les galères de la religion et la j9otte t^-- .
tieime s'étaielit avancées à la yne du camp en*^
tiemi , et léS nombreux secours qu'elles ame^
fiaient auraieut changé la situation ai^lorabledétf
sissiégës 9 sans un ëyénement Inattendu qui laiss*.
b trille sans espérance* On araît r^Iu > dans If
éonseil de guerre 5 d'attaquer, un pont de Ibateaujfr
que les Turcs avaient fait construire stir l'Eu'^
>lipe 9 et par là de leur couper toute communir'
cation .^vec la terre ferme* Cette manœurr^'
hardie rapprochait d'ailleurs les bâtimens dtf
ceux qu'ils avaient intérêt de secourir ^ et prÊ*'-
Vait les infidèles des convois qu'ils recevaksil.
ehàque jour* Toute la flotte demandaiè.à gran^
CTiB le signal du combat 5 les chevaliers de Garn»
donne et d'Aubussoa surtout pressaient le gé«
xiéral vénitien d'avancer; mais ce commandant ^
ayant jeté par hasard les yeux sur son fils uni*-
Iqne, qui paraissait effrayé du péril, api es avoir
balancé quelque temps entre Tattaque et la re*-*
traite , tourna honteusement la proue 9 à forcer
de voiles et de rames > s'éloigua des Turcs, qult
laissa maîtres de la mer, et par cette lâcheté
causa la prise de ^îégrepont.
Cette expédition lut une des causes qui atti*-
rèrent dans la suite toutes les forces de i empire
ottomau sur la résidence des ch( valiers» Le
sultan, iiii'é d avoir vu parmi les bâtimens
vénitiens les galères de la religion , envoya à
Bhoded dëclaitr uhe guerre 'éUrnelle 5 il jura
de tuer de sa niaiu le grand-maîli e , rt dVxter—
miifer tous Ks clirvaiieis qui tomberaient eu son
pouvoir*
A la mort do Jean -Baptiste des Ursîns , €A
J476, Pierre d AuLusson iSit nommé , à Tunani'-'
41» JACQUES COEUR.
a pareils t qui, par les opërations dW commerça
« lioonéto et proportionne à leur intelligence ,
« dtant parvenus n se procurer un sort heureux ,
« ont sur leurs vieux lours la tdmëraire ambition
« d^aspirer à des dignités dangereuses* »
PIEEilE D'AUBUSSON. 419 ■
FeQ<1aiit que Mciliomct s'assurait donc delà tra~
liison des VeniLieus , d'AubnBson s'occnpait à
j rassembler les elievaliers au chef— lieu de TOr— •
, dre. Des courriers dépêchés dans tous les paya
de la clir'étieaté rappelaient ceux qui s'étaient
^ momcDtanënient éloignas de llhodes , et près—
Baient leur retour. Dans le inéme moment , le
grand-maître traitait , avec le souB-haclia de
Lycie , de la liherlé d'un grand nombre de
chrétiens et de chevaliers qu'il tenait dans ses
fers. Mahomet avait Facilement consenti à cette
négociation , dans l'espoir que l'envoyé qu'il dé-
péchait, pour discnter la rançon avec le grand-
maître , pourrait observer les fortifications de
BJiodes, remarquer les endroits faibles et lui en
rendre compte ; mais la piiidence de d'Aubusson
^t échouer ces projeta, et Mahomet n'eut que le
déplaiîiir de les avoir foiinés sans avoir pu les
mettre à exécution. Le grand- maître trancha
généreusement tontes les difficultés , paya sans
contester les sommes que le sous-bacha exi-
geait pour la rançon des chi étieus , et dès que
les prisonuiers eurent tons élé rsndus il s'em-
pressa de renvoyei' de lUiodea le piétendu négo-
ciateur.
La citation que d'Aubusson avait envoyée dans
toute IXurope ne demeura pas non plus sans
effet; elle excita au dernier point l'enthousiasme
et Tartleur des chevaliers ; chacun d'eux travailla
avec empressement à ses écmipages et aux pié—
Kratifs de départ. Pour avoir plus promptement
rgent nécessaire a cette guerre, plusieurs ven-
dirent leurs meubles , leur argenterie , leurs
bijoux ; on loua , ou afferma à vil prix des
conuuanderies , d'autres engagèrent leurs pro-
pres biens ; il semblait qu excitas tous par le
même véliicule de gloire et le même motif re-
ligieux , ils n'eussent qn'un seul désir , celui de
460 PlERHE D'AmCSSOS:
s» mceui'FJ' ou |)UU&tuTecle$ÎD&iclM.i
crniitte . cdle uVrrivnr trop bH ' ~'
ne pB» Être pri^aiiiiH aux pmnien
Maltomct avilit nunrî mayé
zbh de. il'Aubusson et IVnl'
ynlirr» , en fuiftuiit porl«r ft
citions de pnis, i;t en udresisout au ^
pnr l'entremise du jn'incR Zùïaa
til» , des paroles obligeante» et lli
l'eadonnir dans une trompeuse iA.miX; mA
d'AuIiuMon prévint encore k temps cfs ^i^
vPHnx pièges ; il lépoiiilit atrc ""
BvanePH du sultan , et ne profita di
dant l<'i]uel on faisait traîner Ir*
une pour donner de nonvrina tain* à
tificotious et améliorer son état de défciMe. CV 6â.
m^ine dans ect intervalle que le conacil , viftUal
éviter que le stTTier t'ât ralmli uradMl k
f;iTrrre par îii diversilë des commaiMnBea* , rt
nnr des d^iliëralions inutiles , codJqiv J^Am—
btiSKon de »c elmrger seul et av>-c ium antonlC
iit)solucducoiiiinaQdementdetannc'rsiiînâiiii«<l*
l'administration des tinanees ; e'tflait uae vsçiot
de diclntnre dont or jugea convr-iud>l« de rr—
Wlir d'AuLusson pendant In puerre rtAcn—
table qne l'ordre alliiit, soutenir conlrv Ha—
Iioinet, D'Aubusson, ipii d'ubord avait rrriui
Iiur modestie le pouvoir illlniil^ dont on foo» i
ait l'investir , reconunissîuit enstiitn i iiinliif |
l'unité de commandement étnît importante potTi
le BHlut de l'Ordre , cOuseiitit i la deroaniK id\
eliupitre , en y metlaut pour eonditîtin rvomi^,'
({u'aiissitôt apr^H la (in du sîdgc il kg dessauinitt
de cette autorité.
]i i entât après , il fit abattre toute» le»
de plaisnnce » el même quelques Valises qnî *ow
touiaient la ville; et pour priver de resaouree^^
la cavalerie ciuiemie , il bt couper tout lc#<
I
PIERM: D'AUBDSSOPf. 48»
grains 1 enlever les fourrages , et assigan nux
paysans (le chaque canton les forts dans lcs~
quels ils pourraient se retirer à l'arrivée des
infidèles.
Ces dispositions ^tsùent à peine terminées , crue
Mahomet , qui commençait à se lasser du rôle
de dissimulation qu'il avait entrepris de jouer ,
cessa de se contraindre, et déclara hautement ses
prétentions sur Rhodes. Un prince crée de la.
maison de Goustantinople , nommé Misac Paléo-
logue , qui , à l'époque de la destruction de
l'empire , avait pris le turhan avec le titre de _.
grapd-visir, animait surtout Mahomet à <!ette
conquête. Ponr faciliter nne telle entreprise,
il avait associé à ses plans trois autres renégats ,
dont l'un était le négociateur envoyé par Ma-
homet auprès du grand-maître pour trajter de
l'échange des prisonniers ; le second un ancien
habitant de Uhodes , et le dernier un Allemand ,
noHuné maître Georges j excellent géomètre et
hon artilleur. Avec le secours de ces trois
hommes il parvint à se procurer des plans
exacts sur les forts , et des notes importantes
sur la situation de Rhodes. C,e fut d'après ces
l'cnseignemens que le sultan domia lui— même
l'ordre iju départ, et régla la disposition des at"
taqueSf
Au mois de de'cembre, le baclm Faléologua
parut il la vue de l'ile 1 et v int mouiller vis-à-vis
la forteresse du fort. Les premières compaonies
de sp^bis qu'il débarqua pour lui servir d'^lai-
reurs, ayant été attirées dansTîntéiieur des terres, .
furent taille'es en pièces par la cavalerie légèro
de la religion.
Paléologue, sans être rebuté par ce mauvais
succès , battit en brèche la place pendant huit
jours ; puis , ayant fait mettre pied à terre aux
Bpabis , il les meod lui-même à l'assaut , çoiiip>
4ti nERHE D'Avnussoif. I
Uni <nie cette briunut- iirhR)ii« <U$cniK!(rrten1l1i|* |
cti««tuim , rt ou'il cmporlcnit fÀrîlemcnt 1< |
cliAli-uu 1 mnit il Tiil cnK-lIcmpnt Irnrapfi dan)
eon ntleulp. Ajh^s aïtiii- tu prfrir «u pïal An
iiiurnille* r^ilf^ du RM balnilintu , le bârh* ftil
oblige <lp tlonnci- prt^eipitniguiMit le «ig^nl de
lu nitraitr. N'aynnt jm» aMci dr tronnn pour
rontinupr un i<i<f((c aussi difficile , <jui pnr«>»-
■Rit (trtfflr Irnincr pu longueur . ri la nùoo
(l'Hillrun s'opnotnnt ii touli* ritpirp ilVntnTimf ,
il jiril le parti à<- an rviii)iur<{ii<;r , l't ur nparnt
atec In firnud^ Hotte <rue le millnti avait nrnufe,
qii'nu mois d'nvril >lc nuiiu'e iiuivHuIf- 1480.
Le linrd de lii mer ftit liieiilôt couTcrt ilei
TaÎBW'uui liiivs , qui . par des dcchargci con-
tiiiiirllrx il'ai'tillei'ir , eiieiviinii^iit à niviirÛM- In
^IrM-enta de leur* trotipen. Lu ebeTiilirn , pro-
- lé^és par le£ canons dcH furti , s'at itnrèrMit k lear
■Tiicvnirp, et I IVpée ii In uni 11 , plnii}^ dura
Trou jusqu'il U ecintiirc , ili luttèrent corpi I
carpsarvt.'ieui'seunemis.ellpttinri'ut InDgtempt
<-u (((-liée; niitîti enfin il fallut rÂler *u uombrr.
Ll'r Turcs , aynnt snisi pliisinirH pciiiits dr ^bar»
({tieiDPQt et sVtaiit rapidement pc>rti*s \F.n le»
«ndroitR lea niftn* (Uftiidun , pontitreot tout k
|>rcndiTteiTc,ct, spr^ «voir fiii-nu'tle nombrrus
i-cIrniicliCHicua i^iruis dVitillerie , ils firajl «oui-
iner ta place de ne rendre ; innifi ce lot en nio
qu'ils eniploT^renl il la fuis de* misiacv* lA dei
proiuessci ; lea chevaliers nfpondirKnl nns Aé-
pututiuu» dt'K iiifidèleai avec autAut de tuiïjirii
«juc de fenuft<S.
Les forces aiie Moliomet nvoil ronfîëc* k aoa
visir (•(aient raili'B pour lui inspirer toute U
vontÎNDCC au'il ib^pioyn nn rumniencemeut do
ce tié^Q. La flotte i5lail eompmu'e de tvnt
Hoisauté voiles, et portait pliu de cent uiîUc
koinauiB. Outeo l'ArtiU«ric ordiaure , le» Xorcs
PIERRE D'AUBUSSOK. 4^3
avaient amené sur leurs vaisseaux dé ^prc^ses
pièces de siégea et eu outre des espèces de mortiers .
qu'ils nommaient basilics , et qui lançaient d'im-»
xnenses quartiers de pierre à une distance pro-
digieuse*
Les chevaliers eurent d'abord quelle peine à
rmster à des moyens d'attaque aussi multiplia
lies basilics hrisaient par leu^ décharges conti-^
nuelles les bâtimens les' plus solides , faisaient
^fuir de tous côtés les femmes «t les enfans^ et.
<;ausaîent aux Rhodiens la plus vive terreur.
D^Âubusson parvint bientôt à effimjer les àssail-
lans par une semblable invention; il -fit cons-
truire sur les remparts des machines en bois' qui
lançaient aussi des pierres , et qui dans leur^
chute écrasaient non seulement les soldai qui .
tentaient d'escalader les murailles 5 mais même
les corps de troupes qui parcouraient la plaine*
Cette machine fut nommée par raillerie le tribut^
les chevaliers voulant faire allusion au tribut
crue le sultan exigeait de l'Ordre avant de lui
déclarer la guerre.
Ce qui contribua davantage à la longueur du
^iége et aux diflerens échecs qu'éprouvèrent les
chevaliers, ce fut l'asile qu'ils donnèrent dans,
leur place à un traître qui instruisait les Turcs
de toutes les dispositions des Rhodiens. L'ingé»
jiieur allemand nommé maître Georges , dont
nous avons parlé tout à l'heure , s étant dé—
Souillé de ses vétemens et ayant pris l'habit
'un malheureux captif, se présenta aux pre-
miers postes , se fit conduire auprès des che- ^
valiers , et là, avec un ton plaintif et un laugage
affecté 5 il parvint à faire tomber dans le piège
qu'il leur tendait les défenseurs de Rhodes et
|e grand - maître lui - même. D'Aubusson ac-*
cueillit le perfide renégat comme un chrétien
^happé des fers des infidèles > et , a^rès lui avoir
^14 PIEKAE D'AlTnu5S0!!r.
bit ilonncr W woour» duut il pariiiiiMiil ftyplr
brwiiu , yeiuA pour le t«lut voinniuu jk Unf
parti At: te* Uli'tut.
Mhji oh ui! birdn jins & ètrr miteux dcloiW «bt
!<•■ f rritablri ïult-ntions dr i-i- (ratui^f^o. Dt.-n liilIrU
laiK:és<luumtfiil(-kTui'otdaij*la pluct-.coabntiHl
en iitol* ! Dejiet/-\-out de maître deorart , lui-nt
nallrr Irt pivmicrs lonpçoo* : on iHirvnllii m ooi»
duilr, Mi^pinwRiIt^tuurrlii-i»; pliwifnira cljEtalieii
fkiri'til cuiniuî* Il *n uardr , rt l'uu un wmio-«.
in^mr h lui lU'nintidFr ilctt cotiieiU t|U4-' luntHM U
(tlatc, PHli(n-iur-at iléinniitrl^c, n'cuL pUu pcwr
n-tiipot t tpir !<■( )u!i-uA <]iii In ili!l<-u<lai«iLL.
A ta vup dr» ilérniubri-s cl <lr« i\éiu\» (|n'aiitil
«monciîf'irjrtilirncllirtpip, Ir riiiu%n( crnl qu'il
uv.iil 1 hliii i[r, ,,i( iiii Iiiil. Duiiri'!! Iita cunTvnItuur
lk'i-li|. M ' '!!' -. .ivri'lr' pAi'Ilil, t>l lurtiiut
•rnim li I il loi mail raitpuÉHnr.il •'rtn—
t>rf.^-' ^M'^i '-- ''Mx.ilHirrilduof.iMi'u.lr*
pliuiuu) (lifiuilus, r'liniiH<illu jtux l'Iif-valior* <)'/
taire IranKpoi ti-r touli- Irur nrtilU'i-ic. Par ve »U»*
U(;('iiiF il iiiilîipuiil iï I'itMoIo|;u« U-» irn'lrait* trri
IrMjucIs il (levait rtTutuiurnrer l'Rttaijiur , et uîi il
ri-itcuiiti'crnit rooids tl<t n-xiitljiiirr. Il nHî-it tn^ms
i]^ ilirî^r ri Ha poinU^r 1rs pift-i'» ; iiuiU ou l'a-
prrfuluu bnutil* pruilt- ti-iiiiu (ju'il ni' IJi-atl<[u1
CtMf» ivi'itlH, rt im'il Hilirnil tui» \rt rïïttrt» de»
Tur< » " i:lui'pif encuoit uit il ne poatiiit. La-» Minf-
çun» niit^niml^rfiit ; uu le lit pauBcr A»\ mil uu mii-
srtil lit! uuci-re. t^ fruypur 1 uvmiit tr»lii , ou par-
vint il JR raufouilns et Ir {'Itapilm, apriasvair
cnlpiidu l'nvcu dci coupulilcs JiiIrlIJ^ucvt 4b B* /
iiC(<l<^i'at , le fit caiidnin! un «iippUci!.
l/y niéffi thirail itt^jîi dtpiii* [uuc du deux motti
cl IcH Tui-c*,rel>iit4!(i pur k uiiiu\ lus aucc^* do limn,
OHiaiitH ni par le* pc-rtcii imiiicnscaiju'iU nTumt
fiiiti'Ei, murmurHiriiIli(iiiU-in>-iilriinttt>rRnlrr|U-iia
iju'iiviul furuitfii luur jjéiifi'riil. Pali£i>loguei voyaul
PffiRRE P^AUBDSSON. ^S
qae toutes les forces qu'il avait aimenëes ne pàtk^
-vaiettt triompher de la vigoureuse r^stance des
chevsdiers , eut recours à la ressource des lâches.
Après avoir sëdùit p^ des promesses magoifiques
deux transfuges de la garnison de Rhodes , il les
engagea à s'introduire de nouveau dans la place y
. €pmme des prisonniers échappes , et à faire p^rir
- le grand-maître par le poison, à quelque prix qud
-ce futfc Gomme ils s'ëtaient évades dans une sor^
tie-. On les neçut sans la moindre défiance 9 et leur
odieiix complot atyrait été couronné du succès ,
sans l'imprudence avec laquelle ib le confièrent au
secrétaire de d'Aubusson , qui paraissait prouver
quelque mécontentement contre son prince* Lé
grand-maître en fut aussitôt averti. Les deux
assassins furent arrêtés 3 mais avant qu'on eût pu
les conduire au supplice , le peutie s$ précipita
■isoi* eux et les mit en pièces»
Après une conférence inutile, dans laquelle Pa-
. léologue voiilait persuader au grand - maître de •
roidre la place , toutes les voies dlaccommode^
ment étant rompues , on se disposa des deux c6tés ,
à au assaut gënéraL Pendant un jour et une nuit
plusieurs batteries de canon ne cessèrent de tirer
sur les vestiges de murailles qui subsistaient en-
tore, pour empêcher les dievaliers de seretrau-
cher et même de paraître sur les brèches. Enfin ,
le 27 juillet à la pointe du jour , les Tm^cs , eu
bon ordre , s'avancent silencieusement jusqu'aux
remparts ; ils y montent, et s'en emparent aussitôt
sans éprouver la moindre résistance. Les chré-^
tiens qui étaient de garde , pour éviter le feu
du canon qui battait cet eudroit sans rfi^lache., sa
• tenaient au pied d'un talus que les débris de la mu-
raille avaient fait de leur côté, et la plupart, acca-
blés de veilles et de fatigues, étaient alors malheu-
reusement endormis. Les Turcs, fiers de ce pre-*»
mier succès , arborent leurs drapeaux et se forti-r
Tome IL 36
1
42f: HEURE D'AUBCSSON'.
lieul. I.e linclui, Mirpris •l'un début si
avancer de nouvelles troupes > bîcatôt Iwri le
n^Bipnrt c» fut couvert.
SnitB lin prompt secours, U(tomînat!oiiiJ«VOr<)rn
aurait fini vt'juui'-lfimémt^ h KhocIt>«; nuis A'Aw
biigcoD , prévenu df l'iiivuMoti i)ubiU> dea Tuia,
fit dcployor sur-le-clinmp le {^nd dteitdiinldrk
reli|j;iuu i et , se Iwiirutnit vers If» clicvmlier» qnS
svait r«t«nii8 nupr^ do lui jtour inarclicr aus f>»-
t«fl t]ni Miraient plusvivpjncntoHiiqmfs, ■ Allniii.
■ a'écria-t-il, allons, inee frères , combattre
■ puHrla foi rt pour la défense (In Abotles, uu
• noits ensevelir son* ses ruinri. • Il s'avMirc
aussitàt à la l6t« des cltevnliers, et voit avec la
plus grande surprise dcu\ niill*- i'im| c^-iiU Turo
maîtres de In l)rëche , du ivnipnrt et de tuni le
terre-plein i]ui le bordait. D'AuliusâuuprnHlalun
une ëuielle , l'appuie rotiti'e tes d^fconibrTft «{dc
l'artillerie des Turcs avait funncc , et , nialj;ré
la grêle de flèclies et de pierres que tu« asiiegran
laiiyaloiit sur lui , il nuinti! le prr-mirr vers tr
rctrnnchement , une dcmi-piqtic ik la nuiiu ; Ih
chevaliers se précipitent sor ses pas , 1<ts ttm
appuye'a sur d'autres échelles , Les autres gravô-
lant parmi les ruines de leurs remparts.
Deni fois les elievaliera se précipitèrent «tr U
bi'^he avec le plus étonitaut coiir'agp; drus folt
Je nombi-e immense îles Taies les fi>rça «le plkT
et d'abandonner lo terre-plein. Ënlin le horln ,
■'apercevant ({ue partout t)îk conimantlaitl il'An-
busson il liiî serait impossible de vnincre , tenta
pour le déti'uire un hloyeo insniie par le d/-
ae^oir. Le poison avait tiuinpé sou allrnle; il
espéra que le fer le servirnit mieux. Douae toU
dats déterminés furent choiais parmi se» spuluif,
et se dévouèrent pour ainsi dire à la ninrf. Ami*
avoir juré nnr leur tite de faire périr d'Anuns-
■011; ils 80 prifcipi tinrent ilalis les riings de l'artuM
PIERRE D'AUBUSSOS. 417 I
clirelieDnc , écartèrent tout ci: qui se pr^iiUlt 1
derant eux , et parTiuivri t jusqu'à d'Aubusson. Le 1
-rempart tut alors le tliéâtre d'un horrible car— ,
nage. Malgré les chcTalîerâ qui euTironn aient leur
graad-maître, les spaliïsparTÎeancntjusqu'àd'Âu- I
Lusson, se disputeot rhomieur de lui porteries 1
premiers eonps , et lui font eu même temps ciiu] 1
blessures consîdc'rables. L'ardeiu- dont le hëros .■
était anime l'erapèclia d'abord de s'aperceïoir du
»ang qu'il perdait ; les chevaliers essayèrent mèiua
en vain de i'éloigaer du combat pour panser ses
blessures. Au lieu de se rendre à leurs prières , '
d'Auhnsson saisit l'étendart de la religion, et, quoi- j
que couvert de sang et presqvie anéanti par se% 1
blessures, il retrouTC asse» de force encore pour. J
ordonner une nouvelle charge. Son visage avaîE 1
alors une expression plus qu'humaine, ell'enthou- jj
■iasme des siens fut au comble en cnteodanË '(
ce grand Iionune crier : ■ Mourons ici , mes j
■ frères, plutôt que de reculer. Pouvons~nauj
•r jamais périr plus glorieusement qne pour la dé-
« fense de la foi et de la religion ! •
Ce discom's sublime , les scutinicns héroïques
du grand— mai ti'e , les blessures dout il était coa~-
vert, le sang qui en coulait , auimèrcut tellemejit
leschevalicrs et les soldaEsclire'tïens, que, (urïcuK
de leur douleur , et comme des gens qui ne you—
laie» t plus survivre îi leur chef, ils s'abandomient
au milieu di.'s plus épais bataillons des infidèles ,
et en font uu horrible carnage. Les Turcs, épou-v
vantés de cette valeur presque divine et de cette
attaqae subite, perdent avec le courage l'espriG f
et le jugement ; tous prennent la fuite , et daiiâ ce
désordre et cette confusion ils se tuent les uns lea
autres pour s'ouvrir un passage. Les cbevaliçrs
profitent d'une telle consternation , et , non contins
d'avoir regagné la brcdke> Us en sortent et poiif»
suivent les Turcs.
4a8 PÏERBE ti'AUWJSSOîÇ.
C'r fiil pn v.im ijiw II- iMtdM esàa^» «le rameHr
SCS troU[ies au combnl; \» dëraute ^laïl gàt^V,
i:t lu tt-n-cni- n'était «m|>iti^r At* plus brkic». Sn
promrssc* , so» niriincrs fiirml égalcnu^l ar-
)>rU(<ps ; lui-mJmc fnl cntraîutf dfttu la Tiiilr de
ses soldats, «t se crut tii)p lu-iirrux de troorrr no
aul<! dans xou tanip ; à priur i Jeuti iir«>4*îl tuèuÈt
U: ti'nifx ni^cr«t(in-r pour lôacniblrr ce ipii lu
rcïtiiit de monde. Ou sVmprnM dr rv^tf;afr 1rs
VBÎaoeaux <:t les BnltVos; iuatclol«, olEci<«s, «d-
dats n'nToicnt qu un m^mc d^r, ecloi dei]uitter
une ile qui leur avait ^1^ «i (htale.
Aiitû tut terminii cl^ «i^i: ni^Rior«]ilp, t|DÎ dan
quatre-vingt-neuf jours ; et qtii coûta aox Tum
pluiidevingt-yualit' mille lioinmediuràoublewn:
aiusi W. qiiui-t df$ troupe» que PaltHitogae «tul
•inent.'r« rrtia sons les mnrs dr la place.
A la nouvelle if ee prouipt retour Maliomet
entra dnnti la plus vive fureur ; il voulait d'abord
foire ^Irniigler son vivir et les pt'iiicî|»ax ulGcirT*
de l'armée ; uiais Paléologuei avant laî&M halwle»
ment piiMier W* pretiiit^rs niouiem df eoUrr,
Eerdil eculcincnt ses diguîtéi, et (\il exUcà Gal-
puli. Qiielque teitius npr^s Ktalioinrt voulut m-
vengcr d'utie telle d^aitc , et, peiiscutt cme »•
nnnes u'elnieni tieui-euses <{u'rnlr» ses lAaW^ il
résolut de so mettre l'nnace suivante k ta t£tc di
aun année.
Les prépai-ntifit qu'il fil <^toieut imnieasis: H
avait même déjA rassembW plus de trois i:rut mtib 1
tioiniues , tor»^u'une violeutc colique l'otujMttl» ,
ilani. une Iiouruadc de Uitbynie , appelée Te^ar—
IVnïr. aate mort délivra l'Onlre de son plu».
et d'Anbnssoii , rélalOi de m-s hle*-
sures , u'eut iilus d'autre soi» ipie dn ii<|inrcr
' envers les malnciireux linliiloiis dekcatupaçtiva le*
tristes ravages que in gncrrc o\Dit loiti MU* leur i
iejritojrç.
PIERRE D'AITBUSSON. 429
La mort de Mahomet laissa le trôae à ses dnu:
Sis, liajaïct et Zizim. Ces deus princes étaient
ai)sGii9; maia les principaux officiers de l'Empire
se déclarèrenten b^eur de Bajazet, et firent même
occuper le b'ODe en sou absence par uu de ses fï)s
Âgédeliuitaiis. Ziziin à son retour,se voyant prîv^
de ses ëtuts et même du partage , n'eut d'autre
ressource que de lever à. la liâte des troupes en
Asie , et d'aller îï la rencontre de l'ainuée de son
frère, quieuafailconSë le commandement au visir
Achmet, l'nades plus grands honuneBde guerre de
Gontemps.Le cotnliat Ait long et opiniâtre; mats à
l'approche de la nuit la fortune se déclara pour
lès armes de Bajazet, et le prince Zizim fut con^
traint de chcrcber son salut dans la fuite.
Son dessein était d'abord d'intéresser en sa fa-
tenr les princes voisins, et de les armer pour sa
cause contre Bajaiet , dont les forces et l'ambition
«levaient chaque jour leur paraître plus redou-
tables ; mais Zizim apprit à ses dépens combien
un prince déchu du souverain pouToir doit peu *
compter sur l'assistance des antres rois. Le sultan
d'Egypte , auquel il crut devoir s'adresser le pre-
mier , refusa de prendre les armes dans cette
fçoerre , et proposa seulement sa médiation entre
Bajazet et son frère. L'effet de cette n<çociatioi»
fut de tendre à Zizim nu piège pour l'attirer dan&
les états du sultan. Zizim fnt donc une seconde fois
contraint de combattre, et parvintalkïre déclarer,,
contre Bajazet le caraman , prince de Cilicie ; mais
leur entreprise îchona dès le commencement.
L'armée des deux pilnces alliés fut encore dis-
persée par Achmet, et Ziiîm , obligé de fnir de
nouveau les délacbemens que son frère avait en-
voyés à sa poursuite , ne put échapper aux assassins
quen sollicitant une retraite chez les chevaliers >
et en obtenant de d'Aubusson uu lauf-couduit p'oiir
arriver à Rhodes.
420 PlEttllE D'AlT^UfSOlf.
iM* iiiosutrr nu plutôt uvcïc los îiifidMos , et une seule
craiutr , vvWv. iWxrvxyo.r trop tnnl h Illiod(*8 poUr
no pus Mvr pi t^siius nut proniirrs mgtigrnionSt
Mahoinrt avait aussi rssayc^ il<* rulbnttr le
y.M(' lit* «rAubussou vï lViiUun»iasine des die-
\alî(»i*s , ru faîsaut ])oi1rr h lUioiIrs dos propo-
pitious do. paix, et (mi adressant nu graiul^inaître,
par IVutmnlsc» du priucct Zixini, son secoiul
lils, ilvs itnrolcs ol)lî|;nui(os ri ilntUHiitrSy pour
l'cMulornur dans une* Ironipmisi^ 8(k^urit45; mais
«rAnhussoii provint iMicon* h ti*mps ers nou-
\raux pi«*'^rs ; il ropondit avec politesse anx
avanors du sultan, et ne prolita du temps pen-
dant letpiel on laisnit ti'uiner les négociatioui
ciue pour donner de nouveaux soins à ses for—
liliealions et améliorer son lîtat de dëfense* Ce fut
même dans e«*t intervalle que le conseil , Toulunt
l'y lier «pie le s<Tviee fut rnlenti ftcndant In
geerre par la diversilc^ des eoniinundemcns , et
)ar des dtniherations inutiles , conjura d'Au-
u'.sstni de se eliar^er* seul et avec une nutoritrf
ahssoluedueouunandruientdesnnndesttinâiquedc
Tadminisl ration Ava iiuanees : e*($tait une es|NVo
di* diclafure dont on ju(;en convenable de re-
lêîir d'Auhusson pendant la uuerrc redou—
(a))le (pio Tordre allait soulenir conti*e Ma-
lioinet, iVAuluisson , ([ui d ahord avait refuse
par modestie le pouvoir illiniittf dont on yon—
lait rinvestir , reeonnaissaut ensuite combien
runit(^ de eommandenient était importante pour
le salut de TOrdre , consentit ^ la demande du
eliapitre , en y mettant pour condition expresse
(uraussitot après Ja fin du sic^o il se dessaisirait
de cette autorité.
Dientot après , il fit abattre toutes les maisons
d(* plaisance* ^ et même (piebjues églises f|nî en-
toniai(>nt la ville; et pour priver de ressoiuves
la cavalerie ciuicmic , il lit couper tous les
I
PIER^ D*AtI$CJSSQN. L^if
Cependant les n^ociati<;ms , dp . JiVfûhfIMBde
trainèreut en longueur ; dès. le premier ymp ..on
Avait même failli les roinpre* Lç yi»r Ac^W^t,
que le souvenir de ses a&ciens trioiupiiçta» ^tTé^.
clat des deux victoires (ju'il yenait p^ renij^n^rtep
sur Zizim , rendaient le j^us vain et le-pHus mi^
rieux des hommes, exigeait ponr^ prëliniinnira
que le grand-maître se reconnût, yassaj du sal-»
tan , et qu'il payât phaque «nnëc un tribut avi
trésor ottoman. Les chevaliers reçui'ent aVee
hauteur cette proposition ootraceantet et ftu-*
raient à l'instant rompu la négociation si ]e ba-*
cha Paleologue , qui était rentré en fafenr soiift
le nouveau règne , et qui savait, quelle impor^
tance son maître attachait à la conclusion, du
. iraité , n'eAt concilié le visir et les ambassade)aris y
^et n'eût. consenti à la nullité,, die. ce$t6 première
.'clause*
II fallut enfin aborder le point essentiel çt mi
intéressait davantage le sultan. Il a'agissait de[la
personne de son frère 9 et les deux ministresdemàn'-'
daient aux ambassadeurs qu'on le remit entre leurs
mains. Maïs sur cet article les intentions de d'Au-
bussoii étaient formelles : on savait que livrer
Zizim à son frère c'eût été le placer sous le fer des
bourreaux ; aussi cette proposition odieuse Tut-
elle à l'instant rejetée. On. convint seulement que
le grand-maître s^engagerait à retenir toujours
Zizim à sa disposition , et soiis, unç , garde exacte
composée de chevaliers choisi^ ; que jamais il ne
serait remis à aucun prince chrétien ou infidèle
qui pût se servir de s<^ nom et de ses préten-
tions pour troubler le repos de l'empire ; que ,
pour l'entretien et la garde du prince , le sultan
ferait remettre tous les ans à l'Ordre ti^nte-cinq
mille ducats , monnaie de Venise 5 et qu'en par-
ticulier, et séparément de cette somme 9 il en
paierait aussi tous les ans dix mille au gi^aud-
1
4.'*» l'iEimn n'.^itisso^T.
MaltuinrI aviiit l'nît« ilnni I iti- ili* llhtxlri. l<ii \»i\
k viP« conditions ayniil (lli' arrtfttfr, Ir tritil^ftit
■i)(ii<j linr \t Mullnn et i-ulîlul nur le fti'Aïul-ttiAiUr.
(.V-prmUnl !<• pnjH' Sixtp IV, tVixliiiiiiul , toi
Ae Cusiillp, (l'At*rB|;oii H <lo Slàlr , mi rnilnt
Fonliituiid île lu mfimo mai»oit, et nii iti: North-i,
les V^uitirn», ri iinrttiut Mntkiiui Ciirviii, Buita
ticitri i)c Vnlui* , roi Av Iltiagi'io , fïii«niirii| bm»
Hiipi^i flu ({i-anJ-innitn; Ira plim vîvit induirca
puur iiifUrc Zitiin K lu Mtu île li'nrt ariotoi*
(biiit lu vat dfi •« ncrTii- dp wiu iiom pourrs*
nimci' IcB partiMint srcrrix ((u il iivnll duiu IVi
pirr «Ituman. Mi>U lu plupart ilv n-n prim
^Uiit'iit iIItiix'k i qûfîli]iifii-uiis m^iitr* i rr ^
«ipoqnr ne rniniitc-nl lu mifrifi rt il riiitl ivmlrt
ri'ltc JDtlinc «n fp-Hiid-iiixitiT , niiMi aa^r paU<
liiiur- qa«> RTaiid capitiiiiii' , (ju'il ii-nignalt "
Ri If Mtt de» aitiici iiVlnit nai fâvoral»!*
prince» cbrtflicrM. il n'v vn rfll d'nssrt perAilct
ou du moins (l'amen l^ildr*, pour Hcbrtrr U p»^^
<)•■ lînJHtt't eu lui livrnut suh fr^rc rt wu c
m mi. D'AulniMmi l'niaait un liirn ptui ilif
ii>.i»f(<; du pouvoir qu'il tuiiit "lUr U nrt-Kiuiir
Y.'iihn, et pur In tu^iili- iTnititc iin'îl thiunut
^lumi-HeifiiK'Ui' de jnetln- stiii l'irrp n la (<
ili' tiiulc» U-* Tore» de In rclÎRiuii ri dn \e me
(rrr uim m^coiUnts (]«i ^tulriit i-n araml ntml
diiiiM ICI fitoU, il tcuolt puurnirni ilirv l^a Tnr
de ce puiuaut prinu; enclwiitiW. O Tut Û
iju'il lVinp^<lin , titiit ipin V^t-ut Ktim , iTall
(yu-r ritnlip et do fonc^ nvre ta nritiiVaMu-
(■latn ilrs ciiiiiniîii de In loi innluniii'tanr.
Miiis, il lu mort do Sixte IV, Ir p&pA Inr
ri'iil \ III , «ou KiU'CrMctir, nyiinl fitit (trimiatli!
d'AiihiiiiioïKle ftiirâ conduire Zlrâiu 11 flnmcpi:
Ic.iir iliiviiiitaf;H llaj;uel ni re»iiri;l. i"l Irj ,
Kiilnliuui du grnnd-inaîtri:n'it;'uairiiil4«lUf
k
la part da toint-^iëge que des ittstaneet pins pâ^ *^
aitiyes , les cbeyaliers se yîràit o]b%ésM*M0i»*
^luier leur illustre dtiige et d!obëir au saj^endûi
poatife.
Cette soumission des
snpréme de la relkion csut les Jmitfti Jes ^[tlps^fi»»
nestes pour le maihear^^xZisliXi^ IiVMMenbSFlIX
^tant mort , Rodrigue deBor^^a , qui.luifUeàSia
,3ous le uçm d'Alexandre VI, et qili causa ^plM
d'un scandale dans l'Eglise , ne (âraignit pas dd
, traiter avec Bfsij^et et de metire à. prix la TJQ.de
^ium. La tentatiye que fit le roi de ■ Franoe
^ Charles VIII en passant en Italie 9 pc^ar cmlelnef
l'otaffe des cheyaliers, à la tétejd'vne ann^e Sofh'
s mid^k, n'eut pas œéme^le jtioMht&r^soltiit»
[ car l'infâme pontife , aprèfl.ayOir -ifeça de Bnji^t
des sommes immenses pour, faire périrrZuimy
se yoyant enia puissance, du. ywiqpénr, fit em"
ppisonner le prmce ayantde, Fenyojei^ %a roi^
et Zixim ne fut pas plutôt arriyë^à .Tîeittfdide ayeo
Charles VIIl , qu'il y trouya U fi^ de sa pénible
existence. «
La nouyelle de cet assassinat passa Bientôt à
Khodes. DAubusson et tous les cheyaliers enfu*
rent saisis d'horreur ; ils se seraient même re-
proché l'espèce de faiblesse qu'ils* ayaient mon-*
trëe en liyrant Zizim à Innocent VIII ; mais un
ordre religieux et soumis à l'aut<HÎfé immédiate
du pape pouyait-il ayoir d'autres yolontés que
les siennes , et de vertu plus grande que l'ohâs-
sance? Ils ne purent donc que gémir sur l'af-»
freuse politique de leur supérieur , et plaindre
l'infortuDe d^jl^izim.
Le pape ne borna pas à cette atrocité le cours
de ses crimes et de ips injustices. Après ayoir un
instant ramené les esprits aigris contre lui par
la sainte promesse dune ligue contre les in-
fidèles , et l'*avoir rompue tout à coup païf
Tome IL, 87 *
V y
438 CHRISTOPHE COLOMB.
qu'il rc'iisslrait dans st's clrssoiiis ; le raîstv.w-
iiu'iit , 1 autorité des cosiiio^rii]>lus tet Us iuilius
(les navigateurs-.
Il savait qiu' la ]»lns grando jwrtît» «le notrt'
Tniixjs, forino de loi re vi d'oau , était dtviiu-
X'itr, et ([u il ne restait plus à cojuuùtre ijiio \t<
terres t{ni di^vaient ôtie plaiées à l'oerident. IX <
ce moment ('olomb donna le nom d*7//</«*> au\
oontiees tju il esj'érait déeonvrir. jiaree que les
Indes orientales étaient célèbres par leui"s ri-
cliesses , et que celte dénomination de hou au-
gure lui taisait espérer de voir se» projets phi.<
facilement accueillis par le roi de Castille.
Un Florentin, nommé Paul Felii|ue, tut eon-
Millé |)ar llolond) , comme étant riioniine le plus
eapaldt; <l ap))réeier son projet. H ne se contenta
pas de l'approuver ; il lui roiirnit encore d. 5
caites et des rensei^neiiu'us^ les ]dus piccîeui^.
Colond) ne nét!ili<^eait aucune des nviuiclus
qui pouvaient le l'aire parvenir h 5011 lait. Vu
ua^ii;a((ur Tassui'u tpiVn se trouvant à cent
ciiitpiante lieues en nuT du Cap Saint— Vincent ,
il a\ait retiré de l'eau des pièces île Jïois bici
tia>.iiliivs et venant de roecideut. l'ii autre Ii:i
parla de roM'aui t!()U\és en mer ne resseiublant
<ii rien à ceu\ (piou a^ait connus jusipralors.
J)is i;ens lU's aux A^'ores lui dirent qnt» quand
Je vent souillait de L'occident la mer jetait par-
fois sur le rivat^e île ces îles «le tarauds pins ipie
leur pavs ne ])roduisait pas. lùilin , ou avait
^u jusqu'à des honuncs d'une espèce noiivellï*
dans des pirogues , et qiu^lques habilaiis de Tilc
•les Fleurs avaient trou\é morts sur le liva^c
i\cu\ ile ces étianj^ers.
C(>s laits, et plusieurs autres st^uibluMe» « sont
j;n)j »»ilés par Colond» a\ee les détails les ple^
j let-is: et en ceci on doit atlmirer sii lionne loi.
wii < baus riuL diiuiuvici' de la gluii*e ij[ue lui duil
PiERH^ D'AUBUSSON. 4.3»
Dès que la douleur eut perrni* aux chevalier»
âe le laire, ils songèrent à rendre à d'Aubusson
, les derniers devoirs avec ma gnî licence. 11 fut ex-
posa sur, un lit de ptirade de la plus graude ri-~
«bea^e, ayant suri estomac ua cracifii: d'or, et
,-i ses doigts plusieurs anneaux, prc'cieuï. Trois
.' clievaliers en grand deuil étaient an cUevet da
Boa lit; l'un tenait le chapeau de cardinal, l'autre
Lacroix de légat, et le troisième l'étendai-d da
, g^éralissime de la lieue , que le erand-maître
avait porté dans sa galère , quand il alla )oin<lre
l'armée vtjnilienuc à Metelin. Quatre autres che—
■waliers tenaient chacun une bannière, où les armes
.delarelîgion etcellesded'Âubusson étaient rele—
r' Tées en broderies. Près du lit , et sur uii autel >■
on posa le casque, la demi-pique et i'épée dont
I d'Aubussou se servît au siège de Rhodes le jouf
î ia dernier assaut qui fut si funeste aux infidèles ;
[ on y plaça aussi lliabillement qu'il avait le même
■ JQ0'f et qui était encore teint de son sans et du
M Mog de l'ennemi. Les funér-ailles se firent Te jonr
r suivant, et le défenseur de l'ordre fut porlé sur
! les épaules des priucipaui. grand-croix à l'église
qu'il avait fait bâtir.
Le premier chapitre généralqui se tînt à Rhodes,
sous Emeri d'Amboise , son' successeur, onlonna
que j poui' honorei' la mémoire du grand-ruaitrc
d'Aubusson , la l'eligion lui élèverait , des deniers
du ti'csor public, un magnifique mausolée eu
Jtrouze , et qu'on y gi'averaJt une épituphe oîi se-
raient mai'quées les plus illustres actions de sa
vie. Api-ès la conquête de filiodes , que ât Soli-.
inan, on détruisit ce monument respectable, et
anciui des historiens de l'Ordi'e n'en a coillerv^
le souvenir; mais si les mausolées et les épitaphct
des héros périssent avec le temps , la mémoire
de leurs vcitus et de leurs gnindes actions an
périt jamais.
37*
4(40 ClIRiSTOlMir COLOMn.
lui (loiiiiti (|ur1qu(*s driailcs, vX CtAanih^ n\anf.
lait riK'orc ))lusi<'iirs (1('iuarrlies iniiliU^s, ic'Sdlut
t!<' hv n'iulic fil yr:nu*(î ; mais Iv prîc^nr Jean
l't'irz , roiiIrNsnir de la rriiKî , TiiiviUi îi «iMniinri'
riu-orr jiisijirà v.v ^[u\\ ri*il parlé à celte prii»-
(Civsc. (loloin!), (]ui aimait riCspa{;nc^ <mi il avait
Moitié l(»i);.;l(Mn|)s , roiisciilit à faire eellc* i)oii\< Ile
î( utalix^ l'illr l'ut (ralxtril aussi iurniclur'iiKe (jue
ii-s |>i'r('c'(l<'ut(*s y mais riidu Coldjuh obliut ce
(|u'il (Icuiaudait.
Il se l'iMulit au port d.' Valus pdiir V é{|«iprr
:«:r.is délai les trois eaiavelles (|iii lui avaient
«M" aecordiM's. La sienne s'apjtelail kSitintv—Manf :
la M(fnid<', jjili' la Pt'iiitc ^ eut ]>our elief Alon/.<»
l in/.on, e( la troisièni« , nommée lu l^clitv, fut
loni mandée par Vincent Pinzoïi , frère ilc ee
ii>i>ii;a(fur , et eomme lui né à Palos. Ce fut
itv(v d(^ si faiJtlos mo^iMis (]uc Colomb partit, le
.*{ a(»rit J492, au lever du s(»!eil , pour entre-
prendre une l'xpéditiou (pii cUivall eiiaiiger la
i.u-e <le l'univers.
Aj)iès (piel(|ues aeeidens d(î mer , et après
avoir déjà eonimeneé à é))rouver la m;invaiM'
volonté de ses snhordonnés, il arriva aux Caiia-
ri'"; , i.'t se remit, enstiite en roule. Dès cpie l'eu
fiil perdu la terre d(! vue les matelots verM-rent
tU r^ i.irmes et se erunMit perdus. Colomb les eoii-
^fd.i , leni* ]>r(»n)it dv\s richesses , et eut ^rantl
:<)in de leur d(-rfd)er la eonnaissanoe (rune partit*
du eliemin (prils i'aisaient. A cent lieues de l'iln
de l'\-r ils dirent un ^ros troue d nrhiv ; deux
ecnls lieues plus loin ils a])er^Mireiit <leu\
♦ iii(aii\, les |)r«'miers «prils enssiMil reiieontns
d.iiis lem* route ; ils lemaripièrent aussi ipie IVati
di' la mei' devenait moins salée* Os imiiees et
(|N('l<pirs autres eontriluièrenl ù soutenir leur
<onrai;e; mais (]uand ils reeoimui*ent (jiie la
!« I re tant désirée no s'ollrait pas encolle ù Iciu*
CHRISTOPHE COLOMB. 441
vue, les Etmnnnres devinrent iini»erspLi. On
iilléguait que les vivres étaient sur le point de
manquer , et (jue les vaisseaux , ouverts en plu-
sieurs endroits , ne pourraient plus continuer le
voyage ; quellpies hànimes allèrent même jusqu'il
jiroposer de jeter Coioml» à la mer et de reTcnir
en Espat^ne. Sa situalion alors devint de plus en
plus critique. Le TS. oclolire , pendant la nuit,
Colomb nperçnt une lumière dans le lointain , et ,
liemevna persuadé qu'il avait enfin découvert une
terre.
Le lendemain, dès la pointe da jonr, ils re-
roonnrent cette terre pour être une de d'environ
ijiânze lieues de long; c'était l'une des Lucajcs.
Les babitang accoururent sur le rivage ]>our les
recevoir. Colomb descendit l'épée à la main, et
tenant une enseigne déployée. Il prit possession
de l'île , qu'il nomma SainiSaiweiir, au nom du
roi Ferdinand. Ses équipages , lui demandant
pardon d'avoir murmuré contre lui , le reCM-
nurent alors comnie amiral et vice-roi dans ces
contrées. Quelqoes présens do peu de valeur pa-
rurent aux insulaires d'un pni inestimable, et
ces hommes , d'un caractère fort donx , témoi-
gnèrent aux Européens nne sincère alTection. Ils
élaient loin do soupçonner les crucii résultats
([u 'allait avoir ce premier événcniejit pour eux
4^t pour toute leur race. Colomb, en ayant pris
qnelques-unB à bord , fit voile pour les autres
îles qu'il avait en vue , et y toucba successive menti
Il se dirigea ensuite sur Cuba , oii il ^Tiva le
aSdu mois d'octobre. Deux soldats , qui eurent
le courage de s'enfoncer jusqu'îi douze lienes
dans l'inléi'ieur des terres , n'eurent qu'à se Héli-
citer de leur tentative ; partout ils furent itçub
comme des hommes d'une esgièce suiéiieure, et
envoyés par le ciel même. D'après li?« rensei—
giienaens de ces bons Indiens , Colomb l'ésohit
4.H CHRISTOPHE COLOMB.
H'crninirnl Cécouverts en refusant les offi-es de
Cloloiiih.
Colonil) fui Irrs-hlcn reçu îi la cour de Lisbonne.
Le roi oiXnt incinc de* le faire accoiiipaguer pr
iiii (^rntillioinino, '.'il avait inU^ation daller en
Tuslilk' par U rrcpxmis Colomb préféra s'y rendre
)tur nior, <;!:, le i5 mars 1493, il i entra daus le
poVl de Pnl(>:>, d'oii il était parti Taniiée précé**
(lonlr. Lc> pru])I(; témoigna la joie la plus riyede
hoii niour.
Piiizoïi , dc])arniié en Galice , sollicita la per-
mission (fallrr safufîr le roi à Barcolonne; mais
oe princf; rrfiisa d(; le voir , et il fut si affligé de
de ce refus, qu'il vn niouiiit quelques jours après.
r'oloiiih se mit en cheniiu avec ses Indiens;
ii:iiis pMidaiit la route il fut obligé frécpiemmeut
lie s'arrc'Ic-r pour satisfaii'c remprcssemeut et la
ciiîiosilé du pcuplp. Onand il approcha de Bai-
ccloiiiif le: roi , qui avait envoyé au-devant de lui
))iiisirui s peï'souuf'H de la cour, le reçut pai>li(|ue-
mrni. L'anûial 1)aisa les mains du monarque : ce
)i iiicc, placé sur sou troue , le fit asseoir, et écouta
es principales circonstances de son voyage. 11 fut
lo^édanslc palais, et le roi lui rendit de si grauds
lionncurs , que quand il allait dans la ville l'in—
iiinf était placé à l'un de M'S cotés, eM'aniîral à
l'aufre , distinction dont aucun sujet n'avait jus*
qu'alors été honoré par Je mofiarqne*
Ferdinand , ayaut obtenu dix pape la souverai—
iieté des terres conquises et de celles qu'il pour-
lait conquérir encore , promit à CoLonib plusieurs
>aiss<aux et des soldats pour continuer et étifudrc
ses vastes entrepiises. lin même temps il lui
confi)-nia par de nouvelles lettres patentes la
possession de ses charges et de ses privilèges. O^t
acte fut dressé tant en son nom qu'en celui de la
reine Isabelle.
Dès (jue Colomb fut h Se vil le il pressa l'ar-
mement de 6es\aisscau3^3 iisélaicut aunombie de
1
CHRISTOPHE COLOMB. 443
Le «limanclie i3 janvier Colomb était au
rap il' Amour, dans le golfe tie Samana , lors-
qu'il trouva (les sauvages qui lui (émoignèrent
des intentions hostiles. Quelijuts soldats ocBcen—
dii-enl à terre , et pour la première fois le sang
indien fiit versé dans ces contrées par les Eu-
ropéens. Sept hommes, au moreii de la supé-
riorité (le leurs armes , em battirent ce jour-IJi
■îx cents. Trois jours, après Colomb remît en
mer. Une tempête affreuse sépara ' les deux
\aisseaui ; on eut rccoui-s aux prières et aui
voeux. Dans celte extrémité Colomb , persuada
qu'il allait përlr , enveloppa d'une toile cirée et
mit dans un baril bien buuché )a relation de son
voyage , adressée à Ferdinand ; il avait l'espoir
qu'elle pourrait ainsi parvenir îï ce prince.
Quand il l'eut jetée à la mer il eut l'attention
d'en préparer une seconde ; mais le temps de-
vînt plus dous , et on approclia de l'île Saînte-
M^rie , une des AçoreSj là ib voulurent aller eii'
pélérinace h une chapelle, maïs le chef portu-
gais de 1 île lit prisonniers ceux qui prirenl cette
lésoiutîuu. L';iniiral se mit eu devoir de les re-
couvrer par la force : on se prépara de part et
d'autre au combat; mais enfin les esprits se rap-
prochèreiit , et Colomb obtînt la dëlivrauce d*
ses gens.
Une nouvelle tempête poussa le vaisseau vers
les côtes de Portugal , et le <( mais Colomb en-
tra dans le Tage. Son premier soin lut d'infor-
mer Ferdiiiaïut de son arrivée , et de demander
au roi de Portugal la pei'mission de conduire ses
vaisseaux dans le port de Lisbonne.
Toute la ville accourut au-devant des navisa-
teui-s pour voii' ces hommes qui venaient »Fun
nouvel univers , et les Indiens qu'ils amenaient;
mais la plupart des Portugais regrettaient que
leur prince eût perdu la souveraineté des pays
-] 14 f:iiinsT()î»ii!: colomb*
ii-rfinninil i!<;coiiVM'(s en tcfussiiit irs ofTiTA dr
I ioloiiili.
(lolfiinh lui lir.-l)i("i vvru U I:i rfiiii- ilcl.îsluiiinri
f.f loi ofliil ini'iiii (le le l'iiirr acroiiiiiapu'i* ivir
iiii (w ii!iilioiiiiiif, -.'il :iv:iil itilciiliim (riillrr imi
< ..isfillr l'iii- l< I r.'*; nr.iis C!(iloinl>pi'(Trr:i s'y ifiifli'c*
; .11- iiMT^ (!,!«' i.'i II :if-.s l^f/i, il iciilrii flans Ir
|:oil (If l':.l(..,, d'oii il riail parli raiiiirr» pnrû^
«Si iilf. 1.4- |i(ii|)lr h'iiioi^iia la joi(* la plus vivt'ilc
^(|M !'( inlir.
l*iii/.iiii , (!('l):if(|iiir vn CixWcv , sollicila la prr-
il'.i^^l(»ll (I aller siiiici' le roi à DaiTrloiiiic? ; mais
t'<- |ii iiK-c rrCiisa «If le \oii', ri il l'ut si allli^o dr
(!(■ rr II (lis, fjii il en iiioiiiiil ipi('l(|iif's j(iiii-s aprrs.
roIcMiili M- mil cil rliciiiiii aXT Sffi Jndifiis:
Il :ii'. |iriMl:ii)l la i f»i:lf' ilfnl nltli^f* l'i f'(|iicitliii(>lit
l'i' sari/'in |i(iiir >ali.il'aii'f' rcnipifssriiiriil rt la
«icio il(' (lu |M unie. I^iaiid il ap^M'ciclia i\v llai-
«r loïKic le foi , (jiii avail. ciivovd aii-dc^ aiil de lui
]'ii ..i( III s p(j-M)iiii( s dr la coiir, II* rvt^ui |)iijilif|iir-
inriii. L;iiiiii;d 1)ais:i 1('K liUMiis dll lliniian|tlf.' : n;
|<i iiicc, |i|:i( (■ sur .sdii li'('>ii(' « le (il a.ssi'fiiry cl in'Oiila
i.s pi iiK ipalcs ciicoiislaïK-cs de son voya^r*. Jl l'ut
!(>;'(• ((ans le palais^ cl le idi lui rciidil nctii ^|'ulaIs
lioiiMciiis , «pic (•uaiid il allait daiiK la \illr 1 itl-
I ml ('lail plaM' ii riiii de ms c/itcs, f'f4^i mirai ii
r.iiilfc , disliiicliofi doiil aucun siijf I. iiaviiit jiiii*
(juiildis ('f(> lioiioi (• p.ir le infiiiarniic.
l'crdiiiaiid , ayaiil olilcnu du pape la MiiiTcrai-
)wl(' dc.s Icrrcs'coïKpiiscs cl de relies qu'il |i(iiit'-
i.'iil c()ii(pi(M'ir cncoiCi. priHiiil à OolotiilipInsicnrH
\:Mss(aui ci. des sfddaiN pcHii' ruiitiiiiifi* cl dl(*iiiln.*
f.es \asl( M entrcpi incs. J'ji même tc*iii])s II lui
conlii ma par de iirnivelles Icltres patenlc» lu
p(»ssc.ss!(»ii de SCS cliai'pes et «le ses privilégies. Cvt
.'irle lui dMs.'.(* tant, en son nom (jti en relui de la
J« inc lsal)clle.
n/î. (pic (iolniiil) fut à »**évillo il prrsMi lar- «
inciiienldfr {.es >uis:.can.\ ; iihélaicul aiiiiondili' de
CimiSTt)PJiE COLOMB. 443
4ïx— sppt. Ua grand aomltre i\e gens de gncrit!
Voulai,ent l'accojnpagnrr , dtms IVspnit'dc s'euci-
cliir; mais Les vaissuRux étaiuat b^op petitt pour
iea receToir tous, et quinze ceutssoulenirnt purent
y être admis. Colomb partit de nouTeou potu' les
pavs qu'il avait ilëcouverts le 3,5 scpteiabre t^93>
ï)>ius sa route il aperçut une ue remplie de
nioutagiies ) qn il uouinia la Dominwjue. Après
en avoir ru quelques autres , il débarqua dans
celle qu il appela, du nom de son vaisseau , Mari-
gqlanae. Celle qu'il dé^ïouvrit ensuite reçut le
luini de Sainte-Marie de la Guadeloupe.
Colomb eu avait encore reconnu plusieurs
autres loi-sque , le 2Z novembre, il vint déliarquer
l\ la partit' septeulrîonale de Saint— Domiaguc.
Un des Indiens qu'il ramenait fut envoyé à la ,
coloDÏe. Les lialtitans , à qui Cutomb demanda
clés nouvelles de ceux qu'il avait laissés dans l'île ,
lui dirent que les uns étaient moits de maladie,
rt que les autres, emmenant cbaeon quatre ou ci ui|
femmes , étaient partis dans un autre pajs.
Quelques indices avaient fait soupçonner que
ce récit n'était pas absolument exact. Arrivé à
1.1 colonie , Colonib vit avec douleur que les bâ—
timeus «n avaient été brûlés ; il trouva dans la
cbemia les corps de trois Espagnols qui paraifr>
saieut avoir été tués depuis peu de jours. IJn frère ■
du cacique lui dit que les colons avaient pris que*
relie entre eux pour des femmes et de l'or , et
que Caunabo , seigneur des mines , près duquel ila
fi étaient rendus, tes avait fait tuer.
Colomb résolut de bâtir une nouvelle ville ,
<['a'i\ appela Isabelle . Il lit ensuite partir pour t'Es-*
pagne douze de ses vaisseaux , et tourna ses soins
vers la rocbcriibe des mines. Arrivé dans la pror
* iiice de Cjhao , à la tête de ses troupes , il y bStit
une forteresse , sous le nom de Saint-Thomas, et
cl y laissa cinquante-six soldats commandés par
liiire M.irgarita.
446 CHRISTOPHE COLOMB.
Apres avoir établi claus Tîle an conseil dont il
nomma chef son frêne Diego Colomb, l'amiral
romlt en nier, <^se dirigea vers File de Cuba , igno-
X'uiit encore si elle n'était pas une terre ferme. A
cette époque la Jamaïque fut découverte par lui;
il y revint aprè» avoir retourné à Saint-Domiiigue,
et y souftVit beaucoup de la disette de vivi'es;
mais l(^s Indiens vinrent à son secpur^.
Colomb s'occupa ensuite de reconnaître en-
tièrement Saint-Domingue , et de la soumettre
au roi d'Espagne. Irrités de la tyrannie des Es-
pagnols , plusieurs caciques puissans s'étaient li-
gués pour les (exterminer ; le seul Guacanagary
leur r(*sta fidèle , et encourut aiusi la haine de ses
compatriotes.
Le 24 mars 149^ Colomb partît de la ville
d'Isabelle avec deux cents hommes à pied , vingt
cavalicu's , et quelques chiens corses , pour aller
combattre plus de cent mille Indiens. Sa victoire
fut complète , et les vaincus se soumirent à payer
un tribut en or et en coton, |
Colomb partit dlsabellepour retourner en Es-
pagne, le 10 mars 1496 , avec deux cent vingt-cinq
Espagnols et trente Indiens, sur deux vaisseaux.
Son voyage n'eut rien de remarquable. M trouva
la cour à Burcos, oii elle célébrait le mariage de
don Juan, fils du roi, avec Marguerite d'Autriche,
fille de reiuporcur Maximilien. Ferdinand, ayant
reçu de lui plusieurs présens , lui promit les
hommes et les vaisseaux qu'il sollicitait; mais
les ministres, jaloux peut-être de la gloire de
Colomb et de la faveur que le roi lui accordait >
mirent la plus grande lenteur à exécuter les ordi^es
du monarque. Au mois de févi'ier 1498 Colomb
lit partir deux vaisseaux sous les ordres de Pierre
Fernand Coromd; il s'y détermina parce que, de
tous ceux qu'on lui avait promis , c'étaient jus-
qu'alors les seuls qui fussent en état de mettre
CHBIâTOPHE GCHiOMB. 44^
^çi|nier.''£afin, le 3o mai de famdmetam&jîl .
rtît de San-Lucar a-reC six Tsisséaui. Mpnù
tout ce qui était nécewaire poOT itfifTafidoo^ .
-I(er la colonie.^^ goutte le toariaeoU pëoàaai
«e To^age; cepeodanl il,ae ceita. piniUt ttêt-tMt
■mrrejller par lui-mémé. Q i^ooltit'd'iilst'.dvt''
ÙeB dii oE>p Vert à la terre .fenae, qs'tt «ijjCrfut
^«çrès avoir découvert l'Ue de la Tnnité. 1
Les Indiens qu'il vit sur la terre Senae , et qu
liû pararent fort douXj luj dirent que leiir fKj*
^■'appelait Pare. Colon^ trafiqua quelque tbi^W
..i^receux, puis se mit en.n>nte.|iMtrSniit- >
Somingoe. Ainsi, quoi^'îl s'eût feit<aiiciin(étr-
' blîssemeot sur la cote j it demeure cprtaiii qu'il
.découvrit la terre fenue , aussi bien que les
Sles dont on a parlé, et que l'iisagp d'appeler ce
pays Amérique , du no» J'Améric Vcspuce, Flo-
rentin, qui y aLoixIaj^u de temps après, est en-
Ters Colomb nue véritable injustice contre la- -
râelle ou a souvent rédlkmé ; mais la tyrannie de
■ riisa^e porte à croire qu'elle durera longtemps
encore , et ppiit-étre tmijnurB.
Arrivé à Saint-Domingue , Colomb vit avec
une extrême douleur qnun Castillan , nonuné
Roland, investi par lui-même delachargéde juca
suprême , avait excité ses compatriotes & la sédi-
tion , en leur persuadant que Colomb avait l'ifr-
tention de les laisser périr de faim et de misère;
il s'en suivit une esb'éme agitation dans le sein
de la colonie ; de sorte que , n'y étant pas méoie
encore bien établis, les Espagnols , divisa entre
eux , et cberchant à soulever les Indiens , . sem-
blaient déjà résolus à venger eux-mêmes les
possesseurs légitinies du pays.
Cet état de choses affligea sensiblement Colomb.
Après divers pourparlers il fut obligé de transi-
ger avec la troupe de Roland, et de lui assurer*
par nue espèce de capitulation dressée le 14 no—
4(40 CHUJSÏOTMJr colomu.
\\\'\ donna (|iH'1quc's (loiaites, c;t Oilonib^ nviinf.
Liil nicoiT ^)lusiturs dcMiiarrhes inutiles, ic'siihit
i\r Bi* vvndiv. r\\ Vriwwr ; mais Jr pri(»nr Jraii
VvivT , roMfrssriir de la rriiic , rinvila à afloiinn'
riuMiic juMuTà vv «pTil eût pailc' à crMc ]»iîii-
losc. (ît)h>ni!>, qui aiinnit l 'llspa^nc^ oîi il iivaif
I r>idi' l(>ii^l('iii|)S . roiisriitlt à faire cvMr nome llr
il iitalivf. 1^1 le lut d aliurd aussi infriiclucnKe (|U(!
lis precrdculrs j uiuib eiidu Coiujub obliul ce
(pi'il dcuiandait.
II se reiidil au port dî* Valus pcmr y c'cpiîpor
:<:i:is délai les trois eaiavelles cpii lui avaieuf
«•;(• ai.TortIecs. La sifuiie s'a]>]ielait. kSitintc-Mant';
la .seeondi', diliî In Peinte^ eut pour elief Alon/o
\ iii7.ou^ et la troisièuu^ , uoinmée la Petite, lut
4-onnnaudée paj' Vincent Piuzon , frère de ee
U'ivi^atcur, el connue lui né à Palos. C(* fut
iwvc de si faiJtlcs moyens que Colomb partit, le
.'{ août 1492, au le\«'r du soJeil , pour entre-
prtudre une expédition qui devait elianger la
liu-e «le Tunivers.
7\piès qu<'l(pu\s aecideus de mor , et après
avoir drjà counururd à éprouver la luniivaiM'
volonté (le ses suhordonnés, il arriva aux («aiia-
I i'"^ , el se rrniil «'nsuile <'n roule. Dès que Ton
fiil perdu la Ivirr dr. vue les matelots verM**rent
i.\rs larmes et se «-eurent perdus. Colomb l«*s eon-
bol.i , Ifur prouiii drs rieliesses , et eut fj^rand
.>()in de Irur déi'ohei' la eomlai^sanee d'une partie
ilu «liriuin ((u'ils faisaient. A cent lieu(*s de Tilc
de l'\r ils virent un ^ros tronc d'arbre ; deux
criils lirurs ])lus l«)in ils a])erçurent deux
oisranx , les ])r('iuiers qu^ils euss<Mit renoontrts
(l.iiis Icui* route ; ils remarquèrent aussi que IVau
<!(' la mer devenait moins salée. Os indices et
quelques auires eontribuèrenl a soutiMiir leur
i<>urai;e; mais fjunnd ils reeonnui*ent que la
«'« rre (anl désirée ne s'olfrait pas encore à leur
CHRISTOPHE COLOMB, ^9
Jiatîoiis i?u prouvait ta fausseté; mais Sobadiglia
ii'ea Tut pas moins- empressé ^ citroyer Colomb
en E«pague. Quand on fut «1 pleine mer le pi-
lote, confus (le ce qu'on ti'BÏtait si indignement uu
Iioiume îk quLl'ËapugDe avait de si grandes obliga-
tioas, voulut lui ôter aea fers; mais Colomb le
refusa , et déclara qn'il les porterait jusqu'aux
pieds lie Ferdinand. Dans la suite il voulut tou-
joui-s i\Toir,sous les ypuxce piix de si;s services}
I il garda ses ctiaines dans su cliamlire , et désira
il même qu'apiès su mort on les enlcrrftt près de
1. Quand il eut dëbarqué !i Cadix FerdiuantV lui
j maripia sn douleur du traitement qu'où lui avait
I fait éprouver, le mît en liberté, et l'assura qu'il
lui accorderait tout ce qu'il pourrait désirer. Par
, suite de cet acte de justice , le monarque résolut
I, d'envoyer à Saint-Domingue un uouveau Gou-
verneur pouj' proclamer l'innocence de Coronib
etde sesfrères, et punir Uobadiglia. Don Nicolas
r vde Ovando , commandeur de I^rez < fut chargé
' de cette importante mission , cl on résolut d'era-
I ployer Colom II îi du nouvelles découvertes utiles
I pour la monarcbie cs]Mignole.
Parti de Séville, Colomb revint à Saïnt-Do-
I anînguc; il vit celle lie, qu'il avait découverte et
où il avait consolidé la puissance de Ferdinand,
{•ouvernée parons hommes qui u'eurent pas même
pour lui les simples égards que sa qualité récla—
niait. Il repartit pour la terre ferme , qu'il co-
(oya longtemps. Arrivé daas un petit port qu'il
appela Retreie , ou lieu relire', it fut forcé par
le mauvais temps de retoarner vers l'occideat}
ensuite il entra dans le lleuve de Betlènt, où il
forma un petit établissement qne son frère com-
manda avec le titre de préfet. Les Indiens n'y
furent pas trailés avec douceur; on arrêta leur
roi , ifppelé Quibio , poui- assurer , disait-on , la
TomeU. ' 6%
44a CÏTRISTOIMIE COLOMB.
<lc rhorchor l'ilo aiijoiird liiii connue sous le nom
i\v Sttiiil-lh)nii/fi!;ii(: L( s vciils cund aires niirnil
<rai:c>i-(l ohsl.u'lr à sa marclir, cl l)ieiifôt Alonzo
lMiiJL(»ii , inrornu' ]mr ios ludions iju'il avait à
son l»or(l {\\\v vvUv île , appeléi* par vun Boihio
on ]i(i\t\'hr^ alxnuhnt en or, lésulut d'y de-
manier laniiral. En eoiisei[nen(M' , le 2i no-
\i ndn-e , il se sépara des deux autres y aisseaux ,
cpii , (onjoui-ft rontrai'ies |>ar le nmu^ais l('ni|is,
ir\ini'ent à (inha. Qu(*l({nes jours après (iol4inii>
parvint enlln à Tile qu'il devrait tant île ^îmIit.
A>anl reniar([uii entre les terres et e<*lles diî
(iasiille qurlcpies points de ressenililanoo , il
lUMunia celle l'onlrée Jihpaniolu^ ou fiie /v^//w-
i^tiolc , nom sous lequel elle est <'ncon' connue
i\c nos jouis, cji'oique celui de Salnt-Donnii^ne
ai! pj(>\alu. H > lut pafraitenient reeu par le
souverain de cette partie de Tdo, et lu néj^li-
V, l'.re dis pilot<'s lui ayant luit perdre uji de
.s> s \.iiss(*au\, t<'s insulaires lui doniuVrnt toute
I . -s'K^v de sei ours , et lui lii enl pieseul d une cer-
tiiiie «piantile d'or.
(lidnini) i«'5olut CiC laisser une partie di» m^
i\ us d.iiJ.s l ilr: !{' roi . à <]ui il en lit la propo>!-
Il'iii . V eouspiilil a\ee joie, et trois cents lionnnes.
i-\.iii( pitur (licis Aiaiia v[ (iuliièns. se rendirent
«1 ir>^ une «spère Av Inur (pii dr\ait être leur de-
• istii'c. Aiius C.iiionil) remit à la V(»il«' : mais
K.i\:)!it pins (pi'iiii seul \aiss('au , il n*os«i p.is
( nii't-pi endre de ut»u\elles découvertes , dans la
naliiii' «pu* » s'il veuail à i^fiir, le roi d'Espai;uc
uo y\\\ elle infornu^ ilnn si heureux sueeès-
\\\\[\ le 4 jativier 1493. Colonil) d(H:oiivrit le
sni Icudeniaiu en pleine nur lu caravelle Iti
Pli ir . qui .s'i't.iil se'paie'e île lui. Alonzo Pinzou
>. Ni lis, I |i> nii>iu< nud tjn il put de l'ayoïr ipiitte .
<i (|>i<>ii{ni- (!(i!i>!:tli eoniu'jf pail'aitenu'at le n^:-
ti- <|iii r> auiii dclcrniiue . il dîssiniuLa â«<u
Uh (.nlilcntc-llicul.
CHRISTOPHE COI.ÔMB. 443,
Le flimanche i3 janvier Colomb ^lait flU
firp d'Amour, dans le golfe de Samana , lors-
qu'il trouva des sauvages qui lui témoignèrent ■
des intentions lioslilcs. Qupfqties sotdats dcscèn—
jireut à terre , et jiour la première t'ois le sang
Bidien IVil vered dans ces contrées par les Eu-
Tope'ens. Sept hommes, bu moyen de la sup^
TÏorlIc de leurs armes, cm battirent ce jonr— là
,^\f. cents. Trois jours, après Colomb remit en
mer. Une tempête affrense sépara " les deux
miâseaux ; on eut recours aux prières et aux
TSux. Dans cette extrémité Colomb, persuada
^'ïl allait përir , enveloppa d'une toile cir^ et
)pit dans un baril bien buuché la relation de son
Twace , adressée fi Ferctinand ; il avait l'espoir
^elle nourraît ainsi parvenir à ce prince.
Quand il l'eut jetée à la mer il eut l'attention
d'en préparer une seconde; mais le temps de-
vînt plus doux , et on approcha de llle Sainte— ,,
Mme t une des Âçorcs/ là ib roulurent aller eaf ,
p^erinape à une cbapellc, mais le chef porfu- '
gais de l'iln lit prisonniers ceux qui prirent eelle
i^solutiun. L'.-iiiiiral se mit eu devoir de les ir-
couvrer par br foi'ce : on se prépara de part et
d'autre au combat; mais eufiu les esprits ne rap-
Itrochèrcv^ , et Colomb obtint la délivrance (l«
ses gens.
Une nouvelle tempête ponssa le vaissenn vers
les côtes de l'orlugal , et le 4 mars Colomb en-
tra dans le ïi>ge. Son premier soin lut d'infor-
mer Ferdinand de son arrivée , et de demander
au roi de Portugal la permission de conduire se»
vaisseaux dans le port de Lisbonne.
Toute la viilu accourut au-devant des navisa-
tturs pour voir ces hommes qui venaient dun
nouvel univers , et les Indiens qu'ils amenaient;
mais la plupart des Portugais regi-ettaient que
leui' prince eut perdu la souveraineté des pays
4'>!i rflRTSTOPHE COLO:^lB.
l Vnlîiiniul lo lit rnteriTr avoc une ^raiulc pompe «
Lonuoiii^ 1)îon ir.orUés ot blon tanlilH« qui lU' \c
4Ustnil}H*ul nas ilavoir sî mal rooomiu los s<»rvÙY*!i
<l(* ro t^raïul hoiiiino. On p^ava siu' \v toiiiWau île
Colomb oos (lou\ voi^ espii^uols.qui ii*o(aîru( uiir
l:i simple oxpn'ssioii dos oMis;atîoiis îm^aloulalAcs
<iuo lui a^aionl les souverains ilo Caslille :
A Castilla v à Lcon
^uc\o mondo Jio Colon.
rt Colomb a donne' un nouvel wnirer* aux
« roxaumes de Caslille et de Léon. >»
H le leur donna etVivI iv émeut , puisque « outiT
les p.\^s ipi il deeouM'il lui-mènu* * il eut eui^uv
l.i i;loire tl ouvrir la roule où Cortès et IHiarrr
s'.uane^rent dans la suite iH>ur augmenter ilo
tontes les riebesst^s du Mexique et du Pci*ou la
puis^auco espagnole.
453 ,
JEAN II,
DIT LE PARFAIT.
aOI DE PORTUGAL.
Jean H natjuit h Lisbonne, le 3 m»! J^^S,
d'AlpIionse V, Joi tle Portugal , et il'lsak'lJe, dont
le père arait ëlé régent de ce royaume^ et avait
eu |iour fi ère aîné un pi ïni'e movt clatis^on en-
lance. A quatorze aus il ëpousa Léouor , tille de
(loa Ferdinand, son oucl«. IL ii'fu avait qnc eelse
lorsqu'il accompagna sou père dansunf cxi'édition
en Afrique. La prise de la tbrleri'sse d'Aiiila ca
fut le I ésidtat , e,t AI]>lioose arma son lîls clie-
Talier avec plusieurs autrts Portugais. En 1474'
ALpIionsc, étant en guerre avpc la Cuslitle, iioninia
son lïls l'égcut du royaume. Jean ît cettt; épo-
que eut un fils , (jiii porta , comme son aïeul , le
nom d'Alphonse. L'année iiuivanti- il si; disposait
à se rendi'c en Castille , prè» de son père , d après
les ordres de ce prince , lorsqu'il reçut de lui-
même l'avis que Fiançois de Valdcz, seignenr
Portugais , &n disposait à ]j|nlr ver et h le livrer
aux Castillans. En conséquence , Jean n'alla trou-
vei' Alphonse qu'à la tête d'une force imposante.
Une bataille eut lieu près de Tofo et de Zamora ;
Jean y donna de giandes preuves de valeur , et
lors m€me tpiç la victoire se fut déclarée ponj les
4!'h> CîinTSTDTllF. mLOMTî.
It'iiii(|i!!lli((* flf'K cIiii'Iu'iih; iiiairi l»j'sr|iifî Ciiloinb
rut n-iniH h lu vnili* |iiiur l'J^H|iti};iic*, (^uilijo avant
fniii%(^ iiioyrii t\v. pM'iidrc lu l'iiid* , rr«iiil uvi'C
«1rs solilaLs al(a(|iu*i' ri'laiilissriiinit cic! hcr Miiir*
]iii*i, cl rn fiia nliusinirs. C!oloiiih piil. h mm Inn'd
ri' f|iii iTsIail. ilcs iioiivi :iiii roloris. Afiivi'n loim
1% la Janiaicinr, 1rs t'ai i|;tirH vl Ir rlLHii*;riiif*ii( (ti(
fioiiiritiirr les iiiirnil <1.iiih tiin* hlliiatioii n»M-s '
trihtr* Des solfiais, ayant h Inir Ivic.ilnii fif Mt
iioiiiiiif^ INirraH, sr iiiKliiirrnit ri %liirr*iit (JrVIu-
ver à (^iiloiiil) (|ii*ilH v<»iilai('iit. l'f'toiiriirr m l'is^
paj^iic iiiiiiif'dlalcjiicMit. 11 nr put. Ir.H c7iii|<iVluT
(Ir raliaiitloiiiifr; mais Irs triii|i<';li>H et 1(!H \m\»
roiitiaiiTH \vH i-aiiini^rciit dniis T'ilr, on il.s M
clispcrNi'iTiil , cl roiu iirriil (riial)i(alion en liaM-
1it»ii, f\riv:iiit Mil' les iiiinrtilUi'.H liidîniii Im pluif
lion il/Irt vifdnirr.s*
C!iii\'-f'i iifiiii rirctil qiifl(|iir triii]»s Coloinh vï
lif'H c*(iiii|»apioiis ; mais cnsiiili! ils ne |)artii*c*nl plim
i|ii(r taiTincut. (!(d(nidi alors iMit m*oiiiii h nu
fttrala{;riii<' fort, iii^riiii-iix jt niimU'l ou a clouurdc
jiitklrK ^lo<;r». rci'taiii (prune mipsc* clci lune; de-
vait avoir lieu , il pri'dil aux Miuvn^«*H i\uo vcl
A^ll r idiail. drvniir tout rou;;(r, pour ti'inoif;iirr
«iiinlkicn Ir diru des cln rtirns «•lait irritif cuntro
Jcs iusiilairrs dr vc (prilft iw. ]H}Ui'voy aient jdiii
aux iirsdins de m*s servileuis.
f/«-rli|).se iivaiit ('(Hiiuirnce , le^ HiinvHcrH fimià
retentir lis liois de leurs cris dr Iniyrur* 11m iip*-
|iorlèi'eut des vivres en aliondanee, eu proiiiireut
encore frantres , el NUp|diereuf. Oolonib ck* faire
re|n-eiidre i^ la lunt! sa couleur naliii*rflie. 11 niirtil
(oiiclié de leur repentir, et leur prouiit <|un lour*
prières ni laie ht. être evauceesi 11 iiVu fulluit pH.*i
tiiul. poin* pi ou ver a fvH pauvn^H JnclîeiiH (|u'il eu*
lr(*feiiait une r#'latiou intinu' iiyee le eieL
rV iM' Cul pas là le dernier d(-8n|;(r(^mrtit c(iiie
Colouili cul ù éprouver diuii» celle ile i hv» ({eutf ,
JEAN IT. 453
qu'il siiofombti am atteintes île lapesff , en 1481.
IdL' IciidGniBin Jean fut pi'DclBiiié roi île noavcau,
avec les cére'inouies Vislfdf^s.
Son premier soin fut de feire plusieurs r^gle—
mens utiles, et par~JpS£ns toutes eboses âe s'in-
former lie l'Opinion publïçpie , h laquelle il avait
xe'aolu cle se conformer en tout , sans cependant
rien perdre ic son autorité. Ce fat ce plan , suivi
avec une eitf ème persévérance, qui le rcntlit ctier
% SCS auiefs,"^ct qui lui a fait laisser une niéinoii'e
m lioiiorable. 11 ne voulait pas que l'on ci'ût qu'il
cdt (1rs favoris , et avait pris le parti de traiter
tout le monde avec ëgalîtë. Equitable, parfois
jusqu'à la sévérité , il Ht bi'ûler dans Lisbonne
plusieurs maisons oîi l'on jouait à des jeux espres-
sément défendus par Ira lois; dn reste il sem—
pressait d'Iionorerle savoir et la vertu. Accessible
à l'égard de tous ses sujeH , il surmonta le re'pu-
gnauce qu'il avait pour !« ti'avail , et s j' adonna
tout entier. Quand les juges faisaient perdre
quelque procès au fisc , il les félicitait de leur iiu-
partialilé, et même les rîcouipensnif. Les gen»
courageux étaient sûrs d'être cbéfis de ce pi'inee ,
doué lui— même d'une grande valeur. DonPèdre
de Mélo , un de ses ])lu3 braves officiers , laissa uu
joui' tomber un pot dVau tandis que le l'oi était
à table. Jpan réprimanda ceui qui riaient de
«elte maladresse, et leur dit : ■> Don Pèdre
■ a laissé tomber cette eau, mais il n'a ja —
• inais laisfé tondier sa lance. » Un autre sei-
gneur distingué par 90n courage , Jean de Sonza ,
était un jour inquiet de se trouver sans logement.
Le roi lui dit : « Ne vous embarrassei^Je rien ; ayant
K mon palais pour habitation , vous ne pouri'ez
a eiiiuanquer.il Une autre fois unmilitaire, qui-
s'était souvent distingué, lui ^ant fait demander
une grâce, Jean lui dit : « Puisque vous avea
« des maius pour m^ pcrvir , pourquoi n'avei
455 JEAN lî.
« vous pas ic. langn«» ]iour me dcmandcT Jps rc-
« ('onipnis<'s ? » L amour des Ictti^s ot une pîélë
cH'Iairée riaient eucon^ au uoiiibre des qualités
iouahlrs de ni iliustK^ prince^
La I clonne d un [;!;ratul noui]}ro d'abus no put
s\>))erer sans qu'il y eût dt s iiiCvOutens. Quand il
annula la plupart des doiisque les c^rauds avaient
Ti'ees t!i s rois srs ait ux , il ^ K.ila dr nonibi*eux
muinniKs: mais il lu' s'en iikquietla pas* L(* duc
d< r>i iii;an('e surtout lui donna des motifs de soup-
çuniK I sa iuieiité^ et ses frères faisaient avec lui
raiiS( eoiUiMune. Ji an aeipiit bientôt des preuves
irîei'usa>il« s de la trahison du dlic; il ne put ce-
p< ndant se le.^nudre à faire |*érir un luuniue d*une
•si haute naissanee^ cl son parent; il le prit en
pai lii uli( i,( t lui fit desrenioulrancesqni nepro-
4!ni.»;ii < nt aueun cflet. Jean le fit enfin arrêter , et
ordonna ([u on instruisit son procès. H fut con-
dunnie à mort , et montra en mourant un crand
cou"a^<\ Quand le roi entendit le son d'une cloche
qui lui annoneail le supplice du duc, il se jeta à
îi( iioux , et se mit à prier Dieu pour lui en pleu-
rant ; mais (piel (pie fût le motif de son action , l on
11 \ vit (pi'un raflinement d'hypocrisie.
L<- roi s'oeeupa ensuit<* de poureuîvrc sur les
colts (lAfritpie les conquêtes et les découvertes
ilr ses pieîeeesseurs. Il envoya en 1481 une
ilolte en i^uinee. On v bâtit u!ie forteresse , qui*
M ion l'orilrt» du roi , fut ap])eîce Saint-Georges de
la Min». Les Portugais revinrent ensuite dans leur
J^^^s axe mic £;iande quantité dor et d'ivoire-
Jalouï de eonserv( r S''ul le commerce d'une con—
tiVi' si o;)uh<nte, il ht puu]*suivre un capitaine de
^ai^seau et iLu\ pilotes qui, après avoir fait
plusieurs fois le vovacje dEîliiopie* s'étaient ren-
chiscu Casiîile. On tiui dtuï de ces hommes, et le
ti<^i>i( me, eonduit à Evora par ordre du roi » J
lui cearlc'lc.
JEAN IL 4S7
Là cliate de la maison de Brannoe ayait attire
à Jean de nombreux ennemis*. Une' eonipjratioti
plus redoutable que les autres ^s'ouyrit^ encore
contre lui ; elle ayait pour chef le duc de Visco
même , son beau-frère* Jean fut informé da Cd
dangereux complot , et les amis du merreilleux
publièrent 9 dans ce s^le peu éclairé 9 que la pré*
mière indication lui en^tait yènue par un spectre
ices pins posi-^
tÎYCs e» lui faisant parvenir des détails important
qu*il tenait de sa sœur* Jisan prit en secret tontoi
les mesm^es qui pouyaient garantir sa yie; cepénr^
dant il se vit plusieurs fois à la merci desconjiutb^
Un jour entre autres il se trouya an milieu d'eux
dans une église hors de la yille 9 sans un seul dé
S€S gardes ; il marcha droit à eux , et leur parla
d'un air si tranquille et si serein qu'ils n'osèrent
le frapper.
Mais comme son danger se renouyelait sans
cesse ,* Jean prit le parti de tuer de sa propre
main le duc de Visco , chef des conjurés 5 il le
lit venir à la cour , oii se seigneur ne se rendit
qu'avec une extrême répugnance. Le roi le reçut
d un air ailable et même gai ; puis , après quelques
instaus de silence , il lui dit : c< Mon cousin > que
«c feri0z«-voiis à un honune qui aurait voulu vous
« arracher la vie ?» Le duc réfN^ndit qu'il le tue-
rait de sa propre main, «c Meurs donc ! répliqua
« Jean 5 tu as toi-même prononcé ta sentence. •
Le duc , frappé d'un coup de poignard , tomba
aussitôt mort à ses pieds. •
On était alors à Sétubal. Quand le peuple
eut connaissance de la conjuration il demanda à
grands cris qu'on lui livrât les coupables. Le roi
exposa , d'après les formes reçues en justice , les
motils qui lavaient porté à })réveuir le sinistre
'ro*nc IL 3j
|ir«jet du duc de VUi-o. (',i'u& dfi con8i>irAleui<
({u'uu put urréliT futviit mis a mort , «jirè» avOÏT
lotit otouë. Ldvi^cpirdEvûin f'iit conduit Huim un
i-ikch'it , oti ti'uU jours apr^ ou lo trouva inurt j
miolqw-i l'uiijurt'R ae. iirtiii^rcul i;u Ctutillc , ut
Jpnii I ccoupciiMi tnnciiili<{iifiiit'ii(. nt.iis ({iii avairut
suUïc^Be» joiiiK cil Ini dMiuviniil In ronktiiMUKtii.
Kii 14H3 lu pntp i\tA ravH^ea In Portugal
duiiiia un iuuuari]ue l'iKX'aaiun do laaniiWtpr «on
uuiiiiir pour «*( »ui(-tx , H iK>uvriit U pipomse*
joim |)oiir Hddiicir loiir mi«èrp. D'un autre cfAé
il ne pprdit point de vue ses projet» pour I* pr»»^
pMl£iIeaoii i-nyaume,«ttespr(>parati&i)v){itrrTa
t-'llfiiyùmiit tcllcnieiit les Mnuct'H , i|uii pluticur^
(IViitir i-iix lui diniiundèi'cnt la puis.
Vi-i-» ce temps le e^l^lji'd Cltriiifo|ifafi Colatnh ae
rendit en Portug^tl pour ofirir h Scaa *ei srrvicet
relativement: bu miuvcau tnondi* iiu'îl otp^-uU ié^
fyuvrir. Mftlgi^ le pcjiclwul <juii le roi mantraî^
pmir wttc tcnJjitiTC , il rdiuTcii» Ir linidi oaviga-*
ti'ur. d'opii'» Ipi iTm on Iran ces de plusifoia iiiein~
bi t's de «ou ctjuseil . f t Coloiuli ailu truuvvr Ir roi
de CimtiUR , ituijutil il lit agitii-r xu profMntîaiii
A'uuinnt cc]ii:ndiiiit (itundrit le* di<enuvci-tca tir»
Tortii);»» «n Afrique et n'tionvrtor U's tfuta-
livea pour arriver auK India u rien lait (• , Jean fil
^(luipi'l' une tl>'IIi', <' luih'-r ]>!ii'.larijtiiiCaar<
Ji ililcdUviit !'■ ii.'.iiiKii' ili- C.xt-ii, il »'ynu^«
iiiËtnc deux ('<'iil'-li' If s |>liis Iriju. Kn i^ti^ Baf
tiiélnni DWt, l:"\>ii\i<- iittii'jiidc, ariiva jui«|u'h
lotj-Mnité de rAt'iitjuc, tt tut tu gLoiiv ae par—
V( nii' juMfu'à un vAO d'une immriLM' lîteoditt-. UmC
horiililr tenip4fe lWt|jCvU tic )e (U.nUrr, etll
]'ii|ipi']ale cafidvn ToitrnieiUei; mnn Jt-nii, tr*U»i4
jiujii.' d^ joie et d'eepoir, vuulut qu'il »'aptiicUÎ
\<- cap 'le Bonne- Expénuwe , uaiu «mut [("^imt! i|,
a loujourii *W connu drpnit. En in«^iiw tnnp* ii
[Mv terre d'uutica voywg<?ui» jvaiu'cMi
k
TEAsin.
Jkbyssinie ; et^tom^oars attèiittf éÂi ^nrenienieiit
intérieur de son royaume ^ il rëpnma' le luxa 9 j ~
dont il craignait que l^exc^ toujours croissant ae "
fSit dangereux pour FEtat*
Jean ayant neçu dii<pape uoje bulle qu'il aVàîfc -y
eoliicitëe , portant là publication d'une 'cn^»eide - ^'
conti*e les Maures, en fut si charme, que dans '
1 excès de sa reconnaissance il arrêta , sur la dè«" - >
inande d Innocent VIII , quQ les décret^ du«ain€
siège seraient désormais reçus, en Portugal sAos .^
examen et sans contradiction j -Cette condescend '
dauce inusitée fut loin d^étre approuyée générale-' ■ '
ment. Dans le même temps , saciTifiaut endore la,
politique à la religion , il fit passer à Ferdbiauîdy . ''^ -
roi de Gastille^ de la poudre et-des canons, dont ce
prince manquait, et qui lui étaient néeieauiireff
pour enlever Grenade aux Maures.
Ses troupes en Afrique essuyèrent rers cette
époque un échec ; mais elles reprirent en*-
suite leur ascendant %ir les Maures. Après une
lotion où Talaro , général de ces peuples , arait
été battu et fait prisonnier , il adressa ces singu-
lières paroles à Coutinho , son vainqueur : « Jïe
« t'enorgi^^lis point de ta victoire; Dieu estchri-
a tien aujoBd'hui , demain il sera Maure. » Jean
sut profiter de ces succès , et récompensa , selon sa
coutume , ceux qui soutenaient la gloire de ses
armes.
Tandis que l'Europe admirait Jean , beaucoup
de jses sujets, prévenus contre lui, se plaignaient
de son admiulstratiofi ; mais on a déjà vu qu'il sui-
vait ses plans avec constance , sans s'occuper des
mécontens. Une action de son règne ftit surtout
blâmée, lorsqu'elle devait peut-être lui attirer des
éloges. Quand Ferdinand appauvrit l'Espagne en
chassant les juifs de ses Etats , Jean les accueillit
en Portugal ; mais comme ils observèrent peu la
condition qu'il leur avait imposée de se faire -
39*
^fM JCAN 11.
dtrclirMi W mnnnuro» ^ion^l plu* fr^ipp»
qoc ûnwu* ,
Dad* Iv* d^mékCs eutra Clwrlrs Mil , rni du
F»'«»«". et IVmpt'rfur Maxiiuiliru , Ji-nn otfril
H'nbonl «k in^diaticint ni»», ïrrilë d'»Ill^ in»iiltn
qur lc« iHu-ti»ni);i do lu Kitiuio avairnl liulc dnn*
IlrH)!,i-it i> un tU' X-» uiiibuAsntlmi-» l' il M) ilëoloni
wiui- Mnxiiiiilirn. ik ([ut U lit piuon' tU-it «omnm
d'ur^rut (Ml iklfaindAut (|it'il p&l le •roiiui-ir k«
miniP» El U iikniu.
Otiflqurs (IrmAl^ avw li> roi de CanUlic ri «w*
celui d'Aii(tWtnTfl occiipèrml «i-Hc i<|itu|ti4> du
r^itf d« Jpao ; nui* par tu iwiuIpiicu il> n'«u>
r«ut puiiit tif suite» tiiirimsr». .
L'un 14%) uu roi iiiV"' • cli«w^ île mm f«r*i
vint à LJiiiinriitr iinplorrr min «vimrs. Il se ron-
Ycrlit Hu l'UnKlittiiiMur, «t ttlTril di- ii^rsmb niaii-
tnÇ('6 nui l'çrtnfiaks daii» le l'an uù liun urRH**
)ui reuiliuiral mi jtuîwnun'. J<->n til i^|ui{irr tinn
lloltr dr >iiig( vummahi Mric dM |»i ■' Irr* ri dr«
BolilaU- Ton» i,VA)ii-fpnrnti1» »r tmiiiufroni d'nv*
f,)^'i>n ti'tt(iii|uc. J'itTie Vnwjiiè» dAt iifjnn , coin-
niAiiiliiut de lu llullt.' . t»n ui^ mi ]■) unrv main Ui
Mi uî^v , auuii prMvilr qu'il at^^vnnlii le
frafairt imia, selon IonIh )ir<tbMliiUflPjMiiir n—
vpuir foiiR ilHn|;<>r va Parbi^L Ce )ju il f a il«
cFTlain, c'eut ({acJi'iiiiie iT^Lirlui liuiiircIlÀ orc»^
woii de ha îutitirf M-tèli^ ; iiiioiijiir uuuJ anit((«
t{tt« Murpi'îtt du i-etour (Iff 4l'j\ci>(iua . il f**^^
ajoufer foi i m jtutiliotitiun . aoit uu'eu emi il <
lie lu crât pu eouftaUr. autl qu'il filt cdTnyë
■le ,ln pciint.'e d'avoir ïl |Hinir tm critnr «ncrarl i
|>rcFi[iie tenu IcN linioiiies de l'utiMnltliiMi BraiMit^
{iarticîpe<
Jt-uu eut entailo te dùâr qu'il avnil u)u« d'un»
fuis titao'iffié de iwMer ru Ab-ïqwe. Il proîrtail '■
ite di5livn*r luî-wème un c-urp« de Mt ti-oiipra '
tlnquL' diiiiK uac ile t'i-rmiiv |>jir uu (letne da
•JEAN If* i|St
Maaritanîe; mais une partie de son CMiseil le
supplia de ne pas exposer llEtaf^daiis ïa per-*
3oniie. Ces remontrances 'n'araîent prodait que'
peu d e£fets sur son esprit ; le dëàr ijat leê -
Maures témoignèrent de faire la paix arec injL
fiit plus efficace , et Jean la conclut à des coor* '
difions honorables*
Jean assembla les états à ï^yora , et lenr
communiqua les motife qu'il arait eus pour faire
épouser à son Ris , rin&nt «Alphonse y la fille du
roi de Gastille. Il demanda aussi et obtînt san^
difficulté des subsides nécessaires à la célâiratioa
du mariage.
- U se prépara sons lés plus heureux aùqpices*
Le roi vint jusque EstrÀnoë M-^-derant de. la
j^ncesse^ qui fit ensoif» à Ë^A tÀe briUbanto-
entrée. Le roi parut arec un faalnl à la ft*ançaise -
enrichi d^or et de pierreries 5 mais la Vue de c«
rétement étranger blessa un grand nombre da
]^ortugais. Au milieu de ces fêtes lia peste obligea
la cour de quitter Evora pour aller à Yiana. Ce
fut le premier des évéaemeus ttioestes qui allaient
se succéder rapidement. Le roi , après avoir bit
des eaux d une fontaine qui avaient fait subite-
ment mourir deux seigneurs de sa cour , tomba
daugereusement malade. Cependant , lorsqu'il eut
recouvré la sauté , il ne voulut point foire de
recherches pour découvrir les auteurs d'un
crime trop bien démouti*é. Le i3 juillet 149T >
il était à Santarem ; son fils Alphonse refusa de
l'accompagner pour se baigner dans le Tage;
puis , craignant c[ue ce refus ne mécontentât son
père , il courut ^ ciieval sur ses traces. Dans la
campagne il provoque à la course un courtisan ,
qui d'abord s excuse sur ce que la nuit déjà venue
ne permet pas de galopper sans risque : le jeune
prince insiste ; il faut lui obéir ; mais bientôt
son clieval s'abat sur lui et le blesse mortelle^
i"
^Ï1
^fiï JEAN lU
iiMUtt. Le rci, U rt'nw. lu (.uhc ïtirimt^ nccM-
ïtuL, et Alpltoimc , à^é «■Hlmu'nt de ilis-^ept
itnii I flpii'C ciilrtr leurs Uras <laas la cnbuno dW
La mort d'AlpIiotiM.' l'Xcita il Vuttint pliu ■(•■
doitlriir ( que tr loi u'avmt pu» iruutrf nilniil
lé^iliiuP> Li'K ilivi-rx ortttitt rlii ruvnuuK ullftiivit
le troHvtr pou»' Ji' consolri'i lui rai>pclw fufl
net ïujola i!laii'iit aussi »-s t'utuua, et Ir prier 4c
■e coiiwrvrr iioui pu».
Il nvHÏt viu Ifttttvd uomin«< Gror^^r» , n^ d'Aliae
de Mdidocc. Ituimc d'une de» |>r('iuJi>i-f» fumit W
de IWIUHiil. S'upncpïBHt «lui' sa vue uiigmnibiit
lu douleur de (ii rt'ioe, if r<fl<)i)tiin de tui |H?r> (
«oiiiii.' ; niiiis on no Inrda (miiit A ii'nprrraTDÎr
i]u'îl nvnil lo d^sacifi de le iioimii#r scxji un-ces— |
ttiiriot l'uiip» Tut tl'^B-inqtliel1 cri- lt> dtiodrBéj&
IKiM^ott de» drciilu îiicnulfEitabli-s it In i-fluroiuic ,
t't oti prCMii'iitiiit que IVbit ^ourniU LiMm on
jour £tr« plougé tlmis le» uuilLrut» d'uor gnrrrs >
civUC'
Quand il fut rpifitliim de t^nirc lin funcVitillct
d'Aljilioiiiie , 1'" pj'uplr ti<uioiunn tmilp mi Joh—
l»ur i Kon Hiotinrcinc. Il d^ploia 1« mort pi-^—
niatuiéo de l'Iif^iilifi- du U'Auc; m nia il Kt van—
iiatire nussi quil Iriiuviiil nu due de Bi'ja «W ,
vKi'tu* et dei droilii (|ui ilfvuictil lut ii»»nrer la
cnarouae. Cm dinennr» nVlnirnt pu» propres h
■.-nlwer le clingriii du roi, i
La jeuno inl'anle Iwbrlle retoaniu en Cnlilk
du l'ouKenlemrtit de v» ptliirr . et itan *'acctipo J
de tuiiivenu deit ttf&iu'ii publitiue*.
Tmidi» (ptc vvt itMllieura dum*Kli(]il*» épron- '|
vnicnt BB eoiMlnnce . u-h iirmea triumpliuieul en
Afiii^ue. Kfrdiiiaiid «I« Miiiicif^n , OU aîné ilu
Morijui» dt! yiUareal . el commnftdant dr Ceuln , 1
«'l'iiipnrn de Tar^ii , et mit le feu !i vînij;[ fait- '
«cuux maures. Jcau upjirit M'B «uccfri hvvl- joli .
4
JI&NÛ.
et Itd donna publiquement les ëloges^ fp^
ritait sa valeur."
- Pendant quelque temps la cour -se {Murtagéa
en intrigues plus ou moins secrètes. Le foi mar*
HÎfestait de plus en plus le désir de se ^donner
sqn. fils Georges pour successeur , et le duc de
Bëja f soutenu ouvertement par la reine 9 ML ., .
sœur , et le roi de Castille , agissait de manière
à veiller sur ses intérêts sans se compromettre.,
Ferdinand ayant enfin assuré par la conqtiéte
de Grenade ses triomphes sur lès jVIaures 9. Jean ^
qui s'était toujours comporté avec -grandeur ,
dame au sujet de cette guerre, célébra ces
succès d'un roi chrétien par des- réjouissances ?
publiques. Cependant-, persuadé que Ferdûmod
pourrait bien songer désorinais a tourner 6es
armes contre le Portu^, il fit des préparatib
pour n'être pas pris au dépourvu par un rival ai ^
ambitieux.
Pour augmenter sa cavalerie i\ défendit à qui
que ce fût de monter des chevaux ou mulets au-
tres que ceux qui pourraient être propres à la
guerre. Les prêtres et les moines se plaignirent »
et le roi , tournant la chose en plaisanterie , dé-
clara qu'il n'avait pas entendu les soumettre à
cette mesure ; mais en même temps il défendit
à tous les maréchaux de ferrer aucun des che-
vaux qui serviraient dç monture aux ecclésias-
tiques. Malgré leurs nouvelles clameurs, il veilla
rigoureusement à ce que son ordonnance fût
exécutée , et comme l'ardeur d'avoir des che^
vaux de prix s'empara des jeunes gens, le roi
eut bientôt dans ses états tous les élémeus d'une
excellente cavalerie.
Vers ce temps un navire portugais , reveliant
d'Afrique avec une caigaison très — riche , fut
5 ris et pillé par des piraïi^s français. Jean adressa
es remontrances à Charles VllI , et fit aussitôt
^
4^4 ^^'^^ "•
ewiliîr tous les vaîs»raux ri-Anç«î» mii se _
vairui Am* lei {mrU du Portugal , «lin
ftro^nrr (|u'ïl éUiii en étut ilc aouli>itir wn r^da-
inatioas i>ar U vote <(r!i annr*. Olui ijui psëcnlt
«.«t oiilra fut ce Xtucrt rlm (utiiui iiuî ttevait hd
«'illuxtivr un loiir par sf s «Hiefriacs iitariEiinn.
4;iiarl» VIU rùiiiM'iitit & lUinniT stUlnrlina a»
I Porluf^al î il H( n^tilucr le vainii^ait li
t(cla-1
[inuir
c^vjircmi^nt In l'ximtin»*.
Apria avoir &i»si M}iil)>im Dinnni'Dr dp .«nu pa-
vtllou , Jean fil A(iH)wr mdi- iloltr iltml la (Irw-
tinatidii n'itUtit juu r^oullUl■. {'«^ndatil ({uVIlr était
rncorc ilaits le |K>rt la (irclc f'y tiiatiirMla. rl
phiueurs Kis;noni'a i qui Jnui nvait ordonné df
M- n-ni)r« |>r«) ihi coioinantLant lui avant r»il
tIfs l'Tprêiiriitnlîaiu , il nr Uinr lit «InkItt ct~
yoasr ijupii vlS'ctiuiiit Ini-m^nu! In vîiilc përil-
riise ilout il voulnit lc6 il1iar);cr.
11 i-fçul de CiinuQ tuiv )tinl)ai(aadc rlMtl Irt
jnitmhrcs se lirt'til nuptiscri tt fut lui-iurair Ib
parrain du clirf de reu<- It^a^ition , namnio Z>-
«uUt. Je»u ù Huu tour <>utoyH dt'S amba$ndeiirs
DU Congo iivvc àt!» pnHi'^ • i(iii baptiièrDal le
i-ui . la rcim: et te pins gniiul uttnilire tks |itt~
soiiiii-s (le la cou>'. Li-r Portuf^ais rnsuilc aidnvnt
«'L' monarque lit'j^rc à cumljaltrc ses Minrniîs ,
Mit' lesquctij , [iiii* leur nvcuura , il obliiil l'a-'
Ivu j^ijf une ninUtlie subite iln Jean lit rv
iinilie les iuqui«-liulirt> sur sa «ictfssio» h la coa-
roiiiif : Jcau iirnit inittilraienl deiuaodv au paM
Li l(;f{ilîinaliuiii)<-K>n tilï-iinlurt-Lf^and il arAit
coiilinnô dans bi wb&4*f *pif Peixtïititiid prt>lë)i "
le iliic lie IWj» , il at'. ra|n>rocha do Cliarlpa V
qui tiiiMiitik cr iiriocf um.- nuiure ccnello dai
l'iiyiiiiiHe de Na(itos.
Apre» la in«rt illnnocriit VllI ^Jm»
Glt'c ^coubî plus l'avurulilvEueitt dv soa «uocftr*
JEAN n. 4|£S
8M|, qui dtait le trop foineux Alexandre VI , 'ftt
cVPontlfe parut disposé à satisfaire am dësirt au
sujet de la Lëgitimatiou de Georges.
Cependant Jean , acciiblë parla maladie » er^
rait dans diverst^s villes de Portueal pour ëchkp>i*
per à Finfluence de la peste, lorsqu'il apprit
qu'un yent contraire avait jeté Christophe Cîo-
lomh dans le port de Lbbonne ; il reyenait*€ou«« .
vert de gloire de son premier voyage aunoa^
Teau monde*. Affligé 4ravoir autrefois reJQjtë ses
o&es , Jean le reçut d'abord asses mal 9 sous pré*-*
texte qu'il avait navigué dans la pai'tie de la mer
appartenant au Portugal; mais ensuite ^ éooutaat
la générosité et la justice 9 il eut pour hîi tous lai
^jards et la considératibu. qu'il méritait* t.-
Un traité dans lecjuel le vaue iatervinti fikà
les droits de Ferdinand et dé Jean relatrtemênt
aux découvertes faites et à faire; mais à chaque
instant il se présentait entre les.deux rois de nou«
Tcaux sujets de dissension^. .; .
Jean , voyant que les juifs qu^il avait réçuikdaDr
SCS états s'y multipliaient extrêmement y prit à
leur égard un de ces partis que la politique ap-*
prouve plus que l'équité. Il fit baptiser une partie
de leurs enfans , et les envoya peupler l^le de
Saint-Thomas, sur la côte d'Afrique. £n «même
temps il songeait toujours à profiter de la dé-
couverte du cap de Bonne-Eispérance pour navi—
guer jusqu'aux Indes. S'il eut vécu plus long-
temps, Vasco de Gama, ipii ne fit cette entre-
prise que sous son successeur , l'aurait exécutée
sous son règne , car c'était aussi sur lui que
Jean aVait jeté les yeux pour réaliser ce vaste
projet.
Jean , toujours languissant , ne perdait pas de
vue ses devoirs ai ses ennemis. Un ambassadeur
de Ferdinand vint auprès de lui principalement
ypur s'assurer de Tétat de sa santé. Jean y qui
f
i
46a JE.AN 11^
mciit. Le roi, la reine;, la jeune mfanfe accoa*
loiit , et Alphonse , âgé seulement de dix -sept
ans , cipirc entre leurs bras dans la cabaae d'un
jicrluur.
La mort d Alphonse eiieita d^aotant plus de
douleur , que le i oi iravait pas d'autre enfant
léj^ilime. Lis divers ordies du royaume allèrent
le trouver pour le consoler , lui rappeler cpie
ses sujets é'airnt aussi ses enfans^ et le prier de
se conserver ])Oui eux.
Il avait un Lâtard nomme Georges, né d^Anne
de IVIt ndoce , i'emme d une des premières familles
<le Portugal. S apercevant que sa vue augmeutaii
la douleur de la reine, il Tëloigna de sa per-
soime ; mais on ne tarda point à saperceToir
qu'il avait le dessein de le nommer son succès-*
seur, et Ton en fut très-inquiet, car le duc de Béja
|>ossëdait des droits incontestables à la couronne ,
et on pressentait que Vëtat pourrait bien un
jour être plongé dans les malheurs d'une gnerre
civile.
Quand il fut question de faire les funérailles
d'Alphonse , le peuple témoigna toute sa dou-
leur à son monarque. Il déplora la mort pré—
matui éc de l'héritier du trône y mais il fit con-
naître aussi qu'il trouvait au duc de Bëja des
vertus et des droits qui devaient lui assurer la
couronne. Ces discours n'étaient pas propres à
calmer le cbagi'in du roi.
La jeune infante Isabelle retourna en Gastîlle
du consentement de ce prinee , et Jean s'occupa
de nouveau des affaires publiques.
Tandis que ces malheurs domestiques éprou-
raient sa constance , ses armes triomphaient en
Afrique. Ferdinand de Meneses , fils aîné du
Marquis de Yillaréal , et commandant de Geuta ,
s'empara de Targa , et mit le feu à vingt vais-
seaux maures. Jean apprit ses succès avec )oic
1 jrfAN n. 463
I Et lui tloniia puliLIiitieiiieiit Lca éloges que ni^-
' litnit sa yaleiir.
I, Fendant quelque temps la cour se partagea
en inti'igues plus ou moins eecrèlca. Le loi lun-
nifcsEuit (l« plus en plus le d^air de se 'donner
sou fils Georges poui' MiccL'sseur , et le duc do
Béja , soutenu ouverlement par la reine , stt
sceur , et le roi de CastilJe , agissait de manï^rts
k veiller sur ses intérêts sans se conipromettre.
Ferdinaiitl ayant enfin assuré par la conqnËta
de Grenade ses ti-iompbes sur les Maures , Jeani
qui s'était toujours comporlé avec grandeui*
d'finie au sujet t!e cette guerre , célébra et»
succès d'un roi clirétiea par des rëJouissBuceii
publiques. Cependant, persuadé que Ferdinand
pourrait bien songer désornuiis ?i tourner ses
armes contre le Portugal, il fit des préparatirs
pour n'âtre pas pris au dépourvu par un rival si
ambitieux.
Pour augmenter sa cavalerie i\ deTendit k qui
que ce Fût tle monter des clievaux ou mulets mi-
tres ipie ceux qui pounaieiit être propres h la
guerre. Les prêtres et les moines se plaignirent,
et le roi, tournant la chose en plaisanterie , dé-
clara qu'il n'avait pas entendu les soumettre à
cette mesure ; mais en même temps il défendit
îi tous les niarécbaux de feirer aucun des che-
vaux qui serviraient de monture aux ecclésias-
tiques. Malgré leurs nouvelles clameurs , il veilla
l'igourcuscuicnt tt ce que son ordonnance fût
exécutée , et connne l'ardeur d'avoir des che-
vaux de prix s'empara des jeunes gens, le roi
eut birniot dans ses états tous les éicmeus d'une
exccUciile cavalerie.
Vers ce temps un navire portugais , revetiant
d'Afrique avec une cargaison très — riche , fut
S ris et pillé |>ar des pirates fi auçais. Jean adressa
(S renionti'iinces à Gharl» VUÎ , et fit aussitôt
.('^ iVAl9 II.
»'t^ir tous les Tai»>r»wx ri-nnçNit tint te Itot-
v«iM)t d»ui 11» pork du PiM-titQAl , «ila ^
firou«<-r qu'il itéii tn état Je Mmlniir nv rrieb-
luatiuB» fv la «wi^ it«^ arniiik Otui (|ni fifchu
t<rt ui«lra fnt et Vacm dn (ùamo qat dn^it tait
«^llastTfr un fonr par ws «iitref riir* niariliinaw
Oxirl» Vlll (-oun-ntit h diimuT Ali^nirlioii *m
i-ui lie l'itrluf^l ; il hl rrtdilDKr !•: TitÎMn» **
juiair *^«^rcu)cnt Irst-tinmim.
A(irès atuir hiitu uHilrini I kiiitiK-nr dr *•«■ )-'•-
lillo» , Jrntt fil ^tiitx-r iiur Uollf dont In 4r*>
liiwtiou u'fltiil |int ruuiiur. l*ciid«at i{n'rUc <iuil
i-iicitiY datift le {Kilt U jpr«lc «'y nMiiifnli, «t
|iluMeur9 KÔtficun k <)ut Jimi nvnit onltiaa^ d«
M^ rfudre |irc> >Ib coHUDundant lut nwtl r*îl
tk'ii iitprciriilnlnini , il nr Imr tif J'«kI^ r^
pnnx- t|uVn piCttaMit lai-m^inr U Tnk fôil-
ri)»p *l>iut il vouluil W (tmrjîrr.
Il rfçul de Cun^u tmc .uiiUimdc Jonl Ir*
nu-tiUirt:* «; lin'iil luip! !.i--i«r le
]nrrftii) dn clirf Ai- <■ <■- Z«-
«■nU. Jeu) à wuii tour ' -iiUvra
au Cocigii aire d» yi -. , ^ ^ ..." niât la
rai . U rriDc cl le [4iu ((i-iiud uuiitlu u tic* |rr-
•nunra di; U «iiii-. Lr» i'artu[;ui> cnuiitr itidÀwtt
vc nioiiariiiK n^rr h rinub«tlrf tie* omrnïs ,
Mir Iruiiirla , par leur »ccowa , il obtini la-
£u i.fiji uiu? nialiulio «ubitc dr J«an (M ir~
vBiUr Ir* int[uîr(udt« mr ïJ> »imi>wit>n kk C«0-
rviiai - Ji'Hu HViiit innlilttunl (k'iniioilr ■« fVfW
il ltf}^lii»Btiui) dr MJii ItU iiiilnn-l. l^hiKutl il m- M
cintliriiir dan* lu iH-n>C« ijiir l-rnlintnnd proliférait
tr Aw .{,- U,i|. , a H' |-a,<).<oi^M lie r)..u-lt-i YIU^
qui latMit à cr (irtdc« luie KUeirt' crurllr
ru>uiuuc d» K«|i|h.
Aprt-» U mort d Innflrrni Vlll . Jran MpAail
£tri: ccQUtc plu> iWfurablt'tUL'nt de «
XEAN n< 4|SS .
t, qui dtait le trop fi^meux AleuoMlre VI , fk -
^ ontife parut dispose à satisfaire ^m dëftirt «n
sujet de la légitimation de Georges.
Cependant Jean , acciiblë par la maladie , er<- ^^
rait dans diverses villes de Portugal poiir édiapN*
per à Finfluence de la peste, lorsqu'il apprit
qu'un vent contraire avait jeté Christophe Co-
lonib dans le port de Lisbonne *y il revenait^XHm-^ .
vert de gloire de soa premier voyage auiioor*
Teau monde. Affligé i^voir autrefois rejeijtë ses
offires , Jean le reçut d'abord asses mal , sous prë*^
texte qu'il avait navigué dans la pai*tie de la mer
appartenant au Portugal; mais ensuite ^ éooutaiit
la générosité et la justice» il eut pour hu tons les.
^jards et la considérattou. qu'il méritait* t>
Un traité dans lequel le POpe interrint» Stà
les droits de Ferdinand et dé Jean relatiretnênt
aux découvertes faites et à faire ; mais à dmque
instant il se présentait entre le&deux rois de nou«
Tcaux sujets de dissension^, ...'•"-
Jean\ voyant que les juifs qu^il atait reçuStdans'
ses états s'y multipliaient extrêmement , prit à
leur égard un de ces partis que la politique ap-?
prouve plus que l'équité. 11 fit baptiser une partie
de leui's eufans , et les envoya peupler l^e de
Saint-Thomas, sur la côte d'Âfiriquè. £n-*méine
temps il songeait toujours à pi*ofiter de la dé-
couverte du cap de Bonne-I^pérance pour navi-
guer jusqu'aux Indes. SHl eut vécu plus long-
#?mps, Vasco de Gama , qui ne fit cette entre-
prise que sous sou successeur 9 l'aurait exécutée
sous son règne , car c'était aussi sur lui que
Jean aVtiit jeté les yeux pour réaliser ce vaste
projet.
Jean , toujours languissant , ne perdait pas de
vue ses devoirs ni ses ennemis. Un ambassadeur
de Ferdinand vint auprès de lui principalement
ypur s'assurer de Tétat de sa santé. Jean> qui
466 JKAN II.
u'I^iiornit pas cp motif, dit }\ cet cnvoyc, noilÉ|ë
Alplioiisr S^lvins : « Don Alphonse, ce bras est
« nu orrnu'tal (I(* lîvnTdruximtuillos..*. » Pub,
upivs un nicnirnf do sik^niT , il ajouta : « aux
« Maures. » l/anihassadour n'eut ])as de pciue
h \v. coniprrndir.
0'|i('U(lant , i\v plus en ]>his tourmente par la
maladie , J( an résolut de faire sou testament.
On assure que , dietant cet acte ■^ Antoine Fa-
ria , en picscMiee de son confesseur , il vou-
lait nommer Oeorges son successeur n nuu's c|ue
Faria lui représenta rinjuKtic(> (pril allait faire
au duc de r}éja et les inalli(*urs qu^il préi^arait
au Torturai. Le confesseur , appelé Jean de
l'ovoa , soutint la' même opinion , et Jean
laissa enfin , (|uoi(jue h regret , le trône au duc >
qui lui succéda en cflet,et rëgna glorieusement
BOUS le nom d Km manuel IL
Un médecin juif déclara que les bains cbauds
conK(>i]lés an roi par ses médecins lui seraient
l'ohestes ; nmis on ne fit nul attention ^ sa pré-
diction, et Jean eut en effet d/^uu ce moment
I'us(|ui\ sa nu>rt un engourdissemeut dans tous
es membres. Voulant déclarer de vive voix
Emmanuel son successeur 9 il Tenvoya chercber
ù trois r(*])i'ises; nuiis le duc, craignant tout de
lui et Toulant se tenir dans le voisinage de Lis-
bonne i^ tout événement , se bâta peu d^iller
trouver \c monarque à Alvor. Un instant il le
crut nu)rt; mais ce n'était qu'un évanouisse'
ment. Le peuple se livra l^ la joie de ce que
la santé de son roi stmiblait devenir meilleure,
c:t Jean, sensible h son atleotion , Tonlift quW
laissât ouv(*rtes les ])orlcs du palais. Mais cet état
i\v dura ])as ; ré>cquc de Tanges et Jacques
Alnieida s'approclièrent du roi eu pleurant, et
lui déclarèrent que sa mort était pi*ocliaine«
Jean loua leur lidélilé > les remercia ', et ne s*
1
JEAN n. 457. :
cmpa plus que de mourir .en chrétien. Par na
codicile il reconnut, de nouyeau. Emmanuel
poHr son successeur , et lui recommanda sqa
fils Georges : il lui envoya cet ëcritf Parmi
les actes de religion qu'il fit , les histoiâens eu
rapportent im qui peint bien les idées de son
siècle : il ayoua par écrit; et pour expier ses
péchés , qull avait un talent particulier pour
se concilier laflection des femmes. On le trai^
taLÎt d'altesse ( car les rois ne portaient point
encore le titre de majesté^ : il réclama contre
ces expressions , inventées , disait- il , par. la '
vanité et Forgueil dés hommes : « Je ne sttij»^
« dit-il , en ce moment quW mortel , et rifla de
« plus. » Quand il eut communié de nouTeml
et reçu Textréme-onction ^ il dit à haute roix t
m Mon Dieu , qui efiacez les péchés du monde.,
« ayez pitié de moi ! » Un instant après il e^«*
5 ira, le 25 octobre 1495, âg^ de quarante ans et
emi.
On ne peut dissimuler ici le soupçon d'efm-*
poisonnement , et Ton doit remarmier que de-
puis le temps où Jean but de leau de cette
fontaine dont on a parlé il eut toujours une
santé languissante. Quoi qu'il en soit , il avait été
craint pendant sa vie; il fut très-regretté après
sa mort. Son corps fut d'abord tnmspofté à
Sylvis , et dans la suite à une abbaye câèbre ,
connue sous le nom de la Bataille» Don Georges ^
son fils naturel , qui n'avait alors que quatorze
ans , se rendit auprès du nouveau roi , qui lui fit
dans la suite épouser une des premières dames
de la cour.
Quelques traits achèveront de faire connaître
le caractère de Jean II.
Quoiqu^il s'appliquât de faire rendre la justice
avec exactitude et même avec sévérité , il lui
arriva quelquefois d'user d'une extrémiQ indul*-
4^.H ,n:AN 11.
i;iiior. 1*110 frnniic viiif iiii jour lui «loinamW
la L;'àor (!r son nniri , condainnc à mort: il lui
ir))oiHiil (|iiVllr lui (Iniiandiiil mu» diosr dr-
laisdiiiiiiMr , (|no nt hoiinnc i*(ail rrîmiiirl . rt
(|iril lie ]>n*(i(ri:ii( du pardon (|nr ]>oiir roni-
mctlic dr nouveaux niiuos; ri rcMXMuIant il
ajouta : « N <»us «'l(s alllit;c'r ; all(v. , |<' ]ui pui-
(loiiuc. »
lVr<lininid dr Sylvcii a , PaYant în(li<;iinnrnf
Irailc liaiis des Irlin'S , ])assa ru Cas(i(!e pour
r\il(M' son irssrniiincnf. ].ois(|Uf» Jran annril
la nouxllf i\(' sa Tuile il dil : « S\l>rini sna
* «sliuir parlohf: il a d\vNr(-{lruf<*s (|uali{(>s. 9
On a drjà \u «ju'il ainiaif le i'ourai;r. Juiui dr
Sohia ayaul fu<* un laurcan d'un simiI roup • l«
roi Tm louail « n ]U'rsrncr du conifr de Riirha : te
d«iiu( r alirihua <*<'ltr aoïion à uu Ih'Uitux lia-
said. « (lola ])(miI «'lie, dil Jean , mais ces hasards
1= n'a rri> fut <ju à Sou/a. « l.ui-Tiirmo uu jour
iîl'.nmla un lame au lui icu\, tandis c|m» cfiaïuii
i, N :iit é|)!iU\aii(('.
Ni'sjjuic/ Jl<nii(|U(7. de I\Irîo, f^ouvonirur ilr
<.<)^t^n id(<o , niourui laissant ilvs viii'mis cii.i
M i>ai< ni 1 l'.lal a>r«* (iisliuclion. Qurl(|u\ni dr-
nianja \v t;ouv< riscuicnl an loi : « Tout vv nuiî
« jr I», u\ laiic pour vous , rcpondit-il , cVsl
« (i«' rarhci- (juc aous ni'ayr/. ose druuuulcr uu
u \,'n\i (|i:i appai licnl aux <Md'ans dr Mclo. »
Il oisail souvent ou il aimait miruic rousmcr
\a \i(' d un de ses sujets (jue de f'air«» luhir mille
iinu mis. Il sVlait e<nnpos(< unv devise» oîi Tou
>o\ail un p.eliean, (|ui se iiw pour ses prlits^avrc
ers mois : »< J\)ur la loi et pour le troiipoaii. »
(•lave et s('i ieux en publie, il aiuuiil. (Mi jku'-
ti(iiliei' les mots plaisans , e^ en disait. (|uelf|urrois
lui-même d'assez. a^real)l(\s. Vas(pu'2 Cotîidio
av.^il le ^lelaut de parler tiop liant ou trop l>as:
« Comte, lui dil uu jour Jcau II, <|uaua vous
« anjour^uû sur le cotjûs ? » .
Tous ÉHlShiiices de l^urôpe avaient pour lui
JEAN IL 4S9
•e parles bas pei^sonne ne yons entend j| quand
«c Yoms parlez haut on n^éntend personne. » Un
de ses courtisans vendait ses terres pour briller
dans ses habillemisns ; un jour/ qu'il s'apprctcbait
du roi revêtu d'un très-beau pourpoint , Jban lui
cl\t en riant : « Combien de fermes aves^oiis
une gran^restime. La reine d'Espagne avant en-
tendu mal parler de ce pnnce> dit aussitôt : « ^
«c voujdrai^ que mon fils lui resseniblAt. » Quand
elle apprit qu'il avait cessé de vivre elle . s^é*
cria emphatiquement : « L'homme est mort l »
Charles VIII disait qu'avec l'alliance et raraitië
de Jean II il au^it pu hunnlier toute jL]!Elirope»
Le roi d'Angleterre Henri VII demanda' on
jour à un Anglais qui revenait de Portngal ce
qu'il y avait vu de plus rare* -« C'est, répondit
a celui-ci , un roi qui commande h tous et- à
» qui personne ne commande* »
Ce qui a été dit 4e Jean H 9 et les princi*^
pales actions de sa vie , ne proiwent pas qu'il ait
en tdlitos les circonstances mérité le beafl nom
de Parfait qu'on lui a donnée mais il^nt du
moins un des souverains qui possédèrent le plus
de ces qualités qui honorent également le mo«*
i^arque et le simple particulier.
47U LOUIS XII.
V%/%*«^%^«««^ ^^»^^^%^%^%0/%%.%>%»V%.^%^<%%<»»l^^r»^.V»^^%»»
LOUIS XII,
ROI DE FRANCE,
SUHNOMMÉ LE JUSTE ET LK PÈRE DU PEUPLE.
mm
J jOi;i8 XII nixpiif. h BIoîa, on X462 ; (\U unique
«le < jliiirifs , duc (l'< )f Irnjis , ri. tU* Mnrif* de* CIrvrM,
il (i('.s4'<>iuliii^ \mv I^oiiÎH ri'OrIcaiis» 8on*airiil , de
(Charles V, roi de Franco.
J^oiiis sortail h peine du horcciiu InrAqi^il perdit
son pcrc; In dnchcsso Ha nicro , priiicosKO d'uno
haute vci'hu apnorla tous 8fK HoînK ù ce qu^'l roçût
une (iducalion di^no d'un prince. Son eitrciiio vi«
vacilé l'cnipcclia d'approlondir anrniie 8cirnce ,
mais mUrs cHIcm a lonlcH avec succès. Lu foiif^iie
des passions , (pralinicntaient encoif! doB tïociétes
JiiM'iicicuses, entiaîna sa jenn<\s8e dans do {^lendg
é^areinrns. On j apporte qu(* ses vices fnrout on
|)^-ti<* Touvra^e de Louis \1 , (jui , jaloux dos hril-
iantes (|ualit(*s dv eo princ(* , et voyant on lui un
jival redoutable pour (lliarlcs, son (ils, avait m*—
4'rèten)enl emploie lous Ifs nioveuH de corruni—
yit* .ses principes; mais le du(* d'Orlifans, an mi—
li( u niêincr i\vn excès honteux au\(|nols il se livra ,
Il imposa jamais siicncc; à la voix du roinords, et
i'rlte \oi\ sacrée le ramena J)ieniot h la vertu.
il ayait à ^in(> seize an.s lorsqu'il épousa
Jcamie d(* Fia^W*, fille de Louis XJ. dette piiu—
i:c.sM', diblin^m'e par ï>a vertu , dtnilconticiuitc et
ne possédait aucun charme daiÉvt. l'esprit» Le dnc
d'Orléans ayait pour elle une rëpugnanoe inyîn-^
cible ', oblisé de contracter cet hymen sous peine
de perdre la liberté et peut-êti^e môme la vie , il
protesta eu seci^etde la violence qui lui était laite*
La mort de Louis XI appela siu^ le trône Char-
les Vin, son fils, prince faible de corps et d'es-
prit^ le feu roi avait laissé par son testament le
-gouvernement de l'Etat à sa fille aîaëe , Anne de
France , femme du duc de Bourbon de Beaujea»
Cette espèce de tutelle appartenait de droit an
duc d'Oiiëans , en sa qualité de premier prince du
sang ; mais les états généraux , assembles à Tours
pour counaitre de la discussion élevée à cet .égard
entre ce prince et la dame^de Beaujeu, maintin- '
rent le testament de Louis XI- Alors s'alluma la
çierfe civile. François II, duc de Bretagne , sou-
tint le parti du duc d^Qrléans. Ge dernier, battu
et fait prisonnier par Louis de la Trémouille)
dans le com)>at livré près de Saint-Aubin, en
Bretagne, le 28 Juillet 1488, fut d'aborâ enfer-
mé à Lusîgnaii , puis conduit à la tour de Bour-
ges, où il demeura jusqu'en 1491. Charles VIII
{u-it à cette époque les rênes du gouvernement, e|-
e premier acte émané de sa puissance fut de
rendre la liberté au duc d'Orléans 5 les prières et
les larmes de la princesse Jeanne eiu'ent beau—
eoup d(^ part à cette détermination de Char-
les VllI en faveur de son beau-frère. •
Réconcilié avec son roi , le duc d'Orléans lui
sacrifia son amour pour Anne de Bretagne , à la-
quelle il avait su plaire; cette princesse, une des
plus belles pei*sonnes de son temps, devint l'é-
pouse de Charles VIII. Aimé du roi et de la
reine , Louis obtint bientôt le plus grand crédit à
la cour. Le jeune monarque l'emmena avec lui
en Italie , où il se rendait pour faire la conquête
de Naples. Louis, devemji le conseil et l'appui de
rictaiin
ilUiM>)l
■ mùa- 1
47a LOUIS xn.
M>n ifii , loi fut d'un s,nni Moonn dsns ecUci
|i^ilion • <>& il »v couvrît tic i^oirv [kut la vicfai
UBvnlp (ju'il i-niiporla sur t« flollir HBjKilîUHMt )
À son i-etour (l'Ibili<! le d«c d'Orleaus *t iuh»-
tiut enctire béâ^< tùii^Ifiu|M tLui> li
roi ; mù* l'uiûiui dv cpï pi-înoi'* ii'^it tuc qv aire
Wii vioJt-nl di pil pnr les liTaus de bi inaÎKtn dX)r<
léon»; iU pnniiitrcjit i. rtnopjii- de »ou)>;v<u I*
copur d« C&arles. 11 était brife & Luuû ilv «c ']w-
UTter : le l'oi recuiuiut son îniiwcrncr!, suiw ptwr—
tant lui rendtr sou nnulic. ABligv d'nuc disfti^t-
qii il ne miTÎbiit point > Loui* &« retira à Qui* ,
ville de son apuuaui^
Le 7 uvi'il T49H Charin* uinurnt prrsqw enlM->
leiueut «l'un coup qu'il »r donna à la lAle en «
brurtiiut cuutiT uncporle- Le doc d'Orlêind br—
ritier pr^mptîf de Charles . venta dn linnea
sinrères 6ur le eruel év^neiuvut qui (.-ondvÎMÙt «a
piiiiu! uu t«inbt«uit ik la fleur de su» if,e; apri^
tes preltaitir^ monipos consacra it la d(Hilear>>.
Louis se rendit h Ainhoîso pourcuiisulcr la tviiir« ,
et pour ordmuier les abHÈ([ues du fvu roî, qu'il
pava de suu propiv tr&or.
Sacié !t Keiius k 27 nini 14^ , Lmus recul, t
In cftnronne îk Saiut-Deuis le pjttniler jttilwt
suivant, et lit le leudeuiaîii son entr^ tolvRiielle
A Paris ; il otait alors datu la Iientt'-ncptt^aie an-
née de son &^i:
Il acquitta de sa cassette les dépenses ée toulca
ces augustes c^réuiomes} ou ue leva aucun ïtu|iJfÇ_
sur les peuples pour subvaiir nus frais de m^J
ffttee. ni pour le |oyeusavtnvmcnt il lacouronu^l
ainsi qu'il <!tait d'usage, ce qui donna une idée b«o^
rabledeson gouvernemeut, et lit iMuucoup ditua>
neur à Georges d'Auiboiic, qu'il uvuit namiraî sm
premier miuistii;, tt pur les coniciU duquel il te
uouduisuit.
:y
meus de s< r * Qoelque^^as <le ses CaTOiii
iroulau&t exekter son reâsentiméot ccur^rc. les per-^
tonnes dont il avait eu à se plàipidt*e 5 et ènparli^^
«idier contre' Louis de ia TrëmouîUe^ qui rarrait
Ait prisonnier à Saiut-Âid)ki, il r^ondii : « L»
« roi de Franee n'esf point charge db venger le»
m ûijures faites au duc d'Orléans. » ' «
Les duchës de Bourbonnais, d'A«iT<#gBe 9 et 1**
comté de Chaumont , possédés alors mr la BÉal-?
woa de Beaujeu , devaient revenir à ta oourodiit
"h dé^ut d'héritiers mâles; le roi 9 renonçant auk
•traités passés antérieurement 9 consentit a ce ffai$'
la dame de Beaujeu, qui»nWait qu'une filie, lu
mariât à Bourbon de Montpeosier , et qn'elk Ja
■dotât de ces domaines/ /
Louis XII tenait une li^e de ^tiit cpi l'aFaSent '
offensé, dans la seule vue de leur pardonnier : « Jé^
•c sus-Cbrîst, disait-il, est aussi bien mort pour
ft eux que pour moi. * . .
Son v€eu le plus cher était de voir régner dani^
rétat l'abondance,' {la paix, et le bonheur;* Da
«c bon pasteur , disait-il , ne sitH'ait trop engrais^
« ser son troupeau. » Il diminua les tailles, ré^
forma Les abus qui s'étaient slissés dans l'admi-
nistration de la justice , établit un parlement à
Rouen et à Aix, fit une réforme dans les mon-
naies , dont il fixa le prix et le poids , d^kAièi«
à ce que personne ne perdit plus sur leiHHieur«
Sa sollicitude s'éteridant sur tout, il rSBut une
ordoniance pour réprimer les excès oîi se por-
tait quelquefois l'Université'. Ce corps osa ar-
mer la chaire contre le trône; des prédicateurs
«xcitèrent des fidèles à la désobéissance. « Ils m'ont
•c insulté dans leurs prédications , dit le roi en se
ce frappant la poitrinede sa main , mais je saurai
« bien les envoyé r prêcher ailleurs. »
Tome IL 40
s» Irvweté éUmSt li ni'ili Uni m iiiiiiii:
Celle va-tr 1499 lui •-tïmrr rrnwrqnaUp jtr
1» cbnlt il» ]>»til Ni ul, it|ifiTl« £»n^ la Mie Ir
■mal ^ut■l.— DUiiK-. CH •ixiil'.til ruvinil m) fui
l'tKTanaH de ilomia-r « Whi |v-ti[ilf unr firr«n«ilr
■■ pri'ênuiK^'. U pus Or ucam-ll)- U- l^Ulilw>r-
III411I ilr (T puitl, ^ui . ilitli(Htl(.'»ii*tmîi svIhks
Alt iri.ilî an |M*[Ti-b
Li'Utu t'iii-ciipa Iiiiitlùl «If r^UlJîr la iinri|ilÎBr
inUil«iiv,i'n|)ar(H' dctiuitr swusli' dmiirr t(t;n-i
il rrpriiiia l<-* t Mlriu-n cl U- pillat;r' drs f/nm de
^ut'i f € > mil 1rs «ilovt'iu ù I aini iV louie b«MU»i
et l'uiiuu U ];<-iKUn>icrie.
An luilii-ii dit «^ sont» il n'oublia pa» «m Jr—
Tiiirs riivcrs le* cwirs Ht-nM(ièi»-j.. ri Iriu- n>*»n
dis uiMl>^t»ai)i*ui* ytAiY W lUlunitTr ilr hw ««*>■
itpuicnl  la ruuiount'.
AiiDc! tlu Iti-i Ui;iw , TniVf dp Ouu-ln VIIK
n'avuil |ift»(-r»-<<^ (Iniiiirr L>iui*, iiui Oe «mi t-vic
liii«ï«ilcoi»civcsn l.i><It«^*-r: l'aïuour, 1*U.W.«
el la pulilique (oiiiiiijin<l.ii' ni t-pil^iuriU I1i>nim
4)11 r<ii »*vc i^UaAiinctNH'. duut U reiiniuiidr»
^lals ik laFraiii.'Vjcidil li tv-ilt^if aJtU:. L4Mii« tpi^t
If paye Alpsaiidie A J ■ ri »l>liul dr tut i]ii1l |i«ii-
uuu^ùlioii dîiioive a*rc Ji-jivim'. CWtf |iiiiKx«F
•iiuliiil u»1)Imi»'u( Miu liuiiitlialion, rt ir imaiBcn
h l^JMU '<' ''<^> l'd tttxiiiilniuia la ifutÏMancp do
ri , nini^i 'jtiv «llr ilc pliialiAin
'S. «t lu U UM B«rc lotu In q0nl>
(lii!) )i non i-aiig et il suu ninriu-* Liboc ^k^ itxM
qu'il avuit rontiaclëa nvrv iBBldi* ri*^ii|tiMiuw , U
«|:ousn Aune (Iv BiY-Isunr . Iv t8 jiKi«ii« i^l-
Ix' pope, !t l'occasion ai- m iiiMi'iagp. mi'uitU u
clia) eiiu de cantînal ti Gcuntr^d'Aïufioike.
Luiscjuc )(■ uii eut cuiimm:! «) un iiinU nui féM'
et au lionbeur de e»a byioru, il «on^ca it (aire U
iiiti^HEiiit
à
Lowsxn. éffi
"^miquéte du duché de Milan , auquel 3 a^it des
droits incontestables 9 et contracta^tine uUianra
ayec les rois d'Angleterre et d Espagne» et ayec
Fardiiduc Philippe, souycrain des Jrajs Bas) il
dispensa ce dernier de Tenir à la cour de Fraxice
lui faire hommage poiir les comtés d'Artois , de
Flandre et de GUarolais^ il se contenta d'eiiivoyer
son chancelier à Arras receyoir. cet hôinmage. -
L'alliance conclue par le roi ayéo Temperenr
dier sur le Milanais.
Ludoyic, duc de Milan, dont tous les efforts
n'ayaient attiré dans son parti qu^e roi' de Na'<* ,.
pies, ef&ayé de Torage qui auait fondre sur sa
tête , fit proposer à Louis de lui abandoimer le
duché de Gcnes et de lui donner en oùtkre quel**
qnes dédommagemens pour le reste des états qu'il
réclamait ; le roi répondit : «c Je yeux tout ou ,
« rien* »
LWmée du roi traversa les Alpes sur la fin du
mois de. juillet de Tan i49Q!^et s'empara en vingt
it)ur$ des états de Milan enSe Géiics, tandis que
les Vénitiens occupèrent le Crémonais.
Informé de ces lieureuses nouyelles , il se rendit
h Milan ; il y fit son enti^ie solennelle dans le cos-
tume de duc de Milan, le 6 octobre 1409*
Sa justice, sa bonté et sa géaérosité lui gaanèr
rent le cœur de ses nouveaux sujets; la noblesse
reçut de lui de grands présens et la liberté du dioit
de chasse. Il rc ndit à réglise ses privilèges et ses
immunités , combla de biens et d'honneur^ les
personnes célèbres dans les sciences et dans la ju-
risprudence , et défendit qu'on attaquât dans leurs
personnes ou dans leurs biens ceux qui avaient
en part à. l'ancien gouyernement.
Sou projet étant de recouvrer le royaume de
\
^ IjOUIS XII.
Miinlt-s. iluonrliitati tinil» nvic 1rs Plomitînir
qui «'('iiL|^^èt'(iit b livrer h tes Iroup*^ uu iiaiiage
|Mr tn 1 <>w-auc.
Luritiiw Im inl^r^ts ilr ai"» noiiTrnnx ^taU fn-
irnt ti-^^», il rrvini tu F'rHiicc. La ivintt vi-iiait
dr nirttrf au niofidc une prioccsK: qu'on Hrnil
Bomin^^ ClaUfiv,
Ln iidglîttcncr , l'orfiiril tit In crunulll rfc Tii-
Tulcc, iiucIrroiRVuit i-i^rgoiivpi'iicut- (lcMiUii<
raiii-rnl liieiitAt «ux Frum^aiii le iruit Af l(-tii«
iiictiiiii'Ct. Liidovie, m pilule par trnn priiplr. Cul
r(\il <liui« Milnn avin; la tu^irir joio qu'on a* ni t
Umoigii^r pcn de temps nvrnit ^ Louia, mki vaiu-
queur. l'i-iidaiit ce rrtour pa^sugir H<: la iwi.-
•Hiiti-di) Ludwic) la tétr dn i^imptc Pnwçfns fat
niw k pris; ou la pnjiiit un ducnt.
Le roi ilc Frnncc rnMPmbln de utiuv(*fli-s (nrces,
ï) lu t£le' doatjiiellpa li- wigncur de la Tiihiwnilli!
rentra fu ti'iumpho dun» Ir Milanais. Ludovic,
relit'^ ik Nitianv, oti il avait c(inli<< sa ^vA« aut
Suinws, en Itit tnihi, et ne put nlib-nir A'rvx
* «ju'arfv benuenup de, peine dV n MtHîr lAlulM A là
ceux imi l'oviiicnt vindn le (iicut rrcuunaitn*; ï'
fut priï f t cùtutuit !i l'icrrf -Anitsc , <■! de !!> mcnrf
daiM In mAiiM- Iciar dr lluin^cx où Louiâ XII ayiil
^t<i en pn«oii! IjBiifer*! ciiMiitc h Loebm, il j Dit
tifiilfi et «Tvi nyec diAtiucliou jus<{u'lt sa onOrlr
«pi aniva dix ans anr^a.
Mmtr<-(luMilaiiaiKctd<?6^ni?)i, Irrotdpl'VMin
s'unit livre Pcrdiiiand pour con<[U(5rir Nanin ; oo^
cfiiinint qire lo roi d'Arragiio i'riu)(ain-ait df W
T.juilli! et de la Calul.r.' , v\ nur Ip irrte ârM
I ojnumi? dt'vii'iidrnit le parlagr de la FV«noe. "' '
pii)ie AleuMidiv VI approuva le plan d»-* ik:
ttniiifii-qiicji Hllit'^, i-l leur donna 1 inTrSlilitir
ru^/auiuede Haple*. Fci-diaand rnvovatluun:!
\ - ville le câèbre GousalTe dé Cordwe^ wn»3e pré*
texte de secourir le roi son parent* Tandis qipe
Frëdëric , trompe par cette perfidie , ouvrait &e»
ports à tjronsalv^ , les troii^s de Lopiis XII assié-'
Seaient Frédéric par mer et par terre. Hô^s d'état
e résister à taot de forces réunies » dénué de
toutes ressources, redoutant surtout de tomber
eptre les mains de Tindigne parent qui Tayait A
cruellement trahi , il traita arec les Français «et
demanda à Louis XII un passeport pour se rendre
Srès de lui. Le roi le lui accorda, le reçut ayee-
istinction à sa cour, et lui assura une pensioii *
de trente mille écus , (jui lui fut exactement payée»
m Ane après que les Français eurent été chassÀ
de Naples. .
Cette guerre heureusement terminée >^ l'anpé»
nayale du roi, qui était dans le port de Crénes,
s'unit à celle des Vénit^s pour nHurcheè* contre
les Turcs. Ferdinand, qui n'espérait .aucun ayan*-
tage de cette expédition , refusa de tenir là pro^
messe qu'il avait fiiite de joindre sa flotte à celle
des confédérés. La rupture qui eut lieu entre les
Vénitiens et les Français tourna au profit des
infidèks ; une horrible tempête brisa une partie
de la flotte française; l'autre partie, jetée dans une
île qui appartenait aux Vénitiens, Rit traitée avec
la plus affreuse barbarie.
Louis XII obtint du pape l'investiture du duché
de Milan , sous la condition qu'il iinii^ait Isi prin-
cesse Claude de France avec Charles de L/axem—
bouj'g , petit-iils de l'empereur Maximilien ; ce
mariage fut arrêté solennellement par l'empereur
et le ici , le 10 août i5oi.
Ferdinand ne fut pas plus fidèle à Louis XII
Îu'il ne l'avait été à Frédéric ; les réclamations
u premier ayant été vaines , la guerre s'alluma
entre les Fi ançais et les Espagnols. Les armes de
' Louis remportèrent d'abord de grands avantages ,
et am aient chasse de l'Italie les Espagnoi», sans la
jit'ilîdie «lp8 V^ilïcti», <]ui It^ui- fiivnt paMM- dr»
niutiilimiti île toute t*t^iVrr : i<' loi iliaiiiiuiilit par
{■nidruc^ «■» (Hojtrtect son ivsscnIJiiH'iit.
IVfidutit i^ viiiilf^ qui' Louis Ut k ct-tti^ t^qnt.
ît son fltit-hr' (Ip Miluii . il léfaltUl t'oi-Hi-p et U
puis. Dis disputes (II- (irnfs vimvntaloi a le supulitr
ilan'wi-tLcr 18 i.ifiïiiir»' i. If'ur vilkr il • ^du à fcim
suUii-ibtlioiis, cl in-ul de «r» uguvcuux «lirtstii
]>rruT(?x le» |>lu» tuucltuiitcs (le v^iiératiun «t d'a-
mour.
I^ Ifuprre continuait !i Nnplcs. Afri» aroïr 4ii
touih t(mt->i YHtDqw.-ui's t't vaiiu-ns. letiroûd^^
Îiit(iu' r-t dr Fruiiic <:bui-gèrt!Ut lnrctii(^ Uti-
P]w- tiétrc m(<di&(rur mire nix ; un tniiw&e
yiiix sncoiiclutâ L^vou U 5 avril i5o3t AfaiiFcT^
îliiiniitl u avait pa»*!!- pfj^t àe I^ respwirr ; le
gcuéialUoiitiulvf tlrCoHluur Bviiit l'orcln-flatbt-
ipitr df iiouvnu les F/ain^-iii». Api-ès pldsivun
liulitillrs , où In fortune Pantt «ouvrut tialnut-ir
ptiln Ifs Âoux }>arti9 , cllfl se rl^ilai-a cuTiiTi'ur
dis K»))a^iii>lii, cl IVujilcM, en iBuA, fut perdue
Un» ri-loiir pntir lu t'inncc.
I.c (-liiiiti'iii '("'' le roi éprouva do f» rM*T» , ri
surtout d avoii' clé dupe dp In IburWrii! d^s EipH> 1
pibls , lui causa une vioU'Uto maUdic. S»ii «lini;>cr '}
j( tu U Kiaiice eiiltânt dnii» k-
mis; les t^^lisa-Ksi' rcmpliitttHirMt ji
niiillilt-di' ti rvcntrqui dmiaiidai
«d ï( r UFi prince h (jiiî 1<^ linnlieur cdUimuii ittiiit
otiaclié. Le roi «> vouu k la sainte li<t»tio Af Dijon,
b luqin Uc il avait uiu; dcvotion' «inguli^rc ; u
rlinc no cessait dinvn<{urr Dieu et do rdpaudiv
drs nuniôjK s , dans l'i spoir d'obloniv la ^uirwn
de son épous ; uicssire de lu Ti-^iuiiuilb vrniH le
piinec II Nulri.'-DrtHU' di^ LicKiR , ri proniil (lo
l'aire le yoya^ h pied. Tous les u î^neura tli' 1r
cour promenaient^ dit l'iiifttotieji Branlône,
« d'ofliir cliacuD ta chandcUn an saùit
•t voliuu iJluit. ■
les pliiH eritrUi s alar- J
ioutjonrrt nuit d une I
nndait Jt Dieu (li- uni- I
iinlieur cdUimtiu «tait
LOUIS xa 49f
On raconte qpe dans le détire^Je sa fiSrreS dc^
' manda à yoir madame Claude. » sa ifiUe 9 et Ui
donna un assez gros bâton en lui ditai;^ : «OTe^
« TOUS prie , ma fille , de conserver cette é^ée
a comme un gage de mon lunitië^ i».ea méioie
temps il défendit à tout le monde d'y toucher sooft
peine de mort. Mad«B||be de TournQa5 gouver^
Haute de la princc^ssey voulut aider son âè?e à
porter le Lâlon; le roi S:en aperçut, etdit : « Vous^
« .êtes morte , madaii^e. » La gouyemante rëpou^
dit : (c Sire , il est vrai y j^ mérite la mort pour
« avoir contrevenu à vos ordres» » Madame â»
Tournon disparut quelque temps de la chambre dir
rpi 9 la première f is qu elle se représenta devant
les yeux de ce prince, qui n'avait pas encore Is
tête bien saine , il psM^ut tout étonné et lui dit r
« Vous étiez morte ,.madam0ii -r- Cela est vrak^*
« sire , répondit-elle. J'ai été. en ymradis, „où
« Savais le bonheur de ^ouir de la présence de
. « Dieu , de ses saints et de la sainte V ierge , cpiî
flt a obteim de son fils ma^ résurrection ^ pour
m m'envoyer à votre Majesté lui ordonner de sa
« part de prendre de la nourriture. » Ce strata-
gème fit une heureuse impression sur l'esprit du
roi , qui n'avait plus qu une grande faiblesse ; il
but , mangea , et se rétablit parfaitement.
Le roi d Espagne envoya des ambassadeurs à
Blois pour traiter de la paix avec la France»
Louis XII, qui reconnu^ue Ferdinand usait de
ses artifices ordinaires , lescongédia , et leur-dit r
M, Leurs Majestés catholiques sont des infidèh^s et
jk des parjures; elles sont indignes d'avoir part
* #1 dans la société civile. >»
Louis Xll 5 ne pouvant plus compter sur aucune
alliance avec le roi d Espagne , conclut à Blois,
le 2.2 se])têiubre i5o4, lui traité avec lVnîi>ereur
et Tarcliiduc son fils. Par ce traité Louis donnait
sa fille unique au petit - fils de l'emperetur et du
•
\
^Cçi
L
Lons xrt.
'Amfian , tt *'ii\Aipc*H , al\ ne lui inrmii
Ânsdi'ulamtt^lti, h euui[>oM-r la dol dt- luadai
Cl lUilr di^ U Btt li4(tH- . <(t^ la Kourgogiir , rt
lui I Akr tous »r» (Uoits »iu- Milnii pt sui O^iw^
Li's élftï ç^)téi«iiK «tescmliléii h Tutirb rét lair<~-
rral t optre w Onim, bÎ niiisilile a la Fi-anc*- ; )r ni
(-«Im il Irvm rrpr^sfnlBtions ; nia<lttii)c Clauâi-rul
tAée il IWiilirr <lr In maisou d^iilriclfr rt dt
l'E^ipagn» , rt duiiuéc iiFiAii^-oîsdiAiiLluîSilri!rilîtT
pivsoiuftif ili- la coui-oiUM- dp Fram-p.
L.I- txti i-nvoya «•» i fiuâ le canlÎMl d'AinbmtP k
Uajr|)ru4ui,|itiiirprélrreiisounom t'oiMbomina^
il l'cnip^iYur I de qo! il reçut l'invfstîturc du dti'
cli«^ d(r Milan ynut lui et ses d''scrndait»,
Lai~diido(!, drTriiu roi de Caslîltc, se pr
rail il 6t vi-ns*''' dfl la mpfcnre du niariapp df
lîU nx-c madame Claude • quand la mort vin
rt-lir »f8 fti^iiis. Ce priiice par sou (.rstai
Inisa au rot de Fnuire la tutpllt- ie CIhu~1
eoQ fiU, coiuiu drpuis 8ou« te nom dr Clinrli
QHÏnt. La plu> c^raode partie du <-on$rîl du
('■:nil d'afiB-tjucva maje«t^ la rvfnsAt, parccqn'
lui fi'rail perdre l'occaMoii il'ntta({iicr lu a
d'AutrirlM' dans un inonienl m ntvorablr
1 nlTaiJilir. Louis XII nécuuln ijue m gen^i-nsitr;'
il se eliai'gea du jeune pI■irn^^ et Uti donna m
xinrnr qui, suÏTaat lu justr v^llc^toti d
uv^ historiens, ne le iviidil que trop hnliilr
le liien de la France. ^
Le pape Jules , «outPnu par les tronpe* du
recan*ra les Tilles de Pérousc et de Buuiogn
avaient été enlevées an saint-siège; il ac n>i
rrcoiinaissant , donna de gramles somnWB k
utée qui l'avait Beeouru , et céda an roi |i
induit La noniinution aux bén^lices du
MiUo.
Le B«ec^8 du pape ^T<nlla son ambition ', îl
jcia M cbettser tons le» princes <Slrmig«r«
LOUIS XII. 4»t
et à'y E^^ier seul. Géiien , gagnée par g»
ecrètes,8e révolta et prit les umiescotiU»
\c bon prince essaya en vniii toutes les
la douceur pour la ramrurr ù la soumît^
citée pat- le pape et par l'eniperrur , (mi
lettait (L's secours, elle persista daiiH ss
1. Le roi marcha en personne contre elle,
ja de se rendre à aa tliscrélion ; U y entra
ne à la riiiiiu, et, après avoir confia W
s portes il ses officiers , H se rendit h son
ur la place duquel un ti-fine tut élcv^ ; il
, environné des pi Incra du sang et duo.
ombre de noides, et lit déclarer par un
maîtres des reiiuêtes que les Génois
atteints et convaincus du crinie de lèze—
, que leurs corps et leurs biens étnicut
es. Ensuite on brûla par sou ordre, et en
oce, tous les priviU'grs de. la ville,
abitaus, en pioie su plus afireus dése»-
ttcndaieut plus que le moinenl de voir
le pillée , et eus-m^iues livras au fer du
quand le roi dL'i:lara » Qu'il leur rendait
et les biens; que pour ce qui était de
inniiuuilés et libertés, il leur accordait
înics cbuses , mais n titre de privilège , et
a icscrvi; d'; les révoquer qnaod il' le j'u—
propos. " Il commua la peine capital»
aient encourue en une amende de cent
us d'or , et iiûtit une citadi Ur qu'il appela
lie Oenes; soixante personnes d<'s plus
ËS fui'cut seules exceptées de l'ammstia
1 fausse nouvelle de la défaite de l'année
i XII par les Génois, la ville d'Aléxan-
e'vtilU : le roi , pour la (.bâtier, ordonqa
lillu Suisses qui retournaient dans leur pa-
)asser par celle ville, cl d y séjourner à
n. Les hiibilans d'Alexandrie, qui avaient
e U. 41
•I<- ItiiHli- , (I All(-iii<<[;ll<- et (I Iv-tm^it'-
loini.. Ui irt>itl>ll'|ii<' .1.' Vi iiiM- Cm) In
lui i-s|ii'iii)i'r hii joi'! |iiir hi>k iiiiiUiiHMiil
)H' m: (niiiiiKt |mit ii ri-H ii|)[Hiri-iirc-it d'il
il fi-iffiil Ay CKiirr,
1.1» l'Iorciiliriii iiivnjM-nl niiiMi <!(■
(l4'iirHliM:itiii|>liiii('iiliTi-lliii«l(iiiifiii{li-r
(1(1 Iruiipr* |M>ur Iih iiiilrr it Hiniinrlti-f
l'JNc ; il ii'iir i<l|i<>ii<liL II (^if< n'iivuii
« rmi«i.ir<'JjK.Ml'Nl'iMi(.«,illMi|iniiii
K tic pirlrr Hit li'<>ii|M'N jiniii' l'iir l'uir
„ A<thiir|>liJK(i>j(>iih.-t-il)l.-MM.>iviil
« llililll]l>(! ilr lunule (liiiiHIllotKlxptidi
H iii-rt , [lotir liii|iii'lli' ilN m'iivniinl \>n
u rdin'H l't) lriiii|)i'N, l'ii lurent M cuti
M m: m'oriL ]ioiiil ilmitiil'i, ilniu; miiiI i
K picK (11- iri!) 1)1 Dh'uliiiii , cl i<! DU nuis
« il l>'Mi; V-il-"
1^! rot iiviiit iiripiiii !i relit' «^|UM|(i(t i
l'i!])iiU>[i«ri cil iLilic, iiii'il lui lYil ifd! i'>i
lu .:<ii|(|iirl(T il<; I<>(il1«!i-<>,v>iiiili<-(li; H
LOUIS XII. 4R3
nillcs envers rempereur, qui avait fait arrêter son.
ambassadeur, et peu âpre» il résolut de se Tcnger
•k-s Vénitiens, qui, snos sa parti cipa lion , nvaient
conclu avec Miaimiiien une trèvf de trois aus.
Tous les potentats cnneiuis les uns dee autres
euspcudirt-ut leurs qm'rellee, et envoyèifut cha-
cun , en i5o8, un plénipotentiaire à Cambrai,
^ur former une ligue contre les Vénitiens^
■ Louis XII , oubliant ses véritables înte'réla pour
n'écouter que son ressentiment, entra dans cette
cwalitiou. Les Vénitiens se défendirent d'abord
avec succès contre le roi , lui reprirent la ville de
Trévi , qu'ils pillèrent et réduisirent en cendres,
te roi passe proniptement L'Adile , se campe à une
deiiii-licue de l'armée de4a république, attaque
Kivolta, et l'eulère d'assaut. Un officier lui repré-
ceatantaiors qu'il fallait prendre beaucoup de pré>
«itutions, parce qu'il avait à combattre des ennc-
i|iis très-sages , il re'poudit : ■ Je leur donnerai
'm tant de fous à gouverner, (ju'avec toute leitf
m- B8gGS«c ils n'en sauront venir 4 bout. » L'Al-
vianue , l'un des généraux de la république , s'é-
twit empare d'un poste où il pouvait se défrndre
avec avantage contre le premier feu des Fran-
cis ; de'jà il commençait à les mettre en déroute.
Le roi arrive, rallie les Suisses, relève leur cou-
rage, et rétablit le combat; il attaque une digue,
IVniporte ; l'action devient générale. Le roi s ex-
pose lui-même au plus grand feu du canon de l'en-
neini; uu de ses courtisans lui représente le danger
alFrcux qu'il court : « Rien , rien , dit-il ; je n en
■ ai point peur , et quiconque aura penr , qu'il se
m mette derrière moi ; il n'aura point de mal. n
On se battait des deux côtés avec fn courage
Si tenait de la fureur ; mais la terrible résistance
l'cimcmi ne put que balancer la victoire; elle
resta aux armes du roi.
Xr'Alviauac, blessé dans le combat, fut contraint
41-
4R4 LOUIS \IT.
ilc sr rnidre piîsoiuiii:!'» Aussitôt qiif* Louis fut
<:crt«iin ilr son ^lorii^ux Huccùs* il dcscrifiiciit du
ch(*\al r( rciiclit (1rs nrlioiis de ^l'acfs à Djmi.
Qui'li)iif' l(*iiii)s apiTS il iil Imtir ru cri nidroil ittw
cha|M'llr eu I lioiiiMMir dv. la VicT^e, Htnis le* riouj
di: baiiilc-Marii-dr-lu-Vicluiix*. Cr pieux iiioiiii-
inciil existe eiirore.
]^> roi Tindita de riieurrusn issue dc! la I>a(aillf*
d'A^nadei pour m: rendre* niuUn* rii ]h*u de 1011111
de tfHites les places dé]xiidauleK de koii diiefié de
Milan , (pie lui releiiaieiit 1(*B Vf^nitieiis. Fidèle au
ti'ait(* de (Maudirai , il iiéleiidit pus pliifi loin ms
ron(pi(^(es de* Tilulie, el reiusii uiùttui de reeevoir
la soumission des villes de lirre-leriue (jui vou*
Liient s(! rendre à lut, préieniut à lu gloire da-
^randir ses élals celle dt* tenir sa parohs
Louis \ Il eon^(*dia une part iede son année, pour»
vut à la sûn'té des plucesi du Milanais, et ittvnil en
France , oii son retour eonddu de joie ses {M*unl(*fi.
Le roi, cette ni(':in(! annexe 1. '909 9 demanda cri omiut
d(^ reiii|)< reur 1 investiture du duclië de JVIilan.
Le pape Jules , (pii devait la poHS(*ssiou de toutf*s
les villes de la Uoinaj^nc aux derni«*n*s victoires
rem port ('es par le j'oi sur \v.h Vénitiens , lornia
Miw alliance avi c ces derniers contre les Fian-
çais, et amena dans son parti TAn^letenv el la
^iuisse. Au milieu de ces d(ini(;lés mourut ù Lvoii,
vn i.Sio, le eaidijtal (TAndxnse; sa \uirUi ïui un
mallieiir pour ^^()M lol 1 1 pour sii ])ali-ie« C t évé-
n^'uif ni :i((ii!! (ueoie la liain(^ du |iape contii;
Louis, (pli j-eiiiNi (If Iiiidi/unt ri (Iparnie du enidi-
jnl. l^rs luires ef)iMl)inées dv Jules, drf. 'V<*uili( ni
ci d' s Suisses. !< nlfifiit imitilenient dn sVnipanr
(lii l''r 1 1:11 ais, (!fi iMiîiUiais et dt: la villf* de (^Hus.
'l'ctiii lois ces iii:iu\iiih sueeès tu*. dfituniinVeut
poiiit le pape d" roti injuste entreprise:; il donna
ri:!\r Jilure du rf;\:tiime de INaples à FVniinnnd,
iC'it- i- (i'c'iiUci cuaccoiimi^dcuicutuvcc Louis XUi
LOUIS XIÎ. 485
lâDçâ les fondres du Vadcaii contre ce monarque,
ainsi que contre tous les princes qui soutiendraient
fia cause , et lult son royaume en interdit. Louis
ne déploya Jamais tant de noblesse dame et de
modération que dans cette circonstance critique j
il usa de tous les moyens pour éviter de prendre
les armes contre le pape : celui-ci persistant dana
■es projets , le roi convoqua à. Tours une assem-
ï>Iée du cleraë qui décida que le monarque avait
lè droit de résister a l'autorité du pape qnantaa.
temporel , et appuya cette de'cision de grands se-
cours d'argent.
A cette époque l'empereur envoya un ambas-
sadeur extraordinaire renouveler son alliance
avec le roi, et ces dcui princes s'accordèrent à
convoquer un concile général. Jules , alarmé de
leur dessein , i'ulmina des censures contre tous
çenx qui obéiraient au décret du clergé de'Fi'aoce i
mais envaia il s'appuya de ses foudres spirituellea.
et du liWjiiyif^^iefYénitiens.l'anjfli^ qu'il séjournait
& Boi)16i:^eqI^|irit que ses trtwqies et celles de,
ses alliés nvaieut été contraintes d'évaluer leFer- '
rarais, et que plusieurs eardinaus du sacré col-
leté s'étaient retirés à Milan pour entrer dans le
projet du concile général. Ce nouveau «ver»
faillit être suivid'niiplusoruct,eti sans la lenteur
<lu général français, le pape était enlevé de Bou-
logne avec toute sa cour. Soiti de ce danger , il
n en devient que plus.entrepreoant, marche de
nouveau contre Ferrare , et , cootiaint d'en lever
le siège , U se jette sur cpielques petites plaees ,
les emporte , fait en personne le siège de la Mi—,
^gndole , écliappe au chevalier Bayai-d , qui s'était
niis en mesure de l'enlever , se remet en campa—,
gne , et triomphe de la Miraudole.
L'empereur et le. roi de France eavoyèrent
alors des ambassadeurs à Ferdinand pour s'in-.
former du parti qu'il prendrait; ce psiAce, usant
4^6 LOUIS XIÎ.
<lo srs mftofl ordinaires, les laissa dans rinccrlltuJc
ile SCS ]>i'()jots.
La yvrto. de la Mirandolc montra au roi le tort
qu'il avait ru de iiK^iia}];er le pape , ci îl ordonna
h ses ç^énéniwx de pousser vivement la guern^ Au
milieu des nouveaux sueeès desarmeVs françaises,
Louis , tronipd par la politique de Ferdinand et
5ar celle de l'empereur, accorda une suspension
'armes au pape, qui en profita pour faire soulever
la ville de Gènes. Alors le roi recommence la
|;uerre. Coneordia , Boulogne tombent sous sa
puissance; le ])ape, oblige de se retirer h Ravennes,
étiiit sur le point de perdre toute la lUmiapiCy
lorsjpie le roi , ])ar unegeni^rosili^ sans exemple ,
ordonna (pie tontes les villes conquises sur sa
saint(>té lui fussent rendues.
Jules se prdvalut de la générosité du roi, et,
Taincu, prétendit encore dicter les conditions de la
î
:cept
' <*ilc générale Le pape ne vit plus ïautre pfioycn
de sortir du péril ou il s'était précipité que d'op-
poser concile à concile ; en conséquence il publia
ime bulle adressée h tous les pnnces clii*étiens ,
>ar laquelle il conroquait nn concile général à
ilomc* , et lança des e^ieommunications contre les
cardinaux qui composaient celui de Pise. Bientôt
oprès, Jules, attaqué d*un0 maladie dangereuse,
i-évo(|ua ses excommunications ; mais il reprit sa
colère; avec sa santé. Le roi d'Espagne et le roi
d'Angletf'rre s'unirent au pape et aux. Vénitiens
contre Louis XII , et l'on appela Sainte Ligue
ccîtte confédération.
L(\s Suisses, qui avaient aidé le roi à conquérir
le Milanais, profilèrent de ces circonstances pour
lui (lemantirT une augmentation.Jc pension ;^ur
6on relus, ils se rassemblèrent au nombre de scl/^
LOUIS XII.. 487
mille , et attaijuèrent le duché de Milan ; mai»
n'ayant pa^ été appuyés par les ennemis de la
Krance , qui ne purent les rejoiudrc , ils se reti-
rèrent dans leurs inonlagncs.
La valeur du cLevalîer Bavard et celle de Gas-
ton de Foix firent triompher les armes fran-
çaises de toutes celles des confédérés. Les tenta-
tÏTes du roi pour détaciier les Suisses de leur
parti furent inutiles ; mais il obtint du moins le
retard de la marche de leurs troupes contre lui.
. Il craignait que l'empereur n'entriit dans la Sainle
JLigue ; il donna l'ordre à ses généraux de tenter
une action décisive contre les ï^paguots. Ceux-ci,
cherchèrent en vain â éviterunchataiUe générale;
Gaston les for^a de l'accepter. On se haltit d<^
deux côtés avec titi courage ^al ; la victoii'e de-
meura longtemps incertaiue ; maïs enfin la cava-
lerie Ërançaise força les eouemis de plier et do
fiiir.
Gaston perdit la vîe ii Ichbnite de Cftte bataille;*
^ompteà vengerla mort de son général, l'armée' -
assiégea Raveniies, l'eniporla d'assaut, et la mit ik
feu et'S san};. La cniîote d'éprouver un sort sem-
blable déciJii prcstpie toutes les villes de la Ro-
maine à ouvrir lenrs portes au vaini{ueur,età re-
connaître le roi de France pour leur souvereiii.
Cette nouvelle lo'pandit la plus terrible conster-
nation à Rome ; on craignait à chaque instant" d'y
être assié(jé par les Français , et jamais depuis la
bataille de Cannes cette ancienne maiticsse du
monde ne s'était trouvée dans une aussi affreuse
situation.
La journée de Ravennes, qui eut lieu en i5i2,
accrut les irrésolutions de Icmpereur. Le papa
était au désespoir, et le sénat de Venise , alarmé ,
penchait à se I accommoder avec la France; mais,
aucune afRIction ne peut se comparer à_celle que
Louis Xil éprouva de ce succès : u Je voudrais |
^S8 LOUIS xn.
« dit-il , nVvoir plus iiii pouce de terre en lialiV,
« vi pouvoir h ce pi ix faire revivre xion neveu
« f't tous les hravoshoniinrscjui ontpi^h^i avec lui*
« Dieu nous {^arde de remporter jamais de telles
« victoiMH ! a
Jules, (jur* le inallirur n'avait pu corriger , cher-
clia à soulrvf^r toute 1 Europe contre là France ;
il piirvint h en séparer Tempereur , qui joignit
ëi'» ioivt s h eelles de la ligue*
1a'. 21 avril i5i2, le concile dePise déclara le
pape suspc ndu de toutes ses fonctions* Cette de—
i-laratlon, les nombreuses défaites cju*il avait es-
suyée s , les prières du K{icré collège allaient enfin
ili'eliir son iuflexihilifé ; il allait consentir h la
7*aix , r|ii{tn(1 les anilinssnrleurs d'Espagne et df*.
\(iiis/* relevèrent ses «spfrances en 1 assurant
«tiiu nnfoj't considéiahle de Suisses et de l'ai-
1 lance du roi d'Angleterre* Jules signa le projet
<ie (rai le prés<'nfé par le roi de France , mais-
ilans la seule intention d abuser ce prince ainsi
«pu: le snci é coliége , afin de se donner le temps de
> assenibbr ses forces. Lorsque les troupes fran-
•«^ais^'s se n>tii èreiit de la lloniagne pour aller au
«levant des àSuisses, qui menaçaient d'envahir le
^Milanais , Jules cessa de feindre, fit de nouvelles
levées , et s(* prépara h recommencer la guerre*
Le roi aecepta , par lettres patentes du i6 juin
'3 5i2 , le (léeret du concile de Pise qui suspendait
le pape. Celui-<!i, irrité, donna une bulle iMir la—
<pjell(* il prc^tendait annuler les décisions au con-
cile ; il traitait d'hérétiques les cardinaux qui r
avaient assisté, excommuniait le roi , et mettait
son royaume en interdit* Louis XII protesta
contre cette bulle, et fit porter à son tour une
t'xconmiunication contre le pape*
Jules rangf'a à son parti Tempercur et le roi
d'Anjj; le terre. Louis XII se préparait à soutenir
vigoureusement la guerre contre la ligue; une
LOUIS xn. ^9
Aeacaïie des Anginis en GoyFimp rompit Ips me—
iure» qu^il nrnil prises pour se soulenir >}ii Italie.
Le pope, au comble de l'cspoîi'etde la joie , fit on—
Trîr à Ronie le concile qu'il voulait opposer à
celui de Pi*»;. L'armée des confi déiës sVmpars
de RaveDnrs, et força à la capitulation plusieurs
places occup(?es par les Fiança is. Les Suisses , a»
noml>re de dij-biiit mille , firent une irruption
dans le Milanais , et les troupes de Louis . repous-
sas de toutes parts, aLaudomièrcnt la campagne
«ux confédérés.
Maxiinilicu Sforce fut reconnu duc de Miltm.
Gênes à son tour se révolta , et Louis Xll perdit
uue seconde fois toutes ses possessions en Italie>
Le roi d'Espai^ne voulut profiler de ces événe—
meus pour sVmpni-er. de la Navaire; il assoeiaà
£on injuste entreprise le roi (.l'Angleterre, qu'il
trompa liabilemeiit ; il abusa Jean d'Albret, roi
de Nararre . par des protestations d'aïuitie , et &t
comme eu se jouant la conquête du royaume de
ce prii»ce, ipii, di?pouillé de ses états, »int cher—
cberuiiîi.silr'iiLFiiijLCi:.
Indigné do IliornUe coiiduile de Ferdinand
envers le roi d'Arrngon , Louis XII forma le pro-
jet de rétablir le roi de Navarre sur le tr6ne. A
cet clfet il leva une belle armée , qui pénétra d'a-
bord beiireuseinent au sein des états de l'infor-
tuné monarque; mais les premiers succès qu'elle
remporta fureut suivis dune défaite entière, et
Jean d'Albret perdit son royaume.
Jules , non content d être parvenu à chasser
les Français d'Italie , méditait d'attirer contre
eux les ai'ines du roi d'Angleterre; it avait dao»
cette intention transféré à ce prince et le titre
de roi très-chre'tinn et le royaume de Fratuse y
(juand la luort vint arrêter ses projets le 21 fé-
vrier i5i3.
Le loi de France conclut une trêve d'un an
.Vjo LOUIS XII.
avrr \r nn <lT.sp;ij;n(» , cl fil nroposor lin rcnoti-
^clli'iiu-iit (raliiiiim* an roi (l^^ll^l(*to^rl* : ce
«Ij'rnirr iir voulut inrmi* pas rrorvoir l*iiiu))as—
sadi'ur ()(* JiOiils. U('ji*U* panMllriiiciif par \vn
Suissfs ri par ('«'nip* l'iMir , 1«» roi d<» Kraiicr s<*
liiiiiiia «lu rôlr i\c \ vii'xsv. ^ vi s\\\nt avec l'Ile
rpiilrc la lli;ii('.
I.c rardliial i\r IMiMiris , «pii vniaîl: drtri* <^lii
p.ipi* so!is le nom dr Lroii \. , parut vouloir
t;.inlrr l.i in'uh.ililr dans li-s ufVairrs d llalio ;
m. ils il nVlail pas mît^iv iiiliMiIiinuit; (jnr son
pi'.îrrrssrui- , ri s<* scrvil m nlinicnl do iiiovoiis
dii'('i*tM)s p(inr nnirt' à la KianiM*.
>i'n union rinuMilof a^iv h s \rnilions% l^onî^
Si jMrpai.i à nni' nonvfllc rxpriiition (Miltalii*;
( I .1 si •; frnnpi s .)\ aient iKou'Iii les nnnifs. f'( l'on
»., it>! ail eiieoi'i' «priMlcs lu>si'nl m route .Mevan-
i!i le- loi on\iil ses portes* la terreur si^ ropainlit
iliMo le Milanais, ptnsienrs plaees so rriiiiirent
.i.i 0(1 ; t.è.us elU-niènie, liviiv à l'arnîri^
i .1 M'aise par ntie l'aelifvi (nii («'uail lo parti tic»
I.' j;^ \ll , n iiha S(»i!s son oîîe'iî sann» siiU'i avoir
p . ipie eoinlatin ; le ntnn^an duc lU* Milaii«
4li.!N-t' i\c sa ea|)italr t t à la nu*rei des Stiiss«*s »
i,..i ra\ai«Mi( eo'uîe.il à ]\ovarre , redoutait lo
>f.-| de son ]>ère : tout t^'inldail ta\oralilt* an
it»i (!e l'ia.iee . «piaud , an nu^piis do l«t tit'vo
ijii'il a^all eonelue a\ee lui. l'erdinaïul eiivova
(in ^(Vonrs an dne de Milan : le pape , d'ac-
eoid en sivrel a\ee le roi d Kspasine , douiia de
telles sonnnes an\ Suisses, qui vinrent en i;niiul
noMihre dei'entlre les états dn \\nv ^la\imilieii. Lt*
0 jnlii i:m,) ils livrèrent l:ataille aux Kraneais
p: ( s de la Uiotta. L o]>iniàta'te des deux fiiirtis
remlil 1 aetioii liès-nu*ur!i ièr(* ; la vietuire resta
l(Mi::l.-i)ips douteuse : l\nantat!;o pass«« plus dnue
\\>\> iVuAC arn.ec à l autre sans ètn* deeîsit :
cnlm « api l's i:n cainat;e epou> autoble > les IVou^
LOUIS Xir. 4.)f
Ç«îs furent conti-aiuts d'abanilciiincr le cKamp de
bataille à l'etiueini , et ilans leur constcrnatioa
ils repassèrent précipîtaaimeat les âlpes.
la défaite des Français et leur prompte re-
traite d Italie rendirent Milan et les autres villes
du ducbé a iMasimilien, et produisirent une nou-
velle révolution à Gènes , qui secoua encore une
ùtis le joug de la France.
Malgré les torts du pape, Louis X3I, qui dé-
sirait la pais avec le saïat siège, reçut les ex-
cuses politiques de Ldon X, et consentit à se
détacLer du concile de Pisc et à reconnaître
l'autorité du concile de Latran. Les scnipiiifs |
et les prières de la reine furent une des prinei— ^
pales causes de sa résolution ; il avait résiste
longtemps à ses inipoi'tunités ; un jour mêoie
il lui avait dit d'un ton assez vif : « Ile' quoi >
« madanie , voulez-vous être plus savante que
> tant d'universités qui ont approuvé le con—
« cile de Pise ? Vos confesseurs ne vous ont— lia -
« point dit que les femmes n'ont pas de voix
« dans l'église? a Maïs eu&i il cédi nni ins-
tances de la reine et ans ohs'Tvalioiis de quel-
ques membres de son conseil , et donna une
entière satisfaction au pape.
Pendant que Louis XII soutenait la guerre
en Italie , une ligue redoutable se forma contre
lui à Malines, le 5 avril i5i3 : Marguerite d'Au-
triche, qui gouvernait alors les Pays-Bas, l'hait
frovoquée , et les confédérés étaient le pape ,
empereur , le roi d'Angleterre , le roi d'£sp^ne
et les Suisses.
Lotns leva des troupes , équipa une flotte , ra^
sembla ses meilleurs capitaines, et réunît tous ses
moyens pour se défendre contre tant d'ennemis
qui menaçaient d'en vabir le. royaume.
he roi d'Angleterre descendit k Calais , et'vint
faire le siège de Tbérouanne. L'armée comblue»
/-,2 LOUIS xrr.
*:•:»:■ ::.s..- . !..•: ■.■ .m; fr..:ii:u*:' • ■ r: • ^^r-
I: -v ■!'. '[■ ■ ■ îi •:♦. %:%:•>: V î" :*■.:■. ri" i*: c-. *.::-i«-
X\ii\ :.- u •;• ! : .! > : • • tf. J-Ûjik.'» >• t."'t£' ri'.it ::■. a
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1 ' j , \iiii lU- Or.iu ;^ ib' . hit noinir.et' hi ;oUi ::♦ «•
i: - ', .••;■■'/.» . p:iîcj' «{Uf .: Il < Français ^ ii ^.'ii'».'
«■ I. ■a>;«ii. l'it r>î«/':ai, s Vu st'r^irtnt mieux.
J.i ;^aiiii>- !i «l' rr:'rouann-^ . ('r|>ourvii>' tV
>iMi s » l ^^lr,s I ^pi.iir li»- <'tn px*ocurt"r , capituij
t^'...^t?L' j(.ui> aju»".- CI (il.* l.aUiîllo.
L' lui iI'Ari^'Ji t«rio ii" lorna pas là ses vic-
ti»ii's. cl Touillai, assi. uCf à son tom* • toiiiLa
aiiv*»i \ Vï N. Il |»iiu\ i»li'.
J' .m J\ . viA fi Ki-iiss»' , seul allié qui fût ivsfe
;i 1.1 J'iaiice. t iitra iii Antilttfrre avec une forte
aiiiJiM- pour l'aii«» une iliversion en faveur de
i.i»iii:>: mais ce prince avant été tué clans la pre-
liiièrr ijataiileiju'il livra, et les Suisses, au nombre
<!«' wiii^t mille, efant entrés dans le cœur de la
i j;iiii;(jj ce rovaunie allait devenir la proie des
«•li:mi;(rs sî le iïcnéral IVaiieais la Trëniouille
lit m{ adroitement conclu un traité avec les Suisses
t.iinlis iju ils asi(';jieaient Dijon. Louis connais—
«ail toute ri ni poi lance du service ^ue lui a\ni\t
LOUIS XII. 493 .
.rendu la Tidmouille , toutrioîs U ilésOTOUo pu-
bUijuemciit uu tiail^ qui était peu liuikoi'ii|)le à
la Franco , et déclara qu U ne rpaouçait pas à ses
droits sur le duché de Milan, ainsi que sou gé- ,
néral l'iivaitprouiiapoui' lui. Les Suites, in'ilés,
se préparaient à euti'er en France au noiubi'c de
cinquante mille; mais le pape,, cpii avait hesoîa
de Louis Xll pour l'étalilissement de aa famille
dans la soiiveia iaeCé de Florence , employa avec
succès sa médiation aupiès d'eux.
Louis conclut une trèvc' d'un an arec le roi |
d'Espagne,, et , malgi^é -tous ses revers , garda (
l'attitude convenalile à la majesté du trône. Un 'ï
de ses courtisaus lui conseillait de ratifier la
traité de Dijon , sur lequel il lui sei'ait , disait— il,
fsicile de revenir quand il aurait dissipé la b'gue;
il répondit : a Cet expédient ine serait très—
« avantageux, mais il est contre la sincérité doat
« je fais profession, n II ajouta : u Je. ne puis nie
K résoudre à abandonner le duché de Milan , ni
« même d'en faire semblant, et je devieJidraîs
« insupportable ik moi-même si )e mé sentais
« coupajjle d'une telle làclieté. a
Peu de temps après, le 9 janvier iSt^ , la reine
mourut au château de Blois ; die était âgée de
trente — sept ans. La constance du roi succomba
sous le poids de sa douleur ; il porta le deuil de
cette prùicesse en noir, etdrmeura plusieurs jours
enlernié seul dans son cabinet.
Le pape travaillait séiieusement à réconcilier
les Suisses avec hi France ; mais ses efforts furent
infructueux ; le roi ne voulait pas renoncer i ses.
droits sur le duché de Milan, et les Suisses s'oba-
tînnient à ii'acce'der A aucune antre condition.
Madame Claude de France fut mariée le 18 mai
de celte année à François de Valois', h^^ritier
présomptif de la couronne. La reine s'était opposa
coiutaniuxeiit à ce luariage ; le roi lut-io&ae ilfl la
I
494 LOLIS XII.
"i«»>ait ])a» livre ]ilaisir; les in'ocligalifes du jciiim
])riiK-(lui rnisaic'iit rraiiiilrc d«ns 1 avenir jiour les
iiiiaiii.f s cl<" 1 Klal ; il repoliiit souvent : « Ce gros
a ^ar<jon ^lit la tout. « Mais il ne pouvait exclure
Franrois do^Li eonronne , ni ])rocun*r à sa illic un
îlus Ixaii sort «jue erliii de reincî de France, et
H |)oliti(jue et 1 intérêt lircnt taire ses scutinicm
|)articuji4fi*s.
Lï- niaria{^e i\v. inadunie "Réuéa de France et de
rairliiduc fut ]>roj( tc^. Le pape , cjui craignait
1 alliancr; de Feidinand et du roi de France, s*oc-
l'upa lie raj)])ro<-h('i' ce deinier du roi d'Aiigle-
li nv; cvlU' négociation fut suivie? d'un plein suc-
cès. Louis Xil conclut lu paix avec Henri, dontil
t*))(iiisa la Ko:iii', la pi incesse Marie, le lo octobre
]/)i4. Le coiir(>nn( nu nt de la nouvelle reine eut
lieu if i) (lu mois suivant; des joutes, des tournois,
df s ieles de toute es])èce célébrèrent cet licureux
«•>énen)cnt.
Les puissances confédérées furent tiès-mécoii-
lenles de celle alliance; le ])a]H? lui-uiénie, qui
lavait provoquées, m montra de riiumcur; sa
politiijiieconsistaità armer les puissances les unes
contre les autres, et il tenta aloi*s, mais inutile-
luenl , i\v dclaelier les Vénitiens de la France. 11
5(; consola du mauvais succès de sa négociatiou
par le ])laisii' epi'il épi ouva d'apprendi*e que les
FrajK^ais avai< jit été eonliaints d'évacuer le châ-
lean de la Lanteincî d<* Oenes.
Quoi(|ue Louis ne com])lat pas sur TamlUédu
pape;, il lui e)nrit se's sece)urs pour placfT son
i'ii'ir sur les tre>ne de; JVaples, s'il voulait de son
ce)lé Taide'r il rece)n(piérir le; Milanais. L<*s réponses
cvasive'sde; l^M>n X ne> laissère'nt plus aucun doute
sur se s sentintens; le roi , sans sinquietter davan-
tage eles iiilcîèls du pape, leva une armée de
cin(piante> mille lieimmes. Déjà cette année aiku't
culi'cr eu cumpaguc , quand il fut attaqué d*uuu
LOUIS XIT. 49::
dysscnterie qtù le cnuduisit ru peu de temps iiii
'tbmb«aui il muut-Ale i°"^ janvier 1553 , (Wis la
cinquanU-quatri^me aoade de son âge , et la dis.-
Beptiènic de sou ifgue.
La nature avait dou^ Louis XH d'une ngiUl^
■ et d'uue (bi-ce extraordinairea ; Jamais homme ne
But mieux mauier un cheval , ne fut pluï Lardi ai
5 lus adroit dnns les divtir tisse mens des joutes et
L's tuuruoîs ; jamais homme ne luoutra plus de
valeur h la guerre. Sa prudence 1 euu applica-
tion , l'étendue de son esprit et son amour pour
Bes sujets lui-eut iikeomparaliles. Sous sou règne
li) FinDce fut heureuse , riehe , tranquille et sou-
iuïse au dedans ; il en fut adorai et reçut d'elle
à l'unanimité le surnom de Mute et de Père tàt
Il mérita ces titi'es, car telle passion qu'il eut
eu fond du cœur pour la gloire , il ue la prë—
féj-a poiiil au bonheur de ses états; aussi aucun
■prince n'a plus «jue lui été uuiverscUcmeQt rc— '
grclle.
A su mort les erieura dncurpe disaient le Fong
des rues en sonuiujt leurs clochettes : Le bon roi
i.oiiis .VII , le père dit peuple , est mort.
A sou nvëneiuent nu trône il avait t'émis à sea
uptes !(■ présent de cent mille écus qu'ils vou—
ni lui l'aire ; il ôta lii troisième }>artîe des impôts
lavait trouvc's ctiihlis,et la dixième partie des
tailles, qu'il dliuiuua d aunde en année jusqu'à ce
Îu'elles fussent léduites à moitié. On l'a vu plus
'une fuis rég.Kindi^ tles Linues quand il était con-
traint d'iiu]H>stu' quelque suhsidc ; les gutrres qu'il
eut il soutenir ue pui-eut le décider il demander
des sucrîliees à sou ]>cu|<le. Le grand oi-dre qu'il
avait mis dausst'siiuaui'rs,sesdépenses modérées >
1 aliéuiitiiin disiHi doiuiùnc, la vénalîtédesciisr^fès
l'il iiili-oditisit et qu'il était i-ésolu d'abolir quand
s cuiiciuis, voilà Les seules fe»-
yeu]
qu il nili-oi
il amait vi
496 LOUÎS XIÏ.
KouiYPS dont il usait; alors 411 Vllos ëfaient épmséeê
il taisait, la paix , crai^^naiit plus clapiiauvrir son
4>Ial <{u'il iir (Icsiniit d(; 1 agrandir.
Il joignait h ton les soi vrrtus une reli(:;ion
4^rlaLr<^ret unr. boiiU; touchante; il riait drs clian-
6011S <^t d(\s ]ms(juihad('s dirigées contre lui; quel-
(jiK'S sei(;;ueurs d(> la cr)ur s'élant plaint de la liar-
«liesse des farceurs <[ni les avaient tournés en ri*
dieulr sur Iv tluâlre, il répomlit : « Le théâtre
« n'est redoufalih^ i[Ui\ ceux dont la conduite est
« peu ré^i^lée; on n'a imlx se pouyerner sagement,
« et Ton ue fouruit plus matière à la satire des
« i'areï'urs. «
11 aiuiait la 1eetur(> des lions ouvrages, et prit
uu soiu partieuli(>r dv la Jiihliotliècpie qu*il avait
reyuedc Charles d'Orléaus son père; il 1 augmenta
d(?s livres (pu; J*élrar(pi<î avait possédés et de beau-
coup d autres eucore ; il accueillait et protégeait
les g( us de lettres. On lui a reproché d être peu
lihéral ; uuiis il disait à e(^ sujet (pi'il était plus
de la pi-ohile d uu prinr(> de ne rien devoir, que
<le sa grandeur de beaucoup donner, et quil ne
croyait ])as (luil dut l'aire de gniudes largesses
à d(\s parlieuticrs aiiic dépens dv ses piUiples.
Son xèle pour la jusliee éUiit si grand, qu*il se
Irausporlait (h'ux ou trois fois |>ar semaine au Par-
lement ou à la <:liaml)re des Comptes pour exa-
miner la couduitc des juges.
11 corrigeait sévèr(Muent ceux qui manquaient
à l<Mir caractère. Ayant rencontré un jour par
hasard deux cons(*illers du parlement ({ui jouaient
en ])ul)lie (l<* gross(>s sommes d'argent k la paume,
il les menaça de leur oter leurs charges s'il leur
arrivait eneoie de souiller ainsi la dignité du
cor])s dont ils étaient nuîmbres.
lin grand seigneur ayant rompu le bras à un
Bergcnt qui ex(M'<^ait les fonctions de sa charge,
Louis, des qu'il le sut, alla lui-même au Parler
LOUIS XII. 497
I ment, le bras en écharpc, fairfi tlonner un dé~
■ cret de prise de corps contre ce sçigoeuri
On rapporte de Louis Xïl plusieurs bons mots ; .
il disait : « Le menu peuple et les pnvsans sont
■ . f la proie des tyraas et des. cens d armes, «t
« ceux-ci sont la pioie du diitble. "
« Les cliE'vuux coureut les bdnéGces , et les ânes
« Ub attrapent. »
a II n'y a rien de mieux pour la conduite de
« la vie que de voir souvent les gens de bien ;
■ « mais il ne faut voir ni avocats m procureurs ;
K ces G0rt<}s de gens ont coutume d'alonger le
« cuir avec les dents , eu expliquant les lois à
« leur feçoii et conformément à leur iutërét. »
Ce bon , roi dont la méiuoire sera toujours
«bère aux Français , fut enterré ii Saint-Denis, où
François 1", sou successeur , lui éleva un magni-
fique tombeati , auprès duquel il fit placer celui
" de la reine sa femme Anne de Bretagne. Il avait
eu d'elle -quatre enfans ; deux parçons morts au
berceau, et deux Elles , madame Claude de France,
qu'il donna en mariage à son héritier présomptif,
et madame Réué, que François !"■ maj'ia à Hei'—
cule , duc de Ferrare.
Louis XII avait pris pour devise nn porc-^pîc,
avec ces mots latins , cominUs et eminits , poW
iaire entendre qu'il s'était rendu redoutable a M»
eanenus de près comme de loin.
498 VILUERS DE LlSLE-ADAM.
i^^fc^»^i'^^<^^^^^^>»^^^^^^fc^/^^^ii%^>^^^^»i^^ ^^^^^^^^^^v»»
MLLIERS DE L'ISLE-ADAiM,
GRAND-MAITRE DE L'ORDRE DE MALTE.
I nn.TPPE DK VTT.URns<1o^Isl^-A(lftHl,8oîxnnft»-
1^oisi^llu» {j;raiâ(l-inuîhr <1«» l'Driln» do Saiiit-Jcnii
i.\o Ji^nisul(*iii « (Irscfiulait do Tuiir (1rs plus nii-
t'ioiiurH (*t i\vs plus illuslros iiuiisons do l'Vnnc(>.
II olail d(^ la nit^nu' tainîllo (]U0 Joau do Villi(«r8,
»i liiUMu'o par son nitri^U(\s di\iiH la factiou do
ïl(»uri;c{»uo, ot «pio lo roi crAii^lotorrc llouri V
avait fait roiilVi nu*r h lu liiislillo.
riiilippo <l«» Villiors diî rislo-Adam outro de
lioiuio iuMiro <!ans TDrdro do Saint-Joau , ot w»
fi( (Tahord (iistin<];uor kous lu i^raiule iiinitrîso.
tl'l'iutM Y d'Ainl)oisï», (pii avait suoot^<UÇ î^ J*ioiTO
tlAulrnssou. Kn iSio il avuil olé dm rj' <$ ^ cou-
ru ironuiuMit avoo lo oouiuiuud(*ur d^Amarul ,
il'alLor atlaquor daus lo ^oKo d^Aiaxr.o lu Hotte
du sultan dKi;y{>lo, ot do uiiuor los utoliors do
<M)iistruoti(>ii <pio los iuddolfs y avai(Mit cflahli».
<'(ito onti'o]>i iso tut ooiuluito avoo autuut de
luudiouiMpK* {\v luavoui'i», ot si danscolto aflairc
la n'li|;i()ii ]>(>rdit lui ^raud uouihro do sORKoldats
distiu^ooH, oa iiVu peut altril)ucr la oauso qu^à
la prosouiptiou do d Auuiiat , qui r«*tii8n coiis-
lainini nt ^ ptMidant Tt^xpoditiou , dc d<$t<5ror aux
bai;rs oouscmIs do l'Islo-Adanu
A la uiorl d'EuLory d'Auiboisc > le graud^
VîtLlEES DE L'ISLE-ADAM. 49c»
^maître FaLricc Carettp , qui lui saccada , et qui
■m'appréciait pas moins les rares qualités de l'Isle-
Adam , l'envoya résider en France en qualité
d'ambassadeur de l'Oidre , et en même temvs
-pour y remplir les fouctioiis importaates de
Ttsitcur et de lieulciiant du f^rand-maître.
, L'Isle-Adamdeiueura euFrancejosqa'eniSlT.
A cette époque Fabi-ice Carette étant mort ,
lX)i-dre désigna d'une voix unanime le vainqueur
! â'Aïazzo pour son successeur. D'Amaral , qui
croyait avoir partagé avec risie-Adam la gloire
de cette eipédillon , fit valoir ses prétentions
avec beaucoup de bauteur; mais la modestie et
la sagesse de son concurrent t'emportèrent sur
l'arrogiince de d'Amai-al , et le chagrin, qii'il
éprouva de cette élection fiit si vif, qu'aùssitAt
après la nontinadon il e'écria que u l'Isle-Adam
. n serait le dernier grand-maître de Rhodes. »
D'Amaral ne justifia que trop dans la suite cette
cruelle prophétie, par la trahison qu'il commit
pendant le sîe'ge,et les intelligences secrettes qu'il
commença dès lors à former avec les infidèles.
Cependant 1 Islc-Adaiii , ayant reçu la nonvelle
de son élection , s'rmharqua sur la grande ca—
ratpie de 1 Ordre pour se rendre it Ehode6;inais
pendant sa roule tout parut conjuré contre luir
Un incendie \iolent s'éleva à bord de ce bSti—
' meut, et sans le sang-l'eoid qu'il déploya dans
cette occasion, le vaisseau et tout 1 équipage
SOI aient été la proie des flammes. A peine
^happé h ce danger , une tempête violente
liattit la caïaque el menaça de la submerger;
le tonnerre lomha tur la chambre de poupe , tua
neuf hommes , et brisa l'epce du grand-maîtie.
Les nmtelols ne manquaient pas de regarder de
tels accidens comme de funestes présages; mais
la feriuelé de risle-Adom leur imposa silence.
Sao VILLIERS DE L'ISLE-ADAM^
Son courage; lui fit égniemcnt braver les dessein»
du fameux coj'sairc Custogli , qui s'iStait posté suv
Bon passage dans i'irit(Mitiou dVniever à l'Ordre un'
eliei si précieux. Quoique hi ciel et les hommes
paruss('nt vouloir Taccabler, il arriva heureu-.
sèment à Rhodes, au moment où le jeune So-
liman, fivr de la nouvelle conquête qu*il venait
<le faire de Belgrade, se disposait à tourner ses
armes contre Rhodes.
Lrs nej^ocia lions que le sultan avait entamées
pour endormir la vigilance des chevaliers
n'ayant ai)outi qu\'i augmenter la défiance de
part <.'t d antre , des corsaires turcs ayant en
même temps enlevé Tune des galères de la re-
ligion , on ne songe a plus i^ RJiode» qu'à se pré-
parer h une vigoureuse lésistsmce. Ces dispo-
sitions ne lurent ])as dictées par trop de pré-
voyance , car aussitôt après la déclaration de
cu(]r(> solennelle du grand seigneur la flotte
d( s infidèles parut à la vue de Pile. Elle était
composée; el-e nviron e[uatre cents voiles et de
plus el(> de'ux cent mille hommes. Soliman ne la
cominaiielail pas en personne ; mais son bean-
fièit' Mustapha et le; hacha Péris étaient chargés
(\v elii Ige>r le siège en son absence.
Que)i(p;e le' s chevaliers eussent à peine à leur
disposition six mille hommes, y compris leurs
ailiers, les bourgeois epii s'étaient levés et armés y
et le s pionnie*rs, la résistance qu'ils firent éprou-
verr d'aborel aux assaillans fut telle que les sol-
dats turcs, elécouragés, se nmtinèrent et voulurent
se; remharepier. Aucun de leurs ouvrages n'avait
])n tenir ; le; canon de la place foudroyait tout ce
epii osait tenir la campogne ; chaque jour des
corps ele troupes détachés tombaient dans les
eMnJ)uscac1es epie leur tendaient les chevaliers, et
k ville était ibx*tiiiée d'une manière si prodi-«
I VILUERS DE L'ISLE-ADAM. Sor
jl ipense que toutes les attaques des iulidèles ne
) tournaient qu'à leiii' houte.
(Dans une |)osltiou aussi . critique , le bachit
"Péris écrivit à Soliraaa, et lui fit part do germe'
d'iusuLordination qai commentait à se déve-
lopper daus son urm^e. Le siiltait , irrité , s'eni-
])arqua, malgië les prières de ses courtisans ,
avec quinze mille hommes qu^îl avait tirés de
Lycie, arriva brusquement à Aliodes, et inti-
I mida tellement les mutins par so(i audace et é»
Bévéïité, que toi(^ rentra dans le devoir le jour
même de son apnaritiou. Les deux géiiéraui pro-
fitèrent de celte disposition du soldat pour presser
le siège avec plus de visucur.
L'attaque tiit d'aitoru dirigée contre la (our de
Saint-Nicolas , que le paclia Paléologue a^ iiit at^
taqtiée avec si peu de succès sous la grande maî-
trise dcFierre d'Auliussoii; mais Mustapha, ayant
coanu' l'inutile tentative de sou prédécesseur,
tourna tous ses ciforts contre les murailles.
«. Bientôt l'ai'tillcrie des Turcs, qui battait la
place sur tous les points, ayant démantelé les-
principales tort i fie alio ns , permit aux spabis de
~ tenter plusieui's assauts , et les clievaliers com-
mentaient n s'apercevoir qu'ils n'avaient plus
d'autres remparts que leurs e'pées.
La ville cependant aurait tenu qoelqne temp»
encore sans la défection déplorable de l'un de»
principaux chefs de l'Ordre , le grand chevalier
d'Amaral dont nous avons parlé plus ttaut. Ou.
se souvenait des propos menaçans qu'il avait
tenus le jour de l'élection du grand, maître , eb
l'opinion publique s'était un instant éveillée sur
les relations qu il entretenait avec les infidèles ;
mais l'âge, le rang et la fierté rejetaieul si loin
tonte idée de tialiison, que ces soupçons furent
loog-tempj euâevelis doua le pLuâ profond si-^
5(îa VILLIERS DE L'ISLE-ADAM.
Un jour c<'pciidaut que resclavc favori du cliaii-
cplifT s(* KMMiail au népuscule vers le rempart,
dans le dessoin de laucer avec une flèche une
Irtfie aux assicgrans, uu chevalier qui se trou-
vait au )?oste larrêl.a. Les tournieus lui firt^nt
l)i« :i!ôt avouer ce <ju*il savait, et le clianceliery
soumis au ju^v(>inetit de tout le chapitre , subit le
supplice des traîtres.
Cette perfidie de d'Amaral eut les plus fu-
nestes oousequemers. Le mal avait été découvert
trop tard pour (pie la punition pût être utile.
DAniajal, chargé de l'inspection des poudres,
avait déclare au commencement du siège que
Ton en élait ap]novisionné pour plus d'une
aiuiéc, et dès le premier mois on commença à
s'aprrcevoir du mensonge cpi'il avait comnus;
on fut donc oMigé de nVmployer la poudre
qu'avec la plus grande résc^rve , et les chevaliers ,
dt'jà réduits à un petit nombre d'hommes par les
fi é((iient(»s attaques de leurs ennemis , se voyaient
CMcore contraints de combattre pom* ainsi dire
saîis nnuiitions de guerre.
l'iie lutte aussi inégale ne pouvait durer plus
longtemps ; toutes les niuraill(>s de la ville étaient
renvc.sées; les Turcs, à force d hommes et de
saciilices, étaient parvenus à se loger sur tous
hs hast ions : le grand-maître et soixante cheva-
liers tenaient seils tet(» ( lu'ore h IVnnemi sur les
ruines «le h urs rcm]>arts. Les habitans de la ville
demandaient à grands cris que Ton capitulât; il
fallut donc consentir îi recevoir les propositions
de Soliman.
(1 est ainsi (pie se termina le siège le plus glo-
rieux dans les nnnah s de l'histoire. Rhodes à
cette époque ofli it le rare s])ectacle dune place
di'Iendue par six nn'lle lionnues seulement , qui
ic:istu à toutes les forces de Icmpirc ottoman^ et
VIIilERS DE L'ISIJ^ADAM. 5o3
qui TÎt jKÎrir sous ses muis plus de ijuatre-Tiogt*
mille Turcs.
- La capitulation ne fut pas signée sans une vive
ftppositiou lie la part de i'Isle-Adam. Ce ^éné-
reux cheTalîer avait re'solu de s'eiiseTclir sona
les mines de la ville plutôt que d'abandonner aux
infidèles lecbef-lieu de l'Ordre; mais la vue d'un
peuple eu larmes qui le suppliait de ne pas l'es—
S oser à la rage du vainqueur , qui le coujurait
'arracher les enl'ans à l'esclavage et les femmes
SD déshouneur , le déterminèreut à -accueillii^ Fa-
VoraMemeut les parleuieulaires du sultan.
II fut convenu dans le traita qne le peuple de
Bhodes pourrait quitter l'île, et qu'il suivi'ait la
fortune des chevaiierB; qu'il ne serait fait aucun
dommage à leurs propriétés ; qu'on u'exigerait
poiat de ceux qui restaient qu ils changeassent
de religion ; ciiliu la capitulation fut hono-
rable.
• Au moment de la remise de la ville aux trou-
pes turques , quaire mille janissaires se présen-
tèrent pour pu prendre possession; mais qnelques-
ans d'entre eux, sous prétexte de s'assurer des
postes , se lëpandirent dans les maisons , les
pillèrent . prol'auci'ent Les églises , les hôpitaux ,
et fouillèrent jusque dans les tombeaux des
grauds-inaîtres pour en enlever l'or et l'argent.
Soliman . averti de ce désordre , en fut indigué ;
il fit dire aussitôt à l'aga des janissaires que sa
tête lui i'épo[idait de la conduite des troupes r
dès ce moment cessa toute hostilité.
Soliman voulut jouir de sa uonquête et par-
courir la ville; mais, par un elTet de l'admiration
que la rai'e bravoure du chevalier lui avait ins-
pirée , il \oulut rendre hommage au vaincu. Le
3.^ décembre 162Z, il monta au palais du grand-
uiaiti'c.
.io4 vHj.u'.Ks m; i;r^!.n-ADAM.
l/lsli - Vit.nii 1(* rcriil nwv liiiilrs Lrs iiiiirr|iir]
<h' i-( s|h'(*( (lues il un jinissiiiit nMHiai'i|iir. Siiliiiiaiii
(l.ins iiiic ^isilr aussi cxlraorfliiuiiir piMii* nu dfS'
|M)tr ilr roi'iriit , alxii'da I jslr-Ailaiii fl'uiir iiiii'
iiirir all.ililr , l*f'«hnila a sii)»|iorlri* rriiirat>fiisr-«
iiKMil vv rcvcis (If rniliiiu*, ('( \r fil UNsurcr ({ik*
si 11' (riii|>r. |M I srril par lit capiliilalitm iiVtiiif.
p:i.s iHM-c.s.salrr , il Ir proioii^riail. voLiiiliciii.
l'.ii sr irtiiaiil Snliiiian sv l'clmiiiia v<*rs son vi-
sii' , vi lui flil. : » (le u*r.s|. |ms }«ans pi'iur (pu*
i> |\)l li;;(' vr rlucllrii, à sou àj^r , ilr Kurlii' de
Il sa in;iisnu. »t
r.iiliu , Ir prruiicr jauvicr iS'^'i, ipiiifn* inillf*
Ulioili IIS I I !.• peu ilf clirvaliri's (pil avairiil. Kur-
vci u à II- sii'i^r lurui trier, s\'uil»arcpu*'rrul. sur li»
iiàiiuinis (Il la ii li.;;i(»ii. I< Islr-Adaiii , »pi«\«< avoir
pris roM;,(' (lu (;i;ni(I~:^('ii;iirur , vn linii \wvr. ipii
VI illnil à \,\ (Muisi l'valiou di* (uns M'H l'iit'auM,
monta l<> (Ici-iiicr sur son vaisseau , almiiilonuniit
ainsi !.!.' d.- lUiodrs , où 1 Ord rr de Sa in I-.1 eau-
<l(- -.lei I s.'lrni ie;;nait. aver laui dVi-lal dcpin'i»
pli:s (!e deux sli'i les.
(,( Ite tl'itti> , ipii portiiit les Irisffs drlirîs d(* l:i
loi l'one de Itiioiles, lut eiu'on* arealdi^r par niia
(( ui| êle all'ii os. , i t pai vint à peinr h kp nUu^îei*
diin.. I ■ pnit ili I lie de (!;indle; mais I IsLe-Adauif
indi;.;-.!' «1 I i eon|M!.le liiuiditr des VcuiiticuN, (pli
a\aii-nl \ i. {i)ud>ei' avee la plus grande indiiU'-
Il iii I |:i pl:iee (pn* servait di* lanilevarl il la rlinv*
lieii'i' iiiusi ip: à leurs possessiotiH dan.s Icfi iiirrsdii
J<e\anl, se l.ala de K'parrr seti vaisscuul vl i\v. JX*-
inetti e i) la \ i.ile.
Il I d( - /S':nn , lie voulant. piiH aimndolinpr Ifd
liai.lliin-. l'e idiodes, dinit la pliipai I riaient ni»'-
ladi .'. , ai I i\a d(*s derniers :i Messiiu*, nii M*H vni^
sia.x (!e p^ui 1 re l'iaient. d(''ja dcpui.H fpli'lipie
Icuip... Il avait r!i^ foi ce, avant U'iiJjurdcr en Si*
VILUERS BE LlSLE-ABASr. SoST
eUe y de toucher à GallipoU , dans le golfe à'fy*
Ironte ; mais ed entrant à.Me3sine U i^e^ l%Cf^ ' *''
eueil le slns flatteur et le mieux mérité* Lldè*, -
Àdap, dès qu'il eut mis pied à terre, parut peu
aensQ>le aux honneurs qu'on lui rendait , et^ .
comme s'il eût èherehe à s'en montrer nluf^
digne encore , il létablit aussitôt na hâpUal dans
le palais qu'on lui avait nrëparë, ^t sen^pressa
d'y seryir lui-même les blessas > comme un sinn
jple chèyalier.
La peste surrenne à Messine en chassa l'Ordre »
gui fut jouir quelque temps,, sur les côtes da
rojaume de Naples, d'un air plus pur* Après ua
ië|our assez court à Bayesi et dans les enyirons'dor
Cumes y risle - Adam s'embarqua ppur GÎTita^i*.
Fecchia et se rendit à Rome^ pu Iç pape InifitW '
j^os obligeant accueiL , .
, Ce fut à peu près yers cette époque qqiç l'Ordre r
Kgcutant les divers projets d établissement que
yom avait proposés, parut s'arrêter à l'offi^ £|ïte
jpar le ministre de Cnarles-Quint de céder h. la
religion les îles de Malte et du Goze , ainsi que
La ville de Tripoli et son territoire ; mais
comme les conditions du traité n'étaienipascon*.
eiliables avec Tindépendance de l'Ordre, legrand**
maître partit pour Madrid, dans l'intention de le»
discuter. Llsle-Adam se montra à la cour la
plus renommée pour sa profonde politique t
KUssi habile négociateur qu'il avait été anpara—
^a|it grand homme de guerre 3 il eut la gloiro
l*étre le médiateur entre deux puissans monaiv
[ues dont les intérêts étaient difficijles à cou—
ilier; c'étaient Charles -QuinJt et François !•'.
l sVgissait donc de traiter pour un roi fier et
onéreux , noble et franc , vis-à-vis d'un prince
putain et avare, orgueilleux et dissimulé^ qui
^ailleurs tenait son ennemi daus les fers»
Tome //. 43
1
nçoïn
5«fi VITXTERS lïE L1SL1!-ADAM^
La (lurhcssD d'Alciiçoiii ftocur de FYinçoIa
n'aytint )>« rif a nbtcuii- àe l'empereur , et
vujaut m^mr sur Ir point dVtrv rrli-itac i
tonr en Espagne, s'^cbappu au plus vite- <-t la
tout le »uin lie cette gfaiide nlf&îre ît Tls
Adam. Sfs soïds et ses peines piireul ciifîn d'Ii
naws sDÎteS ; il ameua les dctis priiicra h a
venir d'un traittS , et leur fit mAroe cousï-ntir !
voîp. Cette dcroiôre cii-couslance lui foui
l'oecnsiou de ilevenir cncoit; niAtînlctir en
enx , dana une dîiwuNsiflii bien légère h la v>fr
mais.u. ulmioiua rorl. dt^ii-Htr. Ctiarles V t-t Fri
çoî» ï»*' ^tnnt Sortis ensinible au puioase d*i
porte, Oiarles dérdra le pas ou roi de >■*»»
celiii-ei le vcfaut ; iilor» ils nmK-Ièrent I* ([ni
maître pour Pu d»?cidcr. ■ Je prie dîou ,
■ aussitôt risle-Adam , qu'il n'y oït jair
» de dllttJrens de plu» gniudt? Importa:
« eiilff! vuï maiest^s. » Et, ii'adiVisant Ik Fr{
çoi» !•' , ■ Personne , sire , ne disconvient I
« l'empereur ne soit le pi-emier priiico de
c clu-étieuté ; mai» tjtunt dm» «es ^tats et d
« son pnliiis , il uie leinhli' i|ue voqs ne de
« pus refuser Ica honneurs ijull evoit dev
« au plus grand roi de l'Knropc. ■ L'nupcrt
lui sut boa pr<î tlt' celle >'<fpoiise, et dJuVr n
ment il n'occupa d'uplanir* toutes les diÂîcul
■pli pouvaient s 0| poser !t lutublissciHïnt def ci
valici'sb Malte.
Bientôt tinforttmd grand- mitJtre ml k ir
tenir une luttg bien nulit'aiejit dtineerease.
priSe de Ilttodes ayaut fait croire ft pla^iet
tibu^e'ruins <|ut! l'Ordre allait s'anéantir, ({u
<pie!<-uuN dV'ntre eus crurent pouvoir disp»
di'S biens «[ui lui nppnrleuaient. Lr- PorlO(;al
d'nbcn d cVlaler ses prétentions , et nsIc-Aduir"
l'iicorc oJjligiS de rester loug-tfsntoj ~
VHUEBS D£ LlSLE-ApAlL icj
. poiil* mettre)fin à cet injuste procèa; mais sa solUcî*
tade obtint une récompensé » puisqu'il parviiit, à
* £Edre confirmer par le, roi tous les statiw)et:l(dii
.• privilèges de rOrdre. .
La même discussion s'ëlera àyee l'Angletsjrrey
et fut moins fiicile à teruiineA^« Henri vUl ^Tait
, rejeté toutes les représentations an gNM^Hnaitra.^
et avait reçu même très-froidement Tambaiii^dip
qu'il avait envoyée. L'Isle-Adam ne fiM^' point
découragé par ce^ mauvaises disposîtioiuu .Sa^
«T consulter son âge ni la rigueur \ae.la.i igôsùa
(février 1524), il partit pour VAngiq^ire*
/: jflenri 9 touché du dévpuement de ce y4ii^>^^
vieillard , oublia tout ressentiment 9 et.lui iqt un
accueil fort honorable. Bientôt la poli^quê ha—
Jbile de llsle^Âdam , et surtout le resp^ yfiV'''^^
{^iraient ses vertus et sa courageuse . dét^ue à
ihodes , déterminèrent le roi à entier en acêouH
modement , et le résultat de ce traita, œfut pas
: moins favorable ^rOrdr^ que VayAÎt.^t^i^ui de
Portugal. . ^
Lorsque TIslè-Adam prît congé du roî pouf
retourner en Italie , Henri lui envoya de la part
de la reine et de la sienne un bassin et. une coupe
d*or enrichis de pierreries. Dans la suite ils fu-*
rent réunis au trésor de Malte y et en firent un
des plus beaux ornemens. ,[
Dès que le grand-maître et son conseil eu-^
rent reçu de Charles-Quint le diplôme de do«
nation de l'île de Malte , ils Texaminèreut , et
après en avoir accepté lék clauses on dépécha
au plutôt deux ambassaAurs auprès du vice-roi
de Sicile. Ils prêtèrent , suivant les conditions
du traite, serment de fidélité entre. ses mains 9
et obtinrent Tac te d'investiture au nom de l'em-
pereur. De là il passèrent à Malte , accomp^cuf^s
de six commissaires nommés par le vice-roi d«
a«S VILUBRii DE L1SIX-AIIA.V.
mmi-mÊiitK H ék coûfnl , ib brrM aenoest ••
Kvr mun de- KOanofrr tKx ttabiUi» rt nax pr«-
pl« de ns il» leurs itruîu , oostKncs «• pcii**
LU» AJim mnfr» pn «pr^ dnts pd^tn t<
abMtlnmml qm le* t^imlicn te Aii,TyiiMMl tk
d^Jcntlre.
Il ne manOBBil nlui pour Inlier étkUiesonekl
dr l'Onlrv de M«l(e «ne le riUMpr i4u grawt
ntaiti-e . dn vMtseil ri de toi» W rDeiAlicri itm
rUe ; il fut edrt-tnê le a6 octolve iS3iw el Vam
rtnkanfM daus de pnmdf» ^èm c« popi' *■
fidèle de Rbodcs •piî sVtait comUiuMittl »UkW •
à la fi>rtnue de IXSndre.
Tow* 1rs nias ^ne deaumdHl l'AïUùamnit
«Ira ebevalten daitf tine pUee telle V[tK %^hi^M
w'emrW.'èîrtJî jm Ifs E3ilhTt de tenter ose •••
r^tino cMitre la yille de Klodon m t$3t ; rUt
tr iMiriM au !pUUf:e de cette \illt, dont ott oalcv»
»lr* rù-Uewp* imuietuot.
LTtle-Adani , aprfï aTinr|ionnrn ) btAtvWdi
s* Hniorlle paneton. apiÀ aïoir u' *
l;iM»m l'urdre le plius^i^iVi avoî
uoe église, «ue iolinnerie, et «'être
leiiflrori; de> faïuîlW lliiodieitufv dt
it'ftrail er»^ de prendre mwa . u'nwâml ]
(|tt% finir en paix, t-ôaihlif des bétiêdic<iMii
reux i^ni l'en vinnnai t'A. une lie {>««see an
lieu des tiij,ifai(iMu \t* phis violente»; nui» it et».
dit nue c« l>éro« ilexnil ei»tt>re être «*unn» « -^
«pTFUTe* lûen enielles , t-t ipw In plvs i
nfflîctiom étaient rewri^ pour m* i
VILLÏERS DE L'ISLE-ADAM. 509
£n i533 les chevaliers de plusieurs natious
prennent querelle entre euT ; ils en Tiennent aux ~
luaîos, et le sang le plus piécîeus de la clire-
tienlë est versé par des innius chrétiennes; pour
la première lois on vit des chevaliers se faire
aae guerre sanglante. Le désordre ayant enfîa
cçssé , la loi parla dans to ute sa vigueur ; douze
chevaliers furent Lannîs, et plnsieurs forent pr^
cipités dans la mer. Queltjue justes que fussent
ces châtiraens, risle-Adaiti vit avec uue dwuleur
^gale et le ci'inie et la punition.
- Pour ndttre le comhle >i l'afQiction du mal-
heureux défenseur de Rliodes , Henri VIII, eu
1534, détruisit J'Oidro diins ses états. Ce mo-
naifjne, après s'être déclaré chef snpi'ême d'une
religion nouvelle , avait voulu que tous ses sujela
l'embrassassent. Quoique sa doctrine ne semblât
fondée que sur les principes de l' indépendance et
de la tolérance religieuse , Henri fit périr dans
les fers Su sur l'écliafaud ceux qui refusaient de
s'y so Time Itre. Plusieurs clievalierse5|)irèreiitsoui
lî^haciie des Iioiirri-aus ; d'autres terminèrent dans
les eachols une pénible existence ; quelques-uns
forent exilés ; enfin , on petit noinhre seulement
ifchappa aux persécutions du roî d'Angleterre , et
arriva san^ aucun mojcn de sulisistauce & Malte ,
où le graud-maîtrc pourvut à leurs besoins avec
une admîi'able charité.
Au milieu de CCS vioIenschagrinsexpiraVilliers
^ risle-Adain, le 2a août i53^. On grava sur sa
(ombe ce peu diï mots , qui semblent peiudrç ea
un seul tt'ait tuut^ l'histoire de sa vie ;
On ne lira pfts sans élonnement qu'après ta
Hiorl de ue giaud hoiuuic ]a maisoa de 11âle~
5io YILLIERS DE LISLE-ADAM.
A'iain , qui siiLsîstail dcpiiiii plusieurs siècles,
tomba dans un tri «tnl «linJigrnce, que lou vit
i'M 1730 un (;mtillj(;ii)nic de celte famille rë-
ihiit à (lerct'j* lu piofession de iroituiicr pour
faire subsister son père. Etait—ce là le sort qui
devait atteiulre Irs petits-neveun du premier
héios de la clirëticnlë ? D«vaît-il être permii
que 1 liëi ita(v(> de faut de veilus ne fût pour eux
4ju'uu liéritagc d afiliction et de misère ?
TABLE
iiie partie.
Pagtfc
Germanicus-césar ï
AGRICOLA , Général romaia. 24
TITUS , Empereur romaia 41 ,
ANTONIN, Empereur romaia. 5S
3\IARC-AURÈLE , Empereur romain. 63
PROBUS , Empereur romain 85
JULIEN, Empereur romain gj
BÉLISAIRE , Général de l'empire
d'Oi'icut i£j
NARSÈS, Général de l'empire d'O-
rient i6q
JEAN COMNÉNE , Empereur dO-
ricat 191
I
,>
?
TABLE. 5l5
PagM.
ÎAJî II , dit LE Pab^ait, roi de Por-
tugal 453
DUIS XII , Roi de France 470
tLLIERS DE L'ISLE-ADAM, Grand-
Maiire de l'Ordre de Malte ^t
riN BV fizcoirD voluui.
i
J
)
Cf
M,;?>