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Full text of "Biographie des jeunes gens, ou, Vies des grands hommes : qui, par leurs vertus, leur genie et leurs actions héroiques, sont dignes d'être proposés pour modèles à la jeunesse"

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BIOGRAPHIE 


9ES 


JEUNES  GENS; 


conlrefait  toiû  exemplaire  qui  ne  sera 


pas  revllu  de  saa  «ignalttre.- 


BIOGRAPHIE 


DES 


JEUNES  GENS, 


ou 


HfES  DES  GRANDS  HOMMES 

QrfyfttrlnnTntiu,  leur  génie  et  leurs  actions  béroSqaes,  sont  dJgaes 
d*lti«  proposés  pour  modèles  h  la  Jeunesse  ; 

Pae  Alphonse  de  BEAUCHAMP, 

Aalcif  i»  raîstoire  de  la  Gneire  de  la  Vendre ,  l'on  des  coopcrateurs 

de  la  ttograilkie  uaiTcrNile, 


> 


Bl  QUÀTAS  raOïrnSPIGES  ALLE60RIOUB5» 
S7  PJB  SOIZARTS-DIZ  POKTlLAiTS. 


^^w^^^^^'^^^^W'^^VWwww^ww^vwvwvw^vvwv^^vvvvvvvwvwvvwvw»^ 


TOME  SECOND. 


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MiUÂiwwvww\'>^%W^MMVVV¥VVV%%«WVVIIM>^ 


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PARIS, 


RAIKIB  D'ÉDUCATION  ET  DE  JURISPRUDINCE 

D'ALEXIS  EYMERY, 

nt  VliVJi*;  HO  3o ,  derrière  le  palai«  do  l'Institati  * 

x8i3. 


BIOGRAPHIE 


9  ES 


JEUNES  GENS 


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diiilt  (wr  iptiiilï  n  iHU'  1.1  (Tiiii  «i 

1^ 


JEUNES  GENS, 


APHIÈ 


DES  GRANDS  HOMMES 


Pau  Alphohsi         BEAUCHAMP, 


TOME  SECOND. 


PARIS; 


A  LÏT&IIAIRIS  D'ÈDUCA-TION  ET  DE  JURISPRUDISCÏ 

D  ALEXIS  EYMERY, 

m  Viliidw  I  a*  la  ]  duTîtis  la  pihii  d<  J'iMiitiii)  » 

i8i3. 


•  •     • 


•  •  », 


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fnii.yrisPUK. 


I.<i  ji'iiui'itaoï'i-l  •-•initiiilc|iAi'l'rmili->-t|im'l>n 
ili'ln  Mii:rj*r<uii  lui  ilifli'ibur  du»  cuonuian' 


IPÉIÈ 


JEUNES  GENS, 


PARIS,    ^'•- 

S  D'ÉDUCATION  ET  DE  JUillSPHUDIHCB 

D'ALEXIS  EYMERY, 

MW>M,  V  Sa,  durièrslgpiUiidd'bwtilIllit 

i8i3,  . 


fint.vri.sHCK. 


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APHIË 


A  tXtjBRAIRIS  D'ÈDUOinON  ET  CE  JTJftlSFKUDIHCl 

D'ALEXIS  EYMERY, 

mlllHfJM)  a>  Sb,  d*iiiir*l«pilii|d*rXiUliti|li» 


•      •         • 


»    »        •  •  •  .  • 

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BIOGRAPHIE 


DES  JEUNES  GENS. 


%^iju->.«jjui-ixj»»iiw»n-r^'>~  "''i'"»'''"'^  '»  '!'>">*•"'  "  -^i  ~  "nr>  w>i'^i'^^v^^*  t 


Iir  PARTIE. 


i  1^ 


GERMANIGUS  CÉSAR. 

f  I£8  de  Drmns  et  neveu  de  Tibère  9  Germa<* 
nicns  César,  d'une  extraction  plus  illustre  encore 
da  e6ié  maternel»  ^tait,  par  la  vertueuse  Ântonia 
ta  mère ,  petit-fiû  de  Marc-Autoiue  et  petit  nc« 
Tea  d'Auguste*  Uu  décret  du  S^nat  avait  dëcerué 
à  Dmsns  et  à  sa  postérité  le  surnom  de  Gemia-» 
nicus  y  pour  éterniser  le  souvenir  des  victoires 
que  ce  prince  avait  remportées  sur  les  Germains  ; 
mais  ce samom elorieux  fut  encore  plus lapanago 
du  fils  que  du  père* 

Angoste  ayant  adopté  Tibère  9  fils  de  sa  fonune 
livie  9  obligea  ce  prince  à  en  user  de  même  à 
regard  de  Germanicus,  fils  de  son  fi-èrc,  qui 

Sr  là  devint  le  petitsr-fils  de  lempereur.  Il  était 
jà  Tidole  du  peuple  et  des  soldats  par  ses  beu* 
reusos  qualités  et  par  sou  caractère  aimable* 

Bientôt  la  guerre  fut  pour  lui  une  soiirca 
d'instruction  et  de  ç;loîrc. 

La    révolte   soudaine    des   Dalmatcs   et    des 
Pannoniens  ayant  rempli  de  terreur  la  capitale 
Tome  Z/.  t 


2  GEILMANICUS. 

de  l'Empire  ,  Auguste  chargea  Tibère  d  aller* 
combattre  les  insurges  ;  l'auiiëe  suivaute  (  la 
6*  de  Jésus-Christ  et  la  756**  de  Rome)  il  lui 
envoya  Germanicus  ,  qui  était  alors  questeur, 
pour  le  seconder  dans  ses  opérations.  Auguste 
comptait  sur  l'activité  d  un  jeune  prince  dans  la 
fugueur  la  plus  brillante  de  Tâge ,  et  plus  ea— 
core  sur  son  cœur  droit ,  franc  et  généreux* 
Germanicus  partit  à  la  tête  des  levées  faites  à 
Home  et  en  Italie.  Tandis  que  Tibère  marchait 
contre  les  Pannoniens ,  il  ouvrit  la  campagne 
conti^  les  Dalmates.  Vaincus  dans  plusieurs  coin-* 
bats ,  ces  derniers  cherchèrent  un  aSile  dans  leurs 
forteresses;  mais  elles  ne  purent  leur  servir  de 
rempart,  et  plusieurs  d'entre  elles  s'étant  ren-» 
dues ,  ils  furent  contraints  de  se  soumettre ,  du 
moins  en  appai^nce.  L  année  suivante  leur  chef 
T^ifi  recommença  les  hostilités  avec  plus  d'achar* 
nement  encore.  Germanicus  l'attaquai  avec  les 
mêmes  troupes  qu'il  avait  déjà  menées  tkla  victoire. 
Ses  succès  furent  d'autant  plus  rapides ,  qu'il 
avait  une  parfaite  connaissance  du  théâtre  de 
la  guerre  et  de  la  manière  de  combattre  des 
insiu'gés. 

Cette  seconde  campagne  commença  par  le  siège 
de  Bhetium  ,  ville  forte  :  peu  s'en  fallut  qu)» 
Germanicus  n'y  périt  avec  toute  son  armée.  Les  • 
assiégés,  feignant  de  prendre  la  fiiite,  abandour* 
Tient  les  murailles  y  se  retirent  dans  la  citadelle  » 
et  en  même  temps  qu'ils  laissent  pénétrer  Far-»" 
roée  romaine^  ils  mettent  le  feu^à  leurs  maisons, 
^]ui  étaient  remplies  de  matières  combustibles* 
Tout  h  coup  les  soldats  de  Germanicus  se  voient 
entourés  de  flammes  et  assaillis  par  les  assiégés  % 
il  ne  leur  restait  pour  moyen  de  salut  qu  à  se 
faire  joiuf  à  travers  cet  incendie  général ,  qui  con- 
suma la  ville  et  la  citadelle.  11  y  péril^uu  grand 
nombre  de  légionnaires.  Germa uicus  marcha  eu-» 


4  GEBl^LAKlCrS. 

parvenu  à  l*Einpiro  ,  et  de  ià  leur  amour  pour 
^e  fils ,  qui  donnait  les  nicmes  espérances.  £n  effet, 
<VerTnanicus  avait  lesprit  populaire  et  raffabilité 
h\  plus  engageante ,  bien  différent  de  Tibère >  qui, 
ttans  son  air  et  dans  ses  discours ,  était  dur  et 
impérieux. 

Auguste,  qui  préférait  Germanicus  à  Tibère» 
lui  avait  fait  épouser  sa  petite-fille  Agrippine,  et 
îl  le  destinait  alors  à  venger  la  défaite  des  légione 
de  Varus.  En  conséquence,  après  le  retour  de 
Tibère ,  il  donna  la  mission  à  Germanicus  de  te 
rendre  dans  les  Gaules  pour  enyabir  les  contrées 
de  la  Gejrmanie  qu'Arminius  avait  entraînées  à 
la  révolte  contre  les  Romains  5  ainsi  Germanicus 
6C  vit  à  la  tête  de  huit  légions  campées  sur  le 
Hhin ,  et  partagées  en  deux  corps ,  occupant  les 
deux  provinces  de  la  Gaule-Belgiqne  >  appelées  la 
Haute  et  la  Basse-Germanie*  Il  était  alors  âgé  de 
vingt-huit  ans*  Ce  fut  au  sortir  du  consulat  qu'il 
reçut  le  commandement  de  toutes  ces  forces ,  les 
plus  considérables  qui  se  trouvassent  réunies  du» 
nucmie  partie  de  l^mpire.  Il  commença  l'exei^ 
cice  de  son  commandement  par  le  cens  ou  dénomr 
itrement  des  Gaules,  et  il  y  travaillai tlorsqu'Aof- 
|;uste  descendit  au  tomlieau.  Sa  position  deTÎnt 
alors  très-délicate  à  Fégard  de  Tibère,  priifte 
ombrageux  et  dissimulé.  Le  nouvel  empereur 
craignit  d'abord  que  Germanicus,  se  trouTsnt 
commander  en  chef  huit  légions  et  un  pareH 
nombre  de  troupes  auxiliaires ,  et  joignant  à  ces 
forc(*s  redoutables  Tamour  des  peuples ,  n'aimât 
mieux  possécler  TEmpire  que  rattendre  ;  mais  plus 
<f  emmnicus  pouvait  prétendre  au  rang  suprême  , 
plus  il  sVtYorçait  dy  affermir  Tibère. 

Sr  trouvant  alors  près  des  Belges ,  il  oicee 
leur  serment  pour  son  oncle.  De  son  côté  Ti- 
bère' ,  voulant ,  par  pure  politique ,  mettre  son 
neveu  dans  ses'mtëréts  ,  demanda  pour  lui  le 


GERMANlCUSi  5 

puissance  proconsulaire.  En  yertu  de  cette  nou- 
velle difi^oitë ,  qui  lui  fut  conférée  à  yie  par  k 
Sénat ,  Germaiiicud  eut  une  autorité  presque  ab- 
solue sur  toutes  les  troupes  romaines ,  tant  dan« 
les  provinces  que  4^ns  la  capitale  ;  en  un  mot ,  il 
fat  créé  généralissime  des  forces  de  l'Empire* 
Les  commissaires  du  Sénat  qui  lui  portèrent  le 
décret  étaient  aussi  chargés  de  le  consoler  de  la 
mort  d^  Auguste. 

Cependant  Tibère  venait  à  peine  de  prendre 
possessioQ  de  la  puissanee  impériale ,  que  l'armée 
de  Pannonie  se  révolta ,  dans  le  dessein  d'engager 
une  guerre  civile  qui  procurât  aux  soldats  des 
récompenses.  Cette  sédition  ^t  appaisée  par 
Drusus ,  frère  de  l'empereur.  Mais,  presque  dans 
le  même  temps  et  par  les  mêmes  causes  9  les 
légions  de  Germanie  s'ébranlaient  avec  d  autant 
plus  de  violence  qu^elles  étaient  supérieures  ea 
nombre  ,  et  soutenues  de  l'important  espoir  que 
Germanicus  ne  souffrirait  point  de  maître ,  et 
qu'il  se  lirrerait  à  elles ,  comme  étant  assez  fortes 
pour  déterminer  une  révolution.  Ce  fut  dans  le 
camp  du  Bas-Rhin  ,  près  de  Cologne ,  que  s'al- 
luma la  sédition  des  soldats ,  au  moment  oîi 
Germanicus  était  encore  occupé  à  recevoir  les 
tributs  des  Gaules.' Au  premier  bruit  de  la  révolta 
des  légions  il  partit  en  diligence ,  et  rencontra  9 
à  quelque  distance  du  camp ,  les  soldats ,  dont  les 
regards  baissés  contre  terre  semblaient  annoncer 
le  repentir.  Il  entre  dans  l'enceinte ,  et  tout  re- 
tentit aussitôt  de  plaintes  amères.  Quelques-uns  , 
prenant  la  main  du  prince  sous  prétexte  de  la  lui 
baiser ,  lui  faisaient  toucher  leurs  gencives  dé— 

{mouillées  de  leurs  dents  5  d'autres  lui  montraient 
eur  corps  courbé  par  la  vieillesse.  Germanicus 
arrive  à  son  tribunal.  Là  ,  voyant  les  soldats 
pêle-mêle  ,  il  leur  ordonne  de  se  former  par 
compagnies    pour  mieux  entendre  sa  réponse  , 


A  GERMANICUS. 

les  soldats,  il  proiîtu  de  celle  disposition  ptiur 
leur  dëpriudj'o  dans  une  harangue  ,  nrvc  Its 
AToulcui^  les  plus  vives,  ratrocite  de  leur  con- 
duite, et  pour  leur  arracher  Taveu  de  réuormité 
de  leur  faute.  Tous  le  supplient  de  punir  les  plus 
coupables,  de  pardonner  aux  faibles»  et  de  les 
mener  ensuite  à  rennemi;  tous  demandent  avec 
instance  qu'on  leur  rende  Agrippine  et  le  noux^ 
lisson  des  légions.  Germanicus  promet  soa  fils, 
remettant  le  reste  entre  leurs  mains.  A  ces  mots 
la  l'évolution  fut  entière,  et  les  soldats  punirenl 
eux-mêmes  les  chefs  de  la  sédition. 

Le  calme  fut  bientôt  rétabli  dans  le  camp; 
mais  à  soixante  milles  de  là  deux  légions  persia*» 
tiiieiit  dans  leur  révolte*  Germanicus  se  préparait 
Ik  les  aller  combattre,  lorsqueUes  le  pi^vinreol 
en  punissant  elles-mêmes  les  coupables.  Cetta 
espèce  de  gueiTC  civile  présentait  un  spectacle 
id'horreur  dont  on  n  avait  jamais  vu  d'exemple» 
On  laissa  les  soldats  se  rassasier  de  carnage  ^ 
jouir  de  la  vengeance  et  s'en  dégoûter»  Germa- 
nicus, à  son  entrée  dans  le  camp,  s^écria  les 
larmes  aux  yeux  :  «  Ce  u^est  pas  là  un  remède , 
«  mais  une  boucherie!  »  La  férocité  du  soldat 
d[iaug<*ant  alors  d  objet,  ils  demandèrent  à  mar- 
cher à  Tennemi  pour  expier  leur  fureur*  Ger- 
manicus fit  aussitôt  jeter  un  pont  sur  le  Bhia» 
0t  passa  le  fleuve  avec  son  armée* 

Ainsi  fut  appaisée  Tune  des  plus  dangereuses  se* 
iditions;  ainsi  tut  rétablie  la  discipline,  et  a£fenuie 

Îanlorité  de  Tibère ,  par  l'habileté ,  le  courage  et  la 
ésintéressement  de  Germanicus*  Si  ce  prince  eût 
Touluse  prêter  au  vœu  des  l^ons,  il  eut  été  pro- 
clamé maître  de  Tautorité  souveraine  ;  les  soldai^ 
et  le  peuple  avaient  conçu  Tespoir  que,  parvenaà 
l'Empire ,  il  réaliserait  le  vœu  de  son  père  Dmana 
Cl  faveur  de  la  liberté  de  sa  patrie*  De  là  cette 
urdtui*  pour  son  élévation,  it  laquelle  persouua 


g:i^imanigits.  9 

ne  8*oppo8alt  que  lui  seul.  On  verra  bientôt 
comment  Tibère  récompensa  cet  inviolable  atta* 
chement  à  sa  personne  et  à  ses  intérêts* 

Germanicoi»  venait  d'entrer  en  Germanie 
avec  des  troupes  dont  les  mains  sacrilèges 
voulaient  expier  tant  de  meurtres  dans  le  sang 
des  ennemis  du  nom  romain.  Tout,  dans  le 
pays  des  Marses  9  fut  mis  à  feu  et  à  sang.  Plu-» 
sieurs  autres  peuples  germaniques  9  excités  par 
cette  cruelle  invasion , ^attaquèrent  les  Romains 
dans  leur  retraite ,  et  ne  mreut  repoussés  que 
par  l'effet  du  couraee  et  de  la  prudence  de  Ger- 
manicus.  Le  bruit  de  ses^  exploits  parvint  bientôt 
à  Rome  7  et  y  causa  une  }oie  générale  i  maig 
Tibère  en  conçut  de  l'inquiétude.  H  avait  vu  avec 
plaisir  la  sédition  ^ppaîsée  ;  mais  il  voyait  avec 
peine  les  gratifications  et  les  concés  livrer  à  Ger-» 
manicus  la  faveur  du  soldat.  Il  rendit  compte 
cependant  au  Sénat  des  services  rendus  par  le 
jeune  béros,  mais  en  termes  trop  recherckés  et 
trop  magnifiques  pow  qa'ils  parassent  l'exprès* 
non  d^un  sentiment  vraî.^ 

L'année  suivante  Germanicus  fît  de  plus  grand» 
préparatifs  encore ,  dans  la  vue  de  venger  la  mort 
de  Varus  et  la  défaite  de  ses  légions. 

Les  nations  germaniques  étaient  divisées  depuis 
que  la  mésintelligence  régnait  entre  Arminius , 
qui  avait  défait  Varus ,  et  Segeste ,  ami  sincère 
et  fidèle  des   Romains.   Geimanicus  n'eut   pas 

Îdutôt  appris  que  ces  deux  cbefs  nourrissaient 
'un  contre  l'autre  la  plus  ardente  animosité  , 
qu'il  envahit  et  ravagea  le  pays  des  Celtes.  11 
marcha  ensuite  contre  Arminius  en  personne. 
Ce  chef  avait  prévalu  dans  l'esprit  des  barbares  , 
parce  qu'il  voulait  nationaliser  la  guerre  contre  les 
Romains. Germanicus  remporta  sur  lui  un  avantage 
signalé ,  et  fit  sa  femme  prisonnière.  Mais  ,  ayant 
soulevé  les  nations  voisines   et  rassemblé  uns 


to  GVJMAmCCèé 

noayelln  année  ,  ArminiiiB  parut  plus  ri*iIoU'« 
table  encore  ,  et  Gerniauicus  niarclm  de  iioik** 
y(;au    contre    Inî.     L^arniëe    romaine    s'avança 

Î'usqu  aux  confins  les  plus  reculés  du  pays  des 
îruclères  ,  lava^ea  toute  la  contiée  entl'e  TEnifl 
et  la  Lîpy>e  ,  et  pénétra  dans  la  foret  de  Reutlierg 
(en  WVstphalle  ),  oîi  le»  osseinens  de  Varus  et 
de  ses  lésions  étaient  encore  h  découvert.  Cette 
foret  célèhi'tî  conserve  encore  le  uiéjne  nom  9  et 
le  champ  voisin  s'appelle  TVinfeldt,  ce  qui,  dans 
la  langue  du  pays,  sif^nifie  Chainp  de  la  T^ictoire» 
Gerjnanicus  et  son  année  rendirent  les  derniers 
devoirs  à  Varus  et  à  ses  lésions.  Le  prince  i>08a 
Jui-niénie  le  premier  ^azon  de  ce  commun  tom-* 
beau,  et  par  ce  devoir  pieux  il  honora  les  morts 
et  partagea  Taflliction  des  vivans.  Il  poursuivit 
ensuite  Arminius,  qui,  lui  échappant  sans  cesse 
et  f];agnant  des  lieux  inaccessibles  ,  parvint  à 
comJ)attre  avec  avantage  Cecina,  lieutenant  de 
Gennanicus.  Ce  prince  mena  quatre  légions  jus- 
qu'à rOcéan,  leur  fit  descendre  l'Ems,  et,  retour- 
nant ensuite  par  mer,  non  sans  danger,  jusqu'à 
rendN)uchure  du  Uhin,  il  se  rendit  par  tr;rrc  à 
Colo^n<*.  Là  il  trouva  Servîmes,  frère  de  Segeste, 
qui  venait  se  soumettre  aux  iioniains.  Voyant  le 
zèle  dont  les  hohials  éUiîent  animés,  il  s'f^fl'orçait 
d'accélérer  la  vi(*foire  par  de  grands  piéparatifs 

i>our  une  troisième  campagne.  En  méditant  sur 
es  opéjations  de  la  guerre,  et  sur  tous  les 
événemens  hcunMix  et  malheureux  qui  avaient 
signalé  ses  deux  invasions,  il  vit  que  les  Germains, 
défaits  en  plaine  et  en  batailles  rangées,  avaient 
pour  eux  leurs  bois,  leurs  marais,  un  été  court, 
clés  hivers  piémaluiés,  et  que  les  soldats  ne 
soufY'raient  pas  tant  du  feu  de  reimemi  que  de 
la  longueur  des  marches  et  de  la  pert<;  de  leurtf 
armes;  qne  la  Gaule  s  épuisait  de  chevaux;  que 
cette  longue  file  de  bagages,  difliciles  à  couvrir ^ 


Il 


GEaiVIANICUS. 
litt  anx  embuscades  :  au  lieu  que  paf  i 
trouvant' une  foute  iucoonoe  àreiuteini,  et  plus 
facile  pour  les  siens ,  il  ouvrimit  plutôt  la 
pagne  ,  era'jarqueroit  ses  convois  avec  ses  lé^ 
et,  en  remontant  les  fleuves,  verrait  arriver  ses 
troupes  toutes  fraîches  dans  le  cœiii'  de  la  Ger—  " 
manie.  Fermement  résolu  d'eiAiuter  ce  plan, 
GermauîcTis  Kt  constrnirS  en  diligeuce  mille  vais- 
seaux', et  assigna  l'île  des  Bataves  pour  le  reudci- 
vons  général;  puis  il  embartiuc  so»  armée, 
jUTÎve  iremboHcbure  de  TEms,  et,  aprfe  avoir 
débarqué  ses  troupes,  prend  avec  elles  le  che- 
min du  Weser.  Sur  les  bords  de  ce  Ocuve ,  et  h 
la  télé  des  Cbëmsipes  ,  il  reaeontre  Arminiiu, 

rî ,  feignant  de  fuir,  cherchait  à  attirer  une  partie 
l'armée  rcunaine  dans  des  embuscades, 
Gei-manicus,  ayant  passd  le  Weser ,  est  instruit 
par  un  ti-ansftige  qu'Arminins,  sontenii  de  plu— 
■  '.  liears  nations  gui  ven'^ient  de  le  j oindre ,  ten— 
.  terait  d'attaquer  ic  camp  des  Romains  ta  niiit 
snivaute.  A  la  veille  d'une  affaire  décisive,  îl 
veut  souder  les  dispositions  du  soldat;  mais  il  se 
défiait  dés  tribuos  et  des  ceaturious,  dont  le» 
rapports  étaient  sooTent  .pios  agi^ables  qoe  fi- 
dèles; de  ses  affranchis,  toujours  un  peu  esclaveniç 
de 'Ses  amis,  trop  soaveid  flatteurs;  ménie  dec 
■Memblées  générales  de  l'arâiée  ,  où  le  petit 
'ttombre  diclf  à  la  muttttade  ce  qu'elle  répètes 
Ëafia ,  pour'  lire  au  fond  des  âmes ,  il  veut  voir 
■es  soldats  libres ,  sans  snrreîUanâ  ,  lorsque  ,  à^ta 
leurs  re{Hts  militaires, ils  déploient  leun  craii^H 
êC  lean  «^rances.  La  ooit  yenue ,  il  prend  des 
router  détonruées,  inconnues  des  sentinelles.  Eik- 
velosfié  d'une  peau  de  béte  iauvaee ,  et  suivi  d'un 
KBtMHQBie, il  traverse  les  moa  &  camp ,  s'arrêta 
SVbme  tenté,  et  là  jouît  iîte  ta  renonuqëe<  L'un. 
tteUttut  n  haute  naissance  ,  l'autre  sa  boon» 
B^oe,  b  plupart  sa  patîèobe,.  son  afiabitité,  son 


nouvoUo  nniu^o  ,  Ariniiiiiis  parut  plus  rr<1oti« 
tiihie  ciicoix*  ,  ci  (irniiiuiicus  inatTim  do  iiou"" 
yrau    contre    lui.     I/nrinrr    rouiuiur     snvau^'a 

1*us(|u  aux  iMUiiiiiH  Ivs  plus  r(Tul<^4  <lu  pavii  des 
kurtrrrH ,  lava^ra  toute  la  roiituM*  mtir  l'Enifl 
vt  la  Lip)N*  ,  vt  p(?u(''tra  dans  la  iorrtch*  R<Mill)rr|; 
((Ml  NVcsipiialir  )«  où  U\h  ossrnirns  Ac  Varus  et 
<ie  ses  lé^ituis  etairni  encore  h  découvert.  Ci*tt6 
forêt  célèbre»  conserve  eniH>re  le  ni^Mue  nom ,  et 
le  clianip  voi.Mu  s  appelle*  //  infvUlt^  ce  qui,  daiis 
la  langue  du  pavA,  si^nilie  ihtinip  de  la  rhiairr» 
(■(*rnuuHcuH  et  son  armée*  r<*iuiir(Mit  les  derniers 
d<ïvoirs  li  >'arus  et  à  ses  lésions.  L(*  prince  posa 
Jui-nuMue  le  premier  ^a/.oii  de  ce  conunun  ù>ni* 
})cau,  et  par  ce  devoir  pieux  il  honora  les  morts 
et  partagea  raflliction  des  vivans.  Il  poursuivit 
ensuite  Arminius,  qui,  lui  échappant  sans  cesse 
vi  ^a<;uant  des  lieux  inaccessibles ,  parvint  2k 
rondmttre  avec  avantaj^e  (lecina,  lieutenant  de 
Gernuuiicus*  Cv.  prince  nuMia  «juatre  lé^^ions  jus-» 
<ju7i  rOccan,  leur  TUdescendiT  rjCnis ,  et ,  retoui>* 
liant  ensuite  par  mer,  non  sans  danger»  jusqu'à 
IVudMiuchun*  du  Uhin,  il  se  rendit  par  terre  à 
(iolo^nt*.  lia  il  trouva  Seri;imes,  frère  de  Sc^estc, 
qui  vcuiiil  se  stiii mettre  aux  Konmins.  Voyant  le 
arèle  dont  les  soldats  étaient  animes  «  îl  sVtVoi\ait 
d*a<Tclércr  la  vict«)lr(*  par  de  {;rands  préparatifs 

Îiour  mu*  troi.sième  campagne.  En  nuMlitant  sur 
es  o|HM-ations  de  la  ^uern*,  et  sur  tous  les 
^yénenuMis  heureux  et  malheureux  qui  avaient 
signalé  scsd(Mi\  invasions*  il  vit  que  lesGennainsi 
délails  en  plaine  et  en  halailles  nin{;é<*s*  avaient 

5our  eux  leurs  bois,  leurs  inarsis,  un  été  court, 
es  hivei>i  piématuiés«  et  que  les  soldais  ne 
sondraient  pas  tant  du  feu  de  rennenii  que  de 
la  loii{;ueur  des  marches  et  de  la  perte  de  leur^ 
anues;  «{ne  la  Oaule  s  épuisait  de  clu*vaux;  que 
cette  longue  idc  de  bagages  >  diillciles  à  couvrir  f 


GERMANIOJS-  Tf 

prêtait  aux  embuscades  :  au  lieu  (pie  par  mer  , 
trouY ant  une  route  inconuue  à  l'eimcmi ,  et  plus 
facile  pour  les  siens ,  il  ouvrirait  plutôt  la  cam- 
pagne ,  embarquerait  ses  convois  avec  ses  légions, 
et ,  en  remontant  les  fleuves ,  verrait  arriver  ses 
troupes  toutes  fraîcbes  dans  le  cœur  de  la  Ger—  * 
manie.  Fermement  rdsolu  dVxëcuter  ce  plan  , 
Germauîcus  fit  construir8  en  diligence  mille  vais- 
seaux,  et  assigna  Tîle  des  Bataves  ppur  le  rendez^ 
vous  général  ;  puis  il  embaixjuc  son  armée  y 
arrive  à  Tembouchure  de  TEms ,  et ,  après  avoir 
débarqué  ses  troupes ,  prend  avec  elles  le  che-' 
min  du  Weser.  Sur  les  bords  de  ce  fleuve ,  et  h 
la  tête  des  Cbérusques  ,  il  rencontre  Arminius^ 

Îuî ,  Ceignant  de  fuir,  cberchait  à  attirer  une  partie 
e  Tarmée  romaine  dans  des  embuscades. 
Germanicus,  ayant  passé  le  Weser ,  est  instruit 
par  un  ti'ansftige  qu'Ai'minius ,  soutenu  de  plu- 
sieurs nations  qui  venaient  de  le  joindre ,  ten-> 
terait  d'attaquer  le  camp  dos  Romains  la  niiîC 
suivante.  A  la  veille  d'une  afïîure  décisive  ,  il 
veut  sonder  les  dispositions  du  soldat  :  mais  il  se 
déliait  des  tribuns  et  des  centurions ,  dont  le» 
rapports  étaient  souvent  plus  aij;réahles  que  fi- 
dèles ;  de  s(.»s  aflrancbis ,  toujours  un  peu  esclaves 5 
d«*  SOS  amis,  trop  souvent  flatfoiirs;  n>6me  des- 
asîiiemblécs  générales  de  raînico  ,  où  le  petit 
nombre  dicte»  à  la  multitude  ce  cpi'olle  répète» 
Enfin,  pour  lire  au  fond  des  iunrs,  il  veut  voir 
ses  soldats  libres,  sans  surveillaiis  ,  lorsque  ,  dans 
leurs  rcîpas  militaires, ils  déploient  leurs  craintes 
et  leurs  espérances.  La  nuit  venue ,  il  prend  des 
routes  détournées ,  incommes  des  sentinelles.  En- 
veloppé d'une  peau  de  bete  sauvage  ,  et  suivi  d'un 
seul  homme, il  traverse  les  rues  du  camp ,  s  arrête 
à  chaque  tente,  et  là  jouit  de  sa  renommée.  L'un 
exaltait  sa  haute  naissance  ,  lautre  sa  bonne 
mine  ,  la  plupai^t  sa  patience^  son  alTabililé,  suiv 


t%  GERMAinCUS. 

caractère  toujouj*s  égal  ;  tous  se  promettaient  dt 
faîiv  ^k'Iater  leur,  amour  vt  leur  dévouemeul 
pour  lui  sur  le  champ  de  bataille  y  eu  iuimolant 
les  ]>arjure8  et  les  intraoteui*s  de  la  paix.  £iicou- 
racé  pai*  tant  de  te'uu)igiiages  Uatteurs ,  par  des 
pi  ésages  et  des  auspices  iavorables  9  le  matin 
même  Gennaiiicus  convoqua  raruiée  et  dëcl»ra> 
dans  une  harangue  <no(]uente ,  qu'il  était  rësola 
de  finir  une  pénilde  guerre  par  une  batiiillc  d^ 
cisîve.  L(*s  soldats  i*époudeut  aussitôt  par  de  vives 
acclamations. 

Les  deux  armëes  étaient  en  présence  »  et  les 
Homains  marchaient  à  Fennemi  %  lorsqu  ou  vit 
passer  huit  aigles  qui)  volant  vers  la  iorét,  s  y 
enfoncèrent.  A  cet  ueureux  augure  Geruianicus 
s'écria  :  «  Suivons  ces  aigles  ;  ce  sont  les  dieux 
«  tutélaij'i^s  de  nos  légions.  »  Les  Germains  ne 
purent  soutenir  le  choc  >  et  Gennuuicus  ixîsta 
vainqueur  ;  nuiis  >  sVtant  ralliés  1  ils  revinrent 
bientôt  à  la  charge  avec  une  rage  aveugle.  Cette 
seconde  bataille  fut  encore  plus  terriole  cnie  la 
première.  Gennanicus  ,  à  la  tête  des  conortt*s 
prétotiennes  ^  fondit  le  premier  dans  la  forêt» 
Là  on  se  battit  corps  à  corps.  Les  Germains  ne 
le  cé<luient  point  en  bravoure ,  mais  la  nature  du 
combat  et  des  armes  leur  donnaient  du  désavan* 
tagc.  Gennanicus  avant  ôté  son  eascpie  pour  être 
mieux  recomui ,  criait  de  s*acharner  au  carnage  ,  < 
de  ne  point  faire  de  prisonuiei^  »  cpi  on  n'aurait 
la  paix  que  par  la  oestiiiction  cutièi'e  des  Ché- 
ruM|ues. 

Cette  seconde  bataille  gagnée  «  il  prouon^*a 
réloge  des  vainqueurs  en  présence  de  son  armée 
entièiv ,  et  &t  élever  un  U'ophée  avec  cette  iiis* 
cription  magnifique  :  «  L'armée  de  Tibère  César» 
«  victorieuse  des  nations  entre  l'Elbe  et  le  Bhin  » 
«  a  constieré  ce  momunent  à  Mars  i  à  Jupiter  et 
*  à  Auguste.  »  Il  n  j  fit  aucune  mention  de  lui** 


GERMANICUS.  i3 

même  ,  soit  crainte  de  l'envie  ,  soit  persuasion 
intime  qae  les  grandes  actions  se  snifisent  à  ^elle»» 
mêmes» 

L'ëté  touchait  à  sa  fin  ,  et  Germanicns ,  aprifl 
avoir  renvoyé  une  partie  des  légions  par  terre  » 
rembarqua  le  reste  de  sa  flotte  pour  regagner 
l'Océan  par  l'Ems.  D'abord  la  mer  fut  tranquille; 
mais  bientôt  un  vent  violent ,  mêlé  de  grêle  et 
soufflant  à  la  fois  de  tous  les  côtés,  emporta  et 
dispersa  les'  vaisseaux  en  pleine  mer.  Un  grandi 
Bombre  y  périt  ;  on  fit  naufrage  sur  des  écueils* 
Autant  rOcéan  Temporte  en  violence  sur  un« 
autre  mer  ,  autant  cette  tempête  l'emporta  sur 
les  autres  par  tout  ce  qu'elle  eut  d'extraordi^ 
naire  et  d  horrible*  La  galère  de  Germanicu^ 
aborda  seule  cllbz  les  Cauques»  Tant  que  dur^ 
l'ouragan   oi^  le  vit  courir  le  jour  et  la  nuit  $ur 
les  rochers  et  sur  les  promontoires  >  criant ,  se 
reprochant  la  perte  de  tant  de  vaisseaux  et  de 
tant  de  braves  soldats  ;  à  peine  ses  amis  purent^ 
ris  l'empêcher  de  se  précipiter  dans  la  mer.  Enfin 
le  vent  s'appaisa  ,  et  les  vaisseaux  rentrèrent  dé- 
labrés ;  on  les  répara  à  la  hâte  pour  les  remettre 
en  mer  :  quelques-uns  avaient  été  emportés  jus-» 
qu'en  Angleterre. 

La  nouvelle  de  ce  désastre  fit  reprendre  les 
armes  aux  Germains  5  mais  l'activité  de  Ger- 
manicns trompa  leurs  espérances.  Il  envoya  une 
année  contre  les  Celtes,  fondit  lui-même  sur 
les  Marses  avec  une  armée  plus  nombreuse ,  et 
recouvra  deux  aigles  de  Varus.  Après  l'expédi- 
tion il  fit  hiverner  ses  troupes,  à  qui  la  joie 
(le  ce  succès  avait  fait  oublier  les  disgrâces  de 
la  mer  ;  il  les  combla  de  ses  libéralités,  et  tint 
compte  à  chaque  soldat  de  ce  qu'il  déclara  avoir 
perdu.  Une  autre  campagne  aurait  terminé  la 
guerre;  mais  l'envie  porta  Tibère  à  enlever  à 
Germanicus  une  gloii^e  dont  il  était  presque  ea 


14  CEllMANiaiS. 

poHHrRHion  ;  Jl  Iv.  rappolu  bouh  prétexte  do  Tenir 
|ouir  (lu  trionmhr  (lui  lui  avait  été  décerné* 

11  fallut  uln^ir  ;  GcruiuniniH  cjuittu  lurmcfo  à 
regirt))oiir  retenir  h  lloitir»  Tuutcti  leicohortca 

rrdtoi'irmi(?H  ullorcut  au  il(*viiut  ilo  lui ,  ciuoiuuo 
ur<h-o  u'oùl  éié  douné  rni*h  ùv.ut  d  outre  «Iief. 
La  route  était  couverte  uo  peupUi  ju»qu'h  lu  (lin- 
tauco  dv.  vill^t  inillost  TllH^re  >'<'Çut  GcM'uiauicua 
fiv<*c  (uutcHlcH (U^uiouHtjniiouiid anootion  tit  d*aiui« 
tidiUiuiMaycc  hi  pliiipi'oioudcdiHttiuiuluttoapllare- 
ooiunMUida  au  iSt^uat  conuiM!  di^iM*  don  pluH  ^runda 
konuiMiiH»  Li!  26  luai  do  r«unfi(>  Muivuntit,  770 
do  la  londation  dv  iioiuo,  vi  17  do  J.  C» ,  Goj'iim* 
liicuti  triouipha  don  Clu^riiHtjuoH ,  doH  OitoM,  dea 
AgrivaiiouH  otautimnatiouM  qui  Iiahitaiout  outre 
le  illiin  ot  rKU)04  Co  ti  iouipho ,  «li$i  c^uiouio  dovfH 
nuo  raro ,  lut  do  la  plu»  grande  umuuiliconoe» 
LoH  d<dpouili('H,  loM  oaptifH,  lot»  ronroMoututiu'aa 
doH  ilonvoM,  cl(*N  nioataauoH,  doH  couilmU  oruèiHitit 
la  noitipc.  Maiti  co  4111  Hurtout  iixait  Iob  rogarda 
ol  TalUnition, 'cotait  la  porHouuo  mémo  do  Gor— 
inaniciiH,  m  hoanlc  ni  majoHLuouAo«  et  son  cUur 
couvert  do  uvh  cin({  onians.  loutrioiH,  dit  Taoit<*  » 
on  uo  pouvait  ho  ({(^loudro  d'un  oorlain  Hontiniont 
do  ciHjntoon  voyant  cpio  hon  p^t'o  Diumum  n'avait 
pan  ou  longtom])H  i\  jouir  dv  la  faveur  du  poupin; 
<mo  son  oncle  MarcelluH  Hâtait  vu  onlov<$  a  lu 
ifour  do  Ha  Jouu(*hbo  ,  au  milieu  doH  adoratoui's  do 
l'Empire ,  et  «{u'il  y  avait  coniuio  une  inUuouco 
maligne  attaolu^o  à  ranumr  du  peuple  romain. 
Tilx'^rc  ,  pour  rendre  la  Noh^nnitd  pluti  cuin» 
pl(Mo ,  fit  diMtrihiier  au  peuple  3oo  «(^HtcrcoH  par 
U*te,  ot  HO  di^aigua  oonitul  avec  OornuinicuH  pour 
lamule  Huivaute»  On  nVn  fut  naa  plu»  persuadé 
do  m  teudrfîMo  pour  son  IUh  a(toptif ,  ot  hientât  t 
aooH  doH  motifs  lionoraîdcHTil  )  ($Holut  do  rdcartiT» 
1^*H  trouhlcH  d'Orient  lui  ofl'rirent  une  oocaHÎoii 
fiivoiuiilo  ptiiu' boUHtiaijo  Gormaaicutt  à  ho«  li$«» 


GERMANICUS.  i5 

gions  ckéries ,  en  le  trausportaut  dans  de  nou- 
velles provinces  où  il  resterait  exposé  aux  coups 
de  la  politique  et  du  sort.  Tibère  représenta  au- 
Sénat  qu^étaut  sur  le  déclin  de  Tâge ,  et  Dioisua 
son  fils  n  ayant  pas  encore  assez  de  maturité  , 
Genuanicus  était  le  seul  qui ,  par  sa  sagesse  ,  pût 
rendre  le  calme  à  rOrieut*  Un  sénatus*consulte 
déféi*a  aussitôt  à  ce  prince  le  ^ouTemenieut  gé-« 
nierai  de  toutes  léâ  provinces  ëU'-delà  de  la  mer, 
avec  une  autorité  supérieure  à  celle  de  tous  les 
autres  commandant ,  et  des  pouvoirs«^lus  éten-* 
dus  que  pour  aucun  auti^e  gouverneur,  depuis 
Pompée-Ie^rand.  Mais  ,  pour  Ijalancer  une  au- 
torité si  exorbitante  ,  Tibère  donna  le  gouver^ 
nemcnt  de  Syrie  à  Cneius  Pison  ,  génie  violent , 
Il  qui  les  égards  et  la  déférence  étaient  inconnus* 
A  sa  hauteur  naturelle  il  ajoutait  la  pjésomptiou 

3ue  lui  inspirait  la  noblesse  et  les  biei^s  immenses 
e  Plancine  >  son  épouse.  Pison  se  crut  envoyé 
en  Syrie  pour  traverser  les  espérances  de  Gei> 
maiiicus  ;  et  s'il  ne  reçut  pas  des  instructions 
6(»crètes  do.  Tibèrcî  ,  oonnne  ou  le  crut  alors  ,  il 
est  certain  que  rinipératrice-nièro  rrooninuuida 
elU'-nieiiK^  a  Plaiioliie  (l(î  fatii^ucr  l'eimuse  de 
(vcrniaiiicus  par  des  rivalilés  et  jiar  des  niortili- 
catloiis. 

Vers  la  fin  de  raniiée  Oermanicus  partit  pour 
son  };oiiveriioineiit ,  avee  sa  (enniie  Ajjçrippine  et 
son  iils  Caïus  ,  sinnoinnié  Caiigiiid,  Après  avoir 
essiivé  deux  temp^'les  violentes  ,  l'une  dans  le 
golfe  Adj'iatiqiH» ,  raiilrc  dans  la  mer  Ionienne  ^ 
il  se  rendit  en  Dalniatie  pour  y  visiter  son  frèi« 
Driisns.  De  lii  ,  suivant  la  côte  illyrienne  ,  il 
gagna  Nicopolis,  ville  d'Achaie  qu'Auguste  avait 
iuilie  en  nu'nioinî  de  la  journé(î  d'Aotiuin  ;  il  y 
resia  quelqu(»s  jours  pour  y  reparer  sa  llolte,  et 
profita  de  ee  temps  pour  voir  un  gdfe  (jue  la 
%ictoiie  a  rendu  si  cclèbic,  les  nionuniens  cou- 


J4  CEllMANiaJS. 

|)()HHrKHioii  ;  il  le  r«|)|H'lii  sou  h  ])ri$t(*xto  do  Tenir 
jouir  (lu  liîuni|)h(M|ui  lui  avait  (:td  iléccmé» 

11  fallut  oMv  ;  (»ciinaiii(MiM  <juittu  luriiK^e  it 
ri>(;rrt  )K»iir  n'^niir  ik  liouir.  'J'uutcii  loscohorlfît 

1)1  (:toi-i(!Uii(>H  ullrrrut  au  clrviiut  <lo  lui  y  (|uoiuiie 
\)r(lr(!  uVAL  cié  duund  cnili  ùv.ux  dVïutrc  ellef» 
La  rouli*  éUxli  coiivorle  m*  peuplft  jusqu'à  lu  dit* 
tanrn  dv.  yiu^l  iiiillna.  TilH*re  l'^IÇUt  GcTiiiuulcui 
nvrr  toulcHlrH  d4*HionHtraii()niid  aflcrtion  e.t  d*aiiii« 
ti(^,inaiM  avec:  la  pluA  pr  oloiido  dissiuiulatton;  il  le  re* 
roiuinaiula  nu  »S<'uat  couun<*  di^iir  drH  pluH  frauda 
lionururH.  1a*.  hO  nuii  di^  lanufir  Kuivaute,  770 
<1(*  la  londatiou  i\v  iUntïo^  et  17  de  J«  <^  ^CfTiiia- 
liirijs  trioniplia  d<'H  Chc^iii.HtpirH ,  dcH  Olt(*8,  dei 
A{;iivaiiciis  claulrr^  natiouH  cpii  hahilaiiMit  entre 
Ir  iUiln  et  rKll)r«  Ce  ti  ioniplir ,  tfléic^uionir.  devfî* 
nue  raie ,  lut  de  lu  plus  ^ramie  uui|;uificenee« 
LeH  (l^^pouilles,  les  eaptiCH,  leH  reiirdsM'uttiliu'Jg 
«les  lleuveii,  deH  niouta^iieH,  deM  coinlmtM  ornèrent 
la  pompe.  MaiHee  (pli  Hurtotit  iixait  le»  regarda 
1*1  ]'alU!iition,'eeLail  la  persoiine  ni£uio  de  (^er— 
maiiicii.s,  m\  heanlé  m  inajesUiouHe»  et  Boii  elmr 
couvert  (l(^  tkvn  eiti({  c^iiaiiK*  'routefoiH,  (JilTaeîtf*, 
on  lie  pouvait  se  (U^ieudre  (1*1111  e(>rlaiii  K(*n(iinent 
ùv.  eiaiiit(!eii  voyant  (pie  son  pèr(;  DriiHUH  n'avait 
pas  eu  lou(;t(*iups  à  jouir  i\v  la  faveur  du  peuple; 
<pie  Sou  oiiele  Mareelliis  K*e(ail  vu  eidc^vd  à  la 
ll<*ur  de  Ha  jeunesse,  au  milieu  <les  adora  tiîurs  do 
rjCiiipire  ,  et  ({ii'il  y  avait  eoinine  une  inNuenco 
maligne  attiurlM^e  h  laniour  du  peupUi  romain. 
7'ili(M(>  ,  pour  rendre  la  Kolennitd  ]duH  coin* 
yU'.ïv. ,  fit  diHtriliu(*r  au  peuple  3oo  seHtcrcCH  par 
t^ite,  et  He  de^sigua  coimul  nvee  (xeniMnicuspour 
laiiiule  suivante.  On  n'en  fut  paH  plus  persuadé 
d(;  sa  teudreAS(;  fMnir  son  fils  acloptif,  et  hientot» 
6011S  (les  mol  ils  lioiioraldeHril  1  (^solut  de  rdcartcir» 
Les  (roid)leH  d'Orient  lui  onVirentune  oe^*asion 
finoi.ilile  pour  boUfiLiuiie  ^ieinmnicutt  &  M!«  Itf- 


GERMANICUS.  ïS 

gions  cbéries,  en  le  transportant  dans  de  nou— 
Telles- provinces  où  il  resterait  exposé  aux  coups 
de  la  politicjue  et  du  sort.  Tibère  représenta  au- 
5énat  cpi'étaut  sur  le  déclin  de  Tâge ,  et  Drusua 
son  (ils  n'ayant  pas  encore  assez  de  maturité  ^ 
Oennanicus  ét^it  le  seul  qui ,  par  sa  sagesse  ,  pût 
rendre  le  calme  à  rOrient«  Un  sénatus-K^onsulte 
déféra  aussitôt  à  ce  prince  le  ^ouitemeiliént  gé-« 
Biéral  de  toutes  léâ  provinces  au-delà  de  la  mer, 
avec  une  autorité  supérieure  à  celle  de  tous  les 
autres  commandant ,  et  des  pouvoirs^lus  éten-* 
dus  que  pour  aucun  autre .  gouverneur ,  depuis 
Pompée-le^rand.  Mais  ,  pour  balancer  une  ai*- 
torité  si  exorbitante  ,  Tibère  donna  le  gouver- 
nement de  Syrie  à  Cneius  Pison  ,  génie  violent , 
h  qui  les  égards  et  la  déférence  étaient  inconnus* 
A  sa  bauteur  naturelle  il  ajoutait  la  présomption 
que  lui  inspirait  la  noblesse  et  les  biens  immenses 
de  Plancine  ,  son  épouse.  Pison  se  crut  envoyé 
en  Syrie  pour  traverser  les  espérances  de  Ger-^ 
manicus  ;  et  s'il  ne  reçut  pas  des   instructions 
secrètes  de  Tibère  ,  comme  ou  le  crut  alors  ,  il 
est  certain  que  l'impératrice-nière  recommanda 
elle-même  à  Plancine   de   fatic;uer  répouse   dç 
Germaiiicus  par  des  rivalités  et  par  des  mortifi- 
cations. 

Vers  la  fin  de  Tannée  Germanicus  partit  pour 
son  gouvernement ,  avec  sa  femme  Agrippine  et 
son  fils  Caïus  ,  surnommé  Caligulci,  Après  avoir 
essuyé  deux  tempêtes  violentes  ,  Tune  dans  le 
golfe  Adjjatique ,  Tautre  dans  la  mer  Ionienne , 
il  se  rendit  en  Dalmatie  pour  y  visiter  son  frère 
Drusus.  De  là  ,  suivant  la  côte  illyrienne  ,  il 
Uagna  Nicopolis ,  ville  d'Achaïe  qu'Auguste  avait 
bâtie  en  mémoire  de  la  joui^née  d'Actium  ;  il  y 
l'esta  quelques  jours  pour  y  réparer  sa  flotte,  et 
profita  de  ce  temps  pour  voir  un  golfe  que  la 
* ictoiie  a  rendu  si  célèbre ,  les  monumens  cou- 


1^  GERMANICU& 

sacrés  par  Aagiiste  et  le  camp  de  Marc-Antoine» 
Ces  licDX ,  où  il  retrouvait  partout  les  tracas  d# 
ses  pères ,  lui  offraient  un  srand  spectacle  d^iiH 
fortunes  et  de  prospëritës.  Il  se  rendit  ensuite  à 
Athènes,  où  il  ne  parut  qu'ayec  un  seul  licteur» 
par  ëgard  pour  cette  ville  ancienne  et  alliée*  Les 
Grecs  le  reçurent  avec  les  honneurs  les  plus  re« 
cherches ,  mêlant  à  ces  distinctions  les  z^^cits  .d^^ 
leur  propre  gloire  >  afin  de  donner  à  leur  flatterie- 
plus  d'autorité. 

De  là ,  gagnant  liEubéc ,  Germanicns  trav-ersft 
Lesbos ,  où  Agrippine  accoucha  de  Julie ,  son 
dernier  enfant.  Il  parcourut  la  c6te  d'Asie» 
visita  dans  la  Thrace  Pcriuthe  et  Byzance  »  pé- 
nétra par  la  Propontidc  jusqu*à  l'embouchure  de 
TEuxin ,  curieux  de  connaître  ces  lieux  intérea* 
sans  par  leur  antiquité  et  par  leur  réputation  ; 
il  remédiait  en  même  temps  aux  maux  des  pro« 
viuces ,  appaisait  leurs  dîssensjous ,  et  réprimait 
l'injustice  des  magistrats. 

A  son  retour  de  lïuxia  il  désirait  voir  les 
mystères  des  Samothraces  ;  malgré  tous  ses  ef«* 
forts. ,  des  vents  contraires  Técartèrent  é^  cette 
route.  Après  avoir  considéré  les  ruines  de  TroiCy 
qui,  par  l'idée  qu'elles  rappelaient  les  vicissi^ 
tudes  du  sort  et  l'origine  de  Rome  y  lui  pa— 
rurent  si  vénérables,  il  côtoya  de  nouveau  l'A^e» 
et  alla  débarquer  à  Golophon  pour  y  consulter 
Toracle  d'Apollon  de  Glaros.  On  pitétend  qu'ea 
ternies  mystérieux,  suivant  l'usage  des  oracles  » 
il  annonça  une  fin  pxsématurée  à  Germanicus. 

Cependant  Pison  et  sa  femme  Plancine ,  qui 
avaient  pris  la  route  de  Syrie ,  commencèrent 
des  Athènes  à  exéouterv  leur  plan  d'insulte  contre 
(icrnianicus.  D'Athènes,  coupant  au  travers  des 
Cyclades  par  le  trajet  le  plus  court ,  ils  accélë*- 
rèrent  leur  navigation,  et  atteignirent  Gcrnia»- 
cicus  à  Rhodes.  Gd  prince  n'ignorait  pas  les  per- 


GERMANICXJS.  17 

sccutions  odieuses  qui  rattendaient.  Telle  ëtaît 
toutefois  sa  générosité ,  que  9  Toyant  une  tempête 
emporter  Pison  sur  des  écueils ,  il  enyoja  ses 
meilleurs  yaisseaux  pour  sauver  un  ennemi  dont 
la  mort  n'am^it  pu  être  imputée  qu  au  hasard. 
Ce  procédé  n'adoucit  point  Pison.  Irrité  du  moiu- 
Ji^  retardement ,  d^  le  lendemain  il  quitte  et 
devance  Germanicus,  et,  à  peine  arrivé  en  Syrie , 
il  s'applique  à  gasner  l'armée ,  excitant  les  sol* 
dats  à  mettre  de  1  obéissance  et  du  zèle  à  désobéir 
k  Germanicus. 

Mais  l'Arménie  demandait  les  premiers  soins 
de  ce  prince.  Là,  de  laveu  des  grands  d^  pays^ 
et  au  miilieu  des  acclamations  de  la  multituae , 
il  ceignit  le  bandeau  royal  à  Zenon ,  fils  de  Polé- 
nion,  roi  de  Pont,  ami  et  allié  des  Romains. 
D* Arménie  il  passa  en  Cappadoce ,  qu'il  so.ulagea 
d'une  partie  des  impôts;  puis  il  visita  la  Ck>ma— 
gène,  qui  venait  de  se  soumettre  aux  lois  de 
Kome* 

La  joie  de  si  heureux  arrangemens  était  trou^ 
l>Iée  par  les  chagrins  que  donnaient  h  Germanicus 
l'orgueil  et  la  malveillance  de  Pison.  Ils  se  ren- 
contrèi^nt  à  Cirrhe.  Le  prince,  aigri  par  des 
amis  qui  exage'ruient  les  torts  de  Pison,  s'expli- 
qua le  premier  en  présence  de  quelques  contidens. 
Pison  répondit  par  des  excuses  pleines  darro-^ 
çiaiice ,  et  Ton  se  sépara  la  haine  dans  le  cœur- 

On  vit  arriver  dans  l'intervalle  des  anibassa- 
cJeurs  d'Artahan,  roi  des  Parthes,  avec  qui  Gernia- 
uicus  renouvela  Fanoienne  alliance  des  Romains» 

L'année  suivante  il  fit  un  voyage  en  Egypte 
pour  en  reconnaître  les  antiquités.  Les  besoins 
de  la  province  en  furent  le  prétexte.  En  ouvrant 
les  greniers  d'Alexandrie  ,  il  fit  baisser  le  prix 
des  grains ,  et  il  se  rendit  cher  à  la  multitude  en 
marchant  sans  gardes  avec  la  chaussure  et  l'hahit 
l^rec  .  imitant  çu  cçla  Scipion  rAliÛcaio  ,^  qui ,  au 


ao  CËRMANICUS. 

Ainsi  përit  Germanicus  César ,  dans  la  trente* 
quatrième  année  de  son  âge.  Soncorps»  avant  d*êUe 
porté  au  bûcher,  fut  découvert  à  nu  dans  la  place 
îl^Antioche,  où  se  fit  la  cérémonie  des  funéi*aillr.ft. 
Il  demeura  douteux ,  dit  Tacite,  8*il  s'y  trouyait 
des  traces  de  poison;  mais,  s'il  en  faut  croire  Sué^ 
tonc,  il  était  tout  couvert  de  taches  noires  et  Lieues, 
et  l'écume  lui  sortait  de  la  bguche*  Les  Labitans 
d'Antioche  poussèrent  la  douleur  jusqu'à  rim- 

êiété ,  car,  ayant  appris  la  mort  de  ce  prince  9  ils 
incèrcnt  des  pierres  contre  leurs  temples ,  ren- 
irorsèreut  leui^s  autels,  et  expulsèrent  de  leurs 
maisons  leurs  dieux  pénates  ;  tel  fut  Thorrible 
délire  de  quelques-uns  d'entre,  eux ,  qu'ils  expo- 
sèrent leurs  eiifuud  nouveaux-nés  et  les  abao* 
donnèrent. 

11  est  plus  aisé  de  concevoir  que  d'exprimer 
la  consternation  que  la  nouvelle  de  sa  mort  ré- 
{landit  dans  Home  ,  oii  il  était  universellement 
chéri.  Le  premier  bruit  de  sa  maladie  avait  alarmé 
toute  la  ville  ;  on  apprit  presque  immédiatement 
sa  mort,  et  il  s'éleva  anssitol  un  cri  de  douleur 
et  d'iudignalion.  Par  hasard  quelques  marchands 

{lartis  des  c6U>8  de  la  Syrie  annoncèrent  sa  conva- 
rsrrnce  :  cette  nouvelle  est  siussitût  crue,  anssitât 
divulguée  ;  la  joie  Texagère  de  bouche  eu  bouche  ; 
on  court  par  toute  la  ville;  on  enfonce  les  portes 
des  temples.  Tibère,  éveillé  par  les  cris  dallé- 
Ivresse  ,  éprouve  la  mortification  d  entendre  crier 
sous  les  fenêtres  de  son  palais  et  dans  toutes  les 
mes  :  Salva  Roma  !  salva,  patria  !  sahnu  cmî 
Cermanicux  !  Mais  celte  joie  immodérée  fit  bientôt 
place  à  la  plus  profonde  affliction*  La  nouyelle 
certaine  de  sa  mort  étant  ai*rivée  ,  toute  la  TÎlk 
re  ton  lit  de  cris ,  de  plaintes  et  de  lamentations» 
Sans  attpudre  ni  édit  de  ma^jisfrats  ni  sénatus^- 
«consulte ,  on  abandonne  les  tiibunaux  ,  on  fierms 
les  iioutiques^  on  fcime  l€3  maisons  9  et  les  rues  les 


GERMANICU5.  »t 

plus  fréquentées  deviennent  tout  à  coup  un 
désert.  Le  Sénat ,  assemblé  extraordinairement , 
décerne  à  Germauicus  de  grands  honneurs  ,  dans 
le  dessein  d*immortaliser  la  mémoire  d^un  prince 
si  chéri  et  si  digne  de  Tétre* 

Sa  mort,  dit  Tacite,  répandit  un  deuil  universeU 
Les  nations  étrangères ,  les  rois  barbares  pleu^ 
rèrent  ce  grand  honrnie ,  si  aifable  pour  les  al- 
liés, si  doux  pour  les  ennemis,  dont  la  figure  et 
les  discours  imprimaient  une  égale  vénératioa, 
et  qui  ,  bannissant  de  la  grandeur  suprême  lor— 
eueil  qui  la  fait  haïr ,  n'en  avait  conservé  que  la 
dignité  qui  la  rend  imposante*  Frappé  de  quel- 
ques rapports  entre  la  figure  et  Tâge  aAlexaudre 
et  de  Germanicus ,  le  genre  et  aus^  le  tbéâtre 
de  leur  mort ,  on  compara  souvent ,  ajoute  Ta- 
cite, la  destinée  des  deux  héros.  On  observait 
qu  avec  les  avantages  de  la  beauté  et  d'une  nais^ 
sance  illustre,  tous  deux  avaient,  non  loin  de 
leur  trentième  amiée,  succombé  sous  des  embûches 
domestiques  paimi  des  nations  étrangères  ;  mais  i 
Ton  préférait  le  Romain ,  doux  envers  ses  amis  , 
modéré  dans  les  plaisirs ,  asservi  aux  lois  d'un 
seul  et  chaste  hymen ,  et  non  moins  intrépide , 
quoique  sans  témérité.  On  songeait  aux  obstacles 
qui  Tavaient  empêché  de  subjuguer  la  Germanie , 
accablée  par  tant  de  défaites  ,  et  Ton  ne  «Joutait 
pas  que  si ,  avec  les  titres ,  les  droits  de  souve- 
rain ,  il  eût  été  le  seul  arbitre  de  ses  destinées , 
il  n'eût  égalé  bientôt  dans  la  gloire  des  armes  le 
Macédonien  ,  qu'il  surpassait  par  sa  modération , 
sa  clémence  et  ses  autres  vertus. 

Les  qualités  de  son  esprit  répondaient  à  celles 
de  son  âme.  Au  milieu  du  tumulte  des  armes  et 
de  la  gtlÉrre  il  cultiva  avec  succès  l'éloquence 
et  même  la  poésie.  Il  avait  composé  des  comédies 
grecques 5  une  tiaduct!ou  d'Axatus  en  vers  latins, 
et  des  épigrammcs  :  le  temps  eu  a  épargné  quel- 


2%  f.lînMANItttS. 

«|ut's*iino8,  fmriuî  l«*8tjurllt»s  ou  vu  troure  A^lti^fi^ 
lùt'usrs.  Il  t*ut  la  ^Itun'  «r^tiv  iniâ  nu  nwiç^  dtm 
aiitrurs  i\\\\  tlrvaifut  servir  ilc*  ntoilMe^  et  «on 
luisto  tut  plaro  (^irun  rcux  dt*»  illu^tn^  écvi-^ 
iraius  <Iout  la  sallo  An  Siimi  ëtnti  oruiV* 

i\v  prinro  rut  (r'\gri)i|uuo  uru(\niruns«  Nri>an« 
T>rusus  «  (jiuis«  suruomuif^iailî^ulu;  troia  auliva 
iils  qui  uuuiruivut  ru  1ms  ii^r  «  rt  ti^ois  (illrs  , 
)V|;rip|>iur.  uu^rr  «Ir  Nrrou*  Drusiillr  ,  ri  Lt\ilUs 
plus  rounttr  soi:s  Ir  u(uu  dr  Julir* 

i\^rî|>))iur,aivahlrrilr(!<mlrui\sVtaltrmU)\niU(^ 
nvtv  h'srruilrrs  tl»»  sou  r|iou\  rt  avcT  m**  rul'tui^^ 
Ailouu'ou  plruraitruron^iiriiuaotrui»,  lorstuur  le 
kruittir  la  piorhaiur  an'i\rr  tr.\j;rippîur  ik  Uruulrs 
sr  rrpaiulîf  (tuit  à  vo\\\i  :  r*rtait  l«'  prruiior  port 
rt  Ir  plusst^r  où  rllr  put  ahonlrr.  Tous  srs  nuii)», 
tous  vvu\  <|ul  avaitMit  5rrvi  sous  sou  opoux  •  uu 
(;i\uul  uouiiu'r  d  halulaus  (lt\<  villrs  \oisiurs,  tlu 
plus  l(Mu  «prits  }i|>ri\(ùvrut  la  tlottr  ru  piriur 
nuT,  M^  port(>ut  ru  fouir  uou  srulriurut  »ur  lu 
port  rt  sur  Ir  ri\ai;r  ,  uiais  jus()ur  sur  1rs  murs  ri 
sur  l(*s  toits  «  |\u-tout  ruiiu  d'oii  la  \ur  pouvait  le 
plus  st'ttMulir. 

La  tlottr  ruliv  iusrusîMruuMit  daus  uu  ap)mrril 
tui*ultr(*  rt  uuu'ur«  hiru  i*loi»;nr  tit»  rallô»;rrssiî 
ordiiiain*  au\  ua>  i>;a(t'Ui^  (|ui  anixrut*  A  |H»iur 
rut-<ui  >usf>rtir(lu  vaisseau  A|;rippîur  avrr  st»* 
ruians,  Turur  srpulrralr  dans  1rs  uiaius«  It^s 
rrganls  ti\rs  rontn»  trjTr,  rr  ut»  lut  «ju*uu  srul 
rt  uuMur  ni  dr  doulrur,  vi  \otis  u*aurir*  distiu— * 
^ur  «  tlit  Taritr  «  ui  houuurs  «  ui  rruuurs%  ni 
rti'au«;rrs,  ui  parrus.  Tihrn»  avait  ruvovô  drut 
iM>hort«'s  pivtoriruurs  rt  Tordit»  aux  maj;istn«t:ft 
i\v  rriuliv  i^  la  uuMuoiiv  dr  sou  tils  j^t^ttif  Ir» 
drruirrs  dt^voii'S  rt  1rs  luumrurs  dus  n  sa  nit*— 
luoiit*.  Les  trihuus  rt  1rs  rruturituis  portairut 
It  s  rrudrrs  sur  Irurst^^mulrs;  ru  avaut  uuux'Imirut 
1rs  rusri^ur»  uucs,  les  iuLsiTaux  rouvertes*  DutM 


GERMANlCtrS.  a? 

f  crûtes  les  yilles  où  passait  le  convoi,  le  peuple  en 
deuil,  les  cheToliers  en  habit  militaire,  ou  brûlait 
solenuellenient  des  e'toifes,  des  parfiuns  et  d'autre» 
oilrandes  funëraires.  Les  habitaos  mêmes  des  yilles 
écartées  de  la  route  venaient  au  devant  du  cortégéy 
sacrifiaient  des  victimes ,  élevaient  des  autels  aux 
dieux  mânes ,  exprimaient  leur  désolation  par  de» 
cris  et  par  des  larmes  unanimes.  Les  consuls ,  les 
séiiateurs  et  une  grande  pai*tie  du  peuple  romain 
allèrent  à  la  rencontre  du  convoi  5  on  les  voyait 
tout  le  long  du  diemin  par  troupes  épaj*ses  ,  et 
chacun  donnant  un  libre  cours  à  ses  pleurs.  Lé 
jour  où  Ton  porta  dans  le  tombeau  d'Auguste  les 
restes  de  Germanicus  fiit  marqué  tantôt  par  un 
silence  de  consternation^  tantôt  par  un  bruit  tumul- 
tueux de  gémissemeus.  Les  citoyens  remplissaient 
les  rues ,  le  champ  de  Mars  étincelait  de  flambeaux, 
tous  les  soldats  étaien^ous  les  armes ,  les  magis— 
strats  sans  décoration  ,  le  peuple  assemblé  par 
ti'ibus ,  et  tous ,  en  s  écriant  que  la  république 
était  perdue ,  qu'il  ne  restait  plus  d'espérance , 
seiiililaient  oublier  qii^ils  avaient  des  maîtres.  Ti^ 
bère  sVfibrca  de  niettix'  fin  aux  regrets  par  uit 
édït  ;  il  laissa  condamner  Pison  pour  étouffer  les 
soupçons  dont  il  éliiit  l'objet  ,  et  dans  Tespoir 
ciîrune  vlctiaic  sufîirait  pour  calmer  la  douleu» 
publique* 

A 


AGRICOLA. 


^^^^>^^^^>^fc^i^^< 


CNEIUS  JULIUS  AGRICOLA. 


VJNEius  JuLius  Agricola  fat  anerand  honinie 
lums  doute  ;  mais  peut-être  uc  doit-il  s«i  cëlébrlté 
i^i^au  double  avauta^c  d'avoir  eu  Tacite  pour 
arndre  et  pour  historieu.  Sa  vie  est  un  morceau 
i)  histoire  achevé  ;  c  est  un  chef-d'œuvre  de  bio- 

§1  aphie,  et  le  meilleur  modèle  qnon  puisse  ofirtr 
ans  ce  genre  à  la  jeunesse  ;  aussi  notre  marche 
»'  trouve-t-elle  toute  tracée.  Nous  n'aurons  qu^ 
suivre  Tacite  lui-niéme,  qu%  puiser  dans  ce  peintre 
iitiinitahle  les  traits  et  les  couleui-s  qui  nous  ser- 
viront à  faire  connaître  le  euerrier  vertueux  et 
magnanime  qu*il  a  iumiortalisé. 

Agi  icola  naquit  à  Fréjus ,  dans  la  Gaule  Nar- 
houuaisc.  Ses  aïeux  étaient  intendans  de  Fempe» 
reur^  ce  qui  leur  donnait  le  rang  de  chevalier. 
Son  père  y  Jiilius  Grœcinus  ,  sénateur  devenu 
cclcbre  comme  orateur  et  comme  philosoplie  « 
fut  puni  de  uiort  par  Caligula  pour  avoir  refusé 
d'être  Taccusateur  de  Marcus  Silanns.  Sa  mère, 
Julia  Porcilla  »  dame  d'une  vertu  exemplaire  , 
éleva  le  jeune  Affricola  avec  tonte  rafifectioiK 
maternelle.  Tous  tes  genres  d'instruction  jutiles 
remplirent  son  premier  âge  et  son  adolescence» 
Outre  un  heureux  naturel ,  une  chose  encore 
le  préstTva  des  séductions  du  vice  ;  c'est  que  dès 
son  enfance  il  eut  pour  séjour  et  pour  école  Mar^ 
seille.  ville  où  régnaient  alors  un  mélange  et  une 
cuuiUuiûiïou  de  la  politctôe  des  Giccâ  et  de  la 


AGRICOLA.  %5 

simplicité  de  la  province.  Il  s  y  serait  livré  à 
lëtude  de  la  philosophie  avec  plus  d'ardeur  et 
dVmthousiasine  qu'il  ne  convenait  à  un  Romain^ 
rt  à  un  sénateur,  si  la  pmdence  de  sa  mère  n^eût 
mis  un  frein  à  cette  passion  immodérée.  Son  âQie» 
ëievée  et  courageuse  ,  dit  Tacite  ,  aspirait  à  une 
gloire  éclatante  ,  et  il  poursuivait  ce  fantôme 
brillant  avec  plus' de  chaleur  que  de  sagesse 9  mais 
bientôt  lage  et  la  raison  le  calmèrent,  et  il  apprit 
de  la  philosophie  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile  9 
à  mettre  de  la  mesure  oans  le  bien  même* 

Il  fit  ses  premières  armes  en  Angleterre ,  sons 
Suetonîus  Paulinus ,  général  attentif  et  sage ,  qui 
le  distiiigiia  et  le  jugea  digne  de  partager  sa  tente* 
Devenu  tribun ,  il  ne  s  en  fit  pomt  un  titre  pour 
rester  dans  l'ignorance ,  obtenir  des  congés  ,  se 
livrer  aux  plaisirs,  comme  cette  jeunesse  licen- 
cieuse qui  fait  du  service  militaire  un  état  de  di^ 
sipation  et  un  prétexte  d'oisiveté  ;  il  s'applicruait 
ati  contraire  à  étudier  la  province  ,  à  se  taire 
I.  onnaître  de  l'année ,  s'instruîsant  avec  les  plu» 
bîibiles,  vivant  avec  les  plus  vertueux ,  brave  sana 
ostentation ,  ne  briguant  point ,  ne  refusant  point 
b-s  commissions  périlleuses ,  et  en  tout  mettant 
de  la  circonspection  et  du  zèle. 

Paulinus  avait  alors  à  soutenir  une  guerre  ter- 
rilJe.  Le  jeune  Agricola  y  acquit  de  Thalnleté  , 
<le  l'expérience  et  de  lemulation  ;  il  y  prit  aussi 
l.i  passion  de  la  gloire  militaire  ,  passion  mal- 
lipurcuse  ,  dit  Tacite  ,  sous  un  règne  où  il  suffi- 
siit  de  S(î  faire  remarquer  pour  se  rendre  sus- 
pect ,  et  oîi  l'on  n'était  pas  moins  compromis  par 
nue  l>onne  réputation  que  par  une  mauvaise. 

Revenu  à  Rome  pour  ])riguerles  magistratures, 
il  épousa  Domitia  Décidiana,  dune  naissance  il- 
lustre. L'éclat  de  cette  alliance  et  le  crédit  qu'elle 
lui  procura  facilitèrent  son  avancement.  Los  deux 
époux  vécurent  dans  luaiou  la  pius  infime  i  ils 

'lonitt  y/,  3 


26  AGRICOLA. 

»o  vhévhsww.ni  inuhuïllriiienii  et  8c  ]irërâ*aR*nt 

jVf^t'icolii  <»iitiiit  lu  (|iirsturo  :  Ir.  rtort  lui  tlounii 
VAsif  pour  dopartrninit,  rt  Salvius  Titiunuapour 
priuMiusul.  Vuv.  yroyuwv.  kî  richr  ot  &  lu  diici*rf" 
lion  AvA  drpi'f^dalourti,  un  proronsul  {Ymw  nvidttrf 
tian?)  l)onirs  vi  disposti  i\  arlirtcT  Iv.  Mvnvv  sur  ans 
nintvvi'sntions  pnrtonii\s  Korlra  do  conipluiaiuicfi» 
tvWv»  fuiiMil  1rs  doux  rpnMivoa  anxquelloa  il  itS* 
fiishi.  Sn  fiiniillo  »y  urcrul  d'uuo  filln  qui  drvait 
l(*  d(Mlonuunf;('r  ot  lo  ronsulor,  car  il  iHTdit  liiea* 
lot  un  liU  cpril  avait  v\\  aunanivunt.  Il  (Miasa  doua 
l*inaction  rt  Iv.  rrpos  lout  l  intorvallo  Av  sa  qurt- 
tmv  h  son  trilmnnt,  rt  son  trilmnat  niâuio,  tant 
i\  connu iswait  rc^spiit  du  rfe^nc  Av.  Mdrou»  aous  qui 
une  laclio  iiuloirnro  dtait  rdputi'o  aagraar»  Il  ou* 
hvr\n  In  même  riivont»pcvtion  dansaa  piëUirts  oik 
1uMn'ruKrnu*nt  il  nVut  rna  Av.  jurldictiou  à  cxcr* 
(*.rr.  Dans  1rs  jeux  vt  iians  toutes  Itm  oocuaiuna 
d  oclat  il  Mï  niontrn  nuignifiquo  ,  uiuia  avin:  idq* 
Mux!  «  et  se  fit  ni^ne  honneur  de  sou  tfcouoniie* 
roniniis  entiuiie  par  Gallm  au  rec  ou  virement  dca 
richesses  dont  Noron  avait  depouilld  Ira  teiujplM» 
il  lit  en  sorte  «  par  IV^xactitude  scM'Upulcusc  de  sca 
rechrrcheH,  ([ue  TUnipire  n VAl  d  auti^ca  aacrllrfgea 
1^  déplorer  ipie  ceux  de  Nerou. 

Lainide  suivante  lui  porUi  un  coup  aonaible 
dans  ses  afTeetioiis  et  dans  sa  lortuue.  Leaaoldaia 
de  la  tlotie  d'OUiou  nuissaer^rent  au  utâre  daua 
pa  maison  de  eampagnot  surin  cote  de  ViuUiui^ 
^lia«  et  pilh^ivnt  son  pntrinu)inc«  Agricula  partij^ 
Av  llonie  pour  aller  iTudre  les  dernicra  deroîrt  à 
m  nuVc;  d  apprit  eu  rouUï  que  Veapaaion  pré* 
tendait  Si  TEuqiirc»  et  suMc-K:hnmp  u  ae  drfclart 
pour  lui,  i 

iSIut  icn,  qui  conmiandaitiN  Rome  pourlcnoUYcl  ^ 
enipcnnir,  le  chargea  daller  faire  doa  levëoi  | 
})ui:î,  salisfuit  de  son  dcàintcVesaemeut  et  de  aoa  j 


AGRICOLA.  vj 

acUyllé,  il  lui  donna  le  commandement  de  la 
▼îngtième  légion  ,  aloi^  en  Angleterre  ;  elle  avait 
tardé  de  reconnaître  Vespasien ,  et  Ton  prêtait  i 
sou  chef  des  vues  séditieuses*  Agricola ,  envoyé 
pour  sévir,  aima  mieux  pai^ître ,  par  Une  mocfé* 
ration  très-rare ,  avoir  trouvé  les  soldats  dans 
l'ordre  que  les  y  avoir  fait  rentrer. 

Bolanus  gouvernait  l'Angleterre  »  mais  avec 
trop  de  mollesse  pour  un  peuple  si  remuant.  Afin 
de  ne  pas  lui  porter  ombrage ,  Agricola ,  qui  savait 
concilier  les  devoirs  et  les  égards,  mit  un  frein  à 
son  zèle.  Bientôt  après  Bolanus  fut  remplacé  par 
Ccrialis.  Alors  la  caiTière  fut  ouverte  à  son  ému- 
lation et  à  ses  talens.  Cérialis  Tassocia  d'abord 
à  ses  fatigues  et  à  ses  dangers ,  et  bientôt  api  èd 
à  sa  gloire.  Souvent  il  lui  donnait  une  partie 
de  l'armée  à  commander,  quelquefois  de  plus 
grandes  forces,  et  Ton  ne  vit  jamais  Agricola  se 
prévaloir  de  ses  succès;  il  les  reportait  à  leur 
premier  auteur,  à  son  général.  Ainsi ,  à'  force  de 
subordination  et  de  modestie ,  il  échappait  à  l'en- 
vie ,  mais  non  pas  à  la  gloire. 

A  son  retour  Vespasien  le  fit  patricien,  puis 
gouverneur  d'Aquitaine ,  poste  ti  es  -  important 
et  pai'  lui-même  et  parce  qu'il  menait  au  consu- 
lat, pour  lequel  ce  prince  l'avait  désigné.  Avec 
sa  seule  pénétration  naturelle  ,  Agricola  n'c'tait 
point  déplacé,  même  parmi  les  gens  de  loi,  par 
la  justesse  et  la  promptitude  de  ses  décisions.  Il 
avait  ses  heures  réglées  pour  le  travail  et  pour 
le  délassement.  Dans  les  audiences  et  sur  son  tri- 
bunal il  était  grave  ,  attentif ,  sévère  \  mais  il 
montrait  plus  souvent  de  Tindulgcnce.  Ses  fonc- 
tions l'emplies,  il  laissait  le  personnage  d homme 
public,  et,  ce  qui  est  iuGnimeut  rare,  il  pouvait 
être  indulgent  ou  sévère  sans  rien  pei'dre  du  res- 
\  ]3ect  des  p<îuples  ou  de  leur  aflection.  Ce  serait 
1  faire  injure  à  lui  tel  homme  que  de  dire  qu'il  fut 


2* 


:io  ACiiiœLA. 

f'I  il  répj'ima  ccb  iiivt;iitioiiA  <lu  fi.sc  plus  ondrciiscs 
([x  (>  les  trihiilfl.  Php  vra  rdf oriiu;:) ,  opdréf^s  dis  la 
picinicVr  niuiéi'^  j\^i'u:olii  /niilit  ddsiniMo  aux 
liictoiis  vv.lU*.  paix  qiu;  la  ii<^^li(^oricc  ou  lu  eoiiiil- 
\ciu:v  dv  ses  pi c(ldci!.s.S4:iirB  leur  uvuit  rcudue  uusiii 
ro(loiilal)l<ï  fiiK!  la  ^lu  rrc. 

1)(s  <pu*  1  e(o  (ul  vcMiu  il  no.  mit  h  la  ttio.  do.  sou 
.'iiiiKM',  nr  luulliplitiiil  (ItiiiN  1rs  inurcheH ,  louant 
lirs  soldai j  do<:il('K,  Ji^priiiiiiiiduut  les  traiiirurs; 
niiinpiaiit  lni*nienic  li*  Icrniiu  pour  (^ainp^T ,  hou* 
daiil  Irti  iiiitrai»  cl  1rs  hois,  iiupiieliiut  rciuinni 
.«ur  louH  les  poitifs,  1(^  fad^aiil  par  du  nouvelles 
MiiprisrH,  et,  apr^s  Tavoir  Ulv.n  (^(fVn^if,  UKHiit  de 
inesiii^rinrut  pour  lui  (aire  naîfre  Ir  ddhir  dn  la 
p:ii\.  11  uiiH'iia  aiiiHÎ  plusii'urs  canlous  qui 
.s\''..:iînit  iiioiitics  îafrailahlrs  à  abjurer  leurs 
lii.iursy  a  doiiufT  dvs  oUv^va^  et,  pour  !(*»  tenir 
ru  l)ridr  ,  il  (^(^i!)lit  i\vi\  foi'ls  el  dca  ^armiKins 
a>f-<:  tautcriutrll«i;(4i(!ertdr8oiii)(pwï  nuLlr  partie 
dans  Ir  rrsto  dr  l'An^letcrrr  nr  fut  plus  dcB  lor< 
à  Taliri  <I<>s  iiicursioiiH  d/*s  ilomaiiis. 

Tout  l'hiver  fut  employé  h  en  douter  un  plan 
des  plus  HalntaireH.  Piiur  <pie  les  liretous,  qui  ?{•« 
vaiciit  Imliiturllenieiit  dans  Tdlut  de  sauvngeii  » 
toujouri;  voisin  dv.  Pdlalde  ^u<:^re,  s*aceoulmnàs« 
M'iit  à  la  paix  ci  nu  ie]>os  par  les  plaisirs»  Agri* 
e<da  nv  cessa  de  les  <Mi{>H^er  i^  oonKlniire  des  teni* 
pies,  di»  places  publiques,  des  maisons;  ily  rdus&It 
j)ar  des  eiliortalions  particulières,  par  aucîlquca 
iivauces  des  deniers  publics,  en  louant  ractivitë 
(les  uns,  i»i  r(>pruf*liant  aux  autres  leur  iiiactioû. 
Il  oblinl  deux  par  le  point  d'honneur  ce  qu'il 
n  aui  ail.  j)u  espdrer  de  la  coutraint<?.  11  ouvrit  aussi 
d<'s  écoles  pour  les  (^nfans  de  leurs  chefs;  il  leur 
HKHilra  qu  il  prdierait  h  IVsprit  des  Gaulois  le  bon 
sens  <les  Dretous  ,  et  iiientôt  ces  hommes  ,  qui 
avaifiit  dddai{^nd  de  parler  la  lanj^ue  latine,  se  pi- 
quà  (  jil  de  la  parler  uyec  grâces  ;  ils  adoptèrent 


AGRICOLA.  3i 

ensuite  jusqu'aux  manières  des  Romains  ;  la  toge 
derint  à  la  mode.  On  les  amena  peu  à  peu  juscju'à 
vouloir  tout  ce  qui  à  la  longue  insinue  le  vice;  les 
portiques ,  les  bains ,  les  festins  élëgans ,  toutes  ces 
recherches  d'un  luxe  corrupteur ,  ce  que  le  vul- 
gaire  enfin  appelle  civilisation ,  et  ce  qui  ne  faisait 
que  river  leurs  fers* 

La  troisième  campagne  fit  connaîti'e  de  nou- 
veaux pays  et  de  nouvelles  nations;  tout  fut 
exploré  et  ravage  jusqu'à  l'embouchure  du  Tay , 
rivière  d'Ecosse.  Les  barliares  ,  effi^ayés  ,  iVosè- 
rentattaquer  les  troupes  romaines.  Les  militaires 
remarquaient  que  nul  général  n'avait  mieux  su 
qu'Agricola  choisir  des  positions  avantageuses  : 
aucun  des  forts  qu'il  fit  construire  ne  capitula, 
ne  fut  aba^idonné  ou  pris. 

n  employa  la  quatrième  année  de  la  guerre  à 
soumettre  le  pays  qu'il  avait  parcouru.  Dans  sa 
cinquième  campagne*,  qui  répond  à  la  première 
année  du  règne  de  Domitien ,  il  parvint  aux  deux 
golfes  et  à  la  langue  de  terre  qui  sépare  TAngb.-* 
terre  de  l'Ecosse,  appelée  alors  Calédonie,  et,  osant 
le  premier  traverser  ces  golfes  sur  un  n^tvire ,  il 
borda  les  deux  rives  de  ses  flottes,  et  occupa  tous 
les  défilés  par  ses  troupes.  Les  barbares ,  qui  avaient 
toujours  reculé,  emmenant  avec  eux  leurs  famil- 
les ,  leurs  ti^sors,  leurs  troupeaux ,  se  virent  en- 
fermés pour  ainsi  dire  dans  une  seconde  ile.  Diins 
une  suite  de  combats  toujours  heureux  Agricola 
dompta  des  nations  inconnues  jusqu'alors,  et  gar- 
nit de  trouj)e  cette  partie  de  l'Angleterre  qui  est 
en  face  dellrlande,  moins  encore  pour  gaider 
sa  conquête  cpiepour  en  tenter  une  nouvelle.  Llr- 
lande  en  effet ,  placée  entre  la  Grande-Bretagne 
et  l'Espagne,  et  à  portée  de  la  mer  des  Gaules , 
pouvait  lier  ,  par  un  commerce  très-animé,  ces 
trois  puissantes  portious  de  l'Empire  romain. 
Telles  étaient  les  vues  d'Agricola  ;  ii  aYaitmémc 


r. 


32  AGRICOLA. 

• 

ucciirîlli  un  |)etit  roi  de  1  Iiiaiide  9  chassa  par  det 
Fujcts  rebelles,  et  il  le  retenait  près  de  lui,  dit 
Tacile,  sous  le  \oile  de  laniitic^  avec  le  projet 
d  en  faire  rinstruniciit  d*une  nouvelle  ccmquêli  • 

La  sixième  aniide  de  son  eoavemeinent  fui  mai - 
quce  par  une  expëditii.u  imposante  par  mer  et 
par  terre.  Pour  ne  pas  s'engager  dans  des  pays  eu- 
cure  ineoniius ,  au-delà  du  golfe  de  Bodoti  ie  ou 
du  Lras  de  mer  d  Edimbourg,  où  les  peuples 
étaient  en  mouvement  et  les  passages  gardés 
ar  des  gens  armes ,  il  lit  avant  tout  recomiaitre 
c  pays  par  sa  flotte.  C'était  la  première  fois  qu'il 
la  faisait  concourir  h  ses  desseins.  Les  Bretons,  à 
ce  que  dirent  les  pn^onniers,  étaient  confondus. 
à  la  vue  du  spectacle  de  tous  ces  vaisseaux  qjoi 
£uiviii<'nt  Taruiëe  ,  et  de  cette  guerre  qui  se  pou»- 
i»ait  à  la  fois  sur  terre  et  sur  mer;  ils  voyaient  que» 
la  L  arrière  de  l'Océan  ainsi  foi-cée  ,  on  allait  les 
poursuivre  jusque  dans  leur«dernier  asile. 

G^peudant  les  Calédoniens ,  i^solus  de  tenter  le 
sort  des  combats ,  se  réunissent  «  attaquent  de  nuit 
la  neuvième  légion,  qui  était  la  plus  faible,  et  » 
après  avoir  surpris  les  coi  ps-de>gardes ,  forcent 
les  retranchemens  ;  déjà  même  on  combattait 
dans  le  camp,  lorsque  Agricola,  averti  par  ses 
coureurs,  survient  à  propos,  fait  cbarger  l'enne« 
mi  en  queue  par  son  infanterie  etisa  cavalerie 
légère.  Cette  double  attaque  épouvante  les  Calé^ 
doniens;  le  jour  venu,  ils  voient  briller  les  aigles 
et  les  enseignes  des  légions ^  et,  craignant  d*âre 
enveloppés,  ils  se  retirent.  Les  bois  et  les  marais 
l'a  vorisent  leur  retraite  et  empêchent  que  la  guerre 
lie  soit  terminée  par  ce  combat,  qui,  selon  quelques 
bévaus  anglais,  eut  lieu  dans  le  comté  de  -Fofe* 

Enorgueillis  par  ce  succès,  les  soldats  romains 
s'écrient  qu  il  n  y  a  rien  d'impossible  à  leur  cou-* 
lage,  et  qu'il  faut  pénétrer  jusqu'aux  dernières 
bornes  de  rAnglcterre.  Les  Calédoniens  1  d'uu 


AGBICOLA.  33 

antre  cote ,  attribuant  plutôt  leur  dëf^te  à  lljiabi- 
letë  d*Agricola  qu'à  la  valeur  des  Koniaiiis,  s'uni- 
rent plus  ëtroitement  que  jamais  pour  la  défense 
de  leur  liberté.    ' 

Ce  fut  dans  le  cours  de  cette  même  année  que 
des  soldats  Usipiens»  leyéa  eu  Allemagne  pour 
8ei*vii*  en  Angleterre  y  se  saisirent  do  trois  brigan* 
tins  afin  de  regagner  leur  pays,  cinglèrent  en 
haute  mer,  et>  poussés  çàetlà  par  les  vents ,  firent 
le  tour  de  T Angleterre-  Ils  s  étaient  embarqués  » 
suivant  Dias,  sur  la  côte  orientale,  et  arrivèrent 
sur  la  côte  occidentale  ,  où  campait  alors  Farmée 
d*Agi4cola  :  ce  fut  par  eux  que  ce  général  sut 
que  TAngle  terre  était  xuie  île. 

Au  commouce^ncnt  de  sa  septième  campagne 
Agricola  ,  fiappé  dans  sa  famille,  perdit  un  fiU 
qu*il  avait  eu  l'aimée  précédente.  Dans  ce  mal- 
heur il  ne  se  piqua  point  de  cette  insensibilité  fas- 
tueuse qu  aUbctent  ordinairement  les  âmes  fortes , 
comme  il  ne  se  laissa  point  aller  non  plus  aux 
gémissemens  et  à  labatteinect  des  femmes.  Les 
soins  de  la  guerre  Iirent  quelque  diversion  à  sa 
doiîleTir. 

Il  fit  prendre  les  do  va  us  à  sa  flotte ,  avec  ordre 
de  muUiplior  les  descentes ,  afin  de  porter  1  alarme 
sur  iJusieurs  points,  et  lui  se  mît  en  miu^che  avec 
des  troupes  lestes  qu'il  avait  rentorcées  d'mi  corps 
de  Bretons  auxiliaires  éprouvés  par  une  longue 
soumission.  Il  trouva  les  barbares  déjk  postés  au 
monU^rampius,  aujourd'hui  le  mont  Grant^baine, 
dans  la  province  de  Stratern ,  en  Ecosse. 

Loin  d'être  découi^agés  par  leur  dernière  dé- 
faite ,  les  Calédoniens,  persuadés  qu'il  ne  leur  res- 
tait que  la  vengeance  ou  la  servitude,  avalent  ras- 
Femblé  toutes  leurs  forces  pour  résister  à  IVn- 
nenii  commun.  Ils  étaient  déj?i  plus  de  trente  mille 
hommes  en  armes;  chaque  jour  il  leur  arrivait  d<':j 
renforts,  lors<pe,  demandant  le  combat  à  grand* 


34  AGRICOLA. 

cris,  Galgacus,  distingué  unira  touB les  chefs  par 
sa  valrur  et  par  sa  naissance,  fît  à  cette  multitude 
un(*  haiaii{;iir  i  apportée  par  TaciU',  qui  est  saiis 
contredit  un  di-spinsbraux  morceaux  d  éloquence 
qu'oiVre  dans  cc>  genre  la  langue;  latine*  G*tte  lia- 
ran4;ue  fut  reçue  avec  transport,  avec  les  chants, 
le  riéniiss(*nient  et  les  clameurs  eonfnsf^s  ordi* 
naires  aux  l).1riares.  Déjà  ils  se  formaient  en 
batailli;  lorsque  Agri<!ola,  qui  avait  p«'ine  à  cou— 
t<;nir  la  valeur  des  léj^ions,  crut  devoir  1  exciter 
encore  par  uu  discours  noble  et  vigouieux  que 
l^on  trouve  également  i Lu is  Tacite.  Jl  mit  ensuite 
pied  à  terre  il  la  fête  des  Romains,  et  c<nninenra 
i  attaqu(.',pi(  in  d'espérance  et  de  courage. On  com- 
battit qiielfjue  temps  à  coups  de  traits;  mais  Agri- 
cola,  voyant  que  les  Calcdonic  ns  U  naient  ferme  à 
leur  poste  pour  nVii  point  perdre  i  avantage ,  dé* 
tai^iia  ses  cohortes  hatavf.'S  ("t  allemandes,  afin  de 
connnencer  la  mêlée, sûr  de  ces  troupes,  accou<* 
tumées  à  une  longue  ditfcipliiie.  Elles  courent 
attaquer  les  ennemis,  les  pressent  de  leurs  bou- 
cliers et  de  la  poinU;  de  leurs  épées ,  percent  les 
premiers  bataillons,  et  parviennent  au  sommet  du 
coteau: les  légions,  animées  par  leur  exemple,  lei 
suiventet  renversent  tout  ce  qui  se  pi  ésentf*  devant 
elles.  La -cavalerie  bretonne,  qui  avait  tenté  de 
cbarger,  fut  arrêtée  par  l'éfiaisseur  des  bataillons 
romains  jointe  aux  inégalités  du  sol;  elle  fut  re- 
poussée sans  peine,  et  dans  beaucoup  d  endroits  les 
chars  vides,  les  chevaux  sans  condacteurs,  courant 
au  hasard,  tout  épouvantés,  rcuvei*sèrent  les  rangs 
ena(!mis.  Mais  les  Bretons  qui  occupaient  le  som- 
met des  collines  et  qui  n  avaient  pu  encore  coni'* 
Ijattre ,  méprisant  le  petit  nombre  de  Romains , 
quoi(pic  victorieux,  commencèrent  h  «^étendre  pour 
les  envelopper  :  c*éliiit  ce  que  craignait  Agricola , 
mais  aussi  ce  qu^il  avait  prévu.  11  lit  avancer  un 
corps  de  réserve  de  cavalerie  y  qni ,  venant  fondre 


AGiUCOLA.  35 

ftvec  violence  sur  le  gros  de  larmée  calédonienne  9 
<{u*vl  tourna  ,  la  prit  à  dos.  On  vit  alors  dans 
toute  l'étendue  de  la  plaine  ua  spectacle  d'horreur 
et  de  désolation.  Ici  les  vainqueurs  poursuivaient, 
frappaient ,  faisaient  des  prisonniers ,  les  égor- 
gî- aient  pour  en  faire  de  nouveaux  ;  là ,  selon  1  ins* 
tiiict  de  la  peur  ou  du  désespoir ,  des  troupes  de 
liretons  armés  fuyaient  devant  une  poignée  de 
soldats,  etd'autres,  sans  armes, se  jetaient  au  milieu 
des  Romains  pour  y  chercher  la  mort.  La  terre 
était  couverte  d'armes,  de  corps,  de  membres 
mutilés  et  de  sang.  Quelquefois  aussi  les  vaincus 
avaient  des  retours  de  courage  et  de  fureur. 

IlalHés  aux  approches  des  forêts,  déjà  ils  enve^ 
loppaieut  les  détachemens  qui  les  poursuivaient 
sans  piécautionS,  et  si  Agricola,  présent  partout  > 
ii*eût  envoyé  ses  cohortes  les  plus  braves  et  les 
plus  lestes  pour  les  cerijer  et  les  relancer,  s'il 
n'eût  fait  m(*ttre  pied  à  terre  à  une  partie  de  sa 
cavalerie  pour  fouiller  les  endroits  les  plus  foui'* 
rés ,  tandis  que  le  reste,  à  cheval ,  battait  les  clai- 
rières, la  téméraire  confiance  des  vainqueurs  leur 
eût  coûte  cher.  Se  voyant  poursuivis  en  bonordre, 
les  fuyards  gagnèrent  des  reti^ites  inaccessibles,  ou 
la  lassitude  du  carnage  et  la  nuit  empêchèrent  de 
les  suivre.  Ils^aissèrent  dix  mille  hommes  sur  le 
champ  de  batiiille  ;  les  Romains  n  en  perdirent 
que  trois  cents.  Le  jour  découvrit  mieux  encore 
toute  retendue  de  la  victoire;  partout  un  silence 
profond ,  les  collines  désertes  ,  les  toits  fumans 
au  loin,  et  pas  un  être  vivant.  Telle  fut  la  célèbre 
journée  de  Grampius,  immortalisée  par  le  burin 
de  Tacite  ,  etoii,  grâce  aux  dispositions  d'Agricola, 
les  Romains  furent  encore  vainqueurs,  non  par 
Tascendaut  d'une  bravoure  supérieure  à  celle  de 
leurs  adversaires ,  mais  par  l'avantage  que  la  dis- 
cipline donne  toujours  à  une  valeur  exercée  sur 
une  intrépidité  aveuglé  et  sauvage. 


:jr,  ACiîicoî.A. 

'I*:t4'ilr  iir  i;il  <'ii  l.i.-iil.H  rie  («'ii ,  h  foli^  di  l:i  jnjpf't 
fflil  l>iilili(fi'i  v:h:m|ih'Iiih  ,  |:t  fir  fil;ili(»Ji  i-l.  I;i  iiii..f*i-f; 
flf.H  vaiiinis;  iiiiiiis  Idii.s  ii  J'uviiliiifr ,  honiiiif-H  fl 
fV'iiiiiif"';,  (*mii1oimI;i:i}  1'  iir.i  ÎMiiinifatifMiH  ,  I.!  :riii:iiit 
Iriirs  l)lrf,sr..  ,  .s.i|>jir  laiil  lis  uns  i''-^  aildcH  ,  ali.iii— 
«loiiiiani  lri!]'.'i  iiial.soiis  vl  y  ni' MaiH.  r'iiX'iiw'-iiifs  Ic 
ifU'y  les  |M-irf;  rf  1<  r;  «'poux  allaiif  cf.  rcvriiaiif.  de 
1»  la^r  il  i  ahallriiinil.  ,  ri.  fli;  I  aniiMciiiflil  h  la 
i'a^(%  il  l'aH])f'i*l.  (Ir  Iniis  fiifaiiHcf. de  IriiiH  friiiiiif'A; 
|ilii.si('iirH  iiiritic  U'H  iiiassacruiil  {ii'ir  iiiiir  csprco 
ïir  ))iti('. 

Â}*,iirol;i,  vciyaiil  ijn'ilH  ii«    f»  nillîaù'iit  îinllft 
pai  l^f'f.  (jiu'  la  saisoiK  rro|i  avancée.,  ne.  prriiirtlUiît 
))oiiif    de   f  onliiiiirT   I<-k  opri  af  ioriH ,   rfiiiini;!    nt'B 
lr(iii|W'K  dain  le  pays  fIrK  Ilof'csffK,  qiiViii  mnlv.U'e 
\r  pays  d'Aiij^iiH,  rii   ririissr.  Aprrn  avoir  piiM  ilff 
ofair/  HcUrres  priiplfs,  ii(:liar-;j^ra  rai-iii'Hl  tl^HU  iïniUi 
dr  lairi»  Ir  Ifiiii'dr  la  (î raiidf'-|{rrfa;'^ii<* ,  Cf*  qui  fut 
rif^nilr    avrc    siircr.s    ;     nii    riif    aiiiHi'    la   prcilTO 
i:t:rt:\uu:  <^iw.  rAir'Jrfrrn*  rfail.  iiuf  lie,  ('(»riiiiic;  OU 
If;   cfoyail.    depuis   peu.   fi'rlaif.    la    \}*-t'ui\tTO.   foif 
cjn^nw  fl(»lf.r   roinaiie  l'nfrfpmiiiif.  r.fVv  rinvi^a-* 
tioM.   On   a  vu  fdninir'nl  Tidirp  (*•:'  ^it'ifo  )«r  four  do 
In   i'$rniu\t—\ht\ny^iu'    rlai'     vrin.r;   *ï   A(;:  iccdH  ;    M 
flofhr   fiiff'<invi  il.    le::    Orr.aflrM  rf.  rcrtmiiul  wfinifr. 
Tliylrf  ,   rarlif!  jiiH<pralorH  ,  dif.  l'arit.f  ,   daiiH    h:B 
iw'n^i'H   l'I  Un  friiiKi'i  ,  (*r  cpii  fil.  croirrr    aux    iiUi 
ciU(M:'4!lalf.  rii  lai.(!:',ff.  ii  d'aulii-H  .'i^ulcuwrnf.  Irn  ilcB 
fifr  Sli''flaud.  Tunlr  la  nayi^^afion  Tuf.  lu'uiruKf* ,  lït 
In  Hoftc  rrvinl.  iiif>uil|r'r  au  pori  dr  'i'nilulc*,  dV>ù 
rllf  f:tail.  parfir.  (}wh\\wH  auffiiiH  .su]>posff' uf.  c|ur; 
cVnf.  Ir*  poi  l  df  SaiiduK'.li;  iiiai.i  II   paraît  chiivv.^ 
meut,  pai'  'rai:ilf!   (pir*   la    HofU;  d*A|;ri(*ola ,  dfntit 
siIfjrH  en  lù'tn^m^  nvaildA  appareiller  d'un  port  de 
Ci:  l'oyaiJiiir. 

(w'hI  aiuM(pi*apr^i  Hf'pt.  f'iiiiipafj;nr*flrAiigIc'(crre 
fui  ridi^i ciunif. Nuliju^i'^c  par  A^iicoln. 

Il  uuvojH  Ictt  tl<;UîU  fli;  tou:t  ccn  dviiiicmcrui  ii 


AGRICOLA.  37 

I>omitien  >  et  quoiqri  il  eût  écrit  sa  relation  du 
toa  le  plus  modeste,  Tempereur  la  lut,  à  son  ordi- 
naire ,  la  joie  sur  le  front  et  le  chagi^n  daos  le 
coeur  ;  mais  il  crut  devoir  laisser  reposer  sa  haine 
jusqu'à  ce  que  les  ti*ausportâ  du  public  et  len- 
thousîasme  dés  soldats  se  fus^ut  calmés  ,  car 
Agricola  commandait  toujoui^  en  Bretagne»  Il  lui 
fit  donc  décerner  par  le  Sénat  les  ornemens  triom- 
phaux ,  la  statue  couromiée  de  lauriers ,  tous  c^ 
honneui^s  qui  tenaient  lieu  du  triomphe  et  aux- 
quels il  mit  le  comble  par  les  plus  pompeux 
éloses. 

Il  eut  même  soin  d^insinuer  quHl  lui  destinait 
le  gouvernement  de  Syrie.  On  cfrut  dans  le  temps 
qa  il  lui  en  avait  envoyé  les  provisions  par  un  de 
ses  affranchis  de  confiance,  avec  ordre  de  ne  les  lui 
remettre  que  dans  le  cas  oîi  il  le  trouverait  en 
Angleterre ,  et  que  laffi^anchi ,  l'ayant  rencontré 
en  mer  dans  le  détroit  ménie ,  était  revenu  sans 
avoir  daigné  lui  parler» 

Cependant  Agricola  avait  remis  à  son  successeur 
la  province  tranquille  au -dedans  et  au-dehors  ; 
mais  dans  la  crainte  qu'un  trop  grand  concours 
de  peuple  ne  donnât  trop  d  e'clat  à  son  arrivée ,  il 
trompa  Tempressement  cîe  ses  amis ,  entra  de  nuit 
dans  Rome,  et  se  présenta  aussitôt  au  palais  impé- 
rîal,  selon  l'ordre  qu'il  en  avait  reçu.  Pour  tout 
accueil ,  Doniitien  Temlirassa  froidement ,  ne  lui 
dit  pas  un  mot,  et  le  laissa  se  perdre  dans  la  foule 
dés  courtisans. 

Dès-lors,  pour  tempérer  ])ar  d'autres  vertu» 
l'éclat  de  sa  gloire  militaire ,  Agricola  se  concentra 
dans  une  vie  tranquille  et  retirée ,  sljnplc  dans  ses 
vêteniens  ,  modeste  dans  sa  conversalion  ,  n'ayant 
pour  tout  cortège  quun  ou  deux  amis  3  de  sorte 
que  la  multitude ,  portée  à  n'estimer  les  grands 
hommes  qu'autant  qu'ils  éhdent  de  la  pompe  et  de 
l'éclat ,  ti'ouvait  la  rcnonunée  d  Agricola  une 
énigme  inexplicable» 


38  ACniCOLA. 

Dam  cra  premiers  trnips  il  fut  accusé  pitit 
clunr  ffiift  h  son  insu  (!i*vant  lVnipcn*ur%  et  alt- 
Bous  fîi;alcni(>iit  h  son  insu.  Ce  qui  IVi posait 
uinsi  ,  vc  \\étn\vi\i  ni  (1rs  denonciulions ,  ni  Irs 
plnintrft  (!c  cjurlqucs  )mr(iculiri*s,  mais  la  julousio 
tlu  prince  ,  su  haine  pour  toutes  les  vertus  »  la 

Si^pre  gloire  crA(;ricola  ,  et ,  les  plus  lian^^ereux 
0  tous  les  ennemis  ,  ses  pundg>'ristes.  Il  survint 
aussi,  par  I  impdritie  et  la  lAeheté  des  ^i^ndriiiix, 
de  niallieureux  oveneniens  et  des  d^sastrcn  qui 
ne  |N>rmirent  pas  qu*on  n)it  en  tnibli  la  luiulc 
valeur  du  conquëranf  de  TAnaleterre  ;  mais  sous 
un  prince  U*l  que  Dtnnitien  la  renommée  était 
un  orinie.  Cepi*ndant ,  h  foire  de  modération  et 
de  pnidence,  Aûricola  vécut  encore  neuf  uns  »  en 
évitant  avec  stnn  n*tte  vaine  allretation  d 'indc*- 
pendancc  et  c«'8  hravadi.'S  indise^^feM  par  len^- 
qm'lles  on  provoque  la  eéléhrlté  et  la  mort. 
«  Qu^ils  sachent  doue  ,  8*éorie  Tacite  ,  ceux  rn:! 
n'achnirc^nt  que  les  vertus  >  qu  on  ne  ])erniet  point 
que  Ton  puisse  être  un  grand  homme  sous  uu 
mauvais  ]>rince  ,  ef  cpie  lu  soumission  modc^Kte , 
jointf*  à  une  conduitt;  ferme  et  suce  ,  donne  tout 
auLint  de  gloire  qu(?  ces  entrepriM'S  extraordi* 
uaires  où  tant  dlimnmes  ont  cherché  uue  mort 
fumeuse  sans  utilité  pour  ITJat.  » 

Agricola  élait  né  le  i3  juin ,  et  il  moiu*ut  If 
23  août  ,  dans  lu  56*^  unnée  dv  son  ^ao ,  la  qli"  de 
rère  chiétienne,  et  la  12*'  du  rétine  de  Domitien. 
Sa  mort,  dit  Tacite,  désolante  pour  ses  purensi 
douloureuse  pour  si'S  amis ,  ne  fut  pas  sans  in- 
térêt mente  pour  les  étitin{*er8  et  pour  les  in- 
c*onuus.  Ce  qui  ouguientait  rafiliction  «  cVtnit 
le  sou]M;on  universeilenu^nt  répandu  que  Do- 
mitien I  avait  fuit  empoisonner.  Pour  moi,  njoute 
Tucile ,  je  n*oserais  ullirmer  rien  de  positif.  Au 
reste  ,  pendant  sa  maludie  ,  lempereur  ,  soit 
lii(ii:cai](.e  ,  ^oit  ciii'pijifé  .  le  lit  vi:jiter  par  sii 


AGRICOLA.  39 

affi*anchis  et  ses  médecins  de  confiance ,  arec  une 
assiduité  qui  n^est  pas  ordinaire  aux  souverains* 
Ou  a  la  certitude  que  s  le  jour  de  sa  mort,  il  y 
eut  des  courriers  disposés  exprès  pour   rendre 
compte  j  de  moment  en  moment ,  du  progrès  de 
son  agonie ,  et  personne  ne  crut  que  Domitiea 
eût  montré  cette  impatience  pour  une  nouyelle 
capable  de  laffliger*  Il  n'en  parut  pas  moins  ,  les 
yeux  baignés  de  larmes  ,  au  milieu  du   deuil 
public  ,   désormais  en  repos  sur  l'objet  de  sa 
naine  ,  dit  Tacite  ,  et  cacuant  mieux  la  joie  que 
la  crainte.   On  ouvrit  le  testament  du  défunt  : 
Domitien  s'y  trouva  institué  cohéritier  avec  la 
meilleure  des  femmes  et  la  plus  tendre  des  filles* 
On  le  vit  s'en  réjouir  comme  d'un  honneur  et 
d'un  hommage*   De  continuelles  adulations  l'a*- 
vaient  fait  arriver  à  ce  degré  d  aveuglement  et 
de  corruption  ,  qu'il  ne  savait  pas  que  les  bons 
pères  n'appellent  à  leur  succession  que  les  mau- 
vais princes* 

Voici  le  portrait  que  Tacite  nous  a  tracé  de 
son  illustre  beau-père  :  «  Si  la  postérité ,  dît-il , 
voulait  connaître  jusqu'à  sa  personne  ,  il  était 
bien  fait  sans  être  grand  ;  sa  physionomie  avait 
de  l'assurance  ;  la  grâce  y  dominait  :  vous  Teus- 
siez  jugé  sur-le-champ  un  homme  de  bien  ,  et 
sans  peine  un  grand  homme.  Sa  vie  ,  si  Ton 
cousiaère  sa  gloire  9  fut  ti^ès-longue  et  très- 
complète  :  en  effet  ,  il  avait  épuisé  les  vrais 
))îens  ,  ceux  de  la  vertu  ;  et  à  l'égard  de  ceux 
de  la  fortmie  ,  que  pouvait-elle  ajouter  aux  dis- 
tinctions consulaires  et  triomphales  ?  Ses  richesses 
n'étaient  poiut  iimueuses  ;  elles  suflisaient  à  son 


rang. 


«  O  Agricola  !  s'écrie  son  sublime  historien  , 
heureux  par  l'éclat  de  ta  vie  ,  tu  le  fus  encoio 
par  l  époque  de  ta  mort.  Tu  n'as  pas  vu  i<*s 
portes  du  Sénat  assiégées  ,   les  scualf  urs  investis 


40  ACniCOLA. 

lie  solilats  ,  tant  de  coiiHuIntn*!i  (*uvrIo]>|H$!i  ilniis 
lo  même  innssaore  >  tutit  d'îliusifes  romaines 
exiléesi  «'t  fu|;ilives  ! 

«  S'il  esl  nu  asile  pour  IcH  niâiiefi  de  riiomino 
vertueux  ;  si  ,  eouiine  les  saj;eB  ninieut  à  lo 
croiiT  «  \vs  avmu\v9  Tiuies  ne  meurent  poinf  avi*o 
le  eorns  quelles  nninuMit  »  jouis*  Aji^ricola  !  du 
jt^pos  uialtérulile;  et  nmis,  qui  sonnnes  tes  eu— 
fans ,  daigne  nous  nuuener  «  de  In  fuildesse  do 
ees  regrets  et  dt^  ees  lamentations  pusillanimes, 
h  une  Terme  eontemplatioU  de  t(*s  vertus  >  quQ 

in*otuneraient  des  larnu^s  et  d(*s  sanglota  :  ceat 
>ieii  plutôt  par  ra<lmiration ,  par  des  Iouang(*s 
immortelles  et  ,  si  la  nature  le  |U*rmettait  «  J^r 
la  ivss<Mnlilance  avec  toi ,  qu'il  eonvient  dc!  t'ho» 
iu)rt*r.  Voilh  les  vrais  hommages  (pii  doivent 
signaler  lu  ttmdivsse  do  t(*s  pi*oclies,  voilh  ce  que 
j'oserais  reeonunander  mt^me  ^  ta  lillc  et  k  ta 
lemme  %  de  cons(*rver  la  nuhnoire  d*uu  pèro  « 
eelle'd*un  époux,  en  se  rap|H*Iant  sans  cesse 
t(»utes  ses  aelions  et  toutes  ses  pan>les,  en  s*al- 
taehant  l^  sa  gloire  et  aux  traits  de  son  Anio , 
Inen  plus  qn*ii  eeux  de  son  eorps;  non  que  je 
veuille  interdire  ees  iiuagi*s  que  l<*  marbre  ou 
Talrain  nous  retraet^nl;  mais  ees  simulaen^S  sont 
lVagil(*s  et  rérissahles  cM>mnn^  les  traits  dont  ils 
sont  la  eopu*.  Il  \\y  a  qut*  la  lorme  de  r&mo 
qui  soit  éttTuelle  ;  ce  n'(\*it  ni  Tart  ni  la  ma- 
Itère  «  nuiis  les  mieurs  et  les  actions  qui  peu** 
veut  la  fixer  et  la  retraeer*  Tout  ce  que  iious 
avons  aimt^  y  tout  ce  que  n<ms  avoiM  rëvA^ 
d*Agrieola  subsiste  et  sui)sistera  dans  la  mé- 
moire des  liounnes  et  dans  IV^ttTnitd  des  âgM» 
J>e  grands  noms  denuMinM'onl  inconnus  et  aaus 
gloin*;  Tonldi  les  dévori^ra  :  celui  d^AcricoU» 
roii^i^MU*  dans  vrt  éerit ,  vivra  dans  riiistoillï «  • 
qui  est  le  temple  de  rinimortalittft  » 


TITUS.  4T 


^'^i^r>^r>%i'fc^'%^^^>%'V^<%»^/%/^i'^i'%''^'V^/%'%i^ 


TITUS, 


EMPEREUR  DES   ROIVUINS. 


EPUis  dix-neuf  siècles  le  inonde  entier  désigne 
eniperetur  sous  le  glorieux  titre  de  Délices  dw 
\re  humain;  il  le  mérita  par  une  bonté  cons^ 
itCj  universelle ,  et  en  faisant  le  bonheur  du 
is  grand  empire  de  Tantiquité* 
Ce  prince  nacpiit  le  3o  décembre  ,  Van  40  de 
re  chrétienne ,  vers  lo  temps  de  la  mort  de 
Ii«;ula;  mais  à  peine  alors  Vespasien,  son  père  y 
trait-il  dans  la  caiTière  des  îionneurs  :  qui  se 
ait  imaginé  qu'un  jour  il  parviendrait  à  lem:- 


•e? 


Titus ,  élevé  à  la  cour  de  Néron  avec  Britan- 
iis ,  reçut  lit  même  éducation  sous  les  mêmes 
ixties.  On  asr.nre  qu'un  astrolu^tie  ou  devin,  cou- 
té  par  Narcisse ,  fameux  atfi'ancUi  Je  Claude  , 
*  le  sort^de  Britannicus,  répondit  que  ce  n'était 
5  à  ce  prince,  mais  à  Titus,  alors  présent ,  que 
jnpire  était  destiné.  La  plus  étroite  amilfé  le 
it  à  Britannicus  5  et  même,  selon  Vliistorien 
cite ,  il  goûta  le  breuvage  empoisonné  qui  fit 
rir  ce  jeune  prince ,  placé  dans  ce  fatal  moment 
es  de  lui  à  la  table  de  Néron  3  il  en  fut  même 
rs-dangereusement  malade. 
En  mémoire  de  sa  tendre  amitié  por»r  Britan-»^ 
.*us,  il  lui  érigea,  lorsqu'il  Uit  parvçjiu  à  TEm— 
•e,  deux  statues^  Tune  d*or,  dans  son  palais^ 
Toniç  11^  4 


3a  AC.lllCOLA- 

■ 

wocuoillS  un  f)ctit  roi  «le  I  liiaiulr  «  chnssé  par  clrt 
Ftijrls  robclKs ,  et  il  le  rcti'nuit  pros  ilo  fiiî,  c!it 
lacilr,  Kous  U)  loilr  do  rainiti<i«  avro  Ir  projet 
dVii  iairo  liustriniu ni  d^uiio  nouvrllc  coii<|uêi«  • 
La  sixioair  aiuidr  Ar.  soiiGouvonunu'iitfiiimac- 
quoV  ]mr  une  expédition  miposauto  par  mer  et 
par  (erro.lN^ur  ne  pas  s*enga^er  dans  des  pays  en- 
core incomiiis ,  au-delà  du  ^olfe  de  B(»dc>trie  uu 
du  ])ras  de  mer  dEdiudioui^,  oii  les  pcniplos 
étaient    ru    mouvement  et  les  passages  gardes 

λar  des  gens  armes  «  il  iil  avant  tout  reconnaître 
c  pays  par  sa  flotte.  Celait  la  première  ibis  qu^il 
la  faisait  concourir  à  ses  desseins.  Les  Bretons^  à 
ce  que  dirent  les  pn>onnier89  étaient  confoiidut 
à  la  vue  du  spectacle  de  tous  ces  vaisseaux  qui 
suivaient  l'armée  ,  et  de  c(  tte  guerre  qui  se  peut* 
liait  à  la  Ibis  sur  terre  et  sur  mer;  ils  voyaient  que» 
la  L  arrière  de  TOc  éan  ainsi  Ibretu;  y  on  allait  le* 
p(»ursni>  re  jus(|iie  dans  leur,dernier  asile* 

Cependant  les  Calédoniens  y  résolus  de  teuter  le 
8ort  dt*s  combats ,  sv.  réunissent  •  attaquent  de  nuit 
la  neuvième  li^gîon,  qui  était  la  plus  faible,  et, 
après  avoir  surpris  k^  coi  ps^e-gardes  i  forceut 
I(^s  retranch(*mens  ;  déj«\  m^me  on  combattait 
dans  le  camp  »  lorsque  Agricola,  averti  par  ica 
eouiTurs,  survient  a  propos,  fait  cbarger  renne* 
mi  en  queue  par  son  infanterie  et#a  cavalerie 
légère»  Cette  double  attaque  épouvante  les  C«alë* 
doniens;  le  jour  venu,  ils  voient  biiller  les  aisles 
et  l(>s  enstigues  des  légions  «  et,  craignant  deti*e 
enveloppés,  ils  se  retirent*  Les  bois  et  les  marais 
favorisentleurretraitc^etemp^clieut  qiie  la  guerre 
ne  soit  terminée  )>ar  ce  cojubat,  qui,  stMon  qiielquea 
bavans  anglais,  eut  lieu  dans  le  comté  de  Tofe. 

Knorgueillis  par  ce  succès,  les  soldats  romains 
sVciieiit  qu'il  ny  a  rien  d'impossible  à  leur  cou-» 
I  a£;e ,  et  quïl  faut  pénétrer  jusqu'aux  dernières 
bi>rues  de  rAngletcrre*  Les  Calédoniens  i  duu 


AGRJCOLA.  33 

antre  côte ,  attribuant  plutôt  leur  êémite  à  lliabi- 
letë  d*Agricola  qu'à  la  valeur  des  Koniahis ,  s'uni- 
rent plus  étroitement  que  jamais  pour  la  défense 
de  leur  liberté. 

Ce  fut  dans  le  cours  de  cette  même  année  que 
des  soldats  Usipiens,  levéa  eu  Allemagne  pour 
servir  en  Angleterre ,  se  saisirent  de  trois  brigan-» 
tins  afin  de  regagner  leur  pays,  cinglèrent  ea 
haute  mer,  et,  poussés  çàetlà  par  les  vents ,  firent 
le  tour  de  TAngle terre.  Ils  s  étaient  embarqués  » 
suivant  Dias,  sur  la  côte  orientale,  et  arrivèrent 
sur  la  côte  occidentale  ,  où  campait  alors  l'armée 
d'Agi^icola  :  ce  fut  par  eux  que  ce  général  sut 
que  l'Angleterre  était  une  île. 

Au  commencement  de  sa  septième  campagne 
Agricola  ,  frappé  dans  sa  famille ,  perdit  un  fila 
qu'il  avait  eu  l^année  précédente.  Dans  ce  mal- 
heur il  ne  se  piqua  point  de  cette  insensibilité  fas- 
tueuse qu'aflcctent  ordinairement  les  âmes  fortes , 
comme  il  ne  se  laissa  point  aller  non  plus  aux 
gémissemens  et  à  rabattement  des  femmes.  Les 
soins  de  la  guerre  firent  qucl<j[ue  diversion  à  sa 
doulenr. 

Il  fit  prendre  les  de  vans  à  sa  (lotte ,  avec  ordre 
de  miihiplier  les  descentes ,  afin  de  portf^r  l'alarme 
sur  jjnsleurs  points,  et  lui  se  mit  en  marclie  avec 
des  troupes  lestes  qu  il  avait  reurorcées  d\iu  corps 
de  Bi'etons  auxiliaires  éprouvés  par  une  longue 
souan'ssion.  Il  trouva  les  barbares  déjà  postés  au 
monti^i  ampius,  aujourd'hui  le  mont  Grantzbaine, 
dans  la  province  de  Stratern ,  en  Ecosse. 

Loin  d'être  découragés  par  leur  dernière  dé- 
faite ,  les  Calédoniens,  pei^suadés  qu'il  ne  leur  res- 
tait que  la  vengeance  ou  la  servitude,  avalent  ras- 
semblé toutes  leurs  forces  pour  résister  à  IVn- 
iiemi  commmi.  Ils  étaient  déjà  plus  de  trente  mille 
hommes  en  armes;  chaque  jour  il  leur  arrivait  de:; 
rçufui'ts,  lorsque,  demandant  le  cojobat  à  grands 


34  ACIUCOLA. 

cris ,  Gniiçnciis,  disliii^uc^  ciiln*  tous  los  clicffl  par 
8u  valf'Ui'  et  par  su  iiaiNKmirc,  fit  à  crtti*  inultiliulc 
inw  haiaii{*U(>  lapporUic  par  TariU*,  citii  rst  sans 
coiitrctlit  un  (IrHpliisliraiix  iiion:i-au\  cl  ($l<)(|ui>nco 
cpi'onVr  (luiiHCf!  {>riin*  la  lan^ud  laliiu*.  Ccltr  hn^ 
raii^iip  itit  H'^^ur  avec  liaiis|)ort,  avec  lf*H  chaufjiy 
hi  ridinliMrnH-iit  ri  Irs  riaiiàfiirs  roiifnHrfi  onl[« 
naiiTH  aux  h.lrlarcri.  Diijà  ils  mï  iornnuViit  en 
bahiillc;  lors<pt(*  A^rit^ola ,  <pti  avait  \V'\î\v  h  cou— 
t(?iiir  la  valeur  (J(  h  hi^^lous,  r.rnl  drvoir  IVxritfT 
rnrort*  par  un  dinrours  nohlr  vi  vi^^ouicitx  (jiie 
Ton  trouve  ('^alniimt  dans  Tacilr.  11  itiitcnsuito 

1)ir(l  a  Icrrrà  lu  Iclc  des  Kotnaiiis,  (*t  coinnifMirn 
'a(U(pi(*,plriti  (rrK|)i;raii(:ril(lfM:ourai;(>.(>u(>oiii- 
ballil  (pif'ltpir  Iciiips  à  coups  t\r.  Irnifs;  mais  A^ri-* 
cola,  voyant ipi<!  Irs  (îaj^fdonit  ns  l<  liaient  trriiir  k 
leur  pohlr  ])our  nVn  point  perdre;  ravanla(2;r> ,  d«f* 
tiielia  ses  coliorieii  halaveH  e-t  alteniandett,  afin  de 
commencer  lu  in/dcc,sur  de  ces  troupes,  ucrou-* 
iunuf(;.s  (I  une  longue  diKcIpliae.  Elles  courent 
attrupier  les  ennemis,  les  prennent  de  leurs  bon» 
rliers  et  de  la  pointe!  de  leurs  ëpces  ,  percent  le0 
premiers  ha  lui  lions,  et  parviennent  au  sommet  da 
eoti'an:l<*s  Ic^^ions,  aninnV.spur  leur  exemple,  leg 
Buiventet  renversent  toutee'pii  He  preste n te  devant 
elles.  Lii «cavalerie  bretonne,  «pii  avait  tenlë  da 
cbar^er,  iutnrrel<ie  par  1  épaisseur  des  halailloos 
romains  Jointe  aux  ind^aliles  du  sol;  elle  fut  re-* 
pouss(5e  sanspeine,  et  dans  beaucoup  d  endroits  le$ 
chars  vides,  les  chevaux  sans  oouductenrs,  courant 
au  hasard,  toutdpou  vailles,  renversèrent  les  rangff 
ennemis.  Mais  les  Ihxftons  qui  occupaient  le  som-" 
met  des  collines  et  qui  n  avaient  pu  encore  com«» 
I)attrc,  indpristtiit  le  pc«tit  nombre  de  Romains  , 
cpioi(pie  victorieux, conuneiu^èrentfts*!^ tendre  pour 
les  envelopper  :  c'était  ce  ({ne  craii^nail  Af;ricola  y 
mais  aussi  ce  qu^il  avait  prévu*  il  lit  avancer  un 
corps  de  réscr?e  de  cavalerie  »  qui ,  venant  ibndrt 


AGRICOLA-  35 

avec  violence  sur  le eros  de  larmëe  calëdonienne , 
cfu'U  tourna  ,  la  prit  à  dos.  On  vit  alors  dans 
toute  retendue  de  la  plaine  luj  spectacle  d  horreur 
et  de  désolation.  Ici  les  vainqueurs  poursuivaient, 
frappaient ,  faisaient  des  prisonniers ,  les  égbr- 
gtaicut  pour  en  faire  de  nouveaux.;  là ,  selon  lïns- 
tiiict  de  la  peur  ou  du  désespoir ,  des  troupes  de 
Bretons  armés  fuyaient  devant  une  poignée  de 
soldats,  et  d'autres,  sans  armes,  se  jetaient  au  milieu 
des  Romains  pour  y  chercher  la  mort.  La  terre 
était  couverte  d'armes,  de  corps,  de  membres 
mutilés  et  de  sang.  Quelquefois  aussi  les  vaincug 
avaient  des  retours  de  courage  et  de  fureur. 

Ralliés  aux  approches  des  forêts,  déjà  ils  enve- 
loppaient les  détachemens  qui  les  poursuivaient 
sans  piccautions,  et  si  Agrîcola,  présent  partout  ^ 
u  eût  envoyé  ses  cohortes  les  plus  braves  et  les 
plus  lestes  pour  les  cerner  et  les  relancer ,  s'il 
n  eût  fait  metti'e  pied  à  terre  à  une  partie  de  sa 
cavalerie  pour  fouiller  les  endroits  les  plus  foui-^ 
rés ,  tandis  que  le  reste,  à  cheval ,  battait  les  clai- 
rières, la  téméraire  confiance  des  vainqueurs  leur 
eût  coûté  cher.  Se  voyant  poursuivis  en  bon  ordre, 
les  fuyards  gagnèrent  des  retraites  inaccessi  hies,  oit 
la  lassitude  du  carnage  et  la  nuil  empêchèrent  de 
les  suivre.  Ils^laissèrent  dix  mille  hommes  sur  le 
champ  de  batiiille  ;  les  Romains  n  en  perdirent 
que  trois  cents.  Le  jour  découvrit  mieux  encore 
toute  l'étendue  de  la  victoire;  partout  un  silence 
profond ,  les  collines  désertes  ,  les  toits  fumans 
au  loin,  et  pas  un  être  vivant.  Telle  fut  la  célèbre 
journée  de  Grampius,  immortalisée  par  le  burin 
de  Tacite ,  et  oîi,  grâce  aux  dispositions  d'Agricola, 
les  Romains  furent  encore  vainqueurs,  non  par 
l'ascendant  d'une  bravoure  supérieure  à  celle  de 
leurs  adversaires ,  mais  par  l'avantage  que  la  dis- 
cipline donne  toujours  à  une  valeur  exercée  sur 
une  intrépidité  aveuglé  et  sauvage. 


36  AORTCOLA. 

Tacitn  point  en  traits  de  fou  ,  à  coté  di  l.i  joie  et 
fluhii (in UP8 vainqueurs,  la  dénoVdl'uni  et  lu  niiNere 
des  vaincus;  en  ans  tous  à  luvfnfcire,  lioiiinios  ri 
fcinines,  coufoiiflaiit  U.urA  lanuMitations  ,  tiaiiiant 
leurs  bU'bses  ,  s  appelant  Ir-s  uns  l«*s  autres,  al.an- 
doiuiant  lfUi*s  maisons  et  y  ni< Kaiit  eux-niêines  le 
feu  f  les  pèif'S  et  les  «-poux  allant  et  revenant  de 
la  ra(;e  k  1  ahattinnent  ,  et  de  l'aDattenient  à  la 
rage,  à  ras])eet  de  leurs  en  fans  et  de  leurs  fenuues  ; 
plusieurs  nicmc  les  massacruut  par  une  espèce 
de  pitié. 

^{^ricola,  voyant  qu^ils  ne  f^  ralliaient  tiulle 
part,  et  ipie  la  saison,  trop  avancée,  ne  penucttait 
)x>int  de  continuer  les  opérations,  ramena  ses 
troup#'S  dans  le  pays  des  Horestes,  qu^on  croit  être 
le  pays  d'Aiigus,  en  Ecosse.  Après  avoir  pris  dcf 
otiifi^cs  de  ces  peuples,  il  chargea  laniiral  de  sa  (lotte 
de  faire  le  tour  de  la  Grande-Bretagne,  ce  qui  fut 
ciécnté  avec  succès  ;  on  eut  ainsi  la  preave 
certaine  que  TAn^vIeterre  était  une  île, comme  oa 
le  croyait  depuis  peu*  Celait  la  première  fois 
cpl^me  flotte  romaine  entreprenait  cette  navig^*-» 
tion.  On  a  vu  comment  Tidée  <^c  faire  le  tour  dû 
'la  Grande-Bref a;;iie  était  venue  Ik  A|^iîcola;  sa 
flotte  découvrit  les  Orcades  et  reconnut  m£me 
Thylé  ,  caclié  jus<4u alors,  dit  Tacite,  dans  les 
neiges  et  le^  frimas ,  ce  qui  fit  croire   aux  uiis 

3uec'étjiitrirlan(?c,et  k  d  autres  seulement  les  îles 
e  Shetland.  Toute  la  navigation  fut  heureuse, et 
la  flotte  revint  mouiller  au  port  de  Trutule,  d*oii 
elle  était  partie.  Quelques  auteurs  supposent  qae 
c*est  le  port  de  Sandwich;  mais  il  paraît  claire» 
ment  par  Tacite  que  la  flotte  d'Agricola ,  ëtant 
alors  en  Ecosse,  avait  dû  appareiller  d'un  port  de 
ce  royaume. 

C  est  ainsi  c{u*après  sept  campagnes  TA ngleterre 
fut  eutièrenicut  subju^^uée  par  Agi'icola. 
Il  envoya  les  détails  de  tous  ces  ëvcnemens  ^ 


AGRICOLA.  37 

Domitîen  >  et  quoiqu'il  eût  écrit  sa  relation  du 
toa  le  plus  modeste,  i  empereur  la  lut,  à  sou  ordî" 
uaîre ,  la  joie  sur  le  front  et  le  chagrin  dans  le 
coeur  ;  mais  il  crut  devoir  laisser  reposer  sa  liaine 
jusqu'à  ce  que  les  titiuspcfrts  du  public  et  len- 
thousiasme  des  soldats  se  fusaient  calmés  ,  car 
Agricoia  commandait  toujoui^s  en  Bretagne*  Il  lui 
fit  donc  décerner  par  le  Sénat  les  ornemens  triom- 
phaux ,  la  statue  couromiée  de  lauriei^ ,  tous  ces 
honneui^s  qui  tenaient  lieu  du  triomphe  et  aux- 
quels il  mit  le  comble  par  les  plus  pompeux 
éioses. 

Il  eut  même  soin  d^insinuer  qu^il  lui  destinait 
le  gouvernement  de  Syrie*  On  cfrut  dans  le  temps 
qu  il  lui  en  avait  envoyé  les  provisions  par  un  de 
sesafB^nchis  de  confiance,  avec  ordre  de  ne  les  lui 
remettre  que  dans  le  cas  oîi  il  le  trouverait  en 
Angleterre ,  et  que  Faffi^anchi ,  Tayant  rencontré 
en  mer  dans  le  détroit  même ,  était  revenu  sans 
avoir  daicné  lui  parler* 

Cependant  Aejricol  a  avait  remis  à  son  successeur 
la  province  ti^auqiiille  au -dedans  et  uu-dehors  ; 
mais  dans  la  crainte  qu'un  trop  grand  concours 
de  peuple  ne  donnât  trop  de'clat  à  son  arrivée,  il 
trompa  renipressenient  de  ses  amis ,  entra  de  nuit 
dans  Home,  et  se  présenta  aussitôt  au  palais  inipé^ 
rial,  selon  Tordre  qu'il  en  avait  reçu.  Pour  tout 
accueil ,  Donatien  LVmljrassa  (Voidemeiit ,  ne  lui 
dit  pas  un  mol,  et  le  laissa  se  perdi^e  dans  la  foule 
des  courtisans. 

Dès-lors,  }>our  tempérer  ])ar  d'autres  vertus 
Véclat  de  sa  gloire  militaire ,  Acjricola  se  concentra 
dans  une  vie  tranquille  et  retirée ,  simple  dans  ses 
vêtemt  us  ,  modeste  dans  sa  coiiversaliou  ,  n'ayant 
pour  tout  cortège  quuu  ou  deux  amis 5  de  sorte 
que  la  multitude  ,  portée  a  n'(  slimer  les  }:;rancls 
liommes  qu'autant  qu'ils  éttilent  de  la  pompe  et  de 
l'éclat  ,  ti'oiivait  la  renonunéc  d  Agricolu  une 
éuigme  inexplicable* 


J8  AO ni  COLA. 

< 

DiiuA  cr(i  proiiiirx'H  tctti|)s  il   Tut   iicruiK$  plus 

«luiir  ioifi  h  hoii  iiiHu  dcvuiil  IV*Jii|>('rriir,  cX  iih- 

ttOtJH  (^(;HlriticiiL   h    Hon   iiiHii*    ()v   qui    IV'ipoKait 

(liiiHi  ,  vv  irc^liiinit  ni  tlva  ilduoiK^iulioiih  ,  iiî  Ua 

plaiiitf'H  tUi  quv.U\\iVH  |mi-ficiiliri'ti,  iiihim  lit  juiouriiiî 

<lu  princf* ,  su  |jiiîiii>  yanv  toiitrM  \vn  v(!rlii.s  ,  lu 

pl'oprr  uloiiT*  irA^ric^JH  ,  vi ,  Ivh  plus  daii^rriMix 

ilc  tritiH  iMi  l'uiinni.H  ,  H<!tt  patir^^yrisfcs.  H  Hiirvint 

uuaH) ,  imr  1  iinpdrilii*  vl  la  l/irht'fd  (k'M  ^t^iidx'uiix  ^ 

ili:  inaljjriirciix  tiv(^iU!fnf*iiH  d  des  d(^sas(i'(*H  qui 

iKï  ]N*ritiin!iil  ]}Hn  ([u\m  mit  (!fi  oiildi   la  ImiiU! 

valeur  du  i:on(pj<^i'Hiif  dr  rAn^^irfciTf*  ;  uiaÎH  Hong 

tiii  priiiœ  tf*l  i\uii  ])ojniti(!ii    la   munuinéi*.  dtait 

un  criiiuî.  (Irpi'iidant ,  h  force  tla  inod^ratiou  et 

do  prudriici!,  Af^ricola  vdcuL  (•ncoir  ni'urauH  >  ru 

dvitnul  kiyv.v.  Hoiu  c*(!ttiî  Yuiu<*  ailii'ctatioii  d'iiuK*- 

pcudflueo  (;t  cvs  J)j'uvud(;ii  indiKci i^fcN   par  I<'h* 

cpicllm  on   provcxpic;   1»  t'dli^liriti^  i;t  lu  mort. 

«  Qu'ils  sucliput  donc  ,  hévrlr.  Taoitiî  ,  ci'.ux  en!! 

n'u<bnirrnt  qur*  Icm  vf'iluM,  ijuVui  no  ]Mïniu*i  point 

c|uo  Ton  puiHHii  ùivii  un  uraud  hoinnio  mous  un 

luauvaiii  prinro  «  ot  ([uo  la  souniitMiun  niod(*Htn  « 

joiiilo  h  uuo  c*onduiL(;  iorniis  ot  Mifio  ,  donno  tout 

autiuit  do  p;loiro  quo  ooh  ontroprisoH  oxtiaordi- 

nairott  où  tant  (riiouuuoH  ont  onorclid  une  mort 

ianiouHo  rtauH  utillM  pour  l'Ktat.  n 

A^ricola  dlait  ué  lo  i3  juin,  ot  il  mourut  le 
23  luiùl ,  dans  la  56**  aiiiu^o  do  hoii  A^o,  la  9«3"  de 
l'cro  <'|jic*liouno,  ot  la  lU,**  du  rot^iio  iw.  Domilion. 
Sa  mort,  dit  TaoiU;,  dcttolauto  pour  00s  parens  1 
donlourouHo  |»our  hom  amis ,  no  l\it  pas  s<ins  in- 
UU'ùl  ni/tnio  pour  Iom  <^trau{vors  ot  pour  los  in- 
rouiiu».  Co  qui  uu^montait  lainiotion  9  cVtoil 
If*  ftoupoon  univorfMtilonuMit  rdnandu  quo  Do* 
iiiif.ii'n  1  avait  fait onipoificMinor.  rour  moi,  njoufci 
'rm'ilv ,  jo  n  osorais  a/Iiruior  rion  do  positif.  Au 
ifslo  ,  pondant  sa  nialadio  ,  Toniporour  »  Hoit 
l>i(  tiiïJ.iiKO  ,  hoit  ('iirl^):;i't* ,  lo  lit  vi.iifor  pur  sis 


AGRICOLA.  39 

nffranchis  et  ses  médecim  de  confiance ,  arec  une 
assiduité  qui  n^est  pas  ordinaire  aux  souverains* 
Ou  a  la  certitude  que*,  le  jour  de  sa  mort,  il  y 
eut  des  courriers  disposes  exprès  pour  rendre 
compte  j  de  moment  en  moment ,  du  progrès  de 
son  agonie ,  et  personne  ne  crut  <jue  Domitiea 
eût  montre  cette  impatience  pour  une  nouy elle 
capable  de  laffliger*  Il  n'en  parut  pas  moins  ,  les 
yeux  baisnës  de  larmes  ,  au  milieu  du  deuil 
public  ,  dësormsds  en  repos  sur  l'objet  de  sa 
naine  ,  dit  Tacite ,  et  cachant  mieux  la  joie  que 
la  crainte.  On  ouvrit  le  testament  du  défunt  : 
Domitien  s'y  trouva  institué  cohéritier  avec  la 
meilleure  des  femmes  et  la  plus  tendre  des  filles* 
On  le  vit  s'en  réjouir  comme  d'un  honneur  et 
d'un  hommage*  De  continuelles  adulations  l'a*- 
vaient  fait  arriver  à  ce  degré  d  aveuglement  et 
de  corruption  ,  qu'il  ne  savait  pas  que  les  bons 
pères  n'appellent  à  leur  succession  que  les  mau- 
vais princes* 

Voici  le  portrait  que  Tacite  nous  a  tracé  de 
son  illustre  beau-père  :  «  Si  la  postérité ,  dit-il , 
voulait  connaître  jusqu'à  sa  personne  ,  il  était 
bien  fait  sans  être  grand  ;  sa  physionomie  avait 
de  Tassurance  ;  la  grâce  y  dominait  :  vous  l'eus- 
siez jugé  sur-le-champ  un  homme  de  bien  ,  et 
sans  peine  un  grand  homme.  Sa  vie  ,  si  Ton 
cousiclère  sa  gloire  ,  fut  très-longue  et  très- 
complète  :  en  effet  ,  il  avait  épuisé  les  vrais 
biens  ,  ceux  de  la  vertu  ;  et  à  Tégard  de  ceux 
de  la  fortune  ,  que  pouvait-elle  ajouter  aux  dis- 
tinctions consulaires  et  triomphales  ?  Ses  richesses 
n'étaient  point  inunenses  i  elles  suflisaient  à  son 


rang. 


a  O  Agricola  !  s'écrie  son  sublime  historien  , 
heureux  par  léclat  de  ta  vie  ,  tu  le  fus  eucoie 
pur  l  époque  de  ta  mort.  Tu  n'as  pas  vu  h*s 
portes  du  Sénat  assie'gées  ,   les  sénateurs  investis 


40  AO  RIGOLA. 

de  soldats  ,  tant  de  coiiHulaîrrs  rnvrioppës  dans 
le  même  massacre  ,  tant  d'illustres  romaines 
exilées  vi  fu^ilivrs  ! 

«  S'il  est  un  asile  pour  les  mânes  de  Hiomme 
yertu(!ux  ;  si  ,  connue  les  saf^es  aiment  à  le 
croire  ,  les  grandes  âmes  ne  meurent  point  avec 
le  corps  quelles  animent,  jouis,  Agricola  !  du 
repos  inaltérable;  et  nous,  qui  sommes  tes  en- 
ians ,  daigne  nous  ramener  y  de  la  faiblesse  de 
ces  regrets  et  d(ï  ces  lamentations  pusillanimes, 
à  une  ferme  eontemplatioU  de  t<;s  vertus  ,  que 

f)rofaneraient  des  larm<;3  et  des  sanglots  :  c  est 
>icn  plutôt  par  Tadmiration,  par  des  louanges 
immortelles  et  ,  si  la  nature  le  permettait ,  par 
ia  ressemblance  avec  toi ,  cju^il  convient  de  tlio- 
iiorer.  Voilà  les  vrais  iiom mages  qui  doivent 
signaler  la  tendresse  de  [va*  produis,  voilà  ce  que 
jV>seraîs  nrconuuander  même  à  ta  fille  et  à  fa 
femme,  de  conserver  la  mémoire  d'un  père* 
celle"  d*un  <*poiix ,  en  se  ru))pelant  sans  cesse 
toutes  ses  acti(;iis  et  toutes  si!S  paroles,  en  s^al- 
taciiant  à  sa  gloire  et  aux  traits  de  son  Ame , 
liien  plus  qu'à  ceux  de  non  corps;  non  que  je 
veuilhî  int(*rdire  ces  images  qu(î  le  marine  ou 
Tairnin  nous  retracent;  mais  ces  simulacres  sont 
fiagiles  et  périssabl(*s  comme  les  traits  dont  iU 
sont  la  copi(s  11  nV  a  que  la  forme  dit  Tûine 
(jui  soit  c'tf*rnelle  ;  ce  n'est  ni  l'art'  ni  la  ma- 
tière ,  mais  les  mœurs  vi  les  actions  qui  peu- 
vent la  fixer  et  la  retrac(;r«  Tout  ce  que  nous 
avons  aimd ,  tout  ce  que  nous  avons  rëvdré 
d'Agricola  subsiste  et  sui)sistera  dans  la  mé- 
moire des  liommes  et  dans  l'éU^rnité  des  âgest 
De  grands  noms  demeureront  incouims  et  sans 
gloire;  l'oubli  les  dévoi'cra  :  celui  <l'AcricoU« 
coie*igné  dans  cet  écrit,   vivra    dans  rhistoiit:* 

qui  est  le  temple  de  rimniorlalité< 

/ 


\ 


TITUS.  4r 


TITUS, 


EMPEREUR  DES   ROMAINS. 


»uis  dix-neuf  siècles  le  monde  entier  désigne 
npereiy  sous  le  glorieux  titre  de  Délices  dw 

humain;  il  le  mérita  par  une  bonté  cons— 
5  universelle ,  et  en  faisant  le  bonheur  du 
grand  empire  de  Fantiquité. 

prince  naquit  le  3o  décembre  ,  Van  40  de 
chrétienne ,  vers  lo  temps  de  la  mort  de 
ula  ;  mais  à  peine  alors  Vespasîen,  son  père  y 
it-il  dans  la  caiTière  des  honneurs  :  qui  se 
t  imaginé  qu'un  jour  il  parviendrait  à  reni- 

tus ,  élevé  à  la  cour  de  Néron  avec  Britan- 

,  reçut  le*  même  éducation  sous  les  mêmes 

es.  On  asînire  qu'un  astrologue  ou  devin,  cou- 

par  Narcisse,  fameux  aifi^ancUi  Ja  Claude  , 

?  sort'de  Britannicus,  répondit  que  ce  n'était 

ce  prince,  mais  à  Tilus,  alors  présent ,  que 
pire  était  destiné*  La  plus  étroite  amitfé  le 
à  Britannicus,  ot  même,  selon  riiistoriea 
;e ,  il  goûta  le  breuvage  empoisonné  qui  fit 
ce  jeune  prince,  placé  dans  ce  fatal  moment 
de  lui  à  la  table  de  Néron  3  il  en  fut  même 
dangereusement  malade. 
L  mémoire  de  sa  tendre  amitié  porr  Brîtan-»^ 
i,  il  lui  érigea,  lorsqu'il  fut  parvciiu  a  TEm— 

deux  statues.  Tune  d'or,  dans  son  palais^ 
."o/zie  11^  4 


4^  TITUS. 

Vautre  d*îvoire  )  qu'on  portait  avec  pompe  • 
les  jeux  du  cirque* 

Les  plus  aimables  qualités  brillèrent  en  lui 
êon  enmnce ,  et  se  développèrent  de  plus  en 
^  mesure  qu'il  approcha  de  Tâge  viril.  Sa  be 
était  un  mélange  heureux  de  majesté  et  de  grâ 
il  était  dune  force  singulière,  quoiqu'il  ne 
que  d'une  taille  moyenne  et  qu'il  eût  le  ventr 

ru  gros.  Titus  avaitune  mémoire  très-heure 
s'appliqua  de  bonne  heure  à  Tétude  de  1 
quence  et  de  la  poésie ,  et  y  fit  de  grands  proj 
U  était  tellement  versé  dans  les  langues  sre 
et  latine,  et  composait  avec  tant  de  faculté 
discours  ou  des  vers  dans  ces  deux  langues  > 
pouvait  même  improviser.  Il  excellait  aussi 
tous  les  exercices  du  corps  ,  maniait  les  ai 
avec  beaucoup  d  adresse  et  montait  un  cl 
l^vec  habileté.  11  s  était  accoutumé  à  écrire  1 
rite  par  le  moyen  des  abréviations ,  et  s  exe 
quelquefois  avec  ses  secrétaires  dans  rartd'iu 
les  écritures;  il  disait  souvent  à  ce  sujet 
ti'aurait  tenu  qu'à  lui  d  être  le  plus  grand  tausi 
die  1  Empire. 

Titus  servit  d'abord  en  qualité  de  tribun  i 
ftaire  en  Allemagne  et  dans  la  Grande-Bretaj 
<^t.s'y  fit  remarquer  tant  par  sa  valeur  que  pj 
modération  et  ses  manières  obligeantes,  ainsi 
le  prouve  le  grand  nombre  de  statues  chai 
d'inscriptions  honorables  qu'on  lui  éleva  dao 
deux  provinces» 

Après  avoir  terminé  ses  premières  campag 
il  s'attacha  au  barreau  avec  plus  de  dîstiucuoi 
d'assiduité.  Ce  fut  alors  qu'il  épousa  Acri 
TertuUia ,  fille  d'un  chevalier  romain  qui  aya 
préfet  du  prétoire.  Devenu  yeuf,  il  épous 
secondes  noces  Murcia  Falvia ,  femme  d'une  i 
sance  illustre .  qu'il  répudia  après  en  avoir  en 
fille  n<Hnmée  Julia  Sabina»  Au  sortii'  de  la  ^ 


TiTtrs.  43 

ture?  cliarge  dont  îl  s'était  acquitté  avec  un  ap- 
plautlissement  général ,  il  devint  le  lieutenant  de 
son  père,  à  qui  Néron  avait  donné  le  commande- 
ment de  l'armée  romaine  en  Judée,  L'historien 
Joseplie  atteste  que  Titus-  se  couvrit  de  gloire  dans 
cette  guerre.  Il  réduisit  Taricîée  et  Gamale  , 
places  fortes,  et  dans  une  action  il  eut  son  cheval 
tué  sous  lui ,  et  monta  celui  d*un  offîcier  onuemi 
qu'il  venait  de  renverser. 

Peu  de  temps  après  il  fut  envoyé  par  Vespasîen 
pour  féliciter  GaÙ^a  sur  son  avènement  à  l'Em»» 
pire.  Partout  où  passait  Titus  il  attirait  les  regards 
sur  lui ,  et  le  bruit  se  répandit  que  Galba  l'avait 
mandé  dans  Tintention  de  l'adopter.  C'étaîtle  vœu 
général.  Une  physionomie  heureuse ,  une  intelli- 
gence parfaite ,  propre  à  tout,  cultivée  par  toutes 
les  belles  connaissances,  le  talent  de  parler  et 
d'écrire  avec  facilité  et  avec  no})lcsse ,  une  valeur 
éprouvée  dans  plusieurs  campagnes,  tant  de  qua- 
lités réunies  avec  la  première  \igijeur  de  Tage  , 
car  Titus  entrait  alors  dans  sa  vingt-huitième' 
année;  tout  enfin,  selon  le  témoigiiage  de  Taoilc  , 
le  rendait  digne  du  rang  élevé  que  senijjlait  déjà 
lui  déiérer  ropinioii  puj)liquc» 

Tilus  venait  d'arriver  à  Corlnllie  lorsqu'il 
apprit  le  meurtre  de  Galba,  et  que  Teiupire  éiaiC 
disputé  par  Otbon  et  Yitellius.  Ces  nouvelles 
conunandaicnt  un  nouveau  système  decondiilto, 
et  il  déiiLéja  avec  ses  amis  sur  le  parti  qu'il  devait 
prendre.  Coutiiiuer  sa  route  et  aller  à  Rome  ci  a  il 
une  démarche  à  la  fois  iiil'i  uctueuse  et  inipriuleute  ; 
il  ne  pouvait  ^»as  espérei'  i[iic  celui  qu'il  trouverait 
en  possession  de  la  souveraine  puissance  lui  sût 
gré  d'un  voyac;e  entrcpiis  ponr  un  autre;  d'ail- 
leurs il  devait  craluthe  d  être  retenu  comme 
otage  soit  ]iar  Othoii,  soit  par  \itellius.  S'il  re- 
touillait  sur  ses  pas,  il  n'était  pas  douteux  que  le 


44  TITUS* 

\aiuquetir  m  8€i*ait  oflcusë;  mais  riiiconT^nieiiC 
iir  paraissait  pas  aussi  gimve,  car  enfin  la  victoire 
etiit  encore  îiicerfrine,  et  Vcspasien  ,  en  se  ran* 
i;cant  du  côté  de  la  fortune,  couvrirait  aisément  le 
tort  de  son  lils.  Mais  si  Vespasien  avait  des  vues, 
plus  hautes,  s'il  aspii^it  lui-même  à  riliiipire  ,  il 
ii'élait  plus  question  de  se  précautionner  contre 
les  omiiragr's  et  les  défiances^  il  faudrait  alors 
tirer  Tcpée.  Titus  inclinait  vers  ce  dernier  paiii , 
frt  après  qu'il  eut  l.alanré  les  motifs  d'espérer  et  de 
cramdre,  res]>érunce  renip(>r(a,  et  il  se  décida  à 
relouinier  rn  Judce  vtTs  son  père.  On  crut  alors 
^luc  sa  passion  pour  j^éiiviioe  avait  influé  sur  t^a 
<iéleruuiiatiou,  cari!  aimait  déjà  cette  reine;  mais 
Tacite  lui  rend  encore  le  témoignage  f|ue  sou 
devoir  ni  les  affaires  ne  souillaient  jamais  de  son 
attachement  pour  IViénire. 

Titus  en  reveiutiitcn  Orient  roulait  de  erands 
projrts  dans  son  esprit.  En  passant  par  1  île  de 
.Chypie  il  visita  le  temple  de  Paphos  ,  où  Venus 
clait  honorée  sous  la  fip;ure  bizarre  d  un  cône  de 
marbre  blanc»  Ce  tfmple  avait  un  oiacle  <]ii6 
Titus  consulta,  d'abord  sur  sa  navigation,  ensuite 
sur  touti*  6a  fortui.r.  hr  piètre,  après  avoir  répondu 
fil  puhlic  à  SOS  qui'.stio:<s.  lui  annouo'i  en  particu- 
lier une  éié^ation  aus^i  f^jaude  <|ue  suLite» 

l\Iais  il  n'était  plus  b'»soin  aioisd'une  wience 

surnatuielle  pour  prédire  lVni])ire  h  Vespasien* 

Son  mérite,  oj^piK^é  ji  1  iiidi<;nité  d OtLoa   et  de 

Vitellius  ,  les  forces  cfn'il  conunandait ,  ses  succès 

dausla  guMrc  ilvs  Juii's,.  lexemple  de  trois empc» 

jeuischoisis  u  iiitairemeut,  tels  étaient  les  g^r ans 

de  sa  graiideur  prochaîne*  Oii  ne  (fai*lait  qne  da 

prodiges  qui  la  lui  présageaient;  mais  il  faut  s'en 

t(  uir  sur  ce  point  à  la  judicieuse  observation  de- 

T'K^ite  :  «   L  événement ,  dit  cet  historien  pkilo» 

«  sophe  y  nous  a  rendap  bien  savans.  Depuis  que 

»  UOU&  avons  va  rélcvatioa  de  Vcspaiica  >  nous 


TÎTCS.  4'> 

9  nous  sotmnes  persuailës  qae  des  présages  en— 
»  voyés  du  ciel  la  lui  avaient  annoncée.  » 

Lorsque  Titus  arriva  auprès  de  son  père  il  le 
trouva  déterminé  extérieurement  pour  Oflion  ^  à 
cj[ui  il  avait  lait  prêter  par  ses  légions  le  serment 
■de  (idélité>  mais  «après  Tavoir  réconcilié  avec 
Mucieu ,  gouverneur  de  Syrie ,  Titus  contrii>ua 
avec  cet  faiabile  politique  à  faire  prendre  à  Vespa- 
sien  la  résolutiou  d  aspirer  lui-même  à  FEmpire^r 
Proclamé  par  les  légions  d'Orient ,  Yespasien  di-^ 
rigea  la  marche  de  ses  armées  vers  1  Italie ,  lais?- 
saut  Titus  en  Judée  pour  y  cojitinuer  la  guerre  ^ 
pour  assiéger  et  prendre  Jérusalem ,  qui  résistait 
encore  aux  armes  romaines.  Avant  sou  départ  il 
eut  occasion  d  admirer  le  bon  naturel  de  Titus  et 
ses  sentbnens  pour  son  frère  Domitien,  contre 
lequel  Yespasien  était  iiTité ,  à  cause  de  son  in-* 
conduite  et  de  son  orgueil.  Titus  ne  voulut  point 
laisser  partir  sou  père  sans  avoir  calmé  son  cour-^ 
roux  ;  il  plaida  vivement  la  cause  de  son  frère ,  et 
conjura  lempercur  d'être  en  garde  contre  tous- 
ceux  qui  cherclieraieiit  à  Taigrir  contre  Domitien» 
«  Pour  qui ,  lui  dit-ii ,  auriez-vous  de  la  iioiité  si 
«  ce  a  était  pour  votre  propre  fîls?  Les  flottes  et 
«  les  légions  sont  des  soutiens  moins  puissaiis  pour 
»  la  dignité  impéiiahj  qu'une  succession  nom- 
«  breuse.  IN  os  amis  peuvent  nous  abandonner  par 
«  iiicoustatiec^  ,  d  autieii  parce  que  nous  ue  sau- 
«  rions  combler  tous  leurs  vœux  :  ce  n'est  que 
•f  de  noire  sang  que  nous  pouvons  nous  pro— 
*t  mettre  Jiuie  iuviolal>le  fidélité.  Dans  un  élafc 
«  prospère  nous  ne  trouverons  que  trop  de  gens 
«  pi  êts  à  partager  notre  boubeur;  mr.is  il  n  y  a 
«  que  nos  propres  p.ireus  qn'  puisiont  nous  aider 
«  à  soiilcnir  Tadvei  site.  Il  n'est  pas  possible  même 
«  qu'il  y  ait  une  véritable  union  cutie  deux:  frères  ^ 
«  si  If'ur  père  commun  ne  leur  en  donne 
*  t exemple.  »  Vespasicu,  moins  appaisé  pai'  ve 


48  TTTCS. 

blpan  de  la  conduite  de  ce  priace  ayant  son  a\<^ 
neiiient  h  rErirpiro.  Les  prëtendus  actes  de  vî— 
î^ucur  qu'on  lui  impule  du  vivant  de  son  père 
ëf nient  (les  ados  de  justice  contre  des  conspira- 
teurs, et  des  précautions  nëcessaîrrs  pour  assurer 
la  vie  do  l'empereur  et  la  tranquillité  publique* 
Il  n'est  pas  douteux  que  riiabitude  de  1  ëquitc  et 
do  la  honte  ne  fût  déjh  ancienne  chez  Titus  lors- 
qu'il prit  les  rênes  du  gouvernement. 

Du  reste,  l'opinion  desavanlagouse  qu'on  avait 
Conçue  de  lui  tourna  onsuile  a  sa  gloir<i  ;  cai'  si  sa 
conduite  no  fut  pas  entièrement  oxomplede  taelies 
avant  qu'il  parvînt  au  suprême  pouvoir,  aucun 
prince  no  gouverna  jamais  avec  plus  de  sagesse '9 
de  inod^ï  aiioii  v.t  de  bonté. 

Il  aimait  la  roiuf  Bérénice,  et  il  en  était  aimé  j 
mais  à  ]>rine  fut-il  reconnu  empereur  après  la 
moit.de  V<:.snasien  ,  maleié  les  intrigues  de  Do— 
mition  son  fjère  ,  qu'il  réloigiia  de  Home  et  de 
rihilio.  Pins  sévère  sur  sa  conduite  et  sur  ses  pro- 
pres déinaivljos  depuis  qu'il  ne  dépondait  plus  que 
de  sa  volonté  souIe,  il  lut  frappé  de  Imconvé- 
nient  d'un  mariage  qui  déplairait  à  tous  les  Ro- 
mains ,  car  déjà  le  peuple  se  plaignait  devoir  son 
empereur  servilement  épris  dos  chaiTnes  d'une 
étraîigèro.  Le  mariage  d'Antoii:e  avec  Cléopâtre 
avait  é!é  univeisellemeiit  condamné  5  et  quelle 
romparaison  entre  Cléo])atre,  reine  puissante ,  et 
Eérénice ,  qui  n'avait  que  le  titre  de  reine  !  Titus , 
persuadé  que  son  principal  devoir  consistait  à  ne 
<lonncr  à  ceux  qui  lui  obéissaient  aucune  occa- 
sion de  censure  et  de  plaintes,  se  vainquit  lu!» 
même  ^  et ,  sacrifiant  sou  penchant  ^  la  raiaon 
d  état,  il  renvoya  Bérénice  sans  retour  ;  il  éloigna 
aussi  ses  propres  amis  9  les  anciens  compagnons^ 
de  SOS  plaisii's,  ne  voulant  réi^ner  que  par  la  seule* 
influence  de  la  sagesse.  La  vertu  seule  donna 

dx  oit  à  son  amitii$  s  madft  il  méritit  d'ayoir  de  Yxaii» 


TITUS.  49 

amis ,  avantage  si  rare  dans  une  si  haute  fortune» 
On  avait  encore  blâmé  la  profusion  de  ses  repas  ; 
il  étendit  sa  réforme  sur  ce  point ,  et  voulut  que 
désormais  la  gidcté  et  là  liberté,  sans  aucune  sorte 
d'excès ,  régnassent  à  sa  table.  On  lavait  aussi 
taxé  d'avidité  pour  largent  ;  il  ef&ça  entièrement 
cette  tache  en  se  montrant  toujoui^  juste ,  gêné* 
reux  et  magnifique.  Tel  est  le  changement  que  la 
souveraine  puissance  opéra  dans  Titus.  Il  signala 
les  commencemens  de  son  admiaistration  par  une 
mesure  que  lui  dicl:a  son  incliuatiou  bientaisante. 
Tous  les  Césars ,  couformémcnj;  à  un  édit  de  Ti- 
bère y  regardaient  les  prérogatives,  les  dons  ,  les 
bienfaits  provenant  de  leurs  prédéccssoui's  comme 
Dids  slls  ne  les  ratifiaient  de  nouveau  t  Titus , 
par  un  édit  général ,  confirma  toiUes  les  dona- 
tions ,    toutes   les  prérogatives  aniéricui'cs ,  et 
sa  volonté  à  cet   égard   fit   loi  désormais  dans 
IXmpîre.  Telle  était   sa  bienveillance  ,  qu'il  ne 
pouvait  se  résoudi^e  à  renvoyer  quelqu'un  mé- 
.  content  de  son  audience,  ou  du  moins  sans  quelque 
espérance  pour  l'avenir  ;  et  s(  s  amis  lui  ayant 
représenté  qu'il  prometlait  qiu  Iqucfois  plus  que 
ne  pouvait  tenir  même  un  empereur,  il  répondit  : 
«  Personne  ne  doit  se  retirer  triste  de  l  audience 
de  son  prince,  »  Se  rappelant  qu'il  avait  laissé 
passer  un  jour  sans  le  marquer  par  aucun  bien- 
fait, il  s'écria  :  «  O  mes  amis ,  j'ai  perdu  un  jour  !  » 
paroles  mémorables,  consacrées  à  jam:iis  dans  les 
umales  du  genre  humain. 

Noh  seulement  il  respecta  les  propriétés  avec 
lue  scrupuleuse  attention ,  mais  il  refusa  les  cou-* 
tributions  et  les  présens  établis  par  l'usage ,  et 
^  ^  I  feardés  comme  des  témoignages  volontaires  de 
%'"  Iraffection'  des  peuples  pour  leur  prince  ',  cepen- 
'^  IluitU  surpassa  tous  ses  prédécesseurs  en  liLéra- 
*'w,  et  jamais  prince  avant  lui  n  avait  montré 
Tome  IL  5 


5o  TITUS. 

autant  de  magnificence  clans  les  jeux  et  les  spec* 
iacles  publics ,  ainsi  que  dans  les  (édifices* 

En  prenant  possession  du  '  grand  pontificat  il 
déclara  qu'il  recevait  cet(e  diguiié  ftaciëe  comme 
un  engagement  à  conserver  ses  mains  pures  9  et  à 
ne  les  jamais  souiller  par  le  sang  d  aucun  citoyen; 
il  protesta  même,  avec  serment,  qu'il  aimerait 
mieux  përir  que  de  tuer  :  il  tint  parole  «  et  u*or« 
donna  la  mort  de  personne*  Deux  patriciens 
ayant  éié  convaincus  d^avoir  conspire  contre  lui 
pour  s'ëlever  à  IXmpire ,  Tjtus ,  fidèle  à  ses 
maximes  de  clémence ,  se  contenta  de  les  avertir 
de  renoncer  à  leur  projet  insensé  ,  ajoutant  que 
le  trône  était  un  présent  du  destin ,  et  crue  9  s  ils 
formaient  des  désirs  plus  raisonnables ,  il  s*enga«> 
geait  à  les  sadsfaire*  Il  les  admit  le  même  jour  a 
sa  table  9  dépêcha  en  même  temps  un  courrier 

Ïour  rassurer  la  mère  de  Tun  d  eux  »  qui ,  loin  de 
Lomé  y  était  alarmée  sur  le  sort  de  son  fils*  Le 
lendemain ,  ayant  fait  placer  les  deux  conspira* 
teurs  à  ses  cotes  en  spectacle  »  il  leur  donna  à 
examiner  les  épées  des  gladiateurs  ({u'on  lui  ayait 
présentées  suivant  Tusage ,  les  remettant  avec  codp* 
fiance  dans  les  mains  de  œux  qui  venaient  de  Ira* 
mer  conti*c  sa  yie. 

Un  prince  si  plein  de  douceur  ne  pouyait  aA* 
mettre  ni  souffrir  les  accusations  odieuses  1  qui , 
transformant  presque  toujours  en  crimes  de  I&e* 
majesté  de  simples  paroles  souvent  innocentes  ». 
avaient  été  pendant  long-temps  la  terreur  dfli 

Sens  de  bien.  Il  en  abolit  entièrement  Tusage  »  et 
éfendit  quW  intentât  aucune  accosatioa  de  œ 
genre.  «  Ces  prétendus  crimes  de  lèse-mafesléf 
«  dit-il ,  ou  me  regardent  y  ou  regardent  mes 
«  prédécesseurs*  Quant  à  moi ,  je  ne  puisjêtre  on» 
«  tragé  ou  insulté  >  car  je  ne  fais  rien»  je  pensftf 
«  de  condamnable  »   et  les  discours  qui    a^oat 


TITUS.  5ï 

«  d'autre  appui  que  le  mensonge  ne  me  pa- 
«  missent  oignes  que  de  mépris  ;  ceux  qui  me 
«c  noirciraient  à  tort  seraient  à  plaindre ,  et  si 
«c  c^ëtaifavec  raison  il  y  aui-ait  une  injustice 
fi  criante  à  les  punir  pour  avoir  dit  la  vërité. 
«  Quant  aux  empereurs  qui  m'ont  précédé  y  il 
K  netient  qu'à  eux,  sans  doute,  de  venger  leurs 
a  injures ,  s'il  est  vrai  qu'ils  soient  véritablement 
«  entrés  en  part  des  droits  de  la  Divinité,  et  ils 
«c  n'ont  besoin  alors  ni  de  mon  secours  ni  de  mou 
«c  appui*  »  Ainsi ,  bien  loin  que  les  délateurs  et  ceux 
qui  les  subornaient ,  restes  de  lancienne  tyrannie  9 
b*ouTas6ent  accès  près  de  Titus  ,  ce  prince,  au 
contraire ,  ne  traita  sévèrement  que  ces  hommes 
méprisables  et  dangereux  ;  ils  furent  chassés  de 
Rome  ou  punis  avec  plus  de  rigueur  encore*  Pour 
nicttre  la  vie  des  citoyens  plus  en  8Û|:*eté> 
Titus  fit  revivre  la  loi  salutaire  portant  qu'on  ne 
pouirait  faire  le  procès  à  un  citoyen  qu'en  vertu 
des  termes  exprès  dune  loi. 

Populaire  par  inclination  autant  que  les  pre-» 
miers  citoyens  de  Rome  l'avaient  été  autrefois 
par  ambition,  il  permettait  qu'on  Tabordât;  il 
admettait  le  peuple  dans  les  Thermes  alors 
qu'il  y  prenait  les  bains  ,  et  s'il  donnait  des 
combats  de  gladiateurs,  il  laissait  la  multitude 
décider  du  nombre  et  du  choix  des  combat taas  : 
toutefois,  au  milieu  même  de  cette  extrême  affa- 
bilité, il  savait  toujours  conserver  la  majesté  du 
touvoir  suprême ,  et  Tacite  lui  rend  à  cet  égard 
c  même  témoignage  que  Suétone. 

La  félicité  dont  jouissaient  les  Romains  sous  un 
prince  uniquement  occupé  du  soin  de  les  rendre 
heureux  ftit  troublée  par  trois  gi'audcs  calamités, 
l'embrasement  du  Vésuve,  une  maladie  coutagieuse 
et  un  terrible  incendie  dans  Rome.  Ces  déplorables 
désastres  ne  pouvaient  manquer  de  toucher  un  cœur 
,    ti'l  que  celui  de  Titus  3  il  les  l'esscutit  non  vseule- 

5* 


5%  TITDS. 

nient  en  prince ,  mais  en  père  ,  et  il  nVpargna  ni 
soins  ni  dépenses  pour  apporter  des  soulagemens 
à  tant  de  maux.  Aucun  secours  humain  ou  divin 
ne  fut  néglige'  pour  remédier  aux  ravages  de  la 
peste.  Pour  réparer  les  douunaces  que  la  Campa-* 
nie  avait  souHerts  par  les  terribles  secousses  du 
Vésuve ,  Titus  assigna  des  fonds  abondans  et  les 
successions  dévolues  au  fisc  ;  il  chargea  deux  con-> 
sulaires de  lexécution  des  mesures  et  des  arran- 
gemens  convenables  pour  soulager  ce  pays  inal— 
heureux  ;  et ,  foulant  hâter  les  secours  par  sa  pré^ 
sence,  il  se  transporta  lui-même  sur  les  lieux 
l'année  suivante.  Il  répara  ensuite ,  avec  une  ma- 
gnificence et  une  sollicitude  vraiment  royales  et 
paternelles ,  les  désasti^s  de  Tincendie  de  sa  ca- 
pitale ;  il  déclara  ,  par  une  ordonnance  publi- 
quement affichée,  quHl  prenait  toutes  les  pertes 
sur  son  compte,  et  consacra    à  la    réparation 
des  temples   et  des  ouvrages  publics    tous  les 
on^emens   des   maisons  impériales  ;  il  préposa 
des  chevaliers  romains  à  la   réparation  de  tous 
les  dommages  des  particuliers  et  à  la  recons- 
truction des  maisons  ;  et  pour  avoir  lui  seul  la 
eloire  de  réparer  tant  de  maux  ,  il  re^a  le 
dons  que  les  villes ,  les  rois ,  et  même  de  riches 

Sarticuliers  lui  offraient ,  afin  de  diminuer  le  poids 
'une  si  énorme  dépense*  Ce  fîit  dans  Téconomie , 
ressource  si  féconde  pour  un  souverain ,  que  Titus 
trouva  non  seulement  de  quoi  suffire  aux  bev 
soins  de  TEtat ,  mais  encore  aux  plaisirs  et  à 
Famusement  du  peuple* 

On  sait  que  cnez  les  Romains  les  spectacles 
étaient  un  objet  important  et  l'un  des  ressorts  èe 
la  politique  des  empereurs.  Titus,  après  avoir 
achevé  le  fameux  amphithéâtre  commence  par 
Yespasien,  et  si  élégamment  décrit  par  Martul» 
qui  le  met  au-dessus  des  pyramides  et  des  antres 
^merveilles  de  Tantiquité ,  en  fit  la  dédicfice  sgleii*» 


TITUS.  53 

nelle.  Selon  la  coutume ,  il  donna  à  cette  ôccasîok 
des  fêtes  et  des  jeux  nmgnifi(jues.  Ils  durèrent 
cent  jours ,  et  réunirent  tous  les  difierens  genres 
de  spectacles  qui  pouvaient  s'exécuter  dans  un 
ainpliitliéâtre;  conîbats  de  gladiateurs ,  combats 
de  bêtes,  batailles  sur  terré,  batailles nayales. En 
un  seul  jour  parui^ent  et  furent  tuées  cinq  mille 
bêtes  féroces  de  toute  espèce  ;  on  fit  battre  deâ 
élépbans ,  on  fit  battre  des  grues  les  unes  contre 
Icsauti^es;  une  femme  combattit  un  lion,  et  le  tuA« 
Le  même  cirque ,  successivement  rempli  d'eau  et 
mis  à  sec ,  tantôt  présentait  des  flottes ,  tantôt  des 
troupes  de  terre  en  grande  manœuvre.  Par  ces 
divertissemens  magnifiques,  Tit^s  cbercbaità  faire 
oublier  au  peuple  les  calamités  qu'il  venait  d Ré- 
prouver, et  qu'il  avait  su  réparer  lui-même  avec 
une  si  toucbaute  sollicitude. 

Le  Sénat ,  par  un  généreux  principe  de  recon- 
naissance, décerna  de  nouveaux  honneurs  à  Titus, 
qui  avait  prjà,  avec  la  pompe  accoutumée,  le 
titre  d'empereur,  à  l'occasion  des  succès  d'Agri-* 
cola  en  Angleterre.  Mais,  pour  le  malheur  du 
monde,  ce  prince  ne  jouit  pas  long-temps  des  té- 
moignages de  la  gratitude  publique. 

A  la  fin  d  un  spectacle  auquel  il  assistait  il  tourna, 
dit-on^  ses  regards  versle  peuple  romain ,  et  fondit 
en  larmes  ;  circonstance  que  les  historiens  ont 
regardée  comme  un  présage  de  sa  fin  prochaine. 
Presque  immédiatemont  après  Tituspartit  de  Rome 
pour  aller  daas  le  pays  des  Sabins ,  d'oîi  sa  famille 
était  oiigiaaire.  Suétone  rapporte  qu'en  partant 
il  parut  triste  et  affligé.  La  fièvre  le  prit  en  route  j 
mais' il  continua  de  sf  faire  porter,  quoiqiiil  ju- 
geât sa  maladie  mortelle ,  voulant  finir  ses  jours 
dans  la  maison  même  où  son  père  était  mort.  Eti 
chemin  il  ouvrit  sa  litière,  et,  regardant  le  cipl, 
il  se  plaiii^ait  d  être  coadaniiié  à  mourir  dans  toute 
la  vigueur  de  lage,  sans  lavoir  nicriLé3  «  Car, 


y 


.54  TITUS. 

«  ajoufa'^t^I»  ma  TÎe  est  saus reproche,  et  je  n^iû 
«  à  me  repentir  que  d'une  seule  action.  »  On  a 
forme  diflerentcs  conjectures  sur  le  remords  dont 
Titus  emporta  le  secret  au  tombeau.  Ce  prince 
ayant  gagne  ayec  peine  ÇutyHs  ,  sa  maison  pater- 
nelle, expira  peu  ae  temps  après  y  être  arnvë,  le 
l3  septembre ,  dans  la  cpiarante-uuième  année  de 
son  âge ,  api^cs  ayoir  régné  deux  ans  deux  mois  et 
vingt  jours.  Sa  maladie  fut  courte ,  et  Plutarque 
a  écrit,  sur  le  rapport  même  des  médecins  de  ce 
prince ,  que  dans  Torigine  son  mal  n'était  point 
^  gi^ve ,  mais  qu'il  laugmenta  par  l'usage  immo-^ 
cléré  des  bains ,  dont  1  liabitude  lui  avait  fait  une 
nécessité  >  mais  Pbilostratc  assure  qu'il  fut  empoi- 
Kouné  par  son  frère  Domitiou,  et  Suétone  y  sans 
faire  cette  imputation .  dit  pourtant  que  Titus  re^ 
pirait  encore  lorsque  Domitien ,  impatient  de  l'é- 
gner  ,  exigea  que  tous  ses  oifficiers  l'abandon-* 
nassent. 

Telle  fut  la  fin  prématurée  d'un  prince  que  » 
depuis  son  avènement  à  l'Empire  ,  l'Iristoire 
comble  d'éloges  sans  y  joindi^e  aucun  reproche  ; 
d'un  prince  dont  la  souveraine  puissance ,  chose 
très  "  remarquable  y  perfectîomia  les  qualités  et 
corrigea  les  défauts  ;  d  un  prince  dans  lequel  toutes 
les  vertus  se  trouvaient  remues  sans  le  mélange 
d'un  seul  vice  ;  d'un  prince  enfin  qui  ne  connais- 
sait de  meilleur  moyen  d'être  supérieur  aux 
autres  qu'en  faisant  du  bien  à  tous.  Quelle  déplo- 
rable ratalité  quW  tel  empereur ,  l'amour  du 
genre  humain ,  et  qui  regardait  ses  sujets  comme 
ses  enfans ,  ait  été  ainsi  moissonné  dans  toute  la 
vigueur  de  l'âge ,  comme  si  les  hommes  n'étaient 
pas  dignes  d'être  gouvernés  par  la  vertu  !  Le  bruit 
de  sa  mort  plongea  Rome  dans  ime  morne  gous^ 
ternation ,  qui  se  répandit  bientôt  dans  tontes  les 
provinces  jusqu'aux  bornes  les  plus  reculées  de 
l'Empire.  Les  sénateurs  >  saos  avoir  été  couto* 


TmiS.  -  55 

qjoéi ,  se  rendirent  en  hâte  an  palais  dn  Ç&tat ,  en 
firent  onyrir  les  portes ,  et ,  en  présence  dn  peu- 
ple ,  comblèrent  Titus,  après  sa  mort  de  plus  de 
louanges  qulls  ne  lui  en  avaient  prodiguées  lors« 
qu^îl  pr^dait  à  leurs  dëlibërationSé 

Titus  fut  mis  au  rang  des  dieux*  C'est  le  seul 
honneur  que  Domitien  fitrendre  à  la  mémoire  d*un 
frère  qui  ayatt  toujours  été  pour  lui  un  objet  d  en- 
vie etdehaine;  encore;  au  milieu  de  la  désolation 
générale ,  ne  ûit-il  que  forcément  l'interprète  des 
i^egrets  amera/  du  monde  entier ,  et  rechercha-t-*il 
ensuite  toutes  les  occasions  de  critiquer  la  conduite 
de  Titus  et  d'avilir  sa  mémoire  ;  mais  tel  est  l*as« 
cendant  de  la  vertu  sur  le  trône ,  que  Titus  revit 
encore  aujourd'hui  dans  tous  les  cœurs« 


56  ANTOMN 


'«^««^^««««^^«^^««^^'«(^««^^^«^ 


TITUS   ANTONIN, 


surnoimmï:  le  pdeux. 


Vj'est  la  France,  ou  plutôt  lanKenne  Gaule  « 

3ui  a  eu  la  gloire  de  douuer  à  1  Empire  romain , 
ans  la  personne  cVAutouin  le  Pieuar,  le  meilleur 
de  ses  princes  ;  il  tirait  son  origine  paternelle  de 
la  ville  de NinieSn  en  Languedoc.  Sa  iamille,uom- 
n^éc  Aurélia^  notait  îLliistiée  que  depuis  peu  par 
les  grandes  charges*  Les  deux  aïeuls  dAntonin 
furent  consids  ,  et  son  père  pnr^'int  aussi  à  cette 
dignitë;  il  tenait  par  ses  alliances  à  tout  ce  qu^il  j 
UT  ait  aloi's  de  plus  illustre  dans  Kome. 

Titus  Antomn  iiaf|uit  le  19  septembre  deTaipSâ, 
sous  le  règue  de  Doniitien,  ^  Lavinium,  daus  la 
campagne  de  Rome,  où  sa  famille  était  venue  s*ë* 
tablir  après  avoir  quitté  Mimes.  11  monba  dès  son 
enfance  un  heureux  nalurcLet  réunit  eu  se  déve- 
loppant tous  les  avantages  du  corps  et  de  Tâme* 
Une  physionomie  à  la  ibis  douce  et  majestueuse,  un 
esprit  orné,  le  talent  de  parler  ^vec  dignité  et  «Tec 
grâce ,  des  mœuis  douces,  une  modération  par- 
faite ,  un  fonds  inépuisable  d'équité  9  de  libéralité 
et  de  bienfaisance  y  un  penchant  décidé  pour  In  re* 
traite  et  pour  la  vie  chanipélre ,  telles  furent  Ici 
qualités  qui  rendirent  Antouin  si  recommandaUe.  > 
8a  naissance  et  ses  richess€*s  rapp<'lèit>ut  de  bonne 
heure  aux  plus  hauti  s  dignités.  11  devint  conûral 
h  tn'nt(w[uatre  ans,  fut  choisi  par  Adiîcn  pour  être 
Tun  des  qiuiti*e  consulaires  chaînés  de  gouTeraer 


J 


■^  f  ■ 


J  ■ 


cniit  r^çstime^gfoéittle»  Se  T^btmt  à  Rpme^jkérie^ 
rappela  dai» ion  ooa^ili  rà  il  se  fit  xemàr^iiiBlt 
par.dUfi.aîTM  i^pniplîswdoaQew 
ne  fiit  pcHiiilHnftux  àrrecMpi^îb'efe^       kâf 
nia  Fanstii^'^il  n'eiteufr  paa,  moin»  cTafleetioti  et 
de  rewect  féar  son  U^ur^père/Anmiii  Vi^^ 
dont  il  soulSÉgea  )a  TieiUèS8e/iai.prétant  l'apiitii  v 
de  son  bras  pour  Vaider  à  se  rendre  aiiS<^  ..*%' 
cette  action  de  piété  lui  Talut,  ditKin,  le  samoiâ 
de  Piusy  qui  Marque  unbon  cœur,  une  âme  £elle} . 

'  sensible  à  Famitié  et  à  la  rtoonnaâssanoe  earm 
"feafiMuille  et  sa  patrie»  "      v       S 

Adrien  y  toulant  se  cberclier  à  lut-mAme  et  ft  / 
l*£^pire  un  appui  reçomviandable ,  jeta*  les  jeux 
sur  Antonia,  et  résolut  de  ladon^lber;  maisil  nJÛbt 
à  ce  saj^  sénateur  le  teiups  de  déUbér^r  s'il  ^ 
cepterait  lé^droitii  la  succession  du  premier  trSne 
de  runiyers*'  Lcvrsque  tout  fut  d'accord  Tempe» 
irenr  assembla  dans  son  palais  liu  grand  oonseily 
et,  après  ^yoir  exposé  les  motife  qui  le  dé<Maient 
à  désîguer  Antonin  pour  son  ^.s^c^e86eur,  «  Je 
«  sais,  ajouta-t->îI ,  que,  digue  à  tous  les  égaj'ds 
c  d aspirer  au  pouvoir  suprême,  Antonin  est 
«  lliomme  du  monde  le  plus  modeste,  et  que  rien 

'  «  n'était  plus  éloigné  de  sa  pensée  que  lélévalion 
«  à  laquelle  je  le  destine.  Toutefois ,  malgré  son 
«  goût  pour  le  repos  ,^j  espère  qu'il  ne  se.  refusera 
«  ni  à  mes  besoins  m  à  ceux  de  TEtat ,  et  que  * 
a  surmontant  sa  répugaance,  il  se  soumettra  au 
«  fardeau  que  je  lui  iii^pose«  »  C'est  ainsi  qu'An- 
tonin  fut  adopté*  Lorsqu Adrien ,  toui*meuté  par 
une  longue  maladie,  youlutse  donner  la  mort, 
Antonin  lui  en  ôta  d  abord  les  moyens  et  1  exhorta 
ensuite ,  le  conjura  d'adoucir  ses  maux  par  la  })a- 
tîence ,  au  lieu  de  les  aigrir  par'  le  désespoir.  Il 
sauya  aussi  plusieurs  sénateurs  qu'Adrien  youlait 
faire  mourir.    , 


58  ANTONIIÎ. 

Son  aTÀieinent  ik  la  souveraine  ptuannce  fut 
un  sujet  de  joie  uni vei*8eUe pour  le  Sénat,  ponr  le 
peuple  et  pour  tout  l^Eiupire.  U  prouva  a  abord 
sa  }nété  filiale  euyers  Adrien  par  les  honneurs 
qu'il  lui  fit  readix? ,  et  refusa  ceux  qu  on  Touhit 
accumuler  sur  sa  tête  lorsqu'il  entêté  reconnu  em* 
pereur. 

Sou  élévation  à  la  puissance  suprême  ne  chan* 

Sea  ui  ses  babiUulos  ni  sou  cai*aetère  ;  il  continua 
e  montrer  le  même  l'espect  pour  leSéuat  et  pour 
Toitli^e  des  chevaliers ,  et  ne  se  fit  jamais  servir 
que  par  des  esclaves*  U  continua  aussi  de  rendre 
compte  de  sou  admiiitstration  avec  la  même 
candeur,  soit  au  Sénat ,  soit  au  peuple,  auquel  il 
laiss.1  le  droit  de  se  choisir  ses  magistrats. 

Dès  le  commencement  de  sou  i  è«(ne  il  roanifeata 
cette  clémence  inaUérable  qui  distin^ait  partîcu* 
lièremeut  sou  cai*actère*  Quelques  sénateurs  nm^ 
bitieux  ayant  formé  contre  lui  une  coimiration  » 
il  ne  put  les  dérober  à  la  vengeance  du  Sénat» 
mais. il  ari*éta  toute  recherche  coutre  leurs  oom* 
plices  :  «  Je  ne  veux  point ,  dit«-îl ,  commencer 
«  mon  gouvernement  par  des  actes  de  rigueur  »( 
et  il  ajoutai  :  u  Ce  ne  serait  point  une  chose'quipût 
«  me  faire  ni  honneur  ni  plaisir,  qu'il  se  trouvftt 
«  par  les  informations  oue  je  fusse  haï d*un  grand 
«  nombre  de  mes  concitoyens.  »  Cette  douceur 
réussit  ;  rhistoiit^  ne  fuit  plus  mention  d  aucunn 
trame  ounlie  contre  un  prince  qui  se  vengeait  si 
noblement. 

Livré  tout  entier  au  gouvernement  de  l'État,  il 
étaitdiflicile  de  le  tromper  »  car  il  prenait  connu»- 
sance  de  tout  par  lui-4néme  ;  aussi  les'courtiiaîai' 
ne  vendaient  point  xm  crédit  dont  ils  ne  jouissaient  ^ 
pas  auprès  d  un  pnncc  si  clairvoyant  et  si  appli» 
que.  11  consultait,  il  est  vrai,  ses  amis,  et  em- 
pruntait souvent  les  lumières  d  autrui  pour  mieux 
voir ,  mais  sans  se  laisser  jamais  conduire  en  aveu»  * 


T    ■* 


^aiteèM^^.fivver,  pour  aiottdirey  «n  mp4]!MU^ 
•oitpar  dttdiiecMm  qp'ilprai^^      MuSiî^ 
•oit  p#r  d^  dédbraliQMOT'ilûuiHÛtpùiiHeré^ 
dMT.Cepriiic^  admiraUM  qppUqmit  aagowrerns^^ , 
maXjiftwQ^Yxàs^ixév  attentiôa  elk 

{(ouYerner  m  maison«ll  dîmiaiia  loi  in^pàti»  eteli^ 
loignit  aux  perceptaufs-  dea  deiiÀjn^lMibtiGB  de-^ 
a'ae^tter  de  leurs  diarges  afeo  faiinMiiléy  u<»  . 
jiyuBit  mieux,  disaH-tl,  être  paurre  ^ne  dVmoir 
•ea  coAres  pldns  aux  dépens  dWapprfan^  Besjiw 
^  jaopae  du  bien  public,  il  proJGgna  sa  fortune  Mr« 
aomieUepour  ne  pas  tarir  le  trâ<KPde  l'Etat*  LHibp»* 
'  pératrioe  FauatÎDe  se  plaignant  un  joordece  ^pSSk 
.  ayait  diqwsë  de  la  plus  ^rancle  parae  He  son  iW 
eu  fiiTeur  des  indigena,  il  lui  répondit  que  la  n*^-' 
dresse  d'un  emj^reur  ne  consistnit  que  dans  la 
fiflicttë  publique. 

11  supprima  toutes  lespensiMs^oblQniies-paf 
l'intriBTOetparkfayeurtcarilnBgurdaited  . 

une  fiuie  cruelle  de  laisser  ronger  l'Etat  (c'était 
son  expression)  par  des  hommes  qui  ne  lui  ren« 
daient  aucun  service»  Nesnomade,  poète  lyrique^ 
flatteur  inf&me ,  qui  dans  une  ode  pindariquef  avait  ^ 
'célébré  les  amours  d'Adrienetd'Antinoiis,  fot)^;»» 
.lement  privé  de  sa  pension. 

Le  mérite  seul  fut  récompensé  par  un  si  sa(^ 
enqpereur;  il  n  avançait  dans  les  charges  que  les 
gens  de  bien.  Dans  la  crainte  de  fouler  les  peu«> 

5 les  par  des  voyages  ou  des  déplacemens  onéreux, 
.  ne  s'écarta  jamais  de  Rome,  centre  de  rEmpirCf 
d'oii  il  veillait  sur  toutes  les  provinces  à  la  fois  y 
se  trouvant  ainsi  plus  à  portée  de  pourvoir  aux 
besoins  de  ses  {peuples.  Econome  sans  avarice ,  et 
libéral  sans  prodigalité ,  il  refusa  les  successions 
testamentaires  ;  il  eut  horreur  des  confiscations^ 
il  exempta  l'Italie  et  les  provinces  d'une  redevance 


^ 


6o  ANTONIN*    . 

qiio  l(«8priipIoB  payaient  aux  empereurs  à  Tocca** 
sioii  (le  leur  avdiM'iiieiit;  il  fit  aux  troupes  les  dis* 
tiihutious  (lusu(^c,  dUiMIt  des  foudspour  Tédu- 
cu(ioupubli(|ue,  peusioiuia  des  maîtres  d  éloquence 
et  de  philosophie  y  acconla  des  indemnités  aux 
sénateurs  pauvres  et  aux  magisliats  qui  ue  pou- 
vaient subvenir  aux  d(5penses  g^ttachei^  à  leurs 
charges. 

Les  jeux  uifcessaires  à  lamusenient  du  peuple 
ne  lui  paraissaient  pas  superflus;  mais  il  n'approu- 
vait |>as  h's  profusions  dans  ce  genre  ^  et  il  limila 
les  diipcuises  pour  les  combats  de  gladiateurs* 

MalgrtS  C(*s  principes  d'une  sévèi*e  économie  « 
Antonin  ne  hiissa  i»as  que  d  embellir  Home  de 
phisieui^  édiiiees  ;  \?  éleva  un  temple  en  Thon- 
neur  d'Aifvien ,  et  acheva  le  magnifique  mausolée 
consacré  i\  ce  priiKH".  11  fit  consti^uirc  un  port  à 
Oaëte,  répnm  celui  de  Terrai  ne  et  b&tit  un  su- 
ptrbe  imlais  i\  Lorie  ,  en  Toscane ,  où  il  avait  été 
«Uevc  et  oh  il  mourut.  Mimes,  la  patrie  de  ses 
ancôtres ,  lui  attribue  ayeo  beaucoup  de  probaU* 
lité  les  deux  plus  superlx's  monumens  qui  restent 
parmi  nous  de  la  magniiicence  romaine ,  les 
arènes  et  le  pont  du  Gara.  Antonin  distiibua  aussi 
des  sommes  considérables  pour  la  rél)aratioa  de 
plusieui*s  monumens  dans  la  Gi^èce ,  ilouie  >  Im 
Syrie  et  l'Afrique.  11  transforma  en  ville  le  bourg 
di']\\llantiumen  Aivadie  ,  qui ,  à  cause  d  Evaudre* 
était  regaixlé  comme  le  berceau  de  Rome»  et  il 
l'exempta  de  tribut  «  en  lui  donnant  en  outre  le 
priYiléî;e  de  st^  gouverner  pur  ses  pix>pres  loij» 

Le  prince  fit  lui-même  plusieurs  ordonnances 
pour  régler  et  periecticmner  la  jurisprudence  ro-« 
mai  ne.  Il  dct\uulit  dr  poursuivre  eu  matière  cri* 
iniik^He  deux  fois  le  même  pré\enu  pour  un  Grime 
dont  il  aurait  etéalisous:  il  modéra  Li  rigueur  du 
(h  oU  romain  dans  les  cas  utiles  au  fisc  ;  et,  par  one 
troi>io:ne  ordonnance  qui  nous  a  été  couscrvrfe 


ANTONÎN.  6r 

par  saÎQt  Âugttstîa  fCt  qui  regarde  les  causes  dV-* 
clultère ,  il  établit  pour  règle  que  si  un  mari  poui>- 
suiyaitsa  femme  en  justice  pour  cause  d'infidélité , 
il  fallait  que  le  juge  eisaminât^i  le  mari  avait  lui- 
même  gardé  fidélité  à  sa  femipe,  pour  qu'ils  fussent 
tous  deux  punis ,  s'ils  étaient  tous  deux  coupables; 
«  Car,  dit  l'empereur ,  il  me  paraît  tout  à  fait  in- 
«  juste  que  le  mari  exige  de  sa  femme  robscrva- 
«  tion  a  un  engagement  qu'il  n'observe  pas  lui- 


«  même.  » 


Son  équité  lui  fit  autoi  arrêter  le  cours  des  per- 
sécutions dirigées  contre  les  premiers  chrétiens , 
qu'un  préjugé  presque  universel  dévouait  alors  à 
la  haine  publique.  Ëusèbe  nous  a  coilservé  le  res- 
crit  qu'il  envoya  aux  peuples  de  TAsie-Mineure 
pour  protéger  les  chrétiens  contre  les  soulève^ 
mens  et  les  persécutions. 

Diverses  calamités  publiques  survenues  sous  son 
règne  exercèrent  sa  piété «ecourable  5  ime  famine , 
le  débordement  du  Tibre ,  un  incendie  considé- 
rable à  Rome ,  d'autres  incendies  à  Narbonne  ,  à 
Antioche ,  à  Cartbagèiie ,  un  tremi)h"mont  de  terre 
en  Asie,  tels  furent  les  maux  auxquels  Antonin 
apporta  tous  les  remèdes  qui  pouvaient  dépendre 
de  lui.  Il  ne  cessa  de  prouver  que  rien  ne  lui  était 
plus  cher  que  le  soulagement  et  la  félicité  des 
peuples.  Pendant  la  disette  qui  affligea  Rome  la 
populace,  furieuse  de  n'avoir  pas  de  pain,  mécon- 
imt  l'empereur  et  lui  jeta  des  pierres.  Au  lieu  de 
vengei^  1  autorité  outragée ,  Antonin  aima  mieux 
appaiser  les  séditieux  en  leur  rendant  compte  des 
mesures  qu'il  venait  de  prendre  pour  soulager  la 
misère  publique  ;  il  y  ajouta  des  secours  eflficaccs 
en  faisant  acheter  à  ses  dépens  du  blé ,  J(»s  vins ,  des 
huiles,  qu'il  distribua  gratuitement  aux  pauvres. 

Sous  un  tel  règne ,  avec  un  tel  plan  dv  gouver- 
nement ,  av<*c  une  administration  aussi  paternrllf* , 
l'Empire  romain  ne  pouvait  manquer  de  jouir  de 


fia  ANTONIN. 

In  plim  henreuM  tranquillité*  Quelquet  t^roltrs 
dp  la  part  drg  juifii ,  qurlcjHcs  mouvcinens  sédi- 
tiriii  m  AcIiniV,  vn  Ëgypti:»  appaind» sans  peine  ; 
1rs  Maorrs ,  \vê  Dacrs ,  îmAUnuiH ,  qui ,  h  diTerscs 
rrpt'iiifSy  tcnlèrrTit  de  troublrr  la  paix  puhlicfuo 
dnnfi  la  liauff— Asie  9  et  (tui  furent  contenus  dans 
le  devoir;  les  brigands  dont  il  fallut  arrêter*  les 
coursi'S  dans  In  (>rand«*-I3retAgne  y  tels  furent  les 
dvdnrniens  qui  s<»ug  le  ri^gne  d  Antnnin  ndcessitè— 
rent  Temploi  <]es  armes  et  troublèrent  niomcuta'- 
ruminent  le  cal  nie  heureux  de  son  ynstc  Empire* 
Tout(*fois  en  W^gne  doit]iaHser  pour  un  i*ègae tout' 
pacifique.  Antoiin  aimait  la  paix  par  goût  et  par 
nSIlexion  ^  et  eVst  lui  qui  a  sauve  pour  aiusi 
dire  de  Toubli  ce  mot  admirable  de  Scipion> 
qu'il  rdp<^tait  souvent  :  «  J  aime  mi(!ux  consenrer 
«  un  citoyen  que  tuer  mille  ennemis.  »  Il  nVntro- 
prit  jamais  aucune  gueire  ofTeusivc  dons  la  Tue 
de  faire  des  conquAtf*s.  11  pensait  avec  raison  que 
le  véritable  et  solide  moyen  d  augmenter  la  gran* 
deur  de  l'Empire  était  de  faire  fleurir ,  par  la  cul« 
ture  des  terres  et  ]mr  le  commerce  »  la  ricbe  et 
vaste  «(tendue  de  pnys  qui  lui  obéissait*  La  seule 
réputation  de  sa  justice  lui  donna  sur  les  rois  et 
sur  les  peuples  voisins  une  autorité  qu'il  u  aurait 

f)u  nixjuérir  par  les  annes^  telle  était  même  !• 
lautf  niée  (pie  les  ennemis  de  lltmie  avaient- de 
•on  équité  «  que  souvent  ils  le  prirent  pour  ar- 
bitre dans  leui's  difTéirns  av(*c  TlUmpire*  Quoique 
le  roi  des  l^arthes  eAt  déjà  envahi  LArménie  »  ce 
primn^  licencia  ses  troupes  h  la  réception  d*uiia 
sinqde  Irttre  d^Autonin  ;  et  cependant  renipereur 
ixv  lui  témoignait  point  une  complaisance  moUe  >  et 
rofuHait  tnf*tnv  de  lui  rendre  le  trAhe  d  or  conquit 
Mw  Tra  jan  sur  Cho•ro^s•  Les  rois  d^Hircanie  »  des 
jlaet riens  et  des  Indes  lui  délnlt^lTnt  des  amUa»" 
■;(M)rurH  pour  obtenir  sou  alliance  et  son  amitié** 
rUai  t4M\iuae  >  roi  d  Ii:éi  ic  »  tint  à  Aomo  Lui  pirf*. 


1 


ANTONIN.  63 

senter  ses  hommages ,  et  lui  témoigna  plus  de  fer^ 
meté  qu'il  n'en  avait  montrée  pour  Adrien.  P%co-« 
rus  fut  rétabli  par  lui  roi  des  Lazes ,  peuple  de  la 
Colchide;  les  Arméniens,  les  Quàdes  et  bean-< 
coup  d  au&es  nations  reçurent  avec  respect  les 
princes  <]u'il  leur  donna  pour  souverains  ^  quoi^ 
qu  elles  ne  dépendissent  point  de  FEmpire*  Faire 
r^ner  autour  de  lui  le  calme ,  la  tranquillité  et 
le  l>onheur,  telle  était  la  politique  d'Antonin. 

Sa  conduite  privée  répondait  à  la  sagesse  avec 
laquelle  il  gouvernait  les  a£&ires  publiques*  Sa 
table  était  migale;  il  y  admettait  ses  amis,  mais 
sans  gêner  leur  liberté*  Quand  il  faisait  quelque 
séjour  à  la  campagne  c'était  dans  ses  pro^n'es 
terres,  comme  lorsqu'il  n'était  que  simple  parti- 
culier* Ses  amusemens  étaient  innocens  ;  à  Rome 
il  assistait  quelquefois  aux  jeux  des  pantomimes,  et 
se  délassait  du  fardeau  des  affaires  dans  la  con- 
versation avec  ses  amis  ;  à  la  campagne  il  se  li-* 
vrait  à  la  pèche,  à  la  chasse,  aux  promenades 
champêtres*  ^ 

Cependant  la  vie  de  ce  sagç  empereur  ne  fat  pas 
entièrement  exempte  de  taches ,  et  ses  mœurs , 
dit-on,  ne  ftirent  pas  toujours  pures.  L^histoire 
lui  reproche  aussi  son  excessive  indulgence  pour 
rimpératrice  sa  femme ,  dont  la  conduite  nlionor- 
rait  pas  le  trône;  son  attachement  pour  elle  fut 
souvent  taxé  de  faiblesse*  Mais ,  eu  général ,  la 
maturité  et  la  sagesse  qui  dirigeaient  toutes  les  dé- 
marches d  Antouin  produisirent  en  lui  une  égalité 
Sarfaite  ,  qui  est  le  trait  le  plus  cai  actéristique 
'une  vertu  supériem*e* 

Ce  prince  avait  vécu  jusqu'à  1  âge  de  plus  de 
soixautc -treize  ans  sans  ressentir  aucune  infirmité  , 
si  ce  n'estdes  migraines  assez  fréquentes,  quiTobli- 
geaieut  d  interrompre  son  application  aux  affaires; 
mais  cièsqu*ilse  sentait  mieux  il  reprenait  son  tra- 
vail avec  une  nouvelle  ardeur.  Au  commencement 


66  ANTONIN. 

qui  a  été  dît  de  Socrate,  qu'il  était  seul  cstpablc  de 
8  abstenir  et  de  jouir  des  choses  dont  le  cominuii 
des  hommes  n'a  ni  la  force  de  se  priyer  ni  la  sa- 
gesse de  bien  user.  Tels  sont  les  principaux  traita 
du  caractère  d'Antonin,  que  nous  ayons  puisés  dans 
le  tableau  touchant  de  ses  qualités  et  de  ses  vertus 
que  nous  &  tracé  Marc-Aorèle  ^  son  digne  suc- 
cesseur. 

Naturellement  porté  à  la  clémence  «  même  en- 
yers  les  méchans  y  il  ne  lui  échappa  jamais  >  dans 
un  espace  de  yiugt-trois  ans  9  la  moindre  action 
qui  pût  offenser  personne.  Achevons  de  peindre , 
par  quelques  traits  de  caractère  9  ce  prince  j  IW 
des  meilleurs  qui  ait  jamais  gouyemé  les  hommes. 

Quand  il  parut  en  Asie ,  revêtu  de  la  charge 
de  proconsul ,   il  logea  la  première  nuit  dans 
la  maison  du  sophiste  Polémôn.  Ce  fisistueux  et 
orgueilleux  Asiatique  était  alors  absent  ;  mais  à 
son  retour ,  indigné  de  trouver  sa  maison  oc- 
cupée par  le  proconsul ,  il  cria ,  s'emporta ,  et  » 
par  des  plaintes  amères  ,  força  pour  ainsi  dire 
Antouin  d'aller,  au  milieu  même  de  la  nnit,^ 
chercher  un  autre  asile.  Cependant  Antonin  fut 
élevé  à  lEmpire  ,  et  Poléinon  vint  à  Rome  lui 
faire  sa  cour.  L'empereur  lui  fait  l'accueil  le  pins 
obligeant ,  l'embrasse  même ,  sans  lui  témcrigner 
aucun  souvenir  de  Tin  jure  qu'il  en  avait  reçoe  9 
et  il  dit  à  ses  officiers  :  «  Qu'on  loge  Polémon  dans  * 
«  mon  palais ,  et  surtout  que  personne  ne  la  dé- 
«  place.  »  Un  acteur  étant  venu  se  plaindre  me 
Polémon  l'avait  chassé   du   théâtre',  «  Qnâk 
K  heure  était-il,  dit  l'empereur,  lorsqullvcasa 
«  chassé  ?  •—  Midi ,  répond  l'acteur»  -^  Hë  bien  1 
«  reprend  Antonin^  il  m'a  chassé  de  sa  miisonà 
«  mmuit ,  et  j  ai  pris  patience.  » 

Un  jour  il  visitait  le  palais  d'un  riche  aén-^ 
teur  nommé  Valerius  Onculus  ;  ayant  rentf- 
que  avec  admiration  des  colonnes  de  porphjre  9  ' 


ANTONIN.  Çrf 

il  lui  demanda  d'où  lui  Tenait  un  ornement 
si  magnifique  ;  Onculus  9  noa  moins  grossier 
que  le  sophiste  Polëmon  ,  lui  répondit  brusque- 
ment :  «  Souyenez-vous ,  lorsque  tous  êtes  dans 
«  la  maison  d'autrui ,  qu'il  faut  être  sourd  et 
muet.  »  L'empereur,  loin^de  s'offenser  de  la  bru- 
tale repartie  de  ce  sénateur ,  lui  passa  dans  plu- 
sieurs autres  occasions 9  avec  la  même  douceur, 
ses  railleries  piquantes. 

Ce  prince  ayant  fait  venir  de  Qialcis ,  en  Syrie, 
le  philosophe  stoïcien  Apollonius  pour  être  le . 
précepteur  de  Marc-Aurèle ,  Apollonius  vint  ac- 
compagné de  plusieurs  de  ses  disciples ,  tous  ^r- 
gonaïUes,  dit  Lucien ,  et  très-disposés  à  chercher 
la  toison  d'or.  Dès  qu'il  fut  amré  à  Rome  An- 
tonin  lui  fit  dire  de  se  présenter  au  palais ,  pour 
qu'il  put  lui  mettre  le  jeune  disciple  entre  les 
mains.  Apollonius  répondit  que  c'était  au  disciple 
à  venir  trouver  son  maître.  On  rapporta  ce  mot 
à  Antonin,  qui  dit  en  riant  :  «  Apollonius  re- 
«  garde-t-il  conmie  un  voyage  plus  pénible  de 
«  se  rendre  de  sa  maison  au  palais  que  de  Chalcis 
«  à  Rome?  »  Toutefois  il  consentit  que  Marc- 
Aurèle  lui  fit  les  premières  avances  et  allât  le 
trouver  chez  lui. 

Marc-Aurèle  pleurant  ensuite  la  mort  de  celui 
qui  l'avait  élevé ,  ses  courtisans  blâmaient  cet 
excès  de  tendresse ,  comme  peu  convenable  à  la 
dignité  d'un  prince  :  «  Laissez-le  plettrer ,  dit  An- 
«  tonin ,  et  sonlBfrez  qu*il  soit  homme  ,  car  la 
«  philosophie  ni  la  dignité  impériale  ne  doivent 
«  éteindre  en  nous  les  sentiraens  de  la  nature.  » 

Antonin  avait  1  esprit  01  ué;  il  aimait  les  lettres, 
qu'il  avait  cultivées, non  en  savant  de  profession, 
mais  en  homme  d'état  et  en  prince.  Ou  avait  de 
lui ,  du  temps  dv  Dioclétien ,  plusieurs  harangues 
oii  rëgnaît  ini  goût  d  éloquence  digne  de  son  ok- 
ractère  et  de  son  rang. 


68  Ï^IARG-Al^RÈLE. 

MARC-AURÈLE, 

EMPEREUR    ROMAIN. 


.JuA  vertu  (le  Marc-Aurèle ,  fils  et  succeapeai;  . 
iïAntoNÙi  le  PieiLx ,  dont  nous  Tenons  de  retra^w 
cor  riiistoirc  ,  a  uaru  plus  austèi^  et  moins  piu^SL 
peut-être  que  celle  de  ce  prince  aimable  etbqklà'*. 
outrée  quelquefois  et  moins  naturelle  ^n  e||et^  ' 
elle  n'ëtait  pour  ainsi  dire  que  le  fruit  de  Vë^iK^ 
cation ,  d'une  étude  profonde  et  d'un  traTail  iiiï^ 
fatigable.  ;  .X 

Ce  grand  prince  appartenait  h  la  {amille  ji|èC 
Annius,  d  origine  espagnole,  et  alliée  à  l'empereoit  . 
Adrien.  11  naquit  à  Rome ,  le  z6  avril  de  Fanailb?  ' 
121,  la  quatrième  du  règne  de  cet  empei'ew  m '*' 
sous  le  second  consulat  d'Annius  YeruSjSon  aïtnP^  , 
paternel.  On  lappela  d  abord  Verusy  comme  10^'  ï- 
aieul ,  et  ce  nom  semblait  convenir  autant  à  M" 
caudeur  qu  à  cet  amour  pour  la  vérité  qu'il  ma- 
nifesta dès  son  enfance.  Adrien ,  jugeant  niènia 
que  ce  nom  n'exprimait  pas  assez  Theureuse  dii-> 
position  de  son  caractèi*e  ,  voulut  qu'on  l'appelât  ^ 
p^erissimus ,  ou  parfaitement  vrai.  j , 

Il  réleva  dans  son  palais  même ,  et  Ini'doipn-^ 
pour  précepteurs  ctpour  maîtres  JHérode  AttieÀt^*^  ! 
.orateur  grec  ;  Cornélius  Fronto ,  orateur  latSiif 
v\  Junius  Rusticus,  qui  joignait  à  une  naissance 
illustre  un  goût  héréditaire  pour  la  philosophie  ^ 
jjtoique. 

Oti  inshniisit  le  jeune  Vérus  dans  les  sciences 
cl  dans  tous  les  ^rts  nécessaires  à  la  cultore  de 


MAPiC-AiJRELE.  69 

reçprît  et  au  développement  des  quaMtés  corpo- 
relles ;  le  dessin,  la  musique,  la  course,  la  lutte, 
les  dauses  militaires  enti^èrent  aussi  dans  son 
plan  d'éducation.  La  langue  de  Platon  lui  devint 
familière  comme  la  sienne  ;  Fhistoire  lui  apprit 
à  juger  les  hommes;  Vétude  des  lois  lui  montra 
la  base  et  le  fondement  des  états*^  Il  compara 
ensemble  les  lois  de  tous  les  peuples;  mais  la 
poésie  et  Téloquence  eurent  peu  d'attraits  pour 
lui ,  et ,  dans  ses  écrits  pliilosophiques  ,  il  re- 
mercie les  dieux  de  n'avoir  pas  fait  de  grands 
progrès  dans  deux  genres  dé  littérature  qui  Tau- 
raîent  arraché  à  des  études  plus  solides. 
•  Ses  maitnes  s'attachaient  surtout  à  lui  élever 
1  ame  et  à  le  former  à  toutes  les  vertus  morales 
et  politiques  ;  aussi  les  aima-t-il  avec  tendresse  9 
et  trouvèrent-ils  en  lui  un  disciple  reconnais- 
sant. Rusticus  devint  son  confident  et  son  ami ,  et 
lui  inspira  de  bonne  heure  les  principes  de  l'école 
de  2^aon.  Le  jeuue  Marc-Aurèle  fréquenta  aussi 
l(»s  écoles  publiques  des  rhéteurs  ,  et  il  y  forma 
de  lui-même ,  avec  plusieurs  de  »ses  cohcUsciples, 
des  liaisons  d'amitié  que  ne  put  altérer  leclat 
même  du  trône. 

Naturellement  grave  et  sérieux,  il  s'adonna  de 
j)iétérence  à  l'étude  de  la  philosophie,  dont  il 
<  oiiiiut  de  bonne  heure  tous  les  systèmes.  Son 
a  tdeur  fut  telle ,  qu'à  Tâge  de  douze  ans  il  prit 
i  habit  de  philosophe,  cest  à  dire  le  manteau 
ç^vec  y  il  prétendit  même  embrasser  la  vie  austère 
des  plus  rigides  stoïciens,  dont  les  préceptes  lui 
apprirent  à  soumettre  son  corps  à  son  esprit ,  à 
f  lire  usage  de  sa  raison  pour  enchaîner  ses  pas- 
sions ,  considérer  le  vice  comme  le  seul  mal,  et 
lu  vertu  comme  le  bien  suprême.  ^ 

Ce  rigorisme  philosophique ,  l'application  infa- 
li::çable  à  l'étude  ,  et  la  sévérité  du  régime  alté- 
ivrcnt  sa  complexion;  mais,  quoique  faible  ,  sa 


70  MARC-AimÊLE. 

santë  reprit  en  lui  plus  de  vignenr»  et,  maigre 
une  yie  toujours  laborieuse ,  elle  loi  ménagea 
une  lon^e  carrière. 

Mais  s*il  adopta  le  maintien  sérieux  des  philo— 
sophes ,  il  n  en  eut  point  la  morgue  ;  son  accueil 
prévenant  et  gracieux  annonçait  un  prince'  sans 
orgueil  >  modrste  sans  timidité,  graye  sans  sé- 
cheresse» A  quinze  ans  il  prit  la  robe  virile  ;  ses 
mœurs  restèrent  sans  tache  ,  et  si  dans  le  fea  de 
rage  1  amour  prit  ^lelque pouvoir  sur  lui,  biien— 
tôt  il  en  secoua  le  )oug. 

Son  désintéressement  et  sa  générosité  éclatè- 
rent d'abord  en  faveur  d'Anna  Gornificia ,  sa  soeur 
unique  ,  à  laquelle  il  céda  toute  la  ^Slcession  de* 
son  père  ,  en  disant  que  pour  lui  celle  de  son  aïeul 
lui  suffisait.  Tant  de  vertus  et  de  qualités  aimables 
le  firent  aimer  et  estimer  d'Adrien ,  et  lorsque  ce 
prince  eut  désigné  Antonin  le  Pieux  pour  son  suc- 
cesseur,  il  exigea  de  lui  qu'il  adoptât  Marc-Amrèle, 
alors  ftgé  de  dix-huit  ans ,  ainsi  que  son  frère  La— 
cius  V('rus*  Le  jour  même  de  Fadoption  Adrien 
le  nomma  questeur.  Loin  de  s'enorgueillir  de  ton 
élévation ,  le  jeune  Marc-Aurèle  plenra  sur  sa 
grandeur,  et  ne  put  dissimuler  sa  trist^ne  :  «  Pon- 
«  vez-vous  m'en  demander  la  cause  !  disait-il  à 
«  ceux  qui  étaient  étonnés  de  sa  donlenn  Je  Tais 
«  régner,  et  qiieis  pièges ,  quels  dangers  n*eiivi- 
«  ronnent  pas  le  trône  et  les  souverains  !  » 

Cependant,  après  la  mort  d'Adrien,  il  se  TÎt- 
encore  plus  près  du  trône ,  et  Antonin,  qu  venait 
d'y  monter,  lui  donna  sa  fille  Fauslîne  enma- 
ria<:;e,  le  désigna  consul  pour  l'année  saîtanlBy 
le  déclara  César,  et  le  logea  dans  le  pàlufe'ds 
Tibère  :  c'était  presque  l'associer  à  l'Empila»  Ces  : 
nouveaux  honneurs  n'altérèrent  ni  la  sininlifiil^ 
ni  la  modestie  de  Marc-Anrèle  ;  nul  fiùte  ooiS  sa 
maison  ^  ni  dans  ses  écpiipages ,  ni  sur  sa'Mr* 
sonuc.  Comblé  d'honneurs  ,   destiné  au  traie  t 


-MARC-ACIŒLE.  '  71 

il  contîaua  les  études  qu'il  ayait  commencées , 
et  reparut  même  aux  leçons  publiques  des  maî- 
tres aéloqucnce  et  de  morale. 

*  .  Antonin  le  revêtit  bientôt  de  la  puissance  pro- 
consulaire et  tribunitienne  ;  connaissant  dès  lors 
sa  probité  et  sa  pénétration ,  il  n'agit  plus  sans 

^  le  consulter;  mais ,  ne  négligeant  pas  néanmoins 
de  seconder  son  étude  favorite  pour  la  philoso- 
phie ,  il  fit  venir  de  Chalcis ,  en  Syrie ,  un  célèbre 
stoïcien  appelé  Ajiollonius,  qui  apprit  à  Àfarc- 
Aurèle  tout  ce  que  promet  le  stoïcisme ,  c'est  à 
dire  Téléyation  des  sentimens  ,  la  fermeté  dans 
les  maux  de  la  vie ,  et  ce  mélange  de  la  douceur 
avec  le  courage  -^oble  et  ferme. 

Le  jeune  prince  se  montrait  digne  des  hon- 
neurs par  lesquels  Antonin  l'égalait  presque   à 
^  lui-même*  Jamais  fils  ne  fut  plus  soumis  à  son 
père  ,  et  pendant  vingt-trois  ans  qu'il  lui  servit 
d^appui  et  de  conseil  il  augmenta  chaque  jour  , 

!»ar  sa  modestie  et  par  sa  sagesse  y  l'affection  que 
ui  avait  vouée  Antonin. 

On  vit  alors  se  renouveler  cet  exemple  admi- 
rable que  Vespasien  et  Titus  avaient  donné  à 
à  l'univers  ;  on  vit  un  père  et  un  fils  posséder  , 
exercer  en  commun  le  souverain  pouvoir  sans 
défiance,  sans  ombrage,  avec  une  tranquillité, 
une  paix  qui  démontraient  jusqu'à  l'évidence  la 
vertu  supérieure  de  l'un  et  de  l'autre. 

Appelé  seul  au  trône  par  la  volonté  d'Antonin  , 
et  reconnu  empereur  par  If»  choix  de  ce  prince , 
il  prouva  que  le  rang  suprême  n'est  pas  ,  comme 
on  se  l'imagine  ,  incapable  de  souffrir  de  par- 
tage ;  par  une  générosité  dont  l'exemple  est 
unique  dans  Tliistoire  ,  il  demanda  au  Sénat  que 
son  frère  Lucius  Venis  fût  associé  à  TEnipiro.  Les 
deux  empereurs  ne  se  partagèrent  point  entre 
eux  les  provinces  comme  avaient  fait  autrefois 
Octave  et  Antoine  5  ils  les  gouvernèrent  eu  com- 


72  MAnC-AUniiLE. 

-«iiiii  ,  commri  deux  frères  daiiA  unn  condilinn 
privf^e  rd|«iruirnt  iiiin  Hucccsiiioiu  ToutisfoU  Marc- 
Aurilr  avait  sur  l^iciuH  VcruM  la  prddiniiiniico 
<|uc  donne  la  8U|u$rioritd  de  Tà^e  et  du  iiidriUs  » 
rt  quoifjiie  les  dvMX  empereurs  gouvcriuisseiit 
aveo  uuuiiiiuitd,  Lueius  n'dtuU  guère  que  le  lieu^ 
tenant  de  son  coUèuue,  dont  il  tdnioigna  du- 
Itord  vouloir  iniiU^r  la  sagesse  f^t  la  retenue» 

G(*pr*udant  Vologèse  ,  roi  des  Purtiies  »  ayant 
atta((iid  l'Arnidnie  et  la  Syrie,  on  décida  qua 
Vrrns  irait  s^opposiir  aux  l'arthes,  et  cpte  Mait:* 
AnriMe  nisterait  à  lloinc;  ]>our  U'nir  les  réiics  dli 
l'ouv(*rnenu*nt.  Ce  prince  c^spdrait  que  la  guitrre 
«Idlourntïraît  Verusde  la  moifossf^  voluptueuse  ■ 
la(pielle  il  ne.  livrait  h  lltnnt!;  nuiis  S(*s  espdraiices 
furent  tronipdrs.  Verus,  unitiueiuent  occupé  de 
ses  ])laisirs  à  Antioelifi  9  ne  prit  aucune  part  aiut 
opérations  ni  aux  victoires  dit  ses  généraux» 

Taudis  (pi*il  se  livrait  ^  tous  les  excès  de  la 
ildliancln; ,  car  il  ne  lui  nnunpniit,  pour  r(*sscm« 
liicrr  h  Néron,  aucrun  viee  <pie  la  cruauté)  MarC" 
Aurèle  sattirait  par  s<;s  vertus  Tadmirattou  dcf 
Itoiiiain»,  d<int  il  faisait  la  gloire  et  le  bonticur* 
Jamais,  sous  la  répuhlifpie,  le  peuple  u^avait  joui 
d*niic  liljrrlc  si  réi*lle;  jamais  aucun  empereur 
ji  avait  porté  plus  loin  la  déréirncr  pour  te  Sénat* 
Loin  de  prendre  omln-agr  de  Tautorilé  de  ce 
4  «irps  illustre,  il  IVxiiilail  en  tout  et  s'y  sou* 
iiirltait  lni-jn/*me;  il  lui  renvoyait  souvent  par 
icspect  1rs  causes  qui  devaient  Atre  jugées  à  soa 
propre  trilmuul.  Dans  toutes  les  aflau'osqui  con- 
(f  i'nai(!nt  la  guerre  ou  la  paix,  il  prenait  ton-  j 
j«juj's  la  vis  des  sénateurs  :  «  N  est^il  pas  pllll  \ 
«'  juhte,  dÎMait-il ,  que  je  suive  le  sentiment  de  .; 
«  (nut  d'illurttn;N  amis,  que  de  prétendjts  luoi  seul 
i«  l'aire  plier  taul  d*aiuis  illustres  sous  nia  vo« 
«•  lonti?  !  n 

J/eiLcnqdc  ct  la  sage  adniinisli'alion  dW  priflôt 


MARC-AURÈLE.  7S 

SI'  Tertaenx  mirent  sous  son  i*ègue  là  verta  ea  < 
hounenr  ;  il  la~  chérît  tellement  qu'il  eu,  fit  une 
divinité ,  à  laquelle  il  consacra  un  temple  dans  I# 
Capitule. 

Il  usa  de  tout  son  pouroir  afin  de  réprimer yf 
par  de  salutaires  règlement,  la  licence  des  mœurs 
et  la  corruption  de  la  jeunesse*  Toutefois  'y  quoi-* 
que  sans  yices  lui— même ,  il  était  conyaincu  da 
ta  nécessité  de  la  tolérance  pour  les  yices  des 
autres  ,  pourvu  qu'ils  ne  fussent  pas  portés  aux 
derniers  excès  :  «  Nous  ne  pouvons  pas  faire  les 
«  hommes  tels  que  nous  les  voudrions,  disjait-il; 
«  ainsi  supportons-les  tels  qu'ils  sont,  et  tirons 
«  d'eux  le  meilleur  parti  qu'il  est  possible.  »  Cette 
modération  lui  réussit ,  et  il  eut  la  satisfaction 
rare  de  voir  les  méchans  deyenir  bons  par  ses 
soins,  et  les  bons  croître  en  vertu. 

Les  Parthes  ayant  été  défaits  par  Avidius  Cas— 
dus  ,  lieutenant  de  Verus ,  ce  succès  fit  donner 
par  le  Sénat  à  ce  prince ,  occupé  de  ses  plaisirs  à 
Antioche,  le  titre  ae  vainqueur  des  Parthes  et  des 
Bfèdes.  Verus  ne  quitta  qu'à  regret  le  séjour  dé- 
licieux de  la  Syrie  pour  revenir  à  Rome.  Le  Se-*» 
nat  déféra  le  triompbe  et  le  titre  de  père  de  la 
patrie  aux  deux  empereurs ,  titre  que  Marc— ' 
Aurèle  n'avait  jamais  voulu  accepter  pour  lui 
seul.  L'union  était  parfaite  entre  les  deux  frères  5 
elle  fit  le  principal  ornement  du  triomphe  qu'ils 
célébrèrent  en  commun,  portes  sur  le  même  char, 
ayant  avec  eux  tous  les  enfans  de  Marc- Aurèle» 

Le  retour  du  voluptueux  Verus  fut  fatal  à 
l'Empire  5  il  avait  ramené  d'Orient  à  sa  suite  la 
peste ,  qui  entra  avec  lui  dans  Rome ,  et  de  W 
letendit  jusque  dans  les  Gaules  et  jusqu'au  Rhin, 
même.  Ce  fléau  fit  dliorribles  ravages  dans  tout 
fEmpire.  Le  cœur  paternel  de  Marc- Aurèle  ea 
lut  si  touché ,  que ,  soins  et  dépenses ,  tout  fut  pro- 
Ègué  pour  arrêter  les  progrès  de  ce  mal  affreux* 

Tome  IL  7 


76  MARG-AURÈLE. 

fleuvo.  Los  Jazygos  furent  battus  deux  fois ,  U 
première  eu  ruiiiiouie  ,  et  la  seconde  lorsqu'Ui 
trayrrsalent  le  Daimije  sur  la  glace. 

Après  une  victoire  complète  les  soldats  exi* 
fièrent  de  ce  bon  prince  qu*il  leur  fît  des  largesses* 
iVoici  sa  réponse  :  «  Mes  amis ,  nous  avons  vaiiH 
m  eu ,  II  est  Tiai;  mais  s'il  faut  tous  doilnor  lef 
%  dépouilles  des  citoyens,  qu'importe  à  l'Etat 
«  YotiY^  victoire  ?  Tout  ce  que  je  vous  donuerais 
«  au-delà  de  ce  qui  vous  est  dû  serait  tiié  da 
-«  sang  de  vos  procbes  et  de  vos  pères*  » 

Cependant,  toujours  occupé  de  commander eli 
persoime ,  Tempereur ,  dans  le  coura  de  la  cam« 
pagne  suivante,  se  ti*ouva  enfermé  avec  ses  lé* 
gious  dans  le  pays  des  Quad(*s,  au-delà  du  Da- 
liubc.  Seri  es  de  près ,  les  uns  couti-e  li*s  autres  » 
et  n'ayant  point  dVau,  les  Romains  se  défeudalent 
vaillamment  contre  les  bari)ares,  qui  s'étaient  ein» 
paré  de  tous  les  passages.  Couverts  de  blessures» 
mourant  de  soif,  et  ne  pouvant  ni  combattre  ni  se 
détendre ,  ils  toucbaient  à  la  plus  teiTible  extré* 
mité ,  lorsque ,  les  nuées  se  rassemblant  de  toutes 

luce, 

pour 

leur  boucbe ,  d  autres  tendaient  Icnra  casques  et 
leura  l)oucliers  v(a*sle  ciel  :  c^est  ainsi  que  sontre* 
pi'ésentés  les  soldats  de  Mpo-Aurèle  sur  la  fil- 
meuse  colonne  d'Antonin  a  Rome.  Des  partie»* 
larités  encore  plus  éti^nges^  et  que  beaucoup  dV- 
cri vains  ont  qualifiées  de  miracles  9  concoiiptmit» 
dit-on,  à  fixer  la  victoicc  sous  les  draMauids' 
Marc-AurèLe.  Ce  prince;  ftt  la  paix ,  ou  pu^tsm» 
pendit  la  guerre,  moyemiant  la  resUtution  àeoBai 
mille  prisonniers  romains.   U    eût  dëûré  tan 
doute    compléter   la   victoire  en  réduisant  ca 
provinces  de  l'Empire  le  pays  des  Majcomansst  j 
celui  des  Sarmaies^  moins  pour  flatter  ^on  nAi^ 


MARC-ADRÈLE.  9^ 

tîoQ  qcic  pour  avoir  de  sûrs  garans  de  la  fidélité 
de  ces  peuples  ;  mais  il  fiit  arrêté  dans  ses  projeta 
de  conquête  par  la  révolte  d'Avidiiis  Cassius  ea 
Orient.  Ce  lieutenant  de  Marc-Aui'èle ,  déjà  cé- 
lèbre par  plusieurs  exploits ,  s^était  fait  proclamer 
empereur  à  Antioche.  Le  Sénat ,  informé-  de  sa 
révolte ,  le  déclara  ennemi  de  la  patrie ,  et  confis^* 
qoa  ses  biens,  que  Marc-Aurèle  adjugea  au  trésor 
public  ;  puis ,  quittant  la  Germanie ,  il  se  dirigea 
•vers  rOrient,  pour  aller  au-devant  d'Avidius» 
résolu  de  lui  remettre  l'Empire  si  les  dieux  vou-« 
laient  qu^il  régnât  à  sa  place  :  «  Si  je  me  résigne  à 

■  tant  de  travanx,  dît-il  en  partant,  ce  nVst  ni 
«  par  intérêt  ni  par  ambition  ;  je  ne  désire  que 
c  le  bonbeur  de  mon  peuple.  »  il  apprit  en  route 
qa' Avidins  venait  d^être  poignardé  par  un  centa<» 
non.  On  lui  apporta  la  tcte  delusurpatcur;  mais 
il  détourna  les  yeux^  et  ordonna  que  ces  tristes 
restes  fussent  innumés  avec  bonneiu*.  Maître  des 
révolta ,  il  voulut  sauver  la  vie  à  tons  ceux  ^n\ 
avaient  voulu  lui  ravir  TEmpire;  il  devint  l-.ir 
protecteur  auprès  du  Sénat  ,  qui  s*apprêtait  à 
venger  son  prince  ;  il  implora  la  grâce  de 
SCS  ennemis  :  «  Je  vous  conjure  au  nom  des 
«  <lieux,  écrivit-il  aux  sénateurs,  de  ne  pas  faire 
«  verser  le  sang.  Que  les  exilés  reviennent,  qu'on 
«  rriide  les  biens  à  ceux  qu*on  a  dépouillés,  et 

■  plut  au  ciel,  ajouta-t-il,  que  je  pusse  ouvrir 
«  les  tombeaux!...  Songez,  pères  conscrits  9 
«  que  la  vengeance  est  indigne  d'un  eniperonr. 
«  Vous  pardonnerez  donc  aux  enfans  d'AviJius  9 
«  à  son  gendre  et  à  sa  femiiie.  » 

Il  exprima  les  mêmes  sentimens  à  Tinipéra-^ 
trice  Faustine ,  qui  le  prcssiut  de  punir  rigou* 
rcusenient  les  complices  de  la  révolte:  «  Rien, 
«  lui  répondit  Marc-Aurèle,  nVst  plus  digne 
«  d'un  empereur  romain  que  la  clénicJice;  cette 
•  vertu  a  placé  César  parmi  les  dieux^  elle  a 


r«  *  MAiicvrniiTJE. 

«  roiuln  ^r«»iistr  saiiê;  rllo  n  iiiérîtê  h  vofl^ 
«  |<ir  Iv  ti(t('  liomxalU'  i\v  Finu.  (^ir  ue 
«  l'uifi-je  irraio  niuîiv  la  vie  î^  Cassîus^  rt 
«  m  Vu  taiir  uix  ami  !  Sovt/  dDiie  tJAiu|itille« 
«  ma  oht^iv  rt^iislinr;  ne  \riis  livitx  ni  à  la 
«  ciwinJe  ni  à  l\s|=iit  tle  veui;rauce  :  Muit* 
«' Auièle  tsl  puiîo^e  yiw  les  «Uouii.   » 

i-lti  rfltt,  il  pauirmia  tlo  si  bonne  foî«  qinl 
ftiitiiit  1rs  |airns  (i  A\i<iins  an\  lionneurs  vi  aux 

I  liai  j;t  s.  l.r  Se  liai ,  i!eJei  unt  u  sa  prièi  e .»  le  remer- 
cia i\c   >i\   uum^<  icoide. 

Qtii>i*ii.e  la  ie!.«llitïn  eût  t^(é  étoiî^ec  presque 
iirs  ^a  naisMiiee,  îVViu'-jAuièie  jnpa  ifuune  si 
{;]  auile  a^italirn  itérait  avoir  éliianle  toute»  les 
])ut\ineei»  de  i*Unent;  il  lêsiUut  datUr  luî<- 
iiirnie  \  jt-pitittr  lo  calme.  Il  paitit«  et  lil 
revÏMe  paitout  lo  ns^vet  pour  son  uutoiifé« 
lais^^aut  ^^uth.ut  des  !ti«iuip:n{^es  de  «a  bony 
et  <te  su  cienK'nee.  Tons  Us  ]tapier»  trouTCS 
ciu  A  Cassius  api  es  mi  nioit  (nient  biûle»  par 
oitliv  de  lempi  leur,  sans  u>oir  éiè  twaiùwht 
«   No  voulant  pas.  dit-iU  être  tVnvê  de  hajr%  a 

II  pardonna  atïx  villes  et  axix  ptnplcs  ^i 
»Vtait  nt  eivlaies  contre  Ini,  maintint  la  paix  y 
renouvela  les  tiaites«  s<^  lit  aimer  des  priurt^s 
it  des  peuples  «  et  laissa  partout  îles  monumeus 
dune  phil(vsi>plne  qui  ue  consistait  paH  seule*- 
un  nt  en  beaux,  discours,  mais  eu  acticou  utilet 
à  1  bnmanite.  * 

iV  la  Syrie  Maiv-AurtMe  passa  ^'nEgrple, 
et  vint  à  Aiexandiie,  on  il  \écut  plutôt 
cltoven  et  eoninio  pbilosopUe  qiu>  comme  < 
^HMeur*  Api  es  tjueU|U(*s  eoiilëi*eiR'es  à  Smjmt 
a^ee  le  sophiste  Ai  istide  ,  il  se  ivndit  à  Ath&Mei 
ii\  tlt  ii^ùtier  au3k  uivstèies  de  Céi'^s  £leusiaes 
aciotda  aux  Atbêniens  plnsieiu^s  privibrge»»  et, 
pio^rteur  d'une  ville  mère  des  art*  et  «h^ 
»cuuccs>  il  }  louda  plu;^icul^  chaîu'»  ife  pro^, 


'  feaicm»-,  et  /effi>réB'  de  loi  reiwé  Mm  anc^ 
•Iiutre.'  D'Athèner  il  mit  à  û  Voile  pour  lltalte, 
et)  quoique  liattà  par  la  tempête,  alwi^heo'^ 
'nusement  %  Briudes.  '  U  il  prit  U  SK  dU 
Habit  de  naix  ,'  lui  et  toute  ^la  ktiite  ,  o  ajaiâ    . 

S  nuis  Toum  sonffirir  que  les  ^Idats  parniaeiit  ^ 
orne ,  et  qtéme  en  Italie ,  en'  habit  de  guerre* 
"Il  rerenait  Toinqueur  des  Marconuins  et'  des 
-Qnadea ,  et  paeifîciitniT  de  tout  l'Orient,  le  2$ 
'décemlH^  il  fît  son  entrée  triomphale  i  Eome , 
'accompagné  de  son  fHa  Commode.  C'était  Mtk 
~Meond  triomphe.  Les  largesses  qu'il  distribnÀ 
%D  peuple  et  aux  soldats  surpassèrent  en  magn»' 
'ficçBce  tontes  ceUes  de  ses  yréâérrmfvr?, 
'  *iBln>A«rye  mit  à  profit  le  sejoi'i  (!'.■  dcus 
'■- — -'—  qu'il  fit  h  Rome  par  rclnMi.-fnn'nt  de 
lois  sages,  oh  terillc  ,  ;n(i  ri'iiiiUé, 
'lante  qu'inspE^  1<-  \i\.  \,  yxiUhc.  Il 
sur  Ift  réforme  do  1^  jii.-.liLP  ,  sur 
la  tutelle  des  mineiuf ,  sur  Li  polki-  géiu^rale  ; 
'îl  midgea  la  risueur'  de  t'ancîeit  droit  romafai, 
'«idé  par  les  plus  savans  jurisconBultes  ,  parmi 
'lei»quela  l'histoire  nomme  Cerbidius  Scevola  > 
maître  célèbre  du  grand  Papinten  ,  disciple  eu'^  . 
core  plus  fameux. 

Ses  généraux  rt'ayant  pu  arrêter  les  courses 
des  Germains  ,  Marc-Âurèle  résolut  d'aller  dt 
nouveau  les  combattre  en  personne  ,  dans  l'es*- 
poir  de  réduire  enfin  la  Germanie  en  proTincè 
romaine.  Avant  de  quitter  Borne  îl  demanda 
au  Sénat  la  permission  de  prendre  dans  le  trésor 
public  les  sonimfs  nécessaires  aux  fi'aîa  de  la 
'guerre;  «  Car,  dil-il ,  tout  appartient  au  Sénat  et 
«  au  peuple;  nousn'aïoiisricuquenousne  tenions 
,■  de  tous;  le  palais  même  que  nous  haI>itong  est 
'«  votre  bien,   b 

En  le  voyant  s'engager  de  nouveau  dans  unâ 
goeiTe  enviroonée  de  (bagers,  les  philosofbM 


to  MARC-AURÈLE. 

de  sa  eonri  craignaut  qu  arec  lui  ne  p^riiaon 
plussublimcsconrcrptioiisclo  la  philosophie  9  le 

Suèrent  dv.  \r.H  leur  e^LpIicputr  nain  iitilln  réu 
larc-AuriMc!  daigna,  dit-on,  si!  prêter  2i  1 
désirs,  rt  leur  donna  pendant  trois  jours  de 
Tantes  leçons,  dans  les<|uelU'S  il  leur  expose 
diiTérens  systèmes  d<*s  philosophes* 

Arrive'  aux  environs  du  Diinnhe  9  il  1 
irern  le  pays  ennemi  une  picpu;  ^iirdén  poui 
tisane  dans  le  t(;niplc  de  Vc^llone  ,  renouvc 
ainsi  une  céidmonio  usiti^e  dès  les  plus  am 
temps  pour  les  d<^elarations  de  guc^rrc*  Il  1 
porta  plusl(!urs  victoires  sur  les  Niarcomans 
Qundes  et  les  Sarmates*  La  C^ermanie  tout 
tière  aurait  peut-dtre  plid  sous  h;  joug  de  B 
êi  la  mort  n'avait  irapne  lemperciur  jiu  m 
do  ses  triomphes.  11  iul  enlevé  ,  seloa  1 
Capitolin  9  imr  une  maladie  contauieusc  f  a 
avoir  donne  h  sou  (ils  (iommode  des  avis  t 
inutiles  r|ue  sa^es*  Dion  assuro  positivci 
qu'il  nérit  empoisoimé  par  la  perfidie  des  nj 
ans  iiévoxiéé  h  Commode ^  impatient  de  rëg 
et  il  ajoute  que  le  tribun  de  service  étant 

Kur  la  drrrnière  foi»  demander  le  mot  d  ord 
mpereur  mourant  ,  il  lépcnidil  :  «  Ailes 
•r  soleil  levant;  pour  moi  je  me  eouelu*.  n  S\ 
couvert  ensuite  la  \éU'.  ,  eomme  pour  don 
il  expira  pr<-ft(|ue  ansnitot,^  Vinde/iona,  en  ] 
fionie  ,  aujourd  hui  Vienne  en  Auttiehe  9  l 
mars ,  Âaé  <\v.  eincpjanUi-liuit  ans  aecomplis,  et  a 
il  voir  legné  dix-iUTuI'  ans  depuis  la  mort  d'Auti 

A  peine  lu  nouvcdle  de  sa  mort  ftit-«lle 
pandue  dans  JEUime ,  que  le  Sénat,  eu  hali 
(teuil ,  et  llome  entière  firent  éclater  loua  la 
inoi^nages  de  la  douleur  publique* 

On  s  écriait  de  touti!S  parts  ,  tant  était  gr 
Vadmiration  pour  les  vertus  de  MarcAui 
quc;  prêté  par  le  ciel  à  la  tcn*c  #  co  priuce  ▼< 


tatUn^xp      gy  Et  u  pev^fl  ie  sToc       s; 

dieu  tôni  ».«_».  ti»  .  i  et  Je  aalseTi       ci 

'  Aie  4e  tarkùaphe  ,  t>t«  d'or  daat' le  a^twif-j, 
ten^le,  <nd|B]*i  pn  «,  tons'lea  hoonean inNi 
nuBs  et.  ixtmk.  uiï  n  t  dëcern^  On  mmt; 
legu^  comme  impie ,  mt  OpitoUa  ,  cclnî  qin 
B^anit  pat  eu. le  butte  ou  Itittatne  de  Marê^ 
Jsrâe,  et' pendant  deaz 'siècle   ce  cnlte   m 

1  duia  prea^pie  toatea  lea  bntilles.  -x    ' 

Stoa  Casau» ,  On  excès  de  botttrf  fMnt^ 
Hr^  Mt  J«  cède  tache  qu'où  puisse  relever  dan» 
•e.kean  cAnettev.  L'indulgence  escessive  de 
KlH)p>i&iirèIe  poer  i  ■  &  ère  ,  pour  sa  fdome , 
aonraon  fils^pasta  fiLcQêt  les  bornes  de  la  vertu 
iwnartinBe,  et  iaii  un  y^rîtalile  tort  puIiUc. 
Ml^  H  «m  lia  repri  d'avoif  toUré  les  hoii- 

lAMa  idA«idbe»,(|B  pératricc  Faiistiac  ,  oa 

B  bMaig  l»ga  plw  a  orc  d'avoir  sacrilié  le  boa- 
mimt-  je  p^nneors  mutions  d'hommes  à,  bk  ten*  . 
faoae  pour  on  Ala  indigoe-,^  auquel  il  laissa  l'iku— 
terîté  suprême  ,  au  lieu  de  la  déposer  eotre  les 
nùas  de  Popinien,  sou  gendre  ,  qui  la  méritait 
par  wa  vertus.  Saos  doute  les  vices  mouatruenx 
an  Ëls  ont  affaibli  aux  yeux  de  la  postérité 
l'éclat  des  vertus  du  père  ;  mais  peut-ou  repro-> 
dier  &  un  père  de  n'avoir  pas  démérité  son  fils  , 
et  il  ou  priuce  éclairé  de  n'avoir  pas  vicdé ,  an 
détriment  de  son  propre  sang  ,  le  priac^  de 
lliérédîté ,  si  nécessaire  à  ime  monarcnie  ! 
.  I>*iiii  autre  côté,  en  outrant  la  vertu,  ce  prince 
•  donné  lieu  Je  croire  qu'il  entrait  de  PaSeo- 
tttîon  dans  une  douceur  poussée  au-delà  de  tonte 
nenire ,  et  que  la  vanité  y  avait  plus  de  part  qne 

Iks  sentimens  du  coeur  ;  mais  att  a  réblé  victo- 
rieusement ce  reproche  >  eu  y  opposant  la  cod»- 
hnté  égalité  de  la  conduite  de  Marc-Aurèlej 


Ra  MAnC-AUKKLn. 

rntifWtUi  qui ,  «rMlx^ril  :4'>iu   Ant'Miîfi ,    f;l.  criAiiîfi! 
fH':rl  I  it  un    r/'i^fif:  de   vi<i^f  îiiis  >  ii';  sVflfc  jainiii» 

!)•  .ojiH-|f*  pourfnil.  ,  |;i  in-ilir^  l'iW:  r/iiri  un"  n 
rdloiti  lif*  1)1  V'îi'Ui '!'•  M.ir<-Aiiir;i«' ,  et  |  ;i  hit«<î 
criiypotTisi''*  Au  lifii  (h'  Mi'itrirr  l^i  h/M!(^  fh*  (u! 
pri.irr  îiilorahlf,  NM'iiii^io'M  rr;  fiiMcau  pfir  (|fU'l- 
r[ii('H  iniif.H  f|<ii  TaHM* ni  cotiiiaitrr;  sa  vir;  ]»rivde  et 
Jti  hcaiiM  <lf:  .-^^Ki  iHiir. 

«SoUi'c  ,  aii'.tf'n*  ,  airiMi*,  «iinnl*»  rt  nio'1'*ntf» , 
sa  vi'^  rnl  ]r  roiiiriM'iilairp  Ir*  phiii  iiob]<;  r|ui  ait 
jamais  cîî«;  fait  <lrH  pr  i.i('i|K'H  *l"  /r  ion.  De.'»  «on 
crnCanm  nir-nr?  ,  ni  la  lfi:if<'KH'î  ni  la  jfn<*  n  aiUS* 
ITHMil  la  srrriiifr^  fonjourn  l'^al*-  H*!  sori  viHnç^f*» 
Il  vivait  f'(  il  dlail  v/;fu  rrHn<nr  nu  siniplf  piuli^ 
Cïulif  r  ;  Honvrnt  il  allait  h  mr<l  «?(  outcr  l«'ff  pliilo* 
0oplicr(  dan*»  U'Ut'A  CfTolc»  $  il  'Inif^'ia  luvmr  donner 
i|nf?|r|nrroi»  df*H  IpronA  dn  |>liiloHoplir(' ,  tnni«(  ifvrc 

ÎduA  dr  puhiiri((*  pfnfWdn;  t|a*il  nt»  f^nvriinit  il 
a  tuiulvsl'w.  d  un  na^^f?  cl  à  Ih  dignité;  d  un  r*in- 
pf;n'nr.  Jl  vi'^ifait  s^h  aniirt  pour  prn  mi'jlff  fiin^ 
iK'nl  nialad''H  ,  cl  il  ii'i'fvait,  Inn'i4  vinUrti  ,  le 
matin  ,  siuiH  a)»par('il ,  san.H  fasfi; ,  dans  la  c\ii\mhre 
inrinc  oii  il  avait  conrlif*. 

M'il^n;  son  i.idilï'iîmK'fî  i-t  son  untprii*  pour  llîf 
Apr'f'facIf'H  ri.  p«Mii'  Ir-H  jf-n\  pifiilir^  ,  il  y  aHsi^fflit 
(Miiivciit,  par  la  «jcnlr  i  aiH'>iifp]c  tr  prnplr*  romain 
s'rn  iiionfiail,  avide  ;  il  vu  ordonnait  luùttui  Am 
ina;;nilifpM'.H. 

'Vr\  dtait  le  ca raclure  dn  9n  liontd  ,  que  rcffil- 
ftion  du  Hitn^  des  p^-rsonncM  m^nirs  Irs  plus  Tilcf 
lui  Taisait  lioi  rr'ur*    Il  corj-i^ca  rjnhumuiiiftf  drf 
romliat»  d(  s  (;ladia1rnrfi  ,  on   \rn  l'orçant   de  se 
jnfvnin*r  rntnî  i'ii\    kuis    danj^rîr  pour  Iffiir  rie» 
Ijji  rriifant   qui   daiisuit  Hur  In  ronlc    sëtaiit    tué 
rn   tombant  ,    Mar<--7\ut(ïlr  ordcninn  que  désor* 
niois  tUvA  niatcla..  Hf'rai/'iit  disposai»  BOUft  If fioordpt 
ni/'m-^  on  1rs  voiii;'/urH  nrrrairnt  leur»  JC'QS  ; 
Ci'tt''  jci'ornu;  (^îilnluii';  u'j  .soufînt. 


■  v^ic-iip:^:.  _'""■■"';■■■ 

Toujours  enclïu  à  pardounn?  les  i 
fluuu<?ae&,  lien  ue  pouvait  iâire  riolcuce  a 
oéveuse  l>oiité,  ni  ienarmilé  (les  aUpn|ats, 
craiirte  que  iimpunitd  n'eu  provoquât  du  se 
Llubles. 

La  guerre  à  ses  yenx  n'étnit  que  le  fléau  âé 
la  oaLure  hnmaineï  et  cepemiaiit,  lorsque  la-  né"  " 
ccssité  d'une  juste  défi'Uji:  In  forçait  de  preiidi-e 
les  armes,  il  ne  craignait  pas  dVixposeï' sa  per- 
souae  et  de  paraître  à   la  Icti;  des  troupes.    La  .' 
guerre    contre  les  Germains    Toecupa   penda;^ 
prcscfuc  (ont  sou  i  ègno ,  ue  lui  laissanl  tpie  d'as-r   - 
scz  courts  iuterTalli'â  de  repos ,  cur  ics  barbares    . 
4|u'il  avait  à  combattre,  inquiets  par  caractère} 
iiDjiIoi  airut  la  paix  daus  les  reters  ,  et  repr&—     - 
naieiit  les  ai'iai'â  dès  que  le  daugi'i*  nVbiit  plus.  '^. 
Pâodant  huit  biveis  rigooreus  on  vit  Mai^c-Au—     ■ 
rèlc  camper  sur    tes  bords  glacés  du  Danulie. 
w — ' "W fatigues portèreutiufiu  lesdoruîcrs  ceuns  ■:■ 
■■' g^  sa.  coiHpleiioo^ 

fi  seulement  eu  prince  olfie  dans  sa 

conduite  le  modèle  le  plus  parlait  de  la  pbîloso— 
pliie pratique,  inuis,  comme  auteur  d'eu  ouvrage 
très-distiiîjiié  ,  uéjjligé  pour  le  stjle  ,  mais  tissu 
de  maximes  excellentes  ,  respirant  la  morale  la 
pins  pure  ,  il  doit  êCfe  mis  an  nombre  de» 
écrivains  pliilosopliea  les  plus  célèbres.  Cet  ou- 
vrage ,  parvenu  jusqu'à  nous  sous  le  nom  de 
Méditations  de  Marc—Aurèle,  fut  composé  dans 
le  tumulte  des  camps,  et  peut  être  regardé- tonte-  - 
fois  comme  le  code  de  la  philosoplile  Ta  plus  épu- 
rée. Il  est  écrit  en  grec,  et  divisé  eu  douze  livres. 
Od  îguore  si  ce  qui  nous  en  est  parvenu  est  un 
ouvrage  entier ,  ou  si  ce  u'est  qu'un  recueil 
d'extraits  détachés  ;  mais  tout  porte  à  croire  que 
Marc— Aurèlo  la  composé  tel  que  nous  l'avoua.. 

On  pense  bien  qu'un  prince  si  éclairé  ne  pou— . 
.vait  manquer  d  accord*; r -y •■"teclioo  non  seule— 


86  PROBDS. 

norablos  destîiiéps ,  dans  1  aiicieimc  Rome ,  à  r^ 
coiiipciiser  la  valtMir.  LVinporcur  Vaîërien  ,  ea 
lui  aimoiiçaiit  qu  il  lui  confiait  le  coiumaiidempnt 
de  la  troisième  legioa  ,  lui  écrivit  :  «  Mon  cher 
«  ProUis  ,  je  -vous  avance  bien  vite  ;  mais  si  je 
«  compte  vos  seiviccs  ,  la  rëcompense  ne  vient 
«  pour  vous  qu  à  pas  lents.  »  Dans  la  carrière 
des  honneurs  Proi^us  se  montra  constamment 
supéi'ieur  au  grade  quil  occupait.  11  avait  la  ré- 
putation du  plus  vaillant  oiEcier  de  Tarmëe  ro-« 
maiue,  et  il  acquit  même  de  la  gloire  dans  les 
combats  singuliers.  Resté  vainqueur  en  Afrique^ 
d'un  certain  Ai^dion  ,  célèbre  par  un  courage 
ferme  et  opiniâtre  ,  il  lui  éleva  ,  après  l'avoir, 
tué  ,  un  beau  monument ,  et  lK)nora  ainsi  la  va- 
leur de  celui  qu'il  avait  vaincu.  L'Afrique  et  le 
Pont,  le  Rhin,  le  Danube,  le  j\il  et  lEuphrate 
lui  Iburnirent  tour  à  tour  les  occasions  les  plus 
brillantes  de  développer  son  courage  et  ses  talens. 
militaires.  Il  réduisit  en  Afrique  les  Marmarides  » 
qui  occupaient  le  pays  entre  1  Egypte  et  rOrient. 
Appelé  à  Cartbage  par  une  rébellion  ,  il  y  ré- 
tablit Torib^e  et  le  calme.  LV^upereur  AurSlicn  , 
tout  aussi  appréciateur  du  mérite  dv.  Probusque. 
Valérieu  lui-même,  auquel  il  avait  succédé  ,  lui 
confia  le  commandejuent  de  la  plus  vaillante  lé- 
gion de  ses  armées,  et  lui  <5crivit  une  lctti*e  ho- 
norable dont  voici  les  ])r()prcs  expiassions-:  «  Afia 
ce  que  vous  sacbiez ,  lui  dit-il ,  à  quel  point  je 
•c  vous  estime,  recevez  le  commandement  de  la 
'  tt  dixième  légion ,  que  Claude  II  m'avait  donnée  à. 
«  gouverner.  Ce  corps  est  heureux ,  et  il  semble 
u  que  sa  prérogative  singulière  soit  de  naTOÎr 
u  pour  commandaus  que  de  futurs  empereurs.  » 
Ces  dernières  paroles  indiquent  qu'Aurélien  ju— 
g'n\it  Probus  digne  de  l'Empire.  Quoi  qu'il  en 
soit  ,  ce  prince  le  chargea  tie  reconquérir  ITl— 
I^Ypte  sur  It's   liauteuans  de  Zéuobic ,  peudaut. 


PROBCS.  «7 

qii'îl  poussait  lui-même  la  guerre  en  Orient 
contre  cette  reine.  Probus  mmeua  TEgj'pte  à 
Tobeissauce  d'Aurëlien.  Tacite  5^  successèui-  d'Au- 
rëlien  ,  voulant  suppléer  à  son  peu  d'expe'iience 
pour  la  guerre  par  1  habileté  de  ses  généiaux  , 
nomma  Probus  commandant  ^en  chef  de  toutes 
les  troupes  d'Orient  5  il  lui  promit  le  consulat 
e.t  les  couroimes  de  triomphe  :  «  J'ai  été  ciéé 
«  empereur  par  le  Sénat,  lui  écrivit-il  à  cette, 
«f  occasion  ,  et  du  consentement  de  lairate  en- 
ce  tière  ;  mais  sachez  que  c'est  sur  vous  et  sur 
«  vos  talens  que  repose  la  république.  » 

Après  la  mort  violente  et  imprévue  de  cet 
empereur ,  deux  armées  se  disputèrent  l'avan- 
tage de  porter  chacune  son  chef  sur  le  ti^ône  des 
Césars.  L'une,  qui  occupait  1rs  provinces  d'Eu*- 
rope  et  d'Afrique,  proclama  Florianus,  préfet  du 

Îirétpire ,  et  frère  utérin  de  l'empereur.  Mais  les 
égions  de  l'Orient ,  qui  obéissaient  aux  ordiTsde 
Probus  en  Syrie ,  en  Phénicie  ,  en  Palestine  et  en 
Egypte  ,  se  déclarèrent  pour  lu^  et  le  proclamè- 
rent Auguste.  Cette  élection  spoutance  ne  fut  re— 
yétue.d'aucuno  fomie  de  délibération  ;  ejie  se  fit 
tuniultuaii  émeut  à  Antioclie  par  la  soldatesque  5 
tous  s'unirent  et  s  écrièrent  à  l'envi  :  «  Probus 
a  Auguste  5  puissent  les  Dieux  vous  être  pro— 
V  pices !  »  On  s'attioupe  ,  on  élève  un  troue  de 
(;azon  ,  on  y  fait  monter  Probus  ,  on  le  revêt 
d'un  manteau  de  pourpre;  puis  ,  au  milieu  d'ac- 
clamations léitérécs  ,  on  le  reconduit  au  palais 
d'Autioche. 

Pi'obus  ne  se  prêta  qu'avec  répugnance  it  cet 
empressement  des  soldats  pour  son  élévation. 
6oit  qu'il  bésiîiit  de  monter  sur  un  trône  envi- 
ronné de  péi'ils  et  ceint  du  san^  de  tous  ceux 
qui  lavaient  occupé  depuis  pi  es  d'un  siècle, 
»oit  mode  stie  ,  il  cUsait  aux  soldats  :  «  Vous  n'y 
«c  4ivez  point  assez  songé;  vous  ne  vous  tiouyc-«^ 


S8  PKOISUS. 

«  reB  point  Urureiix  sous  mon  empife.  Je  M 
«  5fii8  point  ,  je  ne  \fux  point  tous  flatter,  a 
Loin  de  i  et'lin  cher  In  fH)iii  pi^  «  il  pai'ut  ne  Fao* 
cepterqxinvrc  la  plus  sincère  i^pugnance ;  niab 
quicoucpir  dans  ors  temps  orac^ux  se  voyait  ap<« 
prier  au  trône  «  ^tait  dans  la  nÀrssitë  dVmontêr 
ou  de  Txfrir.  «Je  n'ai  jamais  désire  l*£mpire  ,  ëcriTÎt 
«  IVobus  à  Capiton^  prëtetdu  pitftoirc*  et  je  ne 
«  Tai  reçu  que  malc^i  é  moi  ;  mais  if  nVst  iéjjk 
«  plus  eu  mon  pouvoir  de  me  d<5Hvrer  dHin  éclat 
«  mil  mVxpose  à  Tenvie  ci  à  tant  de  dangers*  » 

Probus  avait  environ  quarante  ans  lorsqn^l  (aC 
cleve'  au  trône  des  Césars  ;  il  jouissait  alors  da 
toute  sa  réputation  ,  de  lamour  des  tix>upes9  et 
de  cette  victicur  desprit  propre  aux  grandes en^ 
tiTpris<^s.  11  sut  pix>f iter  habilement  de  1  avantago 
que  lui  donnait  dans  lopiniou  des  peuples  Tusui^ 
patîon  pr^ipitëe  de»  Florianus  sou  compétitenrb 
qui,  siuis  attendiT  le  consentement  du  Sënat» 
sentait  empare  de  la  couronne*  rix>busse  d^hra 
le  ven(:i;eur  du  Sénat.  Il  avait  li  vaincre  les  légiooi 
invincibles  de  TEurope ,  et  ne  pouvait  leur  op^ 
poser  que  les  troupes  etTeniiniff^s  de  la  Syrie  et 
de  rEpyple.  Sa  fortune  et  sou  activité  surmon* 
tèiHnil  tous  les  obstacles*  Sacrifiant  la  cause  ptt» 
blique  ik  s<'s  intérêts,  son  rival  avait  laissé  ht 
Castes  «  ennenus  naturels  des  Romains  ^  pour 
tua  relier  contre  les  léi;îons  d'Orient*  Pro1>us  vint 
à  sa  ivncontre  ;  mais*  au  lieu  de  liviTr  bataille)  il 
sut  temporiser  t^  pix>pos*  Les  vdtifrans  d'Europe i 
accoutumes  à  des  climats  temp<^i^  »  turent  vt^ 
capables  de  supporter  les  chaleurs  ëtouRaulN  de 
la  Cilicie  ;  aux  maladies  se  joignirent  de  ùé^' 
queutes  désertions  et  une  ddlt'ctton  lente*  Les 
«télilés  de  la  Cilicie  nVtaient  que  faiblement  gar» 
di*s;  Tarse  ouvrit  ses  portes  à  l^robus,  et  les  FPstet' 
alV;ul>lis  des  légions  dXurope  délivrèrent  enfin 
Tétat  des  horreurs  d'une  guerre  civile  i  en  sncii» 


PROBUS-  Bef"- 

rianns ,  qu^elles  méprî^aieïit.  NVyantplus 
irrent,  Probus  eut  recours  à  la  confir-* 
lu  Sénat*  Sa  lettre  respire  les  sentimeus 
riote  romain  ;  elle  était  conçue  en  ces 

tf  Lorsque  vous  ayes  choisi  un  de  tos 
res ,  pères  conscrits  9  pour  succéder  à 
Tcur  Aurélien ,  vous  n'avez  été  détermi- 
e  par  votre  justice  et  par  votre  sagesse  ; 
ius  êtes  les  souverains  légitimes  de  luni-» 
2t  votre  puissance  revivra  dans  votre  po*» 

Plût  aux  dieux  que  Fiorianus  ,  au  lieu 
rrogcr  la  pourpre  conmie  un  héritage 
ilicr  ,  eût  attendu  votre  décision  !  Mais^ 
a  nécessité  de  résister  à  un  usurpateur  » 
;ions  m'ont  déféré  le  nom  d'Auguste  9  et 
ini  Fiorianus  de  sa  témérité.  C'est  à  vous 
r  si  je  suis  digne  de  1  Empire;  je  remets 
2  équité  mes  prétentions  et  mes  services.  » 
•econnaître  que  la  souveraineté  résidait 
lemcnt  dans  le  Sénat.  A  la  lecture  do 
;tre  les  sénateurs  témoignèrent  leur  vive 
ion  de  ce  que  Prol^us  demandait  à  tenir 
î  sceptre  qu'il  possédait  déjà.  Mille  accla- 
,  remplies  de  louanges  et  de  vœux  les 
tteurs  ,  ratifièrent  le  choix  des  armées 
!; ,  et  un  décn  t  passé  d'une  voix  unanimci 
soleuuellcnit^nt  à  Probus  toute  Tautorild 
s  les  attributions  de  la  dignité  impériale, 
malgré  lu  confusion  causée  pai*  tant  de 
meus ,  de  guerres  civiles  5  d  élections  faites 
ruscjncnt  ])ar  les  gardes  prétoriennes  et 
soldats  ,  de  j'ègnes  tyranniqiies ,  on  voyait 

encore  les  nieincs  principes  de  gouvor- 

et  les  mêmes  formes    établies  par  Au-» 
fondateur  de  la  monarchie  des  Césars, 
us  se  fit  une  loi  de  rappeler  ces  pi  écieuses 
s  qui  avaient  limité  l'autorité  par  les  ins- 

:Jv  et  il  les  c tendit  même  en  faveur  du 
r//.  8 


9*  pnoiius. 

t^énnt  9  fiiiquol  il  Uhm  le  gouvernement  civil  i  r 

m*.  ]Vs<>ivunl  fN  liii-inriiir  uwv  U;  coiiiiiiniKlcniri 
iiii]>ioin('  <Un  niii:(MK,  ou  plirtot  riioiiiiMir  dff  sot 
tenir  1rs  m  iiirs  ninnliifs.  Non  Hciilruinit  il  voi 
lut  (|nr  Irs  nin<;ishiils  civils  ,  (Inns  les  proviiin 
i[i)i  élnirnl.  dirit  l<  ntrnl  sous  In  main  (1(*  r(*ni|H 
rriir,  irrtssrnf.  du  Sénat  Iniis  missions  et  Icu: 
))oii\oiiSn  niai.s  il  fif  consarrer  par  des  di^T^ls  cl 
^<Mla(  1(  s  édil.s  <(iii  («inanaifiit  de  son  trône  i  to) 
son  iè|;n('  K'i'oiMiil  à  de  si  hranx  c<Mnun!neeinen 
Le  pK  nii(  r  iLsa^^c  (]ii  il  fil  <ir  son  uiilorilc  l'i 
fjr  (innir  1rs  niriii  Iriris,  d'AnierMii  vt  i\v  Taeitc 
«•t  %\r  par<lonnrr  aux  parlisans  dr^'UoriiMius.  La 
«lan^'iTH  de  I  K'at  ra|>|)«'lrrrnr  (  iisui^f*  dans  l< 
lîai'Us,  (jiii ,  depuis  la  mort  d'Anrc^lien  ^  <^taîej 
inieslees  |)»)r  pitisieiiis  nations  {;erniani((ues 
^'ll<  s  (pie  les  ri<iiii  .;.'ni^;nons  ,  les  Kranes  et  \i 
A'andah  s.  Kesie  v:4iii(|nenr  <lans  nn  p(ran<l  noiiibi 
dceondials,  il  (iia  an\  liarhares  quatre  cent  iiilll 
lioninies,  repiit  sur  enx  sni^nnle-dit  villes  ipu 
usaient  en\aliies  ,  les  eliassa  d(*  tonte  la  riHuIf 
jias.sa  le  llliin  ,  olilij^ea  les  drhris  de  letn 
ainH'es  de  se  K-lirir  au-delà  du  Neeker  et  (1 
l'l*lll>e  ,  inonda  leur  pitys  ,  tendit  aux  hiirban 
rava^CN  poni-  iii\a;;e!i ,  ri  ramassa  nn  aussi  {;iiin 
imtin  (p  e  eelui  qn  ils  avaient  (ait  daiisl<  s  <«Hn|e 
^iiisi  siihjn^i  es  ,  neni'  de  leurs  M»is  vinrent) 
jeté*  «nix  pi<'ds  de  TenipeM  nr  pi.i.r  Ini  deiiinnd( 
l^i-riee  <l  la  paix.  Le  vainqueur  exi^ui  qu'on  11 
remit  exat  tt ment  les  deporilles  et  leR  pi  itioiuiîeJ 
eidi  \es  aux  provinees.  lin  trihiit  eoniiiiilaiil  € 
Lié,  en  tiou)iianx  et  en  elievnnx  ,  Meules  ri 
eliesses  des  l.ai  Imres,  (ut  destiné  h  reiilretini  df 
^uruisons  élahlies  sur  lis  l'rontl^reii  de  l £nipîn 
J'jilin  Pro!:us  oi  donna  aux  («rriiniiiiH  de  11 
fournir  seiv.e  mille  hommes  de  leur  pluH  lirav 
jeunesse  pour  servir  dans  les  ai  niéea  roiuniiin 
il  eut  buùi  loutvlui^  dv  uv  pîw  Iviiii'  iiéunis  d 


Ixiibares,  e(  de  les  distrîbaer  dans  diffiïrens  ct>i-ps  : 

■  U  est  bon,  dît-il  ^  ce  sujet,  cpie  nous  tii'imis 
«  îles  seroUrs  des  bai'bates,  poui'vu  touEefblâ  qae 

■  ce  secours  se  fasse  seiiïïr  et  non  apcreevoir';  ■ 
mnxime  sa{>e  ,  dout  l'oubli  attira  liirit  des  mal" 
lii'Urs  à  l'Empire.  Probiis  ci-ut  le  préserver  des 
incursions  des  Geruiaius  cri  élevant  un  ri?mpart 
'depuis  le  Khiil  jusiju'au  Danube. 

LFi»e  muraille  de  pierre  d'une  gl'andé  ïiàu-^ 
(enr,  fortifiée  par  des  tours  plaiéi-s  îi  des  dis- 
tances coDTciiables  ,  s'étendit  à  Iraveis  desi  col-- , 
Itnes-^  des  vallées  ,  des  mamis  et  des  rivières,  c£ 
>mt  alioutir  aus  bords  du  Rliiii ,  après  ml  circuit 
"de  pr^s  de  cent  lieues.  Cette  bahière  imposarité 
unissait  ainsi  1rs  deux  grands  fleuves,  bonlevârfa 
baturrls  des  providera  de  l'Europe.  Mai»,  depuis 
U  Cbtfle  jusque  la  Graade-Cretagije  ,  t'eip^- 
'ttiOEe  des  siècles  prouve  ronibirn  sont  inutiles 
'  Ot-s  fortifications  étendues  caiilre  im  ruuemi  actif 
*£!  libre  de  vinier  ses  attaques.  Le  sort  qa'é^ 
JirimiTa  le  mur  de  Probns  confimie  robseirn-^ 
lion  générale  ;  il  fut  renversé  par  les  AHemands 
mprès  la  mort  de  ce  prince.  Cependaut  la  Gaulé 
Jîtait  pacifiée  et  la  Germanie  contenue.  De  a 
inrands ,  de  si  rapides  succès,  qui  n'avaient  occuptf 
ft-obus  que  l'espace  d'un  an ,  o'eaorgueillissaieH| 
point  le  raintpx'ur  ;  sOn  langage  ,  dans  sa  lettre 
au  Sénat ,  fut  modeste  et  même  religieuse  :  ■  Jâ 
«  rends  grâces  aus  dieux  immortels ,  dît  Probus , 
«  de  ce  qu'ils  ont  confirmé  par  l'événement ,  Ô- 

*  pères  conscrits  !  le  jugement  favorable  quft' 
«  vous  avez  pirlé  de  moi.  La  Gaule  est  délivrée  f 
B  la  Germanie  soumise;  nous  u''avoDs  biiss^aut 
»  barbares  vaincus  que  le  sol  de  leurs, teires^ 
>  tout  ce  qu'ils  possédaient  nous  appartient.  Les 

■  campagnes  de  la  Gaule  sont  labourées  par  deS' 

•  bœul's  di>  la  Germanie  ;  leurs  troupeaux  ser- 
c  veut  à  notre  uoQi-htui'«j  leurs  ham  mnoA* 


9^  PIU)CU5. 

M  ti'nt  notri;  cavalmc;  ;  nos  grcnicrt  font  plein* 
«  cl«;  li;ur»  lild»;  neuf  rolê  eiifiii  tout  Tenu*  se 
«  proHlf'nurr  h  mffs  pH:Js  ou  plutôt  aux  v6ti«s« 
«  OrdofiiH-z  flofic  iU;  tfoU;nnclifîs  actions  de  gi'flc<»l 
«  a  m  d'u'ux,  Mticv.yt'Z  l'iioniniagc  9  pères  cons- 
tt  ci'iU,  des  couroiim^s  dW  que  les  villes  des 
«  (iaiileg  inVitit  ofTerU'S  en  reconnaissance  de  leur 
41  «{(•lîvianrr,  et  coiuacrca^les  à  Jupiter  et  aux 
«  autrettdif.'ux.  » 

Lanni^c;  suivante  ProLus  ,  consul  peur  Ift 
neeonde  foin,  niarclm  vei'H  IJllyriey  exposée  aux 
inerirsiorm  dvn  Sarniules.  La  ti;rreur  de  Bt:B  armes 
disper-Ha  ces  ImvU'arvH  ^  qui  renli'^rent  dans  leurs 
àéM'vlH,  La  victffire  suivit  Prohus  parl<mt*  Arrivé 
en  Tiiiaee  ,  il  fil  rentrer  ^lans  le  devoir  les  dif- 
ferenfi  prupIrH  de  la  nali«^n  des  Gotijs»  qui  rc- 
clI(Tcli^r('fll  avec  eni|)rrsii<;nH>iit  Fallianac  d*un 
princr  hî  belliqueux.  JVlai.s  le.s  Isaures,  reUtinchés 
<lanH  IcurK  nuHila^ne.s  deTAtiie  mineure  ^  se  mon- 
trèrent plus  opinlalreH.  l'rol>us ,  ayant  pacifié 
rOeeident ,  ne  piepnrail  h  aller  eu  Orient  pour  7. 
faire  reH(u;rl<>r  Kon  nom  et  ses  armes;  il  voulut 
en  TMiHKiint  ou  Houiurllie  ou  détruire  ce  peuple 
i\v.  (M'i(;»ii<lK,  (|ui ,  au  niill«u  de  l'ILuipire  9  en  lira- 
vait  la  (>uiHsan<:r  ;  il  assiii^ea  et  prit  un  grand 
lunnhre  de  leurs  lorter<'8S(s,  nuirelia  ensuite dajis 
la  llau^^-E^y|)^(•,  où  la  réindliou  »  excitée  par 
rusuriiatcur  Firnius,  nVtait  point  rncoi*e  appaî«- 
sée;  il  repoussa  et  Hul)iu«;ua  les  Vlenimys»  qui 
lialûlaienl  le  Iuujj;  du  Nil ,  yiv»  des  eatamctes  1  et 
s<!  rendit  nuiitre  <1<'8  vilirs  de  Cuptos  et  de  Pt»- 
IdnuiÏH.  (if^lte  vieloire  (>ul  d(i  Téelut  et  augmenta 
la  trrreur  (pie  lapprorlie  d(*  Pj'olius  f  à  la  tête 
d'unr  arnu1(*,  avait  dcljà  \v\éo.  parmi  les  Bsrses» 
lirsolii  de  eoujurer  l'ora^r  ,  leur  roi  Vararane 
envoya    des  aud)assad(Mtrs  (|ui  trouv<^rrnt  l'em* 

Ix'iriir  ronuiin  déjiV  ranipc^  sur  les  nioutagnoi  de 
*Ai  mcuict  Jrf  audience  qu'il  leur  donna  renouveh 


PROBUS.  93 

Texemple  de  la  simplicité ,  de  la  frugalité  rigide , 
et  en  même  temps  de  la  fîertë  courageuse  des 
Gurius  et  de^  Fabricius.  Il  nV  eut  point  d'hosti- 
lités ,  et  la  paix  fiit  conclue.  Frobus  ne  renonçait 
pas  néanmoins  au  projet  de  faire  la  guerre  aux 
Perses;  mais  il  la  différait  afin  de  porter  toute 
son  attention  sur  les  barbares  du  Nord ,  qui  me-» 
naçaicnt  de  troubler  de  nouyeau  la  tranquillité 
de  ITEmpire.  Arrivé  en  Thrace ,  il  y  transplanta 
cent  mille  Basternes,  peuple  scyhique.  Cette  po- 
lonie  réussit  5  les  Basternes  s'accoutumèrent  aux 
mœurs  et  aux  lois  romaines,  et  devinrent  des  su— 
jets  fidèles.  Mais  les  Gépides  ,  les  Vandales  et  les 
Francs  ne  se  prêtèrent  pas  avec  la  même  docilité 
à  l'exécution  des  plans  politiques  de  Probus.Toutea 
les  peuplades  de  tant  de  nations  différentes  qu'il 
transplanta  sur  les  terres  de  l'Empire  se  révol** 
tèrent ,  coururent  les  terres  et  les  mers ,  et  exer- 
cèrent la  vigilance  et  l'activité  de  cet  empereur 
guerrier.  Si  sa  sagesse  ne  put  amollir  la  dureté 
des  barbares  et  les  détourner  de  vivre  en  paix 
sur  le  territoire  de  TEnipire  ,  du  moins  la  ter- 
reui'  de  son  nom  les  contint,  et  les  frontières 
furent  respectées. 

Malgré  lactivité  et  la  vigilance  de  Probus,  il 
lui  était  presque  impossible  de  contenir  dans 
roliéissance  toutes  les  parties  de  son  vaste  em— 

f»ire,  et  tant  d'années  diflérentcs  qui  connaissaient 
e  secret  de  faire  et  de  défaire  des  empereurs. 
L'bistoire  nomme  trois  cliefs  de  révolte  ,  ou  trois 
usurpateurs  qui  s'élevèrent  contre  Probus,  mais 
dont  les  entreprises  n'ont  point  de  dates  certaines. 
D'abord  Saturnin  ,  qui  commandait  les  légions 
d'Orient;  mais  les  troupes  fidèles  que  Probus 
avait  en  Asie  combattirent  les  révoltés  ,  tuèrent 
leur  cbef ,  sans  Tordre  et  même  contre  Tintention 
de  Probus.  A  peine  le  calme  fut-il  rétal)li  en 
Oiieut  /-que  la  rébellion  de  Proculus  et  de  Bo-* 


94  moBus. 

110SU8  C'xcifâ  de  nouveaux  ti'ouhles  dans  la  Gaale# 
Ils  l'urcjil  teiTass(?<  [un  et  Tauti^e  ,  et  Probus,  S9 
inoalraiit  i^ciiciHuix,  usa  lie  lu  yictoiise  avec  mo- 
lierafiou. 

Après  de  si  grande  exploits  Tcmpercfiir  se 
Fciidit  à  Ivouie  pour  >  ceif  i)n?r  sa  propre  jiçloîrc 
jmr  ua  [[iouiplie  c[ue  méritait  sa  valeur,  ti'iouipW 
juagnin<jue.  Le  ^x^iple ,  après  avoir  coateinp!é 
les  tro|)hees  d'Aurelieu  ,  contemplait  avec  la 
nicMue  satislactiou  ceux  du  liéros  «pii  lui  amit 
succédé.  (^(»  prince  triompha  eu  même  temps  d(» 
Gcrmaius  et  dc*s  Blemm\s,  uafious  dont  léloi*- 
gueuieat  du  imrd  au  sud  douiiait  une  si  liaute 
itiée  de  la  graad(?ur  rouiaiae.  A  roccasiou  de  ce 
trioui])li(i  Pro!)us  fit  ,  seloa  l'usage  ,  des  lar- 
P'sses  aux  soldats  et  aux  peuples ,  et  doiuia  dés 
jeux  et   dv9  spectacles. 

Aya.'it  ainsi  réfa!)li  le  calme  daus  toute  IVfen- 
î!^\\e  dr   I  IC.upire,  il  se  ])répaiait  h  alier  venger 
s\ir  l(  s  Peisf's  le  désastre  et  la  iioilte  tle  Valérien* 
Il  sf»  (li!M*g<»a  vers  llllyrie  ,  rendez-vous   de   ses 
ajMuéf'S  ,  ou  tout  se  disposait  pour  sa  granule  en-^ 
t reprise.  Là  ,    voulant   niaiufeuir    la    discipline 
avec  autant  de  rip;idité  ([ue  d  exactitude,  il  crut 
jw(fvenir    les  désordres    des    soldats  en  les  em- 
ployant à  des  travaux    utiles.   Wjii  il  leur  avait 
lait    exécuter    eu     K;;vptc     plusieurs    ouvrages 
consiiléi  ai)les  (pii  avaient  contribué  î1  la  splendeur 
et   à  l'avantage»  de  cctîe  t'crlile  conti;ce.  ProLus 
avait  perlée  tiomu?  la  na\  igatiou  du  Nil,  si  impor— 
tanli    poi.r  Home  même.  Des  tenudes  ,  des  ponts, 
des  poFtiiptes  <'t  des- palais  avaie.Ji'.  é'é  construits 
pui"  les  mains  des  soldats  ,  <  eveuuî>  tow  h  touir 
arcliitcctes ,  ingénieurs,  cuiriva  eu:*s.  Guidd  par 
le!$  menues   principes,  il  exerça  daimrd  ses  lé-* 
gions  à  couviir  de  vignes  les  cûtc  aux  ft^rtiles  de  la 
(.iaule  et  de  la  Pannctnic;  il  les  lit  travailler  en- 
suite ù  dcs;>échcr  les  mai'ai*  isitucs  pics  <c  Sir-^ 


I 

PKOBt-S.  ^ 

milita,  sa  patrie-,  pu  crcustinf  nii  canul  qaî  «• 
poi-ti?rait  leâ  eaux  dsus  la  Save.  IMjù  ita  vasi 
terraîu  connu  »ous  le  nom  de    Mont-AIeuo  ,  i 

,  qui  ne  présentait  de  tous  côlés  t[U(-  des  mai  ois  in 
n-cts ,  coninmiçait  Si  se  couvrrtir  eu  de  rïclics  pâ 
turag^s  ;  les  (l("'rîcbemGr>s  avançaient,  et  Probos     ' 

-■û;-iuêine  plaidait  aux  travaux  p^ni1ilr«  des  lé- 
{jAÛiuaireg,  sans  trop  eouâuItcT  la  dispodlion  de» 
esprits;  il  paraît  même  qn'ît  enffanima  psr  ou^ 
ÏDconséqu<>ftc«  le  mécoutentement  des  Irouj>ef. 
l*ltia  occupé  des  ïntéi-éts  àe.  IXuipiiv  q«(?  de  cfîitK 
de  l'armAî ,  ri  tfcitlé  de  Cf  vain  esp<jir  iju'une  paix      I 
perpëtui-Ue  lui  épargnerait  bieuliit  La   iiecesâilé'     ( 
(Tavoîr  toujours  iur  pied  uue  multitude  Af.  luer—     j 
ceuBires  daiigerrus  ,  on  prélpiid  iju'il  eut  l'ini—    | 
prudenc*  de  matiilester   ea  peu&éc  tout  entière.  ^  I 
Cette  ifldiacrètion .  ou  plutôt  ce  vœu  d'une  âme.    \ 
plus  occupa  du  boufa'iir  de  rbumaiiïté  que  des 
intérêts  lin  pouvoir  et  die  sa  gloire  ,  deviut  {ktaT     : 
à  l^b)is>  Daiis  l'un  des  jours  les  plus  ardens  de    J 
1«  eaikttiile,  comtneîl'prpssait  lui-même  Wtra-    j[ 
taux  de  ce  pé.iïlde  dessëchemenl ,  tout  à  coup 
II-;  soldats ,  in  Wis. .  j<  tient  \e\%v=  uviW-, ,  preniit-u[ 
l(-s  armes,  et  se  levoltent.  ï^eurs  ii  îj  KÎdilieux 
annoncent  à  l'empereur  le  danger  qui  Ir  menace; 
il  court  se  réfugier  dans  une  tuur  élevée ,  mobile 
et  garnie  de  Fer,  qu'il  avait  fait  construire  pour 
dïri^r-r  lui— même  ces  ouvj  âges  ;  mais  cette  tour, 
qn  il  dérrnd  tout  seul,  est  f'oiiée,  emportée  d'as- 
Eant .  et  Les  lé^ïoniiaii  es  iurifus  plongent  leur 
épét-  dans  le  *  in  do  l'infortuné  Probos.  La  rage 
du  Tanné'  s'appaî^a  dès  [{u'ellc  eut  clé  assouvie, 
et  lessulilats.OuLliaiit  la  ^étéû'édu  piiiice  qu'ils 
Tenaient  de  niiissacrer,  et  se  repioclianl  cet  at— 
teulat,  se  Iiâièrent  d'clcvfr  h  sa  niémoiie  mi  mo- 
nument durable ,  avec  celle  éiùlapbe  :  «  Ci  gît 
■  l'empereur  Proijiis  ,  dont  la  vie  et  les  manrs 
•  répouiUreut  ù  sou  uom.  Il  subjugua  tous  le» 


94  WIOFrtTS. 

IIh  ïnvi'td  ^TwiHir*  riKi  <■!  raiifi'c  ,  ri  l'rdfai.s 

ilri  iilifiH. 

Ajnr*  «II'  si  .';rjiii(|.i  e^ftloif.s  r<!iîipfrMir 
Winlil  ti  liniiH»  pour  y  ri'lrum' wi  propi'C  j;l 
par  iiii  friiHiiplif  «pif  iiirritail  km  viilnir,  (ridiii 
iiiii{/,iiin/pH'.  \éi'  pr-iiplf  ,  apif'H  av<Hf'  ronfr'ii 
\v!i  IrnpIa'f'H  d'AiM  f'Iifii  ,  i'(»iifrtiiphii(.  avf*< 
tti/^iiic  silfi'tiiM'tioli  mix  (In  lic^ro.s  «pw  lui  a 
fHHTf'dr.  O  iM'iiirc  lii<Hiipiia  m  iiirinr  fciiipM 
GrrniaitiM  ri  (Ick  niriiiiiivs,  ii.ilioits  doiii  I  i • 
uiMMiir'iil  (In  nord  an  hIhI  (l(Mni:uf  nnc  f«i  li 
lili'c  de  la  ç;raiidcnr  roiMiiiiic.  A  rocniHirMi  d 
liifiniplif  Pridais  (il  ,  mcIimi  rnsii;^(*  ,  dcH 
t;f  !;Hrs  iinx  Holdaln  cl  aii\  peuples,  cl  d(Miilii 
jeux    el    d(M  Kpeelnele^. 

Avu'il  aitisi  r(*':i!ili  le  etdni'*  (liiN  t()n((*  IV 
fl(H'   df    I  l!.npir<-,   il   se   pie'p.nirif   à  ii\>.tv   \r\ 
h\M'  Il  '<  IVi'J M  le  dr-.jisli'e  ef.  In  lioïKe  «le  VaU'i 
Il  SI'  iln  i;^ea   v«'rM    rillyrie  ,   rendey.-von.-t    de 
arnu'<-M  ,  ou  loiit  w  disposail  piinr  sa  «grande 
Irep  is".    \.i\    ,     ynnlanl,    inaiid'Miir    la     dîsei| 
avei'  inihiiil  de    ri'.ridil('  (pi(«  d  (  \n«  titndc* ,  il 
pM'M'nie    IcH  d('u>idr'>s    drs    s'd.JaK   vu    [n^ 
pli>\.iiit    II  des   (r:i\iMi\     iitijc;:.     \}ryA  il   lent*  i 
l'ail     4  ^(m'iiUm'     en      lv;vpti*     p!u^i(Mirs     ouvi 
fou  iii'(*i  ;ii)lf's  (pii  ;i\:ii<  ni  etMilriiaKMt  la  spleu 
el    ;i   ra\j|iiliii;e   de   e«  l'e   l'.ilile  eonKre.    Vv 
int):i  jwir<-«  lidiiiic  l:\  iiMN  i;;:ilion  iln  NiL  ni  iiil 
|-.inl>    piMii    Uoni(*  niiMnc.  l)eH  leniiden  ,  des  p( 
de;;  p«M  liipirn  ef  des  palai;4  nyaieii'  «^'i*  riKinl 
pai   Jes  ni:nnM  dr*M  s(ddals  «   i  (  v(*ll^^*  font'   ^ 
aei'hiieeU'N .  iii«;VnienrH  «  enlîivi»  (MI'Mi  ritiidl^ 
le!»  nMMn(*!t   piineipiM  .  Il   e\enM  d  ai  tord  se 
p.itMi'i  n  eon\  i  ir  de  %  i;;nf*K  les  eèti  aux  lVrtili*rt 
(t-nde  v{  de  la  PaipKinie;  il  Ie4  lit  fravaillri 

i-\.Ltc  ù  UvËitclicr  W^  murais  ;»i(uv3  pic;)  ^c 


-  J0illi>,  ia 'Kpbiwi  ^  <a  creoimt  ua  cnnal  qui  pn 
^portepit' ïç>  «R»  ^Ds  Ui  Sare.  Dëjii  uu  vusle 

feindiiooai^.MiM'Ie  nom  de  Moni-^lruo  ,  et  . 
,'aaiiieiH'^Bentaïtde.toiuc6tésm(e(l>?s  marais  in— 
&cb,  conunaiait  à  ae  coarertu'  eu  de  riches  pîi'- 
Inngetj  le» d^jn-iqheineiu  jituiçaieiit,  et  Frubus 
-U-méme  pr^-tçlait  mix  trsraoz  péuiiilp»  des  lé-^_ 
,  giConaires,  bbbs  trop  coôsnlter-  la  (lispobiltou  des 
.esQ^ib;  il  parait  même  çp'it  enflamma  par  Ujh/ 
ïncoDsé^ieBce  le  mëëo.atentement  des  6?oup«i. 
Plus  occupé  des  îutérétAde  l'Empire  q«e  de  cemz 
de  l'armfe ,  et  Satlé  de  ce  Tain  espoir  qu'une  paix 
perpétuelle  Ini  épargnerait  bientôt  la  nÀ;euit^ 
faToîr  toujours  sur  pied  uue  mulâtode  de  niar— 
cenaîres  dan^eu  ,  on  prétend  qu'il  eût  l'im^ 
wudeôce  de  taamfêster  sa  penfi^  tout  enlMre.  ; 
Cette  îndiscrAloQ,  ou  plutôt  ce  voeu  d'une. ftme- 
floï  oGCDjitfe  du  bcmbf ur  de  l'huroamté  que  dea 
intérêts  au  pouTorr  et.de  sa  ^oire  ,  deriot  &taJF  - 
1  Pcobus.  Daus  l'an  des  jours  les  plus  ardéns  de 
l*  canicnle,  comme' il'^reseait  lui-même  Je^tra- 
VBUx  de  ce  péiiilile  dessécliement ,  tout  à  coup 
les  soldats,  irrités,  jettent  leiii's  outils,  preanent 
les  armes,  et  se  révoltent.  Leurs  ci  îj  séditieux 
annonceat  à  l'enipri'ear  le  danger  qui  le  menace  r 
il  court  se  réfugiir  dans  une  tour  élevée ,  mobile 
et  sarnie  de  Fei*,  qu'il  avait  (ait  construire  pour 
diriger  lui- même  ers  ouvjagis;  mais  cette  tour, 
qu'il  défend  tout  seul,  est  foicée,  emportée  d'as- 
saut, et  les  Jégionnaiies  iurieux  plongent  leur 
é^ée  dans  le  si'iu  de  l'iiifoi'tuné  Probns.  La  rage  - 

-  Ai  l'arma-  sappaiia  dèli  (pi'elle  ouf  élé  assouvie, 
et  les  soldats,  ouliliaiit  la  eéyëiï'é  du  piince  qu  ils- 
veuaient  de  massacrer,  ttse  reprocliaut  cet  at- 
tentat .  se  liâtèrent  d'élever  tt  sa  mémoire  un  mo- 
numeitt  durable ,  avec  cette  éiiitajilie  :  «  Ci  gît 
«  l'empereur  Proitus ,  dont  la  vie  et  les  mœurs 
■  répoutUieut  à  sou  nom.  Il  subjugua  tous  les- 


9^  PROBUS. 

«  pouplrs  l)ar1)nrrs ,  et  vaincjuit  tout  les  tyrans 
«  t|ui  s't^lo virent  coiilrr  lui»  » 

Ainsi  m^rit  \v  vortuctix  IVobus  i  au  commeu- 
ccinnit  clii  mois  (I*iioût  do  Tan  2B2 ,  h  TA^JO  do 
cîiKiuaufo  ans  «  ot  anrc^s  avoir  it^gnd  six  ans  et 
({iKMqiif^s  nu>i>.  Il  lut  ain^rf!inc*nt  iTffivttë  du 
^(Mint ,  du  priiplo  roniniii  et  nifuno  drs  narkarr^». 
r|iii ,  8*ils  orai^nniontsa  valeur,  jdvcraieiit  sa  pru* 
Lili^,  sa  rlcinourc  et  sa  juslicot 

Canis ,  sou  Hurn^sftcuis  \^  vrngca ,  soit  par 
y.clc,  soit  par  politiipio  ,  et  il  exerça  contre  ses 
assassins  uuf*  justice  Kevere.  En  secondant  le  vœu 
du  Séiuïi  vl  du  peuple,  il  mit  JVobus  au  raug  dci 
dieuic ,  et  lui  éleva  des  temples.  Mais  avec  Pr<H" 
Inis  expira  Tauforité  du  Sdnat,  qui  sidiît  de  nou* 
V(  au  le  jou^  militaire. 

Probus  eût  (ait  i-evivre  le  regiic  d^AugUile  si 
](>  erinu*  des  soldats  ueût  abrd^é  ses  jours*  Dans 
six  ans  il  é^ida  les  aneiens  héros  de  Rome  1  6t 
rétaldit  Tordre  dans  toute  Té  tendue  de  TEmpira 
romain.  Aussi  (guerrier  (|u*Aur(ilic*n  9  tnaii  plui 
doux  ;  aussi  nuMléré  pctut-Étri^  que  Marc-Aurèle 
maïs  plus  propre  a  la  (guerre  ,  n'employant  le 
anne.s  que  par  nécessité,  ri  respectant  les  Idis  y 
ce  prince,  atliMilif  h  rendre  ses  sujets  beureux  y 
toujours  occu)<é  (\r  ]>rojcts  utiles  ,  faisant  servir 
les  travaux  des  soldats  aux  avajda^es  de  la  paiX| 
releva  dans  un  tr^u<;  fort  court  soixante-^lnL 
villes  ,  fornui  <riial)iles  généraux,  et  répaftditsor 
liojiu;  la  plus  grande  i'élicit<{  dout  un  grand  Emr^ 
pij'C  ait  jamais  joui.  , 


h» 


•  i<«l 


lULEER.  ^ 

JULIEN, 

EMPEREUR    ROMAIN. 


|0LS6  Constance,  frère  de  Constantin  le  GnuKlf 
>at  deux  femmes  ;  Gadla,  qui  lui  donnaOallus  Cësar 
it  Basilina ,  <jui  mourut  peu  de  temps  s^res  a^oir 
lonnë  le  jour  à  Jtdien ,  ainsi  nommé  de  son  grand 
làre  materneL  Ce  prince  >  appelé  danS' quelaueg 
Dscriptions  Julius  Flavius  CUnudàis  .y  naquit  % 
lonstautinople ,  le  6  novembre  33i  $  il  y  fut  élev» 
oiqa'à  la  mort  de  son  oncle  Constantin ,  et  faillite 
«tte  époque  être  compris,  avoc  son  frère  Gai-* 
us  dans  Fhorrible  massacre  de  sa  famille ,  .or-« 
lonné  par  les  fils  de  Constantin ,  massacre  dans 
equel  son  père  et  ses. plus  proches  parens  furent 
nveloppés*  Julien  n^avait  que  six  ans  lorsqu'il 
ichappa  à  la  perfidie  des'  ministres  de  Constance^ 
ils  et  successeur  de  Constantin  ,  et  à  la  yio^ 
enoe  des  soldats.  Il  assura  lui-même  depuis  que 
es  premiers  ordres  de  Constance  port^^t  qu'oA 
e  massacrerait  avec  son  père,  deux  de  ses  oncles 
t  sept  de  ses  cousins;  mais  que  Fempereur ,  son- 
geant qu'il  n'avait  rien  à  craindi^e  d'un  enfant,  se 
ioatenta  de  l'exiler..  Difierentes  villes  de  la  Bi— 
bynie  furent  suoccssivemeut  choisies  pour  le  lien 
le  la  résÀàgxce  de  Gallus  et  de  Julien  pendant  le 
emps  de  Riir  première  éducation;  mais  lorsqoe 
lar  leur  âge  ils  parurcut  susceptibles  d'éveiflei) 
es  soupçons  de  Tempereur,  on  les  tranféra  dans  la 
[brteresse  de  Macellum,  ])rèsde  la  ville  de  Césarée» 
Cette  prison  était  ttu  ancien  palais,  autrefois  la  ré* 
Tonic  IL  9 


98  IULIEN.. 

8idenc<ï  des  rois  <1e  Cnppaclocc.  Là  Ensè 
Nicomëdie ,  charge  de  reducation  des  deox  j 
prinœs,  leur  ^oima  d\;xc<?llr;iis  maîtres  po 
iiisliniirc  dans  toutes  les  sciences ,  notaniineiil 
donius,  c|iii  l(;ur  inspira  de  lu  gravité ,  de  1e 
destie  et  du  iiic^pris  pour  les  plaisirs  et  p 
YolupU^.  Si  ri<:ii  n'dtiiit  udgiigc  pour  leur  ù 
l'esprit  et  le  cœur  ,  d^un  auti*e  cote,  entourd 
deux  d^îspious  et  de  gardés ,  ils  n  avaient  lu 
luissionde  voir  personne^  ils  passèrent  six  an 


le  elei^d>  niais  avec  des  dis]M)8itions  bien 
rentes  sur  ia  religion.  Gallus  montrait  bea 
de  piëtë;  mais  Julien  nourrissait  en  secr 
•orto  ;  de  penchant  irrésistible  -pour  le 
nisnie.  C'est  à  «es  premières  annécfk ,  < 
lesquelles  il  fijt  abandonné  à  ia  surveillani 
(jniefte  des  assassins  de  sa  famille ,  qu'il  fau 
remonter  les  causes  qui  déterminèrent  depv 
apostasie  ou  son  changeinen t  de  religion  ^  cîi 
tance  délicate  qui  altéra  sa  i*éputation  et 
sa  gloire.  Les  noms  de  Christ  et  dé  GitlM 
de  religion  chrétienne  et  d'esclavage  9  s'aMo< 
'alors  daUH  son  inraginntion,su8oeptiblc  des  îii 
'fions  les f  lus  \iy v.ti  et  les  plus  durables» 

CepemiHut  des  embarras  imprévus  aya 
sentir  la  nécessité  de  donuer  de  nouveaux 
à  1  Ktat  et  au  trône ,  l'Empereur,  ou  plututl 
ni  sires,  rev^^h'rent  Gui  lus  du  titre  de  César  i 
yingt-eînquième  année  de  soirûgo  ;  de  ib' 
ii  pAssa  sur  les  (i(>gré.s  du  ii'one  d^Boiis 
D^iis  CM  changement  do.  fot*tune  le  nraveai] 
'n'ônhiia  pas  bon  fi^re  Julien;  il  obtint  pi 
'leti'lionnenrs  (his  Ti  son  nmg,  ra|pf)>Rrence 
Jiitei  h:  ri  la  rcslilntion  i\v  son  patrnnoine. 
'  pcj'cur  cousculil  mgjnc  que  Julien  quillAt  1 


'  JULIEN.  99 

Macellnm  pour  venir  continner  8C$  çtu4c8 
ïiUîtiople.  Le  jeune  pi  lace  y  gagua  ,  par 
uite  et  par  sa  modestie  /l.afiectioa  des 
}  de  eettc  capitale  de  rEiupire. 
quoi(|u*îI  frécjii entât  les  écoles  comme  un 
»ai'ticulier  et  sans  aucune  distinction ,  Teiu*^ 
,  jaloux  des  sentinicus  qu'il  înspiraTt ,  lui 
i  de  se  rendre  à  Nicomëdie.  Dajis  rintci;"* 
n  frèie  Gallus  provoqua  par  ses  imprû-» 
?t  par  ses  cruautés  laliauie  et  la  vcngeauce 
)ercùr,  et  subit  inie  sentence  de  mort.  Ju«* 
k  la  veille  d'éli'e  enveloppé  dans  cette 
disgrâce  ;  on  Taccusa  injustement  d  avoir 
les  desseins  anibitûux  de  son  frère ,  et 
r  lui-même  h  iâ  puissance  souyeraiuek  De 


ignonununix  pareil  a  celui  qu 
Eîsquc  tous  1rs  jours  aux  amis  et  aux  adlic— 
sa  famille.  Ses  rrgards,  ses  gesits  et  jus- 
i  silence  ,  tout  était  cxaiuiné,  interpiclé 
eil  iucpiiet  de  la  plus  sévère- inquisition.. 
;6le  de  Tadversifé  le  jeune.  Julien  avait 
Le  la  IV'rmclé  <  t  de  la  prudence  5  il  sut  r(»n- 
son  resscntiiuiMit  et  sa  douleur,  mais  sans 
iJer  jus([uà  llatfcr  le  tyran  meui'ti  k'r  do 
V»  Il  aurait  ]Kirlagé  le*  sor,t  dumaliirurcux 
sans  la  ferme  et  ij|,éiiéreuse  bieiivc  illauco 
^ératjice  Eetsel)ia ,  é])ouse  de  Constance, 
4;  aussi  distinguéiî  par  son  méi  ile  qne  par 
fé  ;  ee  fui  par  S(m  iut(  jcession  qiui  IVm- 
;ouseiitit  à  voir  Julie  u.  qui  plaida  sa  cause 
f»  n«)])le  assui  anee,  .saiïs  juslilier  par  crainte 

llalterle  la  so\eritc  delVmpcxHur  (Mivera 
c,  ni  sans  Tiii  iter  eu  se  plaii;nant  du  traite- 
ijuste   qu'il    venait    dVssuyer.    Coustauce 

favoruilcmcut ,  et  lui  promit  uuc  seconde 


y* 


Ï06  JI1.1CN. 

hQdi«fice  ;  mais  elle  fut  ëcarUSe  fêt  le  grand  eh 
brllaii  9  qui  commençait  h  ci  aiodro  que  Julie 
itai^uAt  In  fnvriir  et  la  coiiliaiice  de  son  ina 
Tout(*foi8  rindulgcuce  d*£u8ebia  prévalut  dai 
tonseil  f  et  Constance  f  convaincu  de  Tiiuioc 
de  Julien,  lui  aMiî(;nA  la  ville  d^Atb^iies  pour  le 
Ile  son  enih  Ia*.  prince  oli^it  avec  joie  et  m 
ârec  entiiousiasme  &  un  oi*drc  si  conforme  i 
Slésirs  ,  car  (1^s  sa  plus  tendre  eiibnee  il  i 
montri!  un  goût  iéclaâ  pour  la  langue ,  les  ma 
les  seiences  et  la  reliciou  des  Grecs.  Julien  ai 
h  AttuMies  vers  le  milieu  de  Tannée  3S5;  il  i 
alors  vingt<-quAtre  ans.  Là,  éloigne  du  tnn 
des  armes  et  de  la  pef fidic  des  coiirs  »  il  li 
iétudia  les  auteurs  profanes  et  les  livres  de  lï 
pare  àainte  ;  il  puisa  six  mois  au  milieu  dee  boc 
ilc  rAoadéniie  et  dans  la  conversation  flunilièn 

Ïhilosoplies ,  et  surtout  de  Maiime  »  nu^pnel  U 
icha ,  et  qiiî ,  ditron ,  flat|^it  son  ambition  fl 
pronii*flDnt  l*Empire*  Non  seulement  les  pUI 
phes  d'AUl^ues  trfivailMrent  )k  cultiver  son  g4 
ttiais  ils  excSt^renl  le  xèle  de  leur  auguale  4 
]pottr  \v.9  vaines  illusions  du  paganisme.  Seadi 
Btlions  pour  les  dî^ux  de  la  Grèce  et  de  Bm 
'décelèrent  dès  cette  épouue)  un  dévot  et  âbk 
^ttadienieht  pour  ces  divinités  ikbule'uses'fcr 
déji^  la  passion  dominante  de  Julien*  Elevé  * 
l'Asie  nuiieureau  milieu  desscandalenaeaqnen 
de  rAriaiiisine ,  son  esprit  s'était  armé  de  défi 
contre  une  nïlision  dont  les  firettvesluisôoaUi 
obscurcies  jmr  les  disputes  violentes  des  évéïg 
pftr  les  variations  continuifUes  de  leurs  tjuAl 
et  par  des  motifs  profanes*  Daillenra  les 
j>1iist<*8,  que  son  Qoûtet  sa  liMralité  atCraica 
loule  auprès  de  lui,  avaient  établi  une  allinnca 

T;6uréu8e  entre  la  litrératuro  et  U  relimea 
jH'CS,  et  au  Hru  d'admin^  les  poésies  dllon 
couu^c  les  productions  originales  dn  génie  i 


JULIEN.  loi 

liomme)  iisleé  attribuaient  sërieUBement  aux  in»* 

Skirations  célestes  d'Apollon  et  des  muses.  Toute* 
bis  l'apostasie  de  Julien  rpjta  couvert»  encore 
d*un  Toile  mystérieux;  il  crut  devoir  à  sa  sûreté 
de  dissimuler  ses  opinions  relifl;!euses ,  et  les  prin-' 
cipes  accommodai»  du  polythéisme  lui  permirent 
de  prendre  part  ou  culte  public  des  chrétiens,  qu'il 
nWoptait  pas.  Sa  dissimulation  dura  dix  ans ,  de-* 
fiuis  son  initiation  secrite  à  Ephèse  jusqu'à  l'épo-« 
tpie  de  la  guerre  civile* 

Taudisjcrué  ce  prince  donnait  tout  son  temps 
à  rinstroction  et  a  l'étude  dans  la  ville  la  plus 
éclairée  et  Ifi.  plus  poUe  de  la  Oi4ce ,  l'imfiéi'atrice 
Cuaebia,  sabienfidtriee^  n'oubliait  pas  lis  soin  de 
la  fortune*  Après  de  longs  et  secrets  efforts,  son 
ascendant  remporta  auprès  de  l'empereur  sur 
l'opposition  des  favoris ,  et  il  fut  décidé  que  Julien 
naît ,  avec  le  titre  de  César ,  gouverner  les  peu— 
plea  de  la  Gaule,  dès  qu'on  aurait  célébré  son 
mariage  avec  la  princesse  Hélène ,  sœur  de  Gons-> 
lance. 

Julien  témoigna  des  regrets  et  une  douleur  sin- 
cère quand  on  l'arracha  oc  sa  retraite  chérie  pour 
lui  ouvrir  la  carrière  des  honneui^ ,  soit  qif  il  pré- 
férât la  vie  privée  et  1  étude,  soit  qu'if  craignît 
*  d^éprouver  le  sort  de  son  frère.  Arrivé  à  Milau,  il 
fut  reçu  avec  iiiagoificence  par  ordrn  de  l'impé- 
ratrice» Jeune  et  plein  de  candeur,  il  ne  put  cacher 
son  indignation  quand  il  reçut  les  respects  p(;rfides 
et  ser viles  des  assassins  de  sa  famille;  il  craignait 

Çyur  sa  vie ,  pour  sa  gloire ,  et  même  pour  sa  vertu, 
oute  sa  confiance  résidait  cUtiis  la  persuasion  que 
Minerve  elle-même  (h'rigeait  sans  cesse  sa  con- 
duite. L'impératrice  s'elforça',  par  les  caresses  les 
plus  affectueuses ,  de  calmer  ses  craintes  <*t  de  le 
réeoncilier  avec  sa  foi'tuiie.  Le  premi(;r  sacrifice 
qu'il  fit  à  la  grandeur  fut  de  raser  sii  Longue  barbé 
et  de  troquer  le  manteau  d'un  pliilosophe  gi'eç 


io4  JUUER. 

une  dépêche  prcMëf! ,  loit  poor  Tinter  «ne  ronde 

•oit  pour  nuSnager  un  moment  k  tes  études  fiiTO 

ritef. 

I)îf?ntot ,  jiar  la  TÎgufiur  de  son  propre  génie 

Cl'espénnncc  et  par  les  safl«ïs  conseils  de  Sal 
»9  officû^r  An  mérite  distitif;ué  9  il  acqai 
non  ëcuïr.nu'.ni  la  théorie ,  mais  la  soîsnce  prati 
que  df:  In  f;af;rre.  Toutefois  sa  pr^'mi^e  eam 

rfçru;  rw!  fut  puK  (ieurf?usc  ;  eu  marrhant  du  Rlit 
ia  pouf'hiiiti:  de»  Alkmauds  il  perdit  deux  M 
i;ionri.  Mulfi  uoo  MTondc;  action  t établit  et  assnr 
Mit  f  ciniihilion  niiliLairt:;  il  repoussa  les  barbares 
^m  etaif;iit  vr-riu  IVrivironner et  Fassî^er  dans  u 
«{Ufirtiors  d'hiver  à  Sens. 

])<rM  loij vr;rlurr:  de  la  campagne  suivante  Jn 
liffii  lui-fii£me ,  û  la  fête  d#*s  vdférans ,  pëuéti 
«laiis  li'M  caiitonnemfriB  dfs  C>i;riuaitis  y  rétaUil  11 
aurirmies  forlificafioris  de  Saverne^et  seagync 
|M*rsonne,  au  fiioJH  d'août ,  coritn;  Cbuodomar  < 
ail  autrc^s  roi»  gf^rmaiiiSy  la  niémorabl#  baisfll 
d*Arg(rntoratiiiii  ou  df*  Strasbourg*  Six.  mille  bai 
bures  y  penlirmil  la  vie,  sans  compter  cevx  qi 
iunrnt  fio^i^.fdnfiH  lclUiiii,etQiuodomttr  fnteuCovu 
fi  prÎH.  I^f  ji:ijfir:  (léaur  fit  un  rirspectueux  liom 
ina^f:  a  \'t'ut\uTt:ur  tU;  cf:  troplii^e  tle  la  victoire* 

À]nf-n  la  i)afiiill<?  hon  Sf)ldatH  If  saluèn'ut  du  titi 
é' jétiffu.stf:  ;  mais  il  Ir  me  fa  uvfc  ifidignation ,  di 
saut  ([Uf  lii  vi(:loirf:<^taJl(iiif:  principalement  à  Cou 
tance ,  et  (ju'f:lle  avuil  éié  rcuiportée  sous  ses  nui 

Juli/m  luî-iuéme  fiarle  de  cette  journée  célèbi 
coinnif:  de  l'éfio^pu?  df*  fancienne  liberté  rendi 
iàijk  (;aiilcN.  Il  trtmnytx  immédiatement  de  rétabli 
i'antifpjfr  dis4:ipliri«s  dans  touLf;i»a  vigueur,  eu  ei 

Î)Ohanf.  auK  rife<;(;sdu  i:anip,«t  habillés  en  femme 
f:>  ('ijytif-flH  fjiii  avaient  compromis  un  moment] 
feuhjf.  fif;  la  r  niée* 

Lf-D  r'ranctf  i'uient  subjuguifs  la  campagne  sui 


JULIEN.  lo5 

irantoy  et  le  jeune  Gësar  étendit  sagement  ses  lé- 
gions depuis  Cologne  jusqu'à  l'Océan,  et,  parla 
terreur  autant  crue  par  le  succès  de  ses  armes ,  il 
réduisit  bientôt  les  tribus  germaniques  à  implorer 
la  clémence  et  à  subir  la  loi  du  yainqueur.  Ma» 
ce  n^était  pas  assez  pour  le  jeune  César  d'avoir 
chassé  des  Gaules  les  barbares;  il  aspirait  à  égaler 
la  gloire  du  premier  et  du  plusillusàre  des  Césars^ 
Ik  son  exempte,  il  composa  des  Commentaires  de  la 
guerre  des  Gaules*  Il  fit  au-delà  du  Rhin  trois 
expéditions  brillantes»  à  la  suite  desquelles  il  dicta 
les  conditions  de  la  paix  à  plusieurs  rois  de  la  Ger^ 
manie.  Plus  heureux  que  César,  il  conserva  et 
répara  la  Gaule  plus  qu  il  ne  la  conquit.  Aussitôt 
oue  par  sa  valeur  il  se  fut  assuré  d'un  intervalle 
Je  paix ,  il  occupa  ses  loisirs  à  relever  les  villea 
dévastées  par  les  barbares;  sept  postes  entre  Mets 
et  l'embouchure  du  Rhin  furent  reconstruits  et 
fortifiés»  La  culture  ayant  été  interrompue  par 
les  calamité  de  la  guerre ,  Julien  suppléa  par 
ses  soins  paternels  à  la  disette  ,  en  faisant  venir 
de  la  Grande-Bretagne  six  cents  barques  chargées 
de  grains» 

Son  administration  tendait  à  assurer  aux  peuples 
le  bonheur  et  la  paix.  Il  s^occupait  dans  ses  quar- 
tiers d'hiver  du  gouvernement  civil ,  et  i^mblait 
préférer  aux  fonctions  de  général  celles  de  magis- 
trat. Il  examinait  soigneusement  toutes  les  procé- 
dures ,  et  adoucissait  la  rigueur  des  lois.  Il  léprima 
un  jour,  par  une  réponse  pleine  de  dignité  et  de 
sagesse ,  le  zèle  indiscret  d'un  avocat  qui ,  sans 
preuves ,  accusait  de  concussion  le  président  de  la 
Gaule  Narbonnaise.  «  S'il  ne  faut  que  nier  ,  s'é- 
•c  criait  l'iionime  dubarreau,qui  jamais  sera  trouvé 
I  coupable  ?  —  Et  s'il  suffit  d'affirmer  ,  s'écria 
■  Julien ,  qui  jamais  sera  déclaré  innocent  ?  » 

Son  influence  salutaire  se  fit  sentir  particulière- 
ment au  sein  des  villes  de  la  Gaule  accablées  de- 


96  PROBUS. 

«  peuples  harhArcs ,  et  vainquit  tooi  les  tyrans 
t(  (|iii  sVlo^roiit  coiiLre  lui.  » 

Ainsi  pdrit  \v  vertueux  IVobus  1  au  commen- 
ccinent  du  mois  cl^août  de  Tau  28a ,  à  Tugc  de 
cin(iuautc  ans  ^  et  après  avoir  lëgnd  six.  ans  et 
(pie)quf*s  nioi.^.  Il  lut  amèrement  resrcite'  du 
^*ennt ,  du  peuple  romain  et  même  des  narbares^ 
qui ,  s^ils  craignaient  sa  valeur ,  lévéraieut  sa  pro» 
hUé,  sa  clemoHce  et  sa  justice* 

Carus ,  son  successeur  9  le  vengea  >  soit  par 
zèlC)  soit  par  politicpie  ,  et  il  exerça  contre  ses 
assassins  uuf*  justice  sévère.  En  secondant  le  vœu 
du  8dnat  et  du  i)euple,  il  mit  Probus  au  rang  dct 
dieux ,  et  lui  éleva  des  temples.  Mais  avec  jPro* 
Lus  expira  l*aufori((^  du  Sénat,  qui  subit  de  nou* 
V(  au  le  jon{^  niililaire. 

i^robus  eût  fait  revivre  le  règne  d^Auguste  fti 
le  erimt*  des  soldats  uVût  abrd^é  ses  joui*s«  Dans 
six  ans  il  e^alu  les  anciens  héros  de  Rome  >  ti 
rcta1)lit  Tordre  dans  toute  Vétenduc  de  TEmpire 
romain.  Aussi  guerrier  qu'Aurélien  ,  mais  plus 
doux  ;  aussi  modéré  peut-être  que  Marc-Aurele». 
maïs  plus  propre  à  la  guerre  ,  n'employant  Ici 
armes  «pie  par  iiéeessilé  ,  et  respectant  les  lois  f 
ee  prince,  utlentif  à  rendre  ses  sujets  heureux  > 
(niijouis  oecu]  é  de  projets  utiles  ,  faisant  servir 
les  lra>aux  des  soldats  aux  avantages  de  la  paiS| 
releva  dans  un  jr<riie  fort  court  soixantc-Klix 
villes  ,  f(»rma  d1ial>iles  généraux,  et  répaildSt  sur 
Bonn*  la  plus  {grande  i'clicité  dont  un  graudEia-*^ 
pire  ait  jamais  joui. 


njixBs.  ^ 

JULIEN, 

EMPEREUR    ROMAIN. 


J0LS6  Constance,  frère  de  Constantin  le  Graoclf 
eut  deux  femmes  ;  Galla,  qui  lui  donnaGallus  Cësar 
et  Basilioa  y  <jui  mourut  peu  de  temps  s^res  a^oir 
donné  le  jour  à  Jtdien ,  ainsi  nommé  de  son  grand 
pare  matemeL  Ce  prince ,  appelé  dans'  queLnieg 
inscriptions  Julius  JFÏavius  CUaufius  ^  naquit  ^ 
Constantinople ,  le  6  novembre  33i  ;  il  y.  fut  életé 
jusqu'à  la  mort  de  son  oncle  Constantin ,  et  faillite 
cette  époque  être  compria  avoc  son  frère  Gal-^ 
lus  dans  Fhorrible  massficre  de  sa  famille ,  .or** 
donné  par  les  fils  de  Constantin ,  massacre  dans 
lequel  son  père  et  ses. plus  proches  parens  furent 
enveloppés*  Julien  n^ayait  que  six  ans  lorsqu'il 
échappa  à  la  perfidie  des'  ministres  de  Constance^ 
fils  et  successeur  de  Constantin  ,  et  à  la  yio^ 
lence  des  soldats.  Il  assura  lui-même  depuis  que 
lés  premiers  ordres  de  Constance  port^^t  qu'on 
le  massacrerait  avec  son  père,  deux  de  ses  oncles 
et  sept  de  ses  cousins;  mais  que  Fempereur ,  son- 
geant qu'il  n'avait  rien  à  craindi^e  d'un  enfant,  se 
contenta  de  l'exiler.*  DiiTérentes  villes  de  la  Bi— 
^ynie  furent  successivement  choisies  pour  le  lieu 
de  la  rési^Muce  de  Gallus  et  de  Julien  pendant  le 
temps  de  Kiir  première  éducation;  mais  lorsqoe 
par  leur  âge  ils  parurent  susceptibles  d'éveiller, 
les  soupçons  de  l'empereur,  on  les  tranféra  dans  la 
forteresse  de  Macellum,  près  de  la  ville  de  Césarée» 
Cette  prison  était  un  ancien  palais,  autrefois  la  ré* 
Tome  IL  9 


98  JULIEN.. 

sidence  des  rois  de    Cappadoce.  Là  Ensèl 

Nicoinëdîe ,  charge  de  réducatîon  des  den  y 

princes  y  leur  4onna  dWcelleus  maîtres  poi 

instruire  daus  toutes  les  sciences ,  notaïunieut 

donius,  qui  leur  inspira  de  la  gravité ,  de  la 

destie  et  du  mcpris  pour  les  plaisirs  et  po 

Yolupté.  Si  rien  n*dtiit  néglige  pour  leur  £0 

Tesprit  et  le  cœur  ,  d'un  auti^  coté^  entowés 

deux  d*espions  et  de  garnies  9  ils  n  avaient  la 

mission  de  voir  personne  >  ils  passèrent  six  ans 

relégués.  Elevés- dans  les  principes  de  la  rel 

catholique  j.  déclarée  relicion  de  l*État  par  ( 

tantin ,  ib  firent  même  l'office  de  lecteurs 

le  clergé  >  mais  avec  des  dispositions  bien  < 

rentes  sur  la  religion.  Gallus  montrait  beai 

de  piété  ;  mais  Julien  nourrissait  en  secre 

aorte   de  penchant  irrésistible  -pour    le  1 

liisme«    C'est  à  ^  ses  premières  annécfis  ,    a 

lesquelles  il  fut  abandonné  à  la  surveillanc 

^ièle  des  assassins  de  sa  famille ,  qu'il  faut 

remonter  les  causes  qui  déterminèrent  depni 

apostasie  ou  son  changement  de  religion,  cir 

tance  délicate  qui  altéra  sa  réputation  et  i 

sa  gloire.  Les  noms  de  Glirist  et  de  GonsI 

de  religion  chrétienne  et  d'esclavace,  s^associ 

alors  dans  son  innigination^susceptible  ées  îni 

■vions  les  jplus  vive&  et  les  plus  durables* 

Copenclant  des  embarras  imprévus  ayai 

"isentir  la  nécessité  de  donner  de  nouveaux  c 

à  1  Etat  et  au  trône ,  l'Empereur,  ou  plutôt» 

nistres,  revêtirent  Gallus  du  titre  de  César  d 

'vingt^cinquiome  année  dv.  sou*  âge  ;  de  sa  ] 

il  |â^sa  sur  les  degrés  du  trône  d^Bonst 

IMns  ce  changement  de  fortune  le  nraveau 

•n'buhlia  pas  6ou  frerc  Julien  ;  il  obtint  po 

'leâ* honneurs  dus  h  son  rang,  Ta^uirence 

lîiierté  et  la  restiUition  de  son  pati^nnoine*  ] 

'  pcrcur  cooscutit  mcm^'  que  Julien  quittât  h 


'  JUUEN.  99 

?au  de  Macellnm  pour  veiùr  continuer  sc$  étudies 
Coustautinoplc.  Le  jeuuc  piiuce  y  gagna ,  par 
1  couduite  et  par  sa  modestie  >  *  l'attectioa  des 
labitaiis  de  cette  capitale  de  FEnipire. 

Mais  quoiqu^ii  fréquentât  les  écoles  comme  un 
impie  paiticuUer  et  sans  aucune  distinction ,  l'em— 
ereur  5  jaloux  des  sentiineuç  qu.il  inspirait,  lui 
rdonna  de  se  rendre  à  Nicomçdie*  Dajis  rinteç-r 
aile  son  Frère  Gai  lus  provoqiia  par  ses  imprii-* 
ièuces  et  par  ses  cruautés  laliaine  et  là  yengeauce 
h  l'empereur,  et  subît  une  sentence  de  mort.  Jui^ 
ien  fut  à  la  yeille  d'éti*e  enveloppé  dans  cette 
erriLle  disgi'âce  ;  on  Taccusa  injustement  d'avoir 
lartagé  les  desseins  ambitieux  de  son  frère  j,  et 
l'aspirer  lui-même  à  là  puissance  souveraine*  De 
a   rcti'aîtc  de  l'Iomeon  le  ti^ans.fe'a  sous  une 


;eait  presque  tous  les  jeiurs  aux  amis  et  auxacUié- 
ens  de  sa  famille.  Ses  n^gards ,  ses  geslts  et  jns- 
[ii"à  son  silence  ,  tout  était  examiné,  interprété 
ivec  l'œil  inquiet  de  la  plus  sévère  :inqnisitioiu. 
A  Fécdle  de  Tadversîté  le  jeune.  Julien  avait 
icquîs  de  la  icrmeté  et  de  la  prudence  ;  il  sut  ren- 
ènrier  son  ressentiment  et  su  doideur ,  mais  sans 
€  dégrader  juscju  à  llattor  le*  tyran  meui  trier  de 
on  fière.  Ilaurait  partagé  1(^  sor.t  dninallienreux 
}allus  sans  la  IVrnie  et  généiense  bit  intiilance 
le  riinpératrice  Euse])ia ,  épouse  de  Constance , 
)rinciLSS4*  aussi  distinguée  par  son  inéi  ile  qu(»  par 
A  Ix-auf^  ;  ce  fut  par  son  int(  icession  que  rem- 
leieur  consentit  à  voir  Julii  n ,  qui  plaida  sa  cause 
ivec  une  noble  assuiance,  sans  justifier  par  crainte 
)u  j)ar  flatterie  la  sévérité  de l'empert ur  envers 
;oii  fièrcj  nisanslin  ilej-  (Mise  plaii;nant  du  traite- 
lient  injuste  qu'il  venait  dVssnyer.  Constaîice 
i'écuuta  favoral^lcmcul  ?  et  lui  i)roiuit  uuc  seconde 

9* 


to4  JUUXR. 

une  éipèAe^rtmêe,  aoit peur TiBitejrwM goafc> 
•oit  pour  méuiger  «n  momeBl à  aes  <tadcifcf^ 

rites. 

Bientôt ,  par  la  ^îgaenr  de  woa  propre  gMe» 

Crexpéricnce  et  par  les  sages  conaeila  de  Sa^ 
cr,  officier  An  mérite  distingué)  il  acqoil 
non  seulement  la  théorie ,  mais  la  s^pnoe  pntt- 
que  de  la  guerre.  Toutefois  sa  {nremière  €•»- 
pagne  ne  fîit  pas  heureuse  ;  en  marchant  du  Bbia 
3k  la  poursuite  des  Allemands  il  perdit  deux  ié* 
liions.  Mais  une  seconde  action  réiahlit  et  asann 
sa  réputation  militaire;  il  repoussa  les  Inurlwm» 
qui  etaieut  venu  leuTironner  et  1  assii^^  dansaca 
quartiers  d'hirer  à  Sens* 

D^s  louvcrture  de  la  campagne  snituile  Jv- 
lieu  lui-même  «  à  la  tête  des  Tétérans,  pégAra 
dans  les  cantonnemens  des  Germains ,  rétulillet 
anciennes  fortifications  de  SaTeme^et  ngnacs 
personne,  au  mois daoût^  contre  QiuoooMarel 
six  autres  rois  germains,  la  mémorahle 
d^Argentoratuni  ou  de  Strasbourg.  Six 
bores  j  perdirent  la  Tie ,  sans  compter  ee«z  qui 
lurent  no\  es  dans  le  Rb  tn^et  Chuodomar  fut  entouré 
et  pris*  ïie  jeune  César  fit  un  respectueux  hom* 
mage  à  l'empereur  de  ce  trophée  ae  la  rictoire» 

Après  la  bataille  ses  soldats  le  saluèrent  du  titre 
À'jétêfu.Kte  ;  mais  il  le  rejeta  avec  indignation  •  di^ 
saut  que  la  victoire  était  due  principalement  à  Coifa^ 
tance  ^  et  qu  elle  avait  été  remportée  soîis  let «us- 
piecs. 

Julien  lui-même  parle  de  cette  journée  célMhre 
couiuie  de  l'énoque  de  lancieime  liberté  rendue 
aux  Gaules.  11  essaya  immédiatement  de  rétablir 
Tantique  discipline  dans  toute  sa  yieueur ,  en  ex- 
[>osaiiht  aux  risées  du  camp,  et  habillés  en  firaunea» 
es  t^iyai'ds  qui  avaient  compromis  un  moment  le 
salut  dv  lannée. 

Les  Francs  fuient  subjugués  la  campagiie  sui- 


i: 


JUUEI?.  ïo5 

TUitOy  et  le  jeune  Cësar  étendit  sagement  ses  lé- 
gions depuis  Cologne  jusqu'à  l'Océan,  et,  parla 
terreur  autant  que  par  le  succès  de  ses  armes ,  il 
réduisit  bientôt  les  tribus  germaniques  à  implorer 
la  démence  et  à  subir  la  loi  du  vainqueur.  Mais 
ce  n*était  pas  assez  pour  le  jeune  César  d'avoir 
chassé  des  Giàules  les  barbares;  il  aspirait  à  égaler 
la  gloire  du  premier  et  du  plus  illustre  des  Césars^ 
à  son  exemple,  il  composa  des  Commentaires  de  la 
guerre  des  Gaules,  il  fit  au-delà  du  Rhin  trois 
expéditions  brillantes,  à  la  suite  desquelles  il  dicta 
les  conditions  de  la  paix  à  plusieurs  rois  de  la  Ger- 
manie. Plus  heureux  que  César,  il  conserva  et 
répara  la  Gaule  plus  qu  il  ne  la  conquit.  Aussitôt 
oue  par  sa  valeur  il  se  fut  assuré  d'un  intervalle 
ae  paix ,  il  occupa  ses  loisirs  à  relever  les  villes 
déwtées  par  les  barbares;  sept  postes  entre  Metz 
et  l'embouchure  du  Rhin  furent  reconstruits  et 
fortifiés.   La  culture  ayant  été  interrompue  par 
les  calamités  de  la  guerre ,  Julien  suppléa  par 
ses  soins  paternels  à  la  disette  ,  en  faisant  venir 
de  la  Grande-Bretagne  six  cents  barques  chaînées 
de  grains* 

Son  administration  tendait  à  assurer  aux  peuples 
le  bonheur  et  la  paix.  Il  s'occupait  dans  ses  quar^ 
tiers  dliiver  du  gouvernement  civil,  et  i^mblait 
préférer  aux  fonctions  de  général  celles  de  magis- 
trat. Il  examinait  soigneusement  toutes  les  procé- 
dures ,  et  adoucissait  la  rigueur  des  lois.  Il  réprima 
un  jour,  par  une  réponse  pleine  de  dignité  et  de 
sagesse ,  le  zèle  indiscret  dW  avocat  qui ,  sans 
preuves ,  accusait  de  concussion  le  président  de  la 
Gaule  Narbonnaise.  «  »S'il  ne  faut  que  nier  ,  s'é- 
«  criait  l'iionime  dubarreau,qui  jamais  sera  trouvé 
«  coupable  ?  —  Et  s'il  suffit  d'aflfinner  ,  s'écria 
«  Julien  ,  c[ui  jamais  sera  déclaré  innocent  ?  » 

Son  influence  salutaire  se  fit  sentir  particulière— 
meut  au  sein  des  villes  tle  la  Gaule  accablées  de- 


îo6  JtTT.IEN. 

jHi  i  !»  li>n|i(-4innp«  tmii  le  |ioids  im  àlmenniùOÉ  i  ëH 
c*aiaiiâlds  di;  la  giicTfc  etclf  la  tyrannio  intérievtti 
Ou  vil  rf-iiiiitn*  Tffipril  cl'îii(Ju»frii*  aree  T^poir 
d(î  Iq  jouibhuiicf*  ;  l'agi  m-uJIums  les  mauufiustiiivi 
cL  11?  <:oiiiiiH'rc(.*  i  econiiueiicèrent  à  fleurii^  mhis  \m 
|)i'€>(rclioii  ci<*s  IoIk. 

Lh*  jruiu*  (.e:»iir  jftaît  surtout  les  ymn  arefi 
coiiiplaÎKaurr  ri  sHlislactioti  8ur  la  vîilr  de  Pariiï 
\v  sié^f*  df:  ha  \é.>u\viii-A*  vn  hiver  etrolijft  de  ^bB 
aHlr'rtioiiparlicuHnr*  Crtte  brillante  capitale  n*oe* 
eu  pu  il  a  loi»  cpruiic  petite  ili*  nu  milieu  delnSeiftei 
.oii  Ton  lUi  poavail  fuh'cr  «{Uf?  par  deux  pouttm 
LoÎK.  UiH-  <4>aisMf  ior£l  couvrait  le  nord  «le  la>ri* 
^ièrr;  mais  le  sud  9  qui  porte  aujourd'liiii  lefio^|i 
df;  |>a)'s  latin  9  tut  succ^6^ivf'lucat  orné  par  JuHeA 
d'un  palais  dont  ou  voit  fncoit;  les  rcsti'S,  ^\ak 
aniplulluiâlrc* ,  d'un  acqurduc ,  et  dnii  cliaiiip  de 
Mars  pour  exi»rccj*  les  troupes.  La  licence  et  la 
roriuptiou  d*Antioi-liC  ia|)pelèrent  depuis  au  ioitf^ 
Vfnî»'  de  Julien  Ira  luwurs  siiiiplat  et  wuâfStm 
dv  sa  cluïre  Luièce ,  où  1rs  plaisin  duciniueetdat 
UjcuUts  élaiont  inconnus  ou  niëprisés;  il  ctomp»- 
rail  aver  indignation  Irs  S)'iiensrfl*ëniini^à  l'hon* 
note  cl  inavc  rohlitilc  de  rhuliitaul des  rirea de  la 

Maîk^tandis  que  les  barbares  <rAIIeinagne  1*0" 
douiaieiit  Julien  ,  dfuit  ils  a\ aient  éproUTé  la 
valeur,  que  Irs  ]»io\inrcs  de;  la  <jaule,  beureuies 
et  tianqnitbs,  joni^^air'llt  avec  reron  naissance  des 
])i<'hl^ils  de  son  adinijiijttialion ,  tout  \v  reste  dff 
rLnqiire  lan^uihMutsoiis  la  honteuse  tyianniecka 
«iiiniques  du  pubiis  de  Conslanee.  Les  vertus  de 
Jiilirn  blessaient  les  boutions  et  les  favoris  qui 
hiKaienl  oppoMfs  à  scni  éldvalion  subite;  ils  ne 
(!e:«i^nairnL  le  philosophe  guerrier  que  |wr  les 
b(»hi  iqiiet.s  iuMiltans  de  .sain'Hge  velu,  de  J'ûrie 
rt'st'iu  tir  la  ponrina  ;  on  tournait  même  en  Hdi* 
euh;  bC's  Uepechcs  simples  et  modestes  9  conuac   « 


:  i 

>  • 

:  • 

!   . 


rc'pios'^nîë  comme  lui  o'>jot  (!(?   cîcVisiou  ot  ] 

cps'is.  Eu  pioio   à.  In  cTiiiiile  et  à   l Viivie  ,  . 

eivui',  aiK|ii<;L  Jiilini  était. devrriu  suspect 
lut  de  succès,  lésol  11  t ,  pour  lairuililir^  de 
edemaudc*r  uno  paj'tie  cousidérable  de  ses  :  j 

•es,  sous  prétexte  de  la  i>uei're  Qoutre  les 
s.  Le  jeune  Cësar  était  daus  ses  ([uarliers 
?r  à  Paris  loj*s^u'il  reçut  loidre   impérial  *: 

etti'o  eu  laarchc,  sans  délai,  quatre;  de  ses  |  ', 

ns  de  la  Gerniauie  ,  qu'il  avait  si  souveut 
lites  à  la  yictoire*  11  piévit  et  déplora  les 
»  de  cet  ordre  imprudent.  La  plupart  de  ces 
îaires  ue  s'étaient  eùrôléa  que  sous  la  coa- 
i  expresse  qu'on  ne  lew  ferait  jaiuiiis  passer 
Ipes  :  la  toi  publique  et  Tbomieur  d<^  Julii'a 
ut  été  les  garaus  de  ce  ti'aité.  Forcé  de  céder 
•voir,  et  en  butte  à  1  envie  et  à  la  méchanceté, 
prima  ^  dans  les  termes  les  plus  positils  ,  le 
de  quitter  la  poui'pre ,  qu'il  ue  pouvait  plus 
T  avec  gloire.  11  douua  des  ordres  cepen— 
pour  1  exécution  des  commeuulemeus  de 
lei'eur;  mais  le  mécontentement  des  troupes 
Lirait  une  prochaine  explosiou.  Les  soldats , 
nés,  1  assend)lés  autour  de  Paris,  enviroimeiit 
lais  dv.  Julien,  y  pénètrent  de  force,  sai- 
it  [cuv  jeune  César  avec  une  respectueuse 
nce  ,  le  portent  sur  son  tribunal,  et  le  pvo- 
eut  <'nqHr(îur  nialji^ré  sa  résistance;  puis  ils 
leenf  un  milieu  d  eux  ,  et  traversent,  1  epée  à 


io8  SUVŒS. 

Libanios  et  Zosûne ,  nous  ont  laissa  de  son  élé^êf^ 
tion  à  l'Empirp  ;  mais  les  auteurs  dirëtiena  km^ 
nuexit  que  ce  prince  agit  de  concert  arec  ks  sol'* 
data.  Quant  à  Julien  lui-^^méinef  il  dédaim  a^len^ 
Bellement  «jue,  jusqirà  la  fin  du  jour  quiWécéda' 
cette  élection  militaire ,  il  ignora  le  dfjwtin  de 
Tannée.  Nous  n^aToiit  aucun  motif  ds  rrtvnnnér 
en  doute  Thonneur  d'un  héroa  el  la  TAneM  oW 
philosophe* 

Le  nouvel  empereur  en^o]fa  ki  prenùft* 
jours  de  son  règne  à  modérer  le  aèle  de  ses  Jfot^ 
tisans  et  à  sauver  la  vie  à  ses  ennends»  C|iiomu 
détrmmié  h  conserver  b  titre  que  ^tOÊÔi  djs  ni 
déférer  l'armée ,  il  aurait  Toohi  éviter  à  l^ftàonfié 
les  calamités  d'une  guerre  civile.  Sa  preamiM 
démardie  auprès  de  renperenr  fist  de'  ksi 
adresser  une  lettre  adroite  et  modérée  «  daba 
laquelle  il  le  priait  de  permettre  qu'il  gardlt  le 
titre  d'Auguste  qu'on  venait  de  lui  oonner  maig|td 
lui.  Tous  les  officiers  de  l'armée  écrivirent  aussi 
à  l'empereur  pour  le  prier  de  tout  confirmer  t'  M 
de  se  concerter  avec  Julien,  qui  avait  exig^d^bn  > 
par  serment  y  de  n'exciter  aucun  trouUe  si  Goiii^ 
tance  le  laissait  dans  les  Gaules  avec  les  jprérôte^ 
tives  de  Fautorité  souveraine* 

Des  préparatifs  de  suerre  accompagnèruttl.'  ffA 
80utinit*nt  ers  propositions  paciiiqu(»s.  BAJii'  les 
Kous  de  fanûllo  qui  auraient  pu  rapprocher 
deux  beaux- 1]  ères  venaient  cV^tre  dissous  \inT^ 
mort  de  l'impératrice  Eusebîa  et  par  colle 
lène,  sœur  de  Constance  et  femme  de  h 
Abandonné  à  ses  propres  pas!(ions  et  aux  artii 
de  ses  eunuques  ^  Constance  rejeta  toute  espèce 
d'acconimodenient ,  et  déclara  la  guerre  à  Julien* 
L(\s  deux  enipereni-s ,  à  mille  lieues  Vnn  de 
Vautre  ,  continuèrent  pendant  plusieurs  mob  9 
de  ]^lris  à  Antiocbe  ,  une  négociation  inutile. 
Julien  9  persuadé  quil  ne  pourrait  se  inâinlenir 


JULIEN.  109 

que  par  les  armes ,  résolut  de  confier  sa  fortune 
et  sa  vie  aux   hasards   d  uue  guerre  civile.  Sa 
situation  exigeait  des  Dxesui>es  promptes  ,  et  il 
jdevait  moins  compter  sur  le  nomljre  de  ses  troupea 
que  sur  la  célérité  de  ses  mouvcmens.  Après 
avoir  rassemblé  sou  ai'mée  dans  les  environs  de 
Bâle,  il  prit  la  résolution  hardie  de  marcher  sur 
Coustantiuople.  D  abord  il  s  enfonce  dans  l'épais- 
seur de  la  £ôrét  Noire ,  qui  recèle  les  sources  du 
JOanube,  et  pendant  plus  d'un  mots  le  sort  du 
nouvel  empereur  resta  ignoré  à  Tunivers*  Il  pé- 
nètre à  travers  les  montagnes  et  les  marais  > 
«'empare  des  ponts  ou  traverse  les  rivières  à  la 
nage  9  et  9  suivant  toujours  une  lime  droite  y 
sans  examiner  s'il  est  sur  le  territoire  des  Aornains 
bu  sur  celui  des  barbares ,  il  paraît  enfin  entre 
Vienne  et  JEUtisbonne*  Là  il  s'empare  d'une  flot- 
tille 9  et  embarque  ses  troupes  sut  le  Danube* 
Le  secret  de  sa  marche ,  sa  dilicepce  et  sa  vi- 
gueur surmontant  tous  les  obstacles  9  il  débarque 
0on  armée  vers  Simisum«  Il  y  entre  en  triomphe'^ 
et  fait  distribuer  dans  les  principales  villes  de 
l'Empire  une  adroite  apologie  de  sa  conduite. 
11  se  rend  maître  presque  aussitôt  de  llllyrie  et 
iles    défilés  importans  qui  la    séparent   de    la 
Thrace. 

Cependant  l'empereur ,  n'ayant  plus  d'inquié- 
tude pour  la  guerre  de  Perse,  avait  tourné  ses 
armes  contre  Julien ,  et  marchait  en  personne  à 
aa  rencontre  pour  le  combattre  ;  mais  y  arrêté 
par  la  fièvre  ,  il  mourut  en  peu  de  jours ,  sur  les 
frontières  de  la  Cilicie  9  au  pied  du  mont  Taurus^ 
le  3  novembre  36 1* 

Les  généraux  de  l'armée  d'Orient  annoncèrent 
à  Julien  ,  au  moment  oiï  il  entrait  dans  la 
Thi*ace ,  que  tous  les  soldats  étaient  prétsT  à  œ 
ranger  sous  ses  drapeau^  Ainsi,  sans  verser  le 
sang  4e  ses  concitoyens»  sans  courir  le  hasard 


J   4 


1X1  JULIEN. 

regai^ait  le  suprême   ponroir  <       i 
moyen  de  plus  de  faire  du  bien  i  muet*  Il 

porta  aussi  la  réforme  dans  radministratioii  de 
la  justice,  et  ëricea  une  chambre  extraordi-» 
naire  pour  rechcrdier  la  ci>ndnile  dès  ministavt 
de  son  prédëcesseur  ,  contre  lesqnek  t'dleraiçBt 
tontes  les  voix  de  l'Empire*  Les  plus  tiiwi|i>lile< 
furent  condamnés  ;  mais  tous  ceux  qui  s*mient  | 
déclares  contre  Julien  quand  il  était  matfiB^  ^ 
particulier  n'eurent  qn'à  se  louer  de  son  ind&* 

gdce  quand  il  fîit  ceint  du  diadème  impériiL 
prince   avait  témoigné  publiquement    M^ 
mécontentement  à  un  masistrat  nommé  TTialae^l 
sius;  aussitôt ,  profitant  ne  la  oonjooctmne  »  drilï 
délateurs  et  des  ennemis  particuliers  de  Tbikmf^'- 
tins  abordèrent  Tempereur  en  lui  disant  :  «  Thse-^ 
«  lassius ,  l'ennemi  de  votre  auguste  peraoaae^y' 
«  nous  a  enlevé  nos  biens;  il  a  commis  millÉ. 
«  violences*  » 

L'empereur,  dans  la  crainte  ^*on  ne  TonlÉt. 
Blmser  de  la  disgrâce  de  ce  magistrat ,  réponAt' 
aux  accusateurs  :  «  J'avoue  que  votre  ennemi 
«  est  aussi  le  mien;  mais  c*est  précisément  ce 
«  qui  doit  suspendre  vos  poursuites  contre  Wf 
«  jusqu'à  ce  qu'Q  m*ait  satisfait  :  je  mérite  tios 
«  la  préftfrence.  »  En  même  temps  il  déSendlt 
au  préfet  de  les  écouter  ,  jusqu'à  ce  qu'il  eijt 
renau  ses  bonnes  grâces  à  l'accusé ,  et  il  leiSn 
rendit  bientôt.  Julien  se  hâta  aussi  de  congédiÉr 
les  Qmosi,  officiers  oui ,  sons  nrélexte  «nfiM^' 
mer  l'empereur  de  cnoses  utiles,  étaient;^ 
espions  dangereux  et  le  fléau  de  la  eodMv-dl 
enveloppa  dans  la  même  réfomc  la  n«MnbvM|||| 
armée  d'espions  et  de  délateurs  que  ConetaM 
avait  soudoyés ,  méprisant  toutes  ees  '^"^{wM 

3ui  couvraient  leur  inimitié  personneHc  dhi¥fl|v 
u  bien  public.  Porté  naturellement  à  la 
inence>  il  refusa  de  voir  on  crime  cepitll 


JUUEN.  n3 

l'impradenoe  d*im  riche  habitant  d^Ancyre ,  qui 
s'était  fait  faire  une  robe  de  pourpre  ;  il  lui 
envoya  par  son  propre  délateur  une  chaussure 
couleur  de  pourpre ,  afin  de  completter  la  niagni^ 
ficence  de  son  vêtement  impériaL  Dix  de  ses 
gardes  ayant  été  conduits  chargés  de  %haîne»  ei^ 
ta  présence  pour  avoir  conspiré  contre  sa  per- 
sonne, Julien,  au  lieu  dea  tortures  de  la  mort  y 
qu^ils  méritaient  et  qu'ils  attendaient,  ne» pro- 
nonça qu'une  sentence  de  bannissement  c<mtre 
les  oeux  plus  coupables* 

Ce  prince  abhorrait  le  système  de  despotisme 
oriental  introduit  par  Dioclétien  et  par  Gon»- 
lintin ,  et  de  lui-même  il  conféra  au  Sénat  de 
Constantinople  les  honneurs ,  les  privilèges  et 
l'autorité  dont  jouissait  encore  exclusivement 
le  Sénat  qui  siégeait  à  Rome.  Sa  sollicitude  ne  se 
borna  point  à  la  capitale  de  l'Empire  ;  elle  s'é^ 
tendit  sur  les  Sénats  municipaux  des  provinces. 
Les  villes  de  la  Grèce  furent  aussi  soulagées  par 
ses  soins  paternels,  et  reprirent  leur  ancienne 
^lendeur  ;  Athènes  le  reconnaissait  pour  sou 
bienfaiteur  et  pour  son  appui ,  et  Argos  avouait 
qu'elle  lui  était  redevable  de  sa  délivrance. 

Devenu  le  chef  suprême  de  FEmpire,  Julien 
crut  avoir  le  droit  de  préférer  les  dieux  d'Homère 
et  des  Scipion  à  la  religion  cliréfeienne  ,  que  son 
oncle  avait  établie  dans  le  monde  romain;  mais  > 
en  sa  qualité  de  pliilosophe ,  il  voulut  justifier 
son  opinion  en  écrivant  contre  le  christianisme» 
Son  but  fut  d'abord  de  calmer  la  fièvre  théolo-' 
gique  dont  le  peuple  avait  été  saisi  depuis  les 
édits  de  Dioclétien.  Il  trompa  l'espoir  et  déjoua 
tes  manœuvres  des  factions  religieuses  en  re- 
poussant toutes  les  insinuations  de  Tintolérance 
et  du  &natisnie.  Instruit  par  Tliistoire  et  par  la 
réflexion,  il  donna  une  loi  digne  dun  hommo 
d*Etat  et  d'un  philosophe,  en  accordant  ime  tolé- 

Tçni^  JL  lo 


xz6  JULIEN. 

de  religion.  La  disette  de  blë  augmente  lé 
tentemeut  public*  Julien  y  ponryut,  et  ne  Ait 
sëy^re  qu^uu  iuitant  envers  deux  cents  des  pl«» 
riclies  citoyens  d'Autioche  »  qui  s*ëtaient  permis 
de  lui  taire  des  remontrances  peu  respectueuses» 
Mais  il  ne  put  obtenir  pour  lui-méme^k  pardcn 
qu'il  avait  accordé;  pendant  la  liberté  desSatai^ 
nales  tous  les  quartiers  de  la -ville  retentirinil 
de  cbausons  insolentes  qui  tournaient  en  ridîcul» 
les  lois,  larelicion,  la  conduite  personnells»  tt 
même  ia  barbe  de  lenipei^eur.  La  conniveneé dis 
magistrats  et  les  applaudissemens  de  Ift  multitade 
mmouçaient  clairement  Topinion  de  la  ville,  en* 
tière  d  Antioche.  Au  lieu  d'abuser  on  de  se 
servir  de  son  autorité  pour  venger  ses  propre» 
injures,  l'empereur  se  contenta  aune  rcprésaill» 
innocente  ;  on  lavait  outragé  par  des  satires  et 
par  des  libelles»  et  lui ,  sous  le  titre  i^Enmemi  de 
la  bflrbe,  écrivit  et  publia  une  confession  irouiqne 
de  ses  fautes ,  et  une  satire  amère  des  mimrs 
licencieuses  et  efféminées  des  babitans  d^Antiodie« 
Cette  réponse  fut  exposée  publiquement  ans 
portes  de  son  palais.  Le  Misopogon,ce  singulier 
monument  de  l'esprit,  de  la  douceur  et  dn  res* 
sentiment  de  Julien ,  est  parveim  jusqu'à  nous. 

Dominé  par  son  ardeur  guen'ière»  Julien  se  mit 
en  campagne  dès  les  premiers  jours  dupriutempSf 
et  après  une  marcbe  laborieuse  de  deux  jours  il 
l^arréta  ù  Bcecée  ,  ou  Alep.  Là  y  instruit  qnU  j 
«v^ait  à  la  tête  du  conseil  municipal  un  chrëlica 
télé  qui  venait  de  déshériter  son  fils  pour  wfmr 
embi-assé  la  religion  de  Tempeneur  et  abjuré  4» 
christianisme ,  il  mande  ce  jeune  homme  yC^s  tsts* 
elle  de  compassion,  lui  promet  d^appaiser  son  piio* 
A  cot  effet  il  l'invite  avec  son  fils  à  la  tahln  ■(»<•  . 
périale ,  se  place  au  milieu  d  eux ,  et  recc 
au  père  cette  tolérance  qu'il  pratiquait  liû-tnème; 
WÛ|9  il  ne  put  lîen  obtenir  de  ce  père  înflf^iWri  ] 


se  tournant  vers  le  jeune  homme  affligé,  il  | 

;  :  «  Puisque  yous  ayez  perdu  un  père  à  cause 
[noi ,  c'est  à  moi  de  yous  e&  tenir  lieu.  » 
*ès  une  marcbe  de  quelques  jours  il  fit  son  - 

î  à  Uiérapolis,  située  presque  sur  les  bord» 
Aiphrate ,  et  qui  était  le  rendezr-yous  général 
I  armée.  Là  il  déclara  ouyertement  le  projet 
ihir  la  Perse.  Deux  routes  7  conduisaient , 
k  gauclie  9  en  traversant  la  province  d'Adia— 
et  1  autre  à  droite,  par  F  Assyrie,  en  côtoyant 
•rds  de  l'Euphrate.  Des  magasins  avaient  été 
s  sur  Tune  et  Tautre  de  ces  routes.  Julien 
le  d'abond  trente  mille  hommes,  sous  les  or- 
le  deux  de  ses.lieutenans,  et  il  leur  enjoint 
rager  les  fertiles  cantons  de  la.Médie  et  de 
ibène,  et  d'arriver  sous  les  murs  de  Ctési* 
,  capitale  de  la  P^rse ,  à  peu  près  au  temps 
ai-méine  ,  avancé  le  long  de  l\EÂiphrate  par 
e  route  ,  commencerait  le  siège  de  cette  ré-» 
ce  royale  de  Sapor. 

succès  de  ce  plan  dépendait  en  partie  du 
?t  des  secours  du  roi  u'Arménie ,  qui  s'était 
;é  à  fournir  une  armée  auxiliaire  ;  mais  ce 
e  dans  le  fond  de  son  âme  n'était  rien 
s  que  favorablement  disposé  pour  le  succès  de 
îdilion.  Cependant  rbabi le  Julien  avait  com- 
ses  préparatifs  de  manière  à  tromper  les  es— 

et  à  détourner  l'attention  de  Sapor.  Les  lé-* 

semblaient  marclier  vers  Nisibis  et  le  Tigre , 
ue  tout  à  coup,  se  i^pliant  à  droite,  elles  ti^a— 
rent  la  plaine  nue  et  découverte  de  Calorrcs, 
"ivèrent  le  troisième  jour  aux  bords  de  l'En-' 
:e.  L  empereur  poursuivit  ensuite  sa  marche 
sa  grande  armée  le  long  des  rivages  sinueux 
;  fleuve ,  et  après  luie  route  d'un  mois ,  de-» 
son  départ  d'Autioche ,  il  découvrit  les  tours 
Ircesium ,  la  dernière  place  de  sou  Empire* 
uiuéc,  la  plus  nombreuse  que  les  empereurs 


\m 


ifto  JUUElf* 

l'Luphrate  et  ]o.  Tigre,  et  que  Julien  fit  rtflabUr* 
Les  navire»  roinaîiw  arrivèrent  ainfi  au  miliea 
«lu  Tt^c  f  insultant  aui  yainrit  liarrières  que  W 
baliilans  de  Clëiiiphon  avaient  euayë  d  oppfMcr  à 
leur  passagi".  Il  fallut  entui(e  faire  paiwer  le  Tigrf  à 
larniëe  ,qui  vint  investir  Coclieyiiiacc  forte  située 
fur  le  Tigre ,  vit^-vis  de  Citff ipiion  ,  et  cmi  était 
considéré;  comme  un  faubourg  fortifié  oa  cette 
capitale  ;  mais  ce  ne  fut  qu'après  avoir  ren^rfë 
une  victoire  complète  sur  l'arméo  des  P4Tiea»qui 


osa  disputer  le  patsage.  Une  nartie  de  Ta: 
maiue  sVmpara  du  camp  de  IVnnemi. 

Cependant  Julien,  après  avoir  pénétré  en  Tain— 

qurur  jusqu'aux  |K)rtrfS  de  Ctésiphon,  ne  voyait 

arriver  du  côté  du  nord  ni  le  roi  a  Annénie ,  ni  le 

corps. d'année  fj[u'il  avait  détaché  pour  venir  le 

joindre  par  TAdialtène.  D*un  autre  coté  Ctésiphon, 

assiégée  et  prÎM*  trois  fois  par  ses  pi  édéoftaenrs  y 

était  devenue  une  place  imprenable  ;  elle  était 

pourvue  d'ailleurs  cPimmenses  magasins  de  Tivrea 

et  d'uue  forte  garnison.  Un  conseil  de  guerre  d^ 

cida  que  le  siège  de  cf'tti;  capitale  serait  nne  oprf' 

ration  inutile  et  dangenruse*   Dans  ce  monaanA 

niénie  Julien  n'jetaitavec  mépris  des  ouvertorea 

de  paix  du  roi  de  Persf*.  Sur  de  vaincre  en  bataiUe 

rangée,  il  résolut  d'iniit<>r  la liardiesse d'Alexandre, 

et  de  pénétn;r  si  avant  dans  les  provinces  de  Hui- 

térieur,  que  «on  rival  se  vit  forcé  de  lui  dispvter 

l'eninire  de  l'Asie  au  si;in  de  l'Asie  même.  Trompé 

fmr  leM  rapports  d'un  transfuge ,  d'un  Persan  fc- 

gitif  venu  dans  son  camp  avec  un  eorlégBf  f  nKen 

prit  In  I  ésolution  liasardée  de  brûler  sa  floltSBa  et 

de  ne  garder  que  vingt-flaiix  peti|i|p  snjhnryM' 

lionH  qui  devaient  suivre  l'armée  sutr'An  ToItHreaf 

etMTvir  de  pont  loisi|u'îl  faudrait  passer  les  ri^ 

vièrf'H;  il  mï  proposait  aussi ,  par  cette  Tésrfntion 

déK(rK|)éj  éc  ,  d'ôtcrr  h  si'S  soldats  l'espoir  de  la  re» 

ti  ttitc  >  et  de  ne  leur  ioisKT  que  TaUeimliTV  ^ 


•  JULIEW.  12» 

vaîacre  ou  de  mourir.  La  flottille  fut  brulëe  aa 
milieu  des  murmures  d65  légions. 

Sapor,  rassure  cependant  sur  le  sort  de  Ctësî- 
pLon  ,  venait  de  rassembler  sur  lefr  frontières  les 
plus  occidentales  de  ses  états  une  armée  formi- 
dable ,  résolu  d'attaquer  l'empereur  jusque  dana 
sa  retraite.  Mais  >  apprenant  bientôt  que  l'armée 
romaine  avançait  dans  le  cœur  de  l'Assyrie  ,  il 
ordonna  à  ses  sujets  d'abandonner  leurs  villages  , 
de  fuir  dans  des  villes  fortifiées  ,  de  chasser  leurtf 
troupeaux,  devant  eux,  et  de  mettre  le  feu  aux 
fourrages  et  aux  champs  deblésmm's.  Julien  n'eut 
bientôt  plus  devant  lui  que  le  désolant  aspect  d'une 
terre  déserte  9  fumante  et  dépouillée  9  et  d'un 
vaste  incendie  qui  interrompait  la  marche  des  sol-* 
dats.  Ce  moyen  désespéré,  mais  efficace ,  ditl'his* 
torieu  Gibbon ,  ne  peut  être  employé  que  par  l'en-* 
thousiasme  d'un  peuple  qui  met  l'indépendance 
au-dessus  des  richesses ,  ou  par  la  rigueur  d'un 
gouvernement  absolu  qui  s'occupe  de  la  liberté 
publique  sans  laisser  aux  sujets  la  liberté  du  choix. 
Le  zèle  et  l'obéissance  des  Persans  secontlaient  en 
cette  occasion  les  ordres  de  Sapor ,  et  bientôt 
l'armée  romaine  se  vit  réduite  aux  faibles  convois 
de  vivres  qu'elle  avait  conservésjCt  qui  diminuaient 
chaque  jour.  L'effort  d'une  marche  rapide  et  bien 
dirigée  aurait  pu  conduire  l'empereur  en  peu  de 
joui^  aux  portes  des  villes  opulentes  d'Ecbatane 
et  de  Suse  ;  mais ,  trompé  par  la  perfidie  de  se» 
guides ,  cette  dernière  ressource  lui  manqua.  Ses 
troupes  errèrent  plusieurs  jours  dans  le  pays  qui 
se  trouve  à  l'orient  de  Bagdad.  Le  déserteur  Per- 
san, après  avoir  mené  Julien  dans  le  piège,  écliappa 
à  sa  colère ,  et  les  soldats  de  sa  suite  ,  mis  à  la 
torture ,  avouèrent  le  secret  de  sa  trahison.  Dans 
cet  état  de  détresse  générale  Julien  adopta  la 
seul  expédient  praticable  5  il  résolut  de  se  rappro-* 
liàCTf  par  un  mouvemeut  rétrograde?  des  bords  d^ 
Tome  IL  li 


ÏI4  JUaEN. 

i  rauot^  um\Trs(llo  ^  Lous  les  «lijots  de  IXi 

.)!  alTootii    luciao  luwucuiip  <io  douceur  i 

^  les  cliiôUoas  »  ci  rap^H  Is«  tous  cens,  qui  a 

!  .rie  cxiU'S  sous  lo  irj;iio  tie  (Unistauce  pour 

i  a\c  ivlij;ion.  .Maïs  tu   uiOnio  tinn|>i>   rîtui  i 

I  xalontir  â»u  /Me  et  sii  liévotiou  poiu*  le  le! 

.senu'ut  ilu  cuUo  païen.  uXectuitunio  dc$  su 

t  iAuco.  à  voir  <]an$  uu  enipeix'iu*  clii  etiou  le  i 

ti'ier^  Je    Sii   taïuille  .   et    «Iftus  le  tbiui  il 

!  cœur  rouJaut  peul-èUv  la  ]vIÎ!;iou  conipli 

crimes  i|uVlle  eoutlauuuî;  place  eativ  i^aiu 

et  la  ciaiute,    ses  ^oùU.  sim  imai^uiatioii 

aiue«  les  niulheurs  Je  i^ii  taaiilie«  les  sic  us 

lavait    prépaie    ilavaiiei»   au    clu\ii{i^^meut 

voulait   o]>ei  (  j*  daiis  la  leli^iiuu  II  ordouii 

uu  Cilit   i;e::eial  irouvrii*  les  temples  du 

lùsiue:  il  lit  lui-nièine  les  touctioiu>  de  $c)u 

.pontife.  a>ee  toutes  les  etVcjnouii s  puieiii 

itt  pc  iiulie  à  et'tê  de  lui«  daus  fuus  ses  poi 

Jupiter,  ipii  Uù  doauait  laeourouueet  la  poi 

!Mars  et  Mereure.  qui  l  liouorairut  du  doi 

TaU  ur  et  de  rcloui:eiiet .  !M;îis  son  iienio  cl 

::a  piMssanee  ne  si.î.Kvut  ut  pas  er.coie  pour 

.i\\:'  liiu  nlijiion  l'e  .lee  d«.  l'appui  des  pii 

tîieil'.  ^iipa  s  .    ili  s  ^^jcerptesi    moi  aux    et 

disei;  îi'ie  eecIe.-iaMiipie ,  d'une   itiiu'on  <] 

piecipîiaiit    v^'is    sa    uâae  .    n'ctail    suseï 

dauv ii!ie  !i  staui  atlon  soliile  et  laisoiuuuUe. 

(.\'  l^iiïee.  tpii  «.îeJai:;i.ait  le   {ox^^  suluùi 

ri^cUijiile  .  t\n>.\it    le   saeiillei»    voion£aîi>e 

laÏMXi  sur  les  autels  d'ApoUou  ci  de  Jupîi 

se  luotitiait  pLilosi>|'liede\ot  aU4(]><f  à  l»  n 

logie  i;reeip)e»  Son  ^^sU!lle  iLeolo^Ûqiie  •  o 

MU    la  doeijiuo  des   puitoiiiciou:^.  cvtiUeUi 

eleiuens  île  la  religion  nulurt  lie  :  il  rct^om 

et  au*!  ait  la  cause  eleiiielie  de  rttni\ei'Ȕ 

aUiileiùî   toutes    les   peï  teelions    d\ine«.4 

iu  finie  .    iuaecessiMe  à    Tinte  II  ip^uco  des 

niorUlî' :  il  vio\,ût  à  l  ctcnnîc  du  inoiidc. 


•  ÏITLIEN.  ii5 

-  Maïs  le  ïèle  Téhëment  des  chrëtîeris,  qui  mëpri- 
Baîout  le  culte  et  qui  renversaient  les  autels  de 
ces  divinités  fabuleuses ,  mit  Julien  dans  un  état 
de  guerre  avec  une  partie  nombreuse  de  ses 
sujets.  Il  alla  trop  loin  sans  doute  en  laissant 
paraître  sa  haine  contre  les  clu^étiens,  qu'il  ne 
désignait  que  <  sous  le  nom  do  Guliiëens,  en  leur 
Xiefusant  tuus  les  emplois  civils  et  militaires,  en 
leur  interdisant  d'enseigner  les  ■  sciences  et-  les 
belles-lettres.  C'était  là  ua  commencement  de 

Sersécution»  Toutefois  il  sentait  l'avantage  que 
ouîiait  aux  chrétiens  la  pureté  de  leurs  mœtirs 
et  l'éclat  de  leurs  vertus  ,  et  il  ne  cessait  de  les 
proposer  pour  modèles  et 'pour  exaniples  ^h± 
prêtres  des  païens.  j  »  >•  /.   i  ♦.  -: 

-  £q  me  me  temps  qu'il  s'efforçait  de  fa  îore^rëTaldJf 
et  triompher  les  dieux  d'Athènes  etidc  Aome^  Juliea 
nourrissait  dans  son  esprit  dos  projets  plus  vasrtef 
encore;  il  voulait  humilier  l'orgueil  de  Sapbr ", 
roi  de  Perse ,  qui  pendant  plusieurs  années  avait 
ravagé  les  pi'oviiices  orientales  de  l'Empire.  Ne 
respirant  que  la  gloire,  instruit  par  l'expérience  J 
animé  par  le  succès  de  la  guérit?  de  Germailie  i 
il  espérait  signaler  son  règne  par  des  exploits 
pius  Lrillaiis  et  plus  méniorables.  Son  plan  con- 
sistait à  pénétrer  au  centre  même  de  la  Pei'se  , 
pour  V  dictc»r  la  paix  à  son  ennemi  vaincu.  Julien 
prirlitdeConstantinople,  traversa  les  provinces  de 
l'Asie  mineure ,  et  vint  à  Antioche  environ  huit 
mois  après  la  moii:  de  son  prédécesseur.  La  il 
employa  le  repas  de  l'biver  à  réparer  les  foix;es 
épuisées  des  légions  des  Gaules,  et. à  kétablii*  la 
discipline  parmi  telles  de  l'Orient.  Maisce  jjrihce  se 
trouva  toutàcoupti  anspoité  aumilien  d'un  peuple 
elléaiiaé,  malin  ,  disposé  à  tourner  en  ritlicule  se^ 
mœurs  et  ses  habitudes  sévères.  L'aveisiou  des 
Svricns  pour  sa  personne  était  d'autant  plus  enve— 
niiuée?  qu'elle  avait  aussi  pour  motif  la  dilTéreace 


xifi  JULIEN. 

de  religion.  La  disette  de  blë  augmenta  lè  mécoi»^ 
tentemeut  public.  Julien  y  poarTUt,  et  ne  ^ 
§éjhre  qu'un  iuitaut  envers  ueux  cents  des  plus 
riches  citoyens  d'Antioche  y  qui  s'étaient  permit 
de  lui  faire  des  rt^uiontrances  peu  reipectueuaes» 
Mais  il  ne  put  obtenir  pour  lui-méme'^le  pardan 
qu'il  avait  accorde;  pendant  la  liberté  des  Satur- 
nales tous  les  quartiers  de  la- ville  retentireitt 
de  cliausons  insolentes  qui  tournaient  en.  ridicvla 
les  lois,  la  relicion,  la  conduite  personnelle  *  tt 
même  ia  barbe  de  lempereur» La  connivence  des 
magistrats  et  les  applaudissemens  de  Im  mvltitade 
annonçaient  clairement  l'opinion  de  la  ville,  en-* 
tière  d'Antioche.  Au  lieu  d'abuser  on  de  se 
servir  de  son  autorité  pour  venger  set  propres 
injures  y  l'empereur  se  contenta  aune  reprësaille 
innocente  ;  on  l'avait  outragé  par  des  satiree  et 
par  des  libelles,  et  lui ,  sous  le  titre  HEfmemi  df 
la  bfirbe,  écrivit  et  publia  une  confession  ironique 
de  ses  fautes  ,  et  une  satire  amère  des  mcenis 
licencieuses  et  efféminées  des  babitans  d'Antioche* 
Cette  réponse  fut  exposée  publiquement  ans 
poitps  de  son  palais.  Le  Misopogon,  ce  fingnUer 
monument  de  l'esprit,  de  la  douceur  et  du  res- 
sentiment de  Julif'u ,  est  parvenu  jus^li  nous. 

Dominé  par  son  ardeur  guen'ière  9  Julien  le  mit 
en  campagne  dès  les  premiers  jours  du  printempSf 
et  api'ès  une  marche  laborieuse  de  deux  jours  il 
l^arréla  à  Bœcée  ,  ou  Alep.  Là ,  instmit  qn'il  7 
»vait  ù  la  tête  du  conseil  mnnicipal  nn  dSrétim 
zélé  qui  venait  de  déshériter  son  fik  pour  avoir 
embrassé  la  religion  de  Tempenenr  et  abjuré  4o 
christianisme ,  il  mande  ce  jeune  homme  9  et,  totÊF» 
elle  de  compassion,  lui  promet  d'appaiier  son  père» 
A  cvi  effet  il  l'invite  avec  son  fils  à  la  taUe  i^^ 
périale ,  se  place  au  milieu  d'eux,  et  recoimnande 
au  pt'if^  cette  tolérance  qu'il  pratiquai  tlui-ménie^ 
jaulils  il  ne  put  lien  obtenir  de  ce  père  înfleiiMr^ 


JUIJEN.  txj 

alors,  se  fonniaiit  yers  le  jeune  homme  affligé,  il 
lui  dit  :  «  Puisque  tous  ayez  perdu  un  père  à  cause 
c  de  moi ,  c'est  à  moi  de  tous  ea  tenir  lieu.  » 

Après  une  marcbie  de  quelques  jours  il  fit  soa 
entrée  à  Hiérapolis,  située  presque  sur  les  bords 
de  l'Euphrate,  et  qui  était  le  rendea^vous  géaéiul 
de  son  armée.  Là  il  déclara  ouyertement  le  projet 
d'enyahir  la  Perse.  Deux  routes  y  conduisaient , 
l\me  à  g^uclie  9  en  trayersant  la  proyince  d'Adia— 
bène,  et  Tautre  à  droite,  par  l'Assyrie,  en  côtoyant 
les  bords  de  lIEuphrate.  Des  magasins  ayaient  été 
établis  sur  Tune  et  l'autre  de  ces  routes.  Julien 
détache  d'abond  trente  nulle  hommes,  sous  les  or- 
dres de  deux  de  ses. lieutenant,  et  il  leur  enjoint 
de  rayager  les  fertiles  cantons  de  la.MédIe  et  de 
l'Adiabène,  et  d'arriyer  sous  les  murs  de  Ctési^ 
phou ,  capitale  de  la  Pfcrse ,  à  peu  près  au  temps 
on ,  lui-méine  ,  ayancé  le  long  de  l^uphrate  par 
Tautre  route  ,  commencerait  le  siège  de  cette  ré-*- 
lidence  royale  de  Sapor* 

Le  saccès  de  ce  plan  dépendait  en  partie  du 
jbèle  et  des  secours  du  roi  d'Arménie ,  qui  s'était 
engagé  à  fournir  une  armée  auxiliaire  ;  mais  ce 
prince  dans  le  fond  de  son  âme  n'était  rien 
moins  que  favorablement  disposé  pour  le  succès  de 
l'expédition.  Cependant  Thabile  Julien  ayait  com- 
biné ses  préparatifs  de  manière  à  tromper  les  es-^ 
pions  et  à  détourner  l'attention  de  Sapor.  Les  lé- 
gions semblaient  marcher  yers  Nisibis  et  le  Tigre , 
lorsque  tout  à  coup,  se  repliant  à  droite,  elles  tra- 
yersèrent  la  plaine  nue  et  découverte  de  Calorrcs, 
et  arrivèrent  le  troisième  jour  aux  bords  de  TEu- 
phrate.  L'empereur  poursuivit  ensuite  sa  marche 
avec  sa  grande  armée  le  long  des  rivages  sinueux 
de  ce  fleuve ,  et  après  ime  route  d'un  mois ,  de- 
puis son  départ  d'Antioche ,  il  découvrit  les  tours 
de  Circesium ,  la  dernière  place  de  sou  Empire. 
Son  armée,  la  plus  nombreuse  que  les  empereurs 


i<".n;ii!iNruKsritt.j:uM;ii«o|i|MKi'('atil  Prt'!W><i.!tr»lilon*> 
lail  ti  Mn\;i!ili -('iii((  mille  iuiiiiiiirs  rlfrctits  ,  toiiK 
s<»Ii!;ilr«  (lioisi.s  cl  (li:«(  i|iliiiiis.  Julien  ilis|>«isail  en 
oiihr  (11111  (>(ii|t.s  (ni  iiiifliilili*  (If  S('>  IIh'k  miixI'* 
li.ii;  (S,  cl  (riiiic  ildiliilc  (le  (l(iu/.(*  cctiLs  iiaviics  (  t 
(11-  i  iiKi'iaritf  s  ^a|(*i'('.s  à  laiiics,  ([iii  (icvait  siilvri*  , 
.HUi'  1  l'j.|ilii  air ,  l(>.s  iiioiivf'llinis  de  1^1*1111*1*  f-t 
tniii  iiii-  il  Si  .v.!m  .oins.  Lr  7  avril  1  «'nip'Tciir,  iitiri-s 
a\(Hr  li.i- a:iwii(' ses  lrfMi|ir.s,  nilru  Mit*  le  t<*ri*il(»îl  «' 
(les  Pri:..  >>.  Is  oi-<!r(;  (le  >a  niai'cli(; ,  dans  les  ({i\si-|-(ii 
(le  la  jM('M>|wiiaiiiir ,  lui  (iii  i;^(*  snr  (l'ois  ('(ildiiin  s; 
la  cav-ili  lie  |n  oi('';^<  ail  le  (laiu -}.;.iiu'lii-(lr  1  ai'iiii.'r*; 
r('ii:|)ci(-iir  clail  ii  la  irii  ilc  la  coldinir  du  (■«•iid'f*. 
Mai  1  voilaiil  «'oiiriiiri'  les  d(  voiis  (le  i;(*iM-i  al  ave  C 
I.i  II  [i.  (•Nt'ii'.iîioii  <ii:  c-|icf'dc  [  l'anpin-  ,  il  se  |ioi  *- 
(..;!  .i\  (-('  I  a*  I  .  '('.ut  i-o:u|  a^nif  d  iiiir  .siin|d(*  (*.s('or  (c 
dr  i.i\  alci  il'  ic  rie,;-  .a  l(*'|r  de  la;  ni('«'<.  a  1  ni  ri»'r(  — 
i;a]  (if  ^  :.nr  les  il.inrs  ,  (i  |i.ii  loni  nîi  sa  |M  l'sf  iic^! 
l'O.a.iil  a.iiiii:  T  on  pi  o'(*ç;f r  SfS.l.i<Mi|ifS.  Sa  pi*i-— 
li.K  I  (•  fon.juf  If  (ni  (-1  i.f  di'  la  ville  d  Aiiallici. 
L  •.  iiaiiila.i:.  d(  :>  \  illi  s,  oiiy^-i  les,  lioi  s  dV*lal  d'(»|i— 
|i<i..-i  aiuii.if  !(•  islatiff ,  sfidiiyaifiil  a\('('  piiM'i— 
|ii.'  sli'iii.  l\Iai .  :  if:iL(  I  Tai  iin-f  lui  liaicrlc^c  par  la 
<>iv.ii:-iif  p«-i..a:iii(  .  Jiiifu  livia  |fs  fliimips  de*. 
I  A. .',  :  If  aii\  inaiJKfis  <!f  la  ^ilclif.  Le*  AssV— 
I  i(  ii:-. ,  (•poii\anl('':i .  ap|:i  if  icnl  \tï>  (  aux  .i  1(*iii'K(*«' 
cM'i  >,  fl  par  di ..  iiin.ii!alioii .  ils  f(»nipl('U^'l*f ni  la 
niiiif  de  Iriir  pays  <  l  ifiiilii-fiil  les  clifiiiin.H  iiii  — 
p;  ali(  al)lr...  i.a  i'frnifu'  dt*  Jnlifii  siii  ni<iilf:i  tons 
If.  oJjNlaf If.-t.  11  (orin  1  If  si(*;;f  de  IVri.siiliot* , 
on  Aiiiiai-,  >  ilii  <;iatidf ,  pfiip!('>f,  i'ui'lf.,  Mi(lldf!Klir 
iiin  i  ■  anrlif  tU  1  Miiplnalf ,  à  fimpiaulf  iliillcMcl<* 
la  j  (' .!<!(  iiff  lo^alf  d(  ^i('.ipiioii;  il  la  pril  crntf* 
:.  Mil  il  la  4!(*ti  ai  lit.  li  .ii'.npni  iiiMiilf,fii  pcr-» 
M  .1...  .1.1  lot  If  If  S.M- df  Maoj^atiialfrli.i,(piisfiKiiilait 
i.'  .i!..f  ■  .1  rouvrir  la  capilalf  ;  <  Ile  cnL  Ii:  iliuiiic 
:(il.  (.(S  d(  :i\  .si(';j,f.>  lui  d(nnir*rfn(  plil.H  criinc! 
loi.  oi(a;ioii  iic  la^nalfl' .■>i4  VitU'Ur*  il  i'ul  prC:»f|UC 


JULIEN.  Ï19 

tiorrassë  par  les  armes  de  trait  et  par  leis  grosse» 
pierres  qu  W  dirigea  coatré  sa  personne  dans  l'at- 
taque de  la  citadelle  de  Périsa])or.  Au  momeut 
d  oixlouner  Tassaut  de  Maogamalecha  il  en  exa- 
minait attentivement  les  fortifications  extérieures, 
Iprsque  deux  Persans ,  qui  s'étaient  dévoués  pour 
leur  pays,  vinrent  Tassaillir  à  coups  de  cimeterre. 
•Julien  se  couvrit  adroitement  de  son  bouclier,  et> 
d'un  coup  d  épée  dirigé  d'une  •  main  ferme  et 
adroite ,  il  renverse  mort  à  ses.  pieds  l'utï  des 
assaiibuis.  «  Maintenant,  dit-*il,  en  marchant  sur 
«  les  ruines  de  Maogamalecha,  nous  avons  fourni 
«f  quelques  matériaux  aux  sophistes  d'Antiochc.  » 
Dans  cette  guerre  il  s'abstint,  à  l'exemple  d'A^ 
lexauth^e  le  Grand  ,  de  voir  des  vierges  captives 
dout  on  lui  avait  vanté  les  charmes.  Ayant  toiP* 
joui's  su  se  défendre  de  Famorce  des  plaisii  s ,  il 
disait  souvent-,  d'api  es  un  poëte  grec  ;  «  La 
«  cliastt^lé  est ,  à  l'égard  des  mœurs ,  ce  que  la  tête 
«  estxlans  une  belle  statue,  et  que  rincontinence 
.«  sufUt  pour  dépaier  bi.plus  belle  vie.  »  Dans 
cette  même  expétlilion  ,  ayant  aperçu  h  la  suite 
de  rannéo  plusic  urs  chanif  aux  cliargés  de  vins 
excjuîs ,  il  déiViidit  aux  chameliers  do  passer  outre  : 
«  Kiïi]^ok'tc7. ,  leur  dit-il ,  ces  soiu  ces  empoisonnées 
.«  de  voUiplé  et  de  déiiauche  ;  un  soldat  ne  doit 
.«  point  boire  de  vin  s  il  ne  l'a  pris  sur  reiiriemi, 
«  et  moi-mênic  je  veux  vivre  on  soldat.  »  Lorscjue 
l'aruiée  ti'aversait  des  terrains  inondes  il  marchait 
à  pied  à  la  tête  des  légions,  dont  il  voulait  partager 
toutes  les  fatigues. 

C'est  ainsi  qu'en  triompliant  de  lui-même  et  de 
tous  les  oi)sta€les  il  ariiva  juscpi'anx  portrsde  la 
ville  royale  de  Ctésiphon ,  défondue  par  les  eaux 
de  l'Euplnate ,  par  des  mui  ailles  élevées  garnies 
de  toui^s  ,  et  <riin  ooté  par  dos  marais  iinpéuétra- 
bles.  La  flotte  passa  l'Euphratc;  par  le  canal  pro- 
fond que  Trajan  avait  fait  creuser  autrefois  entre 


i^o  BÉUSAIBE. 

iiiriiîe  9  et  dVssujettir  ses  soldats  à  une  dîsdpline 
sévère.  QiiaraMe  mille  Persans  9  commandés  par 
Pérose  ^  et  «'uliardis  pai^purs  premiers  succès , 
vinrent  lui  livrer  Lataille.  Bëlisaîre  sut  les  con- 
tenir un  jour  entier  par  ses  habiles  manœuvres , 
et  le  lendemain  il  retarda  l'action  jusque  yers 
le  soir ,  heure  à  laquelle  les  Persans  avaient  cou- 
tume de  prendre  leur  repas.  Les  trouvant  alors 
afl'uildis  par  la  i'aini ,  il  les  fit  attaquer  sur  toute 
la  liîj;ne,  et,  apièsnn  rude  combat  dont  le  succès 
fut  ion{:;~^|tes  Laiancc,  il  remporta  une  victoire 
complctei^PF 

Laimëe  suivante  il  fut  moins  heureux.  Les 
Perses  s'étaient  portés  en  Syrie  pour  s'empArer 
d^Antioche  :  Bëlisaii^e ,  avec  vingt  mille  hommes  « 
marclia  au  secoiu's  de  cette  capitale.  D'abord  ses 
mana'uvres  rendirent  vains  tous  les  projets  de 
Teiuiemi  ;  mais  bientôt  les  cris  séditieux  aes  sol- 
dats et  rimpatience  des  officiers  le  forcèrent  de 


tête  de  Tinfanterie  romaine  9  prévint  une  euti^^ 
défaite  en  mettant  pied  à  terre,  et  en  faisant  voir 
à  ses  troupes  qu'il  ne  leur  restait  d'autre  res- 
source que  Tinti  épidité  du  désespoir.  La  nuît  s^ 
para  les  conibattans ,  et  les  Perses ,  après  ce 
combat  glorieux  ,  rentrèrent  dans  leur  camp  re- 
tranché. Cet  échec  5  que  iJélisaire  avait  prévu,  ne 
fit  qu'augmenter  la  confiance  que  sa  valeur  et  ses 
talens  inspiraient  a  ses  soldats  i  mais  les  courti- 
sans saisirent  cettr  occasion  pour  nuire  à  un  gé- 
néral (pii  ne  devait  son  élévation  qu'à  son  mente. 
Bélisaire  fut  rappelé  parce  qu'il  n'avait  pas  rem- 
porlé  une  victoire  complette,  et  ce  général,  dis- 
gracié ,  se  vengea  noblement  en  conservant  le 
troue  à  Justinien  lors  de  la  furieuse  sédtl&jgui  qui 
éclata  à  Constant iuople  en  532.  Les  insurgts  *£- 


KÉLISAIRE.  i3t 

H  aient  de  proclamer  Hypace  empereur:  Bëlîsaire, 
ciécitlë  à  périr  ou  à  venger  son  prince ,  se  met  à 
la  léte  des  troupes  et  de  quelques  sujets  fidèles., 
il  charge  les  insurge's  dans  le  Cirque,  en  fait  un 
grand  carnage ,   et  en  peu  d'heures  il  rend  la 
tranquillité  à  Constantinople  et  la  couronne   à 
Justinien.  Ce  prince ,  reconnaissant,  lui  donna  le 
commjindement  en  chef  de  Texpédition  d'Afrique. 
Cîelimer,  roi  des  Vandales,  avait  usurpé  le  trône 
de  Carthage  sur  Hilderic,  à  qui  il  avait  Fait  crever 
les  yeux.  Ce  fut  sous  prétexte  de  venger  Hilderic 
que  Justinien  oi  doiuia  rarnienicut  qui  devait  dé- 
cider du  sort  de  TAfrique.  Il  ne  s'agissait  de  rien 
moins  que  de  chasser  les  Vandales  de  cette  pro- 
vince et  de  les  replacer  de  nouveau  sous  la  do- 
mination de  l'Empire.  Bélisaire ,  qui  n'aimait  pas 
les  grandes  armées  ,  s'emljarqua  seulement  avec 
six  mille  chevaux  et  dix  mille  hommes  d'infanterie; 
mais  tel  était  le  pouvoir  dont  il  était  revêtu ,  qu'il 
pouvait  exercer  par  mer  et  par  terre  une  ajitorité 
aussi  absolue  que  celle  de  l  empereur.  La  flotte , 
composée  de  cinq  cents  bâtimens  de  transport  et  de 
quatre-vingt-douze  vaisseaux  armés  en  guerre,leva 
1  ancre  vers  le  milieu  de  juin  583 ,  et  vint  se  ranger 
avec  une  pompe  gueriière  devant  les  jardins  du 
palais  impérial.  Le  patriarche  Epiplsane  donna  sa 
]>énédiction ,  l'empereur  ses  derniers  ordres  ,  et  la 
tjompette  de  Bélisaire  annonça  le  départ.  L'ex- 
pédition mit  aussitôt  à  la  voile  ,  au  bruit  des  ac- 
clamations et  des  vœux  d'un  peuple  innombrable 
qui  couvrait  au  loin  le  rivage.  Les  vents  con- 
traiiTS  ayant  retenu  pendant  quatre  joui's  l'ar- 
mement à  Rhodes  ,  Bélisaire  y  donna  un  exemple 
remarquable  de  fermeté  et  de  rigueur,  en  faisant 
exécuter,  sous  les  yeux  mêmes  de  l'armée  ,  deux 
soldats ,  Huns  de   nation ,  qui  venaient  de  tuer 
uii  de  leurs  camarades.  Ces  derniers ,  se  croyant 
outi âgés  5  se  mutinèrent  ;  mais  lautorité  et  l'é- 


l«n|iirncc  Ao  Tîelisairc»  1rs  firent  bîfîntot  rentrrr 
«liuis  Ui  devoir;  il  fil  sentir  aux  soldats  rëiionuitë 
du  meurtre  ,  l:i  neeessilé  de  la  justice  et  rinipoi^ 
(anee  de  la  disoi]»lin(*.  La  (lotte,  après  avoir  lou" 
(*lié  la  Sicile  ])our  s(^  ra\i(aiLlcr,  passa  devant 
Tile  de  Malt(s  découvrit  les  caps  d'Afrique, 
lonp;ea  les  cotes  ,  et  jeta  l'ancre  à  cinq  journées 
environ  au  sud  de  Cartha^e.  Ilélisairc  9  voulant 
éviter  d'être  attaqué  en  nuT,  ordonna  aussitôt 
le  débarqu(>n)ent ,  malgré  lavis  contraire  des 
(;én('raux ,  assemblés  en  conseil  sur  le  vaisseau 
amiral. 

L'armée  prit  terre  trois  mois  après  son  départ 
de  Constantino])le,   et  sVtahlit  aussitôt  dans  un 
camp  retranché  sur  la  côte.  Bélisaire  comniu- 
in'((ue  son  activité  aux  travailleiu's  ;  dès  le  jour 
mêm(>  le  fossé,  achevé  ,  fut  entouré  de  palissades* 
Li^  lendemain  cpielques-uns  des  jajxlins  des  eu- 
virons  furent  ])illés ,  et  le  général ,  aprèft  le  châ- 
timent des  coupables,  saisit  cette  occasion  légèrCf 
Diais   décisive ,   pour  pénéb*er-  ses  ti^u]>es  des 
pi'incipes  d'é(iuité  ,   de  modération  et  de   saine 
politique  dont  il  était  animé  lui-même  :  «Lorscjue 
«  je  me  suis  cliargé)  leur  dit-il,  du  soin  de  sub- 
¥  ju^uer   TAfriipie  ,   j'ai    inohis  compté    sur  le 
«  nombre  ,    ou  même  sur  la    bravoure  de  mes 
«  troupes  y  ({ue  sujla  disposition  amicale  des  na— 
«  turrls  du  ])ays  et  sur  la  haine  innnortelle  qu'ils 
M  portent  aux  Vandales.  Vous  pouvez  s(*uls  m  ôter 
«  c<;  moyen  de  succès,  si  vous  continuez  à  en— 
«  lf;v(*r  de  force  c(;  que  vous  ol>tiendriez  aisément 
V  par  une  léj;ère  rétribution.  Quelle  foliedccom- 
«  ))romettre    v(»tre  sûreté  et  de    renverser   nos 
•<  (  sj>érances  ])ar  une   misérable  avidité  !  Votre 
«  salut   dépend  de    votre   modération.  Celle-ci 
«  rendra  Dieu  propietî  à  notre  cause  ,  les  Afri— 
•c  cains  ailectionnés,  et  les  Vandales  faciles  à  vaiiv- 
«  crc.  Alors  seulement  TAiriquc  pourra  rentrer 


't«MM  hî^  doiîiiliatidk  de»  Cëiars.  »  Tels  favent  * 
ks  faeureiu^  ^rffets  de-  la  discipUioe  établie  pur 
Bâisai]*e^  apé  les  habitàas  de  l'ÂÊriqae  TioraDit 
eBXrHoaJmès  kn  of&ir  des'  vivres  en  aboiidaDtee:^ 
mal  ne  prenait  la  ftiite,  nul  oe  cachait  ses'  proi*  ^l 
vinons,  ne  fei*niait  su  cabane;-  on  eftt  dit  qw 
Farmée  traversait  les  terres  de  1  jBmpire* 
;  Ne  e<HHi^îs8ant  poiiit  la  sitoation  des  éntieatti^j 
Mlfarmée   inarc^    veirs   Garthage   en  ordre   db 
tataiflg,  en  côtoyant  le  rivage  qu'elle  avait  à  s9k 
dfotteÂ-^Bâisaiiv ,  prenant  pour  modèle  If»  opé* 
ratious'^le  César  snr  le  même  théâtre ,  diriàeà  lai  ^ 
maircbe  vers  Leptis  et  Aâramète,  dont  lesJwOU^  - 
tâns  /^s'empi^ssèrent  *  à   son    apm^cidiè  'db^^ltf 
0Éivrii^- leurs  portes»  La  flotte  enli^  longelot  la 
c&tef  €t  peroâit  i^rèmait  de  vue  IV^rimeii  4pât 
fiiisait  eoriron  àùme  milles-^par  jour  $  «t  boànaâit 
dM^pè'aràr  des  cau^  HttrandbiA  bu  des  vues' 

•  Aimée  k  Grasse  >  palais  des  rois  Vnhdalss» 

'    aitoé  à  seize  lieues  de  Garthage ,  l'armée  y  &tïguëe'9 

put  jouir  un  moment  de  quelque  repos ,  que  pro« 

Toquaient  de  frais  bocages,   des  eaux  ^limpides 

et  des  fruits  délicieux* 

.  Cependant  Gelimer,  roi  des  Vandales,  privé 
dNme  partie  de  ses  forces,  qu'il  avait  envoyées 
^  ia  conquête  de  la  Sardaigne ,  et  étonné  d'ailleurs 
d'une  attaque  aussi  brusque,  avait  fait  le  plan 
de  tourner  l'armée  romaine,  tandis  qu'Amatas> 
son  firère ,  l'attaquerait  de  firent  ;  mais  ce  prince  ^ 
ayant  commencé  trop  tôt  son  mouvement,  fut 
défait  et  tué.  L'armée  v€uidale ,  survenue  après 
cette  première  action ,  remporta  quelques  avan<« 
tages  sur  les  corps  dispersés  de  l'armée  victorieuse. 
Bélisaire  accourt  aftfsS^ttot  à  la  tête  de  ses  gardes 
et  d'un  gros  de  cavalerie  au  secours  de  ses  troupes 
en  désordre;  il  met  en  fuite  les  Vandales  et 
leur  roi  Gelimer»  et  ramène  b  ivictoire  sou« 
fea  drapeau]^ 


t34  BELISAIRE. 

Le  lendrinaîu  ilinnrclie  vri^s  Cartilage ,  y  arriye 
à  Tditiée  de  la  nuit,    trouve  toutes  \c^  portes 
ouvcrtos,  la  ville  illuniinëo,  le  peuple  saluant  et 
appelant  sou  liJ)drateur  t^  craucls  ciis,  et  invo- 
quant comme  un  dieu  futëlaire  Bëlisaire  vain- 
queur. Dans  un  discours  y  digne  de  sou  caractère 
<?t  de  la  ciixonstance ,   ce  gênerai  exhorta  sea 
ti'oupes  h  ne  pas  souiller  la  gloii'e  de  leurs  armes; 
il  fit  ensuite  son  cntiëe  triomphante  au  milieu  des 
acclamations  publiques.  Instruit  que  son  amiral , 
Galonyine,  commençait  à  piller  les  magasins  et 
les  maisons  voisines  du  port,  il  le  réprimanda, 
et  le  força  de  restituer  tout  ce  qu'il  avait  pris. 
Aussi ,  au  moment  même  ou  TAlriquc  changeait 
de  maître  et  de  gouvernement,  le  commerce  de 
Cartilage  n était  point  interrompu;  les  boutiques 
demeuiaient   ouvertes  et  remplies  dacheteurs, 
et  l(^'squ'on   eut  plaif^^.rJes   gardes  nombretises 
les  soldats  se  retirèrent  tranquillement  dans  les 
malsons  qui  huir  étaient  assignées.  Le  génie  seul 
de  Eélisaire  réprima  les  passions  d'une  armée 
victorieuse  dans  un  siècle  oïl  lusage  et  l'impu- 
nité autorisaient  Tahus  de  la  conquête. 

Ce  grand  homme  occupa  le  palais  des  rois 
vandales  ,  et ,  assis  sur  le  trône  de  Genseric , 
il  reçut  et  distribua  le  butin  fait  sur  les  vaincus; 
il  fit  grâce  de  la  vie  aux  Vandales  trcmblans  qui 
s^étaient  réfugiés  dans  les  églises.  Les  officiers 
mêmes  du  monarque  fugitit  servirent  respec- 
tueusement le  vainqueur  dans  un  festin  somp- 
tueux que  le  prince  vandale  avait  commandé» 
La  fortune  réservai:  îk  Gelimer  des  revers  plus 
cruels  encore.  Après  la  perte  de  sa  capitale  il 
avait  rassemblé  les  débris  :  ;  son  armée  fugitive 
et  de  son  camp ,  assis  à  qUitli')}  journées  de  Car« 
liiage  ;  il  commença  à  insulter  cette  ville* 

L'esprit  actif  de  Bélisaire,  qui,  au  sein  même 
du  tiîomphe,  savait  prévoir' la  possibilité  d'ooe 


BELISAIBE.  i35 

deBiîte  9  ne  voulait  pas  que  1  Empire  romain  en 
Afrique  dépendît  de  la  fortune  des  armes  ou  de  la 
faveur  populaire.  Les  fortifications  de  Carthage , 
tombées  en  ruines  pendant  les  quatro-vingt-quiîize 
auiiëes  de  la  domination  des  Vandales ,  furent  rc- 
leve'es:  soldats,  matelots,  citoyens  ,  encouraj^ës  à 
lenvi  par  les  libëraLités  de  Bëlisaire,  se  livrèrent 
sans  relâclie  à  ces  utiles  ti^avaux ,  à  ces  mesures 
de  précaution  que  réclamait  la  prudence. 

El  efïot,  Z-izon,  frère  deGelimer,  revenu  de 
la  conquête  de  la  Sardaigne,  parvint  à  opérer 
sa  jonction  avec  tous  les  guerriers  vandales. 
Leur  roi  marcha  aussitôt  sur  Cartilage  avec  tous 
ses  soldats  réunis  ,  et  dix  fois  plus  nombreux 
que  les  Romains. 

Mais  ceux-ci  étaient  commandés  par  Bélisaire* 
Une  seconde  bataille  allait  décider  sans  retour 
du  sort  de  l'Afrique.  Elle  fut  livrée  à  Trica- 
mare ,  vers  le  milieu  de  décembre  ,  trois  mois 
après  le    débarquement.   Là    ou    vit  encore    le 

f;énie  de  Bélisaire  triompher  du  nombre  et  de 
a  valeur.  Le  combat  parut  indécis  jusqu'au 
moment  ou  Zazon  reçut  un  coup  mortel  ; 
aloi^s  les  Vandales  prirent  la  fuite  ,  et  une 
journée  ,  plus  honteuse  que  sanglante ,  leur  en- 
leva irrévocablement  Tempire  de  TAfrique.  Bé- 
lisaire mena  son  infanterie  à  Tattaque  du  camp  , 
où  1  armée  victorieuse  se  rassasia  de  pillage , 
reprit  les  dépouilles  de  Tltalie,  de  la  Sicile,  de 
la  Grèce ,  et  celles  de  Carthage  et  de  l'Afrique  y 
tant  de  fois  ravagées  par  Genseric.  Les  soldats  , 
chargés  de  butin  ,  quittaient  leurs  rangs  et  er- 
'  raient  sans  guide  sur  la  route  de  Carthage  ;  la 
victoire  aurait  pu  changer  de  parti  si  l'ennemi 
eût  osé  revenir.  Pénétré  de  la  honte  et  du 
danger  d'un  pareil  désordre ,  Bélisaire  passa  une 
nuit  pénible  sur  le  champ  de  bataille  théâtre 
de  sa  victoire.  A  la  pointe  du  jour  il  arbora  soa 


i36  BEUSAIRE. 

di*a]>eau  sur  une  coliint^ ,  imppela  ses  gardes  et 
ses  vétérans ,  et  rétaîilit  p'U  à  peu  dans  soa  camp 
la  souiulssîoa  et  la  diseipLine.  Il  avait  remporté 
cette  grande  victoire  avec  sa  seule  cayalene  et 
par  l'habileté'  de  ses  maaœuvres.  Il  fut  le  pre- 
mier, depuis  Cesai*,  «jui  rendit  aux  Romains 
Hiabitude  de  vainci'e  dîes  ennemis  supérieurs  en 
nombre. 

Après  avoir  détaché  un  corps  de  troupes  à  la 

Soiirsuite  de  Gelimer,  qui  venait  de  se  réfugier 
ans  le  pays  des  Maures ,  Bélisaire  prit  ses  ouar— 
tiers  d'hiver  à  Carthage,  d'oii  il  envoya  un  oe  ses 

Séuéraux  informer  lempereur  quVu  trois  mois 
[  avait  achevé  la  conquête  de  rÂfrique.  Le  seul 
bruit  de  ses  victoires  (it  renb*cr  successiTement 
sous  robéissauce  de  l*Enipire    les  provinces  les 

5 lus  éloignées  :  la  Sardaigne  et  la  Corse  se  ren- 
ireut  à  im  officier  de  Bélisaire  :  les  îles  de 
]^Iaj orque  et  de  Miuorque  consentirent  à  clemeik<* 
rcr  des  dé|>endances  du  ix)yamne  d^Afrique» 

Bélisaire .  piir  Tordre  de  lempereur ,  régla  la 
défense  et  Tadminist ration  de  sa  nouvelle  con- 
quête, oii  il  établit  cinq  ducs.  Toutefois  elle 
demourait  imparfaite  tant  que  Gclimer  ne  serait 
point  au  pouvoir  des  vainqueurs. 

(a*,  prince  s  était  réfugié  avec  sa  suite  sur  le 
mont  l'apuas,  niontii^ue  escai-pée  et  presque 
inaccessible ,  située  à  lextiémité  de  la  l^nmidiCy 
et  habitée  par  des  Maures  alliés  des  Vandales» 
Là  9  cerné  par  mi  détachement ,  accablé  bientftt 
de  misèi^  et  privé  de  toutes  ressources,  il  se 
rendit  à  Pbaras ,  envoyé  de  Bélisaire,  qui  btt 
confirma   an  nom  de  ^empereur  les  prome 


iperei 
de  sûreté  personnelle  et  d  un  traitemeat 
lable.  Lk  roi  vaincu  et  captif  vint  se  mettre  à 
la  discrétion  de  Bélisaire,  qui  le  reçut  avec  une 
sorte  de  pompe  milibiii*e  dans  le  fiuijKNirg  d*AclM 

«ù  il  a?«iit  choisi  sa  demeure* 


BEUSAIRE.  i37 

lHaîs  tandis  que  le  général  de  Justînîen  *ou- 
'tnettait  TAfrique  ,  ses  envieux ,  ses  généraux 
i&émes  assuraient  avec  perfidie ,  dans  leurs  dé- 
pêches particulières,  que  ce  grand  homme,  fier 
(le  sa  réputation ,  songeait  à  se  faire  en  Afrique 
un  état  indépendant.  Le  héros,  instruit  de  ces 
bruits  injurieux ,  et  connaissant  l'esprit  soupçon-» 
neux  -de  Justinien ,  sentit  qu^il  ne  lui  restait  qu  a 
arborer  l'étendard  de  la  révolte  ou  à  confondre 
ses  ennemis  par  une  apparition  subite  h  la  cour» 
L'innocence  et  Thonneur  déterminèrent  son  choix. 
Il  fait  embarquer  ses  gardes  ,  ses  captifs,  ses 
trésors  ;  une  navigation  heureuse  favorise  soU 
trajet,  et  il  arrive  inopinément  à  Çocnstantinople. 
Une  conduite  si  franche  toucha  Justinien,  dissipa 
tous  les  soupçons ,  et  la  reconnaissance  publique 
fit  taire  Fenvie. 

Pour  couronner  de  s!  grands  exploits,  Justi-^ 
nien  renouvela  un  pompeux  honneur  qui ,  depuis 
le  règne  d^Auguste ,  était  réservé  aux  empereurs 
et  à  leurs  en&ns;  il  décerna  le  triomphe  au  vain* 
queur  de  l'Afrique.  Le  cortège  triomphal  sortit 
du  palais  de  Bjzance ,  et  traversa  les  principales 
rues  pour  se  rendre  à  FHypOfbaume ,  oîi  l'atten- 
dait 1  empereur  sur  un  trône  élevé.  Au  lieu  de 
se  montrer  sur  un  char  de  triomphe ,  le  modeste 
«vainqueur  marchait  à  pied ,  à  la  tête  de  ses  braves 
compagnons  d'armes  ;  tout  le  reste  de  la  pompe 
ressemblait  aux  anciens  triomphes.  On  portait 
devant  Bélisaire  les  dépouilles  des  rois  vandales  ; 
à  sa  suite  marchaient  les  prisonniers,  et  à  leur  tête 
Gelimer,vêtu  d'une  robe  de  pourpre  et  environné 
de  sa  famille.  L'admiration  et  l'attention  pu- 
blique se  partageaient  entre  le  héros  vainqueur 
et  le  roi  captif,  entre  Bélisaire  et  Gelimer.  Dans 
l'un  on  contemplait  le  modèle  de  la  plus  haute 
valeur  ,  de  la  sagesse  dans  le  conseil ,  de  Isi 
promptitude  dans  l'exécution  ,  de  la  modestie 
Tome  IL  la 


t38  VEUSAIKE. 

dans  Icê  plua  brillans  succès  ;  on  TOjaiî  cfi 
lautFC  un  einnple  éclatant  de  la  fragililë  ( 
trônes  les  mieux  aiTcrmis.  Le  vainqueiir  et  1^ 
taincu  poriaîent  égalnnrnt  TempreHite  de  ]m 
puissance,  divine  qui  avait  fait  succomber  Gelimer 
«outcnu  de  cent  soixante  mille  combattans,  et 
iait  triompher  Bëlisaire  9  qui  n^en  avait  que  seise 
mille.  Aussi,  lorsque  le  roi  captif  entra  dans  le 
Cirque,  et  quil  aperçut  devant  lui  Tempernir, 
A  droite  et  k  gauche  une  foule  immense  cnie  la 
curiosité  avait  attirée  9  il  répéta ,  pénétré  oe  ses 
«léant,  les  paroles  de  l'ecclésiaste  :  Fmùé  det 
nfanités  ,  tout  n'est  que  vanité  ! 

Justinien  reçut  le  vainqueur  dans  le  Cirque  9  et 
peniétiia  son  triomphe  en  faisant  frapper  une 
médaille  qui  s*est  conservée  jusque  nos  |Oiirs  «  ri 
#ur  le  revers  de  laquelle  on  lit  :  BéiiaUrep  ta  fftw* 
élcs  Romains. 

Ce  crand  homme  fut  déclaré  consul  poar  Tan* 
née  suivante  535 ,  et  le  jour  qu'il  jprit  poateisioa 
de  son  consulat  fut  un  secoiid  tnompne.  Forte 
au  Sénat  dans  une  chaise  curulé  sur  les  épmdca 
clcs  prisonniers  ,  il  distribua  au  peuple  pendsnfr 
le  trajet  la  plus  riche  partie  du  butin  qn  il  avait 
emporté  d'Afrique. 

Cette  conquête  ouvrit  un  vaste  champ  11  l'am* 
bition  de  Justinien  ,  et  prépara  de 


La  célèbre    Amaloxintfae ,  leur  reine  t 
Théodoric,  venait  de  périr  par  la  pe 
Théodaty  son  parent,  dont  elle  avut^^Vf 
faire   un    appui  en  lut  donnant  sa  main 
couromie.  Justinien  saisit  l'occasion  d#  i 


aeiisioiis  domesticjues  pour  revendiquer  lea 

ilie* 


de  TEinpire  sur  l'Italie*  Théodat,  crai_ 
euacmi  si  redoutable  9  eiiaya  la  Toie  dss 


^LISAIRE.  z39    -. 

■  muÀM  in[|irévu  le.e  lui  fit  rompre 
JMU*  d^  BAiwin  avait  mis  k  la  Toîle  poar  la 
ifiîcîlet  Ma  maaie  de  terre  et  <le  mer  pai'iit  tout 
Jk  ooop  devant  Cato ne.  Au  lieu  de  solliciter  dea 
<BCOiir<  da  roi  de*  Gotha ,  les  Siciliens  obéirent 
ATM-ieie  k  la  première  sommation  de  Bëlîsairc.  ' 
falsrme,  ifféÔAu  par  une  garnison  de  Gu^ , 
«ffOM  Mnle  de  la  résistance.  Bélisaire  iutroduh  - 
«M  Taineanx  dani  la  partie  du  havre  la  plua 
iTMMiie  de  la  ville  j  et  imagine,  pour  n'en  empa— 
*.Kr*  «o  majea.  aiusi  singulier  qu'inrailUhle.  11 
Ait  liiwi  I  an  sommet  de  ses  mâts  de  hune  ses 
.dudonpea  remplies  d  archers,  qui ,  de  cette  jiost- 
.tiaB  Aewée,  domineut  et  balayent  les  remparts* 
XeihalntBiiStaccaM^s  d'une  grêle  de  âèclies,prea- 
,BHlt  l'^ponvante^  capïtident. 
,t-.  .Bdisâiremtra  anssi  dans  Syracnse,  réanissnnt 
wnm  la  Sicile  à  l'Empire ,  dont  elle  avait  élé  loiig^ 
.JtaM*  aéfêxée.  Il  7  demeura  le  veste  de  l'hiver , 
jifjgnr  avnrar  sa  conquête  et  pour  mettre  ordie" 
^i^pyfern^aenteivil;  mais  les  KoMnts  laissés  en 
j  Jitntpie  •  étanf  révoltés ,  c«t  événement  înattenda 

itri 1"'*  '~  cours  de  ses  desseins.  A  U  jm— 

mâèn  nouvelle  de  la  révolte  Bélîsaire  qqitte'ta 
^.Sicâlet  va  débarquer  à  Carlluigeavec^atbonunes 
.^oïaM  de  sa  garde,  et  par  sa  présence  aenle  sanve 
]a  ville.  Deux_  mille  soldats,  d'une  fidélité  sti9~ 
r  .f«ete  1  reviennent  soos  les  drapeavx  de  -  lenr 
...MMâea  général,  qui  se  met  aussitôt  en  route  ponr . 
.  ^^ler  k  ul  poursuite  des  rebelles,  commandés  par 
^■jlUtts.  Il  les  atteint  près  de  Membrèse  ,  à  six 
n'isqvesde  Cardiage.Hmtmille  d'entre  eux,  tre^- 
CUuM  A  son  approcbe,  sont  défaits  à  la  première 
t  fhaiMi"  Ce  rapide  succès  anrait  rétabb  la  paix 
■.  «M  Juriqne  si  BéLisaire  n'eût  été  rappelé  en  Sicile 
j  appaÎBer  une  autre  sédition  qui  venait 
d'éclater  parmi  ses  propres  troupes.  Les 
dn  commandement  et  les  vertus  de  l'obéis- 


740  BÉUSAIBE. 

«ance  ii*ei1staient  plus  €p^  dans  le  seul  Bâisaire; 
#on  retour  fit  tout  rentrer  dans  l'ordre» 

Après  avoir  laisse  des  garnisons  suffisantes  à 
païenne  et  à  Syracuse,  il  embarqua  ses  soldats 
h  ftL>ssiiie  y  et  prit  terre  sans  réûstance  à  Reggio, 
sur  le  bord  opposa.  Un  prince  Goth,  qui  avait 
épouse  la  fille  du  roi  Tbéodat,  gardait  cette 
entrée  de  l'Italie;  mais,  regardant  sa  natioB 
comme  peixlue ,  il  passa  ayec  ses  troupes  dans  le 
camp  de  Eélisaire ,  et  pria  le  général  romain  de 
le  recevoir  au  service  de  l'Empire.  La  flotte  et 
l'armée  ayancèrent  jusqu'à  Naples,  sans  se  perdre 

Srcsque  jamais  de  vue  pendant  une  route  de  près 
e  cent  lieues,  en  côtoyant  le  rivage  de  la  mer. 
Jjes  peuples  de  ces  contrées,  qui  aibborraient  le 
vom  et  la  religion  des  Gotbs ,  fiivorisèrent  les 
Romains.  Naples ,  alors  moins  grande  qu'elle  ne 
Test  aujourd%ui,  mais  très-forte  et  défendue 
par  une  noml^euse  garnison,  fut  investie  par 
terre  et  par  mer.  Des  députés  du  peuple  se  pré*- 
sentent  a  Bélisaire  pour  le  suppber  ,de  ne  pas 
s'occuper  d'une  conquête  indigne  de  sesanneii 
mais  d  attaquer  plutôt  le  roi  barbare  en  bataille 
rangée ,  afiu  de  pouvoir  réclamer  comme  conqué- 
rant ,  après  U  yictoii'e ,  la  soumission  des  villes 
41t«ilie.  «  liorscj^ue  je  traite  avec  des  ennemis, 
«  répond  Bélisaire  ,  je  suis  plus  accoutumé  à 
«  domier  qu*à  recevoir  des  conseik;  du  reste» 
«  je  tiens  d  une  main  la  ruine  de  Naples.»  de 
«  i'auti^e  la  liberté  et  la  paix ,  telles  que  je  ]m 
m  ai  accordées  à  la  Sicile.  »  Naples  était  parturfe 
en  deux  factions*  Celle  qui  voulait  se  dâenor» 
remportât  Le  siège  durait  depuis  vingt  joim»  «I 
la  patience  de  Bélisaire  était  éniisée»  car  son 
intention  était  de  marcher  avant  Pbiver  sur  Bone 
et  contre  le  roi  des  Gotbs. .  L'ordre  de  lever  le 
siège  venait  d'être  donné;  l'armée  allait  se  nettM 

en  m^chC}  lor^qu'up  bu^ureux  bawrd  tint  oftir 


BELISAIRE.  141 

à  Bâisaire  le   succès  -  qu'il  n'espérait  plus,  tin 
soldat  isaurien  avait  reconnu  le  canal  desséché 
d'un  aqueduc ,  et  il  rapporta  au  général   qu'on 
pourrait  s'y  frayer  un  passage.  Oh  y  travailla 
secrètement ,    et  quatre  cents  Romains   péné- 
trèrent dans  l'aqueduc,  et  y  au  milieu  de  la  nuit, 
surprirent  les  sentinelles  et  enfoncèrent  les  portent 
de  la  ville.  L'armée  entière  y  entra ,  et  usa  du 
droit  de  la  guerre ,  surtout  les  soldats  huns ,  qui 
se  faisaient  remarquer  par  leur  cruauté  et  par 
leurs  sacrilèges*   En   vain   Bélisaire    parcourut 
d'abord  les  rues  et  les  églises  pour  arrêter  le 
massacre  et  le  pillage  :  «  Arrêtez ,  criait-il  à  ses 
«  soldats 5  c'est  Dieu  qui  vous  donne  la  victoire  y  et 
«  vous  outragez  la  ma  j  esté  divine  par  votre  cruauté! 
«  L'or  et  l'argent  vous  appartiennent  à  juste  titre  9 
«  comme  une  récompense  de  votre  valeur;  mais , 
«  au  nom  de  l'humanité,  épargnez  les  habitans; 
«  ils  sont  chrétiens,  ils  sont  soumis,  ils  sont 
«  nos   concitoyens.    Rendez  les  enfans  à   leurÀ 
«  pères,  rendez  les  femmes  à  leurs  maris,  et  que 
«  votre  générosité  leur  apprenne  de  quels  amis^ 
«  en  nous  combattant,  ils  se  sont  long-temp* 
«  privés.  » 

Les  vertus  et  l'autorité  du  conquérant  sau- 
vèrent la  ville  5  dans  un  même  jour  les  Napoli- 
tains perdirent  et  recouvrèrent  la  liberté.  Bélisaire 
repeupla  Naples ,  et  établit  en  Sicile ,  dans  la 
Csdabre  et  dans  la  Fouille ,  des  colonies  de  pri- 
sonniers de  guerre  faits  en  Afrique» 

Les  Goths,  irrités  de  la  prise  de  Naples  et  des 
succès  qui  rendaient  Bélisaire  maître  de  toute  l'I- 
talie méridionale ,  massacrèrent  leur  roi  Théodat, 
et  élurent  à  sa  place  Vi tiges ,  guerrier  actif 'dont 
la  réputation  était  établie  sur  des  actions  éclatan-» 
tes.  Vitigès  ,  voulant  différer  les  opérations  d'une 
guerre  offensive ,  ne  laissa  dans  Rome  que  trois  ou 
çpatre  mille  soldats» 

Des  députés  du  pape  >  du  clergé ,  du  Sénat  et 


1^4  BÉUSAIRE.  « 

IVUsaSroréstJut.  nvc^do*  fbixtnttfluproportioii* 
n(Vs«  dodofoiidre  uiio  mcrinti!  de  douie  milkii 
contjf  coiit  oinqtmnto  mille  burbireiu  Déjà  il  mmI 
iO|mro  Iv»  uuin»  tlo  Romo^  euvirouiK^là  ville  de 
fort ilical  ions  «  ot  tVruio  le  Tibre  «reo  uite  diatiie* 
\a}  mole  ou  ^'|>ulcn^  «rAdrîeu  aervit  pour  la  pre* 
nuf^rc^  iois  do  citadolle.  CImcuii  des  lieuteiuuit  dtt 
lVii$<iire  tut  clmi^  do  la  garde  d*uue  des  portes 
do  la  \illo.  1,08  ASsi^(i(osus  uavsieut  nU  en  Mb- 
brasser  toute  la  eircoufAtnice  $  ils  n  investirent 
({uo  la  {vartie  couiprise  depuis  la  porte  Preneste 
justpr^  la  voie  Flauùuienne  «  eVst  h  dire  sept 
portos  au  liou  do  quatorte*  Décidas,  le  dix-nettp* 
tîf^uio  jour  du  M^go  «  ik  livrer  un  assaut  grfnëral^ 
ils  uiaivlii^n'ut  sur  sept  colonnes  y  pr^mltfs  de 
lours  niacliiiu's  %\o  guoriT«  A  leur  approche  Bë-» 
Hs;ùro  lança  lui<-iuèuie  le  premier  IraiU  Telles 
(^taiout  sa  torce  ot  sou  adresse  •  qu^il  perça  d*outre 
eu  outiv  Tuu  dos  chots  dos  barbares  qui  se 
trouvait  le  plus  pr^s  dos  iTmparis*  Un  cri  d*»»» 

1)laudîssoinons  ot  do  victoii^  retentit  le  long  oe 
a  uuii  aillo.  IVIis<uiv  diVoolia  un  second  trait  f 
qui  out  le  niouio  suooi'^s  (*t  (|Ut  fut  suivi  des  mêmes 
aooliiniatious.  Il  ordonna  ensuite  aux  archers  de 
tiror  sur  b\s  attolagos  qui  portaient  les  tonrs*  A 
1  instant  les  bcruts  Inivut  couverts  de  blessures 
niortoUos  ,    et   los  toui^  devinrent  immoliiles* 
Toutolbis  lattaipio  fuf  pouss^^o    vivement  pair 
Vi(i(;(\s  pr^s  do  la  porto  PiTueste.  LVspoîr  de  là 
victoire  otdu  luitin  animait  les  Gotbs»  et  si  un  seul 
poste  oAt  cMéy  les  Romains  et  Rome  elle  niéme 
fêtaient  p<'nlus.  Au  milieu  du  tumulte  et  de  Teb 
froi  R(<li8uire  ne  perdit  pas  un  moment  de  tu» 
l(*  plan  do  rattsque  et  de  la  dëfensc|  U  observa 
toutes  los  vicissitudes  de  lassant  9  calcula  toualil 
avantages  possibles,  se  porta  dans  tout  les  eu-^ 
droits  p(<rilleux ,  et  ses  ordres  9  calmes  et  dAïisib  ^ 
îuspiri^rcut  ii  sc|  soldats  lob^issance  et  U  ytu 


f 

BÉLISAIKE*  145 

coui*age.  On  touchait  à  la  chute  du  jour ,  et  Ton 
se  ]>attait  depuis  le  lever  du  soleil.  Repousses 
lie  toutes  parts,  les  Goths  avalent  perdu  ti*eute 
mille  hommes  ,  et  comptaient  un  pareil  nombre 
de  blessés;  il  leur  fallut  songer  à  la  rcîtraife.  Le« 
KiHnains  les  poursuivirent  en  chantant  h*  nom  efc 
les  victoires  de  leur  général ,  et  réduisirent  en 
cendres  leurs  machines.  Cette  journée  tut  la  plui 
glorieuse  de  la  vie  de  Bélisaire  ;  Ronu^  lui  devait 
son  salut.  Le  siège  dégénéra  depuis  en  un  languis^ 
saut  blocus ,  qui  dura  une  anné(*.  Dans  une  sortie 
les  Romains  éprouvèrent  un  échec  pour   avoir 

[>erdu  des  iiistans  précieux  et  irréparal)ies  danë 
e  pillage  du  camp  des  ennemis;  mais  la  retraite  ^ 
faite  avec  précipitation ,  fut  couverte  par  la  pru-« 
dence  de  15élisaire. 

Ce  grand  liomme  avait  cherché  par  des  soin* 
assidus  à  garantir  Rome  de  la  famine  ,  ])Juâ 
teiTÎble  que  les  armes  des  Gotlis.  Drs  grains 
avaient  élé  tirés  de  la  Sicile ,  de  la  Cam]>anie  e^ 
de  lîi  Toscane.  En  vain  rennemi  sVmpara  de* 
aqueducs  ;  1rs  précantious  de  Eélisaire  furent  s} 
heureuses  ,  qu(»  les  eaux  du  Tihre  continuèrent 
à  tenir  les  moulins  en  activité.  D'ailleurs  la  ville 
iiavant  pu  rli'e  investie;  tout  entière  ,  la  navi-« 
gation  du  Tibre,  la  voie  Latine,  les  voies  Ap-» 
pif'une  et  Osfieime  étaiont  demeuiées  libres;  on 
put  introduire  du  bélail  et  des  grains  :  c'était 
aussi  par  là  que  se  retiraient  les  hai)itans  qui 
allaient  cliercher  un  asile  en  Sicile  et  en  Campanie« 
MaisVitigès  parvint  ii  resserrer  la  place  et  à  inter-* 
rompre  les  connnunications,  en  étaidissant  ver» 
la  voie  Latine  et  la  voi(i  Appienne  un  camp 
n^ti'anelié.  Les  magasins  de  llojne  s'éijuisèrent' 
insi^nsiblement ,  et  dans  1rs  derniers  mois  du 
biége  le  jx'Uple  fut  (ixposé  à  tous  les  maux 
de  la  disette  (»t  aux  maladies  contagieuses.  Béli- 
saire, inébraulahlc;  reicU^  avec  dédain  l'idée  d'unô 


i^  BÉLISAllŒ. 

toutes  In  discussions  furent  calmdcs,  1 
oppositions  lurent  sucmonti^es  par  sa  ferr, 
ration.  Mais  ces  nioniens  de  discorde  a  val 
respirer  les  Gotlis.  On  venait  de  pm 
saison  précieuse  ;  Milan  avait  éià.  ddtruil 
l'Vancs,  esLcJtes  par  tant  de  dcchirr;fnf 
guerres  ,  venaient  d'envahir  les  provin 
tentrjoiiales  de  Tltalie.  La  l'oi  des  Ootlj 
lisairc  lui-ni/;nie  reclierchèrent  Taniiti 
allids  dangereux.  Les  maladies  contae^i 
ayant  i'orcés  de  repasser  les  Alpes  ,  Bdl 
8on(^ea  plus  alors  quVi  t/'rniîner  sa  eom 
mit  le  sidf^e  devant  Auxiniuni ,  où  il  eût  < 
d'un  trait  si  Tun  de  ses  (gardes,  nommé  U 
Feût  garanti  {;(5ndreusr'njent  du  coup  j] 
interr^fptant  Ut  trait  avec  sa  main. 

U  fallait  soumettre  llavennes ,  sid^e  d( 
sance  des  Goths ,  et  oli  Yitiges  s'était  rëfi 
les  derniers  appuis  de  son  tronc,  (^aud 
eut  investi  oetU*  capitale  il  ne  tarda  pas  i 
vaincre  par  lui-même  que  la  famine  ëta 
moyen  qui  lui  restAt  de  dompter  Vo] 
des  barbares  ;  il  fit  (garder  soigneusemeii 
et  la  mer,  et  les  canaux  du  Pô.  Tandis  qi 
sait  le  blocus  ,  il  vit  avec  surprise  deu3 
Siideurs  arriver  de  Constantino])le  avec 
de  paix  que  Justinien  avait  impnidemm 
sans  consul tr;r  son  général  victorieux.  :  < 
arrangement  }jonU;ux  et  précaire ,  qui  j 
l'Italie,  et  laissait  au  successeur  de  Tliéc 
provinces  situées  au-delà  du  Pô.  Daiu^ct 
décisif  Bélisaire  ,  avec  la  grandeur  d'i 
véiilable  |jr»mme  detat,  résolut  de  co 
le  danger  ou  de  recueillir  seul  la  clo 
l^éiiéreusc  désobéissance  ;  il  rejeta  le 
pai  tage  ,  et  déclara  sa  résrdntion  de 
Vi tiges  chargé  de  chaînes  aux.  pieds 
tiiileu.  Lcd  GOII10  9  élouués  du  sa  fermeté 


BÉLISAIRE.  149 

rant  comparer  d'ailleurs  la  réputation  et  la  fortune 
de  ce  grand  Lomme  avec  la  faiblesse  de  leui*  mal- 
heureux roi  5  ne  virent  plus  d*auti\î  expédient  poup 
se  conserver  en  corps  de  nation  que  d'offrir  la 
couronne  à  Bélisaire  ,  à  condition  qu'il  abjure^ 
rait  l'autorité  de  Justinicn.  Mais  l'éclat  trompeur 
du  diadème  ne  put  séduire  la  loyauté  d'un  sujet 
aussi  fidèle  ;  sans  accepter  une  of&*e  aussi  éblouis-*- 
saute,  il  enprofita,et5Usant  d'une  politique  adroite, 
il  se  fit  ouvrir  les  portes  de  Ravennes.  C'est  ainsi 
que ,  vers  la  fin  de  Tannée  53*9 ,  il  eut  en  son 
pouvoir  Vitigès,  roi  des  Goths.  Son  inflexible 
fidélité  n'accepta  de  serincns  qi^î  ceux  qu'on  lui 
prêta  comme  au  représentant  de  Justinien,  et  il 
ne  fut  pîs  offensé  d'un  discours  où  les  députés^ 
Gotlis  lui  reprochèrent  d'aimer  mieux  être  esclave 
que  roi. 

Mais  Justinien  avait  déjà  prêté  Toreille  à  l'en- 
vie. Jaloux  lui-même  des  brillans  succès  de  son 
général,  il  le  rappela,  sous  prétexte  que  sa  pré- 
sence était  nécessairie  pour  détendre  1  Orient  con- 
tre les  innombrables  armées  des  Perses.  Bélisaire 
df'vina  les  motifs  cachés  qui  faisaient  agir  l'empe- 
reur ,  et,  feignant  de  ne  pas  les  soupçonner,  il 
emiiarqua  ses  trophées  à  Ravennes,  et  vint  prou- 
ver encore  sa  fidélité  par  sa  prompte  obéissance. 

Cette  fois  l'empressement  du  public  fut  son 
seul  triomphe  ;  les  respects  et  l'admiration  de  son 
pays  suppléèrent  aux  faibles  éloges  de  la  cour. 

Mais  il  fallait  opposer  le  vainqueur  de  l'Italie 
ù  Chosi'oès ,  roi  de  Perse ,  qui  venait  d'envahir  la 
Syrie  et  menaçait  la  Palestine.  Tandis  cpie  ce  mo- 
nar([ue  superi)e  suivait  le  cours  de  ses  desseins 
ambitieux,  Bélisaire,  avec  une  armée  sans  paie  et 
hiiiis  discij)lin(»,  campait  au-delà  de  l'Eupluate,  à 
six  milles  deiNisibis.  IJ  forme  aussitôt  le  proj^4  d'at- 
tirer les  Perses  hors  de  leur  imjux'nable  citadcîlle  , 
Cïpcrant  ensuite  intercepter  leur  retraite  et  péud- 


jSo  BÉLISAIRE. 

tivr  clans  la  place  arec  les'fuyanb.  Il  f*( 
il  abord  de  la  fortcrcsa^  de  Sîaaccrane  ;  maii  fes 
piuii.s  Koiit  cleccmccTlds  par  Fîntrai table  iadocilitë 
d  Aulhia»,  prince;  anihc  allie  de  Jtutinien  |  il  &it 
manquer  Ir  U.mpa  d  a^ir. 

Cliosroès»  crpoiuliiTit  se  rit  force  de  Tenir  dé- 
fendre srs  [>ropre»  EtaU ,  et  si  les  talens  de  Béli- 
saîre  eiiHMint  éié  Mt:oadds,  il  eût  rempli  l'attenfe 
ficellerait*  en  faisant  la  conquête  de  Ctéaîfhon»  Il 
l'ut  rn4;ore  i  appelé  ù  la  fin  de  la  campaoïe  par 
une   cour   l<»ujours   in^^ratr*  ;  mais    les    daagert 
lurent  tels  au  p  j 'i  n  temps  de  Tan  i>ëc  suivante  y  quTl 
fiiihit  le  tenvo)'ei>de  nouveau  à  la  tête  des  troupes*    \ 
Le  héros ,  prcscjue  seul ,  se  rendit  au  canro  avec  one   j 
extrême;  edléritd ,  dans  l'espoir  de  suspendre  par  sa    ' 
seule  |>rés<.'nce  rinvasion  de  la  Syrie.  Sesmanoro- 
vres  sur  les  liords  de  rKuphratc  arrêtèrent  en 
eflet  (Jliosroès ,  qui ,  feignant  d'ouvrir  une  né- 
^r>ciation   pacifique,  lui  envoya  des   ëmissairet 
•ous  le  nom  d'ambassadeurs.  Belisaire  reçut  avec 
adresse;  et  avec  <Ii(^nité ,  dans  la  plaine  sitnee  entra 
lliéropolis  et  rKuphratc,  les  envoyés  ou  pIutAt 
l(;s  espi.ms  du  roi  de  Perse.  Sa  tente  ëtait  de  la 
ten'le  la   plus  grossière ,  et   offrait  le  modeste 
4'<|uipaf);e  d'un  guerrier    qui  dédaigiiait  le  luxe 
«le  l Orient;  les  diverses  nations  enrôlées  sous 
ses  drapeaux  campaient  autour  de  Ini ,  et  l'art 
avait  dis[)osë  rappur(;nt  désordre  de  leur  cam- 
pement.   I^i    disposition    des    tentes    cacha   la 
]iond)re  véribible  des  troupes.  Trompé  par  l'a- 
dresser e;t  intimielé  par  h*  génie  de  Bélisairè,  le 
nie)nare|ue  p€;rsan  craignit  une  bataille  êécUyft 
dans  un  pays  ifloigné.  INe  sachant  point  an  jnite 
qne;lles  dtiiieint  les  forces  d*un  adversaire  dont  il 
eonnaissait  le  mérite? ,  le*  grand  roi  se  hâta  de  re- 
passer TKnphrate  :  Bélisairè  le  pressa  et  le  har- 
cria  élans  sa  retraite'. 

i\  ut-être  la  conquête  de  T  Afrique  et  du  rojNHuq* 


BELISAIRE.  l5l 

des  Goths  est-elle  mcûns  glorieuse  pour  Bëlisaire 
({ue  cette  yictoire  sayaote ,  qui  ne  coûta  point  de 
sang ,  et  à  laquelle  le  hasard  et  la  valeur  au  soldat 
ifeurent  aucune  part. 

Tandis  que  Bëlisaire  saurait  ainsi  TOrient ,  les 
désordres  et  les  inb^igues  de  sa  femme  Antoninar 
lui  causaient  de  cuisans  chagrins  domestiqués» 
Pour  mieux  subjuguer  son  époux  ,  cette  fameuse 
favorite  de  la  fameuse  impératrice  Théodora 
excita  en  secret  la  malveillance  de  Fempereui* 
contre  Bélisaire,  De  nouveaux  nuages  furent  ré- 

f»audas  sur  sa  fidélité  ;  on  Vaccusa  d'avoir  saisi 
'occasion  d'une  maladie  de  Justinien  pour  parler 
avec  la  liberté  dun  citoyen  et  d'un  soldat.  Rap- 
pelé aussitôt  ,  il  put  juger  dès  qu'il  fut  aux 
portes  de  Constantinople  que  cet  ordre  n'était 
f|u'une  disgrâce.  Sa  suite ,  peu  nombreuse  et  de 

f»eu  d'apparence  ,  et  son  état  d'abandon  excitèrent 
a  compassion  du  peuple.  Justinien  et  Théodora 
le  reçurent  avec  une  froide  ingi'atitude ,  et  les 
courtisans  avec  insolence.  Bélisaire  regagna  en 
tremblant  son  palais.  Là,  dans  une  agonie  do  dou- 
Icm*  et  de  crainte  5  il  attendit  bi  mort  5  cpi'll  avait 
si  souvent  bravée  les  armes  à  la  main.  Des  com- 
niissairos  dépécliés  en  Orient  avaient  ordre  de  sai- 
sir ses  trésors  et  de  chercher  des  prétextes  pour  le 
I  rouver  criminel.  Enfinim  message  de  rim]>ératrice 
iiii  annonça  son  pardon  en  considération  d'Anto* 
iiina,  mais  à  la  condition  expresse  qu'il  se  montre- 
rait reconnaissant  envers  sa  femme ,  non  par  dt; 
vaines  paroles,  mais  dans  toute  la  conduite?  du  reste 
de  sa  vie.  Bélisaire  jura  d'être  à  jamais  soumis  aux 
volontés  d'Antouina  et  de  l'impératrice.  Il  rentra 
aussitôt  eu  grâce  auprès  de  l'empereur,  qui  lui  con- 
fia de  nouveau  le  commandement  de  1  Italie  et  la 
conduite  de  la  guerre,  avec  le  titre  de  comte  du 
pabiis,  après  avoir  piélevé  toutefois  sur  sa  for- 
luj*e  pjrs  de  trois  millions  à  litre  d'amende.  Sls 


i:;2  BLLISAIRE. 

iiiuIk  i'.t  mtnnv.  Iv.  ]Uiupl(\  dlaîent  persuodtff  cpi'tiiM; 
lois  Ijoi'h  de  lu  cupiliili:  il  lirait  eclaU;!*  iMst  vérita- 
lilcs  HciitiiiiniH,  l'I,  (|iril  Hucrififïniit  à  nu  jwileirtn» 
^o.iitiv.rMi  fViiiiiif;,  riiii|)(^rMlricc*9  et  {M!ut-étre  l'em* 
^wrrur*  On  M!  Li'oiiipuil;  mi  loyauté  inviolable 
jiiinit  toujours    au-dcttHu»    du   caractèro   d*iin 

J^i  jaldiiKir  de  In  cour  de  llyiuincfî  Payant  forcé 
de  Lai.sHcr  la  (:oii(|ii(H(;  dtt  l^llulic  iinpurfaîti;  »  son 
l)nis(jiiiMli*|»art.  avait  raiiinid  Iccouruufs  dtisGotluiy 
«|iii ,  SOUK  II!  coiiiiniiiidffiiK'iit  i\v.  Totila^  viiiiaieat 
^H'CKfjuf;  d'y  rrlahlir  leur  doiiiiiiution»  Bdliiairo 
accrpla,  mai»  aveu:  r<f|Mi^ijnric(*,  lu  liirrikliî  tâche do 
rcparrr  les  riiiilf*HdeH  (;(^iidruiix(|uiruvaif*iit  reni- 
|»la('<*.  La  iiKTiltait  ouverti;  aux  JioitiuioB,ct  Dell-* 
hiïtvr.  entra  diiii.s  If;  port  df;  lluvcfiiiic's  à  la  tête 
d'uni;  i'nilAc.  cxpcdiliun.  J)i;  là  il  i;nvoya  dc%  ordret 
plutôt  (|ui;  d(;KH('(!ourH  aux  ville»  qui  tiîiiaieiit  c«ii- 
c'on;  pour  ri!ju|>in%  il  manquait  d'hoinm/ïs, 
«runiiffH,  df;  clirvaux  et  d  argent,  ou  plutôt  il 
était  déuu(^  dn  tout  va  cpril  faut  pour  la  guerre. 
J'oussc;  à  Ijout  pur  Ich  d(;laiH,  trompé  dans  toute! 
av.H  chihUhuci'H  ,  il  rrpa.ssc  la  mc;r  Adriatique  f  et 
8ilt(;n(l  à  J)yj-riif'liiuni  Tarrivc^ïe  de  quelqucH  nfu<« 
lortM.  IIh  parurruL  rnlin  ,  vl  iUUihairo  vint  dé- 
Jiarqiirr  rrn  li^t  à  rrfudxnurlnuv  du  Tilire  ,  )>Our 
M(;('ourir  Jioim;  ussir^^ilc.  Totila  avait  ru  soin  de 

)iY'\mn^v  (U'H  olmlarlrs  di^ni;»  d'un  t(*l  adveituiire  ; 

V.  Tiln'f'f^fail  frrniil  par  un«;  i'ortc'  chaîne*  et  ({ardé 
pur  iU'.H  l(nir.s.  lUfljhaire  lornu;  l'entn;priM!  hai^ 
di(;  <\('.  f'orccT  ton  If 'H  Ich  hurrièn;»;  il  remonte 
if;  J'iln-f;  avec  uni;  flottillf?;  mai»  tteii  lulena  et  sa 
2;a^('.sHf!  Kont  rcnduK  inutile»  par  lu  négligence* i*t 
rinipf^i'itie  de  ISuiMar ,  (^onverneur  de  Uoiue.  Béli* 
ffiiiff  fut  ffircé  de  H'arrelf;r ,  et,  diuis  ce  seul  iiiS' 
.liinL  de  sa  vie,  il  (il  paraître  quelque  éttiotion  de 
hurpiisf;  et  de  trouble.  Kn  proie  k  une  lièvre  ar- 
dcale  cl  presque  mortelle,  ovcusiounéeimrleaanp 


1 


BELISAIRE.  i53 

Soisses  de  son  esprit ,  il  donna  h.  regret  l'ordre 
e  la  retraite ,  et  Rome  fut  abandonnée  sans  pro- 
tection ,  à  la  merci  et  au  ressentiment  de  Totila. 
Ce  prince ,  inexorable  à  l'égard  d'une  ville  qui 
avait  arrêté  pendant  si  longtemps  le  cours  de  ses 
victoires ,  préparait  des  feux  et  des  macliines  pour 
renverser  les  plus  beaux  monumens  de  l'antiquité, 
et  changer  Rome  en  un  désert  :  les  remontrances 
fermes  et  modérées  de  Bélisaire  suspendirent 
l'exécution  de  ce  dessein  destructeur,  et  Rome  fut 
conservée,  . 

Après  avoir  placé  une  armée  d'observation  à 
peu  de  distance  de  la  ville ,  le  roi  des  Gotbs  mar- 
cha avec  le  reste  de  ses  troupes  en  Laconie  et 
dans  la  Fouille.  Bélisaire ,  profitant  avec  habileté 
de  cette  diversion,  tourne  avec  mille  cavaliers 
d'élite  les  retranchemens  des  Gotljs  qui  couvraient 
Rome ,  taille  en  pièces  les  ennemis  qui  osent  le 
combattre ,  et  pénètre  encore  ^une  fois  dans  la 
ville  étemelle  :  elle  attirait  encore  les  regards  du 
monde.  Bélisaire  y  rappelle  ses  troupes ,  et  l'a- 
mour de  la  patrie  ramène  sous  l'étendard  iuipé- 
lial ,  qui  flottait  au  Capitole,  tous  les  babitaus que 
lu  (Icau  de  la  guerre  avait  cloigués.  Le  modeste 
vainqueur  envoya  encore  une  fois  les  clefs  d« 
llonuî  à  Justinien.  En  vain  Totila  arrive  de  la 
Pouille  à  marches  forcées  pour  venger  sa  honle 
ri  son  injure;  en  vain  les  Golbs  donnent  trois 
fois  un  assaut  général  ;  trois  fois  ils  sont  repous— 
s('S  ,  et  ils  perdent  la  fleur  de  leurs  ti'oupes. 

Tout  c(M[uo  pouvaient  faire  le  courage  et  l'habi- 
leté availété  accompli  par  Bélisaire  ;  c'était  à  Justi- 
nien à  terminer  par  de  vigoureux  eflbrts  la  guerre 
entreprise  par  son  ani])ition;  mais ,  soit  indolence , 
soit  jalousie  contre  son  général  victorieux,  il  le 
laissa  dans  l'épuisement,  et  lui  ordonna  d'établir 
le  théâtre  de  la  guerre  en  Laconie.  Ce  grand 
homme ,  dont  ne  pouvait  triompher  la  puissance 


.  154  lîliLISAlRE. 

(1rs  linrlNiiTA,  fut  pour  ainsi  dire  vaincti  < 
i'(  lt(!  {^iiriTf;  i^ii<»l)l(s  par  la  (IdsoLëîssancc  rt 
la  lâclK^N*  i\v.  la  plupart  dv  nnn  gcliiérniix»  A 
dvu\  rxprdifioijs  iiifViirhirtisf'S  le  vaiiujui'iir  di 
U\\\v.  Iaii(;iiif.  fiiron*  (piflipu*  triiipH  saiiH  f;lo 
dniiH  rimiclion,  iiisi|u  iisori  japprJ,(|u*ii  obtint c 
a})r('H  la  nioif  (le  rini]imilrit*r>. 

Ses  df-rni^n*K  cantpa^nf*»  auraient  (lu  afTa 

la  jalousie  dr  ses  coiitcMnptcurs,  qu'avait  ir 

Icrlal  (le;  ses  prcinirrH  rxplnits;  mais  dans  < 

)iitlr(!ontr(!  la  l'orlnnc  il])arut  aux  vrais appn 

tciH's  d(ï  fa  ç;Ioirr  plus  (^rand  rapttaînr^  (|U  au 

inriit.  nirnur  on  ,  traînant  deux  rois  captifs  de 

le  tronc  i\i*.  Jnslinicn,  il  («(ail  parvenu  au 

liant  point  de  prosp(*i'it(Ç  et  de  honhrur»  LV 

ririiee  avait  nniri  sa  sa^ess(*9  mais  sans  pouvc 

garantir  des  coups  du   sort;  il  avait  cclinpp 

{«laive  des  liarhares,  et  il  fut  fk  la  v(*ille  de  toi 

sons  le  fer  d\nie  |)oî^ii(!e  de  conjures  (|ui  vrn 

de  le  d('sip;irer  ronime  la  prenii(?re  vîelinie  h 

nioier  apn\s  reni]»erenr.  Ce  danger  le  rend 

moment  pins  elier  à  son  prince,  et  T^(^lisairep 

iM'poser  lie   ses  Iravanx   dans  le   ninj;   (Hev 

conife  dn  j)alais  el  de  ^^(^iHM'al  de  r()ri(!nt.  M 

ji'avail  pas  lon<!iié<'n(u>rean  terme  de  ses  (ïx  pi 

son  rep<»s  el.  sa  vieiilrsse  lïirent  illustrés  par 

drrnière  vieloire  ((ui  .sauva  IVmpeiTiir  et  s 

]iilale* 

(  If*  in  t  eon  (  i*e  1rs  Rid^a  rrs,  ces  nouveaux  et  n 
failles  ennemis  <le  I  KnipirccpieVélisaîrereui 
(!edernier(!ti;lorieii)i  Iropln'e.  Le  Danube  ayai 
fvl(^  ik  une  f;i'a nd(!  profondeur  p(^ndant  ITiiv 
55(; ,  Zaber(;an ,  (!hei'deH  Bulgares  etdesKsrln 
fraversa  les  fleuves,  franchitensuitcli'Btnont 
s'ins  opposition,  ser(*pandit  dans  la  ]V1ac<fdoîne 
la  'nira<*e ,  et  nieuaea  (!onstantinoble.  Les  tr 
im|H'riales  ('taient  dispersâmes  :  Justinien  trri 
1^'s  I  égards  du  jniuc(r  el  les  espcranees  du  p 


BÉLISAIRE*  id5 

80  portèrent  sur  Bëlisaire.  It  était  alTaihli  par  les 
aiioécs;  mais  le  danger  public  lui  rendit  toute  sa 
vigueur;  il  reprit  cette  armure  sous  laquelle  il 
avait  subjugué  Cartilage  et  détendu   Rome.  On 
rassemble  à  la  hâte  les  chevaux  des  écuries  im- 
périales ,  ceux  des  particuliers  et  même  du  Cirque; 
]  eu  nés  gens  et  vieillards,  tout  s^anime  au  nom 
de  Bélisaire.  Une  armée  de  citoyens  se  range  sous 
ses  drapeaux  et  vient  camper  en  présence  d'un 
ennemi  victorieux.  Le  lendemain  la  cavalerie  des 
Bulgares   commença  Tattaque.  Le  vieux   héros 
avait  embusqué  deux  corps  de  cavalerie  d'élite  , 
qui ,  sortant  des  bois  tout  à  coup ,  tournent  les 
ennemis  et  les  prennent  en  flanc.  Le  chef  des  Bul-7 
gares,  qui  sentit  aussitôt  la  main  d  un  maître ,  bat- 
tit en  retraite  et  cessa  ses  attaques.  Bélisaire  l'au- 
rait poursuivi  si  les  ordres  de  Justinien  lui  eus- 
sent permis  de  compléter  sa  victoire.  Lorsqu'il 
rentra  dans  Constantinople  les  habitans  ,  encore 
pénétrés  des  dangers  qu'ils  venaient  de  courir ,  le 
reçurent  avec  des  acclamations  de  joie  et  de  re- 
connaissance dont   ses  envieux  frémirent  et  lui 
(ii'fut  un  crime.    A  '  son  entrée  au   palais  il  fut 
accueilli  par  un  morne  silence,  et  l'empereur, 
après  l'avoir  embrassé  froidement,  même  sans  le 
jrjuercier ,  le  renvoya  se  confondre  dans  la  foule 
des  courtisans. 

DiMix  années  venaient  de  s'écouler  après  ce 
dernier  exploit  9  lorsqu'en  56 1  une  "conspiration 
contre  Justinien  se  forma  dans  le  palais ,  et  réunit 
les  pins  vertueux  et  les  plus  vicieux  des  courti- 
sans. L'indiscrétion  d^un  complice  sauva  les  restes 
de  la  vie  caduque  de  Justinien.  On  découvrit  et  on 
arrêta  les  principaux  conspirateurs.  Sergins,  Tun 
d'eux,  séduit  par  l'espoir  de  conserver  ses  jours, 
accusa  deux  officiers  de  la  maison  de  Bélisaire  : 
ils  lurent  arrêtés  aussitôt ,  et  la  torture  les  porta 
il  déclarer  qu'ils  avaient  agi  d'après  les  secrètes 


i56  BEUSAIRE. 

instructions  de  leur  maîti'e.  La  postérité  n*apa  ad-^ 
meltrc  qu'un  bëros  si  fidèle  y  après  ayoir  dédaigné 
dans  la  vigueur  de  Tâge  les  offres  les  plus  propres 
à  tenter  sou  ambition  et  sa  juste  yengeauce,  ait 
songé  a  conspirer  contre  la  vie  d  un  prince  auquel 
il  ne  pouvait  lotig-tenips  survivre.  Bien  ne  put 
troubler  son  innocence  ;  il  avait  assex  vécu  pour 
la  nature  et  pour  la  gloire,  et  il  parut  devant  le 
conseil  avec  moins  de  frayeiu*  que  dVndignatioD  ; 
sa  contenance  fut  noble  et  sa  résignation  parfaite» 
On  i avait  déjà  jugé  coupable,  et,  pour  iliumi* 
lier  davantage,  on  feignit  de  lui  laisser  la  yîe  pa^ 
grâce;  ses  biens  toutefois  iiirent  séquestrés  9  et»  à  ' 
compter  du  mois  de  décembre  jusqu  au  môia  de 
iuillet  564 ,  son  propre  palais  lui  servit  de  prison. 
Enfin,  son  innocence  fut  reconnue  et  avouée  pu-> 
bllciuement  ;  sa  liberté ,  ses  biens  et  son  honneur 
lui  furent  rendus.  Mais  cette  persécution  acca- 
blante avait  miné  la  vie  du  vieux  héros;  ses  jours 
furent  abi  égcs  sans  doute  par  le  ressentiment  et 
yiiv  la  douleur ,  et  huit  mois  après  que  son  inno- 
cence fut  reconnue  il  termina  sa  glorieuse  car- 
rière. * 

Au  lieu  de  funérailles ,  au  lieu  de  monumenA  et 
de  statues  que  la  reconnaissance  pidjlîque  aurait 
dû  lui  décerner,  Tinjustice  le  poui^uivit  jusque 
dans  la  tombe;  un  décret  impérial  confisqua  ses 
))ieus  et  ses  trésors ,  dépouilles  des  Gotlis  et  des 
Vandales.  'Al  est,  d'après  le  fragment  authen- 
tique de  Malaca  et  la  chronique  exacte  de  Nico— 
))liane ,  le  récit  véi'itable  de  la  disgrâce  de  Bélisaire 
et  de  ringratitude  de  Justinien.  11  est  reconnu- 
maintenant  que  la  tradition  qui  représente  ce 
lic'ros  privé  de  la  vue  et  mendiant  son  pain  dani 
les  rues  de  Constantinople  nVst  qu'une  fiction 
})o[nilaire,  un  conte  moral  répandu  en  Italie  au 
douzième  siècle,  et  adopté  depuis  six  cents  ans 
avec  confiance,  ou  plutôt  avec  intérêt,  comme 


BEUSAIRE.  1S7 

1  étrange  exemple  des  vicissitudes  de  la  for- 
no.  Un  contraste  si  frappant  a  saisi  l'imagination 
»s  poètes  et  des  artistes,  et  Belisaire  a  toujours 
é  représenté  mendiant,  aveugle  et  misérable, 
ais  depuis  que  la  critique  a  épuré  1  histoire, 
•us  les  écrivains  judicieux  se  sont  accordés  à  re- 
lier cette  tradition  populaire.  Elle  doit  son  ori— 
[ne  à  Jean  Twdzès  ,  auteur  sans  jugement  du 
onzième  siècle  ,  qui  dans  ses  récils  a  con- 
»ndu  la  disgrâce  de  Jean  de  Cappadoce  avec  celle 
5  Belisaire.  Il  est  constant  que  ce  héros  ne  perdit 
oint  la  vue ,  et  qu'il  recouvra  au  contraire  sa 
^putation  et  sa  fortune.  Ainsi ,  tout  semble  avoir 
)acoui*u  à  donner  plus  d'éclat  au  nom  de  liéli—  . 
lire,  et  ce  nom  ne  périra  jamais.  Dans  un  siècle 
e  servitude  le  respect  et  l'admiration  de  son 
ays  le  vengèrent  de  la  méchanceté  des  courti- 
iQS  et  de  l'ingratitude  de  la  cour.  Tout  à  la  fois 
bëral  et  juste ,  il  fut  aimé  des  soldats  sans  perdre 
affection  du  peuple.  Quelque  part  qu'il  se  mon- 
tât dans  Constantiuople ,  soit  au  Cirque  ,  soit 
ans  les  rues,  soit  dans  les  lieux,  publics,  soit  à  la 
)ie  des  troupes ,  il  attirait  et  charmait  les  re- 
ards  ;  ses  manières  douces  et  gracieuses  \a  ren- 
aieiit  cher  à  la  multitude.  A  l'armée  il  se  plaisait 
fournir  lui-même  de  l'argent  et  des  secours  aux 
lessés  et  aux  malades  ;  ses  visites  affectueuses 
ontri huaient  encore  plus  que  les  remèdes  à  la 
nérîson  du  soldat.  La  perte  d'une  arme  ou  d'un 
iieval  était  réparée  à  l'instant  par  sa  généreuse 
ttention.  La  marche  d'une  année  commandée 
ar  iiii  enrichissait  un  pays  au  lieu  de  ra]>pauvrir , 
t  telle  était  la  discipline  rigoureuse  de  so*à  camp , 
lie  ses  soldats  n'auraient  pas  dérobé  une  pomme 
e  dessus  l'arbre ,  ni  ouvert  un  sentier  dans  un 
liauip  de  blé  5  aussi ,  à  l'ombre  de  ses  drapeaux , 
,*  cultivateur  vivait  dans  la  tranquillité  et  dans 


iS8  EEUSAIRE. 

laliondance  :  «  Nous  sonimrs  les  gardes  deslalxm» 
«  iTUi  s,  clîsuit  Cl*  u;i*aiul  homme  à  ses  soldats  ;  dm 
«  arnicu  rst  iViiv  ])oiir  protéger  les  campagnes  et 
a  non  poui'  irs  i  avuçer.  »  Au  milieu  de  la  licence 
d(>  In  vîc  luiiitaire  il  se  montra  toujours  duiste 
et  8ol«rc.  Eu  vain  lui  oflraitr-on  les  plus  beUes  cap- 
tives de  la  rare  d(*s  Gotbs  et  de  C€*Ue  dt*s  Van- 
dales ;  Ijélisairt*  dtHoumait  ses  recards  de  leurs 
cliarmcs ,  et  y  aussi  continent  que  le  premier  des 
^>cipion  ,  jamais  on  ne  le  soupçonna  aavoir  aimé 
d'autre  ienmie  que  la  sienne.  Il  lut ,  il  est  Trai , 
un  des  maris  les  plus  faibles ,  comme  un  des  plus 
ci'ands  hommes  qui  aient  jamais  existe  ;  mais  nous 
devons  éviter  de  décrire  ici  avec  complaisance  9 
comme  Tout  fait  tant  d'écrivains  d  après  Procope, 
les  disgiaces  conjugales  du  vainqueur  des  Gotha 
et  des  Vandales.  Il  suffira  de  dii*c  que,  souvent 
trompé  par  les  lannes  et  les  séductions  d^Anto- 
nina,  il  la  crut  innocente;  qu'ouvrant  enfin  les 
Tcuxsur  ses  désordiTS,  il  la  trouva  protégée  de 
la  faveur  et  de  toute  la  puissance  d  une  impéra«- 
tricc  altièrc  >  et  qu'il  redevint  époux  faillie  et 
doeiJc. 

Mais ,  en  ne  considérant  que  le  héros  et  non  le 
jouet  d'una  femme  artificieuse  9  nous  le  voyons  » 
au  milieu  des  périls  de  la  guerre,  montrant  de 
Taudace  sans  témérité,  de  la  urudence  sans  hési- 
tation ,  de  l'inipétuositc  ou  de  la  lenteur  selon  que 
le  commandent  les  circonstances  ;  nous  le  voyons 
conserver  l'espérance  ou  la  feindre  au  denier 
terme  de  l'adversité  ou  du  malheur,  et  paraître 
fûniplc  et  modeste  dans  la  plus  haute  fortune» 
Plus  guerrier  au'homme  d'état,  et,  dans  Tordre 
politique,  né  plutôt  pour  ohéir  que  pour  com- 
mander, il  se  montra  toujours  ferme  dans  ke 
revers,  et  ne  se  défia  que  de  sa  proqpérilé*  Quoi* 
qu'il  ait  égalé  ou  surpassé  même  les  ancieDa 


BEUSAIRE.  iSç 

maîtres  de  l'art  de  la  guerre ,  sa  maxime  Êivorite 
était  de  ne  jamais  risquer  de  bataille  quaad  on 
pouvait  réussir  saus  tirer  1  ëpée .  Eu  un  mot ,  son 
miérite ,  sa  fortune ,  sa  puissance  et  ses  malheurs 
en  ont  fait  le  personnage  le  plus  intéressant  et  lo 
plus  célèbre  du  Bas-Empire» 


Tfio  NARSÈS. 


NARSÊS, 


GJLiSliftAL  DE  L'EMPIRE  D'ORIENT- 


J^'iiTfiTOTRK  n'a  pu  pprrrr  \rn  ((fiiiMirrs  qui  en— 
vf'|op|K'nL  lit  piidif!  ri  rori(;iiir*  Ar.  cvi  (funiiqtie 
faiiKMix,  l(!  Hciil  \u'ul^(*.lrv.  tU:  m  clatfM*  infVir- 
liiiKrf*  qui  mûl  piirvrnii  t^k  m:  fuirr;  un  nom  ilhistri». 
l'ilmii^cr,  prlsoniiicr  de  f^urrnï ,  rHclav<î  danA  le 
])alaiH  iiiiprrial  t\v.  OoiiHlaiitinoplr*,  nt  d'un  nxié^ 
rieur  rcpoiisHaiit ,  il  H(;nil)lail.  (pu;  In  fortune  fît  la 
nattin*  ne  lui  vmhm'.uI  prilparif  nur  dm  olwtaclcf; 
iiiain  datiH  un  v.ovyn  (;rf^l(!,  Taibln  vt  d'une  petite 
Hlahirr,  INarHrH  rat^liaif,  rAiitr;  d'un  lionnnn  d^dtat 
vl  Vvtwv{!(îi'  iVutx  héros,  l'iard  d'ahord  nu  dernier 
raiif;  du  palais  impérial,  ri  voui^  an  «ervice  du 
\\i\v  i\vH  IriiinirH,  il  passa  nn'fwpio  toute  sa  jeu-* 
nrsse  il  uianirr  Ir  ruscaii,  l 'a  if^u  il  In  et  In  navette* 
y\fi  milieu  de  rrs  Iravanx  indignes  d'uni;  âme 
i'\v.\r,v  ,  Narsf'H  ex  erra  il  M^rrl^UimOnt  les  facultés 
d*uii  rspril  plein  de  vigueur  et  de  pdndtmtioD* 
Quoiipie  sans  aucune  U^inlure  drft  lettrei  y  et 
«•(ranger  aux  Heien(!eH,  il  montrait  pin  a  dliabilet^t 
plus  fie  vrai  savoir,  plus  dVIoquence  que  Tëillica-* 
fion  n'en  procure  aux  lionimrs  onlinairei*  U 
seiilil  sa  l'orée,  et  voulut  s'dlnneer  hor»  (|c  la 
sphêrr;  élroife  et  commune  où  tout  semblait  l6 
roiidiimiier  U  une  ét^*riirlle  (dMcnrilë^  Un  aënie 
f'IeiKJii  r\  i^rofond  ,  un  sf*nM  droit  et  infaillible  y 
igic  aclivifc  sans  inqui(;lude9  toujoui'»  guidée  pay 


NARSES.  i6i 

la  prudence,  la  connaissance  de  lui-même,  des 
Lonimcs  en  général,  assurèrent  le  succès  de  ses 
premières  démarches.  Il  lui  fallut  sans  doute  un 
peu  d'intrigue  et  de  manège  pour  s'élever  de  la 
condition  d'esclave  aux.  premières  dignités  du 
palais  ;  mais  Narsès  dut  bien  plus  encore  à  son 
propre  mérite  les  faveurs  de  la  fortune» 

Il  s'éleva  par  degrés ,  et  devint  successivement 
garde  des  arcliives ,  grand  cliambellan ,  trésorier  et 
favoii  de  Fempereur  Justinien.  Ce  prince  prêtait 
Toreille  avec  surprise  et  avec  satisfaction  aux 
mâles  conseils  de  son  chambellan  et  de  son  tréso— 
rici^  privé.  Ce  fut  dans  quelques-unes  de  ces 
conversations  familières  que  le  génie  de  Narsès  se 
décela  ,  et  que  Justinien  put  juger  lui-même 
des  heureuses  dispositions  de  son  favori  pour  la 
science  du  gouvernement  et  même  pour  l'art  de 
la  guen-e.  L  empereur  lui  confia  d'abord  quelques 
ambassades ,  où  les  talens  de  Narsès  se  perfection- 
nèrent et  parurent  dans  un  plus  grand  jour. 

En  532  ,  lors  de  la  fameuse  sédition  de  Cons— 
tantinople ,  il  n'était  encore  que  chambellan  ;  mais 
clans  le  conseil  il  appuya  les  avis  énergiques  de 
rijnpératrice  Théodora  ,  et  ses  propres  émissaires 
soumirent  à  force  d'argei^  la  faction  des  Biens. 
Narsès  ,  faisant  éclater  pour  la  première  fois 
son  courage  martial ,  anima  les  soldats ,  se  mit 
à  leur  tête  ,  fondit  ainsi  que  Bélisaire  sur  les  fac- 
tieux ,  et ,  de  même  que  ce  grand  homme ,  assura 
par  sa  fermeté  le  trône  à  Justinien. 

Bientôt  après  ,  au  grand  étonnement  de  tout 
l'Empire ,  du  sei'vice  domestique  du  palais  et  de 
ladministration  des  revenus  privés  de  l'empereur , 
Nar^s  parvint  au  rang  de  géjiéral ,  et  dans  cette 
noble  carrière ,  qui  semblait  si  incompatible  avec 
sa  cojulition  et  ses  emplois  ,  l'eunuque  éga- 
lera un  jour  Bélisaire  lui-même  ,  dont  on  l« 
veira  devenir  Témulc  et  le  rival  de  gloire. 
Tome  IL  J4 


Après  aTofr  coaqu»  rAfrN|ae  sar  les  YaadUcs^ 
Seliiaîre  eatreprenait  alors  (538)  dnpvber  les 
G«)tb»  de  lltiik  et  de  iFalre  rvmtrer  ce  berccm  de 
la  paii9am:e  romaine  sous  la  domioatioa  de  IXoft- 
pîr*?.  LVatrv prise  était  dititicile.  JiBtînîen  diarj^ 
>arkis  «i*  jmener  à  sdq  £:éaéral  en  chef  on  renfort 
«Le  deux  miiie  aaiilizin^s  Hernies  oa  LomlMrdket 
ciat[  mule  ho  aimes  îles  plus  braves  trwipes  d*0- 
rieikt.  Narsès  de  barque  nans  le  Pîcentiny  et  Tient 
opérer  sa  jonction  avec  Belisaire  à  Fîrenum  *  phce 
maritime  de  Tltalie.  Mais .  arrÎTé  au  camp  >  il  se 
trouTe  comme  à  Te  trot  t  dans  un  rang  subalterne  > 
et  veut  être  plutôt  le  collègue  que  le  sobor— 
donué  de  S4in  i^êueral  :  îL  affecte  même  F^nlité 
cie  rang  .  et  se  montre  plus  dispose  à  conunander 
<{u  u  obéir. 

Ljl  conduite  de  Narsès  fit  soupçonner  <|iilt 
était  sec rètr ment  autorise  à  croiser  les  Yues  de 
Eeiisaire.  Quand  ce  «zéne'ral  proposa  dans  le 
coui<.il  deiiTOYor  une  partie  de  1  armée  an 
secours  de  Milan,  et  avec  le  reste  d*atttqner  It 
place  dX^'bain  ,  Nai*sès  combattit  ouTertement 
cette  proposition.  Cé^ait,  à  son  avis >  mal  em* 
ployer  les  forces  romaines  que  de  les  destiner  à 
préserver  luie  ville  et  ^conquérir  Tautre*  Bélisaiie 
sentit  les  consei]ueuces  de  cette  opposition.  Uol^ 
jectaque  rompre  le  concert ,  si  nécessaire  ausnecès 
d  une  expéilition  impoi*taute .  c'était  se  priver  de  In 
victoire  ,  et  que  diviseï*  les  forces  romaines  c^était 
les  anéantir 3  puis,  croyant  réduire- Narsès  an 
silence ,  il  produisit  une  lettre  de  rempereoT 
cp'il  avait  jusi^u  alors  tenue  secrète  »  et  cju 
déférait  à  lui  seul  le  conunandement  en  dief* 
jVIais  ,  tout  en  subordonnant  Narsès  à  Bâianre  9 
Justiiiien  ajoutait  :  «  ^taut  qiie  cela  pourra  être  j 
•<  avantageux  au  service  de  1  état.  »  Narsôa  prît  j 
de  ces  dernières  paroles  un  prétexte  pour  éluder  j 
ks  ordres  de  lempereur;  et  d'aprè».ce  droit inr 


lin  îl  se  montra  coDstainment  d'un  avis 
isé  à  celui  de  S^lisaire.  Il  ne  consentit  même 
ree  répugnance  au  siège  d'Urbain ,  cl ,  médî— 
dès  lors  une  séparation  ,  il  sonda  les  dispo- 
sa de  ses  partisans  et  des  soldais  du  corps 
ittùt'eous  ses  ordres.  Les  Héndes,  auxiliaires 
ntbbles,  lui  étaient  dé voHés.  Sûr  detitraîner 
'Ms  drapeaux  dis  mille  Roniains  on  soldats 
éiétês,  Narsès  abandonna  son  collègue  pen— 
fo'unit ,  et  se  mit  en  raiirche  pour  aller  feïre- 
nnquéte  de  la  province  on  les  Goths  avaient 
li  le  centre  de  leur  monarcKie.  Son  premier 
tfit  fut  la  prise  d'Imola;  il  prit  aussi  mie. 
îe  de  l'Eniili», 

^WDdaiit  il  était  k  craindre  que  la  mésiiW  .' 
Knce  qui  venait  d'ttclaler  eub'e  le  général 
*ef  et  le  favori  de  Jnstiuien  n'eiitminât  l« 
e  des  attires,  de  l'Ëmpir»  en  Italie;  mais 
•aire ,  aidaift  par  sa  lêrmeté  que  par  sa  cons— 
«,  triompha  de  cette  rivnlité.  Narsès  fut 
mI^  aux  fonctions  domestiques  du  palais  , 
^e  rien  pourtant  pitt  alTaiblir  son  crédit 
pès  de  l 'empereur»  En  favori  prudent  et 
Fré  ,  il  continua  de  jouir  de  la  confiance 
ne  et  de  lu  conversation  lamilière  de  sou 
rerftin  ;  les  cetirtisans  lui  surent  sré  méi 
otr  osé  lutter  contre  le  génie  et  lascendant 
lélisaire.  Dès  lors  Narsès  nourrit  en  secret  des 
jets  de  grandeur  et  de  gloire  qui  n'attendaient 
I  pour  éclater  qn'ime  occasion/ favorable  ; 
ne  se  présenta  (lue  donze  ans  plus  tard.  A 
e  époque  les  services  de  E^isaire  ayant  paru 
i  utiles  en  Orient,  l'empereur  sentit  le  besoin 
I  général  capable  d'achever  !a  conquête  'de 
die  ,  que  le  premier  des  {généraux  romains 
ît  laissée  impaiTaile.  Loin  de  demander  ni  de 
ïcitcr   le    commandement ,    Narsès    prit    le 


j62  KARSÈS. 

Aprt^  avoir  conquis  l'Afrique  tar  les  Vandales  i 
Bclisaire  entrcproimit  alors  (538)  d'expulser  les 
Ijoths  (le  Llbilîc  et  do.  faire  ivntrer  ce  lierceau  de 
la  puissance  roiiinîne  sous  la  domiiiatiou  del*Em- 

Sîrp.  LViitivpriso  était  diflicile*  Justinien  cliarge 
larsès  d'amener  ik  son  |;dn<^i*al  en  chef  un  rcnfoii 
de  deux  mille  au^iliniresHctndes  ou  Loinl>ardS)  cl 
cinq  mille  hommes  des  plus  l)raves  troupes  d'O- 
rient. Narsès  d^lKirc[ue  dans  le  I^icentin ,  et  vient 
opérer  sa  jonction  avec  Bëlisaire  à  Firenum  y  place 
maritime  de  Tltulie.  Mais ,  arrivé  au  camp  ,  il  se 
U*ouvc  comme  à  Télroit  dans  un  rang  subalterne  i 
et  veut  être  plutôt  le  rolli'^^ne  que  le  subor- 
donne de  son  général  ;  il  afTecte  même  l'égal! le 
de  raui* ,  et  se  montre  plus  disposé  à  commandei 
<[\ili  obéir. 

La  conduite  de  INam*»  fit  soupçonner  qu*i1 
était  secret(*mcnt  autorisé  à  croiser  les  vues  de 
liélisaire.  (juand  ce  {général  proposa  dans  h 
cons(;il  denvoyer  une  |>sirtie  de  Varmëe  an 
secours  de  Milan  ^  et  avec  le  reste  dVttaquer  la 
piaec!  dUrliain  ,  JNarsès  combattit  ouvcrtenienl 
"Celle  proposition.  (Téliiit,  à  son  avis 9  mal  em- 
(»loyer  les  l'on^'s  romaines  cpie  de  les  destiner  l 
préserv(*r  une*  ville  et  ^conquérir  Tautre.  Bélisairc 
sentit  les  eonMMpiiMices  de  cette  opposition*  Uob- 
jecla  ({uc;  rompre  le  concert ,  si  nécessaire  ausnccèi 
d\nie  expédition  importante ,  citait  se  priver  de  b 
vicloin;  ,  et  qiu*  divisf^r  les  forces  romaines  c^ëtaî 
les  anéantir 3  puis,  croyant  réduire- Naroit  ai 
fiileiuïe ,  il  produisit  une  lettre  de  rempereui 
qu'il  avait  ]us(pi'alors  tenue  secrète  t  et  ^ 
déléi-ait  h  lui  stîul  Icï  conunundcaicnt  en^  clief 
jVlais  ,  tout  en  subordonnant  Morses  à  Btflisrire 
Jnslinien  ajoutait  :  «  Aftittuit  que  cela  pourra  étn 
•<  aviinta^enx  au  servie«î  de  rélat-  »  Narsôf  prî 
de  ces  dernières  paroles  un  pi'étexle  pour  élude; 
ks  ox'drcs  de  rcmpcicuir ;  et  d aprè»  ce  droit  inr 


NARSÈS.  i63 

certain  îl  se  montra  constamment  dW  ayis 
opposé  à  celui  de  Bdiisaire.  Il  ne  consentit  même 
qu  avec  répugnance  au  siège  d'Urbain ,  et ,  médi- 
tant dès  lors  une  séparation  ,  il  sonda  les  dispo- 
sitions de  ses  partisans  et  des  soldats  du  corps 
qui  était  sous  ses  ordres.  Les  Héniles ,  auxiliaires 
redoutables ,  lui  étaient  dévoués.  Sûr  d'entraîner 
sous  ses  drapeaux  dix  mille  Romains  ou  soldats 
confédérés ,  Narsès  abandonna  son  collègue  pen- 
dant la  nuit ,  et  se  mit  en  marche  pour  aller  faire 
la  conquête  de  la  province  où  les  Goths  avaient 
éta1)li  le  centre  de  leur  monarchie.  Son  premier 
exploit  fut  la  prise  dlmola;  il  prit  aussi  une 
partie  de  r£mili«. 

Cependant  il  était  à  craindre  que  la  mésin- 
telligence qui  venait  d'éclater  entame  le  général 
en  chef  et  le  favori  de  Jnstinien   n'entraînât   la 
ruine  des  affaires  de    TEmpire  en  Italie;  mais 
Bélisaire ,  autairt  par  sa  fermeté  que  par  sa  cons- 
tance ,    triompha   de  cette  rivalité.  Narsès    fut 
rappelé    aux    fonctions    domestiques  du  palais  , 
sans  que  rien  pourtant  pût  affaiblir    son   crédit 
auprès    de    l'empereur.-   En   favori    prudent   et 
rései*vé  ,    il   continua   de  jouir  de   la    confiance 
intime   et   de    la  conversation  familière   de   son 
souverain  ;  les  courtisans  lui  surent  gré  même 
d'avoir  osé  lutter  contre  le  génie  et  l'ascendant 
de  Bélisaire.  Dès  lors  Narsès  noumt  en  secret  des 
projets  de  grandeur  et  de  gloire  qui  n'attendaient 
plus    pour  éclater    qu'une    occasion  /  favorable  ; 
elle   ne  se  présenta  que  douze  ans  plus  tard.  A 
cette  époque  les  services  de  Bélisaire  ayant  paru 
plus  utiles  en  Orient,  l'empereur  sentit  le  besoin 
d'un   général  capable  d'achever  la  conquête  'de 
l'Italie  ,  que  le   premier   des  généraux  lomains 
avait  laissée  imparfaite.  Loin  de  demander  ni  de 
solliciter    le    commandement ,    Narsès    prit    le 


tiompn   tous  le»  chIcuIb  de»  GOU10  en  Miuit. 
nv mirer  Htm  ariiidc  uvc*c  prdcaution  le  long  «le 
lit  oolo  iiiiirîtiiiHs  taiidis  que  sa  flotte  9  peqdant    ' 
la   iiiuirlir ,  jclitif.  siuH^rsHivainfnit  des  ponts  de 
]mi(*Hiix  aux  fiiilMMicliiirrs  des  flntvos  qui  tomlient 
dans  TAdt  iali(|iir  au  nord  de  Havennes*  L'armée 
iMtlirrr  ^a^ua   colle   villf!   sans    essuyer   atioiuie 
pcrliu  Ku  pasHaut  )u*ès  îles  lacunes  de*  Vcfniie  y 
^arM^s  Hanêla  drvant  l'île  de  lUulto;  là,  aprii    j 
avoir    adrr.Hsd  h  Dieu  dc^s  pri£>res   soleuiieU09«    » 
il  fil  vcrn  de  liatir  deu&  églises  s*il  obti*nait  la 
victoire.  Il  nrsla  ni^uf  jours  h  Rttvennes  pour  J 
j'ashcnililer  1rs  déhris  di!  Tarniée  i|u*Hvait  rom- 
niandée  liilliMairr;   puis  il  nnirclm  vers  Ritilini  9 
jesolu    flr    i-(^|H)iidn*  Naits  ddiai  aux  insultantes 
provocafiouH  (l<*  reuucnii.  Mais  il  iallait  pasaer  le 
îi('tiv(>,  douf  (ou.H  US  p(»nfs  avaient  dld  rompus  par 
Ir.H  (■o(:li8«  (pli  ddiriidaiciit  Taulre  rive  avec  de 
iioMil:i'cuii  delarlirnirnti  de  ea valerie* 

Nars(>M,  il  la  félr  des  siens  ,  donne  le  siannl  et 
fotrr  Ir  pa.sHa(;n  tiia!{*id  Ions  lesefliirts  dUdrislaSi 
(pii  roinn)an<lail  dans  Uiniini.  O*  eupîtaine  goth  f 
dans  une  eliar^r ,  lonihr  sons  les  eoups  d*un  soldat 
romain ,  «pii  loi  rcnipr  aussitôt  lu  lAleetla  porte 
h  \ai'si\s  :  u  Vous  voyeK  ,  dit  ee  cdaéral  a  ses 
«  soldats,  vons  voyc»  (pu*  la  Vrovidenee  à  notn? 
«  insu  eondnil  nos  hias  el  dirij^e  nos  coupSt  » 
11  l'ait  passer  aussitôt  !«;  fleuve  h  toute  rannde 
inijulriale  ,  et,  sans  entrer  dans  Rimini»  continue 
sa  uni  relie  vers  lionie,  dvite  ki  voie  Flaininienne 
el  la  forteresse  dit  Pntrii ,  ne  voulant  pas  s'amOi" 
si>r  ^  prendrtr  des  plares,  car  tel  éfiiit  son  prifi- 
eipe  favori ,  «pi^nu*  linlaille  gn{«néH  bit  tomber 
If's  lenipatt.s  et  dispense  de  pUisieui*S  siëgSSi 
J)'antres  motifs  peu  I aient  en(*ore  Nurses  k  accé* 
Irni'  le  nionient  d*un(*  Imlaille  déeisivot  L*arinrfe 
<prii    eonitnandail    «^tait    le    d€*niier    effort    de 

ll:lnipirc,  et  k»  liuis  di;  cbu^iie  jour  augnim- 


NARSES-  167 

taîent  Teinbarras  des  finances  ;  d'ailleurs  se» 
troupes,  nimasde  diffërentes  nations,  semblaient 
impatientes  du  frein  de  la  discipline ,  et  pouvaient 
tourner  leurs  armes  les  unes  contre  les  autres» 
Au  contiTiire,  le  roidesGoths  aurait  trouvé  sort 
intdrét  à  traîner  la  guerre  en  longueur  ;  mais  ce 
prince  avait  h  craindre  Tesprit  de  révolte  de  ses 
sujets  et  les  embûches  de  la  traliison  ;  il  résolut 
en  <^n$éi{uence  de  connue ttre  son  royaume  au 
liasard  d'une  seule  jom'née.  Tandis  que  Narsrft 
continuait  par  Lano  sa  marche  savante ,  qiiMl  tra-* 
▼ersait  en  li^ne  droite  les  collines  d'Urbain  et 
reprenait  la  voie  Flaminienne  près  du  lieu  où  est 
maintenant  Ac|ualogne ,  Tutilà ,  informé  de  son 
appi'oche ,  l'appelait  Téia  et  rassemblait  ses 
ti'oupes  aux  environs  de  Rome  pour  marcher  au— 
devant  de  Tennemi. 

Los  deux  armées  furent  bientôt  à  la  distance 
de  <leiix  cents  stades  Tune  de  Tautre,  près  de 
Tigina  ,  aujourdlmi  Pagina,  vers  le  Metaïu^o , 
entre  Urbain  ot  Ferrombronc.  Dan»  un  message 
hautain  Narsc's  offrit  aux  Gotlis  ,  non  la  paix  , 
mais  un  pardon;  l(*ur  roi  répondit  qu'il  était 
décidé  à  viiincre  ou  à  motirir.  «  Quel  jour  fixez— 
vous  pour  le  combat  ?  lui  dit  le  député  de 
Narsês,  —  Le  huitième  jour ,  répondit Totihi.  » 
Mais  dos  le  lendemain  au  poiut  du  jour  il 
essaya  de  suiprendie  son  adversaire,  qui,  soup— 
çoimant  un  piège,  s'était  préparé  à  la  badiile. 
Au  centre  Narsès  avait  placé  les  Iléruios  ou 
Lombards,  ot  à  chacune  de  sos  ailes  huit  mille 
llomaius  ;  sa  gauche  éti\it  couverte  par  quinze 
cents  cavaliers  d'élite.  Du  poste  qu'il  avait 
choisi,  à  la  tête  de  l'aile  droite,  il  parcouiut 
les  rangs  Ti  cheval ,  exprimant  dans  ses  paroles 
et  dans  son  niaintici  la  certitude  de  la  victoire  , 
et  excitant  ses  soldats  à  punir  les  crimes  et  l'au- 
nlace  iuscnsée  d'une  buudc  de  brigands;  il  leur 


f 


«:ij>|iif'  sur 
^a«;  2  mm-:  c'.Ki.ltart  tnù 

-iv  v-vBo  l'*:\î^ui-  lut  tffii 
.V.V.VA  !<•*  Aun 
i-.:  <l  iUrit9>iiitt 
:.H..-luit  ■  U  ( 
iW  Odtli».  roi 
t  >4rs>'«a\uit(l 
iturmliuilorict 
,  -iw».  «\t  d'ouvrii 


NARSES.  169 

Ae  Lagiiin ,  aujourd'hui  Ijentagîo ,  et  leur  4'oi 
Totila ,  perce  d'un  coup  de  lance ,  alîa  expîrer 
finns  un  villacçe  voisin.  Les  vainqueurs  retrou- 
vèrent son  coi']>s  5  et  les  députes  que  Narscs 
envoya  innncdiatcinent  à  Constantinople  pour 
annoncer  son  triomphe  offrirent  k  Justînien  la 
cuirasse  du  roi  des  (rotlis  teinte  de  sang,  avec 
sa  coiuronne  enrichie  de  pien^eries.  Assis  au  milieu 
du  Sénat ,  Justinien  vit  déposer  à  ses  pieds  les  dé- 
pouilles dW  prince  digne  d'un  meilleur  sort. 

Narsès ,  aussi  grand  après  la  victoire  que  pen-» 
dant  la  ])ataille,  et  nullement  e'bloui  d'un  sliccès 
si  éclatant ,  en  rapporta  toute  la  gloire  à  Dieu , 
et  partout  sur  son^^ssage  fit  retentir  les  églises 
d'actions  de  grâces  et  de  louanges.  Il  combla  les 
Lombards  d'éloges  et  de  récompenses  ,  mais  ,  ré- 
solu en  même  temps  de  se  débarrasser  de  ces  auxi- 
liaires féroces  et  dissolus,  il  les  fit  escorter  d'une 
manière  honorable  jusqu^aux  frontières  de  la 
Pannonie. 

Instruit  que  Téia ,  guerrier  actif  et  intrépide  y 
menait  de  succéder  à  Tc^ila  ,  et  qu'il  rassem— 
Mait  à  Pavie  les  Goths  échappés  à  la  défaite  , 
Naines  envoya  ses  lieutenans  vers  les  bords  du 
Pô ,  afin  de  couper  le  passage  aux  fnyards  qui 
accouraient  pour  joindre  leur  nouveau  souverain. 
Prenant  ensuite  le  chemin  de  Rome  avec  Je  reste 
(le  sa  re<loutable  armée ,  Narsès  mit  en  passant 
garnison  dans  Spolette ,  dont  il  fit  relever  les 
murailles.  Il  prit  Narcis  et  Pérouse  par  com- 
position, et  il  investit  Rome  au  moment  même 
où  ses  généraux  traversaient  la  Toscane  en  vain- 
oueurs.  Il  marqua  autour  de  la  vaste  enceinte 
de  Rome  les  divf^rs  postes  que  lui  oii  ses  lieute— 
*  Dans  devaient  attaquer  par  des  attaques  simulées 

10U    réelles.   En    même    temps    il    observait   en 
silence  le  côté  mal  gardé  ou  d'un  accès  facile 
>  par  oîi  il  comptait  pénétrer. 
Tonie  IL  l5 


Î70  AAi\si;s. 

\i  l(*i  forlKiriitliiiis  fin  iiiôlr  «rAiInrii  nî  crilm 
fin  port  nr  pnrrnt  iiirrlri'  l(»n}^-lf'inps  Ir  vain- 
ipH-ni' (!(':i  <>(»llis  ;  il  piil  possr.ssiiMi  t\r  Hfiiur,  vi 
Jns;iiilf'n  irrnt  (  iicorc  nnr  fuis  les  rlrl's  <lr  rctti* 
iinrinnir  (-iipiliiir  ilf  1  l''.tn]nrr,  cinij  fois  prise  f-( 
irpilM'  MMis  son  ir;;n('. 

Di'pnis  liirn  <lrs  sirrlrs  on  n*iiviii(.  vu  <!<*  ptrri'P 

ru    Jtiilir  roinlnitr  iivcr  pins  d  iiiiriiKiiiif*  rt  dViH 

sfinhlr  ^     ni    <lr    {;rn('i'iil    ^^^»p^('ll*   «•}.    ohi'i    plu) 

univrr'Ki'lif'nH  lit  t\\iv  iNaisrs.   l'rrsoiiiir  11*0^11!  le 

4-f>nln'(lin*  ni   lui  if'sîslrr;  tons  ms  lifnti'iinii»  Ir 

MronHiiirnl   à  Trini,  |n-cnvr  rcrlninf?  «pi'îl  ron- 

Hiiissait.  Tari  de  sr  ronrilifft|àanioiir  ri  la  vKur- 

i.ition  (!(  s   snii.ilIrriK's.  I^InTIiincs   rsprils  iiiHliii* 

v\  siitjiiipH'K  cssii>rrf'n(  dr  Ini  iippliipic*r  If  s  cpi- 

^niinnn  s   de   Clodiru  ronirr   Knîropr  ;  ninift  il 

l'iircnt  liirnlôt  t'oi-i-fis  dr  rliaii};ri'  dr  langn^r  ,  r 

i\r  i'f'lrlnrr  anssi  la  saf;f*ssf* ,  la  drxhirité  vi  IVv 

Irilnir   hravonrr  de  rrninnpn;  ^n^^^i^r•  Lf*B  en- 

lu'inis  nn'nHK ,  rpii ,  à  rouvrrlniT  dr  la  cuiiipHgiu 

NVtairiil  nio(pn*s  i\r  kî^  |irrsoiiiir  et  lavairiit  rv 

piTsinlr   coininr    nnr  rsprrr   de    iiioiiHirc  aur 

lidicnlf    (\\ir    r.iir  ,    rrciiiiiuirnit ,    opirs  nvoi 

rp|-on\('  la  l'or<c  dr  son  hia^;,  i|nf!  itI  niiiiiipif*  cl 

palai.N  tU'  <ionstantiiniplr  avait  i'anm  d'un  livmx. 

r.  filait  il  C.nnn's,  cliâtran  <lf  la  (!uiii|faiiir,'fo 

lilif'  par  Tntiiu  v\  conlif*  à  la  ^a^flf'  dr.  ii€»ii  l'ri'i 

Aii^<'rn<  <|iH'  If's  (iolji-;  a\aifiit.  l'fiiiVniié  lu  plt 

p,iandf'  partif  fie  Icnrs  rirlicssfs.  Mursès  cnvo 

.imsitôt    nnf   flivision   i\v  Sfni    uriiirc   pour  fu 

nui'    If*    sif'^f   flf   rt'lli!    inrtrn.*Hdf!«    Pour   lu 

ipn*   fie   pins    ^rantls  soins  (KTU]N*iit  |    îl   poi 

Ir    rfstr  di'    Tainn'i'  à   Koini.! ,  oii   lf*9  divrn 

if'volnlions  fTnnr  si  Ifni^nf  ^nrrrr  avnirnt  co 

innipn  la  pnlif'i*  vl  Ifs  inn'urs;  il  déploie  lùru 

d.nis  If-    (;(Hivf'rn(>nii'iit    de   cftlr  rapiUile  rt  f 

prnvIiHfs    fontpiisfN  Ifs  talfus  (1^111  adtiiîiiistr 

Uni  i-tliiui'}  cl  la  vigilance  d'un  capitàiiiie  pi 


NARSES.  171 

voyant  ;  toutes  les  branches  du  service  pu])lie 
il  leê  or^àmsey  il  les  surveille  avec  un  soin  admi«- 
rable. 

Cependant  le  nouveau  roi  des  Goths,  alarma 
du  siège  de  Ciunes  ,  gagne  par  des  marches 
rapides  et  secrètes  les  côtes  de  la  mer  Adria- 
tique, et  vient  en  Campante  par  le  Piconum  et  le 
pays  des  Samni  tes.  Narsès,  informé  de  sa  marche  y 
rappelle  ses  lieutenans  ,  i-assemble  toutes  ses 
forces  5  et  va  camper  au  pied  du  Vësuve.  Le  Sar- 
nus  ou  Drano  ,  qui  de  Nocera  vient  tomber  dans 
la  mer  de  Naples  ,  séparait  les  deux  armées* 
Soixante  jours  se  passèrent  en  combats  partiels 
livrés  sans  résultats.  Enfin  le  roi  des  Goths  » 
abandonné  par  sa  flotte  ,  prêt  à  manquer  de* 
▼ivre,  et  voyant  Narsès  maître  de  la  mer,  des* 
cendit  de  la  colline  avec  la  noble  résolution  de 
vaincre  ou  de  mourir  les  armes  à  la  main.  Il  fond 
à  Timproviste-sur  Tarmée  romaine;  le  cond)at 
est  d -abord  tnmultueux,' puis  les  deux  armées  se 
«épurent  comme  de  concert ,  et,  reculant  quclquei 
pas  pour  se  ranger  en  bataille ,  elles  se  chargent 
ensuite  avec  une  fureur  égale.  Le  roi  des  Goths 
fait  inutilement  des  prodiges  de  valeur  ;  les  disr* 
positions  de  Narsès  étaient  infaillibles.  Téia , 
jKîrcé  de  dards  et  de  javelots  dans  le  plus  fort 
de  la  mêlée,  mourut  avec  honneur  et  non  avec 
gloire.  Malgré  la  perte  de  la  bataille  son  armée 
fidèle ,  espérant  venger  son  trépas ,  recommença 
Je  combat  le  Lendemain.  Une  nouvelle  défaite 
accabla  les  Goths  et  les  força  de  souscrire  à.  la 
capitulation  honorable  que  Narsès  leur  fit  pro- 
poser ,  et  par  laquelle  il  leur  permettait  de  rcsi-» 
der  en  Italie  comme  sujets  ou  soldats  de  Justi- 
nien ,  ou  de  se  retirer  dans  un  pays  indépendant. 
Tels  furent  les  résultats  de  la  bataille  du  Vésuve  : 
ils  auraient  assuré  la  possession  de  l'Italie  à 
Narsès  ;  mais  quelques  villes  résistaient  encore  » 

l5* 


17%  nARSÈS. 

i*\.  Ao%  cmirmis  pin»  cluncfîreus  qiift  les  Q|Dfhi 
éUiont  à  la  vrille  de  venir  lui  disputer  fl^^tn* 
qnétr;. 

Au  liru  rie  8\irr('lrr  h  couler  les  doiiceurg 
cViine  victoire  nc]ir(<^e  par  de  si  pdiiiblea  eflorts^ 
]Narfiè8  mureliti  droit  à  Ctimes  pour  faire  m  jonc» 
fion  avec  1rs  troupes  qui  en  avaient  commencé 
le  8ié{^e.  Cunirs  ,  située  sur  uu  rocher  eflcarpë.» 
dtjiit  alors  la  plus  forte  place  de  lltalie  ;  elb^ 
renlrruiait  ce  cpie  les  (Voilis  poss^daîrnt  de  plM 
prérlriii[ ,  les  restes  de  l(>iir  arnicfe  et  de  lenri 
rieliesses.  Nars<'S  ordonna  plusieurs  nttauuei; 
juaÎK  elles  furent  infructueuses;  il  fit  pratiquer 
oUu's  une  mine  dans  Tantre  large  et  profond  creusé 
par  les  nuiins  de  la  nature,  et  où  la  sibylle  arait 
autrefois  retulu  ses  oi*acles*  Lorsaue  Je  pan  de 
la  muraille  (pii  portait  sur  toute  la  caverne  ne  '^ 
fut  plus  Kouti'ini  rpie  par  desdlais»  les  mineurs  j  « 
mirent  le  feu  et  se  sauvèrent  à  la  hflte*  A  peine  ^ 
furent-ils  à  l'ahri ,  que  les  murs,  les  tours  et  une  [ 
partie  de  la  ville  s'éci'onlèrent  h  la  fois  a^ao 
un  fracas  liorrilde,  et  couvrirent  de  leurs  déWs 
toute  la  pente  de  la  colline.  Les  Grec»  s'^i 
daient  à  pénetrcT  dans  la  ville  sans  aucun 
(aele  ;  mais  outre  les  fondrières,  les  prëcipm^i 
les  escar|M'mens,  Unit  de  ruines  amonpelëei  «fil^ 
niaient  un  renqiart  aussi  dilYicile  à  franchir  que 
la  uni  rai  Ile  nulnie.  Cependant  Nars^,  profitint 
de  Teffroi  des  assic£;cs ,  lit  donner  l'asiavC  de 
Tan  Ire  coti;  d(î  la  placée  :  ses  trou|)es  y  trcwifirenti 
d#*s  fd)st»cles  invincibles.  Kebutë  de  tantd'r 
inutiles,  Nars«>s  ordonna  la  retraite;  «il 
Ini-meine  que  la  place  ne  serait  jamais  \ 
de  vive  force,  et,  apprenant  dailleura  qn*i 
eKSîilin  de  Francs  venait  de  descendre  pv^ 
alpcs  iUutiennes  dans  les  plaines  de  l'Italii 
ricurr,  le*  vaiiic|ueur  des  Gotlis  résolut  de 
une  puilic  de  ses  troupes  pour  tenir  GttnM' 


NARSES.  Î73 

qiiec ,  et  avec  le  reste  de  se  transporter  en  Tos* 
cîitie,  pour  ne  pas  abandonner  cette  belle  pro-« 
vince  aux  ravages  des  barbares.  Les  forces  qu'il 
laissa  devant  Cumes  enfermèrent  la  place  d  unje 
circonvallation ,  et  ç;ardèrent  avec  soin  toutes  les 
avenues.  Nai'sès  marclia  à  grands  pas  vers  la 
Toscane  5  Pise  ,  Flor(»ncc  et  les  places  mari- 
times lui  ouvrirent  leurs  portes;  mais  Lucques  , 
déjà  au  pouvoir  des  Francs,  osa  soutenir  un 
siëge.  Ainsi  le  vainqueur  des  Gotlis  allait  avoir 
encore  à  disputer  1  Italie  à  un  nouveau  déluge 
de  guerriers  de  la  Gornianie. 

Aprt'S  la  mort  de  Totila  et  de  Téia  les  Gotbs  , 
voyant  leurs  affaires  d^espërées ,  avaient  eu 
recoiu's  à  Tbéobalde  ,  l'un  des  successeurs  de 
Clovis ,  dont  les  états  étaient  plus  à  la  proximité 
de  l'Italie.  La  conduite  de  ce  prince  fut  insidieuse  j 
il  n'accorda  pas  aux  Gotbs  des  secours  directs; 
mais,  de  leur  pro]>re  autorité ,  Lotbarès  et  Bucelin , 
deux  frères  allemands  de  nation ,  et  cliefs  prin- 
cipaux des  troupes  de  Tbéobalde  ,  amenèrent 
une  armée  puissante  en  Italie  sous  préitç^tte  de 
marcber  au  secours  des  Gotbs.  Ils  navrent 
en  vue  de  sei'vir  ni  les  Gotbs  ni  les  babitans  de 
ri  ta  lie  ;  leur  unique  dessein  était  de  s'emparer 
de  cette  contrée ,  de  laisser  les  deux  partis  s'af- 
faiblir  et  se  consumer,  alin  que,  l'un  étant  abattu, 
ils  pussent  accaJ^ler  lautre  par  leur  propre  poids , 
sans  avoij*  Jjesoin  de  so  fortifier  du  titre  d'alliés 
lies  Roniaijis  ou  des  Gotbs. 

Lolbaic'S  et  Bucelin  venaient  d'envabir  tout 
le  pays  qui  est  situé  entre  les  Alpes  et  la  mer  de 
Toseane.  Des  Jors  lltalie  entière  se  trouva 
divisée  entre  les  (xotbs,  les  Grecs  et  les  Francs  , 
tîois  nations  dont  cbaeune  avait  son  territoire, 
ses  provinces  et  ses  plac^ps  fortes.  INlais  les  Godis, 
df'piiis  la  défaite  de  ïéia  ,  se  trouvaient  bors 
d'état  de  se  relever  eux-mêmes ,  e».  sa^is  la  for-» 


17%  WARSJiS. 

#>t.  flou  mnrmis  pi  un  cliinc^rnix  qni^  les  Qofhi 
é\Mvni  \k  la  v^ilif!  (U;  yv.nir  lui  dUputer  s^'^Mi* 
qii /*;£!?. 

Ali  lirn  fin  ft\irr/*ff!r  à  conter  Ira  doiinmn 
fVuniî  vinloircî  wchvlvi*.  pnr  «c  fti  pifiiihles  cflorts, 
!Narft^H  inarrtm  droit  à  (ininffs  pour  Mvf.  m  jonc*- 
fion  avrc:  1(^H  l.roiipf^H  qui  rn  avaifïrit  commiïiic^ 
le  flidf^r^  CiimrK  ,  Kilnrn  sur  un  rcM^hf^r  eacan>é  » 
t^f^it.  dlor»  la  pliiH  forf/!  place  df;  J'ICalir  j  rlle 
n^nrf'riiiait  a;  cpie  lo»  (îroilig  pofls^daîrnt  <b*  pinf 
pi'i'cifriiK  ,  |f!H  n'flfi'H  dr  lr:iir  arnino  rC  de  leiiri 
rirhcsHf'S.  NarHf*»  ordonna  plimicurfi  nitaqiir*»; 
fiiaJH  vWv»  rnmit  infnirluoiisfîs;  il  fit  pratiquer 
alor8  iinr  ininrrdaiiM  Tanlnï  large  et  profond  oreiim 
par  Ir'K  inaiiis  de  la  nature,  etoîi  la  sibylle  arait 
aiifi'ffroÎH  rendu  Mr%  oracles.  I^iorsqnc  le  pan  de 
la  nuira  il  le  (pii  portait  sur  toute  la  caverne  ne 
fiitplu.4  Hoiif/Miu  que  par  deB^ïtais,  les  mineurs  y 
mirent  le  feu  et  se  sauvèrent  à  la  hâte*  A  peine 
fnrent-ilH  ii  Tahri ,  que  les  niiirs,  les  tours  et  nne 
pHi'tie  de  la  ville  Herronlèrent  à  la  fois  avec 
un  fnietiH  liorrihie,  et  couvrirent  de  leurs  débris 
foufr  la  pente  de  la  ccdline.  IjCs  Grecs  s'atten-" 
daient  h  pc^nétrer  daiiH  la  ville  sans  aucun  ok^ 
tarie  ;  mais  outre  les  fondrières,  les  prëcipicea, 
IcH  eK4'ar|N'ii)eii.H,  huit  de  ruines  amonfïclëes  fior- 
niaient  un  rempart  aus»i  dilYicile  ih  franchir  que 
la  muraille  même.  Cepciidarit  Narsès^  pjxifilant 
de  Teffroi  des  as»ié{;éH ,  fit  donner  l'aMHMit  de 
Taiitre  vMA  i\v.  la  place  ;  ses  troupes  y  troairèrent 
df  H  obstacles  invincilden.  ReliutlS  de  (antd'eflforU 
inntiles,  Narses  ordonna  la  i*etniite  ;  'il  jogieA 
Jui-méine  que  la  place  ne  sera it  jamais  eiDportéB 
i\v  vive  force,  et,  apprenant  duilleura  qu*iui 
essai  m  de  Francs  venait  de  descendre  pu*  les 
nl|)f  s  niufieniieH  dans  les  plaines  de  rilaliêiupé-i 
ri<Mirr,  !(•  vaitupienr  des  OoUis  rdsolut  de  kiiicr 

uii(;  |KU'iic  de  SCS  li'oupci^  pour  teuir  Cuvei  Uo^** 


NARSÊS.  173 

qiTPC ,  et  arec  le  reste  de  se  transporter  on  Tos- 
lîiiie,  pour  ne  pas  abandonner  cette  belle  pro- 
vince aux  ravages  des  barbares.  Les  foixîes  qu'il 
laissa  devant  Cumcs  enfermèrent  la  place  dune 
circonvallation ,  et  t];ardèrent  avec  soin  toutes  les 
avenues.  Narses  marcba  à  grands  pas  vers  la 
Toscane  5  Pise  ,  Florence  et  les  places  mari- 
times lui  ouvrirent  leurs  portes  5  mais  Lucques  , 
déjà  au  pouvoir  des  Francs ,  osa  soutenir  un 
siëge.  Ainsi  le  vainqueur  des  Gotlis  allait  avoir 
encore  à  disputer  l  Italie  à  un  nouveau  déluge 
de  guerriers  de  la  Germanie. 

Apres  la  mort  de  Totila  et  de  Téia  les  Goths  , 
voyant  leurs  affaires  désespérées ,  avaient  eu 
recoiu's  à  Tbéobalde  ,  l'un  des  successeurs  de 
Clovis  9  dont  les  états  étaient  plus  à  la  proximité 
de  l'Italie.  La  conduite  de  ce  prince  fut  insidieuse  ; 
il  n'accorda  pas  aux  Gotbs  des  secours  directs  ; 
mais,  de  leur  propre  autorité,  LotJiarès  et  Bucelin , 
doux  frères  allemands  de  nation ,  et  cbefs  prin- 
cipaux des  troupes  de  Tliéobalde  ,  amenèrent 
«ue  armée  puissante  en  Italie  sons  pré»t(yttc  de 
warcber  au  secours  des  Goths.  lis  n'avbîent 
vn  vue  de  sei*vir  ni  les  Gotlis  ni  les  habitans  de 
l'Italie  ;  leur  unique  dessein  était  de  s'emparer 
de  cette  contrée,  de  laisser  les  deux  partis  s'af- 
fuîi>lîr  et  se  consumer,  afin  que,  lun  étant  abattu, 
ils  pussent  accabler  Tautre  par  leur  propre  poids , 
sans  avoir  liesoin  de  so  fortifier  du  titre  d  alliés 
des  Konuiins  ou  dos  Gotbs. 

Lc»tbait'S  et  Bnceliii  venaient  d'envabir  tout 
\v  pays  cjiii  est  situé  entre  les  Alpes  et  la  mer  de 
Toscane.  Dès  lors  l'Italie  entière  se  trouva 
divisée  entre  les  (roths,  les  Grecs  et  les  Francs  , 
tîois  nations  dont  cbac.une  avait  son  teri-itoire  , 
SCS  provinces  vl  ses  places  fortes.  Alais  \os  Goibs, 
depuis  la  défaite  de  Téia  ,  se  tr/^u voient  liors 
détat  de  se  relever  eux-mêmes,  et  bUsis  la  Ibr^ 


I 
■   ■ 


j  Francs,  vl   loutos  noux  pressées  vivomni 

Karsos.  Luo({ik'S  soutint  un  siégp  long  et  \i 

Il  reu\*  La  place  avait  6\é  bloquée  araiit  l'ar 

I  «le  Nnrscs.  et  !<*»  assiégés  étaient  convenus 

t<ii  rendre  s'ils  nVtaient  pas  secourus  clans  le 

|||1  «le  trenlc  jours;  ils  a  raient  mrnic  liTre  des  ot 

dans  IVspoir   de  Toir  bieutôt   paraître   la 
«entière  iU>s  Francs.  Le  terme  expire  sans  cra*s 
=  M  I  secours  ait  paru  ;  ntiiis  la  p^rnison  et  les  nal 

^  "'  refusent  de  se  soumettre.  Irrité  de  cette  înHd 

iNarsès  lait  toutes  les  dispositions  pour  un 

taque  sérieuse  ;  ses  officiers  lut  conseillent  i 

I  'I  de  sn  ven^r  sur  les  otages.  C*esi  ici  qu^écl 

*  *  '  modération  et  la  sagesse  de  Narais  ;  trop  hi 

pour  fa  Ln*  tomber  sa  cob>re  snr  det  înnoce 

•:  ;  Ij  i  ae.  contente  de  faire  craindre  ce  qa'il  aurs 

' .  |«  ciécuter  selon  les  droits  ut}  la  guerre  :  il  on 

"l'i^  <l  amener  à  la  Tue  des  remparts  de  LiicqtK 

,^j  H  la  tête  de  son  armée,  les  ôtaj^  cbarg 

t  chaînes,  l(\s  mains  attachées  derrière  le  de 

suivis  de  soldats  la  hache  leTcc.  Un  si  triste 
.  lac  le  attire  sur  les  murs  de  la  tîIIc  tous  les 

]    '  tans  ,  qui  pous»       des  cris  Umenhibles  ,  c 


NAR5ES..  17^ 

précipiter  du  haut  des  murailles  pour  mourir 
avec  leurs  enfaus ,  avec  leui^  époux  infortunés» 
Alors  Narsès ,  faisant  signe  de  la  main  ,  k  Vous 
m  méritez ,  crie -t— il  aux  assiégés ,  vous  méritez 
«  de  perdre  ceux  qui  vous  sont  si  chers;  mais  il 
«  serait  indigne  à  moi  de  les  faire  périr  ;  je  vous  les 
«  rends.  »  £t  aussitôt,  donnant  l'ordre  à  ses  soldats 
de  tirer  leur  épée  ,  «  "Voilà,  dit*-il,  sur  quoi  j 'ap- 
te puie  mes  succès ,  hien  plus  que  sur  vos  sermens 
«  et  sur  vos  otages.  »  En  même  temps  il  les  fait 
mettre  en  liherté  ,  et  les  renvoie  dans  la  ville  au 
milieu  des  transports  de  la  joie  puhlique* 
Ceux— ci  ne  cessèrent  d'exalter  rhumanité  et  la 
générosité  de  Narsès ,  de  proclamer  ses  louanges , 
et  de  disposer  ainsi  les  hahitans  à  la  soumission; 
ils  firent  sur  les  cœurs  les  plus  obtinés  une  im- 
pression plus  vive  et  plus  favorable  qu'on  n'aurait 
pu  l'attendre  des  efforts  de  toute  l'armée. 

Narsès  faisait-  encore  le  siège  de  Lucques 
lorsque  Fulcaris,  l'un  de  ses  meilleurs  lieu tenan s  , 
s'étant  avancé  sous  les  murs  de  Parme  sans  aiAune 
précaution  et  au  mépris  de  ses  instructions ,  fut 
entièrement  défait  pai*  un  corps  nombreux  de 
Francs  commandé  par  Bucelin.  ï'ulcaris  paya 
de  sa  vie  son  imprudence.  Accal)lé  sous  le  nom- 
bre ,  il  aurait  encore  pu  se  sousti'aire  par  la  fuite 
à  une  mort  presque  certaine  ;  ses  cardes  l'y 
exhortaient  :  «  Et  de  quel  front,  leur  dit-il ,  mé 
présenterai— je  à  Narsès  !  »  Poussant  sou  cheval 
dans  la  mêlée  ,  il  tomba  presque  aussitôt ,  la  tête 
fendue  d'un  coup  de  hache.  Cette  défaite  n  accrut 
pas  seulement  la  fierté  des  Francs  ;  elle  leur  pro- 
cura encore  de  nouvelles  forces  :  les  Gotlis,  dis- 
persés dans  l'Emilie  et  dans  la  Ligurie,accourureaf 
de  toutes  paj'ls  pour  se  joindre  aux  vainqueurs, 
L(  s  fuyards  portèrent  Ttipouvante  dans  le  camp 
iinpciial.  et  les  î^it'ncnuix  croyaient  déjà  voir 
cf-ttc  uiie'e  ùViiiicinis  foudre  sur  Icnr  tête.  Narsè* 


1-8  ^A^lSÈs. 

au  service  de  Jiistiiiioiu  IViiiIaut  son  sâour  à  Kî« 
iiiinî  un  parti  i\v  dviix  mil  le  Imrbaivs  cfe  ramiée 
(le  Bucelin    vînt   porter  le  di^sonlit^   jiiâqiraux 
portes  (le  la  ville.  ^îîirsès^  te'nioiu  de  leui^s  otfvacH 
tatious,  nioute  aussititt  à  che\al ,  se  lait  suivre  par 
trots  cents  de  ses  ^ar(l(*s,  et  ti^ouye  IVnneiui  rangé 
en  bataille  et  à  eouv(*it  par  une  c^misse  forêt* 
11  parvient  à  l(*s  attirer  dans  la  plaine  vn  doiuiaut 
Tordre  h  sa  ^ai'de  de  sînuder  une  relraite  sans 
confondre  l(*s  ran^s.  Aussit()t  les  cavaliers  loumeiit 
bride :>  Narst^s  à  leur  t^'le .  et  les  barbares,  les 
crovant  (*n  déroute ,  s^ëlaneent  lun*s  de  la  Torvt  et 
se  nu*ttent  sans  ordre  i^  la  jioui^uite  des  Grecs  ; 
ils  se  flattent  déjà  (]ue  cette  rencontre  va  tenui— 
uer  la  guerre  par  la  prise  de  Karsès.  A  peine 
sont-ils  éloi^iu's  de  la  Tor^t,  (pic  les  gardes  font 
\ol((*— taee  et  cbar^^ent  m  bon  ordre  I(*s  barluires  * 
dont  la  cavalei'ie  prend  aussit(»l  la  fuite*  L'infan- 
terie «  eÛVavée  et  surprise,  se  laisse  massacrer 
sans  résistanee.  I-(\s  Francs  perdii^cnl  neuf  cents 
boninns,  et  leurs  iu^ards,  couverts  de  honte  et 
de  blessures  ,  rejoignirent  le  gros  de  leur  aimée  « 
et   y  port<^'iviit    le    diH^ou rarement.    De  retour 
à  llavennes,  ISarsès  apporta  tous  ses  soius  et  toute 
sa  |Hév(»yaiuM»  à  s  assinn  r  l(*s  fruits  de  ses  victoires* 
et  il  alla  ensuite  (einiiner  rbi\er  ii  Rome*  S<'a 
soldais  ne    b^   passai  tut   point   dans  l  oisiveté  » 
ebaipie  jonr^  dapiès  les  îiistruetions  et  IVxcniple 
de   Karsès,    ils    (iiisaitMit  IV^xereiee  «i  pied   et  h 
cbeval,  s'aecontuumnt  à  olu^ir  au  s(ni  de  la  ^tun- 
pette  et  à  oécuter  les  pas  et  l(*s  cH'oluUonsde  la 
dans(*  p\rrbi(pie*  A  Ton  ver  tu  n»  de  la  campagne 
l\ars('^s  rassendila  ses  trinipes  aux   environs  de 
Home,  on  elles  CorimVent  une  ann(5e  de  dix*4iuit 
mille  cond>at(ans.  Les  barbai  es,  stuis  bicouduîCi^ 
(l(*  llui^elin,  apii'S  a\oir  péuélié,  le  bni^  du  golfe 
A(biati(pie,   jnscpran  détroit  de  Sicile,  et  tout 
ja>at;é  sur  leur  passade,  s'a\unccivnt  IcuteuN'ut 


NARSES.  179 

rsTÉ  Capone ,  an  nombre  de  trente  mille  hommes. 
Le  chef  cLrs  Franc».,  décidé  h  combattre  Narsès  9 
s'établit  sur  le  pont  de  Casilirum,  et  couvrit  sa 
droite  par  le  Vulturne.  Les  bannières  de  Narsès 
sapprochèrent  bientôt ,  et  ce  général  ,  quoique 
inférieur  en  nombre  ,  vint  camper  de  Fautre 
côté  de  la  rivière •  Les  deux  am^^ ,  en  présence  y 
se  rangeaient  chaque  jour  en  Vitaille  sans  en 
venir  aux  mabis  ;  l'espérance  ,  la  crainte  ,  et 
toutes  les  passions  qui  s'élèvent  et  se  combattent 
tour  à  tour  à  la  vue  d  un  grand  péril ,  s^gitaieut 
également  les  deux  partis.  Toute  Vllalie  atten- 
dait avec  anxiété  Tissuc  do  la  bataille  qui  devait 
décider  de  son  sort.  Ce  fut  dans  les  opérations 
ti^anquillea  qui  précédèrent  ce  grand  événement 
que  les  talens  de  Narsès  se  monti'èrent  avec 
le  plus  d'éclat  ;  ses  habiles  manœuvres  inter- 
ceptèrent les  convois  et  les  vivres  des  çun^mis , 
les  privèrent  de  l'avantage  que  devaient  leur 
donner  le  pont  et  la  rivière  ,  et  le  laissèrent 
maître  du  chpix  du  terrain  et  du  moment  de 
Taction.  Le  jour  de  la  bataille ,  lorsque  les  rangs 
étalent  déjà  formés ,  il  apprend  qu'un  des  princi- 
paux chefs  des  Ilérulrs  vient  de  tuer  un  de  ses 
domestiques  pour  ime  fîiute  légère.  Narsès  s'arrête 
aussitôt  ,  et  ordonne  qu'on  amène  devant  lui  le 
jueurtrior  :  «  Ce  serait  attirer  la  colère  de  Dieu 
«  sur  nos  têtes ,  dit-il ,  cpie  de  combattre  sans  avoir 
tf  ]mni  un  tel  crime.  »  Et  aussitôt  il  fait  exécuter 
hî  coupable  dtvant  toute  l'armée.  Une  si  prompte 
justice  lévolte  les  Hérules,  qui,  pleins  (le  dépit, 
jettent  leurs  ai*mes  et  refusent  de  marcher  au 
combat.  Narsès  ,  sans  chercher  à  les.  appaiser  , 
s'éci'ie  au  milieu  du  bruit  des  trompettes  :  «  Qui 
«  veut  vaincre  me  suive.  Si  les  ilérules  ne  se 
•t  hâtent  de  gagner  leur  poste,  ils  perdront  les 
K  honneurs  de  la  victoire.  »  En  même  temps  il 
marche  à  l'eimemi.  Les  Hérules  méritèrentl)icu- 


ifîo  N  A  lis  lis. 

tût   \M\r   lour    valfMir   i\\\v  Narsc'^»   ouIiIiAt  Ir^w 
(U*s(il!(Mssanrr.   \aVA  FraiH^s  s'nvançaioiit  Av.  Umr 
voiv   Siuis   la   loi'iiio   criiii   (rîaiiclr.    Leur  prv- 
kii^iv    al(;M|U(»    fui     triTihIn  ;    iIh    pciX'c^mit    h 
coups  i\v  liarlu'  li*  iaîMr  nMtlro  lU*.  ]Sfat*H^fl  ,  qui 
\vi^\Tf^ul  ni  souriant  dniis  Ir  pi('};('  fnlnl,  onloii* 
ll.^)t^  sa  raval«pt>  dv  Iva  (oiiriirr  ri.  de;  Ira  fiiTCK* 
tir.  Hiiofliii  (»t  In  plus  uraiuln  purtii*  île  son  niinifi 
pi'i'iiTiit  sur  \v  rliaiiip  Av  hataillr  ou  duiiH  les  faux 
(In   Vu  II  II  nu*.   (!(*   fut    iiiu;  scromlf!   joiini^c  de 
rainu's,  prrsipu*  sur  Ir  iu/'muo  trrrniii;   mais  la 
j;l«»in»   <!r  ÎNarsrs  lut  plus  suli<l«»  <*t  plus  dumblc 
(pu>   vvWv   crAnnihal.  wScs  soldats ,    aiin^s    avoir 
(■nl<'ri(1  IfMiis  nutrts,  nTucilH  1rs  dcpouîllps  et 
1rs  arnirs  des  nuu'inis,  ]>illé  lour  camp  vX  ddtniit 
leurs  iv>l.raurlif*iurus  ,  rrprlnMit.  la  routit  do  Roinn 
riiar^rs  t\c  Ituliii ,  rliautant  drs  liynuios  dti  vic- 
tfiin*,  (I   cMiiiduisaut.  au   uiîlîni  d\*ux   Iniir  {^cf- 
u<'i'al  r<»unnr  vu  tiiouiplir.  A    sou   Piittéc*   dai>» 
Jiniiu»     ^'arsrs    ('la la    l<*s    armes    vt   Ifs    Irosor.H 
tlvi   (lodis  ,  des   IVaiu's  vl  des    OermainH;    w% 
soldais  ,    eou verts   dv    (;uirlaudrs    et    de    eou— 
roiuif*s ,    K^U'hrèrent.    la    («loire    du    vaiutpieuri 
Jtouu*  vit  p(Mir  la  dej'nièi*(>  lois  mit*  marche  Irîom- 
phale.  (IVtait  à  Narsès  i[\iv  les  valurju^irH  rap- 
portaient tonte  leur(>loire  ;  ils  raduiiraieiiteomnio 
un   ^fMu'e  créateur  (|ni  gouvernait   h  son  ^r<^  le 
destin  des  batailles ,  et  ipii  savait  l'aire  luiîlre  la 
vietoiie  du  sein  niêin<*  <iu  d(\sor<lre« 

liV  peuple,  <pii  s'aimndoniu*  sans  réservr  l^  Iii 
ynv  eoinnie  i\  la  tri)itess(s  \\v  pouvait,  se  rassasier 
de  letes,  d«»  jeu\  l't.  de  spcvtacles  :  h'»  soldait!  se 
livraient  avec  tout  renniortenuMit:  uiilîliiîi*!^  i^  ces 
«livei'tissenuMis  tunudtueux.  Mais  ee  m*  Tut  point 
par  uiu'  induli;iMic<*  |)usillainuHf  et  fumiste  cinu 
Nar.^è<i  eaptiva  raileetion  <Ie  ses  lrou]><'s;  cneM 
ahusèrent.  un  nuiiuent. ,  il  est  vrai,  de  leur  pros- 
perilc  et  dv  leur  gloire  5  Uunu*  l'clcntilUo  la  joîa 


•      NARSÈS.  t8i 

l>ruyaiilc  Av.  leurs  daiisos  et  de  leurs  festins  : 
Nai'ses,  les  rappelant  bientôt  h  la  sevcrite  de  la 
<\iscipliue|  leur  adi*essa  une  harani];ne  (jui  neut 
pas  é.lé  indigne  d'un  ccMisenr  romain.  Il  leur 
reprocha  ces  desordres,  qui  soni liaient  leur  nfpu- 
tatiou  <*tconipi'onif\ttaient  lein*  sun^le»  Les  soldats 
rouf^rnitet  rentrèrent  sous  rolKMSMinco»  La  disci'^ 
plino  s'afTennit,  on  jepaia  les  fortifications;  on 
(>leva  des  camps  n^tranelies^  un  duc,  revêtu  du 
cojuinaudement  militai i'<ï,  fut  établi  <Ians  chacune 
des  villes  principales,  et  le  coup  d\i.*il  <Ie  JNarsès 
embrassa  tout  ce  vaste  pays,  cpii  s*étend  de  la  Oâ*- 
labre  jus(pruux  ])icMls  des  Al])<'s. 

Aprf»  avoir  elc  soumise  pendant  soixante  ans 
a\ix   Goths,  ritalie  fut   réduite  en  province  de 
TEmpire,  et  Narscs  la  gouverna  quinze  annc*t!S 
avec  autant  de  fermeté  que  de  talent.  Les  Francs 
et  les   Germains,  qui  ^'avaient  désolée,   étaif>nt 
vaincus  etdéti'uits  en  partie  par  Tépee  de  Narsè^. 
Leurs  déhris ,  errans  et  consumés  par  les  maladifrs , 
rn  punition  ,  dit  A^athias,  dr.  la  sacrilège  rapacité 
avec  lacpielle  ils  avaient  dépouillé  les  églises  sur 
Jrur  piissai;!*  ,    fiiiM'nt   loreés   (rahaniionnei'   sans 
roniliat  eetie   helh*    (M)n(iée.   Jl    ne    resiail.    plus 
qii\ni    i)ar{i    d(*    s(*pt    milh^    (îolhs  ,    ([ui   s'était 
4I  ahord  réinil  an\  J''ran<\s,  mais  (|ni,s(!  voyant  à  la 
nu'i'ci  du  vainqueui*,  et  craii;nanL  dr  le   trouver 
jnexoiahle  ,   sr    jeta  dans  la    vilh'   de    (Jompsa  , 
aiijoiinriiui    Cou/.a  ,    dans    la    priuei|)aii(é   ulté'- 
rirure,  sons  la   conduite   dv.  lla«;naris ,     llun    dit 
iialion  ,  guerrier  aussi  rusé  <pi'iii(M'pi<l<'.  Ka^naris 
avait    fornu»   le    dessein   de    rasscmhler    (ous   les 
(fullis    répauilus  en    Italie    pour    renouveler    la 
guerre.    Saisès,    voulant    éloulfer  Tineendie  (jui 
iMena<Niit  de  renaître»,  marcha  en  p(*rsonn(? contre 
]iai»naiis  ,   et  ordonna   tx)us  les   préj)aialifs  d'un 
siéj^e  vit;onr(Mix  <ît  opiniâtre.  L'audacieux  Rat^na- 
iis  siuilit  alors  <ju il  lui  serait  impossible  de  s^c 


soutciiîi'  lnii{;-lrin]is  |)iu'  la  loiro  rnn(rr  lu  pinK- 
MiiH'i' rt  la  ir|iiihili«Hi  (le  NuisrM;  il  iV.hoIiiI.  d  iim«|' 
i\v  |)i'ilî<llr  et  <lr  Iciilrr  iiiu*  hiihisoii  (Iciiil  Ir 
Niircr'S ,  en  i'r))l(>iit;('iiiit  llhilic  (hiiiM  lu  roiifiisioii 
v{  le  tf'oiihlc,  liivorlsfrall  ses  (It'HSriiiN  aiiilnlifiii. 
IMriii  (le  koii  unir  pKijcf. ,  il  dcniaiHlf»  à  roiilrrri' 
avrr  NaiM^'S.  l/(*ii(irviic  i'hI.  arcDidrc.  IsVH  deux 
^riirranx  K*av:iiirriil.  ni  plein  rliaiii|>,  suivi»  (1*1111 
iiniiiUrr  t'^al  d<*  ravalicrs.  Arrivt^H  j^  lu  Yllr  1*1111 
<!(*  laiilrr  ,  ils  ni*  dcHacliiMil  sctils  (*l.  n*l$loî^ii(*iit 
«Ir  i|iii'l4|iirs  pasdr  l<MJr  (>iiirorf(*|i(»Mr  ooillidirri'  011- 
hr*inl>lf:.  Marsan,  cIkkjik*  liii'iitni.  de  la  hiitiU'iir 
iivrr  lai|ii('llr  Ir  ImiI'Imiit  parlail  dr  rapilliltitioit  , 
t\r  traitf',  i\v  vniwrsHinii,  \v  r(iii|*(Mi(!  hhiin  liiîririi 
ncrniilrr.  On  nr  M>pai'(>.  Ua^iiai-ÎH  rqfirnd  lii  niiiln 
ilr  i  AiMi.iï ,  ('t.,  ai'rivr  à  la  poi't<<r.  du  trait ,  il  Imnd» 
son  aie ,  sv  rr  Uni  nie  toiil  à  rnnp  ^  la  inaiii<>r(*  i\vn 
Scy\\u's  vl  des  ParllirH,«d()id  il  (IrsTriidail,  dcf- 
cocIk*  sa  (Irriic  h  Narsrh,  cl  Ir  inantpu*. 

ICnlIaniiiirs  pai*  rv\U*  luùiwxtv  vl  par  le*  pc^ril  Ar. 
1(Mii'  ^('iH'raU  It.'H  ^al'df•N  laiicrnf.  ImiN  ciim'nildf! 
JrniN  d'ails  sur  rr  niisi^rahlr,  uni  liindai  prrrc^  ^\v. 
f'(ni|iH.  Sa  nHn'I.df^Raniia  \v  paiii ,ipii  nVlait  nppnyï? 
(pir  snr  sa  Ic^nirrili^  et  snr  son  (MMira^f**  Îa'H  wmiI 
mille  (lotlis  nMifuniKS  dans  Toii/a  si*  liAlrn *iit. cln 
ti'ailrr  avcr  1Nars(V,(piî  lr?nr  arrordii  la  vio)  iiiaÎN 
«pli,  ]ionr  (^UniiVor  vvlir  srin(*nrr  diMcWolfr,  Irn 
fit  Iransportrr  à  OnnstaiiliiiDple,  iHTdundtl  <pir 
(ani  dr  Imrharrs,  dont  la  ^iirrrc  (^fail.  IVh^ninit. , 
nr  ponriairnl  jamais  lorinrr  des  niiJcIh  H«iiniiH 
dans  un  Mial  po.tsi^dtf  si  lon^  «  Irnips  par  l(!ur 
iiati(ni. 

Après  avnir  di^lrnil.  In  pnit^snnrr  drH  r«olliH, 
irnvci'sï^  li's  «'spi^raiUM-M  drs  l^'iatirs,  ri  tniniiii^ 
licnrrnsrniriit.  nur  i^nrtTtr  san|;lniifr  ipii  (hiniil 
depuis  près  de  vin^;!  amures,  Mars^M  H\Mvnfm  en- 
Heiilielleinenr^  iniii^dier  aux  d^sordrcN^h  tohihlir 
la  (rancpiillif<(,  i\  rdcvcr  les  ruines  dont  Htnlir 
<$Uiit  cuuvcrJe. 


NARSÈS/  tR3 

Les  murailles  des  yilli.'S  et  les  monumons  pu-> 
1>lics  de  première  ulilKé  lurent  répares  par  son  . 
ordrc^  Deux  magiiifiqurs  iiisei'iptioiis ,  ({u'oii  lit 
encore  sur  le  pont  Salai  o.  à  une  lioue  de  llouie, 
nous  apprennent  (jue  Naisses  rétablit  ce  pont,  dé- 
tiiiit  par  Totila. 

Il  corrigea  l<»s  abus  sur  le  cours  des  monnaies  , 

régla  les  impots ,  et  défendit  aux  j^ens  de  guerre 

de  se  mêler  des  jugemens  civils.  H  fit  aussi  r'ou- 

irir  à  Rome  l<îsécol(s  puldiques  de  philosophie  , 

de  médecine,  de  jurisprudence,  de  belles-lettres, 

et  il  rétablit  les  honoraires  des  professeurs.  Ce  fut 

h  sa  pnère  et  à  celle  du  pape  que  Justinien  régla 

^Vuiie  manière  fixe,  par  une  pragmatique  sanction, 

le  gouvernement  civil  de  1  Italie.  Cet  édit ,  daté 

du  i5  août  554,  et  en  vertu  duquel  les  lois  de  Jus-* 

tiiiien  servirent  de  boussole  à  Tadministration  et 

oux  tiûbunaux,  fiit  adressé  à  Narsès,  qui  s^efibrça 

de  seconder  les  vues  de  l'empereur  en  restaurant 

les  villes  et  -en  rétablissant  toutes  les  bases  de  la 

civilisation  et  de  la  morale  publique. 

Quoiqu'il  apportât  tous  ses  soins  et  toute  sa 
eollicitiide  à  rendre  à  la  ville  de  Rome  son  au- 
tieji  lustre,  il  fixa  toutefois  le  siège  du  gouverne- 
ment à  Ravennes,  à  cause  de  sa  situation  géo- 
f;raphique.  De  là  en  effet  il  surveillait  plus 
iivanlageusement  les  desseins  etles  niouvemensdcs 
harbaies  voisins  deTltalie. 

Après  plusieurs  années  d'une  administration 
sage  et  tranquille  la  guerre  se  ralluma  :  elle  au- 
lait  eu  des  suites  funestes  si  Narsès  n'eut  pas 
maîntcMiu  sa  conquête  par  la  même  valeur  et  par 
la  même  activité  (jui  l'avaient  rendu  maître  eii. 
&i  peu  (le  temps  de  Tllalie  entière. 

Ce  fut  en  563  qu'un  seigneur,  nommé  le  comte 
Widin,  très-accrédité  parmi  les  Goths ,  avant  fait 
lévolter  les  villes  de  Vérone  et  de  Brescia,  ras- 
^cndila  tout  ce  qui  restait  de  soldats  de  sa  nation  » 


174  NARSES. 

tcirssc  lie  Ciimes,  où  ils  s'étaient  r<Hiigiii5  ar^ 
,  i^iii'si  iiirîlK'uiTs  troupes  et  leurs  tiësors-,  ib 
tturaîeiit  e'ié  iléti  uit6  en  peu  île  temps  ;  le  reste  > 
«le  la  nation,  dispersé  en  Italie,  se  rangeait  soit  ^ 
(lu  ei*!c  il('s  Francs,  soit  du  cote  des  Grecs. 

rius  nombreux  ijue  les  Grecs ,  les  Francs  sem- 
Llaient  en  état  de  tenter  des  opérations  plus  déci- 
sives. Toutefois  le  sort  de   la  ^uen*e  paraissait 
dépendre  de  lu  résistance  deCunieset  deLiieques, 
lune   détendue  par  les   Gotlis,  Tau  Ire  par  les 
Francs,  et   toutes  deux  pressées  vivement  par 
??arsès.  Luctpics  soutint  un  sié^e  long  et  vigou- 
reux. La  place  avait  été  blocpiée  avant  l'arrivée 
lie  Narsès,  et  les  assiégés  étaient  convenus  des* 
rendre  s'ils  nVtiuent  pas  secourus  dans  Tespace 
«le  ti*entc  jours 3  ils  avaient  même  livré  des  utagea, 
«lans  IVspoir   de  voir  bientôt   paraître   raimée 
«entière  iU*s  Francs»  Le  ternie  espire  sans  qu'aucun 
secours  ait  paru;  mais  la  garnison  et  le^  nabitans 
retuïtent  de  se  soumettre.  Irrité  de  cette  infidélitét 
iNarsès  lait  toutes  les  dispositions  pour  une  at* 
tiu]ue  sérieuse  ;  ses  oflîciers  lui  conseillent  même 
€lc  se  venger  sur  les  otages.  C  est  ici  qu'éclate  la 
modération  et  la  sagesse  de  Narsès  ;  trop  humain 
pour  fa  in*,  tomber  sa  colore  sur  des  innocens ,  il 
se  contente  de  faire  craindre  ce  qu'il  aurait  pu 
exécuter  selon  les  droits  de  la  guerre  :  il  ordonne 
<Va  mener  à  la  vue  des  rem^Kirts  de  Lncquc^s»  et 
il  la  tête  de  son  armée,  les  ôtaoe»  chargés  de 
chaînes,  les  mains  attachées  derrière  le  dos  9  et 
sui,vis  de  soldats  la  hache  levée.  Un  si  triste  8pec-> 
lacle  attire  sur  les  murs  de  la  ville  tous  les  liabi- 
tmis  9  qui  poussent  des  cris  lamentables  ,  car  les 
otages  appartenaient  anx  plus  illustres  familles  ; 
leurs  mères,  leurs  femmes  courent  sur  les  rem- 
parts et  sur  le  haut  des  tours ,  donnant  toutes  les 
marques  du  plus  violent  désespoir;  elles  chargent 
le  cruel  Nai'sès  de  lualédictionss  elles  veulent  se 


pi  (^cîpiter  (lu  haut  dos  muiuillps  pour  mourir 
av«;c  leurs  rnfaus,  avfc  U^uri»  époux  infortunés* 
Alors  Narsès,  faisant  .si<;ne  <1«;  ia  main  ,  v  Voug 
«  méritez,  ciic-l^W  aux  as.si(;^(^s,  \oms  méritez 
«  de  pfrrdre  ct*ux  qui  vous  >ont  si  clicrs;  mais  il 
■  serait  indi^nf*  à  moi  de;  Jcsfiiirc  périr;  jV*  vous  If 'S 
«  rends,  a  lit  aussiloL,  donnant  Tordre  àsffssoldats 
de  tirer  leur  épée  ,  </  Voilà,  dit-il ,  sur  quoi  j'ap— 
«  puie  mes  sucées  ,  liien  plus  que  sur  vos  sermens 
«  et  sur  vos  otages,  a  Kn  même  temps  il  les  fait 
mettre  en  liberté  ,  et  les  1  envoie  clans  la  ville  au 
milieu  des  transjunls  de  la  joie  publique. 
(>:ux-ci  ne  cessèrent  dVxalter  lliumanilé  et  la 
générosité  de  Marsès,  de  proclamer  ms  louantes, 
et  de  dispostf;r  ainsi  les  lialnlans  à  la  soumission; 
lis  tirent  sur  les  cœurs  les  plus  olitinés  uim  im- 
pression plus  vive  et  plus  favorable  qu^>n  n'aurait 
pu  Tattendre  des  ed'orts  de  toute  laïuiée. 

Kars/.'s  faisîiit-  encore  le  siéi^e  de  Lucfnies 
lon»c|ue  Fulcaris,  Tuude  ses  meilleurs lieulenans  9 
liVtant  avancé  sous  les  murs  de  Parme  sans  aiAune 
jiréeaution  et  au  mépris  de  ^i;s  iustruclions,  fut 
ciifiêreineiif.  (lélaît  par  un  cor[)S  nombreux  de 
l'*janes  connii;in(lé  )):ir  IjiirrJii).  ]''iilc;ii  is  pava 
tïi:  i^ii  vif  son  iin[»îiHb'ii(:e.  Accablé  sons  Jo  nom— 
i)re,  il  aurai!  eiicorr*  pu  se  sr^iistrair^:  [saj- la  fuifc 
a  nue  njort  pres^pie  fcilnitu- ',  .ses  ^aidcs  ly 
<  xboi  lai#-nt  :  "  Kl.  df!  rjnr:!  fjoril,,  b-nr  dil-il  ,  nie 
|M  és^nfeiai— je  à  INarsês  1  "  l'ons.sanl.  :^');i  rbeval 
dans  la  inéb-e  ,  il  tosnba  prf<^'|iie  anssiiô!  ,  la  fric 
firiidiir:  d  un  coup  Je  bacbr*.  CcMr;  délMiUr  n  ar(  i  iit 
pas  sr  iibjrir  fif.Ja  fl<  île  des  l'iano;  elle  leur  pro- 
t  nra  em ore  tht  nouvelles  ït>vv.<':s  :  les  (jro'ii-.,  di  .- 
prisés  dans  rKnn'lie-ef  dans  la  Li^uri<;,acconi  nr(;nl 
«il-  LoiiU:,  parts  pour  s<'  joindre  aux  vaiiir|neurs. 
J.'.-,  liivarils  porfènnt  1  éponvanle  dans  bî  camp 
iitidér  i.il  .  «1  b'.-»  urni'ianx  eiovaii-iil.  (ici.i  voir 
I  .  [U:  ii<  i'f  il  (  iint  mi}  iondic  sur  leur  Icic.  ^Sursciï 


t?^  "NARSKS.  ' 

if'çuf  (Invnnt  Liu'(j(i('s  cvs  nouvcllrs  (ilaminufps 
^nit^^ii  (le  la  porto  dv  tant  do  bnivos  otd'iiii  |>iioi-     j 
rior  toi  qno  ÎMiloaris,  mais  sii|^dririir  à  tuus  los 
cvoiioiiiciis  ot  toujours  ariiicf  coiitnî  Irn  rcvrrs  ,  il 
rassura  ses    trou])(>s  ot  prc^ssu  ])lns  vivoirioiit  le 

Dojà  on  laiioaît  dans  In  ville  des  traits  fînflam- 
1110S  ;  poj'somio  ii\)sait  |)lns  paraître  sur  Ior  iiin- 
laillos ,  (^t  l(\s  inaoliiiu*s  avaient  lait  hrcVlic  ni 
plusieurs  endroits.  Los  otages  i*ouvojés  pRp 
iNarsos  n'douhloronl  alors  leurs  instances  pour 
cii|;a<;cj*  leurs  oonipatriotes  à  traiter  avec  un 
fnn<'iui  si  ^onéreux;  <Mifin ,  mairie  ropposition 
i\r  ((uehnies  o(lici(!rs  do  Tarn  co  do  Bucelin  (pli 
(;\;taieji(.  )e((>s  d.ms  la  ville,  l(v  parti  de  la  paix 
J\>nipoi-fa.  Après  trois  nuns  de  sif'ge  les  lialutnns 
<l<î  Luecjuos  ouvrirent  leurs  portes  à  Nnrscs,  qui, 
feians  leur  tonuti^^iu'r  au(run  resseutim(*nt  do  IcHir 
infidélité  ])assdo  ,  iresii^eu  (Peux  auou ne  condition 
cpio^de  reeonnaltro  la  simveruiuetd  do  rc^iipc- 
jeur.  Telle;  fut  la  r<uului(e  do  Narsos  au  si^^vt  et 
?)  la  pris(>  do  Lueipu's.  Il  s'y  (^ouvrit  (I<*  gloins  il 
y  (!ej»lova  tant  d  Iniuianitc',  de  eldnience,  de  va- 
leur et  <le  {zein'e,  t[\w  sa  ic'pulation  (*n  lut  d('oî- 
clee.  La  sujx^rioriu^  (pTil  aeepiit  d(\s  lors  sur  lis 
]''j'aiu\s  iw  eessa  plus  d'augmenter  juscju'à  1  entier 
Xoeonvn*nient  d(t   Tltalii*. 

INarsès  laissa  {garnison  dans  la  ville  conquise, 
f't,  eoninie  on  toueljait  à  la  (in  d(?  rautoinno,  il 
lit  des  disp(»siti(uis  ])our  nu'ttre  ses  troupes  en 
cpiartiii*  (rin'\er.  Jl  scrutait  le  désavantage  (pi'il  y 
aiuiaît  à  ecnnhattre  dans  e(*tlo  rude  saison  des 
i'nneniis  (pu*,  uva  dans  un  eliniat  iroid  et  liuinide, 
Todouhlaient  i]v  vigueur  en  hiver  et  s'aflaiblis- 
saifMit  dans  les  elialeurs  de  1V(('.  11  K('puru  doue 
[Bon  arnu'f^ ,  et  ajn  es  avoir  ('lahli  des  (pnirtiors 
dans  les  ])Iae(\s  voisin(\s  d<î  rA|)einiin,  avec  oi*dro 
ii  SOS  divibioiLs  do  se  rassembler  ù  Iloinc  au  com* 


1 

_  I 


■  4 

l 


utre  et  des  périls  (ruiio  plus  lon<);iie  résis-  j 

,  en  livrant  à  Narsès ,  lui,  les  dieux,  les  |î 

pçiies,   la  eouroniK» ,  (!t  toutes  les   riehesses  il 

jroths.  11  repj  ésiîiita  aux  autres  clieQi  de  &a  * 

11  que  la  elinle  de  la  monarcliie  des  Goths  1 

talie   elaHt    inévitable  ,  riioiineur    exigeait  '  j! 

i  remissent  lltalie  dans  les  inains  de  ses 
ns  maîtres  plutôt  que  de  la  laisser  piller  et 
îter  par  des  barbares.  Après  leur  avoir  com- 
ique et  fait  goûter  son  projet ,  il  se  rendit  à 
mies.  Arrivé  eu  préseuce  de  Narsès ,  il  lui 
înta,  sans  autre  préambule,  les  clefs  de  la  t 

resse  de  Ciunes,  en  lui  déclarant  qu'il  la 
ittait,  ainsi  que  sa  personne,  à  son  entière 
»sition  ,  et  qu'il  promettait  de  le  servir  dé- 
lais avec  autant  de  fidélité  qu'il  Tavait  cora- 
i  jusqu'alors  avec  valeur.  Narsès  reçut  Ip 
2e  gotb  avec  une  satisfaction  mêlée  de 
ité ,  et  lui  assuia  le  traitement  le  plus  hono- 
î;  puis  il  expédia  l'ordre  au  corjis  d'armée 
itait  devant  Cuiu(?s  de  prendre  possession  de 
lie ,  de  mettre  en  sûreté  les  trésors  des  rois 
s  fvt  de  prendre  ensuite  des  quartiers  d'hiver  .  ! 
dans  la  ville  nïeine,  soit  dans  les  places  voi- 


I 


1-8  NiMiSÈS- 

aii  srrvico  do  Justiniin.  rendant  son  séjour  àKi<« 
iiiini  1111  inirti  i\v  dnix  niillr  Imrbarrs  de  luniiée 
do  lJuo(*iin    vint   portor  le  dc^sordro   jusqu^aux 
portos  d(*  la  villo.  Naisos,  ioinoiii  do  Iouvh  dëyas-' 
tadous,  iiionto  aiissilot.  à  ohoval ,  so  fait  suivre  par 
trois  ooiits  do  koh  {;>ardos,  ol  trouve  1  oiiiinui  langë 
ou  hataillo  ot  à  ooiiV(*i(  par  uiio  épaisse  tbréti 
Il  parvioiit  à  los  altiror  dans  la  plaiuc  on  duiuiaut 
Tordro  t^  sa  ^ardo  t\v  sîiuulor  uuo  rc^traîto  sans 
ooiiibudro  los  raims.  Aussitôt  b'scavaliors  tounicut 
))rido,  JNars^s  à  lour  lolo,  ol  los  l>aj'baros ,  hs 
oroyaiit  on  dc^roulo,sVlaiu*out  hors  «lo  lu  Corot  rt 
ht*,  inoltcnt  sans  ordro  h  la  ])oursiii(o  dos  Gitcs  ; 
ils  so  flat((Mit  doji\  ciuo  colto  rcucoulVo  va  lt»nni- 
iior  la  guorn»  par  la  prise»  de  JNarsos.  A  poioe 
sont-ils  oloi[!;nos  do  la  ibrot,  que  les  gardos  font 
voiffî-laoo  ol  cliar{|;(*nt  m  bon  ordre  losbarbaiTS» 
dont  la  cnvalorio  prond  aussitôt  la  fuite*  L'iufan- 
torio,  oflVaj'i^o  ol  surprise,   se  laisse  massacrer 
sans  r(1sis(anr(*.  I,os  Franos  perdirent  neuf  cents 
liouinns,  ot  leurs  fuvaj'ds,  couverts  de  honte  et 
do  blessures ,  rejoignirent  le  {|;ros  de  leur  annëe  « 
ol    y  portôiTiil    le    déo.oura{;eniciit.    De   ix»tour 
a  llavoinios,  INarsos  apporta  tous  ses  soius  et  toute 
sa  |>idvoyano<'  à  s  assure  r  los  IVuits  do  ses  victoires, 
ot  il  alla  oiisuilo  toiinii)or  rhiv(*r  ii  Home»  8o» 
soldats  no    le.    passoimt   point   dans   Toisivold  ; 
oha(ju<'  jouO;,  dapros  los  instruolions  ot  1  Viceni])le 
do   Narsos ,    ils    (aisaicMil  rrxoroioo  à  pied  et    ft 
ohovul,  s'aocnntunianl  ^  tdii^ir  au  son  do  la  ti*oni- 
polto  et  h  (rxiculor  los  pas  v\  los  i^vidnlions  do  hi 
danse  ])yrrhi(|Uo.   A  Touvoi  luro  do  la  eanipa|;n(* 
NarscXs   rassiMnbla   ses   troupes  aux   environs  do 
Home,  <Mi  elles  l'orni^rent  niu*  arin<V  di^  di\-huil 
nulle coinbattaiis.  Los  barbaics ,  sous  la  conduitt* 
i\v  ]!neolin,  apios  avoir  pénolid,  h*  Ioul',  du  goifo 
A<Iriati(pio  ,   jusqu'au  di^lroit  do  Sioih* ,  et  tout 
ia\a^!;t^  sur  lour  passade,  s*a\aneèront  leuteniout 


NARSES.  179 

Yert  Capoue ,  au  nombre  de  trente  mille  hommes. 
Le  cliei'  des  Franc»,  ddcidd  h  combattre  Nars»ès  , 
8*ëta]>iit  sur  le  pont  de  Casilirum,  et  couvrit  sa 
droite  par  le  'Viillnrnc.  Les  bannières  de  Nurses 
s'approchèrent  bientôt ,  et  ce  gëiiëral  ,  quoiqiie 
infëi'ieur  en  nombre  ,  vint  camper  de  Tautre 
c6t<^  de  la  rivière.  Les  deux  am^^ ,  en  prëicnce  ', 
se  rangeaient  chaque  jour  en^Ritaillc  sans  eu 
venir  aux  mains  ;  IVspérance  ,  la  crainte  ,  et 
toutes  les  passions  qui  s  élèvent  et  se  comliatlent 
tour  à  tour  à.  la  vue  d'un  gr.ind  péril ,  agitaient 
également  les  deux  partis.  Toute  Tlfalie  atten* 
dait  avec  anxiété  Tissue  de  la  bataille  qui  devait 
décider  de  sou  sort.  Ce  (ut  dans  les  opérations 
tranquilles  qui  précédèrent  ce  grand  événement 
que  les  talens  de  Narsès  se  monti'èrent  avec 
le  plus  d^éclat  ;  ses  habiles  manœuvres  inter- 
ceptèrent les  convois  et  les  vivres  des  ennemis , 
les  privèrent  de  l'avantage  que  devaient  leur 
donner  le  pont  et  la  rivière  ,  et  le  laissèrent 
maître  du  choix  du  terrain  et  du  moment  de 
Fiiction.  Le  jour  de  hi  bataille ,  lors^jue  l^s  rangs 
CLalent  déjîi  l'oinies,  il  a|)|)r(Mul  (ju'un  des  priiici- 
pauï  chefs  des  llérulcs  vient  de  tuer  un  de  ses 
donirslirpipsponr  iukî  faute  léi^ère.  Narsès  s'arrele 
aussitôt  ,  et  ordonne  qu\)n  amène  devant  lui  U* 
iiieurtiier  :  «  Ce  serait  attiier  la  colère  de  Dieu 
K  .surn(is  lèles,  dit-il ,  ({ue  de  combattre  sans  avoir 
<(  |)niii  un  Ici  crime.  »  Et  aussitôt  il  l'ail  exécuter 
le  conpalUe  devant  tonte  raruiée.  Uiu;  si  j)rom|)t(* 
ju.sli(!e  rcvoltc  les  Héinles,  qui ,  pleins  (le  dépit, 
jcftcnt  lenj's  armes  et  refusent  de  marcber  au 
cund)at.  îSarsès  ,  sans  eliej*cli(îr  «•»  les.appaiser  , 
s  écri(î  an  mili(;u  du  bruit  des  trompettes  :  «  Qui 
«  vcîut  vaincre;  me  suive.  Si  les  llérnb^s  ne  se 
u  lial<*nt  de  ^aj^ner  leur  posic,  ils  perdront  les 
*<  lioimeurs  de  la  vi**loire.  »  l'ji  même  temps  il 
niarclie  à  Teimemi.  Les  llcrules  méiitèreut^jiea- 


if^o  NAIISES- 

tôt  par  leur  yalciir  que  Narsès  ouLliât  leur 
clésobfHssance.  Les  Francs  sWançaient  de  leur 
coté  sous  la  Ibriuc  (Vuii  triangle*  Leur  pre- 
wiière  attaque  fut  terrible  ;  ils  percèrent  à 
coups  (le  haclie  le  faible  centre  de  Narsès  >  qui 
lei'iTçut  en  souj*iaut  dans  le  pî^ge  fatal,  ordon- 
nant à  sa  cavalMpe  de  les  tourner  et  de  les  inves- 
tir. Bucelin  et  la  plus  içrande  partie  de  son  armëe 
périrent  sur  le  cbanip  cle  bataille  ou  dans  les  eaux 
du  Vulturne.  (]e  fut  une  seconde  joumëe  de 
Cannes,  presque  sur  le  même  terrain;  maïs  la 
î;loire  de  Narsès  ftit  plus  solide  et  plus  durable 
qu(»  celle  d'Aïuiibal.  Ses  soldats,  après  ayoîr 
euterrd  leurs  morts,  recueilli  les  dépouilles  et 
les  armes  des  ennemis,  pilld  leur  camp  et  détruit 
Icui's  reti'ancbemens ,  reprirent  la  route  de  Rome 
cliargcs  de  butin ,  cbantant  des  hymnes  de  vic- 
toire, et  conduisant  au  milieu  d'eux  leur  gé- 
néral conmie  en  triomphe.  A  son  entrée  dans 
liome  Narsès  étala  les  armes  et  les  trésors 
des  Gotlis  ,  des  Francs  et  des  Germains;  ses 
soldats  ,  couverts  de  guirlandes  et  de  cou- 
l'onnes ,  célébrèrent  la  gloire  du  vainqueur. 
Home  vit  pour  la  dernière  lois  une  marche  ti'iom- 
jrbale.  C'était  à  Narsès  que  les  vainqueurs  rap- 
})0Jiai<'nt  toute  leur  gloire  ;  ils  lad  mi  raient  comme 
un  génie  créateur  qui  gouvernait  h  son  gré  le 
(b^stiii  des  batailles ,  et  qui  savait  faire  naître  la 
victoire  du  sein  même  du  désordre. 

L(»  peuple ,  ([ui  s'abandonne  sans  réserve  à  la 
joie  comme  li  la  tristesse ,  ne  pouvait  se  rassasier 
de  fêtes ,  de  jeux  et  de  spectacles  :  les  soldats  se 
livraient  avec  tout  IVinnortement  militaire  à  ces 
divertissemens  tumultueux.  Mais  ce  ne  fut  point 
par  une  indulgence  pusillanime  et  funeste  que 
Narsès  captiva  raifection  de  ses  troupes  ;  elles 
abuscrejit  un  moment ,  il  est  vrai ,  de  leur  pros- 
périté et  de  leur  gloire  ;  Rome  retentit  de  la  joie 


KAKSES.  I8i 

bruyante  de  loiirs  danses   et  de   leurs  festîus  : 
Nai'sès,  les  rappelant  bientôt  à  la  sévérité  de  la 
discipline  y    leur  adressa  une  haran^^ue  qui  n'eut 
pas  élé  indigne   dW  censeur   romain.    Il    leur 
r^îprocha  ces  désordres,  qui  souillaient  leur  répu- 
tation etcoiupronKîttaicnt  leur  sûrefé.  Les  solchits 
rougirent  et  rentrèrent  sous  robéissancc*  La  disci- 
pline s'affennit,  on  répara  les  fortifications;  on 
éleva  des  camps  retranchés  ;  un  duc,  revêtu  du 
cominandement  militaire,  fut  établi  dans  chacune 
des  villes  principales,  et  le  coup  dVjuil  de  Narsès 
embrassa  tout  ce  vaste  pays,  qui  s'étend  de  la  Oâ*- 
labre  jusqu'aux  ])ieds  des  Alj)es. 

Apri»  avoir  été  soumise  pendant  soixante  sltïs 
mis.    Gotlis,  l'Italie  l'ut   léduite  en  province  de 
l^Empire,  et  Narsès  la  gouverna  quinze  années 
avec  autant  de  fermeté  que  de  tiilent.  Les  Francs 
et  les  Germains,  qui  | avaient  désolée,  étaient 
vaincus  et  détruits  en  partie  par  l'épée  de  Narsèç. 
Leurs  débris ,  errans  et  consumés  par  les  maladies , 
en  punition  ,  dit  A^atbias ,  de  la  sacrilège  rapacité 
îivcc  laquelle  ils  avaient  déjiouillé  les  éiçlises  sur 
Jfur  passade;  ,    (ui'ciik  forcés   d'abandonner   sans 
conihat  celle   belbî    contiéc^   Il    ne    resLiit    plus 
qu'un    parti    do.    sept    mille;   (iollis  ,    qui   s'était 
i\  aborcliéuni  aux  T'iancs,  mais  (jui,se  vo^-ant  à  Ja 
merci  du  vainqueur,  cl  craij^nant  de  le   trouver 
inexoral)le  ,   se;    jeta  dans  la   ville  de    Compsa  , 
anjourd'bui    Cou/a  ,    dans    la   principauté   ulté»- 
I  irnre ,  sons  la   conduite   de  Raj^naris ,    IJun   de 
nation  ,  ^ucjiicr  aiissi  rusé  (ju'inti épide.  lla^naris 
avait    formé   le    dessein   de    rassembler    tous   les 
(iollis   répandus  en    Italie    poui*    renouveler    la 
^ueri'e.   Narsès,    voulant   étou/îer  l'inceintlie  qui 
menaçait  de  rcîuaître,  marcha  en  pejsonne contre 
llai^naris  ,  et  ordonna  tous  les  préj)aiatifs  d'un 
siéi^e  vie^oureux  et  opiniâtre.  L'audacieux  llagna- 
iis  sentit  alors  qu'il  lui  serait  impossible  de  se 


178  KAPuSÈS- 

au  service  de  Justiiiirn.  Poudaiit  spû  séjour  àftï« 
iiiini  un  parti  de  deux  mille  barbares  oe  raiinëe 
de  Buceliu   vint   porter  le  désordre   jusqu'aux 
portos  de  la  ville.  Naiscs,  témoin  de  leurs  dëvas>« 
lalious,  nionle  aussitôt  à  cheval ,  se  fait  suivre  par 
trois  cents  de  ses  gardes,  et  trouve  rennein!  ranaé 
en  bataille  et  à  couvcj  t  par  une  épaisse  foréti 
Il  parvient  à  les  attirer  dans  la  plaine  en  donnant 
Tordre  h  sa  garde  de  sinuder  une  reti^ite  sans 
confondre  les  langs.  Aussitôt  les  cavaliers  tournent 
bride,  Narsi^s  à  leur  tête,  et  les  bai'bares ,  les 
croyant  en  déroute ,  s'élancent  hors  de  la  forêt  et 
8(!  mettent  sans  ordi'e  à  la  ])oursuite  des  Grecs  y 
ils  se  flattent  déjà  que  cette  rcncon&e  va  termi- 
ner la  guerre  parla  prise  de  Narsès.  A  peine 
sont-ils  éloignés  de  la  ibi'ét,  que  les  gardes  font 
volte-face  et  cbargent  rn  bon  ordre  les bar)>are8 , 
dc)nt  la  cavalerie  pi*end  aussitôt  la  fuite.  L'infan- 
terie, efirayée  et  sui^rise ,   se  laisse  massacrer 
snns  résistance.  Les  Francs  perdirent  neuf^*  cents 
bonimcs,  et  leurs  fuyards,  couverts  de  honte  et 
de  blessures ,  rejoignirent  le  gros  de  leur  armëe^ 
et  y  portèrent    le    découragement.    De   retour 
il  llavenrifs,  Narsès  a))porta  tous  ses  soius  et  toute 
sa  prévoyanc(î  à  s'assurer  les  fruits  de  ses  victoires, 
et  il  alla  ensuile  terminer  Tliiver  h  Rome.  Ses 
(soldais   ne    U)  passriciit   point   dans  Toisivetë  ; 
eluujue  jour,  d'après  les  instructions  et  IVxemple 
de   Narsès,    ils    faisaient  Texereice  à  ])ied   et  à 
clieval,  s'accoutumant  à  obéir  au  son  de  la  trom- 
pette et  h  e^cécuter  les  pas  et  l(*s  évolutions  di*  la 
danse  pyrrliique.  A  r<iuverture  de  la  campagne 
INarsès  rassendila  ses  troupes  aux   environs  de 
llome,  où  elles  formèrent  une  armée  de  dix-liuit 
inill(>  combatfans.  Les  barbai  es ,  sous  la  conduite 
(le  l!ucelin  ,  a|)rès  a>oir  pénétié,  le  long  du  golfe 
A(!iiati(|ue,  jus(ju\'ui  détroit  de  Sicile,  et  tout 
ju\iu^é  sur  leur  passage,  s'avancèrent  Icutemeut 


NARSES.  17g 

vers  Capoue  9  an  nombre  de  trente  mille  hommes. 
Le  chef  dns  Fraac»<,  ddcidë  à  combattre  Narsès  9 
s  établit  sur  le  pont  de  Casilirum,  et  couvrit  sa 
droite  par  le  "Vultume.  Les  bannières  de  Narsès 
3  approchèrent-  bientôt ,  et  ce  général ,  quoique 
infëi*ieur  en  nombre  ,  vint  camper  de  Taultre 
côté  de  la  rivière.  Les  deux  am^^ ,  en  présence  \ 
86  rangeaient  chaque  jour  en%taille  sans  ei^ 
venir  aux  mains  ;  Vespérance ,  la  crainte  ,  et 
toutes  les  passions  qui  s'élèvent  et  se  combattent 
tour  à  tour  h,  la  vue  d  un  grcind  péril ,  agitaient 
également  les  deux  partis.  Toute  Tlfalie  atten* 
dait  avec  anxiété  Tissue  de  la  bataille  qui  devait 
décider  de  son  sort.  Ce  fut  dans  Ips  opérations 
tranquilles  qui  précédèrent  ce  grand  événement 
que  les  talens  de  Narsès  se  montrèrent  avec 
le  plus  d^éclat  ;  ses  habiles  manœuvres  inter- 
ceptèrent les  convois  et  les  vivres  des  çnn^mis  ^ 
les  privèrent  de  Tavantage  que  devaient  leur 
donner  le  pont  et  la  rivière  ,  et  le  laissèrent 
maître  du  choix  du  terrain  et  du  moment  de 
l'action.  Le  jour  de  la  bataille ,  lorsque  les  rangs 
étaient  déjà  formés ,  il  apprend  quW  des  princi- 
paux chei's  des  Hérulrs  vient  de  tuer  un  de  ses 
domestîc|uospour  une  faute  légère.  Narsès  s'arrête 
aussitôt  ,  et  ordonne  qu'on  amène  devant  lui  le 
meurtrier  :  «  Ce  serait  attirer  la  colère  de  Dieu 
«  sur  nos  têtes ,  dit-il ,  que  de  combattre  sans  avoir 
«  ])uni  un  tel  crime.  »  Et  aussitôt  il  fait  exécuter 
le  coupable  devant  toute  l'armée.  Une  si  promptt* 
justice  lévolte  les  Hérules,  qui,  pleins  de  dépit, 
jettent  leurs  armes  et  refusent  de  marcher  au 
coml)at.  Narsès  5  sans  chercher  à  les.  appaiser  , 
s'éci'ie  au  milieu  du  bruîf  des  trompettes  :  «  Qui 
«  veut  vaincre  me  suive.  Si  les  lîérules  ne  se 
•c  hâtent  de  gagner  leur  poste,  ils  perdront  les 
*<  Iioiiueurs  de  la  victoire.  »  En  même  temps  il 
marche  à  l'eimemi.  Les  Hérules  méiitèreut\)ieu- 


iRî  NARSiiS. 

KOI I tenir  lonp;-(rinps  par  la  force  contre  la  jPnî^ 
liniicretln  M'|iutati(ai<Ir  NarM?s;  il  rdsolut  a  uier 
i\v  priful'ic  r(.  Ar  irutvr  niin  lialiison  dfint  le 
Miocès,  en  rrploii^raiit  11  lu  lie  dans  la  confusion 
cl  lo  Iroiihlr,  favoriserait  ses  desseins  auiliitîeui. 
Plein  (le  son  noir  pro)<*t,  il  demande  k  conférer 
avec  Narres.  LVntrevtie  est  accordée*  Lés  deux 
{^énéninx  s'avancent  en  plein  champ  y  niiris  d*uii 
noni1>re  l'^^al  de  cavaliers.  Arrivés  à  la  Tlie  IW 
i\r.  lantrc  ,  ils  se  détachent  seuls  et  8*<éloignent 
de  (pielqnes  pas  de  leur  escoi*te pour  confiArer  eii- 
fi<*inhlc.  Nars^tf,  choqué  hientot  de  la  lunteiir 
avec  hupielle  le  i)arhnre  parlait  de  capitulalion  , 
<1e  traité,  de  concession,  le  congédie  sans  luîrieu 
accorder.  On  se  sépare,  llagnaris  ]*eprend  la  route 
de  Conza ,  et,  airivé  à  In  poiiée  du- trait  y  il  baade 
son  aie ,  se  retourne  tout  à  coup  k  la  manière  des 
^)0}'fhes  et  des  I^rthes,«dont  il  descendait ,  dé- 
'  coche  sa  flèche  à  Nars<!S ,  et  le  manqvie. 

Entlanmiés  par  cette  noirceur  et  par  le  péril  de 
leur  (général,  les  pirdes  lancent  tous  ensemble 
leurs  traits  sur  ce  misérnhie,  qui  tomba  percé  de 
coiijis.  Sa  mort  désarma  le  parti  ,(pii  n*était appuyé 
que  sur  sa  témérité  et  sur  son  courage»  Les  8C»t 
mille  Gotlis  renfvrmés  dans  Couza  se  h&tèrentoe 
ti*aiter  avec  Narsès,  qui  leur  accorda  la  vie  y  mais 
qui,  pour  étonlTer  cette  semence  deiévoltCi  les 
lit  transporter  h  ConsUmtinople  ^  persuadé  que 
tant  de  lmr]>nres,  dont  la  guerre  était  l'élément, 
ne  pourraient  jamais  former  des  sujets  alunis 
dans  un  Ktat  possédé  si  long-têmjMi  par  leur 
nation. 

Après  avoir  détruit  la  pninsance  des  GodiSy 
reiiy<>rsé  les  espérances  des  Francs,  et  terminé 
heun^usement  une  guerre  sanglante  qui  Aevait 
depuis  près  de  vingt  années,  Tltirsès  s^occopa  et- 
sentiellement  h  remédier  aux  désordres  »  à  fetabUr 
la  tranquillité,  u  relever  Ics  mines  dont- lltalie 

était  couvci'ie* 


NARSÈS/  i83 

Les  murailles  des  villes  et  les  monumens  pu-» 
Mies  de  première  utilité  t'ureat  repaies  par  sou  . 
ordre.  Deux  magaifiqurs  inscriptions,  (jii'on  lit 
eucore  sur  le  pont  Salât  o,  à  une  lieue  de  Rome, 
lious  apprennent  <jue  Narsès  rétablit  ce  pont ,  dé-^ 
jti^uit  par  Tôtila. 

Jl  corrigea  les  abus  sur  le  cours  des  monnaies  , 
régla  les  impots ,  et  défendît  aux  gens  de  guerre 
de  se  mêler  des  jugemcns  civils.  H  fit  aussi  r'ou- 
yrir  à  Rome  les  écol(  s  publiques  de  philosophie  , 
de  médecine,  de  jurisprudence,  de  belles-lettres, 
et  il  rétablit  les  honoraires  des  professeurs.  Ce  fut 
à  sa  prière  et  à  celle  du  pape  que  Justiaien  régla 
4'uue  manière  fixe,  par  une  pragmatique  sanction, 
Je  gouvernement  civil  de  1  Italie.  Cet  édit ,  daté 
'  du  i5  août  554 ,  et  en  vertu  duquel  les  lois  de  Jus-» 
iinien  servirent  de  boussole  à  radm.inistration  et 
ûux  tiûbunaux,  fiit  adressé  à  Narsès,  qui  s'efforça 
de  secouder  les  vues  de  l'empereur  en  restaurant 
les  villes  et  -eu  rétablissant  toutes  les  bases  de  la 
civilisation  et  de  la  morale  publique. 

Quoiqu'il  apportât  tous  ses  soins  et  toute  sa 
Bollicitude  ^  rendre  à  la  ville  de  Rome  son  au- 
'  lûen  lustre ,  il  fixa  toutefois  le  siège  du  gouverne- 
ment à  Ravennes ,  à  cause  de  sa  situation  géo- 
graphique. De  là  en  effet  il  surveillait  plus 
evantageusement  les  desseins  et  les  mouvemensdes 
Jiarbares  voisins  deTltalie^ 

Après  plusieurs  années  d'une  administration 
sage  et  tranquille  la  guerre  se  ralluma  :  elle  au- 
rait eu  des  suites  funestes  si  Narsès  n'eût  pas 
maintenu  sa  conquête  par  la  même  valeur  et  par 
la  même  activité  qui  l'avaient  rendu  maître  eq. 
51  peu  de  temps  de  l'Italie  entière. 

Ce  fut  en  563  qu'un  seigneur,  nommé  le  comte 
Widin,  très-raccrédité  parmi  les  Goths ,  ayant  fait 
révolter  les  villes  de  Vérone  et  de  Brescia ,  ras-^ 
sembla  tputce  qui  restai);  de  soldi^ts  de  sa  nation , 


]R4  NARSiriS. 

vl  appela  1rs  Francs  cf  IrsGonnaiiis  i^  son  srcourt. 
Attiré  par  ortto  ivvoltr,  Amînp;,  srigiinir  puis-' 
siiiit  (liMa  Soiialto,  passa  1rs  AI|H*sà  la  Ivifi  aune 
'ariiuV  uomhn'ustN  vi  savan^^a  justiiiaiix  iMirdscle 
rAdi^r.  ^a^s(\s,  drja  oociipr  sur  laiitrt^  rivo,  lui 
<Mivovailrii\ï!e*  s»s  i;riirrau\  pour  IVxIiorlcr  ik  ne 
pas  roiii|HV  la  paix  «ffalilio  rntrr  1rs  Francs  c*t 
I  Kinpirr.  Ainiii*;,  inoutrant  son  javi 'lof  «  i (*|ioiHlit 
i>  (pi'il  nv  \v  cpiît tarait  pas  tant  ipiil  lui  n*stei*ait 
i>  mi  h  ras  pour  li*  lancier.  »  Ci^lto  fîrrti?  fut  mal 
smitruiu';  Auiîn<^iul  drfait  et  fur  dans  uiu^  bâ- 
tai llo  ,  vi  \v  rhrf  ors  doliis  «  (pii  a\ait  soufllv  le  feu 
i\v  la  irvoltr.  tut  iliil  prisonnier  vt  oomluit  à 
(^>ns(antino])l('.  \  rrono  vi  Bivsi^a  *  (|uoîf pir  hii*u 
t'or(iticM*s  vi  garnies dr  trouprs*n(*  tinivnt  mis  loue- 
tcnips  contre  le  vainipuHir.  Naines  outniuans  Vé- 
rone le  2o  juillet  ,  vi  peu  de  jours  aprcs  Bri*scia 
lui  ouvrit  ses  portes.  11  lit  porl(*r  2k  IViiiprn*ur 
le  hulin  le  plus  ]u*cHMeu\  avin:  les  clds de  ces  dcu& 
villes ,  alors  très-opulentes. 

[/exemple  d^Annnt;  ixv  put  ivtenir  dans  le  (lc<- 
voir  Sindlul  ,  elierdesllorules.  11  avait  fidàli^niCDt 
seconde  Narsès,  vi  sa  I>nivoure  avait  rtc  rcconi-» 
pensée;  nniissa  lierte  naturelle  lui  persuada  011*01» 
ne  d(*\ait  cpiVi  ses  propres  exploits  laconquelode 
l'Italie  «  et  (pi^il  lui  serait  lacile  dVn  dc|H)uiller 
A'arsès.  Dt  iix  ans  après  la  délai  te  d  Aniiiig  il 
nnna  les  restes  de  sa  nation,  li\ra  Imtaille,  fut 
vaincu  et  lait  prisonnier.  ^aI*sès  voulant,  par  un 
exemple  i\v  M*veVite«  contenir  ik*s  |H*upl(*s  et  cles 
cliels  i*enniaus«  lit  exécuter  le  relH'Uu  Sindlial  à 
inu*  potence  de  tivnte  pieds  de  haut.  L^ltalieen* 
tièie  i\ii  dcsornuiis  contenue  dans  le  devoir  pen^  < 
liant  t(nit  le  rt*ste  de  son  administration. 

I)<<pnis  frei/.e  ans  sii  s;i^essi*  niaiutenait  daat 
VoiuMssance  et  ilans  la  paix  cette  Udle  conquête 
«nie  sa  valeur  avait  si  lieureusenieut  r^ume  à 
I  Empire.  Quoi<pie  cet  cuuuijue  guerrier  fut    ~ 


NARSES-  »85 

rîvë  au  terme  le  plus  avaaeé  de  la  vieillesse ,  sou 
âme  conservait  encore  toute  sa  vigueur.  Le  vain-^ 
queur  des  Goths,  des  Francs,  des  Aileiaauds  et  , 
des  Hérules ,  était  toujours  redoutable  ,  et  quoique 
sur  les  bords  de  la  toiu^je ,  il  pouvait  encore  y 
précipiter  avant  lui  Alboin  et  ses  Lombards,  qui , 
des  bords  du  DanuJje,  tournaient  leurs  regards 
avides  sur  Fltalie  comme  sur  une  proie  réservée 
aux  guerriers  du  nord.  L'impératrice  Sopliie , 
femme  de  Justinien  II ,  entraînée  par  sa  haine 
contre  Narsès,  prit  soin  elle-même  de  renverser 
la  seule  barrière  cpii  pût  préserver  l'Italie  d\me 
nouvelle  irruption  de  barbares. 

Tant  que  vécut  Justinien ,  Narsès  n'eut  point  à 
craindre  Fingratitude  d'une  cour  versatile  et 
faible.  Justinien,  qui  avait  deviné  son  mérite,  lui 
laissa  gouverner  cette  Italie  conquise  par  sa  va-»- 
leur;  maïs  à  la  mort  do  ce  prince^  quatorze  ans 
après  la  conquête ,  Narsès ,  sans  appui  à  la  cour , 
fut  bientôt  en  butte  à  la  haine  d  eimemis  envieux 
et  jaloux. 

L'impératrice  Sophie  ,  princesse  altière,  qui 
gouveruait  elle-même  TEtat,  ne  onscrva  point 
pour  un  vieil  eunuque  les  scMitimeiis  de  bienveil- 
lance et  d'estime  qu  il  aviiit  inspiréi  à  Justinien.  Il 
ncn  fallut  ])as  davantage  sans  doute  pour  m:  ttre 
en  action  les  nombreux  ennemis  que  Narsès  avait 
à  (ionstantinople  et  en  Italie ,  surtout  parmi  les 
grands,  dont  il  réprimait  l'insolence  avec  fer- 
meté. Lt's  calomnies  secrètes  ,  les  lettres  ano- 
ii\  mes,  les  lil>eUes  furent  d'abord  employés  c<mtre 
Ir  vaincpieur  îles  Goths  ;  enfin  ses  ennemis  se 
lia ttèrent ouvertement  de  provoquer  et  d'obtenir 
sa  disgrâce  auprès  d'une  jeune  impératrice  avide 
de  pouvoir,  et  qui  devait  être  assez  portée  d'elle— 
même  à  donner  hîs  grand(*s  places  de  l  Empire  4 
ses  partisans  et  à  ses  créatures. 

Tome  IL  i6 


iftS  NARSES. 

Les  coartîflansy  jaloux  de  Nuraës,  pcfwJftienC 
%  IVinpereur  que  1  Italie ,  après  une  ioqmiegiieiTP  » 

i' ouïssant  enliii  cFuiie  tranquiiUtë  parfaite  «  il  fall- 
ait faire  rctitrrr  n  CoiistautiuopiG  le  produit  drs 
contributions  Lrvces  dans  cette  nouvelle  conquête , 
€\t  remplir  ainsi  le  trésor  dpuiaé  9  an  lien  delaiisfr 
]^nrsi>s  s  enrichir  des  tribus  d'un  pays  dont  il  sem- 
lilnitcHre  Itii-inéme  le  sciUTerain.  En  même  tenms 
Sis  pruticiuèreiit  des  înteliis^ences  aviec  les  prion- 
paux  personnn<;es  de  Konie ,  déjà  mécontens  de  k 
se  vérité  de  Nurses.  Ceux-ci  écrivirent  à  la  coar 
pour  se  plaindre  de  l'oppression  sous  laqaeUe, 
disaient-ils,  on  les  tenait  eneluinës;  ils  acru- 
f^èrent  Narsi'S  de  |«ouvenier  l'Italie  d*unp  manim  - 
t  y  ni  lin  if  pie  et  odieusi*  aux  peuples.  Des  dépnlës 
furrnt  envo\  es  h  Constant innnle  pour  donner  pins  ' 
<le  puidsàces  sierusations,  et  Ih  ils  s  clerèrent  avec 
anicrtnnie  conln*  ce  qu'iU  a|v|ielaicnt'Ie  despo- 
tisme d\ni  f  nmiqiie grec.  Ces  calomnies,  appuyéfS 
pur  rini]*éi'utrice ,  trou\  ère nt  crédit  dans  resprit 
de  L'f'uipertMir,  et  l'envie,  (|ni  avait  triomphé da 
mérite  de  lîélisaiiv,  tricinipha é^ale^lent  «la géaie 
dr  Narsès.  'routefois  le  t'iihlr  miprrnir,  rnalmt 
éviter  d  aigrir  nii  t;éiiéral  puissant  qui  ponvait 
avee  înipniiitM  n't'nsrr  d^obéir,  seconttféilfl'aa- 
vovf'r  à  Narrés  Tordre  de  taire  passer  à  Conslaa* 
tînople,  sans  uueinie  retenue,  le  prodirit  de  tons 
l(>s  impôts  levés  en  Itsdie.  Nursf*s  répondit  qa'îlfe 
soumettrait  avec  i*espect  a  toutcïs  les  décisions  de 
son  souverain  ;  mais  cpie  le  salut  de  illah  bi 
faisait  un  devoir  de  représenters|iie,  ai  Vas  ca 
retirait  leé  sciâmes  néci*ssaire8  ponr  IV 
ties  places  fortes  et  de  larraëe,  on 
f'ailliblenient  IVntrée  de  cettctellep 
I>ariiares  \oisins  ,   toujours   prêts  à   IV 
((iiaii  surplus  il  était  bien  informé  des  plainlrs 
fpi'oii  avait  envoyées  contre  lui  à  la  eonr}  mais 

qu'il  ct(^tdi>]^>ost;'à  rcmb*ccompt(9  de^cwijiiiliCj 


•41! 


1 


i: 


:1  coiisenlaît  nièinc,  s^il  ëtait  trouvé  cou- 

ù  subir  la  peine  des  concussionnaires. 

représenta  lions    furent   considërées   à  la  ji 

le  Byzaiice  comme  un  refus  formel  d  obéir.  \ 

ératrice   Sophie ,    craignant    de    mancpier  l 

;ion  de  satisfaire  sa  baine ,  se  chargea  du  ^ 

'huniiii(4*  le  vainqueiu*  des  Goths ,  qui,  par  k|{ 

Lpioits  et   par  son  âge,  méritait  les  plus 
5  égards.   Cette  print^îsse  imprudeute   en- 

dil-on,  un  fuseau  et  une  quenouille  à  l'eu- 

Çuerrier ,  avec  ce  billet  insultant  :  «  Il  faut 
î  homme  pour  avoir  le  droit  de  manier  les 
los  et  de  gouverner  des  provinces.  Revenez 
c  sans  délai  a  Constantinople,  pouryoccu- 

la   sui'intendance  dos   ouvrages   Je    mes  [; 

jnes;  cVstla  seule  place  qui  convienne  à  un  fi 

li-lionims  tel  que  vous.  »  Indigné  de  cet  il 

7^e ,  le  liéros  lance  sur  le  courrier  des  regards  !*= 

lans,  et ,  pénétré  du  sentiment  de  sa  force  ,  I 

,  lui  dit-il,  va  dire  à  celle  qui  t'envoie  que  1 

5  (ils  seront  tissus  de  manière  qu'elle  ne  les  », 

►rouillera  pas  aisément.  »  Aussitôt  il  sort  de  ( 

'  ;  mais  au  lieu  d'aller  se  présenter  coimne  j 

clave  on  comme  une  victime  à  la  porte  du  '  * 

<  de  Byzance ,  il  se  retire  à  Naples.  Là  ,  nV-  1. 

nt  plus  que  sa  vengeance,  il  médite d  appeler  ;. 

n  et  SCS  Lombards  pour  venger  sou  injure,  )t 

►uvrir  ainsi  aux  barbai^es  les  bai'rières  de  ■  j, 

e  pour  punir  l'ingratitude  du  prince  et  du  i.i 

e.  Déchiré  tour  ii  tour  par  la  colère  et  par  1 

moi'ds,  tantôt  il  brûle  d'impatience  devoir 
jmbards  au  milieu  de  Rome,  d'entendre  les 
»semens  de  cette  vilb?  ingi^ate,  de  jouir  da- 
;  du  désespoir  de  l'impératrice  humiliée  ; 
t,  honteux  de  vouloir  détruire  ainsi  lui- 
c  le  fruit  de  ses  victoires,  et  d'emporter  dans 
mbe  le  nom  d(î  traître  après  avoir  acheté 
aut  de  travaux  celui  de  délenseur  de  l'Em- 


I 

'•     r 


J 


38S  NARSÈS. 

pii'o ,  Il  prciul  In  rësulutioii  «ralln*  à  Conatantî- 
lioplo  poi'trr  sa  tête  h  l\'iupri*eur,  et  lu!  cI^%'oUer 
avniit  do  mourir  lli  iiialigiiitd  et  la  uoîixn;ui*  (le 
won  ennemis. 

Telles  tétaient  les  agitations  de  son  lune  ,  lors- 
qn'^  I  appi'oelic  du  danger  les  Romains,  se  rappe- 
lant le  mérite  de  leur  gént^rul  vîetorieui  y  em- 
Î)lo}èrent  pour  le  calmer  la  ir.i^diation  du  pa|>e 
lean  111.  L'habile  puiitiie ,  11^  avec  Narsès  u  une 
étroite  aniitic^,  ^ieut  le  trouvera  Naplea,  écoute 
«es  plaintes,  entre  dans  ses  seutiiuens»  lui  fait 
ngréer  le  repentir  de  si's  eom|iAtriotes ,  et  finit 
par  Tadiiueir.  Mais  Narsès  })ei*siste  toutefoii  à 
vouloir  recourir  directement  i^  la  justice  de  1  eni-> 
pereur;  il  veut  paHir  pour  B)  zanee  :  «  Gardex* 
vous  Lieu,  lui  dit  le  pape,  de  vous  nietti%  à  la 
merci  de  vos  emu*niis  ;  demeurea  daus  ce  pajs, 
que  vous  avez  sauvd  ,  et  dans  lequel  ils  lie 
H'uyent  voi  s  nuire.  Si  vous  avez  besoîu  d*apa- 
ogie,  moi-niî^ne  j^irai  plaider  voti*G  cause*. 
Revenez  h  Rome,  oit  vos  accusatc^urs  sont  à 
pr^stMit  aussi  odieu\  qu'i^  >ous-meme«  Lepi^uultf 
pleure  >olre  absence;  il  vous  recevra  avec  des 
trans|Kii'ts  de  rectnuiaissance  et  de  joie*  Rome 
est  le  tropli<5e  de  \oti'e  valeur  j  elle  sera  votie 
plus  sûr  asile.  9 

Mai*s(^s  consent  enfin  à  rentrer  dans  Reine.  Le 
peu])le  accourt  au-devant  de  lui ,  se  prosterne  k 
ses  pieds,  le  supplie  de*  lui  pardonner,  et  de  conju- 
rer la  temp^'tt^  cpù  menace  de  foudra  sur  ritalie. 
Briaisdéjh  la  disgrâce  de  ce  grajid  Itomme  y  Brait 
)eld  un  tel  di^sordre,  cpi^Alboîii,  après  «Toirmia 
sur  pied  une  armée  iKimbreuse ,  ii  attendait  plua 
que  le  priidemps  pour  passeur  l(*s  Alpes* 

Dans  Tîntervalle  Narsès,  accablé  de  Tieilkase 
et  de  chagrin ,  meurt,  emportant  dans  la  tombe  le 
dgulourcu^  pro«ci\tiiueut  cpie  l'jitaliç  (jchappera 


i; 


NARSÈS.  189 

de  nouveau  à  TEoipire ,  auquel  il  Fayait  ri  glo- 
rieusement réunie  par  ses  exploits. 

Quelques  auteurs  ont  prétendu  que  Narsès 
dans  sa  colère  avait  en  effet  appelé  Alboin  pour 
en  faire  le  terrible  instrument  de  sa  vengeance  ; 
mais  ce  fait,  qui  n'est  appuyé  sur  aucun  témoi- 
gnage authentique  5  a  été  révoqué  en  doute*  Narsès 
pouv«ait  se  mettre  à  couvert  des  fureurs  de  l'im- 
pératrice Sophie  sans  s'appuyer  du  secours  de» 
Lombai  ds.  Ses  propres  soldats  ne  lui  étaient-ils 
pas  dévoués  ?  Ils  avaient  frémi  de  sa  disgrâce ,  et 
ils  pl^ui  èrent  sa  mort.  Il  est  même  douteux  que 
la  cour  de  Byzance  ait  envoyé  ,  du  vivant  de 
Narsès  ,  l'exarque  Lougin  pour  le  remplacer. 
Fut-il  destitué  ou  fiit-il  maintenu  dans  legénéralat 
et  dans  le  gouvernement  de  l'Italie ,  c'est  ce  que  les 
témoignages  de  l'histoire  ne  permettent  pas  aas- 
surer.  Un  fait  constant ,  c'est  qu'il  mourut  en  567, 
deux  années  après  Justinien  ,  et  que  ,  l'Italie 
n^ayant  pour  sauve^garde  que  sa  valeur  et  sa  ré- 
putation, seules  digues  qu'on  pût  opposer  aux 
barbares  ,  sa  mort  la  laissa  en  proie  à  de 
nouvelles  incursions  et  à  de  nouveaux  désastres. 

Si  nous  examinons  le  caractère  et  les  qualités 
do  ce  grand  homme ,  nous  trouverons  qu'il  possé- 
dait à  un  degré  éminent  toutes  les  vertus  qui  ne 
sont  pas  incompatibles  avec  l'ambition  et  l'amour 
de  la  gloire.  Dès  que  cette  nol)le  carrière  lui  fut 
ouverte  il  ne  vit  plus  devant  lui  que  Bélisaire,  et  il 
ne  fut  pas  exempt  de  jalousie.  Tous  deux  avaient 
de  grands  talens  et  de  grandes  vertus;  mais  les 
vertus  de  Narsès  parurent  d'abord  moins  franches 
et  plus  concentrées,  par  cela  même  qu'il  s'était  vu 
long-temps  dans  la  nécessité  de  se  plier  à  la  dis— 
simulatioii  de  l'intérieur  du  palais  des  rois.  A 
peine  la  fortune  eut-elle  placé  dans  ses  mains  un 
grand  pouvoir,  qu'il  parut  s'élever  de  lui-même 
«t  devint  un  pei'goAuage  liistorique  du  premier 


190  KARSKS. 

iiiilvr.  Il  fit  liirnlot  oublier,  par  Téclat  de  fon 
rnrfr  iff*,  rkiJinilîafion  (ic  ba  couditîon  d^euiiufiue; 
il  htif  Kf;  cfiricilifT  ropîiiioii,  nia'itrisf;!'  et  captiver 
Jf'.^  espf  iU,  iii!iinlf'iiir  nrir;  (lifteiplîtie  hév^'tc  #t  h; 
filin;  i.'iici  ir  du  Mildat;  il  l'ut  à  la  lois  tésh'Ciri  ku' 
riuiiii ,  cJeiiJiMit  ft  ffr  me ,  ^énéreui  el  1  igide ,  s^ilirc, 
fiii(;.'il,  i'eli<^ifijx  et  iiiéiue  dëvot*  Oiitililé  de  ri-' 
ehf-hM'S  par  sou  souv^ntiii,  il  en  employait  une 
]»:ii  f ir*  pour  if  souf ir  11  de  sa  dignlti5  et  pf>ur  1  éclat 
de  sa  rr-pieeiitafioii  ;  le  ifbtir  il  le  lépaiidait  en 
liKt'ifili{é>  (i  #'11  auni^'ur»;  il  dé|)ensa  de  grand'*» 
8oiuni<»  Ml  jé|fiiiatious,  rn  fondations  pieusffr» 
fie  uioiju.slèi  f-K  (  t  d  t';^ii!i''S  ;  ausbi  ,  selon  kf 
liistoi  ieuft  f\-r! Aiastirpir  s  ,  I  Empire  fut  encore 
iiioiiih  redevalilf  de  ses  Hueres  glorieux  à  la  force 
de  st'S  aj-nie.s(|u  il  ït  /îîeacilé  de  ses  prières. 

Tel  fut  eef  r  iihuf|uf'  (;uf  rr'icr ,  grand  et  puissant 
p'iiir* ,  mnic  df-  pl.éiiouiène  fpie  la  nature  ne  rc 
produira  pruf-éfre  janiaiK.Onne  peut s*cmpécher 
drr  n'eounailif;  «juf  r-s  qualifé»  liéioïfiucs  en  ont 
fait  un  de  cet*  pr  j  tonnages  j  ares  que  la  Providence 
seniMe  ïoniwr  ensreretpour  le  soutien  desEm^ 
pires  elmue(fiaiis« 

JS'fffft.  Qufhpjrs  aufr-urs  ont  confondu  ce  Nanèflf 
vaitirpirur  drs  OolJjs,  avec  un  autre  général  du 
niéiiie  nom ,  Arn  ériîen  d'origine,  et  cpiî  vécut 
justjirau  legne  de  J'hoeas.  Il  eut  été  superflu  de 
fiV'ii^a^rr  iei  dan»  unr'  r!iiicusi>i«ii  a  ce  sujet*  Il 
HufFit  .vans  doulf  d  indi(|uer  cette  confusion  pro-* 
duite  par  Tidrii^iré  rie  nom,  et  qui  a  été»  pouf 
cpu'Irpics  savans  j  Folijet  d'une  conti'OYjenp  bj^io<" 
riquc. 


COMNENE.  191 


f>i-%'%'%-V^^*^''*'W^'^>i*>^^^'^^^^-'^'~^'*"V^^->'>-X^'^n'%'%'^'%i'^'V>'»i«>f»'W*l'*'»miK 


JEAN   COMNÈNE, 

EMPEREUR   D'ORIENT. 


Xj'empibe  romain  aprçsThéodose  s'était  divisé,  et 
avait  formé ,  sous  les  noms  d'Orient  et  d'Occident  ^ 
deux  empires  distincts  et  séparés  d'intérêt.  Fondée 
par  Constantin ,  la  ville  de  Constantinople  était 
devenue  la  rivale  de  Rome  ,  séjour  des  premiers 
Césars.  L'empire  d'Orient  survivait  à  celui  d'Oc-^ 
cident;  mais  déjà  au  12*  siècle  on  pouvait  le  corn-* 
parer  à  un  vieux  chêne  dont  les  racines  commen- 
cent à  s'ébranler.  La  faiblesse  des  empereurs ,  les 
factions  de  leurs  ministres  ,  les  intrigues  des  eu- 
nuques du  palais ,  la  haine  que  se  portaient  les 
différentes  sectes  religieuses  ,  les  disputes  dogma- 
tiques ,  la  dégéiiération  du  couraee  et  la  perte  de 
la  discipline ,  tout  faisait  entrevoir  que  l'Empire 
serait  démembré  peu  à  peu,  et  tôt  ou  tard  anéanti* 
Les  empereurs  d'Orient  n'avaient  déjà  plus  Hen  en 
Afrique ,  et  une  partie  de  l'Asie  miueure  leur  était 
enlevée  ;  tantôt  vaincus  ,  tantôt  vainqueurs  ,  ils 
défendaient  contre  les  Musulmans  les  frontières 
d'Asie ,  et  du  côté  du  Danube  ils  s'efforçaient  de 
repousser  les  Scythes ,  qui ,  sous  le  nom  d  Abares 
et  de  Bulgares  ,  désolaient  par  leurs  incursions 
les  beaux  climat^s  de  la  Remanie.  D'autres  guer- 
riers vinrent  encore  de  plus  loin  ébranler  aussi 
l'Empire.  Les  Latins,  ou  occidentaux,  queles  entre- 
prises des  croisvules  précipitèrent  en  Orient,  se 


192  œMNÈNE. 

moiiti  rrrnt  inoitiH  Ich  iiIlif^A  cleH  oinporoiirs  gn!C4 
qiir  Iriii*!!  niiidnii^ ,  ol  ocpciidaiit  iU  fêtaient  arm& 
pour  la  iiiriiir  vwusv  vl  ooiiLi'i'  Iva  inéiuos  aclvci^ 
BiiiiTS.Ti'llit  liluil  la  Hitttatioii  i\r  Tmipire  d*Oi'innt 
lorsqu'Aloxisi,  aprrH  Tavoir  gouverne  uvc*c  autinit^ 
i\v  i'vrnïoié.iixii':  d  adirsHfS  ilrticriidit  au  luiiibcou  et 
laiHKii  pour  lidi'ilicr  son  liln  J(>an  Coniiièiie. 

Dans  vvUr  loii<<nr  »uilo  de  prluoc^s  ifui  ont  rdgnd 
sur  lit  Itas-MinpiiT,  an  nombre  de  pluit  do.  cent,  Ift 
fils  MMil  d'AU'XÎs  nidri(c*  par  ses  vi^rtus  l'estinitf 
vi  l^adintiation  dv.  la  posferifd  ;  m'uI  parmi  tant 
dVnipcn'ui's  il  prut  ùlvo.  offert  pour  modèle  aux 
prliioes  (ini  sont,  appeldd  h  rc^(!;ner.  L^histoire  ce- 

{lendnnt  Fa  eotidannic^  preHcprh  l'oulili;  h  peine  Ici 
itsUn'iens  modrrnes  ibnt-ils  mention  de  ëVA  vcrtuji 
et  de  ses  exploits,  et  aucun  Inogrnphe  ne  aVtalt 
eiieore  oeenpc^  dVetîre  la  vie  de  ce  prince* 

11  natpiil  en  1086.  Le  jour  mémeue  sa  naissance 
Tt  inpetenr  son  pi^re ,  sungeunt  h  lui  assurer  la 
eoni'onne,  la  lui  posa  sur  la  iùlo.  dans  lu  cdrë- 
nionie  du  l)ap(/*nie.  Hien  ne  fut  ixéç^Wujé  pour  son 
(^diiratioti;  mais,  dc^ponrvn  des  dons  de  lu  luiturCf 
le  jfuiie  lit^ritier  tin  (rone  ne  montra  pas  d^aboi'd. 
vv  (pi'il  serait  nn  jour.  A  seixe  ans  il  fut  marié  à 
lii  priiieesse  de  Hongrie,  Pyrisc:a,  fille  du  roi  ka- 
ilislas.  Son  earael^re  eonunt'iu'ait  alors  h  se  dd* 
vrldpper,  el  offiait  un  nuflunge  de  fermeté  et  de 
douceur,  de  vivacité  et  de  iéflf>iiou«  Mais  il  eut 
il  liiltec  eoii(r(>  luversion  de  rimpératrico  IrèuCi 
princesse  d'iinv.  humeur  hautaine  et  impéiîeiisf> 
licite  nuVe  dénaturée  tmvaillait  secrètement  à 
écai'lfM*  du  troue  son  propre  fils  pour  y  placer  ion 
cendre  Drienne  ,  <pi<dle  aimait  de  uriféretice» 
Alexis,  au  contrains  chérissait  son  lilif  ety  n'é- 
coutant que  la  voix  de  lu  nuflii*c,  il  le  déticM 

pour  sou  Huccess(Hir  >  eu  lui  couféraut  )e  txtre 

il'Aiii;uste« 

i Oit  de  la  justice  de  ses  droits  et  pcnnfedé  qoÊ 


COMNENE.  193 

•on  père ,  ayant  un  fils  capable  de  liiî  snccëder ,  ne 
le  ■  frustrera  pas  en  faveur  d'un  gendre ,  le  jeune 
prince  se  met  en  mesure  de  déjouer  les  intiûgiWS 
de  sa  mère,  qui,  pendant  la  dernière  maladie  d'A- 
lexis ,  agît  ouvertement  pour  faire  tomber  la  cou- 
ronne à  Brienne.  Jean,  averti  de  Tétat  désespéré 
de  son  père  et  des  intentions  malveillantes  de 
rimpératrice ,  pénèti^e  dans  la  chambre  du  mou- 
rant ,  se  prosterne  à  côte  de  son  lit ,  l'embrasse 
les  yeux  mouillés  de  larmes,  lui  prend  la  niain,  et, 
de  son  consentement ,  en  détiiche  aussitôt  l'anneau 
impérial  sans  être  aperçu  de  sa  mère.  Convaincu 
par  ses  yeux  qu'il  n'avait  pas  de  temps  à  perdre 
pours  assui^er  la  couronne ,  il  sort  aussitôt,  accom- 
pagné de  son  frère  Isaac,  qui  le  seconde  avec  zèle , 
monte  à  cheval ,  se  met  à  la  tête  de  ses  amis ,  et  se 
rend  maître  du  grand  palais.  Irène,  informée  de  ce 
coup  d'éclat,  envoie  dire  à  son  fils  que  l'empereur 
respire  encore ,  et  que  sa  démarche  est  un  crime. 
Le  prince,  sans  s'arrêter,  pousse  son  entreprise, 
et  se  met  en  devoir  de  s'opposer  aux  tentatives  de 
sou  compétiteur;  maisBrienne,  excité  par  Timpé- 
ratrice,  plus  excité  encore  par  sa  propre  femme  > 
impatiente  de  régner,  ne  montre  ni  résolution  ni 
courage.  Déjà  le  nouvel  empereur  est  reconnu;  il 
reçoit  partout  le  témoignage  de  l'approbation 
universelle;  les  princes  ,  les  généraux  ,  les  séna- 
teurs ,  groupés  autour  de  lui ,  marchent  à  sa  suite  ; 
le  patriarche  et  le  clergé  le  proclament  dans 
Sainte-Sophie.  Mais  les  soldats  varangues,  chargés 
dé  la  garde  du  palais  d'Alexis,  en  ferment  l'entrée , 
etrfeclarent  que  tant  que  l'empereur  aura  un  souffle 
de  vie  ils  n'obéiront  qu'à  lui  seul  ;  ils  ferment  les 
portes  du  palais ,  et  se  mettent  en  dt'voir  de  les 
îléfentlre.  Eu  vain  les  grands  et  le  peuple  procla- 
ment ,  an  milieu  des  acclamations ,  le  jeune  Com- 
aène,  et  le  désignent  comme  le  seul,  le  véritable 
lufritier  d'Alexis 3  eu  vaiu  le  priace  lui-mêuio^ 
T^mc  IL  17 


T94  COMMUNE. 

rommanrln  »iix  vnran/,iirs  dn  lu!  ouvrir  le  palais 
iU*  fion  |)(;r(';  il  un  ])(*iit  YHÎncrr  hnir  résIsUiiice 
ipr'cMi  U'ur  moiilrarif.  L  aiitirau  iinpdrini  :  «  C'est  » 
«  Irurdil-il,  cr(|iir  jcr  tinitt  ctn  mon  père  comme 
«  1111  f;nf;o  (lu  (It'oil  (|ii*il  iiic  trniisiiiet  à  yotre 
«  ohc^i.Hsaiicr.  »  La'H  yorirR  Houyrent,  et  Tair  rc« 
tiMilil.  (l<;  cris  cKr  loii*  vt  de  nouvel  1rs  HcclamationSt 
AlrxLS,  eu  proie  a  une  longue  etlaborieuse  agonici 
iiVxpîra  «pie  le  soir  du  17  août  11 18  y  et  Jean 
Coninène  tut  iuiivers<dlenient  reconnu* 

Mais  une  nièn;  puJKsaiite  qui  avait  préfôrë  son 

f;endr(!  ^  koîi  fils,  une;  scrur  ambitieuse  qui  voih 
ait  porter  son  mari  sur  Iv.  tr^ne  au  prdjudicnde 
soupropn;  iVère,  devaient  inspirer  de  finquiétude 
au  légitime  souverain.  UenCej'mii  dans  son  palaiBf 
il  agit  au-»deliorK  par  des  ininistres  fidèles  v.t  intcU 
lig(!nH,(pii  assurèn;nt  ses  droits  en  tru vaillaut  avec 
^agesHe  à  lui  gagner  le  e(rur  df!S  peupl(>s* 

AxueU ,  nomme  grand  domestitpic  9  se  mon^ 
trait  surtout  Tappui  du  tjoue  et  Tornemeiit  de  la 
eour.  Ce  choix  ne  pouvait  qu^lionorer  le  discerne-* 
ment  du  jeune  empereur.  Anuels  9  Turc  de  nais^ 
saneei  n'avait  de  narbare  qiu;  sou  origine;  fils 
d'un  des  principauTE  oillciers  du  sultan  Soliman, 
il  avait  dté  introduit  jeune  encore  dans  le  palais 
de  Coiistantinople  api  es  lo  prise  de  JNicde;  il  était 
du  menu!  ag(?  que  rlidritierdu  trône,  et  Alexis, 
cliariné  de  sa  bcume  niin(;et  de  ses  qualités  aitna- 
Mcs  ,  Tavait  donné  à  son  fils  pour  yull  partageât 
ses  div^rtiHsemens    et  ses  dtudes.  -Axuels  gagna 
l)ieiitôtle  ccnur  du  jcuiie])rince,quih  sonayëucuient 
H  TKmpire  lui  donna  toute  sa  confiance»  Les  j^r^ 
tus  et  la  modéi  ation  d(;  ce  ministre  fidèle  le  mi- 
rent au-dcHsus  de  leiivie  et  de  la  haine»  Pendant 
les  vingt -quatre  années   de  ce  nouveau  rèonc 
aueun nuage,  aucune  mésintelligence,  aucun  dé*" 
l^ont  ne  rompit  Taccord   honoroLle  qui  réimait 
rntre  Jf'an  Coumèuc  et  son  ministre  1  pu  pîutut 
•ou  ojni. 


fiant  Vempertur  commençait  à  peine  à 
rr  l'Empire ,  qu'il  Be  tbmia  confre  lui  unç  ^ 
tlon  ourdie  par  Anue  Coninèiic.  Cette 
e  pbîlosopUe  u'avait  pas  penlu  l'espoir  de 
ions  le  nom  de  son  epons.  La  carilc  ijtiit 
rrompue,  et  les  porLes  du  palnis  drvnient 

dans  la  nuit  mé rue  au  signal  des  coiijuiéa: 
■iou  (te  Brieiine  fil  manquer  la  eoiispiia— 
ÏB  le  Iriidejuain  elle  fut  enlièi'eiiu.-nt  d^ 
c.  Comnèuc  ,  vuulaut  cougacrei-  pat-  un 
ïl^mencelegcomineucemens  de  son  if'gnei 

vie  aux  conjiir^5,ou  plutôt  leur  pardonua, 
Inpart  rciitrèi'cnt  peu  de  temps  après  daua  , 
ms ,  doot  la  confiscation  avait  é\é  pronon- 
ine  1  la  plus  coupable ,  fut  la  première  à 
:r  la  bouté  de  son  frère.  Ce  prince  s'^Iait 
rfë  dans  sou  palais  pour  la  coufondi'c  pur 
ares  de  son  crime  ;  en  voyant  ec  palais 
t  d'or  et  rempli  de  richesses,  ■  Hélas ,V<^ 
■t-il  eu  soupirant,  mesprocLcs  sont  doue 
Imuemia,  et  les  étrangers  mes  amis  !  Puifr- 
le  crime  a  renvn  se'  l'ordre  de  la  nature  , 
ins  celui  du  niéjite.  «  Se  tournant  alors 
>a  ministre  ,  «  Mou  cher  Aiuels ,  lui  dil-tl , 
UB  donne  toutes  ces  richesses;  tous  les  biens 
ette   sœur  ingrate  et  criminelle  seront  k 

désormais,  n  Asuels, interdit, se  jette  aux 
d'empereur:  «  Prince,  s'écrie  le  ministre, 
liens  sont  le  patrimoine  de  votre  auouste 
Ue  ;  il  est  juste  qu'ils  y  retournent;  ils  se- 
rt profanés  par  des  mains  étrangères.  Vous 

déjà  vaincu  par  votre  clémence  la  priit- 
!  votre  sœur;  achevez  votre  victoire;  ne 
!oane£  pas  à  demi.  Donnez-lui  les  biens 
Ile  a  perdus;  pour  moi  je  suis  déjà  comblé 
trop  de  bienfaits.  —  Et  qtoî  ,  répond 
pereor ,  toucbé  de  la  modestie  généreuse 
m  vertueux  favori,  et  moi  je  serais  îudt« 
17* 


Î96  COMNiiNE. 

«  giic  de  rc^^nor  si  je  ikï  savais  Rncrkfler  mon  res 
«(  gniliiiiciit  avec  mitant  <lr.  gmiitlnur  crfim 
m  qu*Aiii(;ls  San  ifio  kuii  propice  iiitéréU  »  Il  reii 
dit  aussitôt  son  aiiiitir  à  sa  sa;iir ,  et  la  laissa  joui 
tl*aii4iiiLl(*nH'iil  de  tousses  biens. 

L'inipérnlrice  n^avait  eu ,  dit-on,  anciinc  par 
Il  la  eonjuration  do  sa  fille;  voyant  8€mi  fils  ci 
possession  de  la  eouronne,  ellereprjtl(*8  sentimen 
d'une  mère  ,  se  dcUieha  des  inhi^ucsde  la  cour 
ft  se  retira  dans  un  monastère  ,  cru  Vile  avai 
fonde  ]>our  y  (unir  ses  jours  au  sein  uu  repos  e 
de  la  rrli};ion. 

Tout  annon^Niit  que  Vempirc  f^rcc  serait  rufu 
l^ouverné  par  un  prince  a  la  fois  prudent  «rt  brave 
ieruie  et  modéré.  Sv.h  qualiUM  morales  siinisaicn 
seules  pour  lui  attirer  rairection  des  peuples  :  vn 
Mt<irieur  n'y  répondait  point*  Ce  prin(!C  étaitma 
fait  et  très-basané;  011  Tayait  snnioinmé  I< 
Maure  h  cause  de  la  couleur  de  ses  cheveux  et<1i 
cou  teint  :  nrrfte  et  rnpillo  niger,  dit  Guillaum 
de  Tyr.  Mais  lors({u'on  s'aperçut  <[ue  cet  cxfc 
rieur  pfu  avantaç^eux  eaeliait  une  âme  élevée  f 
l^énérensc! ,  on  lui  donna  le  surnom  de  Ca/o^Jea 
ou  de  /ii'fW'^Jran ,  comme  si  Ton  eût  voulu  mai 
cjuer,  par  e(;tt(;  dénomination  nouvelle,  que  S4 
Uilens  et  ses  vertus  faisaient  toute  sa  ]N*auté* 

Après  avoir  pourvu  à  la  tranquillifé  iiitërieui 
de.  rUtat,  et  s'être  ailermi  sur  le  trône,  Comiièi 
ju^ea  ({u'il  ét'iit  temps  de  tirer  Tépce  coiiti'e  l 
ennemis  du  dehors*  Les  enlreprist's  des  Tur 
(  vi;;(:aient  surtout  la  vigilance  (^t  1  aetivifé  iVi 
prince  guerrier*  ;  ces  emieniis  naturels  de  l'Empî 
avaient  rompu  le  tiaifé  i\r.  Suman  api  es  la  ni\/ 
«rAlexiî ,  et  déjà  ils  inrestaient  la  llrry^ie. 

Dès  la  seemide  amiét?  i\v.  i>on  rv{!^iw  Coinuèi 
résolut  de  passer  en  Asie*  pouj'  arrcU^r  leurs  |>ri 
|^r€!s»  Luodicée ,  ville  considénible ,  fut  lu  prciuîè 


COMNKINE.  Î97 

concpiéte   An  IVriipriviir;  il   IVmporU  crassaut» 
maïyi,ré  lu  bravoun;  du  la  ^ariiiKoii  lurqnc*  Auhm 
humain  qiir  c',oiira^i*ux,  il  donna  Tonlre  formel 
d*ëpargnrr  Iv.s  haljiUns,  el  sut  nicUrcï  un  Irnin  h 
la  cruaiiJd   du  Holdat.  Après  pliisirur»   ronilialt 
ttUtcrsKifs,  où  il  Cul  toujouiH  vaimpintir ,  il  n'Hfa 
maitrc  do  la  VUiy^w.,  (!lj-rnfiii  à  (Jonsfaiifinoplo 
au  niillru  iIch  acclanialionii  du  pcuplo  i;l  des  sol-« 
daU.  P<!itdanl  Ihi virr  il   donna   Iouh  hvh   soinn  à 
ladininislrafion  do  rKnipijo,  MVilorrant  do  rani- 
mer lo  connnr;rcc  ,  Io.h  arlH  ol  rapîi-.ulturo. 

La  Panipliilic  lut  le  ihelît rod(^  la  (:an)pa(;ii«{  siii- 
mnlo.  Comnènc  mil  lo  Hië{^c  devant  So/opoli»»^ 
place  importante  hâlie  sur  une  monta^^ne  {*scar- 
])év.  et  inaeee!>sil)l(%  Mille  di/lieultds  rebutèrent 
(1  abord  l'empereur  ;  enfin  il  înni(;ine  d'attirer' 
par  une  ruse  la  f^arnison  fnrcpie  borK  doK  mu« 
railles;  il  1  enveloppe,  et  la  passe  au  fil  de  Tépée^ 
Dc^pourvue  de  garnison,  So/opolis  ne  fit  plus  an- 
cuue  rdsisfjHiire,  et  r<!m))ereiir ,  maître  do  eettc; 
ville,  étendit bieutolst^H  concpiélesjuhfpi'aux  portr.'t 
de  Tarse, 

I)ans  SCS  ex|)(îclili<)ns  d'Asie  ('oiiiiiriic  ne  so 
coiihiihiil.  pas  (ra^randir  le  d  >iiialii('  de  IJCnipirc^ 
(Il  inéiiic  lriii|>s  «pi'il  prciiail.  des  villes,  «pTil 
souiiii  Mail  des  proviiKes,  il  Ltavaillaif.,  selon  h» 
pasiion  du  sièelf*,  a  snhjui^iK  j*  b's  es[>ril;. ,  ii  faire 
(les  ('r)ii(jué(es  au  <-|iris(iaiii^nie  ,  ef  à  au^nient.ej* 
le  nombre  de  ses  sujels  :  une  foule  de  niiisnl  — 
iiiaiis  eoiiverlis  enljèreiiL  voiojitaireuieiit  dans  seti 
lioiipes. 

'I  andi;.  cpie  vers  l'Asie  rKinpire  éhiiJ  ()resse  par 
les  'l'ni  es  ,  à  roeejrienl.  il  élail.  Iiareele  par  cTaiiIres 
barbares  Scribes  d'oi  i|.;ine.  La  nation  des  l'al/.i- 
iiaees  ,  renoussiie  an-delà  du  Danuiie  par  Ale\i:  , 
f  epai  ni  i\('  nouv<'au  en  armes  ,  c'I  viuL  porler  le 
Len  el  le  carnage  en  Marï'rdoiue, 

Il  fallail  oj)pos(r  un(;  di^ueir(!e  toircuC  de  bai> 


Î96  COMNiiNE. 

«  giie  de  réfficr  si  je  ne  savais  sacrifier  mon  ret« 
«(  senliment  avec  autant  de  (candeur  d*Am« 
m  qu^Aiiiels  sacrifie  son  propre  intérêt*  »  Il  ren-» 
dit  aussitôt  son  aniif  le  à  sa  sœur  9  et  la  laiisa  jouir 
ti*aaquiLleinf'nt  de  tous  ses  biens. 

L'iinpc^rntrice  nWait  eu ,  dit-on,  aacttM  part 
Il  la  conjuration  de  sa  fille;  yoyant  son  fils  en 
possession  (le  la  couronne,  elle  reprit  les  sentimeni 
îl'unc  niere  ,  se  dctficha  des  inhiguesdela  cooTi 
rt  se  retira  dans  un  nionastcre  ,  au'cUc  avait 
fond^  pour  y  finir  ses  jours  au  sein  du  repos  et 
de  la  rrH}i;ion. 

Tout  annonçait  que  IVmpire  grec  serait  enfio 
gouverne  par  un  prince  à  la  fois  prudent  et  brave* 
l'ernK;  el  nioJerd.  Ses  qnalité.s  morales  suffisaient 
frculos  pour  lui  attirer  lafTection  des  peuples  :  sou 
ntlirieur  n'y  répondait  point*  Ce  prince  ëtaitnul 
fî»il  et  très-basiiué;  <m  Tavait  surnommtf  k 
Maure  ?i  cause  de  la  couleur  de  ses  cheveux  et  de 
ton  teint  :  rnrue  et  rnpillo  niger^  dit  GuîUamne 
de  Tyr.  Mais  lorscp'on  sapf;rÇut  cpic  cet  eitf» 
lieur  pru ^avantageux  cachait  une  âme  <Slevée  et 
généreuse ,  on  lui  donna  le  sumqni  de  Calo^Jgan 
ou  de  Beait^Jcan ,  comme  si  Ton  eût  vouin  marr 
(juer,  par  celle  dénomination  noiiTcUe)  quewi 
Uilcns  et  SCS  vérins  faisaient  toute  sa  beauté» 

Après  avoir  pourvu  a  la  tranquillité  intérieort 
deTEtat»  et  s  être  aflbrini  sur  le  trônc«  Conmèue 
jnt^ea  qu^il  éUit  temps  de  tirer  ré]iëe  conlre  kl 
ennemis   du  dehors.   Les  enlieprises  des  Turcs 
<  li^oaient  surtout  la  vigilance  et  Tactirité  Hwêm 
]>rince  guerrier  ;  ces  ennenns  naturels  de  lXaiprS| 
iiviiicnl  ronipn  le  traité  de  Saissan  après  la  MOii  1 
d'AU^xi^ ,  el  déjii  ils  infestaient  la  phi-ygie« 

IV  .s  la  seconde  année  de  fron  règne  Comnène 
reM>int  de  passer  en  Asie  pour  arrêter  leurs  pro-r 
gi  èii.  Laodicée ,  ville  considérable  9  futlaprcinîeM 


COMNÈNE.     '  Ï97 

conquête  de  l'empereur;  il  Temporta  d'assaut > 
maigre  la  brayoure  de  la  garnison  turque.  Aussi 
humain  que  courageux ,  il  donna  l'ordre  formel 
d^épargner  les  habitans ,  et  sut  mettre  un  frein  à 
la  cruauté  du  soldat.  Après  plusieurs  combats 
successifs,  où  il  fut  toujours  vainqueur,  il  resta 
maître  de  la  Pbrygie ,  et  rentra  à  Constantinople 
au  milieu  des  acclamations  du  peuple  et  des  sol-« 
dats.  Pendant  Thiver  il  donna  tous  ses  soins  à 
radministration  de  l'Empire ,  s'eflbrçant  de  rani-* 
mer  le  conunerce  ,  les  arts  et  Tagrlculture* 

La  Pamphilie  fut  le  tbe'âtre  de  la  campagne  sui- 
T^nte.  Conmène  mit  le  siège  devant  Sozopolist, 
place  importante  bâtie  sur  une  montagne  escar^ 
pëc  et  inaccessible.  Mille  difticultës  rebutèrent 
d'abord  Tempereur  ;  enHn  il  imagine  d'attirerv 
par  une  ruse  la  garnison  turque  bors  des  mu- 
railles; il  l'enveloppe,  et  la  passe  au  fil  de  l'ëpée* 
Dépourvue  de  garnison,  Sozopolis  ne  fit  plus  au- 
cune résistance ,  et  l'empereur ,  maître  de  cette 
ville  5  étendit  bientôt  ses  conquêtes  jusqu'aux  porte$ 
de  Tai'se. 

Dans  ses  expéditions  d'Asie  Comnène  ne  se 
contentait  pas  d'agrandir  le  domaine  de  l'Empire  J 
eu  mcme  temps  qu'il  prenait  des  villes,  qu'il 
soumettait  des  y)rovinces,  il  travaillait,  selon  la 
passion  du  siècle,  à  su])jugii(r  lés  esprits,  à  faire 
des  conquêtes  au  christianisme  ,  et  à  augmenter 
le  nomJjie  de  ses  sujets  :  une  foule  de  musul- 
mans convertis  entrèrent  volontairement  dans  sea 
troupes- 
Tandis  que  vers  TAsie  l'Empire  était  pressé  par 
les  Turcs  ,  à  l'occident  il  était  harcelé  par  d'autres 
l»arbares  Scythes  d'origine.  La  nation  des  Patzi- 
naces  ,  repoussée  au-delà  du  Danube  par  Alexis  , 
reparut  de  nouveau  en  armes  ,  et  vint  porter  le 
£l*u  et  le  carnage  eu  ]\lacé<loine. 

Il  fallait  opposer  une  digue  à  ce  torrent  de  bar^ 


198  COMN£NE. 

!>iuYS.  LVmpcrrur,  sans  tirer  aucane  de  irs 
ti^ni|>es(rAsic|«  ivtouups  là  pour  contenir  les  Tara, 
Ui  ilo  uouvoUos  lovtM^s  |H>ur  Ws  oppo$(»r  aux  Pàtsi- 
nucrs^  niurclinoii  ^lacctluiao,  et,  s  étant  cantonné 
h  iWoe,  oniplovn  une  partie  de  1  année  en  pr^ 
parut  ils  et  en  uej;(HnntIons.  Il  attira  k^  principaux 
ehot's  dos  liarliares  dans  son  camp,  les  traita aTfc 
nia4;iiiticoncc  •  et  en  détacha  ain^  plusieurs  du 
piirti  dr  la  cueri'e;  maïs  n^avant  nu  nouer  le 
cor|)s  entier  do  la  nation  «  il  jngtni  qu  il  railaitcom- 
battiv  ces  ImrlmiTS  pour  les  roixn?r  à  la  paix. 

IK^s  Ton  vertu  IV  du  printenifis  l«^  Patunacrs 
eux-mêmes  vînit>nt  oflVir  la  Im taille  à  Comiièiir. 
1>  prince  doima  aussitôt  le  signal  du  combat  à  tn 
trou|H's  «  tpril  avait  eu  le  temps  de  former  à  la 
discipline  (*tau\manoHivres.  l^ii  victoire  fut  loofi* 
temps  balancée.  Taudis  (pie  l'Empereur  faisait  le 
devoir  d*un  i^eiieraU  il  eut  la  cuisse  percée  d'un 
javelot  :  en  vain  sesollieiers  le  pressèrent  de  quit- 
ter le  champ  de  bataille  ;  il  continua  de  donner 
ses  onires  et  de  piVsider  aux  uuinœu¥re$«  Eofia 
les  Imrbares  tiiivnt  de'taits  et  forcés  do  regajpier 
ieur  camp.  1^^.  sVnviroimant  do  leurs  cliariob* 
couverts  de  peaux  de  bieuf  et  liés  ensemlde*  ils 
V  placent  leurs  tennues  et  Unu*s  enfans ,  et  s*en 
fout  unebarrit^re  impénétrable  «  ne  laissant  que 
d  étroites  issues  de  distance  en  distance  pour 
loiuire  sur  les  Grées. 

Il  fallait  livrer  une  sorte  d^assaut  à  celte  en* 
ceinte  hérissée  de  piques  et  dVpées.  L*empereur« 
impatient  d  achever  sa  victoiiY%  veut  deaceiiArede 
cheval  malgré  sa  blessuiv ,  et  attaquer  en  personne  J 
à  la  tête  de  ses  soldats  ;  rien  ne  raurait  nrrêléii  1 
ses  gardes,  sautant  sur  les  chariots,  nelesMHiHit  1 
mis  eu  pièivs  <\  cou^vh  de  hache.  Dès  lors  les  enw* 
mis«  privés  ile  retrancheiuens«  ne  firent  plus an- 
c\me  résistance.  L Vmi>eiTur  ari*êta  luinnéme  le 
massaere  eu  taisaut  mettre  eu  suretc  tous  ' 
sgimLer«, 


CQ3VIÎÏÈNE.  Î99 

Le  lendemain  on  yit  arriyer  au  camp  impérial 
le  reste  de  la  nation  yaincue.  Hommes ,  femme^  ^ 
yieillards ,  tous  ddclarèrent  qu'ils  venaient  vivre 
volontairement  sous  les  lois  de  TEmpire.  Les  plu» 
aguerris  et  les  plus  robustes  furent  incorporés  dans 
ïes  troupes  impériales  ;  on  donna  aux  autres  de» 
terres  à  cultiver. 

De  retour  à  Constantînople ,  le  premier  soin 
de  Comnène  fîit  d'aller  rendre  à  Dieu  de  solen- 
nelles actions  de  grâces  dans  leglise  Sainte- 
Sophie  pour  cette  victoire  mémorable  9  et  ce 
iour  devint  une  fête  annuelle  nommée  la  fête  des 
I^atz  inaces* 

A  cette  guerre  en  succéda  une  autre  moins 
dangereuse  contre  les  Serves ,  qui  inquiétaient  le» 
frontières  par  de  fréquentes  incursions,  et  qui 
venaient  de  détruire  le  château  de  Roze.  Le  com- 
mandant de  la  garnison  impériale  avait  fui  à  leur 
approche  r  il  fut  puni  de  sa  lâcheté  ;  l'empereur  t 
après  l'avoir  fait  revêtir  d'une  robe  de  lèmme , 
ordonna  qu'on  le  promenât  sur  un  âne  dans  les 
rues  de  Constantînople.  Cet  exemple ,  en  impri-- 
mant  le  sceau  de  l'infamie  à  une  action  de  lâche- 
té, réveilla  le  courage  des  troupes.  L'empereur 
marcha  ensuite  au  devant  des  Serves,  et  les  défît 
en  bataille  rangée.  La  nation  se  soumit  ;  on  trans- 
porta dans  les  campagnes  fertiles  de  Wicomédie, 
presque  désertes,  ceux  qui  ne  furent  point  incor- 
porés dans  les  troupes. 

Au  retour  de  cette  expédition  rapide  Comnène 
revêtit  Alexis ,  son  fds  aîné,  de  la  pourpre  impé- 
riale, et  l'associa  au  titre  d'empereur;  il  décora 
en  même  temps  Andronic,  son  second  fils,  du 
titre  de  scbastocrator.  Ses  regards  se  portèrent 
ensuite  sur  l'administration  et  sur  la  police  de  son 
vaste  empire. 

Mais  une  nouvelle  guerre  exigea  bientôt  sa  pré- 
sence vers  le  Danube.  La  défaite  des  Patzinac^sef 


i; 


loo  œMMENE. 

<U'8  Serves  ti^avalt  pas  ôtë  aux  Hongrois  IVspoir 
ireiitanier  quelque  proviucc  de  l'Empire.  Ils  pas- 
eèreiil  le  ileuve,  prii*ent  et  ru ill^reut  Belgrade , 
€'(  portèrent  le  ravage  jusqu^à  Triadize»  Cette  ville, 
irisc'  et  saccagc'e,  les  mettait  sur  les  frontières  de 
a  Thraee  :  pour  en  dcfendix;  Teutrëc  Comnène 
so  tran$]iorta  à  Pliilippopolis*  Son  armée  était 
Composée  eu  grande  partie  de  cavaliers  lombards 
4't  de  tures  auxiliaires;  il  y  joignit  des  troupes  de 
la  Tlirace  vt  de  la  Macédoine ,  fit  constmire  une 
grande  quantilé  de  barques ,  et ,  remontant  le  Da- 
nube ^  attaqua  les  Hongrois ,  sur  lesquels  il  rem- 
))orta  \u\  grande  victoire.  Il  fit  bâtir  à  la  lift  te  un 
l'oii  sur  1rs  ruines  de  Belgrade.  La  campagne  sui- 
>anto  raliattit  d(*  nouveau  la  fierté  des  Hongrois. 
Knlîn  leur  rc»i  Etienne  et  lenipereur  on  vinrent 
il  nn(*  négociation  ,  et  conclurent  la  paix. 

(<e])enclanl  la  i  épuhliquc  de  Venise ,  deveirae 
puissance  maritime ,  ne  reconnaissait  plus  la  souve* 
laineté  des  em])eieurs  grecs,  et,  en  se  détachant 
ainsi  de  TEnipire,  lui  faisait  perdre  une  des 
))rane1ies  les  ]>lus  l'iVondes  de  son  commerce* 

Tour  leparer  ce  (tonnnage  Comnène  forma 
des  liaisons  avec  les  villes  maritimes  de  ritalie» 
et  attira  ainsi  dans  ses  ports  toutes  les  marchan- 
dises de  TAdriatique. 

I.a  guerre  de  Hongrie  tenninée,  il  reprit  le  des- 
sein de  recouvrer  TA sie-Mineure.  Répandus  dans 
la  J^inipLilie,  les  Turcs  s'étaient  oéjà  rnidui 
maitn*s  de  (lurtamone  ,  Tune  des  principales  villes 
du  ]ia\s;  celait  rancienue  GemtanicopiUitm  Hem* 
perenr  la  prit  pai*  escalade  ,  en  Xi2d,  et  repsiss 
tMisuite  le  Bosphore  avec  un  gi*and  nombre  de  pri« 
•sduniers.  Dans  la  vue  i\v.  relever  Tesprit  nurtial 
«les  i'recs  II  il  voulut  donner  à  sa  capitale  le  spee* 
iacle  (lune  pompe  à  la  lois  religieuse  et  militaire. 
1a'.  jour  ii\é  pour  son  efitrw  à  Constantinofile 
les  lues  iurcut  tendues  des  plus  riches  tapisseriesi 


'  èt.liord  sic     I      de  metateUïi; 

defmk  lu  en     e  lu;      a  l'^^uiè  Sainfer 

Sopbie*»  Vemperenr  à  pied»     a  croix  à  la  mainy  . 
•gs4céà^t  un  char  couyert  aor,  d'argent  et  de 

.  mefareriesy  fLttM  de  c  raux  blancs  conduits  par 
Mfl  priiooipanx  offici  dé  llE^pire,  ^  tenaient 
1m  rênes,  et  sjormo]      de  l'image  de  la  vierge  )! 

'  à  la  .protection  46  ia<j  Ue  le  penple 'attribuait 
les  succès  et  la  prosj^nte  de  l'If  mpire*  Ce  cortège 
«iignifique»  reiwLtà  Sainte-Sophîe/^^^^ 

I    ;war  rentra -«[isnite  en  pompe  dans  so^  palais*    • 
lÀ  jMpfusion  qm  règne  dans  les  i^fs  des  h^^ 
riens  al  Jean  Comnène  ne  permet  pas  de  namfit 
aTeo  exactitude  la  suite  de  ses  exploits  à  la  oaJlie  . 

.    précise  des,  années  auxquelles  ils  doitent  se  tvp^^  ' 

porter.  D^uis  la  guerre  de  Paphlag^nie.  jn0^^ 

ceUe  dé  Cilicie  un  eqpace  de  dix  années  s*ec6ulM^  . 

pendant  lequel  ce  prince  Tertueux.|  asns  sur 

f ^  *-A —  j^  /*• — *— *-nj  ne  s'i^ecups  sans  reUc&e 

ijets  des  douceurs  dTun  gou^ 
équitable,  ^ussi  actif  qu'ii^ 
telligeut ,  il  employa  ce  temps  précieux  à  ré^er 
rintérieur  de  ses  £tats.  Cette  partie  de  son  his- 
toire ne  serait  ni  moins  curieuse  ni  moins  utile 
que  ses  faits  guerriers;  mais  Nicetas  et  Cinna- 
mus ,  minutieusement  occupes  à  décrire  des  çom-^ 
bats  et  des  sièges,  nous  ont  dérobé  les  instructions 
que  la  conduite  d'un  prince  si  estimable  aurait 

Eu  donner  à. ceux  aue  le  destin  appelle  à  régir 
>s  Etats  et  gouverner  les  peuples. 
Tandis  que  l'empereur  grec  envoyait  des  am- 
bassadeurs à  Lothaire  ,  empereur  a  Allemagne  y 
pour  resserrer  les  liens  qui  unissaient  les  deux 
Empires  ,  de  nouveaux  germes  de  guerres  se 
développaient  en  Asie. 

Le  traité  éventuel  qu'avait  fait  Alexis  avec  les 
princes  croisés,  et  eu  vertu  duquel  toutes  les  villes 
JLd  Tancien  domaine  de  l'empire  d'Oiient  devaient 


104  COMNISNE. 

prnndro  nî  r«po»  nî  nourriture;  que  lomqne  » 
ii'c  dans  sa  ti'iirn,  il  dtnit  sAr  qu^niicune  partie  du 
ijorvico  n'avait  «Ut^  on  1)1  ui(»  ou  n<*Rlif^i^«\  A  force  de 
soins  vi  de  couru'yTf! ,  il  miporhi  le  faubourg  IVprn 
Il  la  main.  11  tourne  aussitôt  ses  attaques  contre 
le  corps  d(^  la  place  ;  mais  il  est  repoiuiKd  au  pre*^ 
luicr  assaut.  Il  allait  revenir  h  la  chai*ge  lorsque 
les  lr.il>itans ,  <>nray es,  entrèrent  im  uëgoeiatiou  ;  ils 
oflrirent  \uut  sonnne  consid<$rable  et  un  tribut  an* 
iiu<^l  siTon  dpar{];iiaitla  ville.  L'empereur,  pressd 
d'arrêter  reffnsion  du  san^,  souscrivit  aux  propo« 
sitions  des  assii^^ds.  Parmi  les  riclies  prëscns  qu  ils 
lui  oflrirent,  tels  que  de  beaux  cbeyanx  arabes» 
des  dtoffiïs  de  soie  broehëes  dW  «  des  tables  enri* 
clii(*sde  pierreries,  ou  remanpiait  une  croix  d*aiiA 
s<Milc  pierre  ])rcÇeiense ,  d  un  prix  inestimable,  tra- 
vaillée autrefois  pai' Tordre  de  IVmpéhfMir  Cons- 
tantin ,  et  toini)d(»  entre  les  mains  des  Musulmans 
apr(>s  la  délaite  de  llomaiii  Diog<>ne« 

On  touchait  a  la  fin  de  la  campagne,  et  rem- 
percur  ordonna  le  départ  de  Tarmde  pour  ses 
(piartiers  d'hiver,  uiali^ré  les  instances  des  princes 
latins,  dont   la  condnitf!  n'avait  pas  été  irrépro- 
chable* Arrivé  à  Antiocbe,  il  y  fit  son  entrée  pu- 
Mitpic  ,  accompagné  de  ses  fils  et  (l'une  partie  de 
son  armé(.'.  \a)  prince   (rAnlioehe   et   le   comte 
(rK(l(\sse    tenaient  la    bride   de    srm  cheval  ;    le 
patriart^ln^ ,  suivi  tUi  (*h*rgé  et  du  peuple,   vint  en 
procession  au-(l(>vaiitde  lui ,  chantant  des  psaumes 
et  des  hynïiK's  au  sondes  instrumens  de  musitrae» 
Oii  conduisit  ainsi  IVmpereur  h  la  grande  église 
et  an  palais,  oit  il  fut  honon^  comme  un  maître 
exer^^mt  I  autorité  souveraine  et  prodigant  ses 
faveurs  aux  princes  ,  aux  seigneui^s  et  à  tous  les 
liahilans. 

I^'aire  <rAntioche  sa  ]>lace  d  armes  pour  conqué- 
rir la  Syrie,  et  s'y  maintenir  comme  dans  une 
place  du  sure  lé  pour  reteulr  les  |iriuces  chrëtietts 


■  '■-■..  l    .         ■        -     t   r  -  .       - 

•  ■         -         ■  Si    • 
■  ■■«-.  .  ,  .. 

''\  CXXHSÈIjE.      .      ■     >.l^ 

tjère  penuE^  de  GoûÉùnè^ae»  Ce  pian  politiqii)e,'n(Miit 
'exiéiailkm  létvU  Bécessàiit^li  ses  tiies,  n^^ 
jgcijiàpper .  longtemps  à  la  péo^tration  àeà  priocèé   ^ 
latious*  Ne  |Ki^Taiits'o]^po8eroaf(ei^^ 
seins  de  remperenr,  us<:alôiômèreiit  ses  inten-* 
lions ,  et,  par  des  émissaires  secipeti,  excitèrent  le 
lieople  à  la  rëTolte.  Le  peuple  s^éaad ,  et  Ton  en-^ 
lepoitcrier  de  toutes  parts  t  «  Antiocbe  es^perdnei 
.  m  .elle  e^t  yendue  aux  Grecs ,  ^i  ont  les  demetires 
M .  de  nos  pères»^  SauTonsnaous  dans  les  déserti»  » 
«    ibiiçiéj^r  ces  clameurs ,  tout  le  penple  d'AxH 
•  tipclp  :^a|||ttronpe  »  prend  les  armes  ^  atla^pe  lé* 
perswHjmdela  suite  de.  l'empereur ,  et  lespoilSK^ 
fflûlÎB|iq[u^aux  portes  du  palais*  Ce-prîiioe  aûnût 

Iu  repousser  la  violence  par  la  force  ^*  ordm^i^  . 
3  jnassacre  des  hahitans  d'Antioc^^  elihester  * 
maître  de  l».  TiUe  parla  terreur  |  mak  son  coeur 
^magnanime  rejeta  ee  parti ,  ^ue  réj^xmyait  lliu*^ 
ju^ké.  Jl  dissimule  son  indignation ,  et  tdande  ' 
jHpprès  de  lui  1^  princes  $  les  seigneurs  et  lès  -prin- 
cipaux habitans  :  «  Je  vois ,  leur  dit-il ,  que  mes 
«  intentions  et  mes  vues  sont  mal  interpiëtées;  la 
jBc  malveillance  me  suppose  des  desseins  sinistres  : 
«c  c'est  à  tort.  Je  me  repose  au  contraire  sur 
«  votre  fidélité ,  et  je  n'ai  garde  de  vous  rendre 
m  responsables  de   la   témérité  d'une  muj^tnde 
.  jt  aveugle.  Assurez  le  peuple  que  dès  demain  je 
ic  le  délivrerai  d'une  injuste  déliance  ^  et  que  je 
«c  sortirai  d'Antioche.  »  Tous  les  assistait  répoi>> 
.iSent  par  des  acclamations  et  par  des  louanges , 
xxaltant  la  prudence  et  la  modération  de  l'em- 
p.ercur.  Le  leqidemAin  ce  prince  sort  du  palais 
avec  son  corijége,  et  va  camper  hors  de  la  ville. 
JJài  il  donne  Lieutôtle  signal  du  départ  à  l'armée. 
.Les  princes  latins  simulent  des  regrets ,  feignent 
ile  vouloir  le  retenir.  L'empereur  leur  promet  de 
riiyegir  en  3)' rie  avec  des  forces  sufiisantes  pour 


%o6  COMIVENE. 

l'ii  fniTf*  In  ronrpiéU'*  Le»  Wfi|;npuni  le  cnmM^i 
iU:  vcf'ijx  et.  lie.  héiiédiviumê  1  et  raccompagnent 
jiiH<|iraiii  rronfii-rcH  ch;  1h  Cilîciiï.  Ce  prince f 
iipi7;H  (li'iix  aiiiK'f-H  d  aliHCiicc;  9  rentra  ver»  la  fin 
ilr  raiiiirr;  i  to(^  datiH  mi  canîtalct  menant  h  sa 
fiiiiU;  un  (;rari(l  nonilin;  de  ]>risounierB  et  un  riche 
hiitiii  fuilKur  \vh  Musulniaurt. 

Jamais,  ina l(;iéd('H guerres  »!  rr<5((uenf4ïs,  l'Em- 

invf  11  avait  f;U;  niiciii  p;ouvernd  ni  ni  heiirifiix  ; 
V»  lois  y  iiUx'u'iii  olffMTveeH,  et  la  justice  n*y  était 
pas  un  vain  nom  ;  ra^rieultnre  et  le  commerce 
y  éf aient  <^^aiemrnt  enroiiragd»  et  honorée  Mais 
i'.  était  par  iIvh  \vv\uh  ^u('lTi^re»  cpie  pouvait  se 
houtfrnir  un  Knipin;  nienaed  juM|u  alors  par  des 
eimnni.H  n'doutaldcH  (pie  le  ft«;ul  courage  du  prince 
Irnait  en  rrliec* 

Tnl  riait  U;  nioliilr  dp»  actions  de  Comn^ne;  il 
fuyait  l(!  n*pos  eomme  nuiKible  h  la  sûreté  de 
hOH  iieuples.  Jiiloriné  (|ue  les  Turcs  ravageaient  les 
]danieH  d<;  la  Ititliynie,  on  le  vit  partir,  qiroîque 
malade,  sauM  alt^'ndre  le  printemps*  Iji  nouvelle 
w\i\v  i\r.  m  marelif;  mit  leH  Turcs  en  fuite.  N'ayant 
jduH  «rrnnrmi.H  h  romiiattre,  il  jdpara  les  places 
t\r.  la  Hifliynir,  el  (Munipa  si^h  troupes  à  des  tnt^ 
vaux  milit4iin-H.  dv  tut  pour  les  soldats  un  sujet 
4le  m(!rontriit4in(Mit  el  de  nninnure;  l'cmpereury 
pru  HyiiHilde  à  vvh  plainU?»,  repétait  souvent  i|ue 
de  liouH  Kfddals  tw  devaient  eoinuiitre  d*autre  fa* 
lij^ne  (pie  rinae.tion,  d'autre  lamille  (|uc  rannëe» 
(Pautn^  patrie  (pie  leur  eamp* 

La  eampngne  (pi^il  méditait  avaitpour  but  prin» 
ripai  de  souMtraire  la  province  du  Pont  aux  in— 
furHions  v.i  aux  ruvnces  d(fs  Turcs»  LVnipereur  J 
péïK'tra  par  la  l'apliïagonie  en  côtoyant  le  bord 
de  la  mer.  Mais  (rette  ma  relie  présenta  des  difli- 
rnlles  iiiatt(!iidu(*s;  il  ialhit  forcer  tous  les  passages 
Vv.\i^.r  i\  la  main ,  et  rnrnuïe,  liarasséede  fatiaue» 
n'aj  riva  dans  le  l'ont  (|u'au  solstice  dliirert  Le 


COMNÈNÉ.  207 

pereur  se  cantonne  d'abord  dans  la  ville  de  Kînta; 
puis,  sans  attendre  le  printemps,  il  entre  en  cam- 
pa!j;ne.  Mais  il  a  bientôt  h  eoini3attre  dos  ennemis 
plus  redoutables  que  les  Turcs  ;  la  disvtte  et  le 
froid.  Cette  campagne  pe'aiide  amena  plusieurs 
actions  sanglantes ,  dans  ruac*  des.'jiu  lies  le  prince 
Manuel,  le  plus  jeune  des  fils  de  l'empereur,  cou- 
rut pique  baissée  donner  au  milieu  des  escadrons 
ennemis.  La  hardiesse  du  prince,  le  péril  où  il  se 
précipitait  attirèrent  apiè*  lui  toute  rannée;  ce 
fut  à  qui  signalerait  sou  zèle  pour  l'empereur  en 
djégageaut  son  fils  chéii.  Les  ennemis  fiu-ent  re- 

r eusses  et  défaits.  Manuel,  comblé  d'éloges  pAr 
armée ,  fut  réprimaiidé  par  son  père  pour  avoir 
manque  aux  lois  de  la  discipline  en  sortant  des 
rangs,  et  pour  avoir  compromis  par  sa  témérité 
k  salut  de  l'armée  entière. 

La  campagne  suivante  fiit  tout  aussi  pénible  ; 
mais  rien  ne  pouvait  rebuter  un  prince  guer-^ 
rier   pour   qui  le  repos  était  un  supplice.    Les 
progrès  des    Turcs  en    Asie  lui    inspiraient  une 
inquiétude  secrète  pourFavenir  ;  il  sentait  d'ailleurs 
que  les  établjssemens  formés  par  les  Latins  en  Sy- 
rie et  en  Palestine  ne  seraient  jamais  pour  1  Em- 
pire une  barrière  rassurante.   Ces  grands  motifs 
Î politiques  lui  inspirèrent  le  dessein  d'accomplir 
a  conquête  de  toute  la  Syrie  ,  et  de  chasser  les 
Musulmans  de  la  Palestine.    Il  feignit  toutefois 
de  n'avoir  en  vue  que    de  répondre  aux   pres- 
santes sollicitations  du  prince  d'Antioche,  qui  in- 
voquait l'exécution   du  traité  conclu  quatre  an-* 
nées  auparavant.  Instruit  que  les  Turcs  venaient 
d'entrer  en  Paniphilie ,  et  qu'ils  assiégeaient  Sozo- 
polis ,  Tempereur  rassembla  ses  meilleurs  troupes 
et  se  mit  en  cainpaççne.  Presque  toutes  les  forces 
f  t  les  trésors  de  l'Empire  marchaient  à  sa  suite. 
Jamais  il  ne  s'était  vu  à  la  tète  d'une  si  helle 
armée.  Il  prit  la  route  d'Antioche  par  la  Cilicie  ; 
umis  au  lieu  de  trouver  des  ^liés  parmi  les  La- 


loS  COMNÈNE. 

tiiis ,  Il  ne  trouva  cpxe  des  ennemis  dëclar^  qni 
lui  rrfusàrcnt  même  Jrs  vivres.  II  fit  rayngei*  io 
territoiro  d'Autioche,  et  reviut  ensuite  passer  llii"- 
ver  eu  CiLicio ,  près  d^Auazarbe  ,  résolu  d'entrer 
en  Syrie  dès  que  la  saîsou  le  permettrait  »  et  dj 
sigiialea*  sa  puissance  par  .quelque  exploit  méiaù» 
raille.  Mais  le  dosliu  ou  avait  décide  autrement 
Ua  accident  a&ssi  fuucste  qu'imprévu  renvens 
tous  les  projets  de  ce  prince  guerrier  et  magna- 
uime.  Il  aimait  lâchasse,  et  se  livrait  souvent  I 
cet  exercice  favori,  qui  seul  le  délassait  de  ses  Ira- 
vaux  militiiircs  et  politiques»  Campé  alors  dam 
une  contrée  hoisée,  entre  deux  hautes  moutagoei 
de  la  chaîne  du  Taurus,  il  sortit  ua  jour  avec  MM 
é([iiipng(!s  ordinaires  ,  et,  s  étant  engagé  ^uis  UM 
iorêi  pleine  de  botes  sauvages,  il  vit  venir  à  lui 
1111  ciiornie  sanglier  que  poursuivaient  ses  cbienii 
Il  Tadond  de  pi(^d  ferme ,  et  lui  plonge  son  épiea 
daii.s  le  flanc.  Percé  et  conteim  par  la  main  de,] 
ranj^uslc  chasseur,  l'animal  furieux  rugit  et  ren- 
vers(;  par  ses  vi()lent(>s  secousses  le  carquois  di 
prince ,  rempli  de  traits  empoisonnés,  uontlNui{ 
Ini  perce  la  main  et  y   fait  une  large  blesson* 
On   y   appli<pie  aussitôt    un   premier   appareil 
LVmpei'eur  retourne  le  soir  au  camp  9  et  paMI 
a.ssez  trauquillement  la  nuit.  Mais  déjà  le  poisoa 
circulait  dans  ses  veines  ;  la  plaie  s  était  envfr*! 
uiniee  et  enllamnice;  le  prince  souffrait  des  doQ" 
leurs  cuisantes  ;  hientut  même  l'enflure  se  COiB"! 
munique  au  bras,  et  les  médecins  ne  volent  pbs, 
de  remède  que  dans  lamputation.  Décidé  à  dmmh 
rir,  Tempereur  s  y  oppose:  «  Ce  n'est  pas  trofi 
«  de  deux  mains,  dit-il,  pour  tenir  leii  rèflflj 
«   dini  vaste  Empire.  » 

J.e  s^>nl  regret  qu'il  témoigne  dans  un  inora€lt| 
si  douloureux  ce  n'est  pas  de  voir  s'éclipser  lei| 
^j-audeuis  humaiaes  ,  mais  de  n'avoir  pu  accooir, 
pUr  ses  vastes  desseins  poui*  lu  sécurité  de  l'Est" 


Z09 

np  lui   otât 

ie 

s  portes  de  aa 

•    M* 

ui  présenter 

doh. 

(T  ccitc  (Ut- 

in  le  B 

sage  de  la  c       lU  < 

mte,  et  1-^1....:  „  MB  w 
m'a  reqiiéles ,  Toulaat  kr 

îre  marque  de  boiiWi,pin»,fciÈiiul:  ;ippfk'r  ses 

inistres ,  les  seigneurs  de  sa  ctàr,  et  lei  princî- 

nx.  oUiciers  de   l'arma ,  il  rOMemlila  ee  qui'' 

i  restait  de  foicesi  et,  se  montrant  wul  io«n- 

es  maux  ,  il  leur  adressa  va  diseoDi'B 

fuchant  et  patheti^e  sur  le  sort  de  l'Empire. 

'"  ne  restait  plut  à, te  pHiice  que  deux  fih, 

:  et  Maaaeli  Le  deruier  seul  était  k'npnlile 

p  tenir  les  rênes  du  Goiiverneinent.  "  Mes  amis, 

I  dit  l'îiinpercur  aux,  grkads  qui  entouraient  son 

y  lit  de  mort ,  l'aHioar   que  j'ai  pour  vous   et 

■  pour  TEtatcat  si  peu  dësintëi'ess^  que  je  cher- 

'  ;  un  succe««     ,  hors  de  ma  famille  si 

1  Tautre  de  mes  eiifaus  ne  méritait  pas 

;  de  TOUS  gouverner.  Dn  pilote  qui    par  igno- 

' .  rancc   perd  son  Faîaseau ,   meurt  couvert    d,e 

f  honte  ;   cette  boAte  rejaillit  sur  celui  même 

'  qui   lui    a   confié  le   gouvernail.  J'aime  met 

>  ceux  fils  également,  et  s'il  ne  s'agissait  pas  de 

I  l'Empire,  )e  suivrais  dans  la  distribution  de* 

I  mon  héritage  l'ordre  qu'a  suivi  la  nature;  mais 

f  la  succession  au  trône  n'est  pas  on  présent  ; 

J  c'est  un  fardeau,  et  un  père  doit  en  charger  ■ 

fe   celui  de  ses  piif^ins  qui  est  le  pins. en  état  dé 

%•]&  porter.'  La  Providence  a  pns  soin  de  dési> 

■  gner  nuSo  successeur;  jugée  TOus-mèmes  si  Ma- 

*  auel,  mon  secondais,  n'est  pas  celui  qui  m^ 
%  rite  de   vous  commander.  Son  courase  s'est 

*  tnontré  è  Néocécarée  ,  oîi  nous  lui  dûmes  la 
K  victoire.  Tous  coiuiaisses  d'ailleurs  sa  fer— 

*  meté;  vous  avez,   vu  sa.  pinidence  se  mûrir. 
1^  Proclamez  donc   empereur  celui   qui  en  est 

■  digne.  C'est  Dieu  qui  m'inspire  dans  ce  der— 
«  nier  moment ,  oh  s  éteignenf:  toutes  les  afTec- 

Tomèîl.  18' 


il»  ALFRED  LE  GKAND. 


IV"=  PARTIE:    t 


ALFRED  LE  GR 

IlOI  D'ANGLETEBBE. 


Ai-fusd  ëlait  ndro  cl'EtIieIr«I,  roi  dos  Saioitt 
(M;ciil<<nlnux  en  Aii^IfUTi-e  ,  loraque  en  paji 
^liiit  tit  proie  ikiix  nivii|;i-N  <Iob  ^Irniiaan.  U  " 
iiWiiiiliig<',<laHsloB(-iUhii'e,i>riiicipBle-'- 
(li'S  rois  s!iTioiu> ,  l'ail  849.  Celte  notice 
iiiiTii  ('<'  i|ui  nous  rst.  piivvtiuu  de  plus  But 
^  IV^iinl  lie  cet  hniiinic  vi-HÎmcnt  cmtn» 
4!t  tr(is— auperii'uc  h  i»))!  siècle. 

Aviiiit    il<>    monter  sur  le  (rûiie  Alffcd  ni 
M'\li  (loiiii^  de  ^iani\i's  preuves  de  courâoe. lU 
une  i^ucn-c  cotiti't^  Ir.s  Dtiiiois  le  roi  son  iMn  II 
(-oiiliu  le  eoiiiiiiiiiideiiieiit  de  la  moitié  dt  soB  ar- 
tiiée.  Alli'ed  1  un   itioinciit  «le  lïvi'er  iMbùllof 
vdj'iiit  livre  iixpiielude  qu'Etlifli'cd ,  retil4  ^Mi 
su  leiile  pour  prier  >  ne  doituftil  pas  le  ■iëuV*' 
l'Htlaque;  emporta  mr  son  iu)|iBlieute  Brdmr(3 
Duireliu  aux  ctiueiiiis  uvec  ses  seules  forces,  jtu* 
^re   son  etlrème  iiirei'i<)nl«{  sous  le  i-apport  du 
iiiiinbre,  il  iiiiiiiiliiit  le  eiinibnt  snns  d^sa vanlsge 
\i,s-.\»ii  rv  (|ii'euliii  Kllielred  vint  ^  son  aecoiin. 
!.(:>  DuiioÏM  lurent  m'u  fit  fuite  u\fic  ua  gruul 


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wjrmfSFf-i  dé  se  i^fii^er  dam leiiEQr  fer^ 

ienase -dé  J    aouig»  fameose  à  répo^pie  Aa  ce»^ 
tlPKrrea  m.tinrières.  Ôh  compta  parmi  les  lidorla 
;  «n  de  leurs  généraux  et  cinq  comtes.  jCette  ht^  ' 
^iMlle  se  livra  près  d'AiJidown. 
\     Qaatorse  jours apri^  lesDanob  reçurent  des   . 
t  M^rts  qui  les  mirent  en  état  de  rentrer  en  cam- 
■  jf^e.  ïts  combattirent  les  deui  frères  à  Bas^ 
ângy  en  Hampsldrè*  L'af&ire  fiit  indécise  ,  et  l'on 
|.t*iUBqua  de  nouveau  à  Merdune  ou^Merden9 
Ams  le  Wiltshlre*  Les  Dianob  fnreat  d'alxnrd  en* 
.IncÀ,  imis  ils  se  rallièrent;  ils  étaient  (s'il  eu 
;  &iit  croire  les  historiens  Anglais)  très-supérieurs 
«I  Dombre ,  et  ils  disputèrent  le  terrain  avec  tant 
^4>raToure  que  le  roi  Etfaelred  lut  blessé ,  et 

£ 'Alfred  9  obligé  d'ordonner  la  retraite ,  perdit 
lucoup  de  monde  avant  d'aVoir  pu  gsaner  un 
lieii  de  sûreté.  Quoique  la  yictoire  se  rat  ainsi 
oéclarée  pour  les  Danois»  Alfred  défendit  pieu*- 
loaient  son  frère  et  son  roi  blessé  y  et  le  fit  franjbr- 
porter  à  Wittingham.  Efbelred  mourut  peu  de . 
temps  après ,  et  fut  enterré  à  Winboume  9  dans  lé 
Dsrsetsliire*  Oa  lui  fit  une  épitaphe  latine  dont'^ 
Toici  la  traduction  : 

«  Ici  repose  le  corps  de  saîot  Ethelred  ,  roi  des 
«  Saxons  occidentaux,  et  martyr  ,  qni  le  ^3  avril, 
<c  Pan  du  Seigneur  872 ,  périt  par  la  main  des  Da- 
te nois  païens.  » 

.  Alfred,  devenu  roi,  fiit  sacré  à  Winchester; 
mais  ce  ne  fut  qu'après  avoir  loogtemps  refusé  de 
se  rendre  aux  instances  de  la  noblesse  et  du 
clergé*  Dès  l'âge  de  douze  ans  il  avait  annoncé 
le  goût  le  plus  vif  pour  l'étude  et  la  retraite., 
L  état  déplorable  oii  il  vit  son  pays  l'emporta  sur 
la  répugnance  qu'il  avait  à  porter  la  couronne , 
et  dès  lors  il  résolut  de  remplir  diguement  les 
pénibles  fonctions  dont  il  se  chargeait. 

A  peine  avuit-U  j^cndu  à  son  frère  les  derniers 


at4  ALFRED  LE  O&JifrD.  'i 

devoirs  y  que  les  Danois,  8*ëtaiit  ai  îs  j*^*^  ' 
Wiiteii ,  lui  présentèrent  la  bataille,  il  let  nul  | 
«Vahord  m  déroute  ;  nuiis  ses  troupes  les  mot    ] 

riuursuivis  avec  trop  peu  d  ordre  9  ils  repnreiU  ' 
'avantage.  Cependant  Tintl^ëpiditë  d*Alfred  dans 
le  combat  et  sa  cdiéritë  h  recruter  aon  armés  | 
portèrent  ses  ennemis  à  lui  proposer  un  accom* 
inodemenl;  ils  Lui  offrirent  de  lui  livrer  lesplacrs 
dont  ils  s'étaient  empai*és ,  et  de  sortir  oe  soa 
royaume ,  à  condition  qu^il  ne  s'opposerait  point 
là  l(*ur8  con([uét(*s  en  d^autres  parties  de  Hle.  Ls 
prutlenee  fit  un  devoir  an  jeune  roi  d'accepter  des 
conditions  si  avantageuses.  £11  conséquence  les 
Danois  se  mirent  en  marclic  pour  le  nord  de  llAaF» 
gleterre;  niais,  au  lieu  de  se  porter  sur  le  Nor* 
tliuiriJ)erlun<l,  ils  se  rendirent  à  Londres,  et 
passèrent  1  hiver  dans  cette  ville,  qu'ils  ayaioit 
prise  pendant  le  dernier  rèane* 

L<>8  Danois  exécufèrcMit  d'abord  le  traité  ayec 
assez  <lc  bonne  fbS  5  mais  une  nouyelle'  troupe 
venue  de  buir  pays  s'empara  par  surprise  oa 
cliûleau  de  Warebani,  le  plus  tort  du  royanme 
de  Wessex  ,  vt  t|ui  renfermait  quatre  des  sept 
doini nations  coiuiues  sous  le  nom  îS HepUirckieê 
^ified  fit  des  représentations  au  général  Danois^ 
mais  îlen  reçut  pour  réponse  <{uelesdiflKrena  corps 
de  troupes  danoises  niois  étaldis  dans  le  royaume 
étaient  indépendans  1(  s  uns  des  antres  et  ne  se 
CI  oyaient  pas  liés  pni*  l(;s  traités  qu'avaient  COQ' 
dus  leurs  compatriotes,  Alfred  crut  d'abord  qaH 
ne  lui  restait  plus  d  autre  parti  è  prendre  qnec0" 
lui  (le  la  guerre;  nuiis  quand  il  eut  comparé  ssf 
forces  avec  c(>lies  (i<>s  enn(^mis  il  résolut  de  conif" 

ϻosrr  avec  l(*s  circoiistances ,  et  d'aclu'fer  kipail* 
iWc  fut  jurée  de  p:irt  et  d'antre  ,  tant  snr  les  sa- 
cres hrae(^lets  des  Danois  idolâtres ,  qne  sur  let 
saintes  reli<jues  révérée»  par  les  Anglo— Saxoas# 
Les  Dunoi;»  rouipircat  le  ti'ailé  9  sui^rirent  wi 


AtFRED  LE  GRAND.  ai  S 

t«r|tB  de  cavalerie  qui  mni-cliait  sans  dcfiancc ,  et   ■ 
fe  i-<>iiclireut  maîtres  (lo  la  ville  dExeter,  oùîls  &e 
^rtîfièretit  pour  y  passer  l'hiver. 

Alt'i'ed ,  s'^ressant  à  &a  iiol)lt?s9e,  lui  remontra  , 
Is  nécessité  de  résister  à  de  tels  enacmis,  et  bien— 
lât  il  put  mettre  sur  pied  une  armée  considéralile. 

£set(-r  l'ut  reprise,  et  sept  actious  eureat  lien 
flao»  une  sttJe  caDi|)ii<;jir  ;  mais  Alfred ,  que  le 
Hv^  dy  anneB  iw  fàT«rin  pu  foqfonrs ,  m'  vit 
iUigrf  de  nouvean  à  négocier  avec  lé*  Oanmi,  C& 
Ule  Mal  mojen  qa'û  trouva  de  mettre  fin  k  mw 
«III  II  qui  diminuait  sans  cène  le  nomIn«  ie tét 
Bonpes ,  taudis  ijoe  les  ennenùt  recernient  ton— 
JMin  de  noBTeanx  renforls.  Lea  Danois  m  nû— 
rtiwnt  dans  le  roprume  de  Keiàe,  oh,  bt  db* 
■heoer  one  vie  entaOe,  iU  s'iaiM^fiwimitiiTeo 


A  peine  les  Saxons  occideatata  étateBt-»3c  d^ 
InrÀ  des  Danoi» ,  que  le  fameQx  R6U0A  ae  fo^ 
mta  SOT  leurs  fcôtei.  Mais  Alfred  n'àntl  point 
Ubenci^  ses  troupes  ;  unûteiiC  la  circonapection'Jk 
la  valeur ,  il  mit  ce  nouvel  ennemi  hArs  d'état  di^ 
rien  entreprenilre. 

Bollon  remît  à  la  voile,  se  porta  vers  les  rivage* 
de  la  France,  et  y  fonda  le  dncb^  de  Normandie, 
préféçaut ainsi,  quelle  qnepûtavoir  été  d'ailleurs 
la  résistance  d'Alfred,  une  contrée  opulente  à  na- 
territoire  déjà  épuisé. 

Les  guerriers  danois  ,  dont  les  ftM^ces  s'étaient  . 
eonsi^rablement  accrues ,  inondèrent  encore  nlte 
fob  le  royaume  d'Alfred.  Afbibli*  par  tant  de 
combats,  et  liécourasés  par  des  invasions  dont  Qs 
ne  voyaient  pas  la  fin ,  les  Anglais  se  livrèrent 
■u  désespoir.  Ceux  qui  ne  purent  fuir  se  soumi- 
rent aux  vainqueurs  ;  d'autres  se  retirèrent  dans- 
la  principauté  ue  Galles ,  pour  y  attendre  des  cip- 
M>nstances  plus  heureuses;  le  .plus  petit  nombre 
.^sla  fidèle  à  sou  souvemn  maUiciu'eux>  Alfred 


ai(î  ALFRED  LE  CRAN». 

yriian  i\u\\  rlail  pni«lf*iil  ilo  cd<W  pour  nn  trin)ii 
Il  Toni^r;  il  ri^iiolul  dr  m*  n>tm!r  dtiiiii  un  clottrei 
h  l\*xiMii|)l('  (Ir  son  oiicicf  HiillinMlt  niiclo  Mrrcii** 
L*uii  <lt'  M(*s  |ilii.H(M*iirl!«rlii)p;riiiM  rtit(lV*(i*i«  rihhiit 
1^  sr  s('|ia rrr  (l«>  non  tMioiinr  KlMWÎtlm  ,  ({iril  niiuiiit 
livre  iiiMi  (nulirssr  <lon(  vWv  i^hùt  di|^ur  «  Dt  drft 
fMiians  ciuVlIr  lui  iiviiil  <1oiuii>m.  Il  IfMir  nMiigiin  un 
lîcMi  (Ml  ils  riiiTiit  (Ml  Hiiirtdi  puis  il  prit  lo  clii»miii 
t\r  lu  piciisr  rclraih*  «jiril  avait  clioisio*  no  IniiMUt 
pas  pour  r(*Ia  «l*avoir  1rs  ymix  uuvrrt»  mir  ton 
p<Mipl('.  Il  (Ml  sortit  (iiiclqiKf  tompH  api*^ii'y  «•(,  k  In 
iiivtMii*  (1*1111  (l(*|,;iiis(Mii(Mit ,  il  w*  mit  nu  iiervicedtt 

relui  (pii  avail  soin  <l(*  S(*h  tl*oup<*uuX» 

Ou  iir  sait  pas  (•xartriiH.Mit  H^il  lut  ivronnu  de 
vr\  luMiiiiir;  mais  uiu*  aii(*r(lol(^  rtotiudi)  |Hmr  cer* 
(aiiirprouvrniit  (|ii(^  la  iriiiiiK*  (l(*  vv  |tliyimu  iglto- 
rait  su  naissaïu^r  ri  son  raii;;.  tJii  jour  cpnl  ^titt 
4issi.«;  iiiipr('*s  (lu  Iru  rt  ahsorlx^  (luuH  «en  ptni»ët*9i 
il  laissa  hrûlrr  uu  ^àtraii  ,  (nioi(iur  wi  itiiiUn*aw 
lui  (Mit  (U'douiM^  (r(Mi  avoir  soiti.  Llhf  lui  i*f)pl*oclia 
sa  u(^^li«;(Mir(*  av(*r  s(W(M'ité<  rt  lui  dit  (|U0|  «  uwl« 
M  };ir  \v.  p(Mi  (Ir  soin  ({u'il  y  np|>ortnit  %  il  n*m 
«  iiiau};(M'ait  pas  luoius  sa  part  ([untul  il  Mmît 
w   (MiiL  » 

Il  iry  avait  pas  loii{;*((Mups  cprAllVcd  NT  trou* 
vait(laiisrr(t4'sitiialioii  iiiis(^rnlil(Nloi*M|u*iliipmiit 
pirs  (lu  li(Mi  oii  il  ivsidail  un  trrraiu  d*uun  faillie 
(i((Mi(lu(f  (pic  r(Mi(lai(Mil  iiia(TrHsil>l<!  don  drux  c6tél 
l('*s  rivi(M*rs  dr  Parr(*t  rt  do  Thoiu*  t  rt  de  front  un 
\asl(*  niar(^Mi^(*.  Sans  vvbm^  vc\i\vi  du  destf^n  dt 
vaiiuMT  wn  (Minriiiis  rt  do  rtHHiuvrer  mi  puiemueei 
il  l'ut  Irappi^  dr  \'u\ôv.  (nu*  Hur  rit  trrrHiu»  devenu 
iiiahonlahlr  par  1rs  liois  rt  IrN  murniftdout  il  ëiait 
(  iilouK* ,  on  pourrait  ronstriiiiT  uno  fortm^MMi 
(roii  il  altiuiiMM'nit  avrr  s(^MU'iti1  1(*H  pOftt«ft  dlinoil 
les  plus  voisins;  (Ml  roiis(i(pi«Mico  il  (rouvntnojenile 
i'oiiiuiuiiitpirr  $oti  projrt  i\  (pud(|uri^uuidc  setplus 


ALFRED  LE  GRAND<^  217 

StUlcs  partisans  9  et  parvint  y  avec  leur  secours ,  à 
l'exëcuter. 

Son  premier  soin  fut  de  faire  yenir  sa  famille 
lans  ce  lieu  de  refuge  ;  les  nobles  qui  Tayaient 
accueillie  ly  conduisirent  en  secret.  Bientôt  il 
barcela  ses  ennemis  par  de  fréquentes  attaques» 
et  leur  fit  comprendre  que  malgré  les  ayantages- 
qu'ils  avaient  dîT  à  Fimmense  supériorité  de  leur 
nombre ,  ils  ne  devaient  pas  le  cousi<lérer  comme 
absolument  dé  tait.  Quand  Alired  eut  reconcpiis  sa 
couronne  il  éleva  sur  ce  même  sol  une  forteresse 
plus  considérable ,  et  dans  la  suite  il  y  fit  cons- 
ti'uire  un  monastère ,  en  témoignage  de  recon- 
Batssance  envers  le  cieL  Cet  édifice ,  situé  envi- 
ron à  quatre  milles  anglais  de  Bridge water  en 
Sommersetsbire  ,  fut  appelé  par  Alfred  ^the— 
lingpy,  ou  l'île  dos  nobles  ,  en  mémoire  des  sei- 
gneurs qui  s'étaient  rendus  ])rès  de  lui  pendant 
son  infortune  y  dans  les  t(?mps  modernes  il  fut 
connu  sous  le  nom  d'Atliclney. 

Le  y)lus  grand  mal  qu'Alfred  avait  à  redouter 
dans  cette  retraite  c'était  le  mancpie  de  provi- 
sions ;  les  liistorieiis  en  ra])poj  tout  pour  preuve 
le  fait  suivant.  Un  jour  ,  taudis  que  l  biver  était 
fort  rude ,  il  envoya  tous  s(^s  gens  cbercbcîr  des 
.vivres;  il  était  si  diiïicile  de  s'en  procurer,  que  le 
roi  et  la  reine  furent  seuls  dispensés  de  cette  sortie. 
Alfred  alors  ,  selon  son  usage  quand  il  pouvait 
disposer  de  quelques-uns  de  ses  inoniens ,  prit  un 
livre,  pendant  que  son  épouse  ElsVitba  s'occupait 
de  détails  doniestii[ues.  Un  pèlerin  se  présenta  à 
leur  porte  ,  et  leui*  demanda  ([uelque  cbose  à 
manger.  Il  ne  restait  qu'un  seul  ])ain.  La  reine ,  le 
montrant  à  Alfred,  lui  fit  voir  combien  cela  serait 
insufiisant  si  les  babil  ans  de  la  forteresse  reve- 
naient sans.av()ir  rien  pu  se  procurer.  Alfred  n'en 
donna  pas  moins  à  Tétraiiger  la  moitié  de  ce  qu'il 
possédait,  et,  s'adiTSsaut  à  Elswitha^  il  entreprit 
2 orne  IL  J<j 


«i8  ALFRED  LE  GRAND. 

ùr.  la  consAlrr ,  on  remarquant  pieusement  «  que 
u  celui  (lui  aynit  pu  nourrir  cinq  millG  homniei 
«  avec  eiiK|  pains  et  deux,  poissons ,  pourrait  faire 
«  (si  telle  ctiiit  sn  volonté)  que  lu  moitié  du  paii|' 
»  suffit  h  tous  leui*s  liesoins.  »  Le  voyageur  parti, 
Alfred  continua  sa  hn^ture,  et  les  historiens  ajou- 
tent ({ue  sa  charild  Put  rdconipeq^e*  8es  compa- 
{i^uous  revinrent  avec  une  si  grande  quantité  de 
^  ivres ,  que  pondant  tout  le  temps  de  cette  espèce 
d  exil  ni  leur  prince  ni  eux  ne  se  virent  plua  exv 
posés  h  de  telles  extrcniités. 

Nous  avons  rapporté  ce  trait  parce  qu*îl  honore 
Alfred;  mais  nous  ne  nous  arrêterons  |H>îut  à  un 
Mui^e  qu^il  eut  ensuite,  a  ce  cpie prétendent  ton^ 
jours  les  ni^Mues  historiens  »  et  ((ans  leoucl  suint 
<iuthhert,  lui  apparaissant ,  Tassura  quil  recouv 
vrerait  son  royaume. 

Alfred  avait  passé  plus  d^unc  année  dans  cette 
situation  malheureuse ,  lors<{ue  llubba ,  chef  «les 
Danois,  en  labsenee  de  son  IVère Hinguard ,  eu<* 
valiit  le  pays  de  Galles ,  et  de  là  passa  dans  1^ 
Df'voushire,  qui  iais«iit  partie  du  royaume  de 
Wrssex. 

0(l<lune,  comte  de  ce  pays,  était  un  homme 
courageux  et  dcvoné  a  Alfred.  Résolu  de  résister 
aux  Danois ,  il  se  jeta  dans  le  château  deRenwith» 
situé  à  1  embouchure  de  la  rivière  Taw.  Hubba 
vint  Fassié^er;  mais  Oddune  sut  persuader  à  ses 
soldats  de  faire  nue  sortie  vigoureuse  pour 'se 
fravrr  un  passfi«;e  au  milieu  de  Ta  nuée  eoneniet 

iliiroura^és  \wr  le  su4X*^A  ,  ils  poumiiTireot 
leurs  avantages,  liuhha  lui-même  fut  atf  nomhra 
i\v,i  morts  ;  mais  ce  qui  contribua  plu»  enottn 
h  l:i  (li:>()erbioii  des  Dauois ,  ce  fut  la  perte  de  leur 
c<-lrl)re  étendard  magique,  appelé  RemisenimtÊ 
(\nhcnu  ,  qui  tomba  au  pouvoir  des  Anglais;  ces 
ru\.ihisseujs  y  attachaient  une  vertu  suniaturdlei 
ii  poilait  l'image  d*un  corbeau,  brodée puf  kl 


ALFRED  LE  GRANfi.  2T(> 

trois  sœurs  de  Hinguar  et  de  Hubba.  On  pensait 
qu^il  avait  été  fait  ^ar  un  art  merveilleux  ;  de 
plus  les  Danois  ëtaicnt  persuades  que  cettorbcau 
battait  des  ailes  quand  ils  devaient  obtenir  la  vicv 
toire  5  s'ils  devaient  être  battus ,  il  annonçait  leur 
défaite  en  baissant  languissammcnt  sa  tête. 

Quand  Alfred  apprit  la  victoire  du  comte  Od- 
dune  et  la  mort  du  général  danois ,  il  conçut  les  plus 
beureuses  espérances ,  et  s'efforça  de  lesxéaliser^ 
Il  manda  ses  nobles ,  qui  se  rendirent  avec  em- 
pressement auprès  d'un  roi  pour  lequel  ils  con- 
servaient toujours  deraffection  et  an  respect.  11 
leur  reconunanda  de  rassembler  promptement  le 
plus  de  troupes  qu'il  leur  serait  possible ,  et  de  les 
partager  en  petits  corps  pour  éviter  tout  soupçon^ 
mais  en  se  tenant  tout  prêts  à  les  rassembler  aussitôt 
qu'il  leur  eu  donnerait  Tjordre  ;  puis  il  les  con- 
gédia^ 

Cependant  le  plus  difScîle  de  son  entreprise 
restait  encore  à  exécuter  ;  il  fallait  prendre  con^ 
naissance  de  la  situation  des  ennemis  ,  toujours 
rampes  au  milieu  du  royaume^  afin  d'agir  con- 
formément à  ces  lumières.  Alfred  ,  ne  sacbant 
point  à  qui  confier  une  cnlrepiise  si  <Ufficile  , 
prit  la  résolution  la  plus  audacieuse  dont  jamais 
prince  ait  conçu  la  pensée.  Il  résolut  de  s  aven*- 
turer  lui-même  au  milieu  du  camp  des  Danois  , 
afin  de  connaître  avec  certitude  leurs  forces  et 
leur  position»  Pour  effectuer  ce  projet  il  se  dé- 
guisa ,  se  munit  dune  barpe  ,  conune  s'il  eût 
eberché  h  subsister  en  jouant  xle  cet  instrument , 
et  entra  dans  le  camp  des  Danois.  Il  y  resta  plu- 
sieurs jours  5  car  les  minstrels  (  ou  joueurs  a  lus- 
trumens),  étaient  fort  bien  accueillis  dans  tous 
les  lieux  où  ils  se  présentaient  ;  AlfiTd  fut  même 
admis  .dans  la  tente  du  général ,  découvrit  les  plans 
les  plus  secrets  de  ses  ennemis ,  et  tout  ce  qri 
pouvait  manquer  à  leur  discipline.  Il  apprit  eu- 

X9* 


c  n;ncl(K--yoiJK  ^éiiuiui  tir.  M!S  troui^fs. 

L<!  jour  (lési(;ri(;  il  m:  iv:n(lif.  prrrA  iUi  son  nr 
aBrIxtoti,  à  IVrnlit'O  orientale  du  liois,  #;t  fut 
d(;sc'8lrouprs  a  ver  de.»  transports  dcjoiciiiexpi 
Llrn.  Trois  jours  après  Vannéct  anglaise  paru 
vui;  (1rs  Diiuois,  «pn*  se  livraicnl  alors  au  p 
»  JC(lin{;lfin  ,  ville  du  Ilani])sliir#*,  et  ïi  fpK 
dislau(u:  de  leur  eanip  fortifie.  Son  approcl 
jeta  dans  la  plus  all'reusc  eonstcrnation.  A 
ttenlit  qu'il  ne  d(;vait  pas  leur  donner  le  tpin 
revenir  de  leur  terreur;  apr^'S  une:  cour 
tfner{;i(fue  exhortation  à  ses  K<ddats,  il  don; 
hi^nai  d<*  TaLtaipie.  Klle  fut  impétueuse;  m 
leur  valelir,  les  Danois  ainsi  surprit»  furent  « 
pes  <le  iffder;  peut-éire  aussi  Ja  perl#;  de 
citendard  leur  avaiL-i:lle  persuadtf  cpie  leurs  < 
<:f^iient  devr  nus  défavorahles  à  leur  cause  ; 
Jfur  deroutedevinteoinplète,  et  leur  arniéf! 
(]ue  entière  fut  taillée  eu  pfèees.  iÀiux  vu 
iiondnc  qui  purent  4l('liann(>r  se  réfugièrent 
un  eliAtf'au  voisin.  Alfred  1rs  poursuivit ,  et  i 
qu'ils  eussent  pu  revenir  de  leur  consterna 
il  les  pressa  si  vivement,  qu'ils  furent  bî 
Il  I  oMi^es  de  capiluler. 

I  Un  aussi  graud  suecès  ne  lui  fit  point  a 

'  donner  fies  piineipes  de  doueeur.  Il  8*atlacli 

partie  des  î)anois,  et  les  mit  en  possessÎG 
pays  dit  if:  roynumr  tVlîst-Ànç^Ue ,  sous  la 
«iition  (pi'ils  enibrasseï aient  Ja  religion  c 
'lieivie  i  qu'ils  obligeruicut  le  reste  do  leurs  < 


ALFRED  LE  GRAND.  aar 

rtriotes  à  quitter  File ,  et  qu'ils  empêcheraient 
l'avenir ,  autant  qu'ils  le  pourraient ,  de  nou- 
veaux débarquemens.  Ils  donnèrent  des  otages. 
pQur  l'exécution  de  ces  articles  ;  ceux  qui  ne 
Toulurent  point  renoncera  leur. religion  s'em- 
barquèrent pour  la  Flandre. 

Gutlirum ,  qui  avait  été  nomme  par  Hubba 
gouverneur  d'Est- Anglie ,  et  qui ,  depuis  la  mort 
de  ce  prince ,  oonmiandait  l'armée  danoise ,  con- 
sentit à  cette  capitulation ,  et  vint  au  camp  d'Al- 
fred avec  trente  de  ses  principaux  officiers.  Le  roi 
se  rendit  avec  ces  nouveaux  convertis  à  Auler^ 
petit  village  du  Sommersetsliire  ,  peu  éloigne 
d'AltUeney ,  où  ils  furent  tous  baptises  eu  grande 
cérémonie.  Alfred  fut  lui-même  parrain  du  chef 
danois  y  auquel  il  donna  le  nom  d  Atlielston.  En* 
suite  il  les  traita  tous  magnifiquement  pendant 
douze  jours  à  Wedmore ,  et  leur  -fit  en  les  con- 
gédiant des  présens  aussi  considérables  que  sa  si^ 
toation  put  le  lui  permettre. 

Cette  victoire  importante  ayant  ainsi  surpassé 
les  plus  vifs  désirs  d'Alfred ,  il  vit  i^evenir  près 
de  lui  ceux  de  ses  sujets  que  la  crainte  avait 
chassés  de  leurs  demeures  ou  contraints  de  se 
soumettre  aux  annemis.  Pour  mieux  s'assurer 
l'amitié  du  chef  danois  ,  Alfred'  lui  donna  le 
royaume  d'Est- Anglie ,  alors  entièrement  habité 
par  des  Danois,  se  réservant  seulement  la  sou- 
veraineté titulaire ,  comoie  maître  de  touta 
l'Angleterre. 

Il  y  avait  alors  dans  ce  pays  des  Danois  de 
deux  classes  différentes  ;  ceux  qui  étaient  tléjà 
établis  dans  les  royaumes  de  Nbrthumberland , 
IMercic  et  Est- Anglie ,  et  ceux  qui  chercliaieat  à 
se  procurer  des  demeuras  fixes.  Alfred  avait 
conclu  son  traité  avec  ces  derniers.  Quand  les 
autres  apprirent  la  défaite  .de  leurs  compa- 
triotes ils  s'cstiiuèiTiit  licurcux  de  pouvoir  con- 


AT4  ALFRED  LE  GHAm). 

clc*voi]*8y  que  les  Danois,  s*^tant  avancés  juqnl 
Wilt«ii ,  lui  prt^Mîiitèrriit  la  bataille*  Il  les  mît 
dahorcl  ru  d^^routc»;  niais  sot  trouprs  les  ayant 

Ï)oui-8utvi8  avec  trop  pou  dordre,  ils  repnrcut 
uvnntngc.  Crpoiiduut  TiuttiSpidité  d* Alfred  dau» 
!<'  combat  cl  sa  cdiérîté  h  reorutoi*  son  armëe 
por(mMit  ses  (Miurniis  h  lui  proposrr  un  accom— 
inodrniont;  ils  lui  uflrirrnt  de  lui  livrer  les  places 
dont  ils  s'tftairut  ruiparcs,  et  de  sortir  Je  sou 
royaume,  à  coudiltou  c|u'il  ne  s'opposerait  point 
Il  leurs  conc|uét«'s  eu  d  autres  parties  de  Hic*  La 
prudence  lit  uu  devoir  au  jeune  roi  craooepter  dea 
eondilioiis  si  avau(a||(cuses.  En  consétiuence  les 
Danois  se  minant  en  marche  pour  le  noi*d  de  l^Afr» 
i;le(erre;  mais,  au  lii  u  <le  se  porter  sur  le  Mot* 
thumherland,  ils  se  rendirtMit  à  Londres»  et 
pussrrrnt  lliiver  dans  cette  ville ,  qu'ils  avaient 
prise  pendant  le  derni(*r  r^ane. 

Les  Danois  eii<kmtèrcMit  a  abord  le  traite  avec 
ossez  de  bonne  toi  ;  mais  une  nouvelle*  troupe 
venue  de  lejir  pays  s'empara  par  surprise  m 
ciialrau  de  Wareliam,  le  plus  fort  du  royaume 
«le  Wessex  ,  c*t  (pii  renfermait  quatre  des  sept 
dtnniiiatîons  comuies  sous  le  nom  iYffepÊarcluem 
All'ied  lit  des  représentations  au  gënëral  Danois  } 
mais  il  en  reçut  p(mrrépon.<4(M[ne  lesdilTërens  corps 
de  troupes  dtuioises  a  loi  s  établis  dans  le  royaume 
étaient  indcpendans  l(  s  uns  des  antres  et  ne  ae 
et  oyaient  pas  lies  par  les  traités  qu*a valent  con-* 
élus  letu's  compatriotes.  Alfred  crut  d*abord  qn^il 
ne  lui  restait  plus  d  antre  parti  h  prendre  «pie  ce* 
lui  de*  la  guerre*;  nuûs  cpiand  il  eut  comparé  SCS 
forces  avec  celles  d**s  ennemis  il  résolut  de  Cdllr" 

Ïios(  r  avec  les  citx^Otistances ,  et  d  aclu*ter  in  paiX« 
')IL*  fut  jurée  <l(^  p:irt  et  d  antre  «  tant  snr  lessni* 
crrs  bracelets  des  Danois  idolâtres,  que  sur  lee 
sainirs  rrli<|ues  révért^es  par  les  Anglo— Saxons» 
Les  Danob  rouipircut  k  txailé  i  surprirent  un 


r 

ALFRED  LE  GRAND.  ai.-î 

«orps  de  cavalerie  qui  mni'ctiait  sans  défiance ,  et   ■ 
-  oe  l'ciidirent  maîtres  (te  la  ville  dEieter,  oîi  ils  se 
fortHièrcut  pour  y  passer  l'hiver. 

Alt'i'ed,  sadressant  àsa  noliles^e,  ]ui  remonlra 
la  nécessité  de  résister  k  de  tels  ennemis,  et  bien- 
tôt il  put  mettre  sur  pied  une  arni^  considéralile. 

Eseter  l'nl  repiise,  et  sept  actions  curent  lieu 
(lans  une  seule  campagne  ;  mais  Alfred ,  que  le 
sort  (IçÉ  armes  ne  Irtyorisa  pas  toujours  ,  se  ïi£ 
■,tMif,é  de  nouTeaD  t  Dégocier  stcc  IoDiuimi.  Ce- 
int le  wnl  laoyea  qu'il  troavft  de  nettre  fin  %  niie' 
jgMvtv  qai  diminuait  sans  ces»  le  nonabre  de  ■>> 
troupes ,  taudis  que  les  ennemis  reeeraleid  ton— 
jflMrt  de  noBveaux  renforla.  Les  Danoù  «e  TCti— 
lièrent  dans  le  royaume  âe  Merde,  oit,  Iék  fc 
àieoei^-one  vie  errante,  il»  s'incoipDtJMdnreô 
,  le»  babjtane.  :  ■■  ■^,- '.'■ 

A  peine  les  5ax(ms:oocidentaia  Aaic^>*^  èt- 
Ihréi^s  Danois,  que  le  ÀmenxIUdloA  wpr^ 
«Cnta  mr  leurs  fcôtet.  Ikhis  Alfred  nVnR  point 
IfceadéMS  troiqwfl;  umsaaDt  la  ctrcon^ection k 
la  valeur,  il  mît  ce  nouvel  enneim  hArs  d'état  de' 
lieu  entreprendre. 

Kolloa  remit  ^  la  voile,  se  porta  vers  tes  rivages 
de  la  France,  et  j  fonda  le  dncbë  de  NDrman<hej 

Îréfévaut  ainsi,  quelle  que  pût  avoir  été  d'ailleurs 
1  résistance  d'Alfred ,  une  contrée  opulente  &  un. 
territoire  déjà  époisé. 

Les  guerriers  danois  ,  dont  les  forces  s'étaient  , 
considérablement  accrues,  inondèrent  encore  nA« 
fois  le  royaume  d'Alfred.  A&iblis  par  tant  de 
combats,  et  déconraeés  par  des  invasionsdont  ils 
ne  voyaient  pas  la  fin ,  les  Anglais  se  livrèrent 
au  désespoir.  Ceux  qui  ne  purent  fuir  se  soumi- 
rent aux  vainqueurs  ;  d'autres  se  retirèrent  dans- 
la  principauté  de  Galles ,  pour  y  attendre  des  cip- 
coostances  plus  heureuses;  le. plus  petit  nombre 
resta  fidèle  à  sou  eouverain  malheureux.  Alfred 


ftifi  ALFRED  LE  ORANH. 

yfim%  qi/il  (-Idil.  pniflnil  lU;  r.étUtr  pmtr  lin  UniUfià 
Il  lonif^f*;  il  M'Holiil  (le  h«'  irliri*r  ilnnuiin  i^loUri*^ 
h  Vvxv.imAr  Jf  Hoii  oiiclf?  nullii'cfl,  roi  cic!  Mf*m«'« 
J/tin  fie  fif!M  |iliiHrrii«'l(4c|iiigririH  i\il  iVMrt*  tMnit 
il  Ml!  H(*|»nrf'r  «lo  Moti  rniMifif  KUivilliii  «  (|fril  iiimnit 
iwvr  iinn  |.fiiHrf*H>4f!  ilonf.  rlli!  iUml  di^iii*,  v.i  de* 
riiriiiiH  (fii'i'llf*  lui  avait  f|otiiii;M.  Il  leur  nnmanH  un 
lini  f>ii  iIh  (iirriif.  f*n  Hurvté^  piiiii  il  prit  lo  cfiifftiiil 
ifr  Iti  pliMiHf*  vviViùU:  (iii*il  iivaildlofHir*,  n<f  IftiMMint 
p.14  pour  rrla  «ravoir  Ir»  y»iix  oiivitU  iiiir  hou 
pnipU*.  Il  (!ii  Horfif.  «piflqni*  M.*iiipH  apl'^rt|  r*t  «  ik  In 
iiivnir  (1*110  (Ir^iûm'iiimil.,  il  w»  mit  iiu  Bervicfldo 
ri'liii  (|iii  avilit  Hoiii  «If*  wn  Iroupeaiix* 

On  lie  Haif.  ])aN  rtartfiiK.'nt  H^il  fut  rrrfrîitlU  âtt 
rcl  Ijciiiiiiif;  niaiH  iiiii*  atirTiJcitr?  Attnuév.  pour  Cftr* 
laiiif'proiivrrait  (|iii^  la  rciiiiii«'  (i«*  rn  paynnn  ignr^ 
niif  fin  iiaii^arK^f  v\  mon  niii{^.  lin  jour  «pi*!!  était 
iiHni'i  aiipf'f'H  (lu  (('Il  cf.  aliNorlx*  (hiiin  MH  pciiiiëf^i , 
il  lai  ma  ï)vû\rv  un  ^tfiU'tiu  ,  (nMii(iu(;  m  tnnitrfWMj 
lui  eut  onioiitii:  ircri  avoir  Koiri.  LIIiî  lui  raproeïm 
hit  ll(•^li^(•n(^(■  iivcr  H(:vrril(5i  d  lui  ditfpff!^*  innl-* 
«<  \\yr.  le  pcrl  (le  hoiii  (pril  y  apportHÎl  «  il  nVn 
«  tnaii^frait  pan  iiioiiiH  »a  part  ipfiliul  il  gffmit 
(f   cuit.  » 

Il  ii*y  avait  paM  loti{;--f(«iiip-4  rpi^Alfriril  ht*  trou* 
vaifflairicctfi'Hitiialioii  iniM(^rHhl(?,lui*iiqii*iliipi?rc'U( 
pi'f'H  (lu  lieu  oîi  il  irHidait  iiti  li'i'nitn  tVuitn  faillie 
/.U'wUir.  (pi(r  rcrulairiil  juacccrtHililf?  dofi  d(*Ull  c6ttft 
U'f*  riviiTcM  (le  Parr(*t  et  do  TItorir ,  c*t  de  front  tifl 
\mtr.  riiat-«!(*a^(*.  SaiiN  cvnm:  rcupii  du  deinpn  de 
vaificir  nt»n  (MiiirmiM  et  do  r«K!UUvror  Ml  puiiMtioe  y 
il  Ciif.  frappe^  d(*  l'idiM!  inio  nur  cv.  Irrriiin ,  flevcnu 
iiiMJiordaldff  par  U'h  Imiih  (*t  Ivn  niiimis  dont  il  ëtait 
l'iilouK* ,  on  pourrait  roiintriiirr  uni*  forterffMO  t 
(l^oii  il  all^Hiiicrait  avcfr  Hf^curill^  ]vH  potteg  dttnoia 
h'ipiiifi  voiHiuH;cti  r.(MiH«!(pjf*n(;f;  il  trouva  moyen  de 
i-oiiiiiiuiiifpirr»onpr(»jcth(pi(*l(|U('»-uui(dcM;iIlllie 


ALFRED  LE  GRAND*  iif 

fidèle»  partisans ,  et  parvint  y  ayec  leur  secours  y  à 
l'ex^uter. 

Son  premier  soin  fut  de  faire  venir  sa  famille 
dans  ce  lieu  de  refuge  ;  les  nobles  qui  Tavaient 
accueillie  ly  conduisirent  en  secret.  Bientôt  il 
harcela  ses  ennemis  par  de  fréquentes  attaques  > 
et  leur  fit  comprendre  que  maigre  les  avantage» 
qu'ils  avaient  du  à  Timmense  supériorité  de  leur 
nombre ,  ils  ne  devaient  pas  le  considérer  comme 
absolument  défait.  Quand  Alfred  eut  reconquis  sa 
couronne  il  éleva  sur  ce  même  sol  une  forteresse 
plus  considérable ,  et  dans  la  suite  il  y  fit  cons- 
ti'uire  un  monastère ,  en  témoignage  de  recon- 
naissance envers  le  ciel.  Cet  édifice ,  situé  envi- 
ron à  quatre  milles  anglais  de  Bridgewater  en 
Sommersetsbire  ,  fut  appelé  par  Alfred  -Ethe— 
lingey,  ou  File  des  nobles  ,  en  mémoire  des  sei- 
gneurs qui  s'étaient  rendus  près  de  lui  pendant 
jj>on  infortune  ;  dans  les  temps  modernes  il  fut 
connu  sous  le  nom  d'Athelney. 

Le  plus  grand  mal  qu'Alfred  avait  à  redouter 
dans  cette  retraite  c'était  le  maQ(£ue  de  provi- 
sions ;  les  bistoriens  eu  rapportent  pour  preuve 
le  fait  suivant.  Un  jour  ,  tandis  que  Ibiver  était 
fort  rude ,  il  envoya  tous  ses  gens  cbercher  des 
.vivres  ;  il  était  si  difficile  de  s'en  procurer,  que  le 
roi  et  la  reine  furent  seuls  dispensés  de  cette  sortie. 
Alfred  alors  ,  selon  son  usage  quand  il  pouvait 
ilisposer  de  quelques-uns  de  ses  inomens  ,  prit  un 
livre,  pendant  que  son  épouse  Elswitba  s'occupait 
de  détails  domestiques.  Un  pèlerin  se  présenta  à 
leur  porte  ,  et  leur  demanda  cjuelque  cbose  à 
manger.  Il  ne  restait  qu'un  seul  pain.  La  reine  ,  le 
montrant  à  Alfred ,  lui  fit  voir  coml)ien  cela  serait 
insufiisant  si  les  ba bilans  de  la  forteresse  reve- 
naient sans.avoir  ricji  pu  se  procurer.  Alfred  n'en 
donna  pas  moins  à  Tctranger  la  moitié  de  ce  qu'il 
possédait ,  et ,  s'adrcssaut  à  Elswitba ,  il  entreprit 
Tome  IL  19 


%3o  fiODEFROY. 

i'soAvtroy  HÎfvnnla  non  courage  fut  on  combat 
AÎiiguliiT  qu'il  />ut  h  soutonir  coiiti*e  un  ff'ignmir 
Aou  parent.  ]U  iftaîrnt  dîvitds  au  ftujnt  ffune  terre 
corittitldrabU;  ,  et ,  scdoQ  l^iëage  du  tirnips ,  ci'ttA 
«|urrelJ^  ilf'VHÎt  {iivd.  tvrmïnéo,  par  les  ariiieit.  Le 
jour  c'IioiMi  pour  lo  coniliat  les  deux  chanipioiiH 
/•Il Iront  en  lier.  Ils  se*  hatlcrut  longtcmips  arrc 
iiiu*  é*Mi\e  valeur  ;  nmin  enfin  Godefroy  ]N)rte  h 
tum  ucIverHaîn*  un  coup  si  rude,  que  son  dptfe  ie 
cattsc  sur  sou  bouclier.  Les  juges  du  campi  le 
yoyaut  d/$sarm(^ ,  veulent  arrêter  le  combat;  mais 
4'liacUM  des  eonilialtaiis  H*y  rvSusCé  (jodcfroyi  loin 
dV;tre  aballit,  hh  sert  adroitement  du  tronçoD  de 
son  éyév.j  et  en  frappe  avec  tapt  de  force  son  ad* 
versaire  ji  la  Icnine  gaiickc,  qu'il  le  renferie 
preM|ue  sans  vie.  U  le  désarme ,  et  quoiqu'il  fAt 
iiiaîlre  des  jours  de  son  ennemi,  il  ne  profita  de 
i*et  avantage  <mo  pour  le  faire  consentir  à  une 
paix  convei)al)le« 

(/odefroy  se  rangea  sous  les  drapeaux  de  l'em* 
per(^ur  Henri  IV,  et  le  servit  avec  autant  de  râleur 
/nie  d/*  fid/^lild  en  Alleinagi^e  et  en  Italie.  Il  se 
/lislingua  surtout  Ma  bataille  livrée  par  ce  prince 
en  io8o  h  llodolplie  de  Jleinfeld  ,  duc  de  j»ouabe« 
il  qui  Gtcgoire  Vil  ayait  ctwoyé  la  couronne 
inipifriab*.  Godefroy  le  tua  de  sa  propre  main« 
Ileni  i,  voulant  se  venger  du  pontife»  alla  nictti^Ie 
nïé^a  devant  Il/une,  et  lltoditfioy  entra  le  pre- 
mier dans  cette  ville,  h  la  t^U)  des  troupes  qu'il 
eommandaif.  Mais  par  la  suite  il  se  repâitit 
d'av/>ir  enibrastiff  un  parti  que  la  yictoire  méve 
ne  put  faire  trionipber  ,  et  que  la  plfmart  dff 
vUvéùvna  j'esardttieiit  comiius  sacrilé|p!«  VùW  0lr 
pier  K(*s  expLoiû ,  coiidamnds  par  l'esprit  de  ioa 
biè(!le ,  il  ht  vœu  à  cvlUt  dpoque  d'aller  à  Jéro^ 
hulr^in ,  non  comme  simple  pèlerin f  mais  comiit 
iU'Xi'iisi'.ur  des  ebrdlicns  opprimés.  U  était  déjà 
iruéué  de  celle  niée  lorsqu  il  fonda  >4b  oonctiii 


GODEFROY,  l3t 

jiYCcla  Tcrtuense  Ide  ,  sa  mère,  le  prieuré  dç 
Saint-Pierre  lès-  Bouillons  ^  car  dans  Tacte  de 
fondation,  date  de  1084,  c'est'-à-dîre  onze  ans 
ayant  le  départ  de  Godefroy  potir  la  Terre-» 
Sainte ,  il  parle  de  ce  voyage. 

Urbain  III  s  occupait  des  moyens  de  mettre  h 
exécution  les  projets  de  Grégoif  e  VII ,  son  pré-» 
dëcesseur^  il  alla  en  Auvergne  présider  le  fa- 
meux concile  de  Clermont,  en  1095.  La  croisade 
contre  les  infidèles  fut  décidée  dans  cette  assem?* 
blée  ,  au  cri  de  Dieu  le  veut  ^  Dieu  le  veut  y  qui 
devint  par  la  suite  le  cri  de  guerre  des  croisés^ 
On  choisit ,  pour  commander  les  armées  qui  de-r 
vaient  passer  en  Orient,  des  guerriers  déjà  ce-* 
lèbres  par  leur  valeur  et  par  leurs  exploits.  Per-* 
sonne  n'avait  plus  de  droit  à  cet  honneur  que 
Godefroy  ;  aussi  fut-il  nommé  l'un  de^  princir- 
paux  chefs  de  cette  expédition  extraordinaire» 

A  peine  la  décision  du  concile  fut-elle  connue, 
que  la  noblesse  de  France  et  des  bords  du  Rhi^ 
prodigua  ses  trésors  pour  les  immenses  prépa-» 
ratife  qu'elle  nécessitait;  les  femmes  mêmes  se 
dépouillèrent  de  leurs  ornemens  les  plus  pré- 
cieux ;  plusieurs  barons ,  qui  n'avaient  à  vendre 
ni  terres  ni  châteaux,  imploraient  la  pitié  des 
fidèles  qui  ne  prenaient  pas  le  croix,  et  ceux-ci 
croyaient  participer  aux   mérites  de  la  guerre 
sainte  en  fournissant  à   l'entretien   des  croisés; 
quelquesr^uns  ,  par  un  zèle  mal  entendu ,  rui?- 
iièrent  leurs  vassaux  et  pillèrent  les  bourgsf  et  les 
villages  pour  se  mettre  en  état  d'aller  combattre 
les  infidèles.  Godefroy  de  Bouillon ,  conduit  par 
une  piété  plus  éclairée ,  se  contenta  d'aliéner  §e^ 
vastes  domaines  ;   il  vendit  la    principauté   de 
Stenay    à    l'évêque    de    Verdun  ,    et    céda   ses 
droits  sur  le  duché  de  Bouillon  à  Olbert ,  évêque 
de  Liège  5  pour  la  somme  modique  de  quatre  mille 
îparcs  d'argent  ^t  une  livre  d'orc 


icôr  iVV 
:u'a  al-  I 


i3i  GODEFROY. 

Avant  do  <nii(t«,T  \a  Vv»iKts  il  inatibia  h  Akl 
lUi  colMce  de  iluuz<^  cliaiioinn  m  llMinBcâr 
Sain(-Mi<.'lirt ,  ^t  touliniiii  la  iliKution  Gtile 
pi'it-tirié  (K-  ,S'aint~T'ierrr  léi  h 
icctioriiinit  pntiituiiènnnrul. 

qlUllfl^-vill[(t  iuill«  bulnMlru  «I  <lii  m!U«  e»r*« 
ftïirii  1  Hcr'>iiii)»((ti/  île  v  drni  ffjtrr* ,  Enabdw  d 
Baudouin,  il  k  mit  vn  mnrclut  ou  |>riri[pinp*  <I« 
l'aiiiiëe  1096,  trui*  moi*  aprd  l«  d<<nn(m  da 
rutK'ilr  Ak  Cienuout.  L'amufu  fjue  crMnmiuMliiit 
le  Aw.  Ae.  IIi)ui)lun  l'tuit  cntiiiu»^-  dit  •nitbit 
Tonii^»  h  1»  Ji»rtpli(Ui,  «f)ir»iiTiS  duim  1m  cuNf 
ImIa  i  ail*»i  IrMiii'a-t-i'ilt'  df»  «rcuuri  et  de»  «1- 
Ir^it  itiiii»  Uju*  le*  [luvi  '(uVIIf  li«tr^r*a  ,  daiH 
CMii.  iiiAmp*  im  if*  iirmiU-n  crotMi» ,  •<>«  Im 
ordre*  lin  J'icrrn  i'ICnnihi  ,  ii*u*airnl  rancwi- 
Ué  ([UG  de*  oUtacle*  etaU-i  itnnemî*. 

Lii  approrliaHt  de  C»n*tan(inoplc  Q  Ift^ 
(luebî  combt  dt-  Vtv^niiudaii ,  Huctm  U  Crud^ 
frÀre  da  roi  dn  Fraiicr  Phili|>pi:  I" ,  jf-l^  par  1(4 
tempête  aur  Im  c^li-fl  d'Kiiiir  ,  avnil  &é  «rréf^ 
pur  Ir*  onire»  An  l'inriperaur  Al'ti*  Omaènp 
Gcid «"froy  «iicoy a  d^ntiatiilrr  à  iViu]KTt»ir  la  rd» 
mralîuu  de  ci-t  ou(ra^4-.  Alntï* .  i|ui  («p^jl  i|«i^' 
le  frère  du  rrfi  de  Fi-aticr  dfnir-iudait  eutm  «M 
luatii*  un  à\»^K  ijui  |)i)uiTutt  le  ini-tliel  l'abri' 
de*  vntrtiiriMw  i\r*  I^liiuti  fit  au»  dduul^  d» 
iàoAt^iroy  Hric  K^ponMT  iicn  favoralilc  1  le  du  df* 
Butultou  lu  put  rdimu-  aon  indiqua timi  et  b 
l'urcur  lie  anu  urméf.  \  1m  "  '"  "*  ' 

furMit  Ira  il  A-a  (soumit  un  najj 
daut  huit    iourv  l<-a    IVrtilf-*  r«jnp«((iii«  i 
Tliriu:i>  di'vii)r<rnt  un  iImîAIk'  (I«  <U!vMtiilioa.  1 
futili-  il'-»  Oirctqui  l'uvtiifiii  ver*  (^roIantiuM 
iui'orriM  rcitt  liii'nlôt    l'empereur  do  lu    ttf    ' 
veiii/ftitiKii  di-i  I^lii».  AIctia,  rffrnT^  lira 
ijuc  jiouvail  uvuîr  «a  f'uuRte  poljtjiiue , 


k 


arri  vt 

messe  appaiâa  Godefr  lyu 

et  ordunua  que  les  Irt  n 

des  amis  et  des  allié^. 

Gliiic|ue'  jgur  de  nouTCaux  croisés  arriTaient  ' 
daus  la  BytbiDÎe  et  ee  l'angcaieut  soua  lee  dra- 
peaux du  duc  de  Bouillon.  S  il  ne  tut  pas  préci— 
E^meat  tSlu  clief  3c  la  cioisade,  comme  le  pré- 
tejulciit  quelques  historiens  ,  il  obtint  du  moins 
sur  les  iiutres  chefs  une  supériorité  qu'aucun 
tl'etix  ne  lui  eoutc^ta  jamais. 

Qnoiqu'à  l'arrivée  des  ciirétietis  eu  Asie  l'em^ 
pire  des  Turcs  SeljoJicidcs  peuchât  déjà  vers  an 
décadeacG ,  il  prés^utait  encore  une  barrière  re— 
doulnble  aux  guerriers  (le  l'occident.  Livrés  tout 
entiei  s  au  soin  de  déi'eodre  leur  puissance  et  leur 
.n^Hôgga,  inenacég.p»rrfwwait>MJnparthrBlitoi> 
lèf  TiM^  ,a|i«BHtH»iwiert  1»  iab*Td»){»grieiili 
Âffi.  et  du  commerce  ua  Grecs  f  lents  eacinat 
ils  ne  connaissaient  plus  d'autre  profeosioa  ^nè 
celle  d^  armes ,  n'ambitionnaient  plus  d'autre 
richesse  qu^  le  butin  à  taire  sur  l'enneMii.  Us 
avaient  pour  chef  le  fils  de  SoCman  Eilidgc 
Aralan,  ,  que  ses  exploits  (xmtre  les  chrâiraa 
avaieat  fait  sarnommer  le  cframpipn,  cacn/..Cc 
yriace  avait  un  eénie  fécond^  «n  .  ressources ,  et 
un  caractère  inébranlable  d»a3  les  rerero.  Dès 
qu'ils  eurent  connaissance  de  l'app^odite  'des 
croisés ,  les  plus  courageux  dâEenseurs  de  L'ida— 
uisme  arrivèreut  de  toutes  les  jiroTÛices  de 
l'Asie -Mineure  ,  et  Tinrent  se  ranger  sous,  ses 
étendards.  -    * 

Pleins  de  confiance  en  leurs  forces ,  et  sans  cour 

naître  celles  qu'on   pouvait  leur    opposer-,  les 

croisés  assiègent  Nicée.  Dès  les  premiers  jours 

du  siège  ils  livrent  plusieurs  assauts  dans  les- 

Tome  //.  s.(t 


i34  GODEFROT. 

quels  Os  font  inutilement  des  prodiges  de  vtiew*. 
Kilidge  Arslan ,  qui  avait  dépose  rtani  Wirfaaia 
Iraon  «i  «a  CamiUe,  s'avança  pour  aeeonrir  la 
place.  Il  anime  les  siens  par  sonexeni^leetparae^ 
discours  9  leur  montre  le  camp  des  croises  et  k 
riche  butin  qu'il  renfermait  comme  la  juste  ré- 
compense de.  leurs  exploits.  Ils  attaquent  d*aliord 
les  clirëtiens  avec  fureur;  mais  ils  ne  penvent 
soutenir  lonc^temps  leur  ardeur  impétueuse  : 
Godcfroy  était  partout  et  portait  la  mort  et  l'rf- 
froi  dans  leurs  rangs.  Bientôt  le  trouble  ae  met 
parmi  eux  ;  ils  se  voient  forcés  de  se  retirer  dans 
les  montagnes ,  et  sont  trop  heureux  d*y  trouve^ 
un  nsile. 

Kilidge  Arslan  ,  désespérant  de  sauver  Nicée, 
se  retira  avec  les  débris  de  sgn  armée  »  et  coamt 
dans  les  provinces  susciter  de  nouveaux  ennemis 
aux  chrétiens.  Les  croisés  poussèrent  alors  le 
siège  avec  vigueur.  Un  Sarrasin,  que  lliiaiMre 
nous  présente  comme  un  géant,  fit  dana  ce  siéip 
des  exploits  qui  surpassent  ceux  qne  raconte 
{antiquité  fabuleuse.  11  ne  se  faisait  paa  snobs 
remarquer  par  son  adresse  que  par  sa  forcé  ;  R 
ne  portait  jamais  que  des  coupa  mortela.  Ua 
jour  qu*il  était  sur  la  ]^ate*forme  d*ono  loiar 
attaquée  par  les  ciH)isé6 ,  il  bravait  lui  eenl  les 
efforts  des  ennemis  ;  tantôt  il  faisait  plenvoir 
sur  les  chrétiens  une  grêle  de  pierres;  lanlIC, 
élevant  la  voix  y  il  défiait  les  plua  bnvcB  an 
combat.  Les  chrétiens,  furieux,  dirinnical 
leurs  efforts  contre  lui.  Le  fierSamami  oon 
de  blessures,  se  défendait  encore  vailinuM^lt: 
fvodefroy,  que  son  courage  retenait  niHiaBi» 
accourut  nu  bruit  de  cette  attamie  ^émtnfitt 
décocha  un  trait  d^arbalète  au  redootanle  Séi^ 
1  asiu  «  le  perça  an  cœur,  et  le  fit  ronler  dha  Insft 
de  la  plaie-fonne  dans  le  fossé» 

\pr^  un  siège  de  sept  semaîncs  in  nBa  ie 


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y/m-  liay  ihwi  w  tafironii  Jgiiui>8 

i  kt  mftlftdties ,  et  wirtowt  Im  'hoartewft  4é.lfî 
en  firsnl  pëi^ivÉl  grand  noMolireicIli^iM^ 

stfAeDiea  amtwitgcfaii  qp  ënii  JhMh»  A>« 
ffM  i»B  peuplé  ohrfn  ;  les  ■tfiilif  IndMN  ihr 
irinipe  retentirent  yaôÊieiBenl  dbwtftnrièm*^ 
mrs  pbinlesy  et  quelqncftit  niéBe  wkM 
Mrnes.  -•/ 

I.  jucrÎTèrent  enfin  devant  Jknliodbe.  '  GeMe 

est  aituëe  au  miiitn  dW  pà;^tetile  ^ 
4  de  prairies  ,  derfjnèrea  titfl.de  Iwrflt 
ftafpect  de  ces  riciMa  odatodëa  Ée^-eooinÉe 
jMalheureux  clir<l>ens  ae  rehmf  tanteWg 
lant  le  séjour  qn*Oa  7.  firenl?  Inup  i^île  ' 

iMmblëe  par  la  crainte  de-|pei9dlhâ  nu*<da 
I  cheft  le  plus  chéri ,  le  krare  et  gfarfrWtL  ^ 
$|koj«  Un  jour  le  due  de  BmuUihi  «*é(puia 

une  forêt ,  et  courut  le  plut  grand  danger 
léfendant  un  soldat  attaque  par  un  ours, 
rrassa  cette  bête  féroce;  mais  on  s'aperçut 
t^  qu'il  était  blessé  à  la  cuisse  et  qu'il 
ait  tout  son  sang  ;  on  le  ramena  mourant' 

le  camp  des  croisés.  La  perte* d'une  ba-^» 
\  aurait  cauâé  moins  de  consternation  que 
ouloureux  spectacle  qui  s'oifint  alors  au 
tiens;  tous  yersaient  des  larmes  en  iuTO^ 
it  le  ciel  pour  Godefroy.  Heureusement  lu 
ure  n'était  pas  très-dangereuse;  mais,af^ 
\  par  la  perte  de  son  sang,  le  duc  de  Bouillon 
.  longtemps  sans  reprendre  ses  forces,  et  fut 
^  pendant  plusieurs  semaines  de  se  iaire 
iT  aans  une  litière  à  la  suite  de  l'armée»  Ce-» 
ant  on  ayait  commencé  le  siège  d'Antîod»e; 


1 


«36  OODEFBOT. 

cette  iUl«.t^£tir»d4ti)>  !■  <  »iii>['-«  .!< 

itwin«  .  rediMibluil   IVni 

vroÎM»  :  U-»  .tiSiiplr*  i 

Autiorhe  U  6tn!  ilr  i  !^ 

j  »*»it  ^(é  nommé  le  l'i. ',,  ..._L..   d.   1    _.  ^-      I 

lotsés;  k-«  v«tU>»  UHnt»  qui  IViixiratUMieNt.  «•    i 
«utluot  te  tk<ivp  Orontc  ,  onVxipitt  àir*  uIwMMm   ] 
mlouUbWit  «u  coani:<>  d««-ctirvtîm«.  1^  sipgs  J 
l'ut  louft  <>l  pëfùUr;  lu  atnnnnlr ,  iiiii  ■'rTatI  eti»^  I 
dans  le  ram^  >lr*  rtir^ti^tw ,  rniiitiïltiia  «4  r«iv»BW 
me  àea  vhri»  ,  W  timiti'iMe»  déliMictir*  ain>a  4 
t(Urt)<'»  «'  U*i-ri-rul   le*  s-iliUlx.  rti   o-t^f^mll    1 
rnoorp  Ira  proorc^*  riattrA-Av.  nu  u>ilù-ii  He  tri.    I 
(l!«eiuâoas^  iiAvaitcrtirfdrniontrrrletMppiMix;    1 
U  ^ixtèrtiiité  tt  l't*\aH  Mijïf  el  ^otuoliih-iir  i^tf 
Iwnuiriil  In  !■««■  ik>  «nn  ram<-lj>rr  ;  il  ét»ît  rate 
parvenu  à  nraoïMT  tr  i-nlmo  et  la  patx  ]ia>mi  b* 
rlu^licD».  t>  ht^roft  ae  w  (Usliufinit  (Mf  mnii4 

Cn  bravonivrt  pwr  uti  •ulrfptiliM  t  len»  t(^ 
uririis  ont  rnroiilé  tf*  brillniu  vt[iloils  Ot  «■! 
be«iix  fuits  d  armr*.  Kivn  n'tsl  niK-ttx  lAltewt^  (fil4' 
Hi  \iili-ur  et  !A  fui<*  |nr<Kli;;irii»t'  ;  viiiri  n^iiM' 
iMfliiu  uti  tcuil  rnjkpurli'  Mr  Gaifia«n>9  ttt*  Tvr 
«HT  Icqwl  ou  pPuiTJitl  rlrrrr  i{i>rli{iit>s  ttotiùc 
I^iulunt  le  si^i  d'AMtiocho  un  SarnuÏH ,  uoH 
xaoins    mlaiit«]>lr  ijiw   reW  itoiil 

tn  kautr  »t>1un> ,  **•  nvésrntt  n»  fort  4e  li 
pour  couifcaltre  Godcïivr,  et  Uu  ]>i-ewii 
\ju'îl  lut  iNirbi  mit  m  ptèeid  fc>tt  tM>at''lirr. 
duc  ()r  Bouillon,  imliguo  tir  cvllc  aiuloc* 
(fanpssr  mr  »(•»  ^Irirrt,  «eUiwv  cnnire  mm  tAM 
versiiiiv!.  et  lui  *»<^Be  >nr  lopatile  lui  c«ap  if; 
U'iTil>le.  ^ail  piu-inpj  urtn  roi-|i«  f»  ét»i  pMrtMl 
1»  première  tomlm  it  lrrit>.  et  laBlre  n^tk  «ft 
)<<  l'tifvai,  cpii  i-cnti-n  d»i»  la  >ille,  oit  eH  UptfcA 
rctlouliU  la  cuiutcriuttiiiu  dn  awi<^i^  Airimbl 


pes  MT 
irr.   UT 


:  1 

GODEFROY.  2.37 

tomba    eu    pouvoir    îles    clirÂtiens    le    3    lui» 

À  la  suite  de  cette  victoire  trois  jours  s'dcoTi- 
lèreat  au  milieu  des  t'êtes  et  des  rcjouissuiices  ; 
le  quatrième  fut  un  jour  de  cniaiité  et  de  dniul. 
Uue  armée  t'ormidable  do  Sarrasins  s'approchait 
d'AutiucIie,  et  le&  raiiiqneura  furent  eui'-Diùin<  s 
Mâie'gt's  dans  la  ville  dont  ils  venaient  de  SC 
reluire  niaLtri?s;  pour  comble  de  maux,  in  disette 
6e  iit  WiifôE  sentir ,  et  exerça  les  plus  crucU 
ravages.  Au  uilien  de  tontes  les  richesses  cou— 
l]uist>s  sur  les  Sarrasins ,  les  croises  se  voyaient 
condamnes  à  toutes  les  Itoireurs  de  la  misère 
et  de  la  faim.  C'était  ■vainement  jpie  Godefroy 
et  l"éïéi|ue  du  l'uy  ,  le  pieux  Adliémar  ,  em- 
ployaient leâ  exJioi'tïtioiis  pour  rauimer  te  cou- 
rage de  CCS  guerriers  ,  et  leur  montrer  la  honte 
dontils  pliaient  se  couvrir  aux  yeux  de  l'Eui'ope  ; 
celte  i^loqueiice  ,  qui  avait  éveilla  leur  enthou— 
Btasiue  ,  ne  pouvait  plus  calmer  leur  désespoir. 

It^duils  ^i  inangtT  les  clicvaux,  les  chameaux  , 
et  même  les  animaux  les  plus  immondeïi  ])lii*t 
■ieurs  proisés  clicrchèrent  i  s'enfuir  d'une  TiJUe 
qui  ne  leur  présentait  que  l'image  et  la  perspec^ 
tiT«  delà  mort.  ïant  qoei Godefroy  est  qnelqifet 
tÎïWb  il  les  partagea  avec  ses  compa^ftas }  enfin 
Ufîtkwcri&cedesoa.denuerèbLevkl  deltttKille, 
^■e  ^0$iya,  comme  tousiès  Autres  croises ,  i^tait 
aux  plM  cruelles  nécessites*  TAjÀ  pÀraissait  dé-' 
seapâ^  loEsqu'na -prêtre  de  MajTDeitle,  nommé 
pierre  Barthélémy,  annonce  que  Dieu  vient -de  lui 
découvrir  duas  une  rérëlotion'le  lieu  oti  était 
â^pptée  la  sainte  .lance  i-aa  la  trouvé'  effectiTe-* 
nfentdons  l'eatliûit  indiqué,  hei  cJirétiens  ,  sortie 
-  to|t^  à  coup  de  le«r  ahattetnent,  reprennent  le 
çourageet  léaergioiqni  les  avaient  animés'd'abord. 
Ou  t)iutlîa  les  hoiTCiirs  àt  lafaïutuo,  le  nombre 
de»  «UQcmis  j  ics  pins  pasiil%uiuie«  sont  aàtét-tM 


s38  GODEFROT. 

fin  sang  des  Sarrasins  ;  tous  •oarent  «a 
Godc£roy  s'agite  »  porte  dersal  eux  la  sainte  lanee  y 
qui  semble  être  le  gage  assuré  de  leur  ncloire. 
Ou  entend  partout  retentir  le  cri  de  guerre  $  IKem 
le  V0ut,  Dieu  le  veut.  Les  Sarrasins  sont  attaqués 
avec  fureur ,  et  bientôt  les  rires  de  FOrontet  les 
bois,  les  plaines ,  les  montagoes  sont  oouYerles 
de  morts  et  de  Bjyards  »  et  les  croisés  remporteal 
une  victoire  complète*  • 

Après  cette  mémorable  journée  les  Turcs  n'op- 
posèrent plus  qu*iuie  faible  résistance,  et  ne  firent 
presqu'aucuu  effort  pour  arrêter  la  marche  des 
croisés,  qui  s'avancèrent  à  grands  pas  vers  Jéru^ 
salem.  Ils  traversèrent,  sans  s'y  arrêter,  lVv> 
poli ,  Tyr,  Sidon,  £mmaiis  et  Betlbéem  :  à  Fus* 
pect  de  ces  lieux  révérés  ils  oublièrent  leurs  longi 
malbrurS)  les  pertes  qu'ils  aTaient  faites,  et  re* 
trouvèrent  toutes  leui's  espérances.  Enfin ,  le  lo 
juin  1099,  l'armée  arrive  sur  les  hauteurs  de 
NicopOHS  ;  la  ville  sainte  s'offre  à  ses  regards*  A 
cette  vue  chacun  fait  éclater  la  plus  titc  allé- 
cressc  ;  tous  s  écrient ,  en  versant  des  larmes  de 
)oie  et  d'attendrissement  :  Dieu  le  veut ,  Dieu  k 
veut!  Les  uns,  à  laspect  des  saints  lieux  quUs 
vont  délivrer,  scï  jettent  à  genoux;  les  autres 
baisent  avec  respect  cette  terre  qu'avait  foulée  le 
Sauveur,  et  qui  était  consacrée  par  son  sang.  Ib 
jurent  tous  de  venger  la  ville  samte  des  outi 
et  du  joug  des  infidèles.  ^ 

Jérusalem ,  qui ,  à  Tépoque  de  Tarrivée  des 
ses  à  Constautinople ,  appartenait  aux  TuroomnaSy 
venait  de  changer  de  maîtres;  les  Sarraaiiii  en 
avaient  diassé  ces  peuples ,-  et  cette  'cité ,  jadis  si 
llorissante ,  semblait  alors  ensevelie  soussesprenra 
ni  il)  PS  ;  b'S  rtniparts  seuls  étaient  en  bon  afeaCk 
Lrs  croisés  ne  pouvais  ulen  détaclier  leurs  regards^ 
et  (gémissaient  de  l'é'at  d'abaissement  oîi  elle  étadl 
tombée.  £xhaltés  par  les  douloureux  récits  des 


GODEFROY.  %3q 

chrétie&s  f iigilt&  et  par  les  àÉkÊÔàâ  êe  r^fpneft- 
'•HMi  sous  laquelle  Ils  ëtaieat  aocaUés ,  lescroiséf 
demandaient  à  grands  cris  qu'on  livrât  l'assaut , 
persuadés  que  Dieu  seconderaitleur  brayoïure  par 
des  miracles.  On  donae  le  signal;  ils  s'avancent 
en  bon  ordre  vers  la  yille.  Jamais  ou  ne  yit  tant 
d^ardeur  dans  les  soldats  de  la  croix;  mais  ils 
n'avaient  ni  échelles,  ni  machines  de  guerre;  leur 
bravoure  fut  donc  inutile ,  et  les  Sarrasins  forcèrent 
les  assaillans  à  la  retraite.  Quelques  jours  après 
ik  tentèrent  une  nouvelle  attaque  >  qui  neut  pas 
plus  de  succès  que  la  première. 

Déjà  lentliousiasme  qu'avait  excité  la  vue  de 
Jérusalem  commençait  à  s'affaiblir ,  et  le  siège 
traînait  en  longueur  ;  il  dura  quarante  jours  ,  et 
ce  fut,  dit  un  historien,  quarante  jours  de  misère 
et  de  calamité. 

La  disette  affligeait  les  croisés  ;  une  sécheresse 
extraordmaire  ajoutait  encore  aux  horreurs  de  la 
famine  et  de  la  guerre  ;  toutes  les  campagnes  voi- 
sines de  Jérusalem  avaient  été  dévastées  ;  la  fon- 
fa\fie  de  Siloé  était  tarie  ;  le  torrent  de  Cédron 
était  corrompu  par  les  chaleurs  de  Tété  5  toute 
l'armée  périssait  de  faim ,  de  soif  et  de  misère. 
La  prompte  conquête  de  Jérusalem  était  le  seul  re- 
mède à  tant  de  maux. 

On  se  liala  de  construire  des  machines  ;  les 
arbres  furent  en  peu  de  temps  changés  en  halistes, 
en  béliers ,  en  catapultes ,  en  énormes  toui^  de- 
vant lesquelles  devaient  s'écrouler  les  remparts  de 
la  ville  assiégée. 

Le  jeudi  14  juillet  1099  ^es  préparatifs  étant 
terminés ,  on  donna  le  signal  d'une  attaque  géné- 
rale :  tous  les  soldats  coururent  aux  armes;  toutes 
les  machines  s'ébranlèrent  h  la  fois.  Au  midi ,  à 
rorîent  et  au  nord,  les  tours  roulantes  s'avan- 
cèrent vers  le  rempart  ,  au  milieu  du  tumulte 
cl  des  cris  des  soldat;>.  Godcfroy ,  placé  sur  la 


2^6  GODEFROY. 

plate-forme  de  sa  fortri*esse  de  bois,  animait  Ici 
sivns  par  son  exemple  et  par  ses  paroles.  Malgré  leur 
vnlcur.  les  croisr^  trouvèrent  pourtant  une  léais- 
tniiceopînit'.tre;  les  toui's  furent  pn-sque  entîère- 
nietit  1)iùIms  par  les  Sarrazîns  dans  une  sortie, 
et  la  nuit  arri\a  sans  qi:e  la  victoire  parût  se  dc- 
citlcr  pour  les  croises.  Ils  rentrèrent  dans  leur 
camp  en  fi  (^missaut  de  rage  et  de  douleur  j  ils 
ne  pouvaient  se  coN>oIer  ffe  ce  que  Dieu  ne  les 
avait  point  enrort*  jnge.M4ignes  {fentrer  dans  la  ville 
sainte  et  d^ adorer  le  tombeau  de  son  fils. 

La  nuit  sr  passa  de  part  et  d'autre  dans  les  ph» 
vives  ii)(pi  ieiiides  :  rliacun  déploi  ait  ses  pertes ,  et 
ti  cm  1  liait  (Un  (»s*«nyer  de  nouvelles.  Le  jour  sui- 
vant lannna  les  mômes  combats  et  les  mSraes 
cîani^rrs. 

Lr  p- entier  clioc  fut  impétueux  et  terrible. 
Les  elHt>ti«  ns  ,  indignés  de  la  résistance  qulls 
avaient  ëproiué''  la  veille,  combattaient  arec  fu— 
reni".  Les  assi(^^es,  (piî  avaient  appris  Ta rrivëe 
d'iiiir  aiiiéf  é[;\ptienne,  étaient  animés  par  Fesn 
yiùv  d(-  la\ic(oi](*;  ils  s\i t tachaient  surtout  ^ la 
t(»u]-  de  (yud«  fiov  ,  siii  laquelle  brillait  une  croix 
dor  ,  don!  la.-pcct  provoquait  leur  fureur  et 
Iriiis  oiilragrs.  Ce  pi  ince  avait  vu  tomber  à«ses 
c<*(es  ses  écuvc  rs  vi  plu^'icurs  de  ses  soldats;  lui— 
nièuK  était  en  liiilfe  à  tous  les  traits  descniiemisj 
il  coiii1,atfaif  au  u;i!ieu  des  morts  et  des  blessés  » 
et  :i(  cessait  d'exliorter  ses  compagnons  à  i*edon- 
Lier  de  coi:iage  et  d'ardeur.  Malgré  la  grêle  de 
traits  dont,  il  est  assailli, ^il  fait  avancer  de  pluà 
en  pi  es  sa  tour  versets  nnii  ailles  9  et  laisse  ton^ 
ber*  son  ])ont-l<'Vis  ;  alors  il  s*élance  sur  léa  ren^ 
parts,  et,  suivi  dun  grand  nombre  des  siem  que 
son  (Tf'in]?Ie  cntiaîni  ,  il  enfonce  les  Sarrasins 9 
les  p(,iMsuit,  et  vole  sur  leurs  traces  dans  les 
r\u>  (i(>  Jerusatmi.  Les  Musulmans  ftJrnt de  foutes 
l»ai  ts,  et  la  ^illc  sainte  icteutit  du  cri  de'goerré 


.      GODEFEOY,  14»  ■ 

fllTJIs.TibUiw.dËt  croisés  ,  Dieu  le  veut.  Dieu  le  * 

:LCe&t  le  rendre di  i5  juillet  1099,  à  hois  Iieures 
iJlitigMt- ,  que  les  dir^tiens  entrèrent  dans  Jérusa-  - 
^ktn  :  on. remarqua  que  c^^Iaît  à  pareil  jour  et  à  - 
Uin£me  henre  que  Jésus-Christ  eipira. 

Cette  dpoque  iTiéiuorable  auiait  dû  rappeler 
IcVrcœarb^s  Wiitiim-ns  de  miséricorde  ;  mais, 
ûffis  par  les  maux  ifi'i^  avaiiait  âonSert»,  ùvi^^ 
tés  par  la  lon^e  n^slànce  des  ^arrauiu  ,  let' 
difiétieiis  massacr^reut  sans  pitié  tout  ce  ^'Os' 
xeacoâtrèrent  dans  Jérqaaiem.  .  •    •  ;  -,- 

he  pienx  &odelroy  ne  s'était  point  livr^àoea', 
baotenx  excès  après.la.^ictoiie^ineipoiiTaatiàr-'' 
vMer  te  canuse,  il arait  dA^uriiéïsês  regki^jfa  ., 
ces  scènes  *aMglnntes»g^  auirfidetiioia  acuvilim^' . 
il s'éteit rendu (  sansannos.etlesipieda'iiu-/^toiat'^ 
l'ié^ise  du  saint  S^mlchrei  Biientôt  laiunvrc^' 
^  ce  tovcbant  exemple  de  dérotion  se  répan- 
dit dans  l'année.  Tontes  les  ventleances,  toute»    ' 
les  {nrenrs  s'appaïtent.  Passant  diine  extrémilé- 
à  l'autre,    les  .croises    dépouillent  leura   babits- 
sanglaosy  font  retentir  Jérusalem  de  leurs  g^ 
missemens  et  de  leurs    sanglots ,   et    marcheut 
tons  ensemble ,  les  pieds  nus  et  la  tête  décou—  ' 
T«rte,  Ters  l'église  de  la  Résurrection.-    ..     ;      ^ 

<■  Ces  contrastes  inexplicables,  dit  M.  Mibband' 

■  dans  son  excellente  Histoire  dès  Croisades ,  se 

■  font  flourent  remarquer  dans  ces  guerres  de 
«  religion.  Quelques  écriTains  ont  cru  y  tron»er- 
«  un  prétexte  pour  accuser  U  :  religion  chré— 
«  tienne;  d'autres,  non  moins  areugles  et  non 

■  moins  pasMOnnéi ,  ont  voulu  excuser  les  déplo- 

■  rablet  excès  du  fanatisme  i  rhistorien  impai^ 

■  tial  se  contente  de  les  raconter,  et  gémit  en 

■  silence  sur  les  &iblesses  de  la  nature  humaine.  >- 
Lorsque  les  croisés  furent  maîtres  de  Jéniaa- 

lem  ils  s'occupèrent  de  lui  douier  des  loit  et 
Tome  XL  ai 


«41  CODEFROY, 

f1*y  ntl^yrr  1c  tronc  Av.  DuvUl  et  ic  Sakrnion» 
MaiH  ({iifl  rlioiv  fiiirr  ?  A  «jiu'l  priiicr  donner cetU) 
roiirotim*  hHviéi'?  Lcf»  o|niiloiitf  furi'iit  loiigtoiiifM 
iiirrrliiitirH  ;  imhh*  UfH  itxvr  un  ddcida  que  ce 
rliois  HfTiiil  Inil  pur  un  roiiHril  particulier,  com- 
|)OHf^  i\r.  (lit  lioiiiiiicH  lf;H  |iluH  vv.coiïinianAMtp^ 
ilii  rlrr^i^  (4  (N;  rariiii^c?.  On  ordonna  detprilinni, 
dcrs  jfnncM  f-l  dch  iiunionrii ,  iiour  (lUc  lu  Ciel  d«i« 
f;niît.  pidsidifr  h  lii  nomination  uuon  allait  faire» 
4J(*ux  (inî  lUiiirnt  iipprli^i»  2^  crlioÎKir  le  roi  âc  Jéru^ 
$ii\viu  )nr(>n!uli*n  pif'!M*nrr  de  rarindf?  clirëtienuc 
de  nVrouliT  iiucun  lutérvi^  nunuiic  aflcction  pai^ 
tirulic'ri!,  et  Av.  ronronner  lu  riUf;<ïMiM*  i.'t  la  tiïHu* 


cpi  u  niu:ri  o^cr  Ivu  ftiîrvitcurs  oe  tout  reus  qu 

fNiuviiiiMit  (ivoir  d(*i  prdlfntiouH  1^  la  couronne, 

i-.l  ipi'il.H  leur  (ircnt  pr/;li*r  tufrnirnt  de  léifélvr 

tout  VA*  qn'il.H  liaviiMnit  Hur  lc*s  niœurff,  la  carae* 

fj^rr  vi  ïrH  \wuv\iuuH   Ivê  plun  Mciifta  dfi   kun 

muilri'H.  I^'H  M(t-virr*iirH  dr*  ijod4.*rrojr  de  Bouillon 

n'odirrnt  \v  Ir^nioi^nufçi*  If!  plut  éclatant  k  aadou- 

rciir,  il  Hfiii  Ijnnianitd  vX  surtout  &  fa  di$voUon. 

rinnolsiin.'.  Quunl  h  nuit  courni^c,  il  avait  pour 

li^nioiii  toiitr  rarnii^  ;  on  lUdoulait  à  IVnvi  m 

f'iploilN  ;  un)  ih!  u'unÎMiail  pluH  de  Miflrag»  parmi 

IrH  i:i-oiMrh.  AprCN  avoir  niÂrruicnt  délibéré  y  bv 

^hu-tfiu'H  If*  proi'lauièicntdfinc  rfii  du  Jdruialcin, 

vi  v.viU'  nomination  vxcWn  une  nlldgrCMWi  ttasvêT" 

M'ilr.  TooH  «apidafidiMiiifut  da  voir  Aodcfroj 

flf^po.sitairiï  df*  IfrnrH  plu»  rlierif  interdit*  Ob  alw 

f-liit'clif-r  If?   nfiuvf:au  roi  daui  fta  iiiaii|iHi|  fea 

f'l(-rh:urH  et  Ivê  princfH  \v.  conduiHiraiit  fsn  IiÎmi* 

phf  à  IV^lirii;  du  haint  Sf^pnliTf ,  où  il  prêta  lar- 

iiiciii.  df;  rfHpf!(*tf*r  Ifïft  lois  dt*  rboiineur  et  da  la 

jiiklirc.    Lorsqu'on    vfjulut   cciiudre     son    Avnt 

du  diadéuic  oi  lui  coui'dr(;r  les  loarouaa  db  la 


•  .    :     .  ■-•/  *■    ■•  '.  -■■  -'..     '  '  -'"''  ■■  - 

•  Smreiaur  do  monde  aWt  4^ 

•  et  qtt'il  ne  T<iulait  d'autre  titre'  fj6e  eetm  dé 
kêtSenàtmr'èiL  tombeau  Ha  J.*^Ù.  et  de  barim 
ft  du  sdnt  Sépulcre.  »  «•    . 

.  t  dl  jpeine;€todêfroy  tâtàUHil  d'àcéej^Jr  le  p^ 
>S|pin  lioiuieàr  de  converAèrJénisalem,  qu'fl 

:  ab  i^oliUgé  de  défendre  la  TiÛe  ccmtre  iea  IronbiBi' 
Ai  iondan  d^ij^hrpte.  Une  arasée  innomhraMr 
dEBôrpfiena,  d'Éthiopiens  et  d'Arabes  »  rasseinbléBi' 

'  ca  ima  de  Mahomet  ,  s'aTaoee  yen  la  eapt» 
Ide  de  la  ludée,  sous  les  ordres  àe  Véùiir  JdShm^ 

>  ta  mime  payait  pris  J^oédlem  siïr  lies  ^Wci  « 
«C  ^  a^ait  Jnré/de  la  reprendre  sitf  les  d^uriln 
iie«i*  Godefroy  alla  ano-^n^nt  dea  eMenm,  li^ 
rencontra  dans  la  plaine  -d^Ascaloa  •  et;  ter  di^^ 

*  i^pcès-  la.  bataille  d'Jàscalon  les  Sarrasins  n'é^ 
pbas  en  état  de  tenter  de  nonyelles  entrè^' 
>  et  cette  victoire  termina  la  guerre  de  la: 
première  croisade.' Libres  enfin  de  leurs  reensty 
poisaa'ils  avaient  enlevé  le  saint  Sépulcre  aux: 
infidèles ,  après  quatre  ans  de  travaux  et  de  pé-' 
rils  y  les  premiers  croisés  quittèrent  Jéï'usalem , 
et  ne  laissèrent  pour  la  défendre  que  trois  cents 
chevaliers  et  la  valeur  de  Gode&oy.  Ce  prince 
s'occupa  moins  à  étendre  son  nouveau  royaume 
qu'à  le  conserver  et  à  y  .faire  respecter  Tordis 
et  la  justice  ;  il  établit  un  patriarche ,  fonda  deux 
chapitres  de  chanoines ,  l'un  dans  Féglise  du  saint 
Sépulcre ,  l'autre  dans  celle  de  la  Résurrection ,  et 
donna  enfin  à  ses  sujets  un  code  de  lois  rédigées , 
par  la  sagesse  et  par  une  piété  éclairée* 

n  ne  jouit  pas  loogtemps  du  bien  qu'il  atait 
fait  ;  un  an  après  le  départ  de  ses  compagnons 
Oode&oy  mourut  à  Jérusalem,  le  i8  juillet  iioo» 
Ce  héros  fnt  aussi  intrépide  aux  approches  de  la 

41* 


jl44  GODEFROY, 

mort  qu  il  Tavait  éto  dans  les  coiiilmts  ;  luî-ménie 
exliortuit  ik  la  résignât  ton  sos  amis  et  ses  M*r\itt*ui*s 
clésoliSa  y  c|uî  phniiairnt  d'avaiicr  la  |>erto  qulls 
0 Liaient  faire.  Consulté  sur  le  choix  de  son  suct!(r$« 
8cur,  il  i^Spondit  «  que  ce  devAÎt  èirc  celui  qui  on 
u  seniit  le  plus  digne.  » 

Ce  {;rana  capitaine  lut  vivement  regrette.  Plein 
de  courage ,  )a  prudence  et  la  modération  tenqié* 
rèivut  toujoui*^  sa  valeur,  et  jamais  il  ne  IVxcrça 
que  contre  les  ennemis  de  la  foi.  Fidèle  à  sa 

tmrole  »  libéral ,  désintéressé  «  accessible  &  tous  » 
(*s  princes  et  l(>s  chevaliei^  le  regardèrent  comme 
leur  modèle ,  et  les  soldats  comme  leur  iière. 
Dans  un  siècle  où  la  superstition  égarait  quelque*» 
fois  IcST' nie  il  leurs  esprits,  Godcfn>y  se  lit  rcuiar*- 
quer  par  un  zèle  ardent  pour  la  vérité  et  fw 
une  clévotîon  inébranlable,  mais  ^elaii*^. 

u  Jamais  Tantiquité  fabuleuse  ,  dit  TaUië  de 
fc  Cboisy  ,  ne  s'est  iuiaginé  un  héros  aussi  parfait 
ce  en  toute  cliose  que  la  vérité  de  lliistoirc  ncMis 
ff  repiésent(^  Oodefroy  de  Bouillon.  Sa  naisianoe 
«  était  illustre  ;  mais  ce  fut  sou  mérite  qui  Tâera 
ce  au-dessus  des  autres,  et  Ton  peut  dire  de  lui 
fF  que  sa  grandoui*  fut  louvragc  ae sa  Tertu. 


• .  .  ■. 

fl 

SUGER, 

I 

ABBE  DE  SAINT -^DENIS, 

Jliinistre  dÊtat  sous  Louis    VI\  ik  U  Gfosl 
Ministre  et  Régmi  sous  Louis    FÎIi  dit  tê  « 
Jeune. 


«■ 


SuGSR  nAqnit  Tan  loSi  y  de  }làr6iU  }laiitrM  et 
incoimus*  La  ville  de  Sainf-Denis  et  oeUe  dé 
Toury  en  Beauoe  se  disputent  l'honneur  de  ràYoir 
vu  naître  j  d'autres  Teulent  qu'il  ait  tu  le  jour  à 
Saint4>mer,dan$rArtois>Tille  alors  nouTeliemettl; 
fondée  et  sans  considération.  Il  était  âgé  de  neuf 
à  dix  ans  lorsque  ses  pareus  le  consacrèrent  à  la 
profession  religieuse  dans  l'abbaye  de  Saiut-Denisé 
C'était  alors  une  coutume  très  en  yigneur-dd 
fixer  le  sort  des  enfans  avant  qu'ils  eussent  atteint 
lage  de  discernement;  elle  fut  depuis  sagement 
abolie,  ^dam ,  abbé  de  Saint-Denis  >  ayant  remar* 
que  dans  le  jeune  Suger  les  plus  heureiises  dis- 
positions pour  les  sciences ,  l'envoya  faire  se» 
premières  études  dans  une  célèbre  école  aux 
environs  de  Poitiers.  Le  jeune  religieux  justifia 
pleinement  les  espérances  de  son  supérieur.  Aprèa 
avoir  obtenu  les  plus  brillans  succès  dans  tous 
ses  exercices ,  il  fut  rappelé  à  Saint-Deuîs  pour 
v  étudier  la  philosopliic  et  la  tliéolosie.  Il  an- 
nonça dès  lors  ce  qu'il  serait  un  jour  5  $\\ 
étouuaîi  ses  maîtres  par  ses  progrès  surprenons 


246  SUCER. 

vt  son  (iptitadc  pour  Ion  ctiidea  les  plas  difficiles  ^ 
il  so  fuisaît  estinior  ot  cb(5rir  de  cimcun  par  Fëlë-» 
ipation  de  st*s  mmiUiikuis,  pnr  lu  bouté  de  son 
caractère  o(  par  vvlU*  niodcslie  qui  est  le  plus 
bel  oriinnoiit  d<*  la  jruiirASO. 

Philippe  1"^  rc^i^Oiût  vn  France.  Il  avait  coniic 
aux  nligicMix  dv  Suiiil-DoiiiH  rt^iUication  de  son 
fils  iini({U(^  Louis,  siirnomiiié  Ir  GtvSf  héritier 
])ros<>n)ptif  dr.  la  ooiiroinic*.  Dans  ces  temps 
d'i^iioraiioo  ,  o\i  Ton  uo  trouvait  des  hommes 
d\iu  rsprit  rullivé  <pic  dans  les  cloîtres,  c'était 
ilrs  moiurs  (pii  iiislmisaittni  Irs  fils  de  nos  rois* 
Le  jcuue  priaro,  nial^n^  son  afFabililéy  ooi  lui 
{i>a<;iiait  tous  los  cœurs,  clait  assez  diflicile  sur 
\i\  choix  dv!  s(*K  favoris  ;  niais  du  moment  qu'il 
etil  vu  Su^cr  il  so  smlit  al  tiré  pnr  ses  manières 
douces  et  insinuantes,  par  sou  air  enjoué  et 
8)>irihu'l,  et  conçut  pour  lui  une  amitié  qui  ne 
si;  ihinnuitit  jamais  par  lu  suite.  Souple  auprès 
des  grands  sans  bassesse,  Iv.  religieux  sut  toujours 
se  maintenir  dans  les  bonnes  grâces  du  pnnce* 

Telle  fut  rori;;ine  de  Télévatlon  de  Soger. 
Louis ,  rappeler  h  hi  cour  pour  prendre  part  au 
p>uvei'iu!nieul,  u^ouldia  pas  lami  de  sa  jeunesse  ; 
il  lui  confia  d  ahord  ])hisieur8  missions,  dontSuger 
s^uM|ni((a  avec  auUnit  de  zcMe  que  de  succès.  Peu 
h  peu  h'  prince  h*  chargea  de»  emplois  les  plus 
iuiportans ,  et  finit  ]»ar  lui  accorder  une  confiance 
bans  horncs. 

])e  son  côlé  rah])d  Adam  9  qui  avait  toujours 
ru  pour  h>  jeunt;  rt^li^ieux  l*al1eetion  d*uil  {lèrei 
se  plaisait  à  cuUiver  H(>s  rares  disposition!  pour 
les  ailaires ,  et  ne  négligeait  aucune  Ôccation  deU 
produire  li  la  cour.  Il  s*en  faisait  accompagner 
l()rs(pril  éhiit  a|)peM  au  conseil  royal  «  dont  les 
<nl)l)és(l(>  Sainl-Diiiis  faisaient  partie  ;  d'autres  foiSf 
quand  il  ni*  pouvait s'^  reuiirci  il  chargeait Snger 
d'y  i^llci* sié^'c  à  sa  place  ,  et  malgré  sa  jeunesse 


fioB^«upérKar ,  qui   {MMàit  InHlitew  pour  *l^' 
.  htttôe    politique.    U'  aasittà  Hmt  ît   j3âstmi|tï 
ooBcile&,  o&  ilfitremBÎquèr  leattleiiiii^^k»^  ' 


Louis  le  Gros  ayant  succM^  ï  Plffîfljpe  I"} 
toB  p«re,  mort  le  39  jufllet  liflflt'Soger  'oc^-^ 
ibençu  à  jouir  de  U  plus  hante  fîiTMr  daas;lÀ 
.BonrellecDur;  ilderint  l'Ame  des  coiùals  du 
roi  >  qui  ne  âusfcit  rien  sans  son  arU<  L*aU>é 
Adam  saint  »lte  occasion  pour  In  rcvèlir  des 
principales  digoitës  de'  l'aUujf;  ;  il  lui  donna 
■es  prtvdtés  de  Toury  et  de  D'iiieviil.  Ces  deui 
>  les  plus  îaqwrtanteB  de  U  communauté , 


dimensaient  l'heureux  moine  ([iii  en  était  revâtu 
delalriste  TÎe  dn  cloître,  ut  lui  procnraieut  la 
|<»«tsiance  d'an  immense  rerenu.  C  était  uu  grand 
kbnsqœ  cette  ekceMre  liberté,  dout  U  plupart 
dea  jinrits  ne  fiûiaient  tuaee  que  ponr  vivre 
daiM  Ja  d&aucbe  et  dans  l'iodoleuce. 

Soger  ne  suivit  point  leur  exemple  ;  iffl'ù'tntro' 
dniaît  pas  les  pratiquer  minutieUteg  de  la  d^otioit 
monarque  dans  les  prévôtés  soumises  à  sa 'siu'retl' 
lanoe,  il  y  fit  régner  l'ordre,  et  en  bannit  l'didveU!. 

Celle  de  Bernerai ,  comme  tout  le  duchtf  de 
Normandie ,  dont  elle  dépendait ,  £taît  sous  le  joQg 
de  Henri ,  roi  d'Angleterre.  Le  nouvean  prevôt 
sut  bientôt,  par  ses  habiles  négociations)  affirândiir 
cette  ville  de  l'oppression  des.oificiers  hnf^ais} 
mais  il  ne  vint  pas  aussi  facilement  à  bout  dé 
délivrer  Toury  des  vexations  de  Ungue»,  baron 
dn  Pniset ,  qui  infestait  la  provinde  de  ses  b^î— ' 
^ndages.  Les  seigneurs  des  efivirons ,  intimidés 
-par  l'audace  et  la  puissance  de  ce  petit  tyrany- 
n'osaient  se  plaindre  au  roi  de  France ,  on  têilter 
de  se  faire  justice  eux-mêmes.  Suger,  qui  avait 
choisi  la  prévôté  de  Toury  pour  lieu  de  sa  r^- 
deuce  ,~les  fit  rougir  de  leur  lâcheté  et  les  engages 


a4B  SITGER. 

à  prrscHtw  nu  roi  iiim  rrqiiôlc  coiilre  le  seignrnr 
du  J^iisct,  pnniuMaiit  (rup|mY<u*  Iriir  clcmandf! 
(lo  tout  son  rmli(.  Louis  \v  Gros,  prince*  actil* , 
|)l<*iu  (le  rouni^r ,  cl  surtout  ruiu'in!  Jr  rinjusticc, 
saisit  iwvv  urtlour  IWcasiou  do  chfttior  cet  iiiso- 
\v\d  vassal.  Oii  rosi>lu(  d'abord  de  proet^der  contre 
lui  par  les  voies  juriditjues.  Souiuié  do  cuinpa-* 
raitre  doaiit  le  roi.  llup;ues  refuse  avec  mépris 
tli*  s'y  ii>udi  e  ;  il  est  deelar<5  eriniinel  de  lèsc- 
luaji  stc  ,  et  eoudauiué  ))ar  coutumnee.  Louis  se 
«lisposc  à  prendre  les  armes  pour  aller  exëciiter 
lui-uieuic  la  s<Miteiice.  Ce|MMulaut  Sucer,  ayant 
par  sou  ordre  levé  des  troupes  et  fortificS  Toury, 
«y  reuferiua  eu  atteiidaiit  l'arrivée  de  Taiiiiéc 
royale. 

i'ant-il  entrer  dans  le  de'Inîl  de  cette  expédîtloiiy 
(pii  eoûla  tant  de  san<^  ii  la  France,  et  dont  rohjrt 
et  1rs  lésultats  nousseuiblent  aujourdliui  si  p(*H 
iinportiuis  ?  L'un  <les  princes  les  plus  valeureux 
de  son  siècle ,  Louis  le  Gros ,  perdit  plusieurs  an- 
ii<5es devant  le  château  du  Puiset,  qui,  d*npr£s  le 
tcnioigria^e  des  historiens  coiiteiuporaiiis,  n*avii( 
pour  fortifications  que  des  iuui*s  de  bois*  Doux 
fois  vaincu ,  deux  fois  éparti;nd  par  la  clënieiice  de 
ce  prince,  ce  ne  fut  <pi après  une  troisième  ié^ 
fait(*  (pu^  le  hnron  <lu  Puiset,  sentant qu*il  n'avait 
]dus  de  pardon  à  espt^rer,  prit  la  fuite,  et  se  jeta 
lians  les  troupes  qui  tous  les  ans  partaient  pour 
la  terre  sainte  :  c'était  alors  le  refuge  de  toM 
1rs  inallu'ureux  :  celui-ci  mourut  eu  chemiiu 
Pendant  toute  cette  (guerre  Su^er  déploya  le 
couiii^e  d'un  soldat  et  l'habileté  d^uii  gëiiëraU 
Tiansfonnée  en  place  d'armes,  l'halntation d*ua 
«iinj  le  religieux  tenait  en  res})ect  un  ennemi  qMe 
Louis  le  Gros  avait  tant  de  peine  ii  vaincre»  Ce 
prince  en  con^nit  une  nouvelle  estime  pour  Stiger, 
et  d(>puis  ce  temps  il  jeta  toujoura  les  yeux  sur 
lui  lors4ju'il  avait  besoin  d'uu  bomnie  Ibrma  et 
iuti  épidc* 


.  ,^.Qpi$JiqpitÊ  anaëçs  après  ^^ajnat  à  traiter  une  yti^ 
.{uîre  ii^ipôrtaute  ayec  le  pape  C^&te  III  ,^1^^ 
oharaéa  de  cette,  négociation  le  pirëvot  dé  Tooi^, 
mii  £k  termiftti.à  la  satisfaction  des  deuiL  parties* 
Gpnime  celui  ^  ci  se  disposait  ii  retonriier  en 
France,  le^ntife,  qui  avait  conçu  la  pins  haute 
idée  de  son  méritev  T9ulut  le  retenir  et  l'attacher 
à  sa  personne  par  qnelqnè  fonction  éminénte; 
mais  Suger  ne.  yonlait  sei^ir  que  sa  patrie  et  spn 
roi  ;  il  refusa  les  offires  honorâmes  du  pilpe»  ' 

Adam  ,  abbë  de  Saint -^  Denis  ,  était  mort 
le  19  février  11229  pendant  que  Suger.  était  en- 
ivre à  Rome  :  les  religieux,  sans  attendre  son 
retour ,  relurent  d^une  voix  unanime  pour  ren»- 
plir  la  place  vacante.  Le  roi,  non  content  de  cojà- 
.  firmer  son  élection ,  honora  le  nouvel  abbë  d'mie 
distinction  bien  glorieuse  ;  il  se  rendit  à  Saint* 
I>enis  le  jour  que  Suger  y  arriva,  et  le  reçut 
avec  toutes  lés  marques  de  l'affection  la  plus 
touchante.  Ce  monarque  profita  de  l'occasion 
pour  lui  donner  des'  emplois  plus  considérableii 
.  que  ceux  dont  il  l'avait  revêtu  jusqu'alors  ;  iMui 
confia  l'administration  de  la  justice ,  la  direction 
des  affaires  de  la  guerre  et  les  négociations  étran- 
gères. Ainsi  Tabbaje  de  Saint-Denis  devint  le 
centre  des  relations  politiques  de  la  France. 

Suger  répondit  à  la  confiance  de  son  roi  en  lui 
inspirant  ces  sages  règlemens.  qui  concoururent 
encore  plus  efficacement  que  la  force  des  armes  à 
rendre  à  la  couronne  de  France  l'autorité  que  les 
vassaux  avaient  usui'pée  sur  elle;  je  veux  parler 
de  rétablissement  des  communes ,  de  l'aflfranchîsse- 
ment  des  serfs,  et  des  mesures  prises  poui'  diminuer 
les  attributions  des  justices  seigneuriales.  ' 

.  Habile  négociateur ,  il  fitprévaloir  les  volontés 
de  son  maître  à  la  diète  assemblée  à  Mayence  le 
25  mai  1 125 ,  où  il  parut  en  qualité  de  plénipoten* 
tiaire  lors  de  Télectiondu  successeur  de  Henri  Y  > 


ji!)o  StJGER* 

cn)]uTCiir  cl*AIlemaffiio.  La  même  année  il  suivît 
I^uia*lc-Gros  dai)»  lu  ^urrre  que  ce  prince  entre* 
prit  pour  cliAlicr  i(;  coinU^  crAtivfrguC}  coupahle 
(le  yiuieuci*8  m  vers  i'ëv^ciue  dv.  CliTmout.  L*ar^ 
iiiëe  (lu  roi  mit  Iv.  sidgo  cirvnnt  cette  ville  3  l'ac- 
tion lut  vive  de  part  et  d autre;  il  j  périt  beau«« 
coup  de  moudc.  Sugcr  y  pensa  perdre  la  vie;  il 
dit  lui-iiit'jiic ,  dans  1(.'8  écrits  qull  a  laissés  9  que 
dans  cvtU*.  uocaKiou  il  ne  dut  son  salut  qu'à  la 
boulé  i\v  Bvs  armes. 

Les  luHloricns  p(>ns(*nt  que  eVst  h  cette  gncrfe 
qu'il  iaut  ra])))orU'r  roiigiiic  de  sa  conversion  y  si 
1  f)ii  peut  a]»p(il(*r  de  ce  nom  Le  ]>erf([*ctiounement 
de  la  verlu.  Le  péril  auquel  il  avait  eu  le  l>onbeur 
d'écliap])er  lui  rappela  vivement  la  fragilité  de 
la  vie  et  la  ^laudeur  de  la  Providence*  Bon  ci-* 
toyeu,  courtiHaii  sîueèrc,  ministra  sélé,  il  songea 
y>Lus  sérieusement  qu'il  n'avait  jamais  fait  à  deve« 
nir  un  moine  exemplaire)  et  h  pointer  dans  sou 
a)>lmye  la  rélormo  qu'il  allait  metti'e  dans  sa 
manière  de  vivre# 

Cv  fut  l'an  II 27,  le  cinquième  de  son  adminis* 
tration,  qu'il  s'oeeupa  de  léaliser  cette  pieuse  en-> 
treprisi*.  Les  leli^ieux  de  Saint-Denis  s'étaient 
souvcut  nu)ulrés  indociles  envers  ceul  de  leurs 
ahlies  qui  avaient  manifesté  le  m  £*me  dessein;  l'as* 
cendantque  Suger  avait  su  prendre  sur  ses  moines 
elait  si  puissant ,  qu'il  n'éprouva  de  leur  part  au- 
eime  rt'sislance  ;  tous  enihrass<Tent  la  réforme 
avec  ihlc;  l'abbaye  devint  l'édification  de  laohrë** 
tlonté,  et  iSnf'T  se  vit  l'objet  des  bénédictions 
de  tous  les  fidèles. 

Sa  table ,  ses  habits,  ses  équipa^  araient 
ehan^^é  de  face;  toute  pompe  mondameen  était 
retiancijée ,  et  L'abbé  de  Saint-Denis  ne  paraissait 
])lus  en  pui)Iic  qu'avec  l'eitérieur  le  plus  simple. 
Les  personnes  du  monde  n'eurent  plus  dis  lora  un 
si  lii)i'c  accès  dans  io  monastàrci  L'adminbtratioa 


*  .  _■ 


transférée  ailleurs*  ïî' afàUi  m4itte  rëadia  de 
ue  plus  repare^lre  à  la  cour;  maiale  roi  l'y  tap^ 
pelait^  sans  ces^  ^  et  ai  l'aUbë .de  Saint- Dmû^ 
croyait  de  son  cievbir  de  s'y  montrer»  ce  n'ëtait 
cpi'ayec  mip  modestie  qui  âifiait  tout  le  aionde» 
Le  soin  des  a&ires  piuiliques,  nehii  fiiisaitphiB 
u^liger  ceUe^  de  son  jEibbaye  ;  il  tenait  Itôujoura 
la  main  à  rotiservation  des  règlemens»  et  liéià 
n'y  souffrait  de  son  absence* 

Suger .  sayait  ainsi  depuis  quatre  ans  'concfr* 
lier  i  austëritë,  -du  cloître  ayec  les  deyoïrs  d» 
rhomme  d^tat,  lorsou'un  Mxndent  fuileste,  (pi 
remj^t  la  Fraisée  de  deuil,  lui  fournit  une  ooctt^. 
sion  nouyeUe  de  déployer  son  "zèle  et  sa  pru^ 
dence*  Le  jeune  Philip]^  »  fils  aîné  de  Lovus  le 
Gros,  ayait  .péri  au  muieu d'une  partie  de  plaisir;* 
Il  était  dans  sa  quatorzième  année;  son  père 
l'ayait  &it  sacrer  deux  ans  auparayant,  et  ce  içun6 
prince  donnait  les  plus-  belles  eiqpéraaces*  Sugèf 
ne  quittait  plus  le  roi  depuis  ce  &tal  moitiënt; 
il  employait  toutes  les  ressources  de  son  esprit 
et  de  son  éloquence  pour  calmersadouleur:  Louis 
était  inconsolable.  Cependant,  enhardis  par  cet 
événement,  que  l'on  croyait  du  plus  sinistre  au<^ 
gure,  des  seigneurs  et  des  évêques  séditieux  par- 
laient de  transférer  la  couronne  dans  une  autre 
famille;  les  plus  fidèles  seryiteui*s  du  roi,  le  roi 
lui— même  étaient  consternés  :  Suger  partagêleurs 
alannes ,  mais  non  leur  incertitode  ;  il  songe  à 
sauVer  l'Etat  et  la  race  royale  du  péril  qui  les 
menace*  Louis-le-Gros  est  infirme,  yalétudi- 
naire  ;  il  y  a  tout  à  craindre  qu'il  ne  yienne  à 
manquer  tout  à  coup,  et  alors  l'ambition  des 
grands  vassaux  de  la  couronne  n'aura  plus  de 
))ornes.  Pour  prévenir  ce  malheur  Suger  conleilla 
au  roi  de  faire  couronner  le  prince  Louis ,  son 
secondais,  devenu  l'aîné  par  la  mort  de  Philippe* 


%4aL  GODEFROY. 

d'y  reléyer  le  trône  de  David  et  de  Salomon* 
Mais  quel  choix  faire  ?  A  cjiiel  prince  donner  cette 
couronne  sacrée  ?  Le»  opinions  furent  longtemps 
incertaines  ;   pour   les  fixer  on  décida  que  ce 
cboix  serait  fait  par  un  conseil  particulier ,  com- 
posé de  dix  hommes  les  plus  reconuDandables 
du  clergé  et  de  larméc.  On  ordonna  des  prières , 
des  jeûnes  et  des  aumônes ,  pour  one  le  Ciel  dai- 
gnât présider  à  la  nomination  €pi  on  allait  faire* 
iCcux  qui  étaient  appelés  à  choisir  le  roi^de  Jéru- 
salem jurèrent  en  présence  de  Tarmée  chrëtienbe 
dç  n  écouter  aucun  intérêt,  aucune  affection  par-* 
tîculière ,  et  de  couronner  la  sagesse  et  la  yertu. 
Guillaume  de   Tyr  rapporte  que  les  électeora 
mirent  le  plus  grand  soin  à  étudier  l'opinion  de 
lamiée  sur  chacun  des  chefs ,  qu'ils  allèrent  jus- 
qu'à interroger  les  serviteurs  de  tous  ceux  qui 
pouvaient  avoir  des  prétentions  à  la  couronne  » 
et  qu'ils  leur  firent  placier  serment  de  révéler 
tout  ce  qu'ils  savaient  sur  les  mœurs ,  le  carac* 
tère  et  les  pcnchans  les  plus  secrets  de  leurs 
maîtres.  Les  serviteurs  de  Gode&oy  de  Bouillon 
rendirent  le  témoignage  le  plus  éclatant  à  sa  dou- 
ceur, à  son  humanité  et  surtout  à  sa  dëvotio^. 
exemplaire*  Quant  à  son  courage ,  il  avait  pour 
témoin  toute  l'armée  ;  on  racontait  à  TenYï  ses 
exploits  ;  nul  ne  réunissait  plus  de  suffrage  parmi 
les  croisés.  Après  avoir  mûrement  délibère»  le4 
él^teurs  le  proclamèrent  donc  roi  de  Jérusalem , 
et  cette  nomination  excita  une  allégresse  univer» 
selle.  Tous  s'applaudissaient  de  .voir  Godefiroy 
dépositaire  de  leurs  plus  chers  intérêts.  On  alla 
chercher  le   nouveau-  roi  dans  sa^maî^pa;  les 
électeurs  et  les  princes  le  conduisirent  en  tiiaai<^ 
])he  à  l'église  du  saint  Sépulcre ,  oii  il- prftasfir- 
meut  de  respecter  les  lois  de  Honneur  et  de  la 
justice.    Lorsqu'on   voulut   ceindre     80i|   firent 
du  diadème  et  lui  conférer  les  n^irques  de  1% 


GODEFROY.  i^S 

royauté ,  il  refusa  en  disant  «  qu'il  n'accepterait  * 
«  ]amais  une  couronne  d'ojp  dans  une  ville  où  le  • 
«  Sauveur  du  monde  avait  été  couronne  d'épines , 
«  et  qu'il  ne  voulait  d  autre  titre  que  celui  dé 
«  défenseur  du  tombeau  de  J,-C.  et  de  baron 
K  du  saint  Sépulcre.  » 

A  peine  Godefroy  venait-il  d'accepter  le  pé- 
YÎlleu-x  bonneur  de  gouverner  Jérusalem ,  qu'il 
se  vit  obligé  de  défendre  la  ville  contre  les  troupes 
du  Soudan  d'Egypte,  Une  armée  innom}3rable 
d'Egyptiens ,  d'Etbiopiens  et  d'Arabes ,  rassemblés 
au  nom  de  Mahomet  ,  s'avance  vers  la  capi- 
tale de  la  Judée,  sous  les  ordres  de  l'cmir  AfdbuII, 
le  m.ême  qui  avait  pris  Jérusalem  sur  les  Turcs  , 
et  qui  avait  juré  de  la  reprendre  sur  les  chré- 
tiens. Godefroy  alla  au-devant  des  ennemis,  les 
rencontra  dans  la  plaine  d'Ascalon ,  et  les  défit* 
entièrement* 

Après  la  bataille  d'Ascalon  les  Sarrasins  n'é- 
taient plus  en  état  de  tenter  de  nouvelles  entre- 
prises ,  et  eette  victoire  termina  la  guerre  de  la 
première  croisade.  Libres  enfin  de  leurs  vœux , 
puisqu'ils  avaient  enlevé  le  saint  Sépulcre  aur 
infidèles,  après  quatre  ans  de  travaux  et  de  pé- 
rils 5  les  premiers  croisés  quittèrent  Jérusalem , 
et  ne  laissèrent  pour  la  défendre  que  trois  cents 
chevaliers  et  la  valeur  de  Godefroy.  Ce  prince 
s'occupa  moins  à  étendre  son  nouveau  royaume 
qu'à  le  conserver  et  à  y  faire  respecter  l'ordre 
et  la  justice  ;  il  établit  un  patriarche,  fonda  deux 
chapitres  de  chanoines ,  l'un  dans  l'église  du  saint 
ijépulcre ,  l'autre  dans  celle  de  la  Résurrection ,  et 
donna  enfin  à  ses  sujets  un  code  de  lois  rédigées 
par  la  sagesse  et  par  une  piété  éclairée. 

n  ne  jouit  pas  longtemps  du  bien  qu'il  avait 
fait  ;  un  an  après  le  départ  de  ses  compagnons 
Oodefroy  mourut  à  Jérusalem ,  le  i8  juillet  iioo. 
Ce  héros  fut  aussi  intrépide  aux  approches  de  la 


2,1* 


%44  GODEFROY. 

ijiorl  qu^il  Tavail  ddl  thuiH  Ick  cotnimis  ;  Iiiî-mèitii! 
i.'xliortuit  h  la  rr^si^llu^iotl  tu*H  num  etwê  iiifrvil^ui*s 
(léfloli^g  ,  qui  j)|ruiainil  (ravuiK'fï  la  |M*r(fi  qu^îlt 
Qllaieiit  faii'i;.  Cnii6uM.  hiii*  h*  choix  dv.  iton  sut?cf?iH 
rti:ur,  il  n^pomlit  u  (|ur  cf*  (lovait  éti'e  celui  qui  eu 
u  Hi*rail  li;  nlus  ili^^iic.  » 

C(;  ^ruiMi  capitaituf  lui  vivenirnlrogr^ttdi  Plein 
(1('  courage* ,  )a  pnulc*iH*«  oX  la  itUKliÇralion  tnni]\é^ 
rcrruL  IfiMJour»  i»a  valeur ,  et  jainaiH  il  ne  l'exerça 
qu(*  cAHilVit  |('H  niiiiiinis  tle  la  foi.  Ficli^le  à  •« 
tiaroh* ,  libdt  al ,  dâmMvcMé ,  accvmhle  à  tous , 
irtt  princes  cl  les  ciievalici'H  le  rc^ardf^reiit  comme 
l(Mir  iiiociclc  y  cl  Ic8  HohIatH  connue  leur  jière* 
Dans  un  siiu;l(ï  où  1(1  (luperstitioii  dgarait  qutique<« 
lois  Ic^nieillcurs  csprils,  Croilcf roy  se  fit  rein ttr«* 
cjntrr  j)ar  un  zèle  ardent  pour  la  véritd  et  |i|ir 
uni*  (Icvolion  indhranlahle,  mais  (Sclaii'ée. 

u  Jamais  rantitpiitd  fahuleusi* ,  dit  Tublië  de 
i(  Clioisy  ,  ne  s\*«t  inni{;ind  un  lidros  aussi  parfait 
«  en  touUt  i'.liose  cpic  la  vdrltë  de  lliistoire  nous 
«r  repid.senle  (Mideiroy  de  Douillon.  Sa  naisaanoa 
u  dtaiL  illustre  ;  mais  ce  fut  sou  mdritc  ciui  Téleira 
u  aii-<lessus  des  aulnes,  et  Ton  peut  dire  de  lut 
«  que  bu  grandeur  fut  l'ouvrage  oc  sa  Tcrtu* 


StTGÈBL  «4$ 

•r 


SUGER , 

iBBE  DE  SAINT -^DENIS, 


^ 


«m 


onoËA  naquît  l'an  loSi^  iepkrmê  pÊMreê  e| 
inconnus.  La  rille  de  Saint-Denis  et  celle  dé 
Toory  en  Beauce  se  disputent  l'honneur  de  râYoiï' 
yu  naître  5  d'autres  yeulent  qu'il  ait  tu  le  jour  à 
$aint-Qmer,dansrArtoîs,Tille  alors  nouyeliettieat 
fondée  et  sans  considération.  U  était  âgé  de  neuf 
à  dix  ans  lorsque  ses  pareus  le  consacrèrent  à  la 
profession  religieuse  dans  L'abbaye  de  Saint-Denisé 
C*était  alors  une  coutume  très  en  vigueur^  dé 
fixer  le  sort  des  enfans  ayant  qu'ils  eussent  atteint 
lage  de  discernement;  elle  fut  depuis  sagement 
abolie. ^dam,  abbé  de  Saint-Denis,  ayant  remar* 
que  dans  le  jeune  Suger  les  plus  heureuses  dis- 
positions pour  les  sciences  ,  l'enyoya  faire  se» 
premières  études  dans  une  célèbre  école  aux 
environs  de  Poitiers.  Le  jeune  religieux  justifia 
pleinement  les  espérances  de  son  supérieur.  Aprèa 
avoir  obtenu  les  phis  brillans  succès  dans  tous 
ses  exercices  5  il  fut  rappelé  à  Saint-Denis  pour 
V  étudier  la  philosophie  et  la  théoloeie.  U  an- 
nonça dès  lors  ce  qu'il  serait  un  jour  5  «'il 
étomiaii  ses  maîtres  par  ses  progrès  surprQuans 


\ 


^  ^ 

Ministre  d'Etat  sous  Louis    VI  ^  dit  U  Grosl 

Ministre  et  Régent   sous  Louis    f7J>  ittt  tê  % 

Jeune» 


246  SUGER. 

vi  son  aptitode  pour  les  études  les  plus  d!i 
il  se  faisait  estimer  et  cbënr  de  chacun  par  Yéié^ 
nation  de  ses  sentinicus,  par  la  bonté  de  sou 
caractère  et  par  cette  modesLie  qui  est  le  plus 
bel  ornement  de  la  jeunesse. 

Philippe  V^  régnait  en  France.  Il  avait  confié 
aux  religieux  de  Saint-Denis  Téducation  de  sou 
fils  unique  Louis,  surnommé  le  Gros  y  héritier 
présomptif  de  la  couronne.  Dans  ces  temps 
diguoi ance  ,  où  Tou  ne  trouvait  des  hommc-s 
d'un  esprit  cultivé  que  dans  les  cloîtres ,  c*âait 
des  moines  qui  instruisaient  1rs  fils  dé  no9  rois* 
Le  jeune  prince,  malg^^c  son  a  fiabilité  9  qui  lui 
gagnait  tous  les  cœurs,  était  assez  dîfHcîle  sur 
le  clioix  de  ses  favoris  ;  mais  du  moment  q[a*il 
eut  vu  Suger  il  se  sentit  attiré  par  ses  manières 
douces  et  insinuantes,  par  son  air  enjoué  et 
spirituel,  et  conçut  pour  lui  une  amitié  tffd  ne 
se  cléuienlit  jamais  par  la  suite.  Souple  auprès 
des  grands  sans  bassesse ,  le  religieux  sut  tonjoun 
se  maintenir  dans  les  bonnes  grâces  du  prince» 

Telle  fut  lorigine  de  Télévation  de  Snger. 
Louis ,  1  appelé  à  la  cour  pour  prendre  part  an 
gouvernement,  n*oublia  pas  lami  de  sa  jennenc  ; 
il  lui  confia  d'abord  plusieurs  missions,  dont  Sucer 
s'aeipiiKa  avec  autiiut  de  zèle  que  de  succès.  Peu 
a  peu  le  prince  le  chargea  des  emplois  les  plus 
inipoi  Unis ,  et  finit  par  lui  accorder  une  oonfiaoce 
bans  horues. 

De  son  coté  labbé  Adam ,  qui  avait  tODJoors 
eu  pour  le  jeune  religieux  Ta ifectiGn  d*un  père  f 
se  plaisait  à  cultiver  ses  rares  dispositions  |KNir 
les  aHaires ,  et  ne  négligeait  aucune  occasion  de  le 
produire  à  la  cour.  Il  sVn  faisait  accompapMsr 
lorsqiril  était  appelé  au  conseil  royal  «  dont  les 
^l)lJés  (le  Saint-Denis  faisaient  partie  ;  d'antres  feis« 
quand  il  ne  pouvait  sV  rendre,  il  chargeait SagO" 
(1  y  uller  siéger  à  sa  place  ,  et  malgré  sa  jeunesse 


StGËR.  247 

l'on  vit  toujours  celui-ci  représenter  dlgnemeut 
sou  supérieur ,  qui  passait  lui-méine  pour  uu 
habile  politique.  Il  assista  aussi  à*  plusieurs 
conciles ,  où  il  fit  remarquer  ses  talens ,  son  élo- 
quence et  sa  capacité. 

Louis  le  Gros  ayant  succédé  à  Philippe  I*', 
Son  père,  mort  le  29  juillet  11 085  Suger  com- 
mença à  jouir  de  la  plus  haute  faveur  dans  la 
nouvelle  cour;  il  devint  Tâme  des  conseils  du 
roi  9  qui  ne  faisait  rien  sans  son  avis.  Uabbé 
Adam  saisit  cette  occasion  pour  le  revêtir  de» 
principales  dignités  de  Fabba  je ,  il  lui  donna 
les  prévôtés  de  Toury  et  de  Bernéval.  Ces  deujl 
charges ,  les  plus  importantes  de  la  commimàuté  9 
dispensaient  Theureuî  moine  qui  en  était  revêtd 
de  la  triste  vie  du  cloître  j  et  lui  procuraient  la 
jouissance  d'un  immense  revenu^  C  était  im  grand 
abus  que  cette  eicessive  liberté ,  dont  la  plupart 
des  prévôts  ne  faisaient  usage  que  pour  vivre 
dans  la  débauche  et  dans  l'indolence. 

Suger  ne  suivit  point  leur  exemple  5  s'il  n'intro* 
duisit  pas  les  pratiques  minutieuses  de  la  dévotioii 
monastique  dans  les  prévôtés  soumises  à  sa  surveil* 
lance,  il  y  fit  régner  Tordre,  et  en  bannit  l'oisiveté. 

Celle  de  Bemeval ,  comme  tout  le  duché  de 
Normandie ,  dont  elle  dépendait ,  était  sous  le  joug 
de  Henri ,  roi  d'Angleterre.  Le  nouveau  prévôt 
sut  bientôt,  par  ses  habiles  négociations,  afifranchir 
cette  ville  de  l'oppression  des  officiers  anglais  ; 
mais  il  ne  vint  pas  aussi  facilement  à  bout  de 
délivrer  Toury  des  vexations  de  Hugues ,  baron 
du  Puiset ,  qui  infestait  la  province  de  ses  bri- 
gandages. Les  seigneurs  des  environs ,  intimidés 
par  l'audace  et  la  puissance  de  ce  petit  tyran, 
n'osaient  se  plaindre  au  roi  de  France ,  ou  tenter 
de  se  faire  justice  eux-mêmes.  Suger,  qui  avait 
choisi  la  prévôté  de  Toury  pour  lieu  de  sa  rési- 
dence ,  les  fit  rougb*  de  leur  lâcheté  et  les  engagea 


2^V>  sroER. 

;i  pn'soiitor  aiiroî  une  ro(iiirlo  conh'o  le  srîfçiirnr 
(la  J\iis(t,  pronu'tlant  d  appiiviM'  leur  clciuaiidn 
tir  N)îi!  son  orcclil.  Louis  \c  («rosn  prîtioo  actif, 
plein  (le  coumi^e,  e(  surtout  einiein!  de  rinjusticT, 
!.alsll  a\ee  ardeur  i'oeeasi(Ui  de  cliafii^r  cet  iiiso- 
î{  ut  vassal. Oii  résolut d'ahord  de  pnucder contre 
lui  nar  les  \oies  jurîdi(|ues.  Sonnné  de  C(mi]Ki- 
raiti'(*  doaiit  le  roi*  lingues  l'iiuse  avec  nicpris 
de  s  N  lendic;  il  (  si  (!eelar(î  eriniim»!  de  lès(- 
niaji  sie  ,  et  eoiulannu'  par  contumace.  Louis  se 
(lisjiose  à  prendre  les  arnu»s  pour  allrr  exécuter 
îui-uKuno  la  sentence.  Cependant  Sui;er,  ayant 
|)ar  son  ordre  lève  des  troup(»s  et  fortilié  Tcniry, 
i>'v  renferma  en  atteudaiil  rarri>ce  de  TaiMUCC 
roNale. 

Laut-il  entrer  dans  le  détail  de  cette  oxpédîtîoii, 

(pii  coûta  tant  de  sanj;  ii  la  France,  et  dont  lolij(t 

et  les  r('sultats  nous  semblent  aTij(mrd  liui  si  peu 

imporlans  ?  L'un  des  prin(»es  les  plus  valeureux 

de  son  si(Vle ,  Louis  le  («ros,  perdit  plusieui*s  au- 

ïiées devant  le.»  château  du  Puisct,  qui,  d'après  le 

témoi^na^e  des  Instoiiens  conten\porains,  ii*avart 

pimr    fortifications  (pu^  des  mui's  de  bois.  Deux 

fois  >aiiUHi ,  deux  t'ois  épari^né  par  la  clémence  de 

ce  prince,  et»  ne   fut  (pi après  \mo  truisièiiio  dt*- 

faite  (pu'  le  l>aron  du  Puisel,  sentant  ipi'il  n*avait 

■plus  de  ])ar(Ion  à  espérer,  prit  la  fuite ,  et  se  jeta 

dans  les  troupes  (|ui  tous  l(*s  ans  partaient  pour 

la   terre  sainte»  :    c'était  alors  le  refuse  de  tous 

les    mallu-nreux   :    celui-i*i    mourut  en   chemin. 

INMidanl  toute   cette    çjuerre    Sut^er  déploya   le 

courage    d'un  soldat  et  Thahileté  A\iii  çéitëml. 

Tianstormét»  (MI    plac(»  d'arnu^s,  i'hahitaliou  d*uii 

^iin;  le  religieux  teirait  en  res}>rct  un  ennemi  que 

Louis  le   Gros  a>ait  tant  de  peine  ik  vainci'e.  Co 

prince  en  coiuHit  une  nouvelle  estime  pour  Sufijer, 

et  di'puis  ce  temps  il  jeta  toujoui^  le8  yeux  sur 

lui   l(H-Si|u'il  avait  besoin  d'uu  hoimiic  iiTuw  U 

Àuîxcpidc. 


...,Qlidqo«ft  anaéçs  après^ayant  à  traiter  une  |i^ 
.£ure  ûiiportaute  arec  le  pape  Cfidute  III ,, Louis 
charaéa  de  cette,  négocîsitîon  le  prévôt  dé  Tiourjr» 
qui  El  tennina  à  la  satisfaction  des  deulc  poitfeii* 
£pmme  celui  ~  ci  se  disposait  k  retomuer  en 
.Fraqce,  le  pdntife»  qui  avait  conçu  laplus  hàt^ 
idée  de  son  méritev  voulut  le  retenir  et  l'attacher 
à  sa  personne  par  quelque  fonction  ëminentei 
mais  Suger  ne  voulait  servir  que  sa  patrie  et  SQti 
xt>i;  il  refusa  les  offires  honorables  du  pilpe. 

Adam  ,  abbé  de  Saint-** Denis  ,  était  mort 
le  19  février  1122,  pendant  que  Suger  était  en- 
core à  Rome  :  les  religieux ,  sans  attendre  son 
retour ,  l'élurent  d'une  voix  unanime  pour  rewr* 
plir  la  place  vacante.  Le  roi,  non  content  de  conr 
nrmer  son  élection ,  honora  le  nouvel  abbé  d'uâie 
distinction  bien  glorieuse  ;  il  se  rendit  à  Saint- 
Denis  le  jour  que  Suger  y  arriya,  et  le  reçut 
ayec  toutes  les  marques  de  l'affection  la  plus 
touchante.  Ce  monarque  proûta  de  l'occasion 
pour  lui  donner  des'  emplois  plus  considérables 
que  ceux  dont  il  l'avait  revêtu  jusqu'alors  ;  il  lui 
confia  l'administration  de  la  justice ,  la  direction 
des  affaires  de  la  guerre  et  les  négociations  étran-» 
gères.  Ainsi  Tabbaje  de  Saint-Denis  devint  le 
centre  des  relations  politiques  de  la  France. 

Suger  répondit  à  la  confiance  de  son  roi  en  lui 
inspirant  ces  sages  règlemens.  qui  concoururent 
encore  plus  efficacement  que  la  force  des  armes  à 
rendre  à  la  couronne  de  France  l'autorité  que  les 
Tassaux  avaient  usui'pée  sur  elle;  je  veux  parler 
de  l'établissement  des  communes ,  de  l'affranchisse- 
ment des  serfs,  et  des  mesures  prises  pour  diminuer 
les  attributions  des  justices  seigneuriales. 

Habile  négociateur,  il  fit  prévaloir  les  volontés 
de  son  maître  à  la  diète  assemblée  à  Mayence  le 
25  mai  1 125 ,  où  il  parut  en  qualité  de  plénipoten- 
tiaire lors  de  Télectiondu  successeur  de  Henri  Y  > 


%io  StJGERé 

emiureur  d^Allemagiic.  La  même  annëe  il  suivit 
Ix>ui»^le-Gro8  dans  la  guerre  que  ce  prince  entre* 
prit  pour  cbÂticr  le  comte  d^Auvorgue^  coupable 
de  violences  eiiyers  rëvéque  de  Clerniont.  L*ar^ 
inée  du  roi  mit  le  siëge  devant  cette  ville  ;  i'ac~ 
tion  lut  vive  de  part  et  d autre;  il  j  périt  beau- 
coup de  monde.  Suaer  y  pensa  perdre  la  yie;  il 
dit  lui-même ,  dans  les  écrits  qu'il  a  laissés  ,  que 
dans  cette  occasion  il  ne  dut  son  salut  qu'à  la 
bonté  d(3  SCS  armosé 

Les  ijislorirns  pensent  que  c'est  i  cette  guerte 
mi'il  faut  ra]>porter  Toriginc  de  sa  converaion  i  si 
1  on  peut  appeler  de  ce  nom  le  perfectionnement 
de  la  vertu*  Le  péril  auquel  il  avait  eu  le  bonbeur 
d  ecliap])er  lui  rappela  vivement  la  fragilité  de 
la  vie  et  la  grandeur  de  la  Providence*  Bon  ci** 
toycn^  courtisan  sincère  9  ministre  zélé,  il  songea 
plus  sérieusement  qu'il  n'avait  jamais  fait  à  deve« 
liir  ini  moine  exemplaire  $  et  à  porter  dans  sou 
a])l)aye  la  réforme  qu'il  allait  mettre  dans  sa 
manière  de  vivre* 

Ce  fut  l'an  il 27,  le  cinquième  de  son  adminis" 
tration,  qu'il  s'occupa  de  réaliser  cette  pieuse  en-» 
treprisf*.  Les  i*eligieux  de  Saint-Denis  s^étaient 
souvent  montrés  indociles  envers  ceulL  de  leurs 
abliés  qui  avaient  manifesté  le  même  dessein;  l'as* 
cendantque  Snger  avait  su  prendre  sur  ses  moines 
était  si  ])uissant,  qu'il  n'éprouva  de  leur  part  au* 
cune  nfsistancc  ;  tous  embrassèrent  la  réforme 
avec  zèle;  rab)>aye  devint  l'édification  de  ladirë« 
licnté,  et  JinfT  se  vit  Tol^jet  des  bénédictioaf 
de  tous  les  fidèles. 

Sa  tiiblc ,  ses  habits,  ses  équipa^  ayaient 
elinngé  de  face;  toute  pompe  mondameen  était 
r(> tranchée ,  et  l'abbé  de  Saint-Denis  ne  paraissait 
])ius  en  public  qu'avec  l'extérieur  le  plus  simple* 
Lrs  personnes  du  monde  n'eurent  plus  dès  lors  un 
i»i  libre  accès  dans  le  monastère*  L'i       '  ' 


'  / 


I    tn^ranee   «illears*    K  .aTAii*  même  résK^u  de 

'■   4ieplii9  répars^fre  à  la  odqt;  nurâte  roi  Ty  rap- 

'  fdi^t  ^aiiS;Cei9e»  et  ai  l'aÛié.âe  Samt*>Dem^ 

^.  d^i^ît  4à  Bon  oeybir  de  «V  numtfer»  ce  n'était 

E'ayoc  imp  modestie  qui  âifiait  tout  le  aionde* 
soîii  desf  «iffidres  publiquçs,  ne^lui  faisait  plus 
péf^iger  .celle$  àè  son  jAbbaye  )  il  tenait  liôajoivr» 
la  main  à  l'observation  des  règlemens^  et  rié|tt 
>     n'y  souffrait  de  son  absence* 

Suger .  sayait  ainsi  depuis  quatre  ans  "COUCiN 
lier  Taustérité..  Au  cloître  ayec  les  deroirs  à» 
ll^iHiime  d^tat  f  lorsqu'un  accident  fuAeste ,  (pi 
renqplit  la  Fraisée  de  deuU,  lui  fournît  une  ooca<^ 
non  iQioayeUe  de  déployer  son  ^le  et  sa  pm-^ 
d^ce*  Le  jeune  Philippe  f  fils  aîné  de  Loob  le 
Gros ,  ayait  .péri  au  muieu  d'une  partie  de  ^aiair;« 


ne  quittait  plus  le  roi  depuis  ce  &tal  niditiènt; 
il  employait  toutes  les  ressources  de  son  esprit 
et  de  son  éloquence  pour  calmer  sa  douleur:  Loui» 
était  inconsolable.  Cependant,  enhardis  par  cet 
événement ,  que  l'on  croyait  du  plus  sinistre  au«- 
gure  9  des  seigneurs  et  des  évêques  séditieux  par- 
laient de  transférer  la  couronne  dans  une  autre 
famille  ;  les  plus  fidèles  serviteurs  du  roi ,  le  roi 
lui— même  étaient  consternés  :  Suger  partagêleurs 
alarmes ,  mais  non  leur  incertitude  ;  il  songe  à 
sauver  l'Etat  et  la.  race  royale  du  péril  qui  les 
menace*  Louis-le-Gros  est  infirme ,  valétudi- 
naire 5  il  y  a  tout  à  craindre  quHl  ne  vienne  à 
manquer  tout  à  coup,  et  alors  l'ambition  des 
grands  .vassaux  de  la  couronne  n'aura  plus  de 
bornes.  Pour  prévenir  ce  malheur  Suger  conleilla 
au  roi  de  faire  couronner  lé  prince  Louis ,  son 
secondais,  devenu Tainé par  la  mort  de  Philippe- 


2â2  StJGER. 

Le  roi  accueillit  cet  a?.is  ayec  tran^ort»  tt  ta 
ilouleur  parut  se  calmer. 

Le  coui'oniH'iiieut  du  jeune  roi ,  qui  eut  lieu  à 
Rheiins^  le  2,6  octobre  ii3i  $  ejias8Ui*aat  un  suc- 
cesseur à  Louis-le-Gro8,  appaisa  les  craintes  du 
luoiiarque  et  riiicjuiétude  de  la  natiou.  Sugeryuui 
avait  inspiré  h  sou  maître  une  démarche  si  saiu'» 
taire ,  lui  devint  plus  cher  que  jamais  ;  la  famille 
royale  ne  parlait  de  lui  qu  avec  reconnaissance , 
et  les  courlisaiis  lui  témoignaient  le  plus  profond 
respei.t.  Paraissait-il  au  conseil ,  tousles  membres 
de  cette  assemblée  auguste  se  levaient  eu  sa  pré* 
seuce  ,  et  attendaient  pour  se  rasseoir  qu'if  eût 
pris  sa  place;  ils  n'osaient  rien  décider  en  sonab* 
jsenoe;  c'était  toujours  son  avis  qu'ils  adoptaient, 
et  bien  souvent  ils  Tobligeaient  de  répondre  pour 
tous  aux  difficultés  que  le  roi  leur  proposait.  Mais 
tu  ut  iriioimeurs  n'étaient  pour  dinsi  aire  que  le 
prélude  de  c(*ux  auxquels  la  Providence  le  aesli-' 
liait  ;  Suger  avait  encore  un  plus  grand  rôle  à 
jouer  sur  la  scène  du  monde* 

Louis  VIT ,  dit  le  jeûne ,  qui  avait  snccédrf  I 
Louis  le  Gros,  mort  le  i^'  aoûtilSy,  eut  comme 
son  père  de  iVé(pientes  guerres  k  soutenir  contre 
SCS  vassaux;  comme  lui,  il  consultait  sovrent 
Sug('r;  mais  il  n'eut  pas  d'abord  le  bon  esprit  de 
suivre  toujours  le  conseil  de  ce  sage  ministe,qui 
eût  pu  supplét  r  à  son  incapacité. 

Il  avait  mis  la  ville  de  vitri  en  Pertoia  à  feu 
et  à  sang  (  1 14^3  )  ,  pour  se  vefigor  de  Thibrad» 
comte  de  Champagne.  Saint  Bernard  TeMagm 
à  faire  une  croisade  eu  personne  pour  expwr  ce 
crime.  Supérieur  k  son  siècle ,  Sugnr  aenlaii 
Tabus  de  ces  expéditions  lointaines  s  qui  «  lui  - 
Ut  iist's  pour  les  peuples  y  fur\*aient  les  rois  à 
ahaiidonuer  les  rênes  du  gouvernement.  U  t*9p~ 
pi>>a  ritrtonu'ut  à  Tavis  de  saint  Bernard  ,  et 
tiuhu  lit*  persuader  uu  roi  d^  euvoj'er 


F 


SCfCEEK.'.  «5S 

0éat  de  I  «t  db  rester  dans  mb  Etals  Sr 

«  Bfois  )  aii;.  le  pr^ideôt'  JUoauIt  ,  les  cou*' 
c  «etk  de  saint  Bernard  ëtâieat'  reçus  comme 
«  des  ordres  dft  cieL  II.  avait  ëtë  donne  à  cet 
«  bowQfte  ei(traordina^*e  dé  doimacr  les  esprits; 
%  Ûtilerojaif  d'un  moment  à' IsLOtre  pwer  dn 
iç  fb^.  de  apH'  dë&ert  afi  miUeu.dea  cours;  jamais 
m  4^plaèë,sa|is titre, sans. caraeftàre,^ 
cette  co^Alliration  gui  est  aib^dessus  de  l'ântb— ^ 


m  aà;  sii|)|di6  W>ine  de  Glairraui: ,  plus  puissant 
$i  ipe  TabBiT^iger ,  premier  ministre  de  jPranceV 
â  oepeiidaul  Saint-Bernard  n'était  pas  nn  aussi 

«  (piiMl|k)litiqueq[n'il,étaitim  saint  nomme  et  lu 
«  bejL.esj^rit.  »    .:  t  i  :  îj^f*  r 

Avant  de  partir  pour  Ik  terre  >saintèiIetMni« 
liât  lime  assembljfe  a  Etampes-.  ^mmbt  gr\dtflibéraR> 
spr  lejAeoixdWiri^^t.  Jamais  élection  ne  se  fil 
8rTee.,fiUis,de  droitiire'et  d^quitë.  U  fallait  pcmr 
r^pier  un  homme  également  agréaMe  au  pnnce  » 
JMox  (prands  et  au  peuple ,  un  génie  consommé  dans 
I^  âffiores  par  une  longue  expérience,  et  mii  sût 
iJUer  la  douceur  et  la  fermeté.  Tel  était  l'abbé 
Snger  :  top0  les  suffrages  se  réunirenten  sa  &yeur« 
Jl  refusa  d'abord  cet  emploi,  dont  il  sentait  tout  le 
focde^u;  m^s  il  fut  obligé  de*  céder  à  l'autorité  dn 
pape ,  qui  lui  commanda  expressément  de  se  sou-* 
mettre  au  y  œi^  unanime  du  prince  et  de  la  nation* 
On  lui  associa  le  comte  Raoul  de  Vermandois  y 
qui.  fiit  chargé  du  commandement  des  armées  sous 
L'anliorité  du  régent. 

,  Tandis  ^e  Louis  ne  retirait  d'autre  fruit  de  son 
expédition  .que  la  double  honte  d'être  vaincu  par 
les  infidèles  et  déshonoré  par  Eléonore  sa  femme  ». 
qui  l'accompagnait ,  la  France  fut  paisible  sous  le 
gonvememeat  paternel  de  Snger.  IL  sut  réprimer 
par  des  règlemeus  sévères  la  cupidité  de  ceux  oui 

Erofitaiènt  de  l'absence  di^  roi  pour  s'emparer  des 
îeos  ^  l^lise.  }1  administra  le  trésor  royal  aveo 


%IÎ4  SUCER* 

tant  cIVconotnie  9  V^^y  («niis  fouW  les  pmipli*! ,  il 
trouva  Iff)  moyen  dVnvoycr  pltiBicuiv  nii»  det  bt- 
CTuiiiM  criit^nil  Hii  roi* 

i'rol4!ctrnr  iUi  luiblc)  il  <$(nif  le  tténu  dp  l'on- 
prcMM'iir;  crtiint  vl  ith]ktU5  dlint  If*  loynnmcfi  h 
1  L'gal  rlii  HoiivPt'Hin  !(•  |ilii»  hIihuJii  ,tbut  pliait  soiitf 
fM*8  0i(lrcH.  J^'H  pn'inicrfi  p>rMontiAgf'ii  dt' !*£!■(  y 
\vH  pi  inci'H  fin  HAng  iii^iinm  ri*ronhoiiihRif*nt  Mii 
iHiioi'il4^,  vl  hii  prodi^iuiirnt  le»  titrât  de  gran^ 
ilv.itr  cfl  iV€tUc^,sr,  Mi  qiiclmifH-uns  dVnt]*u  fiix 
vonlHinil  nv.  Houfttruirr;  h  lolidiHMittce  qulli  lui 
drvuîfnt,  Sii^f^r  savfiit  bi#*nti)t  les  fnire  rcttirtr 
duntilr  (lfvoii'.(fCoirroi,duu(U*  NortnBndtf^yNjrant 
rrfiiM;  dr  servir  daiiA  rannc^e  rran^*aisi?<*n  qualité 
di;  vaHital  de  la  eouronm.*|  le  réff/nttt,  après  avoir 
i*pnisi1  avec  lui  lea  Tii(»yens  de  persuasion  9  finit 
par  enqdoyer  les  c»rdres  et  1rs  menaces  :  le  duc 9 
(lui  cnnnaiNHait  la  fenneM  de  Stiger  9  prit  le  parti 
a  oijiiir.  iiaoïd  ,  comte  de  Vninnndoisy  beaii-mre 
d(;  LouÎN  le  Jeune ,  qui ,  comme  nous  i'arons  vu  1 
avait  éié  nonniif^  lieutenant  ^ën<$ral  des  armées 
M»uH  1»  regeiit,  Hâtait  enipni^  de  la  citadelle  de 
iJour^es  y  dont  le  i*oi  avait  confié  la  garde  à  Far» 
ehevécjue  de  eettn  ville  :  Itfprélnt  s'en  plaignit  k 
Siif^rr  :  ephii-f!i  commanda  d*un  ton  si  absolu  an 
(  onde  dVivacner  la  ]dare ,  cpie  liaoul  la  remit  au^ 
i»ilot  entre  leH  main»  de  lareliev^mie* 

i..a  iciMjhilîon  du  HaL;e  nUlté  de  oaint-*Denis  s^ 
tendait  bien  an-<delh  dea  liniitf'S  de  la  Franoé*  Il 
j-eeeviiiteliaque  jour  de»  tf-moignages  éoUltaiiaiAa>* 

timc  de  la  part  <lrs  souverains  étrangeriy  ^fA 
plus  d  une  foiii  le  prirent  pour  arbitra  dé'  bliri 
dîflerenH.  Sur  un  faut  bruit  oui  courait  qwSv|er 

M'iiiit  emharqiiii  pour  la  iSirile»  Rogerj  roi  de 
i'vUr  eonhtre,  Nortit  de  ses  Etats  pour  aUar  4  sa 
reiiroidt  e.  David ,  roi  dl£cosse  j  envoya  au  rifasBt 
liiif  andiawinde  pour  lui  demander  son  amilUb 
Cijieiidanl  Louis  le  Jfune   entretOAMl'  afCi 


l'  - 


fiivtaetiam  ci^mspôndaiice  mn^m*  Dt]iftMi]pMtioià 
iulWiTassaiite,  ce,  prinpe  denuinJuit  des  6<»i8eib 
an  sage  miiûsùre  ;  mais  la  lenleur  et  la  difficultrf  . 
dçB  commiinifcàtiops  fiaisaientâQe  cet  conseils  arri- 
vaient la  plupart  du  temus  lortqiie  Vimprudeajt 
monar^e  atait  commis  oes  &«tes  irrëpArables. 
Le  r^ent  aurait  youlu  laisser  igiMirer  les  Jioiif-' 
wUfS  accablantes  qu'il  recevait  de  la  Palestine; 
a&ctant  un  air  calme  et  tranquille  »  il  les  tenait 
secrètes  ]e,  -plv9  long-4emps  qu'il  pouvait  ;  mais 
ces  bruits  finissaient  toujours  par  se  répandre  9  et 
jetaient  dans  la  France  des  alamœs  d'autant  rius 
TÎTei.,  que  des  esprits  mal  intentionnës  se  [dal^  - 
svent  encore  à  aggraver  le  mal  qu'il  était  àéu-»  ' 
I^afi&i  permis  de  soupçonner*  (m  reconnaissait 
alors  combien  Louis  lé  Jeune  eftt  Agi  sagement  ' 
si,  moiiîs  ébloui  de  réloquence  de  saint  Bernard  » 
il  eAt  îiMvi  les  conseils  de  Fabbé  de  SiLutt^Denis^ 
etne  le  fut  pas  engagé  en  personne  dans  cette  &-* 
tale:e]qp^tion  ;  cnacun  vantait  la  prévoyance  du 
sage  ministre  ;  la  France  ,  tranquille  sous  son  ' 
aamittistration  paternelle,  le  bénissait.  Saint  Ber* 
nard  y  au  contraire  ,  était  l'objet  des  trop  justes 
reproches  de  toute  la  chrétienté.  Le  moine  de 
Oairvaux  crut  se  justifier  en  rejetant  sur  les  crimes 
des  croisés  tout  le  mauvais  succès  de  l'entreprise% 
Quelque  disposés  qu'eussent  été  les  grands,  à 
ee  soustraire  à  l'obéissance ,  nous  avons  vu  que 
la  prudente  fermeté  de  Suger  savait  les  contenir; 
mais  la  fin  de  sa  régence  ml  signalée  parome  ré^ 
Tolte  beaucoup  plus  dangereuse  que  toutes  celles 
au.^  avait  étouffées  jusqu'alors*  Robert,  comte 
de  Dreux,  frère  du  roi,  était  revenu  de  la  Pa-f 
lestine  quelques  mois  avant  Louis  le  Jeune  ;  il 
entendît  les  murmures  des  peuples  contre  l'im-r' 
prudent  monarque ,  et  résolut  de  profiter  de  ce 
mécontentement  pour  s'emparer  du  trône.  Il  se 
fit  bientôt  un  grand  nombre  de  partisans  clan^  les 


a56  SUCER. 

pi-ovinces,    et  était  sur  le  poîut  de  se   rendra 
luaitre  de  pliisieiii'»  places  importantes.  •  ^ 

Sus^er. ,  averti  des  coupables  pi*o)ets  du  comte 
di^  Dieux,  Ht  tous  ses  etVorts  pour  'en  prévenir 
les  i  tVets.  Cette  alVaiiv  lui   donna  tant  cVinquië» 
tuile,  que ,  si  l  ou  eu  croit  sou  biographe  latin 9  sa 
saute  eu  tut  aiteiée,  et  que  ses  cheveux  devini*ent 
eutièn*ui«'ut  l)laiics«  Après  avoir uiisde  hôniirsg^r* 
iiis(uis  du  us  toutes  les  villes  du  royaume ,  et  desti- 
tué les  gouverneurs  dont  la  fidélité  lui  était  su*- 
p'cte  ,    il  convoque   l(*s  états  -  généraux  pour 
preiulre  des  mesures  eflieaees  coutiv  les  factieux. 
Ou  vit  venir  à  cetteasstMubUkïtoutcequ^il  v  avait 
de  plus  quuliiîé  punni  les  seigueui*s  et  les  pi-élats 
Iraii^uis.  Roiicrt  de   Dreux  }'  parut  aussi  %  suivi 
duue  uoiubrcuse  eset>rt(*.  Peu  intimidé  de  cet  ap« 
pareil ,  Suger  parla  d*alH)i*diHmtre  tous  les  rebelles 
avec  une  fermeté  qui  les  iléconcerta ;  puis»  prenant 
à  parti  le  prince  coupable,  il  le  pressa  si  vive- 
ment que  Robert  se  vit  tbivé  d  avouer  sou  crime 
et  dt?  rentier  dans  le  devoir. 

Ainsi  liuiuiliés  par  le  régent,  les  factieux  réso* 
lurent  de  se  venge >r.  Il  était  diflicile  d*atteiiler  à 
sa  vie;  Sugerniaivhaittoujoui'suocunipasnë d'une 
suite  nominvuse,  et  daiUeurs,  sûr  de  la  fi<iëlittf 
de  ceux  qui  reutouraient,  il  ne  craignait  pas  plus 
le  poison  que  le  ter.  Ses  (>nneuiis 'prirent  alors  le 
parti  de  le  perdre  dans  Tesprit  du  roi.  Ils  firent 
parvenir  à  ce  prince  dillérentes  lettres  i|ui  ten- 
daient à  l'endi'c  suspecte  la  conduite  de  r 
nistre. 

Pendant  la  tenue  des  états  Suger  eut 
une  occasion  de  déployer  son  courage*  Une  qne* 
relie  violente  s'élaut  élevée  eutre  le  comte  de 
Dreux  et  Henri ,  fils  du  comte  de  Champagne ,  œs 
deux  princes ,  également  fiers ,  avaient  roolu  de 
vidf'r  leui-s  diilérens  par  les  armes.  Le  jour  était 
indique  poui*  le  combat;  tous  les  granos  avaient 


n 


ril^àrti  p4  Vta  ôd  l'^iktre  chcuoplon.  Suger 
Itlle  d'abo;  le*  récohtnlier  ;  inais  voyant  que 

'  -te»  «.fia  ui  Kl  prières  nt  pouvaient  nea  sur 

'  f  il  u^  de  Son  Aatanté.  Il  leur  défendit  de  la  " 
■i^  '  Ja  roi  de  K  battre ,  stou  mt^nacc  de  les  iâlre 
C^Âter.  ills  reftuaîeBt  d'oWu'.  Les  deux  princes 
j^âalfTOulu  transgresser  ses  ordres,  Sugn-Ieafit 
ju^der  ft  vue  jusque  ce  C[u'ild  eosseof  jtirë  de  n~ 
ioDcer  à  leur  dessein.  ^        ■   ■  , 

,!«  &ible  Louis  le  Jeune ,  qui  n'aTsIt  que  tro'p 
halement  ajoute  foi  aux  calomnie*  dirige  contre' 
Otimiaistre ,  cràt  alors  que  su  présence  ^bùtabso-- 
unentnëceMaire  en  France,  etœ  songea  |4uBqaï 
■AlaPMn  retoflr  ;  c'rtait  avancer  le  moment  de  là 
mtification  de  Sujger.  Arriva  i  R(»iie,  ce  JKioos 
'irréla  quelques  jourd  auprh  dâ  toanrain  pèa- 
ifâs.  Le  Saint-Père  lui  parla  si  a'^otageùHment 
le  la  sage  administration  et  de  la  fidâittf  dfl 
înger,  qse  Louls,  entràtaë  par  an  tÛBoignage 
iBsR  re^ectaUe,  se  {wvmit  Men  de  rendre  toute 
«owifiance  à  ce  Té\é  serviteur  ;  il  voulut  mente 
■Tant  de  quitter  Rome  lui  donner  des  marques 
tulhentiques  de  sa  satisfaction  ,  en  liu  adressant 
a  lettre  la  plus  obligeante  qu'un  souTerain'pnisse 
Ecrire  it  un  sujet  :  «  Qu'il  me  tarde ,  mon  cher  ami, 
ui  mandait-il ,  qn'il  me  tarde  de  vous  vdir  et  de. 
rous  embrasser!  Venez  au'devant  de  moi  nu  jour, 
plutôt  que  les  princes  et  les  seicneurs  de  ma  cour, 
iGn  que  je  puisse  apprendre  de  vous  seul  ce  qui 
l'est  pass^  dans  mon  royaume  pendit  mon  ab-« 
lence.  Ce  que  vous  ine  airet.  sera  la  règle  de  ma 
;onduil£.  ■> 

Louis  le  Jeune  an-iva  enfin  dans  le  mois  de  bo- 
remhre  1 149 ,  après  deux  ans  et  quatre  mois  d'nb- 
tence.  Son  entrée  à  Paris  lut  aussi  magnîlîqne  que 
l'il  fût  revenu  vainqueur  des  infidèles.  Sucer  re—  ■ 
oait  alors  entre  les  mains  de  sou  roi  les  renés  dà 
j^ouvcrnement  avec  pins  de  joie  qu'il  ne  les 
Tome  II.  aa        ■ 


*%S&  SUGER. 

avait  acceptées.  Ce  iour  fut  téritalilaineiit  pour 
lui  seul  un  jour  de  triomphe*  Louis,  channe  des 
heureux  résultats  de  ladiniaistration  du  sage  mi-* 
uistre  9  ne  crut  pouToir  mieux  lui  en  tëmoisper 
sa  satisfaction  et  sa  reconnaissance  qu*en  lui  dccer» 
nant  publiquement  le  glorieux  titre  de  Pèrtde  la 
Patrie. 

Au  titre  de  régent  près ,  Suger  conserrait  tou~ 
jours  la  même  autorité  ;  jamais  il  n*eut  plus  de 
crédit  et  de  puissance  que  depuis  le  retour  du 
i*oi.  La  paix ,  la  guerre ,  les  traités,  les  alliances  » 
les  iinanees,  les  ailaîi*es  civiles  et  ecclésiastiques  y 
tout  dans  le  gouvernement  était  soumis  à  la  déci* 
sion  de  labbé  de  Saint-Denis.  C'était  à  lui  que 
Ton  s*udresâaitd*aboixl  pour  obtenir  quelque  grâce 
du  roi ,  crui  ne  faisait  rien  sans  son  ministre*  En 
laissant  ainsi  régner  Suger  sous  son  nom ,  ce  mo- 
narque prenait  le  parti  le  plus  sage»  car  ai  iparfois 
il  se  mêlait  d^agir  sans  le  consulter  >  il  s'encaseait 
dans  les  démarches  les  plus  imprudentes»  Ahlheu- 
reusenu'ut  i>our  la  France  et  pour  lui ,  Louis  le 
Jeune  se  vit  prive  trop  tôt  de  1  appui  de  sa  ûu- 
blesHt?  ;  la  mort  lui  enleva  cet  ami  fidèle  le  i3 
janvier  11  Sa. 

Suger  était  alors  ûgé  de  soixante-dix  ans*  Sa  fit 
avait  été  exemplaire  ;  sa  mort  fut  édifiante.  Depuis 
«(uelque  temps  il  n'allait  plus  à  la  cour  ,  nialgi'é 
les  instantes  sollicitations  du  roi.  Sentant  sa  lin 
prochaine  ,  il  avait  voulu  terminer  sa  can*ière  au 
s<Mn  de  son  abbaye ,  et  consacrer  à  Dieu  lea  der- 
niers jours  d*unc  vie  qui  avait  été  si  utile  à  la 
patrie. 

La  France  le  regretta  longtemps.  Le  roi  >  qui 
voulut  honorer  ses  iunérailles  de  sa  prëseiioe9  lui 
iloiiiia  des  larmes  sincères.  «Ce prince >  ditMé- 
«  iviiïi ,  se  trouva  aussi  ébahi  de  cette  mort  one 
«  le  serait  un  homme  qui  am  ait  perdu  iOn  guidt 
H  dans  un  pays  désert  et  inconnu.  » 


50&1EIU' 

l^etlsioines  de  rdbbare  lui  âigèreiit-im  tombej^vi 
dont  la  stmc&ure  n*Aait  pas  nàoûis  simjple  q^e 
riiiacriptîoii  :  J9Sc  jac^  Sufbsfuii  àthas  (  cî-^t 
l^dbbë  Suger).  C'est  la  simpudJUl  même  de  lln»*- 
erqptîon  qui  en'feit  le  mfrite  $  proÙQûceir  le  non» 
d'mi  grand  bonune  n'est-ce  ]^  fidre  son-  plni 
bel  éloge? 


r 
1 


a6o  SALAfilN. 

SALADIN, 

SULTAN    D'EGYPTE. 


SSaiadin  naquit  h  Tokrit  ,  Tille  située  mr  la 
rive  orieiitnlo  du  Tigre  ,  Tan  522  de  llitfgyre  « 
li'Sj  de  J.-C.  :  cette  ville  faisait  partie  du  petit 
pays  des  Curdes  ,  qui  séparait  rArniënie  du  ter- 
ritoire des  Mèdes,  Saladiii  fut  élevé  ik  Damas, 
tous  les  yrux  de  soii  père  Ayouh,  Un  nttaolir- 
xiieiit  sn])f*rstitieiix  pour  les  pratiques  de  la  rcii* 
l^ion  de  Âlalioinet ,  une  liaiue  implacable  contre 
les  cindtiens  ,  tels  luirent  les  principes  qu*oa 
•^attacha  i^  lui  inspirer  dc'^s  rentaucc*  Ou  ne  dé- 
couvrait en(H)re  ilans  le  j(-uiie  Saladin  aucun 
syuipti.nie  de  ces  passions  qui  annoncent  ordi— 
iiaiifnient  nii  j^eiiie  (  xtiaordinaire  ;  il  ne  pa~ 
raissait  né  <ine  pour  cultiver  des  vertus  paisibles^ 
et  rien  ne  piilsa*;(  iiil  sa  !;randour  future» 

N(»ureddin  ,  sultan  dWlep  ^  de  Mosnl  et  dt 
Damas,  déjii  nuiitre  <le  la  Syrie  et  de  la  Méso- 
potamie ,  voulait  encore  ajouter  lEgyptc  à  ses 
castes  possessions,  (.le  prince  ambitieux  entreprit 
dVn  chasser  la  duiastie  de>  Fatimîtes^  et  Shir— 
couli  ,  oncle  «le  ^^aladin  ,  fut  cliargédu  Comman* 
d<*ui<  nt  de  rarmée  qu'on  envoya  au  Caire* 

Saladin  suivit  son  oncle ,  et  se  distinfRia  dit 
ses  pr(  iniers  pas  dans  la  can'ièrc  militaire  par 
une  >aleur  brillante,  un  coup  dVil  pronapt  et 
sur  ,  un  sang  froid  que  rien  nn  déconcerta  ja— 
niais;  il  s'atliiait  resliuie  des  chefs;  son  aflahîiité 

s:i  popularité  le  faisaient  adorer  deaf  soldats. 

Dimtôt  asi>ui^  du  clcYOUCJucnt  de  lann^i  Sa* 


Cî  s; 


«I.. 


pv:  ^        ■     ■       ■         ■ 

BALAXHBf.  ,i6f 

-^ponr  lui-même  )  et  "de  se  i^dre  maître  de  ce 
t>eaa  pays*  Il  ^  réussit,  et  tandis  qiae  par  liitè 
politique  adroite  il  contenait  dans  &  devoii^  lei 
émirs ,  mëeontens  <fe  sa  iiaute  fortune  ,  il  aTaîl 
SLSsez  d'art  pour  persuader  à  NouTeddin  qu*fl 
n'avait  pas  manque  de  fidélité  envers  lui ,  ët;SUt 
.éviter  la  vengeance  dW  ennemi  trop  puissant^ 

Si'cjuelque  chose  peut  &ire  pardonner  à  Sa-» 
ladin  cette  usurpation ,  c'est  la  manière  dont  il 
usa  de  son  pouvoir  ;  toujours  juste  et  modéré  »  il 
ne  se  fit  pas  moins  chérir  des  peuples  qu'il  ayait 
soumis  que  des  soldats  coimpagoons  de  ses  vie— 
.foires. 

Depuis  plusieurs  années  les.suerriers  de  llSn^ 
rope  couvraient  le  chemin  de  l^Orient  5  le  désir 
de  délivrer  le  tombeau  de  Jésus-Christ  et'  de 
rendre  plus  faciles  les  courses  pieuses  des  pèlé^ 
rins  que  la  dévotion  attirait  à  Jérusalem  y  avait 

^  soulevé  l'Europe  contre  l'Asie*  Les  pFemiers 
succès  des  chrétien»  ne  s'étaient  pas  souténtt»; 
toutefois  ils  possédaient  encore  Jérusalem  ,  doiit 
Amaury  était  roi ,  et  quelques  parties  de  la  Syrie. 
Une  lutte  terrible  se  préparait.  Taudis  que  les 
souverains  poutifes  ordonnaient  aux  princes  eu- 
ropéens d^aller  conil)attre  les  infidèles ,  les  imans 
promettaient  aux  princes  musulmans  l'absolution 
complète  de  leurs  fautes  et  les  délices  du  paradis 
s'ils  prenaient  les  armes  contre  les  chrétiens. 
Cette  guerre  était  appelée  sainte  par  chaque  parti , 
et -ceux  qui  mouraient  en  combattant,  soit  pam^i 
les  chrétiens ,  soit  parmi  les  mahométans  y  étaient 
honorés  du  titre  de  martyrs. 

A  l'époque   où  Saladm   fondait  sa   nouvelle 

Euissauce  l'ardeur  des  princes  chiétiens  semb- 
lait se  ralentir  ;  les  secours  n'arrivaient  plus 
en  Orient.  Frédéric  ,  archevêque  dv  Tyr  ,  avait 
essayé  en  vain  de  ranimer  l'enthousiasme  5  il 


a62  SALADIN* 

avait  en  Tnîn  parcouru  l*Europe  «  reprtfsenM  aun 

(Hflerens  monar€|ues   les  besoins   pressuns   des 

rlirétiens  de  Syrie  «  leurs  malheurs ,  l'oppression 

sous  lac^dle  ils  g^^niissaient ,  la  profanation  des 

lieux  saints.   Cette  peinture  «  qui  avait  boule-- 

versé  tant  de  royaumes  quelques  annëea  anpa<« 

ravant ,  ne  piH>auisit  alora  qu'une  pitié  8ténle« 

Le  pape  Alexandre  III  i  célèbre  par  ses  dëmélés 

avec  Frëde'ric  ,  empereur  d'Allemagne  ,  faisait 

à  ce  prince  une  guerre  funeste  à  toute  la  chrë*^ 

tiente  ;  Temperenr  ,  occupe^  en  Allemagne  et  en 

Italie  ,  ne  pouvait  servir  la  cause   conunune  ; 

Henri  II ,  roi  d' Angleterre  ,  était  retenu  par  ses 

disputes  interminables  avec  TaiTlicvéque  aeCan« 

torbcry   (  Thomas  Becquet  )  ;  Louis  le  Jeune  , 

attentif  aux  troubles  de  rAngleterre  ^  se  prépa* 

rait  à  profiter  de  ces  dissensions  pour  s*emparer 

des  provinces  que  le  roi  d'Angleterre  possédait 

encore  en  France  ;   Andronîci  Manuel  venait  de 

monter   sur  le    trône  chancelant  de  Constantin- 

nople  par  le  meui'trc  de  son  neveu ,  Frédéric 

Ikirberoiisse  :  ainsi   les  princes  chrétiens ,  tout 

entiers  à  leurs  inttVèts  particuliers  »  seBiblaient 

abandonner  leurs  fit^res  de  l'Orient. 

Des   mallieurs    plus   grands   encore  que  cet 
abandon  attendaient  les  chrétiens  dans  la  Pa« 
lestine.   Un  affreux  ti*emblenient  de  terre  ren- 
versa la  plupart  des  villes  de  Syrie  ,  et  des  vil* 
lages  entiers  disparurent  ;  la  teri^ ,  entr'ouverte 
en  cent  endroits  ,  engloutit  les  hommes  et  lem 
ouvrages.   G'pendant  le  danger  commun  ne  fit 
point  suspendre  les  opérations  militaires'!  loin 
de  cherch<^r  ^  remédier  au  fléau  qui  déioliM  ce 
pays ,  on  continua  de  se  battre  avec  plus  d*adiar- 
nenient  que  jamais  sur  les  débris  de  lat  Sjrie* 
Etrange  aveuglement  des  hommes  ,  qui  -se  dis* 
putaient  qiuîlques  parties  dune  terre  qui  lenr 
était  enlevée  par  un  pouvoir  au-*dcMUS  dt  oelui 
de  tous  les  rois  ! 


SALADIN,  263 

Tel  était  IVtat  des  choses  lorsqu'Adhed-Sediii:^ 
Issah-Abdallah ,  c'est  à  dire  le  protecteur  de  la 
religion ,  quatorzième  calife  de  la  race  des  Fati-« 
mites  y  expira  :  sa  dynastie  s'ëteigait  ayec  lui. 
Va  de  ses  ancêtres  ayait  conquis  l^gypte  en  97^9 
et  cette  famille  y  régnait  depuis  cette  époque» 
Saladin  ,  comme  on  Fa  tu  ,  s'étant  rendu  maître 
du  pays ,  méprisa  la  politique  barbare  desprince.^ 
de  l'Orient ,  laissa  yivre  les  enfans  d'Adhed  9  et 
ne  changea  presque  rien  à  leur  situation*  £n 
enleyant  à  ces  princes  un  empire  dont  ils  n'au- 
raient pas  joui  ,  il  leur  laissa  les  plaisirs  au 
milieu  desquels  ils  étaient  accoutumés  de  yivre  r 
la  mollesse ,  la  yolupté  éneryaieut  leur  courage  9 
et  le  rassuraient  contre  leur  ambition.  Saladin 
les  fit  enfermer  dans  le  fond  du  sérail  ayec  le» 
ministres  de  leurs  débauches  9  s'empara  de  ton» 
leurs  trésors  9  et  yint  habiter  le  Curs  ou  palais 
des  Fatimites. 

Il  ne  garda  rien  pour  lui-même  de  toutes^  ce* 
richesses  ;  il  les  distribua  aux  officiers  et  aux 
soldats.  Cependant  il  réserva  ce  qu'il  y  avait  de 
])lus  précieux  pour  Noureddin  5  il  ne  p^t  que  la 
qualité  de  son  lieutenant ,  fit  prier  pour  lui  dans* 
toutes  les  mosqueVs ,  et  revêtit  du  nom  de  ce  prince 
tous  les  ordres  qu'il  publia.  Mais  cette  soumis-* 
sion  n'était  qu'apparente  ;  en  lui  abandonnait: 
quelques  vains  attributs  de  la  souveraineté,  il  eit 
exerçait  tous  les  droits  5  il  voulait  régner  ,  et 
attendait  que  sa  puissance  fût  assez  bien  affermie 
pour  lever  entièrement  le  masque. 

Noureddin  manifesta  plus  d  une  fois  son  mécon- 
tentement 9  et  menaça  même  d'aller  châtier  un 
ministre  insolent.  Saladin  lui  fit  faire  alors  les 
protestations  les  plus  respectueuses  ;  mais  en 
paraissant  toujours  soumis  à  ce  prince  ,  il  n'était 
pas  moins  disposé  à  lui  résister  et  à  se  soutenir 
malgré  lui  dans  le  gouvernement  de  l'Egypte.  Il 


0^4  «ALADIN. 

ioMiiii  «le-  lioiivflli'»  iiiiîirr"»  .  iit  fortjfir-r  If*  C.n'r''  r 
fit.  ri«-  iioiiii  j  4i.\  ii|i}>iovi.>iijiiii('fii<ffi.s  d  «irrii'*^  rt 
t\f  iiiiMiitiriiit  ,  r-t  >f  iii(*ii:i^r-;i  par  là  liiitr  r<-tr>Ji^<- 
sûif-  (iiiiii  le  fiit  oii  la  forliiiif*  !»<'  f!ei:lar«'r>i  i 
(fiiifjf  lui.  \f>ii)  f-fifiiii  M-  pM'tjaiait  à  %r.-iâir  i*: 
(  h«iv-.f-r  fi  Jvj\  ph' ,  loiMjti'il  iiioiiitit  hijliiteiiif-fit . 
rji  J  l'^'i  ,  a  1  âw-  clf  riiifpiaiitr-ItLit  .iiis. 

Apii"»  la  moi  t  il»:  «»■  jii  iiirr  .SaKiflin  pi  it  |K;-»- 
.s<  >^ifiii  i{i-  J).iiiia:>;  iiiai.^»  il  iit  rlaL«iiii  t(-t.«tiiiih,tif: 
p<  (  :  s(jii\(iaiii  le  j«  iiiif  [ijiiicf!  .^ali  )j  .  fil.^  <;^ 
N<.i.l  f  fif'iii .  r-t  mr  roiiM  1  var|ii(-  If  ttlif*  flH>«ii-at#- «^? 
son  liiiitciiaiit.  :  il  oi  «ioiiiiu  au  nom  «li*  «f  pj  inirr*  {•• 
/"//////.  r>u  pi  lii  I-  [iiililiipif-t  tSa  piji*»*)aiir'i*  ttai.f 
îii'i-i  Jitii-i  mie,  il  cm  v-,;!  1  if  utôt  «l»*  «li-r-ïiiixiiifr .  *»• 
lit  I  1  o(  iaiiK-i  /iiih.iri  ,  (-t  »uiJO}^fa  bilia  i».-aciiot?% 
f!<-  j;t  s'iii  Vf  I  aiJii  ff-. 

>.il  II .  I.i-iifiir  ili-  jNiiiirr-flfliii.  prit  hs  arm** 
I  '  i'i  i'i'îi  iidi  f  s4  .s   flioit-..  1 1  haiarif  a  1)11  fiir»iii#  it( 

I  iiilji.i  m  I-  <!(•  .".on  ii\;ii  ;   iiiiii>i  [*■  *^i'u'if:  Av  Salaiii» 

I I  iiijjo;  l;i  .  f  I  ï-ii  I  j-.',  il  -f  vit  paisihii'  poj»  «ivi^tîr 
(iu  i».,ivoii  Mipi  l'-ijif.  (  iii-  loii  maifif  «J#-  I  Kin- 
|i;i-.  il  1  ('(  Oin|ii-M  il  iii.'t'^iiiliijiu-iiit'iit  ii-a  uniciini 
«l'ii  lui  avaifiif  iihjiiI.' <■  It-  pi ii^  fl*' /.Mf. 

ï."    <  (MlJiliflU  Mllflll      «II-    HO.'I     l/'J»!!*"     lui      fll.1f«p  ^' 

p.ji  t\i  -  i';i:  ii-->f  iiH-ii^  iiljii'»i|ni  tu-  Vrtii\*f'v}ii'U  ht 
pi  fl  «-'' iifij  f-  st  ^  (  iiii«p  r'-l(  1  fl<iii>  lâi.S\iif',  1  Aia- 
J>i<-.  la  i'i  r  ^'  it  1.1  .\:r>o|>ottunir.  il  t\i  voir  an 
N. !■:;'-  <l  J-iii/, ,  #11  >\iii-.  (jii  il  savait  uiiir  lir  croL- 
1  li"  pf  J  «toiiiifl  .iii\  l,f  illiiiilf  ^  ipialit^H  cpii  le  clis- 
tiiiunaiciit.  i  j-  ^'n'-^t-  l'.iillil  lui  (lr'\f-iiir  tlilifaU'.  Ln 
jo'ir  ipif  .  pii-stpif  M-ul .  il  fiaiitiiiait  la  pla(^ 
|-i.ri  if-'jl»!  r;iff.t(p!<- .  un  liojiiiiif'M*  jftte  sur  lui, 
l«-  l'oi'jiiiii  (I  .1  1,1  111  lin  .  i'i  11  Iilf-fi-f  il  la  léli'.  Sa- 
i:iiliii  le  ,.iiit.  .111  monii  nt  oii  il  allait  rfiioiibicr , 
lui  u  I  H  lu-  ^ttw  poi;.'.iiai  il ,  le  pf  ic-r:  ilir  coupH,  et  1^ 
M.ivf  ]  »  iii>if  I  a  ^t'^  pi(  (l>.  l)aMh  1  iii>tant  un  Af"" 
(  "ijii  :i  ,1  i.i  /:•  vaiiri- :  mail  il  c'pt  ou%c  U;  fiuriiicr 
^«w  >.  ■  uji  t:vi:iciii(;  lui  :,ucccd<.' ^  cl  mcuit  cuco^c 


SALADIN.  16$ 

de  la  main  du  Sultan.  Cette  action  se  passa  avec 
tant  de  Fapidité  que  les  gardes  de  Saladin  eurent 
à  peine  le  temps  daccourii*,  le  sabre  à  la  inain^ 
pour  le  défendre. 

Cependant  Saladin ,  pleiù  d'agitation  ,  rentra 
dans  sa  tente  à  la  suite  de  ce  combat  ;  il  ordonna 
qu'on  fit  une  revue  exacte  des  officiers  de  sa  mai- 
son, et  qu'on  cassât  tous  ceux  qui  paraîtraient 
stispects.  Les  trois  assassins  qui  l'avaient  alarmé 
étaient  sujets  du  vieujc  de  la  Montagne  <,  prince- 
faible  et  barbare ,  toujours  pi  et  à  servir  la  ven- 
geance des  mëcontens  ;  ils  étaient  enti  es  au  ser- 
vice du  sultan,  et  avaient  levé  tu  1  habit  de  ses 
mamelucs.  Le  vieux  de  la  Montagne,  qu'on  appe- 
lait aussi  le  Prince  des  Assassins  y  avait  vendu  la 
tête  de  Saladin  au  visir  Kamschtuzin ,  gouverneur 
et  ministre  du  jeune  Saleh. 

Ce  même  siège  d'Eruz  fut  témoin  d'une  action 
qui  fait  encore  plus  d'honneur  à  Saladin.  Après  la 
prise  de  cette  place  on  vit  arriver  une  jeune  fille 
escortée  par  un  grand  nombre  d'esclaves.  Saladin 
alla  au-devant  d'elle,  et  reconnut  la  sœur  de 
Saleh.  La  princesse  voulut  se  jeter  à  ses  pieds  ;  il 
la  retint,  et  lui  demanda  ce  qu'elle  désirait  de  lui  : 
«  Je  viens  vous  prier ,  lui  dit-K^Ue ,  de  nous  rendre 
«  Ja  forteresse  d  Eruz.  —  Je  vous  Taccoi  de ,  ré—  ^ 
a  pondit  le  sultan.  »  Il  ajouta  même  à  ce  don  des 
pj'ésens  considérables ,  lui  montra  toutes  les  ri- 
chesses qui  étaient  alors  dans  son  camp ,  et  Tenea— 
gca  à  choisir  ce  qui  la  flatterait  davantage.  Il  la 
leconduisit  ensuite  jusqu'aux  portes  de  la  ville 
qu'il  venait  de  lui  rendre. 

Saladin,  maître  de  tout  ce  royaume,  songea 
bientôt  à  couquéiir  celui  de  Jéiusalem.  De 
violentes  factions  (icchii  aient  ce  petit  c'at ,  qui 
marchait  à  sa  ruine.  La  Palestine ,  qui  avait  été  le 
berceau  de  la  relifçion,  vit  trop  souvent  les  chré- 
tiens en  mécoimaîlre  Fesprit^  au  lieu  de   s'uuÎT 

Toniç  IL  a3 


266  SALADIN. 

pour  résister  aux  infidèles  y  les  croises  semblaient 
chercher  à  se  détruii-e  cuir-mêmes;  des  guerres 
intestines  les  divisaient ,  et  le  désordre  ëtait  porté 
au  comble*  Ces  maux  étaient  en  partie  l'ouyraf^e 
de  Raymond  de  Ghâtîllon.  Au  mépris  des  traités 
faits  avec  les  musulmans ,  Raymond  enlevait  des 
caravanes  entières  de  pèlerins  de  la  Mecque ,  qui 
réclamaient  en  vain  le  droit  des  gens  et  ceux  de 
l'humanité.  Saladin  résolut  de  réprimer  ce  bri— 

Î;andage  ;  mais  il  cacha  si  bien  ses  desseins ,  que 
es  chrétiens  le  croyaient  encore  fort  Soigné 
lorsqu'ib  apprirent  son  arrivée  en  Palestine.  H 
commença  par  les  harceler  pendant  ^uelmes 
)onrs  san5  en  venir  à  une  action  décisive*  Les 
cfiréticns  étaient  fatigués  et  affiublis  par  ces  petits 
coniijats  toujours  très  -  meurtriers  :  Saladm  ne 
l'ignorait  pas*  A  la  pointe  du  jour  il  fit  mettre  le 
feu  à  des  broussailles  épaisses  qiai  couvraient  les 
campagnes  ;  les  flammes  s'étendirent  rapidement 
et  gagnèrent  le  camp  des  chrétiens.  "EtouiSéB  par 
la  chaleur,  suffoqués  par  la  fumée ,  ils  étaient 
dans  une  confusion  extrême  y  lorsque  les  soldats 
de  Saladin  se  jetèrent  sur  eux  en  poussant  des  pris 
horribles.  Les  malheureux  ne  firent  quNme  fiiiUs 
résistance  ;  n'espérant  plus  que  la  mort,  ils  la  reçu" 
rcnt  presque  sans  défense  ;  prêtres ,  chefa  ,  soldats  i 
tous -succombèrent.  RufHn,  cvéquedePtoIânuuif 
qui  portait  la  croix  devant  eux,  fut  tué  aa  flMH 
ment  oii  il  élevait  cette  croix  en  imploranl  Is . 
ciel  pour  ses  frères.  TeLi-Eddiu  Omar,  neren  ^ 
Saladin,  s'empara  de  ce  >  signe  réwéréf  et  dit  à 
Saladin  en  le  lui  présentant  :  c  Upanlt ,  vsr 
tt  la  désolation  des  chrétiens,  que  ce  bois  ACit 
«  pas  io  moindre  fruit  de  votre  victoire*  » 

Guy  de  Lusîgnan ,  alors  roi  de  Jérusalem,  iat 
fait  prisonnier  à  cette  bataille,  qui  est  oomM 
dans  L'iiifitoire  sous  le  nom  de  baûUUe  de  TU^ 

rirula* 


sALApnr.  \^. 

ataitht^tpie  h  Ttctoîre  tat  iétàâi&SiSaSntit  ^ 

»■  le  carnage,  et  dotma  ordre  qu'on  unentC'    ^ 
iBt  lui  toiules  prisonniers.  Lnrigoan  n'aXtear' 
que  la  mort  ;  quel  &it  ion  ^totm^nent  loii^ . 
.  K  Yit  non  seulement  traité  ârec  .hamanit^r 
I  arec  une  politesse  qu'on  aurait  ta.  vain  dwr- 

aU>T»  dans  les  cours  les  pins  polies  de  VEa— 
il  Admis  à  la  table  du  vaînqiieur  >  celnï-a  loi  . 
enta  nne  coupe  de  liqueur  rafraldue  dans  U  . 
e>  Le  roi  de  Jà'usalem,  apràs  uvoli  Iju,  vou<" 
Waser  la  coupe  à  Raymond  de  CliâfiUon,  pri*  5 
àer  comme  lui  :  u  Arrête^'  lui  dit  Salatiin,  jQi^ 
i  Teox  pas  que  ce  perfide  boive  en  ma  pré^ 
Doe,  cal- je-ne  puis  lui  faire,  gr6ce(i).  I^ci^^j' 
aigeur  de  Jes  attentats,  ^  mis  en  ma  pois-f  J 
nue.  Sdaviens-toi  de  tes  infractions  bu:x  traî-^ 
s,  des  cruautés  exercées  enTOrs  les  mnâulmani^? 
ème  en  temps  de  paix ,  de  tts  brigaadagee  p^ 
>  (es  l}la^h&nes  contre  lé  pivphète  ,  de  lett[ 
itreprises  sacrîl^es^  contre  Ifs  deux    viU^in 
întes  de  la  Mecque  et  de  M^ne ,  vt  icçois  la" 
ste  châtiment  du  à  tant  de  forfaits.  »  A  ce« 
I  Saladin  lui  abat  la  tête  d'un  coup  de  aabre> 
e  tête  sanglante  roula  jusqu'aux  pieds  de  Lusi" 
i  ;  le  prince  pâlit  :  a  Rassures-  vous ,  lui  dit 

sultan ,  la  perUdie  ne  retombe  que  sur  soi^ 
iteur.  Je  me  venge  d'un  traître,  mais  je  sais 
specter  le  malheur.  ■  Au  bout  d'un  an  Sala- 

orisa  les  fers  de  Lnûgnan  sans  exiger  de  . 
|OQ  ;  mais  il  lut  fit  jurer  sur  l'ËTaoffile  qu'il 
ortérait  jamais  les  annescontre  lui.  Ce  priocti 
int  pas  sou  serment. 


I  Cétiît  nnecontnne  iii«ioUl]le  chraleimiualmii)^ 
i  M  coniem  encore  «ujourd'hai  cbci  quclquet  Ats- 
de  ne  point  faite  mourir  lei  priMuaiert  a  qui  ils 
ni  donnj  k  boire  «t  à  maiieer. 

43' 


%yo  SALADTN. 

Avant  de  quitter  lu  ville  saiiite  il  j  ëtablit  dtei 
tfcolrs  inusiilniancs ,  et  fit  des  i-èglcincns  si  sagefl 
€[110  1rs  ehrdltens  el  les  musulmaus  y  vëcureul 
ijuelqiie  temps  sans  troiil)le. 

Cepeiulaiil  II  iie  restait  aux  dt^fensenrs  de  la 
«roix  qu'Aiilioelie,  Tripoli ,  Jopnd  et  la  ville  de 
Tyr;  Snladia  el  son  gendre >  le  sultuu  d'iconium  , 
possédaient  tout  le  r(\sle. 

Au  hi^it  des  suecès  du  yainqucur  de  Jdnisa- 
lem  toute  TEurope  fut  troul>lée  >  le  pape  Clé* 
ment  111  remua  la  France,  TAUeniagne  et  TAn- 
jgletfTre,  riiilippe- Auguste  elle  vieux  Ilem*i  11 
»(us])endirent  leurs  diflt^rens  ,  et  ne  rivalisèrcnl 
plus  (|ue  de  zèle  pour  marcher  au  secours  dn 
clii'éliens  de  TOrient.  Ces  deux  monarques  fireuj 
puJilier,  chacun  dans  leurs  états  9  que  tous  cem 
cnii  ne  se  croiseraient  pas  paieraient  le  dixième 
de  leurs  revenus  et  Av.  leurs  biens-meubles  poiu 
les  frais  de  rai*mcment  :  c'est  ce  qu'on  appeh 
éinie  salatUncy  laice  qui  atteste  la  terreur  qu'ins- 
piraient les  victc»ires  du  sultan.  • 

Toutes  les  puissances  de  rOccIdent  se  ligaèren 
tlonc  il  la  fois  pour  attaquer  Saladin  ;  mais  cetti 
liouvelle  expédition,  en  dépeuplant  TEurope»  ni 
BCTvit  (|u'ii  retarder  de  quelques  momens  la  niini 
des  chi'éUens  en  Asie. 

L'empereur  Frédéric  Earberoussc,  si  farnem 
par  les  perséeulions  qu'il  essuya  des  papes  e 
qu'il  leur  fit  soiiffi^ir ,  se  croisa  presque  en  mémi 
temps.  11  jouissait  d\me  grande  réputation  parm 
les  croisés,  ilahile  politique ,  gi'and  capitaine 
(:])rouvé  par  la  fortune ,  il  eonchiisit  en  Asie  uni 
armée  de  cent  cinquante  mill(>  hommes. 

La  cour  de  Constant  inople  avait  appris  par  l'ex 
périenee  que  les  eioisés  étiiiiMit  des  amis  dance 
r(*ux  ,  et  rempereur  Isaae  Lange  ,  préféi'nnt  le 
avoir  pour  ennemis,  résolut  de  s'alliera  Saladin 
'Fi  édci'ic  tilt  doue  les  Grec»  ii  combattre.  Il  falUi 


,  SAhABÏS.  .fj* 

'ù.é0$!Mt  à  tnràrs,Ia  lliraœ  im  paMtfijè  les  «rm^; 
-l^lm  iBuulii*  Tainqaeiir  As  Gi^p*,  Fréiëric  gagQA 
jgoçcessiiQemèiit  plnsieii^  et  diSEit  le  mtui 

d'ieonifim ,  gendre  de  Saladm.  La  mort  -vint. le. 
énrprendre  au  milieu  de  fisessuocèa*.  .Après  un  exéi<-. 
5cice  Tiolent,  il  ^eùt  un  jour  l'iminnidence  de  se. 

-baiguex^dans  le  fleuve  SeJef,  quijparait  ètrefe 
mCTie  que  le  Gjdnus,  et  d<mt  les  eaux  sont  extrê- 
mement froides^  il  mourut  sur-^e-champ  ,.et  le. 
fruit  de  ses  victoires  fut  perdu.  L'armëe»  diqà  tâbi^ 
lilie  par  de  nombreux  combats,  se  dispersa  presse. 

•  entièrement  après  la  mort  de  Tempereur  ^  et 
•on  fils  Frëdëric,  duc  de  Souabe»  n'en  putréamir 

^WOB'Ses  drapeaux  que  sept  à  huit  mulç»  qfL% 
"conduisit  à  Antiocbe»  Il  y  trouva  Guy  ôb  Luâi^'~ 
0nan^  qui  voulait  encore  lutter  contre  son  ^^aifr-r 
qpiear  Saladin,  au  mépris  delà  foi  defisenâenst 
et  maigre  l'in^alîté  ae  forces*  Cette.  uôÙTdle 
.  Intie  coûta  beaucoup  de  sang  aux  dirëUei)«*  Après 
vlnsieurs  combats ,  dont  aucun  ne  fat  décisif  y  îo 
fils  de  Frëdâîc  Barberousse ,  qoi  eût  pu.èCfe  ém^ 

•  pereur  d'Occident,  perdit  la  vie  prèsdelHolémaïs^ 
dont  Saladin  venait  de  s'emparer.  On  pr^enta  au- 
sultan  un  grand  nombre  de  prisonniers  faits  pen* 

.  dant  le  siège  de  cette  ville.  Parmi  eux  on  remar- 
quait  un  vieillard  qui ,  accable  sous  le  poids  des 
ans ,  pouvait  à  peine  se  soutenir.  Saladin  fut  attendri 
en  le  voyant ,  et,  après  l'avoir  rassuré  par  des  té^ 
moignages  de  bonté ,  il  lui  fit  demander  par  ses 
interprètes  quel  était  son  pays  :  «  Ma  patrie  5 
«  r^ondit  le  vieillard ,  est  si  éloignée  quil  fau- 
«  drait  plusieurs  mois  pour  y  arriver.  —  Et 
«  pourquoi  à  votre  Age  ,  reprit  le  sultan ,  vene«- 
«  TOUS  mè  faire  la  guerre  de  si  loin  ?  —  J[e  n'ai 
«  entrepris  ce  voyage  que  pour  avoir  le  bonheur 
c  de  visiter  la  terre  sainte  avant  de  mourir.  — • 
te  Faites  donc  .votre  pèlerinage ,  répliqua  Saladin; 
«  soyez  libres  allez  finir  vos  joui:^  dans  le  sein  de 


s*s  SALADI?r. 

«  votre  famillr ,  et  portez  à  vos  cnfans  ces 
«  qiies  (l('  tna  hienv<'nianee«  »  En  in^'iiic  tei: 
lui  iît  donner  de  riclirs  nrésens  et  un  elic^al 
lequel  on  conduisit  le  vieillard  au  cuni]»  des 
tiens. 

L*Asie  mineure  était  un  gouffre  où  vei 
/engloutir  toul<*s  les  forc(»s  de  rEuro|.u».  L^ 
delViniK'n'ui-  Frëtleric  etait^nti^renlent  une 
mais  des  (lottes  nombreuses,  parties  d'Angle 
€le  France  et  d'Italie,  amenaient  cliu<|ue  je 
nouvelles  trouf>es  ,  et  ne  faisaient  nue*  prc 
Tariivje  de  Philippe- Auguste  et  du  jeun 
d* Angleterre,  qui  avaitsuoc<  dcîh  son]M^»re  Ile 

Tous  les  chrétiens  de  TO^'ient  s'étaient  ra 

blés  ])Our  assiéger  Ptolémaïs  ,  et  quand  le 

France  et  le  roi  d'Angleterre  se  furent  join 

assiégeans,  on  faisait  monter  h  plus  de  troi 

mille  hommes  les  fondes  des  chrétiens.  Sa 

retenu  vers  TEuphrate  par  la  révolt«î  (U»s  : 

ï^oureddiu,  ne  pouvait  secourir  cette  vill 

houlevart  de  la  Syrie  ;  elle  fut  donc  ohlig<'€ 

rendre  aux  armées  fomiidahles  qui  Tassiég^ 

Mais  h  peine  les  croisés  jouissaient -ils  de 

conquête  hrillante ,  que  la  division  %c  mit 

leurs  chefs.  L'orgueilleux  Richard  aliéna  t< 

esprits  par  sa  hauteur  ;  atlectant  un  ton  de  ix 

il  voulait  prendre  ime  autorité  sans  Lorn 

tous  ces   princes  indépendans  ,   dont  les 

réunies  composaient  Tarmée  chrétienne.  On 

toutes  les  qualités  hrillantes  qui  distinguai 

monarque ,  et  bientôt  la  hnine  succéda  h  V 

]-a(ion.  Nul  n'étaii  moins  disposé  h  suppur 

L(uiteui*8  de  Richard  que  Plnlippe-Auciist 

rival  de  gloire  et  de  fortiuie  ;  fatigué  ae  v< 

chard  usurper  tout  Thonneur  de  lexpédit 

se  d(  cida  h  retourner  en  France ,  et  serai 

"presqu'aussitôt  après  la  ])rîse  de  Ptolémaïs 

maladie  grave  ne  Teût  forcé  de  prolonger  i 

)our  dons  la  Palestiue. 


'SÀLÂDtS.  «^ 

.  Siitaffin  Ixâ,  enyoja  des  amhaawùieori  paor  le 
fiSiciter  sur  son  rétablissement  et  lui  mm  é^ 
présens  dignes  dW  grand  roi  »  selon  IWigR  déê 
musulmans,  de  donner  mémeii  leurs  ennemis tki 
témoignages  de  magnificence* 

Peu  de  temps  après  le  départ  de  j^JhiUi^pe-Aa^ 
guste  Richard  dent  complètemenf^ilàmn  d^iût. 
fes  environs  de  Joppé  ;  on  dit  même  que  les  deux 
princes  se  rencontrèrent  dans  la  mêlée  ,  s'atia*r 
quèrent  ayec  fureur  y  et  cpie  le  roi  d'^Aïu^etérrè 
reayersa  le  sultan  de  cheval.  L-audienticité  de 
cette  anecdote  9  petT^importante  d'ailleurs  »  n'est  . 
pas  garantie  ;  iHais  il  est  certain  qyCih  firent 'Vua 
tt  Tautre  des  prodiaes  de  videur ,  et  que^fiatadin 
perdit  yingt  mille  nommes  dans  eette  sanj^Éntê 
affînre* 

Maître  de  Jbppé,  le  roi  d'Angleterre  réiokit 
d'y  ajouter  de  nouvelles  fortifications  ^  et  dUler 
ensuite  s'emparer  d'Ascalon,  que  Ton  regardait  ^ 
cïomme  -une  des  clefs  de  la  Palestine  du  c(t^  de 
.  l'Egypte.  Des  transfoges  découvrirent  k  Sàladm  lés 
desseins  de  Richard.  Le  sultan  craignait  que*  les 
chrétiens  ,  maîtres  d'Ascalon  ,  ne  lui  fermassent 
la  communication  de  l'Egypte;  il  voulut  d'abord 

5  ré  venir  le  roi  d'Angleterre  et  jeter  des  troupes 
ans  cette  place  pour  la  défendre;  mab  les  émirs 
lui  ayant  représenté  qu'après  tous  les  maux  qu'on 
avait  soufferts  àPtolémaïs ,  et  le  massacre  de  tant 
de  musulmans,  les  soldats  se  renfermeraient  avec 
peine  dans  une  autre  ville  ;  qu'il  valait  beaucoup 
mieux  réserver  les  troupes  pour  la  défense  de 
Jérusalem,  qui  serait  sans  doute  bientçt  assiégée, 
il  se  décida  à  retirer  toutes  les  troupes  qui  se  trou- 
veraient dans  la  place,  et  à  la  détruire  entièrement. 
Saladin  s'approcha  d'Ascalon;  mais  dès  qu'il 
fut  arrivé  sous  les  murs  de  la  ville  il  frémit  du 
dessein  qu'il  allait  exécuter.  Il  s'arrêta ,  soupira , 
garda  quelque  temps  un  morne  silence ,  et  dit  eii'^ 


^74  SALADIN. 

suite  aux  officiers  qui  Tcntouraient  :  «  Mes  enfans 
«e  me  sont  très-cliers  ;  ccpeiulautj'ainierais  mieux 
•t  les  perdre  <pe  cVoter  une  seule  dos  pieiTcs  de 
K  de  cette  ville  ;  maïs  si  le  hivn  de  la  rcli{{îoii  et 
(c  de  mes  peuph^s  (>xige  ce  sacrifice,  je  le  fais  sans 
«  regret.  »  .  Api  os  avoir  ])rouunc<5  ces  paroles  il 
înti^TOgea  de  nouveau  les  iniuns  et  les  docteurs  de 
la  loi ,  et  leur  demanda  si  la  ruine  d^Ascalon  était 
absolument  ncWssaire.  Ils  rdpondin.'nt  afllrmati- 
Tement.  ce  II  faut  donc  oL(^ir  aux  oixlres  da  ciel,  » 
dit  Saladin,  et  il  iit  signifier  au  moment  même 
à  tous  les  iiahitans  d  abandonner  la  place.  Cei 
mallicureux  vinrent  se  jeter  à  ses  pieds  et  de* 
mandtT  gi'ace  pour  leur  patrie  :  le  sultan  fut 
touchti  de  Irur  soit,  mais  il  iailut  obcir. 

On  travailla  h  la  démolition  de  la  place;  maïs 
comme  ce  travail  allait  lentement*,  on  mit  le  feu 
partout,  et  la  (lamme  cousuma  entièrement  cette 
Lelle  ville ,  naguère  si  florissante. 

Cependant  lUcbard  nWait  pas  tire  parti  de  ses 
victoires  et  de  sa  position;  au  lieu  de  marcher 
rapidement  sur  Jérusalem  ,  qui  ue  pouvait  être 
secourue ,  il  perdit  un  temps  précieux*  Saladin 
en  ])rofita  pour  réparer  ses  pertes  et  se  mettre  en 
éfiit  de  lui  rrsistor.  Le  l'oi  d'Angleterre  finit  par 
conclure  avec  lui  une  trêve  de  trois  ans  et  trois 
mois.  Les  conditions  du  traité  permettaient  aux 
chrétiens  de  visiter  les  saints  lieux,  pourvu  qu'ils 

Î'  tiissent  en  petit  noinbre  ,  d'exercer  librement 
cur  religion  ,  et  d  avoir  quelques  prêtres  dans 
l'église  de  la  Résurrection  ou  du  Saint^SépuIcre  » 
qu'on  l(;ur  céda. 

Tel  fut  le  résultat  de  cet  te  célèbre  croisade  9  qui 
conta  tant  d'hommes  et  de  trésors  à  l'Europe* 

Dès  (pu;  cette  es])èce  de  paix  eut  été  puliliëe 
les  chrétiens  et  h>s  umsulmans  se  réunirent  et 
senihiè](>iil  ne  faire  qu'un  peuple;  on  céiéljra  cet 
événonicut  par  des  tournois  et  par  des  fêtes.  Les 


SAÛBr».  a/S 

.    ..   ^  iietmrb^tlanoHesse&ançmae, 

t'emprenèKnt  cTidler  viiiter  le  suUan  ?i  Ramla.  -, 
Ce  prince  les  recevait  arec  sa  bontc  ordlaaire,  les 
admettait  &  sa  table  »  et  De  les  reoToyait  qu'après     \ 
tes  aroir  combles  de  présens. 

Les  cpoisà  se  renoireot  eo,  foiUe  k  JérnsaJop, 
ponrTremplir.leurT<Xii>lUçhard,^liiëtaitaï{m|.  , 
malade,  se  troura  tout  i  coap  fthnDcloimA' M.  .' 
prîace  anglais  craignit  pour  ce  grand  aomtirè  dit -, 
cbréËéns  qui  se  livraient  ainsi  eux  -  mt^mes  aa 
pouvoir  des  in&dèles  ;  il  cml  devoir  mettre  un 
frein  à  leur  cèle,  et  leur  défendît  d'aller  fi  Je'rusa-  - 
ïem  sans  sa  permission.  CetordrefutpGu  respecta.  . 
Bichard  a'adressa  an  soIIbii  lui-même,  et  le  pria 
dé  ne  recevoir  dans  la  citlj  sainte  que  raux  qui 
auraient  on  ardre  signé  de  sa  main.  Sitladîn  loi    . 
r^mncUt  que.  les  croises  n'aient  Tenus  dans  îa 
Palestine  que  pour  faire  leurs  prières  dans  les 
çaints  lieux  ;  qn  il  se  croîrût  coupable  de  leur  re-    ,  ■ 
fiuer  cette  consolatioa  ,  et  que  les  pèlerinages 
étaient  recommanda  par  I>i«n  même ,  et  par  son 
prophète  Mahomet. 

I^  plus  grande  partie  des  croîs&  ayant  enlîii 
qnittë  la  terre  samte  ,  Saladin  congédia  soit  . 
armée  et  se  rendit  îk  Jérusalem  ,  qu'il  embellit  et  ' 
fbrtitia.  Libre  de  tous  soins  ,  il  voulait  entre- 
prendre le  pèlerinage  de  la  Mecque  ;  déjà  il  feisait 
Élire  les  préparatifs  les  plus  brillans  pour  ce 
voyage,  lorsque  les  émirs,  assemblés  Si  JéruSE^ 
lem ,  lui  reprcsent^ent  que  l'espérieuce  avait 
appriscombieu  on  devait  peu  compter  sur  labonne 
foidescliétiens,  qui  étaient  eu  grand  nombre  dans 
la  Palestine;  qu'ils  garderaient  la  paix  jurée  tant 
qu'elle  leur  serait  favorable ,  et  la  violeraient -sans 
scrupule  dès  qu'ils  pourraient  commencer  impu- 
nément les  hostilités  ;  que  si  le  sultan  s'éloignait 
de  la  SjTie  il  était  à  craindre  qu'ils  ne  profitassent 
de  son  absence  pour  ravager  le  pays  et  s'emparer 


tji^  SALADI5. 

r  de  Ji'rusali'in  ;  ni"'  i«  piiî'icitee  rlaîl  nAvwaini 

,    poûr-couteiiir  »ln«s  lu  i-csinvt  Iiiurç»  lr%  finistmin»! 

f  Vdiiîtif^i  et  miViiriii  In  rcliition  d'un  prince  wn- 
MstHÎt  tnoîitii  H  l'uin'  doH  pMi'nuugi'H  qit'à  n-illiT 
nu  lionlHTiirfl  îi  lu  sûreté  Je  w»  ptiuplc-t.  S*l(ulin 
s(i  mnitit  il  Af»  ci>n«i>ils  kî  Bugrs  >   vl  iv iran^-*  <ui 

Ï(>l(>rînH(t<?  dp  In  Sliniiu'.  Il  ossai^  1r  li'aïuiuillile 
p  W*  peu|)lra  ou  cuncluaiit  uqp  )'aix  tléGnkîrc, 
nvfc  1rs  clu-(<liMiH ,  ijtii  t<ius  qlI)ll^rfut  Ih  Pifirs- 
Vatf.  Saiiulin,  apn^s  iivoir  si'i'otirHtf  iiHctiiuo  Uitur* 
h  Jt'rasnlpm ,  n«vlil  cour  nllri-  *UîtiT  les  cites  ic 
In  Sjrin,  et  se  rciulit  Ji  DiunitH .  o{i  il  complÀit 
mU^v  cjiioliiueA  mois.  11  avait  l'iiitoiitiim  <)«>  pàarcr 
eiiBuite  en  EyvptC;  miùn  lu  i»»r(  le  Mti-])nttbiM 
ci'Ite  villi;.  Oi^  prince,  qui  ne  nf^liatrnit  Micnnv 
dcï  pratiijMcs  de  su  religion ,  l'tait  sll^  ait-dcviuit 
drï  pùl«rnia  d»!  lu  Meciiut;  il  Uf  piît  pas  iinvélr- 
nirut  tj^tiil  portait  h»i>îlucllcm<'nt  ;  le  frdid  le 
Bni«il)  il  tiprouvii  nnn  ^^raridr'  laMiliidr  ,  imi  fut 
bii'iitùt  sHÏTir  d'une  fièvre  ordciitc.  Le  Icudrraain 
il  <tc  plnignit  d'avoir  beaucoup  souflcit  pcntbint  la 
liuih  il  fit  uiirffort  pour  se  I(!Tfr,inuîs.iiiin>sU-fiiw 
fiiililfssu  l(!  fit  iTtonilH>r  sur  ron  liL  11  ticnuuida 

un  pi'U  d'pBu  tiL'de  pour  caluter  U  »<>ir  <^ui  le  d^ 
».     vornit;  on  lui  ru  upuorta  qui  «ïtiiil  liatuUsnlc^il 

la  ivuvoyn ,  et  mi  lui  eu  ilonua  un  inomntt  «près 

do  la  froidr  :   <>  \\f  i)uni,  dit-il  nvrc  doucour. 

«  ue  pDurrai-jr  pniiit  Htoir  de  l'fHa  UMe?» 
«  Quplleii  mdHirs!  qnri  t^uruclî^i-c  !  «ticric  un4tc4 

a  tcn»iiu9  lie  cKti;  tcène  i  n  cA«  nrrivnit  b  quri> 

■  qu'nn  ilo  uons.  iiotA  tp.  niauquù-ions  pu  du 
»  lîriscr  In  vasncoul»  Ut6b'd<^  lr*clnv«quiii«u> 

■  Korvimit  ^1  mal.  a 

Cepeuilanl  lo  hrnit  *r  ri^pand  dnui'  Danuu  «pis 
lu  sultan  est  eu  dauger;  &  eotti-  »ou\cll<?  on  (erate 
li-s  linutiqucs ,  on  cnl^vt-  le»  nmn'liiinfli»a  du 
tnan'lit'.  Le»  unx  vouf  «r  proslernrr  duu»  Ips  nKu> 
(jU(.W,  les  ftuliTs  courent  nu  palais; 


SALÂDIN*  i77 

|HMrte9>  on  flxréte  les  mëdeoips  du  prince»  Mi 
ébssrAe  à  lire  dans  lèuï>  yeul  ce:gue  IW  doit  , 
<9përer  ou  craindre.  La^viUe  est  f  leine  de  tm-- 
aMdte  et  d*eSroi«  Tous  ressentent  enfin  la  donlew 
des  enfafis  qui  sont  prêts  ai  perdra  un  père  ten- 
dremient  elnié  ;  tous  youdraent  donner  leur  yje 
"pour  sauver  celle  de  leor  maître» 

Pendant  le  peu  de  jours  qoUl  T^mt  encore 
Solndin  s^occupa  à  donner  des  instruetiotts>à  sox 
.fils  Afdbal,  qui  lui  succédait  au  trône ,  etli  com^ 
mander  aux  ëmirs  d^aider^  de  jieurs  conseils  'Ce 
prince  et  ses  auh^es  enfans.  H  fit  distriliuer  des 
«unones  à  tous  les  pauvres»  mène  ara-ehrëtiens 
indigens  qui  se  trouyaient  dans  la  yille*  Cobmm 
il  avait  toujours  prodigué  ses  trésors  ^pour*  les 
nutres,  et  né  s'était  jamais  rien  réservé  pour  ïm^ 
-  vàême  9  on  fut  obligé  de  vendre  ses  •menUes'  et 
ses  Ujous  afin  de  remplir  ses  intentions* 

Il  ordonna  à  rofficier  qm  portait  ordinaîreteedt 
S09  élenc|ard  dans  les  ccônbats  d*attacl|er  au  boiit 
d*une  lance  le  drap  dans  lequel  il  devait  être  «nse^ 
TeM  j  et  de  crier  dans  les  rues  de  Damas  en  le 
montrant  au  peuple  :  Foilà  ce  que  Saladin,  *»ain^ 
ijMÂeurde  V  Orient ,  emporte  de  ses  conquêtes.   * 

Ëufiu  il  empira ,  le  douzième  jour  de  sa  maladie, 
à  lage  de  ciuquaute-sept  ans,  Tan  isçd  de  J-d. , 
589  de  riiégyre.  Il  avait  régné'vingt— deux  ans  en 
£gypte  depuis  la  mort  du  calife ,  et  dix*  neuf  eu 
Syrie  depuis  celle  de  Nonreddiné 

Le  deuil  fut  général  dans  tout  l'empire  et 

£éme  dans  tout  FOrient  ;  on  {»*ia  pour  Saladin 
tus  les  mosquées  de  la  Mecque  et  de  Médine  y 
honneur  qu^ou  ne  rendait  quaux  califes  et  aiAL 
souverains  qui  s  étalent  le  plus  distingués  parleur 
bra\*>ure ,  leur  justice ,  leur  humanité  et  leur  «Me 
poUr  la  religion. 

Sa  clémence ,  son  équité ,  sa  modération ,  sa  libé- 
ralité >  hien  plus  que  ses  conquêtes,  ont  rendu  sa 


178  SALADIN. 

mëinoîre  chèrè  à  tous  les  musulmans  et  à  tout  oeuK 
qui  saveut  apprécier  la  vertu. 

S'il  emporta  lostime  et  les  regrets  des  peuples» 
peu  de  princes  (urout  plus  dignes  d'inspirer  de 
pai*eils  sentîmoiis  ;  peu  de  souyeruns  ont  ponsté 
aussi  loin  la  générosité.  Maître  de  l'Egypte  ^  de  U 
Syrie  >  de  TÂrabie  et  de  la  Mésopotamie ,  qui  lui 
payaient  tribut,  il  ne  laissa  dans  ses  coffi^  que 
quarante -sept  dragmes  d*argeiit,  et  un  seul  eca 
aor.  On  fut  oblicé  d'emprunter  tout  ce  qui 
servit  à  SCS  funérailles. 

Sa  justice  égalait  sa  macnificence;  il  tenait  lai- 
niême  sou  divan.  Toutes  les  personnes  9  sans  dis- 
tinction de  rang,  dace»  de  pays,  de  religioas 
trouvaient  un  accès  libre  auprès  de  lui  ;  les  mu- 
sulmans, les  clirétiens,  les  nationaux,  les  étran- 
gers, les  pauviTS,  les  riches ,  tous  étaient  admis 
à  son  tribunal  et  jugés  selon  les  loix ,  on  plutôt 
selon  Tcquité  naturelle.  Sou  neveu  Teki— Eddin 
ayant  été  attaqué  en  justice  par  un  parlicnlier  «  il 
le  força  de  compaimitre* 

Un  certain  Omar,  marchand d*Akclat|Tille  qui 
n^était  pas  soiunise  à  Saladiu  ,  eut  même  la  haïr- 
diesse  de  présenter  une  requête  contre  ce  prince 
devant  le  cadi  de  Jérusalem  ,  pour  réclamer  la 
succession  d'un  esclave  que  le  sultan  avait  re« 
cueillie.  Le  cadi  ^  étonné  >  avertit  Saladip  des  pré* 
tentions  de  cet  homme ,  et  lui  demande  ce  qu'ott 
devait  faire  :  «  Ce  qui  est  juste ,  »  répliqua  le 
sultan.  Il  comparut  au  jour  indique»  dâcndit 
lui-même  sa  cause ,  et  la  gaffna  ;  loin  de  pviiir 
la  témérité  de  ce  marchand ,  il  lui  fit  domier  vae 
somme  considérable  ,  voulant  le  récompeier 
d  avoir  assez  compté  sur  Son  int^pritrf  poor  plaî" 
der  contre  lui. 

^  Ses  sujets  abusaient  souvent  de  cette  fiidliltf  *  et 
Tinipoi  (unaient  à  toutesles  heures  du  jour  deleuTS 
i^uerellcs  et  de  leurs  discussions  particdièret* 


SALADIN.  £79 

Un  jour  qa'il  avait  travailla  toate  la  matiiiëeayec 
les  émirs ,  il  se  retira  pour  ftller  prendre  quelque 
repos.  Un  esclave  vint  dans  cet  instant  lui  de- 
mander audience.  Saladin  lui  dit  de  revenir  le 
lendemain  :  «  Mon  affaire  ,  lui  répondit  l'esclave  » 
«c  ne  souf&*e  aucun  délai  »  ,  et  il  lui  jeta  son  mé- 
moire presque  sur  le  visage*  Le  sultan  ramassa  le 
mémoire  sans  manifester  aucune  émotion ,  le  lut 
attentivement,  trouva  la  demande  juste ,  y  fit  droit, 
et ,  se  tournant  vers  ses  officiers ,  qui  paraissaient 
surpris  de  tamt  de  bonté  :  «  Cet  homme  ,  leur 
«  clit-il ,  ae  m'a  point  offensé  ;  je  lui  ai  rendu 
âc  justice  5  et  j'ai  fait  mon  devoir.  » 

Dans  le  temps  qu'il  était  le  plus  irrité  contre 
les  chrétiens  ,  à  cause  de  la  cruauté  de  Richard  , 
qui  à  la  suite  de  la  prise  de  Ptolémais  fit  trancher 
la  tête  à  un  grand  nombre  de  musulmans  9  on 
traîna  dans  sa  tente  un  officier  chrétien  saisi  de 
frayeur*  Saladin  lui  ayant  demandé  la  cause  de 
*ou  efftH>i  :  Je  tremblais  ,  lui  dit  l'officier,  en  ap- 
te prochant  de  votre  personne  ;  mais  j'ai  cessé  de 
«  craindre  en  vous  voyant  :  un  prince  dont  l'as— 
«  pect  n  annonce  que  la  bonté  et  la  clémence  ne 
«  peut  avoir  la  cruauté  de  me  faire  périr.  »  Le 
sultan  sourit  ^  et  lui  accorda  la  vie  et  la  liberté. 

Saladin  n'avait  aucune  de  ces  grandes  passions 
souvent  funestes  à  rhumani té  lorsqu'elles  régnent 
dans  rame  des  souverains;  plus  grand  encore  par 
ses  vertus  tranquilles  et  pacifiques  que  par  ses 
exploits  guerriers,  la  nature  semblait  l'avoir  des- 
tiné à  la  vie  privée  plutôt  qu'au  gouvernement 
d'un  vaste  empire.  Il  manquait  peut-être  un  peu 
de  cette  fermeté  nécessaire  aux  princes  pour  faire 
respecter  leur  puissance  ;  il  ne  put  jamais  établir 
parmi  les  troupes  une  discipline  sévère,  et  con- 
tenait ses  émirs  plutôt  par  sa  libéralité ,  sa  bonté 
et  sa  douceur,  que  par  son  autorité.  La  fortune 
le  plaça  pour  amsi  dire  d'elle-même  sur  uu 


ftRo  SALADIN. 

Il  une  qu*il  irninLitîouiinit  \wû  d  nkorcl  ;  mat»  la 
uccrssiU^  i\o  s'y  inaiiiftMiîr  Iv.  rendit  iHgi vit  envers 
HOii  hic-nrailcMir.  Lar(  li}>i<)n  ,  plus  que;  lu  |H>lîtic|un, 
lui  iii'dit  (|uclqurl'oiâ  vris(îr  du  Bai^,  qu'il  avait 
Lorrctir  do  i(f)>aiuln\ 

Sa  iiiriin'  iiispii  ait  oucoro  plus  d*ainour  que  de 
i*rsp('ct  ;  son  r('{];ard  n'a v ait  point  cetto  iiertë  cpii 
annoiuT  tpic*l(|iirrois  les  maîtres  du  monde*  Ses 
discours  c^taitMit  simples  ,  polis  ,  URturelleinent 
i^lo(|iieiiK  ;  mais  son  ima{*inatiou  ne  sVlevn  jnniaia 
h  la  ]>c)ésie ,  et  rarement  li  ees  figures  hardies  9 
h  rrs  meUqilkores  si  iamîlit'^res  aux  orientaux* 
lloiilti\a  mi  gcMU'e  dVtude  bien  frivole  et  ti'cs- 
nppic'rié  par  les  drvbis  nnisulmans,  celui  decoiH 
iiaitrc  toutes  les  traditions  nndiomclnues  et  les 
diverses  ex]>liration8  de  TAleoran.  Il  favorisa  peu 
Irs  poètes  et  1rs  dialeetieiens,  fort  communs  alors 
dans  rOrient  ;  mais  eombla  de  hîenfnils  les  doc- 
Itnirs  de  la  loi ,  H  nu  sévit  que  contre  les  écri- 
vains qui  ne  res])(H^taiont  pas  dans  leurs  ouvrages 
les  nneurs  et  la  religion. 

Sala<lin  fut  ini  usnipatem'  •  on  ne  peut  le  nier; 
suais  ses  grandes  (pialit<^  le'gitiment  an  quelque 
sorte  sa  pnissane<'.  (>lni*h\  nVst— il  \>bb  digne  de 
la  couronne  ipii  ])eut  faire  le  plus  de  bien  aux 
lionnues  ?  Sans  les  guerres  oh  Snladin  fut 'en- 
traîné son  p(Mn>le  eut  peut-être  éié  le  peuple  le 
plus  heureux  Ao.  la  terre. 


tmmm 


FERDINAND  IIlH 

■  il;-  le    '  ■*  . 


■  X/  #       • 


ROIDECASTOLB 


SURJÎOMMÉ  LE  MlNl*. 


V." 


!  ERDiKAND  III,  dit  le  Saint  9  itàqmt,^  ^PSh 
'Alphonse,  roi  de  Léon ,  et^;.mrçi^^  de 
astiUe,  dont  la  sœur  aînée,  ÈUiiciu^i^mtjEP^ 
e  saint  Louis*  Bërengère,  f;dipi§iq|^^jr>pr(^faaya' 
»  états  du  royaume ,  à  l^xjdusim  de  ^"Mafiapip  » 
t  couronner  son  fils ,  et  VWr  èùlatèrleê  çoayi|v^ 
teors  la  c^monie  se  nt  à  la  h$îe  ^eni  pUijbe 
ampagne ,  et  sous  un  arlope»  /;  . 
Berengère  et  Ferdinand  eurent,  dî^abord  à  cpm- 
^ttre  plusieurs  grands  du  royaumcw  et  çurtoijut 


ent.  Parmi  ces  dernières  Donia  fut^  «emportée 
'assaut.  Alyare ,  moins  disposé  cmé  jamais  à  se 
oumettre ,  eut  l'audace  de  démander  pour  terme 
.'accommodement  que  Ferdinand  f&kxiçmis  sous 
a  tutelle.  Le  jeune  roi  avait  alors  dix-nuit  a^s*i 

Retiré  à  Valladolid  avec  son  fils,  Bpre^gère 
ni  confirma  la  cession  qu'elle  Idi  avait  faii|;e^u 
rône  de  Castille.  Cependant  Alphonse,  roi  <le 
uéon  5  ëpoux  de  l'une  et  père  de  Fautre ,  se  plai- 
gnit d'avoir  été  trompé  par  Berengère,  et,  dçfns 

Tome  IL  ifc4       \ 


-«■ 


D  III, 

;  SAINT.   ■■/. 


t,  naquit  en  I&094 
t  de  Bérei)gôre  de 
,  Blanche ,  fut  lu^ 
ais  16*1^111-  reiaa  wr 
lusiou  de  Blyiobe, 
-  écMcter  les  com;^ 
[a  hâte  ,  en  |tUiiie 

rent  d'abord  à  com- 
lyaume^  et  suitf^t 
puissante  nial^^j^ 
tuvcraine.  Queltfu^ 
itë;  d'autres  rést/g^ 
3onia  fut  emportée 
osé  que  jamaiB  à  se 
ëuiander  pour  tenn-c 
inand  fût  rqinis  sons 
alors  diï-liuit  bqs. 
son  fils,  Ii(;re«gèrc 
elle  Vui  avait  faÎK,^» 
ni  Alphonse,  roi  «li; 
re  de  Fautre ,  se  plai- 
f  BérenaÈre,  et,  dqus 
14 


ftRo  SALADIN. 

Il  une  q^ril  lùunhitiouimit  pas  dnbord;  ma»  la 
uéccAsiU'  (le  s  y  inaiiif(Miir  lo  rendit  iMgi*nt  envers 
Hoii  lârnlailcMir*  Lan  li^ion ,  plus  que  la  politîc|ue, 
lui  iiiTut  ([Uflqurfois  verser  du  sai^>  qu'il  avait 
horreur  de  i  épandiv. 

kSa  (lt;ure  iiispij  ait  eueoro  plus  d*ainour  que  de 
iTspeet  ;  son  i'e{vard  n'avaît  point  cette  iierté  qui 
aniioiiee  ipielcpiefois  les  maîtres  du  monde*  Ses 
discours  cUaieiit  simples  ,  polis  ,  naturelleineut 
i^lo(|ueiis;  mais  son  ima{;inatiou  ne  s*éleva  jamais 
h  la  poésie ,  et  rarement  i^  ees  fif:;iires  hardies , 
h  e(*s  métaphores  si  iamllières  aux  orientaux* 
Il  cultiva  im  p;enre  d étude  bien  frivole  et  ti*èsf- 
np]>ié(Mé  par  les  dévots  musulmans  i  celui  de  con-* 
iiaiire  (out<'s  les  traditions  mahomctaues  et  les 
diverses  explications  de  rAleoran.  11  favorisa  peu 
les  poêles  et  les  dialeetieiens,  fort  communs  alors 
dans  rOrienf  ;  nuiis  combla  de  bienfaite  les  doc- 
l(Mirs  de  la  loi ,  et  ne  sévit  que  contre  les  écri- 
vains qui  ue  respectaient  pas  dans  leurs  ouvrages 
les  moMirs  et  la  religion. 

Saladin  fut  un  usui-i)atrur  ,  on  ne  peut  le  nier; 
mais  ses  {rraiulf^^  (pialités  légitiment  on  quelque 
sorte  sa  puissance.  Celni*lii  n'est— il  pas  dligne  de 
la  couronne  (pii  peut  faire  le  plus  de  bien  aux 
hommes  ?  Sans  les  guerres  où  Soladin  fut 'en- 
traîné son  peuple  eût  ]H'ut-être  été  le  peuple  le 
plus  hcui'cux  de  la  terre. 


tmmm 


FERDINAND  IH.  ^  i8i 


FERDINAND  III, 


ROI  DE  CASTILLE, 


SUBNOMMÉ  LE  SAINT. 


t  ERDiNAND  III,  dit  le  Saint,  naquit  en  120O9 
d'Alphonse ,  roi  de  Léon ,  et  de  Bérengère  de 
Castille ,  dont  la  sœur  aînée ,  Blanche  y  fut  mère 
de  saint  Louis.  Bérengère ,  choisie#pour  reine  par 
les  états  du  royaume ,  à  Texclusion  de  Blanche , 
lit  couronner  son  fils ,  et  pour  écarter  les  compé- 
titeurs la  c^^monie  se  fit  à  la  hâte  ,  en  plaine 
campagne ,  et  sous  un  arbre. 

Bérengère  et  Ferdinand  eurent  d  ahord  à  com- 
battre plusieurs  grands  du  royaume,^  et  surtout 
le  comte  Alvare ,  clief  de  la  puissante  maiso<J;de 
Lara ,  qui  affectait  Vautorité  souveraine.  Quelqu^ 
villes  reconnurent  leur  autorité;  d^autres  résii^*_^ 
rent.  Parmi  ces  dernières  Donia  fut  emportée 
d'assaut.  Alvare ,  moins  disposé  que  jamais  à  se 
soumettre ,  eut  l'audace  de  démander  pour  terme 
d'accommodement  que  Ferdinand  fût  remis  sous 
sa  tutelle.  Le  jeune  roi  avait  alors  dix-huit  ans. 

Retiré  à  Valladolid  avec  son  fils,  Bprengère 
hii  confirma  la  cession  qu'elle  lui  avait  faite  du 
trône  de  Castille.  Cependant  Alphonse ,  roi  de 
Léon  5  époux  de  l'une  et  père  de  1  autre ,  se  plai- 
gnit d'civoir  été  trompé  par  Bérengère,  et,  dans 
2  orne  IL  ^4       ^ 


aH6  FERDINAND  III. 

U1I4*  pnrtic  de  rj.^KOtt^iie  cuiidiattiuent  fcuiil  les 
^Llluullt*Llllla  ,  (|iu>i(|u'il  u^y  eût  pas  euh'e  enx. 
rctlc  iiiU'llif;rnc>('  et  et^tte  uiiild  de  iriics  aui  {ont 
]>r(iA]itir('i'  (It'it  ullit'H.  AIplioiiHc  IX  »  roi  aè  Léoa 
l'I  fu^re  do  Fc^nliimiid  ,  jH^inporUi  sur  Ivs  eunenû» 
de  lu  i\n  iiiu^  victoire  iniportanU^  ;   niaii  lori- 

3ii*il  al  luit  vn  mneivier  Dieu  à  Saiut-JacuiM 
V  CoiiipoHlt'lle ,  il  lut  Haisi  d'une  iiialudie  dont 
il  luuurul.  Avant  dVpoiiser  l)^iTnL;rrfî  il  avHil 
vu  iiiif  prt'Miit'ie  truinu»  uppctl^ti  Tlii^ri'aiu  ,  (|ui 
lui  avait  donii(i  doux  lillc»  ;  toujdUi'H  prévenu 
condr  aou  lils  ,  il  lot»  institua  ]mr  ttou  tcHtuinaut 
Lt'rilirrt*H  du  ro^aunu!  dr  LtHiU. 

i^orcnf^riv  l'xhorla  hoii  liU  h  aVinparcr  de  ce 
pavH  ,  i\  rcxclusion  tir  hoh  aœnrtit  l**i*rdniand 
Mii\it  itcH  rouHi.'iU  ,  et  les  villra  Ira  plus  coiiai- 
dcruhlra  lui  ouvriront  Irura  purtoa.  C«*pritdaut 
loa  i^i'iiuda  balan^Miiont  onti't*  lui  c^t  les  priureasoM; 
do  soi'Io  mw.  Totat  d 'Alphonse  était  uieimcd  des 
phia  ^rantiK  nialluMirH. 

La  roino  Tlioidsia  ifétait  point  morte;  Al- 
plkoiisi'  avait  été  oidi^é  iU\  disaoudiv  aon  nmria|*ft 
uvoc  oUo  par  l'ojdro  du  |uipo  Innocent  IJl ,  auua 
pietoxto  ((u'ila  élaiont  pai'ona»  Cottcî  prini'oaae 
-vint  do  lN>rtu{;al  pour  anpnyur  loa  droita  de  aes 
iillf-a  ;  nuiis  loa  piélata  un  royaume  de  Ldon  iii- 
loi  post'i'onl  lour  autorité  pour  teruiiner  eea  dif- 
flirt  us  par  une  paix  duniliio  ,  ot  lu  plupart 
d*onlro  eux  ao  prononceront  on  laveur  ue  l^er- 
dinand. 

J'ji  (*onso(pu'noo  on  conclut  un  traite'  |mr  lecpirl 
les  drux  Ktrura  ronono(>ront  à  loura  prélentiona , 
ino^onnant  uno  pension  annuollo  de  trente  mille 
pioooK  d'or  (|ui  dovaio^it  h'iir  ôtre  pavéea  en 
cuiiinmii.  Aijisi  lo  royaume  tlo  Léon  ,  aépard  de 
la  tJnstillo  dopuia  soixanli— troii^o  ana  y  redevint 
uni*  pro\iiioo  do  outto  nionarclno. 

Ferdinand  a}unt  contracté  une  alliance  avec 


FERDINAîiD  III.  S8S 

j9Ïr  pris,  par  esprit  de  [>«niteuce,  l'hftbit  des 
pralicrs  de  Saiut-^Iacques.  Son  frère  se  retira 
i  Afrique,  près  du  roi  de  Maroc,  et  acbcra 
iSDtôt  ses  jours  daus  ce  pays. 
IQnand  ces  dcnx  horames  eurent  eessi^  d'exist«r 
i^ïx  se  rétal)lit  entre  Alphonse  et  son  fils,  et 
n|L  s'occupa  de  faire  la  guen-e  aux  Alaures  ;  mais 
toiqu'un  asiei  grand  iiouilirc  (fËspacnoIa  eu»- 
Bt  prisla  croix,  vers  ia  tin  de  iai8,  divcrioli»- 
desae  perniireni  pasaiors  d'ablcoii'deiâaccès.  . 
^uoode  suivante  la  peste  et  U  famine  ravagèrent 
te  grande  partie  de  l'Espagne.  Eu  laso  Ferdi- 
■âa  épousa  Be'atrïx,  tille  de  Philippe,  qui  avait 
^empereur  d'Allenui^ne.Souroyaumen'ëtaitpaa 
^quille  ;  un  homme  issu  d'uue  ancienne  maison 
3,Castille,  Kodrigue  Camei-s,  leva  des  soldata 
foa  prétexte  d'aller  à  la  terre  sainte  ,  et  désola 
4|iuDénicut  par  ses  pillages  les  frontières  de  sa 
Bb'ïe;  car  alors  lea  papes,  dësiraat  avec  ardeur 
Be  la  Palestine  filt  reconquise ,  exeiuptaleut  de 
Muridîctioa  ordinaire  et  évoquaient  à  un  trï- 
Enol  ecclésiastique  les  causes  de  tous  ceux  qui 
Tenaient  le  titre  de  croises.  Ce  Rodrigui^  tuiile- 
>ts  fut  cite  devant  la  cour  à  Valladolid ,  et,  con- 
unné  par  contuinaee ,  ses  biens  furent  confis- 
iiés  ;  on  lui  ôla  tous  ses  gouvernemens.  Mais 
omme  il  s'était  réfugié  dans  une  place  très-forte, 
''enlinand ,  soit  qu'il  désespérât  de  le  réduire  à 
ou  obéissance  ,  soit  qu'il  craignît  qjie  ces  non- 
'eaux  troubles  ne  replongeassent  la  C  asti  lie  dans- 
ine  foule  de  malheurs ,  fit  la  paix  avec  ce  rebelle, 
^t  lui  donna ,  comme  dédommage  ment ,  quatorie 
milles  pièces  d'or. 

Les  séditions  renaissaient  sans  cesse.  A  peine 
Elodrigue  était-il  soumis,  que  Gonsalve,  frère 
les  deux  seigneurs  de  Lara  dont  nous  avons  parlé , 
«□ta  de  troubler  comme  eux  la  Castille  ,  et  d^ 
lOuieTer  contre  le  roi  un  gouverneur  de  Moliua. 


1 

il 


I 

284  FEnniNAND  ni. 

Lii  [truAmm  Hi-  lu  n-im-  IlériMifi^rD  fit  rradirr 
ccdcriii^^i'i))!"»  I''rli<vuir)  itiiiia  (t>iiiiMlvi>  iu>  t><ik 
«lib-nir  i^rùcr.  et  »•■  iv.iir-.t  tluiif  lii  ]>»rlU>  <b' f£|>>i 
pii)tiip  i)ti'ii|ii'{'  |ini'W  Miiiii<-u,  «il  il  immnil.    ' 

VrM  l'iiH  1*83  Fcidirtiiiiit  mit  wir  yM  t 
■mni!»  iininlMVvA»  poiii-  atltuiutr  \ct  tnaeam  lUt 
«n  n'l>|;i(iD,  rt  rnvugi-ii  U»  t'cnttlli^rr.i  ilit  ruTHuiiui 
<lo  VitlrrHV.  Un  i-oi  ilv  llii#*n.  <]iil  finrlnil  te  nnm 
«le  MohnmiiiL'il ,  itdvi'ït  »hx  rln  i{)i<'ru  1»  [intl^t 
de  ta  ropitiilt'»  Lm  hiiltitnii*  di-^  Qui'lmla  fào- 
liirciit  nu  Dwntniir*-  Hi*  Miuffuir  mi  «i^.  Dn 
wrnpordi  lirni'>illotio lorw.rt  fou»  If»  jcnrui p'Ot 
y  fiii-i'iit  iiiRiiitavi  i.(j|  ;  IcH  otitii*  )iAl)iMni ,  «IodI  li: 
jioiiiliri'  était  ilc  «^pt  milln,  luivnt  poimt-n^  m 
cnplivit^-  l'iimii-ur»  *illc«,  ffUrayét^»  An  ce»  Iff- 
rililcH  réitiiltudi  ilii  ilroir  île  In  (jiirrrf ,  *■■  tuja- 
ininriit  aux  flftiitilliiiii.  dunl  iHiitiei-  n-vtnt  IrbFii)* 
phanto  II  Toli'ilc  hii  muiit  itr  ncivctubrit  1204.  Ot 
•mccès  no  fui-ciit  [mu  li*  triilti  le  roi  irumn*  ■!■■ 
^itlfiice  t  appi'li-  Zi^it ,  M  mii/it  urrc  «n  viUi  k 
ï'niliiiiinil.  Un  i*i'li'|iir  c<"t  divfTi  nctcvde  l'ol- 
jili'Mt!  di!  In  )iiii-l  ili-i  (iiriqui'i lu»  tïc  tEtnimna, 
«Il  iliMtit  i|riif  les  iitinHim  iii  nvnirni  iiinnlm.,tl 
vinloiil  (|tiii  lo  (livisiiiioi  inb-KliiiiK  If*  inrrriii|'nl 

hol«  «lY-tHl  (le  Ml  il.-ll:iiiiir  r.i-ilip    Ira  iUrtili 

ri-nliimml,  MM-Oiunt;.'  Jr  i»l.i..  rt.  i,lin.M»f.l.-i  .1.- 
liouvt'lIcscciiKJiiAtr'H,  cl  liC  ïuliliml  pan  luîwi'  a»i 
miiiiiilinitUK  lu  facilita  dit  lui  li'BinU'r  uvn:  |>lat 
«l'nvuiitHgr ,  tr  raniitcn  mmnni^tf,  rt  prit  l«  viH* 
dr-  Snea  ,  dmiL  il  cuiifin  lu  Minuit  tnix  dtnalien 
(li<  Calulitiva. 

.hiMiituliiri  ri)K-1irv^'|Be  d«  Tnihl»,  fUmnii 
JUidriituo,  Bviiil  Été  \r  ilu»  nrdfiU  prnpii^lcuf  ' 
de  et*  fiS|«5iljlionM  et  le  pririrlpl  '««um'iI  <1m 
joint-  rnu  Criliiiiii.  (Ir  l'éUt  de-  hnArtMe  uù  l<!t 
M.iiiii'i'  l'iiiilril  ri'iliiitft  ,  tout  lU'UX  r<t»nliirriit 
•11'  ni  imiiiiiTnrr  In  f-iici-if  atvc-  iiliui  du-  *i(;i>co>- 
tucuiu  (]ti'aii|iLiiiivaitt )  itwii  lu  liiétntj  atteûil 


FERDINAND  TIL  affS 

iVune  violente  maladip  ,  ne  put  cette  fois  accom- 
pagner son  prince  à  l'arinee  ;  il  mourut ,  et  l'ë-    ■ 
■vêcjTie  lie  Plaisance  le  remplaça  dans  la  nouvelle 
expédition.  Les  Castillans  se  répandirent  dans  les 
belles  plaines  qui  enïiroan«nt  Grenade ,  et  rava- 
eËrent  tout  le  pays.  Les'iKiltitans  de  cette  ville 
demandèrent  la  pais,  et  offiirent  ponr  l'obtenir 
de    délivrer  ù-eize' eenfs  chrétieos  prisonniers.    ■ 
Ferdinand  consentit  à  ces  conditions,    honora-    , 
hlcs  pour  ses  armes ,  et  i-evint  &  Tolètle. 

Tôot  semblait  alors  aiuioncer  la  Un  de  la  puis- 
sance musulmane  en  Espagne.  Les  chrétiens  de 
l'Andalousie  iLiva-f-reiit  Ifs  fuviro.is  <!.■  f^c^illc.  ■ 
iaat  le  toi  se  hâta  de  tnettr«  une  érm^tor  pied 
'  poDrVopposer  à  hrâtt  Airm»6\m.i\ftA}àXÊii, 
-perdit  Tmgt  itiille  homï^,  et-W  {MteftMaâlbr  ' 
■■■le  peste  de  SW9  troupWi.  ■  "'■  ,_•■'■:  #»'J^iK'v-' 
^  Fenlinbnd  allait  'Hi'é^-  ]^Mti'''d6  e^^cJMabftuieft 
m  &TorableB  qhand  lif^remê  Kàndw  i.^œnr  3e 
.  sa  mère  ,  le  pressa  par  des  lettres  Âr'dqpeiiâe» 
-  de  se  rendre  eti''FFance  pour  ta  prbtégér'coatre 
les  entreprises  des  grands ,  ainsi  cjue  son  fils  jalcfirs 
Agé  seulement  de  douze  ansi  Duu  antre'cètéle 
roi  maure  de  Baë'sa  fat  massacré  ftir  ses  snjeâ  , 
en  haine  de  ce  qu'il  aVait  fait  la  paii  ave*  le  ft» 
de  Gastille.  Ferdinand  fît  céder  les  lîeas  du  sahe 
à  la  politique  et  aux.  intérêts  de  son  peuple  ;  u 
résolut  de  combattre  ies  Maures  plutôt  qUe  de 
se  hasarder  a  entrer  en  France.  Heureusement 
la  mine  Blanche  était  une  femme  douée  de  quk— 
lités  très— rares  ;  privée  du  secours  qu'elle  avait 
imploré,  elle  parvint  à- rétablir  la  paixdajis  le 
royaume  de  son  fils. 

'  Ce,  fut  en  l'an  1227  que  Ferdinand  marcha  de 
nouveau  contre  ks  Maures.  Le  roi  de  Sëville 
obtînt  la  paix  ,  en  se  soutnfttant  à  lui  payer  ua 
tribut  de  trois  cent  mille  éc«s  d'or. 

Les  diveiï  rois  chrétiens  qui  se  partageaient 


.»T8  FERDINAND  lit. 

roi  maim  Zaëa  lui  ollj'tt  tics  coniliUoiH  At  furix. 
b èf-AVuiitii^iruiU'S  1  il  cuoieitlaituJinr  à  lui  jmjtv 
un  trilint:  U:  iu(iaui'i[u<- aiTit|;tMini«  ri^TaMi  tuuL 

Lt's  ëvJiilirsrt  li-N  i^rumU  arnigipoiits  nnirnènuit 
de»  liuu|>c»  il  Iciii"  sonT»raifi.  PitTi-K  Emilie . 
(ivdiiiKt  do  Nai'lioiiiic  ,  rMidiiisU  au  enjiip  *lc  t»c- 
uurs  au  cntf»  iltSlite  vmii]i(i«^  éf  jcttuns  Fran^tùt» 
La*  AiigUU  même*  tcooudjtrenl  Its   |trajel»  ia 

DiUiH  le  mètac  temps  dix-buit  «nisarauz  nm- 

.vnU^iit  lie  Tiuiiit  pout'  «pcouijr  Ici  hioiMc^  Le* 

trouppK  ([u'iU  porlaii'iit  nr  purent  w  retian* «Iniib 

lu  pUctset  k'sMaurcï  turent  oliliu^s  de  capîtuleiri 

Lu  pi  iw  (lo  Coi'duuc  par  Fi^rditimid .  cAie  Ae 

Valcni'ir  piu"  JitiTtjnm  >  l'cndirciit  pliu  c^Ièbm  ijok 

^     jaiu»i8  Ic^t  iiniiiK  <lr  cp»  dras  prince*  dans  toute  la 

k     clir^lirnl^.  Vré  ituLiT»  «oureriiiiu  Av  l'Europe  leur 

r    vnviiy^i't'iit  dcH  andiu»sudcui«  pour  Uta  téVuâleràe 

"     leurs  tniiniplu-H. 

'  I-Vrdiiinnd    nviiît    nlor»    perdu    su     prcmicre 

i^ot»e.  Uéi«nKftre,1pii  piirnit  avoir  venu»  vser- 
ci-r  Siu-  aou  liiit  la  ni£iui!  auturil^  ((h«  sa  ttmt 
Clditcliu  nvait  Hur  aiiint  Louiit  ,  luï  lit  ëpoiuer. 
Jianii»' ,  (illr  du  l'omis-  de  l'oilicr». 

L'ii    divisiuiis    tiil''slinGa   des   Mnurra   conti- 
tiuiiicut  tonjeui'ii.  Hiidit'l  ,   mi  di-  Murci« ,  ciïi- 

fiiiiiit  tairil>ilioit  d'un  Au  te»  r.oRipiitriolro,  oflrit 
FiidiiiHTiil  di;  lui  remrlti-e  arin  rova»uie ,  wnia 
1»  cuiidiliuii  ijuc  1g  print^uciiatillnii  te  dëlvndnil 
(k  tiiuU'  ullutjut!  lutéi'ii'unt  ou  ^tranf^'c;  il 
dcniniiduit  m,  outiT  de  ponvoir  coiucrwr  la 
moitié  de  ai>8  revonua  actueli,  Ferdinand  iio  CTot 
puxdt-vuii' nd'uH;i:-il<<H  citTrcK  iti  uvantugmvf} 
ci(iit4unnt4UK  In  rgi  iimurc  at.  clian^cAl  deprn 
il  s'i-tuprcma  du  mfllredfsguruiaotisdaiitlirs'niiùt 
Icurea  plut'ira  de  la  Mmcii-. 

Bi'puÏK  lon^li'uips  nii  pi'ctwaiL  Frrdînnud  d^a-^ 
eit^ger  la  ville  de  Jncu,  sur  lu<jitcUv  oa  f^fiùt  biti 


'      rERDINAÎSD  m. 

284 

inutiles,   n  s'y 
que  présentaient 

détermina  , 
la  situation 

^K  cette 

\ille  ,  ses  fortifications  et  le 

MbSl 

P«re, 

asenrs;  inai&  le 

siège 

fut  de 

Kaoâftitt  que  FerdimUncT  fonnait  cette  entre- 
priie  difficile  le  roi  âuore  de  Grenade ,  de  qui 
Jwiàa  Aépwàiit,  TÎt  ses  sujets  se  soulever  contre 
lui,  et  ùii  en  danger  de  per<Ii-e  la  vie.  Il  ne 
traiva  d'autre  moyen  de  salut  que  de  se  confier  h 
"H-ffioêmùté  du  pnnce  castillan ,  et  vint  en  couse'- 
ttoeoce  dans  le  camp  de  Ferdinand ,  dont  il  baisa 
là^maiDj  pour  lui  témoigner  sa  soumissioti.  L'ar- 
tàtSa  principal  de  l'alliance  qu'ils  concluient  fut 
que  jAëc  appartiendrait  à  Fei-dinanJ,  que  1» 
ftince  musniinai)  assisterait ,  comme  tributaire , 
al'aOBembl^e  ^^nérale  des  États,  et  qu'eufiu  lei 
amenils,  aussi  Lien  que  les  allids  des  deux  mo- 
narques,  seraient  les  mêmes.   '      ~ 

Ce  traita  fut  scrupuleusement  exécuté-  Ferdi— 
uod  entra  dans  Jaëu,  j  établit  un  ^vêque,  eC 
irendit  la  place  encore  plus  forte  qu'elle  n'était 
KnparaT3nt. 

Ici  lliistoire  du  roi  de  Castille  présente  un  trâît 
qui  ne  Itii  est  pas  personnel ,  mais  tellement  digne 
d'admiration  et  si  singulier  dans  ses  détails^ que 
nous  ne  croyons  pas  devoir  le  passer  sous  silence. 

Sànche,  roi  de  Portugal,  Sy.aat  été  chassé  du 
b-âme  par  son  frère  Alphonse ,  vint  finir  ses  jours 
à  Tolède,  où  le  monarque  castillan  lui  donna  une' 
pension.  Ce  roi ,  privé  de  la  couronne  après  nn 
légae  de  trente-quati'e  années,  eut  cependaut  un,  ■ 


sujet  fidèle  ;  ce  fut  le  gouverneur  de  Coimhre'  t 
que  les  historiens  appellent  Flectiiis,  et  dont  le 
nom  méritait  d'être  immortalisé.  Assiégé  par  lo 
nouveau  roi ,  il  ne  consentît  jamais  à  se  rendre  ; 
quoiqu'il  fût  réduit  aux  plus  dures  extrémités.  On 
lui  apprit  enfin  que  le  souverain  dont  il  défendait 
Tome  JJ.  ■■  aS 


îcjo  FERDINAND  HI. 

la  cause  renaît  de  mourir  ù  Tolède.  Il  demanda 
la  permission  de  >i*  rendre  dans  cette  Til)e  »  et 
l\>btint  facihnnent.  Alors  il  se  Kt  ouvrir  le  tom^ 
beau  de  Sanche  «  et  ailiTssa  au  cadavre  de  ce  roi 
im  discours  dont  il  importe  de  ne  pas  omettre  les 
tiétails  mêmes  mrune  fausse  délicatesse  semblerait 
vouloir  retrauciier. 

K  Tant  c|ue  j*ai  cru  que  vous  viviez  encore  t 


jusiiua  manger 
«  do  IWino.  Mes  e\Lortatîons  >  mon  exemple  oat 
«  i^outenu  le  courage  des  citoyens ,  oui  souvent 
u  avaient  riiitciition  de  se  i*cndre«  J  ai  rempli 
«  tous  les  ilevoii-s  d'un  sujet  (idèle  :  je  remets  au- 
«  ituinlhui  entre  vos  niaius.  aprcs  votre  raorti 
u  les  clos  tle  la  ville  que  vous  m  aviez  confiée*  Je 
u  suis  absous  de  uuui  serment  :  je  déclarerai  aux 
M  liabitans  de  Coiinbre  que  vous  n^étes  pliis  leur 
u  roi,  et  je  leur  persuaderai  d obéir  désorpi^t 
«  au  roi  votre  iVère.  » 

Ferdinand,  résolu  d'assiéger  Séville,  envoya 
on  Hiscaye  Raymond  Bouii'aee,  habitant  de  But- 
gos,  et  è:Lcellent  marin,  pour  anuer  dans  oette 
province  un  grand  nombre  de  vaisseaux.  Yers  cç 
inènie  temps  sa  mère,  la  reine  Béreng^re,  mou-i 
Ywi ,  et  il  maria  son  iils  Alphonse  à  la  ÇUe  du  to\ 
d'Arragon. 

AxatulV,  roi  nmsulman  do  Séville,  raçaenibia 
toutes  st»s  l'oives  pour  résister  h  Tattaque  de  Fei^ 
dinand;  il  lit  même  venir  des  tioupes d'ACrkm  ^ 
et  éipiipcruue  année  navale  sur  le  GuadalquiriTy 
1l(>nve  asst*z  profond  à  Séviîle  poui*  porter  d^ 
grands  vaisstMuix, 

TiMdinand,  à  la  tcto  d'nn  corps  de  troupes  Ibr^ 
ini(lai)le  ,  partit  d'Alcala  le  2o  août  1247.  Buini 
les  capitaines  linnenx  qui  maiTlmient  sous  ses  dnH 
peaux  était  le  Tolcdau  Gardas  Pérès  de  yai^gasi 


FERDINAND  HT.  sLgi 

mtî  9  dans  ane  circonstance  pérlUense  ,  avait 
ajouté  à  sa  haute  renommée.  Se  trouvant  avec  un 
autre  cavalier  loin  du  coi'ps  d  armée ,  il  avait  vu 
venir  sept  Maures  qui  se  disposaient  à  empêcher 
leur  retour  au  camp  espa^iol.  Le  compagnon  de 
Garcias  lui  conseilla  aussitôt  de  se  sauver,  et  prit 
lui-même  la  fuite.  Garcias  dédai{;na  de  Timiter , 
et  quoique  Les  Maliométans  fussent  aussi  bien 
montés  que  lui  ,  aussitôt  qu'ils  le  reconnurent  ils 
n'osèrent  l'attaquer*  Ce  qui  met  le  comble  h  la 
gloire  de  Garcias ,  c'est  que  ,  lorsqu'il  fut  réuni  à 
ses  compatriotes  ,  il  ne  voulut  jamais  nonuner 
celui  qui  Tayait  abandonné  dans  un  si  grand 
périL 

La  longueur  du  siège  de  Séville  fatiguait  les 
Castillans ,  lorsqu'ils  reçurent  à  propos  de  nom- 
breux secours.  Plusîeui's  seigneurs  et  prélat» 
vinrent  se  joindre  à  eux.  Le  roi  maui*e  de  Gre- 
nade y  vint  lui-menu^ ,  plus  fidèle  à  sa  promesse 
qu'à  ce  qu'il  devait  à  ses  compabûotes.  Toutefois 
Timmense  étendue  de  la  ville  ne  permettait  pas 
qu'elle  fût  entièrement  bloquée,  et  les  muni- 
tions de  toute  espèce  y  entraient  avec  une  grande 
facilite. 

Il  était  d'une  extrême  importance  de  rompre  le 
pont  au  moven  duquel  les  difterens  quartiers  des 
assiéi^és  communiquaient  ensemble.  Ce  Boni  fa  ce  , 
que  Ferdinand  avait  nommé  amiral  de  sa  flotte , 
imagina  pour  y  parvenir  un  sti'atagème  qui  eut 
un  succès  complet.  Deux  de  ses  plus  grands  vais- 
seaux allèrent  à  pleines  voiles ,  par  un  vent  impe'- 
tueux  et  dans 'le  temps  do  la  plus  haute  marée, 
lieurter  le  pont  de  Séville.  Quoitpi'on  leut  carui 
lie  tous  côtés  par  dos  I>arres  do  for ,  il  fut  obligé 
de  céder  à  uu  choc  si  violent.  Li^  assiégoans , 
transportés  do  joie ,  so  prépanVeut  alors  à  monter 
à  Tassaut ,  et  les  Maures  perdirent  presque  toute 
cipérauce.  La  disette  de  vivres,  qui  commençait 


2()H  SAINT  LOUIS. 


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SAINT   LOUIS, 


ROI  I)E  FJIANCE. 


I  jOUis  IX  avait  reçu  Av  la  nature  toutes  les  qtia- 
litiis  ({ui  (ont  les  grands  huiniiies  ,  le:  courage  , 
riiilréplditd  et  IVlévation  de  lame.  11  conçut  de 
vastes  prii]vt»,  c:onduîslt  de  nondjreusc^s  aj'in<$cs 
au-deJïi  des  mers,  (il  des  yn'odi^e»  de  valeur,  et 
ee  ((ui  surtout  est  aduiirahle  en  lui  ,  cVst  que 
dans  ses  aetions  il  eut  inoins  en  vue  sa  propre 
*  gloire  ({ue  le  tj'ioniplic  do  la  religion  et  lehoiiheur 
de  ses  sujeLs. 

S(nis  la  froisièuie  race  des  rois  do  France  la 
puissanec*  des  (grands  vassaux  An  lu  couronne, 
f(iii  se  lignai<;nl  souvetit  contre  leur  souverain, 
tétait  devenue  redon table.  Tour  pilîvcnir  leurs 
complots  contre  Tluir^'diti^  Au  troue ,  tous  les 
rois  de  France,  juscpi'à  Plii lippe-Auguste,  aïeul 
de  Louis  IV,  avaient  fait  couronner  leurs  filsam<S» 
de  loiir  vivant.  Louis  \1  11,  inquiet  de  n*a  voir  pas 
pris  cette  piécaution,  assembla  prcïs  de  son  lit  de 
mort  les  grands  de  son  royaume  9  leur  rccom— 
jnaiida  son  fils  ,  reçut  pour  lui  leur  serinent  de 
fidélité*  ,  et  d<^elara  l'f^geute  la  relue  Blanche  de 
(laslille,  son  épouse. 

Louis  IX  n  fils  Av.  Louis  VIII  et  de  Blanche  de 
rastillr,  n(^  le  2,S  avril  I2i5^  fut  baptisé  à  Poissy  : 
diins  hi  suilr  il  aimait  à  prendre  le  nom  de  Louis 
de  i^)issy ,  et  souvent  uiemesigimit  ainsi.  Il  u*avait 


SAINT  LOUIS.  igM- 

(douze  ans  lorsqu'il  parvint  au  tronc,  le.lH 

Embre  1226.  Le  çouyernemenl  lut  rcmû'lH 
che  (le  Caatille  ,  ainsi  que  l'avait  ordonna  UN 
toi.  Lesgi-an(livassaux€spérèreut,àla  lavet^Ft  . 
^  miaorîtë  et  d'une   régence,   étendi-e  leur'- 
wolr ,  et  conspuèrent  ctmli'e  celai  du  roi  le     f 
f  même  de  son  couronnementi 
A  prudence  et  In  fermeté  de  la  n^geate  firent 
buer  leur  dessein  ;  elle  assembla  imc  armée  , 
Wha  avec  son  £ls  contre  Thibault,  couile  «le 
taspagoe ,   l'un   des   priucipnnx  i-éroltés ,    le 
moe  mettre  bas  les  armes  et  de  l'ecoiirir  k  la 
Koce  du  roi.  Louiâ  IX  traita  ensuite  aveV  ^âi  ■ 
K«  Kbellcs;  ce  qui  força  Henri  II,  roi  d'Ai|^ 
Bre,qui  n'avait  plus  de  partisans  parmi  llV'l. 
■dk  <rassaut  de  la  couronne  de  France ,  à  con-* 
R  atec  lui  uue  trêve  d'iiti  an.  Henri  interposa 

Éiuédiation  du  pape  Grëi;oire  IX.  ponr 
les  Français  de  lui  faire  la  guerre.  Eu    . 
égenCe  renouvela  les  traités  faits  sous 
prec^Jens  avec  l'empei-eur  Frédéric  It  . 
•an,  roi  des  Scmaias.  fils  de  ce  prince  ,  ~ 
ilef^oels  ils  s'en}<age3ieut  ii  ne  pus  servir  l'iVu-* 
ptre  contre  la  France. 

^  graiids  vassaux,  qni  n'avaient  pas  renonce  ï 
r projet  ambitieux,  rompirent  l'année  sui- 
te la  bonne  intelligence  qui  existait  entre  la 
CsDte  et  Philippe,  comte  de  ïloulopie,  oncis 
roî  ;  ilï  attirèrent  ce  dernier  dans  leur  parti , 
lui  promettant  de  l'aider  à^  s'emptter  de  la 
eace,  et  même,  s'il  le  voulait,  ia  la  cou* 
•ne.  Philippe  avait  tout  préparé  pour  MsaûÛT 
roi  r  alors  dans  l'Orléannaîs.  Ce  ]eune  pmcè  y 
rti  du  danger  qu'il  courait ,  se  retira  à  Mont' 
ry,  et  informa  de  sa  situation  les  habitaiîs  da 
'is.  Tous  ceux  qui  étaient  eu  état  de  porter  les 
les  se  rendirent  soudain  près  de  lui,  et  le  ja- 
nèrent  en  tiimnphe  dans  sa  capitale. 


a./i  SAINT  unis. 

ÏA'îi  ooiiiiii'f^s  i\v.  t'uiTiit  pas  pluH  hrurcui  dand 
iiiir  iiouvrllc  tcnlativc!  qu^ilt)  inx'ul  eucurt?  jiru  de 
temps  apirs  (*oii(rr  le*  roi. 

La  iV^cikfcN  (Irlt^iaiitaux  va*u\.  du  papo,  foi^a 
colU;  iiUMiif  aiiiirc  If  rotulodr  Toiiloiiscsqui sVhiit 
soiisdair  au  pouvoir  i\c  Vé^\m\  h  mï  soiiinrtln'  h 
9('8  plus  I  i^ourrusrs'lois.  Lr  rointc^  doiuiu  «*ii  ma* 
r'uv^v  sa  lillt*  Jcauur,  alorK  C\^v.v.  dt*  neuf  uim,  îk 
AI|)lionsf* ,   Tun  des  Ti  ^reH  d(^  I^oui»  W»  Lu*  h'aitë 


qui  nlhd)lil   (a  ])aix  euliUMM'S  diMix  nri lires  assura 

1)our  l'ayeiiii'  la  rt^uuioii  du  comte  do  Toulouse  à 
a  (*ouronne  île  l''iaue(*. 

TikiliauU.  sVlalt  altiié  la  litiiiie  des  {^rnuds  pour 
iravoir  pas  voulu  tremper  dans»  uu  nouveau  com- 
plot (prils  avaient  Itu'uu^  efudro  leur  souvoraiii; 
ils  fondirent  sur  les  triais  <lu  conilc*,  Huns  le  prt^ 
lexle  de  souleiiir  d'aiuMeus  droits  de  la  iviue  de 
(lliypre  au  etunk^  (I(;  (lliainpa^ue.  Ije  roi  unux*Iui 
à  sini  seeours.  Les  rehelles  le  firent  supplier  de*  ne 
pas  exp(»ser  sa  personu(>  pour  une  eaus(*  cpii  lui 
était  étran^èr<*.  Le  roi ,  ipii  n'avait  h  relie  <5pO(|ue 
loutau  plus  cpu:  (piiu/.e  ans^  rcpuudil  i|UCU  ttlU-^ 
(piant  son  vassal  on  TaHaipiait  hii-ni/'Mnè  ,  et 
<)u'il  le  dc't'ejuliait  au  péril  i\v.  sa  vie*  Ce  jeune 
piiiiee  j-epoussa  les  ViSollés  hors  des  terre»  du 
éonité  de  (ihauioimne,  et,  nu»}-einianl  uuarantt! 
mille  iVaijes  (pi'il  donna  dans  la  suiU'  h  Tliilmult 
])oui*  raelieter  les  drnilsde  lu  reiiu^  de  Chypre,  il 
se  Ht  eeder  par  lui  h\s  eï)mti^s  de  lUoi»  ,  de 
(Ihartres  ,  «le  Saunmr  et  la  vie<»ndiÇ  de.  (Uui- 
(eaiulun  :  ainsi  il  dut  à  un  aele  de  justice  Tiigran- 
diss(M\ient  de  ses  domaines. 

Le  ^(nn(e  de  Itoulo^m»  ^  foreé  de  cpiillrr  le 
eauip  des  li^m^s  pour  «hilemlrc»  son  propn»  pny* 
eonfre  le  eonite  X\  riandr«\s,  (pil  l'avait  adaipié 
à  la  prièr(>  d<'  la  le^entts  rentra  en  1228  Bou& 
ToLiMiisanee  du  roii 

Lii  ivljiv  ixxvïv  proUtu  habilemcut  des  divisiouji 


;^v  :'^ 


A 


SAINT  xoins;  ^ 

*  ifoi  s^eraiaciteiiaqiie  joiir'«atre  laê  ^praudsponr 
.n^QCier  avec  plnsieiirB  de  celui  dont  le»  dp^ 
mailles  étaient  situés  aa-«delà  de  laLcMure  riîa  rCH 
-connurent  Louis  IX  due  de  Guyenne* 
■  Halgrë  tous  ces  mauyàis  jsoocèa»  le  .opîalli;  île 
BÉreta^^,.  affienhi  dans  sa  révolte^ ,.  jn*  d&bra 
Tassai  du  ixn  d'Ansleteire,  ^  kd  a^^fouim 
grandes  sommes  aargent  pour  se  soutenir  i^iAtre 
Và  roi  de  France.  Celui-ci  punit  bientôt  Lç  comte 
de  sa  félonie ,  en  se  rendant  maître  d'Augeis  après 
im  siège  de  trente  jours*  " 

Le  roi  d^ Angleterre  débarqua  à  Saint-Màlo  !• 
3o  àyril  i^o ,  y  fut  reçu  avec^de grands  honneur»  , 
par  lé  comte  de  Bretagne^  Louis  DL-,  ifû  ayait  ra* 
mené  à  son  parti  le  comte  de  1%  Marche  et  tmi 
lés  seigneurs  de  la  Loire,. màrdia contre  le  roi 
d'Angleterre  »  assiégea  Ancenis ,  s'en  empara  y 
'■  reçut  la  foi  et  hommage  de  pluiueûrs  seigneurs  de 
Bretagne,  et  confisqua  les  terres  et  lé^  biens  des 
seigneurs  de  Normandie  qui  ayaient  ofEertiieurs  . 
-^aeryices  au  roi  son  ennemi. 

La  saison  avancée  ne  laissant  plus  rien  à  crain-« 
dre  des  Anglais ,  dont  une  partie  de  l'armée  éîsil 
en  proie  à  la  disette  et  aux  nialadies ,  Loujs  ÎX 
laissa  des  forces  suffisantes  sur  les  frontières  )  et 
revint  au  mois  de  septembre  à  Gompiègue,  oîi  ' 
s'opéra  la  réconciliation  des  grands  du  royaunie 
entre  eux  et  leur  réunion  avec  lui.  > 

Honteux  du  peu  de  succès  de  son  entreprise  , 
Henri  II  repassa  la  mer  au  mois  d^octobre.  Il  as- 
pirait à  réparer  l'année  suivante  Thonneur  de 
ses  armes  ;  mais  il  manquait  d'argent.  La  sollici-« 
tâtion  du  pape  Grégoire  IX,  et  plusieurs  autres 
circonstances ,  amenèrent  les  deux  rois  à  un  traité* 
Une  trêve  de  trois  ans  fut  conclue  entre  eux  à 
Saint-AuLin,  au  mois  de  juillet  1 23 1. 

La  France  commençant  à  Respirer ,  laTégente 
s'occupa  de  concilier  les  intérêts  qui  divisaient 


1/î  SAINT  LOUIS. 

racore  qiiclqiirs  MÎ^jncura.  Eltr  fit  «dh!  raru^  h 
l'or»  W  {ij-o)i'i>«eur»  dir  1  Uiiîvci'ftiliJ  i  nui  «Vu 
ibùcnl  Uiu^élii'iaa^.»  bluniib-  li'uitt?  iiutirûviur- 
vcnuc  ratrv  !<'«  c-cnlii-i-»  et  In  luiliitm»  du  faul>aurg 
SaiDl-M«rc<-au.  Elle  rriiiit  m  vigueur  uoc  unluii* 
luilcc  rendui;  xiicir-nnenicut  CouU'i'  le»  luurci  u- 
reniif^*  (l(->  juif't,  fdrtiTia  4|ucluut-i  plncr*  ilr» 
frotili^rci,  ri-iiouxilu  le»  ti'uitàf*ili  mitt:  Vaai>i<- 
■rur  Fr^ttcrU;  et  avec  le  roi  iW  Riiiiiaiiia  nunr 
'  initintttuir  In  conconlr  calrv  Irx  vbmuiik  iU?tdeui 
Etutat ,  et  tu  lever  l'iulerdît  piuimucé  par  jiluûcun 

En  1 1J4  Lriui*  TX  ^(louKi  MaripirriU- ,  fill«  altiii 
(lu  ouile  de  Proycnce.  Oita  priucc««*  joigniil  It 
uur  st'unde  bcauU  Iiettucuup  dV-iprit*  utw  Inalt 
pt^<é  «t  auf;  vtTtU  udiiiirnljli;. 

Iji  trHe  entre  le  roï  il'An|{U;(('JTe,-odÛ  (b 
l-'rntH;e  rtlc  cuint<-  de  Dix-U^uri  fut  roinpo»  par 
Cl-  dfi-iiici'  ijui;iiiun  ti'in|W  uvuut  i'tf|K;<)U«  oïl  «D« 
di'.vait  osiiirrr.  Le  coial'?  ^draua  dnat  c«ltp  a»ii- 
vrili;  rcvullCiQue  ue  loutint^u  lo  rui  d'Ange* 
ki-i-iV  (^  (ut  iiljUu^  tic  n'i'iiurir  ik  In  i:l^nicfloeik 
Ixiuit  TX ,  <|ut  loi  laitiia  wt  i^liiU.ft  cuiiKiitit  tu^ra 
-  (jiw  hhu  Jil» ,  4ui  u'éluit  \>it»  coupnhle  dv  w  Klo- 
ui'-.lM^riUtde  lit  DrcUgiic,  maiftMiu  laconcLitMM 
qa'aprè»  su  looit  vile  wrnil  n'unie  h  In  Fratice. 
L(i  (roinle  M-  Kouiiiit  aux  voloiiti^n  de  ïoil  «wliTt- 
latu,  et  d/,<-lurn  nu  roi  d'Aii^li^liTii*  <]u*il  nn  w 
retoniiaiMBÎt  plut  pi>uri>»u  vunfuit. 

Lnui*  IX  ,  pi'iflitaat  dca  |pi;iim  de  m  mère  ifeni 
l'nrt  difficile  de  remuer,  l'uppuw  cuusIaniineBt  \ 
co  4juii  te*  ktiikU  vRMaui.  contnuiliuiK'tit  dn  ttl- 
liaiicei  de  Ittmille  avt-c  ïr»  ciinfuii*  An   FËUI  :    , 
et'Uc  Mig«  j>ulili<|ue  fut  trè»-l)»  uialrlc  k  ta  puî**    j 

Le  x,*!  Hvi'il  1 33') .  In  roi  it vital  ntleiiil  m  tinol- 
lUli^lllu  iiitii^e.  (w  lâ^tr  (Vitii  de  pmidri!  |g  jpg  1 
tk-  iv-^vulc;  inul»  i;Ilc  u'rii  nul  )>»*  uiuil 


wa  ^omtToetaBut  tant  qo'eUcLT^imt  ;  «n  fili^  ^ 


ï^ibatilt,  qid  venait  d'beriter  du  royaume  de 
lUl'^n^i-fo™*  contre  le  roi  un  nouveau  com-  - 
^otjcpie  la  tenaeté  de  celui-ci  i-enversa.  Le 
eqpçte  rèkmaat  X  la  soumission  :  le  roi  lui  par- 
donna ,'  il  condition  qu'il  lui  remettrait  quelque»- 
'  Twes  ae  ses  places  frontières  ,  qu'il  accomplirait 
h  ^at&t  posâibie  aoif  yœu  d'aller  en  terre  sainte ,  ' 
-    que    dé   sept    ans    il    ne    reparaîtrait    en 


"^  Le  pape  ^citait  continuellement  les  prioc^a 
chvétieus  à  marchei-  nu  sccours-de  la  Falestiae. 
^  vieux  de  la  Montagne ,  souverain  de  queltjucs 
feo^eajKmaméaleaJssaisiiiiens,  etqre  ses  crimes 
iM  fidt, appeler  le  pi'iace  des  Assassins ,  sachant 
qne  le  pape  comptait  sur  Louis  IX  pour  le  mettre 
fin  tête  d'une  de  ces  eipédittous  générales  qui 
■  .nfnîent  plus  d'one  fois  failli  renverser  le  malio- 
^iétùme  j  enTO ja.  deux  de  scssuppôtspour  le  faire 
f^bir;  mais  ce  coup  afireux  manqua  ps^  b  Iftr 
ntordsdecelui  mêmec^ravaitmmté- 

Le  roi  donna  en  I23g  une  haute  preure  de  Bà. 
'  jiutice  et  de  son  désintéressement ,  par  son  refns 
de  prendreies  armes  cont;re  l'empereur' iFrë^ric , 
que  te  pape  venait  de' coadaumer,  etdontilofi&ait' 
lesEtats  au  comte  Robert,  frère  duroi. 

Louis  IX,  à  peine  âgé  de  vingt-six  ans,  était 
parvenu  à  remettre  l'autorité  royale  au  méiAe 
l>oint  où  son  aïeul  l'avait  portée  :  ses  gram^  vas-  . 
saûx  paraissaient  soumis;  cependant  us  nourria> 
saient  un  esprit  d'indépendance  que  les  circons-. 
tances  réveillèrent.  Le  comte  de  la  Marche  éclata  - 
le  premier  ;  il  reçut  bientôt  le  prix  de  sa  sédition 
par  le  ipvage  de  ses  terres  :  sa  femme  alors  gagna 
deux  scél^i'als  qui  devaient  empoisonner  le  roi  i 
juais  ils  furent  arrêtés  et  punis  de  mort. 

Le  roi. d'Angleterre  arriva  pour  souteuîr  la  ré* 


3oo  SAINT  LOUIS. 

bollion  drs  grands  vassaux  de  France  ;  Taiiica.  îl 
était  sur  le  point  d*êU'c  fait  prisonnier  ,  quand 
Richard ,  son  fi ère ,  demanda  ponr  Ini  une  trêve 
d*ini  jour,  dont  il  profita  pour  s'échapper. 

L*aniiéo  suivante  llenii  II  s'exposa  à  une  non- 
velle  défaite  en  voulant  léparcr  la  première.  Le 
comt«.'  de  la  Marche ,  ohligé  de  recourir  à  la  clé- 
mence du  roi,  lui  cifda  toutes  les  places  fortes 
qu'il  n avait  pu  dércndre  contre  lui,  et  s'engagea 
SI  liii  faire  hommage  lige  pour  tous  les  Etats  quli 
conservait. 

Ce  tiaile'  fut  fait  a  l'iUifu  du  roi  d'Angleterre! 
qui ,  pressé  de  touscofes  et  ciaignaulpour  laGa^ 
cot;ue,  demanda  la  paix.  Une  trêve  de  cinq  ans  et 
d(  iiii  lui  fut  accordée. 

Le  roi  avait  dompté  les  Anglais  et  les  rebeller} 
il  ne  lui  restait  plus  qua  soumettre  le  comte  de 
Toulouse,  le  plus  ardent  des  chefs  de  la  ligne;  il 
en  ti  iompha ,  et  fil  la  paix  avec  lui  en  f243. 

La  trêve  r  ntre  rAn(;leterreet  laFranceint  con- 
firniée  à  Bordeaux  au  mois  d'avril  de  la  même 
année.  Par  ce  trailé  le  roi  demeura  en  possessioa 
de  tr:nf#*s  ses  comiuétes  ;  Henri  lui  rendît  les  plaees 
qu'il  lui  a^ait  prises  depuis  la  fm  de  la  campagne» 
et  sV'ugagta  h  li:i  parrr  cinq  mille  1  ivres sterlingb 
Le  roi,  dcni\ié  de  tous  ses  ennemis,  songea  à 
rétiilih'r  la  paix  de  Téf^lise.  Le  saint  siège  était 
vacant  depuis  dix-huit  mois;  les  cardinaux  ne 
voulaient  pas  élire  un  pape  avant  que  Frédéric 
ncût  renn's  en  iiherlé  ceux  de  leurs  collègues 
qu'il  retenait  prisonuiers.  L'empereur  souscrivit 
à  leur  condition;  mais  comme  ils  ne  terminaîeBt 
)as  Tclection,  il  ravagea  leurs  terres  et  inTCSiit 
lonie  avec  une  aimée. 

Louis  iX,  tout  en  reprochant  aux  cavdinaol 
leur  indifiérencepour  le  hien  général,  lenr  pro* 
mit  an  protection  contre  Frédéric,  «  dont  nous  ne 
«  craignons,  dit-il,  ni  la  haine,  ni  les  «rtifioea»  cl 


k: 


SAINT  LOUIS.  3ot 

m  dont  nous  blâmons  la  conduite,  parce  qu'il  semble 
«  vouloir  être  en  même  temps  empereur  et  pape.  » 
Les  cardinaux  s^assemblèrent  à  Anagnie  9  .et 
élurent  enfin  le  cardinal  Fimbalde  ,  qui  prit  le 
uom.  dlunoçent  IV.  Ce  nouveau  pape  maintint 
l'excommunication  prononcée  contre  1  empereur , 
qui  rompit  avec  lui  et  fit  pendre  quelques  pères 
cordeliers  porteurs  de  lettres  du  pape  à  plusieurs  , 
princes  de  TEurope.  / 

Tandis  que  l'Italie  était  dans  la  consternation  y 
la  France  fut  comblée  de  joie  par  la  naissance  d'un 
héritier  du  trône ,  qu'on  nomma  Louis. 

Le  pape,  poursuivi  par  Frédéric ,  demanda  un 
asile  au  roi  de  France.  Pénétré  de  ses  malheurs  y 
Louis  eût  désiré  le  recevoir  dans  ses  états  3  mais 
son  conseil  l'ayant  éclairé  sur  le  danger  que  pour- 
rait entraîner  l'influence  du  saint  père ,  u  ne  l'ac- 
cueillit point. 

Peu  de  temps  après  le  roi  fut  attaqué  d'une 
dyssenterie  et  d'une  violente  fièvre  qui  le  condui- 
sirent en  peu  de  jours  aux  portes  du  tombeau  5  il  mit 
ordre  à  quelcjues  affaires  importantes  de  l'EtatjCt  se 
«lisposa  à  paraître  devant  Dieu.  La  nouvelle  de  son 
danger  jefci  toute  la  France  dans  la  consterna tionj  la 
douleur  était  peinte  sur  tous  les  visages  5  la  noblesse, 
le  peuple  ,  les  ecclésiastiques  montraient  une  af- 
fliction égale  5    les  églises  se    remplissaient  du 
matin  au  soir  de  fidèles  qui  adressaient  au  ciel 
les  prières  les  plus  ferventes  pour  la  guérison  du 
roi  ;  on  faisait  des  processions  publiques  ;  on  venait 
en  foule ,  de  toutes  les  parties  du  royaume,  savoir 
ce  qu'on  avait  à  craindi^e  ou  à  espérer;  il  sem- 
blait que  chaque  Français  tremblât  pour  l'exis- 
tence d'un  père. 

Il  resta  un  jour  entier  dans  une  si  profonde  lé- 
thargie ,  que  le  bruit  de  sa  mort  se  répandit  par 
toute  l'Europe.  Dans  ce  moment  affireux  la  reine 
mère  ordonna  qu'on  exposât  la  châsse   de  saint 


3ox  SAINT  LOUIS. 

Dr*nis,  et  plaça  sur  le  lît  du  malade  nn  méroeaii 
de  la  vraie  croix  et  autres  reliques  qa*on  aTaît 
eues  de  IVinprreur  Biiudouin  ;  puis  elle  prononça 
avec  ff*r>'eur  ces  paroles:  «  Seigneur,  glonfi«»z au- 
c  )ourd*huî ,  non  pas  nous,  mats  votre  saint  nom  ; 
«  sauvpz  le  royaume  de  France»  que  vous  avez  tou* 
«  jours  protégé.  »  Le  roî  sortit  au  moment  même  de 
sa  léthargie ,  f*t  les  premiers  mots  qii*îl  prononça 
fun-iit  pf)ur  demander  la  croix  àTévequede  Paris, 
qui  étiiit  h  ses  côtes,  et  pour  faire  le  tcpu  du 
voyage  d'outrr-mcr.  Otte  circonstance  affaîUît 
In  joi(;  fpir  son  retour  à  la  vie  avait  causée;  la 
lii-vrr  diiniiiua  par  degrés,  et  deux  mois  suffirent 
pour  lui  n'ndrr  une  santé  parfaite. 

Au  mois  dp  juin  de  1  an  1245  un  concHle  fut 
tiiui  à  Lyon  à  IVfTrt  de  terminer  les  dîflerens 
dp  IVmpprpur  avec  le  saint  siège ,  et  d*unir  tons 
les  priiicps  rlirélîpus  pour  la  défense  delà  relîfpon 
cobti'p  Ips  iiifi<lèlps.  Dans  ce  concile  rempcrenr 
pxroniniunié  fut  déclaré  déclin  de  ses  états. 

hti  roi ,  dpsjipprouvant  égalemmt  et  1  empereur 
et  Ip  pa]ip,  ^arda  Li  iirutralité.  II  sentait  le  danger 
d*a|ipu%vr  uiip  inpsurp  s<'nilil aide  contre  un 
vrraiii;  mais  il  pntia  dans  les  vues  du  concile 
lalivpnipnt  h  la  guerre  sainte* 

La  l'rovpiice.  9  iisuriiée  sur  la  couronne  de 
Fiaiicp  apip^  la  niorf.  rie  Louis  le  B^gue,  lui  fut 
rcudne  tmis  ans  après  par  le  inariagr  contracté» 
m  i2é\f}*  entre  Charles,  frère  de  Louis  IX » 
]>éatiix,  fille  du  comte  de  Provence. 

A  la  prièrp  du  roi  le  pape  envoya  en  Fi 
I  e\pqiip  (le  Tiisrulp  on  qualité  de  l<wit  pour  vrê* 
cher  la  cioisîidp.  L*cxemple,  Tautonté  da  rm ,  It 
(liNrrttiis  foiiehnrit  qiril  proiioura  dans  TasseniliUB 
soit  ikhIIp  oti  le  léî;at  commeoca  à  fempUr  m 
nii.N^ioii ,  eiitiainnierenl  tous  les  coeurs  diui  iâint 
zi'lf  ;  011  ne  connut  plus  qirun  intérêt ,  mi*an  dëMT» 
qiriiii  ))e$oin;  tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus  iUuilTO 


_•«  _ 


SAINT  LOUIS.  SoS 

&a  sons  la  bannière  du  Christ;  on  TUit-m  ' 
rendre  la  croix ,  et  saint  Louis  eut  I^snm 
[  composer  une  armëe  nombreuse*  tAr^mà-^,  * 
inquiète  des  destins  de  la  France,  fili^ 
jpuyer  ses  prières  et  seslaniiea  cU»,  di»r  > 
Loquens^e  1  éy  é<]ue  4^  Paris  i  auiassuir^li^r  r   : 
i  les  circonstances. dans  lesc^uelLes  ilAfaitr 
icëson  yœu  luipermettaientcfe  s*en  d^jageiri!  ,** 
'ébranla  sa  résolution  :  «c  Vous. m'assures» 
[ ,  ^e  je  n'ayaispas  une  entière  liberté. 4*^$- . 
jnand  je  yous  demandai  la  croix  et  que  Je  fii . 
Toeu  ;  je  yous  crois  »  et  puisoué  Vous  juge» 
,  je  tiens  ce  yœu  pour  nul.  »  En.  même  . 
û  s'6ta  la  croix  de  dessus  l'épaule  etlaiemit.^ 
es  mains  de  Téy  éque  i  mais  il  ajouta  aussitôt  ;  ^ 
ous  la  redemande  maintenait ,  et  je  JhisVœa  • 
er  combattre  contre  les  infidèles.  Pometr»  . 

douter  que  je  n'aie  actuellemeiit  tow  la 
[laissance  requise  pour  l&ire  un  yœu  fjoi- 
ilige  ?  Je  yoi^  déclare  donc  que  je  ne  bpirai 
e  mangerai  que  je  n'aie  reprrs  la  croix.  » 
ut  son  départ  le  roi  renouyëla  latrèye^T^c  v 
eterre ,  et  le  pape  s'en  rendit  garant, 
lime  fut  établie  pour  le  succès  de  l'expédi- 
et  une  trêve  de  qiîatre  ans  conclue  entre 
îs  priHfcea  chrétiens» 

avait  coutume  de  se  préparer  au  voyage,  de 
re  sainte  comme  on  se  prépare  à  la  mort} 
réconciliait  avec  ses  ennemis  ;  on  faisait  des 
itions;  on  rempllsss^it  enfin  tous  les  devoirs 
chrétien.  Lpuis  s^n  acquitta  de.  la^naiiière 
LS  rigoureuse,  et  Çt  publier  p«pc  des  reli-^  . 
,  dans  tout  le  royaume,  que  si  l'\m  de  se^i. 

avait  SQulfert  quelque  dommage  ou  par  fi^a 
ou  par  celle  de  ses  ofliciers ,  il  ^tait  prêt  ^  , 
>arer.  Il  quitta  les  magnifiques  habits  qu'i^ 
it  ordinairement,  se  revêtit  du  plus  simple  . 
me,  et  fit  donner  aux  pauvres  les  sommes 
>misées  sur  sa  toilette. 


'noAC* 


3<(4  SAINT  Loris. 

Quani]  il  ru)  fait  prfttcr  A  ses  borons  le  sei 

de  fidAilf!  et  liummat^c  i.  ses  doux  (i[M,  Loaûfl 
l*hilimir,  Micoi-o  t'iifuus  ,  il  alla  à  Sainl-^Drait 
pn^ncW  lytciidari),  If  Iwurdoni-I  les  autres  inar- 
quds  drs  pèlerins  de  la  terre  saùite  ,  r.t  m;  mil  et 
luarcliG  au  mois  do  juiu  J348 ,  !c  voiidixxU  *1'«^ 
pràï  lu l^cuIou^U.'.  Ix's  pi'ivct-ssiritiH  dr  I'ar!sl{'CW\ 
(luinii-ciit  jusiiu'h  l'aLliayr  Saint- Antoine,  11  d6^ 
clai'R  n^grulela  rciiie  mhce  ,  et  l'investit  <Ic  l'au— 
Iorit<!  royali^  daus  toute  son  dteiidue.  La  reimi 
son  «épouse  voulut  absolument  le  aiuTrc;  pliuieiay, 
daniea  do  la  coui-  imitèrent  ko»  esemple. 

Le  l'oi  eut  direrses  confifrences  îi  Ljoa  aveoi 
pane;  il  lui  fit  sa  coufession  a^érnlo »  gagna  * 
inuulf^euccs,  etreçut  sa  l^fn^diction.  It  «Hilii    _^ 
ensuite  son  voyage,  s'cmliaDjuu  le  ftâ  aoAt  par    | 
un  yerit  favorauli;,  fit  voile  avec  une  année  con- 
sidérable et  nue  flotte  trèft-hicn  équipée. 

La  prudence  l'engeftca  it  dël>ar([tier  d'aboid 
dans  l'ilejde  Cliypre ,  afin  de  prendre  ci)nni>!«»acf 
(lu  pujs  enniini  avant  de  »'y  en|j;uger,  de  (omet 
des  ma^sins  it'ai-mes  et  do  vivres,  et  Âo  s'assurer 
une  rctiaile  en  cas  de  mallipur.  Celte  aa^.  uicntro 
eut  tle  tacheux  r^ullats  i  la  ricueurdr  l«  .-uiisoB 
rendant  fort  dnngercux  le  trup't  de  flivpre  eo 
E^pte,  on  resta  dans  cette  ile  jusou'^  F&nuesj 
la  maladie  se  mit  dans  les  (roupes;  ilvn  péntos. 
grand  nomhi'e ,  et  l'on  perdit  juwjult  deux  OBlK^ 
garante  personnes  de  distinction.  ^ 

Quelques  Sarrasins  sVtaÙUt  ri^uniit  dans  Htl' 
de  Chypre  dans  le  dessein  d'nttt^nter  h  la  vie  ihii 
roi  ;  mais  ils  fureut  découTerls  et  arrêtés. 

Louis  IX  déclara  la  gutnrc  ^  Maleck  Salfl^ 
Soudan  d*Ëgypte.  La  flotte  du  roi  était  de  dbt-' 
Luit  cents  vaisseaux;  l'amitie  se  composiit  in 
vinç^t— Luit  mille  chevaliers  fraii^^ais ,  anglais  4t 
cypriote.  Dons  ce  temps  ou  uc  calculait  la  grû- 


SAINT  LOUIS.  3o5 

fleur  des  armées  que  par'  le  nombre  de  cheva- 
liers qm  s'y  trouyaient;  les  plus  considârables 
d'entre  eux  avaient  chacun  leurs  troupes ,  et 
plusieurs  leurs  bannières. 

Une  violente  tempête  força  le  roi  de  relâcher 
h  la  pointe  de  Limessa ,  après  avoir  été  sépare 
d'une  partie  de  ses  vaisseaux.  Il  se  remit  bientôt 
en  mer ,  et  opëra  sa  descente  à  Damiette  avant 
l'arrivée  du  reste  de  sa  flotte. 

Les  prodiges  de  valeur  du  roi ,  qui  se  jeta, à  la 
mer  l'épée  à  la  main,  furent  imités  par  son  armée. 
Les  troupes  du  Soudan,  étonoéesde  la  viguemr  de 
l'attacpie ,  se  débandèrent.  La  ilotte  des  SaiTasins  ^ 
aussi  intimidée  que  leur  armée  de  terre ,  remonta 
précipitamment  le  Nil.  Le  roi  après  cette  vic- 
toire établit  spn  camp  sur  le  bord  de  la  mer* 

Le  bruit  de  la  mort  du  Soudan  répandit  alors 
un  tel  effroi  parmi  le  peuple ,  que  la  garnison  et 
les  habitans  de  Damiette  abandonnèrent  cette 
ville  après  j  avoir  mis  le  feu.  Le  roi ,  averti  à 
temps  5  envoya  ses  troupes  éteindi'e  Tincendie ,  et^ 
devint  sans  coup  férir  maître  d'une  des  plus 
belles  places  de  TOriciit.  Modeste  au  milieu  de 
la  gloire  ,  Louis  en  fit  un  hommage  sincère  à 
Dieu.  Il  lit  son  entrée  à  Damiette  non  avec  la 
pompe  et  le  faste  d'un  vainqueur  ,  mais  avec 
l'humilité  d'un  chrétien  ;  il  marchait  les  pieds 
nus  ,  et  était  suivi  de  la  reine ,  des  princes  se$ 
frères ,  du  roi  de  Chypre ,  de  tous  les  seigneurs 
de  l'année,  du  légat,  du  pati'iarche  de  Jérusalem , 
des  évêques  et  de  tout  le  clergé  du  camp.  Cette 
auguste  procession  se  rendit  jusqu  à  la  princi- 
pale moscpiée ,  qui  fut  purifiée  et  dédiée  à  la  mer 
du  sauveur. 

La  reine  et  les  autres  princesses  restèrent  à 
Damiette  (andis  que  l'année  s'avança  pour  atta-< 
<£uer  le  Caire.  L'impétuosité  du  comte  d'Artois, 

Tome  IL  26 


3o6  SA1\T  LOUIS. 

(|ui  avait  vaincu  los  Sarrasins  à  Massoure 
<iu  };raiKl  Caire,  lui  coûta  la  vie,  et  faillit  c 
lu  perte  de  toute  lariuëc ,  qui  ne  dut  son 
Cl  ira  la  prodigieuse  valeur  et  à  riuconcevab 
tivitd  (lu  roi;  ou  le  voyait  partout'^oii  les 
étaient  repousses  .  et  son  exemple  et  ses  dis< 
ranimant  le  courage  des  soldats  y  rétablis 
Tordre  parmi  eux.  Une  fois  il  se  trouva 
loppé  par  un  peloton  d'infidèles;  Fun  dVi 
uait  son  cheval  par  la  In  idc  et  voulait  l'enii 
prisonnier;  il  en  tua  plusieurs ,  et dcai^ta  les 
a  coups  d  épée. 

La  résistance  opiniâtre  de  rarniée  fra 
rallentjt  Ui  eourrau;e  des  Sarrasins,  et  api 
massacre  coiisidérai)le  des  deux  côtés  Is 
faille  cessa.  Ce  fut  alors  une  chose  véritahl 
^loi'ieuse  pour  les  Fiançais  de  n'avoir  p 
vaincuspar  rennemi,  dont  rannce  était  bca 
plus  nomi)reuse  que  la  leur.  Connue  le  r< 
tou]*nait  à  son  camp  ,  il  répondit  au  priei 
(  luvaliers  de  THôpitaLqui  lui  denuuidait  si 
des  nouvelles  du  comte  d'Artois:  «  O^lles^ 
te  siiis ,  cVst  <[u  il  est  en  paradis.  »  Le  lendeni 
ce  terrible  jour  rarinéc?  d<*s  Sarrasins  li^ 
nouveau  combat  aux  cliictiens.  Le*  ftHi  gr 
dont  <>lle  se  servait  s'a l tachait  aux.  habii 
soldats,  aux  caparaçons  des  chevaux  «  et  If 
brasaicnt  d<^s  pieds  à  la  tête.  On  cntendaît  p 
de  toutes  parts  des  cris  épouvantables;  les 
jetaient  à  terre,  les  autres  quittaient  leurs 
et  dans  leur  fuite  connnnniquaient  le  fe 
habits  de  ceux  qu'ils  touchaient.  Le  déi 
étant  partout  au  comble,  la  cavalei'ie  en 
fit  un  carnage  affieux  des  Français.  Le 
(rAnjou  allait  succomber  quand  le  roi  sou 
averti  de  son  danger,  court  à  bride  abattue 
secours,  s<*  jette  IVpée  à  la  main  à  tiavt 
iiiHdcleS;  et,  uialgié  le  feu  dout  il  se  ti'uM^ 


..  -.^-rr-tr  —  I  rfajene  où  tpte  ceux  qui  s'oppo— 

^  %at  k.»      ptHB^,^  dëlirre  son  frère;  ensuite 
,  ^-nfiïe  an  troupeï,  repotùsé   ks  enaeuiis,  et 

-  nmpix  )e  tàràm  cpt'oa  avut  pi^rdo. 
'.  r'  '  Aptes  ceà  deux  combats  il  hd  niutÙHi  â'119-  . 
^   Inite.  Oa  conYÎnt  que  le  roi "randruf  la  TiUe  de' 
f.  .^Mmiette,  et  que  le  aoudanlemettndtenpptw*^ 
[  '  non  de  tout  le  royaume  de  J^i'asalem.  Le  »aaàB0 
i    «xigea  des  6tages;  onluioffiittmdesdenxfijap»,'  ' 
h-  'da«>i.  Les  députés  mahométans  demnndèlrent  le 
f-    roi  lai-^néme  ;  à  cette  piopostlion  le  boji  dieva- 
."  lier  messire  Geoffroy  de  Siugim s rcpondil  :  u  Que  .■ 
!     *  jl  'n'auraient  les  Turcs  la  personne  du  roi,et  qu'il 
',     «  àiraBit  beaucoup  mieux  que  les  Turcs  les  eusseut  ' 
i     «tons  tués,  qu'illeurfât  reproctié  d'BToirbailld 

'  «leoi'roten^^e.  sLerôivoulaitqii'onacceptâtla  ' 
/  èoadîtion  proposée  ,  et  employa  ses  efforts  pour  ' 
:'    ^pt'oa  lui  permît  de  "se  sacrifier  au  salut  de  sou 

I ..  ^    Snr  le  refiis  de  leur  lifrer  le  roi ,  les  ibEAlét 
!    rompirent  la  négociation ,   danis   l'espoir  mhH 
t    Soute    que  le  triste   état  o&    ito  trouvaient  les   ' 
•    chrétiens  les  forcerait  plus  tard  d'accepter  les 
pins  dures -conditions. 

Les  maladies  de  toute  espèce  attaquèsent  l'a^  ' 
mée  des  chrétiens  ;  leur  camp  devint  bientôt  un 
bâpital ,  et  peu  après  un  cimetière- 
Cet  horrible  état  de  choses  fournit  'an  rot  le 
■moyen  de  montrer  jusqu'à  quel  point  il  portait 
l'héroïsme  de  la  charité;  il  proiuguait  ses  tré- 
sors pour  soulager  les  malades ,  se  tenait  att 
chewet  du  lit  des  moaraos  pour  les  consoler  et 
les  eihortcr  h  se  rendre  dignes  d'une  autre  rie  ; 
0a  préseuce  et  ses  pieux  discours  inspiraient  dà 
courage  aux  moins  résignés.  Un  témom  oculaire 
■  raconté  qu'étaut  allé  visiter  un  des  valets  dfi 
tjiambre  de  ce  prince,  pour  l^engager  au  ino— 
ment  de  sa  mort  à  avoir  confiance  ^  Dieu  ;  le 


Snfl  SAINT  IX>UIS. 

miitucU*  lui  ilit;  "  J'uI[('ii(Uiiu)i)ui'ii'r|iii)  mon  i 
■  lui  m'Iioiiorc  rfc  Ml  \iTCMWi  r  kI  ]o  ne  partirki' 
tr  imiiit lit' te  inonilc  mieje  n'aie rryu  crtte  con«ol»« 
u  lion.  «Li' tu) lu  lui  aunntt,ct  il  jX'tiif- lut-il itortid* 
In  linitL'  lin  iimliuii.1,  (jutr  c(ï  (lornii-i'  vitpirn.  Ij:  roi 
rcHieuUt  h  son  luur  Iv  mnl  dont  le»  iiulira  ataii^ 
élé  ri-a|>p(!s  I  iA  lu  fnmiuQ  viut  L'ncurc  uccroltre  loi 
^lUiUn-ui-M  lie  l'nniit!!?. 

i)ii  prit  nli>i'«  In  rdswliilioii  An  quitter  looamp 
ot  ilu  »ç  retirer  sur  Daniiotti-.  Avunt  «pic  Lbi^ 
tuiîo  ae  mit  rn  marche  le  roi  fit  «nuri^i-  la  nj- 
truiti!  (le  tuu>  les  bof^iiges  et  de  tou»  Li^n  mftlwlotr 
et  U»  «uivît  ,  ijiiuii^uo  KiHitTrunt  lienucvup  Inî' 
lufuic.  On  le  prcNMit  de  «n  iTiidie  b  Damielte 
iiir  iiit  vaiaseiiu  ,  ce  qui  litnit  iiiuiiis  tUngereut 
<]up  <1V  aller  piu-  terre  ;  nmii)  il  rcl'uMi ,  dMaat 
•■  (lu'il  lie  {Hiiivuit  te  réuiudro  ti  iibuuilouiwr  tnnl 
«  de  vailliuiii  liommeit  urec  tesiiuel»  il  étKt  ré- 
«  Holn  de  përir.  »  U  *e  tint  h  l'nrri^re— gard^ 
Albtqud  souveut  dan»  ta  innrchr ,  il  arriva  enfin 
dauH  une  {letîti!  ville  iKimuii^t'  Ciissel,  uù  il  taïubii 
iliiiM  iiiir  si  griiiiile  dL'IriilLmt'i'  qu'un  le  cnit  prtt 
d'expirrr.  dnueticl  île  CliQlilUiu  dotinn  d«ua  i;n 
lieu  utiu  marque  cstrnordiduiro  lie  sa  liniviiure* 
eu  (lijfmidaut  A  lui  wul  l'i'nti  itc  il'iiue  relraile  iHEr 
Uquelle  on  iirrivnlt  ^  la  luuiïoii  où  5'étAit  rf.'tiré 
le  roi.  Cnucbct  d!<ti  ibimit  île  f^rund*  vtmjiê  do 
Battre  à  toua  les  iididèles ,  l'ii  cniiiit  (te  toutes  se* 
fon^s  :  B  A  CliÛlilluu,  clirraliersl  A  Ch&tillou  , 
>  clievolîfri!  A  CliAtilloïkl  >•  l'ersuiuic  nrTÎiit  it 
son  BCMturSi  et  it  fut  tuif.  Dans  eettt'  rsbifuiita 
ut)  (tea  M-igiicurs  de  la  eour  .  iijifii'lrf  Muiiliiirl. 
alla  avec  ta  [lemiiMioiidu  roi  ileninuilcr  h  tr*itr.T 
ovec  un  émir  qu'il  avait  ii]irrcii  dan*  le  m-cnivr 
ranu  d»  l'anuëe  euu<<iiii<!>  Lt-'iiiir  ,  qui  Muit 
coiiiliirii  lo  «ultuti  di^iiîiait  être  eu  |»oMMiiaD  d« 
Daiuictle,  était  sur  Ii:  point  de  ruiupoMT  ««ce 
UuiiUgrt,  quand  un  li^raut  du  roîi  toit  tpu)  U 


k 


SAINT  LOUIS.  3o9 

otiLlé  ses  esprils,  soit  par  nn  zèle 
l  ebleudu  pour  la  vie  de  son  maître,  Tint  sans 
.  m  avpir  reçu  l'ordre  crier  à  haate  voix  :  "  Set- 
,«  Bbenrs  chevaliers  ,readci-vous  tous  ;  le  roi  voua 
'.  «  lieiaandepariiioi,ctaevousfaiteâpastuer>  "Tous 
les  comLattaos  se  reudirent  alors  aux  iafidèles. 
L'âuir  entra  sans  résistauce  à  Cassel ,  où  il  fit  le 
roi  prisoimier.  Ce  prince ,  résigné  à  la  volonté  de 
-Dieu,  demanda  aJorssoB  brjnaire  &  son  dupe— 
IbIu,  et  le  lut  avec  le  même  caÛàe  et  la- ^içM 
'  attention  que  s'il  eût  été  en  jtarfiûte  MDËf  «t  dans 
fonpalais  de  Paris. 

Aucun  des  seigneurs  ni  des  goerriers  ehnf&ns 
qui  se  reikdaieut  à  Dainiette  par  mer  on  pv 
.t^rre  u'iéchappa  aux  Sarrasins;  tous  iarênf  taei , 
on  pri»  par  les  infidèles ,  im  médaq  joiuucfè- 
rcut  sans  oitîé  un  grand  nombre  de  malade^* 
lies  barbares  enfermèrent  la  multitude  de»  Jfrh~ 
,^  a<nuiiers,danB  une  espèce  de  parc  fenq^de  ma—  -, 
-  '  railles  ;  ils  les  en  faisaient  sortir  l'un  après  l'astre, 
.  et  ceux  <^  ne  voulaient  pas  renoncer  A  Jém^ 
Christ  étaient  tués.  * 

On  plaça  le  roi  dans  une  toite  qu'on  entoura 
d'une  forte  earde.  Quoiqu'il  fut  faible  et  malade, 
.  il  ne  lui  échappait  pas  une  parole  d'impatience; 
il  se  faisait  lire  les  prières  de  la  messe  par  eba 
chapelain;  au  milieu  des  mauvais  traitemens  qull 
recevait  de  ses  ennemis  il  conservait  avec  eux  on 
«ir  d'empire  et  de  majesté  qui  leur  imposait. 

Le  Soudan  exigeait  du  roi  qu'il  lui  rendît  la 
ville  de  Damiette ,  et  qu'il  lui  donnât  an  million 
de  besatis  d'or  pour  sa  rançon  et  celle  des  autres 
prisonniers  :  le  roi  lui  fit  dire  <t  qu'il  ne  se  racbète- 
B  rait  pas  pour  de  l'araent  ;  qu'il  of&ait  Damiette 
«  pour  sa  rançon ,  et  For  pour  celle  de  ses  compa- 
a  gnons  d'armes.  »  Le  sultan  lui  i  épondit  que,  par 
estime  pour  lui ,  il  lui  remettrait  !e  cinquième  de 
}a  somme.  Une  trêve  de  dix  am  allait  se  conclure 


3ia  SAINT  LOïîIS. 

cntri^  cr«  Amt  prium  lArMinr  le  twtAaa  mVîl  k 
lu  mile  «l'une  contpinilinii  liioi^'r  cuitrr  lui  par 
1j-*(^ioiiB.  Oux-ri  c«iilim>r-rriit  Ir  tikil^  Tail  )i>r 
le  toiiilnii.  sous  la  toodiliw»  '{Ui-  If  lui  p^iûrmil 
sur-l(^-cliaiup  la  moitié  <1l-  U  mmuiuc  ctinTCtfOi-  ] 
ellr  Irnr  fut  (louii(!(?. 

Eii  irtilrant  Ji  Dantïcttr  In  ^mîni  la^i*mt  Ion 
ie»  nMlailr»,  ronipimil  (ouïra  )r*  raarhîiM^  Ou 
riii,  y  luiri^tit  le  fen,  et  iMIUi«<tirPDt  f  Ils  n'&l^- 
i-aifiit  (Mï  U  tu:  k  ce  UMiuanjuv  el  «us  aNln-t 
priMiiiuifr*. 

Cliacun  to  disposait  h  la  tnorl,  qtmnO  rnfipir* 
liarijarcs .  reiulus  h  U  voix  de  l1>oniieur  ,  nntvo- 
lidii'iit  leur  traire. 

La  flotte-  fran^'uiitfr  lit  voilr  trr*  l»  I*alr«linr,  rt 
Ir  roi  arriva  au  port  d'Acre  li-  8  iiwï  itSn,  en 
fort  niaavoi»  «5(piipngp ,  ronia  coiiialé  d'avutr  loul 
perdu  pour  la  couse  du  Cluiil. 

Lttuia  IX  ne  Drépm-Hil  ï  partir  ponr  U  Fraïuw  ,- 
où  lu  r<^ra-nt<!  le  prowiil  lortrmmt  Ar  rrrniir. 
lorwpic  lliorriblecoiiduïtr  dos Siirrasins, qiiï  c«v- 

E aient  la  tête  n  ceui  des  priïoatuers  (pii  ne  *«n- 
ittiiit  pas  M-  n^iidre  niHlionieUtn» ,  le  Tuiiauil  tmn- 
Iilf'i'  Kur  It-  Korl  dei  dii'^tieiis  de  U  Palrstinr  que 
Mtu  uluencc  livreruil  it  la  mrreî  dr»  infiilcJca ,  Ir 
itëlcnnîna  d'y  prnlonKer  son  sèjnur. 

II  envuya  i-eproeliei-  aux  i^uiiis  Ira  iufrac- 
tiuns  qu'ils  faisau-ut  il  leurtrailt'.  Oux-^iî ,  qni 
anvaieut  que  le  »oudan  tir  Danui*  avait  offni  m 
roi  de  1<^  laitiscr  niaitro  dn  royaume  de  lén»- 
Balem  s'il  roulait  e'uuir  avec  lui  contre  em, 
lirent  droit  li  «ex  r^daliiatîom ,  afiu  de  rempfaber 
de  contracter  ralliaii<.-e  qu'iU  n-doulaïenl. 

Le  »oudan  de  Damas  rncoinmeit^-n  olnn  In 
liostilitrîs  contre  les  elirétieiu»  df  U  nalr^tlBi!, 
emp^clm  les  ^luiin  de  pouvoir  rejiiiinlre  le  roi, 
et ,  lex  tiyant  liattns .  s'unll  n«er  ro«  cnnlre  lui. 

Sivcracs  ii^gociatioiu  avec  W  <!inin  d'Egf ptO 


SAINT  LOUIS.  3ii 

•t  If  Mmdbv^le  Damas,  le  iclalilissfmeiit  (1« 
^Belmes  -  -)^acas  vtutportautes  ,  cjuelqucs  petit» 
yomw«te  d(H|t  l'ÏHue  lie  cltangea  rien  h  la  posi— 
tifU^B  C^MnuCdes  <leus  partis  ,*occupcreat  les 
^iûtt«  ann^'qae  le  i  oi  le^ila  rn  Palestine  après 
M  difliTraBce..  Paidaiif  cet  intervalle  il  visitait 
.  «ouTent  le«  saints  lieul ,  £û«iit  de  Imkdh  hn^û 
i  |ùed,  ne-niRiigeait  cjoe  da  paîn,  ue  oaTait^M)' 
de  l'eBD ,  et  portait  snr  sa  cliair  «n  nde  dliCe.  J 

Xht  rit  ce  prince  dnaser  alnsîevn  feb-sia'Ws  y 
épholes  les  corps  morts ae« «hr^tieiis  et letooirter 
CMna  kl  fosses  préparées  pow.  leur  aépmurt;^ 
quoique  les  hommes  employés  à  fx  traTall  "put 
■ent  &  peine  supporter  -la  pnanîeiit-  de'vea  coiftt 
déjà  tout  pbuivis  ;  action  plus  adnnr^^  P^*^ 
£tre  que  tons  ses  hauts  faits  d'une»  '     -  ' 

La.  reiue  régente  mourut  le>K"déc«iBl««  1*5».  ' 
Le  roi ,  qui  était  dans  sa  chapelle  iokwa'U'  apprit 
de  la  bouche  du  légat  la  perle  qulf  renaïC  de 
faire  ,  jeta  a'ahord  un  grand  cri  et  Tena  a  aboD-^ 
danles  larmes  ;  mab  bientôt ,  se  prédpïtMlt  ni  - 
pied  de  l'autel  ,  il  adressa  à  Dieu  ces  belles  pa-^ 
rôles  :  •  Seigneur ,  je  tous  suis  obligé  de  m'ayoir 

■  coaservésilougtenipsune  aimable  mère;  Tousmé 
«  l'enlevez,  et  c'est  votre  volonté  absolue.  Il  est 

■  vrai  qu'il  n'y  avait  personne  au  monde  pour  qni 
«  j'eusse  pltis  d'attacitemeot  et  de  teadresee  ;  mais 

■  puisque  vousl'avezainsi  ordonné,  quevotresaint 
«  nom  soit  béni  à  jamais.  •  A|vès  cet  acte  de  pieux 
liéroïsme  il  resta  seul  avec  son  confesoenr ,  et 

'  commença  l'office  des  morts  pour  le  repos  dé 
l'âme  de  sa  mère.  A  dater  de  ce  moment  il  ne 
manqua  pas'  un  jour  de  sa  vie  de  feire  dire 
l>onr  elle  une  messe  des  morts  eu  sa  présence» 
f:icepté  les  dimaDcbcs  et  les  fêtes,  se  xotifor— 
maat  dans  cette  restriction  à  l'usage  de  l'église. 
Il  se  pi-épara  dès  lors  à  sou  départ  pour,  la 
France  j  mais  il  ue  quitta  pourtant  la  iSdesline 


3ii  SAIXTLOCÎS. 

ipi'aprJ»  «voir  mi»  orrfro  ftuUiil  cjn'il  i-titilcb 
puiMiincc  nux  nfliiiiMilc»  L-UnJlipJiij  il  Ir-»  n'on 
iiiiindn  vivement  »u\  Muiiin  ilu  l^^at,  h  qui  il  bim 
un  lion  uombmir  tr»upc*  et  l>cniicoiip  il'argtvt. 
11  n-iiiit  lit  fonimamlcmcnt  d'Acr«V.  lorlerr»»*  la 
pliu  importtinte  ,  à  litoûroy  Je  SargiiK>«  ,  ciuï 
eut    *ou»    M»    artli'eii  ct-itt   i-lmunUttii    poui*   la 

Louifl,  aoHtettnnt  paiittiit-son  rarnolirw  ri^Ii- 
gieus  I  fit  de  sa  flotte,  et  HUrtout  de  bou  vniHarau , 
UDI!  lwl>^et■  d  ësliU)  ou  Iv  sRi-vicfi  divin  »eci^li!)>rnit 
ovec  terveurÉ  (V  pi'iiict'auuliaîlait  Imilde  eoïKiué- 
rir  de«  caursh  Dieu,  iju'il  alla  i]iii-lq(ieloi«|u»> 
qu'il  Inire  lui-inéiiie  lu  manœuvre  il  la  ptaee  de* 
niutoloU,  pour  leur  laÎMer  le  temps  de  i-ccevuil' 
IcKHereuH^iit  de  pénitence. 

l'in  uppi-ix;baiit  de  l'ili;  dr^  Chjprc ,  la  mtfpriH 
des  pilotes  Ht  Honnir  le  vni«»Kiiii  dn  ra!  anr  ad 
banc  de  aalile  dur  eoininfl  ui»  roch(*r;  1«  cluw  fill 
»i  violtiut  et  In  «ruquetnent  du  vaiiueun  tï  ti^rv 
rible,  quv  i;liii(niit  crut  ipi'il  itlIuitVentr'miTriri 
le  roi  seul ,  éitraii^ei-  h  la  conslcniation  gtJnëralri. 
M  prosterna  ilcvaut  le  aaint-eaereuieiit  pcrtir  de* 
niniidt-r  El  Dieu  non  st'cunrH.  On  viïîla  rkailc  Idi 
vaiiiïeau  lie  tuua  cût^K)  mt  n'y  dAruiivrit 
fente,  et  personne  De  douta  dn  iniraciif  i|ni  vcii 
de  a'npérer. 

Apn'ta  une  tiavtn^^  de  nis  «ciuainea,  pendi 
laquelltt  U  flolti!  CQUlut  pluRÎeurM  daiigtm,  ■ 
d^imniun  auxIIoid'Yères  Le  ii  juillet  isSift 
rui  prit  tnieltjuea  jours  de  i-epoi ,  puis  eontintUM 
yiijM^i'.  Il  arriva  fr  VIneetmi>ii  le  5  acplitmbrff  i 
iillii  sui--lc^-cliamprcudn-  gi^ccsitDïruk  l'ai* 
Saiiit-Dciiia, 

Il  l'ut  peu  leiiiiilth;  it  lii  jnin  que  le  pWf 
(.^L'Iiiler  il  »ou  retour.  Ln  »itiialion  niulliRurru 
N<i  Irouvaieiit  \t:6  chrétiens  d'Orient  élnit  fonjoii 
prdscate  à  au  jmuée  i   <1   gardait  i 


1 


^ouloiin     ^  de  Um   les  ■  ImfT— >  mîyimrt  -^  ; 

avaient  pert' à  seic6t^  '  '  -*';- 

Ctpendant  sa  profends  trùteM»,'  le  âénr  (pili     - 
avait  de  retourner  à  la  tem  niâtes  àé^  qi^' 
manifesta  eu  ue  quittant |Ml  V  CTCox'ét  let«nM  • 

fieuT  auxqueb  il  àe  lÏTrait  c^itinndlenuiBt,  aé  ' 
empéclicrent  pas  de  reprendre  eu  mam  le  tinioa     - 
de  lElaL- 

Paidant  ion  absence  la  r<!gente  ^tait  partiei* 
nue ,  par  l'mlluence  do  pa|>e  ,  eotretniiF^ta  pnik- 
avec  t  Angleterre;  elle  s«tait  ensoîte  oppocëo  aveo  ' 
succès  à  la  croisade  «nie  le  pape  avait  fottpuUter 
contre  Conrad,  fils  dé  l'en^wreur  Fr^d^ric,  et'-'. 
enfin,  ^la  mort  de  RaTinood  YII,  elle  aVa{t  liÂuj'' 
le  comié  deToulonseà  la. cfnronne.'   ,    >     ■  '  j  --  ■. 

.LaFi-aacc  ét»itpwsil>Le;  mais  Ut  antrm âatt 
de  l'Europe  étaient  remplis  de  tronldeti  FrfEd^ric 
était  mort  en  is5o.  Ctùiràd  son  fila,- ^. avait 
continué  la  guerre  contre  le  pape ,  veABÎt  d'Atre 
empoisonné  par  Main&oî,  fils  ahtareld^Fréd^  ' 
rie,  et  ce  dernier,  accnsé  d'avoir  contnbué  ^  1« 
mort  de  son  propre  père,  ue  tiit  pas  moins  par 
la  suite  créé  tuteur  de  Conradin,  fils  de  Conrad- 


Louis  IX  s'occupa  alors  des  mojensde  pnxw- 
rer  la  paix  à  son  rovaame,  et  de  la  reiulre  Mix  - 
princes  ses  voisins  et  &  l'ëf 


Henriin,  raid'Angleterret  vint  faire  nOvOTace 
en  France;  il  resta  à  Paris  hiût  joars.  Louis  IX 
lui  rendit  les  plus  grands  bouneurs ,  et  lui  donna 
les  plus  brillantes  fêtes.  Quebjue  tenfps  après 
le  retour  de  Henri  en  Angleterre  il  se  fit  une 
prolongation  de  trêve  entre  les  deux  tionifinnes. 

Vers  cette  époque  le  roi  maria  sa  fille  Isabelle 
avec  Thibaolt,  comte  de  Champagne  etr^i  de  ' 
liavarre. 

H  publia  cetteannée  plusieDrBordonaaaemaltleSr 
parmi  leu^lles  il  faut  com^«ndre  celle  qui  dé* 
fend  aux  juges  d'accepter  aocon  présent. 

Tome  SI.  «g 


3ot  SAINT  LOUIS. 

Dtruis,  et  plaça  sui*  In  lU  du  iiialaJfî  un  môrccaa 
dfi  lu  vraic!  croix  et  aiilrns  l'cliqucs  qu'on  avait 
eues  de  rmipcreur  Baudouin  ;  puis  elle  prononça 
avee  ferveur  ces  paroles:  «  Seigneur,  (glorifiez au- 
•c  jourd'liui ,  non  pus  nous,  mais  votre  saint  nom; 
%  sauvez  l(;rf»yauine  de  France,  que  vous  avez  tou- 
te jours  prolé^^.  »  La  l'oisortit  au  moment  mêmede 
sa  Idlliar^ie ,  et  les  premiers  mots  qu'il  prononça 
fureut  pour  demander  lacroix.àrdvcqucde  Paris, 
qui  dUiit  }i  ses  coLes,  et  pour  faire  le  ycku  du 
voyage  croutre-mer.  Cette  circonstance  aflaiblit 
la  joie  (|ue  sou  retour  à  la  vie  avait  causdc;  la 
iu'vre  diminua  par  de^r<^s,  et  deux  mois  suffirent 
pour  lui  ren<Ire  mie  wnild  parfaite. 

Au  mois  de  juin  de  Tau  7245  un  concile  fut 
li'uu  à  liVon  â  IViff^t  de  terminer  les  diflereiis 
de  Tempereur  avec  le  saint  sic^e ,  et  d^uiiir  tous 
les  princes  ciir(^tiens  pour  la  ddfense  delà  religion 
C4iblr(î  les  JnfidtMes.  Dans  ce  concile  l'empereur 
c.xcoinuiumé  fut  décLird  ddclm  de  ses  états* 

Le  roi ,  désapprouvant  é^^alement  et  1  empereur 
et  le  ])ape,  {^aj'da  la  ntailralitc.  Jlscintait  le  danger 
<rappu>vr  une  mesure  semblalde  contre  un  sou- 
verain; mais  il  entia  dans  les  vues  du  concile  re- 
laUvemeul  h  la  guerre  suînlcr 

l^a  l'roveuce. ,  usurjide  sur  la  couronne  dft 
France  upiès  la  mort  de  Lonis  le  f^gue,  lui  fut 
rendue  trois  ans  après  par  iv.  mariage  contracté, 
fil  1246,  ejitre  Charles,  ïiv.vv.  du  Louis  IX,  avec 
]]éalri&,  fille  du  comte  de  Provence. 

A  la  prière  du  roi  le  ])ape  envoya  en  France 
révèqiKide  Tnsenle  en  ([ualilé  de  légat  pour  prê- 
cher La  eroisiide.  LVxeniple,  lautorité  duroi,  le 
diseours  touchant  rpi'il  pj-ononca  dans  rassemblée 
solennelle  où  le  légat  ccnnmeuça  à  remplir  sa 
mission ,  enflammêient  tous  les  cœurs  d'un  saint 
Zide;  on  ne  connut  jdus  qu'un  intérêt,  qu'un  désir, 
qu'un  J)esoiu  ;  tout  ce  qu'il  y  avait  do  plus  illustre 


SAINT  LOUIS.  3i5 

ttonne ,  dît-il ,  puisqu'ils  n'ont  offense  que  moi. 
Plût  à  Dieu  qu'en  me  condamnant  moi-même 
à  im  pareil  supplice  je  pusse  bannir  le  blas- 
phème de  mon  royaiune  !  » 
Un  traité  conclu  à  Corbeil  en  1 258  régla  tous 
;s  différens  qui  existaient  entre  lui  'et  le  roi 
'Arragon.  Leurs  droits  respectifs  furent  fixés  de 
lanière  à  ne  plus  laisser  aucun  doute.    Ce  traite 
it    très-avantageux  à  la  France,   qui  ne  céda 
ne  des  droits  sur  des  pays  au-delà  des  Pyrénées  »  . 
poits  qu'il  lui  était   impossible  de  faire  valoir 
tmr  rester  en  possession  d'un  grand  nombre  dp 
ille  et  de  domaines  considérables  en-deçà. 
Ce  fiit  cette  même  année ,  et  dans  1er  même 
eu  ,  que  fut  arrêté  le  mariage  de  Philippe  ,  se^ 
ond  fîb  du  roi,  avec  Isabelle,  infante   d'Ar^ 
Eigon. 
Peu  de  temps  après  un  traité  de  paix  fut  con-- 
lu  avec  l'Angleterre  :  le   roi    de  France  céda 
5  Limousin ,  le  Quercy ,  le  Perrigord,  et  fournit 
i  solde  pour  entretenir  cent  chevaliers  pendant 
eux  ans.  Le  roi  d'Angleterre  renonça  à  tous  ses 
retendus  droits  sur  la  Normandie,  les  comtés 
u  Maine ,  de  Tou raine  ,  de  Poitou  ,  et  sur  tout 
e  qu'il  avait  possédé  en-deçà  de  la  mer ,  excepté 
es  domaines  qui  lui  avaient  été  abandonnés.  Ce 
irince  vint  ensuite  à  Paris,  fit  hommage  au  roi 
e  tout  ce  qui  lui  appartenait  encore  en  France , 
t  fut  rétabli  au  nombre  des  pairs  ,  en  qualité  de 
lue  de  Guyenne. 

En  1269  le  roi  eut  la  douleur  de  perdre  son 
ils   aîné ,  âgé  de  seize  ans ,  qui  déjà  se  montrait 
ligne  de  lui  succéder.  Dans  les  instructions  qu'il 
ui   avait   données    on    remarque  ces    paroles  : 
Enfin  ,  mon  fils ,  ne  songez  qu'à  vous  faire  ai- 
mer de  vos  sujets ,  et  sachez  que  je  mettrais  de 
grand  cœur  quelque  étranger  à  votre  place  ,  si 
i  je  croyais  qu'il  dût  gouverner  mieux  que  vous.  » 

27* 


3<^  SAINT  LOUIS. 

Qnand  il  out  fuit  prêter  à  ses  barons  le  sermeiil 
<1r  flclAité  et  lioiiiiiuif^n  k  ses  deux  fils,  Louis  et 
rhilîm)o,  cncoi'e  cntans  ,  il  alla  à  Saint-Denis 
piTncin*  I  Vtciidarcl ,  le  boui*don  et  les  auti*c8  mar- 
ques des  pèlerins  de  la  tcire  sainte  ,  et  se  mit  en 
inarclie  au  mois  de  j^iu  J248  1  le  vendredi  d*a- 
pi'ès  la  PenteiX)U*.  L(*s  processions  de  Paris  le  coo- 
duisiitïnt  jusiiu'h  labliave  Saint-Âiitoiue.  11  dé- 
clam  rdgrnle  la  reine  mère  9  et  l'investit  de  Tau- 
torîtd  ]*i>yale  dans  toute  son  dtcndue*  La  reine 
son  dpoiise  voulut  absolument  le  suivre;  plusieuri 
dames  de  la  cour  imitèrent  son  exemple* 

Le  roi  eut  diverses  conférences  Ik  Lyon  avec  k 
pape;  il  lui  fit  sa  confession  générale  y  gagna  les 
indulgences,  et  reçut  sa  l>énédiction«  Il  continot 
ensuite  son  voyage,  s'embarqua  le  25  août  par 
un  yent  favorable,  lit  voile  avec  une  armée  con« 
sidérable  et  une  flotte  ti^ès-bien  équipée* 

La  pinidence  IVngagea  k  déliarqucr  d'abord 
dans  rîle|de  Chypre ,  afin  de  prendre  connaissance 
du  ])ays  enuemi  avant  de  s'y  engager,  de  former 
des  magasins  d  armes  et  de  vivres,  et  de  s'assurer 
imc  retraite  en  cas  de  malheur.  Cette  sage  mesure 
out  de  fâcheux  résultat;}  :  la  rigiu;ur  de  la  saison 
rendant  fort  dangereux  le  trajet  de  €liypre  en 
Egypte,  on  resta  daus  cette  îlo  juscm'à  Pâques; 
la  maladie  se  mit  daus  les  ti'oupes;  il  tin  péntun 
grand  nombre ,  et  Ton  perdit  jusqu'à  deux  cent 
quarante  pei^sonues  de  distinction. 

Quelques  Sarrasins  s'étaient  réimis  dans  Itle 
de  Chypre  daus  le  dessein  d'attenter  à  la  vie  da 
roi  ;  mais  ils  furent  découverts  et  arrêtés* 

Louis  IX  dédain  la  guerre  h  Maicck  Salis 
Soudan  d'Kgypte.  La  flotte  du  roi  était  de  dix- 
huit  cents  vaisseaux;  l'armée  se  composait  de 
vingt-huit  mille  chevaliers  français ,  anglais  et 
cypriots.  Daus  ce  temps  on  ne  calculait  la  gran* 


1 


SAINT  Lions.  3i? 

de  Lombardle,  ou  avec  œlle  âe  To^^ 
0am.  :  <m  aiouta  que  al  Iti  socceték^  toii^ipdt  à 
^Ufle  fille  oe.  j^'oi  non  mariée  >  cette  fille  ne  pour^ 
irait  ^ousér  qu'un  prioce  affl-ëé  par  Ife  pape.' 

.  Si.  januda  entreprise  jBit  meine  âé^  perué  et  dd 
4jifficn|*ësy..<^  Ait  celle4à;  il  fallftif  Tuucrè  liflûii* 
jfiroi,  roi  puiaaant  sur  mer  et  sur  terre*  Le  âétit 
d^aroix*  une  çpuroiyie  ne  permit 'pas  an  pomte  de 
se  laisser  efôrayer  par  des  obstacles  presctde^  in- 
vincibles j  ses  pr^aratife  furent  fiiits  à  Pinst^nt 
iniu'qnë*  Le  pape  publia  une  croisai  confire 
^ilainCroi ,.  et  releva  de  leur  rœu  éfsatm  qm  s-é^hient 
crgis^  pour  la  terre  sainte  ,  pouiirti\qirïl8  pair- 
tissent  pour  la  guerre  dltaEe.  Vïté\knoiè  consi-* 
dérable  fut  bientôt  rassemblée.    .  '        n 

La  flotte  de  MainCroi  était  du  double  |lu8.loi^ 
ane  celle  du  comte  d*Anjou;  mais  le  comte ,,  jiigne 
J^re  de  Louis ,  sentant  croître  son  courage  à  me-r 
sure  que  crofssaient  les  dangerSjs'embarqcia  malgré 
toutes  les  représentations,  et  iRfiriTU  à  Rome  lé^  1^5 
mars,  yeille  de  la  Pentecôte,  après  avoir  essuyé 
une  horrible  tempête.  Le  péril  af&eux  qu'il  avait 
atlronté  le  rendit  plus  cher  aux  Romains ,  qui  le . 
croyaient  ou  mort  ou  prisonnier;  ils  lui  rendirent 
les  plus  grands  honneurs,  et  le  mirent  en  pos^ 
session  du  sënatoriat,  en  présence  ^e  quatre  carr 
dinaux  que  le  pape  avait  envoyés  pour  assister  à 
cette  cérémonie. 

n  reçut  Finvestiture  du  royaume  de  Sicile  au 
mois  de  juin,  et  fut  couronné  l'année  suivante, 
ainsi  que  sa  femme  Béatrix. 

Le  comte  prouva  bientôt  qu'il  étut  digne  du 
rang  auquel  il  venait  d'être  placé  ;  son  invincible 
courage  le  soutint  seul  contre  toutes  les  attaques 
de  Mainfroi  jusqu'au  mois  de  novembre,  oîi  1  ar- 
mée des  croisés  vint  le  joindre. 

Enfin,  après  avoir  donné  des  marques  extraor- 
dinaires de  valeur  dans  toute  cette  campagne  >  il 


3i«  SAINT  LOtJIS. 

remporta,  le  26  février,  une  victoire  éd 
dans  un  combat  où  Mainfroi  hit  tué  :  la 
et  la  mort  de  cet  usurpateur  ne  furent  qu'un 
punition  de  tous  ses  crimes. 

Le  comte,  reconnu  roi  de  Sicile  sans  aucD 
position  ,  se  trouva  possesseur  d'un  des  plus 
«tats  du  monde ,  par  une  conquête  que  Vï 
regardait  comme  impossible  j^  et  qui  ne  lu: 
que  trois  mois. 

Toujours  occupe  de  rendre  la  justice ,  d' 
^a  famille,  d'entretenir  la  paix  dans  ses 
dcmpêcher  la  guerre  entre  ses  voisins,  L< 
vers  cette  époque  maria  Jean  ,  son  troisièi 
a  lolande ,  nlle  dindes ,  duc  de  Bourgogne 
fille  Blancbe  à  Ferdinand ,  (ils  d'Alphonse 
de  Castille. 

Il  devint  médiateur  entre  le  roi  d'Ang 
H  celui  de  Navarre,  et  leur  fit  conclu, 
trêve  de  quatre  ans* 

Il  avait  apport^  d'autant  plus  de  soin  à 
les  afiaires  de  sa  famille ,  qu'il  voulait  entrep 
une  seconde  expédition  pour  la  délivrai 
chrétiens  d outre  mer,  qui  ne  respiraient 
quelques  années  qu'à  la  faveur  des  guerres 
Surrazins  s'étalent  faites  entre  eux. 

La  conquête  de  la  Sicile  terminée  ,  on 
la  croisade  :  cette  expédition  paraissait  é 
inîeux  devoir  réussir,  que  le  nouveau  roi 
cilc  était  tout  entier  dévoué  au  pape. 

Le  5  mars  1267,  après  un  mscours  te 
qu'il  prononça  dans  une  assemblée  solenn 
^*ands  du  rojaume,  le  roi,  qui  n'avait 
«juitté  la  croix ,  déclara  qu'il  l'avait  t 
portée  dans  l'intention  de  retourner  à  1 
mainte  y  mais  qu'il  voulait  en  ce  momen 

t»reudre  des  mains  du  légat  $  puis  il  invi 
es  assistans  à  l'imiter.  Ses  b*oia  fds  eija. 
titude  de  seigneurs  suivirent  son  ei.euiple.< 


SAINT  LOnS.  3i9 

Qii  avait  besoin  d'argent ,  on  imposa  des  taxea 
siu'  le  clergë  et  sur  les  bourgeois  des  villes* 

Louis  IX  ,  dont  la  santé  était  très-faible  9 
n'ignorait  pas  les  dangers  auxquels  il  allait  s'ex--- 
poser;  il  pourvut  à  rétablissement  de  tous  ses 
enfans  ,  et  chargea  du  gouvernement  Mathieu  , 
abbé  de  Saint-Denis  ,  de  la  famille  des  comtes 
de  Vendôme  ,  et  Simon  de  Clermont ,  comte  de 
Nesle  ,  homme  d'une  rare  prudence  ,  leur  sub- 
stituant 5  en  cas  de  mort ,  Philippe ,  comte  d'E— 
vreux  ,  et  Jean ,  comte  de  Ponthieu.  Trois  ans 
ayant  été  employés  aux  préparatifs  de  son  expé- 
dition ,  le  roi  alla ,  en  1270 ,  prendre  l'oriflamme 
à  Saint-Denis.  Il  redoubla  sa  ferveur  ,  et  la  fit 
paraître  dans  une  foule  de  circonstances  ,  prin- 
cipalement dans  une  procession  où  il  marcha 
pieds  nus  depuis  le  palais  jusqu'à  Notre-Dame» 
Des  querelles  étant  survenues  à  Aigues-Mortes 
entre  des  croisés  de  diflférentes  nations  ,  et  sept 
cents  hommes  étant  restés  sur  la  place  ^  le  roi  se 
transporta  au  lieu  oîi  se  passait  le  désordre  ,  fit 
pendre  les  plus  coupables  ,  et  la  sédition  fut 
appaiséc. 

Il  s  embarqua  ensuite  avec  toute  l'armée ,  le 
J^^  juillet  1270  ;  il  écrivit  une  lettré  aux  deux 
régens ,  dont  la  teneur  montre  qu'il  n'avait  rien 
de  plus  à  cœur  que  la  gloire  de  Dieu  et  le  bien 
de  ses  sujets. 

Le  lendemain  de  l'embarquement  on  mit  à  la 
voile.  Le  roi  avait  dans  son  vaisseau  le  duc  d'A— 
lençon  ;  Philippe ,  son  fils  aîné  ,  était  dans  un 
autre  vaisseau  ,  avec  le  comte  de  Nevers  et  le 
comte  d'Artois.  L'armée  se  montait  à  soixante 
mille  hommes. 

Le  temps ,  qui  était  alors  fort  beau  ,  changea 
tout  à  coup  ;  la  flotte  fut  accueillie  de  violentes 
tempêtes  ,  et  quand  elle  arriva  à  Cagliari ,  en 
Sardaigne ,  on  avait  perdu  une  grande  quantité 
â'hommes  et  de  chevaux* 


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•:tfiiiitii:iin  .  u   «^#iii-iii:  t:«i<intjiautjii  isi':j  itl l-CI*  E 

«  bï  \i'.  [loiivai.s  élir  U:  paiTaiii  (Ju  roi  de  1 
«  luiiU  (le  lju|)ft'iiio  !  Ia*  b<'(:<iij(I  mot  if  ( 
TiiiiÎM,  place  |)Mi  i'oitifide  ,  pli  iue  de  rie 
faeile  à  prendi'e,  servirait  iieaiicoup  auc 
non  entreprise  de  la  terre  sainte ,  car  il  i 
hV'iii parer  de  eette  place  si  le  roi  sarrasi 
pas  de  Ijoiiiu;  foi. 

L*arjiide  frati^^aÎM*  o]>drn  facilement  sa 
dans  le  urand  gcdfe  de  Tunis  ,  et  se  r 
peu  de  jours  ,  bans  beaucoup  de  peii 
perles ,  niaitressc!  de  Cartijage.  Mais  I 
Alors  détrompe  sur  la  conversion  du  roi  d 
vc.  jtrince  usa  de  tontes  sortes  de  iiises 
tiquer  Tarniee  des  cliiéliens  ,  et  envoya  i 
camp  juHtprii  cent  sariasins  ,  qui  ,  sons 
de  s*y  rendre  pour  se  convertir ,  toni 
i^improviste  sur  les  Français  ,  en  tuèren 
soixante  ,  rt  H\«nruirGnt« 

ÏA'  roi  de  Tunis  ne  faisant  que  des  o» 
elles  ,  Louis  IX.  attendit  non  frère  ,  le  n 
cile,  pour  faire  le  sié^e  de  cette  ville. 

I^e  retard  de  ce  prince  fut  causii  des  I 
désablres  qui  suivirent.    Les  clialeurft  < 


t  4 


SAINT  LOl;^S.  3|i 

AAmnoiDS  ne  l'empédba  pas  ^  pendanl  plusieiin 
îooiB  9  â*agir  et  de  danoer  ses  drdres  ayeo  J»  > 
même  présence  d'i^prit  qu'il  aojrauit  eiiiè>eo^|iai^ 
flûte  santé.  Lorsqu'il  sentit  s»  fin  appcocï^ec  il  se  ' 
''fit  coucher  fHtr  la  cendi^e , .  et  bientôt  après  il  ex«* 
]Hra  y  le  aS  août~i27o  \  il  était  âgé  de  cinquante- 
cinq  ans  et  quatre  mois,  et.ayait  r^pié^  quarante-^' 
trois  ans  neuf  mois  et  dix-neuf  iours*  Sa.  mort . 
répandit  une   ai&euse  consternation  dans  toute  . 
•l'armée.  Le  secret  d'embaumer  les  corps  n'étant 
pas  alors  connu  ,   on  ne  put   transBprtar  €n 
France  que  ses  os  :  la  caisse  qui  les  rnSfermait^ 
amsi  que  son  cœur ,  fîit  déposée  à  Notre-jpame  5 
et  le   lendemain  conduite  en  grande  pompA^à 
Saint-Denis*  Philippe  voulut  porter^  lui-^iii^nè 
sur  ses  "épaules  les  restes  précieux  de  son  père. 
I^es  instructions  que  ce  roi  laissa  éclates  oe^  sa  ^ 
main ,  et  adressées  à  son  fils ,  sont  des  'leçona 
yraiment  royales  et  chrétiennes»  Le  pape  Boni— 
fiàce  YIII  canonisa  Louis  IXen  I197»  On  lui  doit 
rétablissement  des  Quinze-Vingts  9  construit  pou^ 
loger  trois  cents  gentilshommes  que  les  infioièles 
avaient  privés  de  la  vue.  Il  aimait  et  protégeait 
les  lettres ,  et  donna ,  dit-on ,  le  premier  plan  de 
bibliothèque  publique. 

Jamais  prince  ne  se  rendit  plus  digne  que 
saiut  Louis  de  l'amour  et  de  la  vénération  de  ses 
sujets  ;  sa  vie  fut  un  dévouement  continuel  à  son 
Dieu  et  à  son  peuple  ;  il  unit  aux  humbles  vertus 
du  chrétieu  les  brillantes  vertus  du  héros.  Pru- 
dent et  ferme  à  la  tête  de  son  conseil  ,  libéral 
sans  cesser'  d'être  économe  ,  intrépide  au  milieu 
des  camps ,  on  le  voyait  tour  à  tour  s'occuper  des 

Elus  grands  intérêts  politiques  ,  répandre  des 
ienfaits ,  essuyer  les  plus  rudes  fatigues ,  livrer 
des  combats ,  remporter  des  victoires  et  affronter 
les  dangers  les  plus  iinminens  ;  généreux  envers 
les  vaincus ,  magnanime  envers  les  rebelles  ,  il 


1 
3o8  SAINT  LOlnS. 

inuladr  lui  dit:  r  J'uUoiulsh mourir  cpie  mon  saiul 
«  roi  m'honore  dr  sa  prcsrnco  9  et  )c  ne  partirai 
«  point  d(! cr  monde  cmc  je  u'nio  itçu crttc  consola- 
«  tion.  »  Le  roi  la  lui  dotmn,ct  &  peine  fut-il  sorti  de 
la  tend*  du  malade,  <pu*  ce  dernier  expira.  Lp  1*01 
ressentit  à  son  (our  h*  mal  dont  les  autres  araient 
vlv.  frappés,  et  la  famine  vint  eneore  accroitrcles 
^lallieurs  de  Tarmée. 

Ou  prit  alors  la  résolution  de  quitter  le  cnmp 
et  de  se  relii'«»r  sur  Da miette.  Avant  que  lar- 
inée  s<*  mit  en  marelie  le  roi  fit  assurer  la  re- 
traite de  tous  les  lia^ages  et  de  tous  les  malades  1 
et    les  suivit  ,  cpioinue  soutirant   l>eaucoup  lui- 
même.  On  1(*  pressait  d(*  se  ren<li^  h  Damiettc 
sur  un  vaisseau  ,  ee  qui  était  moins  dangereux 
que  d'y  all(*r  par  l<*rre  ;  mais  il  refusa  ,  disaut 
«  qu'if  n<'  pouvait  s(^  résoudre  1^  abandonner  tant 
K  (Te  vaillans  honuues  avee  lesipuds  il  tStuit  ré- 
«  solu  de  périr.  «   11  s<»  tint  h  Tarrièiv-ganlo 
Altaipu^  souvent  dans  sa  imu^he,  il  arriva  enHu 
dans  une  petite  ville  nonmié<^  Cass(4,  où  il  tomba 
dans  uuf^  si  grandi*  défaillance^  qu'on  le  crut  pr^ 
«rexpirer.  (raueliet  de  Clultilloii  donna  dans  ce 
lieu  um^  maripu'  exti^aordinaire  de  sa  bravoure  1 
en  défendant  à  lui  seul  lentrée  d'une  retraite  pr 
laquelle  ou  arrivait  h  la  nuiison  où  s'était  irtiré 
le  roi.  (Raueliet  «listi  ihuait  de  gnuids  coups  de 
sahnt  i^  tous  les  inlidèles,  en  criant  de  toutes  «es 
forées  :  «  A  (lliâtillon,  elievaliers!  A  CliAtiilou  y 
«  chevaliers!  A  Chalillon!  »  Persomie  ne  vint  ik 
son  secours ,  et  il  fut  tué.  Dans  cc^lti*  extrémité 
Un  des  seigneurs  de  la  cour  ,  apjxdé  Montfort» 
alla  avec  la  permission  du  roi  demander  ik  traiter 
nvec  un  émir  qu'il  avait  aper^'U  dans  le  ni*euiier 
rang  de    l'aruu'e  ennemie.   L'émir ,   qui   savait 
comhien  le  sultan  dc^siiail  être  en  possession  de 
Damiette,  était   sur  le  point  de  composer  avc*c 
Mouli'ort^  quand  un  licjaut  du  roi>  soit  c|uc  la 


r  ■ 


TmGXJESaUOk  3a3 

DU  GUESCLIN, 

•i 

CONNÉTABLE    bE  EMNGE/ 


it. 


Bertrand  Du  Gubscliv»  fib  4e  Renault  S» 
Gnesclins  gentilhomme  breton,  naquit  Tan  laSfi'» 
BÙ  château  de  la  Moihe-Brion ,  à  six  lieûei  de 
Rennes.  Son  père  passait  pour  un  deç  plus  hsTareii 
chevaliers  de  la  Bretagne;  mais  sa  fortuni^iie  loi" 
permettait  j)as  de  tenir  le  rang  que  lui  donnaient 
sa  naissance  et  son  mérite* 

La  nature  avait  privé  le  jeune  Du  Ouesdin  de 
tous  les  avantages  extérieurs  $  il  était  laîj^t  mal 
fàiU  Une  humeur  altière  et  indo(»le  venait  encore 
augmenter  ces  défauts,  qui  l'avaient  rendu  Un 
sujet  d  aversion  pour  sa  mère;  elle  ne  pouvait  se 
consoler  de  Tavoir  mis  au  monde  :  «  Il  n'y  a  pas 
«  de  plus  mauvais  garçon  sur  la  terre ,  disait-elle 
«  souvent;  il  est  toujours  blessé  y  le  visage  en 
«  sang ,  toujours  battant  ou  battu,  t»  En  enet  y  à 
peine  âgé  de  six  ans,  il  était  devenu,  par  sa 
force  extraordinaire ,  la  terreur  des  petits  paysans 
du  voisinage  :  son  père  ne  cessait  de  lui  repro-* 
cher  ces  luttes  coatmuelles  avec  des  enfans  d'un 
rang  si  inférieur  au  sien.  Le  jeune  Bertrand  re- 
connaissait ses  torts ,  promettait  d'être  plus  sage 
à  l'avenir;  mais  la  vivacité  de  son  naturel  l'en- 
traînait à  la  première  occasion.  On  démêlait 
cependant  en  lui,  malgré  ses  formes  rustiques, 
les  traits  d'une  âme  élevée  ;  il  était  compatissant , 
généreux ,  et  sensible  à  la  louange.  Un  jour  qu'il 
revenait  dWe  de  ses  expéditiou^  contre  les  petits. 


324  ^^  GUESCUK. 

paysans,  unr  uiuic  ie  sn  lu^re  lui  «lit ,  ponr  \r 
couMtkr  dr»  rrpi'nulu'K  «le  !k>*  paif^na ,  qu'il  tn^it 
qudtjui!  jour  un  |;rttn<l  rupîtuiiu-.  Hfilriind  fui 
fiumi^  ii«  cette  piiHUction,  vt  comi>ln  ttr  mrrtv» 
CfUc  ^tii  lui  iii'^imgfait  ni  Itleu  u  glotr»  fulurc. 
Dhms  la  Miib;  m;»  ^tartm*  sr  LTurrnl  ol>]i(;é*  «I' 
le  nruftnDc!-  pour  n^rinipr  »ori  haiiirnr  gwr- 
royiuiti^  T  411Î  l't-ipoaait  rliit^ac  jour  îi  de  iiou*  vaut 
duiigciv.  th'rti'uiiU  it'^'buppn  w  sa  pi'iwiti ,  et  m.- 
Td'ut;>"  ct«*  U"  'l""  "*■•  u'ifl'»  ■■  •■rlui-*û  Ju^ra 
inicux  ]e  iouuo  liominc  '.  il  i-ngnt^-a  Itcfiuttlt 
Pu  (iiM-tcltu  il  ue  pas  cuutraindrt  dans  eon  fils 
do  pcncbiutt  <iui ,  bicji  diiift^)  ponvaît  le  con- 
duire h  la  (gloire  tt  it  In  t'ortiinr.  Lp  p^re  m 
ivndit  &  ces  sages  repidscutatiou»  :  BeitrMul 
obtint  uu  pKU  ultis  de  libi'rli^;  au  lui  d<iniui 
|n£iii'--  up  clicvnt ,  ft  des  armrK  proport ioiui^*  & 
•on  Agt  ;  mais  il  n'en  r<«la  pas  moins  l'otijcl 
â'iuie  biiritillance  active. 

T»ut«  In  Doblcitse  brriopiic  «itait  assembla  h 
AofiDus  pour  ui)  tournois  ;  les  plus  famirux  cb^ 
viilicrs  venaient  j  tûti-e  l)rï)ler  leur  com-age  et 
leur  mlreiue.  Vim  t'uulo  di:  spi-t^taU-urs  excitait  , 
l'éuiulutinn  dt^ii  (.unifia tians.  Le  jeunt!  Du  Ci 
clin ,  qui  n'avilit  iilors  que  qiiiiiM  atw,  ann^, 
bien  tUùr^  ttVasnyer  an  valeur  dans  c*tte  (éVk 
brillante;  inuia  m)ii  |iiVe  n'y  nppiiM,  Ltr  jt 
bonuuu  iivaiL  la  conscienre  de  srs  roiti-a;  il  < 
pruiitr  uu  citfrvnl  ft  des  arme»,  se  rend  au 
du  tournois,  C(,  taus  être  connu,  denfeiu] 
rompre  une  Luiee.  l^  pr«ntier  ijui  ke 
eut  diisHi-çoniitf  ;  tmKo  autre»  veulfnl 
vcinenl  lui  disputer  la  victoire  ;  ils  ont  le  ml 
sort.  La  suriitis)^  des  UHii»(itna  ^tiit  au  utnl 
Kii  ndiuiniil  t*  force  ri  la  valeur  de  ca  iVAi 

tahU:    (champion;   on    liHtloit    de    i  

]|<-iK>iilt  Du  Oueicliii  rnti-e:  eu  lii.-«  pour  le  ci 
Lillic>  miùs  bîEùl  qu'il  M-s  uruic»   Brrbvud 


DU  GUESCLIN.  325 

reconnu  son  père ,  il  baisse  humblement  sa  lance. 
On  ne  crut  ])as  longtemps  que  la  criaintc  dxxn. 
«i  rude  adversaire  lui  avait  fait  refuser  le  conir 
bat.  jUn  chevalier  normand ,  connu  daiîs  toute 
lïurope  par  ses  hauts  faits ,  fond  sur  Tinconna 
avec  la  rapidité  de  1  éclair ,  lui  enlève  son 
casque  ,  et  toml)e  lui-même  entraîné  par  la 
violence  du  choc.  Do  Guesclid  nVst  point  ébranlé; 
mais  son  visage  est  découvert.  Quelle  fut  la  joie 
lie  son  père  en  reconnaissant  son  fils  dans  le  vain- 
queur du  tournoi  !  11  courut  Feiri brasser ,  et  jura 
de  ne  rien  négliger  pour  cultiver  ses  heureuses 
dispositions. 

La  guerre  était  allumée  en  Bretagne  entre  ' 
Charles  de  Blois  et  le  comte  de  Montfort  ,  qui 
(se  disputaient  la  souveraineté  de  cette  province. 
Edouard  III,  roi  d^A ngle terre ,  soutenait  avec 
chaleur  la  cause  de  ce  dernier.  Du  Guesclin  offirit 
6es  services  à  Charles  de  Blois ,  que  là  France  fa- 
vorisait. Il  se  distingua  dans  cette  guerre  par  plu-^ 
fleurs  actions  d'éclat ,  eiitr 'autres  par  la  prise  de 
la  forteresse  de  Fougères,  située  dans  la  forêt 
du  Tillay.  Cette  place ,  défendue  par  une  garnison 
anglaise ,  était  capable  d'arrêter  une  armée.  Il  y 
pénétra  par  surprise ,  avec  soixante  hommes  dé- 
guisés comme  lui ,  et  se  rendit  maître  de  Iji  forte- 
resse après  avoir  fait  des  prodiges  de  valeur. 

Le  duc  de  Lanças tre,  qui  commandait  les  armées 
anglaises  en  Bretagne ,  assiégeait  Rennes  et  avait 
pris  les  plus  grandes  précautions  pour  empêcher 
Du  GuescHn  d'entrer  dans  la  place.  Celui-<;i  s'en 
dédommageait  en  harcelant  l'armée  ennemie  par 
des  courses  continuelles  5  à  la  tête  d'une  petite 
troupe  qu'il  avait  formée  et  disciplinée  lui-même, 
il  interceptait  les  convois,  tombait  sur  les  déta— 
chemens  qui  s'écartaient ,  et  massacrait  les  fourra- 
geurs.  Il  apprit  par  un  prisonnier  que  les  assiégés 
étaient  réduits  à  la  dernière  extréniité,  et  par- 


3io  SAINT  LOUIS. 

ciitrn  CCA  df!ui  priiiors  lorsque  le  soudnn  pëi 
lu  mïio  iVuno.  conKnirtilion  tramée  cmiirc  lui 
lc8  i^tiiii  s.  Cfiux-ci  v(mi\nnbrvMt  le  traité  fnit 
le  rtoiiclun,  soiiH  1(1  c'oiiflitiori  (|UC!  h*,  roi  pai 
8ur*-l(;-chniiip  lu  iiioitië  de*  la  ionitiie  cotiYc: 
Mv  leur  fui  iUmtuU'. 

En  rrnlruiil  à  Dainidtf*  \vn  émirs  tu^rf*nl 
lr*fi  muliulcK,  rompirent  toulcrt  lr*M  marhiiif* 
roi,  y  mirent  lo,  i'cu,  et  délibérèrent  0*il s  n 
raient  pa.s  la  vie  ù  ce  luonartiue  et  aux  a 
prirtonniers. 

Cliucun  se  disposait  tk  la  mort,  quand  enfi 
))arl)ureH ,  rendu»  h  la  voix  de  Thonneur  ,  n 
tinrent  leur  troilé. 

La  ilotle  iranyaiHe  fit  voile  vers  lu  PaleAtin 
le  roi  arriva  au  port  d*Aere  le  8  mai  I2fi( 
fort  niuuvuiH  écpiipage ,  mais  consolé  du  voir 
perdu  pour  la  cause  du  Olirist* 

Lcmis  IX  se  préparait  h  parfir  pour  la  Fri 
ou  lu  réuente  le  pressait  iorti^ment  de  rev 
lorH(|ue  1  iiorrilde  conduite!  desSarrasins^qni 
xiient  la  t6l(*  ii  ceux  des  prisotmiers  qui  ne 
aient  pus  se  rendre  nndioméluns,  le  faisant  I 
h\vr  sur  le  sort  t\v»  eliréliens  de  la  Palestin* 
son  ulisence  livrerait  ii  la  merci  des  infidèl 
détermina  d'y  prolonL;er  son  séjour* 

Il  envoya  reproelier  aux  émirs  les  ir 
lions  (prils  faisaient  h  leur  truiti^.  G*ux-ci 
savaient  que  le  soudfin  de  Danms  avait  oflr 
roi  de  le  laisser  maître  du  royaume  de  J 
salem  s'il  voulait  s'unir  avec  lui  contre 
firent  droit  ii  ses  réclainalions ,  afin  deFemp 
de  contracter  TallianiT  qu'ils  redoutaient* 

Le   Soudan  de  Dumas  recommença  aloi 

hostilités   contre   les  chrétiens   de  la  pulei 

einp/^rlia  les  émirs  de  pouvoir  rejoindre  le 

et,  li*s  ayant  Jmttiis,  s'unit  avec  vim  contre  1 

Diverses  né(jociutious  avec  les  éuiii's  d'L 


1 


JDU  GIIBSGUN.  Hg 

lontrale  captai  auprès  du  village  de  Oxdierdi-^ 
Normandie.  G*ëtait  là  q/ae  dérait  8«d4fper,  le  6 
1364,  cette  bataille  inémodra]dtfN{id  sigiiilA 
le  manière  si  brillante  Favant-reille  an  ttere 
Charles  Y  ;  c'était  en  ce  jour  ijné  Du  Ôneselhi 
lit  apprendre  aux  Anglais ,  tant  de  fois  Tain** 
ors  y  qu'ils  n'ëtaient  pas  inyinciUiss»  Jua^'ai*^ 
le  héros  breton  ne  s'était  fiiit  connaître  qm 
de  hardis  coaps  de  maiu  ;  il  déploya  dan»  câto 
Lsion  les  talens  d'un  généfal  coiiAomihé* 
^rès  avoir  reconau  la  situation  .de  reufenil  i 
nt  ses  mesures  en  consé<{uenc6*  ConanO'  ma/A, 
ée  était  beaucoup  moins  nômhretise  cpe  celle 
»ptal ,  il  se  posta  dans  une  yaOër»  entre  lé 
itagne  de  Cocherel  et  la  rÎTière  dXmre,  et 
puya  sur  un  bois  pour  n'être  pas  tooratf.' Jfnid 
erré  dans  un  espace  étroit,  iLjnendît: ikiitile  à 
lemi  l'avantage  du  nombre.'  Le  captai  é'eiii*- 
ided  hauteurs.  Son  habileté  pisnaa  déconcerter 
sages  dispositions  de  Du  GuescUn.  L'armiée 
içaise  était  à  la  veille  de  manqoer  de  Trrrer; 
iptal  résolut  de  la  tenir  en  échec  et  d'éviter  ime 
on ,  afin  de  la  réduire  par  la  famine.  Bertrand 
iprit  l'intention  du  général  anglais  1  et ,  s'avi— 
:  d'un  stratagème  pour  le  forcer  au  combat,  il 
nit  de  se  retirer  précipitamment.  Les  enne-  " 
,  persuadés  qu'il  n'osait  se  mesurer  avec  eux , 
lent  se  mettre  à  sa  poursuite  y  en  vain  le  captai 
ire  que  c'est  une  ruse  ,  disant  «  que  Du  Gkiesclin 
'est  pas  homme  à  fuir  devant  l'ennemi.  »  Les 
îers  anglais  et  navarrois  s'obstinent  ;  le  captai 
obligé  de  céder  ;  il  descend  dans  la  vallée, 
oilàles  oiseaux  ])ris  ! '»  s'écrie  Du  Guesclin  en 
ant  les  ennemis  s'engager  dans  le  défilé.  Il  fait^ 
e-face#  Le  captai  reconnut  son  imprudence  5 
îuvoya  un  héraut  au  général  français  pour 
gager  à  se  retirer ,  et  pour  lui  offrir  des  vivres , 
t  il  devait  avoir  graad  besoin  :  «  AHei  dire  au 
Mme  IL  •  *8 


I 


33o  nu  GUESCLIN. 

«  captai ,  rë|>cnf1it  Du  Guesclin  ^  mie  nous  Minpe» 
«  roiis  aujourdliui  à  ai^s  clëpo iis*  »  IHiia»  se  dispo- 
sant au  comlmt  :  «  Pour  Dion ,  mes  amîs  »  dit-il 
«  à  ses  soldats,  souvruei-TOUs  que  nous  avons  un 
m  nouveau  roi  do  Fiance,  et  qu'il  faut  que  sa 
«t  couronne  soit  aujourd'lnii  étreniiëe  par  vous!  » 
L  action  s  engagea,  et  devint  bientôt  geuéitile.  Du 
Guesciin',  arme  d'une  Lackc  ,  se  pi  écipitait  dans 
les  rangs  ennemis  en  criant  :  Notre^Vame  Au- 
gnesclw  !  cri  terrible  qui  répandait  autant  d  effiroi 
qu«'  les  coups  qui  partaient  de  sa  main»  Le  com- 
Lat,  commencé  le  mutin,  ne  finit  qu*à  la  nuit. 
Les  Anglais  et  b^  Na\-tiriH)is,  vaincus  et  dispei'séi, 
nViirent  pas  même  la  ressource  de  fuir;  la  rivière 
et  les  montagnes  leur  fermaient  les  passages; 


€un  ne  put  éi^bapper  à  la  mort  ou  aux  fers  ;  le 
captai  lui-même  lut  fait  prisonnier  et  eayoyë  an 
roi  de  France. 

Ce  prince  était  alors  2k  Reims,  pour  la  cërémo* 
:nie  du  sacre.  La  nouvelle  de  cette  victoire  le  ma-» 
plitde  joie  et  d  espérance.  Pour  prix  d  un  service 
aussi  signalé,  il  cuni  Du  Ouesclin  maiëdialde 
iNormnndie  ;  il  lui  donna  aussi  le  comté  de  Lon« 
gueville,  dont  il  avait  dépouillé  le  roi  de  Navarre» 

Birnto)  le  roi  1  envoYU  en  Di^tagne  auprès  de 
Cbarles  de  Blois.  La  guerre  était  i  allumée  dans 
cette  province  entre  les  deux  compétitenra.  Mont« 
fort  assiégeait  la  \illc  d'Aurai  a  la  této  d*iiM 
puissante  armée.  Du  Guesclin  et  le  prinœ  qu'il 
stTvait  ma  relièrent  au  secours  de  la  place  avec 
des  troupe[l  non  moins  formidables*  Montlbrl 
était  secondé  par  Jean  Cliaudos  et  lant  oe  qne 
l*Angleteri*c  avait  de  vaillans  ffénëraux.  Ia  As* 
taillr  se  donna  sous  les  murs  d  Aurai  »  le  a^srp* 
toiulire  1364.  Du  Guesclin  ordonnait  toiit,wUsit 
Mir  tous  les  points  de  Tarméi^;  il  animait  par  ttt 
«lisoours  les  soldats  y  et  Cbarles  de  Blois  lai* 
iiiêine  :  «  Courage,  mou  prbice  ,  lui  disait^» 
«  \ous  uYtz  pour  vous  le  cœur  des  Bretouia  * 


Xfeî  errances  ^'il  Toukit  iasjpéer,m  compiiîfè 
tèfur de  MoAtfbrt  se  tusseatpeiifc-étre  céalisees;^ 
Charles  de  Biou  eût  ^putë  icfs  cooscols  du  bérç§ 
liretoh.  Du  Guesclîn  ayait.  rangé  rarmée  en  troi$ 
corps  de  bataOle;  il  s'étMt  charge  du  ctmuâffioder' 
ment  dn  premier  |  le  comte  d*Auxerre  conduisait 
'le  second  ;  Charles  de  Blois  se  réservale  troi<|f 
même*  Jean  Ghandos  >  qui  laissait  pour  le.  plus  ha« 
^ifile  capitaine  anglais  après  le.pnnce  deGatt^i^^ 
^  put  s'empêcher  d  admirer  la  manière  doât  {M 
Guesdin  venait  de  disposer  ses  troupes  ;  il  u«  se 
contenta  pas  d  en  faire  Téiogct;  il  limita  en  ^ao;^ 
'l^eant  ses  soldats  dans  le  même  ordre. 
'  Le  signal  du  combat  est  donné*  En  TainlHi 
Guesdin  enga^  Qiarles  de  Blois  à  modérer  sop 
'  ardeurs  ce  prmce  9  sourd  aux  -j^las  sïiges  mij^ 
Teut  attaquer  le  premier  ;  il  passe  im  fuisseauqui 
le  sépare  de  Uarmée  ennemie.  Cemouyement  pre» 
^dbàité  met  la  confusion  dans  ses  rangs.  Du  Guesclii| 
,M  la  douleur  de  Toir  son  plan  de  bataille  5.  ^pi  lui  . 
eût  peut-être  donné  la  yîctoire,  détruit  ayant 
Faction.  Montfort  a  attendu  sans  s'ébranler  le 
choc  des  ennemis.  Le  co;rps  de  bataille  qu'il  comr 
mande  est  aux  prises  ayec  ^elui   que  conduit 
Charles  de  Blois  :  celui-ci  cherche  son  rival  dans 
la  mêlée  ;  il  le  joint  enfin.  Tous  deux  étaient 
-  également  braves ,  également  valeureux  ;  mais 
Charles  de  Blois  fut  moins  heureux.  Il  succombe  « 
et  sa  mort  est  la  ruine  de  son  parti.  La  nouvelle 
de  ce  fatal  événement  circule  de  rang  en  rang^  et 
remplit  les  partisans  de  Montfort  d'une  nouvelle 
ardeur.  L'armée  de  son  compétiteur  ,  consternée 
de  la  perte  de  son  chef,  commence  à  plier.  Du 
Guesclin  veut  venger  la  mort  de  son  prince  ;  il 
rallie  autour  de  lui  quelques  amis  fidèles ,  et  sou- 
tient longtemps  reffort  des  ennemis»  Bientôt  ac- 
cablé par  le  nombre  ;  épuise  de  fatigue ,  il  n'a  plus 


3i4  SAINT  LOUIS. 

Voici  )  selon  lo  sirt*  Ao.  JoiuviLle,  à  quelle  occa- 
sion QviU"  oriloiniance  fut  rendue. 

L'abbé  de  Clup;ny  avait  l'ail  présent  de  deux 
ln>s-braux  chevaux  au  roi  loi's  de  son  retour, 
vl  avait  le  IcMideniain  obtenu  de  lui  une  longue 
vi  favorable  audience.  Le:  sire  de  Joinyîlle ,  usant 
de  la  familiarité  que  le  roi  lui  penneKait,  lui 
demanda  s'il  réponihait  franchement  à  une  cpies- 
tion  qu'il  voubiil  lui  faire  :  le  roi  le  lui  promit: 
«  N'esl-il  pas  vrai,  sire  ,  reprit-il,  que  les  deux 
«  iM'aux  chevaux  que  vous  a  donnes  1  abbé  de 
«  Chiçriiy  lui  ont  mérité  la  lon[:;ue  audience  dont 
«  vous  1  avez  honoié  ?  —  Cela  pourrait  bien  être 
«  vrai ,  dit  io.  roi.  —  Oh  bien  ,  sire  ,  cottthiua 
«  JoinviMe  ,  défendez -donc  aux  gens  de  votre 
<c  conseil  de  rien  prendre  de  ceux  qui  ont  à  faire 
«  à  eux  ,  car  soyez  certain  que  8*ils  pi*cnneut  ils 
«  en  écouleront  plus  diligemment  et  plus  longuc- 
m  ment ,  ainsi  (juc^  vous  l'avez  fait  de  1  abbé  de  Glu- 
«  gny.  n  l^  roi  rit  de  la  réflexion  y  en  fit  rli*e  son 
conseil ,  et  mit  à  eiécution  le  sage  avis  do  Joinville. 

En  ]25f)  il  traita  du  mariage  de  Louis,  son  fils 
aîné,  av(K;  JJérengère,  fille  d'Alphonse  X,  roi  de 
Castîlle  ,  qui  fui  déclaiéi;  héritière  de  cet  état 
dans  le  cas  où  son  pèi'e  mourrait  sans  laisser 
denfans mâles;  mais  la  mort piématul-éc  de  Louis 
empocha  la  consommation  du  mariage. 

Un  121)7  le  roi  rendit  une  ordonnance  qni  mit 
lin  aux  guerres  que  les  nobles  se  faisai(*nt  entre 
<'UX ,  guiïrres  désastru(*uses  pour  la  patiîe  »  et  il 
abolit  dans  les  terres  qui  dépendaient  de  sa  justice 
royale  la  preuve  de  l'innocence  par  diu;l*  Il  porta  . 
conti'c  b^s  blasphémateurs  et  les  impies  un  édit 
<jui  les  condamnait  à  avoir  les  lèvres  percées 
a\cc  un  fer  chaud.  La  séyâvité  de  cet  ëdit 
fil  mui'nmrer  le  peuple  ;  quelffues  séditieux  se 
répandir(>nt  conlre  lui  en  nmlédictions  :  il  s'op- 
posa à  ce  qu'on  sévil  contre  eux  :  «  le  leur  par- 


■^  ïto  GimscixBf.        :  /àjp 

.taîbi^pîBÉa/gL  nn.pèii  militaire  il  ajoa^.dçB/i^r 
'  ioas  plus  pùissâiiteB  'sur  desinHniiaet  ^  aWaleot 
ca  Tue  me  .leur  iatërét  ;  il  Içjar  firoiiitt  »  pour 
yrix  de  leur  départ ,  deux  cent  mille  finuics  d^- 
ïoi  de  France  f^'3^et  les  trésors  du  roi  de  Cssiille. 
I^  traité  fut  <jQ|iclu  8ux^le-*ciiram.  Jingues  de 
Gaurelay ,  leur  dbef ,  jura  de  seryir,t>u<}iie8clin  4^ 
le  roi  de  France  contre  tous,  excepté  contre  fe 
roi  d'Angleterre  et  le  prince  Noir  ^  ses  sbaverains 
naturels.  Charles  Y  mt  si  content  du  succès  d^ 
cette  négociation ,  qu'il  embrassa  Du  Çuesclin  aux 
yeux  de  toute.  la  cour.  U  reçut  très*-4umorabIe*<» . 
ment  les  principaux  oifficiers  des  grandes  coaStmi'^ 
|;nîes,  leur  donna  un  magnifique  repas,; 'leur 
paya  la  somme  convenue ,  et  les  renyoyil  trèa^ 
saùs&its.  ^      s 

.  Les  compagnies .  prirent  la  route  â^Afiffïék  , 
sous  la  conduite  de  Jean  de  Bourbon  «  comte  de 
la  Marche ,  qui  avait  reçu  de  jCZharles  Y  le  titre 
de  général ,  avec  ordre  <(e  ne  rien  faire  sans  les 
avis  de  Du  Guesclin.  Arrivées  sur  les  terres  du 
pape ,  elles  ne  manquèrent  pas  de  rançonner  le 
saint-père.  Celui-ci ,  au  lieu  cPor,  leur  donna  l'ab- 
solutiou.  Les  soldats  ,  ne  trouvant  pas  leur  compte 
dans  une  telle  réponse ,  menacèrent  de  mettre  tout 
là  feu  et  à  sang  dans  le  pays  :  «  Donnez^leur  ce 
«  gu^ils  demanaent(disait  Du  Guesclin,  qui,  n'étant  ' 
tr  que  faiblement  obéi  par  cette  spldatesque^'se 
c  voyait  quelquefois  obligé  de  flatter  ses  caprices), 
•t  Ce  sont  tous  des  garnemens  ;  nous  les  faisons 
«  prudhommes  malgré  eux.  Le  plus  sûr  parti  e^ 
M  de  leur  céder.  »  Puis  il  demanda  cent  mille 
francs  pour  eux, et  une  absolutiçn  en  bonne  forme. 
Jje  pape  consentit  à  tout ,  et  se  hâta  d^envoyer  la 
ftonmie,  s'estimant  trop  heureux  d'être  débarrassé 
de  ces  hôtes  incommodes. 

Les  compagnies  se  dirigèrent  ensuite  vers  l'Es^ 
pague,  où  Henri  Xranstamure  les  attendait  a  y  c« 


3i6  SAINT  IX)UÎS. 

Les  grandi  d'An^h'teri'o  »  étant  ligui^i  tr 
contre  loiir  roi ,  I»  trouble  était  au  conibif 
Tappaittcr  les  dc^ux  partis  »  ({ui  ayaif*nt  I 
haute  ïdéi*  de  lu  sagesHc  et  de  rc^tjuitë  de 
Loui0,  consentirent  à  hc  soumettre  a  soi 
ment*  Le  roi  annula  les  articles  arrêtés  < 
parlement  contre  lautorité  du  souverain,  < 
nuls  lessennirns  forcés  cju  avaient  préfésc 
ordonna  (|ue  les  fort^-n^ssi*»  qui  avaient  et 
entre  les  mains  des  vin^t-quatre  dé]>ufés  < 
lement  lui  seraient  rendues  ,  enfin  qu'ils  : 
raient  dans  tous  les  droits  possédés  légitii 
par  SCS  prédécess<;urs ,  sans  quUl  fût  p< 
en  rien  uéroaé  aux  chartrcs  qui  contcmai 
privilèges  et  lilMirtés  des  nations. 

La  plupart  des  ligués  se  récridnmit  coi 
arrêt;  Tun  dY*ux  »  le  comte  de  Leycestre  y 
dit  maître  de  presque  tout  le  royaume  :  1 
son  fils  Edouard  furent  faits  prisonnieri 
Edouard ,  s'étaut  sauvé  de  prison  >  ramei 
parti  beaucoup  de  seigneurs ,  livra  une 
uii  le  couiUi  de  Leycesti*e  Ait  tué ,  et  les  rcl 
repentirent  de  n'avoir  pus  souscrit  au  jn 
du  roi  de  France. 

En  1^65  le  pape  donna  Tinvestiturc  de  1 
à  Cbarles ,  comte  d'Anjou ,  frère  du  roi;  i 
gnit  le  séuatoriat  de  Rome  pour  trois 
tout  sous  la  condition  que  ce  prinee  pas» 
Provence  en  Italie,  avant  Tannée  expirée 
combattre  Mainfroi;  qu'il  rétablirait  la  ; 
tion  ecclésiastique  ,  l(;s  appellations  au 
siège  ;  qu'U  restituerait  les  biens  enlevés  pa 
froi,  rappellerait  les  exilés,  rendrait  la 
prisonniers,  casserait  les  ordonnances  que 
rie  Conrad  et  Mainfroi  avaient  publiées  coni 
torité  et  la  liberté  eccléHiasti^[ue;  qu'c 
royaume  do  Sicile  ne  serait  jamais  soumis 
percur  ni  au  roi  d'Aliemagoe  f  ni  réuni 


-^ ...  «    ^  Heipi»  JkL GnescHa,  oti  dberduat  '" 

i  H       hrenir  le»  maux  de  la^rre»  (nrér  _ 
1    M     BouitÀ  qu^allait  entraîner  )e  si^  èl$  * 
grande  yille,  tenta  de  îren  fendre  œaitns 
capitulation»  Naturelleméçit  ëloqaent,  il  9e. 
gea  de  la  n^ociàtion ,  et  sVsn  aeqoitta  si  bien  , 
y  ménageant  les  intérêts  ifet  deux  partis»  i| 
riîiequit  ToilMe  à  Henri  ïranstamave  ^  (pa  accorda 
:  '_^%aunenses  privilèges  à  cette  vill^. 

. .  Dom  Pèdre  avait  été  chert^r  nn  asile  à  C(«r» 
V  jdones  il  n'osa  y  attendre  Henri  >  qui  était  d^ 
\  "inaître  de  toute  la  CastiUe»  Le-^ilînqneur  si^irail 
^diè  près  lelhbi  ftigitif,  et  entrait^  dans  tontes  lef 
,  Villes  qn'il  abandonnait.  Dom  Pèdre,  réfiig^  à  $é» 
inOe,  délibéra  s!il  n'attendrait  pas  son  rif  al;  buû 

t'aiiproche  de  Du  Guesclin  fit  bientôt  cesser  sesirré» 
'  aolutions  ;  il  s  enfuit  Iftchement  ^  et >  suivi  d'im  (jétît 
.  aeanbre  de  courtisans  y  il  partit  de  Cadix  avec  troià 
.vaisseaux  j  seuls  débris  de  sa  fortnne  9  et  alla  inH 
"plorer  le  secours  du  roi  de  Portugal.  Dom  Pèdre  9 
^pii  jusqu'alors  avait  passé  pomjlBn  guerrier  ha<^ 
bile  et  valeureux  ,  ne  montra  dans  sa  disgrâce 
qu'une  âme  (aible  et  pusillanime ,  tant  le  coutage 
militaire  est  insuffisant  lorsqu'il  est  privé  de  l'appui 
des  autres  vertus. 

~  Ce  prince  avait  laissé  à  Séville  une  garnison  de 
vingt  mille  bommes.  La  place  était  bien  fortifiée  f 
approvisionnée  pour  deux  ans,  et  commandée  par 
un  gouverneur  résolu  de  défendre  son  poste  )us^ 
qu'à  la  mort  }  elle  paraissait  inexpugnable.  Henri 
Transtamare  tînt  conseil  pour  décider  si  l'on 
devait  tenter  le  sîége  ;  l'avis  général  fut  pour 
là  négative.  Du  Guesclin  soutint  seul  l'opinion  con- 
traire; son  éloquence  et  la  force  de  ses  raisons 
la  fit  prévaloir.  Aussitôt  la  place  est  investie  par 
quinze  mille  bommes  divisés  en  trois  corps.  Le 
roi  marche  à  la  tête  de  l'un  d'eux  ,  et  attaque  le 
coté  qui  est  le  mieux  défeudii^  il  a  cédé  le  com*-f 


n 


336  DU  GUESCLIN. 

iiiniulcmcnt  biipi'dui-àDuUui'iicliu.  On  «rbatUI 
tle  part  et  d'autre  nvcc  uu  caiiru){i*  |irodigi«nx  pi 
uu  iivaatage  égal  ;  mai»  le  héros  brotou .  voul&iit 
ë)iiir(iiii'r  M-s  bokltitâ ,  fit  somicr  lu  rcliaili» ,  t^t  Ir» 
ti'oupfs  n'iitr^rciil  ùuim  le  cuiujt. 

Le  Iciidf  main  l'action  rc coitimeiiça  avec  une 
nouvelle  ardetir.  Ou  Gursciiu  avait  [laahé  la  oui  1 
à  riioval,  el  avait  prii  toutes  eu»  uirniirc*  pour 
assurer  le  succè».  Son  eimoir  im:  fut  pu»  trotnprt 
S(!ville  tut  au  pouvoir'  <U  Traiistainare  avant  Lu 
tia  du  jour.  Les  vainqueurs .  furieux  >  se  réiiuadî- 
mitdnntila  ville,  et  l'oininlreiit  cl'ultord  4]iiel<{i>i.'« 
cTc^s;  lunis  DuGuencliii  ne  tarda  )ms  i  nrr^ter  le 
I)illLi£;e  ;  il  rt^lJiblit  l'ordre  ■  et  nceorda  nue  eapi- 
tulnlion  lioiiurabit!  au  gouverneur  i:t  i>  la gai-nitoUf 
i|ui  nvnieiit  .tt  vaillaïuuu'ut  dtTendu  la  plnctt. 

Ccpendaut  Ip  nifilliruivus  dnm  TmIfo  ,  nal 
aiH^ufilli  par  de  roi  de  l*ortugal,  sVlait  réfugié 
uuprra  du  prluce  de-  GalU^it ,  i[ui  tenait  oh  cour  fe  "^ 
lloitleaus  j  il  Kolticita  sou  appui  nvvc  In  Immom* 
du  plus  vileoiir^»nn.  Le  prince  niiu;lnis  était  gêné- 
nuK;  il  oublia  ]<'S  eriiut-s  de  iluiu  J'èdne,  et  na 
Kuiij^cn  (lu'ii  ses  tuallifuin  :  Ivutefui»  il  voulul 
avant  de  premlrr  parti  jtour  lui,  consulter  te  ri 
son  pi>i-e.  £«louaid  se  biiss»  éblouir  par  1m  u 

giifiipies  pi'oiiM'Hkra  dis  Caiililluu.  Le  printe 
ailes  se  mit  alors  en  nian-lie,  rt  jnia  tic  oei 
quitter  les  nrmrs  qu'il  u'eAt  reii  ' 
siu-  la  tête  do  dom  P^die.  Il»  traversèrent  tai 
l'Espagne)  (itjoi(j>iil'i'nl  Tramlnniuru.  Ou  Tirini 
n'était  plus  pnélatde  résister:  Icscoinpagnn^"" 
l'avaient  placé  siir  le  tiûiie  t'avaitut  abaoïli 
pour  puiidÂi'  souit  It'H  di'ttjit^aux  du  piiucc  taig 
leur  l^{;iUnM.'i>ouvtTniii  ;  «on  plut  Innue  «mril 
Du  GuescUn  ,    étoit  absent  ;    il  était  allf    ' 
Fram-e  leviu'  de  uouvelle»  liuupes.    Cep 
Trauslninnre  éluit  résolu  li  an  bien  d^i!(nlre;_ 
eut  Mcntôt  juis  sur  ^Iv^l  uu9.  HV^W  V* 


t"  l^tanowrqjoiSL  avait  sa  ioépiixèr  ài|è8..tt}|et$  ^èéS»^ 
'ç  \^tait  lés  Gastilkns  à  lé  B^^rtiJc^coi^tF^J^^ 
f'  dcmt'ils  redojftaiJGiit  la  ^èainië.  î^'  prijacê//li,' 
'i:    Galles  r  ne  pouyant  s'emip^her  d  adniirer  le  Hm>u^ 
rage  de  Tr^nsiamare^,  «  Ce  Mtard,  dit -il  éU. 
«  pleip  coiuieill,  est  an  chetcMÉr  plein  de  grande 
m.  prouesâe'.  V  '  ■;! 

Le  retour  de  ^il  Gnesclin  rendit  .rc^spéi^ce  aa  ' 
ectBopëtitëur  de  dom  Pèdre*  A  aniyait.  avec '.un, . 
I*ènibrt  de  chevaliers  français*  et  bretons  ^  pins  ^ 
oonsidërable  par  la  valeur  que'  par  le  no&uirè»  * 
L'aiKués  anglaise  était  campée  auprès  de  la  ViU» 
\'  de  Kasarètte.  EpnlBëe  de  fatigûels^  inanqtiant'  de. 
'*  vivres  ,  cette  ville  se  fût  rendue  d'elle-ifnéme  sî»  » 
conformëment  à  Tayis  de  Du  Guesclin ,  Transtar 
mare  eût  ëyité  une  action;  mais  ce:prince»  t^iâé 
r^Ebctîpn  de  S6S  troupes,  deuiiiL  À>is  plus  ob^H* 
|,  bmises  ^ûe  celle»  de  Fennemi  y  et  ln>ul<int  de  se 
mesurer  jâvec*  le  redoutable  Edouard,  rejeta  ei 
ccHiscil  prudent ,  et  vint  présenter  la  bataille  mivl 
Anglais.  Du  Gruesclin^qui  comptait  pour  rien  la  èu-^ 
périoritë  du  nombre  quand  celle  de  la  /valeur  n*y 
répond  pas  ,  mettait  tout  en  usage  pour,  engager 
Henri  à  contour  son  ardeur  et  celle  des  omciers 
espagnols  :  «  Vous  voulez  donner  la  bataille  > 
«  disait-il  au  prince ,  vous  la  donnerez }  mais 
a  vous  serez  vaincu,  je  vous  le  prédis.  J'y  perdrai 
«  la  vie  ou  la  liberté  ;  mais  vous  y  perdi*e;t  encore 
«  plus  que  moi.  »  Transtamai^e ,  ordinairement 
si  docile  à  ses  avis  ,  ne  Fécoutait  pas.  Le  comte 
d'Aiguës,  jeune  présomptueux ,  s  emporta  contre 
r^   le  bâx>s  Breton  au  point  de  Taccuser  de  lâcbeté  :- 
^    Du  Guesclin  montra  toute  sa  ^^andeur  d'âme  en 
méprisant  une  pareille  injure  3  il  se  contenta  d'une 
légère  réparation. 
L         Cependant ,  comme  il  fallait  céder,  Du  Guesclin 
se  disposa  au  combat  avec  la  même  ardeur  que 

rsi  Im-méme  l'avait  ordonné*  Henri  ^  tonché  de  ce 
TonieU.  ag 


320  SAINT  LOUIS. 

Lrs  n^oîscs,  qui  s'îiiiai;iiiuîeiit  purtîr  pour  aller 
ru  E^yple  ou  eu  ]\il(\shiic  ,  fur(*iil  fort  ëtonni'^ 
<|iiaiul  Li;  roi  ])r<)p<»sa  cl  mis  sou  rouseîl  daller  à 
'tnuis  «  sur  les  cotes  il'AtViqur.  Deux  inotitii  lui 
avaieul  fait  preudre  cette  lèsolution  ;  le  premier 
éUût  r<>s]U)ir  (lue  le  roi  de  Tuuis  lui  niruit  donne 
i\c  su  eoiiversioii.  Louis  disait  quoIcpiefaiB  h  ses 
eouiideus:  u  Qu<*lle  cousotatiou  serait-ce  pour  moi 
«  tii  je  |u»u>ais  c'(r<'  le  parraiu  du  roi  de  Tuuis  aui 
«  louis  de  baplêuie  !  Le  seeoud  motif  ëlait  que 
Tuuis,  place  peu  i'ortifiëe ,  pieiue  de  richesses  et 
facile  à  prendi'o ,  se^^irait  beaucoup  au  succès  de 
Aon  outiTprise  de  la  terre  saiute ,  car  il  comptait 
s'empai'ei*  de  cette  place  si  le  roi  sarrasiu  u^ëtait 
pus  (le  bonue  foi. 

L'année  iVau^Miisc*  o]\évn  facilement  sa  descente 
dans  le  (jraud  (^olfe  de  Tuuis  ,  et  se  rendit  en 
peu  de  jours  ,  sans  iK'aucoup  de  peine  et  de 
pertes ,  uuiitresMi  de  Car t base*  Ma»  Louis  fut 
alors  détrompe  sur  la  conversion  durci  de  Tunis; 
ce  })riuce  usa  <le  lout(>s  sortes  de  ruses  pour  fa- 
ti(;ucr  raruiée  <les  cliiélieus  ,  et  envoya  dans  leur 
camp  jus([u\\  cent  sanasiiis  ,  qui ,  sous  piidteite 
de  s  y  rendre  ]iour  se  convertir  ^  tombèrent  à 
Tiiuprovisle  sur  les  Frnn^^ais  ,  en  tuèi*ent  jusqu'à 
soixante  ,  et  sVnliiircutt 

L<'  roi  de  Tunis  ne;  faisant  que  des  escarmou- 
ches ,  Louis  1>L  attendit  sou  Irère  »  le  roi  de  Si- 
cile, pour  faii'f!  le  sié«;e  de  cette  villct 

Le  retard  de  c(\iii'incc  fut  cause!  des  horribles 
désastr(*s  qui  suivirent.  Les  chaleui*s  devenant 
4>xcessives  ,  les  nudadies  se  mirent  dans  le  camp. 
Jeun ,  comte  de  Nev(4\H ,  fils  du  roi  «  fut  une  di^s 
premières  victinu^s  ;  ou  le  transporta  dana  sou 
vaisseau  ,  oit  il  mourut  le  jom*  de  rinvention  de 
caint  £ti<'une.  I^  cardinal  lé^^at  le  suivit  de  firv*» 
Ta\  peu  de  jours  tout  \v.  camp  fut  it^nipli  de  fie- 
VH's  niali<;iu's  et  de  toutes  sortes  de  nuiludiea  ;  le 
roi  lui-même  fut  alta([i:c  crime  dvssiMiteiie  qni 


F  - 


DO  GOESCU«.  '     ^ 

Uit  beaucoup  de  rtfputatitia  anprb  ^c»  gens  ge 
ànen%  d'avoir  reconquii  l'Espagne  ea  une  aenïe  ; 
lonmëe ,  mais  peu  dlioouenr  auprès  des  gêna  dfi 
bien  d'avoir  rétabli  ua  tjran;  encore  moins  en 
■«■t-il  de  satisfaction  et  de  profit.  Ea  effet,  l(Mn 
-d'accomplir  les  brillantes  promesM^  qu'il  atàit 
ftJtes  au  prince  anglais,  il  ne  paja  pas  mésne_  k  , 
èes  btiapes  la  solde  dont  il  ^tait  cosTenu. 

■  Dé  retour  à  Bordeaui ,  le  vainipiéur  A^TTa- 
Mrette  ollrit  à  Du  Gnesctiu  de  lui  reodie  sa  Uberfaf 

'  sans  rançon  ,  s'il  toulait  proiaetire  <le  ne  pku 
aeirirle  roi  de  France.  uJ'ainu'rnisiniGui.  mourir 
■»  en  prison ,  répondit  le  chcTnlier,  que  de  donner  ' 
«  uae  parole  que  je  ne  Toudi-ais  pas  tenir,  n  Cn 
Mire  jour  le  prince  le  fit  appeler  :  «   Mossire    ' 

■■m  Bertrand,  lui  dit -il,   on  pr^tpud  <jue  je  ne  - 

■  «  TOUS  ose  mettre  &■  dëlÎTrance  ,  parce  q»e  j'ai 

«  peur  de  vous. —  H y  en  a  qui  le  disent,  reprit  ' 
'«-DuGoescUn,  et  de  cela  je  me  tiens  fort  bonori. 
«t  -^Mà  bieD,dit  le  prince  de  Giille$,cbai-iné  de  sa 
«  franchise,  pourvonsprouvçrrpicjeTousestiuic, 
■  mais  qae  je  ne  vous  crains  pas,  je  vous  rends 
«  votre  lilïerté;  fixez  vous-même  votre  rançon.  ■ 
îLe  chevalier  ,  sans  s'étonner  ,  la  fixe  à  «ent 
mille  florins.  '  Et  où  prendrez-vous  donc  cette 
«  somme  ?  s'écrie  le  pruïce.  —Je  ne  suis  qu'un 
«  pauvre  gentilhomme,  répond  Du  Guesclîn;  mais 
«  le  roi  de  France  et  celui  de  Castille,  le  pape  et  le 
*  duc  d'Anjou  me  les  prêteront;  et  ti  j'allais  en 
B  mon  pays  ,  les  femmes  me  feraient  ma  rançoa 
«  de  leurs  quenouilles.  ■ 

La  princesse  de  Galles ,  qni  était  alors  à  Bor- 
deaux ,  voulut  voir  un  guerrier  ij  vanté ,  et  pour  ' 
lai  donner  nue  preuve  de  soB  estime  ,  ella  lut' 
offiit  de  payer  vingt  mille  florins  sur  sa  raiiçon.i 
Dn  Gnesclin  fléchit  le  genoux  devant  elle  i  et  lui 
dît  :  ■  Ah ,  madame  !  je  croyais  être  le  plue  laid 
23* 


322  SAINT  LOUIS. 

pardonnait  h  tous.    Il  rëprhna    l'iusolciice  Aes 

Sniiuls  vassaux  ,  irndlt'  au  troue  toute  sa  splcn- 
ouv  y  abolit  les  coutumes  consacr<k*s  par  la 
barbarie  9  et  ncut  d'autre  Aésir  que  celui 
do  défendre  Topprimé  ,  d'antre  ambition  que 
iVèirc  le  plus  juste  des  hommes  et  le  meilleur 
des  rois.  Malgj^ë  sa  haute  pieté  il  soumit  le  tem- 
porel de  Téglise  aux  intérêts  de  Tdtat ,  ne  con- 
fondant jamais  la  religion  avec  ses  ministres  i  rt 
apportant  le  même  zèle  h  anc^autir  les  prc^ten- 
lions  injfistes  qu'ik  protdger  le  pouvoir  Idgitime. 
Modeste  an  nnlieu  des  succès  >  il  montre  one 
noble, fiertd  dans  les  revers.  Enfin,  une  mort 
chrétienne  couronua  une  si  belle  vie* 


^  fiUGDESCLlN. 

éprouvée,  il  repassa  en  Espagne ,.  oh  il  fit  des  ^ 
lirogrés  rapides.  lia  plupart  des  seigneurs  Cfisr* 
liHmiis  étaient  réniis  se  ranger  sous  ses  étendards* , 
HrÂyait  reprb  Calahorra  et  Burgos ,  et  yenàit de 
mettre  le  siëge  devant  Tolède,  à  la  tété  de  soixante 
miHe  hommes,  lorsqu'il  fut  agrâblement  surpris 
psrrarrivëe  de  Du  Guesclin*  Le  Urûàbreton^aprës 
aroir  surmonté  tous  les  obstacles  dWe  niiarchQ. 
trareFsée  par  les  élémens.  et  par  les  ennemis  j^ 
amenait  à  Transtamare  un  corps  de  sept  mille 
Français* 

Dom  Pèdre ,  à  la  nouvelle  des  âu^oès  de  Henri 
Transtamare;  avait  ressenti  les  plu^  vives  alarmes;  • 
il  se  voyait  à  la  fois  abandonné  de  tious  lés  princes 
chrétiens,  et  trahi  par  ses  sujets,  qoi' ne  voyaient, 
&ï  lui  qu'un  tyran  odiéui:.  ttftllu  mendier  de&se^ . 
cours  chez  les  rois  maures,  et.  conclut  avec  eux  ' 
une  ligue  offensive  et  défensive  contré  -tous  les 
princes  alliés  de  dom  Henri*  Grâce  à  .œtte  hon- 
teuse ,  mais  utile  allianpe ,  dom  Pèdre  se  trouvait 
à  la  tête  d'une  armée  florissante  et  nombreuse  ; 
tout^  semblait  lui  promettre  des  succès.  L'arrivée 
prochaine  de  Du  Guesclin  le  plongea  de  nouveau, 
dans  la  consternation.  Il  lui  importait  dVttaquer 
Transtamare  dans  ses  retranchemêns  avant  que  le 
général  français  ne  se  fût  joint  à  lui.  Dom  Pèdre 
iiiarcliait  rapidement  vers  Tolède  ;  mais  Dugues- 
clin ,  instruit  par  ses  espions,  le  prévint  de  vitesse, . 
et  arriva  avant  lui  sous  les  murs  de  la  place. 

Les  deux  ennemis  étaient  en  présence  ;  il  leur 
tardait  également  de  combattre.  Henri  surprit  son 
rival  par  une  brusqué  invasion  dans  son  camp. 
Dom  Pèdre ,  non  moins  habile  que  lui ,  a  bientôt 
rétabli  le  combat,  et  Iîk  victoire  reste -indécise. 
Du  Guesclin ,  posté  sur  une  petite  colline  qui  do- 
minait larmée  du  tyran ,  était  demeuré  jusqu\i- 
loi*s  siniple  spectateur  de  l'action.  Par  une  poli- 
tique ma<^nauime ,  il  voulait  laisser  à  dom  Henri 


.1 


irrus  à  î»or<ïraux;  s'il  iviicoiUrait  sur  s;\ 
«jiu'l({ut*  prisouuifr  de  s^uorrt'  tVaii^\us  dont 
y'wnv  aiiuoiK^Mt  la  tuisorr ,  il  110  manquait 
x\v  lui clonnordo <]iioi  pavcM'  siiran^^>n  et  roi 
son  ôijuipai;o.  Arrive»  à  Paris,  It*  bon  ohova 
roon  ]>ar  \c  roi  connue  un  ami  dont  on  a  ot 
tomps  srparo.  Toutes  los  bourses  lui  Inir 
Tertes  :  DuCiuesclin  v  nuisii  Siins  serupulo. 
tpril  eut  reçu  bien  au-oel«^  de  8ii  rançon,  il 
néanmoins  «^  Bordeaux  Sims  un  double  ;  1 
avait  racbete'  tjuatre  mille  Français  avant  d 
dans  cette  ville,  ^v  Vous  laites  le  i\iagniliqi 
K  dit  eu  riant  le  prince  ;  vous  donner,  à 
*■  «  inonde, et  vous  ne  vous  resi»rvei  rien  «oui 

«  u   il  tant  donc  que  vous  {;ardiez  la  pri»i>u 

{    j  (luesi'lin  iTatteudit  pas  lon|;-temps  s;\  do'li\ 

sou  retour  h  Bonleaux  lut  suivi  de  TarruM 
i;enlilbonune  cbarj;é  par  le  roi  île  France  % 
et  le  «lue  d*Anjou  ,  de  paver  à  rAuglais  la 
r  de  Tillustre  prîsomiier. 

fleuri    Traustanian'  aprèd  sa    dofaito 

^  :  retire  en  France* ,  à  la  cour  du  duc  d'Anjou 

V  .  du  roi,  et  son  lieutenant  en  I^an^uedtK'.  llall 

:    .  Tisitur  le  nape,  qui  résidait  «^  Avicuon.  Le 


j 


K   ^  fiU  GDESCLIN. 

épTQtxvée,  il  repassa  en  Espagne  ».  oh  il  fit  des  l 
progrès  rapides.  Ea  plupiart  ^s  seigneurs  G^r* 
tiMans  étaient  Ténus  se  ranger  sous  ses  étendards* , 
H-  avait  reprb  Calahorra  et  Burgos ,  et  yenàit  de 
mettre  le  sîëge  devant  Tolède,  à  la  tête  de  soixante 
^  mille  hommes,  lorsqu'il  fut  agr^iblenlent  surpris 
parl'arrivëe  de  Du  Guesclin.  Le  hirùé  bretdn^aprês 
avoir  surmonte  tous  les  obstacles  dWe  marche, 
traversée  par  les  ëlémens.  et  par  les  ennemis  j^ 
amenait  à  Transtamare  un  corps  de  sept  mille 
Français* 

Dom  Pèdre ,  à  la  nouvelle  des  suooès  de  Ilenri 
Transtamare;  a  va  i  t  ressenti  les  plus  vives  alarmes  ;  • 
il  se  voyait  à  la  fois  abandonné  de  tous  lés  prince<) 
chrétiens,  et  trahi  par  ses  sujets,  qaine  voyaient, 
en  lui  qu'un  tyran  odiéui:.  ïtidhL  mendier  des.se^ . 
cours  chez  les  rois  maures,  et. conclût  avec  enx  ' 
une  ligue  offensive  et  défensive  contré  -tous  les 

.  princes  alliés  de  dom  Henri.  Grâce  à  œtte  hon- 
teuse ,  mais  utile  atliaiipe ,  dom  Pèdre  se  trouvait 
à  la  tète  d'une  armée  florissante  et  nombreuse  ; 
tout^  semblait  lui  promettre  des  succès.  L'arrivée 
prochaine  de  Du  Guesclin  le  plongea  de  nouveau. 

î     dans  la  consternation.  Il  lui  importait  Jattaquer 
Transtamare  dans  ses  retranchemêns  avant  que  le 

i      général  français  ne  se  fût  joint  à  lui.  Dom  Pèdre 

,     marchait  rapidement  vers  Tolède  ;  mais  Dugues- 
clin ,  instruit  par  ses  espions,  le  prévint  de  vitesse, . 
et  arriva  avant  lui  sous  les  murs  de  la  place.        •  • 

Les  deux  ennemis  étaient  en  présence  ;  il  leur 
tardait  également  de  coml^attre.  Henri  surprit  son 
rival  par  une  brusqué  invasion  dans  son  camp. 
Dom  Pèdre ,  non  moins  habile  que  lui ,  a  bientôt 
rétabli  le  combat,  et  la,  victoire  reste 'indécise. 
Du  Guesclin ,  posté  sur  une  petite  colline  qui  do- 
minait larmée  du  tjran ,  était  demeuré  jusqu'à- 
loi*s  siniple  speclateur  de  Taction.  Par  une  poJi— 

^-'   tique  luagnanime ,  il  voulait  laisser  à  dom  Henri 


326  DU  GUESCLIN. 

laient  de  se  rendre  :  Du  Guesclin  résolut  de  sa 
jeteur  dans  Rc^unes  h.  quelque  prix  que  ce  fût.  Il 
asscnd)le    ses   compagnons  ,    leur   communique 
son  ardeur,  pénètre    la  nuit  avec  eux  dans  le 
camp  des  an^^lais,  tue  les  sentinelles ,  et  met  le  feu 
aux  leutf^s.  L'alarme  se  rëpand  parmi   les  enne- 
mis, qui,  se  croyant  surpris  par  Tarmée  de  Charles 
d(î  Biois ,  n(ï  son^^ent  qu'à  fuir  sans  oser  rësistfîr» 
Du  Guesclin  traverse  ainsi  le  camp  an  milieu  du 
tumulte,  des  flammes  et  du  carnage,  et  entre 
dans  A(;nncs ,  cpii  le  reçut  comme  son  libérateur* 
Sa  ])réscuce  a  rendu  le  courage  aux  assiégés;  sous 
SCS  ordres  ils   ont  constamment  Tayantage  dans 
•  de  fré(furntes  sorties.  Lancasti^e  9  après  aroir  yu 
brûlt.T  toutes  •  ses  macliines   de  guerre  et  périr 
une  partie  de  son  année,  est  obligé  de  lever  le 
siège. 

Nous  nVntrerons  pas  dans  le  détail  des  nom- 
breux exploits  par  lesquels  Du  Guesclin  se  signala 
dans  celte  giierre;  cont<>ntons-nous  de  dire  que 
Charles  de  JBlois,  en  reconnaissance  de  ses  nom- 
breux services,  Tanna  chevalier  de  sa  main ,  et 
lui  fit  épouser  une  riche  héritière,  célèbre  par 
son  esprit,  son  savoir  et  sou  attachement  à  son 
époux  et  à  sa  patrie.  Hu tons-ncms  de  suivre  Du 
Guesclin  sur  un  plus  grand  théâh'c* 

Après  la  ha  lui  Lie  de  Poitiers  Edouard  DI  - 
avait  résolu  de  rassemlder  toutes  ses  forces  pour 
accabler  la  France ,  ébranlée  par  un  si  cruel  re- 
vers. 11  retira  de  la  Bretagne  les  troupes  qu'il  y 
avait  envoyées  au  secours  de  Montfort*  Une  trêve 
avait  clé  conclue  enti'c  les  deux  compétiteurs  : 
Du  Guesclin  ,  qui  ne  pouvait  rester  oisif ,  alla  se 
joindre  avec  sa  compagnie  h.  Tarmée  du  dauphin  9 
CharL(;s  le  Sage ,  qui  gouvernait  le  royaume  pen- 
dant la  captivité  du  roi  Jean ,  son  père.  Ce  prince 
était  alors  occupé  h  défendi'e  le  royaume  contre 
les  entreprises   des   factieux  ,   et   à   combattre 


DDGCESCLmj  3^ 

•l^sae•  Un  d^l^lus  braves  càpitauies  de  IVù^f 
efst  chaîné  dlt^ia  gai*dc  de  cet  ëtrok  passage^  ; 
Pèdre,  se  YOjKint  en&rmë  sana  ee^ir'  iW. 
,  to.nie  de  se  sauver  à  la  faveur  de  Ia*Jiuit|  ik 
Tété  et  conduit  dans  la  tente  de  Lebègue  ^é 
înes ,  gardien  du  passage*  Henri  Treûistamare* 
e  au  même  instant.  Les  deux  frèretf  eotrent 
reur;  ils  saccableiE<f|de  reprœhèaet  d'in-^ 
,  s'élancent  lun  contre  Tautre*  et  se  saiV 
it  au  corps.   Dom  Pèdre,  plus  vîgoureutr  - 
sse  son  frère  ;  il  allait  Vîmmoler,  lorsëoe  icî 
e  de  Roque  -  Bei'tin ,  Arragoaais  ,  sa&it  la 
e  de  Traustamare  ,   et  Iv.  remcft'-tak*  dom^ 
e  :  Henri  tire  sou  poignards  et  lé^plduge'diinâ 
;ui*  de  son  euiicmi.  Du  GuescUn ,  f éinoin  de' 
ort  de  dom  Pèdi^e ,  ne  put  s  empêcher  d Va  • 
Vi  Quelle  n'eût  pas  été  sa  douleur  9  s'il^ût  pu 
OIT  que  la  calomnie  devait  le  représenter  un 
comme  le  principal  et  perfide  autawdè  èatCi' 
lante  tragédie  !  ■'  ■  '•''['   '* 

venait  de  faire  un  roi  ;  il  alla-  sattyier  floii^ 
»  Sa  présence  était  désorodhis  inutile  eir  'ËlH> 
e  5  il  partit  jiour  la  France  à  la  première  iti-- 
ion  de  sou  roi,  qui  lui  mandait  que  les"  An- ^ 
invcstissiiient  le  royaume.  Transtamare  vit 
chagrin  le  départ  du  héros  breton  5  il  aui*ait 
voulu  le  retenir ,  et  il  y  serait  parvenu  si  \e^ 
leurs  et  les  richesses  avaient  eu  quelque  pou- 
sur  ce  cœur  magnanime. 
u  Guescliu,  après  a  voir  joint  l'armée  du  duc 
jou  ,   frère    du    roi  ,   qui    se    trouvait    eu   ' 
mine  ,     prit   chemin    faisant   les    villes    dé 
sac ,  Tonucius ,  Aiguillon ,  et  plusieurs  autre» 
•s  sur  les  hords   la  Garonne.  Sa  présence 
ilissaît  les  troupes  d'une  confiance  toute  nou- 
'.   Les  Anglais  ,   auparavant  victorieux  dans 
les  combats^  (îiairut  battus  partout.  DuGnes— 
quitta  l)icnl6t  l(»  duc  d'Aujou,  et  se  rendit 
es  du  duc  de  Bcrri ,  qui  assiégeait  Limoges* 


!i 


1 


344  ^^  r.UESCCfN. 

11  ItAlH  In  l'ctlflititui  <li-  uctte  ftboc  iTiinorfatiU;.  L-t 

a»»i6^é»  m>   «miRèn'itt   jilun  «  w    iltrliinilni  àhM 

iju'il*  viicut  Du  OuvH-liii  it  Ictim  porlri  ;  iU  nfi- 

tulËriiiit» 

Li'  lirr"»  lirrfon  iw  s'iinrlii  |uia  Innginnpti  fo 
■Gu^fUiMf  ;  Uft  urdii'H  i/J'i-i  r«  du  i-ol  l'appi^lnitiii  ù 
luoour.  UliarlcB  V  votiliiil  lui  ((oniici'  )n  ch&ri^fde 
i;(iiiiié(Hblc ,  vacmite  ]^>iiVMii  (Miuixiiiuii  de  l'icMiei, 
tjiii^  M)ii  ft)t'!  iriidnil  itirapablc  ilc  rminlii',  niait 
«u'îl  nvnil  iiiilixlionoiVi-fiHr»»  Tiilcur.  I.'nntiii-ilo 
Holif-rt  KjioUrs,  tf^iii^i-FiI  iinj^liiii ,  Hptrf  avnirrii- 
\iigé  l(!»  ciivironi  di>  l'iiri»,  venait  ilr  «t-  piirU« 
sur  U  UijHUca  et  le  na^i  Cliurtrniii .  lut-sijii'na  ii|i- 
prit  «pic  I>u  GiH'»clu»  urrîviiil.  Crtli*  rifuivrlln  bi*- 
jiiiii  uuo  joio  univcrBcllf.  Li>  mi  lui  ctivojn  tino 
<l<!pulat)au.  Sf>n  riitr^c  h  l'amsc  fit  aux  oetlumil- 
tint»  du  pcu|ilt!;  uu  uriaMoi-'t,  iW  (pif  juii(ju'Alni« 
n'uvait  été  en  UMigM  t]uu  pour  Iri*  ruiJi>  Charli-) 
jfçiit  i«  liërna  lirvlon  tvno  toiilK»  1rs  iftJmmiftrR- 
tiutisdo  l'umili^i  il  lui  pr(*.it'»l>i  tVpdo  ilrtvutiu^- 
tiililf.  Ce  lil<i'(M,  ni  di{tii«*  d')  Itt  potltr,  fut  la 
modeiitic du  In  rrrnscr  !  «  Jcnfi  t>uîit , dît-il ,  rpi'uii 
«  ptiuvrii  tlievnliiir ,  lUt  muvre  lin  cl  ici  io>- eu  liitt 

■  d'ufnim»  '  ht'  rni  fut  ubligij  ilVuii>Ifi*r''r  li-n  uliu 
vive»  iiisUucrii  :  •  MoMuifi  ftcrti'unti ,  Itii  ilit-ilinit 
Cl  voii»  fiicuipc  poiut  1  ju  ii'ni  doiis  mnn  roymiios 
a  Itiii-K.  cmuiiii,  lu'vmi,  c-duiIi-  ni  linroti  ^uî  un 
u  m-  l'iiiuii  liourit'iir  df  m-rvii-  KnUH  vtiB  nrilir»;  ri 

y  rrlusHil ,  il  rucourruït  foule  dm 
.  FritiCï  l'oilieé  joY''H»mi^t  ,  et  Je  voa« 

■  iiiipnc.  "UuGufM'liuof'tlti.  Toub- tafAUriip-  1 
pt»udi[  i\t'iM-li<iii.Clinrlc»\  .  .nl.ia:.»»  1.'  nouTr.m  1 
connt^Ulilr;  il  luî  duiimi  iiii  liip'uicnt  dnns  nuii  I 
^luliii»  ,  il  le  lit  uiangei'  h  n»  liilili'.  Tiiiil  iriiotiitn 
lie  rtii]>iii(inl  <{uii  duuui'i'  dr>  iui|ini!hid('(i  nu  niw- 
ilctilii  ^nciriiTi  îl  no  »'nn  omyail  pu»  <1i(tli(r,  l'i  il 
crui)(imil  dVii'itPr  l'nnvi''.  'Imirmnitc  pal-  ««]' 
•Ddvi I  il  deiuuuda  au  ruï  lu  pruuitwc  du  w  |)u<  u 


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rr     - 


r 

DU  GDÈSCUN.  3XS 

4sroife  lëgèrement  les  rapports  ^e  l'on  .pourrait 
fiiire  contre  lui,  et  de  ne  jamais  le  condamner 
sans  Tentendre*  Le  monanjue.hiî  en  donna.  Fassn* 
«rance,  et  le  nouveau  connétable  prêta'' serment 
entre  ses  mains.  .'^ 

Du  Guesidin  se  bâta  de  partir  pour  la  Guyenne^'^ 
Charles  ne  lui  avait  donné  que  quinze  cents 
bommes*  La  politique  de  ce  pnnce  était  de  rui- 
ner insensiblement  la  puissance  des  Anglais  ^  il 
craigoait  que  de'  trop  grands  effolrts  ne  lés  obli- 
geassent à  trop  de  résistance.  11  fut  bientôt  étonpé 
lui-même  des  progrès  de  Du  Guesdîn. 

Le  connétable  s  était  tu  en  peu  de  -temps  à  la 
tête  de  quatre  mille  combattans»  qu'il- avait  équi- 
pés à  ses  frais.  Son  argent,  ses  meubles,  sa  vai»^ 
selle  et  les  bijouq^  de  sa  digne  épouée  furent  em- 
ployés à  ce  noble  usage.  Ce  fut  pendant  cette 
campagne  que,  selon  Tsuitique  usage  de  la  cheva- 
lerie ,  il  choisît  poiir  frère  d'armes  Olivier  de 
Clisson,  qui,  sou  égal  en  courage  et  en  talens 
militaires,  devait  lui  succéder  jbns  sa  dignité. 
Les  deux  héros  signèrent  à  Pontorson  Pacte  de 
leur  confraternité',  et  s'engagèrent  à  défendre 
réciproquement  leurs  biens  ,  leui*  vie  et  leur 
honneur  contre  tous ,  excepté  contre  le  roi  d« 
I^rance. 

La  petite  armée  que  commandait  Du  Guesclîa 
était  composée  de  l'élite  des  guerriers  français.  Ce 
fut  avec  de  tels  hommes  que  cet  habile  général  fit 
luie  campagne  que  Voltaire,  dans  sou  Essai  sm* 
les  Mœurs ,  compare  avec  beaucoup  de  raison  à 
celle  qui  sous  le  règne  de  Louis  XIV  immorta- 
lîsii  Turenne.  L'année  suivante  ne  fut  pas  moins 
glorieuse  au  connétable  ;  deux  campagnes  lui  suf— 
iirent  pour  chasser  les  Anglais  du  royaume.  Dans 
la  première  ou  le  vit  dissiper  et  exterminer  cette 
armée  fonnidable  que  Robert  KnoUes  avait  con- 
duite eu  France ,  et  qui  avait  fait  trembler  le  roi 


336  DU  GLESCLIN. 

iiiaiHl(Mnent  supreiuc  àDul^iu'sclîii.  Ou  st.*  liatfii 
(h:  pari  cl  d'aiitjr  avec  un  courage  ]»rfKiî*|;î(!U\  fi 
1111  avanta<;'(*  v.{i^i\\',  mais  In  iuîros  hi'(>lc>ii ,  youluii' 
f''|Kii^n('i'  SCS  soldais,  fil  sonner  lu  i-t'lraile ,  v.l  li*: 
(ron|U'S  rciilrrrcnl  dans  i(;  c*aiii|)« 

Le  icndcniain  i  ad  ion  n^roininrnça  avec  iiuf 
nouvelle  ardeur.  Du  («ucscliii  avait  passe  la  iniil 
?i  elieval  ,  el  avait  pris  (ouïes  tes  mesures  poiii 
assurer  le  sucées.  Son  espoir  ne  lut  pus  trompr:: 
i^éville  l'ut  au  ptuivoir  de  Translumari*  avant  iii 
fin  du  jour.  Les  vaimpieurs,  furieux  ,  s«:rfipundi- 
rcnl  dans  la  \ille,  cl  c(nnniirenl  rlahonl  <ju(*l(|uet 
e^ccs;  mais  Du  (Vucsclin  ne  tarda  ]ias  à  arrêter  !( 
pili;ii;e  ;  il  K'IaMit  IVirdre ,  e(  arcrorda  une  capi- 
tulalion  lionoraMt;  au  gouverneur  et  à  lu^urnisoii; 
(jiii  avaieiit  .si  vaillamnu>ut  défendu  la  place. 

(cependant  le  mallicureux  dom  Fèdre  ,  mal 
accueilli  |)ar  le  roi  de  J'ortut<al  ,  s'diait  rfifue:it 
auprès  du  prince  de  (Galles  ,  (pii  trônait  sa  court 
lloideaux  ;  il  stdlicila  son  appui  avec  la  l>asses.sc 
Au  plus  vil  courtisan.  Le  prince  anglais  était  ^cné- 
K  u\  -,  il  oublia  les  ci  imes  de  dom  l^'rdrc  ,  et  lie 
soic^ea  (pTii  ses  inaIlH;urs  :  toutefois  il  voulut, 
av:tnf  de  prendre  paifi  pour  lui,  (consulter  le  roi 
son  père.  lOdouaid  se  laissa  éMouir  par  les  iiia- 
f;niii(pieK  j)romesses  ihk  Caslilian.  Le  prince  de 
(«ailes  se  mil  alors  en  niarcht!,  et  jura  di;  ne  pai 
(piillcr  les  armes  i\u  il  n^'ut  remis  la  couronne 
sur  la  (éle  de  dom  Pèdi'e.  Ils  traversèrent  toute 
IMspa^nc  ,  et  joignit  eut  Tiaiislaniare.  Ce  prîiirc 
Il  éfail  plus  en  é(a(  de  lésisler  :  les  coiii  puâmes  qui 
rayaient  place  sur  le  tronc  l'avaient  iibaiidoniiî 
pour  passer  sous  1(  s  drapeaux  i\u  pi  iiice  aiij^lais. 
leur  lé^ilime  souverain  5  son  plus  ferme  lippu! . 
Du  (iiu'sclin  ,  était  a])S(Uit  ;  il  était  allé  ei 
l'iiOKf?  lever  de  ncnivelles  troupes.  Ce|K*ii(1anl 
'rcaiislaïuare  était  lésolii  à  Hf*.  Ijieti  défendre;  il 
cul hicuioL  xiiia  b\ix'  pig^l  une  ujiiuv'V  couiiiiléi aLk 


L*aiii  ur'^il  avait  sa  inspirer  à  «es.  sujets  e^déiï* 
lait  les  Castillans  à  le  serfir  contrer  dmn  Pèircl^ 
dunt  ib  redovtaîciit  la  ^raioniè.  hb  prince  )ài. 
balles  9^  ne  pouTant  s'emp&her  d'admirer  le'cou^ 
rage  de-  Transtamare,  «  Oe  bâtard,  dit -il  etk 
K  plein  con8^>  est  on  cheyalkr  plein  de  grande 
K  proues^.  V  ' 

lie  retour  de  fhl  Gnesclin  rendit  l'espëi^oe  an 
MMnpëtitèur  de  dom  Pèdre.  U  àri  ivait  avec  '.on 
t'enfort  de  cberaliers  français  et  bretons ,  plus  ^ 
ponsidërable  par  la  valeur  que'  |^  le  notauDirè* 
IjBTfiiiée  anglaise  était  campée  auprès  de  la  Villa- 
lie  Nasarette.  Epvdsëe  de  fatigueDs»  manquant' de. 
rivres  y  cette  ville  se  fût  rendue  d'elle— piéme  sî»  ' 
poafomiëment  à  l'avis  de  Du  Guesclin ,  Transta^» 
inare  eût  ëvitë  une  action  j  mais  ce  prince  >  VÙF  àé 
réfection  de  sf s  troupes  «  deux,  fois  plus  iibmr^ 
Inrêuses  ^e  celles  de  Fennemi ,  et  bruinait  de  se 
mesurer  avec*  le  redoutable  Edouard ,  rejeta  ce 
^nseil  prudent ,  et  vint  prësenter  la  bataille  mJOL 
inadais.  Du  Guesclin^qui  comptait  pour  rien  la  su- 
lënoritë  du  nombre  quand  celle  de  la  valeur  n'y 
épond  pas  ,  mettait  tout  en  usage  pour  engager 
lenri  à  contçair  sou  ardeur  et  celle  des  officiers 
;pagnols  :  «  Vous   voulez  donner  la  bataille  y 
disait- il  au  prince ,  vous  la  donnerez  ;  mais 
vous  serez  vaincu,  je  vous  le  prëdis.  J'y  perdrai 
la  vie  ou  la  liberté;  mais  vous  y  perdrez  encore 
plus  que  moi.  »  Transtamaie,  ordinairement 
docile  à  ses  avis  ,  ne  l'ëcoutait  pas.  Le  comte 
iffues,  jeune  pi  ësomptueux  v  s  emporta  contre 
leros  Breton  au  point  de  Taccuser  de  lacbetë  :~ 
Guesclin  mouti^a  toute  sa  ^^ndeur  d^âiine  en 
risant  une  pareille  injm*e  ;  il  se  contenta  d'une 
"C  réparation, 

pendant, comme  il  fallait  céder, Du Guesdia 
sposa  au  combat  avec  la  même  ardieur  que 
-même  lavait  ordonné*  Henri ^  touché  de  cm 
ne  IL  2Q 


33il  ra;  CCESCLIN. 

noLli*  pr«ci!iW  '  cmUraHaa  le  sfiiiérem  ch^nliiT  k  > 
la  vw  iU.-t(l«us  oniK^  :  >  \i>uk  aUM  cmnb«itra 
•  avec  u'oas ,  lui  ilïl-il ,  cl  [c  »™i»  devm  tM»cor» 
■  c«tte  victoire,  n  Du  Giicadiii  mjitl  avec  rvï(>tt< 
riinnnrur  'jur  lui  fuixuil  Tr'anvbimurfr  ,  rt ,  pnor 
pnL-o»n«p-t'  le:  «nldnt ,  fuigiril  <lc  )ini-tiigrr  n.-t  c^ 
poir  chimérique. 

O  nii'il  avait  pr^vu  arriva.  tJo  curps  Ht-  tnjupM 
etutiUiuiir^  jint  b<UtLi'uscn)«-nl  la  fuîtr  cl6<  le  cn*it- 
mrncement  île  l'actimi.  Kh  vain  doni  tleoii  m 
dei'inJ  eu  i)é*e8[n?r<?,  va  valu  Du  C'Ueaclin  MiuUent 


«smiJ 
é  dewl 

j  ou  û'^ 


gloii-e.  TrariKlnnini'e  se   voit  Fnt'ui  olilîgë  de 
retirer.  I^  li^i-oR  Bretou .  eutoniï!  de  ciuq  ou  si] 
dicvalicri)niiu(;ais,  tliuttciicoret^k- um  t'iutemû 
Lo  prince  île  (iulieg,  luliniraiit  U-  ocMirwge  ile  rei 
braves ,  tes  pressait  (lo  se  i-codrc.  Pjerr»  U  Cruel 
criuit  qu'un  ne  fit  pa»  de  qutu-tier  VDu  Gut-MJîn: 
cciui-ci  eiilend  ce  pmpns  ,  «Vliiiicr  vers  le  Ijn^  i 
et  lui  ])ortc  un  eoiip  (piî  le  iviiTei-te  évanouît  nM 
allnit  rettcniblcr;  mais  plusieurs  Aiigla»  IVdw^ 
Inpprtit .  se  jetteul:  sur  lui,  le  saisimeul  eleow  • 
IJemieiit  fous  ses  n!)ouv''itiCH$.  Du  Ouewlin  murt 
olors  son  é\iéc  au  prînco  de  Galles ,  et  lui  dit  : 
•  J'ai  du  moins  In  consolation  de  ne  reuctre  11*0*1 

■  é\<én  qu'an  plus  Yaillaiil  pi-ince  de  lu  bftv.  >  j 
Doui  Pèdre. revenu  de  sou  ^vniioui.-Hemenl,  foBtj 
sou  ennemi  désarmé  ;  il  tire  sa  dngue ,  et  t^  «B-1 
jeter  buj-  lui;  le  prince  de  Gallcâ  rarrêtc  »Tcil 
|iidî»nationt  et  pour  tuusti-aire  iMn  prisuiu)>er  A 
)n  liircur  de  ce  làclie  ,  il  le  eoitfin  au  captai  <\f 
llucli  ,  BTec  ordre  de  le  couduirc  ft  Bordeam. 

u  lié  bien ^ dit  le  capta)  3l  Du  CueKliu  1  vow»ic<' 
i>  pi*it<'3  fk  Coclierel ,  et  je  vous  lû^iis  aujourd  W- 

■  —  Oui ,  i-cpondil  \e  fier  Breton ,  rnnî»  K  Co- 
K  clierel  VOUS  f&tcs  mou  prisouuiej- ,  et  vaut 
«  u'élcs  aojourd'liu!  qiu;  mon  gtuttlcUt  > 


DU  GUESCLIN.  33^ 

Le  prince  de  Galles,  dit  le  judicieux  Méxeray , 
eut  beaucoup  de  lépulation  auprès  des  gens  de 
cuerrc  d'avoir  recouquis  ITIspagae  en  une  seule . 
journée  ,  mais  peu  d'honneur  auprès  des  gens  de 
J)ieu  d'avoir  rétabli  un  tyran  ;  encore  moins  en 
eat-il  de  satisfaction  et  de  profit.  En  effet ,  loin 
d'accomplir  les  brillantes  promesstts  qu'il  avait 
faites  au  prince  anglais ,  il  ne  ])aya  pas  même  à 
«es  troupes  la  solde  dont  il  était  convenu. 

De  retour  à  Bordeaux  ,  le  vainqueur  de  Na- 
sarette  offrit  à  Du  Guesclin  de  lui  rendre  sa  liberté 
«ans  rançon  ,    s'il  voulait  promettre  de  ne  plui 
sei'virle  roi  de  France.  «J'aimerais  mieux  mourir 
«  en  prison ,  répondit  le  clievalier,  que  de  donner 
«  une  parole  que  je  ne  voudrais  pas  tenir*  »  Ija 
autre  jour  le  prince  le  fit  appeler  :  a  Messire 
«  Bertrand ,  lui  dit  -  il ,   on  prétend  que  je  ne  - 
«  vous  ose  mettre  à  délivrance ,   parce  que  j'ai 
«  peur  de  vous.  -—  Il  y  en  a  qui  le  disent ,  reprit 
«  Du  Guesclin,  et  de  cela  je  me  tiens  fort  honoré. 
«  —  Hé  bieujdit  le  prince  de  Galles,charmé  de  sa 
«   franchise,  pourvousprouvercjue  jevousestime, 
«   mais  qne  je  ne  vous  crains  yjas,  je  vous  rends 
«   votre  liberté;  fixez  vous-même  votive  rançon.  » 
te  chevalier  ,    sa  us   s'étonner  ,   la    fixe   à  cent 
mille  florins.  «   Et  où  prendrez^vous  donc  cette 
'<   somme  ?  s'écrie  le  prince.  —  Je  ne  suis  qu'un 
«   pauvre  gentilhomme,  répond  Du  Guesclin;  mais 
«  le  roi  de  France  et  celui  de  Castille,  le  pape  et  le 
«   duc  d'Anjou  me  les  prêteront;  et  si  j  allais  en 
«  mon  pays  ,  les  femmes  me  feraient  ma  rançoa 
•c  de  leurs  quenouilles.  » 

La  princesse  de  Galles ,  qui  était  alors  à  Bor* 
deaux  ,  voulut  voir  un  guenûer  la  vanté ,  et  pour 
lui  donner  une  preuve  de  son  estime  ,  elle  lui 
offrit  de  payer  vingt  mille  florins  sor  sa  rançon. 
Du  Guesclin  fléchit  le  genoux  devant  elle  9  et  lui 
Jit  :  <c  Ah,  madame  !  je  croyais  être  le  plus  laid 

;î9* 


336  DU  GLEiiCLLN. 

inaiulemcnt  suprême  à  Du  Guosclîu.  On  se  battit 
lie;  part  et  d'autre  avec  un  couraiie  pixidisiieux  et 
lin  avantage  éi;a!  ;  mais  le  héros  breton ,  voulant 
t'parL;ner  ^es  >oiilats.  fit  sonner  la  retraite;  et  li-s 
troupes  rentrèrent  dans  le  camp. 

Le  lendemain  Tact  ion  reconnuença  avec  in\f* 
nouvelle  ardeur.  Du  Cîuescliu  avait  passe  la  nuit 
?i  clieval ,  et  avait  ]iris  toutes  aes  mesures  pour 
assurer  le  succès.  Son  es])oir  ne  tut  pas  trompe: 
^e'\ille  Tut  au  pouvoir  de  Transtamare  avant  la 
lin  du  jour.  Les  vaint[u<nrs.  furieux .  se  rêpandi- 
nnî  dans  la  ville,  et  commirent  d'abord  quelques 
e^cès:  mais  Du  Gnesclin  ne  tarda  ]»as  à  arrêter  le 
]MÎl.ii;e  ;  il  lelablit  Tordre,  et  accorda  une  capi- 
tiilalion  lionoraMe  au  i2;ouverneur  et  h  la  garnison, 
(jni  a\aieitt  si  vaillannnent  défendu  la  place. 

(.-(•pendant  le  mallicureux  dom  Pèdre  .  mal 
accueilli  par  le  roi  de  Portut^al ,  sétait  rëfucie 
anpiès  tlu  piince  de  (falles  •  cpii  tenait  sa  cour  à 
lîoidraux  ;  il  sollicila  son  appui  a>ec  la  bassesse 
<In  plus  >  il  ct»nrli>an.  Le  prince  anglais  était  î;êné- 
rc  u\  ;  il  oulïlia  bs  ciinies  de  dom  l*èiU'e  •  et  ne 
îoiij^ca  ipi  à  ses  malheurs  :  toutefois  il  voulut , 
a\aii(  de  prendre  ]>ai(i  pour  lui,  consulter  le  roi 
sn.i  ]>ère.  Edouaid  se  laissa  el.louir  par  les  ma- 
t;nii!«pies  ])i'omesses  du  Ca^lilian.  Le  prince  de 
Tialles  s(^  mil  alors  en  inarche  <  et  jura  tle  ne  piis 
(juiîter  les  armes  cpi  il  nVnt  remis  la  couroune 
sur  la  (èie  de  tlom  Pèdre.  Ils  traversèrent  toute 
1  Kspa|;i;ne  ,  et  joignirent  Tianstamare.  Ce  prince 
n  était  plus  en  é(at  de  résister  :  les  compagnies  qui 
l'avaient  ])laeé  sur  le  tronc  Tavaicut  abandouiir 
poui*  ])asser  sous  b  s  drapeaux  du  prince  anglais, 
Icui'  légitime  souverain  ;  son  plus  tenue  appui  « 
On  (iueselin  ,  était  absent  ;  il  était  allé  en 
Kr.iuce  lever  de  nouvelles  troupes.  Cependant 
'rr':\iiNfaînar(*  était  lésohi  à  so  bien  défendre:  il 
eut  j^iLUiol  iiiib  sui'  pied  une  ttjiju^'v  cou^idéi ablc. 


harles  le  Mauvais  ^  roi'  }le  Nayauve^  ^pi  iféry. 
lit  ligue  avec  les  Anglais. 
*  Da  Guesclio  eut  le  bonheur  d'ayoir  Chutes  im-. 
w^  peur  tëmoin  de  ses  premieni  exploits  en* . 
KTeur  de  la  France.  Les  troupes  dm  dauphin  Ur^i. 
rfgeaient  le  château  de  Melun ,  oébupé  p«r  les 
joglais.  Le  jeune  Bertrand  contribua  beaucoup' 
11.^  succès  de  Tentreprise  par  sa  yaleur  opinifttre*  » 
L jnontait  seul  à  Tassant»  et,jdlaitjpënÂtrer  danîfrla 
laoe ,  lorsque  Féchelle  qui  le  portait  fut  reuterv'- 
feparlesennemisjîl  fut  pr^pitë  dans  le  Ibsstf^ 
'oik  on  le  retira  privé  de  connaissance»  Ce  foi  le 


■i 


frinoe  lui-même  qui  enyoja  du  inonde  à  son 
ôtnns.  A  peine  revenu  de  réranonissema;it  que: 
ni  avait  causé  sa  chut^.  Du  Guesdin  coioanaté&t 
MMBveau  à  l'assaut ,  repous^;  les  assif^éi  9  ipê\ 
iraient  fait  une  sortie  j  et  les  força  de  rentmè. 
laiis  leurs  murs.  On  peut  regarder,  cette  actioa 
•fMiBBie  le  principe  de  la  fortune  de  Du  Qaesdiiu 
3hfuies  le  Sage  conçut  dès  lors  pour  lui  une  esv-  • 
iœ  toute  particulière ,  et  ne  n^ligea  aucune  ' 
occasion  d'employer  un  si  valeureux  guerrier. 

Sensible  aux  bontés  du  dauphin ,  le  héros  bre- 
ton lui  donnait  chaque  jour  de  nouvelles  preuvçs  . 
ie  coura&e  et  de  dévouemeotj  aussi  lorsque  le  roi  • 
lean ,  délivré  de  ses  fers  en  vertu  du  traité  de  • 
Bretigny ,  revint  en  France  ,  Charles  le  Sage  se  fit  • 
on  devoir  d'apprendre  à  son  père  les  exploits  de 
Du  Guesclin.  Le  roi,  persuadé  qu'il  ne  pouvait  faire 
une  mcôl^enre  acquisition ,  engagea  le  chevalier  à 
6  attacher  tout  à  Êaiit  à  son  service.  Bertrand 
avait  toujours    été  porté  d'inclination  pour  la 
France  ;  ^1  s'empressa  de  se  rendre  à  l'invitation 
du  monarque ,  et ,  lui  parlant  ayec  cette  franchise 
et  cette  liberté  qui  lui  étaient  naturelles  >  «  Sire  » 
«  lui  dit-il ,  mon  métier  est  la  guerre.  J'ai  ac- 
«  quis  l'amitîé  de  plusieurs  braves  guerriers  des 
«  plus  considérables  de  mon  pays^  si  vous  me 


34»  BU  GUESCLIN. 

rj^iu'cr  un  moment  la  sagesse  de  Charles,  H  dcrl- 
\it  au  eonnélahle  une  lettre  froide,  par  laquelle 
illui  reproclinit  la  lenteur  de  ses  opérations,  et 
senililait  accuser  sa  fulelilë.  Un  pareil  affront  de- 
\ait  otie  l)ien  sensible»  à  Du  Guesclia  3  il  renvoya 
sur-le-cliamp  Tépëe  de  eonnélai^le. 

(!]liarles  lut  bientôt  désabuse  :   le  eri  public   . 
s\ileYait  contre  la  disgrâce  de  Du  Guesclln  ;  ses 
accusateurs  se  \irent  en  Initie  au  mépris  général* 
he  sag(». monarque s\»inpressa  de  ré])arer  son  tort, 
cl  le  lit  d'une  manière  éclatante.   11  lui  députa  le 
duc  d'Anjou  et  le  duc  de  Bourbon  ;  ses  frères , 
pour  lui  laire  des  espèces  dVxeuses  et  l'engager  à 
jeprendre  ses  ibnctions.  Du Guesclin résista  long- 
tcMnps  ik  leurs  instane(»s,  mais  fniit  par  céder;  il 
levint  ù  V**ris.  Une  tiève avait  été  conclue  avec  le 
duc  de  Bretagne.  Le  roi  l'envoya  dans  le  midi  de 
la  France,  où  plusieurs  chefs  de  compagnies  au- 
çiaises  avaient  pénétré.  DuOuesclin  partit  avec 
oie  pour  cette  expédition,  qui  devait  lui  fournir 
(.xeasion  de  prouver  sa  fidélité  à  son  prince,  sans 
o]>prin)er  la  Bj'etagne ,  sa  patrie.  Dans  son  en- 
thousiasme ,  il  dit  au  roi  :  «  Je  ne  sais,. sire,  si 
«  j(î  retournerai  (hi  lit  ii  oîr  je  vais  ;  je  suis  vî<'iiii 
«   et  non  pas  las  :  mais  ,  je  vous  en  supnlie,  faiti  s 
•t    la  paix  avec  la  liretu^ne  ,  car  vos  niedh'urs  se  i- 
w  viteurs  sont  de  ec  Jxau  pays.  »  (Iharles  lassuia 
qu'il    avait  lui-même  à  eonir  de  tenniner  celte 
guerre.  Jm  connétable   ])artit  avec  celle  pensée 
consolante.  11   entra  dans  la  Guyenne,  et  chassa 
les  Anglais  de  plusieurs  places  dont  ils  s'étaient 
rendus  maîtres.  Airivé  sous  les  murs  de  la  ville 
i\v.  (]liâteaunenf  dt;  l,\aiidon ,  il  fut  atteint  d'une 
iièvr(^  continue  qui   leniporta  en  (pu'l([ues  jours. 
11  vit  approcher  sa  lin  ave(^  ue  eaiine  qui  n'appar— 
tient  (pTau  héros  et  au  chrétien  ;   m  disant  adi<'u 
à  ses  vieux  compagnons  d'armes  qui  entouraieiiL 
bOii  lit  de  mort 9  il  les  pria  de  ne  point  oublier 


eaeontrale  captaiÀoprès^a^illatfede  Cbdbefdf-^ 
n  Normandie.  C'était  là  cpe  détcat  9fi|frer  i  le  é  ^ 
ftai  1364,  cette  J>atailleiniëmaraU««q^  sigoria  ' 
'fine  ufianière  si  briliaitle  raTanl-*Teiile  dtt  sïuDre 
8  Charles  Y  ;  c'était  en  ce  jour  q[ae  I>a  Oneacliii 
cirait  apprendre  aux  Anglais ,  tant  de  fois  Tain-» 
néurs,  qu'ils  n'étaient  pas  inyinciUbs»  JiuMpi'a'n. 
>n  le  héros  breton  ne  s'était  fiiit  connaître  fpio 
mr  de  hardis  coftps  de  maiu  ;  il  déploya  dans  câto 
iièasion  les  talens  d'un  général  conAomnié# 
^près  avoir  reconnu  la  i^itoation.die  rénideml^ 
..pnt  ses  mesures  en  conséq^ience*  Conime  ton 
r&ée  était  beaucoup  moins  nOmfaretise  <jne  cello 
à  captai,  il  se  posta  dans  une  rallëc^  entre  ïà  ' 
lontagne  de  Cocherel  et  la  ririère  d'EnrO)  et 
à^uya  sur  un  bois  pour  n'être  pas  iQianiiLé«'jÉfkiiu 
Bnerré  dans  un  espace  étroit,  iLnendk:  iaiitile  à 
^ninémi  l'avantage  du  nombre.'  Le  captai  s'em*- 
•nideS  hauteurs.  Son  habileté  pensa  dëecmcertèr 
M  sages  dispositions  de  Du  GuescUn.  L'àrniiée 
riiiftçaise  était  à  la  veille  de  mancpei!'  de  ttvreft~; 
&Vi»tptal  résolut  de  la  tenir  en  échec  et  d'éviter  une 
etîon ,  afin  de  la  réduire  jiar  la  âimine.  Bertrand 
<Mnprit  l'intention  du  général  anglais  »  et ,  s'avi— 
ant  d'un  stratagème  pour  le  forcer  au  combat  y  il 
eignit  de  se  retirer  précipitamment.  Les  enne-  ' 
lÛlB  9  persuadés  qu'il  n'osait  se  mesurer  avec  eux , 
eulent  se  mettre  à  sa  poursuite  y  en  vain  le  captai 
kssure  que  c'est  une  ruse  ,  disant  «  que  Du  Onesclin 
;  n'est  pas  homme  à  fuir  devant  l'ennemi.  »  Les 
officiers  anglais  et  navarrois  s'obstinent  ;  le  captai 
^  obligé  de  céder;  il  descend  dans  la  vallée, 
r  ."Voilàles  oiseaux  pris  !'»  s'écrie  DuGuesclin  en 
royant  les  ennemis  s'engager  dans  le  défilé.  Il  fait^ 
polte-face#  Le  captai  reconnut  son  imprudence; 
il  -  envoya  un  héraut  au  général  français  pour 
l'engager  à  se  retirer ,  et  pour  lui  offirir  des  vivres , 
iont  il  devait  avoir  graad  besoin  :  «  Allez  dire  au 
Tome  IL  'J& 


3r)o  (SIARLES  V. 


CHARLES   V. 


DIT   LE    SAGE, 


ROI    DE    FRANCE. 


Cjk  princennqiiîthViiicf»nnrs,leli  janv!cri337. 
J<'an,  sou  pt'ir,  qui  fut  depuis  roi  do  r mucc,  éiMt 
nlois  dur  i\v  Noi  inandio  ;  J'Iiiiippedc  Valois  y  sou 
a'iVul ,  occupait  l(^  troue. 

ClmrlcH  n'avait  <pic  deux  nus  lorsque  les  Fran- 
çais perdirent  contre  les  Anglais  la  fameuse  ba- 
taille navale  de  riùduse,  cpii  fut  lopniludedes  A6- 
sasti'es  (pii  sij^iuilèrent   \v.  règne  de  Philippe.  Ln 
roi  (rAngleterre,  Kdounrd  111,  qui  avait  etd  le 
oouqx^titeur  d(*  Valois  ii  la  couronne  ,  ne  cesm 
d'être  son  emu'uii ,  et  fut  ]U'esaue  toujours  vain- 
ueur  ;  la  ville  de  Calais  et  ]ilusiours  prôvinci'S 
e  la  France^  furent  (envahies  par  ses  annes. 
rinlippe  de  Valois  citant  mort  le  22  août  l35o , 
Jean,  sonills,  lui  succdda  ,  et  Charles  ,  en  qua- 
lité d'iM^ritier  piésoniptif du  troue,  prit  le  titre 
dedau])liin,uue  lui  conférait  la  ]>ossossion  du  Dau- 
phiné,qui,  lors  de  sa  rc^uniou  h  la  couronne  (1)9 
était  devtaiu  lapanage  de  ïniué  des  fils  de  France. 


(i)  A  U  fin  du  r^gne  préctîdtnt,  en  i34g. 


î 


lèàr  de  M<  nuort  se  fassent  peut^-étre  céajisées^^ 
"Charles  die  Blois  eût  écouté  les  txiiiseils  dà  héitnp 
Itretoh.  Da  Gdiesclia  aTàîtruigé  lArmée  eo  trois 
"terps  de  bataille  ;  il  s'était  chargé  du  cominayid^.  - 
inent  du  premier  ;  le  comte  dTAuierre  conduisait 
5e  second;  Charles  de  Blois  se  réier?a:le  trofy 
infaoïe*  Jean  Chandos ,  cpii  fessait  pour  le.  pluA  hi^ 
Jflé  capitaine  anglais  après  le.pnnce  de  .GalUt^ 
^îlè put sVmpécher  dadmirer  la  manière  doiit  {hl 
tSiiesclin  venait  de  disposer  ses  troupes  >  il  u«  se 
-^eobtenta  pas  d  en  faire  Tëlog^;  il  Timita  &i  fan^ 
*^ge^àBt  ses  soldats  dans  le  mén^  ordre*' 
'^'  Le  signal  du  combat  est  donné*  £n  Taîn  D« 
'  Gùesdin  engage  Charles  de  Hois  à  modérer  son 
àrdevj  ce  prince,  sourd  aux  pbis  sftçe»  aTui>; 
"Ifèiitattaipier  le  premier;  il  passe  un  fnisteauqpii 
lt:sépare  de  l'armée  ennemie*  Cemouyement  pre- 
f^ftKté  met  la  confusion  dans  ses  rangs*  Du  Gue^cUi^ 
rtf  la  douleur  de  Toir  son  plan  de  bataille  9.  <pd  liid  . 
r^lÊt  peut-être  donné  la  victoire,  détruit  ayant 
Taction.  Montfort  a  attendu  sans  s^ébranler  le 
dmc  des  ennemis.  Le  cojps  de  bataille  qu'il  comr 
vUmde  est  aux  prises  ayec  4îelui   que  conduit 
tSiarles  de  Blois  :  celui-ci  cherche  son  rival  dans 
la  mêlée  ;  il  le  joint  enfin*  Tous  deux  étaient 
-'également  braves  ,   également  valeureux  ;  mais 
Coarles  de  Blois  £ut  moins  heureux*  Il  succombe  » 
et  iBa  mort  est  la  ruine  de  son  parti*  La  nouvelle 
de  ce  fatal  événement  circule  de  rang  en  rang,  et 
'  remplit  les  partisans  de  Montfort  d'une  nouvelle 
ardeur*  L'armée  de  son  compétiteur ,  consternée 
At  la  perte  de  son  chef,  commence  à  plier*  Du 
Guesciin  veut  venger  la  mort  de  son  prince  ;  il 
rallie  autour  de  lui  quelques  amis  fidèles ,  et  sou- 
tient longtemps  TefTort  des  ennemis*  Bientôt  ac- 
cablé par  le  nombre  ;  épuise  de  fatigue ,  il  n'a  plus 


342  DU  C;LESCLIN. 

iiiir  £;loirr  aan»  piirliit^f^ ,  piTsiiadc  qu'une  victoîrr 
«loiit  ïoa  l'ispa^nols  auiaiciil  st'uls  Uiul  llioiiueur 
inspirai  ail  aux  |m-ii])I('s  hraiicou]!  plus  de  cou- 
Hitiicf  ([iir  si  'rianslainaïc  ne  (h^vail  col  uvaiila^^c 
4jirati  M-roiiis  (irs  J^'i aurais;  mais,  le  voyuuL  enilii 
])i  i'i  ;i  Mi(  ('ojnl)(>r,  il  sorl  de  son  iituclioii^  s^ëlancc 
;tii  ntilicu  dis  nniciiiis,  el  1rs  disperse.  DoiiiPèdrc* 
J(  s  I  allie  (  l  les  laiiièiie  a  la  charge  avec  uuc  iiou— 
-ville  ardeur.  Uik  second  i:oud)al  coniiiience.  Du 
iiiieselin  ri  Ti  anslauian*  en  sorl(*rit  vainqueurs. 

Doin  i'èdre,  pn  s(pie  sans  ressonrcf; ,  se*  rendit 
à  la  cour  d'un  des  plus  puissans  ruis  nuiures,  et 
<'ii  ol)iinl.  de   {^lands   secours.   On  ]))'efen<l   que, 
l'.our  piix  ('e  (cld'  pio(ecli<»n,   il  aiijuia  la  foi  du 
t.i  s  ))ri(  s  (  I  M'  Ci  niattonie'an.  Suivi  île  clinîuar.fe. 
u::ili('  Siii  i  asiiis,   il  eniia<-ii   l'Ispa^ne  el  inaixrija 
vei  s  sou  I  i\  al ,  dans  l(^  d(*sscin  de  lui  i'aire  lever  if 
t>ie^e  d(*  ScvilUî.  J)'un  auln;  cofé  doni  Foniand  , 
fidèle  lieutenant  de  doni  Pèdie,  s^diri«;eail  vers  le 
jnc'ine  point  à  la  têlf^  de  tr(fnlc  mille  Espagnols* 
TransIaniaK^  ])a!ut  crahord  alarmé  de  cet  anne- 
]n(>nt  fonuidahle  :  Du  (itui'S(din,(piesa  {:;ale(c  ahaii- 
donnait   laicnu'nt,  le  lassnia  par  écrite  saillie: 
((   VtW  Dieu  ,   ])uisque  les    infidèUs    viennent    ii 
u  nous,  nous    ^'aurons   ]:as  besoin   de  les  aller 
¥  clienhei-  en  Syri(î  !  «  llenii  élail  incertuin  s'il 
devait  aller  au-d(!vant  d(î  rennemî;  le  héros  brc- 
t(jn  ren(*ouia^ea  ,  et  (il  ])ic\aloir  son  opinion  dans 
le  conseil  <lu  prince.  L  action  s'ens^a^eu  dans  les 
])laines  de  Montiel;  les  deux  compétiteurs  com- 
iitandairiit  en  personne.  La  victoire,  lon(;tenqH 
disputée,  linit  par  M',  déclarer  pour  le  paj'ti  où 
commandait  Du  (juesclin.  Don il^èdrc, après  avoir 
cond)altu  eik  (!és(8péié,  ejai(>nant  de  tomlnr  \i- 
>aNl  an  ])onvoir  dr!  son  i'ière,  prit  la  fiiilc  et  se 
\vli\  (hins  le  château  de  Monli<>l.  Transtauiare  în- 
x-slii  la  plac(;,  et  la  fila  l'instant  entourer d*uue 
mm  aille  dan^  laquelle  on  n'u\«ûl  ménagé  qu'unr 


DUGDESCIIN.  :  .39 

eilMptatio|i|i  im.peh  militaire  il  ajon^.d^s.tipr 
sons  ptos  puissantes  sur  des  bommet  ^  n*aTaieot 
en  Tue  que  .leur  intact  ;  iï  l^.iir  {tfroimt  »  pour 
jyrix  de  leur  départ  y  deux  cent  mâle  frûscs  dn- 
mi  de  France  ]^.^t  les  trésors  du  roi  de  CastOle* 
Jje  traite  fut  ciyiiclu  sur-le-champ.  Hugues  de 
Canrelay,  leur  chef,  jura  de  servir.Du  Gimclin  ^ 
le  roi  de  France  contre  tous»  excepté  contre  le 
roi  d'Angleterre  et  le  prince  Noir,  ses  souTcrains 
■atfirels.  Charles  Y  rat  si  content  du  succès  d^ 
cette  négociation ,  qu'il  embrassa  Du  Guesclin  aux 
yeux  de  toute.  la  cour.  U  reçut  très^Jumorable^ . 
ment  les  principaux  oiffiiciers  aes  grandes  coliipa— 
finies,  leur  donna  un  magnifique  repas»  leur 
paja  la  somme  convenue ,  et  les  renvoya  trèsr' 
fftfas&its.  "^      s 

. .  Les  compactes  prirent  la  route  d^AvigniSb  9 
apiis  la  conduite  de  Jean  de  Bourbon ,  comte  de 
;|à  Marche  ,  qui  avait  reçu  de  .Charles  Y  le  titre 
w  général ,  avec  ordre  <(e  ne  rien  faire  sans  les 
•Tiade  Du  Guesclin.  Arrivées  sur  les  terres  du 
ptfpe ,  elles  ne  manquèrent  pas  de  rançonner  le 
saint-père.  Celui-ci,  au  lieu  aor,  leur  donna  Tab» 
solution.  Les  soldats  ,  ne  trouvant  pas  leur  compte 
dans  une  telle  réponse ,  menacèrent  de  mettre  tout 
là  feu  et  à  sang  dans  le  pays  :  «  Donnez-^leur  ce 
-«  qu'ils  demandent(disait  Du  Guesclin,  qui,  n'étant  ' 
«  que  faiblement  obéi  par  cette  spldatesque,*se 
«  voyait  quelquefois  obligé  de  flatter  ses  caprices}. 
«  Ce  sont  tous  des  garnemens  ;  nous  les  faisons 
«  prudhommes  malgré  eux.  Le  plus  sur  parti  es^ 
«  de  leur  céder.  »  Puis  il  demanda  cent  mille 
francs  pour  eux, et  une  absolution  en  bonne  forme. 
lie  pape  consentit  à  tout ,  et  se  hâta  d'envoyer  la 
Somme,  s'estimant  trop  heureux  d'être  débarrassé 
de  ces  botes  incommodes. 

Les  compagnies  se  dirigèrent  ensuite  vers  l'Es^ 
pague,  où  Henri  Xranstamarc  les  attendait  aves 


326  DU  c;rjT;sf:rjiv. 

liii<Mil  (In  nt»vvtu\n:  :  Du  (fiirH<:l!n  râiolutili!  m 
ji'lrr  flaiiH  llftiiicK  ii  f|ii('lqiif;  prix  qiif;  ci?  fût*  11 
iiHiM;tnhlr  ni'H  roiii|):i(^iioim  ,  li:iir  cofnmiinic|iii} 
fioii  unWuv ,  \}étïi:U'r.  I»  nuil  avi'c:  *:u\  clan»  le 
4-4itii|>  fii'ft  tin^hiiN,  l.ijf!  IfH  Mf'iilindlftflfCt  met  if;  feu 
iiiix  Iriilr'H.  l/iihiririf!  h47  irparnl  ptiniii  le»  enne- 
mi h,  (j  ni,  Hr  rroyniil  HurpriH  n»r  Vunuiic.  iUi  i'éhnvïeê 
lift  HloÎH,  iif  Hoii^i'iil.  fjii*ù  fuir  %miH  oif;r  riiiiiitifr* 
Du  i'tuvM-.Wn  \tv\viHv  aiiiHi  Ir  camp  au  niilii;ii  litt 
luniiilfi!,  rli'H  ilammrN  fl  iUi  (uiriia^Cy  f*t  cntrtt 
«IdiiM  JUfiitifH,  fpii  \v.  rvt^.ul  rnmiiKï  miri  li liera toort 
Sii  prAriicf;  a  n^tidii  Ir  roiira^if  aux  aiwil^^éAî  n^Ui 
MCH  orflri'H  iU  oiif  (!OtiHtaitim(;iil  l*uvautu^c  danf 
.fie  iWuiuttiU'H  Horfir-H.  i^iiiratifre)  aprf!»  avoir  vu 
lii'ulrr  (fHjli'H  M'K  ma(Jiirif'i>  ilf:  uu(?n'(!  <;t  prfrir 
iiiH!  pat'lif!  tUi  ftoii  ariiico,  vM  olili^d  de  lever  It 

Noiifi  irrtitrrnmH  paH  riaiiri  le  détail  de*  nom* 
lirf'iix  rxploiU  par  Irmpirli  Du  Ouetfeiin  m;  iignala 
flarih  l'.vlU'  y^iwrrv.;  i:orif.«'nUHiif-noUft  dédire  que 
^JiarlcM  fir  ){lolH,rii  nronnaiHHanCfï  de  les  nom- 
lire  ux  Hfivirrfi,  raritia  rlirvalicT  de  HA  inaiuy  et 
Jiii  fil.  rpniihft-  iiiif  vïvhv.  MnlU'i'v^  rdlèbre  par 
NOM  f'hprif. ,  t^oii  hiwn'tr  vi  Htm  aftarhetnent  è  MMI 
#^|)otix  t'.l  a  Ma  pafrif'.  II/if.oiifv-riouH  d4;  iuivre  Du 
CiiwmMii  Huv  un  plim  faraud  ihiiiitvt*, 

ApMH  la  liuldillf;  rJi:  iWdit'vn  fxloiisrd  III 
nvaii  irhcilii  di;  viWM'tuUU'.v  ioulr»  Ms»  forée»  pour 
ar:(:a)dcr  la  Fi  auci; ,  ('brardde  par  un  hï  cruel  re- 
\rrH,  Il  refila  dr  la  jjrclnf^uf!  le»  troupe»  qu'il  J 
ny.iU  vti\i)yv.tnn\i  m-j'ouiH  de  MonUVirt*  Une  trêve 
avait  t:\r.  rotirhif!  cniit*  le»  deux  eompëtîteur» 8 
Du  itut'M-Uu  ,  (jui  m*  pouvait  re»tf(r  oisif  9  alla  «6 
joiliriri'  iivft:  hh  coitina^nli;  h  Tannée  du  dauphin 9 
i;ii;iil*?*  ji:  Saîjf,  nui  (;<Hiv<TiuiiUe  royaumr  |ien« 
«hini  hi  caprivitir  du  mi  ifraii ,  »on  |»ère»  Co  priaee 
rfaii  iilor't  of  (:iipf<  h  d^fr.-ndre  Us  royaume  tontra 
Irb  riitifpii.ti'ff   dr»   facllcu»  ,   et   à   combattre 


'i'"*;- 


le       nvur^  ro^^^  Vfmvni.  (pi  »*é*':-,  '. 
t.  av.-  les  Anglais. 
Dn  Cu4;sclia  eat  le  IwidKiir  d'aroir  Ourles  1»-. 
Sage  pour  témoin  ,de  ses  prmiî«n  explints  »>, 
givenr  de  la  Fretice.  Les  froii{)es  cH  dauplÙB  a»-i^'  ' 
siégeaient  le  cb&teau  de  Melon ,  oftupé  par  lea 
Anglaie.  L«  jeime  Bertrand  (»mtrilma  beaucoup' 
au  succès  de  l'entreprïse  par  sa  TBieqr  (^iniàtre.  • 
n  montait  seul  à  l'assaut,  et^Uaitp&i^tverdaiwla 
place,  lorsque  l'&helie  qui  le  jfiortitit  fat  noter* '^ 
see  par  les  ennemis;  H  fuï  précipita  dans  le  fow^f 
d'oà  on  le  retira  priv^  de  connaissnnce.  Cefittle 
prince  lui-même  qui  envoya  du  incmde  à  son  -  tibf  ■ 
cours.  A  peine  revenu  de  l'^anonissement  fOgi    . 
lui  avait  causé  sa  ctiuU,  DaGuesclin  covntda^i 
nouveau  à  l'assaut,  repoussa' les  vssitfgési  qdh 
avaient  fait  une  sortie  j  et  les  for^  de   rentoig. 
dans  leurs  murs.  On  peut  rega^jer.  cette  action 
comine  )e  principe  de  ut  fortune  de  Da  Gnetc)iB> 
Cl^rles  le  Sage  conçut  d^  lors  pour  loi  une  e*^  : 
time  toute  particulière ,  et  ne  ndglîgea  aucuna  ' 
occasion  d'employer  un  si  valeureux  guerrier. 

Sensible  aux  lionlés  dn  dauphin,  le  héros  bre-' 
ton  lui  donnait  chaque  jour  de  nouvelles  preuves 
de  courage  et  de  dévouement,;  aussi  lorsque  le  roi  - 
Jean ,  délivre'  de  ses  fers  en  vertu  du  traité  de  • 
Bi-etîgn;y ,  revint  en  France  ,  Charles  le  Sage  se  6t  - 
un  devoir  d'apprendre  à  son  père  les  eiploîts  de 
Du  Guescliu.  Le  roi,  persuadé  qu'il  ne  pouvait  faire  i 
une  Di4j||^nre  acquisition,  engagea  le  chevalier  à  : 
s'attacher  tout  à  fait  à  son  service.  Bertrand 
avait  toujours  été  porté  d'iodination  pour  la 
France  ;  il  s'empressa  de  se  rendre  à  l'invitation 
dn  monarque ,  et,  lui  parlant  ayec  cette  trainchiSe 
et  cette  liberté  qui  lui  étaient  naturelles ,  «  Sire  , 
«  lui  dit-il ,  mon  métier  est  la  guerre.  J'ai  ac- 
«  quis  l'amitié  de  plusieurs  braves  guerriers  des 
«  plus  conûdérables  de  mon  pays>  û  vous  ma 


3a8  DU  GÏJi:SCUrf. 

■  ilijiiiii'7.  moyen  Uu  IfK  riitiTtctiir.îli  yoiulêroft 
1  iii's-ii.\!ilil(>  (HTvicc.  —  Je  \w  ifpiii  cl'nutc 
u  li'iiioiii  <ti'  li'ur  viih-tir  ijiui  voiii-iii6iw,  Ivl 
«  i-i'jxiiKlit  II'  roi;  l't.  nu  ulU'ndtiut  iiiîriix  je  von 
«  ll<>lllll^  crut  litriccs  <lc  inra  ordonitnnccs *  cl  II 
•  futidii  ii(SceMniri-H  pour  [(•»  tippointof.  •  ht\ 
cn|ntiiiii(-H  t'onuniint  uior»  vux  -  mituiet  Icuil 
Cumi<nKui''i>-  Du  (iui-Hcliii  itoinpum  In  »K^Jtiii°  i*"^ 
gnotiUliomiupt  de  kii  provirirn,  lu  nlopart  I 
se»  pai'i'iis  ou  umitt  ft  toi»'  il'utto  vatt-ur  épioi 
v^u.  hn  rui  lui  cciiilin  t-ii  outre  In  cftutmaïKls^ 
loruldcla  rorb-rcM}  ilu  I'')iit(>iiion,rii  Normande 
où ,  malaré  U  paii ,  Us  Aiif^lnia  conimetta^ 
i]t'  (^niiitu  iMnorili'i-B.  Du  Oucsclili  répondit  h  j 
Imulr  o|ihiiaii  ijn'on  iivnît  conçut^  de  lui  i  ît  batt 
les  Aiiglni»  Cl)  maiiilf»  rciicoiitif* ,  Ina  forçi 
d'iJviicuei'  ploiLfurs  pUcoa  cpi'il»  rrtcnatotit  ù 
m^i'ii  dfiR  tj-aild»,  nt  paciriu  la  tiroviMn.  ' 
.  Lv  roi  do  Navutiv,  qui  nVluit  jniunis  plli 
Htpaté  il  lit  guerre  (juc  loi'squ'îl  Tf^nnil  de  joi-C 
Ift  puix.  avait  fait  lui  miitsniit  ariiM'niditt  cûiitr 
lit  Friiuce.  Jmiii  (te  Gnitlly ,  cMptal  do  Bui^ 
l'un  (les  jslux  ntdoiitnliIi'H  purtinni»  du  ru!  d'An- 
ftlctrrrc,  t'dtAit  joint  h  Cliiirlpn  lu  Mauvaiit  avci 
'  du  uoiiibmiuna  troupes  auglaispn.  Le  roî  JrJii 
dtnit  i\t:  iiouvruu  alwc-nl  ;  il  avait  nu  l'imprudouoi 
de  ivtounicr  en  Anf}i<1i^rrr  rrpmidra  ma  l'eti 
HOI1B  ua  prétrxtn  ns^icK  liivulp.  I^ diupltiu , if^ffcô*^ 
du  i-uyauincpour  la aocotul» foi* ,  itiwilutd'tippil 
flcntu  Navnn-oiH  une-  rtinialnDctr  vig<mr«A>  Dl 
GuMclin  «raouda  cette  rnti'iipriftc  mire  sutout  d 
viguMir  yuB  do  buccAh.  Aprti  avoir  pria  i»  yîli 
de  Mimt»i|tar  «ti-atn^àmc,  ut  In  cIiOl'Hin  aprèf  n 
vif  iiHHiiut.  il  K*9  l'fîniiit  Hultjvdc  ci?tft'  pUoc,  le, 
avril  1364,  jour  de  la  mort  du  rai  Jonii. 

Depuis  eavircin  nu  luuii  vo  gtfudral  tem 
cnni  \in^ne  u  lu  [Ala  d'uiit^  nmién  pfu  nnRiluvuna 
luaia  btcii  diociplin^c  et  uuiiniie  de  lou  ««prit.  Ii 


Ik 


Mneontrale  captiJliiuprès^ufi^SIftifttie  CoAeréiti 
rà  Nonnai  idie*  C'était  là  qae  dètw  jNrf^^ 
mai  13649  cette  JbataillA  inënutfiBdiW^  sigillé, 
d'âne  manière  si  brillante  l'aTant-^reille  dtt  jKum 
do  Ghairles  Y  ;  c'était  en  ce  jour  ^pie  Dn  Ooeaclin 
derait  apprendre  aux  Anglais ,  tant  de  fois  rain-» 
qoéurs,  qu'ils  n'étaient  pas  invincîbLMi»  Juwiii'an. 
lors  le  héros  breton  ne  s'était  fiiit  cennaitre  gué 
per  de  hardis  comps  de  maiu  ;  il  déploya  dans  cette 
Mcasion  les  talens  d'un  général  conAomnfié# 

Après  ayoir  reconau  la  i^itoation  .de  Téiiifeiill, 
il  pnt  ses  mesures  en  conséquence*  Gonime'  aoil 
armée  était  beaucoup  moins  ntaibretise  que  oelle 
du  captai  >  il  se  posta  dans  une  Tallée^-entre  ÏA 
montagne  de  Cocherel  et  la  xÎTière  d'Emre,  et 
s'appuya  sur  un  bois  pour  n'Atre  pas  toarAé^^ifiihi 
reMerré  dans  un  espace  étroitv^  il jnsndit;  iautile  à 
l'ennemi  Tayantage  du  nombre.'  Le  captai  s'em** 
MradeS  hauteurs.  Son  habileté  pensa  dëeoacertèr 
le»  m^  dispositions  de  Du  Guesdin.  L'année 
firançaise  était  à  la  yeille  de  manquer  de  tivret; 
le  captai  résolut  de  la  tenir  en  échec  et  d'éviter  une 
action ,  afin  de  la  réduire  jiar  la  âimine.  Bertrand 
comprit  Tintention  du  général  anjglais  1  et  9  s'ari— 
sant  d'un  stratagème  pour  le  forcer  au  combat  ^  il 
feignit  de  se  retirer  précipitamment.  Les  enne-  ' 
mis ,  persuadés  qu'il  n'osait  se  mesurer  avec  eux , 
yeulent  se  mettre  à  sa  poursuite  ;  en  yain  le  captai 
assure  que  c'est  une  ruse  ,  disant  «  que  Du  Onesclin 
«  n'est  pas  homme  à  fuir  devant  l'ennemi.  »  Les 
officiers  anglais  et  nayarrois  s'obstinent  ;  le  captai 
est  obligé^  ae  céder  ;  il  descend  dans  la  yallée. 
«  Voilà  les  oiseaux  pris  !*»  s'écrie  DuGuesclinen 
voyant  les  ennemis  s'engager  dans  le  défilé.  Il  fait^ 
yoite-face#  Le  captai  reconnut  son  imprudence^ 
il  envoya  un  héraut  au  général  français  pour 
l'engager  à  se  retirer ,  et  pour  lui  offrir  des  vivres , 
dont  il  devait  avoir  graaJ  besoin  :  «  Allez  dire  au 


3^S>  m   tUTSCLlM. 

l'iiaîvr  un  iiiomont  la  sourssc  lU»  C^liarles,  Il  l'cii- 
\'\i  au  oonnolaMr  une  Icltro  fioiilo.  par  latjuollc 
il  lui  rt'puH-lunJ  la  Icutrur  dr  si  s  o|u*'saf  ioMS.  et 
se  uiMail  aivuxr  sa  ruîrlllo.  l  n  pareil  atVi  ont  lîo- 
^alt  rli(^  Mcn  s»  nsIMo  à  Du  (îurscliii  :  il  n  n\o\a 
hur-lt*-rliauîp  1  vycc  ilo  ciMuu'IaMt». 

tliiarlrs  l'ut  l>i(Mi(ol  tîc\«îal>usô  :  \c  cv\  pul»lir 
s'cli^ait  condv  la  clisiiiàtM»  t\v  Du  (îui'srliii  :  srs 
at<  iisatt'Ui  s  sr  viirul  ui  lulto  au  uirprîs  c^cucial. 
I.»'  sai;»'  uu»nan|ur  s'ruï]>n>>a  lU*  lo'panr  son  l«»ii. 
it  1('  ti(  duiir  uiauirrt  ivlaianti'.  Il  lui  dopula  lo 
i]uc  d*  \n|nu  (t  le*  iluo  clr  liourhou  .  srs  t'i  oiTS  » 
pour  lui  fairo  tirs  rspro»  s  «l*  \ousos  vt  rrnj;aî;rr  à 

I  (  pnihîiv  M  s  rono(ii>u>.  Du  Gim  sv^liu  i  csista  louj;- 
(<  uips  à  ii'urs  instances,  mais   iinit  par  ccdrr  :  il 

II  \  inf  à  Paris,  l  ne  tirvo avait  viv  ronclur  avrv*  lo 
iluc  tir  l>rt  taiiui'.  Lr  rt>i  IVmtïva  tlans  \v  uiidi  t!e 
la  l'îantM».  t>n  plusi(»urs  olicts  clo  v*tnnpai;nirs  »m.- 
jilais(s  avaient  ]»cMU'frt'.  Du  durscliti  partit  av,  t' 
yi'ir  pour  cviix'  i\|(tli(ion,  tpii  devait  lui  loui  nir 

I  f  «  (  ii.sittu  tlt*pr(»u\er  sa  titlolilo  à  stui  piiiuv.  sar.s 
t»p|Minier  la  Un  l.»j;ne ,  sa  patrit^  Dans  st>ii  cii- 
tliuii^iasnu»  .  il  ilil  an  rt»i  :  »*  Je  ne  >ais..sire,  si 
u    je  r«  tiinrnrrai  tîu  li«  n  t>îi  j«*  >  ais  :   ji'  suis  v  î«  i!ii 

•  i  I  in»n  pa>  las  :  mais  .  je  \  l'us  en  sripplie  .   l'iil»  > 

•  la  paix  a\ee  l.i  \'\  ^  la  jie  .  ear  \tïs  nuilliiirs  >■  ;  - 
f  \il(Ursso!il  di  re  Im  ;mi  pavs.  v.  (ih.irlis  I  as-^uia 
tjM  il  a^ail  Ini-iîM-ni.*  à  eienr  tiv'  lerinÎMer  et  îîi* 
mi.  I  n^  !.<'  t  t»unr:.«f!e  ].îil!l  a\(e  eetle  pt  n?c'e 
e(>n<i>!ante.  Il  enli.i  (<;niN  la  Gn^enur.  et  cha><.% 
l(  s  Aniiiai.N  tle  pluNienrs  plaees  dt>iit  ils  sV'taifut 
reutlus  niallrts.  .\iri\t*  sons  les  murs  de  la  \ille 
de  (lliàlt  anni  uf  tle  U.nidnn .  il  lui  atteint  d'iun^ 
(  i-\  rc  t'ohliinie  (|i:i    I  i  nu^tn'ta  en  (|ni  iipn  s  |\itir>. 

II  \  il  .ipproi  lier  >.»  lin  a\ee  tîe  (  ,dnit»  tpii  nappiii  — 
lit  ni  iju  ,in  liertts  e|  an  t'ine'îitn  ;   en  disant  atilt  u 

(  .   \iei!\  eonî}-.»j;nfMis  tlarnu^s  tjui  entourait  ni 
.'  ii(  (!>'   i'.ii'it.  il   !.■>  pria   de   ik'  poiiiî   ouliiir 


V 


DU  GÇrESCLBSr.  349 

se  qa'il  leur  ayait  dit  -  mille  fois  t  «  En  ^nelqfue 
c  pays  que  tous  ferez  la  guerre  i^  Bouyenez-Toua 
t  que  les  gens  d'ëglisè,  les  femmes,  les  enfans  et  *" 
c  le  pauyre  peuple  ne  sont  pas  yos  ennemijs*  ». 
Puis ,  saisissant  Tëpëe  de  connétable ,  il  la  baisa  -, 
lyec  un  saint  respect,  et  protesta  qu'il  ne  Tayait 
jamais  tirée  que  pour  Ibonneur  du  roi.  Après 
ayoir  rempli  d  une  majiière  édifiante  tous   les 
deyoirs  que  la  relision  prescrit  aux  mourans  > 
il  expira  ,  le  i3  juillet  1080  ,  âgé  de  soixante^  - 
six  ans.  * 

Les  Anglais  rendirent  un  honneur  singulier'  à 
sa  mémoire.  Le  gouyerneur  de  Ciiâteauneuf  de 
Randon  était  conyenu  ayec  le  connétable  de  se 
rendre^si  ,    dans  un 
secouru.  Sommé  de  rendre 
mort  de  Du  Guesclin ,  le  gouyerneur  ne  se  crnt 
pas  dispensé  de  tenir  sa  parole.  En  effet,  il  yàit-à 
ta  tête  de  sa  garnison  oéppser  les  clés,  de  la.  y iUe* 
sur  le  cercueil  du  connétiu>le.  .    / 

Du  Guesclin  fut  enterré  à  Saiut-Dàiis.  «  Le.roi 
je  Charles,  dit  un  de  nos  orateurs  isacrés ,  youlut 
*t  que  la  terre  sainte  qui  couvre  les  os  des  rois  de 
•t  France  lui  fût  commune  avec  eux ,  et  que ,  . 
M  comme  il  n  avait  pas  eu  de  plus  considérable 
ic  serviteur  en  sa  vie ,  il  n'en  eût  point  aussi  de 
ic  plus  proche  de  soi  en  ressuscitant,  selon  Tespé- 
/K.rance  des  chrétiens.»  On  décerna  depuis  Iç 
même  honneur  au  grandi  Turenne ,  qui  fut ,  comme 
le  bon  connétable,  le  modèle  des  nommes  elt  des 
guerriers* 


LU.    'aveu      MXi      \,\ftM*M.Xi%a.M^X%i      U.^    fM»    . 

certain  délai,  il  n'était  pas 
*endre  la  place  le  jour  de  ut 


ï 


:iry2  criARLEs  v. 

liiltio  (Vnrrrfrr  rr  }>riiirr,(1orit  los  talons  (ï^alnimt 
^ambition.  Edounnl  111  était  di^iiomciit  w^i^oiidd 
))iir  l(!  (M'iiirc  iU\  (jriillcs  ,  son  fils,  surnoininé  le 
pn'nco  nuir.  Ce  jc'uiir  licros  avnit  traversd  en  vaiii- 
(jiu^iir  phisirurs  provinces  IVan^^nîscs.  Jran  ninr- 
rlia  roi  lire  lui  à  la  tét<!  de  cniatrc-viii^t  mille 
hommes  ,  cl  Ir  rencontra  ]>i T^s  ilc  Poitiers.  Ce  fut 
là  r]iie  se  doiiiia  cetfc  liataillo  mcnioraliln  où  lu 
valeur  et.riiahilek;  du  prince,  anglais,  oui  navnît 
que  huit  mille  hommes,  LVniporla  sur  le  coura^^e 
aveugle  de  son  ennemi.  Le  roi  Jean,  ([ui  se*  croyait 
sur  du  suerès,  fut  défait,  a])rès  une  inêlét!  san* 
fiante  ,  et  tomba  au  ])ouvoir  du  vaturpieur. 

Le  dauphin  c<mimandait  une  division  ,  qui  fut 
mise  eu  déroute  dès  le  premier  choc.  Les  oflieiers 
(pli  renlouraienl,  pour  cmivrir  la  hoiitt;  de  leur 
fuile,  rentraîiièreut  avec  eux,  sous  prët(?xtc  de 
•-sauver  respérance  de  Dlltat  :  on  lui  lit  de|iiiis  un 
crime  de  c(;tt<»  désertion  forcée,  et  cette  injuste 
préveniioii  ,  jointe  au  s<mv(!nir  de  ses  liaisons 
avec  h^  roi  de  Navarre  ,  no  fut  pas  le  moindre 
ohstaeh^  <{iril  eut  à  vaincre  pour  gagner  la  con- 
liance  des  Français. 

La  Fran(*e  élait  dans  la  consternation  In  plus 
profond(>  ;  privée  de  son  roi  ,  menacée  par 
rAii^Lais  victorieux  ,  recelant  dans  son  sein  le 
germe  des  dissensions  civiles,  elh;  n avait  pour 
appui  ([111111  priiic(;  à  pciiu;  âg(;  d(;  dix— neuf  uns , 
etcoiuiii  seiilrnieiit  par  des  faihh'sses. 

Mais  le  dauphin  va  hi(*nt(^t  forcer  h  Tcstimc  un 
peuph?  (pli  n'a  pu  (Micore  Tappriicier.  11  assemble 
les  états  générniix,  y  ])arle  av(*c  une  assurance 
jnodesti* ,  se  fait  coidirnu^r  le  titre  de  lieutenant 
g('n(raldu  royauni(s(pie  son  père  lui  avait  donné, 
(!l  demande  des  secours  (Vhonnn(?s  et  d'argent.  Au 
lion  d(*  songer  aux  moyens  de  sauv(T  la  France^ 
les  ('tais  ne  s'occupent  ([ue  dos  projets  de  réforme; 
ils  exigent  la  dcslitutiou  des  premiers  fonction-** 


miireâ  de  FEtat ,  de  cèta  îen  cmi  le  d^n'piœ.lBctiiSt • 
la*oUyë  les  cpnsèmer»  les  pins  sucs  et  les  pku" 
•fidèles.  L'évéque:  Roliert  Lecocq  ,    dé|iuté  dn'v 
clérgëy  et  Marcel,  prévôt  dés  'marchancU  9    iC^      . 
firent  remarquer  par  leur  insôléiïce  ;  ils  euretti:   ' 
Taudace  de  proposer  au  dauphin  tm  (conseil  comr- 
pos  '  de  yingfr-huit  membres  choisis  dakâ  les  trois^     '^ 
.,  ordres ,  sans  la  participation  duquel  '  il  ne  pottr^* 

I»  ;3rait  rien  faire  ;  ils  n'accordaicfnt  un  subside  qafk'  ' 
ces  condiikions  humiliantes  :   Qiarles  sentit  qite 
de  pareils  secours  seraient  trop  acheta  5  il  cou»'' 
gëdia  les  ëtats ,  sous  prf^texte  qu'il  ne  deyait  rien 
arrêter  sans  Tassentinient  du  rpi«  ■     '  ' 

Il  apprend  que  Fempereur  d'Allemagne  Char^     -- 
les  IV  y  son  oncle ,  et  des  légats  du  pape  s^sont 
rendus  à  Metz  pour  essa^r*^  rétablir  la  pèis- 
entre  la  France  et  TAngleterre.  Le  dauphin  Vy 
rend  ,  ^oins,  dads  l'espoir  d'un  accommodeiiaént  '  ^ 

-  aussi  difficile  à  conclure,  que  pour  '  laisser  à  ses 
partisans  le  soin  d'effectuer  en  son  absence  une 
mesure  dont  L'exéèution  aurait  pu  compromettre . 
son  autorité  s'il  eût  été  présent  ;  c'était4'altéira- 
tioii  des  monnaies  ,  opération  toujours  funeste, 
mais  que  les  circonstances  rendaient  indispensa- 
ble. Cependant  cette  dernière  ressource  devait 
lui  manquer  :  les  factieux ,  que  la  dissolution  des  - 
états  avait  déconcertés ,  saisirent  cette  occasion 
de  renouveler  leurs  clameurs  et  de  soulever  les 
Parisiens. 

De  retour  dans  la  capitale ,  le  dauphin  fit  man-  ^  - 
der  le  prévôt  des  marchands.  Cet  audacieux  dé-* 
magogue  se  présenta  devant  lui  avec  une  escorte  ^ 
et  lui  déclara  qu'aucun  secours  ne  lui  ^erait  ao* 
cordé  si  les  états  n'étaient  assemblés ,  et  s'il  ne 
consentait  préalablement  à  la  destitution  des 
fonctionnaires  proscrits  et  à  la  suppression  de  la  . 
notTvelle  monnaie.  Charles  jugea  qu'il  n'y  avait 
d'autre  partie  à  prendre  que  de  céder  pour  uu 
Tome  II.  3o 


\^*  V  '  *  *  r       i  v  V/i»  '•  V»»  ^\    ,.  .Vaut..»  I  '- 

»-!;''^'r.n'^''";":;i  ^•^vv;'\f^:.i.•...- 
V'"*'        ii.ivt.»l  ■•>"'''"•  ,.,    iiin\>'"".,    ,,ui  II* 

";,::"'■■' .•^ii::''::::lv.--;';:.;;;t';:\.-' 

l     t,    .»^'"V»'"\  .;,,..,u.il    \'>  V\   ,..,   \rs  a.^V 


CHAMJSS  ▼/      -  ^        tSS      - 

iafrtictii^iix  ^  car  le  prince  se  Mta  de  Tereiàrj 
à  Pfàîs  3  à  la  prière  des  clie&  de  la  cabale*  Anirtia 
par  ce  qui  s'était  passé  au  Loayre  crae  ce  qaHIa 
^yaîent^is  pour  de  la  faiblesse  notait  cbês  le' 
daupbin  'qaWé  adroite  rësenre  9  ils  avaient  t^' 
fiolu  de  couvrir  leurs  pernicieux  desseins  d*im  voile    ' 
impénétrable.  iM  députa  qu'Sb  lui  envoyèrent^   ^ 
pour,  solliciter  sou  retour  étaient  dur^  â^  ki 
laire  mille  offres  de  Service.  Ils  n'annoifigaient''    * 
plus   diusolentes    prétentions  ;    ils  suppliaient.^  • 
Charles  se  laissa  séduire  par  ces  protèstatioiA^  il 
revint  ;  mais  dès  des  premiers  jours  de  son  arrivée- 
il  n'eut  pas  de  peine  à  reconnaître  le  peu  dé'sia^ 
cérlté  de  Marcel.  Sommés  d'éiécuter  tes  proine»»    . 
ces  qu'ils  avaient  faites  au  nom  des  Parisietis  ,  ils  '    - 
répondirent  qu'ils  ne  pouvai^it  rien  décider  me* 
les  états  du  royaume  ne  fussentconvoqnés*  Ghànes 
était  retombé  dans  ime  situation  irtie  pôovoii^  rien*     - 
refuser;  il  indiqua  l'assemblée  pour  le  7 novembre* 
^de  cette  année  i357.  Mais  un  nouvel  incident  allait 
mettre  le  comble  à  son  embarras. 

Charles   le  Mauvais  ,  arrêté  par  le  roi  Jean*, 
quelque  temps  ayant  la  bataille  de  Poitiers ,  était 
eu  prison  depuis  vingt  mois.  Les  factieux  persér- 
cutciieut  le  dauphin  pour  obtenir  sa  délivrance  ; 
mais  il  se  gardait  bien  de  céder  à  leurs  importu— 
nités  ;   le  roi  de  Navarre  était  un  ennemi  trop 
dangereux.  Toup  à  coup  on  apprend  qu'il  est  en 
liberté  ;  il  paraît  certain  que  les  factieux  ont  fa- 
vorisé son  évasion.  Marcel  et  Lecocq,  plus  insolens 
que  jamais ,  Forcent  le  dauphin  à  lui  donner  un 
sauf  conduit.    Charles  le  Mauvais  se  bâte  d'en 
profiter  ;  il  vole  à  Paris  ,  résolu  de  se  foire  nom- 
mer roi  de  France  à  la  faveur  de  l'anarchie.  Une 
multitude  de  scélérats  accourent  sur  les  pas  de  ce 
prince ,  qui  s'est  déclaré  le  protecteur  du  crime.  Il 
entre  dans  la  ville  suivi  de  cet  infâme  cortège",  au- 
quel se  sont  joints  l'évêque  de  Paris,  Marcel  et  ses 


il    llJtl -II:.,'.!»*' i*    j''««ii*     !'■  I»  :.<:■  ll:«j'H**'      y    :i'\tl',\*'    - 

*  I.  liij  liijl  lui  {'i!iL  ^i"'  '•  '  "  •'•.;i>  ;•«]'.'  :  .  V.'  :  «  :  :  '- 

lij  il  |î  ••  ;iinti'»i';  -  î  ;:l  i'  J  i  •  ".  j-j  ."■#•  '.j-j:;f  «î»  *:  u  .  '  - 
\;ii-î  1/  ;»iif  liii'f.-^  <!'.  J  jM  »  '■  fi*! ..  \  '.ji  -^t  ».)«•/  f  *'...•  •  *  ^ 
<  ;.|ili  V  lit  .  i^'- «l;i:j/i:;/i  *\\-\\\.\\\  ■  rw:i  i!i"  »_».:•';  i;.  ; 
jj  :i  -lî  piJ-fulrr-  -iir  lt:i  n:i.-,-*.'i  .t.;  iitfn.-^u*  tf 
t.'iii  «  ijii'-ijji  :   «^1   [••.NMiff  i/i'ir'i/*'    j  iii-><l«  lic.f.'  *io 

Lh  «lajiil.i  ïl  iiji»-  iiiâ'jj.'  *i\ii«  ]'  fit  f'ir;i^  î.*:r 
îi  uitt-  il]»]».'!!  «  iiu-  i  «  •  i-iii  lij.ilioii  ;»>«r  If  i  j,i  ïû* 
r^-iivîti  I  *  ,    L*  s»  r<  i!  •.   f  ■  iiur  «»  «      \  =  :  •  .jt  .  <  f  i.  a;,^!*  — 

ÏMlt      j'il!-J'  I;.    .     »0,"-      '••.';:.■     .      i>    i."-     l'Il      f*<'     I  f  -> 

J<  il'. ,  i  i.i'i  '!i  .'  '  i  .  »  t  '  'il'  '.  Il"  \t  i  (  nl|••■.'- 
^^l•.  ':.  «  I  )•■,'•'!  •  •  .'  I.'  l'.'iu'.t  ;!\if  l;f« jt;«'i!«' 
■»i  i.ii    •'  c  f  •  !■  .,  .    M  »     î    Cl   •  1  •  Il \ ;•.■_«    ji:t    "i    \  J •.»!•■  il 

•  'i.f  il-  (.,  I  J.  ..  .  I  ..  ...  :  r':'  !•  <.  m.,  il  -«  i  l  ij-.>  r'hr  >  .  îj  t.  , 
4  f  c  ♦•'! -M  \îi  '  /'  !'  I  %'  J.':»'  Î.MÇii.r  fir  rji'i  t..  •.  "iî 
iii  .â'ii'/.:  !'  »  «ii.r  .«>ji  -'  :jj  f  oiijj.'i  c!<-  «  i  i'\::  f 
M.l  ;h  I'  î  Ir    ^î  .  ■•..li .  :    •:!.••»  il    ;i\  >iif   yi  i^    «ii  >   iik  - 

T  l;l  ^  •    •  1       '  «  ■  f  :«   •.  r  I    «1     ..',;  (  ..   1,1. UJ'   I  «  M-i  lAt  t  .    «|l  t 

jj  .it'.i  I J  II.»  •■•■  ri.-      ■    « '.I .  ;jri<  î  I". 

iiJM.i'.l  i'  •  r'  I  i.:!i  j-.iix  (|[ii  r  fiili;in»r'  nnn  îiii- 
ti;  î  f  .  }i'  jj,i  «1<-  *•.•.;.;/<  •  o;  f  f'i-  I';::  j-»  .  ir'\r-  fi'-g 
jiM.|M  ,    (!;iii>  1  :.i'<  liiiiifi   d  ;itf:iijiir  f* 'jf    cli'iiipljiii  : 

•  »in;-M  i\(  i/ii  <«:!<'  li'iiiiu-  (!(  •  d]  t\its  pf>iii"  as— 
;.l!ii.|f  I  <!(  .  Ijii:.iii>  I  (!<iMii!-.>.  J,f-%  f'iif-fif  ii\  f'f  i- 
j'.K  ni  *''  i'î'i  '  fjiir  cfl  ;ii  iiji  iii^'Jil  sp  j)i  «'jiiilf.' 
^'ilif:«  Mi\.  Lii  Niiili  le  juilirc  JcH  cisslllf  ifr;  la 
':,',iii;/«'  (U:  ;w  -.  l'àlf-iitious  :  ijr-ii  lifr  |if.'lll  calllIPr 
i»  h:      ii»«|'  i«'li:(ir-<;   <-.îi)iiil(:('S  ;    ils    fouJ    î^iixdr'l'   h% 

%,:^i  II  ', i\f  |:i  \ ilic  .  (  I  jr  liisciif  (le  lui>i>(T c'utrer  les 

J  .  t}\i>  '  >  (jii  allf  ij(l  If  (litii{)ljiii.  ^ 

\'.i,«il  II  ioiijj,}i;iit  ;  il  Cl  lit  ili'voir  s'îjfTraiicliîr 

r.i'   i  <,(:!(•  coijlt  iiijli'f  f'I  Sf!  (IccliU  (rf  IlilIltr'JIK'Ill  |JOUr 

\'-  I    :  f.'f  \:r, ill  M'.  ÏMifiii .  |)()ii]- clfniiifr  ?i   sa  fîir- 
lî'  .1    «.J.  iur  û  juilq.i  lifiajACc/j  il  lit  j»oi  ter  à  sts 


,     .  CHARLES  V.      ^       ^^  357 

rtisatis  un 'chapeau  rouge  et  Lieu':  tout  Parti 
vit  leur  exemple;  niais  le  recteur^-de  TUai-» 
râite  défendit  aux  jétudiàns  et  aux  docteurs  de  1 
^n^Ire  cette  marque  de  faction  :  un  |)areil  trait 
t  honneur  à  ce  corps  respectahle.  *  '  >    ^ 

Le  dauphin,  menace  de  toutes  parts  9  faisait 
antiles  eftbrts  pour  conjurer  ForÉge.  L'ëvêque 
Làon ,  soutenu  par  Marcel ,  s'ëtoit  lAis  à  la 
e  du  conseil.    Charles  avait  hesoin  ilè  toute  ; 
prudence  et-  de  toute  sa  fermeté  pouf  ne  pa«  ' 
nher  dans  les  pièges  que  lui  tendait  à  chaque     ' 
tant  ce  prêtre  séditieux;  il  sentait  que  les  Pa—  ,' 
iens  n  étaient  si   animés  contre  lui  que  jiflrce 
on  leur  représentait  sa  conduite  et  ses  intcii— 
ns  sous  les  couleurs  les  plus  fausses*  DansJat- 
e  de  regagner  TafFection  de  ce  peuple  i^ij^ 
r  les  factieux ,  il  annonça  qu^il  se  rendrait  aux 
lies    pour  faire  lui-même   son  apologie.  Eur 
in  Marcel  et  Lecoq  voulurent  Fèn  dissuader;  - 
urles  persista ,  et  se  rendit  presque  sans  suitf;  - 
lieu  indiqué.  Cette  première  marque  de  con— 
ace  de  la  part  du  dauphin  fit  impression  sur 
populace,  et  la  disposa  à  l'écouter  favorahle- 
•nt.  Le  prince ,  dans  un  discours  simple  et  tou- 
■mt,    justifia  sa  conduite  avec  dignité;  puis,* 
rès  avoir  témoigné  les  sentimens  les  plus  pa- 
nek    à  ce    peuple   qui    Tavait  méconnu ,  il 
»utâ  :  «  Je  veux  vivre  et  mourir  avec  vdus  , 
Parisiens  ;   fermez  l'oreille  à  des  suggestions 
perfides  5  et  jetez -vous  avec  confiance  dans 
les  hras  de  votre  prince  légitimé ,  qui  vous  re- 
gardera toujours  comme  ses  enfans.   »  Tous 
coeurs  sont  émus.  Vive  notre  dauykin!  Nous 
i  obéirons  y  s'écne-t-on  de  toutes  parts.  Chailes 
retire;  il  est  reconduit  en  triomphe;  son  cœur 
laîtà  la  joie  ,  à  la  plus  douce  espérance.  Marcel 
;es  complices  sont  consternés, 
1  importait  à  ce  chef  de  faction  de  ramener 


358  CH.U\LES  V. 

le  p(  uple  à  son  pai  ti  ;  il  le  tuit  a^mbler  le  Ion-' 
clnimiii  à  Suiiit-Jac(j[iir>s*rU6pîial«  Le  danpliiu, 
inroriJic  de  0^*116  ciéiiiarciie  »  s'y  rend  auisitôU 
J(  au  (le  Donuaiit,  sou  chancelier  9  porte  poarlnî 
la  paiolc  ,  (.1  plaide  la  cause  du  prîuce  avec 
l'tialcur  :  le  peuple  l'écoute  iaToralilement.  Vii 
<les  r.éililieux  veut  piuier  àëou  tour  ;  un  murnui-e 
uuiveisel  lui  impose  bileuce.  Charles  se  retire; 
il  Cl  oit  avoir  acquis  pour  jamais  la  faveur  po- 
,  ])uhiire.  Mais  qui  p<  ut  compter  sur  les  caprie» 
il(>  la  multitude  !  A  peiue  «'st-îl  parti ,  qu'un  d» 
mutins  prend  la  pajoie;  Marcel  se  montre;  toit 
chaude  vu  un  nionu  ut  ;  les  Parisiens  ont  em* 
LrasM*  h  parti  dt  Marcel. 

Cliailcs.  (iaiis  la  vue  d'intimider  letfactieaif 
avait  l'iiit  jé;>an(lie  le  hiitit  du  prochain  retonr 
du  roi;  mais  les  (  uiieiuis  du  Gouyernement,^! 
eiilretiiiiii'itl  dis  liaisons  secictes  avec  rAncle* 
t.'iie,  éiaient  trep  j.ien  informés  de  œ  qui  M 
pass(:it  à  L<>udi(  s  ;  cette  sa^^e  piécautîon  du  dau* 
pJiin  d(rvint  iiiiilile. 

Lf  s  relielli  s  s«-  montrent  plus  audacieux  que 
jat.iaio.  PertpM^nv,  l'envoi  ë  du  roi  de  Nawre? 
a  i  iriiprudruee  (U*  reprocher  au  dauphin  l'mné' 
ciiiiou  l'ii  r!i  i-iiirr  tiai!é  couclu  enti'e  les  drA . 
yi  iiiees.  Un  Ja-  ':  ia,  parlant  au  nom  du  peofkf 
lui  (lit  insolMiiiiit  nt  qii  on  se  déclarerait  coatre  , 
lui  s  il  lie  satis'aiN^tit  ;)as  le  loi  de  Navam  saf 
toutes  ses  d(  mamîes.  u  Vous  n*avez  pas  tontditaf 
nrpreud  un  autre  moine ,  et  ce  diêrQicr  k 
ti\a  le  piince  avec  plu& d'insolence* 

Bientôt  le  .tan*^  coule  dans  l^risf  an  f^àtué^l 
dilieux.   Mai  cl    rassemhic   la   Ue   dn  pf'' 
marche  à  sa  tête  ,  et  entre  dau;^  le  pillais das 
))lilii.  Tous  les  oHieiers  tuient  ot  se  oispcfSCflL 
niaieehaux  de  (^jjanjpa^ne  et  de  NçroModit 
tent  ^f■uls  îh.!!;»'.-»  du  prince.  «  £n  Toolea-fv^       ^ 
»;  mu  virj  f  deuumdc  Clua*le;iaux  6éJitieaz«"S''fl^ 


1; 


CHARLES  V.  389 

«•  répond  Marcel  âyéc  apurançe  9  ne  Toos  eê^ 
ft  baissez  de  chose  que  vous  Toyes,  car  il  et€ 
«  ordonner*  et  convient  iqu'il  soit  ainsi*  sr  PuiA^ 
^'adressant  à  ses  satellites  ,   «  Allons  ,  dît*iil  9, 
«e  faites  eu  bref  ce  «  pourquoi  vous   êtes  tenuâ^ 
«  céans.  »  A  ces  mots  les  furieux  se  jettent  sur 
.  les    maréchaux  ;  ils  tombent   percéa  de'  mille 
-coups  ,  et  leur  sang  jaillît  sur  le  prince,  qui  ne 
doit  la  yie  qu  a  l'insolente  protection  du  prévôt 
-des  marchands.  '    -  -  .. 

Ce  scélérat ,  enhardi  Viu  crime  par  la  facilil4 
qu'il  trouve  à  le  commettre  9  se  rend  à  l'hôtel 
de  Ville  ,  harangue  le  peuple  ^  et  lui  vante  sont 
forfait  comme  un  acte  de  justice  t  on  l'applaudit* 
Fier  de  l'approbation  de  lamultitude ,  il  veut  èK— 
core  avoir  celle  du  daupliin,  se  présente  à  lui  de 
souveau  ,  et  la  réclame  avec  insolence*  Accablé 
pfir  tant  de  coups,  le  prince  n'a  pas  la  force  de- 
.  résister*  Dans  la  situation  oii  il  se  trouvait  uû 
refus  de  sa  part  eût  tout  perdu  sans  retour* 

Le  désordre  qui  régnait  dans  lar  capitale!  avait 
fini  par  se  communiquer  aux  provinces. 

Depuis  la  dernière  trêve ,  conclue  à  Bordeaux  , 
la  plupart  des  compagnies  qui  composaient  Its 
deux  armées  s'étaient  dispersées  dans  le  royaume^ 
et,  faisant  la  guerre  pour  subiûster,  portaient 

Sartout  la  désolation.  Plusieurs  de  ces  troupes 
e  brigands ,  favorisées  en  secret  par  le  roi  de 
Navarre ,  infestaient  les  environs  de  Paris.  Marcel 
▼oulut  profiter  de  ce  trouble  général  pour  faire 
entrer  dans  son  parti  les  autres  villes  de  la 
France  5  mais  elles  demeurèrent  fidèles  pour  la 
plupart ,  unique  ressource  qui  restât  au  dauphin 
dans  l'anéantissement  de  son  pouvoir. 

Enfin  ,  le  ao  janvier  i357  ,  parvenu  à  sa 
vingt- unième  année  ,  âge  où  finissait  alors  la 
minorité  de  nos  rois ,  il  se  présente  au  parle- 
weut^   et  s'y  fait  déclarer  régent  du  royaume. 


3^.1  (:j|y\l;ij:s  v. 

Dis  rc  Dioiitf'iil  l<Mis  h  s  arfi's  tUuain's  (in  Cion- 
\(i  iH  nu  ni.  M*  fircnl  iii  Sdn  noiii  ,  Siiii.s  (énoncer 
iiihi   (in   j'f)i  s(;n  prrr. 

H  iw  xiulail  |)lns  rlic  ii  la  merci  ilrs  l'aii- 
si:  ii>;  ii  h  échappa  «le  la  capitale,  cf  [Kircoiu  ni  If  S 
]»i  f)\  iiicf-s,  (pi  il  Ironva  «iaiis  les  nu  il!r  nies  dispc— 
siiinns.  La  convocation  (i(s  clafs  L'.<fn(:]anx  ii'i 
a\.-uf  mal  M'n>si  ;  il  ]>rii  le  parti  d  a.ss:.'jnhlcj- (l(  s 
ci-(> ->  partii  n!i<  i  s  :  ceux  dcf  (iljampa«^n(' ,  fcnns  à 
\  l'i  li:..,  (  i  Cl  i\\  (le  ritardie.  tenus  ii  (!oin))ièt^ne,  Ici 
ai  t-oi  (!•*':(  ni  hsscconis  (pi  il  deniaïuiail.  thi  loua 
.sa  {.iu(l(ntr  iernnt(?;  on  h?  renieicia  de  n'a\oir 
pas  (!('s(  sp('  (!  de  la  patrie.  Les  l*aiisiens  y  riiienf. 
}.(MUM  al(  ni(  nt.  Idatm.'s  ;  on  lui  oUVil.  ineiiie  dr  s 
M  cours  ..uiïi.sans  ponj  les  punir;  mais  Je  cltiiiphiii 
«'•laii  trop  .sii^c  pouj-  (aire  la  ^Mvin:  à  ses  snjels  ; 
il  promit,  st  ul(  incnt  de  ur.  pas  rentrer  dans  Ja 
capilalr  (juc  les  piiiuipan^  factieux  ii*eussMit. 
]wH  ir  la  peine  de  h  nis  crime  s.  (!ija(|iie  jour  îl 
%f.sail  «;iossir  je  noud«re  de  ses  ]>ai  îisiins  ;  de 
l'.i:l(S  pai  ts  la  nol)l(-ss(;  ven<iiL  se  ranger  an-* 
loii!'  de  lui. 

(!(  pendant  le  parti  des  relielles  d(;elin;iîl  seii- 
sihlenuiit.  (Jiai  1(  s  ai;it  alors  avec  aniaiil  fl(  vi~ 
^lieur  (jiu-  de  pru(lciu:c.  il  se  pi  esente  devant 
J'aris  à  la  t/rte  (Tune  arm<1«'  nond)rense  ;  assez 
loi  t.  pour  le  I  rendre  d  assaut.  ,  îl  îflf  cronlenle 
d  (  n  Jornu-r  le  !>lo(  us ,  voidaul  rlonner  aux  tialii- 
taus  le  t(  nips  de  se;  r(prnlii'.  Dans  cetUî  extrc- 
mi((;  Mai  Ci  I  ,  (jni  n(!  peiiL  espérer  (le  partioii, 
enirepiend  île  meltie  le  eoiiibU?  n  ^»^^  attentats. 
Il  va  lj(>uv(  r  le  loi  de  Navan<;,4in  cHail  à  Suint-' 
ï)(  nis  avifc  (piehpu s  troupes,  i^l  sVnj;a};e  à  l'iii- 
lu  i\n]n-  dans  l'aiis,  à  massacrer  tons  les  parli- 
s;ih.-.  du  M'-'cnt  ,  et  à  |(r  l'aire  cdUrouiKîr  roi  (Uî 
J  i;iii(c  par  lév('(pu'  de  Laon.  Le?  criiiKi  allait 
('•i!<-  cousonnuf*  sans  I(î  conr'ai;(î  d'un  gondrrux 
li.'ovf  11.  J»uu  Minllui'd  j  J'uu  des  capiUiiKS  de  la 


{çardLe  bonrjgeoise  >  8i*>7^^  da  jMnnpIojt  » 'lÉia 
Marcel  au  raornent  M  il  allait  Uexecisler.  JLa 
mort  du  chef  des  sëd^iieirf  Ait  aurv^e  de  la  dis-* 
persîoa  de  ses  complices  t0èxi  prompt  diâtî-*' . 
ment  de  plusieurs.  Les  nrisieiis ,  touchéi'  de  re- 
pentir,  envoient  une  dëputatioii  au.  rident»  ii|b- 
ploretit  sa  clânence ,  et  le  conjurent  /Pentrcf*  daitf 
leur  ville.  t 

Le  lendemain  il  s'j  rendit ,  accompagne  dfim  ' 
nombreux  cort^e  9  au  bruit  des  acclamation»  dn  ' 

Bmple ,  qui  se  portait  en  foule  sur  son  passage. 
n  bourgeois  eut  I  audace  de  lui  crier  :  «  Fàrdûea, 
«  sire,  si  j'en  fasse  cru,  tous  n'y  fossiex  jà  fsf 
«  .trë;  mais  au  foirt  on  Jh  fera  peu  p^mr  voqs.»' 
Lé  comte  de  TancarYiIle ,  qui  précédait,  ta 
prince,  indigné  de  ce  propos ,  ^^rauait  dâà  Ttny 
celui  qui  l'avait  tenu  pouril'en  punir  sur  llieure  : 
Charles  le  ^retint ,  et  se  contenta  de  répondre  à 
cet  homme  avec  un  sonrire  de  mépris  :  «  On  ne 
«  vous  en  croira  pas,  beau  sire.  »  Ofee  felle  m<H^ 
dération  fît  plus  d'impression  sur  le  peuple  qite 
ne  l'aurait  pu  faire  la  punition  la  plus  sévère. 
Satisfait  du  prompt  retour  des  Parisiens  à  lem* 
'devoir,  Charles  donna  l'assurance  d'ensevelir 
dans  l'oubli  tout  ce  qui  s'était  passé  pendant  les 
troubles.  Cependant  il  était  des  coupables  dont; 
les  forfait^  ne  pouvaient  rester  inipunis  ;  le  ré<- 
ç^ent  les  excepta  du  pardon  général;  la  plupart 
étaient  évadés ,  et  le  peuple^  animé  par  Maillard, 
avait  déjk  fait  justice  des  autres. 

Ainsi  Charles  n'eut  pas  besoin  de  signaler  son 
entrée  dans  la  capitale  par  l'appareil  des  si^— 
plices.  Sa  bonté,  qui  ne  connaissait  point  de 
x>ornes ,  le  porta  à  remettre  aitf  femmes  et  aux 
enfans  des  condamnés  ude  partie  de  leurs  biens 
confisqués  ;  il  n'y  eut  pas  même  d'exception  pour 
la  veuve  de  Marcel. 
On  se  rappelle  que  l'assemblée  des  états  de 
Tome  U.  3i 


*N 


lA.'i"  l\iv;iit  ronhaiiil  dr  pnMioiiccr  la  (Irstlliitii^ii 
<!••  vlii^I-tli  ii\  olliriiMs,  fl6iil  li>  si'uJ  rriiiii*  était 
I  '.i|-  atlachi'iiu'iil  (i'(i|)  siiirrn*  aii\  iiitrirls  ilu 
1  i.iiil  et  à  1  InHiurur  du  .s()ii\ri'aiii.  Cliiarlo  si» 
rrprocliail  aiiiri'riniMit  cclir  itijiisticv  iViivi'i*  ,  ri 
s*r'f;)il  (ou JOUI';  |)2*iiinis  ilr  la  rr|)arf'r.  Snii  aiiU>- 
ri-r  (-(.lil  altuN  a^si'/.  iitVci  uiir  juiur  iic  plus  avoir 
V-  ri'iu's  à  (M  >  uiiMia^rnicii';  ([iic  1rs  nialiicurs  dm 
iruy-i  avairnl  coiiMuaudcsà  la  pi  mit  iii*r  ;  il  ptm- 
>ai(  utaiul''u:iui  >uî\rr  .sans  routraiud*  U'S  iiKiiivc- 
inrus  d«'  .s.i  ju>lirc'  c\  ilo  >ia  i;i*iu»n»siU' ;  aussi  sVin- 
pri'SNa-l-il  <!<•  rtMidn*  à  tf\s  roiirlioriu.iiri's  Iruis 
(  ii'iis  et  leurs  ilii;nil(*s.  \\\v  uiio  ordoiiuaiiri*  ipi'il 
\  inl  {tronoufiT  lui-niruic  au  parlrinout ,  il  drrlara 
«ju'il  i« -.lilu.iit  ,</•»  lh'ri<  ri Jtilt'/rs  .\ujrt.\  en  leurs 
t,:f'  t'f  rrîîoiiiTnct'y  :  v\  Charles,  pour.  lUiniu^r 
plus  «rrrial  à  n  lit*  rrparalitui ,  lil  si^uilîiM*  sou 
ordi.'MU  \\\vr  à   (f.us  les  souverains  de  l  l:luro|>e. 

('.r|i<'ud.iiit  !•>  roi  de  Na\arre,  ouh't*  de  voir  ses 
\   rupllees   i*liàli(-s  ou  reduils   au  siU*nee  dans   la 

•  .  pil.de  .  pi'oli  s(a  ipi'il  n'aurait  jamais  de  paix 
..N  I-  le  'e^eni.  Dans  sa  liin'ur,  il  rassenilila  des 
t>.(.>s(!e  ton<;  entes,  envoya  dt'iier  ieilaupliiu* 
I  l.i.jiia  \\\v\<  par  L'ire  ri  par  eau,  el  appela  à 
x.ui  Si  (-0111 1  Uoiu-rl  Ivnolles  ,  fameux  capitaiuf* 
a'i  ;l.iis. 

('.  hii-ei,  iioiiolntaiil  la  t'vve .  faisait  d'hor- 
ii!»lis  n\a.;is  diuis  la  (^iianipa^ue.  Xprès  avoir 
lait  iMte  teiilali\e  iiiulile  eoiide  la  \illede  Tri>ves« 
il  joi^îiil  !«•  .\  ivarr«»is,  dans  ri'S|>eraneo  de  piller 
l'.i.is.  I.'n'.jiit  aurai!  bien  drsire  aller  ù  Irur 
iriii'ontre  ei  ne  pas  ev)ioser  la  rapitali:  aux  dé- 
■..•,'î(s  d'un  sie^e:  mais  il  enu!;n.iiL  cpn:  les  iiai^ 
\'.->-\\>  >'er<l>  «|u*}'  etiusirvail  «'ueore  le  roi  do 
':\.irrr    lie    prolilass.'n!    «le    stm    alis«:nee   pour 

•  .  '!•!  !•  r  ee  «lan_;c'reM\  euueu}i.  Ca'peudaut  tout 
I.    i<>\  irnif  «lait   I  11  proii'  à  la  fun*ur  i\vs   ^eiis 

•:e.    l  II  \11U    de  Taris  rcduKc  à  la  uei^ 


-CHARLES  v:  â» 

nière  disette.  H  d^pcmAdff  dtt'jfoi  dé']i|ftVarre  dé' 
porter  le  coup  mortel  &  la  Friàicé  ;  mafs^tse'priiice,' 

Ear  une  de  ces  mconséquenoeé  qui  firent  toujoûré 
1  base  de  sa  conduite,  parut  abandonner  ses  cou* 
pables  projets  au  moment  o&  leur  succès  paiïûs-t 
sait  le  pins  assure.  Il  fit  sa  paix  âY^  le  danpbin  «r 
^t  le  rendit  p^tcr  ainsi  dire  IWI^ftrè  de  jpresme 
toutes  ses  prétentions.  Cet  aecord  sattva  <&i^ , 
mais  ne  soulagea  point  les  ]^b<ÔTÎnceS9  carlinHipS^ 
nisons  qui  avaient  tenu  poW  leVoi  de  Navarre 
se  déclarèrent  pour  TAnglaîs,  afin  de  çio&tiiûieï* 
leurs,  brigandages.  On  ne  peut  douter  que  cette 
perfidie  ne  fôt  secrètement  avouée  bu  mêmcLCom^ 
mandé  par  Charles  le  Maiivaiife  * 

Ce  déluge  de  mauf^sansëesaë  renaisnaïH  sem--  ' 
blait  prêt  à  submerger  le  vaièéeati  cle*l'Etaî;niaI|L 
Cliarles  le  Sage  voilait  siir  }a¥rânce  :  ^^Ibblab^T 
à  un  Jiabilc.  pilote  T[ui  ^p^ur  détoumèï^%i  tein* 
péte,  sait  à  propos  céder  ou  résister  à  ses  coups , 
on  le  voyait 9  par  im  beuréui  melatk^^  dVdresse» 
de    condescendance  et  de  fermeté  9  souteuir  ce 
malheureux    jovaiime   contre  l'attente  de  tous. 
Eicntôt  la  guerre   ouverte  avec   l'Angleterre  va 
mettre  sa  sagesse  h.  de  nouvelles  épreuves. 

Le  roi  Jean,  ennuyé  de  sa  prison,  avait  fait 
avec  Edouard  iiu  traité  dont  les  conditions  étaient 
eapabJes  d'achevac  la  ruine  de  la  France.  Il  cé- 
dait en  toute  souveraineté  au  roi  d'AngleteiTc 
la  Nonnandie,  la'Guienne,  laSaiutonge,  le  Pé- 
jigord,  le  Querci,  le  Limousin,  le  Poitou,  l'An- 
jou ,  le  Maine ,  la  Ton  raine ,  et  d'autres  posses-^ 
sions  importantes.  Il  s'engageait  en  outre  à  payer 
quatre  millions  d  ecus  d'or  pour  sa  rançon.  Le 
li'ailé ,  signé  à  Londres  par  les  deux  rois ,  fiit  en- 
^  oyé  en  France  au  régent  pour  qu'il  le  ratifiât^ 
Charles  se  trouvait  dans  un  étrange  embarras  :  il 
lui  1  épugnait  de  souscrire  à  une  paix  si  désas- 
li'cuse^  il  ne  craignait  pas  moins  de  voir  mal 

3i* 


l 


:r.a  f:iiM\ij:s  v. 

).ili1r  (ViiiTrlrr  vr  firiiirr^doul.  1rs  faims  ('^alirmil 
i\iiiil)ilioM.  l'Mnii.'iril  III  «Hait  (li>;ii«'inriil.  stToiuiri 
|)ar  le  priiin*  dr  <«iill(\s  ,  mou  fils,  Kiiriioiiiiiir  In 
prince  uoii\  i^w  jciiur  Ih'h'oh  aviiil  IraviM'sr  eu  \uiii- 
i|iiriir  |ilnsirur.s  proviiicrK  IVaii^NiiHi's.  Jrnii  inar-- 
rli:i  coiitn?  lui  \\  la  Irir  di*  llnut.I*(*-vill^l  mille 
lioiiiiiirs  ,  ri  Ir  rriu'oiilra  picVs  nt!  INiitiri's»  (!i>riit 
là  (|ur  M'  donna  vv\\k\  lialaillr  iiiriiioialdr  ciii  lu 
valeur  rl.riiahilrUi  du  priuri!  anglais,  qui  u avait 
ipu*  Iniil.  uilllr  liouiiucs,  IVuipnrla  sur  le*  conrii^o 
uvfMi^lr  dr  son  rnnruii.  Le  roi  Ji'au,  (piî  S(*  rni^  ait 
MU*  du  su(*('rs,  tut.  dri'ail,  apirs  uni*  niiMri;  8Uii« 
piaule  ,  et  loinha  au  pouvf>ii*  du  vaiuipu'ur* 

l««'  diiupiiiii  roniiuaiulail  uur  division  ,  «piî  fut 
mise  f*n  dri'ouir  drs  \v  prrnii(>r  rhoi*.  Les  onicifiii 
ipii  rrnloniaicnl ,  pour  couvrir  la  honti'  dr  leur 
l'iiilr,  rciitraiiirrruL  avrr  (Mi\  ,  sous  |>rt*t(*\tiMlfï 
-sauver  IrspcMaucr  dr  ri'llal.  :  (ui  Itii  iil  d(*puis  uu 
rriuic  dr  rrtir  df'srition  Ioitcv,  ri  frlto  îujustu 
]U'('vrnlion  ,  jointr  au  souveuir  dr  m*s  liaisouM 
avec  Ir  roi  de  N.ivarrc*  ,  lu^  fui  pas  Ir  iii(»iudi*n 
ohstacir  «pi  il  rui  \\  vaincrr  pcuir  ^a^an*  lu  ruu- 
lianrr  drs  l''t'aiu'ais. 

■ 

La  l''ranrc  riail.  dans  la  conslmuiliou  lii  ]>luii 
)roiiHidr  ;  pri\(>o  d(*  son  roi  ,  nuMUUTr  par 
-''An^lais  vielorirnx  ,  rrerlaut  dans  hou  sriu  lo 
^cruH*  drs  dissensions  civiles,  elle  n'avaif  |Muir 
ïi|)pui  ([u'un  prinei?  à  peine  â^e  de  dix— ueuTanSi 
tri.  eoiuju  seuleineni  par  des  faiblesses. 

Mais  ledau|)liin  va  hienlôt  foreer  [^  IVsliuifî  un 
peuple  i|ni  n'a  pu  eiieoit»  lappideier.  11  assenddu 
lert  états  ^énf'iaux,  v  parle  avee  une  nssuriiiu^n 
fuodesie  ,  si;  riiit  eonliruu'r  le  litre  de  lieuleuaut 
gênerai  du  i'(»yauiiie,(pu*  son  père  lui  avuit.  doiiui^, 
et  deiuaiule  des  seeours  d'IioiiMuest^t  (rar^ent.  Au 
lieu  de  souder  aux  uuiyeus  de  sauver  I»  FriiiiCf?^ 
les  états  ne  s'oeeupent  tpie  des  projeliidc!  rôlurine; 
ils  ex  1^(^111  lu  deslituliuu  des  preuiicrs  luucliun^ 


l 


cir\RLF,s  v;  .tri.T 

rtiircixli'  l'Klut,  (1r  ceux  cii  niii  le  rlniipliiii  avait 
roiiyÉ  U«  roiiM-ili.'nt  l.'s  pU  »Ûr>  H  U-n  plu^ 
iJèU».  Lev^fiiiP  Kuliiit  L.iu«-q  ,  «leputii  <lu 
ilerg*!.  rt  Miinvl ,  jin-vM  des  iiiafi-huriiU  ,  se 
irf.ut  rfnuin{u(-r  pue  leur  itiunlriict^  j  '1*  "'urimt 
audacf  de  proposer  im  dim^iliiii  un  coiix'-il  coia- 
HJM  àc  vii)gH>uit  iRPiiitirt-B  clioisiti  tlaiiB  loa  troï» 
inire»,  bbiu  1h  purLicipalton  duquel  iluupour- 
wt  rino  ('ttirr<  ;  iIk  ii'iiocorduimt  un  «ubaide  qii'h 
i«A  i-onditiuns  liuniilimitea  :  ChcirlM  irntit  (pie 
iKpnrrils  wcuitn>  fteiuient  trop  Hcliutd*  l  il  con- 
;wîil  Irt(  états ,  nour  pr'^lcitn  qu'it  ne  dt<vtût  rîon 
irr Abrr  sau»  run-ti-iiliiiimil  Ju  roi. 

Il  apprend  que  ri'ii)|H'rrur  d'Allmm^iie  Clinr- 
c»  IV  ,  ton  oncle  ,  et  de»  U■ç^Rt»  du  ihibi'  ku  dont 
Yrulas  h  Metx  pour  eKovei*  de  ri'tnJilir  \a  pais 
inti-t?  In  i'niticc  et  l'Angle  terre.  Lo  daii[4iia  «'y 
Viu] .  jii"inH  diiiiK  Teiipuîr  d'un  accomiuo dément 
Ul»»!  dillii:ile  .'i  coiielun: .  (pie  pour  luixM-r  ii  ne» 
ftortitaiiB  Ut  soId  d'cflectuvr  en  ton  alMcticc  une 
itMiue  dont  L'exfkution  aurait  pu  compromettra 
WMI  «utoritfi  s'il  eût  dt^  pr^ueiit;  e'était  r»lt^ra- 
Lion  de*  inoriiiiiieH  ,  opeiulioii  liiUJ'>iiM' l'iiiii'Sie, 
tniiis  que  les  eirconHtanceit  rendaient  înifispenM— 
l>Ie.  Cepeiidiiiit  ccrllc  dernière  ressource  devait 
lui  m:i)iquer  :  les  t)irtii>u\  ,  «pic  la  dissolution  des 
l'tib  uviiil  ilirujicertes  ,  saihiccnt  cette  occadon 
de  lenouvi'li'i'  leurs  claïucurti  et  de  soulever  IcH 

Dii'-lo'ir  il.-ui»lit  eilpitnle.'lediiupliinfitmnn-  ■ 
der  le  piév.M  d.s  luiircliand».  Cet  audacieux  dé- 
nitif^oKiie  se  pr'éseritii  devniit  lui  avec  une  escorte, 
el  lui  (léi'liii'ii  (juaiicun  secours  ne  lui  serait  dc« 
cordi!  si  li'H  étals  nelïiii'ut  atkieiiibUs ,  et  s'il  na 
cdiisriiliiit  préiiliililenieiit  a  la  destitution  des 
runctioiiiiaii'i'H  priiitents  et  à  la  suppression  de  la 
uouvi'llc  uionnaie.  C  lui  ries  ju^ea  qu'il  n'y  avait 
d'iiulif   iiiirliu  it  prendre  que  d«  céder  pour  uu 

■n,Jii.      '         ^  ^3, 


.354  CHARLES  V. 

temps  ;  il  souscrivit  à  tout  :'les  états  lui  accorde* 
rcnt  un  sul)si(lr.  Murccl  et  ses  fauteurs  se  réser- 
\èreut  la  pcicrptiua  dv  cet  impôt  ;  tout  clans  en 
{vouv ornement  (levait  se  faire  ])ar  leur  cqum  il  ;  ils 
lie  laissèrent  au  daupliin  qu'une  ombre  d'autoi  i(c* 

Cep(*n(lant  le  roi  prisonni(T,  ayant  conclu  avrt! 
Edouaid  une  liève  de  deux  ans,  avaitenvo\éh 
son  fils  Turdie  de  suspendre  la  levée  du  suhbide 
accoi  dé  par  les  éfats.  Cette  défense  contrariait  1rs 
factieux,  ({ui  coniptiiient  s'enrichir  aux  dépens  du 
public  ;  ils  en  lu  eut  lui  ci^ime  au  dauphin ,  et 
trouvèrent  moyen  de  mettre  le  peuple  de  leur 
parti.  La  suppression  de  ce  subside  était,  disaient-' 
ils,  un  attentat  aux  droits  de  la  nation;  et  tel  était 
raveu^lement  des  Parisiens  ,  quils  demaiidèrenth 
farauds  cris  le  i  établissement  de  Timpot  cjui  les 
écrasait. 

Ils  ouvrirent  enfm  les  yeux,  et  s'aperçurent 
que  Mai  cri  et  ses  adhifrens,  très-rigoureux  clans  la 
percîeplion  du  su))side,  en  faisaient  ime  dila])ida- 
tion  scandaleuse.  On  devait  remployer  à  soudoyer 
d(»s  lr<>np(\s  pouj'  la  défense  de  la  vdle  <  et  cepen- 
dant <Ie.<  bandes  navaroises  infestaient  impuné- 
ment les  environs.  On  commença  à  murmnier 
ronire  le  ]»révôt  des  marchands ,  et  chaque  jour 
voyait  diminuer  le  nombre  et  la  confiance  de  se» 
pai  tisans.  Attentif  à  proiiter  des  continuelles  In- 
consé(|uenees  de  s^s  ennemis  ,  Chailcs  saisit  cette 
<)ccasio(i  pour  essayer  de  secou(»r  le  joug  de  ses 
tyrans.  11  fait  venir  au  Louvre  Marcel  et  les  chefs 
<le  la  faction  ;  pour  la  premièix;  fois  il  leur  paile 
III  maitn',  et  cléclare  qu'il  reut  gouverner  seul  : 
Marcel,  terrassé  par  cette  résolution  soudaiue» 
jironn^t  de  se  soumeltix'. 

Lr,<luuphiu  profila  de  cet  intervalle  de  tran- 
<{uilJité  pour  parcourir  les  principales  villes  de 
France  ,  comptant  ([ue  sa  présence  les  disposerait 
à  lui  iiomuir  des  jsccours.  11  pivjaît  que  ce  voyage 


CHARLES  T.  ■  3r.5 

fui  iiift  u<'lii<:us  ,  cnr  la  initier  w.  Iiâtu  ih  icvcMiii- 
.   h  PoH» ,  il  U  prière  des  cliff*  de  la  ciibnU'.  Avn-li» 
par  ce  tjuis'dtjiit  pBâw!  au  Louvre  (rue  ce  qu'ila       1 
Qvnieut  pris  pnur  de  lu  l'uiblc^ae  n'était  chri  le 
'    (lau|iliin  qu'une  adroite  reiierve ,  ils  avnÎL'nt  ré~ 
«oludccouvrb- leurs  pernicieux  desseins  (l'un  voîlt' 
' imp^iidtralile.  LÀ  députés  qu'ils  lui  cnroyh'cnt      .\ 
'   pour  Rdllicitirr  sou  retour  étaient  chargés  dt^lui       j 
I    fuire  niillo  oflres  de  Service.  Ils  n'aimun^iuierit       i 
<    plus   d'insolentes    préteiiUous  i    ils  suppliaient. 

CharW  se  laissa  séduire  jmr  ces  pro testa t ioiiï  ;  il  , 
I  revint;  mnisdèsJcspremiei-i  juurside  son  arrivée  | 
il  n'eut  pas  de  peine  à  r««onn:iitre  le  peu  de  niu—  I 
céiûtd  de  Marcel.  Sommes  d'eïéeuter  les  pi-omes- 
«es  qu'ils  avaient  faites  au  nom  des  Piiiiniens  ,  ils  ' 
'     l'iipoiulirent  qu'ils  ne  pouvaient  rien  décider  mts 

Icsétitt»  duroyaumcneiussentconvoqués.  Cltorie*      , 
1/   tftiûtreloml>édnugunesitualtoahiicpouvoiri'ien 
I*    rcl'uieri  il  indiqua  l'ussemldéc  pour  le /novembre      | 
-^deisetteauDée  j357.Maisnn  nouvel  incident  allait     ; 
'   nettre  le  comble  à  son  embarras.  y 

Chnrlrs  le  Mauvais  ,  arrêté  par  le  roî  ïean'.  ' 
qiicltinc  li'iiips  iiYiint  lu  liiilailJede  l'oltîers,  étiiit 
en  pi'îsork  depuis  vingt  mois.  Los  factieux  perse— 
eutiiientle  daupliin  pour  obtenir  sa  délivrance; 
mais  il  se  ^iu'dait  bien  de  céder  à  leurs  importu— 
niles  ;  le  mi  de  Navarre  était  un  ennemi  trop 
ilaiigeren\.  Tonp  à  coup  on  apprend  qu'il  «»t  en 
lilierté  ;  il  ])arait  certain  que  les  factieux  ont  fa- 
Torisé  son  évasion.  Marcel  et  Lccocq,  plus  insolens 
<{uc  jamais ,  forcent  le  daupliin  k  lui  donner  un 
sauf  couduit.  Ciiarles  le  Mauvais  se  hAte  d'en 
profiler }  il  vole  à  Paris  ,  résolu  de  se  faire  nom- 
mer roi  de  Franee  à  la  faveur  de  l'anarchie.  Une 
multitude  de  scélérats  accourent  sur  les  pas  de  ce 
priiicc! ,  tpii  s'est  déclaré  le  protecteur  du  crime.  Il 
entre  dans  la  ville  suiyide  cet  infâme  cortège,  au- 
<^uel  se  sont  jointe  revécue  de  Paris ,  Marcel  et  ses 


3S6  CIlAiaKS  V. 

|mr(isniis.  F.niprt'ssiMU»  l'alir  hrilUTsnnc^loqiirnrr, 
il  Imriiii};!!!' Ir  |u*iiplr  Ir  U-ndi^iiiiiiiuIf  sou  arriviV, 
«  I  lui  tail  1111  loii*;  (iisroiirs  dans  ltM|Url  ,ni'  rr|iiV*- 
5<*iitaiit  conmir  une  \  irliiiif  dv  la  l\  raniiir,  il  iiKru- 
«ii'il  Jcs  iiiitlllriirs  par  Ir  i*<vi(  |)atiirli<|tifMlrs  ntaii- 
^aisliailciiaMis  (|iril  pn'((Mulaviiirs(iiil1î*j-ls<laiis  >•■ 
taptivid*.  \éC  liaiipiiiii  «lissimnlc  son  in<li|;nali()ii  ; 
il  a  su  prrndri*  sur  lui  «rassisli*!*  an  Irioinplir  dr 
«on  t*iuu*nii  ;  sa  pr<  scnn*  uuidrrr  rin.solciur  do 
i*uraU*ur  ,  l't  ronlicnt  la  inultiludr. 

La  rrainir  (Tuiir  };ni  irr  civilr  Ir  lit  ronsrntir 
à  um*  appan-nio  M'*  t>nrillalion  uvit  Ir  roi  dt* 
Ma^niVr.  Lci»  di  u\  pi  inocs  sr  viniil,  ri  uiaiij;!*- 
mit  plusieurs  Tols  cuscudvle.  Dans  un  de  ces 
iestiiis  riieiilier  de  la  eouronnt*  Tuf.  eiupid- 
^ou"('«l'i  ii!al;^;e'  la  peonij'iilude  av<v  la<|uelle 
W  iiil  serouiii^  î'i  iVel  ilu  1  reuva{;e  lut  si  violent 
«[ue  U'daupliln  i  n  perdit  les  ouL'Jes  et  les  (*1u'veu\, 
A't  consena  (<Mile  <a  \ieuiH*  laii<;ueur  ffui  de\ait 
l'U  alii'j^er  le  eours.  On  snupeonna  d(M'rriinu' 
tlharles  le  Ma'iyais;  mais  il  a\Hit  pris  des  UU'~ 
^ures  si  seeièlis  et  si  suies  pour  rexeeutcr,  ipi« 
jamais  on  ne  pu.  !"  euuvainere. 

Jtientôt  las^e  ti  une  paix  <pii  eneliaîiif  Kon  nu- 
«li'.ee  ,  le  i*<m  de  Na\arn'  sort  de  Paiis  ,  lève  des 
lionpes  dans  l'iuti  iition  (rattaipUT'Ir  daupliiu  : 
veluî-ei  de  son  eôU*  donne  «les  ordres  poui*  as- 
^elnide^  des  Itonnncs  d*aruii\s.  \a'%  faetu'ux  fei- 
j;iU'nl  «I»'  eroiec  «pu'  eet  arnu-ment  so  prc'pnrr 
«iinlre  i  u\.  l'.n  >ain  le  ])i-in(M*  l(*s  asiitire  de  lu 
4lroi(uiM^  de  ses  intentions;  rien  ne  ])rul  raliiuM* 
jfi'urs  inquiétudes  siund<>i*s  ;  ils  loiil  ^iirdrr  1rs 
|ioi'lesil(*  la  \ille,et  rel'nseiit  de  laitôc*r  cutriT  les 
groupes  (pratteud  le  dauttiu'u.  ^ 

I  iMareel  Irimupliait  ;  il  erul.  devoir  K^iiffraiirlnr 
tle  toute  eontrainle  et,  S(*  drelarer  liauteiueul  pour 
je  i'\t\  de  ^avarre.  l'adiii ,  ]ioui'  donner  ^  sa  lae— 
Lion   un  air  d'iiule'penda^jicc ,  il  iil  porlcr  i^  stctf 


CIIAïlLES  V.  3Sr 

us  un  cliiippuii  roiiyt  et  Meii  :  tout  Paiii  • 
leur  cTtetnpli?  ;  ai\ih  le  rrrctt'ur  de  1  Uni-* 
dcfenilit  auxétiidiana  et  aux  docteurs  de 
e  cette  oiarque  de  faction  :  nti  pareil  trait 
ia«ur  h  ce  ftirpa  respectable, 
laupbioi -menace'  de  toutes  parts,  fuisaif 
les  cflorlB  pour  conjurer  l'orat^c.  L'evôtjue 
ta,  souteuu  par  Marcel,  s'était  mis  à  la 
I  conseil.  Charles  avait  hesuiu  de.  toute 
dence  et  de  toute  sa  t'ermeld  pour  ni!  pu*  ■ 
*  dans  les  pi^aes  ipie  luî  tendait  !i  cliaitue 
ce  prêtre  s<$iiitioui  ;  il  sentait  que  les  Fa— 
n'étaient  si  auîniés  contre  lui  que  pArce 
leur  reprëseulait  sa  conduite  ctsesinten- 
Dua  les  couleurs  les  plaa  fausses.  Dans  .la 
■r  regagner  l'alfection  de  ce  peuple  ^gfvçê 
'•  factieux,  il  acnonen  qu'î)  s*;  rendrait  aitx 
pour  faire  lui-même  son  apologii;.  Eu, 
[arcel  et  Lecoq  vouiurtnt  l'rn  dissuader; 
s  persista ,  et  se  rendit  presipe  suns  suite 
i  indiqué.  Celte  première  marque  de  cou- 
de la  part  du  dauphin  fit  impression  sur 
olace,  nt  In  disposa  îi  l'ëcoutir  Favofiiljlc- 
Le  priiitjc,  daus  un  discours  simple  et  tou- 
jusljfia  sa  conduite  avec  dignilé;  puis,' 
ivoir  téniiiignë  les  sentiiuens  les  plus  pa- 
à  ce  peuple  iini  l'avait  mdcounu ,  il 
:  "  Je  veux  vivre  et  mourir  avec  vous  , 
siens  ;  frrniez  l'oreille  'n  des  suggestions 
ides,  et  jctei-vous  avec  eonlianec  dans 
)ras  de  voire  prince  légitime ,  qui  vous  re- 
lera  toajuurs  comme  ses  enfans.  n  Tous 
urs  sont  «^iiius.  f^ive  notre  dau/Ain!  ]\'ous 
Hroiis,  s  eriic- t-tin  de  toutes  parts.  Charles 
re  ;  il  e^l  ri'conduîl  en  ti  iomphe  ;  son  cœur 
ï  la  joie  ,  à  la  plus  dnucc  espérance.  Marcel 
;omp]iees  sont  C'iiislenn^s. 
jqioi  tait  il  ce  chef  de  l'uctiou  de  ramener 


3:'>8  (:ii.AULF.s  y. 

\v  p<  ii])Io  h  5011  ))in(i  ;  ii  1<*  rail,  uiïsiinlilrr  le  lai— 
cicinaiii  à  Saii)i-Jii(M{iic8-nio|»ilah  Le*  ituupliiiit 
jului iiiii  (le  ci'llti  cléJuairlK! ,  s*y  rend  umsilôt* 
J(au  (io  Dunuuiil,  iiou  clmiutrlior,  purto  pour  lui 
la    ]iai-ol(*  ,   (  l  pluiil<^  la    raiiHf*   du  prince  ivri: 
rhainir  :  ic  peuple!  IVrouIr  iavorahirnicnt.  in 
i\vii  t.viWi'wux  veut  parlitr  liéou  Umrx  un  niunauru 
iiiiivcisfl  lui   impose  bil(Mic(*.  Churles  se  rflile; 
il  eioil  avoir  ac(jui.s  pour  jamais  lu  tHvrnr  iii)- 
,  pulaiie.  jMais  ipii  pt  ul  eompter  sur  l(*fl  i*uprici=» 
de  la  ninhitude  !  A  peiuc  est -il  parti ,  qu'un  di>s 
luutiiis  prend  la  paioie;  Marcel  se  niontrr  ;  i(i«l 
rliau^c  «n  nu  nionu  ul  ;  les  TaribieuB  oui  eiu« 
luasM!  l(  parti  d(  Mareel. 

(iljailrs,  dans  la  \ue  d'intimider  Iri  factioui^ 
avait,  fait  lepandie  le  hiiiildn  prochain  n'tonr 
du  rui  ;  mais  lis  (  nnemis  du  Cîouverneiurnl,qui 
enireli  iiaienl  lUs  liaisons  seeictes  avec  rAnpjle- 
Ix  1  le  ,  lilaient  trop  i.ien  informes  de  ce  qui  se 
passiiit  à  h<>nfli<s  ;  eelle  sage  piécautiou  du  dau- 
phin devint  iiintiU*. 

L(  s  rehellfs  si*  nionlrent  plus  andacieui  que 
jamais.  Teeipsii^nY  ,  Vvii\u\é.  du  roi  do  Navarre , 
a  1  inipruilf  n(*e  ite  repioelior  un  dauphin  1  ôiei^t^ 
eulicni   -Ju    <!<  rw'irv   traid^  couclu  eutie  IvA  «leux 

ÎMinees.  Un  Ja**:!  in,  parlant  au  nom  du  pêuplrv 
ni  (iil  insoii  m  nu  ut  i[u  ou  se  iléelurerait  contii: 
Jni  s  il  ne  satis'aisait  pas  ie  loi  de  Navarne  sur 
t(Mites  ses  d(  nnuiiies.  «  Vous  neuves  pas  toutdit»  y 
repj end  un  autre  moine  ,  et  ce  dernier  myec- 
li\a  le  primée  avee.  plus  d'iusolenci% 

liienlôt  ie  sanj;  e.oule  duiis  Paris, an  gnSdc^sé» 
ditieux.  Maie<'l  rassend)le  la  lie  du  peuple  y 
ma  relie  i\  sa  tête  ,  et  entre  dun:|  lo  palais  du  uau* 
])iiin.  Tons  les  oHieiers  iiuent  cl  Be  dis|>ersent«  Les 
mart^eliani  de  (lliampagne  et  de  Nvrnmndie  rcA- 
lent  seuls  auprès  du  prince.  «  Kn  yonlm^-vous  à . 
I?  ma  vic?deuiau(.lc  Cluu'h';iaux  bvJitieuXt-^iiirci 


r 

CHAR1.ES  V.  33<t 

1  n'iMiiiil   Marcel  avec  a.sf'urani-c ,  nu  toii»  ta- 
B  liiiiHsi'X  de  vlio8c  <{ue  vciiii  voycs  ,  cnr  il  r«t 

*  ortlonu^et  cotivieut  qu'il   soit  ninsi.  »  Puis, 

•  Bilrestiaiit  à  m-s  salcllil^s  ,   ■  Alloua  ,  <lit-il , 
'    »  fuitud   eu  bref  ce,  pourquoi  vous    étos  TCnii9 

«  k'dun».  H  A  ces  raoU  Ira  furieux  sr  jettent  Rur 

.    lu    iiiDiL^clinux  ;  iU  tombent    perces    de    mille 
coups  ,  et  leur  Gan|:<  jaillit  sur  le  princf  ,  (jiii  un 

"    doit  lu  vie  qu'à  LiutoUibU:  piotectloa  du  jiicvôt 

.    -dcM  toairliuuds. 

O  M'ëlérat ,  eiiliardi  ^u  crime  par  la  Tacililé 
qu'il  trouve  h  le  t omiuettie .  «■  rend  &  l'hôtf l 
de  Ville  ,  liaranguc  Iri  peuple  ,  et  lui  viuite  non 
forfait  comntf  lui  artr  do  justice  :  on  l'applnudil* 
Fier  de  1  approliatioii  de  la  multitude ,  iJ  *  put  en- 
core aroir  «-lie  du  duupliiu ,  m  pi  é^^iite  h  lut  de 
nouvfau  ,  et  la  idclamc  avrc  iiuoleacs.  Acrnldtf 
par  taot  do  coup»,  le  prince  u'a  pn*  la  forer  do 
r^ûster.   Dann  la  siluation  oJi  d  so  trouvait  ua 

<     refus  de  »a  part  eût  luut  perdu  mus  rclour< 
Le  désordie  i}ui  rëguait  duns  1»  capitale  avait 

Depuis  la  dernièri:  trêve ,  conclue  ^  Bordeaux , 
la  plupart  des  coiupag^uics  qui  oomnosaient  it» 
deux  aimées  s'dluiciit disperse'cs  dans  le  loj'aume, 
et ,  faisant  la  guerre  pour  suLsister ,  portaient 
partout  la  désolation.  Plusieurs  de  ces  troupes 
de  brigands ,  favorisées  eu  secret  par  le  roi  de 
NaviiiTC ,  iiifestuicut  les  environs  do  Paris.  MaixTol 
voulut  pruiiler  de  ce  trouble  géiiéi'al  pour  faite 
enti-er  dans  sou  parti  les  autres  villes  de  la 
France;  mais  elles  demeurèreut  fidèles  pour  la 

Slupart,  unifpie  ressource  qui  restât  au  dauphia 
ans  l'aiiéiuitissemeiit  de  son  pouvoir, 
liufin  ,  le  ao  janvier  i3^j  ,  parvenu  a  sa 
vingt-uiiièmo  aimée  ,  âge  où  finissait  alors  la 
minorité  de  nos  rois,  il  se  présente  au  parle— 
«>eut,  et  n'y  luit  déclarer  léycnt  du  royaume. 


36o  CJLM'JXS  V. 

Dos  0(»  inonuMit  tous  lissichs  c'iiianrs  ilii  Cou- 
'vt'i  lu  nu'iit  sr  tirent  cii  sou  iioin  ,   sans  t'iioiiar 
l'olni  (lu  roi  sou  porc. 

Il  ur  voulait  plus  êlro  à  la  inrrcî  ilrs  raii- 
siius;  il  sochappîi  dr  la  ca}»italo,  et  paivourut  los 
]>io\iucos^  (ju'il  trouva  dans  los  mrî[l(-uros(lîiî|H'- 
sitioMS.  ]^a  -(\)uvooatiou  dos  olats  ^ouéraux  lui 
avait  uial  roussi  ;  il  ]>ri(  le  parti  d  assoiublor  d(s 
étais  part  iouliors  :  oou\  do  Cliampa»;m» ,  tonus  à 
A  orlus,  (  t  oou\  i\v  Pioardio,  tonus  à  Conipioi»uo.  lui 
aooordoroiil  los  sooours  (piil  donuiiuluit.  On  loua 
sa  prudouto  loruiolo  ;  on  lo  rrni<TCÎa  de  n'avoir 
jias  dest^spo:  é  de  la  patrie.  Los  Parisiens  y  furent 
^euéralonirut  blâmés  ;  on  lui  oflrit  même  des 
sioours  sutlisans  pour  los  punir;  mais  le  dauphin 
litait  tr<»p  saj;o  pour  faire  In  pierre  h  ses  sujets; 
il  promit  st  ulouiout  de  ne  pas  rentrer  dans  la 
oa})italo  que  los  pi  inoipaux  faotieux  nVussMit 
jMulo  la  point»  dv  leurs  orinios.  Cliaque  jour  il 
>o\ait  j;iossir  le  uoud>ro  de  ws  partisans  ;  de 
ti.utis  paits  la  noblesse  venait  se  ranj;er  au- 
tour do  lui. 

Cï^pondant  le  parti  des  rebelles  déclinait  sen- 
sibl(*uu*nt.  Charles  atiit  alors  avec  autant  de  vi— 
Joueur  (]U(»  i\r  prudence.  Il  se  présiMite  flevant 
l*ai'is  à  la  tète  d'une  anuco  nombreuse;  assert 
foi  t  pour  lo  prendre  d'assaut  ,  il  rfl»  contente 
d  (U  fonuor  lo  blocus,  voulant  donner  aux  liabi- 
taus  lo  temps  do  S(»  l'opontir.  Dans  cetttî  extixi- 
mité  Marcel  ,  (]ui  no  peut  espérer  de  pardon  « 
enti'0])roud  de  mettre  û*  eomblo  h  ses  attentats. 
Il  \a  trouver  le  roi  do  Navam»,<iui  était  à  Saint* 
Di  nis  avec  cpu^lqucs  troupes ,  et  sVngaj»e  î^  Tin- 
troduiro  dans  Paris,  h  massacrer  tous  les  parti- 
sans du  régent  ,  <'t  à  lo  faire  couromier  roi  tle 
Franco  par  levocpu»  de»  Liion.  Li*  crime  allait 
ôtK»  oonsonnué  sans  le  courage  d'un  géndrenx 
ciloYt'u.  Jeun  Maillard,  l'un  dos  capilaims  de  la 


CHARLES  V.  36  r 

f^artle  boorgeuise  ,  instruit  du  complot ,  tua 
Miircel  au  moment  oîi  il  allait  l'esecutei-.  La 
mort  du  chef  des  séditieux  fut  suivie  de  lu  dîs- 
pci'ïiou  de  ses  complices  et  du  prompt  châti- 
ment de  plusieura.  Les  Parisiens ,  touchés  de  re-  ' 
pcntir,  euvoîcut  une  députation  au  ragent,  îiii-- 

tiloreiit  sa  clémence ,  et  le  conjurent  d'entrer  daos 
enr  ville. 

Le  lendemain  il  s'y  rendît ,  accompagné  d'un  ' 
nomhrenx  cortège ,  au  bruit  des  acclamations  du 

Eeuple  ,  qui  se  portait  en  foule  sur  son  piissuge. 
'«bourgeois  eut  l'audace  de  lui  crier  :  oPnrdîeu, 

■  sire,  si  j'en  fusse  cru,  tous  n'y  fussiez  jà  çu- 

■  tré  ;  mais  au  fort  on  ^  fera  peu  pour  vous.  » 
Le  comte  de  Tancamlle  ,  qui  précédait  le 
priuce,  indigné  de  ce  propos  ,  piquait  déji  vers 
celui  qui  l'avait  tenu  pourVen  punir  sur  TLeure  : 
Cburles  le  l-etint ,  et  se  contenta  de  répondre  k 
cet  bomme  avec  un  sourire  de  mépris  ;  a  On  ne 

■  vous  en  croira  pas,  beau  sire.  »  XJae  telle  rao-, 
'déralion  fit  plus  d'impression  sur  le  peuple  que 

ne  l'aurait  nu  fiiire  la  punition  la  plus  se'ïère. 
Satisfait  du  prompt  retour  des  l'iinaiciis  ù  leur 
-devoir,  Charles  donna  l'assurance  d'ensevelir 
dans  l'oubli  tout  ce  qui  s'était  passé  pendant  lea 
troubles.  Cependant  il  était  des  coupables  dont 
les  forfaits  ne  pouvaient  rester  impunis  ;  le  re- 
tient les  excepta  du  pardon  général;  la  plupart 
étaient  évadés,  et  le  peuple,  animé  par  Maillard} 
avait  déjit  fait  justice  des  autres. 

Ainsi  Charles  n^eut  pas  besoin  de  signaler  son 
entiée  dans  la  capitale  par  l'appareil  des  sup- 
plices. Sa  bonté,  qui  ne  connaissait  point  de 
nornes ,  le  porta  it  remettre  aoV  femmes  et  aux 
enfans  des  condamnés  ude  partie  de  leurs  biens 
con6squés  ;  il  n'y  eut  pas  même  d'exception  pour 
la  veuve  de  Marcel. 

On  se   rappelle  <fat  l'asseniblQe  des  états  do 
Tome  U.  3l 


3^2  CHAllLKS  V. 

i.i.">7  Taviiil  ronl.niiiil.  dr  proiionccrla  rlf*iifiliilirm 
flr  \iu^L-(lrii\  ollMMcrs,  fl6iiL  l(!  Kciil  rri un*  était 
Icnr  aftii('lir*iii('iit.  trop  siiicrn)  aux  îiitrirLs  du 
ri'lLiil,  (*t.  il  riiuiuirtir  (lu  Koiivt'iaiii»  (^iiarlos  sn 
rr>|ir(>('liai(.  aiiirrniirnl  ccllv.  iiijuHtirc;  forcc^r ,  vt 
sVfiiil.  toiiJDiirs  proini.s  dr.  la  irpurrr.  Son  aulo- 
rifé  (liait  alors  assez  alfci  iiii(?  |ioiir  im>  plus  avoir 
rroMirs  ù  CVS  iii(!iia{;rin(>ns  nitc  \vn  jiialliriirs  dvB 
temps  avaient,  eoniniaïuldsà  la  piiulcncr;  il  pcni- 
vail.  inainlciiant.  suivre  sans  eonLrainf.n  li*s  inouvo 
mens  de  sa  jnsliee  et,  de  sa  ^(inc^rfMild;  aiiHsi  soni- 
pressa-t-il  Ar  rendre?  ù  «.es  fonrlionnaires  jeui^s 
i'iens  (^1  l<:ni's  di;^niles.  l'ai'  nne  ordonnaiirr*  fiii*ij 
vinl  prononeer  lui-mên^;  au  parleinont,  il  ddelara 
cju'il  restituait,  cr.v  hans  vt  fidhlfs  ,sujt'Ls  en  limrs 
('lats  vt  rcm)}iwnU's  ;  (;t  Cljarlfts  ,  poiii:  dnnnrr 
plus  dVeiat  à  vv\W.  l'rparat.ion,  iil  Ki^iiiiicr  son 
r>:-dnnn:in(*e  à  Ions  les  souverains  do  i'Ûuru|N*. 

(iepend.nit  l(*  roi  d(r  JNavarre,  onti'ii  do  vuirsrfl 
<  'Kupliees  elialles  ou  réduits  an  silrnrc!  dUus  In 
t  ..pilale  ,  pj'otesta  (|u'ii  n  aurait,  juinaîtt  de  paix 
ii\ee  le  !-(^^enl.  Dans  sa  iiinnir,  il  ra5s<*iiil)la  <leA 
toieesde  tousrotés,  envoya  défier  l<t  (Inupliin, 
l»lo(|na  Taris  paj-  t.ern^  eL  par  eau,  vX  appela  à 
Mon  sceourl  Uui>erL  l^ngllc^s  ,  iunuiux  capitaiao 
auj^lais, 

(]rlni-ei,  n(inrd)iitanf.  la  t,rev(î  9  ^Mii^nit  (VliorT* 
rildes  ia\a;^es  dans  la  (]liam[)a^u(!*  Apres  avoir 
t'ait,  une*  t.entaliv(?  inutile  contre?  la  ville  de  Trovc^H, 
il  joignit  le  INavarrois,  dans  respc^rancn  dr  ]nllcv 
X\iri.s.  Le  ri:;;,enl  aurait,  hieui  désire  aller  à  leur 
i'en(!onlrc  cl  ne  ])as  exposer  la  eapitaln  aux  (1<^-* 
Piastres  (Tnii  sie^e^  mais  il  eraif^nail  (pu;  l(ts  naiv 
t'iian.s  s(îcJ<'ls  ijuy  «'onservait  encore  Ut  roi  dfï 
IN.narL'e  \\v.  profifasMMkl  d(!  son  alisr.-nce  ]»oiir 
i'aj)peler  ee  (lan'^ereu\  (Mineini*  (]t*p(Midant  luul 
le  royaume  était,  en  ju'oie  .^  la  fureur  des  ucns 
ij'.   i^uerrer,  el  la  \iilc'  de  Pui'is  i*uduilc  à  lu  uei^ 


^^HAUI.ES  V.  333 

ni^T*  diseltP.  îl  rf^pen(i«it  ttu  roi  Ae  HSTarre  dp 
jioiiei'lecoup  moiîelà  le  France;  mu  is  ceprmi?'\ 
pai'  une  de  ces  încoaséqueucps ([uî fircut  toujouis 
la  base  de  sa  conduite ,  ])arut al>andoijner  ses  cou- 
|taJdt«  projets  au  moment  où  leiu'  succès  (>arais- 
sail  le  plus  assure.  11  fît  sa  pnix  arec  1c  daiiplûn  , 
i-tle.  reiulit  pAin-  aïasi  dii-e  l'hrbîlre  de  piTscgiic 
toutes  SCS  prëtKPitinue.  Cet  accord  sauva  l'aiis . 
mais  lie  loula^ea  poiat  lesproTiaces.  carlesgai— 
nUons  qui  avaient  tenu  pour  le  roi  de  Navarre' 
se  dcclaiî-reiit  {tour  l'Anglais,  alin  de  continuer 
leun  bi  i^3i>dB}<es.  Ou  ne  petit  douter  ipie  celte 
pci  tîdie  ne  lut  secrètement  avotiée  ou  même  com- 
mandé par  Cliarles  le  Mauvais.  * 

Ce  ïl^luge  de  niau^  sans  cesse  renaissans  seni- 
bl&tt  pi-êt  à  sulnuerger  le  TKÎsscnu  de  lEtat;  niiUK 
CJiai-les  le  Saf^e  vMItuit  sur  !a  Fmncc  :  setnlilaJilIff  ' 
ù  ua  Jiabîle.  pilote  (lai  ,'pour  detoiiriicr  lu  tem- 
pête, sait  à  propos  ceiUT  ou  i'é^i$tci'  a  ses  coups  -, 
«Ml  W TOYait,  par  lui  heureux  mélange  d'adresse. 
Je  oonaesceadaiice  et  de  fenueli* ,  soutenir  ce 
ninlIieureuT  lovaume  contre  l'ijtteiite  de  tous. 
Bifiitùl  la  guerre  ouverte  avec  l'Aii^letciTe  va 
uicltre  sa  sa{;rs«c  ^  de  nouvelles  épreuves. 

Le  roi  ivw\ .  ennuyé  de  sn  prison ,  avait  fait 
.-«vcc  Edouard  ini  traitétlDiitlescoiididonsétaient 
capables  d"iulicv»C  la  mine  de  la  France.  11  cé- 
dait eu  toute  souverainclé  au  roi  d'Aiigleteire 
i,i  Normandie,  l<i'C>uieiiue,  InSnlutongc,  le  Pc- 
rie,ord .  le  (^iieivi ,  le  Limmisiii ,  le  Poitoii,  l'An- 
joH  ,  Je  Miiiue  .  la  Touraine  ,  et  d'auti-es  posses-* 
:jlous  importantes.  Il  s'engageait  eu  outre  à  payef 
qiufrc  millions  d'écus  d'or  pour  sa  rançon.  Le 
û'uité ,  si^né  à  Londres  par  les  deux  rois ,  fut  en- 
1  oyé  en  Fiance  au  régent  pour  qu'il  le  ratifiât. 
CUarles  se  ti'ouvait  dans  un  étrange  embarras  ;  il 
lui  lepucnalt  de  souscrire  i  inie  paix  si  désas- 
lif  use  :  il  uc  craignait  pas  moins  de  voir  mal 
3i* 


364  ^'"  \T{hr.S  V. 

iiitcrpn'tor  nnr  opiMmitum  i|ui  allait  prolonger  lu 
«M|ili\itc^  (te  son  prir.  H  prit   le  pni'ti  dr  coin- 
i]iuiii«|urr  Ir  Iniitc^  ik  TussmibliV  ilm  rtnlH  •  (|ui 
If*   irjrtrifMit  iriiiii*  \ui\   (iiiuiiîiur«  \a^  pniplf  \\o 
Varis,  rouvo(|iu^  ciisiiito  par  lo  ix^gciit,  inniiiliRbi 
Irn  iiiriiic's  sciiliiiioim   il  orgurîL  uatîonul.  Alors 
Clmrlc^s  iir  halnii^n  plus  h  irruH(*r  la  rHlifirntioiii 
]jrrini  €pii  ixv  sVltniflaitpas  A  un  |tnrrilu^»illnti 
ic  plul{;in(  ainrn'iiii^ut  dr  sou  ISIs  vi  dp  mm  iiciiplo. 
Kdoiiard,  pluNaiiiinr  cpio  jniuttÎBCOUtrt)  IniVancf , 
\l■lllla^  la  iv\v  d'une ariiii^cdr  ceiitmillr  hotnnirs 
\ét*  if'^rnt  n'avait,  «pir  pru  di*  IrouiH*»  à  oppufrr  à 
drs  iorrrs  NI  impuNautrs.  Uiir  siMilo  iHilnillr  IHHI* 
\alt   tout  pi*rdr(*(  il  sr  ^anla  bioii  don  rourir  Ifi 
l'istpir»  ;  IVxniipli»  liiurKlr  Av  aou|>èrr  Tavait  froi» 
]h(Mi  instruit.  M'aiToiniurKlaiit  aunrnujoiirtuiTS .  il 
mit  bonnes  ^aruiaous  dan»  lrB*plud*(i  lortm,  rt 
al)4indouna   ]v»  caiiipagurs  ik  des  ruvngrs  iiu^TÎ* 
tal)l('M, 

llicn  lie  (rouldait  la  marrlip  du  roi  d'Anglf<- 
Irrrr;  il  pouvait  sr  tranH])ortrr  Maïut  oliatnclp  d'uiir 
villr  K  l'aiitro^  uiai^  rllrn  Olaiciit;»!  lûrii  niuuirn, 
(ju'il  n Vu  prit  pas  iiiir.  Jl  <^.olioua  drvnnt  Snint- 
Onirr  rt  drvant  Atuirus;  il  nr  l\it  pa8  plus  lirw- 
1TUX  NOUS  les  inurs  dr  RriiiiH  ,  iprîl  tint  awir^iHi 
prndant  si\  s(*u)aiiu*s«  pr^tcudant  s'y  t'ain^wirivr 
roi  de  Fraiirr.  Tr prndant  Ir  nagent.  »e  triinit  n»ii- 
ferme  dans  Paris.  J^donard  vicMil  i?aiupc*r  à  lavur 
dft  rntto  villn  :  irriti^  dr?  iio  rtmeonti^rr  aucun  rn- 
nruii ,  il  aniusn  sa  rnrrnrrn  dcSiiritaiit  Ira  rlivi* 
rous;  il  ddBc  le  dauphin,  il  iuaullu  Im  Puriiiirus, 
Crux-4*i  innnuurairut  liaiilonimt  dr  rîuacliou  i^ 
laipirllr  Im  foi\ait  Irur  priurr:  mais  Clmrlra,  nuwi 
)Hui  lourlié    drs   ])ra\adrs  dn  TAiif^lais  ijuo  dri 
plaiutrs  rt  dr»  solliritatioun  dm  Frauçnis.  irstr 
luëbraidahln  ;  il  avait  prrvu  w  oui  arriva.  l£douard, 
<'n  ravaj^raut  la  FraïUT.  dtitrnisil  «rspixion*»  ivk- 
«ourcr»  ;  les  vivres  do  (ardc>i\*nl  pas  n  lui  uuiu-* 


CHARLES  V.  36S 

jtier  ;  les  maladies  et  les  rigneurâ  Je  la  KaUon 
ilTaiblisHant  chaque  jour  son  armée,  ses  priiici— 
jaux  officiera  le  pressèrcut  de  terioiiicr  une  ex- 
i^dition  qui  ddiuentait  le  bonheur  constant  dont 
tes  armes  avaient  joui  jusqu'alors.  Dëjîi  II  ne  pa- 
raissait plus  si  éloigné  ae  la  paix,  lorsqu'un  orage 
épouvautable ,  qui  lui  tua  Iieancoup  d'hommes  et 
de  cbevaui ,  et  qu'il  regarda  comme  l'effet  de  la 
vengeance  céleste,  le  fit  enfin  consentir  à  nn  a<>- 
commodément.  Les  néi^ocialîuns  s'ouvrirent  à 
Bretiffuy,  entre  le  dauphin  et  Le  prince  de  Galles; 
elle»  durèrent  sept  jours,  et  finirent  par  un  traite 
oui ,  tout  désavantageux  qu'il  était ,  l'était  cepen- 
oant  beaucoup  moins  i[ue  celui  que  Jean  avait 
voulu  conclure  à  Loudrt^s  r  Charles  recueillait  iiu 
moins  ce  ti-uit  de  sa  persévérance. 

La  Guienne,  le  Poitou,  Tn  Saintonge ,  le  Li- 
mousin demeuraient  en  toute  propriété  à  l'An— 
eleterre ,  qui  s'engageait  à  renoncer  expressément 
£  totitet  sf  s  prétentions  siirlftcouronn«deFraace, 
là  Normandie  ,  le  Maine,  la  Touraînti  et  l'Anjon. 
Trois  millions  .l'ficus  d'or  d<;vai.;iit  êlre  le  prix  de 
la  liberté  du  roi  Jr>an.  Les  deux  monarques  ra- 
ti fièrent  ers  conditions  h  Calais,  le  aS  oulobre 
l36o.  Le  dfiuphin  s'était  rendu  dans  cette  ville; 
son  eiiti-evue  avec  «on  père  fut  des  plus  tou- 
chantes. De  retour  h  Pavis  .  Jnnn  s'etnprcssa  de 
donner  k  Charles  un  témoignage  méritée  sa  sa- 
tisfaction, on  ratifiant  tous  lés  actes  faits  par  lui 
eu  qualité  de  l'éj^rntJ  '    ' 

Tandis  qu'Edouard  mettait  tout  en  œuvre  pour 
interprétera  son  avantage  ou  éluder  les  condi- 
tions d'un  traité  iiui  lui  cool'érait  la  possession 
légitime  do  l;iiil  lie  provinces  usurpées,  le  roi 
Jean  se  portait  avec  ardrur  aux  sacrifices  les  plus 
onéreux  pour  l'aii-e  honneur  aux  engageiiB'ris  qu'il 
avait  pris.  C'clMlt  en  vain  qu'on  fui  ohjectait 
l'épuisement   îles  htiauccs   et  le  vif  altachemeut 


:\f.G  niAIlLKS  V. 

(|ii('  Ir.l  trinoii^iiiilnif  les  payn  qu'il  nllnlt  rrrîrr; 
)  !i  ^aiii  on  cs.siivalt  (le  lui  |H*i-Miiii(lr*i'  i\iir  \;i  ii'kar- 
\.-iisr  toi  (In  roi  «K Angleterre  l(*  ilrpi^fiiit  t\v  m". 
M-iinniN;  si\  mille  (■cnsiror  nViLlurriiliiiiH  moins 
(  (/ni|i(es  à  l'Aii;j;iuis  polir  le. premier  piiieiiiriif  de 
(.1  lanion  dn  loi  de;  l'^ninre,  (*l.  les  onIreH  iefl  plus 
pieii.s  inreèrent  ses  snjets  h  ptisser  soiiH  h*  jon^  dr 
Mtn  I  îviil.  l.(>  (lan|  liin  p'inissai(.  de  rîiiiprndenio 
piinefnalite  de  son  père  envers  iiii  eniifMiiî  fpii  le 
iroiiipail  ;  mais  il  se  eonscdait.  en  peiisnnl  cpi'ini 
jonr.il  ponrrait  revenir  snr  ini  tiaifr  (jn'l''.doiinirl 
«iilaeliail  de  nnllihl  en  rextieiihuil  riiiil.  **  V]m 
«  jusieel  non  moins  poliliipierpir  le  roi  tVAtv^U^ 
u  terre,  (lliarles  le  voyait  Ii'au(|nillcni('iit  H^'iiCef- 
¥  rer  ponr  ainsi  dire  de  hii-nieinr,  e(  lui  foin- 
H  iiii  .,  par  sa  inaiivais(;  loi,  les  iiriiie»  rlonl  il 
«  divail  parla  siiil<!  s'*  servir  roiilrcUni  avee  nii- 
«  lanl  de  sa;^esse  (pie  de  lioiiheiir.  >i  (Villars,  His- 
toire de  l'iaiK*!!,  ij*-'  v<diiine.  ) 

lii.strnil  par  radveisifcl  ,  Jean  ]Kinil.  irahonl 
donner  tons  ses  tioins  an  {^oiiverneiiienf.  11  ii'eAt 
jij  inaïKpier  de  gouverner  aveir  Hnf^eKNi*  s'il  se 
lût  loiij(»nrs  iaisiié  guider  par  leH  roiiseîfH  de  hoii 
iiis  aîiu^  ;  mais  trop  souvent  un  eiilciteiiienl.  or- 
;;neillenx  le  rendait,  sourd  à  toiiIcH  leH  rt'pif'seiK 
liilions.  Outre  dans  sa  proLitcf  coiniiie  dniis  kji  vu- 
leur,  le  dernier  nrfv  de  flou  rc'^iie  lui  uiir  niipni* 
«lenee  <pii  mil  le  eoinhie  ii  limtes  eelleil  cnril  iituit 
eoinmises.  Sons  pr4;texlr  dr  u  avoir  )mis  le*  jiioym 
de  payer  sa  raiieon,  il  relûiiriitt  h  l^nndreH  Hfi 
reiiiettif!  enlre  les  mains  dJidouard,  c*t  y  niouint 
(piehpies  mois  après  (le  H  avi'îl  It)6^)  ,  n  IYi(;(*  dr 
ein(|iiante-(pial.te  uns,  aprèji  en  uvuir  idgiiti  c|ua- 
(oi"/.e. 

Peu  de  joiirti  après  rii^rlcH  lo^ofçn,  riiupiii^mf* 
du  nom  ,  fui  suci.^w^  JU'Iiiin;  il  (^fiiit  tteçi^é  de  viiiK^* 
.se|)lans.  IVIonté  sur  le  fi'diie  daiiH  un  teiiipH  fiii  M*s 
d:in;;eis  dont  I  l'Jaf  «Çlail  iiteiiarc^  M*nibhiH*iil  v\i-' 
;;;er   ini   pi  1:^-0  (.;n(iii(r,    le  nouveau  jui ,  d'uiu: 


«EA&tifeS  V.  -867- 

tenltf  ddickletj^ça  propre  aux  exerÊicet  mili-    . 

taiiM}  deVait  remédier  h  tous  \çs  maui.  par  sa 
prnoence.  Ihifontl  dn  son  cabiuet  il  sut  çxdcuti.T 
ceqa'on  huraït;  à  peine  ose  se  prometti-o  clù  plus 
-  grftnd capitame.  f  11  setiifalait,  ditMé^ci^ù,  que*  sa 

■  sagesse  eût  attache  Infortuné  à  son  service;  df-a 
«  le  commencenirut  de  son  règne  il  fit  voir  que 

■  les  Français  pouvaient  hattre  les  Anglais ,  qui 

«  les  avaient  toujours  battus  durant  k's  règnes    ' 
«  pr^cédena.  n  Pour  éviter  les  désastres  cittud 
parles  iàutesde  son  père  rt  de  sou  aïeul,  il  siûf^l  . 
des  maximes  toutes  contraires  &  celles  i^iii  avftiifiit 
dirige  leur  coiiduilc.    il  ifeatrcprit    laiùais   de 
gOeire  mal  h  propos ,  et  ne  la  (ît  jamais  par  lui- 
In^me,  aassi  hrureuic  par  ses  généraux  que  cfs 
princes  avaient  été  malhpu^ell^  111  pcrsonue,  Dil  _  , 
vivant  do  sou  pnf  il   avait  su  (î('m("'lr'r  les  tideuri  ' 
de  Bertrand  Du  Guesclin,  et  l'avait  engagé  às'at— 
t&cbér  au  service  de  France  :  ie  Tfiillant  jSretou 
fut  le  prinéipal  instrumïqt  de»  graiUls.  dc^ùu  du  ' 
sage  monarque* 

Charles  le  Mauvais,  towOBTa  pièt  i  s'armer 
contre  la  France ,  ravageait  là  NQmiandîe ,  à  la 
tète  de  plusieurs  compagnies  anglaises  et  navar- 
roises.  Jeau  de  Grailly,  captai  de  Buch,  seigneur 
gascon,  l'un  des  plus  célèbres  générant  de  Vdti 
temps,  s'était  joint  au 'roi  de  Navarre,  i[ntUû 
Bvatt  déféré  le  commandement  de  tdùtes'  SËS 
troupes.  Ib  avaient  couçule  projet  insenséd'allier 
à  Reims  s'opposer  an  couronnemeot  de  Charles* 
DuGuesciins'avBDceïlenvtencontre]  arrête  leur 
marche  ,  et ,  ti;ois  jours  avant  le  sdcTe  du  rof,  il 
remporte  sur  eux  une  victoire  complète  ii  Coclie-^ 
rel,  entre  Evreux  etVernon.  Le  captai  de  Buch  y 
fut  fait  prisonnier.  Charles,  pensant  le  gagner  par. 
des  bienfeils,  lui  rendit  la  liberté  et  le  fît  son 
chambellan.  Mais  sitôt  que  la  ^erre  recom- 
mentra,  Jean-de  Grailly,  peu  reconnaissant,  ce^ 


368  CHiUULES  V. 

uoiiça  au  serrioo  du  roi ,  et  prît  oongë  de  lui.  Le 
sage  nioiianjue  suivait  qu*il  allait  preucb^e  parti 
pour  les  Anglais;  il  pouTait  retenir  ce  dangereux 
«'iiiiemi  ;  mais  mHte  mesure ,  commandée  par  la 
prudence,  eût  été  en  opposition  avec  la  justice; 
il  laissa  partir  le  captai  de  Bucli  malgi*^  Fa  vis  de 
ses  courtisans. 

Un  des  piTmiers  soins  de  Charles  à  son  a  veut- 
nient  au  trône  fut  de  pourvoir  au  maintien  de  la 

Î*ustice.  Il  eonfirma  dans  Teiercice  de  leurs  charees 
es  magistrats  des  coui^  souveraines ,  dont  les 
fonctions  cessaient  alors  h  la  mort  du  roi,  et 
t|u*ils  lie  pouvaient  reprendre  sans  Fagrc^nient  de 
âM>u  successeur*  Pjir  une  autre  oixlonnance  il  en- 
joignit expressi^nient  aux  hommes  de  loi  d*assister 
les  ]>auvivs  de  leurs  conseils  et  de  leurs  soins 
sans  exiger  aucun  salaii^e.  C  est  par  de  tels  règle- 
mens  que  le  nouveau  roi  s'annonçait  à  ses  sujets. 

La  guerre  était  allumée  depuis  plus  de  vinct 
ans  entix!  le  comte  de  Montibrt  et  Charles  de 
Elois,  qui  se  disputaient  le  duché  de  Bretagne» 
Edouard  II!  soutenait  ouvertement  le  comte  de 
Moût  fort  :  Charles  V  fiivorisait  son  rival  ,  dont 
la  cause,  attaquée  par  rAngleterre,  devenait  na- 
turellement celle  de  la  France.  Montfort  ajant 
mis  le  siège  devant  la  ville  d'Aurai ,  Charles  de 
Elois  vint  à  sa  rencontre.  Le  désir  lécinroque 
qu*ils  avaient  de  terminer  entin  une  si  longue 
querellé ,  lardcur  avec*  laquelle  tous  deux  se  pré- 

f  aidaient  au  comhat ,  semhlaieiit  présager  que 
action  allait  être  décisive.  Les  deux  armcf?s com- 
mença iont  i\  s'ébranler  ^  lorsque  larrivée  d*ini 
courrier  arrêta  ce  mouvenuMit.  Il  venait  de   la 

1)art  du  roi  de  France,  qui  invitait  Montfort  «^ 
ever  le  siéce  d'Aurai  <'t  îi  se  rendre  à  Paris,  où 
il  trouverait  devant  lui  Justice  et  conieniementm 
Montfort,  plein  de  confiance  en  Téqnité  du  mo- 
narque qui  lui  envoyait  ce  message  i  oflre  de  s« 


■r 


CHABtES  Vé  %^ 

ionmettre 2t Ml  dl^iidon.  Charles  danois  ne  Teiil. 
tf'ea  rapporter  qu'au  sort  des  armes  :  U  ayaîl  pro^; 
nonoé  tarrét  de  8|i  perte.  Vamea  dalis  le  coiiUMtt  t 
il  laissa  par  sa  mort  la  possesaîcHâ  da  dncbë  âm 
Bretagne  à  son  riyàl.  Jeanne  de  PentfBèitrè  »  sfi 
Teuye,  implora  le  secours  de  ht  Francse  poor  elle 
et  pour  deux  enfans  qu'elle  lavait  eus  de  son  mal^ 
heureux^  époux.  Chartes  V  suivit  d'abord  les  mou- 
▼emens  ^'une  généreuse  oompàsûon^  il  exhorta  le 
duc  d'Anjou ,  son  frère ,  auprès  duquel  s^était  retir 
réelacomtessedeBloisy  leur  proche  parente, à  nt 

5 oint  abandonner  cette  princesse',  1  assurant  que 
e  son.  côté  il  la  seconderait  puissammenté  Buda 
le  sage  monarque  sentit  bientôt,  qu'en  prauuit 
parti  pour  Jeanne  de  Penthièvre  il  se  fierait  mk 
dangejreilx  ennemi  de  Montfinrt,  qui^  poutté  k' 
Iiont,  ne  manquerait  pas  de  se  mettre  ffoua  la. 
protection  et' de  se  ranger  spus  Thomniage  du  roi 
OhAngleterre*  Sacrifiant  une  vengeiBHm  particu-f 
lière  au  bien  de  l'Etat,  il  se  contente  dVtre  te  mé< 
diateur  de  la  paix  entre  la  comtesse  et  Montforté 
Dans  les  conféreuces  qui  pour  cet  effet  s  ou- 
vrirent à  Guérande  il  soutint  les  intérêts  de  cette 
princesse  avec  tant  de  chaleur,  qu'il  obtint  pour 
elle  des  conditions  assez  favorables.  Monttort, 
reconnu  duc  de  Bretagne,  rendit  honunage  au  roi 
de  France. 

/^ers  le  même  temps  Charles  accorda  la  paix 
au;r)oi  de  Navarre,  qui  renonça' aux  vaines  pré-- 
tentions  sur  le  duché  de  Bourgogne,  qui  avaient 
servi  de  prétexte  à  sa  révolte.  Toujours  perfide , 
toujours  ami  du  trouble  et  de  l'intrigue,  le  Na«- 
varrois  ne  cessait  de  tromper  alternativement  le 
roi  de  France  et  le  roi  d'Angleterre.  Charles  le 
Sage  savait  déconcerter  ses  complots  sans  faire 
scm}>Iant  de  les  connaître ,  montrant  ainsi  com-n 
bien  une  politique  franche  l'emporte  sur  les  artif» 
lices  de  la  mauvaise  foi. 


^70  aiAMXS  V. 

Alniil  ,  pnr  ilni^  (ntllrin  île  rinii  <l|(n]Kini'nl 
aviLiiUfitui,  CliUilrB  nvaîl.  i\t»  \n  jitrmiërn  «n- 
tti^c  ilf  HV1I  r^tfiii^  t  niiit  lu  Fnint't'  Il  l'nliri  d'il 
cniieniU  du  ilclKtiR;  intiin  [l'nutrr*  fnnr-rnii  la  dt.'' 
Kolnii^iit  i>u-il(!(lniiit.  Lc>  Iroupci  lic-coci^r* .  ({iii 
n'élniriit  t^iiiÙPH  bous  le  uom  do  grandei  mmfn- 
f^nitauu  Mntniidiins ,  ru"fBnr«ii-nl  Imitr.s  K-i  pni- 
viiiWKd  y  |it  i-p^l>inipiitli;iicuUiiiil('i  ili'  lumiitm-. 
Tirilci-  de  Ira  rdiluitr  pur  \n»  nttii»»  v'rhi  él& 
iti<lr<iirt' toiiiili>iHTaiUuKf>f.ilclupui(  t  d'nUbtiri 
11LI  iKiiait-ini  pu  Inm*'!'  ilf»  rnrci:»  •HffltAnlrt 
jitmr  \v*  arciilili'i'?'  U'  roi  (<toil.  <lum  un  iHmnjii' 
entliniraa  |  nu hrui-iux  cnricoiiri tle  ulirotixtancvi 
\iut  iW  tÀvar.  Henri  TrimMamard  riiajiubjt  t(< 
tt/iiio  Âc  nnHtillc  h  ton  fii^rc  ifom  VhAtr ,  1r»p 
di(tiii>  (fu  RiiMiorii  tic  Cnifl.  Il  rnto^'ii  iVniiimIfr 
di  n  «ccdiir»  îi  (lliiiili'ii  V.  Lii  mine  iitiitimijtir' , 
n)iu'»nTnirTirird''  ulIiir  (ii('srii«ilu(i(iM<  A  rqli4iU> 
uiiiuL  IcH  <air.h  dt-s  (-oiti|M|^t>ii-*i  ,  If*  r'ii|[u||i^  \ 
nuivin  Da  Oumi'llii  m  Cn^tillc.  t>»  lirl^mU» 
H^duitK  pur  l(N|)<<ir  d'un  uriitvi?au  liutii)  ,  t|uit> 
tbi'piit  cidiii  lin  iiiiv»  ■[iii>  h  urs  rtipiiii»  «VMÎml 
tf{■ui^d.  Cliiulca  i  ut  dujdttiiiK'nt  il  »•  li<lirilpr  dit 
ccttn  uiL'iiiru  ;  ni  dëlîvruiil,  au»  nivnuiiui  d'un 
liÀiii  il  ao  pruriiinil  un  a\\\è  iililu  i-t  fidjili'.  A]*rt« 
ItoU  niuiM'i  d'unii  gurrm  «isnnli'c  pur  de»  «uodti 
diviiH,  Titiiiatiiuinrc  n'otibUn  jiiinni*  (jii'Il  dtfdtt 
«in  Irônn  nux  sccoiini  dr  Ohurlos  V  ,  rt  JljMit 
pni'  lit  suite  pluH  tl'uiit!  oucuMtfii  tlo  lui  li^nigMbr 
ui  i-ccoiiiiaiHMiiicc,  ^"' 

Qti[>iqiit>M  AuiH^f^a  dti  piiii  H  unu  *('«fn<  écnÀtK 
m\e  iiïiiiciit  HidK  nu  roi  ilr  Frutirn  pour  r^liiMlr 
KculiiinrMTii;  non  U'diini-  diait  plpln,  i-t.  uipmilaiil 
le»  jitmiidi  riluirntdiuiiiiiK^iii  In  montmic  rniidur  h 
son  \«i'iUble  tili-o.  et  l'aii*,  nînM  (pic  ii<«ni«t- 
ron»  ,  »  Vin  bol  liinD  irai  ciluqiie  jour  dn  imurrAU 
moniuii''ni>.  f/>ii  miin*  du  tnçf  nionni'qiir  Pitilinm-- 
biiiLiit  loutc*  ka  purlic*  dri  riidiiiîiiiiitmli'uii  uri'u 


l  »  ■  ■  ■  . .» 

jm.snocèi  ^l;l'«gricaltare,  lludq^lrie  et  le 
jpommuerce  intérieur,  .encouragé»  pftr  sâ^proted^ 
tioîi)  étaient  bientôt  devenus  florissant*  Len  Cà»^ 
iillans,  les  Portugais  et  les  Italiens,  ^i  jMsiaient 
àiors  pour  les  plus  bahiles  pégocianfi  de  ifBorope  > 
adirés  par;  le^  priyi^ëgf  s  que  ce.|^iiïce  lévùt  ddl^ 
cordait ,  s'en^pressaient  de  fréquenter  nos  parla  » 
êMonnaîent:une  nouvelle  vie  an:  eolE^oiinerce  maxV* 
tîme.  La  marine  fi  ançaise  ,  absolument  rainée 
depuis  la  fatale  bataille.de  rEclusè,  réparait  sétf 
pertes  avec.  Y*apidite.  GUai4es  était  heureux  S  il 
jouissait  du,  boimeur  de  la  France. '_  ■      *  *"      * 
iPour  ç^mjile  de  félicité,  la  reiiie  Jeanne f^sft 
vertueuse  compagne  ,  init  au  monde  un'  fils  qtif 
fut  nommé  Charles.  On  sait  ave^^qilelll;  Joie  tes 
Français  ont  tpujours  accueilli  le  premiiea*  âë  die 
leur  souverain;  mais  âans  cette  o^msibti  nhé 
idurconstance    particulière  contribuai;" à  rendre 
leur  allégresse  encore  glus  Wve* 'Ikêpuis  dix-^ 
neuf  ans  de  mariage  le  roi'  n'aivait  'eii«  encore 
aucun  enfant  mule*  L^enfant  royal  prit  le  titré 
de    dauphin  y  et   régna   depuis  sous  lé  nom  de 
Charles  YI.  Le   jour  du  baptême  de  son  fils, 
Charles   Y    fit  distribuer   une  sçtume   d'argent 
assez  considérable  à  tous  ceux  qui  se  présen- 
tèrent 'y  regardant  son  peuplé  coiûme  une  gt^nde 
famille  dont  il  était  le  chef ,  il  voulait  qne  les 
plu|s  pauvres  de  ses  sujets  pussent  participer  à 
sa  joie. 

Il  s'était  toujours  proposé  de  rendre  aux  An- 
glais les  humiliations  <lont  ils  avaient  ^abreuvé  son 
père  et  sou  aïeul  ;  mais  il  attendait  pour  mettre 
ce  projet  à  exécution  qu'il  fût  en  état  de  lutter 
contre  eux  avec  avantage*  Quatre  années  lui 
avaient  suffi  pour  réparer  les  désastrjçs  de  deux 
règnes.  Son  peuple  le  bénissait  :  lés  Anglais  al- 
laient bientôt  fléchir  ■  devant  lui.  'Déjà  il  leur 
portait  des  coups  indirects  en  protégeant  Henri 


3-2  CHARLES  V.  I 

Traustamare  contre  dom  Pèdre  «  en  tàietîf 
duquel  le  prince  de  Galles  faisait  de  grands  ef** 
forts. 

L'illustre  rejelon  d*£clouard  111  gonvcmaît  la 
Guicnne  et  1rs  provinces  voisines^que  son  père  lui 
avait  doiinë(>s  à  litj'e  de  principauté.  Epuise  par 
les  sacrifices  que   lui   coûtait  joumellement  la 
l^ierre  de  Castille ,  il  avait  voulu  imposer  nne 
taxe  gënëraie  sur  toutes  les  terres  de  sa  souve-' 
rainetë.   C(;tte    nouveauté ,   qu'on  n'avait  point 
connue  sous  les  rois  de  France  ,  révolta  la  no-* 
blesse  ,   dëj^  mécontente  des  procédés  da  mo- 
narque  et  clu  priuce  anglais.  Les  principaux  sei- 
gneurs portèrent  leurs  plaiutes  au  roi  Cnarles  V , 
suzerain  de  la  Guienne  :  ce  prince  9  a'gréablemenl 
suipris  d'une  panûHe  dépulation,  Irur  promit  de 
veiller  au-   maintien  de   leurs    privilèges  ;  niais 
comme  la  fortune  semblait  pour  lors  favoriser 
les  Anglais  en  Espagne  j  il  lésolut  d'attendre  un 
moment  plus  favorable  pour  accomplir  sa  pro- 
nw'ftse.irn'attendit  pas  longtemps;  la  mort  et  la  dé- 
lai le  du  cruel  dom  Pèdre  ayant  assuré  le  trône 
SI  Transttunare ,  le  prince  de  Galles  se    vit  forcé 
«révaruer  la  Castille.  Ce  dernier,  peu  accoutumé 
à  de  pareils  revers  ,  avait  rapporté  de  cette  ex- 
pédition une  lan<;iieur,  une  mélancolie  que  rien 
ne  pouvait  dissiper ,  et  qui  le  rendait  incapable 
de  comniund(!r  en  personne. 

Edouard '111  ,  après  avoir  pendant  TÎngt  ans 
abaissé  la  France  9  la  croyant  hors  d'état  de  se 
relever,  s'endormait  au  sein  de  la  mollesse  et  de 
rindobmce  ;  on  eût  dit  f|ue  la  fortune  lui  avait 
fait  ouhliei'  qu'il  n  avait  dû  ses  succès  qu'à  son 
infatigable,  activité*  11  se  croyait  souverain  ab* 
solu  de  la  Guienne  <;n  vertu  du  tra|||é  de  Bré- 
tigiiy  ;  mais  conmie  il  n'en  avait  observé  près— 
qnaucune  condition  ,  et  que  d'ailleurs  il  'avait 
cunuuis  divei'ses  hostilités  >  Charles  V>  pour  faire 


^kàÊÊet  la  jastiûe  de  jsa  cause ,  ohi(  &yoir  atta-^ 
qoer  la  yaliditë  du  traitrf  ayant  de  se  déclarer 
pontre  Edouard.  Tous  les  articles  de  la  pailL  fo- 
rent sorupulenseineat  examii^ii  dans  son.  cou** 
0éH  9  et  le  résultat  de  cette  opëratio  tàt  con*« 
forme  au»  rues  équitables  du  sa^  mouarque^ 
Edouard,  ainsi  dëcnû  de  la  sourertinetë  absoiue 
de  la  Guienue ,  demeurait  toujours  yaind  de  là 
ix>aronoe  :  ce  fot  à  ce.  titre  que  la  roi  de  France 
procéda  contre  lui ,  et  jamais,  dans  les  tènqps  les  ' 
plus  henreun  de  la  monarchie ,  tios  roia  n*ont  dé- 
ployé plus  de  grandeur  ni  plus  de  fermeté  quia 
Charles  n*en  fit  paraître  dans  cette  occasion» 

Dans  une  séance  solennelle  du  parlement  ijpréi» 
aidée  ]^r  le  monarque ,  qw  s'y  reimt"aocompilgné- 
des  procès  et  des  pairs  cm  rojaulme,  lesBeigoéora 
de  Guienoe»  s'adressant  à  la  cour  et  au  roi  de 
France ,  leur  souTcrain  légitime ,  demandèrent 
justice  contre  le  prince  de  Galles.  L'aumiate  as* 
aemblée  reçut  leurs  plaintes ,  et  sur-k^éhamp 
on  dressa  uu  acte  au  «nom  du  roi ,  par  lequel  le 

Ï rince  anglais  était  cité  à  coç^paraitre  pardeyant  - 
a  cour  des  pairs. 

Un  ajournement  personnel  signifié  au  yain- 
iqueur  de  Poitiers  eût  été  trois  ans  plutôt  une 
bravade  insensée  ;  mais  Charles  se  sentait  en 
état  de  parier  en  maître.  Ijà  prince  Noir  ne  put 
retenir  son  indignation  à  la  lecture  de  l'acte  t 
«  Oui ,  oui ,  s'écria-t-il  j  je  comparaîtrai  à  Paris , 
«  mais  ce  sera  le  casque  en  tête  et  suivi  de 
«c  soixante  mille  hommes.  »  Il  font  le  dire  à  la 
honte  de  ce  héros  »  il  s'adonna  dans  cette  occa- 
sion-à  une  violence  indigne  de  son  caractère  ,  en 
faisant  arrêter  sous  un  faux  prétexte  les  deux 
officiers  qui  lui  avaient  signifié  l'acte  d'ajour- 
nement. 

Le  roi  n'apprit  pas  sans  indignation  IHnsulté 
fiiite  à  ses  députés.  L'attentat  était  notoire  ;  il 


374  CHARLES  Vi 

piiiit  iiit  Ji'S  lors  preiuliv  Ips  ahiira  poiif 
uiic  proiniitc  veugcBuw  I  iii»t«  Oinrirs  \r 
(Icvnit  il  srvi  rmit'uiia  l'cM'iujiU'  Û'um-  inucli^rs-J'J 
lion  qui  onnonçiiit  su  iiu;i(!tiorit<*i  il  conhiir  m 
n buentinu'ut.  Il  n'jiïtiit  png  eiicoii;  liifeliiif'  lu 
guMire  HU  i-oi  d'AiiKlr'Iu'n'  ;  uiui»  ufin  ijoc  rhiiii 
une  cuiim  aiiKsi  jtiittp  un  iip  nfit  n'fit'DrliiT 
un  roi  ùv  Fi'Hot^r  U  plu»  Irgt'n;  iiiiititliim  nn^ 
Ibrmnlitéi  rpçiuia  -  il  vnuliit  pncort>  Cnir»  ci'itjr 
ilci'iii^ri!  ((«iiiHi'cliP  .  <jiie  \e»  ui«nan>«  thi  nrinr» 
de  GitlW  wiuMaii>nt  uvniv  rAmliiff  innttip.  Il 
Uiiuidf  un  des  dtTiiicr»  valets  de  .■.on  hàtef.\a 
cliHrf'C  iluiie  lettre  wtiloo  [mur  li»  roï  il'Autfn^ 
l<'irt,aYec  ordi^dc  ae  U  rc met Irp  qu'il  Erlniiin^l 
liii-iii/inir>  F.pouvantL'  de  et  iiiivnnf;>! ,  Ir^  pniiviii 
liuiuinc  m;  rtiitl  it  Lmidn'H.  Oii  l'îiilrodciir  ilcvmil* 
lu  i\KV  moiiuri(ue ,  <liiil  n'ose  iTgnrtW  <'n  fact, 
et  lui  pi'éunti-  tii  IroiililnDt  ïfi  iiiiq»i>l.  Lu  lirc- 
tiiic  du  culte  \fUxe  iio  gui-piPiiif  p*ii  rnoîi» 
T'idoiinrd  quo  le  cUoi«  d'un  pnreil  iiiPKsnêcr!  H 
lif  iieut  m  cruire  b*b  yciis  i  il  rvnmÏHt!  *  plii- 
»li'iirii  it^pritieit  le»  sceaux  nui  nttrslcut  l'authri^ 
li(  ili-  de  l'i=ri  ïl  :  t'i^liiil  iirii'  (ItVIamtluu  de  i^rmrv 
Lr  nuillji'iii'cux  Mili'l  ('tait  plu»  tlil)H  i]iir  Vil' m  ^ 
*.rv;.ii[  l',i-ll,i(ir,u  <|iti  «c  ]..'it;ii.iil  »n_r  lil  tipU-t  iv 
yi'iKvf,  l'^iliiuui'J  .  qui  no  {>i>jf:<?duit  inirtil  niwf  ^ 
■l'uviiit  fitil  ]>■  ))i-iiicu  df  liaUr»  ,  niMUiii  ti!  ini^ 
t»^^l■r  et  le  tenvoyu  liliri';  il  pmiiiIiii(  ijHfj  cctij 
l'ii^iiutiU'  luystiilcation  i^luil  i\ne  yi-u^rancv  tttl^ 
nicrÎLéc  (le  l'HUroiit  qu«  tioii  HLi  avait  l^it  ko  T 
(Je  l'raii»'. 

Jdtnaia  (Ii^clarBlinn  A«^  gurrrr  M  Tut  ailirïtf^ 
jihw  proinptPB  liohtiliti'u.  AmiU  qti'Etl«wui*c( 
s/iuj((!  Il  fiiiro  »ii»»])i^|nini6l'!É.  Altl"\iU<*  €1  l 
L»  itulrefi  plttoc»  du  coml*^  du  l'aitltiii'ii  ^ 
l'iiiK^iaau  pouvoir  ilc  (Jlmrlr  >  V  ;  lis  li'iru 
l'uit'mie  n*aient  rewinorli?  df  gratulu  t»*aiL.„., 
vLi.is  It- Quorci  clJuiiiii-IliiuiTpwrilcux  onitA*^! 


ÇHAftLUS  y.  37S 

eonlmauidlées  par  le»  ducs  de  Bem  et  d^Anjovi^ 
Frères^  du  roi,  s'ëtaîent  ponees  sur  les  proyiace» 
ç^dée^  aux-Aaglais  ,  tandis  quWe  flQtte  6*aii^ 
cuise  jetait  sur  les  cètes  d'ÀngKfJKtre  des  troupes 

Su  s  efkuparèrcnt  de  PortbsmoffiK^'-et  dësolàrent  ' 
us  les  enyirous.  Le  roi  d'Anjpeterre  ne  fut  pan' 
liioiiis  surpris  de  ces  brusqucis  attaques  qu'il  ne 
TaTait  été  de  la  déclaratiou  4e  guerre.  Eu  atteur 
àmt  qu'il  pût  mettre  suiupiea  de  plus  gjraodea 
forces ,  il  se  hâta  d'euTojer  eu  Frai^ce  Iç  duo 
d^orck,  Fun  de  ses  fils,  à  la  tête  de  quelqoet 
troupes  >  puis  il  ordonna  une  levée  en  masse  oans 
lous  ses  états.  ■  « 

Le  K9}  àe  France  s'était  rendu  à  Konén  pour 
^tre  à  portée  de  surveiller  les  Anglais  qui  aTJ||||hlt 
débarqué  à  Calais*  Son  attention  ne  se  portait 
pas  moins  sur  ce  oui  se  passait  dans  la  Guyenne  9 
principal  théâtre  oe  là  guerre*  D*une  santé  trop 
faible  pour  paraître  à  la.  tête  de  ses  années  /  tout 
néanmoins  ne  s^  Taisait  que  par  ses  ordres  ;  sea 
savantes  combinaisons  dirigeaient  tous  les  mouve— 
meus  de   ses  généraux.  ;  il  était  la  me  de  leurs 
exploits;  il  leur   recommandait  surtout  de   ne 
point  livrer  de  batailles  et  de  s  attacher  seule- 
ment à  tenir  les  eunemis  en  échec  ;  connaissant  le 
caractère  du  Fiiiaçais ,  dont  Fardeur  bouillante 
n'a  besoin  que  d  êU*e  réprimée ,  c'était  en  l'em-i 
pochant  de  combattre  qu  il  lui  apprenait  à  vaiun 
cre.  £11  vain  les  ennemis ,  étonnés  de  cette  noui 
VcUe    méthode  de    faire   la   guerre ,  essayaient 
d'engager  une  action  géaérale  ;  il  n'y  eut  dans 
toute  cette    première    campagne  que  quelles 
escarmouches ,    quelques    combats   particuliers. 
Une  de  ces  rencontres  fut  plus  fatale  aux  An- 
glais que  ne  Tauiait  été  la  perte  dune  gi'ande 
bataille.  Lîî  brave  Cliandos ,  lun  de  leur»  fins, 
l^abilcs  et  de  leurs  plus  vertueux  capitaii^w^g-,  Jbt 
tué  au  passage  du  ppnt  de  Leusac  en  Poitou* 


376  CHARLES  V. 

Lrs  Anglais  1c  pleurèrent ,  et  leg  Français  »  asKS 
{^ënéreux  pour  rendre  justice  à  leurs  ennemis, 
donnèrent  des  nfgrets  à  la  mort  prématurée  de 
ce  gruud  lionime. 

Au  milieu*  des  soins  de  la  guerre  Charles  V , 
loin  de  négliger  les  autres  parties  de  l*administrfr< 
tion  ,  rendait  \cfi.  plus  sages  ordoiuiances  ;  la  po* 
lice  du  royaume  était  surtout  rpbjct  de  son  atten- 
tion. Pour  réprimer  4il  licence  militaire  9  il  dé- 
Ibudit  ù  tout  liomme  d'armes  de  se  retirer  sans  la 
permission  d'un  officier  supérieur,  de  jamais  ricii 
rfxîgcr  des  bourgeois  et  df^s  paysans,  et  de  lever 
des  compagnies  sans  une  auto Hsatiou  expresse*  La 
iiireur  des  aumsemens  frivoles  et  àes  jeux  de 
liasard  était  à  son  comble  ;  le  prudent  monarque 
1rs  interdit  tous ,  sans  excepter  les  plus  innocens , 
pour  exciter  ses  sujets  à  se  livrer  à  des  dîvertisse- 
mens  propres  à  les  rendre  agiles  et  robustes ,  tels 
que  lexercice  de  la  lance  ,  de  Tare  et  de  Tar- 
bulèle.  De  tels  règlemens  ne  pouvaient  avoir  un 
efl'et  durable  ;  Cbarles  V  le  sentait  sans  doute  , 
mais  il  était  nécessaire  de  les  prescrire  dans  un 
temps  oïl  il  fallait  que  tout  liomme  fût  soldat. 

Le  1*01  manquait  de  fonds  pour  l'ouverture  de 
la  campagne  suivante;  il  fallut  se  résoudre  à  lever 
de  nouveaux  subsides  :  les  états  généraux  furent 
convoques  pour  cet  effet.  Que  les  temps  étaient 
changés  !  Chartes  se  rappelait  encore  avec  amei'^ 
tume  les  humiliantes  contradictions  qu'il  avait 
éprouvées  dans  ces  assemblées  n^étant  encore  que 
dauphin  ;  avec  quelle  satisfaction  il  vit  dans  cette 
occasion  tout  son  peuple,  ])ar  la  voix  de  ses  repré- 
sentans ,  lui  ])rodiguer  les  éloges  les  plus  flatteun 
et  les  témoignages  de  Taffectiou  la  plus  sincère  ! 
On  lui  accorda  sans  nmrmnre  tous  les  impôts 
qu'il  demandait,  et  pour  répondre  à  la  confiance 
de  ses  sujets  le  sage  roi  prit  des  mesures  efficaces 
pour  qu(î  Ju  levée  de  ces  subsides  «ut  lien  aans 
aucune  vexation. 


CHARLES  V.  37/ 

^  JUHOfé  dM..l)OnRes  dispositions  de  son  peuple, 
Jllungfcn  dès  lors  à  rappelei-  aa  roi  d'Ai^cterre 
stksoafila  qu'ils  étaient  aéi  rassaïuc  delacou- 
rtmoe  dé  France.  Il  prononça  lui— me  me 'dans  la 
Minr  d«  pairs  V:\rrdt  d'Edouard  et  tlu  prince  de 
SaUes^uigles  d^'clarant  rebelles,  ordonnait  lacon- 
EbcàOoa  de  toutes  les  terres  qu'ils  possédaient  en 
Fnnce*  tlne  pareille  sentence  eût  été  un  acte  de 
àdïe  à  Charles  n'avait  pn  se  promettie  de  l'eié- 
mt«r  par  4«s  Bmm. 

■'■  Q  était  d'anlant  phis  en  état  de  le  faire ,  que 
Dn  Guesclin  allnlt  reprendre  le  commandement 
fb  «■années.  Ce  bra*e capitaine  se  trouvait  alors 
en  Espagne,  où  le  roi  HeuriTranstamare  lui  avait 
donne  die  rklies  possessions.  Charles  le  Sage  ne 
■roolxitpas  commencerla'CampBgnê  sans  DuQue&- 
olin.  Ala -r^mjère  îustallatioiMde  son  souvâ^in  , 
lilUiiatre  Breton  quitta  la  Ca&lille  ,  et  joignit  en 
Gnjenne  l'armée  du  duc  d'Anjon  :  sa  présence 
remplit  lea  soldats  trançais  d'une  noavette  ardeur; 
Inn  succès  furent  rapides  ;  en  pea  de  temps  Ôs 
s'emparèrent  de  plusieurs  places  très-importantes 
situées  le  long  de  la  Garonne.  De  son  côté  le  duc 
de  Ber ri  remportait  de  ^ftuds  avantages  daus  le 
liimousin.  ™^ 

Cependant  une  armée  dejnhte^nq  milIe^Aïf 
glais j  eommandée  par  le  vàimwt  Robert  KjooÙeSt 
était  di^barquée  à  Ç^I^is ,  et  répandait  la  idésoU' 
(ion  sur  son  passagt.  Dans  ce  pressant  dBnger  le 
roi  eut  recours  au  système  de  défense  que  sa  «a- 

Esse  lui  avait  si  heureusemmt  inspire  pendant 
captivité  de  son  père  ;  3  mit  dans  tontes  W 
places  en  état  de  défense  bonnes  et  âdèles  gar- 
nisons ,  et  ordonna  aux  babitans  des  campagnes 
de  s'j  retirer  avec  leurt  efiets  les  plus  précieoTt 
Les  cnncniis  s'avancèrent  sans  éprouver  la  plua 
légère  rcsïstance ,  et  parcouriirent  le  Verman- 
dois ,  la  Brie  et  la  Champagne  ;  mais  s'ils  purent  - 
Tome  II.  3i 


t^y^igrr  li's  çainpiigiirt.  que  CtinrlcK  leur  niiil 
en  qûdyup  Mirtc  aiiaïKlonnves ,  ils  n>^  priAmt  aa- 
ctute  pKJiCe  il  11  port  auto.  lb>  W  préieutbn-nl  juscpie 
tous  1rs  mura,  de  l'aris ,  où  t  tatt  i'«iirr>rm<^  li>  mî , 
rt orfirnt fafc-e  cnteotlre  li* son  Af  Irurs tremuriltt 
aux  pgrim  dn  l.nUTi-e.  1^  licllitrucuae  iiublnBi' 
(jnl  rliloqiiiit  Cliarlps  brûlait  d'aller  cliâlin-  e<5 
IpilUiiU  ;  uiais  lo  saçfi  luwiunjiK  contritail  cettt 
Bj'dcur  ,  et  luiâsait  &es  iiiipn||kuK  (^itnemtf  (lertlre 
Iciirfcmpâ  en  courses  imitilf  8,  et  (le venir  lès  tire- 
mièrra  victimes  de  la  disette  qu'Us  i'^p«ndMeal 
-pnrloiit. 

CVtnil  à  Du  Gu«sclii)  qu'il  réarmait  le  saîd  iIc 
vengn*  (ont  de  ravagps.  Arriviîit  l'aris,  ce  raillant 
capitaiue  reçut  Vépée  ds  t-oiuietuLIcj  Alt  w  ntta 
jias  oisive  cnb'r  nei  moîfS.  Suivi  d'nno  luiavt  pen 

TÎcrs  rrimrats ,  il  se  niit  k  U  pourâMi^^i"  l'nrmét 
anglaise.  Longtemps ,  au  grë  Ûm  sac^ »  ijmrmr- 
tioiis  ilc  Hiu  rat,  il  se  c(tult'ul£  tU:  iiarru'ler  In 
rnncniis;  mais  ayant  Irouvc  dau»  \e  Maine  r<Mv  I 
rnuon  de  leur  livrer  une  attaque  ^«^n^iale ,  il  |tt 
('^t  complt^teuieitt.  CcUc  arniéc  Ivriuiilahl^qne 
Knnllt's  ofait  L-ouduitc  ut  PraiurciliMwriit,  et«f 
t^c^iiérnl  8c  trouva  trctp  Tieureux  d'aller  c«cl>mil 
honte  datis  un  chfttAKu  (ju'il  |ioj>««<Utit  eo  ~ 
tngiie.  ■■■ 

Le  connétable  se  rendit  ensuite  dana  le  BCrri^' 
d'oii  il  dias«H les  AnKliii£,4]uiàe  relii-j^icnl ikiidr  . 
J'oitou.  Bitnttit  npiilH  il  les  t-\{wUa  d^'  Ui  Towr^g 
l'iiine  ,  de  VAnjou  <  du  l.iuioti«iii  el  dti  llout^bé 

L'année  »i'fvaiite  U  (lotte  du  roi  4r  CmltTl* 
n<t<  le  allii<  d(T  Chajles  V  .  ■'«•aiiwrta  snrorUe  <jl 
Au^liiisunif  vietoirt  ïi^iul^r  :  cotveLfvfut  le<i 
ttiiil  de  la  I  uiiic  entîm'  di-  letir  ïwni  fit  Franu 
t'Aunis ,  la  Saintoiif^  it  le  Poitou  leur  ruvntn 
lr>(<s  |irf$i]i;enii)>»itt>r.  Ij-  runui^laMv.diiMnp 
■wii'gcttit  H  [irciiSit  tpiUt»  1«  [lUocf  ù  ««n  a 


:    iM'ffléB  l'  rtbi'éesplbschitil^ 

.  MrtisMk       "or  a  4    lecerre ,  Tint'aietClfe'lè  c6nt^.  ^ 

Ueà  tantoe  desascn»;  il  fat  diffiidt  et  pvfa'jMirlef 
s    Franfais  dani  unie  rencontre  près  de  la  yille  dé'^ 
^   Sonbue  »  et  conduit  rers  le  roi  de  France*  '  Ckar>-. 


h  '  enrers  lui  que  la. première  foift  ;'  Jean  de  Gràilly 
I'  -'  fut  enferme  dans  une  tour  du  Teinplè  !  il  j  mounu 
;  ^  miatre  ans  après ,  consume  p^o*  ime  mélÂtt^oilié  qui 
le  rendais  insensible  aux  ^rdaf  par  If^sqUéU  le'rot 
'  '  de  France  tâchait  d'adoucur  sa  captiTitë.      * 

Llionneur   et  la  nécessite  firent  eiifin  sortir 

Edouard  de* son  inaction;  il  résolut  d^aller-conit-' 

;^  Jiattre  ses  ennemis  en  personne ,  se  flattant.qué  stf 

seule  présence  ramènerait  la  '  TÎ^toire  jiotii^  ses 

étendards.  Rien  ne  fut  oubHé  jj^ur  a^iùr^er  le 

.  '   succès  de  son  expëditioh'5  quatijpehts  vaisseaux 

f  '   furent  rassemblés  ;  toute  la  nobfflEe  anslaise*  yint 

offrir  ses  services  à  son  roi  ;  le  prince  de  Galles  ^ 

dont  la  santé  sVtait  un  peu  ra£fermie  pendant  son 

séjour  à  Londres ,  devait  accompagner  son  père  : 

jamais  armement  plus  considérable  n'Miit  sorti 

des  ports  de  l'Angleterre.  ^ 

Charles  voyait  sans  efifroi  ces  immenses*  pré- 
paratifs ;  ses  prudentes  dispositions  l'avaient  mis 
k  l'abri  de  tous  les  événemcns.  Ses  plaoes  étaient* 
bien  approvisionnées ,  bien  défendues;  il  tenait  en 
son  pouvoir  presque  toutes  celles  du  Poitou  ,  à 
l'exception  du  fort  de  Thouars.  Cette  ville ,  où 
s'était  renfermée  une""  partie  des  seigneurs  de  la 
province,  ne  se  défendait  enèôre  quff  parce  qu'ejle 
avait  l'espoir  d'être  secourue'pàr  les  Anglais.  Du 
Guescliii  la  tenait  assiégée.  Son  ainnée  était  nom- 
breuse ,  pleine  de  conlinnce ,  et  chaque  jour  le  roi 
y  faisait  passer  de  nouvelles  troupes.  Le  Poitou 
allait  devenir  le  principal  tlu'âti e  de  la  guerre  : 


38o  CHARLES  V. 

cVlalt  Tcn  ccUeproviucç  qu'Edouard  arait  def« 
tcin  de*  hc  dirigfîr;  mais  Ir-s  éicfinens,  d'accord  ayec 
Irs  vœux  do  toute  la  France  9  rcpoussèrrnt  la 
flotte  de  cr;  prince  sur  Ir»  cotes  d'Augleteire.  Ea 
vain  ,  prndaiit  neuf  mois  qn*il  tint  la  mer  9  il  sel'- 
foi'^a  do  vaincre  cet  oLsliicle  inattendu  ;  il  se  vit 
contraint  de  ic^uçiptr  ë(t(ports»G)fut  alors  que  ce 
prince,  ddsr'ftpérë»  dit  au  snjctde  Oiarles  le  Sa;;r 
«  Que  jamais  roi  ne  sVtait  moins  armé,  et  ne  lui 
«  avait  donné  tant  ai  faire*  » 

Ccnrudant  les  fM:îgncurs  qui  résistaîent  encore 
dans  la  forteresse  de  Thonars ,  voyant  cp'ils  attcn** 
daient  en  vain  les  Anglais,  remirent  la  place  entre 
les  mains  de  Du  Gucsclin  y  et  rendirent  hommage 
au  roi  de  Fiance.  Lii  reddition  de  Thonars  as- 
fiura  la  posM^shion  de  tout  le  Poitou  et  de  la 
Guyenne.  Edouard  eut  alors  recours  à  des  iu- 
trigues  qui  ne  lui  lëusttirent  pas  mieux  que  tes 
armes  ;  il  voulut  détjiclior  lo  roi  de  Castille  de 
ralliaiM-e  de  Charles  Y  9  et  cv.  fut  le  roi  de  Na- 
varre qui  si;  eluirgea  de  cette  négociation  ^ mais 
Tianstaujaie  ne  lépouditqu^avecniépris  aux  su^;- 
l^eslioiis  du  perfide  Mavari ois,  et  déclara  haute- 
iricnt  que  les  x^tfres  les  plus  avantageuses  ne  lui 
feraieiil  juniuîs  oublier  son  amitié  pour  le  roi  de 
r'jaiiee. 

Le  monarque  anglais  s^adressa  ensuite  au  duc 
de  Dreljigne,  qu'il  trouva  dans  les  meillcfures  dis- 
positions. Mont  fort ,  quoique  vassal  de  Charles  V} 
avaif.  toujours  ]uëseus  à  sa  mémoire  les  services 
qu'Edouard  lui  avaitrendus;  maisilne  putaoîr  en 
fîii  faveur  comme  il  1  aurait  désiré»  Toute  la  no- 
i)lrss<;  de  la   province  éliiit  portée  dUnclination 

fwur  (]hai  les  V ,  qui  avait  su  se  Tatlachcr  par  ses 
lieu  (ait  s  et  ses  hons  proeédc's.  Les  seigneurs  bre- 
tons dcu-laièreut  au  duc  qu'ils  ne  le  serviraient  ja-* 
mais  (roi lire  la  France ,  et  en  même  temps  ils 
douiicTcut  avis  au  roi  des  mauvais  desseins  ds 


t  . 


'flbiifert.  Qi/ÊaieBf  cpi  dans  totttès  let  dëmardhei^ 
'respectait  les  règles  deia  justîcef  ettTOTm  womÉoeè 
ce  Tassai  infidèle  de  r<^iiprei|tintel|Bipôes|iTed 
les  ennenû»^  la  France*  ISb  dac  nnrfalit  tettjjs 
•compte*'deey|^rdre ,  une  aràufe  française  entra  ^ 
Bretagne^  etM^entÀt  soumis  la^proyinôeenfière  é 
à  l'exoeptioiiN' «r  Brest  et  de  Denral ,  forter^lse 
où  s'ët9Lit  reûté  Robert  Knolles*  Montfort,  de** 
pooiUë  deses  ëtats,  s'enfuit  à  Londres.  Edoiuu*d  f 
pour  venger -son  malheureux,  allie  /rassembla  une 
armëe  de  plus  de  trente  mille  hommes»  dont  il 
confia  la  conduite  au  duc  de  Lancastre  y  Fun  de 
tes  fils.  Comptant  beaucoup  sur  un  pareil  secours^ 
le  duc  de  Bretagne  osa  enroyer  au  roi  ^de  France 
im  défi  dans  les  termes  le»  plus  mèiiaçans*      • 
^    Mais  le  prince  aurais ,'  loin  d'imiter  le  sUe  de 
son 'père  pour  les  mtëréts  de  Mœitfort»  seoibla 
prendre  à  tâche  de  l'humilier.  Au  lieu,  de  se  di^ 
riger  vers  la  Bretagne  9  comme  le  duc  l'ayait  es* 
pérë ,  Lancastre  prit  la  route  de  la  GruyennCf  aprè» 
avoir  traversé  en  brigand  toutes  les  provinbes  de 
la  France,   depuis    TArtois  jusqu^au  Limousin. 
Charles ,  toujours  fidèle  à  son   systèm'ë  de  dë-^ 
fense,  avait  donne  des  ordres  si  bien  combinés  5 
et  qui  furent  $î  ponctuellement  suivis ,    que  tou» 
ces^pays  souÔrirent  peu  de  dommages.  Pendant 
la  nuit  ses  troupes  se  tenaient  rentermées  dans 
les  forteresses 5  pendant  le  jour  elles  ne  cessaient 
de  suivre,  de  harceler  les  Auglais,  chargeant  ceux 
qui  s'écartaieut ,  et  les  pressant  de  telîe  sorte  qu'ils 
n'avaient  pas  le  temps  de  se  procurer  des  vivres 
ni  des  fourrages  :  le  succès  couronna  ces  mesures 
prudentes.  Cti^ries  le  Sage  eut  la  satisfaction  de 
voir  cette  arnlëe ,  naguère  si  nombreuse ,  réduite 
à  ciuq  ou  six.  mille  hommes  à  son  arrivée  à  'Bor- 
deaux 5  ce  fut  avec  ces  faibles  débris  que  le  duc 
de  Lancastre  repassa  eu  Auglcteire. 

Plusieurs  fois  le  pape  Grégoire  XI  avait  tâché 


38s  CHARLES  V. 

dn  r^roncilirr  Ir  ruî  il<<  France  aTVB  Etlnunnl: 
CitMl';».  ijui'  U  prueiH^rilé  n'uTi-twIail  (ms,  prêU 
Ac  Ixmne-^  l'oiriUi.-  nus  tolltirtliliiiiih  du  rrc- 
pOCbiMc  poiilil'i-;  uiuIh  le  lui  d'All|{|(Hr-rr^ .  tout 
Vitincii  4{u'il  cliiil.  auii'>iii,'iiil  <li  s  |)i«U-ii<i">i«lrap 
^Itïëcs.  lïcpui»  plu*  di-  il'  ■  M'uc» 

atKÙiitlÙ-u  (Iniis  la  Till>  '  iMr?r- 

-  til]'  h  lui  accominoilouii  '  -.  pnii- 

niiiicf'*;  inui»  «!<■  ni  lau^i^i  n  ..v^,*"  ■■<>■■'<•  uiiImm»-- 
Umi>  mt'îi  lu  ctiuclusioti  d'uiiv  tiérrd'utM-  ituiiëe. 

Cliurirs  V  prolilu  de  ck  uouri  inlirvallr  de 
|iuu(|uillil^  pnui-  s'occuprr  plu»  particuli^ri-innil 
Ak*  uDuiii-ti  iiit<!i'ieui¥S.  l'tnim  pltisii^uiii  ordon— 
tisiiccfi  uul  rrudi'iit  Iviuaii^uiiuc  dn  la  isf^s^e  de 
ce  Kinnd  piiiic,  il  eu  nuM  unr  rt'ltitiv^&  la 
tuajoiil^  fies  rois  :  justinBloitcllf  «Tait- été  tnée  . 
il  l'agcili' tiitf^tct  oiiam;  il  cauiia)«dait  par  n- 
piirieiicf  Ivs  iacoilvétitciid  d'uni?  si  lanmtc  itiîiA»— 
rite  ;  il  votilul  c(u<!  di'-M>i'mui«  le»  rtm  iuuent  m»- 
jciu'8  it  imiitxirxc  ana.  Celle  nnloanimeml  du  uioic 
d'tioût  t374:  qurdcmaRs  aurait  evit<!ii  bFritncei 
hi  celle  loi  KÙt  été  vu  viuuuuf  nous  le  rèone  pré- 
KéJicnO. 

Les  Id^U  du  pnpe,  toujours  rcetrio  ft  Bmgrv 
pour  tiHvailliT  n  U  p«iix  ,  uvaî<>ul  ulitenu  u»r  ■ 
pi'ui'cigatioii  de  la  tièvc .  Imiuiue  l'Aniflélpmj 
«<pi-4iiivi>  un  malliiur  \>ka  plim  l'uiiPAtc  t]iuf  tous 
les  (!pMi)iti-i'N  dci  f(ui;rm  pi éit'driiles.  Sno  plu* 
femir  npput ,  le  pnncc  de  Calli.i .  succomba i  «h  ' 
lau^uiBOOullmmtBi  Ii  It^e  dKipiaïuiitc-cix  ki 
Les  l'i  Diieaiit  t'ux-m£iars  rrgrctlJrenl  c«  Wro 
Cliarles  Y ,  4111  MvatI  liotwrcr  le  lu^ritc  riana 
Mil  fiiiirmis.  lui  lit  t.éléi'iiT  on  ««rtice  iun%ln« 
tiui)iii  l  il  awiiita  uvf  c  toux  li-*  gramU  du  rovaume.  4 

Uni-    M-iuMnlrU^.iH'ilr   «N.-ail  dû  iaim  Aémer  ( 
lii  pi'it   it    Edui.ii.i).    L'Anitlirtern:  ifliiii  éptui^ 
d'li<jiiii)»Li>  cl  il'iin^i  ni;  !<■  [ivii  di-  li-(»>i|wa<|>i]  Ui 
~"  '"    'ot ,  UUif»  iicbiis  de  M-a  aiiui'i->,  uagnâis 


à 


GHAHX£SVv  ^ 

«i  iioii:d>retise8  et  81  florâsaiifceÉ ^  Afmlènt  'p^gtéà: 
cette  coiifiaoce  qui  bien  soureDl  cH  vttm'iaii^  ' 
raiitde  layictoiice*  Le  roi  de  Fnuuse  ailMitrajMy 
qui  ;  à  aon  aYëaenieiit  au  trdne^  arait  trouve  les 
finances  ruiikiés^,  les  .forces  de  l'Etat  rédtiites  à 
douze  cents  hommefjffl^armes,  arait  an  par  son 
ordre  et  par.son  ^onémie  remplir  ses  cdjBres  sans  . 
fouler  ses  peuples;  cinq  armées  'puissantes  et  bien 
entretenues  portaient  en  divers  lieux  la  terreur  * 
du  nom  français ,  tandis,  qqj|ine  flotte ,  compoiB^ 
de  ;trente-cinq  gros  vaisseaux  de  ligne,  et  d'un 
grand  nombre  de  bâtimens')plus  légers,  venait  tout 
récemment  de  sortir  de  ses  chantiers.  En  état  dé* 
tout  entreprendre  9  il  oflrit  la  paix  anx  conditioitts 
les  plus  avantageuses.  Il  cbvait  céder  qnatorse 
cents  villes  fermées  et  trois  miUeforteresses^^  pour 
les   seules  provinces  d'Aquitaine^  car  dans  céé 
temps  de  guerres  intestines  tout  n'était  <fïé  place 
forte  dans  la  France*  Ces  propositions  ne  satis-* 
firent  pas'  encore  les  plénipotentiaires  de  l'ambi- 
tieux Edouard  ;  ils  retournèrent  à  Londres  y  mais 
ce  prince  n'était  plus  ;  il  avait  été  enlevé  à  ses  sujets 
le  21  juin  1377,  à  Tâge  de  soixante-cinq  ans.  On 
pourrait  proposer  ce  monarqt^  pour  modèle ,  s.'il 
avait  su  modérer  son  ambition.  Charles ,  en  appre- 
nant sa  mort,  lui  donna  de  sincères  regrets ,  et  dît 
«   Que  bien  noblenientet  bien  vaillamment  il  avait 
«  régné ,  et  que  bien  devait  être  de  lui  nouvelle 
«  et  mémoire  au  nom]>re  des  Preux.  »  Les  der- 
niers jour  d'Edouard  avaient  été  signalés  par  une 
invasion  de  la  flotte  française  sur  les  rôtos  d'Anr- 
^letcrre.  Jean  de  Vienne ,  amiral  de  France,  qui  la 
conmiandait,  prit  et  mit  à  contribution  toutes  les 

Ïdaces  de  Tile  de  Wigtb,  fit  une  descente  dans 
e  comté  de  Kent,  et  désola  tout  le  midi  de  l'An- 
gleterre. La  consternation  se  répanditdaiisLondres* 
Douvres  était  menacée;  mais  cent  nulle  Anglais 
s'ctant  pi  ésentés  pour  défendre  ce  rempart  de  TAn- 


3^  r.HAlU£S  V. 

i;)i-li-iTe ,  Jt>Bn  (te  Vi«niM>  tti rrtini . ap i'^  AVtûr  &ÎI 
M-Hlir  A  or«  rmiAnii*  iki  U  Fniiici-  qu'il  u'oil  pas 
iiitpoHiklc  <lc  surprciulrp  liiir  île, 

La  iiiorr  dw  roi  d'Atifth'Irnv  «ymit  mtu^m  loiilis 
Icji  n<!)i;uciatii>n».  et  lu  tri'tc  rtuHl  rx|>it«*r,  Chnrl>i 
le  Sngti ,  t\\ù  .  luul  (liogio^rf  qu'il  Aait  k  la  paix  , 
kViltkil  toii|uuiv  trira  pi'f't  h  U  ^iirriVi  rnTttji  (Ir* 
trtiii)H's  dnii»  tontr»  lr«  provîtircn  «h  U-s  Ançloif 
tiVlnicnt  psH  riili^rftniCDt  px(iiil»<ls.  Cinq  orm^r* 
ii'iiii^-iiiM'A  ^tHÎrut  on  online  lrtn|««  snr  nîra.  L'ntiv 
fut  i-itTO}*<^cu  Artoin,  nuniulmlHnïl  Atim^ftp. 
uiio  «ulrv  en  Gnyei)iir  ,  ui>r  qimlrîf  inR  rn  BiT' 
ttfyte  ;  If!  ni<Fvojniit  mananpif  n-tint  U  ^«raiifV 
«iipi'^a  de  lui  pour  la  faire  diaiiHvrr  au  «cocMrf 
fie  i^rllc  iet  minlrr  tuitm  qui  en  uui-nit  Ikimhiu 
Cette  pn'cnutHui  dt-vinl  inutile  :  le*  Arnt^rit  tkva* 
foinrti  fuiTut  Tklorimiset  *ur  tnos  les  piituto.  DrS 
nomlireuM'a  urovincos  que  tes  Ancluîs  piMH<dkîrn(' 
eu  Frnneelt  la  mMrtthinHJemt.  il  nclrurml*Mf 
pluf  que  oui»  ,  Bre^t  et  Doixleaus  .  et  ù  Cfau-lt» 

ne  put  les  eitipfelier  île  n'y  tiiniiiti'itir ,  i!  Im  f 

tint  si  bieit  Moqués  jusqu'il  lu  fin  cln  sou  fVgne  ■ 
qu'ils  t\iiTiilpl»tû(pnMuini- -ut  que  luailmtlMnsni 
pluci'ï  iiiinoi'tHum.j>-  La  priulèfloe  ih-  Cfanrleft'V,' 

•  dit  VMi  Millot,  l'activité  du  (.■annrftuMe .  tt 

■  t.'nni-a)(e  et  le  iMe  de  la  iinliun ,  urairat  opcn*  c* 
«  eliau{;eweul ,  plus  glorieus  au  roi  '\vv  ue  l'uvaieoC 

•  elei\«ciieiinetuisl<-»»uih-Kilr»)'nlaille*(1rCertS 

■  et  (1«  Poitiers ,  enr  il  est  fiHÎle  île  îciutr  d 

•  l)onhe«vex(i'aonlinnire,«t  triik^iificilede   .^^ 

■  ]i>ii  iT  le*  uiallieur*  k  furtii  île  n^f-M>'.  ■  DiwIC 
Bw*.si  ipif  If»  peuples  awtnjptt il  «n  | 
de  lAii^leli-ree  se  reganlaient  iii< 
qiiis  que  eouiiue  dt'li*i<!s  par  ee  sape  uinuar<qne. 

Cmitlil^  des  faveurs  de  In  fniiune,  quempiV;. 
«IriH-,-  senibiflit  inaiti-i«er .  rlrfrî  de  w*  .«njet»  Anf) 
il  einil  le  wuvetu-  et  le  pi^i-e.  Oiarle*  «^Isit  l'nliH 
de  l'aitiuiiatioudcii  tfiraugen.  Touyletsomenoi 


CHARLES  V,  *38» 

V-empreMaient  de  rechercher  son  amitië*  Outré; 
Heuri  Translamare ,  le  roi  d  Ecosse ,  celui  d'Arra?* 
gou  et  Uempeixîur  d'Allemagne  furent  constami*' 
luent  ses  alliés.  Le  roi  de  Chypre  se  fit  longtemps 
un  honneiu*  de  résider  à  la  cour  de  ce  grand 
prince.  Christine  de  Pisan ,  témoin  oculaire ,  rap-i» 
porte  dans  un  de  ses  mémoires  que  le  Soudan  de 
Biihylone  envoya  à  Charles 'V  une  députa tioni 
solennelle ,  dont  le  seul  hut  était  de  lui  témqigaei^ 
Testinie  et  Tadmiration  qu'inspirait  sa  profonde 
sagesse.  Suivant  une  chronique  maimscrite  du 
temps  5  le  roi  d'Arménie  entretenait  aussi  des  re- 
lations d'amitié  avec  Charles  V ,  qui  fut  même  le 
médiateur  de  ses  démêlés  avec  le  Soudan  de  Ba- 
hylone.  Des  Anglais  refusaient  seuls  de  rendre 
justice  au  mérite  d'un  prince  dont  ils  connaissaient 
trop  hien  l'hahilet©  :  «  Ce  n'est  qiï'nn  avocat  »  ^ 
disait  le  duc  de  Lancastre,  qui  se  préparaît  à  faire 
une  invasion  en  France.  «  Oui ,  i  épond  Charles , 
«  si  je  suis  un  avocat  je  lui  prépare  tel  plaidoyer 
K  dont  la  sentence  ne  le  réjouira  guère.  »  Il  n'y 
manqua  pas  ;  Lancàstre ,  complettcment  hattu ,  ne 
recueillit  d'autre  fruit  de  son  expédition  que  beau-» 
coup  de  honte  et  la  pertç  de  sou  armée. 

L'empereur  d'Allemagne  Charles  IV  ayant  fait 
lui  vœu  de  pèlerinage  à  Saint- Maur  de  Fiance,  et 
voulant  jouir  sur  la  fin  de  ses  jours  du  l)onheur 
de  voir  son  neveu  Charles»le  Sage ,  vint  de  Prague 
ù  Paris ,  comme  la  reine  de  Saba ,  dit  ingénieuse- 
ment un  auteur  moderne ,  était  venue  voir  Salo- 
nion.  Le  roi  de  France,  prévenu  de  ce  voyage  par 
une  lettre  très-affectueuse  de  son  oncle ,  avait  or* 
donné  de  graiuls  préparatifs  pour  sa  réception. 

On  le  reçut  magnifiquement  dans  toutes  Ict 
villes  5  mais  comme  on  se  rappelait  les  prétentions 
chimériques  do  souveraineté  que  quelques  empe- 
reurs avaient  ours  sur  tons  les  roj^iumes  cliétiens, 
on  prit  garde  dç  ne  rendre  à  Charles  IV  aiicua 

'J  u/nc  11.  ôji 


3«6  CHARLES  V. 

Al'.»  lionncurs  que  le»  »i)eU  dotvràl  an  sonTieraiii. 
On  ne  siinnapasles  cloclii%,  et  cfiix  qui  lelMra»* 
gvërcnt  De  niani^iièrent  pu::  iIp  dirf  t|ur  r«ilait 
s  par  ordre  du  roi  leur  st'igaeur.  —  Vous  ^tekle 
•I  birn  venu  daas  la  ville  rlu  roi .  lui  dît  ïe  inairt 
«  de  Saint-QueutÎB.  n  Cette  séTërité  ému*  Ui  lé- 
j'émouial  paraîtrait  aujourd'hui  dp  la  uettlmar , 
mais  c'ëlnit  alors  l'esprit  dn  $iècl«.  Clnr]c«  le 
Sage  était  s^vl  aa-drssus  de  tontes  M>a  iHinulin; 
mais  le  ^aic  ue  peut  pas  toujoura  fi'all*rau«lttrdn 
pt  ëjvgësqii'il  iiiEpirc.  Quoi  qu'il  ru  soït,  rrmprreur 
lot  tiès-satisfait  de  l'acctieil  que  lui  (!l  sonneviii. 
n  UG  pouvait  se  lasser  d'adinii'Cr  l'ordre  et  l'opu- 
lence qui  régnaient  daus  une  cour  qu'iluvailniru 
mal  organiste  tous  le  rh^fç  du  roi  Jean.  Plusi«Dn 
fois  il  aaiiisla  an  conseil  du  rni .  qui  saisit  cette 
occasion  pour  faire- éclater  devant  l'enipereur 
lYqnilë  de  w  conduite  ii  C&ard  des  Aiq^bii^  Dam 
un  discours  très— éloquent  il  esposa  tous  In  griefs 
de  la  France  contre  1  Anpjleterrc,  et  fit  lire  ensuite 
toutes  les  pièoes  ]'nstiticat)vcs>  Charles  1V<  non 
content  d'approuver  Ie«  laisoni  allé^uëm  p*r  lu 
-sage  roi ,  lui  oilî'it  de  le  seconder  de  tout  fton  pou- 
voir dans  la  pouisuîte  de  cette  Kuei-re. 

Lemperenr  venait  de  prendre  cûn|(é  du  nni, 
quinte  joors  s'ëtaient  à  peine  ërnulcs  dtqinis  lc« 
1  ëjouissances  ausquolles  avait  donné  lira  La  prë* 
M-nce  du  premier  souverain  de  la  clirétienlëiloi^ 
que  toute  la  Franee  fut  plongëc  dans  le  deuil.  La 
reine  mourut  des  suites  d'une  couche,  à  l'iode 
ipiarante  ans.  Charles  avuit  plus  d'nne  fott  hS/L 
pt-t-uve  de  constance  dans  l'advenilc;  mnis  îl  fût 
accahié  de  ce  coup  imprévu  ;  en  perrl^al  l'Abirt 
de  toutes  ses  ufTections  ,  il  vojait  la  Fiimco  CuM 
une  perte  encore  plus  snuide.  Aux  Ttrrtiig  de  «oB 
Ncie  Jeaime  joignait  les  qualilt^x  d'uue  {j^witb 
reine.  Le  roi  connaissait  sa  lenuetë  >  sa  (h'sci^IiOQa 
et  sa  capacité  dau  Iw  aOkitcs  j  il  «rail         " 


CHARLES  V.    •  88/ 

mae  confiance  sans  bornes.  Depuis  longtemps 
il  se  Tétait  associée  dans  les  soins  du  gouverne- 
ment ;  la  reine  paraissait  à  ses  côtés  aux  était 
généraux  de  la  nation.  >  comme  aux  conseib  les 

Îiius  secrets  ,  et  y  donnait  souvent  son  avis  .sur 
es  affaires  mises  en  délibération é  Pendant  les  fré- 
quentes maladies  auxquelles  son  époux  était  sujet , 
citait  sur  eUe  seule  qu'il  se  reposait  du  soin  de 
gouverner  ;  elle  seule  faisait  les  dépêches ,  et  les 
scellait  de  son  propre  sceau.  Trop  épuisé  paries 
souffrances  et  par  les  travaux  pour  qu'il  pût  st 
promettre  de  longs  jours,  Ciiarles  s'était  flatté  di| 
moins  que  cette  sage  princesse  lui  survivrait,  et 
qu'en  qualité  de  régentn  du  i^jaume  et  de  tutricd 
du  dauphin  elle  mettrait  la  France  à  labri  des 
dangers  d'une  minorité  s  la  mort  prématurée  d# 
Jeanne  renversa  les  plus  chères  espérances  do 
prévoyant  monarque. 

Les  tristes  impressions  qu^avait  laissées  oè 
fiital  événement  étaient  encore  récentes ,  lorsque 
1  état  fut  raen'acé  d'un  raallieur  bien  plus  grand. 
Charles  le  Sage  faillit  être  victime  d'iuxe  nou-* 
-vcUc  pei-fidie  du  Navarroîs.  Charles  ,  comi^ 
de  Beaumout,  Fils  aîtic  de  .Charles  le  Mauvais  % 
«vait  un  vif  désir  d'aller  voir  le  roi  de  Frauce, 
ion  oncle.  Le  Navarruis ,  loin  de  s'opposer  a  ce 
-voyage,  le  regarda  comme  une  occasion  favo* 
1  able  pour  se  défaire  de  Charles  V.  Il  avait  à  sa 
cour  deux  hommes  dont  l'adresse  égalait  la  mé^ 
chanceté,  Delarue,  son  chambellan,  et  Dutertre, 
son  secrétaire  ;  les  jugeant  capables  de  tous  les 
crimes ,  il  les  chargea  d'empoisonner  le  roi  :  c^ 
lut  dans  ce  dessein  qu'il  le^  envoya  à  la  suite  df^ 
jeime  Charles  son  fils. 

Ciiarles  le  Sage,  trop  juste  pour  rendre  le  ûl$ 
responsable  de  la  conduite  du  père  ,  reçut  le 
comte  de  Beaumout  avec  tous  les  égards  dus  it 
sa  uaist^nce»  Oa  P^h  cou^i^ment  chi  com])h>t 

33* 


.^88  *    CHAULES  V. 

tniuHipnr  Owi-Irt  lo  Mnuv«irT  "n  n'f^n 

ui    W»    ori.»iiïitiiii«t  ni   U's  iiriiirir>anx   iirOni- 

um»;  ou  iiomutc  Hculnitrut  Vjt  liarlii^  ijui  nr- 

cuinpiiiftnBieiit  le  lib  du  rtii  de  Nat'vi'n.'.  Lp  jciimi- 

pl^Ki?  iVil  iulriTogi^i  mmU  lu  iianilrur  du  U-&  >i!- 

CiUM-s,  I»  ib-nitMrr  île  hs  d^mruhiii  cl  h  i!lia- 
tirovrc  Innwcllr  ilclinrliu  liii-tiiî'iiip  It  difccwirTir 
le*  n>u|in1ilL-H ,  tout  M'  l't'iinil  jiiitu-  nllrttrr  son  in*    | 
nix-ciiKr.  Eiilin.  <>u  uViiIpluxftc  iloutr  surllital»  1 
pitllililc'lc  Diitii-tn-H  Drlorup;  arr^lA,    n|^-   | 
qu*"»  it  [a  «jiifftliuii ,  !l»  nvou^rciit  Jptir  crime  ri 

Cliuricx  V  iVKuIat  iil<»n  tlt^pntiir  h-  roî  ili'  Nor 
vnnc.  irniic    ninui^iv  i!i-lntnnlc  ;  il   fut  atxhaéé 
diii<«  «*  (li'Mc'iit  par  le  lui  ilef^stillF,  «no  Gdèl«    > 
nllir-  CliHrIf'H  k-  Mauvais.  il(!|iunil)L(  du  «r*  Aat»^   i 
|i.iMa  ru  An^lvlcrm ,  4<l  livra  mit  Anf[l»i»  laitUtt  ] 
lie  ClirrhoMrg,  In  st-ulo  pUw  inporUiulrqiu  !■! 
nMtât  (laus  iv  royaume. 

Si  If  lut  fie  hiivan't  tàl  r^osi>1  dnns  IVxécih> 
tion  lit-  KQU  (-(lupnlili'  ilt-wciu.  il  nVill fait  ipiv  Uter 
IVflét  t)e  «on  pri'Riirriinpiitiil.  Nomayoïistn  pr^ 
CMlriiiniciit  quL>  ('Imrlr»  V .  nVlanl  «-ucore  <iu«! 
d4Upbtn,  avOit  été  <>jii[i(>i»<iiin<i,  et  qu'il  nr  àmt 
qu'il  (U-  proutpl»  Mfwirs  .In  conY^Tntion  ée» 
ï il'!  lin  in<<iWin  HJtrmaii<K  «{iiv  lui  t-iittif «  rMnp»-  . 
i«ur  CliariM  IV  son  uiiclc,  avait  afmif  la  m^J 
Itiki'i-  du  pbi«oii  Ml  Itlï  fai^HMl  une  utiTCTlOPP  «À^ 
Iinit.  Il  avnit  dit  qiiv  qiiHnd  cclUr  )>Ib!l>  «  ' 
il  M'  reIVrtDcrIr  prince  motirniit  prcH^uci 
un  buut  àti  viii|;tT<lf  iix  »ini  la  nlnie   ur  r 
ri-  liii  nii  aii>is  Hr  wpli'nilirK  i3Ba, 

(lijirlcï'V  Tit.ftpiu-wrJisr  1»  mort  o*i>c r<*a  _ 
tioii;  il  cwplovit  K'iw-)!  dr  )our«iiiii  lui  n-«tainM4 
ù  K'tu!t-uner  ^ Ina  quo  innitiis  du  hcMihciir  ilp  • 
jiciiplc.  Il  .n'caiiiiiiaiHU  aux  *ojii.i  tli-  *r»  Ir^m  II 
(liiiipliiii  «on  fils,  pncoi'c  cnlànt.  t'iip  |iiémy«fN 
iui|iiii:ic  élcudait scaawi>  nii<-<J«|h  duUwolvmi)  m 


pàt  dit  ^'U  dermait  les  troubles  tjaâ  deiraiênt 
agiter  le  rèsac;  du  ^noaïfaeureux  Charles  VIv  Le 
]oiir  même  oe  sa  mort  il  supl^riiBii  pbr'^œiecép^ 
domiance  expresse  la  plupart  des  imp6tfr  qraeks 
circonstances  l'aYaient  f<Mrcé  d'éUitir.  La  Fi  jmcd 
le  perdit  le  %6  septembare  i38oà*  GiMOrlesi^kait  â^ 
>  de  quaraute-quati^  ans;;  il'en  tfrdit  ré^é  dh;-^ 
Kf'  sept.  »  ,   ,  '  ' 

^  «  Ce  monarque,  dit  le  président  JSëuault»: *« 
.  mëritë  un  ëlogé  ^  .doit  ser^rûr  de  leçon  à  iôésim 
.  rpis.r  c'est  que  jamais  princilB  nO'iSer.  plut  >  ta&t  à 
/lemander  conseil,  et  ne  se  laissai moms^gouVélr^ 
ner  que  lui.  »  Il  sut  toiijou]:^  allier  à  la  poHti^ue 
.  la' justice  et  la  probité.  «  J^  ne  =  trottTéi  les  roit 
c  béurcux,  disaît-il  uu  jour,  qu'en  ce  qu'ib  ont 
«  le  pouvoir  do  faire  dubîèa.  »'A  ce  titre  'ChnSes 
le  Sage  mcrita  le  sunio«\  ^Heimux  que  tixiâë^ 
perna  la  voi^  publiqo&B^^AmHe  et  ffutlfti  bunifeliir 
.toujours  ëgale ,  il  tr^U^il  AT%ovIàopkë  extrême 
1>onté  les  .stïryiteurs  elles  tiaortisain-quî'  Ventoir^ 
^  Itiicnt^iln'étaitsëy^qu'enyers^QSjdtil^neniQûft* 
..traieot  pas  de  respé^ot  pout*  la  religion  et  pcAir  lef 
bonnes  mœurs.  Ûii^^igneur  avait  tenu  un  dis- 
cours trop  libre  devant  le  dauphin  son  fils  ;  CMirles 
le  Sage  cliassa  le  coupable  de  sa  cour,  et  dit  à  ceux 
qui  étaient  prësciis  :  «  Il  faut  inspirer -aux  enfen^ 
«  des  princes  l'amour ;dq la  vertu,  afin  duf ils  aar- 
«  passent  en  bonnes  ,^eutrreii  cenX'qa'iiiiklbifimt 
«  surpasser  en  dîmitë»  »  U  avait  en  horreur  les 
jeux  de  hasard,  etTesdëfei$ait  ^itialifooraitiàémd 
de  SCS  bonnes  grâces  Jehan  de  Saii^frë  *^uè  parce 
qu'il  ne  jouait  ni  aux  cartes  ni  aux-dez.  Eco- 
nome et  frugal,  il  ^ait  néanmoins  magnifique  et 
liîjcral  dans  les  occasions  d'éclat.  «  Il  aiiniiit  à 
CCI  tendre  la  vérité  delà  bouche  des  gens  de  bien , 
dit  Mézerai ,  et  quoiqu'il  méritât  de  suprêmes 
louanges,  il  avait  peine  d'en  souffrir  ,  et  1rs  mé-» 
prisait  entièrement ,  parce  que  de  tout  temps  les 


i-ourtisiins  on  ont  doiind  nui  bons  et  aux  irmiivaii 
priiicrs.  Pai^dcssus  ioiitcK  ai'H  Y(*rtiiH  dt^lalHinil  la 
«intiiih*  (l(*  Dieu  rt  1«*  f.iAv.  Av.  In  juBtîce^  «kiiit  h 
•oiii  dtjint  In  plus  iiohio  foiiclîoii  de  l:i  roynuti^, 
i&  se  plaisnità  lu  rrudreni  pnjnHHinfîy  v.i  tu;  Imii- 
«vait  fort  souvent  nun  niulif^ncm  de  8(iii  parlnufiif. 
.Oelait  lîi  (|u^il  faisait,  ndiniivr  sou  raisonnmiriit 
ri  snu  (>lo(|uru(M!,  i^puisMinl  c(U(ïl(|U(*foi8  tout.  In 
jujrl,  rt  m\  Inissaiit  v'ion  i^  dire  m  «h  0011  chu uce-*' 
ii(*r  ni  à  sou  avocat  ^diK^ral.  » 

Ou  trouva  dnuB  M(*h  colTrrs  dix-sept  millions 
de  livres  dv.  sou  temps,  dus  h  l'ordre  et  h  TëcMi- 
iiouiir  fpi'il  mit  dans  les  finances,  et  au  soin 
(pril  prit  d(*  l'aire  ilourir  Tagriculture  daus  sou 
l'u^iiuiiie, 

J)oii(5d*une  instruction  pru  comiuune,  il  aima 
les  lettres,  et  (ut  1h  protecteur  de  ceux  qui  1h8 
cidlivaient.  Il  se  faisait  lire  eliaque  jour  quelciuViu- 
\rîl^e  sur  le  ^ouverneiiu'nt,  et  se  plaisait  a  pui- 
M'r  dans  riiistoire  d'utiles  exemples.  On  peut  re- 

Î;arder  (^Uarles  V  comme  le  vc^rifahlti  ibnuateur  de 
a  l>iljliolli(>(pie  de  Paris.  Il  parvint  h  rassiMnhIer 
«iiviroii  neuf  cents  volumeT.dans  une  Ai'iS  toui*s 
i\u  Louvre ,  ipii  fut  iu>mni($o  la  Tour  de  la  lA" 
hntin't*,  (l'cKait  un  nond>re  l>icu  considërahlc  pour 
ee  temps  <le  Imrharie  et  d'ignorance ,  oùrimpri- 
merie  ir($(ail  |>jis  encore  inventée.  Le  roi  Jean 
n'avait  laisse^  h  (ihnrl(*s  le  Sagct  qu^uue  vinglaiuti 
de  volumes.  Qui  eut  pu  prévoir  dès  lors  qu*uuo 
si  mince  collc^ction  dût  Hrn  l'origine  de  cittUi 
vaste 
orne 


:e  liihlio(lii\pie  cpii   fait  Tun  des  plus  beaux 
cnien;!  de  lu  capitale  du  giaiid  £nipirc  ! 


!   .  SURHOMME  LE  >iAGNÀNIA«î^ 


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,  joignait  à  une  yaleur  hépàiipte  nçfi  (P9P^  QtP^ 
dëration  ;  il  ayait  ui^  casiir  cimips^tifttiit  et  fjMé» 
ipeux ,  une  grande  force  et  ni^  gninid^  Ifapqiultité 
ifeq^t ,  beaucoup  de  priidenb^ ,  dç  çl^^ttoiéfesso* 
ifteD|r,  de  droiture*,  de  tejf^fi^Bpics^^ ^ 
jpbâr  la  justice  ;  il  tenait  0dèl^93e|^  sespromesf^t, 
et  se  lirrait  arec  transport  aux  dSfices  de  Tëtude  ; 
reconnaissant  et  modeste  il  nVimail  du  trône  qu9 
le  pouvoir  qu^il  lui  donnait  de  faire  le  bien. 

'Fils  d^léoaore  d'Alhuouerque  et  deFerdii|an4 
le  Juste  9  in^nt  de  Gastule  que  les  Ârr^onaii 
.  avaient  appelé  à  régner ,  Alpbon^  ii^onta  gur  le 
trône  d'Arragon  après  la  mort  de  açii  pèrcf^en  141 6; 
il  avait  alors  trente-i|B  ans»  J^  jfjpençieé  aete  par 
lequel  il  signala  sa  puissanbe  tut  4e  d^dbîrer^ 
sans  la  lire»  une  liste  de  seigneurie  qui  avaient 
conspire  contre  lui  :  «  Je  les  forcerai  9  dit-il ,  k 
«  reconnaître  que  j*ai  plus  de  soin  de  leur,  ^if 
«  qu'ils  n'en  ont  eux-mêmes.  ? 

Cette  action  généreuse  envers  ae$  ei^i^emis  fut 
suivie  de  beaucoup  d'auU-es  qui  ne  sont  pas  njtoins 
remarquables.  Marin ,  officier  d'un  grand  mëf ite  f 
qui  nourrissait  contre  lui  une  forte  baine  dont  ijL 


•  3(>i  AtPHônsBgir. 

HVuit  Konvml  donné  dr»  pn-una  ,  fut  [M-UJaiii  I* 
wi^e  it'uM)  platyi  qu'il  ilt^eiRUit/  Ix^  »ttti)»ti  vir- 
-tittirus .  «'iflunl  JHf m  sur  lui .  ■(■  jir'^puraiMit  à  Ir 
(nirn  ntouri^  sur  I»>  lnw'ln-;  M\'nf>ntn  f'Mitprr»" 
df  le  iH-Ui-vr  lie  li^irs  uikiiUi  Ini  Ik  i^lilurr  m* 
Iiù'fis  .  lui  dotiiin  i'aitgpui'u>i  1<^  fti^nulciirs,  p'^tl 
«csciitaiis  à  lu  l'Ouï-!  et  le*  viitublâ  (le  ctin^mèu 
"  a  fucilitt!  U'AliitioiiiP  h  tMnltinrier  filait  Irllt , 


qu'on  aurnit  pu  juitrinrnt  lui  Bppliqnrr  miu' 
u  ili,(  du  CAtir.qu'U  Ay  avait  i|ik  Itï  I    '' 
ft&t  uuHîf'j-.  Loi-i>(|ue,  Inilii  pluuniirN 


jHi^Uke  jpnxiiuic,   on  lui  rrpKWtiloit  iju'îf  ntJÎI 
trop  <i  indalaritcc  pow  4l'iu(li)tm'R  injdi,  ilr^ 
fDinluit  1  "  Dieu  me  (Icmnnilrrn  compte  tut  ju«r    , 
-  iIpb  ouMilIcs  »)u'il  m'»  coiilii^c» ,  M  jp  *tuii  «loif 
•  la  wtttiirucliou  lie  Irti  lui  ^tMlnpiil'ri-  totitii  eu  y'm 

■  et  HUiwi  Miiii(.'s  qu'il  me  tnn  |MiMiitiIf-.  » 

Sou  cortir  t!tiût  «i  noUlr ,  ipir  itiuiu!»  la  iliTianA 
n'y  p^uëb-a  .  vl  (|u*il  rttl  hiAiup  i-tnijji  il'afx-uvillîr 
tcN  Huu|i^-onM  <pi'ou  t-lk'K'liiiil  il  |i|i  iiiïjtiirr  «iittra 
»r«  cuitVDUK.  Cûint'  »lc  IM.'diii» .  i;i'au(l  duc  dvTo»> 
cHue.  rival-  dont  un  iiiiwnil  ijn'il  uvmH  loiil  i 
triiindte  ,  lui  uyant  Uit  pit'unt  iVuit  li'^bmtt 
Tîlr  LivO|îI  posiicr'livivKuriuiIuMff.loliluUlriii 
ri  W  lut  «ïi'i;  licnucniip  di-  mluu- ,  uiioîqi»  »r* 
tl»-(tr(;ius  piiascnt  voulu  lViiijiJ''fii'i'  iTt-  Vuuini  , 
(luiiH  Liiviiinlr- tpi'il  iir  IViI  •  .iq>  i  '  M 

ni  rut  ml]<-*(i  lu  livt.jjr   il   .1.. 

■  Voli'c  |H-tir  me  foiulili- liU'i  I  i 

■  tl'•■^t    IIHH  nu    pouvoir  dr»  p:ii''  I  u 

.   .li.p.J^-C.Rl.m»  iUvoUcInmi.t:    l'iru  n./.u,'  à 

■  (l(-l'<'iitl ,  et  c'i-it  Ml  uiiiin  putsanutc  <pii  doit  l^| 

Si  romucroilcnip|i(ur«lit«t"r""-      '■  ■■•' ^ 

lie  In  mut!  Mniir  i!p  dislilli- 1  *  ;- 

«l'AIplmtuK*  In  prfiuiri'  feu  ili 
"'     .  Cp  priiii'i-, ijui  étnil  II 


K,v  oniii'i-,  ijui 
L  cl  Uti  plu5  uii 


biitux  cl  Uti  plu5  uimcibk-s  <to  l  Li 


ilJHOHSEV.  SçS    j 

-.I^Tee  jns»on  ItfaïïueFite  Hîjar,  l'une  tirs  Temmca 
âeU  reine,  doijt  )1  avait  eu  un  lilii  nommé  Fer- 
«Uiiàfid.  DbiA  tm  accès  de  irireur  Marie  fit  etraa-  .  , 
;glet^ Ba  rÎTole.  Alphonse,  oé  pouviiiit  plus  virre 
^  auprès  i"dne  fcmtoç  «oiipslite  irim  cririie  aussi 
, cruel,  et' ne  Totivant  paa  s'qi  venger,  oUa  cller- 
*  cber  au  âeiu  des  arméb  Ujae  dlvnrsiou  à  sa  dou- 
leur et  &  son  resseatiment.  11  rouait  déji.  sur 
l'Arragw ,  la  Catalogne ,  le  royaume  de  Talent^  ,' 
la  fleS  »kl^are«,  k  Sicile  et  la  Sardaigiiéj  llle; 
de  Corse  itaii&qtfsit  aeu|e  à  sou  Eiairire  sur  Iti  M^ 
diterranée.  Il  s'empara  eu  1420  ;  par 'surprise} 
^'nne  gmSde  partie  de  cette'  île;  mais  la  Vigoii- 
reuse  r&istance  que  lui'o{ipt>sa  Fe' diât«ân  Bon^ 
face,  et  le  désir  de  s'assarerniie  conquête 'pW' 
importante  que  celle  de  cette  île  ,  le  détenmilB  k 
IVvacner.  H  ne  remporta  alors  d'astre  &aît  da 
Boh  entreprise  que  la  naine  des  Génbis. 

Jeanne  II  de  Naples,'  atlaquéà  par  lonîs  HI 
-  «L'Anjou,  son  fils  adoptif  1  arec  qui  elle  Tenait  de 
.  rompre, sollicita AIjMionsedeteiiirliBOUseéours; 
luipromettanEôc  l'uJopîêrpGîirâOïiiieritîer.  I^ 
conseil  d'Atphon^e  «'était  pas  d'avis  de  cette  guerre, 
.  et  parce  qCte  l'ennemi  qu  il  fallait  combattre  était 
pmssaut  ,  et  parce  qu'on  ne  pouraiC  compter 
sur  le's  promesses  d'une  reine  qni  chaque  jour 
donnait  des  preuves  de  l'inconstance  de  son  carao 
ttre.  Alphonse  répondît  :  «  Utrcole  ne  se  laissait 
«  pas  tant  prier;  il  allait  au  secours  des  malheu— 
■H  reux  sans  qu'on  rinyitât;  et  vous  roulex  que 
«  nioî  j'alianttoDne  une  reine,  une  fenime,  qui 
■  dans  l'estrémité  où  eUe  est  me  crié  de  l'aller 
«  délivrer  !  Il  y  a  du  péril  en  cette  guerre  ,  j'en  - 
•  conviens  ;  nos  lauriers  aussi  n'en  seront  que  plus 
B  beaux.  Montrez-moi  enfin  des  héros  qni  aient 
«  acquis  de  la  gloire  sans  s'être  jamais  exposés.  • 

Alphonse  força  son  concurrent  ô  lever  le  siège 
àe  Naples.  Jeanne  se  raccommoda  bieutot  avec  le 


394  ALPIIOSSE  V, 

tlur  il'AnjiNl .  ri  Ifriiin  iiiu-  rtNijnrelion  maire  II 

ru(  t  nt  iln-iii'-r,  iliml  Im  iuuxi-A  ranttli*  ^tutunicnl 
ini>  mm-iiiM-  ,  fiinnaîl  lii-  miii  t-nlé  li-  prc^M  ie 
•Vtn]xin-r(t«i  lariiiu-i-ltL-  U  cwwtuîrcrii  Am^uUi 
tuai*  nitciui  (Il  (  (Wi  foiniilfite  im-  iêamiu 

frit  niptiirc  milrf  le  roi  d'Arj-aftvn  tl  U  itlùu 
Ji-uiiiir  ««nul  (ii:(ati$,  oii  eu  «întaui  iiuttM  i1*m 
!<■■  ru>'*  df  Nuplpn ,  oii  t'ua  u-  LbIIîL  priiil»nl  jilur 
wi^iir*  (<>ut*.  Qtmiijiir  (l'aliuiil  nipouvi^  ni  ninoi. 
Al[>hi)r»c  rliHkwi  i-nrm  Ia  rnix-  Jf  MtcA|itUl(),  ihml 
Il  Ml  n  ndit  iiiuiItc.  Ccpi-iuUnt  îi  ijuifU  tlliliit 
|>iiiir  allr-r  lUriiutir  trt  yrh^nit  étalm,  «jUi  (Haûiut 
iiir<iiiii'((|ipitr|faOii*liUunt,  rt  •tr[U|i:irsq-iidia>iiu 
il>-  Mnrtrill'-,  '|ui  np))i)rl4-iiiiil  b  ao»  n*Bl  le  duc 
il'Arijitu  t  il  aLn(i(li>itâa  le  |)ilIa^o  de  crltc  *iUe 
A  M'R  loldHb  ;  moiN  ujunl  Djiprii  i|U(r  prvM|ne 
lout>'>  In  fanait*  ii'dluirnt  ri-tiiVt»  ilanii  muc 
i'nl)*c,  p|>  rni|>ai't<inlnTiwrllriilnir*r-d>'Ulr-a)ilu« 
pii<iriMii,  U  untiiutiali  W!i|;tii'ilpBili-nlDuri;i  rtdi: 
ritira  rainn-lrr  ce  miiit  aNilt'.  (.ri  ■Inrucf  île  Mui^ 
«•îllr  amintui  ulor»  tlo  lui  tvnu-ltrv  loutn  U« 

"  iL-îW't  ir-'.  i'^M'zl  Pticnrc  ni  Inir  pommam, 

«il  roiili<;i  KKtoni'  trur  MHtib  lie  li>  «illci  il  Inir 
p<<I1lli<  iT'  ■>•■•■[••'  l'J.i  lit  I'' lit-Il  où  rlll'«ritltdraîrlil( 

vL  l'i'lu  .'  'I  II  <  I  I  I.  I  <l  >'lli-ii  iiiK'Uii  iliiil  :  ■  Je  ti» 
■  Ti'iil  I     II  l>.  II.        'M  il,  il  iic-iuupt»  vcnurnin 

A\iifm  uvijtr  kimIii  lit  tniiniiiillilc  ^  l'ArrafiaiiB 
Ali>ht)iii<iiemit(;it  wiiivli"  pour  «llri-do  uoutmo 
uMitiapr  Nujikii.  Vaii  Icuinc-lr  l'it)'»»!  omiliiMnl iln 
relilJiifir  dar»  utw  lloi  il  uiifc^iit de  loin  anril» 
*rt  ^ul^ri'»  {)ui  ritail  aur  I'-  jitiiul  ilVlii-  i-iiKloultR 
iiv.r  r<<i|iii|»aur  it  Irji  (nfiifi'H  >i«<iUf!  |iorUiiI.  Il 

iliiiii iiti'i'iliilti'rh  «un  «('('•lui's:  «-«^-«u.  épou- 

tHiiliia,  lui  iri't'iioriilj-nt  iiii'il  vniit  mic-ui  Imuu-r 
ft^'ir  U(l  VuinMuii  i|ui-  dVi|>t)»i'r  imi'  llolt«  tout 
t'Uliirii  Hii  n>uiriii|ti*.  Al|ilii>iiHr ,  iiV^L'uiilunl  t|ue 
•011  l'uuin^tj  et  *uu  liu'uuutlét  iDiHth:  lur  l'aïui- 


ALPHONSE  V.  $gH 

^nà,  part  an  secours  de  la  asikre ,  et  la  sauve  en. 
àVxposant  laI-4kéBie  au  p^^Jpwi  péril.  S.Vl^ 
plaudissaiii  de  ce  bpuheur»  ST  di9ait  :  «  jf^auràii 
«  *pr^fér^  sajis  difficulté  de  mê  ycnr  ensetdi  dans 
jR  joi  iner  avec  toute  la  flotte,  plutôt  tpfif  de  Toii* 
«  périr  ^n»  mes  y  eut  des  ïnisërabm  jsaua  lieuf 
«  prêter  lamaîu  pour  les  secourir»  » 

Api*ès  ce  Irsà!^ héroïque  il  se  r^çiit  eu  route» 
et  r^tnpoi^ta  dans  soâ  chemiu  ime.Tiotoire  coiur:* 
ptôte  i»ur  Iç  roi  de  TuiUa*.  Alphonse  pouvait  fairç 
'  opi  nouvelles  concpétea^sur  Ik  c6(^  d'Afrique  ;  mais 
réspérance  de  deYènir  md^tfà  du  beau  rdyauiM. 
demples,  et  peut-être  dê.t0«i^ntalie,uatllit 
dkvÀntage  son  ambition.  GeUe  coAtr^.»  tantdè 
fois- subjuguée  par  dès  natiohs  ]|a^l^ar«(S»  était  lè 
tbâtre  de  la  guerre  et  dçs  intrigu^.  {^^Mç^taiit^ 
Jetone  se  d^b\rait  tantôt  pour  un  parti  ^^Wtôjt 
pour  un  autre.  Alphonse,  dont  toutes  l^  Mjuh- 
sànces  rivales  reiiherchaient  l'alliance ,  esper^it^. 
-     à  la  Jfavéur  de  lem>  débats ,  se  placer  sur.  le  trônpt 
deNaples.  .  .      , 

•  La  reine  Jeanne  révoqua  en  i^SS  ^adoption 
du  duc  d  Anjou  y  et.adopta  de  nouveau  Alphonse  » 
sous  la  condition  qu'il  ne  mettrait  pas  le  pied  dans 
ses  états  tant  qu^eile  vivrait.  Le  pape  >  seigneur 
suzerain  de  Naples  ,  r^^fusa  l'investiture  de  ce 
royaume  au  roi  d'Arragon ,  qui  s  unit  alors  au 
concile  de  Bâle  contre  le  souverain  pontife.  Le 
duc  d'Anjou  mourut  l'anni^e  suivante  ;  mais  cet 
événement ,  qui  paraissait  de\voir  être  favorable  h. 
son  rival,  lui  devint  au  coiUrairajiuislblé,  la 
reine  Jeanne  ayant  alors  adopte^  son  n*ère  René. 

Jeanne  mourut  le  2  février  i4'35.  Alphonse  ré- 
solut alors  de  profiter  de  sa  mort'  peur  conquérir 
Naples.  Jamais  entreprise  ne  paxut  devoir  êtf^ 
aussi  facilement  couronnée  par  le  succès;  sou 
parti  était  puissant j  il. avait  une  afmée  redou-^ 
table;  une  flotte  imposante ^  et  son  concurrent 


r 


3gG  ALPHONSE  V. 

'langMMail  iUm  Ir*  (en  Ou  ilo^^  1 
L'aév^nnanil  int|it<'*ti  rrrnvfraai  t»al&o 
fcrîDaMlo  Mf rr»ni-*-4  irAIplMto*!-.  I^  riH»]nftr3n 

^Tl   tsârçraîl  rrtlp   jiliiv   Ir    |upp  ,   le  duc  ila  , 

V  dÀHarfmil  t^a»  à  U  f»b  vnutr»  lui.  Cc#  Gfnnci'J 
fÏDTviit  CutlKipti-r  n*r<'  tmr  flr>tIr<Lc  r, 
tfanx  ;  If  n>i  irArruj;oii  od  romitMutLi!!  linfl"; 
cini|ï  nuii  l'atair^l  genoi»,  (Wl'du  jt*T  nne 
lanlf^  itiAntrnTiT  triditn-  ttn  «Ltit .  ■  aIImHib 
ourniFiit  ï  Li  i;alf-rroù  I<r  nii  Aaît  b\cc  M>a  fi 
Atph'Mi*^.  nfïlMil  h  M'  rendre  tin  Ji  toultv  ■ 
Dfit  Ir  nn-inlfi'  parti.  Le  mit-  i)i;  U  flotlr.  M.J 
lîrii  dr  lo  Tf-n^rr,  xni*il  suti  esf  raplc.  Le  obIti 
hfor  (TAJphoiiir  ^jHjuïMita  »nn  urnirr  (Wlrrrr, 
^î,  Taiiicnr  (it>iul  qnc  ie  caniIaUiv,  fut  |ioit- 
«trïvtr  (•!  laillÂ^  m  pièces  {ui  la  guiiunn  ilc 
Ciarlr.  AlphnitH-iaTuilcoiuciili  ^rcclU- ganiuua, 
d^  nlTamcf-.  mil  di'hiir*  lntri-mni<«  i-t  ('-«rnbiu: 

■  J'uiiiu^  uiiciii.  (lil-il.^nr  fi*»- jiivitiliv  la 
«  oùd  f!r  ii]ao*t"<-'>'  illtujuajijté'  ■  Ce  ti-aitdr  _ 
tlnir  iHmr  et  «le  hoiit<5  tor  cbaulv  fut  U  cau^  d 
iv-vrrs  t|irr«nna  alar»  A'.tihiinM?  (  mnb  U  IV 
vîtliTiice  ,  qui  MT  pliitl  h  lÀ-uinpnMrr  W  ■Hio 
If-rturnHrs,  ruiiliit  qitc  iMili^Ciûli-  ik  CC-(iriu£(d 
fini  In  Kotitn'  dr  Mu  IwjiilH-ur. 

L'nmim)  Jiuquil  ii  .Vdiif  i-ciido  rqidraîl  Ir  o 
(raîiidi-ehlni  li>r<T  I.  ilcinat-Uia  ;  AlptionM!,  «4 
r>dil(iiifnt  <li(tnf  d-j  sui-Dom  île  MujjnitMiifle.  Il 
i(tpoiidit  :  mJ'«îni^-rab  miru»  ùtre  \elé  dtu»  fl 
«   wtc  nu  foiid  dp  lu  mer,  que  de  rou*riilir  &  u 

■  iJdinnrctif;  indt^iw  de  moi.  »  Los  {'■t'noU,  < 
f^liiicul  sous  ta  dnmîiintiim  du  duc- de  Mtlnn,  1 
livtTiTut  leur  ]>rbuiuiirr.  Alplioiise  pftrtiul  l 
rnin-unnmî,  un  prol<^ctrur  pl  nwaI1i<!  ficwtiu 

CInrtihIc  pniiciuî ,   rt  wiiii  «■wirniciit  il  nlAinl  ■ 
hi.ii<- ,  celle  de  se*  frère»  et  ils  louJcii 


|tre  wposé  à  aocime .  rançum.  ^  maj$  le  duc  lii»  , 
j|j;^iW]i,coiik;lt}t  çncorpiun^tiait^ay^ç  lai»  par  le-  • 
"cpiiei  il  s^engagcaît  à  l'aider  dans  la  conquélp.du». 
ly^arume^de^aples^  et  le^.Cïr^iipî^lQiii  de  re^îivr 
aucun  ayan^ge  de  .leoif  victoire,  mir  j^i^onse,  se 
yireat.obligés  à  |ui  pa;^er  par  la  suitie  ime  espèce 
de  tribut  <]i^,fy^iisi3^it:.en  vne.  triiell^  d'or  ;  l&h 
""^jafcés  de  la  xp^Wfp^  de.Qêfltes.  iren^ient 
ujûe  anqéf  lui  ojïnr,  pejte  tfWl^r  OB'  ffîîniek- 
cés^ijpie*^^  .    ^  ....,;  -  ,  itft^  .   ■:  •*    '.• 

. .  lie  prqnuQr  ^m  d'AIplipnse  J&it  ^  f^  .mettre  âi| 
é%t   de  recommencer  la'Siierreiie'  U  obtint  d^ 
grands  succès  C9atre  IsaJbmtê  dç  Lorravie'^  qai- 
çélendit  en  béroïne.les  débris  du.  trài|ç,oii  était 
appelé: son  époux  B4né,.tw]0iU»^f(pj|iaPwie^^^ 
duc  de  Bourgogoe.  ^  .., ,;,  ;  \ ;  ;,;:     f,  ij  i  ti*..  { 
n  conclut'  une^  pai;L  défiqi}i]re  le  Sb^fi^tçinbiiQ 
1436  avec.  Ip  ro\. 4^1  Ca^^iÛe*  yiyemeiit,  cMftqu^ 
peu  de  temps  ^piès  par  le  p^pe^  il  r$ijmgfirta.«ai:î 
lui  uoe  .victoire  éclatante*  Un, des  géii^éi^VP^^WN^  . 
inis  ayautf  été  fait  prisonnier  9  on  se  saisit  de  }ip% 
les  papiers  de  cet   officier ^  parmi  lesquels;  il  se 
ti^ouva  des  lettres  <jui  intéressaient  le  royauiue  et 
.  la  personne  même  du  roi.  On  vi&t  en  donner  avis 
0  Alphonse,  en  lui  faisant  observer  qu'il  était  ipoi* 
portant  qu'il  Lût  ces  lettres ,  afiu  çie  découvrir 
quels  complices  avait  Vofficier*  Le  groi  ordonna 
qu'elles  lui  fussent  sur-le-champ  apportées  ,.  et  les, 
jeta  au  feu  sans  les  lire, 

Réué ,  enfin  sorti  de  sa  prison  ^  conibattit  vail-r 
lamniicnt  pour  sa  c<{uronne  .;  maiâ  la  fortune 
trompa  coustamment  son  courage  ;  sa  flotte  fut 
entièrement  défaite >  et.il  se  vif ,  assiégé  dans, 
Naples.  Cependant  la  mort  d'Alphonse  ,  infant 
d'Arr^gon ,  tué  à  ce  siège ,  obligea  les  Aragonais  de 
le  lever.  :,...'. 

Le  roi  d'Arragon  adliéra  au  concile  formé.confre 
le  pape  Eugène,  qui,  vaincu  par  lui,  l'avait ex-^^ 


3qR  ALPHONSE  V. 

cumnmnit!,  ri  Uiiiu)|t)>ii  eiK-orrd'^  armei 
il'Aiijhii  ,  b  ijui  il  lu-  mlit  plui  (juf*  Pc 
cl  Nii{>lra. 

Alpin  »iM!  ri'nipùrta  «me  >  ictoti-«  romplr-lc ,  Ir  tt 
juillet  1^41,  Il  Truitt .  KUr  Sfnrcr ,  ^AiérBl  fin  p»pe, 

3tii  nxiilnllnil  (lorir  li-  dur  cTAnjou  ,  et  iMi^M 
e  BKtiviuii  Kiiiiti».  Kiit;^ie  «rnts  irainmu«I 
«wntr»  lui  le  rliic  Ae.  MiUii  ,  \'riiitH- ,  Gain  cl 
l'iorttiK.'n  I  inpl|;r^  cclli'  coa)iti*m  rrdoutaMr ,  AJ- 
tilioiiftf  ftVin|taiM  tic  l*'iiiiu>lc,  Tmidis  nu 'il  ÛuAl 
If  Miégir  df  i-i'tte  ntncc  11  rninil  lous  tnMtnK 
pr'iiiiimrT  *W  le  toid  lir  \*  inrr.  Dnns  uat^  «le  ai 
il  «per^-iit  tur  Ir  rivu^r  li'  ndaiii 


initial  euiirini  uiir  Ir»  lloU  y  uvnicnl  jrldï  il 
■'Ideêlii • 


5": 

«iML-ctirI  aiiuitûl  de  (-liFval ,  ordonne  il  m  »uile  ik 
l'imilri-  ut  lit?  I  ailler  ii  iliiiini'i'  la  »^»u)liir«  i  ce 
corpa ,  dërouvt'i-t  ci  étcii'lu  Mir  le  uhic  :  teitt»r   1 
inir<>nt  Aon  Ji  ntuwT  la  li-no  powr  fcire  un*    I 
fn«ut)Ott('Oiivi')t  le  Cor[<s  d'il»  drap,«t<Hi  IVuw-    | 
vrliU  AIjitMTOW,  ([ul  dtait  liuvnïllé  le  pirinW  1 
rrUe  bonne  ccuTn.' ,  ruHinr»   m  )inainl  tiir  U 
fniM'  uiip  wtite  croîs  ipi'!l  l'n^omia  iIp  m^s  niiiiik 

Mii'itn>n(!p«ii»ole,  AlplioiiM-coulinuaMiuoie  j 
Tcr«  MnnI».  0»mm(>«ou  uiiiido  liavFtMÎl  !•■  VnU 
tiinii* .  il  B'apci\-ut  nue  In  mpidilif  dw  llPB»f  t 
liatimit  un  cavalier,  <[iii  couinit  rÎMiie  et 
iKijn-  ;  il  fuit  ai^iii*  h  qticl'incs  ofiicii'i  «  d'allur  M 
dnnnrr  du  ircuura;  (T«ï-ti,  eflinj*^»  d«  U  ft™*"_ 
ileur  du  )>l!ril,  nv  vcultint  pa*  t'y  ripAirr  i  Ir  n4/ 
pitpm  «ou  clirval ,  »e  jrtti!  no  (orl  dp  TritM ,  eu  njJ 
liir  lp  cuvaliiT)  rt  i|iiilU:  boii  liabit  puui'  l'en  11^ 

Vf^lil-, 

(inuiloU  NAvanyail  pcndiitil  re  tntnpt  pour  «m^ 
pf'cliir  ranii<<e  d'Alptioiis'.- dt  p«nr  Iv  Dm** S 
,(liii-ci  »B  («uilir  HuMc-tluiinp contre  le  aért^n|* 
l'iiiii'ini,  l'atlfuiut;,  Irlint,  Uii  l'ait  uii  grMm  uon^ 
(<r(-  de  pnHOiiHU'ia ,  et  li< ponnniil  jucipi'nDS  pwrlci 
4lWe  pWc  où  il  «!  »ttUTr  ovec  lu  pm  tlp  iikhmU 


ALPHON^  T.  '3?» 

^uiloi  resUît.  L&mift  surrîMtjlefm  ile  itonTe 
ttu  m^ien  A'aac  cainpagne  déserte;  il  tt'&rut  ao- 
eme  espèce  de  proviMoiu  ^  épaisê  par  la  lumv  , 
mr  1&  Boîf ,  accablé  dé  fatigne ,  il  se  rît  oblige  de 
cbocher  snr  la  terre ,  ainsi  qœ  l^te  sa  snïte.  Jol 
lever  dn  soleil  on  vint  lui  offi^*»*  FÛn  aTA:  la 
moitié  d'un  fromage  et  quelonu  mîfcnaafes  m«s 
m'on  avait  eu  bien  <le'  la  peine  à  troiiTer  :  41— 
mtKise  ne  voulut  jamais  engaâter,iïsaot^'iliW 
Un  convenait  pas  de  manur  dans  le  temps  que 
testes  ses  troapes  avaient  faim. 
'  Le  roi  d'Arragon  se  rèodit  enfin  maîbe  ie 
Tfaples ,  l'an  1442 ,  après  nn  long  si'ége ,  en  faisant 
Tgmmer  adroitement  son  armé&par  le  même  aque- 
duc où  Bélîsaire  avait  fa^  Aasser  les  troupe^  de 
l'Empire.  Il  entra  daaî  nàput  avec  toote  la 
'pon^  qui  décorait  le  triomphe  des  généraux  ro- 
naint^  temps  de  la  répnblïqtic  ,  disposa  ses 
nooreanx  états  ea  conqnetant',  et  fit  recopnaïtrs 
hAitierdesa  cooronne  Ferdinand ,  son  fils  uatu- 
rd.  Le  pape  Eugène ,  contraint  de  recevoir  la  loi 
du  prinoB  qni  avait  triomphé  à  lui  seul  de  toutes 
les  forces  d'Italie ,  lui  donna  l'investiture  du 
rovaume  de  Naples ,  et  légitima  Ferdinand. 

Le  roi  reconnut  l'électiof^u  pape ,  lui  restitua 
Terracine ,  qu'il  lui  avait  prise ,  et  se  déclara  en  sa 
faveur  contre  Sforce,  qui  s'était  emparé  de  bt 
Marche  d'Ancône ,  qui  appartenait  au  saint  si^e» 
Ahthonse,  maître  de  ce  pays,  le  remit  au  pape: 
«elui-ci  en  reconnaissance  lui  ofiit  deux  villes 
asses  considérables  ;  le  çoi  les  remuai  ■  C'est  par 
«  religion  et  par  Eèle  pour  Téglise,  dit-il,  goej'iû 
à  entrepria  cette  expédition,  etuonparintà'étau 
*  par  un  motif  d'ambition,  n 

Parmi  le  nombre  considérable  de  prisonpïeri' 
feîts  au  siège  de  Naplés  se  trouvait  le  général 
Antoine  Gondola  ;  le  conseil  de  guerre  l'avait 
'  coadamne  ik  mort  d'une  voix  imoaîme  ;  Alphonse,, 


400  AIJMIONSE  V. 

iloiit  il  i'U\\\  Vf'iinr'mi  le  plus  cruel ,  s^opposa  inni 
i»t  iilciiiciil  il  1  r>t>(  iilioii  (11-  cet  ai'jcf. ,  iiisiîsil  rcii- 
<lil  à  Vf  L'.f'iir'Hl,  iivfc  .sa  lilx'i'le,  fiiiiNfs  les  v't* 
<'li('ssrs  <|i(i  lui  ii\iii(>ii(  viv  prises.  Alphoiisi^  mmi- 
-\'iiva  Ions  l(  s  auli'fs  |>ris()iiJii<  r.s,  (*l  «lislrilMiri  liu 
J'ar^rnf  à  vvm\  (If>ii1  il  avaif. adiinié  la  hravoiiif. 
<1<  llr  iioMr  rondiiiU;  lui  {^agna  It'JUaiif-nl  les 
Cd'uis,  (|ii  il  i(>i;iia  dis  lors  sur  son  iiouvrau 
rovauiiic  sans  avoir  à  craiutlrc*  aucun  rival  ni  uu-« 
Clin  ruiinni. 

La  villrdr  INapIcsavait  résolu  (]VrΣ;rruii  arc  do 
liioiiiplir Iwv  princr, aliii dr  p(>rpr(u<>r  la  nicMnoirn 
<!(•  s(sa(*fioiislHlioi(pi<*s('li;ciicr(>us('s;  déjà  la  place 
ciaii  inar(pif>r,  cl  I  on  allailronnnnicor  si  aliulli'C 
la  maison  d  nn  vieil  onicier  (pii  avail  servi  uvnc 
assez,  de  nuM'ilt*  dm  ant  toule  la  guerre  dJlalic  : 
Alpiicnise  déicndil  alisolunieiit  quon  luiicliaL  à 
eellc  maison  :  u  J'aime  mi^mx  ,  dit-il,  nie  passer 
«  du  ne  niass(*  de  pierre  e'xposéu  à  la  ]duî(j  vt  aux 
<•  (jnafi(>  venis  ,  que  <le  souO'iir  qn  on  cléliiiisc 
"  I  liôlel  dun  o/ru-iei'  (pii  m'a  (oujonrs  servi ^rt 
(«  m'a  donné  en  (ouhs  les  occasions  des^ireuves 
»  <!<'  sa  iidélité  (d  des  lcmoii;na^es  signalés  de  sa 
«    valeur.  » 

iVss('ss(.'ur  Iranquil^*  d(*  Naples,  Alphonse  s  en- 
i];a^ra  bien  fol.  dans  une  longue;  £;U(rre  coulre 
SforcM' ,  aventurier  i[u\  selail  f:nipaié  du  duciié 
de  Milan  3  il  (*ond)allil  eusin'fc;  les  Florenlins,  les 
Aéniliens  et  les  Génois.  Diiranl  le  cours  de  vts 
expéditions,  Louis  Pode^  son  sectéfaii-e,  lui  écri- 
vit qu\ni  ol'lieier  s'odraiL  <ralier  l)iui<'j*  la  flotte 
des  Vénitiens  cl  tons  l(>urs  magasins,  in  on  voulait 
lui  assurer  la  sonnn(*  de  deux  mille  éeus,  el  qu  il 
K'pondwit.  sur  sa  lele  du  succès  <le  cette  entre- 
))rise  :  AI|>l)onse  dit.  k  cpi^il  ne  voulail  employer  ni 
u  rusr;  ni  trahison  ;  nrais  qu  il  préiciulaii  y  aller 
««  i\r  honne  ^nerr**,  (^'«'sL  à  <lire  vainci'e  ses  en— 
«   ucniis  par  la  ioice  ou  renoncer  ù  la  vicloû'C*  Si 


.     ALPBCHjrSE  V.  >> 

t  j'einplovii^ ,  a joata-t*-iI  y  le  moyen  qnie;  m'offl^ 
t>çotjMPeâturier)  je  n*atirdis  fâtnÉis  (|oè  k  ^tépit^ 
c'tatWt  dé  celui  qui  sWisâ'debiràleilf^fam^Kit 
c  -temple d'Ëphèse^. bien  loin  dé  MTYoii^  admiië 
c  âc  la  postëritë,  cet  homme  o^^élé  regarda 
c  qaWoc  imëpris  ,  et  rbistoire  iméme  jusq[a'à 
I  présent  le  fait  passer  pour  u»  foi»  »•  '     "  '  *J^'  ; 

I«es' armes  triomphantes' d'Alphtasë  araîênt 
unenë  les  Florentins»  et  les  Vënlciens'à'ltiideiltoil^ 
lerla  paix.  Gominsihil  ëtalt  «frië  jk>iat  die  Ik'Sq^^ 
;lure,  son  ministre  hii  écrivit  que  ctô  à&as  pmé^ 
lanices  désirant  fortement  la'  fin  de  la  goérfe , 
1 -pourrait  tirer  déciles  plusieurs  Millions '^SKl^ 
|>hoase  lui  répondit  :  «  •Vous  detez  <;ti»ililatCre 

onse^  y  eC  savoir  ft^fout 
ih  ptti&s  ^je  Miili  ékM 
C[ue'|tttilai8  j&tfai^ett  M 
»  pensée  dTy  mettre'*  aucun' ]priti>poaP'MMi^b^ 
«  aoheter  à  mes  ennemis*  w  •  ^  •■  '  *.  :»ii'.>*  ■  '>  j. 
iia  réf)ublique  de  Gènes  était  aU  ntdmetttjfëiCHf 
pirer  sous  lé  pouvoir  d^ Alphonse ,  lor8qtt^il''iii!b4^ 
rut  à  Naples,  le  2^  juin  i4f)8**'ll<  était  âgé  de 
soixante-*quatorzeans,  et  en  avaitrégné  quaratote-*" 
trois.  Il  laissa  les  couronnes  d*Arragon  et  de  Sicile 
à  Jean,  sou  frère;  celle  de  Naples  à  Ferdînand^i 
sou  fils  naturel  ;  ses  deux  filles,  Marie'  et' Eié6^ 
nore  ,  avaient  épousé  ,»  la*' première -Ife  due-  de 
Ferrarc,  la^jeconde  le  duc  de  Fuessa,  tous  déu:^ 

pnnces  d'Italie.  "      '    • 

Alphonse  V  est  le  plus  illustre  "des  rois  qui 
sont  montés  sur  le  trône  d^Arraf^n;  géhéi^eux^ 
libéral  y  inti'ëpidc ,  clément ,  afiaUe  ,'  tatai^t ,  re- 
ligieux ,  huniaiii,  il  fut  le  héros  de  son  sièj^e.  Il 
recueillit  lés  muses  bannies- de  Constantinople  • 
fonda  Tempiixî  espaghol  en  Italie ,'  ne  fît  ]>eser 
aucun  impôt  sur  ses  peuples,  et  s'occupa  princi- 
palement du  soin  de  les  rendi*e  heureux. 

Son  emblème  était  UA  livre  o«vei:.t3  par  CD  sy  nr- 
"fçnie  //.  3^ 


j. 


4fi  ALPHONSE  T- 

Uili'  il  cntniiluît  (|ik-  b  »cipiHf  p<^t  |)êcanire 
ceux  <jui  ^<>uvl■l'lu.■lll ,  el  qu'on  U  ti-onv^  Jwu  \*r 
livrt'»  luriH]ti'(iti  aa'd  le»  bien  cIioImt.  u  Lr*Vki»Ui 
••  illsajt-il  qnilqnofoit ,  sont  me*  plus  fidj^ln  cou' 
••  iteUlera  et  iiwn  ptiis  bu|;i*s  tnînÎBti'es  ;  ji*  ii'aî  (|uî 
■  viinitultcr  leur»  cvi-iU ,  ll«  luf  dîactiil  Inufoun  la 
«  vi'rifci  utwtî  (jiiaiid  je  *i-iii  j«  W  îtrtin-rojjf  ,*l 
a  loitiotirs  ÎU  nw  l'i^oiidriit  mi»  pas»toit ,  rao» 

•  (k^uUeineut .  ni  Miih  uucuDe  ciuitite  de  me  ilt^ 
«  plaii'p.  lura  iiitJuif  tju'iltt  ijik  lliiUtrtit  li-  ntnini.  ■  U 
ptii-tuit  toHJoun>surhijlrK(-oinmfnlniifade(^CMr, 
ne  nnssait  jamnis  lia  spuI  joiiTMna  Iks  lire,  rt  m 
plaisait  ii  rt^péUr  ;  ■  Auprt-»  tle  ce  (ji-autl  bominv . 

•  je  uc  ïuîk  rju'itn  Ignurutit.  ■ 

Alphonse  CMnploynit  «TR  loiiur»  Ma  lFCtnre;au- 
cDue  occupa tioD  ne  loi  plaisnit  nulaut  ;  ellearail 
lit  puUToirdclepiénr  ^galt-nieut <ie»  Joulmn du 
vorptt  el  lie  celles  île  ràiuiv  Tatulis  <ju11  •^jtKimtil 
At^npoue  il  y  tomba  lunlnije;  cliucun  alors  *'ew 
prPSMi  (l'aller  lui  porter  îles  aecniirs  et  des  amtibt- 
iDffii*.  Un  de  ses  amis  qui  4^lutt  à  la  u»aii>agnr ,  nii- 
prciianl  son  dan^r  ,  an'oiinit  nuiû  <la  mitvoe 
qu'il  savait  devoir  être  le  plus  eflïciKW  sur  )*^  priitrc; 
i-Vtaieot  des  livres.  11  t'uioiit  au  i;Iievet  du  lit  d'Ai- 
}<honi>e  .  et  conimença  A  lut  lire<fuel(pu!!ipagr!t  Au 
Quint-Curoe;  cette  lecture  disùpacotniac  par rn- 
«AnnttMuent  les  «oufttMicca  du  rw ,  rt  tr  ^lént  m 
peu  (le  jours,ce<piiboiilmiditMMi)n^d|cîiu.Depu» 
••i-lU-  L'|>o(|ue  Alphonse  disiiît  en  baduiaul  i  ■  l'>i 
•  pluK  de.  confiimcc  dnnt;  Quiut-Cui-ce  (juc  dii» 
■;  Wut  l'art  de  la  lu^ecine.  »  • 

(U-  pi-ioce  avait  h  la  loin  de  U  prtifond<mr.  ds 
In  ^i4c«  et  lir  In  ^oieté  diins  >Vi-»prit  j  il  mÎHmnUt  \ 
ayvo  làciUlé  sur  touteti  fortes  de  sojfrta .  ot  pn^aût  '. 
«uns  effort  de  lu  raillerie  la  plas  fine  et  la  plo*-] 
a(;r^al>ln  aux  pcnst^i-M  leit  pltiH  )(ravoi.  Co  (oar  i 
({ii'on  lisait  it  sa  cour  Iti  fable  dcK  liarpir»  .  i' 
s'aperçut  qu'uu  liununi,-  d'uu  caract^ie  (lEtgulterJ 


•  ■   .  *•       ■ 

;  ^i§fj^  Ms^Uiié  à  cette  leetore  yeniiit  ^ifl^if^tiliât 
1^  ;>iÉ|<jiÉQ^ik  Ifû  paxce  qiitol1iiftoi|9;|Nàte'q^ 
<^  aniftii4ijqF^6biiIeiixhabileji)l  Uj^cemiiii?  fie  «su 
^S^cile  dc^t-lijûraiéfiie  ainsi  que  éa^mUte  itaifUDt 

'  priginaifvss ; <Ne  voii^l&chez pas, dit Alfiboiise,  lé(^    . 
^«>  hai^iesnedemeiu^ntplusaujoai^liuiinic^fless 

,tt  et  çVçt  là  mte  ces  oîieaux  aicideft  ont  diiputi  œ 
-  «  tei^ps  £xé.leiurdoinieile.i^PTOd1^^  > 

qu'il ^i^;glî$  cette  plaîsaoterie  xmagita  eetlt  $0eir  ^ 
'  MQn  :  ce  ;  Bonn^oi  l'homnae  nW-tt  jhînai» -iwiti»* 
M  (ait. 9  et  «e  peut-îl  isetti^râoiuie  borne  ^  Mi  4é*    , 
«  sirs?  »  Ï49S  sayans  de  fia  jeoKT  ayaiU:  fait  peur  {fi 
x4^nài^  beitMccMP  dle^nts  uiiiiiks ,  il  J&i  «  "Que 
^4  (fWe  laun  imatiabk  de  ilhomiiie  était  uw  jproaré 
jF.des  pliis  fortes  de^laiiipt  snl^îiiie  AdModOia  â    < 
«  ^ifc  ai^lë  $  qu'étant  sorti  iSes  iiiaûif  de  IKeîi ,  "SI , 
»^^  po^itait  troeiDôi:  qu'en  lui  soirritoosy  IMeu 
tf  seal  étant  sa  fin  et  sou  prineipe»  Aian  llioiaiBe  \ 
f  ajouta-t^ly  né  pour  posséder  IKeti'  étenicilie*- 
«  mei^t,  ne  saurait  )amds  étire  heureux  en  met- 
ff  tant  ses  fins  dans  les  créatures  ,  qui  ne  peuTenjt 
,«  oQî,nr  qu'un  bien  toujours  incertain  >  périssable 
.■«  et  fragile.  »  ^    :'\  •  ' 

Personne  n'avait  une.  plus  haute  et  plus  jucAé 
iilée.que  ce  prince  des  devoirs  attachés  au  tr6ne  i  '- 
«  I;a  vie  d'un   roi  ,    disait-^  il ,  sert  d'ei^mplë 
«  au  peuple ,  surtx>ut  quand  elle  n'est  guère  bieA 
«  réglée ,  les  sujets  étant  plutôt  portés  à  suivre  les 
•«  vices    d'un   souverain  qu'à  imiter  ses  v^ertusv 
'¥.  .llien  ne  semlile ,  ajoutaii-il ,  plus^  indigne  d'un 
^  roi  que  de  le  voir  commander  ^lux^autra»?  et  de 
ff^  ne  point  savoir  se  commander  à  kfi-4néiiiQè  y  car  ^ 
«  il  est  tout  à  fait  ridicule  que  celui  qui  gouverne 
«  soit  hors  d'rtat  lui-même  de  se  conduire  ,  et  qu'il 
«  se  trouve  dans  la  nécessité  d'avoir  un  guide  qui 
«  Je  mène.  » 

H  ne  perdit  jarauis  un  instant  de  sa  vie?  av.ssi 


i 

41.4  ALPHOmE  T. 

t'iini|>ni-Bil-il!<ilnilutlli>ui>(>u  ItUniA  tW  cnitr4^<fu( 
■M  l'c  II  l'ont  ICI  tt  (|iii<  (lu  vi-nt  ttiuH  cffc  liomaMipii 
h'dhI  jUIIiiiî*  lVji|ii'U  orcup<i  «iim-  <Ip  |Mrn»ér*  fri- 
Vitlrv  ,  DM  (lui  «mt  loii)«uri  b  ■Votn^l'-iiir  rtr 
t'hriai-H  iuiitiiiM  ilnriH  Ici  cutnfngiÙBa  uii  Jl>  )« 
trciiivi-til. 

AI|ibi)HM'  Mvnit  jiiui'  l't  ntlfl  In  jMintév'tlé  i\t^»nt 
IcHjiniit  i  k' vîrriiilnt(|gf.»c<i  iiuinlitvuiHri  tiulujiii 
itvnii'iit  r^lMiiiIu  miT- Kii  yw,  W  avlii"»  liéri)ï<j<"'J 
l'I  ((diii!r«uwii  piir  l(iti|Hrll^»  il  aviit  rou<hiii  i4iit 
<fi'  rit'uriti  btul  ifla  n'i^tutt  rini  ranr  lai.  «i  («« 
liitlui'ii'Uit  (III  h't,  po^lti'ji  nV»  ilevalt'iil  potuoRH» 
ini'  lu  iiiiJitKiirr  ;  iiiimm  iiViii]irpii](a-t-ll  d'nlllrfrt 
■II. cour  et  ilr  l'omtilnr  <l'i  )>i'i<iirn>  et  iVam'iiié  \n 
ri-riviiiiiji  idli'-lii'i'ii  (1«  <(»ii  lrtii(iii  t  liiH*  \  Via\li 
lui  (iiil  HiiniK*  It»  jiliia  f(i  Hiidii  dlu^c* ,  ri  l'oiil  pru- 
l'hune  \p  l'tii  nii'giittiiiinti  i  m  11  În  m  lut  diM.'r-niailli'* 
nom  iU  oui  mu-om  plu»  dufniM  U  vtix  iltr  la  ju- 

liot'  (|Ur  celle  (If  l«t  Ifil'OlUluiïMlIK'O. 

Unr  «litivnalurhlledu  i\iine  i]u'Alplioii)e aralt 
ilo  viviv  lUiM  le*  kw»  (!tiiit  (ini  ivxptct  nllgirtu 
liiiiir  Ip*  iini-it'UB  tiiiiiiuiiii'(ii|  il  i-u  iIuTian  nuo 
||^r1UV^  dikltiulr!  im  iiii!uu  ih  iiittU:  l^|a  ki'"**^ 

|ii<'i'i'i'H  iliiiil   on  [ivnil    Ei>'Nuiii  piiiir  L-hai'ui*r  In 

lui  ilit  i|ii'<iiL  piJiMiitil  m  tirer d'uii  iiiirini  Hi'*" 
(l'iiii  <|iii  iiiiHniiil  iiiiiir  iitoii  iH»  iiuO d'oUi  I«  maiMMl' 
■11-    •iiiii|»i}(>ii:    itr   (  :ii'i<rtiii.    AI)il>iin»o    1 
■  J'iiiuii'    iiiit'iii   liiiiimir   r''p>i>i<'r    uiun  t 

•  hiiilf  iiKiii  nrlilli'i'liMiiKiil'ollrr  iii-ufatiL-rliitli 

•  iiK'iirr  imli<]ur  ilcct  |îlilluMt])Ii''i^l*li-ti;tuml 

•  I Y'ivlire  ..  qui  <lr  >i>ik  rKiii|Ni  u»«uri<it  lii  vit-  r 

•  l'iirltiiif  à  Uni  ilu  (H.'uplc*  et  ti  w  uouibiv  ii 

•  (li'ciUi^ntM>  ■ 


\  - 


y^^^i^t^^^^^ty^ 


t  •.ÉÊÊÊmeÊfÊf'i         .     -.       ]  .      ^      * 


ES    COEUR 

* .-    ■  j        •  *    .  ■       •  '  .    ■ 
'  àÉtiilÎE  VtGOtlAStt.  ' 


^. 


ET  hojnme>  dont  la  prpqpërit^çtlç&^isgrftce» 
ont  ëgalemjeot  contribua,  à  renifrt}  le  nom  fam«iu(, 
■  :TÎYa4t  en.^Frauce  au  «piiosième  siècle  y  son»  }& 
ic^grie  4e  Quùries  yiL  Il,n«/qpiit  àJBotar^es,  d*u^ 
llÛ^le  marchand*  Le.cônunerce  ma|*itime  détail 
viors  trèsrPeu  connu  dana,  Je  royaume'^,  Jacques 
jCçeur  s'y  adonna ,  et  les  liéuéficiî^. ^*il  y .  fit  d»» 
.  vinrent  le  principe  de  sa  fortune.  Le  premier 
emploi  public  qu'U  exerça  £ut  céliû  de  makre  de 
la  Monnaie  dans  sa  yiHe  patale  ;  ensuite  Chaiiea  YIÎ 
lui  confia  celle  à^argender*  Dans  l'orisine  cette 
dernière  charge  ne  s  étendait  pas  au-<Ienors  de  la 
maison  du  roi  ;  largeutier  était  chargé  de  rece- 
voir amiuellemjent  une  certaine  somme  des  rece- 
veurs des  provinces  pour  les  dépenses  privées  du 
mouai^quc  :  Jacques  Cœur  eut  des  attributions 
J>eaucoup  plus  étendues  y  réglant  avec  ces  pro- 
vinces les  contributions  qu  elles  devaient  payer  , 
il  fut   en   effet  ministre   du  trésor  royal.   On 
ignore,  et  sans  doute  on  ignorc^ra  toujom^  s'il 
abusa  des  moyens  qu'il  avait  de.s'euridiir,.au3^ 
<lépen&  de  l'Etat  >  ce  qu'il  y  a  deii:ertain,.c'cst 
qu'il  ne  tarda  point  à  devenir. le  particulier  le 
plus  opulent  du  royaume.  Ceux  qui  soupçonnent 
sa  fidélité  pj'éteudent  que  son .  immense  ibrtime 
ne  conimença  qu  a  lépocpie  oîi  il  put  disposer  des 
deniers  de  liitut.  Alors  il  é<juipa  plusigurs  galères 


4«6  JACQUKS  ClFJJR. 

h  Hcrt  rnùii,  ri  (ouriiit  un  roi  dm  nonimes  Milt!'* 
MiuilrN]Miur  Hul)vriiirh  lu  mAv\v  dv  quatre!  urm^r^. 
<!(•  <lr'i  uior  fuît  vn\  vn  mi  fuvritr ,  nuiiiltte  du  moins 


il  lit  8ri vîr  iN  ruvaiitu^i  du  i*oyuutpe  une  ^rmuli? 
]>iir(i«*  doH  ioiidn  dont  il  )H>uvnit  dUpoffrt  11  ^^t 
ô'iilciii(*u(  rrcoiiini  par  Im  Uiiilorioiia  qu'il  ucmmhi- 


par  Lf'ii  niiilc»rioii9  qu 

trihiia 
iiiaudi 


il  pas  prii  ,  laii  1448  |  h  iTtnoltiY  hi  Nul*- 
î<*  M»UM  la  dniniiiatioii  du  mi  do  Frnun* ,  vn 


f-t  (pli  rir  pins  c*ii  nluN-  KuflerttiiNMiit  «ur  le  UViiie 
(pir   lui  avainit    (ii;^pnld  \vn  Atiglttin  «  conçut  U 
(MMisfV  d(»  tVtahlir  daiiK  non  royautiir  Toi^di  r  «|ti^ 
(!<'  loii;;nrs  f;iH'rr('s  avaÙMit  t.ro)t  Honvtml  (roubUs 
An  iifMuhrr  cVh  iiniiUMtnitionii  (|U(^  vi*  pi*hicr  vi  hou 
<Mi!iHril  vonhirrni<  richinN  nr trouva  IVinnuMiilf 
lii  ioi'tinn'  dt's  (inaiiri't'K.  Ou  romnifu^n  par  fiiiif 
l'M  ver  une  lorlr  iiinrnWi*  a  nti  Floimlin  qnr  Irë  hi!«^ 
(i>i  i(  IIS  iippclltMit  Jtfui  dr  Xfntivainfii  il  rluit  itTi- 
yvuy  (;(<n(^i  al  i\rn  fiiiaiir(*s ,  vi  il  roiiviul  d*uil  \j^rM\A 
MiMuUrr    de   d«<pii'<lali<»tiN.   J\»ni  ]iort<*  h    pniMT 
ipi'il  filait  roupatilr;  niaiH  on  uinwmtt  h  mivuir 
ipril  a^nna  «mvh  «U^litH  par  la  Inive  de  In  v^rifr  « 
f  (  non ilaoN  1rs  lonrmiMiH dr  la  qnrnlion  ^  inoy«^u  loti» 
joiifs  r(pii\(u|iir  di*  oonnuid'r  le»  (*rimoH«  Jncouii* 
(iiiMir  n^sMiMihl  \v  <()iiliT-^'<»iip  di<  lu  dU^rAcN!  <Vuu 
lioiiiiiir  (pli  lui  «^(iiilHuliordoimi^  Aviiit*iUgnort^f 
ii\ ait-il  UAviét  \vh  umlvfTHaiîoini  du  rorrvt*ur  gi^- 
iirral  i'<lVst  fiicorr  \h  un  df  orH  poitrin  liiltoriqui*» 
Mir  IrMpicls  il  vttl  ^  ]Hmi  pri'^  inipotëilile  de  prti*- 
uunrcM'.  Il  rsi  du  n*Hlcf  li^H-<*n1iiri  qur  Jacqur» 
(iuMir  r^iritaît  rc*nviiS  (MI  Ir  vil  tdaliiMT  Ml  fiMtunr 

IMir  i\vH  acMpiisilionM  di*  ]»irns-iuuuru))lr*  «  vt  on 
'iirnisu.  llaiiM  un  sicVlo  d*i|;iiorun<*e  où  In  vn-* 
iiuiiM*  r(  ui)l>lc  JiMiiuicd  Arc  avait  Jt^  coadauiiicc 


,■  t  • 


mx  bAcher  comme  sorcière  ^r  dfs  Au^lm  cq|'eUp 
îjLtaft  rainous  et  par  des  Fra^içau  siiperstilieiii:^ 
on  n^hésita  point  à  croire  que  Jacques  Cœur  ne  , 
^f^sédkt  iM'rfierre  phihspphaie.  Cette  rérérie, ne 
TBui  pas  i|vaëine  aétrci^erieusemeiit  refvi;^»  '^ 

Son  luxè^'iéa  terres  dpat  il  avait  accnns  la  posr- 
^e8sioIl  .et'•a-1|^glM6Qence  indisposaient  contre 
lui  les  principaux  seigneurs  du  royaupnte,  qui  n^ 
pouTaient  riraGser  sou  opuleoce.    On  nja  pas 
mancRië  de  repiWher  à  Jacques  Cœur  cet  orgueil 
que  donnent  les  richesses  subitement  acquises;  'ou 
a. dit  que  lors  de  l'entrée  solennelle  de Cttarles.VII 
dans  la  ville  de  Rouen  il  marchait  près  de  c^  prince 
avec  des  armes  et  un  vêtement  semblables  a  oeuj; 
que  portaitle  célèbre  comte  de.  Dunois*  Maisll  est  ^ 
constant,  comme  onTadéjà  dit,  qjoe  jtaoquesGçur 
eut  jone  part  très-grande  h  la  jnéductÎQn  oe  la  Sov 
jnandie  j  il  pouvait  donc  ancSbitioniier  '  just^m^nt  A»    ^ 
jparaitre  dans  une  cérémonie  publiqueiivec  un  éclat 
auquel  ses  services  lui  dqunaieut  le  di^oit  d'aspirer* 
l>es  hommes  impartiaux  ont  prétendu  que  ce  même 
Dunois ,  qiie  ses  braves  compi^ous  d'armes  y  La 
Hîre ,  la  TrimouiUe,  etc.  >  n  avaient  pas  plus  effi— 
cacement  contribué  que  Jacques  Cœur  à  i  établir 
Charles  VII  sur  le  trône,  et  tout  prouve  que  cette 
assertion  n'a  lîen  d'exagéré.  Une  accusation  plus 

§rave  que  toutes  les  autiTS  pèserait  sur  la  mémoire 
e  Jacques  Cœur,  s'il  était  vrai  qu'il  eût  enti*e- 
tenu  avec  le  dauphin,  qui, lut  depuis  Louis  XI, 
des  liaisons  suspectes ,  et  dirigées  conti*c  le  ino* 
narque  ;  mais  quelle  que  fût.  l-anim/psité  de  ses 
ennemis ,  ils  ne  purent  jamais  alléguer  à  pet  ^gai'd 
rien  de  positif  contre  lui  *,  ils  n'osèrent  m£ine  pas 
le  charger  (le  cette  accusation  lorsqu'ils  parvinrent 
enfm  à  le  faire  mettre  en  jugement. 

Ce  ne  fut  pas  d'abord  de  déprédation  des  finances 
qu'on  l'accusa.  Une  dame  de  la  cour,  Jeanne 
de  Vendôme ,  épouse  de  François  de  Mpn^éro^ , 


1 


^8  jacC»i;es  cfÈuft. 

^ré^ntlît  ({n'il  owalt  mipoisnniM^  Agn^S  Sar«l . 
inort^  l'aniiër  iptiréHi  iiU:.  Il  Ait  antléfae  orit* 
■Au  roi  ;  loai»!!  se  }iiiti(iu  *t  ronitiK-lfiiivul ,  qut  »mi 
iM-TOwlricK  fut  obli^ik?  <lç  lui  iI'miiut  la  iilosci»- 
tïi-ir  Mlixfurtion ,  «il,  p'iur  parler  comme  I'» 
liiituritiM,  ilKlui  faire  utn'-mlcnonmurtlr. 

Cp|ii]iwliint  if  uitttivîii*  sui-tfb  de  (.ttl«  pr('mi(r« 
îiit:-ul|Hitioii  IIP  put  iIctcrniiiK;!'  kt»  i-impiiiU  ^  If; 
lui»!U?i-  jouil-  (l(-  ba  ti^uquillili?.  Ou  l'iicciua  d'nroîr 
fuliiifiti  le»  mniitiaû:!!  claa»  \e.  Irinps  qu'il  ifCnit  A 
lioui-^cN  (it  U  Pari»  maître  ilf  ctli-  partît  di  »  ri- 
rlv'iwos  tle  lElnt;  on  BJontn  qu'il  avait  fiût  Inta- 
)>oi't*i'  liorB  diî  France  un  graud  nnmhrv  de  pifïr» 
îl'ur  ft  d'argnnt  uîmî  allt^ië^^e;  ou  lui  repi-ocb» 
dt-R  <-onc*nuïou«;tin  prcUTidit^u'ilavûit  founu  ita 
nmir»  nui  Miuulmiiu» ,  H  coiulmnn^  arlji'lraii*- 
iu«nt  aux  guLèrra  un.praiid  nombre  d'ÎRnwra»; 
on  lui  lit  uu  moie  d'avoir  TPiivayé  ea  Eg^ftv 
ua  THclavir  du  iHicH  K^fugié  «u' tiu  de  w»  lai»- 
wuux  ;  enfin  on  soutint  «pi'il  htoîI  ^il  tirer  de 
triw-rorteB 9onimi-«  d'aiRcut de iilnsiitir» partîwi- 
\îen,  et  niémc!  dy  pruviiicct,  bous  piètrxto 'pic 
d'il  ttmui  ritiiicnt  dotintii  un  roi ,  ■  auquel  îU  tcr- 
Tiiicnt  iiourjotuT  nu  dn,  u 

l'oni-  sou  premier  moyen  de  d<!(i[iiw!  il  mUéçn 
le  yiiv'Mf^p  de  ileriiatuiv ,  et  iea  ^Buds  TtDaim 
de  i'oififr»  le  réclamèrent  eniniiu;  eoclési»^ 
(ii]Uf;  mais  on  n'riit  aucun  é-^rd  à  leurs  i-ciuon-* 
tiniieBS  ni  ît  leurs  protestalioiui.  JiKN)ni->  Okbt, 
ràluit  ik  »e  disculper,  deouinda  des  avocut»  poitf 
{■onueils  :  on  Ifs  lui  rrfnM,  rt  li  eclle  circoMtsBn 
neproHte  paa  cncot*  qu'il  fût  inntMieat,  cite 
d^monlre  du  moins  qti'il  ritatt  jioursiiîvi  a«cê 
uu  acHanienieut  voisin  d*-  l'injuslice.  l^  cow^ 
luiMiiJii  ituinuHfe  par  If  roï  ^otir  le  juger,  et  k 
lu  lôlrile  iRijuelle  ^lail  Antoine  de  Gii]hauitn,iM 
voulut  pas  non  plus  lui  ponneltrc  d«  fuir»?  *'Ulei»-j 
tl;o  des  lûnoiii»i  cUv  ni:  lui  dunna  ([uc  deux 


>*• 


JACQUES  cceqiu  ^ 

pour  préparer  sa  défense,  qupjj^'Udëmoatrâfi 
que  ce  terme  était  insufiisant^  pîi^sqiae  les  ti^^  . 
qui  pouvaient  établir  son  innocence  se'  trouyiâent  > 
epars  en  divers  lieux,  sur  ses  vaisseaux  ou  dantf  , 
les  mains  de  ses  facteurs»  On  fit  plus  encore  ;^<Hi 
eut  recours  il  la  question  pour  obtenir  de  lui  àe^ 
•afeux  que,  libre ,  il  reûisait  de  "faire*  L^  tour-* 
mens ,  selon  quelques  écrivains ,  ou ,  suivant  d'au-* 
tçes ,  leur  appareil  seul ,  le  déterminèrent  à  re-» 
connaître  la  vérité  des  accusations;  La  procédure 
fut  portée  au  ror,  qui  se  trouvait  aloi^  au^idiâtea»  . 
de.Lusignan.  On  déclara  Jacques  Cœur  atteint  et 
convaincu  des  délits  qu'on  Im  imputait,  et  il  fut. 
condamné  à  mort;  mais  Charles  VII  lui  fit  srâce 
de  la  vie  ,  «  En  considération,  disait  ce  pnnpe^ 
u  de  quelques  services,  et  à  la  recommandalaoa ', 
EL  du  pape.  »  Il  fit  amende  honorable  à  Poitiers» 
On  ajoute  qu'il  dut  payer  quatre  cent  inille  écus  ' 
pour  indemniser  le  fisc,  des  sommes  qu'il  s'était 
illégalement  appropriées,  et  que,  le  reste  de  ses 
biens  lui  fîit  ensuite  oté  par  la  voie  de  confiscation. 
L'arrêt  prononçait  de  plus  son  bannissement  à  per- 
pétuité ,  et  5  par  une  clause  fort  étrange ,  le  prince , 
revenant  sur  laccusation  de  lempoisonuement 
d'Agnès  Sorel ,  déclara  «  qu'à  l'égard  des  poisons  , 
ic  pour  ce  que  le  procès  n'était  pas  en  état ,  le  roi  . 
k  ii^en  faisait  aucun  jugement ,  et  pour  cause,  y^ 

On  changea  sa  peine  de  bannissement  en  celle, 
de  réclusion  chez  les  cordeliersde  Bancaire,  ou  il.  ' 
devait  demeurer  en  J'ranchîse,  J^exa.  ans  après, 
profitant  du  zèle  que  les  anciens  commis  témoi- 
gnèrent pour  sa  délivrance ,  il  s'évada ,  et  s'enfuit 
en  Italie.  Là ,  ayant  rassemblé  quelques  débris  de 
sa  fortune  ,  il  monta  sur  les  gailères  que  le  pape 
avait  armées  contre  les  Musulmans ,  et  mourut  de 
maladie  vers  la  fia  de  Tan  1456,  dans  l'île  de 
Chio.  Il  y  fut  inhumé  dans  le  chœur  des  corde- 
licrs  de  la  capitale  de  ce  pays.  Il  y  avait  dans  sa; 

TQvieU,  3a^ 


c 


^T«  JACQUES  CŒUR. 

IrstiiuV  qiioltiuc  eliuscdcsirxlruordînaîrej  qu*OQ 
iriicsitii  point  9  un  »'wc\c  plus  tard ,  ù  y  ajouter 
ilrs  cleliiiis  l'iirorr  plus  iiKM'vr'illnix.  ihi  preti'iiilil 
«ju'il  nVtiiif  ])oiiil  mort  ù  Cliio  ,  et  qu'il  ^  était 
inarir  (liiiis  LiltMlr  Ciiypro,  où  il  avait  acquis  de 
r\ttn\  eaux  h  c'sors  ;  mais  ces  particularilcs  ont  pani 
dt'uiifics  de  t'oudcmcnt  aux.  Jiistoricus  aiiii&  de  la 
lerili'. 

II  rcsuU(»  dii  procrs  dr  Jacques  Cœur  deux  faits 
iri('>(Misal;I('s,  rinifpi'il  n'avoua  rifuqu*au moment 
oîi  il  l'ut  ('pouvante  par  TappareiL  des  supplices  ; 
raiitre  ([iieses  ju^es  tenu)i}^nèrent  toujours  contre 
liii  mu:  haine  tiès-piononeée.  Antoine  de  Clia- 
J):miies  ))rr)fi(a  de  ses  dcfpouilies,  et  ne  rougit  pas 
de  s(r  faire  adju^^er  à  vil  prix  ses  priucipales 
pos>essioris. 

J)ans  la  suite  Louis  XI,  soit  par  amour  de 
re'quité,  soit  parce  qn*il  fut  toujours  disposé  à 
iiieidper  la  mémoire  d(*  son  perc  ,  et  rennemi 
deVlarf!  de  (Ihahaimes,  fit  revoir  le  procès  ;  mais 
le  ])arlemeiit  ne  voidut point  prononcer,  parc^ard 
pour  la  in('moire  de  Charles  VII,  et  les  liéritiers 
de  Jai*(pi(  s  Co'ur  et  d(!  Chahannes  firent  une  tran- 
^ae(ion  par  la({U(  Uc  les  premiers  recurent  une 
ni(lem[iit«>.  C  était  réellement  proclamer  Tinuo- 
irenee  de  leur  parent. 

L'opuh'iiee  de  Jacques  Cœur  avait  passé  en 
provi'rl)e.  JMusieurs  fois  son  prince  Tavait  nom- 
mé à  des  amhassades  dispendieuses,  et  il  y  avait 
toujours  déployé  une  gnuule  magnificence»  Ia 
plus  n  marquaJilc  dv.  ces  missions  fut  celle  dont 
jl  l'ut  ehar|j^é  en  1448.  Il  se  rendit  alors  à  Lau* 
'j..ii\iiv  ])our  contribuer  à  faire  cesser  le  scliinne 
<xel((-  par  Félix  V  ,  (;t  rendit  à  Charles  YII  ainsi 
«ju'à  la  France  fin ti les si»rvices. 

Ajoiilons  iei,  afin  de  rassemhler  tout  ce  qu'il  y 
a  d'uutUeiitiquc  sur  Jacques  Cœur  et  sur  sa  famille , 


JACQUES  CŒUR.  411 

•jn'uiitte  ses  fils,  nomméJcan,  (leTÏntarcheTéque 
tle  Bouj'ges ,  où  il  se  fit  estimer  et  où  il  mourut 
en  1433.  Fût-il  parvcuu  dans  l'église  à  une  û 
émiiiente  digoil^,  si  l'opiaioii  publique  n'eût pai 
été  favorable  à  son  père  r 

Quoiijue  nous  pensions  devoir  imiter  la  circons^ 
pection  des  bistorieus  ,  qui  n'ont  ose  ni  absoadre 
ni  condamner  absolument  Jncgues  Ca:ur ,  nous 
devons  dire  eu  sa  faveur  que  les  soui-ces  avouéei 
àe  sou  opulence  prouvent  asseï  qu'il  put  devenir  ' 
le  pins  l'icbe  particulier  de  France  rsans  avoir 
Bvl, besoin  de  recouiir  à  des  actions  illicites  et 
punissables. 

Doué  du  génie  dn  commerce ,  il  i-éfl^cbit  qnâ 
les  peuples  Italiens ,  et  principalement  les  V^ni^ 
tiens  et  les  Génois ,  faisaient  avec  le  levant  un 
b'afic  considérable.  Il  avait  aussi  sous  les  yeux 
l'exemple  de  la  prospérit^à  laquelle  la  famille 
des  Médicis  s'élevait  par  lis  mêmes  voies.  11  sut 
babilemeut  imiter  de  tels  exemples  g  et  envoya 
aux  maliométans  des  lingots  d'or  et  d'argent ,  des 
arnies  défensives  ,  ainsi  que  les  objets  auxquels  se 
réduisait  alors  le  produit  des  manufactures  de 
Frunce ,  tels  que  des  draps  ,  du  papier  et  dea 
toiles.  En  retour  ses  vaisseaux  lui  rapportaient 
des  soies  etjde  l'e'picerie  ,  dont  il  lui  était  facile 
de  tirer  des  gains  considérables  ;  ainsi  l'beu- 
Teux  résultat  de  ses  spéculations  lui  fournit  les 
moyens  de  les  étendre  progressivement.  Cette  ■ 
manière  d'expliquer  comment  Jacques  Ccenr  ao- 

Îuit  l'immense  fortune  qui  devint  la  cause  de  ses 
isgrâces  et  de  ses  mallieurs ,  n'a  certes  rien  de 
chimérique  ni  d'improbable. 

Xernunons  cette  notice  en  citant  textuellement 
une  réilexîons  très-judicieuse  que  sa  dsstiaée  a: 
inspirée  à  Velly. 

o  Le  revers  qu'éprouva  Jacques  Cœur ,  dit  ce 
«  sage  historien  >  est  une  leçon  frappante  pour  ses 

F     . 


.404  ALPHONSE  V. 

i*oniparaît-il  l\  des  ballons  ou  bien  h.  dos  ontrcftqm 

jio  reiirermcfit  que  du  vcriit  tous  ers  boinxu''9  <jiti     { 

ii'out  ^aiiiaîs  rcs])rit  occnpd  que  de  pensërs  frl^     1 

voles  ,   ou  (fui  sont   toujours  à  s'entretenir  rie 

c-|]os(;k  inutiles   dans  les  compagnies  où    ils  se 

trouvent. 

Alphonse  avait  jour  et  nuit  la  postérité  devant 
1rs  y(;u\  ;  Je  vil'ecJatcpie  ses  iwmbreuses  victoires 
avaient  rdpandu  sur  sa  vie,  les  actions  bëruïciuci 
et  ^énérf:us(*s  par  lesrpielles  il  avait  conquis  luut 
de  eœurs,'  li)ut  cela  u'dtait  rien  pour  lui,  si  les 
histoj'iens  ou  h*s  poct(^8  nVn  devaient  pas  eoAsa- 
cHîr  la  mémoire  ;  aussi  s  empressa-t-il  d'attirer  à 
sa.eour  et  de  combler  de  prëscns  et  d'uniitid  les 
écrivains  célèbres  de  son  temps;  tous  à  Tenvi 
lui  on!  donné  les  plus  grands  élof^es,  et  l'ontpro* 
clamé  ir.  roi  fnffgnnriùite ;  mais  en  lui  décernant  ce 
iioui  ils  ont  encore  plus  écoulé  la  voix  de  la  jus^ 
tice  qu(!  <:elle  de  la  reconnaissance* 

Une  suite- naturelle  du  désir  qu'Alphonse  avait 
de  vivre  <Ians  les  Ages  était  son  respect  rcdigicux 
pour  les  anciens  monumens;  il  en  donna  une 
pi'euve  éelaliinte  au  siège  de  Goète.  Lqs  grosses 
pi(>rres  dont  on  avait  b(*soin  pour  charger  les 
mortiers  vinrent  à  manquer,  et  alors  quelqu^un 
lui  dit  (pi^on  |)ourrail  en  tirer  d'un  ancien  cha- 
leau  qui  passiiit  poui'  avoir  été  autrefois  la  maison 
d(;  cain])agnc  <l(;  Cicéron*  Alphonse  répondit  : 
«  J'aiijie  niicnix  laissftr  l'eposer  mon  canon  et 
«  touUî  num  artiilerit;,  que  d'aller  profanerla  de- 
«  meure  antique  dc.co  philosophe  et  de  cet  orateur 
«  célèbre  ,.  qui  de  son  temps  assurdit  la  vie  et  la 
«  (ortiine  à  tant  de  peuples  et  à  un  nombre  inlim 
»  dccitoyeuSi  » 


4o6  JACQUES  CŒUR. 

^  srs  frais,  et  iburiitt  au  roi  dea  sommes  suifi-* 
snittes  pour  subvenir  à  la  solde  de  quatre  ann^v. 
Cv  dernier  fait  est  eu  sa  (aveur ,  puuqoe  du  moius 
il  lit  servir  à  l'avaula^  du  royaunie  une  grande 
partie  des  foiuls  dont  il-  pouvait  disposer»   Il  est 
éj;aleuicut  reeoumi  par  les  historiens  qu'il  ne  cou- 
trilnia  pas  peu  ,  Tan  I4fâ  i  à  remettre  la  Nor- 
mandie sous  La  domination  du  roi  de  France ,  en 
fournissant  Targojit  n<$cessaire  à  cette  expéditioiit 
D(nix  ans  s^ctaient  ik  peine  ëcouléa  depuis  le- 
poque  où  Jacques  Gonu*  avait  rendu  à  son  prince 
et  à  sa  patrie  cet  important  service,    lorsque 
l^iiarLes  VU ,  dont  la  pi'ospëritë  croissait  toujours , 
f  t  (pli  fie  plus  en  plus-  s'aflermissait  sur  le  trtnie 
que  lui  avaient  m.sputë  les  Anglais ,  conçut  la 
pfMisee  de  rt^tablir  ckins  son  royaume  Tordre  que 
fi'*  ioii<^ues  cuerres  avaient  trop  souvent  trouble. 
Au  nombre  des  amëlfoi*ations  que  ce  prince  et  son 
c(»:isoil  voulurent  eiVeetuor*  se  trouva  Tcxamen  de 
la  fortune  des  iinauei.TS.  On  commença  par  faite 
|>;îy(>r  une  (orte  amende  à  un  Florentin  que  les  Lis- 
ti!  lie  lis  appellent  Jtan  de  Xtiiiicoins,  il  ëtait  iTci- 
veur  ^(^néi  al  des  liuaiices  ;,  et  il  convint  d  uu  grand 
Tiouibre   de  déprtHlalions.   Tout  porte  à  penser 
(ju'il  éUûl  coupaJile;  mais  on  aimerait  à  savoir 
tju'il  avoua  m^s  d<îlits  par  la  force  de  la  vëritc , 
1 1  non  dans  les  tour  mens  de  la  question ,  moyen  tou- 
jours équivoque  de  connaître  les  crimes.  Jacques 
Cieur  ressentit  le  conti'C-coup  de  la  disgrftoe  u  uu 
lioninu'  qui  lui  était  suLordonnd.  Âvait-*'il ignoré i 
a\ait*il  toléré  les  malversations  du  reeeveur  gé«- 
lUM'al  ?  C  est  encore  lii  un  de  ces  points  historiqiu^s 
sur  lescpu'ls  il  est  à  peu  près  impossible  de  pni^ 
iLoueer.  U  («si  du  ivste  («^s-celtain  que  Jacques 
(ianir  e^ritait  IVnvic;  ofi  le  vit  léaliser  sa  fibrtunc 
»ai'  des  aequisitious  de  biens-immeubleS ,  et  on 
aeiHisu.  Dans  uu  siècle  d'ignorance  où  la  ver- 
tueuse et  noble  Jeamic  d'Arc  avait  été  coudauuice 


i 


nEBRE  mvBcssast,         413 


PIEME  D'AUBUSSON, 

iCILUSD  AUItaE  DE  L'OADRE  DE  MALTE.. 


X4E  plus  illustre  des  Ordres religbnx  et  mîUtdix 
mes,  roi-dre  de  Saint-Jean-de-J^rnealem,  datses 
jheaux  jours  et  ses  titres  de  gloii-e  à  des  Français. 
Jkccablé  dès  sa  naissance  par  l'éclat,  la  richesse, 
iJes, exploits  de  l'Onli'e  des  Templiers,  il  n'acqiiit 
fUmite  plus  de  vigueur  et  de  céleltrilé  que  lorfr~ 
kme  la  grande-mai  tri  se  de  deux  Français  eut  sou- 
'^*tein  sur  les  ruines  fumantes  de  Rhodes  et  sur  leu 
-^remparts  de  Malte  le  courage  des  clieraliers  ,  et 
^  Jorsqn'elle  eut  liiit  ftiir  toutes  les  forces  de  l'em- 
,  pire  ottomau  devant  l'éteodard  de  la  religion. 
*      Le  premier  de  ces  dettx  grands— maîtres  iîit 
-  Pierre  d'Aubusson.  Ne  en  I4x5|  d'une  fiunille  dis- 
tinguée de  la  Marche  (l),  ses  premières  années 
'-  forent  consacrées  à  la  carrière  miBtaire.  A  l'ëpo* 
■  que  oil  les  Turcs  dévastaient  la  Ho&grie ,  et  où  le 
duc  d'Autriche  Albert,  gendre    de  l'empereur 
Sîgismond  ,  marchait  contre  eux ,  le  jeune  il'An- 
Ijusson  suivit  ce  général ,  et  signala  son  courage 


4o8  JACQLES  CŒUR. 

prc'tgndît  qu'il  avait  rmpoisoiinc  Agnes  Sorel , 
iiKnto  l'aiiiior  piéccMc  iiU'.  Il  fut  an  été  par  ordre 
du  roi;  mais  il  S(*  justifia  si  coniplc^teiueut ,  que  sou 
aeousatrice  fut  oblii»de  de  lui  donner  la  plus  m- 
lirre  satisfaction,  ou,  pour  parler  comme  les 
liistorirns,  de  lui  faire  auuMide  lionorallle. 

(^.(']>('n(!ant  le  nrauvais  suecès  do  cette  première 
inculpation  ne  put  déterminer  ses  ennemis  à  le 
laiss<*r  jouir  de  sa  tianquillite.  Ou  Taccusa  d'avoir 
falsifid  les  monnaies  dans  le  temps  qu'il  était  h 
l>ourj;es  vt  a  Paris  maître  de  cette  partie  des  ri- 
chesses de  1  Etat;  on  ajouta  qu'il  avait  fait  trans* 
]»orter  hors  de  Finance  un  ç;rand  nombre  de  pièces 
<l  or  et  d'argent  ainsi  altérées;  on  lui  reprocha 
des  concussions;  on  prétendit  qu'il  avait  fourni  des 
arnus  aux  Musulmans  ,  et  condamné  arbitrairc- 
ïn(  lit  aux  iialèies  un  irrand  nombre  d'innocens; 
on  lui  fit  un  crime  d'avoir  renvoyé  en  Egypte 
un  (  sclave  cliiélien  léfu^ié  sur  un  de  ses  vais- 
seaux ;  enfin  on  soutint  qu'il  avait  lait  tirer  de 
Il  ès-torlcs  sommes  d'argent  de  plusieurs  partîcu- 
liri's,  et  même  d(^  provinces,  sous  prétexte  que 
c(  s  dons  étaient  deslinés  au  roi ,  «  auquel  ils  ser- 
vaient j)our  jouer  au  dez.  » 

J^)ur  son  premier  moyen  de  défense  il  allégua 
le  ]nivilége  de  cicncatitre ^  et  les  grands  vicaires 
de  Poitiers  le  réclamèrent  comme  ecclésîas- 
ti<jue;  mais  on  n'eut  aucun  éi:;ard  à  leurs  remon- 
tiances  ni  ii  leurs  protestations.  Jacques  Cœur, 
léduit  à  se  disculper,  demanda  <les  avocats  pour 
conseils  :  on  les  lui  re^fusa,  et  si  celte  cii'consûince 
ne  ]>rouve  pas  encore  qu'il  fût  innocent,  elle 
démontre  du  moins  qu'il  était  pouï^suivi  avec 
un  adiarnemcnt  voisin  de  l'injustice.  La  com- 
mission nommée  par  le  roi  pour  le  juger,  et  à 
la  tel(»  de  lîiquelle  était  Antoine  de  Chabaunes,ne 
voulut  pas  non  j)lus  lui  permettre  de  faire  enten- 
dj  e  dus  témoins  3  clic  ne  lui  donna  que  deux  moif 


"? 


'  PIERSE  D'ÂUBUSSQN»  4x5 

le  récit  des  hauts  &its  des  cheTali^  de  BHodes  » 
et  les  relations  chaque,  jour. plus  aflrèuses  de  Ift . 
]>arbarie  qu'exerçaient  lés  Turcs  sur  les  priso»* 
liiens  dhrétiens,  yinrent, enflammer  .son  imagi-^ 
nation  et  donner  à  ses  -  idées  une  directioo.  nou^ 
Telle»  Il  alla  se  feire  recevoir  chevalier  *àBl]K>des  y 
et  quoiquHl  y  eût  une  défense  du  chapitre  *  ^tsn- 
pdmettre  jusqu'à  ce  que  les  finances  épuisées  lEiti»» 
-maalL  en  meilleur  état ,  on  voulut  bien  pa^sçîr  sur  > 
une  loi  si  rigoureuse  en  fayeur  du  mérite  et  du 
nom  du  récîpieiKlaire.  Il  fut  admis  dins  la  langue 
d'Auvergne ,  et  re^ut  le  grade  de  coxnmandeur. 

En  1457  le  nouveau  chevalier  vit  son   cîm-  ' 
rage  récompensé ,  et  son  a^le  ims  à  Tépreuve  la 
plus  honorable* 

Mahomet ,  après  la  prise  de  Constantinc^lè  et 
la  mort  du  dernier  empereur  grec  9  crotanit  qu« 
tous  les  princes  de  l'Asie  devaient  fléchir  sous  sa 

Puissance ,  commença  près  dés  chèvalieni*  de 
ihodes  à  faire  éclater  ses  prétentions  hautaines. 
lie  viâîr  dépécha  au  grand-maitre  un  ambassa*- 
deur  pour  le  sommer  de  reconnaître  Mahomet 
souverain  de  toutes  les  îles  de  la  religion;  en 
conséquence  de  ce  titre ,  de  faire  porter  tous  les 
ans  à  son  trésor  un  tribut  de  deux,  mille  ducats  : 
au  rjefiis  du  grand  -  mSiitre  ,  Mahomet  déclarait 
la  guerre. 

Jean  de  Lastic ,  qui  commandait  alors  les  che- 
Taliers ,  répondit  que  l'ordre  religieux  de  Saint- 
Jean  dépendait  du  souverain  pontife  des  chré- 
tiens 'y  que  leurs  ancêtres  ,  par  leur  valeur  et  au 
prix  de  leur  sang ,  avaient  depuis  long-temps 
conquis  File  de  Rhodes  et  les  îles  «voisines ,  dont 
aucun  prince  ne  leur  avait  disputé  la  souverai- 
neté; que  par  son  élection  à  la  grande-maîtpse 
elle  savait  été  mise  en  dépôt  entre  ses  mains; 
qu'il  en  était  responsable  enyers  ses  frères ,  et 
Tome  IL  35  * 


4TO  JACQUES  CŒCUR. 

(lt*stlnde  cpiclquc  chose  de  si  cxtruoriUnaîre  9  qu'oa 
n'Iicsitii  point ,  un  siècle  plus  tai*d ,  à  y  ajouter 
clos  dé  (ails  encore  plus  merveilleux.  On  préti^ndit 
qu'il  nVtiiît  point  mort  ii  Chio ,  et  qu  il  s'était 
marié  dans  llle  deCliy])re,  où  il  avait  acquis  de 
nouveaux  trésors  ;  mais  ces  particularités  ont  paru 
dénuées  de  tbudemeut  aux  liistoricus  amis  ac  la 
vérité. 

Il  résulte  du  procès  de  Jacques  Cœur  deux  faits 
irrécusables,  ^unqu*iln^lvoua  neuqu^aumoiueut 
où  il  lut  épouvante  par  l'appareil  des  supplices  ; 
Vautre  que  ses  ju^es  témoiguèrcnt  toujours  contre 
lui  une  haine  très-prononcée.  Antoine  de  Cha- 
bamies  profita  de  ses  dépouilles,  et  ne  rougit  pas 
de  se  faire  adjuger  ù  vil  prix  ses  principales 
possessions. 

Dans  la  suite  Louis  XI ,  soit  par  amour  de 
lequité,  soit  parce  qu'il  fut  toujours  disposé  à 
inculpei*  la  mémoire  de  sou  père  ,  et  l'ennemi 
déclaré  de  Chabannes,  fit  revoir  le  procès  i  mais 
le  parlement  ne  v ouliit point  prononcer,  par  égard 
pour  la  mémoire  de  Charles  VII ,  et  les  liëritien 
de  Jaccpies  Cœur  et  de  Chabannes  firent  une  tran- 
^actiou  par  laquelle  les  premiei^  reçurent  une 
indemnité.  C'était  réellement  proclamer  Tinuo* 
cence  de  leur  parent. 

L'opulence  de  Jacquets  Cœur  avait  passé  en 
proverbe.  Plusieurs  lois  son  prince  l'avait  nom-* 
jné  li  des  ambassades  dispendieuses ,  et  il  y  avait 
toujours  déployé  ime  grande  magnificence»  La 
plus  n^marquaJilo  de  ces  missions  fut  celle  dont 
il  fut  ciiargé  en  1448.  Il  se  rendit  alors  à  Lau- 
sanne poitr  contriJjucr  ù  faire  cesser  le  schisme 
excité  par  Félix  V  ,  et  rendit  à  Chailea  VU  ainsi 
tpi'h  la  France  d'utiles  services. 

Ajoutons  ici,  afin  de  rassembler  tout  ce  ^^il  y 
a  d'uutUcuti([ue  sur  Jacques  Cœur  et  sur  0a  fiunijle  > 


PDSBBE  D'AÇ&JSSPW.  417 

dRélite  qui  ftvàit  ordre  de  débarquer  éàm  VQê 
et  de  se  jeter  dadft  la  yiUe  assi^ëe*  .     .' 

Les  galères  de  la  religion  et  la  j9otte  t^--  . 

tieime  s'étaielit  avancées  à  la  yne  du  camp  en*^ 

tiemi  ,  et  léS  nombreux  secours  qu'elles  ame^ 

fiaient  auraieut  changé  la  situation  ai^lorabledétf 

sissiégës  9  sans  un  ëyénement  Inattendu  qui  laiss*. 

b  trille  sans  espérance*  On  araît  r^Iu  >  dans  If 

éonseil  de  guerre  5  d'attaquer,  un  pont  de  Ibateaujfr 

que  les  Turcs  avaient  fait  construire  stir  l'Eu'^ 

>lipe  9  et  par  là  de  leur  couper  toute  communir' 

cation  .^vec  la  terre  ferme*    Cette  manœurr^' 

hardie  rapprochait   d'ailleurs   les  bâtimens  dtf 

ceux  qu'ils  avaient  intérêt  de  secourir  ^  et  prÊ*'- 

Vait  les  infidèles   des  convois  qu'ils  recevaksil. 

ehàque  jour*  Toute  la  flotte  demandaiè.à  gran^ 

CTiB  le  signal  du  combat  5  les  chevaliers  de  Garn» 

donne  et  d'Aubussoa  surtout  pressaient  le  gé« 

xiéral  vénitien  d'avancer;  mais  ce  commandant ^ 

ayant  jeté  par  hasard  les  yeux  sur  son  fils  uni*- 

Iqne,  qui  paraissait  effrayé  du  péril,  api  es  avoir 

balancé  quelque  temps  entre  Tattaque  et  la  re*-* 

traite ,  tourna  honteusement  la  proue  9  à  forcer 

de  voiles  et  de  rames >  s'éloigua  des  Turcs,  qult 

laissa  maîtres  de  la  mer,  et  par  cette  lâcheté 

causa  la  prise  de  ^îégrepont. 

Cette  expédition  lut  une  des  causes  qui  atti*- 
rèrent  dans  la  suite  toutes  les  forces  de  i  empire 
ottomau  sur  la  résidence  des  ch(  valiers»  Le 
sultan,  iiii'é  d  avoir  vu  parmi  les  bâtimens 
vénitiens  les  galères  de  la  religion  ,  envoya  à 
Bhoded  dëclaitr  uhe  guerre 'éUrnelle  5  il  jura 
de  tuer  de  sa  niaiu  le  grand-maîli  e  ,  rt  dVxter— 
miifer  tous  Ks  clirvaiieis  qui  tomberaient  eu  son 
pouvoir* 

A  la  mort  do  Jean -Baptiste  des  Ursîns ,  €A 
J476,  Pierre  d  AuLusson  iSit  nommé  ,  à  Tunani'-' 


41»  JACQUES  COEUR. 

a  pareils t  qui,  par  les  opërations dW  commerça 
«  lioonéto  et  proportionne  à  leur  intelligence , 
«  dtant  parvenus  n  se  procurer  un  sort  heureux , 
«  ont  sur  leurs  vieux  lours  la  tdmëraire  ambition 
«  d^aspirer  à  des  dignités  dangereuses*  » 


PIEEilE  D'AUBUSSON.  419    ■ 

FeQ<1aiit  que  Mciliomct  s'assurait  donc  delà  tra~ 
liison  des  VeniLieus  ,  d'AubnBson  s'occnpait  à 
j  rassembler  les  elievaliers  au  chef— lieu  de  TOr— • 
,  dre.  Des  courriers  dépêchés  dans  tous  les  paya 
de  la  clir'étieaté  rappelaient  ceux  qui  s'étaient 
^  momcDtanënient  éloignas  de  llhodes ,  et  près— 
Baient  leur  retour.  Dans  le  inéme  moment ,  le 
grand-maître  traitait ,  avec  le  souB-haclia  de 
Lycie  ,  de  la  liherlé  d'un  grand  nombre  de 
chrétiens  et  de  chevaliers  qu'il  tenait  dans  ses 
fers.  Mahomet  avait  Facilement  consenti  à  cette 
négociation ,  dans  l'espoir  que  l'envoyé  qu'il  dé- 
péchait, pour  discnter  la  rançon  avec  le  grand- 
maître  ,  pourrait  observer  les  fortifications  de 
BJiodes,  remarquer  les  endroits  faibles  et  lui  en 
rendre  compte  ;  mais  la  piiidence  de  d'Aubusson 
^t  échouer  ces  projeta,  et  Mahomet  n'eut  que  le 
déplaiîiir  de  les  avoir  foiinés  sans  avoir  pu  les 
mettre  à  exécution.  Le  grand- maître  trancha 
généreusement  tontes  les  difficultés  ,  paya  sans 
contester  les  sommes  que  le  sous-bacha  exi- 
geait pour  la  rançon  des  chi  étieus  ,  et  dès  que 
les  prisonuiers  eurent  tons  élé  rsndus  il  s'em- 
pressa de  renvoyei'  de  lUiodea  le  piétendu  négo- 
ciateur. 

La  citation  que  d'Aubusson  avait  envoyée  dans 
toute  IXurope  ne  demeura  pas  non  plus  sans 
effet;  elle  excita  au  dernier  point  l'enthousiasme 
et  Tartleur  des  chevaliers  ;  chacun  d'eux  travailla 
avec  empressement  à  ses  écmipages  et  aux  pié— 

Kratifs  de  départ.  Pour  avoir  plus  promptement 
rgent  nécessaire  a  cette  guerre,  plusieurs  ven- 
dirent leurs  meubles  ,  leur  argenterie  ,  leurs 
bijoux  ;  on  loua  ,  ou  afferma  à  vil  prix  des 
conuuanderies ,  d'autres  engagèrent  leurs  pro- 
pres biens  ;  il  semblait  qu  excitas  tous  par  le 
même  véliicule  de  gloire  et  le  même  motif  re- 
ligieux ,  ils  n'eussent  qn'un  seul  désir ,  celui  de 


460  PlERHE  D'AmCSSOS: 

s»  mceui'FJ' ou  |)UU&tuTecle$ÎD&iclM.i 
crniitte .  cdle  uVrrivnr  trop  bH  '  ~' 
ne  pB»  Être  pri^aiiiiH  aux  pmnien 
Maltomct  avilit  nunrî  mayé 
zbh  de.  il'Aubusson  et  IVnl' 
ynlirr» ,  en  fuiftuiit  porl«r  ft 
citions  de  pnis,  i;t  en  udresisout  au  ^ 
pnr  l'entremise  du  jn'incR  Zùïaa 
til» ,  des  paroles  obligeante»  et  lli 
l'eadonnir  dans  une  trompeuse  iA.miX;  mA 
d'AuIiuMon  prévint  encore  k  temps  cfs  ^i^ 
vPHnx  pièges  ;  il  lépoiiilit  atrc  "" 
BvanePH  du  sultan ,  et  ne  profita  di 
dant  l<'i]uel  on  faisait  traîner  Ir* 
une  pour  donner  de  nonvrina  tain*  à 
tificotious  et  améliorer  son  état  de  défciMe.  CV  6â. 
m^ine  dans  ect  intervalle  que  le  conacil ,  viftUal 
éviter  que  le  stTTier  t'ât  ralmli  uradMl  k 
f;iTrrre  par  îii  diversilë  des  commaiMnBea* ,  rt 
nnr  des  d^iliëralions  inutiles ,  codJqiv  J^Am— 
btiSKon  de  »c  elmrger  seul  et  av>-c  ium  antonlC 
iit)solucducoiiiinaQdementdetannc'rsiiînâiiii«<l* 
l'administration  des  tinanees  ;  e'tflait  uae  vsçiot 
de  diclntnre  dont  or  jugea  convr-iud>l«  de  rr— 
Wlir  d'AuLusson  pendant  In  puerre  rtAcn— 
table  qne  l'ordre  alliiit,  soutenir  conlrv  Ha— 
Iioinet,   D'Aubusson,   ipii    d'ubord  avait    rrriui 

Iiur  modestie  le  pouvoir  illlniil^  dont  on  foo»  i 
ait  l'investir  ,  reconunissîuit  enstiitn  i  iiinliif  | 
l'unité  de  commandement  étnît  importante  potTi 
le  BHlut  de  l'Ordre ,  cOuseiitit  i  la  deroaniK  id\ 
eliupitre  ,  en  y  metlaut  pour  eonditîtin  rvomi^,' 
({u'aiissitôt  apr^H  la  (in  du  sîdgc  il  kg  dessauinitt 
de  cette  autorité. 

]i i entât  après  ,  il  fit  abattre  toute»  le» 
de  plaisnnce  »  el  même  quelques  Valises  qnî  *ow 
touiaient  la  ville;  et  pour  priver  de  resaouree^^ 
la  cavalerie  ciuiemie  ,  il  bt    couper    tout  lc#< 


I 


PIERM:  D'AUBDSSOPf.  48» 

grains  1  enlever  les  fourrages ,  et  assigan  nux 
paysans  (le  chaque  canton  les  forts  dans  lcs~ 
quels  ils  pourraient  se  retirer  à  l'arrivée  des 
infidèles. 

Ces  dispositions  ^tsùent  à  peine  terminées ,  crue 
Mahomet ,  qui  commençait  à  se  lasser  du  rôle 
de  dissimulation  qu'il  avait  entrepris  de  jouer  , 
cessa  de  se  contraindre,  et  déclara  hautement  ses 
prétentions  sur  Rhodes.  Un  prince  crée  de  la. 
maison  de  Goustantinople ,  nommé  Misac  Paléo- 
logue  ,  qui  ,  à  l'époque  de  la  destruction  de 
l'empire ,  avait  pris  le  turhan  avec  le  titre  de  _. 
grapd-visir,  animait  surtout  Mahomet  à  <!ette 
conquête.  Ponr  faciliter  nne  telle  entreprise, 
il  avait  associé  à  ses  plans  trois  autres  renégats  , 
dont  l'un  était  le  négociateur  envoyé  par  Ma- 
homet auprès  du  grand-maître  pour  trajter  de 
l'échange  des  prisonniers  ;  le  second  un  ancien 
habitant  de  Uhodes  ,  et  le  dernier  un  Allemand  , 
noHuné  maître  Georges  j  excellent  géomètre  et 
hon  artilleur.  Avec  le  secours  de  ces  trois 
hommes  il  parvint  à  se  procurer  des  plans 
exacts  sur  les  forts  ,  et  des  notes  importantes 
sur  la  situation  de  Rhodes.  C,e  fut  d'après  ces 
l'cnseignemens  que  le  sultan  domia  lui— même 
l'ordre  iju  départ,  et  régla  la  disposition  des  at" 
taqueSf 

Au  mois  de  de'cembre,  le  baclm  Faléologua 
parut  il  la  vue  de  l'ile  1  et  v  int  mouiller  vis-à-vis 
la  forteresse  du  fort.  Les  premières  compaonies 
de  sp^bis  qu'il  débarqua  pour  lui  servir  d'^lai- 
reurs,  ayant  été  attirées  dansTîntéiieur  des  terres,  . 
furent  taille'es  en  pièces  par  la  cavalerie  légèro 
de  la  religion. 

Paléologue,  sans  être  rebuté  par  ce  mauvais 
succès ,  battit  en  brèche  la  place  pendant  huit 
jours  ;  puis ,  ayant  fait  mettre  pied  à  terre  aux 
Bpabis ,  il  les  meod  lui-même  à  l'assaut ,  çoiiip> 


4ti         nERHE  D'Avnussoif.  I 

Uni  <nie  cette  briunut-  iirhR)ii«  <U$cniK!(rrten1l1i|*  | 

cti««tuim ,  rt  ou'il  cmporlcnit  fÀrîlemcnt  1<  | 
cliAli-uu  1  mnit  il  Tiil  cnK-lIcmpnt  Irnrapfi  dan) 
eon  ntleulp.  Ajh^s  aïtiii-  tu  prfrir  «u  pïal  An 
iiiurnille*  r^ilf^  du  RM  balnilintu  ,  le  bârh*  ftil 
oblige  <lp  tlonnci-  prt^eipitniguiMit  le  «ig^nl  de 
lu  nitraitr.  N'aynnt  jm»  aMci  dr  tronnn  pour 
rontinupr  un  i<i<f((c  aussi  difficile  ,  <jui  pnr«>»- 
■Rit  (trtfflr  Irnincr  pu  longueur  .  ri  la  nùoo 
(l'Hillrun  s'opnotnnt  ii  touli*  ritpirp  ilVntnTimf , 
il  jiril  le  parti  à<-  an  rviii)iur<{ii<;r ,  l't  ur  nparnt 
atec  In  firnud^  Hotte  <rue  le  millnti  avait  nrnufe, 
qii'nu  mois  d'nvril  >lc  nuiiu'e  iiuivHuIf-  1480. 

Le  linrd  de  lii  mer  ftit  liieiilôt  couTcrt  ilei 
TaÎBW'uui  liiivs  ,  qui  .  par  des  dcchargci  con- 
tiiiiirllrx  il'ai'tillei'ir ,  eiieiviinii^iit  à  niviirÛM-  In 
^IrM-enta  de  leur*  trotipen.  Lu  ebeTiilirn  ,  pro- 
-  lé^és  par  le£  canons  dcH  furti ,  s'at  itnrèrMit  k  lear 
■Tiicvnirp,  et  I  IVpée  ii  In  uni  11 ,  plnii}^  dura 
Trou  jusqu'il  U  ecintiirc  ,  ili  luttèrent  corpi  I 
carpsarvt.'ieui'seunemis.ellpttinri'ut  InDgtempt 
<-u  (((-liée;  niitîti  enfin  il  fallut  rÂler  *u  uombrr. 
Ll'r  Turcs ,  aynnt  snisi  pliisinirH  pciiiits  dr  ^bar» 
({tieiDPQt  et  sVtaiit  rapidement  pc>rti*s  \F.n  le» 
«ndroitR  lea  niftn*  (Uftiidun ,  pontitreot  tout  k 
|>rcndiTteiTc,ct,  spr^  «voir  fiii-nu'tle  nombrrus 
i-cIrniicliCHicua  i^iruis  dVitillerie ,  ils  firajl  «oui- 
iner  ta  place  de  ne  rendre  ;  innifi  ce  lot  en  nio 
qu'ils  eniploT^renl  il  la  fuis  de*  misiacv*  lA  dei 
proiuessci  ;  lea  chevaliers  nfpondirKnl  nns  Aé- 
pututiuu»  dt'K  iiifidèleai  avec  autAut  de  tuiïjirii 
«juc  de  fenuft<S. 

Les  forces  aiie  Moliomet  nvoil  ronfîëc*  k  aoa 
visir  (•(aient  raili'B  pour  lui  inspirer  toute  U 
vontÎNDCC  au'il  ib^pioyn  nn  rumniencemeut  do 
ce  tié^Q.  La  flotte  i5lail  eompmu'e  de  tvnt 
Hoisauté  voiles,  et  portait  pliu  de  cent  uiîUc 
koinauiB.  Outeo  l'ArtiU«ric  ordiaure ,  le»  Xorcs 


PIERRE  D'AUBUSSOK.  4^3 

avaient  amené  sur  leurs  vaisseaux  dé  ^prc^ses 
pièces  de  siégea  et  eu  outre  des  espèces  de  mortiers  . 
qu'ils  nommaient  basilics ,  et  qui  lançaient  d'im-» 
xnenses  quartiers  de  pierre  à  une  distance  pro- 
digieuse* 

Les  chevaliers  eurent  d'abord  quelle  peine  à 
rmster  à  des  moyens  d'attaque  aussi  multiplia 
lies  basilics  hrisaient  par  leu^  décharges  conti-^ 
nuelles  les  bâtimens  les'  plus  solides ,  faisaient 
^fuir  de  tous  côtés  les  femmes  «t  les  enfans^  et. 
<;ausaîent  aux  Rhodiens  la  plus  vive  terreur. 
D^Âubusson  parvint  bientôt  à  effimjer  les  àssail- 
lans  par  une  semblable  invention;  il -fit  cons- 
truire sur  les  remparts  des  machines  en  bois'  qui 
lançaient   aussi  des  pierres ,  et  qui  dans  leur^ 
chute  écrasaient  non  seulement  les  soldai  qui . 
tentaient  d'escalader  les  murailles  5  mais  même 
les  corps  de  troupes  qui  parcouraient  la  plaine* 
Cette  machine  fut  nommée  par  raillerie  le  tribut^ 
les  chevaliers  voulant  faire  allusion  au  tribut 
crue  le  sultan  exigeait  de  l'Ordre  avant  de  lui 
déclarer  la  guerre. 

Ce  qui  contribua  davantage  à  la  longueur  du 
^iége  et  aux  diflerens  échecs  qu'éprouvèrent  les 
chevaliers,  ce  fut  l'asile  qu'ils  donnèrent  dans, 
leur  place  à  un  traître  qui  instruisait  les  Turcs 
de  toutes  les  dispositions  des  Rhodiens.  L'ingé» 
jiieur  allemand  nommé  maître  Georges  ,  dont 
nous  avons  parlé   tout  à  l'heure ,   s  étant  dé— 

Souillé  de  ses  vétemens  et  ayant  pris  l'habit 
'un  malheureux  captif,  se  présenta  aux  pre- 
miers postes  ,  se  fit  conduire  auprès  des  che-  ^ 
valiers ,  et  là,  avec  un  ton  plaintif  et  un  laugage 
affecté  5  il  parvint  à  faire  tomber  dans  le  piège 
qu'il  leur  tendait  les  défenseurs  de  Rhodes  et 
|e  grand  -  maître  lui  -  même.  D'Aubusson  ac-* 
cueillit  le  perfide  renégat  comme  un  chrétien 
^happé  des  fers  des  infidèles  >  et ,  a^rès  lui  avoir 


^14  PIEKAE  D'AlTnu5S0!!r. 

bit  ilonncr  W  woour»  duut  il  pariiiiiMiil  ftyplr 
brwiiu ,  yeiuA  pour  le  t«lut  voinniuu  jk  Unf 
parti  At:  te*  Uli'tut. 

Mhji  oh  ui!  birdn  jins  &  ètrr  miteux  dcloiW  «bt 
!<•■  f  rritablri  ïult-ntions  dr  i-i-  (ratui^f^o.  Dt.-n  liilIrU 
laiK:és<luumtfiil(-kTui'otdaij*la  pluct-.coabntiHl 
en  iitol*  !  Dejiet/-\-out  de  maître  deorart  ,  lui-nt 
nallrr  Irt  pivmicrs  lonpçoo*  :  on  iHirvnllii  m  ooi» 
duilr,  Mi^pinwRiIt^tuurrlii-i»;  pliwifnira  cljEtalieii 
fkiri'til  cuiniuî*  Il  *n  uardr  ,  rt  l'uu  un  wmio-«. 
in^mr  h  lui  lU'nintidFr  ilctt  cotiieiU  t|U4-'  luntHM  U 
(tlatc,  PHli(n-iur-at  iléinniitrl^c,  n'cuL  pUu  pcwr 
n-tiipot  t  tpir  !<■(  )u!i-uA  <]iii  In  ili!l<-u<lai«iLL. 

A  ta  vup  dr»  ilérniubri-s  cl  <lr«  i\éiu\»  (|n'aiitil 
«monciîf'irjrtilirncllirtpip,  Ir  riiiu%n( crnl qu'il 
uv.iil  1  hliii  i[r,  ,,i(  iiii  Iiiil.  Duiiri'!!  Iita cunTvnItuur 
lk'i-li|.       M  ' '!!'  -.  .ivri'lr' pAi'Ilil,  t>l  lurtiiut 

•rnim      li  I     il  loi  mail  raitpuÉHnr.il  •'rtn— 

t>rf.^-'   ^M'^i '--  ''Mx.ilHirrilduof.iMi'u.lr* 

pliuiuu)  (lifiuilus,  r'liniiH<illu  jtux  l'Iif-valior* <)'/ 
taire  IranKpoi  ti-r  touli-  Irur  nrtilU'i-ic.  Par  ve  »U»* 
U(;('iiiF  il  iiiilîipuiil  iï  I'itMoIo|;u«  U-»  irn'lrait*  trri 
IrMjucIs  il  (levait  rtTutuiurnrer  l'Rttaijiur ,  et  uîi  il 
ri-itcuiiti'crnit  rooids  tl<t  n-xiitljiiirr.  Il  nHî-it  tn^ms 
i]^  ilirî^r  ri  Ha  poinU^r  1rs  pift-i'»  ;  iiuiU  ou  l'a- 
prrfuluu  bnutil*  pruilt-  ti-iiiiu  (ju'il  ni'  IJi-atl<[u1 
CtMf»  ivi'itlH,  rt  im'il  Hilirnil  tui»  \rt  rïïttrt»  de» 
Tur< » "  i:lui'pif  encuoit  uit  il  ne  poatiiit.  La-»  Minf- 
çun»  niit^niml^rfiit  ;  uu  le  lit  pauBcr  A»\  mil  uu  mii- 
srtil  lit!  uuci-re.  t^  fruypur  1  uvmiit  tr»lii ,  ou  par- 
vint il  JR  raufouilns  et  Ir  {'Itapilm,  apriasvair 
cnlpiidu  l'nvcu  dci  coupulilcs  JiiIrlIJ^ucvt  4b  B*  / 
iiC(<l<^i'at ,  le  fit  caiidnin!  un  «iippUci!. 

l/y  niéffi  thirail  itt^jîi  dtpiii*  [uuc  du  deux  motti 
cl  IcH  Tui-c*,rel>iit4!(i  pur  k  uiiiu\ lus  aucc^*  do  limn, 
OHiaiitH  ni  par  le*  pc-rtcii  imiiicnscaiju'iU  nTumt 
fiiiti'Ei,  murmurHiriiIli(iiiU-in>-iilriinttt>rRnlrr|U-iia 
iju'iiviul  furuitfii  luur  jjéiifi'riil.  Pali£i>loguei  voyaul 


PffiRRE  P^AUBDSSON.  ^S 

qae  toutes  les  forces  qu'il  avait  aimenëes  ne  pàtk^ 

-vaiettt  triompher  de  la  vigoureuse  r^stance  des 

chevsdiers ,  eut  recours  à  la  ressource  des  lâches. 

Après  avoir  sëdùit  p^  des  promesses  magoifiques 

deux  transfuges  de  la  garnison  de  Rhodes ,  il  les 

engagea  à  s'introduire  de  nouveau  dans  la  place  y 

.  €pmme  des  prisonniers  échappes ,  et  à  faire  p^rir 

-  le  grand-maître  par  le  poison,  à  quelque  prix  qud 

-ce  futfc  Gomme  ils  s'ëtaient  évades  dans  une  sor^ 

tie-.  On  les  neçut  sans  la  moindre  défiance  9  et  leur 

odieiix  complot  atyrait  été  couronné  du  succès , 

sans  l'imprudence  avec  laquelle  ib  le  confièrent  au 

secrétaire  de  d'Aubusson ,  qui  paraissait  prouver 

quelque  mécontentement  contre  son  prince*  Lé 

grand-maître  en  fut  aussitôt  averti.  Les  deux 

assassins  furent  arrêtés  3  mais  avant  qu'on  eût  pu 

les  conduire  au  supplice ,  le  peutie  s$  précipita 

■isoi*  eux  et  les  mit  en  pièces» 

Après  une  conférence  inutile,  dans  laquelle  Pa- 
.  léologue  voiilait  persuader  au  grand  -  maître  de  • 
roidre  la  place ,  toutes  les  voies  dlaccommode^ 
ment  étant  rompues ,  on  se  disposa  des  deux  c6tés , 
à  au  assaut  gënéraL  Pendant  un  jour  et  une  nuit 
plusieurs  batteries  de  canon  ne  cessèrent  de  tirer 
sur  les  vestiges  de  murailles  qui  subsistaient  en- 
tore,  pour  empêcher  les  dievaliers  de  seretrau- 
cher  et  même  de  paraître  sur  les  brèches.  Enfin , 
le  27  juillet  à  la  pointe  du  jour  ,  les  Tm^cs  ,  eu 
bon  ordre  ,  s'avancent  silencieusement  jusqu'aux 
remparts  ;  ils  y  montent,  et  s'en  emparent  aussitôt 
sans  éprouver  la  moindre  résistance.  Les  chré-^ 
tiens  qui  étaient  de  garde ,  pour  éviter  le  feu 
du  canon  qui  battait  cet  eudroit  sans  rfi^lache.,  sa 
•  tenaient  au  pied  d'un  talus  que  les  débris  de  la  mu- 
raille avaient  fait  de  leur  côté,  et  la  plupart,  acca- 
blés de  veilles  et  de  fatigues,  étaient  alors  malheu- 
reusement endormis.  Les  Turcs,  fiers  de  ce  pre-*» 
mier  succès ,  arborent  leurs  drapeaux  et  se  forti-r 
Tome  IL  36 


1 


42f:  HEURE  D'AUBCSSON'. 

lieul.  I.e  linclui,  Mirpris  •l'un  début  si 
avancer  de  nouvelles  troupes  >  bîcatôt  Iwri  le 
n^Bipnrt  c»  fut  couvert. 

SnitB  lin  prompt  secours, U(tomînat!oiiiJ«VOr<)rn 
aurait  fini  vt'juui'-lfimémt^  h  KhocIt>«;  nuis  A'Aw 
biigcoD ,  prévenu  df  l'iiivuMoti  i)ubiU>  dea  Tuia, 
fit  dcployor  sur-le-clinmp  le  {^nd  dteitdiinldrk 
reli|j;iuu  i  et ,  se  Iwiirutnit  vers  If»  clicvmlier»  qnS 
svait  r«t«nii8  nupr^  do  lui  jtour  inarclicr  aus  f>»- 
t«fl  t]ni  Miraient  plusvivpjncntoHiiqmfs,  ■  Allniii. 

■  a'écria-t-il,  allons,   inee  frères ,  combattre 

■  puHrla  foi  rt  pour  la  défense  (In  Abotles,  uu 
•  noits  ensevelir  son*  ses  ruinri.  •  Il  s'avMirc 
aussitàt  à  la  l6t«  des  cltevnliers,  et  voit  avec  la 
plus  grande  surprise  dcu\  niill*-  i'im|  c^-iiU  Turo 
maîtres  de  In  l)rëche  ,  du  ivnipnrt  et  de  tuni  le 
terre-plein  i]ui  le  bordait.  D'AuliusâuuprnHlalun 
une  ëuielle  ,  l'appuie  rotiti'e  tes  d^fconibrTft  «{dc 
l'artillerie  des  Turcs  avait  funncc  ,  et ,  nialj;ré 
la  grêle  de  flèclies  et  de  pierres  que  tu«  asiiegran 
laiiyaloiit  sur  lui  ,  il  nuinti!  le  prr-mirr  vers  tr 
rctrnnchement ,  une  dcmi-piqtic  ik  la  nuiiu  ;  Ih 
chevaliers  se  précipitent  sor  ses  pas  ,  1<ts  ttm 
appuye'a  sur  d'autres  échelles  ,  Les  autres  gravô- 
lant  parmi  les  ruines  de  leurs  remparts. 

Deni  fois  les  elievaliera  se  précipitèrent  «tr  U 
bi'^he  avec  le  plus  étonitaut  coiir'agp;  drus  folt 
Je  nombi-e  immense  îles  Taies  les  fi>rça  «le  plkT 
et  d'abandonner  lo  terre-plein.  Ënlin  le  horln  , 
■'apercevant  ({ue  partout  t)îk  conimantlaitl  il'An- 
busson  il  liiî  serait  impossible  de  vnincre  ,  tenta 
pour  le  déti'uire  un  hloyeo  insniie  par  le  d/- 
ae^oir.  Le  poison  avait  tiuinpé  sou  allrnle;  il 
espéra  que  le  fer  le  servirnit  mieux.  Douae  toU 
dats  déterminés  furent  choiais  parmi  se»  spuluif, 
et  se  dévouèrent  pour  ainsi  dire  à  la  ninrf.  Ami* 
avoir  juré  nnr  leur  tite  de  faire  périr  d'Anuns- 
■011;  ils  80  prifcipi  tinrent  ilalis  les  riings  de  l'artuM 


PIERRE  D'AUBUSSOS.  417    I 

clirelieDnc ,  écartèrent  tout  ci:  qui  se  pr^iiUlt    1 
derant  eux  ,  et  parTiuivri  t  jusqu'à  d'Aubusson.  Le     1 
-rempart  tut  alors  le  tliéâtre  d'un  horrible  car—      , 
nage.  Malgré  les  chcTalîerâ  qui  euTironn aient  leur 
graad-maître,  les  spaliïsparTÎeancntjusqu'àd'Âu-     I 
Lusson,  se  disputeot  rhomieur  de  lui  porteries    1 
premiers  eonps  ,  et  lui  font  eu  même  temps  ciiu]    1 
blessures  consîdc'rables.   L'ardeiu-  dont  le  hëros  .■ 
était  anime  l'erapèclia  d'abord  de  s'aperceïoir  du 
»ang  qu'il  perdait  ;  les  chevaliers  essayèrent  mèiua 
en  vain  de  i'éloigaer  du  combat  pour  panser  ses 
blessures.  Au  lieu  de  se  rendre  à  leurs  prières  ,  ' 
d'Auhnsson  saisit  l'étendart  de  la  religion,  et,  quoi-    j 
que  couvert  de  sang  et  presqvie  anéanti  par  se%   1 
blessures,  il  retrouTC  asse»  de  force  encore  pour.    J 
ordonner  une  nouvelle  charge.  Son  visage  avaîE    1 
alors  une  expression  plus  qu'humaine,  ell'enthou-    jj 
■iasme  des    siens   fut    au  comble  en    cnteodanË   '( 
ce  grand  Iionune    crier  :    ■  Mourons  ici  ,    mes     j 
■  frères,  plutôt  que  de  reculer.  Pouvons~nauj 
•r  jamais  périr  plus  glorieusement  qne  pour  la  dé- 
«  fense  de  la  foi  et  de  la  religion  !  • 

Ce  discom's  sublime ,  les  scutinicns  héroïques 
du  grand— mai ti'e ,  les  blessures  dout  il  était  coa~- 
vert,  le  sang  qui  en  coulait ,  auimèrcut  tellemejit 
leschevalicrs  et  les  soldaEsclire'tïens,  que,  (urïcuK 
de  leur  douleur ,  et  comme  des  gens  qui  ne  you— 
laie»  t  plus  survivre  îi  leur  chef,  ils  s'abandomient 
au  milieu  di.'s  plus  épais  bataillons  des  infidèles  , 
et  en  font  uu  horrible  carnage.  Les  Turcs,  épou-v 
vantés  de  cette  valeur  presque  divine  et  de  cette 
attaqae  subite,  perdent  avec  le  courage  l'espriG  f 
et  le  jugement  ;  tous  prennent  la  fuite ,  et  daiiâ  ce 
désordre  et  cette  confusion  ils  se  tuent  les  uns  lea 
autres  pour  s'ouvrir  un  passage.  Les  cbevaliçrs 
profitent  d'une  telle  consternation ,  et ,  non  contins 
d'avoir  regagné  la  brcdke>  Us  en  sortent  et  poiif» 
suivent  les  Turcs. 


4a8  PÏERBE  ti'AUWJSSOîÇ. 

C'r  fiil  pn  v.im  ijiw  II-  iMtdM  esàa^»  «le  rameHr 
SCS  troU[ies  au  combnl;  \»  dëraute  ^laïl  gàt^V, 
i:t  lu  tt-n-cni-  n'était  «m|>iti^r  At*  plus  brkic».  Sn 
promrssc*  ,  so»  niriincrs  fiirml  égalcnu^l  ar- 
)>rU(<ps  ;  lui-mJmc  fnl  cntraîutf  dfttu  la  Tiiilr  de 
ses  soldats,  «t  se  crut  tii)p  lu-iirrux  de  troorrr  no 
aul<!  dans  xou  tanip  ;  à  priur  i  Jeuti  iir«>4*îl  tuèuÈt 
U:  ti'nifx  ni^cr«t(in-r  pour  lôacniblrr  ce  ipii  lu 
rcïtiiit  de  monde.  Ou  sVmprnM  dr  rv^tf;afr  1rs 
VBÎaoeaux  <:t  les  BnltVos;  iuatclol«,  olEci<«s,  «d- 
dats  n'nToicnt  qu  un  m^mc  d^r,  ecloi  dei]uitter 
une  ile  qui  leur  avait  ^1^  «i  (htale. 

Aiitû  tut  terminii  cl^  «i^i:  ni^Rior«]ilp,  t|DÎ  dan 
quatre-vingt-neuf  jours  ;  et  qtii  coûta  aox  Tum 
pluiidevingt-yualit' mille  lioinmediuràoublewn: 
aiusi  W.  qiiui-t  df$  troupe»  que  PaltHitogae  «tul 
•inent.'r«  rrtia  sons  les  mnrs  dr  la  place. 

A  la  nouvelle  if  ee  prouipt  retour  Maliomet 
entra  dnnti  la  plus  vive  fureur  ;  il  voulait  d'abord 
foire  ^Irniigler  son  vivir  et  les  pt'iiicî|»ax  ulGcirT* 
de  l'armée  ;  uiais  Paléologuei  avant  laî&M  halwle» 
ment  piiMier   W*  pretiiit^rs   niouiem  df  eoUrr, 

Eerdil  eculcincnt  ses  diguîtéi,  et  (\il  exUcà  Gal- 
puli.  Qiielque  teitius  npr^s  Ktalioinrt  voulut  m- 
vengcr  d'utie  telle  d^aitc  ,  et,  peiiscutt  cme  »• 
nnnes  u'elnieni  tieui-euses  <{u'rnlr»  ses  lAaW^  il 
résolut  de  so  mettre  l'nnace  suivante  k  ta  t£tc  di 
aun  année. 

Les  prépai-ntifit  qu'il  fil  <^toieut  imnieasis:  H 
avait  même  déjA  rassembW  plus  de  trois  i:rut  mtib  1 
tioiniues  ,  tor»^u'une  violeutc  colique  l'otujMttl» , 
ilani.  une  Iiouruadc  de  Uitbynie ,  appelée  Te^ar— 
IVnïr.  aate  mort  délivra  l'Onlre  de  son  plu». 
et  d'Anbnssoii ,  rélalOi  de  m-s  hle*- 


sures ,  u'eut  iilus  d'autre  soi»  ipie  dn  ii<|inrcr 
'  envers  les  malnciireux  linliiloiis  dekcatupaçtiva  le* 
tristes  ravages  que  in  gncrrc  o\Dit  loiti  MU*  leur  i 
iejritojrç. 


PIERRE  D'AITBUSSON.  429 

La  mort  de  Mahomet  laissa  le  trôae  à  ses  dnu: 
Sis,  liajaïct  et  Zizim.  Ces  deus  princes  étaient 
ai)sGii9;  maia  les  principaux  officiers  de  l'Empire 
se  déclarèrenten  b^eur  de  Bajazet,  et  firent  même 
occuper  le  b'ODe  en  sou  absence  par  uu  de  ses  fï)s 
Âgédeliuitaiis.  Ziziin  à  son  retour,se  voyant  prîv^ 
de  ses  ëtuts  et  même  du  partage  ,  n'eut  d'autre 
ressource  que  de  lever  à.  la  liâte  des  troupes  en 
Asie ,  et  d'aller  îï  la  rencontre  de  l'ainuée  de  son 
frère,  quieuafailconSë  le  commandement  au  visir 
Achmet,  l'nades  plus  grands  honuneBde  guerre  de 
Gontemps.Le  cotnliat  Ait  long  et  opiniâtre; mats  à 
l'approche  de  la  nuit  la  fortune  se  déclara  pour 
lès  armes  de  Bajazet,  et  le  prince  Zizim  fut  con^ 
traint  de  chcrcber  son  salut  dans  la  fuite. 

Son  dessein  était  d'abord  d'intéresser  en  sa  fa- 
tenr  les  princes  voisins,  et  de  les  armer  pour  sa 
cause  contre  Bajaiet ,  dont  les  forces  et  l'ambition 
«levaient  chaque  jour  leur  paraître  plus  redou- 
tables ;  mais  Zizim  apprit  à  ses  dépens  combien 
un  prince  déchu  du  souverain  pouToir  doit  peu  * 
compter  sur  l'assistance  des  antres  rois.  Le  sultan 
d'Egypte ,  auquel  il  crut  devoir  s'adresser  le  pre- 
mier ,  refusa  de  prendre  les  armes  dans  cette 
fçoerre ,  et  proposa  seulement  sa  médiation  entre 
Bajazet  et  son  frère.  L'effet  de  cette  n<çociatioi» 
fut  de  tendre  à  Zizim  nu  piège  pour  l'attirer  dan& 
les  états  du  sultan.  Zizim  fnt  donc  une  seconde  fois 
contraint  de  combattre,  et parvintalkïre déclarer,, 
contre  Bajazet  le  caraman ,  prince  de  Cilicie  ;  mais 
leur  entreprise  îchona  dès  le  commencement. 
L'armée  des  deux  pilnces  alliés  fut  encore  dis- 
persée par  Achmet,  et  Ziiîm ,  obligé  de  fnir  de 
nouveau  les  délacbemens  que  son  frère  avait  en- 
voyés à  sa  poursuite ,  ne  put  échapper  aux  assassins 
quen  sollicitant  une  retraite  chez  les  chevaliers  > 
et  en  obtenant  de  d'Aubusson  uu  lauf-couduit  p'oiir 
arriver  à  Rhodes. 


420  PlEttllE  D'AlT^UfSOlf. 

iM*  iiiosutrr  nu  plutôt  uvcïc  los  îiifidMos ,  et  une  seule 
craiutr ,  vvWv.  iWxrvxyo.r  trop  tnnl  h  Illiod(*8  poUr 
no  pus  Mvr  pi  t^siius  nut  proniirrs  mgtigrnionSt 

Mahoinrt   avait   aussi   rssayc^    il<*  rulbnttr    le 
y.M('  lit*  «rAubussou  vï  lViiUun»iasine  des  die- 
\alî(»i*s ,  ru  faîsaut  ])oi1rr  h  lUioiIrs  dos  propo- 
pitious  do.  paix,  et  (mi  adressant  nu  graiul^inaître, 
par    IVutmnlsc»  du   priucct  Zixini,  son    secoiul 
lils,  ilvs  itnrolcs  ol)lî|;nui(os  ri  ilntUHiitrSy  pour 
l'cMulornur  dans  une*  Ironipmisi^  8(k^urit45;  mais 
«rAnhussoii    provint  iMicon*  h  ti*mps  ers  nou- 
\raux    pi«*'^rs  ;   il   ropondit   avec   politesse  anx 
avanors  du  sultan,  et  ne  prolita  du  temps  pen- 
dant letpiel   on  laisnit  ti'uiner  les    négociatioui 
ciue  pour  donner  de  nouveaux  soins  à  ses  for— 
liliealions  et  améliorer  son  lîtat  de  dëfense*  Ce  fut 
même  dans  e«*t  intervalle  que  le  conseil ,  Toulunt 
l'y  lier   «pie   le    s<Tviee   fut   rnlenti   ftcndant  In 
geerre  par  la  diversilc^  des  eoniinundemcns ,  et 
)ar  des  dtniherations   inutiles ,   conjura   d'Au- 
u'.sstni  de  se  eliar^er*  seul  et  avec  une  nutoritrf 
ahssoluedueouunandruientdesnnndesttinâiquedc 
Tadminisl ration  Ava  iiuanees  :  e*($tait  une  es|NVo 
di*  diclafure  dont  on  ju(;en  convenable  de   re- 
lêîir    d'Auhusson    pendant    la    uuerrc    redou— 
(a))le    (pio   Tordre   allait    soulenir   conti*e  Ma- 
lioinet,   iVAuluisson ,   ([ui   d  ahord  avait    refuse 
par  modestie  le  pouvoir  illiniittf  dont  on  yon— 
lait    rinvestir  ,    reeonnaissaut    ensuite    combien 
runit(^  de  eommandenient  était  importante  pour 
le  salut  de  TOrdre  ,  consentit  ^  la  demande  du 
eliapitre ,  en  y  mettant  pour  condition  expresse 
(uraussitot  après  Ja  fin  du  sic^o  il  se  dessaisirait 
de  cette  autorité. 

Dientot  après  ,  il  fit  abattre  toutes  les  maisons 
d(*  plaisance*  ^  et  même  (piebjues  églises  f|nî  en- 
toniai(>nt  la  ville;  et  pour  priver  de  ressoiuves 
la  cavalerie  ciuicmic  ,  il  lit   couper    tous   les 


I 


PIER^  D*AtI$CJSSQN.         L^if 

Cependant  les  n^ociati<;ms ,  dp  .  JiVfûhfIMBde 
trainèreut  en  longueur  ;  dès.  le  premier  ymp  ..on 
Avait  même  failli  les  roinpre*  Lç  yi»r  Ac^W^t, 
que  le  souvenir  de  ses  a&ciens  trioiupiiçta»  ^tTé^. 
clat  des  deux  victoires  (ju'il  yenait  p^  renij^n^rtep 
sur  Zizim ,  rendaient  le  j^us  vain  et  le-pHus  mi^ 
rieux  des  hommes,  exigeait  ponr^ prëliniinnira 
que  le  grand-maître  se  reconnût,  yassaj  du  sal-» 
tan ,  et  qu'il  payât  phaque  «nnëc  un  tribut  avi 
trésor  ottoman.  Les  chevaliers  reçui'ent  aVee 
hauteur  cette  proposition  ootraceantet  et  ftu-* 
raient  à  l'instant  rompu  la  négociation  si  ]e  ba-* 
cha  Paleologue ,  qui  était  rentré  en  fafenr  soiift 
le  nouveau  règne  ,  et  qui  savait,  quelle  impor^ 
tance  son  maître  attachait  à  la  conclusion,  du 
.  iraité ,  n'eAt  concilié  le  visir  et  les  ambassade)aris  y 
^et  n'eût. consenti  à  la  nullité,,  die.  ce$t6  première 
.'clause* 

II  fallut  enfin  aborder  le  point  essentiel  çt  mi 
intéressait  davantage  le  sultan.  Il  a'agissait  de[la 
personne  de  son  frère  9  et  les  deux  ministresdemàn'-' 
daient  aux  ambassadeurs  qu'on  le  remit  entre  leurs 
mains.  Maïs  sur  cet  article  les  intentions  de  d'Au- 
bussoii  étaient  formelles  :  on  savait  que  livrer 
Zizim  à  son  frère  c'eût  été  le  placer  sous  le  fer  des 
bourreaux  ;  aussi  cette  proposition  odieuse  Tut- 
elle à  l'instant  rejetée.  On.  convint  seulement  que 
le  grand-maître  s^engagerait  à  retenir  toujours 
Zizim  à  sa  disposition ,  et  soiis,  unç ,  garde  exacte 
composée  de  chevaliers  choisi^  ;  que  jamais  il  ne 
serait  remis  à  aucun  prince  chrétien  ou  infidèle 
qui  pût  se  servir  de  s<^  nom  et  de  ses  préten- 
tions pour  troubler  le  repos  de  l'empire  ;  que  , 
pour  l'entretien  et  la  garde  du  prince ,  le  sultan 
ferait  remettre  tous  les  ans  à  l'Ordre  ti^nte-cinq 
mille  ducats  ,  monnaie  de  Venise  5  et  qu'en  par- 
ticulier, et  séparément  de  cette  somme  9  il  en 
paierait  aussi  tous  les  ans  dix  mille  au  gi^aud- 


1 


4.'*»  l'iEimn  n'.^itisso^T. 

MaltuinrI  aviiit  l'nît«  ilnni  I  iti-  ili*  llhtxlri.  l<ii  \»i\ 
k  viP«  conditions  ayniil  (lli' arrtfttfr,  Ir  tritil^ftit 
■i)(ii<j  linr  \t  Mullnn  et  i-ulîlul  nur  le  fti'Aïul-ttiAiUr. 
(.V-prmUnl  !<•  pnjH'  Sixtp  IV,  tVixliiiiiiul ,  toi 
Ae  Cusiillp,  (l'At*rB|;oii  H  <lo  Slàlr ,  mi  rnilnt 
Fonliituiid  île  lu  mfimo  mai»oit,  et  nii  iti:  North-i, 
les  V^uitirn»,  ri  iinrttiut  Mntkiiui  Ciirviii,  Buita 
ticitri  i)c  Vnlui* ,  roi  Av  Iltiagi'io  ,  fïii«niirii|  bm» 
Hiipi^i  flu  ({i-anJ-innitn;  Ira  plim  vîvit  induirca 
puur  iiifUrc  Zitiin  K  lu  Mtu  île  li'nrt  ariotoi* 
(biiit  lu  vat  dfi  •«  ncrTii-  dp  wiu  iiom  pourrs* 
nimci'  IcB  partiMint  srcrrix  ((u  il  iivnll  duiu  IVi 
pirr  «Ituman.  Mi>U  lu  plupart  ilv  n-n  prim 
^Uiit'iit  iIItiix'k  i  qûfîli]iifii-uiis  m^iitr*  i  rr  ^ 
«ipoqnr  ne  rniniitc-nl  lu  mifrifi  rt  il  riiitl  ivmlrt 
ri'ltc  JDtlinc  «n  fp-Hiid-iiixitiT  ,  niiMi  aa^r  paU< 
liiiur-  qa«>  RTaiid  capitiiiiii' ,  (ju'il  ii-nignalt  " 
Ri  If  Mtt  de»  aitiici  iiVlnit  nai  fâvoral»!* 
prince»  cbrtflicrM.  il  n'v  vn  rfll  d'nssrt  perAilct 
ou  du  moins  (l'amen  l^ildr*,  pour  Hcbrtrr  U  p»^^ 
<)•■  lînJHtt't  eu  lui  livrnut  suh  fr^rc  rt  wu  c 
m  mi.  D'AulniMmi  l'niaait  un  liirn  ptui  ilif 
ii>.i»f(<;  du  pouvoir  qu'il  tuiiit  "lUr  U  nrt-Kiuiir 
Y.'iihn,  et  pur  In  tu^iili-  iTnititc  iin'îl  thiunut 
^lumi-HeifiiK'Ui'  de  jnetln-  stiii  l'irrp  n  la  (< 
ili'  tiiulc»  U-*  Tore»  de  In  rclÎRiuii  ri  dn  \e  me 
(rrr  uim  m^coiUnts  (]«i  ^tulriit  i-n  araml  ntml 
diiiiM  ICI  fitoU,  il  tcuolt  puurnirni  ilirv  l^a  Tnr 
de  ce  puiuaut  prinu;  enclwiitiW.  O  Tut  Û 
iju'il  lVinp^<lin  ,  titiit  ipin  V^t-ut  Ktim  ,  iTall 
(yu-r  ritnlip  et  do  fonc^  nvre  ta  nritiiVaMu- 
(■latn  ilrs  ciiiiiniîii  de  In  loi  innluniii'tanr. 

Miiis,  il  lu  mort  do  Sixte  IV,  Ir  p&pA  Inr 
ri'iil  \  III ,  «ou  KiU'CrMctir,  nyiinl  fitit  (trimiatli! 
d'AiihiiiiioïKle  ftiirâ  conduire  Zlrâiu  11  flnmcpi: 
Ic.iir  iliiviiiitaf;H  llaj;uel  ni  re»iiri;l.  i"l  Irj  , 
Kiilnliuui  du  grnnd-inaîtri:n'it;'uairiiil4«lUf 


k 


la  part  da  toint-^iëge  que  des  ittstaneet  pins  pâ^  *^ 
aitiyes ,  les  cbeyaliers  se  yîràit  o]b%ésM*M0i»* 
^luier  leur  illustre  dtiige  et  d!obëir  au  saj^endûi 
poatife. 


Cette  soumission  des 

snpréme  de  la  relkion  csut  les  Jmitfti  Jes  ^[tlps^fi»» 

nestes  pour  le  maihear^^xZisliXi^  IiVMMenbSFlIX 

^tant mort ,  Rodrigue  deBor^^a ,  qui.luifUeàSia 

,3ous  le  uçm  d'Alexandre  VI,  et  qili  causa  ^plM 

d'un  scandale  dans  l'Eglise ,  ne  (âraignit  pas  dd 

, traiter  avec  Bfsij^et  et  de  metire  à. prix  la  TJQ.de 

^ium.  La  tentatiye  que  fit  le  roi  de  ■  Franoe 

^   Charles  VIII  en  passant  en  Italie  9  pc^ar  cmlelnef 

l'otaffe  des  cheyaliers,  à  la  tétejd'vne  ann^e  Sofh' 

s    mid^k,  n'eut  pas  œéme^le  jtioMht&r^soltiit» 

[    car  l'infâme  pontife ,  aprèfl.ayOir -ifeça  de  Bnji^t 

des  sommes  immenses  pour,  faire  périrrZuimy 

se  yoyant  enia  puissance,  du.  ywiqpénr,  fit  em" 

ppisonner  le  prmce  ayantde,  Fenyojei^  %a  roi^ 

et  Zixim  ne  fut  pas  plutôt  arriyë^à  .Tîeittfdide  ayeo 

Charles  VIIl ,  qu'il  y  trouya  U  fi^  de  sa  pénible 

existence.  « 

La  nouyelle  de  cet  assassinat  passa  Bientôt  à 
Khodes.  DAubusson  et  tous  les  cheyaliers  enfu* 
rent  saisis  d'horreur  ;  ils  se  seraient  même  re- 
proché l'espèce  de  faiblesse  qu'ils*  ayaient  mon-* 
trëe  en  liyrant  Zizim  à  Innocent  VIII  ;  mais  un 
ordre  religieux  et  soumis  à  l'aut<HÎfé  immédiate 
du  pape  pouyait-il  ayoir  d'autres  yolontés  que 
les  siennes ,  et  de  vertu  plus  grande  que  l'ohâs- 
sance?  Ils  ne  purent  donc  que  gémir  sur  l'af-» 
freuse  politique  de  leur  supérieur ,  et  plaindre 
l'infortuDe  d^jl^izim. 

Le  pape  ne  borna  pas  à  cette  atrocité  le  cours 
de  ses  crimes  et  de  ips  injustices.  Après  ayoir  un 
instant  ramené  les  esprits  aigris  contre  lui  par 
la  sainte  promesse  dune  ligue  contre  les  in- 
fidèles ,  et  l'*avoir  rompue  tout  à  coup  païf 
Tome  IL,  87  * 


V    y 


438  CHRISTOPHE  COLOMB. 

qu'il  rc'iisslrait  dans  st's  clrssoiiis  ;  le  raîstv.w- 
iiu'iit  ,  1  autorité  des  cosiiio^rii]>lus tet  Us  iuilius 
(les  navigateurs-. 

Il  savait  qiu'  la  ]»lns  grando  jwrtît»  «le  notrt' 
Tniixjs,  forino  de  loi re  vi  d'oau  ,  était  dtviiu- 
X'itr,  et  ([u  il  ne  restait  plus  à  cojuuùtre  ijiio  \t< 
terres  t{ni  di^vaient  ôtie  plaiées  à  l'oerident.  IX < 
ce  moment  ('olomb  donna  le  nom  d*7//</«*>  au\ 
oontiees  tju  il  esj'érait  déeonvrir.  jiaree  que  les 
Indes  orientales  étaient  célèbres  par  leui"s  ri- 
cliesses  ,  et  que  celte  dénomination  de  hou  au- 
gure lui  taisait  espérer  de  voir  se»  projets  phi.< 
facilement  accueillis  par  le  roi  de  Castille. 

Un  Florentin,  nommé  Paul  Felii|ue,  tut  eon- 
Millé  |)ar  llolond) ,  comme  étant  riioniine  le  plus 
eapaldt;  <l  ap))réeier  son  projet.  H  ne  se  contenta 
pas  de  l'approuver  ;  il  lui  roiirnit  encore  d.  5 
caites  et  des  rensei^neiiu'us^  les  ]dus  piccîeui^. 

Colond)  ne  nét!ili<^eait  aucune  des  nviuiclus 
qui  pouvaient  le  l'aire  parvenir  h  5011  lait.  Vu 
ua^ii;a((ur  Tassui'u  tpiVn  se  trouvant  à  cent 
ciiitpiante  lieues  en  nuT  du  Cap  Saint— Vincent , 
il  a\ait  retiré  de  l'eau  des  pièces  île  Jïois  bici 
tia>.iiliivs  et  venant  de  roecideut.  l'ii  autre  Ii:i 
parla  de  roM'aui  t!()U\és  en  mer  ne  resseiublant 
<ii  rien  à  ceu\  (piou  a^ait  connus  jusipralors. 
J)is  i;ens  lU's  aux  A^'ores  lui  dirent  qnt»  quand 
Je  vent  souillait  de  L'occident  la  mer  jetait  par- 
fois sur  le  rivat^e  île  ces  îles  «le  tarauds  pins  ipie 
leur  pavs  ne  ])roduisait  pas.  lùilin ,  ou  avait 
^u  jusqu'à  des  honuncs  d'une  espèce  noiivellï* 
dans  des  pirogues  ,  et  qiu^lques  habilaiis  de  Tilc 
•les  Fleurs  avaient  trou\é  morts  sur  le  liva^c 
i\cu\  ile  ces  étianj^ers. 

C(>s  laits,  et  plusieurs  autres  st^uibluMe» «  sont 
j;n)j  »»ilés  par  Colond»  a\ee  les  détails  les  ple^ 
j  let-is:  et  en  ceci  on  doit  atlmirer  sii  lionne  loi. 
wii  <  baus  riuL  diiuiuvici'  de  la  gluii*e  ij[ue  lui  duil 


PiERH^  D'AUBUSSON.  4.3» 

Dès  que  la  douleur  eut  perrni*  aux  chevalier» 

âe  le  laire,  ils  songèrent  à  rendre  à  d'Aubusson 

,  les  derniers  devoirs  avec  ma gnî licence.  11  fut  ex- 
posa sur, un  lit  de  ptirade  de  la  plus  graude  ri-~ 
«bea^e,  ayant  suri  estomac  ua  cracifii:  d'or,  et 

,-i  ses  doigts  plusieurs  anneaux,  prc'cieuï.  Trois 

.' clievaliers  en  grand  deuil  étaient  an  cUevet  da 
Boa  lit;  l'un  tenait  le  chapeau  de  cardinal,  l'autre 
Lacroix  de  légat,  et  le  troisième  l'étendai-d  da 

,  g^éralissime  de  la  lieue ,  que  le  erand-maître 
avait  porté  dans  sa  galère ,  quand  il  alla  )oin<lre 
l'armée  vtjnilienuc  à  Metelin.  Quatre  autres  che— 
■waliers  tenaient  chacun  une  bannière,  où  les  armes 

.delarelîgion  etcellesded'Âubusson  étaient  rele— 

r'  Tées  en  broderies.  Près  du  lit ,  et  sur  uii  autel  >■ 
on  posa  le  casque,  la  demi-pique  et  i'épée  dont 
I  d'Aubussou  se  servît  au  siège  de  Rhodes  le  jouf 
î  ia  dernier  assaut  qui  fut  si  funeste  aux  infidèles  ; 
[  on  y  plaça  aussi  lliabillement  qu'il  avait  le  même 
■  JQ0'f  et  qui  était  encore  teint  de  son  sans  et  du 
M  Mog  de  l'ennemi.  Les  funér-ailles  se  firent  Te  jonr 
r  suivant,  et  le  défenseur  de  l'ordre  fut  porlé  sur 
!  les  épaules  des  priucipaui.  grand-croix  à  l'église 
qu'il  avait  fait  bâtir. 

Le  premier  chapitre  généralqui  se  tînt  à  Rhodes, 
sous  Emeri  d'Amboise ,  son'  successeur,  onlonna 
que  j  poui'  honorei'  la  mémoire  du  grand-ruaitrc 
d'Aubusson ,  la  l'eligion  lui  élèverait ,  des  deniers 
du  ti'csor  public,  un  magnifique  mausolée  eu 
Jtrouze ,  et  qu'on  y  gi'averaJt  une  épituphe  oîi  se- 
raient mai'quées  les  plus  illustres  actions  de  sa 
vie.  Api-ès  la  conquête  de  filiodes  ,  que  ât  Soli-. 
inan,  on  détruisit  ce  monument  respectable,  et 
anciui  des  historiens  de  l'Ordi'e  n'en  a  coillerv^ 
le  souvenir;  mais  si  les  mausolées  et  les  épitaphct 
des  héros  périssent  avec  le  temps ,  la  mémoire 
de  leurs  vcitus  et  de  leurs  gnindes  actions  an 
périt  jamais. 

37* 


4(40  ClIRiSTOlMir  COLOMn. 

lui  (loiiiiti  (|ur1qu(*s  driailcs,  vX  CtAanih^  n\anf. 
lait  riK'orc  ))lusi<'iirs  (1('iuarrlies  iniiliU^s,  ic'Sdlut 
t!<'  hv  n'iulic  fil  yr:nu*(î  ;  mais  Iv  prîc^nr  Jean 
l't'irz  ,  roiiIrNsnir  de  la  rriiKî ,  TiiiviUi  îi  «iMniinri' 
riu-orr  jiisijirà  v.v  ^[u\\  ri*il  parlé  à  celte  prii»- 
(Civsc.  (loloin!),  (]ui  aimait  riCspa{;nc^  <mi  il  avait 
Moitié  l(»i);.;l(Mn|)s  ,  roiisciilit  à  faire  eellc*  i)oii\<  Ile 
î(  utalix^  l'illr  l'ut  (ralxtril  aussi  iurniclur'iiKe  (jue 
ii-s  |>i'r('c'(l<'ut(*s  y  mais  riidu  Coldjuh  obliut  ce 
(|u'il  (Icuiaudait. 

Il  se  l'iMulit  au  port  d.'  Valus  pdiir  V  é{|«iprr 
:«:r.is  délai  les  trois  eaiavelles  (|iii  lui  avaient 
«M"  aecordiM's.  La  sienne  s'apjtelail  kSitintv—Manf  : 
la  M(fnid<',  jjili'  la  Pt'iiitc ^  eut  ]>our  elief  Alon/.<» 
l  in/.on,  e(  la  troisièni«  ,  nommée  lu  l^clitv,  fut 
loni mandée  par  Vincent  Pinzoïi  ,  frère  ilc  ee 
ii>i>ii;a(fur ,  et  eomme  lui  né  à  Palos.  Ce  fut 
itv(v  d(^  si  faiJtlos  mo^iMis  (]uc  Colomb  partit,  le 
.*{  a(»rit  J492,  au  lever  du  s(»!eil ,  pour  entre- 
prendre une  l'xpéditiou  (pii  cUivall  eiiaiiger  la 
i.u-e  <le  l'univers. 

Aj)iès  (piel(|ues  aeeidens  d(î  mer  ,  et  après 
avoir  déjà  eonimeneé  à  é))rouver  la  m;invaiM' 
volonté  de  ses  snhordonnés,  il  arriva  aux  Caiia- 
ri'";  ,  i.'t  se  remit,  enstiite  en  roule.  Dès  cpie  l'eu 
fiil  perdu  la  terre  d(!  vue  les  matelots  verM-rent 
tU  r^  i.irmes  et  se  erunMit  perdus.  Colomb  les  eoii- 
^fd.i  ,  leni*  ]>r(»n)it  dv\s  richesses  ,  et  eut  ^rantl 
:<)in  de  leur  d(-rfd)er  la  eonnaissanoe  (rune  partit* 
du  eliemin  (prils  i'aisaient.  A  cent  lieues  de  l'iln 
de  l'\-r  ils  dirent  un  ^ros  troue  d nrhiv  ;  deux 
ecnls  lieues  plus  loin  ils  a])er^Mireiit  <leu\ 
♦  iii(aii\,  les  |)r«'miers  «prils  enssiMil  reiieontns 
d.iiis  lem*  route  ;  ils  lemaripièrent  aussi  ipie  IVati 
di'  la  mei'  devenait  moins  salée*  Os  imiiees  et 
(|N('l<pirs  autres  eontriluièrenl  ù  soutenir  leur 
<onrai;e;  mais  (]uand  ils  reeoimui*ent  (jiie  la 
!«  I  re  tant  désirée  no  s'ollrait  pas  encolle  ù  Iciu* 


CHRISTOPHE  COLOMB.  441 

vue,  les  Etmnnnres  devinrent  iini»erspLi.  On 
iilléguait  que  les  vivres  étaient  sur  le  point  de 
manquer  ,  et  (jue  les  vaisseaux  ,  ouverts  en  plu- 
sieurs endroits ,  ne  pourraient  plus  continuer  le 
voyage  ;  quellpies  hànimes  allèrent  même  jusqu'il 
jiroposer  de  jeter  Coioml»  à  la  mer  et  de  reTcnir 
en  Espat^ne.  Sa  situalion  alors  devint  de  plus  en 
plus  critique.  Le  TS.  oclolire  ,  pendant  la  nuit, 
Colomb  nperçnt  une  lumière  dans  le  lointain ,  et  , 
liemevna  persuadé  qu'il  avait  enfin  découvert  une 
terre. 

Le  lendemain,  dès  la  pointe  da  jonr,  ils  re- 
roonnrent  cette  terre  pour  être  une  de  d'environ 
ijiânze  lieues  de  long;  c'était  l'une  des  Lucajcs. 
Les  babitang  accoururent  sur  le  rivage  ]>our  les 
recevoir.  Colomb  descendit  l'épée  à  la  main,  et 
tenant  une  enseigne  déployée.  Il  prit  possession 
de  l'île  ,  qu'il  nomma  SainiSaiweiir,  au  nom  du 
roi  Ferdinand.  Ses  équipages ,  lui  demandant 
pardon  d'avoir  murmuré  contre  lui ,  le  reCM- 
nurent  alors  comnie  amiral  et  vice-roi  dans  ces 
contrées.  Quelqoes  présens  do  peu  de  valeur  pa- 
rurent aux  insulaires  d'un  pni  inestimable,  et 
ces  hommes ,  d'un  caractère  fort  donx ,  témoi- 
gnèrent aux  Européens  nne  sincère  alTection.  Ils 
élaient  loin  do  soupçonner  les  crucii  résultats 
([u 'allait  avoir  ce  premier  événcniejit  pour  eux 
4^t  pour  toute  leur  race.  Colomb,  en  ayant  pris 
qnelques-unB  à  bord  ,  fit  voile  pour  les  autres 
îles  qu'il  avait  en  vue ,  et  y  toucba  successive  menti 

Il  se  dirigea  ensuite  sur  Cuba ,  oii  il  ^Tiva  le 
aSdu  mois  d'octobre.  Deux  soldats  ,  qui  eurent 
le  courage  de  s'enfoncer  jusqu'îi  douze  lienes 
dans  l'inléi'ieur  des  terres  ,  n'eurent  qu'à  se  Héli- 
citer  de  leur  tentative  ;  partout  ils  furent  itçub 
comme  des  hommes  d'une  esgièce  suiéiieure,  et 
envoyés  par  le  ciel  même.  D'après  li?«  rensei— 
giienaens  de  ces  bons  Indiens  ,  Colomb  l'ésohit 


4.H  CHRISTOPHE  COLOMB. 

H'crninirnl  Cécouverts  en  refusant  les  offi-es  de 
Cloloiiih. 

Colonil)  fui  Irrs-hlcn  reçu  îi  la  cour  de  Lisbonne. 
Le  roi  oiXnt  incinc  de*  le  faire  accoiiipaguer  pr 
iiii  (^rntillioinino,  '.'il  avait  inU^ation  daller  en 
Tuslilk'  par  U  rrcpxmis  Colomb  préféra  s'y  rendre 
)tur  nior,  <;!:,  le  i5  mars  1493,  il  i  entra  daus  le 
poVl  de  Pnl(>:>,  d'oii  il  était  parti  Taniiée  précé** 
(lonlr.  Lc>  pru])I(;  témoigna  la  joie  la  plus  riyede 
hoii  niour. 

Piiizoïi  ,  dc])arniié  en  Galice  ,  sollicita  la  per- 
mission (fallrr  safufîr  le  roi  à  Barcolonne;  mais 
oe  princf;  rrfiisa  d(;  le  voir ,  et  il  fut  si  affligé  de 
de  ce  refus,  qu'il  vn  niouiiit  quelques  jours  après. 

r'oloiiih  se  mit  en  cheniiu  avec  ses  Indiens; 
ii:iiis  pMidaiit  la  route  il  fut  obligé  frécpiemmeut 
lie  s'arrc'Ic-r  pour  satisfaii'c  remprcssemeut  et  la 
ciiîiosilé  du  pcuplp.  Onand  il  approcha  de  Bai- 
ccloiiiif  le:  roi ,  qui  avait  envoyé  au-devant  de  lui 
))iiisirui  s  peï'souuf'H  de  la  cour,  le  reçut  pai>li(|ue- 
mrni.  L'anûial  1)aisa  les  mains  du  monarque  :  ce 
)i  iiicc,  placé  sur  sou  troue ,  le  fit  asseoir,  et  écouta 
es  principales  circonstances  de  son  voyage.  11  fut 
lo^édanslc  palais,  et  le  roi  lui  rendit  de  si  grauds 
lionncurs  ,  que  quand  il  allait  dans  la  ville  l'in— 
iiinf  était  placé  à  l'un  de  M'S  cotés,  eM'aniîral  à 
l'aufre  ,  distinction  dont  aucun  sujet  n'avait  jus* 
qu'alors  été  honoré  par  Je  mofiarqne* 

Ferdinand  ,  ayaut  obtenu  dix  pape  la  souverai— 
iieté  des  terres  conquises  et  de  celles  qu'il  pour- 
lait  conquérir  encore ,  promit  à  CoLonib  plusieurs 
>aiss<aux  et  des  soldats  pour  continuer  et  étifudrc 
ses  vastes  entrepiises.  lin  même  temps  il  lui 
confi)-nia  par  de  nouvelles  lettres  patentes  la 
possession  de  ses  charges  et  de  ses  privilèges.  O^t 
acte  fut  dressé  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  la 
reine  Isabelle. 

Dès  (jue  Colomb  fut  h  Se  vil  le  il  pressa  l'ar- 
mement de  6es\aisscau3^3  iisélaicut  aunombie  de 


1 


CHRISTOPHE  COLOMB.  443 

Le  «limanclie  i3  janvier  Colomb  était  au 
rap  il' Amour,  dans  le  golfe  tie  Samana  ,  lors- 
qu'il trouva  (les  sauvages  qui  lui  (émoignèrent 
des  intentions  hostiles.  Quelijuts  soldats  ocBcen— 
dii-enl  à  terre ,  et  pour  la  première  fois  le  sang 
indien  fiit  versé  dans  ces  contrées  par  les  Eu- 
ropéens. Sept  hommes,  au  moreii  de  la  supé- 
riorité (le  leurs  armes ,  em  battirent  ce  jour-IJi 
■îx  cents.  Trois  jours,  après  Colomb  remît  en 
mer.  Une  tempête  affreuse  sépara  '  les  deux 
\aisseaui  ;  on  eut  rccoui-s  aux  prières  et  aui 
voeux.  Dans  celte  extrémité  Colomb ,  persuada 
qu'il  allait  përlr  ,  enveloppa  d'une  toile  cirée  et 
mit  dans  un  baril  bien  buuché  )a  relation  de  son 
voyage ,  adressée  à  Ferdinand  ;  il  avait  l'espoir 
qu'elle  pourrait  ainsi  parvenir  îï  ce  prince. 
Quand  il  l'eut  jetée  à  la  mer  il  eut  l'attention 
d'en  préparer  une  seconde  ;  mais  le  temps  de- 
vînt plus  dous  ,  et  on  approclia  de  l'île  Saînte- 
M^rie  ,  une  des  AçoreSj  là  ib  voulurent  aller  eii' 
pélérinace  h  une  chapelle,  maïs  le  chef  portu- 
gais de  1  île  lit  prisonniers  ceux  qui  prirenl  cette 
lésoiutîuu.  L';iniiral  se  mit  eu  devoir  de  les  re- 
couvrer par  la  force  :  on  se  prépara  de  part  et 
d'autre  au  combat;  mais  enfin  les  esprits  se  rap- 
prochèreiit ,  et  Colomb  obtînt  la  dëlivrauce  d* 
ses  gens. 

Une  nouvelle  tempête  poussa  le  vaisseau  vers 
les  côtes  de  Portugal ,  et  le  <(  mais  Colomb  en- 
tra dans  le  Tage.  Son  premier  soin  lut  d'infor- 
mer Ferdiiiaïut  de  son  arrivée  ,  et  de  demander 
au  roi  de  Portugal  la  pei'mission  de  conduire  ses 
vaisseaux  dans  le  port  de  Lisbonne. 

Toute  la  ville  accourut  au-devant  des  navisa- 
teui-s  pour  voii'  ces  hommes  qui  venaient  »Fun 
nouvel  univers  ,  et  les  Indiens  qu'ils  amenaient; 
mais  la  plupart  des  Portugais  regrettaient  que 
leur  prince  eût  perdu  la  souveraineté  des  pays 


-]  14         f:iiinsT()î»ii!:  colomb* 

ii-rfinninil  i!<;coiiVM'(s  en   tcfussiiit  irs  ofTiTA  dr 
I  ioloiiili. 

(lolfiinh  lui  lir.-l)i("i  vvru  U  I:i  rfiiii- ilcl.îsluiiinri 
f.f  loi  ofliil  ini'iiii  (le  le  l'iiirr  acroiiiiiapu'i*  ivir 
iiii  (w  ii!iilioiiiiiif,  -.'il  :iv:iil  itilciiliim  (riillrr  imi 
<  ..isfillr  l'iii-  l<  I  r.'*;  nr.iis  C!(iloinl>pi'(Trr:i  s'y  ifiifli'c* 
;  .11-  iiMT^  (!,!«'  i.'i  II  :if-.s  l^f/i,  il  iciilrii  flans  Ir 
|:oil  (If  l':.l(..,,  d'oii  il  riail  parli  raiiiirr»  pnrû^ 
«Si  iilf.  1.4-  |i(ii|)lr  h'iiioi^iia  la  joi(*  la  plus  vivt'ilc 

^(|M  !'(  inlir. 

l*iii/.iiii  ,  (!('l):if(|iiir  vn  CixWcv  ,  sollicila  la  prr- 
il'.i^^l(»ll  (I  aller  siiiici'  le  roi  à  DaiTrloiiiic?  ;  mais 
t'<-  |ii  iiK-c  rrCiisa  «If  le  \oii',  ri  il  l'ut  si  allli^o  dr 
(!(■  rr  II  (lis,  fjii  il  en  iiioiiiiil  ipi('l(|iif's  j(iiii-s  aprrs. 
roIcMiili  M-  mil  cil  rliciiiiii  aXT  Sffi  Jndifiis: 
Il  :ii'.  |iriMl:ii)l  la  i  f»i:lf' ilfnl  nltli^f*  l'i  f'(|iicitliii(>lit 
l'i'  sari/'in  |i(iiir  >ali.il'aii'f'  rcnipifssriiiriil  rt  la 
«icio  il('  (lu  |M  unie.  I^iaiid  il  ap^M'ciclia  i\v  llai- 
«r  loïKic  le  foi  ,  (jiii  avail.  ciivovd  aii-dc^  aiil  de  lui 
]'ii  ..i(  III  s  p(j-M)iiii(  s  dr  la  coiir,  II*  rvt^ui  |)iijilif|iir- 
inriii.  L;iiiiii;d  1)ais:i  1('K  liUMiis  dll  lliniian|tlf.' :  n; 
|<i  iiicc,  |i|:i(  (■  sur  .sdii  li'('>ii('  «  le  (il  a.ssi'fiiry  cl  in'Oiila 
i.s  pi  iiK  ipalcs  ciicoiislaïK-cs  de  son  voya^r*.  Jl  l'ut 
!(>;'(•  ((ans  le  palais^  cl  le  idi  lui  rciidil  nctii  ^|'ulaIs 
lioiiMciiis  ,  «pic  (•uaiid  il  allait  daiiK  la  \illr  1  itl- 
I ml  ('lail  plaM'  ii  riiii  de  ms  c/itcs,  f'f4^i mirai  ii 
r.iiilfc  ,  disliiicliofi  doiil  aucun  siijf  I.  iiaviiit  jiiii* 
(juiildis  ('f(>  lioiioi  (•  p.ir  le  infiiiarniic. 

l'crdiiiaiid  ,  ayaiil  olilcnu  du  pape  la  MiiiTcrai- 
)wl('  dc.s  Icrrcs'coïKpiiscs  cl  de  relies  qu'il  |i(iiit'- 
i.'iil  c()ii(pi(M'ir  cncoiCi.  priHiiil  à  OolotiilipInsicnrH 
\:Mss(aui  ci.  des  sfddaiN  pcHii'  ruiitiiiiifi*  cl  dl(*iiiln.* 
f.es  \asl(  M  entrcpi  incs.  J'ji  même  tc*iii])s  II  lui 
conlii  ma  par  de  iirnivelles  Icltres  patenlc»  lu 
p(»ssc.ss!(»ii  de  SCS  cliai'pes  et  «le  ses  privilégies.  Cvt 
.'irle  lui  dMs.'.(*  tant,  en  son  nom  (jti  en  relui  de  la 
J«  inc  lsal)clle. 

n/î.  (pic  (iolniiil)  fut  à    »**évillo  il  prrsMi    lar-  « 
inciiienldfr  {.es  >uis:.can.\  ;  iihélaicul  aiiiiondili'  de 


CimiSTt)PJiE  COLOMB.  443 

4ïx— sppt.  Ua  grand  aomltre  i\e  gens  de  gncrit! 
Voulai,ent  l'accojnpagnrr ,  dtms  IVspnit'dc  s'euci- 
cliir;  mais  Les  vaissuRux  étaiuat  b^op  petitt  pour 
iea  receToir  tous,  et  quinze  ceutssoulenirnt  purent 
y  être  admis.  Colomb  partit  de  nouTeou  potu'  les 
pavs  qu'il  avait  ilëcouverts  le  3,5  scpteiabre  t^93> 
ï)>ius  sa  route  il  aperçut  une  ue  remplie  de 
nioutagiies  )  qn  il  uouinia  la  Dominwjue.  Après 
en  avoir  ru  quelques  autres ,  il  débarqua  dans 
celle  qu  il  appela,  du  nom  de  son  vaisseau ,  Mari- 
gqlanae.  Celle  qu'il  dé^ïouvrit  ensuite  reçut  le 
luini  de  Sainte-Marie  de  la  Guadeloupe. 

Colomb  eu  avait  encore  reconnu  plusieurs 
autres  loi-sque  ,  le  2Z  novembre,  il  vint  déliarquer 
l\  la  partit'  septeulrîonale  de  Saint— Domiaguc. 
Un  des  Indiens  qu'il  ramenait  fut  envoyé  à  la  , 
coloDÏe.  Les  lialtitans  ,  à  qui  Cutomb  demanda 
clés  nouvelles  de  ceux  qu'il  avait  laissés  dans  l'île  , 
lui  dirent  que  les  uns  étaient  moits  de  maladie, 
rt  que  les  autres,  emmenant cbaeon  quatre  ou  ci ui| 
femmes ,  étaient  partis  dans  un  autre  pajs. 

Quelques  indices  avaient  fait  soupçonner  que 
ce  récit  n'était  pas  absolument  exact.  Arrivé  à 
1.1  colonie ,  Colonib  vit  avec  douleur  que  les  bâ— 
timeus  «n  avaient  été  brûlés  ;  il  trouva  dans  la 
cbemia  les  corps  de  trois  Espagnols  qui  paraifr> 
saieut  avoir  été  tués  depuis  peu  de  jours.  IJn  frère  ■ 
du  cacique  lui  dit  que  les  colons  avaient  pris  que* 
relie  entre  eux  pour  des  femmes  et  de  l'or ,  et 
que  Caunabo ,  seigneur  des  mines ,  près  duquel  ila 
fi  étaient  rendus,  tes  avait  fait  tuer. 

Colomb  résolut  de  bâtir  une  nouvelle  ville , 
<['a'i\  appela  Isabelle .  Il  lit  ensuite  partir  pour  t'Es-* 
pagne  douze  de  ses  vaisseaux ,  et  tourna  ses  soins 
vers  la  rocbcriibe  des  mines.  Arrivé  dans  la  pror 
*  iiice  de  Cjhao ,  à  la  tête  de  ses  troupes ,  il  y  bStit 
une  forteresse ,  sous  le  nom  de  Saint-Thomas,  et 
cl  y  laissa  cinquante-six  soldats  commandés  par 
liiire  M.irgarita. 


446  CHRISTOPHE  COLOMB. 

Apres  avoir  établi  claus  Tîle  an  conseil  dont  il 
nomma  chef  son  frêne  Diego  Colomb,  l'amiral 
romlt  en  nier,  <^se  dirigea  vers  File  de  Cuba ,  igno- 
X'uiit  encore  si  elle  n'était  pas  une  terre  ferme.  A 
cette  époque  la  Jamaïque  fut  découverte  par  lui; 
il  y  revint  aprè»  avoir  retourné  à  Saint-Domiiigue, 
et  y  souftVit  beaucoup  de  la  disette  de  vivi'es; 
mais  l(^s  Indiens  vinrent  à  son  secpur^. 

Colomb  s'occupa  ensuite  de  reconnaître  en- 
tièrement Saint-Domingue ,  et  de  la  soumettre 
au  roi  d'Espagne.  Irrités  de  la  tyrannie  des  Es- 
pagnols ,  plusieurs  caciques  puissans  s'étaient  li- 
gués pour  les  (exterminer  ;  le  seul  Guacanagary 
leur  r(*sta  fidèle ,  et  encourut  aiusi  la  haine  de  ses 
compatriotes. 

Le  24  mars  149^  Colomb  partît  de  la  ville 
d'Isabelle  avec  deux  cents  hommes  à  pied  ,  vingt 
cavalicu's ,  et  quelques  chiens  corses ,  pour  aller 
combattre  plus  de  cent  mille  Indiens.  Sa  victoire 
fut  complète ,  et  les  vaincus  se  soumirent  à  payer 
un  tribut  en  or  et  en  coton,  | 

Colomb  partit  dlsabellepour  retourner  en  Es- 
pagne, le  10  mars  1496 ,  avec  deux  cent  vingt-cinq 
Espagnols  et  trente  Indiens,  sur  deux  vaisseaux. 
Son  voyage  n'eut  rien  de  remarquable.  M  trouva 
la  cour  à  Burcos,  oii  elle  célébrait  le  mariage  de 
don  Juan,  fils  du  roi,  avec  Marguerite  d'Autriche, 
fille  de  reiuporcur  Maximilien.  Ferdinand,  ayant 
reçu  de  lui  plusieurs  présens  ,  lui  promit  les 
hommes  et  les  vaisseaux  qu'il  sollicitait;  mais 
les  ministres,  jaloux  peut-être  de  la  gloire  de 
Colomb  et  de  la  faveur  que  le  roi  lui  accordait  > 
mirent  la  plus  grande  lenteur  à  exécuter  les  ordi^es 
du  monarque.  Au  mois  de  févi'ier  1498  Colomb 
lit  partir  deux  vaisseaux  sous  les  ordres  de  Pierre 
Fernand  Coromd;  il  s'y  détermina  parce  que,  de 
tous  ceux  qu'on  lui  avait  promis ,  c'étaient  jus- 
qu'alors les  seuls  qui  fussent  en  état  de  mettre 


CHBIâTOPHE  GCHiOMB.  44^ 

^çi|nier.''£afin,  le  3o  mai  de  famdmetam&jîl  . 

rtît  de  San-Lucar  a-reC  six  Tsisséaui.  Mpnù 
tout  ce  qui  était  nécewaire  poOT  itfifTafidoo^  . 
-I(er  la  colonie.^^  goutte  le  toariaeoU  pëoàaai 
«e  To^age;  cepeodanl  il,ae  ceita.  piniUt  ttêt-tMt 
■mrrejller  par  lui-mémé.  Q  i^ooltit'd'iilst'.dvt'' 
ÙeB  dii  oE>p  Vert  à  la  terre  .fenae,  qs'tt  «ijjCrfut 
^«çrès  avoir  découvert  l'Ue  de  la  Tnnité.        1 

Les  Indiens  qu'il  vit  sur  la  terre  Senae ,  et  qu 
liû  pararent  fort  douXj  luj  dirent  que  leiir  fKj* 
^■'appelait  Pare.  Colon^  trafiqua  quelque  tbi^W 
..i^receux,   puis   se  mit  en.n>nte.|iMtrSniit- > 
Somingoe.  Ainsi,  quoi^'îl  s'eût  feit<aiiciin(étr- 
'  blîssemeot  sur  la  cote  j  it  demeure  cprtaiii  qu'il 
.découvrit    la    terre   fenue  ,  aussi  bien  que  les 
Sles  dont  on  a  parlé,  et  que  l'iisagp  d'appeler  ce 
pays  Amérique  ,  du  no»  J'Améric  Vcspuce,  Flo- 
rentin, qui  y  aLoixIaj^u  de  temps  après,  est  en- 
Ters  Colomb  nue  véritable  injustice  contre  la-  - 
râelle  ou  a  souvent  rédlkmé  ;  mais  la  tyrannie  de 
■  riisa^e  porte  à  croire  qu'elle  durera  longtemps 
encore  ,  et  ppiit-étre  tmijnurB. 

Arrivé  à  Saint-Domingue ,  Colomb  vit  avec 
une  extrême  douleur  qnun  Castillan  ,  nonuné 
Roland,  investi  par  lui-même  delachargéde  juca 
suprême ,  avait  excité  ses  compatriotes  &  la  sédi- 
tion ,  en  leur  persuadant  que  Colomb  avait  l'ifr- 
tention  de  les  laisser  périr  de  faim  et  de  misère; 
il  s'en  suivit  une  esb'éme  agitation  dans  le  sein 
de  la  colonie  ;  de  sorte  que ,  n'y  étant  pas  méoie 
encore  bien  établis,  les  Espagnols  ,  divisa  entre 
eux  ,  et  cberchant  à  soulever  les  Indiens , .  sem- 
blaient déjà  résolus  à  venger  eux-mêmes  les 
possesseurs  légitinies  du  pays. 

Cet  état  de  choses  affligea  sensiblement  Colomb. 
Après  divers  pourparlers  il  fut  obligé  de  transi- 
ger avec  la  troupe  de  Roland,  et  de  lui  assurer* 
par  nue  espèce  de  capitulation  dressée  le  14  no— 


4(40  CHUJSÏOTMJr  colomu. 

\\\'\  donna  (|iH'1quc's  (loiaites,  c;t  Oilonib^  nviinf. 
Liil  nicoiT  ^)lusiturs  dcMiiarrhes  inutiles,  ic'siihit 
i\r  Bi*  vvndiv.  r\\  Vriwwr  ;  mais  Jr  pri(»nr  Jraii 
VvivT  ,  roMfrssriir  de  la  rriiic ,  rinvila  à  afloiinn' 
riuMiic  juMuTà  vv  «pTil  eût  pailc'  à  crMc  ]»iîii- 
losc.  (ît)h>ni!>,  qui  aiinnit  l 'llspa^nc^  oîi  il  iivaif 
I  r>idi'  l(>ii^l('iii|)S  .  roiisriitlt  à  faire  cvMr  nome  llr 
il  iitalivf.  1^1  le  lut  d  aliurd  aussi  infriiclucnKe  (|U(! 
lis  precrdculrs  j  uiuib  eiidu  Coiujub  obliul  ce 
(pi'il  dcuiandait. 

II  se  reiidil  au  port  dî*  Valus  pcmr  y  c'cpiîpor 
:<:i:is  délai  les  trois  eaiavelles  cpii  lui  avaieuf 
«•;(•  ai.TortIecs.  La  sifuiie  s'a]>]ielait.  kSitintc-Mant'; 
la  .seeondi',  diliî  In  Peinte^  eut  pour  elief  Alon/o 
\  iii7.ou^  et  la  troisièuu^ ,  uoinmée  la  Petite,  lut 
4-onnnaudée  paj'  Vincent  Piuzon  ,  frère  de  ee 
U'ivi^atcur,  el  connue  lui  né  à  Palos.  C(*  fut 
iwvc  de  si  faiJtlcs  moyens  que  Colomb  partit,  le 
.'{  août  1492,  au  le\«'r  du  soJeil ,  pour  entre- 
prtudre  une  expédition  qui  devait  elianger  la 
liu-e  «le  Tunivers. 

7\piès  qu<'l(pu\s  aecideus  de  mor  ,  et  après 
avoir  drjà  counururd  à  éprouver  la  luniivaiM' 
volonté  (le  ses  suhordonnés,  il  arriva  aux  («aiia- 
I  i'"^  ,  el  se  rrniil  «'nsuile  <'n  roule.  Dès  que  Ton 
fiil  perdu  la  Ivirr  dr.  vue  les  matelots  verM**rent 
i.\rs  larmes  et  se  «-eurent  perdus.  Colomb  l«*s  eon- 
bol.i  ,  Ifur  prouiii  drs  rieliesses  ,  et  eut  fj^rand 
.>()in  de  Irur  déi'ohei' la  eomlai^sanee  d'une  partie 
ilu  «liriuin  ((u'ils  faisaient.  A  cent  lieu(*s  de  Tilc 
de  l'\r  ils  virent  un  ^ros  tronc  d'arbre  ;  deux 
criils  lirurs  ])lus  l«)in  ils  a])erçurent  deux 
oisranx  ,  les  ])r('iuiers  qu^ils  euss<Mit  renoontrts 
(l.iiis  Icui*  route  ;  ils  remarquèrent  aussi  que  IVau 
<!('  la  mer  devenait  moins  salée.  Os  indices  et 
quelques  auires  eontribuèrenl  a  soutiMiir  leur 
i<>urai;e;  mais  fjunnd  ils  reeonnui*ent  que  la 
«'«  rre  (anl  désirée  ne  s'olfrait  pas  encore  à  leur 


CHRISTOPHE  COLOMB,  ^9 

Jiatîoiis  i?u  prouvait  ta  fausseté;  mais  Sobadiglia 
ii'ea  Tut  pas  moins- empressé  ^  citroyer  Colomb 
en  E«pague.  Quand  on  fut  «1  pleine  mer  le  pi- 
lote, confus  (le  ce  qu'on  ti'BÏtait  si  indignement  uu 
Iioiume  îk  quLl'ËapugDe  avait  de  si  grandes  obliga- 
tioas,  voulut  lui  ôter  aea  fers;  mais  Colomb  le 
refusa  ,  et  déclara  qn'il  les  porterait  jusqu'aux 
pieds  lie  Ferdinand.  Dans  la  suite  il  voulut  tou- 
joui-s  i\Toir,sous  les  ypuxce  piix  de  si;s  services} 
I  il  garda  ses  ctiaines  dans  su  cliamlire ,  et  désira 
il     même  qu'apiès  su  mort  on  les  enlcrrftt  près  de 

1.         Quand  il  eut  dëbarqué  !i  Cadix  FerdiuantV  lui 
j     maripia  sn  douleur  du  traitement  qu'où  lui  avait 
I     fait  éprouver,  le  mît  en  liberté,  et  l'assura  qu'il 
lui  accorderait  tout  ce  qu'il  pourrait  désirer.  Par 
,     suite  de  cet  acte  de  justice ,  le  monarque  résolut 
I,     d'envoyer  à  Saint-Domingue  un  uouveau  Gou- 
verneur pouj'  proclamer  l'innocence  de  Coronib 
etde  sesfrères,  et  punir  Uobadiglia.  Don  Nicolas 
r  vde  Ovando  ,   commandeur  de  I^rez  <  fut  chargé 
'     de  cette  importante  mission ,  cl  on  résolut  d'era- 
I      ployer  Colom II  îi  du  nouvelles  découvertes  utiles 
I      pour  la  monarcbie  cs]Mignole. 

Parti  de  Séville,  Colomb  revint  à  Saïnt-Do- 
I  anînguc;  il  vit  celle  lie,  qu'il  avait  découverte  et 
où  il  avait  consolidé  la  puissance  de  Ferdinand, 
{•ouvernée  parons  hommes  qui  u'eurent  pas  même 
pour  lui  les  simples  égards  que  sa  qualité  récla— 
niait.  Il  repartit  pour  la  terre  ferme  ,  qu'il  co- 
(oya  longtemps.  Arrivé  daas  un  petit  port  qu'il 
appela  Retreie ,  ou  lieu  relire',  it  fut  forcé  par 
le  mauvais  temps  de  retoarner  vers  l'occideat} 
ensuite  il  entra  dans  le  lleuve  de  Betlènt,  où  il 
forma  un  petit  établissement  qne  son  frère  com- 
manda avec  le  titre  de  préfet.  Les  Indiens  n'y 
furent  pas  trailés  avec  douceur;  on  arrêta  leur 
roi ,  ifppelé  Quibio ,  poui-  assurer ,  disait-on  ,  la 
TomeU.  '  6% 


44a  CÏTRISTOIMIE  COLOMB. 

<lc  rhorchor  l'ilo  aiijoiird  liiii  connue  sous  le  nom 
i\v  Sttiiil-lh)nii/fi!;ii(:  L(  s  vciils  cund  aires  niirnil 
<rai:c>i-(l  ohsl.u'lr  à  sa  marclir,  cl  l)ieiifôt  Alonzo 
lMiiJL(»ii ,   inrornu'  ]mr   ios  ludions   iju'il  avait   à 
son  l»or(l  {\\\v  vvUv  île  ,  appeléi*  par  vun  Boihio 
on   ]i(i\t\'hr^   alxnuhnt   en    or,   lésulut  d'y    de- 
manier    laniiral.   En    eoiisei[nen(M'  ,    le    2i    no- 
\i  ndn-e  ,  il  se  sépara  des  deux  autres  y  aisseaux  , 
cpii  ,  (onjoui-ft  rontrai'ies  |>ar  le  nmu^ais  l('ni|is, 
ir\ini'ent  à  (inha.  Qu(*l({nes  jours  après   (iol4inii> 
parvint  enlln  à  Tile  qu'il  devrait  tant  île  ^îmIit. 
A>anl    reniar([uii  entre    les  terres  et   e<*lles    diî 
(iasiille   qurlcpies    points    de    ressenililanoo  ,   il 
lUMunia  celle  l'onlrée  Jihpaniolu^  ou  fiie  /v^//w- 
i^tiolc  ,  nom  sous  lequel  elle  est  <'ncon'  connue 
i\c  nos  jouis,  cji'oique  celui  de  Salnt-Donnii^ne 
ai!   pj(>\alu.  H   >    lut  pafraitenient   reeu  par  le 
souverain   de  cette  partie  de  Tdo,  et  lu  néj^li- 
V,  l'.re    dis  pilot<'s   lui  ayant  luit  perdre  uji   de 
.s>  s  \.iiss(*au\,  t<'s  insulaires  lui  doniuVrnt  toute 
I  .  -s'K^v  de  sei  ours  ,  et  lui  lii  enl  pieseul  d  une  cer- 
tiiiie  «piantile  d'or. 

(lidnini)  i«'5olut  CiC  laisser  une  partie  di»  m^ 
i\  us  d.iiJ.s  l  ilr:  !{'  roi  .  à  <]ui  il  en  lit  la  propo>!- 
Il'iii .  V  eouspiilil  a\ee  joie,  et  trois  cents  lionnnes. 
i-\.iii(  pitur  (licis  Aiaiia  v[  (iuliièns.  se  rendirent 
«1  ir>^  une  «spère  Av  Inur  (pii  dr\ait  être  leur  de- 
•  istii'c.  Aiius  C.iiionil)  remit  à  la  V(»il«' :  mais 
K.i\:)!it  pins  (pi'iiii  seul  \aiss('au  ,  il  n*os«i  p.is 
(  nii't-pi  endre  de  ut»u\elles  découvertes  ,  dans  la 
naliiii'  «pu*  »  s'il  veuail  à  i^fiir,  le  roi  d'Espai;uc 
uo  y\\\  elle  infornu^  ilnn  si  heureux  sueeès- 

\\\\[\  le  4  jativier  1493.  Colonil)  d(H:oiivrit  le 
sni  Icudeniaiu  en  pleine  nur  lu  caravelle  Iti 
Pli  ir .  qui  .s'i't.iil  se'paie'e  île  lui.  Alonzo  Pinzou 
>.  Ni  lis, I  |i>  nii>iu<  nud  tjn  il  put  de  l'ayoïr  ipiitte . 
<i  (|>i<>ii{ni-  (!(i!i>!:tli  eoniu'jf  pail'aitenu'at  le  n^:- 
ti-    <|iii    r>    auiii    dclcrniiue  .    il    dîssiniuLa   â«<u 

Uh  (.nlilcntc-llicul. 


CHRISTOPHE  COI.ÔMB.  443, 

Le  flimanche  i3  janvier  Colomb  ^lait  flU 
firp  d'Amour,  dans  le  golfe  de  Samana  ,  lors- 
qu'il trouva  des  sauvages  qui  lui  témoignèrent  ■ 
des  intentions  lioslilcs.  Qupfqties  sotdats  dcscèn— 
jireut  à  terre ,  et  jiour  la  première  t'ois  le  sang 
Bidien  IVil  vered  dans  ces  contrées  par  les  Eu- 
Tope'ens.  Sept  hommes,  bu  moyen  de  la  sup^ 
TÏorlIc  de  leurs  armes,  cm  battirent  ce  jonr— là 
,^\f.  cents.  Trois  jours,  après  Colomb  remit  en 
mer.  Une  tempête  affrense  sépara  "  les  deux 
miâseaux  ;  on  eut  recours  aux  prières  et  aux 
TSux.  Dans  cette  extrémité  Colomb,  persuada 
^'ïl  allait  përir  ,  enveloppa  d'une  toile  cir^  et 
)pit  dans  un  baril  bien  buuché  la  relation  de  son 
Twace  ,  adressée  fi  Ferctinand  ;  il  avait  l'espoir 
^elle  nourraît  ainsi  parvenir  à  ce  prince. 
Quand    il  l'eut  jetée  à  la  mer  il  eut  l'attention 


d'en  préparer  une  seconde;  mais  le  temps  de- 
vînt plus  doux  ,  et  on  approcha  de  llle  Sainte— ,, 
Mme  t  une  des  Âçorcs/ là  ib  roulurent  aller  eaf  , 
p^erinape  à  une  cbapellc,  mais  le  chef  porfu-    ' 
gais  de  l'iln  lit  prisonniers  ceux  qui  prirent  eelle 
i^solutiun.  L'.-iiiiiral  se  mit  eu  devoir  de  les  ir- 
couvrer  par  br  foi'ce  :  on  se  prépara  de  part  et 
d'autre  au  combat;  mais  eufiu  les  esprits  ne  rap- 
Itrochèrcv^  ,  et  Colomb  obtint  la  délivrance  (l« 
ses  gens. 

Une  nouvelle  tempête  ponssa  le  vaissenn  vers 
les  côtes  de  l'orlugal ,  et  le  4  mars  Colomb  en- 
tra dans  le  ïi>ge.  Son  premier  soin  lut  d'infor- 
mer Ferdinand  de  son  arrivée  ,  et  de  demander 
au  roi  de  Portugal  la  permission  de  conduire  se» 
vaisseaux  dans  le  port  de  Lisbonne. 

Toute  la  viilu  accourut  au-devant  des  navisa- 
tturs  pour  voir  ces  hommes  qui  venaient  dun 
nouvel  univers  ,  et  les  Indiens  qu'ils  amenaient; 
mais  la  plupart  des  Portugais  regi-ettaient  que 
leui'  prince  eut  perdu  la  souveraineté  des  pays 


4'>!i  rflRTSTOPHE  COLO:^lB. 

l  Vnlîiiniul  lo  lit  rnteriTr  avoc  une  ^raiulc  pompe  « 
Lonuoiii^  1)îon  ir.orUés  ot  blon  tanlilH«  qui  lU'  \c 
4Ustnil}H*ul  nas  ilavoir  sî  mal  rooomiu  los  s<»rvÙY*!i 
<l(*  ro  t^raïul  hoiiiino.  On  p^ava  siu'  \v  toiiiWau  île 
Colomb  oos  (lou\  voi^  espii^uols.qui  ii*o(aîru(  uiir 
l:i  simple  oxpn'ssioii  dos  oMis;atîoiis  îm^aloulalAcs 
<iuo  lui  a^aionl  les  souverains  ilo  Caslille  : 

A  Castilla  v  à  Lcon 
^uc\o  mondo  Jio  Colon. 

rt  Colomb  a  donne'  un  nouvel  wnirer*  aux 
«   roxaumes  de  Caslille  et  de  Léon.  >» 

H  le  leur  donna  etVivI iv émeut ,  puisque  «  outiT 
les  p.\^s  ipi  il  deeouM'il  lui-mènu*  *  il  eut  eui^uv 
l.i  i;loire  tl  ouvrir  la  roule  où  Cortès  et  IHiarrr 
s'.uane^rent  dans  la  suite  iH>ur  augmenter  ilo 
tontes  les  riebesst^s  du  Mexique  et  du  Pci*ou  la 
puis^auco  espagnole. 


453     , 


JEAN  II, 

DIT     LE     PARFAIT. 

aOI  DE  PORTUGAL. 


Jean  H  natjuit  h  Lisbonne,  le  3  m»!  J^^S, 
d'AlpIionse  V,  Joi  tle  Portugal , et  il'lsak'lJe,  dont 
le  père  arait  ëlé  régent  de  ce  royaume^  et  avait 
eu  |iour  fi  ère  aîné  un  pi  ïni'e  movt  clatis^on  en- 
lance.  A  quatorze  aus  il  ëpousa  Léouor ,  tille  de 
(loa  Ferdinand,  son  oucl«.  IL  ii'fu  avait  qnc  eelse 
lorsqu'il  accompagna  sou  père  dansunf  cxi'édition 
en  Afrique.  La  prise  de  la  tbrleri'sse  d'Aiiila  ca 
fut  le  I  ésidtat ,  e,t  AI]>lioose  arma  son  lîls  clie- 
Talier  avec  plusieurs  autrts  Portugais.  En  1474' 
ALpIionsc,  étant  en  guerre  avpc  la  Cuslitle,  iioninia 
son  lïls  l'égcut  du  royaume.  Jean  ît  cettt;  épo- 
que eut  un  fils  ,  (jiii  porta  ,  comme  son  aïeul ,  le 
nom  d'Alphonse.  L'année  iiuivanti-  il  si;  disposait 
à  se  rendi'c  en  Castille ,  prè»  de  son  père ,  d  après 
les  ordres  de  ce  prince ,  lorsqu'il  reçut  de  lui- 
même  l'avis  que  Fiançois  de  Valdcz,  seignenr 
Portugais ,  &n  disposait  à  ]j|nlr  ver  et  h  le  livrer 
aux  Castillans.  En  conséquence ,  Jean  n'alla  trou- 
vei'  Alphonse  qu'à  la  tête  d'une  force  imposante. 
Une  bataille  eut  lieu  près  de  Tofo  et  de  Zamora  ; 
Jean  y  donna  de  giandes  preuves  de  valeur  ,  et 
lors  m€me  tpiç  la  victoire  se  fut  déclarée  ponj  les 


4!'h>  CîinTSTDTllF.  mLOMTî. 

It'iiii(|i!!lli((*  flf'K  cIiii'Iu'iih;  iiiairi  l»j'sr|iifî  Ciiloinb 
rut  n-iniH  h  lu  vnili*  |iiiur  l'J^H|iti};iic*,  (^uilijo  avant 
fniii%(^  iiioyrii  t\v.  pM'iidrc  lu  l'iiid*  ,  rr«iiil  uvi'C 
«1rs  solilaLs  al(a(|iu*i'  ri'laiilissriiinit  cic!  hcr  Miiir* 
]iii*i,  cl  rn  fiia  nliusinirs.  C!oloiiih  piil.  h  mm  Inn'd 
ri'  f|iii  iTsIail.  ilcs  iioiivi  :iiii  roloris.  Afiivi'n  loim 
1%  la  Janiaicinr,  1rs  t'ai i|;tirH  vl  Ir  rlLHii*;riiif*ii(  (ti( 
fioiiiritiirr  les  iiiirnil  <1.iiih  tiin*  hlliiatioii  n»M-s  ' 
trihtr*  Des  solfiais,  ayant  h  Inir  Ivic.ilnii  fif  Mt 
iioiiiiiif^  INirraH,  sr  iiiKliiirrnit  ri  %liirr*iit  (JrVIu- 
ver  à  (^iiloiiil)  (|ii*ilH  v<»iilai('iit.  l'f'toiiriirr  m  l'is^ 
paj^iic  iiiiiiif'dlalcjiicMit.  11  nr  put.  Ir.H  c7iii|<iVluT 
(Ir  raliaiitloiiiifr;  mais  Irs  triii|i<';li>H  et  1(!H  \m\» 
roiitiaiiTH  \vH  i-aiiini^rciit  dniis  T'ilr,  on  il.s  M 
clispcrNi'iTiil ,  cl  roiu  iirriil  (riial)i(alion  en  liaM- 
1it»ii,  f\riv:iiit Mil'  les  iiiinrtilUi'.H  liidîniii  Im  pluif 
lion  il/Irt  vifdnirr.s* 

C!iii\'-f'i  iifiiii  rirctil  qiifl(|iir  triii]»s  Coloinh  vï 
lif'H  c*(iiii|»apioiis  ;  mais  cnsiiili!  ils  ne  |)artii*c*nl  plim 
i|ii(r  taiTincut.  (!(d(nidi  alors  iMit  m*oiiiii  h  nu 
fttrala{;riii<'  fort,  iii^riiii-iix  jt  niimU'l  ou  a  clouurdc 
jiitklrK  ^lo<;r».  rci'taiii  (prune  mipsc*  clci  lune;  de- 
vait avoir  lieu  ,  il  pri'dil  aux  Miuvn^«*H  i\uo  vcl 
A^ll  r  idiail.  drvniir  tout  rou;;(r,  pour  ti'inoif;iirr 
«iiinlkicn  Ir  diru  des  cln rtirns  «•lait  irritif  cuntro 
Jcs  iusiilairrs  dr  vc  (prilft  iw.  ]H}Ui'voy aient  jdiii 
aux  iirsdins  de  m*s  servileuis. 

f/«-rli|).se  iivaiit  ('(Hiiuirnce  ,  le^  HiinvHcrH  fimià 
retentir  lis  liois  de  leurs  cris  dr  Iniyrur*  11m iip*- 
|iorlèi'eut  des  vivres  en  aliondanee,  eu  proiiiireut 
encore  frantres  ,  el  NUp|diereuf.  Oolonib  ck*  faire 
re|n-eiidre  i^  la  lunt!  sa  couleur  naliii*rflie.  11  niirtil 
(oiiclié  de  leur  repentir,  et  leur  prouiit  <|un  lour* 
prières  ni  laie  ht.  être  evauceesi  11  iiVu  fulluit  pH.*i 
tiiul.  poin*  pi  ou  ver  a  fvH  pauvn^H  JnclîeiiH  (|u'il  eu* 
lr(*feiiait  une  r#'latiou  intinu'  iiyee  le  eieL 

rV  iM'  Cul  pas  là  le  dernier  d(-8n|;(r(^mrtit  c(iiie 
Colouili  cul  ù  éprouver  diuii»  celle  ile  i  hv»  ({eutf , 


JEAN  IT.  453 

qu'il  siiofombti  am  atteintes  île  lapesff  ,  en  1481. 
IdL' IciidGniBin  Jean  fut  pi'DclBiiié  roi  île  noavcau, 
avec  les  cére'inouies  Vislfdf^s. 

Son  premier  soin  fut  de  feire  plusieurs  r^gle— 
mens  utiles,  et  par~JpS£ns  toutes  eboses  âe  s'in- 
former lie  l'Opinion  publïçpie  ,  h  laquelle  il  avait 
xe'aolu  cle  se  conformer  en  tout ,  sans  cependant 
rien  perdre  ic  son  autorité.  Ce  fat  ce  plan  ,  suivi 
avec  une  eitf ème  persévérance,  qui  le  rcntlit  ctier 
%  SCS  auiefs,"^ct  qui  lui  a  fait  laisser  une  niéinoii'e 
m  lioiiorable.  11  ne  voulait  pas  que  l'on  ci'ût  qu'il 
cdt  (1rs  favoris ,  et  avait  pris  le  parti  de  traiter 
tout  le  monde  avec  ëgalîtë.  Equitable,  parfois 
jusqu'à  la  sévérité  ,  il  Ht  bi'ûler  dans  Lisbonne 
plusieurs  maisons  oîi  l'on  jouait  à  des  jeux  espres- 
sément  défendus  par  Ira  lois;  dn  reste  il  sem— 
pressait  d'Iionorerle  savoir  et  la  vertu.  Accessible 
à  l'égard  de  tous  ses  sujeH  ,  il  surmonta  le  re'pu- 
gnauce  qu'il  avait  pour  !«  ti'avail ,  et  s  j'  adonna 
tout  entier.  Quand  les  juges  faisaient  perdre 
quelque  procès  au  fisc ,  il  les  félicitait  de  leur  iiu- 
partialilé,  et  même  les  rîcouipensnif.  Les  gen» 
courageux  étaient  sûrs  d'être  cbéfis  de  ce  pi'inee , 
doué  lui— même  d'une  grande  valeur.  DonPèdre 
de  Mélo  ,  un  de  ses  ])lu3  braves  officiers ,  laissa  uu 
joui'  tomber  un  pot  dVau  tandis  que  le  l'oi  était 
à  table.  Jpan  réprimanda  ceui  qui  riaient  de 
«elte  maladresse,  et  leur  dit  :  ■>  Don  Pèdre 
■  a  laissé  tomber  cette  eau,  mais  il  n'a  ja  — 
•  inais  laisfé  tondier  sa  lance.  »  Un  autre  sei- 
gneur distingué  par  90n  courage  ,  Jean  de  Sonza , 
était  un  jour  inquiet  de  se  trouver  sans  logement. 
Le  roi  lui  dit  :  «  Ne  vous  embarrassei^Je  rien  ;  ayant 
K  mon  palais  pour  habitation  ,  vous  ne  pouri'ez 
a  eiiiuanquer.il  Une  autre  fois  unmilitaire,  qui- 
s'était  souvent  distingué,  lui  ^ant  fait  demander 
une  grâce,  Jean  lui  dit  :  «  Puisque  vous  avea 
«  des  maius  pour  m^  pcrvir ,  pourquoi  n'avei 


455  JEAN  lî. 

«  vous  pas  ic.  langn«»  ]iour  me  dcmandcT  Jps  rc- 
«  ('onipnis<'s  ?  »  L  amour  des  Ictti^s  ot  une  pîélë 
cH'Iairée  riaient  eucon^  au  uoiiibre  des  qualités 
iouahlrs  de  ni  iliustK^  prince^ 

La  I  clonne  d  un  [;!;ratul  noui]}ro  d'abus  no  put 
s\>))erer  sans  qu'il  y  eût  dt  s  iiiCvOutens.  Quand  il 
annula  la  plupart  des  doiisque  les  c^rauds  avaient 
Ti'ees  t!i  s  rois  srs  ait  ux  ,  il  ^  K.ila  dr  nonibi*eux 
muinniKs:  mais  il  lu' s'en  iikquietla  pas*  L(*  duc 
d<  r>i  iii;an('e  surtout  lui  donna  des  motifs  de  soup- 
çuniK  I  sa  iuieiité^  et  ses  frères  faisaient  avec  lui 
raiiS(  eoiUiMune.  Ji  an  aeipiit  bientôt  des  preuves 
irîei'usa>il«  s  de  la  trahison  du  dlic;  il  ne  put  ce- 
p<  ndant  se  le.^nudre  à  faire  |*érir  un  luuniue  d*une 
•si  haute  naissanee^  cl  son  parent;  il  le  prit  en 
pai  lii  uli(  i,(  t  lui  fit  desrenioulrancesqni  nepro- 
4!ni.»;ii  <  nt  aueun  cflet.  Jean  le  fit  enfin  arrêter  ,  et 
ordonna  ([u  on  instruisit  son  procès.  H  fut  con- 
dunnie  à  mort ,  et  montra  en  mourant  un  crand 
cou"a^<\  Quand  le  roi  entendit  le  son  d'une  cloche 
qui  lui  annoneail  le  supplice  du  duc,  il  se  jeta  à 
îi(  iioux  ,  et  se  mit  à  prier  Dieu  pour  lui  en  pleu- 
rant ;  mais  (piel  (pie  fût  le  motif  de  son  action ,  l  on 
11  \  vit  (pi'un  raflinement  d'hypocrisie. 

L<-  roi  s'oeeupa  ensuit<*  de  poureuîvrc  sur  les 
colts  (lAfritpie  les  conquêtes  et  les  découvertes 
ilr  ses  pieîeeesseurs.  Il  envoya  en  1481  une 
ilolte  en  i^uinee.  On  v  bâtit  u!ie  forteresse  ,  qui* 
M  ion  l'orilrt»  du  roi ,  fut  ap])eîce  Saint-Georges  de 
la  Min».  Les  Portugais  revinrent  ensuite  dans  leur 
J^^^s  axe  mic  £;iande  quantité  dor  et  d'ivoire- 
Jalouï  de  eonserv(  r  S''ul  le  commerce  d'une  con— 
tiVi'  si  o;)uh<nte,  il  ht  puu]*suivre  un  capitaine  de 
^ai^seau  et  iLu\  pilotes  qui,  après  avoir  fait 
plusieurs  fois  le  vovacje  dEîliiopie*  s'étaient  ren- 
chiscu  Casiîile.  On  tiui  dtuï  de  ces  hommes,  et  le 
ti<^i>i( me,  eonduit  à  Evora  par  ordre  du  roi  »  J 
lui  cearlc'lc. 


JEAN  IL  4S7 

Là  cliate  de  la  maison  de  Brannoe  ayait  attire 
à  Jean  de  nombreux  ennemis*.  Une' eonipjratioti 
plus  redoutable  que  les  autres  ^s'ouyrit^  encore 
contre  lui  ;  elle  ayait  pour  chef  le  duc  de  Visco 
même  ,  son  beau-frère*  Jean  fut  informé  da  Cd 
dangereux  complot ,  et  les  amis  du  merreilleux 
publièrent  9  dans  ce  s^le  peu  éclairé  9  que  la  pré* 
mière  indication  lui  en^tait  yènue  par  un  spectre 


ices  pins  posi-^ 
tÎYCs  e»  lui  faisant  parvenir  des  détails  important 
qu*il  tenait  de  sa  sœur*  Jisan  prit  en  secret  tontoi 
les  mesm^es  qui  pouyaient  garantir  sa  yie;  cepénr^ 
dant  il  se  vit  plusieurs  fois  à  la  merci  desconjiutb^ 
Un  jour  entre  autres  il  se  trouya  an  milieu  d'eux 
dans  une  église  hors  de  la  yille  9  sans  un  seul  dé 
S€S  gardes  ;  il  marcha  droit  à  eux ,  et  leur  parla 
d'un  air  si  tranquille  et  si  serein  qu'ils  n'osèrent 
le  frapper. 

Mais  comme  son  danger  se  renouyelait  sans 
cesse  ,*  Jean  prit  le  parti  de  tuer  de  sa  propre 
main  le  duc  de  Visco  ,  chef  des  conjurés  5  il  le 
lit  venir  à  la  cour ,  oii  se  seigneur  ne  se  rendit 
qu'avec  une  extrême  répugnance.  Le  roi  le  reçut 
d  un  air  ailable  et  même  gai  ;  puis ,  après  quelques 
instaus  de  silence ,  il  lui  dit  :  c<  Mon  cousin  >  que 
«c  feri0z«-voiis  à  un  honune  qui  aurait  voulu  vous 
«  arracher  la  vie  ?»  Le  duc  réfN^ndit  qu'il  le  tue- 
rait de  sa  propre  main,  «c  Meurs  donc  !  répliqua 
«  Jean  5  tu  as  toi-même  prononcé  ta  sentence.  • 
Le  duc  ,  frappé  d'un  coup  de  poignard ,  tomba 
aussitôt  mort  à  ses  pieds.  • 

On  était  alors  à  Sétubal.  Quand  le  peuple 
eut  connaissance  de  la  conjuration  il  demanda  à 
grands  cris  qu'on  lui  livrât  les  coupables.  Le  roi 
exposa ,  d'après  les  formes  reçues  en  justice ,  les 
motils  qui  lavaient  porté  à  })réveuir  le  sinistre 

'ro*nc  IL  3j 


|ir«jet  du  duc  de  VUi-o.  (',i'u&  dfi  con8i>irAleui< 
({u'uu  put  urréliT  futviit  mis  a  mort ,  «jirè»  avOÏT 
lotit  otouë.  Ldvi^cpirdEvûin  f'iit  conduit  Huim  un 
i-ikch'it ,  oti  ti'uU  jours  apr^  ou  lo  trouva  inurt  j 
miolqw-i  l'uiijurt'R  ae.  iirtiii^rcul  i;u  Ctutillc  ,  ut 
Jpnii  I  ccoupciiMi  tnnciiili<{iifiiit'ii(. nt.iis  ({iii  avairut 
suUïc^Be»  joiiiK  cil  Ini  dMiuviniil  In  ronktiiMUKtii. 

Kii  14H3  lu  pntp  i\tA  ravH^ea  In  Portugal 
duiiiia  un  iuuuari]ue  l'iKX'aaiun  do  laaniiWtpr  «on 
uuiiiiir  pour  «*(  »ui(-tx  ,  H  iK>uvriit  U  pipomse* 
joim  |)oiir  Hddiicir  loiir  mi«èrp.  D'un  autre  cfAé 
il  ne  pprdit  point  de  vue  ses  projet»  pour  I*  pr»»^ 
pMl£iIeaoii  i-nyaume,«ttespr(>parati&i)v){itrrTa 
t-'llfiiyùmiit  tcllcnieiit  les  Mnuct'H ,  i|uii  pluticur^ 
(IViitir  i-iix  lui  diniiundèi'cnt  la  puis. 

Vi-i-»  ce  temps  le  e^l^lji'd  Cltriiifo|ifafi  Colatnh  ae 
rendit  en  Portug^tl  pour  ofirir  h  Scaa  *ei  srrvicet 
relativement:  bu  miuvcau  tnondi*  iiu'îl  otp^-uU  ié^ 
fyuvrir.  Mftlgi^  le  pcjiclwul  <juii  le  roi  mantraî^ 
pmir  wttc  tcnJjitiTC ,  il  rdiuTcii»  Ir  linidi  oaviga-* 
ti'ur.  d'opii'»  Ipi  iTm  on  Iran  ces  de  plusifoia  iiiein~ 
bi  t's  de  «ou  ctjuseil .  f  t  Coloiuli  ailu  truuvvr  Ir  roi 
de  CimtiUR  ,  ituijutil  il  lit  agitii-r  xu  profMntîaiii 
A'uuinnt  cc]ii:ndiiiit  (itundrit  le*  di<enuvci-tca  tir» 
Tortii);»»  «n  Afrique  et  n'tionvrtor  U's  tfuta- 
livea  pour  arriver  auK  India  u  rien  lait  (• ,  Jean  fil 

^(luipi'l' une  tl>'IIi',  <' luih'-r  ]>!ii'.larijtiiiCaar< 

Ji  ililcdUviit  !'■  ii.'.iiiKii'  ili-  C.xt-ii,  il  »'ynu^« 
iiiËtnc  deux  ('<'iil'-li'  If  s  |>liis  Iriju.  Kn  i^ti^  Baf 
tiiélnni  DWt,  l:"\>ii\i<-  iittii'jiidc,  ariiva  jui«|u'h 
lotj-Mnité  de  rAt'iitjuc,  tt  tut  tu  gLoiiv  ae  par— 
V(  nii'  juMfu'à  un  vAO  d'une  immriLM'  lîteoditt-.  UmC 
horiililr  tenip4fe  lWt|jCvU  tic  )e  (U.nUrr,  etll 
]'ii|ipi']ale  cafidvn  ToitrnieiUei;  mnn  Jt-nii,  tr*U»i4 
jiujii.'  d^  joie  et  d'eepoir,  vuulut  qu'il  »'aptiicUÎ 
\<-  cap  'le  Bonne- Expénuwe ,  uaiu  «mut  [("^imt!  i|, 
a  loujourii  *W  connu  drpnit.  En  in«^iiw  tnnp*  ii 
[Mv  terre   d'uutica  voywg<?ui»  jvaiu'cMi 


k 


TEAsin. 

Jkbyssinie  ;  et^tom^oars  attèiittf  éÂi  ^nrenienieiit 
intérieur  de  son  royaume  ^  il  rëpnma'  le  luxa  9   j  ~ 
dont  il  craignait  que  l^exc^  toujours  croissant  ae      " 
fSit  dangereux  pour  FEtat* 

Jean  ayant  neçu  dii<pape  uoje  bulle  qu'il  aVàîfc  -y 
eoliicitëe  ,  portant  là  publication  d'une 'cn^»eide  -  ^' 
conti*e  les  Maures,  en  fut  si  charme,  que  dans       ' 
1  excès  de  sa  reconnaissance  il  arrêta  ,  sur  la  dè«"  -  > 
inande  d  Innocent  VIII ,  quQ  les  décret^  du«ain€ 
siège  seraient  désormais  reçus,  en  Portugal  sAos     .^ 
examen  et  sans  contradiction j -Cette  condescend     ' 
dauce  inusitée  fut  loin  d^étre  approuyée  générale-'    ■  ' 
ment.  Dans  le  même  temps  ,  saciTifiaut  endore  la, 
politique  à  la  religion ,  il  fit  passer  à  Ferdbiauîdy  .  ''^  - 
roi  de  Gastille^  de  la  poudre  et-des  canons,  dont  ce 
prince  manquait,  et  qui  lui  étaient  néeieauiireff 
pour  enlever  Grenade  aux  Maures. 

Ses  troupes  en  Afrique  essuyèrent  rers  cette 
époque  un  échec  ;  mais  elles  reprirent  en*- 
suite  leur  ascendant  %ir  les  Maures.  Après  une 
lotion  où  Talaro ,  général  de  ces  peuples ,  arait 
été  battu  et  fait  prisonnier ,  il  adressa  ces  singu- 
lières paroles  à  Coutinho  ,  son  vainqueur  :  «  Jïe 
«  t'enorgi^^lis  point  de  ta  victoire;  Dieu  estchri- 
a  tien  aujoBd'hui ,  demain  il  sera  Maure.  »  Jean 
sut  profiter  de  ces  succès ,  et  récompensa ,  selon  sa 
coutume ,  ceux  qui  soutenaient  la  gloire  de  ses 
armes. 

Tandis  que  l'Europe  admirait  Jean ,  beaucoup 
de  jses  sujets,  prévenus  contre  lui,  se  plaignaient 
de  son  admiulstratiofi  ;  mais  on  a  déjà  vu  qu'il  sui- 
vait ses  plans  avec  constance ,  sans  s'occuper  des 
mécontens.  Une  action  de  son  règne  ftit  surtout 
blâmée,  lorsqu'elle  devait  peut-être  lui  attirer  des 
éloges.  Quand  Ferdinand  appauvrit  l'Espagne  en 
chassant  les  juifs  de  ses  Etats ,  Jean  les  accueillit 
en  Portugal  ;  mais  comme  ils  observèrent  peu  la 
condition  qu'il  leur  avait  imposée  de   se  faire    - 

39* 


^fM  JCAN  11. 

dtrclirMi  W  mnnnuro»  ^ion^l  plu*  fr^ipp» 
qoc  ûnwu*  , 

Dad*  Iv*  d^mékCs  eutra  Clwrlrs  Mil ,  rni  du 
F»'«»«".  et  IVmpt'rfur  Maxiiuiliru  ,  Ji-nn  otfril 
H'nbonl  «k  in^diaticint  ni»»,  ïrrilë  d'»Ill^  in»iiltn 
qur  lc«  iHu-ti»ni);i  do  lu  Kitiuio  avairnl  liulc  dnn* 
IlrH)!,i-it  i>  un  tU'  X-»  uiiibuAsntlmi-»  l' il  M)  ilëoloni 
wiui-  Mnxiiiiilirn.  ik  ([ut  U  lit  piuon'  tU-it  «omnm 
d'ur^rut  (Ml  iklfaindAut  (|it'il  p&l  le  •roiiui-ir  k« 
miniP»  El  U  iikniu. 

Otiflqurs  (IrmAl^  avw  li>  roi  de  CanUlic  ri  «w* 
celui  d'Aii(tWtnTfl  occiipèrml  «i-Hc  i<|itu|ti4>  du 
r^itf  d«  Jpao  ;  nui*  par  tu  iwiuIpiicu  il>  n'«u> 
r«ut  puiiit  tif  suite»  tiiirimsr».  . 

L'un  14%)  uu  roi  iiiV"'  •  cli«w^  île  mm  f«r*i 
vint  à  LJiiiinriitr  iinplorrr  min  «vimrs.  Il  se  ron- 
Ycrlit  Hu  l'UnKlittiiiMur,  «t  ttlTril  di-  ii^rsmb  niaii- 
tnÇ('6  nui  l'çrtnfiaks  daii»  le  l'an  uù  liun  urRH** 
)ui  reuiliuiral  mi  jtuîwnun'.  J<->n  til  i^|ui{irr  tinn 
lloltr  dr  >iiig(  vummahi  Mric  dM  |»i ■' Irr*  ri  dr« 
BolilaU-  Ton»  i,VA)ii-fpnrnti1»  »r  tmiiiufroni  d'nv* 
f,)^'i>n  ti'tt(iii|uc.  J'itTie  Vnwjiiè»  dAt  iifjnn ,  coin- 
niAiiiliiut  de  lu  llullt.' .  t»n  ui^  mi  ]■)  unrv  main  Ui 
Mi  uî^v  ,  auuii  prMvilr  qu'il  at^^vnnlii  le 
frafairt  imia,  selon  IonIh  )ir<tbMliiUflPjMiiir  n— 
vpuir  foiiR  ilHn|;<>r  va  Parbi^L  Ce  )ju  il  f  a  il« 
cFTlain,  c'eut  ({acJi'iiiiie  iT^Lirlui  liuiiircIlÀ  orc»^ 
woii  de  ha  îutitirf  M-tèli^  ;  iiiioiijiir  uuuJ    anit((« 


t{tt«  Murpi'îtt  du  i-etour  (Iff  4l'j\ci>(iua  .  il  f**^^ 

ajoufer  foi  i  m  jtutiliotitiun  .  aoit  uu'eu  emi  il  < 

lie  lu  crât  pu  eouftaUr.  autl  qu'il  filt  cdTnyë 


■le  ,ln  pciint.'e  d'avoir  ïl  |Hinir  tm  critnr  «ncrarl  i 
|>rcFi[iie  tenu  IcN  linioiiies  de  l'utiMnltliiMi  BraiMit^ 
{iarticîpe< 

Jt-uu  eut  entailo  te  dùâr  qu'il  avnil  u)u«  d'un» 
fuis  titao'iffié  de  iwMer  ru  Ab-ïqwe.  Il  proîrtail  '■ 
ite  di5livn*r  luî-wème  un  c-urp«  de  Mt  ti-oiipra  ' 
tlnquL'  diiiiK  uac  ile    t'i-rmiiv  |>jir  uu  (letne  da 


•JEAN  If*  i|St 

Maaritanîe;  mais  une  partie  de  son  CMiseil  le 
supplia  de  ne  pas  exposer  llEtaf^daiis  ïa  per-* 
3oniie.  Ces  remontrances  'n'araîent  prodait  que' 
peu  d  e£fets  sur  son  esprit  ;  le  dëàr  ijat  leê  - 
Maures  témoignèrent  de  faire  la  paix  arec  injL 
fiit  plus  efficace ,  et  Jean  la  conclut  à  des  coor*  ' 
difions  honorables* 

Jean  assembla  les  états  à  ï^yora ,  et  lenr 
communiqua  les  motife  qu'il  arait  eus  pour  faire 
épouser  à  son  Ris ,  rin&nt  «Alphonse  y  la  fille  du 
roi  de  Gastille.  Il  demanda  aussi  et  obtînt  san^ 
difficulté  des  subsides  nécessaires  à  la  célâiratioa 
du  mariage. 

-  U  se  prépara  sons  lés  plus  heureux  aùqpices* 
Le  roi  vint  jusque  EstrÀnoë  M-^-derant  de.  la 
j^ncesse^  qui  fit  ensoif»  à  Ë^A  tÀe  briUbanto- 
entrée.  Le  roi  parut  arec  un  faalnl  à  la  ft*ançaise  - 
enrichi  d^or  et  de  pierreries  5  mais  la  Vue  de  c« 
rétement  étranger  blessa  un  grand  nombre  da 
]^ortugais.  Au  milieu  de  ces  fêtes  lia  peste  obligea 
la  cour  de  quitter  Evora  pour  aller  à  Yiana.  Ce 
fut  le  premier  des  évéaemeus  ttioestes  qui  allaient 
se  succéder  rapidement.  Le  roi ,  après  avoir  bit 
des  eaux  d  une  fontaine  qui  avaient  fait  subite- 
ment mourir  deux  seigneurs  de  sa  cour ,  tomba 
daugereusement  malade.  Cependant ,  lorsqu'il  eut 
recouvré  la  sauté ,  il  ne  voulut  point  foire  de 
recherches    pour    découvrir    les    auteurs    d'un 
crime  trop  bien  démouti*é.  Le  i3  juillet  149T  > 
il  était  à  Santarem  ;  son  fils  Alphonse  refusa  de 
l'accompagner  pour  se  baigner  dans   le  Tage; 
puis ,  craignant  c[ue  ce  refus  ne  mécontentât  son 
père ,  il  courut  ^  ciieval  sur  ses  traces.  Dans  la 
campagne  il  provoque  à  la  course  un  courtisan  , 
qui  d'abord  s  excuse  sur  ce  que  la  nuit  déjà  venue 
ne  permet  pas  de  galopper  sans  risque  :  le  jeune 
prince  insiste  ;  il   faut  lui  obéir  ;  mais  bientôt 
son  clieval  s'abat  sur  lui  et  le  blesse  mortelle^ 


i" 


^Ï1 


^fiï  JEAN  lU 

iiMUtt.  Le  rci,  U  rt'nw.  lu  (.uhc  ïtirimt^  nccM- 
ïtuL,  et  Alpltoimc  ,  à^é  «■Hlmu'nt  de  ilis-^ept 
itnii  I  flpii'C  ciilrtr  leurs  Uras  <laas  la  cnbuno  dW 

La  mort  d'AlpIiotiM.'  l'Xcita  il Vuttint  pliu  ■(•■ 
doitlriir  (  que  tr  loi  u'avmt  pu»  iruutrf  nilniil 
lé^iliiuP>  Li'K  ilivi-rx  ortttitt  rlii  ruvnuuK  ullftiivit 
le  troHvtr  pou»'  Ji'  consolri'i  lui  rai>pclw  fufl 
net  ïujola  i!laii'iit  aussi  »-s  t'utuua,  et  Ir  prier  4c 
■e  coiiwrvrr  iioui  pu». 

Il  nvHÏt  viu  Ifttttvd  uomin«<  Gror^^r» ,  n^  d'Aliae 
de  Mdidocc.  Ituimc  d'une  de»  |>r('iuJi>i-f» fumit W 
de  IWIUHiil.  S'upncpïBHt  «lui'  sa  vue  uiigmnibiit 
lu  douleur  de  (ii  rt'ioe,  if  r<fl<)i)tiin  de  tui  |H?r>     ( 
«oiiiii.'  ;   niiiis  on   no  Inrda  (miiit  A  ii'nprrraTDÎr 
i]u'îl  nvnil  lo  d^sacifi  de  le  iioimii#r  scxji  un-ces—     | 
ttiiriot  l'uiip»  Tut tl'^B-inqtliel1  cri-  lt>  dtiodrBéj& 
IKiM^ott  de»  drciilu  îiicnulfEitabli-s  it  In  i-fluroiuic , 
t't  oti    prCMii'iitiiit  que    IVbit  ^ourniU  LiMm  on 
jour  £tr«  plougé  tlmis  le»  uuilLrut»  d'uor  gnrrrs     > 
civUC' 

Quand  il  fut  rpifitliim  de  t^nirc  lin  funcVitillct 
d'Aljilioiiiie ,  1'"  pj'uplr  ti<uioiunn  tmilp  mi  Joh— 
l»ur  i  Kon  Hiotinrcinc.  Il  d^ploia  1«  mort  pi-^— 
niatuiéo  de  l'Iif^iilifi- du  U'Auc;  m  nia  il  Kt  van— 
iiatire  nussi  quil  Iriiuviiil  nu  due  de  Bi'ja  «W  , 
vKi'tu*  et  dei  droilii  (|ui  ilfvuictil  lut  ii»»nrer  la 
cnarouae.  Cm  dinennr»  nVlnirnt  pu»  propres  h 
■.-nlwer  le  clingriii  du  roi,  i 

La  jeuno  inl'anle  Iwbrlle  retoaniu  en  Cnlilk 
du  l'ouKenlemrtit  de  v»  ptliirr  .  et  itan  *'acctipo  J 
de  tuiiivenu  deit  ttf&iu'ii  publitiue*. 

Tmidi»  (ptc  vvt  itMllieura  dum*Kli(]il*»  épron-   '| 
vnicnt  BB  eoiMlnnce  .  u-h  iirmea  triumpliuieul  en 
Afiii^ue.    Kfrdiiiaiid  «I«    Miiiicif^n  ,  OU  aîné  ilu 
Morijui»  dt!  yiUareal .  el  commnftdant  dr  Ceuln  ,    1 
«'l'iiipnrn  de  Tar^ii  ,  et  mit  le  feu  !i  vînij;[  fait-    ' 
«cuux   maures.  Jcau  upjirit  M'B  «uccfri  hvvl-  joli . 


4 
JI&NÛ. 


et  Itd  donna  publiquement  les  ëloges^  fp^ 
ritait  sa  valeur." 
-  Pendant  quelque  temps  la  cour -se  {Murtagéa 
en  intrigues  plus  ou  moins  secrètes.  Le  foi  mar* 
HÎfestait  de  plus  en  plus  le  désir  de  se  ^donner 
sqn.  fils  Georges  pour  successeur ,  et  le  duc  de 
Bëja  f  soutenu  ouvertement  par  la  reine  9  ML .,  . 
sœur  ,  et  le  roi  de  Castille  ,  agissait  de  manière 
à  veiller  sur  ses  intérêts  sans  se  compromettre., 

Ferdinand  ayant  enfin  assuré  par  la  conqtiéte 
de  Grenade  ses  triomphes  sur  lès  jVIaures  9.  Jean  ^ 
qui    s'était    toujours   comporté    avec  -grandeur    , 
dame   au   sujet  de  cette  guerre,  célébra  ces 
succès  d'un  roi  chrétien  par  des-  réjouissances  ? 
publiques.  Cependant-,  persuadé  que  Ferdûmod 
pourrait  bien  songer  désorinais  a  tourner  6es 
armes  contre  le  Portu^,  il  fit  des  préparatib 
pour  n'être  pas  pris  au  dépourvu  par  un  rival  ai     ^ 
ambitieux. 

Pour  augmenter  sa  cavalerie  i\  défendit  à  qui 
que  ce  fût  de  monter  des  chevaux  ou  mulets  au- 
tres que  ceux  qui  pourraient  être  propres  à  la 
guerre.  Les  prêtres  et  les  moines  se  plaignirent  » 
et  le  roi ,  tournant  la  chose  en  plaisanterie ,  dé- 
clara qu'il  n'avait  pas  entendu  les  soumettre  à 
cette  mesure  ;  mais  en  même  temps  il  défendit 
à  tous  les  maréchaux  de  ferrer  aucun  des  che- 
vaux qui  serviraient  dç  monture  aux  ecclésias- 
tiques. Malgré  leurs  nouvelles  clameurs,  il  veilla 
rigoureusement  à  ce  que  son  ordonnance  fût 
exécutée  ,  et  comme  l'ardeur  d'avoir  des  che^ 
vaux  de  prix  s'empara  des  jeunes  gens,  le  roi 
eut  bientôt  dans  ses  états  tous  les  élémeus  d'une 
excellente  cavalerie. 

Vers  ce  temps  un  navire  portugais ,  reveliant 
d'Afrique   avec  une   caigaison  très  — riche  ,   fut 

5 ris  et  pillé  par  des  piraïi^s  français.  Jean  adressa 
es  remontrances  à  Charles  VllI ,  et  fit  aussitôt 


^ 


4^4  ^^'^^  "• 

ewiliîr  tous  les  vaîs»raux  ri-Anç«î»  mii  se  _ 
vairui  Am*  lei  {mrU  du  Portugal  ,  «lin 
ftro^nrr  (|u'ïl  éUiii  en  étut  ilc  aouli>itir  wn  r^da- 
inatioas  i>ar  U  vote  <(r!i  annr*.  Olui  ijui  psëcnlt 
«.«t  oiilra  fut  ce  Xtucrt  rlm  (utiiui  iiuî  ttevait  hd 
«'illuxtivr  un  loiir  par  sf  s  «Hiefriacs  iitariEiinn. 
4;iiarl»  VIU  rùiiiM'iitit  &  lUinniT  stUlnrlina  a» 
I  Porluf^al  î  il  H(  n^tilucr  le  vainii^ait  li 


t(cla-1 


[inuir 


c^vjircmi^nt  In  l'ximtin»*. 


Apria  avoir  &i»si  M}iil)>im  Dinnni'Dr  dp  .«nu  pa- 
vtllou  ,  Jean  fil  A(iH)wr  mdi-  iloltr  iltml  la  (Irw- 
tinatidii  n'itUtit  juu  r^oullUl■.  {'«^ndatil  ({uVIlr  était 
rncorc  ilaits  le  |K>rt  la  (irclc  f'y  tiiatiirMla.  rl 
phiueurs  Kis;noni'a  i  qui  Jnui  nvait  ordonné  df 
M-  n-ni)r«  |>r«)  ihi  coioinantLant  lui  avant  r»il 
tIfs  l'Tprêiiriitnlîaiu  ,  il  nr  Uinr  lit  «InkItt  ct~ 
yoasr  ijupii  vlS'ctiuiiit  Ini-m^nu!  In  vîiilc  përil- 
riise  ilout  il  voulnit  lc6  il1iar);cr. 

11  i-fçul  de  CiinuQ  tuiv  )tinl)ai(aadc  rlMtl  Irt 
jnitmhrcs  se  lirt'til  nuptiscri  tt  fut  lui-iurair  Ib 
parrain  du  clirf  de  reu<-  It^a^ition ,  namnio  Z>- 
«uUt.  Je»u  ù  Huu  tour  <>utoyH  dt'S  amba$ndeiirs 
DU  Congo  iivvc  àt!»  pnHi'^  •  i(iii  baptiièrDal  le 
i-ui .  la  rcim:  et  te  pins  gniiul  uttnilire  tks  |itt~ 
soiiiii-s  (le  la  cou>'.  Li-r  Portuf^ais  rnsuilc  aidnvnt 
«'L'  monarque  lit'j^rc  à  cumljaltrc  ses  Minrniîs , 
Mit'  lesquctij  ,    [iiii*  leur  nvcuura  ,  il  obliiil  l'a-' 

Ivu  j^ijf  une  ninUtlie  subite  iln  Jean  lit  rv 
iinilie  les  iuqui«-liulirt>  sur  sa  «ictfssio»  h  la  coa- 
roiiiif  :  Jcau  iirnit  inittilraienl  deiuaodv  au  paM 
Li  l(;f{ilîinaliuiii)<-K>n  tilï-iinlurt-Lf^and  il  arAit 
coiilinnô  dans  bi  wb&4*f  *pif  Peixtïititiid  prt>lë)i  " 
le  iliic  lie  IWj»  ,  il  at'.  ra|n>rocha  do  Cliarlpa  V 
qui  tiiiMiitik  cr  iiriocf  um.-  nuiure  ccnello  dai 
l'iiyiiiiiHe  de  Na(itos. 

Apre»  la  in«rt  illnnocriit  VllI  ^Jm» 
Glt'c  ^coubî  plus  l'avurulilvEueitt  dv  soa  «uocftr* 


JEAN  n.  4|£S 

8M|,  qui  dtait  le  trop  foineux  Alexandre  VI ,  'ftt 
cVPontlfe  parut  disposé  à  satisfaire  am  dësirt  au 
sujet  de  la  Lëgitimatiou  de  Georges. 

Cependant  Jean ,  acciiblë  parla  maladie  »  er^ 
rait  dans  diverst^s  villes  de  Portueal  pour  ëchkp>i* 
per  à  Finfluence  de  la  peste,  lorsqu'il  apprit 
qu'un  yent  contraire  avait  jeté  Christophe  Cîo- 
lomh  dans  le  port  de  Lbbonne  ;  il  reyenait*€ou««  . 
vert  de  gloire  de  son  premier  voyage  aunoa^ 
Teau  monde*.  Affligé  4ravoir  autrefois  reJQjtë  ses 
o&es ,  Jean  le  reçut  d'abord  asses  mal  9  sous  pré*-* 
texte  qu'il  avait  navigué  dans  la  pai'tie  de  la  mer 
appartenant  au  Portugal;  mais  ensuite ^ éooutaat 
la  générosité  et  la  justice  9  il  eut  pour  hîi  tous  lai 
^jards  et  la  considératibu. qu'il  méritait*       t.- 

Un  traité  dans  lecjuel  le  vaue  iatervinti  fikà 
les  droits  de  Ferdinand  et  dé  Jean  relatrtemênt 
aux  découvertes  faites  et  à  faire;  mais  à  chaque 
instant  il  se  présentait  entre  les.deux  rois  de  nou« 
Tcaux  sujets  de  dissension^.  .; . 

Jean ,  voyant  que  les  juifs  qu^il  avait  réçuikdaDr 
SCS  états  s'y  multipliaient  extrêmement  y  prit  à 
leur  égard  un  de  ces  partis  que  la  politique  ap-* 
prouve  plus  que  l'équité.  Il  fit  baptiser  une  partie 
de  leurs  enfans ,  et  les  envoya  peupler  l^le  de 
Saint-Thomas,  sur  la  côte  d'Afrique.  £n  «même 
temps  il  songeait  toujours  à  profiter  de  la  dé- 
couverte du  cap  de  Bonne-Eispérance  pour  navi— 
guer  jusqu'aux  Indes.  S'il  eut  vécu  plus  long- 
temps, Vasco  de  Gama,  ipii  ne  fit  cette  entre- 
prise que  sous  son  successeur ,  l'aurait  exécutée 
sous  son  règne  ,  car  c'était  aussi  sur  lui  que 
Jean  aVait  jeté  les  yeux  pour  réaliser  ce  vaste 
projet. 

Jean ,  toujours  languissant ,  ne  perdait  pas  de 
vue  ses  devoirs  ai  ses  ennemis.  Un  ambassadeur 
de  Ferdinand  vint  auprès  de  lui  principalement 
ypur  s'assurer  de  Tétat  de  sa  santé.  Jean  y  qui 


f 

i 


46a  JE.AN  11^ 

mciit.  Le  roi,  la  reine;,  la  jeune  mfanfe  accoa* 
loiit  ,  et  Alphonse  ,  âgé  seulement  de  dix -sept 
ans  ,  cipirc  entre  leurs  bras  dans  la  cabaae  d'un 
jicrluur. 

La  mort  d  Alphonse  eiieita  d^aotant  plus  de 
douleur  ,  que  le  i  oi  iravait  pas  d'autre  enfant 
léj^ilime.  Lis  divers  ordies  du  royaume  allèrent 
le  trouver  pour  le  consoler  ,  lui  rappeler  cpie 
ses  sujets  é'airnt  aussi  ses  enfans^  et  le  prier  de 
se  conserver  ])Oui  eux. 

Il  avait  un  Lâtard  nomme  Georges,  né  d^Anne 
de  IVIt  ndoce  ,  i'emme  d  une  des  premières  familles 
<le  Portugal.  S  apercevant  que  sa  vue  augmeutaii 
la  douleur  de  la  reine,  il  Tëloigna  de  sa  per- 
soime  ;  mais  on  ne  tarda  point  à  saperceToir 
qu'il  avait  le  dessein  de  le  nommer  son  succès-* 
seur,  et  Ton  en  fut  très-inquiet,  car  le  duc  de  Béja 
|>ossëdait  des  droits  incontestables  à  la  couronne  , 
et  on  pressentait  que  Vëtat  pourrait  bien  un 
jour  être  plongé  dans  les  malheurs  d'une  gnerre 
civile. 

Quand  il  fut  question  de  faire  les  funérailles 
d'Alphonse ,  le  peuple  témoigna  toute  sa  dou- 
leur à  son  monarque.  Il  déplora  la  mort  pré— 
matui  éc  de  l'héritier  du  trône  y  mais  il  fit  con- 
naître aussi  qu'il  trouvait  au  duc  de  Bëja  des 
vertus  et  des  droits  qui  devaient  lui  assurer  la 
couronne.  Ces  discours  n'étaient  pas  propres  à 
calmer  le  cbagi'in  du  roi. 

La  jeune  infante  Isabelle  retourna  en  Gastîlle 
du  consentement  de  ce  prinee  ,  et  Jean  s'occupa 
de  nouveau  des  affaires  publiques. 

Tandis  que  ces  malheurs  domestiques  éprou- 
raient  sa  constance  ,  ses  armes  triomphaient  en 
Afrique.  Ferdinand  de  Meneses  ,  fils  aîné  du 
Marquis  de  Yillaréal ,  et  commandant  de  Geuta  , 
s'empara  de  Targa  ,  et  mit  le  feu  à  vingt  vais- 
seaux maures.  Jean  apprit  ses  succès  avec  )oic 


1  jrfAN  n.  463 

I     Et  lui  tloniia  puliLIiitieiiieiit  Lca  éloges  que  ni^- 

'    litnit  sa  yaleiir. 

I,  Fendant  quelque  temps  la  cour  se  partagea 
en  inti'igues  plus  ou  moins  eecrèlca.  Le  loi  lun- 
nifcsEuit  (l«  plus  en  plus  le  d^air  de  se  'donner 
sou  fils  Georges  poui'  MiccL'sseur  ,  et  le  duc  do 
Béja  ,  soutenu  ouverlement  par  la  reine ,  stt 
sceur  ,  et  le  roi  de  CastilJe  ,  agissait  de  manï^rts 
k  veiller  sur  ses  intérêts  sans  se  conipromettre. 

Ferdinaiitl  ayant  enfin  assuré  par  la  conqnËta 
de  Grenade  ses  ti-iompbes  sur  les  Maures  ,  Jeani 
qui  s'était  toujours  comporlé  avec  grandeui* 
d'finie  au  sujet  t!e  cette  guerre  ,  célébra  et» 
succès  d'un  roi  clirétiea  par  des  rëJouissBuceii 
publiques.  Cependant,  persuadé  que  Ferdinand 
pourrait  bien  songer  désornuiis  ?i  tourner  ses 
armes  contre  le  Portugal,  il  fit  des  préparatirs 
pour  n'âtre  pas  pris  au  dépourvu  par  un  rival  si 
ambitieux. 

Pour  augmenter  sa  cavalerie  i\  deTendit  k  qui 
que  ce  Fût  tle  monter  des  clievaux  ou  mulets  mi- 
tres ipie  ceux  qui  pounaieiit  être  propres  h  la 
guerre.  Les  prêtres  et  les  moines  se  plaignirent, 
et  le  roi,  tournant  la  chose  en  plaisanterie ,  dé- 
clara qu'il  n'avait  pas  entendu  les  soumettre  à 
cette  mesure  ;  mais  en  même  temps  il  défendit 
îi  tous  les  niarécbaux  de  feirer  aucun  des  che- 
vaux qui  serviraient  de  monture  aux  ecclésias- 
tiques. Malgré  leurs  nouvelles  clameurs ,  il  veilla 
l'igourcuscuicnt  tt  ce  que  son  ordonnance  fût 
exécutée  ,  et  connne  l'ardeur  d'avoir  des  che- 
vaux de  prix  s'empara  des  jeunes  gens,  le  roi 
eut  birniot  dans  ses  états  tous  les  éicmeus  d'une 
exccUciile  cavalerie. 

Vers  ce  temps  un  navire  portugais ,  revetiant 
d'Afrique   avec  une   cargaison   très  — riche  ,   fut 

S  ris  et  pillé  |>ar  des  pirates  fi  auçais.  Jean  adressa 
(S  renionti'iinces  à  Gharl»  VUÎ  ,  et  fit  aussitôt 


.('^  iVAl9  II. 

»'t^ir  tous  les  Tai»>r»wx  ri-nnçNit  tint  te  Itot- 
v«iM)t  d»ui  11»  pork  du  PiM-titQAl  ,  «ila  ^ 
firou«<-r  qu'il  itéii  tn  état  Je  Mmlniir  nv  rrieb- 
luatiuB»  fv  la  «wi^  it«^  arniiik  Otui  (|ni  fifchu 
t<rt  ui«lra  fnt  et  Vacm  dn  (ùamo  qat  dn^it  tait 
«^llastTfr  un  fonr  par  ws  «iitref  riir*  niariliinaw 
Oxirl»  Vlll  (-oun-ntit  h  diimuT  Ali^nirlioii  *m 
i-ui  lie  l'itrluf^l  ;  il  hl  rrtdilDKr  !•:  TitÎMn»  ** 
juiair  *^«^rcu)cnt  Irst-tinmim. 

A(irès  atuir  hiitu  uHilrini  I  kiiitiK-nr  dr  *•«■  )-'•- 
lillo»  ,  Jrntt  fil  ^tiitx-r  iiur  Uollf  dont  In  4r*> 
liiwtiou  u'fltiil  |int  ruuiiur.  l*ciid«at  i{n'rUc  <iuil 
i-iicitiY  datift  le  {Kilt  U  jpr«lc  «'y  nMiiifnli,  «t 
|iluMeur9  KÔtficun  k  <)ut  Jimi  nvnit  onltiaa^  d« 
M^  rfudre  |irc>  >Ib  coHUDundant  lut  nwtl  r*îl 
tk'ii  iitprciriilnlnini ,  il  nr  Imr  tif  J'«kI^  r^ 
pnnx-  t|uVn  piCttaMit  lai-m^inr  U  Tnk  fôil- 
ri)»p  *l>iut  il  vouluil  W  (tmrjîrr. 

Il  rfçul  de  Cun^u  tmc  .uiiUimdc  Jonl  Ir* 
nu-tiUirt:*  «;  lin'iil  luip!  !.i--i«r  le 

]nrrftii)  dn  clirf  Ai-  <■  <■-  Z«- 

«■nU.  Jeu)  à  wuii  tour  '  -iiUvra 

au   Cocigii   aire  d»   yi  -.  ,    ^       ^  ..."  niât  la 

rai .  U  rriDc  cl  le  [4iu  ((i-iiud  uuiitlu  u  tic*  |rr- 
•nunra  di;  U  «iiii-.  Lr»  i'artu[;ui>  cnuiitr  itidÀwtt 
vc  nioiiariiiK  n^rr  h  rinub«tlrf  tie*  omrnïs , 
Mir   Iruiiirla  ,    par  leur  »ccowa  ,   il  obtini  la- 

£u  i.fiji  uiu?  nialiulio  «ubitc  dr  J«an  (M  ir~ 
vBiUr  Ir*  int[uîr(udt«  mr  ïJ>  »imi>wit>n  kk  C«0- 
rviiai  -  Ji'Hu  HViiit  innlilttunl  (k'iniioilr  ■«  fVfW 
il  ltf}^lii»Btiui)  dr  MJii  ItU  iiiilnn-l.  l^hiKutl  il  m-  M 
cintliriiir  dan* lu  iH-n>C«  ijiir  l-rnlintnnd  proliférait 
tr  Aw  .{,-  U,i|.  ,  a  H'  |-a,<).<oi^M  lie  r)..u-lt-i  YIU^ 
qui  latMit  à  cr  (irtdc«  luie  KUeirt' crurllr 
ru>uiuuc  d»  K«|i|h. 

Aprt-»  U  mort  d  Innflrrni  Vlll .  Jran  MpAail 
£tri:  ccQUtc  plu>  iWfurablt'tUL'nt  de  « 


XEAN  n<  4|SS  . 

t,  qui  dtait  le  trop  fi^meux  AleuoMlre  VI , fk  - 

^  ontife  parut  dispose  à  satisfaire  ^m  dëftirt  «n 
sujet  de  la  légitimation  de  Georges. 

Cependant  Jean  ,  acciiblë  par  la  maladie  ,  er<-  ^^ 
rait  dans  diverses  villes  de  Portugal  poiir  édiapN* 
per  à  Finfluence  de  la  peste,  lorsqu'il  apprit 
qu'un  vent  contraire  avait  jeté  Christophe  Co- 
lonib  dans  le  port  de  Lisbonne  *y  il  revenait^XHm-^  . 
vert  de  gloire  de  soa  premier  voyage  auiioor* 
Teau  monde.  Affligé  i^voir  autrefois  rejeijtë  ses 
offires ,  Jean  le  reçut  d'abord  asses  mal ,  sous  prë*^ 
texte  qu'il  avait  navigué  dans  la  pai*tie  de  la  mer 
appartenant  au  Portugal;  mais  ensuite ^ éooutaiit 
la  générosité  et  la  justice»  il  eut  pour  hu  tons  les. 
^jards  et  la  considérattou. qu'il  méritait*       t> 

Un  traité  dans  lequel  le  POpe  interrint»  Stà 
les  droits  de  Ferdinand  et  dé  Jean  relatiretnênt 
aux  découvertes  faites  et  à  faire  ;  mais  à  dmque 
instant  il  se  présentait  entre  le&deux  rois  de  nou« 
Tcaux  sujets  de  dissension^,  ...'•"- 

Jean\  voyant  que  les  juifs  qu^il  atait  reçuStdans' 
ses  états  s'y  multipliaient  extrêmement ,  prit  à 
leur  égard  un  de  ces  partis  que  la  politique  ap-? 
prouve  plus  que  l'équité.  11  fit  baptiser  une  partie 
de  leui's  eufans ,  et  les  envoya  peupler  l^e  de 
Saint-Thomas,  sur  la  côte  d'Âfiriquè.  £n-*méine 
temps  il  songeait  toujours  à  pi*ofiter  de  la  dé- 
couverte du  cap  de  Bonne-I^pérance  pour  navi- 
guer jusqu'aux  Indes.  SHl  eut  vécu  plus  long- 
#?mps,  Vasco  de  Gama ,  qui  ne  fit  cette  entre- 
prise que  sous  sou  successeur  9  l'aurait  exécutée 
sous  son  règne  ,  car  c'était  aussi  sur  lui  que 
Jean  aVtiit  jeté  les  yeux  pour  réaliser  ce  vaste 
projet. 

Jean ,  toujours  languissant ,  ne  perdait  pas  de 
vue  ses  devoirs  ni  ses  ennemis.  Un  ambassadeur 
de  Ferdinand  vint  auprès  de  lui  principalement 
ypur  s'assurer  de  Tétat  de  sa  santé.  Jean>  qui 


466  JKAN  II. 

u'I^iiornit  pas  cp  motif,  dit  }\  cet  cnvoyc,  noilÉ|ë 
Alplioiisr  S^lvins  :  «  Don  Alphonse,  ce  bras  est 
«  nu orrnu'tal  (I(*  lîvnTdruximtuillos..*.  »  Pub, 
upivs  un  nicnirnf  do  sik^niT  ,  il  ajouta  :  «  aux 
«  Maures.  »  l/anihassadour  n'eut  ])as  de  pciue 
h  \v.  coniprrndir. 

0'|i('U(lant ,  i\v  plus  en  ]>his  tourmente  par  la 
maladie  ,  J(  an  résolut  de  faire  sou  testament. 
On  assure  que ,  dietant  cet  acte  ■^  Antoine  Fa- 
ria  ,  en  picscMiee  de  son  confesseur  ,  il  vou- 
lait nommer  Oeorges  son  successeur  n  nuu's  c|ue 
Faria  lui  représenta  rinjuKtic(>  (pril  allait  faire 
au  duc  de  r}éja  et  les  inalli(*urs  qu^il  préi^arait 
au  Torturai.  Le  confesseur ,  appelé  Jean  de 
l'ovoa ,  soutint  la'  même  opinion  ,  et  Jean 
laissa  enfin  ,  (|uoi(jue  h  regret ,  le  trône  au  duc  > 
qui  lui  succéda  en  cflet,et  rëgna glorieusement 
BOUS  le  nom  d  Km  manuel  IL 

Un  médecin  juif  déclara  que  les  bains  cbauds 
conK(>i]lés  an  roi  par   ses   médecins  lui  seraient 
l'ohestes  ;  nmis  on  ne  fit  nul  attention  ^  sa  pré- 
diction, et  Jean  eut  en  effet  d/^uu  ce  moment 
I'us(|ui\  sa  nu>rt  un  engourdissemeut  dans  tous 
es    membres.    Voulant  déclarer  de   vive    voix 
Emmanuel  son  successeur  9  il  Tenvoya  chercber 
ù  trois  r(*])i'ises;  nuiis  le  duc,  craignant  tout  de 
lui  et  Toulant  se  tenir  dans  le  voisinage  de  Lis- 
bonne  i^  tout  événement ,   se  bâta  peu  d^iller 
trouver  \c  monarque  à  Alvor.  Un  instant  il  le 
crut  nu)rt;    mais  ce  n'était  qu'un  évanouisse' 
ment.  Le  peuple  se  livra  l^  la  joie  de   ce  que 
la  santé  de  son  roi  stmiblait  devenir  meilleure, 
c:t  Jean,   sensible  h  son  atleotion ,  Tonlift  quW 
laissât  ouv(*rtes  les  ])orlcs  du  palais.  Mais  cet  état 
i\v   dura  ])as  ;   ré>cquc  de  Tanges    et  Jacques 
Alnieida   s'approclièrent  du  roi  eu  pleurant,  et 
lui   déclarèrent  que    sa    mort  était  pi*ocliaine« 
Jean  loua  leur  lidélilé  >  les  remercia ',  et  ne  s* 


1 


JEAN  n.  457.  : 

cmpa  plus  que  de  mourir  .en  chrétien.  Par  na 

codicile  il    reconnut,  de    nouyeau.  Emmanuel 

poHr  son  successeur  ,  et  lui  recommanda  sqa 

fils  Georges  :    il  lui  envoya  cet   ëcritf  Parmi 

les  actes  de  religion  qu'il  fit ,  les  histoiâens  eu 

rapportent  im  qui  peint  bien  les  idées  de  son 

siècle  :  il  ayoua  par  écrit;  et  pour  expier  ses 

péchés  ,  qull  avait  un  talent  particulier  pour 

se  concilier  laflection  des  femmes.  On  le  trai^ 

taLÎt  d'altesse   (  car  les  rois  ne  portaient  point 

encore  le  titre  de  majesté^  :  il  réclama  contre 

ces    expressions  ,    inventées  ,  disait- il ,  par.  la  ' 

vanité  et  Forgueil  dés  hommes  :  «  Je  ne  sttij»^ 

«  dit-il ,  en  ce  moment  quW  mortel ,  et  rifla  de 

«  plus.  »  Quand  il  eut  communié  de  nouTeml 

et  reçu  Textréme-onction  ^  il  dit  à  haute  roix  t 

m  Mon  Dieu  ,  qui  efiacez  les  péchés  du  monde., 

«  ayez  pitié  de  moi  !   »  Un  instant  après  il  e^«* 

5 ira,  le  25  octobre  1495,  âg^  de  quarante  ans  et 
emi. 

On  ne  peut  dissimuler  ici  le  soupçon  d'efm-* 
poisonnement ,  et  Ton  doit  remarmier  que  de- 
puis le  temps  où  Jean  but  de  leau  de  cette 
fontaine  dont  on  a  parlé  il  eut  toujours  une 
santé  languissante.  Quoi  qu'il  en  soit ,  il  avait  été 
craint  pendant  sa  vie;  il  fut  très-regretté  après 
sa  mort.  Son  corps  fut  d'abord  tnmspofté  à 
Sylvis ,  et  dans  la  suite  à  une  abbaye  câèbre , 
connue  sous  le  nom  de  la  Bataille»  Don  Georges ^ 
son  fils  naturel ,  qui  n'avait  alors  que  quatorze 
ans ,  se  rendit  auprès  du  nouveau  roi ,  qui  lui  fit 
dans  la  suite  épouser  une  des  premières  dames 
de  la  cour. 

Quelques  traits  achèveront  de  faire  connaître 
le  caractère  de  Jean  II. 

Quoiqu^il  s'appliquât  de  faire  rendre  la  justice 
avec  exactitude  et  même  avec  sévérité  ,  il  lui 
arriva  quelquefois  d'user  d'une  extrémiQ  indul*- 


4^.H  ,n:AN  11. 

i;iiior.  1*110  frnniic  viiif  iiii  jour  lui  «loinamW 
la  L;'àor  (!r  son  nniri ,  condainnc  à  mort:  il  lui 
ir))oiHiil  (|iiVllr  lui  (Iniiandiiil  mu»  diosr  dr- 
laisdiiiiiiMr  ,  (|no  nt  hoiinnc  i*(ail  rrîmiiirl .  rt 
(|iril  lie  ]>n*(i(ri:ii(  du  pardon  (|nr  ]>oiir  roni- 
mctlic  dr  nouveaux  niiuos;  ri  rcMXMuIant  il 
ajouta  :  «  N  <»us  «'l(s  alllit;c'r  ;  all(v. ,  |<'  ]ui  pui- 
(loiiuc.    » 

lVr<lininid  dr  Sylvcii  a  ,  PaYant  în(li<;iinnrnf 
Irailc  liaiis  des  Irlin'S  ,  ])assa  ru  Cas(i(!e  pour 
r\il(M'  son  irssrniiincnf.  ].ois(|Uf»  Jran  annril 
la  nouxllf  i\('  sa  Tuile  il  dil  :  «  S\l>rini  sna 
*   «sliuir  parlohf:  il  a  d\vNr(-{lruf<*s  (|uali{(>s.  9 

On  a  drjà  \u  «ju'il  ainiaif  le  i'ourai;r.  Juiui  dr 
Sohia  ayaul  fu<*  un  laurcan  d'un  simiI  roup  •  l« 
roi  Tm  louail  «  n  ]U'rsrncr  du  conifr  de  Riirha  :  te 
d«iiu(  r  alirihua  <*<'ltr  aoïion  à  uu  Ih'Uitux  lia- 
said.  «  (lola  ])(miI  «'lie, dil  Jean  ,  mais  ces  hasards 
1=  n'a rri>  fut  <ju  à  Sou/a.  «  l.ui-Tiirmo  uu  jour 
iîl'.nmla  un  lame  au  lui icu\,  tandis  c|m»  cfiaïuii 
i,  N  :iit    é|)!iU\aii(('. 

Ni'sjjuic/  Jl<nii(|U(7.  de  I\Irîo,  f^ouvonirur  ilr 
<.<)^t^n  id(<o  ,  niourui  laissant  ilvs  viii'mis  cii.i 
M  i>ai<  ni  1  l'.lal  a>r«*  (iisliuclion.  Qurl(|u\ni  dr- 
nianja  \v  t;ouv<  riscuicnl  an  loi  :  «  Tout  vv  nuiî 
«  jr  I»,  u\  laiic  pour  vous  ,  rcpondit-il  ,  cVsl 
«  (i«'  rarhci-  (juc  aous  ni'ayr/.  ose  druuuulcr  uu 
u    \,'n\i  (|i:i  appai  licnl  aux  <Md'ans  dr  Mclo.  » 

Il  oisail  souvent  ou  il  aimait  miruic  rousmcr 
\a  \i('  d  un  de  ses  sujets  (jue  de  f'air«»  luhir  mille 
iinu mis.  Il  sVlait  e<nnpos(<  unv  devise»  oîi  Tou 
>o\ail  un  p.eliean,  (|ui  se  iiw  pour  ses  prlits^avrc 
ers  mois  :  »<  J\)ur  la  loi  et  pour  le  troiipoaii.  » 

(•lave  et  s('i  ieux  en  publie,  il  aiuuiil.  (Mi  jku'- 
ti(iiliei'  les  mots  plaisans ,  e^  en  disait.  (|uelf|urrois 
lui-même  d'assez.  a^real)l(\s.  Vas(pu'2  Cotîidio 
av.^il  le  ^lelaut  de  parler  tiop  liant  ou  trop  l>as: 
«   Comte,  lui  dil  uu  jour  Jcau  II,  <|uaua  vous 


«  anjour^uû  sur  le  cotjûs  ?  »  . 

Tous  ÉHlShiiices  de  l^urôpe  avaient  pour  lui 


JEAN  IL  4S9 

•e  parles  bas  pei^sonne  ne  yons  entend  j|  quand 
«c  Yoms  parlez  haut  on  n^éntend  personne.  »  Un 
de  ses  courtisans  vendait  ses  terres  pour  briller 
dans  ses  habillemisns  ;  un  jour/  qu'il  s'apprctcbait 
du  roi  revêtu  d'un  très-beau  pourpoint ,  Jban  lui 
cl\t  en  riant  :  «  Combien  de  fermes  aves^oiis 

une  gran^restime.  La  reine  d'Espagne  avant  en- 
tendu mal  parler  de  ce  pnnce>  dit  aussitôt  :  «  ^ 
«c  voujdrai^  que  mon  fils  lui  resseniblAt.  »  Quand 
elle  apprit  qu'il  avait  cessé  de  vivre  elle .  s^é* 
cria  emphatiquement  :  «  L'homme  est  mort  l  » 
Charles  VIII  disait  qu'avec  l'alliance  et  raraitië 
de  Jean  II  il  au^it  pu  hunnlier  toute  jL]!Elirope» 
Le  roi  d'Angleterre  Henri  VII  demanda'  on 
jour  à  un  Anglais  qui  revenait  de  Portngal  ce 
qu'il  y  avait  vu  de  plus  rare*  -«  C'est,  répondit 
a  celui-ci ,  un  roi  qui  commande  h  tous  et-  à 
»  qui  personne  ne  commande*  » 

Ce  qui  a  été  dit  4e  Jean  H  9  et  les  princi*^ 
pales  actions  de  sa  vie ,  ne  proiwent  pas  qu'il  ait 
en  tdlitos  les  circonstances  mérité  le  beafl  nom 
de  Parfait  qu'on  lui  a  donnée  mais  il^nt  du 
moins  un  des  souverains  qui  possédèrent  le  plus 
de  ces  qualités  qui  honorent  également  le  mo«* 
i^arque  et  le  simple  particulier. 


47U  LOUIS  XII. 


V%/%*«^%^«««^  ^^»^^^%^%^%0/%%.%>%»V%.^%^<%%<»»l^^r»^.V»^^%»» 


LOUIS  XII, 


ROI  DE  FRANCE, 
SUHNOMMÉ  LE  JUSTE  ET  LK  PÈRE  DU  PEUPLE. 


mm 


J  jOi;i8  XII  nixpiif.  h  BIoîa,  on  X462  ;  (\U  unique 
«le  < jliiirifs ,  duc  (l'<  )f  Irnjis ,  ri.  tU*  Mnrif*  de*  CIrvrM, 
il  (i('.s4'<>iuliii^  \mv  I^oiiÎH  ri'OrIcaiis»  8on*airiil  ,  de 
(Charles  V,  roi  de  Franco. 

J^oiiis  sortail  h  peine  du  horcciiu  InrAqi^il  perdit 
son  pcrc;  In  dnchcsso  Ha  nicro ,  priiicosKO  d'uno 
haute  vci'hu  apnorla  tous  8fK  HoînK  ù  ce  qu^'l  roçût 
une  (iducalion  di^no  d'un  prince.  Son  eitrciiio  vi« 
vacilé  l'cnipcclia  d'approlondir  anrniie  8cirnce  , 
mais  mUrs  cHIcm  a  lonlcH  avec  succès.  Lu  foiif^iie 
des  passions ,  (pralinicntaient  encoif!  doB  tïociétes 
JiiM'iicicuses,  entiaîna  sa  jenn<\s8e  dans  do  {^lendg 
é^areinrns.  On  j  apporte  qu(*  ses  vices  fnrout  on 
|)^-ti<*  Touvra^e  de  Louis  \1 ,  (jui ,  jaloux  dos  hril- 
iantes  (|ualit(*s  dv  eo  princ(* ,  et  voyant  on  lui  un 
jival  redoutable  pour  (lliarlcs,  son  (ils, avait  m*— 
4'rèten)enl  emploie  lous  Ifs  nioveuH  de  corruni— 
yit*  .ses  principes;  mais  le  du(*  d'Orlifans,  an  mi— 
li(  u  niêincr  i\vn  excès  honteux  au\(|nols  il  se  livra  , 
Il  imposa  jamais  siicncc;  à  la  voix  du  roinords,  et 
i'rlte  \oi\  sacrée  le  ramena  J)ieniot  h  la  vertu. 

il  ayait  à  ^in(>  seize  an.s  lorsqu'il  épousa 
Jcamie  d(*  Fia^W*,  fille  de  Louis  XJ.  dette  piiu— 
i:c.sM',  diblin^m'e  par  ï>a  vertu  ,  dtnilconticiuitc  et 


ne  possédait  aucun  charme  daiÉvt.  l'esprit»  Le  dnc 
d'Orléans  ayait  pour  elle  une  rëpugnanoe  inyîn-^ 
cible  ',  oblisé  de  contracter  cet  hymen  sous  peine 
de  perdre  la  liberté  et  peut-êti^e  môme  la  vie ,  il 
protesta  eu  seci^etde  la  violence  qui  lui  était  laite* 
La  mort  de  Louis  XI  appela  siu^  le  trône  Char- 
les Vin,  son  fils,  prince  faible  de  corps  et  d'es- 
prit^ le  feu  roi  avait  laissé  par  son  testament  le 
-gouvernement  de  l'Etat  à  sa  fille  aîaëe ,  Anne  de 
France  ,  femme  du  duc  de  Bourbon  de  Beaujea» 
Cette  espèce  de  tutelle  appartenait  de  droit  an 
duc  d'Oiiëans ,  en  sa  qualité  de  premier  prince  du 
sang  ;  mais  les  états  généraux ,  assembles  à  Tours 
pour  counaitre  de  la  discussion  élevée  à  cet  .égard 
entre  ce  prince  et  la  dame^de  Beaujeu,  maintin-  ' 
rent  le  testament  de  Louis  XI-  Alors  s'alluma  la 
çierfe  civile.  François  II,  duc  de  Bretagne ,  sou- 
tint le  parti  du  duc  d^Qrléans.  Ge  dernier,  battu 
et  fait  prisonnier  par  Louis  de  la  Trémouille) 
dans  le  com)>at  livré  près  de  Saint-Aubin,  en 
Bretagne,  le  28  Juillet  1488,  fut  d'aborâ  enfer- 
mé à  Lusîgnaii ,  puis  conduit  à  la  tour  de  Bour- 
ges, où  il  demeura  jusqu'en  1491.  Charles  VIII 
{u-it  à  cette  époque  les  rênes  du  gouvernement,  e|- 
e    premier  acte  émané  de  sa  puissance  fut  de 
rendre  la  liberté  au  duc  d'Orléans  5  les  prières  et 
les  larmes  de  la  princesse  Jeanne  eiu'ent  beau— 
eoup  d(^  part  à  cette  détermination  de  Char- 
les VllI  en  faveur  de  son  beau-frère.  • 

Réconcilié  avec  son  roi ,  le  duc  d'Orléans  lui 
sacrifia  son  amour  pour  Anne  de  Bretagne ,  à  la- 
quelle il  avait  su  plaire;  cette  princesse,  une  des 
plus  belles  pei*sonnes  de  son  temps,  devint  l'é- 
pouse de  Charles  VIII.  Aimé  du  roi  et  de  la 
reine ,  Louis  obtint  bientôt  le  plus  grand  crédit  à 
la  cour.  Le  jeune  monarque  l'emmena  avec  lui 
en  Italie ,  où  il  se  rendait  pour  faire  la  conquête 
de  Naples.  Louis,  devemji  le  conseil  et  l'appui  de 


rictaiin 

ilUiM>)l 

■  mùa-   1 


47a  LOUIS  xn. 

M>n  ifii ,  loi  fut  d'un  s,nni  Moonn  dsns  ecUci 

|i^ilion  •  <>&  il  »v  couvrît  tic  i^oirv  [kut  la  vicfai 
UBvnlp  (ju'il  i-niiporla  sur  t«   flollir    HBjKilîUHMt ) 

À  son  i-etour  (l'Ibili<!  le  d«c  d'Orleaus  *t  iuh»- 
tiut  enctire  béâ^<  tùii^Ifiu|M  tLui>  li 
roi  ;  mù*  l'uiûiui  dv  cpï  pi-înoi'*  ii'^it  tuc  qv  aire 
Wii  vioJt-nl  di pil  pnr  les liTaus de  bi  inaÎKtn  dX)r< 
léon»;  iU  pnniiitrcjit  i.  rtnopjii-  de  »ou)>;v<u  I* 
copur  d«  C&arles.  11  était  brife  &  Luuû  ilv  «c  ']w- 
UTter  :  le  l'oi  recuiuiut  son  îniiwcrncr!,  suiw  ptwr— 
tant  lui  rendtr  sou  nnulic.  ABligv  d'nuc  disfti^t- 
qii  il  ne  miTÎbiit  point  >  Loui*  &«  retira  à  Qui*  , 
ville  de  son  apuuaui^ 

Le  7  uvi'il  T49H  Charin*  uinurnt  prrsqw  enlM-> 
leiueut  «l'un  coup  qu'il  »r  donna  à  la  lAle  en  « 
brurtiiut  cuutiT  uncporle-  Le  doc  d'Orlêind  br— 
ritier  pr^mptîf  de  Charles .  venta  dn  linnea 
sinrères  6ur  le  eruel  év^neiuvut  qui  (.-ondvÎMÙt  «a 
piiiiu!  uu  t«inbt«uit  ik  la  fleur  de  su»  if,e;  apri^ 
tes  preltaitir^  monipos  consacra  it  la  d(Hilear>>. 
Louis  se  rendit  h  Ainhoîso  pourcuiisulcr  la  tviiir«  , 
et  pour  ordmuier  les  abHÈ([ues  du  fvu  roî,  qu'il 
pava  de  suu  propiv  tr&or. 

Sacié  !t  Keiius  k  27  nini  14^  ,   Lmus  recul,  t 
In    cftnronne    îk  Saiut-Deuis  le   pjttniler  jttilwt 
suivant,  et  lit  le  leudeuiaîii  son  entr^  tolvRiielle 
A  Paris  ;  il  otait  alors  datu  la  Iientt'-ncptt^aie  an- 
née de  son  &^i: 

Il  acquitta  de  sa  cassette  les  dépenses  ée  toulca 
ces  augustes  c^réuiomes}  ou  ue  leva  aucun  ïtu|iJfÇ_ 
sur  les  peuples  pour  subvaiir  nus  frais  de  m^J 
ffttee.  ni  pour  le  |oyeusavtnvmcnt  il  lacouronu^l 
ainsi  qu'il  <!tait  d'usage,  ce  qui  donna  une  idée  b«o^ 
rabledeson  gouvernemeut,  et  lit  iMuucoup  ditua> 
neur  à  Georges  d'Auiboiic, qu'il  uvuit  namiraî  sm 
premier  miuistii;,  tt  pur  les  coniciU  duquel  il  te 
uouduisuit. 


:y 


meus  de  s<  r  *  Qoelque^^as  <le  ses  CaTOiii 
iroulau&t  exekter  son  reâsentiméot  ccur^rc.  les  per-^ 
tonnes  dont  il  avait  eu  à  se  plàipidt*e  5  et  ènparli^^ 
«idier  contre'  Louis  de  ia  TrëmouîUe^  qui  rarrait 
Ait  prisonnier  à  Saiut-Âid)ki,  il  r^ondii  :  «  L» 
«  roi  de  Franee  n'esf  point  charge  db  venger  le» 
m  ûijures  faites  au  duc  d'Orléans.  »  '  « 

Les  duchës  de  Bourbonnais,  d'A«iT<#gBe  9  et  1** 
comté  de  Chaumont ,  possédés  alors  mr  la  BÉal-? 
woa  de  Beaujeu  ,  devaient  revenir  à  ta  oourodiit 
"h  dé^ut  d'héritiers  mâles;  le  roi  9  renonçant  auk 
•traités  passés  antérieurement  9  consentit  a  ce  ffai$' 
la  dame  de  Beaujeu,  qui»nWait  qu'une  filie,  lu 
mariât  à  Bourbon  de  Montpeosier ,  et  qn'elk  Ja 
■dotât  de  ces  domaines/  / 

Louis  XII  tenait  une  li^e  de  ^tiit  cpi  l'aFaSent  ' 
offensé,  dans  la  seule  vue  de  leur  pardonnier  :  «  Jé^ 
•c  sus-Cbrîst,  disait-il,  est  aussi  bien  mort  pour 
ft  eux  que  pour  moi.  *      .  . 

Son  v€eu  le  plus  cher  était  de  voir  régner  dani^ 
rétat  l'abondance,' {la  paix,  et  le  bonheur;*  Da 
«c  bon  pasteur ,  disait-il ,  ne  sitH'ait  trop  engrais^ 
«  ser  son  troupeau.  »  Il  diminua  les  tailles,  ré^ 
forma  Les  abus  qui  s'étaient  slissés  dans  l'admi- 
nistration de  la  justice ,  établit  un  parlement  à 
Rouen  et  à  Aix,  fit  une  réforme  dans  les  mon- 
naies ,  dont  il  fixa  le  prix  et  le  poids ,  d^kAièi« 
à  ce  que  personne  ne  perdit  plus  sur  leiHHieur« 

Sa  sollicitude  s'éteridant  sur  tout,  il  rSBut  une 
ordoniance  pour  réprimer  les  excès  oîi  se  por- 
tait quelquefois  l'Université'.  Ce  corps  osa  ar- 
mer la  chaire  contre  le  trône;  des  prédicateurs 
«xcitèrent  des  fidèles  à  la  désobéissance.  «  Ils  m'ont 
•c  insulté  dans  leurs  prédications  ,  dit  le  roi  en  se 
ce  frappant  la  poitrinede  sa  main  ,  mais  je  saurai 
«  bien  les  envoyé  r  prêcher  ailleurs.  » 

Tome  IL  40 


s»  Irvweté  éUmSt  li  ni'ili Uni  m  iiiiiiii: 

Celle  va-tr  1499  lui  •-tïmrr  rrnwrqnaUp  jtr 
1»  cbnlt  il»  ]>»til  Ni  ul,  it|ifiTl«  £»n^  la  Mie  Ir 
■mal  ^ut■l.— DUiiK-.  CH  •ixiil'.til  ruvinil  m)  fui 
l'tKTanaH  de  ilomia-r  «  Whi  |v-ti[ilf  unr  firr«n«ilr 
■■  pri'ênuiK^'.  U  pus  Or  ucam-ll)-  U-  l^Ulilw>r- 
III411I  ilr  (T  puitl,  ^ui .  ilitli(Htl(.'»ii*tmîi  svIhks 
Alt  iri.ilî  an  |M*[Ti-b 

Li'Utu  t'iii-ciipa  Iiiiitlùl  «If  r^UlJîr  la  iinri|ilÎBr 
inUil«iiv,i'n|)ar(H'  dctiuitr  swusli'  dmiirr  t(t;n-i 
il  rrpriiiia  l<-*  t  Mlriu-n  cl  U-  pillat;r'  drs  f/nm  de 
^ut'i  f €  >  mil  1rs  «ilovt'iu  ù  I  aini  iV  louie  b«MU»i 
et  l'uiiuu  U  ];<-iKUn>icrie. 

An  luilii-ii  dit  «^  sont»  il  n'oublia  pa»  «m  Jr— 
Tiiirs  riivcrs  le*  cwirs  Ht-nM(ièi»-j..  ri  Iriu-  n>*»n 
dis  uiMl>^t»ai)i*ui*  ytAiY  W  lUlunitTr  ilr  hw  ««*>■ 
itpuicnl  Â  la  ruuiount'. 

AiiDc!  tlu  Iti-i  Ui;iw ,  TniVf  dp  Ouu-ln  VIIK 
n'avuil  |ift»(-r»-<<^  (Iniiiirr  L>iui*,  iiui  Oe  «mi  t-vic 
liii«ï«ilcoi»civcsn  l.i><It«^*-r:  l'aïuour,  1*U.W.« 
el  la  pulilique  (oiiiiiijin<l.ii'  ni  t-pil^iuriU  I1i>nim 
4)11  r<ii  »*vc  i^UaAiinctNH'.  duut  U  reiiniuiidr» 
^lals  ik  laFraiii.'Vjcidil  li  tv-ilt^if aJtU:.  L4Mii«  tpi^t 
If  paye  Alpsaiidie  A  J  ■  ri  »l>liul  dr  tut  i]ii1l  |i«ii- 
uuu^ùlioii  dîiioive  a*rc  Ji-jivim'.  CWtf  |iiiiKx«F 
•iiuliiil  u»1)Imi»'u(  Miu  liuiiitlialion,  rt  ir  imaiBcn 
h  l^JMU  '<'  ''<^>  l'd  tttxiiiilniuia  la  ifutÏMancp  do 
ri  ,  nini^i  'jtiv  «llr  ilc  pliialiAin 
'S.  «t  lu  U  UM  B«rc  lotu  In  q0nl> 
(lii!)  )i  non  i-aiig  et  il  suu  ninriu-*  Liboc  ^k^  itxM 
qu'il  avuit  rontiaclëa  nvrv  iBBldi*  ri*^ii|tiMiuw  ,  U 
«|:ousn  Aune  (Iv  BiY-Isunr .  Iv  t8  jiKi«ii«  i^l- 
Ix'  pope,  !t  l'occasion  ai-  m  iiiMi'iagp.  mi'uitU  u 
clia)  eiiu  de  cantînal  ti  Gcuntr^d'Aïufioike. 

Luiscjuc  )(■  uii  eut  cuiimm:!  «)  un  iiinU  nui  féM' 
et  au  lionbeur  de  e»a  byioru,  il  «on^ca  it  (aire  U 


iiiti^HEiiit 


à 


Lowsxn.  éffi 

"^miquéte  du  duché  de  Milan ,  auquel  3  a^it  des 
droits  incontestables  9  et  contracta^tine  uUianra 
ayec  les  rois  d'Angleterre  et  d Espagne»  et  ayec 
Fardiiduc  Philippe,  souycrain  des  Jrajs  Bas)  il 
dispensa  ce  dernier  de  Tenir  à  la  cour  de  Fraxice 
lui  faire  hommage  poiir  les  comtés  d'Artois ,  de 
Flandre  et  de  GUarolais^  il  se  contenta  d'eiiivoyer 
son  chancelier  à  Arras  receyoir.  cet  hôinmage.  - 
L'alliance  conclue  par  le  roi  ayéo  Temperenr 


dier  sur  le  Milanais. 

Ludoyic,  duc  de  Milan,  dont  tous  les  efforts 
n'ayaient  attiré  dans  son  parti  qu^e  roi' de  Na'<*  ,. 
pies,  ef&ayé  de  Torage  qui  auait fondre  sur  sa 
tête ,  fit  proposer  à  Louis  de  lui  abandoimer  le 
duché  de  Gcnes  et  de  lui  donner  en  oùtkre  quel** 
qnes  dédommagemens  pour  le  reste  des  états  qu'il 
réclamait  ;  le  roi  répondit  :  «c  Je  yeux  tout  ou , 
«  rien*  » 

LWmée  du  roi  traversa  les  Alpes  sur  la  fin  du 
mois  de. juillet  de  Tan  i49Q!^et  s'empara  en  vingt 
it)ur$  des  états  de  Milan  enSe  Géiics,  tandis  que 
les  Vénitiens  occupèrent  le  Crémonais. 

Informé  de  ces  lieureuses  nouyelles ,  il  se  rendit 
h  Milan  ;  il  y  fit  son  enti^ie  solennelle  dans  le  cos- 
tume de  duc  de  Milan,  le  6  octobre  1409* 

Sa  justice,  sa  bonté  et  sa  géaérosité  lui  gaanèr 
rent  le  cœur  de  ses  nouveaux  sujets;  la  noblesse 
reçut  de  lui  de  grands  présens  et  la  liberté  du  dioit 
de  chasse.  Il  rc ndit  à  réglise  ses  privilèges  et  ses 
immunités  ,  combla  de  biens  et  d'honneur^  les 
personnes  célèbres  dans  les  sciences  et  dans  la  ju- 
risprudence ,  et  défendit  qu'on  attaquât  dans  leurs 
personnes  ou  dans  leurs  biens  ceux  qui  avaient 
en  part  à. l'ancien  gouyernement. 

Sou  projet  étant  de  recouvrer  le  royaume  de 


\ 


^  IjOUIS  XII. 

Miinlt-s.  iluonrliitati  tinil»  nvic  1rs  Plomitînir 
qui  «'('iiL|^^èt'(iit  b  livrer  h  tes  Iroup*^  uu  iiaiiage 
|Mr  tn  1  <>w-auc. 

Luritiiw  Im  inl^r^ts  ilr  ai"»  noiiTrnnx  ^taU  fn- 
irnt  ti-^^»,  il  rrvini  tu  F'rHiicc.  La  ivintt  vi-iiait 
dr  nirttrf  au  niofidc  une  prioccsK:  qu'on  Hrnil 
Bomin^^  ClaUfiv, 

Ln  iidglîttcncr ,  l'orfiiril  tit  In  crunulll  rfc  Tii- 
Tulcc,  iiucIrroiRVuit  i-i^rgoiivpi'iicut-  (lcMiUii< 
raiii-rnl  liieiitAt  «ux  Frum^aiii  le  iruit  Af  l(-tii« 
iiictiiiii'Ct.  Liidovie,  m  pilule  par  trnn  priiplr.  Cul 
r(\il  <liui«  Milnn  avin;  la  tu^irir  joio  qu'on  a* ni t 
Umoigii^r  pcn  de  temps  nvrnit  ^  Louia,  mki  vaiu- 
queur.  l'i-iidaiit  ce  rrtour  pa^sugir  H<:  la  iwi.- 
•Hiiti-di)  Ludwic)  la  tétr  dn  i^imptc  Pnwçfns  fat 
niw  k  pris;  ou  la  pnjiiit  un  ducnt. 

Le  roi  ilc  Frnncc  rnMPmbln  de  utiuv(*fli-s  (nrces, 
ï)  lu  t£le' doatjiiellpa  li-  wigncur  de  la  Tiihiwnilli! 
rentra  fu  ti'iumpho  dun»  Ir  Milanais.  Ludovic, 
relit'^  ik  Nitianv,  oti  il  avait  c(inli<<  sa  ^vA«  aut 
Suinws,  en  Itit  tnihi,  et  ne  put  nlib-nir  A'rvx 
*    «ju'arfv  benuenup  de,  peine  dV n  MtHîr  lAlulM  A  là 

ceux  imi  l'oviiicnt  vindn  le  (iicut  rrcuunaitn*;  ï' 
fut  priï  f t  cùtutuit  !i  l'icrrf -Anitsc ,  <■!  de !!>  mcnrf 
daiM  In  mAiiM-  Iciar  dr  lluin^cx  où  Louiâ  XII  ayiil 
^t<i  en  pn«oii!  IjBiifer*!  ciiMiitc  h  Loebm,  il  j  Dit 
tifiilfi  et  «Tvi  nyec  diAtiucliou  jus<{u'lt  sa  onOrlr 
«pi  aniva  dix  ans  anr^a. 

Mmtr<-(luMilaiiaiKctd<?6^ni?)i,  Irrotdpl'VMin 
s'unit  livre  Pcrdiiiand  pour  con<[U(5rir  Nanin  ;  oo^ 
cfiiinint  qire  lo  roi  d'Arragiio  i'riu)(ain-ait  df  W 
T.juilli!  et  de  la  Calul.r.' ,  v\  nur  Ip  irrte  ârM 
I  ojnumi?  dt'vii'iidrnit  le  parlagr  de  la  FV«noe.  "'  ' 
pii)ie    AleuMidiv  VI  approuva  le  plan  d»-*  ik: 
ttniiifii-qiicji  Hllit'^,  i-l  leur  donna  1  inTrSlilitir 
ru^/auiuede  Haple*.  Fci-diaand  rnvovatluun:! 


\  -  ville  le  câèbre  GousalTe  dé  Cordwe^  wn»3e  pré* 
texte  de  secourir  le  roi  son  parent*  Tandis  qipe 
Frëdëric ,  trompe  par  cette  perfidie ,  ouvrait  &e» 
ports  à  tjronsalv^ ,  les  troii^s  de  Lopiis  XII  assié-' 

Seaient  Frédéric  par  mer  et  par  terre.  Hô^s  d'état 
e  résister  à  taot  de  forces  réunies  »  dénué  de 
toutes  ressources,  redoutant  surtout  de  tomber 
eptre  les  mains  de  Tindigne  parent  qui  Tayait  A 
cruellement  trahi ,  il  traita  arec  les  Français  «et 
demanda  à  Louis  XII  un  passeport  pour  se  rendre 

Srès  de  lui.  Le  roi  le  lui  accorda,  le  reçut  ayee- 
istinction  à  sa  cour,  et  lui  assura  une  pensioii  * 
de  trente  mille  écus ,  (jui  lui  fut  exactement  payée» 
m  Ane  après  que  les  Français  eurent  été  chassÀ 
de  Naples.   . 

Cette  guerre  heureusement  terminée  >^  l'anpé» 
nayale  du  roi,  qui  était  dans  le  port  de  Crénes, 
s'unit  à  celle  des  Vénit^s  pour  nHurcheè*  contre 
les  Turcs.  Ferdinand,  qui  n'espérait  .aucun  ayan*- 
tage  de  cette  expédition ,  refusa  de  tenir  là  pro^ 
messe  qu'il  avait  fiiite  de  joindre  sa  flotte  à  celle 
des  confédérés.  La  rupture  qui  eut  lieu  entre  les 
Vénitiens  et  les  Français  tourna  au  profit  des 
infidèks  ;  une  horrible  tempête  brisa  une  partie 
de  la  flotte  française;  l'autre  partie,  jetée  dans  une 
île  qui  appartenait  aux  Vénitiens,  Rit  traitée  avec 
la  plus  affreuse  barbarie. 

Louis  XII  obtint  du  pape  l'investiture  du  duché 
de  Milan  ,  sous  la  condition  qu'il  iinii^ait  Isi  prin- 
cesse Claude  de  France  avec  Charles  de  L/axem— 
bouj'g  ,  petit-iils  de  l'empereur  Maximilien  ;  ce 
mariage  fut  arrêté  solennellement  par  l'empereur 
et  le  ici ,  le  10  août  i5oi. 

Ferdinand  ne  fut  pas  plus  fidèle  à  Louis  XII 

Îu'il  ne  l'avait  été  à  Frédéric  ;  les  réclamations 
u  premier  ayant  été  vaines  ,  la  guerre  s'alluma 
entre  les  Fi  ançais  et  les  Espagnols.  Les  armes  de 
'  Louis  remportèrent  d'abord  de  grands  avantages , 
et  am  aient  chasse  de  l'Italie  les  Espagnoi»,  sans  la 


jit'ilîdie  «lp8  V^ilïcti»,  <]ui  It^ui- fiivnt  paMM- dr» 
niutiilimiti  île  toute  t*t^iVrr  :  i<'  loi  iliaiiiiuiilit  par 
{■nidruc^  «■»  (Hojtrtect  son  ivsscnIJiiH'iit. 

IVfidutit  i^  viiiilf^  qui'  Louis  Ut  k  ct-tti^  t^qnt. 
ît  son  fltit-hr'  (Ip  Miluii  .  il  léfaltUl  t'oi-Hi-p  et  U 
puis.  Dis  disputes  (II-  (irnfs  vimvntaloi  a  le  supulitr 
ilan'wi-tLcr  18  i.ifiïiiir»'  i.  If'ur  vilkr  il  •  ^du  à  fcim 
suUii-ibtlioiis,  cl  in-ul  de  «r»  uguvcuux  «lirtstii 
]>rruT(?x  le»  |>lu»  tuucltuiitcs  (le  v^iiératiun  «t  d'a- 
mour. 

I^  Ifuprre  continuait  !i  Nnplcs.  Afri»  aroïr  4ii 
touih  t(mt->i  YHtDqw.-ui's  t't  vaiiu-ns.  letiroûd^^ 

Îiit(iu'  r-t  dr  Fruiiic  <:bui-gèrt!Ut  lnrctii(^  Uti- 
P]w-  tiétrc  m(<di&(rur  mire  nix  ;  un  tniiw&e 
yiiix  sncoiiclutâ  L^vou  U  5  avril  i5o3t  AfaiiFcT^ 
îliiiniitl  u  avait  pa»*!!-  pfj^t  àe  I^  respwirr  ;  le 
gcuéialUoiitiulvf  tlrCoHluur  Bviiit  l'orcln-flatbt- 
ipitr  df  iiouvnu  les  F/ain^-iii».  Api-ès  pldsivun 
liulitillrs  ,  où  In  fortune  Pantt  «ouvrut  tialnut-ir 
ptiln  Ifs  Âoux  }>arti9  ,  cllfl  se  rl^ilai-a  cuTiiTi'ur 
dis  K»))a^iii>lii,  cl  IVujilcM,  en  iBuA,  fut  perdue 
Un»  ri-loiir  pntir  lu  t'inncc. 

I.c  (-liiiiti'iii  '("''  le  roi  éprouva  do  f»  rM*T» ,  ri 
surtout  d  avoii'  clé  dupe  dp  In  IburWrii!  d^s  EipH>  1 
pibls ,  lui  causa  une  vioU'Uto  maUdic.  S»ii  «lini;>cr  '} 
j(  tu  U  Kiaiice  eiiltânt  dnii»  k- 
mis;  les  t^^lisa-Ksi' rcmpliitttHirMt  ji 
niiillilt-di'  ti  rvcntrqui  dmiaiidai 
«d  ï(  r  UFi  prince  h  (jiiî  1<^  linnlieur  cdUimuii  ittiiit 
otiaclié.  Le  roi  «>  vouu  k  la  sainte  li<t»tio  Af  Dijon, 
b  luqin  Uc  il  avait  uiu;  dcvotion'  «inguli^rc  ;  u 
rlinc  no  cessait  dinvn<{urr  Dieu  et  do  rdpaudiv 
drs  nuniôjK  s ,  dans  l'i  spoir  d'obloniv  la  ^uirwn 
de  son  épous  ;  uicssire  de  lu  Ti-^iuiiuilb  vrniH  le 
piinec  II  Nulri.'-DrtHU'  di^  LicKiR  ,  ri  proniil  (lo 
l'aire  le  yoya^  h  pied.  Tous  les  u  î^neura  tli'  1r 
cour  promenaient^  dit  l'iiifttotieji  Branlône, 
«  d'ofliir  cliacuD  ta  chandcUn  an  saùit 
•t  voliuu  iJluit.  ■ 


les  pliiH  eritrUi  s  alar-  J 
ioutjonrrt  nuit  d  une  I 
nndait  Jt  Dieu  (li-  uni-  I 
iinlieur  cdUimtiu  «tait 


LOUIS  xa  49f 

On  raconte  qpe  dans  le  détire^Je  sa fiSrreS  dc^ 
'  manda  à  yoir  madame  Claude.  »  sa  ifiUe  9  et  Ui 

donna  un  assez  gros  bâton  en  lui  ditai;^  :  «OTe^ 
«  TOUS  prie ,  ma  fille ,  de  conserver  cette  é^ée 
a  comme  un  gage  de  mon  lunitië^  i».ea  méioie 
temps  il  défendit  à  tout  le  monde  d'y  toucher  sooft 
peine  de  mort.  Mad«B||be  de  TournQa5  gouver^ 
Haute  de  la  princc^ssey  voulut  aider  son  âè?e  à 
porter  le  Lâlon; le  roi  S:en aperçut, etdit  :  «  Vous^ 
«  .êtes  morte ,  madaii^e.  »  La  gouyemante  rëpou^ 
dit  :  (c  Sire  ,  il  est  vrai  y  j^  mérite  la  mort  pour 
«  avoir  contrevenu  à  vos  ordres»  »  Madame  â» 
Tournon  disparut  quelque  temps  de  la  chambre  dir 
rpi  9  la  première  f  is  qu  elle  se  représenta  devant 
les  yeux  de  ce  prince,  qui  n'avait  pas  encore  Is 
tête  bien  saine  ,  il  psM^ut  tout  étonné  et  lui  dit  r 
«  Vous  étiez  morte  ,.madam0ii  -r-  Cela  est  vrak^* 
«  sire ,  répondit-elle.  J'ai  été.  en  ymradis,  „où 
«  Savais  le  bonheur  de  ^ouir  de  la  présence  de 

.  «  Dieu  ,  de  ses  saints  et  de  la  sainte  V  ierge  ,  cpiî 
flt  a  obteim  de  son  fils  ma^  résurrection  ^  pour 
m  m'envoyer  à  votre  Majesté  lui  ordonner  de  sa 
«  part  de  prendre  de  la  nourriture.  »  Ce  strata- 
gème fit  une  heureuse  impression  sur  l'esprit  du 
roi  ,  qui  n'avait  plus  qu  une  grande  faiblesse  ;  il 
but ,  mangea  ,  et  se  rétablit  parfaitement. 

Le  roi  d  Espagne  envoya  des  ambassadeurs  à 
Blois  pour  traiter  de  la  paix  avec  la  France» 
Louis  XII,  qui  reconnu^ue  Ferdinand  usait  de 
ses  artifices  ordinaires ,  lescongédia ,  et  leur-dit  r 
M,  Leurs  Majestés  catholiques  sont  des  infidèh^s  et 
jk  des  parjures;  elles  sont  indignes  d'avoir  part 

*  #1  dans  la  société  civile.  >» 

Louis  Xll  5  ne  pouvant  plus  compter  sur  aucune 
alliance  avec  le  roi  d  Espagne  ,  conclut  à  Blois, 
le  2.2  se])têiubre  i5o4,  lui  traité  avec  lVnîi>ereur 
et  Tarcliiduc  son  fils.  Par  ce  traité  Louis  donnait 
sa  fille  unique  au  petit  -  fils  de  l'emperetur  et  du 


• 
\ 


^Cçi 


L 


Lons  xrt. 

'Amfian ,  tt  *'ii\Aipc*H ,  al\  ne  lui  inrmii 
Ânsdi'ulamtt^lti,  h  euui[>oM-r  la  dol  dt- luadai 
Cl  lUilr  di^  U  Btt  li4(tH- .  <(t^  la  Kourgogiir ,  rt 
lui  I  Akr  tous  »r»  (Uoits  »iu-  Milnii  pt  sui  O^iw^ 

Li's  élftï  ç^)téi«iiK  «tescmliléii  h  Tutirb  rét  lair<~- 
rral  t  optre  w  Onim,  bÎ  niiisilile  a  la  Fi-anc*-  ;  )r  ni 
(-«Im  il  Irvm  rrpr^sfnlBtions  ;  nia<lttii)c  Clauâi-rul 
tAée  il  IWiilirr  <lr  In  maisou  d^iilriclfr  rt  dt 
l'E^ipagn» , rt  duiiuéc  iiFiAii^-oîsdiAiiLluîSilri!rilîtT 
pivsoiuftif  ili-  la  coui-oiUM-  dp  Fram-p. 

L.I-  txti  i-nvoya  «•»  i  fiuâ  le  canlÎMl  d'AinbmtP  k 
Uajr|)ru4ui,|itiiirprélrreiisounom  t'oiMbomina^ 
il  l'cnip^iYur I  de  qo!  il  reçut  l'invfstîturc  du  dti' 
cli«^  d(r  Milan  ynut  lui  et  ses  d''scrndait», 

Lai~diido(!,  drTriiu  roi  de  Caslîltc,  se  pr 
rail  il  6t  vi-ns*'''  dfl  la  mpfcnre  du  niariapp  df 
lîU  nx-c  madame  Claude  •  quand  la  mort  vin 
rt-lir  »f8  fti^iiis.  Ce  priiice  par  sou  (.rstai 
Inisa  au  rot  de  Fnuire  la  tutpllt-  ie  CIhu~1 
eoQ  fiU,  coiuiu  drpuis  8ou«  te  nom  dr  Clinrli 
QHÏnt.  La  plu>  c^raode  partie  du  <-on$rîl  du 
('■:nil  d'afiB-tjucva  maje«t^  la  rvfnsAt,  parccqn' 
lui  fi'rail  perdre  l'occaMoii  il'ntta({iicr  lu  a 
d'AutrirlM'  dans  un  inonienl  m  ntvorablr 
1  nlTaiJilir.  Louis  XII  nécuuln  ijue  m  gen^i-nsitr;' 
il  se  eliai'gea  du  jeune  pI■irn^^  et  Uti  donna  m 
xinrnr  qui,  suÏTaat  lu  justr  v^llc^toti  d 
uv^  historiens,  ne  le  iviidil  que  trop  hnliilr 
le  liien  de  la  France.  ^ 

Le  pape  Jules ,  «outPnu  par  les  tronpe*  du 
recan*ra  les  Tilles  de  Pérousc  et  de  Buuiogn 
avaient  été  enlevées  an  saint-siège;  il  ac  n>i 
rrcoiinaissant ,  donna  de  gramles  somnWB  k 
utée  qui  l'avait  Beeouru ,  et  céda  an  roi  |i 
induit  La  noniinution  aux  bén^lices  du 
MiUo. 

Le  B«ec^8  du  pape  ^T<nlla  son  ambition  ',  îl 
jcia    M  cbettser  tons  le»  princes    <Slrmig«r« 


LOUIS  XII.  4»t 

et  à'y  E^^ier  seul.  Géiien ,  gagnée  par  g» 
ecrètes,8e  révolta  et  prit  les  umiescotiU» 
\c  bon  prince  essaya  en  vniii  toutes  les 
la  douceur  pour  la  ramrurr  ù  la  soumît^ 
citée  pat-  le  pape  et  par  l'eniperrur ,  (mi 
lettait  (L's  secours,  elle  persista  daiiH  ss 
1.  Le  roi  marcha  en  personne  contre  elle, 
ja  de  se  rendre  à  aa  tliscrélion  ;  U  y  entra 
ne  à  la  riiiiiu,  et,  après  avoir  confia  W 
s  portes  il  ses  officiers ,  H  se  rendit  h  son 
ur  la  place  duquel  un  ti-fine  tut  élcv^  ;  il 
,  environné  des  pi  Incra  du  sang  et  duo. 
ombre  de  noides,  et  lit  déclarer  par  un 

maîtres  des  reiiuêtes  que  les  Génois 
atteints  et  convaincus  du  crinie  de  lèze— 
,  que  leurs  corps  et  leurs  biens  étnicut 
es.  Ensuite  on  brûla  par  sou  ordre,  et  en 
oce,  tous  les  priviU'grs  de.  la  ville, 
abitaus,  en  pioie  su  plus  afireus  dése»- 
ttcndaieut  plus  que  le  moinenl  de  voir 
le  pillée ,  et  eus-m^iues  livras  au  fer  du 

quand  le  roi  dL'i:lara  »  Qu'il  leur  rendait 

et  les  biens;  que  pour  ce  qui  était  de 
inniiuuilés  et  libertés,  il  leur  accordait 
înics  cbuses ,  mais  n  titre  de  privilège ,  et 
a  icscrvi;  d';  les  révoquer  qnaod  il'  le  j'u— 

propos.  "  Il  commua  la  peine  capital» 
aient  encourue  en  une  amende  de  cent 
us  d'or ,  et  iiûtit  une  citadi  Ur  qu'il  appela 

lie  Oenes;  soixante  personnes  d<'s  plus 
ËS  fui'cut  seules  exceptées  de  l'ammstia 

1  fausse  nouvelle  de  la  défaite  de  l'année 
i  XII  par  les  Génois,  la  ville  d'Aléxan- 
e'vtilU  :  le  roi ,  pour  la  (.bâtier,  ordonqa 
lillu  Suisses  qui  retournaient  dans  leur  pa- 
)asser  par  celle  ville,  cl  d y  séjourner  à 
n.  Les  hiibilans d'Alexandrie,  qui  avaient 
e  U.  41 


•I<-  ItiiHli-  ,  (I  All(-iii<<[;ll<-  et  (I  Iv-tm^it'- 
loini..  Ui  irt>itl>ll'|ii<'  .1.'  Vi  iiiM-  Cm)  In 
lui  i-s|ii'iii)i'r  hii  joi'!  |iiir  hi>k  iiiiiUiiHMiil 
)H'  m:  (niiiiiKt  |mit  ii  ri-H  ii|)[Hiri-iirc-it  d'il 
il   fi-iffiil  Ay  CKiirr, 

1.1»  l'Iorciiliriii  iiivnjM-nl  niiiMi  <!(■ 
(l4'iirHliM:itiii|>liiii('iiliTi-lliii«l(iiiifiii{li-r 
(1(1  Iruiipr*  |M>ur  Iih  iiiilrr  it  Hiniinrlti-f 
l'JNc  ;  il  ii'iir  i<l|i<>ii<liL  II  (^if<  n'iivuii 
«  rmi«i.ir<'JjK.Ml'Nl'iMi(.«,illMi|iniiii 
K  tic  pirlrr  Hit  li'<>ii|M'N  jiniii' l'iir  l'uir 
„  A<thiir|>liJK(i>j(>iih.-t-il)l.-MM.>iviil 
«  llililll]l>(!  ilr  lunule  (liiiiHIllotKlxptidi 
H  iii-rt ,  [lotir  liii|iii'lli'  ilN  m'iivniinl  \>n 
u  rdin'H  l't)  lriiii|)i'N,  l'ii  lurent  M  cuti 
M  m:  m'oriL  ]ioiiil  ilmitiil'i,  ilniu;  miiiI  i 
K  picK  (11-  iri!)  1)1  Dh'uliiiii ,  cl  i<!  DU  nuis 
«   il   l>'Mi;  V-il-" 

1^!  rot  iiviiit  iiripiiii  !i  relit'  «^|UM|(i(t  i 
l'i!])iiU>[i«ri  cil  iLilic,  iiii'il  lui  lYil  ifd!  i'>i 
lu  .:<ii|(|iirl(T  il<;   I<>(il1«!i-<>,v>iiiili<-(li;  H 


LOUIS  XII.  4R3 

nillcs  envers  rempereur,  qui  avait  fait  arrêter  son. 
ambassadeur,  et  peu  âpre»  il  résolut  de  se  Tcnger 
•k-s  Vénitiens,  qui,  snos  sa  parti cipa lion ,  nvaient 
conclu  avec  Miaimiiien  une  trèvf  de  trois  aus. 

Tous  les  potentats  cnneiuis  les  uns  dee  autres 
euspcudirt-ut  leurs  qm'rellee,  et  envoyèifut  cha- 
cun ,  en  i5o8,  un  plénipotentiaire  à  Cambrai, 
^ur  former  une  ligue  contre  les  Vénitiens^ 
■  Louis  XII ,  oubliant  ses  véritables  înte'réla  pour 
n'écouter  que  son  ressentiment,  entra  dans  cette 
cwalitiou.  Les  Vénitiens  se  défendirent  d'abord 
avec  succès  contre  le  roi ,  lui  reprirent  la  ville  de 
Trévi ,  qu'ils  pillèrent  et  réduisirent  en  cendres, 
te  roi  passe  proniptement  L'Adile ,  se  campe  à  une 
deiiii-licue  de  l'armée  de4a  république,  attaque 
Kivolta,  et  l'eulère  d'assaut.  Un  officier  lui  repré- 
ceatantaiors  qu'il  fallait  prendre  beaucoup  de  pré> 
«itutions,  parce  qu'il  avait  à  combattre  des  ennc- 
i|iis  très-sages ,  il  re'poudit  :  ■  Je  leur  donnerai 
'm  tant  de  fous  à  gouverner,  (ju'avec  toute  leitf 
m-  B8gGS«c  ils  n'en  sauront  venir  4  bout.  »  L'Al- 
vianue ,  l'un  des  généraux  de  la  république  ,  s'é- 
twit  empare  d'un  poste  où  il  pouvait  se  défrndre 
avec  avantage  contre  le  premier  feu  des  Fran- 
cis ;  de'jà  il  commençait  à  les  mettre  en  déroute. 
Le  roi  arrive,  rallie  les  Suisses,  relève  leur  cou- 
rage, et  rétablit  le  combat;  il  attaque  une  digue, 
IVniporte  ;  l'action  devient  générale.  Le  roi  s  ex- 
pose lui-même  au  plus  grand  feu  du  canon  de  l'en- 
neini;  uu  de  ses  courtisans  lui  représente  le  danger 
alFrcux  qu'il  court  :  «  Rien  ,  rien ,  dit-il  ;  je  n  en 
■  ai  point  peur ,  et  quiconque  aura  penr ,  qu'il  se 
m  mette  derrière  moi  ;  il  n'aura  point  de  mal.  n 
On  se  battait  des  deux  côtés  avec  fn  courage 

Si  tenait  de  la  fureur  ;  mais  la  terrible  résistance 
l'cimcmi  ne  put  que  balancer  la  victoire;  elle 
resta  aux  armes  du  roi. 

Xr'Alviauac,  blessé  dans  le  combat,  fut  contraint 
41- 


4R4  LOUIS  \IT. 

ilc  sr  rnidre  piîsoiuiii:!'»  Aussitôt  qiif*  Louis  fut 
<:crt«iin  ilr  son  ^lorii^ux  Huccùs*  il  dcscrifiiciit  du 
ch(*\al  r(  rciiclit  (1rs  nrlioiis  de  ^l'acfs  à  Djmi. 
Qui'li)iif'  l(*iiii)s  apiTS  il  iil  Imtir  ru  cri  nidroil  ittw 
cha|M'llr  eu  I  lioiiiMMir  dv.  la  VicT^e,  Htnis  le*  riouj 
di:  baiiilc-Marii-dr-lu-Vicluiix*.  Cr  pieux  iiioiiii- 
inciil  existe  eiirore. 

]^>  roi  Tindita  de  riieurrusn  issue  dc!  la  I>a(aillf* 
d'A^nadei  pour  m:  rendre*  niuUn*  rii  ]h*u  de  1011111 
de  tfHites  les  places  dé]xiidauleK  de  koii  diiefié  de 
Milan  ,  (pie  lui  releiiaieiit  1(*B  Vf^nitieiis.  Fidèle  au 
ti'ait(*  de  (Maudirai ,  il  iiéleiidit  pus  pliifi  loin  ms 
ron(pi(^(es  de*  Tilulie,  el  reiusii  uiùttui  de  reeevoir 
la  soumission  des  villes  de  lirre-leriue  (jui  vou* 
Liient  s(!  rendre  à  lut,  préieniut  à  lu  gloire  da- 
^randir  ses  élals  celle  dt*  tenir  sa  parohs 

Louis  \  Il  eon^(*dia  une  part  iede  son  année,  pour» 

vut  à  la  sûn'té  des  plucesi  du  Milanais,  et  ittvnil en 

France ,  oii  son  retour  eonddu  de  joie  ses  {M*unl(*fi. 

Le  roi, cette  ni(':in(!  annexe  1. '909  9  demanda  cri  omiut 

d(^  reiii|)<  reur  1  investiture  du  duclië  de  JVIilan. 

Le  pape  Jules ,  (pii  devait  la  poHS(*ssiou  de  toutf*s 
les  villes  de  la  Uoinaj^nc  aux  derni«*n*s  victoires 
rem  port  ('es  par  le  j'oi  sur  \v.h  Vénitiens ,  lornia 
Miw  alliance  avi  c  ces  derniers  contre  les  Fian- 
çais,  et  amena  dans  son  parti  TAn^letenv  el  la 
^iuisse.  Au  milieu  de  ces d(ini(;lés  mourut  ù  Lvoii, 
vn  i.Sio,  le  eaidijtal  (TAndxnse;  sa  \uirUi  ïui  un 
mallieiir  pour  ^^()M  lol  1 1  pour  sii  ])ali-ie«  C  t  évé- 
n^'uif  ni  :i((ii!!  (ueoie  la  liain(^  du  |iape  contii; 
Louis,  (pli  j-eiiiNi  (If  Iiiidi/unt  ri  (Iparnie  du  enidi- 
jnl.  l^rs  luires  ef)iMl)inées  dv  Jules,  drf. 'V<*uili( ni 
ci  d'  s  Suisses.  !<  nlfifiit  imitilenient  dn  sVnipanr 
(lii  l''r  1 1:11  ais,  (!fi  iMiîiUiais  et  dt:  la  villf*  de  (^Hus. 
'l'ctiii  lois  ces  iii:iu\iiih  sueeès  tu*.  dfituniinVeut 
poiiit  le  pape  d"  roti  injuste  entreprise:;  il  donna 
ri:!\r  Jilure  du  rf;\:tiime  de  INaples  à  FVniinnnd, 
iC'it-  i- (i'c'iiUci  cuaccoiimi^dcuicutuvcc Louis XUi 


LOUIS  XIÎ.  485 

lâDçâ  les  fondres  du  Vadcaii  contre  ce  monarque, 
ainsi  que  contre  tous  les  princes  qui  soutiendraient 
fia  cause ,  et  lult  son  royaume  en  interdit.  Louis 
ne  déploya  Jamais  tant  de  noblesse  dame  et  de 
modération  que  dans  cette  circonstance  critique  j 
il  usa  de  tous  les  moyens  pour  éviter  de  prendre 
les  armes  contre  le  pape  :  celui-ci  persistant  dana 
■es  projets ,  le  roi  convoqua  à.  Tours  une  assem- 
ï>Iée  du  cleraë  qui  décida  que  le  monarque  avait 
lè  droit  de  résister  a  l'autorité  du  pape  qnantaa. 
temporel ,  et  appuya  cette  de'cision  de  grands  se- 
cours d'argent. 

A  cette  époque  l'empereur  envoya  un  ambas- 
sadeur extraordinaire  renouveler  son  alliance 
avec  le  roi,  et  ces  dcui  princes  s'accordèrent  à 
convoquer  un  concile  général.  Jules  ,  alarmé  de 
leur  dessein ,  i'ulmina  des  censures  contre  tous 
çenx  qui  obéiraient  au  décret  du  clergé  de'Fi'aoce  i 
mais  envaia  il  s'appuya  de  ses  foudres  spirituellea. 
et  du  liWjiiyif^^iefYénitiens.l'anjfli^  qu'il  séjournait 
&  Boi)16i:^eqI^|irit  que  ses  trtwqies  et  celles  de, 
ses  alliés  nvaieut  été  contraintes  d'évaluer  leFer-  ' 
rarais,  et  que  plusieurs  eardinaus  du  sacré  col- 
leté s'étaient  retirés  à  Milan  pour  entrer  dans  le 
projet  du  concile  général.  Ce  nouveau  «ver» 
faillit  être  suivid'niiplusoruct,eti  sans  la  lenteur 
<lu  général  français,  le  pape  était  enlevé  de  Bou- 
logne avec  toute  sa  cour.  Soiti  de  ce  danger ,  il 
n  en  devient  que  plus.entrepreoant,  marche  de 
nouveau  contre  Ferrare  ,  et ,  cootiaint  d'en  lever 
le  siège ,  U  se  jette  sur  cpielques  petites  plaees  , 
les  emporte ,  fait  en  personne  le  siège  de  la  Mi—, 
^gndole  ,  écliappe  au  chevalier  Bayai-d ,  qui  s'était 
niis  en  mesure  de  l'enlever  ,  se  remet  en  campa—, 
gne ,  et  triomphe  de  la  Miraudole. 

L'empereur  et  le.  roi  de  France  eavoyèrent 
alors  des  ambassadeurs  à  Ferdinand  pour  s'in-. 
former  du  parti  qu'il  prendrait;  ce  psiAce,  usant 


4^6  LOUIS  XIÎ. 

<lo  srs  mftofl  ordinaires,  les  laissa  dans  rinccrlltuJc 
ile  SCS  ]>i'()jots. 

La  yvrto.  de  la  Mirandolc  montra  au  roi  le  tort 
qu'il  avait  ru  de  iiK^iia}];er  le  pape  ,  ci  îl  ordonna 
h  ses  ç^énéniwx  de  pousser  vivement  la  guern^  Au 
milieu  des  nouveaux  sueeès  desarmeVs  françaises, 
Louis ,  tronipd  par  la  politique  de  Ferdinand  et 

5ar  celle  de  l'empereur,  accorda  une  suspension 
'armes  au  pape,  qui  en  profita  pour  faire  soulever 
la  ville  de  Gènes.  Alors  le  roi  recommence  la 
|;uerre.  Coneordia  ,  Boulogne  tombent  sous  sa 
puissance;  le  ])ape,  oblige  de  se  retirer  h  Ravennes, 
étiiit  sur  le  point  de  perdre  toute  la  lUmiapiCy 
lorsjpie  le  roi  ,  ])ar  unegeni^rosili^  sans  exemple  , 
ordonna  (pie  tontes  les  villes  conquises  sur  sa 
saint(>té  lui  fussent  rendues. 

Jules  se  prdvalut  de  la  générosité  du  roi,  et, 
Taincu,  prétendit  encore  dicter  les  conditions  de  la 


î 


:cept 

'  <*ilc  générale  Le  pape  ne  vit  plus  ïautre  pfioycn 
de  sortir  du  péril  ou  il  s'était  précipité  que  d'op- 
poser concile  à  concile  ;  en  conséquence  il  publia 
ime  bulle  adressée  h  tous  les  pnnces  clii*étiens , 
>ar  laquelle  il  conroquait  nn  concile  général  à 
ilomc* ,  et  lança  des  e^ieommunications  contre  les 
cardinaux  qui  composaient  celui  de  Pise.  Bientôt 
oprès,  Jules,  attaqué  d*un0  maladie  dangereuse, 
i-évo(|ua  ses  excommunications  ;  mais  il  reprit  sa 
colère;  avec  sa  santé.  Le  roi  d'Espagne  et  le  roi 
d'Angletf'rre  s'unirent  au  pape  et  aux.  Vénitiens 
contre  Louis  XII ,  et  l'on  appela  Sainte  Ligue 
ccîtte  confédération. 

L(\s  Suisses,  qui  avaient  aidé  le  roi  à  conquérir 
le  Milanais,  profilèrent  de  ces  circonstances  pour 
lui  (lemantirT  une  augmentation.Jc  pension  ;^ur 
6on  relus,  ils  se  rassemblèrent  au  nombre  de  scl/^ 


LOUIS  XII..  487 

mille ,  et  attaijuèrent  le  duché  de  Milan  ;  mai» 
n'ayant  pa^  été  appuyés  par  les  ennemis  de  la 
Krance  ,  qui  ne  purent  les  rejoiudrc ,  ils  se  reti- 
rèrent dans  leurs  inonlagncs. 

La  valeur  du  cLevalîer  Bavard  et  celle  de  Gas- 
ton de  Foix  firent  triompher  les  armes  fran- 
çaises de  toutes  celles  des  confédérés.  Les  tenta- 
tÏTes  du  roi  pour  détaciier  les  Suisses  de  leur 
parti  furent  inutiles  ;  mais  il  obtint  du  moins  le 
retard  de  la  marche  de  leurs  troupes  contre  lui. 
.  Il  craignait  que  l'empereur  n'entriit  dans  la  Sainle 
JLigue  ;  il  donna  l'ordre  à  ses  généraux  de  tenter 
une  action  décisive  contre  les  ï^paguots.  Ceux-ci, 
cherchèrent  en  vain  â  éviterunchataiUe générale; 
Gaston  les  for^a  de  l'accepter.  On  se  haltit  d<^ 
deux  côtés  avec  titi  courage  ^al  ;  la  victoii'e  de- 
meura longtemps  incertaiue  ;  maïs  enfin  la  cava- 
lerie Ërançaise  força  les  eouemis  de  plier  et  do 
fiiir. 

Gaston  perdit  la  vîe  ii  Ichbnite  de  Cftte  bataille;* 
^ompteà  vengerla  mort  de  son  général,  l'armée'  - 
assiégea  Raveniies,  l'eniporla  d'assaut,  et  la  mit  ik 
feu  et'S  san};.  La  cniîote  d'éprouver  un  sort  sem- 
blable déciJii  prcstpie  toutes  les  villes  de  la  Ro- 
maine à  ouvrir  lenrs  portes  au  vaini{ueur,età  re- 
connaître le  roi  de  France  pour  leur  souvereiii. 
Cette  nouvelle  lo'pandit  la  plus  terrible  conster- 
nation à  Rome  ;  on  craignait  à  chaque  instant"  d'y 
être  assié(jé  par  les  Français  ,  et  jamais  depuis  la 
bataille  de  Cannes  cette  ancienne  maiticsse  du 
monde  ne  s'était  trouvée  dans  une  aussi  affreuse 
situation. 

La  journée  de  Ravennes,  qui  eut  lieu  en  i5i2, 
accrut  les  irrésolutions  de  Icmpereur.  Le  papa 
était  au  désespoir,  et  le  sénat  de  Venise ,  alarmé , 
penchait  à  se  I  accommoder  avec  la  France;  mais, 
aucune  afRIction  ne  peut  se  comparer  à_celle  que 
Louis  Xil  éprouva  de  ce  succès  :  u  Je  voudrais  | 


^S8  LOUIS  xn. 

«  dit-il ,  nVvoir  plus  iiii  pouce  de  terre  en  lialiV, 
«  vi  pouvoir  h  ce  pi  ix  faire  revivre  xion  neveu 
«  f't  tous  les  hravoshoniinrscjui  ontpi^h^i  avec  lui* 
«  Dieu  nous  {^arde  de  remporter  jamais  de  telles 
«   victoiMH  !  a 

Jules,  (jur*  le  inallirur  n'avait  pu  corriger ,  cher- 
clia  à  soulrvf^r  toute  1  Europe  contre  là  France  ; 
il  piirvint  h  en  séparer  Tempereur  ,  qui  joignit 
ëi'»  ioivt  s  h  eelles  de  la  ligue* 

1a'.  21  avril  i5i2,  le  concile  dePise  déclara  le 
pape  suspc  ndu  de  toutes  ses  fonctions*  Cette  de— 
i-laratlon,  les  nombreuses  défaites  cju*il  avait  es- 
suyée s  ,  les  prières  du  K{icré  collège  allaient  enfin 
ili'eliir  son  iuflexihilifé  ;  il  allait  consentir  h  la 
7*aix  ,  r|ii{tn(1  les  anilinssnrleurs  d'Espagne  et  df*. 
\(iiis/*  relevèrent  ses  «spfrances  en  1  assurant 
«tiiu  nnfoj't  considéiahle  de  Suisses  et  de  l'ai- 
1  lance  du  roi  d'Angleterre*  Jules  signa  le  projet 
<ie  (rai le  prés<'nfé  par  le  roi  de  France ,  mais- 
ilans  la  seule  intention  d  abuser  ce  prince  ainsi 
«pu:  le  snci  é  coliége ,  afin  de  se  donner  le  temps  de 
> assenibbr  ses  forces.  Lorsque  les  troupes  fran- 
•«^ais^'s  se  n>tii  èreiit  de  la  lloniagne  pour  aller  au 
«levant  des  àSuisses,  qui  menaçaient  d'envahir  le 
^Milanais  ,  Jules  cessa  de  feindre,  fit  de  nouvelles 
levées ,  et  s(*  prépara  h  recommencer  la  guerre* 

Le  roi  aecepta ,  par  lettres  patentes  du  i6  juin 
'3  5i2 ,  le  (léeret  du  concile  de  Pise  qui  suspendait 
le  pape.  Celui-<!i,  irrité,  donna  une  bulle iMir  la— 
<pjell(*  il  prc^tendait  annuler  les  décisions  au  con- 
cile ;  il  traitait  d'hérétiques  les  cardinaux  qui  r 
avaient  assisté,  excommuniait  le  roi ,  et  mettait 
son  royaume  en  interdit*  Louis  XII  protesta 
contre  cette  bulle,  et  fit  porter  à  son  tour  une 
t'xconmiunication  contre  le  pape* 

Jules  rangf'a  à  son  parti  Tempercur  et  le  roi 
d'Anjj;  le  terre.  Louis  XII  se  préparait  à  soutenir 
vigoureusement  la  guerre  contre  la  ligue;  une 


LOUIS  xn.  ^9 

Aeacaïie  des  Anginis  en  GoyFimp  rompit  Ips  me— 
iure»  qu^il  nrnil  prises  pour  se  soulenir  >}ii  Italie. 
Le  pope,  au  comble  de  l'cspoîi'etde  la  joie ,  fit  on— 
Trîr  à  Ronie  le  concile  qu'il  voulait  opposer  à 
celui  de  Pi*»;.  L'armée  des  confi  déiës  sVmpars 
de  RaveDnrs,  et  força  à  la  capitulation  plusieurs 
places  occup(?es  par  les  Fiança  is.  Les  Suisses ,  a» 
noml>re  de  dij-biiit  mille  ,  firent  une  irruption 
dans  le  Milanais ,  et  les  troupes  de  Louis .  repous- 
sas de  toutes  parts,  aLaudomièrcnt  la  campagne 
«ux  confédérés. 

Maxiinilicu  Sforce  fut  reconnu  duc  de  Miltm. 
Gênes  à  son  tour  se  révolta ,  et  Louis  Xll  perdit 
uue  seconde  fois  toutes  ses  possessions  en  Italie> 

Le  roi  d'Espai^ne  voulut  profiler  de  ces  événe— 
meus  pour  sVmpni-er. de  la  Navaire;  il  assoeiaà 
£on  injuste  entreprise  le  roi  (.l'Angleterre,  qu'il 
trompa  liabilemeiit  ;  il  abusa  Jean  d'Albret,  roi 
de  Nararre .  par  des  protestations  d'aïuitie ,  et  &t 
comme  eu  se  jouant  la  conquête  du  royaume  de 
ce  prii»ce,  ipii,  di?pouillé  de  ses  états,  »int  cher— 
cberuiiîi.silr'iiLFiiijLCi:. 

Indigné  do  IliornUe  coiiduile  de  Ferdinand 
envers  le  roi  d'Arrngon ,  Louis  XII  forma  le  pro- 
jet de  rétablir  le  roi  de  Navarre  sur  le  tr6ne.  A 
cet  clfet  il  leva  une  belle  armée ,  qui  pénétra  d'a- 
bord beiireuseinent  au  sein  des  états  de  l'infor- 
tuné monarque;  mais  les  premiers  succès  qu'elle 
remporta  fureut  suivis  dune  défaite  entière,  et 
Jean  d'Albret  perdit  son  royaume. 

Jules ,  non  content  d  être  parvenu  à  chasser 
les  Français  d'Italie ,  méditait  d'attirer  contre 
eux  les  ai'ines  du  roi  d'Angleterre;  it  avait  dao» 
cette  intention  transféré  à  ce  prince  et  le  titre 
de  roi  très-chre'tinn  et  le  royaume  de  Fratuse  y 
(juand  la  luort  vint  arrêter  ses  projets  le  21  fé- 
vrier i5i3. 

Le  loi  de  France  conclut  une  trêve  d'un  an 


.Vjo  LOUIS  XII. 

avrr  \r  nn  <lT.sp;ij;n(» ,  cl  fil  nroposor  lin  rcnoti- 
^clli'iiu-iit  (raliiiiim*  an  roi  (l^^ll^l(*to^rl*  :  ce 
«Ij'rnirr  iir  voulut  inrmi*  pas  rrorvoir  l*iiiu))as— 
sadi'ur  ()(*  JiOiils.  U('ji*U*  panMllriiiciif  par  \vn 
Suissfs  ri  par  ('«'nip*  l'iMir  ,  1«»  roi  d<»  Kraiicr  s<* 
liiiiiiia  «lu  rôlr  i\c  \ vii'xsv.  ^  vi  s\\\nt  avec  l'Ile 
rpiilrc  la  lli;ii('. 

I.c  rardliial  i\r  IMiMiris  ,  «pii  vniaîl:  drtri*  <^lii 
p.ipi*  so!is  le  nom  dr  Lroii  \.  ,  parut  vouloir 
t;.inlrr  l.i  in'uh.ililr  dans  li-s  ufVairrs  d  llalio  ; 
m. ils  il  nVlail  pas  mît^iv  iiiliMiIiinuit;  (jnr  son 
pi'.îrrrssrui- ,  ri  s<*  scrvil  m  nlinicnl  do  iiiovoiis 
dii'('i*tM)s  p(inr  nnirt'  à  la  KianiM*. 

>i'n  union  rinuMilof  a^iv  h  s  \rnilions%  l^onî^ 
Si    jMrpai.i  à  nni'  nonvfllc  rxpriiition  (Miltalii*; 
(  I   .1  si  •;  frnnpi  s  .)\ aient  iKou'Iii  les  nnnifs.  f'(  l'on 
».,  it>!  ail  eiieoi'i'  «priMlcs  lu>si'nl  m  route  .Mevan- 
i!i  le-  loi  on\iil  ses  portes*  la  terreur  si^  ropainlit 
iliMo  le    Milanais,  ptnsienrs  plaees  so  rriiiiirent 
.i.i   0(1  ;    t.è.us  elU-niènie,    liviiv   à    l'arnîri^ 
i   .1  M'aise  par  ntie   l'aelifvi  (nii  («'uail  lo   parti  tic» 
I.'  j;^  \ll ,  n  iiha  S(»i!s  son  oîîe'iî  sann»  siiU'i  avoir 
p  .    ipie    eoinlatin  ;   le    ntnn^an   duc  lU*  Milaii« 
4li.!N-t'  i\c  sa  ea|)italr  t  t  à  la  nu*rei  des  Stiiss«*s  » 
i,..i   ra\ai«Mi(    eo'uîe.il    à    ]\ovarre ,    redoutait   lo 
>f.-|  de   son  ]>ère  :    tout   t^'inldail    ta\oralilt*  an 
it»i  (!e   l'ia.iee  .  «piaud ,   an   nu^piis   do  l«t    tit'vo 
ijii'il   a^all  eonelue  a\ee  lui.  l'erdinaïul  eiivova 
(in    ^(Vonrs   an   dne  de  Milan  :    le    pape  ,  d'ac- 
eoid  en  sivrel  a\ee  le  roi  d  Kspasine  ,  douiia  de 
telles  sonnnes  an\  Suisses,  qui  vinrent  en  i;niiul 
noMihre  dei'entlre  les  états  dn  \\nv  ^la\imilieii.  Lt* 
0  jnlii    i:m,)  ils  livrèrent    l:ataille  aux  Kraneais 
p:  (  s  de  la  Uiotta.  L  o]>iniàta'te  des  deux  fiiirtis 
remlil  1  aetioii  liès-nu*ur!i  ièr(*  ;  la  vietuire  resta 
l(Mi::l.-i)ips  douteuse  :  l\nantat!;o  pass««  plus  dnue 
\\>\>   iVuAC    arn.ec   à   l  autre    sans  ètn*   deeîsit  : 
cnlm  «  api  l's  i:n  cainat;e  epou> autoble  >  les  IVou^ 


LOUIS  Xir.  4.)f 

Ç«îs  furent  conti-aiuts  d'abanilciiincr  le  cKamp  de 
bataille  à  l'etiueini ,  et  ilans  leur  constcrnatioa 
ils  repassèrent  précipîtaaimeat  les  âlpes. 

la  défaite  des  Français  et  leur  prompte  re- 
traite d  Italie  rendirent  Milan  et  les  autres  villes 
du  ducbé  a  iMasimilien,  et  produisirent  une  nou- 
velle révolution  à  Gènes ,  qui  secoua  encore  une 
ùtis  le  joug  de  la  France. 

Malgré  les  torts  du  pape,  Louis  X3I,  qui  dé- 
sirait la  pais  avec  le  saïat  siège,  reçut  les  ex- 
cuses politiques  de  Ldon  X,  et  consentit  à  se 
détacLer  du  concile  de  Pisc  et  à  reconnaître 
l'autorité  du  concile  de  Latran.  Les  scnipiiifs  | 
et  les  prières  de  la  reine  furent  une  des  prinei—  ^ 
pales  causes  de  sa  résolution  ;  il  avait  résiste 
longtemps  à  ses  inipoi'tunités  ;  un  jour  mêoie 
il  lui  avait  dit  d'un  ton  assez  vif  :  «  Ile'  quoi  > 
«  madanie ,  voulez-vous  être  plus  savante  que 
>  tant  d'universités  qui  ont  approuvé  le  con— 
«  cile  de  Pise  ?  Vos  confesseurs  ne  vous  ont— lia  - 
«  point  dit  que  les  femmes  n'ont  pas  de  voix 
«  dans  l'église?  a  Maïs  eu&i  il  cédi  nni  ins- 
tances de  la  reine  et  ans  ohs'Tvalioiis  de  quel- 
ques membres  de  son  conseil  ,  et  donna  une 
entière  satisfaction  au  pape. 

Pendant  que  Louis  XII  soutenait  la  guerre 
en  Italie  ,  une  ligue  redoutable  se  forma  contre 
lui  à  Malines,  le  5  avril  i5i3  :  Marguerite  d'Au- 
triche, qui  gouvernait  alors  les  Pays-Bas,  l'hait 
frovoquée  ,  et  les  confédérés  étaient  le  pape , 
empereur ,  le  roi  d'Angleterre ,  le  roi  d'£sp^ne 
et  les  Suisses. 

Lotns  leva  des  troupes ,  équipa  une  flotte ,  ra^ 
sembla  ses  meilleurs  capitaines,  et  réunît  tous  ses 
moyens  pour  se  défendre  contre  tant  d'ennemis 
qui  menaçaient  d'en vabir  le.  royaume. 

he  roi  d'Angleterre  descendit  k  Calais ,  et'vint 
faire  le  siège  de  Tbérouanne.  L'armée  comblue» 


/-,2  LOUIS  xrr. 

*:•:»:■    ::.s..- .    !..•:   ■.■   .m;     fr..:ii:u*:'    •  ■  r:  •    ^^r- 

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X\ii\  :.- u  •;•  !  :  .!  >  :  •  •  tf.  J-Ûjik.'»  >•  t."'t£'  ri'.it  ::■.  a 
^  ".i-  ;;.'  lit  T  u  '  -.nt  i:ii  liU-'i-i  .  :-  ^tis  i'*  ::U'  ir.i  ht 
j  .*    i  »!',;•..   .■  r    Jv    >■    :v.vi^.i.ll»  ! .  C«f    y:*:ii.'r 

NI  Tï»  1  *■  :  j-i-  .li  ■  .'."  n-f]»!;"  ]\>'.îr  >  >  jd^i  :s.».t»  >  . 
tj'.îi .  ^'i|'»r:  !•  m  >  »  :i  ii'iîà!!«i-  .  ii  .-vaii  ut  yn  l.i  \  Jiir.- 

.*•'  ri    _'ii»'.ai   >■  u'uiit    ijti'i  11»'    >'..ivi!  ,    et  i.irlâ!'  t. 

l"  i^.  t  11»  II. Il  i'  >.i  V  '  '  iir  tt  >*tTr\:it  ;».'•»>•:••* 
I'-  ■  •  nti»*'M. ,  i'.i  tu-  I  aitiiî!-"  ,  iî«.u:ît#'  le  iSv?.:.  w'it 
1  '  j ,  \iiii  lU-  Or.iu  ;^  ib' .  hit  noinir.et'  hi  ;oUi  ::♦  «• 
i:  -  ',  .••;■■'/.»  .  p:iîcj'  «{Uf  .:  Il  <  Français  ^  ii  ^.'ii'».' 
«■    I.  ■a>;«ii.   l'it  r>î«/':ai,   s  Vu   st'r^irtnt  mieux. 

J.i  ;^aiiii>- !i  «l'  rr:'rouann-^  .  ('r|>ourvii>'  tV 
>iMi  s  »  l  ^^lr,s  I  ^pi.iir  li»-  <'tn  px*ocurt"r  ,  capituij 
t^'...^t?L'  j(.ui>  aju»".-  CI  (il.*  l.aUiîllo. 

L'  lui  iI'Ari^'Ji  t«rio  ii"  lorna  pas  là  ses  vic- 
ti»ii's.  cl  Touillai,  assi.  uCf  à  son  tom*  •  toiiiLa 
aiiv*»i  \  Vï  N.  Il    |»iiu\ i»li'. 

J'  .m  J\  .  viA  fi  Ki-iiss»'  ,  seul  allié  qui  fût  ivsfe 
;i  1.1  J'iaiice.  t  iitra  iii  Antilttfrre  avec  une  forte 
aiiiJiM-  pour  l'aii«»   une  iliversion  en    faveur  de 
i.i»iii:>:  mais  ce  prince  avant  été  tué  clans  la  pre- 
liiièrr  ijataiileiju'il  livra,  et  les  Suisses,  au  nombre 
<!«'  wiii^t  mille,  efant  entrés  dans  le  cœur  de  la 
i  j;iiii;(jj  ce  rovaunie  allait  devenir  la  proie  des 
«•li:mi;(rs  sî  le  iïcnéral   IVaiieais  la  Trëniouille 
lit  m{  adroitement  conclu  un  traité  avec  les  Suisses 
t.iinlis   iju  ils  asi(';jieaient  Dijon.  Louis  connais— 
«ail  toute  ri  ni  poi  lance  du  service  ^ue  lui  a\ni\t 


LOUIS  XII.  493     . 

.rendu  la  Tidmouille ,  toutrioîs  U  ilésOTOUo  pu- 
bUijuemciit  uu  tiail^  qui  était  peu  liuikoi'ii|)le  à 
la  Franco ,  et  déclara  qu  U  ne  rpaouçait  pas  à  ses 
droits  sur  le  duché  de  Milan,  ainsi  que  sou  gé- , 
néral  l'iivaitprouiiapoui'  lui.  Les  Suites,  in'ilés, 
se  préparaient  à  euti'er  en  France  au  noiubi'c  de 
cinquante  mille;  mais  le  pape,,  cpii  avait  hesoîa 
de  Louis  Xll  pour  l'étalilissement  de  aa  famille 
dans  la  soiiveia iaeCé  de  Florence ,  employa  avec 
succès  sa  médiation  aupiès  d'eux. 

Louis  conclut  une  trèvc'  d'un  an  arec  le  roi      | 
d'Espagne,,  et ,  malgi^é  -tous  ses  revers  ,  garda      ( 
l'attitude  convenalile  à  la  majesté  du  trône.  Un     'ï 
de  ses   courtisaus   lui  conseillait  de  ratifier  la 
traité  de  Dijon ,  sur  lequel  il  lui  sei'ait ,  disait— il, 
fsicile  de  revenir  quand  il  aurait  dissipé  la  b'gue; 
il  répondit  :    a  Cet  expédient  ine  serait  très— 
«  avantageux,  mais  il  est  contre  la  sincérité  doat 
«  je  fais  profession,  n  II  ajouta  :  u  Je. ne  puis  nie 
K  résoudre  à  abandonner  le  duché  de  Milan ,  ni 
«  même  d'en  faire  semblant,  et  je  devieJidraîs 
«  insupportable  ik  moi-même  si  )e  mé   sentais 
«  coupajjle  d'une  telle  làclieté.  a 

Peu  de  temps  après,  le  9  janvier  iSt^ ,  la  reine 
mourut  au  château  de  Blois  ;  die  était  âgée  de 
trente  — sept  ans.  La  constance  du  roi  succomba 
sous  le  poids  de  sa  douleur  ;  il  porta  le  deuil  de 
cette  prùicesse en  noir,  etdrmeura  plusieurs  jours 
enlernié  seul  dans  son  cabinet. 

Le  pape  travaillait  séiieusement  à  réconcilier 
les  Suisses  avec  hi  France  ;  mais  ses  efforts  furent 
infructueux  ;  le  roi  ne  voulait  pas  renoncer  i  ses. 
droits  sur  le  duché  de  Milan,  et  les  Suisses  s'oba- 
tînnient  à  ii'acce'der  A  aucune  antre  condition. 

Madame  Claude  de  France  fut  mariée  le  18  mai 
de  celte  année  à  François  de  Valois',  h^^ritier 
présomptif  de  la  couronne.  La  reine  s'était  opposa 
coiutaniuxeiit  à  ce  luariage  ;  le  roi  lut-io&ae  ilfl  la 


I 


494  LOLIS  XII. 

"i«»>ait  ])a»  livre  ]ilaisir;  les  in'ocligalifes  du  jciiim 
])riiK-(lui  rnisaic'iit  rraiiiilrc  d«ns  1  avenir  jiour  les 
iiiiaiii.f  s  cl<"  1  Klal  ;  il  repoliiit  souvent  :  «  Ce  gros 
a  ^ar<jon  ^lit  la  tout.  «  Mais  il  ne  pouvait  exclure 
Franrois  do^Li  eonronne ,  ni  ])rocun*r  à  sa  illic  un 
îlus  Ixaii  sort  «jue  erliii  de  reincî  de  France,  et 
H  |)oliti(jue  et  1  intérêt  lircnt  taire  ses  scutinicm 
|)articuji4fi*s. 

Lï-  niaria{^e  i\v.  inadunie  "Réuéa  de  France  et  de 
rairliiduc  fut  ]>roj(  tc^.  Le  pape  ,  cjui  craignait 
1  alliancr;  de  Feidinand  et  du  roi  de  France,  s*oc- 
l'upa  lie  raj)])ro<-h('i'  ce  deinier  du  roi  d'Aiigle- 
li  nv;  cvlU'  négociation  fut  suivie?  d'un  plein  suc- 
cès. Louis  Xil  conclut  lu  paix  avec  Henri,  dontil 
t*))(iiisa  la  Ko:iii',  la  pi  incesse  Marie,  le  lo  octobre 
]/)i4.  Le  coiir(>nn(  nu  nt  de  la  nouvelle  reine  eut 
lieu  if  i)  (lu  mois  suivant;  des  joutes,  des  tournois, 
df  s  ieles  de  toute  es])èce  célébrèrent  cet  licureux 
«•>énen)cnt. 

Les  puissances  confédérées  furent  tiès-mécoii- 
lenles  de  celle  alliance;  le  ])a]H?  lui-uiénie,  qui 
lavait  provoquées,  m  montra  de  riiumcur;  sa 
politiijiieconsistaità  armer  les  puissances  les  unes 
contre  les  autres,  et  il  tenta  aloi*s,  mais  inutile- 
luenl  ,  i\v  dclaelier  les  Vénitiens  de  la  France.  11 
5(;  consola  du  mauvais  succès  de  sa  négociatiou 
par  le  ])laisii'  epi'il  épi  ouva  d'apprendi*e  que  les 
FrajK^ais  avai<  jit  été  eonliaints  d'évacuer  le  châ- 
lean  de  la  Lanteincî  d<*  Oenes. 

Quoi(|ue  Louis  ne  com])lat  pas  sur  TamlUédu 
pape;,  il  lui  e)nrit  se's  sece)urs  pour  placfT  son 
i'ii'ir  sur  les  tre>ne  de;  JVaples,  s'il  voulait  de  son 
ce)lé  Taide'r  il  rece)n(piérir  le;  Milanais.  L<*s réponses 
cvasive'sde;  l^M>n  X  ne>  laissère'nt  plus  aucun  doute 
sur  se  s  sentintens;  le  roi ,  sans  sinquietter  davan- 
tage eles  iiilcîèls  du  pape,  leva  une  armée  de 
cin(piante>  mille  lieimmes.  Déjà  cette  année  aiku't 
culi'cr  eu  cumpaguc ,  quand  il  fut  attaqué  d*uuu 


LOUIS  XIT.  49:: 

dysscnterie  qtù  le  cnuduisit  ru  peu  de  temps  iiii 
'tbmb«aui  il  muut-Ale  i°"^  janvier  1553 ,  (Wis  la 
cinquanU-quatri^me  aoade  de  son  âge ,  et  la  dis.- 
Beptiènic  de  sou  ifgue. 

La  nature  avait  dou^  Louis  XH  d'une  ngiUl^ 
■  et  d'uue  (bi-ce  extraordinairea  ;  Jamais  homme  ne 
But  mieux  mauier  un  cheval ,  ne  fut  pluï  Lardi  ai 

5 lus  adroit  dnns  les  divtir  tisse  mens  des  joutes  et 
L's  tuuruoîs  ;  jamais  homme  ne  luoutra  plus  de 
valeur  h  la  guerre.  Sa  prudence  1  euu  applica- 
tion ,  l'étendue  de  son  esprit  et  son  amour  pour 
Bes  sujets  lui-eut  iikeomparaliles.  Sous  sou  règne 
li)  FinDce  fut  heureuse  ,  riehe ,  tranquille  et  sou- 
iuïse  au  dedans  ;  il  en  fut  adorai  et  reçut  d'elle 
à  l'unanimité  le  surnom  de  Mute  et  de  Père  tàt 

Il  mérita  ces  titi'es,  car  telle  passion  qu'il  eut 
eu  fond  du  cœur  pour  la  gloire ,  il  ue  la  prë— 
féj-a  poiiil  au  bonheur  de  ses  états;  aussi  aucun 
■prince  n'a  plus  «jue  lui  été  uuiverscUcmeQt  rc— ' 
grclle. 

A  su  mort  les  erieura  dncurpe  disaient  le  Fong 
des  rues  en  sonuiujt  leurs  clochettes  :  Le  bon  roi 
i.oiiis  .VII ,  le  père  dit  peuple  ,  est  mort. 

A  sou  nvëneiuent  nu  trône  il  avait  t'émis  à  sea 

uptes  !(■  présent  de  cent  mille  écus  qu'ils  vou— 
ni  lui  l'aire  ;  il  ôta  lii  troisième  }>artîe  des  impôts 
lavait  trouvc's  ctiihlis,et  la  dixième  partie  des 
tailles,  qu'il  dliuiuua  d  aunde  en  année  jusqu'à  ce 

Îu'elles  fussent  léduites  à  moitié.  On  l'a  vu  plus 
'une  fuis  rég.Kindi^  tles  Linues  quand  il  était  con- 
traint d'iiu]H>stu'  quelque  suhsidc ;  les  gutrres qu'il 
eut  il  soutenir  ue  pui-eut  le  décider  il  demander 
des  sucrîliees  à  sou  ]>cu|<le.  Le  grand  oi-dre  qu'il 
avait  mis  dausst'siiuaui'rs,sesdépenses modérées > 
1  aliéuiitiiin  disiHi  doiuiùnc,  la  vénalîtédesciisr^fès 
l'il  iiili-oditisit  et  qu'il  était  i-ésolu  d'abolir  quand 
s  cuiiciuis,  voilà  Les  seules  fe»- 


yeu] 


qu  il  nili-oi 
il  amait  vi 


496  LOUÎS  XIÏ. 

KouiYPS  dont  il  usait;  alors  411  Vllos  ëfaient  épmséeê 
il  taisait,  la  paix  ,  crai^^naiit  plus  clapiiauvrir  son 
4>Ial  <{u'il  iir  (Icsiniit  d(;  1  agrandir. 

Il  joignait  h  ton  les  soi  vrrtus  une  reli(:;ion 
4^rlaLr<^ret  unr.  boiiU;  touchante;  il  riait  drs  clian- 
6011S  <^t  d(\s  ]ms(juihad('s  dirigées  contre  lui;  quel- 
(jiK'S  sei(;;ueurs  d(>  la  cr)ur  s'élant  plaint  de  la  liar- 
«liesse  des  farceurs  <[ni  les  avaient  tournés  en  ri* 
dieulr  sur  Iv  tluâlre,  il  répomlit  :  «  Le  théâtre 
«  n'est  redoufalih^  i[Ui\  ceux  dont  la  conduite  est 
«  peu  ré^i^lée;  on  n'a  imlx  se  pouyerner  sagement, 
«  et  Ton  ue  fouruit  plus  matière  à  la  satire  des 
«   i'areï'urs.  « 

11  aiuiait  la  1eetur(>  des  lions  ouvrages,  et  prit 
uu  soiu  partieuli(>r  dv  la  Jiihliotliècpie  qu*il  avait 
reyuedc  Charles d'Orléaus  son  père;  il  1  augmenta 
d(?s  livres  (pu;  J*élrar(pi<î  avait  possédés  et  de  beau- 
coup d  autres  eucore  ;  il  accueillait  et  protégeait 
les  g(  us  de  lettres.  On  lui  a  reproché  d  être  peu 
lihéral  ;  uuiis  il  disait  à  e(^  sujet  (pi'il  était  plus 
de  la  pi-ohile  d  uu  prinr(>  de  ne  rien  devoir,  que 
<le  sa  grandeur  de  beaucoup  donner,  et  quil  ne 
croyait  ])as  (luil  dut  l'aire  de  gniudes  largesses 
à  d(\s  parlieuticrs  aiiic  dépens  dv  ses  piUiples. 

Son  xèle  pour  la  jusliee  éUiit  si  grand,  qu*il  se 
Irausporlait  (h'ux  ou  trois  fois  |>ar  semaine  au  Par- 
lement ou  à  la  <:liaml)re  des  Comptes  pour  exa- 
miner la  couduitc  des  juges. 

11  corrigeait  sévèr(Muent  ceux  qui  manquaient 
à  l<Mir  caractère.  Ayant  rencontré  un  jour  par 
hasard  deux  cons(*illers  du  parlement  ({ui  jouaient 
en  ])ul)lie  (l<*  gross(>s  sommes  d'argent  k  la  paume, 
il  les  menaça  de  leur  oter  leurs  charges  s'il  leur 
arrivait  eneoie  de  souiller  ainsi  la  dignité  du 
cor])s  dont  ils  étaient  nuîmbres. 

lin  grand  seigneur  ayant  rompu  le  bras  à  un 
Bergcnt  qui  ex(M'<^ait  les  fonctions  de  sa  charge, 
Louis,  des  qu'il  le  sut,  alla  lui-même  au  Parler 


LOUIS  XII.  497 

I  ment,  le  bras  en  écharpc,  fairfi  tlonner  un  dé~ 

■  cret  de  prise  de  corps  contre  ce  sçigoeuri 

On  rapporte  de  Louis  Xïl  plusieurs  bons  mots  ;     . 
il  disait  :  «  Le  menu  peuple  et  les  pnvsans  sont 
■ .  f  la  proie  des  tyraas  et  des.  cens  d  armes,  «t 
«  ceux-ci  sont  la  pioie  du  diitble.  " 

«  Les  cliE'vuux  coureut  les  bdnéGces ,  et  les  ânes 
«  Ub  attrapent.  » 

a  II  n'y  a  rien  de  mieux  pour  la  conduite  de 
«  la  vie  que  de  voir  souvent  les  gens  de  bien  ; 

■  «  mais  il  ne  faut  voir  ni  avocats  m  procureurs  ; 
K  ces  G0rt<}s  de  gens  ont  coutume  d'alonger  le 
«  cuir  avec  les  dents  ,  eu  expliquant  les  lois  à 
«  leur  feçoii  et  conformément  à  leur  iutërét.  » 

Ce  bon  ,  roi  dont  la  méiuoire  sera  toujours 
«bère  aux  Français ,  fut  enterré  ii  Saint-Denis,  où 
François  1",  sou  successeur ,  lui  éleva  un  magni- 
fique tombeati ,  auprès  duquel  il  fit  placer  celui 
"  de  la  reine  sa  femme  Anne  de  Bretagne.  Il  avait 
eu  d'elle  -quatre  enfans  ;  deux  parçons  morts  au 
berceau,  et  deux  Elles ,  madame  Claude  de  France, 
qu'il  donna  en  mariage  à  son  héritier  présomptif, 
et  madame  Réué,  que  François  !"■  maj'ia  à  Hei'— 
cule ,  duc  de  Ferrare. 

Louis  XII  avait  pris  pour  devise  nn  porc-^pîc, 
avec  ces  mots  latins  ,  cominUs  et  eminits  ,  poW 
iaire  entendre  qu'il  s'était  rendu  redoutable  a  M» 
eanenus  de  près  comme  de  loin. 


498       VILUERS  DE  LlSLE-ADAM. 


i^^fc^»^i'^^<^^^^^^>»^^^^^^fc^/^^^ii%^>^^^^»i^^  ^^^^^^^^^^v»» 


MLLIERS  DE  L'ISLE-ADAiM, 


GRAND-MAITRE  DE  L'ORDRE  DE  MALTE. 


I  nn.TPPE  DK  VTT.URns<1o^Isl^-A(lftHl,8oîxnnft»- 
1^oisi^llu»  {j;raiâ(l-inuîhr  <1«»  l'Driln»  do  Saiiit-Jcnii 
i.\o  Ji^nisul(*iii  «  (Irscfiulait  do  Tuiir  (1rs  plus  nii- 
t'ioiiurH  (*t  i\vs  plus  illuslros  iiuiisons  do  l'Vnnc(>. 

II  olail  d(^  la  nit^nu'  tainîllo  (]U0  Joau  do  Villi(«r8, 
»i  liiUMu'o  par  son  nitri^U(\s  di\iiH  la  factiou  do 
ïl(»uri;c{»uo,  ot  «pio  lo  roi  crAii^lotorrc  llouri  V 
avait  fait  roiilVi  nu*r  h  lu  liiislillo. 

riiilippo  <l«»  Villiors  diî  rislo-Adam  outro  de 
lioiuio  iuMiro  <!ans  TDrdro  do  Saint-Joau ,  ot  w» 
fi(  (Tahord  (iistin<];uor  kous  lu  i^raiule  iiinitrîso. 
tl'l'iutM  Y  d'Ainl)oisï»,  (pii  avait  suoot^<UÇ  î^  J*ioiTO 
tlAulrnssou.  Kn  iSio  il  avuil  olé  dm rj' <$  ^  cou- 
ru ironuiuMit  avoo  lo  oouiuiuud(*ur  d^Amarul  , 
il'alLor  atlaquor  daus  lo  ^oKo  d^Aiaxr.o  lu  Hotte 
du  sultan  dKi;y{>lo,  ot  do  uiiuor  los  utoliors  do 
<M)iistruoti(>ii  <pio  los  iuddolfs  y  avai(Mit  cflahli». 
<'(ito  onti'o]>i  iso  tut  ooiuluito  avoo  autuut  de 
luudiouiMpK*  {\v  luavoui'i»,  ot  si  danscolto  aflairc 
la  n'li|;i()ii  ]>(>rdit  lui  ^raud  uouihro  do  sORKoldats 
distiu^ooH,  oa  iiVu  peut  altril)ucr  la  oauso  qu^à 
la  prosouiptiou  do  d  Auuiiat ,  qui  r«*tii8n  coiis- 
lainini  nt  ^  ptMidant  Tt^xpoditiou  ,  dc  d<$t<5ror  aux 
bai;rs  oouscmIs  do  l'Islo-Adanu 

A  la   uiorl  d'EuLory    d'Auiboisc  >    le  graud^ 


VîtLlEES  DE  L'ISLE-ADAM.  49c» 
^maître  FaLricc  Carettp ,  qui  lui  saccada  ,  et  qui 
■m'appréciait  pas  moins  les  rares  qualités  de  l'Isle- 
Adam  ,  l'envoya  résider  en  France  en  qualité 
d'ambassadeur  de  l'Oidre  ,  et  en  même  temvs 
-pour  y  remplir  les  fouctioiis  importaates  de 
Ttsitcur  et  de  lieulciiant  du  f^rand-maître. 
,  L'Isle-Adamdeiueura  euFrancejosqa'eniSlT. 
A  cette  époque  Fabi-ice  Carette  étant  mort , 
lX)i-dre  désigna  d'une  voix  unanime  le  vainqueur 
!  â'Aïazzo  pour  son  successeur.  D'Amaral  ,  qui 
croyait  avoir  partagé  avec  risie-Adam  la  gloire 
de  cette  eipédillon ,  fit  valoir  ses  prétentions 
avec  beaucoup  de  bauteur;  mais  la  modestie  et 
la  sagesse  de  son  concurrent  t'emportèrent  sur 
l'arrogiince  de  d'Amai-al  ,  et  le  chagrin,  qii'il 
éprouva  de  cette  élection  fiit  si  vif,  qu'aùssitAt 
après  la  nontinadon  il  e'écria  que  u  l'Isle-Adam 
.  n  serait  le  dernier  grand-maître  de  Rhodes.  » 
D'Amaral  ne  justifia  que  trop  dans  la  suite  cette 
cruelle  prophétie,  par  la  trahison  qu'il  commit 
pendant  le  sîe'ge,et  les  intelligences secrettes qu'il 
commença  dès  lors  à  former  avec  les  infidèles. 

Cependant  1  Islc-Adaiii ,  ayant  reçu  la  nonvelle 
de  son  élection ,  s'rmharqua  sur  la  grande  ca— 
ratpie  de  1  Ordre  pour  se  rendre  it  Ehode6;inais 
pendant  sa  roule  tout  parut  conjuré  contre  luir 
Un  incendie  \iolent  s'éleva  à  bord  de  ce  bSti— 
'  meut,  et  sans  le  sang-l'eoid  qu'il  déploya  dans 
cette  occasion,  le  vaisseau  et  tout  1  équipage 
SOI  aient  été  la  proie  des  flammes.  A  peine 
^happé  h  ce  danger ,  une  tempête  violente 
liattit  la  caïaque  el  menaça  de  la  submerger; 
le  tonnerre  lomha  tur  la  chambre  de  poupe  ,  tua 
neuf  hommes  ,  et  brisa  l'epce  du  grand-maîtie. 
Les  nmtelols  ne  manquaient  pas  de  regarder  de 
tels  accidens  comme  de  funestes  présages;  mais 
la  feriuelé  de  risle-Adom  leur  imposa  silence. 


Sao       VILLIERS  DE  L'ISLE-ADAM^ 

Son  courage;  lui  fit  égniemcnt  braver  les  dessein» 
du  fameux  coj'sairc  Custogli ,  qui  s'iStait  posté  suv 
Bon  passage  dans  i'irit(Mitiou  dVniever  à  l'Ordre  un' 
eliei  si  précieux.  Quoique  hi  ciel  et  les  hommes 
paruss('nt  vouloir  Taccabler,  il  arriva  heureu-. 
sèment  à  Rhodes,  au  moment  où  le  jeune  So- 
liman, fivr  de  la  nouvelle  conquête  qu*il  venait 
<le  faire  de  Belgrade,  se  disposait  à  tourner  ses 
armes  contre  Rhodes. 

Lrs  nej^ocia lions  que  le  sultan  avait  entamées 
pour  endormir  la  vigilance  des  chevaliers 
n'ayant  ai)outi  qu\'i  augmenter  la  défiance  de 
part  <.'t  d  antre  ,  des  corsaires  turcs  ayant  en 
même  temps  enlevé  Tune  des  galères  de  la  re- 
ligion ,  on  ne  songe  a  plus  i^  RJiode»  qu'à  se  pré- 
parer h  une  vigoureuse  lésistsmce.  Ces  dispo- 
sitions ne  lurent  ])as  dictées  par  trop  de  pré- 
voyance ,  car  aussitôt  après  la  déclaration  de 
cu(]r(>  solennelle  du  grand  seigneur  la  flotte 
d(  s  infidèles  parut  à  la  vue  de  Pile.  Elle  était 
composée;  el-e  nviron  e[uatre  cents  voiles  et  de 
plus  el(>  de'ux  cent  mille  hommes.  Soliman  ne  la 
cominaiielail  pas  en  personne  ;  mais  son  bean- 
fièit'  Mustapha  et  le;  hacha  Péris  étaient  chargés 
(\v  elii  Ige>r  le  siège  en  son  absence. 

Que)i(p;e  le' s  chevaliers  eussent  à  peine  à  leur 
disposition  six  mille  hommes,  y  compris  leurs 
ailiers,  les  bourgeois  epii  s'étaient  levés  et  armés  y 
et  le  s  pionnie*rs,  la  résistance  qu'ils  firent  éprou- 
verr  d'aborel  aux  assaillans  fut  telle  que  les  sol- 
dats turcs,  elécouragés,  se  nmtinèrent  et  voulurent 
se;  remharepier.  Aucun  de  leurs  ouvrages  n'avait 
])n  tenir  ;  le;  canon  de  la  place  foudroyait  tout  ce 
epii  osait  tenir  la  campogne  ;  chaque  jour  des 
corps  ele  troupes  détachés  tombaient  dans  les 
eMnJ)uscac1es  epie  leur  tendaient  les  chevaliers,  et 
k  ville  était  ibx*tiiiée  d'une  manière  si  prodi-« 


I  VILUERS  DE  L'ISLE-ADAM.        Sor 

jl     ipense  que  toutes  les  attaques  des   iulidèles  ne 
)      tournaient  qu'à  leiii'  houte. 

(Dans  une  |)osltiou  aussi  .  critique  ,  le  bachit 
"Péris  écrivit  à  Soliraaa,  et  lui  fit  part  do  germe' 
d'iusuLordination  qai  commentait  à  se  déve- 
lopper daus  son  urm^e.  Le  siiltait ,  irrité ,  s'eni- 
])arqua,  malgië  les  prières  de  ses  courtisans , 
avec  quinze  mille  hommes  qu^îl  avait  tirés  de 
Lycie,   arriva  brusquement  à  Aliodes,  et  inti- 

I  mida  tellement  les  mutins  par  so(i  audace  et  é» 
Bévéïité,  que  toi(^  rentra  dans  le  devoir  le  jour 
même  de  son  apnaritiou.  Les  deux  géiiéraui  pro- 
fitèrent de  celte  disposition  du  soldat  pour  presser 
le  siège  avec  plus  de  visucur. 

L'attaque  tiit  d'aitoru  dirigée  contre  la  (our  de 
Saint-Nicolas ,  que  le  paclia  Paléologue  a^  iiit  at^ 
taqtiée  avec  si  peu  de  succès  sous  la  grande  maî- 
trise dcFierre  d'Auliussoii;  mais  Mustapha,  ayant 
coanu' l'inutile  tentative  de  sou  prédécesseur, 
tourna  tous  ses  ciforts  contre  les  murailles. 

«.  Bientôt  l'ai'tillcrie  des  Turcs,  qui  battait  la 
place  sur  tous  les  points,  ayant  démantelé  les- 
principales  tort i fie alio ns ,  permit  aux  spabis  de 

~  tenter  plusieui's  assauts ,  et  les  clievaliers  com- 
mentaient n  s'apercevoir  qu'ils  n'avaient  plus 
d'autres  remparts  que  leurs  e'pées. 

La  ville  cependant  aurait  tenu  qoelqne  temp» 
encore  sans  la  défection  déplorable  de  l'un  de» 
principaux  chefs  de  l'Ordre ,  le  grand  chevalier 
d'Amaral  dont  nous  avons  parlé  plus  ttaut.  Ou. 
se  souvenait  des  propos  menaçans  qu'il  avait 
tenus  le  jour  de  l'élection  du  grand, maître ,  eb 
l'opinion  publique  s'était  un  instant  éveillée  sur 
les  relations  qu  il  entretenait  avec  les  infidèles  ; 
mais  l'âge,  le  rang  et  la  fierté  rejetaieul  si  loin 
tonte  idée  de  tialiison,  que  ces  soupçons  furent 
loog-tempj  euâevelis  doua  le  pLuâ  profond  si-^ 


5(îa       VILLIERS  DE  L'ISLE-ADAM. 

Un  jour  c<'pciidaut  que  resclavc  favori  du  cliaii- 
cplifT  s(*  KMMiail  au  népuscule  vers  le  rempart, 
dans  le  dessoin  de  laucer  avec  une  flèche  une 
Irtfie  aux  assicgrans,  uu  chevalier  qui  se  trou- 
vait au  )?oste  larrêl.a.  Les  tournieus  lui  firt^nt 
l)i«  :i!ôt  avouer  ce  <ju*il  savait,  et  le  clianceliery 
soumis  au  ju^v(>inetit  de  tout  le  chapitre ,  subit  le 
supplice  des  traîtres. 

Cette   perfidie  de  d'Amaral  eut  les   plus  fu- 
nestes oousequemers.  Le  mal  avait  été  découvert 
trop  tard  pour  (pie  la  punition  pût  être  utile. 
DAniajal,  chargé  de  l'inspection  des  poudres, 
avait  déclare   au  commencement  du   siège  que 
Ton    en    élait    ap]novisionné    pour   plus    d'une 
aiuiéc,  et  dès  le  premier  mois  on  commença  à 
s'aprrcevoir  du    mensonge  cpi'il  avait  comnus; 
on   fut   donc   oMigé  de   nVmployer   la   poudre 
qu'avec  la  plus  grande  résc^rve ,  et  les  chevaliers , 
dt'jà  réduits  à  un  petit  nombre  d'hommes  par  les 
fi  é((iient(»s  attaques  de  leurs  ennemis ,  se  voyaient 
CMcore  contraints   de  combattre  pom*  ainsi  dire 
saîis  nnuiitions  de  guerre. 

l'iie  lutte  aussi  inégale  ne  pouvait  durer  plus 
longtemps  ;  toutes  les  niuraill(>s  de  la  ville  étaient 
renvc.sées;  les  Turcs,  à  force  d hommes  et  de 
saciilices,  étaient  parvenus  à  se  loger  sur  tous 
hs  hast  ions  :  le  grand-maître  et  soixante  cheva- 
liers tenaient  seils  tet(»  (  lu'ore  h  IVnnemi  sur  les 
ruines  «le  h  urs  rcm]>arts.  Les  habitans  de  la  ville 
demandaient  à  grands  cris  que  Ton  capitulât;  il 
fallut  donc  consentir  îi  recevoir  les  propositions 
de  Soliman. 

(1  est  ainsi  (pie  se  termina  le  siège  le  plus  glo- 
rieux dans  les  nnnah  s  de  l'histoire.  Rhodes  à 
cette  époque  ofli  it  le  rare  s])ectacle  dune  place 
di'Iendue  par  six  nn'lle  lionnues  seulement ,  qui 
ic:istu  à  toutes  les  forces  de  Icmpirc  ottoman^  et 


VIIilERS  DE  L'ISIJ^ADAM.  5o3 
qui  TÎt  jKÎrir  sous  ses  muis  plus  de  ijuatre-Tiogt* 
mille  Turcs. 

-  La  capitulation  ne  fut  pas  signée  sans  une  vive 
ftppositiou  lie  la  part  de  i'Isle-Adam.  Ce  ^éné- 
reux  cheTalîer  avait  re'solu  de  s'eiiseTclir  sona 
les  mines  de  la  ville  plutôt  que  d'abandonner  aux 
infidèles  lecbef-lieu  de  l'Ordre;  mais  la  vue  d'un 
peuple  eu  larmes  qui  le  suppliait  de  ne  pas  l'es— 

S  oser  à  la  rage  du  vainqueur  ,  qui  le  coujurait 
'arracher  les  enl'ans  à  l'esclavage  et  les  femmes 
SD  déshouneur ,  le  déterminèreut  à  -accueillii^  Fa- 
VoraMemeut  les  parleuieulaires  du  sultan. 

II  fut  convenu  dans  le  traita  qne  le  peuple  de 
Bhodes  pourrait  quitter  l'île,  et  qu'il  suivi'ait  la 
fortune  des  chevaiierB;  qu'il  ne  serait  fait  aucun 
dommage  à  leurs  propriétés  ;  qu'on  u'exigerait 
poiat  de  ceux  qui  restaient  qu  ils  changeassent 
de  religion  ;  ciiliu  la  capitulation  fut  hono- 
rable. 

•  Au  moment  de  la  remise  de  la  ville  aux  trou- 
pes turques  ,  quaire  mille  janissaires  se  présen- 
tèrent pour  pu  prendre  possession;  mais  qnelques- 
ans  d'entre  eux,  sous  prétexte  de  s'assurer  des 
postes  ,  se  lëpandirent  dans  les  maisons  ,  les 
pillèrent .  prol'auci'ent  Les  églises  ,  les  hôpitaux  , 
et  fouillèrent  jusque  dans  les  tombeaux  des 
grauds-inaîtres  pour  en  enlever  l'or  et  l'argent. 
Soliman  .  averti  de  ce  désordre ,  en  fut  indigué  ; 
il  fit  dire  aussitôt  à  l'aga  des  janissaires  que  sa 
tête  lui  i'épo[idait  de  la  conduite  des  troupes  r 
dès  ce  moment  cessa  toute  hostilité. 

Soliman  voulut  jouir  de  sa  uonquête  et  par- 
courir la  ville;  mais,  par  un  elTet  de  l'admiration 
que  la  rai'e  bravoure  du  chevalier  lui  avait  ins- 
pirée ,  il  \oulut  rendre  hommage  au  vaincu.  Le 
3.^  décembre  162Z,  il  monta  au  palais  du  grand- 
uiaiti'c. 


.io4      vHj.u'.Ks  m;  i;r^!.n-ADAM. 

l/lsli  -  Vit.nii  1(*  rcriil  nwv  liiiilrs  Lrs  iiiiirr|iir] 
<h'  i-(  s|h'(*(  (lues  il  un  jinissiiiit  nMHiai'i|iir.  Siiliiiiaiii 
(l.ins  iiiic  ^isilr  aussi  cxlraorfliiuiiir  piMii*  nu  dfS' 
|M)tr  ilr  roi'iriit  ,  alxii'da  I  jslr-Ailaiii  fl'uiir  iiiii' 
iiirir  all.ililr ,  l*f'«hnila  a  sii)»|iorlri*  rriiirat>fiisr-« 
iiKMil  vv  rcvcis  (If  rniliiiu*,  ('(  \r  fil  UNsurcr  ({ik* 
si  11'  (riii|>r.  |M  I  srril  par  lit  capiliilalitm  iiVtiiif. 
p:i.s  iHM-c.s.salrr  ,  il  Ir  proioii^riail.  voLiiiliciii. 
l'.ii  sr  irtiiaiil  Snliiiian  sv  l'clmiiiia  v<*rs  son  vi- 
sii' ,  vi  lui  flil.  :  »  (le  u*r.s|.  |ms  }«ans  pi'iur  (pu* 
i>  |\)l  li;;('  vr  rlucllrii,  à  sou  àj^r ,  ilr  Kurlii'  de 
Il  sa  in;iisnu.  »t 

r.iiliu  ,  Ir  prruiicr  jauvicr  iS'^'i,  ipiiifn*  inillf* 
Ulioili  IIS  I  I  !.•  peu  ilf  clirvaliri's  (pil  avairiil.  Kur- 
vci  u  à  II-  sii'i^r  lurui  trier,  s\'uil»arcpu*'rrul.  sur  li» 
iiàiiuinis  (Il  la  ii  li.;;i(»ii.  I<  Islr-Adaiii ,  »pi«\«<  avoir 
pris  roM;,('  (lu  (;i;ni(I~:^('ii;iirur ,  vn  linii  \wvr.  ipii 
VI  illnil  à  \,\  (Muisi  l'valiou  di*  (uns  M'H  l'iit'auM, 
monta  l<>  (Ici-iiicr  sur  son  vaisseau  ,  almiiilonuniit 
ainsi  !.!.' d.-  lUiodrs  ,  où  1  Ord  rr  de  Sa  in  I-.1  eau- 
<l(- -.lei  I  s.'lrni  ie;;nait.  aver  laui  dVi-lal  dcpin'i» 
pli:s  (!e  deux  sli'i  les. 

(,(  Ite  tl'itti>  ,  ipii  portiiit  les  Irisffs  drlirîs  d(*  l:i 
loi  l'one  de  Itiioiles,  lut  eiu'on*  arealdi^r  par  niia 
((  ui|  êle  all'ii  os.  ,  i  t  pai  vint  à  peinr  h  kp  nUu^îei* 
diin..  I  ■  pnit  ili  I  lie  de  (!;indle;  mais  I  IsLe-Adauif 
indi;.;-.!'  «1  I  i  eon|M!.le  liiuiditr  des  VcuiiticuN,  (pli 
a\aii-nl  \  i.  {i)ud>ei'  avee  la  plus  grande  indiiU'- 
Il  iii  I  |:i  pl:iee  (pn*  servait  di*  lanilevarl  il  la  rlinv* 
lieii'i'  iiiusi  ip:  à  leurs  possessiotiH  dan.s  Icfi  iiirrsdii 
J<e\anl,  se  l.ala  de  K'parrr  seti  vaisscuul  vl  i\v.  JX*- 
inetti  e  i)  la  \  i.ile. 

Il  I  d(  -  /S':nn  ,  lie  voulant.  piiH  aimndolinpr  Ifd 
liai.lliin-.  l'e  idiodes,  dinit  la  pliipai  I  riaient  ni»'- 
ladi  .'. ,  ai  I  i\a  d(*s  derniers  :i  Messiiu*,  nii  M*H  vni^ 
sia.x  (!e  p^ui  1  re  l'iaient.  d(''ja  dcpui.H  fpli'lipie 
Icuip...  Il  avait  r!i^  foi  ce,  avant  U'iiJjurdcr  en  Si* 


VILUERS  BE  LlSLE-ABASr.       SoST 

eUe  y  de  toucher  à  GallipoU ,  dans  le  golfe  à'fy* 
Ironte  ;  mais  ed  entrant  à.Me3sine  U  i^e^  l%Cf^  '   *'' 
eueil  le  slns  flatteur  et  le  mieux  mérité*  Lldè*,      - 
Àdap,  dès  qu'il  eut  mis  pied  à  terre,  parut  peu 
aensQ>le  aux  honneurs  qu'on  lui  rendait ,   et^       . 
comme  s'il  eût  èherehe  à  s'en  montrer   nluf^ 
digne  encore ,  il  létablit  aussitôt  na  hâpUal  dans 
le  palais  qu'on  lui  avait  nrëparë,  ^t  sen^pressa 
d'y  seryir  lui-même  les  blessas  >  comme  un  sinn 
jple  chèyalier. 

La  peste  surrenne  à  Messine  en  chassa  l'Ordre  » 
gui  fut  jouir  quelque  temps,,  sur  les  côtes  da 
rojaume  de  Naples,  d'un  air  plus  pur*  Après  ua 
ië|our  assez  court  à  Bayesi  et  dans  les  enyirons'dor 
Cumes  y  risle  -  Adam  s'embarqua  ppur  GÎTita^i*. 
Fecchia  et  se  rendit  à  Rome^  pu  Iç  pape  InifitW  ' 
j^os  obligeant  accueiL  , . 

,  Ce  fut  à  peu  près  yers  cette  époque  qqiç  l'Ordre  r 
Kgcutant  les  divers  projets  d  établissement  que 
yom  avait  proposés,  parut  s'arrêter  à l'offi^  £|ïte 
jpar  le  ministre  de  Cnarles-Quint  de  céder  h.  la 
religion  les  îles  de  Malte  et  du  Goze ,  ainsi  que 
La  ville  de  Tripoli  et  son  territoire  ;  mais 
comme  les  conditions  du  traité  n'étaienipascon*. 
eiliables  avec  Tindépendance  de  l'Ordre,  legrand** 
maître  partit  pour  Madrid,  dans  l'intention  de  le» 
discuter.  Llsle-Adam  se  montra  à  la  cour  la 
plus  renommée  pour  sa  profonde  politique  t 
KUssi  habile  négociateur  qu'il  avait  été  anpara— 
^a|it  grand  homme  de  guerre  3  il  eut  la  gloiro 
l*étre  le  médiateur  entre  deux  puissans  monaiv 
[ues  dont  les  intérêts  étaient  difficijles  à  cou— 
ilier;  c'étaient  Charles -QuinJt  et  François  !•'. 
l  sVgissait  donc  de  traiter  pour  un  roi  fier  et 
onéreux ,  noble  et  franc ,  vis-à-vis  d'un  prince 
putain  et  avare,  orgueilleux  et  dissimulé^  qui 
^ailleurs  tenait  son  ennemi  daus  les  fers» 

Tome  //.  43 


1 

nçoïn 


5«fi       VITXTERS  lïE  L1SL1!-ADAM^ 

La  (lurhcssD  d'Alciiçoiii  ftocur  de  FYinçoIa 
n'aytint  )>«  rif  a  nbtcuii-  àe  l'empereur ,  et 
vujaut  m^mr  sur  Ir  point  dVtrv  rrli-itac  i 
tonr  en  Espagne,  s'^cbappu  au  plus  vite-  <-t  la 
tout  le  »uin  lie  cette  gfaiide  nlf&îre  ît  Tls 
Adam.  Sfs  soïds  et  ses  peines  piireul  ciifîn  d'Ii 
naws  sDÎteS  ;  il  ameua  les  dctis  priiicra  h  a 
venir  d'un  traittS ,  et  leur  fit  mAroe  cousï-ntir  ! 
voîp.  Cette  dcroiôre  cii-couslance  lui  foui 
l'oecnsiou  de  ilevenir  cncoit;  niAtînlctir  en 
enx  ,  dana  une  dîiwuNsiflii  bien  légère  h  la  v>fr 
mais.u.  ulmioiua  rorl.  dt^ii-Htr.  Ctiarles  V  t-t  Fri 
çoî»  ï»*'  ^tnnt  Sortis  ensinible  au  puioase  d*i 
porte,  Oiarles  dérdra  le  pas  ou  roi  de >■*»» 
celiii-ei  le  vcfaut  ;  iilor»  ils  nmK-Ièrent  I*  ([ni 
maître  pour  Pu  d»?cidcr.  ■  Je  prie  dîou  , 
■  aussitôt  risle-Adam  ,  qu'il  n'y  oït  jair 
»  de  dllttJrens  de  plu»  gniudt?  Importa: 
«  eiilff!  vuï  maiest^s.  »  Et,  ii'adiVisant  Ik  Fr{ 
çoi»  !•' ,  ■  Personne  ,  sire ,  ne  disconvient  I 
«  l'empereur  ne  soit  le  pi-emier  priiico  de 
c  clu-étieuté  ;  mai»  tjtunt  dm»  «es  ^tats  et  d 
«  son  pnliiis  ,  il  uie  leinhli'  i|ue  voqs  ne  de 
«  pus  refuser  Ica  honneurs  ijull  evoit  dev 
«  au  plus  grand  roi  de  l'Knropc.  ■  L'nupcrt 
lui  sut  boa  pr<î  tlt'  celle  >'<fpoiise,  et  dJuVr  n 
ment  il  n'occupa  d'uplanir*  toutes  les  diÂîcul 
■pli  pouvaient  s  0|  poser  !t  lutublissciHïnt  def  ci 
valici'sb  Malte. 

Bientôt  tinforttmd  grand- mitJtre  ml  k  ir 
tenir  une  luttg  bien  nulit'aiejit  dtineerease. 
priSe  de  Ilttodes  ayaut  fait  croire  ft  pla^iet 
tibu^e'ruins  <|ut!  l'Ordre  allait  s'anéantir,  ({u 
<pie!<-uuN  dV'ntre  eus  crurent  pouvoir  disp» 
di'S  biens  «[ui  lui  nppnrleuaient.  Lr-  PorlO(;al 
d'nbcn  d  cVlaler  ses  prétentions ,  et  nsIc-Aduir" 
l'iicorc  oJjligiS  de  rester  loug-tfsntoj       ~ 


VHUEBS  D£  LlSLE-ApAlL       icj 

.  poiil*  mettre)fin  à  cet  injuste  procèa;  mais  sa  solUcî* 
tade  obtint  une  récompensé  »  puisqu'il  parviiit,  à 

*  £Edre  confirmer  par  le,  roi  tous  les  statiw)et:l(dii 

.•   privilèges  de  rOrdre. . 

La  même  discussion  s'ëlera  àyee  l'Angletsjrrey 
et  fut  moins  fiicile  à  teruiineA^«  Henri  vUl  ^Tait 

,  rejeté  toutes  les  représentations  an  gNM^Hnaitra.^ 
et  avait  reçu  même  très-froidement  Tambaiii^dip 
qu'il  avait  envoyée.  L'Isle-Adam  ne  fiM^' point 
découragé  par  ce^  mauvaises  disposîtioiuu  .Sa^ 

«T  consulter  son  âge  ni  la  rigueur  \ae.la.i  igôsùa 
(février    1524),    il  partit  pour   VAngiq^ire* 

/:  jflenri  9  touché  du  dévpuement  de  ce  y4ii^>^^ 
vieillard ,  oublia  tout  ressentiment  9  et.lui  iqt  un 
accueil  fort  honorable.  Bientôt  la  poli^quê  ha— 
Jbile  de  llsle^Âdam ,  et  surtout  le  resp^  yfiV'''^^ 

{^iraient  ses  vertus  et  sa  courageuse .  dét^ue  à 
ihodes ,  déterminèrent  le  roi  à  entier  en  acêouH 
modement ,  et  le  résultat  de  ce  traita,  œfut  pas 
:  moins  favorable  ^rOrdr^  que  VayAÎt.^t^i^ui  de 

Portugal.  .  ^ 

Lorsque  TIslè-Adam  prît  congé  du  roî  pouf 
retourner  en  Italie ,  Henri  lui  envoya  de  la  part 
de  la  reine  et  de  la  sienne  un  bassin  et. une  coupe 
d*or  enrichis  de  pierreries.  Dans  la  suite  ils  fu-* 
rent  réunis  au  trésor  de  Malte  y  et  en  firent  un 
des  plus  beaux  ornemens.  ,[ 

Dès  que  le  grand-maître  et  son  conseil  eu-^ 
rent  reçu  de  Charles-Quint  le  diplôme  de  do« 
nation  de  l'île  de  Malte  ,  ils  Texaminèreut ,  et 
après  en  avoir  accepté  lék  clauses  on  dépécha 
au  plutôt  deux  ambassaAurs  auprès  du  vice-roi 
de  Sicile.  Ils  prêtèrent ,  suivant  les  conditions 
du  traite,  serment  de  fidélité  entre. ses  mains 9 
et  obtinrent  Tac  te  d'investiture  au  nom  de  l'em- 
pereur. De  là  il  passèrent  à  Malte ,  accomp^cuf^s 
de  six  commissaires  nommés  par  le  vice-roi  d« 


a«S        VILUBRii  DE  L1SIX-AIIA.V. 

mmi-mÊiitK  H  ék  coûfnl ,  ib  brrM  aenoest  •• 
Kvr  mun  de-  KOanofrr  tKx  ttabiUi»  rt  nax  pr«- 
pl«  de  ns  il»  leurs  itruîu ,  oostKncs  «•  pcii** 


LU»  AJim  mnfr»  pn  «pr^  dnts  pd^tn  t< 

abMtlnmml  qm  le*  t^imlicn  te  Aii,TyiiMMl  tk 
d^Jcntlre. 

Il  ne  manOBBil nlui  pour  Inlier étkUiesonekl 
dr  l'Onlrv  de  M«l(e  «ne  le  riUMpr  i4u  grawt 
ntaiti-e  .  dn  vMtseil  ri  de  toi»  W  rDeiAlicri  itm 
rUe  ;  il  fut  edrt-tnê  le  a6  octolve  iS3iw  el  Vam 
rtnkanfM  daus  de  pnmdf»  ^èm  c«  popi'  *■ 
fidèle  de  Rbodcs  •piî  sVtait  comUiuMittl  »UkW  • 
à  la  fi>rtnue  de  IXSndre. 

Tow*  1rs  nias  ^ne  deaumdHl  l'AïUùamnit 
«Ira  ebevalten  daitf  tine  pUee  telle  V[tK  %^hi^M 
w'emrW.'èîrtJî  jm  Ifs  E3ilhTt  de  tenter  ose  ••• 
r^tino  cMitre  la  yille  de  Klodon  m  t$3t  ;  rUt 
tr  iMiriM  au  !pUUf:e  de  cette  \illt,  dont  ott  oalcv» 
»lr*  rù-Uewp*  imuietuot. 

LTtle-Adani ,  aprfï  aTinr|ionnrn  )  btAtvWdi 
s*  Hniorlle  paneton.  apiÀ  aïoir  u'    * 
l;iM»m  l'urdre  le  plius^i^iVi  avoî 
uoe  église,  «ue  iolinnerie,  et  «'être 
leiiflrori;  de>  faïuîlW  lliiodieitufv  dt 
it'ftrail  er»^  de   prendre    mwa  .  u'nwâml  ] 
(|tt%  finir  en  paix,  t-ôaihlif  des  bétiêdic<iMii 
reux  i^ni  l'en vinnnai t'A.  une  lie  {>««see  an 
lieu  des  tiij,ifai(iMu  \t*  phis  violente»;  nui»  it  et». 
dit  nue  c«  l>éro«  ilexnil  ei»tt>re  être  «*unn»  «  -^ 
«pTFUTe*  lûen  enielles ,  t-t  ipw  In  plvs  i 
nfflîctiom  étaient  rewri^  pour   m*  i 


VILLÏERS  DE  L'ISLE-ADAM.  509 
£n  i533  les  chevaliers  de  plusieurs  natious 
prennent  querelle  entre  euT  ;  ils  en  Tiennent  aux  ~ 
luaîos,  et  le  sang  le  plus  piécîeus  de  la  clire- 
tienlë  est  versé  par  des  innius  chrétiennes;  pour 
la  première  lois  on  vit  des  chevaliers  se  faire 
aae  guerre  sanglante.  Le  désordre  ayant  enfîa 
cçssé  ,  la  loi  parla  dans  to  ute  sa  vigueur  ;  douze 
chevaliers  furent  Lannîs,  et  plnsieurs  forent  pr^ 
cipités  dans  la  mer.  Queltjue  justes  que  fussent 
ces  châtiraens,  risle-Adaiti  vit  avec  uue  dwuleur 
^gale  et  le  ci'inie  et  la  punition. 
-  Pour  ndttre  le  comhle  >i  l'afQiction  du  mal- 
heureux défenseur  de  Rliodes  ,  Henri  VIII,  eu 
1534,  détruisit  J'Oidro  diins  ses  états.  Ce  mo- 
naifjne,  après  s'être  déclaré  chef  snpi'ême  d'une 
religion  nouvelle ,  avait  voulu  que  tous  ses  sujela 
l'embrassassent.  Quoique  sa  doctrine  ne  semblât 
fondée  que  sur  les  principes  de  l' indépendance  et 
de  la  tolérance  religieuse  ,  Henri  fit  périr  dans 
les  fers  Su  sur  l'écliafaud  ceux  qui  refusaient  de 
s'y  so Time Itre.  Plusieurs clievalierse5|)irèreiitsoui 
lî^haciie  des  Iioiirri-aus  ;  d'autres  terminèrent  dans 
les  eachols  une  pénible  existence  ;  quelques-uns 
forent  exilés  ;  enfin  ,  on  petit  noinhre  seulement 
ifchappa  aux  persécutions  du  roî  d'Angleterre ,  et 
arriva  san^  aucun  mojcn  de  sulisistauce  &  Malte , 
où  le  graud-maîtrc  pourvut  à  leurs  besoins  avec 
une  admîi'able  charité. 

Au  milieu  de  CCS  vioIenschagrinsexpiraVilliers 
^  risle-Adain,  le  2a  août  i53^.  On  grava  sur  sa 
(ombe  ce  peu  diï  mots ,  qui  semblent  peiudrç  ea 
un  seul  tt'ait  tuut^  l'histoire  de  sa  vie  ; 

On  ne  lira  pfts  sans  élonnement  qu'après  ta 
Hiorl  de  ue  giaud  hoiuuic  ]a  maisoa  de  11âle~ 


5io       YILLIERS  DE  LISLE-ADAM. 

A'iain  ,  qui  siiLsîstail  dcpiiiii  plusieurs  siècles, 
tomba  dans  un  tri  «tnl  «linJigrnce,  que  lou  vit 
i'M  1730  un  (;mtillj(;ii)nic  de  celte  famille  rë- 
ihiit  à  (lerct'j*  lu  piofession  de  iroituiicr  pour 
faire  subsister  son  père.  Etait—ce  là  le  sort  qui 
devait  atteiulre  Irs  petits-neveun  du  premier 
héios  de  la  clirëticnlë  ?  D«vaît-il  être  permii 
que  1  liëi  ita(v(>  de  faut  de  veilus  ne  fût  pour  eux 
4ju'uu  liéritagc  d  afiliction  et  de  misère  ? 


TABLE 


iiie  partie. 

Pagtfc 

Germanicus-césar ï 

AGRICOLA  ,  Général  romaia. 24 

TITUS  ,  Empereur  romaia 41   , 

ANTONIN,  Empereur  romaia. 5S 

3\IARC-AURÈLE  ,  Empereur  romain.  63 

PROBUS  ,  Empereur  romain 85 

JULIEN,  Empereur  romain gj 

BÉLISAIRE  ,    Général    de    l'empire 

d'Oi'icut i£j 

NARSÈS,  Général  de  l'empire  d'O- 
rient    i6q 

JEAN  COMNÉNE  ,    Empereur    dO- 

ricat 191 


I 


,> 


? 


TABLE.  5l5 
PagM. 

ÎAJî  II ,  dit  LE  Pab^ait,  roi  de  Por- 
tugal    453 

DUIS  XII ,  Roi  de  France 470 

tLLIERS  DE  L'ISLE-ADAM,  Grand- 

Maiire  de  l'Ordre  de  Malte ^t 


riN  BV  fizcoirD  voluui. 


i 
J 


) 


Cf 


M,;?>