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Full text of "Biographie universelle ancienne et moderne, ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : Ouvrage entièrement neuf"

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University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/biographieuniam57nnich 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE, 

ANCIENNE  ET  MODERNE. 


SUPPLEME 


BA— BEN. 


^/*^^'%'%.%^»^%.'*^^-W^'VWl^W^^^  ■*-'»••* 


i>AUis,  iMpniMi'.aiK:  uk  twl  dupont, 

Rua  de  Grrneile-St-Hotioi-é,  u.  ib. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

ANCIENNE   ET   MODERNE. 


SUPPLEMENT, 


^IIITE  DE  L  HISTOIRE  ,  PAR  ORDRE  ALPHABETIQUE,  DE  LA  VIE  PUBLIQUE 
ET  PRIVÉE  DE  TOUS  LES  HOMMES  QUI  SB  SONT  FAIT  REMARQUER  PAR 
LEURS  ÉCRITS  ,  LEURS  ACTIONS  ,  LEURS  TALENTS  ,  LEURS  VERTUS  OU 
LEURS    CRIMES. 

OUVRAGE    ENTIÈREMENT    NEUF, 

RÉDIGÉ  PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  GENS  DE  LETTRES  ET  DE  SAVANTS. 


On  doit  des  égards  aux  vivants  ;  on  ne  doit  aux  moils 
que  la  verilé.  (Vojlt.  ,  première  Lettre  sur  OF.dipe.) 


TOME  CINQUANTE-SEPTIÈME. 


A  PARIS, 

CHI-Z  I,.-G.  MICHAUD,  LIBRAIRE-ÉDITEUR, 

RUE    RICHELIEU,    N"    67. 

1834. 


(     ^'^^.'^VHfCA     1 


,  Ali" 
I  f/l 


SIGNATUUES  DES  AU Tli^URS 

DU  cmQUANTE-SEPTlÈME  VOLUME. 


MM. 


MM. 


A— n. 

Artald. 

A— L— E. 

D'ALLO^VILLE. 

A— T. 

H.   ÂUDIFFRET. 

li— D  — F.. 

Badiciie. 

li— L— M. 

Bu  MM. 

B— N. 

BÉGi.N    (E.-A.). 

B— P. 

De  Beauchamp. 

B— V— E. 

De  Blossevillk. 

C.  D.  L. 

Creuzé  de  Lesser. 

C.  T— Y. 

Coquebert  de  Taizy 

D— B— s. 

Dubois  (Louis). 

D-G. 

Depping. 

D— R— n. 

DUROZOIR. 

E  — K  — D. 

ECKARD. 

E— s. 

Eyriès. 

F— LL. 

Fallot  (Gustave). 

F.    P— T. 

Fabien  Pillet. 

F_T— E. 

De  l.v  Fontenelle. 

F— z. 

De  Féletz. 

G— É. 

Ginguené. 

G — G— Y, 

De  Grécory. 

G — T — n 

Gauthier. 

G— Y. 

Gley. 

J— D— 5 

JOURUAN. 

% 

L. 

Lefebvre-Cauciiy. 

L  — c — X. 

Lacroix  (J.-B.). 

L— e. 

Lépine, 

L.  G. 

Leglay. 

L  —  M X. 

J.  Lajioureux. 

L— p— E. 

Ilippolyic  DE  LA  Porte 

L R— E. 

La    BemAU  DIÈRE. 

M— A. 

Meldola. 

M— D — E. 

]Madrolle. 

M— D  j. 

MiCHAUD  jeune. 

M— E. 

Mentelle. 

M— >■— s. 

MONNAIS. 

p — c — T. 

Picot. 

p— OT. 

Parisot. 

P — RT. 

PUILBERT. 

R  — D— N 

.     PxENAULDIN. 

R— F  -  G 

.    De  Reiffenberg. 

St— T. 

De  Stassart. 

V— VE. 

Villenave. 

W-r.. 

Walckenaer. 

W— s. 

Weiss. 

Z 

Z.  C. 

j  Anonymes. 

BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE. 


SUPPLÉMENT. 


.  ^^.^ «.-%/»•  »/«.-v*/»/%«,<%^^^^%    «/«^^«.^ 


B 

BAADER  (  Joseph-Franoots),  tloncs  niedicœ ,  incisionibus  cada- 
té  à  Ralisboiie  en  1733,  étudia  d'à-  veriim     inservientes  ,     Fribourg  , 
bord  la  théologie,  puis  entra  dans  la  1762,  in-8^.               J — d — n. 
carrière  médicale  ,  et   fut  appelé,  en  BAALE   (Henri    \àn),    poète 
1769,  KMunicb,  comme  médecia  de  hollandais,  se  fil  de  la  réputation  dons 
rélecleur.  11  mourut  en  1794.  C'était  la  littérature  dramatique  par  ses  tra- 
un   bon  praticien,  un  homme  actif,  gédiesrfel5'rt^:a<?É;e«e/^ (les Sarrasins), 
un    médecin  philanlrope.  On  n'a  de  Amsteidam,  i  8o9,iu>-8'^j  etv^/ea:««- 
lui  cpie  quelques  brochures  sans  im-  der  (Alexandre),  ib.,  i8i6*  pièces 
portance,   en  langue  allemande ,  sur  qui  durent  une  partie  de  leur  succès 
un    sirop    balsamique    et    fondant  ,  au  jeu  admirable  de  M  ^  Wattier- 
qu'il  préconisait  beaucoup  dans   les  Ziesenis   et    d'André    Snoek^     sur- 
affections  muqueuses  et  dans  les  ob-  nommés,  l'une  la  Clairon,  l'autre /e 
struclions. — BAADrR  [Ferdinand'  Talma  de  la  Hollande,  Van  Baale 
3Iarie),  autre    médecin  bavarois,  mourut  a  Dordreciit,  le  2  fév.  1822, 
ué  en  17475  a  Ingolsladt ,    mort  en  à  l'âge  de  4o   ^iis,  c'est-a-dire  dans 
1797,    à  Augsbourg ,   laissa  la  ré-  la  force  du  talent  et  de  l'imagina- 
putation    d'un     praticien    habile    et  lion.  Il  était  nïembre  de  la  société 
d'un  philosophe  distingué.   Il  avait  connue  sous  la  devise  Diversa  sed 
professé  l'histoire  naturelle  a   Mu-  una.                                 R — F — g. 
uich  ,    où   l'académie   lui  confia    la  BABA-ALI,  premier  dey  in- 
direction de  la  classe  de  physique  et  dépendant  d'Alger,  exerçait  les  fonc- 
dc  philosophie.   Il  n'a  écrit  que  des  lions   de  batcba-ousch   (tschaouscL- 
ouvrages   de  circonstance,    tous   en  bachi  )  ,    ou    grand  -  prévôt ,    lors- 
langue  allemande.  Le  seul  qui  mérite  qu'une  révolution  terrible  ,  provo- 
d'être    cité  est   une  instruction    po-  (juée  par  l'incontinence  du  dey  Ibra- 
pulaire  sur  lesmoyensde  guérirles  af-  bim,   termina  ,  en  1710,  la  vie  de 
fections  vénériennes  (Munich,  1777).  ce  tyran.   Baba-Ali,    élu    pour   lui 


morlle  10  novembre  I  773,  estauleur     mort  d'll)rahim  ,     que  parmi    ceux 
d'un  pelit  ouvrage  inlilulé  :  0Z'5ff/va-     qui  cherchaient  dans  ces  exéculions 


L  V 1 1 . 


2  BAli 

des  niolifj  pour  excilcr  de  nouveaux 
troubles.  Ce  dev,  d'uue  valeur  éprou- 
vée et  d'un  mérile  reconnu,  illus- 
tra son  règne  ,  cl  rendit  sa  mé- 
moire chère  au  peuple  d'Alger  en 
le  délivrant  de  la  tyrannie  des  pa- 
chas turcs  ,  et  en  éWvant  a  fiDaé- 
pendance  le  chef  du  gouvernement , 
jusfp'alors  humble  vassal  et  tribu- 
taire de  la  Forte  olhomane.  Depuis 
la  malheureuse  expédilion  de  Char- 
les-Quint conlrc  Alger  ,  les  Turcs 
avaient  exercé  la  plus  grande  in- 
fluence dans  celle  régence,  jusqu'au 
commencement  du  iy«  siècle.  A 
celle  époque  l'aiîtorité  du  pacba  fut 
balancée  par  l'inslilulion  d'un  dey, 
chargé  de  la  perception  des  irapôls 
et  de  l'entretien  de  Iroupes  qui  pus- 
sent suffire  a  la  défense  de  l'élal  , 
sans  le  secours  de  la  l'orle.  Le  pacha 
qui  j:;o'ivernait  Alger,  en  17  i  o,  ayant 
voulu  s'opposer  a  l'éleclion  de  Baba- 
Ali,  et  s'arroger  trop  de  parla,  l'auto- 
rité ,  le  nouveau  dey  le  fit  arrêter  et 
l'embarqua  pour  Coiislanlinople  ,  en 
le  menaçant  de  le  mettre  a  mort  s'il 
revenait  a  Alger.  Cet  homme  habile 
envoya  en  même  temps  un  ambassa- 
deur avec  de  riches  présents  pour 
le  grand-seigneur,  les  sultanes,  les 
vîsirs  et  les  grands  officiers  du  sérail. 
Il  lui  avait  aussi  remis  un  mémoire 
justificatif,  où,  après  avoir  exposé 
les  griefs  coniro  le  pacha,  dont  on 
n'avait  épargné  les  jours,  disait-il, 
que  par  respect  pour  le  nom  ofho- 
man,  le  dégoùl  insurmontable  delà 
la  milice  et  ^v^  habitants  d'Alger 
contre  le  gouvernement  des  pachas, 
il  finissait  par  représenter  (|u*un 
j)a(  lia  étant  désormais  inutile  et 
dan  :;«  i(  MX  ,  il  était  convenable  de 
ne  plus  en  envoyer  et  de  ronférer  ce 
litre  au  dey.  la  demande  de  Haba- 
Ali  lui  ayant  été  aieordée,  il  fnl 
alors  regardé    et   <';ouvrrna   comme 


BAB 

souverain  allié,  et  non  plus  comme 
sujet  de  la  Porte  othomane ,  dont  il 
ne  recevait  les  ordres  que  lorsqu'il 
s'atrissall  d'affaires  de  religion  ou  d'al- 

o  o 

liauce  contre  les  chrétiens.  Cet  état 
de  choses  a  duré  jusqu'à  la  conquête 
d'Alger  par  les  Français.  Baba- Ali, 
loin  de  vexer  les  Européens,  h 
l'exemple  de  la  plupart  de  ses  pré- 
décesseurs et  de  ses  successeurs  ,  fit 
périr  dans  les  supplices,  en  17  16  , 
un  Maure  qui  avait  donné  un  soufflet 
au  consul  anglais,  et  il  renouvela 
l'alliance  d'Alger  avec  l'Angleterre. 
Ce  dey  paya  néanmoins  le  tribut  aux 
préjugés  de  sa  religion  ,  et  fut  vic- 
time de  sa  croyance  au  dogme  de  la 
prédestination.  Attaijué  d'une  vio- 
lente fièvre,  il  refusa  de  prendre  au- 
cun remède,  et  de  consulter  un  chi- 
rurgien français  ,  de  peur  de  con- 
trarier le  décret  de  la  Providence , 
cl  il  mourut  en  1718  ,  emportant 
l'estime  et  les  regrets  des  Européens 
et  des  musulmans. — Un  autre  Baba- 
Ali,  aussi  <\i'^  d'Alger,  mourut  en 
1766,  et  eut  pour  successeur  Baba- 
Mahmed.  A — t. 

«ABBÏIVI  ou  BABIM  (  Ma- 
thieu), célèbre  musicien  ,  naquit  en 
1754,  à  Bologne,  d'une  famille  pau- 
vre. Son  intelligence  précoce  déter- 
mina ses  parents  a  s'imposer  des  pri- 
vations pour  lui  faire  étudier  la  chi- 
rurgie, dans  l'espoir  (|u'il  mériterait 
un  jour  le  tilre  de  docteur.  Il  fré- 
(pientail  donc  les  cour»  de  la  farulté 
lorscnie  la  mort  de  ses  parents  le  laissa 
sans  ressources.  Heurousemenl  il 
avait  une  lanlc,  mariée  au  fameux 
ténor  Arcangelo  Corloni,  (|ui  le  re- 
cueillit et  le  sdijina  comme  son  fils. 
ha  fortune  ne  pouvait  pas  hti  pré- 
senter une  occasion  plus  favorable  de 
cniliver  «on  goût  pour  la  musique. 
Corloni  lui  donna  des  leçons  cl,  cliar- 
mé   de    ses    heurcnses  dispositions , 


lun 


B\B 


se  fiL  im  plaisir  de  lui  commnniqiirr 
ions  les  secrets  el  loutcs  les  Huesses 
de  soiiarl.  BahMni  ,  dont  la  prouon- 
clatiou    élail    cmharrassce  ,    eut   de 
•fraudes  dillicullés  a  vaincre  pour  a- 
doucir  son  organe  nalurellemeiit  rude 
el  sourd;  mais  a  force  de  patience  et 
de  travail  il  parvint  adonner  a  sa  voix 
de  basse-contre  cette  étendue,  celte 
souplesse,  celle  sonorité  (pii  tirent  Fé- 
lonneincnt  des  connaisseurs.  Excel- 
lent musicien,  mais  non  moins  bon  ac- 
teur, il  se  fit  entendre  dans  toutes  les 
capitales  de  l'Europe,   et  partout  il 
excita  le  plus  vif  enthousiasme.  L'im- 
pératrice Catherine  le  nomma  musi- 
cien de  sa  chambre.  Frédéric  II,  qui 
rhouora  long-temps  de  sa  correspon- 
dance, le  retint  une  année  a  Berlin. 
Pendant  son  séjour  a  Paris ,    il  eut 
l'honneur  de  chanter  un  duetto  avec  la 
reiiie  Marie- Auloinette.  Dans  toutes 
les  cours  où  il  s'arrêta,  les  princes  et 
les  rois  ne  dédaignèrent  pas  d'accom- 
pagner quelques-uns   des   airs   qu'il 
chantait.  Il  était  en  1785  engagé  au 
théâtre  de  Vienne,  et  en  1789  à  ce- 
lui de  Venise,  où  il  fil  jouer,  avec  les 
costumes,  l'opéra  des  Horaces^  de 
Cimarusa    C'est  a  Babbini  que  l'Ita- 
lie  est  redeval)le  de   cette  heureuse 
innovation.  Possesseur  d'une  fortune 
immense,  il  en  perdit  une  partie  dans 
des  spéculations    commerciales.    En 
1790  il  chanta  avec  la  Monichielli 
sur  le  grand  théâtre  de  Turin.  Pas- 
sionné pour  les  arts,  tous  ceux  qui  les 
cultivaient  avec  quelque  succès  trou- 
vaient près  de  lui  des  conseils  et  des 
encouragements.  Plein  de  tendresse 
et  de  respect  pour  sa  tanle,  il  la  soigna 
lui-même    dans    sa   vieillesse    el  la 
pleura  comme  une  mère.  En  quittant 
le  théâtre  il  élail  revenu  a  Bologne  : 
il  y  vécut  entouré  de  l'esiime  et  de 
la  considération     pul)rKjues,    parta- 
geant son  temps  entre  la  culture  des 


IcHrcs  et  la  société  de  quelques  amis. 
11  mourut  le  21  sept.  18 16,  h  62 
ans  ,  cl  fui  inhume'  sans  aucune 
pompe  dans  le  cimetière  de  sa  pa- 
roisse. M.  Pierre  Brighenli  a  publié 
V h'io^c  de  Jinb/fi/ii^  Hologue,  1822, 
in-8",  où  il  l'offre  pour  modèle  aux 
unisiciens  qui  voudront  s'honorer 
eux-mêmes  en  honorant  leur  pays. 

W— s. 
BABET  (Hugues),  poète  latin  et 
philologue,    était    né    en    14^74?    H 
Sainl-Hippolyte,  petite  ville  du  comté 
de  Bourgogne.  Sou  père,  riche  négo- 
ciant, favorisa  son  goiit  pour  les  let- 
tres, et  l'envoya  continuer  ses  éludes 
dans  les  plus  célèbres   universités  de 
France  et  d'Allemagne.  Le  jfune  Ba- 
bel se  rendit  bientôt  très-habile  dans 
les  langues  anciennes,  et  fut  nommé 
professeur  au  collège  de  Busleiden  k 
Louvain.  Mais ,  avide  de   nouvelles 
connaissances  ,  il  ne  tarda  pas  a  se  dé- 
mettre de  sa  chaire,  et  alla  visiter  les 
académies  d'Oxford  el  de  Cambridge. 
Ses  talents  lui  méritèrent  partout  un 
accueil  honorable.  S'élant  chargé  de 
l'éducation  de  quelques  jeunes  An- 
glais,  il  les  conduisit  en  Italie,  et 
profita  de  cette  circonstance  pour  en- 
tendre les  professeurs  les  plus  distin- 
gués de  Pavie,  de  Padoue  et  de  Bo- 
logne. De  retour  a  Louvain,  il  y  re- 
prit l'enseignement  des  langues,  et 
partagea  son  temps  entre  ses  devoirs 
et  l'étude.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  a 
Bàle,  il  vit  Erasme  ,  B.   Rhenanus, 
Grvnseus,  etc.,  et  se  concilia  leur  esti- 
me. Ant.  Perrenot,  connu  depuis  sous 
le  nom  de  cardinal  de  Granvelle,  avait 
étudié  sous  Babet  a  Louvain ,   et  il 
conservait  de  ses  soins  la  plus  tendre 
reconnaissance.  Il  lui   en  donna  une 
preuve ,  en  l'appelant    k   Besancon 
pour  lui   confier  l'éducation   de    ses 
cousins.    En    1648    Babet   conduisit 
ses  élèves  a  Ileidelberg  j>our  s'y  pei- 


4  6AB 

fcclionncr  dans  la  langue  allcmaDdc; 
et  il  y  resta  plusieurs  mois  logé  chez 
Jacq.  Micyllus  ,  son  omi  (  Voy,  Mi- 
CYLLUS,  XXVIII,  600).  Les  Français 
s'ctant  empares  de  la  Lorraine  en 
i552,  la  duchesse  Chrisline  vint 
chercher  un  asile  à  la  cour  de  Ueidel- 
berg  ,  près  de  ta  sœur,  femme  de  Tc- 
lecleur  palatin.  Charmée  des  talents 
deBj])et,  cette  princesse  l'admit  dans 
son  intimité  j  et,  sachant  qu  il  avait  le 
projetde  retourner  dans  les  Pays-Bas, 
elle  raccompagna  jusqu'à  Louvain 
pour  jouir  plus  lotig-temps  de  sa  con- 
versation. Cette  \ille,  où  il  avait 
passé  les  biillantes  années  de  sa  jeu- 
nesse, était  devenue  sa  pairie  adopti- 
ve.  Il  y  termina  sa  longue  carrière,  le 
19  août  i556.  Illéguasa  bibliothèque 
au  savant  antiquaire  J.-J.  Boissard  , 
son  neveu  ,  qui  la  fit  transporter  à 
Montbelliard,  où  elle  fui  détruite  dans 
le  sac  de  cette  ville  par  les  Lorrains 
[J^.  Boissard,  V,  26).  Babet  avait 
laisse  manuscrits  des  traités  de  théo- 
logie, de  grammaire,  de  dialectique, 
de  rhétorique,  et  plusieurs  poèmes  la- 
lins.  Parmi  ces  poèmes  on  en  cite  un 
sur  les  incotivénicnts  attaches  à 
remploi  (le  précepteur^  qu'il  avait 
dédié  K  Franc.  Piichardot,  son  ami, 
depuisévè({ucd'AiTas(l^o^.HicuAR- 
DOT,  XXXVII,  575).  De  tous  les  ou- 
vrages de  lîabel  il  ne  reste  qu'une 
Eglof^ue  latine  adressée  K  Gdb. 
Cousin  sur  la  mort  de  (»uillaunie  de 
La  Baulme.  son  élève,  et  deux  èpi- 
tresj  Tune  a  Jean  de  La  Baulme  (/ '.  ce 
nom,  III,  566),  et  l'autre  à  Cl.  Frou- 
lin.  Ces  trois  pièces  sont  imprimées 
dans  leprcmit-T  volume  desŒuvresde 
(rilbert  Cousin,  p.  261,  45o  cl  ^53. 
Dans  les  J'jpislolfE  laconicœ  du  nu - 
me  Cousin  on  trouve  trois  lettres 
adressées  à  Babet  j  ce  sont  les  trenle- 
cin(|uième,  cin(pi.uilirme,  et  qualrt- 
▼ingl-cinquiènie.  Bois^Nard  .1  public  \*. 


BAB 

Vie  de  son  oncle  avec  son  portrait, 
dans  la  Bibliothec.  illustr.  viro- 
rw/«,  I,  275-80.  W — s. 

BABEY  (Pierpe-Marie-Atha- 
NASe),  député  aux  états  généraux  et 
a  la  convention,  était  ué  en  i  744 1  à 
Orgelet,  d'une  des  familles  les  plus 
honorables  de  cette  vi'le.  Il  y  rem- 
plissait la  place  d'avocat  du  roi  à 
l'époque  de  la  révolution,  dont  il 
eni!)rassa  les  principes  avec  toute  ia 
chaleur  de  la  conviction.  Député  par 
le  bailliatie  d'Aval  aux  élats-îTèné- 
raux  qui  prirent  le  titre  d'assemblée 
coustiluante,  i!  s'y  bt  remarquer  par 
1  indépendance  de  ses  opinions  et  par 
l'énergie  avec  laquelle  il  apostrophait 
les  orateurs  et  le  président  lui-même, 
quand  celui-ci  s'écartait  de  ^es  de- 
voirs. Le  7  déc.  I  790  il  fît  rapporter 
le  décret  par  lequel  l'assemblée  votait 
à.cs  remercîmenls  au  directoire  du 
déparlement  de  la  Mcurthe  et  h  la 
municipalité  de  Nancy,  en  prouvant 
que  la  conduite  de  ces  autorités,  pen- 
dant les  troubles  qui  venaient  d'affli- 
ger cette  ville,  était  loin  de  mériter 
un  pareil  honneur.  Lorsque  la  consti- 
tution civile  du  clergé  fut  présentée 
à  liOuis  XVI,  ce  prince  diflérant  d'y 
donner  sa  sanction,  Babey  proposa  de 
lui  demander  le  motif  de  ce  retard, 
et  de  décider  qu'eu  attendant  sa  ré- 
ponse rassend)lée  resterait  en  perma- 
nence. Quoiqu'il  ne  fut  pas  orateur, 
il  ne  craignait  pas  d'aborder  la  tri- 
bune. Il  avait  une  voix  de  Stentor,  et 
qui,  dans  les  discussions,  couvrait 
toutes  les  autres.  Lors(]u'il  fut  (pies- 
liou  de  rechange  du  Clermonlois  , 
il  réfuta  viclorieusemont  l'opinion  do 
l'abbé  Maury.  Le  28  février  1791  il 
se  |)Iaignit  de  la  lenteur  (pie  l'on  met- 
tait h  présenter  une  loi  contre  l'émi- 
gration j  et  quchpies  jours  après  il  fit 
décider  tiue  l'assemblée  n'entendrait 
pas   M.   do    Cleruiout-TonueiTc  qui 


HAI{  lîAB                       r< 

voiilall  lui  rpiidri"  roiiijilr  ilra  sci^ncs  tisans  les  plus  fouj^ueux    du    syslème 

tuiuulhu'uscs  dont  il  avail  failli  (l'rlrc  de    la    Icrrcnr    cl   des  confiscalions. 

la  viclime.   Lors  de;  Parrcslation  de  Avaiil  éu'   chargé,    après  le  3i   mai 

Louis  Wl  K  N'areiiups,  il  appuya    la  1793,  de  rouitiiandcr  une  troupe  rc- 

proposilion  (jue  rassemblée  s'eniparàl  volulionnaire  ,    il   porta  l'épouvante 

de  Ions  les  pouvoirs.    Le   2  5  juillet  dans   tout  le  département  de  TAr- 

sniyanl  il  demanda  cpic  ce  prince  fùl  riège,    et  coullnua  de  se  livrer    aux 

.Nuspendude  ses  fonctions  juscpraprès  mêmesviolences,   lorsqu'une  loi  delà 

raclièvement    de  la   coi^slilnlion,   et  convention  nationale  eut  ordonné  la 

que,  s'il  refusait  de  Tacccpler,  il  fut  suppression  de  toutes  les  troupes  du 

détinilivcment  déchu.  Aprèsla  session,  même  genre.  Le  député  Clausel  Tac- 

Bahey  revint  dans  sa  familîe ,  et  ne  cusa  alors  a  la  tribune,  et  parvint  h 

prit  aucune  part  aux  événements.  Au  le  fjire  décréter  d'arrestation,  ainsi 

mois  de  sept.   1792,  ayant  été  nom-  que    les   nommés    Picot,    Allard   et 

né  par  le  département  du  Jura  mem-  Massiac  ,    qui  avaient   tenu  la  mémo 

bre  delà  Convention,  il  s'y  montra  conduite.  Habi  ne    fut  point  décon- 

tout  autre  que  ne  pouvait  le  faire  pré-  cerlé  par  ce  décret  ;  il  vint  aussitôt  à 

sumer  sa  conduite  antérieure.  Dans  Paris  .    se    présenta    devant    le    co- 

les  débals  qui  s'ouvrirent  sur  le  procès  uiité   de   salut  public    avec    audace, 

du  roi,  il  demanda  que  celle  grande  et  non-seulement  il  se  fit  approuver  , 

question  fut  soumise  aux  assemblées  mais  il  obtint    une  somme   d'argent 

j)rimaires.  Mais  la  convention  avant  avec    une    mission     pour    reiourner 

décidé  que  Louis  XVI   serait   jugé  dans  son  département,  et  y  sw/ve/Z/tr 

par  elle,  il  vota  pour  le  bannissement  les  contre  -  révolutionnaires.    Le 

à  la  paix  ,  sous  la  réserve  de  Tappel  régime  de  la  terreur  était  encore  dans 

au  peuple.  Babey  fut  l'un  des  soixau-  toute  sa  force  ;  Babi  le  fit  eiéculer 

te-treize  députés  qui  protestèrent  con-  si    rigoureusement  ,    qu'en    peu    de 

tre  l'attentat  du  3i  mai  1795,  et  en  jours   quatre    cents    suspects  furent 

conséquence  il  fut  décrété  d'accusa-  mis  en  arrestation  par  ses  ordres,  et 

tiou.  Etant  parvenu  a  se  soustraire  aux  quatorze  envoyés  au  tribunal  révolu- 

gardieus  (pi'on  lui  avait  donnés,  il  se  lionnaire  de  Paris  qui  les  condamna 

réfugia  eu  Sui.-se  ,  oîi  il  se  tint  caché  à  moM.  H  ne  s'an  'ta  qu'a  la  nouvelle 

jusqu'au  moment  où  la  convention  le  de  la^hut^«  de  R' bespierre.   Peu  de 

rappela  avec  ses  collègues  (8  décem-  temps  après,   il  fu!  traduit  lui-même 

I)re  1  794).  Elu  par  son  déparlement  au    Iribuir/i  criminel  de    Foix    pour 

au  conseil  de»  cinq-cents,  il  en  sortit  concussions  et  actes  arbitraires;  et  il 

au  mois  de  mai  1797  pour  rentrer  allait  él'     ".    \:rané  a  la  peine  capi- 

dans  la   vie  privée.  Il  accepta  peu  de  taie,  lorsque  )"  .ranistie  du  3  brumaire 

temps  après   la  place  de  commissaire  an    iv  (oct^^re    1795)    vint    l'eule- 

du  directoire  près  de  Tadministraliou  ver  k  ses  ju.-^.^-S.  Ses  biens  avalent  été 

des  salines  de  l'Est,  et  mourut  a  Sa-  dévastés  pcidanl  son  incarcération; 

lins  le  9  novembre  181  5.       W-s.  il  adressa  une  demande  au  directoire 

BABI   (  Jean- François  ) ,  né  eu  exécutif  pour  être   indemnisé,  et  le 

1769,  a  T;)ra>C()n  dans  le  comté  de  directoire  n'y  ayant  eu  aucun  égard, 

Foix,  jouissait,  àrépoque  de  larévo-  il  fit  une  pétition  au  corps  législatif, 

lutiou,   d'une  fortune  considérable,  Celle  pétition  fut  lue  au  conseil  dei 

et  se  uiontra  néanmoins  un  des  par-  cinq-cents,  dans  la  séance  du  la  flo- 


6  BAR  BAB 

réal  an  iv  (mai  1796),  et  elle  y  1780.  Il  alla  se  fixer  ensuite  h  Châ- 
causa  une  grande  ruineiir.  Le  député  lons-sur-Marne,  et  mourut  dans  cette 
de  rArriège,  Bordes,  comballlt  la  ville  le  24  nov.  1802,  victime  de  son 
demande  de  Babi  avec  beaucoup  d'é-  zèle  a  combattre  la  fièvre  contagieuse 
Dergie,  et  il  le  représenta  comme  un  qui  désola  les  maisons  d'arrêt  et  de  ré- 
des  hommes  les  plus  sanguinaires  qui  pression  dont  il  était  le  médecin, 
eussent  déshonoré  la  révolution  par  Ayant  adopté  les  principes  de  la  ré- 
leurs crimes.  «Je  tiens  a  la  main,  volution  avec  beaucoup  d'ardeur,  il 
dit-il,  un  échantillon  des  listes  de  avait  été  nommé  agent  national  dans 
sang  écrites  par  ce  barbare  inquisi-  les  temps  les  plus  orageux.  Ce  fut 
teur  j  ce  n'est  que  la  douzième  partie  lui  qui  introduisit  dans  ce  pays  l'usage 
d'un  volume  in-folio  qu'il  avait  formé  de  l'inoculation,  et  plus  tard  celui  de 
par  l'impulsion  de  l'homme  (lux  la  vaccine.  Il  possédait  a  un  très-haut 
soixante  ans  de  vertus  (Vadier)...  degré  le  premier  talent  du  médecin. 
Chaque  ligne  est  empreinte  de  la  soif  celui  de  bien  observer  la  nature  et  de 
qu'il  avaitdusangde  sesconcitoyens.»  l'aider  dans  ses  crises.  On  voit  par  la 
Malgré  les  efforts  de  Bordes  celte  liste  de  ses  ouvrages  imprimés  que 
pétilion  fut  renvoyée  au  directoire  son  art  ne  l'occupait  pas  exclusive- 
par  le  conseil  des  cinq-cents,  où  sié-  ment  :  I.  Adieux  de  M  ^  JSoël  à 
geait  encore  une  majorité  convention-  la  ville  de  Clidlons-sur-Marne  y 
nelle.  Mais  Babi  s'èlant  alors  établi  1782,  iu-8".  II.  Epttre  a  Zulmis, 
dans  la  capitale,  comme  firent  a  celle  in-123  l'édition  de  Bouillon,  1782, 
époque  la  plupart  des  terroristes  ex-  fut  désavouée  par  l'auleur.  III.  Z^c^^rc 
puisés  de  leur  déparlement,  y  prit  au  docteur  Grunwald,  sur lesvef*- 
part  a  toutes  leurs  intrigues  ,  et  no-  tus  de  la  poudre  de  crapaud  dans 
tamment  à  la  conspiration  qui  con-  r/ij-dropisie/un^rnnCv  dans  la  Ga- 
duisit,  dans  la  nuit  du  9  au  10  sep-  zette  salutaire ^  1786,  n°  3  2.  IV. 
tembre  1796,3.13  plaine  de  Grenelle,  Lettre suruninojensingulierdese 
les  bandes  de  démagogues  qui  allèrent  débarrasser  des  glaires  de  l'aso- 
y  attaquer  les  troupes  dans  leur  camp,  phage  et  de  l' estomac ,  dans  la  Ga- 
Accueillis  par  des  coups  de  sabre  et  zette  de  santéy  n"'  24-  et  2  5  de  l'an- 
de  fuiil,  une  partie  de  ces  insensés  née  1786,  cl  dans  le  tome  III  des 
périrent  sur  la  place,  et  les  autres  fu-  Nou\>elles  instructives  du  docteur 
rent  arrêtés.  Babi  était  au  nombre  de  llelz.  V.  Obseivations  sur  une 
ces  derniers.  Ou  le  saisit  sur  la  roule  colu/ue  de  nuserere,  elc,  dans  le 
de  Sèvres  avec  l'ex-maire  de  Lyon  ,  soixanle-neuvième  volume  du  Jour- 
Berlrand  :  il  avait  deux  pistolets  dans  iial  de  médecine,  octobre  1786. 
ses  poches.  l'raduit  à  une  commission  Ml.  (Qualités  essentielles  ipi'exige 
militaire,  d  lut  coiulamné  à  mort  ,  et  la  proj'ession  dti/tothicture  ,  Ira- 
exécuté  le  i8  vendémiaire  au  v  (  9  dnil  du  y>^/>s/,»<'«.s«/V<laliu  de  Yaleriiis 
octobre  179'^»).  M — 0  |.  Corcbis,  daii6  le  1.  III  des  A'owv'(7/t'.v 
|{ABLOT;LoUKS-Nicoi.As-liEN-  instruitli'cs  ilu  docliiir  llelz,  i  786. 
jamin),  médecin,  né  h  Vadenay  tu  VU.  /Mémoire  à  consulter  sur  une 
Champagne,  le  9  septiinbre  1754,  inipuissaitcc  provenant  d'une  cause 
fil  ses  éludes  a  ruuiversilé  de  Kcims,  inoralcy  impriiié  diuis  la  Gazette 
fut  rc(;u  mailrc  ès-arls  eu  177.^,  et  salutaire,  n"  5o,  de  Panuee  1786, 
Uuvlcur  cil    médecine  le   17   jauvier     cl  dans  la  Gamttcdc  s<uitâ,  vl*  4,5^ 


BAR 


r.Aii 


jiiemc  annc(\VlIl.  Lettres  sur  les 
pi'fstiiaes  tires  r/.'.v  so/t^eSy  iiiipri- 
niéo  j).ir  cxirail  dais  la  (^uzelte  de 
santé.  11"  55,  tli- ramii'e  1787.  IX. 
Mëmoire  sur  tu  t/uestio/i  pro/fo- 
sée  pur  iueudéinie  de  Chu  Ions, 
duus  la  st'uince  pnbli(/ue  du  2 5 
auùl  1787  :  (Quelles  .'font  les  cau- 
ses les  plus  ordinaires  de  l'é/ni. 
grntion  des  habitants  de  la  cam- 
pagne vers  les  i^randes  villes  ,  et 
quels  seraient  les  moyens  les  plus 
propres  à  les  retenir?  Cet  ouvrage 
n'oblint  que  Taccessilj  celui  ileBou- 
cerf  eut  le  prix  (  1^.  Bo:vcerf  ,  V  , 
91).  X.  Prospectus  d'uue  édition 
desOEuvres  Je  Voltaire,  in-8",  1788. 
Celle  espèce  d'éloge  du  pitriarclie  do 
la  philosophie  moderne  ohlinl  alors 
beaucoup  du  succès,  XI.  Exainen 
de  l'ouvrage  de  AI.  V éveque  d' Au- 
tan (Talleyrand),  intitulé  :  Des  Lo- 
teries, 1889,  iu-8°  de  72  pages. 
XII.  f^e  Caducée  ,  ou  Organisa- 
tion du  département  de  la  iMarne^ 
in-8°  ,  Chàlons  et  Vilry ,  ï790« 
Ueuxièine  partie  <:/?/  Caducée,  ia-S", 
Châ!o ns,  1791-  XIII.  IJ Abolition 
des  cloîtres,  épître  eu  vers,  impri- 
mée daus  le  septième  volume  du  Mer- 
cure universel.  XIV.  Adresse  du 
conseil  général  permanent  de  la 
commune  de  Chdlons  à  l'assem- 
blée nationale,  1 3  septembre  1792, 
contre  les  calomnies  de  Billaud- 
Varennes.  Il  rédigea  une  autre 
adresse  au  nom  de  queLpes  citoyens 
de  Chàlons  pour  la  profeclion  de  tous 
les  cultes,  17925  et  une  autre  en- 
core, au  nom  du  conseil  général  de  la 
commune  de  Chàlons,  a  ia  convention 
naîionale  ,  sur  ses  divisions  scanda- 
leuses, iu-4°,  1795.  XV.  Rapport 
sur  la  contagio/i  des  cimetières , 
1795.  XVI.  Discours  sur  les  maux 
qu'enfante  l'ignorance  des  lois, 
in-4°5  an  "!•  XVII.  Moyens  d'as*- 


surer  à  chacun  des  indiv.dus  de 
la  républujue  ,  sur  lu  récolle  ac- 
tuelle, son  uppro\'is.onnenieni  en 
grains  jusqu'à  la  récolle  suivante, 
impriino  dans  1(>  cinipianle-lroisième 
volume  fUi  iMercurc  universel,  mc^ssi- 
dor  an  1 1 1  (  1 7  9  5 ).  X  V II I.  Réjlexions 
sur  les  dangers  des  bains ,  pour 
ceitaines  personnes ,  à  l'eau  cou- 
rante des  rivières,  et  /nojens  da 
parer  à  la  crainte  de  se  noyer,  in- 
8°,  messidor  an  iv  (i  796).  XiX.  Ja- 
mais et  demain^  etc.,  in-8"  de  92 
p.,  Chàlons,  frimaire  an  v  (1796). 

XX.  Fragment  d'un  poème  sur  la 
nécessité  d'une  religion ,  la  reli" 
gion  naturelle ,  in- 8",  an  V  (i  797). 

XXI.  Dialogue  entre  Cidabol- 
iMeblen  et  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  sur  quelques  aperçus  du 
grand  tableau  politique  de  la 
France  après  le  i^ fructidor,  in- 
8",  frimaire  au  VI.  XXII.  Observa- 
tions sur  une  rage  spontanée,  ayant 
sa  cause  dans  la  seule  peur  de 
l'eau  courante,  messidor  an  vu 
(1799).  En  1791  Bablol  rédigea 
seul  l'Observateur  de  la  Alar/ie ^ 
et  en  société  le  Journal Aw  HK'me  dé- 
partement, an  IV  (1796).  Z. 

BAÎÎO  (Joseph-Marie)  auteur 
dranatique  très-distingué,  naquit  en 
1756,11  Ehrenbreltslein  eu  Prusse, 
fit  ses  études  a  Cobltnlz  et  se  ren- 
dit plus  tard  à  Munich,  oii  il  accepta 
la  place  de  censeur  des  imprimés  et 
cel-e  d'intendant  du  théâtre  uaiional. 
Mais  les  désagréments  que  lui  cau- 
saient d'un  côté  les  intrigues  des  ar- 
tistes, et  de  l'autre  la  ôusceptihililé 
des  gens  de  lettres ,  si  grande  a  cel!e 
époque  où  les  passions  politiques 
étaient  en  pleine  fermentation,  le  dé- 
cidèrent bientôt  à  quitter  ces  deux 
emplois  pour  se  consacrer  exclusive- 
ment à  des  travaux  littéraires.  Il  fut 
nommé  professeur  de  philologie  au 


a 


BAB 


lycée  de  Municli,  obllnt  ensuite  une 
chaire  d'eslhétique  à  Manheîm,  et 
revint  enfin  dans  la  première  de  ces 
Tilles  où  il  vécut  dans  une  profonde 
retraite  jusqu'asa  mûrt,qui  arriva  le  5 
janvier  i  822. — Doué  d'une  imagina- 
lion  vive,d'unsenlimcntdclicat eî  pro- 
fond, etd'un talent  Irès-heureuipour 
le  dialogue,  Babo  composa  un  assez- 
grand  nombre  de  pièces  de  théâtre  qui, 
toutes,  ont  réussi  a  la  représentation, 
mais  dont  la  plupart  sont  déjà  tombées 
dans  l'oubli.  Parmi  celles  qui  se  main- 
tiennent encore  sur  la  scène,  on  re- 
marque d'abord  le  drame  inlilulé 
Otto  de  J^y  ittelsbach  ,  qui  fut  joué, 
pour  la  première  fois,  en  1782  à 
Munich  (i).  C'est,  après  le  Goetz  de 
Berlinchingcn,  de  Goethe,  le  pre- 
mier drame  chevaleresque  [Rittcr- 
schauspiel)  qui  ait  élé  accueilli  avec 
faveur  par  les  Allemands,  dont  le 
goût  jusqu'à  cette  époque  avait  élé 
assez  pur  pour  ne  pas  tolérer  sur  la 
scène  les  grands  coups  d'épée  ,  les 
meurtres,  les  viols,  et  les  autres 
gentillesses  qui  forment  maintenant , 
chez  eux  comme  chez  noiis,  la  partie 
obligée  de  toute  pièce  en  vogue. 
Parmi  les  autres  œuvres  dramaliipies 
de  Babo,  on  distingue  :  Les  Strélits, 
Cencs ,  ou  Id  I  c/iireaficc,  et  ies 
Romains  en  AHeniagnej  drames  j 
les  Peintres  y  et  le  Pom/5,  comédies,' 
enfin  les  Charmes  de  la  vie  bour- 
geoise^ pièce  du  genre  larmoyant , 
mais  (}ui  rachète  ce  (ju'il  y  a  de  faux 
et  de  guindé  dans  la  rd)le,  par  des 
situations  esscnliellement  dramali- 
qucs  et  des  caractères  vrais  et  bien 
soutenus.  Toutes  ces  productions  ont 
é\c  imprimées  séparément,  et  fout 
aussi  pjrlie  de  deux  recueils  que  l'au- 
teur a  publiés,  l'un  sous  le  titre  de 


(f  j  Un«f  trudurlinn  frîinçni^n  dr  rr  clraiin-  su 
troiivn  dan»  la  lient»  i/intirale  aHtii\4iidt  dr 
Kriedrl  e«  UonncTtlU,  fmn.  \\. 


BAB 

T'Ae'ai/'*?, Berlin,  1793,  i  vol.  in-B", 
et  l'autre  sous  celui  de  Nouveau  théâ- 
tre, ibid.,  i8o4,  I  vol.  in-8°.  On  a 
aussi  de  Babo  un  roman  intitulé  ;  Ta- 
bleau de  la  vie  humaine ^  Munich, 
1784,  I  vol.  in-8°,  et  une  IntroduC' 
tion  à  V Astronomie ,  Munich  , 
1793,  I  vol.  in-8°  orné  de  27  gravu- 
res. Dès  I  8ozi  il  publia,  avec  le  ba- 
ron Jean-Christophe  d'Arélin  ,  un 
journal  littéraire  ,  VAurora^  mais 
cette  feuille  cessa  de  paraître  après 
trois  années  d'existence.  — Tous  les 
écrits   de   Babo  sont  en  allemand. 

M— A. 

BABYLONE   (  François  on 

Francis  ),  habile  graveur,  plus  con- 
nu sous  le  nom  de  maître  au  Cadu- 
cée y  monogramme  dont  "il  a  mar- 
qué ses  estampes  {VoyAiiDict.  de 
Christ,  320),  vivait  au  commen- 
cement du  1 6*"  siècle.  On  ignore  le 
Heu  de  sa  naissance,  ainsi  que  les 
particularités  de  sa  vie.  Huber  avoue 
que  s'il  le  fait  compatriote  de  Lu- 
cas de  Leyde,  ce  n'est  que  par  con- 
jecture, et  qu'il  aurait  pu  le  placer 
également  dans  la  classe  des  gra- 
veurs italiens  (  Voy.  le  Manuel 
des  curieux^  V,  66).  Tout  cequ'on 
sait  de  certain  sur  le  maître  au 
Caducée  ,  c'est  qu'il  exerçait  son 
art  à  Rome  dans  le  même  temps 
que  le  célèbre  Marc-Antoine  ,  d'a- 

f)rès  lequel  11  a  gravé  (juebjues  sujets 
Ibres.  Ses  estampes,  dont  on  ne 
connaît  qu'un  petit  nombre,  sont  fort 
rares,  et  très-rechercliées  pour  la 
finesse  et  la  beauté  du  burin.  Huber 
cite  de  ce  maître  neul  pièces:  Apol- 
lon et  Diane. —  Trois  hommes. 
^-Deiix  sainte  Famille. —  L\i- 
dor-i/tion  des  Rois.  —  Saiiit  Jé- 
rôme ccrii'ant.  —  Un  batelier 
qui  Iraverse  une  rivière.  —  Une 
femme  tenant  un  enfant  dans  ses 
hras ,  cl  enfin  im  sacrifice  à  Priapc^ 


BAC  t{Af:  9 

d'après  Marc-Anloliic.  Florent -le-  ccr  un  discours  véhément  contre  le 
Coinle  lui  allril'iie  uwc  sauilr  Ca-  directoire  et  contre  les  conseils  (jiii 
tht-rine  et  nue  Judith  cu  jiicd  ,  avaient  annule  sa  noniinalion.  Dans 
deux  pièces  ouMiocs  par  llnbcr  le  même  discours  il  fit  ouvertement 
(  P'^OY.  le  CabincL  d' architecture,  Téloge  de  Robespierre  et  de  son  sys- 
elc.  ,  I,  17^^).  W — s.  tème;  il  demanda  sans  détour  la  loi 
BACH  (  Victor  ) ,  révolution-  agraire,  le  partage  des  biens,  et  pro- 
n.iire  faualiipje  ,  né  vers  1770  k  posa  nn  projet  de  coiislilntion  dont 
Niilefrancbe  (  Aveyron  ) ,  d'une  fa-  les  bases  étaient  plus  déinocrallques 
itille  de  cnllivaleurs  propriétaires,  se  encore  cpie  celles  (jni  avaient  été  pre- 
voua  de  l)onne  beure  h  la  profession  senlées  par  Robespierre  cinq  ansau- 
de  médecin,  et  lit  ses  premières  paravanl,  et  rej)onssées  par  la  cou- 
études  h  Montpellier  ,  où  il  Fut  reçu  veution  nationale.  Ce  discours,  que 
docteur,  llalla  vers  le  commencement  ranteur  fit  imprimer,  et  dont  nous 
de  1790  achever  ses  cours  à  Paris  5  avons  un  exemplaire  sous  lesyeux,  est 
mais,  arrivé  danscelle  capitale,  il  s'y  undesmonuraentslesplusirrécusables 
occupa  de  polilique  et  de  révolution  du  délire  de  cette  époque.  Lorsque  la 
beaucoup  plus  que  d'étude  médicale,  révolution  du  1 8  brumaire  vint  mettre 
Lié  dès  ce  temps  avec  tout  ce  qui  fin  à  ces  extravagances,  Bacb  en  con- 
ii'y  trouvait  de  démagogues  et  d'à-  çnt  un  profond  chagrin,  e"l  dans  son 
narchisles  turbulents,  il  prit  part  à  désespoir  il  alla  un  matin  se  pros- 
toules  leurs  entreprises,  et  se  montra  terner  devant  la  statue  de  la  Liberté, 
pendant  le  règne  de  la  terreur  un  qui  existait  encore  sur  la  place  Louis 
des  séides  lesplus  ardentsde  cet  hor-  XV,  dans  l'endroit  même  où  la  tète 
rible  système.  Après  la  chute  de  de  Loui.sXVIétaillombéej  etlà,mau- 
Robespierre  il  fut  a  son  tour  perse-  dissant  la  tyrannie  qui  pesait  sur  la 
culé  ,  et  il  n'échappa  qu'avec  peine  France,  il  se  brûla  !a  cervelle  d'un 
aux  poursuites  qui  furent  alors  diri-  coup  de  pistolet.  Ce  fait  remarquable, 
gées  contre  les  complices  de  Babeuf  et  qui  prouve  au  moins  que  Bach  était 
et  les  agresseurs  du  camp  de  Gre-  un  républicain  de  conviction  ,  fit  Irès- 
uelle.  Ayant  été  nommé  en  1799  dé-  peu  de  bruit,  la  police  consulaire, 
pulé  au  conseil  des  cinq-cents,  par  dès-lors  très- vigilante,  ayant  tout 
la  fraction  du  corps  électoral  de  fait  pour  l'élouffer.  M  —  d  j. 
Paris  qui  siégeait  a  TOratoire,  il  eut  BACHELEUIE  (  Hugues  db 
le  chagrin  de  voir  celle  uominatioaau-  Là  Bagalari.\.  ou),  troubadour, 
nuléeparun décret,  elilenexpriina  sa  était  né  vers  la  fin  du  12*'  siècle,  à 
douleur  et  son  ressentiment  dans  un  Uzerche  dans  le  Limousin.  Anselme 
petit  pamphlet  intitulé:  La  grande  Faydit  (  Voy.  ce  nom  XIV  201  ), 
conspiration  anarchique  de  i'Ora-  son  coïipalriote  ,  l'a  choisi  pour  in- 
toire  renvoyée  à  ses  auteurs,  par  terlocuteur  d'un  de  ses  tensons.  11 
le  citoyen  Bach  ,  elc.  Arrêté  pour  fut,  avec  le  même  Faydit, un  deceux 
celte  publication  ,  et  traduit  devant  auxquels  Savari de  Maiiléon  s'adressa 
un  jury  d'accusation,  Bach  fut  ac-  pour  savoir  quel  est  le  plus  favorisé, 
ijuilté  et  m'senliberlé.  Quelques  mois  de  l'amant  que  sa  dame  encourage 
plus  tard  ou  b;  vil ,  nn  des  coryphées  par  un  regard  amoureux  ,  de  celui 
du  club  des  Jacobins ,  qui  se  réunis-  dont  elle  a  serre  la  main  ,  on  enfin 
sait  dans  la  «aile  du  Manège,  proiion-  de  celui  dont  elle    a  pressé  Ip  pied 


10 


BA.C 


secrètement.  Cette  grave  question, 
restée  indécise  ,  est  débattue  dans 
une  pièce  fciiTieiise  que  l'abbé  Millot 
De  fait  connaître  que  par  un  extrait 
dans  son  Histoire  des  Troubcidours, 
II,  107  5  mais  elle  a  été  publiée  eu 
entier  avec  une  traduction  lillérale, 
par  M.  Rajnouard ,  dans  son  Choix 
de  poésies  originales ,  II,  199- 
Il  paraît  que  Hugues  n'a  pas  joui 
de  son  temps  de  toute  la  réputation 
qu'il  raérilalt.  Habile  dans  Tart  de 
composer  des  vers,  il  n'avait  pas  le 
talent  de  les  faire  valoir ,  et  fréquen- 
tait rarement  ces  assemblées  où  les 
fioetes  trouvaient  alors  le  piix  de 
eurs  travaux  dans  le  suffrage  de 
juges  éclairés  ,  et  même  dans  des 
récompenses  plus  solides.  L'historien 
des  troubadours  nous  apprend  que 
Hugues  joignait  aux  avantages  du 
corps  une  grande  courtoisie  et  de 
l'inslructinn.  Il  ne  nous  resle  de  lui 
que  sept  pièces.  M.  Raynouard  en  a 
publié  trois  :  deux  Chansons  amou- 
reuses,  III,  340.  La  seconde,  re- 
produite par  M.  Auguis,  dans  les 
Poêles  français  depuis  le  12'' 
sièele,  I,i8o,  est  très-agréable, 
mais  elle  n'offre  pas ,  comme  on  l'a 
répété  d'après  l'abbé  Millot  ,  le 
méLingc  réguljer  des  rimes  mascu- 
lines et  feuiiiiines ,  puisque  les  huit 
vers  du  second  couplet  se  terminent 
parla  même  désinence.  Ce  n'est  pas 
que  cette  combinaison  de  rimes  lût 
ignorée  des  poètes  provençaux.  La 
première  chanson  de  Hugues  enoflre 
un  exemple  ,  et  le  même  vo'unie  en 
fou  mit  beaucoup  d'autres  plus  an- 
(ieuncs.  Entre  les  amis  de  ce  trou- 
badour on  doit  nommer  Uertraml 
de  Félix  :  c'est  rintcrloculcur  d'un 
<<7/.s7>// (le  Hugues, inséré  par  i\l.  Uaj- 
nouard  dans  le  tome  IV  de  son  re- 
cueil,  si  précieux  pour  les  amateurs 
de  noire  ancicuuc  liltèraluru,  W — s. 


BAC 

BACHER  (Thlobald),  né  le 
I  7  juin  1748,  à  Tliaun  en  A'sace, 
était,  K  I  4-  ans,  lieutenant  du  batail- 
lon de  Colmar,  emp'oyé  dans  l'état- 
major  généra!  a  l'armëe  du  Bas- 
Rhin.  Licencié  a  la  paix  de  1765,  il 
remplit  successivement  les  fonctions 
d'aspirant  d'artillerie  et  du  génie,  et 
en  1769  il  obtint  le  titre  d'ingé- 
nieur-géographe  militaire  surnumé- 
raire sous  les  ordres  de  Berthier  (le 
prince  deWagram).  En  177  i,  d  re- 
couvra sa  place  de  lieutenant  au  ba- 
taillon de  Colmar,  d'où  il  passa  bien- 
tôt avec  le  même  grade  au  régiment 
provincial  d'aitdlerie  a  Strasbourg, 
quoiqu'il  fût  dès  celte  époque  attaché 
au  ministère  des  affaires  étrangères.  ]  I 
paraît  qu'il  avait  demandé  et  qu'on  lui 
accorda  la  permission  de  cumuler  des 
fonctions  diplomatiques  avec  une  sorte 
d'activité  militaire.  Eu  1777,  il  fut 
nommé  secrétaire  de  l'auibassade  de 
France  en  Suisse ,  pendant  la  négo- 
ciation du  renouvellement  del'idliance 
avec  le  corps  helvétique  j  et  (pielque 
temps  après  il  obtint  la  place  de 
chargé  d'allalres-En  i  78  i  ou  lui  con- 
fia encore  l'emploi  de  secrétaire  d'am- 
bassade, et  en  1784  on  le  breveta 
comme  premier  secrélaire-iulerprèle, 
et  de  celte  éjocjue  il  lut  constamment 
chargé  d'allaires  jusqu'à  l'arrivée  de 
l'andjassadeur  Barthélémy  en  17 92, 
Bâcher  embrassa  a\  ec  ardeur  la  cause 
de  la  révolution  j  il  lit  un  don  patiio- 
ti(jue  de  la  croix  de  Saiul-Louis  qu  il 
avait  obtenue  parcelle  cumulalion  di' 
services,  et  dune  somme  de  cnuj 
ceuls livres  pour  les  (Vais  de  la  guerre. 
De  1793  il  179:'  il  fut  agent  île  la 
républi(|ue,  stationné  à  liàle  pour  y 
surveiller  la  neutralité  helvéli(|ue, 
observer  les  mouvements  i\\is  armées 
ennemies,  et  soigner  la  correspon- 
dance avec  l'Allemagne.  Chargé  du 
6<rrvice  secret  des  armées  ^  de  U  sur- 


JUC 

vrillaiicc  des  Ironliôrcs,  tl  comiiil.s- 
i.ilri'  polir  rccliaii!^».'  (li\s  prisonniers 
(lc{;niTrc.  il  cul  encore  la  mission 
(Téelianirer  MiK/umc.  lille  de  Louis 
Wl  ,  iDiiIre  les  rejirésenlanls  du 
n'.'iinli'  (  l  11- niinislre  livrés  par  Du- 
iiumriez  aux  Aulricliiens  (  f^oy. 
Jii:i  unoNViLLE  ,  au  Supp.).  11  rem- 
plissait les  mêmes  fondions  à  Tépo- 
ijiie  du  18  fruclidor  (sept.  1797), 
el  il  écrivit  alors  au  directoire  con- 
tre IMcliej^ru  ,  Morcau  et  même  cou- 
Ire  Barthélémy,  avec  lequel  il  avait 
paru  long-temps  liès-liéj  ce  qui 
ii'empèclia  pas  que  ce  gouverncmenly 
voulant  détourner  les  idées  de  ce  fait 
ignoré  ,  fit  mettre  pendant  plusiî^urs 
jours  le  scellé  sur  les  papiers  de  Bâ- 
cher,  afin  de  lui  donner  Tair  d'un 
homme  persécuté.  Dans  le  mois  de 
novembre  de  la  même  année,  Bâcher 
présenta  différentes  notes  au  sénat  de 
Bàle  pour  faire  arrêter  Riclicr  de  Se 
risy,  et  poursuivre  le  major  Mérian, 
ainsi  que  d'autres  ofEciers  suisses  , 
qu'il  accusait  d'avoir  favorisé  l'atta- 
que des  Autrichiens  contre  Huninguc. 
En  1798,  il  passa  chargé  d'af- 
faires à  Ratisbonnej  et,  comme 
on  avait  été  satisfait  de  son  ser- 
vice secret  a  Bàle  ,  il  eut  la  même 
qualité  à  Francfort.  Mais  cette  fois 
sa  mission  eut  en  même  temps  un  ca- 
ractère ostensible,  et  il  échangea  pen- 
dant la  guerre  plus  de  cent  mille 
prisonniers,  dont  plusieurs  auraient 
péri  sans  les  soins  qu'il  se  donna 
pour  accélérer  leur  retour  et  les  faire 
guérir  des  maladies  contractées  dans 
les  prisons.  En  1801  on  le  renvoya 
à  R.atisl)oune.  Il  résidait  encore  en 
Allemagne  lorsque  l'armée  française 
fut  ronlrainte  de  se  retirer  en  1  8 1 3  : 
il  s'enfuit  à  pied,  chargé  d'une  grosse 
somme  d'or  dont  le  poids  le  blessa. 
Descendu  dans  un  fossé,  entre  Franc- 
fort et  Strasbourg,  pour  s'y  reposer,  et 


BAC 


1 1 


ne  voulant  demander  de  secours  a|)er- 
soniie  de  p(  iir  d'êlre  volé,  d  mourut 
de  laligue  dans  ce  lossé  où  on  le 
trouva  avec  sou  Irésor.  Les  déj)êches 
de  Bâcher  étaient  subslanliclles,  ani- 
mées el  d'un  style  correct.  Il  ser- 
vait avec  une  chaleur  qui  lui  a  fait 
i\cs  ennemis  j  on  lui  a  reproché 
de  l'avarice  ,  cl  ce  vice  a  été  cause 
de  sa  mort,  mais  on  n'a  pas  mis  en 
doute  sa  probité.  Il  a  laissé  sur  l'Al- 
lemagne et  sur  la  Suisse  des  mémoires 
remplis  de  vues  saines  et  d'informa- 
tions utiles  pour  la  France.       Z. 

BACIIERACIIT  (  Henri  ), 
médecin  ,  né  à  Pélersbourg  le  27 
déc.  1726,  fut  élevé  à  Moscou  •  et, 
après  avoir  visité  les  principales  uni- 
versités de  l'Allemagne  ,  alla  rece- 
voir le  bonnet  doctoral  à  Leyde.  A 
son  retour  en  Russie,  l'impératrice 
Elisabeth  le  nomma  médecin  du  corps 
de  l'artillerie  et  du  génie,  place  qu'il 
(juitta  en  1776  ,  pour  être  attaché  a 
la  marine.  On  a  de  lui  :  I.  Disset^- 
tntio  de  ligamentoriwi  morhis^ 
Leyde,  i  760,  in-4.°.II.  Traité-pra- 
tique sur  le  scorbut  y  à  l'usage  des 
chirurgiens  de  V armée  et  de  la  ma- 
rine russes  (en russe  et  en  allemand), 
Pélersbourg,  1786  ,  in-8".  Ce  petit 
traité  a  été  traduit  en  français  par 
Desbout,  Reval,  1787,  in-8".  III. 
Préservatif  contre  les  épizooiies 
(en  allemand),  Petersbourg  ,  1772, 
in-8'\  Ce  mémoire  se  trouve  aussi 
dans  le  vingt-unième  volume  du  Re- 
cueil de  la  société  économique  de  Pe- 
tersbourg ,  qui  l'avait  couronné.  III. 
PJiarniacopœa  navalis  russica  j 
aut  calalugus  omnium  necessario- 
runi  medicamentorum,  quœ  se- 
cundum  ordinem  navium  classica- 
rum  pro  itinere  in  scrinio  navali 
ha!)ere  opoîtet,  Petersbourg,  1784., 
in-8''.  Celte  pharmacopée  ,  qui  est 
fort   estimée,  avait  paru  en  langue 


la 


BAC 


russe  trois  ans  auparavant.  IV.  Ins- 
truction physico-diététique  sur  les 
Tnojrens  de  conserver  la  santé  des 
gens  de  mer  (en  allemand),  Pt-tcrs- 
bourg,  1790,  iu-8°.  Baclicracht  est 
encore  auteur  de  quelques  opuscules 
dont  la  plupart  ont  paru  dans  les  Mé- 
moires de  la  société  économique  de 
Pétersbourg,  mais  dont  quelques-uns 
aussi  ont  été  imprimés  séparément. 
Dans  le  nombre  de  ces  derniers,  nous 
citerons  une  Instruction  sur  l'art 
d'inoculer  (en  russe),  Pétersbourg, 
1769.  in-8°,  et  un  Traité  sur  les  ma- 
ladies que  l'abus  des  plaisirs  vé' 
né  riens  J'ait  naître  chez  les  deux 
$exes{en  russe),  Pétersbourg,  1760, 
in-S".  Bacberachl  fut  le  premier  qui 
pratiqua  Tinoculalion  de  la  petite- 
vérole  en  Russie:  il  adopla  la  mé- 
thode de  Diins^'ale,  dès  q-rdlc   lui 

fui  COT^'.lie.  J — D — N. 

BACfIMA\i\(le  baron  Jag- 
ques-Joseph-Atjtoise-Llgkr  de) , 
major-géncral  des  gardes-suis-es  au 
service  de  France,  naquit  en  i755, 
à  INaefels  ,  dans  le  canton  de  Claris , 
d'une  famille  féconde  eu  officiers  de 
mérite,  et  l'une  des  plus  distinguées 
de  la  Suisse  (i).  Il  entra  de  bonne 
bcurc  dans  un  di's  réglme-ils  que  sa 
patrie  avait  alors  au  service  do  France  j 
Hl  avec  ce  corps  toules  les  cam- 
pagnes de  la  guerre  de  Sept  ans 
en  Allemagne;  fut  blessé  plusieurs 
fois  sur  le  cliainp  de  bataille,  et 
])arvint  successivement  aux  grades 
de  colonel  cl  de  major  -  géné- 
ral des  gardes  -  suissi's.  C'est  eu 
celle  qualité  (jii'il  se  liouvait  a  Pa- 
ris le  9  août  1792,  lorscjne  I oui  an- 
nonçait une  allacpie  iirorliaine  des 
Tuileries.  Le  général  IJacbmaun  vint 
aussilùl  avec  sa  troupe  pourdélendre 

(1)  Voy.  l' llisiotm  nbrrgte  dn  i)')it:.eri  tuititê 
OUI  it  loiit  duiitgitfi  aux  ifiviret  tlnmgrrt,  jiar 
1  «bbé  OirirJ,  Frihonrg,  1-81;  t.  1",  i>.  ^ll 


BAC 

le  roi.  On  connaît  les  résultats  de  II 
journée  du  lo  août,  et  tout  le  monde 
sait  combien  les  Suisses  se  si?nalè- 
rent  par  leur  bravoure  et  leur  fidé- 
lité. Bacbmann  ne  cessa  pas  de  les 
diriger  et  de  leur  donner  l'exemple 
du  courage.  Il  fut  arrêté  ,  et  conduit 
d'abord  a  la  prison  de  F  Abbaye,  puis 
a  la  Conciergerie.  Mis  en  jugement 
devant  l'affreux  tribunal  qui  fut  in- 
stitué a  celte  époque,  et  quel'onap- 
pela  le  tribunal  du  lo  aoi'it ,  il 
voulut,  en  sa  qualité  de  Suisse  ,  dé- 
cliner sa  juridiction"  mais  le  commis- 
saire national  bipasser  outre.  A  l'une 
des  audiences,  la  populace  se  porta 
en  foule  dans  la  salle  ,  demandant  la 
tèle  de  l'accusé.  Bacbmann  conserva 
la  plus  grande  tranquillité,  et  des- 
cendit du  fauteuil  où  il  était  assis  , 
comme  pour  se  livrer  à  la  multitude. 
Immédiatement  après  onprononcasa 
condamnation,  qu'il  entendit  avec  le 
plus  grand  sang-troid.  Il  fut  exécute 
sur  la  place  du  CarroMsel,  le  3  sept, 
I79:i.  Le  baron  de  Bacbmann  ^tait 
d'une  taille  et  d'une  beauté  extraordi- 
naires. M — D  ). 

BACIIMAXIV  ANDERLETZ 

(le  baron  INicolas-Fkançois  de), 
frère  du  précédent ,  né  le  27  mars 
1740,  a  INaelcls,  entra  au  service  de 
France  a  Tàge  de  neulaus  comme  sous- 
lieutenant,  parvint  successivement  ai 
grade  de  capitaine,  et  fil  en  cette  qua- 
lité la  guerre  de  Sept  ans  dans  le  régi- 
ment de\V  itmer.  Il  y  donna  dans  plu- 
sieurs occasions  des  preuves  de  taleol 
et  (le  courage.  Devenu  major  eo 
1768,  il  lut  dès-lors  considéré 
comme  l'un  des  ol liciers  les  plus  in- 
struits de  larniL-e  ;  et  souvent  le  mi- 
nistère le  consulta  pour  les  ordou- 
naïues  et  les  règlements  destinés  h 
fixer  les  manteuvres  de  l'iulanterie. 
Ce  lut  lui  (jui  dirigea,  en  1769,  au 
camp  de  Verberie  ,  les  mouvements 


de  i4  l'.itallloiis  allniiaii(U  cl  suisses 
qui  inauœiivrcrciil  sous  les  yeux  du 
roi  Louis  XV.  A|iics  lamorl  tic  Salis, 
son  rt'iiimrul  fui  donné  h  Baclimann 
qui  conduisil  ce  corps  h  Paris,  au  com- 
mcnciMiicnl  de  juillet  1789.  Hélait 
j  '  campé  au  Cliamp-de-lMars  le  i  3  de 
re  mois,  sous  les  ordres  de  Bezenval, 
t'I    sa    troupe     faisait     partie   de   la 

f)elile  armée  qui  avait  été  mise  sous 
e  commandement  du  maréchal  de 
Bro^^lie.  Il  ne  dépendit  pas  de  lui 
qu'elle  ue  fît  davantage  pour  la  dé- 
fense de  'a  monarchie,  et  lorsque  les 
derniers  coups  furent  portés  au  troue 
de  Louis  XVI,  dans  la  journée  du  i  0 
août  1792  ,  Hachmaun  donna  en- 
core aux  bataillons  suisses  ,  k  colo 
de  ."^on  frère^  l'exemple  du  courage  et 
le  la  fidélité.  Après  la  catastrophe 
il  se  déroba  par  la  fuite  à  une  arres- 
tation et  aune  mort  certaines.  Revenu 
d;ins  sa  patrie,  il  j  créa  un  nouveau 
régiment  et  le  conduisit  au  roi  de 
Sardaigne  qui  soutenait  alors  une 
guerre  très-vive  contre  la  France 
(  Foy.  Victor  -Amédée,  XLVIII  , 
596).  Bnclimanu  entra  en  campagne 
dans  le  mois  de  mars  1790,  et  fut 
nommé  général-major  l'année  suivante. 
Chargé  de  diriger  l'armée  que  le  duc 
deMoutferrat  commandait  dans  la  val- 
lée d'Aostjilyobtint  quelques  succès, 
mais  les  victoires  ([ue  Bonaparte  rem- 
porta sur  un  autre  point  au  com- 
mencement de  1796,  contre  les  ar- 
mées piémonlai.ses  ,  ayant  forcé  la 
cour  de  Turin  a  si,i;ncr  la  paix,  Bach- 
raaon  se  vit  contraint  de  rentrer  dans 
le  repos.  11  quitta  définitivement  le 
service  de  Sardaigne  en  1798,  lors- 
((ue  le  régimenl  ([u'il  commandait  fut 
incorporé  dans  l'armée  française,  et 
retourna  dans  sa  patrie,  où  ,  dès  l'an- 
née suivante  ,  il  créa  nu  nouveau  corps 
qui  fut  mis  h  la  solde  de  l'Angle- 
lerre  cl  se  réunit  aux    Autrichiens 


BAC 


i3 


pour  condialfrc  les  Français.  A.  la 
tète  de  celle  troupe,  Bathmann  se 
distingua  encore  a  la  bataille  de  Zu- 
rich, à  Feldkirscb  el  surtout  à  Zutk, 
où  il  cn'eva  un  corps  français  tout  en- 
tier dans  la  nuit  du  7  au  8déc.  1800. 
La  paix  deLuncville  ayant  élé  suivi© 
du  licenciemenl  de  sa  troupe,  il  passa 
encore  quelque  tenq)s  daus  la  relrailej 
mais  I  insurrection  des  petits  cantons 
(ocl.  iBor)  l'obligea  d'en  sortir. 
Nommé  général  en  chef  de  l'armée 
confédérée,  il  obtint  d'abord  quel- 
ques succès  contre  les  insurgés  helvé- 
tiques^ mais  les  Français  ayant  pé- 
nétré en  Suisse  pour  les  soutenir  , 
toute  résistance  devint  impossible. 
Bachmann  se  réfugia  en  Souabe  et 
ne  rentra  dans  sa  patrie  que  lorsque 
l'influence  des  Français  y  eut  cessé, 
11  vint  h  Paris  en  1814,  après  le  ré- 
tablisseinent  des  Bourbons  ,  et  reçut 
des  mains  de  Louis  XVIII  le  brevet 
de  commandeur  de  St-Louis.  H  était 
encore  dans  cette  capitale  à  l'épor  ,e 
du  20  mars  18 15,  et  il  conlribua 
beaucoup  par  ses  conseils  a  la  con- 
duite que  tinrent  alors  les  régiments 
suisses  [Voy.  Affry,  LVI,  87  ). 
Revenu  aussitôt  dans  sa  patrie,  il  fut 
chargé  du  commandement  de  trente 
mille  hommes  destinés  k  combattre 
Napoléon  5  mais  cette  armée  se  borna 
a  des  démonstrations  jusqu'à  la  ba- 
taille de  Waterloo,  qui  mit  fin' à 
toutes  les  hostilités.  Bachmann  don- 
na alors  sa  démission  et  alla  finir 
sa  longue  et  honorable  carrière  dans 
la  retraite,  après  avoir  reçu  des 
cours  de  Vienne  ,  de  Turin  et  do 
Paris  des  décorations  et  d'autres  té- 
moignages d'estime.  Il  est  mort  dans 
«es  terres  en  i85i.  M — d  j. 

BACHOT  (Gaspar  ) ,  médecin, 
était  né  vers  i55o  dans  le  Bourbon- 
nais. Un  passage  de  son  traité  sur  les 
Erreurs  populaires  fait  conjecturer 


i4                     BAC  BAC 

qu'ilélaitdeMontnieraud.Sa  famille,  avec  eux  sur  les  montagnes  du  Forez 

quiaprodullplusieurshomraesdemé-  el  de  TAuvergne   En   1609  Bachot 

rite,  jouissait  d'une  grande  considéra-  fut  nommé  médecin  du  roi,  a  Mou- 

tion  dans  la  province.  Bachot  nous  ap-  lins.    Il   se   montra    digne    de    cette 

prendlui-raêmeqii'ilétaitcousindusa-  marque   de  confiance,  en  s'occupant 

vaut  Gilbert  Gaulmin  [Voy.  ce  nom,  de  l'examen  àçs  eaux  minérales  du 

XVI,  579).  11  exerçait  déjà  la  méde-  Bourbonnais,  qu'il  réussit  K  remettre 

cine  à  Thiers  en  iSB/».  L'année  sui-  en  crédit.  Ou  ignore  l'époque   de  sa 

vante ilserendithParlspoursuivre les  mort ,  mais  il  est   probable  qu'il  ne 

cours  des  pins  habiles  professeurs.  Il  survécut  pas  long-temps  a  la  publica- 

nommeparmise,> maîtres, Faber,Per-  lion  de  l'ouvrage  dont  on  va  parler, 

dulcis,  Simon  Piètre,  Riolanel  Duret.  Il  est  intitulé  :  Erreurs  populaires 

En  I  592 ,  il  reçut  le  grade  de  docteur,  touchant  la  médecine  et  régime  de 

sous  la  présidence  de   Delorme ,  son  5<7«/é/,  Lyon,  1626  ,   in-8°.  Cet  ou- 

parent.  La  manière  dont  il  parle    de  vrage  ,  que  Bachot  entreprit  dans  le 

sa  réception  peint  naïvement  la  futi-  but  de  compléter  celui  de   Joubert 

lité  desquestions  qui  s'agitaient  alors  qui  porte  le  même  litre,  est  divisé  en 

dans  les  écoles.    «  Et   comme  j'eus  cinq  livres,    dans    lesquels  il    traite 

«  soutenu,    dil-il,  tous  les  plus  fa-  de    la   complexion  et   contume,     de 

a   ricux.  assaults    de    ceux  desquels  l'air  et  des  vêtements  ,   de    l'appétit 

«  j'estoys  attaqué  ,  j'obtins  enfin  que  et  de  la  soif ,  du  repos,  et  enfin  delà 

«   le  vice  des  humeurs  et  le   naturel  digestion.  On  y  trouve  des  renseigue- 

«    des  parties  du  corps  causaient   la  menis  utiles^  et  des  remarques  assez 

«   cacoëthie  et  1  opiniâtreté   des  ma-  intéressantes  semées  ou  entremêlées 

a  ladies,   et   envoyai  a  l'instant  au  de  passages  d'IIippocrate,  d'Horace, 

tf   président  les  despouilles,  rrmpor-  de  Lucrèce  et  de  l'école  de  Salcrue, 

Œ   tant  le   doctorat  pour  trophée  de  traduits    en   vers    français.    Bachot 

«   celte   victoire.    »    Bachot    revint  montre  de  l'érudition,    de  la  fran- 

aussitôta  Tliiers  ,   où    il  était    déjà  chise  et  de  la  bonne  foi;  mais  il  n'a 

connu     d'une    manière    très-avanta-  ni  le  coup  d'œil  ,  ni  Vesprit  philoso- 

geuse.  Sa  réputation  ne  tarda  pas  h  phi(jue   de  Joubert.   On   est  surpris 

s'étendre  dans  les  provinces  voisines,  de  lui  voir  rapporter,  comme  ({es  vé- 

II  était  aj)pelé  fréquemment  h  Mont-  rites  inconleslablcs,  diverses  croyan- 

brison,  ville  où  le  célèbre Laur.  Jou-  ces  populaires  de  son    temps,    par 

berl  (  Voj.  ce  nom  ,  XXII,  44.  ),  exemple  :    (pie  le  diamant  se  ramol- 

avait   pratiqué  la   médecine  dans  sa  lit  dansle  sang  du  bouc  ;  que  le  chanl 

jeunesse.    Ce  que    Bachot    entendait  du  cocj  met  en  fuite  le  lion,   etc.  II 

rapporter  d'honorable  à  la  mémoire  cite   comme    un    i\i:s    échos   les  pins 

de  ce  grand  médecin   fut    sans  doute  merveilleux  celui  de  Cliarenlon,  qui 

une  des  causes  (jui   l'engagèrenl  aie  répèle  sept  fois  le  son.    Les  sonnels 

prendre  pour  niofbMe   el   K  devenir  ,  placés   en   tèle    de   chatpie    chapitre 

dans  le  Iraité  (pi'il  coii'posa,  son  con-  prouvent    (ju'il    sacrifiait    aussi    aux 

linnaliMir.  Son  goût  pour  la  bolanupie  nuises;    mais  un    biographe    a    déjà 

le  lia  promptemenf  avec  le  pclil  nom-  dit  avec  raison  (juc  ses  vers  font  plus 

})rc  d'amahurs  de  l'histoire  nalurclle  d'honneur  à  son  cœur  qu'à  son  talent 

(pu  se  Iroiiv  ii(  ni  alors  dans  le  pays,  poélique.  Eloy  n'a  point  donné  d'ar- 

et  il  herborisait  de   temps  en  temps  litle  à  Bachot  dansson /)a7/o////u/rc. 


BAC 

C.TiTcre  se  coiileiitc  dr  rapporter  le 
lilrc  de  .son  ouvratrc.  ÎNJ.iisce  im'dccin 
est  ouMié  dans  toiiles  les  l)i()gr<'i- 
plufs  iiio(l»'rnos,  {jiioi([iic' son  livre, 
dovfmi  r;irc  ,  soit  assez roclierclic  des 
cuiieiix.  —  Un  aulrc  nicdccln  de  la 
mènic  famille,  Etienne  Bachot,  élalt 
lu-  ;uSens,  vers  i  6  r  o.  11  jiril  le  j:!;ra'lc 
(\c  docleiir  h  la  facullé  de  Paris  en 
1648.  Médecin  el  ami  do  Ménage, 
Gomherville  ,  Benserade  ,  Clinrpen- 
lier,  elc,  il  ciillivail  Ini-mènie  la  lil- 
léralure  avec  beaucoup  de  succès.  On 
a  de  lui  <\qs  épigrammes  lalines  Irès- 
agréablcs.  Dreuxdu  Radier,  dans  ses 
Rc créations  historiques^  II,   108, 

I  en  rapporte  deux ,  Tune  contre  les 
partisans  de  rantiracine  ,  cpii  se  flat- 
taient d'avoir,  avec  ce  remède,  opéré 
la  guérison  du  roi   en   i63o5  et  î'au- 

j  tresur  l'écnjer  du  comte  de  Crussol, 
qui  se  poignarda  sous  les  yeux  d'une 
femme  qu'il  n'avait  pu  rendre  sensi- 

I      ble   à   sa  passion.    Cet  événement  , 

'  qui  fit  une  grande  sensation  à  la  cour, 
est  de  Tannée    1669.    Le    quatrain 

I  suivant  de  Bachot,  sur  la  mort  de 
Molière,  qui  mourut  en  jouant  le 
Malade  imaginaire,  est  une  des 
meilleures  pièces  qui  parurent  alors. 

Roscius  hîc  situs  est,  parva  Molierus  in  urna, 
Cui  penus  biimaniiin  ludcre  ludus  cral. 
Diim  ludit  niortein,  mors  iiidigaata  jocantem 
Corripit,  et  miinuin  fingeie  sacra  lu-yat. 

Ménage  a  conservé  quelques  vers 
agréables  que  Gombervilie  avait  adres- 
sés à  Bachot  pour  lui  reprocher  son 
silence.  Voyez  le  Menngiana , 
éd.  de  171 5  ,  II,  232.  On  n'a  pu 
découvrir  la  date  de  la  mort  de  Ba- 
chot; mais  ou  peut  la  placer  vers 
1687,  année  où  parut  son  dernier  ou- 
vrage. Il  prenait  le  titre  de  médecin 
du  nu.  Voici  la  liste  de  ses  produc- 
tions: \,  Le  tombeau  du  maréehal 
de  Schomher'^y  Paris,  1 6 3 3,  in-8**. 
II.  Apologie  pour  la  sait^née  con 
tre  ses  calomniateurs  y  Paris,  1646, 


BAC 


i:> 


in-8";ibid,  1648,  in.8^  III.  AV- 
go  mcdicus f)/iilos()f)hus  hcôioç,  Pa- 
ris ,  1646,  111-4".  IV.  Erpço  in/c" 
hi'ihus  continiiis  putridis  Lcnuls 
viclus,  l*aris,  1647  '  •n-4"-  Cette 
thèse  renferme  des  propositions  que 
nosécoles  modernes  ne  désavoueraient 
pas.  V.  l'Jrgo  pueris  acute  labo- 
rantibus  vencE  sectio ,  Paris,  1648, 
in -4°.  VI.  Quœsliones  medicœ , 
Paiis  ,  1648,  in- 12.  VII.  Er^o 
patrum  in  natos  abcunt  cuni  se- 
mine  mores ,   Paris,   1649,  in-4.**. 

VIII.  Panef^yricus  gratulalorius 
ad  Ludovicum  XIK  post  ci- 
vicos  tum  iltus  Lutetiani  reversimij 
Paris,     i652  ,     in-fol.    et    in-4'', 

IX.  Ergo  ulendumcibis  simplicio- 
ribus y  Paris,  i658,  in-4-°.  X. 
Eucharisticwn  pro  pace  ad  card. 
Mazarinum,  Paris,  1660,  in- 8°. 
XI.  Vespertina  et  pileus  doc- 
toralis,  cum  qnœstionibus  medicis, 
Paris  1675,  in-8°.  XII.  An  cho- 
colatOf    usus     salutaris?    Paris  , 

1684,  in-^'  XIII.  An  affecti- 
bus  melancholicis  manna?  Paris, 

168 5,  in-4.".  XIV.  Parerga  seu 
horœ  subcesivŒj  quibus  continen" 
tur  poemata  latina  et  gallica,  Pa- 
ris, 1686,  in-i2.  C'est  un  recueil  àp 
pièces  en  vers  et  en  prose,  dans  le- 
quel on  trouve  une  traduction  de  lu 
Solitude  de  S.iinl-Amand_,  qui  avait 
paru  en  1662  ,  sous  le  nom  du  P. 
Cotignac  ,  dans  une  collection  de 
pièces  de  quelques  pères  de  la  Doc- 
trine chrétienne  ,  avec  un  chanoc- 
ment  de  quelques  mots  seulement. 
— Xy.Nofi  ergo  urinis  se  medicum 
professo  statim  credendum^  Paris , 

1686,  in-4°.  XVI.  Est-ne  phle- 
botomia  omnis  œtatis ,  omnium 
niorborum  magnorwn  princeps,  et 
universale  remcdiiini?  Paris,  1687, 
in-4".  J — D — N    etW — s. 

BACIARELLI   (  Marcel  )  , 


i6                    BAC  BA.C 

peintre,  ncaRome,  le  16  février  qu'il  portait  le  jour  de  son  coii- 
lySi,  eut  pour  maître  Beuefiali,  et  ronnement.  Dans  une  seconde  ialle  on 
fut  appelé  en  lyoo  a  Dresde,  par  trouve  de  grands  portraits  qui  re- 
Auguste III,  roi  de  Pologne  et  élec-  présentent  autant  d'évcnemeiils  re- 
teur  de  Saxe.  Ce  prince  l'immcna  marquables  dans  l'histoire  de  la  na- 
avec  lui  à  Varsovie,  où  il  se  lit  con-  lion;  ce  sont:  1°  Casimir-le-Grand 
uaîtrc  de  Stanislas  Poniatowski  qui  qui  affianchit  les  habitants  de  la 
devait  bientôt  succéder  a  Auguste,  campagne  /a®  la  Jhndation  de 
La  réputation  de  Baciarclli  s'étant  V  académie  de  Cracovie  ;  ^°  l'Iwm- 
répandue  à  Vienne,  Marie-Thérèse  mage  qu  Albert  y  duc  de  Prusse  , 

firia  le  roi  Auguste  de  vouloir  bien  rend  au  roi  Sigismond  I"  ;  4-"  lu- 
e  lui  envoyer  pour  faire  les  portraits  nion  de  la  Pologne  avec  la  Li- 
de  la  famille  impériale.  Quand  le  roi  thuanie ;  S^  le  traité  de  Chocziin; 
Auguste  mourut,  le  prince  de  Kau-  G°JeanSobieskidélivrant  Vienne. 
nitz  engagea  le  peintre  de  la  cour  a  se  La  salle  dite  de  la  noblesse,  dans 
fixer  h  Yiennt.^Baciarelli ,  qui  avait  le  palais  de  Lazieuki,  est  ornée  des 
aussi  reçu  d'autres  invitations ,  pré-  portraits  de  Christoplie  Rad/ivill  , 
fera  celle  de  Stanislas-Auguste  qui  de  Rev.  Polocki,  de  Stanislas  Ho- 
venait  d'être  élevé  sur  le  trône  de  sius  ,  de  Jean-Charles  Chodkievvicz, 
Pologne.  La  diète  extraordinaire  de  de  Jean  Tarnowski  ,  de  Martin 
1767  .  désirant  l'attacher  au  royau-  Konc!  i  ,  de  Marliu  Cromer  et  d'An- 
nie ,  lui  accorda,  dans  une  de  ses  dré  Olzowski.  Baciarclli  joignait  a 
séances,  lindigénat  et  à^s  lettres  de  une  grande  activité  la  connaissance 
noblesse,  l^e  roi  Stanislas  le  nomma  parfaite  du  siècle  et  des  événements; 
directeur-u^énéral  i\i.'^  bâtiments  de  ses  personnages  ont  toujours  une  po- 
la  couronne.  La  carrière  de  I)acia-  se  et  un  costume  de  la  plus  sévère 
relliaété  longue,  et  il  a  produit  des  exactitude  historique.  En  1787,  il 
ouvra "^es  dont  le  nombre  étonne  au-  pria  le  roi  Stanislas  de  vouloir  bien 
tanluue  leur  perfection.  On  en  trouve  lui  permettre  d'aller  visiter  de  non- 
dans  les  cabinets  de  Dresde  et  do  veau  l'Italie  et  la  France  méridio- 
Vienne,  dans  ceux  des  magnais  polo-  nale.  Dans  son  voyage  ,  tons  les  sou- 
uais,  et  dans  le  j)alals  royal  deLazicn-  veralns  se  plurent  k  le  condiler  d'al- 
ki.  Les  plus  remarcpiables  sont  ceux  tentions.  A  Vienne,  Josepli  II  et  son 
qui  ornent  la  salle  de  marbre  dans  le  frère  Léopold  ,  grand-duc  de  Tos- 
palais  de  Varsovie.  On  y  voit  les  por-  cane,  voulurent  le  voir.  L'académie 
Iralls  de  Ions  les  rois  de  Pologne,  des  beaux-arts  l'admit  dans  son  sein, 
depuis  Boleslas  CV//o^/'^  jusqu'à  Sta-  Celles  de  Dresde,  de  Berlin  ,  de  Sl- 
nislas- Au<'usle.  Quant  aux  anciens  Lue,  a  Rome,  celles  de  Venise  cl  de 
roislexéeiilion  était  diniclle;le  pein-  Piologne  lui  accordèrent  lamème  dis- 
Ire,  n'ayant  (Hie  Irè.s-peu  d'originaui  tinctloii.  Le  pape  Pie  Vl  le  rtomma 
a  copier,  fut  obligé  de  recourir  aux  clievalier  de  l'ordre  de  l'Kperon.  Les 
Iradilions  populaires  et  aux  annales  rois  de  Sardaigne  et  de  ^aple.s  le  re- 
de  la  nation.  Les  portraits  de  rois  des  curent  avec  les  marques  de  la  plus 
derniers  temps  ont  pu  être  mieux  soi-  hauleconsidéralion,  et  la  reine  de  IS'a- 
cnés  ;  on  admire  surtout  celui  de  pies  se  souvint  avec  atlendrissemrnt 
Stanislas- Augusie  ,  (jui  voulut  être  (jue  ses  ouvrages  étaient  les  premiers 
représenté  avec  le  cosluiuo  espagnol,  qu'elle  cùl  admirés  dans  sa  jeuuesse. 


Revenu  d'un  voyai^e  si  fl;illciir,  IJ.i- 
ciciit'lli  se  remit  an  havail  avec  une 
uonvelle  aclivilc.  l'.unii  les  onvraj^cs 
sorlis  (le  sonpineeaii  à  celle  é|)()([iie, 
nous  reniaii|uer()us  denx  lajjleaux 
nui  ornenl  l'église  paroissiale  de 
S/.C7,orce,  dans  les  domaines  de  Joa- 
cliini  Chreplowicz  ,  chancelier  de 
J.illiuanie.  L'nn  représenle  Jésus- 
Christ  donnant  sa  bénédiction  il  des 
enfants  •  dans  l'antre  on  voit  un  la- 
boureur occupé  du  travail  de  son 
champ,  au  loin  sa  femme  qui  attend 
son  retour  j  ses  enfants  (pii  jouent 
près  du  feu,  et  Jésus-Christ  dans  les 
nues,  (pii  bénit  cette  bonne  famille. 
La  perfection  de  ces  deux  tableaux 
rappelle  avec  attendrissement  aux  Po- 
lonais le  souvenir  de  J.  Chreptowicz, 
de  ce  seigneur  bon  ,  humain  ,  rpii  a 
donné  un  exemple  précieux  en  affran- 
chissant les  paysans  dans  ses  domaines, 
et  qui  a  rendu  a  l'instruction  publique 
des  services  signalés.  Le  i  i  décem- 
bre 1807,  la  société  des  Amis  des 
sciences,  a  Varsovie,  nomma  Bacia- 
relli  un  de  ses  membres  ,  et  lui  offrit 
le  portrait  du  roi  Frédéric-Auguste, 
qui  se  trouvait  alors  a  Varsovie.  L'u- 
niversité de  cette  ville  avant  établi 
une  section  pour  les  beaux-arts,  il 
en  fut  nommé  le  doyen.  Parmi  ses 
derniers  ouvrages  ou  remarque  le 
tableau  qu'il  offrit  a  l'église  métro- 
politaine de  St-Jean.  On  y  voit  sur 
une  élévation  la  sainte  Vierge  tenant 
l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux,  entou- 
rée par  les  anges,  et  au  bas  saint  Jean- 
Baptiste  et  saint  Stanislas  de  gran- 
deur naturelle.  C'est  une  imita- 
lion  du  grand  tableau  que  Palma  le 
jeune  (/^oj^.  ce  nom,  XXXII,  4-58), 
peintre  de  l'école  vénitienne,  avait 
fait  pourle  grand-autel  de  cette  église; 
mais  la  copie  l'emporte  sur  l'original. 
Les  Français  s'en  étaient  emparés 
lors  de  Tinvasion  de  la  Pologne,    et 


BAC 


«7 


ils  l'avaii-nl  j)Iacc  dans  le  Musée  de 
Paris,  (jul ,  bien  que  très-riche,  ne 
possédait  rien  de  Palma  le  jeune.  En 
181  5,  ce  tableau  fut  reporté  a  l'église 
de  St. -Jean,  l'cndant  (prcUeen  avait 
été  privée,  Ikciarclli  lui  avait  fait  don 
(le  la  copie  dont  nous  avons  parlé,  et 
qu'elle  a  conservée.  On  ne  s'aperçoit 
point  (pie  ce  soit  Ponvragc  d'une 
main  plus  qu'octogénaire.  Ce  grand 
peintre  est  mort  le  5  janvier  i  8  i  8  , 
âgé  de  87  ans,  aussi  regrette  pour  son 
caractère  de  bonté  et  de  bienfaisance 
que  pour  la  supériorité  de  son  talent. 
Le  gouvernement  polonais  a  acheté 
son  portrait  pour  le  placer  dans  la 
grande  salle  de  l'université.  Sa  famille 
lui  a  fait  ériger  dans  l'église  métro- 
politaine un  monument  où  il  est  réuni 
à  sa  femme,  a  sa  mère  et  a  son  aïeul. 

G— Y. 

BACIO  (He"Nri  )  ,  jésuite,  ori- 
ginaire d'une  famille  italienne,  na- 
quit h  INancy  en  1609.  Ayant  fait 
profession  dans  la  compagnie  de  Jé- 
sus, a  Dijon,  il  obtint  la  chaire  de 
rhétorique  au  collège  de  cette  ville  , 
et  fut  ensuite  cliargé  d'aller  prêcher 
sur  divers  points  du  royaume.  Il 
mourut  préfet  des  classes  ,  a  l'uni- 
versité dePonl-a-Mousson  ,  au  com- 
mencement de  Tannée  1681.  Ou 
connaît  de  lui  :  I.  ïllustrissimi 
ducis  Belle  g  arda  haudatio,  1 6  4^7 , 
in-4-°.  IL  Elo^iwn  Henrici  Bor- 
honii  II,  164^7,  in-i2.  Ces  deux 
morceaux  oratoires  ne  sortent  pas  de 
la  ligue  commune  des  écrits  de  ce 
genre  ,  même  pour  le  temps  oii  ils 
ont  été  composés.  L— 'M— x. 

BACÏOCCIIÏ  (Marie-Anne- 
Elisa  Bois  APARTE,  depuis  Madame), 
la  première  des  sœurs  de  Napoléon, 
naquit  h  Ajaccio ,  en  Corse ,  le  3 
janvier   1777   (i)*    ^^^    fut    élevée 

,1)   Nous  suivons,   pour  cette  date,  l'auloril» 
de    V.llmitnnch   impérial,  i8oô,    p.    36.    M.   Ma- 


LVII. 


lô 


BAC 


BAC 


gratuitement  et  par  le  crédit  de  sa  fa- 
mille a  la  maison  royale  de  Saint- 
Cyr,  dans  le  temps  où  son  frère  Na- 
poléon terminait  de  la  même  manière 
son  éducallon  kBrienne  et  al'Ecole- 
Militaire.  Cet  établissement  de  Saint- 
Cyr  ayant  été  supprimé  par  un  décret 
de  la  convention  nationale ,  Elisa  re- 
tourna dans  sa  famille  avec  son  frère,  a 
la  fin  de  1792  {V.  Napoléon,  au 
Supp.),  et  lorsqu'en  1793  la  Corse 
tomba  au  pouvoir  des  Anglais ,  elle 
vint  avec  sa  mère  el  ses  sœurs  résider 
à  Marseille.  El'es  eurent,  comme  l'ou 
sait,  dans  cette  ville  une  existence 
précaire  et  malaisée  ,  dans  les  détails 
de  la{[uelle  quelcjues  écrivains  se  sont 
plu  à  fouiller  pour  y  chercher  de 
graves  motifs  d'accusation  contre  leur 
conduite.  Si  ces  récits  n'ont  pas  été 
complètement  inventés  par  la  haine, 
ils  sont  au  moins  dénués  de  preuves,  et 
le  devoir  de  l'hislorien  rpii  les  men- 
tionne est  de  ne  pas  les  admettre  avec 
légèreté.  Cequ'il  y  a  de  bien  certain, 
c'est  que  rien  alors,  dans  l'étal  où  se 
trouvait  la  famille  Bonaparte  ,  ne 
pouvait  faire  présager  sa  procha  ne 
grandeur.  Napoléon  devint  ,  peu 
après,  général  en  chef  de  l'armée 
d'Italie  ;  mais  cette  soudaine  éléva- 
tion ne  l'empêcha  j)as,  comme  on  l'a 
prétendu,  de  donner  son  consenle- 
menl  a  l'union  projetée  par  sa  mère 
entre  Elisa  et  M.  l'aciorclii;  loin  de 
là,  il  vil  celle  union  avec  beaucoup 
de  plaisir,  parce  (pie  M.  Baciocchi, 
ancien  olhtler  nu  réginienl  lloyal- 
Corse,  était  d'une  faniiile  plus  an- 
cienne «'t  plus  considérée  <|ue  celle 
des  Bonaparte,  Te  mariage  fut  célé- 
bré h   JMarseille ,    dans   le  mois   de 

roai  1797  (2)',  el,  l'année  suivante, 

— 

Illll,  Aiin.  iinriilii<^.,  iB>0,  j>.  J,  ilil  lo  8  jiiiviiT, 
rrreiir  (|ii'il  iminit  avoir  prise  diiiri  li-i  liiu^ra- 
phira  plcct  tliMitr*.  cl  tpi'onl  .xloplro  srloii  l'iis.i^t 
tuulra  relira  i|iii  oui  |iiini  dipiiis. 

(a)  l'ur    uiio   bcvuu    toiil-iil'dit    iiKiiiii:«'\.ilile 


Lucien  Bonaparte  ayant  été  nom- 
mé membre  du  conseil  des  cinq-cents, 
sa  famille  vint  avec  lui  s'établir  à 
Paris.  Elisa,  dont  l'éducation  avait 
été  soignée  ,  qui  d'ailleurs  avait  de 
l'esprit  ,  de  l'amabililé ,  le  goût  des 
lettres  et  des  arts,  rassembla  autour 
d'elle  une  société  d'élite.  Elle  se 
forma  une  véritable  cour  composée 
des  gens  de  lettres,  des  artistes  les 
plus  distingués  de  l'époque,  et  qui  de- 
vint plus  nombreuse  et  plus  brillante, 
a  mesure  que  s'éleva  le  pouvoir  de 
Napoléon:  La  Harpe,  Boufflers  , 
FontaneSj  y  furent  assidus. Ce  dernier 
surtout  était  l'objet  particulier  des  pré- 
férences de  la  princesse  ;  et  l'on  peut 
dire  aujourd'hui,  sansréticencc  etsans 
mystère  ,  qu'il  fut  considéré  comme 
son  amant,  elque  c'est  principalement 
à  l'active  protection  de  cette  dame 
qu'il  dut  son  élévation.  L'abbé  De- 
lille  lui-mêm.e,  que  Napoléon  dé- 
sirait connaître  ,  se  laissa  condui- 
re   un   jour   chez    M™*'  Baciocchi  j 


dans  un  liistoriof;raphe  aussi  minutieux  ,  Bour- 
rit-nne  [Jlc/it.,  chap.  Xl\,  t.  I>  p.  «90  et 
suiv  .  )  a  |)rrlonclu  avancer  di-  plusieurs  anncos  la 
date  de  ce  niariapc.  \i  appuie  son  assertion  sur 
une  lettre  datée  «l'Ajaccio,  i"^  août  17971  ecrito 
et  sij;nic  |>ar  Christine  Honaparte,  (|ui  propose  à 
Napoléon  d'être  parrain  de  son  Iroi.sièuje  enfant. 
]iounienne  a  cru,  on  ne  peut  deviner  sur  cjuci 
foiideint  Ht ,  que  Christine  nuua|>arte  était  la 
même  qu'l'^lisa.  Il  est  évident  qu'il  .-«'agit  de 
Cliri:>line  1>o}er,  première  fenniie  de  Lucien.  La 
lellre,  sijjiiêe  d'elle,  est  de  la  uuin  de  son  mari, 
ainsi  (pic  nous  l'apprend  Hoarrienne  lui-même,  cl 
elle  ( Dinnience  par  ces  mots,  (pii  sont  d'uoe  belle» 
striir  <t  non  pas  d'une  sn-ur  :  «  (iiiieral.  j>riuje!- 
u  te/.-moi  de  vous  appeler  du  nom  de  frère. .  .  » 
Au  surplus,  ci!tte  lettre  peut  servir  A  proover 
(pie  dès-lors,  et  mêuje  auparavant , -la  bonne 
iut<llif;eMce  avait  cessé  d'exister  entre  les  deux 
frtres  Lu(  ien  et  Napoléon.  (^)uant  à  l'opposition 
de  celui.ei  au  maaia^e  de  s.»  Mcur  avec  M.  lîa- 
cioeclii  ,  nous  ne  soumies  pas  le»  premiers  à  la 
conteste  r  ;  on  lit  ù  ce  snjtt  dans  un  journal: 
(t  Le  muria^'e  (ivil  de  madame  Daciocclii  fut 
eoutructV-  a  Marseille,  le  i'^  uui  «797.  nvfc 
l'agrément  du  ^'ruerai  Houaparte,  el  fut  liieitldt 
oprè»  cêli  bre  r<  li-^ieuscinent  i\  Montehello,  eu 
même  temps  i|ue  celui  de  l<  princesse  llurglièse, 
dan^  la  )li.i|ielle  du  château  de  ce  nom,  ueciipt* 
par  le  gênerai  Komtparte  lors  du  traite  de  paix 
de  (!.inq>u-l''uriiiio,  il  ti'a  donc  p.is  ùlii  Idil  lual- 
L're  lui.  » 


lUC  TiAC  19 

mnis   II  110    clicnli.i    poinl  à  plaire  ,  et  a  snnMc  mcllrc  sa  {];loircàlcs  l)ra- 

cl  ny  rcloiirna   jkis.  l'ar   mi  dccrcl  vor.   Son  rpoiix  ne  paral.ssall  jamais 

du    27   vcnlosc  ail    xiii    (18    mars  que  derrière  ille ,  dans  les  fré(jucn- 

i8()5)  IS'apoU'ou,  devenu  empereur,  tes  et  somplucusos  cérémonies  où  son 

céda  en  loulc  propriélé,  à   sa   sœur  orgueil  se  complaisait  j   elle  passait 

Elisa  et  h  son  époux,  la  principauté  des  revues  où  il  l'accompagiiail  pour 

de   PiomI)iuo,   à  la(piclle    très  -  peu  jouer    le    rôle    modcsle    d'aide-de- 

de   leiiips   après   il    ajouta  celle    de  camp  j  sur  les  mouuaies  il  ne  figurait 

Lucques.    Les  nouveaux  souverains  qu'en  seconde  ligne,  et  son  effigie  y 

partirent    nussiiùt    pour    leur    rési-  élait  cachée  a  moillé  par  celle  de  la 

dence,  cl  ils  y  furent   couronnés  le  princesse.     Au    milieu    d'une    foule 

10  juillet  1806.   On   peut  dire  (|ue  de   favoris  qui   gouvernaient  en  son 

ce  fui  la  le  seul  acte  de  l'administra-  nom  ,  Elisa   se  livrait  à  des   profu- 

tion  de   la   grande-duchesse   auquel  sions  excessives  ,    et    dilapidait  les 

elle   voulut  bien  associer  son  époux.  Irésor.s  de  l'état.  Un  flatteur  l'appela 

l*our  tout  le  reste,  AI.  Baciocchi  ne  dans  ses  vers  la  Séniirainis  de  LuC" 

fut  noloirement  (pie  le  premier  des  ^//6^5.  Ce  surnom,  qui  flatta  sa  vanité, 

scrvileurs  de   sa  femme.  La  grande-  peut  paraître  aujourd'hui  la  satire  la 

duchesse  ne  paraît  avoir  eu,  dans  sa  plus  sévère  qu'on  ail  faite  de  sa  con 

conduite publi([ue  cl  le  gouvernement  duile.  Elle   fut   nommée    en    1808 

de  l'état   qui  venait  de   lui   échoir,  grande-duchesse    ayant    le    gouver- 

d'autre  plan  et  d'autres  vues  qu'une  nement  de  Toscane  j  mais   ce  titre, 

irailalion  scrvile   et    quelquefois  ri-  qui  ne  fut  conféré   qu'à  Elisa,  n'ap- 

dicule  de  la  conduite  de   son   frère  partint  jamais  a  son  mari.  Dès-lors 

Napoléon  sur  un  plus  grand  théâtre,  elle  tint  sa  cour  a  Florence,  k  Pise , 

Les  lettres  qu'elle  avait  paru  chérir  à  Poggio,    k  Cajano.   A  toutes  ces 

en   France  furent,  en  Toscane,  né-  pompes,  atoules  ces  fêtes,  succédèrent 

gligées  pour  les   armes  j  la  grande-  les  revers:  après  la  chute  de  Napo- 

duchesse  n'était  guère  entourée  que  léon,  en  18  r4,  la  princesse  Élisa,  re- 

de  soldats,  ne  rêvait  que  parades  et  tirée  d'abord  k  Bologne,  et  ne  s'y  trou- 

que  campagnes,  consumait  son  temps  vant  pas  en  sûreté,  voulut  se  réfugiera 

dans  des  fêtes  et  des  intrigues  de  se-  Naples  j  Murait,  qui  était  alors  l'allié 

rail,  pendant  que  les  soins  de  l'ad-  des  Autrichiens,  refusa  de  l'y  rece- 

ministration    étaient    abandonnés    k  voir.  Au  commencement  de  181 5, 

des  hommes   qui  avaient  su  s'empa-  elle  alla  chercher  un  asile  k  Trieste  j 

rer  de  sa  confiance  et  (jui  souvent  en  depuis  elle  se  réunit  k  sa  sœur  Caro- 

abusaient.  Elle  a  cependant   attaché  line,  veuve  du  roi  Murât,  dans  le  châ- 

son  nom   k  quelques   établissements  teau  de  Haimbourg,  près  de  Vienne, 

utiles,    a  quelques    grands   monu-  puis  dans  celui  de  Brunn  en  Moravie, 

ments,  au  premier  rang  desquels  on  Enfin  elle  se  fixa,  sous  le  nom  decom- 

cite  la  route  magnifique  qu'elle  a  fait  tesse  de  Compignano,  k  lîologne  011 

construire   de  Lucques  aux  bains  de  elle   est  morte  ,    d'une  fièvre    ner- 

la    Villa.  Tout   cela   donnait   sans  veuse ,     dans     les    premiers     jours 

doute  k  son  administration  un  air  de  d'août   i8iio.   Ses  restes  embaumés 

noblesse  et  de  grandeur.   Mais  hau-  ont  été  transportés  aTrieste. — Son 

taine  ,    fastueuse,  elle   s'est    placée  fils  (7"/-tWr'/7r)  est   mort  k  Rome  , 

souvent  au-dessus  des  convenances,  dans  le  mois  d'avril  i835,  a  Tiige  de 


20 


BAC 


1 8  ans,  par  suite  d'une  chute  de  che- 
nal.— Sonépoux,M,FéllxBaciocchi, 
estaujourd'hul  prince  romain  jouissant; 
décent  mille  écns  de  rente.  Leur  fille, 
la  comtesse  Elisa-Napoléon,  est  ma- 
riée au  prince  Camerata  —  Le 
portrait  de  madame  Elisa  Baciocchi , 
peint  par  Gérard,  est  gravé  dans  la 
collection  des  portraits  histori([n<:s 
de  cet  artiste.  F — t,l. 

BACKER  (  Georges  de) ,  im  - 
primeur  et  libraire  ,  exerçait  sn  pro- 
fession a  Bruxelles  dès  1695.  Il 
donna  une  édition  revue  et  corrigée 
de  la  traduction  française  de  Laza- 
rillede  Tonnes^  par  Tabbé  de  Char- 
ries (r),  1698,  2  vol.  iii-i2  ,  laquelle 
a  servi  de  type  anx  nombreuses  réim- 
pressions de  ce  roman  {Voy.  Diego 
Hurtado  de  Mcr^DozA  ,  XX\  III  , 
285  ,  et  J.  Ortega  ,  XXXII  , 
1-79).  On  lui  doit  en  outre  :  \q  Dic- 
tionnaire des  Proverbes  français 
avec  leur  explication  et  leur  ori- 
gine,  lyio,  petit  iii-8*,  rare  et 
que  les  curieux  continuent  de  recher- 
cher, quoiqu'on  ail  niainlen.inl  des 
recueils  plus  complets  sur  cette  nia- 
lièrc.  D.uis  la  préface,  Backer  pro- 
mettait de  donner  les  mêmes  pro- 
verbes, traduits  et  expliqués  dnns 
d'autres  langues.  Le  Duchat  a  laissé 
sur  (juelques-uns  de  nos  proverbes 
des  remarques  qui  se  rapportent 
au  dictionnaire  de  Backer.  Ellfs  se 
trouvent  dans  le  Ducalinnaj  2' 
partie,  449-545.  rhilib.-Jos.  Le 
lloul,  ou  le  compibiieur  cpu»  cache 
ce  nom,  a  reproduit  eu  enl.er  l'ou- 
vian^e  de  Backer  .sous  le  litre  :  Di<- 
tionnairc  comiijiie ,  sdtirique  ^ 
libre  et  proverbial,  Amslerdam  , 
1718  ,  lu- 8",   avec  des  ailditlons  (pii 


(1)  Ou  Iroiivti  niifi  notico  -mr  l'iiM)»'"  il"  (liir- 
iin^  clin*  In  //<''/<"'/"• /'c  (/««  iinltnrt  cilex  au  l>'(  ■ 
Ifiiinuiir  ili  liuhfUl.ynv  l.oul^-Jriiii  I,«CIri<'.  en 
léte  do  l'édition  de  ly»",  i7>8.  infol. 


BAC 

se  sont  accrues  a  chaque  éditionnou- 
velle  ,  et  ont  fini  par  le  rendre  un 
des  livres  les  plus  orduriers  qu'il  v 
ait  dans  notre  lan|;ue  (  Voy.  la  Bi- 
bliotli. franc,  de  fabbé  Goujet,  tom. 
i").  Panci.oucke  {J^oy.  ce  nom, 
XXXII,  4.80)  avoue  qu'il  a  composé 
sou  Dictionnaire  des  proverbes 
d'après  celui  de  Backer.  et  d'après 
un  autre,  imprimé  en  1728,  in-8°, 
connu  ,  dit-il  ,  sons  le  nom  de 
Du  Bois  (2).  On  a  fait  jusqu'ici  des 
recherches  inutiles  pour  découvrir  ce 
dictionnaire,  qui  n'est  indiqué  ni 
dans  la  Bibliothèque  de  Goujet ,  ni 
da';s  aucun  catalogue.  Backer  a 
traduit  du  flamand  l' Histoire  du 
Saint-Sacrement  de  miracle ^  par 
P.  Cafmeyer,  Bruxelles,  1720  , 
iu-8°.  W— s. 

BACLER- DALEE  (Louis- 
Albert-Ghislaiîs'.  baron  de),  naquit 
le  21  octobre  1761(1)  h  Sainl-Pol, 
eu  Artois  (auiourd'hui  Pas-de-Ca- 
lais). Son  père  ,  quartier-maître  tré- 
sorier du  régiment  de Toul, avant  pris 
sa  retraite  peu  de  temps  après,  obtint 
la  place  de  directeur  des  postes  à 
Amiens.  Le  jeune  Bâcler  y  fit  d'ex- 
cellentes éludes  sous  la  conduite  de 
Delille  et  de  Sélis,  professeurs  alors 
tous  les  deux  au  collège  de  cette 
ville.  IMals  le  penchant  décidé  pour 
les  arts  qu  il  avait  montré  iUs  sou 
enfance,  finit  par  le  captiver  culière- 

(î)  Jac<iucs  Du  Uois  de  Goiiiicoiirt,  gciililliom- 
mi-  di!  Picardie  ou  d'Artois,  vivtiut  à  la  lui  du 
17'  sit'clc,  a  jmblii'  uu  Hccucil  tli-  provirbr» 
iialit-ns,  sou!>  vc.  titre:  ^'fvi/i;i:c  <•  pnutrfiii  ita- 
tiaiii,  I.joM,  i(>83,  iii-H".  Il  avait  «loiuu-  prén-diMu- 
niiMil  uu«!  (iramiHiiire  franaiisr  v\\  italien,  Riiiiic, 
i()-8,  iii-11.  Msl-re  le  i'ii  Unis  dont  parle  Pauc- 
koui'kePOu  lu- le  pense  pis. 

(i)  l.e  ii  oetnhre,  sel«in  le  Monileiir  et  M.  Ma- 
hul  ;  uiai.H  le  ai  ottoln-e  1761  suivant  la  Fninre 
lillvr  de  INI.  «)ni  r.inl,  et  1781  suivant  la  liio^tw 
Il/ne  imiicrstlti'  et  piirliilif»  îles  i'ontrmporainf,  p. 
if)i.  Cette  dnnièie  <lale  pourrait  passer  pour 
une  faute  d'impression  ,  si  le  rétlacteur  de  eet 
artide  ,  par  uim  nouvelle  erreur  ,  lieanenup 
moins  rxetis.dde,  n<'  fixait  I.1  mort  de  Dac'er  «a 
i8>3.  à  4(  •>■>'• 


nvc 


MC 


11 


inciil.  A  vin^l  ans  il  rcsoliil  de  vlsi- 
trr  rilalic;  mais,  arrivé  au  pied  dc^ 
Alprs,  il  (ni  IclIcintMil   frappa'  de  la 
graiulcur  ol  ilc  la  l)oa'.ilé  du  sju'cla- 
clc  qui  s'oIîVail  h  ses  yt'ux,  cpril  lui 
fut  inipossil'Ic  de  pousser  plus  loin. 
Il  ilfuit'urascpl  ans  h  Sallanclics,  ne 
s  t'I()i«;nant  i;uèrc  (pic  pour  dessiner 
(le  nouveaux  sites.  Conduit  par    la 
passion  de  la  peinture  sur  les  soni- 
milés  di's  montagnes,    il  saisit   l'en- 
chaînement  et   les   rauiilicalions   de 
ces  masses  agglomérées,  et  devint  en 
même    temps   peintre  et  géographe. 
Ses  tal>leaux,  répandus  dans  la  Suisse 
et    l'Allemagne,   avaient    déjà  com- 
mencé sa  réputation,  lorscju'il  revint 
en  France  au   commencement  de  la 
révolution  :    il    s'en  déclara    parti- 
san j    cl  ,    quoi(]uc    marié    et    père 
de    plusieurs    enfants,     il    s'cn!t)la 
dans  un  halaillon  de  rAriège,  avec 
lequel   il  assista  au  siège  de  Lyon  et 
a  celui  de  Toulon.  Avant  pas-ié  dans 
l'artillerie,  il  y  devint   capitaine.   Il 
se  trouvait  h  Nice  au  dépôt  lorsque 
Bonaparte ,    nommé  au  commande- 
ment de  l'armée  d'Italie,  l'adjoignit 
à  son  état-major  eu   qualité  de  di- 
recteur   du  bureau  topographique  , 
puis    de    chef   des    ingénieurs-géo- 
graphes. Après   la  paix  de  Campo- 
Formio ,   il    le  chariJ-ca    de  dresser 
une  carte   du   lliéulre   de  la  guerre 
en  Italie.    O    grand    ouvrage  ,    qui 
devait  par    la   suite    comprendre  la 
totalité  de  la  péninsule  italienne  et 
se  composer  de  54  feuilles,  fut  poussé 
avec    toute  l'activité  que  Bonaparte 
savait  imprimer  ace  qui  l'entourait. 
Pour  être  plus  a  même  de  l'exécuter, 
Baclei-Dalbc  avait  clé  nommé   chef 
du  bureau   topographique  de   la  ré- 
pubîicpie  cisalpine.  Tous  les  dépôts, 
toutes  les  l)ii)iiothèques,  surtout    la 
riche   Ambroi^ienne ,     furent    mises 
h  sa  disposition  5    et  déjà  20  cuivres 


élalonl  prêts,  i  o  autres  fort  avancés, 
lorsipu'  les  armées    françaises  se  vi- 
rent obligées  d'évacuer  leurs  conquê- 
tes eti  1799.  Les  20  cuivres  achevés 
et  uneriche  collection  de  dessins,  faits 
par  Bâcler,  devinrent,  avec  ses  effets, 
la  proie  des  Autrichiens.  Ilcliré  d'a- 
bord à  Sallanches,  ensuite  à  Paris, 
il  avait  pres({ueenlièremenl  refaitles 
:io  cuivres,  lorscpic  le  gouvernement 
autrichien  lui  rendit  ceux  qui  avaient 
été  transportés  à  Vienne.    ]1    s'oc- 
cupa dès-lors  de  la  suite  du  théâtre 
de  la  guerre,  suite  qui  comprenait  le 
royaume  de  Naples,  la  Sicile,  la  Sar- 
dai-iuc  et  Malte,  avec  un  tableau  des 
mouvements multaires dans  l'invasion 
de  Naples,  et  qui,  toujours  tracée  sur 
la  même  échelie  et  la  même  projec- 
tion, n'exigea  pas  moins  de  vingt-deux 
feuilles.  Bonaparte   devenu  premier 
consul,  le  nomma  chef  des  ingénieurs- 
,2;éographes  du  dépôt  delà  guerre,  et 
l'attacha  plus  tard  comme    topogra- 
phe à  son  bureau  particulier.  Il  s'en 
fit  accompagner  dans    la  mémorable 
campagne    que  termina   la   bataille 
d'Austerlitz,    et    ensuite    le   mit   de 
toutes  ses  expéditions  en  Allemagne, 
en  Espagne   et   en   Russie.  Bacler- 
Dalbe,  par  un  lent  avancement,  était 
devenu  adjudant-commandant  et  gé- 
néral de  brigade  ,  quand  le   délabre- 
ment  de  sa  santé  le  força  de  quitter 
rarniéc  active,  en  î  8  i  3.  Il  vint  alors 
reprendre  à  Paris  la  direction  du  dé- 
pôt général  de  la  guerre,   qu'il  per- 
dit peu  de  lemps  après.  INapoléon,  a 
son  retour  de  l'île  d'Elbe,  le  nomma 
chef  de   division   au  ministère  de  la 
guerre  ,    place    qu'il    perdit   encore 
après    les  cent  jours.    Dès-lors  re- 
tiré dans  sa  modeste  maison  de  Sè- 
vres ,  et  rappelé  par  la  nécessité  (2) 


^2)  Dans  une  Inllrc  cju'il  écrivit,  le  2î  nov. 
18 1(),  au  graiiJ-cli.iiiccIicr  de  la  lv('.;;ion-d'non - 
neur,  et  (jue  nous  avons  sous  les  yeux,  il  aunonc» 


22 


BAC 


comme  par  ses  goùls  au  culle  des 
arts ,  il  fut  un  des  premiers  a  saisir 
tous  les  avantages  de  la  lilho- 
grapliie  naissante  j  et ,  en  la  popu- 
larisant par  ses  nombreuses  publica- 
tions, il  acbeva  de  populariser  son 
nom  déjà  célèbre.  C'est  au  milieu  de 
CCS  travaux  qu'il  mourut  à  Sèvres, 
âgé  de  62  ans,  le  12  .sept.  1824. 
Dessinateur,  Bacler-Dalbe  a  mis  au 
jour:  I.  3Ie/iales  pittoresques  et 
historiques  des  paysagistes  (col- 
lection de  gravures  au  trait  et  a  l'a- 
qua-tinta  ,  d'après  les  meilleurs  ou- 
vrages connus  et  inédits  des  peintres 
paysagistes  de  toutes  les  écoles),  ac- 
compagnés de  notes  historiques  et 
critiques  sur  la  vie  des  peintres^ 
le  mérite  de  leurs  ouvrages  et  les 
principes  de  l'art,  Paris,  i8o5, 
in  4"  de  36  planches.  II.  Souvenirs 
pittoresques ,  ou  vues  lithogra- 
phie es  de  la  Suisse  y  du  Valais,  etc. , 
17  liv.  iu-fol.  de  chacune  6  plan- 
ches, Paris,  1818,  et  suiv.  III.  Sou- 
venirs pittoresques ,  contenant  la 
campagne  d'Espagne,  suite  d'es- 
lampes  iilhographiées ,  17  livrai- 
sons in-fol.  chacune  de  6  planches, 
l'aris,  1824.  IV.  Promenades  pit- 
toresques dans  Paris  et  ses  envi- 
rons ,  8  liv.  in-fol.  de  48  planches 
Iilhographiées.  V.  Vues  pittores- 
ques du  haut  Faucigny,  gravures 
en  couleur.  Comme  peintre,  puisque 
dès  sa  jeunesse  il  a  cultivé  égaleajml 
avecsuccè.s  la  peinlure,  Hacler-Dalbe 
a  composé,  enlre  autres  tableaux  ipii 
ont  clé  remarcpiés  aui  dillértnlcs 
expositions  du  salon,  la  halaillc 
d'/Jrrole  ,  lahicau  ;i  l'huile  de  la 
plus  grande  dimension  cl  (pic  l'on 
regarde  comme  sou  chcl-d'œuvrc;  la 
ùatail/e  d'Àusterlitz  que,  connue 
Ja  précédente,  il  avait  l'avanlaged'a- 

«|utt    tous  «ei  Lrovili  ont  iir  |iui<lu!t  tluns  trs  Jr- 
bu  Ju  m  maison  /iitU»  /mrlct  uH.tt.  V— v». 


BAC 

voir  vue  de  ses  propres  yeux,  et  son 
joli  morceau  de  Paris  chez  OEnone 
qui  a  décoré  la  galerie  de  la  Mal- 
maison. Enfin,  comme  écrivain,  il  a 
donné  au  dépôt  de  la  guerre  d'ex- 
cellents mémoires  sur  la  gravure  des 
cartes  (mémoires  dont  on  trouve  l'ex- 
trait dans  le  Mémorial  topographi- 
que), et  il  a  rédigé  les  notes  qui  ac- 
compagnent son  charmant  recueil  de 
Ménales.  A  tous  ces  titres  a  l'atten- 
tion de  la  postérité,  on  peut  ajouter 
que  c'est  dans  les  ateliers  de  Ba- 
cler-Dalbe  que  plusieurs  des  gra- 
veurs attachés  aujourd'hui  au  bu- 
reau de  la  guerre  se  sont  formés 
et  ont  commencé  leur  réputation , 
et  que  c'est  a  sa  prudence  et 
à  ses  heureuses  précautions  que 
la  France  doit  de  ne  pas  avoir 
perdu  les  cuivres  de  la  grande  carte 
de  France  de  Cassini,  si  long-temps 
et  si  minutieusement  cherchée  par 
les  alliés,  en  i8i5.  On  peut  con- 
sulter sur  Bacler-Dalbe  le  Bulletin 
de  la  Société  de  géographie,  11, 
200,  le  Journal  des  V  oyages, 
XV,  i85,  XXIV,  241  et  071,  et  le 
Mémorial  universel  des  Sciences 
et  des  Artx,  lom.  IV,  47""  livT.  On 
nous  dispensera  d'insister  sur  la  flexi- 
bilité de  talent  que  dut  posséder  m\ 
homme  (pi'on  vil  quiltcr  le  pinceau 
pour  l'épée,  Tépée  pour  le  compas, 
et  enfin  revenir  du  compas  au  pinceau 
et  auxcra\ons.  Comme  carlogiaphe, 
Bâcler  mérite  un  rang  élevé  dans 
1  histoire  de  l'art.  Non-seulement  sa 
carte  d'Italie  est  la  meilleure  de  lou- 
Ifs  celles  (jue  Ion  a  de  ce  p^JJs,  mais 
elle  a  conirihué  a  l'avancement  du 
dessin  de  la  carte.  Abandonnant  loute 
perspective  linéaire  et  rapportant 
tout  à  la  projection  horizontale,  il  a 
fait  disparaître  ces  clochers,  ces  ar- 
bres, ces  monts  eu  élévation  qui  en- 
combralcul  cl  masquaicol  le  des;»iu 


BAC 

dos  surfaces:  il  coinprihjiie  seule  uue 
ju^le  l'ulenlo  du  clair-«l)sciir ,  une 
sorlc  de  |)ei\sj)cclive  aéricMinc  doit 
faire  scnlir  tl  dclenninerlcs  hauteurs 
respective  s  des  nioiilai;,ue.s.  Du  reste 
ion  éclK-lIe  d'^,;-;-,,  ou  uuc  Vv^mi 
pour  5ou  toises,  lui  perniellail  d'iii- 
toréssanls  détails.  La  prcmu'-re  partie 
de  la  carte  surtout  est  exceileiile:  la 
rivière  de  Gènes,  partie  du  I^iémont, 
Ivjndiardio,  Légations,  Toscane,  Ve- 
nise, AutricJic  même,  y  sont  en  géné- 
ral lurl  bien  traitées.  Les  impcrfec- 
lious  que  Ton  pourrait  y  relever 
tiennent  moins  au  dessin  qu'à  la  gra- 
vure cartographique  alors  dans  l'en- 
fance, surtout  en  Italie.  La  partie 
mathémal  iqueu'est  pas  négligée,  et  les 
notes  disséminées  prouvent  que  l'au- 
teur ne  s'est  décidé  sur  les  points  liti- 
gieux qu'a[)rès  un  mûr  examen.  La 
carte  entière  a  paru  a  Paris  en  1802 
(an  xi),  sous  le  titre  de  Carte  du 
théâtre  (le  la  guerre  en  Italie^  lors 
des  premières  campagnes  de  Bo- 
naparte en  Italie.  P — ot  et \V — s. 
BxVCMElSTER  (Mathieu), 
fils  de  Luc,  théologien  assez  célèbre 
{f^oy.  ce  nom,  III,  177),  naquit  à 
Rostock  en  i58o.  Après  avoir  étu- 
dié la  médecine  dans  cette  ville,  où 
son  pore  était  surintendant  des  égli- 
ses, il  fit  un  vovaire  en  Allemagne 
et  en  Dauemaïk.  Le  chancelier 
Friesen ,  dont  il  captiva  les  bon- 
nes grâces,  l'emmena  en  Angleterre. 
A  son  retour  il  prit  le  titre  de  doc- 
leur,  et  alla  ensuite  s'établir  à  Kiel, 
où  il  prati(jua  honorablement  Vzvl  de 
guérir  juscjuen  1612,  époque  k  la- 
quelle il  vint  enseigner  les  mathéma- 
tiques a  llostock.  En  1  6  i  6  il  accepta 
la  place  de  médecin  pensionné  à  Lu- 
nébourg  ,  où  il  devint  bientôt  méde- 
cm  du  prince,  et  mourut  en  1626  , 
le  7  janvier,  laissant  un  traité  de 
roédecinepratique  en  vingt-huit  disscr- 


nAC 


23 


talions  (pii  avaient  déjà  été  imprimées 
ciiacune  ii  part.  11  avait  pid)lié  aussi 
Ies(piatre  premiers  volumesdcsOEu 
vres  postlunnes  de  médecine  de  Fran- 
çois joe'l. liACMI.lSTER  (/cvz/i),  SOQ 

fils,  né  h  Ilostdck  en  1600,  y  mou- 
rut en  i65i  ,  après  avoir  rempli  les 
lonctions  de  prolesseurèi  l'université. 
On  a  de  lui  quebpies  dissertations 
d'un  bien  faible  intérêt.  L  De  apo- 
plexiuy  Rostock,  164I5  in-4",  IL 
T)e  qnartana,  llostock,  1641,  in- 
4.".  III.  De  cachexia,  Rostock, 
1 65 8,  in- 4-'*,  IV.  De  casulaboran- 
tis  podagra,  Rostock,  1 658,  in-4.'*. 
V.  De  liydrope  as  ci  ta  ^  Rostock  , 
1664,  in-4-°.  M«  Problemata  phj' 
siologico-Tuedica ,  Rostock,  i664-, 
in-4.°.  VIL  De  imbecillitate  ven- 
triculi,  Rostock,  1664^,  in-4". 

J D N. 

BACON -TACON  (Pierre- 
Jean-Jacques),  archéologue,  naquit 
en  1738,  a  Ovonnax  dans  le  Rugev, 
d'une  ancienne  famille  de  la  bour- 
geoisie. Si  Ton  peut  s'en  rapporter 
a  son  propre  témoignage,  il  eut  de 
bonne  heure  le  goût  des  médailles  et  des 
antiques-  et  ce  fut  pour  satisfaire  ce 
goùl  qu'il  visita  les  contrées  les  plus 
célèbres  dans  l'histoire.  Il  nous  ap- 
prend (y^/i^/<7.  celtiq  ,11,  8[)  qu'il 
revint  de  l'Egypte  par  la  Grèce, 
rapportant  plusieurs  morceaux  pré- 
cieux, entre  autres  un  buste  d'Alci- 
biade,  en  marbre,  qu'il  ne  fait  nulle 
difficulté  d'attribuer  au  maître  de 
Platon,  parce  que  le  nom  de  Socrale 
se  lit  sur  la  base.  Il  alla  depuis  en 
Russie  5  et  il  paraît  qu'il  fit  quelcjues 
années  a  Pétersbours;  le  métier  d'iu- 
stituleur  ou  de  maître  de  langue  fran- 
çaise. A  l'époque  de  la  révolution,  il 
fut  nommé  membre  du  conseil  général 
du  département  de  TAin,  par  l'arron- 
dissement de  Nanlua,  et  vint  néan- 
moins dans  le  même  temps  a  Paris 


a4 


BâC 


où  il  fournit  des  articles  aux  jour- 
naux de  toutes  les  opinions,  écri- 
vit en  faveur  de  Tordre  de  Sl-Louis  , 
et  ensuite  pour  demander  une  cou- 
slitution  républicaine.  Il  venait  , 
en  1791,  d'adresser  a  rassemblée 
nationale  ,  sous  la  forme  d'une  péti- 
tion ,  des  avis  sur  les  billets  patrioti- 
ques et  sur  les  billets  de  sections  qui 
circulaient  K  Paris  et  dans  les  campa- 
gnes, lorsqu'il  fut  lui-même  accusé 
d'avoir  fabriqué  de  faux  assignats.  Il 
fut  absous  par  le  tribunal*  mais  on 
cessa  dès-lors  d'avoir  confiance  dans 
sa  délicatesse  et  dans  son  patriotisme^ 
et  ,  malgré  les  brochures  qu'il  conti- 
nua de  lancer  dans  le  public,  il  vé- 
cut k  peu  près  ignoré.  Dans  dne  de  ces 
brochures,  qu'il  publia  le  3  février 
1793,  et  que  nous  avons  sous  les 
yeux  ,  il  déclare  qu'il  a  été  consti- 
tutionnel jusqu'au  10  août  1792  j 
mais  que  depuis  cette  époque  il  est 
républicain,  et  que.  comme  tel,  ainsi 
an  en  sa  qualité (Vuncicn  militaire^ 
il  est  indi<rné  de  l'inertie  où  le  miuis- 
tère  de  la  guerre  reste  plongé.  Cette 
brochure  semble  n'être  de  la  part  de 
lîacon-Tacon  qu'une  sorte  de  pétition 
pour  se  faire  nommer  commissaire 
des  guerres  5  ce  qu'il  ne  put  obtenir. 
II  y  a  lieu  de  croire  qu'alors  il  diri- 
gea ses  vues  vers  la  police,  et  ([u'il  y 
fut  plus  heureux.  En  179^',  It-"  direc- 
toiie  lui  donna  la  mission  (robsorvcr 
l'esprit  public  il  Lyon  et  dans  les  dé- 
partements voisins.  A  son  retour  il 
fut  décidément  al  lâché  a  la  police 
secrète.  Quoicpi'il  eût  toujours  témoi- 
gné la  plus  grande  admiration  pour  le 
vain(|ucur  de  ritalie,  le  gouvernement 
consulaire  crut  devoir  Téloi^nier  de 
I*aris.  il  revint  alors  il  Lvon,  et  s'y  lit 
jnarchand  (i'anti((uités.  Mais  il  parait 
que  ce  commerce  ne  lui  fournissait 
pas  des  moyens  sulli.sanis  d'existence; 
car  il  su  truuva  mêle,  (|uel<{ue  lemp.i 


BAC 

après,  dans  des  affaires  de  conscrip- 
tion ;  et  en  i  807  le  tribunal  correc- 
tionnel de  ISantua  le  condamna  pour 
escroquerie  à  trois  mois  de  prison  et 
6  00  fr.  d'amende.  En  181  5  il  revint 
à  Paris  a  la  suite  de  Bonaparte,  et 
publia,  pendant  les  cent  jours,  divers 
pamphlets  en  faveur  de  la  cause  qu'il 
croyait  alors  devoir  triompher.  Il  y 
mourut  au  mois  de  mars  181 7,  à 
rage  de  7  9  ans  [Archives  du  Rhône, 
IX,  I  5  0) .  On  trouvera  la  liste  de  ses 
productions  dans  la  Biographie  des 
hommes  vivants  et  dans  la  France 
littéraire  de  M.  Quérard.  L'un  des 
ouvrages  auxquels  il  a  mis  son  nom 
n'est  qu'un  eôronté  plagiat,  déjà  si- 
gnalé {Voy.  Servan  ,  XLII ,  1 1 3  ). 
Quelques  nuires  n'offrent  plus  aucun 
intérêt  aujourd'hui  :  on  se  bornera 
donc  il  rappeler  ici  les  titres  de  ceux 
qui  paraissent  mériter  encore  d'être 
consultés.  I.  Traité  d'équitation  et 
des  mcdadies  hippialriques ,  d'a- 
près les  principes  de  Bourgelat , 
1776,  in-8".  II.  Manuel  du  jeune 
officier^  ou  Essai  sur  la  théorie 
tnilitaire ,  Paris,  1782,  in-8'\  Cet 
ouvrage  eut  beaucoup  de  succès,  et 
fut  réimprimé  plusieurs  fois.  L'édi- 
tion de  Paris,  1793,  est  annoncée 
comme  la  sixième.  III.  JSouvelle 
histoire  numismatique  des  djlJé- 
rcfits  peuples  anciens  et  modernes^ 
et  de  tous  1rs  papiers-monnaies  de 
r Europe ,  179::,  in-8".  IV^.  Re- 
cherches sur  les  origines  celtiques^ 
et  principidcDwnt  sur  celles  du  Hu- 
grj-  considéré  comnw  le  berceau 
du  Delta  celtique ^  Paris,  1798, 
2  vol.  iu-8",  avec  le  portrait  de  l'au- 
teur et  ro  pi.; reproduit  en  i  8 08, mais 
sans  autre  changement  (jue  celui  i\\:f, 
frontispices.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
20  rhapilres.  Les  dou/.e  premiers 
ronlicnnent  riiisloire  des  révolutions 
du  Bugry  ,  depnis  les  temps  les  plus 


BAC  BAC                     aS 

rccnli's    jiHquii    l\'cli.ni^o   ilc    celle  li*,  ne,  dans  le  XVl'"  siècle,  h  l^uris, 
|iroviiico  coiilii' 11"  mar(|iilsal  de  Sa-  se   Ht    rccc\oir  en    154-9   avocat   an 
(lires.  Dans  le  Irrizinne  on  trouve  des  pnrlenuMit.    Pourvu  vers  i5jo  delà 
recherclies  liislori(|uesel  criliijiies  sur  charge  d'avocat  du  roi  en  la  cliamhro 
riivdroi;ra|)liie  de  ce  pelil  pays.  Dans  du  trésor  ,  il  n'en  continua  pas  moins 
le  i|iial()r/.iènie  riuileur  inonlre  (pie  le  de    fré(picnler    assiducinent  le    bar- 
culte  d'isis  était  établi  dans  le  Bugey.  rcau  ,  profilant ,   pour  pcrfeclionner 
11  traite  dans  les  deux    suivants  des  ses  ouvrages,  des  discussions  (pii  s'é- 
auli(piites  d'Is-Arnore  ou  d'Isernore  ,  levaient  entre    ses  confrères   sur  les 
et  des  monuments  anti(pies  dont  on  points   obscurs  du  droit.   Jaloux  du 
voit    des   fragments     sur    chnérenls  succès  qu'obtenait  son  traité  du  J)o- 
poinls  de  cette  province.  Le  dix-sep-  niai/ic,  le  célèbre  Chopin  lui  ayant 
tième  chapitre  est  consacré  a  des  re-  un'  jour  reproché  d'avoir  pillé  celui 
cherches  sur  les  anciennes  familles  du  qu'il  avait  écrit  en  latin  sur  le  même 
Bugey,  dont  les  noms  sont  explicjués  sujet:  Il  n'en  est  rien  ,  lui  dit  Bac- 
par  le  celtique.  Le  dix-huitième  ren-  quetj  en  vérité  j'ai  voulu  le  lire,  mais 
ferme  la  correspondance  de  l'auteur  il   faut  que  je  vous  confesse  que    je 
sur  les  anti(juités  de  sa   patrie,  avec  n'entends  pas  votre  latin  (Dialogue 
Christiu,  ancien  membre  de  l'asscm-  des  savants  ^  par  Lnisel ,  5o3).  Ce 
blée  coDslituanle  (  Voy.  Christitî  ,  mol  piquant  a  pu  faire  croire  a  Len- 
VIII,  476),  La  Bâtie,  Chapuy  ,  bi-  glet-Dufresnoy    que     Bacquet    était 
bliolhécaire  a  Bourg,  etc.  Ledix-neu-  l'auteur    de  ÏAnli-Çhopinus ;  mais 
vièrae  offre  la  description  des  médail-  on  sait  que  cette  satire  est  de  J.  Hot- 
les  rares  de  son  cabinet  et  des  anti-  raan(/^.  Chopin,  YIII,   4^45).  Bac- 
quités  qu'il  avait  recueillies  dans  ses  quet  jouissait  de  la  considération  due 
voyages  ou  découvertes  aux  environs  a  ses  utiles  travaux,  lorsqu'un  affreux 
d'Oyonnax.  Le  vingtième  et  dernier  malheur  vint  empoisonner  ses  derniers 
n'est  qu'un  long  extrait  des  Origines  jours.  Un  de  ses  gendres  ,  le  fils  de 
gauloises  de   La  Tour  d'Auvergne  Jacques  Charpentier,  l'adversaire  de 
{Voy.  Tour  d'Auvergne ^  XLVI,  Ramus ,  avec  lequel  on  l'a  confondu 
349).  L'ouvrage  est  terminé  par  des  quelquefois (7-^.  Charpentier,  YHI, 
Recherches  onomaliques  sur  divers  24.0),  ayantélé  convaincu  de  trahison, 
noms  propres  celtes,  étra?iger-s  la  subit, le  10  août  l5^J^  le  supplice  de 
plupart  au  Delta  celtique  (c'est-à-  la  roue  sur  la  place  de  Grève.  Bacquet 
dlrt;  a.\\  Bugey)  j  et  (7  p/uirtenan  taux  mourut  de  chagrin,  le  même  mois, 
autres  contrées  gauloises.    Bacon  «  fort   regretté  des  gens  d'honneur 
reproche  (lom.  II,   116)  à  La  Tour  «  tant  pour  sa  probité  que  pour  sa 
d'Auvergne  d'avoir,    par  un   amour  «  doc\ymc  :>i  [Joui-n.  de  Henri  ZP^j 
aveugle  pour  sa  petite  Bretagne,  fait  par  l'Estoile,   II,   355  ).  C'était  un 
sortir  de  l'Armoricpie  presque  toutes  homme  très-savant.  On  peut  encore 
les    nations   du  globe.    Mais    Bacon  consulter  utilement  ses  ouvrages  qui 
n'est-il  pas  tombé  lui-même  dans  celte  louchent  a  l'histoire  ,    tels   que   son 
exagération    systématique ,   en  pré-  Traité   des    droits    du     domaine 
sentant  les  montagnes  du  Bugey  coin-  royal ,  celui  de  V Etablissement  et 
me  le  berceai  de  tous  les  peuples  de  de  la  jurisdiclion  de  la  cJiamhre 
la  Gaule.-*                            W — s.  du    trésor.,   etc.    Les  OEuvres    de 
BACQUET  (Jean),  jurisconsul-  Bacquet,  recueillies  en  1601  in-fol. , 


26 


BAD 


ont  été  réimprimées  huit  ou  dix  fois 
dans  le  XYI^  siècle.  Les  éditions 
revues,  augmentées  et  mises  dans  un 
meilleur  ordre  par  Ferrière,  senties 
plus  estimées.  La  plus  récente,  com- 
me la  plus  recherchée,  est  celle  de 
LyoD,  1744,  2  vol.in-fol.     W-s. 

BADAKO  (Jean),  médecin  Lo- 
lanistc,  né  h  Languelia,  dans  l'état 
de  Gènes,  en  1793,  fut  admis  àTàge 
de  i3  ans  au  lycée  in)périal  que  le 
gouvernement  français  avait  établi  à 
Gènes  après  sa  réunion  a  la  France. 
En  181 5  ,  Badaro  reprit  ses  études 
a  1  université  de  Pavie ,  et  il  étudia 
ensuite   la   médecine  et   la    botani- 
que sous  le  célèbre  Moretti.  Un  peu 
plus   tard   il   visita    les   Apennins, 
les  Alpes  ,  la  Sardaigne  ,  et  il  forma 
partout  des   cabinets  précieux.    Eu 
1827,  il  s'embarqua  pour  le  Brésil 
avec  Tintenlion  d'y  acquérir  d'autres 
trésors   du  même  genre.  11  fut  bien 
accueilli   par    l'impératrice  Léopol- 
dinej    mais   une   mort  subite  ferma 

Pourlui,en  1 83 1,  une  carrière  pleine 
ci  espérances  et  consacrée  tout  entière 
a  la  science.  Les  ouvrages  les  plus 
connus  de  Badaro  sont:  L  Oùscva^ 
lions  sur  las  parties  les  plus  remar- 
quables dcsjlciirs  pour  leur  classi- 
Jicalion  bolanicpic.  Voj.  Journal 
pfusico- chimique  de  Pavie.  II. 
Observations  sur  différentes  plan 


BAD 


tes  de  la  Li^urie  occidentale  et 
de  la  Sardaiyine.  Voy.  le  même 
lo.inui.  III.  ^ur  une  espèce  de 
BraxKa/////  iv  trouve  sur  les  yjpen- 
nins  marili/nes  de  laLi^urie.  IV. 
Plnntaruni  Li^^uriœ  occidcntalis 
centuriœ  décent  ,  inséré  dans  la 
t^lore  italique    de  Mortlti. 

G— G^Y. 

BADE  DOURLAr.H(CnAU. 

Li^-i?Ri.:nKn.r  ,  -Maud-duc  de  ),  né 
il  Urlsnibc  le  22  novembre  1  71:8, 
succéda  le  11    mai  1  758  ii son  aïeul 


Charles-Guillaume    {Voy.  Bade 
ni,    ic)9)  ,   sous  la  tutelle  de   sa 
grand-mère  et  de  son  cousin,  Char- 
es-Auguste.    Dirigé  par   les   meil- 
leurs maîtres,  ie  jeune  prince  faisait 
alors  ses  études  au  sein  de  sa  famille  j 
il  alla  les    achever  k  Lausanne  ;  et 
peu  de    temps  après,  dans  l'unique 
but  de  s'instruire  ,  il  entreprit  plu- 
sieurs   voyages  en   France,   eu  An- 
gleterre et  surtout  en  Hollande  près 
de  son  aïeule  malernelle,  la  princesse 
Mane-Louisc  ,    mère    du   Stathou- 
der.   Il   ne  revint   k  Carlsruhe  que 
lorsque   sa    minorité  eut   cessé;   et 
il  fut  investi   de  la  souveraineté   le 
U  août    1750.  Sa  tutelle  avait  été 
parfaitement  administrée,    et  après 
toutes    les    prodigalités    du    règne 
précédent  ,    tant     de    contestations 
et  de  guerres  ruineuses ,  ses  états 
lui  étaient  remis  exempts   de   det- 
tes et  de   procès.    Il   fit   encore  uu 
voyage    en  Italie  ;   et  lorsqu'il  eut 
parcouru    celte     belle    contrée    eu 
homme  d'état ,  en  savant  et  en  na- 
turaliste ,  il  vint  se  livrer  tout  en- 
tier aux   soins  du  gouvernement.   Il 
lui  fallut  terminer  quelques  discus- 
sions de  peu  d'importance  avec  l'Au- 
triche  et  la  Bavière^  et  lorsque  enfin 
il  fut    bien  assuré   de  rester  en  paix 
avec  tout  le  monde,  il  s'occuj)a  de 
la  prospérité  de  ses  sujets.  D'abord 
il  releva  le  palais    de  Carfsridie    (|ui 
tombait  en  ruines,  et  il  ajouta  beau- 
coup k  celte  ville  par  de  nouveaux 
édifices  et  di^^  établissements  utiles  , 
tels  (lu'nn  collège,  une  école  de  dessiii 
et  nu  auiphilliéàlre  de  chirurgie.  11 
réussit  dans  le    niènu'  temps  k  en  iui- 
gnienlerile  plus  de  moitié  la  popula- 
lion,  rn  y  altiianl  U^  étrangers  par 
de  munbriu.\a\antage.s  et  par  la  plus 
grande  tolérance  suns  le  rapport  de 
'a   religion  et  de   la  noiilique.  Pen^ 
daiit  toute  la  guerre  de  Nepl  ans  ,  il 


HAI)  BAD                    27 

eut  assez  de  |iriulcMCc  ou  de  honlieur  française  coinmcura.     De    tous    les 

pour  prcser\tT    .ses    clals  cIl's  maux  princes    d'Allemagne    qui     avaient 

qui    ariliu,i'irnl    l'AlIeniagne ,   et    il  des  possessions    en    Lorraine   et  en 

n'envoya  slriclemenl  a  l'aruice  d'em-  Alsace   ,     il     clait  ,     sans     aucun 

pire  (jue  le  laiMe  conlingenl  dont  il  doute,    le     plus    rorlemenl    atteint 

ne  put  se    dispenser,    \ivant     sans  par  les  décrets  de  l'asserablue  cousli- 

fasle  ,   il    mit    ses    finances   dans  le  luanle  ;  et  i!  fut  aussi  un  de  ceux  cpii 

meilleur  clal,  sans  angmcnler  les  ini-  réclamèrent  a\ec  le  plus  d'instance. 

f)ôls^cnliuilassuraparlouslesmojens  Lors([ue  la  guerre  cclala,  eu  179^5, 
e  I)iou-èlre  de  «es  sujets.  Les  do-  ue  pouvant  se  dissimuler  cpi'il  au- 
niaines  de  sou  cousin  le  margrave  rait  beaucoup  a  en  soufFrir,  le  mar- 
de  Bade-Badeu  ,  ([ui  lui  écliureut  en  grave  parut  très-alarme,  et  il  adressa 
177  i  par  l'extinction  de  cette  bran-  a  la  cour  de  Vienne  et  a  la  diète  de 
che  aînée  ,  vinrent  ajouter  a  sa  Ralisbonnc  de  très-picssantes  ex- 
puissance  sans  imposer  de  sacrifices  horlations  pour  la  défense  du  corps 
a  ses  peuples.  Il  avait  épousé  le  28  germauiijue.  H  fournit  ensuite  ses 
juillet  1751  une  princesse  de  Hesse-  coutingents  à  l'armée  d'empire  avec 
Darmstadl,  elle  24- novembre  1787,  beaucoup  d'empressement  j  mais 
par  un  iimniu^c  morganaiù/ue  (i),  lorscpi'il  connut  mieux  les  causes  et 
Louise  Geyer  de  Geyersberg,  quifut  les  mobiles  de  cette  terrible  guerre, 
élevée  au  rang  de  comtesse  de  Hoch-  et  surtout  lorsqu'il  s'a])ercut  que  ses 
berg.  Le  margrave  Frédéric  avait  eu  états  en  supportaient  les  plus  fortes 
de  ces  deux  mariages  quatorze  en-  charges  et  (pi'ils  étaient  exposés  aux 
fauts ,  dont  trois  seulement  étaient  plus  grands  dangers ,  lorsque  enfin 
morts  en  bas  âge  :  tous  lurent  éle-  lui  même  eut  été  oblige  de  s'en  éloi- 
vés  sous  les  yeux  de  leur  père,  gner  plusieurs  fois,  il  se  hâta  de 
d'une  manière  patriarcale  et  dans  se  rapprocher  de  la  France  ,  qui 
l'union  la  plus  parfaite.  C^e  fut  ainsi  d'ailleurs  revenait  alors  a  des  prin- 
que  cette  famille,  qui  eût  pu  servir  cipes  moins  dangereux  pour  ses  voi- 
de  modèle  non  pas  seulement  à  la  sins.  Le  margrave  de  Bade  signa  , 
cour  ,  mais  dans  tous  les  rangs  de  la  le  22  août  1796,  un  traité  de  paix 
société,  fixa  l'attention  de  taut.de  avec  le  directoire  exécutif,  et  moyen- 
hauts  personnages,  et  que  la  plu-  Eantquelques  millions,  des  provisions 
part  des  trônes  de  l'Europe  furent  oc-  pour  l'armée  française  et  une  renon- 
cupés  par  des  princesses  de  Bade,  cialion  formelle  à  ses  possessions 
Deux  épousèrent  des  princes  souve-  d'outre-Rhin,  sespeuples  furent  pré- 
rains  de  Hesse  et  de  Brunswick  •  serves  au  moins  d'une  partie  des  ca- 
une  autre  le  roi  Maximilien  de  Ba-  laraités  de  la  guerre,  qui  continua  ce- 
vlère  ;  ime  autre  le  roi  Gustave  IV  de  pendant  de  se  faire  dans  leur  voisi- 
Suède,  et  enfin  une  cinquième  l'empe-  nage,  et  quelquefois  encore  sur  leur 
reur  Alexandre  de  Russie.  Toutscm-  territoire  ,  au  mépris  des  engage- 
blait  concourir  au  bonheur  du  mar-  meuls  les  plus  formels.  Dans  l'im- 
grave,  et  rien  ne  devait  troubler  la  fin  puissance  où  il  était  de  faire  respec- 
de  sa  carrière,  lorsque  la  révoluliou  ter  son  indépendance,  le  margrave 
.  souffrit   tout    sans  se  plaindre  j     et, 

(i)  On  appeUe  ainsi  en  AUem.igiie  le  inariafje  après  (pie  le  général  Bonaparte  SC  fut 

d'un    prince  qui  épouse  une  feunnc  d'un  ran?  /      1                    '17                    •! 

inférieur  au  sicu.  empare  du  pouvoir  en  rrance,    il 


28 


BAD 


BAD 


crut  devoir  ajouter  eucore  a  lant 
d'abnégation  et  d'impassibilité.  Ce 
fut  surtout  au  mois  de  mars  i8o4  , 
lorsque  ce  redoutable  voisin  fit  en- 
lever le  duc  d'Engbien  a  njain  ar- 
mée sur  le  territoire  badois  ,  que  se 
montra  dans  toute  son  évidence  l'in- 
variable et  constant'.*  résolution  du 
margrave  de  conserver  la  paix  a 
tout  prix.  Non-seulement  il  s'abstint 
de  toute  protestation  ou  réclama- 
tion ,  il  pul)lia  encore  peu  de  jours 
après  l'événement  un  décret  d'exclu- 
sion pour  tous  les  émigrés  ,  tous 
les  individus  attachés  à  l'armée 
de  Coudé  et  suspects  au  gouver- 
nement J^raucais.  Et  cette  condes- 
cendance, que  tout  le  monde  consi- 
déra dans  le  temps  comme  le 
résultat  d'une  faiblesse  déplora- 
ble ,  n'était  cependant  que  la  con- 
séquence d'un  système  politique 
long-temps  médité ,  |:t  sinon  fort 
hoiiorable  ,  au  moins  d'une  extrême 
prévoyance  ,  et  dont  la  maison  de 
Bade  a  recueilli  de  grands  et  solides 
avantages.  La  soumission  et  l'obéis- 
sance du  margrave  envers  INapoléoii 
ne  firent  ({ue  s'accroître  avec  l'élé- 
vation et  la  puissance  de  celui-ci.  Il 
eut  |)lusieurs  fois  l'honneur  de  re- 
cevoir \v  héros  ^w  siècle  dans  son 
palais  de  Carlsrube;  et  après  s'ê- 
tre excusé  sur  son  âge  de  ne  pouvoir 
assister  a  son  coiironiu'uuMil  ,  il  y 
envoya  son  jielit-lils.  lu'rilier  de  sa 
couronne  ,  et  (|iii  dès-lors  était  des- 
tiné il  devenir  l'époux  d'une  lille 
adoptive  du  nouvel  empereur  (  r . 
l'article  suivant  ).  Uéglanl  ensuite 
toutes  ses  actions  sur  celles  de  sou 
|)uissant  allié  ,  il  adopta  en  même 
temps  le  système  de  la  conscription, 
SI  onéreux  j)our  ses  peuples  ,  et  le 
code  iVaneais  (pii  lui  au  nn-ins 
pour  eux  une  sorte  de  dédommage- 
ment. Vax  qualité    de  menibre  de  la 


confédération  du  Rhin,  il  fournit  des 
contingents  qui  presque  tous  péri- 
rent sous  le  ciel  brûlant  de  l'Espa- 
gne ou  dans  les  glaces  de  la  Russie. 
Pour  tant  desacriGces  ,  le  margrave 
devint  électeur  en  i  8 o5,  puis  grand- 
duc  eu  1806,  avec  le  titre  d'altesse 
royale  ;  et  ce  qui  était  plus  réel  et 
plus  solide,  il  ajouta  a  ses  provinces 
une  grande  partie  de  celles  qui  fu- 
rent arrachées  à  l'Autriche  par  les 
traités  de  Presbourg  et  de  Vienne. 
Si  plus  tard  ses  successeurs  ont  été 
obligés  de  rendre  quelques  parties 
de  ces  provinces  ,  ils  en  ont  été 
amplement  dédommagés  par  d'autres 
concessions;  et  les  états  de  Bade,  qui 
comptaient  h  peine  ,  avant  le  règne 
de  Charles-Frédéric  ,  200  mille 
habitants ,  on  ont  aujourd'hui  plus 
d'un  million.  Ce  prince  se  montra 
toujours  l'époux  le  plus  affectueux  et 
le  plus  attentif,  le  père  le  pUis  tendre 
et  le  plus  soigneux  de  l'éducation  et 
du  bonheur  de  ses  enfants.  Ses 
mœurs  contrastaient  singulièrement 
avec  celles  de  son  prédécesseur  (1)5 
et  c'était  sans  doute  eucore  moins  eu 
raison  de  son  âge  que  pour  ses  vertus 
et  sa  prudence  ipie  depuis  long-temps 
on  l'avait  surnommé  le  JSestor  des 
souverains.  Aucun  règne  dans  les 
lempsmodcrnes  n'a  été  aussi  longcjue 
le  sien,  et  l'on  peut  dire  aussi  (pi'il 
n'en  est  point  (jui,  dans  une  sphère 
aussi  étroite  et  dans  des  temps  aussi 
malheureux,  ail  été  aussi  utile,  aussi 
favorable  au  bien-être  (\l's  peuples. 
Le  grand-duc  (Vuir/cs  -  Jùédérie 
mourut  il  Carlsruhele  10  juin  181  i, 
il  Tàge  de  83  ans.  Son  petit-iils  lui 
succéda  (/  oy.    l'article   suivant). 


(1)  Ia)  iiuii'{;ravo  ('fiartes-(iiii//aiimi'  ^voiX  porlé 
U*  iiir|iris  tli's  (■iiiivcn.iiicr'i  et  l;i  (litsolntinn  (l«*s 
niduis  ,1  un  tel  tltprr,  (|u'ii  ri'%fiin>l"  «1rs  |»iin- 
«'UH  iiiiisuliiiati»  ,  rt  seul  i\v  tuus  les  |>iiiircA 
<  linliiMis  ,  il  rntrt-ti-iuiit  un  siiail  dans  (oii 
|ialMi.s. 


lîAÏ) 

—  Sa  première  iVinine  (liarloUe- 
(ou  (\tri)linc-)  Louise  de  llcssc- 
Darinsl.ull  ,  in:ir'u':*  en  lySi  cl 
iiKirti'  (Ml  1785,  Hail  iiiic  <\cs  prin- 
cesses \vs  plus  (lisliii^ticcs  ck>  lyMlo- 
maj^ne  par  sa  l)t.'aiilc  cl  son  c.spril. 
YoUairc,  (jui  visita  plusieurs  fois  la 
courilc  Carlsrulie,  clail  un  tic  sesad- 
luirateurs,  cl  il  eiilrcliiil  avec  elle 
pendant  plusieurs  années  (  de  1768 
à  1764.)  iiiie  correspondance  cpii  a 
étc  insérée  dans  la  collection  de  ses 
œuvres.  M — dj. 

BADE  (le  îrraud-duc  Charles- 
Louis-FRiinÉRic  de),  pelil-fils  du 
prcccdcnl  et  fils  du  prince  héréditaire 
qui  mourut  le  i5  déc.  1801,  uacpiit  à 
Carlsrulic,  le  8  juin  1786,  cl  fut 
élevé  avec  le  plus  grand  soin  sous  les 
veux  de  sou  aïeul  qu'il  accompagna 
dans  les  vovages  que  sa  famille  fut 
obligée  de  faire  pour  se  soustraire  aux 
calamités  de  la  guerre.  Ce  prince 
n'avait  que  dix-liuit  ans  lorsque,  sur 
rinvitalionde  Bonaparte,  i!  se  rendit 
à  Paris  en  i8o4-pour  le  couronne- 
ment de  ce  nouvel  empereur.  Napo- 


BAD 


^li 


ui 


Icon  ,  qui  avait  des  vues  sur  1 
raccueillit  avec  beaucoup  d'égards, 
et  deux  ans  plus  tard  (8  avril  1806) 
il  lui  Ht  épouser  M  ^  Stéphanie  Tas- 
cher  de  la  Pagerie,  cousine  de  l'im- 
pératrice Joséphine,  (|u'il  avait  adop- 
tée en  lui  donnant  les  noms  de  Louise- 
Adricnne-S  t  éplian  ie-lS  cipoléo  11  de 
France,  Ce  mariage  se  fit  à  Paris 
avec  une  grande  solennitéj  et  il  fut 
suivi  de  fêles  somptueuses.  Les  deux 
époux  se  rendirent  ensuite  aCarlsruhe, 
d'où  le  jeune  prince  fut  presque  aus- 
sitôt obligé  de  s'éloigner  pour  aller 
prendre  le  commandement  du  corps 
d'armée  badois  ,  (pii  dut  se  réunir  k 
la  grande  armée  de  Napoléon  desti- 
née a  combattre  les  Prussiens.  Ainsi 
il  eut  part  ii  la  victoire  d'Iéna,  et  il 
(it  aussi  la  guerre  de  Pologne,  sui- 


vant toujours  le  quartier-général  de 
l'cnqicrcnr  (V^'f,  Français  (pii  bii  té- 
moignait d(>  rinlérci  et  de  l'affcc- 
lion.  (^c  jLunc  prince  se  distingua 
surloul  sous  les  ordres  du  maréchal 
Lc'lcl)vre,  au  sicgc  de  Dantzig,  où  ses 
troupes  curent  j)cauc{)up  a  soullrir. 
Son  aïeul  lui  conféra  pour  ces  CA- 
ploits  le  grade  de  général  d'infante- 
rie, elle  titre  de  chancelier  de  l'or- 
dre du  Mérite  militaire  qu'il  venait 
de  fonder.  Pendant  ce  temps,  la 
grande-duchesse  de  Bade  était  venue 
se  réunir  à  l'impératrice  Joséphine 
qui  tenait  sa  cour  a  Majence,  et 
elle  ne  retourna  a  Carlsruhc  que  lors- 
(|ue  sa  cousine  fut  partie  pour  Paris. 
Les  A(;w\  époux  s'étant  enfin  réunis, 
se  rendirent  dans  celte  capitale  après 
la  paix  de  Tilsitt ,  et  ils  y  assistèrent 
a  toutes  les  fêtes  qui  eurent  lieu  pour 
célébrer  l'anniversaire  de  la  nais- 
sance de  Napoléon  et  le  mariage 
de  son  frère  Jérôme  avec  une  prin- 
cesse de  Wurtemberg.  Le  prince 
électoral  de  Bade  fut  un  des  témoins 
de  ce  mariage,  et  il  retourna  dans  sa 
résidence  a  Carlsruhe ,  comblé  de 
préseuls  et  de  toutes  sortes  de  bien- 
laits.  Il  y  était  k  peine  arrivé  qu'il 
fallut  reprendre  les  armes  et  marcher 
contre  les  Autrichiens  qui  venaient 
d'envahir  la  Bavière.  Le  jeune 
prince  fil  encore  cette  campagne  a 
la  tète  du  contingent  badois,  avec 
la  même  distinction  et  les  mêmes  suc- 
cès que  celle  de  Prusse.  Sa  raaisoa 
fut  encore  payée  de  tant  de  zèle  par 
d'amples  accroissements  de  terri- 
toire, et  l'on  peut  dire  qu'elle  était 
parvenue  k  l'apogée  de  sa  gloire 
et  de  sa  puissance  lorsque  le  grand- 
duc  Frédéric  mourut ,  le  1 1  juin 
18  ri.  Son  pelit-fils  n'eut  plus  qu'à 
se  maintenir  dans  une  position  aussi 
brillante;  et  il  lui  sulïil  pour  cela  de 
suivre  le  syslèmc  et  les  principes  de 


3o 


BAD 


politique  si  habilement  adoptés  par 
son  aïeul.  A  la  demande  de  Napo- 
léon, quelquesrégimeuls  badois  furent 
envoyés  en  Espagne,  et  un  corps  plus 
nombreux  ,  sous  les  ordres  du  comte 
de  Hochberg,  suivit  cet  empereur  en 
Russie  dans  la  désastreuse  campagne 
de  1 8 1 2  .Presque  toutes  ces  troupes  j 
périrent  et  furent  renouvelées  pour  la 
campagne  de  1 8 1 3 ,  non  moins  désas- 
treuse et  non  moins  funeste  pour  Na- 
poléon etpoursesalliés.  Legrai:d-duc 
de  Bade  l'abandonna  un  des  derniers, 
el  ce  ne  fut  que  le  2  o  novembre  1 8 1 3 
que,  pressé  par  les  souverains  de  Rus- 
sie et  d'Allemagne,  qui  étaient  ses 
parents  et  ses  protecteurs  naturels,  il 
se  décida  a  réunir  sa  cause  a  la  leur. 
J^a  déclaration  qu'il  publia  expli- 
que si  clairement  sa  politique  et 
celle  de  son  prédécesseur,  elle  fait  si 
bien  connaître  les  motifs  secrets  el 
ostensibles  de  leur  alliance  avec  la 
France,  enfin  celte  pièce  indique  si 
bien  les  causes  de  son  cbangomeut 
de  système,  tpic  nous  croyons  devoir 
en  rapporter  les  principaux  passa- 
ges. «  Conformément  à  l'exemple 
K  de  mou  illustre  aïeul ,  je  me  suis 
«  fait  un  devoir  d'assurer  le  bien- 
«  être  de  mes  sujets  et  la  conscrva- 
«  lion  de  l'état  de  Bade.  Les  obli- 
«  f:;ations  contractées  envers  la 
«  France  par  Iru  le  graïui-dnc,  lors 
«  (le  son  accession  a  la  conlcdéiation 
a  du  Rhin  ,  m'avaient  été  transmi- 
«  ses  ,  et  j  ai  dû  les  regarder  comme 
o  sacrées*  j*ai  cru  pouvoir,  en  les 
«  remplissant  avec  exactitude,  assu- 
«  rer  le  bonlieur  et  l'intégrité  de 
«  mes  états,*  el  (|noi(jue  de  tilles 
«  liaisons  avec  la  J^Vanee  aient  long- 
«  temps  privé  mes  peuples  de  tout 
«  fouiuuTce,  et  (jii'elles  les  aient 
«  cntranu's  (|;iiis  une  guerre  longue 
a.  cl  péiiihlr,  j'iii  toujours  espéré 
ce  (|nc   la   paix    mrllrail  un  ternie  h 


BAD 

a  tant  de  maux.  La  divine  Provî- 
a  deuce,  qui  décide  de  la  destinée 
«  des  peuples ,  vient  d'arracher  la 
Œ  victoire  aux  arméesfrancaises,  et  de 
a.  la  donner  aux  armées  alliées  cora- 
«  battant  pour  la  cause  de  l'Allema- 
•t  gne,  et  elle  a  jugé  a  propos  de 
a  mettre  uu  terme  h  la  domination 
a  de  la  France.  Des  bords  de  l'Elbe 
a  a  ceux  du  Rhin  les  armées  alliées 
«  marchent  de  victoire  en  victoire 
«  sans  interruption.  J'ai  fait  une 
«  dernière  tentative  pour  le  repos  et 
«  la  sûreté  de  mes  états  menacés 
«  d'être  si  prochainement  le  théâtre 
«  de  la  guerre,  et  j'ai  demandé  a 
a  l'empereur  des  Français  la  neutra- 
a  lité  du  pays  de  lîade  ,  espérant  ob- 
«  tenir  le  consentement  des  hautes 
«  puissancesalliéesj  mais  les  résultats 
«  ont  trompe'  mon  attente.  N'ayant 
«  pu  garantir  par  celte  voie  la  su- 
ce relé  de  mes  étals,  je  suis  con- 
«  traint  de  réunir  mes  efforts  h  ceux 
a  des  alliés  contre  la  France.  Le 
et  salut  de  la  patrie,  la  liberté 
«  et  Tindépendance  de  l'Allemagne 
«  sont  désormais  les  seuls  buts  que 
«  nous  d<'voos  atteindre  de  con- 
te cert  avec  nos  illustres  alliés.  Je  ne 
«  puis  vous  dissimuler  que  notre  po- 
«  silion  géographique  el  notre  cx- 
«  trème  voisinage  de  la  France  ré- 
«  clament  de  notre  part  de  plus 
«  grands  sacrifices,  etaue  la  néees- 
«  silé  de  défendre  vos  familles  et 
«  vos  foyers  doit  vous  déterminer  h 
«  de  plus  grands  etlorts,  afin  d'ar- 
a  river  à  la  paix  générale  et  H  uu 
«  é(|uilibre  (jui  eu  assure  la  durée, 
te  protège  la  liberté  du  comnurce, 
«  anime  1  industrie,  et  rende  à  la 
tt  nation  nue  prospérité  dont  elle  est 
«  privro  (li-puis  long-temps.  »  Lors- 
(pie  le  graiul-duc  lil  ainsi  connaître 
les  motifs  de  sa  polili(jUf ,  il  recevait 
dans  sou  pa'ais    IVinperenr   Alcxau- 


BA.D 

drc,  son  oncle.  Il  olilinl  facilement 
(le  ce  monarque  cl  de  ses  alliés  la  re- 
connaissance (le  Ions  ses  aij;ran(lisse- 
menlsde  lerriloire,  el  à  colle  condi- 
tion il  réiinil  anx  armces  de  li  coali- 
tion le  conlingenl  hadois  (jui  (il,  sons 
les  ordres  des  généraux  alliés ,  la 
campagne  de  France  en  i8i4.  Le 
iirand-dnc  se  rendit  l'année  suivante 
an  congrès  de  Vienne  où  toijs  les  sou- 
verains, el  parliculièreracnt  Tempe- 
rcur  François,  s'empressèrent  de  lui 
témoigner  leur  estime.  Ce  monarque 
le  nomma  colonel  d'un  régiment  de 
l'armée  aulricliienne  qui  reçut  le  nom 
de  Bade,  el  qui  plus  tard  a  été  trans- 
mis a  son  successeur.  Le  grand-duc 
profil  a  de  ces  honnesdisposilionspour 
se  faire  encore  une  fois  confirmer  par 
les  puissances  dans  ses  nouvelles  pos- 
sessions 5  et  il  consentit  dans  le 
même  temps  a  céder  au  roi  de  Wur- 
temberg quelques  portions  de  terri- 
toire, dont  il  fut  amplement  dédom- 
magé, sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 
Ainsi  confirmé  et  garanti  a  plusieurs 
reprises  par  toutes  les  puissances,  le 
Grand-Duché  de  Bade  doit  être  dé- 
sormais compté  au  nombre  des  prin- 
cipales puissances  du  corps  germani- 
que. Il  a  droit  à  la  septième  place 
dans  la  diète,  et  il  y  a  six  voix  au 
lieu  de  trois  qui  appartenaient  à 
l'ancien  margraviat.  Son  étendue  est 
de  273  railles  carrés  géographiques 
(  768  lieues  )  j  sa  population  de 
1,020,4-00  habitants,  ses  revenus  de 
10  millions  de  florins  (26  milions  de 
francs),  et  son  armée  de  12,000 
hommes.  Dans  les  circonstances  diffi- 
ciles oij  il  s'est  trouvé,  le  grand-duc 
Charles-Lonis-Frédéric  a,  comme  ou 
vient  deleroir,  soutenu  et  défendu  sa 
puissance  avec  autant  de  fermeté  ([ue 
prudence  II  eut,  au  commencement 
de  I  8  1 8,  avec  le  roi  de  Bavière,  des 
discussions   très-vives   et    dnns    les- 


BAD 


5i 


quelles  il  ne  déploya  pas  moins  de 
caractère.  La  lettre  cpi  il  écrivit  a  ce 
prince,  le  t3  mars  de  cette  année,  est 
un  monument  historique  digne  d'être 
conservé;  et  d'ailleurs  elle  fait  bien 
connaître  ce  qu'étaient  alors  les  pré- 
tentions et  le  but  des  deux  puissan- 
ces. «  C'est  avec  la  plus  friande 
«  peine,  écrivait  le  grand-duc,  fjue  je 
«  me  détermine  k  entretenir  V.  M. 
«  d'une  affaire  qui  ue  doit  pas  être 
«  moins  en  opposition  avec  vos  sen- 
cc  tîmcnts  qu'avec  les  miens.  Mais 
te  l'empire  des  circonstances  me  fait 
«  un  devoir  de  rompre  enfin  le  si- 
ce  lencc  que  la  délicatesse  m'a  fait 
«  peut-être  garder  trop  long-temps. 
«  Depuis  trois  ans,  je  suis  menacé 
a  de  me  voir  enlever  une  partie  de 
«  mes  états  5  et  tandis  que  mon  pays 
a  a  fait  les  plus  grands  efforts  pour 
a  me  mettre  à  portée  de  soutenir  la 
a  dernière  lutte  pour  l'indépendance 
ce  de  l'Allemagne  d'une  manière 
a  énergique  et  honorable  ,  mésalliés 
a  cherchent  a  m'arracher  mes  plus 
a  belles  provinces  et  a  disposermême 
«  pendant  ma  vie  de  ma  succession. 
a  Je  crois  avoir  prouvé  au  monde 
te  entier,  lors  des  différentes  négo- 
ce ciatious  qui  ont  eu  lieu ,  l'insuffi- 
ct  sance  des  motifs  par  lesquels  on 
ce  voudrait  colorer  cette  violation  de 
te  mes  droits  les  plus  sacrés ,  et 
te  l'opinion  a  déjà  jugé  ma  cause 
a  avant  même  que  l'on  connût  toute 
te  l'étendue  de  l'injustice  dont  je 
et  dois  être  la  victime.  S'il  est  péui- 
te  ble  pour  mou  cœur  de  voir  que 
te  des  puissances  qui  ont  déclaré  h  la 
ce  face  du  monde  qu'elles  n'ont  pris 
te  les  armes  que  pour  détruire  Tem- 
ce  pire  de  l'arbitraire,  et  introduire 
ce  en  Europe  un  système  politique 
ce  basé  sur  les  principes  de  la  mo- 
a  raie  ,  se  laissent  entraîner,  par  les 
te  fausses  représentations  qu'on  leur 


3a 


BAD 


a  fait ,  à  consentir  à  ce  qu'on  paie 
«  leurs  dettes  avec  des  provinces  qui 
a  m'appartiennent  ,  et  dont  j  ai 
a  acheté  la  conservation  par  le  sang 
a  de  mes  sujets,  quels  sentiments  dou- 
te loureux  ne  dois-je  |)as  éprouver 
a  lorsque  je  vois  mes  plus  proches 
«  parents  k  la  tête  de  ceux  qui  cher  • 
«  chent  k  m'oppriraer^  et  ({ui ,  non 
a  contents  d'accepter  ce  qu'on  veut 
«  me  ravir,  pressent  eu  outre  Texé- 
«  cution  de  mesures  auxquelles  ils 
«  n'auraient  jamais  du  donner  leur 
a  consentement.  Je  me  perds  dans 
ce  mes  reflexions  ,  lorsque  je  cherche 
a  h  accorder  les  démarches  offensau- 
«  tes  renouvelées  sans  cesse  par  le 
«  cabinet  de  V.  M.  avec  les  léraoi- 
«  gnages  d'attachement  qu'elle  conti- 
a  eue  de  me  donner.  Il  m'est  abso- 
«  lument  impossible  de  séparer, 
a  dans  une  aflaire  aussi  sérieuse,  le 
«c  gouvernement  de  son  chef,  de  sorte 
a  que  je  trouve  dans  l'un  mon  parent 
«  et  mon  atni,  tandis  que  l'autre  se 
et  montre  mon  plus  cruel  ennemi.  Je 
«  vousdois  enfin. Sire,  ma  profession 
«  de  foi.  Il  est  temps  que  1  aifairese 
«  termine  d'une  manière  oud'une  au- 
«  trc,  et  je  dois  déclarer  k  V.  iM. 
«  que,  croyant  avoir  plus  que  rem- 
«  pli  mes  engagements,  soit  par  les 
«  efforts  que  mon  pays  a  faits  pour 
tt  la  cause  commune ,  soit  par  les 
«  dernières  propositions  que  j'ai  fait 
«  rcraellre  par  mon  ministrek  Franc- 
«  fort,  je  suis  irrévocablement  dé- 
u  tidé  il  ne  nlus  entrer  dans  aucune 
a  composition  ultérieure.  Je  ne  m'a- 
ie vcugic  j)as  sur  ma  situation;  je 
a  SUIS  prêt  k  tout;  mais  je  v<»u.sdé- 
«  flarc ,  Sire  ,  (pie  si  l'on  avait  des- 
u  sein  de  m'arra(  lier  par  la  force  ce 
u  qu'on  n'oblicndra  jainai.s  de  mou 
u  consentement,  j'en  appelle  pour 
u  ma  défense  a  r()|)inion  |)u!>li(pi(', 
«  et  V.  M.  Irouvcradiliicilement  un 


BAD 

te  allié  plus  puissant.  J'en  ai  main- 
fc  tenant  assez  dit  au  roi.  Les  senti- 
«  ments  de  mon  cœur  exigent  que 
«  j'adresse  encore  un  mot  a  mon  beau- 
ce  frère  et  k  mon  ami.  Je  vous  con- 
«  jure  donc  ,  Sire ,  par  les  liens  du 
ce  sang  qui  nous  unissent ,  faites  ces- 
ct  ser  une  négociation  qui  depuis 
a  trop  long-temps  attire  l'attention 
te  inquiète  de  l'Europe,  et  qui,  si 
te  l'on  aaople  le  principe  sur  lequel 
ce  elle  est  basée ,  pourrait  avoir  des 
ce  iuites  aussi  fâcheuses  pour  V.  M. 
et  (pie  pour  moi.  »  Cette  fermeté  eut 
le  résultat  qu'elle  devait  avoir.  La 
Bavière  céda  et  le  grand-duc  conserva 
ses  possessions  tout  entières.  Lors- 
que Bonaparte  revint  en  France  en 
1 8 1  5  ,  le  grand-duc  de  Bade  fit  con- 
tre lui  tout  ce  qui  était  eu  son  pou- 
voir. Il  adhéra  a  toutes  les  déc'ara- 
tions,a  tous  les  actes  qui  furent  signés 
par  le  congrès  de  Vienne  ,  et  fit  un 
traité  particulier  avec  l'Angleterre 
pour  mettre  k  la  disposition  de  la 
coalition  une  armée  de  seize  mille 
hommes.  Cette  armée  entra  en  cam- 
pagne dans  le  mois  de  juin;  mais  elle 
était  k  peine  arrivée  sur  la  frontière 
de  France  (jue  déjà  la  bataille  de  Wa- 
terloo avait  mis  liu  aux  hostilités.  Le 
grand  duc  envoya  alors  au  duc  de 
^V  ellinirton  le  {irand-cordou  de  l'or- 
dre  de  la  Fidélité,  avec  une  boîte  en- 
richie de  diamants  et  ornée  de  son 
portrait.  A  l'exemple  de  ([uelques 
autres  souverains ,  et  probablement 
par  leurs  conseils,  ce  prince  avait 
donné  a  ses  peuples  une  conslilulion 
k-|)eu-près  semblable  l\  celle  du  roNau- 
me  do  Wurtemberg  1^/  oj^'.  FnvotRic, 
roi  de  Wurtemberg,  au  Supp.);mais 
celte  charte,  long-temps  promise,  n'a- 
vait pas  encore  reçu  d'exécution 
lorsqu'il  mourut  le  8  décembre  i8i8 
k  H.ulstadl,  d'où  ses  rotes  furent 
traiMporlés    a    Carlsruhe,     puis    a 


BAD  BAD                      y^ 

Pior7.heim,pour  v  ôtrr  inhumes  dans  en  1795.  11  retourna  dans  sa  patrie, 
le  lonihcau  de  ses  ancêtres.  —  Le  pénétré  pour  le  roi  de  Prusse  de  la 
grand-duc  Charles  uc  laissant  ([ue  plus  vive  reconnaissance,  et  pour 
trois  lilles,  eut  pour  successeur  son  le  prince  royal  d'une  amitié  qui  fut 
oncle  Loiiis-.'ïi/f[uste{yojrA''a.r['\c\c  toujours  partagée  ,  et  qu'une  longue 
suivant).  —  La  grande -duchesse  séparation  ne  put  effacer.  Dès  que  ce 
tlouairière,  sa  veuve,  lut  mise  en  pos-  prince  tut  monté  sur  le  Irône  ,  il 
session  du  château  de  Manheim  avec  nomma  son  jeune  amilierlenant-génc- 
cent  mille  florins  de  revenu.  M — d  j.  rai ,  et  fit  tous  ses  efforts  j)our  qu'il 
BADE  (Louis-AuGUSTE-GuiT--  vînt  auprès  de  lui.  Mais  le  prince  de 
LAUME,  grand-duc  de),  né  le  9  fé-  Bade  ue  pouvait  alors  s'éloigner  de 
vrier  1765,  était  fils  de  Charles-Fré-  Carlsruhe,  où  son  vieux  père  avait 
déric,  et  par  conséquent  oncle  du  plus  que  jamais  besoin  de  sa  présen- 
précédenl.  Dèssa  plus  tendre  enfance,  ce.  Il  élaît  devenu  président  de  son 
son  caractère  de  bonté  et  de  douceur,  ministère  de  la  guerre  et  chef  de  son 
son  application  h  l'élude,  tout  enfin  armée;  et  ce  fut  dans  ces  importantes 
semblait  justifier  la  préférence  (juelui  fonctions  qu'il  passa  les  dernières  an- 
accordait  son  père.  Cependant,  deux  nées  de  ce  long  règne,  donnant  aux 
de  ses  frères  étant  plus  âgés  que  lui,  troupes  badoises  une  impulsion,  un 
rien  ne  devait  faire  présumer  qu'il  mouvement  que  jusqu'alors  on  y  avait 
put  régner  un  jour.  Destiné  h  Fétat  ignorés.  Toutefois,  il  ne  prit  person- 
militaire ,  son  éducation  fut  entière-  nellement  aucune  part  aux  guerres 
ment  dirigée  vers  la  guerre.  A  peine  dans  lesquelles  le  grand-duc  fut  en- 
était-il  parvenu  a  l'âge  de  l'adoles-  traîné  comme  allié  de  Napoléon  et 
cence  ,  qu'il  fit  ses  premières  armes  membre  de  la  confédération  du  Rhin, 
dans  l'armée  de  l'empire,  d'abord  Lorsqu'il  eut  perdu  son  père  (181 1), 
comme  colonel,  ensuite  comme  gène'-  le  prince  Louis  ,  ne  recevant  plus  de 
ral-major;  mais  cette  étroite  sphère  son  neveu  les  mêmes  témoignages  de 
ne  pouvait  suffire  a  son  désir  de  confiance ,  s'éloigna  entièrement  des 
s'instruire  et  d'acquérir  de  la  gloire,  affaires  ;  il  vécu*  dans  la  retraite  uni- 
L'armée  prussienne  passait  alors  pour  quement  occupé  de  ses  éludes  politi- 
la  mieux  exercée  de  l'Europe  5  le  ques  et  militaires,  jusqu'à  ce  que  la 
prince  Louis  résolut  d'y  servir,  et  il  mort  du  grand-duc  Charles  l'eût  fait 
se  rendit  eu  1789  à  Berlin  ,  où  il  fut  monter  sur  le  trône  (8  décembre 
parfaitement  accueilli  par  le  roi  Fré-  1818),  Bien  que  la  paix  fut  alors 
déric-Guillaume  IL  Ce  monarque  lui  générale  en  Europe,  et  que  rien  ne 
donna  aussitôt  le  grade  de  colonel  et  semblât  devoir  la  troubler,  les  cir- 
le  commandement  d'un  bataillon  de  constances  étaient  difficiles  pour  les 
ses  gardes.  En  1792  il  le  décora  de  plus  grands  comme  pour  les  plus 
l'ordre  de  l'Aigle-ISoir ,  et  l'emmena  petits  états.  Le  premier  acte  de  sou- 
dans  sa  malheureuse  expédition  de  veraineté  du  nouveau  grand-duc  fut 
Champagne;  l'année  suivante  il  le  fit  de  reconnaître  la  coustitulion  qui 
géuéral-raajor  dans  son  armée  qui  avait  été  promise  plutôt  que  donnée 
combattait  sur  les  bords  du  Rhin,  par  son  prédécesseur.  On  ne  peut  pas 
Le  jeune  prince  de  Bade  fit  ainsi  la  supposer  que ,  général  prussien  et 
guerre  dans  l'armée  prussienne  jus-  militaire  dès  reufance,  il  eût  beau- 
qu'au  traité  qui  mit  fin  aux  h^lilités,  coup  de  penchant  pour  le  gouverne- 

LVII.  1 


34  BAD  BAD 

ment  représentalif  j  cependant  ce  fut  session  suivante,  celle  de  1822,  la 

la  principale  affaire  de  son  règne  5  et  seconde  chambre  mit  une  tellelenteur 

dès  le  commencement  il  parut  se  con-  a  1  accorder ,  elle  se  montra  si  cons- 

former  de  bonne  foi  à  sa  position  ,  et  taote  dans  son  opposition ,  qu'il  fallut 

fit   l'ouverlure    des   chambres  d'une  encore  la  proroger.  Réunie  six  mois 

manière   très-convenable  ;  mais  déjà,  plus  lard,  elle  ne  montra  pas  de  meil- 

de  grandes  difficultés  se  présentaient:  leures  intentions,  et  fut  ajournée  in- 

la  noblesse,  qui  se  vovait  atteinte  par  définiment  le  3  février  1820  ,  après 

les  innovations  dans  ses  prérogatives  avoir  positivement  refusé   le  budget 

et  même  dans  ses  propiiélés,  s'y  mon-  de  la  guerre,  celui  qu'il  imporlait  le 

trait   fort    opposée.  Le  grand-duc,  plus  au   grand-duc  de  faire  passer, 

persuadé  que  de  pareilles  questions  Ce  prince  déclara  que ,  obligé  qu'il 

ne  doivent  pas  être  discutées  publi-  était  de  remplir  ses  engagements  en- 

quemenf,  avait  créé   une  commission  vers   son  armée  et  envers  le   corps 

chargée  de  terminer    tous  les  diffé-  germanique,  il  suppléerait  a  l'absence 

rends  avec  des  députés  de  la  noblesse^  des  lois  par  des  moyens  d'administra- 

et  celte  commission,   après  un  petit  tionj  et  les  chambres  ne  furent  plus 

nombre  de  conférences ,  avait  résolu  réunies  qu'en   1828.   Alors  tout  se 

toutes  les  difficullés  par  un  traité  de  passa  avec   beaucoup   de  calme;  de 

conciliation  que  le  grand-duc  se  hâta  sages  lois  furent  adoptées,  et  toutes 

d'adopter ,  crovanl  par  la  mettre  un  les   mesures    du    gouvernement    ap- 

terme  a  toutes  les  discussions.  Mais  prouvées.  Ce  fut  parla  que  se  termi- 

il  n'en  fut  pas  ainsi  j  ce  décret  fut  re-  nèrent  les  opérations  des  états-géné- 

poussé  par  la  majorité  des  chambres,  raux   sous   le    règne    du    grand-duc 

qui   le  regarda  comme  illégal  et  in-  Louis.  D'autres  actes  très-importants 

constitutionnel.   Dirigée  alors  par  un  signalèrent  encore  ce  règne  remar- 

esnril  d'opposition  systématique,  et  quable;  mais  les  chambres  n'y  curent 

dont  on  n'a  vu  (jue  trop  d'exemples,  aucune  part.   Un  svnode  général  fut 

cette  majorité  repoussa  les  proposi-  convoqué  par  le  prince  pour  la  réu- 

tions  les  plus  sages,  jusqu'à,  ce  qu'en-  nion  i\cs  deux  églises  protestantes  , 

fin   le  grand-duc  donnât  l'ordre   de  et    cette    réunion    se  fit  à   la   salis- 

clore  la  session.  Il  ne  réunit  plus  en-  faction  de  tous  les  habitants.  }*ar  le 

suite  les  chambres  que  dans  le  mois  même  pouvoir,  des  règlements  long- 

de  juin  1820,  et  pendant  cet  inter-  temps  médités  assurèrent  dans  les  H- 

valle  il  ne  s'occupa   que  de  conces-  nances  l'ordre  et  l'éconoinie,  et  dans 

sions  et  d'améliorations  qui  pussent  les  troupes  l'instruction  et  la  disci- 

salisfaire   tous   les  partis.  Se  présen-  pli  ne.    Au   debors,    la   politique   du 

tant    a  Touverlure   de  celte   ses.sion  grand-duc  ne  lut    ni  mouis   terme  ni 

ivec  un  projet  de  loi  municipale,  la  moins  éclairée;  il  obligea  ses  voisins, 

suppression  des  peines  alllictivcs  en  et  notamment  la   France   et    la  llol- 

matière  de  police,  liibolitiou  de  la  lande,  par  de  sévères  représailles,  a 

corvée  et  de  tout  ce  (pii  pouvait  avoir  réduire  les  droits  d'entrée    sur    les 

encore  iiuehjue  apparence  de  servi-  produits  de    l'indiislrie   badoise  ;    et 

lude,  il  sélait  flatté  de  galisf.iire  à  iiélendil    ses   possessions    contre    les 

toutes  les  <'xigence.s.  Ce  ne  fut  néan-  prétentions  de   l'Autriclie   et  de   la 

moins    (|u'avec    beaucoup    de   peine  lîavière  avec   la  roèine  lermeté    que 

qu'il  obtint  son   budget  j   et    dans  la  son  prédécesseur.  Il  mourut  k  Caris- 


BAD 

rulic  le  3o  mars  i83o,  et  ses  ^lats 
nassrrcMit  foui  nilicrs,  Icis  (m'il  \cs 
a\ail  reçus,  K  sa  \  Irèri'  consaiij^iiin  le 
comte  de  li()clil)rr^,né(lu  second  ma- 
riage dii  grand-duc  Frédéric,  (jiil 
avait  été  reconnu  par  les  puissances 
pour  héritier  du  trône  en  cas  d'ex- 
tinction de  la  branche  aînce.  Le 
grand-duc  Louis  n'avait  pas  été  ma- 
rié. M — D  j. 

BADIA  Y  LEBLICII (Domi- 
nique) ,  celèl)re  voyageur  espagnol, 
connu  aussi  sous  le  nom  A'AU-Bcy, 
était  né  en  Biscaye,  au  mois  d'avril 
1766.  Après  avoir  quitté  les  écoles, 
il  apprit    l*arabe  cl  les   idiomes  les 

S  dus  répandus  de  l'Europe  moderne. 
.1  étudia  aussi  les  mathématiques , 
et  s'appliqua  spécialement  k  la  pra- 
tique de  l'a-tronomie  ,  de  la  géo- 
graphie ,  de  la  physique  et  de  l'Iiis- 
toire  naturelle  ,  employant  ainsi 
d'une  manière  utile  les  moments  de 
loisir  que  lui  laissaient  les  devoirs  de 
la  carrière  militaire  dans  laquelle  il 
était  entré.  Doué  d'un  esprit  fécond 
eu  projets,  il  conçut  l'idée  de  fonder 
dans  rAfri(|ue  septentrionale,  au  nord 
du  désert  d'Angad ,  entre  Maroc  et 
Alger,  une  colonie  européenne  qui, 
en  même  temps  qu'elle  aiderait  au 
progrès  de  la  civilisation  dans  ces 
contrées  où  elle  était  si  reculée, 
contribuerait  k  diminuer  la  puissance 
des  étati  barbaresques.  Ce  plan,  pré- 
senté eu  1801  par  son  auteur  au 
prince  de  la  Paix  ,  fut  accueilli  favo- 
rablement. Au  commencement  de  l'an- 
née suivante,  lorsque  la  paix  fut  ré- 
tablie dans  tonte  l'Europe ,  Badia 
vint  k  Parii,  où  il  se  lia  avec  plusieurs 
savants.  Delà  il  passa  en  Angleterre, 
où  il  fut  également  bien  accueilli. 
Ce  fut  k  Londics  que,  dans  la  préoc- 
cupation du  ses  projets  avantureux, 
il  se  fît  circoncire  et  prit  le  costume 
musulman.  Il  revint  on  Espagne  au 


BAD 


35 


mois  d'avril  i8o3,  cl  le  29  piin  sui- 
vant il  s\  nibaripia  dans  un  petit  ba- 
teau k  Tarifa,  IVcinrhil  le  détroit  de 
Gibraltar  ,  et ,  après  une  traversée  de 
quatre  heures,  euh  a  dans  le  pot  t  de 
Tanger.  Ici  commence  la  mission  se- 
crète de  BaJia:  était-il  l'agent  du  roi 
d'Espagne  ou  de  INapolc'on?  et  (ju'ellc 
puissance  faisait  les  fonds  du  luxe 
qu'il  déploya  k  Tanger  ?  Literrogé  par 
les  officiers  delà  marine,  il  répondit 
qu'il  venait  de  Londres  par  Cadix, 
qu'il  était  musulman,  natif  d'Alep  en 
Syrie,  fils  d'un  prince  ,  et  qu'il  se 
nommait  Ali-Bey  el  Abbassi.  Ses 
passeports  furent  trouvés  en  règle  • 
de  nouvelles  questions  lui  furent  a- 
dressées,  et  aucune  suspicion  ne  s'é- 
leva sur  ses  réponses.  11  obtint  la 
permission  de  débarquer,  fut  reçu 
liospitalièrement  par  le  gouverneur 
ou  kaïd,  et  alla  occuper  une  maison 
qu'on  lui  prépara.  11  assista  le  ven- 
dredi suivant  a  la  prière  publique 
dans  la  mosquée  ,  et  se  conforma  à 
toutes  les  pratiques  et  k  toutes  les 
cérémonies  prescrites  par  le  rituel  de 
l'islamisme.  Il  visita  même  un  santon 
qui  le  félicita  d'avoir  pu  s'échap- 
per de  la  terre  des  infidèles.  L'an- 
nonce qu'il  fit  d'une  éclipse  de  so- 
leil qui  devait  avoir  lieu  le  17  août, 
et  dont  il  avait  tracé  la  figure  telle 
qu'on  devait  la  voir  dans  la  plus  gran- 
de obscurité,  la  vue  de  ses  équipages 
qui  arrivaient  d'Europe  dans  un  ba- 
teau, ses  présents  au  cadhi,  au  kaïd  et 
aux  principaux  personnages,  ses  li- 
béralités envers  d'autres,  tout  con- 
tribuait a  fixer  sur  lui  l'attention 
générale  et  k  lui  faire  des  amis  ,  de 
sorte  qu'en  peu  de  temps  il  prit  une 
supériorité  décidée  sur  tous  les  é- 
trangers  et  sur  les  habitants  les  plus 
coufidérables  de  la  ville.  Muleï- 
Soliman  qui  régnait  k  Maroc  étant 
venu  k  Tanger,    Badia  lui  fut  pré- 

3. 


96 


BAD 


sente,  et  lui  offrit,  suivant  l'usage 
de  l'Orient  ,  un  cadeau  noagnilî- 
que.  Ce  prince  lui  répéta  plusieurs 
fois,  d'un  ton  Irès-amical,  qu'il  était 
le  bien-venu  j  il  lui  demanda  dans 
quelles  contrées  il  avait  voyagé  , 
quelles  langues  il  parlait  et  écri- 
vait, quelles  sciences  il  avait  étu- 
diées dans  les  écoles  des  chrétiens , 
et  combien  de  temps  il  avait  séjourné 
eu  Europe  ;  enfin  ce  prince  rendit 
grâces  a  Dieu  qui  l  avait  tiré  de  la 
terre  des  infidèles  ,  et  témoigna  ses 
regrets  de  ce  qu'un  homme  tel  que 
lui  eût  tant  tardé  a  venir  dans  l'em- 
pire de  Maroc  ^  il  se  montra  aussi 
très-flatlé  de  ce  qu'Ali- Key  eût  pré- 
féré son  empire  aux  états  d'Alger  , 
de  Tunis  et  de  Tripoli ,  et  l'assura  , 
à  diverses  reprises^  de  sa  protection 
et  de  son  amitié.  Le  lendemain  ce 
prince  lui  versa  lui-même  du  thé, 
et  ayant  écrit  une  prière  en  caractè- 
res arabes,  il  la  lui  présenta  afin  qu'il 
la  lut,  et  il  accompagna  cette  lecture 
du  doigt  sur  le  papier,  en  corrigeant 
ses  délauts  de  prononciation.  Il  exa- 
mina ses  instruments  dans  le  plus 
grand  détail,  et  en  fut  très-safisfait. 
Le  soir  il  lui  envoya  en  présent  deux 
pains  assez  noirs,  et  dont  l'aspect  in- 
terdit beaucoup  Badia  •  mais  ceux  qui 
étaient  près  de  lui  sVmpressèrcnt  de 
le  complimenter  en  lui  disant  :  «  Vous 
êtes  le  frère  du  sulthan;  il  est  votre 
frère.  »  En  effet,  suivant  la  coutume 
anlljue  des  Arabes,  ces  pains  étaient 
lin  signe  sacré  de  fraternité  entre  l'em-' 
pereur  et  lladia.  Celui-ci  reçut  bien- 
tôt l'ordre  d'accoitipa;;ni'r  le  monar- 
<jue  il  Mc(juiue7..  Cependant  i!  obtint 
l.i  permission  de  rester  encore  qucl- 
(lues  jours  h  Tanger.  Le  kaïd,  témoin 
de  la  bienveillance  de  son  souverain 

{)our  lUdia,  engagea  ce  dernier  avec 
)caucoup  d'instances,  et  a  plusieurs 
reprises,  K  lui  demander  tout  ce  dont 


BAD 

il  avait  besoin»  Le  2  5  octobre  Badia 
quitta  Tanger  accompagné  d'une  suite 
nombreuse.  Il  retrouva  l'empereur  a 
Mequinez,  et  ensuite  a  Fez.  Il  y  vé- 
cut avec  magnificence,  et  eut  des  en- 
tretiens fréquents  avec  les  savants  du 
pays:  il  réussit,  ce  qui  n'était  pas  fa- 
cile, k  les  convaincre  qu'ils  raison- 
naient très-mal  etsur  des  sujets  futiles, 
et  parvint  a  les  corriger,  ce  qui  était 
plus  difficile  encore.  Il  pensa,  dit- 
il,  que  cette  étincelle  de  lumière 
finirait  par  produire  K  la  longue  d'heu- 
reux résultais  chez  ces  peuples.  Les 
principaux  schérits  lui  avaient  rendu 
visite  j  les  questions  qu'on  lui  adres- 
sait h  lui  et  a  ses  domestiques  sur  sa 
personne  et  sur  les  événements  de  sa 
vie  furent  d'abord  sans  fin  :  mais  il  y 
répondit  si  bien  que ,  dès  le  second 
jour,  ils  lui  avaient  baisé  cent  fois  la 
barbe;  et  les  plus  notables  lui  de- 
mandèrent la  grâce  d'être  comptés 
au  nombre  de  ses  amis.  Le  prince  le 
comblait  de  marques  d'affection ,  et 
l'appelait  son  fils.  A  la  fin  de  février 
1804  Badia  fit  une  excursion  a  Salé 
et  a  Rabat;  le  2 1  mars  il  entra  dans 
Maroc.  L'empereur,  qui  y  résidait, 
lui  fit  don  de  biens  considérables  pour 
qu'il  pût  soutenir  son  rang;  et  ce 
prince  voulut  qu'il  allât  par  partie  de 
plaisir  il  Souara  on  Mogador.  Badia 
fut  de  retour  a  Maroc  le  i5  mai; 
il  avait  été  reçu  pendant  tout  ce 
voyage,  avec  les  honneurs  et  le 
cérémonial  usités  pour  les  grands  de 
l'empire.  On  a  dit  (ju'eu  août  il 
recul,  de  la  main  de  Charles  IV, 
un  contre-ordre  fondé  sur  des  scru- 
pules de  conscience  ,  niais  qu'en 
même  temps  son  souverain  le  nommail 
brigadier-général.  On  ajoute  «pie  vers 
la  lin  de  janvier  i8o5  l'ordre  de  re- 
prendre ses  opérations  lui  parvint, 
liatlia  déclara  bientôt  ii  l'empereur 
(ju'il  allait   partir  pour  Alger   et  U 


lui)  BAD                     '^1 

Mckkc.    Muleï  -  Soliman    s'onposa  «  d'un  cûlc  tous  mes  moyens  de  sub- 
ianl  qu'il  put  à   ce  voyage;  il  vint  «  sislancc  s'épuisaient,  et  que  de  l'au- 
passcr   une  journée  eulicre  chez,  lui,  «  tre  je  savais(|iie  inesenneinis  deMa- 
el  renouvela  ses  inslances  pour  le  re-  «  rors'élaient  prévalus  de  mon  séjour 
tenir.    Badia  resta  inébranlable  :  au  «  prolongé  a  Fez  pour  inc  rendre  sus- 
luonienl  du  dépari  le  souverain  et  lui  «  pecl  a  i'emjiereur.  Persuadé  (ju'ils 
s'emln-assérenl  les  larmes  aux  yeux.  «  ne  raanqueraieni  pas  de  profiler  de 
Après  avoir  laissé  Tadminislralion  de  «  cette  circonstance  pour  ine  noircir, 
ses  biens  au  gouverneur  de  Maroc,  «  je  pris  le  parti  de  mouler  a  cheval 
il  partit   pour  Fez;    et  le   3o  mai,  «  pour  aller   tout  seul  chercher  le 
muni  de  lettres  de  recommandation  «  scheikh  qui  avait  son  douar  a  deux 
de  l'empereur  pour  le  dey  de  Tunis  «  lieues  de  distance  à  l'entrée  des 
et   pour  le  pacha   de  Tripoli,  il  se  a  montagnes.  »  Les  gens  de  la  suite 
mit   en  route  pour  Alger.  Muleï-So-  de  Badia,  instruits  de  sa  résolution, 
liman  n'avait  pas  voulu,  par  des  con-  frémirent  d'effroi,  a  l'exception  de 
sidéralions  politiques,  écrire  au  dey,  deux  renégats  espagnols  qui  s  étaient 
mais   son   irèrc  avait  remis  a  Badia  réunis  a  lui  lors  de  son  départ   de 
une    lettre    pour  ce   prince.    Le  9  Fez.  Quand  il  voulut  sortir,  une  cin- 
juin    il   entra  dans  Ouschda,  village  quantaine  des  principaux  habitanls  s  y 
au-delà  du  désert  d'Angad  près  des  opposèrent;  il  força  le  passage;  bien- 
frontières  de  la  régence  d'Alger.  Au  tôt  la  population  le  rejoignit  à  bride 
moment  de  son  arrivée,  le  chef  et  les  abattue  pour  lui  former  une  escorte, 
principaux  du  village  lui  déclarèrent  Le  scheikli  des  Arabes  ,  vaincu  par 
qu'il  ne  pouvait  aller  plus  loin,  parce  ses  raisonnements,  convint  de  s  arran- 
que  le  même  jour  ils  avaient  reçu  la  ger  avec  un  scheikh  du  voisinage  , 
nouvelle  de  troubles  survenus  dans  le  qui  devait  le  conduire  a  Tremecen. 
royaume  d'Alger;  on  se  battait  dans  Deux  jours  après  Badia  fut  averti  de 
Tremecen,  ville  la  plus  proche.  Ba-  se  tenir  prêt  pour  le  lendemain.  Le 
dia  expédia  vers  cetle  ville  un  cour-  scheikh  vint  en  effet  avec  près  de  cent 
lier  qui,  a  son  retour  ,  annonça  que  hommes,  et  déjà  la  troupe  était  aune 
le  tumulte  y  était  apaisé,  mais  que  derai-lieue  d'Ouschda, quand  deux  sol- 
les  chemins  étaient  infestés  de  rebel-  datsdel'erapereurdeMarocaccourant 
les  qui  volaient  et  assassinaient.  Ba-  au  galop  lui  crièrent  d'arrêter  ,  ils 
dia  demanda  une  escorte  au  chef  du  étaient  suivis  d'un  corps  de  troupes 
village,  qui  ne  put  la  fournir,  n'ayant  commandé  par  un  officier  de  la  gar- 
pas  assez  de  forces.    Cependant,  au  de.    Celui-ci   dit  a  Badia   que  le 
bout  de   deux    jours ,    il    mande  le  monarque  ayant   appris    qu'il    était 
scheikh    d'une   tribu  voisine,  et  lui  retenu   a    Ouschda    l'avait    expédié 
propose  de  conduire  le  voyageur  a  pour  le    protéger.    Badia  eut  beau 
Tremecen.  Cet  Arabe,  après  de  Ion-  représenter  que  les  troubles  du  royau- 
gues  discussions  ,  partit  sans  avoir  me  d'Alger  et  les  brigandages   des 
rien  décidé.  «Plusieurs  jours  s'étaient  révoltés  étant  les  seules  causes  qui 
a  passés  en  négociallons  inutiles,  dit  l'avaient  retenu,  il  pouvait  continuer 
a  Badia;  cependant  les  révoltés  s'ap-  sa  route  en  sûreté,  puisque  le  danger 
ce  prochaient  jus([ue    sous  les    murs  était  passé,  d'autant  plus  qu'il  élalt 
«  d  Ouschda.  Ma  position  devenait  de  escorté  par  deux  tribus  amies  ,  l'offi- 
Œ  plu3  eu  plus  Cfilique ,  parce  que  cier  lui  déclara  que ,  vu  l'était  des 


38 


BAD 


choses,  il  ne  pourrait  consentir  a  son 
départ  avant  d'avoir  reçu  de  nouveaux 
ordres  de  son  maître.  Badia  revint 
donc  à  Ouschda  et  écrivit  a  ce  prince. 
La  réponse  du  prince  fut  un  comman- 
dement apporté  par  deux  officiers  de 
cour  de  conduire  Badia  a  Tanger, 
afin  qu'il  pût  s'y  embarquer  pour  le 
Levant.  Force  fut  à  notre  vovageur 
d'obéir,  il  partit  le  3  août  avec  son 
monde  etses  équipages,  sous  l'escorte 
de  trente  oudaïas  ou  gardes-du-corps 
de  l'empereur,  commandés  par  deux 
officiers.  On  prit  d'aLord  la  route  du 
sud  a  travers  le  désert,  où  la  caravane 
souffrit  beaucoup  du  manque  d'eau  j 
on  marcha  ensuite  au  nord-ouest,  et 
l'on  rejoignit  la  route  de  Fez ,  dont 
ensuite  on  s'éloigna.  Le  17  ou  était 
à  Laracbe  sur  la  côte  de  l'Atlantique 
Une  corvette  de  Tripoli,  qui  se  trou- 
vait dans  le  port  ,  fut  équipée  aux 
frais  de  l'empereur;  et  le  10  octo- 
bre Badia  s'y  embarqua  seul.  Jusqu'à 
cemomentilavait  toujours  été  accueilli 

far  les  soldats  et  par  le  peuple  avec 
esplusgraHidsliouueurs,  traité  comme 
un  fils  ou  un  frère  de  l'empereur. 
a  C'est  ainsi,  dit  il,  que  je  sortis  de 
tt  l'empire  de  Maroc.  Je  supprime  les 
«  réflexions  qui  ne  doivent  pas  Irou- 
«  ver  ici  leur  place,  et  qui  peul-èlrc 
«  un  jour  la  trouveront  dans  uu  autre 
«  endroit.  »  Comme  il  n'a  pas  publié 
les  explications  qui  auraient  jeté  quel- 
que lumière  sur  celte  singulière  ca- 
tastrophe, on  e«t  réduit  aux  conjcc- 
lures  :  la  pbis  probable  est  (jue  le 
coup  qu  il  avait  monté  nianipia  par 
un  relard  de  (juelcjues  heures.  Oiioi 
mi'il  en  soit,  on  ne  peut  (ju'èlrc 
étonné  de  la  conduite  de  l'empereur 
de  Maroc  dans  celle  occasion  j  c'est 
avec  beauroiq)  de  raison  sans  doule  (pie 
Badiu  le  dépeint  comme  un  princed'un 
caractère  lr«N-ilou.x.  Arrivé  ;i Tripoli 
lo  I  I   novembre ,  il  lut  encore  reçu 


BAD 

très-amicalement  par  le  pacha;  le 
26  janvier  1806  il  prit  passage  sur 
un  gros  bâtiment  turc  commandé  par 
un  capitaine  ignorant  et  ivrogne,  qui 
se  laissa  pousser  sur  les  côtes  de  la 
Morée,  puis  sur  celles  de  Chypre  que 
Badia  visita.  Il  quitta  cette  île  le  9 
mai  sur  un  petit  navire  grec  ;  le  1 2  il 
jeta  l'ancre  dans  le  port  d'Alexan- 
drie. Le  capitan  pacha  qui  s'y  trou- 
vait alors  lui  donna  des  lettres  de  re- 
commandation pour  Mohammed-Aly, 
pacha  d'Egypte,  pour  le  pacha  de  Da- 
mas, et  un  tirmanpour  leschérif  de  la 
Mekke.  Ce  fut  a  Alexandrie  que  noire 
voyageur  reçut  la  visite  de  M.  de  Cha- 
teaubriand qui,  dans  son  Itinéraire 
de  Paris  à  Jérusalem  ,  convient 
qu'il  eut  dans  celte  occasion  une  de 
ces  petites  jouissances  d'amour-propre 
dont  les  auteurs  sont  si  jaloux.  L'a- 
necdote est  trop  connue  pour  ijue  nous 
la  racontions;  mais  il  est  bon  de  ré- 
péter (]ue  notre  illustre  compatriote 
jugea  (ju'Ali-Bey  était  digne  de  des- 
cendre du  grand  Saladin(  i  ).  «  Je  suis 
a  même  encore  un  peu  persuadé  , 
K  ajoute-t-il ,  que  c'es^  le  Turc  le 
«  plus  savant  et  le  plus  poli  qui  soit  au 
«  monde.  »  Badia  reprit,  le  20  octo- 
bre ,  le  chemin  de  son  pèlerinage  ;  le 
9  novembre  il  mouilla  à  Boulak,  port 
du  Caire.  Sa  réception  dans  celle  ca- 
pitale fut,  comme  partout  ailleurs, 
marquée  par  les  égards  (jue  les  per- 
sonnages les  plus  distingués  lui  té- 
moignèrent :  il  y  vit  un  hère  do 
l'empereur  de  ÎMaroc  qui  le  traita  en 
ami;  Molianiuu'd- Alv  raceueillil  lu)- 
iu)ral)leinenl.  Le  1  .5  décend)re  il  se 
joignit  il  la  caiav.ine  de  la  IMekke. 
Quoiipi'il  laissai  au  Caire  presque  tous 
ses  eflelsel  une  partie  de  ses  doniesli- 


(0  l'iiiM|Mr  Biulln  prrnnit  l»i  tiirr  il'r/  .4hassi , 
c'i**t-.i<tin"  <l«iiccii(luiU  «l«  »  kli.ilir«  ubliii»siclrs, 
il  III'  [loiiv.iil  {lUH  «irn  i»5u  du  Miithuii  Saludiii 
(!•  la  rare  «lf«  AymibiJi'i.  A — r. 


fi\0  DAD                    29 

ques,  il  avait  conservé  avec  lui  qua-  sali'in.  tii  sorlanl  de  Ramlc ,  il  fut 

lorro  clianioanx  cl  deux  clu'vaux.  Le  arrrlc  par  dnix  vieillards  qui  pré- 
19  il  s'cini)ar(|iia  il  Smr.  sur  un  daô  Icndaicul  (pi  il  élail  clwx'licu,  et  qui 
ou  uavirt' arabe  5  cl ,  après  une  Ira-  ne  le  laissèrent  passer  que  ijuand  il 
versée  pcniMc  ,  il  prit  terre  a  Djidda  cul  répète  la  proft-ssiou  de  foi  mu- 
le 23  j.Mnii'r  1807.  Le  25  il  entra  sulmane.  A  Jérusalem  il  visita  le 
dans  la  Mekke,  où  il  accomplit  toutes  temple  musulman  dont  rentrée  est 
les  cérémonies  prescrites  aux  musul-  déicndue  aux  cliréliens,  cl  parcourut 
mans,  et  (ut  présenté aGlialeb,scliérif  les  environs  jikscju'a  Hébron.  De  re- 
de  la  cité  sainte,  qui  causa  avec  lui  en  tour  à  Jérusalem  ,  il  se  rendit  a  l'é- 
arabe,  et  (jui  trouva  qu'il  parlait  glise  du  Saiut-Sépulchre ,  et  s'enlre- 
et  prononçait  très-bien  cet  idiome,  tint  dans  sa  langue  maternelle  avec 
Quelques»  jours  après  il  eut  l'insi-  des  religieux  de  son  pays.  Il  regagna 
gne  bonneur  de  balayer  et  de  par-  ensuite  Jafïa ,  d'où  il  alla  par  mer  à 
fumer  la  Kaaba  après  le  schérif,  St-Jean  d'Acre  ,  et  de  la  piir  terre  à 
qui  alors  le  proclama  serviteur  de  la  Nazareth,  où  il  logea  au  couvent  des 
maison  de  dieu.  Badia  reçut  en  sor-  Franciscains.  Puis  il  vit  Cana,  le 
tant  les  félicitations  du  peuple  as-  lac  de  Tibériade  ,  passa  le  Jourdain  , 
semblé  dans  la  cour  du  temple.  Après  franchit  les  montagnes,  et  le  22  sep- 
s'être  conformé  à  toutes  les  pratiques  tembre  il  arriva  aux  portes  de  Damas, 
du  pèlerincTge,  il  prit  la  route  de  Homs,  Hama,  Âlep,  Anlioche,  furent 
Djidda  ,  où  il  s'embarqua  pour  Yam-  les  villes  où  il  passa  avant  de  descen- 
bo  •  il  voulait  visiter  le  tombeau  de  dre  sur  les  bords  de  l'Oronle  a  Soua'i- 
Malioaiet  à  Médine,  mais  k  seize  die  5  un  petit  navire  le  conduisit  a 
lieues  de  cette  ville  un  parti  de  Wah-  Cazanlie  sur  la  côte  de  Cararaanie. 
habis  arrêta  la  caravane  dont  il  fai-  Bientôt  il  fut  rendu  a  Tarsous  ,  s'en- 
sail  partie  et  le  dépouilla  de  plusieurs  gagea  dans  la  chaîne  du  mont  Taurus, 
effets  précieux.  Il  profita  d'une  ab-  traversa  Koniéh,  Akschéher,  Afioura- 
sence  momentanée  de  ces  brigands  Karaliissar  Rutaiéh,  Isnik,  enfin  un 
pour  détruire  ses  collections  de  plan-  bras  de  la  Proponlide  et  arriva  à  Sen- 
tes ,  d'insectes  et  de  minéraux  qui  tari  le  21  octobre.  «  Pendant  mon  se- 
auraient  pu  le  compromettre  auprès  «  jour  en  Europe,  dit-il,  je  m'étais  lie 
d'eux.  Les  pèlerins  passèrent  vingt-  «  d'amitié  avec  M.  le  marquis  d'Al- 
qualre  heures  dans  des  transes  cruel-  «  menara,  qui  se  trouvait  alors  am- 
ies j  les  Wahhabis  les  rançonnèrent,  «  bassadeur  du  roi  d'Espagne  a  Cons- 
puis  leur  permirent  de  s'en  aller  avec  «  tantinople.  Je  lui  donnai  avis  à& 
les  employés  du  temple  de  Médine  a  mon  arrivée  5  sur-le-champ  ce  res- 
qu'ils  avaient  chassés.  Badia  ,  qui  «  peclable  ami  m'envoya  son  drog- 
avait  eu  le  bonheur  de  conserver  ses  a  man ,  des  domestiques  et  des  ba- 
instrume;its  astronomiques  et  beau-  «  teaux  pour  la  traversée  du  Bos- 
coup  d'aulres  choses,  fit  voile  pour  «  phore  ^  il  poita  la  délicatesse  jus- 
^'^o^P^^  '  *^^  ^^  arriva  le  i4-  juin  au  «  qu'a  me  donner  chez  lui  un  appar- 
Caire ,  où  il  fut  promené  comme  en  «  lement  qu'il  avait  fait  préparer  a 
triomphe  au  milieu  d'une  foule  ini-  ce  la  turque,  afin  de  ne  pas  contrarier 
meuse.  Le  5  juillet  il  partit  avec  la  «  mes  habitudes.  »  Quoique  Badia 
caravane  de  Syrie,  et  suivit  la  côte  continuât  a  Conslanlinople  a  passer 
jusqu'à  Jaffa  5  la  il  tourna  vers  Jéru-  pour  u»  musul rr; an  ,  il  11c  pro-lita  de 


4o 


BAD 


son  déguisement  que  pour  satisfaire 
sa  curiosité  ;  il  n'avait  d'autre  com- 
pagnie dans  le  khan  où  il  était  logé 
que  son  dragoman  turc ,  son  esclave 
et  son  janissaire  5  il  ne  fréquentait 
aucun  habitant  de  la  capitale  5  il  fut 
reconnu  une  fois  dans  une  mosquée 
par   un  oflScier  du  capitan    pacha , 

3u'il  avait  vu  k  Alexandrie,  et  qui  lui 
onna  mille  preuves  d'attachement; 
une  autre  fois  par  le  kaïmakan  du 
grand-vizir,  qui ,  a  cheval  au  milieu 
d'un  cortège  brillant,  le  salua  d'un 
sourire  gracieux,  et  ne  cessa  de  tour- 
ner la  télé  pour  le  regarder;  il 
s'abstint  de  rendre  visite  a  ce  dernier. 
«  Je  fus  sincèrement  affligé,  dit-il,  de 
«  ce  que  les  circonstances  m'avaient 
«  empêché  d'aller  serrer  cet  excel- 
«  lent  ami  dans  mes  bras  ;  mais  ce 
a  rapprochement  aurait  contrarié  mon 
«  plan  (le  conduite.  »  Il  partit  le  7 
décembre;  le  19  il  passa  le  Danube  a 
Rouschouk  sur  les  frontières  de  la 
Valaquie,  revint  de  Boukharest  dans 
l'Europe  occidentale,  cl  le  9  mai  1808 
il  arriva  a  Bayonne.  Le  roi  Char- 
les IV,  a  qui  il  alla  rendre  ses  devoirs, 
lui  donna  l'ordre  le  plusposltilde  ser- 
vir Napoléon,  en  lui  déclarant  que 
cela  convenait  K  tous,  luidia  s'attacha 
donc  à  Joseph  Bonaparte  (pi'il  ser- 
vit comme  intendant  et  ])réfet  dans 
différentes  provinces  ,  notamment 
dans  celle  de  Cordoue.  Après  la 
chute  de  Napoléon  et  de  son  frère, 
Badia  vint  a  Paris,  où  il  vit  les  sa- 
vants ,  et  soigna  la  j)uhlication  de 
ses    voyages  (:j).    Toujours    occupé 

(x)  I..I  fillt;  tin  Hadia  avait  <'-|)oii.<i)''  Dr  I.islc  de 
Sales:  à  In  lonrt  rli<  rn  dmiicr,  lltidin  voulu), 
engager  le  gouvri-nniitTiit  ù  uriii'irr  l;i  liil>lii>llit^- 
qui)  clc<  HOU  gtMifIre.  Il  y  rut  di-.s  nrgncinliori.i 
ouyrrtu  avec  Darhior.  Â*  grftfint  Hmtiu  (c'rst 
ainii  qu'il  si^jnnit  alors  »»•»  Irttrr»  )  icrivait, 
Ir  17  juin  1H17,  au  savant  bibliotlirciirn 
du  roi  :  <«  Vous  voyez,  luuii  iiispri^tal)!)'  ami  , 
«  que  10  niilli-  l'r.HKw  do  plus  ou  d<*  iiioiim 
<■  dnn«  l'acliut  d'un  ohjrl  si  important,  n><  sont 
•«  ruMt  «us   yeux  d  un    jirincr,  r»   ill  sont    tout 


BAD 

de  plans  relatifs  k  l'Afrique,  Badia 
présenta,  vers  la  fin  de  1 8  i  7 ,  au  mi- 
nistre desaffaires  étrangères,  un  projet 
de  voyage  dansles  contrées  intérieures 
de  cette  partie  du  monde.  Sa  propo- 
sition fut  acceptée  5  une  ordonnance 
du  20  décembre  le  reconnut  comme 
maréchal  -  de  -  camp  au  service  de 
France,  et  lui  donna  mission  pour  ce 
voyage  qui  devait  commencer  par  le 
pèlerinage  de  la  Mekke ,  afin  qu'il 
put  ramener  en  Afrique  des  do- 
mestiques et  des  compagnons  témoins 
de  son  séjour  eu  Orient  comme  mu- 
sulman.Il  partit  l'année  suivante  pour 
la  Syrie;  a  Damas  il  se  joignit  a  la 
caravane  des  pèlerins.  Bientôt  il  fut 
attaqué  d'une  dyssenterie  qui  le  con- 
duisit au  tombeau  le  5o  août  1818. 
On  l'enterra  au  château  de  Balka  sur 
la  route  de  la  Mekke.  Le  bruit  cou- 
rut d'abord  qu'il  avait  été  assassiné  , 
et  quel(|ues  personnes  assurèrent  qu'il 
avait  lui-même  répandu  la  nouvelle 
de  sa  mort ,  afin  d'assurer  le  succès 
de  ses  projets.  M.  V.  Hugo,  qui  l'a 
connu  eu  Espagne  en  1809,  dit  qu'il 
avait  un  tour  d'esprit  original ,  de  la 
malice  et  de  la  gaîté.  L'auteur  de  cet 
article,  qui  a  vu  Badia  plusieurs  fois, 
et  toutes  les  personnes  qui  ont  eu 
l'occasion  de  se  trouver  avec  lui  ne 
sont  pas  surprises  (ju'il  ait  pu  jouer 
si  parfaitement  le  rôle  de  musulman; 
ses  traits  fortement  prononcés,  et  qui 
avaient  quelque  chose  de  levauliu,  la 


«  pour  l'exislencp  d'un»'  pauvn-  vruvr  ri  de  son 
<(  «-nriiit...  Nous  Vous  prions,  nous  vou»  sup- 
II  plions...  et  nous  sonuncs  tr^s-por-iunii-s 
11  <|u'aT«T  votre  nppni  ,  vvuX  niillf  francs  n'est 
■<  pas  une  sommr  il  rchulcr  l'aclifleur  ilaus  unr> 
«  ac<|uisiiion  si  pr<>(-icuse,  quand  un  autre  princn 
i<  l'ii  avait  drj.i  olfcrt  «irus  lent  mille  dans  Ks 
"  temps,  elr.  »  ll.idiii  rdinuu  dans  rcttr  nrj;oi-iu. 
tion,  et  la  liil>liollir(|ur  de  .son  ^jiMidrf.  rrn<luo 
nnx  «•nihi^rrs,  fut  loin  de  riMiiln-  la  sonuni'  «K-- 
mande.'  (/  .<>.  I.imk,  \\|V,  .'.(h.  note).  Oprn- 
dant  l.t  pvisir,  faite  pcnd.int  la  nrgoriation,  avait 
porte  l.i  vulrur    de   la    l)il>liolln"qur  à   vfnt  /mit 

mil/e    l'runis I,a  relation  d»s  voyages  de  Ikulia 

t  rlf  revue  par  M.  d« ioqucfoil.  V — »■» 


BAI) 

facilllé  qiip  rhabltiule  de  sa  langue 
maUMiu'llc  lui  dnnuail  de  nionourer 
convrnabloiiuMil  les  sons  rudos  cl  gul- 
Iniaux  de  l'aialje,  cl  son  sang-IVold 
iinperlurliaMe  ,  conlribuèrcnl  puis- 
samment à  le  déguiser  pendant  plus  de 
quatre  ans.  Le  voyageur  anglais 
Bowdich  prétend  tenir  d'un  vice- 
consul  anglais  (juc  le  premier  soup- 
çon (jue  l'on  eut  qu'Ali-Bej  était 
chrétien  vint  de  ce  qu'on  avait  remar- 
(jué  ([u'il  avait  des  cors  aux  pieds,  d'oi'i 
les  Maures  inférèrent  aussitôt  qu'il 
avait  porté  des  souliers,  et  qu'il  ne 
prenait  des  sandales  ({ue  par  calcul. 
L'observation  du  vice-consul  n'était 
pas  d  un  grand  poids,  puisque  Ali-Bey 
avouait  qu'il  avait  long-temps  vécu 
dans  l'Europe  chrétienne,  où  il  avait 
dû  porter  des  souliers.  Bowdich  affir- 
me aussi  que  Badia,  sous  le  rapport 
de  la  science,  n'était  qu'un  charlatan. 
jNous  craignons  que  ce  jeune  Anglais 
n'ait,  en  écrivant  cette  assertion,  cédé 
à  son  penchant  pour  l'envie.  Du  reste, 
Badia,  par  son  énergie,  son  adresse, 
son  habileté  inimitable  a  jouer  le 
personnage  d'un  Arabe ,  était  certai- 
nement très-propre  a  voyager  en 
Afrique.  On  a  de  lui:  P^oyages 
d' Ali-Bey  el  Abassi  en  Afrique  et 
en  Asie  pendant  les  années  i8o3  , 
i8o4-,  i8o5,  1806  et  T807, Paris, 
1  8  1 4- ,  5  vol.  in-8°  ,  avec  un  atlas 
(ju'il  a  dessiné,  et  qui  est  composé  de 
cartes,  de  plans  et  de  vues.  Celte  re- 
lation, qui  parut  en  même  temps  tra- 
duite eu  anglais  et  en  allemand  ,  est 
une  des  plus  précieuses  que  nous  pos- 
sédions pour  diverses  contrées  aupa- 
ravant peu  visitées  par  les  Euro- 
péens. La  géographie  y  a  beaucoup 
gagné  pour  ce  qui  concerne  l'empire 
de  Maroc  et  le  Hcdjaz  ou  la  terre 
sainte  des  rausulmans  en  Arabie. 
Badia  s'abstient  de  détails  sur  les 
pays  déjà  décrits,  et  se  borne  a  des 


BAI) 


Al 


remarques  générales  qui  sont  toujours 
inslruclives.  Voyageant  en  homme 
riche  ,  il  était  suivi  d'un  grand  train 
et  de  nombreux  serviteurs,  il  fréquen- 
tait les  personnages  les  plus  considé- 
rables j  il  a  donc  pu  acquérir  sur 
divers  points  des  renseignements  au- 
thentiques, mais  en  même  temps  il  a 
dii  être  d'une  réserve  extrême  sur 
tout  ce  qui  aurait  tendu  a  faire  con- 
cevoir des  soupçons  sur  son  compte. 
Il  n'a  donc  pu  ,  dans  quelques  con- 
trées ,  converser  avec  des  hommes 
qui,  répondant  a  des  questions  mul- 
tipliées ,  lui  auraient  fourni  des  no- 
tions sur  divers  points  qu'il  a  été 
obligé  de  négliger.  C'est  par  ce  mo- 
tif qu'il  est  très-succinct  sur  les  mœurs 
des  Arabes  (5).  Burckhardt,  qui  est 
allé  après  lui  en  Arabie ,  dit  que 
son  plan  de  la  mosquée  de  la  Mek- 

(3)  On  a  pensé  qu'Ali  -  Bey  était  employé 
comme  espion  par  Bonaparte  et  le  prince  de 
la  Paix.  Boclwdich  assure  que  c'était  dès-lor« 
une  opinion  généralement  répandue,  et  il  a- 
joutc  :  o  Ou  dit  qu'il  avait  reçu  beaucoup 
d'argent  comptant  par  la  voie  de  Mogador;  et  les 
Européens  demeurant  alors  dans  le  pays  assu- 
rent que  les  ministres  et  les  grands  de  Ma- 
roc furent  assez  adroits  pour  se  prêter  à  toutes 
les  peliles  circonstances  qui,  aidant  à  confir;ner 
toutes  les  idées  présomptueuses  d' Ali-Bey,  le  por- 
tèrent à  croire  que  ses  largesses  lui  avaient  pro- 
curé un  crédit  supérieur  à  celui  de  toute  autre 
personne.  On  dit  .néme  que  les  ministres  aidèrent 
à  entretenir  ces  illusions,  en  sollicitant  fréquem- 
ment son  intervention  en  leur  faveur  auprès  de 
l'empereur  ,  comme  étant  le  seul  qui  eut  une 
influence  décidée  sur  ce  monarque.  Mais  dès 
que  les  fonds  qu'il  prodiguait  furent  épuisés, 
il  fut  si  précipitamment  el  si  à  propos  pour  lui 
expulsé  du  pays,  qu'an  nouvel  ordre  de  se  défaire 
secrètement  de  lui,  pour  empêcher  qu'il  ne  révé- 
lât plus  que  ce  qu'ils  supposaient  qu'il  avait  ap- 
pris ,  n'arriva  pas  assez  tôt  pour  être  exécuté. 
Eadia  avouait,  ou  plutôt  se  vantait  devant  ses 
connaissances  à  Paris,  que  son  dessein  autorisé 
était  d'effectuer  une  révolution  dans  l'empire  de 
Maroc  à  l'avantage  de  l'Espagne;  et  qu'il  avait 
amené  toutes  les  circonstances  preliniinuircs  à  un 
degré  de  maturité  qui  avait  sur[)ashé  son  attente. 
La  crise,  disait-il,  aurait  eu  lieu  sans  la  pusil- 
lanimité du  gouverneuicnt  espagnol  qui  ne  lui 
permit  pas  de  frapper  le  coup.  Mais  Badia  était 
un  gascon  en  politique.  »  —  H  conserva  des  re- 
lations avec  Maroc ,  uiéiiie  avec  l'empereur  :  les 
dernières  lettres  qu'il  rceut  sont  de  i8u;  elles 
ne  lui  parvinrent  qu'en  i8i5.  il  avait  laissé  à 
Maroc  un  iih  musulman  nommé  Othman-Bey, 
n«  en  j8o^. 


4a 


BAD 


ke  est  parfaiteraeut  exact ,  mais  qu**!! 
n'en  est  pas  de  même  de  celui  de  la 
ville  et  de  ses  différentes  vues  du 
Hedjaz.  Du  reste,  les  deux  voyageurs 
sont  d'accord  sur  les  faits  principaux. 
Quelques  écrivains  se  sont  trompés  en 
disant  que  Badia  était  le  premier 
chrétien  qui  fût  allé  dans  le  Hedjaz,  où 
les  seuls  musulmans  peuvent  pénétrer 
{f^.  Vartomaîsus,  XLVIl,  557). 
La  position  dans  laquelle  se  trouvait 
Badia  doit  faire  excuser  ses  inexac- 
titudes. Combien  de  fois  n'a-t-il  pas 
été  obligé  de  sacrifier  a  sa  sûreté  le 
désir  qui  le  portait  a  examiner  et  a 
recueillir  des  objets  curieux.  Ses  re- 
marques annoncent  de  la  rectitude 
dans  le  jugement,  de  la  perspicacité, 
de  la  bonne  foi  et  de  rin^lruclionj 
8es  observations  astronomiques  sont 
précieuses.  Sonlivre  parvint  en  Egyp- 
te l'année  même  de  sa  publication  j 
Mobammed-Aly  et  les  oulémas  du 
Caire  furent  piqués  d  avoir  été  les 
dupes  d'un  chrétien  qui  avait  feint 
de    professer    leur     religion.    Ce- 

Iiendant  Badia ,  dans  toute  sa  re- 
alion,  ne  trahit  nullement  son  secret, 
il  commence  par  une  invocation  a 
Dieu,  suivant  l'usage  des  musulmans; 
elle  est  eu  caractères  arabes  et  suivie 
d'une  version  française.  Il  parle 
constamment  en  sectateur  de  l'isla- 
niismc,  et  l'on  ne  peut  s'empêther  de 
sourire  de  sa  persévérance  a  soutenir 
ce  rôle.  D'après  la  dédicace  adressée 
au  roi  de  Hrance  et  signée  B...,  édi- 
teur ,  ou  est  tonde  a  croire  (jue 
IjOuIs  XVIU  contribua  par  sa  muni- 
ficence a  la  publicalion  de  cet  ou- 
vrage ,  (jui  tiendra  toujours  un  rang 
rciiiai(juable  parmi  cj'ux  de  ce  genre. 
On  le  lit  avec  plaisir;  el  la  position 
bingiilière  dans  la(|uelle  l  auteur  s'é- 
lail  placé  donne  a  ses  récits  un  vit 
inlcrèl.  L'avis  de  l'éditeur,  (jui  pré- 
cède le  premier  volume,  annonce  que 


BAD 

la  partie  historique  descriptive  des 

voyages  d'Ali-Bey  sera  suivie  le  plus 
tôt  possible  de  la  partie  scientifi- 
que j  qui  contiendra  des  discusiions 
sur  l'astronoiiiie  ,  la  botanique,  la 
géologie  et  l'histoire ,  avec  des  ta- 
bles et  des  gravures  en  tout  genre  , 
et  qu'on  y  joindra  les  analyses  des 
ouvrages  de  quelques  vovageurs  qui 
ont  précédé  ou  suivi  Ali-Bev  dans  les 
contrées  qu'il  a  visitées  ;  mais  cette 
promesse  n'a  pas  été  remplie.  E — s. 
BADO\VlLLE(PiERRE).aide- 
de-carap  de  Pic)  egru,  naquit  a  Pres- 
sy-le-Sec  en  Bourgogne,  vers  1760, 
de  parents  obscurs ,  reçut  peu  d'édu- 
cation, el  s'engagea  dans  un  régiment 
de  cavalerie  quelques  années  avant  la 
guerre  de  la  révolution.  A  celte  épo- 
que il  se  distingua  par  son  courage , 
et  obtint  un  avancement  rapide.  11 
était  chef  d'escadron  dans  le  S''  ré- 
giment de  hussards,  lorscjue  Plchegru 
eu  fit  son  aide-de-camp  et  lui  donna 
toute  sa  confiance.  Badonville  méri- 
tait cette  confiance  par  sa  discrétion 
et  par  son  inviolable  attachement  au 
général  en  chef,  qui  le  chargea,  en 
1795,  de  îes  commissions  auprès  du 
prince  de  Condé,  et  lui  communiqua 
ses  plus  importants  secrets  [koy. 
PiCHECRU,  XXXIV,  277).  Lorsque 
les  papiers  de  ce  général  lurent  livrés 
au  directoire,  en  1797,  Badonville 
s'y  trouva  gravement  compromis,  et 
la  police  crul  le  reconnaître  sous  U 
nom  de  Coco  inscrit  dans  plusieurs 
de  ces  corresj)ondances.  Il  tut  arrête 
à  Tépoque  du  l'a  iructiilor  (septem- 
bre 1797)»  cl  long-temps  détenu 
dans  la  priscMi  du  Temple,  uiî  il  eol 
èi  subir  priul.int  près  de  trois  ans  de 
nombr.Mix  interrogatoires.  Inébran- 
lable ilans  son  dévouement,  il  répon- 
dit toujours  a\ec  une  leimelé  el  une 
adresse  dont  on  ne  le  croyait  pas 
capable  j  el  le  gouvcrnemeal  lut  ii  U 


R\I) 


BAK 


4Î 


fin  obligé  tic  le  incllic  on   jiip;ciTicnl     dcmmcnl  dcinourir  dans  l'exercice  do 
dcva  il  U'i  con.siMlde  guerre,  (jiil  l'ac-     son  miuislèrc  Ses  vœux  furent  exaii- 
qullla   faulc     le  [ircuves  conlrc   lui.      ces  par  une  bien  trisie  calastrophe  le 
Ce  verdicl  d  absolution  fut  prononcé      6  septembre  1727:  il  avait  commencé 
a  Strasbourg  dans  le  mois  de  janvier     a  doiuicr  une  retraite  dans  la  maison 
1800,  environ   cb'ux  mois  après  que      des  filles  du  Hon-Pasleur  a  Toulou- 
le   'général   Bonaparte  se   fut  emparé     se,  située  sur  les  bords  de  laGaronne, 
du'pouNuir.  Mdis  Badonville  ne  put     lorstpie.  le  scplième  jour,  une  inon- 
recouvnr   sou  j;rade,ct  ce    ne  fut     dalionexlraordinairegagnarinlérieur 
qu'en    180  5   qu'il   obtint  d'être  cm-     du  couvent  •  le  P.  Badou  se  trouva  en- 
pbné   comme  chef  d'escadron.  Dès     fermé  avec  les  religieuses,  il  se  re- 
l'anncesuivante,avantappris  l'arrivée     trancha  dans  la  partie  de  la  maison 
de  Pithegru  daus  la  capitale  ,  il  se     qu'il  présumait  être  la  plus  solide,  et 
Làla    9%   s'y    rendre.    Surveillé  par     continua  le  cours  de  ses  exhortations; 
la  police,  ainsi  qu'il  n'avait  pas  cessé     mais  les  eaux  grossissant  renversèrent 
de  Tètre,  il  fut  arrêté  de  nouveau,     le  bâtiment,  et  engloutirent  le  saint 
mais  on  ne  trouva  jamais  de  preuves     prêtre  avec  cinquante-deux  relîgieu- 
qui  pussent  établir  ses  rapports  avec     ses.  Quelques-unes,   accablées   sous 
son  ancien  général.  On  le  retint  néan-     les  décombres,  ne  périrent  pas  sur- 
moins  encore  en  prison  pendant  deux     le-champ  ,  mais  il  fut  impossible  de 
ans;   et  ce   n'est  qu'eu   i8o5    qu'il     les  dégager.  Le  P.  Badou  lui-même, 
lui  fut  permis  de  se  retirer  dans  son     enseveli  au  milieu  des  ruines  ,  vécut 
département,  sous  la  surveillance  de     encore  quatorze  heures;  et,  par  uu 
la  police.    Il   resta  sans  fortune  et     effort  de  zèle  et  de  courage  digne  des 
sans    emploi.    Ou  a  dit  que   le  roi     premiers  martyrs,  il  ne  cessa  d'exhor- 
Louis    XVIII    l'avait    nommé    ma-     ter  a  la  mort  celles  des  sœurs  qui 
réchal-de-camp,  et  lui  avait  accordé     pouvaient  encore  l'entendre.  La  re- 
une  pension  et  la  croix  de  St-Louis;     lalion  de  cet  affreux  désastre   a  été 
mais  il  n'a  joui  d'aucun  de  ces  avan-     publiée  a  Paris,    Delespine,  1727, 
tages.  Le  malheureux  avait  succombé     in-4.°  de  i5  pages.  Ou  a  du  P.  Ba- 
depuis  long-tem,)s  lorsque  ce  prince     don    un  livre    intitulé  :    Exercices 
monta  i>ur   le    trône,    en  1814..  spirituels,  avec  un  catéchisme  et 

M — D  j.  des  cantiques  pour  aider  les  peu- 

BADOU  (Jean-Baptiste),  pré-     pies  à  profiter  des  missions :,  Tou- 
tre  de  la  congrégation  delà  doctrine     louse,  1716,  iii-12.  Z. 

chrétienne,  naquit  a  Toulouse  vers  BAECKouBECK(Jean-Geor- 

la  fin  du  dix-septième  siècle,  et  fut  ge)  ,  graveur  allemand^  était  né  vers 
l'un  des  plus  saints  missionnaires  de  1675,  a  Augsbourg.  Christ  nous 
son  temps.  Les  travaux  apostoliques  apprend  qu'il  marquait  ses  estampes 
aux(|ucls  il  se  livra  pendant  vingt-iuiit  des  initiales  J.  B.  ,  ou  simplement 
ans  avec  un  zèle  infatigable  produi-  d'un  B.  [f^oy.  le  Dict.  des  rnono^ 
sirent  les  fruits  les  plus  abondants.  Il  grammes ,  47  ,  i65;.  Huher  ne  fait 
parcourut  tous  les  diocèses  du  Lan-  aucune  mention  de  cet  artiste  dans  son 
guedoc  où  les  évê<jues,  pleins  de  vé-  Manuel  des  curieux.  L'abbé  Bave- 
nération  pour  ses  vei  lu^-  et  pour  s<;'s  la-  rel  ,  dans  ses  ISotices  sur  les  gra- 
lents,  s'empressaient  de  l'appeler.  On  veurs,  1,  3o,  lui  a  do.iné  un  article 
assure  que  le  P.   Badou   désirait  ar-     qui  laisse  beaucoup  à  désirer.  On  peut 


44                    BiL£  BAE 

conjecturer  que  Baëck  apprit  les  progrès  si  rapides  qu'en  peu  de  temps 
cléments  de  son  art  dans  sa  ville  natale  il  fut  regardé  comme  le  plus  fort 
où  la  gravure  était  alors  très-floriisan-  qu'il  y  eût  en  France  sur  cet  in- 
te.  Il  visita  depuis  les  diverses  capi-  siruraent.  Naturellement  inconstant, 
taies  de  l'Allemagne  pour  perfection-  il  parcourut  successivement  la  Hol- 
ner  son  talent  ou  pour  chercher  h  lande  ,  l'Angleterre  et  l'Allemagne  , 
l'employer.  On  juge  par  le  nombre  et  partout  il  se  fit  admirer  par  la 
d'estampes  dont  son  OEuvrc  se  com-  justesse  et  la  facilité  de  son  jeu.  Il  se 
pose  qu'il  était  a  la  fuis  très-laborieux  fixa  enfin  en  Russie  où  il  mourut 
et  fort  occupé.  Il  a  gravé,  d'après  les  dans  les  premières  années  de  ce  siè- 
peintres  allemands,  des  sujets  d'his-  cle.  Il  jouait  aussi  du  violon  avec  une 
toire  ou  des  paysages.  On  lui  doit  grande  supériorité.  On  a  de  lui  une 
aussi  la  reproduction  de  quelques  ta-  ariette  pour  la  clarinette  avec  sept 
bleaux  du  Poussin.  Il  réussissait  variations ,  et  plusieurs  sonatfl.  Z. 
particulièrement  dans  le  portrait.  BAEj\TSCH(Louis-Gustave), 
Baverel  en  cite  plusieurs  de  ce  mai-  conseiller  de  la  régence  ducale  à  Coe- 
tre,  parmi  lesquels  on  distingue  ceux  then,  naquit  le  4^  janvier  1774  a 
de  Louis  XIV ^  et  du  roi  de  Suède  Guslen,  où  son  père  était  officier  de 
Gustave- Adolphe.  Baëck  était,  en  justice.  Après  avoir  commencé  ses 
J725,  dans  la  force  de  1  âge  et  du  études  dans  sa  ville  natale,  il  fut  en- 
talent,  puisqu'il  n'avait  guère  que  voyé  a  l'école  de  Bernbourg  pour  les 
cinquante  ans.  Mais  on  ne  connaît  acnever.  En  1792  lise  rendit  a  l'u- 
aucun  ouvrage  de  lui  postérieur  a  niversité  de  Halle  afin  d'étudier  la 
celte  date  ;  et  tout  fait  présumer  que  jurisprudence  etde  terminer  son  cours 
sa  mort  fut  prématurée.  \V — s.  académique.  De  retour  dans  la  mai- 
ItAËIIli.  (Jean)  ,  célèbre  com-  son  paternelle,  il  fut  attaché  au  cabi- 
positeur  et  maître  de  concerts  du  duc  net  de  la  régence  ducale  (1795),  et 
de  Weissenfels,  naquit  en  1662  et  s'y  livra  tout  entier  aux  affaires  de 
mourut  eu  1700.  Il  a  laissé  plu-  l'état.  En  i8o4,il  fut  nommé  secré- 
«ieurs  ouvrages  remarcjuablcs  ,  entre  taire  titulaire  de  la  chancellerie  et 
autres  :I.  Bellummusicum ^  ^l^^y  en  même  temps  secrétaire  de  la  té- 
\n-i^,\\.  Discours  sur  la  musique,  gcnce  et  du  consistoire.  En  181 1  , 
17  19.  III.  Le  très-honorahle  iUe-  sous  la  domiuallon  française,  il  rem- 
nestricr.  Ces  deux  derniers  sont  en  plit  les  fonctions  de  juge-de-paix 
allemand.  —  I^akhr  (Joseph)  ,  le  près  la  cour  de  justice  et  la  cour 
plus  grand  virtuose  sur  la  clarine! te  criminelle  ,  et  devint  président  du 
que  l'on  ait  connu  dans  le  dernier  siè-  consistoire  et  membre  de  la  direc- 
cle  ,  naquit  a  (îrunwald  dans  la  Bo-  tion  de  l'inslruclion.  Enfin  en  1819 
bèrae  ,  en  1746.  11  servit  d  abord  il  eut  Thonneurd  accompagner  le  duc 
comme  trompette  dans  les  troupes  Frédéric  (rAnhall-Coetlicn  au  con- 
aulricliienncs,  puis  dans  celles  de  grès  de  Vienne,  d'où  il  ne  revint  qu'en 
France,  où  il  lit  les  campagnes  de  1820  ,  pour  reprendre  ses  lonctiuns 
la  guerre  de  Sept  ans  en  Allemagne,  «ju'il  rem|)lil  jus(|u*a  sa  mort,  arrivée 
Etant  venu  a  Paris  il  entra  dans  les  le  2.1  août  i85o.  Baentscli  était  nu 
gardes-dn  corps,  ég.ilemenlen(|ualilé  deslionunes  les  plus  éclairés  de  l'Ai- 
de Irompelle.  (le  lut  se\ilenienl  alors  ]eni.i};ne.  il  est  auteur  de  très-bons 
qu'il  apprit  U  clarinette.  II  y  lit  dv.i  articles  insérés  daus divers  journaux. 


On  ,1  trouve  dans  .srs  panirrs  un  re- 
cueil (le  poésies  incdiles  (lestiiicàclre 
imprimé.  /'• 

\\\ E II  (Cm \nLKS - Frldlric ) , 
llicologieii  proLcsIaiil  (  i  )  >  "*^  *'" 
1 7  I  9,  a  Strasbourg ,  acheva  ses  élu- 
des avec  succès  au  gyuuiase  de  celle 
ville,  et  lut  bieutùl  pourvu  d'une 
chaire  a  l'université  (2).  S'étant  fait 
connaître  par  son  talent  pour  la  pré- 
dication, il  obtint  le  titre  d'aumônier 
du  roi  de  Suède,  et  remplit,  pendant 
plusieurs  années  les  fondions  de  cha- 
pelain et  de  secrétaire  de  la  légation 
suédoise  a  Paris.  Il  prononça,  dans  l'o- 
ratoire de  l'ambassadeur ,  en  1 7  5  i , 
\'Oniiso/i  funèbre  du  maréchal  de 
Saxe,  qui  eut  plusieurs  éditions  (5), 
honneur  qu'obtiennent  assez  rarement 
les  discours  d'apparat,  et  qu'il  tradui- 
sit lui-même  en  allemand.  Baër  fut, 
en  1759,  nommé  correspondant  de 
l'académie  des  sciences.  Il  fit  peu  de 
temps  après  un  voyage  a  Stockholm- 
mais,  le  climat  de  la  Suède  étant 
contraire  a  sa  santé,  il  revint aParis 
cil  il  mononcàV Oraisonju/iêbre  de 
Louis  XV  en  1774.  H  se  retira  dans 
sa  patrie  vers  1784  avec  le  titre 
d'aumônier  honoraire  du  roi  de 
Suède,  et  mourut  le  2  3  avril  1797. 
Il  joignait  a  beaucoup  d'instruction 
une  grande  modestie.  Il  était  mem- 
bre des  académies  de  Stockholm,  de 
Goetlingue  et  d'Augsbourg  (4.).  Ou- 

(i)  Barbier  donne  à  Bacr  le  litre  A'aùôé  q\i'i[ 
n'a  jamais  eu,  et  qui  pourrait  faire  croire  qu'il 
était  catholique.  Voy.  Examen  criliq.,  p.  70.  La 
nouveUc  édition  de  Fellcr,  tom.  2,  p.  384,  re- 
produit la  même  erreur. 

(2  M.  Ucrmau  ne  fait  aucune  mention  de  Baër 
dans  la  liste  qu'il  a  donnée  des  professeurs  de 
l'université,  tom.  II,  p.  2g3-Joi  des  A'^oiices  sur 
Strasbourg.  Cependant  Bacr  joignait  ce  titre  à 
tous  ceux  qu'il  prenait  h  la  tête  de  ses  ouvrages. 

(3'i  L'Oraison  funèbre  du  maréchal  de  Saxe  fut 
imprimée  ;i  Paris,  i7Ji,  in-4'  ;  ou  la  retrouve  à 
la  suite  de  V Histoire  de  ce  prince,  par  Neel , 
Mittaw  (Paris),  1762.  La  troduciion  allemande 
est  de  1751,  in  8°. 

(4)  On  trouve,  dit  Barbier,  («lusieurs  mémoi- 
res de  Bacr  dans  la  collection  de  l'acackmie  des 


BAJE 


45 


tre  les  discours  dont  on  a  parlé,  ses  ou- 
vrages i^vi\\\:\.Lellrcsiir  l'origine  de 
V  imprime  vie,  servant  de  réponse  aux 
observations  de  Fournier  jeune  sur 
les  Vindiciie  typo^raphicœ  de 
Schoepflin  ,  Paris,  1761,  in-8°. 
Fournier  répondit  victorieusement 
(  Voj,  Fourni i:r  ,  XV  ,  385).  lï. 
Essai  historique  et  critique  sur  les 
Atlatitiques ^  ibid.  ,  1762,  in-8°. 
Dans  cet  ouvrage  ,  suivant  Barbier  , 
l'auteur  veut  prouver  qu'il  existe  des 
rapports  sensibles  et  frappants  entre 
les  Juifs  de  Moïse  et  les  Atlantidesde 
Platon,  m.  Dissertation  philolo- 
gique et  critique  sur  le  vœu  de 
Jeplitéy  ibid.,  i765,in-8**.  Son  but 
est  de  prouver  que  Jephlé  ne  sacrifia 

f)oint  sa  fille,  mais  qu'il  se  contenta  de 
a  consacrer  au  Seigneur.  Cette  opi- 
nion fut  réfutée  par  Rondet  (  Voy. 
ce  nom,  XXXVIII,  55i  ) ,  qui  fit 
paraître  sa  réponse  dans  le  Journal 
de  Trévoux j  et  l'inséra  depuis  dans 
la  2^  édition  de  la  Bible  dite  d'Avi- 
gnon,  1768,  III,  690.  IV.  Ser~ 
mon  sur  les  devoirs  des  sujets  en- 
vers leur  souverain^  Genève  et 
Paris,  1775,  in-4-".  L'auteur,  qui 
l'avait  composé  en  allemand ,  le  tra- 
duisit en  français.  V.  Recueil  de 
cantiques  (en  allemand),  Strasbourg, 
1777,  in-8".  Baër  a  traduit  du  sué- 
dois :  Recherches  sur  les  maladies 
épizootiques y  Paris,  1776,  in-8°  ; 
un  3Iémoire  sur  la  plantation  et 
la  culture  des  orties ,  tiré  du  Re- 
cueil de  l'académie  de  Stockholm,  et 
publié  dans  les  Nouvelles  Ephémé- 
rides  économiques,  1776  j  dans 
\ Esprit  des  journaux ,  juin  même 
année .  Il  a  traduit  de  l'allemand,  l'^'^- 


inscriptions  et  belles-lettres  (  £jam««,  p.  70). 
C'est  une  erreur  qu'on  n'aurait  pas  relevée,  si 
elle  n'avait  déjà  passé  dans  la  France  littéraire 
de  M.  Quérard.  Le  recueil  de  l'académie  des 
sciences  ne  contient  pas  non  pins  un  îeul  mé- 
moire de  Baèr. 


46 


BAE 


sai  de  Meyer  sur  les  apparitions , 
inséré  par  LeDglfl-Dufrtsnoy  dans 
son  Recueil  de  dis.serlations ,  II , 
277-336,  et  loiivrage  de  Jéiusa- 
lera  {^V .  ce  nom,  XXI,  648)  .sur  les 
Vérités  de  la  religion  :  mais  celte 
traduction  est  restée  inédile.  W — s. 
BAERLE  (  Melchior  Van  )  , 
ré  a  Anvers  ,  fils  de  Lambert ,  ar 
chiviste  de  cette  ville,  eut  pour 
frère  aîné  Gaspar  qui  succéda  à  son 
père  dans  ses  fooclions  et  n'a  jamais 
rien  écrit  ;  il  ne  faut  donc  pas,  avec 
Valère  André  ,  déjà  corrigé  par 
Bayle  ,  et  pourtant  suivi  par  Fop- 
pens,Moréri  et  Sax,  faire  Melchior 
frère  du  poêle  Gaspar  Van  Batrle 
[V.  ce  nom,  III,  206);  il  était  son 
oncle.  En  etlet  ce  poêle  était  fils 
du  frère  aîné  de  Melchior.  Celui-ci 
eut  le  bonheur  d'étudier  sous  des 
maîtres  habiles,  et  profita  si  bien  de 
leurs  leçons  qu'il  parvint  a  com- 
poser avec  facilité  en  prose  et  en 
vers.  On  a  de  lui  :  I.  Jirabantia 
dos  libri  V ^  carminé  heroïco^  et 
Antuerpiœ  Kncomium  ,  Anvers  , 
1062,  in- 8°,  II.  T)e  Diis  genlium, 
lib.  II,  versu  elegiaco,  ibid.  ,1  662, 
in-8°.  III.  Bucolica  et  raptus 
Ganymedis,  il)id . ,  i  5  7  2 ,  et  dans  les 
Deliciœpoet.  belg.^  P.  I,  pp.  212- 
229  ,  où  l'on  trouve  aussi  Péglogue 
de  Galatée  qui  vajuscju'à  lap.  2^0. 
IV.  Oratio  de  vitœ  Immanu' feli- 
citatef  avec  un  poème  de  rerum  lui' 
manarum  vicissitudine  (td  Gaspn- 
runi  JiarLrurn  frulrvm  ^  ibul.  , 
Plantin,  i.'î66,'  in -8".  V.  Ih- 
nnseriis  vittv  humniiiv  ,  i.'S6r).  VI. 
Corvinus,  dans  von  oraison  Jnnèbre 
de  Ga.spar  iîaerle ,  le  poèlr ,  lait 
iiienlion  d'un  antre  ()|)ii.scnle  iiiiilnlé  * 
tlisloria  de  dornus  .  lusttinciv 
enuneidia.  VII.  Gaspar  Gevarlius 
avait  en  maïuiscrit  d.ins  sa  bibliolhè- 
(|ue  :  Tnijcvlum  c  api  uni  ad  N  ico- 


BAE 

laum  Schetum  Gaspar is  Jilium. 
La  devise  de  Melchior  était  Rara 
juvant.  Le  frère  aîné  de  Mtlchior 
se  relira  en  Htllande  où  il  eut  en- 
core pour  fils  Lambert  Van  Baerle, 
qui  devint  professeur  de  langue  grec- 
que a  l'université  de  Leyde.  Le  se- 
cond frère  de  Melchior,  appelé  Jac- 
ques ,  lut  d'abord  professeur  de  se- 
conde a  l'école  latine  de  Lejde , 
ensuite  directeur  de  celle  de  La 
Brille.  Coupé,  Soirées  littéraires^ 
t.  XIII,  pp.  270-280,  s'est  occupé 
de  Melchior,  dont  parle  également 
Hoevfft,  Parnassus  Latiuo-Belgi- 
cus ,  pp.  47-48.  R — F — G. 

BAERT  (François),  en  latin 
BaertutSj  naquit, en  i65i,  àlpres, 
où  sa  mère  ,  qui  habitait  Bailleul  , 
s'était  réfugiée  pendant  sa  grossesse, 
pour  échapper  aux  soldats  dont  toute 
la  Flandre  était  alors  inondée.  Elle 
y  donna  le  jour  a  deux  jumeaux  , 
dont  François  fut  le  seul  qui  vé- 
cut. Ayant  terminé  ses  premières 
études  ,  il  demanda  k  entrer  chez 
les  jésuites  et  l'obtint.  Il  fit  son  no- 
viciat h  Malines  ,  acheva  sa  philoso- 
phie a  Anvers  ,  et  pendant  six  ans 
professa  les  humanités  k  Bruges 
et  ailleurs.  Il  c;)nsacra  ensuite 
trois  années  a  la  théologie  ,  soutint 
des  thèses  sur  toutes  les  parties  de 
cette  science  et  reçut  la  prèlrise  en 
1680.  L'année  suivante  ses  supé- 
rieurs le  rappelèrent  h  Anvers  pour 
aider  le  1*.  Papebrocii  (/  or .  ce  nom, 
XXXII,  5  16),  qui  était  lorl  occupé  de 
la  rédaction  des  Âcla  Samtorum, 
ouvraîTC  colossal  non  moins  utile  k 
rarthéologie  ,  a  la  diplomallque ,  k 
l'histoire  civile  et  littéraire  ,  qu'a 
celle  de  l'I'-gUse,  el  aucpiel  iiclb- 
nitz  ,  tout  |)r(>testanl  ipi'il  était  ,  a 
renilu  ui\  si  éclalanl  lemoignage; 
()u\rage  (jiil  lonticnl  même  k  lui 
«cul    les   annales    d'une    partie    du 


B\K  BAE  i^ij 

niovcn  ^£i;e,  cl  le  laMt'au  de  la  ^60-  S.  Paul  rt  de  S .  Colman;  !c  9  , 

<;raplMO  cl  drs  mœurs  de  C{'&  sitVlrs  ceux  da    S .    Colombe  et  de  son 

liai  haies.  Papcliioch  charj^ra  Haerl  successeur  S.   Bail/iène  ;  le    li  , 

d'aller   avec    Conrad   Jaiinin}^  pre-  ceux  de  S.  liosile-le-Grand.  Dans 

senler  le  loinc  seplièiiie  du  mois  de  le  lome  3  de  juin,  le  ly,  ceux  de  S. 

mai  a  lAIaximilieii-lIenri  ,    archevê  •  Huvin  et  de  S.  Mnlin^.   Dans  le 

que-électeur  de  Cologne,  ii  qui  il  a  lome  /^  de  juin,  le  21,  ceux  de  S. 

élé  dédie.   Ces  deux  jésuilcs  profilé-  Majnn;  le  22^de  S.  JJusèhe;  le  23, 

reni   de  l'occasion   pourvisiler  cer-  des  SS.  Zenon  et  Zène.  Tout  ce 

laines  bibliothèques  de  l'Allemagne,  qu'il  écrivit   sur   les   saints  de  l'Ir- 

dans  les({uelles    Papebrocli   lui-mê-  lande  et  de  l'Ecosse  prouve  qu'il  était 

me   n'avait  pas  pénétré.    Baert  ,  en  très-versé  dans  la  connaissance  de  leur 

particulier,    s'acquitta   si    bien    de  pays.  En  général  il  montre  beaucoup 

cette  recherche,  qu'il  recueillit    ua  de  critique  en  cette  matière,  corrio^e 

grand  nombre  de  monuments  impor-  les  anachronismes,  sépare  très-bien 

tants  dont  %^2>  collaborateurs  ont  fait  les  pièces  authentiques  des  pièces  sup- 

un  utile  usage.  Ayant  poussé  jusqu'en  posées,  et  explique  parfaitement  le 

Bohème,     ils   s'arrêtèrent   quelque  schisme  qui  divisait  les  Ecossais  rela- 

temps  à  Prague  ,  où  on  leur  fit  don  tivemenl  a  la  célébration  de  la  Pàque, 

d'un    ancien    martyrologe  ,    appelé  ainsi  qu'une  foule   de  difficultés  con- 

le   Danois    dans    la    Revue    d'U-  cernant  ce  peuple ,    tant  ancien  que 

suard.    Accueillis  ensuite  à  Vienne  moderne.  C'est  à  ses  soins  aussi  que 

avec  distinction  par  l'empereur  Léo-  Ton  doit  plusieurs  tables  des   matiè- 

pold,  ils  fouillèrent  assidûment  dans  res,   travail  modeste,  mais   pénible, 

la  bibliothèque    impériale  et  réuni-  et  dont  les  personnes   studieuses  ap- 

rent  quantité  à'actes  en  grec   et   en  précient    seules    toute  rimporlance. 

latin.   Pendant    ce   voyage  qui  dura  Le  1 2  janvier   17 16,  atteint  d'apo- 

environ  huit  mois  ,  Baert  prêta  son  plexie,  il  fut  rapporté  sans  force  dans 

attention  non-seulement  a  ce  qui  pou-  son  cabinetj  il  re>ta  dans  cet  état  eu- 

vail  concerner  les  vies   des  saints  ,  viron    quatre  ans ,    jusqu'à  ce  que , 

mais  a  tout  ce  qui   tenait  à  la  situa-  ayant  subi  inutilement  l'amputation 

lion  des  villes,  aux  coutumesdespeu-  du    pied    droit    où   s'était   mise   la 

pies,  a  l'architecture  desédifices  re-  gangrène  ,   i!   mourut  le  27  octobre 

ligieux,etc.  Il  eut  plus  lardladirec-  1719,  dans  la   maison-professe  des 

lion  temporaire  des  Acta  Sancto-  jésuites  h  Anvers.  Guill.  Cuperus  ou 

rum,  et  les  savants  agiographes,  en  Cuypers  a  inséré  son  éloge  au  tome 

louant  son  zèle  et  sou  habileté,  1ère-  2  de  juillet;  et  c'est  de  la  que  nous 

mercient  de   leur  avoir  épargné  les  avons  extrait  la  notice  qu'on  vient  de 

arides  détails  de  la  correction  des  é-  lire.  Au-dessous  de  son  portrait  on 

preuves,  de  la  correspondance  et  de  a  gravé  ce  distique: 

l'administration.  Baert  a  rédigé  entre  Mille  intcrquo  curas  jnomovit  Baertius  Acta  : 

autres,  dans  le  tome  i*'"  de  juin,  les,  ^^^"^  "°"  scripiurus,  si  licuisset,  crat? 
la  vie  de  S .  Adalgise,  qu'il  rédui-  ^ — F — G. 
sit  aux  règles   de  la  chronologie  ,  et          BAERT  (Philippe),  bihliothé- 
celledeS.  Evemyrène ;  le  4,    les  caire  du  marquis  de  Chasteler  (^.  ce 
actes  de  sainte  Ninoque.  Dans  le  nom,  au  Supi3.),  s'occupait  par  pré- 
tome  1 1  de  juin  ,  le  7,  les  actes  de  dileclion  de  l'étude  de  l'héraldique  , 


^8  BAE  BAE 

laquelle,  ainsi  que  nous  Tavons  dit  des  cultes elderaanda,enconséquence 
à  l'article  d'Azevedo  [Voy.  ce  nom,  de  ce  principe  ,  que  les  actes  de  nais- 
LVI,  621),  absorbait  alors  en  par-  sance  et  de  décès  fussent  tenus  par 
tie  la  littérature  beige.   C'est  de  lui  des  officiers  civils.    Cependant  il  sie- 
nne sont  le  Supplément   au  nohi-  geait  au  côté  droit ,  c'est-a-dire  avec 
liaire  des  Pays-bas   et  de  Bour-  les  plus  modérés j  et,  lorsqu'il  vit  la 
so^ne,  2*  éd.  ,   Louvain  ,    1772  ,  majorité   se  jeter  ouvertement  dans 
in-12:  et  le  f^rai  supplément  aux  des  voies  de  révolution  et  d'anarchie, 
deux  volumes    de   ce   nobiliaire^  il  fit  tous  ses  efforts  pour  l'en   empé- 
ibid.,  I  y  7  4.,  in- 12.  Mais  l'un  et  l'au-  cher.  Le  20  avril  1792  il  fut  un  des 
tre  ont  été  corrigés  par  le  comte  de  sept  qui,  s'apercevant  du  piège  dans 
Cuypers,  autre  généalogiste.  Ferd.-  lequel  on  voulait  en  traîner  Louis  XYI, 
Jos.  de  Holleber,  major  desinvalides,  s'opposèrenthla  déclaration  de  guerre 
a   donné    une     nouvelle   édition   du  contre  l'empereur  d'Allemagne.  Baert 
deuxième,  corrigée  et  augmentée  de  travaillait  dans  le  même  temps   a  la 
plus   d'un    quart  ,  sous  le  titre   de  rédaction    d'un  journal  intitulé  1'//?- 
I^ouveau  vrai  supplément  ,    etc.  ,  dicateur^   où  il   s'efforçait    de  cora- 
La Haye,  1774.,  in-12.  Au  tome  i**^,  battre   les    opinions    exagérées.    Se 
paee    216,    des  Acta   Sanctorum  trouvant  auprès    du   roi  le   20  juin 
Belgii,  on  cite  un  ouvrage  manus-  1792,    lorsque  la  populace  envahit 
crit  de   P.    Baert  :  De    Comitibus  le  château ,  il  cherchait  a  le  rassu- 
Bruxellensibus.    On   a   encore    de  rer  en  lui  disant   que  l'assemblée  le 
Philippe  Baert:  Essai  historique  et  soutiendrait.  —  «   Oui,  répondit  le 
critique  sur  une  ancienne  ville  et  «  monarquej  maisvous  qui  avez  beau- 
forteresse  saxone   nommée  Sigis-  «  coup  voyagé,  que  croyez-vous  que 
bures,   située   dans   le   comté   de  «  l'on  dira  de  nous  chez  l'étranger?  » 
la  Marck,  laquelle  fut  détruite  au  Lorsque   la   révolution  du  i  0    août 
treizième  siècle,  1^03^  m-Z'^.  1792     eut    complété    le   rcnverse- 
R — F — G.  ment  de  la  monarchie,   Baert  ne  se 
BAERT  (le  baron  Alexandre-  crut  plus   en  sûreté  dans  la  capitale  ; 
BALTiiAZARD-FRANÇOis-dc-Paulede)  il  se  rendit   d'abord  dans   sa  patrie  , 
naquit  vers  17603  Dunkcrquc,  dans  puis  aux  Etats-Unis  d'Amérique,  qu'il 
une  famille  opulente,  et  se  livra  dès  sa  parcourut  en  observateur.  Ce  fut  la 
jeunesse  a   de  longs  voyages,   d'à-  qu'il   acheva   son  grand  ouvrage  sur 
bord  en  Uussie ,  particulièrement  sur  l'Angleterre  et  ses  colonies.  Il  revint 
les  rives  de  la  mer  Caspienne  ,  puis  en   France  peu  de  temps  après  le    9 
en  An<Miterre,  où    il  séjourna  long-  thermidor,  et  s'y  occupa  de  la  rédac- 
tcmps  et  (Hi'il  parcourut  dans  tous  les  lion   des   documents  recueillis    dans 
sens.  De  la  il  possa  en  Espagne;  et  ses  courses   pénibles,  et    qu'il    pu- 
ilselrouvait  hCihrallaren  i789.Re-  blia  successivement  ,  savoir  :  I  /)/<•- 
venu,  vers  cette  époque,  dans  sa  pa-  moires    historiques   et  géograplii- 
trie,  il  crut  ainsi  (pie  beaucoup  d  hou-  ques  sur  les   pays  situés  entre  la 
uètes  "ens  aux  bienfaits  de  la  révolu-  mer  Noire  et  la  mer  Caspienne  , 
lion,  et  lut  élu  en  1791  député  du  dé-  Taris,    1799,   un  volume  in-4",  qui 
partemenldu  Pas-de-Calais  a  l'assem-  parut  sous  le  voile  de  l'anonyme  ,  et 
blée  législative,  où  il  parla  le  2  i  ocio-  dans  leipiel  se    trouve  \' extrait  d'un 
bre  en  faveur  de  la  liberté  illimilce  voyage    entrepris  en     1784  dans 


la  partie  fie  ï<i  Ri/ssie  qui  avoisinc 
la  mer  Ciispicniw.  II.  lUblcnu  <lc 
la  grande  Brcta^nc^  de  V Irlande 
et  des  possessions  ti/if^laises  dans 
les  quatre  parties  du  monde ^  /^  vol. 
iii-8''  ,  avec  lig.  cl  cartes,  Paris  , 
1  8 1)0.  Cet  ouvrage  passe  encore  pour 
un  (les  niellleurs  qui  aient  été  pu- 
bliés sur  Irnipire  hrilanniijuej  il  con- 
tient (les  observations  et  des  détails 
j)récieux  sur  les  mœurs  et  les  in- 
stitutions (le  ce  pays  5  et  les  An- 
glais, si  difficiles  sous  ce  rapport,  onl 
cependant  rendu  justice  a,  Tauleur. 
L'empereur  Napoléon  le  consultait 
toutes  les  fois  qu'il  avait  besoin  de 
quelcpics  notions  exactes  sur  l'Angle- 
terre. Baert  avait  épousé  mademoi- 
selle de  Montboissier,  petite-fille  de 
Malesherbes.  Devenu  l'un  des  princi- 
paux habitants  du  Loiret ,  il  fut  nommé 
eni8i5  par  ce  département  mem- 
bre de  la  chambre  des  députés. 
Voulant  assurer  son  élection,  il  avait 
fait  imprimer  une  circulaire  sous 
ce  titre  :  A  messieurs  les  élec- 
teurs du  département  du  Loiret. 
Fidèle  a  so:i  caractère  de  sairesse  et 
de  modération  ,  il  crut  voir  de  l'exa- 
gération dans  le  système  de  la  majo- 
rité de  celle  chambre,  et  vota  con- 
stamment avec  la  minorité  jusqu'à 
l'ordonnance  du  5  septembre  1816 
qui  en  prononça  la  dissolution.  Ce- 
pendant il  ne  fut  point  réélu  et  con- 
tinua d'habiter  la  capitale  ,  où  il  est 
mortle2  3mars  1826.  On  lui  attri- 
bue une  brochure  anonyme  publiée 
sous  ce  litre  :  Le  Consommateur  , 
in-8°,   Paris,    1802.        M — d  j. 

BAEZA  (Diego  de  ) ,  célèbre 
théologien  et  prédicateur  espagnol , 
ii(;  en  1682,  il  Ponferrada,  dans  la 
Galice,  embrassa  la  règle  de  saint 
Ignace  ,  h  l'àgc  de  dix-huit  ans,  et 
professa  d'abord  la  philosophie  dans 
divers  collèges;  mais,  sç%  talents  pour 


BAG 


49 


la  chaire  l'ayant  bientôt  fait  connaî- 
tre, il  quitta  l'enseignement  pour  se 
livrer  a  la  prédication.  Les  succès 
qu'il  obtint  dans  cette  carrière  le 
])lacèrenl  au  rang  des  premiers  pré- 
dicateurs de  l'Espagne.  Cependant  , 
sessermons,  dépouillés  du  charme  que 
leur  imprimait  sans  doute  un  débit 
animé  ,  n'offrent  guère  que  des 
lieux  communs,  et  ne  sont  nulle- 
ment propres  a  justifier  la  réputation 
dont  il  a  joui,  l^e  P.  Baeza  mourut 
h  Valladolid  ,  en  164^7. Outre  ses  re- 
cueils de  sermo7is\Vi-i^,  on  a  de  lui  : 
Commentarii  morales  in  historiam 
evaîigelicam.  Ces  paraphrases  de 
l'ancien  et  du  nouveau  testament  ont 
été  imprimées  successivemenlà Paris 
et  a  Lyon,  in-fol.,  en  onze  tomes  , 
dont  on  trouve  les  titres  dans  la  Bi- 
blioth.  Soc.  fesu,  169.     W — s. 

BAGARD  (  CÉSAR  )  ,  sculpteur 
habile ,  connu  des  artistes  français 
fious  le  nom  de  Grand  César,  na- 
quit a  Nancy  ,  le  27  mars  1639. 
Disciple  de  Jaquin  qui  travailla  long- 
temps a  Paris  ,  Bagard  y  suivii  son 
maître  et  exécuta,  entre  autres  ou- 
vrages, deux  figures  allégoriques  re- 
présentant la  Force  et  la  V ertu  ^ 
qui  furent  placées  sur  l'arc-de-lriom- 
phe  dressé  en  1669  pour  le  mariage 
de  Louis  XIV.  Ilrevint  ensuite  en  Lor- 
raine, où  il  demeura  jusqu'à  l'époque 
de  sa  mort,  arrivée  a  Nancy  en  1  7  09 . 
On  connaît  de  lui:  i"  un  buste  de 
Louis  XIV  qui  ornait  l'ancienne 
porte  royale  de  Nancy,  construite  par 
ce  monarque  en  1673;  ^'^\^  tombeau 
de  Jean  Kousselot,  dans  la  paroisse 
S.  Epvre  de  Nancy,  représentant  Jé- 
sus-Christ a  table  avec  les  disciples 
d'Emma'is;  3"    deux   génies  ailés 

filacés  aux  Minimes  de  Nancy ,  sur 
e  tombeau  de  Georges-Affricain  de 
Bassompierre  ;  4"  deux  «tatues  co- 
lossales,   l'une  de  mainte   Thérèse, 


IVII. 


5o  BAG  BaG 

l'autTL'  de  S.  Jean    de  la  Croix  ^  ohservalions  {K,  Examen  critique, 
aux  Carmes  de   ISancy;  5°  dans   la  70),  vivait  au  iS*"  siècle.  Fabriciiis 
même  é'^lise,une  Vierge  en  marbre  {Bihl,  niecl.  et  infim.   latinit.)  dit 
soutenue  par  des  anges,  surmontant  qu'il  était  Français;  mais  !e  P.  Sarti 
l'aulcl  Notre-Dame  du  Mont-Car-  {de  professorib.  Bonoiiiens.,  107) 
rnel^  6°  le  devant  d'autel   de  cette  s'efforce  de  prouver  qu'il  était  de  Eo- 
chapelle  sculpté  en  bois  et  représen-  lognc.    Les    raisons   cpi'il  allègue  a 
lant   la   nativité     de   Jésus-Christ  ;  l'appui  de  sou   opinion  ne  sont  rieu 
7"  le   tombeau    de     Porcelets    de  moins  que  concluantes  suivant  Tira- 
Maillanc,  a  l'église    du  collège  de  boschi  [Storia  délia  letterat.  ital., 
ISancy;  8"  un  CAm/,  vrai  chef-d'œu-  IV,  276).  Quoi  qu'il    en    soit,   Ba- 
\Te  de  l'art,   élevé  sous  l'arcade  du  garotto   vint    fort   jeune  a   Bologne 
cbœur  de   l'église   S.   Sébastien    de  attiré     sans  doute  par    la   célébrité 
Nancy;  9"  quatre  statues  colossales  d'Azon  (  F.  ce    nom  ,  III  ,   1^8  )  et 
au  noviciat  des   Jésuites  de  IXancy  ;  des  autresjurisconsultesqui  rendaient 
jo°  une  ^/crg-p  au-dessus  de  la  porte  alors    l'école  de    droit    de   Bologne 
d'entrée  du    couvent  des   religieuses  la  première  du  monde.  Il   en  soutint 
de  Sainte-ElisabelhdeNancy;  ii^un  la  réputation  par  ses    talents,  et  fut 
CA/«^  de  petite  dimension  ;  12°  les  revêtu  de  différents   emplois  honora- 
apôtres  iS".  Pierre  et  S.  Paul,  en  blés  qu'il  remplit  avec  autant  de  pru- 
pied  ,    mais   de  petite   dimension  ;  deuce  que   d'habileté.  Les  r<?gistres 
j3°  Hercule  enjant  j   i4°uncrM-  et  les  diplômes  de  Bologne  font  men- 
cijix ;     i5"    une   sainte -famille  ;  tion  de   iiagarotto  depuis  l'an  1200 
j6°  une  Vierge  en  bois  de  Sainte-  jusqu'eu  i^k^\    cl   l'on   conjecture 
Lucie;  17°  une  sia/MÊ"  <:/e  «5".  P/e/vr,  avec  assez    de  vraisemblance    qu'il 
dans  le  cloître    ^^^    Cordellers   de  termina   sa  laborieuse   carlère  cetlr 
^<7ucv;  I  8"  un  iirc^' yiiowo  (le  grau-  même  année,  dans   un  âge   avancé, 
deur  naturelle  ,   dans  une  chapelle  ,  On  a  de  lui  deux  opuscules:  l'un  De 
près  Sauxure-lès-]\ancy  ;     19"   plu-  dilatori'sexceptio/iiùus,mscrc(\a.ni 
iieurs    ouvrages    de    sculpture    d  un  le  tome  5    des   Tractatus    tracla- 
iini    admirable    décoraient    aussi  la  luu/n  j'uris  ;  v\.Va.ntrv  ,  De  testium 
chartreuse  de  Bosserville;    mais    la  rcjyrobalionc,    dans   le    tome  /^  il u 
révolution  a  fait  disparaître  presque  même  recueil.  Quelques  auteurs  lui 
toutes  les  compositions  de  César Ba-  attribuent  encore  un  traité  :  Deca- 
gard. — Le  génie  de  ce  sculpteur  lui  a  villationibus,   imprimé  sous  le  nom 
survécu  dans  la  personne  de  sou  iils  de  J>ouacurse.  l'aucirole  parle  avec 
{Toussaint),  uiort  jeune  a  Nancy  en  éloge  de  BagaroUo  dans  son  ouvrage 
1712,  et  dans  celle  de  Jai^b-Sigis-  De  cluris  j uris  i/UiT/firt.,  llv.  II, 
})erl  Adam,  son  élève.  Les  cendres  de  ch.  i;4.  ^V'^ — s. 
César  lîttgard  reposaient  aux  iAlini-           ILVGAIUVIS.    P'a^»  RasCàs, 
mes  (le  tNancy.                      B — N.  XXW  H,   jof). 

JL\^;AI10'I'T()  (l)oMiNK>ur.),  1L\(;ETTI   (le  chevalier  Jo- 

c'ii  I.iliii  Jjuiiiirotiis^  jiiri.scousulle  (|uc  skpu-I'iiiihl),  peintre  paysagiste,  né 

^arhier noiisareprochésausbeaucoup  a  Turin  eu  i^O.i  ,  fui  admis,  dès  sa 

déraison  d'avoir  omis,  et  que  nous  ne  preuiirrc  icunesse  ,  au  conservatoire 

donnons  guère  ici  (juc  pour  lawe  \oir  de  musique  de  1  église  nu'lropolitaine 

i.Ujubieu  sont  futiles  la  plupart  vie  5i's  dirigé  par  le  ccicbrc  ubbc  Otianij 


BAO 

lijni5,  ne  se  s(Mil;ml  jxiiiit  tic  goût 
j)Our  l'clal  ccclosiasrKjuc,  il  s'adoiiii.i 
alVliulc  (le  rartliilcclure,  cl  s'elant 
enlliousiasinc'  jiour  lo  lalrnt  du 
pcinlre  l\ilnncri,  il  se  livraisons 
SCS  auspices,  avec  beaucoup  de  suc- 
cès, à  la  peinture  de  ra(piarcHe.  Il 
présenla  un  de  ses  t;4>leanx  au 
roi  Viclor-Amédée  III,  qui  le  nom- 
ma son  dessinateur,  et  l'envoya  , 
en  I  795,  K  la  suite  de  l'armée  qui  oc- 
cupait le  comté  de  Nice,  et  qui  bien- 
lôt  après  occupa  la  place  de  Toulon. 
A  son  retour,  Bagetli  fut  nommé 
professeur  topograplie  a  l'école  dii 
génie.  Lorsque  les  Français  s'em- 
parèrent du  Piémont,  en  1798,11 
resta  h.  Turin  ,  sans  prendre  du  ser- 
vice ;  mais,  enfin  pressé  par  ses  amis 
Brambilla,  Pasqueri  et  Castellino, 
l4  sur  les  instances  du  général  Du- 
pont, il  se  rendit  a  Paris  eu  1807, 
€t  j  fut  bien  accueilli  par  le  ministre 
Clarkc,  qui  l'attacha  au  dépôt  de  la 
guerre  avec  le  grade  de  capitaine 
ingénieur-géographe  ,  spécialement 
chargé  d'exécuter  a  l'aquarelle  des 
tableaux  représentant  les  victoires 
des  armées  françaises.  Quelques-uns 
furent  gravés  par  ordre  de  Napo'éonj 
mais  les  événements  do  1 8  i  4-  en  em- 
pêchèrent la  publication.  Dans  l'es- 
pace de  huit  ans  il  acheva  plus  de 
quatre-vingts  tableaux, qui  se  trouvent 
dans  la  galerie  de  Fontainebleau  et  au 
dépôt  de  la  guerre.  11  existe  au  mu- 
sée royal  de  Paris  une  aquarelle  de 
la  plus  grande  dimension  ,  qui  offre 
une  vue  générale  de  l'Italie  ,  partant 
des  Alpes  jusqu'à  Naplcs.  Hagetti 
déploya  toutes  les  ressources  de  son 
art  dans  Texécution  de  ce  tableau 
qui  embrasse  une  immense  étendue 
de  pays.  Obligé  de  s'écarter  des  rè- 
gles ordinaires  de  Pontique,  il  prit 
un  point  de  vue  très-élevé  au-dessus 
de  la  surface  de  la  terre  j  cl,  par 


lîAC. 


[il 


celte  h.iriliesse  ingénieuse,  il  repré- 
senta, sans  niiin;  aux  premiers  j)lans, 
les  objets  les  plus  éloignés.  En  181  i 
Bagetli  présenta  ce  tableau  a  Napo- 
léon fjui  le  décora  de  la  Légion- 
d'Ilonncur,  et  l'envoya  à  TS'aples 
aOn  d'exécuter  une  vue  générale  de 
l'Italie  jusqu'aux  Alpes  pour  faire  le 
pendant  du  premier  tableau.  La 
guerre  de  Russie  étant  survenue,  I3a- 
getti  fut  obligé  d'y  suivre  INapoléon, 
et  le  grand  tableau  resta  inachevé 
dans  son  portefeuille.  Considéré  , 
après  la  restauration,  comme  étran- 
ger, il  éprouva  de  la  part  du  ministre 
de  la  guerre  plusieurs  désagréments, 
et  crut  devoir  donner  sa  démis- 
sion. Il  se  rendit  en  i8i5àTurin, 
où  le  roi  lui  conféra  le  grade  de  ma- 
jor d'infanterie ,  et  lui  fit  changer 
l'étoile  de  la  Légion  -  d'Honneur 
contre  la  croix  de  Savoie  qu'on 
venait  de  créer.  Bagetti,  pour  donner 
un  essai  de  son  talent,  exécuta  un 
bas-relief  qui  figurait  les  Alpes  et 
tout  le  Piémont  jusqu'aux  limites  de 
la   Lombardie.   Il   composa  ensuite 

ftlusicurs  tableaux  de  batailles  en 
'honneur  des  héros  de  la  Savoie,  et 
fut  décoré  de  la  croix  de  St-Mauricc 
avec  une  pension.  Ayant  appris  la 
musique  dans  sa  jeunesse,  Bagetti  im- 
provisait sur  le  piano  des  motifs  très- 
agréables  pour  se  distraire  dans  la 
maladie  a  laquelle  il  succomba  eu 
mai  i83i,  a  Turin.  Une  inscription 
latine  mise  sur  son  tombeau  rend 
lémoi-rnaîîe  de  son  talent.  Baoetti, 
qu'on  peut  nommer  le  premier  des 
peintres  a  l'aquarelle  ,  fut  un  théo- 
ricien distingué  ,  membre  de  l'aca- 
démie royale  des  beaux-arts  de  Tu- 
rin. Il  a  publié  en  iialkn  V^naljsff 
de  VuniLé  de  l'effet  dans  la  pein- 
ture ,  et  de  V imitation  dans  les 
beaux-arts,  Turin,  1827,  in-8°; 
ouvrage  qui  mériterait  d'être    tra-^ 

4« 


52 


BAG 


duit.  Le  roi  Charlçs-Albert,  juste 
appréciateur  des  arts,  afait  demander 
à  la  veuve  ce  qui  lui  restait  des  meil- 
leures productions  de  son  mari,  et  il 
les  a  payées  généreusement  en  lui 
accordant  une  pension.  G — g — y. 
BAGGE  (Jacques),  amiral 
suédois,  naquit  en  i499  dans  la  pro- 
vince de  Halland.  Sou  père  avait  été 
officier  supérieur  de  Christian  II  j 
mais  pendant  le  siège  de  Stockholm, 
en  102  0  ,  il  avait  donné  sa  démis- 
sion et  prêté  serment  a  Gustave  Wasa. 
Le  fils,  qui  alors  était  très-jeune,  sui- 
vit cet  exemple  et  prit  les  armes  pour 
le  héros  suédois.  La  carrière  du 
jeune  Bagge  s'écoula  pendant  douze 
ans  dans  l'accomplissement  de  ses 
devoirs,  mais  sans  occasion  de  se  faire 
remarquer.  Cène  fut  qu'en  lôS^-»  a 
l'époque  où  quelques  bourgeois  de 
Liiueck  entreprirent  de  conquérir 
les  deux  royaumes  du  Nord  ,  que 
commença  sa  célébrité.  Il  com- 
battit d'abord  dans  l'armée  que  Gus- 
tave P*^  envoya  au  secours  du  Dane- 
mark, et  se  distingua  surtout  au  siège 
de  Ilalmstad  (|ui  lui  dut  son  salut. 
Averti  d'une  invasion  qui  se  prépa- 
rait dans  le  sud  du  Halland,  il  mar- 
cha avec  4oo  honimes;  malsTenuemi 
«e  retira  a  son  approche  jusiju'ii  En- 
gelholm  et  sembla  vouloir  l'attirer 
daus  un  piège.  Bagge  s'en  élait 
aperçu  et ,  voyant  devant  lui  des 
forces  Irès-supéricures  parleur  nom- 
bre, il  se  tint  rcnlermé  dans  Ilalnislad, 
où  le  comie  de  lIoe)a,  beau-frère  de 
Gusiave  1",  vint  l'aisiéger.  Ce  lut 
alors  que  Bagge  eut  recours  a  une 
ruse  qui  lui  réussit.  Il  mit  en  évi- 
dence, sur  les  remparts,  des  canons 
très-mauvais  et  tjuc  leurs  allùls  sup- 
porlaicnl  a  peine-  et,  dès  (jue  l'en- 
nemi, pl(  in  de  coniiance  h  celle 
vue,  essaya  de  monter  h  Tassant  , 
Bagge  déployant   sa    ineilleurc    ar- 


BAG 

lillerie  le  foudroya  du  feu  le 
mieux  nourri.  Mais  il  eut  le  mal- 
heur d'être  blessé  grièvement  dans 
cette  brillante  affaire.  Ne  voulant 
pas  quitter  le  commandement  dans 
le  moment  décisif ,  il  se  fit  porter 
sur  un  brancard  et  continua  de  don- 
ner ses  ordres  jusqu'à  ce  que  l'en- 
nemi fut  dans  une  déroule  complète. 
Le  comte  de  Hoeja  s'enfuit  jusqu'en 
Zélande,et  il  laissa  le  commandement 
à  son  lieutenant-major  qui  resta  pri- 
sonnier dans  les  mains  des  Suédois. 
Cette  opération  fit  le  plus  grand  hon- 
neur K  Bagge^  et  il  fut  dès-lors  con- 
sidéré comme  l'un  des  meilleurs  offi- 
ciers de  l'armée  suédoise.  Ceptn- 
danl  les  connaissances  qu'il  avait 
acquises  dans  la  marine  le  firent 
nommer  contre-amiral ,  et  en  i54i, 
lors([ue  le  roi  se  rendit  au  congrès 
de  Bromsebro  ,  il  commanda  le  bâ- 
timent {[ui  porta  a  Calmar  la  reine 
et  les  jeunes  princes  ,  Eric  et  Jean. 
Baj^cre  fut  ensuite  charité  de  sou- 
mettre  les  rebelles  de  Smolandie  , 
qui,  sous  les  ordres  de  Nicolas  Dack, 
portaient  l'effroi  dans  celte  pro- 
vince j  il  les  battit  dans  plusieui-s 
rencontres  ,  et  s'empara  de  leurs 
chefs  (juil  cou'luisil  prisonniers  au 
château  de  Calmar.  Mais  il  allait 
être  bientôt  appelé  a  de  plus  glo- 
rieux exploits.  Au  counnenceincnt 
de  1 .555,  il  fut  chargé  décommander 
une  expédition  conlre  les  Moscosites 
qui  ,  a  plusieurs  reprises,  élaifut 
venus  envahir  et  ravager  la  Fin- 
lande. Ayant  sous  ses  ordres  une 
flotte  nombreuse,  Hagge  laissa  les 
plus  gros  biitiminls  a  Wiborg  ,  et 
s'élant  mis  .sur  les  plus  petits,  il  les 
dirigea  courageusement  juscpie  dans 
la  Nevva.  La,  aviinl  rencontré  ini 
Boïard  (|ui  lui  reprocha  sa  témérité  , 
il  répondit  par  ti'amères  récrimina- 
lions  sur  les  invasions  el  les  ravaires 


rxcici'.s  vn  l''iiil.iii(K'  parles  Uii.ssrsj 
rHînit  par  luiclircouvcrlcinenl  qu'une 
fi'llc  condnlU'  iraj)|)art(Miall  (|u  ;i  des 
l)arlKirc.s  ol  li  (\v^  brigands,  (les der- 
nières paroles,  prononcées  avec  beau- 
coup (le  force  ,    excitèrent  au    plus 
haut  degré  la  colère  du  BoVard  ;  et 
une  guerre  terrible    dut   eu    être  la 
suile.  BaggeexjH'dia  aussitôLun  cour- 
rier Il  sou  souverain,    cjui  était  déjà 
arrivé  a  Abo  ;  et,  ayant  reçu  de  lui 
une  réponse  approbative,il  se  mit  en 
mouvenieni   avec  sa  flotte  ,   confiant 
le  commandement    de    terre  a  Clas 
Christerson  de  Horn.    Après  une  af- 
faire très-vive  ,  près  de  Nocleborg, 
il  revint  a  W  iborg  ,  où  il  se  réunit  a 
plusieurs  autres   corps    suédois.  Se 
trouvant,  malgré   ces  renforts  ,  dans 
une  grande  intériorité,  il  se  tint  ren- 
fermé dans  la  place ,  où    des    forces 
très-nombreuses  vinrent    l'attaquer. 
Une  ruse   fort  simple   le  lira  encore 
de   ce   mauvais   pas  ;    il  fit  pendant 
toute  une  nuit  rouler  sur  les  ponts  , 
avec  un  grand  bruit ,  des  chars  dont 
le  mouvement  ressemblait  a  celui  de 
l'artillerie  et  des  troupes.  A  ce  bruit 
les  Russes   ne   doutèrent    pas  qu'il 
n'eut  reçu  de  nombreux  renforts  ;  et 
dès  le    lendemain  ils   se  retirèrent  , 
abandonnant  leur   arrière-garde  qui 
fut  écrasée  par   les  Suédois.   Un  ar- 
mistice fut  conclu;  mais  les   Russes 
demandèrent  que  Bagge,  qu'ils  regar- 
daient comme  la  principale  cause  de 
la  guerre,  leur  fût  livré. — «Oui,  ré- 
pondirent   les     commissaires   de  la 
Suède,  à  condition  que  tous  ceux  d'en- 
tre vous    qui  ont  pille    et  ravagé  la 
Finlande  seront  mis  a  mort  aupara- 
vant. 33  Les  Russes  n'insistèrent  pas  , 
et  la  paix  fut   signée  pour  4o  ans. 
Dans    cette  occasion    la   Suède  dut 
beaucoup  a  la  valeur  de  Baggej  elle 
ne   dut  pas    moins    aux   soins    qu'il 
donna  à  la  marine.  A  l'époque  delà 


BAG 


53 


niorl  (le  (iiislavel"^,la  Ooltese  trouva 
dans  un  tel  étal  qu'Eric  XIV  était 
maître  de  la  Hailique.  La  ville  de 
lle\("l  ayant  iiii|)l()rédu  secours  con- 
trôles villes  anséali([ucs  qui  voulaient 
détruire  son  commerce,  ce  fut  encore 
l'amiral  Bagge  que  le  roi  chargea  de 
soumettre  celte  ligue  ,  et  ce  fut  pour 
lui  une  opération  aussi  prompte  que 
facile  j  mais  une  carrière  plus  bril- 
lante encore  vint  s'ouvrir  devant  lui. 
La  Pologne,  jalouse  des  possessions 
qu'Eric  XIV  avait  dans  l'Estonie  , 
excita  facilement  contre  ce  prince  le 
Danemark  et  quelques  états  alle- 
mands qui  ne  voyaient  pas  non  plus 
sans  peine  les  accroissements  de  la 
puissance  suédoise.  Le  roi  de  Dane- 
mark fit  arrêter  en  pleine  paix , 
dans  sa  capitale,  un  ambassadeur 
suédois  qui  se  rendait  auprès  de  l'é- 
lecteur de  Hesse,  et  devait  ramener 
la  fille  de  ce  prince  au  roi  Eric  5 
et  il  ne  fut  pas  permis  à  la  princesse 
de  passer  par  le  Danemark.  Gus- 
tave irrité  mit  aussitôt  en  mer  une 
flotte  nombreuse  ;  et  il  en  donna  le 
commandement  à  Bagge  qui  la  con- 
duisit a  l'ennemi.  Les  deux  escadres 
se  rencontrèrent  près  de  Barnholra  , 
et  les  Suédois  furent  vainqueurs  dans 
un  combat  opiniâtre  qui  dura  cinq 
heures.  Ils  prirent  trois  vaisseaux  de 
lio:ne  et  l'amiral  danois  Brockenhau- 
sen,  ainsi  que  plusieurs  officiers  de 
marque, entre  autresle  général  en  chef 
Otto  Krumpen.  Après  cette  victoire 
importante  Bagge  continua  sa  cour- 
se vers  la  côte  allemande  ,  fier  de 
ses  succès  cl  digne  par  ses  exploits 
d'escorter  l'épouse  de  son  roi.  Mais 
la  princesse ,  ayant  changé  d  avis  , 
ne  voulut  plus  de  la  couronne  de 
Suède.  Bagge  retourna  alors  a  Stock- 
holm où  Eric  XIV  ,  s'il  ne  fut  pas 
satisfait  comme  amant ,  le  fut  au 
moins  comm§  roi,  en  voyant  sa  flotte 


54 


BAG 


vïçlorieuse.  Pour  honorer  son  ami- 
ral, il  voulut  que  .Bagge  cnlràt  en 
triomphe  a  Stockholm.  Le  héros, 
décoré  d'une  chaîne  d'or,  fit  son  en- 
trée à  la  tète  d'un  hrillant  cortège. 
Après  lui  venaient,  tristes  et  abattus, 
l'amiral  danois  et  les  autres  prison- 
niers au  nombre  de  six  cents,  la  tète 
nue  et  des  bâtons  blancs  dans  les 
inams  j  ils  élaient  suivis  du  bouflbn 
de  la  cour,  qui  les  raillait  et  jouait 
du  violon.  Dépareilles  insultes  ne 
pouvaient  qu'aigrir  les  esprits.  La 
guerre  recommença  avec  plus  d'opi- 
niâtreté. Bagge  fut  bientôt  prêt  a  la 
tête  de  sa  flotte,  mais  cette  flotte  ne 
comptait  plus  que  dix-huit  vaisseaux. 
Celle  du  Danemark  au  contraire, 
jointe  a  celle  de  Liibeck,  en  comp- 
tait trente-trois.  Aprèsune  descente  à 
Gotland  ,  qui  alors  appartenait  au 
Danemark ,  Bagge  mit  a  la  voile  et 
rencontra  l'ejmemi  près  d'Oeland,  où 
fut  livré  un  combatqui  dura  tout  un 
jour,  sans  que  la  victoire  fût  décidée. 
La  flotte  danoise  se  relira  dans  le 
Sund  et  l'amiral  suédois  revint  à 
iîlockhohu  pour  y  passer  l'hiver.  Le 
roi,  qui  s'était  attendu  a  des  succès 
plus  décisifs,  fut  si  méconlenl  dure- 
lour  de  sou  amiral,  ([u'il  envoya  au 
devant  de  lui  un  message  pour  lui 
porter  ses  reproches  et  lui  défenilre 
d'entrer  dans  le  port.  Celte  injustice 
du  monarque,  qui  n'était  au  reste  que 
la  suite  d'un  mouvenjent  d'l)umeur, 
lut  promplenjent  réparée,  et  Bagge 
regagna  bientôt  la  confiance  de  son 
souverain  «pii  le  chargea  de  préparer 
une  nouvelle  expédition  pour  leprin- 
liiiips  suivant.  Celle  expédition  , 
conqjoséc  de  35  vaisseaux,  la  plus 
beUe  (jue  la  Suède  eût  jamais  eue, 
mil  a  la  voib-  Je  jour  de  la  Bentecôle 
i6()^.  Mais  après  une  navigation  de 
(j.ieLpies  jours  ,  clli"  fui  dispersée 
par    une    violente    Icmpèle  ;  et  (  Ile 


BAG 

n'avait  pas  encore  eu  le  temps  de 
se  réunir  tout  entière  ,  lorsque  la 
flotte  danoise  se  présenta  pour  la 
combattre.  Bagge  ne  craignit  pour- 
tant pas  de  l'attendre  ,  et  il  en  aurait 
peut-être  triomphé  si  la  plus  grande 
partie  de  ses  navires  ne  s'étaient 
pas  tenus  obstinément  loin  du  combat, 
malgré  ses  ordres  réitérés.  Trois  seu' 
lement  restèrent  avec  lui,  et  pendant 
deux  jours,  avec  ces  faibles  moyens,  il 
tint  tête  a  deux  escadres  ennemies  , 
il  mit  même  en  fuite  celle  de  Liibeck  j 
et  ce  ne  fut  que  le  troisième  jour , 
lorsque  le  vent  lui  devint  tout- 
à-fait  contraire,  qu'entouré  et  pres- 
sé par  de  nombreux  ennemis  ,  mais  se 
délendant  encore,  il  abandonna  son 
vaisseau  tout  enflammé  et  près  de  sau- 
ter. Conduit  prisonnier  en  Danemark, 
il  y  fut  réduit  pendant  plusieurs  an- 
nées "a  la  plus  cruelle  captivité  j  et 
après  iio  ans  de  brillants  services , 
il  mourut  ainsi  dans  les  fers,  sans  que 
ses  enfants  aient  jamais  pu  ni  le  voir, 
ni  mêmesavoir  h  quelle  époque  il  avait 
cessé  de  vivre.  B — l — m. 

BAGGESEi\(JENs  c.a-d.EMMA- 
nuel), poète  danois,  né  a  Korsoer,le 
I  5fév.  I  764,  lit  ses  éludes  a  l'univer- 
sité de  Copenhague,  et  montra    dès 
sa  jeunesse  un  esprit  original  et  une 
grande  chaleur  d'àme,  justifiant  ainsi 
le  jugement  de  \\  ieland  ipii  le  (|ua- 
\i(ia\[  (\'tu/naOic'euthousitistc',d'(ime 
candidr  et  domince  fuir  un  amour 
jK)cli<iue  du  grand  et  du  ht' au,  tjui 
ai/ait  jus(/u'à  la  fureur.  11  plut,au- 
laiil  j)arses  entretiens  auiuïés  que  par 
ses  poésies,  ii  plusieurs  grands  per- 
{lonnages,    dont   ramilié  protectrice 
lui  fui  utile  toute  sa  vie.  11  n'était 
encore   connu    (pie    par    des   contes 
plaisants  et  par  tpiehpies  odes,  lors- 
qii  111  i  789  le  couile  Adam  de  Moll- 
ke,  uw  (le  ses  prolecleurs,  remmena 
dans  nu  voyage  eni>uisse  et  en  France. 


Son  esprit  fui   vivciiuMil   frappe  de.'? 
cli.'itU',cnuMils  jioliliipKvs  ipii  a;',ilalciil 
Paris  j  il  vil  dans  ctllc  \ilii'  plilsioiirs 
lioiuiiu's  maripianls  5  ct'pciulanl  Ncc- 
kcr  lui  parut  si  vaiu  cpiil  ne  voulut 
pas  le  connaître  personnellcinciit,  ce 
(jui  ne  ronipi'clia  pas  dans  la  suilc  d'a- 
voir   beaucoup    d'allachenicul    pour 
M"""  de  Slacl.  Eu  revenant  par  l'Al- 
Icmaj^ue  dans   sa  patrie  ,  eu   1790, 
il  se  lia  avec  Wicland  aWtiinar,  avec 
le  philosophe  Rcinhold  aloua,  Klops- 
tock   k    llaïuhourg  et  Voss  a  Euliu. 
Wicland  et  Klopstock  devinrent  ses 
modèles,  et  ou  retrouve,  dans  les  poé- 
sies allemandes  qu'il  composa  daus  la 
suite,  des  traces  de  l'impressiou  que 
CCS  grands  poètes  avaient   faite  sur 
son  esprit.  Il  avait  épousé,  h  Berne, 
la   petite -fille  du   célèbre   Haller. 
De  retour  a  Copenhague ,  il  se  pas- 
sionna pour  la  philosophie  de  Rant, 
qu'il    appelle    dans   ses    lettres    le 
plus    grand    sage    qui  ait  paru   au 
monde  depuis  Jésus-Christ.  Il  entre- 
tint une  correspondance  très-animée 
avec  Reinhold  qu'il  regardait  comme 
le    premier    des    philosophes   après 
Kant.  Dans  la  suite  Reinliold  ayant 
modifié  ses  idées  ,   Baggesen  s'atta- 
cha  davantage  a   Jacobi.   Les  évé- 
nements de   la   révolution   française 
firent    di\ersion    a    son    élude    ar- 
dente de  la  philosophie  allemande. 
La  mort  de  Mirabeau  fit  pleurer  cet 
enthousiaste,  mais  celle  de  Louis  XVI 
lui  causa  une  hémorrhagie.  Cependant 
il  avouait  être  républicain  par  prin- 
cipes, ou  plutôt  cosmopolite,  et  il  se 
réjouissait  vivement  des  premiers  suc- 
cès de  la  république  française  ,   il  ne 
pouvait    même    haïr   Robespierre  , 
comme  il  le  dit  dans  sa   correspon- 
dance. Peu    conlcjit    de   sa  position 
isolée   en  Danemark,  et  peu  propre 
a  des  travaux  assidus  el  réguliers,  il 
profila  des  secours  fournis  par  le  prin- 


)^A0 


55 


ce  de  Ilol.slciii-Auguslcnbourg  el  par 
le  minisire   Scliimmclman,    pour  en-- 
Ireprendre  de  nouveaux  voyages, a  près 
avoir    employé  sa  faveur  auprès  de 
ses   prolecteurs     pour   améliorer   le 
triste  sort  de    Schiller,  qu'il  aurait 
voulu  attirer  en  Danemark.  Ce   fut 
lui  aussi  (pii  fit  donner  a  ileinhold  la 
chaire  de  philosophie  a  l'universilé 
de   Kiel.  Il  conduisit  sa  femme  dans 
le  sein  de  sa  famille  a  Berne  ,   et   fit 
de  la  des  excursions   en   Autriche  et 
dans  la  haute  Italie,  cherchant  par- 
tout les  hommes  célèbres,  et  les  éton- 
nant par  son  imagination  féconde   et 
par    sa  conversation  originale.    Son 
irrand  désir  était  de  revoir  la  France: 
aussi,  après  avoir  conduit  sa  temme 
dans  la  famille  Wieland  à  Wcimar, 
il  revint  à  Paris,  et  y  fil  de  nouvelles 
connaissances.  Siey es raccueillitbien, 
Carat  promit  de  travailler  avec  lui 
a  propager   en  France  la  philoso- 
phie de  Kant.  Lalande  lui  ayant  dit  : 
ce  La  lumière  nous   vient  du  nord,  » 
Baggcsenlui  répondit  :  «  Oui,  mais  la 
chaleur  nous  vient  du  midi.'». Le  len- 
demain du  supplice  de  Fouqui'er-Taiii-' 
ville  et  de  quinze  autres  individus,  il- 
écrivii  :  «  J'ai  vu  expirer  hier  seize 
individus   en  seize  minutes  5   j'ai  en- 
tendu les  applaudissemerils  des  spec- 
tateurs  et  des  spectatrices  ;  je  res- 
pecle  encore  rhumanité ,    el    j'aime 
mes  amis,   mais  je  déteste   mainte- 
nant les  hommes,  je  les  méprise  en 
masse  comme  des  insensés  ;  la  plus 
afl'reuse  de  leurs  sottises  est  la  peine 
de  raorl.  «   En  1796   il  revint  dans 
sa  patrie,  oi!i  ses  amis  lui  procurèrent 
enfin  une  chaire  a  l'université  5   mais 
Baggesen,  a  qui  une  vie    sédentaire 
convenait  peu,  se  remit  eîi  route  dès 
l'année  suivante,    pour   accompagner 
sa  femme  dont  la  santé  affaiblie  avait 
besoin  d'un   climat  plus  doux.  Elle 
mourut  a  Riel,  lui  laissant  deux  en- 


56  BAG  BAG 

fants  en  bas  âge.  Baggesen,  accablé  caché  comme  dans  un  caillou  *  pour 
de  cbagrin,  les  conduisit  en  Suisse,  et  l'en  tirer,  il  faut  de  grands  coups  du 
cbercba  des  distractions  dans  les  inallieur  ou  le  contact  avec  des  esprits 
voyages  et  dans  les  éludes  philoso-  supérieurs.»  Ce  fut  pendant  sou  sé- 
pbiques  ;  il  se  lia  avec  Jacobi,  et  jour  en  France,  prolongé  jusqu'en 
entretint  une  correspondance  active  1810,  qu'il  composa  ses  principales 
avec  ce  pbilosopbe.Ilsereudit  aParis  poésies  allemandes.  Obligé  enfin, 
en  1798,  et  y  revint  encore  l'année  par  l'épuisement  de  ses  ressources,  a 
suivante,  après  être  retourné  a  Co-  chercber  une  place,  il  se  fit  nommer 
peribague.  Il  y  épousa  alors  Fanny  professeur  de  littérature  danoise  a 
Reibaz,  fille  d'un  pasteur  suisse.  Il  l'université  de  Kiel.  Il  occupa  cette 
la  conduisit  en  Danemark  ;  mais  cbaire  pendant  peu  d'années,  ne  pou- 
voyant  qu'elle  ne  s'habituait  pas  au  vaut  s  astreindre  davantage  a  une 
climat  de  ce  pays,  et  vivant  dans  la  vie  régulière  et  monotone.  Les  vie- 
gêne,  quoiqu'il  fût  attaché  a  l'univer-  toires  de  Bonaparte  lui  avaient  inspi- 
sité  et  qu'il  travaillât  pour  le  théâtre,  ré  le  projet  d'un  poème  épique  dont 
il  la  ramena  k  Paris.  Ses  ressources  il  attendait  une  gloire  immorlelle. 
étaient  toujours  précaires.  Pendant  Quand  son  héros  se  fut  fait  empereur, 
un  de  ses  voyages  dans  la  capitale  de  l'ardeur  du  poète  dispaïut,  et  le  pro- 
la  France,  il  ne  put  remplir  ses  en-  jet  fut  abandonné.  Après  avoir  donné 
gagemenls  pécuniaires,  et  fut  empri-  sa  démission  en  1  8 1 4,  il  revint  a  Co- 
sonné  par  ses  créanciers  à  Ste-Péla-  penhague,  et  y  reçut  les  témoigua- 
gie.  Baggesen  était  insouciant  ,  ges  d'estime  dus  k  Tundcs  plus  grands 
et  surtout  paresseux.  II  en  fait  l'a-  poètes  de  sa  nation.  Les  honneurs 
vcudans  une  de  ses  lelfres.  «  Je  suis,  dont  il  fut  comblé  ne  furent  pour- 
dit-il,  l'être  le  plus  inerte,  le  plus  tant  pas  sans  mélange  d'amertume, 
lent,  le  plus  ennemi  du  travail  qui  Son  goût  formé  au  style  classique 
existe*  je  ne  connais  pas  de  plus  de  l'ancienne  école  allemande  re- 
graud  tourment  que  le  travail  physi-  poussa  le  romantique  de  son  coni- 
que, ni  de  plus  grand  plaisir  (jue  le  patriote  et  ami  OFJilenschla'ger  j 
repos  maléricl.  Jamais  le  corps  et  il  se  permit  des  epigrammes  qui  , 
râine  ne  sont  d'accord  chez  moi,  étant  bien  accueillies  par  une  partie 
d'où  résulte  le  ménage  le  plus  dé-  du  public,  lui  attirèrent  le  \it  ros- 
plorable.  Mon  esprit  est  fait  pour  sentiment  de  la  jeunesse  enthousiaste 
veiller  sans  cesse,  et  mon  corps  du  romantisme  de  «oti  rival.  Le  pu- 
pour  se  livrer  k  un  sommeil  conti  blic  se  divisa  en  dvux  camps,  et  te 
nuel.  J'achève  plus  tôt  une  Iliade  ne  fut  pas  celui  de  Baggesen  (jui  re- 
dans la  pensée  ,  que  je  n'arrive  a  cueillit  les  honneurs  de  la  victoire, 
mettre  un  quatrain  .sur  le  papier.  11  Sa  santé  déclina  .sensiblement  j  il  prit 
n'y  a  i\yir.  la  faim  ou  les  coups  de  bà-  les  eaux  de  Carlsbad,  mais  sans  suc- 
lo)),  ou  de  haut^  intérêts  accompagnés  ces,  el  en  retournant  dans  sa  jiatrie 
d'un  devoir  rigide  (pii  puissent  me  il  mourut  K  Ilaiidiourg,  le  5  octobre 
faire  prendre  la  plume.  N'oublloni  1  8i;6.  Ses  lils,  dont  l'nn  est  pasteur 
pas  l'amour  cpii  ma  souvent  engagé  en  Suisse,  el  1  autre  ollicier  au  service 
aussikécrirc.  »  il  dit  ailleurs  :  (tllcsl  du  Danemark,  ont  entrepris  la  |)u- 
en  moi,  ainsi  (|ue  dans  tous  les  hom-  blicalion  de  celles  de  ses  anivres  ipi'il 
mes,  un  peu  de  |Vu  divin,  mais  il  ejt  a  écrilt'S  en  danois.  Il  avait  coniribuc 


HAG                   *  BAG                    57 

h  fonder  on  1796  la  socirti?  de  lillé-  p;n(Mir,  ri  ce  n'csl  pas  dans  cet  essai  (jiih 
ralure  Scandinave,  el  en  avait  été  le  Haggesen  a  révélé  loulsongénic.VllI. 
premier  secrélaire.  Le  lliéàlre  de  TLtidrhlinucn,  fleurs  des  brnyères, 
(iOpeidia'i^ne  a  été  pendant  (jnehjne  Anislerd;ini,  1808,  2  vol.;  recueil 
iemps  sous  sa  direclion.  Voici  les  de  nouvelles  poésies,  dout  quelcpics- 
princiiKiux  de  ses  écrits:  I.  Contes  unes  sont  pales  comme  hvs  fleurs  dont 
pltiisantSy  en  vers,  Copenhague,  elles  portent  le  titre.  Lu  petit  noni- 
1783,  in-8",  dans  le  genre  des  contes  bre  de  ces  pièces  respire  une  douce 
de  Wielandj  augmentés  et  publiés  mélancolie.  Dans  V Almcvincli  pour 
de  nouveau  K  Copenhague  en  1807,  les  amants,  1810,  se  trouvent  les 
sous  le  titre  à' Aventures  et  contes  poésies  cpi'il  composa  plus  lard.  IX. 
plaisants,  2  vol.  iu-8°.  II.  Ouvra-  Adam  et  Eve,  poème  épique  et 
ges  de  ma  y e/^/K'.s.$(?,  Copenhague,  A?mzomY/^?/6'^ Leipzig,  1826,10-8", 
1791,  2  vol.  in-8".  C'est  le  recueil  pub«'ié  après  sa  mort.  C'est  en  partie 
de  ses  poésies  détachées.  On  y  trouve  un  travestissement  du  poème  de  Mil- 
les meilleures  pièces  que  Baggcsen  ton,  et  en  partie  une  lutte  contre  le 
ait  composées  dans  le  genregracieux  5  poète  anglais,  Baggesen  v  passe  du 
quelques-unes  sont  devenues  popu-  sérieux  au  plaisant,  de  Tépopée  à 
laires  dans  le  nord.  Sun  ode  Halle-  la  satire.  Ces  brusques  transitions 
luia  a  été  mise  en  musique  par  étaient  dans  sou  caractère.  Aussi  les 
Kruse.  III.  Le  Labyrinthe,  ou  Ex-  critiques  allemands  ont-ils  remarqué 
cursions  d' un  poète  en  Europe,  ih .  j  qu'aucun  ouvrage  poétique  de  Pagge- 
1792-95,  4  vol.  in- 8**.  IV.  Nou-  sen  ne  fait  connaître  son  humeur  bi- 
veaux  mélanges  de  poésies,  ibid.^  zarre  comme  celui-ci ,  qui  du  reste  a 
1807.  V.  Epitres  poétiques,  ibid.,  scandalisé  les  ànies  pieuses  par  le  ton 
1807,  in-8'\  Ce  furent  les  premiers  léger  avec  lequel  il  traite  les  tradi- 
modèles  de  ce  genre  de  poésie  dans  tions  bibliques.  Il  a  laissé  en  raa- 
la  littérature  danoise.  Ces  ouvrages  nuscritun  autre  poème  de  ce  genre, 
sont  en  danois.  Les  suivants  ont  été  Faust,  dans  lequel,  dit-on,  les  allu- 
composés  et  publiés  en  allemand.  VI.  sions  satirl(|ues  sont  encore  plus 
Poe.s/6'5;, Hambourg,  1  8o3.Parmiles  nombreuses,  et  surtout  plus  person- 
picces  de  ce  recueil  on  distingue  Ko-  nelles.  X.  Briefwechsel,  correspon- 
sette,  imitée  en  irançais  par  Vandcr-  dance  avec  Ileinhold  et  Jacobi ,  pu- 
bourg,  Ronde  d'adieuXj  qui  eut  une  bliéepar  ses  deux  fils,  Leipzig,  i83i, 
grande  vogue,  les  Années  de  l'en-  2  vol.  in-8°.  C'est  dans  ces  lettres  , 
fance,  Chanson  pour  le  Thé.  On  remplies  d'esprit,  de  verve,  de  ju- 
y  trouve  aussi  plusieurs  pièces  inspi-  gemenis  piquants  sur  les  événements 
rées  par  les  événements  politiques.  et  sur  les  personnes,  que  Baggesen  a 
y\\.PartJienaïs,ou  lei^oyage aux  montré  toute  l'inégalité  de  son  hu- 
Alpes.)  \às\\t  épique  ,  Hambourg  et  meur.  Wieland  lui  écrit:  «Vous 
IMayeuce,  i  806,  Amsterdam,  1807,  avez  une  imagination  colossale  ;  vos 
Hambourg,  181  i,  Leipzig,  1812,  lettres  ressemblent  a  des  explosions 
dernière  édition,  1819;  traduite  en  du  Vésuve  dans  une  sombre  nuit 
français  par  M.Fauriel,  Paris,  181  0,  d'été.  »  Il  y  en  a  qui  sont  écrites  en 
in-i  2.  Cepoèmeaélé  beancoupvanté;  effet  avec  une  chaleur  brûlante  5  ses 
il  y  a  des  tableaux  diarmants  de  la  amitiés  deviennent  des  adorations,  ses 
Suisse,  mais  reuserable  est  sans  vi-  inquiétudes  ,  ses  chagrins  sont  paiuts 


5S 


BAG 


clans  le  Ion  sombre  du  désespoir  j  ou 
bien  sa  gaîlé  devient  extravagante. 
Sous  le  rapport  du  genre  épistolaire, 
ce  recueil  est  unique,  du  moins  dans 
la  littérature  allemande.  Parmi  les 
ouvrages  moins  importants  de  ce 
poète,  nous  citerons  les  pièces  qu'il 
lit  pour  le  théâtre,  enire  autres  l'o- 
péra d'O^eVo/z,  endanois,  Copenha- 
gue, I  790,  et  la  Harpe  enchantée^ 
opéra  mis  en  musique  par  Kuhlan.  Une 
notice  de  ses  ouvrages  a  été  insérée 
dans  la  Décade  philosophique^  n° 
35  (i8o4.)5  on  y  a  joint  la  traduc- 
tion française  de  deux  morceaux  de 
ses  poésies  diverses  :  un  Hyrrme  à 
Dieii^  et  les  Jours  de  VEnfance. 
La  Gazette  littéraire  de  Dane- 
mark a  donné,  en  1826,  une  notice 
nécrologique  sur  lui.  Il  parut,  peu  de 
temps  après  sa  mort,  une  dissertation 
médicale  sur  son  autopsie  :  In  memo- 
riam  J.-J.  Baggesen,  édlt.  D. 
Fricke,  Hambourg,  1827,  dans  la- 
quelle le  docteur  s'étonne  d'avoir 
trouvé  le  cerveau  du  poète  dans  nu 
état  semblable  a  celui  d'un  aliéné  : 
Quis  non  simili tudinetn  Jiujus  cra- 
nii  cuni  insani  videt?  ISonne  hœc 
sunt  abnormitates  quœ  in  insunis 
reperiuntur?  D — G. 

lîAr.r.OAVOTII  ,  général 
russe,  comninndall  une  avant-garde 
Il  Preussicli-Ejlau  le  8  février  1807, 
et  fut  chargé  de  défendre  le  village 
de  Serpallcn  (|ui  couvrait  le  front  de 
rnrmée  russe.  Dansla  rcsi.slancc  (Ui'il 
opposa  sur  ce  point  aux  efforts  de 
Parinée  française,  il  lit  d'abord  (luel- 
(pies  cenlalnis  de  prisonniers  cl  .s'em- 
para de  plusieurs  aigles;  mais  cnlln, 
ne  jiouvant  plus  résister  au  lor- 
renl  des  forces  qui  arrivaient  sur 
lui  de  tontes  parts,  il  prit  le  par- 
ti de  nul  Ire  le  feu  an  vlllige,  d 
rejoignit  \\  lra\ers  mille  périls  le 
corps  du  général  K.uncnskoy,  au((uel 


BAG 

il  appartenait.  Baggowotb,  toujours 
placé  aux  postes  les  plus  périlleux  , 
ne  se  distingua  pas  moins  aux  ba- 
tailles de  Heilsberg  et  de  Friedland. 
Il  reparut  ensuite  dans  la  mémora- 
ble campagne  de  1 812,  et,  devenu 
lieutenant  -  général  ,  il  commanda 
l'aile  droite  a  la  terrible  bataille  de 
Borodino.  Onsalt  que  celte  ailedroile 
appuyée  a  la  Moskowa  occupait  le 
point  le  plus  redoutable  de  la  posi- 
tion des  Russes,  etqueiVapoléon,  qui 
l'avait  ainsi  jugé  au  premier  coup 
d'œil  ,  ne  fit  devant  elle  que  de 
simples  démonstrations.  Baggowolh 
eut  donc  peu  de  peine  à  résister; 
mais  lorsque  l'aile  gauche  et  le  cen- 
tre furent  obligés  de  céder  à  l'impé- 
tuosité française,  il  se  hâta  de  mar- 
cher à  leur  secours  ,  et  sa  présence 
contribua  beaucoup  h  réiablir  les  af- 
faires sur  ce  point.  Selon  sa  cou- 
tume il  forma  ensuite  l'arrièrc-garde 
dans  la  retraite,  et  soutint  avec  beau- 
coup de  fermeté  les  efforts  des  Fran- 
çais. Sa  division  ayant  été  chargée 
de  la  principale  attaque  contre  le 
corps  de  Mural  a  Taroulino,  il  y  fut 
tué  d'un  boulel  de  canon,  le  7  oct. 
1812,  dès  le  commencomenl  de  la 
bataille.  M — d  j. 

BAliîEll  (Jacques),  chlrur- 
iilen  dlsllnjrné  du  siècle  dernier  , 
membrcî  de  l'académie  de  chirurgie  , 
s'est  fait  connaître  par  d'inléressau- 
tes  et  utiles  recherches  sur  les  am- 
pulatlons,  et  par  le  soin  (pi'il  a  mis 
h  restreindre  le  nond)re  des  circou- 
slances  dans  lesquelles  ou  doit  re- 
courir a  ces  graves  opérations.  Oa 
a  de  lui  aussi  Av!<>  observations  cu- 
rieuses sur  les  corps  étrangers,  ex- 
traits des  diverses  [urlles  du  corps 
dans  les(|ueU  ils  avaient  élc  inlro- 
«luits.  Ses  écrits,  pour  la  plupart  crl- 
li(pu\s,  oui  pour  litre:  l.  Lettre  nu 
i>ujct  de  quelques  remarques  in- 


BAG 

scrècs  dans  Vrdidon  tla  Diom's 
par  Lafayc^   Paris,  i75o,   m- 12. 
II.  Deux  lettres^   Vuiii^  sur  plu- 
sieurs chapitres   du  traité  de    lu 
p;nn^rène    de    Quesnay  ,    Vautre 
sur  le  traité  des  i>laii'S   d'armes 
à  feu  de  Desponts,    Paris,  lySo, 
iii-i2.   m.    Nouvelle    lettre    sur 
plusieurs  chapitres  du  traité  de  la 
gangrène,  Paris,  1  7  5  i ,  in- 1 2 .  IV. 
Kxatneu  de  ])lusieurs  parties   de 
la  chirurgiCj  ira/très  lesj'aits  qui 
peuvent  y  avoir  rapport^   Paris, 
toni.  r"'^,i7565  tom.  II,  1757,111-1 2. 
Ou  trouve   aussi  de  Bagieu,    parmi 
les  mémoires  de  Tacadémie  de  chi- 
rurgie (lom.II,  p.  274.),    un    tra- 
vail fort  remarquable   sur  la   ques- 
lion  de  savoir  s'il   est  plus  avanta- 
geux d'attendre  que  la  nature  sépare 
la  portion  devenue  saillante  de  Tos, 
ou  de  la  séparer  par  une  seconde  am- 
putation. L'auteur,    s'appuyant    de 
l'autoi  ité  du  célèbre  Louis,  veut  qu'on 
ne  diffère  point  en  pareil  cas  d'opé- 
rer une  seconde  fois,  et  cette  opinion 
a  été  renouvelée,  il  y  a  une   ving- 
taine d'années,  dans  une  thèse  soutenue 
devant  la  faculté  de  Paris.      J-d-n. 
BAGXOLO  (Jean -François- 
Joseph,  comte),  docteur  en  droit  et 
mathématicien,  né  a  Turin  en  1709, 
a  laissé  de.s  dissertations  sulla  gente 
Curzia  e  delV  eta  di  Q.    Curzio 
/'ii/o/vco,  Bologne,    17^1,   iu-8°  j 
sur  1  Ortatore,  emploi  delà  marine  j 
une  lettre  suW  aurora  boréale.  Son 
principal  ouvrage  qui  est  très-estime 
en  Italie  est  l'explication  des  Tables 
de   Gubbio,  Venise  1748.  Dans  la 
première  partie  de  ses  recherches,  il 
donne  le  système  général  qu'il  a  suivi 
pour  l'interprétation  de  ces  tablesj  il 
expose  ensuite  comment  elles  ont  été 
retrouvées,  et  il  juge  les  auteurs  qui 
ont  traité  de  ces  matières;  il  démon- 
tre eu  quelle  langue  elles  ont  été  écri- 


IJAG 


^9 


tes;  il   ti'élend   parliculièrement  sur 
tout  ce  (jui  (  onccrne  ces  monuments 
de  la  théologie    païenne  dont  il  de- 
voile  les  priiuij)cs.  La  première  partie 
de  l'ouvrage  est  terminée  par  une  ver- 
sion littérale  de  trois  de  ces  tables  (jui 
contiennent  l'icouologie  des   anciens 
éclciircie   par  des  notes  savantes.  Le 
comle  Bagnolo  a  écrit  surlalanguc 
italienne  5  il  a  fourni  plusieurs   mots 
nouveaux  au  Vocabulaire  imprimé   a 
Venise  en  174-5.  On  trouve  aussi  de 
lui,  dans  la  collection  Caloi^erana, 
un  traité  sur  le  quarré  des  nombres. 
Ce  savant  est  mort  vers  1760.   A-d. 
BAGRATION     (le   prince 
Pierre),   l'un  des  généraux  russes 
les   plus    distingués  qui    aient  com- 
battu les  Français  dans  les  dernières 
guerres,   descendait  des  princes  de 
Géorgie  (1).  Né  en  1765,  il  entra  au 

(i)  La  famille  Bagration,  ou  des  Pagratides,  a 
donné  à  la  Géorgie  et  à  l'Arménie  une  longue 
suite  de  vois  (F.  David,  X,  5q6-5g7;  Démbtbios, 
XI,  45-46;  Georgb,  XVH,  i3R  et  suiv.;  As- 
CHOD,  LVI,  481).  Les  historiens  de  Géorgie 
font  remonter  la  fondation  de  ce  royaume 
au  temps  de  la  conquête  de  la  Perse  par 
Alexandre,  et  ils  divisent  les  souverains  qui 
ont  gouverné  cet  état  en  quatre  dynasties,  dont 
les  Pagratides  forment  Ja  dernière  ;  mais  ils  sont 
loio  de  s'accorder  sur  l'origine  de  celte  dynas- 
tie. Les  récili  qu'ils  eu  ont  faits,  dictes  par  la 
flatterie,  paraissent  n'avoir  d'autre  but  que  celui 
de  donner  le  relief  d'une  descendance  illustre 
à  la  maison  qui  dominait  de  leur  temi)s  leur  pa- 
trie. Nous  nous  contenterons  de  rapporter  en  peu 
demotscequidoit  être  considéré  comme  le  moins 
invraisemblable.  Les  annales  de  Géorgie  fixent 
l'origine  de  la  dynastie  des  Pagratides  à  l'an 
614  de  notre  cr«;  elles  lui  donnent  pour  souche 
un  Juif  nomme  Pancralius  ou  Bagrat,  qui  avait 
été  acheté  comme  esclave  par  une  princesse  géor- 
gienne nommée  Kachel.  Cette  princesse  fit  de 
Bagrat  son  amant,  puis  son  époux;  elle  était 
héritière  du  trône,  et  Bagrat,  pour  justifier  sa 
soudaine  élévation  ,  prétendit  descendre  de 
bavid  par  Cléophas,  oncle  de  Jésus-Christ  (Voy. 
le  Tableau  hist.  de  la  Géorgie,  par  l'arrhinian- 
drite  Eugenius  (en  rus^c)  ,  et  Muller,  Sammlung 
Itussic/terGesc/uc/u.,\n,  34,  et  suiv.).  Constantin 
J'orphyrogénète  (De  admiii.  imper.,  c.  45)  place 
l'élévation  de  ce  Juif  vers  la  fin  du  5*=  siècle  de 
notre  ère  (49o-5oo);  mais  celte  dernière  date  se- 
rait encore  trop  récente  s'il  était  vrai  que 
^loise  de  Chorène.dans  son  Histoire  de  l'Armé- 
nie, eût  fait  mention  de  Bagrat.  Quoi  qu'il  en 
»oit,  l'existence  et  la  fortune  extraordinaire  de 
ce  prrsoiiiinKC  nous  paraissent  un  fait  historique 
incontestable  i  tt  l'époque  précise  de  sou  cxis- 


6o  BAG  BA.G 

service  de  Russie  comme  simple  ser-  phe  à  la  romaine,  imaginé  par  Paul 
gent  le  21  février  1782,  lorsque  sa  1*',  mais  que  ce  capricieux  monarque 
patrie  fut  définitivement  soumise  par  changea  subitement  en  dMnjusIes  per- 
les armes  de  Calherme  II,  et,  dès  sccutions.  L'un  des  plus  grands  torts 
Tannée  suivanle,  il  commença  a  faire  du  généralissime,  auprèsduczar, était 
la  guerre  contre  quelques  peuplades  d'avoir  pris  constamment  pour  géné- 
du  Caucase  et  du  Cuban  ,  qui  fu-  ralde  jour  leprinceBagration,  tandis 
rent  bientôt  obligées  de  se  soumettre  qu'un  règlement  impérial  lui  pres- 
à  la  puissance  russe.  Devenu  colo-  crivait  de  donner  cet  emploi  lour-k- 
nel  en  1788,  Ragralion  se  trouvait  tour  a  tous  les  généraux.  A  l'avène- 
à  l'assaut  d'Otcbaskow  et  il  eut  ment  d'Alexan(Jre,  celui-ci  recouvra 
part  aux  événements  les  plus  impor-  toute  la  fnveur,  tous  les  avantages 
tants  de  cette  guerre.  Il  passa  k  dont  il  avait  joui  long-temps,  et  il  fut 
l'armée  de  Pologne  en  1794,  se  si-  chargéeni8o5decommanderl*avant- 
gnala  dans  beaucoup  de  rencontres  garde  de  l'armée  qui  était  envoyée  au 
par  sa  l^ravoure  et  son  activité  ,  no-  secours  des  Aulricbiens,  sous  les  or-  . 
tamraent  le  24  octobre  a  l'assaut  de  dres  de  Koulousofj  mais  les  revers 
Prague,  où  il  défit  un  corps  de  cava-  que  ceux-ci  éprouvèrent  en  Souabe 
lerie  ennemie,  et  le  poursuivit  jus-  compromirent  gravement  l'armée 
qu'a  la  Yistule.  Distingué  dès-lors  russe,  surtout  l'avant-gardc  de  Ba-  jl 
par  Souvarow,  qui  le  nommait  son  gration  qui,  dans  sa  retraite  sur  la 
bras  droit,  il  l'accompagna  dans  son  Moravie  ,  se  trouva  dépassée  de 
expédition  d'Italie  en  1799.  Le  1 0  plusieurs  jours  par  le  corps  de 
avril,  Bagration  se  rendit  maître  de  Murât,  lorsque  ce  général  eut  tra- 
Brescia,  où  il  s'empara  de  io  canons  versé  le  Danube  par  une  surprise  et 
et  fit  prisonniers  1800  hommes.  Cinq  un  mensonge.  Les  Busses  eurent  re- 
jours après  il  obtint  encore  un  succès  cours  à  des  moyens  a  peu  près  sem- 
importantcontrelegénéralScrrurier,  blables;  et,  par  de  vaines  paroles  de 
et  fut  blessé  d'une  balle  au  pied  droit,  paix  et  d'armistice  ,  ils  réussirent  K 
Le  lendemain  dans  la  plaine  de  Ma-  gagner  quelques  heures  qui  assurè- 
rcngo,  il  obligea  Moreau  a  se  retirer  rent  la  retraite  de  rarniée  principale; 
devant  lui.  Commandant  l'avant-  mais  pour  l'arrière-garde  que  con- 
garde  des  Ausiro-Busses  îi  la  ba-  duisait  Bagration,  tout  espoirscmblail 
taille  de  la  Trébia  ,  il  y  obtint  éga-  perdu.  Atteint,  prèsd'lloliabrun,  par 
lement  àcs  succès,  mais  plus  chère-  le  corps  de  Murât  et  celui  de  Soult , 
ment  achetés.  Il  déploya  encore  beau-  entouré  et  coupé  sur  tous  les  points, 
coup  de  valeur  et  d'activité dansl'état  il  résolut  de  s'ouvrir  un  passage  à 
de  Gènes,  puis  en  Suisse,  ()ù  il  ne  put  tout  prix,  mit  le  feu  au  village  pour 
cepcndantempècher  les  revers  et  lare-  couvrir  ses  lianes  et  refusa  brave- 
traite  du  général  Korschakow.  Blessé  ment  de  capituler  devant  une  armée 
d'un  coupde  mitr.iilleaucombaldelNa-  trois  fois  jilus  nombreuse  (pie  sa  di- 
false,  ilrctoiirna  bicnlùt  (Il  Russie, el  vision.  On  se  battit  corps  a  corps 
partagea  la  disgrâce  de  son  ami  Sou-  pendant  plusieurs  heures  il  la  lueur 
varovv  dont  il  devait  partager  le  triom-  dr  rincendie  ,  et  le  carnage  fut  af- 
freux.   Après  avoir  perdu    la  moitié 

Icn«;e  .««iiiihlr  devoir  l'trr  cln-rchrc  eittrr   1«  «tnn-  (!(•  jja   IrOUpC,   le    général      V\\^$V   \\\v[ 

inrnccmcnl   du  5'  ei  lu  fin  du    (>'  M.-de  de  notre  i  ,      „*.    ^,.I„„,.»     -.»    mir/'lnn»    îi 

htt.  F— LL.  1^'  r^'*l*î  ^"  coionuc,  cl  marcnani  a 


BA.Q 

ceux  (|ul  lui  barraient  le  clicmlii  ,  il 
K'urfail  crier  :  iSous  sar/inics  l-'riiit- 
çais;  iic  tirez  /xis  sur  /es    vôlrcs  ; 
il  nasse  avec  ce  slralaj!;cnie  el  va  re- 
joindre a  Wiscliau  le  gênerai  en  clni 
éloiiné,  el  (jni  le  croyail  sacriiié  ponr 
le  sahil  deson  armée.  «  Celle  aflaire, 
«   dit    riiislorien   Dumas  ,  fit  heaii- 
«    coup    d  honneur    a  lîagralion.    Il 
«   se  dévoua  pour  le  saluL  des  siens  , 
a  garda  sa  position,  soulinl  en  plaine, 
a   avec  six  a  sept  mille  hommes,  l'ef- 
«  fort  de  vingl-cin(j  mille  ;  et,  cédant 
a   eufiu  un  champ  debatailleglorieu- 
a  sçraenl  défcndupendant  six  heures, 
tt-  il    se    relira  et  rejoignit   l'armée 
«   avec  lercsle  de  ses  braves  soldats. 
a   Trois  mille  étaient  lombes  encom- 
«   battant  ou    avaient  été    faits  pri- 
«   sonuiers...  »  Pour  récompense  de 
ce  beau  fait  d'armes  ,    il  fut  nommé 
lieutenant-général,    et    il   alla  com- 
battre    en     cette  qualité  à  Auster- 
litz  ,     où  il    se  distingua  encore  en 
commandant   l'arrière-garde  dans  la 
retraite.  Lorsque    la  guerre   recom- 
mença ,   après  la  défaite  des  Prus- 
siens en  1806,  Bagralion  eut  denou- 
■    veau  dans   l'armée  russe  le  poste  le 
plus  périlleux  ,    et  il  ne  déploya  pas 
moins  de  courage  aux  sanglantes  ba- 
tailles   d'Eylau  ,    d'Heilsberg  et  de 
'    Friedland.  Ce   fut  lui  qui,  couvrant 
la   retraite  de  l'armée   russe  le  20 
juin  1807,  entra  eu  pourparler  avec 
Murât  pour  une  suspension  d'armes 
que  la  paix  de  ïilsitt   suivit  bientôt. 
Mais,  destiné  a  ne  prendre  aucun  re- 
pos tant    que  l'on  combattait  encore 
de  quebjue  coté ,  l'infatigable  Mos- 
covite   fut   presque   aussitôt   envoyé 
contre  les  Suédois.  Le  9  février  1808 
il    entra    dans  la  Finlande ,  occupa 
tout  le  pays  sur  le  golfe  Bothnique, 
chassa    le  général  Doebeln   des  îles 
d'Aland,  battit  encore  Klingsporre  , 
Lowenhieiu  ,  les  poursuivit  jusqu'à 


BAO 


Cl 


Kirka-Outfebu,  el  fit  son  entrée  dans 
Ai)()  le  1  0  mars  de  celle  année.  Tous 
ces  exploits  lui  a\  aient  fait  une  grande 
réputation.  11  en  lut  récom|)eiisc  par 
le  don  d'une  belle  Icrrede  cincj  mille 
roubles  de  revenu,    et  peu  de  temps 
après  il  fut  mis  a  la  lèle  de  Tarmée 
de   Moldavie  ,    dans   le   mois  d'août 
1809,  après  la  mort  du  prince  Pro- 
sorowski.  11  y  obtint  d'abord  (piel- 
((ues  succès,  el  s'empara  de  la  forte- 
resse d'Hirsovaj  mais  il  éprouva  bien- 
tôt un  échec  a  Tartaril/a ,    près  de 
Silistria.  Selon  leur  usage,  les  histo- 
riens russes  ont  h  peine  fait  mention 
de  ce  revers  ;   mais  il  pa"raît  qu'il  fut 
considérable,  et  que  tout  le  tort  eu 
fut  attribué  a  Bagralion  ,   puisqu'on 
le  remplaça  aussitôt  par  Kamcnskoi, 
Cependant  deux  ans  s'étaient  a  peine 
écoulés  lorsque   l'empereur  Alexan- 
dre ,   au    moment  de   l'invasion  des 
Français  ,  lui  confia  de   nouveau  un 
des  postes  les  plus  importants  ;  ce  fut 
le  commandement  de  la  seconde  ar- 
mée  de    l'Est,    ou   plutôt  de   l'aile 
gauche    de  la    ligne  immense  qui  se 
prolongeait   des  rives   de  la  Baltique 
jusqu'à  la  Gallicie.  Cette    ligne   était 
sans  doute   trop  étendue,  et  Napo- 
léon   eut   dès   le    commencement  la 
pensée  de  la  rompre  pour  combattre 
séparément  tous  les  corps  qui  la  com- 
posaient. S'il  ne  réussit  point  dans 
ce  projet  ,  c'est  moins  k  l'incapacité 
de  son   frère  Jérôme   et  à  une  faute 
de  Davoust  qu'on   doit   l'attribuer, 
qu'a  la  valeur  el  k  l'habileté  de  Ba- 
gralion. Mais  ce  n'est  pas  ainsi  que 
Napoléon   expliquait    celte   affaire  : 
comme   l'a   dit  M.    de  Ségnr,   il  a 
mieux    aimé    censurer  les  siens  que 
de  louer  un  général  ennemi  (  Poy. 
Davoust,  au  Supp.).  Ce  qu'il  y  a  de 
sûr  cependant  ,  c'est  que  Bagralion  , 
après    des    marches    et   contre-mar- 
ches aussi  pénibles  que  périlleuses,  au 


62  BAG  "     BAÎ 

milieu  de  trois  armées  ennemies,  dont  le  plus  périlleux.  Son  courage  et  sa 
chacune  était  plus  forte  que  la  sienne;  présence  d'esprit  ne  se  démentirent  ja- 
après  leur  avoir  tenu  tête  dans  plu-  mais.  Saretraile  de  Moravie  en  i8o5 
sieursoccasionsjaprès  avoir  exterminé  et  celle  de  Wolhinie  en  1812,  sufE- 
un  corps  de  six  mille  Polonais  qui  raient  pour  illustrer  une  des  plus  bel- 
le pressait  de  trop  près,  alla  se  réu-  les  carrières  militaires.  M — n  j. 
nir  a  la  grande  armée  de  Barclay  de  BAIARDI  ou  BAIARDO 
Tolly,  derrière  le  Dnieper,  lorsque  (  Octave-Antoine  ),  antiquaire  ita- 
toutlemondelecroyaitperdusansres-  lien ,  était  né  vers  1690  a  Parme, 
sources  jet  qu'il  arriva  précisément  au  d'une  famille  noble  ,  et  prétendait 
moment  où  allait  se  livrer  la  bataille  descendre  du  chevalier  Bayard.  Ayant 
de  Sraolensk  ,  à  laquelle  il  prit  une  embrassé  l'état  ecclésiastique,  il  vint 
part  très-honorable.  Il  combattit  en-  a  Rome,  oii  sanaissanceet  ses  talents 
core  a  Valontino  et  surtout  a  la  1er-  le  firent  assez  promptement  parve- 
rible  bataille  de  Borodino  (  la  Mos-  nir  aux  dignités  de  référendaire  et 
kowa),  où,  chargé  de  défendrcTaile  denotairedu  saint-siège.  Doué  d'une 
gauche  qui  était  le  côté  le  plus  lai-  imaginatimi  ardente  et  d'une  vaste 
ble  de  la  position  ,  il  soutint  long-  mémoire  ,  il  s'acquit  la  réputation 
temps  seul  les  plus  grands  efforts  d'un  des  premiers  archéologues  de 
de  l'ennemi,  et  fut  blessé  mortelle-  l'Italie.  La  découverte  d'Herculauum 
ment  a  la  fin  de  la  Journée,  lorsqu'à  surprit  toule  l'Europe.  Les  savants 
la  tète  d'une  masse  d'infanterie  ,  il  attendaient  avec  impatience  la  pu- 
lui  donnait  l'exemple  du  courage  et  bllcation  des  monuments  qu'on  y 
la  pressait  de  faire  un  dcrniereffort.  avait  trouvés  eu  foule.  Le  roi  de  Na- 
On  raconte  que  les  traits  de  bra-  pics  ,  Charles  III,  jeta  les  yeux  sur 
voure, quels  qu'en  fussent  les  auteurS;,  Baiardi  pour  le  charger  de  ce  tra- 
cxcitaicnt  eu  lui  une  si  vive  admira-  vail  important.  A  son  arrivée  K  Na- 
tion, qu'a])rès  avoir  été  atteint  de  pies,  en  i  7^7,  il  commença  par  rédi- 
cette  cruelle  blessure,  il  était  assis  ger  en  un  vol.  in-fol.  le  Cutaîognc 
au  milieu  du  champ  de  bataille,  sur  des  monuments  rassemldés  h  Portici. 
la  berge  d'un  retranchement  que  les  Ce  volume  devait  être  suivi  d'un  se- 
Franr.ais  vinrent  attaquer  avec  une  coud  qui  comprendrait  les  figures  de» 
admirable  valeur;  a  la  vue  de  cet  monuments  avec  leur  explication.  En 
exploit,  P»agration  s'écria  a  plusieurs  attendant  que  les  gravures  fussent 
Tcnr'ises  :  Bravo,  Frn/icaiij  bravo  !  terminées,  Baiardi,  jaloux  défaire 
Après  la  bataille,  il  fut  transporté  ii  parade  de  sou  savoir  aux  yeux  dçs 
Moskow,  d'où  son  ami  Uostopchinse  Napolitains,  obtint  du  roi  la  per- 
h;\ta  (le  le  faire  pnrtir  lors(jue  les  mission  de  composer  un  Vrotlromc 
Francaiss'cn  approchèrent. llmourut  ou  préface,  destine  a  faire  connaître 
à  Sima  le  li/jsept.  I  81  2.  Si  le  prince  Pépcxpie  ,  les  .suites  et  Tulilité  des 
Bograliou  n'est  jias  \\\\  des  gi'iiéraux  fouilles  d'jlerculanuui.  Il  avait  pins 
les  plus  habiles  qu'ail  eus  la  llussic  ,  d'crudiliou  ipi  il  n'en  fallait  pour  ce 
il  enestau  moins  un  tirs  plus  braves,  travail,  maîsil  maïupiait  de  jugement 
des  j)lus  actifs  et  des  plus  expérimen-  et  de  goût,  deux  ipialités  (pii  lui 
lés.  l'endant  plus  de  trente  ans  il  fut  auraient  été  nécessaires  pour  user 
à  peine  (juibpu-s  niois  sans  faire  la  sobrement  de  son  savoir.  Tl  avait 
guerre,  et  ou  le  vit  toujours  nu  poste  déjà  paru  de  ce  rrodrur^ic  5  vol.  iu- 


BAî  IJAÎ  ■  6?> 

4**  Uôs-cpnis,  (jiic  Balardi  iravall  p.is  il  lui  di-iiianda  s'il  nuirait  sa  j)rc- 
oucorc  ahordo  son  .siijcl.  linj)alii'iil('  face.  U  ri.'|)()iidiL  (jif  il  Tavait  suspen- 
du relard  (|u'opr()Uvail  la  des(  riplion  duc,  el  (pie,  jiour  se  dclasscr,  il  s'oc- 
dcsanlicpiili's,  le  roi  prilcn'in  Icparli  cupait  d'un  (lOrcgc  do  l'Histoire 
do  dislrilnier  ce  travail  h  plusieurs  Vnivc.rscllc ,  (pi'il  renfermerait  en 
savants  dont  il  composa  l'académie  douze  vol.  in-12,  et  dans  lacjnellc 
Ercolitncst'.  r»aiardi  en  lut  nom-  il  préluderait  par  fixer  lepoiul  du 
nié  le  pré.sidenl  ;  et  on  luiconscr\a  ciel  où  Dieu  plaça  le  soleil  en  for- 
lo  Irailement  de  6,000  écus  ([ui  lui  raanl  le  monde.  Il  venait,  ajoute 
avait  élc  promis.  Mais  il  ircnrcslapas  Bartliélemy  ,  de  découvrir  ce  point  , 
moins  furieux  de  se  voir,  par  cet  ar-  et  il  me  le  montra  sur  un  ^lohc  cé- 
raugcment  ,  ravir  une  partie  de  la  leste.  Tout  en  se  moquant  des  ridi- 
gloire  qu'il  se  promettait  en  publiant  cules  de  Baiardi  ,  l'académicien 
:>eul  ce  grand  ouvrage.  II  quitta  Na-  français  n'en  rend  pas  moins  justice 
p!es  quelques  mois  après,  menaçant  a  son  mérite  réel,  ic  \\  aurait,  dit-il, 
de  faire  imprimer  a  ses  dépens  deux  «  du  se  contenter  de  parler  et  ne 
nouveaux  volumes  de  son  Prodro-  «  pas  écrire.  Sans  son  Prodrome 
me  j  heureusement  il  n'en  fit  rien.  «  il  serait  plus  estimé;  car  il  sait  et 
L*abbé  Barthélémy,  voyageant  pour  «  sait  beaucoup — Il  n'est  pa^  char- 
procurer  de  nouvelles  médadles  au  «  latan  a  l'égard  de  l'antique.  »  On 
cabinet  du  roi,  eut  l'occasion  de  voir  ignore  ladatedelamort  de  ceprélal; 
Baiardi,  une  première  fois,  a  Na-  mais  elle  est  postérieure  à  l'année 
pies.  Il  le  trouva  ,  dictant  à  son  se-  17(^0?  époque  où  il  était  très-âgé. 
crétaire  une  réponse  a  un  moine  Le  seul  ouvrage  imprimé  que  l'on 
de  Calabre  qui  l'avait  consulté  sur  connaisse  de  lui,  est  le  Prodromo 
l'embarras  de  concilier  le  sys-  délia  antichità  d'Ercolano,  Na- 
l^me  de  Copernic  avec  le  passage  pies,  1752-56  ,  in-4.°,  5  vol.,  à 
des  Ecritures  quidéclarela  terre  im-  chacun  desquels  est  le  portrait  de 
mobile.  Après  avoir  congédié  son  l'auteur  en  médaillon.  Il  a  eu  plus 
messager,  le  savant  Italien  combla  ou  moins  de  part  aux  premiers  vo- 
l'abbé  Barthélémy  de  témoignages  lûmes  du  magnifique  ouvrage  inti- 
de  son  estime  et  de  son  attention;  il  tulé  :  Le  antichità  dl  Ercolano 
fit  apporter  une  grande  boîte  toute  esposte  ^  coii  qualche  spiegazione^ 
pleine  de  ses  poésies  latines  dans  les-  INaples,  1757-92  ,  in-fol.  ,  9  vol. 
(jucUcs  il  choisit  une  pièce  intitulée  :  ainsi  divisés  :  Les  peintures,  5  vol.  • 
Description  anatomiquc  du  cer-  les  bronzes,  2  vol.;  les  candélabres 
veau.  Mais  la  signora  Maria  Laura,  i  vol.  ,•  enfin  le  catalogue,  qui  est  de 
son  ancienne  amie  ,  lui  ayant  repré-  Baiardi,  i  vol.  C'est  du  VojagcAe 
sente  qu'un  si  beau  sujet  devait  être  Barthélémy  e«  Italie  qu'on  a  extrait 
médité  pour  être  bien  senti,  il  la  plupart  des  détails  semés  dans  cet 
se  rendit  à  cette  raison ,  et  lut  sa  article.  Le  savant  Français  parle  de 
Fontaine  de  Trevi^  pièce  qu'il  dé-  Baiardi  dans  sa  Correspondance  ,  p, 
clara  lui-même,  pleine  de  feu  poéti-  52,  121,  307  et4.o3.  W — 5. 
que.  Le  bon  accueil  qu'il  avait  reçu  BAIL  (Charles-Joseph)  ,  né  eu 
de  Baiardi  décida  Barthélémy  a  lui  1777,  ^  Béthune,  achevait  ses  étu- 
faire  une  seconde  visite  après  sonre-  des  a  l'université  de  Douai  lorsqu'il 
tour  à  Rome.  Dana  la  conversation,  «'enrôla  dans  les  chasseurs  francs  du 


64 


BAI 


Halnant,  corps  de  nouvelle  création, 
qui  marchait  au  secours  de  Lille  ,  as- 
siégée par  les  Autrichieus.  Quoiqu'il 
n'eût  pas  (  ncoie  atteint  sa  quinzième 
année,  il  supporta  les  fatigues  de  la 
vie  militaire  avec  courage  5  fit 
comme  volontaire  la  campagne  de 
Belgique,  en  17905  entra  l'année 
suivante  dans  l'artillerie  ,  et  passa 
quelque  temps  après  dans  l'admini- 
stration de  l'armée.  En  1807  il  fut 
adjoint  a  l'intendance  d'Erfurt ,  et 
plus  lard  chargé ,  sous  les  ordres  de 
M.  Beugnot,  de  l'organisation  admi- 
nistrative du  nouveau  royaume  de 
Weslphalie  ,  dont  il  publia  en  1809 
la  statistique  y  ouvrage  regordé  com- 
me le  plus  complet  et  le  plus  exact 
qu'on- ait  encore  sur  ce  pays.  Succes- 
sivement chef  des  bureaux  de  la  ré- 
gence du  royaume  ,  secrétaire-géné- 
ral (lu  ministère  des  finances  et  enfin 
inspecteur  aux  revues  ,  il  donna  dans 
ces  différenles  fonctions  des  preuves 
de  son  désintéressement  et  de  la  va- 
riété de  ses  connaissances.  Lors  de 
l'expulsion  des  Français  de  la  West- 
phalle  ,  en  i8i3  ,  Bail  lut  fait  pri- 
sonnier 5  mais  il  ne  larda  pas  a  ob- 
tenir la  permission  de  rentrer  en 
France  ,  où  il  continua  d'êlre  em- 
ployé dans  son  grade  d'inspectenr. 
En  1814  il  fil  hommage  au  roi  d'un 
travail  qu'il  venait  de  terminer  sur 
C importation  et  la  liberté  du  com- 
merce des  g^rrt///.s  ( Moniteur,  9/(5]. 
II  concourut ,  en  18  1  5  ,  aux  opéra- 
lions  (ju'txlgea  le  licenciement  de 
l'armée  de  la  Loire.  Peu  de  temps 
après  11  cessa  de  faire  partie  du  corps 
des  inspecteurs.  Admis  en  1818  a  la 
réforme,  il  s'f  lablit  à  Margency,  dans 
la  vallée  de  IMonlmorcncv,  cl  ronsa- 
cra  ses  dernières  années  h  la  rédac- 
tion (le  divers  ouvrages  (pii ,  bien 
(ju'nn  j)eii  snpcriiciels  ,  proincnl  (|ue 
1  auteur  joignait  li  des  vues  utiles  le 


BAI 

talent  de  les  présenter  d'une  manière 
intéressante.  11  concourut ,  en  1823  , 
a  Tacadéraiedes  inscriptions,  sur  l'é- 
tat des  Juifs  en  Europe  au  moyen  âge; 
mais  son  mémoire  n'ayant  point  été 
couronné  ,  Pail  en  conçut  un  chagrin 
qu  il  ne  fut  pas  le  maître  de  dissi- 
muler, et  qui  troubla  ses  derniers 
jours.  Déjà  malade  depuis  quelques 
mois  ,  il  mourut  le  20  février  1827, 
a  l'âge  de  67  ans.  Bail  est  l'éditeur 
de  la  Correspondance  de  Berna- 
dolle,  prince  royal  de  Suède,  avec 
Napoléon,  depuis  1810  jusqu'en 
1814,  Paris,  i8i9,in-8*>.  Outre 
quelques  brochures  de  circonstance, 
dont  on  trouve .  les  titres  dans  la 
France  littéraire  de  M.  Quérard  , 
on  a  de  Bail  ;  I.  Des  Juifs  au  19» 
siècle,  ou  considérations  sur  leur  état 
civil  et  politique  en  Europe,  suivies 
de  la  notice  biographique  des  Juifs 
anciens  et  modernes  qui  se  sont  illus- 
trés dans  les  sciences  et  les  arts  , 
Paris  ,    1 8 1 6  ;    deuxième    édition  , 

18 17,  in-8°.  Dans  cet  ouvrage,  l'au- 
teur plaide  avec  chaleur  et  convic- 
tion la  cause  des  Juifs  contre  lesquels 
plusieurs  villes  d'Allemagne  faisaient 
revivre  les  règlements  rendus  dans  des 
temps  de  barbarie;  il  donna  lieu  à 
des  observations  de  M.  de  Cologna, 
grand-rabbin  et  président  du  consis- 
toire entrai  des  Israélites,  et  a  quel- 
ques autres  écrits.  II.  Essais  histori- 
ques et  critiques  sur  l'orv^anisation 
des  armées  et  sur  l'administration 
militaire  en  France  y  Paris ,  1 8 1  7, 
iu-8".  On  y  trouve,  dans  un  cadre 
assez  étroit,  beaucoup  de  faits,  d'ob- 
servations, de  vues  nouvelles  et  utiles. 
m.  Qu'est-ce  que  le  clergé  dans 
une  monarchie  constitutionnelle  ? 
ou  de  l'église  selon  la' (Charte  ,  Paris, 

1818,  in-8";  c'est  une  critique  du 
dernier  concorilat.  IV.Jfu  cadastre 
considéra   dans  ses  rapports  as'tc 


BAI  BAI  (55 

Vcconomic poliliquc  et  la  reparti-  (les  domaîiips  royniix,  qui  fut  anol)Ii 
tion  tics  impôts,  l\iris,  1818,  in-8".  par  Icllies  du  roi  Charles  II,  données 
V.  De  l'dthilidiif  i/(ifis  SCS  luip'  a  Madrid  le  i""  seplembre  1674* 
ports  ave e  nos  ifistittilions  ,  on  la  mais  sa  famille  fait  remonter  pins 
police,  les  prisons,  le  jury,  les  lois  liant  sa  noblesse,  piiis(pi*elle  prétend 
pénales  et  la  peine  de  morten  Fran-  descendre  de  Henri  de  Baillel  Iré- 
ce,  Paris,  181  9,  in-8".  Bail  y  de-  sorier  de  France,  cl  de  Jeanne  iha 
mande  Tapplication  du  jury  aux  ma-  Fssards  ,  fille  de  Pierre  des  Essards 
tières  civiles,  et  rélabllssemeut  d'une  {général  des  finances  sous  Pliilippi» 
colonie  oùseraicnt  conduilslesindivi-  de  Valois.  Une  branche  de  celle  fa- 
dus  condamnés  h  la  peine  des  travaux  mille  suivit  les  ducs  de  Bourgo"^neaiix 
forcés.  VI.  Histoire  politique  et  Pays-Bas,  et  y  contracta  diverses  al- 
niorale  des  révolutions  de  France,  liauces.  Pierre  de  Baillet ,  trisaïeul 
ou  chronologie  raisonnée  des  évè-  de  Christophe-Ernest,  avait  épouse 
neinents  mémorables  depuis  1787  l'héritière  de  la  maison  de  Boncourt 
jusquàla  fin  de  1820,  Paris,  1821,  en  Lorraine,  dont  il  prit  le  nom  et 
2  vol.  iu-8°.  Mécontent  des  tentatives  les  armes.  Celui  auquel  est  consacrée 
faites  depuis  4^7  ans  pour  établir  en  cette  notice,  entra  dans  la  robe 
France  une  conslilutiou  conforme  comme  sts  ancêtres.  Le  roi  d'Espa- 
aux  intérêts  nationaux,  il  conclut  :  gne  Charles  II  le  nomma  d'abord  as- 
«  que  la  liberté  est  une  plante  qu'on  sesseur  du  conseil  provincial  do 
«  ne  saurait  y  naturaliser,  et  que  le  Luxembourg  ,  le  27  mars  1609.  Da- 
te système  représentatif  est  une  ridi-  la  il  fut  appelé  au  grand-conseil  à 
et  cule  fiction.  yW..  Etat  des  Juifs.  Malines,  le  26  janvier  1704,  et 
en  France,  en  Espagne  et  en  Jta-  nommé ,  peu  de  temps  après  ,  procu- 
re ^  sous  les  rapports  du  droit  ci-  reur-genéral  et  maître  des  requêtes 
vil,  du  commerce  et  de  la  littéra-  de  l'hôtel.  L'empereur  Charles  VI  le 
ture ,  depuis  le  commencement  du  fit  président  de  cette  cour  suprême 
5*^  siècle  de  fère  vulgaire  jusqu'à  par  lettres  du  5  août  1716  ,  et  con- 
/a /?«  ^M  16*,  Paris,  1823,  in- 8°  de  seiller  d'état  le  10  avril  1718.  Sa 
200  pag.;  c'est  le  mémoire  qu'il  avait  conduite  à  la  fois  ferme  et  modérée, 
adressé  a  l'académie  dont  il  critique  lors  du  soulèvement  de  Malines,  au 
le  jugement  dans  la  préface.  VIII.  mois  de  juin  17  18,  soulèvement  dont 
Etudes  littéraires  des  classiques  les  causes  et  les  résultats  sont  nel- 
français^  Paris,  1824,  2  vol.  in-12,  tement  exposés  dans  le  tome III  des 
ouvrage  posthume  dans  lequel  l'au-  Archives  pour  l'histoire  civile  et 
leur  a  rassemblé  le  fruit  de  ses  lec-  littéraire  des  Paj'-s-Bas ,  p.  201- 
tures.  La  Revue  encyclopédique ,  23  i  ,  lui  valut  le  poste  éminent  de 
dont  Bail  était  un  des  rédacteurs,  et  chef  et  président  du  conseil  privé,  le 
l'Annuaire  nécrologique  de  M.  19  septembre  1726;  il  devait  en 
Maliul,  contiennent  des  notices  sur  cette  qualité  diriger  l'archi-duchesse 
cet  écrivain.  AV — s.  Marie-Elisabeth.  Le  10  mars  i  719  ^ 
BAILLET  (  Christophe-Er-  il  avait  été  honoré  du  diplôme  de 
NEST,  comte  de),  naquit  le  i^''scp-  comte  j  cette  pièce,  insérée  p.  43 1 
tembre  1668,  au  château  dclaTour,  du  tome  F""  du  Supplément  aux 
dans  le  duché  de  Luxembourg.  Il  trophées  de  Brabant,  rappelle  lon- 
élait  fils  d'un  conseiller  et  receveur  guement  tous  ses  «ervices  et  lerecou» 


66  BAI 

naît  d'extracllon  anciennement  noble. 
Il  épousa  Anne  Martini  de  Luxem- 
bourg ,  décédée  a  Malines,  le  i8 
août  17 17.  Comblé  d'honneurs, 
environné  de  la  vénération  publi- 
que, il  mourut  à  Bruxelles,  le  7 
juin  I  732.  Son  épitapbe  se  lisait  au- 
trefois dans  réglise  des  carmes  dé- 
chaussés. R — F — G. 

BAILLIE  (Mathieu),  médecin 
etanatomislc  distingué,  naquit  dans 
le  comté  de  Lanark  en  Ecosse  ,  le 
27  octobre  1761.  Son  père  qui  avait 
d'abord  été  pasteur ,  fut  ensuite  nom- 
mé professeur  de  théologie  à  l'uni- 
versité de  Glascow,  où  le  jeune  Bail- 
lie  étudia  avec  succès  les  auteurs 
classiques  grecs  et  latins,  les  mathé- 
matiques ,  la  logique  et  la  philoso- 
phie morale.  Sa  mère  était  sœur  des 
célèbres  anatomistes  Jean  et  Guillau- 
me Hunter  :  les  grands  avantages 
qu'on  espéra  de  cette  parenté  dé- 
cidèrent sa  vocation  pour  la  méde- 
cine, car  son  goîit  l'eût  porté  de 
préférence  vers  la  chaire  ou  le  bar- 
reau. Arrivé  h  Londres,  à  l'âge  de  18 
ans ,  pour  y  commencer  ses  études 
médicales,  sous  la  direction  de  ses 
illustres  parents^ Baillie  fil  des  pro- 
grès si  rapides  en  anatomie,  qu'au 
bout  de  deux  ans  il  fut  capable  d'en 
donner  des  leçons  ;  mais  peu  de  temps 
aprèi» ,  en  1  783  ,  il  eut  la  douleur  de 
perdre  Guillaume  Hunier,  l'aîné 
de  SCS  oncles,  cpii  lui  biissason  théâ- 
tre auatoiiiKju»^,  sa  maison,  un  pe- 
tit bien  de  famille  en  Ecosse  et  l  n- 
sagcdeson  iniiséuni  aiialoiiii(|ue  ([u'il 
légnaaTuniversilc  de  Glascow.  Ucnx 
ans  après  la  mort  de  son  unclu  ,  et  i\gé 
.senlfnunt  de  22  ans,  il  ouvrit  con- 
joiulcuient  avec  le  docteur  Crulks- 
nank  ,  un  cours  d'anatomie  qui  at- 
tira no  grand  nombre  d  élèves.  Le 
jeune  professeur  se  distingua  surtout 
par  la  iimplitilé  ,  la  tlarlc  cl  Tordre 


BAI 

qu'il  sut  mettre  dans  l'exposilion  des 
matières  qu'il  enseignait  j  en  inême 
temps  il  s'occupait  de  la  formation 
d'un  cabinet  d'anatomie  pathologique 
qui  s'enrichit  beaucoup  par  la  suite 
et  dont  presque  toutes  les  prépara- 
tions avaient  été  faites  pay  lui-même  ; 
deux  ans  avant  sa  mort  il  en  fit  pré- 
sent au  collège  des  médecins  de  Lon- 
dres. En  1787,  à  l'âge  de  26  ans, 
Baillie     obtint     la    place   de    mé- 
decin de  l'hôpital  Saint -Georges  j  ce 
fut  principalement  depuis  cette  épo- 
que qu'il  commença  à  s'adonner  k  la 
pratique  j    il    n'abandonna  pas  pour 
cela    sa   science    favorite  ,    l'anato- 
mle,   qu'il  regardait  comme  la  base 
essentielle    de    l'art    de    guérir.    Il 
recueillit    dans  son    hôpital  des  cas 
nombreux  d'anatomie  pathologique, 
et  publia  nn  manuel  de  cette  science  , 
en  1795.    Le   succès   de   ce    livre 
augmenta  beaucoup    sa   réputation. 
Sa  clleutellc  devint  très-nombreuse  , 
rut  encore  après  la  r 
Pilcairn  qu'il  rempla 
dant  sa  dernière  maladie.  Ses  occu- 
pations furent  dès-lors  si  multipliées, 
qu'Use  vit  obligé,  eu  1799,  de  renon- 
cer h  sa  place  de  médecin  de  Vhôpital 
St-Georjîes  et  a  ses  leçons  d'analo- 
mie.  Baillie  se  distingua  surtout  par 
la  sûreté  de  son  diagnostic,  qui  était 
fondé  sur  ses  grandes  connaissances 
anatomiques  j  aussi  daus  bien  des  cas 
il  reconnaissait   l'impuissance  de  sou 
art ,  et  employait  moins  de  remèdes 
que  beaucoup  de   ses  compatriotes. 
Il  eut  toujours  de  Irès-bons  procédés 
envers  ses  conljères  ,  surtout  envers 
les  jeunes  médecins.  J.Wardrop,qui  a 
écrit  sa  vie,  r.ipporle  plusieurs  traits 
(lui  prouvent  son   désiutcressement. 
Une  jeune  dame  étant  veuuç  le  con- 
suller  pour  une  maladie  de  poitrine, 
il  lui  conseilla  d'aller  passer  rbi\er 
dans  uu  tlimal  plus  chaud  que  celui 


et  s'accrut  encore  après  la  mort  du 
docteur  Pilcairn  qu'il  remplaça  pen- 


BAI 

de  rAnglclcnc  :  ci'llc  dame  lui  ayant 
exno6c<(iio  sa  (orliinc  ne  lui  pcrmcllalt 
pas  (le  faire  celle  dépense,  IViillie  lui 
donna  a  Pinstanl  l'argent  nécessaire. 
Une  dame  d'uu  liant  rang,  mais  peu 
riche,  avait  en  recours  a  ses  conseils: 
tanl  (Hie  dura  la  maladie,  il  reçut 
les  honoraires  qu'elle  lui  uifril ,  mais 
il  les  renvoya  après  la  guérison.  Sa 
repulalion  alla  toujours  en  augmen- 
tant. 11  fut  nommé  membre  de  la  so- 
ciété royale  de  Londres  et  du  collège 
des  médecins.  Il  devint  aussi  méde- 
cin consul lanl  du  roi  Georges  ILI,  et 
médecin  ordinaire  de  la  princesse 
de  Galles.  Ses  occupations  trop  nom- 
breuses finireul  par  altérer  sa  santé; 
dans  Télé  de  1825,  il  fut  atteint  d'un 
catarrhe  pulmonaire  accompagné  de 
fièvre.  Des  saignées  locales  et  Tap- 

{)licatioii  d'un  véslcatoire  diminuèrent 
a  toux*  mais  Tappélit  se  perdit, 
la  faiblesse  augmenta  de  jour  en 
jour,  et  il  succomba  le  2  3  septembre. 
Les  principaux  ouvrages  de  Baillie 
sont  :  I.  Anatomie  pathologique 
(  the  morbid  aiialomy  oj"  sonie 
ofthc  riiost  imjjortnnt  parts  ofthe 
humaii  bodjr),  Londres,  1795  ,  in- 
cj°.  11  y  en  a  d'autres  éditions  aug- 
mentées ,  1798,  1807  et  1812. 
Traduite  en  allemand  avec  des  addi- 
tions par  Hohnbaum  et  Sœmering , 
Berlin,  1 794.-1 820,  in-8'*j  en  italien 
par  Zami,  Venise,  1820,  2  vol.  in- 
8**.  Il  en  existe  deux  ti-aductions  frau- 
I  çaises,  la  première  par  Ferrai,  Paris, 
i8o3  ,  la  seconde  par  Gucrbois, 
Paris,  i8i5,  in-8".  Cet  ouvrage 
remarquable ,  comme  livre  élémen- 
taire ,  pour  l'épotpie  où  il  a  paru, 
n'est  plus  au  niveau  de  la  scien- 
ce. 11  a  beaucoup  contribué  a  répan- 
dre le  goût  de  l'analoinie  palholo- 
gi({ue  en  Angleterre.  II.  yl  scries 
of  engravi/ifr.s  intcnlcd  to  illus- 
tratc  the  morbid  anatomy ^  fascic. 


I 


BAI  C7 

I-  10  ,  Ibld.  ,  1799-  1812  ,  iu- 
4.°.  C'est  une  série  de  planches  ac- 
compaguccs  d'exj)licali()ns  pour  ser- 
vir de  suite  a  son  anatomie  patholo- 
gique. 111.  Lectures  and  observa- 
tions on  nicdicine ,  ibid.,  1826, 
in-8''j  Irad.  en  allemand  par  Hohn- 
baum ,  Leipzig  ,  1827.  Cet  ouvrage 
contient  les  leçons  servant  d'introduc- 
tion a  son  cours  d'anatomie ,  plus 
d'aulrea  leçons  sur  Tanatomie  et  la 
physiologie  du  système  nerveux  j  en- 
fin des  observations  pratiques.  Plu- 
sieurs écrits  de  Baillie  ont  été  re- 
cueillis et  publiés  par  J.  Wardrop, 
avec  une  notice  étendue  sur  sa  vie  , 
Londres,  1826,  2  vol.  in-8".  Le 
premier  volume  contient  des  obser- 
vations ou  des  mémoires  qui  avalent 
déjà  été  imprimés  dans  les  Transac- 
tions philosophiques ,  ou  d'autres  re- 
cueils scientifiques.  Le  second  ren- 
ferme Tanatomie  pathologique  de 
l'auteur.  Baillie  a  encore  publié  ï A- 
natoniie  pathologique  de  l'utérus 
d'une  femme  enceinte  ,  Londres  , 
I  794,  in-4-°  ;  ouvrage  de  G.  Hunter, 
qu'il  a  accompagné  de  notes.  Le 
108^  vol.  du  Monihly  Review^ 
pag.  83,  conlieut  un  article  sur  la. 
vie  et  ks  ouvrages  de  ce  médecin. 
G — T — n. 
BAILLIE  (Joun)  ,  savant  An- 
glais, né  à  Liverness,  en  1766,  fut 
dès  sa  première  jeunesse,  élevé  dans 
l'art  militaire,  etparlit  en  i  79 1  pour 
les  Indes,  où  il  entra  au  service  de 
la  compagnie.  Il  s'occupa  d'abord  de 
l'étude  des  langues  de  l'Orient,  et  il 
y  fit  des  progrès  si  rapides,  que,  en 
I  797,  iltutchargé  parle  gouverneur- 
général,  sir  John  Shore,  de  traduire 
de  l'arabe  un  gros  volume  de  lois 
musulmanes,  comprenant  tout  le 
code  Imamea,  dans  son  application 
aux  matières  civiles.  Malheureuse- 
ment uu  seul  volume,  contenant  les 

6. 


68  BAI  BA.I 

lois  commerciales,  a  vu  le  jour.  Lors  élèves  et  en  quelque  sorte  avec  ewx. 

de  la  fondation  du  collège    du   fort  l.Récît  de  la  bataille  de3Iarathon, 

William,  Baillie  fut  nommé  profes-  lu  le  5  septembre  1791  dans  laso- 

senr  d'arabe,  de  persan,  de  droit  ma-  ciété  patriotique  de  Dijon,   aux 

liométan,  etilremplitcettechaireavec  gardes  nationaux  volontaires  de 

distinction  jusqu'en   1807  ,  où  il  fut  la  Côte-d' Or,  lors  de  leur  départ 

promu  au  grade  de  colonel,  et  envoyé  pour   l'armée;   1792,    in-8°.    II. 

en  qualité  de  résident  a  la  cour  du  Phœdri  fabulœ  selectœ ,  avec  des 

iiawab-vizir   d'Aoude.   En  1801,  il  notes  ;  trois  éditions  dont  la  dernière 

publia  quelques  tables  destinées  a  fa-  parut  a  Dijon,  cbez  Bligny,  en  1806, 

ciliter   ses   cours  de  langues^    et  de  in-S**.  III.  Ovidii  Métamorphoses 

1802  k  i8o5,  il  donna  l'édition  des  selectœ,  ad  usum  lycœorum,  éga- 

textes  originaux  de  cinq  ouvrages  les  lement  avec  des  notes  fort  bien  faitesj 

plus  estimés,  surla  grammaire  arabe,  Dijon,  Coquet,  i  808.  D-b-s. 

savoir:  Miet  Aniil  ^  Scherh  Miet  BAILLOT  ( Etienne -Cathe- 

Amil,  Misbah,  Hedayet  Alnahw  rine),  né  a  Evrj-sur-Aube  en  1768, 

et    la    Cafia    iVEbn-Hadjib.     En  était  avocat  au  bailliage  de  Trojes 

181 5,    Baillie   fut    nommé  résident  lorsque  la  révolution  commença.   Il 

h  Lacbnau;  et,  en  18  18,  il  se  relira  s'en  montra  partisan,  et  fut  nommé, 

du  service  de  la  compagnie  des  Indes,  par  le  tiers-état  de  sa  province,  dé- 

pour  retourner  en  Angleterre,   où  il  pulé  aux  étals-généraux  de  1789,  où 

arriva  en  182 5.  Il  fut  nommé  un  des  il  ne  se  fit  point  remarquer.  Il   ne 

directeurs  de  la  compagnie,  et  il  en  prit  pas  une  seule  fois  la  parole  dans 

a  rempli  les  fondions  avec  bonneur  la  longue  session  de  l'assemblée  nalio- 

jus(ju'a  sa  mort,  arrivée  en  i833,  h  nale  ,  et  siégea  constamment  au  côté 

Londres.  G — G — y.  gaucbc  avec  la  majorité  qui  votait  en 

ItAlLLOT  (Piebre),  né  a  Di-  faveur  des  innovations.  Il  fut  nomme 

jon  le  8  septembre  1752  ,  y  mourut  membre  du  tribunal  de  cassation  lors 

le  20  février   181  5,  professeur   de  de  sa  première  installation,  en  1791, 

liltéralurc  française  et  de  rbétoriquc  et  se  relira  en  1796  dans  son  dépar- 
au  lycée,  et  membre  de  racadcniie.      teuicnt,   où  il  ne   s'occupa  plus  que 

Entré  vers  1769  dans  la  carrière  de  de  littérature  et   de    la  culture  des 

rinslructiou  pnbli(|ue  après  avoir  fait  cbamps.    Il    est    mort    a   Evry-sur- 

d'cxcellentes  études,  il  ne  tarda  pas  Atilie,    le    i5  avril   1825.   On  a  de 

il   se  faire  connaître   bonorablemenl  lui  une  traduction  en  prose  médiocre 

par  de  bons  élèves  et   par  (pubjues  des  satires  de  Juvénal  (jiar  R...),  Pa- 

Î)oésies  françaises,  dont  on  retrouve     ris,   1823,  iu-8".  lia  laissé  eu  ma- 
ps   principales    dans   la   Feuille   do     nuscrit  des   Recherches   sur  l'his- 
Bonrgogne.  Le  regret  (lavoir  perdu     toirc    de    Champas^iw ,    dans   les- 

.«ton  fils ,  tué  au  siège  (le  Peuiscola  en  (juelles   il  s'est  jKirticulièremcnl  oc- 

E.s|)agne,  où  il  servait  comme  capi-  cupé  de  généalogies.  Z. 

iaine  d'artillerie,  avança  le  terme  de  li  A  I  Ij  L  V    (  Antoink-Df.ms)  , 

«a  carrière  laborieuse.  Des  divers  jirote  de  Diiiol  ,  était  né  h  liesaiuron, 
ouvrages  ([u'il  a  composévS ,  on  u  a  li-  le  8  novembre  17/19»  de  parents 
vré  a  Timpression  (outre  les  poésies  pauvres.  Ayant  fait  ses  éludes  avec 
dont  nous  avons  |)arlé)  (juc  les  Irois  succès  au  collège  de  cette  ville,  il 
suivants,  qu'il   avait   faits  pour  ses     embrassa  la  prolossiou  d  imprimeur, 


et  vint  a  Paris  ,  où  il  ne  larda  pas  a 
se  (lislinsriuT  delà  lonlc  des  omriers 
iiar    ses    fonnaissancc's     lillcraires, 
par  riutclligonci'   j)arrailc    des  pro- 
cèdes tyiit>gra|tlii(|iie.s  el  par  son  as- 
siduité au  travail.    Devenu  jirole  de 
l'imprimerie  de  Didot    jeune,    il    y 
surveilla    Timprcssion    de    la    plu- 
part  des  beaux    ouvrages    sortis  de 
ses  presses  depuis  lyiJu,  et  cpii  sont 
recherchés  des  amateurs,  non  moins 
pour  leur  correction   que  pour  leur 
élégance.  C'est  a  Jîailly  que  ion  est 
eu  partie  redevable  de  la  publication 
des  J^  tu  de  s  de  la  naiiive  ,  ouvrage 
qui  commença  la  réputation  de  B.  de 
Saint-Pierre.    «  Le    manuscrit ,    dit 
«  M.  Aimé  îMartin,  fut  rejeté  succes- 
«  sivcment  par  plusieurs  libraires,  et 
te  l'auteur  se  décida  à  le  faire  impri- 
«  mer   h   ses    frais.   Ce  n'était    pas 
«  chose  facile  ;  car  tous  ses  moyens 
«  se    réduisaient  a    1200     fr.     que 
«  M.  Hennin  promettait  de  lui  prê- 
a  ter,  et  les  imprimeurs,  aussi  igno- 
cc  rauts  que  les  libraires ,  refusaient 
a  de  faire  les  avances  du  reste.  Heu- 
«  reuscmcnt  le  hasard  fit  tomber  le 
«  manuscrit  entre  les  mains  du  prote 
«  de  jM.  Didot  jeune.  Il  se  nommait 
K  Bailly  ;  et  son  nom  doit  être  con- 
«  serve,  puisque  ,  seul  de  tous  ceux 
.  ce  qui  avaient  eu  Touvrage  entre  leurs 
ce  mains,  il  sut  en  apprécier  le  mérite. 
ce  II  osa  même  en  prédire  le  succès, 
ce  et  son  jugement  eut  l'heureux  effet 
ce  de  décider  M.  Didot  a  faire   une 
te  partie  des  frais  de  l'impression.  » 
{Mcmoir.   sur  la  vie    de    B.    de 
Saint-Pierre,  2  85.)   La  modestie 
de  Bailly  ,    ses  talents    et  son  obli- 
geance  lui  méritèrent  l'affection  de 
tous  les  littérateurs  ipii  fréquentaient 
cette  imprimerie.  Le  duc  de  Nivernais 
l'honora  d'uneamiiié  qui  ne  s'est  jamais 
démentie.  Aimant  les  livres  avec  pas- 
sion ,  Bailly  était  parvenu  a  en  for- 


ÈAI 


Cy 


0 


mer  une  collection  peu  nombreuse , 
mais   précieuse    par    le    choix   et    la 
beauté  des  exemplaires.  Un  revers  de 
fortune    l'obligea   de   la  mettre    ea 
venle  j  dans  le  courant  de  1800  il  en 
publia  le  Catfdo^uc  ,  précédé  d'un 
court  avertissement,  dans   le(|uel  il 
exprime  le  regret  d'être  oi)ligé  de  se 
délaire  de  sa  bibliothèque.  «Elle  est, 
et  dit-il,  composée  de  livres  (pii  m'ont 
ce  été  donnés  par  des  savants  et  des 
te  hommes  de  lettres   qui  m'honore- 
ee  rent  constamment   d'une  bienveil- 
te  lance  particulière  ;  ou  par  des  li- 
ée braires  qui  m'accordèrent  leur  es 
ee  lime,  el  auxquels  j'ai  eu  le  plaisir 
ee  d'être    quelquefois   utile    dans    le 
ee  cours  de  ma  longue  carrière  typo- 
ee  graphique.»  Bailly  survécut  long- 
temps a  la  dispersion  de  ses  livres. 
Il   vivait  encore  a  Paris  en   18165 
maison  n'a  pu  découvrir  la  date  de  sa 
mort. On  lui attribuelesdeux  ouvrages 
suivants:  I.  Dictionnaire  poétique 
d'éducation,   Paris,  1776  ,  2    vol. 
in-8°,  publies  sous  le  pseudonyme  de 
Delacroix  [V^oy.  le  Dict.  de  Bar- 
bier). II.    Choix  d'anecdotes   an- 
ciennes   et  modernes ,    recueillies 
des  jueilleurs  auteurs,  in-12,  4- 
édition  augmentée  et  mise   en  ordre 
par   Durdent   et  H.    Duval,  Paris, 
1824.,  3  vol.  in-i8.  W— s 

^W\jYiYdeJuillf  (Edme-Louis- 
BartuÉlemy),  né  a  Troycs  en  t  7  6  0, 
élait,  avant  1789,  oralorien  et  l'un 
des  meilleurs  professeurs  du  célèbre 
collège  de  Juilly.  Il  adopta  les  prin- 
cipes de  la  révolution,  el  renonça  dès 
le  commencement  aux  fonctions  de 
l'enseignement  pour  se  faire  recevoir 
avocat,  ou  plutôt  pour  entrer  par  la 
voie  la  plus  favorable  dans  la  carrière 
politique.  Il  fut  en  eiiet  nommé 
administrateur  de  Seine  et -Marne 
en  1790,  et  député  du  même  dé- 
partement a  la  convention  naliouale 


'ja 


BAI 


en  septembre  1792.  Ami  de  la  ré- 
volution, mais  surtout  homme  de  bien, 
Bailly  fut  effrayé  des  violences  qui 
signalèrent  le  début  de  cette  assem- 
blée 5  et,  s'il  ne  les  combattit  pas 
avec  force,  il  les  improuva  du  moins 
par  son  silence  et  par  ses  votes  né- 
gatifs. Dans  le  procès  de  Louis  XVI 
notamment  il  se  réunit  sur  toutes  les 
questions  a  la  minorité  qui,  si  elle  ne 
roulait  pas  ouvertement  sauver  ce 
prince,  était  au  moins  décidée  k  ne  pas 
le  faire  mourir  sur  l'échafaud  j  il  vota 
pour  la  détention  ,  pour  le  bannisse- 
ment deux  ans  après  le  rétablissement 
de  la  paix  générale ,  ensuite  pour 
l'appel  au  peuple  et  pour  le  sursis  a 
l'exécution.  Il  garda  le  plus  pro- 
fond silence  jusqu'à  la  révolution  du 
<)  thermidor,  et  concourut  de  tout 
son  pouvoir  au  renversement  de  Ro- 
bespierre. Après  cette  journée  mé- 
inorable,  il  fut  nommé  secrétaire, 
puis  envoyé  commissaire  h  Stras- 
bourg, afin  d'y  adoucir  ou  d'y  ré- 
parer les  cruels  résultats  des  missions 
(le  Saint-Just  et  Lebas.  Il  fit  sortir 
de  prison  tous  les  gens  de  bien  ,  et 
il  expulsa  des  fonctions  publiques  tous 
les  hommes  féroces  qui  les  y  avaient 
entassés.  Rentré  dans  le  sein  de  la 
convention  nationale,  il  y  fit  le  rap- 
port de  ses  opérations  ,  et  continua 
de  combattre  avec  beaucoup  d'éner- 
gie le  j)arli  des  tcrrorislcs.  Dubois- 
Crancé  ayant  cherché  h  effrayer  ses 
collègues  sur  les  progrès  du  royalis- 
me, et  s'étant  fait  applaudir  du  j)elit 
nombre  de  députes  cpii  restaient  atta- 
chés au  système  de  Robespierre, 
Bailly  se  tourna  vers  eux  et  leur  dit  : 
«  Messieurs  de  la  ci-devant  Monla- 
«  gnc,  vous  n'êtes  pas  encore  les 
«  maîtres.  »  Il  remplit  les  tonrlions 
de  président  dans  la  terrible  journée 
du  i''*^i)rairial  an  m  (20  mai  ly^^). 


(lu  I     Drainai  an 
i'I  n'y  ilcploja  pa 


«j  iiioins  (le  courage 


BAI 

que  Boissy'd'Anglas  qui  occupa  le  fau- 
teuil après  lui(/^.  Boissy  d'Aiïglas, 
au  Supp.  et  Vernier,  XLVIII,2  53). 
Il  présidait  encore  le  3  messidor  an  111 
(21  juin  1795),  lorsqu'une députation 
de  la  section  du  Muséum  étant  venue 
féliciter  l'assemblée  de  sa  victoire 
sur  les  terroristes,  et  lui  demander 
une  constitution,  il  fit  celte  réponse 
remarquable  :  «  La  convention  saura 
«  maintenir  la  république  par  une 
a  constitution  sage  •  mais  ce  ne  sera 
«  pas  la  république  de  Robespierre, 
a.  la  république  des  déceravirs,  des 
ce  hommes  de  sang;  ce  ne  sera  pas  la 
«  république  de  Paris  5  mais  celle  de 
«  tous  les  départements,  parce  que 
a  tous  les  départements  concourent 
te  à  sa  défense...,  etc.  »  Dans  la 
séance  du  19  thermidor  (6  août  i  795) 
il  accusa  Goupilleau  d'exagérer  le 
tableau  de  la  réaction  qui  avait  alors 
lieu  dans  le  midi  contre  le  parti  des 
terroristes.  A  la  même  époque  il  s'op- 
posa avec  force  a  la  proposition , 
faite  par  un  de  ses  collègues,  d'arrêter 
tous  les  prêtres  qui  n'avaient  pas  prêté 
serment,  et  il  annonça  que  le  comité 
de  sûreté  générale  dont  il  était  mem- 
bre avait  pris  a  cet  égard  toutes  les 
mesures  que  réclamait  la  tranquillité 
publique.  Lors  de  la  mise  en  activité 
de  la  constitution  de  l'an  m,  Bailly 
passa  par  la  voie  du  sort  au  conseil 
des  cinq-cents,  et  il  en  lut  élu  secré- 
taire le  18  juillet  1796.  Dans  cette 
nouvelle  assemblée  il  se  rangea  en- 
core plus  ouverlemenl  du  parti  tli- 
chien  que  l'on  accusait  de  tendre  Kla 
royauté  ,  et  cpii  lut  renversé  par  la 
révolution  du  1  8  Iructidur  an  v  (sept. 
1797).  Il  avait  en  consécjuence  été 
inscrit  sur  la  liste  de  déportation; 
mais,  lorscjue  celte  liste  fut  discutée 
au  corps  législatif,  Malès  déclara 
(pic  sou  collègue  lîailly  ne  pouvait 
|)as   être    royaliste,    puis(pi'il    était 


BAI 

prctre  asficrmcnté    et    maria;   el 
d'Ile  coiisidciMlii»!!   a\\\   irclait    poiiil 
foiulce,  car  Bailly  n  .ivail  jamais  clc 
dans  les    ordres  ,  le  sauva  de  la  de- 
jiorlalion.    lu'élii    dcpulé    au    iirmuc 
conseil  [lar  le  déparlcinenl  de  l'Aube, 
en    1791^,  il    y   f»l    dénoncé    a  la 
irilnine  comme  royaliste  par  son  col- 
lèirue  Gauran:  mais  colle  accusation 
n\nil  point  de  suite.  Bailly  concourut 
de  lout  sou  pouvoir  k  la  révolution 
du    18  brumaire  qui  plaça  l'autorité 
dans  les  mains  du  ge'néral  Bonaparte, 
cl  il  fut  en  conséquence  nommé  aus- 
^       sitôt  après  préfet  du  déparlement  du 
Lot.  Sa  conduite  dans  ces  nouvelles 
fondions  fut  celle  d'im  liommc  pru- 
dent et  modéré  5  il  sut  concilier  les 
intérêts  et  les  partis   opposés,  et  il 
réussit  ainsi  pendant  treize  ans  a  se 
faire  estimer  de  tous  ses  administrés, 
et  approuver  du  gouvernement  qui 
le  nomma  baron  et  officier  de  la  Lé- 
giou-d'Honneur.  Eu   181 3  quelques 
désordres  s'étaut  manifestés  dans  son 
administration,  un  sévère  examen  fut 
ordonné,  et  il  en  résulta  que  la  pro- 
bité de  Bailly  ne  pouvait  être  mise  en 
doute  5  mais  que  par  négligence  ou  par 
faiblesse  il  y  avait  toléré  de  grands 
abus.  Le  gouvernement  impérial  or- 
donna son  remplacement,   et  il  vint 
babiter  une  modeste  maison  de  cam- 
pagne qu'il  possédait  en  Normandie; 
il  ne  s  y  occupa  plus  que  de  l'édu- 
cation de  sa  nombreuse  famille,  jus- 
qu'au mois  de  juillet  1819  ,  époque 
où  il  périt  par  une  cbute  de  diligence 
sur  la  roule  de  Rouen  ,  après  avoir 
subi  l'amputation   douloureuse   d'un 
bras.  On  connaît  de  lui  un  Rapport 
sur     l'organisation    des    sociétés 
nationales    des   sciences ,  belles- 
lettres    et  arts  ,    in-S"    qu'il    pré- 
senta au  conseil  des   cinq-cents,    au 
nom  du  comilé  d  instruction    publi- 
que, en  1799.  M — P  j. 


BAT 


71 


"HAILLY  (Joseph)  ,  lilléraleur  , 
natpiil  iii  1779,  h   Ijcsanroji.  Il  dut 
aux  services   de   sou  père   la   faveur 
d'êlre  admis,  encore  enfant ,  élève  à 
l'bôpilal  militaire  de  celte  ville.  En 
I  798  il  fut  commissionné  pliarmacieii 
sous-aide  a  l'armée  des  (irisons.  A  la 
paix  deCamjio-Formio,  voulant  profi- 
ler de  ses  loisirs  pour  accpiérir  de  nou- 
velles connaissances,  il  vinl;il*aris  où 
il  entra  chez  un  des  pharmaciens  les 
plus  accrédités,  et  en  même  temps  fré- 
quenta les  cours  de  médecine,  de  chi- 
mie et  d'histoire  naturelle.  Le  désir  de 
visiter  l'antique  berceau  des  sciences 
lui  fit  solliciter,  en  1801,  une  place 
de  pharmacien  en   Egypte.  Il  s'em- 
barqua sur  le  vaisseau  {'Indivisible, 
commandé  par  l'amiral  Gantheaumej 
mais,   trois  mois  après  sa  sortie  de 
Toulon  ,  la  flotte  y  rentra  sans  avoir 
pu   débarquer    les    troupes    qu'elle 
transportait.  Son  goût  pour  les  voya- 
ges lointains  décida  bientôt  Bailly  à 
partir  pour  Saint-Domingue.   A  son 
arrivée  il  apprit  que  le  général  Le- 
clerc   était  mort,  et  que  la  colonie 
était  en  proie  au  double  fléau  de  la 
guerre  civile  et  de  la  fièvre  jaune. 
Envoyé  par  ses  supérieurs  a  Jacrael, 
il  y  fut  atteint  de   la  fièvre  j  mais  il 
eut  le  bonheur  d'échapper,  tandis  que 
tous  ses  camarades  succombèrent  5  et 
il  resta  seul  chargé  de  l'administra- 
tion et  du  service  de  santé  de  l'hô- 
pital. Les  nègres  vinrent  assiéger  la 
ville   dont  les  Anglais  bloquaient  le 
port.  Après  quatorze  mois  de  résis- 
tance il  fallut  capituler  ;  et  les  An- 
glais transportèrent  a  Sauto-Domin- 
go  ,  avec  les  restes  de  la  population 
blanche  ,  la  garnison    qui ,    de  trois 
mille  hommes,  était  réduite  a  trois 
cents,  dont  la  moitié  malades  ou  con- 
valescents. Accueilli  de  la   manière 
la  plus  amicale  par  son  compatriote 
le  général  Ferraud  (  J^oy.  ce  nom , 


ya 


BAI 


XIV,  396),  Bailly  obtint  peu  de  temps 
après  la  permission  de  passer  aux 
Etals-Unis,  d'où  il  revint  en  France. 
Attaché  comme  pharmacien  aide- 
major  à  l'armée  des  côtes  ,  il  fut  em- 
ployé dans  le  même  grade  en  Alle- 
magne et  en  Prusse.  Dans  la  campa- 
gne de  Russie  il  avait  été  chargé  du 
service  de  l'ambulance  de  la  garde 
impériale;  mais  une  maladie  grave  le 
retint  h  Wilna  ,  d'oii ,  K  peine  conva- 
lescent, il  s'échappa  pour  aller  re- 
joindre les  débris  de  notre  armée.  Il 
faisait  partie  de  la  garnison  de  Dres- 
de, qui  fut  retenue  prisonnière  contre 
les  clauses  de  la  capitulation.  Dirigé 
sur  la  Bohême,  il  ne  revint  en  France 
qu'après  l'entrée  des  alliés  a  Paris. 
Lors  de  la  réorganisation  des  hôpi- 
taux militaires,  il  fut  attaché  dans  le 
grade  d'aide-major  a  celui  de  Besan- 
çon. En  I  820,  ayant  été nomraéphar- 
inacien  principal  a  l'armée  d'Espagne, 
quoique  sa  santé  fût  déjà  très-affaiblie 
par  les  faligueset  par  la  maladie  cruelle 
qui  devait  le  conduire  au  tombeau,  il 
saisit  avec  empressement  l'occasion 
de  visiter  un  pays  si  riche  en  souve- 
nirs historiques  ,  et  dont  les  intérêts 
avaient  été  liés  long-temps  h  ceux  de 
la  Franche-Comté.  A  fa  fin  de  la 
guerre  il  revint  h  Besancon  avec  le 
titre  de  pharmacien  major.  Il  avait 
été  décoré  de  l'ordre  de  Charles  III  ; 
et  il  rerut  peu  de  temps  après  la  croix 
de  la  Légion-d'llonneur  (jiie  ses  chefs 
avaient  sollicitée  comme  une  récom- 
pense duc  a  svs  longs  services.  Au 
milieu  des  agitations  de  la  vie  des 
camps,  il  n'avait  j)a8  cessé  d'aimer  et 
de  cultiver  les  lettres.  Admis  a  la  so- 
ciété d'iigrirullure  et  ii  l'aradémic  de 
Ik'sancoii,  il  y  hit  plusieurs  mémoires 
pleins  iriiilérèt,  et  dont  le  style  rap- 
pelle celui  (le  neruardln  dr  S.iiiil- 
IMerrc.  Occupé  .sans  cesse  de  vues 
l)ienfaisanlc3,  de  projets  d'utilité  pu- 


BAI 

blique ,  il  oiibliait  ses  souffrances 
journalières  en  pensant  aux  moyens 
d'adoucir  celles  des  autres.  Philoso- 
phe chrétien  ,  il  voyait  avec  calme 
arriver  le  terme  de  sa  vie;  il  mourut 
le  i5  déc.  i852,  pleuré  de  tous 
ceux  qui  l'avaient  connu.  Bailly  a 
publié  :  Essai  sur  la.  culture  du  lin. 
—  Essai  sur  r agriculture,  considé- 
rée dans  ses  rapports  avec  les  arts  in- 
dustriels.— Notice  sur  le  froment 
locular,  —  Essai  sur  les  puits 
artésiens.  A  part  ce  dernier  opus- 
cule,  imprimé  à  Besançon,  i83o, 
in-8°  de  20  p.,  tous  les  autres  ont 
été  recueillis  dans  les  Mémoires  de 
la  société  d'agriculture.  Ceux  de 
l'académie  contiennent  les  ouvrages 
suivants  :  Du  butphilantropique des 
sciences  et  des  arts.  --Souvenirs 
tV un  voyage  à  Grenade. — Notice 
sur  l'île  de  Saint-Domingue.  — 
Burgos  et  laViedle  Castille^  sou- 
venirs de  1823.  —  Valence  et  ses 
environs,  excursions  sur  les  côtes 
orientales  de  l'Espagne.  — Recher- 
ches sur  les  moyens  employés  suc- 
cessivement en  France  pour  extir' 
perla  mendicité  et  réprimer  le  va- 
gabondage. Ce  dernier  mémoire  ob- 
tint V accessit  au  concours  ouvert  par 
l'académie  de  Maçon.  Quelques-uns 
des  opuscules  de  Bailly  ont  été  repro- 
duits dans  les  Annales  des  voyages 
et  dans  les  Revues  (pii  se  publient  h 
J*aris.  Il  a  laissé  manuscrits  plusieurs 
Nouvelles  et  des  Mémoires  (pi'il  n'a 
pas  eu  le  tem|)s  de  terminer.  W — s. 
IIAILL V-imiET  (Jean  Bap 
Ti.NTt:) ,  av(>cat  ,  né  en  1729,  à  Be- 
sancon, jouissait  d'une  assez  grande 
réputation  nu  barreau  de  cette  ville. 
Ayant  renoncé  de  bonne  heure  ii  la 
plaidoierie  ,  il  lut  honoré  de  la  cou- 
iianie  de  toutes  les  grandes  maisons 
de  la  province,  cl  publia  ,  tlins  une 
foule  de  causes  importantes^  des  luc- 


in()ii"(\s  (jul  nonclaiit  l()nj;-li'nips  ont 
élc  rcchcrclies  des  jiirlsconsullcs. 
Connu  seuloinciil  par  ses  l.ilcnlsel  j)ar 
sa  hicnlalsaiici' ,  il  n'en  lui  j)as  moins 
inscrit  sur  la  liste  des  suspects  en 
17(^3  ,  et  conduit  au  cliàleau  de  Di- 
jon. î\Ials  au  l)oul  de  (juelques  mois 
les  portes  de  sa  prison  s'ouvrirent  sur 
la  demande  du  mc'me  comité  de  sur- 
veillance qui  Tarait  fait  arrêter.  Il 
passa  ses  dernières  années  au  milieu 
de  ses  livres,  étranger  à  tous  les 
événements,  et  mourut  le  27  octo])re 
1808  ,  à  79  ans.  Il  avait  épousé  la 
sœur  du  savant  historien  de  Pontar- 
lier  {Voy.  Droz,  XII,  38).  On  doit 
h  Baill}-Briel  :  Le  comte  de  Mont- 
béliard  agrandi  et  enrichi  au  pré- 
judice de  la  F ranche-Çomté  par 
l'échange  conclu  le  2 1  mai  1786 
entre  le  roi  de  France  et  le  duc  de 
Wurtemberg  (Besançon),  1789,  in- 
8°  de  536  p.  Cet  ouvrage,  dédié  aux 
états-généraux,  devint  l'occasion  d'une 
polémique  assez  vive  entre  l'auteur 
et  un  ministre  protestant  (  V .  Kilg  , 
XXII,  409).  Les  diverses  questions 
soulevées  dans  cet  écrit  furent  tran- 
chées,  peu  de  temps  après,  parla 
réunion  du  pays  de  Monlbéliard  a  la 
France  5  mais  les  chartes  et  les  docu- 
ments inédits  ,  imprimés  h  la  lin  de 
ce  volume  ,  doivent  lui  mériter  une 
place  parmi  les  livres  d'histoire  qui 
pourront  toujours  être  utilement  con- 
sultés. W — s. 

BAIRD  (sir  David),  général 
anglais,  entra  en  1772  comme  ensei- 
gne dans  le  deuxième  régiment  d'in- 
fanterie, devint  lieutenant  en  1778, 
et  quelques  mois  après  capitaine  de 
la  compagnie  de  grenadiers  d'un 
régiment  (le  75'")  levé  par  lord 
Macleod.  Le  corps,  embarqué  en 
1779  pour  les  Indes  orientales,  était 
h  peine  arrivé  a  Madras  (pi'll  fal- 
lut couabaltre,  cl  qu'il  fui  presque 


BAI  ^S 

iolalemcnl  déiruit.  Le  souverain  de 
Mysore ,  le  fameux  Haïder-Aly, 
ayant  conclu  un  traité  secret  avec  les 
Maliratescl  avec  le  nizam  duDékban, 
et  brûlant  de  se  venger  des  Anglais 
qui,  au  mépris  du  traité  de  1769, 
l'avaient  laissé  lutter  seul  contre  de 
puissants  ennemis,  fil,  en  juillet 
1780,  une  soudaine  invasion  dans  le 
Carnate  à  la  tête  d'une  armée  de 
80,000  hommes,  indépendamment 
d'un  corps  considérable  sous  les  or- 
dres de  Meer-Saëb ,  de  quelques 
troupes  françaises,  et  d'un  grand  nom- 
bre d'ofKciers  de  la  même  nalion.  A 
celte  armée  formidable  les  Anglais 
ne  pouvaient  opposer  que  cinq  a  six 
mille  soldats  commandés  par  sir  Hec- 
tor Monro  \  encore  une  division  de 
celle  force,  sous  le  colonel  Baillie, 
était  en  ce  moment  éloignée  du 
camp.  Un  détaciiement  dont  le  73^ 
faisait  partie  fut  envoyé  pour  la  rap- 
peler 5  mais  a  leur  retour  les  deux 
détachements  réunis  furent  surpris  à 
Perimbancum ,  dans  un  défilé  que  le 
vigilant  Haïder  avait  fait  entourer  de 
troupes  et  de  canons  masqués ,  qui 
firent  un  grand  ravage.  Cependant  la 
bravoure  et  la  tactique  des  Anglais 
triomphaient  de  la  supériorité  du 
nombre  et  de  la  difficulté  de  la  po- 
sition ,  lorsque  ,  par  un  malheur  im- 
prévu, les  caissons  de  leur  artillerie 
sautèrent  5  leur  explosion  causa 
de  grandes  pertes.  Tippou-Saëb  , 
fils  d'Haïder-Aly ,  dont  les  soldats 
fuyaient  en  désordre,  profita  de  ce 
désastre  pour  les  ramener  sur  le 
champ  du  carnage,  et  la  fureur  de 
ces  barbares  s'exerça  avec  une  féro- 
cilé  qui  ne  fut  tempérée  que  par  les 
représentations  des  militaires  fran- 
çais (  Voy.  Hyuer  -  Aly  ,  XXI , 
129).  Le  colonel  Fletcher  fut  au 
nombre  des  morts.  Le  colonel  Baillie 
et   le   capitaine  Baird^  gricvemcut 


74                    BAI  BAI 

Llpssés  ^  furent  conduits  K  Seringa-  le  cap  de  Bonne-Espérance.  Le  8 

Ïiatnam    en  présence   d'Haïder,  qui  juin    1806   l'armée  nollandaise    fut 
es  traita  avec  l'insolence  que  peut  attaquée  et  défaite  5  le  i  0  le  fort  et 
inspirer  un  triomphe  chèrement  ache-  la  ville  du  Cap  capitulèrent;   le  18 
té  j  il  ordonna  qu'ils  fussent   enfer-  la  colonie  fut  rendue  par  le  général 
mes  dans  des  cachots.  David  Baird  Jansen.  En  1807  Baird  passa   sous 
fut  enchaîné  par  la  jambe  a  l'un  de  les  ordres  du  général  Cathcart,  et 
ses  compagnons  d'infortune,  et  plu-  commanda  une  division  au  siège  dé 
sieurs  fois  sur  le  point  d'être  fusillé.  Copenhague,  oii  il  fut  deux  fois  blessé 
Ce  ne  fut  qu'au  bout  de  trois  années  et  légèrement.  En  janvier  1809  il  était 
demie,  en   1784,   que  le   capitaine  en  Espagne  a  la  tête  de  la  première 
Baird  sortit    de    captivité  ,    et  put  division  de  l'armée  commandée  par 
aller  rejoindre  a  Arcate  les   débris  sir  John  Moore  j  a  la  Corogne  il  eut 
de  son  régiment.  Nommé  lieutenant-  le  bras  fracassé  dès  le  commence- 
colonel  en  1790,    il   prit   part   en  ment  de  l'action  (i).  Ce  fut  lui  qui , 
1791  cl    1792    au   siège  de   Serin-  se  trouvant   le   plus   ancien   officier 
gnpatnam,  et  l'année  suivante  à  celui  après  la  mort  du  général,  dut  infor- 
de  Pondichéry.  Le  grade  de  colonel  mer  son  gouvernement  de  l'issue  de 
lui  fut  donné  en  1795,  celui  de  bri-  cette  bataille  que  ses  compatriotes 
gadier  en  1797  ,  et  celui  de  major-  ont  regardée  comme  une  victoire.  A 
général  en  1798.  En  1799  il  se  re-  cette   occasion  le  parlement  britan- 
trouva    de     nouveau     devant     Se-  nique   lui  vota    des    remercîments , 
ringapatnam  ,    et    ce    fut    lui    qui,  ainsi    qu'il  avait  déjà  été  fait  à  son 
le  4  mai  ^  dirigea  l'assaut  de  cette  égard  en  quatre  occasions  précéden- 
place.    L'armée    reconnut  sa    belle  tes.  Baird  fut  créé  baronnet  en  1809, 
conduite  en  lui  faisant  présenter  par  et   en  même  temps  grand-croix   de 
le    général   en    chef  Harris    l'épée  l'ordre  du  Bain  ;  en  1 8  1 4  il  fui  é- 
d'apj)arat  {slatc  sword)  du  sultan  levé  au  rang  de  général  commandant 
vaincu.   Mais   cette  distinction  ne  le  en  chef  les  troupes,  et  nommé   con- 
consola  point  de  voir  le  commande-  seiller  privé  pour  l'Irlande.  Il  fut  fait 
mont  de  la  place  qu'il  venait  d'em-  gouverneur  (le  Kinsale  en   1819,  et 
porter  donné  par  legouverneur-ge'né-  du  fort  George  en  1827.  Il  est  mort 
ral,mar{piis  (IcVVelIciley,  li  un  jeune  le  18  août  1829.  M.  Théodore  llook 
«(licier,  alors  peu  connu,    mais  qui  a  publié  en  1802,  à  Londres,  la  yie 
était  sou  frère,  le  colonelWellifigton:  tic  sir  David  liaird,  comprenant  sa 
cette    préférence  lui  causa  un  senti-  correspondance  avec  le  duc  de  \V  ci- 
ment d'irritation  (jui  perça  fréquem-  linglon,  le  marquis  deVVellesley,  les 
ment  (l.ins  sa  conversation  et  dans  ses  lords  Melville  et  Castlereagh,    etc., 
lettres.  Baird  reçut  en   1801  Iccom-  2  vol.  in-8".  Cet  ouvrage,  trop  vo- 
inandement  d'une  expédition  envoyée  lumineux  et  cpii  n'est  qu'un  panégyri- 
i\\  Egypte,  et  joignit  Tannée  du  gé-  que,  est  Tobjel  de  plusieurs    lettres 
néral  llutchinson  peu  de  temps  avant  remplies  de  faits,   et   insérées  dans 
la  reddition  d'Alexandrie.  Décoré, en 
j8o4,  <li'  l'ordre  du  Croissant  iXV.'  ^  .      ,   ,. 

.                    •>            1                 I                 I-  (0  I^nir*!    fut    If  prrmiiT   «iflinrr   «If  I  ariiuSj 

gyptc,  première  classe,  devenu  lieu-     oiipl«iHf  pour  .mI  fut  li.u  i*o,..-raiu.n  .r,«. 

Icliaut-Kénér.l!     en     l8o.S,il     fut   mis  tniirf  Iph  ..s  d»  la  j..ii.l..rr  .lu  hras.  .n   io..|...ril 

Kl        ,V,          p                         ,  |.    .  s.ul.nifiil  «nifitiui-s  iiiustlfï  .  au  Imh  <lf  CMipiT 

In  Iule   u  une    cxpcdilioii   contre  i,.  UrusmOii.».                           ^ 


VAsiaiicjoumnli^Q  iBô.i.  Lccrill- 
qiie  rccluil  île  hcancoiij)  roj)iiii()n 
(jiroii  a  (loniu'c  du  nu'riU'  ci  (Ivs  ser- 
vices (le  David  liaird,  ainsi  que  de  la 
riirucur  de  sa  caiilivilé  dans  rinde. 
Selon  lui  rel  ofTicier,  ne  avec  d  lieii- 
renses  dispositions ,  mais  qui  n'a- 
vaienl  pas  clé  cultivées  dans  son  en- 
fance, n'élail  pas  capalile  d'embras- 
ser un  vasle  plan  d'opéralions j  il 
élail  d'ailleurs  plein  de  bravoure,  de 
résolution,  et  en  même  femps  d'Iui- 
manilé.  cl  savait  maintenir  parmi  ses 
soldais  la  plus  exacte  discipline.   L. 

15AITELLI  (GiuuA).   Voj. 
Fenaroli,  XIV,  283. 

«AIZÉ  (NoEL-PiULirPE^,  prê- 
tre de  lacon«rréo;ation  de  la  Docirine 
clirêlienne,  né  a  Paris  le  28  octobre 
1672,  dirigea  d'abord  le  collège  de 
"Vitry-le-Français ,  et  y  enseigna  la 
lliéoiogie  en  1697.  Il  revint  h  Paris 
en   1704.  pour  y  exercer  les  mêmes 
fonctions  dans  la  maison  de  Saint- 
Cliarles,  rue  des  Fossés-St- Victor. 
Miron,  docteur  de  la  maison  de  Na- 
varre, ayant  laissé  ses  livres  aux  pè- 
res de  la  Doctrine  chrétienne,  a  con- 
dition que  leur  bibliothèque   serait 
ouverte  au  public  certains  jours  de  la 
semaine ,  le  P.  Baizé  en  fut  nommé 
directeur;  il  en  dressa  le  catalogue 
avec   une  telle   exactitude   qu'aucun 
autre,  sous  ce  rapport,  ne  peut  lui 
être  comparé.  Le  système  qu'il  avait 
adopté  eut  le  suffrage  le  plus  flatteur, 
celui  de  Tabbé  P»!gnon,  bibliothécaire 
du  roi.  Le  P.   Baizé  fit  l'ouverture 
de  la  bil)liothèque  de  Saint-Charles 
le  24.  novembre  1 7  i  8  par  un  discours 
latin  aussi  élégant  que   solide  ^  mais 
que  par  modestie  il  ne  voulut  jamais 
livrer  à  Timprcssion.  Devenu  assis- 
tant-général de   la  congrégation  en 
1725,  toute  sa  vie  ne  fut  (ju'un  tra- 
vail continuel  ;  mais  rien  ne  put  trou- 
bler la  paix  de  sou  arae  cl^  b'i  douceur 


BAJ 


95 


de  son  cnraclcrc.  Il  mourut  h  Paris 
le  2.i  janvier  1746.  On   n'a  de  lui 
d'écrits  ini])riniés  (jue  l'éloge  du  P. 
Le  Sémelier,  inséré  dans  le  Mercure 
de  juillet  i7:i5,  des  statuts  el  fac- 
lums   concernant  les   affaires   de    sa 
congrcgalion,  (juelqncs  articles  (dans 
le    supplément   de    INloréri)  sur    les 
grands    hommes    (ju'elle    a    produits 
et  une  histoire  al)régce  de  celte  mê- 
me congrégation  et  de  ses  généraux 
dans  le  t.  V  II  du  Gnllin  clirisliann, 
avec  des  pièces  K  la  fin  du  volume. 
Le    Catalogue    de    la   bibliothèque 
de  Saint-Charles,  en  22  volumes  iu- 
fol.  5  est  maintenant  a  la  bibliothè- 
que de  l'Arsenal  ;  mais  le  second  vo- 
lume  de    la  table  s'est  perdu.    On 
trouve  dans  le  Mercure  de  Vrance 
du  mois  de  juin  1746,  un  éloge  his- 
torique du   P.    Baizé,   par  son  cou- 
frère  le  P.  Devismes,  p.  92-99. 
C.  T— Y. 
BAJON  ,    médecin    naturaliste 
de    la    faculté    de    Paris,    fut  en- 
voyé   comme    chirurgien    major    à 
Cayenne,  en  1765.    Dès   son   arri- 
vée dans  cette  île,  il  eut  une  occasion 
d'observer  la  maladie  contagieuse  qui 
se  déclara  parmi  les  Européens  nou- 
vellement débarqués  5   mais  tous  ses 
efforts  pour  la  combattre  furent  inu- 
tiles, et  il  vit  périr  successivement 
la  plus  grande  partie  de  ses  compa- 
gnons de  voyage.  En  1773  il  obtint 
une  médaille  d'or  de  l'académie  de 
chirurgie  pour  un  Mémoire  qu'il  lui 
avait  adressé  sur  le  traitement  des 
maladies  inflammatoires.  L'année  sui- 
vante il  fut  nommé  ,  sur  la  présenta- 
tion de  Daubenlon,  correspondant  dô 
l'académie  des  sciences,  a  laquelle  il 
envoyait     fréquemment     des     notes 
d'histoire  naturelle.   Après  un  séjour 
de  douze  ans ,   tant  a  Cayenne  que 
dans  la  Guiane  ,   il  revint  en  France 
vers  la  fin  de  1776,  rapportant,  a?eo 


;6 


BAJ 


des  planles,  des  quadrupèdes  et  des 
poissons,  une  foule  d'observations 
neuves  qu'il  publia  sous  ce  titre  : 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
de  Cayenne  et  de  la  Guiant fran- 
çaise j  dans  lesquels  on  fait  con- 
naître la  nature  du  climat  de  cette 
coAîfre'é?,  etc. ,  Paris,  1777-78,  2 
vol.  in-8'*,fig.'trad.  en  allemand,  Er- 
furtji  780-1 784.,  2  vol.  in-8°. Le  pre- 
mier volume  contient  seize  mémoires  : 
les  uns  sur  les  maladies  qui  régnent 
le  plus  fréquemment  a  Cayenne  j  les 
autres  sur  les  serpents  et  autres  ani- 
maux venimeux  qu'on  rencontre  dans 
celle  île,  sur  quelques  oiseaux  rares, 
et  enfin  sur  le  manioc  et  les  moyens 
d'eu  neutraliser  les  propriétés  délé- 
tères. Le  second  en  renferme  douze, 
dont  le  premier  est  la  descrinliongéo- 
graphique  de  Cayenne  et  de  la  Guiane  j 
les  suivants  Irailentdes  maladies  que 
Bajon  avait  observées  d'une  manière 
spéciale  j  cl  enfin  d'aulres  sont  con- 
sacrés à  la  descripliou  de  plusieurs 
quadrupèdes  peu  connus,  du  poisson 
t'ieclricjue  que  l'on  nomme  à  Cayenne 
YanL^uille  tremblante  ;  des  plantes 
alimentaires  de  la  Guiaue  et  de  leur 
culture,  et  des  corps  lumineux  qui 
brillent  sur  la  mer  dans  Tobscurilé. 
Plusieurs  des  mémoires  de  Hajon 
ont  été  publiés  entiers  ou  par  extraits 
dans  lo  Journal  de  médecine  et 
dans  celui  de  f)/iysir/ue.  l»uiïon  a  fait 
usage  de  sou  mémoire  sur  le  ta/ar; 
mais  en  y  signalant ,  avec  tous  les 
égards  convcnal les,  quebjues inexac- 
titudes étlia|)|)é('s  au  clilrurglen  na- 
turaliste dans  la  descripliou  anato- 
inl(pie  de  ce  (piadrupèdc.  Soimlnl, 
dans  les  noies  de  sou  édition  des 
OKuvres  de  Rnifon,  Iralte  bien  plus 
sévèrement  Hajon  qui,  dit-il ,  conline 
par  «on  emploi  dans  Cayenne  ,  s'en 
r.i|)portall  aux  naturels  du  pays  pour 
rcdiger  8C«  mcmuircj}  (A  .  ïcUuJJ'on 


BAK 

de  Sonnini,  XLIX,  286,  et  llist, 
des  poissonSy  V,  079).  Bajon  était 
l'intime  ami  de  Mauduit  de  la  Ya- 
renne,  médecin  naturaliste,  dont  on 
a  quelques  ouvrages,  et  qui  fut  l'un 
des  collaborateurs  de  XEncjclopé- 
die  méthodique.  On  trouve  encore 
le  nom  de  Bajon  dans  la  liste  des 
correspondants  de  l'académie  des 
sciences  pour  l'année  1790  j  mais  on 
n'a  pu  découvrir  ni  la  date  ni  le  lieu 
de  sa  mort.  \V — s. 

BAKER,  voyageur  anglais  ,  qui 
doltèlre  distingué  par  son  mérite  d'une 
foule  d'aventuriers,  a  écrit  un  voyage 
qui  porte  son  nom  ,  quoiqu'il  ne  lut 
parti  d'Angleterre  qu'en  qualité  de 
facteur.  Roudel  et  Pieval  étaient  les 
deux  capitaines  de  rexpcdltion  ,  et 
commandaient  chacun  uu  bâtiment.  11 
est  vrai  que  les  talents  de  Baker  et 
l'expérience  qu'il  avait  acquise  dans 
le  voyage  de  Butter,  lui  avaient  mé- 
rité l'honneur  de  partager  l*aulorllé 
avec  les  deux  chefs.  Ce  voyage  est 
de  l'an  j  565.  Au  retour,  qui  fut  assez 
malheureux,  Baker  s'était  engagé  par 
une  sorte  de  vœu  h  ne  plus  approcher 
des  eûtes  de  Guinée.  Cependant  , 
pressé  par  les  sollicilalions  d'une 
compagnie  ([ul  connaissait  sa  prudence 
et  son  zèle;  ayant  même,  comme  tout 
bon  marin  ,  oublié  après  (juebjues 
mois  de  repos  les  peines  qu*il  avait 
essuyées  ,  il  céda  au  vœu  de  la  com- 
pagnie, cl  se  rembarqua  pour  la 
mèuïe  deslinatiou.  La  France  el  l'An- 
gleterre étaient  alors  en  guerre;  ce 
(|ni  donna  lieu  \\  un  combat  contre 
deux  vaisseaux  français  que  l'on  ren- 
contra d("ii  le  Irolslème  jour.  Après 
s'être  vaillamment  délendus  ,  les 
Français  se  rendirenl ,  el  leurs  vais- 
seaux Inrenl  venilns  dans  un  port 
d'Kspaj;ne.  A  peine  arrivé  sur  les  cô- 
tes (le  Guinée,  Baker  descendit  a  lerro 
avec  huilhymmes;  cl,  comme  il  avait 


BAK  BAK                     77 

(li'ja  fait  le  vo}a;;c  ,  II  se  flallait  tic  leur  nuire.  Ils  se  rcm!)arqnèrcnl  lo 
réussir  dès  le  mniic  jour  il  former  lendemain  ,  cl  arrivèrent  près  d'une 
avec  les  nègres  ([uchjues  liaisons  de  côle  où  (Ils  nc'grcs  en  armes  leur  fi- 
commerce,  et    se  proposait  de  rega-  rcnl   craindre    un    nouveau    danger, 
gner   son    vaisseau    avant    la    nuit.  Toutefois,  en  s'instruisant  par  signes, 
Mais  un  orage  furieux  Ten  empêcha.  Baker  connut  nue  les  nègres  étaient 
IS'osaut  cependant  demeurer  h  terre  armes   contre  les  Portugais;    et   les 
de  peur  de  surprise  ,  il  passa  la  nuit  nègres  s'aperçurent   (pio  lui    et  ses 
dans  sa  chaloupe^  exposé  au  vent  et  a  gens   avaient  besoin   de  vivres.    Ils 
la  pluie,  tandis  (pie  les  vaisseaux  dé-  leur  en  donnèrent- et  Baker  l(Mir  pro- 
taches de  leurs  ancres  étaient  poussés  mit  le  secours  des  vaisseaux  qu'il  leur 
vers  la  haute  mer.  Le  lever  du  soleil  assura  n'être  pas  éloignés.   Cette  s\i- 
ne  ramena  qu'une  faible  clarté.    Un  percherie    lui  réussit    encore  auprès 
brouillard  épais  empêcha  Baker  d'à-  de  quelques   autres   peuplades  ;  eu- 
percevoir  les  vaisseaux  et  d'en  être  fin,  n'ayant   plus    rien  à  leur   don- 
apercu.    S'imaginant    qu'ils    avaient  iicr ,    et  s'étant  dépouillés  même  de 
remonté  Iac(Jle,  il  s'efforça  de  les  y  leurs  habits,   Baker    et  ses   corapa- 
joindre,  landisqu'eux,  se  rapprochant  gnons  étaient  voués  hune  mort  près- 
du  lieu  où  ils  l'avaient  laissé  et  ne  l'y  que  certaine,  lorsque  deux  vaisseaux 
trouvant   pas  ,     crurent   qu'il    avait  français  parurent  et   les  reçurent  à 
péri.  Comme  c'était  par  son  conseil  leur    bord.  Il  est  vrai  que    ce   fut 
et  ses  lumières  que   devait  se  con-  comme  prisonniers  de  guerre;   mais 
duire  cette  entreprise ,  privés  de  ce  après  quelques  mois    de  ?  séjour   en 
puissant  secours,  les  deux  capitaines  France  ,  Baker  acheta  sa  liberté,  et 
prirent  le  parti  de  retourner  en  An-  retourna  dans  sa  patrie  oii  il  mourut 
gleterre.  Cette  funeste  résolution  ex-  vers  i58o.                      M — e. 
posa  Baker  aux  plus  affreux  dangers.  BAKKER  (  Gerbrand),  méde- 
Il  remontait  constamment  la  côle,  et  cin  hollandais,  professeur  a l'univer- 
chaque  coup  de  rame   l'éloignait  des  site  de  Groningue  ,  naquit  a  Enkhui- 
vaisseaux.   Quelquefois  il  descendait  scn  ,  dans  la  Nord-Hollande  ,  le  i'^*' 
à  terre  avec  ses  compagnons   pour  y  novembre  1771-  Après  avoir  appris 
prendre   quelques  racines  ,  ou  pour  avec  beaucoup  de  facilité  et  de  succès 
acheter  fort   cher  de   quelques   ne-  les  langues  anciennes ,  il  se  livra  a 
grcs  un  peu  de  miel  ou  de  vin    de  l'étude  de  la  médecine  dans  les  uni- 
palmier.  Obligés  de  passer  une  nuit  versités  d'Alkmaer,  de  Groningue  et 
près  d'un  ruisseau  qu'ils  avaient  rcn-  de  Leyde.  Il  dut  principalement  son 
contré  heureusement,  et  qui  venait  instruction  aux  soins  du  docteur  Du- 
se  jeter  a  la  mer  entre  des  rochers  ,  pui,  qui  devint  successivement  pro- 
ils   éprouvèrent  un  mal  pire   encore  fesseur  dans  ces  diverses  facultés.  Bak- 
que  la  faim  ,  c'était  la  crainte  d'être  kcr  suivit  aussi  a  Leyde  les  leçons  de 
dévorés  par  les  animaux  qui  venaient  Sandiforl,  de  Paradys,  de  Vollelen, 
se  dé^^allérer  a  ce  ruisseau.  L'obscu-  et  il  y  fut  reçu   docteur  en  1794. 
rite  n'était  pas  si  épaisse  qu'ils  n'en  II   exerça  d'abord  l'art  de  guérir  à 
distinguassent  une  grande  quantité;  Edam,  petite  ville  de  la  Nord-Hol- 
et  leur  aspect  les  épouvantait   au-  lande,  et  y  montra  beaucoup  de  zèle 
tant  que  leurs  cris.   Cependant   au-  pour  l'exercice  des  accouchements  et 
çuu  ne  les  aperçut  ou  ne  chercha  à  de  la  médecine  pratique.  En  1806  il 


7' 


BAK  BAL 


fut  nommé  lecteur  cranalomie  ,    de  que  illustratus  partus  huniani  me- 
chirurgie  et  d'accouchements  à  l'école  chanismus,  ihid.,  1816  ,  gr.  in-fol. 
chirurgicale  de  Harlem  ,  et  l'amiée  III.  Osteographia piscium^    Gadl 
suivante  une  place  de  professeur  or-  prœserlim     œglejini ,    comparata 
dinaire  a  Franeker  lui  fut  décernée,  cum  Lampride  guttato,  specie  ra- 
En   1811,  lorsque  la  Hollande  fit  riore,i\ÀA.^  i  822,  in-8°5aveci5  pf. 
partie  de  î'empire  français ,. le  gou-  IV.  Epidemia    quœ    anno    1826 
vernemeot  le  nomma  professeur  d'à-  urbem     Groningam    q^lixit ,    in 
nalomie,  de  physiologie,  de  chirurgie  brevi  conspectu  posita,  1826,  in- 
et  d'accouchements  à  l'université  de  8°.  V.  De  natura   hominis  liber 
Groningue.  Bakker  remplit  ces  im-  elementarius ,  ibid.,  1827,  2  vol» 
portantes  fonctions  pendant  dix-sept  in-8°.     Ce  dernier    ouvrage    devait 
ans,   et   ne   se   distingua  pas  moius  être  un  traité  complet  d'anatomie  et 
comme  professeur  que  comme  écri-  de  physiologie  ^  nous  croyons  qu'il 
vain.  11  fut  surtout  habile  daui  l'art  n'est  pas  terminé.  G — t — r. 
des  préparations  anatomiques  et  des         BALARD   (Marie-Françoise 
injections.  Ses  cours  d'accouchements  Jacquette    Alby  ,    dame)   née    a 
contribuèrent  beaucoup  a  former  de  Castres    en    1776,    avait    reçu    de 
bons  élèves.    Il  s'occupa  aussi  avec  la    nature    un    talent     remarquable 
zèle  de  l'analomie  du  cerveau  et  de  pour  la  poé^ie,  Mariée  jeune,  elle 
Fanatomie   comparée.    Ce    médecin  eut  le  bonheur   de  rencontrer  dans 
montra  toujours  beaucoup  d'humanité  son  mari,   l'un  des    avocats   distin- 
ct de  désintéressement  5  et  il  eut  sur-  gués    du    barreau    de   Castres,    un 
tout  occasion  d'en  donner  des  preu-  homme    fait    pour  l'apprécier.    Vu 
ves  dans  l'épidémie  qui  allligea  la  ville  poème   en  quatre    chants,   X  Amour 
de  Groningue  en  1826,  et  doul  il  a  maternel ,  qu'elle  fit  imprimer  sous 
publié  une  description.    Il  mourut  le  voile  de  l'anonyme,  Paris,  181  o, 
aune  goutte    anomale  qui  se  porta  in-i8,  quoique  inférieur  a  celui  (jue 
sur  les  organes  abdominaux,  le  i4  Millevoye(/^ojK-.  cenora,  XXIX,  59) 
juin    1828.   Bakker  a  publié  divers  avait  publié  .sur  le   même  sujet,  fut 
ouvrages     en    hollandais.    PlusicHrs  accueilli   favorablement  par  les  con- 
sent sur  les  accouchements  5  on  y  rc-  naisseurs.     En    1811    M'"*    Balard 
marcjue  aussi  un  Irailé  sur  le  magné-  remporta  A^ixw  prix  réservés  a  Taca- 
iismc  animal,  un  sur  les  veis,  dirij^é  demie  des  jeux  Horaux^  1  uu  pour  une 
coolre  le    professeur  Rudolphi   de  Elégie,  et  l'autre  pour  une  Hymne 
Berlin,   un  autre  sur  I'umI  humain,  à    la    vierge.    Encouragée   par   ce 
Ses   aulrcs  ouvrages    sont   en  lalin.      double  succès,   elle   continua  d  tu- 
Voicila  liste  desprincipaux  :  ï.  i)ra-     voyer  prescpic  cha([ue  année  queLpies 
iio  inangurdlis   de   iis   qiue    (irtis     pièces   au  concours  ;  et   si  toutes  ne 
obsletrici(r  iililitntetnnugrre  pos-      turent  pas  couronnées,  files  mérilè- 
sunl,  et  grnliim  mugis  ucccptum-     rcntdu  moins  l'approbation  de  ses ju- 
qur    reddere ,    Groningue  ,    181  4..      ges,  et  la  plupart  fureul  insérées  (bus 
C'est  le   discours  qu'il  prononça  en      les  recuiils  de  Tacadémie.  A  l  épo- 
prenant  possession   de  sa  chaire  de     (pie  de  la  restauration  ,   IM'""  Balard 
professeur   a   Groningue.   II.    Dv\-     exprima  ses  senliuienls  dau.s  une  ode 
crijilin   ironis  /x/vis   femi/tettf   et      oii  l'on   trouve,  îi  délaul  des  verita- 
schcmtUum  cupitts  inJnntiliSy  iis-     blés  qualités  du  ^eur«  lyriipie,    de 


BAL  BAL  7() 

l'aboiulancc  cl  de  I.i  doncciir.  Ad-  celle  science  $ous  la  dîreclîon  d'Al- 

mise  en  1819  K  l'académie  des  jeux  \ioni(f^()y.  ce  nom,  I,  59/».) ,  qui  le 

floraux,  elle  y   lui  dès  ranuée  sui-  regardait  eoiunic  son  meilleur  élève, 

vanle  un  Kloç^c  de  mad.    V crdivr  cl  aucjucl  il  succéda   plus  lard  dans 

{V,  ce  nom,  XLVIII,    171),  qu'on  la  place  de  professeur  de  botanique 

frouva  peu  digne  de  celle  qui  l'avait  et  de  conservateur  du   jardin  royal 

inspiré.  D'uu  caractère  tendre  et  por-  des  plantes.  Dans   le    mois  de    juin 

tée  h  la  mélancolie,  IM""' Balard  réus-  1797,  le  docteur  Barolo,   son  con- 

sissail  surtout  dans  les  sujets  qui  de-  frère,    ayant  fait    connaître  au    roi 

mandent  de  la  sensibilité.  Sa  dernière  Charles-Emmanuel  (/^<yjK.    ce  nom, 

pièce  est  le  Tombeau  de  Syhaii-  au  Supp.)  un  complot  qui  se  tramait 

drc,  idylle  que  termine  ce  vers   si  contre  son  autorité,  Balbis  se  croyant 

simple,  mais  si  touchant  :  compromis  se  réfugia  en  France  ,  oiî 

Je  ne  veux  pas  inc  consoler.  il  fut  employé  comme  médecin  dans 

M"*   Balard  mourut  a   Castres,  le  les  hôpitaux  militaires  des  armées  des 

8  avril  iBaa,    à   4-6    ans,   laissant  Alpes  et  d'Italie.  Après  la  conquête 

inédits  plusieurs  morceaux  de  poésie,  du  Piémont  (déc.   1798),   le  général 

entre  autres  Velleda^  cantate  dont  Grouchy  le  nomma   l'un    des    mera- 

elle  avait  tiré  le  sujet  des  Martyrs  bres  du  gouvernement    provisoire  ; 

de  M.  de  Chateaubriand.      S — É.  mais,  dans  le  mois  d'avril  suivant,  les 

BALBAiVI  (Nicolas),  de  la  succès  de  l'armée  austro-russe  le  for- 
ville  de  Lucques,  fut  ministre  de  l'é-  cèrent  de  quitter  encore  une  fois  sa 
glise  italienne  à  Genève,  où  il  publia  patrie,  où  il  revint  l'année  suivante 
en  italien  une  Vie  du  marquis  Ga-  après  la  victoire  de  Marengo.  C'est 
leazzo  Caracciolo,  dans  laquelle,  com-  alors  qu'on  le  nomma  professeur  de 
me  le  titre  l'annonce ,  on  voit  un  botanique  a  l'université  de  Turin.  Il 
rare  et  singulier  exemple  de  per-  enrichit  le  Jardin  des  Plantes  de  plu- 
sévérance  dans  la  piélé  et  dans  la  sieurs  espèces  nouvelles,  dont  il  a 
vraie  religion,  Genève,  i58i,  in- 16.  donné  la  description  dans  les  mémoi- 
Cet  ouvrage,  qui  eut  dans  le  temps  res  de  l'académie  de  Turin,  et  publia 
beaucoupdesuccès,  fut  traduit  en  fran-  successivement  plusieurs  ouvrages  im- 
cais  par  Vincent  Minutol,  et  la  Ira-  portants.  Par  suite  delaréaclion  pié- 
duction  parut  a  Genève  en  1587,  montaise il  perdit  sa  chaire  en  i8i4-, 
l'année  même  de  la  mort  deBalbani.  et  se  retira  d'abord  a  Pavie,  près  de 
Il  a  été  aussi  traduit  en  latin,  i  696,  son  ami  Nocca ,  qu'il  aida  dans  la  pu- 
in-8'^5  et  cnanglaisparW.  Crashaw,  blication  de  la  Flora  ticinensis. 
m- 4-°-                                   G — E.  Il  obteint  en   18 19   la  chaire  et  la 

BALBIS  (Jean-Baptiste),  sa-  direction  du  jardinbolaniquc  de  Lyon, 

vant  botaniste,   naquit   en    1766    a  et   vint   eu   cette  ville,  où  il  reçut 

Moretta  ,  pelit  village  du  Piémont,  l'aciueil    le    plus    distingué.    Ayant 

Après  avoir  achevé  ses  études  a  l'uni-  éprouvé   quelques  désagréments    eu 

versité  de  Turin,  il  y  reçut  le  dodo-  i83o,  il  demanda  sa  retraite  qui  lui 

rat,  et  fut  répélilcur  au  collège  des  fut  accordée.  Bientôt  des  affaires  de 

provinces,  puis  médecin   agrégé  a  la  famille  le    rappelèrent  en  Piémont, 

même    université.   Son  goût  pour  la  II  y  mourut   le   i5    février    i83i. 

botanique  s'était  manifesté  de  bonne  Balbis    était    membre    de    plusieurs 

heure.  Il  fit  de  rapides  progrès  dans  académies.  Lyon  lui  dut  une  société 


So                   BAL  BAL 

linnéennc.  Seconde  par  quelques  mes  démérite  (1^.  Barbo, III,  3 5o), 
amateurs  éclairés  de  la  botanique,  Papadopoli,  sans  autre  examen,  en 
il  réunit  en  peu  de  temps  les  ma-  conclut  qu'il  était  parent  du  pape 
lériaux  d'une  Flore  lyonnaise  ,  et  Paul  II  (5).  A  ce  pontife  les  conli- 
mit  tous  ces  soins  a  terminer  ce  grand  nuateurs  de  Moréri  substituent  son 
ouvrage.  Une  Notice  inléressante  prédécesseur  Pie  II ,  sans  dire  le 
sur  Balbis  ,  lue  a  Tacadémic  de  motif  de  ce  changement.  Si  l'on  en 
Lyon  par  M.  le  docteur  Grosnier,  croit  Papadopoli,Balbus  se  fit  inscrire 
est  imprimée  dans  les  Archives  du  en  1^22  a  l'université  de  Padoue,  elil 
département  du  Rhône,  ^\S •)  129.  en  fréquenta  les  cours  pendant  quatre 
Elle  est  suivie  de  la  liste  des  ou-  ans.  Biais  ce  qui  est  plus  certain  , 
vrages  de  Balbis,  au  nombre  de  c'est  que  Balbus  était  en  i4-23  au 
quatorze.  Les  principaux  sont  :  I.  nombre  des  disciples  que  la  répula- 
Enumeralio  plantarum  officina-  tion  de  Viclorin  de  Feltre  {Voy.  ce 
lium,  Turin,  i8o4^,  in-4.".  W.Flora  nom,  XLVIII,  4i4-)  attirait  a  Man- 
Taur'inensis ,  ibid.  ,  1806,  in-8".  loue  de  toutes  les  parties  de  l'Eu- 
III.  Materies  inedica,  ibid.,  181 1,  rope.  Après  s'être  perfectionné  dans 
2  vol.  iu-8°.  lY.  Flore  lyonnaise,  la  théologie  ,  dans  la  philosophie  an- 
Lyon,  1827-28,  2  vol.  in-8*'.  V.  cienne  et  surtout  dans  la  langue  grec- 
Miscellaneahotanica  prima  étal-  que,  il  se  rendit  a  Rome,  et  ayant 
tera.Yl.De  crcpidis nova species ,  obtenu  quelques  bénéfices,  il  se  con- 
et  autres  mémoires  insérés  dans  le  sacra  tout  entier  a  la  culture  des  lel- 
recueil  de  l'académie  des  sciences  de  très.  Son  ardeur  pour  l'élude  lui  fit 
Turin,  dont  il  était  membre.  Willde-  refuser  tous  les  emplois  qui  pouvaient 
now  a  donné  le  nom  de  Balbisia  à  le  détourner  de  ses  occupations  j  Pa- 
une  piaule  récemment  découverte,  padopoli  et  les  continuateurs  de  Mo- 
G — G — Y  et  W — s.  réri  disent ,  il  est  vrai ,  que  ,  chargé 
BALRITS  ou  BALT5I  (PiER-  de  différentes  commissions,  il  les 
be),  savant  philologue  du  i  B*"  siècle  ,  remplit  avec  autant  de  sagesse  que  de 
sur  lequel  on  n\i  (|ue  des  renseigne-  prudence;  mais  toutes  les  recherches 
ments  incomplets  et  inexacts.  Ughel-  (pi'on  a  faites  pour  s'assurer  s'il  avait 
li  (i),  Papadopoli  (2) ,  les  continua-  été  réellement  employé  par  Pie  II  ou 
leurs  de  Moréri  et  même  Barbier,  Paul  II  sont  loin  de  confirmer  celte 
dans  sou  Fxamen  critique  des  die-  assertion.  Balbus  fut  nommé,  vers 
lionnaires,  p.  71,  disent  (|u'il  élait  i  460,  évèquc  de  Tropea  dans  la  Ca- 
de  Venise  (5).  Mais,  dans  la  préface  labre  ultérieure.  C'est  dans  celte  ville 
de  sa  traduction  ôî'Alcinoïis,  lialbi  (ju'il  termina,  le  22  mars  1462  ,  sa 
nous  apprend  i\\\'\\  était  de  Pise  (4).  traduction  laline  dt-  la  Théologie  de 
Ughelli  lui  ayant  donné  les  armoiries  IVoclus,  dont  il  ollril  la  dédicace  au 
des  Barbo,  famille  patricienne  de  roi  de  INaples,  Ferdinand  P*".  Papa- 
Venise,  (ini  a  prtxhilt  j)!nslcurs  lioni-  dopoli  assure  que  Balbus,  se  reposant 

.               '■  sur  ses  vicaires  tle  radminislralion  do 

r.i  ;;:;■;:;: a»..«;.f/?.-,„„„„ ...  ,,5.  »<>■>  'HoCsc ,  ..c  lard,.  m.,,  k  revoir 

<J)  Hurhicr  I.Î  nomme  C./.A/V  /."/"<•«  .1  r.n-  î^    Uouie,    OU   il    mOUrUt    ic   9    SeptCHl- 

*Oie  à   Mnrrri,  «lui  fuit ,  mifiix  «lue  l'VU«T ,  roii-  .                                  <      1*^            J„     Q   .     „.,  .       Il 

(4)   V.    Mnill;iirr,    ,■/«««/.    Ijpntntph.,  I,  3u:  _ 
Ilifil.   .Smitfiitiixi  .    \.\\\ll;  Ir  (alat.  il»  la  f 'al- 

lurt,  38311  i  l'ImUx  du  1\  Lairc,  Tinibonhi,  elc.  (5)  Ctrtistimt  J'au/ut  II  n/Jmu  Juit. 


«AL  II  AL  8i 

ajoute  (|iiL'  srs  rcsli's  furcnl  ilcposés  (juc  la  ltil)li()llic(|uc  du  Valicau  pos- 
(laiis  une  clia|U'llo  au  Valicau,  cl  shic  aussi  (|ii('l(](U'.s  opuscules  de 
que  le  pape  Sixte  IV  lui  lit  élever  lîalbus  {J)i///int/i.  manuscripior.  , 
un  tombeau  de'eoré  (Piiue  épilaplie.  I,  i:i8;.  W' — s. 
Mais  ou  la  clierclicrait  vaiueuieul  BALDASSIXI  (.Ikhoml;  ,  liis- 
dans  les  Recueils  de  Gallelli  {F.  lorien,  né,  vers  i  720,  ii  Jcsi  dans  la 
ce  nom,  XVI,  36 1);  et  tout  fait  luarclie  d'Aucoue  ,  pui.sa  dans  sa  fa- 
conjccturcr  (juc  Balbus  mourut  dans  luille,  avec  le  goût  de  l'élude,  l'exçm- 
sa  ville  épiscopalc  avant  1469.  Tira-  pie  du  palriolisnic.  Comme  sun  aïeul 
I){)sc1h(6)  dit  (jue  lîalhuss'élail  rendu  Thomas  Baldassini  (i) ,  Jérôme  con- 
tiè.s-lial)ile  dans  l'astronomie,  el  qu'il  sacra  sa  vie  a  recueillir  et  a  mettre 
avait  traduit  du  grec  en  laliu  plu-  en  ordre  des  matériaux  pour  1  his- 
sicurs  ouvrages,  renvoyant  pour  les  toire  de  sa  ville  natale,  el  mourut  en 
litres  aux  Sc/ittori  de  Mazzuchelli ,  1780.  Outre  que  (jues  opuscules  qui 
II,  89.  La  Iradiiclion  que  Balbus  n'oflreul  que  peu  d'intérêt,  on  lui 
avait  faite  de  V Introduction  à  la  doit  :  3Ieniorie  istorichc  délia 
p/iiloso/)lne  de  Platon  \-\Rr  Wcino'ùi  clttà  di  Jesl ,  Villafranca,  1765, 
a  été  publiée,  avec  sa  dédicace  au  in-/|-*'.  Cet  ouvrage  ,  fruit  de  longues 
cardinal  de  Cusa  [V.  ce  nom,  X,  et  consciencieuses  recherches,  est 
382).  à  la  suite  de  la  première  édi-  très  estimé.  A  la  suite  on  trouve  une 
tion  d'yipulée,  Rome,  1^69,  in-fol.  réponse  a  la  dissertation  de  l'abbé 
Dans  la  préface,  Jean  André,  évêque  Philippe  Vecchietti  sur  le  passage  de 
d'Aléria,  parle  de  Balbus  dans  des  saint  Grégoire,  où  il  est  question  de 
termes  qui  font  douter  qu'il  vécût  la  ville  d'y^w^//?irï.  Vecchietti  sou te- 
encore  a  celle  époque.  La  version  nait  que  c'est  Oslmo  •  mais  Baldas- 
d'Alcinoiis  a  ëlé  "reproduite  en  1^72  sini,  comme  on  le  pense  bien,  se  pro- 
a  la  suite  de  l'opuscule  d'Honorius  ,  nonce  pour  Jesi.  W — s. 
De  imagine  mundi ;  et  en  14.88  a  BALDELLI  (le  comte  Jean- 
Viccnce  Avec  V  Apulée;  mais  la  non-  Baptiste),  littérateur  italien,  naquit 
velle  traduction  de  Marsile  Ficin  a  a  Cortone  en  1766  ,  fit  ses  éludes  à 
fait  oublier  depuis  long-temps  celle  Florence,  el  fut  dès  sa  première  jeu- 
de  son  devancier.  Balbus  a  traduit  en  nesse  créé  chevalier  de  St-Etlenne 
outre  le  Dialogue  de  saint  Grégoire  Entraîné  par  son  goût  pour  la  car- 
de Nysse  sur  l'immortalité  de  rière  des  armes,  il  se  rendit  eu 
Vdme,  et  la  Vie  de  saint  Macrin;  France,  où  il  fut  officier  d'abord  dans 
—  le  Sermon  de  saint  Grégoire  de  l'infanterie,  ensuite  dans  la  cavalerie. 
jNaziauze  sur  l'amour  de  la  pau-  Il  épousa  a  Marseille  une  demoiselle 
vreté ;  —  celui  de  saint  Jean  Chrj-  de  Lumeny  ,  qui  lui  donna  une  fille 
sostôme  sur  l'aumône  ;  —  celui  de  et  mourut  en  couches.  Il  émigra  en 
saint  Basile  S'ir  la  prière;  —  et  179  i,  comme  la  plupart  des  officiers 
enfin  divers  0/;/^,çc;//<^s  de  saint  Maxi-  de  l'armée  française,  el  fit  les  pre- 
me.  Ses  Iraduclious  étaient  conser-  raières  guerres  de  la  révolution  dans 
vées  dans  les  archives  du  chapitre  de  les  armées  des  princes,  puis  dans 
Capoue  {Catul.  Stnith.,  LXXVII).  celles  Je  Prusse  et  d'Autriche.  Il  re- 
Le  P.  de  Monlfaucon  nous  apprend  vint  dans  sa  patrie  en  17955  et,  lors- 


(i)  On  a  de  Tboma»   Ualdnssrni  :  JVétizie  isio- 
(6)   littria  delta  /ett^ivfum  itnliana  ,  \l,    1020.        riche  di  Jr^i,  ibid.,   fjoS,  ia-M. 

LU  é; 


82 


BAL 


que  les  Français  envahirent  l'Italie 
dans  Tannée  suivante  ,  le  grand-duc 
lui  donna  le  coramandemenl  d'une 
brigade  qu'il  chargea  de  couvrir  la 
Romagne.  Le  comte  Baldelli  était 
encore  a  la  tête  de  cette  troupe  en 
1799  j  mais  Napoléon  ayant  défini- 
tivement soumis  la  Toscane,  en  1800, 
il  s'éloigna  de  son  pays,  et  se  mit  a 
voyager  dans  le  nord  de  l'Europe, 
principalement  en  Angleterre.  Il  ne 
revint  en  Toscane  qu'a  la  fin  de  i  8  04., 
et  consacra  dès-lors  tons  ses  moments 
à  sa  famille  et  a  l'étude  des  lellres. 
Nommé  l'un  des  membres  de  l'aca- 
démie delà  Crusca,  il  en  devin  l  en  i  81  5 
le  président.  Ayant  toujoursjouid'une 
grande  considération  â  la  cour  du 
grand-duc,  il  fut  envoyé  à  Dresde  en 
1817  pour  y  oégocierle  mariagedu  fils 
de  Ferdinand  III  avec  la  princesse  Ma- 
rie. Baldelli  mourut  gouverneur  de 
Sienne  en  avril  1  83 1 ,  laissant  dix  en- 
fants de  son  second  mariage.  Il  était 
membre  des  principales  sociétés  litté- 
raires d'Italie  ,  et  correspondant  de 
plusieursacadémies  étrangères.  On  a 
de  lu  i ,  comme  éditeur  :  Lcttcru  ilalin- 
ne  scelle j  Facnza,  1792,  in-8".  Ce 
choix  de  lettres  annonce  un  homme  de 
goût. — L'édl  tiond  es  07s'//^'ré'5  de  Ma- 
chiavel ,  Philadelphie  (Livourne), 
1796,  dont  il  H'vit  le  texte  avec  le 
plus  grand  soin.  \.^Elo{^e  (pie  Bal- 
delli composa  de  ce  grand  pnhli- 
cisle ,  «ur  Tinvilation  de  l'académie 
de  Florence,  se  trouve  a  la  tète  de 
1  édition  de  ses  OKin>rcs ^  Milan, 
i8o/f,  10  vol.  in-8".  —  Une  exccl- 
lenlc  édition  des  lume  de  Boccace , 
Livourne,  1802,  in-8",  accompagnée 
de  noies  utiles. — Une  de»  /  o^yd^cs 
de  Marco  Polo,  Florence,  1827,  4 
vol.  iu-4",  faite  d'après  le  maïuisiiit 
connu  sous  le  nom  de  //  D/i/ionc , 
et  que  Péditeur  enrichit  de  pliksienr» 
morceaux  précieux  (A',  Polo,  XXAV, 


BAL 

220).  Il  dédia  son  édition  au  pape  Léon 
XII,  et  il  reçut  un  bref,  du  29  mars 
1828,  où  le  pontife  le  remercie  d'a- 
voir défendu  VégUse  et  combattu 
les  préjugés  de  la  philosophie. 
Enfin  ,  indépendamment  d'un  assez 
grand  nombre  d'articles  insérés  dans 
V Anthologie  de  Florence,  on  doit  a 
Baldelli,  comme  auteur  :  I.  Del  Pe- 
trarca  e  délie  sue  opère  lihri  quat- 
tro,  Florence,  1797,  in-4.°.  C'est  un 
ouvrage  savant,  rempli  de  recherches 
exactes  et  intéressantes.  On  trouve  k 
la  fin  une  table  chronologique  où 
l'auteur  désigne  tous  les  lieux  oii 
Pétrarque  résida,  et  de  laquelle  il 
résulterait  que  Laure  n'était  pas  née 
lorsque  le  poète  fit  ses  études  a  Mont- 
pellier. Il  avait  projeté,  de  concert 
avec  Angelo  Fabroni,  de  publier  une 
édition  des  OEuvres  latines  de  Pé- 
trarque 5  mais  ce  dessein,  comme  tant 
d'autres,  est  resté  sans  exécution. 
II.  yila  di  Giov.  Boccacio,  ibid.^ 
1806,  in-8°.  Baldelli  dédia  ce  bel 
ouvrage  a  Pltalie*  et  il  a  reçu  des 
éloges  mérités  de  Ginguené  et  de 
Iloscoë.  Il  est  orné  d  un  portrait 
de  Boccace  et  de  cpiatre  vues  :  celle 
de  la  vallée  de  Magnona,  où  Boc- 
cace a  placé  la  scène  de  son  Anieto  ; 
celle  de  Conimedia  délie  Florentine 
a  ISirif'oja,  où  il  suppose  que  les  per- 
sounaiies  du  Décameron  s'étaient 
réiti^^iés;  celle  de  Certaldo  ,  lieu  de- 
venu célèbre  par  le  séjour  de  Boc- 
cace et  par  ^on  tombeau  j  et  enfin 
celle  de  la  vallée  dcUc  Donne  illus- 
trée par  nu  pas  âge  du  Décamcron , 
Giorn.  VI,  1  o  noi'.  Dans  sa  préface, 
lîalilelli  pas>e  eu  revue  les  princi- 
paux hisloriens  de  Florence,  appré- 
ciant leurs  divers  genres  de  mérite 
avec  autant  de  goût  ijuc  d'imparlia- 
lilé.  Arrivé  a  Machiavel,  il  s\\cuse 


( 


(te 


aire  l'éloge  (l'uuécri\ain  dont  les 


Duvrajjes  uul  éf«  condamnés  par  i'c- 


RAT> 

gliso,rl  (jiii,  dans  son  livrcilu  Prince, 
a  n'uni  solon  lui  les  maxinuvs  les  pins 
]>r()nros  ;i  loiuicr  cl  alli'rniir  nnc  Ij- 
rannlo  Insnpporlablc.  A  la  lin  i\\\  vo- 
lume il  a  rassemblé  cincj  disscrlallons 
{illiistrazioni)  '.  sur  les  diverses 
fortunes  que  la  lillcralurc  «grec- 
que a  éprouvées  en  Italie,  pouvant  , 
comme  iialdclli  le  dil  lui-même,  ser- 
vir d'introduction  aux  ouvra<i;es  de 
Hodj  cl  de  l)0ernerj  —  sur  la  fa- 
mille et  le  lieu  de  la  naissance  de 
Boccacc  ,•  —  sur  son  Décamcron  5 — 
sur  les  calomnies  répandues  contre  ce 
grand  écrivain  avec  leur  réfutation; 
— el  enfin  sur  sa  Fiamctta. 

G — G — Y  et  W — s. 
BALDIiNI  (Philippe)  e'iait ,  vers 
la  fin  du  dernier  siècle,  médecin  de  la 
famille  royale  de  Naples.  Il  a  com- 
posé eu  italien  plusieurs  dissertations 
qui  roulent  pour  la  plupart  sur  des 
objets  d'bygiène.  Après  avoir  été  im- 
primées séparément  ,  elles  ont  été 
réunies  en  un  seul  corps  d'ouvrage 
sous  le  titre  de  Saggi  intorno  alla 
presefvazioiie  e  cura  délia  umana 
salute,  INaples,  1787,  5  vol.  in-B**. 
Les  principales  dissertations  qu'on 
remarque  dans  ce  recueil  sont  :  sur 
l'exercice  de  la  cbasse  et  ses  effets  5 
sur  celui  de  la  pêcbe  5  sur  celui  du 
cbeval  et  de  la  natation  *  surles  bains 
d'eau  douce  et  d'eau  de  mer;  sur  l'u- 
sage des  bains  d'eaux  minérales  el  de 
vapeurs;    sur  les  sorbets  et   l'usage 


)\\h 


«h 


des   boissons   a 


la   glace 


sur   les 


fommes  de  terre  et  les  ananas  ;  sur 
usa^e  du  vin  dans  les  maladies,  etc. 
Le  seul  dis  ouvrages  de  Baldiui  qui 
ait  été  traduit  eu  Irançais  est  intitulé  : 
Manie re  d'élever  les  enfants  à  la 
main  à  défaut  de  nourrice,  Paris  , 
1786  ,  in-12.  Celte  Iraducllon  est 
attribuée  a  Lefebvre  de  Villebrune. 
G — T — R. 
DALDUXG  (Jean),  dit  ISalde- 


^recn,  peintre  el  gravour  sur  bois, 
contomi)orain  d'Alberl  Durer,  mé- 
rite coiiiinc  lui  l'cslimc  de  la  posté- 
rité. ISé  a  (ji-nniiKlcn  ,  dans  la  Soua- 
be,  vers  i47^>,  il  ne  lui  mancjua,  pour 
atteindre  la  repu  1  al  ion  des  grands 
maîtres,  que  d'avoir  vécu  sur  un  plus 
vaste  théâtre,  el  d'avoir  pu  écliauli'cr 
son  génie  au  soleil  d'Italie.  On  recon- 
naît dans  ?>ç:^  compositions  une  louche 
hardie,  une  exécution  qui  plaît.  Ses 
iéles  sont  belles  5  on  admire  surtout 
dans  ses  tailles  de  bois  ce  qu'il  a  fait 
en  clair-obscur.  Les  connaisseurs  lui 
reprochent  dans  ses  premières  gra- 
vures un  goût  très-golhique  et  une 
mauvaise  coupe  :  Baldung  se  corrigea 
de  ce  défaut,  et  quitta  le  genre  sec  et 
mesquin  pour  une  manière  noble  et 
moins  maniérée.  Il  a  signé  quelques 
estampes  j  les  autres  porlen  t  un  mono- 
gramme. Les  plus  connues  sont;  i"» 
Jêsus^Christ  et  les  douze  apôtres 
( 1 5 1 4.)  ;  2**  Adam  et  Eve  (  1 5  1 4.) ; 
3"  Xanthippe  montée  sur  Socrate, 
qu'elle  fait  marcher  sur  les  mains  et 
les  pieds  (i  5  1 5)  •  4-"  Bacchus  ivre, 
couché  sur  un  tonneau,  du  haut  duquel 
un  enfant  lui  lâche  son  urine  sur  la 
têfe^  i°Àes> paysages  ^vdiSts  a  l'eau- 
forte;  6°  un  sabbat.  Baldung  vivait 
encore  en  iBS^J  plusieurs  de  ses 
estampes  portent  celte  date.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort.  B — n. 

BALEX  (Mathias)  ,  historien  , 
naquit  en  161 1,  à  Dordrechl  (i) , 
d'une  des  familles  les  plus  honorables 
de  celle  ville.  Elevé  dans  la  maison 
de  son  aïeul  maternel,  a  Gaiid,  il  y 
contracta  rhabilude  de  parler  fla- 
mand, et  cultiva  depuis  cette  langue 


(i)  Par  une  distrartinn  incoiic«rvaI)le  l't'ditio  ii 
du  Dictionnaire  (1<;  (Ibaudoii,  1804,  fait  de  Dor- 
drecht  une  viUe  d'AiigU-tcirn,  Bnrbicr,  dans  son 
Examen  critique,  a  relevé  celte  faute;  mais  il 
aurait  dû  remarquer  (|u'elle  a  passé  dao»  le 
Diclioiindirc  itniyersei  |>u))lic  par  Prudhomme,  fcn« 
quel  iui-inèinc  a  travaillé, 


6. 


84  BAL 

de  préférence  au  néerlandais  On  cite 
de  lui  des  pièces  de  vers  estimées. 
Ayant  abnndonné  la  poésie  pour  se 
livrer  aux  éludes  hisloriijues,  il  obtint 
des  magistrats  de  Dordrecht  la  permis- 
sion de  puiser  dans  leurs  archives  les 
matériaux  dont  il  avait  besoin,  et  mit  au 
jour  la  description  de  Dordreclit, 
contenant  son  origine,  ses  accroisse- 
ments et  son  état  présent  avec  la  gé- 
néalogiedes principales  familles,  etc., 
Dordrecht,  1677,  2  vol.  in- 4-°,  %• 
(2).  Peu  d'ouvrages  de  ce  genre,  dit 
Paquot,  ont  été  faits  avec  autant  de 
soins,  et  il  n'en  est  peut-être  aucun 
qui  renferme  une  si  prodgicuse  quan- 
tité de  détails  curieux  {Mem.  pour 
servir  à  l'hist.  lit  ter.  des  Pays- 
Bas,  in-fol.,  I,  358).  Balm  mourut 
peu  de  temps  après  sa  publication. 
Son  portrait  a  été  gravé  par  le  fa- 
meux Piomain  de  Iloogbc.    W — s. 

BALGLERIE  STTTTEN- 

BERG  (Pierre)  naquit  a  Bordeaux, 

en  1779,  dans  la  religion  protestante. 

U  était  bis  d'un  commerçant  de  cette 

ville,  qui  avait  bta:icoup  perdu  par 

la  révolution  ,    et    surtout   par    ses 

funotes   résultats  dans  la  coîonie  de 

Sjint-Domingue.  Comme  son  père,  il 

entra  dès  sa  jeunesse  dans  la  carrière 

commcrcialf  ^  et,  doué  de  beaucoup 

d'activité  et  d'iiittUigcnce,  i!  y  obtint 

d'assez  grands  succès;  mais  la  guerre 

«[ui  tint  si  long-temps  enb'rmées  dans 

n'is  ports  l'iiiduslrie  it  la  marine  de 

la  France,  ne  lui  permit  point  alors 

de  donner  un  grand  dévcloppcMcnl  ii 

ses  spéculations.  Il  ne  supportait  donc 

qu'avec  peine  un  pouvoir  si  ronlraire 

an  (■(•mmcrce,  et  l'on  ne  peut  donler 

(ju'il    n'ait  vu    avec  )oie  la    chute  du 

gouvernement  impérial.  Il  fut  un  Avs 

prciniers  liabilanis  de   Bordeaux  (pii 

(ï)  Cet  <)iivrn;;r  «ttl  taril  m  IIjiiiiiiikI,  rJ  non 
pat  rn  lioMaii(lui« ,  «omiiir  l'a  dit  Itnrliirr  dniii 
top  F.jum^n  rtitii/w 


BAL 

offrirent  au  duc  d'Angoulême  le  se- 
cours de  leur  cre'dit,  lorsque  ce  prince 
vint  dans  cette   ville  en  1814.  Dès 
que  la  paix  des   mers  fut  assurée  , 
Balguerie  se  hàla  d'ouvrir  des  débou- 
chés dans  les  parages  les  plus  loin- 
tains, et  ses  navires  furent  des  pre- 
miers à    faire    reparaître    dans    les 
ports  de  l'Inde  et  de  la  Chine  le  pa- 
villon français  ,  qui  depuis  si  long- 
temps avait  cessé  de  s'y  montrer  (i). 
Ce  tut   aussi  lui   qui  le  premier  sut 
former  dans  son  pays  ces  associations 
de  capitalistes,  qui  partout  ont  eu  de 
si  brillants  résultats,   et  qui,  a  Bor- 
deaux, achevèrent  si  promptementle 
pont  de  cette  ville  et  celui  de  Libour- 
ne,  puis  ceux  de  Moissac /d'Agen  , 
d'Aiguillon,  de  Coesmont  et  de  Ber- 
gerac. Ce  fut  encore  par  son  impul- 
sion   ([ue  s'éleva  dans  Bordeaux  le 
bel  édifice  de  l'entrepôt  ,  et  que  fu- 
rent établies,  dans  les  faubourgs^  des 
usines  où  l'on  vit  en  peu  de  temps  les 
métaux  couler  sous  loules  les  formes 
et  pour  tous  les  besoins.  Enfin  ,  ou 
peut  dire  qu'à  cette  époque  si  bril- 
lante du  commerce  français,  Balgue- 
rie  eut  parla  tout  ce  qui  se  fil  dans 
sa  pairie  de  grand  et  d'utile.  La  ban- 
que, les  bains  publics,  les  bateaux  a 
vapeur,   tous  ces  importants  objet» 
attirèrent  successivement  ses  regards 
et  .ses  soins.  Ses  dernières   pensées 
furent  des  moyens  de  défrichement  et 
de  lertihlc  (pi'd  avait  imiiginés  pour 
les  lantles  de  la  Guyenne,  et  de  voiçs 
de  communication  entre   Rochefort, 
Bnyonne    et    liordo.uix  ,    pour    les- 
quelles déjà  il  avait  obtenu   l'autori- 
salion  du  gouvernement.    Mais  il  ne 
lui  était  pas  donné  d  accomplir    ces 
admirables  projets  ,  cl  il  est  a  crain- 

(1)  la  l'ftlnlinn  de  l'iinr  dr  «•*«  ciiffriuitr»  4 
^1i'  iinpriinrc  !ii>n^  \n  lilrr  il«  Journal  d'un  voru- 
gr  autour  du  inond*  priidiint  Irt  ariiirrt  iSlli,  17, 
18  rr  If),  j>.ir  M.  r.ainillp  de  n<)<|iicrfui|  .  a  Vt.'l, 
l»i<*"  avec  nor  |>l;ih(-hr,  I'nri«.  i8i>. 


drc  qu'ils  ne  soient  morts  pour  tou- 
jours avec  lui.    Son    acllvllc   clall  si 
grande  (juc,  dirlji^i'anl  lui-même  lou- 
Ics  ses  imnuMiM's  opcralions,  il  trou- 
vait    encore    le    temps    de    remplir 
les    fondions   de    membre    du   con- 
seil   municipal   et   du    conseil    géné- 
ral du  commerce,  de  directeur  de  la 
cai>sc  dY'pargue  ,  de  président  de  la 
Lanque,  etc.  ,  etc.  ^    mais  ses  forces 
s'épuisèrent  avant  le  temps.  A  peine 
âgé  de  45  ans,  il  fut  atteint    d'une 
maladie  de  langueur  a  laquelle  tous 
les  secours  de  la  médecine  ne  purent 
remédier.  11  mourut  a  Bagnère  ,   le 
25  août  1825.  Son  corps,  transporté 
h  Bordeaux  ,    sulvaut  ses  dernières 
volontés,  y  fut  luluimé  avec  de  grands 
honneurs,  dans  un  cimetière  que  lui- 
même  avait  acquis  de  ses  deniers  pour 
ses    coreligionnaires.    La    ciiambre 
de  commerce,  dont  il  était  président, 
a  fait  exécuter  son  buste  en  marbre  , 
pour  le   placer  dans  la  sal'e  de   ses 
séances.  Le  roi  Louis  XVIII  lui  avait 
donné  la  croix  de  la  Légion-d'Hon- 
neur.  Parses  rapports  de  famille  et  de 
commerce  ,  par  ses   croyances  reli- 
gieuses etpar  d'autrescauses  encore, 
Balgucrie  appartenait  essentiellement 
sous  le  gouvernement  des  Bourbons 
de  Topposilion 
•li  voulurent,  a 
prises,  mettre  a  profit  son  influence, 
en  le  faisant  nommer  membre  de  la 
cbambre  des  dépulésj  mais  il  aimait 
trop  la  paix,  il  chérissait  trop  sa  pa- 
irie, pour  provoquer   des  agitations 
funestes  ,   et  il  avait  d'ailleurs  trop 
de   bon    sens   pour   abandonner    ses 
affaires,  et  les  sacrifier  a   des    spé- 
culations politiques.    Ainsi,    comme 
l'a  dit  un  des  écrivains  de  ce  parti, 
il  se   montra  peu    empressé  d'in- 
scrire   son    nom    à    côté    de    ces 
excellents  citoyens  qui  prêtaient 
avec  énergie  à  la  cause  de  la  li- 


BAL 


»5 


au  parti  de  l'opposition  j  et  les  chefs 
de  ce  parti  voulurent,  a  plusieurs  re- 


bcrté ,  V appui  de.  leur  injlucnce  et 
de  leur  rtclwsse.  La  cause  de  la  li- 
berté perdit. sans  doute  a  ce  peu  d'em- 
pressement, ujais  B  Iguerie  y  gagna 
beaucoup-  il  remplit  jus(pi'a  la  fin  de 
sa  vie  tous  ses  engagements  •  sa  for- 
tune s'accrut  de  jour  en  jour  ,  et  il 
l'a  laissée    tout    entière  a    ses  trois 
iilles.  Un    éloge  funèbre  prononce 
sur  sa    tombe   fut  imprimé  le  même 
jour  a  Bordeaux,  et  inséré  dans  plu- 
sieurs journaux  de  celte  ville  et  de  Pa- 
ris. Il  a  fait  imprimer:    I.  Un  mé- 
moire à  son  Excellence  Monsei- 
gneur    le     duc     de     Richelieu , 
président  du  conseil  des  ministres, 
1821,  in-4-",  où  il  s'agit  de  moyens 
propres  a  faciliter  la  navigation  de  la 
rivière   de  Bordeaux.  II  Lettre  de 
M.  Balguerie-Stuttenhergà  MM. 
les  membres    du    conseil  général 
du  commerce,  Paris,    1821,  in-8°. 
On  a  un  portrait  de  Balguerie  litho- 
graphie par  Galard.  M — d  j. 

BALIIVGHEM  (le  P.  Antoine 
de),  écrivain  ascétique,  né  en  iSyi, 
a  Salut-Omer,  prit  l'habit  de  Saint- 
Ignace  à  dix-sept  ans,  et  après  avoir 
professé  les  humanités  et  la  philoso- 
phie  dans  divers   collèges  ,  se  consa- 
cra tout  entier  k  la  prédication.   Il 
mourut  a  Lille,  le  24  janvier  i63o, 
h  i'àge  de  49  ans,  laissant  la  réputa- 
tion d'un  homme  pieux  et  instruit.  Il 
a  publié  un  grand  nombre   d'écrits , 
traduits  en  partie   de  l'italien  et  de 
l'espagnol.    Paquot  en   cite    jusqu'à 
quarante  dans  son  Histoire  littéraire 
des   Pays-Bas,    II,    l45,    in-fol.j 
mais  il  n'indique    point   un  ouvrage 
fort  rare  de  Ballnghem,  intitulé  :  Les 
plaisirs  spirituels  contre-quarrés 
aux  sensuels  du  Quaresme-Pre- 
nant ,    Douay,  1627,  in-12.  On  se 
contentera  d'indiquer  ici  ceux  qui  sont 
encore  recherchés  des  amateurs  :  I.  la 
aprùs-diners   cl  propos  de    table 


86 


BAL 


contre  l'excès  au  boire  et  au  tnan" 
ger  pour  vivre  longuement,  Lille, 
16 1  5,  pet.  in-S".  Ce  volume  est  assez 
rare  :  il  y  a  des  exemplaires  avec  un 
nouveau  frontispice:  Saint-Omer  , 
16  24.  L'ouvrageaélé  traduit  en  lalin, 
Cologne,  1620.  Le  traducteur  est  le 
P.  Jacq.  Malbrancq,  a  qui  l'on  doit 
une  histoire  fort  curieuse  des  Morins. 
{yoy.  Màlbjra5Cq,  au  Supp.),  IL 
Zoopœdia ,  sive  morum  à  brutis 
partita  institulio  ,  ordiiie  alphabe- 
tico  tum  virtutum  tiim  vitiorum- 
Saint-Omer,  1621.  pet.  in-8°,  livre 
Singulier,  et  qui  piul  avoir  donné  au 
p.  Leroy  l'idée  de  celui  qu'il  a  inti- 
tulé :  La  vertu  enseignée  par  les 
oiseaux,  Liège,  i653,  in-S".  lU. 
i^criptura  sacra  in  locos  communes 
morum  et  exemplorum  digesta  , 
ouvrage  très- utile  aux  ecclésiastiques 
et  surtout  aux  prédicateurs.  Il  a  été 
réimprimé  plusieurs  fois;  la  meilleure 
édition  est  celle  de  Trévoux  ,  1706, 
iu-fol.,  précédée  de  deux  discours, 
l'un  sur  les  difiicultés  que  présente 
l'étude  des  livres  saints,  et  l'autre  sur 
l'cbligalion  pour  les  ecclésiastiques 
de  les  étudier.  W — s. 

BAUVET  (Claude-François), 
conventionnel,  né  eu  1754. ,  a  tjray, 
exerçait  en  1790,  la  profession  d'avo- 
cat au  bailliage  de  cette  ville,  lorsqu'il 
fut  élu  membre  de  la  première  admi- 
nistration centrale  du  département  de 
la  Haute-Saône  j  en  acceptant  cette 
place,  ilsacrlda  sesgoùtset sesintérèts 
personnels  ii  l'espérance  d'être  btile 
h  ses  conciloyeus.  INommé  depuis  a  la 
convention  nationale  ,  il  siégea  lon- 
slammciit  avec  1rs  membres  les  j)lns 
modérés  de  celte  assemblée,  et  mon  la 
rarement  à  la  Irilume ,  soit  cpril 
ji  eut  pas  lu  courage  de  son  opinion, 
•oit  qu'il  jugeât  tout  effort  inutile 
pour  la  faire  prévaloir.  Dans  le  procès 
de  Louii  XVI,  6ur  la  question  do  U 


BAL 

peine ,  il  s'exprima  en  ces  termes  î 
a  Bien  persuadé  que  nous  ne  de- 
a  vons  prononcer  qu'une  mesure  de 
c  sûreté  générale,  je  demande  sa  dé- 
«  tention  provisoire  et  son  bannisse- 
tt  ment  a  la  paix,  jj  La  session  termi- 
née, il  entra  au  conseil  des  anciens  , 
et  dut  à  l'estime  de  ses  collègues  d'en 
être  nommé  secrétaire  (1797).  En 
quittant  les  fonctions  législatives 
(1798),  il  accepta  la  place  de  com- 
missaire du  dir(cloire  près  de  l'ad- 
ministration de  son  département  , 
qu'il  remplit  jusqu'à  l'établissement 
des  préfectures.  Balivet  alors  se  re- 
tira dans  son  domaine  aFrasne  Sainl- 
Mamès,  arrondissement  de  Vesoul. 
Il  y  mourut  le  29  avril  i  8i3,  regretté 
de  ses  nombreux  amis,  et  laissant  la 
réputation  d'nn  homme  modeste  et 
instruit.  W — s. 

BALLEROY  (Jacques-Clau- 
de-Augustin, marquis  de  La  Cour), 
premier  écuyer  du  duc  d  Orléans , 
naquit  le  20  janvier  1694,  d'une 
ancienne  famille  de  Normandie  et 
entra  dans  les  mousquetaires  en 
1712.  Il  fut  meslre-de-camp  en 
1714,  brigadier  eu  1734,  gouver- 
neur du  duc  de  Chartres  en  mai 
1755,  marécbal-dc-camp  en  1758, 
lieutenant-général  en  1744-  H  suivit 
son  élève dansles  diverses  campagnes 
auxquelles  ce  jeune  prince  prit  part, 
se  distingua  nu  siège  de  Fribourg,  et 
fut  exilé  en  octobre  1744,  pour  avoir 
eniraiié  le  duc  de  Chartres  h  se  join- 

no  / 

dre  au  parti  des  princes  du  sang,  lors 
de  la  maladie  de  Louis  W  a  Metz 
cl  du  renvoi  de  IM""  de  Chàleauroux. 
Ou  voulut  surtout  le  punir  d'avoir 
excité  le  zèle  avec  lequel  le  fils  du 
duc  d'Orléans ,  dit  le  Suint,  avait 
contribué  ;i  amener  le  roi  malade  au 
pied  du  tribunal  de  la  pénitence. 
Celle  disgrâce,  (pii  dura  trente  ans, 
était  une  suite  (\ç^  intrigues  du  duc 


BAL 

de  RiclicHcu.  lialliToy  cul  iliiis  sa 
rctrallo  iiiu'  coinspunilancc  suivie 
avec  le  niai  (luls  (IWrj^cii.von  ,  son  pa- 
rciilj  cl  ci'llc  corrcspuiulance  donna 
peul-clrc  lieu  à  rouvragc  que  com- 
posa cet  ancien  nunislro  des  .ijTairos 
eli  angcrcs,  sous  le  lilrc  do  Considé- 
j'iitions  sur  le  gouvernement  an- 
cien et  présent  de  la  France^  dans 
lequel  il  proposait  rélaldisscmenl  des 
assiMublécs  provinciales.  Après  la 
mort  du  marcjuis  d^Vrgenson,  arrivée 
en  1737,  Bailerov  suivit  le  projet 
qu'ils  avaient  nicdilc  ensemble.  11 
s'en  occupa  plus  part  culièrement  en 
1764,  époque  où  parut  le  livre  qui 
vient  d'être  désigné ,  et  développa 
SCS  idées  dans  un  plan  qu'alors  seule- 
ment il  confia  au  papier.  Il  le  remit 
en  I  769  à  M.  de  Foutette,  intendant 
de  Caen.  Celui-ci  le  proposa  au  con- 
trôleur-général qui  l'adopta,  et  char- 
c:ea  ce  mag-istrat  de  rédijrer  l'édit. 
Mais  les  intendants  des  finances,  qui 
n'étaient  pas  pressés  de  voir  les  pro- 
vinces s'administrer  elles-mêmes,  fi- 


rent retarder  l'exécution  du 


proje 


et 


et  il  resta  dans   les  cartons  du  con- 
trôleur-général jusqu'au  ministère  de 
Kecker.    Le    marquis    de   Balleroy 
était,    du   coté    de    sa    mère,    née 
du    second    mariage   de   Le    Fèvre 
de  Caumartin   avec  M"*"  de  Verlha- 
mon,  neveu  de  l'évéque  deB.'ois,  Cau- 
martin ,    et   neveu    aussi    de    M'""^ 
d'Argeuson  (femme  du  lieutenant  de 
police) ,  par  conséquent   cousin-ger- 
main du  comte  et  du  marquis  d'Argeu- 
son, frères,  et  ministresTunetrautrc. 
Dans  les  Mémoires  de  ce  dernier,  pu- 
bliés d'abord  en  1785  sous  le  titre 
d'Essais  dans  le  goiit  de  ceux  de 
Montaigne,  et  dont  M.  René  d'Ar- 
geuson ,    arrière- petit -fils    du   mi- 
nistre de  la  guerre  sous  Louis  XV, 
a  donné  en  1823  une  seconde  édition, 
U  est  queslioû  du  marf[ui5  de  Balleroy 


BAL  «7 

a  propos  do  quelcpies  détails  sur  Ici 
conférences  de  VEntresol,  qui  se 
tinrent  chez  l'abbé  Alary  (de  l'acadé- 
n)ie  (ranraise),  dej.uis  1724.  jusqu'eo 
ij3i.  Ou  trouve  aussi  une  mention 
de  celte  espèce  de  club  dans  le  S*"  volu- 
me, page  45  I ,  et  suiv.,  des  Lettres  de 
Bolingbroke,  publiéesa Paris  en  1808 
parle  général  Grimoarii.  Le  marquis 
de  Balleroy  lit  partie  delà  |)iîlile  aca- 
démie libre  dont  il  s'agit,  dès  sa  fon- 
dation. C'était  une  réunion  toute  com- 
posée d'hommes  instruits  et  apparte- 
nant h  la  première  classe  de  la  so- 
ciété ,  qui  se  connaissaient  bien  et 
se  Haient  les  uns  aux  autres.  L'ab- 
bé Alary  en  était  le  président  (i). 
On  s'y  occupait  de  recliercbes  histo- 
riques, de  droit  public,  et  en  général 
des  nouvelles  politiques  du  temps. 
On  vit  sortir  de  la  plusieurs  hommes 
d'état  distingués,  jusqu'au  moment  oiî 
l'on  soupçonna  les  habitués  de  VJEn-- 
tresol  d'être  opposés  a  la  cour ,  ce 
qui  amena  sa  dissolution.  Balleroy 
y  avait  lu  ,  pour  son  contingent ,  des 
morceaux  d'une  Histoire  des  trai- 
tés depuis  la  paix  de  T^ervins , 
qu'il  avait  laissée  eu  manuscrit ,  et 
que  son  petit-fils  projette  de  livrer  a 
l'impression.  Il  travailla  encore  a  une 
Histoire  d' Allemagne  (2).  Le  mar- 
quis de  Balleroy  était  généralement 
reconnu  pour  un  homme  d'un  mérite 


(i)  Montesquieu  y  lut,  avant  de  le  faire  im- 
primer, sou  laineux  Dialogue  de  Sylla  et  d'Eu- 
crale  ;  l'abbé  de  Sdiut-l'ierre,  son  Projet  pour 
perfectionner  la  forme  du  gouvernement  d'un  état, 
manuscrit  autograpbe  de  273  pag-  ii»-4".  et  d'au- 
tres ouvrages.  Cet;e  académie  politique  prit 
son  nom  d'un  entresol  que  l'abbé  Alary  occupait 
dans  l'hôtel  du  pn  sulent  Hcnault,  place  Ven- 
d'iuie.  A  la  mémo  époque,  une  ai  tre  académie 
j.ililiq'ie  ,  dont  l'abbe  de  SaiolPiene  faisait 
aussi  p.;rlie,  tenait  ses  séances  dans  la  biblio- 
thèque du  cardinal  de  Rohan,  et  était  i)rebidé0 
par  les  jésuites  Touruemiue  tt  ChamilLirJ. 

V VK. 

(2)  L'abbé  Alary  en  a  aussi  lusse  une  dont 
le  manuscrit  autographe  est  dans  mon  cabinet  . 
ainsi  que  les  manuscrits  dont  il  est  question 
dans  lu  uolc  précédente.  V—ve. 


as 


BAL 


Irès-dislingué,  et  qui  joignait  à  des 
connaissances  en  plus  d'un  genre  la 
philanlropie  la  mieux  entendue-,  il 
réunissait  h  cet  égard  la  pratique  a  la 
théorie.  Son  désir  d'être  utile  lui  fit 
sacrifier  une  grande  partie  de  sa  for- 
lune  à  rouvertureela  l'exploitation  de 
la  mine  de  charbon  de  terre  de  Liltrj 
près  Balleroj,  qui  est  d'un  secours  si 
efficace  au  département  du  Calvados, 
où  le  bois  est  très-rare  et  très-cher. 
Il  mourut  en  lyyS,  dans  la  terre  de 
son  nom.  Il  avait  épousé  la  fille  du 
maréclial  de  Matignon.  —  Son  fils, 
Charles-Auguste  de  La  Cour,  comte 
de  Ballerov,  lieutenant-général  de- 
puis 1762,  après  une  vie  remplie  de 
vertus  et  de  services  utiles,  fut,  en 
1794.,  à  l'âge  de  74.  ans,  une  des 
victimes  du  tribunal  révolutionnaire. 
C'est  le  père  du  marquis  de  Balleroy 
actuel  ^Philippe- Auguste).  L-p-e. 
BALLESTEIÎOS  (don  Fran- 
cisco) ,  général  espagnol,  né  k  Brea 
dans  l'Aiagon,  en  1770,  entra  de 
bonne  heure  au  service ,  fil  la  cam- 
pagne de  1793  comme  lieutenant 
dans  les  voloulaires  de  celte  provin- 
ce, et  fut  bientôt  promu  au  grade  de 
capitaine.  Eu  i8o4  on  l'accusa  d'a- 
voir détourné  trois  mille  rations  de 
foura<j;e,  el  le  ministre  de  la  guerre, 
Caballero  ,  prononça  sa  destitution. 
Quel(|ue  temps  après,  le  prince  de  la 
Paiï,  alors  tout-puissant,  ayant  sans 
doute  reconnu  raccusation  calomnieu- 
se, le  plaça  comuiechef  des  douaniers 
dans  les  Asturies.  Lors  de  l'invasion 
desFrançaiseu  r  808,  la  juulcde  celte 
province  lui  confia  le  commandement 
d'un  régiment ,  avec  ieijuci  il  rejoi- 
gnit l'armée  comniandéc  parBlake  cl 
Castanos,  Jl  prit  pari  sous  leurs  or- 
dres à  la  victoire  de  Bailcu  ,  el  alfa 
ensuite  dans  le  raidi  de  Mvspagne, 
où  il  monir.i  heauroup  de  talent  cl 
de  sang- froid  dans  plusieurs  opéra- 


BAL 

lions  qu'il  dirigea  comme  chef.  Mais 
il  se  laissa  surprendre  à  Sanlander, 
en  1809,  et  n'échappa  qu'avec  beau- 
coup de  peine  aux  poursuites  de  Na- 
poléon qui  commandait  en  personne 
sur  ce  point.  Il  essuya  encore  un 
échec  a  Ronquillo  en  1810,  et  un 
autre  a  Castilles.  Mais  étant  passé 
dans  TEstramadure  et  l'Andalousie, 
il  y  fut  plus  beureux,  et  battit  des 
corps  français  a  Caslana  et  a  Osuna. 
Poursuivi  quelque  lemps  après  jusque 
dans  les  montagnes  de  la  Ronda,  il 
se  réfugia  sous  le  canon  de  Gibraltar, 
et  demanda  a  entrer  dans  cette  for- 
teresse j  mais  le  gouverneur  s'y  re- 
fusa .  craignant  que  Ballesteros  ne 
profitât  de  cette  circonstance  pour 
s'emparer  de  la  place  au  nom  de 
l'Espagne.  Des  officiers  qui  ser- 
vaient alors  sous  ses  ordres  ont  assu- 
ré que  feile  était  réellement  son  in- 
tention, et  qu'il  ne  fallut  rien  moins 
que  la  prudence  el  la  fermeté  du  gou- 
verneur anglais  pour  faire  échouer  ce 
projet.  Il  est  constant  que  dans  tou- 
tes \qs  occasions  Ballesteros  se  mon- 
tra fort  opposé  k  l'Angleterre  •  et, 
lorsque  le  marquis  de  Wellesley 
vint  prendre  le  commandement  des 
armées  espagnoles  ,  il  relusa  de  lui 
obéir.  On  a  prétendu  que  celle  dissi- 
dence favorisa  beaucouples(»péralions 
du  maréchal  Soult  ;  ce  qu'il  y  a  de 
sur,  c'est  que  Ballesteros  fut  alors 
exilé  k  Ccula  par  ordre  Ai's  cortès. 
Il  publia  un  mémoire  juslilicatif,  et 
plusieurs  olhciers  prirent  sa  défense 
avec  beaucoup  de  chaleur.  Réinté- 
gré plus  lard  dans  ses  loue  lions  par  le 
pouvoir  (pii  l'en  avait  privé,  il  lut 
mis  a  la  tète  d'un  corps  de  troupes 
<pil  occupait  les  montagnes  de  la  Ron- 
da. l'^n  181  I  la  régence  de  Cadix  le 
iiomni.i  lieutenant-général,  et  k  soq 
retour,  en  181/,,  Ferdinand  VU  lui 
confia  le  ministère  du  la  guerre  j  mais 


los  opinions  (|iril  iiMiiili'sIa  contre  le 
pouvo  r  absolu  Im  liii'nl  himlùt  piT- 
drcccl  (Mn|ilol.  Il  lui  cxllô  a  Valladolicl 
a\('c  la  nioilii'  de  son  IralU-niciil.  On 
coiuoil  (]u  iiiirès  (anl  de  services  ren- 
dus a  la  causi'  de  rindépeiulancc  cl 
h  celle  (le  FcrdiuaiuL  Hallesleros  dut 
é|)ron\er  nour  de  nareils  |n()cé(lés 
un  resseuliineul  prolond.  Toul  cela 
d'ailleurs  ne  (il  cpie  le  lier  davanlaj^c 
au  parll  ([ui  réclaiiiail  une  conslilu- 
lion  ;  et,  lorsque  ce  parli  sembla 
Irioinpber  eni  820,  par  le  soulèvement 
de  l'armée  dans  l'ile  de  Léon,  on  vit 
Bal'esleros  accourir  aussitôt  dans  la 
capitale  et  s'y  mettre  a  la  tète  du 
mouvemenl.  Devenu  président  d'une 
junte  provisoire  ,  il  lit  prêter  aux 
trouj)es  un  nouveau  serment,  éloigna 
du  conseil  \(.'s  partisans  du  pouvoir 
royal,  organisa  une  municipalité,  fit 
sortir  de  prison  tous  les  détenus  pour 
cause  polili(|ue  ,  enfin  il  put  être 
alors  considéré  comme  le  maître  de 
tous  les  pouvoirs,  et  Ferdinand  VII 
(f^oj-.  ce  nom_,  au  Supp.)  fut  réel- 
lement prisonnier  dans  sou  palais, 
puis  entraîné  a  Cadix.  Quelques  ba- 
taillons de  la  garde  de  ce  monarque 
ayant  tenté  de  le  délivrer  daiis  la  jour- 
née du  7  juillet  i8ii5,  Ballesteros 
marcba  contre  eux  a  'a  tète  des  mili- 
ces et  les  mit  en  fuite.  Lorsque,  peu 
de  mois  après  cet  événement  ,  les 
Français  pénétrèrent  en  Espagne  sous 
la  conduite  du  duc  d'Angoulèrae, 
Ballesteros  reçut  du  iiouvernement 
provisoire  le  commandement  oénéral 
des  troupes  qui  lurent  chargées  de 
défendre  la  Navarre  et  l'Arairon. 
Repoussé  derrière  TEbre  par  le  gé- 
néral Molilor,  il  se  retira,  toujours 
en  combattant,  vers  les  provinces  mé- 
ridionales. Arrivé  dans  les  montagnes 
de  Campillo  de  Aronas ,  non  loin  de 
Grenade,  il  essava  de  tenir  dins  une 
position  avanlageuîc;  mais  il  fut  battu 


BAL 


«i> 


le  -.'./{  juillt  t ,  et  le  4  août  il  signa  h 
Grenade  une  convention  par  Lujuelle 
il    reconnaissait  la  réfrénée  établie  il 
Madrid  en  Tabseuei!  du  roi  ,  et  s'en- 
g.igeait  a  remettre   les  places   qu'il 
avait  en  son  pouvoir,  a  condition  (pic 
ses  troupes  couliiiuiMaiiiil  à  rece\oir 
leur  solde,  et  (pie  perM)une  ne  serait 
reclierebe     pour     délits     p()lili(|ues. 
Rietro   refusa  de  donner   sou  adlic'- 
sion    a    ce    traité;    et  Ballesteros, 
ayant    fait     d'inutiles    efforts    pour 
l'obtenir  ,     se    vit    dans    la    néces- 
sité de  l'y  contraindre  par  la   force 
di'ii  armes  j  mais  une  grande  partie 
de  ses  troupes  passa  du  côté  de  Rie- 
go,  et  ce  général  à  son  tour  essaya 
de  déterminer  Ballesteros  a  repren- 
dre  le   commandement  en   cbef  des 
troupes  contre  les  Français.    Fidèle 
a  sa  parole,  Ballesteros  rejeta  toute 
espèce  de  proposition.  Lorsque  Fer- 
dinand VII,  après  avoir  déclaré  nuls 
les   actes     du     gouvernement    con- 
stitutionnel,   bannit    de   la   capitale 
tous  les  fonctionnaires  de  ce  gouver- 
nement, et  tous  les  officiers  de  l'ar- 
mée, Ballesteros  envoya  au  duc  d'An- 
goulème  sa  protestation  contre  cette 
nouvelle  abolition  de  la  constitution  et 
contre  la  vio'ation  de  la  capitulation 
qu'il  avait  signée.  Use  rélugia  ensute 
en  France,  et  vécut  long-temps  dans 
la  retraite  a  Paris ,  où  il  est  mort  le 
28  juin  i832.  M — D  j. 

BALLET  (François)  ,  écrivain 
ascétique  et  sermonaire  ,  naquit  à  Pa- 
ris le  6  mai  1702  ,  d'une  famille  bo- 
norable.  Avant  embrassé  l'état  ecclé- 
s'astique  ,  il  fut  pourvu  très-jeune  de 
la  cure  de  Gif  près  de  Versailles,  et 
consacra  ses  loisirs  a  composer  des 
ouvrages  qu'il  jugeait  propres  à  rani- 
mer la  dévotion  et  le  goùl  des  exerci- 
ces de  piété.  Remplissant  ses  devoirs 
avec  un  zèle  vraiment  évangélicjue  ,  il 
se  cbargeait  encore  vojonliers  d'aider 


90 


BAL 


ses  confrères  dans  les  fonctions  péni- 
Hes  du  ministère.  Appelé  fréquc ra- 
ment à  Paris ,  il  y  obtint  dans  les 
principales  chaires  des  succès  qu'il 
dut  moins  à  Téclat  de  ses  discours 
qu'à  leur  solidité.  Sa  sanlé  délica- 
te n'ayant  pu  résister  a  l'excès  des 
fatigues,  il  tomba  malade,  et  se  vit, 
avant  l'âge  de  5o  ans  ,  forcé  de  ré- 
signer  sa  cure.  Depuis  quelque  temps 
la  reine,  épouse  de  Louis  XV,  avait 
honoré  l'abbé  Ballet  du  titre  de  son 
prédicateur  ordinaire,  le  seul  qu'il 
prend,  avec  celui  d'ancien  curé  de 
Gif,  a  la  tête  de  ses  ouvrages.  Il  em- 
ploya ses  dernières  années  a  rédiger 
de  nouveaux  écrits  et  a  reloucbcr  ses 
sermons  qui ,  s'ils  ne  lui  assurent  pas 
parmi  les  grands  orateurs  sacrés  un 
rang  qu'il  n'ambilionua  jamais,  lui 
donnent  des  droits  incontestables  k 
l'estime  publique.  Ballet  mourut  vers 
1762.  On  a  de  lui:  L  Traite  de  la 
dévotion  à  la  Sainte  J^ierge  j  Pa- 
ris, lySo,  in- 12.  IL  Nouif elles 
Instructions  pour  le  Jubilé  ^  ibld., 
1761  ,  in-i  2 .  III.  Instructions  sur 
la  pénitence  du  Carême ,  ibid., 
1754.,  in-i2.  IV.  Exposition  de 
la  Doctrine  de  V église  romaine  , 
contenue  dans  les  articles  de  la  pro- 
fession de  foi  dressée  par  le  pape 
Pie  IV,  ibid.,  1756,  in-12.  V.  Prô- 
nes sUr  les  commandements  de 
Dieu  j  i])id.,  iJ^J,  5  vol.  in- 12. 
Les  exemplaires  sons  la  date  de  1753 
ne  diffèrent  (pie  par  le  changement 
des  Iroutisplces.  y  [.Prônes  sur  les 
Evangiles  de  toute  r année,  ihld., 
1768,  8  vol.  lu- 12.  Ce  recueil  est 
Irès-estimé.  VIL  Panégyriques  des 
Suints,  ibid.,  1758,  fv  vol.  In- 12. 
Les  deux  premiers  volumes  avaient 

raru  dès  17465  en  les  reproduisant 
auteur  y  julguiiun  troisième  volume; 
le  qualrienu-  se  compose  de  morceaux 
imprimés  scparémeut  cl  cpii  furciil 


BAL 

réunis  par  le  libraire.  VIII.  De  la 
dédicace  et  de  la  consécration 
d'une  église  j  traduit  du  Pontifical 
romain,  ibid.,  1769,  in-8°.  IX. 
Histoire  des  temples  des  païens  , 
des  juifs  et  des  chrétiens,  ibid., 
I  760,  in-12.  Ce  n'est  point,  comme 
on  pourrait  le  soupçonner  un  ouvrage 
d'érudition.  X.  Vie  de  la  sœur 
Françoise  Bony^JiUe  de  charité  j 
etc.,  ibid.,  i  761,  in-12.     W — s. 

BALLET  (Jeau),  jurisconsulte, 
né,  vers  1760,  dans  la  province  de  la 
Marche,  exerçait  en  1789  la  pro- 
fession d'avocat  a  Evaux.  Nommé 
juge  au  tribunal  de  celle  ville  en 
1791,  il  fut  élu  la  même  année  par 
le  département  de  la  Creuse  député 
k  l'assemblée  législative.  Après  avoir 
énumeié  les  nombreux  services  ren- 
dus piir  les  comités  pendant  la  session 
de  l'assemblée  constituante,  il  de- 
manda qu'il  en  fût  créé  pour  les  dif- 
férentes espèces  de  service ,  qui  se- 
raient chargés  d'examiner  les  ques- 
tions avant  de  les  soumettre  k  la 
délibération  publique.  Nommé  mem- 
bre du  comité  des  finances,  il  ne  parut 
plus  guère  a  la  tribune  qu'en  qualité 
de  rapporteur.  Le  2  avril  1792  il 
présenta  la  situation  de  la  caisse  de 
l'extraordinaire;  el,  pour  faire  face 
au  besoiu,  demanda  que  la  masse  des 
assiirnals  en  clrculallou  lût  élevée  a 
seize  cent  CM^[uaule  millions.  Le  28 
août  suivant  il  fit  rendre  plusieurs 
décrets,  dont  Tuu  prescrhail  le  rem- 
boursemenl  partiel  de  Teraprunl  de 
1782;  el  un  autre  rnnpres-Mon  et 
1  envoi  k  tous  les  dépiulemci. Is  des 
premières  paqes  du  livre  rm/gf  quo, 
par  un  reste  d'égards  pour  la  iainllle 
royale,  l'assemblée  constituante a\ ait 
Jugé  convenable  de  tenir  secrètes, 
liallet  n'ayant  point  clé  élu  à  la  cou- 
venlloii,  rentra  daus  la  carrière  do 
la  mai;i5lralurc.  D'abord  commissaire 


13  AL 

près  le  Irihnnal  de  Cliamlton  ,  il  fut 
en  i8()5  nomme  nrociirciir-gi-iK-ral 
près  le  Iriluiii.il  d'appel  ù  Limoges. 
\  la  réorgnnlsalliMi(leslril)iiiiaux,  en 
j8i  I,  il  fui  r.dl  avocal-géncral  ii  la 
cour  im|)ériale  de  celle  ville,  el  créé 
chevalier  de  Li  Légion  d'Honneur. 
En  mai  i8i5  il  fui  envoyé  par  le 
département  de  la  Creuse  a  la  ciiam - 
bre  des  représentants.  Le  27  juin  il 
fit  adopter  Tordre  du  jour  sur  toute 
discussion  relative  au  budget  juscju^a 
ce  que  les  bureaux  chargés  de  s'en 
occuper  eussent  terminé  leur  travail. 
Le  6  juillel  il  proposa,  comme  arti- 
cle additionnel  au  projet  de  constitu- 
tion (pie  Ton  discutait  alors,  que  pen- 
dant la  vie  du  monarque  il  ne  lui  fut 
point  élevé  de  monument.  Après  la 
dissolution  de  la  chambre,  au  second 
retour  du  roi ,  Ballet  reprit  ses  fouc- 
llons  d'avocat  consultant.  Il  mourut 
k  Limoges,  le  3o  avril  iSSs,  lais- 
sant la  réputation  d'un  bon  juriscon- 
sulte.—  Il  ne  laut  pas  le  confondre 
avec  Ballet  ,  notaire  d'H-guenau, 
auteur  des  Conférences  sur  les  or- 
donnanceSj  les  principes  du  droit 
romain  et  la  jurisprudence  des  ar' 
rets  du  conseil  d'Alsace,  Coiraar , 
l788,in-8'\  W—s. 

BALLIN  (Cl.vude),  neveu  et 
élève  de  Claude  Balllu  (F',  ce  nom , 
ÏII,  287),  naquit,  vers  1660,  a  Pa- 
ris, où  il  mourut  le  18  mars  1754. 
Comme  son  oncle  ,  il  fut  orfèvre  du 
roi,  et  se  distingua  par  la  pureté  et 
Télégance  de  ses  travaux  aussi  célè- 
bres dans  les  pays  étrangers  qu'en 
France.  Ce  f-;t  surtout  pour  les  cours 
d'Espagne  et  de  Portugal,  pour  1  Ita- 
lie, pour  la  Saxe,  la  Bavière  et  la 
Russie  qu'il  fit  le  plus  grand  nombre 
d'ouvrages.  Il  travailla  aussi  pour  le 
prince  Eugène.  Louis  XV  l'em- 
ploya pour  les  présents  qu'il  a- 
dressa    au    Graud  -  Seigneur    après 


BA.L 


9» 


l'ambassade  de  1741-  Balliu  avait 
exécuté  avec  beaucoup  de  talent  la 
couronne  du  sacre  et  le  cadenas  du 
roi ,  qui  fut  regardé  comme  un  de 
ses  chefs-d'œuvre.  Ou  voyait  encore 
de  lui,  h  Notre-Dame  de  Paris, 
un  soleil  magnifique  de  cincj  pieds  et 
demi  de  hauteur,  et  le  beau  lampa- 
daire (jui  était  devant  la  cluipdle  de 
la  Vierge.  Il  avait  fait  en  1749$ 
pour  l'église  de  Saint-Jean  de  Lyon, 
une  croix  et  des  chandeliers  dans 
les([uels  ou  reconnaissait  toute  la 
fraîcheur  de  son  talent.  Lorsque 
la  mort  l'enleva,  a  plus  de  90  ans, 
il  était  encore  occupé  de  son  art  : 
il  finissait  pour  Louis  XV  un  sur- 
tout d'or,  d'une  composition  ad  li- 
rable,  dont  l'achèvement  fut  confié 
a  sou  fils  qui  lui  succéda  dans  sa 
charp;e  d'orfèvre  du  roi,         I)-b-s. 

BALLOIS  (Lodis-Joseph-Phi- 
tippE),  né  a  Perigueux,  en  1778  , 
doit  être  mis  au  nombre  de  ceux  qui, 
les  premiers,  tentèrent  d'heureux  ef- 
forts pour  propager  et  répandre  en 
France  le  goût  des  reclierches  statis- 
tiques, n  était  fort  jeune  encore  , 
lorsqu'il  fît  paraître  a  Perigueux  un 
journal  politique  (i),  dans  lequel  il 
professait  les  piiiicipes  répi  blicains 
les  plus  exagérés.  Se.>  doctrines  déplu- 
rent même  au  directoire  exécutif, 
qui  saisit  bientôt  une  occasion  de  lui 
témoigner  son  mécontentement.  L'ex- 
convenliouncl  Lamarque  ,  nomme 
ambassadeur  en  Suède  ,  ayant  voulu 
prendre  Ballois  pour  secrétaire  de 
légation  ,  reçut  du  gouvernement 
l'ordre  positif  de  renoncer  h  ce 
choix.  Cette  exclusion,  qui  seniblait 
frapper  Ballois  jusque  dans  son  ave- 
nir, le  précipita  dans  un  tel  désespoir 
qu'il  prilla résolution  de  mettre  fin  a 


(i)  L' observateur  du  drpartcment  de  la  Dor» 
dogne.  Ce  journal  fut  sup(>riiué  par  uu  arièlé 
du  directoire. 


91 


BAL 


ses  jours;  mais  soit  défaut  de  ferme- 
té, soit  que  l'arme  fût  mal  dirigée  , 
il  ne  se  fit  qu'une  blessure  peu  grave. 
Echappé  à  ce  danger,  il  participa  à 
la  rédaction  de  plusieurs  feuilles  pu- 
bliques, qui  furent  supprimées  après 
le  i8  brumaire.  Ceiie  révolution 
ayant  tempéré  la  fongue  de  ses  idées 
démocratiques,  il  tourna  ses  vues  vers 
un  ordre  de  co»inaissances  dont  les 
théories  et  l'application  également 
inoffensives  n'étaient  pas  de  nature  àt 
effaroucher  le  pouvoir.  Il  entreprit 
en  1802  et  continua  jusqu'à  sa  mort 
la  publication  des  Annales  de  sla- 
tislique  dont  il  a  paru  huit  volumes 
in-8".  Le  plan  de  cet  ouvrage  était 
sage  et  bien  conçu.  La  première  par- 
tie était  consacrée  à  l'insertion  ou  a 
Fanalyse  des  mémoires  qui  avaient 
pour  but  de  faire  connaître  l'état  réel 
du  territoire  francr.is ,  sous  tous  les 
rapports  de  la  production  et  de  la 
consommation.  Dans  une  autre  divi- 
sion, l'auteur  ne  ^'occupail  que  de  'a 
Ïiartie  théorique  de  lascience,  et,  sous 
e  litre  de  iMclanges,  il  rendait 
compte  des  ouvrages  nationaux  et 
étrangers  qui  avaient  trait  aux  mêmes 
matières.  On  trouve  dans  ces  Annales 
plusieurs  écrits  iuiéressants  de  sir 
John  Sinclair,  entre  autres  des  ob- 
servations sur  la  nature  et  les  prin- 
cipes des  rerherrlies  statistiques. 
L'éditeur  a  publié  séparément  un 
opuscule  du  même  baronnet  intitulé  : 
Lettre  à  M.  Ji(tl/()fs srn-/'(ii^ri(i(/- 
lurc  y  les  fuKiiircs  ,  etc.,  suivie 
d'un  {iperrit  sur  /es  sources  de  tout 
revenu  fuiblic,  Paris,  i8o5,in-8**. 
Un  élablisseinenl  qui  semblait  devoir 
prêter  i:n  nouvel  appui  ii  Tenlreprise 
des  Annales  cl  aux  progrès  de  la 
scitiice  venait  de  se  former  II  Taris  , 
sou»  le  nom  de  Société  de  stutis- 
iique  (  ^  février  i8o3  ).  Ballois  en 
avait  clé  nommé  le  secrétaire  pcrpé- 


BAL 

tuel,  mais  la  mort,  qui  l'avait  fui  lors- 
qu'il la  cherchait,  vint  le  surprendre 
au  moment  oii  il  pouvait  espérer  d'ob- 
tenir par  ses  travaux  un  sort  hono- 
rable. Il  termina  prématurément  sa 
carrière  à  Paris,  le  I\.  déc.  i8o5  , 
ayant  a  peine  atteint  2S  an^.  Il  était 
associé  correspondant  de  la  société 
philotechnique  et  membre  de  l'aca- 
démie de  législation.   L — m — x. 

BxVLME  (Claude  Denis)  ,  mé- 
decin ,  correspondant  de  la  société 
royale  de  médecine  de  Paris  et  de 
celle  de  Toulouse,  associé  de  l'insti- 
tut de  santé  et  salubritéde  Nîmes,  na- 
quit au  Puy  en  Velay  ,  le  2^  janvier 
1742.  Après  avoir  reçu  le  bounet  de 
docteur  a  l'université  de  Montpellier, 
le  4-  inai  1765  ,  il  se  rendit  a  Paris 
au  commencement  de  1767  ,  pour  y 
perfectionner  ses  études  ,  et  revint 
vers  la  lin  de  l'année  suivante  au 
Puy,  où  il  exerça  sa  profession  jus- 
qu'à sa  Uiorl  ,  arrivée  le  29  nov. 
1  8o5.  Il  avait  consacré  une  partie  des 
loisirs  que  lui  laissait  une  pratique 
étendue  à  comjioser  différents  ouvra- 
ges relalifsa  son  art.  Outre  plusieurs 
mémoires,  réflexions  ou  lettres  insé- 
rées dans  le  Journal  de  médecine  de 
Paris,  depuis  1768  jusqu'à  1790,  il 
adressa  a  la  société  rovale  de  méde- 
cine, de  I  786  a  I  789  ,  quatre  mé- 
moires :  deux  lui  méritèrent  un  des 
jetons  d'or  de  la  valeur  de  5o  fr.  , 
(pie  décernait  cette  conqiagnie  sa- 
vante Il  lllre  de  prix  d'encourage- 
ment. Kn  1  797,  la  société  de  méde- 
cine de  P.iris,  h  laipielle  il  avait  fait 
parvenir  (\('^  observations  sur  /ex 
/u'rnor//it:<^ies  utérines  aeu/it  l'ac- 
couclienu'iil,  lui  décerna,  pour  pre- 
mier prix  d'émulation,  une  médaille 
d  or  de  la  valeur  de  100  fr.  ï^esou- 
vr.iges  qu'il  a  publiés  sont  :  l.  Dis- 
sertation sur  le  suicide,  1789,  in- 
8".  II.  Mémoire  sur  /es    efforts^ 


Le  Puy,  1791,111-12.111.  Hcchcf- 
ches  tlii'tftiqiics  du  nicdccin  jm- 
triotc.  Le  Piiv,  1791  ,  in-ii:.  IV. 
Conaidcrntions  cli  .iqncs  siti'  les 
recliuli's.  Le  Puy  ,  1797  ,  in-12. 
V.  Lettre  sur  les  médecins  accu- 
sés d'irréligion ,  et  sur  les  nourri- 
ces mercenaires  ,  Le  Pny,  i8o4, 
in-8".  Z. 

IIALOCIII,  o'i  plus  cxaclcnicnl 
BALLOCO  (Louis),  né  il  Ycr- 
ceil,  (Ml  1766.  cliulla  la  jurispru- 
dence dans  le  collèire  del  Pozzo  , 
fonde  par  rarclievc([ue  de  ce  10:11  a 
Pise,  et  fut  reçu  doclcur  a  l'univer- 
sité de  cette  ville  en  17(56.  Mii-sson 
goùl  pour  la  poésie  lui  lit  bientôt 
abandonner  le  barreau  :  il  débuta 
dans  cette  nouvelle  carrière  par  un 
poème  intitulé  :  //  mérita  délie 
JDonnCj  imprimé  a  Milan.  Lors  de  la 
réunion  du  Piémont  a  la  France,  en 
1802,  Balloco  vint  a  Paris,  et  il  y 
fut  attaché  comme  poète  ctclufde  la 
scène  au  théâtre  italien  {x),  où  il  donna 
plusieurs  opéras  de  sa  coinposit  on. 
Vivement  affligé  de  la  perte  de  sa 
ft'rame,  Balloco  vivait  depuis  quel- 
que temps  dans  la  retraite  lors- 
qu'il fut  trappe  du  ci'oléra,  et  mou- 
rut K  Paris,  en  avril  i832  (2). 
On  a  de  lui  :\.  Il  merito  délie  don- 
ne^ trad.  du  français  de  Legouvé, 
1802,  in- 18.  On  trouve  a  la  suite 
de  la  traduction  ,  plusieurs  poésies 
dePaulenr.  IL  I  virtuosi  amhulan- 
ti y    dramma  giocoso  in  duo   alli  ^ 


(1)  Il  composa,  pendant  plus  de  vingt  ans, 
des  libredi  pour  ce  thtàtrc,  et  n'eut  pas  toujours 
à  se  louer  de  sa  foriuiic.  11  écrivait  (a?,  in.irs 
1818):  «  J'ignore  W  sort  futur  de  la  baratiue.  Ou 
assure  ci'|.cn'lant  que  l'.icr  sera  le  direetiur  de 
la  ir.usifjuo.  Pour  moi  je  ne  sais  ce  que  je  de- 
viendrai. Je  ne  lionne  pa-;,  cl  je  m'en  rapporte, 
cOMune  uiaitie  J.ic([ues,  à  la  desiince.  J'ai  (.xq 
avant-biei-  spectateur  oculaire  de  l'affreux  dé- 
sastre de  l'O'li-on  :  en  deux  heures  tout  a  été 
brûle,  excepté  les  murs,  etc.  »  V — vf. 

(z)  Il  écrivait  pendant  la  première  invasion 
de  sa  maladie:  «  M«»<*  Vestris  m'a  invii»-  en  vo- 


Ji\L  9^ 

l'aris  ,  1807  ,  in-8".  IH.  Penc- 
lope ,  dr,iiiiiii,i  scrio  in  duo  alti ^ 
Paris,  181  5,  in-}',"^  (V.  La  prima- 
verafcliec  ,  publié  en  1816,  pour 
le  maria;;e  du  due  de  Berry.  Cette 
composition  dramalicjiic  ciil  quelque 
succès  :  ie  prince  voulut  corinaîîre 
railleur  et  le  complimenta.  V.  Avec 
BL  Soumet:  Le  Siège  deCorinlha, 
tragédie  lyrique  en  3  actes,  Paris, 
i8if),  in-8".  VL  Cautata par  V il- 
lustre nasclla  di  sua  altezza  il 
dura  di  Bordeaux,  Paris,  1820, 
in-8".  VIL  Avec  i\L  Soumet  :  // 
viaggio  a  Reims,  dramma  giocoso 
in  un  atto  ,  composto  per  V incoro- 
nazione  di  S.  M.  Carlo  X,  ital. 
et  franc.,  Paris,  1826,  in-8°.  VIIL 
AvecM.  Jouy  :  Moïse,  grand  opéra 
en  4- actes,  Paris,  1827.  in-8''.  IX. 
Roberto  il  Diavolo ,  imité  de  la 
pièce  française  intitulée  Robert-le 
Diable.  X.  Paroles  et  musique  de 
plusieurs  Romances ,  Cavatines  et 
Cantates,  dont  une  a  quatre  voix  sur 
la  mort  de  Cimarosa  •  cette  der- 
nière n  a  pas  été  mise  eu  musique. 
G — G — y. 
BALSAMO  (  Tabbé  Paul), 
écrivain  agronomique,  naquit  k  Ter- 
mini  en  Sicile,  le  7  mars  1765,  de 
parens  cultivateurs  qui,  lui  voyant 
des  dispositions  pour  les  lettres,  le 
destinèrent  h  l'état  ecclésiastique. 
Reçu  au  séminaire  de  Païenne,  I3al- 
satiioy  lit  ses  études  avec  beaucoup 
de  succès,  el  il  apprit  les  raalbémati- 
ques  sous  la  direction  de  Paslronorae 
Piazzi  ,  pour  lequel  il  conserva  tou- 

tre  nom...  Ma  ronscience  m'ordonne  de  renoncer 
à  vol  le  aimaliîe  iiivilalion.  .Ma  belle  voisine  a 
peur  de  mon  oinbre,  et  il  est  tout  simple  que 
vous  redoutiez  ma  personne.  Savez-vous  qu'elle 
a  dcIViidu  l'entrée  chez  elle,  mèine  a  une  carte  de 
\  isite  à  biquelle  pourraient  étr».-  altaeh('S  des 
miasmes  jjcsiilentiels  1...  Ma  fiile  est  venue  à 
l'ai  is,  et  je  n'ai  pu  la  voir,  etc.  » — M  a  laissé 
plusieurs  poésies  nianusentes,  entre  autres:  La 
Mulinconia,  poi-mrUo  ;  Pariçi,  eanzone,  etc. 


94                    BAL  BAL 

jours  de  l'eslirae  et  de  la  reconnais-  avantageux  avec  une  moindre  dépense, 

sance.  11  obliut  au  concours  la  cbaire  et  pour  cela  il  recommande  Tusa^^e 

d'agriculture  a  l'unitrersité  de  Palcr-  des  machines  cL    des  iuslruraents  les 

me,  et  fut  envoyé  par  son  gouverne-  plus  simples,  celui  des    cnj^rais  les 

ment  en  Lombardie,  en  France  et  en  moins  coûteux.  Enfin  ,  il  généralise 

Angleterre,  où  il  séjourna  deux  ans,  toutes  les  pratiques  des  divers  pays 

et   se  lia   avec  le   célèbre   Arthur-  qu'il  a  visités.  Les  déclamations  du 

Young  ,  auteur  des  Annales  d'agri-  professeur  contre  tous  les  genres  d'a- 

culture.  Ou  peut  voir  dans  cet  ouvrage  bus,  même  contre   les  vexations  des 

plusieurs  mémoires  qu'il  a  rédigés  ,  grands  seigneurs,  ne  déplurent  point 

et  qui    présentent    une  analyse  fort  au  gouvernement  sicilien,  et  le  prince 

curieuse  de   son   système  de  culture  Caramanico,  vice-roi  ,  fut  autorisé  à 

avec   des   notes  de   son  ami  Young.  conférer  à  Balsamo  une   abbaye  qui 

Riche   de   nouvelles   connaissances  ,  lui  donna  entrée   a   la  chambre  du 

Balsamo  retourna  h  Païenne,  et  il  y  clergé, laquclletropsouvent,  d'accord 

conçut  le    pl-.n  de  ses  leçons  sur  le  avec  celle  delà  noblesse,  faisait  sup- 

ihéorème  de  Columelle  ,  savoir,  que  porter  par  le  tiers-état  tout  le  poids 

pour  bien  cultiver   la   terre  il  faut  des    impôts.  Pour  faire   cesser   une 

trois  choses:  i«  Prudentia;  2°  Rei  telle  injustice  ,  Balsamo  fit  interdire 

'Vol  ntas  agendi;  ■b''  Facilitas  im-  les  donationsj  et,  sur  sa  proposition, 

pendendi.  Il    divisa  &gs   leçons   en  la   répartition  de  l'impôt   fut  fixée 

agriculture  politique,  agriculture  d'après  le  revenu  sur  toutes  les  pro- 

théorique  et  agriculture  pratique,  priélés  indistinctement.  ]\ommé  de- 

Dans  la  première  partie,  il  démontra  puis  long-temps  bibliothécaire  du  roi, 

les  causes   politiques   qui  nuisent   à  il  fut  chargé  de  présenter  divers  plans 

l'agriculture  ,    particulièrement    les  de  réforme  qui  eurent  un  plein  suc- 

iTiauvaises  lois, au  nombre  desquelles  ces,  et  reçut  de  nouveau  pour  récom- 

il  place  les  emphytéoses  ,  les  vains  pense  une  abbaye  très-richej  mais  il 

parcours,   les  redevances  ,  la  féuda-  en  jouit  peu  de  "temps,  étant  mort  en 

lilé  et  toutes  les  prohibitions  sur  le  i  8  i  8  a  Païenne.  Ou  a  recueilli  ses 

commerce  des  blés.    Dans  la  partie  traités   d'agriculture    et  d'économie 

théorique,  il  traita  des  nouvelles  corn-  politique  au  nombre  desquels  nous  ci- 

bmalsons   chimi(jues  de    Dandole  et  terons  :  I.  //  restante  vile  prezzo 

Davy  pour  la  fertilisation  des  terres,  digenerinon  dénota enon  cagiona 

Il  est  Mjr  que  Colum(  lie  ne  connaissait  richezza   e  prospcrità  nello  stato. 

pas  les  propriétés  de  l'azote,  ni  celles  II.  La  spcndcrsi  dcl  dinaro  in  un 

Ac   l'acide   Carboi.ique  ;  Young   lui-  paese ,  quali  utili  eJJ'itti  produca 

inêmeexpli(|uaitlout  parle  pi. logis-  m-l  pacsc  mcdcsimo.  111.  Cliintc- 

tiquej   et    cependant  tous    ceux    qui  ressi  nuzionuli  e  la  giitstiziarichie- 

ont  adopté  les  méthodes  de  ces  hom-  dono  che  non  si  avvUisca  il  valore 

mes  célèbre.,  ont  tiré  de  leurs  terres  le  dellamoncta.  IV.  Diligcnze  e  pra- 

plus  grand  profit.  Dans  la  troisième  Hi  lu- perché  livini  rc^grrpossieno 

partie,  qui  est  celle  de  la  prali.iue  ,  alla nas'igazione  vd allulungacon- 

J'»al-samo,  ensuivant  les  idées  d'\  oiiug,  servazione.  V.  Sopra  la  hirra,  ilsi- 

démontre  qu'il  ne    faut    pas    exiger  dm  c  f  idromcle.W.  Pensieri'sopra 

des     terres    un     Iron    grand     pro-  iagricoltura  di  Sicilia.Mi.  ;So^ 

duit,  mm   les  réôullals    les   plus  pvn  l'injlucnza  dciltt  sciemu  nul 


BAL  BAL                    ^5 

rnigUoramcnto  fhllt'  tirti .WW.  So"  iani  de  M.  de  Caninartin,  inirndani, 

pra    il  piacere.    t/t'/lagricoltura  ,  ou    il   rinstalialion  (le   M.   le   comie 

mcmoriacii  X.Xouw^trudolId  d/ilt  de  Gisors    comme   jioiivt'rncur  ,    on 

i/ii^Iesc.  [\  .  Sof)rii/i  dnzj'i  ndati-  remarcjuc  di\s  parlicularllcs  curieuses 

vamcntc  alf  agricollura  edallari-  6ur  les  conslriicllms  qui  ont  été  éle- 

chezza  nazionah'.  X.   La  sentenza  vées  dans  Tin I cru- tir  de  Melz  on  dans 

del  villaiio.W..  Uvillnnojllosojh.  Tenccinlc    des    remparts,   pour   ein- 

Tous  CCS  écrits  sont  fort  eslimés  eu  bcllir    et  fortifier    une    des    places 

Italie,  e(  raulcur  y  est  mis  au  rang  les    plus    impnrlanlcs    du    royauuie. 

des  savants  les   plus  distingués.  L'annaliste  n'oublie   pas    de  donner 

G — G — Y.  la    notice    des    anciens    monuments 

BALTIMORE  (le  baron  de),  que  les  travaux  et  les  fouilles  ont  pu 

V.  CALviiRT ,  VI,  572.  faire  découvrir.    L'échevin  Battus  a 

BALTUS  (Jacques),  frère  puîné  publié  le  Journal  de  ce  qui  s'est 

du  P.   Ballus,    jésuite,    né   a  Melz  ,  fait  à  Melz  au  passage  de  la  reine, 

le  3  I  janvier  1  670,  exerça  dans  cette  avec  un  recueil  de  plusieurs  piè- 

ville  la  profession  de  notaire,  cl  fut  clu  ces  sur  le  même  sujet,  Metz,  1726, 

conseiller-éche>inderHôlel-de-Ville.  in-4^°.  La  reine  Marie  Lcczinska,  fille 

Il  avait  tenu,  par  ordre  cbionologi-  de  Stanislas,  venant  de  Strasbourg,  où 

que,  un  journal  des  faits  et  des  évè-  le  duc  d'Orléans  l'avait  épousée  par 

nements  les  plus  importants  qui  con-  procuration  de  Louis  XV,  arriva  le 

ceinaient  sa  patrie.  Ce  travail  fut  mis  21  août  17263,  Metz.  Ou  lui  donna 
au  jour  eu  1789  par  dom  ïabouillot,.,»,  des  fêtes  brillantes  que  la  relation  de 

sous  le   titre  à^  Annales  de  Metz,  Bal  tus   fait   connaître   en   détail.    II 

depuis  Van    1724.  inclusivement,  mourut  a  Melz  en  1760.        L-m-x. 

pour  servir    de  supplément    aux  BALZAC  ( ),  architecte , 

preuves  de  V histoire  de  Metz,  naquit  a  Paris  vers  le  milieu  du  18® 
Lamort,  in-4°  de  369  p.  M.  Teis-  siècle.  Connu  par  son  talent  comme 
«ier,  dans  son  Essai  philologique  dessiualeur ,  il  fut  désigné  pour  faire 
sur  les  coraraenceraenls  de  la  lypo-  partie  de  la  mémorable  expéditioa 
graphie  a  Metz,  1828,  in-8",  fait  d'Egypte,  et  nommé  membre  de  l'In- 
observer,  a  propos  de  cet  ouvrage,  slitul.  Pendant  le  séjour  de  l'armée 
que  ,  malgré  les  dédains  des  esprits  française  au  Caire  il  y  fit  jouer  les 
superficiels  pour  ces  notes  journaliè-  deux  Meuniers ,  opéra  dont  Rigal 
res ,  elles  fînisn^nL  par  former  à^^  avait  composé  la  musique.  Son  en- 
recueils  uiilt;s,qui  préservent  de  Pou-  thousiasme  pour  les  arts  le  conduisit 
tli  des  faits  iuléressants  pour  chaque  jusque  dans  l'ancienne  Tbébaïde, 
cité.  Mais  M.  Teissier  commet  une  dont  il  visita  les  monuments.  Après 
légère  erreur  en  disant  que  ces  An-  son  retour  en  France ,  il  fut  adjoint 
nales  vont  jusqu'à  1769  •  elles  se  ter-  h  la  commission  chargée  de  recueillir 
minent  au  27  décembre  1765.  On  a  et  de  disjioser  les  matériaux  du  grand 
placé  a  la  fin  quelques  pièces,  dont  les  ouvrage  sur  PEgypte  que  le  gouvcr- 
trois  dernières  sont  de  17595  ce  (jui  nemenl  avait  résolu  de  publier  [V . 
a  pu  causer  la  u\éprise  de  Tautcur  de  J.-B.  Fourier,  au  Supp.).  Balzac 
\ Essai.  Au  milieu  de  détails  fasti-  l'enrichit  d'une  foule  de  précieux  des- 
dieux, tels  que  la  descripiion  des  fè-  bins  crarchileelure.  Dans  ses*  loisirs 
tes  données  pour  le  baptême  de  Pc»-  il  cultivait  la  littérature  avec  quelque 


96  BAN  B^N 

succès.  Outre  une  Ode  sur  le  ma-     Le   U  juillet  suivant  il  fut  député 
riage  de  l'empereur  ci  la  naissance     avec  Ganilli  par  l'assemblée  des  élec* 
du  roi  de  Rome  ,  imprimée  dans  les     teurs  de  Paris  vers  l'assemblée  natio- 
Hommages poétiques,  II ,  268  ,  il     nale ,  pour   lui  faire  connaître  la  si- 
a  léuni,  sous  le  titre  de  Poésies  ad     lualion  de  ces  électeurs  qui  s'étaient 
libitum,  Paris,  1817,  in-8»,  les  più-     déc'arés  en  permanence  ;  et  quelques 
ces  qu  1!  avait  publiées  dans  les  jour-     jours  aprt-s  ces  deux  mêmes  députés 
nanx.  On  cite  encore  dr  lui  un  pclit     témoignaient  devant  le  Chàlelet  dans 
poème    allégorique  :   Douleurs   et     l'afïaire  Bezeuval.  Lorsque  Tassem- 
guérison.  Pans,  1819.  Balzac  con-     bléc  nationale  s^occupa  de  la  consti- 
servait  dans  un  âge  avancé  la  chaleur     tulion   qu'elle    voulait   donner   à  la 
et  les  autres  qualités  delà  jeunesse.     France,  dans  le  mois  de  juillet  i  791 
Ilmourutd'unrapoplexiefoudroyante     Bancal  lui  présenta,   de  la  part  du 
Ie5i  mars  1820.  A  cette  époque  il     club  des  jacobins  de  Clermont-Fer- 
rcmplissait  la  place  d'inspecteiT  eu     rand  ,  une  adresse  dans  laquelle  ces 
chef  des  travaux  publics  du  départe-     démocrates  réclamaient  de  la  manière 
ment  de  la  Sebe.  Il  avait  en  porte-     lapins  insolente  et  même  avec  menace 
feuille  àes  poésies,    une  comédie  en     contre  la  dissolution  des  assemblées 
vers,  ainsi  qu'un  grand  nombre  de     électorales,  qui  venait  d'élre  ordon- 
plans ,  de  projets  et  de  dessins  d'an-     née  par  un  décret.  Biauzaî,  député  de 
chitecliirej  tous  les  jonrnaux  se  sout     l'Anvergne,  parla  contre  les   si'-na- 
accordés  h  faire  l'éloge  de  son  carac-     taires,  et  plus  particulièrement  ?on- 
tère  et  de  ses  talents.  W-s.         'Ire  Bancal  qu^il  traita    A'intrigaiit. 

BANCAL  (Jean-ÏÏf.îjri),  connu  Sursa  demande,  l'adresse  fut  envoyée 
sous  le  nom  de  Bancal  d.-slssarls,  na-  au  comité  des  recherches  j  mais  cette 
quit  en  Auvergne  le  3  nov.  1750.  Il  affaire  n'eut  pas  de  suite,  et  le  £9 
était  notaire  a  Paris,  et  j  possédait  juillet,  dans  une  nouvelle  péii- 
unedcsmeilleuresétudes(i).Iladopta  tion,  Bancal  den^inda  avec  plus  d'in- 
les  principesdeiarévolulion  avec  en-  solence  encore,  de  lapart  des  patrio- 
thousiasmc,  et  pnbliale  2  i  avril  i  789,  tes  de  Clermont,  justiee  et  répara- 
sous  le  voile  de  Tanonyme,  une  hro-  tion.  Toutes  ces  circonstances  con- 
chure  intitulée  :  Dérlarativn  de  tribuèrent  à  lui  faire  une  réputation  de 
droilsà faire  et  depoui'oirs  à  don-  palriolisme,  et  l'année  suivanfe  il  fut 
ner  par  l(  peuple  français  pour  les  nommé  député  k  la  convention  natio- 
clats-'^énéraux  dans  les  soixante  nale  par  le  dépaiiement  du  Puy-de- 
assrnth/érs  indiquées  à  Paris  (2).      D"'!  e.  Mais  dès-lors  ses  ojiinions  s'é- 

^ taiei.t   singulièrcmenl    modinées;   et 

(.)  iînnr.,i  ,M.t..,it  ronnu  i,  l'nris  rou„n,-  n„.      vWcs  scmblaiciil  sc  modérer  h  mcsurc 

1788  à /;,./„,«Hr,  qui  du  «I.I1IS  la  n.voiuiion  nn      *i^"''  1  iT.' 1  lai  1011  (Ic's  osprils  devenait 

jaroLin  (rrr.iif.  ir..ii:l)ir  <lr  In   inimi.iiinlitf  (In        i)|iis     araïuic        I  /^rc  tii«      !..     P...,,,: 

'"    «o.a.    ,„.i.  a.,   la    V, „„..  .1..    l'aJi..   Hso        '  T""  V.,    ''''"i"*^      ^^      1  HlSSleU 

tronv;.  c.in.|)iis(l;,nM  l.i  mis.-  h(„,  l.Ti«)i  «lorrlîo        AliactiarsiS     CIool/,     SC    disaut   /W<Z- 

iv,i,..r«u,i  1,,,,  ,i..n,.i.inr  ,...11.         I "'"*'"•     leur  r/u  genre  humain,  pub.w  soo 

{■*)  Cfiio   (IrcJHr.ilion  lui  <li|inis  inm'-irr  diitis       — " — ■ 

Krîvon7".'ic\  """';    '"''"'■'■  '"'■  /•?"''"^*^'«'       J"'  '"•'"•"  •••  ••  ''••.•.i..e  mon  mjo.m-  m  AnsMcrre. 
u"  .l,    ':.  "    ';"""  "';'"■'■'"'  ,'""»■•'!'«'       5»'"^»î<-  »-.•  .-H..  ,r„no  unssi..,,  pour  y  former  un 

lutr  ,mivrr.i,llr.    «  I  ll<.  !„  |,ri.pnKPair,  dit-il.  n        u,,,  rotUpir.) 


I 


BAN  I5AN  97 

plan  (U*  n'puhliqiic   unix'cr.'icl/i'y    il  lui  iiu'nic  (jii'il  fallail  laxcr  de  folie  ; 
avanr.a  (jiie  Bancal  appu\ ail  son  .vj-.v-  et  IMaral   iL-pondil  (jiio   c'claicnl  les 
itmefèdi-rutif:  Bancal  répondit  par  liomincs  de  rappel  an  peuple  qui  ac- 
iin    panipliltt    i\c    i6   pages    in-8"  :  cns^icni  V  ami  d/  peun/r.  Le  décret 
«   Frère  ,   disait-il,    vous  nie  prêtez  d'accusalion  ne  fui  pas  prononcé.  De 
vos  rêveries...  Je  ne  veux  pas,  comme  plus  rn  plus  opposé  au   système  de 
vous,    que  l'Angleterre,    la  Suisse,  tyrannie  qu'il  voyait  se  former  dans 
rAllemai;nc  et  tous  les  autres  états  le   sein  de  la  convention    nationale 
de  TEui  ope  deviennent  des  dcpctrie-  Bancal  comljallilqnelquesjuurs  après 
ments  de  la  France,   dont  le  chef-  avec  succès  la  proposition  de  pren- 
licu  serait  Paris,  m   11  reproche  plai-  drc  les  ministres  an  sein  de   Tassem- 
samment  h  Clootz  de  vouloir   créer  blée  ;  mais  il  fil  d'inutiles  efforts  pour 
environ  ndlle  départements  dans  sa  que  les  attributions  du  comité  de  sa- 
répuhlicpic  universelle.    «  La  seule  lut  public  se  bornasscut  à  surveiller 
opération  de  la  division  de  la  France,  le  conseil  exécutif,  et  pour  que  ses 
fil  envoyer  dans  le  temps,  h  l'assem-  membres     fussent   renouvelés    deux 
Mée  constituante,  environ  deux  mille  fois  par  mois.    Nommé   a  la    fin  de 
députés  extraordinaires.  Combien  en  mars  l'un  des  commissaires  qui  furent 
faudrait-il  pour   tout   le   genre   hu-  envoyés  a  l'armée   du  JNord   avec  le 
main?...   Je    connais    la  lierté   an-  ministre  Beurnonville  ( /^.  ce  noîn  , 
glaise,    et  je  ne   pense    pas  que   ce  dans  ce  vol.),  pour  y  faire  exécuter 
peuple  ,  qui   a   versé    tant   de  sang  le  décret  qui  ordoîinait  à  Dumouriez 
pour  se  rendre  libre,  voulût  faire  de  de  se  rendre  h  la  barre,  il  chercha 
son  île  un  r/ty;«/'/e/72e«;  de  la  Fran-  par  àes,  movens   de   douceur    et  de 
ce.»  Le  27  novembre    1792,  ]^an-  persuasion  a  le  décider  a  Tobéissance. 
cal  demanda  à  l'assemblée  qu'on  lais-  «  En  homme  d'esprit ,  a  dit  ce  géné- 
sàt  indépendante  la  Savoie   qui  vc-  «  rai  dans  ses  M<  moires,  ii  me  don- 
nait d'être  conquise,  et  qu'il  lui   fut  «  nn    pour   exemple    de   soumission 
permis  de  se  donner  le  gouvernement  «  les  généraux  des  Grecs  et  des  Ro- 
qui  lui  conviendrait.  Il  était  un  des  «  malus  ,    tandis   que    son    collègue 
secrétaires  a  Tépoque  du  procès  de  «  Camus  parlait  avec  une  dureté  et 
Louis  XVI ,   et  il  commença  la  dis-  «  une  "rigueur  excessives.  »  Mais  ni 
cussion  par  contester  a  l'assemblée  le  l'un  ni  l'autre  ne  réussirent  à  persua- 
droit  de  le  juger.    Il  vota  ensuite  de  der  le  général  j  les  quatre  représen- 
la   manière    îa  plus  favorable  a  ce  tants  et  le  ministre  furent  arrêtés  et 
prluce,  c'est-li-dire  pour  la  détention  livrés  aux  Autrichiens  comme  otages 
et  le  bannissement  a  la  paix  ,  pour  de  ce  qui  restait  encore  a  Paris  do 
l'appel  au  peuple  et  pour  le  sursis  k  la    famille  rovale.    Bancal  se  soumit 
l'exécution.   Dans  la  séance    du  2G  avec  résignation  a  une  destinée  aussi 
février,  lorsque  la  convention  discuta  imprévue  5  et  il  est  plus  que  probable 
la  question  d?  savoir  si  Marat  serait  que  celle  détention   le   sauva  de  l'é- 
décrété  d'accusation.  Bancal  demanda  thafaud.  Lié  comme  il  l'était  au  parti 
qu'il  fût  expulsé  de  l'assemblée  com-  qui  succomba  dans  la  journée  du  5i 
me    un  fou,  «t   renlcrmé   dans   une  mai,  ennemi  personnel  de  Marat ,  et 
maison  de  santé  ,   où  son  étal  serait  l'un  des  votants  de  l'appel  au  peuple, 
constaté   par   des    médecins.    Collol  commeleluiavailreprochécet  homme 
d'Herbois  déclara  que  c'était  Bancal  féroce,  il  n'eùl certainement  pas échap- 


j.vu. 


98  BAN  BAN 

pé  aiix  proscriptions  qui  clécimèrent  Iule  l'Ami  des   Lois  ^   d'avoir  reçu 

bientôtcelte  assemblée.  Au  coDhaire,  de  l'argent  de  Roland,   et  d'avoir 

tandis   que  les  Autrichiens    le    traî-  yoxAviRolandiser  les  départements. 

naient  de  prison  en  prison,  sa  place  Bancal,  dans  une  réponse   en  date 

lui  fut  conservée  par  un  décret  dans  du  23  février,  in-8°,  taxa  Poullier 

le  lieu  des  séances  de  la  convention  d'avoir  un  goût  extrême  pour  les 

nationale,  etsonnom  dutrestcrinscrit  sottises  et  les  calomnies.  Sorti  du 

sur  la  liste  des  représentants.  Bancal  corps  législatif  le  20  mai    1797,  il 

et  ses  collègues  furent  successivement  alla  vivre  a  Clermont-Ferrand  dans 

transférés  à  Ehrenbreisîein,  a  Egra,  une  retraite   absolue,  se  livrant  ex- 

au  Spielberg,  a  Olmutz.   Ce  ne  fut  clusivement    a    des    actes    religieux 

que  trois  ans  après  leur  arrestation  et  a  l'élude  du  grec  et  de  l'hébreu 

que   leur  échange  fut   consommé   à  pour    mieux    coniprendre    le    texte 

Baie,  et  qu'ils  recouvrèrent  la  liberté  des  saintes  écritures.    Il    est   mort 

en    même    temps    que    la    fille    de  dans    cette    ville    au    mois    de    juin 

Louis  XVI.  Dès  qu'il  fut  revenu  en  1826,   avec    toutes   les  démonstra- 

France,  il  publia,  dit  le  cousin  Jac-  tions  d'une  piété   sincère  j   ce    qui  a 

ques  (Beffroy  de  Reignj),   un  mé-  fait  dire  aux  ennemis  de  toute  croyan- 

moire  sur  sa  captivité,   «qui  annonce  ce  religieuse  que  ses  facultés  raenta- 

une  àrae  timorée,  un  cœur  honnête  et  les  n'étaient  plus  les  mêmes  j    mais 

des  intentions  pures  :  aus.sil'appela-l-  rien  dans  toute  sa  conduite  ne  devait 

on  ca.ipi\c\n*  {Dict.  néolog.  des  hom-  donner  lieu  K  celte  supposition  j   et 

mes  et  des  choses).  Devenu  membre  ce  qu'il  y  a  de  bien  sûr,  c'est  que  les 

du  conseil  des  cinq-cents  par  un  décret  dernières  années  de   sa  vie  n'eu  fu- 

spécial,  Bancal  parut  pour  la  premiè-  renl  pas  les  plus  malheureuses. 
re  fois  dans  cette  asseniblée  le  i'^'"  M — d  j  et  Y — ve. 

janvier  1796.  11  fut  porté  en  triom-  BAXDELLO    (Vincent  de), 

phe  dans  les  bras  du  président,  et  célèbre  ih^^'ologien  naquit,  en    i4.55, 

reçut    de  lui    l'accolade   fralerncllc.  h  Castel-lNuovo.  Après   avoir    ache- 

Noramésecrélaire(|uelqiicsjonrsaprès  vé  ses  études  à  Bologne,  il  embrassa 

il  ne  prit  p'us  de  part  aux  discussions  la  règle  de  Saint-Dominique.  Le  ta- 

que  iians   l'intérêt  de  la  reli-ion  et  lent  pour  l'argumenlation  qu'il   eut 

des  mœurs.    Les    méditations    de   sa  l'occasion  de  montrer  dans  les  dispu- 

longue  captivité  avaient  entièrement  \vs  pnbli((ues,  si  fréquentes  a   celle 

changé  ses  idées.  Il    demanda  avec  épo(jue,  ne  larda  pas  h  le  faiiecon- 

beaucoup    d'iusiances  bi   proliibiliou  naître.  (Ihargé  d'aboril  d'enseigner  la 

des  maisons  de  jeu  et  de  débauche,  théologie,  il  s'en  acipiilta  d'une  ma- 

la  suppression   du  divorce,   cnliu  il  nièrebri'lanlc;  el  fut  député  plusieurs 

fil  houimage  aux  deux  conseils  irnii  fois  a  ces  assenblées   solennelles  où 

crril  de  sa  composition,  inlilnlé  :  J)u  s'agitaient,  eu  pré.sence  du  souverain 

nouvel  ordre   sociiiljondà  sur  lu  pnnlile  et  dw  saeié  collège  ,  des  ques- 

rcligion,  Paris,  an  V  (1797),  in-8"  tions  (|iie  l'espiil  religieux  du  siècle 

de  353  p.'iges.  Cet  ouvrage  avait  déjà  faisait  trouver  Irès-iniporlanlcs,  n;ais 

paru  dans  la  (Inoniiptc  du  mois  de  (jui    n'exciteraient  aujourd'hui  «[u'iiu 

décembre    F792    et    février    1795.  superbe  dédan.   Ce  fui  dans  une  de 

lujrs  de  cette  réimpression,  Poullier  ces  assemblées  ((ne  Vii  cent  recul ,  en 

flccnfQ  Bnueal,  (huis  son  journal  inli'  1484,    des   iiialus  du  pape  lunu- 


I 


ceni  VITl ,  le  InmiiT  docloral.  Cet 
lionncur  arcriil  encore  re.sliiuc  dont 
Viiicenl  jouiss.ul  n.irmi  ses  coulrères. 
Rcvèlii  siicces.si\  eiiieul  (.\v!>  principa- 
les dignilcs  de  l'ordre,  il  en  fut  élu 
général  en  i5oi.'  Son  zèle  pour  la 
g'oire  d'un  institut  (pii  comptait  déjà 
tant  de  saints  et  savants  docteurs  lui 
fil  entreprendre  la  visite  de  toutes  les 
maisons  que  l'ordre  possédait  eu 
France ,  dans  les  Pays-Bas  et  eu 
Espagne.  Mais  il  revint  en  Italie 
cpuisé  de  fatigues  ,  et  mourut  à 
Altomonle,  dans  la  Calabrc  cité- 
rieure,  le  27  août  i5o6.  Viucent 
joignait  a  une  vaste  érudition  un  es- 
prit vif,  pénétrant  cl  beaucoup  d'é- 
loquence ;  mais  trop  entier  dans  ses 
sentiments,  il  fut  l'un  des  plus  vio- 
lents adversaires  de  l'immaculée  con- 
ception delà  vierge,  traitant  les  fran- 
ciscains quila  défendaient  d'ignorants, 
d'impies  et  d'hérétiques ,  jusqu'à  ce 
que  le  pape  Sixte  IV,  par  sa  bulle  de 
iii83,  condamnant  Bandello  et  ses 
adhérents  ,  eût  fait  triompher  l'opi- 
nion opposée.  Outre  quelques  ouvra- 
ges restés  manuscrits ,  et  dont  on 
trouvera  les  titres  dans  la  Bihlioth. 
FF.  prœdicator.  des  PP.  Quétif 
et  Echard  ,  II ,  p.  i  ,  on  a  de  Ban- 
dello :  I.  Libellas  recollectorius  de 
veritate  conceptionis  B.  Mariœ 
virginis ,  Milan,  Valdarfer,  14^7 5, 
in -4^°,  golh. ,  volume  très-rare. 
Cet  ouvrage  fut,  suivant  le  P.  Laire, 
l'origine  des  querelles  qui  divisèrent 
si  long-temps  les  cordtliers  et  les 
dominicains  (V.  YIndex  llhror.  ab 
invent,  iypograph. ^  II,  99).  H  a 
été  vivement  réfute  par  le  P.  Louis 
délia  Torre ,  cordelier ,  dans  son 
Apologia  pro  conceptione  imma- 
culata  ,  Brescia  ,  i486,  in-4.°. 
II.  Tractatus  de  singulari  puritate 
et  prœrogativa  conceptionis  Sal- 
vatoriiD.JS.  J^-C,  Bologuc,  148 1 , 


BAN 


î)9 


in-/»";  ce  volume  n'est  pas  moiftsrare 
qiu;  le  précédent.  La  réimpression 
formai  in-i  2,  /id  cxciiiplar  B<jtio~ 
ni{V,  i48i,n'csl  point  rechercljéc.  Oii 
peut  consulter,  pour  ])his  de  détails, 
les  /^  ies  des  hommes  illustres  de 
l'ordre  de  S ainl- Dominique ,  j)ar 
le  P.  Touron,  III,  675-134.  Mathieu 
Bandello  {V.  ce  nom,  111,  3o),  si 
connu  surtout  par  son  recueil  de 
Nouvelles  traduites  en  français  par 
Boaistuau  et  Belleforêt,  élail  le  neveu 
de  Vincent  Bandello.         W — s. 

BAXDIXI  (Salluste),  naquit  k 
Sienne  ,  d'une  famille  noble,  le  10 
avril  1677.  Ses  parents  l'avaient  des- 
tiné a  la  profession  Açs  armes,  mais 
l'amour  de  l'élude  lui  fil  abandonner 
celle  carrière,  a  laquelle  il  preléra 
les  méditations  sévères  de  la  jurispru- 
dence civile  et  ecclésiaslique.  Vers 
1740  il  composa  sur  la  Maremma 
de  Sienne,  une  dissertation  écrite  avec 
beaucoup  de  profondeur  et  de  clarlé. 
Celle  œuvre  d'un  bon  citoyen  fui  une 
source  féconde  de  vérités  utiles  qui 
déterminèrenll'empereur  François  I"^^' 
et  sou  fils,  le  grand-duc  Léopold,  a 
clicrcher  les  moyens  d'assainir  le  ter- 
ritoire siennois,  ravagé  par  le  mauvais 
air.  Les  vues  développées  par  Ban- 
dini  sont  nouvelles  et  démontrent 
qu'avant  les  courageux  efforts  de 
Quesuay  ,  qui  jeta  en  1755  les  pre- 
miers élénents  de  la  science  écono- 
mique en  France,  un  étranger  avait 
abordé  les  mêmes  matières  avec  suc- 
cès. Mais  les  Français  ne  peuvent  être 
accusés  de  plagiat  j  car  la  disserta- 
tion de  Bandini  ,  dépesée  dans  les 
archives  du  gouvernement ,  ne  fuî 
imprimée  qu'en  1775.  C'était  la 
première  fois  que  de  grandes  et 
nobles  découvertes  s'obtenaient  si- 
multanément dans  des  pays  divers, 
Baudiiii  mourut  en  1760.       A — d, 

PAXG  ouUA^iGIUS  (Teomas), 


u^. 


loq  BAN 

savant* philologue ,    uaquit  en   1600 
dans  l'île  de  Fionie,  où  son  père  était 
ministre.  Quoique  pauvre,  il  vint  a 
Copenhague  ,  el  s'élant  rendu  agréa- 
ble au  chef  de  Tuniversilé,  il  y  fit  gra- 
tiiiteiiienl  son  cours  de  théologie,  lise 
chargea  ensuitedeTéducation  de  quel- 
ques jt  unes  gentilshommes,  entre  au- 
tres du  fils  du  grand-trésorier  de  Da- 
nemark, doul  il  eut  une  pension.  Avec 
ce  secours  il  vint  en  Allemagne,  et 
suivit  les  leçons  des  plus  célèbres  pro- 
fesseurs. En  i65oonluiofirillachaire 
d'hébreu  à  Copenhague.  Il  ne  l'ac- 
cepta que  sous  la  condition  qu'on  lui 
permeltrait    d'aller    quelque    temps 
étudier   l'arabe    et  le  syriaque  sous 
Gabr.  Sionila,  fameuxmaronile,  alors 
k  Paris.  En  1  6  5  2  il  passa,  de  la  chaire 
d'hébreu  à  celle  de   théologie,'    et 
fut  nommé  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  l'académie.  Ce  savant  mou- 
rut le  27   octobre  i66r  ,   après  une 
courte   maladie.    De  quinze  enfants 
qu'il  avaii    eus  de  son  mariage  avec 
la  fille  d'un  sénateur,  un  seul  lui  sur- 
vécut.  On   a  de    Bangius    un    assez 
grand    nombre     d'ouvrages    remplis 
d'érudiionj    mais    ce    sont  pour   la 
plupart  des  thèses  et  des  programmes 
qui  n'offrent  plus  guère  d  intérêt  (i). 
On  se  contentera   de   citer  :  1.  Ob- 
sen'ationutulibriduo,  Copeidiague, 
1640,  in-8**.  Ce  sontdes  remarques 
que  Bangius  fit  par  ordre  du  roi  sur 
la  Grnmmiiirt  latine  (\c  Denys.Ier- 
sin  ou  Jersinus,  adoptée  par  les  éco- 
les de    Danemark    el  de  Norwège. 
II.  CcL'liini  Orientia  et  prisai  mundi 
triade  excrcitalionum  litteraria- 
rum  rvprivsëntatum  ,  seii  exeriita- 
tiones  de   littcris  atiliquis,    ibid., 
i6S7,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  été  repro- 
duit «0U8  ce  litre:   J'J.rcrcitationes 


(1)  On  ni  Irniivr  aiir  lislc  c-omplt^tif  tinni 
rouvroRO,  fort  nu.-  cii  Kiuncc,  .l'Ail)»!  t  Bariho 
lin:  /)*  scripti4  Dnnorum,  Copenh.,  1666,  p.  i  il. 


philologico  -philosophicœ  quibus 
materia  de  ortu  et  progressa  lit- 
terarum  ex  intimis  et  genuinis  suis 
principiis  pertractatur ,  Cracovie, 
1 69 1 .  C'est  la  même  édition  avec  un 
autre  frontispice.  Dans  cet  ouvrage 
curieux  et  singulier  Bangius  recher- 
che l'origine  àçs  lettres ,  des  signes 
astronomiques  et  même  des  caractè- 
res cabalistiques.  Il  y  expose  et  ré- 
fute les  opinions  des  auteurs  qui  s'é- 
taient occupés  avant  lui  du  même  su- 
jet, tels  qu'Arabrosio  Teseo,  Duret, 
Gaffarel,  etc.  Tous  les  savants  danois 
contemporains  l'ont  comblé  d'éloges, 
liayle  lui  a  consacré  un  article  dans 
son  Dictionnaire.  W — s. 

BANG  (Frédéric-Louis),  méde- 
cin danois,  naquit  dans  Pile  de  Sée- 
land,  le  4-  janvier  ly^y-  Après  avoir 
fini  ses  études,  il  voyagea   pendant 
quelques  années,  visita  les  hôpitaux  de 
Berlin,  Paris,  Strasbouig  cl  y  suivit 
les  leçons  des  plus  habiles  professeurs. 
En  1775,  il  fut  nommé  premier  mé- 
decin de  l'hôpital  Frédéric  de  Co- 
penhague, fonction  qu'il  exerça  long- 
temps avec  un  zèle  digne  d'être  imité. 
11  enseigna  la  clinique  dans  cet  hôpi- 
tal, et  y  recueillit  avec  le  plus  graud 
soin  les  objets  dignes   de  remarque 
qui  s'ofi rirent  a  sa  pratique.  En  1782, 
Bang  fut  élevé  h  la  dignité  de  profes- 
seur  a  Puniversilé  de  Copenhague  j 
il  y   rendit   de   grands  services  aux 
élèves,  soit  par  ses  leçons  ,  soit  par 
«es    conversations    instructives.    En 
1807,  sou  habilalioii    fut  incendiée 
dans  le  bombardement  de  Copenha- 
gue par  les  Anglais,  el  il  perdit  ja 
l)ibholhè(jue    et   ses    manuscrits.   I! 
montra  pendant  toute  sa  vie  un  pen- 
chant pour  la  solitude  et  une  grande 
piélc.  Dans  ses  dernières  années  ,  il 
s'occupa  de  poé^ie  latine,  et  traduisit 
en  vers  hexamètres  plusieurs   mor- 
ceaux choisis  de  J*  Bible.  (Quelques- 


BAJN 

uns    oui  clé   iinjiriim-s.    Ce  imuicciu 
raourul  il  CojH'nli.i^uc  ,    le  ::6    dcc. 
I  82  0.  On  .1  (le  lui  :  I.  Sciccfu  Diu- 
rii  ?^  osorornii   Vridcriciani  llnj'- 
nicnsis,  Coj)ciilia«^.,  1789,  '-i.  vol.  iu- 
8",  tradiiil  en  alli'in.iii(l  par  Jiigler, 
1790,  2  \oI.  in-8".  Col  ouvra<i;c  Irop 
peu  connu  on  France  os!  un  journal  ou 
recueil   des  fails  ciinirpios  que   Bang 
a  observés  dans  lliôpilal   Frédéric, 
depuis    1782    jus(ju'cn    1787.  C'est 
une  niiue  féconde  d'obscrvalions  pra- 
tiques précieuses.    Elles  ne   sont  pas 
toujours    assez   détaillées  ;   et  Tau- 
tcur  a    négligé   d'indicpier    la   con- 
stitution   atmosphérique   de    cliatjue 
mois.  On  trouve  plusieurs  autres  an- 
nées de  cet  intéressant  jourjial,  dans 
les  nouveaux  Actes  de  la  société  de 
médecine  de  Copenliague.  IL  Praxis 
medicasystcmaticcexposita,  ibid. , 
1789,    I    Vol.    in-8".  Ce   traité   de 
médecine    prali(jue   est  basé  sur  les 
observalions  recueillies  dans  l'ouvraî^e 
précédent,  qui  se  montent  a  plus  de 
vingt  mille,  commerauleurrannonce 
lui-même  dans  sa  préface.  Quand  il 
indique  unemélbode  de  traitement,  il 
renvoie  ordinairement  aux  faits  nom- 
breux de  sou  journal  qui  eu  consta- 
tent rulilité.  Il  a  paru  une  2*^  édition 
de  cet  ouvrage,  avec  descbangements 
et   des  addilions  en  i8i8j   il  a  été 
traduit  en    allemand  par  Ileinze   eu 
1796.  III.  Pharmacopœa  in  usum 
Nosocomii  Friderlciani  Hafinen- 
sis,    ibid.,    1788,   in-8°.    Celte 
pharmacopée  est  très- courte.  Bang  a 
encore  publié  plusieurs  mémoires  ou 
observations  daus  les  Actes  de  la  so- 
ciélé  de  médecine  de  Copenhague  5  il 
est  aussi  auteur  de  quelques  ouvrages 
ascétiques.  G — t — r. 

BAIVKS  (le  chevalier  baron- 
net sir  Joseph  ) ,  président  de  la  so- 
ciété rovale  de  Londres,  naquit  dans 
celle  ville,  le  i5  déc.  1745,  deGuil- 


BAN 


loi 


iaumc  Banks-IIod^kinson  et  de   Sa- 
rah  Batc.    Sa  famille  élait  d'orifiine 
«uedoise,  mai-;  on    a  différé  sur  l'é- 
po(pie  11  laquelle  tlle  vini  sVlablir  en 
Angleterre  -,  el,  laiulis  que  les  uns  la 
font  remonter  a  un  Siuton  Banks,  qui 
serait  venu   se  fixer  dans  le   comlé 
d'York,  a  l'époque  crLdouard,  el  qui 
aurait  été  le  dix-huitième  aïeul  de  sir 
Joseph  j  les  autres  ne  lui  accordent 
que  deux  généralions  en  Angleterre, 
et  nient  que  ce  Robert  Banks,  qui  gé- 
ra sous  Elisabeth  el  Jacques  la  charge 
(ratlorney  principal  îi  Giggleswick  , 
et  dont  les  (ils  se  dislinguèrent  pen- 
dant les  guerres  civiles,  ait  été  un  de 
ses  ancêtres.  Ce  que  l'on  ne  conteste 
pas  ,    c'est    que   l'aïeul    palernel  de 
Banks,  celui  qui ,  par    son   mariage 
avec  une  Hodgkinson,  fournil  à  Guil- 
laume   son  lils   l'occasion    de   join- 
dre ce  dernier  nom   a   celui  de    sa 
famille  ,   n'ait   été    médecin  dans  le 
comté  de  Lincoln  ,  et  que  ses  succès 
dans  l'exercice  de  sa  profession  n'aient 
élé  assez  lucratifs   pour  le   mettre  a 
porlée  de  léguer  a  ses  fils  un  patri- 
moine considérable.  Il  fut  même  re- 
vêtu en  1756  des  fondions  de  shérifF, 
et  la  ville  de  Pcterborough  Tcnvoya 
siéger  a  la  chambre  des  communes. 
Comme    tous   les    riches   héritiers , 
Banks    fut    d'abord  contié  aux  soins 
d'un      ecclésiasli([ue  ,      des     mains 
duquel     il     passa    au     collège     de 
Harrow,   situé  daus  le    voisinage  de 
Londres.   Plus  tard   il  alla  complé- 
ler  ses  éludes   a  l'universilë   d'Ox- 
ford ,    où   l'on    fit   choix    pour    lui 
du  célèbre   collège    de   Christ.  Il   y 
élait  encore  en  176  i,  lorsque  la  mort 
inattendue  de  son  père  le  laissa  maî- 
tre de  lui-même  et  de  sa  fortune  :  il 
n'avait  alors  que  dix-huit  ans.  Celle 
liberté  prématurée  n'eût  pas  manqué 
de  devenir  un  écueilpour  tout  aulre. 
Mais  déjà  le  goût  des  sciences  nalu- 


102 


BAlt 


relies  était  devenu  pour  Banks  une 
passion  a  laquelle  les  autres  devaient 
toujours  céder.  Ses  tuteurs  n'eurent 
pas  k  coraballre  en  lui  les  penchants 
îuiiestes  qui  amènent  si  vile   à  leur 
ruine  tant  déjeunes  Anglais,  peu  de 
temps    après   la  fin    de  leur    mino- 
lilé.  Il  est  a  noter  qu'a  celte  époque , 
Thistoire   naturelle  ,  qui  jusque-là  , 
faute  d'être  bien  comprise   et  bien 
apprise,  était  restée  dans  l'enfance  , 
venait  de   voir   apparaître  en  même 
temps    deux  interprètes   sublimes  , 
Buffon  et  Linné  ;  Buffon  aux  tableaux 
éloquents,  au   stjle  large  et  majes- 
tueux ;  Linné   aux  formes   sévères  , 
aux  classifications  ingénieuses.  Grâce 
K  ces  deux  liommes,  Thislolre  natu- 
relle devenait  à  la  fois  attrayante  et 
philosophique,  littéraire  et  savante. 
Les  genres  d'esprit   les  plus  divers 
se  sentaient  entraînés  vers  elle.  Mais 
instinctivement  l'on  sentait  que  les 
bases  seules  étaient  posées ,  que  bien 
des  milliers   d'èlres    organiques    ou 
inorganicpjps   se    trouvaient     cachés 
dans    les  contrées    étrangères  ;   que 
pour    commencer  à   comprendre   la 
science  ,    il    fallait    d'abord     avoir 
des    collccleurs.     Peut- être     aussi 
l'on  pensait    que  ces   collecteurs  se- 
raient   long- temps  a   se     montrer; 
car  il  faut  non-seul»  ment  du  savoir  et 
di  temps  j)our  récolter  les  éléments  de 
l'histoire  naturelle,  il  faut  aussi  beau- 
coup (Tarjijent.  Or  ,  (|ui  serait  d'hu- 
meur à  le  louruir?  iVordinaire  ,  les 
savants  ne  son*  pas  millionnaires,  et 
l'.'s  millionnaires  ne  sont  pas  savants. 
Quant  aux  gotivernemrnts,  du  temps 
de  Banks,  ils  étaient  encore  fort  peu 
8cnsi!)Ifs   aux   piogrès  de    l'iiistoirc 
nalurellr.  (/est  Banks  ipii   plus  (pie 
lout  autre  élait  dcsliné  li  iairi- cesser 
celle   indifférciH  e.   En  al  tendant    le 
jour    où  sa    céU'brilé    lii  donncrail 
de  rinfluciicc  ,   il  méditait  les   au- 


BAN 

vres  des  deux  illustres  naturalistes 
que  l'Europe  admirait.  Déj'a  sa  bi- 
bliothèque plus  riche  de  jour  en  jour, 
s'accroissait  de  tous  les  ouvrages  re- 
latifs k  sa  science  favorite.  Décidé  à 
tous  les  genres  de  sacrifice  pour  ar- 
river a  l'apogée  de  la  science,  il  her- 
borisait beaucoup,  et  c'est  un  sacrifice 
en  Angleterre  ;  car  on  n'herborise 
qu'k  pied,  et  telle  est  la  facilité  des 
communications  dans  cette  terre  d'in- 
dustrie, telle  est  surtout  la  tjrannie 
des  usages,  qu'un  voyageur  pédestre 
est  presque  toujours  suspect.  Du 
moins  ne  peut-on  s'imaginer  que  ce 
soit  un  gentleman.  Aussi  plus  d'une 
fois  le  jeune  amateur  de  botanique 
fut-il  pris  pour  un  voleur  ;  et  un  jour, 
que  harassé  de  fatigue  il  s'était  en- 
dormi a  quelque  dislance  de  la  grande 
route,  des  olEclers  de  police  l'emme- 
nèrent sous  prévention  de  vagabon- 
dagejCtbien  et  dûment  garotté,  devant 
un  juge-de-paix  de  campagne  ,  que 
l'aventure  divertit  singulièrement.  — 
La  nature  de  ses  biens,  pour  la  plupart 
situés  au  milieu  de  la  campagne  ,  fa- 
cilitait beaucoup  ses  savantes  excur- 
sions, qui  au  reste  ne  l'empêchaient 
en  rien  de  veiller  h  la  prospérité 
de  ses  domaim  s.  Au  contraire  ,  il 
les  améliorait  k  vue  d'oeil,  sans  être 
infidèle  a  la  science  k  la(|uelleil  s'était 
voué.  Sa  propriété  pi  incipale,  connue 
S0U5  le  nom  de  Revesby  Abbey  (dans 
le  comté  de  Lincoln),  se  trouvait  sur 
la  lisière  de  cesvasles  prairies  maré- 
cageusesquitntourent  la  baie  de  Bol- 
ton,  et  dont  l'aspect  analogue  k  celui 
des  côtes  planes  de  la  Hollande  leur 
a  fait  donner  le  nom  de  cette  contrée. 
C'est  la  que  B.inks  passait  la  plus 
grande  partie  de  raiinée  j  il  pcrlec- 
tioniiait  l'art  de  conduire  les  canaux 
et  d'élever  les  dignes,  arl  si  impor- 
tant pour  les  dessèchements  qui  doi- 
vent rendre  un  jour  d  immenses  clcu- 


BAN 

ducs  à  ragriculliiic  •  il  pcmilall   de 
poissouî»  à  son  clioix  li'S  claii^sil  les 
pclilslacs  déco  terrain  a(juali(|tie,  cl 
(juchjiicfois  il   sy   livrait    au  diver- 
iisscinenl    de    la  pèclic.    C'est    dans 
cet    exercice,    (|uM    contracta     des 
liens  (Tainilié  avec  Jean  de]Mon!ai<::u, 
comte  de   Sandwich,   ([ui   |)liis   lard 
devint  chef  de  ranùrauté  ,   et  dont 
tant  de  découvertes  imporlanles  pour 
la   connaissance  du   glolie    ont   im- 
mortalise le  nom.  «  Si  Tanccdote  est 
vraie  ,    dit    Cuvier ,    clic    offre    im 
exemple  de  plus  des  grands  effets  que 
peut  amener  une  petite  cause;  car  on 
ne    peut  douter  que  l'ascendant    de 
BanLs  n'ait  puissamment  contribué  k 
multiplier  ces  découvertes.  S'il  n'eut 
pas    besoin    d'exciter    le   comte    de 
Sandwich  k  des  expéditions  auxquelles 
la  volonté  Uu  roi  l'engageait  assez  , 
toujours  est-il  vrai  qu'il  lui  indiqua 
plus  d'une  fois  les  points  cù  il  conve- 
nait le  mieux  de  les  diriger,  et  qu'il 
lui  fit  connaître  les  moyens  les  plus 
sùrsdeles  rendreprofitables. L'exem- 
ple de  ce  ministre  passa  du  reste  dans 
la  suite  en  une  sorte  de  règle,  et  les 
nombreux  successeurs  qu'il  eut  dans 
ce  poste  mobile,  crurent  tous  s'hono- 
rer  en  prenant  les  avis  de  l'homme 
qui  lui  en  avait  donné  de   si  avanta- 
geux» [Eloge-  de  Banks,  p.  4- cl  S], 
Quoi(jue  pressentant  ainsi  combien  un 
jour  la  haute   protccliou  du  pouvoir 
aurait  d'utiles  résultats  pour  la  scien- 
ce ,  et  jetant  en  conséquence  les  fon- 
dements  de  l'autorité    qu'il    voulait 
avoir    afin  d'en  faire  rejaUlir  l'effet 
sur  elle,  Banks  n'avait  pas  pris  la  ré- 
solution d'attendre   qu'il  fût   bien  en 
cour  pourservir  effectivement  lacause 
de  l'histoire  naturelle. — Dès  1765  , 
profitant    de     l'offre     d'un    de    ses 
amis  qui  était  capitaine  de  vaisseau, 
il  fit  un  voyage  au  delà  de  l'Atlan- 
tique, et  alla  ;'isitcr  les  plages,  jus- 


ÏBAN 


ao3 


qu'alors  inconnues,  du  Labrador  et  de 
lerrc-]\eu\e-  nous  disons  inconnues, 
car,  bien  qu'annoucccs  au  monde 
depuis  Gaspar  de  Cortereal  ,  ces 
froides  régions  n'étaient  visitées  que 
par  des  pécheurs.  C'est  probable- 
ment pendant  ce  premier  voyage 
(jne  Banks  acquit  cet  art  heureux 
d'observation,  ces  habitudes,  cette 
connaissance  du  moral  {\i2?>  matelots 
et  des  indigènes  qu'il  déploya  dans 
ses  expéditions  subsécjuenles.  Aussi 
rcgrette-t-on  que,  même  dès  ce  temps, 
le  jeune  voyageur  n'ait  pas  publié  le 
récit  de  ce  qu'il  avait  vu  el  recueilli 
dans  son  excursion  :  peut-être  comp- 
tait-il que  quelques-uns  de  ses  com- 
pagnons de  voyage  se  chari^eraient 
d'un  soin  dont  il  ne  voulut  point  leur 
dérober  la  gloire  .  Effectivement  sir 
Roger  Curtis,  alors  lieutenant  sur  le 
navire  qui  portait  Banks  au  Labra- 
dor, et  le  capitaine  Cartwright  ont 
rais  au  jour  diverses  observations  dont 
ce  voyage  a  été  l'origine.  Peut-être 
aussi  le  chevalier  crut-il  avoir  assez 
fait  en  rapportant  de  la  plage  trans- 
atlantique des  produits  différents  de 
ceux quel'Europe connaissait,  eten  les 
plaçant  dans  ses  collections,  où  bien- 
tôt plus  d'un  savant  serait  k  même  de 
les  examiner,  et  de  les  décrire.  Peut- 
être  enfin  eut-il  la  modestie  de  ne 
voir  dans  ce  voyage  qu'un  essai  de  ses 
forces  ,  qu'une  étude  de  sa  tâche  k 
venir. — En  effet,  il  était  déterminé  k 
s'expatjier  de  j'ouveau  et  pour  long- 
temps, lorsque  le  gouvernement  an- 
glais équipa  \  Endeavour,  el  en 
donna  le  comMiandement  au  capi- 
taine Cook,  lo  chargeant  de  visi- 
ter les  archipels  naguère  entrevus 
parByron,  ^Val:is,Carleret,Bougain- 
ville,  et  surtout  d'obsrrverle  passage 
de  Vénus  sur  b'  disque  du  soleil,  pas- 
sage qui  avait  eu  lieu  en  176  i,  et 
qui  devait   se  reproduire  en  1769. 


io4  BAN  BAIS 

Une  même  ardeur  excisait  a,  cette  t^o?/r  mit  k  la  voile,  de  Plymoutb,  le 
époqueles  trois  puissances  principales  2  6  août  1768;  et,  avant  même  queTon 
de  TEurope  a  faire  preuve  de  quelque  eût  atteint  la  hauteur  du  cap  Finislè- 
iulérct  pour  les  sciences.  L'apathique  re,  nos  naturalistes  avaient  déjà  relire 
Louis  XV  lui- même  avait  signé  la  cora-  des  profondeurs  de  la  mer  des  pois- 
mission  de  Bougainville  partant  pour  sons,  des  molusques  et  des  crustacés 
le  tour  du  monde  avec  Gommer-  encore  inconnus  aux  savants ,  et  un 
son.  Et  Callierine  II  courtisant  les  oiseau  des  rives  de  France  était  venu 
encyclopédistes  français,  alors  dispen-  mourir  blessé  dans  les  mains  de  Banks 
saleurs  de  la  renommée  ,  ordonnait  qui  lui  donnait  le  nom  de  Motacella 
ces  grands  voyages  en  Sibérie  exé-  velificans.  A  Madère,  grâce  à  Tin- 
cutés  sous  la  direction  de  Pallas  ,  et  tervenlion  active  du  consul  anglais 
destinés  aussi  en  partie  k  robservalion  Cheap,  qui  eut  de  la  peine  a  triompher 
du  p;jssage  de  Vénus  sur  le  disque  du  des  absurdes  répugnances  du  gouver- 
soleil.  A  peine  Banks  eut-il  connais-  neur  portugais,  il  obtint,  pour  le  doc- 
sance  des  préparatifs  de  r^^/zr/i'at^owr,  teurSolander  et  pour  lui,  la  permission 
qu'il  sollicita  la  permission  de  s'em-  d'explorer  les  curiosités  naturelles  de 
barquer  a  bord  du  navire  qui  allait  l'île,  et  d'employer  des  indigènes  k 
iaire  le  tour  du  monde,  et  (ju'il  con-  pécher  des  poissons,  a  faire  la  chasse 
sacra  une  portion  considérable  de  sa  aux  oiseaux  et  aux  insectes,  puisque  le 
fortune  aux  appiéts  indispensables  k  temps  les  empêchait  de  procéderpar 
la  réussite  de  SCS  projets.  Il  iît  placer  eux-mêmes  k  toutes  ces  opérations, 
sur  le  vaisseau  des  instruments,  des  De  Madère  le  navire  continua  sa 
outils  aratoir(  s,  des  graines,  beau-  route  an  sud  ;  et  Banks,  soit  en  pas- 
coup  d'animaux  utiles,  puis  tous  sant  près  deTéiiérifle,  soit  en  cinglant 
les  appareils  nécessaires  aux  obser-  vers  les  îles  du  cap  Vert ,  soit  enfin 
vations  et  aux  expériences  pliysi-  en  se  dirigeant  de  celles-ci  vers  les 
ques,  ainsi  qu'a  la  conservation  (\t%  côtes  du  Brésil,  saisit  toutes  les  occa- 
objels  qu'on  récolterait  chemin  l'ai-  sions  d'ajouter  de  nouvelles  richesses  k 
sant.  De  plus,  sentant  combien  il  celles  dont  s'enorgueillissait  alors 
y  aurait  d'avantage  k  ce  que  les  l'histoire  naturelle. Cha({ueîle. chaque 
observations  fussent  faites  sur  une  flot  pour  ainsi  dire  lui  piijait  son  Iri- 
grande  (clicllc,  et  par  consécpient  but  :  ni  ailes  ni  nageoires  ne  pouvaient 
par  un  grand  nombre  de  collabora-  soustraire  l'agile  habitant  des  eaux 
leurs,  il  détermina  par  Aii?,  offres  ou  des  airs  k  sa  curiosité.  Il  arriva 
pécuniaires  assez  élevée.«:  diverses  pcr-  ainsi  en  vue  de  Rio-»laneiro.  Mais  la 
sonne.s  k  le  suivre.  Ce  furent  d'abord  dominait  un  vice-roi  encore  plus 
lin  secrétaire,  quatre  gens  de  service,  ignare  (|ue  le  gouverneur  de  Madère, 
deux  dessinateurs,  puis  enfin  le  doc-  Ce  profond  polilicpie  pensa  que  le 
teur  Solander,  Suédois,  élève  de  lin-  désir  d'herboriser,  de  chasser  et  de 
né ,  et  nouvellement  fixé  k  Londres  pêcher  dans  sa  province  couvrait 
par  un  emploi  au  Musée  Britanni([uc.  (juebjue  arrière-pensée  j  et  en  consé- 
Baiiks  l'avait  connu  depuis  son  retour  ijuence  défense  expresse    fut    faite  k 


de 'l'erre-JNeuve  ;  et  bientôt  la  corn-  nos   naturali.^tes    de  mettre  pied    ; 

munaulé  des  goûts,  des  éludes,  avait  terre.  En   vain   alléguèrent-ils  fin- 

f.iit  naître  entre  eux  une  intimité  (jui  tention  daller  rendre  leurs  homma- 

duraaulanlqne  leurvie. — \S EndCn-  ges   k   <oa    excellence  le    vice«roi. 


IJAN  BAJV                   i(>5 

Quel  supplice  !  Uchroussor  clirmin  en  en  cuiilrcf  riilsloricpie  des  ac(jui.si- 
préscnce  i\c  loiilc  iim*  cri'.itioii  iinii-  lions  de  l»aiiks.  Ce  (pil  le  taraclc- 
vi'lle,  do  loiil  un  monde,  où  rien  ,  ni  rise  non  moins  (pic  ce  zèle  in- 
flonrs,  ni  piaules,  ni  rcplilcs  ,  ni  oi-  f.iligable  (jui  saiis  cesse  grossit  ses 
seaux  ne  ri\sseml)lail  à  leur  monde,  colliclions,  ce(jnl  donne  au  \oyagede 
où  du  sol,  du  ciel  de  l'Europe  rien  ne  \  Kitdcavonr  l.i  |)li\,sionomie  loule 
reslail  cpie  le  soleil!  ISos  savanis  n'y  romanesque,  toute  épl(jue  du  voyage 
tinrent  pas.  Après  avoir  envoyé  les  à{:s  Argonautes  ou  de  l'Odyssée,  c'est 
gens  de  service  rassembler  sur  la  côte  cette  influence  (pi'il  exerce,  lui  non 
et  dans  le  pays  tout  ce  qu'ils  reucon-  marin  ,  sur  les  marins,  lui  Anglais, 
treraienl  lie  piaules,  d'insecles,  d'oi-  sur  les  sauvages  qu'il  visite.  Les  pé- 
seaux,  de  mammilères,  Solander  se  rils  que  court  l'équipage  dans  les  nci- 
glissa  dans  la  vdle  avec  le  titre  de  ges  de  cette  Terre  de  Feu  dont  le  nom 
chirurgien  de  l'Ys/ir/t'ai'o/oV  et  Banks,  présente  une  si  bizarre  antinomie 
trompant  aussi  la  surveillance  des  gar-  avec  le  froid  glacial  dont  elle  est  le 
des-côtes  ,  s'introduisit  la  nuit  sur  domaine,  et  qui  menace  d'endormir 
la  plage  brésilienne  et  butina  en  per-  nos  navigateurs  d'un  sommeil  de 
sonne,  mais  sans  oser  s'aventurer  mort  •  plus  loin  leur  perte  imminente 
dans  Rio- Janeiro.  Bientôl  pourtant  la  dans  les  rochers  de  la  Nouvelle  Hol- 
soupçonneuse  police  du  \ice-roi  eut  lande,  lorsqu'ils  voient  les  pièces  de 
vent  de  ce  qui  se  passait  :  dès  le  leur  bordage  se  détacher ,  une  voie 
lend(  main,  des  officiers  portugais  vin-  d'eau  s'ouvrir  plus  puissanle  que  leurs 
rent  faire  a  bord  une  stricte  recherche  pompes,  et  qu'a  l'instant  de  périr  ils 
des  personnes  qui  étaient  descendues  sont  sauvés  par  l'idée  que  suggère  un 
à  la  côte  sans  permis  j  et  Banks  avec  des  hommes  de  la  suite  de  Banks  de 
son  ami  se  virent  forcés  derester  dans  faire  entrer  du  dehors  quelques  fio- 
le navire,  si  mieux  il?  n'aimaient  aller  cons  de  laine  dans  les  fentes  du  na- 
en  prison  à  Rio-Janciro.  Ou  leva  l'an-  vire  5  les  combats  avec  les  anthropo- 
cre  le  7  décembre  ;  et,  a  peine  le  gar-  phages  de  la  Nouvelle-Zélande;  Tin- 
de-c6le  eul-ihiffranchi  le  vaisseau  au-  ceniiic  général  des  herbes  dans  lequel 
glais  de  sa  présence,  que  Banks  passa  les  hjbilants  de  la  Nouvelle-Galles 
sur  une  embarcalion  dans  les  îles  de  du  sud  furent  au  moment  de  les  en- 
la  baie  de  Rio.  La  du  moins  il  s'in-  velopptr;  les  amours  des  marins  et 
demnisa  de  la  contrainte  qu'il  avait  des  Circés  basanées  qui  ont  valu  a 
soufferte  .  en  moissonnant  a  pleines  Otaïli  le  nom  de  Nouvclle-Cylhère  : 
mains  plantes  et  insectes.  Avançant  tous  ces  épisodes,  dit  l'auleur  de  l'E- 
toujours  au  sud  ,  il  put  adrairft-  de  loge  cité  plus  haut,  communiquent 
plus  en  plus  la  richesse  majestueuse  à  la  relation  de  Cook  l'intérêt  de  ces 
de  la  nature,  et  entre  au  Ires  végétaux  «  amusantes  féeries  de  l'Odyssée,  qui 
marins,  il  recueillit  le  célèbre  Fucus  ont  fait  le  charme  de  tant  de  nations 
giganleus ,  qui  offre  souvent  un  dé-  et  de  tant  de  siècles.  Or,  c'est  incon- 
veloppement  de  plus  de  100  pieds  teslablement  a  la  présence  de  deux 
de  longueur.  Un  nombre  immense  hommes  nourris  d'autres  idées  que  de 
d'insectes  vint  ensuite  s'offrir  a  lui  simples  marins  ,  c'est  à  leur  manière 
le  long  des  cotes  de  la  Patagonic.  d'observer  et  de  sentir  qu'est  dû  en 
Mais  nous  ne  liniiions  pas,  si  nous  grande  partie  ce  puissant  intérêt, 
essayions  de  suivre  ainsi  de  contrée  Banks  surtout    se   montre   toujours 


io5 


BAN 


d'une  aclivîté  élonnante  ;  la  fatigue  ne 
le    rebute   pas    plus  que   le  danger 
ne  Tarrèle.  A  Olaïii  il  a  la  patience 
de  se  laisser  peindre  de  noir,  dt'la  tète 
aux  pieds,  pour  faire  un  personnage 
dans    une    cérémonie   funèbre   qu'il 
n'aurait  pu  voir   autrement.   Et   ce 
n'est  pas  seulement  pour  voir ,  pour 
observer  qu'il  déploie  son  caractère  : 
en  tout  lieu,  bien  que  sans  aulorilé 
légale  ,  il  semble  prendre  naturelle- 
ment le  rang  que  lui  auraient  donné 
en  Europe  les  conventions  de  la  so- 
ciété.  Il  est  toujours  en  avant  :  il 
préside  aux  marchés ,  aux  négocia- 
lions  ;  c'est  a  lui  qu'on  s'adresse  des 
deux  parts  dans  les  embarras  ;  c'est 
lui  qui  poursuit  les  voleurs,  qui  re- 
couvre les  objets  volés.  S'il  n'eût  re- 
trouvé ainsi  le  quart  de  cercle  qui 
avait  été  adroitement  enlevé  par  un 
insulaire,  le  but  principal  de  l'entre- 
prise ,  l'observation  du   passage   de 
V^énus  sur  le  disque  du  soleil,  aurait 
été  manqué.  Une  seule  fois  il  n'osa 
se  faire  rendre  justice*   mais  ce  fut 
lorsque  la  reine  Obéréa  l'ayant  loi^é 
trop  près  d'elle  lui  fi  t,  pendant  la  nuit, 
voler  tous  ses  vêtements  j  et  l'on  con- 
viendra qu'en  pareille   occurrence  il 
n'uiit  pas  été  galant  de  trop  insister 
sur  son  bon  droit.  Cette  soi  le  ir  ma- 
gisliaUire  a   lacjuelle    il     se    Irouva 
porté  lenail  a  ce  que,  dès  lors,  sa  li- 
gure ,   sa    contenance   étaient    faites 
pour  inspirer  du  respect,  en   même 
temps  (|iie  sa  bonté  soutenue  captivait 
l'aiiiilié.  11  donnait  aux  «sauvages  des 
outils  d'agriculture,  des  graines  de 
])laules  potagères  ,  des  aninaux  do- 
mestiques; il  veillait  li  ce  <(u'on   ne 
les   maltraitât  point  ,  cl    même  a  ce 
qu'unies  Irailâlavec  indulgence  l(»rs- 
nuc  les  torts  étaient  de  leur  coté.  » 
Ou  comprend  (|u'ainsi  aimé  des  natu- 
rels de  lOcéaiiieil  trouvait  toutes  les 
facilités  nécessaires  pour  remplir  ses 


BAN 

caisses  et  ses  portefeuilles.  Aussi  ses 
récolles  en  tout  genre  furent  immen- 
ses. Botany-Bay,   dans  la  INouvelle- 
Hollande,  reçut  alors  le  nom  qu'elle 
conserve  en  mémoire  de  la  multitude 
de  végétaux  qu'il  en  remporta.  Mal- 
heureusement le  navire  éprouva  quel- 
que temps  après  ,  sur  les  récifs  de  co- 
rail de  celte grandeîle,  Taccidenl  re- 
laté plus  haut,  et  presque  toutes  les 
magnifiques    collections    qu'il    avait 
formées  au  prix  de  tant  de  peines 
et    de   dangers    furent    perdues    ou 
endommagées    au    point    qu'on    eut 
des  peines  inouies  à  les  restaurer. 
Plus  tard ,  Banks  et  Solauder   fail- 
lirent périr  dans  l'arcbipel  de  Bata- 
via ,   victimes   du    climat  meurtrier 
de    ces   îles.    Ils    échappèrent    ce- 
pendant ,  mais  ils  eurent  le  chagrin 
de  perdre Toupia,  chef  olaïlien,  qu'ils 
emmenaient  en  Angleterre  ,  et  dont 
Tesprit  supérieur  promellail  a  la-fois 
et  des  renseignements  k  nos  savants 
et  d'utiles  leçons  à  ses  compatriotes  , 
lorsqu'il  serait  revenu  dans  les  îles       i 
qui  lavaient  vu  naître.  Enfin,  après      * 
avoir    successivement   parcouru    les 
archipels  de    l'Océan-Pacifique  ,    la 
INouvelle  -  Zélande  ,     la    Nouvelle- 
Ildllande  ,    la  Nouvelle-Gu.née  ,   les 
îles  au  su  l  de  l'Inde  ,  coloyé  l'Afri- 
([ue,  douMé  le  cap  de  Boune-Espc- 
ra:ice,  et  vi.slté  Sainte-Hélène,  [JSfi- 
flcuvour,  jeta  Taucre  eu  Ang'elerre 
le  12  juin  1771.  —  Un  applaudisse- 
ment universel accuedlil  les  voyageurs 
a  leur  retour;  et  le  10  août  suivant , 
sur  le  désir  loruulleineut  exprimé  du 
roi,  Ikml  s  et  Sulander,  accompagnés 
du  |)ré,siiient   de  la  .société  roya'e  de 
Loiulres,   John   l'ringle  ,   lui   furent 
préscnlésa  llii  hmoud.  Banks  prolita 
de  celle  occasion  pour  offrir  au  uio- 
narcpie,  dont  le  goùl  pour  l'agricui- 
li.ro  cl  la  botanique  élail  connu,  des 
échantillons  de  graines  rares  et  de 


BAN  BA.N  X07 

plantes  (loni  l.i  iialnralisAlion  en  Eu-  quanio  pieds  de  profondeur,  qnV^i- 
ropc  pouvait  ])rcsriilpr  i\v»  avau-  vironiicnl  des  milliers  de  colon- 
tagi's  ou  contribuer  a  rorncmeul  des  ncs  hasalticincs  dont  la  régularité 
jardins.  Grorges  llf  rcriit  de  tels  nalurellc  slniulc  celle  des  pro- 
dons avec  un  plaisir  sensible  j  et  duils  les  plus  corrects  de  Tarchitec- 
dès  ce  jour  il  ue  cessa  de  don-  ture.  Depuis  que  Banks,  par  son 
ner  à  Banks  des  marques  de  son  inté-  récit,  cul  attiré  l'attenlion  sur  celle 
rèt.  Aussi  lorsque,  deux  ans  après,  île  merveilleuse  dont  la  formation  a 
Cook  dut  partir  pour  une  seconde  donné  lieu  à  des  diflérends  .si  vifs 
expédition,  non  seulement  il  obtint  parmi  les  géologues  ,  chaque  année  a 
sans  peine  rauiorisalion  de  donner  vu  des  compagnies  de  curieux  braver 
un  nouvel  exemple  de  ce  genre  si  la  mer  orageuse  qui  baigne  les  lié- 
nouveau  el  si  généreux  dV^itrcprise  brides  pour  admirer  cette  configu- 
qu'avait  admiré  l'Angleterre  ,  il  fut  ration  exceptionnelle.  Faujas  de 
encore  décidé  eu  principe  qu'il  pour-  Saint-Fond  et  IVecker  de  Saussure 
rait  se  donner  sur  le  vaisseau  les  entre  autres,  s'y  sont  rendus,' et 
aises  qui,  sans  gêner  l'expédition,  ont  visité  les  divers  points  de  l'île 
eussent  rendu  son  dévouement  et  celui  avec  un  soin  qui  n'a  été  surpassé  que 

de    ses    amis    moins    pénible.   Mais  dansées  derniers  temps Les  voya- 

l'ombrageuse  jalousie   de    Cook  mit  geurs  arrivèrent  ensuite  en   Islande, 

obstacle  a  des  arrangements   si  jus-  Cette  île  de  glace,  située  aux  confins 

tes;  el,  soit  méconlenleraent  de  voir  de  l'Amérique  et  de  l'Europe,  oifre 

sa  gloire  partagée ,  soit  souvenir  de  à  ceux  qui  la  visitent  un   spectacle 

quelques  embarras  qu'avaient  pu  lui  non    moins  inal'endu   que    les    îles 

occasioner  ,    pendant    son   premier  équatoriales  dont  la  mer  Pacifique  est 

voyage,  les  égards  dus  à  desgentle-  semée,  et  qui  forment  entre  l'Asie  et 

men,  il  imagina  tout  ce  qu'il  put  pour  la  côte  ouest  de  l'Amérique  un  troi- 

ô  ter  a  nos  naturalistes  l'envie  de  faire  sième  monde,  le   monde  maritime, 

partie  du  second  voyage,  et  fit   de  Des  neiges  éternelles  et  des  volcans 

son  chef  détruire  a  bord  de  son  vais»  se  disputent  l'empire  de  cette  contrée 

seau  divers  préparatifs  ordonnés  par  polaire  ,  qu'éclaire  à  certaines  épo- 

Bai)ks.  Ce  dernier  en  fut  piqué  au  \if,  ques  un  jour  de   cinq  semaines  ,  (jue 

el  déclara  formellement  qu'U  renun-  désolent  des  bivers  de  neuf  mois  , 

çail'a  ses  projets. — Toutefois,  ne  vou-  souvent    prolongés   jusque    dans     le 

lant  pas  que  ses  préparatifs  deoieu-  cœur  de  l'été  par  l'irruption  desgla- 

rassent  inutiles,  il  résolut  de  diriger  ces  flottantes  qu'une  cause  inconnue 

ses  efforts  d'un  autre  côté.  Au  ])t»ut  détache  des  pôles.  Les  roches  pelées 

dequelquesseraaines(i2  jiiilleti  772),  et  tranchantes,  les  geisers  (»u  jets 

un  vaisseau  noliséa  ses  frais  le  Irans-  deau  bouillante  el  les  sources  iber- 

portait  avec  le  docteur  Solander,  le  malcs  ou  tièdes  {Avérer  et  Laugar), 

Suédois  Uno  deTroïl,  depuis  évèque  au  milieu  des  images  les  plus  atlris- 

de  Liukiobing,  et  quelques  autres  pcr-  tantes  de  la  nature  polaire  ,  les  amas 

sonnes  vers  le  nord  de  l'Europe.  En  de  basalte  qui  forment,  comme  dans 

passant  ils  vibitèrenl  Slaffa,  restée  in-  1«',  comté  d'Autrim,  d'immenses  pi- 

f  onnu^- ,  quoique  déjà   nommée    par  liers  naturels ,  les  collines  de  sowfre 

Buchanan,  qui  n'avait  pas  même  parlé  au  pcd   desquelles  on  voit   l'argile 

de  cette  grotte  de  deux   cent   cin-  dans  une  ébullition  continuelle ,  et 


ia8 


BAN 


dans  les  flancs  (lesquelles  sans  cesse 
bouillonnent  et  sifflent  les  eaux  •  la 
végéfalion  rabouj^rie  et  maigre  qui  a 
succédé  aux  grandes  forêts  dont  jadis, 
à  ce  que  Ton  assure,  étaient  couver- 
tes les  rives  méridionales  5  les  énor- 
mes quantités  de  gros  troncs  de 
sapins  et  autres  arbres  qui  viennent 
chaque  année  se  jeler  sur  les  côtes 
septentrionales  de  l'île ,  principale- 
ment au  Cap-Nord  et  à  la  pointe  dite 
Langaness,  enfin  les  nombreuses  es- 
pèces ou  variétés  zoologiques  qui  peu- 
plent l'air ,  la  terre  et  les  eaux  dans 
celte  île  si  peu  connue,  tout  fut  pour 
Banks  et  sa  suite  l'objet  d'un  examen 
attentif  et  fécond  en  résultais.  L'ich- 
tyologie et  l'entomologie  d'une  part, 
de  l'autre  la  partie  de  la  botanique 
relative  aux  acotylédones  durent  spé- 
cialement a  ce  voyage  des  accroisse- 
ments inappréciables. — Les  observa- 
tions de  Banks  ne  portèrent  pas  sim- 
plement sur  l'histoire  naturelle.  Les 
mœurs,  la  langue,  la  religion  ,  la  lit- 
térature, l'étal  social  des  peuples, 
attirèrent  aussi  son  attention*  et 
l'Europe  lui  doit  quelques  notions 
aujourd'hui  populaires  sur  l'ancienne 
culture  intellectuelle  des  Islandais, 
sur  leurs  1  apports  avec  le  culte  odi- 
nique  dont  les  traces  subsistent  en- 
core chez  eux,  sur  la  langue  des  Ed- 
das  dont  ils  parlent  un  dialecte  fort 
peu  éloigné  de  l'idiome  primitif.  Il 
fit  plus  •  et,  tant  par  suite  de  son 
voyage  que  par  des  relations  directes 
avec  d'il  lustres  Danois,  il  (ixa  les  re- 
gards du  goiiveriiemenl  de  (lopenha- 
gue  sur  cet  le  possession  trop  négligée  j 
et  dans  la  suite  ,  attentif  adonner  liii- 
iiièine  aux  habitants  des  martpies 
effectives  de  souvenir,  deux  fois  les 
sachant  en  proie  aux  famines,  si  fré- 
uucnles  alors  dans  un  pays  aussi  in- 
fcrliie  qu'isolé,  il  leur  expédia  des 
cargaisons  de  grains  à  ses  frais.  L'ex- 


BAN 

pédition  d'Islande  fut  la  dernière  de 
ce  genre  a  laquelle  se  livra  Banks. 
A  partir  de  celle  époque  il  ne  s'oc- 
cupa plus  que  de  la  coordination  des 
matériaux  qu'il  avait  rassemblés. 
A  côté  de  sa  bibliothèque  ,  depuis 
long-temps  commencée  et  dès-lors 
extrêmement  iraportanle  par  le  nom- 
bre ,  le  choix  et  la  spécialité  des  ou- 
vrages, grandirent  des  collections  qui, 
par  leur  magnificence  vraiment  royale, 
l'emportaient  de  beaucoup  sur  celles 
qui  attirent  les  amis  de  l'étude  dans 
la  plupart  des  établissements  publics. 
On  s'attendait  a  voir  Banks  mettre  au 
jour  le  fruit  de  ses  recherches  si  va- 
riées; et  probablement  tel  fut  dans  l'o- 
rigine son  projet.  On  avait  même 
commencé  h  exécuter  des  gravures  qui 
devaient  être  portées  à  deux  mille. 
Mais  ,  soit  que  dès  le  principe  le  tra- 
vail eiit  été  distribué  entre  ceux  qui 
auraient  pu  coopérer  à  cette  belle 
publication ,  soit  que  dans  les  com- 
mencements les  affaires  politiques 
rendissent  les  circonstances  difficiles 
pour  la  librairie,  et  qu'ensuite  la 
mort  du  docteur  Solander,  survenue 
en  1782,  eût  fait  ajourner  indéfini- 
ment un  ouvrage  dont  il  eut  uécessai- 
rement  été  le  collaborateur  principal, 
soit  enfin  que  des  soins  de  patronage 
et  les  petites  intrigues  auxquel- 
les donna  lieu  l'élévation  de  Banks  a 
la  place  de  président  de  la  sociélé 
royale  de  Londres  aient  absorbé  le 
temps  (pi'il  eût  pu  consacrer  pour  sa 
])art  K  cette  entreprise,  les  prépara- 
tils  n'amenèrent  aucun  résultat;  et, 
au  grand  déplaisir  des  naturalis- 
tes ,  rien  ne  parut  de  ce  qu'ils  s'at- 
lendaienl  a  voir.  11  faut  ajouter 
que  cette  inaction  ne  tint  ni  h,  i  oisi- 
veté (  trop  de  prouves  d'activité 
en  tout  genre  ont  été  données  par 
Banks  pour  que  l'un  s  arrête  a  ce 
soupçon)  ni,  ce  qui  pourrait  sembler 


BAN  BAN  iù<j 

plus  plausible,  au   closir    de  garder  il  entrer  dans  le  cadre  spécial  de  ses 

pour  lui  le  .secrel  (le  ses  découverlcs.  éludes  5    de  ct-lle  manière  les  i)i)jels 

lin  des  Irails  es.senliels  de  son  ear^c-  couraient  moins  de  risque  d'être  dé- 

lère  est  la  générosité  avec  Licpielle  il  crils  deux  fuis  ou  trois  ou  niêine  da- 

niit  toujours  au  service  de  quicon(jiuî  vanlage,  tandis  ijue  certes  la  puMi- 

voulail  se  livrer  aux  travaux  scienli-  ealiou  d'un  T/icstiurus  lî  inhsuuius 

li(p»es  ,  ses  collections  ,    ses    dessins  ou  Gdzophjiacluin  Uanksiiuium  , 

ef    ses  livres.  Il  céda    ses  vues   de  comprenant  a-Ia-(ois  de>  ohicis  "^éo- 

Slaft'a    (les    premières    de    toutes,  iogu|ii(\s,  mincralogr|ues,  Ijolaniqucs, 

k  ïli.    Pennant   qui   avait    en    vain  zoologiijurs,  de  toutes  les  clauses  ,  de 

tenté   d'aborder  à    !a    grotte    mélo-  tous  les  ordres,  de  toutes  les  fanilles, 

dieusc  ou  grotte  do  Fingal  (///^  Oua-  eùl  nécessairemcul  amené  cet  incon- 

J^ ine  ,  tel  est  le  nom  de  la  grotte  venient  ,   et   i  nposé  d'avance  a  tout 

auxcolonnesprismaliquesde  basalte),  naturaliste  la  loi  d(3  répartir  ensuite 

et  qui  en  cnrieliit  la  relation  de  son  cliacun  des  objets  admis  aux  honneurs 

Pojagc  en  Ecosse.  Gœrtner  a  11-  di\  Gazo/j/ij'laciu/n  da.::s  sa  famille, 

brement  et  des  milliers  de   fois  cou-  dautson  ordre,  dans  sa  classe. — Pen- 

sullé  ses  herbiers  pour  composer  son  daiilqne  Banks  se  recoiumaiiduitainsl 

admirable  Histoire  des  fruits  et  des  a  Tcsliine  de  1  Iluropc  savante  par  la 

graines,  lucs  JbJclogre  deVahldoi-  protection  éclairée  (pi'il   accordait  a 

vent  une  partie  de  leur  mérite  aux  fa-  ses  frères  en    histoire  uaiurelle,  la 

cilités  non  moins  grandes  (pi'il  ne  cessa  présidence  de    la  société   royale    de 

d'accorder  a  l'aulcur.  L  ouvrage  de  Londres  vint  a  vaquer  par  la  démis- 

llob.  Brownsur les plantesdeîaNou-  sion  de  Priiigle.  Ici  remarquons  que 

velle-llollande  a  de  même  été  rcdio;é  eeltesociété  ne  recevant  du  p;ouverne- 

au  milieu  des  collections  de  Banks-  meut  an«;lais   aucune  sn])vention,    et 

el  on  le  sent  assez  a  rextrèiîie  netteté  en  conséquence   se    composant   d'un 

des  descriptions.  Fabricius  a  disposé  grand    nombre    de    membres     dont 

de  tous  ses  insectes  5  Broussonnet,  en  les  cotisations    volontaires    forment 

commençant   son   ichtyologie  ,   reçut  son  budget  des  recsLles,  elle  attache 

de  lui,  h  titre  de  don,  d'.'S  échantillons  un?  importance  excessive    au   choix 

dcî  tons  ses  poissons.   Qu'on  ajeulc  ii  des     hommes     auxquels    elle    confie 

tout  cela  (pic  sa  maison  était  leren-  son   administration,    et  que    la    na- 

dez-vous  perpétuel  des  naturalistes  et  ture  de  l'influence  que  ceu;i-ci  exer- 

(les  s;ivants  de  toutes  les  nations,  et  cent.   so:L  sur  la  société  en  général, 

l'on  comprendra  (iue  ce  n'est  pas  au  soit  même  sur  le  sort  des  individus, 

désir     de    monopoliser    ses     trésors  exige  en  quelque  sorte  cpi'ils  soient 

scientiliques  qu'est   dû  le  silence  de  bien  avec  le  gouvernement.   Ceci  est 

Banks.  \i\\  effet  qu'exigeait  l'intérêt  vrai  surtout  du  président.  Il  en  ré- 

des  sciences.^  Que  ces  immenses  ri-  suite  qu'un  très-petit  nombre  de  so- 

chesses  lussent   mises  en   œuvrej  il  ciélaire.s  réunissent  toutes  les  condi- 

n*exigeait  pas  qu'elles  le  fussent  par  tions  nécessaires  a  ce  poste,  quid'ail- 

lui-mème.  Il  y  a  plus,  il  était  h  sou-  leurs  demande  chez  celui  qui  l'occupe 

haiier  que  d'autres  mains  exploitas-  l'alliance  de  la  science,  de  la  fermeté, 

sent  cette  mine  opulente;  car  de  cette  de  la  richesse  et  d'une  influence  so- 

raanière  chacun  empruntait  à  la  col-  cialeréelle.Del'ajen  dépit  de  l'usage  de 

leclion  de  Banks  les  objets  de  nature  réélire  tous  les  ans  le  président, l'usage 


IIO 


BAN  Ban 


non  moins  respecte  de  réélire  toujours  cligne  soutien  de  la  vieille  Angleterre 

lemêraejusqu'kcequeîaraorl  nécessite  sons  la  bannièie  des  boutons,  et  se 

un  autre  c!;oix.  On  pressent  déjà  par  rendit   auprès  de  quelques   membres 

la  toute  la  nouveauté  du  cas  actuel  :  de'la  société  royale  solliciteur  contre 

Pricg'e  qui  donnait  sa  déti  ission  ne  les  pointes.  Pringle   lui  représenta 

pouvait  être  réélu.  Mais  les  circon-  respectueusement  que  la   société  ne 

stances  qui  avaient  amené  celte  réso-  pouvait    faire    d'amendements  a   ce 

lution    rendaient    l'affaire    plus   pi-  qu'avait  voulu  la  nature. Ces  réflexions 

quante  encore,  et  sous  d'autres  rap-  déplurent  j   et  Pringle,   au  bout  de 

ports    faussaient   singulièrement    la  trois  ans  de  tracasseries,  acheta   le 

position  de  ceux  qui  se  présentaient  repos  par  sa  démission.  Elu  à  sa  place 

pour  obteuT  la  succession   de  Prin-  au  mois  de  novembre   1778,  Banks 

gle.    On    sait  que  Franklin,  en  ex-  eut  pendant  long-temps  a  subir  d'a- 

périmentant  sur  l'électricité,    avait  mères  et  injustes  critiques.  Aux  yeux 

découvert   la   propriété     qu'ont    les  des  uns  il  était  trop  jeune.  «  Qu'a-t  il 

pointes  d'attirer  le  fluide  électrique,  écrit?  »  di.^aient  les  autres.  L'astro- 

et  qu'il  avait  fondé  sur  celte  pro-  nome  Blaskelyne  et  d'autres  deman- 

priété  la  construction   des  paraton-  daienl  comment  un  naturaliste  pour- 

nerres.  Un  nommé  Wilson,   voulant  rail  présider  tant  de  niaihénaliciens, 

qu'il  fijt  aussi  parlé  de  lui ,  se  mit  a  ce   a  quoi   l'ou    eiit    pu    répondre  ; 

prétendre   que    les   sphères    attirent  k  Comment  Newton,  mathématicien, 

bien  plus  énergiquement  le  fluide,  et  «  a  t-il  pu  présider  liintde  naturalis- 

conseilla  de  terminer  les  paratonuer-  «  tes?  m  Au  fond,  lacause  véritable  de 

respardesboulonsdecuivre.  OrFran-  tout  ce  tumulte,  c'était  l'envie.  Hor- 

kliuapparlenaitauxcoloniesaméricai-  seley  ,  depuis  évêque  de  St-David  et 

nés  •   et  les  colonies  étaient  en  guerre  de  Rochester,  mathématicien  et  théo- 

avec  la  métropole  qui,  comme  on  ^ait,  logien  fougueux,  aspirait  au  fauteuil: 

ne  put  parvenir  h  les  remeltre  sous  le  intrigues,  pamphlets,  calomnies  de 

joug.  La  théorie  de  Franklin  ne  pou-  salon  ,  discours  k  la  société  ,  prédic- 

vail  donc  être  bonne,  puiscjue  c'était  lions  sinistres,  il  n'omit  rien  de  ce  qui 

celle  d'un  rebelle;  et  Wilson  ,  sans  pouvait  servir  sa  haine  ,  et  il  fut  au 

administrer  beaucoup  de  preuves  en  moment  d'écarter  Banks  de  la  prési- 

faveur  de  son  assertion,  compta  très-  dence,  quand  enfin  ses  amis  s'apercu- 

vite  un  grand  nombre  de  champions,  rent  qu'il  la  convoitait  pour  lui-même. 

Bientôt  les  boutons  et  les  pointes  de-  Ce  remède  parut  pire  que  le  mal  ;  et, 

vinrent  une  affaire  de  parti,  el  l'on  quelques  séances  après,  lasociété  réu- 

rciiarda  Irès-sérieusemtnt  les  adver-  nie  en  une  assemblée  solennelle  dé- 


saires  des  boutons  comme  des  enne-  rlara  qu'elle   était    satisfaite  de   son 

mis  de   la  métropole.   Les   hommes  choix  (2  janv.   1784).   Ilorseley  et 

sensés  eussent  au  moins  du  se  tenir  à  quebjues-uns   de    ses    plus  fougueux 

l'écart,  et  garder  en  riant  une  stricte  adhérents  se  retirèrent;  el  la  com- 

iicutralité.   Malheureusement  un  dvs  pagnie  ,     rendue   il   la    paix,   réélut 

princes  du  sang  royal  crut  cette  pré-  pendant    trente -huit  années  conse- 

caulion  superflue;  cl,  s*imaginanl  sans  culives    le  président    qu'elle    s'était 

doute     (pic     (piebjue     tempéranienl  donné.  jNewton  lui-même  n'avait  oc- 

diplunialicpic   pouvait  arranger  l'ai*  cupé  le  fauteuil  cpie  vingt-quatre  ans. 

[aire  h  n)ii  gré,  il  sq  rangea^  eu  C'«sl  surtout  ù  partir  dç  cette  éno- 


BAN 

que  f(uc  les  savants  arij^lais  se  sont 
élevés  an  premier  rang  par  clos  cnlrc- 
pri>es  lointaines ,  <|ul  onl  cteiidn  le 
domaine  de  la  géngrapliie   par  nnc 
fonlc    d'importantes   doconverles    en 
pliysicpie,  en  chimie,  en  géologie,  en 
l)i,Nl()ire  nalnrclle;  cl ,  sans  exagérer 
ici  rinflnence  d'un  homme,  sans  lairc 
honneur  a  un   seul    do   ce  (jni   a  eu 
snrtoul  pour  cause  et  l'énergie  pro- 
pre aux  iialutanls  de  la  Grande-lîrc- 
tajrnc   et   la    marche    ascendante    du 
siècle,  toujours  est- il  cjue  Banks  con- 
trihua  par  ses  avis  et  sa  direction  aux 
progrès  de  la  science  5  que  les  plans 
sou'nis  par  lui  au  gouvernement,  et 
toujours   approuvés,    activèrent    les 
découvertes  en   lançant  toujours  les 
hommes   qui  se   dévouaient  pour  la 
science  dans    les  pays   qu'il  était   le 
plus  utile  d'explorer;   que  le  recueil 
aes  mémoires  de  la  compagnie,  tout 
en  s'accroissant ,  parut  avec  plus  de 
régularité  et  dans  un  format  plus  di- 
gne de  l'importance  de  ses  travaux; 
enfin  que  sa  faveur  personnelle  auprès 
du  roi  fui  profitable  a  la  société  même 
qui  aujourd'hui,  grâce  à  Banks,  occu- 
pe dans  un  des  palais  royaux  un  grand 
et  b<  l  appartement.  Rien  de  ce  qui 
intéressait  les  sciences   ou  les  hom- 
mes   de  la   science    ne  lui  était  in- 
difiPércnl.    De  même  que  Louis  XVI 
au  commencement  de  la  guerre  an- 
glo-américaine avait  ordonné  à  tous 
ses  vaisseaux  de   respecler  Cook  et 
ses   compagnons,  de  même,  lors  du 
départ  de  La  Pérouse  ,  Georges  III, 
sur     les     instances     du     chancelier 
Bancks,  ordonna  que  sa  marine  eut  les 
mêmes    égards    pour    le    navigateur 
français;  ei  c'est  surtout  par.-^es  récla- 
mations réitérées,    infiligables,  que 
.     ce  respect  pour  les  savants  est  devenu 
un  article  de  la  loi  des  nations.  Dans 
la  suite,  quand  d^'S  incpiiétudes  trop 
fondées  présagèrent  la  perte  de  Tin- 


BAN 


III 


fortuné  navigateur,  il  le  fit  a  ses  dé- 

Ïiens  chercher  par   toutes  les  mers. 
jCs   collections    de    La    Billardièrc 
étaient  toiid)éisau  pouvoir  du  gouver- 
nement anglais:  r>ancks  eut  le  crédit 
de  se  les  faire  remettre, et  il  les  renvoya 
en  France  sans  avoir  ouvert  une  seule 
(\es  caisses  qui  les  composaient.   11 
fit  de  même  parvenir  a   un   illustre 
voyageur  (M.  deHumbolt)  des  caisses 
ravie.s  par  des  corsaires  et  rachetées 
par  lui  au  cap  de  Bonne  Espérance. 
Broussonnel,  forcé  de  fuir  la  France, 
retrouva  partout,  k  Madrid  ,  a  Lis- 
bonne, à  Maroc,  la  main  bienfaisante 
de  Banks.  C'est  Banks  aussi  cjui  fit  le 
premier  parvenir  des  secours  et  une 
lueur  d'espérance  dans  le  cachot  où 
gémissait  Dolomieu  a  Messine.   En 
revanche,  quand  la  France,  violatrice 
à  son  tour  du  droit  des  gens,  empri- 
sonna des   railUcrs    d'Anglais,    pai- 
sibles et   inoiïensifs   consommateurs 
des  produits  de  l'industrie  française  , 
il  s'empressa  d'adresser  a  l'Institut 
une  liste  de  tous  ceux  de  ses  compa- 
triotes   en  faveur    desquels  pouvait 
s'alléguer  le  moindre  titre  scientifi- 
que 5  et  l'Institut  ,  peu  difficde  sur  le 
prétexte  ,  réclamait  le  captif  comme 
savant.  De  tels  procédés  certes  suffi- 
raient pour   immortaliser  un    nom  , 
même  lorsqu'il  ne  se  recommanderait 
par  nul  autre  mérite. — Banks   peut 
encore  être  cité  comme  un  des  fonda- 
teurs de  la  société  horticullurale  de 
Londres  et  du  bureau  d'agriculture  , 
ainsi  que  comme  un  des  membres  les 
plus  anciens,  les  plus  actifs  de  la  so- 
ciété africaine  dont  le  but  est  d'aug- 
menter nos   connaissances  sur  cette 
partie  du  monde  et  de  la  civiliser.  Tous 
ceux  qui  ont  voulu  pe'uétrer  dans  V'iu- 
lérieur  de  cette  elTrayante  et  mysté- 
rieuse  contrée,   tombeau  des  Euro- 
péens, les  Pcirk,  les  lîeizoni,  les  Bow- 
dicbj  out  reçu  de  Bancks  des  encou» 


112 


BAN 


xagemenls  efficaces  et  Tappui  le  plus 
flatteur.  C'est  encore  lui  qui  a  con- 
tribue, en  dépit  de  quelques  tentali- 
Tes  malheureuses,  "a  laire  persévérer 
Taïuirauté  dans  la  recherche  du  pas- 
sage nord-ouest,  enfin  trouvé,  au  moins 
en  parlie,  par  le  capitaine  Parrj. — 
Tant  de  travaux,  tant  de  services,  fu- 
rent successivement  récompensés  par 
les  titres  que  nous  avons  énuaérés  au 
commencement  de  cet  article,  et  dont 
«ans  doute  la  chronologie  complète 
intéresserait    peu   le    lecteur.    Nous 
rappellerons  néanmoins  que  celui  de 
conseiller  du  roi,  conféré  h  Banks  en 
Jjg'J,  donna  lieu  a  quclcjues  plaisan- 
teries dont  il  ne  fit  que  rire,  comme 
jadis  il  avait  li  de  VlJéro'ide  de  la 
reine  Obérca  à  sir  Joseph  Banks 
(opuscule  allribué  au  professeur  Por- 
son)  et  du  pamphlet  qui  le  représen- 
tait implorant  (lu  Seigueur  la  rénova- 
tion des  plaies  d'Egypte,  ou  au  moins 
la  multiplication  des  insectes.  Celte 
fois  on  le  montrait  courant  après  des 
papillons,  tandis  que  ses  graves  col- 
lègues délil'éraieul  sur  les  intérêts  do 
rËurope.  Mais,  comme  évidemment 
ce  n'est  point  aux  véritaliles  conseils 

Îtolitiques  que  Banks  était  admis, 
'épigramme  tombe  d'elle-même  :  le 
rôle  de  lîanks,  a  vrai  dire,  se  bornoit 
«T.  cette  influence  familière  que  lui 
donnait  sur  le  monarcjue  la  commu- 
nauté de  troûls  et  de  travaux.  Celte 
influence  sans  doute  était  assez  gran- 
de, puis(jue  les  ministres  remployè- 
rent (juei(|uefois  pour  faire  adop- 
ter des  plans  (|ue  les  cirronslauces 
uécessitaient  peut-être  ,  mais  (pic 
Georges  II l  n'envisageait  (pt'avec  ré- 
pugnance. Ce([u'il  y  adc  sùi ,  c'est  que 
jamais  Banks  ne  travailla  directement 
k  augmenter  celle  iulluence,  et  (juil 
n'en  usa  pas  plus  avec  lidée  d'uMirpir 
unr.iu;^  polilKpu;  (Uie  dans  riulérèi  de 
yx  fortune  et -tic  sa  vanité.   Vax  effet  , 


BAN 

qu'eùt-il  souhaité  de  plus?  Tout  ce 
qui  contribue  au  bonheur  du  sage  , 
tout  ce  qu'il  avait  ambitionné  dès  sa 
jeunesse,  il  le  possédait  :    richesse, 
aii.is  ,   ccnsidéralion  ,  instruments  et 
matériaux  scientifiques,  position  so- 
ciale, moyens  d'êlre  utile.  —  La  féli- 
cité domestique  ne  lui  manqua  point. 
Marié  en  1779   à  Dorotbée Weslon 
Huggeson,  s'il  n'eut  pas  d'enfants,  du 
moins  il   vit   constamment  ses  jours 
embellispar  lessoinsdesa  compagne; 
il  ne  peidil  sa  mère  qu'en  1804.  Sa 
sœur,  une  des  femmes  les  plus  spiri- 
tuelles de  l'Angleterre,  vécut  jusqu'en 

I  8  1  7 ,  et  depuis  son  veuvage  demeura 
toujours  auprès  de  lui.  L'habile  bo- 
taniste Brown  était  devenu  sou  bi- 
bliothécaire 5  tout  re.-^pirait  autour 
de  Banks  la  science  et  l'amitié, 
lor.^que  des  infirmités  douloureuses 
l'avertirent    que   sa  fin    approchait. 

II  expira  dans  sa  maison  de  Soho- 
Square,  le  19  mai  1820,  léguant 
K  Brown  ,  sinon  de  quoi  Tindcm- 
niscr  des  espérances  qu'il  avait  aban- 
données pour  lui ,  au  moins  de  quoi 
rendre  sa  situation  indépendante  ; 
a  M.  Bauer  des  sommes  pour  con- 
tinuer les  beaux  dessins  botani- 
ques commencés  dans  le  jardin  royal 
de  Ke\v-  enfin  au  Musée  rrilanniqiie 
sa  bibliothèque  dont  le  catalogue  seul 
(5  vol.  iu-8",  Londr.,  1796-1800), 
publiéparDryander,  est  sans  contre- 
dit le  monument  bil)lingiaphi(|ue  le 
plus  util(> aux  naluralisles(^  .  Dryan- 
i)i:R,  \II,  5o).  Ses  ou\  rages,  qui  réu- 
nis ne  fornunt  gtu''re  (ju'un  volume 
in  8",  cdu^istcut  surtout  en  articles 
dans  les  recueils  péri()di(pies  *\qs  socié- 
tés savantes  ( Drinstictians  p/ii/oso- 
j'Iiii].,  Jirlurolo^iii,  etc.).  Il  faut  y 
jo  ndrc  un  essii  sur  les  causes  des 
maladies  (\\is  blé>  {A  short  ttccount 
()/'  the  (ttusc  of  blight,  thc  mi~ 
/.iew  and  riist    in  corn  ,    i8o5). 


BAN 

—  Cook  donna  le  nom  de  Banks  K 
une  île  shiiéc  an  siul-csl  de  la  Nou- 
velle-Zélande par  45"  45'  lai.  S. 
cl  environ  i7()"  lon*^.  O.  du  mé- 
ridien. Depuis  on  a  donné  ce  même 
Dom  à  diverses  terres  parmi  lesquelles 
nous  ne  menlionnerons  (ju'une  des 
îles  découvertes  en  1820  par  le 
Fury  et  VIlccIi  dans  la  mer  po- 
laire. V OT. 

BAXIVELIER  (Jean  ),  savant 
jurisconsulte  ,  naquit  à  Dijon  ,  en 
i683.  Après  avoir  exercé  quelque 
temps  la  profession  d'avocat  ,  il  fut 
nommé  professeur  de  la  faculté  de 
droit  établie  dans  la  capit.ile  de  la 
Bourgogne  en  i  722,  et  en  devint  en- 
suite le  doyen  (i).  Il  était  avec  Da- 
yot  {f^,  ce  nom,  au  Supp.)  l'oracle  du 
barreau  de  Dijon,  et  ses  décisions,  en 
ce  qui  touche  l'ancienne  coutume  de 
la  province,  sont  encore  suivies  dans 
les  tribunaux.  Outre  une  Introduc- 
tion ci  l'étude  du  Digeste ^  Dijon, 
1 7  3  0 ,  in-  8°  de  60  p. ,  qu'il  composa 
pour  ses  élèves,  on  a  de  lui  des  Ao- 
tes  sur  quelques-uns  des  Arrêts  no- 
tables du  Parlement ,  dans  le  re- 
cueil de  Fr.  Perrier,  1732,  in-fol.; 
et  des  Observations  sur  la  coutume 
de  Bourj^o^nc,  qui  forment  le  hui- 
tième vol.  de  l'édition  des  Traités 
sur  diverses  matières  de  droit 
français,  à  l'usage  du  duc/té  de 
Bourgogne,  de  Gab.  Davot,  qu'il  fit 
paraître  de  1761  h  1766,  Dijon,  8 
vol.  iu-i2,  avec  des  notes  éten- 
dues. Le  barreau  de  la  province 
accueillit  ce  travail  avec  faveur  , 
et  il  fit  souvent  autorité  devant 
jes  tribunaux.  (2)  Honoré  de  la  con- 

(i)  L'université  accordée  h  l:\  viUe  de  Dijon 
fut,  sur  les  rcprésentytions  de  ceUes  de  Pari-,  et 
de  Besançon ,  restreinle  à  la  seule  faculti-  de- 
droit.  Essais  historiques  sur  Dijon,  par  X.  Girau!t, 
pag.  268. 

(2)  C'est  par  erreur  que  Cainu'; ,  dans  la  Bi- 
bliothèque d'un  arocat ,  et  après  lui  le  général 
licauvais,  dans  son  Dictionnaire  universel ,  aliri- 

LVIl. 


BAQ 


1 1  ') 


fiance  publique  et  tliéri  de  ses  con- 
citoyens pour  sa  douceur  et  son  dé- 
sintéressement, il  mourut  en  1766. 
Une  des  rues  de  Dijon  a  reçu  le  nom 
de  Banu'lier  (5).  L — m — x. 

BA(JCOY  (l'ir.nnE  Charles), 
né  a  Paris,  en  J  760,  pdit-fils  el  (ils 
de  graveurs  distingués  ,  fui  lui-mê- 
me un  des  artistes  les  plus  babiles  de 
son  temps.  Elève  de  son  |)ère  (Jean 
Baquoy),  qui  était  auteur  de  très- 
bonnes  planches  pour  l'é'lition  in-4.*' 
des  Métamorphoses  d'Ovide^  il  se 
fit  remarquer  jeune  encore  par  de 
belles  gravures  d'après  M  oreau  jeune 
et  Monsiau,  pour  la  belle  édition  in- 
8"  des  OKuvres  de  Racine.  W  grava 
ensu.le,  d'après  les  dessins  de  Mjris, 
toutes  les  planches  d'une  Histoire 
Romaine  m- i^  ^  composée  d'abord 
pourl'éducation  des  enfants  d'Orléans, 
et  continuce  en  1793  par  ordre  du 
comiîé  de  salut  pu])lic  (  V^.  Mjris, 
au  Supp.).  Il  a  aussi  gravé  Saint 
V^incent  de  Paul  recueillant  un 
enfant;  Fénélon  secourant  des 
soldats  blessés ,  et  quelques  sujets 
pour  le  musée  Robillard,  entre  au- 
tres Diane  chasseresse  et  la  Mort 
d'Adonis ,  d'après  le  Poussin.  Son 
cbef-d'œuvre  est  une  estampe  enca- 
drée du  Martyre  des  SS.  Gervais 
et  Protais,  d'après  Lesueur.  Enfin, 
il  a  gravé  d'après  Moreau,  Monsiau  et 
Mjris,  de  fort  jolies  vignettes  pour 
les  OEuvres  de  Delille  et  celles 
de  Berchoux.  Cet  excellent  homme 
fut  aimé  de  tous  ceux  qui  le  connurent. 
Il  est  mort  a  Paris,  le  4- février  1829. 
—  Ses  deux  filles  ,  Mesdames  Couet 
et  Coelino,   qui  furent   ses  élèves^ 

bueiit  à  Baniielicr  un  Traite  poU/i'/iie  et  écono- 
mique des  cheptels,  Dijon,  i'b'-i,  in-12.  Cet  ou- 
vrage C't  de  H.  Colas. 

[i)  «  La  nouvelle  rue  ouverte  le  long  des  ha- 
st tiiucnis  ou  Bannclier  donna  p<;ndjnt  lanl  d'nn- 
«  nées  de  si  docics  leçons,  méritait  bien  de  por- 
«  ter  le  noiii  <le  c?  savatit  professeur.  »  [Essais 
historiques  sur  Dijon,  par  G:rault,  p.  288.) 

8 


ïi4 


BAR 


ont  aussi  gravé  au  burin  avec  suc- 
cès. M— D  j. 

BAR  (François  de),  né  en  i538, 
à  Seizencourt ,  près   de  St-Quentin^ 
ayant  embrassé   Tétai  monastique  , 
fut  admis  a  l'abbaye  d'Anchin,  ordre 
de  St-Benoît,  sur  la  Scarpe  j  il  devint 
en  1574.  grand-prieur  de  cette  mai- 
aon,  qu'il  gouverna  jusqu'à  la  fin  de 
8avie.Ilélait,ditFoppens(i5/6//of^. 
belg.),  homme  de  grande  vertu  et  de 
grande    érudition.    Il   avait   cultivé 
l'histoire  ecclésiastique  avec   tant  de 
Boin  et  de  réputation,   que  le  fameux 
cardinal  Baronius  ne  dédaignait  pas 
de  le  consulter  pour  la  rédaction  de 
8es  Annales.  hesonwTRges  de  Fran- 
çois de   Bar  n'ont  pas  été  publiés. 
On   les   conservait  manuscrits   à  la 
bibliothèque  d'Anchin  ,  d'où  ils  ont 
été  transportés,  lors  de  la  révolution, 
dans    la    bibliothèque    publi({ue    de 
Douai,  qui  les  possède  actuellement. 
Les  treize  volumes    in-folio  ,   dont 
Foppens  a  donné    le  détail,  ne  con- 
tiennent pas   toutes  les  productions 
de  ce   laborieux  historiographe.  Ici 
nous  nous  bornerons  aux  indications 
suivantes;  I.   Epistolœ,   petit   in- 
4.°.    II.    Cosmographia y     in -12. 
III.  Opéra  varia,  petit  in-ii°.  IV. 
Chronicon   ah  origine  mundi  ad 
annum  iByS,  in-folio.  Cette  chro- 
nique, commencée  ])ar  Jean  Tobœuf 
ou  Dobœuf,  promoteur  de  l'oflicialité 
d'Arras,  sous  l'évêquc  François   l\i- 
chardot,  a  été  complétée  et  mise  en 
ordre  par  de  Bar  ,  vers    i586.  V. 
Compcntliurn     Annaliiim     cccle~ 
siasticnrurn  Cœsaris  Baronii ,  in- 
folio, VI.  J fiatoria  Archicpiscopa- 
tus  Camcraccnsis  et    canobiorum 
ejus,  in-folio.  Yll.  Jlistoria  Epis- 
CopnU(s  Atrchalcnsis  et  ((rnohio- 
rum  Àrlcsiœ,  in-folio.  VIU.    Ilis- 
toria   Episropatiis    Tornacensis , 
itemAudomarcnsis  et  Gandcnsis, 


BAR 

în-folio.  ÏX.   De   Ordinihus  mo" 
nasticis,  in-folio.  X.  Opus  Ordi- 
num    monasticorum  y    in-4^-     XI. 
Jlistoria  monastica,  in-folio.  XII. 
Jlistoria     monastica     Franciœ  , 
Jtaliœet  Jlispaniœ,  in-folio.  XIII. 
Jlistoria   Acquicinctensis  Ecclc" 
siœ,  in- 4.°.  XIV.  Electio  et  Gesta 
TVarneri    de     Daure  ,      abbatis 
Aquicinctini ,  in-folio.  XV.  Opéra 
varia,  in-folio.  Fr.  de  Bar  est  sou- 
vent cité  par  les  auteurs  qui  ont  traité 
de  l'histoire  ecclésiastique  des  Pays- 
Bas.  Ghesquière  et  Smet  le  mention- 
nent plusieurs  fois  dans  leurs   Acta 
Sanctorum  Belgii.  L'examen  atten- 
tif du  recueil  de   ses  lettres  fourni- 
rait   assurément     quelques   notions 
nouvelles  sur  l'histoire  littéraire  de 
nos  contrées  du  Nord.  Fr.  de  Bar  est 
mort  le   2S  mars  1606.      L.  G. 

BAR  (Nicolas  de),  peintre  célè- 
bre ,   originaire    du  Barrois ,  connu 
en  Italie  sous  le  nom   d'e/  signor 
NicoletOy  descendait  de  la  famille  de 
la  pucelle  d'Orléans ,   et  vivait  dans 
le  XVII*  siècle.  Il  a  peint  un  grand 
nombre  de  P^ierges,  genre  où  il  ex- 
cellait. On  lui  doit  aussi  le  Saint  Si- 
gebert  qui  orne  une  chapelle  latérale 
de  la  primatiale  de  Nancy ,  près  du 
chapitre.  Ce  peintre ,  mort  k  Rome 
qu'il  habita  presque  toute  sa  vie ,  a 
laissé  un  fils  né  dans  cette  ville    et 
peintre  comme  lui,  qui  prit  le  nom 
de  du  Lys  accordé  K  ses  ancêtres  par 
Charles  VII ,  eu  mémoire  de  Jeanne 
d'Arc,  et  qui  vint  en  1 7  i  o  se  fixer  eu 
Lorraine,    où  il  mourut  en  1732. 
Nicolas  du  Lys  a  beaucoup  travaillé 
sur  les  rives  de  la  IMeurthe.  Ses  ta- 
bleaux ,  gcneralemenl  sombres ,  or- 
naient jadis  réglisc  des  Tiercelins  et 
celle  i\i.'s  Orphelines  de ?iancy,  celles 
i\vs  iU'nédiclins  de  Lay,  des  l'rcmon- 
trés  de  Ponl-a-Mousson,  et  les  gale- 
ries de  plusieurs  particuliers.    B-n. 


RAR  HAK 


11!» 


KAR  (  Ci  F.onr.is- Louis ,  Imron  vocal  ;i  Tliionville  a  rcporpu?  delà 
(le),  liltcrniciir,  cl.ill  ir',  vers  1  701  ,  rcvoliilion.  H  en  adopta  les  prin- 
cn  Weslplialic ,  où  sa  lamille  Icnall  clpcs  avec  cnlhousiasinc  ,  et  fut 
un  dt's  premiers  rangs.  Ayant  cm-  élu  député  a  la  convention  nationale 
brasse  lélal  ('cclésiasti(|uo  ,  il  obtint  parle  département  de  la  Moselle.  Il 
uncanonicatducliapilrcd'Osnabruck,  y  siégea  constamment  avec  la  faction 
et  fut  en  outre  revêtu  de  la  dignité  de  la  Montagne,  et  vola  la  mort  de 
de  prévôt,  héréditaire  depuis  long-  Louis  XVI,  sans  appel  et  sans  sursis, 
temps  dans  sa  famille,  et  qui  donnait  Le  i5  août  1793,  mend^re  du  co- 
\c  droit  de  présider  la  noblesse  aux  mité  de  législation,  il  proposa  au 
clatsdupays.  Possesscurd'unegrande  nom  de  ce  comité,  un  projet  de  dé- 
fortune  dont  11  se  servit  pour  encoii-  cret  portant:  «  Art.  i.  J^c  tribunal 
rager  la  culture  des  lettres ,  le  baron  a  de  cassation  est  tenu  de  juger  dans 
de  Bar  dans  ses  loisirs  s'appliqua  «  deux  mois,  a  compter  de  ce  jour, 
lui-même  a  la  poésie  française;  et,  «  toutes  les  affaires  daut  les  pièces 
suivant  Barbier,  il  y  surpassa  tous  «  elles  moyens  lui  sont  complète- 
les  Allemands  qui  s  en  étalent  occu-  ot  ment  parvenus,  à  peine  de  deslltu- 
pés  avant  lui  (Voy.  Exaniencriliq.  «  lion.  •>■>  Envoyé  à  l'armée  du  Nord 
des  dictionn. ,  72)5  mais  ce  succès  dans  le  mois  d'octobre  1795  avec 
auprès  des  étrangers  ne  prouve  pas  Carnot  et  Duquesnoy,  ils  adressèrent 
que  sesvers  soient  très-bons.  Ils  furent  h  la  convention  le  rapport  de  la  vic- 
pcu  connus  en  France  lors  de  leur  loire  de  Watlgnies  et  du  débloque- 
publication;  et  ils  sont  aujourd'hui  meut  de  Maubeuge.  Rentré  dans  la 
complètement  oubliés  partout.  Le  ba-  convention  nationale  ,  Bar  en  fut  élu 
ron  de  Bar  mourut  dans  sa  terre  de  secrétaire,  et  dans  la  discussion  qui 
Baruau,  le  6  août  1767.  Ses  ouvra-  eut  lieu  sur  la  nouvelle  constitution 
ges  sont  :  I.  Epîtres  diverses  sur  qu'il  s'agissait  de  donner  a  la  France  , 
des  sujets  différants,  Londres,  il  prétendit  que  riuitialive  de  la  ré- 
1740,  2  vol.  iu-i2j  Amsterdam,  vision  ne  pouvait  appartenir  qu'au 
1761,  3  vol.  in-B"  ;  Francfort,  peuple.  Il  prit  peu  de  part  aux  dis- 
1763,3  vol.  in-i2.  Le  troisième  eussions  jusqu'à  la  révolution  du  9 
ZQinKxtwi  àii%  Kéveries poétiques  sur  thermidor;  et  ce  fut  après  cet  évè- 
difféjH'uts  sujets.  Elles  ont  été  im-  nement  qu'il  demanda  la  cassation 
priméesséparéinent, Francfort,  I  766,  du  jugement  d'un  conseil  de  guerre 
in-8".  Il  existe  une  traduction  aile-  qui  avait  condamné  a  mort  le  repré- 
mande  des  Epîtres^  Berlin.  1766  ,  sentant  Dechezeau  (  ^.  ce  nom,  au 
3  vol.  in- 12.  IL  Consolations  dans  Supp.).  Il  s'opposa  ensuite  a  toute 
l'infortune  y  poème  en  VIÏ  chants,  radiation  sur  la  liste  des  émigrés, 
Hand)ourg  et  Leipzig,  1768,  iu-8".  Devenu  après  la  session  convention- 
III.  Babioles  littéraires  et  criti-  nellc  membre  du  conseil  des  anciens, 
qucs,  en  prose  et  en  vers,  Ib.,  1761-  il  ne  conserva  ses  fonctions  que  jus- 
64,  in-8°,  5  parties.  IV,  L'Jlnti-  qu'au  i^*"  prairial  an  v  (20  mal  1797). 
.^eg-c'.w'rtrs^  ibid.,  1762,  ln-8°.  C'est  ISommé  par  le  dlrccluire,  commis- 
un  dialogue  en  vers  contre  le  suicide,  salre  près  les  trd)unaux  civil  et  cri- 

W — s.  minel    du  Bas-Rhin,  il  fut  réélu  en 

BAR  (Jean-Etienne;  né  a  An-  l'an  vi ,  par  les  électeurs  delà  Mo- 

nevllle  (Manche),  en  1748,  était  a-  selle,  au  conseil  des  anciens.  Il  cr 

8. 


ii6 


BAR 


devint  deux   fois   secrétaire  et  prit 
souvent  la  parole   pour  des    objets 
de  liDcince  et  de  leglslaliou.  Il  vola 
pour  l'exclusiou  de  Job  Aymé  ;  et, 
dans  la  séance  du  i^*"  fructidor   an 
vu  (août  1799),  il  se  plaignit  de  ce 
que  l'on  avait  attaqué  sans  raison  le 
Journal  des  hommes  libres^  tandis 
qu  on   laissait  paraître   impunément 
un  pamphlet   intitulé  :  Changement 
de  domicile^  où  le  conseil  des  cinq- 
cents  était  placé   rue   de  l'Egoût, 
celui  des  anciens  a  Montmartre,  les 
conscrits  rue  des  Boucheries  et  les 
royalistes  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. Sur  sa  demande  il  fut  décidé 
que   le   directoire   aurait    a   rendre 
compte  des   poursuites  qu'il  dirige- 
rait contre  les  auteurs  de  ce  libelle. 
Après  la  révolution  du   1 8  brumaire  , 
Bar  retourna  dans  sa  pairie,  et  quel- 
ques mois  après  (mai  1800)  le  pre- 
mier consul  le   nomma  président  du 
tribunal  de   Tbionville.    Il    mourut 
dans  cette  ville  Tannée  suivante. 

M— DJ. 

BARAGTIEY  D  HILLIERS 

(Louis)  ,  général  français ,  né  le  1 5 
août  1764,  à  Paris,  d'une  famille 
noble,  fit  dans  celte  ville  des  éludes 
qui,  sans  être  profondes,  lui  furent 
très-utiles,  parce  qu'il  les  dirigea  cn- 
lièrcmenl  vers  la  carrière  d''s  armes 
k  laquelle  dès  lors  on  Tavait  dtsiiné. 
Il  entra  comme  sous-lieutenant  dans 
le  régiment  d'Alsace  en  178/i  ,  et  il 
^tait  lieutenant  au  même  corps  le  i"^ 
mai  1791  ,  lorsqu'il  donna  sa  démis- 
sion, ne  voulant  pas  servir  la  cause 
de  la  révolution.  Ayant  bientôt  clian- 
gé  d'opinion,  il  fut  nommé  capitaine 
dans  un  bataillon  d'inf.mlerie  lé^^èrc 
le  20  janvier  1792:,  ^^  b-  "'"•'*  '*">" 
Tant  aide-dc-camp  du  génrral  Grillon. 
Trois  mois  après  il  obliiil  le  même 
emploi  auprès  de  Lnbuurdonuaye , 
puis  auprès  de  C'usiinesqui  le  fit  son 


BAR 

sous-chef  d'état  major  ,  en  lui  don- 
nant le  grade  de  général  de  brigade. 
En  remplissant  ces  firnctions ,  Bara- 
guey  d'Hilliers  prit  part  a  l'invasion 
du  Palalinat  et  à  la  prise  de  Mayence 
a  la  fin  de  1792  ;  et  la  confiance  du 
général  en   chef  lui  offrait  alors  la 
perspective    d'une    destinée    encore 
plus  brillante.  II  fut  même  queslion 
de  le  faire  ministre  de   la    guerre  ; 
mais  5  entraîné  dans  la  chute  de  son 
protecteur,  il  fut  comme  lui  suspendu 
de  ses  fonctions,  arrêté  et  conduit  à 
Paris  5  cependant  il  ne  parut  pas  dans 
le  procès  de  Custines.  Ce  ne  fut  qu'un 
an  après  que,  traduit  au  .»anglant  tri- 
bunal révolutionnaire  avec  cinquante 
victimes  (  i ),  qui  ce  jour-la  même  pé- 
rirent sur  l'éciiafaud,  accusées  d'avoir 


(i)  Un  (les  documents  historiques  manuscrits  , 
les  plus  curieux  pour  l'histoiie  de  la  convention 
nationale,  est  celui  que  je  pos>ctleet  qui  a  pour 
tiUe:  Extrait  du  rej^Llre  des  audiences  du  tribu- 
nal criminel  révolutionnaire.  «  Du  22*  jour  de 
«  messidor  de  l'an  second  de  la  république  une 
M  et  indivisible. — Appert  le  tribunal  avoir  con- 
M  dumne  à  la  peine  de  mort  »  (suit  la  listedc  46  in- 
dividus condamnés  a  mort  ce  jour-là  ,  et  l'on  y 
trouve.  «  Louis  BAKAi^ubï  u'IIillieks,  âgé  de 
u  3o  ans,  ex-géutral  de  biigade  à  l'armée 
«  du  Rliiu  ,  né  à  l'aris  ,  y  demeurant  rue  des 
«  Ecouffes,  u"  3i.»  Cet  «riicle  a  clé  rusnite 
burn-  sur  la  liste,  uiusi  (]ui:  tiuit  autres:  c«  qui 
prouve  que  les  extraits  des  |>rucès- verbaux  des 
jujjCinenls  étaient  dressés  avant  r«udit'uce  où 
ces  jugemeuis  étaient  rendus  1  Li's  huit  autres 
noms  rciii'is  et  b.irres  sur  la  listr,  sont:  J.-B. 
Luixltvit'que  Thibault,  (jui  avait  joué  un  rôle  dans 
la  preuiitre  révolution  de  Saint-Domingue; 
deux  planteurs  ou  habitiiiils  du  cap;  un  culti- 
Viitcur  amériruin,  un  capitaine  de  vaisseau;  un 
lior  K'^ir  de  l'aris;  un  .fi-crt'(uf/f  de  paix  de  la  stction 
du  muséum,  el  un  juj^e  mililuire  du  tribunal  crimi- 
nel du  premier  urroniiissement  de  l'armée  de}  Ar- 
dcnufs. —  l'urmi  les  S~  auirts  condamnes  dont 
les  noms  ne  sont  point  barres  .sur  ['extrait,  et 
«pii  lui  eut  exeiule.s  le  même  jour  11  messidor, 
on  remarque  Junf.-Hnoul  Cukaubcx  (tic)  dit  la 
Chakii'ax  II  ^"i'-)»  ex  prucuieur  gi^Hritit  au  ti-detant 
parlement  4*  Hennés;  Ceuiges-Mane  I.KcLSac 
Butfinijil),  âge  de  Ju  ans,  «le.;  drnx  juurnulisirs, 
à'.-drrm.  l'AnistiAU  et  Ant.  t'oi'RNo!»;  .*ix  cures 
ou  viiaire.^,  des  marceliaux-de-cainp,  de»  ctilo- 
nel.i,  dis  nobles,  un  cuisinier,  un  cltrvulier  de 
IMalti-,  dis  ca|iituinrs  de  vaisseau,  des  iiiiiitaiies 
di>(li\ei.s  ({rade.t,  un  l.ibiuireiir,  dr.i  lonitrs,  un 
h.imiiie  de  cunliunce,  rie. — Celle  pièce  e>t  ainsi 
trniiini'e:  t',t  avoir  dcdart  leurs  biens  aiquis  li  ,'0 
rri>iibiiijue.  V — vu. 


BAR 

cons|tiré(]ans  la  prison  où  lous  elaicnl 
dtfli'niis  ,  Rnr<i<;U('v  d  Ilillicrs  fut  ab- 
sous avec  deux    autres  accuses.    Un 
bonheur  si  rare  cl  si  inespéré  donna 
lieu  a  beaucoup  de  conjectures,    el 
l'on  ni 'a  jusqu'à  dire  que  le  général 
Baiaguey   avait  racheté  sa  vie   par 
des  actes  de  faiblesse  5  mais  son  ca- 
ractère connu  cl   le  courage  qu'il  a 
tant   de   fois  déployé  ne  peruiettent 
guère   d'ajoutvr  foi    a   de    pareilles 
assertions.     Malgré    celte    scnlencc 
d'absohition,  il  lui  réintégré  aussilùl 
après  dans  la  prison  du  Luxembourg 
comme   noble  el  suspect  ,  et  il  n'en 
sortit  qu'après  la   chute  de  Robes- 
pierre. Remis  en  activité  le  5  prairial 
an  m  (24.  mai  1796),  il    fut  em- 
ployé à  Paris,  et  concourut  sous  les 
ordres  de  Pichegru  a  réduire  le  parti 
des  démagogues  du  faubourg  Si-An- 
toine, révoltés  contre  la  convention  na- 
tionale •  mais  quelques  mois  plus  tard 
(i  3  vendémiaire  an  IV,  5  oct.  1795)  il 
fut  accusé  d'avoir  manqué  de  fermeté 
contre  d'autres  révoltés  du  parti  con- 
traire, de  la  section  Lepellelier  que 
l'on  accusait  de  royalisme  •  ce  qui  le 
fit  encore  une  fois  destituer.  Réinté- 
gré dès  le  mois  suivant,  il  fut  em- 
ployé dans  l'ouest  sous  les  ordres  de 
Hoche, •  puis  k  l'armée  d'Italie,  où  il 
arriva  vers  la  fin  de  la  belle  campa- 
gne de    1796.  Le  général  en  chef 
Bonaparte   lui    donna   un    comman- 
dement dans  la  Lorabardie ,   et    le 
chargea    ensuite    de    s'emparer   de 
Ber^aine ,   place    de   l'état   vénitien 
qu'il  lui  importait    d'occuper,   mais 
que  la  neutralité   semblait  mettre  a 
l'abri  d'une  pareille  entreprise.  Ba- 
raguey  d'Hilliers  usa  dans  celte  occa- 
sion de  beaucoup  d'adresse,  et  voici 
comment  Bonaparte  rendit  compte  de 
celle  expédition  au  directoire:  «Quoi- 
•c  que  l'occupation  de  Bergame  ne  soil 
«  pas  une  opération  militaire,  il  n'en  a 


BAR  117 

«'pas moins  fallu  des  talents  el  delà 
«  fermeté  pont  l'obtenir.  Le  général 
a  lîar.'tguey  d'Hilliers  que  j'en  avais 
«  chargé  s'est  parfaitement  conduit^ 
K  je  vais  lui  donner  le  commandement 
«  d'une  brigade  ,  et  j'espère  qu'aux 
a  premières  affaires  il   méritera  sur 
o  le  champ  de  bataille  le   grade  de 
«  général   de  division.  «  Chargé  en 
effet   bientôt   après   de  conduire   un 
corps  d'armée  dans  le  Tyrol ,  Bara- 
guey  d'Hilliers  pénétra  par  la  vallée 
de  l'Adige  jusqu'aux    gorges  de  la 
Brenta,  où  il  se  réunit  à  l'armée  prin- 
cipale ,  après  avoir  fait  quatre  mille 
prisonniers  ^  et  le  grade  de  général  de 
division  lui  fut  donné  (mars  1797).  H 
recul  pen  de  temps  après  du  général 
en  chef  une  preuve  de  confiance  en- 
core   plus    grande.    L'adresse    qu'il 
avait  mise  a  s'emparer  de  Bergame 
fil  avec  raison  penser  a  celui-ci  qu'il 
ne   se   montrerait  pas   moins  habile 
dans  une  opération  de  même  nature , 
mais  de  beaucoup  plus  d'importance; 
c'était  Toccupation  de  Venise  dont  il 
s'agissait  également  de  s'emparer  k 
la  laveur  des  dissensions  que  le  voi- 
sinage  de  l'armée  française  y  avait 
fait  naître ,   et   des  mouvements  po- 
pulaires  que  l'envoyé    de    France , 
Lallement ,  et  son  secrétaire,  Ville- 
tard  ,  y   avaient    excités.    Baraguey 
d'Hilliers  se  tint  pendant   quelques 
jours  en  observation  avec  sa  troupe , 
attendant  le    icsaltat  de  toutes  ces 
manœuvres  et  les  ordres  du  général 
en  chef,  qui  ne  lardèrent  pas  a  arriver. 
Dès  le  lendemain  Venise  fut  au  pou- 
voir des  Français  et  la  plus  ancienne 
des  républiques  avait  cessé  d'être  !.., 
Bonaparte  ne  fut  pas  moins  satisfait  de 
Baraguey  d'Hilliers  dans  cette  occa- 
sion cpi'il  ne  l'avait  été  k  la  prise  de 
Berjrame;  il  lui  donna  le  coramande- 
ment  de  Venise;  et  ce  général,  éta- 
bli dans  l'une  des  pins  riches  mai- 


Il 


d 


BAR 


80D8  (l'hôtel  Pisani),  déploya  un 
faste  jusqu'alors  iuconnu  dans  rarmée 
française.  Il  faut  voir  dans  riilsforien 
Boita  comment,  après  avoir  dépouillé 
les  Vénitiens  de  leur  marine,  de  leurs 
monuments  des  arts  et  de  toutes  leurs 
richesses,  Baraguey  d'Hilliers  planta 
solennellement  sur  la  place  Saint- 
Marc  un  arbre  de  la  liberté  5  et  com- 
ment dans  ce  même  temps  se  négo- 
ciait leur  tradition  a  l'Aulriche. 
Quand  cette  opération  fut  consom- 
mée, le  général  en  chef  lui  donna  un 
autre  commandement.  Baraguey  se 
trouvait  KManloue  eufév.  i  798,  lors 
de  l'insurrection  qui  éclata  parmi  les 
troupes  de  la  garnison  ainsi  qu'a 
Rome ,  et  il  informa  de  cet  événe- 
ment,  par  une  lettre  confidentielle 
du  10  février,  Bonaparte  qui  était 
alors  à  Paris ,  se  disposant  K  par- 
tir pour  l'Egypte.  Le  général  Bara- 
guey fut  appelé  a  faire  partie  de  celte 
expédition,  et  il  s'embarqua  dans  le 
port  de  Gènes  avec  sa  division  pour 
«e  réunir  devant  Malle  à  la  grande 
flotte  que  Bonaparte  lui-même  con- 
duisait à  la  conquête  de  l'Orient.  On 
sait  comment  cette  inexpugnable  for- 
teresse tomba  dàiii:  les  mains  des 
Français,   et  l'oji   sait  aussi  tout  ce 

3u'ils  y  trouvèrent  de  munitions  et 
0  richesses  de  tonte  espèce.  Bara- 
guey d'Hilliers  fut  chargé  de  portera 
Paris  la  nouvelle  de  celte  belle  con- 
quête avec  une  partie  de  ses  richesses  5 
mais  la  frégate  /a  Sensible,  sur  la- 
quelle il.s'élailt'nd)arqué,  fut  prise  par 
les  Anglais ,  et  rien  de  la  précieuse 
cargaison  ne  put  arriver  danslarajii- 
l.ilc.  On  cou(^oil  tout  le  mcconleule- 
mcnt  (jue  durent  en  éprouver  les  Di- 
rr(  tours;  ils  s'en  prirent  ;i  lîaragucy 
(rilillicrs;  sa  de.slilnlion  lui  pronon- 
cée par  un  arrêté  du  26  thermidor  an 
vr  (juiUcl  1797);  <'l  lorsipi'il  revint 
de  caplivilé ,  peu  de  muis  après ,  il 


BAR 

fut  traduit  a  unconseildeguerre,  pour 
la  reddition  de  la  frégate  dont  il  ne 
pouvait  être  responsable,  puisqu'il  n'en 
avait  pas  le  commandement.  Acquitté 
par  un  jugement,  il  fut  néanmoins 
mis  a  la  réforme;  mais  dès  l'année  sui- 
vante il  recouvra  son  activité.  D'abord 
chef  d'état-major  de  l'armée  du  Rhin, 
il  en  commanda  ensuite  l'aile  droite. 
11  se  trouvait  a  Landau  au  commen- 
cement de  1800,  lorsque  le  feu  prit 
au  raatrasin  d'artillerie  ;  et  ce  fut 
a  son  sang-froid  et  k  son  courage 
que  la  ville  tout  entière  dut  son  sa- 
lut. Il  obtint  ensuite  quelques  suc- 
cès contre  les  Autrichiens  dans 
les  montagnes  des  Grisons.  Après 
la  paix  de  Lunéville  le  gouverne- 
ment consulaire  le  fit  inspecteur-gé- 
néral d'infanterie;  et  ,  Napoléon 
devenu  empereur,  le  nomma  grand- 
oflficier  de  la  Légion-d'Honneur  et 
colonel-général  des  dragons.  Cepen- 
dant on  a  remarqué  qu'il  ne  jouis- 
sait point  alors  de  toute  la  faveur  qui 
semblait  appartenir  a  l'un  des  plu» 
anciens  généraux  de  l'armée  française, 
et  surtout  h  l'un  de  ceux  qui  avaient 
failles  camj)agnes  d'Italie.  Napoléon 
le  tint  prt\sque  toujours  éloigné  de 
lui,  et  ne  l'i  uqiloya  pas  dans  les  occa- 
sions les  plus  importantes.  Il  lui 
donna  le  gouvernement  de  Venise  en 
i8o8,  et  ce  fut  en  Italie,  puis  en 
Hongrie  ,  sous  le  vice-roi  Eugène  , 
«jue  Haraguey  fit  la  campagne  do 
1809.  Après  la  paix  de  Vienne,  il 
lut  rhaigé  de  réiluire  les  insurgés 
du  Tyrol  (|ui  refusaient  de  se  sou- 
n)ellre  ,  el  (pii  comballircnt  avec  tant 
de  couTcige  sous  les  ordres  du  fameux 
Hofer  {f^  oj'.  ce  nom,  au  Supp.). 
Baraguey  passa  ensuite  h  l'aimée 
d'Espagne,  el  le  5  mai  181  i  il  bat- 
tit sous  les  murs  de  Figuièrcs  ua 
corps  espagnol  commandé  jiar  (]aiu- 
po-Verde.  Appelé  a  la  giaudc  armée 


BAR  BAJl                   ITQ 

r.-innt'c  Miivanlc  ,  Il  fut  mis  à  la  tcl^  questions  rrK^dlcalcsnu'll  avait  traitées 
d'une   division   qui    partit    de  Snio-  avec  succi-s.  Pourvu,  eu  lySôjdc'Ja 
Icnsk  dans  les  premiers  jours  de  no-  charj^o  de  médecin  en  clief  de  la  gé* 
vembrciS  I  2,  poursedirij^ervcrs  Ka-  néralilé  de  Moulins,   il  Ht   adopter 
lou<;a,audevant  de  l'empereur, lequel  par  radminislralion    diverses   racsu- 
avail  d'abord  dû  faire  sa  retraite  dans  res  d'utilité  publlciuc  •  et  le  Bonrhon- 
cellc  direction ,   mais    qui  en  avait  nais    lui   fut    redeval)lc   d'étahlisse- 
change'  par  suite  de  la  bataille  de  mcnts    qui    contribuèrent    à   rendre 
Malojaroslavs'itz,  N'étant  pas  iuformo  les  maladies  contagieuses  moins  fré- 
de  ce  changement,  Raragney  se  trouva  queutes    et    moins    meurtrières.    Il 
bientôt  au  milieu  de  plusieurs  corps  avait  toujours  montré  un  goîil  très- 
russes  ,  et  une  partie  de  sa  division  vif  pour  les  recherches  d'antiquités. 
fut  obligée  de  capituler.  Napoléon,  in-  De  fréquents  voyages  le  mirent  a  raê- 
forraé  de  cet  événement  au  milieu  des  me  d'explorer  les  ruines  des  ancien- 
désastres  de  la  retraite,  en  fut  vive-  nés  villes   du    Bourbonnais ,  de    la 
ment  courroucé,  et  il  traita  Baraguey  Marche  et  du  Berryj  il  entreprit  à 
d'Hilliers  avec  une  extrême  rigueurj  ses  frais  plusieurs  fouilles;  et,  sans 
il  le  suspendit  de  ses  fonctions,    et  négliger  rexerclce  de  son   état,    il 
par  un  ordre  du  jour  du  i3  novem-  acquit  des  connaissances  étendues  dans 
bre  il   lui  prescrivit  de    se  rendre  l'archéologie ,   la    numismatique  ,  la 
en   France  aux    arrêts,    jusqu'à   ce  géographie   et    l'histoire    du  moyen 
qu'une  enquête  eût  été  faite  sur  sa  âge.  Jouissant  de  l'estime  et  de  la 
conduite  dans  l'affaire  du  9  de  ce  mois,  confiance  générale ,  il  fut  élu  en  1789 
Le  malheureux  général,  déjà  tant  de  maire  de  Chambon  ,  petite  ville  de  la 
fois  jugé  et  suspendu,  conçut  de  ce  Marche,  où  il  avait  fixé  sa  résidence, 
dernier  malheur  un  tel  chagrin,  qu'il  Nommé  plus  tard  juge  de  paix,  il  fut 
tomba  malade  en  route,  et  que,  forcé  enfin  député  àla  convention,  en  1792, 
de  s'arrêter  à  Berlin,  il  mourut  dans  par  le   département   de  la   Creuse, 
cette  ville   vers  la  fin  de  décembre  II  y  débuta  par  accuser   le   ministre 
1812. — Une  de  ses  filles  avait  épousé  Pache  de  malversations    dans   l'ap- 
le  général  Foy.                 M — d  j.  provisionnement  des  armées;  et,  dés 
BARAILOX (Jean-François)  ,  les   premiers    jours    de    1793,     il 
médecin  et  membre  de  la  convention  apostropha   Robespierre  qui  restait 
nationale,  naquit  le  12  janvier  1743,  impassible  à  la  tribune,  malgré  les 
a  Viersat,  en  Auvergne,  d'une  fa-  cris  des  Girondins,  en  lui  demandant 
mille  honorable.    Piecu   docteur    en  s'il  se  croyait  encore  au  2  septembre. 
1765,  à  la  faculté  de  Montpellier,  Lorsqu'il  fut  question  du  procès  de 
il  conserva  toujours  beaucoup  d'atta-  Louis  XVI ,  Barailon  se  récusa  dans 
chementà  cette  école;  et  il  la  défendit  ces  termes  :  «  Je  ne  crois  pas  être  ici 
avec  chaleur  lorsque   son   existence  «  pour  juger  des  criminels,  ma  con- 
fut  menacée.  Ses  talents  l'ayant  fait  «  science  s'y  refuse.  »  Cependant  il 
proraptement  connaître,   l'académie  vota,  non  comme  juge,  mais  comme 
royale  de  médecine  l'admit  au  nom-  homme  d'état,  la  détention  et  l'exil 
bre  de  ses  correspondants  en  1776  ,  a  la  paix.  Dans  la  séance  du  1 1  mai 
de  ses  associés  en   1778  ,  et  elle  lui  suivant,  il  proposa  des   moyens   de 
décernasuccessivemenlcin(j médailles,  pacifier   la  Vendée  et  demanda  une 
pour    autant  de   mémoires   sur  des  amnistie  pour  tous  les  hommes  égarés 


120 


BAR  BAR 


qui  déposeraient  les  armes.  Soniiom  publique,  il  organisa  en  Irois  mois 
était  le  vingt-cinquième  suj:  la  liste  les  écoles  centrales  de  dix-sept  dé- 
des  dépufi's  quidevaicnt  être  proscrits  parlements.  Le   7  août  il   demanda 
au  3i  mai,  et  s'il  ne  partagea  pns  le  le    rapport  de   la  loi  sur  le  parlage 
sort  de  ses  collègues,  il  le  dulaCliau-  des  biens  communaux,  qu'il  déclara 
mette  qui  le  fit  rayer  à  la  prière  d'un  destructive  de  l'agriculture   et  cou- 
de ses  amis,  que  Barailon  avait  obli-  traire  au  but  qu'on  s'étoil  proposé, 
gédansunecirconstance  récente.  Peu-  En   novembre,    il  fit    décréter   que 
dant  tout  le  régime  de  la  terreur  ,  il  le  sceau   de  Tétat  porterait  le  bon- 
ne parla  qu'une  seule  lois  5  ce  fut  pour  net  et  le  niveau.  Lors  de  l'attaque 
demander  la  suppression  des  loteries,  de  la  convention  par  les  sections  de 
Mais,  après  le  9  tbermidor,  il  reparut  Paris  ,  au  i  3  vendéniiaire,  il  se  signala 
a  la  tribune  pour  dénoncer  les  dilapi-  parmi  les  médecius  qui  portèrent  des 
dateurs  des  deniers  publics,   contre  secours  aux  blessés.  Entré  au  con- 
lesquels  il  provoqua  des  mesures  qui  seil   des    cinq-cents  ,    il    attaqua    le 
ne  lurent  jamais  exécutées.  Il  fitren-  projet  sur  l'instruction  primaire  qui, 
dre  plusieurs  décrets  dans  l'intérêt  des  s'il  était  adopté,    dit-il,    coûterait 
musées  et  des  dépôts  d'objets  d'art  ,  a    l'état    des    sommes    énormes    en 
ainsi   que  de  l'instiuction   publique,  pure   perte.    Il    montra  le   ridicule 
Quoiqu'il  rcgardàtles  prêtres  comme  de  charger  un  instituteur  de  campa- 
Ics  auteurs  de  tous  les  troubles,  il  ré-  gne    d'enseigner  dix  sciences,  dont 
clama  des  adoucissements  au  sort  de  chacune  exigerait  un  professeur,   et 
ceux  qui  étaient  détenus  j  et  il  ne  tint  demanda  qu'on  se  bornât  dans  les  pe- 
pas  à  lui  de  faire  rapporter  la  loi  qui  tiles  écoles  à  l'enseignement  de  la 
condamnait  a  la  déportation  ceux  ([ui  lecture ,  de  l'écriture  et  du  calcul, 
avaient     refusé    de   prêter   serment.  Lorsqu'il  fut  question  de  fixer  le  trai- 
II   saisissait   toutes    les  occasions  de  tement  des  instituteurs,  il  réclama 
combattre   les  anarchistes  ,     et    fit  de  nouveau  l'ajournement ,  fondé  sur 
rejeter  la    proposition    de   remettre  ce  qu'il  n'existait  pas  en  France  assez 
en  vigueur  la   loi  sur  le  maximum  de  sujets  propres  à  remplir  les  lonc- 
qui ,  dit-il  ,  en  tuant  le  commerce  ,  tiens  de  maître  d'école  (2).  «  J'ai  yi- 
avail  organisé  la  fimine.   Ce   fut   au  «  site,  dit-il,  des  communes  considc- 
Jiom   du  comité    d'iuslruclion  publi-  «  râbles  où  il  n'y  a  qu'un  seul  insli- 
que    (ju'il    présenta,    le    i5  janvier  «   tuteur,  et  celui  qui  prend  ce  litre 
J795,  un  programme   pour  la  lêtc  «  ne  sait  pas  l'orlliograplie.  »  Dans 
aunlversairc  de  la  mort   du  roi  (i).  ladiscu.ssion  sur  les  hôpitaux,  il  vola 
Le  4  février  suivant  il  fil  décréter  que  pour  qu'on  en  réduisît  le  nombre  ,  en 
les  jardins  botaniques  de  M()nl[)ellier  adoptant  le  modo  de  secours  hdomi- 
cl  de  Strasbourg  resteraient  à  la  dis-  cile.  Le  i"'"  otiubre   1796,  dans  un 
position  des  nouvelles  écoles  de  sauté,  discours  Irès-remaripiablc ,  il  atlaipia 
INonimé  l'un  descoinmissaireschargi's  le  système  d  organisation  de  l  école 
de  l'exécution  des  lois  sur  riu.')lrucliou  polyteelini(|ue  ,  (pTon  aurait  pu,  dit 

jI  ,   nommer   cucyclopcdique  ,   puis- 
(uiou    y   démontre    en   ce    moment 

(1)  Il    n'est    pns    rxact     du    dirr,  comme    la  •             •                ti  f           ,          l'__»i„.,.:  .      .» 

TWr..,.hic  ......vciio    d.<  oonir„.,.or.in. .  que  jusq»»  aux    clémeuts    U  anaiomio    et 

ll^irutlon  lit  dciicicr  lu  i'èlc  .mnivi  isairc  du   K * 

jiiiivirr;    elle  rl.iil  ili'j  »    .Ire  rclir  <(uari(l    il    fut  (>)   la    t-onvriition    iMiit   imiiv»'    «juo    iO|000 

cbarga  d'en  drcasor  lo  progruiimio ,  vcoles  suflî»aii)Ut  it  luutv  la  Fraiac 


BAR 

de  l>otani(jnc.  Il  rond  jnslicc  nu 
m^rilt'  des  jirotVssciirs,  parmi  Ics- 
qiii'ls  il  se  j)l;iîl  à  rccouiiaîlre  des 
savants  très-iiistiiij^uc's,  «  mais,  ajou- 
te tc-l-il  ,  on  paraît  s'être  moins  oc- 
«  ciipé  (le  rinsiruclion  des  élèves  que 
«  de  Taire  une  graïuie  montre,  une 
«  superbe  parade  de  savoir Ce- 
ce  pendant  la  triste  expérience  deséco- 
«  les  normales  aurait  dû  nous  corri- 
a  ger  de  la  folie  de  vouloir  tout  eu- 
«  seigncr,  el  de  vouloir  qu'on  sache 
«  tout  h  la  fois.  Si  une  pareille  iné- 
«  ihode  était  adoptée  ,  nous  n'aurions 
a  bientôt  plus  un  seul  homme  vrai- 
«  meut  instruit  5  n  ais  nous  posséde- 
«  rions  à  la  place  beaucoup  desai'an- 
a  tasses j  qui  disserteraient  sur  tout 
ce  et  ne  sauraient  raisonner  sur  rien... 
ce  Enfin,  cet  établissement  absorbe  k 
«c  lui  seul  les  fonds  qui  feraient  fleurir 
ce  six  écoles  spéciales  ,  a  coup  sûr  plus 
ce  profitables.  33  Le  3  i  décembre,  il 
fit,  au  nom  d'une  commission,  un 
rapport  sur  le  nouveau  costume  des 
fonctionnaires  publics,  ce  On  a  pensé, 
ce  dit-il  ,  qu'il  fallait  laisser  a  des 
ce  Français  l'habit  français,  et  qu'il 
a  était  ridicule  de  leur  donner  celui 
<t  des  Brames  et  des  Talapoins.  » 
Adjoint ,  en  1797  ,  a  la  commission 
d'instruction  publique ,  Barailon  fit 
décréter  l'établissement  d'écoles  spé- 
ciales de  médecine  a  Paris  ;,  Lyon  , 
Strasbourg  et  Montpellier.  11  était 
absent  par  cojigé  a  l'époque  du  18 
fructidor;  mais  a  son  retour  il  s'em- 
pressa d'adhérer  aux  mesures  prises 
contre  les  royalistes,  et  il  demanda 
qu'on  poursuivît  les  prêtres  qui  con- 
tinuaient d'exciter  des  troubles  dans 
les  départements.  11  ne  voulait  pas 
qu'on  leur  imposât  l'obligation  de  se 
soumettre  a  la  constitution  du  clergé, 
te  tellement  absurde  ,  dit-il  ,  qu'il 
ce  n'est  pas  un  seul  individu,  pour 
et  peu  qu'il  fût  raisonnable ,   qui  ne 


BAR 


121 


te   se  fît  nii  devoir  de  la  rejeter  avec 
ce    dédain  •  »  mais  il  voulait  qu'ils  ces- 
sassent de  troubler  le  pays,  ou  qu'ils 
fussent  tenus   d'en   sortir.   Quehjues 
jours  après  il  altacpia  le  projet  d'éco- 
les secondaires,  demandant  qu'on  se 
bornât  a  améliorer  les  écoles  centra- 
les ,  en  supprimant  comme  inutiles  les 
chaires  d'histoire  et  de  grammaire  gé- 
nérale ,  qui  seraient  avantageusement 
remplacées  par  deux  nouvelles  chaires 
de  latin,  dont  les  titulaires  ensci-^ne- 
raient  simultanément  la   grammaire 
française   et   la   géographie.    C'est, 
dit-il  en  terminant,  pour  la  cinquième 
fois  que  je  combats  les  syslèraesy^^- 
/a5^/y^/e5d'instruction  publique.  Mais 
ce  ne  devait  pas  être  la  dernière.  Le 
i3  janvier  1798,  a  l'occasion  des 
changements  que  l'on  projetait  au  ré- 
gime de  l'école  polytechnique,  il  ne 
craignit  pas  d'attaquer   de  nouveau 
cette  école,  présentée  par  les  journa- 
listes, comme  une  des  plus  admirables 
conceptions  du  siècle,  ce  Si  j'avais  , 
ce  disait-il ,  une  école  de  service  pu  - 
K  blic  a  former,  je  me  garderais  bien 
te  d'enlever  a  la  surveillance  de  leurs 
te  familles  ,  de  livrer  a  eux-mêmes  des 
ic  jeunes  gens  de  1 8  k  20  ans,  et  sur- 

tc  tout  de  les  stationner  k  Paris 

te  L'ancien  gouvernement  s'était  mon- 
te tré  plus  prévoyant  a  cet  égard  ,  en 
te  disséminant  les  mêmes  écoles  dans 
ce  des  communes  peu  populeuses... îj 
Après  avoir  prédit  que  celle  école  ne 
peut  être  qu'une  cause  perpétuelle  de 
troubles  et  de  désordres,  Barailon 
vient  k  l'argument  ordinaire  de  ses 
partisans,  l'habileté  des  professeurs. 
«  Je  sais  ,  dit-il ,  que  les  professeurs 
te  sont  les  hommes  les  plus  habiles  de 
ce  l'Europe,  et  c'est  k  cause  de  cela 
te  même  qu'ils  ne  peuvent  pas  bien 
te  enseigner.  Ils  sont  beaucoup  trop 
t<  au  dessus  de  leur  auditoire ,  et  se 
tt  perdent  dans  des  régions  oii  l'élève 


122                  BAR  BAR 

«  ne  peut  pas  les  atteindre.  On  ne  anarchiques  ;  et  il  s'opposa  vivement 

a  fait  point  des  savants  comme  des  ar-  au  rapport  de  la  loi  du  i^  frimaire 

a  tistes Les  professeurs  ne  peu-  an  V,  qui  exceptait  de  Tamnislie  les 

a  vent  que  préparer  j  Tétude  et  les  complices  et  les  partisans  connus  de 

«  livres  font  le  reste.   A   quoi   bon  Robespierre.  Etranger  aux  partis  qui 

a  d'ailleurs  la  rechercbe  scientifique  divisaient  les  membres  du  gouverne- 

«  dans  l'enseignement?  Est-ce  pour  ment ,  il  combattit  les  propositions 

«  être  un  peu  plus  obscur  et  inintelli-  qui  tendaient  a  renforcer  l'autorité 

a  gible  ?    Le   néologisme    empécbe  des  conseils  et  a  diminuer  celle  du 

a  souvent  d'utiles  institutions  de  s'é-  directoire.  Dans  le  comité  secret  du 

a  tablir.  Le  système  des  poids  et  me-  conseil  des   anciens,  il  se  prononça 

ce  sures  serait  en  activité,  si,  au  lieu  presque  seul  con're  les  mesures  qui 

a  de  mots  prétendus  grecs,  on  eût  préparèrent  le    i8  brumaire  (3).  11 

«  appliqué  au  calcul  décimal  les  an-  entra  cependant   au  nouveau   corps 

«  ciennesdénominatlonsfrançaises. Je  législatif,  dont  il  fut  élu  président 

a  me  résume:  L'école  polytechnique  en  i8oi.  Rendu  a  la  vie  privée  en 

«est  inutile,  m  L'impression  de  ce  i8o6(4)?ilsehàta  derevenira  Cham- 

discours  fut  ordonnée.  Barailon  re-  bon,  et  il  y  reprit,  avec  la  pratique 

parut   encore  h   la  tribune  dans   le  delà  médecine,  ses'ctudes  archéolo- 

cours  de  la  session,  mais  il  n'y  parla  giques.  Il  était  associé  correspondant 

qu'une  seule  fois  ,  avec  quelque  éten-  de  l'institut  depuis  sa  fondation  ;  il  y 

duc,  et  d'une    manière   remarqua-  avait  lu  plusieurs  mémoires,  en  i8oi, 

ble.  Ce   fut   pour    attaquer  le   plan  sur  la  découverte  d'une  ancienne 

d'organisation  des  écoles  spéciales  de  ville,  appelée  aujourd'hui  Toull, 

médecine.  «  Il  est,  dit-il,  j'en  con-  dans  le  département  de  la  Creuse; 

«  viens  ,  le  plus  avantageux  pour  Pa-  en  1802,  sur  les  premiers  ouvrages 

«  ris  où  l'on  veut  tout  centraliser  j  il  de  tuilerie  et  de  briqueterie  exé^ 

«  est  le  meilleur  pour  le  maintien  Aes  cutés  pendant  le  séjour  des  Ro- 

«  abus,   pour  les  professeurs  qui  en  mains  dans  les  Gaules.  Il  offrit,  en 

«profileront  sans  rien   faire,   pour  i  806 ,  a  racadémie  des  inscriptions 

«  celle  foule  d'employés  dont  on  paie  et  belles-lettres  des  vases  d'étain, 

«  roisive4^é.  On  reconnaît  facilement  trouvés  récemment  dans  une  fouille  à 

«  la  main  a  laquelle  on  doit  ce  projet.  Néris,  près  de  Montluçon,  el  qni  de- 

"11  est  dû  à  des  métapliy.siciens  ,  à  vinrent  le  sujet  d'un  mémoire  de  Mon- 

«  des  naturalistes  ,  h  des  phy.sicicns  ,  gez.  En   1806,  sur  le  rapport  d'une 

«  a  des  chimistes,  h  des  moralistes,  à  commission  com|  osée   de  MM.  Vis- 

«  des  poètes,  tous  excellents  acadé-  conti,(^)ualrenièreelMongcz,laméme 

«  miciens,  mais  dont  on  peut  révo-  académie  décida  (pi'il  serait  pris  sur 

«  (pUT  en  (lonic  le  inérilc  dans  l'art  ses  fonds  particuliers  la  somme  néces- 

«  de  guérir,  n  IJarailon  driiianda  en-  saire  pour  faire  dessiner  et  graver  les 

suite  que  l'àgc  de  la  conscription  fût     . 

fixé  à  vingt-un  ans  au  lieu  de  dix-huit.  (3)  I.m    niopraplii.s    ronlnnpurainM    di.ipnt 

Après   la  session  il  fut  élu  inenibrc  ♦''•r"'"^'"»  par  . •,..«.•  qu'il  i>r.i  un*  i-n  ir.^s. 

.  '                                      .                 ^  active  ù  «clti-  joufiirr. 

du  conseil  (les  anciens,  où  il  pr«)V()(|U.l  (i)  <:'«v«t  pm-  une  Rrovo  erreur  qu»  les  Dio- 

fixa     itiouiiroo     <...»!..<.     !.>„     „-.,    _.ll'  rriipliirs  supposant  «ivio  HnraJIon.  uUi.'»  cjuo  5rxn- 

(les   mesures  contre    les   assemblées  ^.,,|,i,.,  i.,,.;,;,,.;!  ,,,^,  .,„  ,„r,,.  |,,;„il,t.f.  «r- 

polltupies    (loiil     les     membres     étaient  <<  pla  la  phu:»- <lr  sul.slilul  du   pro«»rrur   impr- 

#.,,„......  |..    .J.....    I                 I                    •     •  rial  ;   il  est  «viariil  iiur  In  re^scinbl.into  «Iciioiii 

CUnilU6  U  plupart  pour  leurs  opinions  i„  fait  confgudro  avec  ua  d«  ses  i-arcot.. 


BAR 


BAR 


123 


inonimiculs  p;.iulols  ot    crlli(jucs  rC' 
cueillis  j)ar  iMirailoii  dans  la  .Marche  et 
les   provinces  vDisiiies.  Le  zèle  ([u'il 
avait  raonlré  pour  l.i  propaj^alion  de 
la  vaccine  dans  le  déparlenient  de  la 
Creuse  (n)  lui  valul,   en    1812,    le 
secontl  prix.  11  était  occupé  de  revoir 
sou  ouvraja',  d'archéologie  dont  il  se 
proposait  de  donner  une  édition  aug- 
luentée  de  plusieurs  nouveaux  mémoi- 
res ,  lorsqu'il  mourut  subitcmeut  à 
Chambon  ,  le   i/».  mars  18  16,  a  yS 
ans,  laissant  la  réputation  d'un  habile 
médecin ,   d'un  savant  antiquaire   et 
d'un  homme  de  bien.  Son  exaltation  ré- 
volutionnaire (ut  nllribuéealachalcur 
de  son  imagination.  Il  était  membre 
d'un  grand  nombre  d'académies ,  de 
sociétés  littéraires  ou  agricoles  ,  etc. 
Indépendamment  de  plusieurs  rt/'^/c'/é'^ 
dans  les  journaux  de  médecine  ^   on 
a  de  lui  :  I.  Observations  sur  une 
espèce   d'épilepsie   qui  reconnaît 
pour  cause  le  virus  mi li aire ,  Méra. 
de  la  soc.  de  médecine,  I,  i""^  part., 
225.  II.   Mémoire  sur  les  fièvres 
miliaires ,  couronné  par  l'académie 
d'Amiens.  L'auteur,  ayant  revu  son 
travail,  l'adressa k  la  société  de  mé- 
decine, qui  le  jugea  digne  de  paraître 
dans  son  recueil.  La  première  partie, 
contenant  la  description  des  symptô- 
mes, des  variétés  et  des  complications 
de  cette  maladie,  se  trouve  tora.  I""^, 
2"  part.,  I53-244-;   et  la  seconde, 
relative  au  traitement ,  mais  par  ex- 
trait,tom.  II,  1 98-205. III. Me/no/re 
sur  la    nature   et  les    causes  des 
différentes  espèces  d'hydropisie , 
ibid.,  tom.  VI.  Barallon  avait  partagé 
le  prix  sur  celle  question  avec  Cam- 
per _,  en  1782.  IV.  Mémoire  sur  les 
avantages  et  les  dangers  du  quin- 
quina :  il  lui  valut  le  second  prix  en 

(5)  Ce  département  fut  cité  dans  le  ra|>portde 
1811  comme  celui  où  il  avait  été  le  plus  pratic^aé 
de  vaccioatioas  dans  le  courant  de  l'année. 


1 7 83 .  V.  Recherches surlespeuples 
canihioviccnscs  de  la  carte  ihéodo- 
sienne ,    dite    de    l*eulinger  ;   sur 
l' ancienne  ville  romaine  de  Neris; 
sur  les  ruines  de  pltisieurs   autres 
villes  romaines  (le  l'ancien  Herry; 
sur  divers   monuments   celtiques; 
sur  les  ruines  et  les  monuments  de 
la  ville  celtique  de  Tbull;  sur  les 
premiers  ouvrages  de  tuilerie  et  de 
briqueterie,  etc. , Paris,  1 806,  in-8", 
de  35e   p.  On  trouve   une   analyse 
très -étendue  de  ce  Recueil  dans  le 
Moniteur,  i6-23  mars   1807.  M. 
Eloi  Johanneau   reproche    quelques 
légères  erreurs  a  Barailon  5    mais  il 
loue  sans  réserve  son  érudition  con- 
sciencieuse et  son  infatigable  patience. 
On  conserve  de  lui  plusieurs  mémoires 
inédits.  W — s. 

BARANTE  (Claude-Ignace 
Brugiere  de),  né  a  Rioro  en  1765, 
étaitpetit-fils  de  Claude-Ignace  (^  ce 
nom,  \I,  89).  Après  avoir  fait  des  é- 
tudes  brillantes  au  collège  de  Juilly, 
il  fut  fixé  dans  sa  province  par  des 
fonctions  de  magistrature.   Lorsque 
la  révolution  commença,  il  professa 
des  opinions  libérales  et  modérées , 
mais  ne  fut   appelé  ni  élu  à  aucun 
emploi  public.  Sous  le  régime  de  la 
terreur ,   il  fut  persécuté  et  empri- 
sonné.  En  1800,  le  premier  consul  le 
nomma  préfet  à  Carcassonne ,  et  deux 
ans  après  a  Genève.  Homme  de  bien 
et  homme  d'esprit,  il  sut  se  faire  es- 
timer et  aimer  dans  cette  ancienne 
république  j   qui   regrettait  vivement 
son    indépendance    et    gémissait    de 
sa    réunion     forcée    à    la   France. 
Baranto  n'était  point  un  de  ces  ad- 
ministrateurs dont  le  zèle    est    sans 
bornes  et  sans  mesure  ;  il  se  croyait 
aussi  des  devoirs  a  remplir  envers  les 
habitants  du  pays  dont  l'administra- 
tion lui  était  confiée  j   mais  Napo- 
léon ne  l'entendait   pas    ainsi.   Ba- 


I»4                  BAR  BAR 

rante  eut  un  autre  tort  à  cette  épo-  racadémie  des  jeux  floraux  ,  et  se  fit 

que     M"""   de    Slael ,   M.  de  Saint-  recevoir  avocat  au  parlement;  mais 

Priest  et  d'autres  exilés  habitaient  il  ne  tarda  pas  à  renoncer  au  barreau 

sur  celte  frontière;  le  préfet,  sans  pour  se  livrer  a  l'élude  de  l'économie 

manquer  a  ses  ob'igations  ûlilcielles,  poliiique  ,  science  qui  ne   comptait 

avait  pour  eux  plus  d'égards  et  de  alors  en  France  qu'un  petit  nombre 

ménagements  que  ne  l'eût  voulu  le  d'adeptes  et  de  partisans.  Des  plans 

maître.    Il  vivait   en    société   habi-  de   reforme   et  d'amélioration    qu'il 

tuelle  avec  les  eiilés  sans  songer  à  les  soumit  au  jugement  de  Condorcet  lui 

tracasser,  ni  a  les  faire  espionner,  méritèrent   l'estime   de    cet   homme 

Vers  la  fin  de  1810,  il  fut  remplacé  célèbre.  Il  reçut  aussi  des  encoura- 

dansla  préfecture  de  Genève  et  se  re-  gementsdeBailly  et  deRabaut-Saint- 

tira   à  la    campagne  en    Auvergne.  Etienne  auxquels  il  fut  présenté  dans 

Il  y    est  mort  au  commencement  de  un  voyage  a  Paris.  Son   traité  d'y^- 

1814..      Outre    son    mérite    comme  rithmctique politic/ue,  ouvrage  com- 

administiateur   consciencieux   et    é-  posé   sur  le  plan  de  celui  d'Arthur 

claire,   il  était   studieux  et   ami  des  Young  qui  porte  le  même  titre,   lui 

lettres.   Il   a   publié:    I.  Introdiic-  valut  les  suffrages  des  hommes  éclai- 

tion  à  Vélude  des  langues  y  Riora  rés.  Baras   se  montra  dès    le  prin- 

1791,    un  vol.    in-12.    II.    Elé-  cipe  partisan  de  la  révolution.  Il  sui- 

menls  de  géographie ,  un  vol.  in-  vit    la    ligne    de    conduite     adoptée 

12  ,    qui  a   eu    plusieurs    éditions,  par  ses  illustres  amis,  et  partagea 

Ces  deux  livres  avaient  été  composés  l'erreur  dans  laquelle  ils  étaient  sur 

pour  l'éducation  de  ses  enfants  dont  la  possibilité  de  maintenir  le  trône, 

il  s'était  fort  occupé.  \\\.  Essai  sur  le  sans  lui  donner  jes  moyens  de  résister 

départementdel''Aude,Ca.rcàSi,one,  aux   factions.  Elu  en    1791   membre 

1  802  et  Paris  i8o5,in-8°.Ila  placé,  du  conseil  municipal  de  Toulouse  ,  il 

dans  une  édition  des  Maximes  de  La  se  servit  de  son  inlluencc  pour  assu- 

Rochefuucanld,  un  morceaudemorale  rer   l'exécution   des  nouvelles   lois. 

Irès-remarquablc  intitulé  :   Examen  Néanmoins  il  se  montra  cimslammenl 

du principej'ondarncnlal des  Maxi-  l'ennemi  de  tous  les  excès  ,  et  ne  crai- 

mes,Vi\om,  1798,  in-ia.  Les  arti-  gnit  pas  de  compromettre  sa  popula- 

cles  d'Aguesseau,  Pèze,  Calvin,  Du-  rite  pour  soustraire  aux  perséculioMs 

pral,  dans  la  Biographie  universelle,  les  prêtres  iuscrmenlés.  Une  armée 

sont   de    lui.    Il    a   inséré   (juelques  espagnole  s'élanl  approchée  des  P^- 

trdgments  de  critique  ou  de  p()lili(juc  rénées,    Baras   lut    un   i\{:9,   commis- 

daiis  divers  journaux  ,   surtout   dans  saires  envoyée  près  de  la  (jonvenlion 

ï llislorien  et  dans  la  Décade  phi-  parle  conseil  général  du  déparlement, 

/o.vo/;///V///r.  Claude  de  Baranle  est  le  pour  presser   l'adoption  des  mesures 

père  de  l\l.  de  liaranle,  aciuellement  propres   li    garantir   la  frontière.  11 

ambassadeur  de  Erince  h  Turin ,  et  était    ii    P.uis    au    5i     niai;    et  de 

notre  collaborateur  dès  le  commeu-  retour  h  Toulouse,  dans  le  compte 

cenienl  de  l'entreprise.               Z.  qu'il  rendit  de  sa  mission,  il  reir.ira 

15ARAS    (   Mai\<:-Antoinii   ),  les  scènes  odieuses  dont  il  avait  été  le 

publici.slo,  né  il  Toulouse  en  176/i  ,  lémoin  avec  une  énergie  capable  de 

cultiva  tl'.ibord   les  lettres  cl  la  ju-  soulever  d'indignation  tous  les  lioni- 

risprudcuce,  disputa  (juehpics  prix  \\  mes  généreux.  Dénonce  peu  de  temps 


BAR  BAR                   T25 

aprè.s  comme  fcdor.ilislc,    il  fut  ra-  Vie,  une  pn^facc  ,  rn  quatre  parties, 

lUtMié    à   P.iris  ;     doclaré     roinplicc  où   ils  cxposml  son  syslciue.   ^{olrc 

d'Hi'bcrt,  (le  Viiii  iMit  ,  de  IMomoro,  coHaboralciir  T.iharatid  (article  77iO- 

qu'il  m*  (('nii.iiss;!!!  pas  pcM-soiiiudlc-  rnassin  ^  loin.    XLV,  p.    47^),   rc- 

mcnt  cl  doiil  il  n'avail  cessé  de  coin-  proiid  le  P.  Bougcrcl  sur  ce  point  et 

ballre  1<'S  doctrines,   il  péril  sur  lo  dll  que  celle  pièce   préliminaire  ap- 

mèine  écliat'and  ,  le    t3  avril   1794.  parlient  !)ien  au  1*.  Thomassin.  Il  y  a 

Oulre  le  Irailé  A' ArithméLique  po-  ici  erreur  des  deux  côlés.    Une  sa- 

/////^Me  dont  on  a  parlé ,   et  un  Mé-  vante    préface    avait    été   écrite    en 

moire    plein   de  détails    liislQri([ue8  français,  par  le  P.  Tliomassin.  Les 

d'un  grand  intérèl,  sur  la  fêle  qui  se  deux  éditeurs  la  traduisirent  en  latin, 

célèlirail  h  Toulouse  le  27  mai,    en  et  lout  en  la  ran<^eant  dans  un  nou- 

souvcnir  de  Tavanlage  remporté  eu  vcl  ordre,  ils  s'efforrèrcul  de  rendre, 

1591   sur  les  protestants,  fèlc   qu'il  avec  le  plus  de  fidélité  possible,  les 

fit    supprimer,    on    a    de    ce    jeune  idées  et  le  style  de  Fauteur.   P»arat 

et    malheureux    écrivain    un   Elo-  aida  beaucoup  de  ses  lumières,  J.-B. 

ge  du   docteur  Price,    Toulouse,  Didiamel,    pour   l'impression   de    la 

1791,    iji-4'S   et   un    Tableau   de  Bible  que  ce  savant  publia  en  1706, 

V instruction  publique  en  Europe^  Paris,  Mariette,  in-folio.  11  s'était 

ibid.  ,  2  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  est  surtout   chargé  de  comparer  la  Vul- 

si  rare  qu'aucun  des  bibliographes  qui  gâte,  avec  le  texte  hébreu  et  d'ex- 

l'ont   cite'  n'indique    la    date  de  sa  pliquer  les  passages  obscurs  sur  les- 

publicalion.                         W — s.  quels   les    interprèles  différaient  de 

BAllAT     (Nicolas),     savant  sentiment.  L'éditeur  parle  avec  re- 

orienlaliste ,  né  a  Bourges,  dans  le  connaissance,   dans  sa   préface,   de 

XVIP  siècle  ,  fit  ses  premières  études  ce  qu'il  doit  k  Barat  ;  il  l'appelle: 

à  Sens  et  vint  les  achever  a  Paris.  «  Juter  alios    vir  doctus ,    isque 

Quoique  ayant  amassé,  jeune  encore,  «  in    lectione  scripturarum  valde 

les  trésors  d'une  vaste  érudition  qu'il  «  iritus  ,    atque  in   critica    sacra 

fiouvalt  rendre  plus  fructueuse  pour  «  e.rercitaLus.  »  Barat  mourut    en 

ui ,  il  se   contenta  d'un  chélif  era-  1706,  dans  un  âge  peu  avancé.  Son 

ploi  de  sous  maître   au  collège  Ma-  éloge  fut  prononcé   par  Pabljé  Paul 

7-arin.  Adonné  a   TéUide  des  langues  Tallemant  a  l'académie  àes   inscrip- 

orieutales,    il  devint  l'élève  de   Ri-  lions  et  belles  lettres.   11  était  entré 

chard    Simon    et    le     collaborateur  dans  cette  compagnie  comme  e'/cVe^ 

du   P.  Thomassin  qui,   sans  son  se-  sur  la  désignation  de  Despréaux  (i). 

cours  ,  n'eût  pu  achever  le  Glossa-  Barat  était  fort  charitable  envers  les 

rium  universale  Hebraicum.    Cet  pauvres,   qualité  d'autant   plus  mé- 

ouvrage  fnl  publié,  après  la  mort  de  ritoire  ,    qu'il  avait  peu  de  moyens 

l'auteur  ,  par  les  soins  de  Barat  et  du  pour  satisfaire  ce  généreux  penchant. 

P.  Bordes,   Paris,  1697,   in-folio.  //  répandait  même  avec  Joie  jus- 

Le  P.  Bougerel  (Vie  du  P.  Thomas-  qu'à  son  nécessaire.  11  avait  formé 

sin  ,  au  lom.  I,  pag.   12,  de  VAn-      . 

cienne  discipline  de  C église,  17  2  5,  (')  La  cLt^sc   tles  «I<-ves    fut    snpprimfe    en 

n         1     •       r   I     N      l'i             1>_...t     L   I     1»  1716,  et  lemijlacre  par  un  nombre  é^a'  d'asso- 

3  VO!.  m-folm),  dit  que  Harat  et  le  P.  ^4.  LY-logo  de  B.rat    est    instM-é  dans  1.-S   Me. 

Bordes    mirent  a  la    tète    dn     Glossa-  moires  de  t'académ^r  des  inscript,  et   bclles-hures, 

,       rv       rri                •                 ,  «n-4°.  toin.  I,  p.  345,  et  dans  Vllisioirc  de  cetle 

num  du  V,    Ihoma^sm  ,   oulre  sa  af«</cv.-,/c(p:irM.  dcBoiic}, tom.  i,p. 4-. 


ia6                   BAR  BAR 

une  collection  de  livres  curieux  sur  pas  improbable  qu'il  descendît  d'un 

lesquels  il  amassa  les  matériaux  d'uu  Martin   Baraton  ,    raéne'trier    d'Or- 

travail  critique.  Ces  observations  fu-  léans  ,   dont    parle   Duverdier   dans 

rent  publiées  après  sa  mort  sous  le  sa  Bibliothèque.  Quoi  qu'il  en  soil, 

litre    de     Nouvelle    Bibliothèque  notre    Baraton    composa    un   grand 

choisie ,  où.  l'on  fait  connaître  les  nombre  de  pièces  de  vers,  une  entre 

bons  livres  y  en   divers  genres  de  autres,  en  1676,  sur  la  mort  de  Tu- 

litlérature  et  l'usage  qu'on  en  doit  renne.   C'est  de  lui  aussi  qu'est  celte 

faire^  Amsterdam  ,  Mortier,  17U,  épigramrae  si  connue  : 

2  vol.  in-12.  Elles  se  rapportent  sur-  Huissiers,  qu'on  fosse  siUncc. 

tout    a   des  livres    qui  ont  pour    objet  Dit  en  tenant  audience 

,        ,                                ,                      /  !•,•            1  Un  président  de  Baugé: 

les  langues  savantes  ,  aux  ecUlions  des  c'csl  «n  bn.it  à  tète  fendre; 

Pères  de   l'éplise   grecque,  aux  ou-  Nous  avons  déjà  jugé 

-              Il-                ,         T             '  ^'•''  causes  sans  les  entendre. 

vragcs  des  rabl)ins  ,  etc.  Les  re- 
flexions de  l'auteur  sont  presque  Quelques-unes  de  ces  pièces  ont  été 
toujours  judicieuses  et  exposées  avec  insérées  dans  plusieurs  collections 
beaucoup  de  clarté.  L'ouvrage,  de  poétiques,  notamment  dansle/?eci/e// 
Barat,  quoique  traitant  des  mêmes  de  V^ers  choisis,  publié  par  le  P. 
matières,  et  portant  le  même  titre,  Bouhours,  en  1695,  et  dans  le  livre 
est  différent  de  celui  de  llicliard  Si-  II  du  Nouveau  Recueil  des  Epi^ 
mon.  Barat ,  a  la  vérité,  eut  aussi  grarnmatistes  François ,  AmsteT" 
beaucoup  de  part  a  la />/Z>^V;//(è<7/^<?  dam,  1720,  2  vol.  in-12  (  tom. 
c//t>/676' de  ce  savant,  qui  fut  publiée  2,  pag.  10-20).  L'éditeur  Bruzen 
sous  le  nom  de  Sainjorc  (2).  «  Le  de  la  Martinière  dit  que  le  second 
u  p.  Thomassin  se  plaignait  de  sa  livre  comprend  les  auteurs  vi- 
«  trop  grande  et  trop  conlinuclle  vants ,  ce  qui  nous  porte  a  croire 
«  apj)licalion  a  l'étude,  comme  s'il  que  Baraton  vivait  encore  a  cette 
«  eût  prévu  dès-lors  que  ces  grands  épo({ue.  11  eut  grande  part  h  la  ré- 
«  travaux  pourraient  épuiser  ses  daction  du  Dictionnaire  des  Rimes 
u  forces  et  abréger  sa  vie  (3).  »  11  deRiclieletjct,  dansréditiondei692, 
avait  entrepris  la  traduction  en  lalin  il  supprima  toutes  les  rimes  indéccn- 
de  la  Bibliolbèque  rabblnique  de  tes.  Il  iii  paraître  en  1704,  in-i  2  , 
Schablai ,  qu'il  se  proposait  de  pu-  ses  Poésies  diverses,  réimprimées 
blier  avec  des  remarques  et  des  addi-  en  1705.  Voy.  ie  Journal  de  la 
lions  considérables.  Ce  dessein  ne  put  Librairie,  iiSsS,  p.  53o  et  i8a4  » 
être  exécuté.                L — ^i  —  x.  p.  /»85.                                           Z. 

HAlVATC)i\  ,   poète   français,  «AUATTIERI    (le    comte 

né  vers   le  milieu  du    XVII'"  siècle,  Cuarlks),   physicien,  était  né  vers 

ne  descendait  pas,  comme  un  pour-  1738  îi  IMalsance  ,  d'une  tanulle  pa- 

raitle  conjecturer, de  Baraton, grand-  Iricienne.  Toute  la  lortuue  devant  , 

éclianson     de    France,    dont    la    li-  suivant  la  (onliimo,  pajiser  h  son  Irère 

gnr  masculine  s'éteignit  ii  la    lin   du  aîné,  ses  parents  cberclièrent  ii  le  de- 

XVr     «lècle  j    mais    il    ne    serait  dommager  en  lui  donnant  une  éduca- 

tion  brillante.   yXprès    avoir  trrniino 

^     ,.      I               II....,-.,.  ,1..  I,.  Mniiii.i.r..  sesctuc  esclassK  ues,  ilappril  les  prin- 

»ri /•»'""•>  c/i'nwri,  |>;n  llni/.cu  «U- i.ii  i>iuninitri" ,  «^                                     l         7       ^il                 i 

Amsirrduni.  1730,  4  vol.  iii-ij.  H'Hi.  I,  p  «)^-  cipalcs  langucs  de  rhuropc  ,  et    se 

ruJdnni.  des  in,n- ,  Km,.  1.  p.  <..  ^^^^^^^  Ircs-liabilo  Uaus  Ics  luatliéma- 


•s». 


tlijucs  cl  dans  le  dessin.  Sa  position  lui 
faisant  un  devoir  du  cclibal,  il  clicrcha 
dans  les  voya{;es  une  utile  dislraclion 
aux  peinos  d'un  amour  naissant  et 
partagé.  Il  visita  la  plus  grande  par- 
tie de  l'Allemagne  ,  la  Prusse,  où  il 
s'arrêta  (juelque-temps  à  la  cour  de 
Frédéric,  la  France  et  TAnglelerre. 
Ce  fut  dans  la  patrie  de  Newton  que 
se  développa  son  goût  pour  les  scien- 
ces physiques.  ()uoi(pie  admirateur  de 
ce  grand  homme,  il  n'adopta  point 
son  système  sur  Topticpie.  Soutenant 
que  les  couleurs  et  la  clarté  ne  sont 
point  inhérentes  k  la  lumière,  il 
essaya  d'expliquer  sou  action  sur 
l'organe  de  la  vue  ,  dans  un  mé- 
moire intitulé  :  Congiettiira  sulla 
super/liiità  délia  materia  colorata 
o  de  colori  nclla  luce,  c  del  sup- 
posto  intrinseco  suo  splendore. 
Cet  ouvrage,  oii  Ton  trouve  quelques 
aperçus  ingénieux  ,  est  peu  connu 
en  France.  De  retour  dans  sa  patrie  , 
Baralticri  consacra  ses  loisirs  a  des 
expériences  de  physique,  dont  les  ré- 
sultats sont  consignés  dans  les  Opus- 
culi  sceltiy  recueil  qui  s'imprimait  a 
Milan.  Il  y  mourut  en  1806  ,  a  68 
ans.  Son  éloge  parut  la  même  année, 
k  la  tête  de  la  Physique  mise  à  la 
portée  de  tout  le  monde,  par  M. 
Duburqua,  Paris,  in-8°.  Barbier  en 
a  donné  un  court  extrait  dans  son 
Examen  critique,  p.  7 3.  W — s. 
BARBAAÇOIS  (Charles  HÉ- 
LiON,  marquis  de),  issu  d'une  ancien- 
ne famille  du  Berry ,  naquit  le  1 7  août 
1760,  au  château  de  Villegongis  , 
près  de  Chàleauroux.  Comme  la 
plus  grande  partie  de  la  jeune  no- 
blesse de  l'ancienne  France,  il  en- 
tra d'abord  dans  la  carrière  des 
armes,  et  parnnt  au  grade  de  lieute- 
nant-colonel d'infanterie.  11  avait 
déjà  (jultlé  le  service  lorsque  la  ré- 
voluliou  cclala  j  et,  depuis  plusieurs 


BAR 


19-7 


années,  il  se  livrait  tout  entier  dans 
SCS  vastes  domaines  k  son  penchant 
pour  réconomic  rurale  et  les  expé- 
riences agricoles.  Le  château  de  Vil- 
legongis est  au  centre  d'une  contrée 
du  Berry  ,  connue  sous  le  nom  de 
Champagne.  Le  sol  végétal  y  a  très- 
peu  de  profondeur,  et  ne  se  prête 
qu'avec  peine  k  la  culture  des  céréa- 
les ;  mais  il  produit  une  herbe  fine  et 
courte,  qui  convient  parfaitement  k  la 
nourriture  des  bêtes  k  laines.  On  en 
élevait  plus  de  260  mille  dans  ce 
canton  ,  et  il  était  en  possession  de 
fourni*-  aux  manufactures  les  laines 
les  meilleures  et  qui  présentaient  le 
plus  d'analogie  avec  celles  de  l'Espa- 
gne. Il  fallait  soutenir  cette  préémi- 
nence que  la  routine  pouvait  laisser 
échapper,  au  moment  où  des  efforts 
se  tentaient  sur  d'autres  points  de  la 
France  pour  améliorer  les  races. 
Barbancois  dirigea  le  mouvement 
qui  fut  imprimé  k  celte  partie  inté- 
ressante de  notre  industrie  agri- 
cole. Par  son  exemple  ,  ses  écrits,  et 
l'émulation  qu'il  sut  excitera  propos 
chez  le  propriétaire  et  le  métayer,  il 
obtint  des  succès  tels,  qu'il  força  la 
concurrence  même  a  reconnaître  que 
les  toisons  de  la  Champagne  égalaient 
presque  en  beauté  les  laines  étran- 
gères les  plus  renommées.  C'est  dans 
le  domaine  de  Yillegongis  que  l'intro- 
duction des  bêles  k  laine  d'Espagne  a 
eu  lieu  pour  la  première  fois  au  centre 
de  la  France,  vers  l'année  1776  (i). 
Depuis  lors,  Barbancois  parvint  a 
conserver  celte  race  dans  sa  pure- 
té. Un  dépôt  aussi  précieux  eut  l'a- 
vantage de  faciliter  le  croisement 
des  races  qui  fut  pratiqué   avec  non 


(i)  IM.  (le  Barbancois  ( /'f/(V  traité  (Tagrieul- 
titre,  pag.  iSg)  fait  remonter  celle  importation  & 
l'anuf-e  1763  ,  en  nous  .npprennnl  que  son  prre, 
dès  C(;tte  épotjuc,  avait  fait  venir  quelques  bé- 
liers espagnols,  et  ([u'il  let  a^■ait  croùct  avec  ses 
rocet  indigènes. 


Î28                  BAR  BAR 

inoins  de  succès  par  cet  habile  agro-  travaux,  quel  que  soit  le  genre  d'ex- 
nome.  Ce  mode  de  propagation,  d'à-  ploilalion  qu'il  ait  embrassé.  IL  Le 
bord  rejeté  par  C accoutumance  ,  Rcve  singulier  ^  ou  la  Nation 
dut  être  accueilli  aussitôt  que  lin-  comme  ilny  en  a  point  y  par  M. 
térêt  des  propriétaires  de  trou-  de  B.;  tome  i^"",  Paris,  1808,  in-8°. 
peaux  fut  mirux  entendu,  et  Barban-  Barbier  dit  que  cet  ouvrage  n'a 
cois  ne  contribua  pas  peu  a  leur  in-  été  tiré  qu'a  vingt-cinq  exemplaires, 
spirer,  sous  ce  rapport,  des  idées  plus  III.  Principes  généraux  d'in- 
justes.  Il  exposa  ses  vues  dans  un  Mé-  struction,  rédigés  par  demandes  et 
moire  sur  les  moyens  d' améliorer  par  réponses  y  2.^  édition,  Paris  , 
les  laines j  et  d'augmenter  le  pro-  1820  ,  in-8°.  Ces  principes,  puisés 
duit  des  bétes  à  laine  dans  le  dé-  dans  une  série  d'idées  trop  mélaphj- 
partement  de  l'Indre^  Cbiileau-  siques  ,  rempliraient  difficilement 
roux,  i8o/i,  in-S'^;  et  dans  les  l'objet  que  s'était  proposé  l'auteur  , 
Ephémérides  de  la  sociétç  d'à-  en  écrivant  pour  l'instruction  de  la 
griculture  du  départ,  de  F  Indre  y  jeunesse.  Il  y  a  quelque  chose  de  plus 
pour  tan  XIII,  Châteauroux,  in-  vrai  et  de  plus  positif  dans  une  pé- 
8",  p.  33.  Toutes  les  améliorations  tition  imprimée  a  la  suite  de  l'ou- 
8e  tiennent  en  agriculture.  Un  nou-  vrage  et  présentée  h  la  chambre  des 
veau  système  d'assolements,  introduit  députés  en  1818,  relativement  à 
par  le  propriétaire  de  Villcgon^is  sur  l'instruction  publique.  Barbançois 
la  vaste  étendue  de  5oo  hectares  de  y  propose  le  rétablissement  de  ces 
terre,  acheva  de  vivifier  la  contrée,  écoles  centrales  qui,  après  les  années 
Barbançois  obtint,  en  1809,  le  prix  les  plus  désastreuses  de  la  révolution, 
proposé  parla  société  d'agriculture  contribuèrent  hiaire  revivre  le  goût 
du  département  de  la  Seine  ,  pour  le  des  bonnes  études.  IV.  Des  droits 
meilleur  mode  d'irrigation.  Répandre  et  des  da^oirs  des  députés  y  Vàùs  y 
le  goût  des  entreprises  utiles,  éclaiier  1818,  in-8".  Ce  sujet  est  principa- 
l'inlelligence  tardive  du  cullivaleur,  lement  envisagé  par  l'auteur,  sous  les 
inspirer  aux  classes  aisées  le  désir  rapports  de  l'économie  politique.  Il 
d'habiter  la  campagne,  donner  11  tous  ran>^e  parmi  les  devoirs  d'un  bon 
la  leçon  (lu  travail,  telle  est  la  noble  député,  Tobligalion  de  prévenir  les 
tîiche  qu'il  s'élail  imposée  ,  et  (|u'il  divisions  de  partis,  en  rcpandant 
n'a  cessé  de  remplir  Juscju'ù  la  fin  de  tinstruction  dans  toutes  les  r/rt><- 
W  vie  ,  arrivée  prémnlurénicnl  le  17  ses.  V.  Les  AJaJorals  dans  la 
mars  1822.  Les  ouvrages  qu'il  a  pu-  Charte,  ou  réponse  à  la  brochure 
bliés  sont  :  I.  Petit  Traité  sur  les  de  iM .  Lanjuinais  ,  inlilulée  :  la 
parties  les  plus  importantes  de  Charte,  la  Liste  civile  et  les  AJa- 
V agriculture  en  France,  Paris,  j'urats,  Paris,  1819,  in-8''.  YI. 
1812,  in-8".  Cet  écrit  est,  comire  le  Lettres  (deux)  écrites  en  1809  , 
dit  l'auteur,  le  fruit  de  son  expé-  à  AL  le  Président  de  t  académie 
rience ,  cl  non  C  extrait  sans  exa-  des  sciences  :  la  première  relative 
men  des  divers  traités  (fui  font  d  un  systènw.  sur  f électricité  ; 
précédé.  Il  rcnfernie,  en  moins  do  la  seconde  relative  à  un  tableau 
3oopaf'^cs,  toules  les  noiions  élémen-  syrio/ftupu'  des  sciences,  Paris, 
iaires  elprnticpics  les  plus  propres  ii  Barroisaîné,  18  i  9, in-8".  \ 11.  Let- 
(liiijjer  riiomnie  des  champs  dans  513  ire  adressée  à  JJ>  </f  laJJéthe/ie, 


BAH 

rédacteur  du  Journal  de  Physique, 
contenant   un  essai  snr   te   fluide 
clectri(jue.  Ou  Ire  l'rxlrail  (\c  l'ou- 
vrage vSiir  les  moyiMis  d  aiucliorcr  I(\^ 
laines,  on  Irouvo  dans  les  Ephcnu'-- 
rides  de   la   soeictc   (Cagi  ieulture 
de  rindr  e  de  Van  XI U  à  i  8  i  8  , 
plusieurs   mémoires  <ie    Barhaiicois, 
relatifs  a  l'cconomlc  rurale.  Il   lui, 
dans  celle  compagnie,  membre  d'une 
commission    chargée    de    jeler    les 
bases   d'un  code  rural.    Il   a    com- 
])Osé  plusieurs  arliclcs   pour  les  An- 
nales  de  l'agricullure  française    de 
Tessier  clBosc.  On  llldansle  compte 
rendu    ^q?>  travaux  de  la  société  ^ç?, 
sciences  et  arts  du  départ,  de  l'In- 
dre ,    pour   i8o3  ,  une   opinion  de 
Barbancois  sur  une  question  de  mo- 
rale délicate.  U  y  cherche  a  définir 
ce  que  l'on  doit  entendre  par  grand 
ho/nme  ^  homme  célèbre  ,   homme 
illustre.  Le  choix  d'un  pareil  sujet 
et  la  manière  dont  il  est  traité  pré- 
sentaient   plus    d'une    allusion    pi- 
(juanle.  Barbancois  avait  épousé  une 
riclic   héritière  de  Sainl-Domingue  , 
dont  toute  la  fortune  fut  perdue  par 
la  révolution.    Nommé  président  du 
coUèire  électoral  de  rindre  en  i  8 1  5 , 
il  ne  put  réussir  a   se  faire  nommer 
député,  et  s'en  consola  facilement  en 
reprenant  ses  travaux  agricoles.  M. 
Bonneau,  mera])re  de  la  société  d'a- 
'•riculture  de  Tlndre  ,  a  publié  des 
\  otes  sur  la  vie  de  M.   de  Bar^ 
bancois ,  présentées  a  cette  société 
le   !'"'■  septembre   1822,    Cbàleau- 
roux,   1823  ,  in-8".  Le  propriétaire 
de  Villegongis  a  laissé  beaucoup  de 
manuscrits  sur  des  (picslious  de  phy- 
sique ,    de  médecine  et  de  philoso- 
phie.   On  peut  regretter  que,  dans 
ces  sortes  de  matières  ,  il  ne  se  soit 
pas    toujours    défendu    d'un   certain 
penchant  au  paradoxe.       L — m — x. 
BARBANEGRE  (  le  baron 


BAR 


T29 


Josr.ni  ),    général  français,   né   en 
177  2,  dans  la  petite  ville  de  l^ontac, 
au  pied  des  Pyrénées,  d'une  famille 
pauvre,  servit  d'abord  sur  mer  dans 
un  emploi  subalterne,  puis  dans    le 
cin(piième  bataillon  de  volontaires  des 
Basses -Pyrénées,  où  il  fut  nommé 
capitaine.    Ce    fut  en    cette    qualité 
qu'il  fît  ses  premières  campagnes  con- 
tre les  Espagnols.  Devenu  surnumé- 
raire par  suite  de  la  nouvelle  organi- 
sation, en  1796,  il  ne  rentra  dans  le 
service  actif  qu'en  i  801,  et  fut  alors 
nommé  capitaine   dans  la  17*  derai- 
î)rigadc.  Il  passa  avec  le  même  grade 
dans  les  chasseurs  a  pied  de  la  garde 
consulaire,  en  i  802  5  fut  nommé,  trois 
aus  après,  chef  de  bataillon  dans  le 
même  corps,  et  enfin  colonel  du  4-8* 
régiment  de  ligne,   qu'il   commanda 
avec  beaucoup  de  distinction  dans  la 
campagne    d'Austerlitz  ,    et  Tannée 
suivante,  contre  les  Prussiens  et  les 
Russes.  Nommé  général  de  brigade, 
le  21  mars   1809,  il  fut  encore  em- 
ployé h  la  grande  armée,  et  combattit 
avec  la  même  distinction  aux  batail- 
les deRatisbonne  et  de  Wagrara.  1.1 
conduisit  une  brigade  dans  la  mal- 
heureuse   expédition    de    Russie   eu 
18 12,  etfut  successivement  comman- 
dant de  Borisow  et    de  Smolensk. 
Placé  à  Parrière-garde  dans  la  re- 
traite, il  fut  blessé  de  deux  coups  de 
feu  a  Rrasnoi,  le  1  8  novembre,  et  se 
vit  forcé,  quelques  jours  après,  de  se 
renfermer  avec  les  débris  de  sa  trou- 
pe, dans  la  place    de  Sletlin,    où  il 
soutint  un  long   siège,  et  ne  se  ren- 
dit que  le  5   décembre  181 3.  Con- 
duit prisonnier    en  Russie  ,    il    re- 
vint   en    France    dans   le    mois    de 
juillet  i8i/i.  Leroi  le  créa  chevalier 
de  Saint-Louis,  et  l'adjoignit  a  Tiu- 
speclion    générale    de    rinfauterie. 
Barbanègre  n'hésita  pas  néanmoins  à 
se  ranger  sous  les  drapeaux  de  Na- 


LVII, 


l3o                   BAR  BAR 

poléon,  lorsque  celui-ci  revint  de  l'île  mone,  où  il  fut  blessé  de  six  coups 

d'Elbe,  en  i8i5,  elilfutnoramécora-  de  sabre  et  d'une  balle  dans  la  poi- 

mandantde  la  ville  d'Orléans  le  2  5  trine.  Remarqué  alors  par  le  général 

mars,  puis  commandant  de  la  place  en  chef,  il  fut  admis  dans  ses  guides 

d'Huningue,  où  ileul  bientôt  à  soutenir  avec  le  grade  de  lieutenant  •  il  le  sui- 

unsiègecontrelesSuisseset  lesAutri-  vit  en  Egypte,  et  fut  nommé  à  son 

chiens,  réunis  sous  les  ordres  de  Tar-  retour  capitaine,  et  mis  à  la  tête  d'une 

chi-duc  Jean.  Désespérant  de  réussir  compaguie  des  grenadiers  à  cheval  de 

par  les  moyens  ordinaires  contre  des  la  garde  des  consuls,  qu'il  comman- 

forces  très-nombreuses,  il  bombarda  dait  a  la  bataille  de  Marengo.  Il  mé- 

à  plusieurs  reprises  la  ville  de  Bàle,  rita   un  sabre  d'honneur  dans  cttte 

et  caHsa  dans  cette  cité  populeuse  des  mémorable  journée,   et  devint,   peu 

perles  considérables.  Les  alliés  s'é-  de  temps  après,  chef  d'escadron,  ai- 

tant  approchés  de  la  place,  et  ayant  de- de-camp  du  maréchal  Bessières  , 

ouvert  la   tranchée  ,    Huningue    es-  et  enfin  colonel  du    cinquième  régi- 

suya  à  son  tour  un  bombardement  ment  de  hussards,   qu'il  commandait 

qui  dura   deux   jours,  et  qui  força  a  la  bataille  d'Iéna,  où  il  se  distingua 

Barbanègre  k  capituler  le  26  aoiàt.  encore  par  sa  brillante  valeur.  Mais 

La   faible    garnison   sortit  avec  les  ce  fut  son   dernier   exploit.  Atteint 

honneurs  de  la   guerre,    et   alla   se  d'un  boulet  de  canon  ,  il  expira    sur 

réunir  aux  débris  de  la  grande  armée,  le  champ  de  batail  le.  Napoléon,  qui, 

sur  la  rive  gauche  de    la  Loire  ,  à  plus  d'une  fois  avait  admiré  sa  bra- 

l'exception  des  bataillons  de  garde  voure  ,  voulait  qu'un  monument  fut 

nationale  ,  qui  en  formaient  la  plus  élevé  h  sa   mémoire,   et  il  fit  tran- 

grande  partie,  et  qui  furent  licenciés,  sporter    ses  restes  à  Paris,  où   ils 

Les    circonstances   de  ce    siège   qui  sont    restés   lon^^-temps   déposés   au 

dura  deux  mois,  ayant  donné  lieu  h  Gros-Caillou  ,  et  enfin  accordés  aux 

beaucoup    d'assertions  inexactes    et  demandes  réitérées  de  sa  famille, 

contradictoires  dans  les  journaux  de  M — d  j. 

Paris,  leSnectateur  Autrichien,  jour-  BARBAIVTANE.  Foj^.  Pv- 

nal   officiel,   les   réfuta  avec  amer-  cet,  au  Supp. 

tume,  et  traitadureraenl  Barbanègre,  BARBARIGO    (Jçaw-Fran' 

pouravoirfailbomharder inutilement  çois),  cardinal,  nnquil  h  Venise,  en 

une  place  ouverte  et  sans  défense.  Une  i658  (i),  d'une  famille  patricienne 

commission  d'enquête  ayant  été  for-  qui  a  produit   un  grand  nombre  de 

mée,  pour  examiner  sa  conduite,  dé-  personiKJges    distingués.    Placé    par 

clara  h  l'unaniinilé  ,  le  i4  septembre,  son  oncle  le  cardinal  Grégoire  Bar- 

qu'ellcélaitsansreproches.Cegénéral  barigo  {f^oy.   ce   nom,  III,  327) 

arriva  a  Paris  quchjucs  jours  après,  au  séminaire  (|u'il  venait  de  fondera 

et  cessa  d'être  employé.  11  est  mort  l^adono,  11  y  lit  des  progrès  rapides 

dans  cette  ville  le  y  nov.    i83o. —  d.ms   les  sciences  et  les  bllres.  Sa 

Son  frère  (  Jean) ,  colonil  de  cava-  naissance  lui   ouvrit  la  carrière  des 

lerio,  élail  un  des  meilleurs  ollicicrs  honneurs;  cl,. inrè.savoirrempliiliver- 

de  celle  arme.  Ses  premières  campa-  ses  (onctions,  il  lut,  malgré  .sa  grande 

gnesrurentaussi  contre  les  Espagnols,  jeunesse,  noriinié  deux  lois  ambnssa- 

puis  en  flalie  :   il  s'y  trouva  aux  ha-     — .    ..  ,    ' 

I  .:iF       A      |>-      !•      PA         I        .     I     /-.    '  (1)  Et  lion  p«»  •»  ««»7"  .  co»u«"f  *•  *•  Moi- 

failles  (le  Rivoli,  d  Arcolc  cl  de  Crc-  ci.ini  r..  dit  v^r  innarc,i..mx. 


BA.R  BAR  i3i 

àetir  II  h  cour  de  Louis  XÏV.  Ayant  par  Angiol.-Ant.  I"'al)ri,  professeur  à 
ensuile  rmbrassr  Tclal  ('cclc.siasli(|nc,  racadéiiilc  tic  l'adoiie.  Qiicl([nc  Icinps 
il  fui  fail  primicier  de  l'é^çliso  S.iinl-  après  parut  sous  ce  lllrc  ,  Àdnumis- 
Marc,  et  eu  i  697  évèijue  de  Vérone.  iniiLa    gcntis   Bnrbddicœ    addila- 
II   pas^a   de  sou  .siège  eu   171/1  sur  inciilum,  un  nouviau  .supplénitnl  de 
celui  de  Brescia.  Le  papcClémeiilXI  4-  pi-  avec  une  explicalion  par  le  P. 
le  créa  cardinal;   el   en   1725   il  fui  ]Noel  Laslcsio  ou  délia  Lasle  (^.  ce 
transféré  au  siège  èpiscopal  de   Pa-  nom,  XXIII ,  4-Ï7)-  H  est  dédié  à 
doue,  oùili»ourulle27  janvier  1730,  M"'°  Conlarina   Barbarigo  ,   dernier 
regrt'llé  surtout  des  pauvres  aux(juels  rejeton  de  celte  illustre  famille.  Celle 
il  distribuait  la  plus  grande  partie  de  dame  mourut  en  i  8o4,  à  Sanla-Ma- 
ses  revenus.  11  aimait  les  lettres,  et  ria  Zobenigo  ,  ayant  institue  son  hé- 
ne  cessa  de  favoriser   ceuK  qui  les  rilier  Marc-Ant.  Micbiel ,  patricien 
cultivaieut.    Ce  fut  a  son  invitation  de  Venise.  La  Vie  du  cardinal  Barba- 
que  fut  entreprise  V HisLoire  ecclé-  rigo  fait  parlle  des  Vitœ  ilLustrium 
siaslique  de   f^ërone.   Il  fit  réim-  virorurnseminariiPataifini,^àr,] .- 
primer  a  ses   frais  les   OEuvres  de  ^  Ferrari,  Padoue,    1816,  in-8''. 
aaint  Zenon,  Padoue,  17  10,  in-4.°;  Ou  peut  encore  consulter  Moscbini  : 
et  on  lui  doit  la  première  édition  des  Storia  délia  letterat.    venezian. 
OEuvres  ^Q  saint  Gaudeuce,  publiée  del  secol.  xviii,  II,  95.      W — s. 
par  le  P.  Gagliardi  (  Voj.  ce  nom,  BARBAULD  (Anna-Laetitia) 
XVI,  169)  (2);    enfin    le  séminaire  fille  du  docteur  Aikin,  ecclésiastique 
de  Padoue  se  ressentit  de  sa  bienfai-  et  maître  d'école  dans  le  petit  village 
sance.  Désirant  transmettre  à  la  pos-  de  Kilworlh-Harcourt  en  Leicesters- 
térilé  le  souvenir  de  ses  ancêtres,  il  Lire,  naquit  en  1743.  Douée  d'une  in- 
fit   graver  leurs    portraits  avec    des  telligence  précoce,  et  d'un  goût  très- 
vignettes  oii  sont  représentées  leurs  vit  pour  l'étude  et  pour  la  poésie,  elle 
principales     actions,     et    y   joignit  décida  son  père,   malgré  le  préjugé 
un  abrégé    de  leur  vie    en   italien,  subsistant  contre  les  femmes  savantes, 
qui    fut    traduit     eu    latin    par    le  a  lui  enseigner  le  latin  et  un  peu  de 
P.  J. -Xav.  Valcari.  L'impression,  grec.  M.  Aikin  ayant   été  appelé   à 
exécutée  avec  une  magnificence  vrai-  enseigner  dans  1  école  de  Warring- 
ment  royale,  ne  fut   terminée   qu'en  Ion,  Anna,  qui  avait  alors  atteint  sa 
1731,   deux  ans  après   la   mort   du  quinzième  année,    se   trouva   placée 
cardinal.  L'ouvrage  est  intitulé:  iVw-  dans  un  cercle  plus  étendu,   et  eut 
mismata   virorum    illustrium    ex  occasion  d'augmenter  son  instruction 
Barbadica  gente,  Patavii,  ex  ty-  dans  la  société  de  plusieurs  hommes 
pis  seminar.  j    gr.    in-fol.,   80  pi.  de  mérite,  notamment  les  docteurs 
(3);  suivant  le  P.  Moscbini  les  exem-  Enfield  et  Priestley.  La,  ses  senti- 
laircs  restèrent  entre  les  mains  des  meuts  et  sa   verve  poétique  prirent 
ériliersducardinal  jusqu'en  1760,  et  un  plus  grand  essor;  et  lorsque  son 
parurent  alors  avec  une  arf<fi7/o«  de  frère,   qui    venait   de  terminer  ses 
5  pi.  accompagnées  d'un  texte  rédigé  études  médicales,  vint  s'établir  dans 
la  petite  ville  habitée  par  la  famille 

(2)  Celte  éd.  dc';   OEuires  de  Si  Caudrrtre  n.i-         /  r/     K      ,       ,       T  VT      -r  »  K  ^       il    lo   t^voc 
rat   à   Padoue.    Comno,    in-4«  ,  en  .7.0. cl  noa  (^-  AlKlN,    LVl,    IlSj,     il  la  pi  CS- 

pas  en  1710,  comme  on  l'a  dit»  l'art,  gaoliarui.     g^  jg  faire  uu  choix  parmi  les  effu- 

(3)  Ces  planches   ont  clé   gravéts  par   Oudc-  -  1  t  J     1  t„„r,U.»-..  . 

nardc  (f^.  «nom,  ^xxii,  255).  sions  de  sa  itiusc,  et  delesretouchcr  j 

9. 


1; 


l32 


BAR 


et  il  les  livra  a  l'impression.  Ce 
mince  volume  fut  si  bien  reçu  du  pu- 
blic, que  quatre  éditions  je  suivi- 
rent presque  immédiatement  en  1773. 
Le  succès  engagea  l'éditeur  a  réunir 
les  morceaux  en  prose  sortis  de  la 
plume  de  sa  sœur  et  de  la  sienne  ; 
et  ce  recueil  {Miscellaneous  pie^ 
ces)j  pnblié  la  même  année ,  ne  fut 
pas  moins  heureux  que  le  précédent. 
En  1774.  Anna  épousa  M.  Rochemont 
Barbauld  ,  issu  de  protestants  fran- 
çais réfugiés  en  Angleterre  sous  le 
règne  de  Louis  XlV,et  qui,  devenu  peu 
de  temps  après  son  mariage  pasteiy: 
d'une  congrc'gatiou  dissidente  aPalgra- 
ve  enSuffolk,  ouvrit  dans  le  voisinage 
une  maison  d'éducation  particulière. 
Quelques  dames  qui  avaient  de  l'in- 
fluence  dans  la  société  ,  entre  autres 
mis  trissMonlague(^.ce  nom, XXIX, 
425  ) ,  auteur  de  l'Essai  sur  Shaks- 
peare,  ayantdésiré  établir  une  sorte  de 
collège  pour  les  femmes  ,  avalent  jeté 
ies  yeux  sur  Anna  pour  la  direction  de 
cet  établissement  ;  mais  elle  s'en  dé- 
fendit, et  exposa  les  raisons  de  son 
refus  dans  un  écrit  qui  a  été  conser- 
vé. Nous  y  lisons  cette  comparaison 
ingénirusc  .  «  Les  femmes  doivent 
acquérir  le  savoir  loin  du  bruit  et  de 
i'éclat.  Les  larcins  que  les  personnes 
de  notre  sexe  font  h  la  science  sont 
assujettis  a  une  règle  analogue  K 
celle  des  anciens  Spartiates  :  on  les 
tolère  seulement  lorscju'ils  sont  ca- 
chés avec  soin  ;  mais  on  les  punit,  s'ils 
paraissent,  par  une  sorte  de  flétris- 
sure. »  La  réputation  don!  M""  Bar- 
bauld jouissait  déjii  attira  en  peu 
d'années  dans  la  nouvelle  peu>iou  uu 
grand  nombre  d'enfants  parmi  les- 
cjuels  plusieurs  ont  lait  lionnenr  à 
celte  école.  L'un  (Peux,  ^V"'  Taylor, 
auteur  des  Synonymes  anglais  ,  a 
.signalé  le  talent  de  l'institutrice  pour 
former   H   la  composition   anglaise. 


BAR 

Barbauld  et  sa  femme  n'ayant  point 
d'enfants  adoptèrent,  avant  sa  deuxiè- 
meannée,  undesfilsdu  médecin  Aikin, 
et  c'est  pour  ce  petit  Charles  qu'elle 
composa  ces  leçons  destinées  a  la 
première  enfance  {Earlj  iessons) , 
qui  ont  fait  époque  dans  l'art  de  l'é- 
ducation première.  La  fatigue  et 
l'intérêt  de  sa  santé  obligèrent  M.  Bar- 
bauld, au  bout  de  onze  années  d'exer- 
cice, a  quitter  la  carrière  de  l'ensei- 
gnement. Accompagné  de  sa  femme, 
il  alla  faire  quelque  séjour  en  France 
(1785  et  1786),  puis  revint  se 
fixer  dans  le  joli  village  de  Hamps- 
tead  5  comme  pasteur  d'une  congré- 
gation peu  nombreuse.  Anna  comp- 
tait se  borner  désormais  a  soigner 
l'éducation  de  deux  jeunes  personnes^ 
mais  son  frère,  moins  indifférent 
qu'elle  a  la  gloire  littéraire,  vint  ré- 
veiller, au  nom  de  la  liberté,  la  musc 
qui  sommeillait.  Elle  écrivit  en  1790 
pour  exprimer  l'indignation  que  lui 
inspirait  le  rejet  du  billpour  le  rappel 
des  actes  de  corporation  et  de  test. 
Le  rejet  d'un  autre  bill  pour  l'aboli- 
tion du  commerce  des  noirs  lui  in- 
spira en  1791  une  épître  a  Wilber- 
force.  Quelques  autres  écrits  sur  des 
sujets  politiques  et  religieux,  plu- 
sieurs des  morceaux  composant  les 
Soirées  au  logis  ^  des  essais  criti- 
ques, imprimés  en  tète  de  belles  édi- 
tions des  Plaisirs  de  l'imagination 
d'Akenslde  et  i\es  Odes  de  Collina  , 
furenlles  Iruits  de  ses  veilles  jusqu'en 
1797.   Elle  vint   s'établir  a  8toke- 

n  de  se  rap 
!n  I  804  cil 
publia  un  choix  du  S/)ectaietir,  du 
JiahiHar(l,(\\\  Tuteur^  c\,(\\\Franc- 
tcminrirr ,  précédé  d'un  essai  con- 
tenant la  vie  ilvn  auteurs  et  i\vs  juge- 
ments sur  leurs  écrits.  Cet  essai  est 
considéré  comme  ce  qu'elle  a  produit 
de  meilleur  en  ce  genre,  i^e  carac- 


Nevvington  en  1802,  afin  de  se  ra| 
prorher  de  sou  frère.  En  180/1.  elle 


BAR 

Icrc  do  son  cspril  cl  de  ses  pensées 
avait  de  ranaloj^^ie  avec  celui  d'Addi- 
«on-  on  apcieoil  en  la  lisant  (ju'elle 
s'élait  nourrie  de  bonne   heure  de  la 
lecture  de  ces  feuilles  (jui  seinMaient 
devoir   être  et    ne   lurent  pas   t-plié- 
mères.  iM""   lîarbauld  consentit  vers 
le    même    temps   à    faire    un    clioix 
dans  une    masse   de  lettres  de    Sa- 
muel  Ricliardson   que    ses   héritiers 
venaient  de   vendre  j  elle  en   élagua 
les  deux  tiers,    et  malgré   ces   sup- 
pressions ce  qu'elle  destina  a  voir  le 
jour  (Londres,  i8o4-,  6  vol.  in-8°j 
fut  peu  goûté  du  public  5  mais  il   n'y 
eut   qu'une  voix  pour  reconnaîlre  le 
mérite  du  mémoire  biographique  et 
des  observations  crititpies  dont  l'é- 
diteur   enrichit    ce    recueil    épisto- 
laire.  L'un  des  rédacteurs  de  la  Re- 
vue d'Edinbour<r  trouve  les  observa- 
tious  de  M'"''"  Barbauld  sur  la  conduite 
et  les  caractères  des  romans  de  Ri- 
chardson  pleines  k  la  fois  de  justesse 
et  de  finesse  j  il  est  vrai  qu'il  recon- 
naît dans  cet  écrit  le  ton  emphatique 
commun  ,  dit-il ,  a  tous  les  ouvrages 
de  celle  dame  ;  mais  le  style  ampoulé 
qu'il  lui  reproche  ne  nous  a  pas  éga- 
ment  frappés  dans  celles  de  ces  pro- 
ductions qui  nous  sont  connues.  \V  al- 
ler Scott,  en  écrivant  la  vie  de  Ri- 
chardsou  dans  les  Vies  des  Roman- 
ciers, n'a  pas  cru  pouvoir  en  puiser 
les  matériaux  a  une  meilleure  source 
qu'a  cet  ouvrage,    «  écrit,   disait-il, 
«  avec  autant  de  talent  que  de  can- 
a   deur.  j)   M'"'''  Barbauld  avait  de- 
puis (quelque  temps   devant    elle   le 
triste  spectacle  d'un  époux  dont  les 
facultés     intellectuelles    s'altéraient 
graduellement;  elle  enfui  entièrement 
séparée  par  sa  mort  arrivée  en  1808. 
Elle  chercha  encore  des  consolations 
dans  la  culture  des  lettres.  Une  édition 
des  Romanciers   anglais  parut  en 
1 8 1 0  (5 0  vol.  iû- X 2) ,  avec  iiuc  iulro- 


RAR 


i53 


dnction,  et  des  notices  biograplii(jues 
et  crili(jii(',s  rédigées  ])ar  elle.  Ce  fut 
vraisemhlableincnt  sous  l'inspiration 
de  son  frère  (pi'clle  se  hasarda  l'année 
suivante  sur  un  U-rrain  souvent  dange- 
reux, en  écrivant  nu  j)oème  ,  iiililulc 
JlJil  huit  cent  onze,   le  plus  étendu 
de  ceux  (ju'ellc  a  composés.  L'hori- 
zon politique  était  sombre  alors  pour 
l'Angleterre.  Cet  ouvrage  ,  qui  pré- 
sente de  grandes  beautés,  et  dans  le- 
quel l'auteur  ]irédisait  à  son  pays  des 
malheurs  qu'il  n'a  point  éprouvés,  at- 
tira sur  elle  les  traits  d'une  critique 
outrageuse;   et    elle    en  fut   si  pro- 
fondément blessée,  qu'elle  ne  voulut 
plus  rentrer  dans   la  carrière  litté- 
raire, et  vécut  dès-lors  dans  le  cercle 
de  ses  amis  intimes  resserré  de  )Our 
en  jour.  Elle  mourut  le  9  mars  1826, 
dans  la  quatre-vingt-deuxième  année 
de  son  âge.  Anna-Lœtitia  Barbauld 
était  d'un  naturel  hienveillant,  in- 
dulgent, exempt  d'envie.  En  contact 
avec  les  femmes  auteurs  les  plus  dis- 
tinguées de  son  temps ,   elle  n'avait 
pour  elles  qu'admiration,  estime  ,  af- 
fection ;  sentiments  qui  se  montraient 
dans  sa  conversation  ,   et  que  la  pu- 
blication de  sa   correspondance   n'a 
pas  démentis,  comme  il  ai  rive  quel- 
quefois. Le  recueil  de  ses  poésies  , 
depuis  long-temps  épuisé,  et  qu'elle 
se    préparait    à    reproduire    quand 
une  critique  malveillante  la  fit  renon- 
cer k  toute   prétention  littéraire,   a 
été  réimprimé  avec  ses  écrits  en  prose, 
sous  lu  direction  d'une  de  sqs  nièces, 
Lucy  Aikin  ,   et  précédé  d'une  notice 
biographique,  1826,  2  vol.   in-8°. 
On  trouve  dans  ces  deux  volumes  des 
morceaux    tantôt    sérieux  ,    comme 
V Essai  sur  l'inconséquence  de  nos 
prétentions,  tantôt  badins  et  enjoués, 
comme    Y  Inventaire   du    mobilier 
du    cabinet    de    Priestley  ;    par- 
mi les  meilleurs  sont  dçs  essais  sur 


i34 


BAR 


V Education   et  sur  les  Préjugés. 
Dans  un  Essai  sur  les  romans  elle 
s'est  proposé  d'imiter  le  slyle  de  Sa- 
muel Jonnsoa  ,  et  elle  l'a  fait  avec 
tant  de  succès,  que  ce  littérateur  cé- 
lèbre a  avoué  que  c'était  la  meilleure 
imitation  qu'on  eu  eût   faite,  en  ce 
qu'elle  réfléchissait  la  couleur  de  ses 
pensées  non  moins  que  le  tour  de  ses 
expressions.  Tout  ce  qu'elle  a  écrit 
annonce  beaucoup  de  sagacité  ,  d'in- 
struction, un  grand  sens  j  le  style  en 
est  énergique  ,  clair  ,  éléiî^ant.  Nous 
avons  omis,  dans  le  cours  de  cette 
notice,  de  mentionner  des  Hymnes 
en  prose  pour  les  enfants ,  des  Mor- 
ceaux religieux  (Devotional  pièces), 
compilés    d'après    les   psaumes    de 
David ,  avec  des  réflexions  sur  l'es- 
prit de  religion,  sur  \t^  religions  éta- 
blies et  sur  les  sectes  (lyyô)  j  The 
Female  Speaker,  recueil  de  vers  et 
de  prose,  i8ri,  i  vol.   in-12.  On  a 
publié  en   182-7   :  â  hegacy,  etc.  , 
hegs  aux  jeunes  darnes^  parmislriss 
Barbauld ,    in-12.   Plusieurs   de  ces 
productions  ont  été  traduites  en  fran- 
çais. I.  Dieu  dans  la  nature^  hymne 
en  prose  a  l'usage  des  enfants,  1800, 
in-ia    de    4-7    pages.    IL    ï^ie  de 
Ric/iardson ,   avec   l'examen  de  ses 
ouvrages,    traduite  par  J.-J.    Leu- 
liette,    Paris,     1808,   in-8".    III. 
Simples  contes  à  l^usage  des   en- 
fants,  traduits  par  M'"*^  de  Givrey, 
in-12,  avec  fig.,  Paris,  1829.   IV. 
Les    Soirées  au   logis.  V.  Histo- 
riettes et  conversations  du  premier 
dge ,   i83/f  ,  in-  i  8.  L. 

BAllKE  (le  P.  PimiPPE),  doc- 
trinaire, naipiil  en  172^,  h  Londres, 
de  parents  français  réfugiés  tii  Angle- 
terre par  suite  de  la  révocaliurj  de 
l'édil  (le  Nantes.  Son  père,  pasteur 
de  l  égKiHe  anglicane,  étant  rentré 
dans  la  communion  romaine,  revint 
eu  f  raacc  avec  su  famille  vers  1 755. 


BAR 

Le  jeune  Barbe  obtint  «ne  bourse  au 
collège  de  Louis-le-Grand,  où  il  fit 
^t?,  études  d'une  manière  brillante  ; 
et  se  rendit  ensuite  a  Dublin,  près  de 
son  aïeul  paternel,  homme  d'un  rare 
mérite,  dont  les  conseils  et  les  leçons 
l'aidèrent  a  se  perfectionner  dans  la 
connaissance  des  langues  anciennes. 
Il  revenait  en  France  par  les  Pays- 
Bas  en  1746,  lorsqu'il  tomba  devant 
Louvain  dans  les  mains  des  Français 
qui  assiégeaient  celle  ville,  et  qui  le 
prirent  pour  un  espion.  Il  se  tira  de 
cet  embarras  par  sa  présence  d'esprit 
et  Ta  propos  de  ses  réponses.  Arrivé 
a  Paris,  il  fut  admis  dans  la  congré- 
galion  des  PP.  de  la  doctrine  chré- 
tienne, et  chargé  d'enseigner  la  rhé- 
torique successiveniient  à  Avalon  et  à 
Vitry-le-Francais{i).  Après  la  sup- 
pression des  jésuites ,  il  fut  nommé 
principal  du  collège  de  Langres;  mais 
ses  supérieurs  l'envoyèrent  bientât  à 
Chaumont  avecle  double  titre  de  pré- 
fet des  études  et  de  professeur  de 
belles-lettres.  Il  avait  pour  confrè- 
res le  conventionnel  Jacob  Dupont 
et  Manuel  devenu  si  célèbre  comme 
procureur  de  la  commune  de  Paris 
{Mémoires  de  Lombard  de  Langres, 
I,  ch.  i").  La  réputation  dont  jouis- 
sait le  P.  Barbe  ne  pouvait  manquer 
d'attirer  II  Ch;iumont  un  grand  nom- 
bre d'élèves.  Ses  Inleiils,  relevés  en- 
core par  sa  douceur,  par  sa  piété,  par 
son  infatigable  patience,  le  faisaient 
chérir  de  tous  le>  jeunes  gens  ;  et  de 
loui  ceux  qui  avaient  eu  occasion  de 
suivre  ses  le(;oiKs,il  n'en  était  pas  uu 
qui  ne  conservât  la  plus  profonde  vé- 


(1)  Il  pas.sa  j)lu«:i«'iirs  niin«Ts  «l.ins  critr  dcr- 
niùrc  vilii-  ut  y  \n\U\\a\c  i^unutl  tt»s  rhmoncwu, 
ou  lllifloriqtie  mnUfiif  ,  I7>t)  «t  «76»,  iil>i3, 
i-iMrii|iriii)i<  à  l'nns,  i-f>\,  2  vol.  în-u-  (  rt  «u- 
vra};<-,  <|it''  Ikirbier  lui  a(\r)l)ur  Avv<-  «loulr,  l'^t 
biin  n-tlIciiK  ni  ilr  lui  :  il  finit  .111  iioiiilirt'  des 
livros  rUs»ii|iii*A  ilai)^  lixii  l»*  <'oU«''>;«-i  ilrs  «I<k-- 
triiiairv.i,  couinn'  la  Ki-aïuuMirc  U«>  ii^uirr^'ue  ijui 
avttil  auisi  «5lf  ilucttiuiiiro.  A— i. 


BAll 

n^ralion  pour  ce  (li:;nc  inaîlrr.  Ap- 
pelé  piU"  SCS  supcru'iirs  à  Pans,  en 
1785,   il    laissa  sa    biMiotlircjue   à 
Chauiuonl  pour  (pie  les  écoliers  pus- 
sent continuer  à  s'en  servir.  Depuis 
«puhpies  années   il  jouissait,   sur  la 
cassette  de  la  reine ,  d'une  pension  de 
800  livres^  mais  il  u*en  avait  jamais 
employé  la  moindre  partie  pour  ses 
besoins.  Dès  (pi'il  la  touchait,  il  s'em- 
pressait de  la  distribuer  aux  pauvres. 
i)ur  liuvitalion  de   l'arclievèquc    de 
Paris,  M.  de  Juigné,  il  se  rendit  au 
mont  Valérien  pour  y  travailler  a  la 
révision  des  ouvrages  des  Pères  grecs, 
dont    une    société     d'ecclésiastiques 
préparait,  sous  la  direction  du  prélat, 
une  traduction  française  (J^.  P. -Th. 
Lambert,  auSupp.)^  mais  celte  lâche 
était   au-dessus    de    si^s    forces,   et 
il  revint  épuisé  de  fatigues  dans  la 
maison  de  Saint-Charles,  chef-lieu  de 
sa  congrégation ,  a  Paris.  Son  nom 
était  inscrit  sur  la  liste  des  prêtres 
qui  devaient  être  arrêtés  la  veille  des 
massacres    de     septembre.    Manuel 
l'ayant  su ,  l'envoya  chercher  par  uu 
de  ses  agents  pour  le  mettre  en  sû- 
reté. Le  P.  Barbe  ,  échappé  comme 
par  miracle  au  fqr  des  assassins  ,  erra 
pendant  plusieurs  jours  dans  les  rues 
de  Paris.  Boucheseiche  ,  son  ancien 
élève,  l'ayant  trouvé  sur  une  borne, 
le  recueillit  d  .:is  sa  maison;  mais  le 
P.  Barbe  craignant  de  -eomproraellre 
son  hôte  sortit  de  chez,  lui  et  fut  arrêté 
par  des  gens  de  police,  qui  le  condui- 
sireiil  a  la  commune  auprès  de  Ma- 
nuel, Cet  homme  ,  qui  u  était  pas  na- 
turellement cruel,  lui  rerail,    avec 
l'argent  nécessaire  pour  son  voyage  , 
un    passeport    où   se  trouvaient   ces 
mots  :  honneic  homme  quoique  prê- 
tre ;  et  il  le  Qt  conduire  hors  des  bar- 
rières.  A  son   arrivée  a  Chaumont  , 
Barbe  reçut  d'un  de  ses  anciens  élèves 
l'accueil  le  plus  tendre  5  mais  en  vain 


BAR 


135 


tous  les  soins  lui  furent  prodigués.  Lo 
coup  était  porté;  et  il  expira  le  8 
octobre  i  792,  à  l'àgc  de  69  ans.  On 
a  du  P.  li.nbe  ;  L  Fables  nouvel- 
les ,  divisées  en  6  livres  (sans  nom 
d'auteur  ),  Paris  ,  1^62  ,  in-12; 
2®  édition,  dédiée  à  raadame  la 
Dauphinc,  Paris  1770,  in-12.  IL 
Fables  et  contes  philosophiques  , 
ihid. ,  1771,  in-12.  Ces  deux  vo- 
lumes sont  rares  (2).  On  y  distin- 
gue :  L'Origine  des  fables  ,  la 
Précipitation,  les  deux  Intérêts , 


la  Mort  de    Turenne ,    etc. 


qui 


sont  dans  la  mémoire  des  ama- 
teurs. Outre  une  foule  de  jolies 
pièces  de  vers,  il  a  laissé  manu- 
scrits des  Préceptes  de  rhétori- 
que ^  des  discussions  littéraires , 
etc.  Le  P.  Barbe  comptait  au  nom- 
bre de  ses  élèves  des  hommes 
très-distingués,  entre  autres  le  célè- 
bre d'AnssedeVilloison.  Lombard  de 
Langres,  qui  fut  aussi  de  ce  nombre, 
a  parlé  de  lui  avec  beaucoup  de  sen- 
sibilité dans  ses  Mémoires.  L'abbé 
Mathieu  (  V.  ce  nom,  au  Supp.  )  a 
publié  :  Notice  sur  le  P.  Barbe , 
Chaumont,  in-8°  de  8  p.,  extrait 
d'un  annuaire  de  la  Haute-Marne. 
D — B — s  et  W — s. 
BARBEAU-DUBAURAN. 

V^OJ^.   DUBARRAN  ,   BU  Supp. 

BARBEDETTE-CUERME- 
LAIS  (  Joseph-Jea>'),  né  au  vil- 
lage des  Faujheries,  sur  la  paroisse 


(2}  Los  tltux  recueils  de  Barbe  contiennent 
207  fables  ,  y  compris  celle  qui  forme  la  rlédi- 
cace  du  second  ,  a'Iressée  au  coiiiie  de  Bourbon- 
Busset.Qu.ilorzefablfS  sfulemeiit  ont  été  insérées 
dons  le  hablier  français  de  Hérissant  et  Lottin  ; 
quelnue?  autres,  dont  deux  inédites,  ont  été  re- 
cueillies dans  \c  FuL/ier  i/e  Hereriger,  le  Nouveau. 
Fabli'i-  français,  etc.  Les  fubU"!  de  Barbe  se  dis- 
tinguent par  le  naturel  ,  le  but  ninral  et  la  con- 
cision. A  la  fin  de  son  deuxième  recueil,  il  a 
phicé  une  table  pipbabétiqne  des  matières  de 
morale  qu'il  a  nli^es  en  apologues ,  melbodo 
qu'il  a  perfectionnée  d'après  un  essai  de  Gro- 
zeilier  ,  et  adoptée  depuis  par  Lebailly  (f.  c« 
nom  ,  aa  Snpp.).  A— t. 


i36 


BMl 


de  Louyigné-du-Désert  (  départe- 
ment d'Ille-et-Vllaine) ,  le  1 1  octo- 
bre 1784?  étudia  successivement  a 
Fougères,  a  Rennes  et  à  Paris.  Apres 
avoir  terminé  son  cours  de  droit  qu'il 
était  venu  suivre  daus  cette  dernière 
ville,  il  exerça  pendant  quelque  temps 
la  profession  d'avocat  avec  beaucoup 
de  SBCcès,  et  se  fit  aussi  une  réputa- 
tion par  nn  Traité  des  attributions 
des  Juges  de  paix ,  Paris  ,  i  8 1  0  , 
in-8°.  Les  circonstances  le  conduisi- 
rent alors  a  accepter  une  place  de 
sous-chef  dans  Tadrainistration  de  la 
guerre;  mais  son  goût  pour  les  matiè- 
res judiciaires  lui  rouvrit  bientôt  une 
carrière  qu'il  n'avait  quittée  qu'a  re- 
gret. Il  montra  aussi  dans  ce  temps- 
là  du  goût  pour  les  composi- 
tions dramatiques;  mais,  à  en  juger 
par  quelques  essais,  ce  n'était  pas  sa 
vocation.  11  renonça  donc  au  culte 
des  muses ,  et  se  livra  tout  entier  a 
l'étude  de  la  jurisprudence.  Après  la 
restauration  ,  les  députés  de  son  dé- 
partement ,  auxquels  se  joignit  un 
magistrat  qui  lui  portait  beaucoup 
d'intérêt  ,  Favard  de  Langlade,  le 
présentèrent  au  ministre  de  la  justice 
pour  la  place  de  président  du  tribu- 
nal civil  de  Fougères,  et  il  y  fut  nom- 
mé lors  de  l'organisation  des  tribu- 
naux ,  en  1816.  Dans  ces  fonctions 
importantes,  Barbcdette  se  fit  beau- 
coup d'Iiouncur  par  son  assiduité  et 
par  ses  lumières,  llconlinuanéanmoms 
a  concourir  au  Hcpcrtoirc  de  la 
nouvelle  législation  ,  etc.  ,  publié 
par  Favard  de  Langlade.  On  peut 
Yoir  ce  qu'en  dit  ce  magistrat  dans 
«a  préface,  lîarbcdelte  peut  inêmr 
ti\  être  regardé  comme  Taiitcur,  vu 
la  part  principale  (pi'il  eut  à  la  com- 
position cl  h  la  rédaction.  Une  mala- 
die de  langueur  ,  occasionée  ou  ag- 
gravée par  une  application  trop  con- 
tinue, abrégea  les   jours  de  Barbc- 


BAR 

dette.  Son  neveu,  le  docteur  Riban, 
le  fit  venir  a  Louvigné-du-Désert  pour 
lui  prodiguer  ses  soins  j  mais  tout 
fut  inutile.  Il  mourut  au  village 
du  Planty  ,  le  :28  janvier  1826. 
B — D — E. 

BARBERI  (François),  né 
'a  Rome,  vers  le  milieu  du  18^ 
siècle,  se  livra  dès  sa  jeunesse  a  une 
étude  approfondie  des  lois  romaines  ; 
et  devint  sous  le  règne  de  Pie  Yl , 
procureur  fiscal  ,  c'est-a-dire  char- 
gé d'instruire,  de  poursuivre  et  à 
peu  près  de  juger  toutes  les  espèces 
de  crimes  commis  dans  les  états  de 
réglise.  Il  jouissait  d'une  grande 
réputation  de  probité  et  de  savoir. 
Chargé  de  suivre  le  procès  du  fameux 
Caglioslro,  il  le  fit  condamner  aune 
détention  perpétuelle.  Il  publia  en- 
suite, sur  l'affaire  de  Bassville  {P^.  ce 
nom,  III,  509  ,  et  Aintonelli,  LVI, 
371),  une  brochure  où  il  prouva  que 
l'on  ne  devait  attribuer  sou  assassinat 
qu'a  l'effervescence  populaire.  En 
1799  les  Français  arrêtèrent  Barbe- 
ri,  et  lui  firent  subir  de  fort  mauvais 
traitements;  mais  il  ne  voulut  ni  prêter 
le  serment  qu'on  exigeait  de  lui,  ni 
reconnaître  la  nouvelle  autorité 
Persécuté  avec  acharnement,  il  ré- 
sista a  toutes  les  menaces.  Comme  il 
mourut  sur  la  paroisse  de  Sl-Louis 
des  Français  ,  ou  plaça  sur  son 
tombeau  une  épitaphe  (pii  rappelait 
les  mauvais  traitements  (|u''il  avait 
reçus-  mais  la  pruilcnce  tles  admi- 
nistrateurs (\vs  établissements  ap- 
parlenant  à  la  France  fit  ellacer 
ces  récriminations.  On  doit  regret- 
ter (pie  Barberi  n'ait  pas  laisse  des 
observations  sur  les  lois  crinunriles 
alors  en  usage  il  Rome  ,  et  dont  I  é- 
Indr  lui  était  si  familière.  /. 

ItAUltlÉ    1)1     MOCAGE 

(  Je\n-I)enis)  naquit  ii  Paris,  le  28 
avril  1760,  d  une  aucic^ue  fauiillo, 


BAR 

originaire  deNoriuaiuîic.  Il  annonça 
de  bonne  henre  un  goùl  décidé  pour 
les  sciences  j^ooi^rapliitjues.  Au  sortir 
du  collège  IMazarin  ,  où  il  avail  fait 
d'excelleules  éludes,  il  se  présenta 
chez  rillustre  d'AuNilIe  ,  fort  vieux 
alors  ;  il  eu  lut  parfaitenieul  accueilli, 
deviul  sou  disciple,  et  ne  tarda  pas  li 
être  connu.  Choiseul-GoufTier  lui 
confia  les  caries  et  plans  de  son  \oya- 
ge  piltoresi[ue  de  la  Grèce,  el  l'abbé 
Barlliéleniy ,  qui  Tavait  placé  en 
1780  au  cabinet  des  médailles  ,  l'at- 
las d'Anacharsis.  Ce  grand  travail 
parut  en  1789,  et  fonda  la  réputation 
de  son  auteur.  Pendant  la  tourmente 
révolutionnaire  ,  la  géographie  an- 
cienne dut  rester  silencieuse.  Bar- 
])ié  du  Bocage  fut  arrêté  comme 
suspect,  et  perdit  sa  place  a  la  bi- 
bliothèque du  roi.  Nous  le  retrouvons 
en  1797  attaché  au  bureau  du  cadas- 
tre, et  eu  1802  au  dépôt  de  la  guerre, 
oii  il  fut  chargé  de  la  carte  de  la  Mo- 
rée,  qui  ne  vit  le  jour  que  long-temps 
après(i).  En  181  o,il  publia  la  grande 
carte  de  la  Grèce,  de  ses  colonies  et 
de  ses  conquêtes,  qu'on  peut  regarder 
comme  le  complément  de  l'atlas  d'A- 
nacharsis. Vers  le  même  temps  ,  il 
fut  employé  par  INapoléon  a  la  rédac- 
tion d'une  suite  de  cartes  et  de  mé- 
moires surles  expéditions  desRomains 
en  Asie  ,  et  notamment  dans  l'Inde. 
Barbie  du  Boca'j;e  était  alors  mem- 
bre  de  Tinslitut,  d'un  grand  nom- 
bre d'académies  ,  et  professeur  de 
géographie  a  la  faculté  des  lettres  de 
l'académie  de  Paris,  dont  il  fut  uom- 


(i)  En  i8o3  il  fut  nommé  géograiihe  du  mi- 
nistère des  relations  extérieures;  eu  i8o6  mem- 
bre de  l'iiiitilut  (3'  classe),  en  remplaceiiienL 
d'Anquclil,  el  (barge  la  même  année  de  la  di- 
reclion  de  la  grande  tarie  de  Franic  pour  les 
ponls-el-cbaussecs  ;  membre;  de  l'académie  de 
Florence  en  1807,  et  de  la  Société  royale  de  Ga-t- 
tiiiguc,  en  1808;  il  fut  nommé  en  i8o<),  |)rofesseur 
à  la  faculté  des  lettres  de  l'académie  de  l'aris, 
el  memJjic  de  l'iaslilut  de  llollauiic.        A— x. 


BAH 


'37 


me  doyen  en  i  8  i  ^.  Il  est  peu  d'ou- 
vrages inar(piants  pendant  une  période 
de  (piaranle  années,  pour  lescpuls  il 
n'ait  comj)osé  des  cartes  ou  des  plans 
lopographi(jues,  accompagnés  d'ana- 
lyses ou  de  mémoires.  Dévoué  tout 
entier  aux  progrès  de  la  science  qui 
avait  occupé  sa  vie,  Barbie  du  Boca- 
ge fut  en  i8:ii  un  des  fondateurs 
de  la  société  de  géograj)liie  dont  il 
eut  deux  fois  la  présidence.  Il  était 
dans  sa  destinée  de  finir  sa  carrière 
par  l'ouvrage  même  qui  avait  com- 
mencé sa  réputation.  Après  la  mort 
de  Choiseul-Goufîier  ,  il  se  chargea 
de  terminer,  de  concert  avec  M.  JLe- 
Ironne,  le  voyage  pittoresque  de  la 
Grèce.  Ou  lui  doit  toute  la  géogra- 
phie ancienne  du  second  volume  : 
ce  fut  son  dernier  travail.  Après  une 
maladie  de  3 /i  jours,  il  fut  enlevé  a  la 
science  ,  le  28  décembre  1826.  La 
Grèce  ,  ses  colonies  et  ses  conquêtes 
furent  les  terres  de  prédilection  de 
Barbie  du  Bocage.  L'atlas  d'Ana- 
charsis est  sans  contredit  son  meilleur 
ouvrage  ;  il  a  fait  faire  un  pas  h  la 
partie  topographique  de  la  science  : 
Ce  fut  une  heureuse  et  savante  ap- 
plication de  ''érudition  classique  a 
l'ancienne  géographie.  Toutefois  , 
l'école  de  d'Anville,  a  laquelle  ap- 
partenait Barbie  du  Bocage,  a  été 
dépassée  sous  le  point  de  vue  de  la 
criti(jue  rationelle,  qui  ne  se  borne 
pas  aux  textes  seuls  pour  l'identité  des 
localités,  mais  qui  demaudeaThistoire 
religieuse  et  morale  des  peuples  et  à 
l'ethnographie  des  témoignages  encore 
plus  certains.  C'est  aussi  h  la  géogra- 
phie mathématique  perfectionnée  des 
modernes,  qu'il  appartient  d'éclai- 
rer d'une  lumière  nouvelle  les  des- 
criptions des  auteurs  anciens,  et  à 
indiquer  rcmp'accracnt  des  villes  dé- 
truites et  des  localités  incertaines. 
Les  ouvrages  de  Barbie  du  Bocage 


isa 


BAB 


*ont  Bombreux  :  voici  les  principaux  : 
I.  Urbis Mytileni  spécimen  vêtus. 
r—Urbis  Halicarnassi  spécimen 
vêtus, — Mileti  vicinia  variistem- 
poribus,  pour  le  i  ^*  vol.  du  Voyage 
pittoresque  de  la  Grèce,  1782.  IL 
Atlas  pour  le  Voyage  du  Jeune 
Anacharsis^  Paris,  i  788-I789,ia- 
4•".  Dans  la  nouvelle  édition  in-fol. 
publiée  en  1799,  on  remarque  de 
nombreuses  corrections  :  l'analyse  est 
entièrement  refaite.  III.  Cartes  et 
notices  pour  le  Mémoire  de  M.  de 
Ste-Croix  ,  sur  le  cours  de  t A- 
raxc  et  du  Cyrus. — Essai  sur  la 
bataille  de  Cunaxa,avec  un  plan. 
JV.  Carte  pour  la  Retraite  des  dix 
mille  de  Xénophon,  pour  les  Mé- 
langes de  géographie  de  M.  de 
Fortia.  V.  Carte  de  l'île  de  Crète 
et  an.  pour  les  anciens  gouverne- 
ments fédératifs  de  M.  de  Ste-Croix. 
VI.  Carte  de  la  Scjthie,  de  t E- 
gypte,  etc.,  pour  la  Irad.  du  Traité 
des  airs,  des  eaux  et  des  lieux  du  doc- 
teur Coray.  YII.  Notice  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  d^  Anville , 
Paris,  1802,  I  vol.  in-S».  Cette 
Notice  a  été  attribuée  aussi  a  M.  de 
Manne.  VIII.  Carte  semi-topogra- 
plù(]uedclaMorée,  1807,1  feuille. 
Cet tf  carte  terminée  eu  1807  n'a  paru 
que  long-temps  .nprès.  IX.  Cartes 
des  marches  d'Alexandre  et  ana- 
lyse ;  plan  de  Tyr  ;  de  Thèbes  en 
Hvolie  ;  essai  sur  la  topographie 
de  cette  ville  (  pour  l'Examen  Aa 
historiens  d'Alexandre,  de  M.  de 
Sle-CroLx).  A.  t)i<^crs  plans  pour 
le  Voyage  de  M.  Pouqueville,  en 
Morée  ,  fie.  AI.  Carte  de  la  na^'i- 
galion  intérieure  dune  partie  Je 
la  Russie  européenne ^  1*.  ii;>,  a 
l3  (  i8o5  ).  AH.  Traducliim  des 
voyagt's  de  Chandler  dans  T  .1- 
sie-Mt/u'ure.  Paris,  1806.  j  vol. 
ia-S9.   XiU  (eu    ftociélé  avec    M. 


BAR 

l'abbé  Servois).  Notice  sur  un  ma-r 
nuscrit  de  la  bibliothèque  du  prince 
de  Talleyrand ,  1807.  Barbie  du 
Bocage  cherche  à  établir  que  la  côte 
orientale  de  la  N  ^-Hollande  a  été 
reconnue  par  des  Portugais  en  i525. 
XIV.  Plans  d'une  partie  de  l  ile 
de  CerigOy  de  l'île  de  Tine  (pour 
le  Voyage  de  M.  Castellanet  de  Za- 
lony).  XV.  Carte  générale  de  la 
Grèce  ,  Paris,  i8jo.  Celte  carte 
forme  le  i*^*"  n°  qui  manquait  à  la 
nouv.  édit.  du  Voyage  d'Auacharsis, 
imprimée  par  Didot  jeune^  en  1799. 
XVI.  U Hellespont  et  tîle  de  Les- 
bos  pour  le  Thucydide  de  Gail. 
XVU.  Partie  septentrionale  de 
V Inde  pour  les  lîidiques  d'Arrien. 
XYIII.  Précis  de  géographie  an- 
cienne (  imprimé  k  la  suile  de  l'a- 
brégé delà  géographiede  Pinkerton, 
édit.  de  181 1  ).  XIX.  Cartes  histo- 
riques de  l'état  de  l'Inde  en  1 6o5, 
en  l'jo'j ,  en  1812,  pour  les  mo- 
numents de  ITndoustan  ,  décrits  par 
Langlès.  XX.  Carte  de  l'Es/)agne 
ancienne^,  pour  les  classiques  de  Le- 
maire.  XXI.  Carte  de  la  Grèce 
moderne ,  pour  le  Voyage  de  M.  de 
Pouqueville,  1 821.  XXII.  Mémoi- 
res sur  jEnoé,  Phylé  etEleuthe-  , 
res,  pour  la  lopograpJiie  de  la  ba- 
taille de  Platée  ,  de  M.  Spencer 
Slauhope.  XXllI.  Plans  topogra- 
phiques et  itinéraires  de  Constant 
tinoffle,  du  Jiosphore,  elc,  pour  le 
VoyagepillorcsquedeM.  ]Melling(a). 
XXlV.  Toute  la  partie  géogra- 
pluque  du  voyage  pittoresque  de 
lu  Grèce  ,  de  AI.  de  Choiseul. 
Barbie  du  Bocage  a  inséré  plusieurs 
niénioires  ,  disserlalious  el  notices 
dans  le   iVlémorial  tojiograpbitjue    et 


(' 


'»)  Hyihié  A\\  Ilorap;»'  »■•  M'rtit  «lu  tavnnt  tM- 
vnit  fait  nar  lo  pémral  Audn'i>!««i  |Mml(ml  m>ii 
ninhiiH.><n(U  ù  Conslniitinopl*'.  «*«'  '!"'  ••ii-ila  uiia 
rcclniiialioii  ("aile  j'ur  c«  clmuor  «lnii>  U-s  feuil- 
les pabliqari.  V— v«. 


BAR 

mililniro,  dans  h  Ma};asin  wicydopt^- 
di(|iJe,  (laus  \c  Hiillrlin  dv  la  soriclc 
de  j^cograpliio  ,  de.  11  a  laisse  iuc- 
dils  ou  uiiUiuscnls  plusieurs  cartes  et 
m<?inoir('S,  entre  lesquels  ou  reinar- 
f{ue  ceux  sur  la  plaine  d'Arg()s,sur  les 
cxpédilioiis  en  Asie  de  Lucullus,  de 
Porap<?e,  de  Crassus,  sur  la  longueur 
du  mille  l'Hiain,  etc.  (3).  L — Il — E. 
ItAKUlEK  (A>toine-Alexan- 
I>»e),  célèbre  bibliographe,  né  le 
II  jauvier  1765,  h  Couloramicrs  , 
termina  ses  éludes  en  1 782  au  collège 
de  Meaux  ;  et,  ayant  embrassé  l'état 
ecclésiastique  ,  remplit  successive- 
ment les  fonctions  de  vicaire  à  Acy, 
à  Damuiarlin  cl  à  la  Ferté-sous- 
Jouare,  dont  il  fut  nommé  curé  en 
1 79 1  par  les  électeurs  du  district  de 
Meaux.  En  1793  il  renonça  à  la 
prêtrise,  et,  après  le  concordat  de 
1801,  il  obtint  du  pape  un  bref  qui 
le  rendit  a  l'état  séculier  et  lui  per- 
mit de  se  marier  e-n  face  de  l'Eglise. 
Son  goiit  pour  les  livres  s'était  dé- 
veloppé pendant  son  séjour  au  sé- 
minaire de  Saint-Firrain  ;  et  il  sentit 
le  te^in  de  se  f armer  de  bonne 
heure  une  bibliothèque  pour  ses 
éludes  et  pour  ses  travaux.  Dès 
1789  Barbier  s'occupait  de  ras- 
sembler des  matériaux  pour  complé- 
ter la  BibliotJièque  d'un  homme 
de  goût  et  les  Dictionnaires  his- 
toriques de  Ladvocat  et  de  D.  Chau- 
don.  Il  revint  a  Paris  en  1794^  pour 
entrer  a  l'école  normale  comme  élè- 
ve envo^éparle  département  de  Seine- 
et-Marne.  Peu  de  temps  après  il  fut 


(3)  Plasieurs  savants  et  hommes  de  leltres, 
collègues  ou  amis  de  Barbie  du  Boc;>£;i',  ont 
prononcé  à  ses  funrrnilles,  ou  publié  postéiieu- 
remfi.t  des  discours  et  de->  notices,  pour  donner 
de  louchants  rcj,'rets  et  de  justes  éloges  aux  ver- 
tus privées  de  ce  savant.  I.cs  discours  imprimés 
sont  de  MM.  leniaire,  Walckenaer.  ()urozoir, 
Bottin,  Letronue,  Kmeric-David  et  Jomard.  Li  s 
notices  sont  de  M.  La  Renaudière,  auteur  de  cet 
article,  et  de  M.  Dacier.  A— t. 


BAR  139 

nommé  membre  de  la  coinnjîs.sion 
teiii|)()raire  des  arts,  cl,  eu  celle  (jua- 
lité,  chargé  de  réparlir  entre  l(;s  dif- 
férentes bibliothèques  de  Paris  les 
livres  entassés  pendant  les  premières 
années  de  la  révolution  dans  dtîs  dé- 
pôts oii  le  moindre  risque  qu'ils 
courussent  était  de  se  délé;riorcr. 
Dans  l'examen  que  Barbier  fit  de 
ces  dépôts,  il  eut  le  bonheur  de 
découvrir,  parmi  les  livres  de  «Quer- 
beuf  (  F.  ce  nom ,  XXXVI ,  2.86  ) , 
le  recueil  des  Lettres  de  Huet,  qui, 
sur  sa  demande ,  fut  envoyé  à  la  bi- 
bliothèque nationale,  et  la  collection 
complète  des  manuscrits  de  Fénelon, 
qui,  restitués  d'abord  à  ses  héritiers, 
font  aujourd'hui  partie  de  la  biblio- 
thèque du  séminaire  de  Sjiint-Sul- 
pice  et  ont  été  si  utiles  au  cardinal 
de  Bausset  pour  la  publicat  ion  de  ses 
intéressants  écrits  {V.  Bau.'sset,  dans 
ce  V  ol.  ).  Chargé  par  Françoiis  de Neuf- 
cbàteau  {F.  ce  nom ,  au  iSupp.)  de 
composer  une  bibliothèque  pour  le 
directoire,  Barbier  en  fut  nommé  le 
conservateur.  Après  le  i2!  brumaire 
il  devint  bibliothécaire  du  conseil 
d'état;  et  en  1807  i^  remplaça  Ri- 
pault  {F.  ce  nom,  au  Supp.)  com- 
me bibliothécaire  particuliier  del'em- 
pcreur  (  i  ) .  Malgré  les  de^/oirs  que  lui 
"^■^— — — "^— ^■— — — — ^— — .— ^— ^.  "  « 

(i)  Les  nouvelles  fonctions  de  Barbier  le  rap- 
prochaient souvent  de  la  personne  de  Napoléon. 
C'était  pendant  ou  après  son  dincr  qu'il  le  fai- 
sait appeler,  et  alors  le  bibliotliécaire  lui  pré- 
sinlait  les  publications  nouvelles,  ainsi  que  les 
livres  envoyés  en  hommage  par  les  auteurs. 
—  Pendant  les  campagnes  ,  Barbier  fais-nit 
parvenir  par  les  estafettes  les  nouveautés 
avec  les  analyses,  et  les  jugements  qu'il  en 
jiortait.  Souvent  Napoléon  chargea  son  biblio- 
thécaire de  lui  faire  des  rapports  sur  divers 
points  d'hirt'ire,  et  quelquefois  sur  des  matières 
velig  euscs.  Il  lui  fit  demander,  snitpar  les  se- 
crUaires  de  son  cabinet,  soiï  par  le  duc  de 
Frioul,  des  mémoires  ou  des  notes  sur  l'église 
gallicane,  sur  la  tiare  et  sur  son  origine  ;  s'il  r 
avait  des  exemples  d'empereurs  qui  eussent  suspen- 
du ou  déposé  des  papes;  sur  Le  procès  des  tem- 
pliers, sur  celui  de  fJnlilee;  stir  les  campagnes 
qui  oui  eu  lieu  vers  l'Kuphra te  contre  les  Par- 
tbes  dtipuis  celle  de  Crassus  jusqu'au  VIll* 
siècle;  sur  différents  auteurs  (jrecs  et  latins  non 


i4o 


BAR 


imposaient  ses  diverses  fonctions ,  et 
qu  il  remplissait  consciencieusement, 
Barbier  trouva  le  loisir  de  publier 
plusieurs  ouvrages  qui  lui  assurent 
un  rang  parmi  les  bibliographes. 
Laissant  à  ses  doctes  confrères , 
les  Mercier  de  Saint -Léger,  les 
Rive  5  les  Laire,  les  Chardon  de 
la  Rochette,  etc.,  le  soin  d'éclaircir 
les  origines  de  l'impriuierie ,  d'en 
illustrer  les  premières  productions , 
et  d'indiquer  aux  riches  amateurs  les 
livres  rares,  dignes  de  figurer  dans 
leurs  cabinets ,  il  préféra  tourner  ses 
recherches  vers  les  ouvrages  vrai- 
ment utiles.  La  publication  du  cata- 
logue du  conseil  d'état  le  fit  avanta- 
geusement connaître  de  toutes  les 
personnes  qui  cultivent  la  bibliogra- 
phie. Depuis  plusieurs  années  il  re- 
cueillait des   renseio-ncments  sur  les 

D 

auteurs  anonymes  j  mais,  instruit  que 
son  confrère  Van-Thol  s'occupait  de 
recherches  du  même  genre ,  il  crai- 
gnit de  le  priver  du  fruit  qu'il  pou- 
vait attendre  de  son  travail ,  et  se 
contenta  d'exprimer  le  désir  qu'il  en 
lit  jouir  promptement  le  public.  La 
délicatesse  de  ce  procédé  n'ayant  pas 
décidé  Van-Tholli  faire  paraître  l'ou- 
vrage (|u'il  promettait  depuis  si  long- 
lenq)s(A^.VAN-THOL,auSupp.),l)ar- 
i)ier,mit  au  jour,  en  1806,  les  deux 
premiers  volumes  du  Diclionnairc 
dcsanoiiy  nu'Sy  avec  un  discours  pré- 
liminaire dans  le(piel,  après  avoir  ren- 
du compte  de  l'objet  de  son  travail 
et  des  soins  ([u'il  lui  a  coûtés,  il  cite 
avec  autant  de  candeur  que  de  mo- 

trailuils  ou  dont  il  n'rxi.tti;  «|uo  <1«»  Iraduciions 
siiraniii'<'8.  etc.,  v.U\  J'ai  r<'iiiiir<|ii<-,  ru  luinou- 
riinl  la  coriTUpuiulaïK-d  ilt-  MM.  Kaiii,  Mcmm- 
val  et  Duroc,  «jur,  (laii!i  la  (.-aiii|)af,'ii<- (l'lvs|ia(;iic 
(1808),  l'(uii|)(i'cur  fai>ail  driiiundcr  avir  inn- 
luiM  <•  Ick  iMrmoire.t  de  t'avait;  ft  «lu'à  Moscou,  il 
prc.Hiait  l'invoi  de  i/url</iici  bout  roma:i.i,  iloiit 
devuiriit  .lie  clmrjfi'.H  U-s  aiiditour.s  parLinl  tous 
le:t jeudis  <!<•  l'oris:  var,  rcrivail  M.  <lo  Memiival, 
nous  avons  ilr,  niumcitti  tit  iotsir  yu'i/  u'eU  pas  ituc 
fie  içmplir  <tj.  V«»vk. 


BAR 

deslie  tous  les  savants  dont  il  avait 
reçu  des  secours.  Personne  ne  sentait 
mieux  que  Barbier  que  son  ouvrage 
était  susceptible  de  nombreuses  amé- 
liorations j  et  il  invita  les  littérateurs 
à  lui  faire  part  des  erreurs  qu'ils  re- 
marqueraient pour  les  corriger  dans 
un  supplément  ou  dans  une  nouvelle 
édition.  Mais,  s'il  appelait  la  critique 
bienveillante  a  l'aider  de  ses  lumiè- 
res ,  il  n'était  pas  disposé  a  souffrir 
patiemment  les  attaques  mal  fondées; 
et  l'abbé  Guairird  ,  ayant  publié 
dans  le  Mercure,  sur  le  Diction- 
naire des  anonymes  ,  des  articles 
moins  solides  que  piquants  ,  Barbier 
lui  répondit  avec  une  vivacité  qui 
dut  surprendre  ceux  qui  connais- 
saient la  douceur  habituelle  de  son 
caractère  (2).  Aux  matériaux  qu'il 
recueillait  depuis  vingt  ans  pour  per- 
fectionner les  dictionnaires  histori- 
ques, il  avait  eu  le  bonheur  de  réu- 
nir les  notes  de  l'abbë  du  Masbaret 
{V.  ce  nom  ,  XXVII,  34^5),  renfer- 
mant une  foule  d'articles  échappés 
aux  différents  éditeurs  et  continua- 
teurs de  Moréri.  Les  éditeurs  de  la 
Biographie  unii>ersellc  pensèrent 
((u'il  serait  utile  d'attacher  à  la  rédac- 
tion de  cet  ouvrage  un  biographe  si 
distingué  j  et  ils  lui  tirent  des  pro- 
positions qu'il  accepta  d'abord  :  mais 
il  voulut  ensuite  être  le  maître  de 
donner  à  cette  entreprise  la  direction 
(ju'il  lui  convienilrait,  et  les  éditeurs 
ne  crurent  pas  devoir  souscrire  a  de 
telles  concilions.  Dans  le  même  temps 

(ï)  I.»  Hipome  ilr  Itui-àirr,  l'aris,  i8o7,itl-S'' 
<lv  jS  p.,  lut  r<'ini{>i'iiiicc  cil  1808  à  la  lin  du  4* 
vol.  du  Dut.  (les  unoitjmes.  I/uuteur  y  joignit 
uiM'  Disseriiitiiiit  sur  (litïcifiitfH  éditions  de»  II"»- 
ductioiis  de  l'lu(ar(|iic  et  d'Ilfliodorr,  iiar  Jact) . 
Aiu^)t,  ('oiii|iost'e  pour  t'trc  lua  à  la  >ociolo 
<rii^Mi(ulturir  de  Mc.tux.  qui  l'uvoit  admis 
parmi  .se»  inciiibrcs  ;  i-t  oiilin  sa  .\ij//c*  tur 
J)a>i>l  Duiainl,  drjà  publiée  dan.»  le  Mn^umi  #«• 
9(7"/M(/((/iir  ,  mai»  reproduit!*  avec  dr  noinbrcu* 
M»  aut;uiciilalio!is.  Cos  divrr»  iiiorcoau\  nr  tout 
poiui  paiiio  de  lu  i"«U-  (lu  VtiUon,  Ja  anoin- 
ma. 


BAR 

Pnulliomme  venait  de  susciter  h  la 
Biographie  univci-scllc  iiiie  espèce 
de  concurrciuc  en    l.usanl  une   nou- 
velle édition  tlii  Diclionnaire  liislon- 
«juc  de  Chaudon  ;    Barbier    s'associa 
d'ahord    a    cette   cnlrcprisc  dont  il 
composa    le    prospectus  ;    mais    il 
ne   put   être    long  -  temps   d'accord 
avec  un  pareil  liommc  {Voy.  Prud- 
hom:me,   au   Supp.),   et   le  biblio- 
thécaire impérial  n'eut  bientôt  plus 
qu'à   observer  la  marche   des  deux 
entreprises  rivales.  C'est  dans  cette 
position   qu'il  conçut  Tidéc   de    son 
Examen     critique     des     diction- 
naires ,    dont    il    n'a    paru    jusqu'à 
ce    jour    qu'un    seul    volume    con- 
tenant les  lettres  A-J.  Quelques  soins 
que  nous  avons  pris  pour  rendre  notre 
ouvraire  supérieur  à  tous  les  diction- 
naires  historiques ,  nous  n  avons  ja- 
mais pensé  que  la  Biographie  ne  ren- 
fermerait pas  des  erreurs  et  n'offri- 
rait pas  d'omissions.    Loin   donc   de 
nous  plaindre  des  critiques  de  Bar- 
bier, nous  regrettons  qu'il  ne  les  ait 
pas  multipliées  davantage  ;  et  ce  sup- 
plément fournira  la  preuve  que  nous 
avons  jugé  notre  ouvrage  avec  plus 
de   sévérité   que   Barbier   ne   l'avait 
jugé  lui-même.    Cependant   il    doit 
nous  être  permis  de  dire  que  souvent 
ses  observations  manquent  de  justesse 
et  d'exactitude.  C'est  ainsi  qu'il  nous 
reproche  d'avoir  omis  des  articles  qui 
sont  a  leur  véritable  place,  où  lui- 
même  a  eu  le  tort  de  ne  pas  les  cbcr- 
cher(5),  ou  de  n'avoir  pas  épuisé  la  liste 
des  productions  d'un  écrivain  obscur  , 
quand  nous  avons  pris  le  soin  d'aver- 
tir que  nous  nous  bornions  a  indiquer 
ses  principaux  ouvrages.  Les  traduc- 
teurs italiens  de  \îi  Biographie  uni- 
verselle,  tout  en   intercalant  dans 
leurs  colonnes  le  travail  de  Barbier  , 

(3)   Alft'-re,   /^.    Alfiéri;   IJarrio  ,  f,  Barmj 
Barthius,  /^.  Bautu,  etc.,  etc. 


BAR. 


lïl 


n'ont  pu   s'empêcher  de  remarquer 
qu'en  relevant  nos  erreurs  prétendues 
il  lui  est  arrivé  d'en  commettre   lui- 
même  de  très-graves.  C'est  la  d'ail- 
leurs ce  que  nous  continuerons  de  dé- 
montrer quand  l'occasion  s'en  présen- 
tera ;   mais  nous  le   ferons   avec  les 
égards  qui  sont  dus  a  l'un  des  hom- 
mes ([ui,  de  notre  temps,  ont  contri- 
bué le  plus  aux  progrès  de  la  biblio- 
graphie. Il  nous  a  d'ailleurs  souvent 
témoigné  de  très-vifs  regrets  de  n'a- 
voir pas  concouru  a  notre  entreprise- 
il  n'en  parlait   jamais  qu'avec  beau- 
coup d'estime  j  et  toutes  les  fois  qu'il 
a  pu  nous  être  utile   par  ses  avis  et 
ses  recherches,  il  l'a  fait  avec  tout  le 
zèle  et  le  désintéressement  d'un  véri- 
table ami  de  la  science.  Naturelle- 
ment   obligeant.   Barbier    fut    utile 
autant  qu'il  le  put  aux  jeunes  littéra- 
teurs 5  il  leur  communiquait  avec  une 
rare   complaisance  ses  livres  et  ses 
notes  5   et  il   leur   donnait  de  sages 
conseils  pour  la   direction  de  leurs 
études.  On  lui  doit  la  formation  de  la 
bibliothèque   du  Louvre,    celle    des 
bibliothèques   de   Fontainebleau,  de 
Compiègne,    de    Saint-Cloud  ,    qu'il 
enrichit    de   collections  curieuses  et 
dont  il  rédigea   les  catalogues.  Ses 
ouvrages  lui  avaient   fait  une  répu- 
tation dans   toute  l'Europe^   et  les 
bibliographes  étrangers  recouraient 
fréquemment  a  ses  lumières.  On  peut 
voir  dans  la  traduction  du  J^oyage  de 
Dibdin  (IV  j  i^),   qui ,   comme  l'on 
sait,  n'est  rien  moins  que  prodigue 
de  louanges,  un  portrait  flatteur  de 
Barbier ,  dont  tous  ceux   qui   l'ont 
connu  peuvent    attester  la   parfaite 
resserab'ance.  A  la  restauration,  con- 
servé dans  la  place  de  bibliothécaire 
du  conseil  d'état ,  il  avait  en  même 
temps  obtenu  le  titre  d'administra- 
teur  des  bibliothèques  particulières 
du  roi.  Partageant  sou  temps  entre 


*43« 


BAR 


des  fonctions  qu'il  remplissait  avec 
zèlei  et  des  travaux  dont  il  occupait 
ses  loisirs,  il  se  croyait  a  l'abri  des 
revtîrs  de  la  fortune,  lorsqu'au  mois 
de  septembre  1822,  quelques  jours 
après  avoir  reçu  du  roi  la  décoration 
de  la  Légion-d'Honneur,  il  fut  rem- 
place dans  tous  ses  emplois.  Il  sou- 
tint en  apparence  cette  disgrâce  avec 
fermeté;  mais  sa  constitution  robuste 
qui  lui  présageait  une  longue  car- 
rière ne  (arda  pas  h  s'affaiblir;  et  il 
mourut  le  5  décembre  1826,  k  60 
ans,  regretté  de  ses  nombreux  amis. 
Barbier  a  fourni  des  articles  intéres- 
sants au  Mercure,  au  Magasin  et 
à  J.a  Revue  encyclopédique ,  ainsi 
qu'à  quelques  autres  journaux  litté- 
raiîres.  Il  a  donné  des  éditions,  enri- 
chies de  notices,  d'une  foule  d'ouvra- 
ges parmi  lesquels  on  se  contentera 
de  citer  les  Mémoires  de  Celle,  le 
Supplément  à  la  correspondance 
deGrimm(f^.  cenom,XVIlI,  5o6), 
la  Correspondance  de  Tabbé  Ga- 
liani ,  etc.  (4).  Il  a  eu  quelque  part  à 
\ Encyclopédie  moderne  de  M. 
Courtin,  h  la  Biographie  du  géné- 
ral f]eauvais(^.  ce  nom,  ci-après), 
h  la  Bibliothèque  des  classiques  la- 
tins de  Lemaire  ,  aux  premiers  vo- 
lumes du  Dictionnaire  bistoriquc  de 
Cliaiidon, publié  parPrudhommc,  etc. 
Enfin  on  lui  doit  :  I.  Catalogue  des 
livres  de  la  hibliothiipie  du  conseil 
d'état  y  Paris,  imprimerie  iialioiiale, 
i8o5,  doux  lomesenun  volume  in-fo- 
lio (5).  Harbicr  en  avait  publié  j)récé- 
demnicnt  i.i  VréJ'ace  avec  la  table 


(4)  î-a  Notice  sur  Barbier,  iiiipriméu  à  la  trtn 
«In  4"  vol.  Ha  l)!rt.  des  aiionyinf<(,  txt  suivie  «lo 
la  li^to  (Irlaillri;  <li'.s  xlitions  .iiixi|ii)'lli  s  il  u 
•Il  pmi  ,  el  tics  arti<-li-H  «Ir  <|iii-lc|iii'  iinixir- 
tânr«  i|ii'i|  n  publirs  diUM  \r%  )iiiirii..»i\  liffr- 
yairr<«.  On  a  <!t)iic  cru  pouvoir  so  «li^priistr  «le  l.i 
r<pro<luiri<. 

(5)  P.li  1H07,  \("i  livres  (II-  lu  l)ililiotli('<|ui'  <l>i 
Cc.li.vil  «l'clal,  .1  rrtr.plioii    d<i    l.i    p.irtii!  <lr  jii- 

fi'priideocc  é\  dYconouii»   politique,  ont  i{(> 


BAR 

des  divisions ,  in  -  8°  de  5  4  p.  H  eut  le 
bon  esprit  de  conserver  la  classifica- 
tion adoptée  généralement  en  France, 
non  comme  la  plus  parfaite ,  mais 
comme  la  plus  simple  el  la  plus  com- 
mode ;  et  il  faut  lui  savoir  gré  d'a- 
voir donné  cet  exemple  dans  un  temps 
où  la  plupart  de  ses  confrères ,  en- 
traînés par  la  manie  des  innovations, 
bouleversaient  les  bibliothèques  con- 
fiées k  leurs  soins ,  au  point  de  ne 
pas  s'y  reconnaître  eux-mêmes,  sous 
le  prétexte  de  se  rapprocher  dans 
leur  classement  de  l'arhre  encyclo- 
pédique de  Bacon.  II.  Catalogue 
des  livres  de  la  bibliothèque  du 
comte  de  Boutourlin,  Paris,  1 8o5, 
in-8°.  Pougens  (  Voy.  ce  nom,  an 
Supp.)a  eu  part  a  la  rédaction  de  ce 
catalogue.  La  bibliothèque  du  comte 
de  Boutourlin  a  péri,  comme  l'on  sait, 
dans  l'incendie  de  Moscou.  III.  Dic- 
tionnaire des  ouvrages  anonymes 
et  pseudonymes,  composés,  traduits 
et  publiés  en  français  el  en  latin, 
Paris,  1806-1808,  4  vol.  iu-S». 
Chardon  de  la  Rochelle  {f^.  ce  nom, 
au  Supp.)  a  publié  sur  cet  ouvrage, 
dans  le  Magasin  encyclopédique,  dçvcL 
articles  pleins  de  recherches  curieu- 
ses, et  qui  ont  été  réimprimés  dans 
ses  Mélanges  de  critique  et  de  phi- 
lologie, Paris,  1812,  tora.  III,  -idd- 
317.  La  seconde  édition  ,  Paris, 
1822-27,  4  vol.  in- 8"  ,  contient 
20647  articles;  c  est  près  du  double 
de  la  première  qui  n'en  renferme 
que  i24o3.  Qu{)i((ue  ce  dictionnaire 
laisse  encore  beaucoup  k  désirer,  il 
est  d'une  utilité  incontestable;  el 
l'auleur  s'est  acquis  des  droits  k  la 
reconnaissance  de  tous  les  amateurs 


ir.mporrt^s  h  l'ontniiK-blraii.  Ils  furnU  piuu^'s 
«lis  Inilirirs  si  prrt  i|iitiniiiiii'iit  <pir  (N's  sold.its, 
foi  iniiiit  la  cliiiîiie,  »<•  Ici  pi>s>Airiit  mpidnnent 
pour  1rs  oiit.is.'nv  duiis  la  prandi"  (j.il'Tir  «l'où  ou 
les  enleva  bieulJl  pour  lonr  destination.  V— tk. 


BAR 

Ae  riiistoire  littcraiir  (6).  IV.  Non- 
vellc  hibliollu'^qiic  d'un  homme 
de  g,oût  ,  rnllncmciif  rcrondiic  , 
Paris,  1808- 10, '5  vol.  in-8".  Le 
nom  de  Dcscssaris  figure  sur  le  fron- 
tispice parce  (ju'il  clail  associi.'  pour 
les  Irais  ;  mais  les  addilions  sont  de 
l>arl)ier(f^.  Chardon,  aiiSupp.).  V. 
Dissertation  sur  soixante  traduc- 
tions françaises  de  V Imitation  de 
Jàsus-Christ,  suivies  de  considéra- 
tions sur  l'auteur  de  l'Imilalion  (par 
M.  Gcnce),  ibid.,  181 2,  iu-12. 
VI.  Examen  critique  et  complé- 
ment des  dictionnaires  historiques 
les  plus  répandus  ^  depuis  le  die~ 
tionnaire  de  DIoréri  jusqu'à  la 
Biographie  universelle  inclusiK^e- 
ment,  ibid.,  1820,  iu-S",  loiue  i*^"". 
Barbier  préparait  une  nouvelle  édi- 
tion de  \:\.  Bibliothèque  des  romans 
par  Lenglet-Dufresnoy  ;  et  l'on  doit 
tegrelter  qu'il  n'ait  pas  eu  le  temps 
de  la  publier.  On  peut  consulter, 
pour  plus  de  détails ,  la  Notice  sur 
Barbier  par  son  fils  aîné ,  a  la  tête  du  4-* 
volume  du  Dictionnaire  des  ano" 
nymes  (elle  a  été  imprimée  séparé- 
ment); et  une  autre  par  M.  Tourlet 
dans  le  Moniteur  du  3  janvier  1826, 
dont  il  existe  aussi  des  exemplaires  ti- 
rés in-8"*  et  enfin  l'annuaire  iié- 
crologique  de  M.  Maliul,  la  Revue 

(6)  Barbier  avait  réuni  un  grand  nombre  d'a- 
nonymes anglais  et  italiens.  Mais  pensant  que 
des  auteurs  nationaux  pourraient  seuls  complé- 
ter sou  travail,  il  offrit  publiquement  les  ma- 
tériaux qu'il  avait  réunis  aux  savants  étrangers 
qui  voudraient  faire  connaître  les  anonymes  de 
leurs  littératures  {f^ojr.  pag.  »  et  5  de  la  préface 
du  tom.  III  (lu  Dict.  des  Anon.).  Personne  ne 
s'élant  pri'senlé,  les  matériaux  du  bibliographe 
ont  été  vendus  en  1828  avecles  livres  de  sa  bi- 
bliollièfiuc.  I.c  c.it:dogue  de  cette  bibliothèque 
est  remarquable  par  un  grand  nombre  d'ouvra- 
ges relatifs  à  la  bibliographie  et.  ài  l'histoire  lit. 
téraire.  On  doit  regretter  (pie  cette  collection  ait 
été  dispei-s(''e,  et  que  jjlusieurs  manuscrits  cu- 
rieux, entre  antres  le  Cutoh^ue  de  Cjoujel,  et  d(;s 
manuscrits  de  Saint-Loger,  etc.,  nient  été  acriuis 
par  des  drangers.  La  suite  de  V Examen  critiqua 
a  <  ti;  ;i(  hclee  p.ir  un  libraire  qui  ne  la  fera 
probablement  pas  imprimer.  V— vb. 


BAR 


143 


encyclopédique,  etc.  On  trouve  dans 
l'édilion  anglaise  du  voyage  de  Dib- 
din,  \\n  beau  portrait  de  Barbier, 
dessiné  par  Lewis,  et  d'après  le- 
quel a  élé  gravé  en  France  celui  de 
Vigneron.  —  M.  Louis  Rarb;er,  fiU 
aîné  d'Antoine-Alexaudrc  ,  et  son 
collaborateur  dans  ses  derniers  Ira- 
vaux,  employé,  depuis  i8i8,  dans 
la  bibliotiièque  particulière  du  roi,  au 
Louvre,  est_,  depuis  1829,  sous-bi- 
bliolhécaire  de  cet  établissement, 
créé  par  son  père.— -M.  André- 
Thomas  Barbier  ,  neveu  du  biblio- 
graphe a  donné  quelques  articles 
dans  les  premiers  volumes  de  la  Bio- 
graphie universelle.  W — s. 
BARRIERE  (Domenico-Fio- 

RENTINO).    t^Oy,  DOBIINIQUE,  XI, 

62  r. 

BARBIERI  (  Jean-Marie  )  , 
savantphilologue,  né  en  i5i9,KMo- 
dène,  apprit  dans  sa  première  jeu- 
nesse les  éléments  du  latin  et  du 
grec  ,  et  plus  tard  se  perfectionna 
dans  ces  deux  langues  sous  la  direc- 
tion de  Fr.  Porlus  (  V.  ce  nom, 
XXXV,  475),  qui  venait  d'ou- 
vrir une  école  à  Modène.  Ses  étu- 
des terminées  ,  il  se  chargea  de 
l'éducation  de  quelques  jeunes  sei- 
gneurs, et  accompagna  le  comte  Louis 
de  la  Mirandoleà  la  cour  de  France 
où  il  demeura  près  de  huit  ans.  Ses 
rapports  avec  un  secrétaire  de  la 
reine,  qui  possédait  a  fond  la  langue 
provençale,  lui  fournirent  l'occasion 
d'en  faire  une  étude  spéciale.  De 
retour  h  Modène,  il  apprit  l'hé- 
breu d'un  rabbin  que  ses  affaires 
avaient  amené  dans  cette  ville ,  et  il 
y  devint  bientôt  assez  habile  pour 
pouvoir  se  passer  de  maître.  Les  ma- 
gistrats de  Modène  choisirent  Bar- 
bieri  pour  leur  chancelier,  certains 
que  ce  choix  serait  agréable  au  duc 
Alphonse,  qui  l'honorait  de  sa  pro- 


i44                   BAR  BAR. 

tection.  La  manière  dont  il  s'acquitta  détaillée  que  lui  a  consacrée  Tiraboschi 
de  ses  fondions  ne  fit  que  lui  donner  dans  sa  Bihliot.  modenese^  i,  i58- 
de  nouveaux  droits  a  1  estime  publi-  169.  Ce  savant  a  depuis  fait  impri- 
qiie.  II  mit  en  ordre  les  archives,  en  mer  l'ouvrage  de  Barbieri  ,  Ori- 
dressa  lui-même  un  inventaire  exact,  gine  délia  poesia  rimata  ,  Modè- 
et  rédigea  sur  les  pièces  qu'il  avait  ne,  1790,  in-4-°,  qu'il  enrichit  de 
choisies  ,  une  Chronique  du.  Mode-  notes  et  d'additions  très-importantes, 
nois  qu'il  a  laissée  manuscrite.  Son  W — s. 
zèle  lui  mérita  de  plus  en  plus  l'af-  BARBOT AN  (Claire-Joseph 
feclion  de  son  souverain,  qui  lui  Cakris,  comte  de),  l'une  des  uombreu- 
donna  des  marques  réitérées  de  sa  ses  victimes  de  la  terreur  de  1793,  é- 
bienveillance.  Barbieri  mourut  d'une  tait  d'une  famille  noble  de  l'Armagnac, 
rétention  d'urine,  le  9  mars  1574.  ,  Quelques  biographes  luidonncnt  le  li- 
dans  un  iige  où  il  pouvait  espérer  de  tre  de  maréchal-de-camp;  mais  son 
mettre  la  dernière  main  aux  travaux  nom  ne  se  trouve  pas  dans  la  liste  des 
qu'il  avait  entrepris  dans  l'intérêt  de  officiers-généraux  de  cette  époque, 
sa  patrie.  Il  comptait  au  nombre  de  Député  par  la  noblesse  deDax  à  Tas- 
ses amis  les  Pigna,  les  Castelvetro  ,  semblée  constituante,  il  y  vota  con- 
el  beaucoup  d'autres  hommes  distin-  stamment  avec  les  amis  de  la  monar- 
gués.  Il  a  publié  :  la  Guerrad'At-  chie  ,  et  d'ailleurs  ne  s'y  fit  point 
tila,  JFlagello  di  Dio,  traita  dalt  remarquer.  Après  la  session,  il  revint 
archiviodiprincipidEate^tXTTKxÇy  habiter  sa  terre  de  Eonnas,  près 
i568_,  in-4.°.  C'est  l'extrait  d'un  d'Auch;  et ,  malgré  le  danger  qu'on 
ouvrage  supposé  traduit  du  latin  de  courait  alors  K  se  prononcer  contre 
Thomas  d'Aqullée,  mais  écrit  par  ]Ni-  le  nouvel  ordre  de  choses,  il  ne  dis- 
colas di  Giovanni  de  Casola,  envieux  simula  pas  son  espérance  de  le  voir 
français,  et  non  pas  en  provençal,  promptement  renversé.  Regardécom- 
comme  le  disent  les  blhliographes.  me  le  chef  des  royalistes  de  cette 
Dans  la  traduction  abrégée  qu'en  fit  province,  il  fut  dénoncé  pour  avoir 
Barbieri,  par  Tordre  du  prince  entretenu  des  correspondances  crimi- 
d'Este,  il  affecta  de  donner  a  son  nclles  et  envoyé  des  sommes  considé- 
style  toutes  les  formes  (|ui  pouvaient  râbles  K  de>  émigrés  (son  pclit-fiLs  et 
faire  croire  que  l'ouvrage  était  plus  le  jeune  Ju^iac  ,  son  pupille).  In 
ancien  (lu'il  ne  Test  réellement.  L'é-  mandat  d'arrèl  lut  aussitôt  décerné 
dilionde  i568,queTon  vient  de  citer,  contre  lui.  Son  fils  aîné,  (jui  devait 
est  aussi  rare  (jue  recherchée.  Il  en  être  également  arrêté,  voyant  les 
existe  une  seconde,  Venise,  i564.,  gendarmes  entrer  dans  sa  chambre , 
in-8",  dont  on  fait  moins  de  cas.  Dans  s'élança  par  une  fenêtre  et  se  brisa 
Xàîiacrolla  di  Ixinw  di  dn'crsi^  par  la  tête  sur  le  pavé.  Le  comte  de 
Alanagi,  on  trouve,  lom.  r ,  p.  62  ,  Barbolan  fut  traduit  devant  le  tribu- 
une  pièce  de  Barbieri  :  Canzonc  in  nal  crinuuel  du  département  du  Gers; 
Iode  délia  rcina  di  Franvia^  mo-  mais  trois  des  jurés  avant  déclaré  que 
elle  di  J'raiicesio  11.  Celle  reine  les  preuves  de  Taccusalion  ne  leur 
cal  l'intéressante  et  malheureuse  Ma-  paraissaient  pas  sullisantes,  le  tribu- 
rieStnarl.il  a  laissé  un  grand  nom-  nal,  obligé  d'absoudre  T>arbolan  , 
bred'ouvrages manuscrits  surles(jn(ls  prononc^a  sa  réclusion  comme  suspect 
on  peut  consulter  la  notice  exacte  et  juscpiu  la  paix. Ce  jugement, dénoncé 


par  cl\\rligoytc  ;i  la  Coiivcnlion,  fui  .sa  prudence  el  s.i  fermeté  la  révolle 
annuli',  sur  le  rapport  du  comilé  do  qu  excitèrent  dans  la  Camplue  les  lois 
sûreté  générale,  pour  fausse  applica-  de  la  conscripliori.  Il  passa  ensuite  à 
lion  de  la  loi;  el  le  niallieureux  rarnice  de  Hollande,  el  contribua 
Barbolan,  renvoyé  devant  le  tribunal  beaucoupaux  succès  (jue Brune  obtint 
révolutionnaire  ,  fut  condaniné  k  contre  les  Anj^lo-Russes  a  Ber^^hcn 
iiiorl,  le  1  i  avril  179^  ■  »!  était  âgé  el  à  Caslricum.  La  valeur  qu'il  dé- 
dc  75  ans.  W — s.  ploya  dans  celle  dernière  affaire  le 
BARHOTJ  (Gabriel),  général  lil  nommer  général  de  division  sur  le 
français,  né  à  Ahbeville  ,  en  1761  ,  chnmp  de  bataille  (i8oct.  1799).  Il 
était  (ils  d'un  ollicier  de  fortune,  che-  prilparlencetle  qualité  a  la  campagne 
valier  de  Sl-Louls,  parvenu  au  gra-  deFranconie  sous  Augcreau,  el  cou- 
de de  capitaine  dans  le  régiment  d'Ar-  courut  ensuite  aux  opérations  tlel'ar- 
toisj  ce  qui  élailalors  un  avancement  méecommaudée  par  Moreau,  jusqu'à 
extraordinaire  pour  un  simple  rotu-  la  paix  deLunéville.  Il  passa  alors  en 
rier.  Le  jeune  Barbou  eu  ressentit  Piémont,  puis  en  Suisse,  et  revint  en 
les  effets  ;  il  fut  aJmis  sous-lieulenant  Hollande,  d'où  il  se  rendit  h  Tarraée 
dans  le  même  corps,  le  14  janvier  d'Hanovre,  qui  se  porta  bientôt  sur 
1782  ,  et  lieulenant  en  1788.  le  Danube,  sous  les  ordres  de  l'em- 
II  fit  partie  en  1791  de  l'ex-  percur.  Barbou  resta  dans  le  pays 
pédilion  de  Saint  -  Domingue  ,  et  d'Hanovre  avec  une  faible  division, 
revint  en  France  après  les  désastres  qui,  se  voyant  assaillie  par  un  corps 
de  cette  colonie.  S'élant  montré  par-  russe  fort  nombreux  ,  se  renferma 
tisan  très-prononcé  de  la  révolution  ,  dans  Hameln.  Barbou  se  maintint 
il  fut  nommé  capitaine-adjoinl  aux  dans  celle  forteresse  jusqu'à  la  vic- 
adjudanls-géuéraux,  et  se  rendit  en  loire  d'Auslerlitz,  qui  amena  la  paix 
cette  qualité  à  l'armée  du  Nord  ,  où  de  Presbourg.  Revenu  en  France,  il 
il  coucourul  àladéfeusede  Maubeu-  passaaucommandementdeBordeaux, 
ge,  dans  le  mois  d'octobre  1793,  ce  puis  à  l'armée  d'observation  de  la 
qui  lui  valulle  titre  d'adjudaul-géné-  Gironde,  lorsqueNapoléon  se  prépara 
rai.  Il  se  trouva  l'année  suivante  à  la  à  l'envahissement  de  l'Espagne.  Il 
baladle  de  Fleurus  ,  el  fut  employé  commandait  sous  le  général  Dupont 
comme  sous-chet  d'élal-major  sous  une  des  premières  divisions  qui  pé- 
Marescot,  à  la  reprise  deLnndrecie,  nélrèrentdaus  ce  royaume  à  la  fin  de 
du  Qiiesnoy  et  de  Valenciennes.  De-  1807,  et  ^'  eut  beaucoup  de  part  aux 
venu  général  de  brigade  le  7  sept,  affaires  du  pont  d'Alcala  et  à  la 
1794.,  il  concourulau  siège  de  Macs-  prise  de  Cordoue  ;  mais  il  partagea 
tricbl  sous  Rlébor,  et  fit  les  campa-  aussi  l'échec  de  ce  corps  d'armée  à 
gnes  de  1795  et  1796,  à  l'armée  de  Baylen,etsa  division  qui  se  trouvait 
Sarabre-cl-Meuse,  sous  Bernadotte.  sous  les  ordres  immédiats  de  Dupont, 
Il  se  trouva  aux  batailles  de  Kirch-  l'ut  obligée  de  mettre  bas  les  armes, 
berg  et  de  Wurlzbourg  ,  et  passa  Sa  captivité  dura  peuj  mais  Tempe- 
ensuiteàTarmée  dulNordcorame  chef  reur  ,  sans  lui  faire  porter  tout  le 
de  l'état-major  général  5  lequel  fut  poids  de  cette  malheureuse  capitula- 
dissous  quehjucs  mois  après.  Barbou  tion  ,  ue  lui  témoigna  plus  la  même 
eut  alors  un  commandement  dans  le  confiance,  et  l'envoya  eultalie,  011  il 
Brabant,  elce  fut  lui  qui  soumit  par  se  trouva  sous   les  ordres  du  princ<i 

LVii.  10 


i46 


BAR 


Eugène, Iei6  avril  1809,  a  la  mal- 
heureuse bataille  de  Sacile.  Le  géné- 
ral Vaudoncourt ,  qui  a  écrit  l'his- 
toire de  cette  guerre,  prétend  que 
Barbou  mit  a  ce  Ite  affaire  de  la  mollesse 
et  de  la  mauvaise  volonté.  Il  fut  en- 
suite cbargé  de  la  défense  de  Venise, 
et  se  maintint  avec  assez  de  fermeté 
dans  cette  ville  contre  les  Autrichiens 
victorieux.  Sa  défense  du  fort  de 
Malghera  lui  fit  surtout  beaucoup 
d'honneur.  Lorsque  l'archiduc  Jean, 
qui  l'avait  poussé  avec  tant  de  vigueur, 
fut  oblige'  de  s'éloigner  pour  aller  au 
secours  des  états  héréditaires  pressés 
par  la  grande  armée,  Barbou  fut  en- 
voyé dans  le  Tyrol,  pour  y  réprimer 
quelques  soulèvements,  et  plus  lard, 
dans  la  marche  d'Ancône,oîi  il  éprouva 
en  1 8 1 4?  le  chagrin  de  se  voir  attaqué 
par  les  troupes  d'un  Français,  celles 
de  Murât ,  devenu  roi  de  Naples. 
Barbou  se  retira  dans  la  citadelle,  où 
il  fut  obligé  de  se  rendre  le  1 8  février. 
Revenu  en  France  par  suite  de  cette 
capilulaliou  ,  il  reçut  du  roi  le  com- 
mandement d'une  division  de  l'inté- 
rieur, et  fut  admis  a  la  retraite  le  8 
février  1816.  Depuis  celte  époque, 
il  ne  fut  plus  occupé  que  de  soins  do- 
mestiques et  de  l'éducation  de  sa  fa 
mille.  Il  mourut  a  Paris  ,  le  6  dé- 
cembre 1827.  ^ — ^  j" 

BARCA  (Alexandre),  né  a 
Bergame,le  26  novembre  17/M, 
était  élève  régulier  dans  un  couvent 
de  celle  ville.  Il  pul)lia  un  mémoire 
sur  la  décomposition  de  l'acide  p'ilo- 
cisti([ue.  Celte  publication  précéda 
les  observations  analogues  du  célèbre 
chimiste  nerthoUet,  (|ui  .se  nlul  a  le 
reconnaître  dans  un  de  ses  écrits  sur 
l'acide  prussi([ue.  Ou  assure  aussi 
que  les  idées  de  Barca  sur  les  su- 
persalurations  clmniques  sont  ron- 
temj)()raines  de  celles  de  (uiyton  de 
Morveiiu  sur  le  même  sujcl.  Baica 


BAR 

est  mort  le  i5  juin  i8i/i.  A — D. 
BARCLAY  (Robert  ) ,  colonel 
anglais,  né  en  1774,  entra  au  ser- 
vice en  178c) ,  dans  le  38^  régiment 
d'infanterie  qui  fut  embarqué  pour 
les  Indes-Orientales,  et  se  trouva  aux 
principales  actions  qui  eurent  lieu  dans 
ces  contrées,  en  1793.  Il  se  fit 
tellement  remarquer  par  ses  talents 
et  sa  valeur,  qu'il  fut  promu  au  grade 
de  lieutenant  hors  de  tour,  le  3 1  mai 
1795,  et  que  le  3  avril  1795,  bien 
qu'il  ne  fût  âgé  que  de  1  8  ans,  il  ob- 
tint, également  hors  de  tour,  le  com- 
mandementd'une  compagnie. Fait  pri- 
sonnier par  l'ennemi ,  et  après  avoir 
beaucoup  souffert  dans  sa  captivité  , 
il  retourna  en  Angleterre  dans  l'année 
qui  suivit  sa  promotion.  Mais,  quoi- 
qu'il eut  droit  a  un  congé  de  six  mois , 
il  se  hâta  d'aller  rejoindre  son  corps 
dans  les  Indes-Occidentales.  En  1 800, 
les  qualités  distinguées  du  capitaine 
Barclay  étant  venues  ala  connaissance 
du  général  sir  John  Moore,  il  le  fit 
nommer  au  grade  de  major,  dans  le  5  2  ^ 
régiment  d'infanterie,  connu  comme 
l'un  des  corps  les  mieux  disciplinés  et 
les  plus  braves  de  l'armée  anglaise. 
Lorsque  plus  tard  Barclay  fut  pro- 
mu au  grade  de  lieuleuant-colonel 
dans  le  même  régiment  ,  le  major 
David  Barclay  ^  son  père  ,  écrivit  a 
sir  Jolui  Moore  ,  pour  lui  exprimer 
sa  reconnaissance.  Le  général,  dans 
sa  réponse  doima  de  grands  éloges  au 
lieu  tenant -colonel  BarcLiy,  qui,  en 
i8o8,  accompagna  J.  Moore  d'abord 
en  Suède  ,  puis  eu  Portugal.  Le 
2. S  juillet  i  8  10, il  fui  parliculièremeut 
cilé  dans  le  rapport  commes'étanl  dis- 
tingué il  l.i  bataille  d'Almeida  ,  où  il 
recul  une  balle  dans  son  chapeau  el  eut 
un  cheval  lue  vsous  lui.  Peu  de  leiiips 
après,  lord  Wellington  lui  confia  le 
cuinmandcmeni  d'une  brigade,  com- 
posée, outre  le  rcgimcul  de  Barclay, 


BAR  BAR                   i/i7 

(rAii{;lais  cl  t!o  Porltij^.iis.  Cv  fui  tMi  aussi  fait  preuve  (riiabilclc  dans  I.i 
char-;i-aul  l'cnuiMiii  à  la  lôlc  drccUc  guerre  cjul,  eu  ibuT),  lui  le  rc^ullal  de 
Iroupo,  sur  les  haulcurs  de  Busaco,  la  nou  rallficalion  de  la  jiau  sigucc  li 
que,  le  27  se|)l.  181 0,  il  reçut  Paris  par  Tem  ovrd'Oubril.  La  ha- 
au-dessous  du  genou  gauclie  ,  une  laille  de  l'ulln.sk  (i4  uov.  1806), 
blessure  (lul  le  mil  hors  dV'lat  do  le  combat  de  Lainljorg,  ]a  sau-laute 
continuer  le  service,  et  le  conduisit  bataille  de  Preussicli  -  Eylau  ,  où  il 
au  tombeau,  le  5  mai  181 1.  Z.  fut  blessé  (1),  attestent  et  sou  ininas- 
BAHCLAY  «E  TOLLY  sib!e  valeur  et  ses  rares  talents  j  ils 
(le  prince  Miguel)  ,  feld -maréchal  brillèrent  bien  davantage  encore  en 
russe,  naquit  en  lySSjdans  la  pro-  Finlande, couIrelcsSuédois,  en  i8o8- 
vince  de  Livonic.  Sa  naissance  ,  la  mais  la  conquête  de  cette  province 
médiocrité  de  sa  fortune,  et  l'ab-  n'ayant  pu  décider  a  la  paix  le  ca- 
sence  de  toute  protection,  étaient  loin  binet  de  Stockholm  ,  il  fallait  pour 
de  faire  présager  le  haut  rang  où  amener  un  tel  résultat,  frapper  au 
devaient  le  porter  ses  talents  et  ses  cœur  cette  puissance.  La  marche 
services.  Il  dut  lui-même  en  douter,  d'une  armée  russe  par  Tornëo,  en 
car  sa  noble  carrière ,  dans  laquelle  traversant  des  contrées  stériles  pour 
il  devint  si  constamment  utile  à  une  s'engager  dans  la  belli([ueuse,  fi- 
palrie,  dont  la  profonde  ingratitude  dèle  et  pauvre  Dalekarlie,  dénuée 
hâta  sa  mort,  fut  d'abord  extrême-  de  routes  et  de  moyens  de  subsis- 
ment  lente.  Entré  au  service  avant  tance  ,  eût  été  l'opération  la  plus 
sa  douzième  année,  le  i^""  (12)  janvier  ruineuse.  Barclay  de  Tolly  con- 
1767,  bas  officier  en  1769,  en-  çut  le  dessein  de  renouveler,  sur 
seigne  en  1778,  lieutenant  au  com-  une  plus  grande  échelle,  l'expédition 
mencement  de  1786,  capitaine  en  qui  immortalisa  Charles  -  Gustave  , 
1788  ,  major  en  1790,  lieutenant-  quand,  pour  attaquer  les  Danois  eu 
colonelen  i794.,colonel  le  7  (i8)mai  janvier  1 65 8,  il  avait  passé  sur  la 
1798;  il  avait  déjà  quarante-huit  glace  le  Petit-Belt,  large  d'envi- 
ans  d'âge,  et  plus  de  trente-un  ans  ron  une  lieue  •  mais  ici,  c'était  une 
de  service,  quand  il  parvint  au  grade  vingtaine  de  lieues  qu'on  avait  à  par- 
où  il  puî  enfin  manifester  les  talents  courir  sur  l'albâtre  fragile  dont  était 
que  la  nature,  Pétude  et  l'expérience  couvert  le  golfe  de  Bothnie.  Quel- 
lui  avaient  fait  acque'rir,  dans  ses  cam-  que  romanesque  que  parut  un  tel 
pagnes  contre  les  Turcs,  les  Suédois  et  projet,  le  général ,  doué  d'une  au- 
les  Polonais.  Sa  fortune  fut  dès-lors  dace  réfléchie,  exemple  de  tout  écart 
rapide;  car,  général-major  un  an  d'imagination  ,  inspirait  a  Pempereur 
après  qu'il  eut  été  fait  colonel,  il  Alexandre  une  si  juste  confiance, 
devint  lieutenant-général  en  1807,  que  ce  monarque  n'hésita  point  a 
général  d'infanterie  en  1809,  et  feld-  adopter  ses  vues  et  a  le  charger  de 
maréchal  en  181 4.  Il  s'était  déjà  dis-  les  réaliser.  Barclay  partit  donc  des 
tingué  en  combattant  les   Suédois  et     ___^ 

les  Français,  toujours  placé  a  Pavant-  (,)  ^  Preussich-Eylau.  Barclay  de  ToUy,  qui 

garde    dans    les    marches     en     avant,  commandait  l'avant-garde  russe,  fut  chargé  de  la 

„.  1     i>         •^                 J        1           1  défense  de  la  ville;  et  il  résista  lon^-tcmps  dans 

et  a   l  arriere-garde    dans    les    raOUVe-  i,,  rues,  puis  dans  l'eglise  et  dans  le  cimetière. 

mentS    de    retraite,    quand   lui-même  Tous  les  historiens,  et  surtout  Mathieu  Uumas, 

il  ne  rnmmandail  nas  en  chef   II  avait  °°'  ^ •"""'''  ^^  '''""^^  '1'*''^  '^'i''''^'*  '^^"^  *='"* 

10, 


148  BAR 

côtes  de  Finlande,  au  cœur  de  l'hiver, 
en  1809,  avec  douze  mille  hommes, 
«on  artillerie,  ses  munitions,  ses  vi- 
vres ,  ses  bagages  ,  marcha  rapide- 
ment, suspendu  sur  le  golfe,bivouaqua 
trois  nuits  sur  la  glace  ,  après  avoir 
donné  l'ordre  terrible,  mais  néces- 
saire, de  s'écarter  vivement  au  moin- 
dre brisement  du  fragile  cristal  sur 
lequel  on  s'élançait ,  sans  chercher  a 
sauver  qui  que  ce  fût ,   pas  même  le 
général  en  chef.  Il  parvint  ainsi  aux 
rivages  suédois  ,   ce  qui  hâta  la  ré- 
volution    tramée    contre    Gustave- 
Adolphe  II ,  et  contraignit  la  Suède 
à  demander  la  paix.  Cette  gigantes- 
que et  périlleuse  expédition  valut  a 
Barclay  le  grade  de  général  d'infan- 
terie,    et   il  fut,   en  février  1810, 
nommé  ministre  de  la  guerre.  Dès- 
lors   la    plus    grande   activité   régna 
dans   l'adminislration    qui   lui    était 
confiée  :  il  rétablit  la  discipline  con- 
sidérablement altérée  par  les  désas- 
tres des  dernières  campagnes  ,  réfor- 
ma nombre  d'abus,  chercha  a  mettre 
l'armée  sur  un  pied  respectable.  Mais 
l'empereur  Alexandre,  abattu  par  les 
malheurs  de  la  guerre  et  par   ceux 
d'une  paix  qui,  entraînant  l'interdic- 
tion   de    ses  ports    a   l'Angleterre, 
ruinait    la  branche  la  plus   utile  du 
commerce     russe  5     redoutant     une 
lutte  nouvelle,  et  la  regardant  néan- 
moins comme  indispensable  ,  n'osait 
rien  espérer,  ni  rien  résoudre,  et,  en 
se  soumettant  a  tous  les  genres  d'iiu- 
miliatiun,  il  feignait  de    faire  libre- 
ment ce  à  quoi  il  se  voyait  contraint  ; 
car  il  n'avait  plus  de  confiance  ni  en 
ses  généraux    ni  en   ses  troupes.  Ce 
fut  dans  ces  circonstances  que  le  duc 
de   Scrra-Capriola   (jni ,    depuis    la 

f»aix  de  Tilsilt ,  n'était  plus  oslensi- 
diMiient  reconnu  coniinc  niinislre  du 
trône  de  INaplcs,  occupé  par  le  beau- 
frère  de  Map()léon(|ue  reconnaissait  le 


BAR 

cabinet  russe,  fit  passer  h  l'empereur 
Alexandre,  par  l'amiral  Mordwinoff, 
ancien  ministre  de   la   marine  sous 
Catherine  II,   chef  alors  du  grand 
conseil  de   l'empire   et  l'homme  le 
plus  justement  estimé  de  son  pays,  un 
plan  de  guerre ,  pour  la  délivrance 
de  la  Russie  et  par  suite  de  l'Europe 
entière,  plan  dont  le  monarque  fut 
vivement  frappé,   et  que  l'ignorance 
des  écrivains  contemporains   a   de- 
puis attribue'  a  l'Angleterre,  a  Ber- 
nadette ,    à    Moreau  même  ,    mais 
dont   l'auteur    est   encore   inconnu. 
Ce  plan  consistait,  dans  sa  première 
partie   purement  militaire  ,   en  une 
défensive  ferme,  vigoureuse,  souvent 
agressive  et  une  retraite  régulière  et 
lente,  afin  d'allonger  la  ligne  d'atta- 
que de  l'ennemi,   d'attirer  celui-ci 
dans  le  centre  de  l'empire,    de   le 
harceler    sans    cesse   sur    ses   deux 
flancs,  de  se  porter  sur  ses  derrières, 
de  le  priver  de  ses  ressources,   en 
enlevant  les  convois  ,  les  dépôts,  les 
magasins ,  et  d'attendre  ainsi  l'hiver 

f»our  agir  offensivement  contre  lui  et 
e  forcer  à  mettre  bas  les  armes  , 
faute  de  vivres,  de  fourrages,  de  mu- 
nitions, de  transports,  sur  un  sol  gé- 
néralement couveVt  de  neiges  épaisses. 
Alexandre  ne  consulta  sur  ce  plan 
que  le  ministre  Barclay,  qui ,  après 
l'avoir  mûrement  examiné  dans  sou 
essence,  son  but,  et  les  moyens  d'exé- 
cution  ,  l'approuva  entièrement  (2), 
et  prépara  avec  le  plus  grand  zèle 
tout  ce  qui  pouvait  en  assurer  le  suc- 
cès. Mais  il  fallait  préalablement  se 
ménager  révenluelle  coopération  des 
autres  puissances;  et  tel  cliiil  Tobjct 
(\c  la  deuxième  partie  de  ce  plan  mi- 
litaire et  politi(jue,  calculé  sur  une 


(»)  C'est  er  (|ui  u  fuit  »lir««  à  Ni»|'<>li  i>ii.  «liiii» 
les  mriuoirc»  clictiW  l>  Sainir  MrltiH",  «pu-  li-  |i|,iii 
ili-  ri'truile  avuil  clé  ilonue  A  Alciamlre  jiar  lo 
griitrul  liarclnv. 


BÀR  BAR  149 

Iono;iin  et  conslanic  c-liiJcdii  g^nic  cl     qu'il  sniipronn.iil  de  lui  cire  peu  fa- 
du  c.ir.ictcrr  (K- ÎN.ipolcun,  diDse  trop     vorahlc.   jycmncri'ur  Alexandre  at- 
peu  connue  tMicore  des  cabinets  eu-     tendait  avec  canne  l'invasion  dont  il 
ronéens,  l/einpcreiir,  enlui  cclairc  h      était  menacé  ,   voulant  laisser  a  son 
cet  égard  et  ne  se  liant  a  aucun  de  ^cs     ennemi  tous  les  torts  d'une  rupture 
autres  ministres  ,  surtout  h  Koman-     que  suspendit  un  moment  le  projet 
7.'tff(/^^7^.  ce  nom,  auSupp.),  Iiomiue     conclliatolre  d'un  partage  sur  les  dis- 
de  bien,  mais  imbu  de  ridée  (ju'il  fal-     positions  duquel  on  ne  pnt  s'enten- 
lait  laisser  le  volcan  se  dévorer  lui-     dre  ,  et  la  guerre  devint  inévitable, 
même  ,    sans    s'apercevoir    ([u'avant     Barclay    de    Tolly ,  remplacé  alors 
cette  époque  il  aurait    tout  dévoré,      dans  son  ministère  par  le  vieux  prince 
forma  h  cet  effet  une  diplomatie  se-     Korschakoff,  fut  nommé  en  juin  1812 
crête,  que  dirigea  le  comte  d'Arrafolt     commandant    en    chef    des    armée» 
[V^oy.  ce  nom  ,  LVI ,  452),    tan-     russes,  ayant  sous  lui  plusieurs  gc- 
dis  que  Barclay,  qui  n'y  prit  pas  une     néraux  ,   ses  anciens  ,  et   qui,  très- 
part   active,   s'occupait    uniquement     méconlenlsdecelleinnovalion, étaient 
des  combinaisons  militaires,  dans  les-     disposés  h  le  mal   seconder;    tandis 
quelles   il  fut  grossièrement  trompé     que  la  nation  tout   entière  ,   considé- 
par  la  cupidité   et  la  malveillance ,     rant    Barclay    comme    étranger    en 
comme   on   le  verra   p'us  loin.    Les     qualité  de  Livonien,  murmurait  bau- 
exigenccs  du  cabinet  de  Saint-Cloud     tement  de  levoircbargé  des  destinées 
devenaient    chaque   jour   plus    cho-     de  la  Russie  ,  quoiqu'il  fiit  sans  con- 
quantes ,  et  l'empereur  un  peu  ras-     tredit    le     meilleur     des    généraux 
sure  ,  commençait  a  s'y  refuser  ou  a     qu'elle  possédât;  et  il  faut  ajoutera 
en  éluder  les   effets.    Cependant  la     tout  cela,  qu'en  raison  des  nombreux 
guerre  de  Turquie   usait  les   forces     abus  qui  régnent  dans  les  troupes  de 
russes  sans  amener  d'utiles  résultats,     cet  empire  et  auxquels  tous  les  genres 
et  la  coopération  du   corps   d'armée     d'administration  se  prêtent ,  par  né- 
qu'elle    neutralisait   entrait  dans  le     gligence  ou  cupidité ,  le  corps  prin- 
plan  de  guerre  secrètement  adopté,      cipal,  a  la  tète  duquel  il  se  plaçait, 
Koulouzoff  n'en  retardait  pas   moins     et  que    tous    les    rapports    officiels 
la  conclusion  d'une  paix  devenue  in-     avaient  porté  à  cinq  cent  cinquante 
dispensable,  agissant  d'après  les  vues     mille  hommes,  ne  se  trouva  monter 
erronées  de   Roumanzoff  qui  voulait     effectivement  qu'a  cent  quatre  mille  , 
empêcher     toute    rupture    avec    la     et  la  totalité  des  troupes  stationnées 
France.  L'empereur  indigné  lui  en-     des  bords  de  la  Baltique  aux  rives  du 
voya  Tchilschagoff  avec  ordre  de  si-     Pruth,  h  deux  cent  mille  hommes  seu- 
gner    prompt ement  la    paix   et    de     lement.  C'était  avec  cette  infériorité 
prendre  le  commandement  de  l'armée     de  moyens  qu'il   devait  lutter  contre 
de  Turcjuie;  mais  Koutouzoff,  instruit     les  quatre  cent  cinquante-cinq  mille 
de  cette  mesure  ,   signa  lui-même  le     hommes   que  Napoléon  dirigeait    et 
traité  de  Bukharest.  Ce  général  n'en     dont  ses  incontestables  talents  aug- 
tomba  pas  moins  dans  la  disgrâce  de     nientaientencore  beaucoup  la  puissan- 
son  souverain  ;  mais  il  voua  une  pro-     ce  ;  puis  la  présence  de  l'empereur  au 
fonde  haine  a  l'amiral  Tchitschagoff,      quartier- général  russe,    ouvrait  la 
son  successeur ,  qui  devait  plus  tard     voie  h  mille  intrigues  ourdies  par  la 
servir  sous  ses  ordres ,  et  a  Barclay      malveillance.  On  çùt  donc  été  force, 


iS'o 


feÀtl 


d'exècnter  ce  plan  de  retraite  précé- 
déraraent  adopté  ,  au  moment  même 
'où  l'on  croyait  avoir  des  forces 
infiniment  plus  considérables  j  et, 
en  dépit  des  obstacles  que  l'igno- 
rance et  l'envie  amoncelaient  au- 
tour de  lui  ,  Barclay  sut  se  re- 
tirer avec  une  rapidité,  un  ordre, 
une  vigueur  admirables ,  engageant 
sans  cesse  une  partie  de  ses  troupes 
ipour  faciliter  au  prince  Bagration  (3) 
les  moyens  de  le  rejoindre,  et  à  l'a- 
miral Tchilschagoff  ceux  de  se  porter 
sur  les  derrières  de  l'ennemi,  sem- 
blant parfois  vouloir  livrer  une  ba- 
taille que  Napoléon  désirait  ,  puis 
lui  échappant  avec  adresse.  C'est  ainsi 
que,  relardant  la  marche  de  son  re- 
doutable adversaire  ,  et  après  plu- 
sieurs actions  partielles,  il  se  rappro- 
chait de  ses  ressources  eu  ruinant 
celles  de  l'armée  française ,  qu'il  at- 
tirait vers  le  point  oii  ses  opérations 
offensives  devaient  commencer.  Mais 
le  général  Koutouzoff,  exilé  depuis 
sa  destitution  ,  fut ,  à  la  demande  des 
deux  impératrices  dont  on  avait  égare 
l'opinion ,  placé  a  la  tête  de  l'armée 
que  Barclay  lui  remit,  le  17  août, 
avec  le  même  sang-froid  qu'il  conser- 
vait dans  les  plus  grands  dangers  , 
et  avec  la  noble  résolution  de  servir 
sans  hésitation  sous  celui  par  qui  il  se 
voyait  enlever  une  gloire  immortelle 
et  certaine.  Commandant  la  droite 
de  l'armée  russe,  dans  la  célè- 
bre bataille  de  la  Borodino,  ou  de 
la  Moflkowa,  le  26  août,  seul  il  sut 
conserver  sa  position  ,  ne  fit  sa  re- 
traite   que   le    lendemain  ,   et   cou- 


(3)  I.a  (liviiii)ii  que  <|iirl(|urn  rcrivuin.n  fr.iti- 
(•il  nnt  protiMidti'^  «-xistiT  alors  flntrr  H.ircl.iy  lU 
ToUt  II  !•  priiico  K;igrati(>ii  <vHt  tout  à>iail  iiiia' 
ciiiiiiri'.  (ri  (Iriix  (jcncraiix  s'eiitriidirciit  j>.ir« 
faitniiinnt  |>rii<liinl  rottc  <  ,iin|>.if;nif  ;  et  .  sans  rrt 
arinril,  il  ost  «'vidiTui  i|ii'il!i  irniiiaiiMit  jamais  |>ti 
80  rt'iinir  ,  ni  fiiiir  i  SmiilLMisk  la  hollo  rcsiN- 
laiic»  qii),  pendant  plusieurs  jourt,  ttttitu  Vkx- 
i&ée  fraavaise. 


vrit  ainsi  celle  de  l'armée  qui ,  sans 
lui ,  eût  éprouvé  les  plus  irrémé- 
diables désastres  ;  aussi  les  troupes, 
étonnées  de  son  imperturbable  fer- 
meté, et  reconnaissantes  de  ses  émi- 
nents  services ,  lui  rendirent-elles 
alors  toute  l'estime  qu'elles  lui  de- 
vaient ,  et  Koutouzoff  ayant  rédigé 
un  ordre  du  jour  dans  lequel  il  ten- 
tait de  le  déshonorer ,  l'indignation 
publique  força  ce  général  a  suppri- 
mer cet  écrit.  Si  Barclay  fut  demeuré 
commandant  en  chef  des  armées 
russes,  il  eut ,  conformément  au  plan 
de  campagne  ,  arrêté  dans  le  cabinet 
secret  de  l'empereur  ,  continué  sa 
retraite  en  disputant  le  terrain  pied 
k  pied,  jusqu'à  Nijwi-Novogorod  au 
confluent  du  Volga  et  de  l'Ocka, 
pour  y  attirer  l'ennemi  ;  et  ces 
deux  grands  fleuves  eussent  couvert 
ses  communications  avec  le  Nord  elle 
Midi,  en  attendant  que  l'hiver,  une 
nuée  de  cosaques  et  les  opérations 
secondaires  des  généraux  ,  Schwar- 
zembergjTchitschagoffelWittgenstein 
le  bloquassent  de  toutes  parts. 
Mais  Koutouzoff ,  à  qui  l'on  avait 
donné  carte  blanche,  abandonnant  le 
plan  de  campagne  convenu  et  la  mar- 
che suivie  jusqu'alors  ,  s'était  fait 
battre  k  Borodino,  et  se  relirait  en 
haie  surMoskou,  sans  conserver  dans 
ce  mouvemrnl  rétrograde  Tordre  et 
la  frrmclé  dont  son  prédécesseur  lui 
avait  donné  l'exemple.  Campé  a  Fi- 
li,  au-dessus  de  Pancionne  capitale,  il 
y  assembla  un  conseil  de  guerre  qui 
fut  des  plus  orageux.  Tous  les  géné- 
raux voulaient  livrer  une  nouvelle 
bataille;  le  général  en  clieila  redou- 
tait, mais  n'osait  se  prononcer.  L'em- 
pereur poiirra-t-il  jamais  noua 
pardonner  (tabandonncrsans  coup 
fi'.rir  la  ville  sainlv?  s'écrie  Benig- 
sen(/'n^.  ce  noni,  au  Sapp.).  Om#> 
répond  Barclay  :  Je  connais  sa  pcti' 


BAR 

sce  ,  rt  j'en  n'-ponch  sur  ??m  tetc. 
Koiilouzoiî,  charme  de  voir  son  rival 
assumer  sur  lui  loulc  la  respousabilité, 
ordoiiiio  unr  nouvelle  retraite  ,  dans 
lacjuelle  révacualioii  luniullueusc  de 
Mosk  ou  jolie  la  plus  grande  confusion- 
el  découvrant  tout  le  INord  ,  ainsi  ({ue 
les  immenses  magasins  de  Tv\'ar,  i!  va 
s  enfermer  aTaronlino,dausniicam[) 
si  mal  assis,  qu'à  la  moindre  atlaque 
sérieuse  il  eut  élë  perdu  sans  res- 
sources. Mais  aussi  fin  diplomate  que 
médiocre  général ,  endormant  Napo- 
léon par  des  négociations  illusoires,  il 
atteignit  Thivcr  libérateur,  sans  pour- 
tant en  profiter  autant  qu'il  l'aurait 
pu.  Laissons  donc  ce  timide  général, 
se  faire  battre  a  Malo-Icroslavith  j 
ne  pas  oser  attaquer  l'ennemi  à  Kras- 
Doïj  s'arrêter  avant  le  passage  de  la 
Bérésina,  pour  laisser  écraser  Tcbits- 
cliagoff,  dont,  a  cet  effet,  ilavaitdis- 
séminé  les  troupes  ;  et  mourir  en 
conseillant  chaque  jour  la  paix,  dans 
la  crainte  d'avoir  K  lutter  contre  Napo- 
léon .  Tandis  que  la  grande  armée  russe 
perdait  son  chef,  remplacé  aussitôt 
par  le  général  Wittgcnstein,  homme 
plus  médiocre  encore  que  Koutouzoff, 
et  que  Barclay  se  trouvait  ainsi  sous 
les  ordres  de  celui  qui,  peu  de  mois 
auparavant,  était  sous  les  siens  j  ce- 
lui-ci ,  dont  le  zèle  et  la  fidélité  ne 
pouvaient  être  altérés  ni  par  les  dé- 
goûts qu'il  éprouva  ,  ni  par  la  con- 
duite d'un  souverain,  qui  très-injus- 
tement livrait  h  la  vindicte  publique, 
lui  et  TchilscliagofF,  c'est-à-dire  ses 
deux  généraux  les  plus  scrupu- 
leusement fidèles  aux  ordres  qu'ils 
en  avaient  reçus  ;  Barclay  ,  disons- 
nous,  s'était  déjà  emparé,  après  huit 
iours  de  siège,  le  4  avril  i8i3,  de 
rimportante  forteresse  de  Thorn.  Il 
battit  ensuite  Laurislon  a  Kœ- 
nigswarla.  Placé  a  la  droite  de  l'ar- 
mée russe  ,  dans  une   position  très- 


BAR 


i5i 


F 


mal  choisie,  a  la  bataille  de  Baul- 
zen,  le  8  niai,  ayant  'a  y  suppor- 
ter les  efforts  de  l'ennemi  qui  avait 
échoué  dans  la  première  attaque  sur 
le  centre,  cl  était  repoussé  a  sa  droi- 
te, il  sut  prendre  une  position  nou- 
velle, d'où  il  allait  faire  un  mouve- 
ment offensif,  qui  pouvait  assurer 
la  victoire ,  quand  la  retraite  fut 
ordonnée  sur  toute  la  ligne,  d'a- 
res de  fausses  notions  données  par 
'Anglais  Wilson.  Barclay  ne  rétro- 
grada que  le  lendemain,  couvrant, 
comme  il  Tavait  fait  a  Borodino, 
la  retraite  de  l'armée  ,  dont  le  com- 
mandeii^nt  lui  fut  confié  le  ii 
en  remplacement  du  très-inepte  Witt- 
gensteln ,  replacé  de  nouveau  sous 
ses  ordres.  11  éleva  le  moral  des 
troupes  par  la  brillante  affaire  de 
Gorlltz  ,  suivie  de  l'armistice  de  Si- 
léslc  et  du  congrès  de  Prague  ,  ce 
qui  lui  donna  le  temps  de  rétablir  la 
discipline,  et  de  faire  arriver  des 
renforts.  Après  la  reprise  des  hosti- 
lités, dont  il  prévint  le  chef  d'é- 
tat-major de  l'armée  française  par 
une lettredu  2 3  juillet,  et  après  les  dé- 
sastres de  Dresde ,  dans  un  mouvement 
agressif ,  exécuté  contre  sou  avis  et 
celui  du  général  Moreau ,  par  les 
conseils  de  Jomini,  il  fit  mettre  bas 
les  armes  a  Vandame  et  a  tout  son 
corps  d'armée  a  Kulm,  dans  les  mon- 
tagnes de  Bohème  ;  et  le  6  octo- 
bre il  rendit  encore  de  brillants 
services  dans  la  célèbre  et  décisive 
bataille  de  Leipzig,  après  laquelle  il 
fut  nommé  comte,  premier  désaveu 
tacite  du  silence  désaprobateur  de 
sou  maître.  Subordonné  dès-lors  au 
feld-raaréchal,  prince  de  Schwarzen- 
berg,  généralissime  des  armées  com- 
binées ,  il  marcha  vers  le  Rhin  ,  et 
prêt  a  pénétrer  eu  France  il  annonça, 
dans  son  ordre  du  jour  du  3  janvier 
i8i4,  que  Tobjet  de  la  guerre  était 


l52 


BAR 


de  donner  la  paix  au  monde  ^   et 

rintention  de  son  souverain  f/e  J//^^^- 
nuer,  autant  que  possible,  les  mal- 
heurs du  pays  qu'on  allait  envahir  : 
il  y  recommandait  en  conséquence  la 
plus  exacte  discipline,  et  menaçait 
les  coupables  de  toutes  violences 
contre  les  habitants ^  de  les  livrer ^ 
sans  acception  de  personne  y  à  toute 
la  rigueur  de  la  justice  :  aussi,  le 
corps  qu'il  commandait  ne  commit-il 
aucun  désordre  dans  les  provinces 
qu'il  traversa.  Barclay  de  Tolly  di- 
rigea et  commanda  les  troupes  russes 
aux  batailles  de  Brienne,  de  la  Fère- 
Champenoise,  et  k  celle  qui  eut  lieu 
sous  les  murs  de  Paris.  Après  le 
combat  du  3o  mars  i  81 4,  suivi  de 
la  reddition  de  cette  capitale,  il  fut 
élevé  au  rang  de  feld -maréchal,  nou- 
vel aveu  également  tacite  de  la  loyauté 
de  sa  conduite.  Rentré  momentané- 
ment dans  ses  foyers,  après  la  retraite 
des  armées  combinées,  il  se  reportait 
sur  le  Rhin  en  1 8 1  5 ,  a  la  tête  d'un 
corps  composé  de  soldats  d'élite , 
Russes,  Autrichiens,  Prussiens,  Ba- 
varois et  llessois ,  quand  la  bataille 
de  Waterloo  renversa  de  nouveau 
î\*dpoléon.  Barclay  de  Tolly  établit 
alors  son  quartier-général  K  Chàlons- 
sur-Marne.  Il  avait,  dès  le  23  juin, 
annoncé  la  seconde  invasion,  comme 
dirigée  contre  Napoléon  seul,  et  uni- 
quement libératrice  du  peuple  fran- 
çais, qu'il  invitait  a  le  seconder ,  et 
auquel  il  disait  :  Votre  cause  est  la 
nôtre  ;  votre  bonheur,  votre  f^loi- 
rCy  votre  puissance ,  sont  néces- 
saires à  la  gloire  et  à  la  puissance 
des  nations  (jui  conibultcnt  pour 
vous.  lois  étaient  lessentinienlsiju'il 
regardait  comme  ceux  des  souverains 
alliés,  et  qu'il  éprouvait  lui-njrm(>  ;  sa 
conduite  ne  cessa  jamais  d'y  ètrr 
confornie,  et  ses  troupes  furent  main- 
tenues dan&  la  discipline  la  plus  sé- 


BAR 

vère.  Ce  fut  près  delà  capitale  de  la 
Champagne ,  dans  le  camp  des  Ver- 
tus, que  les  trois  souverains  alliés 
passèrent  en  revue  leurs  troupes  res- 
pectives, et  après  le  service  divin  , 
célébré  dans  les  trois  rites,  catholi- 
que, grec  et  luthérien,  ils  y  signè- 
rent ce  traité  de  la  sainte-alliance  , 
que  M™*'  de  Rrudner  (  Voj.  ce 
nom ,  au  Supp.  )  avait  conçu  et 
fait  approuver  par  l'empereur  Alexan- 
dre. Le  feld  -  maréchal  Barclay 
de  Tolly  fut  élevé  alors  k  la  di- 
gnité de  prince,  et  signa  pour  la 
première  fois  en  cette  qualité,  le  i  5 
septembre,  un  ordre  du  jour  dans  le- 
quel il  félicita  les  soldats  russes  de 
leur  parfaite  discipline  ,  qui  devait , 
disait-il,  laisser  aux  pays  étrangers 
des  souvenirs  honorables  pour  eux, 
et  Jlatteurs  pour  le  monarque.  Il 
se  rendit  ensuite  k  Paris  ,  où  Louis 
XVIII  lui  conféra  le  grand  cordon 
du  mérite  militaire  ,  assimilé  a  celui 
de  Saint-Louis,  faveur  dont  l'objet 
était  de  reconnaître  les  services  qu'il 
avait  rendus  au  peuple  français  par 
sa  modération  dans  la  victoire  et 
la  parfaite  discipline  de  ses  trou- 
pes. Il  (juilta  la  France  dans  le  mois 
d'octobre,  et  rentra  enGn  et  défi- 
nitivement dans  ses  fovcrs,  où  il 
n'était  plus  défendu  contre  les 
atta({ues  multipliées  'd'une  injuste 
haine,  par  l'espoir  de  rendre  k  son 
prince  et  k  vsa  patrie  de  nouveaux  ser'» 
vices.  Les  faveurs  et  les  dignités  dont 
il  était  revêtu  ne  le  consolaient  point 
i\  \\ï\t'  opinion  que  rien  ne  pouvait 
vaincre.  Allligé,  indigné,  il  vit  sa  ro- 
buste sauté  s'altérer  journellement; 
et  le  héros  du  j'^olfe  de  Dotlinie,  de 
Borodino,  de  Baulzen  et  de  Kulm  , 
motirul  k  Justerbourg  ,  le  2. S  nui 
itli8,  âgé  de  65  ans, après  en  avoir 
servi  39,  avec  autant  de  talent  (pie 
d'honneur  et   d'utilité.  Outre  les  ti- 


UAR  BAR  i53 

1res  cl  les  grades  que  Barclay  de  Tolly  lire  1.19  t.  Après  avoir  achevé  .ses 
gagna  successivement  durant  sa  vie  éludes  cm  droit  a  Toulouse  ,  il  vînt 
inililiire,  il  avait  élé  décoré  des  or-  suivre  le  barreau  dans  la  capitale,  où 
dres  de  St-André  et  de  8t-Alcxandrc  son  savoir  le  ill  hleutôt  distinguer. 
Ncwski  ;  des  cordons  de  St-Geor-  Quoicpi'il  s'exprimât  avec  facilité,  il 
gcs,  de  St-\\'ladimir  ,  de  Stc-Annc  renonça  de  Lonne  heure  a  la  |)laidoi- 
de  la  première  classe,  des  ordres  de  rie  pour  s'adonner  au  travail  du  ca- 
jMarie-Thérèse  d'Autriche,  de  TAi-  hinet,  préférant  une  traiu|uille  ohs- 
gle- Rouge  et  de  l'Aigle-  Noir  de  curité  h  l'éclat  des  audiences.  C'est 
Prusse  ,  etc.  Ce  n'était  certaine-  la  qu'il  répétait  à  ses  confrères  que 
ment  pas  l'un  de  ces  colosses  mi-  l'avocat  doit  être  aussi  réscivè , 
lilaires  ,  de  ces  généraux  modèles  ,  aussi  scrupuleux,  en  donnant  une 
qui,  au  nombre  de  sept  ou  huit  consultation,,  que  le  Juge  qui  est 
seulement,  doivent,  selon  l'opinion  appelé  à  prononcer  une  sentence 
de  Napoléon,  être  un  constant  objet  II  avait  surtout  approfondi  la  matière 
d'étude  pour  tous  ceux  (pii  comman-  des  substitutions  j  ce  qui  lui  valut  la 
dent  des  armées.  Il  ne  doit  pas  me-  clientcllc  de  plusieurs  grandes  mai- 
Die  être  mis  au  premier  rang,  parmi  sons.  Obligé  d'aller  en  Provence 
ceux  qui  les  suivent  dans  l'ordre  du  pour  suivre  un  procès ,  il  vit  sa  for- 
talcut  et  du  génie  5  mais  il  savait  son  tune  compromise  5  et  de  retour  aPa- 
métier,  il  l'aimait  ,  il  l'éludiait  sans  ris  après  une  longue  absence  ,  il  ne 
cesse:  sa  valeur  était  froide,  sa  tête  retrouva  plus  ses  amis!...  Ce  chan- 
calme,  son  coup-d'œil  juste,  sa  fer-  gement  le  détermina  a  se  retirer  à 
meté  inébranlable,  et  il  doit  conser-  Moulins,  où  il  mourut  dans  un  âge 
ver  un  rang  très-distingué  parmi  les  Irès-avancé,  le  20  sept.  i685.  Dès 
généraux  modernes  ,  et  le  premier,  son  entrée  au  palais,  il  avait  com- 
parrai  les  généraux  russes  de  son  mencé  a  former  un  recueil  des  ar- 
temps.  D'ailleurs  homme  de  bien  ,  rets  rendus  sur  les  questions  les 
sujet  fidèle,  travailleur  infatigable,  plus  importantes  5  il  l'augmenta  sue- 
il  ne  répondit  aux  outrages  que  par  cessivement  dans  le  cours  de  sa  lou- 
de  nouveaux  services;  mais,  de  son  gue  carrière.  Après  sa  mort,  ses  ma- 
lit  de  mort  ,  il  écrivit  a  l'empereur  nuscrits  passèrent  entre  les  mains  de 
une  lettre  dépositaire  de  sa  douleur  Berroyer ,  avocat  ,  son  ami,  qui  en 
et  de  sou  indignation.  Alexandre,  publia  une  partie  sous  le  titre  de  iie- 
alors,  décida  qu'il  lui  serait  élevé  une  cueil  d' arrêts  duparlement  de  Pa- 
statue  sur  l'une  des  places  de  Saint-  ris^  pris  des  Mémoires  de  J'en  M  s 
Peters])ourg5  et  l'empereur  Nicolas,  Bardet,  Paris,  1690,  2  vol.  in-fol. 
voulant  rendre  un  éclatant  hommage  Berroyer  y  ajouta  des  notes  et  une 
a  la  mémoire  de  cet  honorable guer-  préface  instructive,  dans  laquelle  il 
rier,  déclara  en  1826,  que  le  dcu-  donne  unprëcis  de  la  vie  de  l'auteur, 
xième  régiment  de  carabiniers  por-  Malgré  le  ton  d'emphase  et  les  traits 
tcraita  l'avenir  et  aperpétuité  le  nom  de  mauvais  goût  qu'on  trouve  a  re- 
dc  Carabiniers  du  feld-maréchal  prendre  dans  ce  morceau,  il  intéresse 
Barclay  de  Tolly .  A — l — e.  parce  qu'on  sent  que  le  panégyriste 
BARDET  (Pierre),  avocat  au  l'a  écrit  d'inspiration.  Voici  un  pas- 
parlement  de  Paris,  naquit  a  Monta-  sage  qui  donnera  une  idée  de  sa  ma- 
gnet,  en  Bourbonnais ,  le  i5  décem-  nière  :  «  Les  autres  manuscrits  que 


i54 


BAR 


a  Bardet  a  laissés  et  qu'on  pourrait 
o  appeler    ses     enfants    spirituels 
«  (n'ayant  pas  été  engagé  dans  le  ma- 
«  riage) ,  seraient  peut-êlre  des  té- 
«  moins  plus  naturels  de  sa  profonde 
«  érudition  que  ce  recueil  d'arrêts.  -■> 
Lalaure  en  donna  une  nouvelle  édi- 
tion revue  et  augmentée,  Avignon, 
1773,  2  vol.  in-fol.  L'article  con- 
sacré à  Bardet   dans  Moréri  (édit. 
de  1759),  et  qu'on  annonce  avoir  été' 
tiré  des  manuscrit  de  Bouclier  d'Ar- 
gis  ,  est  extrait  mot  pour  mot  de  la 
préface  de  Berroycr.       L — M — x. 

BARDET  DE  VILLEIVEU- 
VE  (P. -P. -A.  ) ,  écrivain  militaire  , 
sur  lequel  on  a  peu  de  renseignements. 
On  conjecture  avec  assez  de  vraisem- 
blance qu'il  était  l'un  des  descendants 
de  Jean  Bardet,  savant  jurisconsulte 
de  rJoulins  et  de  la  même  famille  que 
le  précédent.  11  naquit  vers  1680, 
peut-être  à  Villeneuve,  dans  le  Bour- 
bonnais, dont  il  joignit  le  nom  a  celui 
de  sa  famille ,  lorscju'il  eut  besoin 
d'un  titre  pour  dissimuler  son  origine 
roturière.  Destiné  dès  son  enfance  à 
l'élat  militaire,  il  reçut  une  éducation 
conforme  aux  vues  de  ses  parents; 
et,  après  avoir  lerminé  ses  premières 
études,  il  fut  placé  dans  un  corps 
d'artillerie  où  il  s'instruisit  à  fond  de 
tout  ce  que  doit  savoir  un  bon  officier. 
La  paix  ne  lui  laissant  l'espoir  d'au- 
cun avancement ,  il  sollicita  la  per- 
mission d'entrer  au  service  de  l'Es- 
pagne, il  eut  le  bonbenr  de  se  trou- 
ver sous  les  ordres  du  jeune  cl  brave 
marquis  de  Sanla-Cruz  (  /  o^-.  ce 
nom,  XL,  358);  cl  sut  par  sa  con- 
duilc  mériter  l  alleclion  de  ce  géné- 
ral ,  dont  il  déclare  que  les  coaseils 
bii  furent  très-uliles.  A  sou  retour 
en  France,  fiardet  y  fut  enqiloyc  dans 
Parlillerie.  Mais  don  Carlos  (depuis 
Charles  UI  )  élanl  monté  sur  le  tronc 
des  Dcux-bicilcs  eu  1734  ,  il  passa 


BAR 

au  service  de  ce  prince  avec  le  litre 
d'ingénieur  ordinaire.  Ayant  lu  dans 
sa  jeunesse  les  principaux  ouvrages 
qui  traitent  de  l'art  militaire ,  il  en 
avait  fait  pour  sa  propre  instruction 
des  extraits  qui  remplissaient  un  assez 
grand  nombre  de  cahiers.  Quelques 
officiers  supérieurs,  auxquels  il  ne 
pouvait  rien  refuser  ,  ayant  eu  con- 
naissance de  son  travail,  le  pressèrent 
de  le  publier  •  et,  après  l'avoir  revu 
soigneusement  j  il  le  mit  au  jour  sous 
ce  titre  :  Cours  de  la  science  mili" 
taire j  La  Haye  ,  1740-42,  11  vol. 
in-8°.  Les  cinq  premiers  traitent  des 
fonctions  et  des  devoirs  des  officiers 
des  différentes  armes,  de  la  tactique 
et  du  génie  j  et  les  trois  suivants 
(qu'on  trouve  séparément),  de  Vartil" 
lérie.  Ces  huit  volumes  sont  les  seuls 
auxquels  Bardet  ait  eu  (|uelque  part. 
Les  tomes  IX  et  X  contiennent  l'at- 
taque et  la  défense  des  places,  de 
Vauban  j  et  le  XL  le  Manuel  de  lu 
cavalerie,  par  La  Guerinière.  Un 
avis  du  libraire  annonçait  un  douziè- 
me  vol  urne  qui  devait  contenir /<^5c/V«- 
ce  de  la  marine  ;  mais  ce  volume 
n'a  point  paru.  W — s. 

BARDIN  (Pierre),  d'une  an- 
cienne famille  de  Toulouse  illustrée 
par  le  capitoulat  dès  le  XIY*  siècle  , 
na>|uil  dans  cette  ville,  et  y  fut  fait 
conseiller  au  parlement  en  1424.  11 
fut  auteur  do  plusieurs  ouvrages  assez 
remarquables  pour  le  temps  :  l'un  sur 
l'origine  de  la  juridicllon  ecclésiasli- 
(jue  ,  qu  il  rapportait  aux  empereurs 
cl  aux  rois  j  1  autre  sur  les  privilèges 
cl  immunités  des  moiues.  Il  avait 
aussi  conqiosé  uu  traité  sur  \q% 
moyens  de  reprimer  lu  trop  grande 
puissance  des  êvcqiies ,  Cl  un  com- 
mentaire sur  le  litre  dvs  Dccrélales 
de  Episcopali  audicntia  ;  mais  ces 
derniers  ouvra{;cs  i^ont  perdus.  — 
Bai^uix<   {Gui 


agcs  i»oni    peruus.  — 
'Miiurnc),  Eh  du  prccé- 


BAR  BAH  i5 


i; 


Hcnt ,  cl  conseiller  an  merac  pnrlc-  pic  dans  ses  mœnrs,  fort  gai  avec  le 
ment  ,  est  auteur  d  une  clironi(|ue  dii  maintien  le  plus  s'i^rieux,  rempli  d'i- 
Lanmiedoc,  iin|irinice    pour  la  pre-  décs  originales,  et  conteur  infaliga- 
mière  fois  dans  le  lome    IV  du  sa-  ble  lorsqu'il  élail  dans   nnc  société 
vanl  ouvrage  publié    sur  cette  pro-  d'amis.    Il    aimail    la    musifjuo    là 
vince  par  doni  Vaisselle,  cl  Dom  de  peinture  cl  la    litl6ralure;    tnais  il 
Vie,  sous  le  lilre  à' JlisLoria  chro'  lui    manquait    dans     tout    cela     le 
^l^olo^ica    parlafnentorum  patriœ  goûl  el  la  délicatesse  nécessaires  pour 
occitaniœ.^^We  commence  en  io3i  obtenir   des  succès.  On  a  de  lui  :  I. 
cl  linil  en  i^B^i.  Cet  ouvrage,  écrit  Histoire  de  Laurent  Marcel,  ou 
en  latin,  est  quelquefois  intéressant  5  V Observateur  sans  préjit^é};,  Lille 
mais  l'auteur  n'est  pas  fidèle  sur  tous  (Bouillon),    1770  >   4-  vol.   in-125 
les  points,  et  il  se  montre  d'une  ex-  réimpr.  en   I779eti78i.  Cet  ou- 
trêrae  crédulité.   Cependant  Farke,  vrage  ,  écrit  peu  correctement ,  mais 
un  des  premiers  annalistes  de  Ton-  oiî  l'on  trouve  de  la  franche  gaîlé  et 
louse,   l'a    pris  trop   souvent    pour  des  détails  agréables,  obtint  une  es- 
guide.  Aussi  les  bénédictins  auteurs  pècc  de   succès   qu'il   dut  eu    partie 
de  rbisloire  du  Languedoc  les  réfu-  aux  contes  et  aux  lazzis   dont  il  est 
tent-ils,   l'un  et  l'autre,    en   divers  rempli  j  mais  quelques  bouffonneries 
passages.                      L — m — x.  sur  des  matières  graves    déplurent 
BARDOX  DE  BRUN  (  Ber-  aux  supérieurs  ecclésiastiques  de  l'au- 
nard),  pieux  ecclésiastique,  né,  dans  teur  qui,  se  fit  pardonner  cet  oubli 
le  XVP   siècle ,   a  Limoges ,  d'une  des  convenances  de  son  état  en  pu- 
ikmille  honorable,   donna,  pendant  bliant  :  IL  Esprit  des  apologistes 
sa  longue   vie,  l'exemple  de  toutes  de  la  religion  chrétienne  jBomWoji, 
les  vertus  chrétiennes,  et  mourut  en  1776,3  vol.  in-12.  C'est  une  assez 
1626,  laissant  une  mémoire  vénérée,  bonne  compilation.  III.  LesAmuse- 
W  ts\.R\i\.^\xi  Ac  Saint  Jacques,  ivdL-  ments   d'un  philosophe  solitaire  ^ 
gédie  en  5  actes  et  en  vers,  Limo-  Bouillon,  1783,  3  vol.  in-8°.  Bar- 
ges ,  I  596  ,  in-8".   Cette  pièce  ,  qui  dou  a  laissé  manuscrits  quelques  ou- 
tient  beaucoup  de  nos  anciens  mystè-  ^Tages  du  même  genre  que  son  hau' 
res  ,  fut  représentée  à  Limoges  par  rent  Marcel,    tels  que  le  Prince 
Its  confrères  pénitents  de  Saint-Jac-  cosmopolite  ,   V Histoire  de  Fui- 
ques,  le  jour  de  la  fête  de  leur  pa-  hert  Ansart^  etc.  C.T-y. 
trou.  Elle  est  très-rare.  On  en  trouve          BARDOZZI  (Jeatî  de)  ,  bisto- 
une   analyse    dans  la   Bibliothèque  rien  hongrois,  était  né  ,  vers  1738, 
du    théâtre  français ,  I,   3 09- 1 1 .  d'une  famille  de  magnats.  Après  avoir 
Le  P.  Etienne  Petiot ,  jésuite,  a  pu-  complété  ses  études  à  l'université  de 
blié la ^ier/ei^.Brtrû?o/i_, Bordeaux,  Vienne,  il  reWnt  dans  sa  patrie,  et 
l656  ;  réimpriméea  Limoges,  i6/i4-  consacra  ses  loisirs   aux  recherches 
et  1668,  in-8°.                 W — s.  historiques.     Nommé    directeur    du 
BARDOU  (Jean),  curé  de Rilly-  gymnase  de  Leutschaw  ,  il  joignit  a 
aux-Oyes,  en  Champagne,   sur    les  cette  place  celle  de  conservateur  de 
bords  de  la  rivière  d'Aisne  près  d'At-  la  bibliothèque  royale.  Sur  la  fin  de 
tigny,  naquit  a  Torcy  près  de  Sedati  sa  carrière,  il  se  démit  de  ces  em- 
cn  1729,   et  mourut  a  Rilly  le  i5  plois ,    et   vint   demeurer    dans    sa 


mars  i8o3.  C'était  uu  homme  &im-     famillç  à  Pcslh,  où  il  mourut  le  18 


F 


i56 


BAR 


mars  1 8 1 9 ,  à  81  ans.  Les  ouvra- 
ges de  Bardozzi  sur  l'histoire  de 
Hongrie  sonl  fort  estimés  de  ses  com- 
patriotes, mais  peu  connus  en  France. 
Outre  la  continuation  des  Analecta 
de  Ch.  Wagner,  on  cite:  Animad- 
versiones  historico-critico-diplo- 
maticœ  in  opusde  insurrectione  no- 
billunij  auctore  Joseph  Keresturio^ 
Vienne,  1790.  II.  Obscrvationes 
in  Gregor.  Berzeviczii  libellum  de 
commercio  et  industria  hungarica, 
Leutschaw,  tj^j,  iu-8°  de  78  p. 
(  P^.  Berzeviczi,  au  Supp.).  IH. 
Jkfoldaviensis  vel  szepsiensis  inda- 
gatio j  Presbourg,  i8o3,  in-4-°  de 
192  p.  W — s. 

BARE  ou  Baret,  née,  en  174.1, 
dans  un  village  de  la  Bourgogne,  fut 
la  première  femme  qui  eut  le  courage 
d'entreprendre  le  voyage  autour  du 
monde.  Déguisée  en  homme,  elle  sui- 
vit le  célèbre  Commcrson  qui  s'em- 
barqua avec  Bougainville  en  1766. 
La  curiosité  et  ueut-èlrc  un  senti- 
ment plus  vif  purent  seuls  l'entraîner 
sur  les  pas  du  naturaliste  ;  mais  il 
fallait  qu'elle  eût  une  for^^e  d'ame  peu 
commune  pour  suivre  jusqu'au  bout 
l'exécution  de  ce  projet.  Son  sexe  igno- 
ré (le  rc(jnij)age  fut  révélé  h  l'odorat 
subtil  (les  liabi  tan tsdcTaïti.  Prodigues 
(le  leurs  femmes  envers  les  étrangers, 
ils  voulurent  exiger  de  l'Européenne 
les  mêmes  preuves  de  complaisnnce. 
Pour  la  soustraire  a  leur  empresse- 
ment ,  i>ougainville  la  consigna  h  bord. 
Elle  n  abandonna  Comuiersou  dans 
aucune  de  ses  excursions  scieuli(i(jues. 
Sur  tous  les  points  de  relâche  elle  re- 
cueilliiil  des  insectes,  des  coiiuilles  et 
des  plantes,  avec  toutes  les  précautions 
nécessaires  pour  en  assurer  la  con- 
servalion.  Il  y  a  cpichpie  grâce  dans 
la  peinture  que  Conimerson  a  faite 
de  cctle  héroïne  d'une  nouvelle  es- 
pèce, tt  y vili^ia  nostra  sccuta  est. 


BAR 

«  per  celsissimasjreti  Mageîlaniei 
te  Alpes,  profundissimasque  insii- 
«  larum  australium  sylvas  ;  Dia- 
a.  nœ  instar  pharetrata  ;  Miners^œ 
V.  instar  sagax  et  austera jferarum 
a  hominumque  insidias  ^  non  sine 
a  plurimo  vitœ  et  pudicitiœ  peri- 
tt  culo  sospes  et  intégra,  ayante 
a  prospéra  quodam  numine^  eva-W 
ce  sit  (1).»  Commerson  ,  voulant 
perpétuer  dans  la  mémoire  des 
hommes  le  souvenir  de  sa  com- 
pagne ,  imposa  son  nom  a  des  ar- 
brisseaux qu'il  trouva  aux  îles  de 
France  et  de  Bourbon ,  et  qu'il  dé- 
crivit le  premier  (2).  Le  genre  Ba- 
retia  fut  une  création  de  la  recon- 
naissance ;  mais  les  botanistes,  qui 
ne  se  piquent  pas  toujours  d'acquitter 
les  dettes  de  leurs  prédécesseurs  ,  ne 
l'ont  point  conservé  (3).  La  coura- 
geuse Baré  ayant  reçu  les  derniers 
soupirs  de  Commerson  qui  succomba, 
en  1773,  a  llie  de  France,  y  épousa 
ensuite  un  soldat.  C'est  là  que  finit 
sa  gloire ,  et  que  cessent  les  rensei- 
gnements qu'on  a  pu  obtenir  sur  elle. 
IMais  ils  suffisent  du  moins  pour  sau- 
ver son  nom  de  l'oubli,  et  ajouter  une 
illustration  de  plus  aux  divers  genres 
de  mérite  des  femmes.  L — m — x. 
BAUEIVTli\    DE    MOi\T- 


(ij  l'extrait  <1ps  iiinniiscrits  de  Coininrrsoa  sur 
los(iu('ls  M.  l'nulin  (Tiis.sous  n  doiinf  deux  iioli- 
res  iritt-ressaiiles  {Décatie  philosophique  et  litlé' 
mire,  an  vi,  n"*  H)  rt  3o). 

(a)  liarrtin  Bonafîdia,  Barelia  oppositiva  B. 
Ovata,  B.  hacterophylla.  Ces  driioiiiiiiatioiis 
S|)f(iri(|iie^  sont  lirffs  d«  la  description  int-ina 
<lf  r.onimersoi»  <|tii  ,  suivant  Ir»  crrroienlii  des 
anciens  botanistes,  coii^acre  uuo  phrase  à  chu- 
«|iio  esjircc. 

(J)  I.f  nom  d«  (^uivisia  a  clé  préftVé ,  pare* 
que  Ifs  arhrissennx  <|i)i  composent  ce  (^enresont 
apprli-s  ^>ii/i'i  (liMiH  Icj  îles  «l.i  l'Oii-aii  iu<ln-n. 
davaiiiUtx»,  DeciindoUe  et  Sprenpel  ont  a«lnpl«î 
celte  ilenoniination ,  (pi(ii(|iii>  limelin,  NNilltIr- 
now  et  Smith  russenl  voidn  l'aire  prevah«ir  cella 
de  (iilibrrtin.  Coinnierson  lut  d'autant  pln^  port«^ 
ù  donner  uu  {)uitiU'  nom  de  Harrlin,  ipie  retlo 
pliinte  a  dr5  earaetères  sexuel»  douteux  rt  qu'en 
eela  elle  lui  parut  être  l'ininKo  de  relie  dont 
le  rieur  et  lc5  vêlement»  »iriU  el  pcutt'trc  UUirt 
chosu  «ncorc  déiucntaicnt  le  sexo. 


BAR 

ClIAL  (levicomleLouisDE),  lîen- 
leuanl-géucral  ,  n;i(juit,  en  1757,  il 
l\iri,s ,  {l'une  l.iiiiillc  de  Noi  inaiulic  , 
forl  aiiciiMinc,  i*l  cli.slitij;UL'e  loiirii  tour 
(lansl'cpcc  et  dans  la  rol)c.  Dcsliiic  a 
la  profession  des  amies,  il  entra  jeune 
au  service  et  fil  la  guerre  de  sept 
ans.  A  la  paix  ,  il  fut  nommé 
odîcier  dans  la  compagnie  écossaise 
des  gardes- du -corps  ,  et  profila 
de  SCS  loisirs  pour  se  livrer  a  la  cul- 
ture des  lettres.  En  1790  ,  il  suivit 
les  princes  dans  Témigratiou  et  fit 
toutes  les  campagnes  de  Tarmëe  de 
Condé.  Ayant  été  licencié  ,  il  rejoi- 
gnit a  IMitlau  le  roi  Louis  XVIIÏ, 
et  prit  le  commandement  de  sa  garde. 
Il  était  rentré  en  France  depuis  plu- 
sieurs années  lorsque,  malgré  son 
grand  âge,  il  repritdu  service  en  18  i4- 
dans  les  gardes-du-corps  ,  mais  il  fut 
obligé  de  demander  sa  retraite  en 
1816.  Il  mourut  a  Paris  eu  1824  , 
âgé  de  quatre-vingt-sept  ans.  On  lui 
doit  une  traduction  du  F^oyage J'aie 
aux  Etats-Unis  d'Amérique  en 
1784,  par  J.-C.-D.  Smylli,  Paris, 
1791,2  vol.  in-8^5  puis  une  Géogra- 
phie ancienne  et  historique ,  com- 
posée d'après  les  cartes  de  d' An- 
ville,  ibid.,  1807,  2  vol.  in- 8"  5  elle 
est  très-estiraée.  Dans  la  France  lit- 
téraire, de  M.  (hiérard,  on  lui  at- 
tribue :  Rapport  fait  à  S.  M, 
Louis  XV III  (sMV  les  principes  de 
la  ]\I anarchie  française ^  contre  le 
tableau  de  t Europe  par  Galonné), 
Londres  1796,  in-8°;  et  Traité  sur 
les  haras  ^  extrait  de  Touvrage  ita- 
lien deBrugnoni,  Paris,  i8o7,in-8°. 
Mais  c'est  une  double  erreur.  Le  Rap- 
port au  Roi  est,  comme  l'on  sait,  de 
Monlyon  (i)  [Voy.  ce  nom,  XXX, 

(x)  L'auteur,  snns  se  noMiuicr,  se  désigne,  dans 
la  leltred'cnvoi  à  Louis  Wlll,  cominc  {'ancien  dts 
conseiliers  d'état  retirés  en  Artj^lctcrre,  lilrc  qui 
u'apparteBait  point  au  vicomte  de  U.inntin. 

V— VL. 


RAR 


iî>7 


/^  9),  et  le  Traité  sur  les  haras  a  pour 
auteur  INI.  Charles  de  Barcntin,  page 
de  la  pelilc  écurie  et  capitaine  de 
cavalerie.  On  trouve  une  notice  sur 
le  vicomte  de  Harcntin  de  Monlchal 
dans  VAnnuaire  nérrologuiue  de 
M.  Maliul. — Madame  de  liarentin 
de  Montchal  a  donné  une  Histoire 
abrégée  de  t  Ancien  et  du  Nou- 
veau-Testament, semée  de  cour- 
tes réjlexions  pour  les  enfants  et 
les  adolescents,  Va.nSy  1804,  2  vol. 
in- 12.  W — s. 

BARENTIiX  (Charles-Louis- 
Francois-de-Paule  de  )  ,  garde- 
des-sccaux  de  France  ,  frère  du 
précédent  ,  naquit  en  1738.  Son 
père  ,  neveu  du  chancelier  d'Agues- 
seau  ,  avait  été  élevé  par  les  soins  de 
ce  grand  homme^  et  il  s'était  montré 
digne  d'un  tel  maître.  Le  jeune 
Barentin,  destiné  également  de  bonne 
beure  à  la  magistrature  ,  fut  d'abord 
conseiller  (1767)  ,  puis  avocat-gé- 
néral au  parlement  de  Paris  (1764). 
Dans  cet  emploi  alors  un  des  plus 
importants ,  il  trouva  peu  d'occa- 
sions de  se  distinguer;  seulement  il 
se  fit  remarquer  pour  son  exac- 
titude et  sa  rigoureuse  justice.  En 
1775  ,  il  remplaça  Malesherbes  dans 
la  présidence  de  la  cour  des  aides. 
Les  talents  incontestables  et  l'exces- 
sive popularité  de  son  prédécesseur 
rendaient  cette  tâche  difficile  ;  mais 
s'il  ne  s'y  montra  pas  aussi  brillant 
on  ne  peut  douter  qu'il  n'y  ait  rendu 
des  services  plus  réels.  Dirigé  par  son 
enthousiasme  et  méconnaissant  le  cal- 
me et  la  gravité  judiciaires,  Malesher- 
bes avait  communiqué  trop  souvent  k 
sa  compagnie  l'agitation  et  le  mouve- 
ment qui  l'en  traînaient  lui-même.  Ba- 
rcntin eut  donca  rétablir,  dans  la  cour 
des  aides,  l'ordre  et  la  régularité 
qui  trop  long-temps  en  avaient  dis- 
paru^ et  il  est  sur  qu'au  bout  de 


i58 


BAR 


quelques  mois  elle  offrit  un  aspect 
tout  différent.  Malesherbes  s'en  mon- 
tra fort  étonné  ;  et,  avec  la  bonne  foi 
qui  le  caractérisait ,   il  dit  un  jour 
de  son  successeur  :  a  C'est  l'homme 
ce  de  tous  les  temps  et  de  toutes  les 
«  affaires  ;  moi  je  u  étais  que  l'homme 
«  des  circonstances  et  de  l'occasion.  » 
Le  garde-des-sceaux  Miromesnil  ne 
laissa  point  ignorer  au  roi  ces  bons  ré- 
sultats, et  Louis  XYI  conçut  dès-lors 
de  Bareotin  une  idée  très-favorable. 
Le  président  de  la  cour    des  aides 
fut  appelé  a  l'assemblée  des  notables  , 
et  il  joua  un  rôle  important  dans  le 
bureau  où  il  se  trouva  placé  ;  mais 
ceitte  assemblée,  dont  le  principal  but 
avait  été  de  restaurer  les  finances , 
ne  produisit  que  de  nouvelles  tracas- 
series entre  les  minisires  5   et  l'ani- 
raosilé  des  partis,  qui  déjà  se  manifes- 
tait avec   t^nt  de    violence  ,    ne  fit 
que  s'en  augmenter.  Calonne  réussit 
alors  a  faire  renvoyer    Miromesnil  5 
mais  lui-même  fut  remercié  peu  de 
temps  après.  Le  nouveau  garJe-des- 
sceaux  Lainoiguon  s'élant  livré  dans 
l'adminislralion  de  la  justice  a   des 
plans  a    peu  près    aussi  hasardés  , 
aussi  romanesques  ([ue  ceux  de  Ga- 
lonné  Tétaient  en  finances  ,  éprouva 
bientôt    le    même    sort ,    et   Baren- 
tia  lui  succéda.  L'embarras   du  mi- 
nistère  augmentait  chaque  jour  ,    et 
les  circonstances  devenaient  de   plus 
en    plus    diflicib'S.    Ce  qui    ajoutait 
beaucoup  aux  ddficullés,  c'est  (jue  le 
miuistre  ÎNecker  ,    qui  véritablement 
était    ministre   principal,    celui    (|ui 
tenait  les  rèneà    de  l'étal,  plus  ja- 
loux de  la  faveur  populaire  (|ue  de 
celle  du  roi,    poussait  ii   uni*  révo- 
lution. Imbu  de  .sou  dangereux  sys- 
lôme  d'accorder   tout    au   tiers-état, 
il  coni^ul  le  projet  de  lui  faire  don- 
ner, dans  les  étals-généraux  qui   al- 
laient ctrc  couvuqués;  uuo  double 


BAR 

représentation,  et  il  réunit  une  se- 
conde fois  les  notables  pour  les  faire 
consentir   k   celte  innovation  j   mais 
son  projet  fut  unanimement  rejeté. 
Necker  n'y  renonça  pas  cependant, 
et  son  ascendant  sur  l'esprit  du  roi 
était   tel ,  ou  plutôt  son   parti  était 
devenu  si  puissant,  qu'il  fallut  céder, 
malgré  l'opposition  de  tous  les  bons 
esprits,  et  surtout  de  Barentin.  Dès- 
lors    les   deux    ministres   furent   en 
contradiction  sur  tous  les  points  j  et 
cette  opposition   qui   fut  connue   du 
public,   parce   que    tout   ce   qui   se 
passait  alors ,   même  dans  le  conseil 
du  roi ,  était  incessamment  divulgué, 
fit  du  garde-des-sceaux  une  sorte  de 
point  de  mire  pour  tous  les  hommes 
qui  voulaient  une  révolution.  A  côté 
de  ces  divisions  funestes^  les  états-gé- 
néraux qui  avaient  été  réunis  (i)  ne 
faisaient  rien  de  ce  qui  avait  été  le  but 
de  leur  convocation  5  leurs  délibéra- 
tions tumultueuses  ajoutaient  chaque 
jour  a  l'animosilé  des  partis,  et  l'em- 
barras des  finances  augmentait.  Le 
conseil   sentit   la  nécessité   de   sor- 
tir d'une    situation  aussi   fâcheuse , 
et  il  fut  décidé  que  le  roi  énoncerait 
lui-même  clairement  ses  intentions; 
qu'une  loi  serait  donnée  qui  établirait 
des  états-généraux  périodiques  et  fe- 
rait  dépendre  d'eux    la  création  de 
l'impôt  et  le  règlement  de  la  dépense; 

(1)  l.e  i*^*^  iiuii  i7S(),  je  uie  trouv;iis  daus  l« 
.salon  de  M.  de  Haroiilin,  à  la  place  Royale,  avec 
la  comtesse  de  l'utitgibauil  ,  l(>rs<|ue  le  gardo- 
dv.s-.sceau\  arrivant  de  Versailles  ,  tu  siinarre, 
nous  dit:  «J'étais  aile  porter  au  roi  lu  dis- 
cours (jue,  siiivaut  rusa};e,  j'avais  rédigé  pour 
«'•tre  pioiioiicé  par  S.  M.  ù  l'ouverture  des  vluts- 
{;enfrau)i  !  lu  roi  l'.i  lu  tr«^s-alteMtiveu»eiit ,  et 
ui'a  di(  avuc  quclipie  euibarra^ii  ^'o$re  duvours 
est  fort  bon;  iiiiiis  mot,  j'rn  ai  vomposé  un;  l* 
voisi  :  rt  si  vous  le  trouvei  bi«n,  si  vous  f'nj>/>r<iii- 
tri  ,  je  /e  lirai  en  ouvruni  l'ussemUfe.  J'ai  Irouvo 
en  effet  le  pritjet  du  roi  fort  supérieur  au  niieu  , 
je  l'ai  déclaré  avec  fiuueiiise,  avec  eiuotiuii  i  j« 
rapporte  donc  uuin  discours  ,  »'t  la  Krauc»-  ailuii- 
lira  celui  ipie  le  roi  O  fait  lui-utèuie  ;  »  et.  eu  par- 
lant ainsi  ,  t|ueli|ues  pleurs  d'atlendrissenicnt 
dvkcendaiinl  bU(  lv9  JUU««  Uw  |'l'euiier  magistral 
du  rujuuutu  V— Y«, 


BAR 

mie  ionic  cxcm]ilioii  serait  abolie,  cl. 
qno  le  iiKiuanjUL'  ne  conserverait  l'in- 
U'f^rilc  de  sa  puissance  «jiie  pour  le 
cominandeiiK'iil  de  raniiée.  Celle 
esptVe  de  conslilulion  ,  Toiivrage  de 
Weckcr,  lui  adoptée  par  le  conseil  j 
on  en  supprima  seuleinenl  quelques 
dispositions  qui  portaient  atteinte 
à  l'ordre  et  au  pouvoir  sans  présenter 
aucun  avantage.  La  vanité  de  Necker 
fui  leilernenl  clioquée  de  ces  suppres- 
sions, ipi'il  désavoua  hautement  celte 
loi,  et  refusa  de  se  rendre  h  rassem- 
blée où  elle  fut  promulguée.  Le  roi, 
luéconlcnt  et  suivant  les  conseils 
d'hommes  prévoyants ,  renvoya  alors 
ce  ministre.  Quoique  Barentin  n''eùt 
pas  conseillé  ce  renvoi  ,  qu'il  re- 
gardait comme  dangereux,  le  public 
l'en  accusa  hautement,  et  dans  tous  les 
journaux  et  les  pamphlets  du  temps, 
il  fut  désigné  h  la  haine  publique.  La 
réponse  qu'il  fit  a  la  même  époque, 
au  liora  du  roi ,  a  l'adresse  des  com- 
munes qui  demandaient  l'éloignemeut 
des  troupes,  indisposa  les  esprits  en- 
core davantage  j  Mirabeau  l'accusa  k 
la  tribune  de  prévenir  le  monarque 
contre  rassemblée  et  de  lui  donner 
des  conseils  perfides.  Voyant  alors 
combien  il  lui  serait  difficile  de  rien 
faire  d'utile,  et  craignant  que  la  mal- 
veillance qui  se  dirigeait  contre  lui 
ne  réagît  sur  la  personne  du  roi, 
Barentin  demanda  sa  retraite. 
Louis  XVI  ne  la  lui  accorda,  le  1 6 
juillc  t ,  qu'après  des  instances  réitérées 
et  en  l'accompagnant  de  la  lettre 
la  plus  affectueuse  j  le  même  jour 
Barentin  partit  pour  le  château  de 
Meslay,  près  de  Chartres.  Mais  ses 
ennemis  firent  courir  le  bruit  que  la 
reine  était  jiartie  avec  lui,  et  qu'elle 
était  cachée  dans  le  château  •  ses 
jours  furent  menacés,  et  il  fut  obli- 
gé de  chercher  un  autre  asile.  Quand 
Ù    avait    été    institué    garde-des- 


BAR 


159 


sceaux  ,  il  l'avait  élc  avec  la  survi- 
vance de  Toince  de  chancelier.  Lors 
de  sa  retraite,  il  ne  donna  sa  dé- 
mission que  de  l'office  de  garde-des- 
sceaux  ,  persuadé  que  l'assemblée 
nationale  ne  saisirait  pas  cette  dis- 
tinction ,  et  que  ne  le  voyant  plus  a  la 
tête  des  affaires,  elle  ne  jiorterait  ])as 
plus  loin  son  ressentiment.  Cepen- 
dant, il  essuya  encore  plus  tard  des 
preuves  de  malveillance  bien  péni- 
bles. Le  18  novembre  1789  ,  il  fut 
accusé,  par  l'espèce  de  tribunal  d'in- 
quisition que  l'on  avait  établi  sous  le 
nom  de  Comité  de  recherches  de  la 
ville  de  Paris,  d'avoir  participé,  de 
concert  avec  MM.  de  Bezeuval  et 
d'Auticharap,  h  une  conspiration  dont 
le  but  était  de  former  un  rassemble- 
ment de  troupes  dans  les  environs  de 
la  capitale  ,  pour  l'opprimer.  Vers  la 
fin  de  décembre  ,  Garan  de  Coulon 
reprit  avec  chaleur  cette  dénoncia- 
tion (2)  ,  qui  fut  portée  au  Chàtelet 

(2)  Garan  de  Coulon  accusa  le  garde-des- 
sceaux  d'avoir  foulé  aux  pieds  les  lois  de  toutes 
les  nations  et  celle  du  royaume.  Voici  quels  étaient 
Jes  DOUZE  chefs  d'accusation  :  1.  Conspiialiou 
contre  l'assemblée  nationale  et  la  ville  de  Paris, 
du  mois  de  mai  au  i5  juillet  (1789).  II.  Nom- 
bre effrayant  de  troupes,  composé  d'étrangers, 
avec  tout  leur  attirail  de  guerre;  ces  troupes, 
établies  entre  Paris  et  Versailles,  et  la  commu- 
nication interceptée  entre  ces  deux  villes.  lU. 
Paris  investi,  IV.  L'assemblée  nationale  chassée 
du  lieu  de  ses  séances  et  ensuite  captive.  V.  La 
liberté  de  l'assemblée  violée,  et  les  lois  sacrées 
de  l'état  foulées  aux  pieds  dans  la  séance  du  23 
juin.  VI.  Préparatifs  à  la  Bastille  pour  foudroyer 
la  capitale  ;  une  garnison  formée  de  troupes 
étrangères  introduite  dans  celte  forteresse  ;  di- 
rection donnée  au.x  canons  pour  attaquer  en 
tout  sens  les  citoyens.  VII.  Approvisionnements 
delà  capitale,  qui  éprouvait  déjà  une  sorte  de 
disette,  interceptés  pour  nourrir  des  soldats  ras- 
semblés contre  les  habitants.  VllI.  Les  ordres 
de  couper  le  blc  avant  son  entière  maturité,  pour 
servir  à  la  subsistance  des  troupes.  IX.  Ordre  au 
prince  Lambesc  d'entrer  dans  les  Tuileries,  u 
la  tête  de  son  régiment,  et  d'y  poursuivre  les 
bourgeois  desarmes.  X.  Promesses  perfides  aux 
citoyens,  d'armes  et  de  munitions,  qu'on  leur 
cachait.  XI.  Ordre  donne  au  gouverneur  de  la 
P.astillc  de  tenir  jus(|u'à  la  dernière  extrémité. 
L'artillerie  de  cette  forteresse  ayant  tué  ou  blessé 
rue  Saint-Antoine,  plusieurs  citoyens  allant  et 
venant  pour  leuas  affaires.  XU.  inaction  incon- 
cevable Ucs  troupes  et  de  leur  coiutaaiiduati  tan< 


i6o                  BAR  BAR 

de   Paris,   où   Barenlin,   juge    par  pièce  de  vers  qui  fut  conuue  de  tout 
contumace,  fut  complètement  absous,  le  monde  {Vojr.   Bonnay    et   Ch, 
le  i*'"mars  1790.  Voyant  alors  qu'il  Lameth,  au  Supp.).       M — d  j. 
n'y  avait  plus  en  France  de  se'curile'  BAREXTZEIV  (Guillaume), 
pour    lui,    Barentin    se    rendit   en  pilote  hollandais,  entreprit, en  1594, 
Piémont ,    puis   en  Allemagne  et    en  d'aller  a  la  Chine  eu  passant  par  le 
Ano^leterre.    Cest    dans    ce   dernier  nord  de  l'Asie.  Il  parvint  au-delà  de  la 
pays  qu'il  passa  la  plus  grande  par-  Nouvelle-Zemble  jusque  vers  le  77* 
lie  de   son  exil  5    il    ne  revint   dans  et  le  78^  degré  de  latitude  ;  mais  le 
sa  patrie  qu'avec  le  roi  Louis  X\  III,  froid  excessif  et  les  glaces  le  forcèrent 
en  1814.  Ne  pouvant  alors,  a  cause  de  revenir.  11  y  retourna  courageuse- 
de  sou  grand  âge,  remplir  les  fonc-  ment  en  1596,  passa  l'hiver  a  la  han- 
tions   de   garde-des-sceaux  ,    il   fut  teur  de  77  degrés  où  il  éprouva  une 
créé  chancelier  honoraire  et  comman-  uuit  de  près  de  trois  mois.  Cependant 
deur  du  Saint-Esprit.  M.  d'Ambray,  comme  nos  voyageurs  ne  perdirent  de 
son   gendre,  fut  nommé   garde-des-  vue  le  soleil  que  le    i   novembre,  et 
sceaux   et    chancelier.    Barenlin  est  que  selon  leur  calcul  cet  astre  devait 
mort   a  Paris,  le  3o  mai  1819. —  disparaîlre  dès  le  1^',  ignorant  la  ré- 
Madame  de   Barentin,  sa  sœur,  ab-  fraction  et  ses  causes,  ils  furent  tous 
besse    des  Annonciades  ,    était    une  étrangement  surpris.  Ils  ne  le  furent 
femme  de   beaucoup  d'esprit.    Lors-  pas  moins  ,  lorsque,    le   24.    janvier 
que    Charles    de   Lameth  vint   faire  1397,  ils  aperçurent  le  soleil;  les 
des   recherches   dans  son  couvent  ,  mêmes  calculs  astronomiques  ne  leur 
croyanty  trouver  le  garde-des-sceaux,  annonçant  cet  astre  que   le  8   oui 
elle    persifla  adroitement   le   colonel  9    février.    Ils     en    causèrent    ave 
qui  venait  faire  un  pareil  siège  ;  ses  beaucoup   d'élonnement   entre  eux, 
paroles,  qui  furent  partout  répétées  ,  el  les   savants  eu  raisonnèrent  a  leur 
donnèrent  lieu  à  beaucoup  de  plai-  retour.      Ce    fait    n'étonnerait    plus 
santeries  :  M.  de  Bonnay ,    député,  à    présent;    et    l'on    sait    que    nous 
composa  même  sur  ce  sujet  une  jolie  apercevons    h    l'horizon  l'image  du 
soleil  avant  de  jouir  réellement  de  sa 

d.5  qu.r   d.s   brif;a.uls  ann.-s.    ,,n,f.lnnl  .In  clc5-  ^     ,,       .^     J^ç     COUrage   ct   la  nalieUCO 

ortlrf.iiictiiiliaicnt,  l«s  baiTif lis,  piUuit'iit. Saint-  j^i  v-ov-wv-v.                     i      '^                  *      /    •    . 

Lazare,  el  «iifonroitiii  les  privies  de  l'hôtel  de  de  Bareutzeu  et  de  ses  gcHS  luenle- 

lîi    Knrrf  Tels  sont  les  soiniiiaiics   dcj    douze  ■      n-.                              '                I„         ^^' 

la  hoicc.     1.  .,  s. m  .jj^  j  ^^^^  couronnes  par  le  succès  ; 

chefs  d  accusation  tels  <|ne  les  cmdiu  i>i.  (le  na-  ^   I                                 j 

lentiu  dans  le  ;>/tmo£r<'  (iiiil  publia  rn  1790  (in-  CCpCudaut     loUrmeulcS     par    \(:S    OUrS 

8"   dr    ()8   pacesl.    Sa    iustificaticiii  «lait    facile.  |,'                           ii,                    i                 11* 

L'pn    .o!.; les  fuit,    incriminés    ne  , .....raient  blaUCS,     aCCablcS     par      h'S    HudadlCS  , 

«Ire  nn|.ulés  .|ii'à  nnc  autorité    militaire,  ou   ù  avaul  H  FCnVerser  SaUS  CCSSC   deS  UIOU- 

UIJ  inioislre  iMincip.ll  et  non  .h  un  sim|de  parde-  J             ,        ,                         '     'i       11           *1 

des-M-eaux.   Ccpen.lanl  il  ..».!  devoir  ^^  juslifur  CCaUX   de  ghues  MlipeUelrahleS  ,  lls  FC' 

«ur  chaque  pnef;   il    le    fil    av.c    le  calme  el  la  yj„,eiil  oulill  par  la  mOT  lîlauche.  Ou  a 

dienile    du  mnpistrat  ;   il  «lirait    en    teruiinant  :  ,                  i,             .                      'i               i       » 

«  Qui  osrra  «^icviT  lu  vi.ix  pour  in'arcuMT  «le  peuse  (juc   l).irenlzeu   avail    eu    lori 

„   nouveau;'...   Dénonce  à    la   ...ition.    c'eU  i>  la  ^j^,   j,^,     i^^^jj.    i^,i,;(,^,rs   piès  deS  COteS  , 

«   nalion    .pie  je    demande   jujIkc.    Il    in  est    «lu  ^           ^              •                       V              \           l^ 

«  une  réparation  éclatanli».   propiTtioiHue  h  l'e-  OU      UeCeS.sair  eilUU  t    1  CaU    lleS     lleUVeS 

„  tend.ie d.i  ToutraK.  ■. J'"  i'|  '"'"•'»' •  J'"  i."'"'»"-  fomic  des  glacous  ,  ct  (lu'il  aurait  dû 

«  «Irai,   ele...  »   Il   venoil  de  perdre    un  liU  uni-  '"""^   "^  B'"\''*      »           I 

«pie    <pii    donnait    le»    plu.*    I.ell»-»    e.-iperam  ci  ;  M"  jll  (T  danS    la    haulc    HUT   fl     )USl|Ue 

o/vw.d.s.i,t.iltri»tcinent.,/r«.r</.,M/r««//>^^^^^^^^^^  j            .j              ,      |,.    |roid     Uodoit 

el  dans  l-'iiirl  J  etpriais   mr  suiyitr».   a  mon  /il<  :  cv'UJ      «i-      jiv'iv- ,^                 .il                 >              < 

toi  ijiii  jiiittn  ,-i,lir  mit  miiins  lir  irinrla  patri»...  pjjj      {«tre     ilUSsl      SCHSlbit 

JaiU-il  qur  pur  un  senlimtnt  de  Irndiettt,  Je  ngarda 

In  mort  lumme  un  bienfnil  pour  loi  !         V— tk- 


e 
ce 


pas    être   aussi    sensd»le     tpi  auprès 
des  Icrrcs.  Sa  relation  a  été  impri- 


wéc   en   licllitulais ,    rt  fiadiiila  ôft- 
siiilo  il.iiKS  V I listoirc  ^r/u'ialc  des 

BAlxK'r  (Jeaî?),  no  à  Tours  en 
i5iT,    fut    ccmscillcr  an   prc.sidi.il 
(le  celle  \llle.  puis  liculcnanl-géncral 
ïlii  sièi;c  rovnl  de  Loches,  cl  coiisidc'rc^ 
comme  un  îles  meilleurs  ma^lslralsde 
sou  Icmps.  Il  a  |)id)llé:  I.  Le  Slyh 
(II'    y\)iirainc ,   Tours,    l588,    in- 
::  ».  Il  Coutumes  du  duché  et  bail" 
/i./i^c  de    Touniinc  ^   (fdilion    aui^- 
niL'ulee  de  la  forme  du   style  des 
procédures  es  cours  et  juridictions 
de  ce  duclié,  ihid.,   i59i,  in-4.". — • 
I>Aui:r  (/ùvjf) ,   pelil-lils   du  préce- 
(leul  ,    né   t^i-jalcmeul    K   Tours  ,   et 
clieralicr   de    Tordre   de  Saiut-Mi- 
cliel    cl    maîlre-d'liôlel    du    roi ,    a 
fail  paraître  un  livre  iiililulé  :  IJe  la 
paij'aile  connaissance  des  chevaux 
et  de  toutes  leurs  maladies  _,   Va.- 
ris,  1661,    iu-8".  —  Baret  de  la 
Galanderie  [Jacques],  né  a  Tours 
en  1079,  fils  du  iirocnreur  du  roi  à  la 
prévoie,  se  fil  recevoir  avocal,  puis 
rérérendaire    a     la   clianccllerio     do 
France.  Plus  porlé  a  l'élude  des  Ict- 
Ires  qu'a  celle  «^e  la  juri-sprudence,  il 
fil  paraître  nn  livre  curieux  inlilulé  : 
Le  cha/it  du  coq  français  au  Roy, 
ail  sont  rajjpor-Lécs  les  prophéties 
d'un   hermite    allemand  ,    Paris  . 
i6:i  I ,  in-  T  2.  Dans  la  première  partie 
(le    cet    ouvrage  ,     ijarel    engagea. t 
Louis  XllI  a   l'aire    la   guerre   aux 
Turcs  pour  les  obliger  a  reconnaîtr» 
la  croix.  La  seconde  parlic  csl  un  re- 
cueil de  révélations  pour  aunoucer  le 
triomphe  de  l'Eglise  sur  l'hérésie  <\^i 
CaUiu. — Chalinel,  dans  son ///5;o/re 
de  Touraine  ^lom.  IV,  p.  18),  cilo 
un  autre  Baret  (/c'««),(jui  rédigea, 
sur  les  mémoires  de  Charles  de  Jon- 
pecourt,    \ Histoire    des   derniers 
troubles  de  Moldu'iHi',  Paris,  1620, 
in- 8^.  r — T — K. 


BAH 


1^1 


ILXnET'TH  ou  lUlKlTH  (Fu.«- 
D^nK^Ui:  -  SoiMllK  -  VV  ILUCLMIPJIÎ    , 

margrave  de)  ,  princesse  fort  dis- 
tinguée par  les  (pialilés  du  cœur  et 
de  Pcspril,  el  surtout  célèhre  parla 
tendresse  (ju'eul  pour  elle  Frédéric 
II,  son  Irère.  Le  second  des  enfants  de 
Frédéric-Gulllaumcl"^,  roi  de  Prusse, 
elle  naquit  a  Potsdam  ,  le  5  juillet 
1709  ,  et  elle  eut  pour  parrains  trois 
monarques,  Frédéric  I*"'",  son  grand- 

Î)ère,  et  les  rois  de  Daneuiarck  et  de 
\dogne  ,  qui  se   trouvaient  a  ccltu 
cpocpie  h  l'olsdam,  pour  y  signer  un 
trai'ié  d'alliance  contre  Charles  XII , 
roi  de  Suède.  En  i  7  i  5  ,  il  y  avait  a 
I^»erlin   beauroup    d'olFiciers  suédois 
fails  prisonniers  au  siège  deSlralsnnd. 
L'un  de  ces  officiers ,  nommé  Cron  , 
gavant  dans  l'astrologie  judiciaire,  fut 
consulté  par  la  reine  de  Prusse  ,  et  il 
lui  prédit  que  sou  fils  (Frédéric  II) 
serait  un  des  plus  grands  princes  qui 
eussent  jamais  régné  j  quant  a  la  jeuny 
princesse,  il  annonça  que  toute  sa  vie 
ne  serait  qu'un  lissu  de  fatalités  ,  el 
qu'elle  ser^iit  recherchée  par  quatre 
tel  es    couronnées.    Celle   prédiction 
»'est  »i  bien  vérifiée,  que  nous  pen- 
sons qu'ainsi  que  beaucoup  d'aulrcs 
du  même  genre,  elle  n'a  été  imaginée 
qu'après    l'évcncmenL    Frcdéri(jue- 
Sopliie  juoatra  de  bonne  heure  beau- 
coup  d  intelligence  et  a  esprit ,  iu 
de    Son^^feld  lui  enseigna  Tauglais  , 
Pitalien  ,  l'histoire,  la  géographie,  la 
philosophie  et  la  musique,  et  elle  fit 
de  rapides  progrès  dans  toutes  ces 
sciences.  L'ardeur  avec  laquelle  elle 
se  livrait  a  Pétude  était  si  vive  et  si 
soutenue,  qu'on  fut  obligé  de  la  modé- 
rer pour  que  sa    santé  n'en  souffrît 
pas.    Lors(iu'elle    était    encore   fort 
jeune  ,  il  fut  successivement  question 
de  la  marier  avec  les  héritiers   des 
couronnes  d'Angleterre,    de   Dane- 
•majxk,  de  Suède  el  de  Pologne  ;  nwils 


I.Vll. 


1 1 


102                   BAR  BAR 

tous  ces  projets  échouèrent  successi-  va  tenir  compagnie  d  ton  coquin 

veraeut  pour   des  causes  d'inconve-  de  frère.  A  zth  mots,  il  lui  applique 

nance   politique  ou  personnelle.   La  plusieurs  coups  de  poing  sur  le  vi- 

princesse  passa  une  jeunesse  cxiréme-  sage  j  la  force  des  coups  la  fait  lom- 

ment  triste  et  malheureuse  j  elle  eut  ter,  elle  perd  tout  sentiment.  Le  roi, 

beaucoup  a  souffrir  de  l'humeur  de  sa  ne  pouvant  maîtriser  sa  colère  ,  allait 

mère,  femme  enlèlée,  solle  et  ridi-  continuer  de  la  battre,  en  cet  état , 

cule  ,  mais  surtout  de  celle  de  son  s'il  n'en  eut  été  empêché  par  plusieurs 

père  ,   homme   emporté  ,    brutal   et  personnes  ,  témoins  de  cette  scène, 

grossier  a  Texcès.    Ce  prince  ayant  Non  content   de   l'odieuse  et  injuste 

eu,  en  1729,  une  violente  attaque  de  punition  qu'il  lui  avait  infligée,   le 

goutte  aux  deux  pieds ,  sa  fille  était  terrible   monarque    lui    ordonna   de 

obligée  ,  ainsi  que  son  frère ,  de  se  rester  en  prison  dans  sa  chambre,  et 

trouver  chaque  jour,  a  neuf  heures  la    malheureuse    princesse  fut   ainsi 

du  matin,  dans  sa  chambre.  Le  vio-  long-temps  resserrée,   manquant   de 

lent  monarque  Taccablait  continuelle-  tout  et  abreuvée  de  larmes.  Peu  de 

ment  d'injures  telles  que  nous  n'ose-  temps    après  ,  le  roi  voulut  la  marier 

rions   les   répéter.    Un  jour  ,    qu'au  avec  un  prince  qui  ne   lui  inspirait 

lorlir  de  labié  il  voulait  la  frapper  de  que  de  la  répugnance  \  c'était  le  duc 

sa  béquille,  elle  eut  le  bonheur  d'es-  de  Weissenfeld^  homme  dépourvu  de 

quiver  le  coup  dont  elle  eût  été  cer-  toute  espèce  d'agréments  :  heureuse- 

taiuemcnt    assommée.    Ces   mauvais  ment  ce   mariage  manqua.  La  grâce 

traitements    finirent    par   altérer  la  du  jeune  Frédéric   vint   enfin  ,   vers 

santé    de    la    princesse  ;    elle   tom-  le    même    temps ,    donner    quelques 

ba     malade,    et    un    continuel    dé-  consolations  h  sa  sœur-    et    tousses 

lire  s'empara  d'elle.  Cette  maladie  en  chagrins  semblèrent    terminés  lors- 

amena  une  autre  plus  dangereuse  en-  qu'elle  épousa  un  prince  qui  ne  lui 

core,  la  peti*e-vérole  ;  mais  elle  eut  était    point   désagréable.   Ce  fui    le 

le  bonheur  de  guérir  sans    en  con-  20  novembre  lyôi,  (pfelle  donna  sa 

server  de  traces.  Dans  cette  circon-  main  au   prince  héréditaire  de  Ba- 

f lance,  elle  reçut  de  précieuses  mar-  reuth  ,  jeune  homme  adonné,  comme 

ques  (rinlérct  et  d'amitié  de  la  part  le  margrave  son  père,  a  la  débauche 

de  l'aîné  de  ses  frères;  ce  qui  con-  et  a  l'ivrognerie  ,  mais  d'un  caractère 

tribua  beaucoup  a  la  consoler  et  a  la  assez  doux    et  fort    passionné    pour 

rétablir.    De   nouvelles   souffrances  ,  l'art   militaire.  Quelques  jours  après 

(le  nouveaux  chagrins  l'assaillirent,  la  célébration  de  son  mariage,   elle 

lorscpjc  Frédéric  essaya  de  se  dérober  partit  pour  Bareulh,  cs])érant  y  goù- 

par  la  fuite  aux  cruils  Irailemeuls  de  1er,  sinon  les  jouissances  de  la  gran- 

flon  père.  l'Ji  apprenanl  l'arreslalioa  dcur,  du  moins  les  douceurs  d'une  vie 

(le  ce  frère  objet  de  ses  aflVclions,  elle  tranquille  et  indépendante  :  son  espoir 

resscnlil    la    plus    violente     donlcnr.  fut   à   peu   près  réalisé.    Quatre    ans 

Malheureusement  elle  s'était  couipro-  après  (  le  17  niai  1705),  elle  devin! 

mise  dans  cette  affaire  :  son  père  pré-  margrave  de  Bareuth  ,  par  la  mort  de 

tendit  (pfcllc  avait  eu  connaissance  du  son  beau-père.  ^>on  propre  père  mon- 

complol,  et  il  la  maltraita  indigne-  rul  eu  17/fO,   et   quoiqu'elle  ne  pût 

ment  :  Jnf'dmc.  canaille  ^  lui  dil-ii  ,  avoir   perdu  le  souvenir  de   tous  les 

oses'lu  bien  te  montrer  devant  moi  P  chagrins  qu'il  lui  avait  fait  endurer, 


CAR 

elle  sp  montra  fort  scMisilïli*  h  cet  ^vi"^- 
noiiuMil  On  a  \  Il  rniiiMcti  elle  fui 
vhi'TV  a  Frcdi'ric,  elle  rélail  (Icvi'mic 
plus  encore  dans  les  derniers  temps  de 
sa  vie;  c'clail  clic  (pic  le  grand  mo- 
narcpie  jirenail  pour  confidente  de  ses 
plus  inlinies  pensées;  elle  lui  donna 
.souvent,  sur  les  alTaircs  poliliijues, 
i\cs  avis  fort  prudents,  et  ,  dans  les 
moments  de  ses  plus  jurandes  adver- 
sités, elle  fit  en  secret  d'inutiles  efforts 
aiipiès  de  la  cour  de  France  pour  en 
obtenir  la  paix  ;  c'était  de  concert 
avec  Voltaire  qu'elle  avait  formé  ce 
projet.  Ce  grand  homme  ,  qui  l'avait 
connue  h  Berlin,  qui  lui  avait  vu  Jouer 
la  comédie  avec  beaucoup  dintelli- 
gencCet  de  finesse,  était  un  de  ses  ad- 
mirateurs les  plus  enthousiastes.  Ou 
lit  dans  la  collecliou  de  ses  œuvres 
plusieurs  lettres  de  cette  princesse,  et 
toutes  sont  empreintes  d'un  esprit 
fort  extraordinaire,  et  surtout  d'un 
intérêt  bien  tendre  pour  les  succès 
de  son  frère  chéri.  On  sait  tout  le 
chagrin  que  causa  k  Frédéric  la 
mort  de  celte  tendre  sœur,  qui  ex- 
pira le  jour  même  oiî  il  perdait 
la  bataille  de  Hockirchen  (  il  octo- 
bre 1758).  Il  exprima  ses  regrets 
d'une  manière  fort  louchante  ,  dans 
une  lettre  par  laquelle  il  pria  Vol- 
taire d'élever  h  sa  sœur  un  monument 
poétique.  Le  poète  s'empressa  de  ré- 
pondre a  l'appel  de  son  royal  ami , 
et  il  composa  une  pièce  de  vers  qui 
commence  ainsi  : 

Oinbre  illustre.ombre  chère,âuie  héroïque  et  pure. 

Il  y  avait  plusieurs  mois  que  la  mar- 
grave n'était  plus,  lorsque  Frédéric 
fil  h  Voltaire  une  réponse  qui  prouve 
combien  son  cœur  était  encore  dé- 
chiré :  «  J  ai  reçu  les  vers  que  vous 
a  avez  faits.  Apparemment,  je  ne  me 
ce  suis  pas  bien  expliqué  :  je  désire 
«  quelque  chose  de  plus  éclatant  et 


r,AR  iC3 

«  do  public.  Il   faut  que   l'Europe 
a  pleure  avec  mni  une   vertu    trop 


a  peu  commune  -,  il  ne  faut  point  que 
c  mon    nom   partage    cet  éloge  j   il 
«  faut  que  toiillr  monde  sache  qu'elle 
«  est  digne  de  riminorlalilé,  cl  c'est 
«    h  vous  de  l'y  placer,  (in  dil  (pi'Ap- 
«  pelles  était  le  seul  digne  de  peindre 
a  Alexandre  :  je  crois  voire  pliimo 
a  la  seule  digne  de  rendre  ce  service 
«  à  celle  qui  sera  le  sujet  éternel  de 
a   mes  larmes.   Je  vous  envoie  des 
a  vers    faits  dans   un  camp    et  que 
ce   je  lui  envoyais  un  mois  avant  celte 
ce  cruelle   catastrophe    qui  nous    en 
a  prive  pour  jamais.  Ces  vers  ne  sont 
ce  certainement   pas    dignes   d'elle  , 
ce   mais  c'était  du  moins  l'expression 
ce   vraiede  mes  sentiments;  en  un  mol, 
ce   je  ne  mourrai  content,  que  quand 
ce  vous  vous  serez  surpassé  dans  le 
ce   triste   devoir  que  j'exige  de  vous. 
a   Faites  des  vœux  pour  la  paix;  mais, 
ce   quand  même  la  victoire  la  ramè- 
ce  nerait,  cette  paix  et  la  victoire,  et 
ce   tout  ce  qu'il  y  a  dans  l'univers  , 
ce   n'adouciraient  point  la  douleur  qui 
ce   me  consume.  »  Voltaire  composa 
alors   son  Ode  sur  In   inort  de  la 
margrave  de  Barcith.  Cette  prin- 
cesse   a    écrit    en    lan2:ue   française 
des  Mémoires   qu'elle  avait  légués 
au  conseiller  privé  de  Suppervilie  , 
son  premier  médecin  ;  ils  n'ont  été 
publiés  qu'après  la  mort  de  celui-ci , 
et  ils  ont  obtenu,  en  France,  un  grand 
succès  ,  lequel  est  attesté  par  quatre 
éditions  successives  dont  la  dernière 
parut  a  Paris  en  i8i3,  2  vol.  in-<S°. 
Ils  le  doivent  principalement  aux  in- 
téressants détails  qu'ils  renferment, 
tant  sur  la  famille  royale  de  Prusse, 
que  sur  les  affaires  politiqucsdu  temps 
et  sur  les  nombreux  personnages  qui 
y  figurent.  Ces  /l/f'/?!^^^^^  sont  écrits 
dans    un   style    fort  incorrect,   sou- 
vent même  trivial  ;  mais  il  faut  le 


f  I. 


t64 


BAa 


souvcuîr  qu'ils  sont  fourrag»  d'ane 
étrangère.    Cependant  ,     malgré  ce 
défaut ,  le   style  a   un  mérite   pré- 
cieux,    c'est   d'être   vif,  nalurel   et 
pittoresque.     L'auteur    peint     avec 
Deaucoup     de     vérité     et    d'énergie 
les  scènes  orageuses  qui  se  passaient 
dans  le  palais  de  son  père,  et  où  ce 
prince  se  livrait  aui  pins  révoltantes 
Drulalités.  Lorsqu'on  lit  ces  récils, 
et  que  l'on  voit  tous  les  excès  aux- 
quels se  portait  journellement  le  roi 
contre  sa  femme  et  ses  enfants  ,  on  se 
croit  transporté  parmi  les  gens  de  la 
plus  basse  classe,  et  il  est  diflicile  de 
ne  pas  êlre   indigné   contre   un    tel 
prince.   Il  est  vrai   que  la  reine   se 
montre  elle-même  si  sotte  et  si  en- 
têlée ,    que   l'on    s'intéresse  médio- 
crement a  celle  princesse.  D'ailleurs, 
ce  n'est  pas  sur  elle  que  tombent  les 
coups  :  le  roi  les  réserve  tous  pour 
ses  enfants.  Tantôt  c'est  le   prince- 
royal  qu'il  veut  étrangler  avec  un 
cordon  de  rideau;   tantôt  c'est  la 
margrave  ,  qui  tombe  évanouie  sous 
les  coups  de  bâton  que  lui  aj)p!iqne 
le  roi  son  pore  ;  quebpufois  il  se  con- 
tente de  leur  jeler  des  assiellcs  h  la 
tête  ,  et  il  est  bien  rare  que  de  pa- 
reilles   scènes   lu.'  troublent    pas   les 
repas  de  celte  auguste  famille  5  pour 
peu  que  S.  M.  soit  ivre,  ce  qui  lui  arri- 
ve assez  souvent ,  il  n'y  a  plue  de  salut 
K  espérer  j   alort>  il  faut  que  lonl   la 
monde  se  cache  dans  les  armoires  ou 
sous   les   lits.    Quand  la    prijice.ssc , 
dans  ses  7ï/r///(^/rri,  ne  raconte  p.is 
de   pareilles    turpitudes,   on   y    voit 
successivement  passer  une   foule  do 
personnages  dont   e'ie  marcjue  par- 
faitement la  pliysionomic.  La  plupart 
de  ses  observations  ,  justes    et    pi- 
(juanlcs ,     annoncent    une     coiinai.s- 
sauce  parfaite  du  cœur  humain.  Elles 
prouvent  aussi  qu'a  beaucoup  d'esprit 
naturel,  la  mar^rayc  joignait  uu  noble 


BAR 

caractère  ,  une  sensilDililé  délicate 
et  un  vif  amour  de  la  vérité.  Ces  Mè^ 
moires  s'arrêtent  k  la  fin  de  l'année 
1742;  on  pense  qu'ils  avaient  été 
poussés  plus  loin  ,  et  qu'ils  traitaient 
du  règne  du  grand  Frédéric.  Les  édi- 
teurs annoncèrent ,  en  les  publiant , 
qu'ils  en  rechercheraient  la  suite  avec 
activité  :  il  paraît  que  leurs  recher- 
ches ont  été  vaines,  car  celte  suite 
est  encore  attendue  j  on  ne  peut  guère 
douter    maintenant   qu'elle     no    soit 

ferdue.  C'est  véritablement  pour 
histoire  une  perte  fâcheuse  et  que 
ne  peut  réparer  la  publication  faite  a 
Hambourg,  en  1829,  parle  docteur 
Cramer,  des  Pièces  pour  servir  à 
V histoire  de  Frédéric  -  Guillau- 
me V  et  de  Frédéric  II ,  in-8"  , 
bien  que  ce  volume  offre  des  détails 
assez  piquants  sur  l'intérieur  de  la  fa- 
mille royale  de  Prusse.        M — DJ. 

DAÛILLI  (Louis),  chanteur  de 
rOpéra-])ufra  ,  naquit  a  Modène  vers 

I  767,  ou  dans  le  royaume  do  Naples 
vers  j  764*  Après  avoir  joué  avec  suc- 
cès, sur  différents  théâtres  d'Ita- 
lie, il  était  dans  toute  la  force  de 
8(in  talent,  lorsqu'il  lui  engagé  par 
l'Opéra  italien  de  Paris,   en  i8o5. 

II  y  dé'oula  dans  la  salle  de  Lou- 
vois,  le  19  août,  par  la  rôle  du 
comte  Cosmopoli ^  dans  la  Locan- 
dicra  ,  de  Farinelli  ;  il  obtint  le  plus 
brillant  succès  ,  ainsi  (jue  dans  stfs  au- 
tres débuts,  et  lut  dès-lors  regarde 
comme  l'nctrur  le  plus  précieux  de 
la  troupe  italienne,  dont  lui  et  sa 
femitie  devinrent  les  principaux  sou- 
tiens. Sa  manière  était  franche  et 
naturelle,  «on  jeu  piquant  et  vrai, 
sa  gaîlé  sans  apprêt ,  sans  grimaces 
cl  sans  trivialité.  Quelques  soi-disant 
connaisseurs j)rétendaient  tpTil  n'était 
pas  grand  musicien  ;  mais  ils  étaient 
lorcés  dw  convenir  que  son  chant  avait 
beaucoup  d'eiprcs^ioa,  clquo  sa  voix^ 


BAU 

Pnno   (lea  |iliis  forlrs  bassos  -  tailler 
(jii'onall  rnU'iuliics  .111  tlicàlri",  sccon- 
(Liil  im'r\  l'illf  iisciiKMil  sa  vcrvr  cotiii- 
qnp.  Siiccvclanl  à  RafTanclli  cl  h  ÏMarli- 
lU'lli ,    il   clianlail  niii'iix  (jiic  le  pre- 
inliT  ,  et  jouail  mieux  que  le  second. 
Dans  les  rôles  où  il  parut  après  eux, 
comme  dans  ceux  (jn'il  créa  successi- 
vement, Harilli  soulinl  sarépulalion, 
en  (léployanl  une  grande  variété  de  la- 
lenls,  et  eu  donnant  h  cliarjiie  person- 
iia«:;e  un  cacliel  original.  Il  était iuimi- 
tahie  surtout,   dans    le    Canlatrlci 
villane,  où  il  jouait  le  maître  de  mu- 
sique Ijucépliale;  ^i\w?,laProvnd'iin 
opéra  serin  où  il  faisait  rire  jusqu'aux 
larmes,  pendant  le  duo  qu'il  chantait 
à  genoux  5  dans   les   J^ue  GemelU , 
cù  la  finesse  de  son  jeu  et  la  raobililo 
de  ses  traits,  imprimaient  une  pliy- 
sîonomie  particulière,  aux  deux  rôles 
dont  il  était  ciiargéj    dans   Bellarosa 
à.G%  y  irluosi  cnnhulanti^  traduction 
des    Comédiens    ambulants  de    Pi- 
card ,   mise  en   musique   par  Fiora- 
vanli  5  dans  ^l'i  Nemici  generosi , 
où  il  cliantait  et  jouait  en   excellent 
comédien   l'air  et  la  scène  du  duel  j 
dans  //  Pazzo  pcr  la  nuisica  ;  dans 
les  rôles  de  Bonario  de  la  Capriciosa 
corretta  ;   d'Oronzo    du    Malrinio- 
nio  segreto;  de  Ginnicolo  de  la  Gri- 
selda ,  etc.  Barilli   avait  suivi  avec 
sa    femme   le    théâtre    italicB,     en 
i8o8,   de  la   salle    de    Louvois   h 
celle  de  l'Odéon,  où   ils  attireront 
la   foule.    Il    en  lut   un   des   quatre 
administrateurs,    eu    1809,    et    en 
subit  depuis  toutes  les  chances,    sous 
<liverses  directions,  dont  la  plus  dé- 
])lorablc  fut  celle   de  madame  Cafa- 
lani  alasalleFavarl,  de  i8i5k  18  1  8. 
La  mort  de  madanjc  Barilli ,  avec  qui 
ce  théâtre  semblait  être  descendu  au 
tombeau  ,  fut  pour  son  mari  le  préInde 
d'un  enchaînement  de  malheurs.  KUe 
lui  avait  laisse  trois  fib  en  bas  âge  5 


liAR 


»6S; 


ils  périrent   Ions  les  troiis,   en  peu 
d'années,  de  la  j)htliisie pulmonaire. 
Le  dernier  expira  dans  ses  bras  ,  vers 
la  lin  de  i  82S.  Tant  de  coups  portas 
h  son  cœur,  av;iienl  altéré  sa  santé  et 
îiffad)Iibes  moyens.  Il  jouait  plus  ra- 
rement.   Mais    rOpéra    italien ,    re- 
venu, en  I  8 1 8,  dans  la  salle  Louvois, 
y  avait  repris  son  premier  éclat  j  Ba- 
rilli en  fut  régisseur  ,  depuis  1820, 
et  il  y  était  logé.  Ayant  faitnnc  chute, 
le  premier  février  1824,  il  se  cassa  la 
jambe  gauche.    Des   secours  prodi- 
gués h  temps  paraissaient  avoir  pré- 
venu des   suites  plus  funestes  de  cet 
accident.  Il  était  en  pleine  convales- 
cence 5  une  représentation  brillante 
avait  été  donnée,  le  28  mars,   a  son 
bénéfice,  et  il  devait  faire  sa  rentrée 
au  théâtre ,  dans  un  opéra  de  MM  Ba- 
lochi  et  Paer,  VAjo  nelV  imbarrazzo 
(le  Précepteur  dans  l'embarras).  Le 
2  e  mai ,  il  écrivait  a  madame  Pasta  , 
qui  était  h.  Londres  ,  lorsque  ,   saisi 
tout-a-coup   par  un  étouffement,  il 
expira  sans  pouvoir  proférer  un  seul 
mot.  Barilli  n'était  pas  seulement  bon 
chanteur  et  excellent  bouffe;  il  était 
homme  probe,    administrateur  actif 
et  intègre.  Sa  bienfaisance,  sa  géné- 
rosité   n'avaient    point     de    bornes. 
Depuis  plusieurs    années ,  il    consa- 
crait  une  partie    de    ses    appointe- 
ments h  payer  les   dettes  d'une  en- 
treprise   théâtrale,   dans  laquelle  il 
n'avait  été  (pi'associé.  Traversant  en 
voilure  le  faubourg  Saint-Germain  , 
au  temps  de  sa  prospérité  ,  il  fut  té- 
moin delà  douleur  d'une  famille  dont 
on    vendait    les  meubles  :  il    fallait 
ï6oo  fr.  pour  les  racheter  j    Barilli 
les  donna  et  disparut.  Comme  il  n'a- 
vait rien  a  lui,  il  ne  laissa  rien,  pas 
même  de  quoi   subvenu*  H   ses  funé- 
railles. Ses  camarades  y  ont  pourvu 
au  moyen  d'une   souscription,  et  un 
tombeau  a  été   élevé  a   cet   homme 


leG 


BAPv 


estimable,  près  de  celui  de  sa  femme, 
au  cimetière  de  l'Est.  A — t. 

BxVRlLLI  (Makie-Ak.n-e  Bo.v- 
DiNi,  femme  )  ,  célèbre  cantatrice 
épouse  du  précédent,  naquit  a  Dres- 
de, le  i8  oct.  1780,  de  parents  ori- 
ginaires de  Bologne.  Elle  n'avait  que 
dix  ans  ,  lorsque  son  père,  chargé 
de  l'entreprise  du  tbéàtre  de  Pra- 
gue ,  fui  ruiné  par  un  incendie  qui 
consuma  la  salle,  les  magasins,  la 
musique  et  la  redoute.  11  n'eut  pas 
d'autre  parti  à  prendre  que  de  re- 
tourner, avec  ses  enfants  en  Italie, 
où  il  espérait  trouver  des  ressources 
pour  former  un  nouvel  établissement. 
Mais  il  mourut  pendantle  trajet,  lais- 
sant toute  sa  famille  dans  la  plus  fâ- 
cheuse position.  La  jeune  Marie- Anne 
annonçait  déjà  d'heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique  et  possédait 
même  iintalcntassez  remar([uaLle  sur 
le  piano.  Arrivée  a  Bologne,  elle  fut 
placée  a  l'école  de  chant  de  Sartorlui, 
lapluscélèbredc'l'Jtahe,  et  où  s'était 
conservée  la  Iradiliou  de  la  belle 
méthode  de  Fariuelli.  Elle  y  puisa 
cette  pureté  de  goût ,  cette  exécutiou 
brillante  qui ,  plus  tard,  firent  l'ad- 
miration des  connaisseurs.  Ayant 
épousé  llarilli,  elle  l'accompagna  peu 
de  temps  après,  lorsqu'il  fut  engagé 
au  théâtre  italien  de  Paris,  eni8o5. 
Elle  «c  lit  entendre  dans  quelques 
concerts,  et  les  applaudisseujents 
qu'tlle  y  reçut  triomphèrent  de  sa 
tmiiilité  naturelle,  de  la  ré|iugnaucc 
qu'elle  avait  montrée  jusiju'alois  h 
paraître  sur  un  tluàtre,  et  même  d'une 
clause  (le  son  contrat  de  mariaire. 
Cédant  aux  instances  de  la  dirtctiuu 
de  rOpéra-biilla ,  elle  déluila  le  i.j 
janvier  1807,  «^  l^i  •'»^11l*  Louvois,  par 
le  rôle  de  Clorinda  dans  /<•  duc  (rti- 
meiiiy  de  (iiigliclim.  bon  second  dé- 
but n'eut  lieu  «pie  le  5u  mai ,  dans  la 
OriittlUa  de  M.  I'acr3  le  «uccc^  qu'elle 


BAR 

y  obtint,  l'enthousiasme  qu'elle  excita 
dans  les  autres  pièces  où  elle  parut  et 
dans  celles  que  l'on  composa  pour 
elle  ,  la  déterminèrent  a  se  fixer  a 
Paris ,  et  a  refuser  les  engagements 
les  plus  avantageux  qui  lui  furent 
offerts  par  les  entrepreneurs  des  prin- 
cipaux théâtres  de  l'Europe.  Les  Pa- 
risiens n'avaient  pas  besoin  de  celte 
marque  de  préférence  et  de  gratitude 
})Our  ^'attacher  a  madame  Barilli. 
Si  sa  taille  un  peu  ramassée  manquait 
d'élégance,  si  ses  iraits  étaient  dé- 
pourvus de  noblesse  ,  la  nature  l'avait 
dédommagée  par  un  assemblage  asseï 
rare  de  qualitésnon  moins  essentielles. 
Sa  physionomieiutéressante  exprimait 
la  douceur  et  la  décence  5  sa  voix, 
d'uue  justesse  incomparable  ,  brillait 
aussi  par  une  étonnante  facilité  ,  per- 
fectionnée par  une  méthode  admira- 
ble. M""*^  Barilli  n'avait  pas  moins 
de  droits  à  l'estime  publique  par  la 
régularité  de  ses  mœurs,  par  ses  ver- 
tus privées  et  par  sa  modeste  bien- 
faisance. Placée  dès  son  début,  au 
rang  des  premières  cantatrices  ,  elle 
soutint  sa  réputation  et  l'accrut  même 
par  l'habitude  de  la  scène  et  le  jeu 
théâtral.  Applaudie  dans  JlMatri- 
munio  segrelo,  dans  ie  Cnnta-' 
tricL  villane  ,  dans  ie  ^ozze 
di  Figaro,  où  elle  jouait  le  page, 
dans  le  ^ozzc  di  Dorina  ^  lu  Casa 
rtiru  ^  Gianiiia  à  Beinurdone  ^ 
elc,  où  d  autres,  avant  elle,  avaient 
chanté  le  principal  rôle,  elle  enleva 
tous  les  suHVages  dans  plusieurs 
pièces  nouvelles  ,  telles  que  ^li 
î^ernici  gcnerosiy  i  k  irtuosi  am" 
bulanti ,  il  Crcduloy  il  Matrimo^ 
nio  pcr  riiiii;iro  ,  Cosï  Jun  tutle  , 
ainsi  ijue  dans  les  opéra  séria,  la  Dis- 
Irtizionc  di  Gcntsalemme  ^  cl  Me- 
rof'c.  Après  une  série  de  suecès  sans 
aucun  mélange  de  critique,  elle  avait 
l'espoir  do  parcourir  encore  une  bril- 


BAR 

lanlc  c.iriii'rr  vn  Franco,  où  elle  s'^ 
Iciil  nallonaliscc  ,  lorscjn'h  peine  rele- 
vée (1*11110  l()n<^iic  cl  i^ravc  iiialaihe, 
elle  re(ioiil)la  Je  zèle  et  de  travail 
pour  suppléer  au  départ  précipité  de 
deux  de  ses  camarades,  et  niellre  eu 
scène  un  ()ii\ra«^e  nouveau,  la  Donna 
di  Gcnio  voliibilc  de  Porlogallo  , 
où  elle  se  surpassa  j  mais  ce  lut  le 
chant  du  cygne.  Après  qu'elle  y  eut 
paru  trois  lois  ,  une  fièvre  putride 
remporta ,  quatorze  jours  après , 
le  24.  oct.  i8i5.  Le  nombreux  cor- 
tège ,  qui  accompagna  ses  obsè- 
ques, prouva  combien  étaient  sincè- 
res et  universels  les  regrets  causés  par 
sa  mort.  Le  Rideau  levé ,  qu'on  at- 
tribue à  Sévelingcs  ,  un  de  nos  col- 
laborateurs ,  dit  ,  en  parlant  de  ma- 
dame Barilli  ,  qu'il  nommQ  J'émule 
incomparable  :  le  ciel  envia  la  mO' 
dcrne  sainte  Cécile  à  la  terre; 
ellejut  réunie  au  chœur  des  anges 
pour  chanter  les  louanges  de  VE- 
iernel.  \}\\  an  après  ,  le  même  con- 
cours se  porta  a  Saiut-Sulpice  où  sq$ 
camarades  exécutèrent  en  son  hon- 
neur une  messe  en  musique.  Mad. 
Barilli  avait  une  sœur  religieuse  à 
Modène  ,  la  compagne  de  sqs  études 
musicales  et  sa  rivale  en  talents. 
A — T. 
BARILLOX  (Jean),  nommé 
JehanBourdel,  dans  un  manuscrit  du 
président  de  Mesmes,  mérite  d'être 
mentionné  k  cause  de  son  Histoire 
inédite  des  sept  premières  années  du 
règne  de  François  F"^.  D'après  une 
ancienne  noie  ajoutée  a  son  ouvrage, 
on  sait  qu'il  était  fils  d'un  apothicaire 
d'Issoire,  et  qu'il  devint  secrétaire 
du  chancelier  Duprateu  i5i5  5  il 
fut  ensuite  notaire  et  secrétaire  du 
roi  eu  i5j.i,  et  mourut  dans  le 
courant  de  l'année  i553.  On  peut 
croire  qu'il  eut  part  aux  négociations 
confiées  a  son  maître  le  chancelier, 


nAR 


167 


et  qu'il  rédigea  plusieurs  des  actes  de 
la  chancellerie,  rapportés  dans  sou 
histoire,  où  il  ne  se  met  en  scène  (jue 
par  cette  ])hrasc  souvent  répétée  : 
les  paroles  f/ue  /'ai  cauchrcs  par 
écrit  selon  nuijantaisie.  Celte  his- 
toire, dont  il  existe  plusieurs  copies 
à  la  bibliothèque  du  roi  ,  sous  les 
n"*  8457-8G18  et  dans  les  porte- 
feuilles de  Fonlanieu,  année  i5i5  , 
ne  nous  est  point  parvenue  tout  en- 
tière, et  même  les  manuscrits  ne  fi- 
rissent  pas  tous  au  même  endroit  :  le 
plus  complet  est  celui  du  n^  8^3 7  , 
d'une  écriture  de  la  fin  du  seizième 
siècle,  commençant  ala  mort  de  Louis 
XII,  le  i^*^  janvier  i5i5,  et  s'arrê- 
tant  au  dernier  jour  d'août  1620. 
Un  discours  prononcé  par  l'université, 
h  l'entrée  de  la  reine  Marie  d'An- 
gleterre, a  Paris,  en  nov.  i5i4-, 
se  trouve  placé  comme  un  hors- 
d'œuvre  ala  tête  de  ce  journal  extrê- 
mement fidèle  ef  circonstancié  pour 
les  faits  politiques,  mais  sec  et  déco- 
loré, sans  détails  de  mœurs  et  sans 
descriptions  :  on  reconnaît  partout  la 
plume  du  secrétaire-d'éldt,  qui  pré- 
férait l'exactitude  d'un  traité  a  la 
singularité  d'une  anecdote.  Cepen- 
dant cette  histoire,  qui  contient  tout 
au  long,  les  discours,  les  serments  , 
les  instructions  aux  ambassadeurs, 
les  lettres-patentes  et  les  documents 
secrets  sortis  du  cabinet  du  roi,  est 
très-précieuse  pour  servir  de  maté- 
riaux et  de  preuves  aux  historiens 
modernes  :  elle  est  écrite  d'un  style 
clair  et  logique  ,  bien  différent  du 
style  obscur  et  al  arabique  des  con- 
temporains Jean  d'Aulou  et  Jean  de 
St-Gelais.  Ou  ne  saurait  mieux  com- 
parer l'histoire  de  Barillon  qu'aux 
mémoires  de  Dangeau,  quant  a  la 
forme  du  journal  5  mais  les  pièces 
diplomatiques  lui  donnent  seules  une 
iîri])orlance  bien  supérieure:  ce  sont 


i68                   BAR  fiAR 

la  fie  ces  trésors  enfouis  que Hrapri-  autres   prtlals  enrouler  les  a])baye» 
nicrie  rojale  dcvrail  rendre  puLlics.  à  gros   revuius  avec  leurs    t'vèchés. 
L — c — X.  Riche  de  son  paLrimoinc,  il  le  consa- 
BARILLOiV (Henri  de),  un  des  crall,  ainsi  tjue  les  produits  de  son 
prélats  les   plus  rccommandable«  de  «iègc,  aux  besoins  de  son  diocèse,  a 
l'église  gal'icane,  était  d'uue  famille  la  créalieu  d'étaldisseroenls  avanla- 
illustrc    d'Auvergne,    fils    de   Jean-  gcux  cl  au  soulagement  des  pauvres. 
Jacques  de  Barillon,  président  au  par-  Ce  préiat  lit  construire  un  séminaire , 
Icment  de   Paris  et   d'une  dame  do  une  nouvelle  entrée  a  sa  calliédrale  , 
Fayel,  fille  d'un  autre  président  a  la  des  maisons  de  retraite,  des  maisons 
même  compagnie.  ISé  le  4  mars  1659,  de  refuge  pour  les  proteslanis   qui 
ilfutd'aborddeslinéarordredeMallc  cliangeaient  de  religion,  des  maisons 
et  entra  ensuite  dans  Télat  ecclésias-  pour Tinslruction  publique  et  des  hù- 
ti({ue.  Son  oncle  le  conseiller-d'élal  pitaux  ;  il  établit  des  conférences  et 
Barillon  de  Morangis ,  directeur  des  donna  a  l'élude  tout  le  temps  que  ne 
finances ,  par  qui  il  avait  été  élevé  ,  lui  enlevaient  pas  les   obligations  de 
^fait    l'ami    do     saint    Vincent     de  son  miniitère.   Tandis  que  les  autres 
Paul;  il  fit  admettre  le  jeune  Henri  prélats  passaient  leur  vie  k  la   cour 
dans  l'intimité  de  cet  homme  ver-  ou  h  Paris,    il  demeurait  toujours 
lueui  ,   qu'il  sembla   prendre    pour  dans  son  diocèse  ;  et,   s'il  eutrepre- 
modèle.  Barillon  se  lia  ensuite  avec  nait,   k   des  époques  éloignées ,  des 
d'autres  notabilités  du  clergé  comme  voyages   dans   la    capitale    ,     c'était 
le  cardinal  Le  Camus,  l'abbé  de  Gri-  toujours  dans  l'intérêt  de  son  trou- 
gnan  et  l'abbé  de  Rancé.  11    arriva  prau.  Sa  manière  de  vivre  était  d'une 
même  quecelui-ci,  ayant  conçu  le  pro-  «i  grande  simplicité  et  ses  mœurs  si 
jet    de   se  retirer  a  l'abbaye   de  la  douces  qu'il  était  aimé  cl  vénéré  de 
Trapj)e   pour    la  réformer,   résigna  lous  ceux  qui  le  connaissaient.  Henri 
son   prieuré   de    Boulogne   a  l'abbé  de  Barillon  avait  27  ans  d'épiscopat 
de     Ikirillon.    Mais    une     position  lorsqu'il  se  sentit  atteint  de  la  pierre, 
plus  élevée  l'attendait:  INicolas  Col-  et  pour  se  faire  opérer  il  se  rendit  H 
Lert,    évèque    de    Lu(;on ,    voulant  Paris   dans    le    mois   d'avril    1699. 
se  démettre  de  son  siège  en   1671  ,  Opéré  avec  une  grande  promptitude 
fit  proposer  au  roi  Henri  deBarillou,  cl  d'une  manière  qu'on  croyait  heu- 
comme  recclrsiasli(|ue   qu'il  croyait  reuse,    il  mourut  cependant  le  len- 
le  |)lus  propre  a  le  remplacer.  A  la  demain  après  avoir  reçu  les  secours 
première  nouvelle  de  fia  nomination,  de   la   religion  (6  mai  1699).  Il  fut 
le    modeste   abbc   alla   se  auLer  au  inhumé ,  ainsi  (ju'il  Pavait  demandé , 
fond  de  la  Buiirt^ogno    cl  demanda  dans   l'église  de    l'Oratoire  de  Paris 
(ivec    instance  dVlie    déchargé   d'un  et  l'on  mit  sur  son  tombeau  une  épi- 
poids  qu'il  croyait  au- dessus  dr  ses  taphe  latine   de    la   conqiosition    de 
forces;   ces  excuses  ne    furent  jioinl  son  ami   l'abbé  J'iubos  ,   archidiacre 
agréées,  cl   il   fut  obligé  de  prindre  de    Lnijon  ,  iiui  publia  une    histoire 
possession    du    siège    de    Lucon    en  délailice    tlu    prcLit    sous  ce    litre  : 
1672.    Fidèle  jus((u'au  scru[)ule  aux  /Ihrc'^o  de  hi  vie  île  messîrc  J/cn- 
Inis  de   l'Kglise ,    il   se    démit   ans-  ri  de  Jinrillon^  cvcqitc  de  l.tiron, 
.sitôt   de    son    prieure  de  Boulogne,  nvcc    des    nso/utitf/is    fumr    b.cn 
lorsqu'on    voyait    prcvsquo    <on3   lc3  t'à're  ,    d^s    pensées    chrctieiturs 


si/i'  /('S  miiîadics  ,  des  rcjh'.vionx 
sur  lii  nior/,  lu  niuiiicrc  de  s 'y  fn'c- 
fuircr  cl  (les  lonsolalioits  conirc. 
SCS  fruycurs ,  juii'  le  mcinc  jirclnt, 
Di'Ili  (lloucn),  1700,  iii-iii.  J^c 
CdMir  (le  lli-iiri  de  lîarilloii  fui  jiorlc 
il  Liuoii  ,  cl  à  ce  Mijcl  011  iinprima  la 
hroi  luire  snlv.inlc:  A  la  incnwirc 
imnioi-lcllc  de  fiie.ssire  Henri  de 
J)<iiillon ,  cvc(ii(('  de  Luc  on  [ccrà- 
munies  obseivccs  à  la  récc/ffion  de 
son  cour,  avec  son  cpilaplie  latine 
elfrancaise)^  Fonlcnay,  170  i^u\-i°, 
\j  Oraison  funèbre,  |)roiic)ncéo  dniis 
la  callicdralc  de  Luçon,  le  29  juil- 
let 1697,  '"'"^  ^^  ^'^  réccplioii  du 
cœur  du  prolal,  par  Dupuis  ^  archi- 
diacre cl  ihéologa!  ,  fui  iinprinice  a 
Paris,  170/1-,  in-4-''.  Ce  savanl  évè- 
(pica  laisse,  outre  les  morceaux  impri- 
jiiés  avec  sa  vie  :  I.  Statuts  syno- 
daux de  luucon  y  i68i.  II.  Or- 
donnances synodales  du  diocèse 
de  Luçon,  Paris,  i685  ,  in-8".  III. 
Prônes  et  ordonnances  du  diocèse 
de  Luçon  y  Fouleuay,  1693,  iii-4-". 

F T E. 

BxiRJAUD  (  Jean-Raptiste- 
Benoit),  lilLe'raleur,  naquil  a  Mont- 
luçon,  le  28  nov.  1785.  Son  père, 
arclulecte,  pensa  d'abord  a  lui  faire 
parcourir  une  carrière  (ju'il  avait  sui- 
vie lui-inèine  avec  succès  •  mais  le 
jeune  Barjaud,  dès  Tàge  de  six  ans  , 
lit  assez  connaîlrc  (jue  l'art  des  Man- 
sarl  et  des  Soufflot  était  loin  de 
fiai  ter  SCS  goùls.  Doué  d'une  imagi- 
nalion  vive,  il  se  livrait  avec  laut 
d'ardeur  il  la  lecture  et  aux  éludes 
littéraires  ,  (pic  ses  parents  furent 
souvent  obligés  de  l'airacher  h  un 
Iravall  trop  assidu,  et  qui,  dans  un 
âge  aussi  tendre,  pouvait  lui  devenir 
fuiieslc.  Placé  dans  nue  maison  d'é- 
ducation de  sa  ville  natale,  il  y  rem- 
porta cbaijue  année  toutes  les  palmes, 
scolastiipies.    Eu    1000  ,   son    père 


l'aynnt  cnrové  ii  Paris,  il  entra  d'n- 
bord  au  collège  Saiule-liarbe,  où  il 
n'eut  pas  moins  de  surcès.  Admis  au 
concours  des  écoles  centrales,  il  en- 
Icndit    j)roclainer  son   nom    un    des 
premiers  parmi  ceux  des  vaimpieurs, 
et  dès  ce  moment,  sa  destinée  pour 
les  lettres  fut  irrévocable.    Mais   il 
fallait  avant  tout  s  assurer  une  exis- 
tence. La  fortune  de  ses  jiarenis  no 
lui  permet  tant   pas    de  se  livrer  ex- 
ciusivcmcnt  au  commerce  des  muse.c^ 
il  prit  le  parti  du  barreau,  sans  re- 
noncer cependant  il  ses  travaux  poe- 
li(pies.  Ce   fut  même  K  cette  époque 
(pi'd    publia  CEpitre  aux  femmes , 
faible  essai  qui  annonçait  une  ima- 
gination ardent*    et  des  sentiments 
bien  vifs   pour  le    sexe   qu'il  chan- 
tait.  Les  éloges  qu'il  recul  de  ses 
amis  lui   inspirèrent   plus    de    con- 
fiance, et  il  abandonna  tout-ii-fait  le 
barreau.   Il     pu])lia    successivement 
(\{2S  odes  a  la  gloire  des  armées  fran- 
çaises 5  il  composa  plusieurs  comédies 
avec  M.  Corraenin ,  son  ami,  et  fit 
paraître   quelques    notice»    «ous    le 
voile  de  l'anonyme .  Une  pièce  de  vers 
sur  la  unissancc  du  roi  de  Ptome,  lui 
valut  un  des  premiers  prix  qui   fu- 
rent donnés  il  ce  sujet.  Barjaud  avait 
ose     former    nu    projet    bien    plus 
vaste,  celui  d'un  poème  épique,  in- 
titulé :  Ch(irlem(i»,nc  ou  Home  con- 
uisc.  Il  en  avait  déjiipuldié  quelqiu  s 
ragmenis,  et  il  y  travaillait  avec  ar- 
deur, lorsqu'cn    1812    il  perdit   nn 
emj)loi    qui    assurait  son    existence. 
Dès-lors  Barjaud  résolue  ,  avant   de 
terminer  et  de  revoir  son  poème,  de 
suivre    la    carrière    i\QS    armes  ;    il 
adressa  au  duc  de  Fcllre,  ministre  de 
la  guerre,  une  pétition  en  vers,  pour 
demander  du  service.  L'épaulelte  de 
seuî-licutenaiil  lui   fut    accordée,    jl 
arriva    ii   rarniée  du  prince  Eugène 
qui  se  repliait  stir  Ma^dcbour^^    et 


l 


170 


BAR 


se    fit   remarquer  a  la    Lataille  de 
Bautzen.   Après  Tarniistice  de  Neu- 
mark,  il  composa  plusieurs  odes  qu'il 
vint     préseuler    à    l'empereur    lors 
d'une  grande  revue  qui  lut  passée  h 
Dresde.  Napoléon  qui  probablement 
connaissail  déjà  les  ouvrages  de  Bar- 
jaud,  dit  au  poète  guerrier  qu'il  lui 
accordait  une  décoralion.  «  Laquelle, 
a  sire  ,    demanda  Ijarjaud  ,    est-ce 
a  celle  de  la  Légion-d'Honncur,  ou 
«   celle  de  la  Réunion?  —  Celle  que 
te  tu  choisiras,  répondilTempereur.» 
Barjaud     déjà     ceint     des    lauriers 
d'Apollon    et    de   Mars  ,    mais    ne 
croyant  pas  avoir  fait  asaez  pour  mé- 
riter  la  décoration   de   la  Lé^ion- 
d'Honneur,  désigna  celle  de  la  B.éu- 
nion,  et  le  brevet  lui  en  fut  expédié. 
Barjaud  assista,   le  428  août,  au  com- 
bat de  lloUendorf,  elle  lendemain  à 
l'aflaire  de  Kulm.  11  était  le  16  oc- 
tobre  a   la    bataille     de    Wacbau, 
elle  18  h  celle   de  Leipzig;  c'est  la 
que,  après  avoir  lait  dts  prodiges  de 
valeur,    il  fut   blessé  morlellemenl. 
Ses    ouvrages    imprimés    sont  :     I. 
Poésies    nouvelles ,    ou    les   pre- 
miers essais  d'un  jeune  littérateur 
(anonyme j,  Paris,   i8o5,in-8".  H. 
(Avec  M.  D.)  Le  Bavard  et  t En- 
iété,  coinéJie  en  un  aclc  et  en  vers, 
représentée  h rOdéoii  en  1809,  Paris, 
1809  ,  iii-8".  IIL  Description   de 
Londres,  Icxle  de  l'ouvrage  de  i.an- 
don,  l*aris,  1  8  io,in-8".  W.JIomcre, 
ou  fo/iî^i/iedc  C  Iliade  et  de  t  Odys- 
sée,   poème  (  d'environ  mille  \ers)  , 
suivi  de  quebjues  fragments  de  celui 
de  Charlenin'^ne,  et  autres  poésies, 
Paris,    181 1,   in-i:j.  V.  Deux   re- 
cueils   d'odes  nationales,  li  la  suite 
disipicllcs  on   trouve   des  fraguienls 
d<'  Ir.uluclions  en  vers  de  Juvéïial,  de 
Claudieii  et  de  Sénècjue,  l'aris,  181  i 
cl  181  2,  in-8".  Quil(jues-uncs  de  ces 
odes  avaicul  été  publiées  séparément. 


BÂK 

VL  Ode  à  M.  Lemaire  sur  la  mort 
de  sonjilsj  1812,  in-8**.  Avant  son 
départ  pour  l'armée  ,  Barjaud  remit  à 
son  ami  et  collaborateur  les  manus- 
crits des  ouvrages  qu'il  n'a  point  pu- 
bliés ,  parmi  lesquels  se  trouvent  le 
poème  de  Charlemagne  ,  en  18 
chants  ,  dont  le  dernier  n'est  pas 
terminé  j  trois  comédies,  et  un  acte 
héroïque  intitulé  :  Llne  Matinée 
d'Auguste.  On  trouve,  danslciVa- 
niteuri\\i  4.  déc.  i  8  1 8,  une  notice  sur 
Barjaud,  par  l'auteur  de  cet  article. 
E — K — D. 

BAllKER  (Jean  ),  médecin  an- 
glais, vivait  dans  le  18^  siècle.  11  fut 
attaché  quelque  temps  k  l'hôpital 
fondé  par  le  duc  de  Curaberland  ,  k 
Londres,  et  mourut  vers  la  fin  de 
1 748,  dans  un  âge  peu  avancé.  Sui- 
vant Ralph  Schomberg,  son  compa- 
triote ,  Barker  était  un  hon)me  de 
génie,  doué  du  coup-d'œil  médical  le 
plus  sur  ,  et  d'une  érudition  prodi- 
gieuse. On  connaît  de  lui  ;  I.  Recher- 
ches sur  la  nature  des  Jièvres  qui 
ont  régné  k  Londres  en  ly/jo  cl 
1741  (en  anglais),  in- 1  2.  IL  Essai 
sur  la  conformité  de  la  médecine 
ancienne  et  moderne  dans  le  trai- 
tement (\çs  maladies  aiguës,  in- 12. 
Le  but  de  l'auteur  est  de  prouver  (jue 
la  médecine  est  une  véritable  science, 
dont  les  règles  sont  certaines,  puis- 
qu'h  toutes  les  époiuies  les  médecins 
instruits  ont  aiii  delà  même  manière. 
Cet  ouvraj',e  esliniiible  a  été  traduit 
en  lrai:caKs  par  Schomberg  ,  Amsler- 
dani,  17491  in- 12,  et  avec  des  notes 
de  Lorry,  Paris,  1767,  iu- i  2  .  L'o- 
riginal anglais  est  si  rare,  que  Lorry 
fil  d  inutiles  démarches  pour  en 
trouver  un   exemplaire  k  liondres. 

W— s. 

ILVULETTI.    }'oy.    Saim- 
Paiil,  XL,  54. 

BAIVLOW  (JoEi.\  écrivain  po- 


I 


BAR 

lili((ue  et  put^e  aiiu-iirain,  n.Kjiiit,  en 
1755  ,  dans  la  ville  de   llcadinj';  de 
létal  de  Cuiiiu'i  tieiil  ,  alors  nroviucc 
anglaise.    Sou  aïeul  inaleruel    avall 
quille  la  Graiulc-Brelague    pour   le 
Nouveau-iMoude.    Sou    père,    ayant 
aclielé  des  terres  incultes  dans  le  dis- 
trict de  lleadiu^  ,   les  défricha  liii- 
mènie.  Joël  iJarlovv   élail  le  dernier 
de  dix  enfants.  La  part  qu'il  recueil- 
lit dans    riiérilagc    paternel,  divisé 
également  suivant  les  lois  du  pays, 
suffisait ,  bien  que  faible ,  a  l'acliève- 
luont  de  son  éducation.  Eu  1774  il 
entra  au  collège  de   Darraoulli ,  du 
INew-Hampshire  ;  mais  cet  élablis- 
semeut  a  peine  formé  n'offrant  pas 
plus   de  ressources   que   le   collège 
de  New-IIaven  du  Counecticut ,  le 
jeune  Inirlow  revint  dans  son   pays 
natal.  Quebjues  morceaux  en  prose  et 
en  vers,  notamment  un  Uyinuc  à  la 
paix ,  publiés  comme  exercices  d'é- 
colier, commencèrent  sa  précoce  re- 
nommée.  Il  poursuivait  le  cours  de 
ses  études  lorsque  la  querelle  qui , 
depuis  onze   ans ,   s'agitait  entre   la, 
métropole  et  les  colonies,  aboutit  a 
une  guerre  déclarée  (1775).  Il  y  avait 
daus  l'âme  de  Barlow  trop  d'ardeur 
et  de  patriotisme,  dans  sou  imagina- 
tion trop  de  poésie,  pour  lui  permellre 
de  rester  paisible  spectateur   de  la 
lutte  qui  allait  se  livrer.  Dès-lors, 
et  plusieurs  fois ,   profitant  de  la  li- 
berté que   lui  laissait  le  temps  des 
vacances,  il  prit  le  mousquet  et  se 
rendit  au  camp  où  quatre  de  ses  frères 
étaient  sous    les  armes.  Servant  en 
qualité   de  volontaire  ,  il  combattit 
dans  diverses  rencontres ,  et  se  trou- 
va, en  1776,  a  l'une  des  actions  les 
plus  chaudes  qui  eurent  lieu  pendant 
la  guerre  de  l'indépendance.  L'amour 
des  lettres  ramena  le  jeune  homme 
aux  écoles  de  New-Haven.  En  1778 
il  prit  le  degré  de  bachelier-ès-arts, 


BAR 


171 


et  se  voua  K  l'étude  des  lois 5  mais, 
après  avoir  consacré  un  hiver  a  mé- 
diter   les    ()U\ra;'cs   de   Coke    et   de 
lilalsslone,  le  hasard  l'entraîna  dans 
une  carrière bieudiilcrente.  La  plate 
d'aumônier  de  brigade,  a  la  nomina- 
tion de  Massachussels,  vint  ;i  vacpu'r* 
étranger  a  celle  province,  Barlow  la 
demanda  et  l'obtint.  Observons  (jue 
chez  les  presbytériens  de  la  Nouvelle- 
Angleterre  la  prêtrise  n'était  (prune 
sorte  d'ordination  civile,  qui  n'empê- 
chait nullement  de  passer  plus  tard  a 
d'autres  fondions,  et  qu'on   voyait 
beaucoup  de  jeunes  gens  prêcher  l'é- 
vangile pour  se  donner  le  temps  de 
se  préparer  a  une  profession  quelcon- 
que. Avec  son  titre  d'aumônier,  Bar- 
low suivit  l'armée  jusqu'à  la  conclu- 
sion de  la  paix  (1783).  C'est  pendant 
cette  époque  qu'il  esquissa  et  huit  son 
poème  épique,   intitulé  la  Pulsion  de 
Colomb  j   ou  la   Colombiade.  Dès 
que  l'indépendance    des    Etats-Unis 
fut  reconnue  ,   et    que  l'armée    an- 
glaise eut  évacué  le  pays,  les  chefs 
et  les  soldats  de  l'armée  américaine 
rentrèrent  dans  leurs  foyers.  Barlow, 
dont  la  petite  fortune  ne  s'était  pas 
augmentée,  se  rendit  a  Hartford  pour 
y    reprendre    l'étude    des   lois.    En 
1781  il  avait  épousé  M  '^Baldwin, 
de  INew-Haven,  sœur  du  sénateur  de 
ce  nom ,    et  femme  aussi  distinguée 
par  la  supériorité  de  son  esprit  que 
par  SCS  qualités  aimables.  En  1785 
il  débuta  au  barreau,  et  y  obtint  des 
succès  extraordinaires.  Barlow  s'oc- 
cupait encore  de  la  rédaction   d'une 
gazette,   travail  qui  le  familiarisait 
avec  les  rapports  et  les  intérêts  po- 
litiques des  deux  inondes.  La  publi- 
cation de  son  poème  (1787)  jeta  un 
nouvel  éclat  sur  lui  daus  sa  patrie, 
et  le  ht  connaître  au-delà  des  mers. 
Peu  de  mois  après  son  apparition  , 
l'ouvrage  fut  réimprimé  a  Londres. 


i-a 


BAR 


CrpcnJant  une  société ,  comnosée 
d'hommes  que  Barlow  avait  connus 
pour  la  plupart  à  l'armée,  venait 
d'acheter  du  congrès  une  vaste  éten- 
due de  terres  situées  sur  les  bords  de 
rOhio  :  il  s'agissait  d'en  revendre 
une  partie  à  des  étrangers  et  de  dis- 
Irihutr  l'autre  aux  actionnaires.  On 
offrit  a  Barlow  de  concourir  îi  l'exé- 
cution de  ce  plan ,  et  h  cet  effet  de 
passer  en  Europe.  Il  accepta  d'au- 
tant plus  volontiers,  que  depuis  long- 
temps il  nourrissait  un  vil  dc^^ir  de 
visiter  les  principales  contrées  de 
Baucien  continent  (i  788).  11  se  ren- 
dit d'ahord  en  Angleterre ,  puis  en 
France  d'oii  il  repassa  en  Angleterre. 
On  a  prétendu  que  sa  mission  n'était 
qu'une  spéculation  fondée  sur  la  cré- 
dulité européenne  ,  qui  en  définitive 
coûta  cher  li  quelques  Français  f/^. 
J.ezay-Marnesia  ,  XXIV /  4  o3)  , 
sans  remplir  Tespoir  des  spéculateurs 
il  cause  des  troubles  et  des  guer- 
res qui  surgirent  tout  a  coup.  Ce 
qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  que  ré- 
tablissement dont  Barlow  devint  un 
des  premiers  propriétaires  prit  un 
accrnisscment  si  rapide  ,  <jue  , 
reçu  en  1802  dans  l'union  fédérale, 
et  formant  la  dix-septième  province 
de  la  répid;!i(pie  américaine,  l'état 
de  roi  io  comptait  en  1812  une 
population  de  plus  de  deux  cent  mille 
liabit^iils;  atijourcriini  cette  popu- 
l.ilion  a  dépassé  le  chilTre  de  neuf 
cent  mille,  l'arlow  send)lail  prédesli- 
uéauspectaeIedc.>)révolulioiis-,  il  avait 
vu  s'accomplir  celle  d'Améri(|ue;  11 
allait  voir  éclater  celle  de  Brauce  , 
cl  ne  pouvait  man(pier  de  Taccui  illir 
avec  enthou>iasmc.  IViidanl  les  ilvux 
j)rrmières  années  de  celle  grande 
cri^e  il  se  lrou\ail  ii  Londres  :  vers 
lit  fin  de  171)1  el  le  comuuncement 
de  179^  ,  il  y  publia  plusieurs  écrits 
poIili(pie5,  duul  le  plus  rciuai(|uablc 


BAR 

est  Vj4vis  aux  ordres  privilégies' 
Cet  ouvrage ,  dans  lequel  l'auteur 
examine  d'une  n^anière  neuve  et  pi- 
quante le  système  féodal,  les  armées, 
l'église,  les  finances,  les  subsistan- 
ces, la  littérature,  les  arts,  la  guerre, 
la  paix  ,  plut  tellement  au  célèbre 
Fox  qu'il  en  fit  l'éloge  dans  la  cliam- 
bre  des  communes.  La  société  cons- 
titutionnelle de  Londres,  dont  Bar- 
low était  membre,  l'ayant  choisi  pour 
son  représentant  a  }*aris ,  le  chargea 
d'une  adresse  de  félicilalion  pour  la 
convention  nationale.  Il  revint  donc 
en  France,  où  il  écrivit  une  brochure 
sur  les  vices  de  la  constitution  de 
1791,  dont  Thomas  Payne,  son  ami, 
fil  hommage  à.  la  convention  dans  la 
séance  du  7  nov.  1792.  Le  27 
du  même  mois,  Barlow  se  présenta 
lui-même  a  'a  barre  pour  s'acquitter 
de  son  message  5  il  fut  salué  des  plus 
bruyantes  acclamations,  et,  au  mois 
de  février  I7o3,r>uyton  deMorveau 
lui  fit  décerner  par  un  décret  le  lilre 
de  cilovcn  français,  honneur  accordé 
également  a  deux  de  ses  compatrio- 
tes, Waî^hinglon  et  Ilamilton.  A  son 
retour  en  Anglelerre,  l'ill  le  signala 
comme  l'un  des  plus  zélés  propa- 
gandistes el  l'agenl  des  jacobins  an- 
glais sur  le  continent.  A  ce  sujet  on 
rapporte  qu'après  le  supplice  de 
Louis  XAI,  se  trouvant  a  ifambourg 
dans  une  réunion  (rétiangers  imbus, 
comme  lui,  de  principes  révolution- 
naires, Barlow  s'était  amusé  a  paro- 
dier le  rehaiu  de  la  prière  anglaise 
Go(l  siiU'f  llic  k'ing,  auquel  il  eu 
avait  substitué  in  autre  ajipelnnl  .<ur 
la  tète  des  rois  le  glaive  des  ré\olu- 
lions.  Quoi  cpiil  en  soit  de  ce  bruit  , 
Barlow  ne  séjourna  pas  long- temps 
sur  le  sol  britannique  :  dvs  albrres 
polili(pu\s  et  eounnereiales  rappelè- 
rent dans  le  nord  de  rKurope ,  cl 
ensuite  sur  lesc«")tcs  d'Alri(pic(  1 795), 


JÎAR  lîAIl  17*', 

Jamais  jtisqti'alors  la  jviix  u'.iv.iil  ré-  loircî  de  son  pays  ;  «ne  noii- 
gnc  ciiln-  K's  Klals-l  u'w  cl  les  |)iii.s-  vcllc  mission  le  (Iclourna  de  ce  dvi- 
Siinccs  barl).irfs(|ii('.s  ;  charge  (k's  iii-  .sein.  Kn  1 15 1  i  ,  M,  Madlssoii  , 
slriiclions  du  prcsidcii!  \\  asliinf^lon,  prcsidciil  ,  le  nomtiia  iniiiislre  |)lciii- 
Ijarlow  rcii5sil  ii  conclure  ^\ci>  Irailcs  polenliaire  auprès  du  "ouverneniejil 
avec  Alj^er,  Tunis,  Tripoli,  el  il  reu-  français.  lîarlow  se  reiidil  h  son 
voyer  dans  Ilmifs  loyers  une  centaine  posle:  au  mois  d'ocl.  i  lîi  2,  forcé  de 
de  prisonniers  ,  resle  des  écpiipaj^es  jiarlir  pour  Wilna,  il  en  revenait 
de  vaisseaux  dont  les  iîarharescpies  avec  les  débris  de  Tarmée  française, 
s'étalent  emparés.  Le  succès  de  celle  lors  pie,  le  26  déc,  une  inllaminalioii 
iié^';ocialionlui  valut  les  remcrcîmenls  des  poumons,  causée  par  le  IVoid 
olliciels  de  son  ji,ouvernemenl.  Har-  excessif,  renle\a  suliilcmeiil  ii  /ar- 
lovv  revint  a  Pans  en  1797  j  et  la,  novich.  Comme  homme  d'élal  ,  coni- 
11  écrivit  les  Lcllrcs  à  ses  conci-  me  écrivain  ,  Jotil  lîarlow  a  rendu  ii 
iojcns  ,  dans  le.s([uelles  ,  parmi  de  son  pays  de  notables  services  ;  sa 
bonnes  idées  exprimées  en  beau  style,  loyauté,  sa  franchise,  sa  fenne'é 
on  reuconlre  des  théories  sur  la  il-  n'élaicnt  contestées  par  personne, 
berté  polili(jue  et  civile,  qui  lui  sus-  Ou  ne  pouvait  lui  reprocher  (lu'une 
citèrent  de  nombreux  ennemis,  entre  certaine  exagérallon  de  dialrines 
autres  le  nouveau  président  John  tempérée  par  ses  vertus  ,  et  une  né- 
Adams,  chef  du  parti  fédéraliste.  Le  cessairement  Tàge  et  l'expérience 
chef  du  parti  opposé,  Jefferson,  étant  modiiièrent.  Comme  poète,  il  a  en- 
jiarveuu  a  la  présidence  (i8o5),  richl  d'un  ouvrage  capital  une  lillé- 
Barlow  quitta  la  France  qu'il  ne  rature  naissante.  Sou  poème  de  la 
crovalt  plus  revoir  ,  et  retourna  aux  Coiomhiadc ,  divisé  en  dix  chaiils , 
Etats-Unis  eu  passant  par  rAnglc-  contient  7360  vers.  Conlre  les  lois 
terre.  Il  acheta  une  propriété  dans  ordinaires  de  l'épopée,  rien  ne  sV 
les  environs  de  Washington,  et  s'oc-  passe  eu  action.  Christophe  Colomb, 
cupa  d'un  projet  d'université  ou  école  plongé  dans  les  prisons  de  Vallado- 
jiolvtcchnlque  a  fonder  dans  cette  Hd  ,  a  une  vision  dans  lafjtielle  lies- 
ville,  pour  donner  a  la  jeunesse  une  per,  le  génie  gardien  de  riiéinisphcre 
insiruclion  uniforme,  et  fortifier  les  occidental,  lui  dévoile  les  conséquen- 
licns  de  la  fédération  par  l'accord  ces  de  %t^  hautes  découvertes,  les 
A\:-s  lumières.  Ce  plan  utile,  quoique  peuples  qui  doivent  naître,  les  cmpi- 
soiitenu  par  Jefferson,  échoua  conlre  res  qui  doivent  grandir  sur  le  noa- 
la  jalousie  des  provinces.  Alors  Bar-  voau  continent.  On  conçoit  (pie  l'au- 
low  se  résigna  a  finir  ses  jours  dans  leur  ait  été  contraint  d'adoptir  cette 
le  calme  de  la  vie  des  champs.  Il  forme  bizarre  et  iasolile  afin  do  ren- 
])ublia  en  1807  une  édition  de  sa  dre  son  poème  national,  de  lui  d  n- 
Coloinhiadc  (i)  qui  fut  juscpi'a-  uer  un  intérêt  patrioti(jue  ,  en  trans- 
lors  le  plus  raaguifîque  monument  portant  h  volonté  la  scène  dans  des 
sorti  des  presses  américaines.  Il  contrées  que  Colomb  ne  vlsila  jamais, 
avait    aussi    entrepris  d'écrire  l'his-  et  eu   célébrant   ^\i^  actions   et   A^^ 

' ■ .  hommes  dont  l'existence  appartenait 

(i)  La  Colomhiatlc  {T/ie  CoiumUad)  n  éii  cucore  k  Taveuir.   Sous  cc  rapport 

r.'impri.no •  à  i-'-n'ln-s  i8oç,.  in-s".  i/ai.i...  (îr-  c'cst  Une  iiuilailon  du  slxièmc  livro 

poire  a  pnblie  des   ()ùse'^a(rt)iu   CrU.(juis  fur  ce  .       ,,  '     ,.  , 

iu>iiuo,  l'uris,  jSckj,  in-s".  oc   1  Lueidc.    ])u   rcsic  ,    CC    pocmc 


174                  BAR  BAR 

abonde  en  descriptions  brillantes  et  chirurgie  pratique ,   publia  a  Tn- 
eii  généreux  sentiments.  La  prose  de  riii   en    1824^,    2   vol.    in-8°.    Cet 
Barlow  est  encore  préférable  a  ses  babile  praticien  s'est  noyé  dans  le 
vers  :  l'énergie,   la  clarté    de   son  Pô  ,  le  9  juillet  i83i  ,  lorsqu'il  al- 
style,  le  talent  de  revêtir  d'images  lait  visiter  un  malade,  avec  deux  de 
les  idées  les  plus  abstraites,  la  jus-  ses  amis  ;    leur  voiture  fut  entraînée 
tesse  et  la  profondeur  de  ses  aper-  dans  le  fleuve  par  un  violent  orage, 
eus,  le  placent  au  premier  rang  des  G — g — y. 
écrivains  de  son  pays.  Voici  la  liste  BAROIV  (Eguinatre)  ,  Juriscon- 
de  ses   œuvres  :  I.    La  Vision  de  sulte^  naquit  en  14.95^  à  Saint-Pol- 
Colomh,  ou  la  Colornbiade^  poème  de-Léon  ,  petite  ville  de  Bretagne, 
épique  en  dix  cbants.  IL //r75(^/7wf/-  Après  avoir   acbevé    ses  études,   il 
ding  (la  Polenla) ,  petit  poème  dans  professa  le  droit  a  Poitiers  et  a  An- 
le  genre  du  Village  abandonné  de  gers,  avec  beaucoup  de  succès;  et  en 
Goldsmitli.  IIL  Adi>ice  to  the  pri-  iSiz  ,  il  obtint  une   cbaire  à  l'uni- 
vileged  orders  (avis  aux  ordres  pri-  versité  de  Bourges,  déjà  célèbre  par 
vilé'nés).   IV.    Jhe  conspiracy  of  le  mérite  de  ses  professeurs.  Au  nora- 
kings  (la  conspiration  des  rois).  V.  bre  de  ses  nouveaux  collègues,  était 
A   letter    to    the    convention    of  son  compatriote  Fr.  Duaren  (  Voy. 
France  (lettre  a  la  convention  de  ce  nom,  XII,  61  )  ,  bomme  savant  , 
France).  VI.  The  royal  recollée-  mais  tracassicr  et  jaloux  de  toutes  les 
tions  (souvenirs  de  la  royauté).  VIL  réputations  qui  pouvaient  balancer  la 
hetter  lo  Oie  people  of  Piedmont  sienne  (  l^oj>^.    Cujas  ,    X,    SSy). 
(lettre  an  peuple  du  Piémont).  VIII.  Duaren,  craignant  sans  doute  qu'E- 
Une  traduction  anglaise  des  Ruines  guinaire  ne  lui  enlevât  une  partie  de 
de  Volney.  Outre  ces  divers  ouvra-  ses  élèves,  emplova  tous  les  moyens 
gcs ,    Barlow   laissa    des   fragments  pour  le  dégoûter  du  séjour  de  Bour- 
inédlls  de  son  bisloire  do  la  révolu-  ges  ;  mais  il  finit  par  reconnaître  ses 
tion  américaine,  pour  laquelle  il  avait  torts,  et   lui  demanda  son     amitié, 
rassemblé     d'immenses     matériaux.  IXoël  Dufail ,  qui  nomme  Baron  un 
M — N — s.  grand   et   notable  enseigncur  de 
lîAROERO    (Jacques),    né  a  ioix.silenfut  oncques,  rapporte 
So"lio,   dans  le   comté   d'Asti,    en  que   Lbôpital  ,  nlors   conseiller   au 
1790,  fit   ses  études  sous  la  direc-  parlement  de  Paris,  allant  aux  gr:inds 
lion  de  ses  parents  a  Montcchiaro  ,  jours  de  Riom,  voulut  juger  par  lui- 
et  son  cours  de  cbirurgie  a  Puniver-  même  «  si  le  bruit  et  réputation  qu'il 
site  (le  Turin  ,    où  il  fut  agrégé  au  et  avait    répondait   à    la   vérité    des 
collè'M' de  la  ficullé.  Nommé  bientôt  «rapports  du  sujet.  Le  bonbommc 
après  professeur  de  clilrurgie,  il  de-  «  étant  dans  sa  chaire,  acoulré  d'une 
vint  membre  du  comité  médical ,  puis  «  robe  de  tafetas,  avec  sa  barbe  gri- 
premier  eliinirglen  de  lliospiee  royal  «  se,  longue  et  épaisse,  vivant  (pi'cn 
de  la  Cliarllé.  S'élaul  livré  a  l'étude  «  son  école,  y  a\ait  desa'.uliteurs  non 
spéciale  i\v':^  maladies  vénériennes  ,  «  acoutumés  ,. commence  K  se  plain- 
il  fut  nommé  eliirurgien  de  1  liospice  «  dre  que  l'empereur  Justinien  n'eût 
dit    iOpcra    Jiogctfa ,    où    il    lit  «  fait  défense  d'écrire   et  faire  com- 
des  cures  étonnantes,  dont  on  trouve  «  menlaire  sur  le  droit  civil  ;   puis- 
la  description  dans  son    Traite  de  «(pj'il  suflisail que  Bariole,  Balde  ou 


BAR 

«antre  protonolairc  de  droit,  rîil  en 
«  (jiulijnc  jias.saj^r,  Irailc  un  poiiil  , 
n  pour  (juc  la  liihulc  rt  suile  des 
ce  (iuctcurs  vint  1  cxplifjucr  à  son 
«  tour  »  {  C'onfcs  d' Kitlnipcl  ^ 
cil.  4  ).  Oulre  le  tiroll,  lîaron  possé- 
dait les  lan}];nos  cl  la  pliilosopliio  •  cl 
nicnic  ,  (pioi  (ju'cii  nicul  dil  (judcpics 
ccrivains,  il  avait  fjil  une  ctude  par- 
ticulière des  belics-lellres  ,  comme 
on  le  voit  par  son  Iravall  sur  Quinti- 
licn  (i).  Il  mourut  a  Bourses,  ie  U3 
août  (2)  I  55o  ,  a  55  ans.  Son  épila- 
plie  rapportée  par  Taisan,  dans  les 
/  icsdcsjuriacousultcs,  p. 55,  csl  de 
Duarcn,  (jui  voulut  èlre  inhumé  près 
de  Baron,  pour  marquer  a  la  posté- 
rité (pie  leur  réconciliation  avait  été 
sincère.  (  \ov.  les  K loches  de  Ste- 
Marthe,liv.  i*""").  CujasappelleEgui- 
naire  le  V avvon  de  la  France.  Ses 


«\R 


175 


jrmcipaux  ouvra o^es  so 


nt  :  I.  P 


an- 


dectarwn  juris  civilis  œconovda, 
in  ad'^er barils  nùrœ  vetiisiatis  apiid 
Pictones  inventa ,  Poitiers,  1 5  5  5  , 
in-4-°.  II.  Notœ  in  titulum  de  ser- 
vitule  libr.  F III  Pandcctarum  , 
Angers,  i528,  in-4-".  III.  De  divi- 
duis  et  individuis  obligntionibus  j 
Lyon,  154.2,  in-4-";  inséré  dans  le 
Tractntus  traclatuwn,  tom.  VI,  2'' 
part.  [Voy.  Fr.  Ziletti,  LII,  55r)). 
IV.  De  beneficiis  commentarii  ^ 
ibid.,  164^9,  in-4.°.V.  Conunentaria 
in  quatuor  institutionuni  libros  , 
ibid.  ,  1674^.  Les  œuvres  de  Baron 
ont  été  recueillies,  Paris,  Vascosan, 
i552.  in-fol.  Son  portrait  a  été  gravé 
sur  bois,  in-4-°  etin-8'\     W — s. 

BAIlOX(  Pierre),  théologien 
du  16*"  siècle.  Comme  il  ajoutait  a 
son  nom  l'épilliète  de  Stempanus  , 
Bayle  en  conclut  avec  assez  de  vrai- 

(ij  Tabul  inœ  Qiiintiliam  institut tones  oralorias, 
Paris,   1^37,  in-8°. 

(2)  Et  non  pas  le  512  se[)tpnil)i«',  comme  le  dit 
M.  Miorcec  fie  Kerdantt  dans  ses  Notices  sur 
les  écrivains  de  la  Bretagne. 


snmManre  qu'il  était  originaire  d'E- 
tampcs.  Aj)rès  avoir  achevé  ses  cfu- 
des,  Itarou  prit  le  grade  de  liciMicié 
ès-lois  a  Tuniversité  de  Bonrîjes.  Les 
persécutions  aiixi|U('lles   les    protes- 
tants étaient  en  butte,  sous  le  règne 
de  Charles  IX,  le  décidèrent  a  sortir 
de  France  avec    sa   rainlllc.  Il   alla 
chercher  un  asile  en  Angleterre,  oii 
son  savoir  lui  mérita  bientôt  des  pro- 
tecteurs.  En   1575,   il    fut    p(jurvu 
d'une  chaire    de   théologie   au   col- 
lège   Marguerite     de     Tuniversilé 
de   Cambridge.    Le    traitement  at- 
taché   par    la   fondation  ,    a    celle 
place  ,  ne  pouvant   lui   suffire  pour 
élever   sa  famille,   les  amis   de  Ba- 
ron sollicitèrent  du  chancelier  de  Tu- 
niversité  ,   Burghiey  ,    une    pension 
qui  fut  promise  ,*    mais  on  ignore  si 
réellement  elle  fut  accordée.   Si  Ton 
en  excepte  quelques  disputes  qu'il  eut 
a  soutenir  contre    son    collègue  ,  le 
docteur  AVhitaker  ,     Baron   occupa 
paisiblement  la    chaire    pendant  un 
assez  grand  nombre  d'années.  Il  n'a- 
vait point  adopté   le   système  rigou- 
reux de  Calvin  sur  la  prédestination, 
et  V/hitaker  au  contraire  le  poussait 
a  l'excès.  Long-temps  leurs  querelles 
ne    franchirent   point  Tenceinte   du 
collège  5  mais  en  lôpS  ,  Whitaker 
ayant  défendu  son  sentiment  dans  un 
sermon  qu'il  prêcha  devant  l'univer- 
sité. Baron  crut  avoir  le  droit  d'ex- 
poser a  son  tour  le  sien.  Malheureu- 
sement les  membres  de  l'université 
penchaient  presque  tous  pour  le  ri- 
gorisme, et  la  reine  Elisabeth,  infor- 
mée du  scandale  que  le  docteur  fran- 
çaisavaitcausé,  blâma sonimprudenco 
de  soutenir,  dans  un  pays  où  il  était 
souffert  ,   une   opinion    qui    pouvait 
troubler  la  paix  publique.  Cité  de- 
vant le  consistoire,    pour  y   rendre 
compte  de  sa  doctrine,  Baron  se  dé- 
fendit avec  autant  de  douceur  que  de 


fjô  BAR 

fermeté  j  ifials  toutes  les  raisons  qii  il 
put  alléguer  pour  sa  jiislilicalion  , 
n*erapêchèrent  pas  ses  adversaires  de 
dresser  une  espèce  de  profession  de 
fol  qu'il  devait  signer.  Son  refus 
d'apposer  son  nom  au  bas  de  cette 
pièce  ,  lui  aurait  cerlainement  fait 
perdre  sa  chaire;  mais  le  cliancclier 
BurgliUfj  se  conlcuta  de  Tluviler  a 
s  abstenir  eu  public  et  en  particulier, 
de  tout  discours  qui  jioiirrait  renou- 
veler cetle  dispute,  hcs  professeurs 
en  théologie  du  collège  Jja/'gucrite 
n'étaient  nommés  que  pour  trois  ans, 
«u  bout  desquels  ils  étaient  conti- 
nués s'il  y  avait  lieu.  A  la  fin  de  sa 
troisième  année,  Baron  n'ayant  pas 
témoigné  le  désir  de  conserver  ses 
fonctions  fut  regardé  comme  (.léii.is- 
sionnaire.  11  vint  alors  habiter  Lon- 
dres, oii  il  mourut  vers  1  5(^9,  dans 
un  âge  avancé,  et  fut  enterré  dans  sa 
paroisse,  avec  toutes  les  cérémonies 
tic  ré<ilise  anjîlicane.  Om  a  de  liaron 
]ilui.ieurs  ouvrages  de  lliéologie,  au- 
jourd'hui complèicment  oubliés,  dont 
jes  moins  inconnus  sont:  Su/nj/ia 
trium  (le  pvœdcstinatiune  scntcn- 
iiarurn  et  Prœdictiones  in  Jominiy 
Londres,  lÔyÔ,  iu-4.°.  L'article  (jue 
J*ay!e  lui  a  donné  dans  son  diction- 
naire renlerme  plusieurs  incxaclilu- 
de«  ;  elle»  ont  été  recliliées  dans 
Celui  de  Chaufcplé  ,  où  les  curieux 
trouveront,  sur  ce  per*oiuiagt' ,  tous 
les    détails  uu'iU  peuvent    désirer. 

W— s. 
BARON  (leP.  ViKCLKT),  iliéo- 
logien,  né,  en  i6o4,  K  Martres,  dio- 
cèse de  Uieux,  aciieva  ses  éludes  au 
collège  de  Toulouse  d'une  manière 
billlanle.  N'étant  encore  (ju'en  ilié- 
lorlque,  il  lit  une  description  en  virs 
latius  du  laineux  moulin  de  Ha/aclo  , 
qui  lui  mérita  les  plus  grands  éhiges. 
Lu  i6a  j  il  emi)ra;vsa,  malgré  ses  pa- 
leulij,  la  *-<iglc  de  saint  Duiuiuiijue  au 


BAR 

couvent  de  Toulouse  ,  et  fut  bientôt 
chargé  d'enseigner  la  théologie  a  ses 
jeunes     confrères.    Le    talent    qu'il 
numtra  pour  la  chaire  ne  tarda  pas  a 
lui  frayer  le   chemin    des   dignités. 
Nommé  défmiteur  de  la  province  de 
Languedoc,  il  fut  en  i656   l'un  '^^s 
déj  utés  au  chapitre  général  de  Tordre 
à  Rome  5  et  il  eut  Thonneur  de  pré- 
sider   aux    thèses   dédiées   au    pape 
Alexandre  Yll.  L'année  suivante  il  fut 
élu  prieur  de  la  maison  du  noviciat  h 
Paris 5  et  en  i  66o  il  fut  envoyé  com- 
missaire en  Portugal  pour  des  affaires 
importantes,    qu'il   eut   le    bonheur 
d'arranger  à  la  satisfaction  de  toutes 
les    parties    intéressées.     Le     pape 
Alexandre  avait  témoia-né  le  désir  de 
voir  composer,  d'après  la  doctrine  de 
saint  Thomas,  une  tliéologie  morale 
pour  Fopposer  a  celle  des  nouveaux 
casuistes.  Le  P.  Baron  entreprit  de 
satisfaire  au  vœu  du  pontife;  mais  les 
jésuites  eurent  assez  de  crédit  h  Ro- 
me pour  y  la:re  coudamner  son  ou- 
vrai;e,  sous  le   prétexte   banal  qu'il 
renfermait  des    sentiments   erronés. 
\^ Apologie   que  Baron   avait    faite 
pour  la  délense  de  son  ordre,  et  que 
le  P.  Capisuecbi  (  V ,  ce  nom  ,  Vil, 
69)   publia  sans  sou  aveu,   Rome, 
1  6G2,  in-/j-",  éprouva  le  même  sort. 
A  tous  les  adversaires  (pie  ces  A^xw 
ouvrages  avaient  soulevés  contre  lui, 
se  joignit    le  célèbre  l^aunoy  ;  mais 
rien  ne  pouvait  ébranler  son  courage, 
et  11  soutint  cette  lutte  inégale  jus(jirh 
la  lin  de  sa  vie.  Le  P.  Baron  mou- 
rut il  Paris  le  21   janvier   I67/^,  il 
yo   ans,  regardé    par  ses  conl'ières 
comme    un   îles  théologiens  qui  lai- 
saient  le  plus  d'honneur  i\  leur  ordre. 
Ses  ccrils  assez  jiombreux   n'ollreiil 
maintenant  aucun  intérêt.  On  en  trou- 
vera la  liste  ilans  les  Scrlptov.  ovd. 
pvivilicalor.  du  P.  Lihard,  If,  655. 
l/'s  jirincipauv  sont  :  L   Thcologia 


moriiIiSj  etc.,  Paris,  1665  ,  2"  (?{1. 
corrl<;ce,  1667,  3  vol.  in-8".  II. 
SS .  ytiti^i/slini  et  lliotiur  vcni  et 
ijfui  mens  tic  huDunui  lihcriate , 
('U\,  il)id.,  i666,  ::  vol.  lu-8".  111. 
KtJiica  cliristitiiui y  ihld.,  167.")  , 
iii-8".  Ces  ciiKj  volumes  iormeiil  Li 
lliéolo{;ie  du  I*.  Baron.  I/arlicleque 
li.iyle  lui  a  donné  dans  son  T)icl.ion- 
miire  est  inroniplct.  Voy.  l'JIist. 
(les  hommes  i/ lus  1res  de  l'ordre  de 
saint  Domitnqiic ,  par  le  F.  Tou- 
ron,  V,  489-98.  W— s. 

BAROTTÏ  (l'abbé  Laurent), 
prédicateui",  biograpbe  el  poèlc  ,  na- 
i|ull  a  Ferrare,  le  2  0  décembre  172 /(.. 
Il  clait  fils  de  Jean-André  Barolli 
(A' .  ce  nom,  III,  -io6)  qui  lui  inspira 
de  bonne  lieure  le  goût  des  lettres. 
Ayant  achevé  ses  éludes  sous  les  jé- 
suites, il  prit  l'habit  de  saint  Ignace 
eu  174-0,  et  fut  ciiargé  d'enseigner 
la  grammaire  et  la  rhétorique  dans 
divers  collettes.  A  Padoue  il  mérita 
Teslime  du  célèbre  Facciolato  (  V . 
ce  nom,  XIV,  79).  qui  lui  prédit  les 
succès  qu'il  obtiendrait  un  jour.  Doué 
d'une  grande  vivacité  d'esprit,  d'une 
mémoire  heureuse  et  d'un  organe 
agréable,  il  quitta  l'enseignement 
pour  la  prédication  ,  et  parut  plu- 
sieurs années  avec  éclat  dans  les  prin- 
cipales chaires  de  l'Italie.  A  la  sup- 
pression de  son  ordre  ,  eu  1773  ,  il 
revint  àFerrare.  Son  père  en  mou- 
rant avait  laissé  des  matériaux  pré- 
cieux pour  l'histoire  littéraire  de 
cette  ville.  Il  s'occupa  de  les  rassem- 
bler el  de  les  mettre  en  ordre,  et  ne 
larda  pas  a  faire  paraître  une  suite 
de  notices  intéressantes  sur  les  illus- 
tres Ferrarais  du  XV^siècle.  Au  mi- 
lieu d'études  graves  et  sérieuses, 
labbé  Baroiti  n'avait  pas  négligé  la 
littérature.  Il  cultivait  la  poésie;  et 
l'on  trouve  dans  ses  compositions  la 
preuve  qu'il  s'étajl  nourri  de  la  le.c- 

LVII. 


BAR 


177 


liiro  des  f^mnds  modèles,  et  eu  par- 
ticulier de  lAriosle,  dont  sou  style  a 
la  douceur  el  la  facilité.  Des  talents 
si  variés  ne  pouvaient  mancpier  de 
lui  faire  ouvrir  les  portes  de  Ions  les 
lycées  d'Italie^  mais,  peu  jaloux  des 
honneurs  littéraires  ,  il  relu-sa  con- 
stamment de  laisser  inscrire  son  nom 
sur  aucune  liste  académicpie.  Les  qua- 
lités de  son  cœur  égalaient  celles  de 
son  esprit.  Il  mourut  d'apcplexie  en 
1801.  L'abbé  Barolti  fut  l'édilcurde 
l'ouvrage  de  son  père  :  Memorie  is- 
torlche  de'  lilleraliferraresl.  Fer- 
rare,  ii'j'j  ^  in-fol.  Cette  édition, 
ornée  de  macrniliques  portraits,  est 
très-rare.  Il  en  parut  une  seconde, 
ibid.,  1792,  in-4.",  moins  belle,  mais 
corrigée  en  quelques  endroits.  La 
i///^(^decet  ouvrage  important  ne  fut 
publiée  qu'en  1798  ,  in-4.°.  Elle  est 
entièrement  de  l'abbé  Barofti.  Il  faut 
y  joindre  une  conli/iiuition^àr  Jc- 
rôme  Bar  u  ffaldi  (  A^ .  ce  nom ,  ci-après) . 
On  doit  encore  k  Barolti  :  I.  Série 
deivescovi  ed  arcivescovl  di  Fer- 
rara,  Ferrare,  i  78 1 ,  in-4r",  ouvrage 
érudit  et  rempli  de  recherches.  11. 
Lezioni  sacre ,  Parme,  1785-86, 
2  vol.  in-fol.  C'est  le  recueil  i\cs  ser- 
mons qu'il  avait  prêches  h  Sainte- 
Lucie  de  Bologne.  Le  premier  volu- 
me contient  des  sermons  sur  les  livres 
de  ïobie  ,  de  Judith  et  d'Esther,  et 
le  second  sur  les  Alachabées.  Tous  les 
critiques  ilalicus  en  parlent  avec 
éloge,  m.  La  Fisica^  Bologne, 
1753,  in-8'^;  Ferrare,  1764,  iu-4"- 
C'est  un  poème  à\ààc\.\(['AC  inotlava 
rima.  Il  a  été  réimprimé  plusieurs  fois 
avec  des  notes  et  d'autres  opuscules 
de  l'auteur  en  vers  et  en  prose.  La 
troisième  édition,  Turin  ,  1767,  e."5t 
augmentée  de  Stances  sur  l' origine 
des  fontaines^  et  la  quatrième,  V'^e- 
niiie  ,  1773,  d\iu  discours  acadé- 
mique. IV.  //  Cajj'c^  Parme,  1781, 

f2 


17S  BAR 

gr.  in-S".  L'idée  de  ce  poème  paraît 
erapruutée  d'une  fable  de  Phèdre. 
Les  dieux  se  sont  réunis  pour  choi- 
sir, chacun,  l'arbre  qui  lui  plaira  da- 
vantage. Pallas  et  Yénus  se  disputent 
le  catier.  Pour  les  mettre  d'accord  , 
Jupiter  décide  que  les  deux  déesses 
auront  le  même  droit  sur  cet  arbuste. 
De  la  vient  que  Pallas  et  Vénus  ré- 
pandent Tusage  du  café  parmi  leurs 
favoris.  La  lecture  de  ce  poème,  di- 
visé en  deux  chants,  est  très-agréa- 
ble. Les  épisodes  en  sont  ingénieux 
et  la  versification  en  est  pleine  d'élé- 
gance et  d'harmonie  (i).      W — s. 

BAROU  DU  SOLEIL  (i) 
(Pierre- Aistoine)  ,  magistrat  non 
moins  distingué  par  ses  vertus  que  par 
la  fermeté  de  son  caractère,  était  né 
en  ly^i  5  <^  Lyon,  d'une  ancienne 
famille  originaire  d'Annonay.  Il  fut 
fait ,  en  1766,  avocat-général ,  et  en 
1770,  procureur  du  roi  en  la  séné- 
chaussée et  siège  présidial  de  Lyon. 
Possesseur  d'une  fortune  assez  consi^ 
dérable  ,  il  consacra  ses  loisirs  a  la 
culture  des  lettres  et  des  arts  (2). 
Sa  maison  devint  le  rendez-vous 
des  personnes  les  plus  spirituelles, 
et  les  étrangers  y  recurent  un  ac- 
cueil honorable.il  comptait  au  nom- 
bre de  ses  amis  Us  j)lus  célèbres  lil- 
léraleurs*  et  les  rré(pients  voyages 
qu'il  '^ai.'iait  h  Paris  lui  fournissaient 
l'occasion  de  resserrer  des  liens  for- 


(i)  Apir.H  In  sii|>])rcssiriii  «les  ji-siiilrs,  l'ubl)!' 
Darolti  roiiipitsii  plu.sii'iiiii  podsics  rpi^'i'uiiiinii- 
tic|nes  foiilre  Ic-s  c.ipiicins  fip|M'lùs  ù  leur  suctct- 
«ler  tluiin  la  iilu|>;irl  «lii  <i>l|<"'{,r«  il'lliilir:  l'iiii- 
Inrilf  priiitiCKiilr  eiiijx-tlia  la  piiblicalioii  rlc  ti-a 
snlircs;  main  cllrs  (  ircnlrniir  iiKiiiirrriicH  et 
pliiniriirH  ont  <i«!  n'iucillirs.  Nonn  roiiiiaissont 
lin  soiiiirl,  où  il  liadjiii!  iori  ngiraiilniiiiit  sur 
lin  capucin  saiin  rnlottr,  «■)iplii|iiaiil  Ir  gâtant 
()vi(|..  A T. 

(i)r.'rst  un  fil  fsilnr  dans  le  viliapt- ilo  IJcy- 
lio»l,  |ir<\<i  (le  Monllncl,  qui  avait  apparli-nu  à 
la  fcniillr  (II-  (nnllirr. 

^a,  llariMi  i  ■,[  l'im  (les  pliilologui'.s  lyonnai» 
qui  Uriiif  II  iinprinier,  rn  ijG',  1rs  wufiei  ilo 
Louil«  I.ul>lii'. 


BAR 

mes  par  une  estime  réciproque.  Ad- 
mis à  l'académie  de  Lyon ,   il  y  lut 
plusieurs  morceaux  parmi  lesquels  on 
dislingue  des  traductions  restées  iné- 
dites  de  fragments  de  Sterne ,    de 
Hugh  Blair,   de  Ga j ,  etc.  Le  seul 
ouvrage  imprimé  de  Barou  est  l'is*- 
loge  de  Prost  de  Rojer{Voy.  ce 
nom,  XXXVI,  i4-S).  Cefuten  i  785, 
k  la  rentrée  des  corpsde  magistrature, 
qu'il  prononça  cet  éloge  ,  devant  une 
foule  immense  dont  il  excita  l'enthou- 
siasme (3).  Ayant  refusé  de  concourir 
à  l'enregistrement  de  l'éditdu  8  mai 
1788,  destructif  de  la  magistrature, 
il  fut  exilé  par  une  lettre  de  cachet 
au  château  de  Brescou  ,  près  d'Agde; 
et  il  y  resta  détenu  jusqu'au  renvoi 
du  ministre  qui  avait  signé  l'ordre  de 
l'arrêter.  En  reprenant  l'exercice  de 
ses  fonctions  il  prononça  un  discours, 
véritable  monument  historique  ,  re- 
cueilli dans  les  Archives  du  Rhône, 
XII ,  43 1-34  •  Loin  de  briguer  l'hon- 
neur, qu'il  aurait  sans  doute  obtenu, 
d'être  député  de   Lyon   aux.   états- 
généraux,  il  quitta  cette  ville  au  mo- 
ment des  élections  ,  et  vint  s'établir  a 
Paris  ,  résolu  d'y  passir  le  reste  de 
ses  jours  dans  le  sein  des  lettres  et  de 
l'amitié.  Les  excès  qui,  dès  son  début, 
souillèrent  la   révolution  lui    rendi- 
rent  odieux    le    séjour     de     Paris  j 
et,  n'espérant  pas   trouver   à   Lyon 
le  calme  dout    il    avait   besoin  pour 
exécuter  les  ouvrages  tpril  méditait, 
Barou  se  décida  pour  Annouay  où  il 
conservait  encore  quelques  parents. 
Des    allaircs    importantes     l'obligè- 
rent    malhenreusemeut    il   faire    uo 
dernier    ^oyage    a    Lyon,    et  il    s'y 
trouva  dans  le  moment  où  les  troupes 
de  la  convention  vinrent  en  faire   le 
siège.  Llu  président  de  sa   section, 
il  no  voulut  pas  décliner  ce  daiige- 

(3)  ^rchivts  dn  /lAJ/>#,«it,  «9. 


f 


RA.R  BAR                   ï7<) 

roux  linnnoiirj  el  il  diil  on  fcllr:  (|na-  cents  ronvoy.i  Baroud  cl  ses  associés 
lik^  signer  li's  orili  es  (juc  les  ciiTOiis-  (levaiil  le  hiliniial  civil  de   la   Seine 
tances  rcnilaienl  nécessaires.  En  con-  [f^.  le  M  oui  leur ,  an  iv,  n"  i85). 
séquence  ,  après  la  prise  de  JiVon  ,  Barotid  sélail   lenn  cuclic  pendant  la 
il  fut  tradnil   devant   la  commission  lerrenrj  cl  on  no  voit  pas  (jn'il  ait 
militaire  établie  par  Dubois-Crancé,  ])ris  ancnne  part  aux  divers   évène- 
ct  condamné  h  mort  le  i5  déc.  lyc)^.  inenis  de  la  rcvoliilion,  ;i  lacjnelle  il 
\}r\c  jSoticc  snr  l>aron,  pnbliéc  par  se  montra  lonjours  fort  opposé.    £u 
Hoissy  d'An^las  dans  SCS  jt^//(^/6'5 //;-  1798  il  écrivit  une    brocbnrc   con- 
frrnirc's,  Ml ,  '5'jj-Sj,  a  été  repro-  tre  l'emprunt  dont  la  baiicjne  de  Pa- 
duite  avec  des  noies  dans  les  Arclii-  ris  oITrait  de  se  charger,   pour  four- 
vcsdu  Rhône,  X\\^  26-54-.   W — s.  nir  au  directoire  les  moyens  d'opérer 
BAKOUD  (Claude-Odile-Jo-  une  descente  en  Angleterre  (1).   Ses 
SEPu),  auteur  de  qnel([ues  écrits  sur  diverses  spéculations  ne  l'avaient  sans 
les  finances,  uaipilt  KLyon  en  iy55.  doute  pas  enrichi,  puisqu'il  fullong- 
Après  avoir  exercé  la  profession  d'à-  temps  détenu  pour  dettes  à  Sainte- 
vocat  dans  sa  ville  natale,  il  vint  à  Pélagie  el  qu'il  rouvrit   ensuite  soa 
Paris  où  Galonné  Pavait  appelé  pour  cabinet   d'avocat.    On    le   consultait 
l'employer  sous  sa  direction.  La  con-  surtout  dans  les  affaires  coramercia-» 
fiauce  que  ce  ministre  luitémoignait  les  j  et  il  a  publié  àcs  mémoires  dans 
le  fit  bientôt  entourer  des  spécula-  des  causes  importantes,  notamment 
leurs  intéressés  a  connaître  d'avance  ceux  qui  parurent  en  i8i  3^  pour  Mi- 
les plans  du  contrôleur-général  qui,  chel  jeune,  contre  Reynicr,  Boissière 
s'aveuglant  sur  les  suites  inévitables  et  Guible,   prévenus  de  faux  en  écri- 
du  déficit,  ne  songeait  qu'aux  moyens  ture    de   commerce.    A     la   restau- 
de  tromper  la  cour  en  soutenant  son  ration,  il  aborda  l'un  des  premiers  la 
système  de  prodigalités.  Baroud  fut  question  de  l'indemnité  des  émigrés  5 
intéressé  dans  plusieurs  affaires,  no-  et,  dès  le  mois  d'août  i8i4,  il  fit  dis- 
tammeut  dans  le  prêt  que  Caloune  fît,  iribuer  aux   chambres  un  mémoire 
vers  la  fin  de  i  786  et  au  commence-  dans  lequel  il  proposait  de  leuraccor- 
ment  de  1787,  a  plusieurs  banquiers,  der   dix-huit    millions   de    francs    5 
d'une  somme   de  onze   raillions  cinq  pour  0/0  en  rentes  sur  le  grand-livre, 
cent  mille  francs  en  assignations  sur  assurant  que  cette  somme  représen- 
le  domaine  pour  soutenir  les  actions  tait  la  valeur  des  biens  confisqués.  Il 
de  la  compagnie  des  Indes  et  de  celle  reproduisit   ce  mémoire   en    1816, 
des  eaux.  Après  la  retraite  de  Galon-  avec  de  nouvelles    considérations, 
ne,  ce  prêt  fut  dénoncé  au  conseil  d'é-  ._____-»_.______-_-_—_— ________ 

tat  ;  el  un  arrêt,  dont  les  événements  (■)  Cet  emprunt  pour  la  (/«cf/?/eeH  ^n^^/eierre, 

publics  SUSpendircntl'exéculimi,  con-  «""t ''«"".once  do   lV.p..aition  d'Eppte.  Les  ac- 

r                        l               ^              a.v,v«.>.wij,  vwn  tions  étaient  de  inUle  francs.  La  liste  originale 

damna  les  banquiers  qui  avaient  reçu  de  la  souscription  queje  posbède,  commciice  |)ar 

„    Il       „                  'I             ,-,                  ,     /      ■"  Bonanarte  qui  signe   pour  vinfjl-ciuq  actions,  et 

cette  somme  a  la  restituer  au  trésor,  JJ^i^J,,,  ouvrard  quis-mscrit  pour  «ix  actions. 

s'ils  ne  iuslifiaieut  de  son  emploi  dans  Ce  fut  pour  ce    dernier    nomhrc    que  M-nèrent 

V    ./■    '.           Il-         T                        ',  •              .,  Barras,  La  Révrillère-Lépaux,  .Mrrlin.Rcwbell  et 

1  intérêt     public.     La    convention   prit  p,.anrois  de  iNeukb.iteau.  directeurs,   n    y  eut  , 

connaissance    de    celte     affaire:    mais  parmi  les  banquiers,  des  souscriptions  pins  for- 

I.                          .                            ■n    f        I         /-  tes.  Les  «généraux,  les  ;ninistres,    les  agents  de 

elle  ne   put  rien  statuer.  JLlltin,  le  26  change,  les   deux    conseils    des   anciens    et   des 

iuin   1706,  sur  le  rapport   de  M.   Pe-  cinq-cents,   le   po.tc  No-aret,  Panckoncke,    li- 

i         ,    '.^    .i       >           1                   Ml          •  braire,  et  beaucoup  d  autres  citoyens  signèrent 

let  de  la  Lozère,  le   conseil  des  cinq-  cette  lisle  comme  preneurs  d'actions.      V— .ve. 

12, 


i8o 


BAR 


raaîs  sans  plu3  de  succès  que  la  pre- 
mière fois.  Oq  sait  que  rindemoilé  , 
basée  sur  des  documents  plus  authen- 
tiques que  ceux  de  Baroud,  a  été  ré- 
glée à  cinquante  millions  par  la  loi 
du  28  avril  1825.  Baroud  était  mort 
l'année  précédente,  au  mois  de  mai , 
âgé  d'environ  69  ans,  d'une  fluxion  de 
poitrine  causée  par  l'extrême  clialeur 

3u'il  mit  a  plaider   sa  propre  cause 
evant    un   tribunal.  W — s. 

BARRABAIVD  (  Pierre- 
Paul)  (i)  ,  l'un  des  peintres  d'oiseaux 
les  plus  distingués  que  la  France  ait 
produits,  était  fils  d'un  ouvrier  de  la 
manufacture  de  tapis  d'Aubusson. 
Né  dans  celte  ville,  en  1767,  il  an- 
nonça de  bonne  heure  des  disposi- 
tions remarquables  pour  le  dessin. 
A  seize  ans,  il  vint  a  Paris,  où  il  en- 
tra dans  l'atelier  de  Malaine,  peintre- 
dessinateur  desGobelinsj  mais  bien- 
tôt il  fut  en  état  de  se  passer  de 
maître,  et  n'étudia  plus  que  la  na- 
ture. Il  s'était  déjà  fait  uneréputalion 
par  quelques  petits  tableaux  defleurs 
qui  promettaient  un  rival  à  Van- 
Hujsum,  lorsque  le  célèbre  voyageur 
Le  Vaillant  le  chargea  de  dessiner 
et  de  peindre  les  oiseaux  de  sa  col- 
lection. On  n'avait  pas  encore  l'idée 
de  la  perfection  a  laquelle  Barraband 
atteignit  dans  les  planches  qu'il  exé- 
cuta ipoiirV Histoire  des  oiseaux  d'A- 
lri(|ue,des  perroquels,  et  surtout  des 
oiseaux  de  paradis  (  yoy.  Ll  Vail- 
lant, XLVII,  264).  Il  se  vit  dès- 
lors  accablé  de  dt-inaïuies*  mais,  la- 
borieux, et  travaillant  avec  une  faci- 
lite rare,  il  put  fournir  des  planches 


(i)  (jiii-lques  l>i(i|;rn|>li<-s  lui  duiiitrnt  li^  nom 
do  Jiici/itej  ,  et  lu  font  iiiliiro  «mi  1771;  in.iis, 
duii*  »on  Ilixtoirj  de  l.a  Man-he,  II.  1 1  J.  M.  Jnii- 
lirtiu,  i|uc  nous  uvouii  «lit  crnii-t!  uiit-nx  iiintiuit 
di-s  uiirticiiluritr'M  (|uî  coiicitui-iiI  iiu  df  s<'s  nni.- 
piltioluii,  rei.lilio  lu  dati;  dti  hji  iiitis.^uiu'i!,  ri  lui 
uitrihuo  (ou  jitt'ikuiiiM  (ju'uit  lit  (>•  UJlc  \\v  K't 
iirliclfl. 


BAR 

au   Buffon   publié   par   Sonnini,    à 
Y  Histoire  des  insectes  de  La  treille, 
et  au    magnifique  ouvrage   sur   l'E- 
gypte, que  préparait  une  commission 
de  savants  et  d'artisles(^.  Fourier, 
au  Supp.)    Dans  le  même    temps,   il 
trouvait  encore  le  loisir  d'exécuter  de 
nombreux  dessins  pour  la  manufac- 
ture de    Sèvres  ,   dont   il  contribua 
beaucoup    a  étendre  la  réputation. 
En  i8o4,  Barrabaud  peignit  d'après 
les  dessins  de    M.   Percier,  le  pla- 
fond d'un    cabinet  portatif^  destiné 
h   Joseph    Bonaparte'    et   dans    cet 
ouvrage  il  se   montra  l'égal  des  an 
ciens    maîtres    flamands   et    hollan- 
dais,  si  fameux  par  leur  belle  cou- 
leur.  Il  fut  ensuite   chargé  de  dé- 
corer la  salle  k  manger  de  St-Cloud. 
En  1808,  il  obtint  une  médaille  d'or 

Four  deux  oiseaux  qu'il  avait  mis  à 
exposition,  et  qui  furent  acquis  par 
l'impératrice  Joséphine,  pour  les  pla- 
cer a  Malmaison.  L'année  précéden- 
te, par  un  décret  daté  de  Varsovie, 
le  2  5  janvier,  Barraband  avait  été 
nommé  professeur  de  l'école  des  aris 
h  Lyon.  Il  tomba  malade  peu  de 
teiflps  après  son  arrivée  dans  cette 
ville,  et  il  y  mourut  le  i*"  octobre 
I  809,  âgé  seulement  de  4-2  ans.  Un 
monument  K  la  mémoire  de  ce  grand 
artiste,  construit  aux  Iraisde  ses  élè- 
ves, décore  le  principal  cimetière  de 
Lvon.  W — s. 

'BAnUAIUOIV  (François-M.v- 
p.iE-LouKs),  (lirecleur-géuéral  de 
l'cnr»  gislieiiienl  et  des  duiiiainis  de 
France,  ollie  un  des  exemples  les  plus 
remar(|uables  des  avantages  que  pro- 
curent ,  dans  les  révolu lioiKs  politi- 
que.s,  nue  grande  flexibililé  cl  une 
absence  de  loule  opinion  réelle.  Né  le 
10  juin  1746  ,  h  Gourdiin  en  (îasro- 
giie,  il  entra  de  bonne  heure  dans  la 
c.irrière  où  il  a  obtenu  de  si  gi.uuls 
succès,  et  dans  lacpidle  son  père  avait 


^Ic    receveur    cl    insjiccliMir.     l'"l.iiit 
venu  dans  la  ra|)ilalt',  il  y  ()I)liiil  iorl 
jciiiic.  dans  les  Inircaiix  de  ccllo  nd- 
iiiinislrarioii,  nn  oin[)lol  do  dirccliMir 
de  correspondance,  puis  de  clicf  de 
division.  Il  était   direcltnir  des   do- 
maines   Iors(|iiL'    la   révolution    cojn- 
nu'U(^'a,   et    par  \c   crédit  du    ininis- 
Irc  de  Lessarl,    d  fui  nommé  aclivii- 
nistraliur    en    1790.    Chargé    ainsi 
de  diriger  et  d'organiser  celte  parlia 
du  revenu  public  dans  les  temps  les 
plus  orageux  ,   il  obéit  sans  scru[)ulo 
et  sans  murmure  a  tons  les  pouvoirs 
fjui   se   succcdi-rent  ;   il   les   seconda 
dans  tous  leurs  systèmes,  fil  exécuter 
toutes  les  lois  de  confiscation  .  de  sé- 
questre •    et   s'il  n'en  augmenta    pas 
la    rigueur  ,    il    est    au    moins    sur 
qu'il  ne    fil  rien   pour   les   adoucir. 
Après  avoir  su,    par  son  impassible 
soumission  ,   conserver   son   emploi 
pendant  tout    le    règne   de   la   ter- 
reur, il  le  conserva   encore   sous  le 
directoire    et   sous  le   gouvernement 
impérial.  Sa  faveur  parut  augmenter 
à  cette  épo(|ue  ,  et  il  fut  nommé  ba- 
ron. Cependant  Napoléon  ne  voulut 
pas  qu'il  fût  membre  du  corps  législa- 
tif ni  du  sénat-conservateur,  bien  que 
plusieurs  fois  il  lui  eût  été  présente 
comme  candidat.    Sous  le  règne  de 
Louis  XVIII  il  n'en  lut  pas  ainsi  ;  dès 
le  mois  de  juillet    181  5,  ce   prince 
le  nomma   directeur-général  ,  et  lui 
donna   six    mois  après   le    titre    de 
conseiller   d'état.    Après  la   dissolu- 
tion de   la    chambre    introiauihle  , 
en   sept.    1816  ,  lîarrairon  ,  qu'ap- 
puvail  le  ministère,  fut  envoyé   par 
le  déparlement  du  Lot  à  la  cbarabre 
des  députés,  où  il  ne  se  montra  jamais 
comme  orateur,  mais  où  il  siégea  con- 
sLammenl  au  centre  ,    ne    manquant 
pas  une  occasion   de  faire  ]M'éva!oir 
les    projets    du    gouvernement.    Le 
rainistèie  ,    reconnaissant   ,     le    lit 


I5AR 


8r 


comte  et  oiïicier  de  la  Légion-d'llon- 
neur.  Sdi^ncni  de  conserver  un  pa- 
reil déjiulé ,  il  l'avait  nommé  en 
1820  président  du  collège  électo- 
ral du  déj)arlemeiit  du  Lot,  où  son 
élection  était  assurée  ,  lors(ju'iI 
mourut  dans  sa  terre  de  Chàleau- 
llegnaull  (ju'il  avait  eue  de  sa  secon- 
de femme.  Le  curé  de  celte  petite 
ville  hésita  d'abord  ii  lui  accorder  la 
sépulture  ,  a  cause  de  son  divorce  ef- 
fectué sur  sa  demande  en  i  yyS;  mais 
il  y  consentit  enfin  par  rinlervention 
de  l'autorité,  M — u  j- 

BARRAL    (Vincent),   né    à 
Nice,  en.brassala  vie  monastique  dans 
l'abbaye  de  Lerins,  et  y  fit  profession 
le  12  mars  1677.  Il  recul  le  bonnet 
de    docteur    en   théobjgie ,    fut    fait 
abbé  titulaire,  et  mourut  a  Palerme, 
en  Sicile,  au  monastère  de  Si-Benoît. 
On  a  peu   de  documents  sur  la   vie 
de    ce  religieux  ;    mais    la  compila- 
tion  dont    il  est   l'auteur  doit    sau- 
ver son  nom  d'un  injuste  oubli.  Cette 
compilation  a  pour  titre  :  Chvonolo- 
gia  sajictoriun  et  aliorian  virovwn 
illiistriiini   ne  abbaiiun  sacra?    in- 
siilœ  Lerinensis ,  etc.  ,  siimplibus 
P.    Rigaud ,    Lyon,     1610,  in-4-". 
Située    sur  la    côte    de    Provence  , 
au  midi  de  Fréj-.iS  et  d'Antlbcs,  l'île 
de  Lerins  occupe  une  grande  et  belle 
place  dans  nos  fastes  ecclésiastiques^ 
elle  fut,  au  V''  siècle  ,  la  retraite  où 
s?  fortnèrcnt  les  saints,  le  séminaire 
d'où  .'^orlaient  les  grands  évêques  des 
Gaules  .  et  l'académie  où  s'élevaient 
les  savants.  Saint  Honorât,  (pii  plus 
tard  occupa  le  siège  d'Arles,    avait 
fondé  un  monastère  K  Lerins  vers  Tan 
410  ;  la  venaient  se  réfugier,  comme 
dans  uii  port  assuré  et  propice  à  tout 
le  moiide  (1),  Icsbommes  qui  por- 
taient  dans    le  cœur    (juebpie   triste 

(1)  In  porlum  rrligionis  cunclis  soiiiper  fidis- 
simuiii.  Viuccnt.  Leriu-,  C'jmmoniloiin'n,  |, 


i8a  BAR  BAR 

plaie ,  ceux  qui  avalent  senti  ce  creur  vainement  ailleurs.  TJn  article  assez 
Brisé  par  quelqu'une  des  peines  de  la  étendu  sur  Barrai  est  inséré  dans  la 
vie ,  ceux  qui  se    trouvaient    agités  Bibliotheca    henedictino-casinen- 
de    celte    inquiétude    sans    but    qui  5/5,  d'Arraellini ,  tom.  II,  p.  i6  ,  et 
souvent  précède    de   grands   maux,  dans  Ziegelbauer,  H/5^or.  re/ /if/e- 
Bientôt  avec  l'immense  concours  des  rariœ  orclin.  S»  Benedict.  ,   lom. 
solitaires  que  recevait  cette  paisible  IV,  p.  122.  Z.  C. 
retraite,  l'occident  put  se  vanter  aussi         BAPiRAL  (Joseph-Marie  de)  , 
de  sa  Thébaïde  qui ,  dans  ses  sages  connu  aussi  sous  le  nom  de  marquis 
institutions  ,  rappelait  quelque   peu  de  JMontferrat,  était  issu  d'une  ail- 
les règles  et  les  statuts  des  Pères  de  cienne  et  illustre    famille   du    Dau- 
l'Égypte.c.  Quelle  assemblée  de  saints,  pbiné  qui  a  fourni  plusieurs  magistrats 
dit  Eucher,  quelle  famille  de  pieux  distingués  au  parlement  de  Grenoble, 
personnagesn'ai-jepoint  vue  là(2)!  »  Né  dans  cette  ville  en  1742,  il  y  fit 
Le  même  auteur  fait  un  magnifique  d'excellentes  éludes,  et    montra  da 
éloge  tant   de  Lerins  que   des  céno-  bonne  heure  un   goiit  décidé   pour  la 
bites  qui  la  peuplaient.  Césaire  d'Ar-  littérature  latine.   Ayant  obtenu  les 
les  ,  Homélie,  XXV  (3)  j    Hilalre  ,  dis|>enses  nécessaires,  il  fut,  a  vingt- 
Oraison funèbre  de  saint  Ilonoratj  deux  ans,  reçu   conseiller  au  parle- 
Sidoine  Apollinaire,  lettre  a  Faus-  menlj  et  plus   lard  (1767)  il  acquit 
tus   (4),    et   d'autres    écrivains  qui  une  charge  de  président  a  mortier, 
avaient  passé  par  cette  solitude,  épui-  qu'il  remplit  avec  autant  de  zèle  que 
sent  pour  elle  toutes  les  formes  delà  de  délicatesse.  Les  devoirs  de  celte 
louange.  Or,  Barrai ,  dans  sa  Cliro-  place  ne  l'empêchèrent  pas  de  culli- 
nologie,    s'est    proposé   de    réunir,  ver  les  lettres;   et  dans  ses  loisirs  il 
comme  en  un  seul  faisceau,  toutes  les  composa  plusieurs  morceaux  que  sa 
richesses  littéraires  qui  se  rattachent  modestie  ne  lui  a  pas  permis  de  pu- 
à  Leiins.  Son  livre  nous  offre  donc  blier,  où  l'on  trouve  ce  goùl  pur  et 
la  vie  de  saint  Honorât,  les  Œuvres  cette  facilité  qu'il  avait  puisés  dans 
de  Salvien,  le  Commoniloire Ac^m-  le  commerce  assidu  des  bons  auteurs 
cent,  etc.  ,  quelques  pièces  de  vers,  de  l'antiquité.  Il  fut  l'un  des  fotida- 
Acs  liymnes,  et  des  notices  inléres-  leurs  de  la  bibliothèque  publitjue  de 
saules.  Tout  cela,  s'il  faut  le  dire,  Grenoble,  crééeen  1772,  el  l'un  dfs 
n'est  pas  Irès-bien    réparti;    il   y    a  premiers  membres  de  l'académie  de 
confusion,    embarras  des  matières;  celte  ville,  où  il  lut  plusieurs  discours 
Jes  textes,  pour  l'ordinaire,  mancjuenl  intércssanls.    Député  par   sa  compa- 
de  pureté;  mais,  en  somme,  hiCliro-  gnie  en  1787,  il  Versailles,  pour  se 
iiulo^ic    (le   Barrai    peul  être    fort  concerter  avec  le  ministère,  sur  les 
utile  h  ceux  qui  s'occupent  d'antiqui-  moyens  de  combler   le  déficit  des  fi- 
lés ccclésiasli(|ues  ;  et  l'on  y  trouvo  nances,  il  eu  revinl   convaincu  dr  la 
des  documents  que  l'on  chercherait  nécessité  de  faire  concourir,  dans  uno 
égale  |)r()|u)rlion,  tous  les  ordres  de 

(1    <.....,    rgo   iUic  «onc.oru.n  c;.  .us  convc...  *  «^'«it   '»"  P'iil'IUent  dç  rilUpÔI  ;    Cl    Ca 

ttiv|no  vi.ii!  De  i.„Hii>-  rvrm,.  (lé  1»  ihiau  l,  soit  au  siiu  (lu  parleijienl, 

l>«rv.»ia  .1  pim.a  thm-  v..ir«i,.r .  innumnahiio.  «"i'  daus  Ics  asseinhlces  l)aillia)»eres, 

t.uii.ii  inoi.tis  ml  nriiiiii  iiMHissr  «ogiiuM  iiiii .  cc  uri  ucipe  d'égal  lié  (jui  trouvai!  alors 

Mimli  in  calum  moutos,  iic.  bcaucoup  (Ic  coulraUiclcurs,  il  acquit 


BAR. 

iihc  grande  popnlarilé  dans  sa  pro- 
vince'. Illu  iiKiire  do  (irciiobli-  eu 
1789,  il  se  servit  autant  (jii'il  put  de 
son  iidliiciu'c  pour  inodéror  les  pre- 
miers élans  d  nue  rcvolulion  dont  le 
signal  avait  élé  donné  par  les  Daiiplii- 
iiois.  A  1  orir-inisalion  des  admiiiis- 
tratious  déparicnionlalcs,  en  1790, 
il  fui  lait  président  du  département 
de  risère,  et  Tannée  suivante,  juge 
au  tribunal  de  cassation.  Ennemi  de 
tous  les  excès,  il  ne  larda  pas  K  être 
suspect  aux  chefs  de  la  faction  san- 
guinaire qui  s'était  emparée  du  pou- 
voir j  son  nom  fui  inscrit  sur  les  laides 
des  prescripteurs,  et  sans  le  9  ther- 
midor il  aurait  augmenté  le  nombre 
des  victimes.  A  peine  de  retour  a  Grc^ 
noble,  il  reçut  de  ses  concitoyens  une 
nouvelle  marque  de  confiance  h  la- 
quelle il  dut  être  très-sensible.  Nom- 
mé commandant  de  la  garde  nationale 
eu  1795,  il  employa  son  autorité  k 
maintenir  Tordre.  Apl-ès  le  18  bru- 
maire, il  fut  honoré  pour  la  seconde 
fois  du  titre  de  maire  de  Grenoble  ; 
ot  il  ne  quitta  cette  place  qu'à  la 
réorganisalioQ  de  Tordre  judiciai- 
re ,  pour  remplir  celle  de  pré- 
sident du  tribunal  d'appel.  En  i8o5, 
il  fut  élu  membre  du  corps  légis- 
latif pour  le  département  de  TIsère. 
Il  en  sortit  en  1808,  et  peu  de 
temps  après,  il  fut  notnmé  premier 
président  de  la  cour  impériale  de 
Grenoble,  place  qu'il  occupait  encore 
a  la  restauration.  Ayant  eu,  pendant 
les  cent  jours,  la  faiblesse  de  partici- 
per a  Torganisation  de.*^  corps  de  fé- 
dérés ,  il  fut,  au  second  retour  des 
Bourbons,  mis  a  la  retraite  sans  trai- 
tement. 11  supporta  cette  disgrâce 
avec  courage,  se  conso'ant  par  Té- 
tude  des  rigueurs  du  pouvoir.  Bar- 
rai mourut  le  I  4  juin  1828  ,  a  86 
ans.  Soiis  Tempirc,  il  avait  été  créé 
baron  et  oflEcier  de  la  Légiou-d'llon- 


BAR 


83 


licur.  Oniro  quebjucs  discours  insé- 
rés dans  le-,  recueils  des  sociétés  lit- 
téraires et  agricoles  dont  il  était 
membre,  on  lui  doit  une  Description 
du  ([('ixirleincnL  de  V Isère ,  Gre- 
noble, 1800,  in-8"  de/|0  p.  Cette 
description,  beaucoup  trop  succincte, 
fut  imprimée  par  ordre  d(!  l'admi- 
nistration centrale.  W — s. 

BARRAL  (  André -Horace- 
François  ,  vicomte  de)  ,  frère  cadet 
du  précédent,  nacpiil  a  Grenoble  le 
i*''^  août  174-5.  Il  embrassa  jeune  la 
carrière  des  armes,  obtint  une  sous- 
liculeliance  dans  le  régiment  de  La 
Ferronaye  ,  et  fit  les  dernières  cam- 
ppgiies  de  la  guerre  de  sept  ans. 
Attaché  depuis  à  l'état- major  du  gé- 
néral Bonrcet(/^.  ce  nom,  V,  553), 
il  parcourut  les  Alpes  depuis  le  col 
de  Tende  jusqu'au  Saint-Golhard  j  et 
rédio-ea  sur  celle  chaîne  des  Mémoires 

o 

qui  lui  firent  beaucoup  d'honneur. 
Nommé  major  dans  les  dragons  de 
Noailles,  il  fit,  eu  1782  ,  partie  de 
Tàrmée  qui  s'assemblait  a  Cadix.  Au 
mois  de  décembre  1791 ,  il  fut  crée 
lûaréclial-de-camp,  et ,  Tannée  sui- 
vante, employé  k  Tarmée  des  Alpes, 
sous  les  ordres  de  Kellermann.  Ayant 
été  désigné  par  le  comité  de  salut 
public  pour  servir  dans  la  Vendée,  il 
ne  crut  pas  devoir  accepter  un  poste 
qui  Taurait  forcé  de  corabatlre  des 
Français,  et  il  profita  du  voisinage 
de  la  frontière  pour  passer  en  Italie. 
Après  le  18  brumaire,  il  fnt  rétabli 
dans  son  grade  de  général ,  faveur 
qu'il  dut  k  la  protection  de  M""^  Bo- 
naparte, dont  il  était  Tallié  par  son 
mariage  avec  la  fille  de  la  comtesse 
Fanny  de  Beauharnais  [V .  ce  nom, 
ci-après).  INommé  préfet  du  Cher  en 
i8o5,  il  conservacelle  place  jusqu'en 
1812  ,  époque  où  il  demanda  lui- 
même  sa  retraite .  Il  babllait  sa  terre, 
près  dé  Voiron,  lorscpic l'invasion  des 


i84  CAR  BAR 

armées  aillées,  en  i8i  3,  vint  Tarra-     vicaire   et  arcbidiacre  de   son  ëgli- 
chcr  au  repos  donl  il  jouissait  depuis     se.  En  lySB  ,  l'abbé  de  Barrai  fut 
quelques    mois.    A   l'approche    des     nommé  agent-général  du  clergé,  place 
Aiitrlclilens,  il  se  mit  a  la  lèle  d'une     alors  importante  par  les  fondions  el 
poignée  de  soldais  et  défendit  vail-     les  prérogatives  cjui   y  étaient  atla- 
lamment    le    poste    important    des     cbées.  L'évêque  de  Troyes,  son  oncle 
Eclicllcs;  mais,  obligé  de  céder  au     l'obtint  pour  coadjuleur;  et  le  non- 
nombre,  il  se  replia  sur  Grenoble,      veau  prélat  fut  sacré  le  5  oct.  1788, 
Aux  talents  du  général  et  de  l'admi-     sous  le   litre  d'évèque  d'Isaure.    En 
iiislrateur  ,  Barrai  joignait  des  con-      17901!  succéda  h  son  oncle  qui  donna 
naissances  très-étendues  en  histoire,      sa  démission.  Il  était  a  peine  entré  en 
Pendant  son   séjour  a  Bourges  ,    il     fonctions,  qu'on  lui  demanda  le  ser- 
avait  profité  de  ses  loisirs  pour  faire     ment  prescrit  parles  décrets  de  l'as- 
des  recherches  sur  les  antiquités  du     semblée  nationale.  11  adressa  des  let- 
Berry,  el  il  s'occupait  de  les  mettre     très  aux  électeurs  du  département  et 
t?n   ordre,  lorsqu'il  mourut,  le    i5      a  l'évêque  élu  de  l'Aube  5  mais  peu 
août  1829,  a  86  ans.  On  a  de  lui  :      après  les  progrès  de  la  révolution  le 
I.    Mémoire    sur   les   usines    em-     forcèrent    de    quitter    le    royaume. 
plojées  à   la  fabrication  du  fer     L'Allemagne  fut  son  premier  asile  ; 
dans  le  département  du  Cher.  Ce     de  la  il  passa  en  Angleterre ,   où  il 
travail  imporlanl,  inséré  d'abord  dans     resta  jusqu'en  1802.  Dans  cetinter- 
le  Journal  des  mines,  tora.  XXVI,  a     valle  il    publia  quelques    écrits    sur 
été  pu)  lié  séparément,  Paris,  i8o5,     les   serments  et    soumissions    exigés 
in-8°.  L'auteur  y  promet  un /ly^V/iOfre     des  prêtres  en   France    pendant   le 
^wr/e.s;/»/^'/^ du  même  département;     cours  de   la  révolution.   M.   de  Bar- 
mais  il  n'a  point  paru.  II.  Lettre  à     rai  était  d'avis  qu'on  pouvait  les  faire, 
M.  Eloi  Jolianneau  en  réponse  à     et  il  développa  sou  opinion  dans  une 
un  mémoire  de  M.  Monge  sur  les     lettre  à  L.-M.-C.  Butler,  el  dans  la 
signaux  chez  les  Gaulois,  Mém.      Réponse  au  véritable  état  de  la 
(le    l'académie    celtique,   lom.     II.     <7/^6's//o/^.  Eu  180  i ,  les  évêquesfran- 
lîarralélail  membre  de  cette  académie     cals  qui  se  trouvaient  a  Londres  dé- 
depiil»  sa  forulallon.  W — s.  libérèrent  entre  eux  sur  les  demandes 

BABIUAL  (  Louis  -  Matuias  de  démission  (jue  leur  faisait  Pie  MI. 
de),  archevê(jiie  de  Tours,  frère  L'évccpie  de  Troyes  fut  du  nombre 
des  précédents  ,  naquit  a  Grenoble  ,  des  cinfj  qui  jugèrent  qu'ils  devaient 
le  26  avril  1746.  Desllué  h  l'é-  se  démettre.  En  consé(picnccles  por- 
tât cctlésia.sthiue  ,  11  vint  achever  tes  de  la  France  hii  furent  ouvertes  , 
ses  éludes  au  séminaire  de  St-Sul-  el  on  le  nomma  arévêché  de  Meaux. 
nice  a  Paris,  el  fit  sa  llccMice  dans  II  porta  dans  l'admlnlslrallon  de  sou 
la  maison  de  Navarre.  De  l'espril,  diocèse  l'esprit  de  eoniHlalion  qui 
de  la  finesse,  de  la  facilité  pour  l'avait  toujours  animé  ,  el  fut  trans- 
ie travail,  lui  concilièrent  ralTertion  féré  eu  1  80:1  à  l'archevêché  de  Tours, 
du  cardinal  de  JiUynes,  archcvè(pie  Lue  lettre  de  lui,  lusérée  vers  celle 
de  Se.is,  (pil  reuiuiena  a  I\ome,el  le  époijuc  dans  le  Moniteur,  lui  fait 
lit  son  coi.clavisle,  lorsipi'il  s'.igil  de  honneur-  elle  avait  pour  ohjcl  de 
donner  unsuccesseur  à  Clément  Mil.  venger  le  cardinal  de  Hoisgelin,  son 
Depuis  le  cardinal  le  nomma  grand-     prédécesseur,  des  impulalious  de  La- 


l.indedans  snn  diMixii'iiu'  Siipitlcmcnt 
(lu     (/ictionnairc    t/cs    at/ir''S    (i). 
Il    ciil    (l.iiis  le    ninne    Iciiips  ,    avec 
Ir  jM-i'lVl  Pommcrnil ,    (jiu-hjucs   dc- 
imMi's  où  K'  j^ouviTiicmciil  rapjnija, 
cl  mniio  lo  vengea  des  sottises  do  cet 
lîoininc  bizarre.  En  1806,  ce  prélat 
fut  fait  sénateur   et    premier   aumô- 
nier de  iM""'  Murât,  puis  de  Timpéia- 
Irice  Josépliine  dont  il  se  disait  pa- 
rent et  qui  avait   pour  lui  beaucoup 
d'eslimc.  Napoléon  se  servit  de  M. 
de  Barrai   dans  ses  dilTérends  avec 
Pie  VII.  Ce  fut.  sans  doute  h  son  in- 
stigation que  l'arcbcvèfpie  écrivit  au 
pape,  le  4- août  1809,  pour  solliciter 
les   bulles  i\çs,  évèques  nommés;   le 
moment     n'était    pas    bien    choisi; 
Pie    VII  ,     enlevé    de     Rome ,    é- 
lait  traîné   captif   dans    le    midi    de 
la  France.    Le   prélat  fut    membre 
(\qs    deux    commissions    formées    à 
Paris  sur  les  affaires  de  l'église    a 
la  fin  de    1809    et   au  commence- 
ment de  1 8  1 1 .  Les  réponses  de  ces 
commissions  appartiennent    K   l'his- 
toire ecclésiastique  de  ce  temps.   On 
dit    que    M.   de    Barrai   eut    beau- 
coup de  part    îi   la    rédaction    des 
réponses ,   où  l'on  voit  une  extrême 
complaisance  pour  celui  qui  était  évi- 
demment l'auteur  de  tous  les  trou- 
bles. En  avril  181 1  ,  il  fut  envoyé  a 
Savone  où  était  le  pape  ;  les  évéques 
de  INantes  et  de  Trêves  l'accompa- 
gnaient.  Ils  devaient  tacher  d'obte- 
nir du  pontife    prisonnier  quelques 
concessions.  Ils  rapportèrent  en  effet 
un  ])rel  (pii  faisait  espérer  Tinstitu- 
tion  canonique  pour  les  évêcpies  nom- 
més ;    mais  ce  bref,  qui  n'était    pas 
signé,  ne  parut  point  assez  authenti- 
que au  concile  qui  s'ouvrit  peu  après 

(i)  Traducti'ur  c\\  vers  des  H '•rouies  amou- 
rrusrf.  d' Oiii/f ,  il  est  cfrtaiii  «juc  !<•  cnidiiial  s'é- 
lail  (ail  dans  le  monde  une  réputation  assez 
(■fjuivorjnc ,    sous    !c    r.iiiiiort  dt   sa  croyance. 

V— vz. 


15  AU 


i«5 


Il  Palis,  v\  les  dé|)utés  de  Savone 
lurent    vus  d'assez   mauvais   œil    j)ar 
leurs    collègues.     L'archcvccjue    de 
1\iurs  fil  encore  partie  d'une  seconde 
(léimlalion  envoyée  a  Savme  ;i  la  fin 
d'août   i8ri  ,  ei  (pii  ne  fut  pas  pbis 
heureuse.  En  i  8  i  :i  et  181.^)  on  l'en- 
voya plusieurs  lois  a  Fontainebleau, 
au])rês  du  pape  qui  y  avait  été  trans- 
féré, et  on  l'employa  dans  différentes 
négociations  qui  n'eurent  aucun  ré- 
sultat. En  18  r  4-,  il  fut,  en  sa  qua- 
lité   de    sénateur,    conservé   par    le 
roi  dans  la  chambre  des  pairs.  Il  pu- 
blia alors  des   Fragmcnls  relatifs 
à  r  histoire  ecclésiastique  des  pré- 
vue re  s  années  du   J\/A'"   siècle^ 
in-8".  Cet  écrit,  auquel  il  ne  mit  pas 
son   nom  ,  ne  parut  pas  le  justifier 
pleinement,  et  on  lui  a  même  repro- 
ché quelques  altérations  dans  les  piè- 
ces qu'il  y  avait  insérées.  A  la  même 
époque,  il  prononça,  dans   l'église 
de   Iluel  ,   une    oraison  funèbre   de 
l'impératrice    Joséphine  ,    qu'il    fît 
imprimer.  Choisi  dans  les  cent  jours 
pour  dire  la  messe  au  champ  de  mai, 
il  tomba  dans  une  nouvelle  disgrâce 
au  second  retour  de  Louis  XVIiï,  et 
fut  rayé  de  la  chambre  des  pairs  par 
l'ordonnance    du    1 4-   juillet   181 5. 
Sensible  a  cet  affront ,  il  adressa  au 
roi  un  mémoire  pour  sa  justification, 
et  envoya  en  même  temps  sa  démis- 
sion a  laquelle  il  devait  peu  survivre. 
Une  attaque  d'apoplexie  l'enleva  su- 
bitement le   6    juin    1816.    L'année 
suivante,  Talibé  de  Barrai,  son  frère, 
publia  un  ouvrage  posthume  du  pré- 
lat ,  sous   le  titre  de  Défenses  des 
libertés  galliea/ies,  in-4."  de  44-  P- 
C'est  la  réfutiilion  des  quelques  écrits 
qui  avaient  paru  en  Angleterre  •  elle 
n'est  point  achevée.  L'abbé  de   Par- 
ral  V  joignit  une  Notice  sur  la  vie 
politique   et   les  écrits  du  prélat. 
Cette  notice,  en  33  pages,  contient 


ï86                   BAR  BAR 

très-peu  de  faits,  et  n'a  pas  une  date,  cinq  premiers  directeurs  de  la  répu- 

Oii  n'y  dit  rien  du  rôle  que  l'arche-  blique  française,    naquit  le  20  juin 

vêque  avait  joué  dans  les  affaires  de  17 55,  a  Fos-EmpVioux,  village  de  la 

Féglise.  Ce  prélat  avait  annonce  une  Provence.  Il  était  laîné  de  trois  frè- 

suile  à  ses  Fragments  pour  ce  qui  res  de  la  branche  cadette  d'une  an- 

concernait  l'histoire  de  l'église j  on  cienue  famille  originaire  de  Digne, 

croit  que  cette  suite  existe,  mais  elle  et  si  ancienne  qu'on    dirait  prover- 

n'a  pas  vu  le  jour.            P~c-t.  bialement:   ce  Noble  comme  les  Bar- 

BARRALIER  (Honoré-Fran-  «  ras,  aussi  anciens  queles  rochers  de 
çois-Noel-Dominique),  jeune  litlé-  «  Provence.  »  Ce  fut  chez  son  oncle, 
rateur  à  quiBaillet  n'aurait  pas  man-  chef  d'escadre  ,  qu'alla  descendre, 
que  de  donner  une  place  dans  sou  li-  dans  son  voyage  en  Provence  ,  MoN- 
vre  des  Enfants  célèbres,  mais  qu'on  sieur,  depuis  Louis  XVIII.  Le  jeune 
nous  reprochera  peut-être  d'avoir  ad-  Barras  fut  élevé  avec  peu  de  soin 
mis  dans  la  Biographie,  naquit  a  Mar-  dans  son  pays  natal.  Ké  avec  des 
seillccu  i8o5.  Doué  des  dispositions  passions  vives  et  un  guùt  effréné  pour 
les  plus  heureuses,  il  montra  de  bonne  les  plaisirs  ,  il  commença  de  bonne 
heure  un  penchant  pour  les  lettres  que  heure  sa  carrière  militaire,  en  qua- 
sonpère,  avocat  tlislingué  du  barreau  lilé  de  sous-lieutenant  dans  le  régi- 
de  Marseille,  encouragea  par  tous  les  nient  de  Languedoc  j  mais  ses  fre- 
raoyens  qui  étaient  en  son  pouvoir,  daines  l'en  firent  sortir  en  177 5. 
Après  avoir  fait  ses  premières  études  On  l'envoya  alors  à  l'Ile-de-France  , 
sous  la  direction  d'un  hahile  précep-  dont  un  de  ses  parents  était  gouver- 
teur,  il  suivit,  au  pelit  séminaire,  les  neur  ,  et  il  y  entra  dans  le  régi- 
cours  d'humanités  et  de  rhétorique,  ment  de  Pondichéry.  Se  rendant  à  la 
A  quinze  ans,  il  commença  son  cours  cote  de  Cororaandel,  il  faillit  périr, 
de  philosophie;  et  il  se  proposait  en  Le  vaisseau quile  portail,  assailli  par 
le  terminant  d'aller  a  Paris  pour  s'y  la  tempête,  donna  contre  des  écueils 
livrer  a  l'élude  des  langues  orienta-  qui  bordent  les  Maldives.  Tout  Té- 
lés. Mais,  ayant  pris  un  bain  eu  sor-  quipage  s'abandonnait  au  désespoir, 
tant  de  table,  il  mourut,  victime  de  lorsque,  tirant  les  matelots  de  leur 
celte  imprudence,  le  24  juillet  1821,  stupeur,  Barrasleur  fit  construire  un 
a  16  ans  et  quatre  mois.  Dans  un  radeau,  monta  dessus  avec  eux,  et 
âge  si  tendre.  Il  avait  déjà  composé  réussit  h  gagner  une  ile  habitée  par 
plusieurs  ouvrages  dont  le  sujet  an-  des  sauvages.  Un  mois  après,  il  tut 
nonce  une  maturité  rcmar(|uable.  secouru  cl  Iranspoité  avec  ses  com- 
Le  seul  «pie  r(jn  connaisse  est  un  pagnons  h  Poudiclicrv.  Son  aveulure 
Discours  sur  l'imniorlalilc  de  l\l-  cul  uu  certain  éclat,  et  lui  valut 
me,  ouvrage  poslliume,  Marstille  ,  ([uehpie  renommée.  Lu  peu  plus 
1822,  in-8".  On  cite  encore  de  lui,  lard,  il  concourut,  sous  les  ordres  du 
outre  des /706'5/c'.s  couronnées  par  une  général  Belle-Combe,  a  la  déleuse  do 
.soiiélé  littéraire,  m\  Tablenu  tics  Pondichéry,  investi  par  les  Anglais. 
nui'urs  des  anciens  cumjKincs  à  vVprès  la  reddition  de  la  ville,  il  as- 
celles  des  modernes  y  dont  son  pèru  sisla  ,  sur  l'escadre  de  Snffren  ,  au 
promtll.iii  1,1  publication.    VV — s.  c()nd)al  delà  Progua.  Ayant  ensuite 

W  \  U  RAS    (  I'aui.-Fuancois-  jiris  parti  dans  Tlnde  pour  son  pannt 

jEAN-iNiciOLAs^  coiulo  dc),  luu  dcs  Ic  ^ouvcrucur,   coutrc  le  miuislèrc, 


BAR  «A.R  187 

il  eu  «îpronva  du  (K'saf^rcmcnt  cl  1790,  il  y  ()I)iini  par  de  violentes  dc- 
donua  .sa  démission.  I)i>  rcloiir  eu  clainalioiis ,  (jm  li|iic  ascciidaiil  sur 
Franco  avec  le  ^laili;  de  cajiilainc ,  la  niulliludo  (i).  On  le  nomma 
il  vinl  il  \\ir\s  ,  el  s'y  livra  ii  son  adniinislralrur  du  (lci)arleineiil  du 
goùlpourle  jeu  cl  les  leninies,cc  (jui  V^ar,  puis  juré  à  la  liaule-cour  d'Or- 
uéranj^ea  sa  forUine,  d'ailleurs  iné-  léans,  cl  enfin,  au  mois  de  .septembre 
diocre.  Ou  le  confondil  souvent  avec  179-5  député  a  la  convention  nalio- 
son  frère  le  chevalier,  duntla  passiou  uale,  où  il  siégea  dès  le  commence- 
pour  le  jeu  était  cucore  plus  violente  ,  ment  sur  la  crête  de  la  Montagne  ,  et 
et  (pli  a  fini  par  en  être  la  victime,  où  il  vota  la  mort  de  Louis  X\l,  sans 
Inirras  réiaMit  un  peu  ses  alTaires  appel  et  sans  sursis.  Envoyé  en  sept, 
par  sou  mariage  avec  M  '  Templier,  1793  ?  dans  le  Midi  avec  Fréron,  il 
îille  d'uu  négociant  de  Colignac.  se  porta  vers  Toulon,  au  moment  oii 
Mais  ,  préférant  le  séjoui  de  Paris  ,  cette  ville  s'était  livrée  aux  Anglais, 
il  continua  d'y  habiter  tandis  cpie  sa  pour  se  soustraire  au  joug  delà  con- 
femrae  restait  en  Provence.  Ainsi  il  vention.  Il  courutalors  les  plus  grands 
se  trouvait  dans  cette  ville  au  mois  de  dangers  :  après  avoir  échappé  en 
juillet  1789,  cl  il  fut  présent  a  la  combattant,  a  des  gens  aposlés  qui 
prise  de  la  Bastille.  Il  est  faux  que  dès-  attaquèrent  sa  voiture  a  Pignans,  il 
lors  il  ait  manifesté  des  opinions  ré-  s'embarqua  à  Saint-Tropez  ,  arriva 
volutionnaires  :  bien  qu'on  ne  le  de  nuit  aNice,  et  arrêta  au  milieu  de 
rangeât  point  de  même  que  son  frère,  son  armée  ,  le  général  Brunet  ,  qu'il 
parmi  les  adversaires  de  la  révolu-  accusa  d'avoir  été  avec  le  contre- 
lion,  qu'on  désignait  sous  le  nom  d'à-  amiral  Trogoff,  l'auteur  secret  de  la 
lislocrates,  il  penchait  ouvertement  reddition  de  Toulon.  Il  mit  ensuite 
pour  le  parti  de  la  cour.  Appelé  en  état  de  siège  Marseille ,  où  il  se 
comme  témoin  devant  le  Cliàlclet,  montra  néanmoins  un  peu  moins 
dans  la  procédure  sur  les  attentats  cruel  que  son  collègue  Fréron.  S'é- 
des  5  el  6  octobre  ,  il  déposa  ;  tant  porté  immédiatement  sur  Tou- 
tt  qu'ayant  entendu  trois  individus  Ion  ,  il  suivit  lui-mèuie  toutes  les 
0  dire  des  choses  aflreuses  contre  le  opérations  du  siège  de  cette  place. 
tt  roi  et  la  reine,  il  avait  voulu  leur  Son  premier  soin  fut  d'éloigner  de 
a  représenter    l'innocence    du    roi:  • \ 

1  .    r,'  1  "1     ■)  '  (i)   D«^lé2fué  par  le  club  des  Jacobins  de  Mar- 

«    mais   qU  ayant  ele   mal  reçu,  il  s  e-  seille,  Banas  vint  à    Avignon  en    .79.,    pour  y 

«  lait    éloiffllé     en    frémissant    d'hor-  opérer  une  réconciliation  entre  les  deux  pai-lis 

•P  ,    ,  ...  qui  avaient  fait  la    révolution.  Mais  tout   rap- 

CC  reur.  »   L«eS    eveuemenlS  qui    suivi-  pfochement  était  impossible  entre  des  hommes 

renl  amenèrent  de  o;randschanorementS  désintéressés   qui  n'avaient  voub.  que  rendre  le 

j  ..'-'.,  A      '    •  1  pays  français,    et  une  faction  anarchique  dont 

dans  ses  opinions,  el  il  parait  évident  Uuprat.Mainvielle.Rovère,  etc.,  étaient  les  chefs, 

(lue  voyant  la    révolution    devenir   la  ^l^^'"'  "^  'aspirait  que  le  meurtre  et  le  pillage. 

*  J  •  1      1      r  Barras  ne    pouvait    réussir    dans    une  negotia- 

reule  du  pouvoir  et  de  la  fortune,   ce  tion  où  le  maire  d'Arles,  avec  plus  détalent, avait 

fut  par  calcul  qu'il  s'en  Cl  partisan.  '"^T,  ^^.°^-  VT''"  '  V;  3'^«)- ^«^îr'; 

^     r,         ^    ,  1  1^1*1.  ncwii.  vu  (le  toute  instruction ,    parlant  peu  et   parlant 

C'était    d'ailleurs   un  de    ces  hommes  mai,  Barras  paraissait  alors  doux,  froid,  timide, 

1  •  fi  '     il      J  '  1  apathique,  irrésolu,  cl  il   était  loin  de  faire  en- 

(p.l,  par  leur  immorallteetle  desordre  trevoir  cette  ambition,  ce  caractère  dominateur 

de  leurs  affaires ,  appartiennent  né-  qu'il  déploya  dux  ans  après.  11  séjourna  envi- 

,   .      ,        ,  «  1  r  ron  deux  mois  à  Avi-Mioii,  et  V  resta  neutre ,  di- 

CeSSairemenl  a    toute     espèce   de    re-  nant  chc/.MainvielleoucbezDuprat,  etsoupant 

Volution.      S'étant      rendu       en       l*r0-  chez  le  père  de  lanteur  de  cette    note  ,  lequel 

,  ,  était  alors  commandant  de  la  garde  nationale, 

veuce  ,  verii  le    commenccmeuL   de  ou  chez  jon  associé  qui  ««ait  maire,     a— t. 


i88                  BAR  BIR 

l'arint-e   assiégeante    le    général    en  44- )  (3).  Selon  Tusage  Je  ce  teinps- 

clief  Cnrleraix,  dans  la  seule  vue   de  la,   ils   rendirent  en   nièine  -  temps 

s'allribner  les  honneurs   du  succès,  compte  de  leurs  opérations  h  la  con- 

jVL'iis  ce  succès  se  fit  long-temps  at-  vention  nationale  et  à  la  société  des 

trndre    :  Tiinnée    de  la   rcpub!i(]ue  Jacobins,  et  par  une  cruelle  dérision, 

échoua  dans  plusieurs  atlaipics  ;   elle  ils  annoncèrent  «  que  les  seuls  hon- 

élr.it  dans  Télàl  le  plus  déplorable  ;  «  nètes  gens  qti'ils  eussent  trouvés 

et  les  représcnlanls    commissaires  ,  ce  dans    la   ville  ,    étaient   les  galé- 

dcscspérant  de  réussir,   avaient  écrit  «riens.»  On  conçoitque  cettesociété, 

a  la  convention  qu'il  fallait  se  retirer  oii  ils  siégeaient  parmi  les  membres 

derrière  la  Durance,  lorsque  le  gé-  les  plus    exaltés,    ne    leur    épargna 

néral  Dugommicr,  secondé  par  l'acti-  pas   les   éloges.    Seul  avec  Fréron, 

vite  et  Tintclligence  d'un  jeune  ofii-  Barras    y     tut    nominativement   ex- 

cierd'arti'lerie,  Bonaparte ,  réussit  h  cepté  des  plaintes  portées  par  4oo 

s'euiparcr  des    forts  des  Anglais,  et  sociétés  populaires  de  ces  contrées, 

les  força  de  rentrer  dans   la  place,  contre   tous  les  représentants  qui  y 

Fréron  et  Barras  désavouèrent  alors  avaie;tt  été  en  mission.  Cependant,  il 

la  dépêche   alarmante  qu'ils   avaient  eut  le  malheur  de  déplaire  à  Bobes- 

adressée  a  la  convention  ;   et  peu  de  pierre  par  l'excès  même  de  son  effer- 

jours  après,  ils  entrèrent  dans  Ton-  vescence  ,  et  le  redoutable  dictateur 

Ion.    Celait  Barras  qui  avait  di^tln-  avait  résolu  de  l'envelopper  dans  la 

gué  le  jeune  capitaine  d'artillerie,  et  grande    proscription    méditée    con- 

quiluiavaitfaitconfierladirectiondes  tre  ceux  de    ses   collègues  qu'il  ap- 

riucipales    atta(jUf»s   (  2  )  ,    malgré  pelait  /es  b/'ii^rinds  dr  la   Monta- 

opinion  de  son   cidlègue  Sallcetti  ,  g'//^'.  llelrancié  dans  son  apjuartement 

compatriote  de  Bonaparte  ,    qui    en  au   Palais-Roya' ,   où  il  avait  formé 

faisait  peu  de  cas.  «  Il  est  faux  ronime  sous  sa  main   une  espèce  d'arsenal  , 

un  jelon»,  dit-il  à  Barras, —  «Cela  Barras  était  lésolu    de  repousser  la 

est  possible,  répondit  celui-ci,  mais  force  par  la  force,  et  de  mourir  les 

il  est  habile  ;   j'ai  été  frappé  de  Tin-  armes  à  la   main  ,  plutôt  que    de    se 

lelligeuce  qu'il  a  montrée  pour  éle-  laisser  traîner  il  réchaiaud.  Dès  (pfil 

ver  la   première  batterie.  »   Ce  fut  sut   qu'une   conspiration  se    formait 

par  Teffi  t  des  batteries  ,  (pie  les  An-  contre  Robespierre^  il  se  joignit  aux 

glais  se  virent  coulra;nls  d'évacuer  la  mcnd)res    des    comités,    (pii  ,    près 

j)lace.    Les    commissaires  représen-  cou:me  lui  de  péiir,  tentèrent  un  ellort 

lanls  y   exercèrent  alors  d'horribles  pour  renverser  leur  oppresseur.  C'est 

massacres  (  foy.     Fiuinoy  ,  XVI,  ainsi   (ju'il  devint  un  des  principaux 

auteurs  de  la  révolution  du  9  thermi- 
dor  au  2  (1:7  juillet  1794.).  Wommé 


F 


(5^)   Dniis  I<-.<i  ('(iinj)il;ili()ii<i  •!(?  Siiiiilr-llclrii)- nn  _____^ — 

f;tit  iliiiï  «   l)')tiii|Mrli-  «|iic  «■(•  fui  un  .iiilir  rcj>rc- 

flriit.'iiil,  iiniiiiiii-  (>ax|Miiii,  (|iii  nil  iilof.s  Ir  lui-.  (f))    ('.'(••it    par    l'iroiir   <|uc    notre    collabora- 

rilc  «11?  le  (lislin'.;tnT  ri   ili'    l'appri  lirr  ;  innis  il  leur    llfaiilirii    u    dit,    a    l'nriicUi    1''j»«»ow  ,   qu« 

c.<il   (le    liMile   tiiitoi'ii'ii' i|ii(;    ro  JH>   ILnrat.  tins.  Ir   joimc    llniiii|iari(i    nvail    lummuiulf  l'mtillc- 

p.iriii  •'•tait    sans  cndit   <•!   iiiii»  inllm;i)cr;    c'ist  rio    ipii    fui     r!iai;;re    de»   masMurcH    nj>ir»    la 

«•«•  (|u'   tlr!it('iit    loiiH   Ir.s  liMiioi^iiaf^i-s,    toii^   1rs  pi'iso  de  Toiiloti.  Ton»    U»   («'inoi^ii «(;»•»  i'(    toiis 

•'•tiil'«  lin  inrijxi;   Kniriix  «-lail  ;iu  coiilrairo,  iiir-  Ii-h    r<n»(  i,;iuiuriil.'»   ikui!i    oui  onVil    la  {>hmivo 

Inat    pmir   li  i;  nffaiir.s    milil.iiiuH,   riioiiiiiin    m-  <|np  c««  inassurrr»  fiiifnl  pxrnitrs  pur  l'i-i  funil- 

flurnl,  Ir  iliiit  i.iir  primipal  il"  la  roiiiiiii.s>l..ii.  ladrs;  f|ii'il  n'v  fut  pa>  rniplfiyc  une  seule  pièce 

Ou     V  1111    pins    lard     ipicU     II. util".     Wap<ili()ii  «le  capoii  ,  ri  «pi'ainti   il"*  ""■•  pun'iil  pa-*   riro  dj- 

n»ail  j'onr  ii  ir  ipi'il  lui  ml  l"iii  tl'oblipalion.  rigi  s  par  un  oifuitr  JaUiUrrir. 


BAR  li/VIl  i8î) 

n.ir  SCS  C()Ili'|?;u('s  comin.iml.int  de  l.i  chnr;'i'   de    l,i  (lircclioii    du    l.i    forccî 
«;ardi'  iialii)iialf  df   l'aiis,  i-l  srroiidc  armcc,  il  il  .n  li(\a  la  dclailc  duparli 
par  son!  .;iilii\s  rcprcsciilaiiLs,  il  dis-  lorrorisle.  On  lui  cordia  ciisiiile  diflc- 
pcrsa  li\s  lriui]U'.s  (rilonriol  ci  s'i'in-  renies    missions    pour    Papprovision- 
para    de     lvo!)e,spierrc  ;    jinis    après  neiiienl.   de    l\iri.s  ,    cl    il    (liri_L;ea    la 
avoir  rendu  coin|)lc  à    la  eonvenlioii  iorce  armée  (pii    proU'^ea    les   arri- 
dcs    mesures   prises   cl    du    dévoue-  vages.  A   Sain! -Orner  il   éloulfa   les 
ment    «général  cpii    s'clail    manifeste  troubles   occasionnés    par   le  pillage 
pour  Texeeulion  de  ses  décrels,  s'é-  d\\n  convoi  de  grains  ,  et  fil  traduire 
tant  démis  du  commandement,  il  ac-  les  sédiiieux  au  lri!)iiiial  criminel.  A  sa 
(jiiil  par  là  de  la  popularité  et  beau-  renlréedanslaconveulion  il  fut  nommé 
coup    d'infliieuce.    he    20    seplem-  denouveaurundesmembresdu  comité 
bre  ,    il    dénonça    Moïse    liayle    et  de  sûreté  générale.  C'élail    Tépotpie 
Granet  comme  lauleurs  des  derniers  où  la  réélection  forcée  des  deux  tiers 
troubles  du  midi,  et  comme  ayant  été  des  con\eiilionnels  excitait  dvs  Iron- 
ies ennemis  de  Maral  :  c'était  encore  blés,  et  où  le])nrli  royaliste  cornmen- 
alors  un   crime  (jue  j'arras  lui-même  cail  a  se  montrer.  Barras  en  prit  oe- 
ne    devait    pas    tarder    à    partager,  casioii    de    présenter    a    rassemblée 
Inculpé  a  son  lonr  par  Granet  et  par  des  réflexions  sur  la  situation  delà 
Escudier  comme  dilapidateur,  il   fut  république  :  il  jura  (prclle  Iriomphe- 
jiistifié  par  un  décret.  Eu  novembre,  rait  des  royalistes  et  des  aiîarchisles, 
nommé  membre  du  comité  de  sûreté  et  quelques  jours  après,  il  proposa 
générale,  il  se  déclara  toul-a-fall  cou-  des  mesures  contre  les  séditieux,  et 
IrelesMontagnards,  etse  jeladans  le  surtout  contje  les  journalistes.  Les 
parti  de  la  réaction,  désigué  sous  le  sections  de  Paris  se  déclarèrent  con- 
nom  de  Theivnidorieji^  parce  qu'il  tre  la  convention;  et,  la  crise  étant 
avait  renversé  Robespierre  le  9  ther-  imminente.  Barras  parla  avec  force 
midor.  Pour  ne  pas  perdre  sa  popu-  contre  les   factieux,    et  demanda  la 
larité,  il  seprononça, en  janvier  I  795,  permanence.    Les   colonnes   section- 
contre  les  émigrés  du  Haut  et  du  Bas-  naires  ayant   içarché  le    i3   vcndé- 
Rliin;  peu  de  jours  après,  il  provoqua  miaire    (5    oct.     179^)    contre   la 
la  célél)raliouderanuiversairedusup-  convention,  Barras,  qui  avait  sionalc 
plice  de  Louis  AVl,  et  voulant  ui-  ce  mouvement  cou. me   dirigé  par  le 
téresser  le   peuple    h  cette  comme-  parti  royaliste,  fut  encore  chargé  du 
moration  ,  il  fit  décréter  la  remise  commandement  général  de   la  force 
aux  indigents   des  effets  engagés  au  armée.    Ce    fut   dans    cette   circon- 
Mont-de-Piélé.  Peu  de  temps  après,  stance   qu'il  employa    sous  ses    or- 
il  fut  élu  président.  Lorsque  le    i''"  dres    Bonaparte    qui    depuis    long- 
avrd,  laconvenlion  fut  assiégée  par  le  temps  sollicitait  en  vain,  auprès  du 
peuple  des  faubourgs,  qni  venait  lui  comité  de  salul  public,  saréinlégra- 
deraander  du  pain  et  la  constitution  tion  dans  le  tirade  de  général  de  bri- 
de   1793,    Barras    montra    encore  gade  (/^07-,'lXAPOLiiON ,  au  Supp.). 
beaucoup    d'énergie-    il  fil  déclarer  Bjarras  l'emplova   delà   manière    la 
Paris  eu  étal  de  sièi^re,  et  donner  le  plus  ulile  ,  et  ce  fut    rée'lemenl  B.)- 
commandemenf  des  troupes  h  Piche-  naparte  (pii  (il  touies  les  dispositions 
gru,  au([uel  on  1  adjoignit  pcndaiil  le  de  défense.  La  convention  triompha, 
péril.    Le    20   mai   suivant,    il    fui  el  l'on  vit  Bari'as   attribuer  franche^ 


igo  BAR  BAR 

ment  au  jeune  général  tous  les  hon-  collègue  K  la  conventio»,  il  le  fil 
neurs  delà  victoire.  Illouahaiiteinent,  nommer  ministre  des  finances,  et  re- 
en  présence  de  l'assemblée,  les  dispo-  eut,  pour  prix  de  ce  service,  quelques 
silions  qu'il  avait  faites;  sa  nomi-  poignées  d'assignats  ou  de  mandats 
nation  au  grade  de  général  de  divi-  sans  valeur;  mais  il  se  fit  adjuger 
sion  fut  votée  par  acclamation,  et  aus-  plusieurs  propriétés  nationales,  entre 
sitôt  après  on  lui  donna  le  commande-  autres  un  hôtel  dans  la  rue  des  Francs- 
ment  de  Paris.  Son  protecteur  Bar-  Bourgeois,  un  autre  dans  la  rue  de 
ras  fut  un  des  cinq  directeurs  créés  Babylone,  puis  le  château  deRuel.Il 
par  la  constitution  de  l'an  III,  et  fit  aussi  dans  le  même  temps  l'acqui- 
il  alla  avec  ses  collègues  s'établir  silion  de  la  terre  de  Gros-Bois  (jiit 
dans  le  palais  du  Luxembourg.  Ce  devint  k-la-fois  son  quartier-général 
fut  ainsi  que  commença,  après  la  plus  et  son  rendez-vous  de  chasse  5  tournis- 
sanglante  révolution,  le  retour  gra-  seurs,  solliciteurs,  chiens ,  chevaux, 
duel  des  Français  au  gouvernement  aventuriers  de  toute  espèce,  telle  fut 
monarchique. On  a  blâmé  avec  raison,  partout  la  suite  de  Barras.  Pendant 
sous  beaucoup  de  rapports, le  système  tout  le  ministère  de  Ramel  il  roula  sur 
qui  fut  adopté  par  ce  nouveau  gou-  l'or  et  l'argent.  Du  reste,  on  sait 
vernemcnl.  Cependant  il  est  juste  de  qu'en  France  ,  et  surtout  depuis  la 
dire  que  d'abord  il  comprit,  mieux  révolution,  de  pareils  travers  n'ont 
que  la  convention,  les  moyens  de  ter-  jamais  fait  beaucoup  de  tort  au  pou- 
rainer  a-la-fois  les  guerres  du  dehors  voir  5  ils  n'ôtèrent  donc  rien  au  crédit 
et  les  dissensions  de  l'intérieur.  Quant  de  Barras  ,  et  il  est  même  sûr  qu'il 
a  Barras ,  il  s'occupa  toujours  beau-  fut  alors  le  plus  populaire  des  cinq 
coup  moins  des  affaires  que  de  ses  directeurs  j  ce  qui  est  plus  remarqua- 
plaisirs:  il  eut  des  clievaux  ,  une  ble,  c'est  qu'il  était  dans  ce  gouver- 
raeule,  des  é(|uipages,  table  ouverte,  nement  le  protecteur  connu  des  an- 
enfin  une  cour ,  de  beaux  aides-de-  ciens  nobles.  Sa  cour  offrait  un  sin- 
camp  et  de  jolies  maîtresses  :  mes-  gulier  mélnnge  des  plus  grands  noms 
dames  de  Chàleau-Re^naull,Tallien  de  l'ancienne  France  et  des  hommes 
ctBeauharnaisélaienlenquelquesorle  les  plus  fameux  de  la  révolution. 
SCS  sullanes  favorites.  Toutelois  Bar-  Qu'on  ne  perde  pas  de  vue  que  lui  et 
ras,  par  la  violence  de  son  caractère,  ses  quatre  collègues  étaient  investis 
conserva  un  grand  ascendant  sur  ses  d'un  pouvoir  absolu  ^ur  l'armée,  et 
collègues  j  et,  si  ce  ne  fut  parl'élo-  qu'ils  étaient  portés  "iuTlurellement  h 
quence,  ce  fut  par  sou  énergie  et  son  marcher  sur  les  traces  du  comité  de 
auda(  c  qu'il  domina  souvent  les  déli-  saint  public.  Quoi  (ju'on  eu  ait  dit, 
bérations.  ISc  se  montrant  pas  d'à-  il  n'est  pas  douteux  que  Bonaparte 
bord  d'une  cu|/idilé  criante  ,  il  ne  n'ait  rais  tous  ses  soins  h  obtenir  la 
prenait  rien,  mais  il  se  laissait  donner  faveur  di'  r»arras,et  ipic  clans  celle 
ein(|uanle,  cent  milli!  francs  par  les  ww  il  n'ait  pas  hé.sité  K  lui  épargner 
fournisseurs  ol  les  lommesa  grandes  1  ennui  d'une  passion  Wf^cc .,  eu  rece- 
aiïaires  (|u'il  ia\orisail.  Ceint  alors  ^ant  de  sa  main,  pour  feuinie  ,  la 
(|ueM""'TalHeuluiprésenlalelamenx  Mine  du  général  Beauharnnis,  si  cé- 
Ouvrard  (lui  ,  j)0ur  première  al-  lèbre  depuis  sous  le  nom  de  Timpéra- 
fairc  ,  obtint  une  fourniture  de  la  Irice  Joséphine.  S'élant  ainsi  assuro 
marine.  Qiuinl  îi  Ramel,  son  ancien     de  la  protection  de  Barras,  Bona- 


BAR 

parle  lui  présenta  romme  inraillil)le 
la  con(|iR'le  (le  TlLiIic  (in'il  |ini[i()sa 
de  diriger  lui-mèmc.  C^niiol  ,  doiil  d 
avait  611  aussi  ^^a^ner  la  conliaiice,  fut 
l'examinateur  et  le  juge  du  plan  d'a- 
bord remis  a  lîarras.  Les  services 
qu'il  avait  rendus  li  la  convention 
le  i5  vendémiaire  (5  oct.  1795)01 
la  faveur  résultant  de  cet  exploit 
lui  firent  éi^alcmenl  obtenir  sans 
peine  les  sullrages  des  trois  autres 
directeurs.  Avant  pris  le  comman- 
dement de  l'armée  d'Italie,  qu'il  me- 
na si  rapidement  ii  la  victoire  ,  il 
ouvrit  une  correspondance  confiden- 
tielle ,  soit  avec  Carnot,  soit  avec 
Barras,  auquel  il  adressait  plus  par- 
ticulièrement SCS  aides-de-camp  char- 
gés de  missions  secrètes.  Quand,  après 
le  traité  avec  le  roi  de  Sardaigne  ,  il 
eut  fait  son  entrée  à  Milan,  tant  de 
pouvoirréunidans  ses  mains  offusqua 
les  directeurs,  et  ils  voulurent  qu'il 
partageai  le  commandement  avec  Kel- 
lermann.  Voyant  tout  son  avenir  com- 
promis par  cette  résolution  ,  Bona- 
parte envoya  des  inslrudions  h  son 
aide-de-camp  Murât  qui  était  alors  a 
Paris,  et  déjà  très-avant  dans  la  con- 
fiance de  Barras.  Il  le  chargea  de 
s'assurer  entièrement  le  patronage  de 
ce  direcicur,  en  faisant  mettre  a  sa 
disposition  un  million  qui  était  en 
dépota  Gènes;  et,  tandis  que  Murât 
pressait  Barras  de  détourner  ses  col- 
lègues de  disloquer  l'armée  d'Italie, 
Joséphine  circonvenait  Carnot  pour 
le  même  objet.  Sur  les  observations 
de  celui-ci,  le  directoire  remit  en 
délibération  la  séparation  des  deux 
armées,  et  il  fut  décidé  que  Bonaparte 
resterait  le  maî'.rc  absolu  de  Tltalie. 
Que  ne  lui  fallut-d  pas  alors  d'adresse 
et  de  ménagements  pour  se  maintenir 
en  même  temps  dans  la  faveur  de 
Barras  et  de  Carnot  déjà  en  pleine 
rivalité!  Barias  était  fort  mécontent 


BAR 


ïQT 


de  son  collègue  (pii  aurait  voulu  con- 
duire a  sou  gré  toutes  les  opérations 
de  la  guerre  ;  cl  le  rigide  Carnot  s'in- 
dignait de  ce  (jue  liarras,  protecteur 
éboule  de  tous  les  traitants,  de  tous 
les  fournisseurs,  s'enrichissait  de  leurs 
pots  de  vin,  et  par  ce  funeste  exem- 
ple répandait  dans  toutes  les  parties 
de  la  république  une  contagion  de 
rapine  et  de  concussions.  El  ce  fléau 
ne  s'arrêtait  point  aux  affaires  de 
l'intérieur  5  a  l'ouverture  de  la  cam- 
pagne de  1797,  l'antique  républi- 
que de  Venise  craignant  pour  son 
existence,  l'ambassadeur  Quirini  vint 
implorer  contre  les  projets  de  Bo- 
naparte l'appui  du  directoire.  Sai- 
sissant avec  empressement  une  pa- 
reille occasion.  Barras  lui  dépêcha 
un  aide-de-camp  pour  le  sonder  ,  et 
mettre  a  prix  la  protection  qu'il  lui 
offrait.  Le  puissant  directeur,  voulait 
bien  consentira  préserver  les  Véni- 
tiens de  leur  ruine  ,  si  de  leur  côté  ils 
mettaient  a  sa  disposition  une  somme 
de  deux  cent  mille  ducats.  Quirini 
ayant  consulté  son  gouvernement  fut 
autorisé  a  suivre  cette  négociation , 
mais  avec  la  recommandation  de 
prendre  des  sûretés.  En  faisant  in- 
tercepter un  courrier  du  gouverne- 
ment de  Venise,  Bonaparte  découvrit 
cette  intrigue;  et  comme  elle  contra- 
riait ses  projets ,  il  la  signala  au 
directoire ,  sans  toutefois  compro- 
mettre le  nom  de  Barras  (4-).  Le 
traité  préliminaire  de  Léobcn ,  eu 
donnant  plus  d'activité  aux  négocia- 
tions diplomatiques,  donna  aussi  plus 
d'inleusilé  aux  passions  politiques  du 
dedans  et  du  dehors.  Le   directoire 


(4)  Oiïlriui  s'c'lait  fiéjà  fori  av.inci-,  et  il  avait 
sigiiédes  lettres  de  chanije  pour  sept  cent  mille 
francs.  I-ors'iue  la  ri  publique  «le  Venise  tomba 
cléfiiiitivciiiciil ,  il  lui  fui  impossible  do  les  payer. 
On  l'arrêta  le  3  dcc.  1797  ,  et  il  fut  conduit  au 
château  de  Milaa,  d'où  il  s'évada  quelques  mois 
après. 


iQi  BAR  BAR 

d'ailleurs  était  divisé.  La  mésintelli-  toire  de  marcher  sur  Paris  k  la  lêle 
gence  entre  Barras  et  Carnot  prenait  de  vingt-cinq  mille  hommes,  si   les 
un   lel  caractère  de  violence  et  d'ai-  araires   prenaieiit    une  Lourmire 
greur,  qu'un  déchirement  dans  Télat  défavorable  à  la  république.  Bar- 
était inévitable  par  la  raison  que  les  ras  fit   signer  a  ses  deux  collègues 
partis  se  groupaient  autour  de  ces  une   réponse    secrète   d'approbation 
deux  directeurs,  quiformaient  comme  et  d'acceptation.  Mais  ,  pour  l'exé- 
deux  sommités  opposées  dans  le  gou-  cution  du   coup  d'état  qu'on  médi- 
veruement.   Le  parti  de  Barras,  en  tait   contre  les  conseils,   et  dont  le 
minorité  dans  les  deux  conseils,  Tem-  plan  fut  d'abord  arrêté  chez  Barras  , 
portail  au  directoire  sur  le  parti  de  les  amis  de  ce  directeur  jetèrent  les 
Carnot  qui,  aux  yeux    des  révolu-  veux  sur  Hoche  dont  l'armée  d'ail- 
tionnaires,  pencliait  trop  décidément  leurs  était  plus  rapprochée  de  Paris 
vers  la  paix    au   dehors   et  vers  un  que  celle  d'Italie.  M"""  Tallien  ayant 
système  de  modération  dans  l'inté-  contribué  a  ce  choix  par  l'ascendant 
rieur.    La    réunion    de    Clichy ,    où  qu'elle   exerçait  sur  Barras  ,  on  vit 
n'entraient  que  des  membres  du  corps  M"*'"  de  Staël  et  sa  coterie,  fortifiées 
législatif,  voulait  donner  la  prépon-  par  le  parti  qui  prônait   et  exaltait 
dérance  a  Carnot  et  à  Barthélémy.  Bonaparte  ,  faire  concevoir  des  crain- 
Barras ,  en  butte  aux  attaques  de  ce  tes  sur  les  suites  de  l'intervention  de 
parti,  fit  tomber  un  accès  de  sa  cq-  Hoche, enreprésentant ce généralcom- 
lère    sur  Poncelin  ,    rédacteur   d'un  me  très-entreprenant  et  d'une  ambi- 
journal  qui   l'avait   fort  mal    traité,  tion  dangereuse. Ainsi  tutécartéllo- 
it  (jui ,  enlevé  par  des  sbires,  fut  in-  che,au  moment  où  il  allait  entrer  dans 
dignement  flagellé  clans  une  des  cham-  la  carrière  du  pouvoir.  La  marche  des 
bres    du    palais    directorial   (  V oy.  iroupes  fut  suspendue  par  suite  de 
Poncelin,  au  Supp.).  Cet  étrange  l'éveil   que  cet   incident  donna  aux 
abus   de  pouvoir  redoubla  les  cla-  deux  conseils;  et  le  triumvirat  direc- 
meurs,  et  le   nom  de  Barras  retentit  torial ,   voulant    s'assurer  désormais 
dans  tous  lesjournauxcn  même  temps  l'action  entière  du     gouvernement, 
qu'il  figurait  sur   les   placards  dont  pour  frapper  le  coup  d'étal  qui  n'était 
cliaque  jourles  murs  de  Paris  étaient  (ju'ajourné,  écarta  les  ministres  qui 
couverts.    C'était   le   prélude  d'évè-  n'étaient  pas  exclusivement  à  sa  dis- 
nements    plus    importants ,    et  aux-  position.  Barras  se  promettait  sur- 
quels  clia(|ue  parti  se  préparait.  La  tout    par   ce    chdngement   d'ùter  le 
majorité  du  directoire,  conduite  p.ar  portefeuille  de  la  guerre  a  Carnot, 
Barras,  ne  négligeait  rien  pour  met-  et,    en  renversant  Pétiel  ,  sa  créa- 
tre  l'armée  dans  ses  intérêts.  Ce  fut  lure,  de  faire  donner  celui  des  aflalres 
à   cette    épo(pic    ([u'il   envoya    Du-  étrangères  a  'i'alleyrand   ([ul  y  était 
bois   de    Crancé  a  Boi;aparte   pour  porté  par  la  coterie  de  M'"*^^  de  Staël, 
robligcr  a  se  prononcer.  Déjà  biessé  Mais  Bevvbell  ,  (jui  votait  avec  Bar- 
par   les  discours    et    les   écrits    des  ras,  repoussait  Talleyrand  qu'il  qua- 
oralcurs  et  ^<:^%  journallsles  du  parti  liliall,  dans  sa  grossièreté  révoluliou- 
^7/rA/('«,  le  général  en  chef  de  Par-  naue,   d'intrigant,   d'émigré   ayant 
uiée    d'Ilalie    envoya    son    aide  de-  joué  tous  les  partis  :   «  Cela  est  pus- 
camp  I.aValelIcai'janas, avecunelet-  «  sii)le  ,  dit  Barras,  mais  lrou\e/-eii 
Irc  où  il  olliail  K  lajnajuriljf  dudlrec-  «  un  (jui  connaisse  mieux  lou.s  Us  ca- 


BA.R 

«  l)inols,  ([iii  ait  atil.iiit  de  I.Ji'iil  ,  cl 
«  (iiii  j)uis.sc  st'r\  ir  atisM  iilili-im-iil  iiii 
«  j;()ii\  cnuMiu'iil  (jiii  lu*  (loil  plus  cire 
(c  celui  (1rs  S(tns-(i//<)(/<'s  ! ...  »  A 
force  (renlnulio  vanter  Talleyraïul , 
Rt'whell  reiioiira  a,  son  ojiposilloii  , 
cl  iîarras  annonra  le  clianj!;euicnt  des 
luiiiislres  aBonaparle,  clianj^einciil 
(jul  irrita  au  dernier  point  le  parti 
(le  Clicliy  et  les  amis  de  Carnol. 
A\illot,  arguanl  de  la  déclaration  do 
Barras  au  l^JiàleleL  eu  1790,  où  il 
s'élail  dil  Ini-nicnie  âge  de  35  ans, 
prclendil  ipi'il  n'avail  pas  l'âge  de 
4o  ans  exigé  par  laconslilulion  pour 
cire  directeur,  cl  Hl  passer  la  propo- 
siliou  d'un  message  au  directoire  pour 
savoir  quel  était  1  âge  de  Barras  lors 
de  son  entrée  en  fondions.  Par  la  on 
espérait  l'expulser  du  gouverne- 
ment. Le  directoire  écrivit  au  con- 
seil que  Barras  était  né  le  3o  juin 
1755,  qu'ainsi,  a  l'époque  de  son 
cnlrée  en  fondions,  il  avait  4o  ans 
plus  trois  mois,  et  par  conséquent 
l'âge  voulu  par  la  loi.  Barras  publia 
mêmcli  1  appui  de  Celle  assertion  un 
acte  de  naissance  que  l'on  crut  être 
celui  de  son  frère  (5).  Au  reste,  celle 
alta([ue,  d'un  caraclcre  trop  vague 
pour  les  circonstances  ,  ne  pouvait 
pas  avoir  d'autre  résultai  que  de 
donner  l'éveil  a  celui  contre  lequel 
on  la  dirigeait ,  et  de  le  décider  a 
surprendre  ses  ennemis  avant  qu'ils 
eussent  rassemblé  des  moyens  suffi- 
sants pourle  renverser  (6).  On  pourra 
juger  dans  quelle  disposition  d'esprit 


(5)  On  a  accusé  dans  le  temps  lîarras  d'avoir 
fait  anachor,  du  registre  des  baptêmes  de  sa 
cuniinutie  lo  feailk-t  sur  lequel  était  inscrit 
l'iicle  véritable  do  sa  naissance.  A t. 

(6)  l'eu  di-  lemps  apn-s,  parut  un  paini>lil«t 
que  Uarras  fit  faire,  et  qui  a  pour  litre:  Les 
cn'i.ifs  de  JJarias  ,  pour  seri'ir  Je  base  à  son  acte 
d'accusation.  Ou  se  do'ite  bien  que  ces  crimes, 
au  nombre  de  neuf,  sont  autant  de  vertus  civi- 
que». Va  après  ce  débul  :  ^il  (tvorlon  de  l'honneur 
jiniirais,  vient  l'aiiologic  de  ses   rares  et  stiblimts 

vertus,  qu'on  diléUc  ton  plus  graitd  cria\«. 

LVII. 


IJAR 


iô3 


était  Barras  par  la  lettre  confiden- 
licllc  (pi  il  crli.'  mcnie  époque  Baide- 
dc-canqi  La  Valelteécrisit  ;i  Bonapar- 
te. «  Ce  malin  j\ii  vu  Barras  5  il  m'a 
et  paru  bien  affecté  de  tout  ce  qui  se 
«passe.  Il  ne  m'a  pas  caché  que  la 
«division  est  très-prononcée  entre 
«  les  membres  du  directoire. —  Nous 
a  nous  tiendrons  fermes,  m'a-l-il  dif, 
«  el  si  nous  sommes  décrétés  d'arcu- 
«  salion,  nous  moulerons  h  clieval  et 
«  nous  les  écraserons. — Il  m'a  répété 
V.  quCjdanslacriseoù  ils  se  Irouvairnt, 
«  de  l'argent  les  aiderait  puissam- 
«mcnt.  Je  lui  ai  ïàii  votre  propo- 
a  silioii  ;  il  l'a  acceptée  avec  trans- 
«  port ,  et  vous  écrit  a  ce  sujet.  » 
Celle  proposition  n'était  rien  moins 
que  l'offre  de  trois  millions  pour  ai- 
der le  directoire  dans  son  coup  d'é- 
iat.  Barras  ne  tarda  pas  en  effet  a 
demander  a  grands  cris  de  l'argent  à 
Bonaparte  lui-même,  a  Point  de 
a  re^a/vi',  lui  disait- il,  son^ehien^Q 
«  c'est  avec  de  l'argent  seulement  que 
«  je  peux  remplir  les  houora])les  et 
«  généreuses  intentions.  »  Eu  atten- 
dant Us  trois  millions  promis,  Bona- 
parte envoyait  a  Paris  sou  lieutenant 
Augereau  ,  pour  diriger  la  journée 
qui  se  préparait  contre  les  conseils  et 
la  minorité  du  directoire.  Le  3  août, 
La  Valette  mandait  encore  h  Bona- 
parte :  «Barras  dit  a  qui  veut  Fenleiï- 
a  dre  :  J'attends  le  décret  d'accui^a- 
«  lion  pour  monter  h  cheval  el  marcher 
«  contre  les  conspirateurs  des  con- 
te seils  ,  et  bientôt  leurs  tètes  roule- 
«  roui  dans  les  égoûls.  m  Ces  menaces 


fait( 


tes  par  un  homme  d  exécution  ne 
laissaient  pas  d'intimider  les  conseils. 
Toutefois^  La  Béveillère  et  Bewbell 
ne  partageaient  pas  d'abord  les 
passions  fougueuses  de  Barras,  ni  la 
violence  de  ?>ç,s  j)rojels;  aussi  élait-ce 
sur  lui  que  se  portail  plus  particuliè- 
rement   l'auiinadvcriJion     publi(pie  j 

i3 


»y4  BAR 

c'était  à  ses  liaisons  avec  Bonapar- 
1e,  avec  Hoche  et  avec  d'autres  gé- 
réraux,  qu'on  attribuait  l'esprit  dont 
les  troupes  éfaient  animées.  Dans  le 
triumvirat  il  y  avait  donc  hésitation, 
lorsque  Barras  pressait  le  coup,  d'é- 
tat, La  siluaîiou,  d'aiileiirs,  se  com 
pliquail  par  les  lenteurs  que  l'Autriche 
mettait  à  conclure  la  paix,  espérant 
trouver,  dans  les  troubles  qui  agitaient 
la  France  ,  des  chances  d'arrange- 
ment plus  favorables.  Barras  ayant 
poussé  Rew'bell  elLaRéveillère-Lé- 

feaux  a  la  rupture  de  l'arinistice , 
ordre  de  reprendre  les  hostilités 
allait  être  expédié,  lorsque  Caruot  et 
Barthélémy  demandèrent  que  leur 
opinion  motivée,  pours'opposeraunc 
mesure  si  désastreuse  ,  fût  inscrite 
sur    le    re^ristre    des   délibérations. 

o 

Celte  demande  ayant  effrayé  Barras, 
la  question  fulajournée.  Mais  sur  une 
nouvelle  dépêche  peu  pacifique  de 
Bonaparte ,  le  triumvirat  posa  de 
nouveau  la  question  déjà  débattue. 
Une  explication  avec  les  deux  direc- 
teurs dissidents  eut  lieu  dans  la  nuit 
du  i4  au  i5  août,  et  se  renouvela 
dans  la  matinée  5  elle  fut  àcs  plus  vi- 
ves :  il  y  eut  même  (\(^s,  provocations 
entre  Barras  et  Carnot.  Toutefois  , 
les  deux  directeurs  du  parti  de  la 
paix  parvinrent  a  faire  ajourner  de 
nouveau  tout  projet  de  recommencer 
la  guerre.  La  Valette  fit  ainsi  part  h 
Bonapnrte  de  ces  déchirements  du 
directoire.  «  Voici  mol  pour  mot  ce 
«  (pie  m'a  dit  Barras  avanl-hirr  : 
a  i'.iijïnj  j'ai  drclilrt'  le  voila  ce 
a  matin  un  dircr/oirc.  Hélait  (|ues- 
«  lion  dos  nifu-ociatinns  d'Italie.  Car- 

n 

u  nol  prélendail  que  lionaparlr  était 
u  dans  une  situalion  assez,  avanla- 
«  geiisc,  (juand  il  signa  les  piélimi- 
«  naircs  ,  j)Our  ne  souscrire  qu'a  des 
«  conditions  (pi'il  pût  tenir  par  la 
*  buile.  .lai  déitudu  Bonaparte^  j  ai 


BàR 

«  dît  a  Carnot  :  tu  n'es  qu'un  vil  scé- 
a  lérat  ;  tu  as  vendu  la  république,  et 
«  tu  veux  égorger  ceux  qui  la  défen- 
te dent  :  infâme  brigand!  Il  n'y  a 
u  pas  un  pou  de  ton  corps  qui  ne 
«  soit  en  droit  de  te  cracher  au 
«  visage.  Carnot  me  répondit  d'un 
«  air  embarrassé  :  Je  méprise  vos  pro- 
a.  vocations,  mais  un  jour  j'y  répon- 
adrai.  y*  A  l'arrivée  d'Augereau  a 
Paris,  Barras  avaitannoncé  cette  nou- 
velle a  La  Valette  en  lui  disant .  «  Sa 
a  présence  en  fera  pdlirplus  d'un  ^ 
«  surtout  quand  nous  lui  aurons  con- 
«  féré  un  titre  qui  donnera  plus  de 
ce  poids  a  ses  actes.  »  En  effet,  Au- 
gereau  fut  nommé  commandant  de 
Paris,  et  destiné  in  petto  h  se  mettre 
k  la  lêle  du  mouvement  contre  les 
conseils.  C'était  particulièrement  avec 
Barras  qu'il  conterait  k  ce  sujet. 
Dans  une  dépêche  confidentielle  a 
Bonaparte,  il  lui  disait  :  «Hâtez-vous 
«  de  recueillir  et  d'envoyer,  par  un 
«c  officier  de  confiance,  toutes  lespiéi- 
«  ces  trouvées  a  Venise,  Véroue  et 
a  autres  lieux,  qui  dévoilent  le  sys- 
«  tème  royal  de  Clichy  •  elles  don- 
ce  neront  lieu  h  démasquer  les  traîtres 
et  et  à  provoquer  leur  supplice  :  c'est 
te  au  directeur  Jiarras  qu  il  faut 
V.  les  adresser,..  »  Ce  fut  sur  ces 
pièces  qu'on  fonda  le  coup  d'état  pro- 
voqué par  Barras,  Augercau  et  le 
ministre  de  la  police,  Soliu,  Le  prince 
de  Carency  ,  avant  révélé  a  Barras  et 
k  Sot  in  le  secret  des  royalistes  (pii  de- 
vaient opérer  leur  mouvement  contre 
les  triumvirs  directoriaux,  le  3  scp- 
tend)rc,  ceux-ci  paralysèrent  le  mou- 
vement parleurs  menées  dans  le  corps 
législatif;  et  le  lendemain,  1  8  fructi- 
dor (4  sept,  1797),  ih^ assurèrent  leur 
atla(juc  dirigée  par  Augereau,  ipii , 
après  avoir  investi  le  lieu  des  séances 
dis  deux  c()nseils,  en  forea  rentrée  , 
cl  arracha  le»  députés  qu'on  voulait 


BAR  R/IR                 19'; 

proscrire.  Cinijuanlc-tiiiatrc  fiirciit  colc,  11  cnlcndail  ])a.s  se  soumet  Ire  au 
conilamnr's  à  la  di'pdrlallon,  ainsi  que  pouvoir  toujours  croissant  de  Barrasj 
les  directeurs  (^arnol,  BarlIicIeMiy,  cl  ^C'uô  par  ses  iiisiriiclions  relatives 
et  plusieurs  journalistes,  (larnol  par-  «1  la  paix,  dont  la  rrvolulion  du  18 
>int  11  se  sonslrnire  h  la  dé|)orlali()n  fructidor  pressait  le  dJnoueinenl,  il 
par  la  fuite.  Dans  la  journée  nirme  renouvela  le  strala-^i'-nie  de  l'oiïre  de 
du  18  fructidor,  lîarras  et  La  Valette  sa  démission  et  de  la  menace  de  sa 
aimoncèrcnt  leur  Iriompiie  a  Bona-  retraite,  lîien  que  son  énoline  puis- 
parlc  ;  et  par  posl-scriptura  le  direc-  sauce  donnai  déjà  beaucoup  d'ombra- 
icnr  ii]oy\\ii:c<.  Lapai'.v,  la /)ai.r.' miùs  ge  aux  direcleurs  ,  ils  ne  pouvaient 
«  Jionorable  et  solide,  mais  non  pas  pas,  dans  Tétai  des  alfaires,  se  passer 
«  l'infàmc  proposition  de  Carnot. . .  m  de  ses  services.  En  conséquence  Bar- 
Deux  jours  après,  il  lui  écrivit  en-  ras,  d'accord  avec  ses  collègues ,  lui 
core  :  «  Les  infâmes  journalistes  au-  envoya  h  Passeriano,  au  moment  où 
«  ront  leur  tour  aujourd'hui.  La  les  négociations  loucliaient  a  leur  ler- 
«  résolution  des  cinq  -  cents  sera  me,  I>ollot,  son  secrétaire  intime,  qui 
«  adoptée.  On  nous  donne  demaiu  lot  chargé  de  le  sonder.  Bonaparte 
«  deux  collègues,  François  de  Neu-  devina  facilement  la  mission  de  cet 
«château  et  Alerlin  (  (jui  rem-  émissaire:  il  se  joua  de  lui,  et  fil  la 
«  placèrent  en  cfTel  les  deux  direc-  paix  au  mépris  de  ses  instructions. 
«  leurs  probcrils  ).  Termine  la  paix,  Le  directoire  n'osa  pas  se  plaindre;  el, 
«  mais  une  paix  lionorahle  ;  que  le  fjuelques  mois  plus  tard,  lorsque  Bo- 
te Rhin  soil  limite  j  que  Mantoue  soit  naparle  revint  deRasladl,  où  ce  gé- 
«  a  la  république  cisalpine  ,  et  que  neral  avait  paru  un  instant  pour  j 
«  Venise  ne  soit  pas  à  la  maison  diriger  les  négociations,  on  lui  fît 
«  r/'y^wir/cAe.  Voila  le  vœu  du  direc-  i"ie  magnifique  réception  (  i  0  dé- 
a  toire  épure  ;  voila  celui  de  tous  les  cembre  1798).  C'était  Barras  qui , 
«républicains;  voila  ce  que  veulent  présidait  ce  jour-lii  :  il  adressa  à 
«  Tintérèldelarépubliqueetlagloire  Bonaparte  une  réponse  emphatique, 
«  bien  méritée  du  général  et  de  rim-  même  un  peu  ridicule,  et  se  jeta 
«  mortelle  armée  (pi'il  commande.»  dans  ses  bras,  pour  lui  donner  l'ac- 
II  lui  écrivit  encore  deux  jours  après  :  colade  fraternelle.  Ses  collègues  sui- 
«  Ton  silence  est  bien  étrange,  mon  virent  cet  exemple,  et  ils  pressè- 
«  cher  général;  les  déportés  sont  rent  aussi  fort  tendrement  dans  leurs 
a  partis  hier;  Augereau  se  conduit  bras  le  héros  pacificateur.  Ce  fut  une 
«  on  ne  peut  mieux,  il  a  la  confiance  véritable  scène  de  comédie,  où  per- 
«des  deux  partis  ;  elle  est  bien  raé-  sonne  ne  dit  sa  pensée.  H  est  sur  que 
«  rilée.  Les  Bourbons  parlent  demain  dès-lors  Bonaparte  aurait  voulu  ren- 
«  pour  rEspagne»(7).  Mais,  malgré  verser  le  directoire  et  s'emparer  du 
toutes  ses  avances  à  Bonaparte,  Bar-  pouvoir;  mais,  selousou  expression, 
ras  conservait  a  sou  égard  une  grande  l^i-  poire  n  était  pas  mure.  Les  di- 
méfiance,  au  sujet  des  trois  millions  recteurs  qui  l'avaient  pénétré,  mais 
que  le  conquérant  de  ritalic  ne  lui  qni  craignaient  de  se  dévoiler, 
avait  pas  envoyés.  Bonaparte,  de  sou  lui  offrirent  la  perspeclire  d'une  in- 
vasion de  l'Angleterre.  L  préféra 
la   con(iuèle  aventureuse  de  l'Egyp- 

i'i)  C'étaient  les  Bnniboiis  de  la  branche  d'Or-  ^          •)    '               .     i            ...         rr    ii' 

l.ans  e»  le  prince  d«  Coiiti.  te.    Barras   et    ie    mmistre    lallej- 

iS. 


196  BAR  BAR 

rand  s'enlcndh-ent  pour  Vy  pous-  pher  clans  une  lutte  oi\  toutes  les 
scr.  S'en  étant  ainsi  débarrassé ,  le  clianccs  étaient  pour  les  conseils, 
directoire  se  crut  plus  affermi;  mais  «  Il  ne  leur  aurait  fallu,  disait-il  , 
il  avait  k  lutter  contre  les  efforts  sou-  «qu'assez  d'énergie  et  d'unanimité 
vent  réunis  des  royalistes  et  des  Ja-  «  pour  porter  le  décret  d'accusa- 
cobins.  Ces  derniers  inquiétaient  tel-  a.  tion!  »  Ces  contradictions  dans  les 
lement  Barras,  que,  dans  la  semaine  pensées  et  dans  les  actions  de  Barras, 
même  qui  avait  suivi  la  révolution  du  expliquenlassezsaconduîteuUérieure. 
I  8  fructidor,  il  n'avait  pas  bésilé  a  se  Maintenant  nous  devons  le  considé- 
meltre  en  rapport  avec  des  agents  du  rer  sous  l'influence  de  l'époque  si 
prétendant,  cherchant  aies  rassurer,  remarquable  où  le  directoire,  n'étant 
et  les  couvrant  de  sa  proicction.  On  plus  retenu  par  aucun  contre-poids, 
sait  que  ce  fut  lui  qui  Ct  alors  écarter  envahit  l'Egypte  en  pleine  paix,  ren- 
ia proposition  de  bannir  tous  les  versa  le  pape,  révolutionna  la  Suisse, 
nobles.  On  ne  peut  douter  que,  subjugua  le  royaume  de  Napleset, 
frappé  de  l'inslabililé  de  tous  les  faisant  crouler  le  trnnedeSardaigne, 
gouvernements  révolutionnaires  ,  il  suscita  une  nouvelle  coalition  plus 
n'ait  voulu,  dans  ce  temps  la,  se  faire  formidable  que  la  première.  Pendant 
un  appui  d'un  autre  côté,  et  qu'a  la  ces  événements  qui  remplissent  un 
même  e'poque  il  n'ait  combattu  de  intervalle  de  quinze  mois.  Barras 
tout  son  pouvoir  les  anarchistes  n'eut  que  les  apparences  de  la  supré- 
dans  les  élections.  Au  mois  de  mai  malie,  puisque  Pvewbell,  plus  maître 
1798,  il  Cl  tous  ses  efforts  pour  que  que  lui  de  ses  mouvements,  l'obtenait 
celles  où  ce  parli  avait  prévalu  fus-  presque  toujours  par  sa  fermeté  ou 
sent  annulées.  Il  avait  a  ses  ordres  son  obstination  ,  sachant  gagner  et 
«ne  police  de  sûreté,  dont  la  prin-  amener  h  ses  vues ,  ses  trois  autres 
cipale  affaire  était  d'épier  les  démar-  collègues,  que  Barras,  toujours  oc- 
elles des  Jacobins.  Lesroyalistes  avec  cupé  de  ses  plaisirs,  ne  soignait  el  ne 
lesquels  il  était  en  rapport  furent  mcn<9geait  pas  assez.  Quoiqu'il  diri- 
conlraints  de  lui  faire  parvenir  des  ^cât  exclusivement  tout  ce  (pii  avait 
l)nll(;tins  sur  celte  même  faction,  qui  rappori  a  la  i-juerre,  Re^vbell  parvint 
leur  était  encore  mieux  connue  qu'a  à  en  faire  donner  le  portefeuille  ii 
lui-même.  Ces  bulletins  lui  furent  Schércr,  sou  parent  et  sa  créature,  et 
toujours  remis  par  l'enlreniise  de  K  prodiguer  les  places  les  plus  uii- 
Macé  de  Bagnenx  ,  son  ami,  (pii  vi-  porlnnli-s  à  tous  ses  allidés.  L'aeca- 
vait  avec  lui,  occupant  une  partie  parement  de  toutes  les  affaires  était 
de  son  appartement  au  Luxcniliour!^.  tel  de  la  part  de  ce  dur  Alsacien,  que 
Quel  contraste  dans  cet  homme  Barras  n'était  pas  sûr  de  la  plus  pe- 
«ui  venait  de  frapper  si  cruellement  liîc  faveur,  à  moins  de  IVuiporter  de 
Ini-mème  le  parli  rovalisle  a  l;i  vive  force  el  par  des  menaces.  Celle, 
journée  du  18  fructidor!  Sentanlcello  tyrannie  de  Ilewbcll  devint  si  insiq)- 
contradirtion,  il  disait  dans  rinlimité,  portable  ponr  Barras,  qu'il  l'obligea 
qu'il  n'avait  agi  dans  celle  occasion  en  mai  1799,  de  sortir  du  dirccloi- 
(jue  pour  sa  sûreté  personnelle.  Il  re,  en  acceptant  la  ^^^///t' /i(n'/(%  (jue 
convenait  aus>i  (|u'jl  avail  échappé  d  d'a'.ord  il  avait  été  convenu  île  lairc 
un  grand  danger,  ne  concevant  pas  tomberdanslesmainsdeLalléveillèie- 
coinjucnllc  directoire  avait  pu  trioiu-     Pépeaux.  r.arraspréléraraulre  corn- 


H.VR 

])iiiaison,  Lieu  (jn'il  jii\'\îl  (|iioSi('VoS 
sirail  le  ronnil.unjil  ,  et  (jiio  crliii-lîi 
iivail  (Irmcrc  lui   un  j):irli  Ircs-puis- 
^anl.  Le  (lirccloiro,  plus (juo  jamais  en 
I)u(te  nu  Mu'conlcMlouu-nl  gc'iu'r.ilj  se 
vovail  (11)11^0,  ])icii  (jui*  privé  de  ses 
nieilfciirs  généraux,  de  résister  aux 
cITorls  de  la  seconde    coaliliou   qui, 
sur  le  vaslc  ihéàlrc  delà  guerre,  ob- 
tenait  des  succès  effrayants.    A    la 
suite  d'une  révolution  appelée  la  jour- 
née du  3o  prairial  (i8  juin    1799), 
trois  des  ciucj  directeurs,  Treilliard, 
La  Réveillère-Lépeaux  et  JMcrlin  de 
Douai,  furent  éliminés  par  le  corps 
législatif.  Gohicr  [^(^y.  ce  uom^  au 
Supp.},    Rogcr-Ducos  ,   ex- conven- 
tionnel de  la  plus  complète  nullité, 
et  Moulin,    général  j)rcs(pic  ignoré, 
devinrent  les  collègues    de  Barras  , 
dont    toutes  les   vertus  et  le   talent 
polit irpie    étaient    dans   l'audace    et 
l'habitude  de    tous   les  vices,  et  de 
Sieyes,  doué  de  toute  l'astuce  d'un 
mauvais    prèlre.    Entre    toutes    les 
journées  de  la  révolution  ,    celle-là 
se    distingua    par    cette    exception  , 
qu'elle   s'opéra  sans  émeute  comme 
sans  baïonnettes,  par  la  seule  force 
des    actes    législatifs.    Il  était   aisé 
de    voir    que    Inirras    ayant    résisté 
h  ce  mouvement,  mais  ne  l'ayant  pas 
fait,  avait  beaucoup  perdu  de  son  in- 
fluence.  Il    lui  eu  resta    néanmoins 
assez  pour  faire  appeler  Foucbé  de 
îSiantes  au  ministère  de   la   police. 
Toutes  les  factions  s'ajrilaient,  et  la 
France    était   sur     uu  volcan.  C'est 
ici  qu'il    faut  placer  le  récit  des  re- 
lations de  Barras  avec  les  agents  de 
Louis  XVllI  ,    (pie  voulait  rétablir 
l'empereur  de  Russie,  Paul'I'''",  chef 
de  la  nouvelle  coalition.  Le  Neucha- 
tclois  Fauche-Borcl  {f^oj\  ce  nom, 
au  Supp.),  qui  déjà  avait  gagné  Pi- 
chegiu  à  la  cause  royale,  fut  chargé 
de   ces  périlleuses  coinmuaicalious. 


RAR 


Mn 


Un  rapport  fut  fait  à  ce  sujet,  par  les 
envoyés  de  Louis  XVIILi  rcmpereMi: 
de  Russie,  «pii  approuva  les  négocia- 
lions,  et  le  préleiuiant  expédia  aussitôt 
h  ]5arras  àcs  leltrc-i-|)al entes  (pie  le 
comte  de  S.iint-Prie^t  remit  à  Gué- 
rinde  Sl-Tropez,  ami  et  coiifidenL 
de  ce  directeur.  Ces  lettres-patentes 
avaient  pour  base  les  demandes  faites 
au  nom  de  Paul  Barras ,  ([ni  consen- 
tait à  rétablir  la  monarchie,  dans  la 
personne  de  Louis  XVlIf,  lequel,  de 
son  coté,  promettait  à  Barras  siircLcy 
indcmnilè  :  sûreté,  en  engageant  sa 
parole  royale  de  s'interposer  entre 
Paul  Barras  et  tout  tribunal  quelcon- 
que q»i  voudrait  connaître  de  ses  opi- 
nions,  de  s,ii'i  votes  et  de  sa  vie  pas- 
sée, et  d'annuler  par  son  pouvoir  sou- 
verain toute  recherche  à  cet  égard  • 
indemnité,  en  lui  assurant  le  paiement 
d'une  somme  au  moins  équivalente  'a 
celle  que  pourraient  lui  valoir  deux 
annécsd'excrcice  encore  au  directoire. 
Celtesommeétait  évaluéelar«rementa. 

o 

douze  millions  de  livres  tournois  ,  y 
compris  les  deux  millions  qui  devaient 
être  distribués  entre  ses  coopérateurs, 
sans  compter  la  somme  nécessaire  aux 
frais  du  mouvement  à  effectuer  dans 
Paris.  Telle  fut  la  substance  des  let- 
tres-patentes, datées  du  8  mai  1799, 
revêtues  de  la  signature  du  roi,  con- 
tre-siguses  par  le   comte   de    Saint- 
Priest  et  scellées  du  sceau  de  l'état. 
Voici  maintenant  le  récit  cpie  Fauche- 
Borel  a  publié  :  «  Je  me  suis  bien  gardé 
ce   de  représenter  M.  de  Barras ,  régi- 
cc   ciJe,   comme  revenu  franchement 
ce   aux  Bourbons  et  comme  accucil- 
cc    lanl  avec  transnorl  le  projet  qui 
«   tendait  à  rétablir  Louis  XYUL 
et  J'ai  dit  et  j'ai  prouvé  que  Barras 
te  avait   ouvert  une   négociation   se- 
a   crèle  avec  les  agents  du  roi,  et  (pie 
o  le  roi  s'était  assuré  de  l'assenti- 
cc   ment  de  l'empereur  Paul  F"'" ,  cpi 


198  BAR  BAR 

«  était  alors  le  chef  de  la  coalition  conda  Siejes  dans  son  opposition  aux 
«  armée  contre  la  France.   Et  dans  Jacobins  exagérés,  qui  voulaient  faire 
«   quelle  circonstance  eut  lieu  cette  déclarer  la  patrie  en  danger,  afin  de 
«  négociation?    Au   moment  où   la  s'emparer  du  gouvernement.  lis  n'a- 
it république  élait  dans  le  plus  grand  vaienl  pour  eux  que  deux  des  direc- 
«   péril,    déchirée   par  les  factions  teurs  nouvellement  élus,  Gohier  et 
«   dans  l'intérieur,  et  au  dehors  alta-  Moulin.  Barras,  blasé  par  la  posses- 
«    quée  sur  ses  frontières  mêmes  par  sion  du  pouvoir,  parTnabitude  de  la 
«  des  armées  victorieuses.   La  des-  dissolution,  et  d'ailleurs  en  proie  aux 
a  tinée  de  la  France,  ou  plutôt  celle  anxiétés  d'une  négociation  épineuse  , 
«    du  gouvernement  directorial ,  al-  semblait    disposé    h   se  neutraliser. 
a   lait  dépendre  d'une  seule  bataille.  Sieyes conspirait  avecsonhumble  col- 
«  Or,  j'ai  dit  que  ,   dans  un  avenir  lègue,  Roger-Ducos,pourrenverser  la 
a  si   menaçant,    M.   de  Barras  né-  constitution  qu'il  n'avait  pas  faite,  et 
ce  gociasecrètement  pour  sa  sécurité,  y  substituer   sou  sénat  absorbant  et 
«  pour  s'assurer  au  besoin  un  asile,  son  grand-électeur  dont  il  eùl  éléle 
ce   de  l'argent  et  du  repos.  Tel  on  a  grand-chancelier.   Ce  graud-élec- 
cc  vu  Fouché  ,  régicide,  négocier  k  tour  était  le  duc  de  Brunswick,  ap- 
cc   Gand  avec  Louis  XVIII ,  d'abord  puyé  par  des  armées  ,  par  sa  haute 
ce   dans   la  vue  de  sa  sécurité  future  répulation  et  par  des  alliances.  Mais 
ce  et  de  la  conservation  de   ses  ri-  il  fallait  a  Sieyes  un  chef  d'exécu- 
«   chesses  ;  puis,  par  un  délire  d'am-  tion  ,  un  moteur  visible.  Morcau  seul , 
ce   bition  ,  cnanger  de  vue  et  former  parmi  tous  les  généraux ,  depuis  la 
ce   un  plan  plus  vaste,  n  Barras  vi-  Jnort  de  Joubert ,  avait  assez  de  rê- 
vait encore  lorsque  cet  écrit  a  paru  ,  pulation  ,  de  crédit  pour  se  charger 
et  il   ne    la   pas  dénié.    Du    resle  ,  d'un  tel  rôle;  mais  il  n'avait  pas  assez 
comme  dans  toutes  les  intrigues  poli-  de  caractère  :  sans  en  rejeter  le  pro- 
tiques essentiellement  cachées,  il  y  jel ,   il  en  déclina  Texéculion.  Alors 
eut  la  négociation  confidentielle,  dont  Sieyes  se  crut  obligé  de  mettre  dans 
Guérin  de  St-Tropez  ,  ancien   oflicier  ses  intérêts   son     collègue    Barras  ; 
de  marine,    fut   l'inlermédiaire,  et  comme  il  n'a\ ait  pas  avec  lui  de  liai- 
la   négociation  ,    en    (piel(|uc    sorte  sons  d'intimité,   il  lui   adressa  son 
osten.sible  ,    que  Fauclie-Iiorel    exé-  confident  Cliazal ,  ajirès  l'avoir  averti 
cula.  D'autres  agents  encore  y  furent  de  mettre  beaucoup  de  prudeuce  dans 
employés ,  et  nous  savons,  que  l'abbé  ses  discours.  Chaza!  arriva  chez  liar- 
de  Ciange.'ic,  neveu  de  Brécy,  eut,  ras,    lui    débita   d  abord    des    lieux 
pour  le  même  objet ,  plusieurs  con-  communs,    en    parlant  des  dangers 
ierences    secrètes  au    Luxembourg.  <pie  présentaient  duu  côté  les  roya- 
Pour  plus  de   sûreté.   Barras   fil  K  listes  el    de  l'autre  les  Jacobins;  il 
SOS  collègues  (jutl(ju('s  ouvertures;  passa  ensui'e  ii  la  situation  de  la  ré- 
mais il  eslccrtain  (ju  il  ne  donnaaucuu  ])ul>li(jue,  îi  celle   (\i.'i<  membres  du 
renseii^nement  ,  cl    (jue  surtout  il  ne  direcloire,  enfin,  à  la  nécessilc  d'un 
compromit    pas  \v^  aiMiils  royalistes  autre    ordre  de  elioses.    Barras   rc- 
avcc  qui  il  continua  d'avoir  des  ran-  jxmdit    avec    humeur   :    "  '\\n\s    ces 
])orts.    Pendant    \vs    diux    mois    de  »   niau\  sont  dus  ii  Ion  grand-prèlre; 
crise  ,  (pli  j)r('(é(lèien(    l'invasion   du  ce    il  entrave  toutes  nos  délibérations, 
pouvoir  p.ir  Bonaparte,  Barras  se-  «   il  conspire;  sa  Ictc  Ircs-snrcmeat 


BAR  BAU                    199 

•c   et  pcut-cIrc.  les  iintrcs  roiilcront  «   affaires,  n  Celle  opinion  fui  coin- 
ce   dans  les   rues  de  Paris  (ju'il  af;ile  hallnc  ^  on  apcrrul  dn  di'nil,  et  Ton 
«    t>l  (jii  il  lr()Mi|U'.  n    Cciic    ri'|i()n-  vil  bitii  (ju'il  y  avait  de  la  froideur 
so    porU'c    il    iSicvfS,   le  dclerniiua  tulie   Jiarras   el    Jionanarle.    Sieye» 
à    ne     plus    dillerer    le     renverse-  n'avait  pas  jnancjuc  de  juellrc  celui-ci 
lueul    du    direcloire ,    pour    élahlir  en    <!;arde  conlrc  les  projels  de  son 
son  <;ouverniMnenl  projelé.  Mais  son  collèj^ue;    il    lui  avait  n)rme   révcitt 
embarras  t'iail  {j;rand  sous  le  rapport  des  délails  cpi'il  tenait   du  ministre 
del'cxéculion.  Moreau  persislail  dans  prussien  llauj.';wilz,   sur  la  né<'()cia- 
sou  refus,  quand  on  apprit  ipie  Bo-  lion  secrète  avec  les  liourhoiis,  (pio 
naparle  venail  de  dcbarcpier  a  Fré-  Fauclie-Borel  avait  communiquée;  à 
jus  (9  octobre  1799).  Lu/mtric  est  la  cour  de  Berlin  ,  et  il  a\ail  repré- 
A'rt//i'c>/ s'écria Sieyes  avec  un  trans-  seule  Barras  comme  un    lâche  par- 
porl  involontaire -,  el  J)onaparle  était  jure   qui,    voyant  la  république   en 
à  peine  entré  dans  Paris,  qu'il  lui  en-  danger,  voulait  transiger  avec  ses  en- 
voya des  émissaires.  Bientôt  fut  éla-  niemis.  Fort  de  celte  révélation    et 
bli  chez  ce  général  un   comité  (pi'il  de    quelcpics    autres  confidences   de 
présidait  lui  même,  et  auijuel  Sieycs  Sieyes,  Bonaparte  se  promit  d'en  pro- 
et  ses  adhérents  ne  manquaient  pas  filer  autant  que   les  circonstances  le 
d'assister.     Barras    eut     aussi    dt^s  perracttraicnl.  Ainsi  lout  marchait  a 
conférences  avec    Bonaparte,  mais  une  révolution,  et  chacun  se  prépa- 
sans  confiance   ni  intimité.  Il  y  fut  rail  à  en  tirer  parti,  quand  Dubois  de 
pourtant    question,  une  fois,     des  Crancé,  ministre  de  la  guerre,  et  Fun 
moyens  de  sauver  l'étal:  Talleyrand,  des  jacobins  les  plus  prononcés  de  ce 
Fouché  ,  Real  étaient  présents  ;  cha-  temps-lk,  se  fit  fort  d'arrêter  Bona- 
cun  redoutait  le  retour  de  l'anarchie^  parle.  Il  en  demanda  l'ordre  a  Bar- 
Bonaparte  dit  :    ce  Si  Barras  n'était  ras,  et  lui  dit  du  ton  le  plus  résolu  : 
ce   pas  membre  du  gouvernement ,  je  ce   Signez  Tordre    d'arrêter   le  des- 
tt  ne   verrais  aucune  garantie,  et  je  ce   pote  qui  veut  monter  sur  le  trône  ; 
«  m'en  irais:   c'est  lui  qui  doit  so  a  je  le  tue.  "  —  ce  Je   me   f...   de 
«  mettre  seul  a  la  tête  des  affaires.  »  ce   tout  ce  qui  arrivera:  je  vais  me 
Barras  répondit  :  ce  Je  m'occupe  de  <c  mettre  au  bain  ;  qu'on  ne  me  tra- 
ct  garantir  la  France  des  entreprises  a.  casse     pas    davantage.  »    Ce    fut 
ce   des  méchants.  J'irai  au  corps  légis-  toute  la  réponse  de  Barras.  11  ne  sa- 
«   latif  lui  exprimer  ce  qu  il  convient  vait  rien  de  ce  qui  se  passait    aux 
«   défaire,  et  je  donnerai  ma  démis-  Tuileries  ,  lorsque  mesdames  Tallien 
a  sion...»  Tous  alors  feignirent  de  et  de  Carvoisln  vinrent  lui  apprendre 
l'en  dissuader.  Barras  ajouta  :  «  Le  que  Bonaparte ,  a  la  tête  de  ia  force 
«  changement  dont  vous   sentez  la  armée,  s'emparait  définitivemiMit  du 
tt   nécessité  est  prévu  partout,  il  est  pouvoir.  Il  en  parut  confondu  et  s'é- 
cc   urgent;  le  corps    législatif  dési-  cria  douloureusemeat  :    ce    Ce  petil 

«t   gnera  un  chef  provisoire  pris  hors     ce   b de  gueux  nous  a  tous  Irom- 

a  de  Parniée,   en  attendant  la  rcu-  ce    pés!  »  Quoique  maître  de  la  force 

tt   nion  d'une  assemblée  conslituante  armée,   Bonaparte  craignait  ccpen- 

cc   et   l'organisation  définitive  de   la  dant  encore  Barras;   el,  voulant  le 

c  Fiance. ..Quant  h  moi,  jeu'accep-  dépopulariser,  il  dit  alors  hautement 

tt  terai  rien  ^  je  veux  me  retirer  des  qu'il  lui  avait  proposé  de  se  mettre 


200                   BAR  BAR 

au-dessus  des   lois,    et  le  menaça,  général,  et  fut  alors  relégué  a  Tou- 
s'il   osait  faire  la  moindre  tenlalive  lou.  Plus  tard,  impliqué  dans  la  cons- 
pour  s'opposer  a  son  entreprise ,  de  piration  dite  de  Charles  IV ^  en  fa- 
révélcr  tout  ce  qu'il  lui  avait  proposé  veur    des    Bourbons   de    France   et 
en  faveur  des  royalistes.  Celait  la  d'Espagne,  il    fut   soupçonné,  mais 
démission  du  directeur  que  Bonaparte  sans  motifs,  d'avoir  communiqué  avec 
voulait  ainsi  arracher;  et,  en  effet,  ramiralanglaIsExmouth,par  l'entre- 
Barras  l'envoya  a  Sainl-Cioud,  par  mise  de  Constant,  son  maître-d'hô- 
une  lettre  entortillée  dans  laquelle  tel  ;  car  il  tenait  encore  un  grand  état 
on    parut    entrevoir     quelques    re-  de  maison  ,  étant  sorti  du  directoire 
grets  a  travers  les  assurances  d'ad-  avec  plus  de   deux  millions   de  for- 
Lésion    à  ^^.^   événements  auxquels  tune,  A  la  suite  de  cette  affaire  où 
il    ne  pouvait   plus   s'opposer.    Dès  il  y  eut  quelques   victimes  ,  Barras, 
que     Bonaparte    eut    cette    démis-  relégué  a  Rome,  y  resia  près  de  deux 
sloQ  ,  il  voulut  rattacher  au  nouvel  ans.  Là  il  renoua  ses  anciennes  rela- 
ordre    de    choses    son  ancien    pro-  tions  avec  Murât  qui  lui  était  encore 
lecteur,  mais  Barras  refusa  les  ara-  attaché,  et  qui  le  couvrit  tant  qu'il 
bassades  et  les  commandements  qui  put   de  sa   protection  pendant   tout 
lui    furent    offerts.    Le    lendemain  le    temps    de    défaveur    et    d'exil. 
Botot   s'étant  présenté   de   sa   part  Enfin      la     restauration    offrit     de 
u    Bonaparte,    le    nouveau     consul  nouveau    h  Barras  l'accès  de  Paris, 
l'apostropha    ainsi  ,    frémissant    de  dont  si  long-temps  il  avait  regretté 
colère:     «Que    venez-vous    faire?  le  séjour.  11  vint,  en   i8i4,  occuper, 
«  m  espionner  pour  votre  Barras  !  il  rue  desFrancs-Bourgeois,  l'hôtel  qu'il 
«  sait  que  je  n'aime  pas  le  sang  ;  di-  avait  donné  a  M.  Victor  Grand,  ancien 
«  les-lui  qu'il  se  rende  sur-le-champ  intendant  de  sa  maison.  C'est  là  (pie 
a  a  Bruxelles ,  car  si  j'eusse  connu  Fauche-Borel ,    (pil  n'avait  jamais  eu 
ce  huit  jours  plus  tôt  l'afTaire  des  let-  avec  lui  de  relations  que  par  écrit , 
et  très-patentes,  je  les  lui  aurais  fait  fil  sa  connaissance  pi'rsonnellc.  «  Je 
«  j)lacer  sur  la  poitrine,  et  je  l'aurais  «compris    en     le    vojant,     dit -il 
a  fait  fusiller  ainslquevous...  M  Bar-  «dans  ses  mémoires,   qu'il   n'avait 
ras,  qui  s'était  retiré  dans  sa  terre  de  «pas    dévié     des    senliments    (pril 
Gros-Bois,  fut  obligé   de  la  vendre  «  m'avait  paru   avoir  adoptes  avant 
et  de  se  rendre  à  Bruxelles,   avec  «  et  depuis  l'avènement  de  Bonaparte 
défense  de  revenir  sans  une  permis-  «  au  pouvoir.  11  cherchait  depuis  à 
MOU  (8).  Ainsi  exilé,  le  malheureux  «  se  réhabililer  dans  l'opinion  puhli- 
dirccleur  parut  \  ivredans  un  coninlct  «(pie,  contre  la([uelle    il  avait  sans 
éloignemeiit  de    loule  aHaire   j)olill-  «  doulc  beaucoup    à    liiller,    parce 
<pi('.    Cependant    on   ne  peut    douter  «  (piVIlc  juge  toujours  trop  les  honi- 
(ju  II  ne  nourrîl  serrèlemenl  dans  sou  «  nies  délai  comme  des  ellovens  or- 
.'iriie   lin   grand    désir  de  vengeance.  «  diiiaires.  lîarras  paraissait  inlime- 
I. le  depuis  long-temps  avec  iMoreau  ,  «ment     convaincu    de    la    nécessité 
il  connut  en  i8o3  les  pnjels  de  ce  «  d'une  réunion  franche  de  tous  les 
. _____  «  partis  autour  du  roi,  (pii  seul  pou- 

(H)  0.1  fit  (ilorminr  carie  alHre  <lrj;oùiaiilr  sur  "    ^'''l   aSSUrcr  Ic  rcpOS  et  la   Iraïupiil- 

iVrr.''r''T''"''''V'il '■•''"•'■''"' ''"'•"'•''•'■  «  '«lé   dont   la  France  éprouvait  un 

iimlhcur  à  son  piopriiuiie.                 A—».  «  &1   grauil    bl'SOlU.    LCS  UlSposillOUS 


BVPt 


RAR 


loi 


«  nie  scinl)lalcut  (raillant  [dus  Iicii- 
o  rcusfs,  (juo  je  n'ignorais  pas  tjii'il 
a  exerçait  di'jii  dans  Paris ,  sur  les 
ce  (Uhris  (In  narll  n'pnMicain  ,  nne 
«  inlliience  ([ni  ne  resta  jias  inajier- 

«  ene »  C  clail  an  moment  on  l'on 

coniinenrail  à  tramer  le  retour  de 
l)()naparle  relègue  à  lile  d'EIhe. 
Ji'nn  des  liommes  les  plus  lameux  de 
ri.'jio(pie,  Fouclic  ,  disgracié  et  relé- 
gué lui-même  en  Ilalie  par  Bona- 
parte, inconsolaMe  d'avoir  été  étran- 
ger aux  derniers  évènemenis,  et  réuni 
déjà  au  parti  (jui  se  reformait  contre 
les  Bourbons,  fil  épier  Barras.  Sa- 
chant (pi'il  voyait  Fauche  et  Gnérin  de 
S.  Tropcz^  soupçonnant  qu'il  agissait 
dans  les  intérêts  du  roi,  et  craignant 
qu'il  ne  parvînt  a  faire  échouer  la 
conspiration  rpii  fendait  au  retour  de 
Napoléon,  il  lui  détacha  Lombard- 
Taradeau  pour  le  sonder  et  le  rame- 
ner a  ses  idées.  Tallien ,  qui  avait 
marclié  dans  la  Convention  avec  Bar- 
ras ,  entrait  aussi  dans  les  vues  de 
Fouché.  Quant  a  Lombard-Taradeau, 
compatriote  de  Barras  ,  et  dès  long- 
temps undesesprotégés,mais  devenu 
la  créature  et  le  commensal  de  Fou- 
ché, il  inspira  de  la  défiance  a  l'an- 
cien directeur  qui  repoussa  durement 
ses  insinuations  ;  mais  Lombard  ne  se 
tint  pas  pour  battu;  il  revint  a  la 
charge^  et  le  pressa  de  voir  au  moins 
son  ancien  collèirue.    «  Je  ne   veux 

o 

«  pas  voir  Fouché,  dit  Barras,  parce 
a  qu'il  a  porté  la  livrée  du  tyran,  et 
a  moi  je  n'ai  pas  porté  celte  li- 
ce vréc.  «  Toutefois,  luirras  avant 
fait  part  île  ces  menées  a  Guérin 
de  S.  Tropezqui  avait  toujours  sa  con- 
fiance, celui-ci  lui  dit  qu'il  ne  fallait 
|>as  repousser  l'émissaire  de  Fou- 
ché ,  et  il  lui  représenta  que  ,  dans  la 
situation  des  choses,  il  devait  tout 
entendre  et  tout  savoir.  Barras  iusis- 
lant  pour  ne  pas  recevoir  chez  lui 


Fouché,  on  convint  d'un  rendez-vous 
sur  lt3  honlevart   St-Anloincj  et  le 
rendez-vous   eut  lien   dans    le   mois 
d'août  i8i/j.  L'ancien  ministre  de  la 
police    inditpia  les  bases  de  son  plan 
a  Barras,  et  lui  dll.  :  «Nous  savons 
a  (pie  vousaj^ssez  contre  nous,  et  (pie 
u.  vous  voulez    conserver  les    IJour- 
cc  bons  5  nous  n'en  voulons  point,  et 
ce  vous  ne  devez  pas  ])lus  en  vouloir 
oc  (pie  nous.  Que  ])ouvez-vous  ci\  at- 
cc  tendre .\...  "   Barras    furieux    lui 
répondit  :  et  Vous  êtes  des  co([uins  , 
ce  des  misérables ,  vous  avez  servi  le 
cf  tyran;  mais  moi  je  ne  me  suis  pas 
«  vautré,  et  je  ne  donnerai  jamais  1(  s 
et  mains  a  ce  ([u'il  ressaisisse  le  pou- 
ce voir. — Vous  avez  tort,  reprit  Fou- 
ce  cbé,  de  vous  laisser  emporter  par 
et  le   ressentiment  j    il  s'agit   ici  de 
ce  bien    autre    chose   que   de    petits 
et  souvenirs   et  de  petites  passions» 
K  il  s'agit  des   plus  grands  intérêts 
te  de  la  terre.  Avec  nous,  je  vous  le 
ce  promets  ,  vous  serez  influent  j  cet 
et  liomme  d'ailleurs  est  usé ,  et  n'est 
ce  plus  k  craindre.  Nous  ne  voulons 
te  le  faire  rentrer  que  pour  rallier 
ce  l'armée  et  lui  redonner  toute  sa 
et  force  ^  ensuite  nous  le..  ..  «,  et  II 
fit  le  signe  qu'on  le  poignarderait. — 
ce  Vous  le  tuerez ,  répondit  Barras , 
ce  mais  qui  mcttrez-vous  à  sa  place? 
a  cette  vermine  de  famille,  ce  bam- 
a  bln?  —  Nous  trouverons  le  moven 
ce  aussi  de  les  annuler.  »  Ici  Fouché 
et  Barras   se    séparèrent.   Quel([ues 
jours  plus  tard  ce  dernier  sollicita 
une   audience  du  roi    pour  lui  dire 
tout.    Le    premier    mouvement    de 
Louis   XVIII    fut   d'accorder    cette 
audience  5  mais  des  intrigues  de  cour 
l'y  firent  renoncer,  et  tous  les  aver- 
tlssenienls,    tous    les    conseils     que 
Barras  pouvait  donner  se  bornèrent  à 
une    conversation    qu'il    eut   chez  le 
duc  d'Havre  avec  M.  de  Blacas.  II 


aoa 


BAR 


fit  d'inutiles  efforts  pour  faire  com- 
prendre a  ce  niinislre  qu'on  élait  sur 
un  volcan  5  nu  on  ne  devait  pas  igno- 
rer les  intcllioences  qui  eiistaient 
enlrc  l'île  d'Elbe,  Murât,  Joseph 
Bonaparte  en  Suisse,  l'année,  les 
généraux  et  iiiêjne  les  Tuileries,  et 
qu'il  était  urgent  de  prendre  une 
autre  raarclie.  M.  de  Blacas  fît  en- 
tendre à  Barras  que  des  intérêts  per- 
sonnels excitaient  souvent  de  fausses 
craintes^  qu'il  ne  fallait  pas  s'en  rap- 
porter aux  alarmistes  qui  ne  clicr- 
chaicnt  qu'a  grossir  le  danger.  — ■ 
«  Je  savais  l)ien ,  répliqua  Barras  , 
«  que  vous  ne  me  comprendriez  pas. 
«  Vous  êtes  mon  parent.  A  vingt- 
«  cinq  ans  vous  avez  émigré ,  vous 
«  avez  vingt  ans  d'émigration,  et  vous 
«  n'avez  rien  appris  ni  rien  oublié. 
ce  Vous  ne  comprenez  pas  le  danger 
a  que  court  le  roi.  Vous  êtes  sur  un 
«  volcan,  vous  ne  vous  en  doutez  même 
a  pas.  Du  reste  ,  soyez  tranquille  ,  je 
a  ne  veux  pas  me  placer  entre  le  roi 
a  et  vous.  Je  voudrais  seulement 
a  contribuer  au  repos  de  la  France 
a  par  la  stabilité  des  Boiirbonsj  mais 
a  il  y  a  des  choses  (jue  je  ne  veux  ré- 
a  vêler  qu*au  roi.  Tout  ce  que  je  puis 
a  vous  dire,  pour  que  vous  en  fassiez 
a  le  rapporta  S.  ]\I.,  c'est (|ue  la  con- 
a  juration  es!  flagrante. . .  «  La  confé- 
rence finie,  M.  de  Blacas  se  plaignit  a 
Cuérin  des  réticences  de  Barr.ts.  (Jué- 
rin  en  justifia  le  motif,  et  il  insista 
fortement  pour  que  Barras  fût  admis 
auprès  du  roi,  .ijoutaul  (pi'il  y  allait 
peut-être  du  s.iliit  de  la  mon.ircliie. 
—  «Quoi!  répond  M.  de  lllacas , 
«  voudriez-vous  exposer  mad.imc  la 
a  (lueliesse  d'AngoiiIênie  Ii  l()ud)(r 
u  évanouie  K  la  vue  d'un  homme  (pii 
«  a  voté  la  mort  de  sou  pèreV  » 
Voyant  M.  de  lllacas  intraitable,  il 
lui  iusiiiua  (jue peut-être  liarras  s'ou- 
vrirait (out-îi-fait  s'il  recevait  de  h 


BAR 

main  du  roi  une  lettre  qui  pût  le 
porter  a  ne  rien  cacher  a  son  minis- 
tre. Cet  expédient  fut  agréé,  et  le  roi 
écrivit  de  sa  main  la  lettre  suivante  : 
«  Les  circonstances  ne  me  permet- 
cc  tant  pas  de  voir  en  ce  moment 
«  M.  le  général  comte  de  Barras,  et 
«  connaissant  les  services  qu'il  a  cher- 
ce  ché  K  me  rendre  dans  le  temps 
et  qu'il  était  membre  du  directoire 
ce  exécutif,  ainsi  que  ceux  qu'il  peut 
a  me  rendre  encore  en  ce  moment,  je 
te  l'engage  a  communiquer  avec  MM. 
ce  les  duc  d'Havre  et  comte  de  Blacas, 
ce  auxquels  il  doit  avoir  une  pleine 
ce  et  entière  confiance.  Signé  Louis. 
te  Aux  Tuileries,  le  3o  août  i8i4.» 
Barras  reçut  avec  joie  la  lettre  de 
Louis  XVIII ,  qui  lui  ofi^rait  une  ga- 
rantie dans  l'avenir,"  mais,  n'ayant 
aucune  confiance  en  M.  de  Blacas, 
et  ne  pouvant  plus  se  dissimuler  qu'il 
venait  de  se  compromettre  en  pure 
perte  pour  lui  et  pour  l'état  vis-a-vis 
de  son  propre  parti,  il  persista  dans 
sa  résolution  de  ne  révéler  qu'au  roi 
lui-même  les  secrets  de  la  conjura- 
tion. Il  annonça  au  duc  d'Havre  (pie, 
ne  pouvant  plus  être  utile  h  S.  M.  , 
il  allait  se  rendre  dans  le  midi  de  la 
France  pour  éviter  les  confidences 
d'un  parti  qu'il  n'avait  plus  l'espoir 
de  rallacheraux  intérêlsdumouarque; 

cl  il  se  rendit  dans  sa  terre  des  Aiirala- 

o 

desprèsde  Marseille.  La  catastrophe 
du  20  mars  et  la  seconde  invasion  de 
la  France  justifièrent  les  avertisse- 
ments de  Barras,  et  attestèrent  sa  bon- 
nv  foi  dans  les  révélations  cpi'il  a\ait 
ofïertes.  Bentréa  Paris  peu  de  temps 
après  le  second  retour  du  roi ,  il  se 
mil  (le  nouveau  en  rapport  avec  le 
duc  d'Havre.  On  ne  peut  douter  (jue 
la  li.iine  profonde  dont  il  était  animé 
(Outre  ^.inoléoii  el  les  siens  ne  tut 
alors  le  véritable  motil  de  son  xclu 
pour  les  Boui  bous.  Avant  mêiuc  U 


i 


BiUi 


BAR 


ao3 


seconde  cnlr(^P  de  Louis  XVIII  dans 
Paris,  il  avail  l.iil  |iasM'i-  a  ce  prince, 
jiliisiturs  im'moiii's  i-l  avcrlisscnuMils 
«|ui  fiircnl  nus  sons  les  yeux  du  roi. 
Quand  Fauclic  rcsolul  au  coinnuii- 
ccincnl  do  1816  de  faire  iinpti- 
nicrcldc  publier  le  Précis  lùstuii- 
(juc.  des  lUffèrenles  missions  dans 
lesquelles  il  avait  été  employa 
pour  la  cause  de  la  monarchie , 
lîarras  sachant  qu'il  devait  y  figurer, 
el  craignant  d'être  compromis  auprès 
de  son  parti,  lit  tout  pour  dissua- 
der Fauche  de  ce  projet.  Voyant 
(juil  ne  pouvait  obtenir  un  tel  sacrifi- 
ce, il  iX'^xi  sourdement  pour  mettre 
obstacle  à  la  puLlicaliou'  et  il  obtint 
du  ministre  de  la  police  un  ordre  en 
vertu  duquel  la  première  édition  fut 
saisie.  A  ingl- huit  exemplaires  seule- 
ment furent  sauvés  et  répandus.  Bar- 
ras ,  très-contrarié  de  cette  publicité 
parlielle,  dit  un  jour  a  Fauche: 
a  Voyez  dans  quelle  fausse  position 
a  vous  me  mettez.  Je  suis  forcé  de 
«  répondre  aux  personnes  qui  me  de- 
<c  mandent  si  ce  que  vous  diles  est 
«  vrai  relativement  aux  lettres-pa- 
«  lentes.  INe  pouvant  vous  désavouer 
K  entièrement,  que  puis-jcdire?  Que 
a  c'est  Bolot  et  Mounier  qui  ont  cou- 
ce  duit  cette  aiïaire  dans  laquelle 
ce  vous  n'auriez  pas  dû  me  faire  figu- 
cc  rer.  Vous  me  rendrez  suspect  a 
a  mes  amis  et  a  mes  connaissances , 
ce  et  je  n'apprendrai  plus  rien,  si  vous 
u.  ne  laites  pas  un  correctif  que  vous 
ce  ajouterez  comme  note  addition- 
<e  nelle  a  votre  Précis  historique , 
ce  et  que  vous  refondrez  ensuite  dans 
a  votre  récit,  lors  d'une  seconde  édi- 
ce  tion.  La,  vous  expliquerez  que  c'est 
ce  avec  lîotot  et  Mounier  que  vuus 
a  avez  traité  directement  j  et  comme 
a  je  communiquai  dans  le  temps  vo- 
ce tre  première  lettre  au  directoire, 
ce  je  puis  avouer   sans  inconvénieut 


«  t[ue  )\ii  nru  des  propositions  do 
ce  l'étranger.  »  Fauche  consentit  îl 
ces  niodilicalioiis  5  el  il  continua  d'en- 
Irelenir  avec  lîarras  les  mêmes  rap- 
ports, au  grand  raéconlcnleinenl  des 
vieux  républicains  rpii  tireonvenaient 
celui-ci;,  et  qui  disaient  entre  eux  : 
ce  11  est  bien  étonnant  (jue,  lorsque 
ce  nous  parlons  à  iîarras  des  lettres- 
ce  patentes,  il  les  désavoue  ,  et  qu'eu 
ce  même  temps  il  reçoive  aussi  bien 
ce  Fauche-Borel  qui  les  a  mises  au 
ec  jour,  y>  En  effet  Fauche  était  reçu 
chez  Barras  sur  un  pied  très-ami- 
cal (9).  Au  mois  de  juin  18 19  parut 
une  déclaration  intitulée  :  Le  général 
Barras  à  ses  concitoyens.  Loiu 
d'avoir  aucun  rapport  direct  avec  les 
écrits  de  Fauche,  cette  espèce  de  dés- 
aveu regardait  spécialement  les  Sou- 
venirs et  anecdotes  secrètes  ,  pu- 
bliées par  Lombard  de  Langrcs,  qui 
y  avait  inséré  diverses  anecdotes  très- 
piquantes  sur  les  dernières  années  du 
rèi^ne  de  Bonaparte,  et  qu'il  annonçait 
avoir  puisées  dans  des  conversations 

(q)  Barras  demeurait  alors  rue  Bleue,  n.  20. 
li'autcur  de  cette  note  qui  depuis  1791,  l'ayant 
j)erclu  de  vue  ,  et  ne  l'ayant  aperçu  que  djns 
quelques  cérémonies  publiques,  n'avait  jamais 
clé  l'encenser  dans  son  palais  du  Luxembourg, 
ni  se  vautrer,  comme  disait  Barras  lui-même,  alla 
le  visiter  dans  son  domicile  bourgeois,  où  il  eut 
peine  ri  le  reconnaitie.  L'ancien  directeur  n'avait 
alors  que  63  ans;  mais  les  regrets  sur  sa  gran- 
deur passée,  les  ennuis  de  sa  position  actuelle 
semblaient  l'avoir  vieilli  plus  que  les  ans,  l'abus 
des  [)laisirs  et  les  iiirirmités.  C'était  toujours  le 
même  homme  qui,  eu  179',  froid,  taciturne, 
eudjarrassé,  liésilail  sur  la  bannière  qu'il  avait  à 
suivre.  Mais  il  était  tie  plus  calarrheux,  cacochy- 
me, morose,  rappetissé  tant  au  moral  qu'au  phy- 
sique, et  semblait  encore  llottcr  entre  la  repu- 
blique et  la  monarchie.  Sa  conversation  n'of- 
fi-ait  rien  de  positif  ni  d'iutéressant.  11  se  plai- 
},'iiait  vaguement  de  tout  le  monde,  et  parais- 
sait regretter  surtout  d'avoir  quitte  le  certain 
pour  l'incertain.  Celte  irrésolution  explique  as- 
sez la  conduite  antérieure  et  subséfjucnte  de 
Barras,  el  déiuoulre  bien  évidenunent  qu'il  n'a- 
vait jamais  eu  c|ue  l'audace  et  l'activité  du  mo- 
ment ,  quanti  il  était  stimulé  par  l'intcrel  ou 
l'ambition,  et  f|u'il  tenait  en  main  tous  les 
moyens  de  satisfaire  ses  goûts  ou  de  se  mainte- 
nir au  i>ouvoir  ;  mais  que,  dans  toutes  les  autres 
cirCMustaiiccs,  il  ne  fut  réellement  qu'un  homme 
fort  uidiuuire.  A — t. 


2o4                   JîlR  BAR 

que  Je  général  Lefebvre,  duc  de  Albin,  tous  les  deux  avocats  a  la  cour 
Danizîck,  avait  eues  chez  Barras  et  royale,  proiioncèrent  cbacun  un  dis- 
soiivent  mêmti  a  sa  lablc.  Ces  cours  funèbre  sur  sa  tombe  j  et  ils  le 
aiicrdolcs  étaient  vraies-  mais  leur  louèrent  sans  restriction  de  ses  f*?/-- 
divulgafion  parut  alors  préir.aturéc.  ///5 /V;7wZ///cr;//zt^5.  Ou  annonça  bien- 
Le  duc  de  Dantzick  se  voyant  com-  tôt  après  la  publication  des  Mémoires 
promis  dépêclia  ses  aides-de-canip  de  Barras  j  mais  celle  publication  n'a 
pour  faire  supprimer  Tédilion.  Il  y  pas  eu  lieu  :  on  sait  que  sa  veuve  y 
avait  une  page  qui  révélait  également  jnet  obslacle.  — Barras  était  grand  et 
les  rapports  qu'avait  eus  Barras  avec  assez  bel  boramc.  Sans  esprit  ni  cul- 
Louis. \V1II  avant  et  pendant  Tannée  turc,  il  avait  celle  sorte  crintcUigence 
i8i4-  Voilh  ce  qui  donna  lieu  au  prompte  qui  lient  au  caractère.  Ses 
désaveu  qui  fut  d'ailleurs  suggéré  a  manières  étaicntprévenanles  5  il  était 
Barras  par  ceux  qui  l'entouraient.  Il  actif,  brave,  généreux,  rendait  volon- 
contribua  aussi  beaucoup  a  faire  sup-  tiers  service  j  mais  ces  qualités  furent 
primer  1  édition  des  Souvenirs  et  obscurcies  par  la  dissolution  de  ses 
anecdotes  secrètes,  parce  que  cer-  mœurs.  Dans  tout  ce  qui  a  été  publié 
tains  faits  qui  y  étaient  consignésTau-  au  nom  de  Napoléon  ,  on  voit  sans 
raient  compromis  avec  le  parti  qui  cesse  celui-ci  occupé  de  repousser  et 
déjà  maîtrisait  l'opinion  publique.  Ce  de  dénier  ses  rapports  avec  Barras 
fut  dansce  sens  qu'il  publiala  déclara-  et  surtout  les,  services  qu'il  en  avait 
tion  dont  il  s'agit  :  c'était  moins  encore  reçus.  Cependant  il  est  incontestable 
une  réfutation  captieuse  de  faits  que  ce  fut  cet  ancien  représentant 
avérés  qu'une  profession  de  foi  de  (|ui  le  premier  sut  le  distinguer,  l'ap- 
républicanisme  pour  satisfaire  l'opi-  précier  et  Temployer  utilement  au 
nion  de  l'époque.  Ainsi  il  est  évident  siège  de  Toulon  ;  et  il  n'est  pas  moins 
que  sur  son  déclin  Tex-dirccteur  fut  notoire  que  ce  fut  encore  lui  qui ,  au 
circonvenu  par  une  coterie  qui  vou-  i5  vendémiaire,  le  produisit ,  et  fut 
lait  le  faire  mourir  républicain,  et  la  première  cau^e  de  sa  baute  fortune, 
sans  aucune  tache  de  royalisme.  Ces  Apiès  tant  de  perséculions  et  d'ingra- 
conlrariétés  empoisonnèrent  les  der-  lllude,  on  comprend  aisément  les 
niers  jours  de  Barras,  infirme  et  ne  motifs  de  pareilles  dénégations.  Bar- 
(juillant  plus  son  fauteuil.  11  ne  vou-  rns  n'a  pas  eu  d'enfants.  — 11  avait 
lut  cependant  pas  désavouer  les  pu-  deux  frères:  l'un  était  clianoine  de  Sl- 
blicalions  de  F.lucbe-Borel,  où  tout  Victor,  h  Marseille -,  l'autre,  (pii  avait 
se  trouvait  dévoilé,  el  qui  parurent  émigré  (le  cbevalier),  était  un  joueur 
avant  .sa  mort,  biencpi'on  Tait  o!)sé(Ic  (.llVénc  j  il  ^'est  noyé  par  désespoir. 
|K)ur  tirer  du  lui  \\\\  désaveu.  Barras  B — r. 
mourut  le  ic;  janvier  18:^9,  âgé  do  llAKRAri)  (Jacques),  juris- 
74  txns  ,  à  Cliaillol.  Une  lenlalivc  consulte,  uacpiit  à  Poitiers ,  vers  le 
d'enlèvement  de  ses  papiers  polili(jur8  nnlieu  du  seizième  siècle,  fut  re^u 
cul  lieu  aussitôt  par  Tordre  du  mi-  docleur  eu  droit  a  Toulouse,  et  vint 
iiislre  de  la  justice  l'e^ronnel  j  mais  exercer  la  [u'ofession  d'avocat  dans  sa 
déjli  CCS  papiers  avaient  élé  sous-  ville  natale.  Lorscpu*  Tàgc  Peut  for- 
Iraits.  Le  1"  lévrier,  l'»arras  fut  in-  ce  d'y  renoncer,  il  pidiiia  un  coin- 
liiimé  au  cimetière  de  TIlsI.  T\I.  Tierre  jncnlairc  sur  la  coutume  du  l'oilou. 
Gr.uid  ,   et  M.  llorli  nsius  de  Saint-  jics  avocats  de  celle  province,  si  rc- 


JBAR  BAR 


î>()5 


ndiiiiiu-s  par  leur  NciiMiCf,  ont  loujours  pag.  607,  édiliou  dr  Ri^oley  de  Jii- 
f.iil  le  ])lns  jM-aïul   ras  de  ce  Ir.ivail.  vigiiy,  le   (lie    coiiuiie  aiilcur  d'une 
»l(.'aii    r.iul.  (<n    (|iii    coiiinicula    lui-  Iradiichoii  du  discours  de  la  jciiiic.s.se 
im'ine  la  coiiliinir,  nicl  ./wcY//rs  r>.ir-  de  FdX   iMor/illo    (/^.  ce  nom,   XY, 
rand,  pour  !e<//(>/7 //<>//r<"f///,  j)rej.(jiio  41^),  Paris,   i.'>79,  in-8".      L-m-x. 
sur    la    nu'nie    ]ij;rie    (jne    J(ic//i/cs  BAKRE  (Antoini;  Li;  Fevhl  de 
Cujas,  jioiir  le  droit  roiiiniii.  Dreux  la),  licMilcnanl-j^éiiér.il ,  cmiL  Taïeul 
du    llailier,     deux     siècles     après  ,  du  inallieurcux  chevalier  de  la  Barre 
compare  Touvragc  de  Barraud  à  ce-  (  f^(fy-  ce  noui,  III,  4i/f)  .  (jui  pé- 
lul  (le  Domal  sur  le  droil  roinaiu  (r).  ril  sur  un   (Ijcliafaud  ,  pour   (pieltnies 
11    y  avait  pcul-èlrc   un    pou   d'exa-  iinpictcs  (pic   son    extrême    jeunesse 
gération   patrioliipic  dans  col  elogc.  rendait  peut-i;!rc  excusables.    Il  en- 
La    Bil)Ii(;llièque  de    dr(nt  de    Ca-  Ira  d'abord  dans  la  magistrature,  ob- 
mus   (5'"    édition,    in-8",  lom.    2,  tint  une  charge  de  conseiller  au  par- 
p.  24.7)  ,  raj)porled'unc  manière  va-  lemcnl,  et  remplit  successivement  les 
gue  le  litre  du  commentaire  de  Bar-  fondions    de    maître    des    rc(]uêtcs, 
raud.   Il     aurait    dû     être     indicpKi  d'intendant   du    Bourbonnais    cl    de 
ainsi  :  Coustumcs  ducomlê  et  pcijs  TAuvcrgne,  et  enfin  de  Paris.  Bien- 
ilc  Poictou,  etc.  3  avec  les  nniio-  t(*)t  après  il   (|uitta   la    magisl rature 
îiitions  sommaires  de  M^  Jacques  pour  l'état  militaire,  fut  admis  dans 
Bavraud  ^  Poitiers,    1626,   iu-4.°.  le  corps  delà  marine,  et  ayant  Irou- 
On  trouve  dans  la  préface  un  abrégé  vé  l'occasion  de  signaler  son  couraf^e 
de  l'histoire  du  Poitou.  Les  annota-  fut  élevé  au  grade  de  capitaine   de 
lions  de   Barraud    ont  été  reproduis  ydisscau.  (Y.  Chrofio h f^ie /us torù/. 
tes    dans   le    Coutamier  général,  cle  Pinard,  IV,  24.7).  Nommé  -^ou- 
ou  corps  et  compilation  de  tous  les  verneurde  la  Guiane  en  i663,  il  re- 
commentaleurs  sur  la   coutume    de  prit  Cayenne  sur  les  Hollandais  cp.ii 
Poitou,    public  en  1727,  par  Jos.  s'en  étaient  emparés,  et  fit  de  celte 
Bouchcul  ,    2    vol 
laissa  une    nombreus( 
BAr.RAUD   (  Jacques  ) ,   son  fîls_,    se  ragea   la  chasse  aux  tigres  j  et ,  s'il 
fil   connaître   comme   poète   latin  el  ne  parvint  pas  a  les  détruiro  entière- 
c'omnie  jurisconsulte.  On  a  de  lui  :  ment  dans  celte   partie  de  l'Araéri- 
Kccitalio  sole?7mis  de  sponsaîibus  cpie,  il  en  réduisit  au  moins  beaucoup 
el  matrimonioy   i6'52,  in-8°.  C'est  le  nombre,  en  accordant  atout  chas- 
une    thèse   pour   le    concours   d'une  seur  le  fusil  avec  Icfjuel  il  aurait   tué 
chaire  de  droit  h  Poitiers.  Barraud  un  ligre,  et  la  peau  de  l'animal,  dont 
père  el  fils  ne  figurent  ni  dans  les  \  ies  les  marchands  de  pelleterie  donnaient 
des  jurisconsultes  deTaisand,  ni  dans  un  prix  a.ssez  considérable.  La  Barre 
la  Bibliothèque  des  auteurs  de  droit  dressa  le  p'an  des  forlificalioiis  né- 
de  Simon.  Il  v  a  lieu  de  croire  qu'ils  ccssaires  pour  metiro  Cayenne  h  Pa- 
descendaicnt   de    François  Barraud,  bri  d'unenouvcHe  invasion -i!  examina 
commissaire    enquêteur    a  Poitiers,  les  produits   naturels  de   l'île  ,  et  fit 
Duverdier  (pil  en  a  fait  mention  dans  divers  essais  pour  s'asstirer  des  cul- 
sa  Bibliothèque J)'nncaise^  tom.  i,  turcs  qu'on  pourrait  y  introduire  avec 
,  .  „,..  ,,.       T      :       ■■    ""     —— —  le  plus  de  succès ,  mais  on  ne  lui  laissa 

(1)   niblinlfiequc   historiq,    et    crtlirj.  (lu  i'oi(ou,  ^   ,                          i'>    '  1                                 r\ 

t.  III,  p.  »7fk  pas  le  temps  d  achever  les  ameliora- 


in-fol.    Barraud     île  le    centre  d'une  colonie  qui  pou- 
ise  postérité.  —     vait  devenir  très-florissante.  Il  encou- 


ao6 


BAR 


lions  qn'iî  avait  entreprises  dans  Tîn- 
térêf  de  la  colonie  naissante.  Toutes 
les  Vcs  que  la  France  possédait  en 
Amérique  ayant  été  cédées  a  la  com- 
pagnie des  Indes,  La  Barre  revint  en 
Europe  avec  la  répiilation  d'un  hà- 
l)ile  administrateur.  Il  fui  créé  lieu- 
ienant-général  en  1667  ;  et,  envoyé 
dans  les  Antilles,  il  y  battit  les  An- 
glais qu'il  força  de  lever  le  blocus 
deSaint-Cbrislophe.  En  1682  il  rem- 
plaça le  comte  de  Frontenac  dans  le 
gouvernement  du  Canada  5  mais ,  déjà 
sur  le  retour  de  l'âge,  il  n  était  plus 
guère  propre  K  remplir  un  poste  qui 
exif-^eait  une  grande  activité.  En  arri- 
vant a  Québec,  il  se  laissa  prévenir 
contre  La  Salle  {F^oy.  ce  nom,  XL, 
177),  a  quila  France  devait  la  décou- 
verte récente  de  la  Louisiane- et,  sans 
attendre  d'autres  témoignages,  il  man- 
da que  ce  voyageur  était  l'uniijue 
cause  des  actes  d'boslililé  que  les 
Iroquois  venaient  d'exercer  sur  des 
marcliands  français.  Avec  un  peu 
de  réllcxion  ,  il  aurait  vu  que  ces 
lioslilités  avaient  été  suscitées  par 
les  Anglais,  qui,  désirant  s'attribuer 
exclusivement  le  commerce  du  Cana- 
da, cherchaient  par  tous  les  moyens 
K  éloigner  les  concurrents.  La  Barre 
n'ayant  pas  des  forces  suffisantes  pour 
commcncerla  gucrieavec(|ueK|ue  es- 
pérance de  succès,  demanda  des  se- 
cours, ri,  en  atlendanl  leur  arrivée, 
il  prit  le  parti  de  continuer  avec  les 
Iroquois   les   négociations    entamées 

Î);ir  son  prédécesseur.  Sur  la  lin  de 
'aimée  i683  ,  il  reçut  deux  cents 
hommes  de  renfort;  mais  en  même 
temps  le  ministre  le  chargeait  d'em- 
pêcher les  Anglais  de  former  aucun 
clablissemenl  dans  la  haie  de  lludson, 
attendu  (jtio,  dès  i  656,  la  France  eu 
avait  pris  jio'^sessioi  par  la  cérémo- 
nie tisilée  en  pareil  cas.  Ce  secours 
était  beaucoup  trop  faible  pour    le 


BAR 

mettre  en  état  d'entreprendre  une 
guerre  que  les  Anglais  auraient  bien 
pu  ne  pas  voir  s'achever  tranquille- 
ment. 11  fut  donc  encore  forcé  de 
recourir  a  la  voie  des  négocia- 
lions  ;  mais  pendant  qu'il  cherchait 
à  ménager  les  Iroquois  ,  il  traitait 
secrètement  avec  leurs  ennemis,  et  il 
en  obtint  la  promesse  de  secours  dans 
le  cas  011  la  guerre  viendrait  k  écla- 
ter. Les  Iroquois,  non  moins  rusés, 
lui  envoyèrent  des  députés  à  Mont- 
réal, pour  l'assurer  de  leur  attache- 
ment sincère  'a  la  France.  ]N  imagi- 
nant pas  que  des  sauvages  pussent 
porter  aussi  loin  la  dissimulation,  La 
Barre  leur  fît  mille  caresses,  et  les 
renvoya  comblés  de  présents  ;  mais 
a  peine  étaient-ils  partis,  qu'on  reçut 
la  nouvelle  que  les  Iroquois  devaient, 
avant  la  fin  de  l'année ,  pénétrer  dans 
les  possessions  françaises  pour  les 
ravager.  La  Barre  résolut  de  les  pré- 
venir; et,  ayant  réuni  toutes  les  trou- 
pes dont  il  pouvait  disposer  (1}  h 
Montréal,  il  s'embarqua  sur  le  fleuve 
Saint-Laurent,  le  i*"^  août  1684.  La 
flottille,  retardée  par  différentes  cir- 
constances, employa  pour  descendre 
le  fleuve  plus  de  temps  qu'il  n'aurait 
fallu.  Mal  pourvue  de  vivres,  elle  eu 
mancpia  birulôt,  et  la  petite  armée  , 
encore  aflaiblie  par  la  disette  et  par 
les  maladies,  se  trouvait  dans  l'étal  le 
plus  déplcrable,  l('rs(jue  La  Barre  , 
campé  sur  les  bords  du  lac  Ontario, 
dans  une  anse  qui  depuis  a  reçu  le 
nom  de  l'anse  de  la  FtimiiWj  vil,  avec 
autant  de  plai>ir  cpie  de  surprise,  ar- 
river trois  députés  irocjuois.  Ils  ve- 
naient lui  proposer  la  paix,  sous  la 
condition  d'abandonner  h  leur  ven- 
geance les  Illinois  ,  ces  fuièles  alliés 
des  Français,  depuis   leur  élablisse- 


(i)  (!(Mlc  aiuii-M  m'  lompoaail  de   iiiiU»  hoin- 

llirs  ,    dont     A(.>|>t     (t'llt:t     ('illMlliCtX,     «ifUX    CCIItt 

sauviigc»  etcciil  (rcnt*  oldais  fruiiv"»'. 


fiAR 

ment  dans  rAnicri([iK'  scplcntrinn.ilc. 
li.i  lîarre,  forcé  d'y  sctuscrirc,  rcviiil 
K  (hu'l)cc,  où  ,  piMi  (le  temps  .iprôs  , 
arrivèrent  les  Iroiiprs  (ju  il  a\.ul  dc- 
inanHérs,  ri  ([iii  lui  aiir.iiiMil  pc-nnùs 
de  (licier  les  conditions  a  ceux  dont 
il  venait  de  les  recevoir  (Voj.  V/Iist 
tft*  la  Nouvelle-France ,  par  le  P. 
Charlevoix  ,  liv.  X  et  XI).  Accusé 
d'avoir  lait  niancjner  cette  expédition 
par  sa  faiblesse  et  ses  mauvaises  me- 
sures, il  fut  remplacé  Tannée  sui- 
vnnle  dans  le  gouverncmenL  du  Ca- 
nada par  le  marcpiis  de  Jennonville. 
La  Barre  resta  depuis  sans  emploi , 
et  mourut  le  /».  mai  1688.  On  a  de 
ce  général  :  I.  Description  de  la 
France  équinoxiale  ,  ci-devant 
appelée  la  Guy  aime ,  cl  par  les 
Kspagnols  y  cl  Dorado^ .  nouvelle- 
ment remise  sous  l'obéissance  du  roi  j 
Paris,  1666,  in-4-".  Ce  volume  cu- 
rieux est  devenu  très-rare.  II.  Jour- 
nal d'un  voyage  à  Cayemie.  On 
le  trouve  k  la  suite  de  li  Relation  de 
ce  qui  s' est  passé  aux  Terres-Fer- 
mes  y  pendant  la  dernière  guerre 
avec  r Angleterre ,  en  1666-675 
Paris,  1671,2  vol.  in- 12  (2).  «  C'est, 
«  dit  le  P.  Labat,  moins  une  relation 
«  qu'un  factura  contre  M.  de  Clodo- 
ce  ré,  gouverneur  de  la  Martinique.  » 
Il  ajoute  qu'il  a  vu  des  notes  écrites  par 
M.  de  Clodoré,  sur  les  marges  du  4-*^ 
volume  de  V Histoire  des  Antilles, 
parle  P.  Dutertre,  «  par  lesquelles 
«  il  répond  très-bien  et  très-vivement 
«  a  ce  que  M.  de  La  Barre  avait 
«  avancé  contre  lui  dans  son  jour- 
«  nul  M  (  Voy.  la  préface  du  Nou- 
veau voyage  aux  îles  de  l'Ame- 
rique,  par  Labat  ).  W — :•;, 

BARRE  (César-Alexis  Chi- 


lîAR 


a  07 


(•i)  CfUe    Relation    est    attrilmre  à    Clodoré  , 
Recrélaire  de  vaisseau  ( /^.    Ci.odohk,  IX,  119), 
ii'il  ne  faul  pas  confondre  avec  le  gouverneur 
U  Marliaiqu«. 


Z 


rnrnF.Air,  dirvaller  m;  la),  lilléra- 
tenr.  élail  né  ^(;rs  i  6.^)0  a  Langeais, 
dans  la  Tonraine.  Aj)rès  avoir  servi 
(|uel(pic-lenips  comme  \olonlalre  ,  il 
obtint  une  compagnie,  ou  du  moins 
le  rang  de  capitaine  dans  le  régiment 
royal.  La  vie  des  camps  n'avait  point 
affaibli  son  goût  pour  les  lettres.  Il 
cultivait  la  poésie,  et  qnebjues  pièces 
recueillies  dans  le  Mercure  gala/it 
lui  firent  une  réputation  qui  ne  s'ob- 
tient plus  h.  si  bon  marché,  depuis  (juc 
les  versificateurs  se  sont  si  fort  multi- 
pliés. A  soixante  ans,  il  faisait  encore 
des  vers  naturels  et  faciles,  mais  né- 
gligés. Retiré  du  service,  il  partagea 
âon  temps  entre  Paris  et  la  province 
où  il  avait  conservé  des  relations  avec 
les  amis  de  sa  jeunesse,  et  il  mourut 
plus  que  septuagénaire,  dans  les  pre- 
mières années  du  iS*^  siècle.  On  a  de 
lui:  1°  des  Fables,  Cologne,  1687, 
in-8°.  Il  en  a  puisé  les  sujets  de 
quelques-unes  dans  nos  anciens  poè- 
tes et  dans  les  conteurs  italiens; 
mais  il  en  reste  un  assez  grand 
nombre  dont  l'invention  lui  appar- 
tient. 2''  Conseils  à  une  jeune 
dame  qui  çntre  dans  te  inonde. 
Tours  (vers  1690),  in-4.*^  de  3o 
pag.  C'est  une  épître  en  vers  libres. 
Dans  la  préface  de  son  recueil  de 
fables,  il  annonçait  «qu'après  avoir 
«  fait  parler  les  héros  d'Esope,  sa 
«  muse  allait  prendre  un  vol  plus 
«  élevé,  n  Mais  on  ne  connaît  de  La 
Barre  que  les  deux  ouvrages  qu'on 
vient  de  citer.  Chalmel  (  Voy.  ce 
nom  ,  au  Supp.),  lui  a  consacre 
une  courte  notice  dans  la  Biogra- 
phie des  Tourangeaux.      W — s. 

BARRE  (Jean  de  la)  ,  littéra- 
teur, né,  vers  i65o  ,  a  Paris,  se  fît 
recevoir  avocat  au  parlement,  et  par- 
tagea son  temps  entre  les  devoirs  de 
«a  profession  et  la  culture  deslettreSr 
Il  jouissait  d'une  assez  grande  repu- 


2108 


BAR 


talion  au  Larrean  {P^.\e  Journal  des 
savants  y  lyoS-iB).  On  lui  doit  une 
continuation  du  discours  de  Bos- 
sue l  sur  r  histoire  universelle  (  P^. 
BossuET,  V,  238).  Dans  sa  préface, 
l'auteur  avoue  «  qu'il  ne  s'est  engagé 
«  dans  ce  dessein  que  par  une  espèce 
«  de  désespoir  de  ce  que  nous  ne  pou- 
«vions  pas  avoir  la  suile  que  cet  illus- 
cctrc  prélat  avait  promise.  »  iVîais  le 
nom  seul  d'un  concurrent  aussi  re- 
doutable aurait  dû  lui  faire  tomber  la 
plume   des   mains.    Celle   prétendue 
continuation,    imprimée    d'abord    a 
Paris  en  1 7o3  ,  in-i  2  ,  a  été  repro- 
duite un  grand   nombre   de  fois  en 
Hollande  à  la  suile  du  cbef-d'œuvre 
de  Bossuct.   La  Barre  a  traduit  le 
livre  de  Sénèque  de  la  brièveté  de 
la  viej  1703,  in-i2.  Son  nom  ne  se 
Il  ouve  plus  sur  le  tableau  des  avocats 
pour  I  7  1 2  5  on  peut  en  conclure  qu'il 
était  mort  l'annéeprécédcnle.  Drouet, 
dans  les  tables  de  la  Méthode  pour 
étudier  l'histoire ,    a  confondu    le 
continuateur  (le  Bossuet  avec  La  Barre 
éditeur  ded'Acliéry,  et  l'un  desnicm- 
bres  les  plus  laborieux  de  l'acadéniie 
des  inscriptions  [K.  Iîaiuie  [Louis- 
Franc.- Joseph  de  la)^  III,  4i  2). 

AV— s. 
KAIlRÉ(YvEs),néhParisle  17 
avril  1749^  fut  d'abord  avocat  et  eu 
1775  greflicT-commis  au  parlement 
de  Paris*  mais,  neveu  du  cliansonnier 
Laujon,  il  ne  larda  pas  a  préférer  a  ces 
graves  occnpationsles  jeux  de  b  scène. 
Il  se  réunit  a  Piis  pour  donner,  au 
lliéàlre  (jiii  n'avait  plus  d'/7<///r// (|ue 
le  nom,  des  pièces  en  vaudeville.  Les 
Jlon fions  du  ibéàlre  de  la  Foire 
avaient  vieilli;  les  pièces  de  Piron  et 
de  Pannard  s'élaient  effacées.  Piis  et 
iMirré,  liéritiers  de  la  société  du  Ca- 
veau, crurent  (|ue  le  vaudeville  pour- 
rail  lullcr  contre ropcra-comiqueciui 
l'avait  écarté,  et  firent  représenter 


BAR 

quatre  pièces  tout  en  couplets,  înlî- 
tulées  :  Les  Vendangeurs,  la  Ma- 
tinée  et  la    Veillée  villageoise , 
le  Printemps^  et  les  Amours  d'été. 
Ces  quatre  pelitcs  pièces,  roulant  sur 
les  quatre  saisons,  eurent,  excepté  la 
troisième,  un  succès  fort  marqué,  et 
qui  rétablit  pour  un  temps  le  genre  du 
vaudeville  (i).  Ce  n'est  pas  que  ces 
pièces  ne  fussent  toutes  plus  ou  moins 
remplies  de  cboses  de   très-mauvais 
goùl.Deplus,la  nécessité  que  s'étaient 
imposée  les  auteurs  de  faire,  comme 
h  l'opéra,  cbantcr  depuis  le  commen- 
cement jusqu'à  la  fin,  inspirait  aussi , 
comme  a  l'opéra,  un  peu  de  fatigue 
cl  d'ennui,  et  d'aiileurs,  parmi  tant 
de  couplets,  forçait  a  en  laisser  de 
très-médiocres,  et  d'autres  pis  encore 
pat"  les  mauvais   calembourgs    dont 
ils    étaient   remplis  5    mais   ces    dé- 
fauts furent   couverts  par  beaucoup 
de  choses  spirituelles  et  par  des    ta- 
bleaux souvent  gais  ,  naïts  et  même 
jrracieux.  Les  auteurs  voulurent  con- 
tinuer  et  soutenir  ce  genre  par  d'au- 
Ires  pièces  qui  furent  moins  heureu- 
ses ;  et,  après  quebjues  années,  le  vau- 
deville disparut  encore  devant  l'opé- 

(i)  riis  et  «ncore  moins  Barré  n'ont  tfé 
les  rt'-;;t'ni;rateui«  é\i.  vaiulevilU;  en  Francf,  (]i>u 
sou*  lo  raji|)Urt  du  succrs  «l'un  grand  nombre 
dr  leurs  p'uVes,  parmi  lcS(|iu'lles  il  ne  faut  pas 
()al>lifr  CussaiiiliT  ocu/àif,  ynw  en  1780.  Outre 
<|nc  ce  g«nr«"  ,  «'•clipsf  nu  'l'iu-àtre  -  Ilulii-n  , 
])ar  l'optra  -  comique  ou  comédie  à  arieilcs, 
n'eu  aruit  pas  clé  culirrcn.ent  exclu,  it  qu'un 
y  voyait  ri'|).'irailre  de  lrm|)t  en  temps  d«'S 
opcra.s-vaudtvillc.s  de  Kavart  et  «le  iiuel([uc.s 
nulles  vieux  auteurs  vivants,  neuf  pièces  eu 
vaudevilles  fuient  jouces  depuis  1776  jusqu'îV 
la  fin  de  1771).  I.i  plus  aniicniu'  fut  une  parodie 
iVOrp/iff,  iuliliilvc  iti>:;ir/ioiitt'iiij>i  rt  Jiifolt-,  par 
Molinc  et  l)orvi;;ny,  l'auleur  des  JfuiiiioK.  Kii 
177(1,  parut  /e  M<ti,  par  Dt-sfonlnines  (|ui,  plu» 
tard,  fut  lecollalioratcur  de  Piis.  de  Hailel  et  île 
Uarre  ;  deux  mois  après,  Piis  donna,  avec  Des- 
pni  et  Ue^înier,  lu  bonne  t'émine  oti  U  Phénix, 
parodie  <r.//(e.><e,  el  l'nîince  suivante,  avec  le» 
m<-nii8,  {'Opéra  de  province,  parodie  d'.Vr»ii</<-. 
les  autres  pièces  furent  (.uhriritf  df  /'iiro,  par 
Indien,  In  l{n;^r  d'umoiir,  pnr  D.irvipny,  trs  /?i'- 
vrru-s,  rrniuitelirs  Ul's  (,irti,  par  KilVarl ,  pnrodiis 
de  (lulnielle  dr  f'er::r,  <le  lioland  et  A' Iplu-^rni» 
en  Timriilr,  et«K,  ele.  iturri- u'ri  j.iniui»  donne  seul 
un  ouvrage  nu  lliPiitro.  A — t. 


4-> 


n\n  BiVR             lof) 

ra-roniîquf ,  eu  du  moins  le  peu  de  die;  Vwnr  Lcacif^c;  Gnapard  V<i- 
])li'Ccs  (pii  fiirriil  donucos  on  ce  j^cnrc  vise;  le.  Famltiii^o^  las  dcii.r  Kd- 
ifiMircnt  point  de  vogue.  JJienlùl  moiiy  clc.  11  jiaraîl  cpic  le  plushahilc 
après,  1.1  niulliplicilc  des  spcclacics  des  trois  collalxiratenrs  clait  Radcl. 
(]ue  la  révolnlion  de  17B9  avail  fait  Barré  cjul  avnil  peu  de  lemps  à  lui, 
sur^M'r  dans  Paris,  inspira  a  r»arrc,  h  cl  cpii  n'eni  jamais  do  slyle  (i^),  avait 
Piis  et  a  Rosière,  antear  de  la  corné-  en  revanclie  une  assez  grande  connais- 
dieilalienne,  ridce  de  fonder  un  lliéà-  sancc  du  llk'ùlre.  Il  donnait  de  bons 
ire  spécialement  consacre  au  vaudc-  conseils  aux  jeunes  auteurs,  s'associait 
ville.  Ils  se  concertèrent  avec  des  rarement  h  eux,  et  abusait  beaucoup 
aclionnnires^  clRarrédcvintdirectcur  moins  h  cet  égard  de  sa  rpialité  de  di- 
de  ce  théâtre  (pii  ouvrit  le  12  janvier  recteur  qu'on  ne  Ta  fait^  dit-on,  quel- 
1792.  Il  obtint  un  succès  très-grand^  qucfois  depuis.  Il  ne  faut  pas  oublier, 
pnrce  qu'en  eflet  le  vaudeville  est  un  dans  les  pièces  auxquelles  il  travailla, 
genre  fait  pour  plaire  aux  Français,  Celle  qu'il  a  faite  avec  M.  Ourry ,  le 
j)ar  l'esprit  des  couplets  et  par  la  vaudeville  de  la  Danse  interroni- 
grâce  et  la  simplicité  des  airs ,  qui  fnœ ,  qui  contient  la  scène  la  plus 
contiennent  souvent  plus  de  véritable  folle  et  peut-être  la  plus  gaie  rpii  ait 
chant  que  de  plus  grands  morceaux,  "été  offerte  au  public.  La  direction 
Barré  avait  ménagé  a  son  théâtre  le  d'un  théâtre ,  si  mince  qu'il  soit ,  est 
talent  de  son  ancien  associé  Piis,  qui  un  petit  empire.  Il  est  diflicile  de  me- 
fit  seul  la  pièce  d'inauguration  ,  et  lier  tant  d'actrices  et  d'acteurs  sou- 
qui  avail  même  eu  une  pension  pour  vent  spirituels,  plus  difficile  quelque- 
ces  motifs.  Mais  il  paraît  que  la  con-  fois  de  mener  ceux  qui  ne  le  sont  pas  j 
dilion  de  cette  pension  était  que  Piis  par  exemple,  que  dire  k  un  acteur 
ne  donnerait  de  vaudevilles  a  aucun  (Chapelle)  plus  Cassandre  que  tous 
autre  théâtre.  Cet  auteur  ayant  oublié  ceux  qu'il  représentait ,  et  qui,  ayant 
cette  condition  en  fondant  le  théâtre  voulu  cumuler  les  fonctions  d'acteur 
des  Troubadours,  en  1799,  sa  peu-  cl  d'épicier,  fit  de  mauvaises  aifaires, 
sion  fut  supprimée  et  tous  ses  rap-  et  répondait  a  un  créancier  importun: 
ports  avec  son  ancien  collabora-  «  Mon  ami,  foi  d'honnêtc-homme  j'ai 
leur  entièrement  rompus.  Barré,  qui  f<ilt  banqueroute.  »  Barré  se  tira 
avait  déjà  composé  avec  Radet  l'a-  très-bien  de  ces  difficultés  et  de  bcau- 
gréable  opéra-comique  de  Renaud  coup  d'autres.  Quoi'.jue  naturellement 
d'Ast,  s'associa  avec  iui  et  avec  vif  et  brusque,  il  franchit  avec  adres- 
!)esfontaiues,  et  ils  firent  ensemble  se  et  mesure  des  temps  orageux  et 
l)t'aucoup  de  pièces  dont  la  plupart  ^qs  circonstances  épineuses.  Je  lui 
réussirent.  Les  plus  connues,  outre  Jii  entendu  raconter  que  peu  de 
les  parodies  souvent  plaisantes,  sont  :  temps  après  le  i5  vendémiaire  le 
Arleqidji  nJjiche.iu\{o]\Q  am^àitmn?,  général  Bonaparte  le  fit  venir  et  lui 
1792,  a  été  jouée  peut-être  sept  ou  dit:  «  Citoyen  Barré,  je  suis  fort  mé- 
huit  cents  fois  ,  parce  que  pendant  content  de  votre  parterre.  —  Pour- 
plus  de  vingt  ans  elle  précéda  près-  quoi,  général? —  A  cause  des  allu- 

que  tous   les   vaudevilles  nouveaux  j 

Colonihlne     nianncqiiin  :    le.   Ma-  r  \ -o     -  r  »  1   1-,       •.    1     j>        a 

I          ,              j-tj-it,  ^jj  Barre  tut  de  la  soru  t  ■  dfs  dinerj  du  vau- 

riage      de       Scarron  ;       JMonsieur  dcvillr,  d;iiis    U  rccuril  do   laquelle    on    trouve 

C-/7                            11       ,            ,•,                r  quclfiucs  chansons  Uc  iui,  nui   ne   sont  pas   les 

uiUaume ,  excellente  petite  corne-  lîieiUfurcs.                                   a--t. 

Lvii.  14 


210 


BAR  BAR 


sioDS  anli-répuLlicaines  qu'il  fait  tous  table  opéra-comique.  C'est  ainsi  que 

les  soirs. — Général,  j'en  suis  désolé  ;  les  choses  changent  de  nom  ;  mais  les 

mais  je  ne  sais  aucun  moyen  de  les  noms  ne  peuvent  changer  les  choses, 

empêcher. — J'en  sais  un,  moi. — Le-  Le  vaudeville  ,   ainsi  modifié  ,  plaît 

quel,  général,  s'il  vous  plaît?  —  Je  généralement    en    France    et   même 

ferai  mitrailler  voire  parterre.  »  C'é-  ailleurs;  car  ce  genre,  traité,  il  faut 

tait  au  milieu  des  victoires  de  l'armée  le  dire  ,  avec  encore  plus  d'élégance 

dllalie  que,  tout  en   les  .admirant,  et  d'esprit  par  un  auteur  remarquable 


penser  aux  rcpubhcains  qui  van-  de  socieie  aans  presqi 
teiit  et  même  regrcUent  Bonapar-  rope,  mais  nous  pourrions  citer  des  vil- 
le.—  Barré,  très-bon  pour  sa  fa-  les  étrangères,  Munich,  par  exemple, 
mille,  ne  le  fut  pas  moins  pour  ses  où  l'on  commence  a  jouer  dans  la 
acteurs  qu'il  ne  cessa  de  protéger,  langue  du  pays  nos  vaudevilles  tra- 
Cet  homme  si  brusque  leur  ren-  duits ,  en  les  chantant  sur  nos  airs 
dail  beaucoup  de  services  :  un  jour,  souvent  très-agréables.  Ce  que  je  dis 
il  en  rencontra  un  qui  sortait  de  des  vaudevilles  actuels  ne  doit  pas 
l'administration   eu    pleurant   parce  empêcher  d'apprécier  ceux  de  Barré  et 


ui  ôlail.  Après  avoir  pendant  vingt-  il  se  perd  une  quantité  incroyable 
trois  ans  dirigé  le  théâtre  du  Vaude-  de  bonne  musique,  on  n'a  pas  d'idée 
ville  ,  il  désira  prendre  du  repos  et  de  tout  l'esprit  qui  se  perd  en  France, 
fut  remplacé  en  i8i5  par  Dcsau-  également  par  la  multinlicilé  de  la 
giers.  Le  genre  qu'il  a\ait  rétabli  production.  Carré,  retiré  avec  une 
n'avait  eu  que  trop  de  succès  ;  car  [)ensiou  bien  méritée  et  uue  for- 
cin(}  ou  six  théâtres  l'imitaient  et  tune  assez  médiocre,  passa  le  reste 
rivalisaient  avec  le  sien  en  donnant  de  sa  vie  a  la  campagne.  Il  n'avait 
aussi  des  vaudevilles.  Il  faut  dire  fas  oublié  pour  cela  le  théâtre  ,  et 
que  chez  lui  et  partout  on  avait  plus  qu'octogénaire  ,  il  y  paraissait 
senti  la  nécessité  d'enlreuiêler  les  ^ouveiil.  Jamais  il  ne  s'était  rappro- 
couplels  de  prose  et  de  beaucoup  de  clié  de  son  premier  collaborateur 
prose.  Ce  genre  ainsi  constitué  pas-  Piis;  mais  la  fortune  leur  avait  ré- 
sera difficilement  de  mode  en  Fran-  serve  une  triste  et  dernière  associa- 
ce-  il  V  a  même  nui  K  Yopcra-cumi'  lion.  Barré  mourut  le  5  mai  1802  , 
que  propreiiienl  dit,  (lui,  au  moment  du  choléra;  et  la  même  maladie  eu- 
011  j'écris,  obi  lent  moins  de  faveur  et  leva  Piis  peu  de  jours  après  (5). 
de  succès.  Mais  c'est  (pie  l'opéra-co-  ,  C.  D.  L. 
ml(iue,  forcé  de  se  charger  iV^  niusl-  BARUK  (Guillaume)  ,  né  cii 
que  et  de  linales,  apres(pie  cessé  d'è-  Allemagne,  vers  1760,  d'une  famille 
Ire  l'opéra-comiipie;  et  au  conirairc  de  protestants  français  réfugias,  sér- 
ie   vaudeville    aujourd'liul    mêlé    de  — 

jolis  airs  et  même  de  jolis  duos,  trios  (3)  H.irr*  .ivait  inttilué  su  lé((«l«ir«  unirer- 

€l_  ([uatuors  empruntes  al  om-ra-co-  ^^^^.  ^,^.^^,^^^  ,^^^^  ^^.^_^^^  ^^.  j,,„j,.,,i,  ,,,  ,„;,„ 

nii(Mie  lui-même,  est  au  lond  le  véri-  lu  i)iujDffetiueu».  v— vi. 


BAR  BAR                  ail 

vil  trabord  dans  la  marine  russe,  et  d  après  ses  ])rincipc.s ,  un  des  ])lu» 
AÏiil  eu  France  .lu  coniineuconienl  de  grands  cl  i\cs  j)lus  riches  étaMissc- 
la  révolnlldn  dont  il  embrassa  la  nienls  de  l'île.  Le  j^onvernenieiil,  in- 
cause  avec  beaucoup  (fardenr.  Il  lit  forme  des  succès  qu'avait  obtenus 
les  premières  campagnes  dllalie  dans  l>arré,  le  nomma  membre  de  la  cbam- 
Tarmée  française  et  y  devint  capi-  bre  d'a^rirullure  cl  de  commerce 
tainc.  Parlant  et  écrivant  toutes  les  des  colonies;  et,  jxndant  dix  ans 
langues  de  l'Europe,  il  lut  distingué  (ju'il  remj)lit  ces  fonctions,  il  ne  cessa 
par  le  général  Bonaparte,  et  devint  d'entretenir  une  corrcspoiidance  Irès- 
soninterprèle  avecdouze  mille  francs  active  avec  le  ministère  sur  les  inlé- 
de  traitement.  Mais  ayant  composé  rets  de  Saint-Domingue.  Il  eut  beau- 
coutre  lui  des  couplets  satiriipies,  il  coup  de  part  a  la  création  au  Cap  d'une 
fut  obligé  de  fuir  ;  ce  (pii  était  assez  académie  connue  sous  lenora  de  6er- 
diflicile  en  France  a  cette  époque,  de  des  PlUladelphes^  et  qui  rendit 
Ne  pouvant  vovager  par  terre  ,  il  de  grands  services,  en  répandant 
détacha  pendant  la  nuit  ,  du  rivage  parmi  les  colons  la  connaissance  de 
une  petite  barque,  et  descendit  ainsi  pratiques  utiles  et  le  goût  des  scicn- 
sur  la  Seine  jusqu'au  Havre;  d'où  il  ces  naturelles.  De  retour  en  France, 
gagna  l'Angleterre  sur  un  bâtiment  en  1788,  Barré  tenta  de  s'opposera 
américain.  Arrivé  à  Londres^  il  se  l'adoption  de  mesures  qui  devaient 
moqua  de  la  police  de  Paris,  dont  entraîner  la  ruine  des  colonies;  mais 
il  avait  trompé  la  surveillance  ;  tous  ses  efforts  furent  inutiles  ,  et  il 
et  se  vengea  de  Napoléon  en  pu-  eut  la  douleur  de  voir  toutes  ses  pré- 
blianJ;  en  prose  ,  dans  la  langue  du  dictions  réalisées.  Avec  les  débris  de 
pays,  des  écrits  qui  ne  sont  pas  au-  son  immense  fortune,  il  acquit  aux  cn- 
jourd'hui  moins  oubliés  que  ses  chan-  virons  de  Paris  un  domaine  d'une 
sons  :  I.  Histoire  du  consulat  frafi-  assez  grande  étendue,  mais  d'un  rap- 
çais  sous  Bonaparte  ,  Londres  ,  port  médiocre  ,  et  il  en  dirigea  lui- 
1807.  ^l'  L'origine ,  les  progrès,  même  l'exploitation  avec  tant  d'ha- 
ia  décadence  et  la  chute  de  Bona^  Lileté,  qu'en  peu  d'années  il  en  dou- 
parte  en  France^  Londres,  181  5,  bla  les  revenus.  Admis  en  i8o3  a 
in-8^.  Ce  dernier  ouvrage  devait  la  société  d'agriculture  du  départe- 
être  composé  de  deux  volumes,  mais  ment  de  la  Seine,  il  lui  communi- 
le  second  n'a  point  paru.  Barré  a  tra-  qua  plusieurs  mémoires  sur  le  code 
duit  en  français  l'ouvrage  de  Sidoey-  rural,  sur  la  possibilité  et  sur  les 
Smith  sur  l'expédition  d'Egypte.  Cet  moyens  d'introduire  dans  les  par- 
auteur  s'est  donné  lui-même  la  mort  tics  méridionales  de  l'Europe  la  cul- 
à  Dublin,  en  1829.  ^-  ^^"^^^  ^^^  coton,  du  café,  de  l'indigo 
BARRÉ  DE  SAINT  -  VE-  et  surtout  de  la  canne  a  sucre.  Mal- 
IVAXT  (Jeak)  ,  agronome  ,  né,  en  gré  son  âge  avancé ,. Barré  devait  al- 
1737  ,  a  Niort,  entra  jeune  comme  1er  dans  le  royaume  de  Naples  diri- 
officier  dans  un  régiment  de  cavale-  ger  une  plantation  de  cannes  a  sucre, 
rie  ,  et  fut  envoyé  à  Saint-Domingue,  elles  préparatifs  de  son  départ  étaient 
Ayant  observé  les  diflércnts  modes  ter^ninés  lorsqu'il  mourut  au  mois  de 
de  culture  employés  dans  la  colonie,  février  181  0,  a  75  ans.  11  est  auteur 
il  en  reconnut  les  vices ,  trouva  les  d'un  ouvrage  intéressant  .  Des  co- 
moyens  de  les  corriger,  et  forma,  lonies  modernes  sous  la  zone  tor- 


2Ï2 


BAR 


ride ,  et  particulièrement  de  celle 
de  Sninl-Dommgue,  Paris,  1802, 
in  8^^  avec  caries.  W — s. 

BARREAU  (FEATfçois),  célè- 
bre tourneur,  naquit  a  Toulouse  le 
26  sept.  lySi,  et  vint,  jeune,  s'éla- 
blir  a  Avignon ,  où  l'hounêtetc  de 
ses  mœurs  et  l'urbanité  de  son 
caraclère  ,  non  moins  que  son  talei.t 
dans  un  art  qu'il  cultivait  déjà  avec 
dislinclion,  le  firent  accueillir  dans  les 
meilleures  maisons.  Estimé  et  consi- 
déré ,  jouissa''t  d'une  honnête  aisan- 
ce, et  n'aynnt  d'autre  ambition  que  de 
s'élever  de  la  classe  des  artisans  au 
rang  des  artistes  ,  il  s'occupait  sans 
relâche  a  perfectionner,  à  invcnler, 
soit  dans  ses  instruments  et  dans  ses 
procédés ,  soit  dans  les  ouvrages  qui 
sortaient  do  ses  mains.  La  révolution 
de  1789  arriva,  et  Barreau  était  plus 
que  sexagénaire,  lorsque  le  choix  de 
ses  concitoyens  le  porta  a  des  fonc- 
tions municipales,  qu'il  eut  le  cou- 
rage ou  la  faiblesse  d'accepter.  Mais 
bientôt  une  de  ces  réactions  politi- 
ques, si  fréquentes  dans  Avignon,  le 
contraignit  d'abandonner  cette  ville, 
vers  T797  ,  et  lui  lil  perdre  une  par- 
tic  de  sa  fortune.  Réduit  a  cliercbcr 
une  nouvelle  pallie  ,  il  se  décida  sa- 
gement pour  Varis  ,  suivant  le  conseil 
de  M.  de  Forlia  d'Urban  ,  dont  les 
recominandalions  lui  furent  fort  uti- 
les. 11  y  apporta  ses  outils  ,  son  in- 
dustrie cl  ses  ouvrages,  en  fit  de 
nouveaux  ,  cl  y  fut  si  promj)leuient  et 
si  avantageusemcnl  connu,  (pic  iM'S  le 
5()  mai  1799,  ■'>ur  le  rapport  d'une 
commission  nommée  ])ar  le  ministre 
de  riiitérieiir,  plusieurs  de  ses  r7/r/À- 
d'mn're  furent  jugés  dignes  d  être 
placés  au  conservatoire  dvs  arts  et 
métiers.  TVieiilôl  un  lojremeut  lui  lut 
accordé  dans  les  bîilimenls  de  1  an- 
cien rolleiM' (le  Navarre.  Ces  cneoii- 
rageinenls  slimulèreiil  Lîaircau,  et  le 


BAR 

mirent  en  position  d'en  obtenir  de 
nouveaux.  Le  10  juin  1800,  une  com- 
mission composée  de  Monge,  Char- 
les et  Perrier,  fit  a  la  première  cbisse 
de  l'Institut  le  rapport  le  plus  ho- 
norable sur  ses  travaux  ,  sur  leur  va- 
riété 5  sur  le  bon  goût,  l'élégance  et 
les  belles  proportions  de  leurs  for- 
mes ,  la  précisicn  et  la  délicatesse 
de  leur  exécution.  Elle  donnait  en 
même  temps  de  justes  éloges  k 
liutelliojence  et  a  l'adresse  de  l'ar- 
tisle  5  a  sa  patience,  K  son  cnlhou- 
siasme ,  qui  lui  avaient  lait  vain- 
cre des  difficultés  jusqu'alors  insur- 
montables, et  recuit  r  les  bornes  de 
son  art  5  enfin  a  rextrême  simplicité, 
k  la  justesse  et  a  la  solidité  des  outils 
qu'il  avait  exécutés  et  perfectionnés 
lui-même,  et  surfout  de  son  tour  en 
l'air  et  de  son  tour  h  pointes  ,  bien 
préférables  aux  tours  plus  compliqués. 
L'envie  et  la  malveillance  avaient  ac- 
crédité le  faux  bruit  que  Barreau  n'é- 
tait point  l'auteur  des  merveilles  qu'il 
présentait  j  son  extrême  modestie  ne 
se  serait  point  offensée  qu'on  eût 
trouvé  ses  ouvrages  imparfaits.  «  Je 
tâcherai  de  faire  mieux,"  aurait-il 
dit.  INJais  il  fut  sensible  k  l'injustice 
qui  osait  lui  en  disputer  la  paternité. 
Malgré  son  âge  avancé  ,  il  ne  craignit 
pas  d'entrer  dans  l'arène  et  de  défier 
ses  adversaires,  ijn  rapport  lu  à  l'a- 
thénée (les  arts,  le  6  sept.  1807, 
con.slata  (pi  on  l'avait  vu  exécuter  un 
ouvrage  demaiulé  au  hasard,  cl  le 
conduire  juscpi'k  la  fin,  avec  celle  cé- 
lérité résultant  d'une  main  exercée  et 
de  lasiiiiplicilé  des  moyens;  enfin  (jiie 
Barreau  était  sans  égal ,  comme  il 
avait  été  sans  maître.  A  la  suite  de  ce 
rapport  ,  le  président  luiremil  la  mé- 
daille et  la  couronne,  en  disant  : 
a  Soixanle-sei/.e  ans  de  travail  n'ont 
fait  (pré|iurer  votre  goût  .  sans  alté- 
rer \d  lermflé  de  celle  luaiu  liabiluco 


BAR 

il  nrocluirc  (.liaijin'  )()iir  de  nouveaux 
|)io(li{^cs.  Pour  l'Ile  le  simple  ciseau 
osl    le  sieplre  ilu  lour  j  au  nom  de 
ralliénée  des  arls,  j'en  pose  sur  vo- 
ire lèle  la  couronne.  5)  Peu  de  temps 
nprès  ,  IJarreau  fut  reçu  membre  de 
l'alliénée  et  ensuile  de  la  société  des 
iiivenlions,  découvertes  et  perfection- 
nements. 11  l'était  déjade  ralliénée  de 
Vaucluse.  De  nouveaux  rapports  des 
deux    sociétés    parisiennes  ,    en    fa- 
veur d'ouvrages   plus  récents  de  cet 
homme  habile,  acbevèreul  d'établir 
sa    réputation    et  de   prouver    (pi'il 
avait  porté  l'art  du  tour  a  un  point 
de  perfection  jusqu'alors  inconnu.  Ou 
n'attend  pas  que  nous  fassions  ici  l'é- 
numération  et  encore  moins  la  descrip- 
tion de  tous  les  chefs-d'œuvre  sortis 
des  mains  de  Barreau,  Il  suffira  de 
donner  au  lecteur  «ne  idée  de  la  pièce 
qui  est  devenue  pour  lui  le  type  d'ou- 
vrages plus  délicats,  plus  élégants  et 
plus  perfectionnés.  C'est  une  sphère 
eu  ivoire  de  4-  pouces  de  diamètre, 
portée  sur  un  piédestal  on  ébène  ,   et 
percée   a  jour  de  3o  ouvertures    au 
moyen  desquelles  l'artiste  a  travaillé 
dans  le    même  bîoc  une   urne  dont 
le  pied  titnt   a  la  sphère  par  un  pi- 
vot à  vis  ,  et  dont  le  couvercle  se  dé- 
visse k  volonté.  Dai  s  cette   urne  se 
trouve   une    autre    boule    également 
percée  à  jour,   et  qui  conlienl  une 
étoile  a  douze  rayons.  Cette  pièce  fut 
faite  à  Avignon  ,  il  y  '^  près  de  5o  ans 
pour  la  famille  de  l'auteur  de  cet  ar- 
ticle ,  qui  la  possède  encore.  Barreau 
en  fit  depuis  quelques  autres  a  peu 
près  semblables  pour  1  invention  ,  la 
forme  et  les  dimensions.  Mais  a  Paris 
il  exécuta   ces  sphères  avec  plus  de 
hardiesse   et  de  perfection  ,  soit  de 
même  graideur  ,  et  eonlenanl  t)  a  i  0 
pièces  ditiéi  entes,  les  unes  dans  les  au- 
tres 5  soit  dans  des  proportions  beau- 
coup plus  petites ,    puisqu'il    y   eu 


liAK 


21 3 


a  (jui    n'ont    pas   plus    de  i5    lignes 
de  diamètre  ,  »l    (pii  sont  percées  et 
compliipiées  ii  l'extrémité  du   même 
bloc,  dont  il  faisait  une  colonne,  \\n. 
obéliscpie ,  une  aiguille  ,  auxquels  la 
boule  semblait  ne  tenir  que  par  un 
fil.  Ilarreau  adapta  dépareilles  sphè- 
res a  une  pièce  composée  de  douze  co- 
lonnes, circulairement  placées  ,  et  de 
même  hauteur,  mais  uilfércMiles  par 
les  ornements  qu'elles  supportent ,  et 
entre  lesquelles  sont  des  candélabres 
qui  tiennent  a-la-fois  du  goût  antique, 
moderne,  arabesque  et  chinois.  Nous 
supprimons  les  autres  détails  de  cette 
pièce  admirable,  connue  sous  le  nom 
de  Kiosk  ,  qui  a  vingt-six  pouces  de 
haut  sur  seize   de   large ,  a  sa  base 
Barreau  l'offrit  à  Napoléon  ([ui  lui  fit 
compter  iooo  francs  ,   et  la  plaça  à 
Triauon.  D'autres  rapports  lus  aux 
deux  sociétés  dont  Barreau  était  mem- 
bre, avaient  mentionné  honorablement 
les  nouveaux  ouvrages  dont  s'occu- 
pait sans  relâche  l'infatigable  vieil- 
lard. Tous  y  manifestaient  le  désir  que 
cet  artiste  pubhàtun  ouvrage  élémen- 
taire où  il  expliquerait  ses  procédés  j 
mais  soit  paresse  ,  soit  modestie  ,,soit 
inhabileté  a  rédiger  la  théorie  d'un 
art  qu'il  pratiquait  avec  une  supério- 
lité  si  marquée  ,  Barreau  ,  a  l'excep- 
tion de  ({uelques  mîtes  pour  son  usage, 
n'a  rien  écrit,  quoicpi'il  n'ait  pas  cessé 
de  travailler  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  2  août  i8i4,a  85  ans.  N'ayant 
iamais  été  marié,  il  n'a  point  laissé 
d'Iiéritiers  de  son  secret.  Plusieurs  de 
ses  ouvrages  ,  admirés  a  diverses  ex- 
positions de  l'industrie,  et  achetés  par 
le  gouvernement,  figurent  encore  au 
conservatoire  des  arts  et  métiers. 

A T. 

BARRETT  (John),  savant 
anglais,  né  en  1763,  fils  d'un  ec- 
clé.>la.il\([ue  ,  entra  lui-inème  dans  l'é- 
glise 5    devint   membre    du   collège 


21 4  BAR 

de  la  Trinité,   a  Dublin  ,  Bibliothé- 
caire et  professeur  de  langues  orien- 
tales.  Il  était  doué  d'une  mémoire 
prodigieuse;  et,  donnantpresque  tou- 
tes ses  heures  a  l'étude,  il  acquit  une 
érudition  étendue   et  profonde.    La 
société  n'avait    aucun    attrait    pour 
lui,  et  il  ne  lui  faisait  aucun  sacri- 
fice. Ses  habits  étaient  sales  et  hors 
de  mode  ,  et  ses  manières  élranges. 
On   ne   le    voyait   guère    sortir    de 
l'enceinte  du  collège  ,  que  lorsqu'il 
^tait   chargé  de  prêcher  le  carême, 
lorsqu'il  allait   loucncr   ses   revenus 
k  la  Banque;   et  s'il  consentait  à  vi- 
siter un    ami,    c'était    k    condition 
qu'il  n'y  aurait  pas  de    femmes.  Le 
peu  de  dépense  qu'il  faisait  lui  avait 
permis  d'amasser  une  fortune  con- 
sidérable,   et    la     connaissance    que 
l'on  avait  de    son  trésor    faillit    lui 
coûter  la  vie.  Le  cortcierge ,   qui  le 
lauva  dans  celte  occasion  ,    fut  dès- 
lors    son    confident,   et   il    ne  l'ou- 
.  blia  pas  dans  l'acte  de  ses  volontés 
dernières.    John  Jjarrctt    mourut    a 
69    ans  ,    le   i5   novembre    1807  , 
laissant  par  son  testament ,   près  de 
cent  mille  livres  slcrlino;  destinées, 
suivant  ses  expressions,  «  h  nourrir 
a  ceux  qui  ont  laim,  clkvètir  ceux  (|ui 
«  sont  nus.  jj  On  lui  a  reproché  toute- 
fois de  n'avoir  assigné  que  peu  de  chose 
ksesqualrenièces,quiélaienl  dausune 
situation  peu  aisée.  On  a  de  lui  :  L  Rc- 
c/icrc/ics  sur  l'on  f^i ne  des  conslcl- 
liilions  (fui  conifioscnt  le  zodiaqui'^ 
cl   sur  les  //suites  auxquels   elles 
furent  (lest iures  ,    i^oo.  If.  Passai 
sur  1(1  première  partie  de  lu  vie  de 
S'wift t  i8o8  ,  in-8"  do  2^2  pages; 
intéressant   morceau   d«î  biographie, 
qui  a   été   inséré  dans  It-s  (Irmièrci 
éditions  des  œuvres  de  cet  homme  cé- 
lèbre,   lll.    iLvnnffelium  scrurulum 
Mut/lururn  ,    ex   rodiee  resrripUt 
in  hibliotJicca  eolle<^ii  SkS.    Trini- 


BAR 

tntis  juxta  Dublin.  ——  Barrett 
[Eaton-Stannard)^  né  en  Irlande, 
suivit  quelque  temps  la  carrière  du 
barreau  et  cultiva  la  littérature.  Il 
mourut  des  suites  de  la  rupture  d'un 
vaisseau  sanguin,  et  n'ayant  encore 
que  35  ans,  le  20  mars  1820.  On 
cite  de  lui:  I.  La  comète  ,  œuvre 
burlesque,  i8o3,  in-8°.  II.  Tous 
les  talents,  poème  satirique,  1807, 
in-8°.  m.  La  femme ,  ou  aven- 
tures de  Chérubin^  poème  1810, 
in-8°.  IV.  V héroïne  y  5  volumes 
in-i2,  seconde  édition  ,  181 4;  ro- 
man plein  d'esprit  et  de  naturel ,  et 
qui  a  eu  un  grand  succès.  L. 

BARRIERE    (Dominique). 
Voy.  Dominique,  XI,  521-22. 

BARRlIVGTOiV  (Shute),  le 
sixième   des  fils  du  lord   de  ce  nom 
{V.  t.  III,  p.  421),  naquit  a  Bccket 
dans  le  Berkshire,  en  1734-,  et  sept 
mois  après  perdit  son  père  des  suites 
d'une  chute.  Il  fil  ses  études  k  l'école 
d'Elon,  et  au  collège  de  Merton  de 
l'université  d'Oxford,  dont  il  devint 
un  des  associés.   Ordonné  en   1766 
par   révèque  d'Oxford,   il  fut  suc- 
cessivement chapelain   ordinaire   du 
roi ,  chanoine  de   Christ-Church  en 
1761,    de  St-Paul  en  1768,  et  sa- 
cré évè(jue  de  Landaff   Tannée  sui- 
vante. L'appui  qu'il  donna  dans  la 
chambre  (les  lords  pour  laire  maint LMiir 
l'obligation  de  souscrire  aux  trente- 
neuf  articles  lui   suscita  des  ennemis 
f);irmi  les  disseuters  «pii,  considérant 
es  sentiments  religieux  que  sa  famille 
avait  professés,  srndilnieut  lui  repro- 
cher uue  sorte  de  désertion.  Kn 1779, 
il  proposa  un  bill  tendant  h  prévenir 
plus  ellicnrement  le  crime  ilailidlèrc; 
mais  ce  bill,  après  une  deuxième  lec- 
ture dans  la  chambre  des  communes, 
lui    écarté   par   Pinlluence   de    Fox. 
lii-  roi  (ieorgcs  III,  (jui  avait   pour 
lui  la  plus  haute  estime  ,  et  quiTap- 


BAR  BAR                   21 5 

pelait  son  Anjur ,  l'i-lcv.!  de  son  sa  ranii'Tf»  litlcrair(î  par  une  J^s- 
pronre  moinrmcut  an  slrj^c  cpisco-  fjiiissc  de  ht  lùc  p()lili(iu('  de  son 
pal  (le  Salisltiirv.  (îoiiinie  la  catiic-  J'irrc  ly il litun,  (Iciixirnic  vicomte 
drale  el  le  palais  l()iiii)aii'nl  ou  ruines,  Jintrin^loii.  Dans  la  rcdacliou  cleccl 
une  souscriplioii  lui  ouverte  pour  ouvrage  il  fut  aidé  par  son  cousin  sir 
les  réparer.  Un  jour  un  liominc  sim-  Tlionias  Bernard  [Voy.  ce  nom,  au 
plemenl  vêtu,  après  avoir  visité  i'é-  Siipp.)  ,  (jui  le  seconda  également 
glise ,  demanda  le  registre  de  la  ])()ur  satisfaire  son  pendiajit  à  la 
souscription  ,  et  mit  dans  les  mains  i)icnraisance,  en  fondant  des  sociétés 
du  commis  un  bdlet  de  hanquo  de  charitables  et  des  écoles,  et  en  sou- 
mille  livres  sterling  au  nom,  dit-il,  tenant  des  liônilaux.  Des  liommes 
d'un  gentleman  du  Berkshire.  On  distingués  et  utiles  trouvèrent  en  lui 
sut  plus  lard  (jue  ce  gentleman  si  un  proleclenr  actif,  entre  antres 
généreux  était  le  roi  lui-même.  Tho-  William  Paley,  auteur  de  la  Théolo- 
mas  Thurlow  ,  évécpie  de  Durliam,  gîe  naturelle,  Carlyle,  connu  par  ses 
étant  décédé  en  1791,  Barringlon,  voyages  en  Orient  ,  Andrew  Bell 
toujours  favorisé  par  le  monarcjue,  cpii  a  introduit  en  Angleterre  et  per- 
ohlinl  cet  évèché  si  ambitionné.  11  pu-  fectionné  une  mélLode  d*enseigne- 
blia  plusieurs  mandements  :  dans  l'un  ment  [K.  Bell,  dans  ce  volume), 
d'eux,  en  1801,  il  attribuait  la  pre-  Faber ,  auteur  d'ouvrages  sur  les 
mière  cause  de  la  révolution  fran-  prophéties,  le  docteur  Gray  ,  a  qui 
caise  k  ce  qu'il  appelait  les  corrup-  l'on  doit  une  clé  de  l'ancien  Tcsta- 
tions  de  l'église  de  Rome.  En  1806,  ment.  Il  n'y  avait  peut-être  pas  dans 
il  revint  sur  ce  sujet,  et  imprima  ses  Londres  une  institution  charitable 
idées  sous  ce  titre  :  Motifs  pour  les-  pour  laquelle  l'évêque  de  Durhara  ne 
quels  l'église  d'Angleterre  s'est  fût  un  généreux  bienfaiteur*  el  par 
séparée  de  l'église  de  Rome.  Ans-  son  testament  les  effets  de  sabienfai- 
silôt  un  prêtre  catholique  de  ]New-  sance  se  sont  étendus  au-delà  du 
caslle  prit  la  plume  pour  accuser  sa  tombeau.  Ou  voyait  réunis  a  sa  table 
Seigneurie  «d'avoir  prêché  d'un  bout  des  ministres  non-conformistes,  des 
k  l'autre  de  son  diocèse  une  sainte  catbolicjucs  romains,  des  quakers, 
croisade  contre  les  opinions  et  les  d'illustres  étrangers.  L'un  des  der- 
personnes  des  catholiques.  »  Quant  nicrs,  Mirza  Abou-Talcb  ,  qniaécrit 
aux  personnes,  l'imputation  était  une  curieuse  relation  de  ses  voyages  , 
injuste,  car  dans  le  même  temps  où  dont  une  traduction  anglaise  a  été  pu- 
le  prélat  signalait  son  zèle  contre  les  bliée  k  Calcutta,  s'est  plu  k  rendre 
progrès  du  catholicisme,  il  employait  hommage  a  ses  vertus  {P^oy.  Acou- 
une  partie  de  son  revenu  k  secourir,  Taleb,LVI,  zio).  La  figure  decepré- 

f)ar  Tenlremise  de  l'avocat  Butler  ,  lat  était  noble  et  sa  taille  élevée.  Dans 
es  prêtres  français  réfugiés  dans  la  sa  première  jeunesse  il  paraissait 
Grande-Bretagne.  La  controverse  menacé  de  consomption;  mais  par 
fui  continuée  néanmoins  pendant  la  tempérance  et  par  l'exercice  il  par- 
quelque  temps.  En  i8ri,  l'évê-  vint,  exempt  de  n;a1adies  graves, 
que  de  Diiriiam  recueillit  en  un  k  l'âge  de  52  ans.  Moitié  27  mars 
volume  les  sermons,  mandements  el  1826,  il  fut  inhumé  «ans  pompe, 
tulres  écrits  qu'il  avait  publiés  k  di-  conformément  k  ses  dernières  volon- 
Terses  reprises.  Eu  181  5,  il  termina  tés.                                          -    L. 


ai  6                 BAR  BAR 

BARRIS  (Fierre-Jeak-Paul),  ile  Paris  publièrent  alors  son  éloge 
président  h  la  cour  de  cassation,  lui-  sans  restriction  •  le  Courrier  Frun- 
quit  a  Monlesquiou,  eu  Gascogne,  le  çais  fut  le  seul  qui  l'accusa  de  fai- 
5o  juin  lySp,  d'une  famille  de  hoiir-  blesse  et  de  complaisance  pour  le 
geoisie  considérée,  et  Et  ses  études  h  pouvoir.  MM.  de  Laplague  ,  neveux: 
Toulouse.  Se  sentant  un  goût  très-  de  Barris,  prirent  sa  défense  avec 
vif  pour  les  voyages,  il  parcou-  beaucoup  de  chaleur  dans  le  Bloni- 
rut  pendant  plusieurs  années  toutes  teur  Am  lo  août  1824.5  et  ils  prè- 
les parties  de  l'Europe,  et  ne  revint  sentèrent,  comme  un  témoignage  in- 
dans sa  patrie  qu'après  avoir  recueilli  contestable  de  sa  fermeté,  la  con- 
nu grand  nombre  d'observations  sur  duile  qu'il  avait  tenue  dans  l'affaire 
les  mœurs  et  la  législation  de  ces  diffé-  du  jury  d'Anvers,  où  sa  résistance 
rentes  contrées.  Il  exerça  depuis  avec  aux  volontés  du  despotisme  impérial 
beaucoup  d'éclat  la  profession  d'avo-  fut  généralement  admirée.  M-d  j. 
cat.  Dès  le  commencement  de  la  ré-  BARROAV  (Jean),  compilateur 
Tolution,  il  s'en  montra  partisan,  mais  anglais  s'élait  fait  connaître  avanta- 
avec  beaucoup  de  modération,  et  fut  geusement^,  comme  auteur  d'un  Dic- 
nomme  en  1790  commissaire  du  roi  tionnaire  géographique ,  lorsqu'il 
près  le  tribunal  de  Mirande ,  puis  publia,  sous  le  voile  de  l'anonyme, 
député  h  l'assemblée  législative ,  où  un  Abrégé  chronologique  ou  his- 
il  ne  parut  point  k  la  tribune,  mais  toire  des  découvertes ^  faites  par 
se  fil  remarquer  par  la  sagesse  de  les  Européens ,daîis  les  différentes 
s,cs  opinions  et  par  son  zèle  a  prépa-  parties  du  jMo/ule  ^honàics  ^  ijS6, 
rer  dans  les  comités  tout  ce  qui  tenait  11  donna  ,  en  1765,  sous  son  nom, 
a  la  jurisprudence  et  au  droit  civil,  une  nouvelle  édition  de  cet  ouvrage 
Revenu  dans  son  pays  après  la  révo-  et  il  y  ajouta  plusieurs  découvertes 
lution  du  I  0  août  i  792,  il  fut  obligé  importantes.  Le  succès  que  cette  his- 
de  se  tenir  caché  pendant  tout  le  rè-  toire  obtint  eu  Angleterre,  engagea 
gne  de  la  terreur ,  et  n'échappa  que  Targe  a  en  publier  une  traduction 
par  la  fuite.  Le  collège  électoral  française ,  qui  parut  sous  le  même 
du  Gers  le  nomma  en  1796  jugea  la  titre,  Paris,  1766,  12  vol.  iu-i2. 
cour  de  cassation  j  et,  quand  le  terme  Le  tome  premier  et  le  second  contien- 
de  ses  fonctions  fut  arrivé ,  le  direc-  nent  les  voyages  de  Christophe  Co- 
toire  l'envoya  dans  les  déparlements  lomb,  de  Vasco  de  Gama  ,  d'Alva- 
du  Rhin  pour  y  présider  les  tribunaux  rcz  Cabrai  cl  de  Feriiand  Corlez, 
de  révision.  Lors(jue  Boiiaj)arte,  de-  de  i/|.,92  a  i5',>3  ,  et  les  deux  der- 
vint  premier  consul,  Barrislut  nommé  nicrs  les  voyages  d'lJl!oa,  d'Anson  , 
un  des  conseillers  a  la  cour  de  cassi-  d'iillis,  et  le  naufrage  du  vaisseau 
lion;  cl  le  i  7  avril  1806  il  y  devint  le  Dodi/iglon ,  de  1755  h  1755, 
présidentdelaseclioncriiuinclle. C'est  Les  autres  volumes  sont  consacrés 
dans  1  exercice  de  cvs  importantes  aux  voyages  de  Pi/arre,  Solo,  Magel- 
fonetioiis  (ju'il  a  passé  les  dernières  !an,  llalcigli,  Tiioinas  llowe,  INieu- 
anuées  de  sa  vie;  et  il  s'y  est  fait  re-  lioll,  Baldauis,  Dampier,  \\  aler,  Ilo- 
iiiarcpicr  dans  toutes  les  occasions  par  gt'rs,  cl  une  dlxaine  d'autres  aux- 
sesluniièresel  parsaprobité.  Cedigno  (|uels  l'auteur  a  donné  nu)ins  d'éten- 
magislralesl  mort  à  Paris  le  27  juil-  (lue,  mais  ou  n'y  trouve  aucun  des 
ici  1824-  La  plupart  des  journaux  nombreux   voyages   au   Levajil,   eu 


lîAJl  JJAll                   9.17 

J^crsc,  cil  Fgvplr,  en  lîarl)ari(',  i  le,  voy.ij^c  ([ul  ne  lui  fut  pns  moins  iillle 
à  rcxceplioiulcccux  de  Ccim-lIlCar-  (jii  a  sou  cicve.  De  rcloiir  en  France 
rcri,  qui  y  llcnncnl  diiix  \  oliinics.  J^e  in  1774  ,  il  fui  fail  anniônirr  de  la 
Iradiiclcur  .se  [uoposail  de  donner  j)iiuccsse  de  Conli  (i_),  cl  devint  l'un 
une  suileli  ctl  ouvrage  ,  en  y  joignant  des  coUaboralcurs  de  Y  Année  lilté- 
un  extrait  dos  vova;^os  modernes  p:ir  rnirc.  Ce  fut  dans  les  loisirs  (juc  co 
terre;  mais  il  fui  arrêté  par  la  pu-  travail  pouvait  lui  laisser  f|u"'il  entre- 
Micatiou  du  prospectus  de  r///5/o//-tf  prit  de  réfuter  les  divers  systèmes 
(les  voyages,  de  l'abhé  Frevosl,  des  pliiIosoj)lics  antichréliens.  Son 
entreprise  littéraire  qui,  exéculée. sur  ouvraj>^c  ,  écrit  en  forme  de  lettres 
un  plan  plus  vaste  ,  bien  (pi'imparfail,  qu'il  iiililula  les  Hehienncs ,  de 
fit  oublier  en  France  Touvrage  de  Tancicn  nom  des  habitants  du  Viva- 
Barrow  et  sa  traduction.  Barrow  est  rais  (Ilc/vii),  est  resté  le  premier 
mort  vers  la  iin  du  dernier  siècle. — 11  titre  de  Barruel  a  la  célébrité.  Sans 
ne  faut  pasle  confondre  avec  sou  don-  doute  on  doit  lui  reprocher  de  nia- 
ble bomonyme,  JM.  Jean  Barrow.  qui  voir  pas  assez  épargné  les  personnes 
est  vivant  et  connu  par  les  relations  dont  il  combattait  les  faux  systèmes, 
des  voyages  qu'il  a  faits  personnelle-  et  d'avoir  fait  un  emploi  trop  fréquent 
mentjdepnis  1792,  en  Chine,  en  Co-  de  Pironie  j  mais  on  ne  peut  lui  refu- 
cbincbine  et  dans  rAfri(jue  méridio-  scr  de  l'esprit,  de  la  malice  et  le  mé- 
nale,  et  qui  ont  été  traduits  par  Cas-  rite  si  rare  d'être  toujours  intéressant 
sera,  Malte-Brun  et  M.  Walckc-  et  clair  eu  discutant  les  questions  les 
naer.  A — ï.  plus  obscures.  Son  compatriote , 
BARRUEL  (l'abbé  Augustin),  Soulavie,  qu'il  n'avait  pas  plus  mé- 
l'un  des  plus  zélés  adversaires  de  la  nagé  que  les  autres,  ayant  essayé  de 
philosophie  du  XVIIP  siècle,  naquit,  défendre  son  sentiment  sur  la  forma- 
en  174.1,  H  \illeneuve-de-Berg,  dans  tiou  delà  terre,  il  lui  répondit  par  un 
le  Yivarais,  d'une  famille  honorable,  écrit  intitulé  :  La  Genèse  selon  M. 
Après  avoir  terminé  ses  études,  il  Soulavie  {^2).  Celui-ci ,  sentant  bien 
entra  chez  les  jésuites,  et  fut  envoyé  le  tort  que  ne  pouvait  manquer  de 
par  ses  supérieurs  au  collège  de  Tou-  lui  faire  un  pareil  éclat ,  rendit 
lousc  pour  y  professer  la  grammaire  plainte  contre  Barruel  au  Chàlelet; 
latine.  A  la  suppression  delà  société,  mais  l'archevêque  de  Paris  étouffa 
il  partagea  l'exil  de  ses  confrères  qui  l'affaire  en  l'évoquant  a  l'officialilé  • 
refusèrent  de  se  soumettre  a  l'édit  du  et  dans  la  suite  les  deux  adversaires 
roi,  ne  lui  reconnaissant  pasle  pou-  se  donnèrent  des  témoignages  réci- 
voir  de  prononcer  la  dissolution  de  proques  d'estime  et  de  confiance 
leur  institut  sans  le  concours  de  l'au-  [V.  Soulavie,  XLIII,  177).  Après 
torilé  ecclésiastique.  Accueilli  dans  la  morlde  Dinouart  (^.  cenom,  XI, 
les  étals  de  la  maison  d'xYutriche  ,  376),  Barruel  concourut  à  la  rédac- 
il  régenta  quelque  temps  dans  la  Mo-  tion  du  Journal  ecclésiastique  ;  et 
ravie  et  la  Bohême,  et  fut  enfin  nom-  depuis  1788  il  le  soutint  seul  jus- 
mé     professeur    de    rhétorique    au  qu'en  juillet    1792,  avec  un   succès 

collège  Thérésien  a  \ienne.  Barruel       — — 

se  démit  bientôt  de  celte  chaire  pour  f')  S' •^"'"'l  "";i.t''^.P»''^'"cnt  honorif,q.,e. 

se   charger   de   1  éducation   d  Wn  jeune  X\VII,79.Le  pamphlet  do  Barruel  fut  supprimé 

„    •                       l'i                                           T,    !•  iiar  le  "arde-des-sccaux   avec    une  telle  cxacti- 

sejgneur  qu  il  accompagna  en  Italie  ,  \^^,  ,^,%„  ^-^u  eounuit  .ucuu  c.NCinpiaire 


2i8  BAR  BAR 

toujours  croissant  et  un  courage  qu'il  teur  y  établit  en  principe  que  les  pas- 
semblait  puiser  dans  les  périls  mêmes  leurs  admis  a  continuer  ou  a  reprendre 
dont  il  était  entouré  ■  mais,  après  le  leurs  fonctions  au  prix  d'une  simple 
massacre  des  prêtres  dans  les  jour-  soumission  aux  lois  existantespeuvent 
nées  de  septembre,  il  dut  céder  aux  et  doivent  même,  pour  tout  ce  qui  ne 
conseils  de  ses  amis  qui  l'engageaient  contrarie  ni  les  mœurs  ni  la  religion, 
a  fuir,  et  s'embarqua  pour  l'Angle-  faire  cette  soumission  plutôt  que 
terre.  A  Londres,  il  fut  accueilli  par  d'abandonner  les  fidèles  au  schisme, 
le  célèbre  Burke,  dont  il  nous  apprend  h  l'intrusion  ou  a  l'impiété.  En  con- 
qu'il  eut  beaucoup  a  se  louer  (3).  séquence  de  cette  doctrine ,  Barruel 
Son  éloignement  ne  ralentit  pas  son  adressa  au  nouveau  gouvernement  une 
zèle  pour  la  cause  qu'il  avait  embras-  promesse  de  fidélité  5  et  il  obtint  en 
se'e ,  et  de  nouveaux  écrits  signalé-  1802  la  permission  de  rentrer  en 
rent  bientôt  son  exil.  Le  plus  connu  France.  Lors  de  la  réorganisation 
de  tous  est  V Histoire  du  jacobinis-  du  chapitre  de  Notre-Dnme,  il  en 
me  j  ouvrage  dans  lequel  il  attribue  fut  nommé  chanoine  honoraire.  Con- 
la  révolution  française  aux  plnloso-  vaincu  de  la  nécessité  de  faire  cesser 
phes,  aux  francs-maçons  et  aux  illumi-  le  schisme  qui  désolait  l'église  de 
nés  réunis  pour  renverser  la  religion  France,  il  écrivit,  en  faveur  du  con- 
et  toutes  les  instilulioDs  sociales.  Cet  cordât,  un  ouvrage  intitulé:  De 
ouvrage,  auquel  laréputation  de  l'au-  V autorité  du  pape,  qui  fut  réfuté 
teur,  et  peut-être  aussi  la  difficulté  de  vivement  par  l'abbé  Blanchard  [V. 
se  le  procurer,  adonné  quelque  temps  ce  nom,  ci-après)  et  quelques  autres 
une  assez  grande  vogue,  est  h  peu  opposants;  mais  c'est  K  tort  qu'ils 
près  oublié  maintenant.  Toutefois,  essayèrent  de  flétrir  sa  réputation,  en 
il  mérite  d'être  conservé  dans  la  l'accusant  de  s'être  vendu  a  Bona- 
classe  trop  nombreuse  des  livres  siu-  parte.  Placé  comme  émigré  sous  la 
guliers  qui  montrent  jusqu'où  l'on  surveillance  de  la  police  ,  il  y  resta 
peut  être  égaré  par  l'esprit  de  dix  ans,  et  fut  même  en  181 1  arrêté 
sysième  (4.).  11  a  été  rélulé  par  sur  le  soupçon  qu'il  avait  eu  connais- 
Mounier  {V .  ce  nom,  XXX,  324);  sance  du  bref  lancé  contre  le  cardinal 
et  Dus^aull  l'a  assez  bien  caracté-  Maury. Enfin  il  estcerlainqu'iln'aja- 
risé  par  ce  mot  snirituel  :  c'est  mais  reçu  de  l'emporeur  aucun  traite- 
moins  V/iisloire  que  le  roman  du  ment.  Vivant  au  milieu  de  ses  livres 
jacobinisme.  Après  rétablissement  du  et  des  amis  (pii  lui  étaient  restés, 
consulat,  Barruel  fit  paraître  une  Barruel  passa  ses  dernières  années 
brochure  qui  étonna  beaucoup  de  dans  la  retraite ,  et  mourut  a  l*aris  , 
inonde,  et  qui  parut  n'être  que  le  le  5  octobre  1820,  à  79  ans.  Outre 
prélude  (le  son  rtlour  (U  France;  une  traduction  des  yi\7//^vr.ç,  poème 
elle  est  iulilulée  :  l/evau^ile  et  le  latin  du  P.  Hoscovicli  (  y .  ce  nom  , 
cli'ri^ê  sur  la  sou/nission  dans  les  V  ,  216),  et  quehiues  écrits  contre 
réi>aluti<jns,  himdrvs y  1800.  ï/aii-  la  constitution  civile  du  clergé,  le 
serinent  des  prêtres,  le  divorce,  etc., 

m  Mrm.  furleJnrnhiivsme.V,  a68.  on  .^   de   |ni  :    \.    IaS  HvlsicuneS,  OU 

<4)    Diin-ucl    triiiivi\un)'  pn-iive    <lr  In  «'oitjii-  »  ...  »  .1  .  . 

fali.in  i\vn    .i,.vrlo|...i.Ht.»    ri    .Irs    rroiH.ini.si.i  i'CttirS      proVinCtllieS     p/UlOSOptU' 

r.<.nlrr  II!  tniiir  n  l'iiiiicl  «I.MiH  lu  v«rii  i|u'iN  II  r-  nue;       l*aris       1^88        .*>    \ol.    iu- I  2  * 

iiiniciil  (Ir  vnir  l< '/lialiilaiils  (1rs  cniniiugiics  plus  ,       ,  \-  1  •  1  o     t       /  I     •  ~' 

1 1  luire»  sur  leur»  iiiUii>u.  ""  cdlt.,   iblU.,   I  0  2  v*» ,  /|    VOl.  in-I2, 


pn'cccléf  (ruiip  notice  sur  r.iiilnir 
ri  (riiii  Jugoniciil  sur  ses  divers  oii- 
\  r;ij;(\s  par  I^nss.inll  (/  .  ce  nom,  an 
Siipj).).  roules  les  cdilions  antérieu- 
res sont  incomplètes.  II.  Collection 
ecclcsiastique y  ou  Recueil  des  ou- 
vrages faits  depuis  l'ouverture  des 
états- irt^néraux  relalivenicnl  au  cler- 
gé,  l\iris,  1791-95,  12  vol.  in- 8". 
J)ans  un  avertissement  mis  en  tète  du 
premier  volume,  Barruel  prévient 
qu'il  sVsl  donne  pour  associé  h  ce  tra- 
vail M.  l'abbé  Giiillon.  III.  Histoire, 
du  clers^é  de  France  pendant  la 
révolution,  Londres,  1794^,  in-8'^5 
et  avec  des  additions,  Paris,  i8o4, 
2  vol.  in-8"  5  Venise,  17995  i8o5, 
2  vol.  in- 8*^ 5  ouvrage  plein  d'er- 
reurs cl  de  faits  controuvés.  IV.  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  du 
jiicobinisnie,  Londres,  i  797  et  ann. 
suiv.  ,  5  vol.  in-8"j  réimprimés  en 
Allemagne  et  a  Ljon  sous  la  rubri- 
que de  Hambourg.  Barruel  en  a 
donné  lui-même  un  abrégé ,  Augs- 
bourg,  1800  ,  in-8".  Il  en  existe  un 
autre  abrégé  par  Tabbé  Jacquin, 
Hambourg,  181 1;  Paris,  181  7,  2 
vol.  in-i2.  La  partie  qui  traite  de 
rilluminisrac  a  été  traduite  en  anglais 
et  vivement  critiquée  dansle  ISIontli- 
Ij-Keview.  On  a  déjà  dit  que  Bar- 
ruel a  composé  cet  ouvrage  pour 
prouver  que  la  révolution  est  due 
aux  efforts  criminels  des  templiers  , 
^^•i  rose-croix,  des  illuminés  et  des 
francs-macons  ;  mais  un  de  ses  con- 
frères, l'abbé  Fiard  {V,  ce  nom,  au 
Supp.),  ne  fait  nul  doute  cfu'elle  ne 
soit  l'œuvre  des  sorciers  et  des  démo- 
noliitres  j  et  celte  opinion,  qui  paraî- 
tra pour  le  moins  aussi  singulière  que 
celle  de  liarruel,  a  trouvé  dans  l'abbé 
A\  urtz  [V.  ce  nom.  LI.  283)  un  prô- 
neur  qui,  pour  la  mieux  répandre, 
a  reproduit  sous  son  nom  l'ouvrage 
de  Fiard.   V.   T)ii  pupc  et   de  ses 


BAR 


air) 


tiroits  rcliiiieux  à  Voccasion  du 
concorddt ^  l*aris,  180.'),  2  vol.  in- 
8"'^  Gènes,  1808,  2  vol.  iu-8".  VI. 
Un  princi])e  et  de  C obstination 
des  jacobins ,  en  réponse  au  séna- 
teur Grégoire,  Pari.s,  181  4 .  Cette 
brochure,  qui  parut  au  moment 
de  la  restauration  des  Bourbons, 
contenait  de  violentes  invectives 
contre  le  parti  révolutionnaire,  et 
des  vues  qui  ont  été  bien  loin  de  se 
réaliser  sur  le  système  de  gouverne- 
ment qui  devait  être  adopté*  il  en 
parut  une  réfutation  anonyme,  sous 
ce  titre  :  Réfutation  de  V écrit  de 
]\I.  l'abbé  Jiarruel  contre  le  séna- 
teur Grégoire.  Barruel  promettait 
1  Histoire  des  sociétés  secrètes  au 
moyen  dge,  et  une  Dissertation  sur 
la  croisade  contre  les  Albigeois  y 
dans  laquelle,  en  vengeant  l'église  et 
les  conciles  du  reproclie  d'avoir  pré- 
tendu déposer  les  souverains  et  dé- 
gager les  sujets  du  serment  de  fidé- 
lité ,  il  se  proposait  de  faire  voir 
combien  on  s'est  étranorement  trom- 
pé  sur  ces  décrets  ,  faute  de  connaître 
riiistoire  des  temps  où  ils  furent  ren- 
dus (V.  Mém.  sur  le  jacobinisme^ 
11,4-11).  W— s. 

BARRUEL - BEAUVERT 
(Antoine-Joseph,  comte  de),  auteur 
d'écrits  nombreux  et  très-médio- 
cres (i),  naquit,  le  17  janvier  17065 
au  château  de  Beauvert  près  de  Ba- 
gnols  en  Languedoc,  d'une   famille 


(i^i  <!,f'ai,  dit  M.  Kodicr,  rencontré  pru  do 
causeurs  plus  spiriluols,  et  ji;  n'ai  jaiiinis  lu 
d'auteur  plus  coMiMHin.  Placé  au  liasaid  cl  par- 
tout, un  lact  exquis  l'associait  .sur-lp-chanip  à 
l'esprit  de  ses  nuiliteurs,  et  il  enchantait  lou'  le 
monde.  Assis  au  bureau  de  l'iioinuie  de  leUres  , 
il  rappelait,  dès  la  pnMiiii'-re  ligne,  ce  joli  mot 
qu'il  avait  inspiré  h  Rivarol  :  (^naud  il  écrit, 
il  ne  sait  pltis  ce  qu'il  dit.  Psaiurellenient  aimable 
et  conciliant,  coiunie  il  élait  ingénieux  et  j)i- 
quant  sans  anieitunic,  il  puisait  dans  son  écri- 
toirc  di;  la  niorijiic  cl  du  mauvais  ton.  Personne 
n'a  plus  perdu  que  Barruel-lSeauvcrl  à  l'inven- 
tion de  l'inipriuierie.  »  OEuvrcs  {^souvenirs  et 
portraits),  Vlll,  169. 


220 


BAR 


originaire   d'Ecosse,   dont  il  vante, 
dans   la    plupart    de   ses   ouvrages , 
l'aulique   Eoblesise   et    l'illusl ration. 
Entré  de  Lonne   heure   au  service , 
il  obtint  d'abord  une  compagnie   de 
réforme  dans  le   régiment    de  Bel- 
siince,  dragons,  et  ensuile   le  bre- 
vet de   capitaine    dans    les   milices 
de  Bretagne.   Jouissant,  a  ce  quil 
paraît,  d'une  fortune  assez  considéra- 
ble ,  il  vint  habiter  Paris  ,  où  il  vé- 
cut dans   l'inlimité  des  littérateurs  , 
entre  autres  de  Rivarol,  sou  compa- 
triote (2).  Quoiqu'il  n'eût  fait,  de  son 
propre  aveu  ,  que  d'assez  mauvaises 
éludes,  il  ambitionna  bientôt  la  répu- 
tation de  bel-esprit ,  et  publia  divers 
opuscules  empreints  des  opinions  du 
temps,  mais  surtout  d'une  incroyable 
vanité(5).  Passionué pour  J. -J.Rous- 
seau dont  il  relisait  sans  cesse  les  ou- 
vrages, il  fit  les  fonds  d'un  prix  qui 
devait   être    décerné    a   l'auteur   du 
meilleur  éloge  du  citoyen  de   Ge- 
nève,   au   jugement    de    rnradémie 
frauçai-se  (4).   Comme  tant  d'autres, 
le  comte  de  Barrucl  avait  appelé  de 
ses  vœux  une  révolution  ;  mais  quand 
il  vit  les  privilèges  de    la  noblesse 


''a)  On  imprima  eu  1782,  sons  le  nom  di; 
BnnucI  un  «'-crit  satiri<|uo  do  Rivarol  conlru 
Dtlille  ,  intilnlé  :  Lrltre  critique  sur  le  poème 
Jcx  J.irclins  ,  suivie  du  Clinu  et  <lu  Nuvrt  (  diulo- 
guf  rn  VI  r«).  C'est  à  l'occasion  de  elle 
j)ul)licali()n  que  M.  de  IJoi.-jdlin  hiiira  toniro 
Barruii  r<vigrainnic  suivante: 

!)•  I>.iiin,iir«<  nn  rh:jm|)  <\n%    hinvr  sur  l'IIclicon, 
ÏJuand  Viifjile  «:st  al)l>c,  M<rviiis  est  dia-jon. 

(î)r,'p<it  ik  »a  vaniliTonniic  f|iH>  Rivarol  faji  al- 
lusion flan-»  cltr  pliiMsc  j)ii|iiiinlr.  on  il  frini  d« 
m- j  II  si  i  lier  «II-  or  ji.is  lui  avoii  diiniic  |>la(f(l.in<  soit 
Prlil  Alnianacli  ilrs  grands  lioinints  ;  it  ^ons  i.  (u. 
«iTon»  InVs.firirnifiii  le  porlrli  nillc  di-  iM ,  le 
coiiiif  du  n.irruflUcauvfit.  {tua-tili'i  l'une  dt 
nos  clones?  n 

(4)  f''>j.  la  prt'faci!  de  la  Vie  dr  Rnusscaii. 
Dans  «on  cnlliousiasnie,  il  ne  sr  liornait  nas  ^ 
proposer  l'rlopu  de  l'aulcur  iVEini/i',  il  voulait 
qn'on  lui  ('Irvàl  nu  nioiiuini  ni  pnlilii-.  Il  rii 
ovail  inar(|iw  la  place  c  I  donne  rinuriptii.ii  . 
dan»  lni|iicllr  .,•  ictronvait  le  nom  de  M.  le  toinio 
do  Borrucl-Bcauvcrt  (ibid.,  366). 


BAR 

menacés  ,  il  quitta  Paris,  et  revint  k 
Bagnols,  où  il  fut  élu  commandant  de 
la   garde  nationale   en  1790.   Lors 
des  troubles  d'Avignon,  dans  la  même 
année,    il   s'y  rendit  avec   un  déta- 
chement   de    deux    cent    cinquante 
hommes,  et  contribua,  par  sa  coopé- 
ration avec  la   garde  uationale  d'O- 
range et  de  plusieurs  autres  commu- 
nes, a  sauver  quelques-unes  des  per- 
sonnes arrêtées  pour  cause  d'opinion, 
en  les  faisant  conduire  sous    escorte 
danscette  ville. Ehi.peu  de  tempsaprès 
juge  de  paix  de  son  canton,  il  ne  crut 
pas  devoir  accepter  celte  marque  de 
confiance  j  et,  vers  la  fin  de  1 79 1 ,  il     — 
revint  h  Paris  avec  le  projet  de  se     ^ 
dévouer  a  la  défense  de  la.  monar- 
chie. Il  regretta  vivement   alors   de 
n'avoir  pas  fait  des  éludes  qui  lui  per- 
missent de  prendre  rang  parmi  les 
écrivains  politi(|ues.  Cependant  il  en- 
treprit la  pu])licalioM   d'un   journal 
intitulé  Le    Royaliste;    mais,  les 
circonstances  devenant   de   plus    en 
plus  graves  ,   il    fut  contraint  de   le 
discontinuer.  Le  20  juin  1792  ,  sur 
l'avis  des  dangers  que  le  roi  courait, 
Barruel  se  rendit   aux  Tuileries  vêtu 
de  son  ancien  uniforme  de  capitaine 
des    milices    bretonnes.    Celte    im- 
prudence   faillit    à    lui    devt  nir    fu- 
iieslf  ,•  mais  le  roi  ,  (jue  le  bruit  avait 
alliré  dans  le  saluii  où  il  se  trouvait 
téni()ii;iia   j;ar  un   regard    (|u'il    était 
satislail  (le^a  eoiuliiile.  Li' Iriulemaiu 
il  recul  la  croix  de  Saint-Louis  sans 
riiitcrvenlion  du   ministre  (5).  Elle 
deviiil  être  accompagnée  d'un  brevet; 
mais,  outre  le  déguul  qu'il  éprouvait 
d'entrer  en  relation  avec  des  niinis- 


(5)  <(  Cette  dceoration,  dit-il,  iijvcnait  i\  peu 
«(  j)riVs  à  mes  services  passt-.i,  i!t  mou  grade,  el  je 
«<  i'ol)lins  (les  boules  de  mou  souveiitiu  Ainsi 
(I  ma  drlicalesse  allait  trop  loin  lorsque  je  vou- 
«  lu»  solliciter  la  coulirmuliou  «l'une  laveui  tt 
«  d'une  jusiiee  accordées  par  le  i  oi  captiT, 
«  mais  accordée»  sans  inUMiiuMiuire  jucolun.  » 
J^cttrvi  sur  'jucl'jitts  fiaitknlvr- stçrttts,  J,  i5o. 


nvii 

Irrs  Imposas  au  roi  ,  il  olail  clinqnc^ 
,1,  ,c  .iu(>  K's  lun.Ms  («xpc'.lios  alorn 
norKiii-nlC-lli'  ronmiK'  biturrr  ri  ri 
dicuh':  On  vous  salue,  <>v  vous  cii- 
llvrelt-U.  -race,  v\c.  Il  prit  clone  le 
lurll  (le  s\mi  passer  jusqu'il  c(Miu.>  des 
circonslanc-splusIavoraMeshuper- 
mi.seul  (le  le  demander  au  roi  liu- 
inème;    mais    celle     excessive^  sus- 
ceplibililé  lui  cau^a  dans  la  suilc  la 
plus   Irlande    morliricalloii   cjuM    ait 
essuvc^e  de  sa  vie.  Le  lo  aoùl,_r.ar- 
ruel'  ne  manqua  pas  de  revenir  au 
cliàleau  ;  mais  ,  le  roi  ayant  été  forcé 
de  clierclier  un  asile  dans  le  sein  do 
l'asscmldée,   tous  ses  dJfenseiirs  se 
dispersèrent.  Barruel  sortit,  l'épée  a 
la  main,  par  la  galerie  des  tableaux; 
et  ,  ayant  pris  un  fiacre  sur  la  place 
du  carrousel,  se  fit  conduire  chez  le 
fameux  chevalier  de  Cubières  (K.  ce 
nom  ,  au  Supp.) ,  alors  président  de 
la  section  de  V  Unité.  Dans  la  retraite 
que  son  ami  s'empressa  de  lui  pro- 
curer, son  premier  soin  fut  de  se  faire 
apporter  par  un  valet  de   chambre 
des   hardes   et  ses  papiers  de  fa- 
mille (6).  Aussitôt  que  les  barrières 
furent  ouvertes,  et  qu'il  crut  pouvoir 
sortir  de  Paris  sans  courir  le  risque 
d'être  arrêté,  Barruel  se  réfugia  dans 
un  village  où  il  avait  fait  louer  une 
maison  qu'il  quitta  quelques  semai- 
nes après,  pour  s'établir  a  Villeneuvc- 
Saint-Georges  sous  un^nom  supposé, 
tremblant    toujours  d'être  reconnu. 
Cependant  il  assure   qu'au  mois  de 
décembre,  informé  que  la  convention 
s'était  déclarée  compétente  pour  ju- 
ger Louis  XVI,  il  s'empressa  d'écrire 
au  président  qu'il  s'offrait  pour  défen- 
dre le  malheureux  monarque.  Mais 
le  président  n'ayant  pas  communiqué 


BAR 


11* 


(6)  Dès  lors  il  les  porta  constamment  avec 
lui.  On  les  lui  icndit  à  sa  sortie  du  Temiile,  et 
il  on  parle  à  ses  enfants  coinine  àa  la  plus  belle 
partie  de  rhéritagc  qu'il  doit  leur  IronsnicUie. 


cette  Irtlreli  rassemblée,  ri  Barruel 
ayaul  né;/,li^é  d'en   adresser  la  copie 
aux  journaux  ,  ce  n'est  (|ue   sur  son 
pr(>|)re  témoignage  (juc  b-s   biogra- 
pliies   modernes  lui  vinl  fait  bonnenP 
de  cet   acte  de  dévouemi-nt.    Inquiet 
(les    fié(|ucntes    visites  domiciliaires 
qu'il  était  obligé  de  subir  ,    et  crai- 
onant   de    tomber   a   cbaque    instant 
dans  les  mains  des  agents  de  la  ter- 
reur, Barruel,  après  avoir  mis  eu  sû- 
reté ses  papiers  de  famdle  ,  tpntla 
\illeneuve  pour  venir  s'établira  Vim- 
cennes-,  et  ,  sur  la  fin   de  la  terrible 
année  lyp^,  il  rentra  dans  Paris,  où, 
b)gé  dans  un  quartier  éloigné  de  tou- 
tes les  affaires,    et  ne  sortant    que 
très  rarement,  il  passa  quelques  mois 
ass<^z  tranquille.  Le  supplice  de  Ro- 
bespierre lui  rendit  un  peu  de  cou- 
raf^e.    Il    revit    d'anciens    amis    qui 
partageaient  ses  opinions,  et  fit  tous 
ses  efforts  pourranimerleurs  espéran- 
ces. Mais ,  après  le  1 5  vendémiaire 
(oct.  1795),  inscrit  sur  la  liste  des 
personnes  suspectées  de  royalisme,  d 
jugea  prudent  de   se  tenir  a  l'écart. 
Il  reprit  cependant  bientôt  la  plume, 
et  publia  plusieurs  brochures,  entre 
autres  des  lettres  à  un  rentier,  où  il 
fait  une  peinture  affreuse ,  mais  trop 
vraie,  de  la  misère  de  cette  classe. 
Il  devint  dans  le  même  temps  le  prin- 
cipal rédacteur  des  Actes  des  apô- 
tres, journal  qui  n'a  de  commun  que 
le  litre  avec  celui  de  Peltier  (  F.  ce 
nom  ,  au  Snpp.) ,  et  qui  cessa  de  pa- 
raître le  18  fructidor (4- sept.  1797). 
Condamné  par  suite  de  cette  journée 
a  la  déportation  avec  beaucoup  d'au- 
tres  écrivains  royalistes,  il   eut   le 
bonheur  d'échapper  aux   premières 
recherches  de  la  police,  et  se  réfugia 
chez  Bonneville  [f^oj-.  ce  nom,  au 
Supp.).  Il  y  soupalc  jourmêmeavec 
Tbomas  Payne   ([ui  rédigeait  ,  avec 
Bonueville,rci^t6'/i-//ï/br;7î(?;ctavant 


aaa  BAR  BAR 

de  se  mettre  a  table  il  corrigea  Té-  «  à  vos  enfants,  a  votre  propre  tran- 
preuve  de  celte  feuille  où  il  lut  :«  que  «  quillilé.  Je  veux  que  vous  soyiez 
a  touslesproscrilsdui8  fructidormé-  «  nommé  à  une  préfecture  et  à  une 
«  filaient  le  dernier  supplice.  »  Le  k  bonne,  m  Eu  attendant  raccora- 
souper  n'en  fui  pas  moins  très-gai,  et  plissement  de  cette  promesse,  Barruel 
se  prolongea  fort  avant  dans  la  nuit,  consenlit  a  recevoir  de  M""^  Boua- 
Dès  le  lendemain,  malgré  les  inslan-  parte  une  gratification  de  cinq  cents 
ces  de  son  L6te  pour  le  retenir,  Bar-  francs  par  mois  qui  lui  fut  très-exac- 
ruel  crut  devoir  cherclier  un  autre  temcnt  payée.  Enfin,  comme  la  pré- 
asile 5  et,  changeant  souvent  de  nom  fecture  n'arrivait  pas,  il  se  laissa 
et  de  demeure,  il  parvint  a  se  sous-  nommer,  en  i8o4-,  inspecteur  divi- 
Iraire  a  toutes  les  poursuites.  De  sionuaire  du  système  métrique ,  dans 
tous  les  journalistes  que  la  loi  de  les  départements  du  Léman,  du  Jura, 
fructidor  avait  frappés  ,  il  fut  le  seul  de  l'Ain,  du  Mont-Blanc  et  duDoubs, 
que  Bonaparte  excepta  de  son  aranis-  et  vint  demeurer  a  Genève  ,  ville  qui 
tic,  après  le  18  brumaire.  La  po-  lui  déplut  beaucoup,  «  parce  que  tous 
lice  redoubla  dès-lors  d'activité  pour  «  les  habitants  s'y  louent  récipro- 
le  saisir.  On  savait  qu'il  n'était  a  quement  jusqu'à  satiété.»  Dans  l'an 
pas  sorti  de  Paris;  el  Fouché  s'irri-  XIII,  il  écrivit  a  Napoléon:  «Sire, 
tait  de  voir  qu'il  échappait  a  tou-  «  quand  Je  destin  vous  a  donne'  la 
tes  les  recherches.  Enfin  ,  trahi  par  «  roue  de  fortune  et  que  vous  eu  fui- 
son  propre  domcsli([ue,  Barruel  fut  «  tes  sortir  une  multiludede  lots  ,... 
arrêté  le  10  février  1800,  et  eu-  «je  sollicite  la  place  d' administra- 
ferme  dans  la  prison  du  Temple  «  teur  de  la  loterie,  etc.  »  Quoique 
comme  prévenu  de  conspiration  et  de  employé  du  gouvernement  dans  des 
correspondance  avec  les  chouans,  fonctions  ([u'il  trouvait ,  il  est  vrai , 
Après  avoir  subi  plusieurs  inlerro-  très-inférieures  a  son  mérite,  Bar- 
galoirca  qui  démontrèrent  que  les  ruel  n'en  restait  pas  moins  attaché 
reproches  qu'on  lui  faisait  étaient  dans  le  fond  du  cœur  aux  princes  de 
injustes,  il  s'attendait  tous  les  jours  la  maison  de  Bourbon.  Il  nous  ap- 
a  recouvrer  la  liberté 5  mais  sa  dé-  prend  lui-même  (jue  dans  les  divir- 
tention  se  prolongea  jus([u'au  10  ses  villes  où  les  devoirs  de  sa  place 
juillet  1802.  En  sortant  de  pri-  l'obligeaient  à  résider  successivement, 
sou  Barruel  devait  cire  conduit  à  son  premier  soin  était  de  rechercher 
l'île  d'Elbe  j  mais  cet  ordre  tut  ré-  les  personnes  qui  passaient  pour  avoir 
voqué  sur  la  demande  de  M"'"  Boua-  les  mêmes  opinions  que  lui  sur  la 
parle  (|u'ou  avait  intéressée  a  sou  révolution.  «Qu'un  Bourbon,  s'é- 
sort.  Etant  allé  présenter  s^s  hom-  «  criait-il  (iueh|iKTois,  reparaisse  sur 
ïna^es  a  sa  généreuse  protectrice,  «  le  sol  français,  et  je  ne  resterai  plus 
elle  lui  dit:  «Voilà  treize  ans  (|ue  «  sousleboisseau.»  LorscleTinvasioii 
«vous  êtes  malheureux  pour  une  des  alliés  eu  i  8  1  4.,  liarruel  enfcruio 
et  cause  liounèle  ,  mais  désespé-  dans  Besancon,  (pie  blocpuiit  une  di- 
«rée...  Vous  ne  sauriez  pas  seul  vision  aulrichienue,  eut  le  regret  do 
recommencer  la  guerre  contre  ie  iiepouvoir,  uudespremiers,allerolTnr 
gouvernement  établi  en  France!  ses  hommages  à  NIonsieur  pendant 
vous  êtes  mari  et  père!  songez  à  bou  séjour  à  Vesoul ,  c'csl-h-dire  lui 
«  ce  «lue  voua  devez  à  votre  femme  ,  demander  la  récompense  de  ses  ser- 


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BAR  BAR                  -23 

vices.  «Mais,  dil-il,  si  j.'nosilispas  pliino  lui  avait  promise,  ou  loul  au 
«  foudroyé  ou  mis  iii  j)ii-ci's  par  les  moins  la  tliar^c  de  gouverneur  des 
et  l)oulel6  ou  les  ol)Us  des  jiuissanccs  pages.  J/imilillté  de  s'-s  démarches 
ce  alliées;  enfin  si  la  cause  de  noire  aciievade  Texaspércr.  Dans  des  /cl- 
«souverain  lé^^ilime  Teniporte  .sur  ^/t'a' Joui  on  parlera  tout  à  l'heure , 
«  celle  de  Tusurpaleur  ,  je  ue  mau-  il  n'épargna  ni  les  sarcasmes,  ni  les 
«  (juerai  pas,  ce  semble  ,  de  litres  injures  aux  ministres,  qu'il  accusa 
et  pour  être  nommé  maréchal  des  d'avoir  favoriselcrclour  de  Bonaparte 
(t  camps  et  armées  de  Louis  XYIII(7);  par  leur  imj)éritie,  sinon  par  leur  dé- 
«  les  honnèles  trens  s'accordent  niè-  loyauté.  Le  sieur  liiunnais.  rôtisseur, 
a  me  a  dire  que  je  puis  y  prétendre  <1"  il  avait  signale  dans  les  mêmes 
<f  sans  le  solliciter  (8).  »  Dès  tpie  les  lettres  comme  un  des  assassins  de  la 
portes  de  Besançon  furent  ouvertes  ,  princesse  de  Lamballe,  l'ayant  pour- 
il  courut  a  Paris,  persuadé,  comme  suivi  devant  les  tribunaux  pour  ob- 
on  voit ,  qu'il  n'aurait  pas  même  la  tenir  une  réparation  de  l'atteinte 
peine  de  demander  les  récompenses  portée  à  son  honneur  ,  ce  procès 
qui  lui  élaient  ducs,  tant  ou  se-  donna  lieu  d'examiner  ces  lettres, 
it  empressé  de  les  lui  offrir.  Le  contre  lesquelles  s'élevaient  de  toutes 
tour  imprévu  de  l'empereur,  au  parts  des  réclamations.  Enfin,  par 
mois  de  mars  i8i5,  ajourna  ses  jugement  du  tribunal  de  première 
espérances.  A  la  nouvelle  de  son  dé-  instance,  a  la  date  du  i  3  août  i  8  1 6, 
barqucment  à  Cannes,  Barruel  vou-  Barruel-Beauvert  n'ayant  pu  fournir 
lut  aller  dans  le  Midi  ou  dans  la  Veu-  la  preuve  légale  du  fait  qu'il  avait 
dée  rallier  les  royalistes  et  combattre  avancé  contre  Bienuais,futcondamné, 
avec  eux  pour  la  cause  des  Bourbons,  vu  les  circonstances  atténuantes,  h 
Toutes  les  dispositions  élaient  faites  cinq  francs  d'amende  et  aux  dépens; 
pour  son  départ;  mais,  quelques  amis  mais,  sur  la  demande  du  procureur 
lui  ayant  représenté  qu'il  courait  le  du  roi,  l'ouvrage  fut  supprimé  comme 
risque  d'être  assassiné  sur  la  route,  injurieux  a  la  personne  du  monarque, 
il  prit  le  parti  de  rester  a  Paris  pour  et  l'auteur  condamné  a  trois  cents 
y  faire  a  Bonaparte  une  guerre  de  francs  d'amende.  Quelques  mois 
plume.  Après  les  cent  jours,  Barruel  après,  Barruel,  qui  continuait,  mal- 
fut  rétabli ,  non  sans  difTiculté  ,  dans  gré  l'avis  qu'on  lui  avait  déjà  donné, 
sa  place  d'inspecteur  des  poids  et  déporter  la  croix  de  Saint-Louis  sans 
mesures;  mais  ce  n'était  pas  celle-là  eu  avoir  obtenu  l'autorisation  (9), 
qu'il  voulait.  Il  écrivit  pour  deman-  reçut  Tordre  de  sortir  de  Paris, 
der  la  bonne  préfecture  que  José-  Plein  de  courroux,  il  partit  pour  l'I- 
talie,  et  mourut  a  Turin,  au  mois  de 

(7)  Ouulqn.s  années  auparavant  il  avait  tlit  du  janvier  I  8  I  7 ,  K  6  l  aUS  (  I  o).  Jamais  OU 

frère  (le  Louis  XVI,  clans  la  /.'('//</u//o/<  des  in.nioi-  n'a    pOUSsé  pluS   loiu    OUC    BarrUel    IcS 
les  tie  1.1  soi-tlisant  pii messe  de  Conli  (p.  180)  : 

«  La  romancière  devait-elle  aussi  présenter  Mo>-        '  """ • 

n  siKURCouiuie  bienfaiteur  de  quel<iu'un,  et  sur-  (9)  Barruel  qui  refusait  de    demander  l'aufo- 

«  tout  d'elle,  inconnue  ?  Ce  prince  a  toujours  été  risation  de  porter  la  croix  de  Saint-Louis,  avait 

«  l'homme  le  plus  orgueilleux  ,leplus  froid,  le  conseillé  decondamnerà  dix  années  de  travaux 

«  plus  é;^oiste  qui  ait  jaiiiais  existé  ;  et  par  cela  forccs.et  à  une  amende  équivalents  à  dix  années 

«  incme  ,  le  moins   di-jiie  d'occuper  le   rang  et  de   leurs  revenus,  tous  ceux  qui  porteraient  une 

i<  la  charge  d'un   desc.  iidaul  de  trente-deux  mo-  décoration    quelconque     saus   y    être     autorisés. 

«  nanjucs.  »  Lettres  ,  111,   i4o. 

(«J)  LeUres  sur  quelque)  particularilcs  secrètes,  (10)  On  a  dit  qu'il  s'y  était  brûlé  la  cervelle. 

f^>  i<^»'  A— T. 


a  a  4  BAR  BAR 

ÏTetenlions  et  la  vanilé.  Celait  de  k  e le  dupe  des  pièges  que  ce pliîîoso- 
a  meilleure  foi  du  monde  qu'il  croyait  «  phe  tend  avec  adresse  a  la  sensi- 
avoir  contribué  plus  que  personne  au  «  bililé;  pièges  que  la  candeur,  ayant 
rétablissement  des  Bourbons.  Depuis  «  une  vie  et  des  sentimenls  expan- 
qii'il  avait  élé  commandant  de  la  k  sifs,  n'aperçoit  pas  dans  les  écrits 
garde  natinuale  de  Bagnols,  il  n'a-  «  de  tout  personnage  qui  affecte  de 
vait  pas  cessé  de  prendre  le  titre  de  «  pleurer  avec  abondance  sur  les 
colonel,  persuadé  qu'il  ne  faisait  «bords  d'une  écritoire  magique.» 
qu'user  de  son  droit.  Se  jugeant  II.  Actes  des  philosophes  et  des 
propre  à  tous  les  emplois,  il  aurait  républicains,  Paris,  1807,  in-8*^. 
également  accepté  le  commandement  C'est  une  compilation  de  trails  de 
d'une  armée,  une  ambassade  ou  un  mi-  l'histoire  ancienne  et  moderne,  en- 
nislère.  Il  écrivait  très-sérieusement  treprise  dans  le  but  de  prouver  que 
en  lySB:  «Si  j'étais  minisire  j'aurais  les  pliilosopbcs  ont  élé  dans  tous  les 
bientôt  réglé  toutes  les  affaires.  »  temps  les  principaux  artisans  des 
Malgré  les  aveux  échappés  de  temps  troubles  et  des  révoliilions.  L'auteur 
en  temps  à  sa  conscience  (i  i),  il  ne  a  dédié  cet  ouvrage  a  ses  enfants 
s'en  croyait  pas  moins  un  écrivain  qu'il  avertit  de  ne  pas  confondre  leur 
très-distingué.  Il  avait  plus  de  cin-  lignée  ascendante  avec  des  person- 
quante  ans  quand  il  composa  une  tra-  nages  du  même  nom,  quoiqu'il  en  ait 
gédie  :  Le  dernier  des  Caivnjnls.  connu  de  bonne  maison,  les  uns  cha- 
Cetle  pièce,  louée  dans  quelques  noines,  grands-vicaires  et  aumôniers 
journaux,  n'a  point  été  imprimée*  et  de  princesses  du  sang  5  d'autres  gar- 
les  acteurs,  en  refusant  de  la  jouer,  des-du-corps ,  capitaines  de  cavale- 
Ini  ont  certainement  épargné  le  cba-  rie,  etc.  (/^.  p.  7).  Suivant  Barruel, 
grin  de  l'entendre  sitllcr.  11  serait  l'iiisloirc  en  général  est  à  refaire  ; 
assez  inutile  d'alonger  cet  article  et  ce  n'est  qu'en  attendant  qu'il  en 
d  une  liste  de  tous  les  écrits  de  donne  des  esquisses  en  miniature 
Barruelj  nous  nous  bornerons  h  ci-  (p.  127).  Plus  loin  il  dit  que  Judas 
1er  les  plus  importants  ;  I.  Kie  de  Blachahce  est  un  brigand  et  ses 
J.-J.  Rousseau,  précédée  de  quel-  frères  des  séditieux  (p.  169).  On 
ques  lettres  relatives  au  même  sujet,  peut  juger  par  la  de  ce  que  serait 
Londres  etParis,  1789,  in-S''. C'est  1  histoire  refaite  par  Bairucl!  IMal- 
\\n  panégyrique  écrit  au  courant  de  gré  ses  efforts  pour  p'aire  au  héros 
la  plume  sans  ordre  et  sans  suite,  qtii  nous  a  seul  délivrés  de  la  tyrannie 
comme  l'auteur  en  convient  lui-mè-  populaire  {èp.  déd.,  p.  9),  son  ou- 
nie.  Kn  faisant  l'éloge  d'un  i]c!i  plus  vrage  encourut  la  disgrâce  du  chef 
grands  apôlres  de  l'égalité,  Barrucl  du  gouvernement ,  parce  que  certains 
a  trouvé  le  moyen  de  parler  de  sa  fonctionnaires  n'y  étaient  pas  assez 
noblesse,  de  ses  alliances  et  de  ses  ménagés.  Il  recul  donc  l'ordre  de  re- 
privilèges dont  il  est  bien  décidé  a  tirer  les  l'xtinnlaires  en  circulation,- 
ne  jamais  rien  sacrilier.  Il  se  repen-  el  il  s'y  soumit  avec  un  empressement 
lit  dans  la  suite  d'avoir  tant  loué  dont  il  voulut,  mais  en  vain ,  se  laire 
lloKsseaii  ,  et  fil  l'aveu  «  (|u'il  avait  un  litre  a  de  nouvelles  faveurs.  111. 

■  ■  ■  ■ — ■ J  fis  foire  tragi' comique  de  la  soi- 

( ■  I)  -'  i'rrs,|i„.  i',„t  cr  (|u«;j"ai  rcrii  ju»qu\i  ( o  disant  ci-df\'ant  nrincessf  Stèpha- 

m  inomiiit,    ili-nilil   in    178(1,   ii*a   \n\%    h   uns  .         ,  /         /»  /  /'       <• 

I.  rommmt.  ri»  U- J.-J.  Hou <ù„,i.  p.    k,.  i.  UlC-  IjOUISC    dc     i>OUrl>on  -  L  OUH, 


Tvvn 

T5(vsanron  ,  1810,111-8*^.  C/osl  une 
rcliilalion  Irop  ininullcusc  des  iiic- 
moircs  d'une  dame  liilh't ,  femine 
diiii  |ir()curoiir  de  Loiis-Ic-Saulnicr, 
(|ui  voulait  se  faire  passer  pour  la  lllle 
iialurelle  du  prince  de  Conli.  On  y 
trouve  (pielques  détails  assez  curieux 
î)Ur  l'éliiiuctte  de  la  cour  de  France 
avant  la  révolution,  et  de  nombreux 
témoiirnaiîes  de  la  reconnaissance  de 
Tauleur  pour  rimpéralrice  Joséphine, 
sa.  (livinilc  lulcldit-e  ^  et  pour  le 
};raIulISapolëon,^t>^g■a/^e  de  la  pro- 
vidence; mais  Touvragc  n'en  fut  pas 
moins  supprimé  par  la  police.  11  est 
Irès-rare  ainsi  que  le  précédent.  IV. 
hcltrcs  sur  quelques  jxirtieularitcs 
secrètes  de  l'histoire  pendant  l'in- 
terrègne des  Bourbons ,  Paris  , 
ii)i  5,  5  vol.  in-8°.  L'auteur  y  donne 
ses  propres  mémoires.  C'est  presque 
uniquement  de  lui  qu'il  est  question 
dans  cet  ouvrage  ,  où  les  événements 
les  plus  importants  de  la  révolnlion 
ne  sont  envisagés  que  relativement  au 
rôle  qu'y  joua  le  comte  de  Barruel- 
Beauvert.  Il  y  rabaisse  Bonaparte  au- 
tant qu'ill'avait  exalté  dans  bes  autres 
écrits,  et  se  déchaîne  avec  une  inconce- 
vable fureur  contre  tous  ceux  qui  de- 
puis 1789  n'avaient  pas  comme  lui 
suivi  la  ligne  de  l'honneur  et  delà  fi- 
délité. Sou  zèle  l'emporte  si  loin  qu'il 
accuse  de  régicide  François  de  Ncuf- 
château  qui  n'était  point  convention- 
nel, et  qu'il  ne  pardonne  pas  a  Fon- 
tanes  d'avoir  iléchi  le  genou  devant 
l'idole.  C'est  dans  ces  lettres  qu'on 
a  puisé  la  plupart  des  faits  rapportés 
dans  cet  article.  Ainsi  c'est  d'après 
ses  propres  paroles  que  Barruel  se 
trouve  apprécié.  V.  Adresse  aux 
immédiats  représentants  et  orga?ies 
du  peuple,  meuibres  du  premier 
corps  législatif  en  France  ,  qui  ait 
en  se  réunissant  l'intention  et  le 
pouvoir  de  protéger  la  religion,  de 


BAR 


aa5 


consolider  .sur  le  trône  raiili(|iie  et 
respectable  lainille  des  Bourbons,  de 
fermer  et  cicatriser  les  plaies  pro- 
fondes que  les  jacobins  ont  faites  à 
l'étal,  etc.,  Paris,  septembre  181  5  , 
in-8".  11  attaque  dans  cet  écrit,  avec 
beaucoup  de  violence,  le  ministre 
Fouché  (pii  fut  destitué  peu  de  temps 
après j  demande  le  renvoi  des  em- 
ployés de  tous  les  ministères,  l'éloi- 
giiemcnt  de  Paris  de  dix  à  douze 
mille  ofhciers  parjures,  etc.  \I. 
Dix-huit  gentilshommes  purs  f  au 
nom  de  tous  les  royalistes ,  solli- 
citant eu  faveur  de  M.  le  comte  de 
Barruel- Beauvert ,  leur  digne  client , 
frère  d'armes  et  compagnon  d'infor- 
tunes ,  les  justes  récompenses  de  S. 
M.  Louis-le-Déslré  et  l'Obtenu,  mai 
1816  ,  in-8°.  Le  titre  seul  de  cette 
brochure  suffit  pour  en  faire  connaî- 
tre et  l'esprit  et  le  but.  Elle  donna 
lieu  dans  le  temps  a  beaucoup  d'atta- 
ques et  de  traits  satiriques  contre 
l'auteur  et  sa  phalange  d'hommes 
purs  {12).  W — s. 

BARRY   (Edward),   théolo- 


(12)  Le  comte  de  Barruel  a  rctr.icé  toute  sa  vie 
politique  dans  une  Icllrc  c|u'il  adressa  le  9  oct. 
1825  à  Ma<l.  la  duclicssc  d'Aiigoulèiue  :  après 
avoir  parle  des  longs  services  de  ses  aieux,  il  dit 
qu'il  n'a  échappé  à  aucune  des proscripl.'oiis  célè- 
bres depuis  lu  commencement  de  tu  rétoliilion  ; 
qu'il  s'est  inscrit  comme  oia^e  de  Louis  XVI  ; 
qu'il  s'est  trouve  le  20  juin  et  le  10  août  pour  le 
défendre  au  château  des  Tuileries;  qu'il  fut 
proscrit  en  vendémiaire  an  111,  pour  avoir  sol- 
licite, en  qualité  d'électeur  de  Seine-ct-Oise,  la 
liberté  de  Mad.ime  royale,  détenue  à  la  tour  du 
Temple;  qu'il  a  rédigé  seul  le  Journal  royaliste, 
et  cuiilinué  srul  éj^ulcment  les  Actes  des  Apôtres; 
que,  condamné  à  la  déjiortation  le  x8  fructidor, 
cl  le  lendemain  à  cire  fusillé,  il  u  fini  par  accomplir 
cinquante-neuf  mois  de  captivité  dans  la  tour  du 
Temple;  qu'il  futdesliné  ensuite  à  périr  dans  les 
casemates  de  l'c'le  d' Elbe,  mais  qu'enfin  l'usurpa- 
teur se  contenta  de  l'exiler  ;  qu'à  la  restauration, 
monseigneur  le  duc  d'Aiigouléme,  ce  prince  subli- 
me, ce  véritable  héros,  avait  a|)puyé  sa  demande  de 
gouverneur  des  pages  ou  de  conseiller-d'état  d'épée, 
ou  de  ministre  de  la  police  ;  que  \esamlitieux  et  les 
intrigants  l'ont  écarte  ;  et  il  finit  par  demander  la 
direction  d'un  des  hôpitaux  militaires,  et  s'il  ne 
peut  l'ohlciiir,  il  lui  faudra  demander,  dit-il  en 
terminant,  une  plaet  d«  malade  dans  un  de  ces 
hùvitaux,  V — VK. 


LVll. 


l'^ 


aaô 


BAR 


gien  anglican,  né  en  1759,  était  fils 
d'un  médecin  de  Bristol.  Destiné  a 
suivre   la  même  carrière  ,  il  prit  ses 
degrés  a  l'universilé   de   St- André j 
mais  sa  vocation  était  pour  l'église. 
Après  de  prolondes  éludes,  il  entra 
dans  les  ordres*  fut. successivement,  à 
Londres,  curé  de  Mary-le-Bonne  et 
de   St-Léonard  dans   Wa'liug'iOrdj 
s'y  distingua  par  son  zèle,  sachante 
sans  bornes,    et  par  un  rare  talent 
comme  préilicaleur.  Il  e^t  mort  très- 
regrelté,   le    16   janvier    1822.  On 
cite  de  lui  les  écrits  suivaots  :  I.  Ap- 
pel amical  à  une   nouvelle  espèce 
de  Dissenters ,  imprimé    plusieurs 
lois.  Ces  nouveaux  dissidents  étaient 
des  chrétiens  qui,  tout  en  professant 
les  principes  et  conservant  le  culte  de 
l'église    établie,  avaient  cru  pouvoir 
admettre  dans  leurs  chaires  des  pré- 
dicateurs non-conformisles.  II.  Let- 
tre à  AI.    Cuniberlandj  à  l'occa- 
sion de  sa   Lettre  à  l'évéque  de 
J^andaff,  lySSjin-S".  W\.  Sermon 
prêche   le  i4    août   1786,    devant 
la  compagnie  d'assurance  britan- 
nique j  in- 4-".  IV.  Sermon  prêché 
aux  criminels  condamnés  à  mort, 
d  Newgatc ,  le  20  avril  1788,  in- 
4^".  Y.   Douze  sermons  prêches  en 
diverses  circonstances ^    1789,  in- 
8".    M.  Lettre  sur  l  usage  de  bo- 
xer, adressée  au  roi,  aux  lords  et 
aux  conununcs,   1789.  L. 

BAUUV-CEU^:S  (le  comte 
Jean  du),  dit  le  Roué,  fils  d'un 
liomnic  obscur,  sans  lorluue,  et  beau- 
frère  de  la  i'anunse  conUisse  du 
lîarry  ( /^.  ce  nom,  111,  45i),  se 
disait  allié  aux  Lam oignon  par  les 
Doujat,  et  portail  pour  devise  dnns 
«c*  arities  :  lioutcz  en  avant.  Jsé  ii 
Levignac  près  de  'l'oulouse ,  en  1 7  2  2 , 
il  hahila  celte  ville  jusipui  l'âge  île 
viugt-hiiit  .ins.  Alors  un  goût  vif  pour 
l'iulri;;uc  cl  l'aidait  du  plaisir  l'at- 


BAR 

tirèrent  K  Paris  comme  sur  un  théâ- 
tre plus  digne  de  son  industrie.  Il 
s'y  fit  d'abord  connaître  sous  le  nom 
de  comte  de  Gères  5  M™*"  de  Malause 
le  répandit  dans  ce  qu'on  appelait  la 
bonne   compagnie.  Quelques   années 
après,  le  désir  de  ie  procurer  un  état 
le  fit   entrer  dans  les  affaires  étran- 
gères. Le  ministre  Rouillé,  à  qui  il  fut 
recommandé  parle  ducde  Duras,  l'en- 
gagea a  voyager  dans  diverses  cours 
de  l'Europe.  C'est  du  moins  ce  que 
rapporlelecomtedu  Barry  lui-même, 
dans  un  précis  de  sa  vie  ,  écril  de  sa 
main,  que  possèdeTauleurde  cet  arti- 
cle. Mais  il  est  vraisemblable  que  le 
dérangemcntde  ses  affaires  et  les  pour- 
suites   de    ses   créanciers    influèrent 
beaucoup   sur   sa   détermination.    Il 
prétend  qu'a  son  retour  il  allait  être 
employé  dans  le  cercle  de  Frauconie, 
lorsque    Rouillé     fut    remplacé    aux 
affaires     étrangères    par    le    cardi- 
nal de  Bernis,  qui  promit  beaucoup, 
mais  ne   réalisa    rien.    Le   duc    de 
Choiseul  ,   (|ui    succéda    au    cardi- 
nal ,  éconduisit    du    Barry ,    en  lui 
déclarant  nettement   ([u'il  avait  plu- 
sieurs personnes  à  placer  avant  lui. 
Forcé  de  chercher  d'autres  moyens 
de   fortune  ,    il    obliut    du    ministre 
de  la  marine  ,   Bcrryer,  la  permis- 
sion de  jouir  ,  sous  un  autre  nom  que 
le  sien  ,  du  bénéfice  que  pourraient 
duiuuT    plusieurs   foin  nilures  5   elle 
maréchal   de  lîclle-Lsle    trouva   bon 
«pj'il  cherchât  le  même  avantage  dans 
celles  de  son  déparlement.    Par  ce 
double  moyen,  ii  la  p:ux  de  1765, 
la  fortune  du  comte  se  trouva  faite  j 
(lie  fut  augmentée  encore  par  Tin- 
térêt    qu'il   cul   dans    les   vivres   de 
la  Corse.  Son  fils  était  pige  du    roi. 
Depuis     plusieurs     années    il     avait 
chargé  M'""  Rançon  et  INI"-  Vauber- 
nier  ,   sa  fille  ,   de  tenir   sa  mai.son  , 
cl  d'«n  faire  les  honneurs  a  des  [cm- 


BAR 

mes  (î'iiiic  vortn  i'(|iii\  oijue,  a  de  jpu- 
ues   .sci^'iifuis   iiMH-iirs  cl  dchaiicliés. 
II  iivail  ci'iU',  (lil-il,  h  l.i  iiicrc  cl  .lia 
lillf  sou  iiilcrèl  ilans  les  vivres  tic  la 
('orsi'.    IlIIc-s    cil    jouiNSiiii-iil    (Icpiiis 
(jiu'l.jucs  mois  ,   lorsqu  t'Ilcs  s  eu   vi- 
icnl  privci's  j>ar  les  iiouvelle.s  di.spo- 
silioiis  du  duc  de   Choiseul.  Ces  da- 
mes lircul ,  il   celle  époque,   divers 
voyages   h  Versailles,  pour  solliciler 
la  maiulcnue    de   leur  iuU'rèl   daus 
les   vivres;  el   c'est   alors  cpie  IM"** 
Yauberiiier  (i)   fixa  les  regards  de 
Louis  XV  :    «  Lehel ,  dit  le  conilc, 
fui  chargé  des  ordres  du  loij  el  La- 
bel, avec  qui  elle  ni  moi  u'avious  de 
liaison, ^en  poursuivit  l'exécution  ftu- 
ptcs  rr<7/(' Acw/c.  Néanmoins,  avant 
de    la    conduire    a    Compiègue  ,    il 
voulut  qu'elle  iiV  parût  (pie  comme 
l'épouse  de  mon  frère,  ce  à  quoi  je 
me  prêtai,  ainsi  que  lui,  sans  autre 
7noiif  certainement  alors  que  ce- 
lui d'une  aveugle  et  respectueuse 
obéissance.  »  Mais,  suivant  les  mé- 
moires du  temps,   ce   fut  le  comte 
lui-même  qui  chercha    et  réussit   h 
inspirer  a  l'agent  secret  des  plaisirs 
du   monarque   le  désir  de  présenlcr 

(i)  Les  discussions  d'un  procùsquia  éic  jugâ 
par  li-s  tribunaux  de  Paris  eu  1829,  onl  fait 
connaitru  que  le  nom  de  Vaubernicr  n'atait  ja- 
mais de  veritaljli'ineiit  celui  de  la  comiesse 
du  Harry,  in;iis(ju'clle  était  née,  le  19  ;ioùt  1746, 
d'un  frère  l'icpus,  nomme  le  père  Goniart,  dont 
elle  reçut  d'abord  le  nom,  et  d'une  couturière 
appelée  Anne  Bécu,  dite  Canligny  ,  laquelle 
épuusa  par  la  suite  un  cniimis  aux  barrières 
nommé  Uançon  de  Vaubemici-,  à  la  charge  par 
celui-ci  de  reconnaître  pour  sa  fille  la  petite 
Gumart.  Itançoa  mourut  au  bout  de  ()ueli|ues 
années,  et  sa  veuve  vint  à  Paris  où  elle  mit  à 
])rofit  les  charmes  de  sa  fille.  Lorsque  celle-ci 
fut  arrivée  au  faite  de  la  fortune  ,  cl'e  n'aban- 
donna |)oiiit  sa  mère,  el  madame  Rançon  est 
morte  cni78q  dans  une  maison  qui  appartenait 
à  la  comti's>edu  Barry.  D<q)urs  que  nous  avons 
imprimé  l'artiolc  de  celte  dcrniè:c,  on  a  publié 
sous  son  nom  ,  en  1829  ^^  iS3o,  6  vcl.  in  8°, 
<l<-s  Mi-inoires  apocryphes,  et  dont  les  fabrica- 
ti'urs  sont  aujourd'hui  connus.  Ceux  <|ue  ma- 
dame Guenard,  baronne  de  Miré,  avait  |)ublics 
en  .'(  vol.  in- 12,  Paris  i8<ii,  ne  méritent  pas 
plus  de  coiiGance,  quolcju'ils  soient  écrits  dans 
uii  autre  esprit. 


M"^'  Vaul)ernier.  liienlol  AP*  du 
liarry  lut  élevée  au  degré  de  faveur 
oii  toute  la  l*'raiicera  vue.  Lccomlc 
lie  mil  ])liis  de  homes  a  sou  insolen- 
ce, à  sou  fasie  el  ii  ses  prodigalités, 
ccl'our  souleuir,  dit-il,  le  nouvel 
élal  de  ma  strur  pendant  les  quinze 
premiers  mois,  où  elle  ne  reçut  au- 
cune glace  pécuniaire,  je  fondis  mou 
poriefeuille  ,  et  engageai  le  resle  de 
ma  fortune.  Mes  avances  me  furent 
remboursées  h  litre  de  don  sous  le 
ministère  de  M.  l'abbé Tcrray.  C'est 
a  celle  époque  que  M™*"  du  Barry, 
se  croyant  (piilte  envers  moi  par  les 
renies  vi:igères  et  les  contrats  échan- 
gés ensuite  conlre  le  comté  de  Lille, 
que  j'avais  reçu  en  paiement ,  tou- 
jours sous  le  titre  de  don;  c'est  à 
celte  époque,  dis  je,  qu'elle  se  crut 
libérée  envers  moi  de  tout  autre  sfenre 
de  reconnaissance,  et  qu'elle  cessa, 
pendant  ses;  voyages  a  Paris,  de  ve- 
nir chez  moi,  et  se  dispensa  de  me 
recevoir  chez  elle,  quand  mes  affaires 
m'appelaient  a  Versailles.  »  Celte 
situation  dura  deux  ans.  Le  comte 
Jean  rapporte  qu'il  ne  revit  sa  belle- 
sœur  que  le  second  jour  de  la  mala- 
die du  roi,  et  qu'il  s'était  relire  dans 
une  maison  de  campagne,  à  six  lieues 
de  Paris.  Lorsqu'il  sut  qu'on  avait 
envoyé  M"'*'"  du  Barry  dans  un  cou- 
vent, et  que  toute  sa  famille  était 
exilée  de  la  cour,  saisi  de  crainte 
il  se  hâta  de  sortir  du  royaume  (2). 
Depuis  dix-huit  mois  il  errait  dans 
diverses  contrées,  achevant  de  dé- 
vorer ja  fortune  et  de  ruiner  sa 
saule ,  lorsqu'il  écrivit  de  Bruxelles 

('?.)  On  dit  qu'il  emporta  des  somme*  consi- 
dérables et  l'éciiii  de  la  comtesse  sa  sœur  dont 
il  élait  <léj)o>>itaire. — .Vvaiil  sa  disgrâce,  il  avait 
eu  l'ambitieuse  fantai-.ie  de  marier  son  fils  avec 
une  demi'iselle  de  Be'.hune,  et  ensuite  avec  d'au- 
tres iicritières  di-  grandes  maisons;  il  essuya,  à 
cet  égard,  de  vives  mortificaiiont,  et  il  écrivait 
à  la  comtesse  du  Barry,  qu'il  était  plongé  dafls 
dfs  nuaj^es  de  honte. 


10. 


228                   BAR  B  AR 

pour  clemaDcler  ia  permission  de  vc-  arma  el  Iiabiila  presque  lout  entière 

nir  passer  quelques  jours  a  Paris,  a  ses  frais.  Mais,  dès  qu'il  vit  les  pre- 

proraellaut  de  n'y  voir  que  ses  créan-  ïniers  excès  de  celle   époque  ,  il  les 

ciers,  des  oculistes  et  des  médecins,  désapprouva  hautement,  et  fut  dès- 

M.  de  Maurepas  ,    à  qui  celle  de-  lors  en  bulle  aux  attaques  des  mè- 

mande  fut  communiquée,  répondit  a  mes  hommes  qui  naguère  vantaient 

M.  de  Malesherbes  «  qu'il  avait  pris  son  patriotisme  et  sa  libéralité.  Aus- 

«  le  parli  le  plus  convenable  h  tous  «ilôt  après  la  révolution  du  i  o  août 

a  égards,  en  renvoyant  ce  personnage  1792  il  fut  arrêté  ;  et,  dès  qu'un  fri- 

a  a  la  police  dont  il  élail  le  gibier.  »  bunal  révolutionnaire  eut  été  établi  a 

Il  fut  d'avis  cependant  qu'on  lui  per-  Toulouse,  on  le  désigna  pour  une  de 

mît  de  faire  a  Paris  un  séjour  limité,  ses  premières  viclimes.   Conduit  de- 

et  de  se  retirer  ensuite  en  province,  vanl  ces  terribles  juges,  le  17  janvier 

o  Cela  vaudra  encore  mieux,  écrivait  179^,  on  ne  put  lui  trouver  d'autres 

«  Malshcrbcs,  que  le  spectacle  indé-  torts  que  sa  conduite  sous  le  règne 

«  cent  qu'il  donne  en  parcourant  les  de  Louis  XV.  Ne  daignant  pas  ré- 

«  pays  étrangers,  tantôt  sous  un  nom,  pondre  aux  questions  qui  lui  étaient 

a  tantôtsous  un  autre,  jouant  gros  jeu  adressées,  il  se  contenta  de  tiire  :  A 

«  et  menant  sa  vie    ordinaire.»    Le  quoi  me  servirait  de  vous  disputer 

comte   se  relira  à  Toulouse  ,   où  il  le  peu  de  jours  qui  me  restent  à 

vécut    grandement,    et    fit  bâtir  un  i;/wrf?/ H  éprouva  d'abord  un  moment 

•hôtel   magnifique.    Le   désordre   le  de  faiblesse  en  marchant  au  supplice; 

plus   grand  régna  toujours   dans  ses  mais,  reprenant  ses  forces,  il  salua 

affaires.  Il  écrivait  a  sa  belle-sœur  la  foule  qui  se  pressait  sur  son  pas- 

qu'il  avait  insultée  et  chansonnée  (3),  sage  ,  et  mourut  avec  courage,  envi- 

et  qui  cependant  lui  envoyait  encore  ron  trois  mois  après  que  sa  belle-sœur 

des  secours.  Lors  de  la  réforme  par-  eut  péri  de  la  mémo  manière. — Son 

lementaire,  en    1787,  il   embrassa  ïAs^  Adolphe  du  Barrj^(\\\\:\\s\\.c\.c 

avec  tant   de   chaleur    la  cause  des  page  de  Louis  XV,  fut  tué  en  duel 

magistrats,    qu'on    l'obligea   d'aller  d'un  coup  de  pistolet,  a  la  suite  d'une 

rendre  compte  de  sa  conduite  a  Paris  ([ucrelle  de  jeu. — Le  comte   Guil- 

avec  MM.  Jamme  et  Lafage,   avo-  laumc ,   époux    de  la  maîtresse   de 

cats  célèbres;  et,  lorsque   les  cours  Louis  XV,  fut  aussi  arrêté  eu  1795, 

furent  rappelées  l'année  suivante,  ces  et  il  aurait  subi  le  sort  do  sou  frère 

trois    messieurs     firent    une    entrée  le  Roue,  s'il  n'eût  pas  été  notoire 

trioiTiplianle  dans  Toulouse.  Ou  leur  (|u'il  avait  été  constamment  son  man- 

donua  des  couronnes,  et  leur  éloge,  nequin  et  sont  jouet.  Il  est  mort  en 

en  prose  comme  en  vers,    fut    dans  i^ii.  —  Un  troisième  frère,  connu 

louleslesbonchfs.  LecomleduUarry  sousleuom  de  comte   d'Hargicourt , 

jouit  de  cette  laveur  populaire  jus-  était  capitaine  des   Suisses  de  Blon- 

qu'Ji  l'épotpie   de    la   révolution.    Se  .sieur  et  inaréclial-de-camp;  il  est  mort 

montrant  alors  partisan  des  innova-  en  1820,  a  Page  de  79  ans.   V — ve. 

lions,  il  l'ut  nommé   colonel   d^iue  BAUX  (Jean),  /'o^.  Babiii, 

léijion  de  la   "arde   nationale,   qu'il  Illi  436. 

-_ ^ |L\KTIIEL1:MY  (Nicolas), 

(3)  l'rin.r^n-,  poète  latin,  presque  inconnu,  était  ne 

l>'uù  l«  vient  tout  (lu  llerttt  ?  '           ,      o       <      ¥        1                  i'.         *I1        1 

Drdk»av  .  tic  en  i/,78,   a  Lochcs,  petite  villc  de 


la  Toiiraino.  Ayaiil  omlirassc  la  rè- 
gle (le  Saiiil-IUnoil,  il  fut  i-lii  prieur 
de  Frclleval,  près  de  Vcndinnc  et 
Cli^teaiuliiii,  ri  ciisuile  de  Nolre- 
Dame-d(  -Uomie-N.'uvelle  h  Orléans. 
Il  profila  de  son  séjour  en  cette  ville 
pour  suivre  lesleçons  de  runlversilé, 
ijui  jouissait  alors  d'une  assez,  grande 
réjiulalion,  et  s'y  fil  recevoir  docteur 
en  droit.  Il  était  Tami  du  savant 
Guill.  Budé  ,  comme  on  le  voit  par 
une  longue  lettre  badine  (jifil  lui 
adressa  sur  l'inutilité  de  l'étude 
'  {non  cssG  stiidciidiim).  Bartliélemy 
n'eu  continua  pas  moins  de  cultiver 
avec  ardeur  les  différentes  branches 
de  la  lillétalure.  Il  mourut  après 
l'année  i55i.  On  cite  de  lui  :  I. 
EpigrammatUy  Momiœ,  Kilyllici^ 
etc.,  Paris,  i5i4-;  in-8°;  deux  par- 
ties, la  première  de  48  p. ,  et  la  se- 
conde de  III,  non  cliilTrées.  Les 
épigrammes  ont  été  réimprimées  en 
1002,  iu-8".  Suivant  La  Monnoye  , 
c'est  d'un  beudecasyllabe  de  Barthé- 
lémy que  Rabelais  a  tiré  le  conte  de 
Dodin  et  du  Cordelier,  qu'on  lit  dans 
le  Pantagruel,  liv.  III,  cliap.  2.0 
(Yoy.  ]e  Alenagiana^  I,  367,  éd. 
de  1 7  I  5  ).  IL  De  vita  activa  et 
contemplaiwa  ^  liber  wiuSy  ibid., 
1623,  in-8'\  III.  Ennœœ ^  ibid., 
l53i,  in-8''.  IV.  Christus  xiloni- 
cus,  ibid.,  i53i  ,  in-8°.  C'est  une 
tragédie  en  quatre  actes.  Elle  a  été 
réimprimée,  Anvers,  i537,in-8"*. 
Panser  en  cite  une  édition  de  Paris , 
i52()  (Voy.  Annal,  tjpograph., 
tom.XI).  Suivant  quelques  autres 
bibliographes,  il  en  existe  une  qua- 
trième, Cologne,  I  54^1 .  in-  8°.  Cette 
pièce  n'en  est  pas  moins  très-rare. 
Barthélémy  a  laissé  plusieurs  ouvra- 
ges inédits,  entre  autres  :  I.  Une  P^ie 
duroi Louis  AY/,qui  était  conservée 
dans  les  manuscrits  de  la  bibliothèque 
Colbert  et  qui  avait  appartenu  h  An- 


liAR 


îàacj 


dré  Dufluvsne.  Théod.  GocUTroy  eu 
a  inséré  un  Ira^mcul  dans  la  Vie  de 
Charles  V Jll ,  l'aris,  i  61:7,  iu-4", 
et  Denis  G()(lffi*ov  Pa  reproduit  dans 
un  r<"c//c/7surle  règnede  cejirince,  p. 
2  5 3 .  IL  Une  Vie  do  t  Imrlcs  d'Or- 
léans, dans  la  bibliolhètjue  du  Vati- 
can, parmi  les  manuscrits  de  la  reine 
de  Suède,  n"  868.  La  notice  que 
Niceron  a  publiée  sur  Barthélémy, 
dans  le  tom.  XXXVIII  de  ses  Mé- 
moires,  279-82,  quoique  diffuse, 
est  incomplète.  On  peut  encore  con- 
sulter sur  ce  poète  VdBiblioth.  cu^ 
rieuse  de  David  Clément,  II,  454- 
— Barthélémy  (Nicolas),  avocat  a 
Senlis,  et  ofïicier  du  comte  d'Har- 
court ,  est  auteur  de  l'Apologie  du 
banquet  sanciijié  de  la  veille  des 
Rois,  Paris,  1664,111-12  de  i36 
p.  Cet  ouvrage  a  eu  plusieurs  éditions 
qui  sont  également  rechercliées.  Le 
but  de  l'auteur  est  de  prouver  que  les 
amusements  qui  ont  lieu  a  cette  épo- 
que de  l'année,  ne  sont  condamna- 
bles que  par  l'abus  qu'on  en  peut 
faire.  Il  proteste  que  son  livre  était 
terminé  avant  la  publication  àts  dis- 
cours ecclésiastiques  de  Deslyons^ 
théologal  de  Senlis,  sur  le  même  su- 
jet, et  qu'ainsi  son  intention  n'a 
point  été  d'en  faire  la  critique.  «  Ce 
ce  serait,  dit-il,  jeter  des  pierres  con- 
cc  tre  le  soleil,  parce  qu'il  est  trop 
«  éclatant,  et  combattre  le  tonnerre, 
«  parce  qu'il  fait  trop  de  bruit.  D'ail- 
K  leurs,  je  révère  trop  la  main  qui  a 
te  conduit  la  plume  de  cet  œuvre,  et 
et  ai  trop  de  respect  pour  la  vertu  et 
a  la  doctrine  émiuenle  de  l'auteur.  3> 
Toutes  les  protestations  de  Barthé- 
lémy ne  purent  faire  prendre  le 
change  a  Deslyons,  qui  le  réfuta  so- 
lidement dans  la  préface  des  Traités 
singuliers  et  nouveaux  contre  le 
paganisme  du  Roi  boit  (  Voy, 
Deslyons,  XI,  i  98  ).        .  W — ?. 


2  3o  BAR 

BARTHÉLÉMY  (  Regis- 
Fra>'COis),  historien,  naquit  en  1709 
k  Grenoble  ,  où  son  père  ,  avocat 
distingué,  jouissait  d^uue  juste  con- 
sidération. Ayant  embrassé  l'état 
ecclésiastique,  il  obtint  un  canonicat 
de  la  cathédrale,  et  consacra  dèi-lors 
tous  ses  loisirs  à  Tétude.  En  lyy-i, 
choisi  par  ses  confrères  pour  pronon- 
cer l'oraison  funèbre  de  Louis  XV  , 
il  s'acquitta  de  celle  tache  honora- 
ble avec  succès.  Nommé  syndic  de 
sou  chapitre,  il  voulut  prendre  con- 
naissance des  archives,  en  dressa  les 
inventaires,  et  dans  les  nombreuses 
pièces  mises  a  sa  disposition,  décou- 
vrit de  précieux  documents  pour 
l'histoire  du  Dauphiné.  Ce  premier 
succès  l'ayant  encouragé  dans  ses  re- 
cherches, il  les  étendit  aux  archives 
des  monastères  et  de  la  chambre  des 
comptes 5  et,  devenu  possesseur  d'iiîi- 
menses  matériaux,  il  résolut  d'écrire 
une  nouvelle  histoire  de  sa  province. 
Admis,  lors  de  sa  formation  (lySS), 
à  la  société  littéraire  de  Grenoble  , 
il  y  lut  quelques  dissertations,  qui 
confirmèrent  l'idée  avantageuse  qu'il 
avait  déjà  donnée  de  ses  talents. 
L'abbé  Barthélémy  s'occupait  depuis 
plusieurs  années  (fe  la  rédaction  de 
l'histoire  dau|)hinoise  ,  lorsque  la 
révolu  lion  ,  après  l'avoir  privé  de 
son  bénéfice,  l'obligea  de  songer  h  sa 
sûreté  personnelle.  Retiré  a  Saînt- 
Martin-de-Glelle  (  dans  le  Triève  ) , 
dont  sa  famille  est  originaire  ,  il  y 
passa  les  temps  les  plus  orageux  , 
cherchant  à  se  distraire  par  l'élude 
des  idées  sombres  (jui  l'assié^eaienl. 
De  retour  a  Grenoble,  il  mit  la  der- 
nière main  K  son  grand  travail,  el  mou- 
rut le  i4  iiov.  1812.  Par  son  lesla- 
nienl,  il  légua  son  Jfisloirr  tic  Grc- 
noilf  rt  (les  J)tnt/)/ti/is  ^  Il  M.  Al- 
bert Duboys,  avocat,  son  héritier,  qui 
po.'scde    le    manuscrit  en  2  vol.   iii- 


BAR 

fol.  Cet  ouvrage  s'arrête  k  la  réunioa 
du  Dauphiné  k  la  France  •  il  est  écrit 
d'un  style  simple,  facile  et  assez  pur, 
mais  on  y  retrouve  des  traces  de 
l'esprit  philosophique  du  18^  siècle, 
et  la  critique  y  est  poussée  quelque- 
fois jusqu'au  paradoxe.  Outre  son 
Oraison  funèbre  de  Louis  ^P^^ 
Grenoble,  in-8°de52p.,  on  ne  con- 
naît de  Barthélémy  que  l'Eloge  his- 
torique de  31arguerite  de  Bour- 
gogne ,  épouse  du  dauphin  Gui- 
gnes IV.  Il  est  imprimé  dans  les 
Mémoires  de  la  société  littéraire 
de  Grenoble^  tom.  i**",  '^l^li  ^°" 
8".  Deux  fragments  de  son  His- 
toire de  Grenoble  ont  paru  dans 
V Annuaire  de  l'Isère  de  l'an  IX. 

W— s. 
BARTHÉLÉMY    (l'abbé 

Louis),  auteur  de  la  Grammaire  des 
dames,  ouvrage  dont  les  nombreuses 
éditions  attestent  le  succès,  était  né 
vers  1 7  5  0,  h  Grenoble,  maisd'uneau- 
tre  fan.illeque  leprécédent.IVIalgréla 
précaution  qu'il  a  prise  de  joindre  à 
son  nom  celui  de  sa  ville  natale,  sans 
doute  pour  n'être  pas  confondu  par 
les  bibliographes  avec  l'auteur  du 
Voyage  d'Anacharsis ,  Ersch  n'avait 
point  évitécette erreur'  maisill'a cor- 
rigée dans  le  premier  supplément  de 
sa  France  lllléraire  (^ .  Ersch,  au 
Supp.).  Barbier  en  a  commis  une 
autre  tians  son  Dulionnaire  des  ano- 
nyme^,  en  faisant  naître  l'abbé  Bar- 
ihélemy  a  Lvon,  el  celte  faute,  qui 
mérile  d'autant  plus  d'être  relevée, 
(pic  ce  bibliographe  a  plus  de  répu- 
tation, se  retrouve  d.ins  la  ?/  édil. 
de  son  Dicliounaire.  L'Abbé  Barthé- 
lémy (piitla  de  bonne  heure  sa  patrie, 
el  comme  il  n'y  conserva  de  relations 
ni  de  [larenté  ni  d'amitié,  on  ne  doit 
p  s  être  surpris  (pi'il  y  soit  presque 
inconnu.  Le  soin  particulier  avec  le- 
(iiiel  il  iudi(iiic   (Fans  sa  Gra 


T 


immairo 


les  (U'fauls  delà  proiidncialion  gene- 
voise,  fait  conjeclurcr    qu'il  hahila 
(pirlcjnc  lenijis  (it-uève  cm  le  pays  de 
Vaiul.  On  ne  m-  Iromperail  peiil-rlro 
pas  en  nsstuanl  ijiril  commeDca    p.ir 
remplir  Ks  fondions  de  pit'rcplenr. 
11  était  il  l'aris  en   1785,  el  lis  liai- 
sons intimes  (j>i'il  avait  déjà,  formées 
avec   j)in>ieiirs  gens  de  lettres,  font 
présumer  (ju'il  y  résidait  depuis  plu- 
sieurs années.  Ce  fui  en    1785  qu'il 
puM'a  .sa  Grammaire  des  dames  avec 
nue  dédicace  à   iM"^''  de  Genlis.    qui 
lin  cependant  fait  aucune  menlioude 
Tauleur  ni  de  son  livre  dans  ses  vo- 
lumiricux  I\I(''inoircs.  Encouragé  par 
l'aecueil  (pi'avait  reçu  sou  premier  ou- 
vrage,   l'abbé  Barlbélemy  donna  la 
Cantatrice  i^raniinairicfine  cjui  fut 
loin  d'obtenir  le  même  succès.  S'élant 
déclaré  partisan  de  la  révolution,  il  eu 
défendit  les  principes  dans    quelques 
brochures,  dont  une,  intitulée /cZ^6^5- 
tin  de   la  France  ,    passa    quelque 
temps    pour    un    écrit   posthume   de 
Tabbé  de    Mably.  Mais    d'après    la 
marche  des  événements ,   prévoyant 
sans  doute  q>ue  son  patriotisuie  ne  le 
garantirait  pas  des  vexations  que  le 
parti  triomphant  prodiguait  aux  mi- 
nistres de  la  religion,  l'abbé    Bar- 
thélémy quitta  Paris,   vers  la  fin   de 
1791,   pour  se    retirer  a  Beaujcu  , 
en  Beaujolais.    Cherchant   avec  rai- 
sou  a  se  faire  oublier,    il  ne  reprit 
la  plume  qu'en  1798,  et  ce  fut  pour 
justifier    le   citoyen   Tournus  qui, 
pendant  la  révolution,  avait  divorcé. 
Cet  écrit,  dont,  au  reste,  on  ne  con- 
naît que  le  litre,  prouve,  ce  semble, 
que  SI,  comme    tant  d'autres  de  ses 
confrères,  Tabbé  Birlhélemy  n'avait 
pas  abjuré  son  ministère,  il  avait  du 
moins  adopté  des  principes  bien  re- 
lâchés. Cet  écrivain   vivait  encore  en 
1812  •,  mais  on  ignore  la  date  de  sa 
mort.  Ses  ouvrages  sont  :  1.  Granv- 


BAE 


2  il 


jnairc  (lr<,  dames,  ou  nouveau  traité 
d'orlhograjdie   française  ,    ()'    édil., 
Lyon,  i8of),  in-8".  Il    La  Canta- 
trice çj^rananairicnnc,  ou  l'art  fi'ap- 
prendre  Torllnjgraplie  française  sans 
le    secours  d'aurnu    maître,    par   le 
moyen  de  chansons,  clr.,  Genève  et 
Lyon,  1787,  in-8".  111.  Tablcaude 
V histoire  de  France^  Pari.s,  i  788,  "X 
vol.  in-r  2.  Celle  édition  est  indiqué© 
comme  la  5®.  IV.  Mémoires  secrets 
de   31'"'^    de  Tencin  ,  ses  tendres 
liaisonsavec  Gan^anelli, oui' heu-' 
relise    découverte  relativement   à 
d'Alembert  ,     Grenoble   (Paris)  , 
1790,  2  pari.  in-8".  C'est   une    es- 
pèce de  roman  composé  pour  prou- 
ver que  d'Alembert  est  né   dans    le 
Danphiné.   C'esL-l'a  ce  que    l'auteur 
nomme  une  hciueuse  découverte.  V. 
Le  Destin  de  la  France^  Paris, 
1790,    in-8''   et   in-T2.    VL    Vie 
privée  de  Mablj,  précédée  du  Des- 
tin de  la  France,  ibid.,   1791,   in- 
8**.  YIL    Tableau  de  la  cour   de 
Ro7ne y    ibid.,    179Ï5  in-8'\  VIII. 
Accord  de  la  religion  et  de  la  li- 
berté,'\\i\i\.y  1791 5  iii~8°.  IX.  L'A- 
mi des  peuples  et  des  rois,  précédé 
d'une  nouvelle  édit.  du  Destin  de  la 
France,  augmenté  de  plus  de  5  00  p., 
enrichi  d'autant  de  noies  et  de  la  Vie 
privée  de  Mably,  Lyon,  1809,  in- 
8'%    2  Vol.  X.  Nouvel  abrégé  des 
sciences  et  des  arts,    précédé    d  un 
discours  sur  la  religion,  ibid.,  1808, 
in-12.  On  lui  attribue  encore  :  Fé- 
licie,   ou    la  jeune   Française    à 
Madrid,  pièce  héroïque  en  3  actes. 
Il  a  laissé  m.anuscrits  :  Phocion^oii 
les  Français  à  toutes  les  puissan- 
ces   de   l'Europe  ;  el  les    Siècles- 
politiques  et  littéraires  du   fJau- 
phiiié.  AV — s. 

BARTHÉLÉMY  (  le  marquis 
Fi\A>'cois  )  naquit  a  Aubagne  ,  en 
1750.  Son  oncle,  l'abbé  Barlhélcmj, 


2''i2  BAR  BAR 

^«tew  du  Voyage  d' Anacharsis ^  vail  en  pays  neutre  le  digne  rcpré- 
le  fit(51everavecsoin,  et  jparlafaveur  senlanl  de  la  raison  et  de  la  rao- 
dont  il  jouissait  auprès  d'i  duc  de  dération  françaises  j  et  devant  sa  sa- 
Cholscul,  oblinl  pour  lui  une  place  gesse,  appuyée  il  est  vrai  sur  les 
dans  les  bureaux  des  affaires  élrangè-  contjuêles  de  Pichegru,  ou  se  con- 
res.  Le  caractère  plein  de  modération  iiade  nouveau  ala  France.  Du  moins 
et  de  mesure  du  jeune  Barthélémy  le  TEuropese  divisa  :  ia  Prusse  se  lassa 
rendaitsingullèreracntpropre  acetle  d'iinc  lutte  ruineuse  ,  où  toutes  les 
carrière,  et  songenred'espilty  convc-  puissances  u'avaienl  pas  iniilé  sou  dé- 
liait également.  Il  ne  ressembla  donc  «intéressement,  et  Barthélémy  eut 
point  h  ces  hommes  doni  le  mérite  l'honneur  de  signer  h  Bàle  ,  avec  le 
disparaît  avec  ie  crédit  de  leur  prolec-  plénipotentiaire  prussien,  le  prê- 
teur. Attaché  au  baron  de  Bi  eleuil ,  mier  des  traités  de  la  république 
d'abord  en  Suisse  et  plus  tard  en  française.  Ce  traité  de  Bàle  fut  un 
Suède,  il  accompagna  M.  d'Adhe-  événement  immense  qui,  non-seu- 
mar  à  Londres  en  qualité  de  secré-  lement  détacha  la  Prusse  de  la  coa- 
taire  d'ambassade  :  il  y  était  même  lition ,  mais  brisa  tout-k-falt  le 
comme  chargé  d'affaires  de  France,  nœud  de  l'unité  germanique,  en  tra- 

far  la  révocation  de  son  ambassadeur,  çant  une  ligne  de  démarcation  h  fa- 

orsqu'il  eut  a  notifiera  la  cour  de  quelle  accédèrent  avec  empressement 

Saint-James  l'acceptation  de  la  cens-  toutes  les  puissances  de  l'Allemagne 

titution  de    179 1    par    Louis  XVI.  septentrionale,  qui   y  étaient  com- 

Plus  tard  ,  nomme  ministre  de  Frau-  prises,  même  le  Hanovre.  LaPrusse 

ce   en   Suisse,  il    j  fut    laissé,   ou-  ayant   le   commandement    supérieur 

bllé   peut-être,    dans    les  temps  les  des  troupes,  qui  gardaient  celte  ligne 

plus  calamiteux.  Sans  doute  11  obéit  de  démarcation,    en  acquit  d'autant 

au  gouvernement  qu'il  représentait  ,  plus    d'influence  ,   et  à\t^  ce  jour    il 

mais    tous    les    partis    ont  rcconuu  y  eut  en  Allemagne  deux  empereurs, 

que    l'homme    adoucissait    toujours  Quelque  jugement  que  l'histoire  doive 

autant    qu'il    était    en    lui    les    me-  porter  de   ce    traité  de  Bàle,  il   est 

sures   que   le    ministre    était    obligé  incontestable  qu'il  fut  très-avantageux 

de  provoquer^  et  plus  d'un  émigré,  a  la  France,  et  qu'il  fit  le  plus  grand 

plus    d'un    proscrit     se    félicitèrent  honneur  au  négociateur  Barthélémy. 

qu'il   n'eût  point  cédé  ses  fonctions  Bientôt  après ,  le  traité  conclu  aussi 

à     des     mains    moins     généreuses,  h  Bàle  avec  l'Espagne  mit  le  comble 

Enfin,  aux  orages  d'une  guerre  uni-  h  sa  gloire  diplomati(|ue.  Le  nom  de 

versellc    commencèrent    à   succéder  Barthélémy  dc\int  très- populaire  en 

des  temps  un  peu  plus  calmrs.  Mais,  France  et  Irès-lionoré  en  Europe.  Ce 

dans  celle  lutte  de  la  France  contre  négociateur  ,  p;ir  sa  modérallon  ,  par 

l'Europe,   après  tint  do  fureurs  et  une  conduite  franche  et  loyale,  qui 

d'excès  de  toute  sorte,  la  paix  sein-  est  pre>M]uc  toujours  ce  qu  il  y  a  de 

blait  une  espèce  (rulo|)ie  désorr. lais  mieux,  surtout  en  diplomalie,  s'élait 

impraticable,  et  les  Français  él.iicut  trlIeniiMit    fait   aimer    et    considérer 

regardés  comme    une    nation  lumul-  en    Suisse,    ipie,    lorscju'il  la  quitta 

tueuse,  incompatible  avec  la  société  emportant    des    regrels    universels, 

européenne,  (^e  lut  Barthélémy  (pil  les   arttorilés  civiles  cl  militaires   de 

opéra   la  réc<  ncillalion,   Il   se   Irou-  Bàle    l'accompaguèrenl    ii    quehpic 


distance    (K'iavillo,    et    lui   rrndi*  liilionii.iirc,  rlail  Cariu)l,lVx-mnT)î)rc 
riMil   les  plus    orands  lioinuMirs.    Co  du  comlu'dc  saliil  piihlir.  rinrliiélcmy 
l'iil  cette  haiile  t^lime  (]  ù,  plus  scii-  protesta  an  procès-vci  bal  des  séances 
lie  encore  en  France,  le  porta,   en  i\\\   directoire  contre   la  inodlficalion 
juin  179O,  il  une  i\v^  places  de   ces  du  ministère  (]iii  lut  enVcIncc    parla 
ciii(|  r/m'c/t'//r5  qui,  comme  on  sait,  niajorilé  ,    peu    di-    temps     avant    le 
^'•taienl  momenlanémenl  les  cincj  ruis  18  frncliilor,  el  afin  de  préparer  le 
d(>  1.1  répuMiipie  iVançaise.  Les  deux  succès  de  ce  coup  d'elat.  Cependant 
C\)nst'ilK  (pii  avaient  le  droit  d'élire  la  veille  même  de  celle  journée  ,  son 
les  directeurs,  el  l'usage  de  les  choisir  collègue  Barras  ,  louclié  de  sa  Terlu 
dans    leur  sein,    renoncèrent    pour  et  de  son  no!)l(>  caractère,    lui   avait 
lîartliélemy  h  cet  usage.   Sa  nomi-  fait     pressentir   les  dangers   (pii    le 
ualioii,    faite    en   grantle  partie  par  menaçaient,  ctravaitengagéa  donner 
rinllnence  de  la  société  royaliste  de  sa  démission.  11  se  refusa  a  celle  là- 
Clichv,  n'eut  pourtant  pas  l'approha-  clic  abdication  ,  fut  enlevé  au  point  du 
tioii  des  royalistes  les  plus  prononcés:  jour  par  le  ministre  de  la  police  Sotin 
on  se  défiait  du  caractère  trop  doux  ,  et  emmené   sans  se  plaindre  ,  en  di- 
trop  modéré  de  Barthélémy  j  el,  dans  sant  seulement  :  «  0  ma  patrie!  »  Ce 
la  prévoyance  des  luttes  el  des  ora-  ministre  en    menant  lui-même    a   la 
«es  qui  ne    pouvaient  que  survenir,  prison  dn  Temple  ,  son  directeur  de 
beaucoup  d'opinions  penchèrent  pour  la  veille,    lui  disait  :«  Voilà  ce  que 
legénéralBenruonville,illnstréparsa  c'est  qu'une  révolution  ,  nous  triom- 
lungue  captivité,  par  quelques  succès  phons  aujourd'hui  5  demain  peut-être 
militaires,  et  connu  par  un  caractère  ce  sera  votre  tour.»  —  «  Au  moins, 
énergique.   Il   est  impossible  de   se  dit  Barliiélemy ,  n'csl-il  arrivé  aucun 
dissimuler  que  le  caractère  honorable  raalheur?la  tranquillité  publique  n'a- 
et     vertueux    de    Barthélémy     était  t-elle  point  été  troublée.-' » — «Nulle- 
plus  faible  que  les  circonstances  qui  ment,  répondit  le  ministre;  la  dose 
se  préparaient,  et  que  si,  au  jour  du  était  cependant  forte  j  mais  elle  a  bien 
18  fructidor, Beurnonville  ou  surtout  pris,   cl    le  peuple   a  avalé  la   pil- 
Pichegru  eut  été  directeur,  au  lieu  de  Iule,  jj   Le  peuple  en  a  avalé  bien 
Barthélémy,  les  choses   auraient  pu  d'autres  depuis  ce  temps-la ,   et  ces 
tourner  fort  différemment.  Il  y  a  des  paroles    sont   curieuses    à    retenir, 
jours  et  des  temps  qui  appartiennent  Barthélémy,  enfermé  au  Temple  avec 
visiblement  aux  hommes  d'épée.  Au  Pichegru  ,    Willot ,   Aubry  ,  Larue  , 
reste,  ou  assure  que  la  nomination  de  Lafoud-  Ladébat ,    Barbé-Marbois  , 
Barthélémy  eutTapprobation  de  Louis  Murinals,  Tronson  du  Coudray,  Ra- 
XVIII,  qui  savait  combien  le  parti  de  mel  et  plusieurs  antres,    s'attendait 
la  modération  est  toujours  puissant  comme  eux  a  être  fusillé.  On  crut  leur 
ou  du  moins    nombreux   en  France,  faire  grâce  en  ne  les  condamnant  qu  a 
Quoi  qu'il  en  soit ,  Barthélémy  s'ho-  la   déportation  a    Cayenne.    On  sait 
nora  dans  cette  haute  fonction  et  il  combien  celte  grâce  fut  cruelle,  même 
empêcha   beaucoup    de    mal.   Il    fut  pour  ceux  qui  survécurent.  Des  évè- 
constamment  de  la  minorité  opposée  nemenls    tels  que   le  traité   de    Bàle 
aux  trois  directeurs  révolutionnaires;  appartiennent  a  Thisloire  générale  et 
et^  singulier  jeu  des  révolutions,  son  s'y  retrouveront  toujours  ;   mais  les 
associé,  dans cetteminorité  anli-révo-  petits  détails  d'une  déportation  nous 


234 


BAR 


semblent  appartenir  ciavantage  à  une 
biographie  :  et  a  ce  titre  nous  crovons 
devoir  citer  les  plus  curieux  de  celle- 
ci,  d'autant  que  cet  article  formera 
une  espèce  de  supplément  h  celui 
de  Pichegru  qui  fut  un  des  asso- 
ciés,  dans  la  déportation  ,  aux  mal- 
heurs et  à  révasion  de  Barthé- 
lémy. Ces  détails ,  appliqués  d'ail- 
leurs a  des  hommes  si  illustres , 
sont  un  éternel  sujet  d'intérêt 
qui  sans  doute  les  fera  excuser. 
En  parlant  de  la  proscription  de 
Barthélémy,  il  est  impossible  de  ne 
pas  parler  de  l'héroïque  dévouement 
de  son  valet  de  chambre  Letellier, 
qui  demanda  et  obtint  du  directoire 
la  perriiission  de  suivre  son  maître  , 
et  vint  avec  joie  présenter  cet  ordre 
au  moment  où  les  prisonniers  raon- 
laienl  dans  les  charriots  g;rillés  qui 
allaient  les  conduire  a  Rochefort. 
Traité  Af'  fanatique  par  Augereau  , 
il  se  piécipila aux  pieds  de  son  maître 
qui  le  pressa  contre  son  creur  jet,  dès 
ce  jour,  il  ne  fut  plus  regardé  par  lui 
(pie  comme  un  ami  et  par  les  autres 
déportés  que  comme  leur  égal.  Celte 
déportation  qu'on  osa  alors  appeler  un 
acte  de  clémence  ,  n'était  qu'un  autre 
arrêt  de  mort.  On  ne  peut  délailler  ici 
les  rigueurs  que,  dès  le  premier  jour, 
on  exerça  contre  les  déportés,  h  la 
lèl(;  des(piels  on  pouvait  mettre  Bar- 
thélémy arraché  \  loleinment  a  la  ure- 
mière  fonction  de  la  républitpie  ,  et  en 
effet  /^//Vyt/*"///- de  droit.  Aeôlé  de  lui 
brill.iijcriin  antre  éelal  Pichegru,  avec 
sa  couronne  de  victoires,  et,  parmi 
leurs  collègue.sde  malheni- ,  on  comp- 
tait le  vieux  général  Miirinais  ,  La- 
fond- F/adébal ,  président  du  conseil 
des  anciens,  BarI>é-Mar!)()is,Tr()nsoii 
du  Coudray  ,  A\  illot  ,  Delarue,  plu- 
sieurs autres  députés  et  l'ex-comman- 
danl  de  la  garde  du  directoire  Ramel 
cpii ,  comme  l'ii  hegru  ,  devait  avoir 


BAR 

le  malheur  d'échapper  a  cette  pro- 
scription, et  comme  lui  était  réservé  'a 
de  plus  sinistres  destinées.  En  lisant 
tous  ces  noms ,  croirait-on  qu'a  Tours 
on  osa  confondre  de  tels  prisonniers, 
avec  la  chaîne  à,(ù^  galériens j  et  les 
mêler  avec  eux  dans  la  même  cour , 
qu'entouraienllcs  cachots  destinés  aux 
uns  et  aux  autres.  Dès  que  les  conduc- 
teurs se  furent  retirés  ,  les  galériens, 
plus  délicats  que  les  prescripteurs,  se 
tinrenlaTécartet  i'uu  d'eux  dit  aux  dé- 
portés ces  mots  remarquables,  «  Mes- 
«  sieurs  ,  nous  sommes  bien  fâchés  de 
«  vous  voir  ici  5  nous  ne  sommes  pas 
«  dignes  de  vous  approcher.  Mais  si 
te  dans  le  malheureux  état  où  nous 
a  sommes  réduits ,  il  y  a  quelques 
«  services  que  nous  puissions  vous 
«  rendre  ,  daignez  les  accepter.  Le 
te  cachot  que  l'on  vous  a  préparé  est 
<t  le  plus  froid  et  le  plus  étroit  de 
ce  tous;  nous  vous  prions  de  prendre 
tt  le  nôtre  ,  il  est  plus  grand  et  moins 
te  humide,  j)  Celte  étrange  hospilalllé 
fut  acceptée .  Il  y  avait  plus  de 
trente  heures  que  les  déportés  n'a- 
vaient rien  pris ,  et  une  livre  de 
pain  ,  une  demi  -  bouteille  de  vin 
furent  la  ralion  qu'on  leur  accorda. 
Il  ne  faut  pas  oub'ler  de  dire  quo 
dans  ce  voyage  ,  que  les  déportés  fi- 
rent sur  des  charriots  grillés  comme 
])our  des  bêles  féroces,  les  injures  et 
les  menaces  de  la  populace  turent  pres- 
que partout  leur  odieux  corlège  (i). 
Ce  fut  au  milieu  d'insulles  et  de  soul- 
francexle  toute  espèce  (pie  Barlhélemy 
et  ses  compagnons  arrivèrent  h  Ro- 
cheforl.  l.a,  de  plus  \ives  impreca- 


(i)  I.r  (lirrii'iirr  nvnil  cbargn  tic  roiuluiro  Ifii 
«Irjiortrs  jii.iini'a  lîiiclit'fdrt  i^n  noiiiiii^  Dnlrrtrf, 
iiiicicii  m  iirliiiiid  (le  voliiillrs  à  Miixtiinr,  dcvanit 
^1  ne  l'ai.  C.'rlail  nu  ilos  lioiiinirs  Uvn  |>lii>  liTocr» 
ilt^  irltf  t'imrjiif.  Jiininis  U-%  ii  volutioiis  n'iuit 
f.iii  imiibrr  !•  pouvoir  diini  <U*a  iiiiiins  plus 
nlijrctr».  Il  .s'iuMpiitla  (le  Cfttf  iiii>»ioii  d'uno 
uiniiii"^r«i  si  l>r\itnli'  ,  il  y  «ominil  Ar  XtWvs  r\nc- 
titms,  qitu  h's  diiotUni»  t'iix-mnii»*  lu'  piirrot 


I3AR  BAR                    0.3^, 

lioni  s'i-lrvi'iTiil  conirt*  (mix;  ri  niix  l'ranrr  ,  av.iif  prii  loiil  cnlicrc  pnr 
Irailcmrnls  qu'ils  t'prouvaiciil  cl  .nit  rinfliPiicc  du  rlimal.  Jcaiiiict  n'en 
piivalioin  (Innl  on  les  nccalilail,  plu-  Sdulin!  jias  moins  aiit  déportés,  ot 
.vii'urs  d'cnlrc  eux,  (jiiand  pcudaul  la  ])lii.s  lartl  au  ^ou\  (MrifMtiruI  Iraurais, 
iiiiil  on  1rs  (il  voj^uci  .sur  la  (>l)arri)l(',  (pir  le  canlon  de  Siiuiauiarv  clail  le 
pcnsoriMit  il  Carrier  cl  aux  Ixirrctirsdc  jtlu.s  sain  delà  colonie.  I\lais  rpiaïul 
la  Loire.  î/eiuhanpienieul  sur  la  cor-  l^arllirieuiy  cl  ses  coinpajnious  y 
Acllela  J' ttill(tiitc  lut  sinistre  et  af-  arrlvèreul,  uu  liouiiue  de  35  ans, 
nii;canl  :  mais  la  sévérité  du  premier  plus  cassé  cpie  les  .sexaj^énaires  de 
accueil  s'adoucit ,  i\l'S<  (ju'ou  eut  per-  l'F.urope,  sorlit  d'une  bararpie  iso- 
du  de  vue  les  côtes  de  France^  lée ,  et  leur  dit  :  «Ah!  messieurs 
cl  l'équipage,  a  qui  Ton  avait  in-  vous  descendez  dans  un  tombeau.» 
spire  les  plus  odieuses  préventions  On  les  logea  dans  des  cases  qui  se 
contre  les  prisonniers,  ne  larda  toucliaient ,  et  dont  une  était  occupée 
])as  h  reconnaître  et  a  respecter  par  l)illaud-Yarennes,  ce  tigre  mu- 
ni eux  des  hommes  vertueux  et  doux,  selé  (pii  aurait  voulu  les  dévorer 
H  était  impossible  par  exemple  de  tous.  Les  déportés  furent  partagés 
ressembler  moins  a  un  brigand  que  dans  les  autres  cases  ;  on  leur  donna 
liarlhélemv.  Les  proscrits  furent  un  hamac,  mais  pas  une  chaise,  ni  une' 
moins  heureux  a  Cavenne  :  sans  don-  talde,  ni  un  meuble,  ni  le  moindre  us- 
te  ,  là,  comme  dans  leur  navire  ,  tensile.  Cesl  là,  ce  fut. sous  le  pouvoir 
comme  en  France,  ils  rencontre-  dictatorial  d'un  ancien  laquais,  pro- 
renl  quelques  âmes  généreuses  5  naais  consul  de  Jeannet  a  Sinnamarj,  i\\\(i 
ils  trouvèrent  pour  agent  supé-  s'aggravèrent  tous  les  jours  les  souf- 
rieur  de  la  colonie  un  neveu  de  frances  des  déportés.  Le  plus  vieux , 
Danton^  Jeannet,  immortalisé  par  un  dcshommeslesplusrespcctablesde 
leurs  maHieurs.  Il  serait  a  désirer  nos  temps,  ]\îurinais,  succond)a  le  pre- 
que  rhorrlble  renommée  de  cet  hom-  mier  pendant  qu'on  sollicitait  encore 
me  décourageât  les  persécuteurs  a  a  Cnyenne  la  permission  de  Py  Irans- 
vcnir,  forcés  tôt  ou  tard  de  compa-  porter.  L'éloquent  Tronson  du  Cou- 
laîtreau  tribunal  de  l'histoire.  Jean-  dray  ,  marqué  déjà  lui-même  pour 
net  ,  mécontent  des  égards  ,  des  la  mort ,  prononça  l'oraison  funèbre 
respects  même  que  les  habitants  de  de  son  compagnon  en  pré.sence  de 
Cavenne  témoignaient  aux  dépor-  tous  les  autres,  qui  pouvaient  dire 
tés  5  imagina  de  les  transférer  a  au  cercueil  :  Moriturî  te  saliitant. 
trente  lieues  de  la  ,  a  Sinnamary.  Tronson  du  Coudray  avait  pris  pour 
C'était  non  loin  de  ce  désert  que,  texic  :  Super Jlwnina  Bahylonis , 
sous  le  ministère  de  Choiseul,  une  il^Hc  sedimus  et  Jlevimiis  cum  re- 
colonie nombreuse  ,  importée  de  c'or<:/ar6v/2?^r5'/o/ï.  Paroles  touchantes 
partout,  mais  plus  encore  prononcées 

If.  tolrrrr.   Dutntrc  fut  .-.rrrlô  avant  dVîrr  nr-  P'"^^    ""    dcporlé    français    SUr    IcS    Sa- 

rivi'  à  Rodiefort,  et  envoyé  à  l'.nris.  i/autcm-  vanes  pestilentielles   dc   Siunamary. 

dn    celte   noie  i'a  vu  venir   à   l'abliave   au  mi-  n         ^'                  r   i     T              1        j       i              .. 

lieu  d'un   gran.l    no,t.bre    de    g.ns  dé  bien  .,ui  Lc     diSCOUrS  tilt   (llgUC    dU     tCXtC  ,     et 

gémis.<;«ierit  .-ilors  dans    cette   prison.   Les  traits  IfS  soldats   ct  IcS  nègrCS  dc  la  Colonic, 

i{;nobles,  le  l.m'jnge   stunide  dc  celle  esni^ce  de  •    ^      •                                               n                i 

caricature  furent  pour  <ux  une  .sorte  dc  spc. la-  ^"ï  étaient  accoucus  pour  !  entendre, 

de;  s'ils  pouvai.nl  ctrc  reproduits,  rinii  ne  se-  éclatèrent     eux-mèmcs   en    (rémisse- 

vait    plus  proj)re    à    donner   une  idée   vi-aie    de  -p                     .              .      ,        °             . 

ces  tpjnps  d.piorabics.                 M— b  j.  ments.  Jcauncl,  mslruit  de  cette  cir- 


a36 


BAR 


constance ,  fît  puLlier  que  quiconque 
cherclicrait,  par  ses  discours,  aapp-i- 
toyer  les  soldats  ou  les  nègres  sur 
le  sort  des  déportés,  serait  fusillé  sur- 
le-champ.  Barthélémy  était  déjà  très- 
faible  et  ne  croyait  pas  pouvoir  long- 
temps survivre  à  ses  souffrances.  Dans 
la  répartition  des  travaux  que  s'é- 
taient faite  les  proscrits ,  l'ancien 
directeur  s'était  chargé  du  soin 
de  faire  la  chasse  aux  scorpions  et 
autres  insectes  venimeux  qui  infes- 
taient les  cases.  Bientôt  il  tomba 
gravement  malade  ,  et  celte  fois 
Jeannet,  effiajé  pourtant  de  tou- 
tes ces  perles,  le  laissa  transférer 
a  I  hôpital  de  Cajenne  ,  où,  par  des 
soins  prodigieux  et  touchants,  les 
anges  de  saint  Vincent  de  Paul 
le  sauvèrent.  Son  fidèle  Letellier  l'a- 
vait suivi,  et,  lorsqu'il  fut  convales- 
cent, voulait  toujours  le  servir  et  se 
tenir  debout  derrière  lui.  Il  fallut 
que  Barthélémy  ,  presque  fâché  , 
le  contraignît  à  s'asseoir  et  k  pren- 
dre place  K  la  même  table,  en 
l'appelant  son  ami.  Il  n'était  pas 
encore  rétabli  tout -a-fait,  quand 
Jeannet  le  força  de  retourner  a  Sin- 
namary  •  il  s'embarqua  sur  la  même 
goélette  ,  avec  le  commandant  de 
Sinnamary,  qui  était  venu  lui-même 
se  rétablir  a  Cayenne.  Ce  com- 
mandant nommé  Freyiag,  alors  sim- 
])le  capitaine  et  depuis  général,  a 
écrit  (les  mémoires  intéressants  , 
et  il  raconte  ain^i  sou  voyage  avec 
Barthélémy.  «  Nous  sortîmes  de  la 
«  rivière  de  Cayenne  p;ir  \\\\  temps 
a  assez  calme*  mais  (juand  nous  eu- 
«  mes  gagné  le  large,  nous  trouvâmes 
tt  le  vent  contraire  et  la  mer  très- 
«  agitée.  M.  Barthélémy,  n'ayant 
u  |)as  le  pii-d  marin,  et  accablé  du 
«  m.il  dr  mer,  s'était  couché  sur  le 
«  pont  et  paraissait  presipie  inanimé. 
«  Je  veillais  auprès  de  lui ,  cl  voyais 


BAR 

Ci  avec  douleur  que  les  matelots, 
a  malgrémes représentations,  et  sans 
«  If  vouloir,  le  foulaient  aux  pieds. 
«  Obligé  pour  louvoyer  de  revirer  de 
«bord  a  chaque  instant,  le  roulis 
«  jetait  sur  ce  corps  immobile  et 
«  les  hommes  et  les  «Tgrès.  Je  souf- 
«  frais  trop  de  le  voir  dans  cette  si- 
ce  tuation,  et  je  résolus  de  le  trans- 
ce  porter  comme  je  le  pourrais  dans 
te  la  chambre  du  capitaine,  où  était 
ce  resté  Letellier ,  atteint  lui-même 
ce  du  mal  de  mer ,  et  hors  d'état  de 
ce  me  prêter  aucun  secours.  Mais  un 
ce  lîomme  de  la  taille  de  M.  Barthé- 
«  lemy  (il  était  très-grand),  qui  ne 
ce  peut  faire  aucun  mouvement,  est 
ce  très-difficiîe  a  porter,  surtout  au 
ce  milieu  des  violentes  secousses  d'un 
«  navire.  Je  parvins  enfin  a  le  traî- 
ec  ner  jusqu'à  l'escalier  delà  chambre j 
«  mais  ce  poste  n'était  pas  plus  te- 
ce  nable  que  rautrc.  Les  matelots  lui 
ce  marchaient  sur  la  tète  et  sur  le 
«e  corps  ^  personne  ne  pouvait  s'en  oc- 
«  cuper ,  l'équipage  trop  faible  suf- 
cc  fisait  a  peine  à  la  manœuvre.  Je  le 
ce  saisis  par  les  pieds,  et  le  faisant 
ce  descendre  le  plus  doucement  que 
ce  jipus  ,  je  parvins  'aie  déposer  dans 
ce  la  chambre  où  il  sont  frit  beaucoup 
ce  de  la  privation  d'air,  mais  ne  fut 
ce  plus  exposé,  du  moins,  a  être 
ce  meurtri.  Voila  donc,  me  disais-je, 
ce  celui  que  la  France  et  la  Suisse  ont 
ce  salué  comme  pacificateur,  l'un  de 
c(  ceux  à  (pii  les  rênes  du  gouverne- 
ce  ment  d\iii  grand  empire  ont  été 
ce  reniis'\s  !  Il  est  proscrit  par  les  puis- 
a  santsdujour,  ellonléaiix  pieds  par 
a  les  hommes  les  plus  grossiers.»  Ce 
commandant  l'reylag,  avec  ses  senti- 
ments luiiiiains,  ne  pouvait  convenir 
h  Jeannet.  Daillcurs  il  avait  coimu 
en  Alsace  ]*ic heu.ru  ,  et  adoucissait 
autant  (pi'ii  le  pouvait  sa  position  5  il 
fut  un  jour  enlevé,  et,  par  ordre  de 


E.UV 

»]o;ii\iul,  jolc  sur  une  cùlc  ilocilo. 
Son  successeur  a  Sinnamarv,  noinino 
Avim* ,  se  mollira  loiil-ii-lail  dij.Mic  ilc 
Jeaniwl,  cl  couiMa  les  soiilTiaiiccs 
(les  dctiiHis.Kl  coniiiu'si  le  séjour  de 
Siniiaiiiarv  ncùl  pas  élc  assez  liorrl  • 
ble,  on  s'orcujiait  ii  inar([uer  cl  h  con- 
struire des  cases  pour  5,ooo  dépor- 
tés dans  le  (piartier  de  Conanama  plus 
malsain  encore;  et  Ton  sali  en  elli  t 
(Hiclle  n()ni!)reu>e  poj)ulallou  d'inlor- 
luués  cl  de  j^ens  de  bien  (ul  en- 
gloulie  plus  larel  dans  ce  ciinelière. 
A\aul  (ju  d  put  être  peuplé,  les  pre- 
miers déportés  se  décidèrent  h  tout 
risquer  pour  édiapper  au  supplice  de 
Sinnamary  cl  a  la  mort  prochaine  qui 
les  allcndalt.  Mais  tous  ne  purent 
prendre  part  a  cette  entreprise  déses- 

f)éréc.  Plusieurs  étaient  déjà  trop  raa- 
ades,  Brotier,  la  ^  illeurnoy  trou- 
vèrent ce  projet  impraticable;  Barbé- 
Marbols  le  jugea  encore  p!us  impos- 
sible; Lafond  -  Ladébat ,  Tronsou 
du  CouJray,  s'obslinaicut  à  croire 
encore  à  la  justice  d'alors  ,  craignaient 
de  faire  dépouiller  leurs  familles  de 
leurs  fortunes  trop  en  évidence,  et 
voulaient  attendre,  a  Sinnamary, 
le  jugement  qu'on  leur  avait  refusé 
eu  France.  Bientôt  du  Coudray  tom- 
ba malade;  on  sollicita  vaineuient 
pour  lui  la  permission  d'être  transféré 
à  Cayenne  •  et  ce  fut  alors  que  Jean- 
net  écrivit  ces  paroles  décisives  : 
«  Je  ne  sais  pourquoi  ces  messieurs 
ne  cessent  de  m'imporluner  ;  ils 
doivent  savoir  qu'ils  n'ont  pas  été 
envoyés  a  Sinnamary  pour  y  vivre 
éterneilement.  jj  II  faut  un  tel  pays 
et  un  tel  état  de  choses,  pour  faire 
concevoir  (jue  buil  hommes  aient  con- 
senti a  risquer  de  faire  cent  lieues  de 
navigation  sur  une  pirogue  que  la 
moindre  vague  pouvait  engloutir.  Ils 
songèrent  d  abord  h  gagner  par  terre 
les   établissements    purlugaiij    mais 


JUAR 


.:i7 


ils  manquaient  de  guide  et  (riiilerprè- 
le  ,  (  l  n'ignoraient  pas  que  la  natioib 
indienne  i\v^  (ralibis  ,  la  plus  voisino 
de  ce  côté,  avait  rompu  toute  commu- 
nlcalion  avec  les  Français,  et,  chose 
singulière,  les  avait  pris  en  horreur, 
depuis  (pi'elle  savait  (ju'lls  avaient 
tué  leur  chef  (le  roi  Louis  XVI). 
On  renonça  donc  a  ce  projet ,  impra- 
ticable d'ailleurs  par  les  lorèls  immen- 
ses qu'il  {allait  traverser.  11  lut  arrêté 
(prou  chercherait  a  gagner  par  mer 
Surinam,  où  les  déportés  avalent 
Heu  d'espérer  de  l'intérêt.  Mais  ils 
n'avaient  pas  même  un  pilote  pour 
naviguer  sur  cette  mer  diîficile,  lors- 
([u'il  leur  en  arriva  un  qu'ils  étaient 
loin  d'attendre.  Le  malheur,  et  sur- 
tout le  malheur  illustre  et  innocent, 
est  une  espèce  de  langue  universelle 
qui  loiiche  toutes  les  nations.  Un  gé- 
néreux Américain,  nommé  Tilly,  avait 
charq,é  un  vaisseau  de  commerce  à 
lui  appartenant,  cl  s'élail  eiprès 
laissé  aifaler  sous  le  vent  de  Cayenne, 
pour  avoir  un  prétexte  de  mouiller 
dans  la  rade  de  Sinnamary,  et  offrir 
aux  déportés  une  occasion  de  s'échap- 
per. Mais  il  fut  pris  par  un  corsaire 
de  Cayenne,  et  amené  comme  pri- 
sonnier la  oii  il  voulait  se  présenter 
comme  libérateur.  Du  moins  il  vit 
les  déportés ,  s'ouvrit  a  eux;  et,  sur 
l'aveu  de  leur  projet  d'évasion ,  il 
les  blâma  de  se  confier  a  une  fVè!e 
pirogue;  mais,  les  voyant  décidés, 
ce  Demain, leurdit-il, onm'emmènera 
a  Cayenne,  par  terre  et  sous  escorte, 
et  mou  absence  serait  trop  remarquée, 
mais  je  vous  laisserai  mon  maîlre  d'é- 
quipage Barrick ,  et  peut-être  le  ciel 
vous  protégera,  n  II  faut  lire  les  dé- 
tails de  celte  évasion  dans  l'ou- 
vrage de  Delaruc  ,  inlilulé  :  ///a- 
toi/'e  du  iS  J}'uctùlor;  car  l'ou- 
vrage de  ilamel,  sur  le  même  sujet , 
est  empreint  d'une  cxagéralion  quel- 


238 


BAR 


quefois  sans  Bornes.  Les  fugitifs  vo- 
guèrent toute  la  nuit  5  mais  au  matin 
ils  avaient  perdu  de  vue  la  terre.  Ils 
s'en  rappioclièreut  avec  peine,  tou- 
jours au  moment  de  périr,  et  vidant 
presque  sans  cesse ,  avec  leurs  cale- 
Basses  et  même  avec  leurs  chapeaux 
Teau  qui  pénétrait  dans  la  pIrogi;e. 
Ils  passèrent  la  nuit  très-près  encore 
de  la  côte  franraise ,  et  au  matin 
ils  furent  surpris  par  un  calme  de 
vingt' quatre  heures   qui  pouvait  les 

Îierdre.  Enfin  le  troisième  jour 
e  vent  étant  devenu  favorable,  ils 
francliireut  sans  danger  la  rivière 
du  Maroni  qui  sépare  les  Guianes 
française  et  hollandaise.  Mais  leurs 
périù,  qui  semblaient  finis,  s'accru- 
rent encore.  En  passant  près  dujort 
d'Orange^  il  furent  salués  par  trois 
boulets  de  canon  ,  qui  les  forcèrent  à 
prendre  le  large  ;  il  surent  depuis  que 
les  Hollandais  voulaient  qu'ils  arbo- 
rassent pavillon,  ce  cpii  leur  éiait 
impossible  puisqu'ils  n'tu  iivaient  au- 
cun. Repousses  du  fort  d'Orange, 
ils  résolurent  de  gagner  le  fort  plus 
lointain  de  IMonle-Ki  ici. .  Mais  le  vent 
devenant  orageux  ,  ils  ne  purent  aller 
jusque -la.  Vers  la  nuit,  leur  pirogue 
chavira  sur  une  terre  molle  où  ils  pas- 
sèrent deux  heures  il  la  disputer  aux 
va<nies,  et  ils  furent  obligés  enlin  de 
la  leur  abandonner  et  avec  elle  leurs 
armes  et  le  reste  de  burs  provisions. 
Ce  fut  dans  celte  position  qu'il  fallut 
cnser  a  se  défendre  des  tigres,  dont 
es  hurlrmcnls  retentissaient  dans  les 
bois  voisins.  Uuhriquelque  Picliegiu 
avait  sauvé  du  naufrage,  permit  .mx 
déportés  d'allumer  des  feux.  Mais 
ces  feux  (pli  écartaient  les  tigres  at- 
tirèrent des  myriades  de  mousli(pies 
dont  ils  furent  dévorés  tonte  la  nuit. 
Le  pauvre  lîarrick  fut  le  plus  mal- 
traité et  pensa  périr.  Le  je. ur  reparut 
plus  terrible  encore  (pie  la  nuit  ,    et 


l 


BAR 

eur  montra  une  plage  marécageuse 
et  stérile,  bordée  de  bois  inaccessi- 
bles, fermée  par  des  rivières  ou  par 
des  ruisseaux  vaseux,  plus  diffi- 
ciles 'a  franchir.  Une  seconde  nuit 
sur  ces  parages  fut  encore  plus  cruel- 
le j  car  a  peiue  eurent-ils  allumé  ces 
feux  contre  les  tigres,  qu'une  pluie 
diluvienne,  qui  dura  jusqu'au  jour, 
vint  les  accabler.  Le  matin,  huitième 
jour  de  ce  cruel  vovage,  leur  offrit  un 
ciel  serein  5  mais  l'espérance  com- 
mençait à  les  fuir,  et  ils  se  regar- 
daient comme  ensevelis  dans  ce  dé- 
sert ,  quand  la  fortune  y  amena  deux 
soldats  envoyés  en  ordonnance  du 
fort  iMonte-Krick  au  fort  d'Orange. 
C'était  par  le  plus  grand  hasard 
qu'ils  avaient  pris  cette  route  a  peine 
frayée.  Les  proscrits  instruits  par 
eux  qu'ils  n'étaient  qu'a  deux  lieues 
du  fort  Monle-Krick,  se  décidè- 
rent h  y  envoyer  ceux  d'entre  eux 
qui  se  trouvaient  le  plus  en  état  de 
supporter  celle  fatigue.  Le  choix 
tomba  sur  Barthélémy  et  sur  Dcla- 
rnej  ils  partirent  sur-le-champ  par 
le  chemin  cpie  leur  indiquèrent  les 
soldais,  arrivèrent  culin  ,  se  donnè- 
rent pour  des  colons  français  uaufra- 
gc^'s,  et  obtinrent  qu'on  envoyât  des 
hommes  jtour  relever  leur  pirogue, 
et  des  vivres  pour  les  ranimer.  Eux- 
mêmes,  après  un  repas  (pii  leur  était 
bien  nécessaire,  voulurent  aller  por- 
ter ces  bonnes  nouvelles  a  leurs 
compagnons.  La  pirogue  lut  relevée^ 
et  le  lendemain,  partie  a  pied,  partie 
j)ar  mer,  celle  colonie  lugilive  se 
trouva  recueillie  au  fort  hospitalier 
de  rilui.le-Kriek.  IMais  dansipul  élal 
sepiésenlaienl  ces  homuies,  quipres- 
(pie  tous  avalent  un  raiig  dluslredans 
la  société  1  Brûlés  parle  soleil,  dévo- 
rés parles  insectes,  la  lange  cl  les 
haillons  dont  ils  étaient  couverts 
contrastaient  avec  leurs  passt-porls 


B\R  15  AR                 239 

(le  ni'gocîaiils.  Le  commaïuîant  ne  talion  doiil  le  propriclairc  clait 
])ouvail  non  plus  concevoir  (juils  >se  absout,  ils  y  Iroiivcicnl  par  sou 
iiissciil  liasaiilcs  en  pliiiir  nier  sur  ordre  racciuil  li-  plus  rcciicrchc  ;  el 
une  coquilli'  (II'  noix.  Il  leur  de-  mie  (rie,  (jiil  Iciniiua  la  jourtiéc, 
manda  s'ilsavalenl  louclicàSiiiiiama-  acheva  du  conliaslcr ,  pour  eux, 
ry  :  sur  leur  réponse  négative.  «J'en  avec  les  sonvcjiirs  de  Siimainary ,  Le 
suis  facile,  (lil-d,  j'aurais  bien  voulu  lendemain  ils  arrivèrent  à  l'arama- 
savoir  des  nouvelles  de  ces  iuléres-  riho  ,  capilale  de  la  colijnic,  el  y 
saules  victimes;  les  braves  Picliegru  furent  reçus,  non  pas  avec  éclat  et 
cl  \\  illol  ,  ce  (ligne  M.  Barthélémy  avec  transport,  comme  le  dit  Ilamel, 
doi\ent  être  bien  niallieureux.  »  Pi-  mais  avec  les  soins  les  plus  atîec- 
chei^ru,  \\  illol,  Ikirlliélemy  répon-  lueux.  La  Hollande,  après  avoir  élé 
dirent  (pie  leur  sort  paraissait  s\i-  conquise  par  la  France ,  éliil  alors 
iik'liorer.  Les  déportés  demandèrent  i;on  alliée,  el,  ce  qu'il  y  a  de  singulier, 
a  écrire  au  gouverneur  de  Su-  c'est  que  Pichcgru  en  avait  élé  le 
rinam  ;  ils  l'oblinrenl  ,  et  en  alieu-  conquérant.  Hélait  donc  impossible 
danl  la  réponse,  ils  prodiguèrent  que  le  gouverneur  hollandais  laissât 
leurs  soinsaleur  j)iloteBariick,  (ju'ils  trop  voir  son  intérêt  envers  des 
sau\èrenl  aussi  a  leur  tour.  Le  proscrits  échappés  d'une  colonie  fran- 
troisièmc  jour,  ils  aperçoivent  uu  caisej  mais  il  était  plus  impossi- 
cavalicr  qui  arrivait  ;  Pichegru,  re-  ble  que  lui  étions  les  cœurs  hol- 
conuait  uu  ofFicicr  supérieur  hoilan-  landais  ne  se  souvinssent  pas  de 
dais  :  celui-ci  vient  droit  a  eux,  met  Thumanité,  de  la  justice  et  du  désin- 
pied  a  terre,  et  demande  vivement  téresseraent  de  Pichegru  5  désinté- 
Î\L^L  Picard  el  Gallois  5  c'étaient  les  ressèment  tel  que  .  lorsqu'il  fut  pros- 
noins  fictifs  de  Pichcgru  et  r)ar-  crit  au  18  fructidor,  il  avait  fallu 
thélcmv.  Ils  se  présentent  :  l'officier  pour  lui  procurer  quelques  ressources 
recule  un  moment  devant  la  misère  vendre  son  babit  de  général  et  sa 
de  tant  de  gloire  el  de  tant  de  verlus.  glorieuse  épée.  Du  moins  il  retrouva 
Ah  !  les  scélérats,  s'écrie-l-il,  à  quel  sur  celle  autre  lerre  hollandaise  une 
élal  ilsvous  ont  réduits!  »  Elles  yeux  juste  récompense  de  sa  conduite, 
cbargés  de  ces  nobb  s  larmes  qui  ho-  Hélas  !  ce  fut  son  dernier  beau  jour. 
norenl  les  braves,  il  se  précipite  dani  Dans  la  colonie  de  Paramaribo,  il 
leurs  bras  :  il  embrasse  aussi  les  au-  fut,  ainsi  que  Barthélémy  et  les  au- 
tres déportés.  Il  les  remercie  tous  très  déportés,  comblé  d'égards  in- 
au  nom  du  gouverneur  d'avoir  rcu-  dividuels,  et  les  plus  ricbes  colons 
du  justice  a  ses  sentiraenls,  et  se  fé-  se  disputèrent  celte  généreuse  Lospi- 
licite  d'en  èlre  l'interprète.  Cet  of-  talilé.  Le  proscrlpleur  Jeanuel  ne 
licier  était  un  descendant  du  célèhre  larda  pas  a  réclamer  les  proscrits.  Le 
Coliorn,  et  comme  on  voll,  Irès-di-  commandant  bollandais  répondit 
gne  de  ce  nom.  Une  grande  gondole  d'une  manière  évasive,  et  comme  s  il 
poursue  de  vêlements  el  de  ralraî-  lesavail  méconnus.  Mais  , pour  éviter 
chissemenls  attendait  les  déportés,  des  demandes  plus  vives,  ceux-ci 
Ils  s'y  embaripièrenl,  mais  après  sentirent  eiix-mêines  qu'ils  devaient 
avoir  demandé  et  obtenu  d'être  s'éloigner  de  Surinam.  A  peine  remis 
suivis  par  leur  pirogue  couser-  de  leurs  fatigues,  ils  s'embarquèrent 
valrice.     Reçus    dans     une     babi-  pénétrés  de  reconnaissance  pour  ces 


24o 


BAR 


généreux  Hollandais,  a  qui  ils  durent 
encore   les   moyens  de  récompenser 
uoblement  le  dévouement  de  Barrick. 
Pour  le  généreux  Tilly,  qui  avait 
échappé  aux  dangers  résultant  pour 
lui  de  leur  évasion,  plusieurs  le  re- 
virent a  Londres ,   et  tous ,  jusqu'au 
dernier  jour,  ont  conservé  le  souvenir 
d'un   Ij  ait  si  magnanime  ,    que  l'his- 
toire n'oubliera  pas.  Un  autre   être 
Eon  moins  généreux ,   le   fidèle  Le- 
lellier,    périt   dans  la  traversée   de 
la  Martinique,  et  l'un  des  plus  grands 
malheurs  qu'ait  éprouvésBarlhélemy, 
fut  la  perle  d'un  tel  ami.  Rétabli  non 
sans  peine  de   tant  de  secousses,   il 
passa  en  Angleterre  et  de  la  sur  le 
continent.  La  révolution  du  i8  bru- 
jnaire   ayant  aboli  les  proscriptions 
du  18  fructidor,  Barthélémy  fut  des 
premiers  rappelé  en  France.  Présenté 
par  le  premier  consul ,  il  lut,  le  2 4 
pluviôse  an  8 ,  élu  sénateur  a  la  place 
de  Ducis  qui  refusa  cette  dignité.  Rien 
ne  prouve  mieux  la  diilérence  entre 
la  célébrité  et  le  bonheur  que  cette 
époque  de  la  vie  de  Barthélémy.  La 
proscription    odieuse    de  cet  homme 
de  talent  et  de  vertu  l'avait  en  quel- 
que sorte   couvert  de  gloire  ,  et   lui 
avait  al  tiré,   comme  on  vient  de   le 
voir,  l'hommage  ii.émtî  des  peuples 
étrangers.  Rendu  'a  la  France  ,   à  la 
société  ,  a  une  existence  tranquille  et 
honorée,  Ikirthélemy  cessa  d'occuper 
les  voix  de  la  renommée.  Il  est  vrai 
qu'il  s'était  élevé  alors  en  France  un 
homme  qui  les  occupait  toutes,  et  (jui 
aimait   assez   (|u'tll<\s   ne   parlassent 
que  pour  lui.  Barthélémy,  devenu  sé- 
ualrur  et  bii  iitùt   comle  de  l'enqilre 
el  membre  de  l'institut,  jouit  au  sénat, 
comme  partout ,  d'une  véiitable  con- 
fiidéralliju,  ii.ais  il  y  fut,  comme  on 
disait  aiois,    tihsorhr  ,    cl  di^paIUt 
pr(S(|ueeutièren;ent  de  la  scène  poli- 
tiipie.  Ccpcndanl  BoJiapf^rlc  ne  puu- 


BAR 

vait  choisir  un  plus  habile  ,  ni  un  plus 
honorable  négociateur.   jMais  sa   di- 
plomatie  presque  militaire  ne   pou- 
vait s'accommoder  du  caractère  si  mo- 
déré de  l'ex-directeur  qui,  il  faut  en 
convenir,  était  peu  propre  a  exprimer 
les  violences  et  les  menaces  d'un  con- 
quérant. Aussi,  quoique  Barthélémy, 
en  août  1802,  eût  porté  la  parole  au 
nom  de  la  députation  du  sénat  qui  ve- 
nait offrir  a  Bonaparte  le  consulat  a 
vie,    aucune  fonction  publique  active 
ne  lui  fut  confiée  par  le  nouvel  em- 
pereur.   Il  y  a  lieu  de  croire  aus^i 
que  Barthélémy  n'en  désira  jamais,  et 
même  plus  lard  il  se  félicita  de  n'en 
avoir  pas  reçu.   En  considér.mt  ces 
deux    hommes ,    il   est    évident  que 
Barthélémy  ne  pouvait  pas  plus  ap- 
prouver  Bonaparte    que    Bonaparte 
employer    Barthélémy.      Cependant 
l'opposition  de  celui-ci   fut  toujours 
très-discrète.  Quand  le  géant  tomba 
sous  la    haine  de    l'Europe  et  sous 
la  lassitude  de  la  France  ,  a  cette 
époque   de   iSi/t,    où  ceux   qui  a- 
vaient  le  plus  admiré  ses  victoires, 
en  voyaient  l'issue  et  en  déploraient 
le  réàullat  ,   B.irlhélemy  présida  la 
Si'ance   du   sénat   dans    hujuelle    fut 
prononcée  la  déchéance.  Le  uième 
jpur  ,    a   la    tête    de    ce    corps  ,    il 
complimenta    l'empereur     Alexan- 
dre ,  sur  sa  modération  envers  la  ca- 
pitale ,  et  en  oblinl  la  promcise  de 
la  délivrance   de   tous    les  Français 
prisonniers  en  Russie.  11. signa,  comme 
sénateur ,  l'acte  (jui  rappelait  au  trône 
les  Bourbons.  Lors  du  retour  de  Bo- 
najiarle  en    1810,   il   ne  fut   ni    ne 
voulut    être    au     nombre  îles    pairs 
nommés    par    lui,    et   se    trouva  en 
conséquence  sur  la  liste  du  roi  Louis 
XVlll,    au    retour    de    Gand.    IVu 
ajirès    il   fut    nommé  mendtre   de  ce 
ronsci/    /)iivr,    auquel    il    est    ilou- 
leux  (ju'ou   ait  jam,>is  demandé  des 


Coii'^cils.  A  l;ulianil)rc(l('snairs,  mai- 
gre la  moilcrahiM»  cli-  .soiuMr.uliTi-,  it 
jx'ul-i'lrf  à  c.msi'  ilt>  cfllc  inoilcra- 
(ioii  ,  il  lie  crssi  de  jouir  do  la  jiliis 
liante  conlMiicc  cl  lui  pro.scjue  loii- 
joiirs,  au  nnom  cIIciiumiI  (li'>liiirc'aiix, 
iiomino  prosicionl  ou  vicc-prctlilciil. 
ÎVf  clicrrliaul  jaiiiais  Tcllel  mais  tou- 
jours l'ulililc,  il  prcsenlail  sans  prc- 
U'iilioii  li's  tri!)uls  de  sa  loiiiïiie  expé- 
rience cl  de  si's  liantes  Inniières.  Eu 
1819,  i!  nctinlpashlniipriliic  rendît 
il  la  pairie  cl  au  royaunie  un  service 
de  la  plus  haute  iinj)()rlance.  Eflrayé 
de  la  1(  ndaiice  déniocraïupie  (|ue  pre- 
naient les  élections ,  cel  homme  si 
iiiOileste.  (jiii  n'avait  jamais  consenti 
a  Timpressioii  d'aucun  discours  pro- 
noncé par  lui ,  soit  au  sénat ,  soit  a  la 
chambre  des  pairs,  triompha  de  sa 
réserve  ordinaire  ,  pour  déposer  de- 
vant cette  chambre,  dans  la  séance 
du  20  février,  une  proposition  qui, 
malgré  de  vifs  débats,  lut  prise  eu 
considération.  Cette  proposition  qui 
excila  tant  de  clameurs  mérite  d*étre 
rapportée  tout  enlicrc:  te  Messieurs, 
«  dit  l'honorable  pair,  il  y  a  mainte- 
«  nant  deux  ans  (ju'un  changement 
«  important  fut  introduit  dans  nos  in- 
«  slitulions  naissantes  par  l'établisse- 
«  ment  d'un  nouveau  système  d'élec- 
«  lion.  Les  avantages  annoncés  furent 
ce  soutenus  avec  tant  de  chaleur,  les 
ce  inconvénicntsprévusfurenl appuyés 
ce  par  desîaisonnements  ;>i  plausibles, 
ce  qu'il  fut  permis  d'èlre  incertain 
te  dans  une  matière  aussi  grave.  La 
et  marche  de  la  discussion  rendit 
ce  même  cette  incertitude  si  naturelle, 
«  qu'elle  lut,  peu  a  peu,  partagée 
«  par  les  orateurs  du  gouvernement 
ce  même,  et  qu'en  dernière  analyse, 
ce  ils  déclarèrent  (pie  ce  système  nou- 
u  veau  était  un  essai  que  l'on  vou- 
<c  lait  faire  ;  eL  (jue  la  loi  d'élection 
ce  étant  une  loi  d'organisation  ,  si  l'es- 

LVll. 


BAK 


2/|I 


rt  saî  n'en  répondait  pas  a  l'espoir  que 
ce  donnait  le  nouveau  système,  le 
a  |)()uv()ir  (jiii  r.iisiil  la  loi  pourrait 
ce  aussi  la  nuxblicr.  Cette  déclara- 
«c  lion  ,  Messieurs  ,  fixa  beaucoup 
ce  d'incertitudes  ,  et  je  l'avouerai  a 
ce  cette  tribune,  je  fus  du  no/nbre  de 
te  ceux  (pi'elK.'  détf'nnina  a  voter  en 
«  faveur  de  la  loi  proposée.  Deux 
ce  ans  se  sont  écoulés,  deux  épreuves 
a  ont  été  faites  5  deux  fois  le  gouver- 
a  nement  a  témoigné  des  alarmes. 
a  C'est  par  conséquent  pour  moi  un 
t  devoir  de  conscience  ,  que  de  sol- 
«  liciter  aujourd'hui  l'elfel  d'une  pro- 
ic  messe  qui  a  déterminé  mon  vole, 
ce  Le  sentiment  de  ce  devoir  sera 
a  partagé  sans  doute  par  ceux  qui  ont 
a  volé  par  le  même  motif  que  n;oi 
<c  pour  la  loi  d'élection.  Il  sera  ap- 
a  prouvé  par  ceux  qui ,  n'ayant  vu 
a  dans  le  premier  moment ,  que  les 
a  avantages  du  nouveau  système,  et 
ce  ayant  reconnu  depuis  ses  inconvé- 
a  nients  ,  doivent  souhaiter  de  le  voir 
ce  perfectionner.  Il  le  sera  h  coup 
«  siir  par  ceux  (pii  ont  voté  contre 
c  la  loi,  et  qui  doivent  désirer  de  la 
ce  voir  modifier  de  manière  à  remé- 
te  dier  aux  inconvénientsqu'ils  avaient 
ce  prévus.  Enbn  ,  IMessieurs  ,  il  doit 
ce  être  approuvé  par  îe  gouvernement 
te  même  ,  qui  sera  jiloux  sans  doute 
ce  de  justifier  aujourd'hui  la  confiance 
et  qu'il  nous  inspira  a  une  autre  épo- 
cc  que,  et  qui  doit  sentir  en  même 
ce  temp-î  le  bes(-in  de  modifier  un 
ce  système  qui  n'a  pas  pu  du  premier 
a  jet  être  porté  a  sa  perfection.  Je 
te  demande  donc  que  la  chambre  des 
ce  pairsprenneunc  résolutionen  vertu 
ce  de  laquelle  le  roi  serait  humblement 
ce  supplié  de  présenter  un  projet  de 
ce  loi  tendant  h  faire  éprouver  h  For- 
te ganisation  des  collèges  électoraux 
te  les  modifications  dont  la  nécessi- 
ce  té  peut  paraître   indispensable.  » 

16 


aAa 


BAR 


Si  le  ministère  d'alors  avait  appuyé 
une  proposition  si  sage  ,  une  bonne 
loi  d'éleclion  aurait  assure  la  tranquil- 
lité de  la  monarchie.  Il  la  combattit , 
et  néanmoins  elle  fat  adoptée  par  les 
pairs  h  une  grande  majorité  ;  ce  qui 
amena  une  nombreuse  création  de 
pairs  nouveaux ,  par  lesquels  on  fit, 
non  sans  efforts  ,  adopter  une  autre 
loi  électorale  dont  on  ne  peut  nier  au- 
jourd'hui les  const'C|uences  ,  et  qui 
rendit  a  peu  près  inévitables  les  se- 
cousses qu'on  a  vues  depuis.  Les  es- 
prits étaient  déjà  si  hors  de  toute  me- 
sure, que  cette  proposition  si  sage  fit 
un  moment  présenter  Barthélémy,  le 
plus  modéré  des  hommes  ,  comme  uij 
des  plus  fougueux  ennemis  du  peuple 
et  de  la  liherté,  Bien  étonué  d'être 
devenu  ce  que  l'on  appelait  alors 
un  ullrâ ,  il  s'en  tint  à  Thonneur 
que  lui  avaient  fait,  dans  louslcs  bons 
esprits,  cette  proposition  et  le  cou- 
rage avec  lequel  il  l'avait  soutenue, 
et  se  renferma  désormais  dans  un 
silence  quelquefois  expres^f.  ,  Il  ue 
vécut  pas  toul-k-fail  assez  pour  voir 
le  résultat  déhnilif  de  la  proposi- 
tion ([u'on  avait  préférée  a  li  sienne, 
et,  le  5  avril  i85o,  il  fut  enlevé  en 
peu  d'heures  par  une  attaque  d'apo- 
plexie fou'lroyanle,  a  l'âge  de  80 -ans. 
Il  n'avait  jamais  été  marié  f  mais  un 
de  ses  neveux,  M.  Sauvaire-Barlhé- 
lemy,  avait  obtenu  du  roi  la  Irans- 
n  ission  de  son  litre  et  de  sa  jiLiirie. 
Cet  homme,  qui  avait  été  ambassa- 
deur et  directeur,  liiissa  une  lorlnue 
Ijès-modcsie,  (|ui  ue  rend  son  nom 
que  plus  honorable.  C  est  un  de  ces 
uom^  (|'ii  dans  notre  révobitiou  con- 
solent de  tant  d'autres!  Il  y  a  eu 
des  homme.^  beaucoup  plus  énergi- 
ques (|ue  liarlhélt-my  ;  il  n'y  eu  a  pas 
eu  do  plus  vertueux  ni  de  plus  éclai- 
rés. C.  D.   L. 

liAKTlIliLEMV  (  Amoim;- 


BAR 

Joseph  )  ,  naquit  k  Bruxelles  ,  en 
1764-,  d'un  père,  valet-de-chambre 
du  baron  de  Stassart,  alors  conseil- 
ler privé  et,  depuis,  président  du 
conseil  de  ISamur.  11  fit  ses  humani- 
tés au  collège  de  cette  dernière  ville  j 
mais  des  vers  satiriques  ,  dans  les- 
quels plusieurs  personnes  considé- 
rables étalent  peu  ménagées ,  obli- 
gèrent son  protecteur  de  l'envoyer 
faire  sa  rhétorique  a  INivelles. Après 
avoir  achevé  son  cours  de  philo- 
sophie et  ses  études  eu  droit  a  l'uni- 
versité de  Louvain  ,  il  fut  admis 
h  plaider,  par  le  conseil  de  Brabant. 
Sa  probité  et  ses  connaissances  le  fi- 
rent bientôt  considérer  comme  un  des 
jurisconsultes  les  plus  recommanda- 
bles  du  barreau  de  Bruxelles.  Pen- 
dant la  révolution  belge  de  1790  ,  il 
se  prononça,  mais  avec  modération, 
en  faveur  du  parti  vonckisle  (  f^oj-. 
VoNCK,XLIX,  5 16).  Lorsque  les  ar- 
mées françaises  eurent  conquis  la  Bel- 
gique en  1794?  Barthélémy  fit  partie 
du  consed  provisoire  de  Bruxelles , 
et  s'honora  ,  dans  ces  circonstances 
dilficiles  ,  par  un  dévouement  sans 
bornes  aux  intérêts  de  son  pays.  Le 
convenlionuelllaussman,  ayant  éprou- 
vé de  la  part  du  conseil  un  refus  pour 
l'exécution  d'un  arrêté  qui  ordonnait 
la  levée  d'énormes  contributions  sur 
la  ville  de  Bruxelles  ,  s'écria  trans- 
porté de  fureur  :  «  Sais-tu,  citoyen 
«  Barthélemv,  qu'il  y  va  de  la  tèlc?  » 
—  «  Il  cil  jaillira  du  sang,  et  non  de 
«  Tor,  »  réponilit  Iroidemenl  le  ma- 
gijlral.  Ces  énergiques  paroles  im- 
posèrent au  proconsul,  cpii  n'osa  pas 
donner  suite  a  ses  projets  d'exaction, 
r^énnmoius  l'aduiinistraliou  munici-- 
pale  fui  renouvelée  ,  et  Itarlhélemy 
n'y  rentra  (ju'en  1806.  Il  prit  une 
pari  Irès-acllve  aux  embellissenu-uls 
de  Bruxelles;  c'est  a  lui  qu'on  doit 
l'idée  du  canal  de  couununicaliuu  en- 


BAtl 

tri"  celte  ville  et  (liailer<)|j  il  en 
développa  les  .ivaiila^es  daus  une  l)i  o- 
cliiire,  iiiihlicu  en  1817.  Nuniiué 
membre  de  la  seconde  cli.unhre  des 
élals-généranx,  en  1822  ,  il  se  pro- 
nonça forlenieiil  coulre  la  lijjcrlc  il- 
liiuilée  du  conunerce  des  grains  , 
appuya  les  mesures  du  gonvernc- 
menl  rilalivcs  au  collège  philoso- 
plii({uc  et  à  la  (pieslion  de  l'ensei- 
gncinent  •  toutefois  ,  il  ne  se  sépa- 
ra point  de  l'cpposilion  belge,  en 
1828,  ii()  et  5o.  Au  congres  na- 
tional, il  vola  pour  Texclusion  de  la 
maison  de  Nassau  ,  mais  pour  le  prin- 
cipe moiiarchiijue  ;  et  toujours  il  se 
montra  zélé  défeu'^cur  des  proposi- 
tions (|ui  intéressaient  le  maintien  de 
Tordre.  Le  régent  lui  confia  le  porte- 
feuille de  la  justice  qu'il  conserva 
quelques  mois.  Elu  n:cmbre  de  la 
cbambre  des  représenlanls  (  i85i  ), 
il  en  obtint  la  vice -présidence.  Il 
mourut  subitement  au  chîvtcau  de 
Franc  -  Waret ,  chez  le  marquis  de 
Croix,  le  1 0  novembre  i852.  Ce 
n'était  pas  un  homme  d'une  grande 
portée  de  vue ,  mais  il  avait  de  la  rec- 
titude dans  les  idées,  de  bonnes  in- 
tenlionset  des  mœurs  douces.  Si  l'on 
remar([uait  en  lui  quelque  suscepti- 
bilité d'amour-propre,  sa  vanilé  du 
moins  n'était  jamais  hostile.  Outre 
plusieurs  mémoires  surd'iraporlanles 
questions  de  droit  il  a  publié  :I.  Dis- 
sertation sur  l'ancic/i  et  le  nou- 
veau système  hypotJiècaire ,  Bru- 
xelles ,  i8o6,in-8°  de  100  pages. 
II.  Kxposé  succinct  de  tèlat  de^ 
Pays-Bas ,  depuis  le  quinzième 
siècle  Jusquau  traité  de  paix  si- 
gné à  Paris  le  3  0  mai  1  8  i  /t  , 
Bruxelles,  181^,  in-8*'.  III.  Des  gou- 
vernements passés  et  du  gouver- 
nement à  créer,  iaisanl  suite  a  l'ou- 
vrage précédent,  Bruxelles,  181 5, 
iu-8".  Où  lui  attribue  encore  un  opus- 


BAU 


a45 


culc  inlilulé  :  HeJlcxionsd\ui  vieux 
lliéulogicn  ,  ancien  licencié  eu 
lirait  canon  à  C université  de  Lou- 
vain  y  sur  les  discussions  de  la  se- 
conde chambre  des  étals- géné- 
raux,  dans  les  séances  des  i5,  l4. 
et  i5  décembre  1825  ,  Bruxelles, 
i82  6,in-8"  de  2 7  pages. — Lu  1814. 
il  s'e'iail  associé  a  MM.  Delhougnc , 
Doncker  et  Yan  I\Icenen  ,  pour  la  pu- 
hlicalion  d'un  journal  d'économie  po- 
litujuc,  \  Observateur  belge  ;  mais 
il  cessa  bicnlôt  d'y  fournir  des  arti- 
cles. Son  style  ,  qui  n'est  pas  dé- 
pourvu de  chaleur  ,  manque  trop 
souvent  de   correction  et  de   goût. 

Sx — T. 

BARTHÉLÉMY  II ADOT 

(jVi"'").  Voy.  Uadot,  au  Suppl. 
ÎÎARTHEMA.    Voyez   Var- 

TO.^! ANUS  ,   XL VII,     557. 

BARTIÎEZ  DE  Marmorières 
(Guillaume),  père  du  célèbre  mé- 
decin de  ce  nom  {V.  Bartuez,  III, 
446).  naquit  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-buitièmc  siècle,  devint  in- 
génieur dii%  pouls  et  chaussées  de  la 
province  de  Languedoc ,  fut  de  l'a- 
cadémie des  sciences  de  Montpellier, 
et  se  £L  une  grande  réputalion  ,  soit 
par  %ç:s  écrits,  soit  par  les  travaux 
qu'il  (Krigea.  On  a  de  lui  :  I.  Essai 
sur  divers  avantages  que  Vonpour- 
rail  tirer  de  la  côie  du  Languedoc 
relativement  à  la  navigation  et  d 
l'agriculture j  Montpellier  (  sans 
date),  in-4."  avec  2  planches.  II.  I\Ié- 
moires  d'agriculture  et  de  méca"- 
nique ,  avec  les  moyens  de  re- 
médier aux  abus  du  jaugeage  des 
vaisseaux  dans  tous  les  ports  du 
roi,  Paris,  i763,in-8"\  III.  Traité 
des  moyens  de  rendre  la  cote  de 
la  province  du  Languedoc  plus 
Jlorissante  que  j  atnais  ^^\o\\\.^A.\\qv  , 
i786,in-8  ',avec  une  carte.  IV.  Deux 
Mémoires  sur  les  soufjleis  a  chu  le 

16. 


^44 


BAR 


d'eau ,  insérés  dans  le  recueil  des 
Mémoires  àe  racadéraie  des  sciences. 
—  Son  frère  ,  avocat  a  Narbonne,  a 
publié  :  I.  Callopliile,  histoire  tra- 
duite, Paris,  1759,  in-i2.  C'est  un 
roman  allé;^orique  dont  la  traduction 
est  supposée.  II.  Songe  envers,  à 
Erasme,  et  plusieurs  autres  pièces 
de  poésie.  — Barthez  de  Marmo- 
RiÈRES  (le  baron),  fils  de  l'ingé- 
nieur qui  précède  et  frère  cadet  du 
médecin  ,  naquit  h  Saint-Gall  en 
Suisse,    en    lyôô    dans    un   voyage 

3 n'y  firent  ses  parents  ,  et  mit 
ans  la  suite  îi  profit  cette  cir- 
constance, pour  se  faire  nommer 
officier  dans  un  régiment  suisse  au 
service  de  France.  Il  était  avant  la 
révolution,  colonel,  secrétaire  du 
comte  d'Artois  et  gouverneur  de  ses 
pages.  Il  suivit  ce  prince  dans  l'émi- 
gration ,  et  passa  en  1795  ,  au  ser- 
vice de  Sardaigne  avec  le  colonel 
BacLmann  son  ami ,  et  comme  lui 
revint  en  Suisse  après  la  conclusion 
de  la  paix  en  1796.  11  avait  élé  se- 
crétaire de  M.  de  Bcateville,  en- 
Toyé  de  France  près  i\i's  cantons 
Suisses,  cl  il  eut  a  cette  époque  avec 
J.-J.  Rousseau  des  relations  dont 
celui-ci  parle  dans  le  dernier  li- 
vre de  ses  Conjcssions  avec  cet 
accent  de  défiance  (pi'il  prenait  a  l'é- 
gard de  ceux  mtmes  (pii  chercliaient 
à  lui  rendre  service.  Il  rentra  dans 
la  diplomatie  eu  nSou,  et  fut  em- 
ployé diins  celle  partie  à  Berne , 
pendant  quebjues  mois.  Revenu  h 
Paris  dans  la  uiôme  année  il  y  publia 
une  espèce  de  roniau  (|u'il  supposait 
trafbiit  du  cliaidécn  ,  s^wx^  le  titre 
f[l'Un(i(/t(in  oulcsa'ç^rstlel'lionniu', 
5  vol,  iu-{)",  1802.  On  a  enroie 
de  lui  :  I.  La  iMori  de  f^otiis  A  A  7  , 
tra  ;édie  en  5  actes,  avecA'  Martyre 
elc  Mnrie-Ànloinetle ,  NeulVIiùli  I 
Suisft'),  1790,  iii-ii),  rare.  II.  Oh» 


BAR 

seruations  sur  une  brochure  du  co- 
lonel JVeiss,  par  un  officier  suisse, 
1795,  in-8° .  III .  Moïse  en  Egypte 
et  chez  les  3Iadianites ,  par  un 
solitaire  du  canton  d'Appenzell , 
Paris,  1802,  in-S".  Il  fut  l'éditeur 
du  Traité  du  beau,  ouvrage  pos- 
thume de  son  frère  ,  publié  en  1807, 
et  mourut  a  Condé-Saint-Libiaire , 
près  de  Meaux,  le  3  août  1811,  a 
74.  ans.  Erscb  qui  confond  dans  sa 
France  littéraire  (lom.  I**^,  p.  69, 
el  iom.  IV,  p.  28)  le  père  et  le  fils, 
attribue  a  ce  dernier  de  Nouveaux 
essais  sur  la  Noblesse,  INeufchâlel, 
1781  ,  '\n-/\°,  dont  il  n'a  paru  que  le 
tome  P*^,  et  un  Discours  sur  la  li- 
berté helvétique,  Lucerne,  1800, 
in- 8°.  L — M — X. 

lîAUTHIUS /^ojk.Barth,III, 
457. 

BARTHOLDY  (  Jacob-Salo- 
iMON  ) ,  diplomate  prussien  .  naquit  à 
Berlin,  le  i5  mai  1779  ?  fl'i'ne  fa- 
mille israélite  Irès-riclie,  qui  ne  né- 
gligea rien  pour  lui  donner  une  édu- 
cation distinguée.  Sa  santé  délicate  ne 
lui  permit  de  commencer  ses  éludes 
que  dans  sa  quatorzième  année*  mais 
gr.ice  a  son  inlelligencc  et  a  son  zèle, 
il  fit  des  progrès  si  rapides  qu'en 
moins  de  trois  ans,  il  avait  acipiis  les 
connaissances  nécessaires  pour  fré- 
quenter avec  fruit  une  uuiversilé. 
Envoyé  en  1796  a  celle  de  Halle 
pour  faire  son  droit  ,  il  suivit  d'abord 
avec  assiduité  les  cours  des  profes- 
seurs de  cette  science  5  mais  bientôt 
il  changea  de  plan,  et  se  consacra  ex- 
clusivement il  la  pliilologie.  l'^n  1801, 
il  obtint  le  grade  de  maîlre-ès-arls, 
et  se  rendit  a  Paris  ,  où  i!  séjourna 
j»ltisiturs  années,  occupé  h  se  familia- 
riser avec  les  lanijues  fiMucnise  ,  an- 
glaise  cl  italieiuietpj'il  parvintii  parler 
avecfacililéel  mèmeavecélégance.Dc 
Paris  il  alla  eu  Italiej  el,  après  avoir 


BAR  BAR                  a/,r> 

passe  qiu'l(jno  Icnips  ;i  Rome  cl  a  N.i-  flT^lj^rsKci*;^  ,  où  il  fui  ^^ricvcmcnt 
pics,  il  fil  .ivcc  son  compalrlolc,  le  Mi.ssc.  \in  i()i3,il  ohliul  un  emploi 
(K'ssiiialcur  (iio|iiiis,  un  vov.i};^  dans  .supérieur  ;i  la  clianccllcric  d'élat  do 
la  Grèce.  C/esl  (('lie  excursion  (pii  Prn.sse,  alors  placée  sousla  direction 
donna  naissance  ii  son  ouvraj^e  inli-  de  ?î.  de  Ilardcubcrp;.  il  déhula 
iule  :  Mémoires  pour  servir  à  ht  dans  la  carrière  adminislrallvc  par  la 
cnmiaissanerde  1(1  Grèce  moderne  rédaclioii  du  fameux  odil.  sur  la  levée 
et  de  la  réfuddique  ionienne,  com-  en  masse  des  lial)ilanls  iLcindsIurni)' 
poses pendanlun  r'oyac;e en  Grèce  édil  qui  n'a  jamais  été  excciilé  el  qui 
dtins  /('S  (innées  180.")  et  i8o/f^  ne  pourrait  guère  Tclre  ,  parce  (lu'il 
i"  volume  avec  9  planclies,  lîerlin  ,  csl  conçu  dans  un  esprit  de  ri^f)risme 
i8o5,  in-4-'S  t"ii  allemantl  (1).  Celle  tel  (pi'on  le  croirait  plutôt  fait  pour 
production  ,  où  Ton  trouve  quelques  des  Spartiates  que  pour  des  hommes 
rcmar(pies  judicieuses  n)èlccs  a  un  de  notre  époque.  Rartlioldj  suivit  en 
grand  nombre  d'opinions  Irès-crro-  18  i4-  les  armées  alliées  a  Paris,  ei, 
nées,  a  pourtant  eu  l'avantage  d'ap-  dans  la  même  année  il  se  rendit  a 
peler  l'attention  de  TEurope  sur  le  Londres,  cliargé  d'une  mission  se- 
malheureux  pavs  qui  en  est  Tobjet.  crèle.  Sur  le  paijuebot  qui  l'y  Irans- 
I)e  retour  en  Italie,  Rarlholdy  fit  la  porta  il  fit  la  cou  ;aissanrc  du  cardi- 
plaisantcrie  d'en  oyer  a  l'académie  Jial  Consalvi ,  et  bientôt  ces  deux 
d 'S  Arcades,  de  Rome,  de  l'eau  de  hommes  contractèrent  une  amitié  qui 
Trepi  et  du  miel  de  la  Sabine,  comme  durajusqu'ala  mort.  Après  avoir  pris 
provenant  du  mont  Ilymetlo  cl  de  la  une  part  très-active  aux  travaux  du 
fontaine  de  Caslalie.  Les  bons  Arca-  congrès  de  Vienne  (  1  8  i  5),  Barlholdy 
diens,  bien  loin  de  se  croire  joués ,  fut  envoyé  a  Rome  en  qualité  de 
célébrèrent  ce  don  par  de  nombreux  consul-général  de  Prusse  pour  toute 
sonnets,  ce  qui  amusa  beaucoup  l'an-  l'Italie.  On  disait  alors  que  cette 
leur  de  la  mystification.  En  i8o5,  charge  était  la  récompense  de  ses 
Barlholdy  se  rendit  a  Dresde,  oti  il  services  antérieurs  :  ce  qu'il  v  a 
se  lia  avec  le  célèbre  pasteur  F.-V.  de  certain,  c'est  qu'il  l'occupa  plu- 
Reinhard  ;  el,  peu  de  temps  après,  il  tôt  au  nom  de  tous  les  souverains  de 
se  fit  baptiser  par  cet  ecclésiastique,  la  Sainte-Alliance,  quepourlecomptc 
La  funeste  issue  que  la  guerre  de  particulier  delà  Prusse.  Il  était  chargé 
1806  eut  pouf  sa  patrie,  lui  inspira  d'ol)servcr  les  mouvements  qui  ré- 
une  haine  invincible  contre  ISapoléon.  sultaient  des  dernières  convulsions 
Dès-lors  il  parcourut  l'Allemagne  en  politiques  de  l'Italie.  En  1818, 
tous  sens,  afin  d'v  susciter  des  ennc-  Barlholdy  représenta  son  souverain 
mis  au  vainqueur  d'Iéna^  puis,  ne  se  au congiès  d'Aix-la-Chapelle,  et  vers 
hornant  pas  a  de  simples  exhorta-  la  fin  de  cette  année  il  fut  nommé 
iions,  il  prit  du  service  (  1809)  dans  conseiller  intime  de  légation  ctchargé 
un  régiment  de  milice  de  \ienne  ,  d'affaires  aFlorence.  11  pritposses- 
el  signala  sa  hravoure  en  plusieurs  sion  deson  nouveau  poste  en  1819, 
occasions,  notamment  a  la  bataille  et  remplit  immédic'^tement  après  quel- 
ques mis>ions  particulières  a  Rome  et 


(i)  La  soite  <lc  cet  ouvni^e   n'a   pas  paru.  Il  H    NapleS.   L.T   révolutiou  napolitaine 

existe  du  volume  pul.liô    une  t.odu.ti.m  fran-  (,820)  étendit  Ic  Cerclc  de    SCS  OCCU- 

raisc.par  A.  (lu  C     ,  Pans  ,  1807  ,  2  vril   m  8  ,  ^      .  ... 

.avec  fi-uros  cl  carlts.  pallOUS    polltiqUCS.     il   avait  toUjOUlS 


2^,6                    BAR  BAR 

été  un  des  plus  grands  ennemis  des  Icmagne  el  de  l'Italie,  tels  que  Har- 
sociélés  secrètes,  et  son  ouvrage  sur  deuberg,  Metternich,  Consaivi ,  Mê- 
le Carbonarisme  j  qu'il  publia  a  lé-  dicis  ,  etc.  ,  entretenaient  avec  lui 
poque  même  de  cet  événement,  prou-  une  correspondance  très-suivie,  et  lui 
ve  qu'il  avait  le  courage  de  le  dire  demandèrent  souvent  des  conseils, 
hautement.  Dès  1822,  il  reprit  ses  II  était  franchement  royaliste  et  ab- 
anciennes  fonctions  de  consul-général  horrait  les  novateurs  politiques.  Il 
de  Prusse  K  Romej  mais  au  coramen-  manifesta  son  opinion  a  cet  égard  en 
cément  de  iSsS  cctie  place  fut  sup-  disant,  avec  le  grand  Frédéric,  qu'il 
primée  ,  et  il  obtint  une  pension  de  faut  bien  que  les  gouvernements  mar- 
retraite  d'environ  4ooo  fr.,  a  la  cun-  chenlavecle  temps,  mais  qu'ils  ne  doi- 
dition  de  la  dépenser  en  Prusse.  Il  vent  jamaisse  laisser  entraîner  par  les 
continua  néanmoins  d'iiabiler  Rome,"  masses  ou  par  Topposilion.  Bartholdy 
probablement  a  cause  des  grandes  avait  un  goût  très-vif  pour  les  arts 
facilités  que  celte  ville  offre  pour  les  du  dessin.  C'est  a  sou  intercession 
reclierches  archéologiques  ,  recher-  auprès  de  M.  de  Metternich  qu'est 
ches  auxquelles  il  consacrait  tousses  due  la  conservation  du  palais  de  Ga- 
loisirs  et  se  livrait  avec  un  enlhou-  prarola^  le  chef-d'œuvre  de  Yiguole 
siasme  d'artisle.La  mort  de  ses  amis,  {^oy.  ce  nom,  XLVIII,  4.78).  C'est 
le  prince  de  Hardenberg(i82  2)  et  le  lui  qui  ressuscita  la  peinture  h  fresque 
cardinal  Consaivi  (182/,)  ,  celle  de  sa  en  profitant  de  la  présence  à  Rome 
mère,  qui  coïncida  avec  la  perte  de  d'une  réunion  de  jeunes  artistes 
son  emploi,  troul)lèrent  le  bonheur  étrangers  (M1\I.  Catel ,  Cornélius, 
dont  il  avait  joui  pendant  plusieurs  Overbeck,SchadowetVeil),  pour  faire 
années.  Sa  santé  s'affaiblit  peu  kpeuj  orner  son  hôtel  d'une  suite  de  tableaux 
une  inflammalioud'cntraillessedécla-  de  ce  genre,  représentant  l'histoire  de 
ra  le  19  juillet  1825,  et  le  26  il  Joseph.  L'admirable  cxéculion  de 
avait  cessé  d'exister.  Son  corps  fut  en-  ces  ouvrages  fonda  la  réputation  de 
terré  au  cimetière  des  protestants,  si-  leurs  auteurs;  el,  depuis  celle  époque, 
tué  près  de  la  pyramide  de  Cestius.  des  milliers  de  peintures  a  iVes(jue 
—  Bartholdy  était  d'un  extérieur  fort  ontété  faites  en  Allemagne  et  enitalic; 
désagréable,  mais  d'une  physiono-  ce  qui  prouve  a\\\  progrès  immense 
raie  qui  annonçait  de  la  sagacité;  chez  les  artistes,  quand  on  prend  en 
sa  mémoire  était  prodigieuse,  cl  peu  considération  que,  pi)\ir  produire  de 
d'hommes  peuvent  se  vanter  d'une  rtffet  par  un  tableau  h  fresque,  il  est 
plus  grande  facilité  de  travail.  Comme  inilispensablc  d'avoir  la  plus  rigou- 
diphimale,  il  montra  l)eau;oup  de  reuse  correrlîon  dans  le  dessin,  une 
savoir-faire  ,  parlicidièrcmiiit  <lans  grande  hardiesse  de  pinceau  el  une 
les  négociations  secrètes.  11  connaissait  piofonde  entente  du  coloris  (2).  — 
h  fond  les  relations  j)oli[i(pies  Aii^a  Jî.irihLddy  s'occupailaussiavccaclivilé 
différents  étals  de  rilalie,  ce  (jui  ne  à  former  tl^^s  collections  d'objets 
tonlribua  pas  peu  à  la   réussite  des 


nombreuses  missions  (pi'il  y  remplit.  ^,^  Mi.i.riAnKc.  n.  niM.nnant  M"-  i«-  f'-'"' 

La   répul)li(MJC   de    Saint-Marin    fui  s.i..Hii.H..>,  |i.»iiiti.«  d«  Nmiso.  nMiii  pioposo 

ccerna  les  hlres  do  citoyen  liono-  „. ,  ii  «lu.p.ii.- sixtii.c,  ^Vnin  :  ..  oia  no  vaui 

rairc    el    de    nalrirîen.    L(.'S    diplo-  «|...  .i.Mii.ii.ir.U|..inturcà  l'huil.M.-rsii.oin.cq.... 

I  ,   •        !•     .  f         I       11  \  I  «  |)mir  lit  fnnmi's.  pour  Ir*  Il rs  vin><'s|irit  rt 

mates     les    plus     aislnigMes     de    1  Al-  „  lursUolcuruirtur,  tomiutU  rirr.Sf.baïliano.u 


(r.irt,   ti'ls  qiio    verres  colores    nii-  j'cs  colores  des  (inricns  (en  fr;ni- 

tiijiips  ,     vases    autitjiies    de    loiiles  cais),   avec  des  gravures  exceiitées 

malières,  vases  majoliea  ,  taMcanv,  d'après  les  dessins  de  M.  Kuspi ,  par 

I>ronzes,  seidplures  en  ivoire  ,  ligii-  ]\1.     llnseliowevli.    On    assure    fjiie 

rines  en  terre  ciiile  ,  elc.  Les  deux  I\l.  Panolka  s'esl  cliarj^é  de  la  puhli- 

preinièies  de  CCS  collcclions,  qui  sont  calion  de  ce  travail.  Nous  voudrions 

très-riclios    et    reniar([nal)les    par    le  qu'il  en  fiil  ainsi -,  car  cet  anli(piair(? 

gonl  (pli  a  présidé  h  leur  conij)osilion,  savant   et  laborieux  ne  priverait  pas 

ont  été  aclielées  par  le  roi  (le  Prtissc  long-teuipslcs  amateurs  cCnn  ouvraj^o 

et  font  partie  du  musée  de  Berlin.  Un  qui  ,  au  dire  de  tous  ceux  ((ui  Tout 

petit  nombre  d'excellents  tableaux  de  examiné,  doit  agrandir  de  beaucoup 

genre,  exécutés  a  Rome  par  des  pein-  le  cercle  des  connaissances  arcliéolo- 

tres  français  cl  allemands,  est  passe  en  giques.  On  a  aussi  trouvé,  parmi  Ics' 

Aui^'elerrc.    Les    autres    collcclioiis  papiers  de  UarlliolJy,  queLpics  mé- 

onl  été   mises  a  Tencan   et   vendues  moiresdélacliés  sur  ror;.;aiiis.ilion  des 

pièce  a  pièce  — Barllioldy  a  publié,  handr-s  de  brigands  en  Italie.  — On 

ou're  les   deux    ouvrages   cités  p'us  cite  dans  ce  pays  cl  en  Allemagne  un 

haut  :  I.  La  guerre  des  lyrolicns  grand  nombre  de  plaisanteries  qu'il 

en  1809,  Berlin,  i8i4,  i  vol.  îri-8°,  se  serait  attirées,  et  qui  roulent  en 

(en  allemand}^  avec  une  carte.  Cet  grande  partie   sur  sou  origine  juive 

o;ivrage  avait  pour  but  de  montrer  et  sur  sa  conversion  au  christianisme, 

aux  Allemands,  surloutKla  génération  NoiiS   ilous    bornerons   a  rapporter 

nouvelle,  que  le  chemin  du  salut  était  celle  qu'on  altril.nie  au  cardinal  Yi- 

daiis  une  guerre  populaire.  L'ardent  doni,  auprès  de  qui  il  se  vantait  d'a- 

palriolisme  que  respire  ce  livre  d'un  voir  abandonné  la  doctrine  judaïque 

boni  a  l'autre  et  les  impressions  sous  pour  celle  de  Luther.   «  Eh  bien! 

les([ucl!es  Barllioldy  l'a  écrit  doivent  a  lui  dit  le  prélat,   qiiel    mérite  y  a- 

excuser  les  formes  un  peu  idéales  dont  ce  l-il  donc  a  cela  ?  Vous  n'avez   fait 

il  a  revêtu  ses  héros.  IL  TraiLsdeca-  «  que  changer  d'apparteiftenl  dans  la 

ractère{7A\gfi)  du  cardinal  Hercule  ce  maison  du  diable.  » — Il  existe  un 

CWi'a/v'/,  Stuttgard,  1825,  i  vol.  buste  très-ressemblant  de  Barlholdy 

in-8"  (en  allemand),  avec  le  portrait  qu'on  doit   au  sculpteur  Wolf,   de 

du  cardinal.  Dans  ccl  écrit  Bartholdy  Berlin  ,  qui  avait  moulé  son  masque 

retrace  avec  une  rare  impartialité  les  immédiatement  apr(?s  sa  mort.  On  a 

principaux  événements  de  la  vie  de  aussi  plusieurs  portraits  de  lui,  dont 

Consalvi.  La  seule  chose  qu'on  puisse  un,  quia  été  fait  sur  sa  demande  par 

y  trouver  à  redire,  c'est  qu'il  fait  un  M.  Gropius,  son  compagnon  de  voyage 

peu  trop  valoir  les  services  qu'il  a  eu  en  Grèce,  le  représente  au  milieu  du 

l'occasion  de  lui  rendre.  III.  Une  co-  G/^^'^^o  d'Athènes.  BI — a. 

médie  en  vers,  très-médiocre,  dont  le  BAllTIIOLI.  P'oy  Bartoli, 

titre,  qui  nous  a  échappé,  ne  se  trouve  lïl .  i^S^  et  ci-après. 
même  pas  dans  les  bibliographies  al-  BAIITHOLIX  ,  ou  mieux  Bar- 

lemandes.  On  doit  aussi  a  Bartholdy  tolt>'i    (Richard),     poète    latin, 

un  bon  nombre  d'excellents  articles  était  né  ,  dans  le  quinzième  siècle  à 

politiques  insérés  dans  la  Gazette  Perouse.  Ayant  embrassé  l'élat  ecclc- 
uidvcrscllc  d'Augsbourg.  Il  a  laissé  slasticpie  ,  il  fui  pourvu  d'uncanonlcat 
Q\\mi\x[\\^ç:n\.\m  Truite  sur  les  ver-     du  cliapilrc  de  Spolellc,    et  devint 


248 


BA.R 


aumônier  du  cardinal  de  Guick ,  de- 
puis archevcque  de  Saltzbourg.  Il 
accompagna  ce  prélal  en  Allcmagn» 
el  se  montra  reconnaissant  de  sa  bien- 
veillance, en  le  soutenant  de  sa  plu- 
me dans  différentes  occasions.  Ses 
talents  L:i  méritèrent  le  laurier  poé- 
tique qu'il  reçut  des  mains  de  l'em- 
pereur Maximilien.  Celait  un  bon 
versificateur,"  mais  il  manquait  d'i- 
maiiination  et  de  sroùt.  Dans  son 
poème  De  hellonoricOj  où  il  décrit 
les  guerres  que  la  maison  d'Autriche 
eut  a  soutenir  contre  les  ducs  de  Ba- 
vière et  les  comtes  Pa'alins ,  il  inlro- 
duit  toutes  les  divinités  du  paganisme, 
et  mêle  Apollon  ,  Diane  ,  Mercure  , 
avec  les  pages,  les  électeurs  cl  l'em- 
pereur. François  Pic  de  lalViirandole 
(  V oj.  ce  Lom,  XXIX  ,  1 2  5  ) ,  au- 
quel il  avait  montré  son  poème,  lui 
reproclia  cette  injure  au  bon  sens  en 
l'engageant  a  la  réparer.  Mais  Bar- 
lliolin  effrayé  de  l'idée  de  recom- 
mencer un  ouvrage  qui  lui  avait  déjà 
coûté  dix  ans  de  travail,  crut  se 
justifier  par  l'exemple  d'Hésiode, 
d'Homère  et  de  Virgile  ,  dont  les  vers 
sont  remplis  des  noms  et  des  fables 
des  dieux  (i).  La  puérile  justification 
de  Bartlioliu  a  suggéré  A^?,  réllexions 
très-judicieuses  au  célèbre  Arnauld 
{Logique  de  Porl-Rojal j  5*  par- 
lie,  cb.  I  cf).  Bartliolin  vivait  en  i  5  i  9, 
mais  on  ignore  la  date  de  sa  mort.  Ses 
ouyrages  sont  :  I.  J)c  hcllo  uorivo, 
yînslriddos  lihii  XJ I ,  Strasbourg, 
i5i6,  in-/j,",  i "édition,  publiée  par 
Joacliini  Vaili.inus  \  J' oy.  ce  nom  , 
A[AIJ,  25o);  réimprimé  à  la  .Miite 
du  Li^urintts  de  Guntlier,  avec  un 
ample  commeutairedc  Jacq.  Spiegil, 
ibid.,  I  53  r  ,in-r()l.  etdansles^  clercs 
scriptor.  (Jermanicardi;  Jusl.  Ileu- 

(i)  I.ii  I.  itrr  (Ir  l'ic  «Ir  In  IMir.indolc  et  la  rr- 
j)oiisn  (le  li.ii  iIikIi'ii,  sont  11  l.i  iiii<  ck'  son  [luviiir 
^Jv   bvllo  itorii  o. 


BAR 

ber,p.  4^69.  Ce  poème,  qui  fut  très- 
bien  accueilli  lors  de  sa  publication  , 
n'est  plus  guère  recherché  que  des 
curieux,  qui  donnent  la  préférence  a 
l'édition  de  i  5  i  6,  parce  qu'elle  est  la 
plus  rare.  II.  Uodœ/wricofij  id  est 
itinerarium  cardinalls  Giircensis  : 
Quœque  in  commenta  Maximiliani 
et  regum  J^ladislaij  Sigismundi  et 
Léudovici  mémo  rat  u  digna  gesta 
suntj  Vienne  ,  i  5 1  5  ,  in-4.°  ,  très- 
rarej  inséré  dans  le  tora.  IldeFreher, 
Scj^iptor.  Rerum  germante.  On 
y  trouve  des  détails  assez  intéres- 
sants sur  la  géographie  et  sur  les 
mœurs  de  l'Allemagne  a  cette  époque. 
III.  De  conventu  Aiigustensi  con- 
cinna  descriptio  ;  rehus  etiam 
exlernarwn  gentiimi  quœ  inté- 
rim gesta  suîit  j  cum  elegantia 
intersertis  (  Augsbourg  ,  i  5  1 8  ) , 
in-4.°.  Opuscule  très-rare.  Il  a  été 
réimprimé  par  Schelhorn  en  lySS, 
dans  les  Amœnliat.  Hist.  eecle- 
siast.,  II,  657-709.  Dans  la  préface 
dont  il  failprécédersonédition,SclieI- 
liorn  témoigne  sa  surprise  qu'aucun 
collecteur  allemand  n'eut  encore  son- 
gé a  reproduire  une  pièce  d'un 
si  grand  intérêt  pour  rliisloire  de 
la  réforme.  Par  un  hasard  singulier, 
Henri-Clir.  Seuckeuberg  en  donnait, 
dans  le  même  temps,  une  édition 
dans  les  Seleelnjuriset  histor.y  If^^ 
626-80.  IV.  Onilio  ad  3Jaximi- 
lianiini  Augitst.  de  expeditione 
contra  Titreos  siiscipie/ida ,  Augs- 
bourg ,  I  5  I  8  ,  in-.t"  ,  et  dans  YAnti- 
turcieiini  de  INitoI.  Reusner.  V. 
Carmen  heroieiini ,  genia/c  lau- 
dtilmndiiin  et  triurnplians  super 
C  aroli  Ixoimuioriiin  régis  electio- 
ne,  Slra.sbonrg,  1  5  1  9  ,  \\\-/^^  ,*  dans 
un  recueil,  très-rare,  de  pièces  rela- 
tives à  l'élection  de  Cliarles-Quinf . 
Ou  trouve  une  lettre  de  Bartboliu  h 
son  imprimeur  dans  le  Vliihdogicar. 


BAR  BAR                  5^9 

r/)i<fnfiir.  rrnfuri<i  iina,  niiMic  par  I)  vnTLK>i.\>  (//uv///r.s) ,   jiroI)al)Ic- 

(iold.isl,    Fraiuloii,    1610,    iii-î5".  niciil    lils    du    prcci'dciit  ,    cl    né    il 

{>"('st  la  IriMitr-lioisliMiic.      W — s.  Londres,  vers  1778,  sVsl  rendu  ré- 

BAlITIim.W  rsl  1(*  nom  an-  Icbrc  aussi  coiiiinc  iniisicicn,  comintt 

};lals  cl  |)  cul -("lie  le  vJrilaMoMorn  de  cliaiilcur,  couinic  c()iiij)osilrur,  cl  ne 

J^Aivr  II  I.  r. -^loN  r  ou   Iîabt  u  e  lemon  s  csl    pas   n^oins    disluiffué  par   son 

(  llippol)  /«')ruu  des  vlolonislcs  les  érudition  dans  l'arl   (pi'il  praliquail. 

plus  disliuj^ués  du  1  8'"  >vièclc,  né  vers  Sa    voix   éiail   une  cxcclli  nie  basse- 

1^4  0.  Les  auleurs  du  Diclioimaire  taille,  cl  plusieurs  morceaux   ont  éle 

<^/<'.v/;iM,s/<'/(V/,v  disent  (pril  élailFran-  écrits  par  d'autres  compositeurs  pour 

çais ,    (pi'il  résida    (piclquc  temps  a  la  faire  briller.  11  était  le  principal 

Paris,  et  qu'il  Y  composa  en  1768  un  soutien    de    l'un   des    trois  concerts 

opéra     [le   Fleu^'e    Scaimmdre  )  de  Londres  j    mais  dans  ses  derniè- 

pour   le   lliéàlre  italien.  Ce   dernier  res    années,    nne   indisposition  con- 

lail  est  le  seul  vcritab'e.  l-arllcman  linuclle    privait  depuis    long- temps 

avait  déjà  fait  jouer  à  Londres  deux  le  public  du  plaisir  que  faisait  éprou- 

o|-oras,  Pc7o/;/r/<7,  en  1 76(1,  et  O/-  ver    sa    parfaite     exécution.    César 

iJiona  j  en    1768^    lorsqu'il    vint  à  Gardeion    en   fait  mention  dans    ses 

Paris,  où  il  fil  représenter  le  28  dé-  Annales    de    la    musique  ,   année 

cembre  delà  même  année,  avec  peu  1820  ;  mais  il  n'en  parle  plus   dans 

de  succès,   la  pastorale    du  Fleuve  sa.  Biographie  musicale  de  1822  • 

iyca/wrtW/'^,  ffont  les  paroles  étaient  ce  qui  fait  supposer  qu'il  était  mort 

de  Renout.    11  revint  a    Londres    en  dans  cet  intervalle.  INous  ne  connais- 

1769  et  y  fui  plus  heureux.    Deux  sons  de  cet  artiste  (jue  le  tilre  d'un 

autres  opéras,  le  Jugement  de  Pd-  grand  air  accompagné  de  récitatifs, 

ris,  qu'il  douna  la  même  année  (  et  intitulé  thc  Tempest.           A — t. 

qui  ne   fut  pas  son  début,  comme  le  BARTOLI  (Sebastien),   mi- 

à[[  \c  Dictionnaire  des  nuisiciefis),  decin    uapolitain  ,    né     à   M^nlella, 

cl  la  Ceinture enchaîitée,  en  1770,  Joinssail  d'une   assez  grande  réputa- 

furcnt  reçus  avec  eulbousiasme  ,   et  lion  vers  lafîu  du  dix-septième  siècle, 

assurèrent  sa  réputation  ainsi  que  sa  11  termina  sa  carrière  en  1676,.  par 

fortune.    Il  fut   nommé  directeur  de  une  morl  prématurée.  C'était  un  spa- 

la  musique  du  Wauxball  de  Londres,  girique,  ou  partisan  des  applications 

Eu  1777,    il  fit  un  voyage  en  Aile-  de  la  cbimie  a  l'art  de  guérir,   que 

magne  elde  la  en  Italie,  où  il  épousa  «es  contemporains  nous  représentent 

une  cantatrice  célèbre.   La  reine  de  comme  un   beau    parleur  ,   bien  fait 

PSaples,  devant  laquelle  il  s'était  fait  de  sa  personne,  bardi  et  surtout  très- 

entendre,  le  cbargea  pour  la  reine  de  heureux  dans  la    pratique,   circon- 

Francc,  sa  sœur,    d'une  lettre  qu'il  stances  qui  lui  concilièrent  les  bonnes 

remit  a  cette  princesse.  De  retour  a  grâces  du  vice-roi  et  delà  noblesse  de 

Londres,  il  y  fixa  sa  résidence,    et  INaplcs.  Les  ouvrages  qu'il  a  laissés 

ses  qualités  personnelles  ,    plus   en-  sonl-.l.  Examenartis medicœdog- 

core  que  ses  talents  ,    lui  acquirent  matuni  communiter  rcceptoruni  in 

l'estime  générale.  On  a   aussi  de  lui  dcceni    excrcitaiioncs    parcidoxas 

Açs  trio  et  des  solo  de  violon,  des  so-  dislinctum,  Venise,  1  666,  in-4.".  II. 

liâtes  de  clavecin,  etc.  Cet  artiste  est  Courte  notice  sur  les  eaux  minè- 

morl  vers  la  fin  du  dernier  siècle, —  raies   de    Pozzuolo    (en    italien), 


25o 


BAR 


Naples,  1^07,  ^-4.".  On  a  encore 
de  lui  deux  traités  latins  sur  les  bains, 
qui  n'ont  été  impriii;és  qu'après  sa 
mort  (Naplcs,  1679,  in-4.°),  par  les 
soins  de  son  neveu,  Michel  Biancardi. 
Une  lettre  inlitulée  Niincius  Far- 
nassius  ,  seii  epistola  ex  Parnasso 
ad  D.  Ccirolinn  Blusitanitm  , 
Kruswickj  1700  ,  in-4-°  ,  qui  a  paru 
sous  son  nom  ,  et  qui  a  pour  l)ul  de 
tourner  en  ridicule  le  médecin  Pierre- 
Antoine  de  Marlino,  n'est  pas  de  lui, 
quoiqu'elle  porte  son  nom  ^  elle  est  de 
Joseph  Prisco,  autre  médecin  napo- 
litain {Voy»  Tozzi ,  XLVI,  4^23  , 
noie  i).  J — D — N. 

BARTOLOMEO  di  san 
Marco.  Voy.  Baccio  della  Por- 
ta, III,  166. 

BARTOLOZZI  (François), 
l'un  des  plus  célèbres  graveurs  du  dix- 
ïiuitièrae  siècle,  naquit  en  1725,  h 
Florence.  Il  y  reçut  ley  p-reraières  le- 
çonsde  dessin  d'UgoFerreti,  et  ce  fut 
d'après  les  conseils  de  ce  maiire  qu'il 
se  rendit  a  Venise,  où  il  entra  dans 
l'école  de  Joseph  Wagner  [Poy. 
ce  nom,  au  Supp.),  très-bon  gra- 
veur, dont  la  réputation  devait  être 
effacée  par  celle  de  son  élève.  11 
fît  sous  cet  liabile  maître  f\i:s  pro- 
grès si  rapides,  qu'avant  d\ivoir  Icr- 
miné  son  apprentissage,  il  gravait  à 
l'eau-forle  et  au  burin  de  peliles 
estampes,  reclierchées  par  les  riclics 
anialenrs  (jui  K\s  payaient  lort  cher. 
De  Venise  il  vint  a  i\Iilan  où  il  se  fit 
connaître  par  (piel(|ues  belles  gra- 
vures, (Taprcs  des  tableaux  deTécole 
lond)ar(le.  Vax  1764,  il  se  rendit  on 
Angleterre;  ci  s'étanl  établi  près  de 
Loudres,  dans  une  petite  ville  ddul 
la  siliiaiion  lui  parut  agréable ,  il  s'y 
livra  tout  entier  !i  l'exercice  des  arts, 
avec  une  ardeur  et  une  assiduité  dont 
il  est  pres(|ue  inij)().ssd)le  de  donner 
une  idée  Ce  grauiLulislc  a  travaille 


BAR 

dans  tous  les  genres ,  el  il  n'en  est 
pas  un  seul  qu'il  n'ait  traité  d'une 
manière  supérieure.  Il  conserva,  Jus- 
que dans  l'âge  le  plus  avance',  cette 
pureté  d'exécution,  ce  burin  franc 
et  suave ,  qui  le  plaçaient  si  fort  au- 
dessus  de  la  plupart  ^ts  graveurs 
contemporains ,  et  dont  il  est  au 
moins  sûr  qu'aucun  ne  l'a  égalé  pour 
le  nombre  des  productions.  Invité 
k  se  rendre  eu  Portugal  ,  en  i8o5  , 
il  y  soutint  sa  vieille  renommée  par 
plusieurs  morceaux  qui  firent  l'é- 
tonnement  des  connaisseurs.  Le  roi 
le  traita  fort  bien  el  lui  fit  une  pen- 
sion. Bartolozzi mourut  h  Londres  en 
1819,  a  94-  ans,  ayant  conservé  ses 
brillantes  facultés  jusqu'aux  derniers 
moments  de  sa  vie.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs petits  tableaux  en  miniature 
ou  au  pastel,  qui  ne  sont  pas  saus 
mérite.  Il  a  gravé  d'après  Raphaël, 
leGiu  rchin,  Angelica  Kaufmann,  etc. 
Parmi  ses  nombreuses  estampes  ,  les 
amateurs  recherchent  :  Lu  Mort  de 
Didon,  d'après  Ciprianij  îe  Silence^ 
la  Naissance  de  Pyrr/ius ,  la 
F'emme  adultère  j  d'après  les  Car- 
raches.  Clytie  cliangéc  en  tour- 
nesol ^  d'après  Annihal  Carraclie 
passe  pour  le  chef-d'œuvre  de  Bar- 
tolozzi. Le  Massacre  des  inno- 
cents, d'après  le  Guide  5  la  3Iort  de 
Clialani,  d'après  Copley  j  une  {V/- 
6'o//c/.v/6>//,  d'après  le  Guerchin;le 
dictateur  Cdnnllc  y  d'après  Sébas- 
tien Riecij  iwUnmw  S(u'nte  l'^antillc, 
d'après  Heuedetto  Luti,  sont  encore 
au  nombre  de  ses  ouvrages  les  plus 
précieux.  Son  OEuv>re  complète  a 
été  vendue  ;i  Londres  n  ille  livres 
sterling  ( viugt-(|uatrc  mille  francs). 
Cet  artiste  a  formé  plusieurs  élè- 
ves. Il  a  eu  beaucoup  de  p.ul  a 
l'ouvrage  publié  par  liracci  sous  ce 
titre:  iMcrnoric  drgli  Antichi  i/ici~ 
sort  chc  i>col/>iro/to  i  loro   noini 


0  0  . 

roii- 


BAR  IÎ\R                   aSi 

ncîlt^  f^ommr  c  cammci  con  molti  «ne  sorlc  de  di-dain.  On  lui  doit 
înoiiunn'uti  incditi .  ::  vol.  in-folio,  (jnclcpios  ouvr.ip;i'S,lnn.s  ccrils  en  lan- 
i;ili.  W — 5.  gue  an<:;lal.sc  :  I.  Mrniotrc.  sur  la 
11ART<>\  (  lîr.NjAMiN  Smith),  facul  le  de  fascinât  ion  (jui  a  étèal- 
iialnralisli'  anu-rirain  ,  na(|iiil  en  tvUmcc.  à  divers  scrpcnls  d' Ânié- 
1-66,  h  Lancaslrc,  ville  de  la  Pen-  ritinc,  l*liiladolj)lilc  ,  1796,  in-8'*, 
svl\anic,  on  son  père  élail  ministre  avec  nn  Mipplénienl  puljlic  en  18 
de  réi;lisc  épiscopale.  Comme  on  le  Danscel  opnsenlc  ,  il  clierclie  a  pL„„ 
deslinail  K  la  profession  de  médecin  ,  ver  que  Topinion  vulgaire,  qni  allrî 
il  fut  envoyé  à  Edimbourg  pour  faire  bue  aux  serpents  la  faculté  de  charmer 
ses  études,  et  il  y  publia  en  1787,  les  animaux  et  même  les  liommes  , 
une  brodiure  sur  les  propriétés  de  la  est  illusoire;  c'est  une  (pieslion  ruii 
jusipiiame  noire,  quilui  valutd'liono-  n'a  point  encore  été  décidée,  et  qui 
rables  encouragements.  Cependant  réclame  un  nouvel  examen.  Le  mé - 
il  crut  avoir  a  se  plaindre  des  procé-  moire  de  Barlon  a  été  traduit  en  ai- 
dés de  (pielques  professeurs  auxquels  lemand,  avec  des  notes,  par  E.-A.- 
il  avait  été  recommandé,  et  sa  fierté  G.  de  Zimmermann,  Leipzig,  1798, 
naturelle  ne  lui  permit  pas  de  rcs-  in-8".  IL  Collection  pour  un  es- 
ter  en  Angleterre;  il  alla  donc  pren-  sai  sur  la  jnatière  médicale  des 
dre  le  grade  de  docteur  à  l'université  Etats-Unis ,  Philadelphie  ,  1798  , 
de  Gœt lingue.  A  son  retour  en  Amé-  in- 8°;  une  troisième  édition  de  ce 
riijue,  i!  pratiqua  Tart  de  guérir  dans  livre  a  paru  en  181  0.  IIL  ]Sou~ 
sa  vilie  natale,  et  bientôt  se  vit  com-  veaux  aperçus  sur  l'origine  des 
])Ié,  malgré  son  âge  peu  avancé,  de  tribus  et  des  nations  de  VAmé- 
lous  les  honneurs  littéraires.  Nommé  ri  que ,  Philadelphie,  i798,in-8°. 
en  1789  professeur  d^histoire  na-  \S .  Fragments  de  V histoire  natu- 
Inrelle  et  de  botanique  ,  il  fut  le  pre-  relie  de  la  Pensjlvanie ,  Philadel- 
])iier  qui  enseigna  publiquement  ces  phie,  1799  ,  in-fol.  V.  Notes  rela- 
deux  sciences  a  ses  compatriotes.  Six  tives  à  certaines  antiquités  aniérl- 
ans  après  ,  il  obtint  une  chaire  de  camt^ç^  Philadelphie  ,  1796^  in>4.", 
matière  médicale,  et,  en  1790,  il  W.  Mémoire  sur  le  goitre  et  la  fré'- 
succéda  au  célèbre  docteur  Rush,  quence  de  cette  maladie  dans  dif- 
en  qualité  de  professeur  d.cs  instituts  fé  rente  s  parties  de  V  Amérique  du 
de  médecine. Une  hémoptysie  dont  il  ISiord,  Philadelphie,  1800  ,  in-4."* 
était  atteint,  lui  fît  penser  que  le  traduit  en  allemand,  avec  des  no- 
changement  de  climat  favoriserait  le  tes  par  G.  Liebsch  ,  Gœtlingue  , 
rétablissement  de  sa  santé.  Mais  un  1802  ,  iu-8".  VIL  Eléments  de 
Voyage  qu'il  entreprit  en  France  et  botanique,  ou  esquisse  de  l'his- 
€i\  Angleterre  ne  contribua  point  h  toire  naturelle  des  végétaux.  Phi- 
lo soulager.  Il  retourna  en  Amé-  ladelphie,  i8o4-,  î»  vol.  in-8"  ,  fig. 
lique,  et  succomba  eu  1816,  a  coloriées  5  une  seconde  édition  a  été 
l'âge  de  cinquante  ans.  Earton  n'a  publiée  en  1812  et  1814.  Rarton 
épargné  auciin  edort  pour  encou-  a  inséré  en  outre  nu  grand  nombre 
rager  Tétude  de  la  botatiiquc  ,  dont  deMémoircs, dans  divers  recueilspé- 
personnc  ne  s'était  encore  occupé  riodicjues, notamment  danslesZ/'a/z^- 
aux  Etats-Unis,  où  ,  loin  di;  la  actions  de  la  société  américaine,  et 
mjme,  on  ne  la  considérait  qu'avec  dans  le  Magasin  philosophique  de 


:^5ï 


BAR 


Tillocli.  Parmi  ces  disseilal^oas ,  on 
en  remarque  une  sur  les  moyens  de 
prévenir  les  funestes  effets  de  la  mor- 
sure du  serpent  a  sonnettes,  et  une 
autre  concernant  la  propriété  stimu- 
lante que  le  camphre  exerce  sur  les 
végétaux.  Barlon  a  observé  qu'une 
plante  déjà  flétrie  se  ranime  promp- 
temcnt  dans  de  l'eau  camphrée, 
tandis  que  le  même  phénomène  n'a 
point  lieu  dans  l'eau  ordinaire. — 11  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  G.-P.-C. 
Barton,  aussi  professeur  de  boloni- 
qnea  Philadelphie,  auteur  d'une  Ma- 
tière tncdicale  (\ts  Etats-Unis  , 
1817,  in-4°,  et  d'une  Flore  des  en- 
virons de  Philadelphie,  1818,  2  vol. 
in-8".  J — D — N. 

BARUFF  ALDI  (  Jérô.v.e),  sa- 
vant bibliographe,  était  le  neveu  du 
célèbre  poète ,  qui  porte  le  même 
nom  {Voj.  B.vRUFFALDi,  III,  466  ). 
iNé  le  i5  janvier  17^0,  a  Ferrare  , 
il  j  fit  SQS  études  sous  les  jésuites  ;  et 
ayant  rmbrassé  la  règle  de  salut 
lguare,ilprores.salarhétoriqL!e,  d'une 
manière  brillante,  au  collège  des  no- 
bles de  Parme  ,  puis  a  Brcscia.  A  la 
suppression,  deJasuciéiélo  P.  Baruf- 
faldi  revint  dans  sa  patrie,  où  il  fut 
nommé  vice-îiil)liollié(aire,sec8étalre 
pe:  pétikcl  de  l'acadéiuie  et  inspecteur 
des  études  dans  le  Fcrraroi.s.  Les  de- 
voirs que  lui  imposèrent  ces  diffé- 
rentes places  .  remplirent  le  reste  de 
sa  vie.  Il  mourut  au  mois  de  février 
I  8  1 7.  Ses  principaux  ouvrages  soûl  : 
I.  Sf/£^gio  (Ici  1(1  lipo^rdl'ici  fcrra- 
rese,  Ferrare,  1777  ,  iii-u".  (ï'estle 
catalogue  {\[.'f,  ouvrages  imprim's dans 
celle  ville,  de  1471  a  iSoo.  Il  y  a 
«le  rénidlllonet  (h-s  rerhei  cliescurien- 
scs.  l)omini(pie  Barbieri  eu  a  publié 
la  critique,  mais  personne  n'était  plus 
couvaiucu,  (p;e  l'auteur  lui-même, 
del'inqx-rfk'Clion  de  cet  essai.  Ou  tu 
a  la  preuvr  par  unt*  noie  écrite  de  j.i 


BAR 

main,  sur  l'exemplaire  que  l'on  con- 
serve a  la  Casanate,  dans  laquelle  il 
annonce  !e  projet  de  faire  réimprimer 
cet  ouvrage ,  avec  de  nombreuses 
additions,  sous  le  titre  A'Annali  ti- 
pograjlci  Ferraresi.  11  promettait 
aussi  de  continuer  l'histoire  de  l'im- 
primerie a  Ferrare  ,  pendant  le  i  6" 
siècle.  II.  Commentario  storico 
délia  hihlioleca  Ferrarese ,  ibid., 
1782  ,  in-8°.  Il  eu  atlrihue  la  fon- 
dation au  duc  Borso  d'Esté  (V oy. 
ce  nom,  XIII,  072  ).  III.  VUa  di 
Claudio  TedescJn  ^  ihid. ,  1784.; 
in-8^.  IV.  Notizie  délie  accadenue 
letterarie  Ferraresi  j  ibid,  ,  1787, 
in-8".  Cet  opuscule  est  rempli  de  re- 
cherches et  d'érudition.  Y.  Catalogo 
di  lutte  ï edizioni  delV  Or  lande 
furioso,  ibid.,  1787,  in-8*'.VI.I^//rt 
/li  Lodov.  Ariosto ,  ibid.  ,  1807, 
in-4-".  C'est  la  meilleure  biogra- 
phie qu'on  ait  de  ce  grand  poète. 
Les  exemplaires  en  sont  rares  en 
France.  \II.  Conlinuazione  délie 
ineinorie  istoriche  de'  leltera- 
ti  Ferraresi,  ibid.  1811,  in-^" 
(  l'' oyez  Barotti  ,  dans  ce  vo- 
lume, p.  177).  On  doit  en  outre,  a 
Baruflaldi,  ((uelcjucs  dissertations  sur 
des  objets  d'anli.iuité  ,  insérées  dans 
les  0/)uscoli  Ferraresi;  clj  dans  le 
tome  Vllldu  même  recueil,  une  F  ie 
de  Pellegriiio  Blorato  (  Foy.  ce 
nom,  XXX,  74),  écrite,  suivant  Tira- 
boschi,  avec  beaucoup  d  exactitude. 
]1  avait  préparé  une  nouvelle  édition 
de  la  célèbre  comédie  du  Bojardo  : 
//  Tiinoue  (/  oy.  T-OjaRDO,  V,  4  ')' 
Vu  des  amis  de  Baruffaldi  l'a  publiée, 
Ferrare,    i8i9,iu-4".       \V — s. 

IîAUIjTFL    (Grégoire    i>e  ) 
poète  languedocien,  né  vers  1620  à 

\  lllelVanche  de  Lauragais,  fut  l'un 
dv^  élèves  et  '\\:'S>  amis  ilu  célèbre 
(loudeliu   {V^oy.  ce  nom,  Wlll, 

168)  et  se   lit  connaître  dans  sa  jeu- 


iiossc  n;u"  (|uel(iiu\s   j)ii'Ci\<>  de   vers  ,  lifaiicoiip  Je  celui  de  Corneille  Yis- 

(jiii  lui  valuicnt  le  MiHr.ij^c  ilt's  aina-  cher,  stirlonl  dans  le   jwrlralt.    ÏjCj) 

tciirs.  Kii  i65r  .  il  rciuporla  le  ])i(.'-  amateurs  foiil  }:;rand  cas  des  pièces 

luler  prix  a  raeadémle  dvs  jeiiK    llo-  suivanles  :  î.  Une  yicillc  cpu  jelte 

raux  ,  par  un  poîine  sur  le  jctt  du  de  l'eau  par  une  lenètro,  d\ij)rè.s  l'V. 

lansijutiu'f  ,  ipf  il  (il  iuiprimer  avec  ÎMieris.    II.    Vue  jeittic.   Personne 

.SOS  premiers  essais  sous  ce  lllre  :  le  endormie ,    ayant    derricrc   elle    nii 

'irioinjdie   de    Vr'^lanliue,     Ton-  jeune  lioninic.  JII.   LU  Mendiant  et 

lonse,    i()5i  ,  in-.i".  Ce  volume   est  unj'aiseur de  balais,  {W^rQi\i\  \uc- 

(Ie\  enu  très-rare.  Harutel  renonça  de  nie.  IV.  V Klèei  l'Automne,  lahicaii 

l)onne  Iieure  ala  poésie  ,  el  suivant  les  alléj^ori'pie     copié    sur     Van-i)yck. 

auteurs    de  la  Bios^raphie    loulou-  V.   Un  Ménage  rustique ,   d'après 

saine ,  ce  fut  une  véritable  perte  pour  Pierre  Van-Aersen.  VI.  Les  porlrait.s 

l'art  dans   lecpud ,  11  avait  débuté  île  d'/fuL^urs   Grotins ^  de    Corneille 

manière  h    donner  les  plus  grandes  Keliel,  t\Q  Mieliel  Ruyter,  de  Va- 

espéranci'S.  \\ — s.  mirai  Vlugh,  de  Tromp,  de  Jacob 

BAfill'TEL    (le    P.    Tuoivtas-  i^r/cA-cr,  etc.,  d'après  dirtV-renls  maî- 

Beunard)  ,  prédicateur,  né  h  Ton-  très.  Bary  nes'estpas  loujonrsbornéh 

lousc  en  1720  ,  embrassa  la  règle  de  imiter  les  autres  j  il  est  deveiiu  quel- 

Sainl-Doininiipje  el  ne  tarda  pas  à  se  qnefois  créateur,  et  l'on  admire,  eu- 

faire  coniiailre  par  son  talent  pour  la  Ire  autres  dessins  de  son  invention, 

chaire.  Comme    il    prêchait   le    plus  celui  qui  représente  w/it»  i'ï/èrtf  ^0/2- 

souvent  d'abontlance,  sur  de  simples  liant   le  sein  à  son  enfant y^  ainsi 

ïiotes  ou  sur  des  signes  tracés  avec  la  que   les  portraits   (ï Erasme  et   de 

pointe  d'un  canif  au  dosde  son  cruci-  Jacques  Jaurinns»    Les    estampes 

iix,  il  n'a  été  recueilli  qu'une  partie  de  cet  artiste  sont  tantôt  marquées 

de  ses  œuvres.  Le  P.   Barutel  était  de  son  nom,  tantôt  d^^s  lettres  ini- 

au  couvent  des  Dominicains  de  Cas-  iiales   H.  B.,  ou  d'un  ehifire  formé 

très  (dans  l'Albigeois),   au   commen-  de  ces  mêmes  lettres.  B — w» 

cernent  de  larévolulion.  Use  faisait  ai-  BARZE^A  (  le  P.  Alphonse), 

mer  et  estimer  par  l'austérité  de  ses  surnommé  l'apôtre  du  Pérou,  naquit 

mœurs  et  Turhanité  de  ses  manières,  en  i528,  a  Cordoue,  et  fut  disciple 

Avar.t  refusé  de  prêter  le  sermont  du  B.  Jean  d'AviIa(/^.  ce  nom,  III, 
imposé  aux  ecclésiastiques,  il  fut  en-      121).    Ayant    formé    le    projet    de 

fermé  dans    la    Chartreuse   de  Saix  porter  la   lumière  de  l'évangile  aux 

avec  plusieurs  religieux  de  son  ordre,  nation.ç  inlidèles,  il  voulut  embrasser 

et  y  mourut  en  1792.  On  a  de  lui.  la   règle   de  salut  Ignace,  mais  di- 

SermonSj  Panégyriques  et  Jlis-  vers    obstacles    s'<  pposèrent    long- 

çours ,  Toulouse,  1788,    3  vol.  in-  lemns  a  ce  !)ieux  dessein,  et  ce  r.e 

12.  W — s.  fut  qu'en   i565  qu'il   lui  fut  permis 

BARY  (Henri),   graveur  lia-  de    le   réaliser.    Après    avoir   édifié 

maud  fort  habile  .  né  vers  1625.  Ses  l'Andalousie  pars^s  exemples  et  par 

ouvrages,  plus  coneus  que  les  détails  sqs  disccupi,  il  obtint,  eu  i559  ,  de 
de  sa  vie,  se  font  tous  distinguer  par  ses  supérieurs  la  p('rmis'«lon  de  pas- 
une  grande  pureté  de  burin  et  par  ser  en  Amérique.  A  sou  arrivée  au 
un  faire  aussi  brillant  que  facile.  Pérou  il  apprit  les  langues  des  indi- 
Lc    style    de   cet    artiste    approche     gènc«  du  Tucimian   et  du  î^faguay 


a54  BA.R 

et  consacra  le  reste  de  sa  vie  a  l'in- 
struclion  de  ces  deux  grandes  pro- 
vinces. Frappé  de  paralysie ,  dans 
une  de  ses  courses  apostoliques ,  il 
fut  transporté  a  Cusco  ;  mais  tous  les 
secours  de  la  médecine  ne  purent  lui 
rendre  l'usage  de  la  parole  j  il  lan- 
guit quelques  années  ,  privé  de  pres- 
que toutes  ses  facultés,  et  mourut  au 
mois  de  janvier  1698,  a  70  ans.  Le 
P.  SoutlnvelUui  a  consacré  une  notice 
intéressante  dans  la  Bibliot.  Soc. 
JesUj  32.  Outre  des  catécbismes 
et  quelques  opuscules  ascétiques 
destinés  aux  nouveaux  convertis  on 
lui  doit  :  Lexica  et  prœceplà  gram- 
matica ,  item  liber  confessionis 
et  precum,  in  quinque  Indorum 
Un  gui  s,  quarum  usas  per  Anieri- 
cam  Australeniy  nempe  Puguinica^ 
lenocotica,  Cntamareana,  Giiara- 
nica,  ISalixana  sive  iMogiiazana^ 
Lima, 1590,  in-folio- Livre  très  rare 
cl  qu'on  rt'j^arde  comme  le  prea.ier 
qui  ait  été  imprimé  au  Pérou. \V — s. 
ILVRZOM  (Victor),  né  a  Lu- 
nalo,  dans  Tétai  de  Venise  ,  en  1  764, 
fil  ses  éludes  a  Brescia.  Fort  attaché 
à  l'ancien  gouverneraenl  de  sa  pa- 
irie, il  se  montra  dès  le  commence- 
ment très-opposé  aux  principes  de  la 
révolution  française,  et  il  exprima 
celte  opinion  avec  beaucoup  de  force 
dans  un  volume  publié  en  1794  sous 
ce  11  Ire  :  />c'  SoliLdirc  des  yilpcs. 
C'est  un  ditiloiiur  entre  vtn  vieillard 
indij^dé  des  premiers  excès  de  celle 
révolulion  el  un  jeune  enllioiisiasle 
a  (|ui  \\  cberclie  ii  en  déinonlrcr  les 
dan<;ers  L'invasion  de  Tltalie  jiar 
rarniéc  française  ,  en  1796,  el  les 
désordres  cpii  raccoiiipagnèrenl ,  n'é- 
taient guère  propres  h  lairc  reve- 
nir Uarzoni  de  ses  premières  idées. 
Lors(pril  vil  surtout  riiulépenilauce 
de  sa  pairie  menacée,  il  con(^ul  pour 
tout  ce  qui  portait  le  nom  de  Fran- 


BA?v 

çais  la  plus  profonde  baine  5  et  cette 
baine  s'exhala  dans  une  brochure  , 
intitulée  Les  Romains  en  Grèce  3 
qu'il  publia  pour  la  première  fois 
en  1797,  iïi-8°.  Quoiqu'il  n'y  eût 
pas  mis  son  nom  ,  toute  l'Italie  eu 
connut  bientôt  l'auteur  5  el  Bona- 
parte en  fut  vivement  offensé.  11  était 
évident  que  Barzoui ,  sous  le  nom  de 
Flaminius y  l'avait  peint  des  cou- 
leurs les  plus  odieuses  ,  que  le  roi 
Philippe  n'était  autre  que  l'empereur 
d'Allemagne  François  II ,  et  que  sous 
la  dénomination  de  Grecs  on  ne  pou- 
vait voir  que  les  peuples  de  l'Italie  , 
alors  si  criiellemcnt  opprimés  par  les 
Français.  Bonaparte  fit  saisir  partout 
les  exemplaires  de  cet  ouvrage-  elles 
ordres  les  plus  sévères  furent  donnés 
pour  arrêter  Barzoni  ;  mais  il  fut 
assez  heureux  pour  échapper  aux 
poursuites,  et  sou  livre  n'en  eut  que 
plus  de  vogue,  surtout  à  Venise,  oii 
il  produisit  tant  d'etlel  que  l'cnvové 
de  France  ,  Villclard  ,  crut  devoir 
en  adresser  des  plaintes  au  nouveau 
gouvernement  qui  venait  d'èlre  or- 
ganisé. Ce  gouvernement  ne  répondit 
que  par  des  allégations  vagues  ,  Ion- 
dées  sur  la  liberté  de  la  presse  ;  et 
comme  l'auteur  n'avait  pas  ménagé 
les  municipaux  plus  que  le  géné- 
ral français,  ils  manifestèrent  beau- 
coup  de  iiiépris  pour  de  pareilles  at- 
lacjues ,  invitant  lîonaparle  a  faire  de 
même.  JMais  cette  réponse  fulloin  de 
sali>(<iire  celui-ci.  Lorsque  Ville- 
lard  lui  lit  connaîlre  que  liarzoni  l*a- 
\ait  atlatpié  eu  plein  )our  dans  un 
calé  ,  un  pislolel  a  la  n.ain,  rien  ne 
]iut  rabuer  son  ressentiment j  el  ce 
lut  en  vain  qae  l'envoyé  de  la  répu- 
bTupie  Iranc^aise  essaya  d'excuser  cel 
al  lent  al  en  le  faisant  considérer 
comme  un  acle  de  Jolie,  lionaparle 
furieux  déclara  <pie  c'était  un  assassi- 
nat ,  qu'il  exigeait  un  chàliineul  exclu- 


BAR 

jtl.iiroj  il  liar/.om  nciliappa  à  sa 
colère  (jifau  iiioviii  d  nu  ]i.'is- 
si|)()rl  (jiul  rcnil  île  la  main  ilc  \  illi!- 
larJ  liil-ini-MU'.  il  si*  rclu^ia  en  l'os- 
tanc  cl  sr  linl  loni^-lcmps  cache  dans 
les  AjiMcnnlns.  Ce  fui  alors  (|uM 
acliova  ,  sous  le  lilre  de  Lu  lu-piibli- 
</U('fiuin('aîsi',Yci\hc,  1799,  iu-8", 
une  liislolre  de  la  révolu  lion  de  France, 
on  Ton  trouve  des  faits  ignorés  et 
assez  curieux.  Après  que  les  Français 
eurcnlélé  exp  dsésdela  Péninsule  ita- 
lienne, eu  1799,  Ijarzoni  se  rendit  a 
M  lan  et  y  fit  imprimer  un  précis 
liistorique  de  la  ruine  de  sa  patrie 
sous  ce  titre  :  Rci'oluzio/ii  délia 
î\'publiciL  1  cncla  (Ici si'j^nore  P it- 
/oi'io  Biirzoni ,  aiilorc  de  lioinani 
in  Grccia,  vol.  in-8",  Pliiladel- 
p!iie  (Milan),  5i  mai  1800.  Cet  ou- 
vras:;e,qui  parut  au  moment  où  Tltalie 
allait  rentrer  sous  la  domination  des 
Français  par  la  bataille  de  iMarengo  , 
lut  [)eu  connu  a  celte  époque  5  cepen- 
dant un  exemplaire  parvint  en  An- 
gleterre et  il  y  fut  aussitôt  traduit  et 
publié  j  ce  que  Tauleur  apprit  avec 
beaucoup  de  surprise  jiar  les  journaux 
anjrlais.  Il  en  a  depuis  fait  imi)riiTier 
lui-même,  eu  18  r4,  a  Milan  une 
seconde  édition  très-exacte  ,  et  dans 
la  préface  de  laquelle  il  se  plaint 
amèrement  des  erreurs  de  la  traduc- 
tion anglaise  ,  où  l'on  a  confondu  le 
texte  avec  les  notes.  Lors({uc  les  An- 
glais se  lurent  rendus  maîtres  de 
iMalle  ,  Bnrzoni ,  qui  s'élait  d'abord 
r.  Iuj;ié  a  \icnue,  ne  trouvant  plus 
d\tsile  sur  le  continent,  passa  dans 
celle  île;  et  la,  sous  la  protec- 
lion  de  la  puissance  britannique,  il 
publia  (en  italien)  La  Carthagi- 
nois, journal  politicpie  dont  le 
principal  but  était  d'attaquer  les 
opér.i lions  du  gouvernement  de  Na- 
poléon. Il  est  évident  (jue  la  haine 
lui  fait  exprimer  «pelqucfois  5u,r  ce 


BAR 


255 


grand  liommn  des  accusations  injustes j 
mais,  il  cùlé  de  <jucl»jue8  déclama- 
tions passionnées  et  d'assertions 
inexactes,  on  irouve  dans  son  recueil 
dis  détails  curieux  pour  riiisloirc. 
llar/.oni  pid)lia  à  la  inémc  épocjue 
(i8o4),a  Malle  (en  italien)  :  Motifs 
de.  la  rupture  du  traite  d' Amiens ^ 
vol.  in-i2.  Ce  livre  très-précieux 
par  les  renseigne/nents  di|)!()mati- 
(pies  5  eut  une  seconde  édition  à 
Malle,  en  181 1,  et  une  troisième  en 
i8i5,jk  Milan,  où  i'aulcur  était  re- 
venu ,  et  où  il  publia  dans  la  même 
annéeun  autre  volume  in-12,  intitulé 
Dcscrizioni ,  N"  XIP^ ,  pressa 
liuret,  a  Milano.  Dans  cet  ouvrage 
curieux,  dédié  a  Thomas  Mailland, 
gouverneur  et  commandant  de  l'île 
de  Malte,  Barzonni  présente,  1°  uu 
tableau  très  -  pittoresque  et  très - 
vrai  des  Appeunins  et  de  la  foret  de 
Vallombreuse;  2"  une  description  de 
plusieurs  statues  de  Canova,  et  de  la 
Vénus  de  Mèdicis  ;  3°  \[t%  horreurs 
des  prisons  de  Venise  •  4-°  la  peste 
dont  il  fut  le  témoin  a  Malle  dans 
le  mois  de  juillet  i  8  i3.  C'est  dans  ce 
dernier  tableau  qu'il  fait  la  description 
du  château  impérial  de  Laxembourg, 
près  de  Vienne ,  qu'il  avait  visité 
en  i8o3,  et  qu'il  rapporte  la  con- 
versation qu'il  y  eut  avec  un  vénéra- 
ble vieillard  qui  le  conduisait  dans  la 
maison  dite  du  Caprice  ou  de  la 
révolution,  et  qui  lui  dit  :  Les  temps 
de  révolutons  sont  des  temps  d  i->. 
gtiorajice  et  de  barbarie ,  quoique 
l'on  y  parle  beaucoup  de  Iwnières 
et  de  sciences...  Dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  Barzoni  s'était  reti- 
ré à  Nap'es,  où  il  est  mort  en  1829. 
Ou  croit  quil  a  laissé  manuscrit  uu 
autre  ouvrage  allégorique  intilulé: 
Les  Grecs  à  Rome ,  dans  lequel  il 
représente  toutes  les  infortunes  que 
les  Italiens  curent  à  supporter  de  1* 


a^ 


BAS 


part  fîe  leurs  conquérants.  G — c— T. 
BASC  APE  (Charles  Basilic  a 
Sa^cti  Pétri  ou  par  contraclion), 
savant  prélat  italien,  naquit  en  i  55o 
à  Milan,  d^ine  famille  patricienne. 
Après  avoir  achevé  ses  études  a  Pa- 
"vie,  il  se  fit  agréger  au  collège  noble 
des  jurisconsultes  de   Milan  :, mais, 
falio'ué    bientôt  des    cabales   et  des 
tracasseries  de  ses  confrères, il  aban- 
donna le  barreau;  el^  ayant  embrassé 
l'état  ecclésiastique  en  1676,  il  prit, 
deux  ans  après,  l'habit  des  clercs  ré- 
guliers de  Saint-Paul.  Ce  fut  alors 
iiu'il  changea  le  nom  de  François  qu  il 
avait  reçu  au  baptême  ,  cl  prit  ce- 
lui qu'on  lui  a  donné  en  commençant 
cet  article.  Honoré  de  la  coniiance  de 
saint   Charles,   il  fut  envoyé  par  ce 
pré'at,  en  i58o,  à  Madrid,  pour  y 
régler  avec  la  cour  d'Espagne  diffé- 
rentes affaires  qui  intéressaient  l'é- 
glise de  Milan.  Ayant  rempli  l'objet 
de  sa  mission,  P>ascapé  revint  en  Ita- 
lie, et  fut  élu  supérieur  général  de  sa 
coiigrégalion,  dignité  dans  lacpicUe  il 
fut  confirmé  deux   fois.   En    11)92  , 
étant  îiUé  visiter  le  coUrgodes  l^arna- 
bites,  a  Rome,  le  pape  Clément  VIII. 
cbarmé  de  ses  talents  et  de  ça  piclé 
lui  conféra  l'évèché  de  INovarre.  Il 
prit  possession   de  son  siège   dès  les 
pt-emiers   mois  de  Tannée  suivante  j 
et,  marcbanl  sur  les    traces  de  saint 
CliarUs  ,  signala  dans  toutes  les  cir- 
constances son  zèle  et  sa  cliarilé.   Il 
fonda    aussi    ii   Kovarre    uii    collège 
dont  il  confia  la  direction  nux  clercs 
réguliers.  Ce  di;.\ tu- prélat  mounildans 
sa  ville  épiscopale,  le  6  octobre  i6  i  5, 
il  65  .«lis.  Il  et. lit  Irès-versé    dans  le 
droit  canoueldansTiiistolre  ccclésias- 
li(pie  connue  on  peut  en  juger  par  ses 
nombreux   ouvrages.  H  eu  a  pid)lié 
dix-neuf   et   lais  é   manuscrits    tjua- 
rante-deux.   On  en  trouve  les  titres 
tiaiM  les  Scri/'tor.  Mt^lioL  de  l'Ar- 


gelati^  I,  I2i,  et II,  104^7,  et  dans 
les  Scrittori  italiani  de  Mazuchelli, 
II,  5i2.    Les  principaux  sont  :  I. 
De  metropoU  medîolaneiisi ,   Mi- 
lan, 1675,  I  5()6  ,  1  598  ,  in-8°,  et 
1628,  in- fol.  Cette  dernière  édition, 
qui    renferme   un   traité  d'un  autre 
auteur  intitulé  Successoves  sancti 
Bdi'iiabœ,  est  indiquée  dans  la  Mc- 
thode    d'étudier    l'histoire  _,    par 
Lt-nglet-Dufresnoy  ,  sous  ce  titre  : 
Brei>is  hisloria  provinciœ  niedio- 
laiiensis    ab    initio    ad    Cliristuin 
naluni ,  et  widecim  primorum  ar- 
cliicpiscopor.  mediolmiens.   vitœ. 
— Jfragmenta  hist.  mediolaneusis. 
Cet  ouvrag-e  curieux  est  plein  de  re- 
Cherclies,  mais  c  est  par   erreur  que 
l'Argelati  dit  qu'il  a  été  inséré   par 
Gra'vius    dans   le  tome   II  du  T/ic- 
sanrus  antiquitat.    Italiœ.  II.  De 
regulari  disciplina  momimcnta  pw 
triun,  Milan,  i  588.  III.  Devita  et 
rébus  gestis  Caroli  card.  nrchiep. 
mediol.f  Ingolstadt,  1592,  in-4.''j 
Prescia,  1602,   in--4-".  Bascapé  tra- 
duisit   lui-ir.ème  celle    vie   de  saint 
Charles,    en    italien,    et    la    publia 
sous   le    nom    de   Luca    Vandoni, 
Bologne,*  i6i3  ,  iu-8".  IV  Novar- 
ria    scu   de    ecclesia   novarriensi 
libriduo^^oy^nTC,  1612,  in-.i".  Les 
manuscrits  do  Bascapé  sont  conser- 
vés  au  collège    Saint-Marc,    a   No- 
varre.    On  peut  consulter  pour  plus 
de   détails  les   aulnirs  ciîés  dans  le 
courant  de  et  article.        W — s. 

BASILE  (Smist),  prêtre  de  l'é- 
glise iPAucvre  ,  vivail  dans  le  Iroi- 
8ième  siècle,  sous  le  règne  de  Ju- 
lien. A  re\em|)le  des  grands  maîtres 


3 


m  l'avaient  éle\é  dans  la  praliipu^ 
es  vertus  ecclésiastiques,  il  ne  quit- 
tait sa  retraite  ijue  pour  célébrer  les 
è.tints  mystères  et  pour  instruire  le 
peuple  des  vérités  de  l'Evangile.  Les 
magistrats  d'Ancyrc,  avant  su  ipic 


B\S  BAS                   2^7 

Pasili'  s'clail  doclari-  rniilrc  1  licrcsie  cych)pi'i/i(jii('  ,  i  iJ  i  8  ,  III  ,    193  ). 

(l'ArltMi  ,  lui  lirciil   di'linsi'  de  coiili-  W — s. 

uuor  il  l.Miir  (K's  ass.-ml)lcfs;  mais  il  UASI.MO    1>K    B.VSAXII 

méprisa    leurs  ordres  cl    se  glorifia  \\\\\  des  plus  ^raii  Is  poêles  du  XV* 
d'y  désobéir.  Accuse  de  détourner  lo  siècle,  élail  né  vers    \  f^zS  a  Parmtf 
peuple    par  ses  discours  du  cidie  des  ou  dans  le  voisinage  de  celle  ville(  i). 
dieux  ,   il  fui  couiluit  dcvaul  le  pro-  Viiicenl    I>asiuio  ,     sou    père  ,     l'un 
consul     Salurniti    ijui    lui     demanda  des  lieulenanls  (rOllobonc  de'  Terzi 
s'il    ne    regardait    point   la    religion  {f^^.  Ti:n/i,  XLV,  200), s'était  ren- 
étaMie  par  le  prince  comme  la  véri-  du    redoiilahle    dans    le    Parmesan, 
table.  Basile  répotulil:  «  Vous-mèmo  II  fut  dans    son    enfance   plicé  sous 
la  croyez-vous  telle?  rt  Cette  réponse  la    direction  do  Victoria  de    Fellre 
courageuse  indigna  le  proconsul,  ({ui  [V.  cenom,  Xr^VIII,/|-i4j,qui  ne  né- 
Ic  fit  traîner  en  prison   en  attendant  gligca  rien  pour  cultiver  son   talent 
Tarrivéede  Julien.  Ce  prince,  qui  se  précoce.  Il  se  rendit  ensuite   h  Fer- 
préparait  alors   a   la  guerre  contre  rare,  où  il   se  perfccllonna  dans   la 
les   Perses  devait    traverser   Ancyrc  connaissance   de    la  langue    grecque 
pour  se  rendre  a  Anlioclie  ,  où  son  parles  K-cons  de  Théodore  de  Gaza, 
armée    se    réunissait.    Basile,  amené  Depuis  il  se  rendit  irès-babilc   dans 
devant   Julien,  confessa   hautement  la  philosophie  et  les  mathématiques, 
Jésus-Christ.  On  assure  qu'il  osa  lui  sans  loulefois  négliger  la  culture  des 
annoncer  qu'en  punition  de  son  apos-  lettres,  A   vingt    ans,    il   avait  déjà 
tasie  il  perdrait  bientôt  l'empire  avec  composé  \e  lUeléagrc,  ouvrage  dans 
la  vie.  Livré  sur-le-champ  aux  bour-  lequel,  malgré  ses  imperfections,  on 
reaux,  dont  il  lassa  la  férocité  par  sa  reconnaît    un   poète    nourri    de     la 
patience,  il  périt  au  milieu  des    sup-  lecture  (riîoraère.  Il  en  off-it  la  dé- 
pliccs  le  29  juin  562.  L'église  ce-  dicace    a  Lionel  d  Este  (  P^.  Este, 
lèbre  la  fête  de  ce  saint  marlyr  le  XIII,  571),  qui  se  déclara  sou  pro- 
22  mars.  Ses  Actes  ont  été  publiés  tecleur,  et  qui,   en  i44î^i  le  nomma 
en  grec  et  en   latin  par  le  P.  liens-  professeur  d'élotuience  latine  à  l'a- 
chenius,  d'après  un   ancien    raanus-  cadémie  de  Ferrare,  La  mort  du  duc 
crit  de  la  bibliothèque  du  Vatican,  de  Milan,  Philippe- Marie  Visconti, 
dans   les   Acta    snncloruni,    mar.s,  venait  de  rallumer  la  guerre  en  Ita- 
III,   79.    D.    luiinart  les  a  repro-  lie.  Lionel,  pensant  que  cette  circoii- 
duits  en  lalin  dans  les  Acla  primo-  slancc  était  favorable  pour  revendi- 
rnni  marlyru/n.  Ç.QS   deux    savants  quer  ses  droits  sur  laville  de  Parme, 
pensent  qu'il  est  impossible  d'eu  con-  chargea  Basinio  d'engager  quelques 
tester  Paulbenlicilé  •  mais,    suivant  condottieri    a  soutenir    ses    préten- 
Baillel,    il  est  difficile  de  se  persua-  tentions.  Basinio   se  rendit  donc  au 
dcr  qu'on   n'ait   pas  étendu  les  dis-  château  de  Guardasone,  pour  entamer 
cours  du  saint  qui  paraissent  étudiés,  a  ce  sujet  une  négociation  avec  Guer- 
f'ic's  des  Saillis  j  22  mars.  M.  Ma-  riero  de'  Terzi,  l'un  des  fils  d'Otto - 
hul   a  fait  une  mention  spéciale   de  bone.  A  peine  était-il  dans  cette  for- 
saint   Basile  dans  sa  curieuse    No-  teresse  ,    qu'elle     fut    assiégée    par 
tice    sur     quelques     articles    né-  Franc.  Sforza,   le  nouveau  duc    de 
i^ligcs  dans  tous  les  dictionnaires  __ 
historiques  (Voy.  le  Mairasin  en-  (,)Pe«t-ctici  Tizzaao. 

LVII.  17 


258 


BAS 


Milan.  H  se  vil  donc  contraint  de 
ceindre  Tépée  pour  la  défense  com- 
mune. Après  !a  prise  de  Guardasone, 
il  parvint  a  s'échapper  sous  un  dé- 
guisement, et  regagna  Ferrare  sans 
avoir  pu  remplir  les  intentions  de  son 
souverain.  Lionel    soupçonna   Basi- 
nio  de  n'avoir  pas  rais  assez  de  zèle 
a  le  servir  et  le  priva   de  sa  chaire. 
Mais  la  cour  de  Riinini  était  alors 
l'asile  des  poètes  et  des  savants,  et 
Basinio  ne  tarda  pas  a  retrouver  dans 
Si"-ismond  Mélalyte  un  Mécène  plus 
généreux  encore  (jue  celui  qu  il  avait 
perdu.  Député  par  son  nouveau  sou- 
verain au  pape  INicolas  V  ,  il  reçut 
de  ce  pontite  rinvilation  de  traduire 
en  vers  latins  les  poèmes  d'Homère; 
mais  il  s'excusa  d'entreprendre  cette 
tache  sur  ce   qu'elle   demandait  un 
Virgile.  Les  vers  que  Basinio  com- 
posa pour  Isotta,  maîtresse  de  Si- 
gismond,  et   le  poème  des  Hespc- 
ricles  dans  lequel   il  célèbre  la  va- 
leur et  les  exploits    de   ce    prince  , 
lui  méritèrent   de   plus    eu   plus    la 
faveur   du   seigneur  de  Rimlni ,   qui 
le   tomhla  de  Licnfaits.  Lu  certain 
Porcellio  (  V.  ce  nom  ,   au  Supp.), 
historien  estimable  ,  mais  poète  mé- 
diocre, (jui  lui  devait  son  adraision  à 
la  cour  de  Rimini,  jaloux  de  l'ami- 
tié que  Sii^ismond  témoignait  a  Basi- 
nio, tenta  de  le  supplanter  près  du 
prince,  en  disant  que  ce  n'étaitqu'un 
pédant   infatué  de  son   savoir.  Basi- 
nio pi(uié  le  menaça  de  mettre  a  dé- 
couvert son  ignorance  et  de  signaler 
dans    ses  vers  un'  grand  nombre    de 
barbarismes  cl  (b  t.iutesconlro  laj)ro- 
sodie.  Vorcellio  se  garda  bien  d'ac- 
cepter ce  déli  ;    mais  il  n'en  fui  (Mie 
plus  irrité  contre  lia.sinio,  ipi  il  dé- 
préciait dans    toutes  les    occasions. 
Ce  fui  alors  (jue  le  poMe  de  Parme 
conqxjsa    son  cjn'lrc   a   Sigi^mond  , 
dans  la(|uelle,  après  avoir  prouvé  ([uc 


BAS 

les  plus  grands  écrivains  de   Rome  , 
Yirgile  et  Cicéron  s'étaient  formés 
par  l'étude  des    chefs-d'œuvre  de  la 
Grèce  ,  il  déclara  que  si  ses   propres 
ouvrages  offraient  quelques  teautés 
il  en  était  uniquement  redevable  a  la 
lecture  assidue  d'Homère.  Porcellio, 
qui  s'était  fait  Pennemi  de  la  langue 
grecque    parce    qu'il  ne  l'entendait 
pas,  ne   répondit  a  cette  épître  que 
par  des  injures  ;  et  Basinio  reprit  ses 
occupations  habituelles.  11  avait  en- 
trepris un  nouveau  poème  sur  l  ex- 
pédition   des    Argonautes  ;    mais 
l'affaibUssement  subit  de  ses  forces 
l'obligea  de  l'intcriompre.  Quoique  a 
la    fleur    de    l'âge    et    sans    aucune 
maladie    apparente,    il   crut    devoir 
se  préparer  a  la  mort  et  faire  ses 
dernières   dispositions.   Par  un  tes-        - 
tament  daté   du   24.  mai    liS'j,    il       I| 
légua  son  poème  des  Hespérides  a 
Sigismond,    en  le  priant  de  ne  pas 
permettre  qu'on  le  retouchât,  décla- 
rant qu'il    aimerait  mieux  qu'on  le 
jetât  au  feu.  Il   institua    sa    femme 
son  héritière  pour  le  surplus  de  ses 
Liens,  qui  ne  consistaient  guère  que 
dans  un  assez  grand  nombre  de  ma- 
nuscrits grecs.   Peu  de  jours  après  il 
mourut,  âgé  seulement  de    32  ans. 
Sigismond  lui  fit  de  magniiiques  fu- 
nérailles dans  l'église  de  .Saiul-Fran- 
cois  de  Rimini,   ([u'il  avait  désignée 
pour  le  lieu  de  sa  sépulture,  et  or- 
donna (|ue  l'on  plaçât   sur  son   tom- 
])('au  une    urne   en    marbre    décorée 
d'une  épitaphe.  On  a  de  Basinio  dix- 
huit   ouvrajres  dont  on   trouvera  les 
liliesdans    \\:^  Scritt.  J^irnui^iu/ii 
du  P.   Alfo.  JNuus  nous  borucrous  a 
citer  ici  les  plus  inqiortants  :  I.  Li- 
hri   ipuiluor  ,     Isothri    inscripti. 
Cusl    un    recueil  de     trente  é[)itres 
dans  1;' genre  des  liéruïdes  d  Ovide, 
toutes    il    la   louange   de   la   célèbre 
Ibolta^  maîtresse  de  Sigismond.  tUc» 


RAS 

ont   elé   publlccs  par  Clirisl.  Prcii- 
(liiommo  ,  do  lîar-li-l)nc ,    dans   un 
volume  inliltilc  ;    Triuin  itoiluruni 
elc'^anlissiinoi'utn  opuscitlu,  Pans, 
CoHnt's,  iSSy,  iu-8".    L't'clllour  les 
a    mal  h  nropos    allrihiices   à  ï*or- 
ccllio,  (|in  iiétail  point  encore  il  III- 
minl  ,    en    14.49,    «'aie    do    tous  les 
mamiscrlls,  lesquels  d'ailleurs  por- 
tent le  nom  de  r»a.sini()  (2)  il.  Epis- 
tola  vcrsibus    cxarala   ad    Si^is- 
miiiul.  Paiululplutin  MaluLestunidc 
iingiuv  grd'Cd'  Idiullbus  et  ncccssi- 
tatc.  Celle  épîlre  dont  on  a  jjarlé  a 
clé  publiée  par  l'abbé  Jérôme  Ferri 
dans  les  Anccdola   liLLeraria  ,  II, 
4oi.  III.    Kpislola  ad  Roherium 
yîrindncnscin  ^    dans   le   même  re- 
cueil, pig.  5  00.  IV.  IIcspcTidus  II- 
bri  XIII.  Ce  poème,    que  l'auteur 
regardait   comme  son  chef-d'œuvre, 
contient  l'histoire  de  la    guerre    de 
Sigismond   contre    Alphonse:   d'Ara- 
gon.  On   en    trouve    l'analyse  faite 
sur  un  manuscrit  du  cabinet  de  Pa- 
ris de    Mejzieu,    dans   le   Conser- 
vateur^ ann.  1767  ,  III,  199-338. 
V.  AsLronoinicon  libii  duo.   C'est 
une  imilalion  du  poème  d'Aratus,  sur 
le  même  sujet.  VI.  Meleagridos,  sivc 
de  interitu   I\Ieleagri ,  libri  ires. 
YII.  Anronauticoii  Libri  duo.  C'est 
le  poème    que  l'auteur  n'a  pas  eu  le 
temps     d'achever.    Laurent     Drudi 
a    publié   Basiid  opéra  prœstan- 
liora  nunc  prinium  édita  et   com- 
mentariis  illustrala^Vàmim.,  ^19^-> 
2    vol.  iQ-4-°.   Le  premier    contient 
les  trois    poèmes    de  Basinio  :     les 
Hespéridcs  ,    V Astronomie   et    la 
Mort    de    3Iéléagre.  Le  second, 
la  Vie  de  Ba  inio  par  le  P.  Aflo,  tiré 
des  Scritt.  Parniigiani^  II,    i85- 

(2)  D.  (^.'ilinrl,  cl.iiis  la  fJifjlior/irijiic  de  Lor- 
raine, a  coiiloiidu  le  poèti;  de  l'ariui-  avec  J.  ]îa- 
sin  de  Sadaiicourl  ,  cliaiir>in(;  de  Saiiil-Diey  , 
éditeur  du  ISanceidjs  de  iJlaru  (  F'»)-.  Blahu  , 
VI,  i73). 


BAS  9.59 

2u8^  cl  {\v\\)i  dissertations  .^Wxwii 
du  ctiuilc  Franc,  llallagllui,  sur  la 
vie  do  Sif^isnioud  iMalatisIa;  et  Tan- 
Ire  du  chanoine  Angeio,  sur  la  cour 
littéraire  de  ce  prince.  Cet  ouvra- 
ge  curieux  est  très-rare  eu   France, 

VV— s. 
IL\SAIA\Orr  (PiKRRLj,  gé- 
néral russe,  eut  une  grande  part  aux 
événements  qui  ,  au  commencement 
du  XVIF"  siècle  ,  exercèrenl   une  si 
funeste  inlluence  sur  l'empire  russe. 
Le  Taux  Démélrius  ou  Dmiiri  (/^.  ce 
nom,  XI,  46)  s'avançant  sur  Nowo- 
gorod,  le  tzar  Boris  jeta  les  yeux  sur 
]3asmauoff,qui  répondit  parfailement 
h  l'attente  de  son  prince.  L'aventurier 
fut    repoussé    et    le    tzar   appela    à 
Moscou  Basmanofl,  (pii  y  fit  une  en- 
trée triomphale.  U  paraissait  être  aa 
comble  de  la  faveur  j  et,  Boris  étant 
mori,  son  fils  Fédor   lui   donna    le 
commandement  en  chef  de  l'armée  , 
et  reçut  son  serment  de  fidélité.  Mais, 
dans  le    même    temps  ,    Basnianoff 
excitait  secrètement  les  chefs  et  les 
soldais  contre  son  prince.  Le  com- 
plot éclata  \i  7  mai  i6o5  ,'  Basma- 
noff  étant  monté  a  cheval,   procla- 
ma  h    haute    voix    Démélrius    tzar 
de  Mo.'iCou.  Des  milliers  de  voix  ré- 
pélèrent    :    «   \ive  Démélrius  ,   fils 
ce  d'Ivvan!  m  Quelques  généraux  s'é- 
chappèrent secrètement  5    ils  furent 
arrêtés   sur   la    route    de   Moscou  ; 
Iwan  Godouuoff,  oncle  du  tzar  Fé- 
dor,   fut  ramené  an  camp    et  livré 
a  Démélrius  comme    un  g;;ge  de  la 
lidélilé  de  l'armée.  Les  rebelles  mar- 
chèrent sur  Moscou   dont  ils  s'em- 
parèrent facilement.  Le  jeune  tzar, 
ta  mère  et  sa   femme    furent  mis  a 
mort.  Mais  les  Zouiski  ou  Schouiski 
ayant  eusuile  soulevé  le  peuple  con- 
tre l'imposteur  et  Démélrius  s'élant 
caché  dans  le  palais  ,  Basmanoff  se 
mit  a  la  tête  des   gardes-du-corps 


17- 


200  BAS  BAS 

et  ferma  les  portes,   afin  de  don-  première  motion  dans  cette  assemblée 
ner    le    temps  au   faux  tzar   de    se  fut  en  faveur  des  assassins  d'Avignon, 
cacher.    Un   gentilhomme    cria   que  pour  lesquels  il   demanda   une  am- 
l'on  fit  paraître  l'imposteur;  Basma-  nistie  {V.  Jourdax,  XXII,  59),  et  la 
110 ff  lui  fendit  la  tête  d'un    coup  de  seconde  contre  le  duc  de  Brissac,  qu'il 
sabre.  Mais  voyant  qu'il  allait  suc-  fit     décréter    d'accusation.    Devenu 
comber  et  que   le    peuple    pénétrait  membre  de  la  convention  nationale 
dans  le  palais  ,   il   s'avança  vers  les  par  le  choix  du  même   déparlement, 
princes  Soltlkoff  ,  Gallitzin    et   au-  il  y  vola  la  mort  de  Louis  XVI,  sans 
très    grands    qui    avaient    concouru  appel  au  peuple  et  sans  sursis  a  l'exé- 
avec   lui  a  élever   Uémétrius  sur  le  culion.  11  fit  ensuite  quelques  dénon- 
trône  ;  et,  pendant  qu'il  cherchait  a  ciations  contre  les  aristocrates ,  les 
les  ramener,  Michel  Tatistclieff,  que  prèlres   réfractaires,    et  fut  un  des 
Basmauoft  avait  sauvé   de  l'exil,  lui  premiers  ecclésiastiques  qui  rcnon- 
enfonca  son  épée  dans  le  cœur,  en  curent  au  célibat.  Mais,  plus  lâche 
disant    :    «Scélérat!   va   aux  enfers  que  mécliaut  ,  par  une  de  ces  bizar- 
avec  ton  tzar  !  »  Le  corps  de  Basma-  rcries  qui  ne  sont  pas  sans  exemple, 
Boiî  fut  jeté   du  haut   des  escaliers  cet  ennemi  forcené  du  sacerdoce  fit  , 
dans  la  cour  (18   mai  1606).  On  le  durant  toute  la  terreur,  nourrir  par 
rendit   cependant  a  ses  parents,  qui  sa  >ervanle    un   pauvre  prêtre    non 
le  |)lacèrent  près  de  ion  fils,  mort  en  assermenté  qu'il  ne   connaissait    pas 
bas  âge.                               G — y.  et  qui  logeait  au-dessus  de  lui.  Ce- 
BASSAL  (Jean),    né  en  Au-  pendant  il  se  conduisit  avec  quelque 
vergne  vers  1760  ,  était,  ii  l'époque  modération  dans  les  déparlemcnls  de 
de  la  révolution  ,   de  la  congrégation  l'est,  oii il  fut  envoyé  avec  Prost,  après 
des  Lazaristes   ou   missionnaires,  et  la  journée  du  3i  mai  1795,  afin  d'y 
comme  Ici,  un  des  prèlres  desservants  assurer  le  triomphe  de  cette  révolu- 
delaparoisscSaint-LouisjkVersaillcs.  lion.    C'était  une    mission    difficile. 
Il  fut  dès  le  comniencemcnt    un  des  dans  un   pays  que  dominait   alors   le 
plus  ardents  révolulionnaires  de  celle  fédéralisme,    parti  contraire  à  Ro 
ville,  prêta  tous  les  si'rmenls  (|ue  Ton  bespierre.    Bassal    ne    trouva,   pour 
exigea  du  clergé  ,  cl  parvint  ainsi   a  conipriincr  l'insurrection  de  cinq  do- 
se faire  nommer  curé  constitutionnel  partcniculs,  que  quebjues  dépôts  de 
de  la  paroisse  INolre-Damo,  la  plus  régimenls  et  un  bataillon  de  volon- 
imporlantedeVersailles.  Hélait  alors  laires  de  la  Drùmc  que  commandait 
lié  avec  les  déinaL^^ogucs  les  plus  fou-  Clianqnonnet.   N'ayant  ainsi    aucun 
gjieux  de    la  capitale,   parlicu'ière-  moyen  de  répression ,  cl  n'étant  pas 
inenl  avec  Marat ,   au(iuel  il  donna  d'ailleurs   cruel    ni  sanguinaire,    il 
asile  dans   son  presbytère,    l()rs(|uc  eut  recours  ;i  des  voies  de  concilia- 
le  sanguinaire   ami    du   peuple   fut  lion  el    parvint    beaucoup    plus   su- 
poursuivi   par  Lafayelle  et    Bailly,  renient  à   son  but.   Mais   ce    irélail 
comme  l'un  des  chefs  du  paiii  repu-  p.is  ainsi  ((u'il  lallail  en  agir  h  celte 
Llicain.  lîassil  fut  nommé,  en  179  I  .  époque;    il    fut    bientôt    rappelé    et 
vice- président   du    (li^lricl   de   Ver-  le  féroce  Lejeune  ,  (pii  le  remplaça , 
saillcs  et,  dans  la  même  année,  dé-  fil  couler    i\v^  hurenis  de  sang    sur 
pulé  à  l'assenib'ée  législative,  par  li'  les  éelialauds  (  /  t'^r-  Lkjkunk,    au 
déparlemeiit    de    Seine-el-Oise.    Si  Supp. }.  Bevcnu  dans  la  capitale  el 


BAS  BAS                   iGi 

voulant  se  rél)al)illl«'r  dans  l'opinion  Carnot   avait  lmai!;lnc  de  crctT   dans 
des  Jacobins  ,  lîassai  fil  ii  la  trilninc  la    Soiiabe  i-l  le   liiisj^aw  ,  afin    de 
dp  la    convention  des  dcnonciatioiis  couvrir  sur  ce  point  les  frontières  de 
contre  Irs   liaMlanls   de   Versailles,  la  France.  Ce   fui  lui  qui   à  Bàle, 
qu'il    signala     ;i     plusieurs    reprises  aciiela  du  prince   de   Carcncy,  pour 
comme  des  aristocrates  et  des  con-  l'envoyer   au  directoire,    la   corres- 
Ire- révolutionnaires.  INIais  tout  cela  pondance  de  Louis  XVIll  •  ce  (uiifut 
ne  put  eni|)ècher  (|n'il   ne   fût  bien-  cause    de   l'arrcstallon    de    La   Vll- 
tot  dénoncé  lui-même  il  la  lri!)une  Icurnoy  ,     P>roller  ,    clc.    Mais    les 
des   Jacobius ,  par  le  lerrible   Du-  Irailés   de    pacification  ,    qui   furent 
raas,    président   du    tribunal    révo-  signés    peu    de    temps    après,   avec 
lulionnaire,  qui  l'accusa  d'avoir  mé-  l'Aulricbe,   firent  renoncer  ace  pro- 
nagé les  iédcrallsles  et  les  coulre-ré-  jet,  et  Bassal  porta  sur  un  autre  poini; 
volutionnaires  du  Doubs  cl  du  Jura,  son  activité  et   ses  plans  de  propa- 
Bassal  répondit  avec   calme  par  un  gande.  Il  fut  d'abord  em[>loyé  quel- 
long  discours j  il  dit  (piil  avait  fait  que  temps  en  Italie  par  Bonaparte  , 
arrêter  2800  personnes  dans  le  Jura,  comme    agent     révolutionnaire,    et 
Il  fut  défeudu    par   Legendre,    qui  cliargé  de  compulser  les  archives  de 
le  loua  surtout  comme   avant  donné  A'^enise.  Les  directeurs  de  la    repu- 
asile  a  Marat  et  a  crautres  patriotes  bliquc  française,  ayant  ensuite  rèsola 
persécutés;     Cuilot    d'Heibjis   prit  de  renverser  le  lionc  pontifical,   ne 
aussi  sa  défense,   et  Bassal   se    tira  crurent  pas  pouvoir  mieux  faire  que 
de  ce    mauvais   pas   avec   beaucoup  d'employer  a  ce  grand  œuvre  l'ancien 
de    bonheur.    Sou  triomphe    fut  si  curé  de  Versailles.  Bassal  se  trouva 
complet  que  pende  temps  après   on  donc 'a  Rome  précisément  h  l'époque 
le  nomma  président  de  celte  même  où  cette  ville  fut  envahie  par  l'armée 
société  des  jacobius.  Mais,  eftrayé  des  française,   sous  les  ordres  de  Ber- 
dangers  qu'il  avait  courus,  il  sembla  thier.  Muni  des  instructions  du  gou- 
mettrc  tous  ses  soins  a  se  faire  ou-  vernemenl  français ,  il  euL  une  grande 
blier,jusqu'ala  cbutedeRobespierre.  part  a  l'organisation   delà  nouvelle 
Plus  lard  il  parla  cependant  encore  république,  et  fui  nommé  secrétaire- 
aux   Jacobins  contre  les  coryphées  général  des  cinq  consuls.   Il  ne  cou- 
dii  modérantisme,  et  peu  de   jours  serva  celle   place  que  jusqu'au   mois 
avant  la  clôture  du  club,  il  y  prophé-  de  novembre  1798,  époque  où,  pour 
lisa  le  triomphe   des    sociétés   popu-  obéir  an  directoire,  en  satisfaisant  aux 
lalrcs.  Il  rapporta  une  pièce  relative  vœux   du  général  en  chef,  le  consu- 
au    3  I   mai ,   portant   que    si  J.-J.  lai  romain  le  nomma  coramissaire-gé- 
Rousseau  eût  laissé  ses  idées   sur   le  néral  dans  les  départements,  pour  y 
gouvernement  iédéralif,  il  aurait  de-  veiller  aux   subsistances   de   l'armée 
mandé  l'entière  deslrnction  de  Paris,  française.  Ayant  ensuite  retrouvé  soa 
IS'ayant  pas  élé  favorisé  par  le  sort,  ancien  ami  Championnet,  devenu  gé- 
qui  phiça  en  1793,  les  deux  liers  de  néral  en  chef  de   l'armée  destinée  a 
la  convention  nalionale  ,  dans  le  non-  l'invasion  de  Pîaples,  i\  n'hésita  pas  a 
veau  corps  législatif,  il  fut  employé  le  suivre  cl  devlul  son   secrétaire  in- 
par  le  directoire  sur  la  frontière  de  lime.    Rédigeant  toutes  les   corres- 
la  Suisse,  pour  y  préparer  les  ger-  pondmces  et  proclamations,  il  abusa 
mes  d'une  nouvelle  républirpie,  (pie     souvent  de  rignorancc  et  de  la   crc- 


^6% 


BAS 


cliilité  de  ce  général ,  qui  avait  en  lui  la 
plus  aveugle   confiauce.  Devenu  un 
des  principaux  clicfsdela  république 
parlbéuopéeune ,   il   profita  de   son 
pou\  oir  pour  commettre  des  concus- 
sions de  tous lesgenres. Ces  désordres 
furent  tels  ,    que  le  directoire  lui- 
même  ne  put  les  lolért  r,  et  que,  sur 
les  plaintes  de  son  commissaire,  Faj- 
poult,  il  fit  arrêter  Bassal  avec  plu- 
sieurs généraux,  et  Cliampionnet  lui- 
même,  qui  furent  envoyés  devant  un 
conseil  de  guerre  K  Milan.  L'accusa- 
tion  était  grave,   les  charges  nom- 
breuses ,  et   une  condamnation  pa- 
raissait imminente,    lorsque  la  ré- 
volution   du   3o    prairial  (  i8   juin 
1799)    renversa    une    partie    des 
directeurs  et  changea  le  système  du 
gouvernement.  Cliampionnet   recou- 
vra aussitôt  la   liberté,   et  il    obtint 
le    commandement    de   l'armée    des 
Alpes  ,    où   son  secrétaire  ne  tarda 
pas  h  le  suivre.  Mais  ce  général  étant 
mort  peu  de  temps  après,    Eassal, 
resté  sans  appui ,   retourna  dans  la 
capitale,  et  il  mourut  en  1802  ,  dans 
une  maison  do  campagne   qu'il  avait 
louée  près  de  Paris.  M — d  j. 

BASSAXD  (Jean-Baptiste), 
médecin,  élève  et  ami  de  Boer- 
haave,  naquit  en  1680,  h  Baume- 
les-Dames,  petite  ville  de  Franclie- 
Comlé.  Cadet  d'une  famille  très- 
nombreuse,  il  dut  songer  de  bonne 
heure  à  choisir  un  état.  Après  avoir 
achevé  ses  cours  d'humanités  et  de 
philosophie,  il  étudia  la  chirurgie  à 
Besancon,  el  vint  h  Paris  se  perfec- 
tionner sous  la  direction  des  plus  lia- 
bdes  maîtres.  Di:  Pari.4  il  se  rendit  îi 
Naples,  où  il  fut  employé  dans  les  hô- 
pitaux, et  profila  du  voisinage  jxuir 
se  f.iire  recevoir  docteur  en  rnédi  cine 
a  la  (élèbre  université  de  S'ilerne.  11 
était  de  retour  dans  sa  famille  en 
I  70!)  j  mais,  dès  l'an  née  suivante  ,  i\ 


BAS 

courut  h  Leyde  entendre  les  leçons 
de  Boerhaave  qui,  charmé  de  ses  ta- 
lents, lui  voua  dès-lors  la  plus  tendre 
affection.  Après  la  mort  de  l'empe- 
reur Josej)h  P"" ,  la  France  ayant  en- 
voyé des  troupes  en  Italie,  Bassand 
fut  attaché  comme  chirurgien  aux 
ambulances  de  l'armée.  Mécontent  de 
ses  chefs,  il  passa  bientôt  au  service 
de  l'Autriche  ;  et ,  avant  la  fin  de  la 
campagne  ,  il  fut  nommé  chirurgien  eu 
chef  du  corps  commandé  par  le 
princeEmm.anucldeSavoie.En  1714, 
l'empereur  Charles  VI,  sur  le  compte 
avantageux  qu'on  lui  rendit  des  ta- 
lents de  Bassand,  le  nomma  premier 
médecin  de  l'armée  destinée  h  agir 
contre  les  Turcs,  sous  les  ordres  du 
prince  Eugène.  Il  reçut  a  cette  épo- 
que de  Boerhaave  tous  les  instru- 
ments nécessaires  pour  les  obser- 
vations qu'il  le  chargeait  de  faire , 
tant  en  Servie  que  dans  les  autrcspro- 
vinces  où  le  sort  des  armes  pourrait 
le  conduire.  A  la  paix  il  revint  a 
Vienne,  se  fil  agréger,  en  1720,  a 
la  faculté  de  cette  ville  ,  et  fut  uommé 
médecin  de  Loopold,  duc  de  Lorraine. 
Ayant  eu  le  bonheur  de  guérir  le  fils 
aîné  de  ce  prince ,  d'une  maladie 
grave,  il  en  fut  récompensé  par  des 
lettres  de  noblesse.  L'année  suivante 
(i72()),  l'enipereur  lui  conféra  le 
titre  de  son  premier  médecin,  el  celui 
de  conseiller  aulique.  Il  accompagna 
dans  ses  voyages  le  jeune  duc  de  Lor- 
raine, qui,  depuis  empereur,  sous 
le  nom  (ie  François  l"  ,  le  créa  baron, 
el  il  recueillit  dans  toutes  les  cours 
des  témoignages  de  l'estime  (pi'inspi- 
raienl  ses  talents.  Ce  grand  jiraticien 
mourut  il  Vienne,  le3onov.  17»::. 
il  avait  des  connaissances  Irès-eten- 
dues,  dans  tontes  les  branches  del  his- 
toire naturelle.  B  visita  |)lusieurs  fois 
les  diverses  provinces  de  1  Aninehe  , 
recueillant  dcsj)lanles  et  des  minéraux 


RAS 

«|u'il  Piivoy.iil  a  Tidorlianve  ,  avec  le- 
»|tii'l  il  (Mitrclinl  inic  corrospoudaiirc 
.suivie  jUMulanl  vingt-six  ans.  Les  Ici- 
très  (l(>  r»()(«r!iaave  K  I^assanH  (/td 
Jotm.  Ilitpt.  lid^siindttnt  j  JTcrrn. 
Ilncrhavii  cjiistolœ)  ont  clé  pu- 
1  liées  a  Vienne,  en  1778,  in-S",  sur 
les  aMloj;raplH's  conservés  a  la  l)il)lio- 
tliè(pie  impériale.  Kllcssoiil  précédées 
(Pline  notice  de  rédileur  sur  Hassand, 
dans  laipielle  il  reffrclle  que  ses  ré- 
ponses a  Boerliaavc  n'aient  pas  été 
rolrouvées.  W — s. 

HASSEE  (le  p.  Bon  AVENTURE 
rr  la)  (i),  capucin  ,  était  né  ,.  vers 
la  fin  du  î  ô*"  siècle,   dans  la  petite 
ville  de  TArtois  dont  il  prit  le  nom, 
l(irs(ju'il  cnibrassi  la  vie  religieuse  , 
dans  Tordre  de  Saint-François,  Louis 
]ie  Pippre,  c'est  ainsi  qu'il  se  nom- 
mait dansle  monde  ,  a])rès  avoir  fait 
d'excellenles  études ,  fnl  pourvu  de  la 
chaire    de    philosophie    au    collège 
roval  de  Douai.   Il  se  démit  de  cet 
emploi,  pour  entrer  dans  la  congre- 
galion  des  chanoines  réguliers  KHes- 
din.  Plus  lard,  ayant  pris  l'habit  de 
capucin  ,  il  fut  chargé  de  donner  des 
leeons  de  théoloirie    dans   différents 
couvents  de  son  ordre.  Il  remplit  en- 
suite  les  charges  de  gardien  et  de 
provincial,  et  mourut  le  1 1  septem- 
bre   i65o,  a  Soignies  dans  le  Hai- 
naut.  Le  P.  Bonaventure  est  auteur 
du  Parochiaiius  obedicns ,    seu  de 
duplici      debifo      parocJiicmoruin 
niidicndi    verbi    et   missœ   paro- 
cliinlis,  Douai,   t633,  in-12.   Cet 
ouvrage  fut  traduit  en  français  et  en- 
richi de  notes  par  Franc,  de  la  Tom- 
be ,  curé  a  Tournay  ,  ibid.,  16 54, 
in-12.  L'auteur  ayant  revu  son  ou- 
vrage, y  fil  des  additions  ,  cl  le  re- 

(i)  Le  1*.  de  la  Kassée  se  nommait  vi\  Jiitin 
Jiiis:aiiiiiis  ;  nini->  C(-  n'était  pas  \\\\c  raisuii  pour 
le  nommer  Jifisscnn  ,  comme  l'a  fait  Barbier  ou 
son  rdilour  dans  le  JJicd'onnairr  des  Anonymes, 
u"  17775.  Celle  faute  se  reliouvc  dans  la  lable. 


BAS 


163 


produisit    sous   ce  litre    :    ThcopJn- 
/its  paroc/iinfis  scii  do.  (pitulrtiplici 
dcbiLo  in  pi'opria  jinrocliid pcrsol 
vciido  ,  A nvei  s  ,  i  6 5 5 ,  in-12.  Il  en 
existe  un  assez,  grand  nombre  d'édi- 
tions ,  dont  (piebpies-iines  portent  le 
nom    de  Parochoplnlns.    La    pre- 
mière ]iartie  (jtii  traite  de  VObliira' 
lion  d'dssisler  à   la  messe  de  sa 
paroisse j    fut  traduite  eu    français 
par  Benoît  Puys,  Lyon  ,  1 64  5  ,  in- 
12,  Le  P.  AIbi,  jésuite,   craignant 
que,  si  cette  doctrine  venait  à  préva- 
loir ,  les  églises  de  la  société  fussent 
moins  fré(pienlées,  l'attaqua  dans  son 
A'itL-Tli(''ophile  paroissial,  Lyon, 
i655  ,  iu-i2,  opuscule  où  i!  se  per- 
mettait plusieurs  imniifalions  calom- 
nieuses sur  le  compte  de  B.  Puys,  doc- 
teur eu  théologie  ,    et  curé  d'une  des 
principales  paroisses   de    Lyon.  Le 
curé  se  jusliha  complètement  dans  la 
Réponse  chrétienne   à  un   libelle 
anonj'-rne^  honteux  et  diffamatoire^ 
intitulé  :  l'Anli-Théophile  ,  ibid.  , 
16465  et  !e  P.  Albi,  déguisé  sous  le 
nom  de  Paul  de  Cabiac  ^  prêtre  ré- 
gulier ,  répliqua  par  Vy^poloi^ie  de 
r  Anii  -  Théophile.  EnHn  plusieurs 
personnes     considérables  ,     voulant 
faire  cesser  le  scandale  ,  ménagèrent 
entre  les  deux  adversaires  un  racum- 
modemenlj  et,  dans  un  acte  aulheu- 
ti([ue  ,  dressé  le  2  5  sept.    i65o  ,  le 
P.   Albi  déclara  qu'il  reconnaissait 
B.  Puvs  pour  un  ecclésiastique  irré- 
procliable.  Pascal  a  fait  usage  de  cette, 
pièce  dans  la  i  5  '  Lettre  provinciale 
où  il  se  propose  de  montrer  que  les  jé- 
suites ne  se  font  poiulde  scrupule  de  se 
servirdelacaloraniepour  décrier  leurs 
ennemis.   Ou  trouve  un   bon  article 
sur  le  P.  de  la  Bassée  dans  les  31é- 
junires  littéraires  de  Pafjuot ,  i  î  78  , 
in- fol.  Barbier  l'a  reproduit  en  partie 
dans  sou  Examen  critique.,  85. 
W— s. 


a64 


BAS 


BASSEXGE  '(Jean-Nicolas), 
né  a  Liège  en  1 7  5  8  ,  d'une  famille  de 
la  I. aille  Ijoiirgeoisie  ,  fît  ses  éludes 
au  collf"ge de  Tisé  que  dirigeaient  les 
pères  de  l'Oraloire.  Un  des  profes- 
seurs, passionné  pour  la  poésie  fran- 
çaise, en  inspira  le  goîit  à  ses  élèves 
parmi  lesquels  se  dislinguaient  Bas- 
senge  et  deux  autres  Liégeois,  Hen- 
kart  el  Régnier.  11  se  forma  bientôt 
entre  ces  trois  jeunes  gens  une  ami- 
tié qui  triompha  toujours  de  l'amour- 
propre  et  qui  fit  le  charme  de  leur 
vie.  La  nymphe  de  Spa  à  Vahhé 
Kaynal  j  épître  pleine  de  verve  , 
mais  dans  laquelle  l'auteur  se  mon- 
trait Tapologisle  de  la  philosophie 
moderne,  parut  eu  178 1  3  elle  atti- 
ra sur  Dassengc  des  tracasseries  de 
toute  espèce.  Le  prlnce-évèque  (Vel- 
bruck)  le  protégea  néanmoins,  ef  le 
jeune  poète  continua  de  vivre  au 
milieu  de  ses  compatriotes  jusqu'à  la 
mort  du  prélat.  Enlroîné  par  l'amour 
àts  lettres  et  faligué  des  petites  per- 
sécutions (ju'il  éprouvait,  il  al'a  de- 
meurer à  Paris,  et  ses  liaisons  avec 
les  plus  célèbres  littérateurs  de  l'é- 
poque lui  rendirent  ce  séjour  agréa- 
ble. Cependant  la  Fnésintelligence  en- 
tre le  nouveau  prince-évêque  (Iloens- 
broeck)  et  le  peuple  liégeois  ne  tarda 
guère  a  se  manifester;  lîassenge  ser- 
vit de  .sa  plume  la  cause  de  ses  con- 
citoyens •  il  publia  diverses  brochures 
qui  respirent  le  plus  aidriil  patrio- 
tisme, mais  (pii  portent  presepie  tou- 
tes rcMqircinlc  d'iiu  tr.u.ul  trop  pré- 
cipité. Ses  éludea  de  prédilection  su 
dirigeaient  toujours  vers  riii.stoire  du 
sa  j)atrie,  ut  il  en  donne  i\{.''^  frag- 
ments écrits  avec  chaleur  dans  ses 
Li'tlrvs  à  rahbc  de  P..,  (De  Pau) 
(i),  ouvrage  estimable  et  (pii  mérite- 
rait d'èlre  plus  connu  ,  bien  (jue  trop 

(0  5  vol    in.8'',»l«;787à  1789. 


BAS 

souvent  l'enlliousiasme  y  prenne  la 
place  d'une  judicieuse  critique.  De 
retourh  Liège,  et  député  du  tiers-état 
pour  assister  aux  conférences  des  trois 
ordres  en  1789,  Bassenge  prit  une 
part  très-active  dans  la  direction  des 
affaires.  Les  états  le  chargèrent  de 
plaider  leur  cause  h  la  chambre  impé- 
riale deWetzlar,  h  Berlin,  puis  au  con- 
grès de  Francfort.  La  mission  était 
difficile  a  remplir  ,  et  le  diplomate 
manquait  absolument  de  celte  sou- 
plesse indispensable  pour  réussir  au- 
près A^s  cours.  Leprince-évêquej  ré- 
tabli par  les  troupes  impériales  dans 
la  plénitude  de  son  pouvoir,  en  dé- 
cembre 1790,  exclut  de  ramnistie 
Bassenge  qui  ,  dans  une  Adresse  à 
V empereur  Léopold  II ^  au  nom  des 
Liégeois  (vol.  in-8°,  Sedan,  septem- 
bre 1791),  réclama  vivemeijt  contre 
l'esprit  de  réaction  et  les  actes  arbi- 
traires qui  se  manifestaient  a  Liège. 
Mais  le  gouvernement  autrichien  resta 
sourd  à  sa  voix,  el  Bassenge  alla  cher- 
cher des  consolations  dans  la  culture 
des  lettres  a  Paris.  Il  fit  une  courte 
apparition  dans  sa  pairie  avec  l'armée 
(le  Dumouriez,  en  1792.  Les  suppli- 
ces de  la  terreur  désenchantèrent  pour 
lui  la  révolution  française  eu  1793  , 
et  lui-même  fut  jeté  dans  les  cachots. 
Il  aurait  vraisemblablement  porté  sa 
tète  sur  l'échafaud  sans  la  courageuse 
intervention  des  exilés  liégeois.  Ro- 
bespierre les  reçut  et  n'osa  pas  se  re- 
fuser il  leur  demande.  Bassenge  fut 
ninis  en  liberté  peu  de  jours  avant  la 
chute  du  >aiiguiiiaire  dictateur.  Après 
la  réunion  ilu  pays  de  Liège  a  la 
France,  il  lui  fui  en  (in  permis  de  re- 
voir ses  loyers.  Coiniuissaire  du  di- 
rectoire exécutif  près  de  l'adminislra- 
lion  du  déparUnuiit  de  l'Ourle,  il 
goùla  la  plus  douce  iU's  vengeances, 
celle  de  faire  du  bien  il  $vi  persé- 
cuteurs,'   la  plupart  avaient  lui,    il 


lus  BA.S  ^65 

facllila   IiMir  rcloiir  ,    cl  leurs  pro-  trouve  aussi  (1rs  vers  cl  de  la  prose 

priéU's  lurcnlcduscrvi'cs  par  ses  soius  (I<;  liasst  iij;c  daus  les  prooès-verl)aux 

généreux.    Député     au     conseil    îles  de  la  soc  iélé  d'éintilalion  de  Liège  , 

ciiKj-ecnls,    eu    1798,  i!  s j  (il   re-  dans    rAIniaiiaeli   d.s    Muscs,    dans 

iiianpier   par  la  iiiodéralicii   de    ses  rvViiiuiaire    jioéli'pie    de    IJruxelles , 

princi|)es.  Les  évèneoients  du  i8l)ru-  elc. — Son  frère  |)uîiu;  lui  comme  lui 

maire  ,  tpril  fin  01  i>a  ,  le  firenl  siéj^er  membre   du   conseil  des    cincj-ceuts, 

nu  corps  Ié{;i>lalif  j  mais  ses  opinions  puis  sous-pré(el    a    i\I on hnédy  ,    et 

répul)licaines  ,   qui  se  faisaient  jour  mcmhrc  du  corps  législatif.     Sr — t. 

quelcpiefois  dans  la  Z^cr<t<yc' />////o,çc>-  BASSET    (C -A ),  l'un 

/;///V/w(?(2),  Tcn  éloigncrenl  en  1802.  des  liomnies  (pii ,  dans  ces  derniers 

Il   passa  les  dernières   années  de  sa  temps  ,  se  sont  occupés  avec  le  plus 

vie  au  milieu  de  ses  amis,  dans  sa  ville  de  zèle  de  réducalion  populaire,  était 

natale  qui  lui  confia  la  conservation  né   vers    lyôo.    Ayant   embrassé  la 

de  sa  l)il)li()tliè(pie.  l'asscngc  mourut  règle  de  Sainl- Benoît ,  il  fut  envoyé 

célibataire,  le  16  juillet  1811,  à  53  par  ses  supérieurs  a  Técole  de  So- 

ans.    11  était    membre  de  la  société  lèzej  et  il  y  professait  la  rhétorique 

d  émulation  de  Liège,  et  son  éloge  y  en  1791  ,  a  Tépoque  de  la  supprcs- 

fut  prononcé,  le  12  sept.  18  11,  par  sien  de  cet  établissement.  Forcé  de 

le  secrétaire     perpétuel.     «En   lui,  quitter  la  France  pour  se  soustraire 

«  dit  un  de  sescompatriotes  qui  Pavait  a  la  persécution  suscitée  contre  les 

a  bien  connu,  la  gaîté  était  sans  ap-  prêtres  ,  il  n'y  rentra  qu'en  1806.  A 

«prêt,    l'épigramme    sans    fiel,    la  l'organisation  de    l'nniversilé ,    Bas- 

«  louange  sans  fadeur  5    sa  brusque  set,  nommé  censeur  des  éluder  dans 

ce  bonhomie   n'était  jamais  brutale,  un  lycée  de  Paris,  fut  ensuite  placé 

«  el    celui  qu'auraient    inlimidé  les  comme  sous  directeur  a  l'école  nor- 

ct  vives  saillies  de  son  esprit  se   sen-  maie.   Trouvant  cette  tache   au-des- 

«  tait  sur-le-champ  rassuré  et  retenu  sus  de  ses  forces,   il   sollicita  bicn- 

«  par  l'indéfinissable  amabilité  de  ses  tôt  sa  retraite  5  mais  il  ne  cessa  pas 

K  manières,  n   Bassenge  poussait    la  de  travailler  activcmenl  aux  progrès 

bienfaisance  nu  point  que  plus  d'une  de  l'éducation  ,  en  propageant  de  tout 

fois  on    l'a  vu  subir    les   plus   dures  son  pouvoir  la  nouvelle  méthode  d'en- 

prétenlious  de  l'usure  pour  secourir  seignement    qui    trouvait     beaucoup 

des  malheureux.  On  a  réuni  la  plu-  d'adversaires.  L'un  des  fondateurs  de 

part  de  ses  poésies  avec  celles  de  ses  la    société     pour    l'amélioration    de 

amis  Henkart  et  Régnier,  sous  le  titre  l'instruclion  élémentaire,  il  en  fut  aus- 

de  Loisirs  de  Jrois  amis  ,    2   vol.  si   Tun  des  membres  les  plus   distin- 

in-8'%    Liège,    sans   indication    de  gués  :  il  mourut  a  Paris,  vers  la  fin  de 

l'année  (1822).  On  y  dislingue  plu-  1828.  On   a   de   lui:  L  Essai  sur 

sieurs    épîtres  semées  de  charmants  réducalion   et   sur  l'organisation 

détails ,  et  des  fables  oii  des  longueurs  de  quelques  parties  de  l'instruclion 

et  des  négligences  sont  rachetées  par  publique,   Paris,    i8ii,   in-8";   2" 

le  naturel  el  par  une  certaine  naïvelé  édition,    augmentée,    18  i4-,   in-8''. 

1)i(pianle  ,    Pâme    de    l'apologue  ,    a  IL   Coup  d'œil  panerai  sur  Vcdu- 

aquelle   rien   ne   peut   suppléer.  On  cation  et  l'instruction  publiques  en 

'  ,  ,  , ; — '. — ~ ~. — "" France  ,  avant ^  pendant  et  depuis 

(2;  Joiinial  scicnlifuiiie  ftlitlcraire  rcdigc  par  ,  ,       .  •!  -i  or      '      n 

MM.  Ginguciié  cl  Amauri  Duval.  lu  rcVolutlOU  ,    lOld.,    lOIO  ,  lU-S", 


266 


BAS 


BAS 


III.  Direction  pour  les  fondateurs 
et  fondatrices  ,  pour  les  maîtres  et 
maîtresses  des  écoles  d'enseignement 
perfectionné,  ibid. ,  1817,  in-i2j 
2"  édit. ,  1819.  IV.  Manuel  du  co^ 
mité  cantonnai  sous  le  rapport  de 
l'inspection  des  maîtres,  etc.,  ibid., 
18  17,  in- 8°.  V.  IManuclde  l'in- 
specteur, ou  qualités  principales  k 
observer  dans  une  école  d'enseigne- 
ment, etc.,  ibid.,  1819,  in-12. 
\I.  Explication  morale  des  pro- 
verbes populaires  français ,  ibid. , 
1826,  in  8".  Ce  petit  ouvrage  est 
excellent.  Quelques  critiques  le  com- 
parent a  la  Science  du  bonliomme  Ri- 
chard de  Franklin.  Voy.  la  Revue 
encyclopédique ,  xxxv.  \II.  Eta- 
blissement et  direction  des  écoles 
primaires  gratuites  d'adultes ,  te- 
nues les  soirs  et  les  dimancbes,  pour 
la  classe  ouvrière,  ibid.,  1828,  in-12. 
Dom  Basset  a  traduit  de  l'anglais 
r  explication  de  Play  Pair,  sur  la 
théorie  de  la  terre,  par  Hullon  , 
Paris,  181  5,  in-8",  fig.  [V.  Play- 
FAiR,  XXXV,  Go.)  W— s. 

BASSET  DE  LA  MA- 
RELLE (Louis),  avocat,  membre 
de  l'académie  de  Lyon,  né  daus  cette 
vi'le,  fut  pourvu,  en  1762  ,  de  la 
place  de  premier  avocat -général  au 
parlement  de  Dombes.  Il  obtint  ,  en 
1774.,  la  charge  de  président  au 
grand  conseil ,  qu'il  occupa  jusqu'à 
la  suppression  de  toutes  les  cours  de 
justice.  Il  fut  enfermé  en  1795,  avec 
sa  femme  cl  son  fils  îigé  de  17  ans, 
dans  la  prison  du  liiixcMubourg.  Tra- 
duits au  tribunal  révolutionnaire 
comme  complices  d'une  conspiration 
tramée  sous  les  verroux  ,  ils  furent  , 
tous  trois,  condamnés  a  mort,  le  19 
messidor  an  II  (7  juillet  1794)  (')• 


(1)  Cx  jnin-li'i  ,  le  trihiiTiiil  ri'volHlioiiiuiiro 
juRen  «'t  <-<inr|;itiin.i  <liin<i  utiu  si-ulo  so.'ini'n  ,  «in. 
(juanle-nfu(  victiiiii's,  et   i>ariii(  elles  so  trnu- 


Bassel  de  la  Marelle  a  publié  un  écrit 
intitulé:  La  différence  du  patrio- 
tisme national  chez  les  Fran- 
çais et  chez  les  Anglais _,  Lyon, 
1762,  in-8°5  réimprimé  en  1766. 
Ce  discours,  lu  h  l'académie  de 
Lyon  ,  fut  très-gcûté  lorsqu'il  pa- 
rut :  un  sentiment  de  nationalité 
lui  procura  ce  succès ,  car  l'ou- 
vrage, loin  d'être  un  parallèle  im- 
partial ,  est  presque  entièrement 
consacré  a  établir  la  supériorité  du 
patriotisme  français,  sur  le  même  sen- 
timent en  Angleterre.  Les  faits  his- 
toriques  se  plient  trop  souvent  au 
système  de  l'auteur,  dont  le  style 
n'est  pas  exempt  d'incorrections  et 
affecte  quelquefois  des  formes  de 
palais.  On  trouve  d'ailleurs  peu  d'i- 
dées neuves  dans  cette  production 
de  l'orgueil  national.       L — j>i — x. 

BASSIXET  (l'abbé  Alexan- 
DRL-JosEi'H  de),  né  h  Avignon,  d'une 
famille  noble,  le  22  janv.  1755,  fit  de 
très-bonnes  études  et  se  consacra  de 
bonne  heure  'a  l'état  ecclésiastique. 

valent  It*  vcriuenx  abb«^  de  Féiielon,  fondateur 
de  riiisliuuioii  en  faveur  dts  jeunes  Savoyartls  ; 
Nicolai  ,  ex  -preinirr  président  de  la  chambre 
des  comptes;  le  duc  de  Geivics,  ci-devant  pair 
du  l-'raiice;  le  prince  d'ilciiin  ,  qualifié  dans  le 
jugement  de  capiltiine  des  gardes  de  l'iiifume  d  Ar- 
tois ;  nu  architecte  du  tyran  de  l'idnpie  (SlOiiislas, 
cjui  miril.i  le  surnom  de />(t'/i/'(i/,>a///);  la  comtesse 
(le  HoulHers,  (|iii  avail  été  attachée  à  ce  jiritice  ; 
d'autres  nobles  («les  l?oi»gelin  ,  des  Duuius  ,  des 
]..)  'l'otir-tlu  l'in,  etc.);  l't  aussi  clt-s  i  nlîivaleurs  , 
ttes  majîislrnts,  des  prèlrfs  ,  des  inlcndanls  île 
]»rovinc«,  des  avocit»,  des  joiirnblist<*« ,  ùe» 
conseillers-d'etal ,  des  preflirrN  ,  des  commissai- 
res de  police  ,  Ae-*  colonel»,  <lcs  rieguciunts  ,  des' 
niarinst  *•»  itimphf  eiiipio)e  de  la  >'al|>ctriùre  ■ 
cl  nii  Anglais  claiili  en  France,  et  doni  le  ciinu! 
étnil  d'être  né  son  !  le  ilnmainc  de  Pitt.  Tons  ces 
acciise.s,  dont  l.i  plupart  ne  s'ct,  ient  janiai»  vus, 
furent  con  lamncs  comme  complices  dn  pèrg  Du  • 
ihetiie  (  llrberl  )  ,  de  Uonsin,  i\v  ('hainn«^l«  ,  tH. 
de  iMomoro;  comme  ayant  voulu  untaiilir  pHr  te 
mrtirtre  (dans  la  prison  dti  I.nxi  nibonr;r  ,  où  il5 
n'euiicnt  pu»  tous  reiil'rrnies)  /e^  rrpry.witlimit  du 
peu  file  ,  tt  iritamineiit  1rs  incmbivs  du  coniitr  de 
salut  piitdic  ri  de  siirelr  g-'iirmte.  —  HeffroN  <lc  llci- 
pny  dit  ,  «lans  son  Dietionnaiie  det  hoinmes  et 
des  i/ioses  ,  (jn'nu  aulrc  IUsirv,  |crrn<piicr,  avait 
déjà  clé  coiiduinne  et  exécute  «  l'uris,  le  i('>  jaii- 
\ier  i7(j.i  ,  pour  uvoit  fait  dt*  prrruipus  d'arni»* 
crutv  ua  approv/uint.  V— vi. 


n.vs 

r.l.lr.l  venu  fori  )ciiiio  îi  l\iris,  il  y 
prôdia  (li'\.iiil  1.1  cour  cl  proiioiira  tu 
pri'.siMicr  (le  i'acaciciuli'  naiu'ai.sc  le 
jiaiK'g|rii[iie  (\c  saint  J/oiiis.  Donc 
(l'une  assez  grande  érnililion  el  do 
beaucoup  (le  vivacilc,  il  ol)linl  de 
l)nllanls  succès  dans  la  prédicalion  , 
I)ien  (ju'il  n'ait  jamais  pu  se  défaire 
entièrement  de  l'accent  provençal, 
11  était  depuis  (piehpies  années  grand- 
vicaire  de  Verdun  lorscpie  la  révolu-, 
tion  éclata  :  ayant  refusé  le  serment 
exigé  du  clergé,  il  se  retira  dans  une 
maison  de  campagne  près  de  cette 
ville  ,  où  il  eut  1  honneur  de  recevoir 
IMonsieur  ,  frère  du  roi  ,  lors(jue  ce 
prince  vint  en  France  dans  la  cam- 
pagne de  1792.  Cet  honneur  pensa 
coûter  bien  cher  au  pauvre  ahbé  ;  et 
il  ne  put  se  soustraire  a  Téchafaud 
sju'en  se  tenant  soigneusement  caché 
l)eu(lant  tout  le  régime  de  la  terreur. 
Venu  h  Paris  après  la  révolution  du 
1  8  brumaire  et  se  trouvant  privé  de 
tous  ses  traitements  et  pensions ,  il 
n'eut  pour  y  vivre  ([ue  la  ressource 
de  ses  travaux  littéraires.  Ce  lut  alors 
(ju'il  devint  un  des  rédacteurs  du  Ma- 
gasin cncyclopcdiquc ^  où  il  a  fait 
insérer  un  trraud  nombre  d'articles 
qu'il  n'a  pas  signés.  S'étanl  chargé, 
en  1806  ,  a.  Tiustigation  du  fameux 
Perlet  (^oj'-.  ce  nom,  auSup.)  d'une 
correspondance  politiijue  ,  il  fut  dé- 
noncé a  la  police  par  ce  misérable,  et 
mis  par  suite  en  arrestation  au  Tem- 
ple, où  il  resta  détenu  pendant  plu- 
sieurs années.  En  sortant  de  cette 
prison  ,  il  se  retira  dans  la  maison 
de  Saintc-Perrine  a  Chaillot,  où  il 
est  mort ,  le  16  novembre  181 3. 
L'abbé  de  Bassinet  a  publié  :  I. 
PancLçj'rir/ue     de     saint     Louis  , 

1767,  in-8°.  II.  Histoire  moderne 
de  Russie^  traduite  de  l'anglais  de 
\\  illiam  Tooke,  Paris,  1002,  6  vol. 

n-8".  m.  Histoire  sacrée  de  V/in' 


BAS 


'j.G'] 


rien  cl  du  \(uiv('uu  Testament,  re- 
f>r('Se/itce  jtur  Jiguics  au  noinhre 
de  614.,  avec  des  expliculions  ti- 
rées des  S(unls  Prres,  i*aris,  1  8o4  • 
1806  ,  8  vol.  gros  in- 8".  L'abbé 
Lé(  uy  fut  l'auteur  du  huitième  vo- 
lume de  cet  ouvrage  (jue  ne  put  con- 
tinuer Bassinet,  a  cause  de  son  arres- 
tation. Ce  dernier  fut  aussi  l'éditeur 
des  Sermons  de  Ciceri,  Avi'inon  , 
Jjdi,  6  vol.  in-12,  et  d'une  édi- 
tion de  Luueau  de  Boisgermaiu.  11 
avait  compo.sé  des  Annales  histori- 
ques et  politiques  du  dix-huitième 
siècle j  qu'il  se  proposait  de  mettre 
sous  presse  lorsque  la  mort  vint  le 
frapper.  Cet  ouvrage  est  resté  inédit. 

M— DJ. 

BASSOT  (Jacques).  On  ignore 
a  quel  personnage  ce  nom  a  pu  appar- 
tenir ,  si  même  il  en  a  jamais  existé 
qui  le  portât  (i) ,  et  cependant  il  est 
devenu  célèbre  dans  les  fastes  de  l'ana- 
tomie ,  parce  qu'on  a  désigné  un  in- 
dividu de  ce  nom  comme  auteur 
d'une  brochure  (pii  fit  beaucoup  de 
bruit  a  Tépoque  de  sa  publication  ,  et 
qui  est  intitulée  :  Histoire  véritable 
du  géant  Teutohochus ,  roi  des 
T'entons ,  Cirribres  et  Amhrosins , 
déjaits  par  Marias,  consul  ro- 
main, cent  cinquante  ans  avant  la 
venue  de  notre  Sauveur ,  lequel 
fut  enterré  auprès  du  château 
nommé  Chaumont  ^  en  T)auphiné , 
Paris,  i6i5,  in- 8"  ;  réimprimée  a 
Lyon  ,  la  même  année  ,  sous  le  titre 
de  Discours  véritable  de  la  vie  j 
mort  et  des  os  du  géant  Theuto- 
bochus,  in-8".  Ce  livre  parut  a  Tocca- 


(i)  I.e«  auteurs  de  la  ]5ihliolb«"(jiic  Lisioriquc 
delà  France,  ei  Ikubicr  dans  soti  Diclioniiaire  des 
anonymes,  prnsent  que  cri  auteur  se  nommait 
Tissot;el  ils  se  Tondent  si.r  la  phrase  suivante,  qui 
termine  l'ouvia^e  :  «Ix;  tout  est  à  lu  jjIus  grande 
«  {gloire  de  Dieu  ,  el  à  l'honneur  du  sei'^^neur  de 
«  l.angon  ;  \>a.r  son  très-buniblo  .«-erviteur  Jac- 
«  qucs  Tissol.  »  Le  frontispice  n'indique  point 
de  nom  d'autour.  L — x — x. 


268                  BAS  Bas 

eion  d'ossemcnis  d'une  grandeur  pro-  les  plus  frappants  de  Tutilité  d'une 
digieuse  cju'un  cliiiurgien  de  Beau-  science  que  tant  de  médecins  affec- 
repaire ,  nommé  Pierre  Masiiyer ,  lent  de  dédaigner,  parce  qu'ils  ne 
montrait  au  pub'ic  pour  de  l'argent,  l'ont  point  étudiée,  ou  parce  qu'ils 
disant  qu'ils  avaient  été  trouvés  a  dix-  en  ont  h  peine  une  idée  (2).  S-B-y. 
sept  ou  dix-buit  pieds  en  terre  ,  dans  BAST  (  Frédéric- Jacques  )  , 
une  tombe  en  briques  longue  de  3o  conseiller  de  légation  du  grand-duc 
pieds,  large  de  12,  sur  laquelle  était  de  Hesse  ,  de  Tordre  de  Hesse,  et 
attacbée  une  pierre  fort  dure  ,  res-  correspondant  de  l'Institut  de  France, 
semblant  a  du  marbre  gris,  et  por-  naquit  vers  1772  ,  dans  les  états  du 
tant  celle  inscription  en  lettres  ro-  landgrave  de  Hesse-Darmsladl.  Il  fit 
maines  :  Teutoboclius  rex.  Bassot ,  ses  premières  études  sous  sou  père 
ou  plutôt  peut-être  Masuyer,  sous  ce  recteur  du  gymnase  de  Bouxviller  , 
nom  emprunté,  écrivit  la  brochure  qui  iui  transmit  son  goût  pour  les  let- 
en  question  pour  soulenir  l'impos-  très  classiques.  Il  se  rendit  ensuite  a 
lure  ,  el  ,  après  avoir  essaye  de  prou-  l'université  d'Iena.  où  il  suivit  parlicu- 
ver  l'existence  réelle  de  iréants  dans  lièrement  lis  leçons  de  M.Griesbach, 
les  temps  anciens  ,  il  établit  que  le  le  plus  célèbre  des  philologues  sacrés 
corps  du  roi  des  Cimbres  devait  avoir  et  de  M.  Schiitz,  si  connu  par  son 
a  peu  près  vingl-cinq  pieds  de  haui.  édition  d'Eschyle.  Son  premier  essai 
A  cette  occasion  il  parle  de  quelques  dans  la  littérature  savante  fut  un  com- 
aulresossementsgigantes(piesquc]'on  meulaire  critique  sur  le  Banquet  de 
conservait  a  Valence,  et  fait  l'histoire  Platon  ,  que  suivit  bientôt  après  un 
suivie  de  tous  les  géants  dont  les  an-  spécimen  d'une  nouvelle  édition  d'A- 
riens ont  parlé.  Ce  ridicule  ouvrage  risteuète.  Ces  deux  ouvrages  aunon- 
fit  uneseusalionpr()digicuse,elamena  çaient  déjà  cet  esprit  de  saine  criti- 
les  ci'rieux  en  foule  chez  Tavide  im-  que  ,  ce  jugemtMit  sur  ,  cette  connais- 
])osleur.  Mais  ce  qui  le  rend  surtout  sauce  singulière  de  la  langue  grecque, 
iuiporlant  pour  l'hij-toire  de  l'ana-  cette  vaste  lecture  dont  il  a  donné 
tomic  ,  c'est  qu'il  excila  entre  deux  depuis  de  si  grandes  preuves.  Il  ha- 
hoiiimes  habiles  et  célèbres,  Habicot  bitait  alors  Vienne  et  il  était  attaché 
[l^oy.  ce  nom,  au  Supp.)  el  Riolan,  a  M.  de  Jan  ,  résident  de  Ilesse- 
wnc  discussion  très-vive,  dans  la-  Darmsladt.  Le  laiulgrave ,  qui  con- 
(jiielle  Ir  prcMuicr  ht  preuve  de  la  naissait  loul  le  mérite  de  Hast  ,  le 
crédulilé  la  moins  excusable  ,  et  nomma  secrétaire  de  sa  légaliou  au 
finit  j)ar  succomber,  t-n  laissant  tous  congrès  de  Rastadl,  el  bientôt  après  , 
les  rieurs  du  côté  de  son  redoutable  en  récompense  de  sa  conduite  et  de 
adversaire.  De  pareilles  dispules  ses  talents,  il  le  plaça  avec  le  même  ti- 
scandaleuses ,  nuisibles  a  l'art,  ou  Ire  auprès  du  baron  de  l'appenheim, 
plutôt  h  ceux  ([ni  rexerccnl  ,  no  sau-  sou  ministre  à  Paris.  I/aftaire  lon- 
raienl  se  renouveler  anjourd'lini.  L'a-  gue  et  difheile  des  indemnités  fournit 
nalouiie  comparée  ferait  reconnaître  a  B:isl  de  nombreuses  occasions  de 
sur-le-champ  a  (luel  animal  les  osse-     TT 7, — i — i '■ i 

...'.'.            ,  (»)   l'rosjnT  lUnrcbiiiKl  a  ronsat-rt»  un  Imig  ar- 

ments  los.siles  devraient  être  rappor-  liri.- à  «r  |)rrsonim(;.-aiiii)i},'u,«l«ii»  son  Uiiiion- 

tés ,  et  il  paraît  cnie,  dans  le  cas  dont  ""ir.-  ».iMori.,ur    .0....  .     ,,    «<.  M  .ntM,.,..  . 

..      ',       .       l                 I       '                   ,            ^  San»  loiuli'iiiciit  ,  I  uutrtir  de   l  i/iiloii-w  «/»   ton- 

11     S  agit,    ers   OS    apj)arlenaieul    il  un  cinr  ,lf  /«  (7i/;ii/y/«  »,i    truncr  ,  i|iii    rotiliic  au 

éléphant.  C'est  la  un  des  exemples  '"""••"^"  """"'  •■"•"  ^•■"'"'''''  "•';'^';_';«°»- 


BAS  BAS                     'jMij 

pronvcT  11  8.1  roiir  loulc  l'clcndiic  fie  i)r.is>a  Trial  ccclésiaslicjuc,  fui  suc- 
son  zèle  ;  ol  \c  [)rlnco,  eu  lcM»()i{;na«;o  cssivtinciil  cure  de  Saiul-Jacques  cl 
(le  salisridion  ,  le  lit  cIicn aller  de  de  Sainl-JNlcoIa.s  dans  celle  ville,  el, 
son  ordre,  dlsliuelioii  d'antanl  plus  comme  la  pliiparl  des  personnes  de 
liouorahle  ,  (pie  celle  lU'coralion  ii'c-  sa  robe  ,  se  sij!;nala  dans  la  révolulioii 
tail  donnce  ordinairemcnl  (pi'iila  nais-  brabançonne  de  1789.  Le  i5  nov.  de 
fiance  ou  aux  services  mlIilaircsA  ers  celle  année,  il  célébra  la  messe  sur 
la  même  épo(pie  Basl  fui  nommé  con-  un  lainbour,  au  inHicu  du  marché 
^ervaleur  en  survivance  de  la  biblio-  aux  {grains  ,  et  donna  l'absolnlion 
tluvpie  de  Dannsladl  •  il  avail  préféré  a  la  populace  qui  venait  de  j)illor  ciiui 
celte  place  a  des  tilres  plus  brillanl.'^  des  principales  maisons  de  Oand. 
qu'il  eùl  pu  demander,  mais  (pii  au-  De  lîasl ,  revenu  bienlôl  a  des  senli- 
ralenl  moins  couvcim  a  ses  goùls  lil-  mcnls  plus  dignes  d'un  pasteur,  se 
téraires.  En  ellel ,  il  n'avait  pas  cessé  partagea  entre  les  devoirs  du  sacer- 
de  cultiver  les  langiu\s  savantes  ,  et  à  docc  el  l'étude  dt;s  antiquités,  qui  bii 
rcxemple  de  Reucliliu,  de  ilutgers  ,  valut  une  place  bonorablc  parmi  hs 
de  Grolius  cl  de  Spanliein  ,  il  joignit  arc!iéo!oi(ucs  ,  malgré  les  altacpies  du 
ioujours  les  travaux  de  la  philologie  a  chevalier  Charles- Louis  Uiericx.  Cet 
Ceux  de  la  diplomatie  j  il  avait  profité  liomme  instruit,  mais  passionné, 
de  son  séjour  a  Paris  pour  collation-  s'apj)liijua  a  le  convaincre  d'erreur  et 
nerou  copier  un  nombre  considérable  d  ignorance  ,  et  le  Iraila  sans  lacnn  , 
de  manuscrits  grecs,  cl  l'on  peut  ju-  A'' auteur  (j^rossierj  plut,  crédule, 
ger  de  1  imj)orlance  de  ses  découver-  peu  judicieux ,  écri.vant  des  ab- 
tes  par  la  Lettre  critique  qu'il  surdités  et  des  galimathias.  Il  est 
adressa  eu  i8o5  a  3L  J.-Pr.  Bois-  vrai  qu'il  u'éfnil  guère  plus  retenu 
^onnade,  un  de  ses  amis,  sur  Anlo-  à-  Tégard  de  Gramaye  (  F\  ce  nom, 
fiinus  Liberalis ,  Parthenius  et  XVIÏl,  277  ),  qui  jouit  néanmoins  de 
//mf^vzè/e^in-B".  Col  ouvrage  le  met  l'eslime  (\f:s  savants.  De  Bast  avail 
;ïu  premier  rang  des  philologues  qui  formé  un  cabinet  précieux  de  médail- 
s'occupent  de  la  critique  verbale.  On  les  el  d'objets  auticpies,  décrits  en 
trouve  dans  la  nouvelle  édition  de  partie  dans  ses  ouvrages.  Après  la 
(Grégoire  de  Corinihe  ,  publiée  en  conquête  de  la  Belgique  par  les  Fran- 
181 1  ,  a  Leipzig,  parles  soins  de  ^'"^'S  et  particulièrement  sous  le  di- 
M.  Schiffer,  des  notes  de  Bast  ,  et  rccloire,  de  Jîast  fut  ro')jel  de  con- 
une  disserlatioiî  paléographirrue  ,  qui  linuelles  persécutions.  Déguisé  tan- 
cent un  chef-d'œuvre  d'érudition  et  lût  sous  le  costume  de  roulier  ,  tantôt 
de  sagacité.  Ce  savant  distingué  dont  sous  celui  de  halelier  hoUaijdais  ,  il 
les  éludes  sérieuses  n'avaient  altéré  n  en  icmplissait  pas  moins,  avec  un 
ni  l'aménité  de  l'esprit  ,  ni  l'éga-  courage  digne  des  premiers  siècles  de 
lilé  du  caractère,  mourut  d'ano-  l'église  ,  les  devoirs  de  son  ministère, 
plexie  ,  il  Paris,   le    i5    novembre  Le  18  brumaire  lui  permit  enfin  de 

181  I.                                C.  ï Y.  respirer  j  il   se   prononça    furlement 

BAST  (Martin- Jeaî<  DE  (i)) ,  ^"^i  l^aveur  du  concordat,  et  fil  cou- 
pé a  Gand,  le  27  octobre  1755,  en:-  naître  ses  principes  dans  une   petite 
brochure  (pii  produisit  une  vive  îm- 

(0   Ln  mont.îyMahe  r/c,  devant  les  noms  fin-  -nression    SUr    le    rl.>ro-p    ,\i>     1t     TI  ,., 

♦iiands.  n'est  pas  nue  p..rlicu!,..   qui   désigne  Ja  F'"''^'""    ^"/     '^    ^^'"'S^    ^^     ^'^    A'ij'l- 

uoblesse;  c'est  tout  sinij)Uin;.nt  l'ortide /c.  UrC.    VOICI    la    lislc  de  SCS    OUVra"-es  : 


270  BAS  BAS 

I.   Recueil  cV antiquités  romaines  Méditations  sur  la  vie  et  la  mort 

et  gauloises,    trouvées   dans    la  ^e /e,$M5-CAmi  (enfla  in  and),  ibid., 

Flandre  proprement  dite ,   Gand  ,  i8o5  ,    2   parlies  in-8''.   Il  a  laisse 

i8o4-7  in-8°.  IL  Recueil  d'anti-  en  manuscrit  une  prodigieuse  quan- 

quités  romaines  et  gauloises  y  trou-  llté  de  sermons   et   de  raédilalious 

vées  dans  la  Flandre  proprement  pieuses  ,  le  tout  rédigé  en  flamand  , 

dite  y   avec  désignation^  des   lieux  ainsi  que  des  Annotationes  in  trac- 

oii  elles  ont  été  découvertes  ;  avec  tatum  de  jure  et  justitia.  Quand  sa 

figures   en  taille-douce,  gravées  mort  arriva,  le  1 1  avril  1825,  il  était 

parP.-J.-J.    Tiberglden,  ibid.  ,  chanoine  de  Sainl-ljavon,  membre  de 

1808  ,  in- 4°.  III.  Premier  supplé-  Tlnstilut  royal  des  Pays-Bas,  de  l'a- 

ment  au  Recueil  d'antiquités  ro-  cadémie  de  Bruxelles  ,  de  celle  d'ar- 

maines  et  gauloises ,  en  réponse  à  chéoloi^ie  de  Rome  ,  de  la  société  des 

r  ouvrage  intilidé  :  La  topograpJiie  antiquaires  de  France,  des  iociélés 

de   la  vdle  de  Gand ^   par  C.-L.  littéraires  de  Ilarlem  ,  Middelbourg, 

Diericx,  Gand,  1809,   in-^*^.   IV.  Leyde,   Gand,  etc.  ,  chevalier  de  la 

Oraison  funèbre  du  duc  de  Mon-  Légiou-dHonneur  depuis  1808  ,  et 

tebello  et  discours  sur  la  Saint-  depuis    1816,   chevalier  de    l'ordre 

Napoléon,    Gand,    1810,   in-8°,  du    Lion  Belgique.  Il  s'était  démis , 

Y .  Second  supplément,  contenant  en  1817,  delà  cure  de  Saint-ISico- 

la  description  de  l'ancienne  ville  las,  a  cause  de  ses  infirmités.  La  qua- 

de  Bavai  et  de  Famars ,   suivi  de  trième  livraison  du  tome  premier  des 

recherches  historiques  et  critiques.  Archives  historiques  et  littéraires 

sur    les   prétendus  forestiers    de  {lu  nord  de     la   France  contient 

Flandre,  surlcs  Missi  Dominici,  une  notice  sur  de  Bast ,  par  M.  de 

sur //os  premiers  comtes,  etc.,  ibid.,  Slassarl.  R — F — G. 

i8i3,  in-4."  ,  fig.  VL    Recherches  BAST    (Lievin-Amand-Marie 

historiques  et  littéraires  de  la  lan-  Dk  ) ,    neveu   du    précédent,    né    a 

eue  celtique,  gaidoise  et  tudesque  Gand  ,  le  2  mars  1 7H7  ,  avait  tout  an 

pour  servir  de  supplément  au  Re-  plus    cinq     ans    lorsqu'il    fut  admis 

cueil  d'antiquités  ,    ibid.,    181  5,  dans  les  ateliers  de  P.-J.-J.  Tibcr- 

iu-4.".  W\,  ]y  institution  des  com~  ghien  ,  dessinateur,   graveur,    or- 

mufu's  dans  la  Belgique ,  pendant  fèvre  et  ciseleur  de  réputation.  Il  ap- 

Ics  12'^  et  i3'"  siècles,  suivie  d'un  prit  en  même  temps  les  éléments  du 

traité  sur  l'existence  chimérique  français  et  du  flamand  ,  ainsi  que  ceux 

de   nos  forestiers    de    Flandre^  du  calcul  et  du  dessin.    C'est  h   cela 

ibid.,    181 9,    in-/,".    \11I.    L'nn-  (|iie    se    borna    alors    toute   son    iu- 

ciennelé    de    la   ville    de    Ca/id,  slrurlion.   Tibergliien  étant   mort  en 

établie  par  des  chartes  et  d'tuiln  s  i  810,  il   lui   succéda  dans  la   direc- 

monume/its     authcnliq'/es  ,    pour  lion  de  ses  affaires,  qu'il  conserva  jus- 

servir   de  suppb'mcnt    au  Recueil  (ju'en  1  828,  et  laissa,  outre  ungraïul 

d'antiquités ,  ibid.,   1821  ,   in-4".  noinbieile  gravures,  qui  ne  se  dis- 

IX.     J)ilucidatio     principioruni  ,  linguenl  ni  par  le  lini  ni  parla  pu- 

quibiis  prœripue  ni  itur   résolut  10  îelé  du  dessin  ,  des  vases  d'une  lormc 

capitalis  ecrlesiœ  ,  cafh.    Gandtt-  élégante  et  (pielques  médailles.  Il  lut, 

veiisis  S.  Bavonis,  2'^Julii,  181/),  en  i8u8,    l'un  des  neul  fondateurs 

Gand,  i8i5  ,   z  parties  in-8".   X.  de  la  société  des  arts  et  de  lilléra- 


D;VS  liAS  1171 

turc  do  Gaul ,  dont  il  iie  larda  pas  scn.  IV.  Le  iiiôinc  ouvrage,  à  (juel- 

a  ili'ViMiir  stcrélairi\    Les   yi/intiics  (jucs  rctraiiclifiuciits  pris,  en  liullaii- 

Jifli^njKt's  tics  scii'/ui's  ar/s  et  lit-  dais.  V.  Police  sm-  Itt  tlicj'-iid'uvrc 

tmitu/'c  ,    publiéi'.s  dans  telle  \ille,  des  J'ràrcs  /  (tn-l'jych-,  Iraduilc  de 

avaicMil  cessé  de   paraître  eu    1824,  rallemaiid  de  M.  (i.-K.  VVaageu,  et 

De   Uasl  ,    de    cuiicerl  avec    un    de  eiulcliie  de  noies  incdiles,  avec  gra- 

SC8  amis,   fonda   le  Messager  des  vurcs  ,    in-8"  ,   Cand  ,    1825.    Vf. 

sciences  et  des   (tris  du  roytiuinc  Notice    /lis tarir/ ne  sur  AiitoncUo 

des  Pays-Bas.  Dans  rinlervalle,  il  de   Messine  ,    tiadiiilc  de  Tilalieii  , 

lui  nonuné  conservateur  de  la  collée-  auj^menlée  de  noies  el  de  la  dcscrin- 

lion  nnmisniaslitjne  de  l'nniversilé  de  lion    d'un    taMeau  de    ce    peintre 

Gand,  ensuite  î>ecrélaire-adjoinl  du  in-8°  ,    orné    de    gravures,    Gand 

collège  des  curateurs   et  mendjrc  1825.    Les  deux  derniers   numéros 

de  riustilut  d'Amstirdam.  En  liiiiç,  sont  extraits  du  Messager,  dont  la 

il    joignit  a   ses  nond)reiix  travaux,  première     livraison    parut    en    juin 

ceux     d'areliivisle    de     la     Flandre  1 8:i4.  et  la  (piaranlième  et  dernière, 

orientale.  Mais  privé  de  la  connais-  en   i85o.    Ce    recueil,    qui    n'a    pu 

sance  d.i  latin,  forcé  de  se  jeter  dans  échappera  la  nécessité   de   caresser 

des  investigations  lu.sloricpies  ,    hors  les  gloires  de  famille  et  de  quartier, 

du  cercle  de  ses  études  antérieures,  et  qui  a  eu  h  lutter  contre  l'indififé- 

et  cependant  nécessaires  aux   fonc-  rence  du  public  belge,  toujours  froid 

lions  qu'il  embrassait ,  il  se  livra  a  pour  les  écrivains  du  pavs,  contient 

des  travaux  excessifs,   et  fut  enlevé  cependant  quantité  de  renseignements 

par  une  morl  inopinée,  le    10    sep-  utiles    et    de     disse^rlalions    curieu- 

tembre    i852,  au  moment   où  il  se  s.QS.   En   i852,  de  Ba^^t  pressé   de 

proposait   de  mettre  sous  pre?se  un  le  reprendre,  donna  lui-même  au  pi:- 

carlulaire  choisi  de  la  Flandre.  Voici  blic  le  premier  cahier  de  la  seconde 

la  liste   de    ses   principales  publica-  série.  MAL  de  ReifFenberg,  Jacque- 

tions  :L  T)escr.])iion  de  larc-de-  myns.  Serrure,  Van  Lokeren,    Voi- 

triomphe,  érigé  par  la  société  de  sin  et  Warnkœnig  se  sont  chargés  de 

conunerce  de  Gand,   à  t occasion  poursuivre  cette  entreprise,   dont  le 

du   mariage  de   Napoléon  et    de  p'an  a  été  modifié.  De  Bast  a  fourni 

Marie-Louise,  et  de  leur  entrée  à  quelques  articles  anx   Annales.   Sa 

Gand,  le  \q  mai  18  ro,  in-4",  orné  biographie  ^   par  M.  A.  Voisin,  se 

de  trois  gravures  au   trait  de  Lenor-  Ht  au  commencement  de  la  deuxième 

raand  de  Paris,  Gand,  1  8 11 .  IL  Pro-  livraison  du  nouveau  Messager  des 

jet  d'un    palais   (par  rarciiitecte  sciences.  R — f — g. 

T.-F.Suysd'0stende)/jo.7r/rt.çoaV-  BASTARDou]3ASTART(GurL'- 

té  royale  des  beaux-arts  et  de  lit-  t.aume  de)  ,  vicomte  de  Fussy  et  de 

térature  de  Gand,  in-8"de  16  pages  Terlan  ,  maître  des  requêtes  ,  capi- 

avec9gravuresau  trait, Gand,  1821.  ta  ne  de  la  grosse  tour   de  Bourses, 

m.  Annales  du  salon  de  Gand  et  lieutenant-général  pour    le    roi    en 

de  l'école  moderne  des  Pays-Bas^  Bcrry  sous  Charles  VI  et  CbarlesVII, 

in-8°,  orné  de  9.3  p'.  gravées  par  Le-  naquit  a  Bourges  ,  a  la  fin  du  XIV« 

normand,  Gand,   1820.  Nous  avons  siècle  ,  d'une   maison    oriinnaire    du 

des  raisonsde  croire  que  le  texte  est  dû  comté  de  Nantes,  et  qui  se  répandit 

en  grande  partie,  a  M.  N.  Coruelis-  en  Berry,  en  Bourgogne,  en  Guienne 


27^ 


BAS 


et  dans  le  Maine  (i).  Après  avoir  fait 
k  Paris  ses  études  et  suivi  les  cours 
de  l'université,   il  embrassa  le  parti 
des  arnaes,  se  distingua  au  siège  de 
Bourges  eni  4- 12,  et  fit  plusicurscam 
pagues  sous  Martin,  son  oncle,  che- 
valier de  Rhodes  et  commandeur  de  la 
Rochelle.  La  famille  de  Bastard  fut 
une  de  celles  qu'admit  auprès  de  lui 
Jean  de  France,  dit  le  Bon,  frère  de 
Charles  V,  en  faveur  duquel  avait  eu 
Keu,  en  i36o,  rérecliou   du   duché 
tic  Berry.  Pierre,  frère  de  Guillaume, 
Jacques,    son  père,    et   Macé.  son 
aïeul,  avaient  été  premier  panctier, 
écuyer-lranchant  et  premier  maître 
de  rhôlel  du  duc  de  Berry.  A  peine 
âgé  de  vingl-cinq  ans  ,  Guillaume  fut 
nommé  lieutenant- général  du  séné- 
clial    de    Berry ,    en    remplacement 
d'un  autre  Guillaume  de  Bastard,  son 
oncle  5  c'était  pendant  la  maladie  de 
Charles  \I  et  dans  des  circonstances 


(i)  La  branrlie  ainre  existait  rncoro  en  Urefa- 
giie,  au  milieu  du  XVi*^  siècle,  d.ins  la  |icr.soiim; 
du  François  de  H.islanl,  stv^iicur  de  Basiaidiôrc, 
)>ic-s  Clisson,  clirv.iliiT  distiiifjiii' ,  rappcio 
dans  riiistoira  conu.-inpor.'tiiie.  Jc.in  ,  ^i;iiid- 
oiiclc  de  François,  iH.iit,  t;n  i.i4i  i  tht'f  du 
conseil  de  Jean  V,  dit  le  Snj^e  ,  duc  de  rcetaf^ne  , 
pendant  ({ue.'icscou.sin.soccu|)aienldeschai'<;es  im- 
portantes à  la  cnur  des  dne->  de  Berry  et  de  lîour- 
gogne.  RoLcrt  Hasiard,  second  fils  de  Rouauld, 
9ei(;neur  <lc  Haslardièrc  et  du  Pèlerin,  fit 
pariie  des  volon'. lires  bretons  qui  ;ircom().i- 
gnèrcnt  (■iiiillaum(!-lr-(]oii(inérant ,  «>l  reçut  dr 
lui  en  Devoii.sliire  ,  selor»  le  Doomsdujr-  liiiuk  ,  di'S 
terres  donl  i|iiel(]ni's-unes  sont  possédées  encore 
nujourd'liui  par  s<!S  descendants  directs,  N.  N. 
Bastard  de  K'.lley  et  de  Sliar|)li;)in  ,  m":nt)ris  du 
parlcuii-nt. — Ln  des  nncèlrcude  (iniliannie  s'était 
attaclié  a!i  service  d(!  I'liili|)pe-.\iif;usle  lors  des 
vovnj^cs  <|u<-  e«>  piinci;  fit  à  r^iautcs,  ii  roccasion 
«le  la  mort  du  jeune  due  Arthur,  et  vint  se  fixer 
en  lU-rry,  par  suite  de  ion  uiiriape  avec  Héatrix 
lie  ('.uluiil,  <laiiie  d<:  S  linti;  Solaii^'c,  de  l'aiieieiine 
niaisott  (le  (filant,  qui  a  fourni  presque  en  uiénie 
lenq>«  un  nmir>il,  un  niareehal  et  un  (rand-mnitre 
de  J''ranee  (/''(>r.  (Iim.^mt.X,  Î4M-  '•'•  postérité 
de  (iuillauuie  subsiste,  eu  (iuieiiiM*,  dans  le<  Itran- 
rlics  d'i'istunK  *'t  de  .Siiint-Deuis  ;  et,  au  i^ljiue, 
d.nns  celles  de  Konleh.iy-Dnlierl  et  de  la  ('Hriij;è- 
tv.  DiMu  MonuK,   buoi  l,uniN«*i',l)nni  (]kr>'i4i  \, 

GoLI.I'T,      l,B    l,«UOIJII  tlin    ;       H|.*M:)I  \  Itll   ,    (•{•'llith)- 

gir.i  ilrl  ■•tiaitln-s   tivt  rr  iiiclr:  tir  l'/totlft  dt   r  >r  ; 

(ill*ll\IIC4U   ,    (ImKNII   .    (Jl'MIlkl.tOT  ,    GoiruMON   ,    \.\ 

TiiAiiMAsikirnK  ;  lUbl.  ilu  lai,  Àrtliiv.  Un  rojuw»'- , 
■ÀrtAif.  lie  Utmrgf.t,  elc. 


3 


Bas 

ui  ajoutaient  beaucoup  h  l'imporlance 
e  ces  fonctions.  Il  fut  en  même  temps 
attaché  a  la  personne  du  dauphin  , 
alors  duc  de  Berry,  comme  chambel- 
lan ,  membre  de  son  conseil  privé  et 
maître  des  requêtes  de  son  hôtel  ,  ti- 
tres bientôt  changés  ,  quand  le  dau- 
phin devint  régent  du  royaume  ,  en 
ceux  de  conseiller  et  de  maître  des 
requêtes  de  l'hôtel  du  roi. Guillaume 
fut  aussi  nomme'  maîlre  -  général 
extraordinaire  des  ccmptes  (  i425), 
puis  capitaine  de  la  grosse  tour  de 
Bourges,  appelée  la  clef  du  Berry, 
poste  de  confiance,  occupé  déjà  par 
son  oncle  lors  du  siège  de  i4i2. 
Il  obtint,  en  1429,  la  charge  de 
gouverneur  du  bailliage  de  Bourges, 
et  enfin  celle  de  lieutenant-général 
pour  le  roi  en  Berrv,  le  plus  impor- 
tant des  emplois  dont  il  ait  été  revêtu 
et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
celui  de  lieutenant-général  du  séné- 
chal ,  qu'il  remplissait  depuis  onze 
années  ,  et  dans  lequel  il  fut  rem- 
placé par  Jehan  Bastard,  son  frère, 
ainsi  désigné  (juin  i43  i)  dausles  ar- 
rêtsdu  parlemenlde  Paris,  séant  alors 
a  Poitiers.  Les  lieutenants-iiéuéraux 

f)ourleroi,snns  avoir  droit  aux  mêmes 
lonncurs  que  les  gouverneurs  de  pro- 
vince ,  exerçaient,  pendant  leur  ab- 
sence, la  plénitude  de  leur  autorité. 
Les  eir.barras  du  royaume,  i{ui  n'a- 
vaient jamais  été  plus  grands  ,  et  la 
nécessité  de  se  méiiag^T  dans  le  Berrv 
une  retraite  assurée  ,  ilélermiiièrent 
le  roi  11  concentrer  les  pouvoirs  dans 
les  mains  du  premier  magistrat  de 
Bourges  ,  ville  dont  il  avait  depuis 
long-lemps  éprouvé  la  lidélite.  Guil- 
laume justifia  le  choix  du  prince.  Au 
milieu  de  détections  journalières,  l«s 
senlimenls  de  la  province  confiée  a  ses 
soins  ne  furent  pas  un  instant  dou- 
teux. Les  historiens  relatent  les  ser- 
vices qu'il  rendit   dans  celle  longue 


ÎÎAS 

p;mMTo  ;  cl  ils  rnpporlciil  ci\  oiilîor  la 
tlccisioii  prise  par  lui,  \c  '^4  n()vfinl)ic 
i.i:i9,  on  s.i  (puililé  de  lioulenaiit- 
jl^cncral,  jioiir  iiii  rmpninl  de  :î,6oo 
cciiscPor,  (Icslinos  aux  gens  de  {^ui'rre 
(le  Jeanne  la  pncellc,  l'I  a  ceux  du  sire 
d'All)rel,C()Uite  (le  Gaure  en  Armagnac 
cl  gouverneur  de  Jîerry  ,  (jui  assié- 
jieaicnl  la  Cliarilo-sur-Loirc  rclenue 
par  Perrinel  Grasset  ,  capitaine  rou- 
lier  cl  célèbre  partisan.  Le  i  i  janvier 
sui\anl  (1429,  v.  style),  i,5oo  (îcus 
d'or  furent  expédit^s,  au  nom  des  ha- 
bitants de  l)()urges,  et  la  Cliarili^  ren- 
tra sous  l'ob^'issance  du  roi.  Un  an 
auparavant,  jour  pour  jour,  Orléans, 
assic'gée  par  les  Anglais,  avait  recru, 
par  les  soins  de  Guillaume,  un  convoi 
de  vivres  et  de  poudres.  C'est  alors 
(1429)  que  Charles  VII  donna  h  la  fa- 
mille de  Baslard  la  devise  cunctis 
ivoTA  FiDEs,  «  en  récompense,  est-il 
dit,  de  sa  fidélité,  et  des  bons,  grands 
et  agréables  services  do  Guillaume  de 
Bastard,  chevalier,  maître  des  re(|ué- 
tes,etc.5etde  sou  frère  Vaspasiau,  gou- 
verneur de7»îeliun-sur-Yèvre,  panetier 
du  roi,  etc.  (2).  îj  Cependant  cette 
réunion  de  pouvoirs  eu  la  personne  de 
Guillaume  ne  pouvait  èlre  que  tem- 
poraire ,  et  devait  finir  avec  la  cause 
(jui  l'avait  fait  naître.  Aussi,  en  i437, 
année  où  le  roi  de  France  rentra  dans 
Paris,  la  lieulenance  -  générale  de 
Berry  fut  supprimée,  et  le  goiuerne- 
iiient  ,  vacant  depuis  1429,  fut  de 
nouveau  réuni  a  la  charge  de  bailli,  et 
donné  a  Jean,  dit  Potou,  seigneur  de 
Xainlrailles,   capitaine  de  la  grosse 

(2}  I)("s  concessions  semblables  furent  faites, 
ilanstcsiècie,  aux (r\lbicl,  auxd'Arc,  aux  Cailly, 
aui  Clievrier  de  Paiuly,  aux  Faudoas  cl  aux  Dc- 
lort  de  (îuieiine,  aux  La  Loé,  aux  Loubcz,  aux 
]\laiil y,  aux  Le  Main^jre-l'oucicaul,  aux  ducs  de  .Mi- 
lan et  deFcrrare.aux  Le  Uoy  do  Berry, aux  Stuait- 
d'Aubis;ny,aux  La  Taille  du  Gàtinais,  aux  Trous- 
seau ou  Trousbcl,  vicoiulc.-i  de  Bourses,  etc.,  etc. 
Trtiitès  de  la  Jlcur  de  lis  et  des  coiucstions  héraldi- 
ques, d'après  l'ai  Ilot,  La  Uo(jU(',  Ménétrier,  Le  Fé- 
ron,  Du  1  illel,  Koii;l(.l,  CuUiciiuot,  Gouguon,  etc. 

tvir. 


BAS 


^75 


tour  de  Bourges,  depuis  maréchal  do 
France.  L\iiiiié(î  1  44  0  ,  célèbre  par 
l.i  gu(>rre  (If  la  Pragueric ,  fournit 
encore  a  Guillaume  Toccasion  d'être 
utile  à  ses  concitoyens.  Appelé  par 
leur  suffrage  à  la  lètc  de  la  ville  de 
Bourgcsyil  se  rendit  en  Irurnom  près 
du  roi  Charles  Vil,  et  obtinl  la  con- 
firmation du  privilège,  accordé  lo 
5  mai  1437,  «  d'acquérir  fiefs,  sei- 
«  gncuries  et  biens  nobles,  sans  ac- 
«  (piiller  les  droits  de  francs-fiefs  et 
«  nouveaux  acquêts,  n  Selon  le  che- 
valier Gougnon,  historien  des  familles 
de  Berry,  Guillaume  aurait  été  deux 
fois  maire  de  Bourges.  Après  avofr 
donné  cette  nciivelle  preuve  de  zèle 
pour  les  intérêts  dcsaville  natale,  Guil- 
laume de  Bastard  revint  aPaiis  qu'il 
habitait  depuis  trois  ans,  et  y  mourut, 
vois  les  premiers  mois  de  l'année 
1447  5  ^^'^"s  l'exercice  des  fonctions 
de  maître-général  des  comptes  et  de 
maître  des  requêtes  de  rh()lel  du  roi. 
Pendant  les  règnes  de  Charles  VI  et 
de  Charles  VU, la  situation  de  Bour- 
ges ,  de  cette  ville  011  se  maintint  le 
uoyau  de  l'armée  iidèlcj  où  le  parle- 
ment et  la  chambre  des  comptes  de 
Paris  avaient  été  un  instant  transfé- 
rés; où  fui,  a  deux  reprises,  après  le 
concile  de  Bàlc,  convoqué  le  clergé 
de  France  •  où  Charles,  dauphin,  avait 
pris  le  titre  de  régent  du  royaume,  et 
dont  il  avait  fait  le  siège  de  son 
gouvernement,  rendit  Guillaume  de 
Bastard  l'un  des  personnages  les  plus 
importants  de  son  époque.  Il  laissa 
plusieurs  enfants,  dont  l'aîné,  Tanne- 
guy  de  Bastard  ,  officier  du  comte 
du  Maine  et  l'un  des  cent  gentils- 
hommes de  rh()tel  du  roi,  hérita  de  la 
vicomte  de  Fussy  et  continua  la  fa- 
mille en  Berry  cl  en  Guienne.  Deux 
autres  des  enfants  de  Guillaume  en- 
trèrent au  parlement  de  Paris  où  se 
trouvaient  déjH  un  de  leurs  oncles, 


274 


BAS 


et  ua  cousia  du  même  nom.  Le 
portrait  de  Guillaume  a  été  gravé, 
dans  le  siècle  dernier,  d'après  ks  vi- 
traux de  la  cathédrale  de  Bourires  , 
chapelle  de  la  Trinité.  —  Guillau^ 
me  de  B.vsTARDjdit  Vaspasian^  vi- 
comte de  Soulangis  sous  les  Aix,  frère 
du  précèdent,  conseiller-panetier  de 
Charles,  dauphin,  duc  de  Berrj,  qui 
fut  le  roi  Charles  YII,  et  capitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes,  fui,  pen- 
dant trente- deux  ans,  gouverneur  de 
Mehun-sur-Yèvre,  ville  fortifiée  et 
embellie  par  le  duc  Jean  deBerry  qui 
en  avait  donné  le  coramanderaent  a 
Macé  de  Basiard,,  premier  maître  de 
son  hôtel.  Charles  VII,  eut  aussi 
une  affection  particulière  pour  ce 
iiéjour,  oîi, selon  (luelques  auteurs,  il 
aurait  été  proclamé  roi,  et  y  construisit 
un  château" dont  les  ruines  subsistent 
encore.  11  accorda  a  son  panetier, 
gouverneur  de  la  résidence  qu'il 
aimait  ,  A^'>,  récompenses  répétées 
(1422),  elleslellres-patentes  quirap- 

Î 'Orient  ces  grâces  sont  conçues  dans 
es  termes  les  plus  honorables.  La 
confiance  de  Charles  VII  pour  Vas- 
pasian  ne  se  démentit  jamais  ;  et, 
trente-neuf  ans  plus  lard,  ce  malheu- 
reux: roi,  poursuivi  parles  plus  noirs 
pressenlimenls ,  et  refusant  toute 
nourriture  dans  la  crainte  du  poison, 
vint  s'enfermera  Mehun,  dont  Vas- 
pasian  élait  toujours  gouvertieui-,  et 
Y  niouiul  en  i^Gi.  V^aspasian  de 
Baslard  mourut  aussi  a  Aleluin  la 
même  année  que  Charles  Vil,  et 
fut  cnlerré  dans  le  chœur  de  l'é- 
glise tlu  chat  eau. — Vicrui  de  Bas- 
'lARD,  cinquième  descend;inl  de  Guil- 
laume, vicomie  i\^  LuvSsy  ,  mérita 
Teslime  et  l'anoclion  du  roi  Henri 
IV,  ipii  l'emit  j)lu,si(urs  fois  au  nom- 
bre i\('^  gunlilsliommes  choisis  pour 
la  garde  de  la  cornette  blanche.  Sa 
famille  a  conservé,  parmi  plusieurs 


BAS 

lettres  autographes  de  ce  prince,adres- 
K  'àît^i,  à  son  cher    et  bien  amé    le 
V.  sieur  de  Baslard,  ti  situées  vos tre 
«  bon  amy  Henry ^  »  celle  qu'il  lui 
écrivit  en  1676  ;  il  lui  dit  :  «qu'avant 
%.  entendu  le  zèle  et  l'affection  cju'il 
«  porte  au  bien  public,  et  qu'a  l'imi- 
cc  tation  des  bons  et  naturels  Fran- 
ce rojs,  il  ne  fera  difficulté  d'employer 
«  ses  moyens  pour  le  party  du  roy  et 
«la  conservation  de  l'état,  il  le  prie 
te  de  l'assister   et  luy  donner  tout  le 
«  secours  qu'il  lui  sera  possible,  etc.  »» 
Pierre  combattit  sous  les   ordres  de 
Henri  IV  au  siège  de  Marmancle,  et  à 
celui  d'Eause,  où  ce  prince  fut  ex[)0sé 
au  plus  grand  péril.  Il  se  trouvait  parmi 
les  braves  qui  entrèrent  avec  le  roi  dans 
la  place  dont  les  ponls-levis  furent 
relevés  par  trahison.  On  sait  comment 
Henri  et  les  siens,  enveloppés  tout- 
à-coup,  furent  sur   le  point  d'être 
massacrés.    La  présence   de  Pierre 
de    Baslard    à    cette    expédition  est 
rappelée    par    une    lettre   de    Henri 
IV,  dans  laquelle  ce  prince  lui  dit  : 
«  que  connaissant  son  zèle,  ilnefera 
ce  difficulté   d'employer   ses     moyens 
ce  pour  réunir  sous  son  guidon,  aux 
ce  ordres  du  marquis  de  lloquelaure, 
ce  les  braves  ([ui  le  suivirent  au  siège 
te  d'i'  ause.  »  Pierre  accompagna  en- 
core le   roi  Henri  dans  les  courses 
qu'il  fît  en  Gascogne.  11  entra  avec  lui 
liLectoure,en  1576,  et  a  Ileurance, 
le  1:4  'lov.  1578.  Cette  ville  qui  s'é- 
tait révoltée   fut  reprise,  et  ses  con- 
suls punis  j  mais  Pierre,  qui  élait  né 
dans  ses  nmrs,  intercéda  pour  elle,  et, 
à  sa  sollieilatiou,  Henri  renilit    une 
ordonnance  te  qui  déleuilail  le  pillage, 
ce  et    ordonnait   aux  genlilshommes, 
ce  capitaines,  sohlats  et  gens  de  toute 
ce  (jualité,  de  la  suite  du  roi,  de  payer 
ce  ce  ([u'ils  j)renilraienl  dans  la  mHo 
ce  pour  eux  et  pour  leurs  chevaux,  u 
De  toutes  les  expcdilioui.  que  Henri 


BAS  BAS                     9  7{> 

]\' (Mitropiil dans  le  cours  (le  l'aïuice  ans  apn'-s  ,  ii  celui   de   capilalne  des 
inSo,  il  ne  réussll  ijii'à  rallaijue  de  vaisseaux  du  roi.  Dans  un  des  voya- 
jMonlaigu  en  Poilmi  ,   el    II  cille  de  gcs    fin'il     fit    aux    Indes    en    celle 
Cahors,  le  2 1;  niai    i58().    l^ierrc  se  qualilé  ,    nionlanl    li:    A/tii/rcpus  , 
Irouva    h   ce    dernier   siè:',e    qui    fut  il  ^'euipnra,    mairie    U-   feu  le  plus 
des  plus  Miiuihiers.  Il  fallut  assiéger  nieurlrier,    du    vaisseau    an;;lais   le 
cliaciue  niai.son-,  le  roi  courut  les  plus  CaiiLcrburjr^  clnrj^c  d'une  rirlie  car- 
«Mauiis  dau'U'rs.  Pierre  de  lîaslard  fut  «Raison  (pi'il  abandonna  à  ri.'(pii|)a<^e  de 
"•rièvemenl  blessé  a  ses  cùlés  5  et  c  est  sou  bàllnienl. — Quatre  Irèn-s    aînés 
en  scuivenir  de  celle  circonslancc  (pic  du    inarcjuis    do    Funlenay    pt'rirenL 
iSicolasdeBaslard,  sonlils,li()iunie  !e  avant  lui  :  deux  au  service    de  lerre 
guerre  a  cheval .  fut  envoyé  deux  fois  comme  major  elcapitainededragonsj 
h  Douvres,  eu  1601,  comme  porteur  et  les  deux  autres  dans  la  marine  , 
de  spécial   rncssuf^e,    par  Henri  IV  avec  le  grade  de   capitaine  de  vais- 
a  la  reiue  Klisahelh.  l'ierre  de   lîas-  seau. — Jean-Bapliste   de  J5aslard  , 
lard  mourut  en  1  5(;().  —  Denis   de  dil  aussi   le  chevalier  de  Fontcnay, 
BASTARi>,manpiis  do  Fontcnay  el  de  capitaine  de  vaisseau,  et  (jui  se  retira 
Doberljdela  mèmefamille((uelespré-  couvert   de   ])lessiires,    après  vingt- 
cédenls,   servit  avec  distinctiou  dans  deux  campagnes,  était  le  second  fils  de 
la  marine,  el  était  parvenu  au  grade  Dci.is  deBasIard. — JoluiVollexfeii 
de  chel-dVscadre  des  armées  nava-  Bastard  deKitli:y,  en  Devonshire, 
les,  (juandilmourul  ala  Guadeloupe,  fils  de  William  Bastard,  membre  du 
le  8  juillet  1723,  al'àge  de  56  ans.  parlement,  et de]N.Worsley,reudit, a 
Il  n'était   encore  que  lieutenant    de  la  fi:j  du  siècle  dernier,  un  sernce  im- 
vaisseau,  réunissant  à  cet  emploi  ce-  portant  a  l'Angleterre  et  kla  ville  de 
lui    de   capitaine    d'une    compagnie  Plymoutli. Les  ouvriers  de  l'arsenal, 
d'infanterie  franche  de  marine,  lors-  du  port  et  des  chantiers, travaillés  par 
que,  le  27  mars  1694.,  monté  sur  le  des  émissaires  delà  république  fran- 
vaisseau  le  Bon,  capitaine  Renau,  on  çaise,  s'étant  soulevés  toul-a-coup  au 
rencontra  sur  les  Sorliugues  le  Ber-  nombre  de  plusieurs  milliers,  p'an- 
klej-Caslle  ,   vaisseau    anglais   de  ièrent  au  milieu  de  l'arsenal  l'arbre 
soixante-dix  canons.  A  peine  les  bà-  de  la  liberté.  Les  autorités,  prises  au 
timenls  se  joignent  que  les  Francjais,  dépourvu,    ne  purent  donner  aucun 
commandés  par  le  clievalier  de   Fou-  ordre.  John,  sans  attendre  leurs  ré- 
lenay  (tel était  alors  le  nom  que  por-  quisilions  ,  fil  prendre  les  armes  au 
tait  Denis  de  Bastard  ) ,  s'élancent  a  régiment  de  milice,  dont  le  coraman- 
Fabordage,   massacrent    les    soldats  dément  était  depuis  long-temps  dans 
qui  défendent  le  pont,   et  forcent  les  sa  famille,  marcha  sur  l'iirsenal,  s'en 
Anglais  a    demander  quartier.     La  empara,   et  fit    rentrer  les  révoltés 
prise  du     Berkley-CasLle  valait,  dans  le  devoir.  H  sauva  ainsi  un  ma- 
tant en    argent  qu'en  pierreries,  dix  tériel     immense  ,     et     l'Angleterre 
millions  cinq  cent   mille    francs  ;  la  échappa  par  cet  acte    de   vigueur  , 
nièce  de  Farche\èque  de  Canlerbury  a  une  crise  dont  on  ne  saurait  cal- 
se  trouvait  parmi  les  prisonniers.  En  culer  les   effets.   Le    roi   lui  lit    te- 
récoiJipense  de  son  courage,  le  che-  mi)igner  toute  sa  sallsfaoUon,  et  les 
valier  de   Fontenay  fut  élevé  au  rang  ministres  déclarèrent  (pi'ils  prenaient 
de  capitaine'  de  frégate  ,   et ,  liuit  gur  eui;  la  responsabilité    de    cetts 

18. 


27^  BAS 

violation  de  la  loi.  John  mourut  sans 
enfants  a  Livourne,  en  juin  1816, 
après  avoir  représenté  au  parlement 
le  comté  de  Devon  pendant  trente- 
quatre  ans.  Lord  Exmoiith,  comman- 
dant des  forces  navales  britanniques 
dans  la  Méditerranée,  fit  transporter 
son  corps  a  Plymouth  sur  une  frégate 
de  l'état,  et  il  fut  enterré  dans  l'é- 
glise de  Icalmplcn,  paroisse  de  Kit- 
ley ,  le  même  jour  où  Edmund  Bastard 
son  frère  cadet,  qui  siégeait  aussi  au 
parlement  pour  la  ville  de  Darlmoulh 
depuis  plus  de  trente  années,  était 
enterré  dans  l'église  d'Asliprington  , 
paroisse  de  Sharpham,  lieu  de  sa  ré- 
sidence. L — E. 

BASTARD  (DoMiNiQDB  de), 
delà  même  famille  que  les  précédents, 
doyen  du  parlement  de  Toulouse  et 
conseiller  d'état,  né  dans  cette  ville, 
Je  18  janvier  i683  ,  fut  élevé  chez 
les  Jésuites  ,  suivit  les  cours  de  l'uni- 
Versité,et  débuta  au  barreau  avec  la 
plus  grande  distinction.  On  lui  con- 
fia ,  malgré  sa  jeunesse  ,  le  soin  de 
venir  défendre  a  Paris  une  cause  iui- 
porlanle  condamnée  par  un  arrêt  du 
parlement  de  Toulouse.  Cet  arrêt 
avait  été  cassé  au  conseil  du  roi  et  les 
parties  renvoyées  devant  le  parle- 
ment de  Paris,  où,  sur  le  plaidoyer 
de  Domini(|ue  ,  Tarrèt  de  Toulouse 
fut  réformé.  Le  parlement  de  Pafis , 
cMii  n'avait  pu  entendre  sans  inté- 
rêt ce  talent  prématuré  ,  invita  Do- 
minique a  faire  rac(|uisilion  d'une 
charge  de  conseilhir  à  Paris.  11  ne 
voulut  pas  se  séparer  de  son  père,  et 
revint  a  Toulouse.  Il  avait  connu  le 
l)ien  (|Ucron  |)enl  (aire,  la  gloire  (pie 
Ton  acrpiierl  au  b.'irreau,  et  se  serait 
voué  h  celte  carrière  j  mais  sa  place 
clait  maripiée  dans  la  magistrature, 
<rt  il  entra  au  jiarlement  a  Tàge  île 
vingt-deux  ans.  C'est  alors  (jue  com- 
menta celle  vie  û  laborieuse  ,  si  ilé- 


BAS 

vouée  a  ses  devoirs ,  qui  fit  de  Domi- 
nique, pendant  73  ans,  un  des  plus 
dignes  magistrats  de  son  temps. 
Après  plus  de  cinquante  ans  d'exer- 
cice ,  il  devint  doyen  du  parlement  ; 
c'était  une  espèce  de  dignité  dans  la 
compagnie.  Son  nom  était  cité  par 
les  auteurs  comme  une  autorité  ;  et  on 
avait  souvent  Toccasion  de  le  rappeler, 
car  il  était  chargé  de  l'examen  des 
grandes  causes  et  de  la  rédaction  des 
arrêts  de  règlement.  En  1762  , 
la  charge  de  premier  président  étant 
venue  a  vaquer,  par  la  mort  de 
M.  de  Maniban  ,  le  chancelier  de 
Lamoiguon  l'offrit  au  doyen ,  avec 
la  survivance  pour  François  de  Bas- 
tard  ,  sou  fils,  alors  maître  des  re- 
quêtes. L'âge  avancé  de  Dominique 
ne  lui  permit  pas  d'accepter  cet 
honneur,  et,  sur  le  refus  du  père, 
le  fils  fut  nommé.  Mais  déjà 
grondaient ,  pour  la  seconde  fois, 
sur  nue  société  célèbre  de  terribles 
orages.  Le  parlement  de  Paris 
avait  donné  le  signal,  en  faisant 
imprimer  et  en  condamnant  les  '4s- 
sci'tions  dangereuses  j  extraites 
des  livres  des  Jésuites.  Les  autres 
parlements  avaient  tour-a-lour  imité 
cet  exemple  ,  et  celui  de  Toulouse  ne 
fut  pas  le  dernier  a  suivre  l'impulsion. 
Il  ordonna  (16  juin  1762)  la  réim- 
pression du  Recueil  des  Assertions ,  ■ 
el  l'envoi  aux  évêcpics  et  aux  ^sîiwc- 
chaussées'du  ressort.  L'arrêt  fut  phicé 
en  lêle  du  \()luuie  ;  Dominique  en  fut  É 
le  rapnorlcnr.  Des  doutes  toutefois 
ont  été  élevés  sur  son  opinion  person- 
nelle dans  cette  grande  décision; 
mais  on  doit  croire  (pie  l'illustre 
doyen  naurail  pas  pris  une  p;irl 
ans.si  active  a  des  mesures  que  sa  con- 
viction el  sa  conscience  auraient  ré- 
prouvées. Il  mourut,  le  i  i  nov.  1777, 
il  (jualre-vingt-cpiin/e  ans.  A  cet 
lige  il  ji'availriçn  perdu  delà  justesse 


cl  de  I;i  viguoiir  i\c  son  esprit':  il  ne 
cessa  n.'is  un  insl.inl  ,  cl  ius(ju\iii  jour 
nu'inc  tic  s.i  mort  ,  dassislcr  aux  au- 
tluMKTs.  l.v  roi  l'avall  noninu'  nicni- 
luc  (le  son  consiil  avec  le  droll  (1  y 
sicj^ir  sans  perdre  s:)  jilace  de  doycji 
du  parlcniciil  do  Toulouse,  faveur 
rare  li  celle  époque.  C'est  de  lui  (pie 
Ferrlère  a  dit,  p.  ^67  du  Traité  des 
Ti/fcli's  (iii-4-",  1766)^11  l'occasion 
d'un  arrêt  de  son  temps:  «  Cet  arrêt 
«  fut  rendu  au  rapport  de  iM.  de  Bas- 
«  lard,  aujourd  liul  très-digne  inaî- 
a  tre  des  reipiètes.  Le  père  de  cet 
«  lUiisIrc  magistrat  est  le  célèl)re 
«  M.  de  Bnslard  ,  doyen  du  parle- 
«  ment  de  l'oulousc  :  Scnalor  scni- 
«  /)c'r  laudaius  ,  niinquam  salis 
«  laudaius,  /ffo/fter  ini^onuin  cxi- 
«  mium  ,  sumtnaniquc  inlc^rila- 
«  lem.n  Son  buste,  cpii  le  représente 
avec  la  cape  ou  épitoge,  fut  placé  au 
Capitule,  dans  la  Salle  des  Illus' 
très,  avec  cette  inscription  que  la 
révolution  a  respectée  :  nec  non 
semi-s.ï:culo  lumen.  Dominique 
de  Bastard  avait  conservé  le  cos- 
tume du  règne  de  Louis  XIV,  sous 
lequel  il  avait  vécu  Irenle-deux  ans. 
Quelques  personnes  se  souviennent 
encore  "a  Toulouse  de  son  ample  per- 
ru([ue',  bouclée  selon  la  mode  du 
XVIF  siècle,  et  des  deux  cornets 
d'argent  dont  il  se  servait  k  l'audien- 
ce dans  les  dernières  années  de  sa  vie 
à  cause  de  sa  surdité.  Sa  figure  était 
sévère  et  imposante^  et  tout,  dans 
sa  personne,  ajoutait  a  s^s  paroles 
quelque  chose  d'antique  qui  comman- 
dait le  respect  et  entraînait  les  suf- 
frages. M — D  j. 

«ASTAUD  (François  de),  fils 
aîué  du  précédent,  naquit  a  Toulouse 
le  16  déc.  1722.  Elevé,  comme  son 
père  ,  chez  les  Jésuites,  il  y  obtint 
d'aussi  brillants  succès.  A  vingt  ans 
il  était  conseiller   au  parlement  de 


BAS 


177 


Toulouse  ,    et   il   exerça   CC3   fonc- 
tions  jusipren    1757.    A  celle  é[)0- 
(pie  les  services  (pTil  avait  déjà  ren- 
dus  dans   la    magistrature  lui  Tirent 
donner    une    ch;irge   de   maître   de» 
recpièles.  (hialre  ans  après,  il  dcîvint 
premier   |)résident   du    second    par- 
lenicnl    du   royaume  ,  et    conserva, 
(pior.ju'd   n'eût  pas    le   temps    exigé 
])ar   les   édits ,    le    tilrc    de    maître 
Ai^s    requêtes   honoraires.   Ce  choix 
blessa  {[uehpiesprétcnlionsj  mais  ceux 
qui  ,    indifférents    aux    secrets    des 
ambitions    privées,  ne    voyaient  que 
le  bien  de  la  justice  ,   applaudirent 
an  choix    du    monarque.    La  faveur 
pul)li(|ue  cl  suri  oui  la  bienveillance  du 
barreau,  appréciateur  naturel  des  ta- 
lents   et    des    vertus  du   magistrat, 
lui  restèrent  fidèles,  alors  même  que 
parut  s'affaiblir  l'amitié  de  quelques- 
uns  de  ses  collègues  ,  refroidie  par 
de  puériles  discussions  de  préséance 
et  de  costume^où  la  raison  fut  toujours 
de  son  côté.  On  lit  dans  un  ouvrage, 
publié  il  y  a  près  de  trente  ans  ,  ce 
jugement  non  suspect:   «M.  de  Bas- 
a  tard  fut  un  de  ces  hommes  rares  h 
ce  qui ,  de  son  temps ,  on  n'a  pas  rendu 
ce  justice.  Il  avait  une  grande  recti- 
cc  lude  de  jugement,  avec  une   mé- 
cc  moire  prodigieuse.  Si  le  Digeste  et 
ce  le  Code  s'étaient  perdus,  on  en  aurait 
ce  retrouvé  la  plus  grande  partie  dan» 
ce  sa  tête.   Il  savait  nos  ordonnances 
te  par  cœur.  Pendant  le  temps  de  sa 
ce  première  présidence  ,  il  prononça  , 
te  sans  notes ,  un  arrêt  dont  le  dispo- 
ce  silif    dura    plus    de    trois    quarts 
ce  d'heure.  Ce  trait  fil  époque  au  bar- 
ce  rcau  de  Toulouse  ;  et  j'ai  entendu  , 
ce  plus   de  soixante  ans    après ,   des 
te  avocats   de  ce   parlement  le  citer 
ce  avec  enthousiasme  (i).»  Mais  avant 


(i)  I,e  irif'mc  aiifowr  parli*  d'un  frc-ic  de  p"ran- 
rois  de  I?;istard:  «  M.  di-  Bistnrd-I.afitte  ,  dit-il  , 
«  conseiller  au  parlement  de  Toulouse  (  nommé 


278  BAS  BAS 


que  Françoîs  eût  pm  possession  rie  et  eut  Fimpruclence  ,  malgré  les  con- 

sa  noavelle    dignité,    les   poursuilcs  seils  du  premier  président  ,  de  dou- 

conlre  les  Jésuites  étaient  commcn-  ner  pour  appui  a  ses  réqui>ilions  un 

cées.  Une  banqueroute   inexplicable  appareil  militaire  qui  offensa  le  parle- 

et    les    révélations    qui    en    furent  ment  et  ne  put  vaincre  sa  résistance. 

la    suite    avaient    soulevé    tous    les  On  prit  alors  des  mesures  rigoureu- 

esprits    contre     une     société     qu'on  svs 'y  on  voulut  cmpècber  la  cour  de 

accusait d'allaïuer  la  raouarcbie  dans  se  réunir,  et   il    lut   ordonné   à   la 

ses  fondements.   On  a  vu  quelle  fut,  plupart  de   ses  membres  de  garder 

daus  cette   circonstance,    la  marcbe  les  arrêts  dans  leurs  propres  maisons, 

du  parlement  de  Toulouse  et  la  con-  Le  parlement,  a  son  tour,  décréta  le 

duile  deDomiuique  de  Bastard,  alors  gouverneur  de  prise  de  corps.  Il  y 

son  doyen.  Le  premier  président  se  avait  excès  des  deux  côtés.  Deslibel- 

monlra  plus  favorable  aux  intérêts  de  les  diffamatoires  furent  répandus  con- 

la  Société;  soit  qu'il  fût  moins  frappé  tre  les  conseillers  fidèles  à  leur  de- 

du  danger  de  ses  doctrines  que  touché  voirs  5  et  la   vie    du   duc  de  Fitz- 

de  l'ulilité   de    ses    services,    soit  James  (^oj^.  ce  nom,  au  Suppl.  ) , 

qu'il    lui    parût   plus   sage    de   ré-  fut    un   instant    menacée    par    suite 

former  l'instilution  que  de  la  détruire,  d'un  décret   de   prise  de   corps  (2). 

Aussi,  après  l'arrêt    qui   venait   de  François    se   plaça   utilement    entre 

supprimer  les  Jésuites,  il  prononça  les    esprits    irrités*    mais   s'il    était 

ces  paroles  devenues  prophétiques  ;  blessé,  comme  sa  compagnie,  de   la 

«  Vous  venez  de  donner,  Messieurs,  violence  dont  elle  avait  élé  l'objet, 

«  un  exemple  funeste,  celui  des  sup-  il  ne  put  demeurer  insensible  a  l'af- 

«  pressions  :    vous  serez   supprimés  front  reçu  par  le  représentant  du  roi, 

u  a  votre  tour,  w  Huit  ans  ne  s'étaient  ou  indifférent  aux  suites  qu'il  pouvait 

pas  écoulés  que  cette  haute  prévision  entraîner;  et  il  ne  craignit  pas  de 

fut  confirmée  par  la  .suppression  des  manifester  hautement ,  soutenu  par 

parlements  et  l'établissementdcs  Con-  l'approbalion  de  son  vieux  père  qui  ne 

se/h    Si/pc/icurs    (  1771  ).    Plus  se  sépara  jamais  de  lui,  les  sentiments 

lard  ils  essuyèrent  une  suppression  que  lui  inspirait  la  conduite  de  ses 
encore  plus  funeste,  et  dont  les  causes 


furent  peut-être  les  mêmes.  François  (0  '«  fait  suiviintiionm  va  l'iti.f  des  pouvoirs 

d„    1)       ,         I    •    •           •,  '                 '  1       '    1     •     /■  <T»>"  s'i'taiciit   altrihin's   les  nai  Ifinnits,  i-t    de  la 

e   JJasIard   joignait  a    un  Zelc  éclaire  i!,,„„,,iiu.de  av.c  hu,m-,lr.  '  u  .nani-a-  ,.ul.lique. 

pour  les  droits  du  trône,   une  opinion  »'''    f^'isninit   exe»  uur    l.ui>  pmpn-,  aints.   Ias 

.       '              •      I  '           !..                           I  coiivernj'ment    «vait    «•llVo^^•    au   parltmont    de 

toujours  indépendante  et  une  grande  r„ui„ust.  m.  ..lit  .tai.iis^ai.t  un  droit  sur  les 

fermeté    de     caractère.     Ces    qualilé.S  vins.  l/cnif-isurnienl  avait   .-l.- rerus»-   Nonobs- 

,1.                          ,      ,                .     '      ,       ,  taul  1«!  rrfus,  uu  rniplojf  de  la  rr^i«!  vint  e\er- 

iie  laiderent  pas  a  être  mises  a  de  c.r  s..u  .n.|.i..i  dan.-,  k.  lapiiaie  du  i.aiii;ucdoi-, 

difTieih\s   é[)reuveN.    Hivers    éilits   de  •••  i"''<i"'' ''•'""*.''•■'"■«•'"»'•'•«''•*'''!"''"'•""»"•'* ''•• 

fi'       ,    ,        .       ,                    .  l'ai. lis.    Douiiiiiquo  lit-  Hastaul  ,  alors  doyt-ii ,  «'t 

nnnre  ayant  ele  rejetesau  par'ement  <|i.i  ,  on  t.tti-  iinaiii.-.  avaU  la  poli.-.-  <ii-  icttr 

de  Toulouse-  le  (hic  de  Filz-Jaines ,  .*^"^''"V  •  '•'"'  «"""''•"  i'a;;<t.t  d.vant  lui.  «i 

.                         I           p         1            /  le  roiulauinr  ,  suuico  tcnaulo ,  n  eirr  Jouetle  pnr 

gouverneur  de  Languedoc,   fut  charge  Inmuindu  /inurrrnu.  vtàctte  l,<mni  du  reuon  du 

(176.^)  iVvw   exiircr  l'enretrislreineiil  /""/'•""•"^  I-P  condamnas  m  np|>*lle  .\  In  Krnn.l'- 

VI  /u.;;   (I  (II    ixij,(r  1  lUrCgLSirtimni,  tl,.„„bre,qui  !."asN<inl)lr  .^  l'iiKHlunt,  ronliruir  la 

—  .irnlciici'   rt   «*u    ordonn»!    l'rxtWMilion  iuuiii'diute 

8ur  la  pincr  lurnio  du  Palais.  I.n  rour  Tut  oldif^oo 

«par    fAViur   >;p«riale,    m    survivnncc    de  sou  «le  (cnin-r  1rs  yrux   .-ur  cri  «tU-,  aus>i  ii>)iiri<ua 

M  prrf  )  ,   iii.ijfishni  «lisfiiu;uf  pai    ilra  lumièirs  ipiant   nu   fond  ,  (|u'outr;i;,MMUl    par    lu  i..pi<Uto 

*  «t  unr   intij;iitB  li/ndiUiin'».  »     (l'ALCOintr  ,  des  foruuvs.  il   qui  up  put  qu'ajoulrr  à  l'irrita- 

Oarrtuu  J'ranr.iit  moderii».  li.>i.  <l.s  .siu  il-.  (Irji  si  j,'i  .iii.lr. 


coHrfruos  fô").  Finir  niclire  {\n  :i  rcs 
ni;llall()ns ,  li^    {^diiviTiiciiicnl  fil  dc- 
in.iiuior  par  le  duc  d'Orlcaiis  au  ji.ir- 
IciiKMil  de  I\iri<  ,    assemblé   coin/no 
C'ot/f  i/i-s     r.iii'i  ,    l'aiiindalion    dn 
ce  (ju"a\ail  fait  le  |iarliMn'Mil  de  Tou- 
louse. Celte  annnlalion  lui  défiiHli\e- 
meiil    [iroiioiuco    par    arrêt    du    3o 
dée.  17^17,  le  diicder'il/.-Ja'TiPS  u\'- 
tanl  )ustleial)le  ([ne  de  la  Cottr  dos 
J^airs.  Le  grand  dauphin,  ce  prince 
trop  loi  enlevé  a  l'amour  des  Fraiçais 
(/  oy.  Louis,  dauphin,  XXV  ,24.1), 
éciivil  a  François  d(*  Baslard  «pour 
te  le  féliciter  de  sa  digne  conduite.  » 
Le    roi  lui  fil  écrire   en    son    nom 
])ar   le   chancelier  ,   cl   le  remercia 
«  de  sa  sagesse  dans  la  poMlion  dif- 
(f  ficile  où  il  s'était   trouvé  ,  cl   du 
«  zèle  qu'il  avait  montré  pour  les  iu- 
«  lérèls  de  la  justice  et  delà  couron- 
«  ne.  M  Mais ,  dans  l'état  d'exaspéra- 
tion où  les  esprits  étaienl  arrivés,  lo 
parlement  de  Toulouse,    déjà   irrité 
de  la  conduite  de  son  chef  lors  del'af- 
faire  des  Jésuites  (4)  ?  ne  put  com- 
|Trendre    qu'en    cette    seconde     oc- 
casion    il    n'eût  pas  partagé     tous 
les    sentiments  dont    le   corps   était 
animé.  Sa  prudence  et  sa  fidélité  pa- 
rurent une  sorte  de  défection  •  et  c'est 


(3)  Il  (Hait  en  correspoiidance  avec  le  duc  d« 
Fitz-Janies.  Une  de  ses  lettres,  en  date  du  19 
sept.  1763,  suffira  pour  fjire  connaitrc  la  na- 
ture de  ces  relations,  qui  d'ailleurs  existaient 
dans  tous  les  parlements  du  royaume,  entre 
quchpiçs  lurmlues  dévoués  à  la  cour  et  les  prin- 
cipaux dépositaires  de  l'autorité.  «  J'ai  été  in- 
«  formé  ,  .Monsieur  ,  des  ordies  que  vous  avez 
«  dounés.  Vous  avez  cru  devoir  le  faire  ;  votre 
«  pouvoir  vous  y  autorisait,  le  bien  du  service 
«  l'exigeait  ,  je  n'ai  rien  à  dire:  ces  ordres  fc- 
<(  ront  sensation  ;  jt  vous  prie  de  me  rendre  j'iixfice, 
«  Ce  n'est  pas  que  j'en  sois  inquiet  \  je  préférerai 
«  toujours  d'ubcir  à  mon  maure  à  tout  le  reste. 
«  Mais  il  est  iiiiporlant,  pour  le  bien  du  service, 
«  que  l'on  iac/ieyueye  n'y  ai  aucune  part...  ic  me 
«  nuirais  Irrs-roloiiliers  chez  vous,  mais  il  est 
H  plui  nécessaire  ijue  jamais 'jur  V0U3  m'en  eiivoyiei 
«  ('ordre  par  cent .  Signe  Hastard.»        V — vb. 

(4;  l'C  premier  j)résident  avait  continué  d'ad- 
mettre pulilitpieuient  les  Jésuites  à  sa  table  ,  et 
il  en  avait  retiré  deux  cliez  lui,  lors  de  la  sup- 
pression de  l'ordre. 


RA.5^ 


77g 


alors  que  la  colère  dirla  cet  arrête 
(  27  mars  1764  )  portant  (pie  , 
«  pour  (crlaines  cau.ses  et  considéra- 
«  lions  à  ce  mouvant  la  cour,  il 
«  est  délibéré  de  ne  plus  Iravailler 
«  avec  le  premier  président  an  Fa- 
ce lais  ni  ailleurs  ;  3)  arrêté,  pris  en 
l'absence  de  celui  (pi'il  cnnremaîf, 
dont  les  expressions  inusitées  ne 
pouvaient  appartenir  qu'a  l'autorité 
royale^  et  dont  Popinion  publitjue  fit 
justice, avant  même  qu'il  eût  été  casse 
par  le  conseil  du  roi.  Abreuvé  de 
dégoûts ,  François  de  Paslard  se 
serait  démis  de  sa  charge,  s'il  n'avait 
puisé  un  nouveau  courage  dans  les 
conseils  du  prince  dont  le  .Hiffrage  no 
l'a  jamais  abandonné.  Le  dauphin  lui 
écrivait,  le  26  sent.  1764,  «  qu'il 
«  soutenait  avec  la  fermeté  la  plus 
«c  digne  d'éloges  une  position  péni- 
«  ble^  pour  no  rien  dire  de  plus,  par 
<c  attachement  aux  intérêts  du  roi  5 
te  et  que  lui ,  il  regardait  comme  si 
«  important  de  le  conserver  dans  sa 
«  place  ,  qu'il  ne  pouvait  que  l'eihor- 
tt  ter  h,  y  rester  avec  le  courage  qu'il 
«  avait  fait  voir  ,  espérant  des  temps 
«  et  des  circonstances  plus  hcureu- 
«  ses.  n  En  outre  de  ce  témoijrnaîre 
de  l'héritier  présomptif  de  la  cou- 
ronne, Fran(;ois,  deux  ans  plus  tard, 
en  obtint  un  autre  qui  doit  trouver 
ici  sa  place.  Les  habitants  de  Tou- 
louse, instruits  que  le  chef  de  leur 
parlement  allait  leur  être  rendu 
après  une  longue  absence  ,  lui  pré- 
paraient une  sorte  de  réception  pu- 
blique ,  en  envovant  au  devant  de 
lui  une  nombreuse  cavalcade  com- 
posée de  l'élite  de  la  cite.  Ces  dis- 
positions blessèrent  le  parlement 
qui  feignit  de  les  trouver  peu  confor- 
mes a  la  gravité  des  mœurs  de  la 
magistrature,  et  un  arrêté  ordonna 
K  que  les  capilouls  seraient  mandés 
«  pour  leur  faire  connaître  que  l'intcn- 


îi8o 


BAS 


a  lion  du  parlement  est  qu'ils  aient 
ah  empêcher  toute  assemblée  illicite 
a  et  tumultueuse,  et  notamment  une 
«  cavalcade  annoncée  pourTarrivée  du 
K  premierprésiclent(2  I  fév.  1767).» 
Quelque  fût  le  motif  de  cet  arrêté  ,  il 
tint  lieu  au  premier  président  des  hon- 
neurs qu'on  lui  avait  destinés,  et  servit 
aies  constater.  Cependant,  en  1768, 
François  donna  sa  démission  qui  fut 
acceptée  au  bout  de  quelques  mois. 
On  lui  offrit  l'ambassade  de  Constan- 
linoplej  et,  sur  son  refus,  ou  le  nom- 
jna  conseiller  d'étal(i  769), fonctions 
dont  l'importance  était  fort  grande 
alors  et  plus  en  harmonie  d'ailleurs 
avecles  habitudes  de  sa  vie  laborieu- 
se (5).  Peu  de  temps  après,  le  ducde 
Choiseul,  premier  ministre  ,  qui  déjà 
prévoyait  sa  disgrâce,  voulullui  don- 
ner la  succession  deMaynon  d'Ynvau 
au  contrôle-général  des  finances;  mais 
ni  les  désirs  du  roi  ,  ni  Tattralt  du 
pouvoirnepurentvaincre  la  résistauce 
de  François,  et  c'est  alors  que  l'abbé 
Terray  obtint  ce  ministère  qui  devait 
rendre  son  nom  si  tristement  célèbre 
[F.  Terbay,  XLV;,  175).  François 
espérait  trouver, dans  les  fonctions  de 
conseiller-d'élat,  le  repos  qu'il  avait 
en  vain  cherché  dans  la  magistrature  • 
ce  rej)os  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
Le  chancelier  de  JMaupeou  venait 
d'être,  placé  à  la  tète  du  ministère 
(1770),  et  la  cour,  ne  supportant 
qu'avec  impatience  i\i:s  résistances 
souvent  dangereuses,  résolut  de  dé- 
truire les  parlements  (  Voy.  Mau- 
PEOU,  XXVll,  5  16),  cl  de  \i:^  rem- 
placer par  des  magistrats  réduits  a  la 

(5)  I,c  prnnd  diMipliiii  lui  «Trivoit  ft  celle  occa- 
■ioii  :  «  Si  dans  lo  proji^t  (|i:'(iii  voii.s  n  |>i  ii- 
«  posi! ,  Moiisiiriir  ,  rniiloriti-  rst  «mk-oic  blessrc, 
«  (!ii  moins  «•()iiscrv«--l-cllc  i;t  D'ciiiiipi-nse-liïlli! 
•«  livre  rrlat  nii  sujet  (|iii  l'ii  servie  iivec  tiiiit  de 
«  /«^le  el  de  di.sliiieliiiii.  (/esl  ee  (|tii  iiit  déter- 
«  mine  H  vo'i.H  ronxeilier  <rii<  i  i-|iler,  Mon.^ienr  ; 
ti  vniiK  snve/.  la  joie  '^\r^•  lii(|nelie  je  veirai  loti- 
•  jouis  ce  (|ui  icia  A  votre avuiiliigu.A^n«Loui9.» 


BAS 

seule  administration  de  la  justice. St- 
Priest,  Caumarlin,  Calonne,  François 
de  Bastard,  d'Ormesson,  Amelol  de 
Chaillou,  Esmangard  et  plusieurs  au- 
tres conseillers  d'état  furent  désignés 
f)our  accomplir  ces  changements  dans 
es  treize  parlements  du  royaume  (6). 
François  résista, fitdesreprésentations 
réitérées  ;  tout  fut  inutile.  Le  roi  ne 
voulut  tenir  compte  ni  de  la  répu- 
gnance qu'il  devait  éprouver,  comme 
parlementaire,  h  entrer  dans  ces  me- 
sures rigoureuses,  ni  de  l'éloisinement 
qu'avait  cet  esprit  sage  pour  tout 
bouleversement.  Il  fallut  obéir;  et, 
assisté,  a  Besançon  du  maréchal  de 
Lorges,  et  a  Rennes  du  duc  de  Filz- 


(G)  Le  comte  de  Péripord  et  M.  de  Saint-Priost 
furent  charges  de  la  dissolution  du  [)arlcinent  de 
Toulouse  ;  le  comte  de  Ciemionl-Tonnenc  et 
M.  Pajot  de  Marcheval  furent  envoyés  à  Greno- 
ble; le  maréchal  de  Richelieu  et  M.  Ësmany:ard  à 
Rordeaux  ;  le  mai-quis  de  la  Tour-du-Pin  et 
ÎM.  Amelot  de  Chaillou,  à  Dijon  ;  le  duc  d'Uar- 
court  et  M.  Thiroux  deCrosiif  à  Rouen  ;  le  comte 
de  Rocheihouart  et  !M.  Le  Noir  à  Aix  ;  le  ma- 
réchal d'Aruieniières  et  M.  de  Calonne,  ù  Metz  ; 
le  chevalier  du  Muy  rt  IM .  de  Caumartin  ,  à 
Douai  ;  le  comte  de  Uuffey  et  M.  de  Flc*sellei  , 
à  Trévoux.  Le  parlement  de  Pan  avait  élé  .<;ouniis 
dès  l'année  1765,  il  n'oj)posa  j)oint  de  résistan- 
ce; et  lancien  parlement  de  Nancy,  ou  plutôt 
de  Saint.Mihiel,  casse''  par  Louis  XUI,  ne  fut  ri- 
créé  qu'en  février  17-75  ,  lors  du  rt'lablissement 
de  tous  les  parlements,  celui  de  Dombes  excepté. 
On  tint  dansclia(|ue  cour  un  espèi-e  de  lit  de  jus- 
tice oii  le  (louvoir  militaire  représentait  l'anlorité 
royale,  et  le  conseiller  d'état  en  mission,  le  chan- 
celier lie  I-'ranee,  organe  de  celte  autoriti".  Le 
parlement  de  l'aris  avait  été  réservé  an  comte  de 
la  Marche  ,  prince  du  sang  royal  ,  qui  ,  assisté 
du  maréchal  de  Ilichelieu  «-t  de  MM.  d  Ormesson 
et  de  la  (ialaisière,  conseillers  d'état,  iusiallu 
en  personne  les  Conseils  Siiprrieurs,  L'étubWsse- 
nu-nl  de  cette  grande  nu-snre  se  fil  presjju»  pnr- 
toulsans  résistance.  Ln  noblesse  de  Normandie 
et  de  bretagne  joignirent  seules  leurs  protesta- 
lions  à  celles  des  piinees  «-t  des  bailliages  ressor- 
tissant de  Paris  l.eclergé,  le  tiers-état  et  la  mn.>'Sc 
de  la  nation  restèrent  impassibles  devant  un  évé- 
nement (|ui  ,  nrriv<-  dix  ans  avant  la  mort  de 
Louis  W  ,  eût  acquis  la  sanction  du  temps  ,  et 
mirait  rt-tarde  peut-être  la  marche  si  rapide  tie 
la  révolution.  A  besan\on  et  ailleurs  ,  il  fallut 
employer  les  troupes  i\  protéger  l'exil  «les  ion - 
srilleis  opposimts  contre  l.i  fureur  d'une  populace 
effrénée  ,  <|ui  le»  tr.iilflit  île  Monopoleurs  et 
d'Acvnpnreurs  ,  et  leur  impnlait  la  diseltfi  du 
moment.  On  preleiidil,  selon  l'usage,  que  les 
émissaires  du  ;;ouveriiement  el.iient  auteurs  do 
ces  rumeurs  ut  de  ces  bruits  c.ilomnieu.x. 


BAS 

James  (août  cl  octobre  I771  ) ,  il 
inslalla  dans  ces  doux  mIIi's  le»  Con- 
seils Sufn-riciifs.  Lor.s([ii'()ii  forma 
la  niaiiioii  du  comte  d'Artois  ( i  yyô), 
(|ni(li'jMiis  lui  le  roi  Cliarli'sX,  Tran- 
çois  fut  appelé  aux  deux  cliar^os  de 
cliancidicr-gardc-dcs-sccaux  cl  de 
surinlcndaiil  des  finances  cl  bàli- 
lucnts,  sans  cesser  loulefois  de  sié- 
ger aux  conseils  du  roi.  Il  fui  du  nom- 
bre des  conseillers  d'e'lal  (jui  assistè- 
rent au  sacre  de  Louis  X\l  :  et, 
le  19  mars  1776,  il  accompagna  , 
comme  conseiller  d'état,  avec  Fey- 
dcaii  de  Marvillc  et  le  maréchal 
de  rsicolaï  ,  aussi  conseillers  d'é- 
tal, le  comte  d'Artois,  à  la  cour  desai- 
des, pour  reuregislremenl  de  YEclit 
jwrlant  supprcssiofi  des  corvées  ; 
mesure  a  laquelle  il  avait  puissamment 
conlrilnié  par  un  mémoire  qui  fit  une 
Jurande  impression  sur  Tesprit  du  roi. 
Mais  ,  suffisamment  occupé  par  les 
fonctions  de  chancelier  et  la  prési- 
dence du  conseil  du  prince,  auquel 
le  roi  avait  attribué  un  immense apa- 
nage  et  des  droits  régaliens,  François 
renonça  bientôt  a  la  charge  de  surin- 
tendant (sept.  1776),  dont  l'exercice 
se  composait  d'ailleurs  de  détails  peu 
conformes  a  ses  goûts.  Toutefois  il 
y  rendit  d'importants  services,  en 
établissant  un  ordre  parfait  dans  les 
finances  j  et  il  obtint  les  témoigna- 
ges les  plus  honorables  de  satisfac- 
tion dans  les  lettres-patentes  qui  sé- 
parèrent, sur  sa  demande  ,  la  charge 
de  surintendant  de  celle  de  chance- 
lier,  qu'il  exerça  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  le  20  janvier  1780.  Les  ser- 
vices et  l'intégrité  de  François  de 
Bastard  furent  rappclésparLouisXVI 
dans  les  provisions  de  chevalier 
d'honneur  de  la  cour  souveraine  de 
Montauban,  accordées,  en  17B1,  au 
comte  d'Estang  (Jean  de  Bastard),  et 
dans  celles  de  conseiller  au  parlement 


BAS 


0.81 


de  B()urgnn;nc ,  accordées  K  son  fils 
en  17 (]:'..  On  a  dit  (|ue  François  de 
Bastard,  \lv('mcnt  affecté  d'un  pro- 
cès odieux  aulant  (jiie  ridicule ,  et 
dont  1  issue  ccpcnd.uil  ne  pouvait 
être  douteuse,  avait  abrégé  ses  joursj 
mais  ses  sentiments  religieux,  la  pu- 
blicité de  sa  maladie  elle  témoignage 
du  vieux  maréchal  de  Biron,  son  ami, 
qui  ne  le  quitta  point  dans  ses  der- 
niers instants  ,  firent  tomber  aussitôt 
cette  calomnie,  répandue  par  le  parti 
janséniste.  En  1775,  le  portrait  de 
François  de  Bastard  a  été  gravé  par 
Patas,  dans  le  costume  de  chancelier 
et  dans  celui  de  conseiller  d'état. 
J-i'histoire  de  son  dissentiment  avec  sa 
compagnie  ,  a  l'occasion  de  l'affaire 
du  duc  de  Fitz-James,  se  trouve  lon- 
guement traitée  par  de  Vie  ,  dans  le 
Journal  des  discussions  du  par' 
Icment  de  Toulouse.  M — d  ]. 

BASTARD  (  Dominique- 
François  de),  de  la  même  famille  que 
les  précédents,  chanoine  de  Lectoure 
et  vicaire-général  du  diocèse  de  Lom- 
bez,  fils  de  Pierre  de  Bastard  ,  comte 
d'Estaug,en  Armagnac, et  de  N.  de 
Catellan(^.ce  no  m, \  11,359),  naquit 
à]>îogaro(Gers),  en  174.7.  Hfut  élevé 
au  collège  de  Pontlevoy, dirigé  par  les 
oraforiensj  et,  dès  sa  jeunesse,  la  pu- 
reté de  ses  mœurs  et  sa  piété  le  fi- 
rent remarquer  parmi  ses  camarades; 
Egregiœ  eruditionis ^  bonis  ?nori- 
hus  i  etfaniaprœditus  y  dit  l'auteur 
de  son  éloge.  Il  fut  envoyé  ensuite  h 
Saint-Sulpice,  cq  séminaire  de  Vé^ 
piscopal y  d'où  sortaient,  à  cette 
époque^  les  hommes  les  plus  dis- 
tingués de  l'église  de  France^  et 
oii  il  se  lia  intimement  avec  l'abbé 
deFénelon  ,  évêque  de  Lombez,  qui 
le  choisit  pour  son  grand -vicaire. 
Dans  rcxercicc  des  fonctions  ecclé- 
siastiques ,  l'abbé  de  Bastard  se  si- 
gnala par  son  zèle  et  sa  charité  envers 


282  BAS  BAS 

les  malheureux  ,  et  la  régularité  de  lalion  des  droits  qui  auraieiît  du  les 
sa  vie  n'ôlait  rien  a  la  grâce  de  sou  protéger  dans  leur  nariifrage,  et  en 
esprit  qui  le  faisait  recherclier  de  même  temps  avec  une  résiguntion  si 
ceux  qui  le  connaissaient. Mais,  quoi-  chrétienne  sur  le  sort  qu'il  allait  su- 
que  distingué  par  une  profonde  éru-  bir  ,  que  Pierre  Bayle  {Foy.  ce 
dilion  et  par  une  éloquence  pleine  nom  ,  dans  ce  vol.)  ,  commissaire  de 
de  charmes,  son  nom  n'aurait  pas  la  convention  nationale,  qui  était  pré- 
échappé à  Toubli,  sans  les  circonstan-  sent ,  effrayé  delà  vive  émotion  et 
ces  qui  se  rattachent  h  sa  fin  tragique,  des  sentiments  de  pitié  qui  se  ma- 
Forcé,  par  le  décret  rendu  contre  les  nifestaient  dans  la  population  ,  crai- 
prêtres  insermentés^  de  quitter  la  gnil  un  soulèvement  généra!,  et  n'o- 
France  ,  il  se  rendit  a  Cette,  muni  sa  faire  exécuter  les  trois  autres 
d'un  passe-port  (lélU'ré  pour  Rome  condamnés  qui  durent  ainsi  la  vie  au 
au  nom  de  la  réprblique  ^  par  malheureux  abbé  de  Baslard  (i).  Ils 
le  représentant  Ichon  (  Voy.  ce  furent  reconduits  en  prison,  et  ne  re- 
nom ,  au  Supp.),  et  il  s'embarqua,  couvrèrent  la  liberté  qu'après  l'occu- 
le  19  avril  1790,  sur  le  bâtiment  pation  de  Toulon  par  les  Anglais  (27 
neutre  génois  iV.-Z>.  de  la  Garde ^  aoùti793).QueIquesannéesplustard, 
capitaine  Barthélemi  Morlolta.  Les  un  pareil  naufrage  jeta  de  même  sur 
autres  passagers  étaient  Thomas  de  la  côte  de  Calais  un  bâtiment  égale- 
Trémont ,  prêtre  du  diocèse  de  Lee-  meut  étranger.  Ceux  qui  le  moulaient 
toure;  Laurent  d'Escuret ,  cordelier  portaient  les  armes  contre  la  répu- 
dc  Condom  ;  Etienne  de  La  Moli-  blique.  Ils  venaient  d'un  pays  ennc- 
nière,  cordelier  de  Loudun,el  un  mi  et  passaient  dansla  Vendée  ^  enfin 
capucin  dont  on  ne  sait  pas  le  nom  et  ils  étaient  émigrés  ^  et  pour  ce  fait 
qui  parvint  h  s'échapper.  Une  heure  condamnés  h  mort  surlaseule  preuve 
s'était  k  peine  écoulée  depuis  leur  dé-  de    leur    identité;    et    pourtant    les 

Ïart,  qu'une  lempêle  les  pousse  vers  Naufragés  de  Calais,  long-temps  in- 

es  côtes  de  Provence  et  b's  jette  sur  carcérés,  furent  protégés   par  Topi- 

la  plage  de  Bandol.  Le  conseil  perma-  nion  publique,  qui  força  le  directoire 

nent  de  la  commune   les  fait  arrêter  aies  épargner  {Fojr.DAMAs(C/iat'- 

aussitôt  comme  prêtres  fugitifs  ;  et,  /r.ç  de) ,  au  Suppl.). — Peu  de  mois 

sans  égard  pour  leurspasse-ports,  sans  après  la  mort  de  l'abbé  de  Baslard, 

respect   pour    le   droit  des  gens ,   et  le  marquis  de  Fouleuay  (Denis-Fhi- 

pour  le  décret  qui   leur    prescrivait  liberl  de  Bas'ard) ,  dont  l'oncle  com- 

de   quitter  la    France  et   d'aller   en  manda  pendant  ([uelques  mois  l'artil- 

pays  neutre^  les  traîne ,    dès  le  len- 

demain,    au  tribunal  révolutionnaire        /  >  •    ,.    1   v  1 1  i  1    n    ,    1      .     i 

de  Toulon   (MlileS  eoildamue  a   mort  ,  sm  l'onlif  hHitimIu  rcprismlant;  m;«is  aloismi 

_  Il  "  t  'C  violont  inurniiiri' s'ilcva  lit"  loulos  nart^  :  .i  mort 

comme  nobb-s, comme  prêtres  refiac-  ,^.^  ,„„„,,„,,  ,-,,,,,  ,,  ,„,.,,,„  i.'.,ii.„^.  ei  1rs 

tairps,  et  comme  émi'rrés  rentrés,  «•nuica.ix  iunnt   >    linsiant  tir.  •;.  i.ts  tiou|.«-s 

Tl      r  1    "    |i'       I       1  I    *!  rliarRrrriit  :  trois  ll()lIunf'^  fiiiriil  friippi-s  i*  m'-rt, 

lis  lurent  a  l  instant  conduils  au  sup-  ;,  y  ^..^  ,,,„, ,,,.  ,,„.„,i,„„  i,i..sm-s.  Du  côi..  <!.,•. 

plice.  l'abbé  de  lîastard,  drsiiné  ii  -""Iclais  il  y  nu  «l.-ux  m.s  «t  qn.-lq.M-s  i.l.-.v-.. 

•  ,   .     I  •  I  I.I1  nciiplf  iriMiipa  (Ifs  liii[;os  iluiis  If  sanp  ilr  i.» 

pciir  le  premier,  jiarla,  au  moment  vinimr.  n  *.•  i,.s  «lisiriiuu.  .omn..'ilr!«  r.ii.|n.-s. 

(le  sou    exécution    ( -zS    avril),  avec  •'•'"'"'•i  i*"  «i-V  <''•  i«  viUr  ..n  «il»  p.i.-r  s..r 

,      P  '    1       r      1  •  '"    l""»')"    «'«    l'al'ln- <!«<  Hastnif.    «t  I  on  «rnvit 

iaiH     (le   lorce,    a  la   joule  (|lll  se  près-  à  |\,,mc.  pomdnnamlrr  qu'il  fut  Ixatifif  a  nuMe 

sait  au  pied  de  l'échafaud ,  sur  la  v  io-  '''"  •^^'  »^"'""  '"•"'•  '""•• 


TÎAS  BA.S                  983 

Irrie    de   rarnu-c   dr^  prinrrs  dana  la  (lrmi-«î;:il('rP  la    Vnltiçfruar,   (pu 
rémigralion,  ri  ill  (iisilK;  ii  J,von  par  (alsall  pullc  de   la  flollllc  du  lac  de 
1rs  ordres  de  lloullioii. — A  la  iiicnic  (iarda.    Il    passa  de  là   aux  lacs    d(3 
famille  appariciiail  aussi  Fidnçois-  JMaiiloiie;  cl,  après  y  avoir  sonlcnii 
J)onuni(/i/c  de  Bastaru  ,  baron  do  avec  honneur  divers  combats,  11  (ut 
Sl-Deiiis  ,  on  Agi'nois,  né  en  17"'^),  mis  a  la   lêle  de  la   (lolillc  (pil  lut  si 
qui  fui  emprisonne  en  1795   comme  ulile  pendant  le  siège.  Les  deux  j^é- 
rovalisle,  et  mournl  en  i8o4,  après  néraux   Andrcossi    rendirent  justice 
avoir  élé  grand-maître   des  eaux  et  an  nouveau  commandant  el  le  recom- 
forèls  de  Gnicnnc,  liéarn  et  INavarre  mandèrent  a  Bonaparte.  lîaste  ,  qui 
réunis;  fondions  (pi'avaicnt  déjà  rem-  avait  été  nommé  enseigne  de  vaisseau 
plies  son  bisaïeul,  sou  .aïeul  et  son  le  21  mars  1796,  obtint  alors  un  bre- 
pèrc  ,  et  (pli    donnaient  entrée  dans  vet  provisoire  de  lieutenant  de  mari- 
les  trois  parlements  de  P)or(leaux  ,  de  ne,  et  comme  tel  commanda  de  1797 
Toulouse    et    de    Pau.    11    a    laissé  h  1798  le  brik  la  Mero/?e  de  18  ca- 
plusieurs  ouvrages  manuscrits,  entre  nous,  au  siège  de  Malte,  la  cbaloupe 
autres  uu  Traité  sur  le  de  friche-  canonnière  n"  i,  et  peu  après  la  felou- 
ment  et  le  semis  des  landes.   Ce  que  la  Légère.  11  s'était   irouvé  le 
travail  eut  Tapprobalion  du  gouver-  16  tbcrmldor  an  VI    au  combat  d  A- 
nement  qui  en  fit  fiire  l'applicatiou  ;  boukir.  Chargé    en  floréal   an  VIII 
et,  le  succès  avant  justifié  la  théorie  de  porter  des  dépêches  au  gouverneur 
et  les  essais  du  grand-maître  ,  le  roi  de  Malte  ,  alors  étroitement  bloquée, 
ordonna  par  arrêt  du  conseil,  le  i*^''  il  remplit  sa  mission  avec  succès,  et 
déc.  j  778,  que  les  forets  de  l'état  di-  revint  à  Toulon,  sans  avoir  souffert 
tes  de  Larron  et  de  Barrial_,  situées  à  des  poursuites  de  Tescadre  anglaise, 
deux   lieues  de  Pau,    porteraient  a  Bientôt    revenu   dans   cette   île  ,    il 
Tavcnir  le  nom  de  Foret-Bastard.  fut  chargé  par  le  contre-amiral  Vil- 
M — DJ.  leneuve     de     faire  exécuter  les  ar- 
BASTE   (Pierre),  né   k  Bor-  ticles  de  la  capitulation,  et  dediriger 
dcaux,  le    1 1    novemb.  1768,   d'un  les  marins  qui  restaient  dans  la  place, 
père  qui  avait  acquis  quelque  aisance  pénétra  au  Goze,  malgré  le  feu  croise 
pendant  la  guerre  de  l'indépendance  des  batteries ,  afin  de  prendre  con- 
anglo-américaine,  entra  dès  Tàge  de  naissance  de  la  situation  de  la  faible 
treize  ans,  dans  la  marine  marchande,  garnison  qui  s'y  trouvait,  et  prit  une 
et  y  resta  dix   ans.  Enthousiaste   de  part  active  h  la  belle  défense  du  fort 
la    révolution   fran(:aise  ,  il  prit  du  Charabray,  dont  il  ramena  la  garni- 
service  sur  les  bâtiments  de    l'état,  son  k  Maîle.  Une  déploya  pas  moins 
fut  nommé  en   1795    enseigne  auxi-  de  courage   au  fort  Ricazoli  ,  oix  il 
liaire,    en  1  794  ,  capitaine  au    long  avait  sous  ses  ordres  un  détachement 
cours.  Cette  année  même,  il  eut  sous  de  marins,  et  dont  il  eut  le  bonheur 
son  commandement  k  Salnt-Domin-  de  conserver  en  grande  partie  la  gar- 
gue  ,    la  goélette   Y]  fi  rondelle.  En  nison.  Ces  services  lui  valurent  enfin 
179/^.  il  alla  sur  le  brick  \c  Jacobin  le  brevet  de   lienlenant  de  vaisseau  , 
explorer  les  côtes  de  la  INouvelle-An-  (mai   1800},  que  lui  envoya  Bona- 
glelerre.  En   179-^,   il    se  distingua  parle,  premier  consul.  Peu  de   temps 
aux  combats   des  5  messidor   an    III  après,  il   partit  pour   la  désastreuse 
et  2  frimaire  an  IV  ,  et  commanda  expédition  de  Saint-Domingue,  dont  il 


284                 BAS  BAS 

avait  prévu  l'issue,  et  où,  deux  fois,  portait  des  vivres  a  l'ennemi.  L'année 

il  fut  sur  le  point  de  périr,  la  pre-  suivante,  il  rejoignit   a  Yalladolid  , 

inière  dans  Tincendie  du  Cap  ,  qu'il  avecle bataillon  de  marinsdelagarde, 

s'efforça  vainement  de  prévenir  en  se  l'armée   sous  les   ordres   du  général 

présentant  à  Christophe^  la  seconde,  Dupont.  Ce  bataillon  avait  pour  chef 

par  une  de  ces  maladies  dues  a  Tin-  le    capitaine    de   vaisseau   Daugier  ; 

jQueiiced'uii  climat  mortel  pour  tant  Basle  commandait  en  second.  Sa  pré- 

d'Eiiropéens.  A'son  retour  enFran-  sence  dans  une  armée  de  terre,  dont 

ce,    Basle  fut  nommé    capitaine   de  alors  on  ignorait  encore  la  vraie  des- 

frégale  (sept.  i8o3),  et,  presque  en  linalion  ,  indiquait  assez  que  l'on  se 

même  temps,  appelé  auprès  des  con-  rendait  h  Cadix,  où  une  division  na- 

suls,  commecapitaine  defrégate,  com-  vale  mouillait  en  rade.  On  sait  qiie  ce 

mandant  le  S*"  équipage  du  bataillon  but  ne  fut  pas  atteint,  et  que  la  raar- 

dcsmarinsdelagarde.Onnetardapas  che  de  Dupont   en   Andalousie  u'a- 

k  l'employer  alaflolillede  Boulogne  boulit  qu'au  triste   sac  de  Cordoue, 

et  sur  la  côte  du  Havre.  Le  combat  du  et  a  la  capitulation  de  Bavlen.  Dans 

T/i  thermidor  an  XII,  entre  les  clia-  toute  celte  marcbe  ,  le  balaillon  des 

loupes  canonnières  françaises   et  une  marins    fit    partie    de    l'avant-gar- 

escadre  de   quatorze  vaisseaux   an-  de  •    et  Basle  obtint  d'être  compris 

glais  qui  bombardèrent  le    Havre,  parmi  les   officiers  de  Tétat-major , 

fournit  a  Baste  l'occasion  de  se  dis-  pour  être  employé  comme  volontaire 

tinguer.  Commandant  la  canonnière  dans  les  expéditions  les  plus  liasar- 

la  îiow/o/ia/5e,  il  eut  à  combattre  k  deuses  ;    il    se    comporta    très-vail- 

portée  de  mitraille  un  cutter  et  un  laramcnt  h  Taftaire  du   pont  d'Alco- 

brick  anglais,    et  dans  cette  action  lea ,    dirigea    deux    fois    de  petites 

inégale  ,  il  démâta  le  brick  de   son  expéditions  sur   Jaen  ,  pour  en  rap- 

grand  mal  de  hune,    et   obligea  les  porter  des  vivres  dont   la  pénurie  se 

deux  bâtiments  a  prendre  le  large,  faisait  cruellement  sentir   aux   Frau- 

Délaché   ensuite   a   Oslendc,  et  mis  cais  cantonnés  dans  Andujar,  et  favo- 

sous  les  ordres  du  contre-amiral  Ma-  risa  la  joncliuu  du  général  \  edel  avec 

gon,il   activa  les  armements  de  ce  le  corpsde  Dupont, eu  se  portant  avec 

port,  puis  se  distingua  dans  plusieurs  une  colonne  vers  la  Sierra-Morena,  et 

affaires   devant  Calais    et  Boulogne,  lorscpie  Dupont  parlementait  avec  le 

]Napoléon  le  désigna  pour  être  un  des  général  espagnol  Caslannos,  il  lit  au 

officiers  de  marine  ([u'il  emmenait  a  nom  deVedel  de  grands  efforts  pour 

sa  suite  dans  sa  campagne  de  1806,  empêcher  la  capilulalion.   L'insigne 

en  Autriche.  Les  services  qu'il  rendit  mauvaise  foi   avec  lacpielle  on   viola 

sur  l(;  Danube,  au  pont  de  Vienne  vi  celle  capitulation  ne   sV'tenilil  point 

kfile  de  Lobau,  (pioiquc  moins  bril-  aux   généraux   et  aux  officiers  supé- 

lanls  que  bien  des  faits  d'armes,  ne  rieurs.  Ainsi  que  ceux-ci,  Basle  fut 

furent  ni  moins  réels,   ni   moins  ap-  transféré  au  fort  Sl-Sébastien  de  Ca- 

préciés   du  chef  de  Tarmée.    Aussi,  dix  ,    cmbarijué   dans    les    premiers 

Basle  fut-il  encore   de  la   campagne  jours  de    scpteml  re  ,    et   coiiduil  à 

de  1807.  Ayant  é(|uippé  une  llotllle  Marseille.    Il  s'altendait  a  partager 

K  Danl/.ig,  pour  seconder  les  opéra-  la    disgrâce    des  généraux    Dupont, 

lions  (lu   siège  de  Pillau  ,  il    prit  un  Mareseol  et  Vedel  j  el  d'abord  ,  en 

couvol   de  (juaraulcdeux  voiles,  qui  ellol,  Tempcreur  raccueillil  très- fioi- 


BA.*;  BAS                   285 

iloMUMit  ;  niais  11  iic  lard.i  pas  ;i  rc-  le  Grdtlcllo^  pircc  (ju'il  faisait  un 
vt'ulr  sur  son  coinpic  cl  ii  le  Imiter  Ircipicnl  nsaf^cdccarrraiix,  on  italien 
avec  hoiiié.  Il  rnuploya  en  1809  ,  i^ralhi,  pour  cupirr  les  tableaux  en 
dans  sa  seconde  campagne  d'Aulri-  les  réduisant  a  de  plus  pclilcs  pro- 
che ,  où  l^asle  arma  une  Ilotillc  sur  ])orli()ns.  Né  vers  iSz'S  (i),  a  Fer- 
le Danube  ,  s'empara  de  1  île  de  rare  ,  il  fui  initié  de  bonne  heure 
jMulheiten  ,  et,  i'aciiitaiil  ainsi  aux  dans  les  pratitjucs  de  son  art  par 
troupes  le  passage  de  divers  bras  C.  Filippi  ,  son  ])ère  ,  bon  pein- 
du  lleuve,  pré|)ara  la  bataille  de  Wa-  Iro  lui-même  j  mais  Tayaut  entendu 
«^ram.  Le  titre  decomle,  unedotalion  parler  avec  adnnralion  des  ouvrages 
(le  20,000  francsde  revenu,  le  grade  (pie  Michel  Ange  venait  d'exécuter 
de  colonel  des  marins  de  la  garde  et  au  Vatican,  il  le  fjuitia  furtivement 
celui  de  commandant  de  la  Légion-  pour  venir  prier  Michel- Ange  de  le 
d'Honneur  furent  le  prix  de  celte  ac-  recevoir  au  nombre  de  ses  élèves, 
livilé.  Basle  retournaimmédiatcment  Cette  démarche  d'un  enfant  rpii  n'a- 
en  Espagne;  cl  la,  nommé  gouverneur  vail  pas  encore  atleinl  sa  quinzième 
de  Lorca,  il  nettoya  le  pays  naguère  année,  révélait  un  viF  sentiment  de 
infesté  de  guérillas,  et  occupa  la  ville  l'art  (pii  ne  pouvait  échapper  a  ce 
d'Almr-nza.  Elevé  en  181  i  au  com-  grand  maître.  Admis  a  son  école  , 
niaudemenl  delà  floltilledeBoulogne,  Baslianino  profita  si  bien  de  ses  le- 
et  bientôt  an  rang  de  contre-amiral  ,  çons  et  de  ses  exemples,  qu'en  peu  de 
il  devait,  au  commencement  de  i  8  i  5,  temps  il  devint  Pun  de  ses  plus  heu- 
prendre  le  commandement  de  la  flot-  reux  imitateurs.  De  retour  a  Fcrra- 
tillc  poraéranienne,  et,  se  concertant  re,il  enrichit  cette  ville  de  ses  pro- 
avec  le  général  Morand,  défendre  duclions  où  l'on  trouve  l'énergie,  la 
l'île  de  Rugen  ,  les  côtes  Baltiques  ,  fierté  de  pinceau  et  le  caractère  de 
et  surveiller  l'Oder  5  mais  Napoléon  grandeur  qui  distinguent  Michel- 
renonça  bientôt  a  ce  plan,  et  a  la  fin  Ange.  Son  principal  ouvrage  est  le 
de  cette  même  année  il  fit  passer  Jiii^ement  dernier,  fresque  dont  il 
Basle  a  l'armée  de  terre,  avec  le  li-  décora  le  chœur  de  la  cathédrale,  et 
tre  de  général  de  brigade.  C'est  en  qui  lui  coûta  trois  ans  de  travail.  Il 
celte  qualité  qu'il  prit  parl'a  la  cam-  est  inconcevable,  dit  Lanzi  (  Tlist. 
j)agne  de  France,  triste  dénouement  de  la  peinture  en  Italie,  V,  24.8), 
de  vingt  années  de  brillantes  cxpédi-  qu'il  ait  pu  paraître  si  neuf  et  si 
tiens  et  de  tant  de  victoires  :  il  n'en  grandiose  dans  un  sujet  déjà  traité 
vit  pas  la  fin,  et  mourut  sur  le  champ  par  son  maître  d'une  manière  si  su- 
de  bataille  de  Bricnne  ,  en  février  périeurc  (2).  A  l'exemple  de  Dante 
i8i4-,  âgé  de  4^6  ans,  après  avoir  et  de  Buonarolli,  Bastianino  profila 
fait  2  5  campagnes  aux  colonies  tant  de  l'occasion  qui  lui  était  offerte  de 
occidentales  (proricnlales  ,  et  avoir  se  venger  de  ses  ennemis  en  les  pla- 
pris  parla  i5  combats,  au  siège  de  çant  parmi  les  réprouvés.  Dans  le 
Malle  et  a  plusieurs  affaires  de  la  non^.brc  de  ces  malheureux,  on  dis- 
flollîTe  boulouaise  P — ot.  tini^ue  une  jeune  fdle,  sa  fiancée  , 
ILVSTIAXIXO    (  Skbastien      J^ 

FlLlPPI,    plus  connu  sous   le  nom  de),  (,)    h,,    ,540  suivant  Raruff;,!  li. 

l'un  des  peintres  les  plus  célèbres  de  (=*)  ^''^''''  *^''  >i-^^^'';'y.  'c  premier  des  juge- 

I, ,      ,        ,1     -p                      I                 .                    f  incnls  dcniicis  apif-s  celui  de  la  cliapelle  Sixli- 

eCOle  de  rcrrarc,  est  aussi    nomme  ne,  dom  il  çst  une  habUc  et  superbe  insplralioa. 


a86                   BAS  BAS 

qui  avail  révoqué  SCS  premiers  engage-  réformés.  Il  était  ancien  de  Cliaren- 
ments  pour  prendre  un  autre  époux,  ion  lors  de  la  révocation  de  ledit  de 
Elle  est  représentée    jetant   un    œil  Nantes,  et  fut  relégué  h  Cl^Trtres. 
d'envie  sur  la  femme  de  Baslianlno  ,  Ses  protecteurs  lui  firent  obtenir  en 
qui,  du  rang  des  élus  où  son  mari  la  1687  un  congé  p^ur  passer  en  An- 
mise,  regarde  sa  rivale  de  travers,  gleterrej  il  profita  de  ce  repos  pour 
Toutes    les   parties    de  cette  vaste  retoucher  de  nouveau  et  achever  la 
composition  sont  également   admira-  version  des   psaumes  de  Conrart  et 
Lies  ;  et  Ton  ne  peut  trop  regretter  pour  composer    diverses  pièces    de 
qu'elle  ait  été  récemment  altérée  par  controverse  contre  Pélisson,  qu'il  dé- 
une  maladroite  restauration(^t>j'«ge  signait  comme  auteur  de  ÏÂi'is  aux 
en  Italie,  par  M.  Valéry,  lll,  62  ).  réfugiés,  et  mourut  le  4  mars  1 70^, 
Bastianino  mourut  dans  sa  patrie,  en  âgé  de  80  ans.  Il  a  laissé  uu  Traité 
1602.  Parmi  les  autres  ouvrages  de  de  l'Eucharistie  où  il  prétend  rap- 
ce  grand  artiste,  on  cite  \mc  As somp^  porter  exactement  les  sentiments  et 
tion  dans  le  palais   du  gonfalonier,  la  créance  des  Pères  de  l'église  jus- 
une  Résurrection  du  Christ,  a  Saint-  qu'au  10^  siècle. — Bastide  [Marc)^ 
Paul  ,  et  un  beau  Crucifix  dans  l'é-  né  a  St-Benoît-du-SauIt ,  en  Berry , 
glise  de  Jésus.                      W — s.  entra  dans  la    congrégation  de   St— 
liASÏIDE  (Marc-Antoine  de  Maur  en  i  626,  fut  fait  abbé  de  St- 
LA  ),  né  a  Milhaud  ,  en  Piouergue  ,  Augustin  de  Limoges  et  maître  des 
d'une  famille  noble  et  protestante  ,  novices,  visiteur  de  France  et  prieur 
vers  1624.,  vint  de  bonne  heure  a  de  St-Ilcmi  de  Reims,  etc.  Il  n.ou- 
Parls,  et  s'y  fit  des  amis  et  des  pro-  rut  le  7  mai  1  668.  On  a  de  lui,  en- 
lecteurs  du  premier  rang  ,  par  sou  tre  autres   écrits  :  I.   TraUé  de  la 
esprit  naturellement  déliiat  et  poli,  manière  d'élever  les  no<^ices.  II. 
11  fut  choisi  en  1662  pour  être  secré-  Le  carême  bénédictin.  III   Traité 
taire  d'ambassade  en  Angleterre,  et  de  l'esprit  de  la  congrégation  de 
il  y  demeura  7  a  8  ans.  Un  lut  si  sa-  St-3Jaur.                      C   T — y. 
listait  de  ses  talents  pour  les  négocia-  BASTIDE.    Foj-.    Fualdes  , 
tiens  ,  qu'il  y   fut  renvoyé   seul    en  au  Su|)|). 

1  6G2  ^  et  il  y  acconq)agna  depuis  le  IJASTIE  (de  la  ).  P^oy.  La- 

marcpiis  de  lluvigny.  La  (acililé  de  bastie,  XX III,   7. 

son  esprit  lui  permettait  de  se  par-  ILASTIEX  (Jean  -François) 

la'H'r   enire  les  affaires  et  les  scien-  (i),  libraire  et  agronome, né  en  i  747, 

ces.   Il  fit  deux   réj)onses  a  Bos>uet  a  Paris,  fut  ailinls  en  1771  dans  la 

sur  son  Exposition  de  la  doctrine  cornoralion   de    la  librairie  ,    et   ne 

de   l'égli^se   callioTuiue  ^   cl,  sur  les  tarda  pas  a.se  faire  connaître  par  des 

instantes  tic  son  narli  ,   il    traduisit  réimpressions  tie  classiijuos  français, 

lu  livre  de   Kalramne,    Du    corps  qui  loigncnl    à    l'élégance   le  mérite 

et  du  sang  de   J.-(-.    l-e    miiiislre  de  la  correction.  L'abbé   Anberl   le 

d  lluisseau  ayant    publié  a  Sauinur  ,  elle  avec  éloge  dans  les  ^////cAt.v  de 

eu    1670,   son    livre    intitulé  Vit-f/-  i'////.!.  (i  788);  et  les  autres  jouma- 

iiion  du    christianisme  ,    La  Bas  listes,  en  annonçant  les  éditions  dout 

lide   puMia  des  remun/ues   sur    ce     ^ — — ■ 

livre,  Saumur,    1G7O,   in- 12,    et  s'aC-  (')  y^an-^  \o  Clul.r^ur  .i,s  t,ùrwrrs  J*  Paru,  l.ot- 

'                   I        /            •                  •  I  •""*  '"'  *louuo  par    erreur  lo  [ui-iium  île  Aa/»» 

«^uU  uuc  gruiiuc  rcpuUiliuii  païuii  les  jj„^i,u*. 


B.VS 

il  cnricliissail  la  lllli'raliiro,  ont  coiis- 
tamiiifiil  rendu  jiislici'  il  son  zi-lc  cl 
à  sou  iiiU'Ili^'i'ino.  naslicii  inoiinil  ru 
1824,  îi  77  ans.  Onlrc  de  Ixllcs 
éilitions  (li'.s  J:'s.\,iis  i\c  AIo;ilai;;nf  , 
tic  la  StiL^csscdv  Cliarrun,  des  (JJùi- 
vrcs  de  Ral)elais ,  dca  Ohin'rcs  de 
PlnlanjiiCjlrad.  d'Amyol,  des  OJui- 
■vrcs  de  Scarron,  elc,  avec  des  pré- 
faces et  des  avis  de  Tédilcur  ,  on  doit 
Il  Haslieu  le  Lucien,  Irad.  do  lîelin 
de  Ballii  [Voj-,  ce  nom  ,  ci-apre>s) 
cl  Tedilion  coni|)lèle  des  C)lùn'i(.'s 
de  d'Alcnibeii.  11  a  re\u  Ini-iuème 
cl  fail  reloncluT  par  (juchpie  lilléra- 
lenr  la  Ir.idiicllon  A{^s  Lellics cV tli't- 
loïse  et  d"  Ah  ai  lard  (  V  oy .  ce  nom, 
I,  22)  •  cl,  en  l'indiijuanl  comme  une 
Iraduclitiii  nouvelle  pour  en  assurer 
le  débit,  ilu'afail  qu'user  d'une  ruse 
si  commune  (jifon  ne  peut  guère  la 
lui  reprocher  ;  mais  plusieurs  biblio- 
graphes y  onl  été  pris  (  J^.  Barbier, 
Exam.  criliq.  des  dictioîin.^  2).  11 
a  donné  une  édilion  augmentée  du 
Dictionnaire gcograpJnijue  de  Vos- 
gieu  (  Voy.  Ladvocat  ,  XXIII  , 
100)  j  Hue  du  Dictionnaire  bota- 
nique et  pharnuiceuti(jue  avec  des 
addilions,  1802  ,  2  vol.  in-8",  avec 
fîg.j  el  une  du  Janua  lin^uarum  àc 
Comenius.  précédée  d'une  notice  sur 
l'auteur,  tirée  presque  littéralement 
de  la  Biographie  universelle.  Enfin, 
il  a  publié  pi  isieurs  ouvrages  utiles 
surTagriculuire.  Cesoul,  ditMussel- 
Palhay  ,  des  compl'alions  faites  avec 
soin  et  avec  goùl  (Voy,  Bibliogr. 
agronom.,  2'â2)  :  l.  là  Noui^ellc 
maison  rustique  j  Paris,  1798  5  2^ 
éd.,  1804.,  3  vol.  in-4.'^  {p^.  Liger  , 
XXIV,  A']  A)'  U.  L'année  du  jar- 
dinage ^  ouvrage  extrait  de  tous  les 
meilleurs  auteurs,  tant  anciens  (pie 
modernes,  ibid.,  i79f),  2  vol.  in- 8". 
III.  Z,e  calendrier  du  jardinier ^ 
ib.,  j8o5^  5'  éd.,  181-:,  iu-12.IV. 


BAS 


287 


L.c  noiiK'cau  manuel  du  Jardinier^ 
ib.,  i8t)'7,  2  v(d.  in- I  2.  On  lui  at- 
tribue :  JSouK'cau  dictionnaire  d'a- 
necdotes, WnA.  ^  1820,  5\()l.iii-i8. 
Bastien  a  eu  (picbpic  j)arl  ii  la  pre- 
mière édition  (bi  Dicliomuùra  do 
Boiste(/^o^.  ce  nom  ,  au  Supp.)- 
el  il  a  fourni  des  articles  au  J)ic- 
tionnaire  universel  de  Prudhomme 
{f^oy.  CiiAUDON,  au  Supp.).   AV-s. 

15ASTIOU  (Yves),  né  le  i3mai 
1751,  h  Ponlrieux  en  Bretagne, 
fut  d'abord  principal  du  col'ège  de 
Tréguicr,  el  devint  ensuite  officiai  du 
diocèse.  On  fut  assez  surpris  de  le 
voir  quitter  son  pays  à  Tàge  de  36 
ans  pour  entrer  chez  les  ciianoines- 
réguiirrs  de  Sainte-Geneviève.  Il  se 
pourrait  que  cette  vocation  un  peu 
tardive  fût  venue  du  chagrin  de  n'avoir 
pas  été  nommé  premicrvicaire-général 
de  Tréguier,  comme  Bastiou  l'espé- 
rait. Il  fît  ses  vœux  eu  1788  :  on  pré- 
tend qu'il  devint  sous-prieur,  ce  qui  est 
as'iez  peu  probable,  la  révolu  lion  ayant 
suivi  de  si  près  sa  profession  j  nous 
avons  lieu  de  croire  que  Bastiou  fit  le 
serment  en  1791.  Il  resta  constam- 
ment a  Paris  pendant  la  révolution, 
prit  probablement  m\  emploi  dans 
le  civil.  Il  fut  quelque  temps  aumô- 
nier de  rHùlel-Dieu,aprèsle  concor- 
dat de  1802  ;  on  le  nomma  un  des 
aumôniers  du  Prytanée ,  depuis  Lycée 
impérial,  a  Louis-le-Grand.  C'est  la 
que  rab])é  Bastiou  est  mort  le  8  mai 
i8i4-.  Ses  écrits  sont  :  I.  Associa- 
tion aux  saints  anges ,  proposée  à 
tous  les  jidèles  zélés  pour  la  gloire 
de  Dieu,  Paris,  1780  ,  in-12.  IL 
Exposition  des  principes  de  la 
langue J^ranc aise ,  sous  le  nom  du 
citoyen  Yves,  Paris,  1798,  iu-12. 
III.  Eléments  de  logique ,  pour 
servir  d'introduction  à  l'étude  de 
la  grammaire  et  de  l'éloquence  , 
1 8  04. ,  lu- 1 2 .  IV.  Extrait  des  qua- 


1288 


BAS 


tre  évangélistes  y  1809,  în-8'^. 
V.  Grammaire  de  V adolescence  , 
1810  ,  m-i2.  TI.  Grammaire  de 
V  enfance  y  jjar  demandes  et  par  ré- 
ponses, i8i4,  in-12.  VII.  Manuel 
chrétien  des  jeunes  demoiselles  , 
iu-18.  VIII.  Manuel  chrétien  des 
étudiants,  iu-i  8.  Ces  quatre  derniers 
écrits  ont  eu  tous  plusieurs  éditions. 

P C T. 

BASTOIV(Guillaume-Andrl'- 
Réné)  ,  théologien  habile  et  écrivain 
fécond,  né  a  Ilouen,  le  29  novembre 
1 7^1, fit  ses  classes  chez  les  jésuites 
et  sa  théologie  dans  la  maison  des  Ro-» 
herlins  a  Paris.  On  l'envoya  professer 
la  philosophie  au  petit  séminaire 
d'Angers  et  il  y  fut  ordonné  prêtre 
en  1766.  De  retour  à  Paris  il  entra 
en  licence,  où  il  se  trouva  avec  le 
cardinal  de  la  Luzerne  et  l'abbé 
Duvoisin.ll  fut  le  deuxième  de  sa4i- 
cencej  mais  n'ayant  pas  soutenu  le 
dernier  acte  appelé  vespérie,\\  ne  re- 
çut point  le  bonnet  de  docteur  sui- 
vant !a  forme  ordinnirc.On  lui  con- 
fia la  chaire  de  ihéolotrie  au  collège 
de  Rouen  ,  place  qu'il  occupa  plu- 
sieurs années.  C'est  alors  (|ue  de 
concert  avec  rabl)é  Tuvachc  ,  aussi 
professeur,  il  composa  un  conrs  de 
théologie  :  les  traités  parurent  de 
1773  a  1784.5  il  y  en  a  ncui  de 
l'abbé  P)aston.  En  1780,  l'auteur 
devint  chanoine  de  la  métropole  de 
Boiun.  L'activité  de  son  cs|)iil  se 
signala  alors  par  diftérenles  produC' 
lions,  les  unes  relatives  h  une  con- 
troverse contre  les  curés  de  Lizieux, 
les  autres  piirenienl  littéraires.  La 
révolution  vint  ouvrir  un  autre  champ 
h  SCS  travaux  ;  on  cite  une  vingtaine 
d'écrits  (pi'il  composa  sur  les  dis- 
putes relatives  a  la  constitution  ci- 
vile du  clergé.  Ces  écrlls  parnrcnl 
tous  sans  nom  d'auleurj  néanmoins  il 
^lait  dillicile  (|u'on  iiç  sou|içoimàt  pas 


BAS 

l'abbé  Baslou  d'y  être  pour  quelque 
chose,  et  il  se  trouva  ainsi  désigné  à 
l'animadversion    des   patriotes.    On 
l'inscrivit   sur  une  liste  de  déporta- 
tion et  on  le  fit  partir  dans  les  pre- 
miers jours  de  septembre  1792.  Sa 
présence  d'esprit  et  son  courage  le 
sauvèrent  des  périls  qu'il  eut  a  cou- 
rir   dans    cette    époque    d'agitation 
et  de  délire.  Il  trouva  moyen  de  pas- 
ser   en  Angleterre    oiî    il    ne  resta 
qu'un  an.  Un  de  ses  amis,  qu'il   ne 
voulut  pas  quitter, l'entraîna  dans  les 
Pays-Bas ,    puis  en  Allemagne.    Ils 
passèrent    le    reste  de    leur   exil  à        ■ 
Coesfeld,  dans  l'évêché  de  Munster, 
et  l'abbé  Baston  y  rédigea  des  mé- 
moires particuliers  que  Ton  conserve 
dans  sa  famille.  Il  rentra  en   France 
en     1802   et  fut    nommé    chanoine, 
puis  grand-vicaire  de  Rouen.  Il  eut 
beaucoup  de  part  a  l'administration 
du  diocèse  sous  le  cardinal  Camba- 
cerès ,    sans   cesser  de   se  livrer   a 
l'exercice  du  ministère.  L'académie 
de  Rouen  Padmit  dans  son  sein  ;  et,         1 
depuis  i8o/|.  jusqu'en  18  ii,  il  y  lut         | 
plusieurs  mémoires  ,  dissertations  et 
opuscules.  Ses  talents  et  son  aptitude 
pour  les  aftaires  le  désignaient  natu- 
rellement à  l'épiscopat.  Le  i4  avril 
I  8  I  3  ,  Bonaparte  le  nomma  h  l'évê- 
ché de  Séez.  La  circonstance  n'était 
guère  favorable  ^    le  pape  se  trou- 
vait   alors    prisonnier    à    Fontaine- 
bleau  et    l'adminislralion    des  évè- 
ques    nommés    excitait    de    grandes 
divisions.  L'abbé  l^aston  ne  sut  point 
malheureusement   tempérer     par    la         j 
douceur   et    par  la  prudence  ce  quo 
sa  mission  avait  de  difficile  j   il  porta 
ju.s(pr;i  l'excès  l'exercice  d'une  auto- 
rité douteuse,  ne  tint  aucun  compte 
t\\i^    représenlalions ,  aliéna    les  es- 
prils    par  des  j)ar()les  aigres    et    ini- 
prudiulis,  et  consterna  le  diocèse  ca 
urdounaul  d'évacuer  le  séuiinairc,  ce 


qui  cul  lii'U  le   i:4   IV'vricr  TÎlii.îi^ 
ri'slauralion,  ([ui  siilvil  de   prt-s,  mil 
lui  il  ci's   iaiisscs    nu'siirc.s.  Le  cha- 
pitre (le   Sot/,    nrofila  de  sa  liberté 
pour   révncjiier    le    |i()iiv()ir    confère 
préeéilemmeiit  il  ral)l)é  l^aslon  (jiii  se 
relira  dans  sa  famille   a.  Saint-Lau- 
renl  près  Pont-Anilemcr.   Depuis,  il 
resta  dans  une  sorle  de  disgrâce  cl 
afiecla  même  dans  ([uelcpies  écrits  un 
peu  d\)pjM)sili()ii.  M.  de  Hernis  ,  de- 
venu arclicvè([ue  de  lloucn  ,  Tavait 
nommé  jjjrand-vicairc,  mais  le  minis- 
tère reiii^a  son  aiirémenl  11  ce  choix. 
L'abbë  lîaston  conserva  jusqu'à  la  fin 
toutes  ses  facultés  cl  mourut  à  Saint- 
Laurent,   le    1:6    septembre     182.5. 
Ceux  qui  Tout   connu  s'accordenl  h 
dire    qu'il    avait    autant    de    finesse 
dans  l'esprit  cpie  d'agrément  dans  le 
caractère.  Les  gens  du  monde    re- 
cherchaient son  entretien, cl  les  per- 
sonnes pieuses  se  félicitaient  de  sui- 
vre  ses   conseils.    Nous  ne  pouvons 
donner  ici   la  liste  complète  de   ses 
écrits,  qui  sont  nombreux  cl  sur  des 
matières  foi  t  diverses  5  nous  ne  cite- 
rons que  les  principaux  :  I.  Lettres 
de    Philétès    sur  une    controverse 
avec   les  curés   de   Lizieux ,  1776  , 
in-4-",  et  quelques  brochures  a  l'ap- 
pui de  ces  lettres   IL  Entrevues  du 
pape  Ganganclli^  servant  de  suite 
à  ses  lettres^  '^111 3  iu- 1 2 .  IIL  Vol- 
tairinieros    ou  première  journée 
lie  M.  de  V .  dans  V autre  monde, 
1779,  iu-i2  (ces  deux  ouvrages  sont 
dans  le  genre  desDialoguesdes  morts). 
IV.     IS arraiions  d'Omcii,  compa- 
gnon de  Cook^  1790J  -4  vol.  in- 8". 
V.  Plus  de  vingt  brochures  en  1791 
contre  la  constiluîion  civile  du  clergé 
ci  ses  partisans.  \  I.  Deux  brochures  a 
l'époque  de  .^a  rentrée  en  France  en 
1802,   pour  réconcilier  les  espriîs. 
Vn.    Solution  dune   question   de 
droit  c(uionique^  1821,  in-8";  c'est 

LVII. 


ÈAS 


•  39 


un  plaidover  eu    la\eur  (\c%  evi^pics 
nommés.  VI  11.    Vxirlaniations  pour 
rè'j^lise  de  France  contre  M.  de 
jMaistre^    2  volumes  in-S" ,  qui  pa- 
rurent en   1821    et  en    1824.    IX. 
Antidote  contre  les  erreurs  cl  la 
l'ëputation  de   /'Essai    sur   l'indif- 
férence,    1825,     in-8".     X.    Jean 
Bockelson,  ou  le  roi  de  Munslery 
fragment  historique  ^  i824,in-8". 
XL    Concordance   des  lois  civiles 
et    des     lois     ecclésiastiques     de 
France  sur    le  /narir/^e,     1824  , 
in-i  2.  XIL  Précis  sur  l'usure  attri- 
buée aux  prêts  de  commerce  ^  1824, 
in-8'^.  On  attribue    a  rai)bé  Baston 
quclcp.ies  articles  de  la   France  cU" 
tholique^  recueil  (jui  parut  en  1825. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  Le  Baniau 
ou  la  défense  des  animaux  con- 
tre Vhomme^  composé   avant  la  ré- 
volution;  une  exposition  de  sa  con- 
duite à  Séez ,  et  un  roman   inlilulé 
L'oncle  et  le  neveu^  oi!i  il  avait  fait 
entrer,  dil-on  ,  beaucoup  d'anecdotes 
de  In  révolution.   Sa    famille    pu])lia 
après  sa   mort  une  f'iotice   biou;ra- 
phique^    Rouen,   in-o''  de  5  feuilles 
d'impression,  tirée  li  00  exemplaires. 
Celte  notice  est  curieuse  et  renlermc 
une  nomenclature    exacte  des  écrits 
de  l'abbé   Baston 5  mais    le   portrait 
qu'on  fait  de  lui,  ayant  été  tracé  sur 
les  mémoires  (pi'il  avait  laissés  ,  a  pu 
être  un  peu  flatté.  Une  autre  notice 
a  paru  dans  V Anù  de  la'Relitriony 
numéros  1276,1281  et  i2855celle- 
ci  eu  est  extiaitc.        P — c — t. 

BASTOUL  (Louis),  général 
français,  né  a  Montolieu  ,  en  Laujrue- 
doc,  le  i3  août  1753,  fut  d'abord 
ouvrier  dans  une  manufacture ,  et 
s'eno;nfrea  dans  le  réiriment  de  Viva- 
rais,  lnfanterie,dèsrâgc  de  vingt  ans. 
Il  était  parvenu  au  grade  de  sergent 
lorsque  ce  corps  fut  licencié  eu  1790 
pour  cause  d'indiscipline.  Bastoul  se 

19 


ago 


BA.Î 


fixa  alors  a  Bélhune  ,  et  y  fut  nommé 
commandant  de  la  garde  uationalc , 
puis  chef  du  second  bataillon  des  vo- 
joiitaires  nalionaux  du  dépari emcnt 
du  Pas-de-Calais.  Cette  troupe  faisait 
partie  de  la  garnison  de  Lille  lorsque 
les  Autrichiens  vinrent  ras:)iéger 
dans  le  mois  de  septembre  1792. 
Basloul  y  dt'ploya])eaucoup  d'activité 
et  de  bravoure,  et  devint  général 
de  brigade.  Employé  dans  ce  grade 
aux  armées  du  Nord  et  de  Sam- 
bre-et-Meuse  ,  il  se  fît  encore  re- 
marquer en  plusieurs  occasions,  no- 
tamment aux  sièges  de  Landrecies , 
du  Quesnoy  ,  au  passage  du  Rhin  en 
1796  ,  et  aux  batailles  de  Wurlz- 
bourg,  de  Friedberg,  de  Salzbach  , 
et  surtout  a  celles  de  Neuwied,  le 
18  avril  1797  ,  t>l  de  Landshut , 
en  juillet  1800.  Ce  fut  lui  qui  pé- 
nétra le  premier  dans  cette  ville 
avec  sa  brigade,  après  en  avoir  en- 
foncé la  porte.  Le  courage  qu'il  mon- 
tra dans  cette  occasion  fut  signa- 
lé dans  le  rapport  officiel,  et  lui 
valut  le  grade  de  général  de  divi- 
sion. Il  commandait  en  cette  (jualité 
h  la  mémorable  bataille  de  Ilohcn- 
liuden  ,  sons  Morcau  ,  le  5  décembre 
de  la  même  ann-'c,  et  il  concourut 
puissammentîila  victoire;  maïs,  atteint 
(Pun  boulet  h  la  jambe,  il  fut  trans- 
porté a  Munich  et  y  mourut  des 
suites  de  celte  blessure  ,  le  â  janvier 
1801,  ayant  obsliiiémenl  refusé  do 
se  laisser  amputer,  parce  ({u'il  vou- 
lait,d!s;iil-ll, vivre  ou  mourir  tout  en- 
tier. C'était  un  homme  s.ins  éilucn- 
i\i>ii  (I  sachant  a  peine  lire  5  mais 
doué  de  beaucoup  d'iutilligenci-  pour 
lu  guerr(>  ,  el  m'u-ic  bravoure  à  toute 
«preuve.  M — I)  j. 

RASZKO  (  CoDl.-LAS  ),  c!k!- 
noiiie  de  l'oscn  ,  vivait  vers  la  fia 
du  treizième  siècle  ,  cl  a  laissé 
Ucs  /Jnri'iics  (le  hi  Gidiiilc  Polo- 


BAT 

gne  y  où  M.  Michel  Podczaszynski 
reraarcpie  qu'il  a  embrassé  aussi  tous 
les  faits  généraux  dont  la  monarchie 
entière  des  Piasts,  c'est-a-dire  de  la 
race  de  Ziémowit,  fils  de  Piasl ,  sim- 
ple cultivateur,  avait  été  le  théâtre 
Sa  chronique  commence  a  Tannée 
1227,  où  finit  celle  de  Boguchwal, 
abréviatcur  de  Mathieu  Cholewa  et 
de  Vincent  Radlabek.  Elle  a  été  im- 
primée dans  la  collection  de  Som- 
raersberg.  R — f — g. 

BATACCHI  (Dominique),  né 
a  Livourne  en  17495  ^  publié  un  re- 
cueil de  Novelle  sous  le  nom  du  père 
Athanase  de  Verocchio ,  et  un  poème 
eu  douze  chants  appelé  Zihaldone. 
Dans  ces  deux  ouvrages  Batacchi 
attatpie  toutes  les  classes  de  la  so- 
ciété :  son  style  est  mordant ,  âpre  , 
a  défaut  de  ces  armes  si  cruelles  l'au- 
teur emploie  le  ridicule,  nomme  quel- 
quefois les  personnaL^es  qu'il  traite 
avec  tant  d'injustice.  Beaucoup  d'Ita- 
liens considèrent  ses  productions 
comme  des  libi'lles  dillamatoires  ,  et 
reprochent  a  l'autour  les  obscénités 
odieuses  ([u'il  a  semées  dans  ses  vers. 
Si  de  tels  vices  ne  souillaient  pas  ces 
livres  ,  on  aimerait  a  y  louer  des  imi- 
tations heureuses  dans  le  genre  de 
IJcrui ,  des  détails  de  mœurs,  spiri- 
tuellement amenés,  et  souvent  un 
si  vie  élégant.  Batacchi  est  mort  en 
1802.  Son  recueil  a  été  traduit  en 
français,  par  Louit  île  Chaumont  , 
avocat  ,  sous  le  litre  de  Nouveiles 
galitnles  et  eriliques ,  Paris,  an  xii 
(l8o3),  4.  vol.  in- 18.  Celte  versitm 
nV'sl  p;is  moins  obscène  ijne  l'origi- 
nal. A — D. 

ILVTEr.ïiW  (ïuoMAs) ,  méde- 
cin anglais,  élève  du  docteur  Willanel 
dépositaire  (lèses  Hîannscrils,  s'occupa 
comme  lui  d'une  nuinièrc  spéciale  (\v^ 
an'edions  cutanées.  Il  exerça  l'art  de 
guérir  h  Londres  ,  où  il   lut  médecin 


RAT  BAT  9<)r 

d'un  (lispensaiio  «1  de  rin'iivilal  ron-  III.  5^8;  SuLiKow,  XLIV,  190,  et 

sarii'  aux  iTialndifs  It-brllcs.  Il  nioiirul  ci-.ipr»'>. 

àM}iill)y,vlll(>  d-.i  (omliMrVork,  h         UATIIIIRST     (lord   Bk.vja- 
»)  avril  \l\2i,    à^é  de   43  ans.   vSoii  :\ii\  }  ,    né    vn    1784,   H    Loodrcs, 
grand  ouvra{;r  sur  les  maladies  de  la  d'une  famille   illustre    {Voy.    1>a- 
peau  (\sl  intitulé  :   DcVuical'wufi  of  TiiunsT,TIIj  5  ir>),rr(.iil  nnchrillantc 
thc  cuhxtitous  diseaaes  roin/niscd  éducation,  cl  lui  dès  sa  jeunesse  dcs- 
///  l/ic    rldssification  of  ihv  lata  liné  a  la  diplomatie.  Une  mission  lui 
doctov  n  illfui,  Londres,  1817,  ayanl  été  confiée  auprès  de  la  cour  de 
in-4",    avec  70   planches  coloriées.  Vienne  ,  en  1809,  il  revenaitde  celle 
Bateman  a  aussi  publié  sur  les  mêmes  capitale    avec   àc&   dépêches    d'une 
maladies    un     traité    plus    abrégé:  grande  importance,  lors(pf  il  disparut 
ApracUcal  sj/iopsis  of  culnncons  tout  k  coup, h  son  passage  près  dellam- 
discases  ,  Londres,    i8i3,  in-8",  bourg,  au  moment  où  il  allait  .s'cm- 
qui   a    été    traduit    en    français    par  barquer  pour  l'Angleterre.  Tout  an- 
M.    G.    Bertrand  ,   sur    la    S''  édi-  nonce  qu'il  lut  assa'^siné  par  suite  d'un 
lion  anglaise   avic  le  titre  suivant  :  crime  a  peu   près  sem1)lable  a  celui 
Abrégé  pratique  des  maladies  eu-  dont  le  major  Sinclair  (^  o^.  ce  nom, 
tances,  classées  daj)rcs  le  S)  slànic  XLII ,    4i3)  avait  été  victime.    On 
uosologi(/uc  du  docteur  Ti' illan ,  ne  trouva  d'autres  traces  de  sa  dis- 
Paris,     1820,  in-8'\    Cet    ouvrage  parution  qu'une  partie  de  ses  vêle- 
a  aussi  été  traduit  en  allemand    par  ments restée  sur  les  bords  dcTElbe. 
Abr.  Ilalmeman,  avec  une  préface  et  Cette  perte  causa   en  Angleterre   de 
des  notes  de  R.  Sprcngel ,  Halle  ,  très- vifs  regrets,  et  l'on  a  fait  long- 
i8i5,  in-S''.  Il  en  a  paru  une  Ira-  temps  d'inutiles  recherches  pour  con- 
duction  italienne  ,  Pavie,    1822,  2  naître   les    auteurs  du  crime.  Lors- 
vol.  in-8*^.  Les  classificaiionsde ^V il-  qu'en 1 8 1 5,rex-miuistre  de  la  police 
lan  et  de  Bateman  sont  fondées  sur  impériale,  Savary,    tomba  dans   les 
les  caractères   extérieurs  des  mala-  mains  des  Anglais, il  lui  fut  adressé  sur 
dies;  elles  oiit   été  suivies  avec  des  cet    événement,    par  le  ministre  Ba- 
modifications  par  quelques  médecins  ihurst,  beaucoup    de    questions   qui 
modernes.  Bateman  ne  rend  pas  ton-  n'eurent  point  de  résultat. — La  jeune 
jours    k    ses    contemporains,    entre  et  belle  miss  Bathurst  ,  qui  périt  si 
autres  k  M.  Alibert  ,  la  justice  qui  malheureusement  k  Pvome,  011  elle  se 
leur  est  due.  Il  est  encore  auteur  àcs  noyadansle  Tibre,  le  10  mars  1824, 
ouvrages  suivants.  I.  Reports  on  the  était  de  la  même  famille.     M — d  j. 
diseuses  ofLondon,  qnd  the  statc  B  A  T  H  Y  A  N I    (  Charles 
oftIie\\>entherfroni,\ZoI^.toiZiGj  Joseph,  prince  de),   de   l'une   des 
Londres,    i  816,  in-8°.  IL  y^  suc-  familles  les  plus  anciennes  et  les  plus 
cinct  account    of  the  coiitagious  distinguées  de   la   Hongrie  ,    naquit 
fever  of  this  contry,   as  exempli-  dans  celte  contrée  en  1 697 .  Il  y  avait 
Jied  in  the  épidémie nowprevaling  k  peine  un  an  qu'il  était  entré  au  ser- 
m  jLo/ir/c//,  Londres,  i8i8,in-8^\  vice  ,    que    sa   conduite    a    la    bn- 
G — T — R.  taille    de   Peterwaradin    (  i  7  1  6  )  et 
BATIIILDE.  /-  OJ-.  Batilde,  aux  .vièges  de  Temeswar  et  de   BiL 
III,    5 18.  grade    attira   lallentiou    du   prince 
BATIIORI.   Voy,   Battori,  Eugène.  Après  avoir  été  attaché  pcn- 

19- 


agi 


ÊAt 


dant  quoique  temps  a  l'ambassade  de 
Constaulinople ,  il  accompagna  ce 
prince  comme  général  (iy54.),  pour 
aller  combattre  les  Français  sur  le 
Khin.  Appelé  ensuite  a  l'armée  de 
Turquie  ,  sous  les  ordres  de  Kheven- 
huller ,  il  se  distingua  aux  journées 
de  Rudawalz  (lySy),  et  de  Cornia 
(1758).  Cette  dernière  lui  valut  le 
grade  de  général  de  cavalerie.  A  la 
paix,  il  fut  envoyé  comme  minislre 
plénipotentiaire  à  la  cour  de  Berlin* 
mais  il  fut  rappelé  dès  que  l'Aulri- 
clie  eut  connaissance  des  projets  am- 
Litieux  de  Frédéric  II  (174-1))  ^^  il 
vint  prendre  le  commandement  de  la 
cavalerie  dans  l'armée  qui  devait  com- 
battre les  Prussiens  sous  les  ordres 
du  prince  Charles  de  Lorraine.  A 
C'/aslau,  ce  fut  lui  (|ui  décida  le  succès 
du  commencement  de  la  journée  ;  mais 
l'infanterie  s'élani,  livrée  au  pillage, 
tous  ces  avantages  furent  perdus  ;  il 
protégea  la  retraite  avec  sa  cavalerie 
et  empêcha  que  cette  retraite  ne  de- 
vînt une  déroule.  Après  la  prise  de 
Prague,  où  il  repoussa  deux  attaques 
dirigées  sjr  la  narlie  méridionale  de 
la  ville,  il  suivit  J>îadastv  en  Bavière 
et  devint  gouverneur  de  ce  pays. 
L'allafjue  soudaine  du  roi  de  Prusse, 
en  1  744-)  et  son  invasion  en  P)ohème, 
avant  nécessité  des  ciiangcmcnts  dans 
les  opérations  militaires,  le  prince 
Charles  de  Lorraine  fut  rappelé  en 
toute  liàlc  de  l'Alsare,  où  Nadasly 
cl  Trann  avaient  pénétré  ,  et  Vm- 
ihyani,  a  la  tète  de  ses  Croates  et  des 
régiments  (pi;  avaient  occupé  la  lîa- 
vière,  se  réunit  au  prince  Cîiarles  tpii 
dut  cncoi'c  nue  lois  combattre  le  roi 
d('J*i  ussciila  tèie  de  soixante-six  mille 
liommes,  renforcés  encore  par  une 
année  «axone.  Frédéric  II  se  vil 
alors  conij'ainf  de  faire  sa  retraite  et 
d  évacuer  précipitamment  l'rague  et 
toute  la  Bohême  ;  abandonnant  son 


BAT 

artillerie  et  ses  ba<ra2:es  ,  et  ne  sOn-» 
géant  plus  qu'a  couvrir  la  Silésie. — 
L'évacuation  de  la  Bavière  par  les 
troupes  impériales  avait  fourni  a  l'em- 
pereur Charles  VII  l'occasion  de  ren- 
trer dans  ses  états  héréditaires,  et  il 
était  revenu  a  Munich  dans  le  mois 
d'octobre.  Mais  Pathyani  ,  alors 
feld-maréchal ,  pénétra  pour  la  Iroi- 
sième  fois  dans  l'Electorat ,  s'empara 
de  Bilshofen  où  il  fit  2,000  Hessois 
prisonniers  ,  força  le  passage  de  l'A- 
bens ,  prit  Dingelfîngen  ,  et  se  rendit 
maître  de  tout  le  pays,  après  avoir 
remporté  la  victoire  de  Pfaffenho- 
fen  ,  sur  les  troupes  du  Palatinat  et 
les  Français  réunis  sous  le  comman- 
dement du  maréchal  de  Sésrur.  Le  suc- 

o 

ces  des  armes  autrichiennes  détermina 
l'électeur  Maximilien  a  demander  la 
paix  ;  Marie-Thérèse  la  lui  accorda 
et  le  traité  fut  siînié  à  Fuessen  le  22 
avril  1745.  Baliiyani  fit  ensuite  la 
guerre  dans  les  Pavs-Bas,  et  se  trouva 
aux  batailles  de  llaucoux  et  de  Law- 
feld  (2  juin  ijij)'  A  cette  dernière 
ilseniaintint  dans  sa  position  juscpi'à 
ce  (pie  le  duc  de  Cumberland  lui  eût 
envoyé  dire  qu'il  allait  se  retirer. 
P\alhyaiii  ne  quitta  Parmée  anglaise 
qu'il  la  paix  d'Aix-la-Chapelle.  La  se 
termina  sa  carrière  militaire.  Après 
l'avoir  élevé  ii  la  dignité  de  prince  , 
Mai  ie-Thérèse  le  nomma  conseiller 
intime  ,  et  lui  conlia  l'éducation  (hî 
l'nrcliidiic  Joseph.  Décoré  de  plu- 
sieurs ordres  ,  comblé  de  bienfaits  par 
celle  ]irinres-;e  et  par  François  1'"'  , 
il  passa  de  lon;?jiies  années  dans  la  po- 
silion  la  plus  brillante,  et  mourut  h 
Vienne,  le  i  5  avril   1772.  Z. 

1L\TIIVA\I  (le  comte  IcNACK 
Dk),  de  'a  Mièine  lanulle  (pie  le  précé- 
diiil,  est  undes  'prélals  les  plusdi.slin- 
gués  (pliaient  occupé  le  siège  episcopal 
de  Transylvanie.  INé  le  "m)  jain  ier 
174  I,  dans  la  Hongrie,  il  fil  ses  élu- 


(les  niix  uirivci-i>;tcs  .!.•  Va^nr  cl   do  «4  p.  Cd  opuscule  parut  sous  h'  nom 

Mniiir,   iMubrassi  Tt'lal  co  K'siasli-  iVÀ^/anut/is   Palhulitts,   IL    Lci^es 

(lue  cl  parla};ca  son  Icmps  ciilrc  ses  <-crl(siaslir,r  Ixci^ni  Jl.iint;ari((!  et 

(li'voirs   i-l    11    lullun-   à^:^  sciences.  proviiiciitiuiiitKljiiccnlitdiicoUi'clœ 

Nommé,    m    1781,    à   rcvèclié   de  cL  UlusIrntœ.W  i^\^^vmU)\\v^  [Albœ 

Wi-lsscmlunirg (i) ,  il  donna  ses  pre-  CfiroUnœ),  i  y^f)  ,  j;r.  iu-fol,  loin. 

mlers  soins  à  r.ulniinislralion  do  son  !"'•   On   ignore  si   celte   imporlanle 

diocèse  cl  puMia  d\ililcs  rtyemenis  colleclion  a  clé  leniilnée.      \V— s. 
pour  son  clergé;  mais  ,  dans  le  même  BATOU.    yoy.    Batu  ,   111, 

temps,  il  se  luoulrail  le  prolecleiir  53  i. 

éclaire  des  sciences  ,   accucillanl  les  BATTAGLÎA    (François), 

savants  et  niellant  h  leur  disposition  senaleur   de    Yetiisc,    était    issu    do 

une  bihliolliècpic  précieuse,  (pi'il  avait  Tune  i\cs  familles  les  pins  disliiiLMiées 

formée  a  «grands  Irais.  En  1796,  il  lit  de  celle  aulicpic  république.  Imhu  de 

construire  a  CarUbourg    un    obser-  tous  les  systèmes  des  novateurs,  il  se 

valoire  cl  le  fournil  de  tous  les  ins-  montra  dès  le  commencement  de  la 

trumenls  nécessaires.  Ce  prélat  mou-  révo'ution  de  France  un  de  ses  plus 

rul  dans  sa  ville  épiscopale,  le   17  cliauds  partisans  ;  et  lorscpie  l'armée 

novembre   1798(2),   âgé  seulement  française  envabit  l'Italie  ,  eu  1796, 

de  57  ans.  Sa  mort  fut  une  perle  pour  il  proposa  ouverlemenl  dans  le  sénat 

rastronomie.   Par  son  testament  il  de  former  une  alliance  entre  les  deux 

légua  sa  riche  bibliothèque  avec  une  républiques.   Cet  a\is   ne    fut  point 

somme  de  4-0,000  florins  a  l'observa-  adopté,    mais   Baltaglia  fut  nommé 

loire  qu'il  avait  fondé.  M.  Aut.  Mar-  provéditeur  extraordinaire  des  Etals 

toufi  ,  le  directeur  ,  eu  a  publié  la  An^-  de  terre  ferme  ,  a  la  place  de  Nicolas 

cripliou  sous  ce  titre  :  Initia  aslro-  Foscarini.  Bergame,  Brcscia  et  qucl- 

noniica  speculœ  Balhianœ ,  Wcis-  ques  autres  villes  des  Elals  véniliens 

sembourg,  1798,  in-8°  de  4-2^  p.  de    terre   ferme,    demandaient  leur 

Outre  uue  traduction  latine  du  Ma-  réunion  k   la  Cisalpine.  Le  19  mars 

nuel  de  Beuvelet  [Voy.  ce  nom  ,  ci-  1  797  ,  le  parti  révolutionnaire  qui  y 

après)    et   la   première    édition    des  dominait  fil  arrêter  Ealtagliaj  il  fut 

OEuvres   du    B.    Gérard  ,   évêque  menacé  cl  chassé  de  Brescia,  et  forcé 

de  Chodna(K.  ce  nom,  au  Suppl.),  de   retourner  a    Venise,    où    il    fut 

on    doit    au     comte    de   Balhyani  :  nommé  riV'0£,'vz<r/o/-6',  c'esl-a-dire  l'un 

I.    Ilesponsa  ad  dubia   anoiiymi  ^'^^  trois  tribuns  de  la  république. 

fuh'crsusprivilegiiun  S.  Stéphanie  Mais,  la  situation  de  cette  république 

S.   iMartird  de  monte  Pannoniœ  devenant  de  jour  en  jour  plus  alar- 

archi-ahhatiœ    concesswn  ^    anno  îTianlc ,    le    sénat  ne    vit  pas  d'autre 

looi  ,  proposita;  1779,  iu-8^  de  moyen  de  conjurer  Forage  que  d'en- 

_^ vover     des    commissaires  a  Bona- 

(.)  Cette  viUc  se  nomme  en  iali.i  .^W«  /„//a  P'^l'^C  ,      ct     h    choix  toiuba  SUr  Bat- 

ou  ^iiba  Caroiina.  taiilia  e t  Daudolo .  Bal taiilia  cu t  avcc Ic 

(a)   \)n\is  son  Examen  crilintte  des  Dictionnaires,  /     /      i  i      r  i     1  f 

si    rempli  d'erreurs  cl  d'inexactitudes  ,  Barbier  général  CU  c!:et  (iC  loUgUCS  COnlcrcnCCS 

fixe  la  <Iale  de  la  mort  d^'evèquc  de  Transyl-  J-^ps     lesqUcUeS     Cclui-ci     le     séduisit 
vaiiie  au  27  brumaire  an  vri  (  1709)  ,  oubliant  1,       '  •'  '     1 

que  l'année  avait  coinnirncé  le  21  scpiembro  Complètement  par  SCS  insnicrcs  a-la- 

1798.  Colle  inadverlance  si  facile  à  rccl. fier  a  itc  f,,]^,  insiniianlcs  cl  dcspot  i(|UCS.  Il  fut 
copiée  dans  la  liio^rapluc  portative  des  Conlcin-  ,  .  c    •  1  i-     '     1 

porums.KXz,  iicannioius  encore  une  lois  oblige  de 


Î194                   BAT  BAÏ 

retourner  a  Venise,  lorsque  Bona-  BATTEL  (André)  ,  voyageur 
parle  s'empara  ouverlemenl  de  Vé-  anglais,  ne  dans  le  comté  d'Essex  , 
rone  cl  de  toutes  les  antres  villes  vers  i565  ,  s'embarqua  le  20  a\ril 
de  terre  ferme.  Ce  fut  alors  que  1689,  ^  Londres,  sur  un  navire 
parut,  sous  le  nom  du  provéditeur ,  marci  and  (jui  faisait  voile  pour  le  Rio 
une  espèce  de  manifeste  ou  de  décla-  de  la  Plata,  avec  deux  autres  petits 
ration  de  guerre  contre  les  Français,  hâtimenls.  Après  un  vovage  difficile , 
dont  le  but  était  évidemment  d'exci-  les  Anijj'ais  arrivèrent  en  automne  à 
1er  des  récriminations  et  des  vengean-  l'embouchure  du  fleuve  5  mais  le 
ces  qui  devaient  amener  !a  ruine  de  manque  de  vivres  ,  car  ils  furent  ré- 
la  république.  Battaglia  se  Làta  de  duits  a  se  nourrir  de  la  chair  des 
démentir  cette  pièce  mensongère,  et  phoques  qu  ils  assommaient  sur  une 
le  sénat  en  repoussa  également  la  res-  île  déserte  ,  et  un  coup  de  vent  qui 
ponsabilité  (i).  La  suite  des  évèue-  les  empêcha  de  faire  avancer  leurs 
ments  a  SLffisarament  prouvé  qu'en  chaloupes  contre  Buenos-Ayres  ,  les 
effet  l'un  et  l'autre  y  étaient  étran-  contraignirent  de  retourner  au  Nord 
gers.  Rentré  dans  le  sénat,  le  prové-  le  long  de  la  côte  du  Brésil.  Ils  ga- 
diteur  continua  d'y  user  de  tout  iion  gnèreut  une  île  du  port  de  Salnt-Sé- 
crédit  en  faveur  des  Français,  et  bastien  ,  où  est  aujourd'hui  la  ville 
il  s'ouvrit  entre  Pesaro  et  lui  {F^oy.  dcRio-Janeiro.  L'équipage  affamé  se 
pESAEO,  au  Supp.  ) ,  une  lutte  qui  ne  partagea  en  plusieurs  bandes  :  les 
devait  finir  qu'a  la  chute  de  la  repu-  uns  allèrent  a  la  pèche  ,  d'autres 
blique.  Ce  fut  ii  l'instigation  de  Balta-  cherchèrent  des  fruits  dans  les  bois, 
glia  qu'une  flotilie  partit  du  port  de  Sur  ces  entrcfiiites ,  des  sauvages  dé- 
Venise,  pour  transporter  jusque  dans  barques  dans  l'île  s'avancèrent  à  tra- 
cettc  ville  la  division  Baraguey  d'Hil-  vers  Àcs>  broussailles  et  se  saisirent  de 
Iiers()^6>^.  ce  nom,  dans  ce  volume),  cinq  Anglais,  du  nombre  desipiels 
Cependant,  lorsqu'il  vit  sa  patrie  li-  était  Battel.  Ces  prisonniers  furent 
vrée  aux  Autrichiens,  et  lorsqu'il  ne  menés  aux  Portugais,  et  n'éprouvè- 
lui  fut  plus  possible  de  se  faire  illu-  reut  d'autre  désagrément  que  celui 
sion  sur  le  véritable  but  de  tant  d'in-  de  la  perte  de  leur  liberté.  Au  bout 
trigues,  Battaglia  en  conçut  un  clia-  de  quatre  mois,  Baltel  et  un  de  ses 
griu  si  profond,  qu'il  mourut  à  Ve-  conipaguous  furent  mis  h  bord  d'un 
nise  en  1799  ,  quebjues  mois  après  pa([uebot  dcstiué  pour  Saint-l*aid-de- 
Poccupation  de  celle  ville  par  les  Loauda  à  la  cote  d'Afrique.  Au  sor- 
Iroupesaulricliiennes. — Battaglia,  lir  'bi  bàlimenl  Battel  fut  emprisonné, 
colonel  des  gardes  d'iionneur  du  et  biculùl  après  conduit  h  cent  trente 
royaume  d'Italie,  mourut  h  Smolensk,  milles  de  distance  dans  un  fort  sur 
en  1812,  par  suite  des  fatigues  et  les  rives  du  Couanza  5  il  y  menait 
i\i^!i  souffrances  qu'il  essura  dans  la  depuis  deux  mois  uue  existence  fort 
retraite  de  Moskou.  *  M i)  j.  Uh\c  ,  (|uand  la  mort  snbile  d'uu  pi- 
lote porluirais  lui  fit  coiilier  le  com- 


(,)  (>manir...i.av«iui..f..iMi.,m'..\Mil..M,..r  i"an(lnneut  d'uue  péniche  qu'il   lut 

jun  nomiiir  Snlvmlori  i|ui  l'avait  iiisiTiJ  «Ijin»  s.iii  fliargé    (le   f.llrC   deSCeiulrC    U"    lleUVO 

tournai  \v>  rUerinumvIrt  iwiilKliie,  ()!»lig«^  de  (iiiii  •  ><     i  l         IT  I      J*  .1 '1  I  . 

1er  ri..i,., .-,.  .7.,y.  ,0  j..nrnai>,,t..  s.-  .«fug'..  a  l"*^'!"  ^  Loauda.  Une  maladie  lerril)Ie 

liirir.  ixt  il  v.i:ui  i()n-;u'ni|.s  iii.iibmi.eux ,  n  !(,>  lourmeula  pouclanl  luill  luols  J  (ukurI 

i,nit  i»,ir  ••«  iii>ycr  tlniis  tu  Sfiiu-  iiour  liTtainrr  1          ,                       >    \              ,  ^       1 

ne  T.t  luu.rubk-  cui.'.i...n„r..-.  il  cut  Tccouvrc  U  .saulc  ,  Ic  gouvcr- 


lu'iir  lie  Lu.iudii  le  cluir|;i'.-i  de  roii- 
(liiire  un  priil  navire  «jui  ilovail  aller 
clierclicr  de  l'ivoire  ,  de  l'imile  de 
j\ilme  el  du  i>lé  tlaiis  le  Zaïre.  Son 
ex|i(lilioM  Int  lieurciise ,  ce  qui  lui 
valut  de  iinuvelles  commissions  du 
même  «;enre  el  la  ])romesse  de  sa  11- 
bcrlé,  s'il  contiiuiail  a  servir  avec  le 
môme  zMe.  Cependant  il  essava  de 
.se  sauver  sur  nn  navire  hollandais  5 
mais  ayant  été  dccouverl,  il  lui  ra- 
mené a  terre  ,  jelé  dans  nn  cacliol 
où  il  passa  deux  nmis ,  et  banni  en- 
suile  a  î\Jassan«î|ano  dans  l'inU^rieur, 
ou  il  resta  six  ans.  S'élaut  enfui  alors, 
avec  plusieurs  comna^nons  d'infor- 
tgne,  il  lui  repris  par  les  Portu- 
gais cl  traîné  à  Loanda  ;  il  y  était 
au  cachot  depuis  trois  mois  ([uand  on 
le  fit  enlrer  dans  une  troupe  de  (pla- 
ire eenls  bannis  qui  venaient  d'arri- 
ver du  Portugal,  et  qui  parlaient  pour 
la  jirovincc  d'illiamba.  Ballel  était 
condamné  à  porter  les  armes  pendant 
toule  sa  vie  au  service  du  roi  de  Por- 
tugal dans  le  Congo.  L'armée  lit  de 
nombreuses  conquêtes  et  iinbutin  im- 
mense. Battel  blessé  sjrièvement  h  la 
jambe  ,  fut  transporté  à  Loanda ,  puis 
employé  a  commercer  le  long  de  la 
côte.  Ayant  pris  part  a  une  expédi- 
tion militaire  dans  Tinlérieur,  les 
Portugais  ses  compagnons  le  laissè- 
rent en  otage  aux  nègres  ,  en  lui  pro- 
mettant de  revenir  dans  deux  mois  et 
lui  donnant  un  fusil  et  une  petite  pro- 
vision de  munitions.  Le  terme  expiré, 
B.iltel  fut  traité  avec  rigueur,  cepen- 
dant il  avait  la  faculté  d'aller  d'un 
lieu  à  nn  autre,  et  il  en  profita  "pour 
parcourir  le  pays.  Au  bout  de  seize 
mois  les  nègres  revinrent  vers  l'ouest; 
Ballel  qui  avait  conslammenl  joui  de 
beaucoup  de  considération  parmi  eux 
a  cause  de  son  fusil ,  profita  d'un  mo- 
ment favorable  pour  se  rendre  a  Mas- 
sangano.  Le  gouverneur  portugais  le 


BAI 


■>'.)■' 


créa  sergent  \  et  l'armée  rem])orla  .li; 
iiond)reux  avantages.  Ballel  servait 
depuis  deux  ans  ,  lorsfpie  des  mis- 
sioiniaires  annoncèrent  la  mort  de  la 
reine  Eliiabelh,  l'avènement  de  Jac- 
ques P*",  et  la  conclusion  de  la  paix 
avec  les  Espagnols ,  alors  maîtres  du 
Portuiral.  Battel  déclara  son  intention 
de  retourner  dans  sa  patrie  ,  le  gou- 
verneur y  consentit  ,   niais  ensuite  il 
rétracta  sa  parole  5  Battel  irrité  se 
relira  dans  les  bois  ,  résolu  d  y  vivre 
jdscpia  I  arrivée   d  un   nouveau  gou- 
verneur qu'on  attendait .  Un  jour  (ju'il 
s'était  rapproché  de  la  mer,  il  ren- 
contra une  chaloupe  dont  le  patron 
était  de  sesamis,  et  consentit  a  le  met- 
tre a  terre  dans  le  portdeLoango.  Il 
y  demeura  trois  ans  parmi  les  nègres, 
revint  ensuite  en  Angleterre,  et  s'éta- 
blit a  L'^igb, dans  le  comté  d'Essex,où 
il  passa  tranquillement  le  reste  de  ses 
jo'irs- Lerécit  de  ^Ç:?>  aventures,  pu- 
blié par  Purcbas  ,  qui  l'a  inséré  dans 
son  recueil,   t.  11,  liv.  vu,  porre 
ce  titre  un  peu  extraordinaire  :  Les 
éirana^es  aventures  d' André  Bat- 
tel,  de  Leigh  ,  en  Essex ;  ejivojé 
parles  Portugais priso/i/iier à  A/i- 
golaj  et  qui  avécii  là  ainsi  que  dans 
les  contrées  voisines  pendant  près 
de  d.x-huit  ans.  Pinkerlon  a  réim- 
primé cette  relation  dans  sa  collec- 
tion, de  Foyages^  t.   XVL  Ou  en 
trouve  l'extrait  daus    l'Hisloirc    des 
vovaires  de  Prévost ,  et  dans  tous  les 
livres  de  ce  genre.  Purchas  nomuic 
Battel   son   cher  voisin  et  rend  té- 
nioiouaire   a.   ses    lumières    et   a  sa 
bonne  foi;  ils  travaillèrent  de  con- 
cert à  rédiger  sa  relation.  Elle  con- 
firme sur  beaucoup   de  points  celle 
de  Lopez  {Voy.  ce  nom,  XX\,  34^), 
elle  donne  également  beaucoup  de 
détails  intéressants  sur  les  mœurs  des 
nègres  du  Congo.    Battel  parle  eu 
témoin  oculaire  de  l'horrible  aiilhro- 


K 


296                   BAT  BAT 

)opbagiedcs  Jagas.  La  traduclion  de  contrée,  Batlisli,  voulant  rester  fidèle 
^revost  est  peu  exacte  5   elle  a  été  à  l'empereur,  revint  en  Autriche  ;  et 
reproduite    sans    changements    dans  en  1804.  il  fut  envoyé  en  Dalmalie 
V Histoire  ^éncî'nle  des  P^oj^nges  comme  conseiller  du  gouvernement  et 
de  M.Walckenaer.  Quelques  écrivains  médecin  délégué  de  rempereur.  Les 
ont  voulu  révoquer  en  doute  la  vé-  Français    élant  devenus  maîtres  des 
racité  de  Battel;  mais  Taulorité  d'un  provinces illjrieuncs,  parle  traité  de 
homme  aussi  judicieux  que  Purchas  Vienne,  en  1809,  Ballisti  se  retira 
doit  faire  cesser  la  défiance  inspirée  dans  Tîle  de  Pago,  puis  a  Zara,  où  il 
aux  lecteurs  sérieux  par  le  titre  du  li-  exerça  la  médecine  et  délivra  les  ha- 
vre. Les  Anglais  en  font  d'anlanl  plus  bitants    d'une   maladie    contagieuse, 
de  cas,  que  c'est  la  première  relation  Lorsque  la  Dalmalie   fut  rendue  a 
originale   donnée  dans  leur  langue,  l'Autriche  en  1814.,  il  recouvra  son 
qui  contienne  des  renseignements  sur  emploi  de  conseiller,  et  en  1818  il 
le  Congo.                                E — s.  eut  l'honneur  d'accompagner  Tinipé- 
15ATTISTI  (Barthllemi)  na-  ratrice  Caroline,  déjà  infirme,  dans 
quit  le  i4- mai  I  y55,  à  Roveredo,  pe-  un    voyage   maritime    en  Dalniali^\ 
lite  ville  du  Tyrol  italien  ,  illustrée  Celte  princesse  lui  fit  don  d'une  ba- 
dans  le  dernier  siècle  par  Tartarotli,  gue  en  diamants  ,  et  l'empereur  Fran- 
Yaunetli,  et  les  deux  Fonlana.  Après  cois  L'"^  lui  accorda  sa  retraite  avec 
avoir  fait  ses  premières  études  dans  tous  ses  appointemenls.   11  se  relira 
sa    patrie,    il    passa    à   l'université  a'ors  hFiume,  où  il  mounil  le  6  mai 
dlnsprurk   pour  y  éludier   la  phi-  i83i.                               G — c — y. 
losophie  et  la  médecine.  A  Tàgc  de  BATTOïlï  (Elisabeth,  prin- 
112  ans  il  traduisit  de  l'allemand  en  ce:-se  de)  ,   nièce  d'Elienne  Ikillori 
iidi\\cn\iis,  hisLruclioiis  nic'dico-pra-  roi    de    Pologne,    fut    Pépouse    de 
lif/ucs   à  l'usage  des   chirurgiens  François  Nadasly,    grand  seigneur 
civils  et  militaires  ^    1767  ,  1   vol.  hongrois  au  commencement  du  dix- 
in-8°,   ouvrage  qui  fut  loué  par  le  scplièrae   siècle,  et   frappa   d'épou- 
premicr-Tiédecin  de  Vienne,  le  baron  vante  toule  la  Hongrie  par  une  lero- 
de  Slorck.   C'est  à  cette  traduction  cité  qui   n'avait  point  eu  d'exenq;lc 
qu'il  dut  Ja  proleclion  de  l'impéra-  dans   les   siècles   précédenls,  el   (jui 
Irice  Marie-Thérèse  ,  qui  lui  lit  pré-  sans  doulc  n'en  aura  jamais.    Celle 
sent  d'une  médaille  en  or.  11  se  ren-  ])rincesse   avait  rassemblé  dans  son 
dit  à  Vienne  pour  y  étudier  la  clini-  chàleau  de  Cseilhe  (pielcpies  jeunes 
(pie   sous  le  célèhre  Sloll,    el  pour  personnes  issues  de  j)auvres  familles 
y      prendre    le    doclorat.     Sa    dis-  nobles   ou  patriciennes,    auxquelles 
serlalion  inaugurale,  ([u'il  lit  impri-  on  donnait   une  dot,  et  (pie  l'iui  ma- 
rner sous   le    titre    i)c  j\rminurutn  riait    il   certaines  épocpies  dans   des 
nu)rhis,  [\\\.    traduite    eu     plusieurs  jours  de  lète.  (^et  usage  s'est  conserva 
langues,  et  lui  lit  beaucoup  d  lion-  dans  les  grandes  maisons  de  la  Hon- 
neur.  Ya\   1784  il    lut  nommé  pre-  grie  jusipi'au  temps  de  J\larie-Thé- 
mier  médecin  du  grand    hôpital  de  rèse.  Elisabeth  punissait  les  plus  pe- 
Vienue  ,  el  en  1788  il  fut  envoyé  en  liles  fautes  de  ces  jeunes  personnes 
Lo/tibardie  comme  insperteur  des  ho-  avec   une  sévérité   qui   leiiail    de    la 
pitaux  cldirecteur  de  celui  (le  IMilan.  cruauté  et  elle   prenait  plaisir  il  les 
Loisijue  les  Français  occunèrvnlcellc  \  oir  soulliir.  Un  jour  cnajaul  fait  Irap- 


|)(T  uiir  avec  \u)loiic"('  cl  le  saii^';  de 
celle  iiifoiiuiu'c  ayant  rcj.iilli  sur  son 
^isa|;c,  clic  crut  en  l'essuvanls'apcr- 
ci'voir  (jue  sa  jumu  l'iail  devenue  plus 
Mandu'  el  plus  douce  ii  la  place  (jue 
le  sang  avail  couver  le  j  croyant  avoir 
trouvé  un  nioven  de  se  rajeunir  el  de 
recouvrer  les  ail  rails  de  ses  premiè- 
res années  ,  elle  conçut  Tidéc  de 
jJKMidre  des  bains  dans  le  snnj;  de  ses 
Aielinies,  cl  elle  ne  craiii^nil  pas  de 
faire  part  de  celle  lioriihie  pensée  a 
deux  vieilles  parentes  et  a  Filsko  , 
nain  de  sa  cour  ,  qui  devinrent  ses 
complices.  On  porte  Jusqu'à  trois 
cents  le  nond)re  (.h'S  jeunes  filles 
(pii  furent  immolées  successivement 
dans  le  plus  grand  secret.  Cependant 
(pichpies  circonstances  furent  enfin 
connues  du  public^  et  la  disparition 
d'une  jeune  personne  qui  avait  été 
promise  en  mariage  acheva  de  tout 
révéler.  Celui  K  qui  elle  devait  don- 
ner sa  main  répandit  l'argent  dans  le 
cliàleau  de  Cseithe  5  ses  soupçons  se 
cjulirmèreuty  et  il  parvint  même  îi  se 
procurer  le  corps  de  la  malbeureuse 
victime.  Aussitôt  il  se  rend  a  Pres- 
bourg  ,  et,  devant  le  tribunal  assem- 
blé ,  il  pousse  un  cri  de  douleur  qui 
cxcile  une  indignation  générale.  Mais 
Je  rang  de  l'accusée  et  Timporlance 
des  faits  demandaient  de  promptes 
mesures.  Le  palatin  de  Hongrie  , 
George  Thurzo  ,  s'étant  rendu  lui- 
même  a  Cseitbc,  surprit  les  coupa- 
bles en  flagrant  délit.  On  venait  d'é- 
gorger une  nouvelle  victime  et  son 
sang  coulait  encore  dans  le  pot  da 
terre  destiné  a  être  versé  dans  le 
bain  d'Elisabeth  ..  Bientôt  livrées  a  la 
justice,  les  deux  femmes  (jui  avaient 
exécuté  toutes  les  cruautés  de  celle 
princesse  furent  condamnées  a  avoir 
la  main  droite  et  la  télc  coupées  :  on 
coupa  aussi  la  main  droite  an  nain  , 
et  il  fut  brûlé  vif.  Eli^jabelh  fut  cu- 


BA.T 


'î)7 


fermée  dans  une  prison  obscure,  mu- 
rée de  Ions  côlés;  et  elle  mourut  en 
1614,  après  avoir  langui  pendant 
trois  ans.  Les  faits  de  ce  procès  ont 
été  imprimés^  il  est  inqiossible  de-  les 
lire  sans  Irémir  d'iiorreiir.  Le  clià- 
leau de  Cseitlie  ,  (pii  a  appartenu  au. 
roi  iAIalhias  Corvin  et  ;l  l'empereur 
Maximilien  II,  est  tombé  en  ruines. 
Le  concierge  montrait  encore  naguèro 
aux  voyageurs  le  théâtre!  de  ces  atro- 
cités, la  cave  profonde  où  l'on  jetait 
les  cadavres ,  le  gros  pot  de  terre  où 
l'on  recevait  le  sang  des  victimes  et 
le  lieu  où  des  monstres  venaient  ré- 
pandre ce  sang  sur  le  corps  d'Elisa- 
beth... G — Y. 

BATZ  (Manaud  m,  baron  de), 
fut  l'un  (\{i^  quatre  guerriers  (jui,  eu 
1677,  sauvèrent  la  vie  à  Henri  IV  , 
lors  de  son  entrée  dans  la  ville  d'Lan- 
sc,  alors  place  forte  au  duché  d^Al- 
bret.  Séparé  des  siens  par  une  in- 
fâme trahison  ,  le  prince  fut  assailli 
par  toute  la  garnison  ,  au  cri  de  : 
«  Tirez  à  la  hraje  verte  ;  »  c'était 
Henri  qui  la  portait,  et  qui,  blessé  , 
dut  son  salut  aux  quatre  braves  qui 
le  défendirent,  jusqu'au  moment  où 
ses  troupes  entrèrent  dans  la  ville  et 
le  délivrèrent.  Ce  prince,  dans  ses 
nombreuses  lettres  au   sei'-^neur    de 

o 

Batz,  lui  parle  souvent  de  ce  trait 
de  valeur  avec  une  grâce  qui  fait 
autant  d'honneur  au  monarque  qu'au 
guerrier  k  qui  elles  sont  adres- 
sées. Ce  digne  chcvaiier  fut  ,  en 
celte  circonstance ,  plus  heureux  , 
mais  non  pas  plus  intrépide  ni  plus 
dévoué  a  son  roi,  que  ne  l'a  été  son 
arrièic-petit-fils  dans  l'aclion  du  21 
janvier  1793  [J^oy.  l'art,  suivant). 
Les  Lettres  de  Henri  IV  à  Dla- 
naud,  baron  de Batz,  ont  été  im- 
primées ,  Paris,    18..,  in- 8*^. 

E — K — D. 
BATZ  (  Je.vn  de  )  ,  barou  do 


298  BAT  BAT 

Balz  cl  de  Sainte-Croix,  naquit   h  baron  de  Balz  sortit  de  France  après 

Goulz,  près  de  Tarfas,  le  26  décem-  la  session  ;  mais  il  y  rentra  dès  qu'il 

bre  1760,  de  la  même  famille  que  le  vit  que  la  cause  du  roi  s'affaiblissait 

précédent,  qui  est  l'une  des  plus  an-  par  l'émigration.  On  lit  ces  mois  a  la 

ciennes  de  sa  province  ,    et  dont  on  date  du  i*^"^  juillet  1792,   dans   les 

trouve  la  notice  parmi  celles  des  grands  journaux  écrits  de  la  main  de  Louis 

feudatairesdeFrancc(i).Ilélaitgrand  XVI,   et   saisis    aux  Tuileries    dans 

sénéchal  de  Kérac  et  du  duclié  d'Al-  l'armoire  de  fer  :    «  Pvetoiir  et  par- 

bret,  lorsqu'il  fui  élu  dcpulé  de  la  no--  «  faite  conduite  de  M.  Balz,  à  qui  je 

blesse  de  cette  sénéchaussée  aux  états-  «  redois  cinq  cent  douze  mille  fr. ,  » 

généraux, en  I  789.  Onluiavait  donné  expressions    qui    allcslent   quelques 

le  comte  d'Arlois  pour  premier  col-  particularités   de  la  haule  confiance 

lègue  de  dépulalion  ;  mais  ,  maigre  que  ce  prince  avait  en  lui  et  qu'il  n'a 

ses  instances,  ce  prince,  pour  se  ccn-  point  révélées.  Après  le  10  août,  il 

former  aux  inlentionsdu  roi,  crut  ne  quitta  de  nouveau   la  France.  A  la 

pas  devoir  accepter.   Le   baron   de  nouvelle   que  le  procès  du  roi  s'eu- 

Batz  siégea  au  côté  droit  de  Tassera-  gageait,  il  forma  le  dessein  de  l'enle- 

hUc  et  s'y  distingua  pur  des  connais-  ver  de  vive  force  j  mais,  accouru  a 

sauces  réelles  en  matière  de  finances.  Paris  dans  les  premiers  jours  de  jan- 

Nommé  membre  du  comité  de  ce  nom,  vier,  il  reconnut  l'impossibililé    de 

il    en  combattit   vivement  les  plans^  tenter    au  Temple  cette  délivrance. 

surtout   pour  la    création    i\cs  assi-  Dès-lors ,  il   résolut  de    l'exécuter 

gnats,    qu'il  assimila   avec    tant    de  pendant  le  trajet  fort   long    que  ce 

raison,  coir.me  révèneracnl  l'a  prou-  prince    aurait     k  parcourir    jusqu'à 

vé,  aux  billets  de  la  banque  de  Law.  Téchafaud.    Parvenu   h   former   une 

Président  du  comité  de  liquidation  ,  association  d'environ  deux  mille  jcu- 

ilfilplusieursrapportssurladeltepu-  nés  gens,  il  avait  concerté  h  la   liate 

bli(jue"  et,  parmi  les  causes  du  delà-  les  mesures  les  plus  propres  à  réussir, 

brement  des  finances,  il  signala  IV-  tandis  que  les  comités,  atin  de  pré- 

rier,  administrateur  des  eaux  de  Pa-  venir  les  mouvementsdont  ils  étaient 

ris,  comme  débiteur  de  vingt  millions  menacés  ,  avaient  ordonne  un  appa- 

envers  le  trésor  royal.  Il  appuj'a  dif-  rcil  formidable  autour  de  la  voilure, 

férenles     mesures     (ju'il    jugea    fort  et    des   di.spo.sitions   non    moins  ef- 

avanlageuses  a  l'étal  j  mais  par  suite  frayantes  j)0ur  le  lieu  de  l'exéeulion. 

de  son  opposition  constante  a  la  des-  La  Fatale  voilure   arrive  li  la  porte 

truclion  des  principes  de  la  monar-  Sjint-Denisj  placé  sur  la  hauteur  du 

chje,  et   persuadé  (jue  la  constiluiion  boulevarl  Boune-lNouvelle,  Balzcher- 

décréléc  en  amènerait  la  ruine,  il  si-  che  vainement,  dans  les  rues  latérales 

gna  les   protestations  des    12   cl   i5  d'où  latlatpie  doit  partir,  les  compa- 

seplembie    179  r  contre    les  opéra-  gnons  de  sou    entnpri.^e  :  elles  sont 

tions  de    l'assemblée   nationale.    Le  désertes.  Désespéré  de   cet  ahanilon 

et  juès  d'être  forcé  de  reculer  K  l'a])- 

(.)  .irtJ.  r.njini».Uuu-s,m.Mio,uuur  u,  prochc   de  la  voilure,   ilappeniàl 

pope  ï«o;  iiifid»!  i.«MA.;i>rK.  Si  l'on  trouv.;  iiiiii.s  cependant   deux   troupes  ,    Irès-fai- 

<'i't  iii'ticir  (|uol(|ui'.<(  faits  ili'jù  l'iuoulrt  pur  «l'ail"  Il       '     1         '    'i'  il 

Ir.H  liiMonnis.  c'rst  .priLs  i.iit   puis.,   lilln  ..!<••  ■l>les  a   1.1  VePllc  J    Cl  UCUX  jtMnuS    gCHS 

iiHntùin  M.nr.r  .,M  n,.,.s  i.i. .,„■  1,-h avonn . oiisi-  gortis  (le  TuM  d'cux  Ic  jui^ueiit.   Le 

ginin,  c'csl-ii-diic,  «luii.H  nos  Méinuirti  hiitvri'juii  .        i  ^     i 

*Mf  z.omj  A/^//,  j«  âiiiioH,  iiiomuul  cst  urgcut.  Accompaguc  «0 


CVS  (Iriix  lioniincs  inlrriudcs  cl  de 
l^i'\.iiix.  ils'oiun-  un  pass.im'  (|ii  on 
ne  ili<i|>iilc  j)(>iiit  ,  cl  s't'laiicc  avec 
tiix,  malj;iv  la  iléfrusc  expresse,  an 
travers  de  la  liaie  ;  chacun  lire  le  sa- 
bre ri  le  brandissanl,  ils  s'écrieni  à 
|dnsi«'nrs  reprises  •  «  A  nous,  Fran- 
ce rais!  A  nous  ceux  (jni  veulent  sau- 
ce ver  leur  roi  !  ...»  JNul  dans  les 
rangs  ne  répond  a  ce  cri  hcro'ujue. 
J.a  (erreur  i;lace  loules  les  ànics. 
lîalz  el  ses  dij^nes  amis  fjui  n'aper- 
çoivent aucun  niouveraenl  en  leur 
faveur,  repassent  au  travers  de  celle 
liaic  d'ho'nines  slupéfails  ;  ils  appel- 
lent les  deux  groupes,  ceux-ci  accou- 
raient. A  l'instant,  l'un  des  corps  de 
réserve,  averti  par  une  védclle,  fond 
sur  Balz  et  ses  braves  ;  les  deux 
jeunes  gens  veulent  se  jeter  dans  une 
maison  ,  ils  sont  massacrés  :  Batz 
et  Devaux  disparaissent.  Tous  ces 
faits  avoués  par  Devaux  dans  les  in- 
terrogatoires qu'il  a  subis,  et  d'après 
lesquels  il  fut  envoyé  h  Téchafaud  , 
sont  confirmés,  ainsi  que  ceux  qu'on 
va  lire  ,  par  des  ordres  cl  des  ins- 
Iructions  émanées  des  comités  de  la 
convention  ,  ou  par  d'autres  pièces 
que  Taulcur  de  cet  article  a 
vérifiées  dans  les  archives  du 
tribunal  révo'utionnaire.  Le  baron 
de  Balz,  que  la  tentative  du  2î  jan- 
vier et  des  dénonciations  journalières 
rendaient  l'objel  des  recherches  les 
plus  actives .,  n'en  poursuivait  pas 
moins  un  plan  pour  l'évasion  de  Louis 
X\  II,  de  la  reine  Maric-Anloinetle 
et  des  princesses  délenues  au  Tem- 
ple. Pour  déjouer  les  batteries  diri- 
gées contre  lui  el  pour  conduire  les 
siennes  avec  plus  de  surelé,  il  était 
parvenu  a  iî,aguer  plusieurs  des  mem- 
bres de  la  convenllon  el  de  la  com- 
inune,  coijuuspar  leur  influence  dans 
leur  parti,  et  a  les  rendre  ses  princi- 
paux agents.  11  avait,  tant  dans  Pa- 


BAT 


^99 


ris  rpie  dans  les  environs  ,  diverses 
reirailes  sures  ,  mais  la  plus  ha- 
bituelle était  rlu'7.  Cortcy ,  épi- 
cier, rue  de  Kidu  lieu  ,  et  capitai- 
ne de  la  section  Le  l*elletier.  Cet 
homme,  sincèrement  dévoué  au  ba- 
ron de  Ftatz,  avait  su  capter  la  con- 
fiance (lu  fameux  Chrétien  ,  juré 
du  tribunal  révolutionnaire  el  princi- 
pal agent  des  comités  dans  cette 
section  :  c'était  par  lui  que  Corley 
avait  été  mis  au  nombre  bien  cir- 
conscrit des  commandants  a  qui  l'on 
confiait  la  garde  de  la  Tour,  lors- 
que leur  compagnie  était  de  service 
au  Temple.  Parmi  les  municipaux 
sur  lesquels  il  pouvait  compter  , 
Batz  se  confiait  principalement  a 
Michonis.  C'est  à  l'aide  de  ces  deux 
personnes  qu'il  tenta  d'exécuter 
renlèvement  de  la  famille  royale. 
D'abord,  Cortey  le  comprit  un  jour 
dans  le  nombre  des  hommes  qu'il 
conduisait  au  Temple  ,  et  l'inlro- 
duisit  dans  la  Tour.  Lorsqu'il  en 
eut  observé  le  réjïime  et  les  loca- 
lités,  il  arrêta  son  plan  j  Micho- 
nis l'approuva  et  se  chargea  de  diri- 
ger tout  dans  l'intérieur.  En  même 
temps  Batz  s'assurait  dans  la  sec- 
lion  d'une  trentaine  d'hommes  har- 
dis, avec  qui  nulle  confidence  n'était 
nécessaire  avant  l'action.  L'exécu- 
tion ne  pouvait  avoir  lieu  qu'un  des 
jours  où  Cortev  et  jMichonis  seraient 
l'un  ou  l'autre  en  fonctions.  Ce  jour 
arrivé,  Cortev,  avec  son  détache- 
ment dans  lequel  est  Balz,  entre  au 
Temple  :  il  distribue  le  service  de 
manière  que  les  trente  hommes  doi- 
vent être  en  faction  aux  portes  de  la 
Tour  et  de  l'escalier,  de  minuit  h  deux 
heures  du  malin.  De  son  côté,  Mi- 
chonis a  pris  ses  mesures  pour  être 
chargé  de  la  garde  de  nuit  dans  l'ap- 
parlement  des  princesses.  C'est  donc 
de    minuit  h    deux  heures   que  les 


3oo 


BAT 


postes  imporlants  seront  occupés 
par  les  libérateurs  rie  la  famille 
royale.  Michouis ,  qui  a  su  mériler 
la  confiance  des  prisonniers  ,  doit 
les  revêtir  d'amples  redingottcs  dont, 
«pielcpies  liomincs  initiés  par  Batz 
se  sont  surabondamment  munis  pour 
leur  garde.  Les  princesses  ,  sous  ce 
déguisement  et  une  arme  au  bras,  .se- 
ront placées  dans  une  patrouille  ,  au 
milieu  de  laquelle  il  sera  facile  d'en- 
velopper le  jeune  roi.  Cette  patrouille 
sera  conduite  par  Corley,  aux  ordres 
duquel  seulement  ,  en  sa  qualité  de 
commandant  du  poste  delà  Tour  ,  la 
grande  porte  peut  s'ouvrir  pendant  la 
unit.  Au  dehors,  tout  est  préparé 
pour  Tévasion  la  plus  rapide  5  le  mo- 
ment décisif  approche  ,  il  est  onze 
heures...  Toul-a-coup ,  le  munici- 
pal Simon  arrive;  il  reconnaît  Cor- 
ley. «  Si  je  ne  le  voyais  pas  ici ,  lui 
dit-il',  je  ne  serais  pas  trancjuille.  3) 
A  ces  mots  et  d'après  (pieLjues  au- 
tres, Batz  s'aperçoit  (pie  tout  est  dé- 
couvert; il  veut  immoler  Simon, 
monter  a  la  Tour,  et  tenter  l'évasion 
à  force  ouverte.  Mais  le  bruit  de  l'ar- 
me h  feu  causera  un  mouvement  jré- 

o 

uéral  ,  il  n'est  pas  maîlre  des  postes 
de  la  Tour  et  de  i'escalier,  et  .s'il 
échoue  ,  il  aggrave  le  sort  de  l.i  fa- 
mille royale , ...  il  s'arrcle.  Sous  le 
j)réleAte  de  qiiehpie  bruit  enlendu  à 
rexlérieur  ,  Corley  se  hâte  de  faire 
sorlir  une;  patrouille  et  lîalz  ,  qu'il 
a  désigné  pour  en  liiire  parlie  , 
.s'éloigne  du  Temple.  Ce  n'est  (|ue 
long-lemps  après  (jiie  les  comités  fu- 
rent informés  de  toutes  les  eircous- 
lances  de  celle  entreprise,  et  ([ue  l'ar- 
rivée inopinée  de  Simon  ,  espion  de 
Bobespierre,  en  avait  seule  décou- 
rerlé  toutes  les  mesures.  Lors(pie 
Marie-Aiiloinelte  lut  transférée  ii  la 
(Conciergerie,  le  baron  de  Hat/,  voulut 
tncorc  bouslruirc  celte  princesse  au 


BAT 

sort  qiiî  la  menaçait.  Les  détails  de 
son  plan  ne  sont  pas  bien  connus  a 
cause  du  soin  qu'il  avait  eu  de  n'eu  con- 
fier rensemblea  personne;  mais  on  sait 
que,  dénoncé  comme  ayant  promis  un 
million  pour  le  succès  de  cette  évasion, 
il  trouva  le  moyeu  de  faire  arrêter  les 
dénonciateurs.  Senar  ,  secrétaire  du 
comité  de  sûreté  générale  ,  avoue  , 
dans  des  notes  autographes  et  qui  ne 
sont  pas  comprises  dans  ses  Mémoi- 
res, que  les  révélations  furent  si  iu- 
complèles  que  tout  ce  que  les  comités 
purent  savoir  à  ce  sujet,  se  réduisit  a 
ceci  :  «  Des  gendarmes  étaient  gagnés  : 
au  renouvellement  des  postes,  la  reine 
manqua  de  parler  a  celui  qui,  ayant 
deux  redingottes  l'une  sur  l'autre, 
devait  lui  en  donner  une  et  la  faire 
sorlir  de  la  conciergerie,  m  II  n'en  est 
pas  de  même  de  la  tentative  faite  au 
Temple  ;  tous  les  faits  sont  constatés 
par  les  pièces  dont  nous  avons  parle' 
et  (pii  existent  aux  archives  du  tribu- 
jial  révolutionnaire,  où  nous  les  avons 
consullées.  Ces dillérentes entreprises 
et  d'autres  faits  exagérés  ou  faux, 
servirent  pour  envelopper  nu  grand 
nombre  de  personnes  dans  la  conspi- 
ration dite  de  Batz  ou  de  l'étranger. 
Le  liT)  prairial  an  11  (i 4^  juin  1794), 
E!ie  Lacoste,  au  nom  des  comités  de 
salut  public  et  de  sûreté  générale  réu- 
nis ,  lut  un  long  rapport  \\  la  con- 
vention sur  celle  conspiration.  «  Un 
vaste  plan  ,  dit  il  ,  était  Iracé  par 
les  puissances  coalisées  et  par  les 
émigrés;  les  conjurés  élaient  dissé- 
minés sur  tous  les  points  de  la  France 
et  les  objets  principaux  de  ce  plan 
élaient  l'enlèvemenl  de  la  vcm'c  Ca- 
jH't ,  la  dissolution  de  la  convention 
et  la  reslauralion  de  la  monarcliie, 
'l'ous  les  leviers  destinés  ii  renverser 
la  république  étaient  nuis  par  un  seul 
lioninie...  le  baron  de  llalz.  Pour 
rcxéculion  de  l'entreprise  ,  ce  Cali- 


R\T  ïiA^T                 Sot 

tiiui  modernes  tenait  ses  conférences  silûl    (|tio  l'on  put    f.iire   împrîiiier  , 
soiTi't.'s  dans  un  lien  (K- j>lais,incc' .iji-  l^i'z   pnlilia  nn   l'cril   ({ni    réfiila  Ici 
\)c\é  Vh\'mif<iii(' (/<!  C/hirofific  ,  \i\\x  faMt's    odieuses    du    raj)portcur  Jilic 
portos  do  l*aiis.  De  là  parlait  la  cor-  liacoslc.    A  la  suite  des  événements 
respon  lance   a\oc    les    a<^cnt.s    éloi-  de  vendémiaire  an  iv  (octol)re  i  795), 
j;nés.  Bat/.  ,  continue  le  rapporteur,  il  fut  arrêté  connue  ayant  (liri;;é  plu- 
s'élait   d'abord  entoure  i\cs    jiriuces  sieurs    des    sections     de     Paris    (pii 
de    Uolian  -  Iloclieforl  ,    d'>    Saint-  avaient  pris  les  armes  contre  la  con- 
]\laurice    et    de    iMarsan  ,    etc.     Le  vention  ,  et  il  s'évada  de  la  j)rison  du 
c!iet"  de  la  conspiration  avait   pensé  IMessis.Tallien  réveilla  l'alleiilion  sur 
(ju'il  ne  sulTisalt  pas  d'y  voir  des  per-  lui,    dans  la   séance  du  conseil   des 
sonna^^'es  dont  le  nom  était  une  ::^aran-  cln(|-cents  ,  le  9  juin   1796,   en  dé- 
lie de  leur  zèle  et  de  l/ur  dévouement,  iioncaîit  rexislence  d'une    conspira- 
il  avait  cru  (j'-i'un  des  moyens  d'assu-  lion  «  non  moins  dangereuse  qu'au- 
rer  le  suecès  était  de  s'attacher  des  cime    de    celles    sous     lesquelles     la 
convcnllonneîs  coiiu'.is  par  leur  jaco-  répul)li([ue  avait  été   a  la  veille   de 
l)inisnic,  cl  pour  qui  rien  n'était  sa-  succomber,  elondulle,  disait-il,  par 
cré  ,  pourvu  (proii  put  .salisfiire  leur  un  baron  de  F>alz  ,  poursuivi  a  juste 
avidité.  Il  avait  choisi  Danton,  La-  litre,  échappé  par    miracle,    el  (pii 
croix,  Razire,  Chabot  et  autres,  dont  dispose  de  la  po'icc  de  Paris,   m  j^e 
la  cupidité  était  conn-ie  ,  el  (pi'il  fal-  lendemain  ,  le  ministre  (Cnclion)  vint 
sait  agir  diversement  pour  mieux  par-  démentir  celte  assertion  de  Tallien  ^ 
venir  à  son  but;  enfin,  Ladmiral  et  il  dé.lara   que,   loin  d'avoir  jamais 
Cécilellenaud,étaicntlesiu'lrumenls  employé    P>alz ,    il    avait    au    cou- 
dnnl  Pétranger  s'était  servi  pour  en-  traire   donné   plusieurs   fois  l'ordre 
foncer  les  poi^niards.  Rien  n'était  plus  de  Parrèler.    Mais    le  baron  s'était 
facile  que    (racheter  ces  vils    intri-  d^'jK  mis    l'.ors  de  leurs    atteintes   en 
ganls,  CCS  as  asslns ,  puisque  P)atz  et  sortant  de   France.    Rentré  ,    ainsi 
ses    conpllces    réuni  saicnt    environ  que  presijue  tous  les  émigrés,  pen- 
viugt  millions  ,  etc.  «  A  la  suite   de  (lant    le    gouvernement    consulaire  , 
cet  absurde    et  incohérent  rapport ,  il    fui    signalé    de    nouveau    comme 
les  malheureux  qui  y  sont  noinuiés,  agent  de  la  maison  de  Bourboii*    il 
au  nond)redesoixante,dontla plupart  cal     l'adresse    d'ccliapper    h    toutes 
étaient  lout-a-fail  inconnus  a   lîalz  ,  les    surveillances:     enfin,    Penlraî- 
j)orlèrcnlleurstélessur!'échalaud5  lui  nement   général    vers  un   autre   but 
seul  parvint  a  se  soustraire  h  la  mort,  lui  prouva  l'inutililé  de  ses  eftorls,  et 
bien  (pi'il  ne  fût  point  sorti  de  Paris  le   ministre  de   la  jHjlice,    Fouché  , 
])endaut  le  régiaic  de  la  terreur.  Celte  sollicilé  par  Rogiiaull  de  Saint-Je  ui- 
(ircoastance,  dit  un  écrivain,  a  donné  d'Angély,  ancien    ami    de  Ualz,    lui 
lieu  aux  plus  fàcheu-ies  iii-.inualions;  promit   sécurité  pourvu   ([ull    ne  je 
mais  il  reconnaît  (pi'on  ne  peut  V  njoii-  mèlàl  plus  d'aiîaires  p  diiicpies.  1)^- 
ter  loi  depuisla  pubhcalion  des  pièc(;s  piis  son  retour  eu  France,    il  vécit 
aulhenli  paes  déjà  citées,   et  fpii  dé-  daas  Topulence  que  lui  donnait  sa  for- 
iiionlreiil  la  chale'.'.r  avec  latpielle  le  lune  héréditaire.  A  ia  restauration, 
baron  de   lîatz  fut  poursuivi   par  les  il    fut    nommé  maréchal-dec.imp    et 
comités  et  le  prix  qu'ils  promirent  a  chevdier  de  l'ordre  de  Saint-Louis  ; 
qui  leur  livrerait  sa  personne.  Ans-  en  loi  7  ,  on  lui  donna  le  coniraaii- 


3oa 


BAT 


dément  du  Cantal  et  il  s'en  démit 
rannée  suivante.  Retiré  dans  sa  terre 
de  Chaclleu  ,  près  de  Clerraont  (Puy- 
de-Dorae) ,  il  y  mourut  d'une  attaque 
d'apoplexie  ,  le  I  0  janvier  1822.  Le 
baron  de  Batz  était  fort  instruit  et 
ami  des  lettres.  Il  avait  le  projet  d'é- 
crire l'histoire  des  guerres  de  re- 
ligion dans  le  XYll*"  siècle  ,  et  il 
f)rétendail  avoir  trouve  la  preuve  que 
e  parti  protestant  avait  eu  le  projet 
de  faire  passer  la  couronne  de  France 
5ur  la  tèle  d'un  prince  de  la  maison 
de  Brunswick.  Singulièrement  actif, 
intrépide  et  fécond  en  ressources, 
Batz  devait  prendre  une  grande  part 
aux  événements  politiques  de  son 
temps.  Sil  n'eut  pas  plus  d'in- 
fluence, c'est  qu'il  ne  fut  que  rare- 
ment secondé  par  ceux  qui  s'étaient 
liés  avec  lui,  et  que  la  frayeur  lessais- 
sissait  au  moment  décisif.  Enfin  , 
sans  lui  donner  autant  d'importance 
qu'Elie  Lacoste  lui  en  donne  dans  sou 
rapport,  il  sulïit  de  lire  les  injonc- 
tions pressantes  et  réitérées  des  comi- 
tés à  Fouauier-Tainville,  pour  le  re- 
chercher etle  faire  arrêter  par  tous  les 
moyens  et  a  tout  prix  (000,000  fr.), 
et  l'on  sera  convaincu  des  vives  et 
conliiuielles  alarmes  que  cet  homme 
seul  inspira  h  ceux  mêmes  qui  fai- 
saient lrend)ler  toute  la  France.  — Le 
baron  de  liai/,  a  puMié  :  1"  Cahiers 
de  (ordre  de  la  noblesse  du  pays 
et  duché  d' Alhrety  dans  les  séné- 
chaussées de  CosU'ljaloux ,  Cas- 
telinoron ,  ]Sérac  et  Tartas  ,  en 
1789,  Paris,  iiiio,iii-8"  de  46  pa- 
ges. Celle  brochure  n't-sl  guère  com- 
posée (jue  de  pièces  émanées  de  Tédi- 
l(  ur.  2"  JjU  conjuration  tic  JJalz, 
ou  In  journée  des  soixante ,  lyyj, 
in-8"  de  100  paires,  sans  nom  de 
ville  ni  (riinprimeur.  L'iuileur  ay.int 
été  obligé  de  se  tacher  htrsque  dis 
feuilles  éiaicnt   déjii  livrées  à  1  iui- 


BAU 

pression  ,  un  éditeur  a  terminé  l'écrit 
sur  des  fragments  laissés  par  le  pre- 
mier. Il  a  composé  :  I.  JJe  lajournée 
appelée  des  sections  de  Paris ,  ou 
des  12  (?<  l3  vendémiaire  an  iv 
(octobre  1795)5  l'auteur  en  avait  été 
l'un  des  principaux  moteurs.  Cet  écrit, 
inédit ,  a  été,  par  erreur  ,  confondu 
avec  le  précédent.  II.  Histoire  delà 
maison  de  France  et  de  son  ori- 
gine ;  du  royaume  et  de  la  prin- 
cipauté de  JSeustrie,  Paris ,  i  8 1  5 , 
iu-S"  de  80  pages,  y  compris  l'épître 
dédicatoire.  Tiré  seulement  a  douze 
exemplaires  en  grand  papier  vélin. 
Ce  n'est  que  liutroduclion  de  l'His- 
toire :  ce  Quoique  le  texte  de  l'ouvrage, 
dit  l'auteur  ,  soit  composé  ,  il  a  be- 
soin encored'ètre  soigneusement  revu 
avant  d'être  livré  au  public.  »  Nous 
avons  sujet  de  croire  que  cet  ouvrage 
n'existe  plus.  Un  écrivain  ayant  pré- 
tendu qu'aucune  tentative  n'avait  été 
faite  pour  sauver  Louis  XVI ,  le  21 
janvier  ,  l'auteur  de  cet  article  a  pu- 
blié L'ombre  du  baron  de  Batz  a 
M.  P....  de  M....;  i853,  in-8**, 
écrit  dans  lequel  il  a  réimprimé  les 
pièces  déposées  au  tribunal  révolu- 
tionnaire ,  et  qui  est  resté  sans  ré- 
ponse. E — R — D. 

«AUDOCIIE  (les)  ,  fa- 
mille entièrement  éteinte  aujourd'hui, 
était  uue  des  plus  illustres  du  pavs 
messin.  Tant  (jue  Metz  se  gouverna 
par  ses  propres  lois,  les  Baudoche 
occupèrent  les  premières  charges  de 
la  réj)ubliijue.  Quatorze  indiviilus  ilu 
même  nom  iiireul  élevés  a  la  diiinilé 
de  maître-échevin,  place  émiueute  , 
puis(pie  dans  les  négociations,  ce  ma- 
gistral traitait  d  égal  à  égal  avec  les 
souverains.  Le  premier  maîlrc-ét  lu- 
vin  du  nom  de  Baudoche  est  ISiicolc, 
élu  en  I  5  I  5.  Les  au  Ires  le  ileviureul 
successivement  de  1 54o  il  1 549  ^'^"~ 
sieurs  Baudoche  furent  réélus  dillé- 


nwi  BA.U  :îo3 

renies  fois:  Rohcrl  ,    pir  {'xrmplt',     cii  a  ccpriidinl  conserve  le  cliœnr,  cl 
(li'n\ii'r    ni.ulrc  -  c{:l)c\  in    de    sa   («i-      I  inia;M'  dti  londali'ur  s'y  voit  cncoi(.' 
mille,  a  rempli  ces    fondions  (1<mix     pciiilc  sur  des  vitraux  (|ni   h;  disjjn- 
annJes  de  snilc,  eu    i:v4(;  et  i55o,      Icnl  en  éclal  ii  ceux  (Je  la  cathédrale 
ce    (pii    élail    l'orl    rare.    François      de  ALiz.                                 }] — n. 
Bandoclie  ,   sei<;neiir    de    iMoiilius  ,          ï^  AU  DO  T  (  l'itnRE-Louis  ) , 
<pii  avait  été  maîlre-éclievinen  i544.,     archéologue,  jhKpiit  en  i  76011  Dijon, 
as.sislaaux  assises  de  NancN  en  i556.      II  avait  a  peine  termine  ses   cours, 
II  passait  pour  un  fort  habile  diplo-      lorscprcn  1781,  ilsnccéda  ii  son  père 
maie.    C'est  prohahlemont  le  même      (i)  dans   la  charge   de  suhslllul  du 
(jiii  avait,  en  i^jr>,  le  titre  de  séné-      procureur-général  au  parlement  de 
chai   de  Lorraine. — Un  autre  1ÎA.U-  Bourgogne.   Désirant    perfectionner 
nocuE    (  Frdurois)  y    profondément  ses  connaissances,  il  vînt  a  Paris,  sV 
insîniil,  se  trouvait,  h  la  mèmeépo-  fil  inscrire  au  tableau  des  avocats,  et 
<pie  ,  al)l)é  de  Saint-Svmphoricn  de  liarlagea  son  temps  entre  l'élude  de 
Melz.  En  général,  la  maison  lîaudo-  la  jurisprudence    et  celle  de  la  nu- 
chc  s'est  p'us  distinguée  dans  les  ar-  mismatitp.ie.  Ses  talents  lui  méritè- 
mes    que    dans    les   sciences    et   les  reni  l'alfectiuii  de  plusieurs  personnes 
lettres.    La  constitution  essentielle-  distinguées;  mais,  la  révolution  ayant 
ment  militaire  de  la  ville   de  Metz  bientôt  dispersé  tousses  amis,   il  se 
rendait  le  métier  de  la  guerre  obli-  hàla  de  revenir  en  Bourgogne,  et  se 
galoire  a  quiconque  voulait  parvenir  retira  dans  'sou  domains  de  Paguy- 
aux  emplois  publics.  Le  nom  de  Bau-  sous-le-Chàteau,  où  il  vécut  dix  ans, 
dochc    ligure    dans   la   plupart  des  avec  sa  Camille  ,  ses  médailles  et  ses 
grandes  expédilions   du  moyen  âge.  livres.   Nommé  membre  du  conseil- 
Pendant  plus  de  trois  siècles,  on  vit  général  du.  département  de  la  Cote- 
(\es   Bandoclie   guerroyer  en  Pales-  d'Or,  dès  sa  création,  ses  fréquents 
tine,  en  Allemagne  ,  en  France,   en  royages  a  Dijon  lui  permirent  de  re- 
Lorraine.    Ils    commandèrent    plu-  nouer  d'anciennes    liaisons ,  et   d'en 
sieurs  fois  les  armées  de  la  républi-  former  de  nouvelles  avec  les  person- 
(jue  messine  ou  de  ses  alliés,  firent  nés  qui  partageaient  ses  goûts  stu- 
le  siège  d'un  grand  nombre  de  forte-  dieux;    et  il  lut  bientôt  élu  corres- 
resses  ,  et    acquirent  une  réputation  pondant  de  l'académie  de  celte  ville, 
de  bravoure  miritée.    Leur  parlici-  Deux    cUsserLntioîis     qu'il    publia 
pation  aux  affaires  cessa  du  moment  dans  le  3Iagasi;i  cncy'clopétliquCj 
que  la  France  se  fût  emparée  de  la  l'une  en    1808,    sur  une    mcdaille 
ville.  On  craignait  l'esprit  d'indépeii-  impériale  du  XIIF  siècle-  l'autr,-, 
(lance  républicaine  propre  a  cette  fa-  en    1809,    sur   un  grand  ^ceri^^   du 
]uille  ,   l'influence     qu'elle    pouvait  XVF  s'ècle,  qui  porte  le  nom  d'un 
exercer  sur  les  masses,  et  Ton  cessa  roi  de  laBazoche  (2),  devinrent  l'oc- 
de  l'admeilre  a  la  direction  du  pou-  casion    de  querelles  très -vives   qu'il 
voir.  On   ne  doit   pas  oublier  que  ce  eut   a   soutenir  contre    Girault ,  son 
fut    Claude    Baudoche,  seigneur   de  confrère  à  Tacadémie  de  Dijon  (  /^. 
Sainle-Barbe-lès-]\Ietz,  qui  construi- —^ ■ 

_;i    ,1„    -,       I       •  --ri  (i)  Hiuddt   a  public  l'éloge  de  sou  pi-rii  sons 

Sit   de   ses  deniers,    en    ID26,  la    ma-  cc\it.e  :    N.ùd    lu.lorùiue\ur    Ben.Jne-JéZe 

gnifituie  église   (lue   le    marteau  de  Bau./.i.  lu-s"  de  n  i>p. 

l'-    _^,^„„  'il  n  (2)  r.c  scem  singulier  fuit  parlîe  du  musée  de 

1  Ignorance  Vient  de  renverser.    On  k  ViUc  de  Besançon.  ^ 


3o4  ÈAU  BAÙ 

X.  Girault,  au  Supp.).  Dans  ces  à\i-     Champs-Elysées,  Paris,  1 8  t  i ,  in- 
CussionSjOiiBaucIol  eut  d'ailleurs  pour     8°.  C'est  un  examen  critique  des  dif- 
lui  l'opinion   de   Mlllin    et  d'aulres     fércnls  ouvrages  publiés  sur  les  anti- 
juges  compétents,  il    mit  autant  de     quitc's  d'Autun.  IV.  Dialogue  aux 
modération  et   de  politesse  que   son     Champs-Elysées  ,   pour   servir   de 
adversaire   mit    d'aigreur  et    d'opi-     suite  a  l'Eloge  de  Devosges,  Besan- 
iiiàlrelé;  et,  malgré  les  provocations     cou,  i8i3  ,  in-8°  [K.   Devosges, 
de  Girault,  il  se  montra  toujours  prêt     XI,  268).  V.  Lettre  à  M.  Girault^ 
h,  se  réconcilier  avec  un  homme  dont     pour  servir  du  supplément   à   ses 
il  estimait  l'érudition.  Baudot  mourut     Essais  historiques  et  biogj^aphiques 
à  ?ao;ny.  le  4-  mars  1816,  a  l'âge  de     sur  Dijon  ,    ibid.,    i8i5,    in- 12. 
56  ans.  Il  possédait  une  bibliothèque     Quelques  curieuxconservenl  les  opus- 
riche   en  niamiscrils    relatifs  à  Tliis-     cules  de  Baudot,  en  2  vol.  iu-8".  Il 
tolre    de  Bourgogne,   et  un   cabinet     avait  fait  Imprimer  en  1810,  pour  le 
d'antiquités   et  de  médailles  décou-     premier  volume,  un  frontispice  suivi 
vertes  en  partie  dans  celte  province,      d'une  lettre  a  ses  amis  ,   de  la  table 
Outre  de  nombreux  mémoires  insérés     des  mémoires  dont  le  volume  devait 
dans  le    Magasin  encyclopédique     se  composer,  et  d'un  errata  conleucint 
de  1808    a  i8i4-î  et  dont  il  faisait     des  corrections  et  des  additions,  et 
tirer  a  part  des  exemplaires  pour  les     enfin  une  table  alphabétique  des  nwi- 
dislrihuer  a  ses  amis,  Baudot  n'a  pu-     tières  qu'on  doit  trouver  a  la  fin  du 
blié  que  des  opuscules    d'un    intérêt     volume.  —  Baudot  (  François  )  , 
purement  local.   BI.    Amanlon   en  a     dune  autre  famille  que  le  précédent, 
donné  la  liste  exacte  dans  la  France     est  auteur  de  Lettres  en  forme  de 
littéraire  Ae  M.  Quérard  ,  I,   219.     r/mt'/7rt//V;//5  sur  l'ancienne  Bibracle 
On   se  contentera  d'indiquer  ici   les     et  sur  Tovigine  de  la  ville  de  Dijon  , 
plus    imporlanis  :  I.  iiVog-e ///.s7o//-      lyio,  in-12,   t'ig.  ,  petit  vol.    très- 
qtie  de  C abbé  Boidlenùcr ,  qui  fut     rare.  Il  élail  l'ami  de  La  Monnoyeel 
réellement  l'un  des  coopéraleurs  de     du  P.  Oudin.  Après  avoir  icmpli  la 
la  nouvelle  édilion  de  la  Biblioth.      charge  de  maîlre  des  comptes  el  celle 
Iiistoi-.  de  la  France,  mais  c'est  à     de  maire  de  Dijon,  il  mourut  en  cette 
tort  qne  Baudot  lui  fait  honneur  d'à-     ville,  le  4  avril  17  11,  h  l'âge  de  75 
voir  conçu  le  projet  et  le  plan  de  ce     ans.  Papillon  lui  a  consacré   une  no- 
grand  travail,  qui  apparliiiinenl  ex-      tice    dans    \à  JUbL  de  Bourgogne, 
clusivcmenf  KFcvret de  FonIelle(/''^.     I,  i5.                                     W — s. 
ce  nom,  XIV,  471)-  Nous  saisissons          lîAl'îlOnX  \ ,i\\\h' Déhon- 
avec  empressement  cette  occasion  de     ntu'i'c,  VI''  comte  de  Flandre,   gou- 
reclifier  une  erreur  dans  l.Kjnelle  Ban-     verna  ce!  état  dtqnils   l'an  io34  jus- 
dot  nousavall  enlraînés(/t>j.  Boll-     qu  a    1067.    Il   prenait   le    litre   de 
tEMiER,  V,   337).   II.  liccherclus     prince,   de  marquis    et  de  comte,  el 
sur  les  monntùes  et   les  tnédailtr.f     dans  ses  lettres  de  (ondalion  de  1  e- 
a/icirnneSj  t/ouvées  à    diJJ'ércnlcs     glise  de  Sl-Pieire  de  1  ille  (io66), 
t'/xtques  dans    le   département  de     il  ajoiile  a  ces  litres,  celui  de  lulenr 
la  C(Ue-d'Or,  Dijon,  1809,  in  8".      de  rhllippe  P'",  lolde  France,  el  di' 
}]}.  Dialogue  entre  les  Jiouig(/i-     régent   de  son    royaume  (i).  11  avait 
gnons  ,     Ednu'-Tlionuis-Franeois     ^_______________ 

Vasumot   et    Ch.     Houllemier ,  tni.V  (')^V"  /'«/Jn'nus,   Flimtli«iiùum  lomes,  mar- 


BA.IJ  BAU 


ÔOlt 


cj)uusc  Atlclc,  lillc  de  iiiilicii  ,  roi  (  rciiscr  jioiii  si'p.ircr  la  Flandre  de 
de  France;  une  de  ses  lilles,  I.i  ce-  l'Arlois.  \m  paix  fui  roncliic  au  coji- 
lèhre  IMallillde  ,  d«\iut  la  leinnie  de  grèsdcColuj^iie  en  i  of) y.  L'empereur 
(Juillaiinie  le  (]on(pu'raMl  (io5o).  coiidrnia  au  coinle  Haudouinlesdona- 
(^)uel'pies  (lettrés  de  narenlé  indispo-  lions,  iailes  a  son  père,  de  la  ville  de 
sèrcnl  le  pape  iVicolas  11  contre  ce  Vaieiicicnnes,  du  cliàleau  de  Gand  , 
inaria<:;e,  et  loule  la  Normandie  lui  d'Alosl  eldes  ciu(j  îles  de  la  Zélaudc. 
mise  en  iuterdil.  Iluliu,  Home  accor-  Le  'rournaisis,  sépare  de  la  Tlaudre, 
da  la  dispense,  moyennant  la  fonda-  fui  donné  a  Ikudouin  de  Mons,  fils 
lion  de  deux  monastères;  et  de  la  du  comte  cl  sou  successeur.  Lji  sy- 
l'orii^ine  de  l'ahbaye  de  Sl-Klicnne  nodc  approuva  le  mariage  de  Uichilde 
et  celle  de  la  Trinité,  a  Caen.  lîan-  etliulerdil  fui  levé.  Baudouin  avait 
douin  avait  pris  part  h  la  guerre  (pic  la  réputation  d'un  prince  sage,  ferme 
les  seigneurs  des  Pajs-liat>  firent  h.  et  prudent.  Après  la  mort  de  Henri 
rempcreur  Frédéric  ,  qu'ils  assiégé-  V  ,  roi  de  France  ,  son  beau-frère 
reut  dans  Anvers  (io48).  Après  la  (1060),  il  fui  cbargé  delà  lulcllo 
mort  du  comte  dcllainaut  (Ilcnnan),  de  Philippe,  son  lils,  et  de  l'adminis- 
il  entra  les  armes  a  la  main  dausccttu  Iratiou  du  royaume.  Il  fui  préféré  à 
province,  assiégea  dans  Mons  la  veuve  la  reine  Anne,  qui  était  étrangère  et 
du  comte  (Uichilde),  qui  avait  refusé  sans  beaucoup  d'estime,  et  au  duc  de 
la  main  (leson  fils  (Baudouin  de  Mons),  Bourgogne,  (jui  avait  lui-même  pré- 
s'cmpara  de  la  ville  et  de  la  prin-  tendu  a  la  couronne  et  que  Ton  regar- 
ccssc,  fit  célébrer  le  mariage  qu'il  daitcorarae  trop  puissant.  Le  choix  de 
avait  résolu  pour  agrandir  ses  états  ,  Baudouin,  généralement  applaudi,  fut 
cl  alors  fut  faite  l'union  du  Ilainaut  justifié  par  les  actes  de  sa  régence  : 
et  de  la  Flandre  (  io5i  )  ,  malgré  il  prit  alors  le  titre  de  7narqiiis  de 
Fexcommunication  lancée  par  Lié-  France.  Les  Gascons  avaient  refusé 
bert  ,  évèque  de  Cambrai.  Le  Hai-  de  reconnaître  sou  autorité  :  il  leva 
liant  était  un  ficf  de  l'empire  :  Henri  une  grande  armée,  marcha  avec  Guil- 
ly,  irrité  contre  Baudouin,  convoqua  laume,  son  gendre,  contre  la  Guienne, 
une  diète  a  Aix-la-Chapelle,  marcha  s'empara  de  toutes  les  places  fortes, 
vers  la  Flandre  ,  passa  l'Escaut  et  fit  punir  les  chefs  de  la  sédition,  sou- 
ravagea  le  pays.  Ldle  lui  ouvrit  ses  niil  tout  le  pays,  et  par  son  énergique 
portes,  et  un  grand  nombre  d'habi-  sagesse,  empêcha  tout  aulre  soulève- 
tanls  furent  passés  au  fil  de  l'épée.  ment.  Les  rois  de  France  avaient 
Lambert ,  capitaine  des  gardes  de  beaucoup  de  vassaux,  mais  le  do- 
Baudouin,  et  quicomniandaituucorps  maine  de  la  couronne  était  bien  ré- 
de  Flamands,  fut  vaincu,  pris  et  mis  tréci.  Le  Gàtiuaisy  fut  réuni  (i  062) 
a  mort.  D'autres  seigneurs,  parti-  par  l'habile  politique  du  régent 
sans  du  comte  ,  s'étaient  renfermés  QulI([ucs  années  plus  tard  (1066) 
dans  Tournai  :  Henri  les  assiégea  et  s'accomplit  un  des  plus  grands  évè- 
les  fil  prisonniers.  Enfin, Baudouiune  ncments  de  l'histoire  moderne,  la 
trouva  d'autre  moyen  de  résistance  et  conquèle  de  rAngleterre  par  les  Nor- 
de  salut  que  dans  le  retranchement  niands.  Ouelqueshistoriensontavancé 
dit  le  fossé  neuf,  qu'il  avait  fait  que  B;uidouin  avait  accompagné  Gnil- 
T.  Zr^-  '■  7-  '■  '■  ■  laume  dans  son  expédition,  mais  il  se 
procurutor  cl  Oacuiu^.  contcnla,  ot  c  clait    deja   trop  peul- 

LVll.  20 


3o6 


BA.U 


être,  d'aider  son  gendre  de  ses  Fla- 
mauds  et  de  ses  trésors.  Le  roi 
Philippe  adressa  des  reproches  au 
régent  :  il  avait  compris,  tout  jeune 
qu'il  était,  ce  qu'il  aurait  a  craindre 
d'un  vassal  couronné,  devenu  si  puis- 
sant. Si  la  conduite  du  régent  fut  une 
faute  en  politique,  c'est  la  seule  que 
rhisloire  lui  ait  reprochée.  Il  ne  sur- 
vécut pas  long-temps  a  celte  révolu- 
tion mémorable,  dont  on  peut  croire 
qu'il  n'avait  pas  prévu  le  succès.  Il 
mourut  l'année  suivante  (  i^^  sep- 
tembre 1067),  regretté  de  la  France 
et  de  son  pupille  qui  n'avait  alors  que 

3uinze  ans  5  et ,  quoique  l'ancienne  loi 
u  royaume  fixât  la  majorité  des  rois 
k  vingt-un  ans,   un  autre   régent  ne 
fut  pas  nommé.  Le  jeune  prince  prit 
les  rênes  du  gouvernement  :  les  actes 
cessèrent  d'être  datés  des   années  de 
la  régence,    et  le  sceau  du  roi  fut 
substitué  h  celui  du  sage  modérateur. 
Le  tombeau  de  Baudouin  fut  placé  a 
Lille,  dans  l'église  de  Saint-Pierre  , 
au  milieu  du  chœur.  Il  venait  de  fon- 
der cette'églisc  ,  et  il  y  avait  élal)li 
un  chapitre  composé  de  quarante  cha- 
noines, dont  deux  évêqucs,  huit  prê- 
tres, dix  diacres,  dix  sous-diacres  et 
dix  acolytes.   L'église  fut  consacrée 
le  2  août  1066,   en  pre'sence  du   roi 
Philippel".  Baudouin,  suiAantl'es- 
i)rit  de  ce  temps,  avait  aussi  fondé  en 
io63,  l'abbaye  d'Anchin  et  le  chapi- 
tre d'IIarlebeck  j  en  io6^,  le  cha- 
pitre d'Aire.  11  avait rapporlé  îi  Lille, 
et  donné  a  l'église   de  St-Plerre,  le 
brasde  Si  Macaire.Marcliautiusnous 
a  conservé 'les  dcrnirres  paroles   qui 
furent  adressées  par  Baudouin  h   ce- 
lui de  ses  fds  qui  allait  lui  succéder  , 
paroles  (|ui  ont([uel(jue  rapport  a\ec 
la  sublime  Inslruclion  (jue  Si  Louis 
moiirant  donna  depuis  (1270)  H   sou 
fils  rhillnpe  le  Hardi  ;  «  Celui-là  est 
«  iiMiivais  'old.il,  (Mil  s'iil  son  (  nq)e- 


BAU 

«  reur  en  pleurant  :  je  meurs,  mon 
«fils,  je  quitte  la  prison  de  ce  corps, 
te  Craignez  Dieu.,  aimez  la  France  j 
te  laissez  punir  les  autres  :  donnez  les 
(c  récompenses;  aimez  la  paix  et  épar- 
tt  gnez  le  sang  des  autres  comme  le 
te  vôtre.  »  Adèle,  veuve  de  Baudouin, 
alla  en  Italie  ,  prit  le  voile  reli- 
gieux h  Rome  ,  et  revint  fonder  l'ab- 
baye de  Messines  en  Flandre ,  où 
elle  mourut  l'an  1079.      Y — ve. 

BAUDOUIIV  D'AVESXES, 
sire  de  Beaumont,  frère  de  Jean, 
comte  de  Hainaut,  et  second  fils 
de  Marguerite  ,  comtesse  de  Hai- 
naut et  de  Flandre,  florissait  vers 
l'an  1289  ,  époque  à  laquelle  il  ter- 
mine sa  chronique  ou  histoire  gé- 
néalogique des  princes  dont  il  des- 
cendait. C'est  de  cet  ouvrage  qu'En- 
guerrand  de  Coucy  ,  dit  le  Grand  , 
lira  le  lignage  de  Coucy  et  de 
Dreux,  qu'il  continua  jusqu'en  i5o3. 
Il  y  fait  en  ces  termes  Péloge  de 
Baudouin  :  //  fut  lî  ungs  des  plus 
saiges  chevaliers  de  sens  natu^ 
rcl  qui  fus t  en  son  temps  y  bien 
que  moult  petit  et  menu.  Un  autre 
extrait  contenant  la  généalogie  des 
comtes  de  Flandre  a  été  publié  par 
D.  Luc  d'Achery,  t.  111  de  son 
Spicilegium_,ip.  1286-297.  Enfin  la 
chroni(jue  entière,  qui  cxislait  autre- 
fois à  Paris  dans  la  bibliothèque 
d'André  du  Chesne,  et  qui  était  pas- 
sée à  Bruxelles  dans  celle  des  Clilf- 
fltl ,  fut  mlso  au  jour  avec  des  notes 
par  le  baron  J.  Le  Roy,  Anvers, 
1693  ,  in-fol.  ,  57  p.  Ou  conserve, 
dans  (|uel(jues  bll)liulhèi|ues ,  des 
excm|)!aires  français  de  celle  chroni- 
que plus  amples  (|ue  les  manuscrits 
latins,  mais  Le  Rov  croit  (|ue  ces 
derniers  représenleni  le  vérilable  ori- 
ginal. Bauilouin  mourut  en  1 1:89  » 
suivant  .son  épllapho.  Il  a\ail  épousé 
l'i'lii  ilc     de    Cuury  ,    pclilc.-lille    de 


lîAU  BAU  3o7 

R.ioiil,  srij^nriir  de  ce  lieu.     R-F-c.  cloiiiic   au   |)iil)Iic  :   i''  Klrenna;  de 
ItArnKAIS  (Ji;a\),  na(|nil  K  Po/yinnu-  ^    Choix  (Ut  c/uinao/is  , 
'l'ours  le  I .,  aoul  i  ;.»(;.  Vciin  il  l'aris  nf/nu/ircs  et  V(iii(l('%>illcs ,    avec  des 
il  l'àf^c  de  vlnj;!  ans,  sou  goût  pour  l€S  airs    iiolo.s  ,    5    vol.    in-ïS,    lySB- 
Icllrcs   l'y    fixa  cl  il   s'y    maria.   J.a  89.  2''  Essais   sur  l\)rii;ine  cl  les 
n.iissancc  du  Dauphin  ,  eu  I  781  ,  lui  progrès    de    Vnrl  dranuilique    en 
inspira    \  Allégresse   villageoise^  Fiance  :  De  la  Tragédie^    3  vol. 
di\frlisMnicul  eu  un  acle,  mêle  de  in-i8  ,    i79i.  ]-<casuilo  do    ce   tra- 
clianls  cl  de  danses,  et  en   lySS  il  vail  n'a  point  paru.  — La  révolulioa 
donna,  il  l'occasion  de  la  paix,  Le  dont  il  fut  l'un  des  premiers  et  l'un 
dieu  Mars  désarmé,  alléijorie   eu  ^i2S  plus  chauds  partisans,  et  l'éini- 
un   acte  et  en  vers  libres.     Il  avait  gralion   d'un    grand   nombre  de  ses 
pulilié  ,    eu    1782,    une  espèce  de  souscripteurs ,  lui  firent  abandonner 
poème  héro"i-comi(pie  eu  vers  de  dix  la     carrière    qu'il    avait    parcourue 
syllabes,  intitulé  :  La  J^anifr  ùo?i/ie  avec  autant  d'utilité  que  d'agrément, 
//  qucUjue  chose  ^  on  les  mots  pas  pour  ne  plus   s'occuper  que  de  dis- 
moins   employés  utilement.  Aupa-  cdssions  politiques.  Il   fréquenta  les 
ravant,    il   avait    composé   plusieurs  clubs  ,    fut    admis    dans    celui    des 
autres  ouvrages  dramati([ucs  tant  en  Jacobins  ,  et  chargé  de  divers   cm- 
vcrs (pi'en  prose,  dont  quehjues-uusfu-  plois    publics.    Devenu   membre   de 
rcnt  reçus  il  différens  théâtres  et  sont  la    commune,   dite    du    10   août,    il 
restés  inédits,*  enfin,  un  grand  nom-  se  trouvait  au  Temple   et  présidait 
brc  de  morceaux  en  prose  et  de  pièces  les  douze  municipaux  qui  jetaient  en 
de  vers  insérés  dans  des  recueils  au-  fonctions  le  21  janvier  lypS.  C'est 
nuels.   Ensuite  Beaudrais  se  fit  con-  en  cette  qualité  que  Baudrais  ,  et  non 
naître  comme  éditeur,  avec  Leprince  d'autres,     reçut    le    testament    de 
(^oj>'.  cenom,  auSupp.),quienavait  Louis  XVI,   et  qu'il  le  contre-signa 
obtenu  le  privilège,  de  la  Pe//7e  jBf-  avant  de  le  transmettre  a  la  com- 
bliothèijue  des  théâtres.  Il  s'occupa  munc.  Il  y  envoya  également  les  isS 
presque  seul  de  cette  collection  ,  la  louis  en  or  trouvés  dans  le  secrétaire 
première  qui  ait  été  entreprise  en  ce  de    ce  prince  après  sa  mort  ,*  et  en 
genre  5  elle  devait  contenir  toutes  les  181 7  ,    il  justifia   aux  héritiers   de 
pièces  restées  à  la  scène  tragique  ,  M.  de  Malesherbes ,  qui  les  récla- 
coraique  et  lyri({ue ,   avec  les  por-  maicnt  de  lui  ,   que  ,    d'après    une 
traits  et  des  notices  sur  les  auteurs ,  délibération  prise  par  le  conseil  ,  le 
des  jugements  et  des  anecdotes  sur  même  jour,   cette  somme  avait  été 
chaque  ouvrage  ,  et  enfin  un  calalo-  remise    au  secrétaire-greffier   de  la 
gue  analytique  de  toutes  les  autres  commune.  Sous  le  régime  de  la  ter- 
pièces   de    ces  auteurs  non  admises  : ,,,  ,  _,, ; 

•j  I>M  1*       i   '  11  veaux  lUies,    \^ona.n\.  :  Uiejsd  œuvre  dramaliques 

dans  cette   l>ll)llOtUeque.    Il   en  parut  de,  etc.  cette  nouvelle  cplleclion  formait  r<cl- 

Soixante-doUZe  volumes  iu-I  8    dans  le  '"?'  "^  "?  volumes,  y  compris  uu  recueil  en  7 

^  ^     ^  volumes  des  mciMeurcs  pièces   des    petits  spec- 

COUrS    des    années     iy85    a   1790(1)  tacles  qui   avait  terminé   \a  Petite  Hiùliolitvquc  , 

Pour     le    romnléter        Haildraîs    avait  «"^  1791  ;  mais,  h.  première  année  de  ce  dernier 

rour    le    compléter  ,     DauaraiS    avait  ouvrage  étant  épuisée  ,  on   n'avait   pas    pu    la 

~  diviser,  ni  la  faire  entrer  dans  les    Chefsd'ueurra 

(i)  Barbier     dit     qu'il    parut    environ    loo  dramatiqu/s.  la   Petite    Ribliolhèqnc   même    n'a 

\oltunes  de  cet   onvra;:e  :  vniti   l.i   r.iuse  de  son  pas  été  ciitirmiuiit  terminée ,  et  l'on  n'y  trouve 

.rrcnr.  Un  grand  nombre  d'cxemplaiivs,  restés  à  aucune    i)i«{e    de    Hautcroche  ,    Legrand  ,  Du- 

1  •  iliitur  ou  acauis  par  uu  autre  libraire  ,  furtat  fresny  ,  Dancourt ,  La  Grange-CIiancel,  LaCbaus- 

iiiorceiùs  et  publics   séparément  avec  de   nou-  »ée,  Dorât,  Barlhe,  etc.  A t. 

20. 


3o8                  BAU  BaU 

rcur,  Baudrais  fui  TiiQ  des  municipaux  fait  proclamer  empereur,   Baudrais 

chargés  de  l'admimslralioa  de  la  pu-  ne    voulant    point    lui    prêter   ser- 

licejil  fut  dénoncé  au  conseil-géné-  ment,    donna  sa  démission  de  tou- 

ral  ,  comme  trop  facile  pour  les  yo-  tes  ses  fonctions,   et  se  relira  aux 

lies  solliciteuses.   Mais  ce    ne    lut  Elals-Unis,  oii  il  vécut  pendant  treize 

pas   pour    s'èlre   monhé    moins  se-  ans   du   travail   de  ses  mains.   11  y 

vère  que  sts  collègues  envers  les  jo-  aclieva  un  poème  qu'il  avait  cora- 

Jies  solliciteuses  ({u'il  se  vit  destitué  :  raencé  aParispenclautsa détention  et 

ce  fut  pour  avoir  dit  devant  eux  que,  continué  durant  ses  voyages,  sous  ce 

s'il  avait  été  appelé  a  juger   Louis  \\\v&  :  Mon  testament  de  mort ,  (m 

WJ,  il  Taurait  condamné  a   la  dé-  Poème  sur  moi^  avec  des  noies.  Lu 

portalion  et  non  à  la  peine  de  mort,  manuscrit  devenu  très-volumineux  a 

Il  avait  piildié  un  écrit  pour  justifier  été  égaré,  par  fragments,  etn' est  point 

celte  opinion  }  mais  il  fui  incarcéré  a  regretter.  Dix  ans  après  son  séjour 

et  il  allait  cire  transféré  a  la  Concicr-  à  INcw-York  ,  Baudrais  j  vit  arriver 

gerie    pour    paraître  devant  le  tri-  Pvegnault  de  Saint- Jean-d'Angély  , 

hunal  révolutionnaire,  lorsque  la  ca-  Béai  et  d'autres  anciens  révolulion- 

laslroplie  de  Robespierre     le  sauva  naires,  avec  lesquels  il  avait  été  iuti- 

d'une  condamnaliouccrtaiue. Quelque  mcment  lié  ,  et  qui,  déchus  de  leurs 

temps  après  il  fut  nommé  juge-de-paix  grandeurs  éphémères  ,  étaient  nantis 

delà  section  de  la  Halle  aux  Blés  (2)  ;  d'uue  fortune  plus  ou  moins  cousii'.é- 

f)uis  ,  il  (juitta  ces  fonctions  pour  al-  rahle.  Quoique  déjà  vieux  et  n'espé- 

er  a  la  Guadeloupe   remplir  celles  rant    guère   èlre    plus   heureux    eu 

de  juge  civil ,  criminel  et  d'appel  en  France   qu'en   Amérique,    il   désira 

matières  commerci.ilcs  j  il  y  inrriva  en  de  revoir  sa  paU  ie,  et  vint  à  Paris,  en 

^797*  Qu'on  juge  de  sa  surprise  lors-  1817  ,   donner  un  démenti  aux  jour- 

{\\\\\.    i5oo  lieues  de  Paris,   cl  n'é-  naux  et  aux  biographes  qui,  Ironipés 

lanl  pas  sorti  de  l'i'e  depuis  trois  ans,  par  (juelque  ressemblance  de  nom,  af- 

il  se  vit  compris  au  nombre  des  175  firmaient  qu'il  était  mort  avec  d'autres 

(lue  Bonaparte  ,  après  l'explosion  do  personnes,  dès  le  5  nivôse  (1800).  Il 

la  machine   infernale  ,  du    5   nivôse  y  revit  quelques-uns  de  ses  anciens 

(24  nov.  t8oo),  proscrivit  en  masse  collèguescjui,  ayant  prêté  tous  les  ser- 

ct  condamna  sans   aucun    examen  à  menis,  étaient  parvenus  à  de  hauts 

la  déportation  comme  complices  de  cnq)l()is  et  se  montraient  chamarrésde 

cet  attentat.  Malgré  ses  réclamations,  cordons,  que  les  Bourbons  av aient  ga- 

P»audrais   fut    déporté    li    Caycnne  ;  rautis  cl  même  augmentes.  Baudrais 

néanmoins ,  on  l'y  nomma  grt  Iher  du  se  résigna,  sollicita  et  obtint  pour  lui 

Iributjal,  notaire,  el  il  fut  en  outre  son  aduiissiondans  Thospice  des vcil- 

chargé  de  la  tenue  des  registres  de  Inrds  ii  P)icètre,  tandis  (pie  sa  femme 

l'état  ciril.  Mai-s  Bonaparte  s'élant  était  égalcmenl  admise  dans  une  au- 

, Ire  M.aison.   Cette  séparation  d'a\ec 

>r)  n«frrny  dft  Rii;;iiy ,  <iit  k  rmtsin  Jacques ,  celle  (lui ,  pcudaut  plus  de  cinquautc 

H.ins    .1011    t)irt.    uvolo^iijitv    lies    hoiumn    i-(    iJr.t  V                                               '       \ 

r/.o,r*.  dont    la  |)nl)linilioii    f.ilron.menc.V    vl  «'"'<>      l.lVail      aCCOUqiagUe     (laUS      sa 

hirnt.u  firrrtrr  sons  h-  .onsiiint  (.111  viii).  se  bonne  couiuie  (laus  sa  uiauvaise  for- 

horiif!  h  «Iji-f!  (|in<  Uniulr.iis  fui  tiommc  de  U'Hies  , 


iFiiriir  II  iiiir  i|ni'    iiiiii(.ir,iii   (iii    ii'iinnir  uc  iv.iif.t  ,  ri*  II' 

n,tm,witrr,l,nr  tir  pofirt  v,ni  HofH-xpwrrr  ,  rtuitHe  ^^UC  ,    lut    la  CirCOUSlaUCC    la    plUS    pC" 

10  «nrli.  ^,'rô  niblc  de  sa  vic.  1 1  se  lia  daussou  asilt 

fntmifinii,  n  il*'  ■      * 

v_v«.  avec  quehjues  hllcraleurs  aussi   in- 


j "^r.i,: pair; ri j\  nj..ui..,  „  On'ii  ,,,0  «nriu-  ^,'rô     ^iblc  de  sa  vic.  H  se  lia  daussouasilc 

•  «le   II  m  ji.is  duc  daviinlagi'.  J\<m'i  liominnn,  n 


BAU 

forliiiu's  (iiio  lui,  ri  y  il  ol'lml  un 
ju'lit  emploi  ,  ce  (|iu  amclior.i  .son 
.sort.  Aussi  con.slant  dans  ses  o])i- 
iiiiMis  ,  (|Ui'  niodiTi'  (Inns  ses  di'sirs, 
li.iuilr.iis ,  alUiiil  du  ciioléra  dans  la 
»jiialrc-vin;;l-troisiiiiic  aiinoc  de  son 
à"e,  lorniiiia  son  avenlurruse  carrir- 
rc    le    4  mai  liKîa.         K — k — d. 

IJATDUAX  (Mathiku),  avo- 
cal  à    \  ienne   en   Daunliiné  ,   avaul 
la   ré\olulion  de  1789  ,  en  adopta 
les  principes  avec  l)eaucoiip  de  cha- 
leur, el  fui  noinine  en  1791,  ju<:^c  au 
lril)uual  de  celle  ville,  puis  vn   sep- 
lembre   1792,  Tun  des   députés  du 
déjiarlcnienl  de  Tlsère   a  la  convcn- 
llon  nalionaîc.  Il  vola  constamment 
dans  celle  asscml)léc  a\  ec  le  parti  le 
plus  exallé  ;  el  ,  dans   le  procès   de 
Louis  XVI  ,  il  se  pronocca   pour  la 
mort,  sans  appel  cl  sanssuriis  aTexé- 
cution.  Dans  la  journée  du  9  thermi- 
dor an  II  (2  7  juillet  179/1.)  qui  '1'ïi^"'1 
la  chute  de  llobespierre,  il  se  rangea 
du  parti  victorieux  ;  et  quelques  mois 
plus  tard,  il  fui  envoyé  dans  les  dé- 
partements de  l'Ouest,  pour  y  faire 
cesser  le  syslème  de  terreur.  Baudran 
mit  beaucoup  de  zèle  h  celle  honorable 
mission  (1).  On  lut  a  la  convenlion  na- 
tionale, dans  la  séance  du  27  germinal 
anill  (16  avril  1795),  une  lettre  da- 
tée de  Laval,  par  larpielle  il  annon- 
rail  que  200    soldais  de  la  républi- 
(pie    avaient     mis    en    fuite      i5oo 
chouans.    Rentré    dans   le    sein    de 
la  convention,  et  chargé  d'instruire 
le   procès  de  Carrier,    il  fit   contre 
cet  homme  sanguinaire   un   rappoit 
éncrgicpie.    Le    sort  ne    l'ayant   pas 
désigné  pour  faire  partie   du   nou- 
veau corps  législatif  après  la  session 
convenlionnelle  ,  il  retourna  dans  sa 
pairie  ,  où  il    fut    d'abord    l'un  des 

(1)  «  Il  «tnil  d'ahonl  tr«s-fxalli-,  dit  IJcffroy  (I<; 
R«'iRiiy,  innisil  mit  «le  IVmu  d.nis  «-ou  vin.  C'cil 
un  gaUiit  boiuiuc.» 


nAi; 


T.ac) 


juges  du  tribunal.  11  donna  ensuite  sa 
démission ,  cl  reprit  sa  première 
jM-ofessioii  d'avocal.  Haudran  est 
mort  a  Vienne,  (M   1012.       M — n  j. 

MUiiDiUoii  i^\Li)i:iu(:, 

historien  du  i  1"  siècle.  Les  expres- 
sions iirbs  nosti'd,  uosfnt  ('cclcsia, 
}iosli'(t  villa,  qu'il  emploie  en  jiarlant 
de  Cambrai,  de  la  cathédrale  de  cette 
ville  et  de  la  terre  de   Lambres  qui 
apj)ar  tenait  au  chapitre,  font  présumer 
qu'il  était  tout  a-la-fois  citoyen   et 
chanoine  de  Cambrai.  On  pense  qu'il 
naquit   vers    1017.  La   Biographie 
universelle,  III,  2  68,  a  suivi  l'erreur 
ancienne  et  vulgaire  d'après  laquelle 
on  confondait  ce  personnage  avec  un 
autre  Baudri,  évêque  de  INoyon  el  de 
Tournai  au  12"  siècle.  Ce  sont  les 
Bo'landislesqui,  les  premiers,  ontdé- 
trnitcelle  opinion,  ylcL.  Sancloriini 
ad  clieni   ii   august.,  p.  670.   Les 
auteurs  dcV  ïlist.  litt.  delà  France  y 
t.  VllI ,  p.  400,  adoptant  le  senti- 
ment des  Bollandistes,  l'ont  fortifié 
d'arguments  nouveaux  et  Irrésistibles. 
ÎSolre  Baudri  exerça  les  fonctions  de 
secrétaire  sous  Gérard  de  Florines, 
saint  Liébert  et  Gérard  H,  tous  trois 
évèqucs  de  Cambrai.  Au  mois  de  fé- 
vrier 1082,  il  se  rendit,  dcragrément 
de  Gérard,  a  Térouanne  ,  où  i)  élait 
désiré  par  l'évèque  Hubert*,  qui  le 
nommachantre  de  son  éirlise  .  Baudri 
vivait  encore  en  1094?  puisque  Re- 
naud ,    archevêque   de   Reims ,    lui 
adressa  une  lettre  au  mois  de  janvier 
de  cette  année,  qui  pour  nous  serait 
■1095.   Les  ouvrages  qu'on  lui  doit 
sont  :  I.  V ila  S .   Gaugerici,  cpis- 
copi  caiJieracensis ,  insérée  dans  le 
recueil   des  Bollandistes  par  Pierre 
Yan  den  Bosch,  (jui  y  a  joint  un  ex- 
cellenl  commentaire  reproduit  par  J. 
Ghescpiière  dans  les  Âcta  Saiictor. 
Bclgii,    t.    II  ,    p.    256-270.    II. 
Chrofiicon  cciffieraccnsd  et  atreha- 


3io 


BAU 


tense.  Douai,  i6i5,  m-\2.  Celte 
édifion ,    due  aux  soins  de  Georges 
Colveneere,  docteur  en  théologie  et 
professeur  a  l'université  de  Douai, 
est   enricliie    de   noies    historiques, 
topographiqiies  et  philologiques  qui 
la  font  rechercher  des  érudils  5  elle 
élait  déjà  rare  au  noilieu  du  17*  siè- 
cle. Gilles  Boucher  ,  jésuite,  mort  en 
ï665,  en  préparait   une   nouvelle, 
sans   doute  d'après  le  manuscrit  de 
Sainl-Yaast  d'Arras ,   dont   une  co- 
pie incomplète  se  trouve  encore  au- 
jourd'hui à  la  bibliothèque  publique 
de  cette  ville.  On  a  imprimé  en  1786, 
h  Cambrai,  chez  S.   Berthoud,  une 
continualion  du  Chronicon ,  sous  ce 
tilre  :  Supplementum  seu  continua- 
tio  Chrouici  cameracensis  Balde- 
rico  adscripti,  ah  anno  MLIV  ad 
anniim  MCXCVI,  in-8%  de  Gi  p. 
Ce  supplément  est  extrait  de  la  chro- 
nique de  Lambert  Walrclos  (  V.  ce 
nom,  L,  2  70),  d'un  manuscrit  de  Vau- 
celles,  des  annales  de  Hainaut  par  J. 
de  Guyseetdela  clironiquc  d'Anchin. 
Une  nouvelle  édition  du   Chronicon 
camet'acense  \ienl  de  paraître _,  par 
les  soins  de  l'auteur  de  cet  article. 
111.  C/ironicun  înorinense.  Cet  ou- 
vrage, ([ui  n'a  pas  été  imprimé,  fut 
conservé  dans  les  archives  de  la  ca- 
tliédraledeTérouannejus'pràl'épotjue 
où  l'évèque  J'hilippc  de  Luxembourg 
l'emporta  au  Mans  :   on  ne  sait  ce 
«[u'cst  devenu  ce  manuscrit.  I^es  ou- 
vrages de  Baudri,  et  surtout  le  Cliro- 
tùconcantcnicertsc^  sont  mis  au  rang 
des    bons    (h)(:umcnls    originaux    de 
lliislolre  (le  France.  L.  G. 

BAIDIVILLAIV  r  (  Jacqdes- 
.losr.ru) ,  .igroniiMii',  na(jirila  Givron, 
en  Cliampa^nr,  le  ::o  mai  177/»,  de 
parents  cultivateurs.  11  montra  des 
dispositions  précoces  poiir  léliide,  ri 
fut  admis  au  rollrge  de  Hclhel,  où  il 
s'appliqua  particulièreiuent  aux  ma- 


BAU 

thématiques  ,   à  la  physique  et  a  la 
chimie.  Appelé  en  1791  dans  la  gar- 
de nationale  de  Charleville ,  il  partit      g 
l'année  suivante  pour  l'armée  avec  le 
bataillon  des  Ardennes,  où  il  devint 
quartier-maître.  Bientôt  il  passa  dans 
Tadministralion  militaire  et  suivit  les 
armées  de   Sambre- et-Meuse  ,    de 
Mayence  ,   du  Danube  et    du  Rhin. 
Enfin  ,  il  quitta  le  service  en  1801. 
Il  avait  amassé  par  son  économie  une 
faible  somme  qu'il  plaça  et  qu'il  per- 
dit. Cet  accident  le  détermina  a  sol- 
liciter une  place  dansTadministralion 
des   forèls.  Celte  nouvelle   carrière 
d'ailleurs    avait   beaucoup    d'attrait 
pour  lui.  Il  possédait  sur  l'aménage- 
ment des  bois  des  connaissances  qu'il 
avait   encore   étendues  pendant    son 
séjour   en  Allemagne.    Il  entra    d'a- 
bord dans  cette  administration  comme 
traducteur  5  et,  après  avoir  passé  par 
différents  grades  ,   il  devint  chef  de 
division   en    1819.    Ce   ne   fut   que 
d'après   l'éloge    quelle    en  entendit 
faire,  que  IVl      Lepeinleur  de  J\Iar- 
ciière  ,    d'une    ancienne    famille   de 
Normandie   ,    désira    l'avoir     pour 
époux.   Il  vivait  ainsi  fort  lieureux  , 
lorsqu'une  nouvelle  organisation  ad- 
ministrative le  plaça  dans  un  rang  in- 
férieur a  celui   ([u'il  occupait  depuis 
si  long-temps.  11  ne  put  suruionter  le 
chagrin  que  lui   causa    ce  coup  inat- 
tendu. Après  avoir  langui  pendant  une 
année,  il  mourut  a  Paris,  le  24.  mars 
1802.  Bjiidrillart  était  chevalier  de 
la  Léijlon-dllonnour,  membre  de  la 
sociélc  rovale  d'agriculture  ,    i\c'  la 
société  (rciicouragement,  de  celle  de 
Saxe-Gotha  ,    et  de  plusieurs  autres 
sociétés  savantes,  fraïKMist's  et  élraii- 
gères.  Nous  citerons  de  lui  :  1.  Amc 
AL   Doniol  :  Colhction  chronnlo- 
p^ifjitc  et  raisonnéc  des  nrn'ls  (/c  la 
cour    de    cassation  ,    en    matière 
d\tiu,f  i'tjbrcts,  depuis  et  compris 


Van  VU  (1793)  jusquen  1808, 
Paris,  1808,  iu-a".  11.  Avec  31M. 
Doiilol  t'I  Cli.uilairL"  :  Annules J'o- 
rcslicrcs,  (»u\iagc  pcri(ull((U(',  lor- 
iiiaiit,  (lo  1808  11  i3i4)  7  ^ol.  iii-8", 
III.     Annuaire  forestier  ,    181  i, 

1  8  1  2 ,  1  8  i  5  ,  iii-  I  '.i- .  IV.  Mcniuiic 
sur  la  pesanteur  spécifique  des 
ùois,  Ole,  Paris,  181  5,  iii-8".  V. 
C\)(ie  /oresliei'j  avec  un  commeii- 
lairc,  etc.  ,  oiivra«i^c  adoplc  par  la 
(lircclion  géuéralc  des  l'orèls  ,  ibid., 
1827,  2  vol.  iii-i2.  VI.  Traité  {gé- 
néral des  eaux  et  furc'ts,  chasses 
etpeclwSy  ibid.,  182  1-28,  6  vol.  in- 
4°  cl  allas.  Cet  important  onvragc 
est  un  recueil  de  lois  et  ordonnances 
depuis  1219  jusqu'en  1824.,  avec  des 
insiruclions,  Aqs  méthodes  de  culture. 
et  des  dictionnaires  techniques.  VU 
Code  de  la  pecJiefuviale,  avec  un 
commentaire  cl  un  dictionnaire  conte- 
nant l'histoire  naturelle  des  poissons, 
l'explication  des  termes  de  pèche  et 
de  navigation,  etc. ,  ibid.,  1829,  2 
vol.  in-i2  et  atlas  de  2  3  pi.  On  a  en- 
core de  Baudrillarl  les  traductions 
suivantes  :  I.  Instruction  sur  la 
culture  des  buis,  Irad.  de  Tallemand 
de  L.-G.  Hartig,  i8o5,  in-8°.  II. 
Expériences  physiques  sur  les 
rapports  de  combustibilité  des  bois 
entre  eux,  Irad.  dn  même,  1807  , 
in-i2.  III.  ISouveau  manuel  fores- 
tier,  trad.  sur  la  4*"  édit.  de  l'ou- 
vrage allemand  de  Burgsdorf,  1808, 

2  vol.  in-S"  avec    29  tig.  et   labl.  , 
piii)lié  par    ordre  du  gouvernement. 
Baudrillarl  a  aussi  rédige  avec  Bosc  , 
le  Dictionnaire  de  la  culture  des 
arbres    et  de    l' aménagement  des 
bols,  1821  .  faisant  partie  de  VEn- 
cyclopédie  méthodique.  On  trouve 
dans  les  Mémoires  de  la  société  royale 
d'agricullure,  année   i852,  une  no- 
tice sur  Baiidrillartpar  M.  Silveslre, 
secrétaire  perpé 


BAU 


3ii 


BAIIDRY  DASSOX    (An- 
toine), gcnlilliomme  poitevin,  élait 
d'une   lamille    (jul     fiji^ure    dans     les 
iradilioiis  ral)iilcu.s"s  du  l)as-l*oiton, 
pui.s(pie  une  de  ces  Iradilions  va  jus- 
qu'il dire  (pi'un  guerrier  de  celle  mai- 
son tua  la  diable  (i).  Antoine  élait 
riche  de  son  patrimoine,  et  eniré  dans 
les    ordres,   sans   cire    préire ,    mx 
prieuré  considérable  ajoutait  encore 
à  son  revenu,  lorsqu'à   3o   ans,    il 
quitta  sa  patrie  et  se  retira,  en  i  647, 
a  Port-Royal  des  Champs  près  Paris. 
Par  humilité,  il  se  fit  le  jnétayer  des 
reli":ieusesetselivràà  tousles  travaux 
de  la  ferme.  A  la  dispersion  de  Port- 
Roy  al  ^  en  1662,  il  alla,  avec  MM.  de 
Ste-Marthe  et  du  Cambout  de  Pont- 
Château  ,  se  loger  dans  une  maison 
du  faubourg  Saint- Antoine   près  de 
Popincourl,  où  il  mourut  en  novembre 
1668.  Son  corps  fut  inhumé  a  Sle- 
Marguerite  et  son  cœur  porté  h  N.- 
D.  des  Champs.  On  lui  attribue  divers 
on\ra.ges:l.Placetpourlesabbesse, 
prieure    et    religieuses  de   Poj^t- 
Royal^  contre  M.  V archevêque  de 
Paris  y   Paris  ,    i664-    H.  Lettre 
à  la  sœur  JMadeleine  de  Ste-JSIelti- 
de,  qui  avait  signé  le  formulaire  et  qui 
rétracta  sa  signature j  Paris,   1664. 
m. Lettre  à  lanière  Dorothée,  mi- 
se abbesse  de  Port-Royal,  par  31, 
l'archevêque  de  Paris ,  en  1 6  6  7 .  IV . 
Lettre  au  P.  Annat,  jésuite  y  ton- 
chant  un  écrit  qui  a  pour  titre:  La 
bonne  fortune  des  jansénistes  ,  du 
I  5  janvier  1667.  V.  Morale  prati- 
qie  des  jésuites  y  nouv   édit.,  Colo- 
gne, i669clann.  suiv.,  8vol.  in-8", 
par  MM.  Baudry  d'Asson ,  de  Pont- 
Château  ,  de  Ste-Marthe  ,  Ant.  Ar- 
nauld  et  Varct.  F — x — E. 

BAUDRY -BASSON    (  Ga- 


llartoci 
éluel. 


kT. 


(i)  U  y  a  ,  .^  cf  sujet ,  un  récit  en  patois  poi- 
tevin ayant  pour  nfr.iiii  :  Ihrgue  so  l'aisselle 
d'a^snn,  Borgne  $n  l'uis<elU  ! 


3i2  BAU  BAil 

bbîel),  tle  la  même  famille  fjiie  le  aulres  prirent  la  fuite  :  ce  fui  la  le 
précédent ,  né  dans  le  Poitou  vers  premier  coup  de  fusil  lire  dans  la 
1755  ,  servit  quelque  temps  dans  un  Vendée.  Parvenusa  Chàtillonilesin- 
régimcnt  d'infanterie  ,  où  il  parvint  surgésbriilèrentlespapiersdudislrict 
au  grade  de  capitaine.  Il  se  relira  S'élant  ensuite  perlés  sur  Bressuire, 
ensuite  dans  sa  terre  de  Bracliien  ,  non  ils  furent  tout  élounés  d'y  rencontrer 
loin  des  bords  de  la  Sèvrc-rSaû  taise ,  une  vive  résistance  :  les  gardes  ualio- 
entre  la  Chàteigneraie  et  la  Forêt-  nales  de  Thouars  et  d'Airvault  et  les 
sur-Sèvre.  D'un  caractère  violent  et  liabitants  de  la  ville  s'opposèrent  à 
vicieux,  il  avait  diminué  de  beaucoup  l'entrée  du  rassemblement,  qui  revint 
sa  fortune,  et  son  genre  de  vie  avait  plusieurs  jours  de  suite  à  la  charge, 
éloigné  de  lui  toute  la  noblesse  du  Bressuire  était  sur  le  point  de  suc- 
voisinage.  Aussi,  au  commencement  comber,  lorsque,  l'alarme  étant  deve- 
de  la  révolution,  il  sembla  la  voir  nue  générale  dans  le  parti  républicain 
arriver  avec  plaisir,  et  fut  nommé  des  environs,  on  dirigea  sur  ce  point 
commandant  cle  la  garde  nationale  lesgardesnationalesdeParthcnay,  de 
de  sa  localité  j  mais  lorsqu'il  vit  où  Saint-Maixent,  de INiorl, d'Angers,  de 
l'on  en  voulait  venir,  il  changea  Nantes,  de  Saumur,  de  Poitiers,  etc.; 
brusquement  d'opinion  et  s'entendit  elles  arrivèrent  au  moment  où  les 
avec  Delouche,  maire  de  Bressuire,  patriotes  ne  pouvaient  phis  tenir, 
pour  organiser  une  insurrection.  C'é-  Ce  fut  le  24.  août  1792  que  Tenga- 
tait  au  mois  d'août  1792,  et  cette  gemcnl  décisif  eut  lieu  ;  le  combat  ne 
levée  est  la  première  de  la  Vendée,  fut  pas  long.  Eu  vain  les  insurgés  se 
Un  rassemblement  de  paysans  armés  formèrent-ils  en  colonnes  serrées; 
de  bâtons,  de  faux  et  de  fusils  de  mal  armés,  mal  commandés,  ils  furent 
chasse  se  forma  donc  dans  les  pa-  bientôt  entamés  et  mis  en  dérou- 
roisses  de  Moncoutant ,  la  Ronde  et  te.  Ils  eurent  six  cents  tués  et  un 
Saint-Marsault  a  un  jour  donné,  et  se  grand  nombre  de  blessés  5  la  perle 
porta  à  Brachien  ,  où  Baudry  et  des  vainqueurs,  portée  ofticiellcaient 
Delouche  se  trouvaient  ;  de  la  on  se  à  soixante  morts  ,  fut  plus  con- 
rendit  h  la  Forêt-sur-Sèvre ,  où  Ton  sidérable.  Des  massacres  souillèrent 
brisa  tout  ce  qui  se  trouvait  dans  la  cette  journée,  qui  anéantit  la  pre- 
maison  d'un  patriote.  Le  plan  de  mière  insurrection  vendéenne.  Les 
marche  n'était  pas  bien  arrêté;  car,  deux  chefs  parvinrent  h  se  sauver  j 
arrivé  au  lieu  appelé  VOiuUatte,  Baudry  se  tint  long-temps  caché  avec 
à  l'embranchement  des  roules  de  son  fils  dans  nn  souterrain  creusé  tout 
Bressuire  et  de  Chàtillon-sur-Sèvre ,  pris  desonpetit  manoirléodal.  Enlin, 
on  délibéra  long-lenqis  sur  la  roule  m  mars  1795,  après  la  grande  levée 
h  tenir.  Delouche  était  d'avis  de  d'armes,  il  reparut  a  la  tête  d'une 
marcher  surlapremière  de  ces  villes,  division  cpii  se  rallia  hl'armée  du  centre 
cl  Baudry  sur  la  seconde  :  ce  dernier  commanilée  j)arKoyrau(l,etcoucourut 
1  emporta.  Le  rassend)lenienl  arrivé  avec  elle  au  brillant  fait  d'armesde  la 
au  bourg  de  Rorlhais,  y  rencontra  des  Guérinière  et  aux  antres  engagements 
j'.endarmes  (jui  voulurent  l'enipêelier  decettecanipagne.  Gabriel  Baudry  cul 
(lavnncer;  un  niélayer  de  la  Bonde,  alors  à  combattre  son  propre  hère, 
nommé  Vrignault ,  excellent  tireur,  Esprit  Baudry,  (Jui  commandait  une 
fil  feu  ,  tua  ini  clt'3  gendarmes,  cl  les  division  de  l'armée  républicaine.  11  se 


BAU  BAU                 3i3 

lil  riisiiil*,'  rnii;ir(]ii(n-  aii\  halaillcs  ilc  les.  A  IN'pofUK'  ilc  la  nouvelle  divi- 
Luçon,  jinssii  la  Loire  el  liiiiL  par  sioii  de  la  France  en  Héparleuicnls , 
recevoir  la  niorl  en  C(»niliallanl  à  il  fui  nomme  procurenr-fi^énéral-syn- 
rallacjne  (lu  iNîaiis.  Handry  élail  (1^1»  die  du  Lot ^  el  ses  compalriolcs  nV'ii- 
caraclère  dur  el  lorl  adonne  nu  vin  ,  reni  (|irh.  se  loupr  de  sa  courte  adml- 
inais  intrépide  el  sachant  se  faire  nistralion.  11  prouva  siirtoul  rnie  son 
craindre  el  oliéir  ;  on  le  re<^rella  espril  n'élail  pas  moins  conciliant  que 
comme  un  excellent  officier  d'avant-  son  carnclèrc  était  ferme,  dans  les 
«^arde.  —  Baudrv,  fils  aîné  du  préce-  (juerelles  violentes  qui  s'élevèrent  en- 
dent,  accompaj!;na  son  porc  dans  la  tre  les  calholitjues  el  les  protestants 
première  insurrection  vendéenne,  se  de  Monlauhan,  querelles  qu'il  con- 
tint caché  jusqu'à  la  grande  prise  tri])ua  puissamment  h  apaiser.  Mais 
d'armes  ,  marcha  de  nouveau  avec  les  dès  ([u'ou  exigea  des  ecclésiastiques  le 
royalistes  el  fut  lue  a  l'allaque  de  serment  K  la  constitution  civile  du 
Saumur. — Baudry  d'Asson  de  Puy-  clergé,  sa  conscience  lui  imposa  le 
raveau  (N.},  cousin-germain  de  Ga-  devoir  de  ne  pas  y  concourir  ,  el  par 
briel,  figura  dans  l'insurreclion  du  suite  il  abdiqua  ses  fondions  publi- 
lias-Poilou  dès  le  principe,  cl  finit  ques.  Ce  n'était  pas  le  moyen  de  se 
par  être  employé  comme  major-gé-  concilier  les  révolutionnaires  qu'il 
néral  de  Tarjnée  de  Cliarrelle.  Il  est  avait  combattus  jusque -Ih  de  lou- 
morl  postérieurement  à  la  seconde  les  ses  forces.  Aussi  les  frères  Ra- 
restauration.  F — t — e.  mel  le  poursuivirent  avec  un  tel  achar- 
BAUDUS  (Jean  -  Louis -Ama-  nemeut  que  sa  famille  et  ses  amis  cru- 
BLEde),  né  à  Cahors  en  1761,  rent  devoir  l'engager  a  s'éloigner.  Il 
d'une  famille  distinguée  do  raagistra-  mit  safcmrae  et  ses  enfants  en  sûreté; 
turc  ,  fil  d'une  manière  brillante  ses  puis  il  se  rendit  a  Paris,  d'où  il  alla 
éludes  dans  celte  ville  ,  où  il  exerça  joindre  l'armée  des  princes  français 
la  charge  d'avocat  du  roi  a  la  séné-  avec  laquelle  il  fil  la  campagne  de 
chaussée.  En  celte  qualité  il  montra  1792.  Magistrat,  il  avait  cru  néan- 
nne  grande  fermeté  d'opposition  aux  moins  devoir  suivre  l'exemple  donné 
édits  de  1788  qui  suscitèrent ,  dans  par  la  classe  de  la  société  k  laquelle  il 
tous  les  parlements  ,  tant  d'enne-  appartenait  par  la  naissance.  Après 
mis  aux  ministres  Bricnne  el  La-  le  triste  résultat  de  l'invasion  de  la 
moignon.  Le  discours  prononcé  par  Champagne,  il  se  retira  a  Levde  :  il 
lui,  h  celte  occasion  ,  produisit  une  fut  bientôt  associé  aux  rédacteurs  de 
impression  profonde  ,  el  le  fit  man-  la  Gazette  de  celte  ville  5  et  ce  journal 
der  a  Versailles  pour  y  être  répri-  gagna  beaucoup  h  sa  coopération.  Le 
mandé.  Plusieurs  autres  magistrats,  régime  de  la  terreur  frappa  Baudus 
qui  y  avaient  été  appelés  pour  la  dans  la  personne  de  sou  père  ,  ancien 
même  cause,  furent  retenus,  comme  lieutenant  particulier  du  sénéchal  de 
lui ,  aux  arrêts,  jusqu'au  moment  où  Cahors  ,  qui  périt  sur  l'échafand  ,  le 
l'archevêque  de  Sens  el  son  collègue  5  judlel  1794-.  Comme  beaucoup 
eurentdonnéleurdémission.Lesmem-  d'autres  exilés  qni  éprouvèrent  de 
bresdu  parlemenl  de  Toulouse  Irailè-  pareils  malheurs  ,  Baudus  ne  connut 
rent  Baudus  avec  une  haute  dislinc-  la  perte  qu'il  venait  de  faire  que  par 
lion,  lors  d'un  voyage  (ju'il  fil  pour  la  lecture  des  journaux.  Les  progrès 
les  voir ,  après  sou  retour  de  \crsail-  des  arnjée^  de  la  réj^iubliquy  française 


3i4  BAU  BAU 

le  contraignirent  de  s'éloigner  en  {4-  sept.  1797),  on  parvint  a  faire 
lyoD:  il  erra  quelque  temps  en  dif-  pénétrer  ce  journal  en  France,  et 
férentes  contrées  de  rAllemagne ,  même  il  finit  par  être  réimpri 
traversa  ,  par  Thiver  le  plus  rude  ,  me  a  Paris  5  mais  après  la  réaction  de 
toute  la  Westphalie  ,  conduisant  k  cette  époque,  force  fut  d'y  renoncer; 
pied  une  charrette  qui  portait  une  Baudus  fut  même  inscrit  sur  la  liste 
dame  de  ses  parentes  et  deux  enfants  des  journalistes  français  condamnés  a 
en  bas  âge  ,  et  il  alla  s'établir  a  Al-  la  déportation.  Il  n'était  heureuse- 
tona  où,  pour  se  créer  une  ressource,  ment  pas  sous  la  main  des  agents  du 
il  fonda  un  journal  portant  le  nom  de  directoire  ,  qui  le  poursuivirent  jus- 
cette  ville.  Le  succès  qu'il  obtint  lui  qu'à  Hambourg  ,  demandant  son  ex- 
donna  l'idée  de  publier  un  Tableau  pulsion  au  sénat.  11  en  fut  quitte  pour 
de  la  situaiion  politique  de  l'Eu-  s'absenter  pendant  quelques  jours, 
rope.  Ce  tableau  fut  très-goûté,  et  le  bien  dédommagé  au  surplus  de  cette 
fit  connaître  assez  avantageusement  persécution  par  l'intérêt  queluitémoi- 
pour  qu'il  se  décidât  k  tirer  encore  gnèrent  ses  compatriotes  exilés  comme 
mieux  parti  de  ses  talents,  en  se  fixant  lui,  les  ministres  étrangers  ,  et  les 
à  Hambourg  5  la  révolution  avait,  pour  plus  recomraandables  parmi  les  habi- 
ainsi  dire ,  rendu  cette  ville  une  cité  tants  du  pays.  La  révolution  du  18 
française  ,  par  la  quantité  de  pros-  brumaire  ouvrit  enfin  aux  émigrés  les 
crits  qui ,  étant  venus  y  chercher  un  portes  de  leur  patrie.  Baudus  ,  mal- 
asile ,  y  trouvaient  la  plus  généreuse  gré  le  vif  désir  qu'il  avait  de  se  réu- 
bospitalité.  Dans  le  mois  de  janvier  nir  k  sa  femme  et  k  ses  enfants  établis 
1796,  Baudus  mit  au  jour  le  pre-  en  Poitou,  ne  fut  point  des  premiers 
mier  numéro  du  Spectateur  du  a  profiler  de  la  faculté  accordée. 
Nord  y  recueil  périodique  rédigé  S'étant  exprimé  dans  son  journal 
dans  le  sens  le  plus  favorable  k  la  avec  une  sévère  franchise  sur  le 
cause  monarchique  .,  et  cjui  bientôt  le  compte  du  premier  consul,  lorsque 
signala  comme  écrivain  distingué  et  celui-ci  était  général  en  chct  de  l'ar- 
comme  profond  publiciste.  Léserai-  mée  d'Italie,  il  ne  voulut  rentrer  en 
grés  les  plus  remarquables  par  leur  France  qu'avec  Tassurance  de  n'y  être 
esprit  et  leurs  connaissances  se  plu-  point  recherché  pour  sa  conduite  an- 
reuf  a  enricliir  de  leurs  travaux  cette  térieure  ,  et  de  pouvoir  trouver  les 
nouvelle  publication.  Nous  citerons  moyens  de  faire  vivre  une  famille 
eiilre  autres  llivarol  ,  de  Mcsmon,  nombreuse  et  dont  la  fortune  tout 
de  Pradl,  Charles  YiUcrs  ,  Chêne-  enlière  avait  clé  engloutie  dans  les 
dollé,  etc.  Baudus  se  réserva  spé-  désastres  de  la  révolution.  Ce  ne  lut 
cialement  la  partie  p()lili(|ue.  L'es-  qu'on  i  802  ([u'il  obtint  sur  ces  doux 
prit  de  modéraliun  qui  animait  son  points  la  garantie  désirée  ot  ([u'il 
coup  d'œilj  morceau  final  de  chaque  revit  enfin  sa  patrie.  On  ne  lui  donna 
caliier  ,  la  finesse  de  sos  aperçus  ,  la  que  le  temps  d'aller  faire  connais- 
justesse  de  ses  prévisions,  contrl-  sauce  avec  ses  enfants  qu'il  avait  lais- 
bucrent  K  donner  au  Spectateur  ses  bien  jeunes  encore  et  d'embrasser 
une  grande  réputation,  et  firent  leur  mère.  Il  dut  repartir  imniédia- 
TTirmc  k  son  édilonr-propriétairr  urio  toniont  pour  Batisbonne,  où  il  était 
sorte  d'oxistenro  diplomatique.  Dans  nommé  rosulont  auprès  de  la  Diète, 
l'année  qui  précéda  le   iti  Iruclidor  Cette  mission  lui  procura  roccasion 


hkV 


BAU 


3i5 


de  SG  rendre  iililc  à  la  ville  de  Ham-     fm  qu'îi  condition  que  Vliommc  qui 
bourg,  et  de  rccoiin.iîlr»'  ainsi  l'hos-     recevait  celle  m.irqnc  de  confiance  ne 
pilnlité  ,    les    niarcjiios    (roslimc    cl     porterait  nas  \c  litre  de  p;oiivernciir. 
d'allat-lieinenl  qu'il  y  avait  reçus.  Le      L'avenir  (lelakinillc  de  Iiaud»s,(jui 
sénal  lui  écrivit  alors  dans  les  termes     ne  pouvait  rien  attendre  de  lui ,  puis- 
les  plus  honornMes  en  lui  envoyant     qu'il  ne  lui  restait  licn  absolument  de 
des  lettres  de  bourgeoisie  pour  lui  cl     son  patrimoine  ,  le  décida  à  accej)ter 
pour  sa   famille,    avec   trois   belles     cet  emploi.  Il  écrivit ,  en  parlant ,  li 
médailles  d'or.    Les  rédacteurs    du      son  fils  aîné  :  «  J'espère  ne  faire  que 
journal  des  Débats  ,  qui  avaient  sou-      «  du  bien.  Si  ces  enfants  doivent  ré- 
vent inséré  dans  leurs  colonnes  des     «  gner,  les  principes  que  je  leur  don- 
articles  du  Spectateur  du  Nord ,      «  nerai  peuvent  faire  le  bonbeur  des 
s'empressèrent  de  s'adjoindre  Baudus      et  peuples  qu'ds  seront  appelés  a  gou- 
comme  collai)()ralcur,  lorsqu'il  fut  de     «  verncr.  S'ils  ne  doivent  être  que  de 
retour  de  Ralisbonne.il  ne  put  re-      «simples  particuliers,  ils  y  Irouvc- 
loiirncr  dans    sa   ville   natale    qu'en      «ront    encore  de  quoi  être  person- 
i8o5.  L'accueil  que  lui  firent  alors      «  nellement   beureux.  »    Baudus  ne 
tous  ses   concitoyens  le  combla   de     devait  pas  voir  la  fin  d'une  telle  en- 
bonhcur.    Il  fut  aussi   extrêmement     trcprisc  :   dès  qu'il  eut  appris  le  re- 
touché de  ce  qu'aux  premières  élec-     tour  des  Bourbons  dans  sa  patrie,  en 
lions  qui  eurent  lieu  pour  le   corps      1 8 14- ,  il  se  hâta  d'y  rentrer  ;  cepen- 
législatifdans  le  département  du  Lot,     dant  il  n'arriva   guère   a  Paris   que 
le  collège  électoral,  présidé  par  Mu-     pour  être  témoin   de  la  catastrophe 
Fat,  le  choisit  pour  un  de  ses  candi-     des  cent  jours.  Le  retour  de  ISiapo- 
dals.  M.  de  Talleyrand  et  le  mare-     léon  ayant   été    bientôt   suivi  de  la 
chai  Bessièrcs  lui  donnèrent  des  let-     chute  de  Murât ,   Baudus  alla  visi- 
tres  pour  un  grand  nombre  de  séna-     ter  celui-ci  a  Marseille,  croyant  lui 
leurs,  afin  qu'ils  fissent  tomber  leur     devoir,   a  titre   de  reconnaissance  , 
option  sur  lui*  mais ,  au  moment  où     des    consolations    dans   sa    mauvaise 
celte  opération  allait  se  faire  ,  Paris     fortune.  Il  fit  plus,  il  obtint  du  prince 
fut  consterne   par   la   mort  du   duc     de  Melternich  un  passe-port  pour  fa- 
d'Enghien.  Baudus  renonça  aussitôt  a     ciliter  au  roi  déchu  les  moyens  d'al- 
loufes  les  démarches  projetées.  Du     1er   rejoindre    sa   fainilie    en   Hon- 
reste  ,  une  intrigue  avait  été  ourdie     grie.  Le  succès  de  cette  démarche,  et 
pour   empêcher   sa   nomination.    On     les  excellents  conseils  donnés  a  l'ap- 
avait  mis  sous  les  yeux  du  premier     pui,  ne  purent  prévenir  la  tentative 
consul  tons  les  passages  du  Spectateur     insensée   dans   lacfucllc    ce   guerrier 
qui  renfermaient  des  réflexions  pro-     malheureux  trouva  le  terme  d'une  vie 
près  il  l'irriter.  Ce  fut  là  roriginede  la     si   extraordinaire.    Le   même    senti- 
prévention  invincible  qu'il  prit  contre     meut  de  générosité  porta  Baudus  a 
Baudus,  et  qui  s'étendit  a  l'un  de  ses     faire  tous  ses  efforts  pour  sauver  la 
fils  eiilré  dans  la  carrière  des  armes,      tête  d'une  autre  victime  de  ce  temps 
En  I  008,  la  sœur  de  ]Napoléon,  de-     orageux.  Il  avait  connu  Lavallelle  eu 
venue  reine  de  Naples  ,  ayant  voulu     Allemagne  j  il  s'était  même  lié  avec 
char£:er  Baudus  de  l'éducation  de  ses     lui  et  en  avait  reçu  des  services  ,  dont 
enfants, l'empereur refusalong-temps     une  divergence  d'opinion  n  avait  pu 
«on  autorisation,  et  ne  consentit  en-     effacer  le  souvenir,  Lavallelle  ayant 


3i6  BAU  BAU 

^té  arrêté  et  conduit  à  la  Concier-  le  succès  de  sa  négociation.  Tout  fut 
gerie  ,  au  mois  de  juillet  i8i5  ,  son  calculé  dans  la  journée  entre  ces  trois 
ami  alla  souvent  l'y  visiler.  En  novem-  personnes,   et  le  lendemain   au   soir 
tre  ,  lorsque  la  coudamnaliou  à  mort  Baudus  alla  prendre  le  fugitif  dans  sa 
eut  été  prononcée  et  que  toute  espé-  chaise  a  porteur,  a  peu  de  dislance 
ranced'obtenirgracefut évanouie, ma-  du  Pahis  de  Ju.slicé,  le  conduisit  a 
dame  Lavallelle  implora  le  secours  un  cabriolet  où  s'était  placé  ,  comme 
de  Baudus  pour  qu'il  trouvât  un  asile  cocher,  un  autre  ami,  qui  le  trans- 
Lien  sur  où  l'on  put  cacher  le  prison-  porta  avec  la  plus  grande  rapidité  h 
nier,  k  l'évasion  duquel  elle  travail-  l'extrémité  de  Paris  ,   et  euiuile  au 
lait  avec  courage  et  confiance.  Après  coin  delà  rue  Plumet.  La,  a  un  signal 
Lien  des  réflexions  sur  le  moyen  de  sa-  convenu,  Lavalletlc  fut  remis  entre 
tisfaire  une  femme  désolée  ,  il  de-  les  mains  de  Baudus  ,   qui  s'y  était 
manda  deux  heures  pour  lui  rendre  trouvé    a    point   nommé,   et   lui  fit 
compte  de  la  réussite  d'une  démarche  prendre  h  pied,  par  un  temps  affreux, 
qu'il  allait  lenter.  On  était  a  l'avant-  et  a  huit  heures  du  soir  ,  la  direction 
veille  du  jour  fixé  pour  l'exécution,  assez  longue  qui  devait  le  mener  h  la 
Baudus  avait  aussi   été  lié  d'amitié  porte  du  ministère  des  affaires  étrau- 
avec  Bresson  ,  alors   chef  de  divi-  gères,  occupé   alors   par  le  duc  de 
sion  au  ministère  des  affaires  étran-  Bichelieu.  Ou  peut  lire  dans  les  mé- 
gères. Ce  dernier  avait  été  conven-  moires  de  Lavalletle  le  détail   sin- 
tionnel  et  s'était  exposé  dans  le  pro-  gulièrenieut  intéressant  de  son  entrée 
ces  de  Louis  XYI  a  la  fureur  des  plus  mystérieuse   dans  cette  maison,   de 
ardents  révolutionnaires  par  un  vote  l'asile  que    M.   et  madame  Bresson 
très  énergique  en  faveur  de  ce  prince,  lui  donnèrent  avec  tant  de  générosité 
voué  d'avance  au  martyre.  Proscrit,  et  de  délicatesse,  enfin  du  rôle  im- 
lui-mcmc  ,  et  obligé  de  fuir  ]ieu  de  portant  que  le  dévouement  d'amitié 
temps   après  ,    Bresson    n'avait    dû  de  Baudus  lui  fit  jouer  en  cette  oc- 
son     salut    qu'au    dévouement    d'un  currence  dilficile.  Ce  fut  encore  lui 
homme  qui  lui  était  jusqu'alors  incon-  qui ,  dix-huit  jours  après  ,  accompa- 
nu,  et  qui  Pavait,  pendant  deux  ans  ,  gué  de   Bresson,  mena  Lavallette, 
caché  a  ses  risques  et  périls,  chez  lui ,  parde nombreux  détours,  chez  la  per- 
dans  les  montagnes  des  Vo.sgcs.  IMa-  sonne  qui  devait  le   faire  arriver  en 
dame   Bresson   avait    souvent   dit   a  voiture  a  Phôlel  habité  par  un  des 
Baudus  (ju'elle  avait  fiit ,  a  celte  ter-  olliciers   anglais  anx([uels  il  dut   sa 
riLle  époijue  de  sa   vie,  le  v(vu   de  sortie   de  Paris  et  de  la  Frauce  (9 
sauver  un  proscrit  politi([ue,  si  jamais  janv.    i8i6).  Il   n'y  a  qu'uue  seule 
le  ciel  lui  en  fournissait  les  uu;yens.  im-xactltude   dans  le    récit    complet 
Il  se  rappela  celle  circonstance  ,  alla  ([u'olïre  celte  partie  des  ménu)ires  ci- 
la   trouver,  lui  j)arla  de  la  position  lés  toulariienre  :  Baudus  n'était  pas 
et  des  ins  I  a  ncfs  si  pressantes  de  mada-  alors  employé  au  ministère  des  affaires 
me  Lavallette.  Cette  excellente  lem-  étrangères  j   il  ne   le  lut    que   quel- 
mc  parut  ravie  de  pouvoir  saisir  enfin  que   temps  après.  Il   entreprit  pour 
une  occasion  de  remplir  l'engagenuMit  le  compte  de  ce  déparlement  un  long 
(pie  la  reconnaissance  lui  avait  dicté,  voyage  en  Suisse  et  eu  Allemagne.  Sa 
11   ne    perdit   pas   une   minute   pour  correspondance  avec  le  ministre  (1) 
anuoucer  à  l.{  fcinmo  du  condamné        ^.)  u  ,.ioM«ii.OiiiiH  srjioMivs,kti(io<i'/uirt>- 


I 


ri  les  cmploycs  primîjinnx  doiinn  Tl-  fiHc  de  Louis  VI ,  DJiqull  li  Paris  en 
(Ici*  (11*  cicn- jioiir  lui ,  à  son  retour ,  ly?"-    f'  •**<■  rendit  un  1787  à  Ma- 
nn l)urean  de  Iradnclion  dos  journaux  drid,  où  il  c|)ousa,  le  i5  mai  de  celte 
i'lranj;i'rs.  On  devait  rédit^'or  ilcs  no-  année,    la   lille  du  duc  de  La  Van- 
tes sur  ee  ([u'ils  eoulenaient  de  j)1ms  ^uyon  ,  alors  ambassadeur  de  France 
remarquable.   Baudus ,   avec   sa  ca-  près    la  cour  d'Espagne,   et  devint 
paeilo,  son  caractère  el  les  droits  (juo  ainsi  li;  l)cau-frcre  du  prince  de  Ca- 
lui   donnaient  les  services  qu'il  avait  rency  {^' oy-  Cari^ncv,  an  Suppl.). 
rendus  précédemment,  pouvait  rem-  En  1792  il  se  rendit  en  Allemagne, 
plir  des  fonctions  bien  plus  importaii-  et  fui,  avec  les  princes  frannais  émi- 
ies.  Plus  tard,  ce  lut  sous  sa  direc-  grés, de  la  malheureuse  expédition  de 
iiou  que  s'cxerçala censure  surtout  ce  Champagne.  Il  retourua  en  Espagne 
qui,  en  fait  de  gazettes  et  de  décrets  par  rAngleterre   aussitôt  après,   et 
politiques,  venait  du   dehors  de   la  ht  les  campagnes  de  1793  et   1794- 
Erauce.   Lorsque  le  duc  de  Riche-  dans  les  armées  espagnoles.  Dès  que 
lieu  reprit  le  porle-feuille  des  aflriires  la  paix  lut  signée  à  Baie  en  1795, 
étrangères,  après  Tassassinal  du  duc  il  réussit  h  se  faire  rayer  de  la  liste 
de  lierry,  il  écrivit  à  Baudus  ,  éloigné  des  émigrés,  et  rentra  en  France, 
de  Paris  et  malade ,  une  lettre  près-  où  il  se  soumit  pleinement  à   tous 
santé  pour  qu'il  vînt  l'y  joindre  :  ce-  les  pouvoirs  qui  se  succédèrent.  11  re- 
lui-ci ,  une  fois  arrivé  ,  ne  put  résister  couvra  dès-lors  toutes  ses  propriétés, 
à  la  demande  instante  et  souvent  ré-  et  ne  larda  pas  a  se  rendre  en  Fran- 
pelée   d'accepter  une   part  dans   la  che-Comté,  pour  y  habiter  les  terres 
censure  des   écrits  péridioqucs.  Les  dont  il  venait  d'hériter  par  la  mort 
désagréments  qu'il  éprouva  pour  avoir  de  son  oncle.  Le  zèle  qu'il  manifesta 
cédé,  et  les  calomnies  dont  il  fut  l'ob-  pour  le  gouvernement  impérial  lui  fît 
jet ,  labreuvèrent  d'amertumes  ,   au  donner  le  titre  de  comte  et  la  prési- 
point  d'agraver  l'état  fâcheux    de  sa  deuce  du  collège  électoral  de  la  Haute- 
santé.  11  mourut  le  17  sept.  1822.  Saône.  Ce  fut  en  cette  qualité  qu'é- 
L — p — E.  tant  présenté  a  Napoléon  ,  le  1 2  avril 
B  AU  F  F  R  E  M  O  X  T  (  Ale-  i  8  i  2  ,  a  la  tête  d'une  députation  ,  il 
XANDKf.  -  Emmanuel  -  Louis  ,     duc  lui  adressa  une  harangue  très-respec- 
de  )  ,    fils   du   prince   de   Listenais ,  tueuse  ,  qu'il  terminait  en   déposant 
vice-amiral  de  France,  de  l'une  des  à  ses  pieds  les  sentiments  d'amour , 
plus  anciennes  maisons  du  royaume  cV admiration   et   de  respect   dont 
(  Voy.  Bauffremo't,  III,  554),  ^^^     habitants  de    son    département 
puisqu'elle  est  issue  Aç,^  Courtenai  ,  élaientanimés.L'aîuédes  fils  du  comte 
qui  donnèrent  des  empereurs  a  Con-  de  Bauffremout  était  alors  aide-de- 
slanlinople,  et  dont  un  des  héritiers  camp  de  Murât,  et  le  cadet  officier 
(Pierre    de   Courtenai)    épousa  la  de  cavalerie.  En  1 814.  il  recouvra  son 
titre  de  duc ,  par  suite  de  l'ordon- 

riographc  ,ln  iiunish'rr    des  affaires  élrarv^ères  ;  il  DaUCe  quî  rétablit  l'ancieUnC  noblcSSC, 
ne  f;iis;iil  i)oiiit  njirlie  (1<;  la  commission  de  ccii-  •       -1  c    .  /  •         i 

sure.  Mais  le  duc   do    Richelieu,   piésidcnt  du  ^^^'^    ^^     "^    I"t    paS    UOmme    pair    de 

conseil,  a v.'i il  obtenu  rexeicice  d'une  ceusuic  Fraucc    par   le    loi.    Eurevanchc, 

parliciilirrc   sur  les  noiivcll.-s   de  l'ilrangcr  ,  et  at  }r         j  .  1      i-    .       i 

les  journalM^s  cl;uenl  tenus  d'envoyer,  au  bu-  iNapoJeon  le  pOrta  SUr  la  llStC  de  CCUX 

reau  de  Raudns ,  seulement  les  extraits  des  ga-  qu'il  créa   le   2   juin    l8l5  ;   maîs,  ju- 

zellcs  elrnnp;(res  ,  que  la    eouimisâioii  de  ceu-  *  1  '    • 

sure  n'avait  point  à  rtviicr.  V— vb.  gCdUt      ICS    eVCUCUiCUts   aVCC    Sa      Sa^, 


3x8  BAU  BAU 

gacîté   ordinaire,  le  duc   de  Bauf-  unius  versus  liber,  A.nyers  y  1627, 

fremont  s'excusa  sur  sa  santé,  et  ne  in-4-°.   Ce  vers  a  depuis  occupé  deux 

vint  pas  prendre  part  aux  délibéra-  célèbres    mathématiciens  ,    Jacques 

lions  de  la  chambre  j  ce  qui  fut  cause  Bernoulli  et  le  P.  Prestet.  Le  se- 

de  son  entrée  le  17  août  suivant  dans  cond  l'a  trouvé  susceptible  de  00  j G 

la  nouvelle  chambre  des  pairs  que  combinaisons.  Mais  en  négligeant  la 

créa  Louis  XVIIL  II  continua  cepen-  mesure  ,  suivant  Bernoulli,   les  mots 

dant  a  vivre  dans  la  retraite.  Ce  ne  dont  ce  vers  se  compose  peuvent  être 

fut  qu'a  la  En  de  1 853  qu'étant  venu  combinés  de  4-0,327  manières.    Le 

dans  la  capitale  pour  des  motifs   de  P.  Dobert  {J^.  ce  nom,  XI,  454-) 

santé  il  y  mourut,  le  8  décembre  de  s'est  également  exercé  sur  le  vers  de 

cette  année,  des   suites  du  choléra.  Bauhuis,  dans  le  chap.    35  de   ses 

M D  i.  Récréations    littérales^    où  il   cite 

BAUHUIS   (le  P.  Bernard  ),  l'exemple  d'un  vers  français,  a  la  vé- 

en  latin  Bauluisius^  jésuite,  naquit  ri  lé  fort  médiocre,  qui  peut  se  com- 

en  1675  a  Anvers.  Après  avoir  ter-  biner  de  seize  manières.  Voy.  la  Bi- 

miné  sesétudes,il  embrassa  la  règle  hlioth.  Soc.  Jesu  du  P.  Soulhwel, 

de  Saint-Ignace,  et  professa  quelque  629,  ti  t Examen critiq.  des  dict. 

temps  les  humanités   au  collège  de  de  Barbier,  91.  W — s. 

Bruges.  Son  talent  pour  la  chaire  le         ^  BAUMANN  (Nicolas).  Dans 

fit  ensuite  appeler  aLouvain,  d'où,  l'article  qui  se  trouve  au  tome  III, 

par  Tordre  de  ses  supérieurs,  il  alla  page  567,  on  avance  comme  proba- 

prècher  et  catéchiser  dans  les  princi-  ble  qu'il  est  l'auteur  de  la  fameuse 

pales  villes  des  Pays-Bas.  L'extérieur  satire  intitulée  Renier-le -Renard , 

mortifié  du   P.   Bauhuis   ajoutait   à  laquelle   passe    généralement    pour 

l'effet  de   ses  discours  plus   solides  être  de  Henri  d'xVlkmar.  Cette  er- 

qu'agréables ,  et  dans  lesquels  il  s'oc-  reur,  qui  s'est  glissée  aussi  dans  \At- 

tupaitmoinsde  plaire  que  d'instruire,  las  ethnographique  de  M.  Adrien 

Epuisé  de  fatigues ,  il  tomba  malade  Balbi ,  a  été  mise  en  circulation  par 

et    mourut   a  Anvers,  le    2  5    nov.  Georges  Rollenhagen  dans  la  préface 

1620.  Outre  un  recueil  de  cantiques  de  sou  FroscJunaeuslery  ou  nouvelle 

en  llamand,  a  l'usage  des  missions  et  Batrachomyomachie  ,   Magdebourg  , 

des  calécliismes,  on  a  de   lui  :  Epi-  1698,  in-8",  et  le  savant  Morhof  l'a 

granimalumUbrilX^h^T^MiT^^idl^,  répétée  après  lui  dans  l'ouvrage  inli- 

1610     1620,  in-i2.  C'est  de  cevo-  tulé  :  Unterrichtvon  der  teutschen 

liime  (|ue  fut  tiré  le  fameux  vers  a  la  Sprachcnund  Poésie,  1682,  7° ch. 

Yigrge  :  Le  texte,  attribué  h  Baumanu ,  est 

Tôt  tibi  smil  dotes,  Virgo.qnot  sidéra  calo,  bifll    de    lleiiri    (l'Alkuiar  ,     (]ui  ,     au 

dans  le(juel  on  reconnut  avec  étonne-  surplus,  n'est  nas  l'inventeur  de  cette 
ment  la  singulière  propriété  de  pou-     fable  à  la(|uelle  d'anciennes  poésies 

voir  être  combiné  de  i  022  manières,  des  troubadours  contiennent  des  ai- 
nombre  é<rA  a  celui  des  étoiles  (|uo  lusions  ,  et  dont  Richard  Cœur-de- 
l'aslronomie  avait  alors  calculées.  Lion  disait  ,  vers  i  1  7  i ,  au  dauphin 
Le  savant  Kryclus  Puleanus    (Henri      d'Auvergne: 


Dupuy)  le  puljlla  sous  loutrs  les  for- 
iTies  dnns  le    vcduinc  liilltiilo    :  Pro- 


Dalfiii,  jru5  voill  clon'Snirr 
V<i5  «I  II"  coiiUr  (înioii  , 
(lue  iiii  rn  irsl«»  m-mo» 

ieus  Purtlitnius,  uniiis  lihri  versus  ^  \„s  f.iM,-  hon  u'iu-nirr 


liAU  BAU  3i 


tiyo«jaras«csoumoi  gaz.,    1828,    pp.     680-600,     ainsî 

F.l  mon  porlnslis  lirJ  foi  *=•    ,  ,.        '     '  .'         1      f    1         1         i 

Coin  n  /./ij.',,  a  lUtnari  tju  uiic  uisscrl.iUon  uc  bcliracler  dans 

i;i5eiul)l..  .loui..Mlliart.  IcillêlllC  rcciicll ,  1829,  pp.  3iil-3li8, 

Depuis  <|uc  l'arllclo  ih  Bauniann  a  355-536  ;  ciiliii ,  les  ctrils  relalilsà 

élc  écril,  c'csl-ii-diro  depuis  l'année  riiisloiro  lillcraircde  J.-G.Eicliorn, 

i8ri,  on  a  public  pliisiiiirs  cdilions  L.  \V'aclilcr,A.Kol)crslciu, Flocgt'l, 

du  Renard.    Mcuu   a   imprimé,   en  Tiadeu  ,  H  or  11 ,  L.  Mcisler ,  E.-J. 

1826,  le  romau  français  de  Perrot  Koch,  F. -H.  von  der  llagen  et  J.- 

de  Sainl-Cloud  avec   ses   dilTércnles  G.   Euscliing  ,  C.-Il.  JorJens     Fr. 

hranclies,    roman   où   le    Ion    de  la  Boulerweck,   Th.    Heinsius ,  etc. 

salire  générale  et  de  la  plaisanterie  Brunct ,  Nouv.  recherches  ,  et  sur- 

rcmplacc   la  plupart  des  inlenlious  tout   Reinhart  Fuchs  von    Jacob 

polilicjues  et  des  allusions  hislori(jues  Grinim,  Berlin,  iSS^,  in-8",  et  enfin 

(pii  formcul   le  fond   du  poème  bas-  les  articles  de  M.  Rajnouard,  dans  le 

saxon. En  1  8 1 2,  un  texte  en  vers  fia-  Journal  des  Savants.        R-f-g. 
niands  ou  hollandais  fut  inséré  dans  le  lîAUMAiVX  (  Jean-Frl'déric- 

Bragur  de  F.-D.  Gracier,  d'après  Théodore)  naquit  le  24  mai  1768  a 

un  manuscrit  de  Comburg  à  Stuttgart.  Bodeuteich  ,  dans  le  duché  de  Lune- 

Gesl  un  fragment  de  3,455    vers,  bourg,   011  son  père   élait  ministre 

mais  imprimé  incorrectement  et  sur  protestant  et  surintendant.  Il  fil  de 

lequel  F.    Weckhcrlin   a  fait    une  très-bonnes  études  à  l'université  de 

dissertation.  M.  J.  Scheltema ,  a  rc-  Goettingen  ,   et  entra  fort  jeune  au 

produit  en   1826,  le  texte  de  Henri  service  de  Prusse  en  qualité  d'audi- 

d'Alkmar,  et  M.  F.-J,  Mone ,    en  teur  près  la  cour  souveraine  de  la 

i832  ,  a  mis  au  jour  une  version  en  Vieille-Marche.  En  1793  il  devint 

vers  éléglaques  latins  qu'il  croit  être  assesseur  près  le  tribunal   suprême 

du  9'"  siècle  avec  des  interpolations  de  la  Prusse  occidentale  à  Bromherg 

du  12',  opinion  que  ne  partage  pas  et  fut  nommé,  en  1795  ,  conseiller 

M.  J.  Grimm,  qui  vient  de  donner  de  la  régence  a  Thorn.  En  1796  il 

sur  ce  sujet  un  ouvrage  important,  suivit  à  Varsovie  la  régence,  qui  alla 

Au    reste  ,    le    nombre    des    livres  s'établir  dans  celte  ville  ,  et  réunit  à 

qui  ont  rapport  h  l'intéressante  ques-  sa  charge  de  conseiller  celle  de  juge 

lion   de    l'origine    de    la    fable    du  supérieur  de  la  loterie.  En  1806  il 

Renard    augmente    tous    les    jours,  obtint  le  titre  de   conseiller  intime 

On  peut  consulter  entre  autres,  avec  de  justice.   Son  activité,  et  surtout 

autant  d'agrément  que  de  fruit  ,  H.  son  extrême  probité ,  lui  acquirent 

Hoffmann,  Fundi^riiben  (Sources  de  l'eslimede  tous  ceux  qui  le  connùrenL 

la  littérature  du  Nord),  P.  T*',  pp.  Lors  des  malheureux  événements  de 

240-242  ;  le  même  ,  Horœ  belgicœ,  1807,    Bauniann    quitta   Varsovie  , 

P.I'^'jPP  i25-i28;le  mêmeencore,  malgré  les  offres   brillantes  qui  lui 

Anzeigerji'tr  Kunde  derdeutschen  étaient  faites  par  le  nouveau  gouver- 

miLU'lalters^']\n\\  i833,  pp.  ii3  et  nemcntj  il  se  retira  a  Berlin,  où  il 

1  li'^  S. 'Y .W  iWoms^  Messager  des  resta   sans  emploi    jusqu'en    1808, 

sciences  et  des  arts,  3®  liv.   i833,  époque  à  laquelle  le  roi  lui  donna 

pp.  329-35  I  jJ.-Ch.-H.Citlcrraann,  provisoirement  la  place  de  directeur 

Ceber  die  qiudlen  des  plattdeiits-  et  juge  de  la  ville  de  Neuraark.  Deux 

cben    Gedichts,  etc.,  HaDov.   Ma-  ans  après  il  fut  nommé  conseiller  de 


Sîo  BAU  BAU 

la  rcgencO  et  chargé  de  plusieurs  jnais   d'un  caractère   faible ,  se   vit 

affaires  de  finances  iinporlanles.  En  contrarié  dans  loules  les  mesures  qu'il 

i8i3   le  roi  de    Prusse  le  nomma  voulut  prendre  en  cas  d'une  nouvelle 

commissaire-général  pour  l'organisa-  invasion  des  Français.   Ne  pouvant 

lion  de  la  laudwehr  ;  puis  en  1816,  compter  ni  sur  des   secours  d'Espa- 

directeur  delarégencedePosen,  avec  gne,nisur  la  neutralité  des  Suisses,  il 

le   titre  de   vice-présiJeut.   Devenu  se  trouvait  réduit ,  en  cas  de  guerre  , 

président  supérieur  du  Grand-Duché  a  ses  propres  forces,  qui  consistaient 

£n  1824.,  Baumann  mourut  eu  1 83 0.  dans  sept  bataillons  de  milices  mal 

C'était  un  homme  de  beaucoup  d'ex-  armés   et  mal  équipés.  Averti,  dans 

périence  dans  l'administration.  11  re-  les  premiers  jours  de  janvier  1668  , 

rut  de  son  souverain  la  décoration  de  qu'une   armée    française  rassemblée 

l'aigle-rouge   et    des   titres   de   uo-  sur  les  frontières  se  disposait  a  pé- 

blesse.  Z.  nétrer  dans  la  province ,  et  que  le 

BAUME -SAINT- AMOUR  roi  lui-même  devait  en  prendre  le 

(Philippe  DE  la),  marquis  d'YExVNES,  commandement,  le  marquis  d'Yen- 

était  fils  de  Philibert  de  la  Baume  ,  lies  se  hâta  de  rassembler  les  milices 

baron  de  Saint-Amour,  et  d'Hélène  et  de  les  distribuer  dans  les  villes  et 

Perienot,  nièce  du  cardinal  de  Gran-  châteaux  qui  paraissaient  le  plus  ea 

velle.  Destiné  dans  sa  première  jeu-  état  de  résister.  Le  2  février  il  par- 

iiesse   à  l'état  ecclésiastique,  il  fut  tit  de  Dole,  y  laissant  pour  toute 

pourvu  d'an  canonicatau  chapitre  de  garnison  5 00  hommes  de  milices,  et 

Besançon;   mais   il   le   résigna  pour  courut   a   Besançon,   k    Salins,    a 

suivre  le  parti  des  armes.  Dans  cette  Gray  ,  pour  s'assurer  de  la  silualiou 

carrière ,  dit  Pelisson  ,  il  se  fit  plus  de  ces  places  et  donner  ses  derniers 

remarijuer  par  l'assiduité  du  service  ordres.  De  nombreux   détachements 

que  par  aucune  action  d  éclat.  Tou-  français    s'étaient    déjà  montrés   sur 

lefois  le  grand  Condé  lui  rendait  le  dilléreuls  points.  Ne  pouvaut  tenir  la 

témoignage  de  l'avoir  vu  bien  faire  campagne  ,    puisqu'il    n'avait    pour 

au  combat  des  Dunes  et  a  la  retraite  toute  escorte  (pi'une  di/aine  de  cava- 

des  ligues  devant  Arras.  Après  la  liers ,  il  ])rit  le  parti  de  se  retirer 

paix  des  Pyrénées  (1659),    il  alla  dans  le  château  (le  Joux  ,  forteresse 

solliciter  h  Madrid  la  récompense  de  regardée  connue  inexpugiîal)lc ,  où  il 

vingt-sept  campagnes  dans  les  Pays-  devait  être  mieux  placé  que  partout 

Bas  j  clll  obliul,  en  1661,  la  place  ailleurs    pour    recevoir  les    secours 

de  gouverneur  de   Franche -Comté,  ((u'il  avait  demandés  au  gouverneur 

Celte  ijrovincc,  pauvie  et  sans  corn-  du   Mdanais  et  aux  Suisses  ,  s'ils  se 

jnerce  ,  venait  d'être  le  théâtre  d'une  décidaient  euîinâraider  dans  ce  péril 

longiie  guerre,   (pii  l'avait   entière-  pressant.    Dès  le  leudenuiin  il  y  vit 

meut  ruinée.  E'aulurité  souveraine  .s'y  arriver  les  débris  de  la  garnison  de 

trouvait  dans  les  malus  ihi  parlenuiil  Besançon,  consistant  eu  deux  soldats, 

de  Dole,«  liicapal)le  ,  dit  l'elisson,  un  laud'our  et  (piehpies  olliciers.  La 

de  (h)iiner  conseil   ni  d\'i\  prendre  ,  reddition  de  celle  place  lut  suivie  de 

ne  sacliaul  ni  obéir  ni  conunauder  »  celle  de  Salins,  dont  les  loris  étalent 

{/icldlion  (l<;  lu  comiucte  du  conilc  dépourvus  d'artillerieeldenuinilions. 

tic.  Jlouf^o^ui').   i)ès  sou  arrivée  ,  Dole,  investi  le  10  février,  capitula 

le  luarqulijd'ïcmies ,  rtiu{)lidczèle,  le  j/j.  Le  tbâieau  de  Joux  u était 


I 


IJAII 

dclciiilii  ([lie  p.ir  iiiifliiics  jMv>aii.s  du 
Vdi.Mna^r  ,  cllravcs  |)ar  los  rudoinoii- 
l.iilc.s  (In  niari|uis  de  Nulsy  ,  (inl  K'S 
inonaçail  de  Ifs  l.iirc  ju'iidrc  s'ils 
osalonl  lircr,  cl  d  iiicrmiifr  leurs 
fcrnios  s'ils  b.ilanraicnl  ciicori*  a 
rccoiluaîlrr  l'aiilorilc  de  LouisXIV. 
Forcé  d'accepler  1rs  coiidilions  ([iroii 
lui  |)r()pi)sail,  le  niarcjuis  d'Yiiiiics  lui 
CDiidiiil  au  camp  devani  Gray  ,  dont 
Louis  XIV  se  réservail  de  iaire  le 
siège  en  personne.  Excepté  celle  p'a- 
ce  ,  qui  ne  se  défendait  que  parce 
qu'elle  n'était  point  encore  attaf|iiéej 
toute  la  province  élail  soumise.  Louis 
XIV  chargea  le  mar(juis  d'\enncs 
de  décider  les  lia])ilanls  de  Gray  à 
s'épargner,  par  une  prompte  soumis- 
sion ,  les  malheurs  que  ne  pourrait 
man({uer  de  leur  attirer  une  résistance 
inullle.  Par  Foccupalion  de  cette 
ville  ,  le  roi  de  France  se  vit ,  eu 
moins  de  Irois  semaines,  maître  d'une 
province  qui^  trente  ans  auparavant , 
n'avait  pu  èlre  été  entamée  par  une 
armée  plus  nombreuse  (  J^oy.  Boy- 
vin,  V,  44-2).  Flallé  de  ce  succès  , 
dont  les  courtisans  ne  manquèrent 
pas  d'exagérer  rimporlance,  Louis 
XlV  voulut  consoler  le  marquis 
d'Yennes  des  rigueurs  de  la  fortune  ; 
il  lui  conserva  le  titre  de  lieutenant- 
général  avec  un  traitement  de  vingt 
mille  livres  et  sa  résidence  au  châ- 
teau de  Gray.  Biais  la  générosité  du 
monarque  fut  mal  inlerprélée  ,  et 
les  Francs-Comtois  regardèrent  le 
malheureux  général  comme  le  com- 
plice à^s  traîtres  qui  avaient  vendu 
leur  province  a  la  France  (  Voj. 
Vattevili.e,  XLVII,  586).  Il  était 
venu  solliciter  h  Paris  un  passe-port 
pour  Bruxelles;  informé  qu'il  serait 
arrèlé  dans  celle  tlcrnière  ville,  cl 
conduit  a  Mulrid,  où  sou  procès 
devait  s'instruire  ,  il  jugea  prudent 
de  différer  son  départ  jusqu'à  ce  tpie 


IJ/lt 


o'jtr 


les  juges  ,  revenus  de  leurs  j)réveu- 
lions,  fussent  en  élal  d  apprécier  les 
faits.  Par  le  traité  d'Aix-la-Chapelle, 
du  '1  mai  i()6(),  TEspagnc  recouvra 
momcJilanément  la  Franche-Comté. 
Le  mar(juis  (rVenjics  fut  remplacé 
dans  S'jii  gou\crn'incul  par  le  prince 
d'Aremucrg.  C'est  a'tJis  (ju'il  puhlia, 
sous  le  litre  (Wij)ol<)^ic,  un  mémoire 
dans  lequel  il  prouve  jusqu'à  l'évidence 
qu'il  avait  fait  tout  ce  qui  pouvait 
dépendre  d'un  homme  d'honneur  pour 
préserver  de  l'invasion  un  pays  ruiné 
par  les  guerres  précédentes  et  aban- 
donné a  SCS  propres  forces.  Ce  mé- 
moire, auquel  il  faut  joindre  la  Cor- 
respondance du  marquis  (VYennes 
avec  le  parlement  de  T)olc[i)^  est 
un  des  plus  curieux  monuments  que 
l'on  puisse  consulter  pour  l'histoire 
de  la  première  conquête  de  la  Fran- 
che-Comté par  Louis  XIV.  Malgré 
le  sentiment  de  son  innocence,  il 
n'osa  point  reparaître  dans  un  pays 
où  l'aurait  poursuivi  la  haine  du 
parlement,  dont  il  avait  dévoilé  la 
conduite.  Il  ne  survécut  pas  long-temps 
a  sa  disgrâce  ,  cl  l'on  peut  conjecturer 
qu'il  mourut  a  Paris  vers  1670,  dans 
un  âge  assez  avancé  j  mais  telle  était 
la  force  des  préventions  nui  subsis- 
taient contre  lui,  qu'aucun  àas  histo- 
riens francs-comtois,  ni  même  des 
généalogistes  de  sa  maison  n'a  daigné 
recueillir  la  moindre  particularité  sur 
son  sort  depuis  son  départ  de  la 
province.  C'est  donc  h  son  yJpologie 
et  a  l'histoire  de  Louis  XIV  par  Pc- 
lisson  qu'il  faut  recourir  pour  trouver 
quelques  détails  sur  un  personnage 
oublié  dans  les  dictionnaires  français, 
Irès-mal  à  propos,  puisque  son  nom  be 


(1)  (les  ilciiN  oiivraî^cs  ,  iiiii)riiii<'.s  sans  noiu  de 
ville,  mais  vi-aisriiil'lab'rincnl  à  l'aris,  en  1(168, 
sont  tlevoiiiis  lirs-iarcs  ;  Wtpo'.ogie  du  marquis 
d'Yennes  est  un  jn-lit  iii-4"  ''*^  '^  }>•  ;  ."^a  Carres- 
poiidanre  avec  Ir  parlciuciil  forme  une  partie  sé- 
parée <U'  '  17  i'- 


Vil, 


21 


322 


BAU 


raltache  à  l'une  des  époques  les  plus 
brillanles  de  la  monarchie  ,  celle  de 
son  agrandissement  et  de  l'affaiLlisse- 
ment  de  l'Espagne.  W— s. 

BAUMES(Jean-Baptiste-Theo- 
dore),  médecin  et  professeur  de  la 
faculté  de  Montpellier,  mort  en  182  8, 
s'est  principalement  fait  connaître 
par  ses  tentatives  pour  établir  une 
théorie  pathologinue  fondée  sur  la 
chimie,  h  l'époque  où  Fourcroy  usait 
de  tout  Fascendant  de  sa  puissante 
éloquence  pour  réduire  la  médecine  a 
n'être  qu'une  section  secondaire  de 
la  science  des  affinités.  Cependant, 
quelque  fougueux  chémiatre  qu'il  eût 
cté  dans  sa  jeunesse ,  il  finit  par  re- 
connaître la  faiblesse  des  fondements 
du  système  qu'il  avait  prétendu  éta- 
blir, mais  auquel  il  n'a  jamais  entiè- 
rement renoncé.  Les  nombreux  ou- 
vrages ([u'il  a  publiés,  et  dans  lesquels 
on  reconnaît  un  observateur  exact,  lui 
ont  mérité  à  juste  titre  la  réputation 
de  bon  praticien.  I.  De  l'usaç^c  du 
quinquina  dans  les  fièvres  intov- 
millenles ,  Paris  ,  1786  ,  in-B**.  II. 
Mémoire  sur  la  maladie  du  mésen- 
tère ^  propre  aux  enfants  ,  que 
Von  nomme  vulgairement  carreau^ 
Paris,  1788;  1806,  in-8MII.r/-nr/- 
té  des  convulsions  des  enfants , 
leurs  causes  et  leur  traitement , 
Paris,  1789,  i8o5  ,  in-8°.  IV. 
Mémoire  sur  les  maladies  qui  ré- 
sultent des  émanations  des  eaux 
sCaf^nnntes  et  des  pays  maréca- 
geux, Paris,  1789,  in-8®;  Irad.  eu 
allemand,  Leipzig,  17912  ,  in-8".  V. 
Traité  de  la  plilhisie  pulmonaire^ 
Paris,  1798;  i8o5,  2  vol.  in-8"  , 
ouvrage  bien  fait  cl  (jue  l'on  peut  lire 
avec  fruit.  Il  a  été  traduit  en  alle- 
mand par  Fischer,  Ilildburgshausen, 
1809,  in-8".  VI.  Essai  d'un  sys- 
tcmc  chinùque  de  la  science  de 
( homme f  Paris,  1798,  iu-8"j  trad, 


BAU 

eu  allemand  par  Karsteu ,  Berlin  , 
1802  ,  in- 8°.  VIL  Traité  élémen- 
taire de  nosologie ,   Paris,    1801 
et  1802,   4-  vol.  in-8°.   C'est  dans 
ce    traité    que    Baumes    a   consigné 
ses  idées  sur  la  tbéorie  et  la  classifi- 
cation chimique  des  maladies  ,  vues 
qui  n'ont  guère  obtenu  d'autre  ap- 
probation que  celle  de  leur  auteur, 
et  qui  ne  sont  eu  effet  qu'ingénieuses. 
VIII.   Topographie  de  la  ville  de 
Nîmes  et  de  sa  banlieue ,  Nîmes, 
1802,   in-4.^.    IX.    Traité   de    la 
première  dentition  et  des  maladies 
souvent  très-graves  qui  en  dépen- 
dent, Paris,  i8o5,  in- 8°.  X.  Traité 
sur  le  vice  scrofuleux ,  Paris,  1 8  0  5 , 
in-8°-   XL    Traité  de    l'ictère   ou 
jaunisse  des  erfants,  de  naissance, 
Paris,  i8o6,in-8°.  X\l.  Eloge  de 
Bartliez,  Montpellier,  1807,  in-4-°  : 
cet  éloge,  généralement  bien  pensé, 
est  écrit  avec  plus  de  soin  que  les 
autres  productions  de  Baumes,    qui 
pour  la  plupart  sont   très-négligées 
sous  le  rapport  de  la   langue  et   du 
style.  XIII  De  l'instruction  publi- 
que dans  ses  rapports  avec  l'ensei- 
gîiemen  t  des  sciences  et  arts  appelés 
libéraux  en  général,  et  de  la  mé- 
decine  en  /)articidier,  Montpellier, 
1814  ,    in-8"    XIV.  Examen  des 
réf  exions  de  Bergasse  sur  l'acte 
constitutionnel  du  Sénat,  Mcntpel- 
lier,  i8r4,  in-8*\  Baumes  a  inséré 
en  on  Ire,  dans  le  Journal  de  la  société 
de  médecine  pratique  de  Montpellier, 
une  Mudliludc  (rarllcles  crili([ues  gé- 
néralement pi'U   mesurés    et  parfois 
même  liès-virulenls.Un  de  ses  faibles 
élail  de  déclanier  contre  les  chirur- 
giens du  siècle,   et  de    regretter  le 
lenq)s  où  ,  réduils  au  rôle  de  manoMi- 
vres  ,  ils   étaient  les  esclaves  avilis 
des  médecins.  J — td — N. 

BAIIHIKTZ.  f'or.BKAuMETz. 

DAUll  (Samuel),  biographe,  ne 


1 


RAU  BAU                 323 

aUlni  le  5i  janvier  i  7^8.  avait  pour  Nous  n'indiquerons  que  les  princi- 
pî'ir  un  clian};riir  (jul ,  ne  pauvre, s'c-  panx  :  1.  Arclii%'cs  tC esquisses  re- 
l.iil  II  iorco  trécononne  clcvc  a  celle  lalives  aux  /}ri/ici/)cs  de  la  reli' 
position.  l')e.sliné  dès  son  enfance  k  gion ,  Ilil(ll)ur^lians{'n,  1796-1800, 
Télal  ecclésiastique  ,  il  fit  Si.'S  prc-  /,  vol.  II.  Plans  de  prédications 
niièrcs  études  au  gymnase  de  sa  ville  sur  toute  la  morale  chrétienne  , 
nilale;  puis,  en  1791,  il  Tut  envoyé  à  Leipzig,  i8o3-5  ,  3  vol.  Ilf.  Ta- 
luniversité  d'Iéna.  Aux  études  lliéo-  bleaux  intéressants  de  la  vie 
loi;i(]ues  que  lui  imposait  sa  vocation  ,  des  personnap;es  mémorables  du 
il  joignit  celle  de  riiisloirc  politique  Xf^lIP  siècle ,  ibid.,  i8o3-2i, 
cl  littéraire  qui  resta  toujours  sa  7  vol.  IV.  Répertoire  pour  tous 
science  favorite.  Il  contracta  en  même  les  actes  qui  font  partie  des  fonc- 
tciups  des  liaisons  avec  des  bonimcs  iions  du  ?ninistre  prédicantj  Halle, 
aussi  honorables  ([ue  savants  5  et  par  i8o5-6,  12  vol.  5  2<^  édit.,  1829. 
leur  moyen  il  mit  a  profil  .  même  V.  Nouveau  dictionnaire  manuel 
pécuniairement,  sou  séjour  a  léna.  historique  ^  biographique  et  litté- 
Uuc  hypocondrie  violente  le  força  raire ,  Ulm  ,  1807-16,  7  vol. 
de  quitter  l'université  avant  d'avoir  Le  Manuel  biographique  n'a  pas 
achevé  ses  cours.  Il  revint  a  Ulm,  manqué  de  quelque  réputation.  VI 
et  après  une  interruption  de  neuf  Tableaux  des  révolutions ,  soulè' 
mois  il  les  reprit  à  Puniversilé  de  vements,  etc.,  les  plus  remarqua- 
Tubingue.  Revenu  encore  une  fois  blés  ^  ibid.,  i8io-i8,  1 0  v.  VII. 
dans  sa  ville  natale,  il  s'y  essaya  pu-  F  aits  mémorables  de  Vhistoire  des 
bliquement  dans  Téloquence  sacrée,  hommes^  des  peuples  et  des  mœurs. 
Ses  prédications  eurent  dusuccès  ;  et,  ibid.,  1819-29,  1 1- v.  VIU.  Livre 
avec  les  applaudissements  du  public  ,  de  conversations  historico-biogra- 
il  obtint  de  ses  supérieurs,  dans  l'au-  /?A/^we5^ ibid. _, 1 82 2-3 1, 7  V. IX. Ca- 
tomue  de  i  794,1e  vicariat,  et  bientôt  binet  historique  de  raretés  ^  Augs- 
le  titre  de  ministre  de  Burlenberg  bourg,  1 826-31,  6  v.  On  voit  que 
(entre  IJlm  et  Augsbourg).  De  la  il  presque  tous  ces  ouvrages  apparlien- 
passa  en  1800  a  Gœttingen.  A  cette  nent  à  la  classe  des  simples  compila- 
paroisse  ,  d'un  revenu  convenable  ,  il  iions.  Parmi  ses  traductions  nous  cite- 
joignit  eu  i8o5  celle  d'Alpek  ,  qui  en  rons  celle  des  Observations  de  Ta- 
est  voisine;  et,  en  1810,  les  fondions  vernier  sur  le  sérail  du  grand-sei- 
de  doyen.  C'est  la  qu'il  passa  le  reste  g-/zewr^  Memmingen  ,  1789J  de  Gon- 
de  sa  vie,  partageant  son  temps  en-  zalve de  Cordoue,  Berlin,  1795  ,a 
tre  ses  obligations  ecclésiastiques  et  \.'^àts  Caractères  de  La  Bruyère, 
sts  goûts  litltéraires.  Quoique  d'une  Leipzig,  1790,  et  delà  Correspon- 
constituliou  très-faible,  il  sut,  par  dance  de  Duyal  avec  A.  Sokolov, 
des  soins  hygiétéliques,  se  main-  Nuremberg,  1792  ,  2  v.  Baur  avait 
tenir  en  santé  jusqu'à  un  âge  assez  aussi  donné  beaucoup  d'articles  bio- 
avancé. Il  mourut  le  25  mai  i832.  graphiques  à  l'Encyclopédie  d'Erscli 
Samuel  B.iur  était  regardé  comme  et  Gruber>  P — or. 
un  des  écrivains  les  plus  féconds  de  BAUSSET  (  Louis -François 
l'Allemigne:  ses  ouvrages  ,  y  com-  de),  cardinal,  naquit  le  14  décembre 
pris  quelques  traductions,  ne  forment  1748  a  Pondichéry,  où  son  père  oc- 
pas  moins  de  C6iil  cinquante  volumes,  cupait  une  place  importante.  Amené 

21, 


3^4  »AC 

de  bonne  iicure  en  Fra[;ce,  Il  fii  ses 
premières  éludes  au  collège  de  La 
Plèche  cl  les  termina  a  celui  Je 
Beauvais,  a  Paris.  Destiné  a  Tétai  ec- 
clésiastique ,  il  entra  au  séminaire  de 
Sainl-Snlpice  ,  et  ol)tinl ,  bien  jeune 
encore,  nu  canonicat  dans  la  cathédrale 
de  Béziers  et  un  bénéiice  simple  dins 
le  diocèse  de  Fréjus.  Deux  prélats  de 
son  nom  occupaient  alors  ces  sièges  et 
semblaient  vouloir  a  l'envi  rattacher 
àleursdiocèses;  mais  l'abbé  de  Raussel 
renonça  dans  la  suite  au  cauonical  de 
Béziers,  et  le  titre  de  recteur  de  la 
chapelle  du  Saint-Esprit  qu'il  avait 
dans  le  diocèse  de  Fréjus  ne  lui  servit 
guère  qu'a  être  député  a  l'assemblée 
du  clergé  de  1770.  Il  se  lia  avec 
M.  de  Boisgeîin  ,  nommé  celte 
Tnènie  année  archevêque  d'Aix  :  ce 
prélat  le  fil  sou  grauJ-vicaire,  et  se 
plut  a  le  former  aux  affaires.  Placé  à 
la  télé  d'une  administration  impor- 
tante, soit  comme  archevêque  d'Aix, 
«oit  comme  président  des  états  de 
Provence,  il  aimait  le  travail  et  en 
inspirait  le  goûta  ses  grands-vicaires. 
C'était  a  qui  ferait  sous  lui  l'appren- 
tissage de  l'épiscopal,  cl  M.  de  j'ans- 
set  regardait  comme  un  bonheur 
d'avoir  joui  pendant  plusieurs  années 
ih's  entretiens  et  des  conseils  d'un 
chef  aus.^i  habile  et  aussi  éclairé.  Il 
t:ut  bientôt  occasion  d'appli(|uer  les 
leçons  qu'il  en  avait  reçues.  De  tris- 
tes divisions  avaient  éclaté  dins  le 
diocèse  de  Digne  ,  où  l'évêque  , 
M.  (h;  Caylus  ,  était  ouvertement 
brouillé  avec  le  chapitre.  On  engagea 
ce  prélat  a  renoncer  ii  l'administration 
<le  son  siège  et  a  donner  ses  poii\<Mrs 
h  l'abbé  de  liausset.  Celui-ci,  arrivé 
h  Digne  en  177^^,  parla  le  langage 
de  la  douceur  et  de  la  modération  , 
consola  des  hommes  aigris  et  obtint 
du  chapitre  tout  te  <\n'i\  voulut. 
léix  paix  fui  "ViUblie  dans  le  diocèse  , 


BAU 

et  cet  heureux  résultat  fut  at- 
tribué a  l'esprit  conciliant  et  aux 
manières  aimables  de  M.  de  Beaus- 
set,  qui  resta  quelques  années  il 
Digne  comme  grand  -  vicaire  de 
révèque.  En  «784,  il  ftit  nommé  "a 
révêché  d'Alais ,  diocèse  oiî  lespro- 
testonls  étaient  nombreux  et  qui 
faisait  partie  du  Languedoc.  L'é- 
vêque siégeait  dans  les  états  de  celte 
province  ,  et  ce  fut  comme  leur  dé- 
puté que  M.  de  Bausset  adressa  a 
M'"'"  Elisabeth  ,  sœur  de  Louis  X\l  , 
une  harangue  qui  fut  imprimée  dans 
divers  recueils  et  citée  comme  un  mo- 
dèle de  goût  et  de  délicatesse.  On  lui 
proposa,  en  1788  ,  Tévèché  de  Gre- 
noble, qu'il  refusa  ^  il  fut  membre  des 
deux  assemblées  des  notables  en  1 787 
et  I  788;  mais  on  croit  qu'il  n'assista 
point  à  la  deuxième.  C'est  par  erreur 
qu'on  a  dit  qu'il  avait  été  membre  de 
l'assemblée  constituante  :  cette  assem- 
blée ayant  supprimé  le  siège  d'Alais  , 
le  prélat  réclama  par  des  lettres  du  i  2 
juillet  et  du  27  novembre  1790,  ijni 
ont  été  imprimées.  vSa  lettre  pastorale 
du  12  mai  1791  offre  autant  de  mo- 
dération (pie  d'attachement  aux  prin- 
cipes. Le  prélat  sortit  de  France 
vers  la  fin  de  1791  ;  cl  il  y  rentra 
Tannée  suivante  ,  probablemenl  un 
peu  avant  le  10  août.  Bientôt  les 
mesures  de  terreur  vinrent  l'y  attein- 
dre •  il  fut  écroné  et  enfermé  dans 
un  monastère  transformé  eu  prison, 
et  passa  plusieurs  années  dans  le 
couvent  de  Fort-Royal,  rue  de  la 
Jiourbe;  on  l'y  oublia,  et  il  échappa 
aux  trihuniux  réiolulumnaires.  Mis 
«'Il  liberté  ai)rès  la  rhnie  de  llobes- 
pieî  re  ,  il  se  retira  d.ins  une  maison 
de  campagne  ii  Villemoissou ,  près 
Longjumcau  ,  où  liabil.iit  M'""  de 
Hassompierre  sa  parente.  Ce  tut  sou 
séjour  pendant  la  plus  grande  partie 
de  l'auuée,  cl  il  iic  (il  plus  il  Paris 


qno  (Hk'l(|iics  Vovai^rs  rares  el  couris  iielon,    les    coiiiiiuiHHiun   a    l'cvrcjuc 

|)()iir  voir  ses  amis'.  Dans  \c  inuulvc  irAl.iis,  (jui  rorina  (Pabord  le  projet 

claiiral>li.>KiuerN,sii|)oriciu-gciK'ral  de  cloinicr  une  nouvelle   cdilioii  de» 

(le  Saiiil-Snlpice.  l.ine  laMirtuse  con-  œuvres  de  rarclievcMjue  de  Cambrai  : 

lorniilé  de  vues  cl  de  caractère  établi»,  sa  coiTcspondance  ,  (pic  nous  avons 

tnlre  eux  des  rapports  iuliiiies,  et  ils  eue  sous  les  yeux,    nous  Papprcnd  ; 

.se    consullaienl    nuiluellemcul    pour  mais  M.  Emery  en<;af^ea  onbuile  son 

lenis  écrits.  Ce  fui  de  concert  avec  ami  h  composer  une  liislolre  de  Fé- 

cci  ai)hé(pic  rcvè([ue  d'Alais  rédi<!;ea  nulon,  (pii  parut  en  1808,  en  3  vol. 

des  Réflexions  sur  la  dcclarntian  iu-8",  et  eut  le  succès  le  plus  éclatant 

(:n'i>cc'  ries  mi/us  très  du  culte  par  (i  )•  H  s'en  fit  plusieurs  éditions  en  peu 

la  loi  du  7  vcndciniairc.  an  iv;  1796,  d'années,  et  l'ouvrage  fut  désigné  en 

vol.  in-8", qui  reparut  rannécsuivanlc  18  10,  par  Tinstitul,  comme  méritant 

avec  quel(|ucsadtlitions,  sous  le  titre  un    des    prix    décennaux,    lescpiels, 

d' h\v/jos(^  des  principes  sur  le  ser-  comme  ou  sait ,  ne  furent  point  dis- 

nienl  dclibcrlc  cL  d\'galilc,  cl  sur  Iribués  (2).  Lors  de  la  (ormalion  de 

liL  déclaration Emery  fut  édi-  Tuniversité  ,   M.   de  Bausset  en  fut 

tcur  des  deux  écrits.  L'évèipu' d'Alais  nommé  conseiller  titulaire;  peu  au- 

.s'empressa   d'adhérer  a   la  demande  j)aravanL  ,  il  avait  été  fait  chanoine 

iaile    en    i8ui    p.;r    l*ie     VU    aux  vie  Saint-Denis.  Quelques  personnes 

évcques  de  Erancc  d^^  se  démettre  de  avaient  paru  craindre  que  Y  Histoire 

leurs  sièges,  et  publia  en  celle  occa-  de  Fénelon  ne  tendît  a  diminuer  la 

siou  une  lettre  a  ses  grands-vicaires,  liante    réputation    de     Tévèque    de 

sous  la  date  du  24  décembre  1801  ;  Meaux;  M.  l'évêque  crAlais  répondit 

on  y  trouve  des  considérations  aussi  victorieusement    a   ce   reproche  :  il 

judicieuses qu'élégammenlexprimées,  composa    X Histoire    de    Bossuct , 

sur  la  situation  de  l'église  à  celte  épo-  qu'il  avait  achevée  en   1812,   mais 

que.  Larépulalion  de  rancienévèque  qu'il  ne  publia  qu'après  la  restaura- 

d'Alais  devait  lui  procurer  une  place  lion.    Ces   deux    ouvrages  sont   des 

dans  la  nouvelle  organisation  de  l'é-  monuments  pour  l'église  de  France, 

glise  de  France  en  1802  ;  mais  déjà  encore  plus  que  pour  la  littérature, 

une  maladie  grave,  la  goutte  ,  lui  (jtait  En  i8i4-,  on  forma  successivement 

tous  les  moyens  de  reaiplir  les  fonc-  deux  commissions  pour  s'occuper  des 

lions  ecclésiastiques;  elle  le  priva  peu  affaires  de  l'église;  M.  de  Bausset  fut 

a  peu  de  l'usage  de  ses  Ïambes,  el  c'est  membre  de  l'une  et  de  l'autre.  Une 

au  milieu  de  douleurs  graves  qu'il  a  ordonnance  du    19   février   i8i5   le 

composé  les  deux  ouvrages  qui  ont  le  nomma    président  du  conseil    royal 

plus  contribué  a  sa  gloire.  Le  cardinal     — ~~~ 

J«  ■n^;..rr/.i;„  /t.,r,«    ,■,^n,^^^    -  Çi. ,.  /     AT  (t)  Le  prix  du  manuscrit  fnt  versé  tout  pnticf 

(le  Doisg^elin  ettini  moilen  1004,  IM.      .^  \     *    .      ■   im,,,    i;„,„.„    .„  .,r,.r,t  ,1.. 

O  .  dans  les  ntuins  de  1  ahhe  tmery  ,  au  prolil  uu 

de     Bausset     lui    paya     son     tribut    de        séminaire  de  .Saim-Sulpice,  dont  cothouime  res- 
1  I    -      „.,    ,.r,r>     TV     #  "^       /  •  .*        -^  neclable  était  le  directeur.  M — uj. 

regrets  par  wuq  ISotice  historique     ^  ^^^  pi^i„  d'admiration   pour  le  .;ècie    d« 

assez   étendue  et  écrite  avec  autant  de       I.ouis  XlV.cct  illustre  prélat  étrlvait  à  l'autenr 


1  -i    T.'  11  ,  de   cette  note  1817):   «...  Tout  ce  qiM  sC' i>.nsse 

rOUt    que     de    SenSllJlille  ;     elle    parut  ,,epuis  quelques  années,  fait  encore  plus  apprt- 

l'abonl  in- 1  2  ,  et  a  été  réimprimée  ci.r  co  Loui:,  \iv  qui  sut  gouverner  la  rr..nr«, 

.     I  .  ,  /^/'  I        nr      J  et  U'.i  donner  de  la  grandeur  et  de  la  aii:nité  , 

a    la    lete    des     ULin>rrS    de     l)J .    de  ,,,j  i^i^^jut  à   la  hauteur  de   son   noble   c.uac- 

Jjoiseelin  ,      I  8  I  8   ,     in-8".    Einery,  ^^^^-  <■«   »""'•  '^'  '«^  -^'"l  'Secret   de  son  gouverne- 

"  .      ,  -II.''  uicnt  ,  et  ce  servcl  n*"  jiouvait  étrç  que  celui  de 

ayant   acquis  les  manuscrits   de   r  e-  9;, -riouj*  'u«-.  "  v— v». 


326  BAU  BAU 

d'instruction  publique  ;  mais  le  retour  grand  nomBre  de  matériaux  pour  cet 
inopiné  de  Bonaparte  fit  avorter  celte  ouvrage;  mais  les  accès  plus  fréquents 
mesure.  Pendant  les  cent-jours,  un  de  la  goutte  le  forcèrent  de  renoncer 
décret  rétablit  ie  prélat  comme  con-  à  ce  travail.  Il  se  borna,  dans  ses 
seiller  titulaire  de  l'université;  mais  dernières  années,  a  publier  quelques 
il  n'en  exerça  point  les  fonctions.  Au  notices  sur  des  personnages  de  son 
second  retour  de  Louis  XVUI ,  on  temps.  On  lui  doit,  en  ce  genre,  une 
le  comprit  dans  une  promotion  de  Notice  historique  sur  le  pieux  abbé 
pairs,  et,  en  1816,  il  fut  admis  par  Lcgris-Duval ,  qui  fut  mise  a  la  tête 
ordonnance  dans  Tacadémie  française,  des  sermons  de  cet  excellent  prêtre; 
Louis  XVIII  l'avait  présenté  pour  le  une  Notice  historique  sur  le  cardi- 
chapcau  de  cardinal,  etBI.  deBausset  nal  de  Périgord,  qui  a  été  ausii  ini- 
fut  élevé  a  cette  dignité  dans  le  con-  primée,  1821  ,  in-8°,  et  une  autre 
sistoire  du  28  juillet  18 17.  Le  roi  sur  le  duc  de  Ricbelieu ,  qui  fut  lue  » 
lui  conféra  successivement  les  titres  par  M.  Pastoret  h  la  chambre  des 
de  duc,  de  commandeur  de  l'ordre  du  pairs  le  8  juin  1822.  Le  cardinal  de 
Saint-Esprit,  de  ministre  d'état  et  de  Bausset  était  étroitement  lié  avec  cet 
membre  du  conseil  privé.  Le  cardinal  ancien  ministre,  dont  il  partageait  les 
prit  part  aux  négociations  qui  eurent  idées  politiques;  et  les  pairs  de  la 
lieu,  en  18 18  et  en  18 19,  sur  les  même  nuance  d'opinion  se  réunis- 
affaires  de  l'église  ;  il  assista  aux  réu-  saicnt  chez  lui  pour  se  concerter 
nions  d'évêques  et  signa  leurs  lettres  sur  leurs  délibérations  ,  ce  qui  leur 
et  réclamations  ;  dans  une  seule  oc-  avait  fait  donner  le  nom  de  car- 
casion  il  parut  ne  pas  faire  cause  dinalistes.  Au  commencement  du 
commune  avec  ses  collègues.  Une  loi  printemps  de  1824,  la  santé  du  car- 
sur  la  presse  ayant  été  présentée  aux  dinal  parut  s'altérer  sensiblement.  Il 
chambres,  plusieurs  pairs  avaient  pressentit  sa  fin  prochaine,  et  s'y 
demandé  qu'on  y  énonçât  formelle-  disposa  en  chrétien  et  en  évêque  ;  il 
ment  des  peines  contre  les  auteurs  reçut  fous  les  sacrements  en  pleine 
d'outrages  envers  la  religion;  cet  connaissance,  et  mourut  le  21  juin 
amendement  fut  rejeté.  Quatre  évê-  de  la  même  année.  Ses  obsèques 
ques  pairs  signèrent  une  réclamation  eurent  lieu,  le  25,  K  Saint-Thomas- 
k  ce  sujet.  Le  cardinal  de  Bausset  ne  d'A([uin  ,  et  le  corps  fut  porté  dans 
crut  point  devoir  la  signer,  non  qu'il  l'église  des  Carmélites  de  la  rue  de 
pensai  autrement  (jue  ses  collègues  Yaugirard.  Sou  testament  contient 
«ur  le  respect  dû  a  la  religion;  mais  plusieurs  legs  pieux  :  il  laissa  sa  cha- 
îl  donna  une  autre  forme  h  sa  récla-  pelle  elsesmanuscritsau  séminaire  de 
inaliou,  et  il  écrivit  au  cardinal  de  Sainl-Siilpice.  Une  oraison  funèhre  du 
Périgord  une  lettre  pour  rxpli(pier  cardinal  lui  prononcée  a  Aix  par  31. 
ses  motifs.  11  eut  alors  beaucoup  de  Christian,  et  ensuite  imprimée  dans  la 
pari  au  rélahlissemcnl  de  la  statue  même  ville.  lia  paru  plusieurs  notices 
de  ileuri  IV.  Aimant  les  arts  et  les  sur  le  cardinal  :  l'une  assez  courte,  el 
lettres ,  il  encourageait  ceux  (jui  les  dont  celle-ci  est  un  extrait ,  a  élc 
cultivent.  Coudanjué  h  la  retraite  publiée  dans  V  J/ni  de  lu  luligion. 
par  ses  infirir'lés,  il  s'occupa  ([uebpie  Une  autre  par  M.  de  G.  aélé  imprimée 
temps  d'une  histoire  du  cardinal  de  Ji  Marseille ,  182/».,  iu-8'',  de  72  n. 
Flcury^  çl  il  uYiûi  déjH  rçuui  un  assez  Le  cumlc  de  Villcjicuve ,  parent  (lu 


lUU 

carilinal  ilc  B;iiisscl,  a  l'ail  Impriiiirr 
cil  it)::.),  il  Marseille,  imr  iSolirc 
lUsloriqtic  sur  S.  K.,  (|u  il  avail 
lue  il  l'acailcmio  do  celle  ville.  Ou 
a  imprimé  séparément  ccl'c  (juc 
i\l.  Malml  lui  a  consacrée  dans  son 
Annuaire nêcrelugiq ne  ponr  1824* 
]»—(:— T. 
«AUSSET-RO<^H  KIORÏ^ 
(  Pierre -François -Gauriet,- Il AY- 
jviOND-FERDiNANn  dc  ),  aiTlievè((nc; 
d'Aix,  né  il  Bézicrs  le  5i  décembre 
1767  ,  élail  cousin  du  procèdent ,  et 
si  ,  comme  Ta  dii  nn  de  ses  biogra- 
phes ,  l'un  lui  la  lumière  de  Tégliso 
de  France  ,  l'aulre  eu  a  été  l'exemple 
par  SCS  vertus  et  la  pureté  de  ses 
doclrines.  D'abord  graud-vicairc  de 
Tarchevèque  d  Aix  ,  il  le  fut  ensuite 
de  l'évêque  d'Orléans,  et  renonça  1\  ces 
fondions  en  1791,  ayant  leiusé  dc 
prêter  le  serment  exigé  par  l'assem- 
Llée  nationale.  11  se  rendit  alors  en 
Angleterre,  et  plus  tard  en  Ilalie, 
d'où  il  revint  aussitôt  après  le  con- 
cordat. ÎSommé  d'abord  chanoine  au 
chapitre  d'Aix  par  M.  de  Cicé,  il 
devint  évèque  de  Vannes  en  1808, 
après  la  mort  de  M.  dc  Pancemont. 
Comme  Tancien  évèquc  ,  M.  Ame- 
lot  ,  qui  élait  alors  tu  Angleterre  , 
n'avait  pas  donné  sa  démission,  M.  de 
Bausset  lui  envoya  la  sienne;  mais 
elle  ne  fut  point  acceptée.  Ayant  pris 
possession  du  diocèse ,  le  nouveau 
])rélal  s'y  fit  remarquer  par  son  zèle 
et  par  d'assez  imporlanlcs  améliora- 
tions. Il  rétablit  le  petit  séminaire  dc 
Sainte-Anne  (T Aurai  ,  où  il  plaça 
des  jésuites,  qu'il  amena  plus  lard  en 
Provence,  (piand  il  fut  nommé  arciie- 
vèque  d'Aix  en  i  8 1  7.  Lorsque  Toulon 
et  jMarseille  furent  délachés  de  son 
archevêché,  cette  dernière  ville,  re- 
connaissante des  bienfaits  dc  l'ad- 
ministratiou ,  lui  lit  présent  d'une 
magnifique  chapellç  en  vermeil.  Ce 


ÏJAU 


327 


prélat  (Vsl  mort  dans  «a  ville  mélro- 
pobtaiiic  le  •j.i)  janvier  1829.  —  Le 
chevalier  de  Baunset,  aide-major  du 
fort  Saint-Jean,  ii  Marseille,  fut  mas- 
sacré, le  1"  niai  1790,  par  la  popu- 
lace, pour  avoir  reiusc  de  lui  livrer 
cette  forleresse. — l^e  préfel  du  palais 
impérial  de  ce  nom,  (jui  a  écrit  des 
mémoires  sur  la  cour  de  JNapoléon  , 
est  de  la  même  (amille.  Z. 

ï5AUSSO]\\\ET  (Jean-Bap- 
tiste), né  K  Reims  en  1700,  lit  pro- 
fe'ssion  il  l'abbaye  de  Saint-Rémi,  le 
8  février  17:22.  Après  sou  cours  d'é- 
tudes, il  alla  professer  les  humanités 
au  collège  dcPoullevoy.  11  se  proposa 
ensuite  de  travailler  avec  dom  Charles 
Taillandier  il  Thistoirc  générale  do 
Champagne  et  de  Brie,  et  ils  en  firent 
imprimer  le  plan  ii  Reims  en  1738. 
Dom  Baussonnct  s'occupa  d'en  re- 
cueillir les  matériaux,  et  il  eut  com- 
munication de  quelques  écrits  de 
Lecourt ,  savant  chanoine  de  Reims  , 
qui  avait  entrepris  l'histoire  de  cette 
ville.  La  s.ource  où  dora  Baussonnct 
puisa  le  plus  de  monuments  fut  la 
collection  des  pièces  ramassées  de 
côté  et  d'autre  et  surtout  il  l'hotel- 
de-ville  par  Aluse,  curé  du  diocèse, 
homme  la])orieux  et  amaleurde  This- 
toire.  Ilacquit  hTroyesuue  collection 
de  mémoires  concernant  celte  ville; 
enfin  il  tira  beaucoup  de  pièces  im- 
porlantes  de  la  bibliothèque  de  Jo- 
iy  dc  Fleury,  ancien  procureur-géné- 
ral, qui  voulut  bien  lui  communiquer 
ses  porte-feuilles.  Il  recueillit  encore 
a  Mcaux, Provins, Cbàlons, Tonnerre, 
Sens,Langres  quantité  de  mémoires 
et  de  pièces.  Dom  Taillandier  ayant 
abandonne  ce  projet,  dom  Baussonnct 
se  joignit  il  dom  Tassin,  de  l'agrément 
dc  ses  supérieurs;  il  remit,  par  leur 
ordre,  sa  collection  entre  les  mains 
de  dom  Claude  Rousseau,  qui  se 
chnrgra,  yers  ^7^^;  tl'en  composçr, 


328 


BAU 


avec  ses  nouvellesreclierclies,r!iistoi- 
re  des  provinces  de  Champagne  cl  de 
Brie.  Dom  Baussonnel  aida  aussi  dom 
Tassin  dansie  Nouveau  Trailé  de  di- 
plomatique,  après  la  mort  de  dom 
Touslain.  Ce  savant  historien  est  mort 
vers    lyyS  ,    sans   avoir   p'i    metire 
au  jour  le  fruit  de  tant  de   travaux. 
C.  T— Y. 
BATJTER  (  Charles  ),  poète 
dramatique,  naquitk  Paris  vers  i  58o. 
Il  n'avait  pas  quinze  ans,  comme  il 
nous  l'apprend  lui-même,  qu'il  fai- 
sait  des  vers   sur    toutes  sortes   de 
sujets.  Son  dessein  n'était  pas  de  con- 
quérir une  place  a  côté  de  Ronsard, 
de  Desporles  ou  de  Bertaut.  N'am- 
hitionnant    point  le    titre  d'auteur, 
il    ne    voyait   dans    la  poésie  qu'un 
exercice  agréable,  et  ses  productions 
communifjuées   seulement  a  ses  amis 
les  plus  intimes,  n'étaient  point  des- 
linées  a  voir  le  jour.  MaisTintidélité 
d'une  belle  dame  lui  fit  oublier   ses 
résolutions,  et  dans  son  dépit  il  pu- 
blia contre  elle  une  plainte  ou  une 
satire.  En  1600  ,  il  célébra  dans  un 
discowsXc  mariage  de  Henri  IV  avec 
Marie  de  Médicis.   Celle  pièce  doit 
être   très-rare  ,  puisqu'elle    n'a  été 
connue  ni  du  P.  Lclong,  ni  des  nou- 
veaux éditeurs  de  la  Blbliolhèque  his- 
tori([ue  de  la   France.    Il    entreprit 
ensuite  un  roinaii  dont  on  n'a  ])u  dé- 
couvrir le   litre  5  on   sait  seuleineul 
qu'après  avoir  terminé  cet  ouvrage 
il  en  fut  si  content,  qu'lHil  le  serment 
de  ne  plus  écrire  (ju'en  prose.   Mais 
dans  un  voyage  en  Normandie,  ayant 
vu  Catherine  Scriles  de  Bayeux,  il  ne 
put  résistera  tant  decharmi-s;  el,  luen 
qu'elle  reçut  froidement  ses  homma- 
ges, il  la  célébra  dans  wwv  foule  de 
vers.  Celle  demoiselle  étant  morte  , 
il  «'empressa  de  lui  dresser  un  tom- 
beau poétique  ,  el  publia    toutes  les 
piècp.i  qu'il  avait  composées   ni   son 


BUT 

honneur  sous  le  litre  des  Amours  de 
Catherine^  Paris  ,  i6o5,  in-8".  A 
la  tète  de  ce  volume,  il  preud  le  nom 
de Meli^losse,  c'est-a-direlangue  de 
miel,  qui  ne  lui  convenait  guère,  car        ' 
sa  versification  est  très-dure.  Bauter       I 
joignit    h   ses   veis   amoureux   deux       ■ 
tragédies  tirées  du    poème    de  l'A- 
rioste   :    la  Rodomontade  ,    et    la 
Mort  de  Roger.  Ces  deux  pièces  ont 
été    réimprimées   avec  des   change- 
ments, surtout  dans  la /îo^o/^2o;i/«</t^, 
Troyes,  1619  et  1620,  in-8°.  On  en 
trouve  l'analyse  dans  l'Histoire  du       à 
théâtre  français^  IV,    78,  et  dans       ■ 
la  bibliothèque  du  théâtre  fran- 
çais, I,  365.Bauter  promettait  d'au- 
tres ouvrages  dramatiques  ;  mais    il 
est  probable  que,  rebuté  par  le  mau- 
vais accueil  que  le  public  avait  fait  ? 
ses  premiers  ouvrages,  il  perdit  l'en- 
vie d'en  donner  d'autres  {V .  la  Bi- 
hliothèq.  franc  aise  ait  l'abbé  Gou-       ■ 
jet,  XV,  108).'  W_s. 

BAUZA  (don  FiLippo),  illustre 
marin  ,  et  géographe  espagnol,  fit  ses 
études  a  Madrid,  el  à  vingt  ans  fut 
désigné  pour  accompagner  le  célèbre 
Malaspina  dans  î,ts  importantes  et 
vastes  inspections  navales  ,  qui  furent 
commencées  en  i  789  ,  par  l'ordie  du 
roi  d'Espagne.  Bauza  ,  de  retour 
dans  sa  pairie,  fut  nommé  directeur 
du  dépôt  hydrographitjue  h  Madrid; 
el  il  ne  larda  pas  ii  occuper  la  pre- 
mière place  dans  cet  utile  établisse-  ' 
nienl.  Les  belles  caries  tracées  sous 
la  surveillance  de  Bauza  témoignent 
de  sa  haute  capacité ,  et  sont  de  beau- 
coup supérieures  h  celles  que  liellin, 
d'Anville  ,  Buache,  lirown ,  Moll  , 
l*oirson  el  autres,  ont  publiées  sur 
rAméri(pie  du  sud.  Elles  sont  sur- 
tout recherchées  par  les  oiliciers  de 
marine.  Chassé  d'I'^spagnc  en  1823, 
par  le  gouvernement  de  cette  épo- 
<|ue  ,  après  avoir  rempli  avec  lanl  de 


1ÎA\ 

7v\c  cl   (riicmuMir    rrlU*    impoil.nilo 
])lacc,    r»aii/.a  ,so    n'Inj;!.!    en   Aii^lc- 
lerre  ,   où    il   iiuuiiiil   cii    i[{53. 
(;_,-._v. 

HA  VA    SAX-PAOLO    (K 

comte  Emmanuel), né  ii  Fossano,  eu 
1737, fiil  d'alx)!-;!  |)ai;e(liirolCliarlcs- 
Emmanuel  111,  cl  ensiiilc,  selon  l'usa- 
«^e,()llieicr  clans  rariiiée  pléinonlalse, 
qu'il  quilla  pour  s'atlonucr  à  l'clude 
de  riuNloiie  et  de  la  lilléra'iurc  de 
.son  pays.  Il  Tiil  un  des  fondateurs  de 
V Accadeniia  Fossancse.  Allaché  cà 
la  cour  ,  eu  qualité  de  cliambellan  ^ 
il  resta  néanmoins  dans  la  capitale 
après  rinvasion  des  Français ,  et  la 
cluite  du  Irôno  de  SardaiL^ie  :  mais 
quelques  insultes  el  des  menaces  pro- 
férées contre  lui  par  de  jeunes  révo- 
lutionnaires ,  a  cause  de  la  singularité 
de  son  ancien  costume  ,  le  forcèrent 
à  se  retirer  dans  son  pays  en  1798. 
Ce  fut  alors  qu'il  composa  l'ouvrage 
lrès-rcmarqual)le  ([ui  a  fondé  sa  ré- 
putation, et  qu'il  fil  paraître  sous  ce 
litre ,  en  italien  :  Jableau  histori- 
que et  philosophique  des  vicissi- 
tudes et  desproi^rès  des  sciences, 
des  arts  et  des  mœurs  y  depuis  le 
onzième  jusqu'au  dix-huitième  siè- 
cle^ Turin,  1816,  5  vol.  iii-8°.  La 
publication  de  cet  important  ouvra- 
ge valut  à  Bava  sou  admission 
à  l'académie  royale  des  sciences  de 
Turin,  classe  des  sciences  morales, 
histoâques  et  philologiques,  et  il  fut 
placé  sur  la  liste  des  vingt-cpiatrc 
membres  pensionnés  par  le  roi.  Il 
fut  ensuite  décoré  de  la  ?rande-croix 
de  Saint-Maurice,  el  nommé  grand 
de  la  cour.  Le  comte  de  Bava  est  mort 
h  Fossano,  le  7  juillet  1829,  après 
avoir  légué  sa  l)il>!iolhèque  ,  de  six 
mille  volumes  ,  a  la  société  littéraire 
de  sa  patrie  qui ,  par  reconnaissance 
chargea  l'abbé  Brizio  de  son  Lloge 
funèbre.  (i — c— y. 


BAV 


>f> 


r.AVAV  (PAiii.-Ir.NAcr.),  Ills 
d  un  lioniiMc  (pii  s  élail  iiresiPie  ex 
cbisn  iMiiiiil  consacré  ;i  la  cliirnie  , 
nacpiil  u  r»ruxelles,  en  1704-,  cl  sui- 
vit la  même  carrière  que  son  père. 
Les  circonstances  le  décidèrent,  vers 
sa  Irenlième  année,  a  éludier  le  latin 
et  ensuite  la   médecine.  Ses  nroo'rès 

I       o 

furent  rapides  ;  el  en  peu  d'années  il 
obtint  des  places  importantes  ,  outre 
plusieurs  chaires  dans  les(]uelles  il 
était  chargé  de  professer  ranatomic 
et  la  chirurgie  en  latin ,  en  français  et 
en  hollandais.  Des  contestations  très 
vives  qu'il  eut  avec  ses  confrères  le 
forcèrent  enfin  a  quitter  lîruxelles , 
el  à  se  retirer  a  Dcndermonde  •  mais 
il  revint  terminer  ses  jours  dans  sa  ville 
natale,  où  il  mourut  en  1768.  Ses 
ouvrages  donnent  lieu  de  penser  que 
ce  ne  fut  qu'un  charlatan  ,  puisqu'ils 
ne  roulent  que  sur  les  éloges  d'un  re- 
mède de  son  invention  ,  dont  il  tenait 
la  composition  secrète.  I.  Petit  re- 
cueil d'observations  sur  les  vertus 
de  la  confection  résolutive  etdiuré- 
i/<7wej  Bruxelles,  1753,  in-i  2 .  11. 3Ié- 
thode  courte,  aisée ,  peu  coûteuse , 
utde  aux  médecins  et  absolument 
nécessaire  au  public  indigent^  pour 
la  i^uérison  de  plusieurs  maladies^ 
Bruxelles,  ^7^95  in- 12.  Cet  opus- 
cule a  été  réimprimé  avec  le  précé- 
dent en  1770.  On  présume  (jue  l'iris 
de  Florence  et  la  scille  faisaient  la 
base  de  la  confection  de  Bavay. 

J — D N. 

BA  VEREL  (Jea^-I'ierre)  ,  lit- 
térateur, naquit  vers  1744,  h  Paris, 
de  parents  francs-comtois.  Bamené 
dans  sa  famille  aussitôt  (ju'il  fut  en 
étal  de  supporter  le  voyage,  il  fit  ses 
éludes  au  collège  de  P>esançou ,  et  sa 
ihéologii;  an  séminaire,  où  se  déve- 
loppèrent en  même  temps  son  incli- 
iialion  pour  les  lettres,  et  son  pen- 
chant a  larausiicité,  qui  devait  u/i  jour 


33o  BAV  BAV 

lui  faire  perdre  loiis  ses  anois.  Ayant  vains  exaltèrent  encore  son  amour- 

embrassé  l'élat  ecclésiastique,  il  fut  propre,  et  il  revint  de  Suisse  avec  le 

pourvu  d'-un  bénéfice  modeste,  mais  projet  de  guérir  ses  compatriotes  de 

qui  lui  laissait  le  loisir  de  se  livrer  à  leurs  préjugés.  Dans  ce  but,  il  com- 

ses  goùls littéraires.  Avec  une  fortune  posa  le  Tableau  de  Besançon,  sur 

médiocre   il  parvint  en  peu  de  temps  le  plan  du  Tableau  de  Paris  •  mais  la 

à  former   une  collection  d'estampes  crainte  des  poursuitesjudiciaires  l'em- 

des  meilleurs  maîlres;  et  dès  lors  il  pécha  de  le  publier.  Il  s'était  asso- 

conçut  le  projet  d'écrire  riiistoire  des  cié  ,  malgré  ses  opinions  pbilosophi- 

graveurs,   qu'il  n'exécuta  que   bien  ques ,  au  P.  Dunand(^t>j".  ce  nom, 

long-temps  après.  L'académie  de  Be-  XII,  2  38) ,  pour  rédiger  une  histoire 

saucou  avait,  en  1777,  proposé  pour  du  parlement   de   Franche -Comté, 

sujet  de  prix  :  De  déterminer  les  eau-  Dans  le  même   temps  il  remportait 

ses  d'une  maladie  qui  menaçait  de  des  prix  a  l'académie  de  Besançon  par 

détruire  les  vignobles  de  la  province,  des  mémoires  pleins  de  recherches  et 

Ln  mémoire  du  P.  Prudent  (^oj^-.  ce  d'érudition  5   enfin  il  recueillait    des 

nom  ,  XXX\  1 ,  161)  avait  été  cou-  matériaux  pour  une  histoire  générale 

ronné.  L'abbé  Baverel  en  le  lisant  de  la  province,  qu'on  le  pressait  d'en- 

y  découvrit  quelques  erreurs  et  les  Ireprendre  ,    lorsque    la    révolution 

signala  dans  une  brochure   très -pi-  vint  faire  évanouir  les  espérances  fou- 

quanle ,  où  il  raille  a-la-fois  l'acadé-  dées  sur  ses  talents.  Baverel  en  em- 

mie  ,  le  P.  Prudent  et  ses  confrères  brassa    les   principes   avec   chaleur, 

les  capucins,  qu'il  représente  comme  Pouvant   se    dispenser    du    serment 

des   hommes  ignorants,    inutiles   el  exigé    des  ecclésiastiques,    puisqu'il 

même     dangereux.    Celle    brochure  renonçait    h    l'exercice    du     niinis- 

auonyme  fut  dénoncée  au  parlement;  tèrc ,  il  n'en  fut  pas  moins  empressé 

mais    la    dénonciation  n'eut    aucune  de  le  prêter  ;  et  il  se  fit  affiliera   la 

suile.   Malgré   les    précautions  qu'il  sociélé  populaire  dont  il  devint  l'un 

avait  prises  pour  se  cacher,  l'abbé  des  membres  les  plus  actils.  tllrayé 
Baverel  ne  larda  pas  a  êlre  reconnu  cependant  de  la  marche  des  évèue- 
])Our  l'auteur  de  l'écrit  qui  causait  meuts  ,  il  ne  tarda  pas  îi  revenir  îi  des 
tant  de  scandale.  Une  fois  découvert,  sentiments  plus  modérés,  et  fut  l'un 
il  ne  garda  plus  de  mesures,  et  désola  des  fondateurs  de  la  Feuille  hebilo- 
Ic  P.  l'rudent  j)ar  un  nouveau  pam-  ;;/rf<'//^a>r(i),  journal  destiné  a  combat- 
phlet  plus  mécliaut  encore  que  le  pre-  tre  les  doctrines  anarchiques.  H  élait 
inier.  Le  dramaturge  Mercier,  alors  déjli  .suspect  lises  anciens  amis,  lors- 
îi  INcufchàtel ,  écri\il  a  lîaverel  pour  ({u'une  visilo  dans  son  domicile  y 
Je  féliciler  sur  le  courage  avec  lequel  fil  découvrir  les  blasons  el  les  généa- 
il  attaquait  les  ninincs.  Fiai  té  des  logies  des  familles  nobles  de  la  pro- 
suHVage.sdc  l'auteur  du  Ttihlcau  de  vincc.  \l\\  vain  il  allégua  pour  sa  dé- 
l\iris ,  il  ne  crut  pas  pouvoir  se  dis-  fense,  ipie  c'étaient  les  matériaux  de 
penser  de  lui  rendre  une  visite,  il  l'iiisloire  "a  laipielle  il  havaillnit  \ 
trouva  II  Neufeliiilel  l'abbé  llaynal ,  rayé  comme  indigne  du  tableau  de  la 
que  le  parlement  de  Paris  venait  société  populaire,  il  lut  quelques 
de  décréter,  en   lui   fournissani   les     jours    après    (  déc.    lypS  )   conduit 

moyens  de  se  soustraire  li  l'arrêt.  Les 

vlogcs  (pi'il  reeul  do  ces  deux  écri-        ^,)  Uu'ujmrw  ']•<<."  J^  uuuurosOorojournnl, 


BAV  BAV  :',3i 

an  cliAirnu  do  Dijon  ,  où  l'avairnl  pie-  in-8'*  de  02  pages.  II.  Observations 

i  l'dc  hiiMi  ài'i^  jHisoniu's  (|ul  jiOiivaicnl  sur  roiivi(i^<:  du  P.  Piudciit ,  Luu- 

lul    reprocher,    sinon    i\c    1rs    avoir  cltcLiU    les  nutludics  des  vignes  <la 

dénonfées,    an    moins   d^uoir    con-  y-'/wz/r/zc-Com/r',  Besançon ,  1 779  , 

tribné    il    leur    arreslalion.    Odienx  in-8"  de  07   pa<;cs.  Ces  dcnx  pièces 

à  SCS  compagnons  d'inforlnne,  el  rc-  sont    assez    rares.   JII.    Coup-d'œlL 

dnil  h  n'avoir  d'anlrc  compagnie  (juc  pldlosopluquc  ci  politique  sur  la 

celle    du    geôlier,    pendant   Tannée  inain-mortc ,    Londres  (liesanconj  , 

ipril  passa  sons  les  verroux  rcnolu-  1785,  in-B**.  Ikverel  fnl  aidé  dans 

tionnaires  ,  il  eul  loul  le  temps  d'ex-  ce  travail  par  Tabbé  Clergel,  curé 

pier  les   loris  de  sa  conduite.  Forcé  d'Onans  ,    dépulé    du  bailliage   d'A- 

de  contracter  des  dcltes  pour  subsis-  mont  a  rassemblée  constituanle,  mort 

1er  ,  il  vendit  pour  les  payer  une  par-  consul  de  France  aux  îles  Canaries, 

lie    de    son    patrimoine,    et    aliéna  eu   \Zq().\S  .  ISoticcs  sur  les  ^ra- 

l'autre,  moyennant  une  petite  pension  veurs  qui  nous  ont  laissé  des  estam- 

viagère.  Le  courage  avec  lequel  il  pas  marquées  de  monogrammes  , 

supporta  l'inforlune  aurait  pu  lui  faire  chiffres ,  rébus ,   lettres  initiales  , 

pardonner  ses  égaremeutsj  mais  son  etc.,  Besançon,  1808,  2  vol.  in-8°  , 

cynisme  et  sa  causticité,  dont  rien  fig.  Malpé ,  capilaine  d'artillerie,  tué 

n'avait  pu  le  guérir,  éloignaient  de  en  1812,  a  eu    part  a  cet   ouvrage 

lui  les  personnes  le  mieux  disposées  flont  il  a  gravé  les  planches.  Les  nia- 

en  sa  faveur.  Après  le  rétablissement  nuscrits  deBaverelont  été  acquis  par 

de  l'académie  (1807),  il  redescendit  la  bibliothèque  de  Besançon.  Outre 

dans  la  lice  ,  malgré  son  âge  avancé,  des  dissertations  sur  les  points  les  plus 

et  remporta ,  presque  chaque  année,  importants  de  l'iiisloire  ancienne  et 

les  prix  d'histoire.  Le  gouvernement  moderne  du  comté  de  Bourgogne  ,  ou 

ayant  demandé  la  description  des  an-  y  trouve  un  recueil  d'antiquités  dé- 

ciens  châteaux  et  des  monuments  du  couvertes   dans   celle  province  ,  des 

moyen  âge,  existant  dans  la  province,  inscriptions ,  des  blasons  ,  des  généa- 

Baverel  fut  chargé  de  ce  travail  par  logies,  et  enfin  des  noies  sur  les  gra- 

le  préfet  J.  Debry  ,  qui  lui  fit  obtenir  veurs  français,  sur  les  livres   ornés 

du  ministre  de  fréquentes  gralifîca-  d'estampes  ,  etc.  W — s. 

lions.  Encouragé  par  les  témoignages  BAVERIO,  plus  généralement 

d'estime  de  quelques  savants,  il  avait  appelé  Bavierus  ouBaverius,  était 

résolu  de  porter  a  Paris  ses  princi-  né  à  Imola,  quoique  issu  d'une  famille 

paux  manuscrits  ,  dans  l'espérance  de  bolonaise.    Il  fut  médecin  du  pape 

les  placer  avantageusement  5  mais  la  Kicolas  V,  et  professa  successivement 

veille  du  jour  fixé  pour  son  départ,  la  logique,  la  philosophie  el  la  morale 

il   tomba  malade,  et  mourut  presque  à  Bologne,  où  il  mourut  en  1A80.  J^e 

subitement  le  18  septembre  1822,  h  titre  de  docteur  lui  avait  élé  conféré 

78  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Réjlexions  cinquante-deux  ans  auparavant.  C'est 

d'un  vigneron  de  Besancon  sur  un  à  tort  qu'il  a  reçu  des  nus  le  prénom 

ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Disser-  de  Jean,  et  des  autres  celui  d'Antoine. 

tation ,    etc.  ;    de   l'imprimerie   de  Alidosi  fait  un  tableau  peu  llatleur 

Barbiz!er(2)  (Vesoul,Poirson),  1778,  de  son  extérieur,  car  il  le  peint  comme 

■~       ;     ;  un  homme  lonqo,  ma^ro  e  nesro  ; 
(2)  Cesile  nom  d'uiiiUicicu  Yib'iivryij  trCspo.  •      r»  •  •.  1 

l»iiauc  à  Bcspiiro».  inais  payçno  passait  pour  un  des 


332 


BAY 


médecins  les  plus  inslniils  de  son 
temps  ,  et  il  jouissait  d'une  grande 
rénulalion  parmi  ses  contemporains, 
dont  plusieurs  le  louent  avec  si 
peu  de  réserve  qu'on  dirait  presque 
qu'ils  le  regardaient  moins  comme  un 
homme  que  comme  un  Dieu.  Nous 
n'a\ons  de  lui  qu'un  seul  onvraî?;e 
inlilulé:  Consilif<  rjiedicinalia^  sive 
de  morhorum  curationihus  hber, 
Bologne,  1/489,  in-folio.  Ce  livre  a 
été  réimprimé  a  Pavie  en  i52i  \  a 
Strasbourg  en  i54-2  et  en  1595. 
J — D — N. 

BAVIÈRE  (  Maxtwilien  -  Jo- 
seph ,  duc  et  électeur  de),  III ,  ^<^'i- 
95.  Voy.  aussi  Charles-Théodore, 
VIII,  178. 

15 AY  (Alexandre,  marquis  dt-), 
général  espagnol,  né,  vers  i65o,  h 
Salins,  était  fils  de  Louis  jMaîlre, 
gouverneur  de  cette  ville.  Entré  jeune 
au  service,  il  passa  rapidement  par 
tous  les  grades,  et  dut  h  sa  valeur 
l'estime  de  ses  chefs  et  la  confiance 
du  soldat.  ISommé,  en  lyuS  ,  vice- 
roi  de  rEslramachire,  il  fui,  pnKl:int 
la  guerre  de  la  succession  ,  chargé  de 
défendre  celte  province  contre  les 
attaques  i\\i^  Anglo-Portugais.  Il  ne 
pul,  en  17  06,  les  empêcher  de  prendre 
Alcanlara,  et  de  pénétrer  juscpi'a 
Madrid;  mais,  l'année  suivante,  il 
reprit  Alcanlara,  et  étant  entré  dans 
TAîenlejo  ,  il  s'emj)ara  de  phi.>i(Mns 
petites  places  et  y  leva  des  conlrinu- 
tions  pour  l'entrcllcn  de  son  aruïée. 
Son  dessein  était  de  faire  le  siè;>;e 
d'Olivcnca  ;  mai-*,  mancpiani  de  piè- 
ces de  gros  calibre,  il  laissa  (le\ant 
cette  ville  un  cor|)S  pour  la  hlo- 
(pier  ;  et,  avec  le  reste  do  ses  trou- 
pes, joignit  Tennemi  ,  (pi'il  hallil  en 
plusieurs  rencontres.  Kn  1709,  il 
vint  cauijier  a  Cnidina,  dans  une  posi- 
tion d'où  il  pouvait  surveiller  tous  les 
mouvenienls  (If  l'armée  ennemie.  S'é- 


BAY 

tant  aperçu  que  Gallowav  se  disposait 
h  lui  livrer  bataille,  il  résolut  de  le 
prévenir  ,  et  sans  attendre  son  infan- 
terie qui,  dans  ce  moment  se  trouvait 
éloignée ,  il  s'élança  sur  la  cavalerie 
portugaise  avec  tant  de  violence , 
qu'elle  fut  mise  en  déroule.  Gal- 
loway  résisia  cpielque  temps  h  la 
tête  des  Ani^lais- mais,  obligé  d'aban- 
donner le  champ  de  bataille  ,  il  se 
retira  dans  un  tel  désordre,  que  le 
marquis  de  Eay ,  s'il  avait  eu  des 
troupes  fraîches  ,  l'aurait  infaillible- 
ment fait  prisonnier  avec  les  restes 
de  son  armée  [Voy.  Galloway, 
AVI,  576).  Celle  victoire  le  rendit 
maître  de  tout  le  j'ays,  et  il  fit  trem- 
bler Li.3 bonne.  Appelé  ,  en  i  7  1  0  , 
dans  la  Calalogne  ,  il  y  ranima  par 
sa  présence  le  courage  des  soldats. 
Cependant  il  f(»l  battu  près  d'Alme- 
nara  el  devant  Saratrosse  :  mais  ce 
double  échec  ne  l' empêcha  pas  de  con- 
couiir  au  succès  de  la  bataille  de 
Yilla-\iciosa.  Ueulré  dans  le  }*or- 
tugal  ,  en  171  2  ,  il  s'empara  d'El- 
vas  ,  après  un  bond)aidement  ,  el 
vint  mettre  le  siège  devant  Campo- 
Major  ;  mois  il  fut  obligé  de  se 
retirer  h  l'approche  de  l'ennemi,  qui 
n'osa  pas  rin([uiéter  dans  sa  mar- 
che. A  la  paix  ,  il  vint  demeuier 
à  Badajoz  ,  siège  de  sa  vice-royaulé  , 
et  il  y  mourut  le  1 /».  nov.  1715  , 
laissant  un  fds  colonel  d  un  régiment 
ilamand.  Le  marquis  de  Bay  avait  été 
créé  <lu'\alier  de  la  'l'oison-d'Oi    eu 

1708.  A\— s. 

J$AVA\'E(le  cardinal  Ai.PHONSE- 
IltiiERT  DE  LATrii.R,duc  do)  uatpiit  à 
Valence,  en  Daupbiné,  le  5o  octobre 
17.^9,  de  l'une  des  plus  anciennes 
fimilles  de  cette  province,  et  lui, 
(lès  sa  plus  tenilre  jeunesse,  destiné 
il  Tétat  ecclésiaslitpie.  n'alnud  \'\- 
raire-irénéral  ,  et  docleur  île  Sor 
bonne  ,  il    fut   tiotnmé  ,    eu    i"-t"  , 


r;  V  V 

aiulilcur  lie  voie  yii-s  l.i  t(<iir  Je 
UoiiK'.  CiMle  jiliuo,  (|iu  condiiisail 
soiivcnf  au  caiihnalal  ,  n'y  lil  |).ii- 
veiiir  M.  (le  l'avaiie  (juc  le  9  aoiiL 
iHu::,  cl  il  ne  l  accepta  (|iraj)ri\s  a\()ir 
ohleiuiraircmeiililii  roi  LonisXV  IH, 
qui  élail  alors  à  IMillau.  Ayant  ele 
cliar;'é  d'une  mission  do  la  cour  de; 
Roiue  a  Paris,  il  rcviul  ilans  sa  pal  ne, 
après  une  ah.icnce  de  près  de  IrenUî 
ans,  cl  il  y  fui  parlaileinenl  accueilli 
du  {^oiM  ornenii  ni  impérial ,  (jui  le 
li'.  ct)iule  el  grand  oflicier  de  la 
Légiou-d'Honneur  en  1806,  el  le 
uonima  sénateur  eu  i8i5.  Ce  lui  ei 
celle  qualité  cpi  il  vola,  eu  avril  i  8r  4^, 
la  décliéance  de  Napoléon.  11  fui  créé 

fiairde  France  par  Louis  XVIIIj  m.iis 
e  I ''  juin  I  8  I  5  ,  après  le  retour  de 
lile  d'Eibe  ,  il  fut  présent  a  la  messe 
célébrée  au  champ  de  mai  par  M.  de 
Barrai.  J.e  roi  le  rétablit  néanmoins 
le  mois  suivant  k  la  chambre  des  pairs. 
Il  se  récusa  comme  lous  les  autres 
ecclésiastiques  dans  le  procès  du  ma- 
réchal Xey,  et  prit  du  reste  peu  de 
part  aux  affaires  publiques.  11  était 
entièrement  sourd  dans  ses  dernières 
années  el  vivait  très-reliré.  Ce  prélat 
est  mort  a  Paris  le  26  août  18  18. 
Son  éloge  fut  prononcé  a  la  chambre 
des  pairs  par  M.  Lemercier.  Dans  la 
distribution  des  litres  qui  s'était  faite 
au  commencement  de  celte  année  ,  le 
roiravait  créé  duc  (i).  Etant  auditeur 
de  rolc  ,  M.  de  Bajane  a  publié  h 
Rome  un  ouvrago  eu  italien  ,  intitulé 
Discoi'so  sojira  la  mal'  aria  ele  ma- 
latlie  clie  cagiunano  priiicipal- 
mente  in  varie  spiaggie  d'Italia, 
Ro;i!e.   179.5,  in-8"  de    76   pages. 

(1)  Le  cardinal  de  Rayane  n'était  pas  cvi-que. 
En  1/7»  >  '77^  *;t  «780,  il  avait  «'■té  pourvu  de 
trois  abbaM;s  qu'il  posséda  jusqu'à  la  révolu- 
tion ,  et  qui  valaient  eMScrnt>lc  ^uixante  mille 
francs  de  r<  ute.  Mais  sous  l'empire  ,  comme  sous 
la  restauration  ,  il  ne  fut  i-lcvé  à  aucun  siège 
épiscopal ,  pas  même  à  un  tanouical  du  cliapi- 
Ire  <Jc  Saiiit-Dniis.  A — r. 


UAY 


:i3 


Jjiiulcnr  pi-nst;  que  leS  exhalaisons 
de  la  terre  forment  j)res(pic  tout  le 
poison  du  mauvais  air.  il  ( onseiile  de 
11  habiter  (pie  des  lieux  dont  le  cir- 
cuit est  pavé-  cet  ouvrage  a  eu  du 
succès  ,  cl  il  est  devenu  rare.  A — D. 
BAVAUI)  (Jean-Baptiote- 
Fhancois),  jurisconsulte,  iia(piit  à 
l\iris ,  le  24  juin  17.60.  Avocat  au 
parlement  de  cette  ville,  en  1776  , 
il  devint  successivement  accusateur 
public  près  le  tribunal  du  deuxième 
arrondissement,  substitut  du  commis- 
saire du  pouvoir  exécutif,  près  le 
tribunal  de  cassation  ,  el  en  Bu  juge 
au  même  tribunal.  Il  sut  allier  le 
savoir  a  rimpartialité  et  conserva, 
dans  des  temps  difficiles  ,  le  calme 
el  la  modération  qu'on  aime  tant  à 
retrouver  dans  le  magistral,  a  de  pa- 
reilles époques.  La  renommée  de 
Bavard  ,  comme  babile  jurisconsulte, 
s'établit  surtout  par  une  nouvelle  pu- 
blication de  l'ouvrage  connu  au  bar- 
reau ,  sous  le  nom  de  Collection  de 
décisions  nom^elles  et  de  notions 
relatives  cl  la  jurisprudence ,  par 
Denisart  ,  in-4.°.  Cette  compilation 
informe  ,  dans  l'origine ,  et  que  les 
premiers  reviseurs  avaient  peu  amé- 
liorée, cessa  d'être  un  guide  infidèle 
et  devint  entre  les  mains  de  Ca- 
mus et  Bayard,  un  répertoire  où  les 
matières  furent  plus  logiquement  coor- 
données et  distribuées,  et  les  décisions 
plus  exactement  rapportées.  \.^%  neuf 
premiers  volumes  avaient  paru  ,  de 
1785  a  1790  ,  lorsque  rabrogation 
d'une  grande  partie  de  nos  lois  et  la 
suppression  des  anciens  tribunaux  , 
vinrent  enlever  a  celle  collection  l'in- 
térêt d'une  application  journalière  , 
pour  ne  lui  laisser  que  le  mérite  de  la 
doctrine.  Ce  fut  alors  que  les  éditeurs 
s'arrêtèrent  el  leur  lexiijuc  finit  au 
mol  hypollicque.  Camus  rend  comp- 
te ,  en  ces   termes  ,  des  obligations 


334 


BAY 


qu'il  eut  à  Bayard  :  ce  Le  plus  dif- 
K  ficile  fut  de  trouver  des  coopéra- 
a  leurs.  J'avais  fondé  mon  espérance 
«  sur  des  personnes  dans  lesquelles 
a  je  m'étais  flatté  de  rencontrer  des 
ce  conseils  aulant  que  des  aides;  elles 
K  furent   effrayées   de  l'étendue  de 
«  l'entreprise.  M.  Bayard,  avocat, 
«  voulut  bien  travailler  sous  ma  di- 
cc  rcclion  5  il  saisit  mon  plan  ,  se  pé- 
cc  nétra  de  mes  idées.  H  a  travaillé 
te  avec  beaucoup  de  zèle ,  de  cons- 
cc  tance  et  même  de  succès  (i>  »  Le 
tribunal  de  cassation  fut  privé  trop 
tôt  des  lumières  de  Bayard,  par  la 
mort  prématurée  de  ce  digne  magis- 
tral, arrivée  le  2  août  1800.  M.  So- 
reau  qui  avait  aussi  travaillé  a  la  nou- 
velle édition  de  Denisart ,   a  donné 
dans  le  Magasin  encyclopédique  (6^  an- 
née, n-*  10)  une  notice  biographique 
sur  Bayard.  L— m— x. 

BAYARDI.    Foj.  Baiardi  , 

^^"bayer  de  boppart 

(TniEBBi),  évèque  de    Metz,  dune 
ancienne  et  illustre  famille  ,  occupait 
le  siège  épiscopal  de  Worras ,  lors- 
(lu'il  fut  pourvu  de  celui  de  Metz  , 
en  i365.  Tous  les  chroniqueurs   de 
l'époiiuc  en  parlent  d'une  manière  fort 
avantageuse.  D'après  leur  témoigna- 
ge, il  joignait  a  la  majesté  de  la  taille 
el  'du  maintien   la  connaissance  des 
langues  latine  ,  tudesquc  et  romane, 
une  grande  expérience  dans  les  af- 
faires el   beaucoup    d'habileté   pour 
le  commandement.  Dès  sou  arrivée 
a  Metz,   il  l^cha  de  gagner  l'affcc- 
iion  du  peuple  en  terminant  a  l'a- 
miable les   discussions  qui   s'claicnt 
élevées  entre  les  bourgeois  et  .son  pré- 
déce.sseur;  il  fil  un  traité  d'alliance 
avec  les  ducs  de  Lorraine  et  de  Bar, 
aliu  d'assurer  la  lran(inil!ilé  de  ses 

(  I  )   Lniir.  uir  lu  jinijfiiion  d'nvoKat ,  4*  éUiliOJi, 
,.ubluc  l'.ir  M.  Uui>iii,  lom.  a,  i>.  164. 


BAY 

étals ,  et  accompagna  avec  ses  trou- 
pes l'empereur  Charles  IV ,  lorsque 
ce  monarque  marcba  contre  le   duc 
de  Milan.   Bayer  lui   fut  très-utile 
comme  chef  sur  le  champ  de  bataille, 
et  comme  ambassadeur  à  la  cour  de 
Home.  De  retour  a  Metz,  il  conclut 
un  nouveau  traité  pour  six  ans  avec 
les  ducs  de  Lorraine  el  de  Bar  contre 
les  aventuriers  qui  battaient  le  pays; 
traité  qui  n'empêcha  point  Pierre  de 
Bar  de  faire  encore,  en  iSya,  une 
irruption  dans  le  Val  de  Metz.  On 
s'arrangea   cependant  :    Bayer    cul 
la  paix    de  ce   côté  ,    mais   il   eut 
a  lutter  contre  laboursieoisie  messine 
qu'il  excommunia,  le  iio  juin  iSyS. 
Après  deux  années  d'interdit,  les  ma- 
gis  Irais  rentrèrent  en  grâce  moyen- 
nant 5,000  francs  eu  or,  et  Bayer  fut 
excommunié  a  son  tour,   en    i58r  , 
pour  s'être  refusé  à  payer  certaine 
redevance  au  chapitre  delacathédrale. 
Ce  prélat  résidait  alors  a  Vie  ,  le  sé- 
jour de  Metz  lui  déplaisant  a  cause 
de  ses  démêlés  avec  la  bourgeoisie; 
les  courses  des  grands  Bretons  aux- 
quels il  paya  seize  mille  francs  en  or 
l'ayant  presque  ruine',  il  vendit  a  la 
ville  son  droit  de  battre  monnaie,  ren- 
tra dans  Metz  en  iSyô  ,  se  brouilla 
de  nouveau  avec  le  clergé  dont  il  avait 
voulu  réprimer  la    vie  licencieuse  , 
guerroya  de  uouveau  contre  les  ducs 
de  Lorraine   et   de   Bar ,   et   enga- 
gea, pour  subvenir  aux  frais  de  ces  . 
hostilités,  une  grande  partie  de  ses 
domaines.  Il   mourul  le   lo  janvier 
1 384^ ,  fatigué  i\t:s  discordes  et  des 
guerres (jui  n'avaient  cessé  d'occuper 
sou  administration.   On  lui  dut  plu- 
sieurs   coiislriiclions     inqiorlanics  , 
plusieurs  étublisscmenls  ,  cl  (Us  me- 
sures d'ordre  public    qui  prouvent ,     1 
qu'en   un  leinps  de  paix,  ce  prilul 
eut  été  digue  de  sa  mission  é\angéli-      , 

que.  B — N.  \ 


BAY  BAY                 33r> 

BAYER  DK  1M)PPART  de  Md/.  lui  fui  mcorc  d'un  puissant 
(Conrad),  t'vàjuc  de  AK-lz,  homme  secours  cl  pour  les  reformes  (ju'il  diil 
^rand y  menas i;cr  ,  aimable  à  s06  cxeculcr,  cL  dans  les  diverses  expédi- 
ttmis ,  ri^ditrcux  â  ses  ennemis^  lions  niililaircs  (jueuéccssilail Tinsur- 
cUiil  de  la  nièiue  famille  <|ue  le  pré-  reclion  de  plusieurs  grands  vassaux, 
cédenl.  Lorstpie  Tliierri  l'ut  appelle  Eu  i438  ,  quand  llené  d'Anjou 
ausicgc  épiscopal  de  Me(z,  une  par-  porta  ses  armes  eu  llalie  ,  Conrad 
tie  de  sa  famille  vint  se  fixer  en  Lor-  Eajer  fui  chargé,  conjointement  avec 
raine  et  aciiela  le  cliàleau  Bréliain  ,  Krard  duChàlcIet,  de  gouverner  les 
dont  le  père  de  Conrad  était  seigneur,  deux  duchés.  Il  le  lit  avec  autant  de 
ISé  dans  ce  nouveau  domaine  ,  Conrad  sagesse  que  le  comportaient  les  cir- 
lit  ses  éludes  a  Melz,  y  reçut  les  or-  constances  difficiles  oùronse  trouvait 
dres  ,  fut  pourvu  d'un  cauonicat  ,  alors  ,  ce  qui  n'cmpècha  cependant 
exerça  ensuite  les  fonctions  de  priu-  pas  la  Lorraine  et  le  pays  messin 
cier  de  la  calliédrale  ,  et  parut  avec  d'essuyer  les  ravages  du  comte  de 
tant  d'éclat  au  concile  de  Constance,  Vaudéraont,  des  Ecorclieurs,  du  Da- 
(pie  le  pape  Jean  XXIIl  le  plaça  sur  moiseau  de  Commercy  ,  etc. ,  enne- 
le  siège  épiscopal  de  Metz  ,  vacant  mis  implacables  auxquels  Conrad 
parla  Domination  de  Raoul  de  Coucy,  Bayer  ne  pouvait  opposer  assez  de 
eu  i4.i5  ,  h  révèché  de  Noyou.  Dé-  forces.  Les  emprunts  qu'il  s'était  vu 
truire  les  brigands  qui  infestaient  le  forcé  de  faire  pour  subvenir  aux  bc- 
pavs,  les  poursuivre  jusque  dans  leurs  soins  de  la  Lorraine,  déterminèrent 
repaireSjContracterdesalliaucesavan-  une  forte  crise  financière  ;  Bayer  ne 
lageusesavecles  princes  voisins,  pro-  vit  d'autre  moyen  d'en  sortir  que  de 
céder  a  un  accommodement  entre  le  jeter  quelques  tailles  sur  les  étals  de 
duc  de  Lorraine  et  les  Messins,  tels  René.  Il  n'en  fallut  pas  davantage 
lurent  les  premiers  soins  de  ce  prélat,  pour  le  perdre.  Vautrin  Plazard,  cure 
Mais  pendant  qu'il  se  donnait  tant  de  de  Condé-sur-Moselle,  se  rend  aNa- 
peine  pour  pacifier  sa  province,  il  était  pies  et  indispose  tellement  René  d'An- 
lui-mème  menacé  d'une  guerre  qui  jou  contre  l'évéque  de  Metz,  qu'il 
devait  lui  coûter  la  liberté.  A  son  re-  reçoit  l'ordre  de  l'arrêter;  à  cet  ef- 
tour  de  Rome, où  il  était  aile  solliciler  fel ,  Vautrin  Hazard  attire  l'évéque  a 
Tarchevèché  de  Trêves,  pour  son  ne-  Araance  5  et,  vers  minuit,  fait  enfon- 
veu  Jacques  de  Sterck,  il  prend  chau-  cer  les  portes  de  la  maison  oùil  repose, 
dément  les  intérêts  de  René  d'Anjou  On  se  jette  sur  lui ,  on  le  frappe  jus- 
contre  Antoine  de  Vaudémout,  com-  qu'a  effusion  de  sang,  on  le  place  eu 
pétiteur  de  ce  prince  au  duché  de  chemise  sur  une  haquenée ,  on  le 
Lorraine  ,  lève  des  troupes  ,  combat  à  conduit  a  Condé-sur-Moselle ,  dans  la 
leur  tête  a  l'affaire  de  Bulgnéville,  est  plus  malhonnête  chambre ^  là  oh 
fait  prisonnier  avec  René,  et  n'obtient  il  y  avait  j)lus  de  fumier  que  de  Jeu, 
sa  liberté  qu'en  payant  i  0,000  saluts  et  ou  l'y  retient  prisonnier  deux  mois 
d'or.  Allié  généreux ,  il  s'occupe  ans-  et  demi.  Bayer  n'en  sortit  (ju'aux  plus 
sitôt  de  la  délivrance  du  duc  de  Lor-  rigoureuses  conditions:  mais  lesMes- 
raine  ;  sacrifices  ,  démarches,  rien  ne  sins  indignés  lui  firent  wnc  réception 
lui  coûte  5  René  revoit  ses  étals,  mais  triomphale,  l'aidèrent  à  acquitter  ses 
ruinés,  dévastés  par  les  guerres ,  par  dettes  et  se  liguèrent  avec  lui-,  en 
les  vices  de  radmiuistratiou.JL'évêquc  i/\-o^  et  i440;  pour  tirer  vengeance 


336  BAY 

du  duc  de  Lorraine.  II  ireutpas  au- 
tant a  se  louer  de  son  clergé,  cr.r  les 
ecclésiastiques  du  diocèse,  se  rappelant 
ce  qu'avait  fait  liayer  pour  réprimer 
leurs  mœurs  dissolues,  lui  refusèrent 
le  courtois  et  charitable  subside 
décrété  par  le  concile  de  Bàle.  Dans 
les  dernières  années  de  ba  vie,  Bayer 
s'occupa  exclusivement  de  son  diocèse 
qu'il  avait  beaucoup  ncglii^é  5  il  tourna 
ses  vues  vers  les  arts,  embellit,  for- 
tifia ses  domaines  et  appela  ,  au- 
près de  lui  ,  plusieurs  artistes  au 
nombre  desquels  nous  citerons  Jean 
de  Comraercy  ,  célèbre  architecte. 
Conrad  Bayer  mourut  à  Metz  ,  le 
2.0  avril  1459  ,  et  fut  inhumé  dans  la 
chapelle  des  évéques  où  l'on  voyait 
encore  son  tombeau,  avant  la  révolu- 
tion. C'était  un  homme  d'une  capacité 
peu  commune  et  d'un  beau  caractère. 

B— N. 

BAYLE  ou  BAILLE  (Pier- 
re) ,  né  a  Marseille  ,  d'une  famille 
recommandable  dans  le  commerce  , 
entra  de  bonne  heure  au  collège 
de  l'Oratoire  ,  où  il  (it  de  bonnes 
éludes.  Il  adopta  avec  beaucoup 
d'ardeur  les  principes  de  la  révolu- 
tion ,  et  lut  nommé  administrateur 
du  déparlemejit  des  Bouches -du- 
Rhône.  Lorscpie  des  troubles  écla- 
tèrent h  Marseille  et  a  Arles,  en 
1792  ,  les  autorités  furent  accusées 
auprès  de  ra,ssend)lée  législative 
d'avoir  au  moius  toléré  ces  desordres 
qu'elles  pouvairnt  réprimer  ,  et  les 
adininiUraleurs  du  département  fu- 
rent mandés  il  la  barre  par  m\  décret, 
pour  y  rendre  conq)le  de  leur  con- 
duite. Soutenus  par  le  parti  républi- 
cain ,  (Ir.s-lors  très -nond)reux  dans 
1  assend)lée  ,  ils  jrcurenl  pas  de  i)eine 
h  se  juslilier  ,  et  lurent  riMUoyés  à 
leurs  (onclMMiN,  (icile  t  iiconslance  ne 
lit  (ju'ajouler  \\  leur  popularité  ,  et 
Pierre  Bayle  fut  nommé  député  ii  la 


BAV 

convention  nationale  quelques  juois 
après  par  le  départerr.ent  des  Bou- 
ches-du-Rhùne.  Dans  le  procès  de 
Louis  X\I  i!  commença  par  s'éton- 
ner (|ue  l'on  put  mettre  en  doute  si  ce 
prince  étailjuslicidble  de  l'assemblée, 
et  demanda  que  le  procès  fût  terminé 
dans  huit  jours.  Il  se  prononça  ensuite 
pour  la  mort,  sans  appel  et  sans  sur- 
sis à  l'exécution  5  enlin  il  vota  con- 
stamment avec  le  parti  de  la  Monta- 
gne. Du  reste,  il  parut  rarement  k  la 
tribune,  et  fut  envoyé  en  mission  dans 
le  midi  peu  de  temps  après  ce  mémo- 
rable procès.  Il  se  trouvait  a  Toulon 
avec  son  collègue  Beauvais,  lorsque  le 
malheureux  ahbé  de  Bastard  y  fut 
condamné  a  mort ,  et  il  prit  beaucoup 
de  part  a  cette  condamnation.  Il  fut 
même  présent  au  supplice  {Voy. 
Bastard,  dans  ce  vol. ,  p.  282). 
Bayle  était  encore  k  Toulon  quand 
celle  place  tombaau  pouvoir  des  An- 
glais, et  il  fut  aussitôt  arrêté  5  ce  qui 
donna  lieu  k  de  violentes  invectives 
au  sein  de  la  convention  nationale. 
Dans  le  premier  moment  d'exaspéra- 
tion ,  celte  assemblée  décréta  que 
tous  les  Anglais  cpii  se  trouvaient  en 
France  répondaient  du  traitement  qui 
serait  fait  k  Pierre  Bayle.  On  a  dit 
(pi'il  refusa  de  crier  vi\'e  Louis  m 
Xl^  II;  déclarant  qu  il  n'avait  pas  1 
vole  la  mort  du  lyntn  pour  voir 
reij^/icr  so/t  /ils,  et  (pie  ce  relus  causa 
sa  mort;  maison  ne  peut  plus  douter 
aujourd  h  ui  qu'ayant  été  renfermé  dans 
une  étroite  prison,  il  y  lut  mas- 
sacré par  la  populace  ,  (pii  l'égorgca 
sous  les  yeux  de  son  père  en  lui  re- 
prochant ses  cruautés,  et  particuliè- 
rement la  mort  de  l'abbé  de  Bas- 
tard.  Cependant  llobespierre  le  jeune 
fit  a  celle  occasion  un  long  discours 
k  la  tribune  de  la  convention  natio- 
nale ,  et  il  déclara  positivenienl  (pie 
i3aylc  s'clnit    suicidé,  pour   ne   pas 


RAY 

mourir  do  la  main  dos  ennemis  de  I.i 
ro|)uMi(jue  ;  Icstjiiols  il  avait  entoii- 
diKs  (lilil)cror  sur  loj^onro  (Ir  supplice 
tju  ils  lui  loraionl  subir.  11  lui  dcilarc 
marlyr  de  la  lihorlc  ,  el  une  pension 
fui  aocordcc  à  sa  vouvc;  Grauot  pro- 
posa do  lui  accorder  los  honnours  du 
Paul  licou  ,  mais  celle  proposilion 
w'cul  pas  de  suile.  —  Son  père  fut 
uomnic  dirocleur  de  la  poslc  aux  let- 
tres de  3Iarsoille  ,  par  un  arrêté  du 
représentant  du  peuple  Fréron^  et  il 
a  conservé  colle  j)lace  jusqu'en  i  812, 
épocpio  do  sa  morl.  JM — d  j, 

IJAYLE  (Moïse),  né  dans  le 
Languedoc,  vers  1760,  élail  officier 
municipal  h  Marseille ,  lorsqu'il  fut 
nommé  député  a  la  convention  na- 
tionale par  le  déparlemenl  des  Bou- 
chcs-du-Rhone  ,  dans  le  mois  do  sep- 
tembre 1792.  Dévoué  dès  le  commen- 
cement au  parti  le  plus  exalté  de  cette 
assemblée  ,  il  s'y  montra  l'apologislo 
dos  assassins  de  septembre,  et  vota 
ensuite  la  mort  de  Louis  XVI  et  son 
exécution  dans  les  vingt-quatre  heures. 
Envoyé  peude  temps  après  a  Marseille 
avecBoisset,  il  en  fut  expulsé  violem- 
ment ,  ainsi  que  son  collègue  ,  par  le 
parti  de  la  Gironde  qui  s'y  é  tait  emparé 
du  pouvoir.  Cet  événement  donna  lieu 
aune  longue  discussion  dans  la  conven- 
tion nationale,  le  12  mai  1795,  et 
Barbaroux  y  déclara  que  l'on  n'avait 
ainsi  chassé  les  commissaires  de  la 
convention  que  parce  qu'ils  avaient 
prêché  ouvertement  le  meurtre  et 
le  bri^anda^e.  Maratprit  la  défense 
de  Moïse  Bayle  5  et ,  comme  la  lutte 
des  deux  partis  qui  divisaient  alors 
l'assemblée  était  au  plus  haut  degré 
d'exaspération,  celte  affaire  n'eut 
point  de  solution  j  mais  la  journée  du 
3i  mai,  qui  suivit  de  près,  fit  triom- 
pher complèleraenl  Moïse  Bayle.  11 
fut  alors  un  des  plus  acharnés  a  pour- 
suivre le  parti  delà  Gironde  j  coucou- 


BAY 


337 


rui  do  tout  son  pouvoir  à  la  formation 
d'une  armée  révolu lionnairc,  devint 
membre  du  comité  de  sûreté  géné- 
rale ,  et  ])rcsi(l(ul  de  la  conven- 
tion nationale.  Dans  la  séance  du 
2  3  brumaire  aji  II  ,  il  demanda  la 
menlion  honorable  d'une  adresse  de  la 
société  des  jacobius,  Icndaul  a  la  pro- 
longation des  lois  de  sang  (jui  aflli- 
gealont  alors  la  France.  Enfin  jusqu'à 
la  chute  de  Robespierre,  Moïse  Bayle 
se  montra  l'un  des  plus  zélés  soutiens 
do  son  système  de  terreur^  et,  comme 
il  ne  cessa  qu'après  la  révolution  du 
9  thermidor  d'être  membre  du  comit» 
de  sûreté  générale,  il  eut  part  pendant 
plus  d'un  an  a  toutes  les  sanglantes 
mesures  de  ce  terrible  pouvoir.  Long- 
temps après  qu'on  l'eut  renversé  il 
en  fut  encore  le  défenseur  dans  plu- 
sieurs occasions  II  fit  tous  ses  cflbrl» 
pour  qu'aucune  exception  ne  diminuât 
la  liste  des  émigrés  ;  et  lorsqu'il  fut 
question  d'un  décret  d'accusation  con- 
tre CoUot-d'Herbois,  Barrera  et  lei 
autres  membres  des  anciens  comités, 
il  déclara  qu'il  ne  séparerait  pas  sa 
cause  delà  leur,  et  qu'il  voulait  par- 
tager leur  sort.  Ce  généreux  dévoue- 
ment ne  fut  point  écoulé  5  mais  après 
la  révolte  du  i<^*"  prairial  (mai  1796) 
Bayle  qui  y  avait  eu  quelque  part , 
fut  décrété  d'arrestation  et  sommé  de 
se  rendre  en  prison  dans  les  ringt- 
quatre  heures.  Il  n'obéit  pas  a  ce  dé- 
cret et  fut  bientôt  amnistié  par  la  loi 
du  3  brumaire.  Rentré  dans  l'obscu- 
rité ,  il  obtint  de  Bourguignon  ,  un 
petit  emploi  dans  la  police  j  mais  , 
ayant  continué  d'être  lié  au  parti  des 
démagogues ,  il  fut  compris  dans  la 
proscription  qui  en  frappa  une  grande 
partie,  après  la  tentative  du  5  nivôse 
(déc.  1800).  Forcé  depuis  cette  épo- 
que de  vivre  éloigné  de  la  capitale,  il 
terminascs  jours  dans  la  misère,  vers 
j8i5.    Il  avait  publié  en    lyyS, 


LVII. 


Tfik 


^36 


BAÏ 


après  It  9  ihermidor^  des  Lettres  à 
Frérori,  où  l'on  trouve  des  faits  cu- 
rieux etdes traits  assez  remarquables, 
de  sa  part ,  contre  les  hommes  de 
sang.  Cependant  le  cousin  Jacques 
(Beffroy  de  Reignj),  dans  son  Dic- 
tionnaire néologique  des  hommes 
et  des  choses,  iome  i'^',  p.  444-446, 
dit  que  «  Moïse  Bajle  rendit  de  Irès- 
o  grands  services  a  plusieurs  pères  de 
a  famille  j  et  il  ajoute  :  Plusieurs  ci- 
a  toyens,  chers  a  la  société,  lui  doi- 
«   vent  aujourd'hui  leur  existence.  » 

M— D  j. 
BAYLE  (Gaspard-Laurent)  , 
l'un  des  médecins  les  plus  distingués 
qui  aient  paru  en  France  depuis  le  re- 
nouvellement de  l'école  de  médecine, 
naquit  au  Vernet ,  village  des  mon- 
tagnes de  la  Provence  ,  le  1 8  août 
1774.  Les  principes  de  dévotion  dans 
lesquels  ses  parents  l'avaient  élevé 
lui  inspirèrent  d'abord  le  désir  de  se 
consacrer  a  l'état  ecclésiastique  j 
mais  au  moment  où  les  ordres  allaient 
lui  être  conlérés  ,  il  craignit  de  ne 

J)oint  être  assez  parlait  pour  remplir 
es  devoirs  imposés  aux  prêtres  ,  et , 
changeant  d'opinion ,  il  se  décida 
pour  la  profession  d'avocat.  Quoiqu'il 
n'eût  encore  que  dix-neuf  aus,  ses 
concitoyens,  dont  il  avait  su  se  conci- 
lier l'estime,  le  nommèrent  secrétaire 
de  l'administration  du  district  de  Di- 
gne. Ce  (ut  en  cette  qualité  que  , 
qand  Barras  et  Fréron  parurent  dans 
le  midi,  euvoyés  par  la  convention  na- 
tionale, Bayle,  chargé  de  les  haran- 
guer au  nom  de  la  ville  de  Digne  , 
eut  la  noble  hardiesse  de  leur  dire 
(ju'ils  venaient  î>ans  doute  pour  réta- 
blir l'ordre  et  la  justice  dans  les  cam- 
pagnes, et  (|ue  les  félicitations  de- 
vant être  le  prix  de  services  rendus, 
on  attendrait,  j)oiir  It-ur  en  décerner, 
(|u  ils  eussent  accompli  ce  dont  ou 
If*  supposait  chargés.  Le  Icudcmai]!, 


BAY 

ses  parents  alarmés ,  le  firent  partir 
pour  Montpellier  ,  et  c'est  ainsi  qu'il 
se  trouva  conduit  par  hasard  a  étu- 
dier la  médecine.  Ses  cours  termi- 
nés ,  il  alla  aux  armées  ,  revint  a  Pa- 
ris en  r  798  ,  et  s'y  fit  recevoir  doc-  ■ 
teur  en  i  801.  Six  ans  après  il  obtint 
la  place  de  médecin  de  la  Charité  , 
puis  celle  de  médecin  par  quartier 
de  l'empereur  Napoléon  ,  et  partit 
eu  cette  (jualité  pour  l'Espagne.  De 
retour  en  France ,  il  se  livra  assidû- 
ment a  la  pratique  ,  conservant  tou-  J 
jours  une  tournure  simple  ,  qui  con-  " 
trastait  avec  sa  pénétration  extraor- 
dinaire et  sa  profonde  connaissance 
des  hommes.  11  paraissait  peu  sensi- 
ble, parce  que  de  bonne  heure  il  avait 
pris  l'habitude  de  réprimer  en  lui 
l'élan  de  toutes  les  passions.  Une 
mort  prématurée  mit  iin  a  sa  carrière 
le  1 1  mai  181 6.  Il  était  membre 
de  la  société  royale  de  médecine 
de  Paris,  et  associé  de  celle  de 
Montpellier.  Observateur  excellent , 
Bayle  fut  un  de  ceux  qui  appré- 
cièrent le  mieux  l'importance  de  l'a- 
natomie  pathologi([ue  ,  aux  prcgrès  ■ 
de  laquelle  il  a  puissamment  contri- 
bué ,  en  marchant  avec  éclat  sur  les 
traces  de  Morgagni.  On  peut  lui  re- 
procher de  n'avoir  pas  mis  assez  d'at- 
tention a  observer  les  causes  des  mala- 
dies et  la  dépendance  mutuelle  qui  lie 
les  atleclions  morbides  les  unes  avec 
les  autres  ;  mais,  a  part  ce  défaut,  il 
n'est  aucune  de  ses  proiluctioiis  qui 
ne  mérite  d'être  lue  et  méditée 
avec  attention.  Les  observations  qu'on 
y  trouve  consignées  sont  surtout  re- 
marquables par  l  extrême  exactitude 
(ju'il  a  mise  dans  la  description  des 
maladies.  On  y  rencontre  pre>st|ue  à 
chaque  pas  des  vues  profondes,  dont 
j)lusieurs  sont  devenues  depuis  en 
(incbpie  sorte  vulgaires,  mais  ipi'il  a 
émises  11*  premier.  Outre  divtrs  arli- 


clt  ,s  rcinariinaliK's  iiiscrc's  dans  nti  (les  ^j^art-  dcjjuls  loiig-leiiips  j  xnais  il  en 
loiiniatix    dr    im'dcciiic   de   l'aris  cl  ('Xi>>I('  une  copie  ,    la  seule  que  nous 
dans  le  Diclioniiaire  des  sciences  me-  connjiis.sions  ,    cnlrc    le»    mains    de 
dicales  ,  il  a  pn!)lic  ;  I.  Coiisidcni-  BI.    Noël,    iiolairc  à  INancy.    Celle 
tioits  sur  la  nosologie,  lu  mcdecinc  copie  e.sl  (Paulant  plus  précieuse  (juc 
i/()l)S(/-iuilio/i  et  la  médecine^ pra-  Dora  Huiuherl    lielliomme    et  Doin 
ti(juc  ,  suivies  de  l'histoire  d'une  Caljnol,  en  publiant  une  partie  de  la 
mahidie  t^unij^réneusc  non  décrite  clironicpie  en  (picslion  ,  Tun  dans  son 
jusqu'à  ce  j'our,V^\\s^  i8o2,in-8°.  Histoire  de  Vahbaye  de  Moyen- 
Celle  maladie  est  la  pustule  maligne,  moutier  (  Voy.  Belhomme^    dans 
qui  n'avait   point  encore  été  décrite  ce  volume)  j  Taulre  dans  sou  Ilis- 
avec  soin,  et  dont  luiyle  a  tracé  une  ioire  de  Lorraine ,  t.  III ,  p,  2  i  3, 
excellente  monoL^rapliie.  IL  Recher-  cdit.  de  1728,  l'ont  mal  lue  et  l'ont 
cites  sur  la  jyhthisie  pulmonaire ,  tronquée    dans    plusieurs    passages. 
Paris,    i8ro,  in-8°.   Cet  ouvrage,  B — n. 
riche  de  faits,  est  une  produclion  du  BAZAIXE  ,   né    dans   un   vil- 
premier  ordre  ,  cpii  a  établi  la  repu-  lage  près  de  Metz,  au  milieu  du  siè- 
tatiou  de  Tauleur  sur  des  fondements  cle    dernier  ,    fut    redevable    a   la 
solides.   Une  critique  sévère  peut  y  révolution  de  pouvoir  mettre  à  pro- 
relever  des  imperf<;ctions ,  des   er-  fit  les  talents    dont   l'avait  doué  la 
reurs  ,  même  quelques  fautes  graves,  nature.  Apre;;  avoir  exercé  l'état  de 
elle  peut  surtout  se  plaindre  du  laco-  vigneron  auquel  se  livraient  ses  an- 
nisme  avec  lequel  est  traité  tout  ce  cèlres  ,  il  épousa  la  cause  révolulion- 
(|ui  concerne  les  indications   curati-  naire  ,  se  montra  dans  les  clubs,  et 
\e.s;    mais  elle   doit  convenir  aussi  vint  a  Paris  où  il  publia  les  ouvrages 
(pic  nulle  part  on  n'a  mieux  décrit  les  suivants  :  I.  Métrologie  française  ^ 
traces  cadavériques  des  maladies,  ni  ou   traité  du  système  métrique , 
mieux  fait  connaître  leurs  connexions  d'après  la  Jixation  définitive   de 
avec  les  symptômes  capables  d'en  ré-  l'unité    linéaire  fondamentale  ^ 
vêler  l'existence  pendant  la  vie  des  Paris,  1802  ,  in-8°,  fig.  II.  Cours 
malades.                         J — d — n.  de  stéréométrie  appliquée  au  jau- 
BAYON  (Jean  de),  chroniqueur  g(i(ig(^  assujéti  au  système  métri- 
eslimé  du  quatorzième  siècle,  a  sans  que,  Paris,  F.  Didot,  1806,  in  8", 
doute    pris    le    nom    de    Bayon   du  lig.  III.  Nouveau  transformateur 
bourg   sur  la  Moselle  où    il  vit    le  des  poids  et  mesures,  Vaius,  1806 , 
jour.    Son    existence    solitaire  ,     à  in-8°.    IV.    Cours   de    géométrie 
Tombre  du  cloître  de    Moyenmou-  pratique  appliquée  à  lamesure  des 
lier  (Vosges)    échappe   aux  détails  objets  de  commerce ,  assujétis  au 
de  la  biographie.  On  sait  seulement  calcul  métrique:,  Paris,  F.  Didot, 
qu'il  s'y  retira  vers  i326  et  qu'une  1807,  in-8^,  avec  fig.  Bazaine  était 
partie  de  ses  loisirs  fut  consacrée  k  reveuu   dans  son  pays   où  son   fils  , 
l'histoire  de  son  abbaye  et  à  celle,  général-major  en  Russie,  lui  avait 
beaucoup  plusintéressante  ,  du  comté  acheté  une  jolie  propriété,  lorscjuMl 
dti  Vaudémonl ,  principauté  sur  la-  mourut  vers  l'année  1820.  JM.  Qué- 
((uelle  il  a  laissé   des  détails    qu'on  rard  ,    dans   sa  France  littéraire,    a 
ignorerait    sans   lui.    Le    manuscrit  confondu  le  père  et  le  fils.      B — n. 
original    de    Jean    de    Bayon     est  BAZA\COUBT    (  le    baron 


22. 


340 


BAZ 


Jean-Baptiste  -  Marin  -Antoine  , 
Lecat  de),  général  français,  né  le 
19  mars  1767,  d'une  famille  noble,  au 
Yal  de  Molle  (  Oise  ) ,  entra  a  l'é- 
cole militaire  en  1775,  et  fut  nommé 
sous-lieutenant  au  4^*  régiment  de 
ligne  en  1784.,  lieutenant  !e  i  5  sept. 
1791 ,  et  capitaine  l'année  suivante. 
Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il  fit  la  pre- 
mière campagne  d'Italie  en  1796,  puis 
celle  d'Egypte  ,  où  il  obtint  le  grade 
de  chef  de  bataillon  en  1799.  11  avait 
été  blessé  d'un  coup  de  pierre  a  la 
tête  en  montant  a  l'assnr.t  de  Saint- 
Jean-d'Acre.  ISommé  colonel  du  qua- 
trième régiment  d'infanterie  légère  , 
en  1801  ,  il  commandait  ce  corps  a 
Paris  dans  le  mois  de  mars  1804., 
lorsque  le  duc  d'Enghien  fut  amené 
dans  cette  ville  pour  y  être   rais  a 
mort.  Bazancourt  eut  le  malheur  d'ê- 
tre désigné  pour  l'un  des  membres 
de  la  commission  qui  fut  chargée  de 
le  condamner  :  il  remplit  a  regret  ces 
terribles  fonctions  ;  et,  ([uoique  sa  si- 
gnature  se  trouve  au  bas  de  la  sen- 
tence ,  il  a  toujours  protesté  ,  dans  le 
cercle  de  ses  amis  ,  que  sa  voix  n'a- 
vait pas  été  pour  la  mort(i)  {Voj. 
Enghien,X1II,  i55).  Peu  de  temps 
après  il  reçut  le  titre  de  baron  ,  et 
celui  de  commandant  de  la  Légion- 
d'ilonneur  ,  h  la  suite  de  la  bataille 
d'Austerlltz  ,  où  il  s'était  distingué. 
En  1806  ilfillacampagne  de  Prusse, 

(1)  Dans  la  inatinri;  (|iii  suivil  l'cxt'ciitioii,  le 
inar(|ui8  de  Thuinc  vint  iiiu  voir,  et  lut;  dit  :  ><  .le 
sors  (le  clif /.  ce  pauvre  (latiiaio(H>urt  ;  il  v.stiluiis 
!(on  lit  ,  inalnili!  di;  douliMir  ,  cl  dit  (|iril  a  <'t('t 
in(li|;neni)'iit  Iroiiiiié  ;  (pi'il  etuit  loin  ili;  conii:u'- 
trc  <(■  c|(ic  ('Diiri'iiiiil  l'ordre  «aeiicli-  (|ii'il  avait 
ic«  Il  et  c|u'il  ni'  devait  ouvrir  <|ii'a|ir«N»  avoir 
ilive»li  l'itlenlu'iiii.  J'ui  vu  aiisisi  Collicrt  :  il 
nvait  été  (lr.sij;n(i  pour  faire  |i«rlie  du  conseil 
de  ViiicmnciR  ;  lirureu?»eineiit  il  n'u  pas  i'(«i 
trouva  à  soit  hôtel,  l't  quand  il  y  est  rentré  à 
doux  liciireH  ,  ce  mnlin  ,  il  était  trop  lard  ;  ou 
l'a  rninpliii-é  par  Ho/iaiieourl.  (lolbert  vimt 
d'allrr  expiiifaer  au  ministre  .son  absener  , 
lorscpio  l'ordre  est  parviiiu  eltez  lui  ,  «t 
fpifi  l'heure  do  la  rentrév  nt  lui  n  nas  pernus 
U'obrir-  X 


pas  prri 

\— Vi. 


[BAZ 

et  fut   nommé   général  de  brigade 
le  6  mars   1808.   Ce  fut  en  cette 
qualité  qu'il  alla  ,  dans  le  mois  de  no- 
vembre de  cette  même  année  ,  pren- 
dre le  commandement  de  la  place  de 
Hambourg,  où  il  fut  chargé  par  Na- 
poléon   de  toutes   les    mesures  or- 
données contre  les  détenteurs  de  mar- 
chandises anglaises.  11  revint  a  Paris 
en   1809  et  y   commanda  une  bri- 
gade sous  les  ordres  du  général  Hul- 
lin,  son  ancien  ami.  Mis  a  la  retraite 
en    i8iii,    après   le   rétablissement 
des  Bourbons,  il  reprit  du  service 
dans  le  mois  de  mars  1 8 1  5  ,  lorsque 
Napoléon  revint  de  l'île  d'Elbe ,  et 
commanda  la  ville  de  Chartres  jus- 
qu'au retour  du  roi.  A  cette  époque 
il  cessa  encore  d'être  employé ,  et  il 
vécut  dans  la  retraite   jusqu'au    18 
janvier   i83o  ,   où  il  est  mort  à  Pa- 
ris (2).  M D  j. 

BAZARD  (Amand),  homme  ar- 
dent et  rêveur ,  l'un  des  fonda- 
teurs du  carbonarisme  en  France,  et 
l'un  des  deux  premiers  Pères  Suprê- 
mes de  la  religion  saint-simonienne, 
nacjuit  vers  l'an  1792,  quand  le  trône 
et  lautel  s'écroulaient  ensemble. 
Son  berceau  touche  h  celui  de  la  ré- 
publi([ue  ,  son  enfance  se  rattache  au 
consulat ,  son  adolescence  a  l'empire  , 
sou  âge  mùr  "a  la  restauration  ,  et  la 
grande  rêverie  de  son  apostolat  a  la 
révolution  de  1800.  Un  des  évangé- 
llstestle  la religlou nouvelle,  M.  Emile 
Barrault  ,  nous  apprend  que  Bazard 


(ï)  Il  nvnit  épouse  une  denloi^elle  «l'Ilo'ide- 
lol  ,  |M-lite-lille  (le  la  c<'lèlire  <louuirièro,  par  qui 
elle  avait  ele  élevée;  et  ipii  lui  laissa,  eu  tuou- 
r.int,  sa  bibliollu'^tpie  et  nu  manuserit  de  In 
Piouvrllc  llfloi.ie  ,  eu  six  vuluuies  iu-8",  écrit  de 
la  main  de  J.-J.  Kousseau  ,  sans  une  .seule  ra- 
ture, av«!c  une  régularité  «ftonnantf»  dans  la  di.s- 
tribuliiui  et  lu  mesure  des  lignes  de  ehaipio 
page  :  travail  pre«quA  nierveilleiiK  ,  qui  scuifile- 
ruil  juslilier  relie  delinitinii  du  pénie  faite  par 
niilTon  :  l'nr  granih  aptdudt  A  /«  patient».  \m 
>;eu(rnl  Ha/aueonrl  «tait  un  Imninio  pai.sibifl, 
bon,  d'un  cumuicrcc  »»ir  et  «trcable.        V-va. 


el  T-nfanlin  nirenl  (Lins  Olindt'  Ro- 
(lrij;iH'sn!i/;/Y'r//r\r//r  qtu  les  !)n[)lis.'i 
<lans  les  eaux  de  Salnl-Slmou,  qui  les 
aiiiionra  an  monde,  les  l'ifv.i  ;  cl,frop 
inoilosk'  ,  se  mil  rnsnilc  à  l'ombre  tie 
leurs  autels  :  «DeSainl-Simon  Olinde 
«  U(>(lrlj;iies  avail  appris  h  croire  aux 
cf  clesliiu'es  de  riiumanilc  ,  el  il  avait 
«  enseigne  ces  destinées  à  notre  père 
«  elîi  Bazard...  CetlicrilagedeSainl- 
tc  vSimon  ,  notre  pt^re,  le  reçut  de 
«  Rodrigues.  »  (  dernier  numéro  du 
Globe  ^  2  0  avril  i832.) — Nous  ne 
]irékndons  pas  donner  ici  \\w  exposé 
complet  de  la  doctrine  des  nouveaux 
é\angélistes  (pii  d'ailleurs  auraient 
entre  eux  besoin  d'un  peu  de  con- 
cordance,  nous  pensons,  comme 
M.  Léon  Halcvy  ,  qui  parlant  de 
Saint-Simon,  a  fort  bien  dit: 

Il  fondait  une  école  et  non  pas  une  église. 

Nous    n'examinerons    donc    pas    si 
M.  Rarrault  a  ou  raison  de  dire  que 
Saint-Simon  ne  fit  point  la  cène  , 
et  Icgiia  son  œuvre  à  un  docteur  ; 
qu'il  eut  tort  de  ne  point  appeler  la 
femme  à  régne?'  avec  lui  :  que  pour 
cette  raison ,  il  n'a  été  que  Le  Maî- 
tre ,  et  a  laissé  a  un  autre  la  gloire 
d'èlre  I^e  Père  ,  Le  Messie  de  Dieu 
ET  LE  Roi  DES  Natio^'s.  Qiiaud  il  s'a- 
git de  précurseur ,  de  nouveau  mes- 
sie ^  de  nouveau  verbe  incarné  y  de 
transformation  de   la  propriété  ^ 
de  religion  nouvelle,  de  politique 
nouvelle^  il  convient  de  traiter  gra- 
vement la  matière,  et  de  ne  pas  al- 
ler prendre  des  armes  offensives  dans 
l'arsenal  des  incrédules  détracteurs  j 
nous  nous  bornerons  donc  a  citer  les 
œuvres  du  Fèrc  ou  de  ses  Apôtres,  ap- 
pliquant ainsi  a  eux-mêmes,  afin  qu'ils 
n'aientpointase  plaindre  de  nous,  leur 
grand  axiome  :  A  chacun  selon  ses 
œuvres. — Au  mois  d'octobre  i85o, 
Bazard  et  Enfantin  firent  imprimer 
50US  le  tilrç  de  :  Religion  sainl-si- 


BAZ 


%i 


mnnienne ,  une  Lettre  à  I\f.  le  jwé- 
sident  de  la  chambre  des  députés. 
Ils  commencent  par  rappeler  qu'à  la 
séance  du  29  septembre  ,  M.  Mau- 
guin  ,  en  signalant  rexislence  d'une 
secte  demi-religieuse  y  dend-philo- 
sopliique  ^    «   1  avail    représentée  , 
«  dans  une  vue  trrs-bicnveillante  , 
«  comme  enseignant  la  communauté 
«  des    biens  ,  ?>    et    que ,    dans    la 
séance  du  lendemain,    M.    Dupin , 
en  parlant  de  la  même  société,  avait 
reproduit  l'assertion  de  son  collègue  , 
ajoutant  que  les  salnts-siraonicns  de- 
mandaient encore  U7ie  autre  com- 
munauté,  celle  des  femmes.  Ensuite 
les  deux  pontifes  de  la  religion  nou- 
velle cbercbent  a  se  justifier  ,  cl  re- 
poussent comme  fausse  ,  mais  en  ter- 
mes bien  singuliers  ,  la  double  asser- 
tion des  deux  députés  :  cr  Oui ,  sans 
«doute,  disent-ils,  les  saints-simo- 
«  uiens  professent,  sur  l'avenir  de  la 
ce  propriété  et  sur  l'avenir  des  fem- 
4c  mes,  des  idées  qui  leur  sont  parti- 
ce  culières,  et  qui  se  rattaclient  k  des 
ce  vues   toutes  particulières  aussi  et 
ce  toutes  nouvelles  y  sur  la  religion, 
ce  sur  la  politique,  sur  le  pouvoir, 
ce  sur  la  liberté...  j  mais  il  s'en  faut 
oc  de  beaucoup  que  ces  idées  soient 
ce  celles  qu'on  leur  attribue.  »  Ba- 
zard  et  Enfantin  déclarent  donc  qu'ils 
repoussent   le  partage  égal  de  la 
propriété  ;  que  ce  partage  égal  se- 
rait une  violence  grande  ;   mais  , 
comme  ils  croient  a  ïinégalité  na^ 
turelle  des   hommes  ,    ils     veulent 
qu'à  l'avenir  chacun  soit  placé  se- 
lon  sa  capacité   et    rétribué   se- 
lon ses  œuvres.  En   conséquence, 
ils  se   bornent  donc  ,   disent-ils ,   k 
poursuivre  la  destruction  de  f/ié- 
ritage.  ce  Ils  demandent  que  tous  les 
ec  instruments  du  travail ,  les  terres 
ceci  les  capitaux,   qui  forment  au- 
«  jourd'luii  le  fonds  morcelé  des  pro- 


342  BAZ 

«  prietés  particulières,  soient  réunis 
a  en  un  fonds  social ,  et  que  ce  fonds 
a  soit  exploité  par  association  et 
V.  hiérarchiquement  ^  de  manière  à 
a  ce  que  la  tache  de  chacun  soit  l'cx- 
«  pression  de  sa  capacité  ,  et  sa  ri- 
«  chesse  ,  la  naesure  de  ?>çs  œuvres,  n 
La  propriété  ne  doit  pas  consacrer 
le  pfhilège  impur  de  l'oisiveté , 
c'est-à-dire  celui  de  vivre  du  tra^ 
vail  d' autrui.  C'est  ainsi  que  Bazard 
et  son  compère  entendaient  respecter 
le  droit  de  propriété ,  en  faisant  de 
toutes  les  terres  et  de  tous  les  capi- 
taux du  globe  unfonds  social.  Sui- 
vant ce  premier  dogme  fondamental  de 
lareligion  saint-simonienne,  lespèrcs 
n'étaient  dépouillés  que  dans  leurs 
enfants  j  c'est  pour  leurs  enfants  qu'ils 
avaient  élevé  et  soigné  leur  fortune, 
et  ils  ne  pouvaient,  à  leur  mort, 
leur  léguer  un  centime  :  en  sorte 
que,  par  exemple,  si  les  enfants 
d'un  millionnaire  étaient  aveugles , 
rachifiques  ou  imbéciles ,  ils  ne  de- 
vaient plus  être  rétribués,  sur  le 
fonds  social,  oii  leur  grande  for- 
tune se  serait  engloutie  ,  que  selon 
leur  capacité  ou  selon  leurs  œu- 
vres, c'est-a-dire  beaucoup  moins  que 

ces  honnêtes  enfants 

Qui  (le  Savoie  arrivent  tous  les  ans, 
Kt   dont  la  main  léf^èreuient  essuie 
Ces  lonfjs  canaux  engorgés  par  la  suie. 

Ce  n'était  pas  la  loi  agraire ,  c'était 
pis  encore  ;  ce  n'était  pas  Tégalite' , 
mais  l'inégalité  et  l'aristocratie  dans 
la  misère.  Et  quant  au  mode  de  ré- 
partition du  fonds  social  dans  toute 
la  famille  humaine,  se  composant 
d'environ  buil  cent  inillionsdindividus 
répartis  dans  le  monde,  depuis  le  cap 
de  Bonne  Fspérancc  jnscjn'aii  Spilz- 
berg  ,  depuis  la  terre  de  Feu  jus- 
''\u';iu  Groenland,  et  embrassant  non- 
srulcmenl  l'Europe, l'Asif,  l'Afrique, 
mais  aussi  rAméri(jue  et  l'Océanie,      religieusement  anarcliujues 


BAZ 

charger  de  ce  petit  travail  dont 
l'exécution  ne  leur  paraissait  ni  im- 
possible,  ni  difficile,  nonobstant  les 
trois  mille  soixante-quatre  langues 
qui,  selon  Adelung,  sont  parlées  iur 
le  globe ,  nonobstant  le  nombre  si 
considérable  de  religions  diverses,  el 
les  usages,  les  coutumes  et  les  préju- 
gés bien  plus  diversement  nombreux 
encore.  Quant  aux  femmes,  Bazard  et 
Enfantin  déclarent  k  la  chambre  des 
députés  ne  vouloir  que  leur  complète 
émancipation,  mais  sans  prétendre 
abolir  la  sainte  loi  du  mariage,  pro- 
clamée par  le  christianisme,  attendu 
qu'ils  sont  venus  pour  le  perfection- 
ner, pour  l'accomplir,  et  non  pour 
le  détruire.  Mais  comment  entendent- 
ils  ce  que  sera  désormais  le  mariage 
sous  leur  pontificat  ?  «  La  religion 
«  de  Saint-Simon,  disent-ils,  ne  vient 
«  mettre  fin  qu'à  ce  trafic  honteux,  h 
a  cette  prostitution  légale^  qui  , 
«  sous  le  nom  de  mariage,  etc.  »  Il 
y  a  ici,  dans  la  doctrine,  une  cer- 
taine réticence  ,  mais  les  termes  qui 
l'enveloppent  ouvrent  le  champ  à  de 
larges  interprétations.  Bazard  et  En- 
fantin terminent  par  annoncer  qu^ils 
ne  sont  point  affiliés  à  ces  sociétés 
a  qui  ont  une  mission  importante  a 
a  remplir  ,    celle    de    défendre    en 


mais  aussi  i  AmiTKMie  el 
MM.  IWard  et  Enhintiu  d 


evaicnt  se 


a  France  la  destruction  opérée  par 
«  les  événements  de  juillet,  et  de 
«  déterminer  le  mouvement  qui 
a  étendra  cette  destruction  d  tou- 
«  te  rKuj'ope  :  cette  tâche  ^  disent- 
«  ils  ,  est  GRANDE  ,  elle  est  légi- 
«  TIME,  etc.  »  —  La  chambre  des 
députés  ne  fit  aucune  attention  a  ce 
grand  manifeste  de  désorganisation 
sociale.  Le  gouvernement  laissa  s'ou- 
vrir les  lemj)lcs  de  la  nouvelle  église 
à  Paris,  à  Lyon,  dans  d'autres  villes 
encore.  On  courut  aux  prédications 
hicjues  :  la  toule 
était  grande  nui  sermons,  «ux  cou- 


fcrcnccs.  Bazard ,  Kiifaiiliii  et  leurs 
apôlrcs  ne  se   disaient  pas    rc|)iil)li- 
caiiis,  ils  nrcroyniinl  pas,  ils  ir*  vou- 
lairiil  pas  rèlre.  Loiirs  doclrincs  sur 
la  hicraiciiic,  sur  romiiipoleiice  de 
leur  iionlifical,  se  trouvaient  ])itii  plus 
en  rapport  avec  les  prétentions  de  Bo- 
nifaee  Vlll,  (jn'avcc  les  dogmes  po- 
liti(pies  de  Maral  et  de  Robespierre. 
Ils  c'iaienl  d'ailleurs  lrès-paci(i(|ucs  j 
la   parole   saint -simonienne     devait 
sufiirea  tout  changer,  a  tout  renver- 
ser. Il  ne  fallait  cpiun  ou  deux  Pères 
suprêmes,  (|uel((ucs  apôtres,  un  jour- 
aal  et  des  missionnaires,  avec  quoi  ils 
disaient  qu'ils  entraîneraient  le  monde, 
avec  quoi  ils  feraient  de  toutes  les  ri- 
chesses de  la  terre  un  sewljonds  so- 
cial,  lequel  serait  inégalement  par- 
tagé entre  huit  cent  raillions  de  Saint- 
Siinonicns  Lapons  ,  Chinois ,  Fran- 
çais ,    Indous  ,    Allemands ,    Madé- 
casses  ,  Anglais  ,  Iroquois  ,  Italiens  , 
Arabes,    Danois,  Olaïliens ,    Cosa- 
ques, CafFres,  Topiiiambous,  etc.,  et 
bien  strictement  d  chacun  selon  sa 
capacité^  à  chacun  selon  ses  œu" 
vres.  Or  il  arriva,  et  c'était  au  XIX' 
siècle  ,    que  celle   doctrine    étrange 
trouva  bon  nombre  de  partisans.  Des 
hommes  éclairés  ,   sortis    de  l'école 
polytechni({ue,  des  médecins,  des  sa- 
vants, hommes  de  conviction,  se  firent 
recevoir    apôtres.    Plusieurs    même 
vendirent  leur  patrimoine  et  en  ver- 
sèrent  le  prix   tout   entier   dans  la 
grande  caisse  du  fonds  social  uni- 
versel qui  fut  établi  rue   Tailbout. 
Ne   dirail-on  pas   que  si  des  épidé- 
mies physiques  ravagent  de  temps  en 
temps  la  terre,  il  est  aussi   des  épi- 
démies morales,  qui,  a  certaines  épo- 
ques, y  font  leur  invasion!  El  il  n  est 
pas  inutile  de  faire   remarquer  qu'a 
la  même  épocpie,  conjointement  avec 
le  verlitre    saiul-simonien,  réirnait  la 
c-oiifusioti  daiu  la  Uitéralure.  Racine 


BAZ 


S4^ 


était  déclaré  enfonça,  Ronsard  mis 
au-dessus  de  Voltaire,  la  langue  fran- 
çaise ramenée  vers  la  barbarie,  l'art 
dramalitjuc  vers  son  enfance,  le  su- 
blime vers  le  grotesque  ,  la  société 
vers  les  grands  jours  de  l'anarchie.  Et 
plusieurs  journaux  entraient  dans 
celte  vaste  confusion  !  L'Institut  n'é- 
levait qu'une  voix  timide  5  le  gouver- 
nement, sans  prévoir,  semblait  regar- 
der et  attendre.  L'infiltration  des 
poisons  anarchiques  ,  dans  la  société 
et  dans  les  lettres  ,  se  faisait  sans 
obstacles  ;  et  ,  quand  le  mal  s'est 
montré  avec  tous  %ç^  dangers,  la  gan- 
grène morale  était  si  avant  dans  les 
masses,  que  malades  et  médecins  se 
sont  trouvés  compromis ,  et  que  le 
remède  s'est  montré  presque  aussi 
dangereux  que  le  mal. — Les  dogmes 
religieux  du  saint-siraonisme  étaient 
beaucoup  moins  intelligibles  que  ses 
dogmes  politiques.  Dieu  était  l'u- 
nité absolue  de  l'être,  l'humanité 
un  être  collectif,  et  le  genre  humain 
un  grand  individu  qu'il  s'agissait 
d'orjraniser  en  association  univer- 
selle.  Le  nouvel  évangile  s'annon- 
çait comme  une  réminiscence  du 
spinosisme  ,  comme  un  panthéisme 
mystique,  comme  une  religion  sans 
divinité.  Le  saint-simonisme  dut  sa 
première  vogue  a  l'amour  des  nou- 
veautés, et  a  la  lassitude  simultanée 
des  doctrines  politiques  et  littéraires 

Îuijetèrentle  tumulte  anarchique  dans 
es  rues  ,  les  novateur*  dramatiques 
sur  la  scène,  et  le  genre  frénétique 
dans  la  poésie  et  dans  les  romans.-— 
Bazard  et  son  co-pontife,  pour  mieux 
régénérer  le  monde,  jugèrent  a  pro- 
pos d'ajouter  a  leurs  prédications  et 
a  celles  de  leurs  apôlres,  une  grande 
publication  délivres  (jui  seraient  dis- 
lri!>ués  gratis.  Ils  firent  réimprimer 
en  1825,  le  Catécliisme  des  in- 
dustriels, ouvrage   de  Saiiit-Sirriptt. 


m 


BAZ 


Us  recucHKrent ,  la  même  ânhee,  en 
un  vol.  in-8°,  les  Opinions  littérai- 
res, philosophiques  etindustrielles 
de  prédicanls  de  leur  doctrine;  et ,  la 
même  année  encore,  ilscoraraencèrent 
îa  rédaction  du  Producteur^  jour- 
nal philosophique ,  elc,  dont  il  a 
paruquatre  vol.  in-8°.  En  1829,  fut 
publiée  l'Exposition  de  la  doctrine 
deSaint-Sinion  en  un  volume  in-8°, 
qui  ,  réimprimé  en  i83o  ,  a  eu  en- 
core une  troisième  édition  ;  un  Ta- 
bleau synoptique  de  la  doctrine, 
en  deux  feuilles  Jésus-Atlas,  précéda 
(i83o)  l'apparition  à^VOrganisa- 
tear,  Jourrutl  hebdomadaire  des 
Saint-Simoniejis,  qui  fut  continué 
en  i83i  et  forme  7  vol.  in-8°.  Un 
assez  grand  nombre  d'antres  publica- 
tions gratuites  parurent  en  i83i  : 
les  principales  ou  les  plus  singulières 
ont  pour  titre  :  Communion  genc- 
Tale  ;  Moyen  de  supprimer  les 
impôts  sur  le  sel  et  projet  de  dis- 
cours de  la  couronne  ;  Economie 
"politique;  Aux  industriels;  Lettres 
fur  la  législation;  La  presse;  Réu- 
nion générale  de  la  famille  (  ou- 
trage poursuivi)  ;  Lettre  sur  le  cal- 
me ;  Juin,  aux  ouvriers  ;  Pétition 
d'un  prolétaire  à  la  chambre  des 
députés  ;  Rapports  aux  Pères  Su- 
prc'mes  sur  la  situation  de  lafu- 
mille.  Mais  tous  ces  livres  et  ces  deux 
journaux,  (le  Producteur  et  VOr- 
ganisnteur)  avàieni  peu  de  rclentis- 
fccmcnt  dans  le  monde  :  il  fallut  cher- 
dier  des  moyens  de  publicité  plus 
rapides  ,  car  les  deux  pères  suprê- 
mes n'élaicnl  pas  disposés  li  laisser 
leur  lumière  sous  le  boisseau.  Or,  il 
existait  alors  un  journal  (jui  avait  pris 
ini  litre  ambllicux  (IcClobf),  cl  com- 
me les  deux  pères  ne  voulaient  rien 
moins  (pic  lu  régénérallou  universelle, 
cl  la  refoule  de  Ions  les  peuples  de  la 
Krrc  dims  nuo  seule  congregallun, 


BAZ 

dont  Us  seraient  les  cbefs  suprêmes, 
ils  pensèrent  que  le  Globe  devait  être 
par  son  titre,  la  meilleure  trompette 
de  leur  évangile.  Ce  journal ,    dont 
l'origine  remontait  a  1824,  n'était 
d'abord  qu'une  feuille  littéraire,  et 
avait  obtenu  un  succès  qui  ne  se  sou- 
lint  que  dans  ses   premiers    temps. 
Bientôt  de  jeunes  doctrinaires  s'em- 
parèrent de  la   rédaction.  Il  y  avait 
parmi  eux  des  bommes  de   talent  ■ 
mais  leurs  amis  eurent  beau  louer  de 
grands  articlesun  peu  pesants,  même 
un    peu    pédantesques  ,   la  réputa- 
tion de  cette  feuille ,  devenue  quo- 
tidienne et  politique,  s'affaiblit  assez 
rapidement  ;  et  enfin  elle  était  tra- 
vaillée de   la    plus    grande   maladie 
d'un   journal,  l'ennui,  qui    fait  fuir 
lecteurs  et  abonnés,  lorsque  les  Saint- 
Simoniens,  qui  déjà  s'étaient  glissés 
dans  la  rédaction  ,  s'en  emparèrent 
tout-K-fait,   et   le   Globe   appartint 
alors  aux  deux  pères  suprêmes.  Son 
titre  qui  répondait    si  bien  a   leurs 
vues,  fut  conservé  avec  celte  addi- 
tion :  Journal  de  la  religion  saint- 
simonienne  _,    et   avec    ce     dogme 
fondamental  pour    épigraphe    :    A 
chacun  selon  sa  vocation  ;  à  cha- 
cun selon  ses  œui>res.   On   ajouta 
encore  en  tête  de  tous  les  numéros, 
ces  indications  de  la  religion  nou- 
velle  :    Association    universelle  ; 
Appel  aux  femmes  ;  Organisation 
pacifique  des    travailleurs  ;  et  un 
avis  au  public  qui  suivait  immédiale- 
meut,  était  conçu  ences  termes:  «  La 
«  publication  du  (j/o/^t' n'est  pas  une 
a  spéculation,  c'est    une  œuvre  d'a- 
«  postolat.   J/enscignenionl    polit  i- 
o  (lue  renfermé  dans  ce  journal  est 
«  distril)ué  aux  mêmes  conditions  qiio 
«  les  autres  ensei^inemenls  de  la  re- 
«ligion   sainl-simonienne  ,    c  esl-a- 
c(  dire  graluitemenl,  etc.  n  Ainsi,  le 
Globe  gratis  toiiUiil  aux  deux  Pères- 


BAZ  BAZ                   3/,5 

Stiprrm^s  cent  niillo  francs  par  nn  ,  mes  K  monvrnipnls  violents  cl  pré- 
ci  il  lui,  aux  (U-|)iMis  (le  je  ne  sais  cipilcs  ,  il  y  a  aussi  des  esprits 
qui ,  imprimé  el  dislribué  pendant  moins  fougiicui  dans  lour  empor- 
près  de  trois  années.  Le  dernier  nu-  temont.  Les  partis  les  plus  cxlrô- 
niéro  parut  le  20  avril  i832.  —  incs  ont  aussi  leurs  modâni'i.  Ba- 
Maisdéjiilescandale  était  entré  avecla  zard  succomba  dans  le  dél)at  qui 
division  dans  le  s.Tnctuairc,  IM.  Mi-  s'ouvrit  en  présence  de  tous  les 
chel  Chevalier,  rédacteur  en  clicf  du  Sd'mt-Simonicris.  Il  fut  déposé  de 
Globe,  avait  annoncé  par  une  circu-  sa  (juole-part  du  pontificat  a  la  fin  de 
laire,  de  grands  changements  surve-  novembre  i83i  ,  et  l'on  dit  que  les 
nus  dans  la  hiérarchie  saint -simo-  papesses  ne  contribuèrent  pas  peu  h 
nienne.  Bazard  répondit  le  23  nov.  brouiller  les  deux  papes  et  leurs  doc- 
1 85  I  :  «  Le  récit  (des  faits  contenus  trines.  Le  père  Enfantin  s'était  pro- 
«  dans  cette  circulaire  )  est  évidem-  clamé  et  avait  été  reconnu  seul 
et  meut  erroné  ,  et  pour  ce  qu'il  ne  Père-Supréme  le  27  novemb.  i83r. 
«  dit  pas,  savoir  les  causes  graves  et  — Après  le  schisme,  la  nouvelle  égli- 
ct  profondes  qui  ont  amené  ce  qui  se  se  parut  perdre  visiblement  de  son 
fi  passe  dans  le  sein  de  la  doctrine  de  éclat.  Les  succès  ,  la  gloire  et  les 
«  Saint-Simon ,  et  encore  pour  ce  fonds  de  Tapostolat  baissèrent  en 
«  qu'il  dit  particulièrement  en  ce  qui  même  temps.  Alors  une  nouvelle 
«  touche  les  déterminations  des  per-  phase  commença  :  les  grandes  réu- 
ct  sonnes  qui  ont  cessé  d'être  en  com-  nions  et  les  prédications  cessèrent  , 
ft  munion  avec  Enfantin...  Leurs  les  temples  et  le  G/oZ>6f  furent  aban- 
cc  énergiques  protestations  contre  les  donnés.  On  songea  a  vendre  aux 
«doctrines  qui  ont  amené  la  crise  fidèles  ce  que  jusque-la  on  leur  avait 
«t  actuelle,  y  sont  complètement  pas-  donné  :  on  annonça  le  prix  de  tout 
fc  sées  sous  silence.  Quant  à  moi,  je  ce  qui  restait  de  la  garde-robe  doc- 
wn'ai  jamais  prétendu  mç:  retirer,  trinaire,  sermons,  journal,  publica- 
tt  me  recueillir  0U7?i' abstenir.  Après  tions  diverses  ;  et,  peu  de  mois  après 
«  de  longs  débats,...  je  me  suis  éloi-  avoir  forcé  le  père  suprême  Bazard  a 
^«  gné  d'un  milieu  que  moi-même  j'a-  se  retirer  et  a  se  recueillir  malgré 
«vais  en  grande  partie  contribué  a  lui,  le  Père  Suprême  Enfantin  déclara 
«former...  Plusieurs  membres  de  qu'il  allait ,  mais  de  son  plein  gré  , 
«l'ancienne  hiérarchie  saint-sirao-  dis^ii.-\\ ,  se  j^etirer  ci  se  i^ecueillir 
«  nienne  sont  aujourd'hui  intimement  lui-même.  Il  déguisa  ce  qui  était 
«  unis  dans  le  sentiment  qui  a  déter-  devenu  une  nécessité  sous  un  appa- 
«  miné  ma  conduite.  Bien  loin  qu'au-  renie  ifispiration{^i):  il  semblait  an- 
«  cun  de  nous  sente  sa  foi  chance-      • 

«  1er,  veuille  rester  dans  le   recueil-  .  ('^  ^"^  «discrédit  et  la  retraite  forcée  des  Saints- 

.       ^                      »    1            •  Simonieiis    n'eurent  pas   seulement   pour  cause 

«  lemcnl     et     s  abstenir  ,    nous  nous  les  tracasseries  que  leur  suscitait  la  police  et  le 

«  sentons    au   contraire   une    foi  plus  ri-li.cule  dont  les  accablaient  quelques  journaux; 

.           .                            1  mais  bien  plutôt  le  mauvais  clnt  de  leur  silua- 

«  ardente     que     jamais;     tous,    nous  tion  rmanci<-re.  chassés  de  la  salIc  Taitbout,  ils 

,.^~,.^„-   ...<«»l..^  ô    ««J^.,K1 ,]V_  avaient  encore   h   leur  charge   dans   Paris  cinq 

«  sommes   résolus  a    redoubler    d  aC-  j^^,,,  dispendieux,  quatre  salle.  où  ils  propa- 

«  tivilé  ,    etc.     »    Mais    cette    /bi    ar-  geaitnt    leurs    doctrines    et    leurs    instructions 

7       .          ,           ,,              A-      1  '                        •  aux  ouvriers,  et  un  fort   bel  ap|)arteinent   rue 

dente     et     cette    actlK^lte     ne     servi-  Monsisny  ,     où    demeurait   le    père    Enfantin. 

renl  de  rien.  S'il  y  a,   dans   toutes  les  CVstlà  qu'ils  donnèrent  pendant  rhiverde  1832, 

2                                   J        L  ^*  jusqu'après  l'invasion  du  cholera-morbus,  des 

associations  de  novateurs;  des  nom-  soirées  musicales  et  dansantes,  où  rien  u'était 


34$ 


BAZ 


noncer  que  sa  retraite  dans  le  désert 
serait  bientôt  suivie,  comme  celle  de 
son  précurseur  (c'est  ainsi  qu'il 
appelait  le  Christ),  de  l'entre'e  avec 
des  palmes  triomphales  ,  dans  la 
grande  Jérusalem  du  monde.  Es- 
quissons rapidement  cette  révolution. 
Dans  le  dernier  n"  du  Globe,  Enfan- 
tin fit  les  adieux  de  cette  feuille  dans 
une  allocution  qui  a  pour  adresse  Au 
Monde.  Elle  commence  par  ce  pro- 
tocole :  Moi  ,  pÈ:re  de  la  famille 
NOUVELLE  ;  ce  qui  rappelle  la  si- 
gnature (\qs  rois  d'Espagne  :  Moi  ^ 
le  Roi.  Il  poursuit  en  ces  termes: 
«  Dieu  m'a  donné  mission  d'appeler 

«  le    PROLÉTAIRE  Cl  1»  TEMRIE  h.  UUC 

«  destinée  nouvelle.  »  Tout  le  reste 
est  du  même  style.  Après  avoir  rap- 
pelé ses  efforts  pour  réaliser  l'asso- 
ciation universelle  et  y  faire  entrer 
la  s  aintefamille  humaine,  au  moyen 
de  ce  qu'il  appel  lésa  c/tar/e«?'ni^e/z/ry 
après  avoir  dit  :  Jesuisfort,  il  ajoute: 
J' ai  parlé  ^  je  veux  ci^ir.  h' apos- 
tolat est  fondé  ;  j  c  me  retire,  avec 


éparf;»»'-  Tout  s'y  passait  d'ailleurs  trôs-dt'cein- 
ment ,  et  les  maîtres  de  cért-monies  se  mon- 
traient fort  calants  envers  les  daines  invilt'es. 
Celles  «jui  étiiiciit  affiliées  à  la  secte  ]>()rlaient 
un  ruban  lilanc  suspendu  en  aiguillette.  Quant 
aux  frères  ,  ils  n'avaient  encore  aucun  costume 
d'une  forme  particulière;  pjais  la  plupart  por- 
taient un  h-ihit  l>leu.  Tandis  (|ii'on  dansait  dans 
deux  salons  ,  et  qu'on  pouvait  lire  ou  mettre 
dans  sa  poelic  toutes  les  brochures  Saiiit-.Sinu>- 
niennes  ,  étalées  sur  une  table  dons  une  autre 
pièce,  la  bibliotliècpie  «tait  l'arène  où  des|,'rou- 

1»eH  «l'oraleurs  et  de  dialecticiens  exjios, lient 
curs  principes  ,  n  pondaient  à  toutes  les  olijic- 
iinns  ,  n\cc  plus  ou  moins  de  talent  .  mais  lou- 
jnuri*  dvec  politesse  et  modération.  (Cependant  , 
hélas  1  In  vue  des  armoires  en  acajou  ,  "aniies 
de  livres  birii  reliés,  et  sur  les  portes  desquel- 
les les  srelléi  étaient  apposés,  annonçait  <lejîk 
(jiie  le  flambeau  du  saintsimonlsm»  brillait  de 
ses  dernières  clartés.  Tant  de  prodi^^alites,  tant 
(le  frais  pour  jeter  de  In  poudre  aux  yeux,  et 
pour  attirer  des  parlisims  à  la  secte  ,  aviiient 
épuise  les  ress«)urc,c»  ;  d'i  li\  vint  In  cessation  du 
(■lobe  iinnoiicee  au  dernier  bal  ,  le  i8  avril  ,  et 
la  retraite  a  Méiiilmonlaiit  ,  (|ui  n'eut  lieu  qu'a- 

|>rès  lu  mort  de  inailanie  l'infuiilin,  ou  convoi  do 
aqiialle  les  Saint-Simonlens  n'.iToienl  pa^  eii' 
c«»r"  ■•costume  iiu'ils  nt  prirent  que  dans  leur 
•ti.irtrriue  A— T. 


baz 

quarante  de  mesjîlsy  dans  le  lieu 
même  ou  s' est  passée  mon  enfance, 
sur  tune  des  hauteurs  qui  dominent 
P«m  (Ménilmontanl).  Kous  avez 
ma  parole,  vous  aurezbientot  mes 
actes;  mais  je  veux  me  reposer  et  me 
taire.  Et  le  Globe  ne  parut  plus  (2). 
En  même  temps,  la  salle  métropole, 
rue  Taitbout,  et  la  salle  succursale  de 
l'Athénée  ,  place  Sorbonne  ,  furent 
délaissées  gratuitement  a.\}j.  savants 
et  aux  artistes  pour  des  cours  publics, 
des  concerts,  ou  des  expositions  de 
tableaux.  Mais  ,  avant  de  se  retirer 
avec  ses  quarante  fils  a  Ménilraonlant, 
le  père  suprême  avait  institué  dix 
apôtres  (5),  qui  se  disaient  son  col- 
lège. Trois  de  ces  apôtres,  MM.  Che- 
valier, Barrault  et  Duveyrier  ,  insé- 
rèrent aussi  leur  allocution  d'adieu 
dans  le  dernier  numéro  du  Globe. 
M.  Barrault  fait  du  père  Enfantin  le 
Messie  de  Dieu  et  le  Roi  dks  Na- 
tions, ^/««^  lequel  sesjîls  t  exaltent 
aujourd'hui  et  la  terre  l'exaltera 
un  jour.  Il  dit  encore  que  le  monde 
voit  en  lui  son  Christ;  et  il  ajoute  : 
«  Noire  Verbe  est  au  milieu  de  vous; 

a  vous  X incarnerez  en  vous 

«  Le  monde  est  a  nous  :  un 
«  homme  se  lèvera  qui  a  un  front  de 
«  roi  et  des  entralUes  de  peuple, 
a  parce  qu'il  a  le  cœur  d'un  prêtre  y 
«  et  cet  homme  est  notre  PI'.re,  etc.» 
Après  a\()lr  rciuhi  h  M.  Enfantin  ce 
inaj^nlTupie  lcmoij;:;naj^e  ,  les  apôtres 
se  Iralti'nt  eux-nitMius  avec  un  peu 
moins  d'huinilllé  nue  ne  faisaient  les 


•  (1)  Ce  fut  \  telle  époque  (|u'Enfwntin  per- 
dit sa  mère.  Les  billets  de  l'aiie  part  étaient 
ninsi  conçus:  k  nRi.iuio:<i  Saint  ■  SmoMKNnK . 
Mad.iiue  linl'aiitin  ,  mère  de  notre  l'iân-Sui-n  »«  k  , 
••si  morte  ce  matin  (lï  avril^;  je  suis  iharge  p  ir 
notre  Ckhii-.Si  crkm  ■  de  vous  annoncer  cette 
nouvelle.  Je  vous  plie,  en  son  nom  et  rn  celui 
de  tous  .ses  enfanis  ,  d'assister  su  convoi,  etc. 
Stt^nt  MiONii.  CncviLiKi.  AI'OTRM.  » 

\\)  MM  Michel  C.Levalier,  Ch.irlrs  Duveyrier, 
Fotirnrl,  Rouffurd  ,  l.ainberl,  l'iiiiU  RtirrjuU, 
(l'Iarbllil  .  VtrpliaiK  Fluchaf,  ni^iib.  «îc. 


ajiùlrcs  de  rEviinf,!!!'.  «  Et  (l'al)or(l, 
«  d'il  INI.  l>arranll,  sacluv.  Cf  (pic  c'est 
«  (|irini  anôlrc.  L  anôlrc  iulèlr  a 
«  Torhile  soin  iMMiii  du  Mkssik  rcllcle 
«  au  loin  la  luiiiiirr  de  cet  astre 
«  immense  (c'est  loujours  M.  En- 
«  lantin  )  ,  ai^raïKJic  de  ses  propres 
«  rayons,  ri  lui-même  il  est  centre — 
«  et,  comme  le  révélateur  dont  il  est 
a  le  salellile,  il  est  un  monde.  Il 
o  louche  d'une  main  aux  grands  de 
«  la  terre,  et  de  Tautre  aux  masses 
«  frémissantes;  il  est  prince,  il  est 
tt  peuple...  Ecoule/-;  il  prophétise... 
«  et  voici  que  sa  poésie  ,  mettant  un 
«  rayon  de  miel  sur  ses  lèvres  ,  se 
«  hjlance  sur  des  ailes  brûlantes. 
«  Applaudissez  maintenant  :  orateur, 
«  il  émeut  une  assemblée:  A  lui  le 
«  désert ,  il  est  moine  !  A  lui  le 
«  château,  il  est  senlilhomme  !  A  lui 
»  la  cité ,  il  est  homme  de  fêle ,  de 
Œ  plaisir  et  d'élégance  !  A  lui  le 
«  voyage,  il  est  pèlerin!  A  lui  le 
•t  danger,  il  est  soldat!  A  lui  le  tra- 
«  vail,  il  est  prolétaire  ! ...  II  aime  le 
ce  Messie  comme  un^ère_,ille  vénère 
ce  comme  un  roi,  il  le  sert  comme 
«  un  maître  ;  car  il  porte  le  Messie 
a  de  Dieu  et  le  roi  des  Nations, 
•c  Telle  est  la  vérité.  »  Et  voilà  ce 
qu'écrivaient  en  i832  des  hommes 
de  conviction  qui  n'élaient  pas  san« 
talents.  Au  mysticisme  près  ,  n'est- 
ce  pas  le  style  des  dramatistes  de  nos 
jours?  Bazard,  qui  ne  se  trouvait  plus 
k\x\tvS.  messie  y  mpère-supreme ,  ni 
maître ,  ni  roi  des  nations ,  vivait 
éloigné  de  la  capitale  et  voyait  ger- 
mer ainsi  le  fruit  de  ses  doctrines. — 
Il  v  eut  encore  ,  en  i832  ,  indépen- 
damment du  Globe,  seize  ou  dix-sept 
publications  gratuites,  dont  deux, 
intitulées  hi  Prophétie  et  les  trois 
Familles  ,  eurent  le  triste  hon- 
neur d'être  poursuivies   par   Tauto- 


BAZ  ^4'? 

rite  (4.).  Le  nombre  total  des  |)ublica- 
tions  sainl-simonicnnes  de  iSaS  ,  a 
i852,  forme  vwwTOw soixante  volu- 
mes ou  brochures- et,  (piand  les  apô- 
tres eurent  cessé  d'('crire  et  fermé  le 
Globe,  ils  firent  insérer  dans  les 
journaux  (sept.  i852)  cet  avis: 
«  Après  avoir  employé  des  sommes 
«  considérables  pour  propager  notre 
«  foi,  nous  avons  senti  que  l'instant 
a  était  venu  où  nous  devions  vendre 
u.  les  livres  que  nous  avons  donnés 
«  jusqu'à  ce  jour  avec  profusion,  etc. 5> 
Ils  établirent  donc  le  prix  de  leurs 
écrits  sans  enflure  et  même  avec  mo- 
dération :  et  cependant  la  collection 
complète  devait  coûter  28/i  francs. 
Plusieurs  de  ces  écrits  sont  devenus 
très-rares,  entre  autres  :  La  Pétition 
d'un  prolétaire  ,  le  Parti  politique 
des  travailleurs,  et  la  Collectionde 
feuilles  populaires . — Le  ministère 
public ,  qui  s'était  abstenu  de  pour- 
suivre quand  les  prédications  sur  la 
femme  et  sur  la  propriété  étaient 
faites  dans  les  églises  constituées  à 
Paris  etdans  les  départements,  s'émut 
lorsque  les  Saint-Simoniens  se  furent 
faits  cordonniers,  tailleurs,  agricul- 
teurs et  cuisiniers  dans  une  espèce  de 
chartreuse  a  Ménilmontant.  La  ils  se 
promenaient  ,  il»  travaillaient  eu 
chantant  des  hymnes  dont  les  vers  et 
la  musique  étaient  leur  ouvrage.  Ils 
n'avaient  pris  ni  le  capuce  ,  ni  le 
cordon,  ni  les  sandales  monastiques; 


(4)  Les  dernières  brochures  publiées  par  les 
Snint-Simoniens.en  i83ï,  ne  sont  en  général  que 
des  extraits  du  (ilobe;  la  plupart  parurent  avant 
la  fin  d'avril.  Le  père  Enfantin,  en  annonçant  sa 
retraite  ,  avait  fait  un  appel  de  convocation  à 
ses  enfants  pour  le  i**^  juin.  II  devait  descen- 
dre arec  ses  disciples  ,  revêtu  <li'  l'uniforme  de 
l'apostolat  de  paix  ,  a^ec  un  èteutlard  oîi  chaque 
parti  verrait  sa  couleur.  Cette  dcscfiitc  retardée 
par  le  mauvais  temps  ,  puis  par  les  événements 
de  la  lue  Sainl-Mcrry,  eut  lieu  enfin  ,  mais  n'eut 
pas  le  sucrés  <loiit  on  s'était  fl.ilii'  I  la  jjroccs- 
sion  ne  parut  qu'utie  mascarade,  et  prouva 
.irulemeut  que  Us  ran;;»  de4  Sainl-Sinioniens 
s'trt;ti<'uf   «^lairoi».,  A — T. 


34§  BAZ  BAZ 

leur  costume,  vég\é,  împosi  par  îe  disciples  du  Messie  et  des  Apôtres  , 

Père-Suprême,  avait  quelque  chose  venus  dans  leur  costume,  ne  purent 

de  dégagé  ,  de  mondain,  d'élégant,  être  entendus,   parce  que    le   Père- 

On  lisait ,  brodé  sur  la  poitrine  du  Suprême    leur    défendit    de   prêter 

chef,    ce  grand  mot  :   le  PiiRE.  La  serment  devant  Dieu  et  devant  les 

Chartreuse  était  devenue  le  dimanche  hommes  :  il  ne  leur  était  permis  de 

un  but  de  pèlerinage  pour  les  néo-  jurer  que  devant  Dieu   et  le  Père, 

phytcs   et   de  promenade   pour    les  On  sait  qu'Enfantin,  quoiqu'il  s'appe- 

curieux.  Les  Saint-Slmoniens   sem-  làt  le  verbe  et  la  loi  vivante ,  ne 

blaient  ne  s'être  séquestrés  sur  une  brilla  point  par  son  éloquence ,  et 

hauteur  que  pour  mieux  se  montrer,  que    le    Père-Supréme  se  montra 

Ces  petits  rassemblements  déplurent;  très-infime  dans  sa  cause.  11  fut  dé- 

le  Père-Suprême  fut  invité  a  tenir  claré  coupable ,  ainsi  que  MM.  Che- 

fermée  la  porte  de  son  couvent.  Mais  valier  et  Duveyrier  ,  rédacteurs  du 

ce  n  était  pas  ainsi  qu'il  entendait  se  Globe ,    «  d'avoir  commis  le  délit 

recueillir  :  la  porte  resta  donc  ou-  «  d'outrage  a  la  morale  ^i/Z>//<7M<?  par 

yerle.  La  police  et  sqs  archers  inter-  «  la  publication  d'écrits  et  discours 

Tinrent  ;  les  scellés  furent  apposés  sur  «  proférés  dans  des  lieux  publics ,  ^^ 

la  Chartreuse ,  et  le  public  fut  privé  et  ils  furent  condamnés  a  un  an  de 

del'avantage  de  voir  les  nouveaux  con-  prison  et   loo  fr.  d'amende  chacun, 

gréganistcs  se  recueillir  en  chantant.  Rodrigues     et    Barrault    en    furent 

Le  27  août  1 832,  le  Père-Suprême  quittes  pour  5 0  fr. d'amende.  L'arrêt, 

fut  traduit  en  cour  d'assises,   avec  rendu  le  39  août,  maintint  la  saisie 

MM.  Michel  Clievalier,  ancien  élève  des  divers  écrits  et  brochures  pu- 

derécolepolytechnique, ex-ingénieur  bliés  ,  et    ordonna  que  la    société 

des  mines  ;  Emile  Barrault,  ex-pro-  dite  saint- simonienne  serait  dis- 

fesseur  a  Sorèze  et  a  Paris;  Charles  soute  (5).  Cet  arrêt,  dont  il  n'y 
Duveyrier,  ex -avocat,  et  Olinde  eut  point  appel,  fut  affiché  aux  de- 
Rodrigues  ,  docteur  a  la  faculté  des  pens descondamnés. — Déjalelhéàlre 
sciences,  et  qui  déjà  n'éfail  plus  dans  la  avait  dangereusement  blessé  par  le 
communion  duPère-Suprêine.  Bazard  ridicule  la  nouvelle  congrégation, 
eut  figuré  aussi  dans  ce  procès  :  mais  avant  que  le  jugement  de  la  loi  mît , 
il  venait  de  mourir,  âgé  de  4-o  ans,  dans  Paris ,  un  terme  a  son  existence. 
a  Courtry ,  près  de  Montfermeil  (29  Ce  jugement  donna  comme  le  signal 
juillet  ii)32).  Les  journaux  annon-  d'une  dispersion  générale  ;  et,  tandis 
cèrent,  K  cette  époque,  qu'une  dépu-  que  le  Père-Snjnême  était  retenu  dans 
talion  de  Sainl-Simoniens,  cnvovée  les  liens,  ses  disciples  eurent  mission 
par  le  Père-Siiprême  ,  s'était  aclie-  de  parcourir  le  glohe.  Ils  se  mirent 
minée  vers  Courtry  ,  pour  Imnorer     a  entraîner  le  peuple,  mais  non  a  la 

les  funérailles  de  l'ancien  co-ponlile;      

mais   (lue    la  papesse  veuve    et   ranCU-  (fi)  Les  condamius,  «inialltmlnient  l«Mirs  <•<.l»- 
Dense  rcliisa  cet  hommage,    et  que  „ii„„„„„„t.  en  .i.amunt ,i,s  i,M,mo5H  d.sra.,- 
la   (léputalion    reprit   le   chemin    de  ti<iMts  «lo.it  l'un  s»  ifrininut  par  ces  vtrs  : 
Ménilinonlaul  sans  avoir  pu  pérorer  1*'  l"-"!''-  «  r^'î',». 
sur  la  tombe  dudclunl. — Onsait  (jurl  pi„^i;,r<l  ...a  li.u  «1.  uuiir  pro..^,  m  polie. cr- 

fut  le    résultat    du    procès    des    Saint-        rrciiomullo  pour  cni.iotion  de  .-.«ccrssion  otat- 

Sf^  !     .^       •  .  rii»atioii  d'cscroqmfie;  mais  les  l'iovnms  Turent 

imonicuî,  l^uuraulc  Icnioiiu  ,  lous     »o|uiuci.  a— r. 


inanîcre  des  anciens  apôlrcs.  Tandis 
(ju'ilss*acluMninainilaj>()sloli.saiil  dans 
les  ])roviuccs ,  leur  coslume  laisalt 
courir  anrcs  eux  les  femmes  el  les 
cufauts.  11  y  eut  dans  (jiirl([iu'sI)our{i;s 
des  eris,  dans  (juelijues  \  illcs  des  huées 
cl  (luelcjucfuis  des  dcmonslrations plus 
éuerj;ii[ues.  Les  Sainl-Simoniens  se 
virent  rcduils  a  secouer  eu  fuyant  la 
poussière  de  leurs  pieds  ,  et  il  fallut 
souvent  que  l'aulorilé,  qui  repoussait 
leurs  doctrines,  prît  soin  de  protéger 
leurs  personnes,  l^cs  pays  voisins  se 
montrèrent  peu  hospitaliers  ,  cl  ne 
parurent  pas  disposés  h  goûter  leurs 
prédications  sur  le  fonds  social  uni- 
versel et  sur  la  promiscuité.  Enfin, 
les  disciples  les  phis  fervents  se 
persuadèrent  que  POricnt  leur  serait 
plus  facile  a  convertir  que  l'Occident. 
Je  ne  sais  quelle  prophétie  leur  avait 
annoncé  qu'ils  trouveraient  le  principe 
réirénérateur  du  monde  ou  la  femme 
libre  chez  les  Turcs;  ils  se  mirent  en 
(juète,  et  allèrent ,  pèlerins  malades 
d'esprit,  chercher  la  femme  libre, 
non  où  elle  pouvait  se  trouver ,  mais 
où  il  était  impossible  de  la  saisir  et 
de  se  la  procurer,  dans  les  harems  du 
Caire,  de  Bagdad,  d'Alep,  et  dans  le 
sérail  du  sultan  Mahmoud.  Cette 
entreprise  apostolique  avait  ses  dan- 
gers j  les  journaux  ont  annoncé  que 
les  enfants  du  Père-Suprème  n'avaient 
pas  été  vus  d'un  très-bon  œil  par  les 
sectateurs  de  ris'amisme.  La  prudence 
aura  comprimé  le  zèle,  et  il  ne  paraît 
pas  que  la  femme  libre  ail  été  trouvée 
encore  dans  des  pays  où  les  Saint- 
Simonicns  pouvaient  seuls  imaginer 
qu'il  serait  facile  de  la  découvrir. 
Comme  il  y  avait  parmi  ces  missiou- 
»|iaires  des  hommes  de  talent,  plu- 
«ieurs  d'entre  eux  se  sont  mis  au  ser- 
vice du  vice-roi  d'Lgyple  ,  et  s'occu- 
pent maintenant  moins  de  son  harem 
que  de  ses  casernes  elde  «es  aiicuaux. 


BAZ  .14<) 

—La  société  de  la  morale  chréllenno 
avait  proposé,  en  1802  ,  un  ])rix  de 
5oo  Ir.  \n)i\v  là  mnWcurc rcjuialiun 
(le  la  doctrine  sdinL-simonieniic  y 
considérée  da/is  ce  (fucllc  a  de 
contraire  à  la  morale  chrétienne  ; 
mais  quand  ce  prix  fut  déccrné(  i  8  5  5) , 
le  sainl-simonisme  n'avait  pu  suppor- 
ter l'épreuve  du  ridicule  ,  les  sarcas- 
mes des  journaux  elle  bafl'oucinent  du 
théâtre,  plus  puissant  que  la  cour 
d'assises.  Vers  celte  même  époque 
(le  ^^  août  i833),  dans  la  troisième 
séance  annuelle  delà  société  phréno- 
logiquc,M.  Casimir  Broussais  ,  se- 
crétaire-général, parlant  devant  60 
tètes  en  plâtre  élalées  sur  le  bureau, 
examina  celle  de  Bazard  et  annonça 
que,  d'après  l'inspection  dts  protubé- 
rances ,  ce  premier  chef  du  saint-si- 
raonisme  avait  tous  les  caractères  d'un 
homme  d'action  ,  persévérance,  in- 
telligence,  estime  de  soi.  On  a  vu 
où  le  menèrent  toutes  ces  grandes 
facultés.  Il  est  juste  de  reconnaître 
que,  si  sa  doctrine  politico-religieuse 
tendait  au  bouleversement  général ,  il 
était ,  ainsi  que  s>Q.^  disciples  prédi- 
cauts ,  dogmatiquement  pacifique.  Il 
ne  voulait  point  régénérer  le  monde 
par  la  violence ,  mais  par  la  persua- 
sion ;  il  croyait  que  sa  parole  serait 
une  révélation,  et  cette  révélation 
une  révolution  sans  combats  et  sans 
déchirements.  Mais  les  prolétaires, 
que  les  Saint-Simonicns  engageaient 
dans  leur  système  sur  la  propriété  et 
sur  le  fonds  social  universel,  ont  pu 
trouver  trop  de  retardement  a  larégé- 
uératioQ  du  monde  dans  leurs  moyens 
pacifiques  etddaloires  (6).  Bazard  et 

(6)  11  n'est  j>as  inutile  de  faire  observer  que 
les  doctrines  de  celte  secte  sont  loin  d'être  en- 
tièrement nouveUcs  ,  et  que  l'on  en  trouve 
beaucoup  d'à  peu  près  semblables  dans  l'histoir* 
des  sectes  religieuses,  entre  autres  ceUe  du  moine 
Dulciu  (  yoy.  ce  nom  ,  XII ,  2o4  )•  Marguerite 
de  Trente  et  Longin  (lalaneo  de  Bergamc  ,  qui 
pcnrcnt  dans  les  llaïuiMet  cq  i3o7,  furent  avusi 


35o                    BAZ  BAZ 

Enfantin  avaient  une  église  consti-  moins  dignes  de  cet  honneur.  W — s. 

tuée  à  Lyon.  Les  prédications  des  BAZIàSl  (J.-RiGO.-MER),naquitau 

nouveaux  apôtres  y  avaient  été  nom-  Mans  en  177  i. Très-jeune  encore  lors- 

breuses,  suivies  :  et  qui  pourrait  assu-  que  la  révolution  éclala.il  en  embrassa 

rer  qu'elles  n'ont  eu  aucune  influence  les  principes  avec  chaleur,  se  fit  rece- 

sur  les  malheurs    de  cette  ville?  voir  membre  de  la  société  populaire 

V — VE.  du  Mans,  et  n.algré  son  âge,  y  obtint 
BAZIIV  (Nicolas),  graveur,  né  quelque  prépo.-dérance  par  sa  facilité 
vers  i656  ,  àTroycs,  vint  de  bonne  d'élocutionet  par  l'exhaltalion  de  son 
heure  a  Paris  où  il  reçut  des  leçons  patriotisme.  La  jeunesse  du  Mans 
du  célèbre  Claude  Mellan  [Voy.  ce  devint  bientôt  enthousiaste  de  Bazin, 
nom,  XXVIII,  2  3o).  A  la  pratique  et  il  eut  l'honneur  de  voir  ses  amis 
de  son  art  il  joignit  le  commerce  des  désignés  d'après  son  nom  par  le  so- 
eslampes ,  et  fit  travailler  pour  son  briquet  de  Bazinistes,  Ce  qui  les 
compte  un  grand  nombre  de  jeunes  distinguait  d'avec  les  autres  fac- 
gens.  Son  fonds  se  composait  près-  tions  des  sociétés  républicaines,  chè- 
que uniquemeutde  portraits  et  de  su-  tait  d'abord,  au  lieu  de  la  haine  fa- 
jets  de  dévotion  ,  tous  in-4-'* ,  que  par  rouche  et  sanguinaire  des  jacobins 
cette  raison  les  marchands  désignent  pour  la  noblesse  ,  une  espèce  de  haine 
encore  sous  le  nom  de  format  Bazin,  élégante  et  frondeuse,  presque  aussi 
On  a  de  lui  des  pièces  sous  la  date  de  aristocratique  que  la  classe  a  laquelle 
17065  et,  comme  on  n'en  connaît  pas  elle  s'adressait;  c'était  ensuite,  pour 
de  postérieures  ,  il  est  assez  vraisera--  ne  pas  parler  des  louanges  effrénées 
blable  qu'il  mourut  cette  même  an-  qu'ils  s'adressaient  a  eux-mêmes,  en 
née  ou  du  moins  peu  de  temps  après,  encensant  la  jeunesse  et  en  ne  voulant 
Cet  artiste  était  très-laborieux  5  il  a  confier  qu'à  elle  seule  la  tache  de  ré- 
gravé d'après  le  Corrège  ,  le  Baroche,  générer  la  France,  une  opposition 
le  Guide,  Philippe  de  Champagne,  marquée  au  régime  de  sang  que  la  ter- 
Lebrun  ,  et  plusieurs  autres  peintres  reur  faisait  peser  sur  la  patrie.  Le  dé- 
italiens  et  français;  mais  ses  composi-  puté  Garnier  (de  Saintes),  envoyé 
lions  sont  seules  recherchées  des  ama-  par  la  convention  dans  la  Sarthe,  y 
leurs.  Hubert ,  dans  le  Mamiel  des  avait  organisé  le  système  de  la  mou- 
curieux  j  Vil,  2:17,  cite  de  Bazin  tagne  et  indignait,  par  ses  mesures 
onze  portraits  et  autant  d'autres  es-  vioUnte»  ,  les  habitants  qui  l'accu- 
lampes  dont  deux  très-grand  in  fol.,  saient  aussi  de  rapines.  Comme 
\xï\c  F cnunc  vétuc à  lu rnudc  ç.\.  wwc  tous  les  hommes  raisonnables  du 
Dame  de  qunlité  prête  a  entrer  dans  Mans ,  Bazin  désapprouva  la  conduite 
le  bain.  Ces  deux  morceaux  forment  du  proconsul.  Il  ne  se  borna  pas  H 
pendant.  11  est  étonnant  (jue  Grosley  de  slcriU-s  riinontrances.  Nommé 
n'ait  lait  aucune  mention  de  cet  ar-  agent  national  du  district  du  Mans, 
liste  dans  ses  Recherchas  sur  les  il  se  servit  de  l'autorité  que  lui  don- 
illiistres  Troyens  ^  où  il  parle,  avec  nail  cette  fonction  pour  entraver  les 
de  grands  détails  ,  de  per.sonnai'is  mesures  arbitraires  du  commissaire 
•■ ; de  la  convention.   Celui-ci,  pour  se 

\i'%  rliefs  «l'iiiiu  MM  II'  noiiibn-ii.ni'  (lur   l'iiii  nom-  ■  >i                          i>              i               *               I        i 
...a.l  les  (.aizun.  Ils  ml....U:ii.-nl  lu  <  oi.....u..<...t.-  (lel)arraSSlT  (I  \\\\  adviTSaire   reilOU  la- 
dru  birnu  «l  ceUc  «Ir-.  r.uimrs  (  Voy.  Muralori.  |,|e        résolut      de     frapper    un    coup 

Hrrum  ital.xtriiX.,   l.   \\  ,  e\.\nStona  ytntlUsc  ,  .                                        ,.                «il»' 

i.ar  M.  d«  Gicgory.  loiu*  i").  vigoufeux  ,  et  lit  arrclcr  dazm  avec 


onze  aulrcs  nioinhris  du  iliil»  ,  l.i 
plupart  iori  jciiiics  oiicuri",  cl  li\s  en- 
voya sur-lc-tliamp  a  Paris.  Gariiler 
allacliail  lanl  criiuporlanci' a  le  noir- 
cir cl  à  rendre -sa  jiosilion  pcrillcusc, 
3a'ajircs  aroir  cmplovc  toute  son  in- 
iicncc  el  prestpie  la  force,  pour  faire 
siji;ncr,  parles  adniiiiislraleurs  du  dc- 
parlcincnt  el  par  divers  citoyens,  un 
espèce  de  procès-verbal  ou  acte  d'ac- 
cusation contre  les  douze  membres 
do  la  société  populaire  ;  procès-ver- 
bal ipii  fut  adressée  h  la  convention, 
cl  d'après  lequel  le  complot  du  Mans 
se  râllacbail  à  la  conspiration  de 
Danton  et  l'bilipeaui ,  il  s'écria  au 
milieu  des  assislans  :  «  ATheure  qu'il 
est,  peut-être,  les  complices  de  Ba- 
zin paient  de  leur  tète  le  crime  d'a- 
voir égaré  le  peuple.»  Il  se  trompait  • 
car  le  tribunal  révolutionnaire,  mal- 
gré le  fracas  avec  lequel  ou  avait  an- 
noncé Tarrestalion  dts  Bazinistes  et 
des  autres  prévenus  mauceaux  ,  les 
acquitta  tous;  néanmoins  ils  ne  fu- 
rent rendus  a  la  liberté  qu'après  le 
9  thermidor.  Bazin  reparut  alors , 
el  jouit  d'une  espèce  de  triomphe. 
Mais  il  ne  tarda  pas  a  désapprouver 
hautement  le  nouveau  système  qui  se 
substituait  a  l'ancien,  et  qui,  plus 
doux  en  apparence,  était  selon  lui, 
bien  plus  fatal  ,  bien  plus  propre  à 
ouvrir  a  l'étranger  les  portes  de  la 
France.  La  société  populaire  du  Mans 
était  devenue  cercle  constitutionnel  j 
et  Bazin,  qui  avait  repris  toute  son 
influence,  ayant  établi  au  Mans  un 
journal  dont  les  principes  ne  conve- 
naient pas  au  directoire,  eut  à  subir 
de  nouvelles  persécutions,  et  vil  sai- 
sir ses  presses  ,  supprimer  sa  feuille 
et  fermer  le  cercle  constitutionnel  eu 
même  temps  que  ceux  de  Blois ,  de 
Vendôme  el  de  Paris.  Bazin  se  rendit 
alors  dans  la  capitale  el  y  publia 
un  autre  journal  iatilulé  le  Dcmo- 


BAZ 


35i 


craie.  Celle  fois  encore  le  journal  fui 
saisi  avec  les  presses,  el  bientôt  sup- 
primé par  ordre  du  directoire.  IVé- 
voyant  la  chute  procliaine  de  la  répu- 
bli(pic  ,  il  lit  tous  ses  efforts  pour  la 
soutenir.  La  nomination  de  Sieyès  au 
directoire  acheva  de  l'irriler  •  el,  peu 
de  lenq)s  avant  le  i8  brujuaire  ,  il 
l'attaqua  formellement  dans  une  lettre 
au  conseil  des  cinq  cents.  Lu  au  après , 
Bazin  était  à  la  léte  d'un  pensionnai 
à  Versailles.  Chassé  en  quehpie  sorte 
du  terrain  politii{ue  parla  subite  sup- 
pression de  tant  de  journaux,  il  voulut 
s'en  créer  un  autre  en  formant  la  jeu- 
nesse dans  ses  principes;  c'est  dire  qu'il 
dirigea  l'éducation  dans  le  sens  de  la 
démocratie  comme  il  l'entendait.  Une 
lelle  marche  ne  pouvait  convenir  au 
premier  consul  :  bientôt  la  police  eut 
l'œil  sur  son  pensionnat,  qui  d'ail- 
leurs ne  réussit  point  ,  et  il  fut 
obligé  de  fermer  son  établissement 
au  bout  de  douze  ou  quinze  mois 
d'exercice.  Il  revint  alors  à  Paris  , 
toujours  surveillé  par  la  police,  tou- 
jours lié  avec  des  mécontents.  Divers 
écrits  politiques  et  semi-périodiques, 
et  sa  pétition  au  tribunal  sur  les  ar^ 
restations  arbitraires,  les  actes  il- 
légaux de  bannissement  et  de  sé- 
paration, etc.,  vendém.,  an  XII, 
in  -8"  ,  le  mirent  encore  plus  mal  avec 
le  chef  du  gouvernement.  C'est  alors 
qu'il  fit  la  connaissance  du  général 
Malet,  dont  il  devint  l'ami,  et  qui 
peut-être  ne  lui  laissa  pas  ignorer  la 
première  conspiration  que ,  libre  en- 
core, il  tramait  contre  le  conquérant 
de  l'Europe.  L'entreprise  manqua. 
Coupable  ou  non  de  l'avoir  favorisée, 
Bazin  ,  par  le  fait  seul  de  ses  liaisons 
avec  Malet,  devint  suspect. La  police, 
ne  doutant  pas  qu'il  n'eût  été  fort 
avant  dans  le  secret,  l'arrêta  _,  el  il 
resta  plus  d'un  an  en  prison  comme 
prévenu  de  complicité.  Au  bout  de  ce 


352 


BAZ 


temps  et  faute  de  preuves  suffisantes, 
tous  les  accusés ,  k  l'exception  de 
Malet  et  de  quelques  autres  ,  furent 
mis  provisoirement  en  liberté  j  mais  'a 
la  charge  de  se  retirer  au-delà  d'un 
rayon  de  trente  lieues  de  Paris,  dans 
uu  lieu  par  eux  choisi  pour  y  demeu- 
rer, pendant     un    temps    indéfini  , 
sous  la   surveillance    de  la   police. 
Bazin    choisit    Rouen  pour    sa  ré- 
sidence ,  mais  il   ne  se  rendit  point 
dans  le  délai  prescrit,  et  il  fut  obligé 
de  se  cacher  afin  close  soustraire  aux 
recherches  actives  de  la  police.  Bien- 
tôt   découvert  ,     il    fut   remis    en 
prison,  et  bientôt  transféré  à  Ham. 
C'est  seulement  lorsque  |,es  alliés  ap- 
prochèrent de  cette  ville  en  i8i4  , 
qu'ilvits'ouvrirlesportesdesa  prison. 
Il  salua  le  retour  des  Bourbons,  non 
pas  avec  l'affection  d'un  cœur  dévoue 
k  la  mouarchie  ,  mais  avec  résigna- 
tion et  avec  espoir.  Louis  XVIIl  avait 
donné   la  charte  :    Bazin   s'exprima 
franchement  eu  faveur  de  ce  nouveau 
pacte  fondamental  ;  mais  celle  adhé- 
sion ne  fut  pas  longue  5  il  s'élail  déjà 
réuni  au  parti  de  l'opposilion  lorsque 
Bonaparte  revint  de  l'île  d'Elbe  en 
1 8  I  5  5  et ,  ce  dont  on  doit  s'élonner, 
c'est  qu'il  se  hâta   de  marcher  sous 
les  drapeaux  de  son  ancien  persécu- 
teur. Lors  de  la  retraite  des  troupes 
françaises  derrière  la  Loire  ,  après  la 
capitulation  de  Paris  ,  il  se  rendit  k 
Orléans  où  il  fil  imprimer  une  adresse, 
dont  le  but  était  d'exciter  une  insur- 
recliou  uallonale  contre  l'ennemi  (pii 
allait  prendre  ses  canlonncments  dans 
le  pays.    Il  fut  (pieslion   un  instant 
d'enlever  un  parc  d'arlillcric  (pie  les 
Prussiens    avaient    engagé   daus  des 
chemins  impraticables  ,  mais  on  y  re- 
nonça j  non  qu  il  iiit  dillieile  de  réus- 
sir,   mais   parce   (pu*   c'était  recom- 
mencer  au  centre  de  la  France  unr 
guerre  dont  lus  suites  élaieiit  incal- 


BAZ 

culables,  et  qui  remettait  en  question 
même  ce  que  l'on  avait  pour  l'instant. 
Bazin  et  son  imprimeur   Huet-Par- 
doux  eurent  a  soutenir  un  procès  cri- 
minel :  tous  deux  furent  acquittés  ; 
l'imprimeur,  comme  n'ayant  pas  agi 
sciemment;  l'écrivain  ,  parce  que  l'on 
ne  put  pas  prouver  qu'il  y  avait  eu 
un  commencement  d'exécution.    Ba- 
zin retourna  au  Mans  5  et  là  ,  per- 
sistant dans  ses  afieclions  démocrati- 
ques ,  il  conçutle  projetd'écrire  pour 
la  classe  populaire  de  petites  bro- 
chures,  au  prix  de  1 5   ou  3  0  cen- 
times, préludant  ainsi  pour  la  Sârlhe 
k  l'idée  qu'un  peu  plus  tard  Courier 
voulut  réaliser  pour  toute  la  France, 
et  qu'il  expliqua  dans  son  Pamphlet 
des  Pamphlets.  Les  brochures  de 
Bazin  eurent  quelque  succès.  Mais, 
heureux  avec  le    public ,    il  le   fut 
moins  avec  la  justice.   Le    tribunal 
correctionnel   du  Mans  le  condamna 
en  1816  ;  cependant  la  cour  royale 
d'Angers  l'acquilla,  malgré  les  con- 
clusions  du  procureur-général.  Cet 
acquittement  ne  fut  pour  Bazin  qu'un 
triomphe  momentané.  Le  préfetd'An- 
gers  le  fit  réintégrer  en  prison  ,  par- 
ce que  les  lihéraux  lui  avaient  pré- 
paré une  ovation,  (pii  était  la  satire  du 
pouvoir^  et  il  fallut  que  le  président 
de  la  cour  royale  intervînt  pour  que 
la  liberté  lui  fût  rendue.  Mais  a  peine 
arrivé  au  Mans  ,  il  apprit  (|u'il  était 
placé  sous  la  surveillance  de  la  police, 
et  fut  tenu   de   se  rendre  tous  les 
jours  k  midi  k  la  prélecture.  Dans 
celte  position  ,  il  continua  ses  publi- 
cations auxquelles  ses  poursuites  don- 
naient encore  plus  de  vogue.  En  i8::o, 
Viivi.m  fil  jouer  sur  le  ihéàtrcdu  Mans 
Jaiqucliiic  d' Olzhourç^ y  mélodra- 
me qui  avait  eu  du   succès  k  l'Am- 
bigu ,  en   i8()5.  A  la  seconde  repré- 
sentation, un  jeune oHicier  vient  près 
de  Bazin ,  l'ijisulle  ,  le  provoiiuc  , 


IJA/ 


RAZ 


3V^, 


cl   ([tuli[iics  joiirs  .nirrs  \\u  diul  (•>( 
1.1    siiilc    (le    ci'lU'    (jiu'rrllc.    l'ci/iii 
>    fjil    l)lc.s.so    il  inorl  ,    cl    il    cxj)lra 
le  V.0  jaiivii  r  181:0.  Son  convoi,  (jne 
rt'p;llse   rclusi   (raccompagner  ,   cul 
lieu  aux   flamhcaux  ;  une  foule  nom- 
breuse le  suivit.  Sou  ami ,  M.  Goycl, 
prononça  ralloculion  iunèl)rc  sur  sa 
liMiihe-    lîa/.in  avait  de  l'esprit  cl  de 
I  éncrj;ic  ;  sou  style  ne  inan(jue  ni  de 
force  ni  de  souplesse,  mais  ou  sent 
trop  (pi'il  écrivait  au  jour  le  jour,  cl 
pour  nu  public  peu  difluile.  Deux  loris 
graves  nuisent  a  sa  mémoire   :  Tun  , 
c  est  une  exagéraliou  républicaine  que 
ne  corrii:^ea  pas  même  la  dure  cxpo- 
rieucedes  temps  qu'il  avait  traversés,* 
1  autre ,   c'est  de  s'être  trop  souvent 
livré  h  d'amères  personnalités.  Toute- 
fois, 00  devra  se  souvenir  que  le  fou- 
gueux démocrate  ne  se  démentit  point, 
et  que  la  république,  l'empire,   la 
restauration  le  virent  toujours  sur  la 
brèche.   Ou  peut   dire  (pi'il  mourut 
en  combattant;  car  sa  pièce  fut  l'oc- 
casion ,    et  non  la   cause  de  l'affaire 
d'honueur  qui  lui  coûta  la  vie.  On  a 
de  Bazin  ,  outre  les  pamphlets  réunis 
pour  la  plupart  sous  ce  titre  :  le  Lynx 
et  Suite   (lu  Lynx:  I.  Cliarlcina- 
gne,  tragédie  nationale  en  cinq  actes 
et  en  vers ,  le  Mans,   1807  ,  in-8^. 
II.  Lettres  francahes  ,  1807,  etc., 
4.5  n"%  in-8».  III.  Lettres  philoso- 
phiques ,    1814?    huit    livraisons, 
in-i3.    IV.    Séide^  nouvelle  ,    le 
Mans,  1816  ,  in-8''.  V.  Voltaire  et 
Rousseau  ,  conte  si  Von  veut ,  le 


Mans  ,  I  8  I  7,  in- 8°. 


1^ 


-or. 


«AZ1\.  Aor.BAsiN,III,488. 
BAZI\GïîÈ\ouBASL\GHEN 
(  FRA^<:oIS  -  André  Abot  dl  ), 
savant  nummographe  ,  naquit  en 
daus  le  Boulonnais  ,  d'une 
d'origine  anglaise.  Après 
avoir  terminé  ses  études  a  Paris  , 
il   se  fit  recevoir  avucal  «lu   parlc- 

LVII. 


171 1  , 
iamille 


iiH'ul  ;  cl  peu  de  temps  après  il 
épousa  la  lille  de  JNicolas  Mciiiil 
[f'^oj.  ce  noui,  XW^llI,  307)  (i). 
En  17/i  r  il  fui  pourvu  de  la  charge 
(l(î  cojiseiller-comuiissairc  a  la  cour 
des  monnaies  (ju'il  exerça  pendant 
trente  ans  avec  une  rare  dislinclion. 
S'élanl  démis  decette  charge,  il  alla 
habiter  Boulogne  avec  sa  famille,  et 
conlinua  de  se  livrer  îi  la  cullure  à^is 
lellies  et  a  sou  goût  pour  la  recher- 
che des  anciens  monuments  histori- 
ques. Plein  de  zèle  pour  sa  patrie,  il 
contribua  beaucoup  h  créer  à  Boulo- 
gne une  société  d'agriculture  ,  qui  a 
rendu  d'éminents  services  a  toute  la 
province;  et  malgré  son  grand  âge  il 
ne  cessa  de  prendre  a  sq%  travaux 
une  parltrès-aclive.  Bazinghen  mou- 
rut en  1791,  regretté  de  tous  ceux 
qui  l'avaient  connu.  Ce  n'est  que 
plusieurs  années  après  sa  mort,  en 
1799,  que  VEloge  de  ce  savant  a 
été  prononcé  par  M.  Carmier,  dans 
une  des  séances  de  la  société  dont 
il  était  le  fondateur  (  Voy.  le  3Iag. 
encyclopéd.  de  Millin).  On  a  de 
lui  :  I.  Traité  des  monnaies  et  de 
la  juridiction  de  la  cour  des  mon- 
naies j  en  forma  de  dictionnaire , 
Paris,  1764,  2vol.  m-I^.  Cet  ou- 
vrage, fruit  de  vingt  années  de  re- 
cberches,  est  encore  le  meilleur  et  le 
plus  complet  que  nous  ayons  sur  cette 
matière.  Tout  ce  qui  concerne  la  ju- 
ridiction et  la  compétence  des  ancien- 
nes cours  des  n)(!nnaies  n'y  laisse  rien 
à  désirer.  II  Tables  des  monnaies 
courantes  dans  les  cjuatre  parties 
du  monda ^  ibid.,  1776,  in- 16.  III. 
Recherches  historiques  concer- 
nant la  ville  de  Jjoulocfne-sur-nwr 
et   r  ancien    canton    de    ce   nom. 


{\)  Cet  article  sera  coni|ilétc  dans  le  Supplê- 
inciU  à  l'iiiiic  d'une  Notice  que  vient  de  nous 
adresser  M.  Ilédoiiiu  ,  luenihr.-  Iinnorairc  de  la 
sociclc  de:»  an(ir|uaires  do  la  llorinic. 


23 


554  BEA 

îbid.,  1822,10-8**.  Avant  d'être  pu- 
blié, le  manuscrit  a  été  mis  en  ordre 
et  retouché  par  M.  le  baron  Wattier^ 
à  la  prière  de  sa  femme,  l'une  des 
petites  filles  de  Bazinghen.  IV.  Les 
aventures  du  comte  de  Vineville 
et  d'Ardelise,  safdle,  ibid , ,  1822, 
^-8".  C'est  un  roman  historique.  Les 
descendants  deBazingheu  conservent 
encore  de  lui  quelques  ouvrages  iné- 
dits ,  entre  autres  une  Histoire  ec- 
clèsiasticjue  de  Boulogne 3  avec  de 
nombreux  documents  sur  les  abbayes 
et  prieurés  de  ce  diocèse.       W — s. 

BAZZIC  ALVA  (Ascagne-Ma- 
rie),  médecin  de  Lucques,  au  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle  , 
adopta  la  plupart  des  explications  du 
savant  Borelli,  et  publia  l'ouvrage 
suivant  en  faveur  des  dogmes  de  la 
secte  iatro- mathématicienne  :  No. 
vum  systeîna  medico-mec/ianicum 
et  nova  tumorum  metliodus  ,  quo^ 
rum  nomine  coinp relie nduntur  ln~ 
Jlammationes  verœ,  Parme,  1 7  0 1 , 
in-4^'».  Bazzicalva  faisait  dépendre 
toutes  les  maladies  de  raugmentaliou 
ou  du  ralentissement  de  la  fermenta- 
tion. Du  reste  ,  il  les  expliquait  tou- 
tes aussi  par  la  mécanique  et  par  des 
figures  mathématiques.  Ainsi  ,  par 
exemple,  riunamuiallon  dépend,  sui- 
vant lui  ,  de  ce  que  les  globules  san- 
guins se  trouvant  retenus  dans  les 
extrémités  rélrécies  du  cône  que  re- 
présente le  tube  artériel,  ils  laissent 
échapper  la  matière  ignée  (jui  est 
combinée  avec  eux.  Si  tous  les  romans 
de  ce  genre  étalent  restés  dans  les 
portefeuilles  de  leurs  auteurs,  la  mé- 
decine ne  serait  pas  encombrée  d'un 
fatras  de  livres  inutiles  et  (jui  n'inté- 
ressent (|ne  les  Mbllonianes.    J-n-N 

IJLATOX  ouBLTON  (David), 
cardinal,  f^  oyez  Wisiiart  ,  LI  , 
72-75. 

BEATRICE  (Nicolas),  gra- 


BEA 

veur  au  burîn,  connu  aussi  sous  le 
nom  italianisé  de  Beatrici  ou  Bea- 
tricetti  ^   naquit  a  Lunéville  ,    vers 
1607  (i).   A  l'exemple  d'un  grand 
nombre  d'artistes  lorrains  ,  il  fit  le 
voyage  de  Rome  pour  y  perfection- 
ner ses  études.  Admis  chez  Augustin 
Vénitien,  en  1 552  ,  il  travailla  dans 
la  manière  de  ce  maître.  Son  œuvre 
est  recherché.  L'abbé  de  Marelles  n'en 
avait  pu  réunir  que  cent  douze  pièces 
dans  son  riche  cabinet  (2).  On  esti- 
me surtout  les  compositions  de  Béa- 
trice ,  pour  la  correcliou  du  dessin. 
Il  s'attachait  a  ne  prendre  ses  modè- 
les que  parmi  les  grands  maîtres , 
tels   que   Raphaël  ,    Michel-Ange  , 
JulesRomain,  etc. ,  et  savait   se  pé- 
nétrer de  leur  génie.  Il  continua  de 
résider  à  Rome  après  la  mort  d'Au- 
gustin Vénitien.  Il  est  probable  qu'il 
revint  en  Lorraine  vers  i558,  car 
on  connaît  de  lui  une  gravure  repré- 
sentant le  Siège  de  Thionville  ,  par 
le  duc  de  Guise  ,  datée  de  cette  an- 
née. Mais  il  faudrait  admettre  ([uil 
retourna  a  Rome  en  i  ôbp  ,  puisque 
c'est   alors   qu'il  y    fit   paraître   la 
Bataille    des    Amazones ,  gravée 
d'après  un  bas-relief  en  marbre  et  re- 
produite par  le  P.  Montfaucon,  dans 
son  Antiquité  expliquée  (5).  On  ignore 
l'époijue  de  la  mort  de  Béatrice  :  il  \  1- 
valt  encore  en  1662,  date  de  la  publi- 
cation de  sa   gravure  du  Ji/^c/nc/U 
dernier.  Les  autres  pièces  remarqua- 
bles de  ce  maître  sont  :  I.  Joseph  ex- 
pliquant ses  songes  à  ses  frères  , 

^il  Lo  Ihitionnairit  des  ^mn'urs ,  «lo  liasnn  , 
<|ui  foiiriiiinu  (le  l'uutcs  de  dates,  Iv  fait  iiuîtrr 
vu  li-n  («dit.  de  i8«n),  În-S",  tcini.  I'''  ,  ]>.  5^<). 

(2)  Ciiliili'i^ue  ilf.i  lii'its  d'fsttimj.es,  \n\r  M.  «le 
Murcdles  ,  aldu;  de  ViUcloiit  ,  l'aris  ,  i66(>>  iiiS^. 
I».  37.  «  1,'uldx'  de  M.uolles  et  d'atitres  «lit  iillri- 
«  bun  \\  Hi'ali'iii  les  pièies  lunniuce.s  d'un  »l«v  Mir 
><  l««iinl  est  In  li'ltrr  H;  mais  ils  se  .noiit  tnimix'.s.i» 
Nntivfs  sur  Ifi  ^ntveurs  ijtii  nous  ont  iuisxr  drs  es- 
liimpes  imtnftires  de  monogrammtt  (l»«r  l'uLbcUA* 
vcn-l).  IW-'-aïK-oii ,  1807,  t.  1",  p.  4G. 

(3)  Tom.  IV,  partie  t,  p.  116. 


BEA.  BEA:  355 

d'aprcs  Rapha'i'l;  t  lie  passe  pour  son  et  de  la  reine  élalt  placée  sons  une 
i\\cf-d\v.mTcA\.  kS'iu'titrh'lisa/jcthy  Iciile  au  inlllcu  de  la  ville,  le  scr- 
reine  de  iloiii^ric  ,  d'après  le  Ti-  vice  clail  en  or,  et  dix  autres  tables 
lien.  111.  VAniu>niialiun  ,  la  Sa-  placées  en  cercle  aiiloiir  de  celle  des 
juaritainc  el  la  Cnn\>crsion  de  saint  rois,  étaient  servies  en  argentj  les  vins 
P<i«/ d'après  Michel-Ange.  IV.  Psy~  lesplusprécicnx  coulaicntde  tonneaux 
chc  ,  d'après  Ila|diai"l,  pièce  d'une  de  même  métal.  Ik'alrix  conlribna 
grande  beauté  ,  snivant  Fabbé  de  I\Ia-  beaucoup  aux  progrès  cpic  les  sciences 
relies.  V.  Liii  combat  de  la  raison  et  les  aits  firent  en  Ilonn^ric  sous  le 
et  de  l'amour,  d'après  Inindinelli  ,  règne  de  Corvin  {Voy.  ce  nom  X 
de.  «  La  plupart  de  ses  estampes  2  3),  et  ce  fut  par  ses  soins  qu'un 
«sont  marquées  de  sou  nom;  une  grand  nombre  de  poètes,  de  musiciens 
a  partie  porte  les  lettres  13.  F.  ou  et  de  peintres  furent  appelés  d'Italie, 
te  N.  r».,  ouN.  1».  L.  F.  (4)j  d'autres  Mais  elle  ue  donnait  point  d'héritier 
a  enfin  ont  un  monogramme  désigné  H  son  époux,  et  lorsque  ce  prince 
c  h  la  planche  2  »  {  ti^'"  2i  ei  22.)  désespéra  d'en  avoir  il  porta  son  at- 
de  Touvragc  de  Tabbé  Baverel.  tention  sur  son  fils  naturel  Jean 
L — M — X.  Corvin  ,  espérant  le  faire  élire  pour 
BEATRIX  ,  fille  de  Ferdinand,  successeur.  L'ayant  nommé  comte  de 
roi  de  Naples  et  d'Aragon,  fut  la  Huniade  et  duc  de  Liptau,  il  lui 
seconde  épouse  de  Blathias  Corvin,  donna  de  riches  domaines  en  Hon- 
roi  de  Hongrie.  Cette  princesse  pas-  grie  et  eu  Silésie.  Ce  plan  inquiétait 
sait,  par  sa  beauté  et  par  son  esprit,  Béatrix  ,  qui  se  flattait  qu'a  la  mort 
pour  l'une  des  plus  accomplies  de  sou  de  Malliias  elle  pourrait  faire  nom- 
siècle.  Le  mariage  se  célébra  k  Na-  mer  roi  celui  h  qui  elle  offrirait 
pies,  le  i5  sept.  i4-75,  le  roi  étant  sa  main.  Elle  fit  entrer  dans  ses 
représenté  par  les  magnats  munis  de  vues  plusieurs  magnats  qui  formèrent 
ses  pleins  pouvoirs  et  autorisés  par  la  avec  elle  un  parti  opposé  a  l'élévation 
diète.  La  princesse  u'arriva  aux  fron-  de  Jean  Corvin.  Ce  même  parti,  vou- 
tières  de  la  Hongrie  qu'au  mois  d'oc-  lant  se  ménager  l'appui  de  l'empe- 
lobre  14-76.  Les  Turcs  ravageaient  reur  Frédéiic,  désapprouva  la  guerre 
alors  la  Croatie  ,  la  Slavonie  ,  et  fai^  que  Mathias  faisait  avec  tant  de  vi- 
saientdescoursesjusqu'aSaltszbourg;  gueur  h  ce  prince.  Afin  d'auo-menter 
mais  Mathias  étant  en  paix  avec  eux,  sou  influence,  la  reine  appela  près 
Béatrix  fut  traitée  avec  respect;  d'elle  son  frère,  le  cardinal  d'Ara^^on 
elle  passa  même  plusieurs  fois  la  nuit  qu'elle  fit  nommer  archevêque  de  Grau 
dans  les  lieux  qu'ils  avaient  quittés  et  primat  du  royaume  (14.84.).  «  De- 
la  veille.  Couronnée  reiue  de  Hou-  puis  cette  époque,  ditHiistorieumo- 
grie  le  12  déc.  a  Albc-Royale,  elle  dcrne  de  la  Hongrie  (i),  Mathias  qui 
accompagna  ,  au  mois  de  juillet  avait  su  se  tenir  en  garde  contre  les 
14-79, MalhiasaOlmutz  où  se  trouva  artifices  de  la  politique  italienne  ,  ce 
Vladislas  Jagellon  ,  roi  de  Bohème,  prince,  qui  jusqu'alors  s'était  montré 
La  reine  qui  aimait  l'ostentation  dé-  d'une  si  forte  indépendance  dans  ses 
ploya  en  celte  occasion  une  grande  conseils,  se  laissa  insensiblement  con- 
magnificeuce.  La  table  des  deux  rois  duire  par  son  épouse.  Il  commit   la 


(ij   Kngel,    CuschicUtc  des  Ungritchen  reichs, 
(4)  Nicolaus  BeacHcius  Lolftaringus  fccit.  Vicnac,  i8i3  ,  t.  III,  p.  Sgai 

23. 


356 


BEA. 


faute  irréparable  de  ne  pas  poursui- 
vre avec  assez  de  fermeté  son  plan 
pour  rélévalion    de    son   fils  chéri. 
Ainsi  les  ruses  d\ine  femme  adroiîe 
remportèrent,  et  au  lieu  d'un  jeune 
prince  courageux  capable  de  défen- 
dre le  royaume  après  la  mort  de  Ma- 
iLias  ,  la  Hongrie  eut  pour  rois  Vla- 
dislas  et  Louis ^  deux  Jagellons,  oui, 
par  la  faiblesse  de  leur  gouvernement, 
placèrent  le    royaume  sur    le    bord 
du  précipice.))  Cependant  le  roi  pous- 
sait avec  vigueur  la   guerre  contre 
Frédéric.    Ayant   pris    Vienne  ,    le 
i*'""  juin    i4.85,  il  y    fit  son  entrée 
avec   Béatrix.   Pendant  le  siège  ,  un 
boulet  étant  tombé  sur  la  baraque  du 
monarque  ,  la  faction  de  la  reine  pro- 
fita de  cette  circonstance  pour  perdre 
le  premier  secrétaire  du  roi ,  qiii  fut 
accusé  d'avoir  indiqué  a  l'ennemi  le 
lieu    où   était  cette  baraque.  Le  roi 
eut  la  faiblesse  de  croire  a  ces  insinua- 
tionsj  le  malheureux  secrétaire,  livjé 
a  la  torture  fit  des  déclarations,  ar- 
rachées par  la  douleur,  qu'il  rétracta 
aussitôt  ;  et  11  fui  néanmoins  décapité 
sur  la  place  de  Vienne,  au  milieu  des 
murmures  d'un  peuple  soumis  par  les 
armes.  Malhias  Corviu  avait  élevé  les 
deux  frères  Zapoly  5    ayant  donné  à 
Etienne  pour  épouse  une   princesse 
de  Tescben  ,  ii  Kmerich  le  gouverne- 
ment de  la  Silésie  ,  et   comj)lant  sur 
leur  dévouement  pour  les  intérêts  de 
son  fils,  il  fil  nommer  le  premi(  r,  pa- 
latin du  royaume;  mais  il  se  trompa; 
Béatrix  sut  gagner  les  deux  magnats. 
Le  roi  ,  <]ni  sentait  ses  forces  dimi- 
nuer, coulia  à  son  (ils  la   garde  de 
la  cojironnc  et  \v  nomma  comman- 
dant   de   la  garde  royale  ,    qui    lit 
serment    entre    les    mains   du   jeune 
prince.  Les  magnats  les  plus  iniluenis 
appelés  h  la  cour,  ayant  promis  au 
toi  (|u'ils  appuieraient    l'élection  de 
Hean,  Béalrix  mil  tout  en  œuvre  pour 


BEA 

détourner  les  autres  de  faire  une  pa- 
reille promesse;  elle  conjura  le  roi 
les  larmes  aux  yeux  de  vouloir  bien, 
si  elle  avait  le  malheur  de  le  perdre  , 
prendre  a\iparavant  des  mesures  pour 
(ju'elle  fut  reconnue  reine  de  Hongrie. 
Le    roi    lui  représenta    que    jamais 
les  Hongrois  ne  se  laisseraient  gou- 
verner par  une  princesse  étrangère,  et 
lui  proposa  d'autres  avantages,  no- 
tamment le  tilre  de  reine-mère  ,  que 
Jean    reconnaîtrait.    Ces   discussions 
duraient    encore   lorsque   le    roi    se 
trouva  mal  tout-a-coup  et  expira  ,  en 
poussant    des   cris   affreux.  Sambu- 
cus  exprime  en    termes  très-clairs , 
dans  son  Histoire  de  Hongrie,   les 
soupçons  qui  planèrerit  sur  Béatrix  a 
Toccasiou  d'une   n;ort  si  imprévue  ; 
mais  les  preuves  manquent.  L'archi- 
duc   Maximilien   s'était   mis  sur  les 
rangs  pour  succéder  a  Matbias;  Béa- 
trix lui  offrit  sa  main  5  il  la  remercia 
en  la  priant  avec  une  affectation  iro- 
nique de  vouloir  bien  avoir  pour  lui 
les    sentiments   d'nne    bornw  mère. 
Fnriense  ,  elle  se  jeta  dans  le  parti  de 
Vladlslas   Jagellou   (|ui   fut  élu   roi. 
Ce  prince  étant  arrivé  en  Hongrie, 
les  magnats  lui  conseillèrent  d'éloi- 
gner adroitcMiient  IJéalrlx  ,  et  il  sui- 
vit ce  conseil.    (Cependant  ,  afin   de 
tirer  de  l'argent  de  cette  princesse, 
il  promit  de  l'épouser  si  la    dièle  v 
consentait;    mais   la  diète  refusa   la 
dentânde   de    lU'atrix  ,    bien    (pi  ap- 
puyée   par    la  cour  de   Naples.    Ce 
lut   alors    (]ue    celle    princesse   en- 
voyait l\aples  nue  grande  partie  (\\.'& 
joyaux  delà  couronne;   le  comman- 
dant deZeng,en  Dalmalie,  (pii  les  lit 
saisir  ,  s'élanl  mis  en  roule  pour  les 
j)()rler  lui  même  au  roi,  Béatrix  se 
délit  de  lui  par  le  iioison.  J'Jle(|uilta 
la  Hongrie;  et,  après  avoir  passé  trois 
ans  il  Vienne,  elle  se  renilil  en  Italie 
où  elle  vécut  dans  la  rcUaitc.  LUe 


r.E\ 

inoiirnl  ni  i  fi 08  ;i  Tscliia.    G — v. 

«KATSOX  (rioiii:uT),  lal)orlciix 
C()in|M!alciir,  lu'  cii  (742,  H  Dysarl  , 
dans  le  comlé  tlf  Fifo,  en  Ecosse  , 
parcouru l  (Pahord  la  carrière  des  ar- 
inos,  cl  servit  cii  ly.'^y  d'i"S  une  cx- 
pédilion  sur  la  côle  de  France.  Il 
prit  pari,  en  «jualilé  de  liculcnanl  a 
l'alla({iic  de  la  ]Martini(jue  cl  à  la 
prise  de  la  Guadeloupe.  Relire  en 
1766,  il  rcsla  a  la  denii-solde  pen- 
dant loule  la  p;nerre  d'Amcricpic , 
niali^ré  ses  sollicilalions  pour  ren- 
trer en  aclivilc.  Ce  loisir  fui  consa- 
cré h  la  coniposilion  de  plusieurs 
ouvrages  (pii  demandaient  de  labo- 
rieuses reclicrclics ,  et  cpii  ont  été 
fort  utiles  a  d'autres  lilstoriens  doués 
de  plus  de  talent  ,  mais  de  moins 
de  patience  :  I.  Index  politique 
(h'fî  liisloircs  de  la  Grande-Bre- 
Irii^ne    et    de    V  Irlande  ,     1786. 

II.  Mémoires  navals  et  militaires 
de  la  Grande-Bretagne  j  1790  , 
5  vol.  in- 8".  C'est  une  conlinuation 
des  Vies  des  amiraux,  etc.,  de  J. 
Campbell (  Voy.  ce  nom  ,  YI,  63  i  ). 
Celui-ci  s'était  arrêté  en  1727.  Le 
conlinualeur  a  poussé  son  travail 
jusqu'au  moment  où  il  écrivait.  On 
n'v  retrouve  pas  tous  les  genres  de 
mérite  qui  avaient  fait  le  succès  de 
l'ouvrage  de  son  prédécesseur  j  mais 
sa  narration  est  circonstanciée,  exac- 
te, écrite  avec  siraplicilé  et  clarté. 

III.  Registre  chronologique  des 
deux  chambres  du  parlement  ^  de- 
piiis  l'union  en  1708  ,  jusqu'au  troi- 
sième parlement  du  royaume-uni  de 
la  Grande-lîrelagne  cl  de  l'Irlande, 
1807.  On  cite  encore  delui  unTs^^rt/ 
sur  les  avantages  comparatifs  des 
moulins  verticaux  et  horizontaux. 
Beatson  ,  cpii  était  membre  de  la  so- 
ciété rovalo  d  Edimbourg,  est  mort 
en  celle  ville  le  iro  janvier  i  8  i  8.     L. 

IJEAUCIÏA.VP     (le    marquis 


BEA 


•^57 


CiiART.r.s-GuKCOiRE  de),  né  daus  le 
Poitou,  eu  I  73  I ,  d'une  ancienne  ia- 
mille  de  celle  province,  fut  de  bonne 
lieure  cornette  dans  un  ré<iimcnt  de 
cavalerie  et  se  trouvait  en  celle  cpia- 
lité  a  la  bataille  de  Ilosbacli  où  il 
reçut  quatorze  blessures,  et  rapporta 
néanmoins  son  drapeau.  Cet  exploit 
lui  valut  la  croix  de  Sainl-Louis,  et 
il  parvint  successivement  au  grade 
de  marécbal  de  camp.  Nommé  dé- 
puté aux  étals-généraux  de  1789, 
])ar  la  sénéchaussée  de  Saint- Jean 
d'Angély  ,  il  se  montra  dès  le  com- 
mencement dans  cette  assemblée  fort 
opposé  aux  innovations  révolution- 
naires. Toutefois  il  n'y  prit  jamais  la 
parole  ;  mais  il  siégea  toujours  au  côté 
droit  et  signa  toutes  les  protestations 
des  royalistes.  Il  se  rendit  après  la 
session  dans  le  pays  de  Liège  où  il 
avait  des  propriétés  ;  qui  lui  furent 
bientôt  ravies  comme  biens  d'e'raigré, 
ainsi  que  celles  qu'il  avait  en  France  5 
et  il  fut  encore  oblio;é  de  s'éloigner. 
Il  passa  ainsi  pbisieurs  années  dans 
toutes  les  privations  de  l'exil  ;  et 
lorsqu'il  lui  fut  permis  de  revenir  eu 
France,  en  1802,  par  la  protecliou 
de  son  ancien  collègue  et  compatriote 
Regnauld  de  Saint-Jean  d'Angély,  il 
y  resta  encore  complètement  dé- 
pouillé. Le  marquis  de  Beaucbaraj) 
mourut  a  Paris  le  5  mai  1 8 1  7  ,  et  il 
avait  ainsi  vécu  assez  long-temps  pour 
voir  le  retour  des  Bourbons  j  mais 
non  pour  recouvrer  la  moindre  partie 
de  ses  anciennes  propriétés  ,  car  la 
loi  d'indemnité  ne  fut  rendue  qu'en 
1826.  Z. 

BEALXÏÏAMP  (Ati-noNSE 
DE  ) ,  historien  ,  né  a  ISlonaco  ,  en 
1767,  fds  d'un  chevalier  de  Saint- 
Louis,  major  de  cette  place  ,  entra 
au  service  de  Sardaigne  en  1784  , 
comme  sous-lieutenant  dans  Icrégi- 
ment  de  bi  marij\e,  Il   rçyçnail,  alqrs 


358                  BEA  ÊËA 

de  Paris,  où  il  avait  passé  plusieurs  pierre  succomba  dans  la  journée  du 
années  chez  des  parents  riches  et  9  thermidor,  il  se  réunit  franchement 
d'un  rang  distin^^ué ,  qui  l'inlrodui-  à  ses  adversaires.  Lorsque  le  gou- 
sirent  de  bonne  heure  dans  la  haute  vernemenl  directorial  fut  établi  par 
saciété.^  Ily  puisa  le  goût  des  arts  et  la  constitution  dé  l'an  III ,  il  passa 
des  plaisirs  frivoles  ;  mais  son  éclu-  dans  les  bureaux  du  ministère  de  la 
cation,  sous  les  autres  rapports  ,  fut  police,  chargé  de  la  surveillance  de  la 
irès-négligée.  Son  début  en  Piémont  presse  ,  et  plus  particulièrement  de 
ne  futmarqué  que  par  quelques  vers  de  celle  des  journaux.  Cest  dans  cette 
société,  et  par  des  galanteries  que  fa-  place  que  nous  l'avons  connu,  et  nous 
vorisaientunextéricuragréableetune  pouvons  attester  que,  tout  en  s'acquit- 
grande  politesse.  Il  avait  vu  toute  tant  de  ses  devoirs  avec  autant  de 
la  France  dominée  par  les  doc-  probité  que  de  talent,  il  ne  manqua 
irmes  du  parti  qui  préparait  la  ré-  jamais  l'occasion  d'adoucir  les  ri- 
yolution  ,  et  il  les  avait  adoptées  gucurs  du  pouvoir.  Ce  fut  a  cette 
avec  toute  la  chaleur  de  son  agc  et  époque  qu'il  conçut  la  première  pen- 
de son  caractère.  Il  n'y  renonça  pas  sée  de  son  Histoire  de  la  Vendée ^ 
sans  doute  en  entrant  au  service  du  et  l'on  ne  peut  douter  qu'il  n'ait  com- 
roideSardaignej  et,lorsqnelaguerre  puisé  _,  pour  l'exécuter,  tous  les  car- 
éclata  entre  ce  prince  et  la  républi-  tons  du  ministère;  ce  dont  il  avait 
que  française  en  1792  ,  il  refusa  d'ailleurs  reçu  l'autorisation.  Plein 
positivement  de  servir  contre  sa  de  sens  et  de  sagacité,  doué  d'un  es- 
palric.  Un  tel  refus  dans  de  pa-  prit  observateur,  et  se  trouvant  très- 
reilles  circonstances  devait  lui  at-  bien  placé  pour  tout  voir  et  tout 
tirer  des  persécutions  ;  il  fut  cmpri-  comparer  ,  il  avait  examiné  avec  une 
sonné  et  détenu  pendant  plusieurs  scrupuleuse  attention,  et  jusque  dans 
mois  h  la  Brune tte  ,  puis  au  château  les  plus  petits  détails  ,  les  évène- 
de  Ceva  ,  et  il  ne  recouvra  la  liberté  ments  de  cette  guerre.  Tous  les  rap- 
qu'ala  fin  de  l'année  1793. 11  sehàla  ports  et  toutes  les  dépèches  ostensi- 
alors  de  retourner  en  France,  et  il  Lies  ou  secrètes  avaient  passé  dans  ses 
arriva  dans  la  capitale  au  moment  où  mains  ;  et  cependant  il  n'avait  adopté 
le  terrorisme  y  dominait  dans  sa  plus  aucune  opinion  ,  il  n'avait  épousé  la 
cruelle  intensité.  Dénué  de  ressources  cause  d'aucun  parti;  ainsi,  il  était 
cl  n'ayant  pour  vivre  d'autre  moyen  dans  la  position  la  plus  favorable 
que  son  zèle  ctson  enthousiasme  pour  où  puisse  se  trouver  un  historien, 
la  liberté,  il  entra  dans  les  bureaux  assez  près  des  événements  pour 
du  terrible  comité  de  suretégénéralc,  bien  les  voir  ,  assez  loin  pour  ne 
rpii,  sous  la  direction  des  Amar  et  ^c^  p«is  en  cire  atteint  ou  forcé  d'y  preii- 
lîillaud- Yareuncs  (  Voy.  ces  deux  drc  part.  lîeauchamp  s'occupa  ures- 
i»()ins,  au  Sup.),  exerçait  une  si  vio-  (jue  exclusivement  de  ce  grand  ou- 
lenle  tyrannie.  D'un  caractère  bon  et  vra^o  pendant  plusieurs  années  ,  cl  il 
j;énéreux,Beauchamp  nepulvoir  tant  en  publialapremièreédilionen  1806, 
tle  crimes  sans  en  être  indigné  j  mais  o  vol.  in- 8"  (i).  Peu  d'ouvrages  his- 
il  n'était   pas  en   son  pouvoir  de  les     ■'                                                      

.,          '    I              •!              I-.                I                    •  (')  l'iHittiir  (Iti   l.i    l'ruiuv  litUmirr  (M.    (.^uc- 

tmptclUT  :  il   rendit  tous  les  services  ^..«1)  n  commis  imr  .rn-ur  Kinvr  Mir  citio  prc 

que  (les  fonctions  suballerneslui  per-  '"■"•«•"  "•*>'"».  «"".lu'ii  u  .lit  .ii.Mi.  fut  p«. 

■•  .              ,               ,                                1   r»    î  hli«.oflii  i8oo;  il  iir  «lit  pu»  «locouibuu  tle  volu- 

Dlircut  UC  lemlrC  )  cl;  (|UailU  llubCil-  uks  cllc  fut  cv>i>|>u»vei  mui«  il  |HUSC  ijuv  «'v8t 


i 


BEA 

torî(|Ucs  oui  oliU-mi  tli*  nos  jdurs  un 
aussi   grand  succès  ;   cl  l'on   ne  doil 
pas  stMiK'iiKMil   a'ilrihncr   co  succès  a 
i'inlcTcl  trcvôncnuMils  si  rapproclics, 
si  cxlraordinaîrcs;  il  faut  aussi  en  voir 
la  cause  dans  le  lalcnl  ol  surlonldaiis 
la  rare  iiuparlialilc  de  l'aul(Mir.  Ce 
fut  en  le  lisant  que  Napoléon  dit  des 
Vendéens  ce  mol  célèbre  el  si  sou- 
vent répété  :  «  Celait  un  peuple  de 
«  géants.  »   Mais  ,   comine   l'a    fait 
observer   M.    Fiévée  :    «  la   gloire 
«  de  ce   tcmps-la  voulait  être  exclu- 
ce  sive  ^  de  nicmc  que  le  palriolisme 
ce  eu  i^QÔ,   elle  n'admettait  ni  riva- 
tc  lilé  ni  comparaisou  5  et  pour  avoir 
et  montré  que  les  Français  sont  éga- 
ct  Icmeut  braves,  quelle  que   soit  la 
«cause  pour  la(juelle  ils  prennent  les 
ce  armes, M- de  IJcaucliamp  futpuni.  » 
On  ne  peut  cependant   pas  accuser 
PSapoléon  d'avoir  ordonné  lui-raèmc 
celle  persécution.  S'il  est  vrai  qu'il 
se  montra  quelquefois  jaloux  de  toute 
espèce  de  gloire  ,  on  doil  dire  aussi 
qu'il  avait  des  idées  plus  élevées  et 
plus  généreuses.  Mais  la  plupart  de 
ses  agents ,  el  surtout   son  minisire 
Foiiclié  avaient  a  venger  leurs  anciens 
collègues  ,   ces  proconsuls  de  la  con- 
vention,  dont  Beaucbarap  avait  re- 
presenlé  avec   tant  d'énergie  et    de 
vérité  les  cruaute's  et  les  turpitudes. 
Il  le  priva  de   son  emploi  au  minis- 
tère, sous  prétexte  qu'il  avait  consulte 
Îiour  cet  ouvrage  les  matériaux  qui 
ni  étaient  confiés  5  la  troisième  édi- 
tion fut  saisie  au  moment  où  elle  allait 
paraître  ;  cl  plus  tard  l'bistorien  de  la 
Vendée  fut  arrèlé  (i8o()),  puis  exiié 
a  Reims.  Ce  n'est  qu'en  181 1,  qu'il 
lui  fut  permis  de  revenir  dans  la  capi- 


]a  inrine  que  celle  qui  parut  en  1810,  4  vol.  iu  8°, 
laqupUe  il  dési^rne  comme  une  prétendue  nourcUc 
édiiiun.  11  csl  Lvideiit  cjue  M.  Quérard  n'a  pas  la 
Tii  luèiiic  vu  un  seul  viilunii-  des  <|ua!re  éditions 
bien  réeUcs  de  Vliistotrr  <Ic  la  f'enUvc  ,  qui  ont 
éu  Urws  à  un  grand  nombre  d'cxviP[>laircs, 


UKA. 


^59 


laie.  Kl,  pour  obtenir  celte  permis- 
sion, il  lui  obligé  de  signer  un  enga- 
gement de   uc  plus  rien  publier  sur 
la  polili([ue  coiilciiiporaiue.  Il  obtint 
alors  dans  les  Droit s-rénnis  ,  une  de 
ces  espèces  de   sinécures  (pic  la  mu- 
nificence du  cbef  de   cette  adminis- 
tration   semblait   accorder    a    quel- 
ques gens  de  lettres,  pour  leur  donner 
les  moyens  de  s'occuper  de  travaux 
littéraires.    Bcaucliamp  profila   plus 
qu'aucun  autre  de  cet  avantage  :  peu 
d'bommcs  étaient  plus  aclifs  el  plus 
laborieux.  Suppléant  par  le  '/èlc  à  ce 
que  sa  première  éducation  avait  eu 
d'incomplet,  il  suffisait  par  de  longues 
veilles  à  d'immenses  travaux.  Déjà  il 
avait  conçu  et  exécuté  presque  seul  le 
travail  si  ulilc  des  Tables  du  Mo- 
niteur ;  il   eut  encore   une   part  a 
peu   près   semblable   à  la  Blogra^ 
phle  moderne  ,  Leipzig  ou  Breslaw 
(Paris),  4-  vol.  in-B**.   Il  fut  dès  le 
commencement  un  des  collaborateurs 
les  plus  utiles  el  les  plus  laborieux 
de  celte   Biographie  universelle  , 
dont   tous   les  volumes   contiennent 
des  articles  de  sa  composition.  Il  en 
avait  même   préparé  un  assez  grand 
nombre  pour  le  Supplément,  et  nous 
les  imprimons  successivement  sur  son 
manuscrit.  A  l'époque  de  la  restau- 
ration, eu  1 8 1 4,  sa  place  aux  Droils- 
réunis  fut  supprimée  ;  mais  il  obtint 
du  roi  la  croix  de  la  Légion-d'Hon- 
neur  el  une  faible  pension  dont  il  a 
joui  jusqu'à  sa  mort.    Ce  fut   dans 
ce  temps -là,  que  M.    13ouvier-Du- 
molard  lui  intenta  un  procès  ,  pour 
avoir  dit,  dans  son  Histoire  de  la  cam- 
pagne de  i8i4,  que  cet  ex-préfet  du. 
Tarn  avait  été  cause  de  la  bataille  de 
Toulouse,  en  retenant  un  courrier  cx- 
pédiéaumarécbalSoullparlc  gouver- 
nement provisoire.  N'étant  point  sou- 
tenu par  le  gouvernement,  dont  il  avait 
embrassélacause,  cl  viyemcul  tillaqué 


36o 


BEA 


par  une  oppositiou  dès-lors  très-au- 
dacieuse, Beauchaiiip  fut  condamne'  a 
une  amende  ,  même  a  la  prison  ,  et 
il  se  vit  contraint  de  fuir  lors  du  re- 
tour de  Bonaparte.  Mais  ce  jugement 
resta  sans  exécution  après  le  second 
retour  du  roi,  et  l'auteur  de  la  Cam- 
pngfie  de  i8i4-  fit  paraître  une  se- 
conde édition  de  cet  ouvrage,  a  la- 
quelle  il  ajouta  deux  nouveaux  vo- 
lumes comprenant  la   campagne  de 
I  8i5.  Bcaucbarap  est  mort  le  i^*^  juin 
1802  ,    des  suites  du  terrible  fléau 
qui  afQigeait  alors  la  capitale.  D'un 
commerce  très  -  sur    et    de    mœurs 
douces ,   il   a  toujours  conservé   des 
amis  dans  tous  les  partis  et  dans  tous 
les  rangs  de  la  société;  mais,  écrivant 
presque   toujours  sur  des    sujets  ré- 
cents, et  voulant  dire  la  vérité,  il  ne 
put  éviter  de  blesser  quelquefois  les 
intérêts  et  les  passions  d'hommes  ir- 
ritables et  puissants,  qui  firent  tout 
pour    se   venger.    Sa   vie    fut    ainsi 
semée  de   beaucoup  de   tracasseries 
et  de   persécutions;   il  les  supporta 
courageusement  et  avec  persévéran- 
ce. Doué  d'une  grande  sagacité  po- 
litique ,  nul  ne  savait  mieux  que  lui 
comprendre  cl  apprécier  les  hommes 
et  les  choses  de  notre  époque.    Ses 
écrits  sont  trop  nombreux  pour  (pie 
tous  aient  été  conq)Osés  avecle  même 
soin  et  la  même  supériorité.  Le  pre- 
mier et  le  plus  imj)ortant  de  tous  est, 
sans  aucun  doute  ,  sa  Guerre  de  lu 
Vende e.Vowr  l'exactitude  et  l'inté- 
rêt des  récits,  pour  l'impart ia'ilê  des 
jugements,   cet  ouvrage  est  certaine- 
ment   un   des   plus  précieux   monu- 
ments  de   riiistoire   rontenq^oraine. 
Lorsipi'il  parut ,  tous   les  lecteurs  , 
eoiis    les   journaux    furent    d'accord 
|)Our  en    faire  l'éloge.  L-i  (pialriênu* 
édition,  i)i(Mi  (jue  ])lus  conquête,  j)liis 
cxaiif  cl  plus  soignée,  cslcclic(pii  a 
rcncy^itré  le  plus  de  çouIruiiivU'urs  j 


BEA 

c'estqu'alors(i82o)toulcslespassions 
long-temps  assoupies  venaient  de  se 
réveiller.  Sous  l'empire,  bien  que 
plus  près  des  événements,  on  les  ju- 
geait déjà  avec  le  calme  et  le  désin- 
téressement de  la  postérité  :  sous  la 
restauration  ,  il  n'est  que  trop  vrai 
que  la  révolution  a  recommencé  ,  et 
que  toutes  les  passions ,  jusque-là 
si  heureusement  contenues,  se  sont 
déchaînées  avec  une  nouvelle  fureur. 
Ces  passions  s'amortissent  peu  à  peuj 
et,  depuis  qu'on  lit  avec  plus  de  sang- 
froid  ,  les  écrits  de  Beauchamp  sont 
mieux  appréciés  5  on  pourrait  dire 
que  pour  lui  la  postérité  recommence. 
Il  est  certain  que  c'est  dans  ses 
ouvrages  qu'elle  trouvera  les  meil- 
leurs renseignements  sur  notre  his- 
toire. On  a  de  lui  ,  outre  les  ou- 
vrages dont  nous  avons  parlé  :  I.  Le 
faxixT) aiiphiiiy  i8o5,  2  vol.in-12. 
II.  Histoire  de  la  campagne  du 
maréchal  Suwarow  en  Italie  , 
formant  le  y  vol.  des  Campagnes 
de  Suwarow.  III.  Histoire  de  la 
conquête  et  des  révolutions  du 
Pérou,  1807,  2  vol.  in-8°.  IV. 
Biograj)hie  des  jeunes  gens  (âxec 
Durdcnt  et  autres  gens  de  lettres), 
1 8  I  5 ,  5  vol.  in- 1 2 .  V.  Histoire  des 
malheurs  et  de  la  captivité  de  Pie 
VII,  sous  le  règne  de  Napoléon 
Ihionaparte,  i8i4jin-i2',  i8i5, 
iu-i2j  1  820,  in-i  2.VI.  Vie  politi- 
que^ militaire  et  privée  du  général 
Aloreau,  i8ï4,  in-8".  y  il.  His- 
toire du  Brésil,  depuis  sa  con- 
qiu'te  en  i5i)o  Jusqu'en  1810  , 
Taris,  181 5  ,  3  vol.  in-8".  MU. 
Catastrophe  de  Murât,  i  8  1  5,  in- 
8".  IX.  la  duahesse  iTAngoit- 
Ir'nw  d  Bordeaux^  i8i5,  in-8". 
X.  Histoire  t/es  deux  J\iux  Hau- 
phins,  1818,  2  \(d.  in- 12  ou  \n\ 
\o\.  in-8".  XI.  J/énioires  du  comte 
de  J\OL'hecu(tc^  rédigés  sur  vscs  pa- 


piers  cl  sur  I(\s  noies  de  sc9,  priiicî- 
j)aiix  olliciors ,  18 18,  iii-8".  \\\. 
/  ic  (i'Ali  Pdcha  ttc  Jtininn,  vol. 
111-8"  avec  jiorlrnil,  l'aris,  1822  ; 
srcoiult*  cdilloi),  iiièiiic  aiincc.  XIII. 
Ilisloirc  de  lu  n'i'o/tition  du  Pic- 
t)ioiit  et  tic  SCS  raj)j)orts  avec  les 
autres  j>arties  de  V Jlnlie  et  avec 
la  France  ,  1821  ,  111-8".  Seconde 
partie  :  De  la  révolution  du  Pic- 
mont^  rcclit'c  snr  (Ic^^  mcmoire.s  se- 
crois;  avec  une  reliilalion  de  l'cciit 
inlilulc  :  De  la  révolution piànion- 
taise  (  du  comte  de  la  Rasa  )  y 
1823,  in -8".  XIV.  Delà  i^évolu- 
tion  d'hs/nigne  et  de  son  dix 
août,  2*"cclilion,  1822.  XV.  f^ie  de 
Jules-César,  suivie  du  tableau  de  ses 
campagnes  ,  avec  des  observations 
cri(i(|ues,  Paris,  1825,  in-8°.  XVI. 
/  ie  de  Louis  A  VIIl y  roi  de 
France  et  de  ISavarre  ,  Paris  , 
i82r,in-8'';  seconde  édition,  1824, 
111-12  ;  troisième  édition,  1824,  2 
vol.  in-8°,  avec  2  grav.  XVIJ.  Ré- 
fulaiion  de  l  écrit  intitulé  Coup- 

D  OEIL    SUR     L  ETAT     POLITIQUE    DU 

Brésil,  1824,  in-8°.  XVIII.  Cri- 
tique historique  avec  des  observa- 
tions littéraires  sur  l'ouvrage  du 
général Ségitr/u\['iU\\é:  Histoire  de 
Napoléon",  182.5,  in-8".  On  a  attri- 
bué avec  raison  k  Beauchanip  les 
Mémoires  imprimés  sous  le  nom  de 
Foiiclié  {J^oy.  FoucuÉ  ,  au  Supp.). 
Il  a  également  rédigé  plus  lard  les 
Mémoires  de  Fauclie-^Borel  {^Voy, 
ce  nom,  au  Supp.)  ,  avec  les  maté- 
riaux (ji;i  lui  avaient  été  fournis  ; 
ainsi  fjue  V Histoire  de  Vînde  ^ 
publiée  sous  le  nom  de  M.  Collin 
de  Kar.  Bcauchamp  a  aussi  concouru 
a  la  rédaction  de  plusieurs  écrits  et 
mémoires  particuliers,  de  plusieurs 
journaux  euîre  autres  delà  Gazelle  de 
France.  Il  a  été  Téditcur  i"  de  Xllis- 
^çirç  (lu  donjon  et  du  çlidtcau  de 


RFA 


'',61 


/-  ///rr;/;/f  s,  par  Nougaret,  1807,  in- 
8"  •  2"  de  V Histoire  de  Hayard, 
par  Gujard  de  Bcrville,  nouv.  édit.  , 
1822-  5"  de  la  Collection  des  mé- 
moires relatifs  à  la  révolution 
d'Espagne,  1824  et  1826,  6  vol. 
in-8"  5  4"  des  Mémoires  secrets  et 
inédits  pour  servir  à  V histoire  con- 
tetnpoi'uine  ,  182.5,  in-8".  Son  Hi.s- 
loire  de  la  campagne  de  i  8 1 4  el  1 8  i  5 
a  été  traduite  en  anglais  dans  l'année 
de  sa  publication.  M — n  j. 

BEAUCliAMP  (N.  Mon- 
CHEAU  ) ,  né  a  Poitiers,  et  mort  ea 
cette  ville  en  i833  ,  y  fut  médecin 
cl  directeur  de  l'école  secondaire.  11 
remporta,  en  1808  ,  le  prix  proposé 
par  récolc  de  médecine  de  Bruxelles 
sur  la  question  de  savoir  quelle  est 
V influence  de  la  nuit  sur  les  ma- 
ladies ;  et  ce  mémoire  fut  imprimé 
dans  lerecueil  decelle  sociétésavanlc. 
Il  traita  aussi  plusieurs  autres  sujets  , 
et  ses  dissertations  furent  insérées 
successivement  dans  les  bulletins  de 
rAlliéiiée  et  de  la  société  académique 
de  sa  ville  natale.  F — x — e. 

BE AUCJIÈXE  (Edme-Pierre 
CiiAiS'voT  de )  ,  médecin,  nacpiit  en 
1748,  aux  Acbarlis,  près  de  Ville- 
neuve-le-Roi ,  dans  la  Basse-Cbam- 
pagne.  Après  avoir  terminé  s^s  élu- 
des, il  embrassa  l'étal  militaire  ;  mais 
il  abandonna  bientôt  celle  carrière 
pour  celle  de  la  médecine  5  et,  s'étant 
fait  recevoir  docteur  a  ^lonlpellier,  il 
s'établit  a  Paris  où  il  oblinl  la  place 
de  médecin  des  écuries  de  IMonsieur. 
Ne  voyant  dans  la  révolution  que  la 
réforme  des  abus  ,  il  en  embrassa  les 
principes,  et  fut,  en  1789,  élu 
membre  de  la  commune  de  Paris. 
I\Ionsieur  ,  décidé  par  la  gravité  des 
circonsîances  ,  a  quitter  la  France, 
avait  l'inlenlioii  de  s'adresser  a  Bcau- 
cliène  pour  lui  procurer  des  passe - 
iv>rls  ;  mai?  M,  cUAvarav  le  fi^  re- 


362 


BEA. 


noncer  à  celte  idée  (Voy.  Relation 
d'un  voyage  à  Bruxelles  et  à  Co- 
blentz).  Beauchêne,  effrayé  lui-même 
de  la  marche  de  la  révolution,  ne 
tarda  pas  h  se  retirer  dans  une  terre 
qu'il  possédait  aux  environs  de  Sens. 
11  se  fit  recevoir  k  la  société  popu- 
laire de  cette  ville  ;  et,  dans  la  crainte 
de  se  rendre  suspect,  il  assistait  ré- 
gulièrement a  ses  séances,  ne  prenant 
d'ailleurs  aucune  part  aux  discussions. 
Cependant  il  oublia  la  réserve  qu'il 
s'était  imposée  lorsqu'il  fut  question 
d'envoyer  une  adresse  a  la  conven- 
tion pour  la  féliciter  au  sujet  de  la 
mort  de  Louis  XVI.  Ses  efforts  pour 
empêcher  l'adresse  furent  impuis- 
santsj  et  le  courage  qu'il  avait  montré 
dans  cette  circonstance  lui  mérita 
quelques  mois  de  prison.  Après  le  9 
thermidor,  il  revint  a  Paris,  où  il  se 
forma  bientôt  une  nouvelle  clientelle. 
Sous  le  gouvernement  impérial  il  fut 
nommé  successivement  médecin  eu 
chef  de  l'hôpital  du  Gros  -  Caillou  , 
médecin  du  corps  législatif ,  de  l'é- 
cole normale  ,  etc.  j  et  il  montra  dans 
ces  différentes  places  autant  d'habi- 
leté que  de  désinléressement.  A  la 
restauration,  il  devint  l'un  des  méde- 
cms-consullants  du  roi  Louis  XYIIL 
Admis  a  la  société  royale  de  méde- 
cine ,  il  fit  ])artic  de  la  commission 
chargée  de  présenter  un  rapport  sur 
l'enseignement  médical^  en  1820  il 
ol)lint  la  décoration  de  la  Légion- 
d  Honneur.  Tourmenté  depuis  quel- 
que temps  des  douleurs  de  la  pierre  , 
il  y  succomba  le  24  décrnibre  182/1, 
laissant  la  réputation  d'un  bon  pra^ 
ticien  et  d'un  très -honnête  homnu*. 
Outre  (les  articles  dans  la  Qiioti- 
(liciiTic  rt  dans  divers  Journaux  ,  on 
a  (le  ISeaiicliêne  :  L  JJc  l'injhicncc 
(les  affections  dr  Fânu'  sur  les  rnu- 
liulics  nrr\'cus(S  dcs/r/ii/ncs  ,  Pa- 
ris, lyy  1  ,iu-8"j  réiinpriuiéen  1785, 


BEA 

en  1798,  et  traduit  en  allemand, 
Leipzig,  1784,  in-8°.  C'est  l'ou- 
vrage d'un  médecin  philosophe  et 
d'un  bon  observateur  IL  Observa- 
tions sur  une  maladie  nerveuse 
avec  complication  d'un  sommeil 
tantôt  léthargique  et  tantôt  con~ 
vulsif,  ibid.  ,  1786,  in-8°.  III. 
Maximes  ,  réflexions  et  pensées 
diverses,  ibid.,  1817,  1818,  1819 
et  182  I  ,  in- 12.  Ce  recueil,  fruit 
de  la  vieillesse  de  l'auteur  ,  contient 
des  pensées  ingénieuses  et  des  ré- 
flexions solides,'  l'édition  de  1821 
est  la  plus  complète.  AV — s. 

BEAUCOUR  (GiLLOT  de). 
Voy.  GoMEz  DE  Vascojvcelle  , 
XVIII,  5o-5i. 

BEAUFORT  (DomEusTACnE 
de)  mérite  dans  les  annales  de  l'é- 
glise une  place  près  des  Rancé  et 
des  Montgaillard.  Cependant  l'his-  | 
toire  de  ce  religieux  est  peu  connue  j 
on  sait  seulement  qu'issu  d'une  fa- 
mille noble  et  considérée  ,  il  fut  des- 
tiné a  la  vie  monastique  ,  dans  la- 
quelle la  vanité  ,  voyant  bien  autre- 
ment qu'aujourd'hui,  trouvait  encore 
de  quoi  se  satisfaire.  Né  en  i655  , 
il  avait  dix-neuf  ans  quand  il  fut ,  a  la 
sollicilalion  de  ses  parents,  et  sur  la 
recommandation  du  cardinal  IVlaza- 
riu  ,  nommé  par  le  roi  a  l'abbaye  de 
Sept-Fonts,  en  j654.  C'était  une 
abbaye  de  l'ordre  de  Cîteaux,  de  la 
filiation  (le  Clairvaux ,  fondée  au 
douzième  siècle,  Irenle-ciuq  ans  après 
rétablissement  de  l'iustilut  de  Cî- 
teaux. Cette  maison,  due  a  la  libé- 
ralité i\\n\  duc  de  Bourbon,  était 
bâtie  dans  une  vaste  plaine  a  quel- 
(jne  distance  de  la  Loire  et  de  Mou- 
lins. Dédiée  sous  l'invocation  de  iMa- 
rie  ,  (^lle  avait  peut-être  reçu  de  St 
Bernard  lui-même  le  nom  de  Notrc- 
J)(imc  de  Suint  -  /w'c//  -  <lr  -  Srpt- 
Fonts ,  h  cauîic  dc5j  ijcpl  fi^nlaiues  (jiii 


rarrnsaicnl  alors  il  don!   une  seule  SrpI  -  Fonls  ,  il  s(î  prosterne  devant 

restait  encore  h  répoipie  de  la  snp-  le  Sainl-Sacrcmciil  ,  assemble  le  cha- 

jires.sion.   Quoinue  le  saint   alïlu-  de  pîlre,  propose  li  s(>,s  moines  une  salii- 

Clairvanx  eût  ,  suivant  la  Imdilion,  lairc  rérormc.  H  leur  lit  part  de  ses 

saneliliéeelle  maison  par  sa  présence,  sentiments  et  les  pria  de  ne  pas  s'y 

elle  n'avait  pas  toujours  gardé  son  opposer 5  mais  ib  furent  insensibles 

esprit  ,  et  les  religieux  s'élaienl  li-  h  ses  propositions.   Ces   religieux  , 

\rcs  il  des  désordres  (pii  allaient  jus-  quin'élaicnlcprau  nombre  de  cpialrc, 

i|n'au  scandale.  Néanmoins  elle  n'é-  n'oublièrent  rien  pour   s'opposer   a 

lait  jamais  tombée  en  commende  ,  el.  l'exéculion  de  son  projet.  Accusalions 

il  fallut  pour  (ju'lîluslacbe  de  lîeau-  calomnieuses,  arrêt  du  parlement  de 

fort   l'obtînt   qu'il    embrassât    l'état  Paris,  faussement  fabriqué,  etc.,  tout 

Pour    Vy    décider    on  fit  fut  mis  en  usage  contre  le  nouveau  ré- 


reiiiiieux, 


briller   a  ses  yeux  une  mitre  et  une  formateur  qui,  rebuté  de  tels  proce- 

crossc.  Une   vocation  si  peu  divine  dés,  voulut  renoncer  à  son  abbaye  etse 

porta  bientôt  ses  fruits,  car  le  jeune  retirer  a  la  Trappe  ,  sous  la  conduite 

abbé  donna  dans  la  vanité  ,  le  luxe  et  de  Rancé.  Mais  il  en  fut  détourné,  et 

la  mollesse.  Après  avoir  fait  son  no-  revint  de  Paris  a  Scpl-Fonls,   où, 

viciât  et  ses  vœux  a  Clairvaux ,   il.  dans  son  absence ,  les  moines  avaient 

alla  h  Paris,  pour  étudier  en  théolo-  tout  pillé.   Il  cbercba  a  les  gagner 

gie.    Il  se  contenta  de  cbarger    sa  par  la  douceur,  et  les  engagea  a  se  re- 

inémoire  de  quelques  notions  super-  tirer  dans  des  maisons  de  la  commune 

fîcielles,  et  revint  a  Scpl-Fonls.  La  observance  de  Cîtcaux.  L'accord  si- 

1  •  1  „ /■     1 i:_.! _„ 4t_,\,,^.,i     K^.- 


celle  des  dames  de  Moulins.  En  un  parce  que  le  temps  el  la  négligence 

inot,ilvivaitd'unemanièrepeuconfor-  des  religieux  n'avaient  laissé  partout 

me  a  sa  vocation.  Ce  fut  danscetctat  que  des  ruines  ;   et  il  réunit  bientôt 

malheureux  et  dans  ces  mauvaises  dis-  une  nombreuse  famille.  L'observance 

positions  qu'il  recul  le  sacerdoce  ,  et  qu'il    établit   était  presque  cntière- 

alors  il  aimait  h  se  voir  revêtu  des  ment  semblable  a  celle  de  la  Trappe 

habits  pontificaux  ,  pour  flatter  sa  va-  [J^oj.    Ra]scé  ,    XXXVII,    69). 

nilé.  Tel  était  l'abbé  de  Sept-Fonts  Le  peu  de  différence  qu'on  y  voyait 

quand  il  reçut  une  visite  de  l'abbé  de  était  en  faveur  de  la  régularité   de 

F)eaufort,   son  frère,   ecclésiastique  Sept-Foiils  ;  Crtr,  comme  on  l'a  dit, 

dune  grande  piété.  Toucbé  de  voir  la  Trappe  a  plus  de  rcpiitaiion^et 

un  religieux  vivre  de  la  sorte  ,  il  eu-  Sept-Fonts  est  plus  austère.  Après 

gagea  Tabbé   de  Scpl-Fonls  a  une  avoir  gouverné  son  -abbaye  près  do 

retraite  pour  y  réflccbir  sur  les  dés-  4-5  ans,  depuis  rétablissement  de  la 

ordres  de  sa  vie.  Après  qucbpie  résis-  réforme  ,  et  53  ans,  depuis  sa  nomi- 

lanccdomEustacbeyconscnlil. Celait  nation,  dom  Euslachc  mourut  dans 

en  I  665,  cl  ils  entrèrent  l'un  el  l'au-  de  grands  sentiments  de  piété  ,  le  22 

tre  a  la  maison  des  Carmes  déchaus-  oct.  1709.  On  peut  cousuller  sur  ce 

ses  de  INevcrs ,  oii  ils  passèrent  huit  vertueux   abbé   et  sur  la   vie  qu'on 

jours.    Dieu    changea    telleraenl    le  menait  dans  ce  monastère  Ilélyot  et 

cœur   d'Euslachc  ,  que  de  retour  a  Ilerinaut ,  daus  leurs  Histoires  des 


364 


BEA 


ordres  religieux  ;  X Essai  histori- 
que de  M.  Picot;  Villefore  ,  au  2^ 
vol.des^z'ey  des  Pères  d'Occident; 
le  Dictionn.  universel  de  France^ 
de  Robert  de  Hesseln.      B — d — e. 

BE  AL  FORT-TIÏORIGX  Y 
(  Jean-IUptiste  ) ,  général  fran- 
çais, né  le  18  octobre  1761  ,  à 
Paris,  s'enrôla,  dès  l'ùgc  de  16  ans, 
comme  soldat  dans  le  régiment  de 
Languedoc  ,  infanterie  ,  d'où  il  passa 
dans  les  dragons  d'Orléans.  Il  devint 
sous- officier  dans  ce  corps,  et  le 
quitta  peu  de  temps  avant  la  révolu- 
lion.  On  ne  sait  pas  en  quelle  qua- 
lité ni  comment  il  se  trouvait  a  Ver- 
sailles en  1789  ;  c'est  lui-même 
qui  a  dit  (et  sur  cela  ,  nous  sommes 
obligés  de  nous  en  rapporter  a  sa 
seule  autorité),  qu'étant  de  ser- 
vice dans  les  journées  des  5  et  6 
octobre,  auprès  de  la  famille  royale  , 
il  avait  couru  de  grands  dangers  en 
s'cfTorçant  de  la  défendre,  et  qu'il 
avait  fait  d'inutiles  ed'orls  pour  sauver 
les  gardes -du -corps  Deshulles  et 
Varie ourl.  Il  a  aussi  prétendu  qu'il 
était  au  château  des  Tuili-ries  le  20 
juin  et  le  10  août  1792,  pour  y  défen- 
dre Louis  XVI;  qu'il  fut  jilessé  dans 
celte  dernlèr(>  journée  ,  puis  en^.pri- 
sonné  a  l'Abbaye,  et  (;ue,  condamné 
a  mort  ])ar  les  assassins,  il  ne  leur 
écbappa  que  par  une  espèce  de  mira- 
cle. îNuussouimesd'aulant  moins  cou- 
vaincus  de  Texactilude  de  tous  ces 
faits,  accueillis  avec  une  excessive  cré- 
dulité j)ar  (pH'bjues  liisloricns  et  bio- 
grapiies(i),  (jue  nous  voyons  lîcau- 
iort,  aussitôt  r.près  ces  événements, 
devenir  adjudaul-major  d'une  division 
de  gendarmerie  H  pied  ,  troupe  alors 
très-révolutionnaire,  et  dansiaqurlle 


(0  lin  Ront  in««'T»''«  dnns  une  Notice  vir  Ucmi- 
JnrlThovignj-  ,  ri'iligt'-i;  pnr  lui  o»  ll'iipir^  ^<•^ 
iioli".,  it)i(^ ,  in-0",rt  «-xlraitv  «'«•''  V^'-yrs  «li-  U 
(iloirf.  A-~T, 


BEA. 

aurait  fait  assez  mauvaise  figure  un 
royaliste  aussi  dévoué  que  ce  général 
dit  l'avoir  été.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr, 
c'est  qu'il  fit  dans  ce  corps  la  campa- 
gne de  1792,  en  Belgique,  qu'il  fut 
nommé  adjudant-général  le  2  3  octobre 
de  la  même  année  ,  et  qu'il  obtint  le 
grade  de  colonel  a  la  iin  de  mars  1795. 
On  ne  peut  douter  qu'il  n'ait  fait 
preuve  de  courage  et  de  zèle  dans 
toutes  les  affaires  011  il  s'est  trouvé  a 
cette  époque,  notamment  a  Breda,  a 
Menin,  h  Gerlruydcmberg,  au  camp 
de  César,  etc.,  puisque,  le  4-  décem- 
bre de  la  même  année,  il  fui  nommé 
général,  et  que,  dès  l'année  suivante, 
il  commanda  par  intérim  ou  comme 
général  de  division /^rof/50/yt^  l'armée 
des  côtes  de  Cherbourg;  nous  croyons 
encore  qu'il  contribua  beaucoup  a  la 
défaite  (\(:s  Vendéens  sous  les  murs 
de  Granville ,  puisque  la  convention 
décréta  h  cette  occasion  qu'il  avait 
bien  mérité  de  la  patrie.  Avranches, 
Antrain,  Pontorson  furent  aussi ,  on 
ne  peut  le  nier,  témoins  de  sou  cou- 
rage ;  mais  nous  avons  beaucoup  plus 
de  peine  a  croire  qu'a  Orléans  Beau- 
fort  ait  sauvé  quatre  officiers;  qu'à 
IVlortain  il  ail  soustrait  à  la  mort 
(piatre  Vendéens ,  même  l'intendant 
de  l'armée  royale  ;  que  près  de  la 
même  ville  il  ait  encore  sauvé  six  cents 
malheureux  qu'un  féroce  proconsul 
voulait  faire  périr  dans  les  llamracs  du 
château  deThorignv  (2),  où  ils  étaient 
renfermés  ;  enliu  ,  qu'à  Fougères  il 
ait  voulu  sauver  les  jours  du  prince 
de  Talmout  et  du  procureur-général 
Bougon.  De  pareils  traits  d  humanité 
étaient  bien  rares  à  cette  époque;  et 
si  le  général  Beaulort  a  pu  s'y  livrer 
sans  péril,  nous  aurions  désire  (ju'd 
eût  donné  aux  crédules  historiens  ipii 

(a)  C.'isl  prohaldcmrnt  par  »nilo  «lo  ce  bonii 
tr.\il  (If  j;tin  Tosili-  «iiui  !«•  himktkI  Hoaul'ort  ttvnil 
.ijoui"''  i»  son  nci»!  «,H"l«i|tlv  Tlu-riBiiy. 


ont   acciullll   SOS  ri'cils  dos   priMivrs  pas  non  |iliis  \  ii  niciilioniKvs  les  iioin- 

sui.s  rc|)li(jiic.  Moins  conriaiiIsfin'iMix,  briMix    exploils   (jiil    sij^iialèreiil    son 

nous     avons     consullc     rinvarl,il)le  C()iira;!;c  ,  ([uihjui-s  mois  plus  lard  ,  ii 

Alo/iiU'ur,    (i    nous  y  voyons,    an  rarméc  des  Fvrcnces  ,  où,  selon  les 

contraire,  (jnc  le  «général  do  division  nièniesl)loi^ra])lies,ilen]cvalaposition 

f>roK'is(iirc  lîoaiiforl  écrivit  à   phi-  de   JMonL-llocli  ,   la    redoute    de    la 

.sieurs  reprises,  desoncjuarller-géiicral  ÏMonge  ,  cl  celle  delllonre,  où  il  fit 

de  Vitré,  au  président  de  la  convention  une  retraite   que  Perignon  comparait 

n.itlonale   pour  lui  lairc  part  de  s*is  nnx  |)Uis  Ijellesmarclies  de  ranli(]ullé: 

exploits,  et  (pTil  lui  annonça  ,  le  17  el  on  enfin  il  sauva  encore  douze  cents 

ni\oseaii   11,   Tarrcslation   de  Tex-  prisonniers  voués  a  la  mort,  et  iiarrai 

prince  de  Talmont,  de  Boui^on  ,    de  lesquels  se  trouvait  le  duc  de  Crilion- 

i\nq  aiilics  rebelles   de   iiiarijuc y  Malion.   Celte  omission   de  la    part 

qui  la  plupart  ont  ciwoyé  leur  dme  du  journal  oificiel  est  sans  doute  un 

//// 7^<'/\' c'/tvv.'t'/.  ce  Je  leur  ai  donné  tort  grave  •   et   le    Moniteur  en  fait 

cette  permission,  ajoute  spirituelle-  une  autre  pcul-êlre  plus  grave   en- 

mcntlegénéraljelcommcils  n^ivaient  coréenne  désignant  pas  davanta"-e 

besoin  (pied'une  obole  pour  le  passage  Beaufort    comme   le    vainqueur    des 

du  Slvx,  je  leur  ai  retenu  vingl-quaîre  Parisiens  au    i5   vendémiaire.  Tout 

indle  livres...  M  Barère  ,  l'Anacréou  le  monde  pensait  jusque-la  que  c'était 

delà  guillotine,  n'aurait  pas  dilmleux.  a  Bonaparte  que  la  convention  nalio- 

Dans  une  autre  dépèche,  Beaufort,  nale  avait  dû  celte  victoire  j  mais  il 

parlant  plus  sérieusemenl ,    dil  que  est  constant ,    d'après  la  biographie 

sa    citasse  des  chouans   continue  des  contemporains  ,  que  ce  fut  Beau- 

avec  succès;  qu'il  vient  d'attraper  fort  qui  la  remporta,  et  qu'il  avait 

encore  deux  cents  de  ces  brigands,  ce  jour-la  même  sous  ses  ordres  Na- 

que  sous  peu  le  solde  la  liberté  se-  polèon  ,  a  qui  il  infligea  uue  punition 

ra  entièrement  purgé  de  cette  race  disciplinaire. . .  Il  parut  encore  un  ins- 

maudite ,  etc.   Tout  cela   était   fort  tant  dans  la  capitale  k  l'époque  du  18 

bien  de  la  part  d'un  général  de  la  fructidor,  car  on  l'y  vil  dans  toutes 

république,    et  Ik'aufort  ne   faisait  les  graudes  occasions;  mais  il  retourna 

que  suivre  ses  instructions  et  se  con-  bientôt  dansla  Vendée  ,  où  les  habl- 

former  aux  usages   et    au    style   de  tauls  reconnaissants  lui  offrirent  douze 

l'époque.  Nous  ne  nous  étonnons  que  métairies  qu'il  refusa....  En  1798,  il 

d'une  chose,  c'est  que  le  même  homme  mil  en  fuite  les  Anglais,  ciui  voulaient 

se  soit  donné  depuis  pour  l'un  des  s'emparer  de  l'île  d'Aix;  et  toujours 

plus  zélés  serviteurs  de  la  monarchie,  clément ,  il  sauva  encore  quatre  émi- 

S'il  faut  l'en  croire,  ce  fut  lui  cpii ,  grés  qu'il  avait  pris  dans  leurs  ranf^s. 

le  9  thermidor,  appelé  a  Paris  pour  Lorsqu'il  fut  arrive  au  faîte  du  pou- 

y  commander  la  force-armée,   ren-  voir, Bonaparte, quin'avait  pasonblié 

versa llobespicrreeldélivrala France  le  i5  vendémiaire,  priva  Beaufort  de 

de  ce  dictateur.   Nous  avons  encore  tout  emploi,  le  réduisit  au  rau"-  de 

sur  ce  point  consulté  le  Moniteur,  général  de  brigade,   et  même  un  peu 

et  nous  n'avons  pas  vu  que  le  nom  du  plus  tard  le  fil  arrêter  comme  conspi- 

généial  Beaufort  ail  été  prononcé  une  râleur.  Ce  malheureux  général  ne  re- 

seule   fois  dans  la  relation  de  celle  oeuvra  la  liberté  qu'après  plusieur 

luéjuorahle  journée.  ÎSous  n'y  avons  mois  de  détenlionj  et,  n'ayant  plu^ 


366 


BEA 


d'autre  ressource  pour  faire  vivre  sa 
famille ,  il  accepta  une  place  d'inspec- 
teur des  droils-réunis  dans  le  Cantal, 
puis  une  autre  de  membre  du  conseil 
de  recrutement  dans  la  Haute-Loire 
et  la  Lozère.  Ce  fut  la  que  la  restaura- 
lion  le  trouva  en  1 8 1 4-.  Accouru  bien- 
tôt a  Paris,  Beaufort  demanda  a  tous 
les  pouvoirs  la  récompense  de  son 
royalisme;  mais  il  paraît  qu'on  n'y 
crut  pas  entièrement,  car  il  n'obtint 
que  la  croix  de  Saint-Louis  et  une 
iaible  pension  de  retraite.  Ce  général 
est  mort  a  Ccrbeil  près  Paris,  le  i*^*" 
février  i825.  M — DJ. 

BEAUFORT-D  HAUT- 
POU  L  (Edouard,  comte,  puis 
marquis  de),  colonel  du  génie  ,  ué 
k  Paris,  le  i6  octob.  1782,  était 
fils  du  comte  de  Beaufort,  capi- 
taine au  régiment  du  roi,  qui  périt 
dans  la  malheureuse  affaire  de  Quibe- 
ron,  et  de  M""^  d'Hautpoul,  connue 
dans  la  littérature  par  des  romans 
et  des  poésies  très  -  remarquables 
{T^oy.  IIautpoul,  Biog/aphic  des 
vii^a/ils ^  m,  383).  Après  avoir 
achevé  ses  cours  à  l'école  poljtecb- 
iii(jue,  il  fut  admis  dans  le  corps  du 
génie  ,  fil  la  campagne  de  1 8  02  a  Tar- 
mée  d'Italie,  et  celles  de  i8o3  et 
i8o4,  sous  les  ordres  du  général 
Saiut-Cyr  ,  a  l'armée  de  IXaples  ,  où 
il  se  distingua  dans  plusieurs  ren- 
contres ,  et  reçut  une  blessure  dans 
une  attaque  de  nuit.  Il  revint  en  i  8o5 
il  l'année  d'Italie  ,  fut  attaché  comme 
capitaine  h  la  division  du  général 
IVlolitor  ,  et  mérita  plusieurs  fois  d'ê- 
tre cilé  dans  les  bulltlius  pour  ses 
actions  d'éclat.  A  Caldiero  ,  lîeau- 
forl  rétablit  les  pouls  sf)us  le  feu  de 
r<.iini  ini  ;  et  il  eule>a  celui  de  Mon- 
tebello,  défendu  par  un  bataillon  de 
grenadiers  hongrois,  (pi'il  lil  prison- 
nier. Il  entré  ,  l'année  .suivante,  dans 
le  royaume  de  JNiiplca  avec  l'armée 


BEA 

commandée  par  Masséna ,  il  fit  par- 
lie  de  l'expédition  destinée  a  soumet- 
tre les  Calabres  ,  concourut  a  la  prise 
de  Lauria ,  et  fut  blessé  grièvement 
au  combat  de  Nicastro.  Dès  que  sa 
santé  lui  permit  de  reprendre  sou 
service,  il  fut  envoyé  à  la  grande  ar- 
mée 5  il  signala  sa  valeur  au  siège  de 
Colberg  et  a  celui  de  Stralsund,  où  il 
fut  encore  blessé.  Employé  dès  1810 
k  l'armée  de  Portugal ,  il  y  resta 
constamment  au  poste  du  dauger.  U 
reçut  une  nouvelle  blessure  devant 
Almeida,  et  il  eut  un  clieval  tué  scus 
lui  k  la  bataille  de  Bussaco.  Il  rem- 
plissait dans  la  retraite  les  fonctions 
de  cbef  d'état-major  du  génie,  et  il 
ne  cessa  de  donner ,  dans  ces  circons- 
tances difficiles,  des  preuves  de  cou- 
rage et  d'une  infatigable  activité.  U 
revint  en  181 3  en  Italie  j  se  distin- 
gua a  la  bataille  du  Miucio  ,  et  ne 
quitta  l'armée  qu'après  le  traité  de 
Paris  et  l'abdication  de  ISapoléon. 
]Nommé  par  le  roi  chef  de  division  au 
ministère  de  la  guerre,  il  fut  fait  en- 
suite ingénieur  eu  chef  temporaire  de 
la  ville  de  Paris.  Ses  connaissances 
dans  les  diverses  branches  de  Pad- 
miuistratiou  le  firent  admettre  h  la 
société  rovale  académique  des  scien- 
ces. U  y  lut  en  1819  plusieurs  3Ié^ 
moires  sur  des  objets  d'intérêt  pu- 
blic ;  et ,  la  même  année  ,  il  en  fut 
clu  secrétaire  perpétuel.  En  1821, on 
le  nomma  colonel  du  3''  régiment  du 
génie"  pendant  dix  ans  qu'il  com- 
uianda  ce  corps ,  il  y  maintint  la  plus 
exacte  discipline,  et  sut  néanmoins 
se  laire  chérir  des  soldats.  Cet  excel- 
lent officier  mourut  h  Paris,  le  24 
juillet  i85r,  âgé  de  /{()  ans.  Le  3/o- 
niiciir  du  11  août  suivant  conliiur 
une  JSoticfoii  ses  services  sont  ili- 
gi'.emenl  apprécies.  Indépend. imnuul 
(le  (pirlques  arlieles  dans  les  jour- 
naux, parmi  lesquels  ou  cite  une  lettre 


BEA  BEA                  367 

inscrcc  clans  les  Annales  vilUtniroa ,  iicccssaircs.   Le  4  novomlrc  1823, 

II"  i  I ,  (jui  rcnrcrinc  une  jiislificalioii  le  clu'\alicr   de    licauloii  parlil  de 

de  la  coiulultc  de  Masscua,  ru  l'or-  France;   el,  vers  la  fin   de   janvier 

Iti^al  ,  on    lui   doil  ;    I.    l^lo^e  du  i8a4., ilclaitcnroule pourla Gambie, 

l'rince  de  i'ondr ,  avec  Sci|).   Be-  où  la  veuve  do  IJoudicli  lui  fit  don 

\ou  (  h  oy.  ce  uom ,   au  Supp.  ).  des  iuslruuieuls  de  son  mari.  Après 

II.  ÔbscrvtUioiis  sur  l'exposé  des  un  court  repos,  il  péuélra  jusqu'à, 

moti/'s  des  projets  de  lois  présen-  lîarrankou  et  Koukongo ,  arriva  chez 

tes  le  8  ni'ril  1822  pour  Vaehcvc-  les  Mandiiigucs,  elserelrouva,  le  26 

tuent  et  la  construction  de  divers  mai,   a  Bakel  ,   sur  le  Séjiégal.  Ce 

<v///rt//.r,  Paris,  in-8°  de  56  p.  III.  premier    voyage    confirmait,    après 

Observations  sur  ce  qui  a  ])réccdc  Mungo-Park  ,  (|ue  la  rapide  rivière 

la   coneesf>ion  du.    canal   du    duc  de  i'alchmé    était   navigable  à  une 

r/Vy//^ow/t'//i6'j  etc.  5  il)id.  ,  1822,  grande  distance  de  la  mer.   Beaufort 

in- 8".                             \V — s.  rapportait   aussi   des  noies    sur    un 

I5EAUFORT    (1Ie>ri-Ernest  grand  nombre  de  faits  nouveaux  et 

Grout,  chevalier  de),  né  h  Aubevoyc  beaucoup   d'observations  astronomi- 

(Eure),  le  25  fé\rier  1798  ,   entra  ijues.  Après  avoir  déterminé  la  bau- 

dans  la  marine  militaire  dès  Page  de  teur  de  Bakel  au-dessus  de  la  mer,  il 

quatorze  ans.  Doué,  dès  son  enfance,  visita  le  Boudou,  remonta  fort  loin  la 

d'un  caractère  ferme  et  observateur,  Falebmé  ,  et  explora  le  Kaarta  dans 

il  avait  choisi  lui-même  cette  carrière,  l'automne  de  1824.  Parti  d'Elimané, 

qui   offre  à  un  esprit   curieux  tant  capitale  de  cette  province  ,  avec  un 

d'occasions  d'étendre  le  cercle  de  ses  guide  pour  Ségou  et  Tombouctou,  il 

connaissances.  Pendant  les  premières  fut  pillé  par  les  Maures  et  obligé  de 

années,  il  navigua  dans  le  Levant,  revenir  a  Bakel.  Une  troisième  excur- 

où  son  goût  pour  la  science  géogra-  sion  le  conduisit,  en  février   1826  , 

phique  acheva  de  «se  développer;  mais  dans  le  pays  de  Kasso,  à  la  cataracte 

c'était   dans   d'autres   parages    qu'il  de  Felou  et  a  celle  de  Gavina,  incon- 

devait  se  signaler.  Arrivé,  en  1819,  nue  anx Européens.  Alors  il  entreprit 

au  Sénégal,  comme  enseigne  de  vais-  avec  une  persévérance  et  un  courage 

seau ,    il  passa   trois  ans  dans  cette  inouis    l'exploration    du    Bambouk. 

colonie  entièrement  occupé  a  pcrfec-  La  science  lui  doit  de  précieuses  indi- 

tionner  la  géographie  de  l'Afrique,  cations  sur  les  mines  d'or  de  cette 

Quelques  essais  heureux   et  la   vue  riche  contrée.  Dans  le  mois  d'août ,  il 

continuelle  de  cette  terre  mystérieuse  arriva  bien  portant  au  poste  français* 

le  décidèrent  a  tenter  de  recueillir  là  il  hésitait  entre  le  projet  de  revenir 

l'héritage  de  Mungo-Park  ,  et  il  se  a  Saint-Louis  et  celui  de  se  porter 

prépara   par  des  éludes  spéciales  a  vers  le  Haut-Sénégal ,  quand,  le  5o 

celle  grande  entreprise.  De  1821  a  août ,  à  la  suite  d'un  rhume,  il  se  vit 

1820  ,  il  étudia  eu  France  la  langue  arrêté  dans  son  avenir  de  gloire  par 

arabe,  la  bolani(jue,  la  zoologie ,  la  une  fièvre  ataxi([ue  cérébrale  ;    et, 

physique  et  la  chimie.  Il  avait  formé  le   5  sept.   1826,  il  avait  cessé  de 

le  gigantes(pie  projet  d'une  explora-  vivre.   Un   violent  désespoir  empoi- 

tion  entière  de  TAli  ique  5    maiji  ses  sonna  ses  derniers  moments.  Le  len- 

plans  furent  réduits  par  le  gouverne-  demain,  des  secours  et  des  encoura- 

mcnl,  qui  lui  accorda  tous  les  secours  gements  envoyés  par  le  gouverneur 


368                  BEA.  BEA. 

arrivèrent  k  Bakel;  maïs  M.  Montes-  bataille  cle  Fontenay,  où  il  sauva  par 
quioii,  qui  les  apportait,  De  pnt  rendre  sa  présence    d'esprit   les    débris    de 
a  sou  ami  que  les  honneurs  funèbres,  l'armée  républicaine  mise  en  fuite  par 
M.  Jomard  a  consacré  a  la  mémoire  les  royalistes.  Tant  de  services  et  de 
de  cette  jeune  victime  des  sciences  zèle  n'empêchèrent   pas  qu'il  ne  tût 
une  intéressante  notice  dans  les  publi-  destitué  comme  noble  en  1794-'  Alors 
calions  de  la  société  de  géographie,  il  se  relira  dans  le  département  du 
Le  nom  de  Beaufort  doit  être  inscrit  Puyde-Dome,  où  il  obtint  des  fonc- 
auprès  de  ceux  de  Park,  de  Bowdich,  lions  civiles.  Après  la  révolution  du 
d'Oudney,  de  Laiug  et  de  Clapper-  1 8  brumaire, il  se  bàla  de  venir  oflrir 
ton.                                    B — V — E.  ses  services  au  premier  consul  ,  et  il 
BEAUFRAXCÏIET  -  D'A-  fut  nommé  par  lui  l'un  des  membres 
YAT  (le  comte  Louis-Charles-An-  du  conseil  des  hôpitaux  militaires, 
TOiNE  de)  naquit,  en  1737,  en  Au-  puis  inspecteur  général  des  haras.  Le 
vcro-ne.    On    a    dit    qu'il    était    fils  département    du   Puy-de-Dome   le 
de  Louis  XV    et   d'une  demoiselle  nomma,  en  i8o5,  député  au  corps 
Morphise  ,  qui  depuis  fut  mariée  Ii  législatif.  Il  est  mort  en  1812.   Ce 
un  gentilhomme  de  cette  province,  général  avait   été    le   protecteur   el 
Ce  qu'il  y  a  de  sur,  c'est  que  ,  dès  sa  l'appui  de  Desaix,  qui  était  né  au  vil- 
plus  tendre  jeunesse,  il  vint  k  la  cour  lage  d'Ayat.                       M — d  j. 
en  qualité  de  page,  et  qu'il  eut  bientôt  BEAIJGEARD   (  Jean-Si- 
une  compagnie  de  cavalerie  dans  le  dion   Ferreol  )  ,  littérateur ,  né  en 
régiment  de  Berri.  Presque  seul  des  1754,    a    Marseille,    embrassa   la 
officiers  de  ce  corps  il  adopta  les  profession  d'avocat ,  el  sans  négliger 
principes  de  larévolution  et  futnommë  ses  devoirs  chercha  dans  la  culture 
en   1791  lieutenant-colonel   du   i4®  des  lettres  un  agréable  délassement, 
régiment  de  cavalerie,  puis  colonel  \]n\)chl  coiûe  :  les  /Jeux  neiivaincs, 
du  second  régiment  des  carabiniers,  qu'il   fit    imprimer    en    1787    dans 
l'un  des  plus  beaux  de  l'armée  fran-  XAlmanacli  des  muses  ,  lui   valut 
çaisc.  Il  fil  la  campagne  de  1792  k  ce  sarcasme  de  Rivarol  :   «  C'est  \\\\ 
la  tète  de  cette  troupe,  et  se  trouva  «    géanl  qui  donne  le  bout  de   son 
h  la  balaille  de  Valmy  sous  les  ordres  «  ongle  pour  la  mesure  de  tout  son 
de  Kellermann.   INommé  maréchal-  a   corps,  et  qui  est  deviné.»  Beau- 
de-camp  aussitôt  après,  ilfut  employé  geard  avait   éprouvé   précédemment 
comme  chef  d'etal-major  k  Tarmée  un  échec  au  Tiiéùtre-Français  où  il 
qui  était  alors  sous  les  murs  de  Paris,  lit  représenter  en  1782  les  Amants 
C'est  en  cette  (pialité  qu'il  assista  au  Espagnols  j  comédie  en  5  actes  et 
supplice  de  J^ouis  X  VI,  le  'j.  1  janvier  en  prose.  L'oncle  et  le  ne\>eu^  pe- 
1793  ,etl'onanicmedilquece  futlui  lit  acte  qu'il   donna    eu    1789,   au 
qui  ordonna  le  fiuneux  roulciiunlpour  Théâtre  de  Monsieur,  ueut  pas  plus 
empêcher  ce  prince  de  parler  au  piu-  de  succès.  Guéri   par  ce  douhle  re- 
ple  •  mais  il  est  bien  vrai  (|ue  ce  fait  vers  de  toute  amhiliou  littéraire,  il 
apparlienlaSanlerre  (/^oj^.  ce  nom,  revint  a  [Marseille  où  il  vécut  oublié 
XI^,  oOG"!  et  que,  si  JSeaufrancliet  y  pendant    le    régime   de  la   terreur-, 
tut  (uiehjue  pari,  ce  n'est  (pie  dans  un  mais,  après  le  9  thermidor,  il  se  cliar- 
rôle  secondaire.  Il  lui  ensuite  employé  gea  de  la  rédaction  du  journal  (pil 
contre  la  Ycudce,  cl  se  distingua  k  la  s'imprimait   daus  telle  ville,  el  il 


BEA. 

sut  lui  donner  niic  assc?:  «^rancir  iin- 
|i()rlaiic('  par    de    iiomhicux  arliclcs 
(laiKs  IcMjncls  il  .si:;iialail,  avec  aulaiil 
(le  courage  (jue  de  niodoralion  ,   les 
ellVayauls  ahiis  du  nouvel  ordre  do 
choses,  et  niontrail   la  ncccssilé   de 
revenir  il  nue  furme  de  gouverneinenl 
(jtii   j)ùl  rendre  la  paix  a  l'Europe. 
Dcnoncc  comme   royaliste  il  fuL  iu- 
scril  au    i8  fructidor  (4^  septembre 
1797)  sur  la  liste  des  coiidanmcs  li 
la   déporlalion.  Il  parvint  dans  les 
premiers  inoraenls  a  se  soustraire  aux 
reclierclies  de  la  police  ,  et  ayant  ga- 
i!,nc  Cordeaux  il  y  resta  long- temps 
cache.  Se  croyant  oul)lic  de  ses  per- 
sécuteurs ,  il  O'-a  quitter  son  asile  5 
mais  il  fut  arrêté  lors(pril  entrait  dans 
un  bureau  de  loterie  pour  y  prendre 
un  billet  (Voy.  le  Moniteur  au  VI, 
n»   £65).  Fatigué  sans   doute  de  sa 
position  précaire,  loin  de  chercher 
a  se  défendre  il  demanda  h  être  dé- 
porté le  plus  promplenieut  possible. 
Il  fut  en  effet  embarqué  pour  l'A- 
mériquc ,    et    ne   revint  en   France 
(ju'après  l'amnistie  prononcée  par  les 
consuls  en  i8oo.  Beaiiircard s'établit 
alors  a  Lyon  ,  où  il  reprit  l'exercice 
de  la  profession  d'avocat  et  ne  larda 
pas  a  se  distinguer  par  ses  brillantes 
plaidoiries  dans  plusieurs  affaires  cri- 
minelles. Il  concourut  en  1827  pour 
le  prix  proposé   par  l'académie   de 
IMàcon  :  su?^  les  mesures  quil  con- 
viendrait  de   prendre   à   l'égard 
des  forçats   libérés  y   et  son  Mé- 
moire fut   honorablement  cité  dans 
le  rapport.  Il  mourut  a  Lyon  ,  le  21 
juin  1  828,  laissant  manuscrit  un  tra- 
vail imjiortant  sur  le  Code  criminel, 
]VI.  Bréghol  a  publie  sur  Beaugcard 
une  notice  dans   les   Archives    du 
Rhône,  et  l'a  reproduite   dans   ses 
Noui'eau.r  mélanges.        A^  — S. 

KEAUGEARD  ( )  con- 

venlioimel ,  né  \ers  1760,  a  ^  lire, 


BEA. 


36'9 


embrassa  les  principes  de  la  révolu- 
lion  avec  cliak'ur,  et  contribua  beau- 
coup a  l'organisation  des  clubs  dans 
la   Bretagne.  Ayant  été   élu  député 
par  le  doparlement  d'Ule-et-Vilaine 
a  la  convention  nationale ,  il  y   vota 
la  mort  de  Louis  XVi  sans  appel  et 
sans  sursis.  Après  la  session  ,  il  fut 
placé  par  le  directoire  commissaire 
près   de  l'administration  centrale   à 
ilennes.   En    1798    (an  VI)    réélu 
membre  du  conseil  des  5  00,  il  cessa 
d'en  faire  partie  au  18  brumaire.  II 
ne  reparut  sur  la  scène  politi({ue  qu'eu 
18  I  5.  Nommé  alors  par  son  dépar- 
tement a  la  chambre  Aqs  représen- 
tants ,  il  ne  s'y  fit  point  remarquer. 
Exilé  par  la  loi  contre  les  régicides 
en  I  8  [  6  5  il  se  retira  dans  les  Pays- 
Bas  d'oii  il  ne  revint  qu'après  la  ré- 
volution de  Juillet.  Il  mourut  a  Yilré 
en  oct.   i852.    On   lui  attribue  :  I, 
Résumé   général  des  principaux 
écrits  sur  la  prochaine  convoca- 
tion des  étals- généraux  i    1788_, 
iu-o'".    IL    IjCS  frontières    de   la 
Fi  ancCy  considérées  sous  un  point 
de  vue  politique  et  militaire ,  Ren- 
nes, 1795  in-8".  W — s. 

ïiEAUlIARNAIS  (la  com- 
tesse Fanny  (i)  de),  femme  célèbre 
par  son  esprit ,  par  sa  bientaisance 
et  par  ses  liaisons  avec  les  littéra- 
teurs contemporains  ,  naquit  h  Paris 
en  1738,  fille  d'un  receveur-général 
des  finances  de  la  province  de  Cham- 
pagne. Son  goût  pour  la  littérature 
se  déclara  de  bonne  beure  j  à  dix  ans 
elle  composait  des  vers  j  mais  La  reli- 
gieuse chargée  de  sou  éducation  ayant 
découvert  son  manuscrit  le  jeta  au 
feu.  Cette  leçon  ne  la  guérit  point 
de  l'cuvic  d'être  auteur;  elle  prit 
seulement  plus  de  précaution  pour 

Ci)  Klle  fe  noniiiiait  Marie-Aniif-Franroire 
Mo»ich;i)<l  ;  mais  le  ikuih'c  Faiiiiy  <jii'ello  ailt)[)t;x 
dans  il  jeunesse  est  Je  :.cul  qui  lui  soil  rcitç. 


LVII. 


1 


370  BEA 

dérober  à  ses  Argus  les  essais  de 
sa  muse   précoce.  Mariée  en  17 53 
au  comte  de  Beauharnais  ,  oncle  d'A- 
lexandre [J^oy.  ce  nom,  III ,  627), 
elle  continua  de  chercher  ses  seuls 
amusements  dans  la  culture  des  let- 
tres. Jouissant  d'une  fortune  considé- 
rable ,  elle  voulut  ,    a  Texemple  de 
madame  Geoffrin   (  Voy,  ce  nom . 
XVII,  108),  se  former  une  société 
d'hommes  qui  lui  dussent  leur  réputa- 
tion et  quelquefois  leur  existence  (2), 
de  littérateurs  et  de  beaux-esprits  ; 
mais  les  encyclopédistes  et  les  phi- 
losophes, qui  disposaient  alors  des 
ré})utations ,    étant  restés  fidèles   k 
l'objet  de  leur  ancien  culte ,  madame 
de  Beauliarnais  se  vil  forcée  d'adopter 
les   écrivains   d'une   mauvaise  école 
dont  le  chef  était   Dorât  [Voy.   ce 
nom,    XI,    572),  poète  brillante  et 
facile ,    qui   serait    plus   estimé   s'il 
n'avait  pas  fardé  et  enlaidi  sa  muse 
d'un  clinquant  prétentieux.   Cepen- 
dant  madame   de   Beauharnais  re- 
cevait dans  sa  société  Mably ,    Bi- 
taubé,   Dussaulx.  En  1772   elle   fit 
paraître,  en  gardant  une  sorte  d'ano- 
nyme ,  un  recueil  de  vers  et  de  prose 
dont  le  public   supposa  que    Dorât 
avait  fait  la  meilleure  partie,  et  qui 
fut  loué ,  avec  excès ,  dans  tous  les 
journaux  sur  lcs(|uelsce  poète  exer- 
rait    (|uelque    iniluencc.    Dans    une 
brochure  qu'elle  publia  l'année  sui- 
vante sous  ce  litre  :  A  tous  les  pen- 
seurs salut  y   madame   de  Beauliar- 
nais  prit   la    défense    des    femmes 
auteurs.    La    Réponse    que    lui    ht 
Cubières  (/^oj.  ce  nom,  au  Supp.), 
est  une  apologie  continuelle  de  Tou- 
vrage  dont  il  avait  annoncé  la  réfu- 
ialion  ;  mais  le  poète  Lebrun  releva 
le  gant  j  et,  di'clarant  franchemeul  la 


BEA 

guerre  aux  femmes  auteurs,  il  décocha 
contre  madame  de  Beauharnais  ,  qui 
sans  le  vouloir  avait  provoqué  cette 
lutte  inégale ,  plusieurs  épigrammes 
aussi  mordantes  que  spirituelles  (3). 
Il  paraît  que  Lebrun  n'avait  jamais 
tu    cette    dame  lorsqu'il   fit   contre 
elle  ses  premières  épigrammes.  «  Le 
a  hasard,  écrit-il  à  Palissot  (9  no- 
«  vembre    1778)  ,    m'a  fait  souper 
«  deux  fois  de  suite  avec  madame  de 
«  Beauharnais.  Je  l' ai  trouvée  la  meil- 
«  leure  femme  du  monde ,  très-élé- 
«  gante   mais  sans   prétention.  Elle 
«  m'a  très-peu  parlé  de  Dorât,  m'a 
«  accablé   de    prévenances ,    et   j  ai 
«  promis  d'aller   la  voir.»  Dans  sa 
réponse  ,  Palissot   lui  reproche  de 
s'être  engoué  trop  légèrement  d'une 
caillette 5  puis  il  ajoute  :    «Je  l'ai 
«  assez  vue  pour  être  bien  sùrqu''elle 
«  n'a  pas  même  le  mérite  d'avoir  fait 
ce  ses  petits  vers  »   {P^oy.  OEuvres 
de  Lebrun  ,  IV,  2  4-4).  Ce   dernier 
trait  inspira   sans   doute   K   Lebrun 
l'une  de  ses  épigrammes  les  plus  pi- 
quantes. Quoiqu'elle  soit  dans  la  mé- 
moire de  tous  les  amateurs,  on  ne  peut 
se  dispenser  de  la  rapporter  ici  : 

V.y,lé  bt;llc  et  porte  a  deux  petits  travers, 
KUe  fait  son  visage  et  ne  fait  pas  ses  vers. 

En  la  citant  dans  sa  Correspon- 
dance avec  le  grand-duc  de  llussie 
(lettre  160),  Laharpe  y  joint  ce 
singulier  commcnlaire.  «  La  dame 
«  dont  il  est  tjuesliou  n'est  pas 
«  plus  belle  qu'elle  n'est  poète  5  et, 
«  un  supposant  qu'elle  fasse  son  vi- 
ce sage ,  cet  ouvrage-la  ne  vaut  pas 
«  mieux  que  les  autres,  h,  l'excep- 
«  lion  de  ses  yeux  quelle  ne  saurait 
«  faire.  »  Les  malins  voulant  donncM- 
aenteiulre  (jue  Dorai  était  le  \éritaML' 
auteur  des  ouvrages  de  madame  de 


(»)  Madniuo   de    ï^raiihnrnai»  nivoynit    aussi  (1)     1.»-     iriu.il   <!■■*  ^mpramiii.s   .!.•    1  .liiiiii 

rn   j.rrsriii  h  des  i,'rni  de   Icllfo»   :>au^  fui'luuc  ,        n'i'ii  «oiiliriil  pas  iiii)in»  «Ir  riiii|  louliT  madame 
des  vc9lc«,  des  hAl)il9,ctc.  dv  UvauUuiuui» |  livi  l"|  \),  l))t  Ol»,  liv.  u,  (^9. 


RE\  BEA.                   37  r 

nrniili.irnnls  ,  piiljlii'rcnl  (pri'llr  a\.iil  IcMiioiulcpciil  obliMiii-poiirviagl-tiua- 
cU'  ;irtlij;ce  ilc  s.i  iiioii  jiisijn'ii  en  Irc  francs.  Kllc  clail ,  depuis  lyoïi  , 
piMclrc  l'esprll.  Pour  imposer  silence  Dicmljrc  de  l'acadcmie  de  Lyon*    et 


à  ses  dclracUnirs,  elle  se  nàl.i  de  faire  (rautrcs  sociclc.s  lillcraircs  lui  adres- 
imprimer  un  nouveau  rouiau  (/'y/-  sèrcul  des  diplôiues.  Le  souvenir  de 
vcu^/r  /)ur  amour),  doul  elle  se  l'afîronl  si  peu  mérité  <|u'elle  avait 
llalla  (|u'ou  lui  laisserait  la  propriété;  (éprouve  à  Paris  lui  rendant  le  se- 
mais bien  que  Laharpo  eût  déclaré  jour  de  celle  ville  désagréable  ,  elle 
«  (juo  ses  ouvrages  étaient  si  mau-  alla  passer  quelque  temps  dans  une 
ce  vais  ([u'il  n'y  avait  pas  de  raison  terre  en  Poilou.  Sa  famille  et  ses 
«  pour  les  lui  disputer,»  le  puMic,  amis  raccompagnèrent  dans  son  tlià- 
enlraîué  par  (jueUjues  journalisles  ,  leau  ;  et  elle  y  lit  jouer  en  1790  la 
continua  de  lui  refuser  le  talent  dé-  Bonne  Mère  ^  comédie  de  Cubièrcs 
crire ,  et  ne  cessa  d'attribuer  les  qui,  dans  la  préface,  déclare  que 
proiluctions  qu'elle  faisait  paraître  madame  de  Beauharnais  elle-même 
sous  son  nom,  a  différents  auteurs  de  avait  été  son  modèle.  A  l'époque  où 
sa  société  (4)' Madame  de  Beauhar-  cette  province  fut  agitée  parla  guerre 
nais  voulut  eu  1787  f^iire  représen-  civile,  elle  revint  h  raris  ,  s'y  croyant 
1er  au  Tiiéâtre -Français /a  Fausse  k  l'abri  des  persécutions;  mais  elle 
Inconstance»  Le  nom  de  l'auteur  se  trompa.  Dénoncée  par  des  ennemis 
ayant  e'té  connu  d'avance ,  tous  ses  secrets ,  elle  fut  arrêtée  le  4  nov. 
ennemis  se  réunirent  au  parterre  ;  et  1795  et  enfermée  à  Sainte -Pe- 
la pièce,  dont  les  deux  premiers  actes  lagie  (5).  On  peut  conjecturer  avec 
avaient  été  à  peine  entendus ,  tomba  assez  de  vraisemblance  que  si  elle  ne 
sous  1-es  sifflets.  Pour  être  impartial  fut  pas  une  des  victimes  du  régime 
il  faut  convenir  avec  un  coutempo-  qui  pesait  alors  sur  la  France ,  elle 
rain  (31.  Labiée)  que  rien  ne  peut  le  dut  a  Cubières  qui  fit  quel- 
justifier  les  auteurs  de  cette  cabale  quefois  servir  le  pouvoir  qu'il  avait, 
{Koy.  le  Tableau  de  7WS  poètes  vi-  danscestemps  malheureux,  a  protéger 
vanls  en  1789).  Madame  de  Beau-  utilement  sqs  amis  {Voy.  Barruel 
Larnais  fit  imprimer  un  drame  qui  de  Beauvert,  ci-dessus,  p.  221). 
fut  traduit  en  anglais  par  Robinson  j  Elle  ne  reparut  qu'après  le  18  bru- 
mais  elle  n'osa  pas  tenter  de  le  re-  maire.  Tante  de  madame  Bonaparte 
produire  sur  la  scène.  Ayant  besoin  et  marraine  d'IIortense ,  elle  trouva 
de  se  distraire  après  un  pareil  échec,  dans  l'amitié  de  ces  dames  d'amples 
elle  fit  un  voyage  en  Italie  où  elle  fut  dédommagements  aux  pertes  que  la 
accueillie  par  tous  les  amis  des  Ict-  révolution  lui  avait  fait  éprouver.  En 
très  avec  autant  de  bienveillance  que  1802  elle  récita,  dans  une  séance 
de  politesse.  Pendant  son  séjour  a  du  Lycée,  des  versa  la  louange  de 
Rome  elle  se  fit  recevoir  a  l'acadé-  madame  du  Boccage  qui  avait  encou- 
mie  des  Arcades  ,  honneur  que  tout  ragé  ses  premiers    essais.   La    cul- 


cs  pi 
es  le 


ture  des  lettres  fit  le  charme  de  ses 
(4)  Après  Dora', «lie  eut  Laus de  Boissy,  puis     dcmièrcs  aunécs.  Elle  mourut  k  Pa- 

r.ubièrcvralmez.aux,ou  Dorat-Cuhi.'rci.  Tous  j^j  Ic    2  luiUel   I  8  I  3  ,  k    7  5    anS  ,  TC- 

trois  out  passe  pour  avoir  «-to  ses  amants  et  ses  ■'                             ^         i               ' 

teinturiers  ;  et  il  est  certain   ijiic  ,    pendant  les       - — ^_____ r»fTw 

duiic  ou  «piinzc  aun«cb  «pii  ont  pnridi:  sa  mort,  (5)  Mlle    est    nommùc  Françoise-Marie  Beaii- 

elle  habita  la  mime  maison  c^uu  Cïlui-ti  et  l'eut  harnais  dans  le  Moniteur  cjui  anaonce  coo  ar» 

\tujour>  pour  comuivuîal.                     A— x,  reiUUou.  Au  ii  ,  u'  ^5, 

24- 


372  CEA. 

grellée  de  tous  ceux  qui  TaTaient  con- 
nue cl  aimée  pour  sa  douceur  et   sa 
bienfaisance.  On  a  reproché  très-araè- 
rement   h   madame   de   Beauharnais 
rinlimiié    de    ses   Jiaisous  avec  Cu- 
bières,  Mercier,  Reslif  de  la  Bre- 
tonne (6)  etc.;  mais,  sans  prétendre 
l'excuser ,  il  faut  pour  être  juste  faire 
la  part  des  circonstances  où  elle  a  vé- 
cu (^7).  Madame  de  Beauharnais  était 
t'u  correspondance  avec  Voltaire  qui, 
dans  une  lettre  de  1772,  lui  prodigue 
les  éloges  dont  ce  grand  homme  ne 
fut  jamais   avare.   Elle   était  l'amie 
de  BiifTon  ,  de  Bailly  ,  etc.  Dorai  Ta 
célébrée  dans  ses  vers  ,  ainsi  que  Cu- 
bières  ,   Vigée  ,    Doigny-du -Pon- 
ceau ,  etc.  Maintenant  il  nous  reste 
a  faire  connaître  les  ouvrages  avoués 
par  elle  :  I.  OK Livres  de  madame 
de    Beauharnais  ^    Paris,    1772  , 
in-8",  deux  volumes   reproduits    en 
3776  sous  ce  titre  :  Mélanges  de 
poésies  fugitives  et  de  prose  sans 
conséquence.  II.  L'Amour  mater- 
nel,  poème,  ihid.,  1775,  in-8°,  en- 
voyé au  concours  de  l'académie  fran- 
çaise j  cette  pièce  ne  fui  pas  remar- 
quée.   III.    yl    tous    les  j)enseurs 


(6)  Reslif  «le  la  Bretonne  l'a  loutc  dans  diffc- 
renls  endroits  de  ses  ouvrants:  croirait  on,  dit- 
il ,  à  la  fin  de  la  nb^  nouvelle  de  Wtnnre  des 
dames  ttalioiiales  ,  «  eroiraii-on  ([n'il  existe  à  J'a- 
ie ri»  une  feinnie-autcur  douée  de  celle  deuce 
«  simplicité  ?  une  fennnfl  de  lettres  <|tii  n'a  ni 
M  inor^>ue  ,  ui  eniètiment  ?  Ce  phéHumènc,  c'est 
M  madame  de  lieauharnais.» 

(7)  I.e  chevalier  de  Cuhières,  en  s'intilidant 
lui-inèine  Dnial-Cubièrcs  ,  donna  lieu  h  tic  uiau- 
vaift  liruiis  ;  et  par  sa  conduite  dans  le  salon  de 
niadann!  de  Beaidiarnais  ,  nii  on  l'appelait  In 
mnjordonir  ,  el  dont  il  Cuisait  le>t  lionneiirn  avec 
une  certain»  iatnilé  ,  «pii  n'rtuit  pa^  toujours 
celle  d'iui  lioniuir  à  jinn  ,  il  semlduil  conlir- 
inrr  len  bruits  répandus  dans  le  uiiuide  cl  ipii 
n'nvoiint  inns  iloute  d'autre  lundiinml  ipiu 
l'extrême  liontû  d«*  uiiidjuno  de  ISenidiam.iis. 
Elln  parle  souvent  de  <:ul)ièrrs  dan«  les  JrttreK 
<|u'elleécrivait  el  (|ui  sont  répandues  dont  divers 
cnhiuuts.  Mais  ces  lettres,  la  plupart  éciitrs  (n 
prose  et  en  vers,  tcnioignent  parleur  ^'ririona- 
K''  «pie  l'anlenr  n'avait  |i;is  hrsoiu  de  irniu- 
rirr  ;  «;,,!•  ,-,.s  vers  cl  <ette  prose  no  valriil  ni 
plus  ni  uiuius  <|u«  lu  prose  cl  les  vers  de  ses 
ourragus.  V— .vir. 


BEA. 

salut  ^  ibid.,  1770,  in-S"  de  28  pa- 
ges. I\.  Lettres  de  Stéphanie  ou 
l'héroïsme  des  sentiments  ^  roman 
historique,  ibid.,  1778,  5  part.  in-8° 
ou  in-12  (8).  V.   L'Abailard  sup- 
posé ou  le  sentiment  A  l'épreuve  , 
ibid.  ,    vol.   in-8°.  YL   L'Aveugle 
par  amour ^  ibid.,  1 781,  in- 8°.  Cet 
ouvrage  et  le  précédent  ont  été  tra- 
duits en  allemand.  MI.  Le  cabrio- 
let ou  l'égoïste  corrigé  ,  conte  eu 
l'air,  ibid.,  1784,  in-8".  YIII.  Les 
amants  d' autrejbis y  ihïd.,  1787,  3 
vol,  in-8°.  C'est  un  recueil  de  nou- 
velles et  de  poésies  fugitives  dont  la 
plupart  étaient  déjà  connues.  IX.  La 
fausse  iticonstance  ou  le  triomphe 
de  l'Jionnétetéj  comédie  en  5  actes 
et  eu  prose,  ibid.,  1787,  in-8°.  Celte 
pièce,  quoique  sifdéc  k  outrance,  n'en 
fut  pas  moins  contestée  a  madame  de 
Beauharnais.    On    prélendit    qu'elle 
était  de  Cubières  ,  qui  avait  voulu  se 
faire  siffler  sous  un  autre  nom.  X. 
Poésiesjugitives^  ihid.,  1 8  0  0,  in-8". 
XI.  IJlle  de  la  félicité  ou  Anaxis 
et  Théone,  poème  philosophique  en 
trois  chanls  ;   précédé  d'une   Epître 
aux  femmes  el  suivi  de  quelques  poé- 
sies, il)ld.,  1801,  iu- 8*^*5  2*"  édition, 
i8o5.  XII.  A  la  mémoire  de  ma- 
dame  du   JJoccage  j  ihid.,  1801», 
in-8".  Xlll.  La  Cj'n-Achantidr  ou 
le  voyage  de  ZizietdAzor,  [loèiuc 
eu  ciii([  livres  ,  ihid. ,  1  8  i  i ,  in-8"  de 
88  j)ages.   XIV.  Tai  nuirmote  phi- 
losophe ou   la  philosophie  en  do- 
mino ,  précédée  des  Anujiirs  magi- 
queSjilc  la  ISouvelle  L^clle  anglai- 
se, et  de  pliKsicurs  autres  nouvelles  el 
opuscules ,  ihid.,  i  8 1  i ,  5  vol.  in-  i  2 . 
Le  porirall  de  madame  de  Beauliar- 

(8)  Mad.iiuede  neaulianiuls  réussissait  dans  la 
si  vie  1  pislolairf.  Si  l'on  en  croit  <!uliiéns  c'est 
elle  «jui  eoinposn  les  lettres  de  fiuime  ilans  le* 
SdirijSifs  d»  l'iimoHf ,  et  dans  l.^t  muthrtut  dé 
l'i.uoiislaïue ,  lieux  romans  de  l)tuMt,  ipii  cu- 
rent du  succîys  <!l  l'cpoijuc  de  Icvir  poMicotiou. 


nais  crravé  ,  en  1785,  pnr  Barlolozzi, 
a  l'Io  rcprocluil  en  1802  a  la  Iclc  du 
l\otti'ei  Alinnutichdcs  Jl/iisrs.  On 
troiuT  mio  JS'oficf^  sur  celle  Hamo 
dans  le  Dlclionruiirc  des  Fran- 
çaises^ y  àv  madame  Hrûjucl.  \V — s. 

*  in:AriiAR\AiS(EuGKNEDE), 

connu  sons  les  noms  crEucHNE-NAPO- 
i.i'ox  cl  de  l'RiNCE  EuoîiNE,  iiaquil  à 
l'arls  le  3   sepl.    lySr  ,  du  vicomle 
Alexandre  de  lieaidiarnais  et  de  Jo- 
séphine ïaschcr  de   la   Pageric.    Il 
n  avait  pas  encore  cpialorze  ans,  lors- 
que la  baclie  révolutionnaire  Irancha 
les  jours  de  sou  père.  Tous  les  biens  de 
la  iamillc  Reauharnais  se  Ironvèrcnt 
frappés  de  conliscalion;  et  Eugène, 
du  pensionnai  de  Saiul-Germain-en- 
Lave ,  où  il   avait  élé  placé,    passa 
clu'z  un  incnniîier  de  Paris  en  qualité 
d\Tpprcnti.     Cependant    la    fortune 
changea  bientôt  pour  sa  mère,  qui 
trouva  dans  le  directoire  de  puissants 
appuis;  et  Eugène,  quittant  la  menui- 
serie pour  la  carrière  militaire  ,  fut 
accueilli  par  le  général  Hoche,  qui, 
l'employa  malgré  son  exlrèrae  jeu- 
nesse ,  a  son   étal-major.  Il  était  a 
Paris  le  1 5  vendémiaire  (  5  octobre 
1795);   et,  peu  de  jours  après,  si 
l'on    eu    croit   les   compilations   de 
Sainte-Hélène  ,   il  se  rendit  chez  le 
général  lîonaparte,  alors  chargé  du 
commandement  de  l'armée  de  l'inté- 
rieur, et  réclama  de  lui  Pépée  du 
général  Beauharnais  son  père,    qui 
venait  d'être  saisi?  au  domicile  de  sa 
mère  (1).  S'il  était  vrai  que  ce  fut  à 
la  suite  de  cette  petite  aventure  qu'eut 


(i)  Ce  récit  c:t  cni Jcniinrnt  une  fal)le  imnf^î- 
ntepar  des  motifs  que  nous  ferons  connaître  à 
l'article  Jo.irphine.  On  sait  <jue  le  désarintincnt 
qui  .'uivil  \o  ii  vpudcinijir»;  n'entraîna  po-.nt  de 
visites  domiciliaires;  et  da:is  le  cas  oi»  il  v  en 
aurait  en,  même  de  très-sévères,  on  n'aurait 
certainement  pas  enlevé  une  cjM-e  chez  la  veuve 
d'un  pcneral  ;  et  surUiut  cImv,  une  dame  qui 
jouissait  notoireineiil  d'un  très-^rand  crédit  au- 
près du  gouvernement  (le  ce  tcui[)«-Ià. 


BEA 


^73 


lieu  la  première  entrevue  de  IM""'  de 
licauharnais  et  de  lîonaparle, Eugène 
se  trouverait  ain^i  avoir  été  Poccasion 
d'une  liaison  (pii  se  termina  par  le 
mariage  de  sa  mère.  INous  verrons 
que,  plus  lard,  la  (ortune  lui  réservait 
un  rôle  bien  dilTcrent.  I\'u  de  temps 
après  son  mariage,  Bonaparte,  nom- 
mé général  en  chef  de  Parmée  d'I- 
talie ,    partit   pour   ses   immortelles 
campagnes.   C'est  à    tort   que   (juel- 
ques  biographes  présentent  Eugène 
quittant  alors   Paris  avec  son  beau- 
père  cl  faisant  la  campagne  de  17965 
ce   fut  seulement  a  la  fin   de    cette 
année     qu  il    obtint    une    sous-lieu- 
Icnance.    Choisi  aussitôt   par  Bona- 
parte pour  un  de  ses  aides-de-camp, 
il  se  rendit  en  Italie,  et  il  arriva  au 
quartier-général  au  moment  des  préli- 
minaires de  Léoben.  Lorsque  le  traité 
de  Campo-Formio   eut   mis   les  îles 
Ioniennes  sous    la   protection   de   la 
France,  il  y  fut  envoyé,  afin  de  veil- 
ler a  Pexéculion  du  traité  et  pour  don- 
ner a  ces  îles  une  organisation  fran- 
çaise. En  revenant  de  cette  mission  , 
Eugène  passa  par  Rome ,  où  Joseph 
Bonaparte  résidait  eu   qualité  d'am- 
bassadeur ,  et  il  s'y  trouva  au  moment 
de  Pémeute  où  Duphot  perdit  la  vie. 
C'était   une  circonstance    embarras- 
sante; il  y  fît  preuve  de  sang-froid  et 
de    courage.    Le  surlendemain   (  29 
déc.  1797)5  il  partit  avec  Joseph  et 
tous  les  Fiançais  qui  s'étaient  réunis 
autour  de  l'ambassadeur.  On  sait  que 
la  suite  de  cet  évèucmenl  fut  l'occu- 
pation de  Borne  par  les  lrou[îes  fran- 
çaises, et  la  création  d'une républi([ue 
sur  les  débris  du    Irône   pontifical. 
Bonaparte    était  en  ce    moment  au 
milieu  de   sas  préparatifs  pour  l'ex- 
«>  pédilion  d'Eg\ptcj  Eugène,  qui  Pa- 
vait rejoint  a  Paris  ,  le  suivit  sur  les 
bords  du  iSil.  Sa  position  était  alors 
trop  suballcriie  pour  que  celle  partie 


374                   BEi\.  BEA 

de  sa  vie  puisse  offrir  ])caucoup  clin-  a  tenu  ce  langage,  il  ne  faut  pas 
cicleiils  qui  lui  appartiennent  en  pro-  se  bâter  d'en   tirer   une   conclusion 
pre;  toutefois  le  zèle  et  le  courage  défavorable  à  son  jeune  aide-de-campj 
qu'il    montra    dans  plusieurs    occa-  on  sait  trop  a  quels  bizarres  accès 
sions  le   rendirent  de  plus   en  plus  d'bumeur  ISapoléon  était  sujet ,    et 
agréable  a  son  beau-père.  Etant  entré  combien  il  se   plaisait  a  prononcer 
dans  Suez,  a  la  léle  de  l'avant-garde,  ces  jugements  qui  ressemblent  a  des 
le  8  nov.  1798  ,  il  fut  nommé  iieute-  prophéties.  D'autre  part  aussi,  il  est 
nant.  Quelques  mois  plus  tard  ,  mon-  certain  que  plus   d'une  fois  il  voulut 
tant  l'un  des  premiers  a  l'assaut  de  faire  regarder  certains  membres  de 
Jaifa  ,  il   reçut   en   capitulation  des  sa  famille  comme  doués  de  talents 
malheureux    qui    furent    néanmoins  militaires  :  Murât  et  Jérôme  surtout 
égorgés  quelques  jours  après  5   mais  lui  durent  une  espèce  de  réputation 
ce  dernier  fait  ne  peut  lui  être  repro-  en  ce  genre  ;  et ,  plus  tard  ,  Eugène 
dit ,    et  l'en  sait  qu'il  fit  pour  les  aussi  reçut  de  son  complaisant  beau- 
sauver  tout  ce  qui  était  en  son  pou-  père  des  louanges  apeu  près  pareilles, 
voir  (  Voy.  Napoléon,  au  Supp.  ).  En  attendant,  18  o4- le  voyait  nommer 
Dans  l'un  dfs  nombreux  assauts  qui  général  de  brigade  et  colonel-général 
furent  livrés  à  Saint-Jean-d'Acre  ,  le  des  chasseurs  5  le  i4- juin,  jour  anni- 
jcune  Bcauharnais  reçut  la  seule  blés-  versaire  de  Marengo  ,  il  était  élevé 
sure  dont  il  ait  jamais   été  atteint,  a  la  dignité  de  prince;  le    i*^'"  février 
On    connaît   l'issue    funeste    de   ce  suivant  il  recevait  le  titre  de  grand- 
siège.    Bonaparte    revint  bientôt  en  amiral,  et  le  lendemain  il  était  grand- 
France  ,    et   son  aide- de- camp  fut  ollicicr  de  la  Légion-d'Honneur.  En- 
un  des  huit  officiers  avec  lesquels  il  lin,  le  nouvel  empereur  des  Français 
travcrsala  mer.  Inimédiatement  après  ayant  posé  sur  sa  tète  la  couronne  des 
le  18  brumaire  il  fut  nommé  capitaine,  rois  lombards  (i5  mai  i8o5),  Eugène 
et  prit  le  commandementdes  chasseurs  fut    investi     de    la   vice-  royauté 
achevai  de  la  garde  consulaire.  C'est  d'Italie.  Comme  Napoléon   fit  alors 
eu  cette  qualité  qu'il  suivit  le  premier  un     voyage      dans     son      nouveau 
consul   h  cette   brillante    et   rapide  royaume ,  les  fonctions  du  vice-roi 
campagne  que  termina  la  bataille  de  se  bornèrent  a  promulguer  les  décrets 
Marengo.    Eugène   se  distingua  dans  (|ue  rendait  sans  cesse   l'inlatigablc 
la  charge  de  cavalerie  (jui  décida  si  empereur  sur   toutes  les   parties  do 
heureusementlavicloire.il  futnommé  l'administration.  Les  ministres  et  les 
chcf-d'escadron  sur  le  champ  de  ba-  grands  dignitaires  avaientété  nommés 
taille,  et  revint  triompliant  a  Paris  dès  loug-lemj)s;   i\\^s  décrets  subsé- 
avecle  premier  consul  :  deux  ans  après  qiienls  organisèrent  une  garde  royale, 
il  f.it  colonf'l.  Ouehjups  écrivains  ont  créèrent  k\v^  aduiinislrallons  el  pour- 
imprimé  que  Bonaparte,  en  lui  don-  vurent  îi  tous  les  besoins  du  gouver- 
nant ce  rnnide  avancement,  le  jugeait  nement.  — Cependant  la  guerre  avec 
Irès-srvèremenl  sous  le  rnpporl  de  la  l'Aulriihe  allait  éclater  de  nouveau. 
capacité  ,  et  cpie  même  il  lui  dit ,  en  INapoléon,  (jui  voulait  laisser  a  celle 
présence    de     plusieurs    généraux:  puissance  tout  l'odieux  de  I  ngres.sion, 
«  Vous  ne  serez  jamais  bon  qu'il  laire  et  qui  pourtant ,  eu  se  laissant  préve- 
nu (olonel;  il  n'y  .1  pas  (réioile  eliez  nir  ,   ne  devait  pas  être  surpris  ,  or- 
V'ous  pour  un  géucral.  »  t>i  Bouaparlv  donna  au  j>rincc  Eugène  de  tout  pré-» 


nKA.  BEA  375 

parer.  Pjioulol  (le  nombreux  nppinvi-  Eiij^ènc,  rpii  avait  déployé  la  plus 
siomirmonls  furi'iil  n'iims  .sur  tous  les  grande  acli\ilc  pour  l'organisation  du 
points  du  royaume.  In  décret  mil  en  son  armée,   ne  pouvait  pas  être  pris 
activité    toutes   les  gardes    naliona-  au    dépourvu.    Indépendamment   des 
les  j    cl   Jourdan   fut    remplacé    par  dix  mille  liommes  de  troupes  de  ligne 
Masséna  dans  le   commandement  de  cpril  pouvait  se  procurer  tant  par  les 
l'armée,  que  Napoléon  n«;  voulait  pas  dépôts  des  corps  français  cpii  étaient 
encore  confier  h  son   fils  adoptif.  La  K  Tarmée  et  par  (piehpies  bataillons 
campagne  ne  fut  pasdilliciledncôté  du  italiens,  qu'en  retirant  une  partie  des 
nord.  iMasséna,  étonné  de  n'avoir  pas  divisions  occupées  devant  Ycnise,  il 
encore  été  attaqué,  le  ij5  sept. ,  par  ordonna  la  formation  a  Bologne,  puis 
l'arcbiduc  Cbarles ,  qui  étail  sur  TA-  à  Modène  et  h  Reggio  ,  de  plusieurs 
dige  avec  quatre-vingt  mille  hommes,  camps  de  gardes  nationales,  qui  dès 
le  fut  bien  davantage  lorsque  ,  le   2  le   1  5  déc.  se  trouvèrent  réunis  ,  et 
octobre  ,  ce  prince  lui  fit  proposer  uu  qu'il  érigea    en    divisions.    Jugeant 
armistice.  Celte  demande  de  la  part  même  les  deux  dernières  suffisantes 
de  rAutrlclic  était   une  faute  ,   que  pour  garder  la  frontière  du  sud  ,  il 
personne  au  reste  ne  mil  sur  le  compte  dirigea  la  première  ,  commandée  par 
de  l'arcliiduc.  Le  i2  0cl.  les  hostilités  Dombrowski ,  sur  les  bords  de  TA- 
commencèrent  5  et  presque  au  même  dige  ,    afin   de  tenir  en    respect    le 
moment,  la  catastrophe  d'Ulra  décida  Tjrol,  dont  les  milices  n'étaient  pas 
du  sort  de  celle  guerre;  rarchlduc  désarmées.  Biais  la  bataille  d'Auster- 
douna  le  signal  de  la  relraite  a  cette  lilz   venait  de    résoudre    toutes    les 
armée  qui  avait  menacé  l'Italie  ;   et  questions  ,    et    la   paix    ne    pouvait 
Masséna  ,  n'ayant  qu'a  suivre  des  fu-  tarder   a   être   conclue.    Napoléon  , 
gitifs,  s'avança  jusqu'aTrieste  et  Lay-  de  retour  a  Vienne  après  ces  grands 
bach ,  tandis   que  la  grande  armée  événements ,   changea   l'organisation 
française   poursuivait  sa  marche  vie-  de  l'armée  d'Italie  ;   il  en   donna  au 
torieuse  a  travers  les  étals  hérédilai-  prince  Eugène  le  commandement  gè- 
res. Mais  vers  le  sud  l'borizon  sera-  néralj  et  il  lui  confia  aussi  le  gouver- 
blait  se  couvrir  de  quelques  nuages,  ueraent   des   Provinces    Vénilicnnes 
La  cour  de  Naples  ,  sou3  riuflueuce  qu'il  venait  de  ccnquérir.  Ce  fut  sur- 
de   la   reine   Caroline  et   d'Aclou  y  tout  pour  mettre  un  frein  aux  exac- 
était  très-mal  disposée  pour  le  royau-  lions  des  employés  et  de  certains  gé- 
me    d'Italie.     A    peine    le    général  néraux    que  le   vice-roi   usa  de  ces 
Salnt-Cyr,  avec  trois  divisions  qu'il  nouveaux  pouvoirs.  Sur  son  rapport, 
avait  dans  le  royaume  des  Deux-Sici-  Masse'na  se  vit  Impitoyablement  cou- 
les ,  fut-il  parti  pour  aller  former  le  damné  par  Napoléon  lui-même  a  une 
blocus  de   V^enise,  que  douze  mille  restitution  de  deux  millions  et  demi. 
Russes  et  six  mille  Anglais  débarqué-  D'autres  exemples  inspirèrent  encore 
rent  a  Naples,  et  qu'infidèle  au  traité  une   crainte  salutaire  ,  et  le  pillage 
de  neutralité,  qui  venait  d'être  ratifié,  cessa.  De  légers  soulèvements  ,  pri- 
le  roi  Ferdinand  signaun  traité  d'accès-  milivement  liés  au  grand  plan  d'in- 
sion  a  la  coallllou  contre  la  France,  surrecllon  contre  les  Français,  mais 
La  nouvelle  de  ce  changement  vint  a  désormais    tardifs    et     sans    objet  , 
Milan  en  même  temps  que  celle  de  troublèrent    un    instant  le   nouveau 
l'entrée  dt'  Napoléon   dans  Vienne,  royaume.  Au  commencement  de  jan» 


3:6  BEA.  BEA. 

vier  1806,  un  mouvcrapiit  insurrec-  de  France ,  et  plus  lard  ,  le  litre  de 
tionnel ,  eut  lieu  dans  le  Parmesan,  prince  de  Venise:  caries  Autrichiens 
Les  forces  qu'Eugène  Ht  marcher  le  venaient  de  remettre  cette  ville  et 
comprimèrent  aussitôt  et  presque  sans  toutes  les  possessions  vénitiennes, 
effusion  de  sang. Les  habitants  du  vil-  Le  i"  mai  suivant  fut  proclamée 
lage  de  Crispino  avaient  attaqué  un  la  réunion  de  ces  acquisitions  au 
détachement  français  qui  gardait  royaume  d'Italie  ,  qui  alors  se 
Ponte-di-Lag'oscuro  j  lorsque  les  Au-  composa  de  vingt  départements  et  de 
Irichiens  effectuèrent  leur  retraite,  deux  provinces,  Flstrie  et  la  Dcdma- 
Crispino  fut  occupé  militairement,  lie.  Eugène  et  sa  femme  visitèrent 
ses  habitants  furent  désarmés,  et  les  Venise;  et, lorsqu'ils  revinrenlK  Mi- 
deux  chefs  de  Tinsurrection  fusillés,  lan  ,  l'idée,  alors  générale,  de  voir 
Eugène  remit  le  commandement  de  bientôt  l'Italie  réunie  sous  des  princes 
celle  contrée  h  un  lieutenant-colonel  qui  ne  seraient  qu'a  elle,  excita  en 
natif  de  Crispino,  et  il  lui  recomman-  leurfaveur  un  véritable  enthousiasme. 
da  d'adoucir  le  sort  des  habitants.  En  sa  qualité  de  gouverneur  des  étals 
Aucun  d'eux  ne  subit  de  peine  afflic-  vénitiens  ,  le  vice-roi,  par  un  décret 
tive  ,  et  en  1807  un  nouveau  décret  du  2C)  janvier,  organisa  l'administra- 
relevale  village  de  celle  condamna-  lion  en  neuf  départements  ,  régis  par 
tion.  Aussi  en  1809  ,  lorsque  les  Au-  des  préfets,  qui  durent  correspondre 
trichiens  reparurent  sur  les  frontières  directement  arec  lui.  Et,  pendant  ce 
ces  habitants  demandèrent-ils  à  se  temps,  des  travaux  de  toute  espèce  se 
lever  en  masse  et  a  marcher  contre  préparaient  dans  ses  bureaux.  Napo- 
eux.  C'est  à  celle  époque  que  I\Ias-  léon  trouvait  dans  Eugène  un  second 
séna  envahit  le  royaume  de  Naplcs  presque  aussi  actif  que  lui-même.  Dèi 
et  qu'il  refoula  vers  la  Sicile  les  i8o5  les  fortifications  de  Manluue 
Bourbons  napolitains,  pour  donner  avaient  été  fort  augmentées.  Quihjufs 
leur  couronne  a  Joseph  Bonaparte,  ouvrages  extérieurs  sur  les  hauteurs 
Nulle  inquiétude  sérieuse  ne  pouvait  qui  dominent  Peschiera  complélc- 
désormais  troubler  le  vice-roi.  11  li-  rent  le  système  de  défense  déjà  si 
cencia  ses  gardes  nationales,  et  se  redoutable  de  celte  place.  D'autres 
rendit  a  IVlunich  ,  où  ]Napctléou  et  travaux  agrandirent  la  Bocca  d'An- 
Joséphine  en  personne  avaient  négo-  fo  ,  clë  de  la  vallée  de  la  Cliiusa  ,  par 
cié  son  mariage  avec  une  princesse  do  où  l'on  peut  pénétrer  duTyrol  en  Ita- 
i'avière  ,  Auguste-Amélie  ,  précé-  lie,  et  ailievèrcnt  de  fermer  cepassa- 
(Icmment  promise  ii  un  prince  d'Aile-  ge  5  Palmanova  vil  aussi  ses  forlifica- 
magnc,  (pic  l'on  supposait  iiu-me  no  lions  complétées  par  un  svstème  d'i- 
pas  lui  déplaire  j  mais  la  transforma-  noiulation.  0.s(>po  lut  enrichi  de  tpiel- 
1  ion  du  duché  de  Bavière  en  royaume  ,  (jues  ouvrages  extérieurs,  dévastes 
le  don  d'une  partie  du  Tvr()l,ct  l'as-  magasins  taillés  dans  le  roc  et  d'un 
surance  do  f;Mrc  délinitivcmenl  d  Ku-  camp  retranché  pour  dix  mille  liom- 
gùnc  un  roi  d'Jtalie ,  levèrent  tous  les  mes.  Diversesroules,  parmi leycp.icllcs 
obstacles.  Deux  jours  après  la  céru-  celle  de  Ferrareh  PatloucelaFusine, 
monie  du  mariage  (  16  janv.  1806  ),  celle  de  Bcllune  îi  Cadorc ,  furent  ou 
ISapoIénu  adopta  solennellement  le  lil.s  construites  ou  réparées.  Venise  vil 
derimpémfrice,<jui  prit  lenomd'l'iu-  creuser  le  canal  et  le  port  de  !\!a!.i- 
gèue-JNapolcoJi  ,    pnncc  liéréditaire  mocco  5  un  autre  canal  «mit  l'Adi^^o 


pi  Ir  canal  (l'Kslr;  ('1)1111  les  marais  m-  crll(>  liifrarlidii  an  Irailé  de  Prcs- 
trc  Voroiie  et  Ivoiuo  lurenl  d esse c lies,  bourg  ;  de  leur  côté  les  Russes  appc- 
J'onrraccoinplissiMiicnldcrcsliavaux,  li-mil  les  ."Mon  li'iirgriiis'a  leur  secours, 
le  vice-roi  a\ail  orj;aiiisc  une  admi-  et  ils  allcreul  assir<^cr  Uaj^u.se.  Mais, 
nislralion  des  ponls  et  chaussées,  à  biciilùL  ayant  essuyé  nii  double  échec 
1  instar  de  celle  (|ui(liriL;eail  en  France  devant  les  murs  de  e(;lle  ville  et  près 
Ks  travaux  d'utilité  publique.  Le  du  port  de  Caslel-JNovo ,  ils  furent 
code  iSapoléon  était  en  vigueur  dans  hleur  tour  resserrés  dans  Callaro.  Ces 
le  royaume  d'Italie,  et  une  organisa-  hoslililés  exercées  de  part  cl  d'autre 
lion  judiciaire  analogue  à  la  noire  fut  avec  des  forces  Irès-cxiguës  durèrent 
achevée  par  Térectiou  de  (juatre  tribu-  jusqu'à  la  paix  de  Tilsilt  (1807). 
uaux  d'appel,  a  Milan  ,  Venise  ,  Eo-  L'Autriche,  qui  pouvait  profiler  de 
loi;ne  et  r)rescia.  Les  codes  de  l'éloigneraent  des  troupes  françaises 
procédure  e.t  de  commerce  ne  lar-  pour  tomber  sur  l'Italie  ,  et  à  qui 
dèrcnl  pas  a  cire  promulgués.  La  l'envie  de  le  faire  ne  manquait  pas 
Dalmalie,  régie  par  des  coutumes  et  sans  doule,  ou  n'osa  le  tenter,  on 
par  le  caprice  des  provédileur.s,  reçut  plutôt  fit  ses  préparatifs  avec  trop  de 
un  règlement  d'administration  judi-  lenteur.  La  Prusse  était  écrasée  avant 
ciaire.  Venise  fut  déclarée  port  franc,  qu'elle  se  fût  mise  en  mesure  ,  et 
même  pour  les  nations  en  guer-  dès  lors  il  n'était  plus  temps.  C'est 
re  ,  a  l'exception  des  seuls  Anglais,  dans  ces  intervalles  aussi  qu'Eugène, 
L'université  de  Padoue  ,  conservée  par  ordre  exprès  de  Napoléon,  fit 
par  un  décret,  fut  la  troisième  du  occuper  d'une  part  Civita  -  Vecchia  , 
rovaume,  et  reçut  une  oriranisalion  TerraciQe,Porto-d'Anzo  et  les  Trois- 
pareille  a  celles  de  Pavie  et  de  J3olo-  Marches  par  le  général  Lemarrois-,  de 
gne  j  huit  lycées  ,  et  un  conservatoire  l'autre,  Ancône  par  le  général  Tis- 
de  musique  a  Milan  furent  institués  son,  qui  dut  mettre  la  place  en  état 
vers  ce  même  temps.  L'arsenal  fut  de  défense.  On  comprend  que ,  dans 
restauré  et  une  flotille  équipée  pour  son  système, l'empereur  et  roi  ne  pou- 
la  défense  des  lagunes;  enfin  Par-  vaitlaisser  ouvert  aux  débarquements 
mée  s'augmenta  de  plusieurs  ré-  des  Anglais  un  port  aussi  important 
gimenls,  quoique  les  apparences  ne  et  dont  l'occupation  eût  pu  mettre  en 
fussent  pas  à  la  guerre  pour  l'Ita-  danger  l'armée  de  iSaples.  Mais  ce 
lie.  La  grande  querelle  de  la  Prusse  que  Napoléon  commençait,  ou  plutôt 
et  de  la  France  se  faisait  a  peine  scn-  ce  qu'il  continuait  ainsi ,  ne  pouvait 
tir  dans  la  Péninsule  ,  et  une  seule  (li-  être  complété  que  par  l'occupation 
vision  de  l'armée  italienne  faisait  par-  de  la  Péninsule  tout  entière.  Cepcn- 
tie  de  la  grande  armée  impériale  ([ui  dant  les  peuples  ne  se  soumettaient 
envahissait  l'Allemagne.  Cependant  pas  tous  avec  le  même  enthousiasme  : 
quelques  diOicuités  s'étaient  élevées  une  émeute  eut  lieu  a  propos  de  la 
en  Dalmatie:le  commandant  aulri-  conscription  dans  les  districts  monta- 
chien  ,  (jui  devait  faire  la  remise  i\i^?.  gueux  du  Tagliamento  ,  et  la  gendar- 
liouches  de  Callaro  avait  ,  par  les  meric  envoyée  par  le  prétel  v.n  fit 
ordres  secrets  de  son  gouvernement  ,  qu'aiigmcnlerrirrilation.  Eugène  en- 
li\ré  la  place  et  les  forts  aux  Russes,  vova  un  oflicier  chargé  de  remonter  à 
venus  de  Corfou.  Un  bataillon  de  vé-  la  cause  du  mal  et  d'user  de  douceur 
liles  fui  alors  envoyé  pour  redresser  plusquedesévérilé. Celle missioncon- 


378  BEA  BEA 

ciliatrice  eut  un  prorapt  succès.  Mais  le  pape  avaient  été  araenéps  de  longue 
il  resta  démontré  que  ,  pour  être  po-  main  par  des  différends  où  Pie  VII 
pulairedansla Haute-Italie, le gouver-  déploya  non  moins  d'énergie  et  de 
nemeut  d'Eugène  avait  beaucoup  a  caractère  que  Napoléon  de  violences 
faire;  et  mallieureuseraent  les  mesures  et  de  projets  de  domination  {Voj. 
communes k  toutl'ensemble  de  la  œo-  Pie  YII,  auSupp.),  et  dans  lesquels 
narchie  napoléonienne  n'étaient  alors  Eugène  chercta  vainement  a  s'inter- 
que  trop  souvent  oppressives.  Du  poser  comme  médiateur.  Quand  le 
Haut-Frioul ,  oiî  tout  en  calmant  des  vice-roi  demanda  l'institution  canoni- 
troubles  qui  eussent  pu  devenir  sérieux  que  de  ses  évèques ,  le  pape  exigea 
et  en  examinant  les  travaux  d'Osopo,  d'abord  pour  cliacun  des  neuf  sujets 
il  s'était  appliqué  a  connaître  les  nommés  une  lelcre  particulière  si- 
mouvements  que  feraient  les  Autri-  gnée  de  Napoléon  5  puis  quand  ou  eut 
chiens  sur  leurs  frontières;  le  général  satisfait  k  celte  demande,  il  refu- 
Vaudoncourt^  aide-de-camp  du  vice-  sa  sous  d'autres  prétextes.  A  cette 
roi,  alla  de  sa  part  négocier  avec  les  époque  le  secrétaire  d'état  Con^alvi 
beys  de  l'Erzegovine ,  les  pachas  de  fut  un  des  principaux  meneurs  du 
Scutari  et  de  Janina,  pour  les  engager  projet  de  fédéralisme  italien,  tramé 
a  faire  cause  commune  avec  la  puis-  dès  long-temps  avec  Melzi  ,  Marulli 
sance  franco-italique  contre  les  Mou-  et  le  cardinal  Ruffo.  Après  la  ba- 
ténégrins  et  les  Russes.  Les  beys  au-  taille  d'Iéna,  Eugène  avait  engagé  Sa- 
raient  uni  leurs  troupes  aux  dix  mille  Sainteté  k  rappeler  de  Pétersbourg 
hommes  que  Marmonl  commandait  en  son  légal,  qui  ne  pouvait  guère  être 
Dalmatie  ;  le  pacha  de  Sculari  eût  amené  par  des  vues  religieuses  dans 
altafjué  hii-mcme  Catlaro  el  le  Mon-  uupaysoùronméconnaissaitraulorité 
lenégro  ,  cl  le  paclia  de  Janina  eût  de  Rome,  et  par  les  mêmes  motifs  a 
appuyé  cette  opération;  mais  k  cette  cesser  ses  liaisons  avec  les  Anglais. 
e|>©(jue  la  France  se  rapprocha  de  la  Lorsque  Joseph  Bonaparte  fut  mon- 
Turquie  ;  puis  (\hs  l'année  suivante,  lé  sur  le  trône  de  ]\aples  ,  Pie  \II 
elle  s'en  éloigna.  Le  traité  de  Til-  refusa  positivement  de  le  reconuaî- 
sill  apporta  des  changements  en-  trc.  On  conçoit  combien  de  telles 
core  plus  grands  au  système  politique  exigences  irritèrent  le  concjuérant 
de  rEuropc.  ]\apoléon  ,  qu'une  dé-  accoutumé  k  briser  tous  les  obstacles, 
pulation  des  notables  du  royaume  II  écrivit  au  prince  Eugène  une  Icl- 
était  allée  féliciter  k  Paris  ,  repa-  Ire  fulminante  :  «  La  cour  de  Rome 
rul  eu  Italie  vers  la  lin  de  l'année,  est  assurémenl  frappée  de  vertige  î 
el  promulgua,  le  17  déc.  a  Milan  ,  Ainsi  le  pape  persiste  dans  son  re- 
sous le  titre  de  (jiialiivnic  statut  fusV...  Il  ouvrira  les  yeux  ([uand 
coiistiliilioiuu'l ,Ïa(\o]^Ùo\\  iUi^vuKc  il  ne  sera  plus  temps!  Que  prc- 
Eugènc  qui  ,  disait  le  statut ,  te  k  dé-  tend-il?  Mettre  mes  royaumes  eu 
faut  d'enfants  mâles,  légitimes  et  tni'  inlrrdil?  me  prend-il  pour  un  I^ouis- 
lurc/sj  devait  succéder  a  la  couronne  le-l)él)(uinaire,  el  croit-il  que  ses  ex- 
d'italic.  »  Peu  de  temj)s après  (2  avril  communications  feront  tomber  les  ar- 
1808)  parut  le  décret  (pii  annexait  mes  des  mains  de  mes  soldats?  (bio 
a  ce  royaume  les  légations  d  Ur-  dirail-ll  si  je  séparais  de  la  callioli- 
bin  ,  d'Ancone  ,  de  Macerala  et  do  cité  la  plus  grande  partie  de  TEu- 
Fcrmo.  Ces  spolialious  cicrcces  sur  rope  V  j  aurais  de  medlcurcs  raison* 


RE/V  BEA.  379 

])onr  lo  fairr  (jno  IK-iiri  VIII!...  Je     pour  cliidicr  leur  caraclcre  cl  leurs 
ne  veux  plus,  mon  lils ,  (jiie  vous  cor-     ncsoins.  Des  roules  furent  ouvertes 


respondiez  avec  le  ])aj3e...  »  —  INIal-  d'Aucune  ii  Sinl^a|;lia  ,  cl  de  Pesaro 

gréeesinjonciions,  il  eslcroyaMequo  a  Urhin  5  les  porls  d'Aucône  et  de 

ce  n'est  pas  loul-ii-fail  malgré  Tempe-  Siiiigaj^lia  ,  la  lolre  de  celte  dernière 

reur  des  Français  que  le  prince  Eu-  ville  conlinuèrcnl  a  cire  exemples  de 

gène  mit  sous  les  yeux  du  pape  la  lel-  tout  droit.    Ur])in  ,   Fcrmo,  iMace- 

tre  qu'il  venait  de  recevoir,  et  qu'il  le  rata  curent  des  lycées.  Ces  bienfaits 

conjura  de  ne  point  laisser  l'église  d'I-  amortirent  les  prévcnlions  qu'avaient 

talie  à  l'aljandou  par  les  délais  appor-  d'abord  rencontrées  les  Français  et  les 

tésarinstilutiondesévèques.Dansscs  Italiens   d'Eugène;    et,  si   quelques 

observations  purement  confidentiel-  symptômes  d'effervescence  se  mani-' 

les,  disait-il,  et  adressées  au  cœur  festèrent,  il  faut  avouer  qu'ils  se  ré- 

scul  du  souverain  pontife,  il  coraraen-  duisirent  h,  très-peu  de  chose,  puis- 

çail  par  rappeler  les  faits,  prouvait  le  que  de  simples  mesures  de  précaution 

sincère  désir  qu'avait  l'empereur  de  et   une  proclamation   suffirent  pour 

vivre  en  bonne  intelligence  avec  le  les  apaiser.  La  même    année    1808 

clergé  ,  répondait  aux  diflicultés  nées  vit  naître   divers  établissements  im- 

de  l'extension  du  Concordat  aux  pro-  portants  ,  une  bourse  et  une  école  do 

vinces  vénitiennes,  et  enfin  deman-  chirurgie,  un  conseil  des  mines  ,  en- 

dait  quels  résultats  Sa  Sainteté  pou-  fin  la  division  du  territoire  maritime 

vait  espérer  de  pareilles  dissensions,  du  royaume  en  dix-sept  syndicats. 

Mais  ni  Eugène  ni  qui  que  ce  fût  au  Déjà  l'armée  italienne  se   montait  à 

monde  ne  pouvait  accommoder  de  tels  cinquante  mille  hommes  ,  dont  qua- 

différcnds.  Les  Tuileries  et  le  Vali-  ranle  mille  pouvaient  entrer  en  cam- 

can  partaient  de  points  si  opposés  !  pagne.  De  plus  un  corps  de  trente 

Leurs  intérêts  étaient  si  contraires  !  mille  Français,  soldés  et  entretenus 

L'empereur,  tout  en  reconnaissant  le  par  la  France,  était  comme  le  mo- 

papc  ,  voulait  avoir  en  lui  un  instru-  dèle  en  même  temps  que  l'auxiliaire 

ment  docile,   un   chef  spirituel  dé-  de  cette  armée  nationale.  Les  impôts, 

pourvu  de  toute  puissance  ,  de  toute  de  près  d'un  tiers  au-dessous  de  ce 

prétention  temporelle.  Pour  le  pape  qu'ils  ont  toujours  été  en  France  dans 

au  contraire,  retenir  jusqu'à  la  raoin-  les  années  les  plus  heureuses  de  la 

dre  parcelle  du  pouvoir  temporel  que  restauration  ,    versaient  par   an  au 

lui  avaient   légué   ses  prédécesseurs  trésor    un    total    de   cent    quatorze 

était  le  plus  saint  des  devoirs  ;  et ,  au  millions,    dont   trente  passaient  en 

péril  de  sa  vie,   il  voulait  le  rem-  France  a  titre  de  subside  annuel.  Rcs- 

plir.  L'incorporation  des  légations  au  taient  quatre-vingt-quatre  millions: 

royaume  d'Italie  fut  le  premier  résul-  le   vice-roi   en  consacrait   soixanlc- 

lat  de  cette  querelle  qui ,  plus  tard,  dix  a  l'administration  des  vingt-cin({ 

devait  amener  la  captivité  du  pontife  départements,    aux  ministères  et   a 

et  la  réunion  du  patrimoine  de  saint  leurs  bureaux  ,  aux  embellissements 

Pierre  a  l'empire.  Les  légations  fu-  et  aux  travaux  publics.  Douze  mil- 

rent  donc  organisées  en  départements,  lions  formaient  chaque  année  une  ré- 

Le  vice-roi  s'y  rendit  en  personne,  serve  qui,  jusqu'en  1812,  alla  lou- 

tant  pour  habituer  les  cx-sujels  du  jours  croissant. — (i  809.)  Le  temps 

pape  au  nouveau  gouveruemcul  ^  que  ctail  venu  où ,  pour  h  troisième  fois  j 


38o  BEA.  BEA 

l'Autriche  allait  essayer  de  recou-  défense  passive,  il  disposa  son  arraee 
vrer  ce  qu'elle  avait  perdu.  Dès  1806  sur  une  ligne  très-étendue  depuis  les 
il  avait  élé  question^  au  cabinet  de  frontières  orientales  du  royaume  jus- 
Schœnbrunn  ,  de  déclarer  la  guerre  •  qu'à  Monte-Chiaro.  Celte  répartition 
et,  depuis  ce  temps,  on  n'avait  cessé  assez  bien  entendue  pour  sa  situation  le 
de  multiplier  les  préparatifs.  Trois  mettaith  même  d'arrêter,  et  peut-être 
cent  mille  hommes  de  troupes  de  li-  de  surprendre  l'armée  autrichienne, 
gne  et  deux  cent  mille  de  réserve  soit  qu  elle  entrât  par  le  Frioul ,  soit 
étaient  prêts.  Des  émissaires,  ré-  que  ce  fût  par  le  Tyrol.  Grâce  au 
pandus  sur  tous  les  points,  devaient  -  soin  que  prit  Tarchiduc  de  ne  pas  dé- 
faire éclatersiraultanément  des  insur-  noncer  la  guerre  avant  le  1 1  ,  il  avait 
reclions  en  Piémont  j  ta  jNaples  ,  dans  le  10  au  soir  eftectué  le  passage, 
les  Etals  Romains,  dans  la  Dalma-  et  réunissait  le  gros  de  son  armée  en- 
tie,  la  Valleline  ,  et  particulièrement  tre  Caporelto  et  Plezzo.  Bientôt  il 
dans  le  Tjrol.  Le  baron  de  Hor-  eut  passé  l'Isonzo,  et,  après  un  léger 
mayer,  qui  s'était  chargé  plus  spécia-  combat ,  il  força  le  prince  Eugène 
lement  de  cette  province  ,  était  l'âme  a  repasser  le  Tagliamento.  Au  lieu 
d'un  complot ,  dont  leprince  Eugène  de  marcher  sur  une  seule  colonne 
faillit  être  victime.  Instruit  des  sour-  a  Cividale  et  de  faire  déboucher  une 
des  menées  de  TA'. triche  ,  il  voulut  partie  de  son  iulantcrie  par  les  val- 
visiler  en  personne  les  positions  en-  lées  de  la  Molina  ,  l'armée  autri- 
Ire  Lavis  et  Cembra  ,  sans  autre  chienne  perdit  du  temps  a  Udine  ,  et 
escorte  qu'un  piquet  de  chasseurs  ,  après  avoir  fait  huit  lieues  en  trois 
placés  a  Salurn.  Les  habitants  de  jours,  elle  se  présenta  de  front  devant 
ce  bourg  l'avaient  reconnu;  et,  si  Eugène,  qui  ne  devait  alors  songer 
un  des  compagnons  d'Eugène  n'eût  qu'a  continuer,  mais  le  plus  lente- 
su  assez  d'allemand  pour  entendre  ment  possible,  laretraite  commencée, 
tous  les  détails  du  complot ,  le  vice-  IS'ajaut  encore  avec  lui  que  cinq 
roi  allait  être  pris;  Eugène  averti  re-  divisions,  comptant  sur  l'arrivée  de 
partit  sur-le-champ  pour  Trente.  Dé-  Lamarque  et  d'un  corps  de  dragons, 
ja  les  forces  autrichiennes  destinées  il  crut  devoir  s'établir  sur  laLivenza, 
à  envahir  l'Italie,  sous  les  ordres  de  et porlersonquarticr-généraluSacile, 
l'arc  hiduc  Jean  ,  se  concenliaient  sur  dans  le  dessein  de  proliter  de  la  pô- 
les frontières  de  ce  rovanmc.  Ce  silion  défensive  qu'ollrait  le  cours  du 
prince  n'a\ail  pas  moins  de  .soixante  Tagliamento,  jns(|u  a  l'arrivée  des 
mille  soldats  ,  tandis  qu'un  corps  de  trois  divisions,  et  alors  de  donner  à 
vingt  mille  hommes,  comn;andés  l'ennemi  une  bataille  oblique  entre 
par  ChasltliT  ,  menaçait  le  Tyrol  ,  Pordenone  et  Sacile.  Un  premier  corn- 
et (pie  di)u/,e  mille  agissaient  en  baient  lieu,  et  ce  lut  en  vain  t|u  un 
Dalmatle.  La  landvvehr  formait  la  corps  de  trois  n.ille  hommes  essaya  de 
réserve.  A  ce  total  ,  de  plus  de  cent  tenir  contre  cinq  mille  Autrichiens. 
Mjilie  hommes,  P,ngène  n'en  avait  pas  L'armée  itali(pie  cul  ii  celte  afl;iire 
(piatre-vingl  mille  îi  opjioser  ;  et  ce  cinq  cents  hummes  tués  et  (pnuAe 
(pii  rendait  sa  position  encore  plus  cents  prisonniers.  Le  lendemain  ,  le 
embarrassante,  c'est  tpie  Napoléon  prince  lùigène  ,  (pionpi'il  ueut  pas 
lui  avait  interdit  toute  dcmoiKsIralion  encore  élé  rejoint  par  ses  renloris, 
olfcnsivc.   llcduil  il    combiner    nue  résolut   de  repremlrf  Pordcnoue  et 


(Ir  livrer  l^alaillc.  Va\  cela  il  no 
crovail  (|iu'  jircvriiir  rarclililuc ,  doiil 
riiilcnllon  clovaiL  cire  de  profiler 
de  SCS  avanta<;cs.  Du  resle  il  lit 
preuve  d'bal)i!elc  en  choisissant  Por- 
cia  pour  point  tacticpicde  lahalaille, 
taiiiiis  tpie  Pordenoue  en  serait  le  point 
stratégique.  En  portant  ses  elTorlssur 
le  premier  de  ces  points,  il  rendait 
iuutile  la  supériorité  de  l'ennemi  en 
cavalerie,  et  l'arcliiduc,  obligé  de  con- 
centrer dans  Pordeuone  la  majeure 
partie  de  sesl'orces, ne  |)Ouvaithasarder 
une  alta(|ue.  Cependant  il  est  sur  que 
ce  prince  ne  songeait  ni  a  donner,  ni  li 
recevoir  de  bataille.  Ses  deux  corps 
étaient  campés  de  Pordcnone  a  Cor me- 
nonl,  sur  cin(j  ligues,  et  il  leur  fallait 
du  temps  pour  se  former.  L'avant-gar- 
de seule,  sous  les  ordres  dcFrimont 
occupait  Porcia.  Les  divisions  fran- 
çaises Serras  et  Sevcroli  l'attaquèrent 
vers  neuf  heures  du  matin  :  sans  la 
présence  d'esprit  et  le  courage  du  gé- 
néral autrichien  qui ,  tout  en  faisant 
prévenir  l'archiduc  ,  prit  sans  hésiter 
Toffcnsive  ,  et  se  soutint  jusqu'à  l'ar- 
rivée de  la  brigade  CoUoredo  ,  tout 
eût  réussi  au  gré  du  prince  Eugène. 
Mais  la  contenance  ferme  de  l'avanl- 
garde  autrichienne  donna  a  ses  réser- 
ves le  temps  d'arriver.  Les  deux  di- 
visions françaises  ,  qui  avaient  com- 
mencé le  combat,  après  avoir  pris  et 
repris  Porcia  ,  ne  purent  le  dépasser  j 
se  trouvant  en  présence  des  deux  tiers 
defarmée  autrichienne,  elles  furent 
forcées  de  se  retirer.  Eugène  ,  après 
leur  avoir  donné  l'exemple  de  la  fer- 
meté et  du  courage,  désigna  pour  point 
de  retraite  Bruchera  et  Sacile.  Celte 
retraite  se  iil  en  assez  bon  ordre  sur 
la  première  de  ces  villes  j  mais  la 
partie  de  l'armée  qui  se  retira  par 
Sacile  eut  Iteaucoup  a  souffrir.  La 
division  Broussier  surtout  lut  jiresque 
auéaulie.  Lç  vicc-rui  se  distingua  per- 


BKA. 


38 1 


sonncUemenl  en  restant  «H  l'arrièrc- 
garde  ,  cl  il  (il  continuer  la  re- 
traite .sur  la  l*iave.  Ses  panégyristes 
ont  assigné  pour  causes  à  cette 
délaile  la  mauvaise  volonté  de  plu- 
sieurs généraux  ,  entre  autres  de 
Barbou,  qui  lurent  humiliés  d'obéir 
h  un  enfant  ,  et  surtout  l'absence 
des  trois  divisions  que  le  prince  at- 
tendait de  Vérone,  et  qui,  d'après  sej 
calculs  devaient  arriver  pendant  la  ba- 
taille. Ils  eussent  mieux  fait  d'avouer 
tout  simplement  que  ,  sans  manquer 
de  capacité  ,  le  jeune  prince  ce  jour- 
la  ne  prévit  pas  tout,  et  qu'au  reste 
l'archiducavait  beaucoup  plusde  trou- 
pes que  lui  (5  5,ooo  contre  35,ooo). 
Après  cet  échec  ,  le  nouveau  royaume 
se  trouva  dans  une  position  véritable- 
ment critique  :  Osopo  ,  Palmanova  , 
Venise  étaient  assiégés.  Déjà  l'archi- 
duc Jean  ,  en  personne  ,  avait  tenté 
l'assaut  du  fort  Malgheltaj  l'Istrie 
était  occupée,  et  le  Tyrol  en  pleine 
insurrection;  deuxcolonnes bavaroises 
venaient  de  tomber  au  pouvoir  de  l'en- 
nemi ;  enfin  beaucoup  de  personnages 
marquants  formaient  des  trames  con- 
tre le  nouvel  ordre  de  choses,  et 
des  émeutes  populaires  éclataient 
sur  différents  points.  La  Romagne, 
qui  avait  appartenu  si  long- temps 
au  pape,  eut  la  sienne,  et  quel- 
ques symptômes  inquiétants  se  ma- 
nifestèrent a  Milan.  Si  le  général 
Chasieler  ,  au  lieu  de  marcher  sur 
Trente,  où  il  pouvait  être  le  i6  ,  ne 
fût  pas  resté  a  Inspruck  ,  que  les  in- 
surrections tyroliennes  venaient  de 
remcllre  entre  ses  mains,  et  s'il  n'y 
eût  perdu  cinq  jours  a  organiser  le 
Tyrol  ,1e  prince  Eugène,  pressé  vive- 
ment du  coté  du  nord  comme  de  ce- 
lui de  Test,  eût  probablement  été  re- 
duil  a  se  retirer  deriière  le  Mincie. 
Il  n'eut  pas  cette  peine  :  les  manœu- 
vres de  13araguey  d'Hilliers,  à  Trcn- 


38a  BEA  BEA 

te  et  a  ïloveredo,  les  combats  heureux  jour,  au  gué  de  Sainl-lNlcbiol  et  a 
de  Caliano  ,  de  Noviglio  et  de  Blori,  celui  des  îles  de  fa  Priula.  Les  eaux 
relardèrent  la  marche  de  rennemi  ;  de    ce    torrent    s'étaient    soudaine- 
cnGn  l'armée  franco-italienne,  fut  rcn-  ment  accrues,  beaucoup  de  soldats 
forcée  et  réorganisée.  L'affaire  peu  et  de  chevaux  furent  emportés  par  le 
décisive  de  Villanova  (27  avril)  fut  courant;  et  aune  heurele  passage  se 
le  dernier  avantage  de  renncmi.  Le  trouva  tout-a-fait  interrompu.  Ce  fut 
28  ,  un  décret,  dont  les  bases  sans  alors  que  Farmée  autrichienne  tom- 
doute  avaient  été  posées  en  Allemagne  ba  sur  les  divisions  qui  étaient  passées, 
par  Napoléon,  répartissait  l'armée  et  que  celles-ci  se  trouvèrent  grave- 
d'Italie  en  trois  sections  :  aile  droite,  meut  compromises  ;  leur  fernielé  et 
commandée  par  Macdoiiald;  aile  gau-  ia  présence   d'esprit  du   général   en 
che,    par    Baraguey   dllillicrs  j    et  chef  lessauvèrcnt.  Celle  journée  coûta 
centre,  par  Grenier.  Il  est  a  croire  aux  Français  plus  de  deux  mille  hom- 
queMacdonald  vint  porteurdel'ordre  mes;  mais  il   est  sûr  que  les  Aulri- 
d'organiscr  ainsi  les  forces  a  la  dis-  chiens  en  perdirent    un   plus    grand 
position  d'Eugène,  et  que  le  titre  de  nombre.  L'archiduc  Jean,  qui    eût 
général  en  chef  ne  fut  conservé  au  dû  continuer  sa  retraite  jusqu'à  Tar- 
ricc-roi  que  pour  la  forme.  Le  len-  vis,  où   il  avait  intention   de   tenir 
demain  il  s'empara  de  Monte-Bastia  ;  derrière  des  retranchements,  commit 
mais  les  Autrichiens  curent  quelque  la  faute  d'accepter  encore  un  combat 
avanla«^e  a  Soavc  ,  où  le  général  Sor-  h  Saint-Daniel.  Le  général  Desaix  , 
hier  fut  tué.  Ce  fut  alors  qu'ils  ap-  soutenu  par  Grenier,  enleva  cette  po- 
prirentles  succès  de  l'armée  fran-  silion  ,  et  culbuta   quatre  bataillons 
çaise  en  Bavière,  et  qu'il  fallut  décidé-  aulrlchiens.  L'ennemi  ne  put  seral- 
ment  songer  a  la  retraite,  bien  que  lier;    et    bientôt   Udine   et  Tricsle 
l'archiduc  Charlcsécrivît  a  son  frère,  furent    occupés    par    les    Français, 
que  l'expédition  d'Italie  devait  être  Après  d'autres  échecs  sur  l'Isonzo  , 
contiimée.  L'armée   italo  -  française  à  Malborgheto   et  à    Tarvis  ,    l'ar- 
prit  a  son  tour  l'offensive  ,    et   elle  chiduc  Jean,  étant  informé  des  suc- 
tMit  un  léger  engagement  au  pont  de  ces    de  INapoléon  sur  le  Danube  et 
Cliiampo  avec  l'arrière- garde  de  l'ar-  de  l'nccupalion   de  Vienne,   recon- 
chiduc  ,   commandée   par   Frimonl.  nut  l'inutilité  d'une  plus  longue  ré- 
Arrivé  alaBrenla,   le  prince   Lu-  sislance  et  prit  enlin   la  résolution 
gène  s'y  arrêta  un  jour ,  pensant  que  de  se  retirer  sur  Gralz  ,  pour  gagner 
l'archiduc  rallierait  en  se  retirani  le  la  Hongrie,  tonte  autre  issue  lui  étant 
corps   du  i)locus  de  Venise,  et   ju-  firmée.    Eugène    parvint    a  ^  illach 
géant  inutile  de  forcer   par  une  ba-  puis  H  Klagenfurt ,  dirigea  la  division 
taille   le    passage  de  la   Brenla  (pii  Groucby  sur  IMuburg  ,  battit  Jella- 
allail  lui  être  livré.  Les  Autricliiens  cliich  à  Sainl-Micbcl ,  et  entra  dans 
ne  s'arrêtèrent  plus  que  sur  la  Pia-  Léoben  ;  il  était  K  Bruck  le  26  ,  et  le 
\c      et   ils    vonliirent    profiter    des  jour    même   on  rencontra   eu   avant 
avanlai'es  qu'oflre  cette  rivière  pour  du  Sœmmering   le»   avanl-posles  de 
la  défensive.  Décidé   h  en   forcer  le  Lnurislon  que  Napoléon  avait  envoyé 
passage,  Eugène  fit  ses  di.sposilions  ,  au  (levant  de  l'armée  italique.    Alors 
it  le  U  mai  les  colonnes  l'urenl    mi-  fut  mise  h  l'ordre  du  jour  celle  saln- 
ics  en  mouvcminl  de»  le  point  du  talion  toute  militaire  :  <*  ÎJoldats  df 


Tarmcc  dlliilic,  vous  avez  gloricusc- 
iiuMil  attciiil  le  htil  (juc  je  vous  avais 

inar(|ué Soyez  les  blcu-vciius!  je 

suis  conleut   de  vous,   (Me.  »  Trois 
jours   après   lùigèiio  se  rendait    en 
personne  près  de  Napoléon,  et  rece- 
vait avec  ses  louan{;cs  ou  ses  cncou- 
ia^enu'iils   des    inslruclioiis   sur    les 
opérations  ultérieures.  Tandis  que  la 
ville  de  Gralz  se  rendait  à  Macdonald 
et  que  le  corps  de  Marmonl  se  rap- 
procliail  de   la  grande  armée  ,  l'ar- 
chiduc Jean  se  diriireait  sur  Vasarbéli 
cl  s  occupait  de  la  réor<^anisalion  de 
son  armée ,  que  devait  bientôt  gros- 
sir Tinsurrection  liongroisc.  Mais  le 
prince  Eugène  informé  de  ce   projet 
ne  lui  laissa  pas  le  temps  de  Texécu- 
1er.  S'élant  lui-même  avancé  dans  la 
Hongrie  ,  il  força  le  prince  autrichien 
à  recevoir  celle  bataille  de   Raab  , 
qui  doit  être  considérée  comme  un  de 
ses  plus  beaux  triomphes.  La  vicloire 
fut  complète  5  elle    assura  la  jonc- 
lion  des  deux  armées  ,  la  prise  de  la 
place  ,  et  elle  amortit  bien  a  propos 
chez  les  Autrichiens  TefFet  moral  de 
leur  triomphe   tout  récent  d'Esling. 
Le  hasard  voulut  qu'elle  eut  lieu  le 
i4-  juin,  anniversaire  de  Marengo  et 
de  Friedland.  Napoléon  en  fit  célé- 
brer la  nouvelle  par  une   salve   de 
cent-un  coups  de  canon.  Les  troupes 
victorieuses  du  vice-roi  vinrent  bien- 
tôt se  réunir  a  la  grande  armée;  et  elles 
prirent  encore  une  part  très-glorieuse 
a  la  bataille  de  Wagram.  Dans  celte 
journée  mémorable  ,  l'armée  franco- 
italienne  placée  au  centre,   occupa 
une  des  positions  les  plus  difficiles,  et 
elle  soutint  seule  les  plus  grands  ef- 
forts de  l'ennemi.  Napoléon  l'encou- 
ragea par  de  nouveaux   éloges  ,    et 
Macdonald  v  g^^n^  son  bâton  de  ma- 
réchal. La  paix  de  Vicnue  fut  bientôt 
le  prix  de  tant  de  trioruplies,  et  Theu- 

rciu  vicc-roi;  comblé  des  éludes  de 


BEA. 


.•i8.î 


son  beau-père,  j)ul  reioumcr  dans 
sa  chère  Italie.  Cependant  l'armistice 
de  Znaïm  avait  en  vain  été  notifie 
aux  Tyroliens;  privés  de  tout  appui, 
mais  conduits  par  le  célèbre  Iloler, 
ils  gardèrcnl  les  armes  et  s'opposè- 
rent tant  qu'ils  purent  aux  Franco- 
Bavarois.  A  la  notification  cpii  leur  fut 
faite  des  convenlions  entre  le  gou- 
vernement aulrichien  et  Napoléon  , 
ils  répondirent  par  des  refus  ;  et  il 
fallut  que  les  généraux  Baraguey 
d'Hilliers  et  Drouet  d'Erlon  les  con- 
traignissent a  se  soumettre  par  la 
force.  L'Iiistorique  de  cette  guerre  , 
qui  ne  se  termina  qu'à  la  fin  de  1809, 
n'appartient  pas  à  cet  article.  Le 
vice-roi  ne  s'en  occupa  qu'un  instant 
pour  soumettre  définitivement  les  in- 
surgés. Ils  furent  désarmés ,  disper- 
sés •  et  les  chefs  impitoyablement 
miskmort(^ojr.  Hofer,  auSupp.). 
Alors  la  plus  belle  partie  de  cette 
contrée,  celle  que  traverse  l'Adigc 
devint  un  département  du  royaume 
d'Italie,  qui  vers  le  même  temps  per- 
dit ristrie  et  la  Dalmalie  réunies 
aux  provinces  Illyriennes,  lesquelles 
avaient  été  cédées  a  la  France  par  le 
traité  de  Vienne.  La  paix  dont  jouit 
alors  l'Italie  permit  a  Eugène  de  s'oc- 
cuper encore  de  l'administration  in- 
térieure. Il  s'appliqua  de  nouveau  h 
favoriser  le  commerce  _,  a  élever  des 
monuments  ,  à  créer  des  institu- 
tions. Tout  le  monde  loua  l'organi- 
sation de  l'inslilut  des  sciences  , 
lettres  et  arts,  résidant  a  Milan  ,  et 
composé  de  quatre  sections  subsidiai- 
res a  Venise  ,  Bologne  ,  Padoue  et 
Modènc.  Beaucoup  d'académies  loca- 
les furent  confirmées  sous  le  nom  d'a- 
tbénées libres. Les  Codes  d'instruction 
criminelle  et  pénal  furent  introduits  h 
l'instar  des  trois  autres  qui  les  avaient 
précédés.  Un  conseil  général  des  arts, 
du  commerce  et  des  manufactures  té- 


384 


BEA 


moigiia  aussi  de  la  sollicitude  du  gou- 
vernemeiît  pour  l'induslrie.  Une  pri- 
me d'un  million  fut  promise  a  1  inven- 
teur de  la  meilleure  macliine  a  filer 
le  lin  ;  une  somme  de  cent  cinquante 
mille  flancs  encouragea  la  culture  du 
coton,  et  une  gratification  de  cin- 
quante raille  francs  fut  donne'e  pour 
la  fabrication  du  sucre  de  bette- 
rave j  enfin  deux  cent  raille  francs 
furent  accordés  en  1 8 1 1  au  minis- 
tère de  Fin  lé  rieur  ,  pour  l'acquisi- 
tion de  machines  a  filer  le  lin  ,  le 
coton  et  le  chanvre.  Mais  tous  les  or- 
dres et  tout  le  système  de  Napoléon 
n'étaient  pas  égaleraent  propres  a 
faire  chérir  du  peuple  celui  qu'il  avait 
chargé  de  les  faire  exécuter.  Si  les 
réi^lements  sur  la  librairie  ne  sera- 
blaient  a  cette  époque  que  médiocre- 
ment vexatoires,  en  revanche,  les 
développements  toujours  croissants  de 
la  police  ,  les  effets  du  système  cun- 
tineulal  et  la  tyrannie  des  gardes-cô- 
tes ,  instruments  nécessaires  de  cette 
vaste  conception  prohibitive,  le  mo- 
nopole du  sel,  la  conscription,  enfin 
le  relentissemeut  des  querelles  de 
Napoléon  avec  le  pape,  tout  cela 
insj)irait  h  la  fois  le  mécontentement 
et  l'effroi,  beaucoup  de  personnes 
s'étaient  hobituécs  h  voir  dans  Eugène 
l'exécuteur  empressé  des  plans  utiles, 
l'exécuteur  in'volonlaire  dt;s  ordres 
funestes  du  roi  d'Iliilie.  Peu  K  peu  on 
trouva  qu'il  ne  modifiait  pas  assez  les 
ordres  trop  rigoureux,  et  que  l'im- 
"pnlsion  venue  de  Paris  le  trouvait 
iroj)  docile.  Ces  idées  ,  bien  j)lus  for- 
tement prononcées  a  ISaples  et  d;ins 
tout  le  midi  de  l'ilalie  ,  aliénaienl  in- 
sensihlcmenl  les  cuMirs,  même  a  iMi- 
lan  et  dans  les  villes  de  l'oue.sl. 
D'autre  part,  des  ennemis  pai  liculiers 
de  la  fortune  du  prince  atlisnicnt 
de  leur  mieux  ces  icrniculs  de  hai- 
ne ,  cl  peignaient  sou  désiulércs&c- 


BEA 

ment  comme  de  l'ambilion  cachée  , 
et  sa  douceur  comme  de  l'hypocri- 
sie. La  découverte    de    l'association 
antiuapoléonienne  de  Lugo  ,  en  ame- 
nant des  mesures   sévères  et  le  sup- 
plice de  trente  personnes  ,  donna  du 
corps   a  ces  accusations.  Et  pour- 
tant il  est  bien  sur,  qu'en  celte  oc- 
casion Eugène  fit  preuve  de  modé- 
ration et  de  sagesse.  Le  nombre  des 
personnes  impliquées  dans  la  conspi- 
ration montait  à  plusieurs  milliers  5 
des  poursuites  générales  eussent  pn 
donner  naissance  a  des  insurrections. 
Le  vice-roi  ne  sévit  que   contre   les 
chefs  :   par   la  il  effraya  les  autjes 
coupables,  et  trancha  au  moins  pour 
un   temps    les  racines   du  complot. 
Le  fruit    de  celte  sage  conduite  fut 
une   tranquillité  complète  pour  plu- 
sieurs années. — On  se  souvient  que 
c'est  a  la  (in  de    1809  qu'eut  lieu  le 
divorce  de  jXapolcon  et  de  Joséphine. 
Ce  devait  être  pour  Eugène  un  évé- 
nement bien    important   et   bien  fu- 
neste. Mandé  aParish  cette  occasion, 
il  y  lit  preuve  d'une  soumission  sans 
bornes   a  toutes  les  volontés  de  son 
père  adoplif  5    c  est  lui  qui  dut  voir 
Joséphine  pour  la  décider  à  un  chan- 
gement   si   fâcheux;   c'est   lui  qui, 
lorsque   sa  mère  laissa  échapper  de 
ses  mains  l'acte  de  séparation  t[u'elle 
devait  lire,  acheva  la  lecture,  et  dé- 
veloppa devant  le  sénat  conservateur 
l'impor  lance  des  motifs  auxquels  obéis- 
sait en   cet  instant  le  chel'  de  l'em- 
pire.   Iinliu  le     i'""^    a\ril    suivant  , 
il    assista    avec    la    vice-reine  ,     sa 
femme,  au  mariage  de  ]Napoléon  et 
de  l'archidui  liesse!  On  n'a  pas  be- 
soin (le  dire  (pie  tant  de  soumission  et 
d'obéissance  ne  fut  apjirouvéc  ni  en 
{''raïue  ni  en  Italie.  TNulle  part  on  nr 
(h>nta  (juEugène  eût    alors    l'espoir 
de  voir  bienl(M  sa  vice-royaulé  faire 
place  h  une  couronne  5  jauuiispourlanl 


151:  A. 

rel  espoir  n'avait  ctc  moins  fonde;  car 
ruiillé  tin  Ljrantl  cnipiri"  devrnail  de 
nliisenplusle  vœndciNapolcon. — Dès 
la  lin  de  i  8  i  i  loul  aiiiioiua  1  imini- 
lUMiccd  une  giuM-re  avec  la  rinssie(2). 
Le  royaniuc  d'Italie  lournit  h  celle 
«;iganles(pieexpv.'dilion((uaranle  mille 
liommes  cl  cincj  mille;  chevaux  (jitifor- 
mèienl  l'aile  gauche  de  la  grande  ar- 
mée sous  les  ordres  du  vice-roi,  et  se 
lirenl  par  loul  remarcpier  ,  nolaninient 
à  Smolcnskct  à  Borodino.  Dauî»  celle 
sanglanle bataille,  Eugène  joignant  a 
sou  corps  deux  dnisions  du  premier ,  et 


[?.)  (;'est  a  relie  ôpocjue  qun  Napoléon  conrut 
le  projfl  de  rclablir  le  Iniiie  di;  Pologne,  cl  d'y 
faire  monter  le  prince  Euf^rMic.  Cefnil  curieux  est 
fonstaU;  par  une  IcUrc  du  prince  lui-mèine  écri- 
te confidcntielleuicdt  à  sou  bon  I-avallclle  ,  et 
datée  :  ce  22  février  au  soir.  «...  Enfin  ,  dit  il, 
mon  soit  est  décide  ;  j'ai  un  siiperl)c  coiiiniande- 
meiit ,  cl  (|uoi([iriI  ne  soit  pas  cncoie  piililié  ,  je 
]>uis  te  l'annoncer,  .le  comninnde  deux  caijis 
d'aruiéc,  savoir  le  mien  dont  Junot  est  pour- 
tant venu  scmparer ,  et  celui  des  Bavarois 
qu'on  dit  que  isl-llyr  commande.  Tu  vois  que 
cela  fera  soixaule-dix  à  <iuatre-vinj;t  mille  hom- 
mes, et  près  de  deux  cents  pièce»  de  canon.  Les 
généraux  et  officiers  qui  nous  viennent  de  Paris 
m'assurent  que  l'on  y  dit  (jue  j'aurai  le  coin- 
inandeiueiit  de  la  cavalerie.  De  toute  imnièrc 
je  serai  bien  placé  ,  et  celui  où  il  y  aura  à  don- 
ner le  plus  de  preuves  d'absolu  dévouement  ù 
S.  M.  ,  SI  ra  le  posle  que  je  préférerai  toujours. 
Une  seule  chose  ne  me  ferait  point  rire  du  tout  , 
ce  serait  celte  qui  pourrait  appeler  staelemekt 
ma  clidiive  personne  en  Pologne.. . .  Je  ne  pour- 
rais me  supporter  si  loin  de  l'empereur.  Je  n'ai 
qu'une  ambilion,  celle  de  vivre  et  mourir  le  plus 
près  de  lui  jjossibie.  Tu  me  diras  que  je  ne 
suis  pas  difficile  ;  lu  auras  raison.  Celle  ambi- 
tion là  en  vaut  bien  une  autre  ;  mais  je  n'ai  pus 
celle  des  Ti\6yr.s  ,  cela  est  certain  ,  comme  il  est 
«u^rtain  que  je  t'ai  voué  ,  clc.  »  Cetle  Icllrc, 
«erite  de  la  main  du  prince  ,  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  de  Cliàteausirou.  I.e  projet  du 
r:'lablissenicnt  du  trône  de  Pologne,  eu  faveur 
d'Eugène ,  fut  abandonné  jiar  ly'apob'on  ;  il 
craif^uit  sans  doute  de  mécontenter  l'einiïerwir 
son  beau- père  et  le  roi  de  Prusse  (\ul ,  alors  ses 
alliés,  auraient  ])u  craindre  de  perdre  bient(jt  , 
l'un,  la  (iallicie,  l'autre,  le  dnehc  de  l'o.^^en.  .Si 
ertic  cnnsideration  n'eût  retenu  iNr.poléou,  la 
malheureuse  campagne  de  Russie;  ,  qui  le  perdit , 
aurait  pu  avoir  un  autre  résultat.  S'il  eût  insisté 
auprès  d'Eugène,  celui-ci  aurait  crnainemcnt 
accepté  ;  mais  il  est  probable  que  sou  hcsitaiion 
ne  venait  alors  que  de  ses  vues  sur  le  trôno 
d'Italie,  et  des  preinc-s»-*  qui  lui  avaient  été 
faites  à  cet  ég.ird.  Si  l'amliitinn  des  tiônr^  ne  se 
manifeste  pas  clairement  dans  cette  iellre,  celle 
<lu  ceiuiuandemcul  y  csl  d'ailleurs  a<sez  évi- 
deate.  V — ve. 


JJl'A 


^,.s5 


<il)puvé  par  la  cavalerie  de  Grouchj, 
fui  charge  (TalLupier  l'orodiiio  ,  les 
liau  leurs  de  Gorkael  la  grande  redoute 
([111  était  le  pivot  de  la  position  des 
llusscs  et  le  |)oint  tactiipie  de  la  ba- 
taille, il  emporta  celte  redoute  avec 
une  rare  valeur,  et dèj,-lors  le  centre 
de  rarmée  russe  l'ut  enfoncé,  la  vic- 
toire assurée,  et  Toccupalion  de  Mos- 
cou en  devint  la  conséquence.  Tout  le 
temps  (pie  dura  cette  occupation  ,  le 
corj)s  italien  resta  en  position  devant 
cette  ville,  sur  la  route  de  Pclrov- 
skoï.  Dans  les  premiers  jours  de 
novembre  commença  la  désastreuse 
retraite  ;  elle  s'exécuta  d'abord  avec 
(pielfjue  ordre,  et  Eugène  y  déploja 
beaucoup  de  sang -froid  et  d'activité. 
Arrivé  a  Malojaroslavelz  ,  il  eut  a 
comballre  pendant  deux  jours  ,  avec 
dix- sept  mille  hommes,  l'armée  en- 
nemie tout  entière  •  et  la  vigueur  de 
ses  alla([ues avait  décidé  Koutousoff  a 
la  retraite  lorsque  Napoléon  prit  lui- 
même  le  parti  de  changer  de  direc- 
tion (  Foj.  Napoléon,  au  Supp.). 
Le  3  nov.  il  fallut  de  nouveau  com- 
battre a  Yiazma,  où  Davousl  et  Ney 
sévirent  attaqués  par  Miloradovitch. 
Eugène  et  les  deux  maréchaux  sou- 
tinrent bravement  celte  atta(jue  ,  et 
après  cinq  heures  d'un  combat  achar- 
né le  général  russe  fut  rejeté  au- 
dcla  de  TClitsa.  iilais  de  tels  succès 
ne  pouvaient  tirer  l'armée  française 
de  la  cruelle  position  où  elle  se  trou- 
vait placée.  A  Dorogobondje  Eugène 
recul  l'ordre  de  se  diri<ïer  sur  Vi- 
tepsk.  Il  fallut  trois  jours  pour  arri- 
ver a  la  première  de  ces  villes  :  ])lus 
de  douze  cenls  chevaux  périrent  en 
viugt-qualre  heures*  au  passage  du 
Vop  ,  on  fut  obligé  d'abandonner 
soixante  canons  ^  en  atleignant  Du- 
chonovszczina,  il  fallut  en,  déloirer 
un  corps  russe,  et  le  prince  Eu;',ène 
y  perdit  encore  beaucoup  de  moude. 


LVII. 


l'J 


386                   BEA  BEA 

Lorsqu'il  eut  traversé  Smolensk,  avec  sions  ,   une    française,    une    bava- 

soncornsréJuithsixmillecombatlauts,  roisc,   une  polono-lilhuanienne.  Un 

il  eut  à  soutenir  les  attaques  de  Mi-  petit  train  d'artillerie  et  deux  batail- 

loradovitcb  aKrasnoï.  Tout  un  jour  Ions  de  la  jeune  garde  lui  arrivèrent 

fut  employé  a  tenter  le  passage  d'un  bientôt  ,  et  réunis  a  deux  bataillons 

ruisseau  au-dcla  duquel  plus  de  cent  de  la  vieille  garde  qui  étaient  auquar- 

canons  foudroyaient  ses  colonnes  :  une  tier-général ,  lui  formèrent  une  ré- 

cbarge  qu'il  essaya  contre  le  corps  de  serve.   Ces   noms  de    divisions,   de 

Dolgorouki ,  fut  contenue  par  le  dé-  réserve  lui  servirent  du  moins  pour 

ploiement  d'une  nombreuse  cavalerie  imposer  quelque  temps  a  Teunemi  et 

russe.  La  nuit  venue,  la  colonne  déci-  pour  traîner  en  longueur.  Quand  les 

mée   profita  de  l'obscurité  pour  re-  mouvements  de  l'armée  russe  lefor- 

joiudre  la  jeuue  garde  vers  Kcnzova.  cèrent  à  renoncer  a  la  ligne  de  la 

Davoust  la  rejoignit  aussi  le  lende-  Yislulc ,  il  se  replia  sur  TOder  pour 

main,  17  j  et  Ney  resta  seul  en  ar-  couvrir  Berlin  et  les  communications 

rièrc.  Le  25,  Eugène  était  de  sa  per-  de  la  Saxe,  et  pour  relarder  la  défcc- 

sonne  sur  les  bords  de  la  Bérézina.  tion  de  la  Prusse,   Chaque  jour  des 

Nous  disons,  de  sa  personne,  car  son  attaques  nouvelles  effleuraient  sa  pc- 

corps  d'armée  était  complètement  dé-  tite  armée  et  l'obligeaient  a  une  ex- 

sorganisé.  Le  prince  et  ses  généraux  trème  circonspection.  Déjà  le  parti- 

grossissaicnl  alors  le  corps  qui  se  trou-  san  Tclierniçbef  avait'  paru    devant 

vait  le  plus  nombreux  de  tous,  c'était  Berlin,  lorsque  Eugène  était  encore  a 

la  colonne  des  hommes  isolés.  Lorsque  Francfort  sur  l'Oder  5  il  se  transporta 

le  départ  de  Napoléon  pour  Paris  fut  dans   celle  capitale   où  il  trouva  la 

décidé  ,  il  y  eut  une  discussion  pour  division  Grenier  récemment  arrivée, 

savoir   (lui  aurait  le   commandement  Sonarmécfut alorsdeviuglmillehom- 

géuéral   en  son  absence,    de    Murât  mes  auxipiels  ou  put  ajouter  quelques 

ou  d'Eu<.à'ue  ,  ]\Iural  l'emporta.  Eu-  bataillons  venus  de  l'intérieur.  ïoullc 

gène  et  lui,  a  Yilua  ,  tentèrent  vai-  reste  de  février  se  passa  en  escarmou- 

ncmcnt  de  réunir   quebjues    troupes  ches  autour  de  lierlin  et  en  mesures 

pour    secourir  Loison    attaqué    par  rigides,  barbares  même,  contre  les 

i'avant-garde    russe  :    ils   trouvèrent  bahitants  de  celle  ville  devenue  eu- 

H    peine  six   cents  hommes  en    élat  nemie.  Enfin  ,  dans  la  nuit  du  5  au /^ 

(le  porter  un  fusil.    C'était  le  reslc  mars  ,  l'approche  de  Renniu  et  de 

de     trois   cent    mille    soldats    qui,  Witlgcuslein  ,    l'impossimlilé    bien 

clncj  mois  au|)aravaul,  avaient  passé  couslalée  de  coulcuir  une  capitale  do 

le  ISiémeu  !  lîenonraul  a  tout  plan  de  deux   cent  mille   âmes  en  présence 

réorganisation,  ils  se  relirèrcnt  der-  d'un  ennemi  infiniment  supéueur,  dc- 

rière  ce  llenve,  nuis  derrière  la  Vis-  terminèrent  l'iugène  a  se  retirer  der- 

lule.  Le  roi  de  Naples  ue  larda  pas  rière    l'Elbe.    Déjli  s'orgaulsail  sur 


rière  ce  llenve,  nuis  derrière  la  Vis-  terminèrent  l'ingène  a  se  retirer  der 

j  Naples  ue  larda  pas  rière    l'Elbe.    Déjli  s'orgaulsail  su 

depuis  €'\  reprendre  la   routo  de  ses  le  Meiu  la  nouvelle   grande    armée 

étals,     cl   le    prince   Eugène    resta  (pie  Naj)oléon  rcucissail  avec  tant  do 

seul   chargé  de  ce  dilllcile   fardeau,  proinplilnde.  llecueillanl  sursa  roule 

Sou  premier  soin  bit  délaisser   des  tout  ce  qu'il  trouvait  de  débris  des  an- 

giuui.sous    d.ius    les    places     furies,  eieus corps,  le  viee-roi avait  réuni  jus- 

J)('s  douze  mille  ciiuj  cents  hommes  (pi'a  eintpiaute  (pialre  mille  hommes* 

qui  lui  restcrcul  il  forma  trois  divi-  maiiTenuemi,  dont  la  défection  de  U 


DEA. 

Prusse  avait  {louMc  les  foires,  pou- 
vait lui  rno|)|U)si'i(jiKilrc  lois  anlanl. 
Opérer  sa  jonclionavcc  la  rrrandc  ar- 
mrfe,  toul  m  rclardanl  la  marche  <.\c^ 
allies  ,    Ici   clail   cicsormais   le    seul 
dessein  (pio   put  avoir  Eugène.   Cc- 
pendanl  les  excursions  de  Tellenhorn 
el  de   (jmliucs  autres  partisans  au- 
delà  de   TKlhe,  la  prise    de    llain- 
honrg,  rapparilion  des  Anglais  sur 
le   \Veser  ,  la  mort  du  <^cncM-al  Mo- 
rand    au    comlial    de    Lunebonrg  , 
enfin  ,    un   éciiec   aux    environs    de 
IMagdoliourg    et    la  nécessite   dévi- 
ler    une    bataille   dont   le  gaia  était 
peu  probable ,  l'avaient  forcé  a  con- 
tinuer   son    mouvement    rélroirrade 
jusqu'à  la  Saale  où  il  se  réunit  à  la 
nouvelle  armée  que  Napoléon  con- 
duisait lui-même.  Il  reçut  alors  de 
son  pèreadoplif  toutes  les  félicitations 
(ju'avaieut  méritées  sa  fermeté  el  son 
courage,    et   fut  aussitôt  envoyé  en 
avant    pour    gagner  le   passage    de 
l'Elster,  et  marcher  sur  Leipzig  par 
Merseburg.  A  Lutzen  il  attaqua  l'en- 
nemi eu  flanc  et  sur  ses  derrières, 
cl  contribua  puissamment  a  la    dé- 
faite des  Prussiens  qui  ne  commencè- 
rent a  s'ébranler  que  lorsque  le  mou- 
vement du  vice-roi  les  eut  débordés. 
Après  cette  victoire  ,  les  deux  corps 
d'Eugène  devinrent  l'avant-garde  de 
la  grande  armée.  Ce  prince  les  dirigea 
encore  ([uciques  jours ,  et  il  développa 
beaucoup   de    valeur  et  d'habileté  à 
Collditz  ,  a  Waldlicim  ,  à  ]iimbach, 
poussanl  les  Russes  devant  lui  ,    et 
forçant  IMiloradovitch  h  la  retraite.  On 
était  ainsi  arrivé  devant  Dresde  lors- 
(pie   la  crainte  des  dispositions  hos- 
tiles de  l'Autriche  obligea  Napoléon 
de  renvoyer  son  {\]>  adoptif  en  Italie, 
où  son  activité  allait  être  nécessaire. 
Euo-ènefulde  retour  a  Milan  le  18  mai 
lUiS.Lapremièredifficulté  était  d'a- 
voirdes  soldats:  deuxlevées  successives 


BEA 


387 


.'i\aienl  épuisé  le  royaume.  11  se  liâla 
de    iirofitcr   des   inmiciiscs   pouvoirs 
(jue  veiiiil   dv  lui   confier  Napoléon 
pour  remédier  a  cet  étal  de  choses. 
J-<a  conscription,  levée  en  même  temps 
el  dans  le  royaume  et  dans  les  dé- 
parlements de  l'empire  français  aii- 
dcla  des  Alpes,  lui  donna  des  hom 
mes  :  (juclques  bataillons  de  guerre, 
augmentés  des  instructeurs,  des  ou- 
vriers, y  furcnl  joints.  L'arnicmenl , 
Phabdlement  el  rinstruclicu  des  re- 
crues, réduits  au  strict  nécessaire,  s'o- 
pérèrent avec  rapidité.  Les  cincpiante 
et  quehpies  mille  hommes  qu'il  se  pro- 
cura par  tous  ces  moyens  furent  re- 
parus en  sept ,  puis  en  huit  divisions, 
qui    tout    considéré  ,    ne    formaient 
(ju'une  pauvre  armée  5  mais  quand  on 
pense  que   deux   mois  auparavant  il 
n'existait  rien  de  toul  cela  ,  on  doit 
encore  admirer  l'homme  qui  l'avait 
ainsi   improvisée.    Dès    le    17    août 
les  hostilités  commencèrent  :    Ililler 
commandait  l'armée  ennemie  ,  com- 
posée de  soixante  mille  hommes.  De'- 
cidé    à    marcher    au    devant   de   lui 
vers  Villaeh  et  la  Haute-Save  ,  Eu- 
gène ordonna  a  ses  troupes  de  remon- 
ter risonzo.  La  veille  même  de  son 
arrivée  devant   Yillach  ,  celte  ville 
avait  été  occupée  par  Frimont  ;   un 
combat  très -vif  força  le  «rénéral  au- 
trichien  a  l'évacuer.   Les  affaires  de 
Léobel  el  de  Krainburg  ,  en  donnant 
h  l'ennemi  un  passage  par  les  ponts 
d'Hœhlenburg  ,     compensèrent     cet 
échec  ,    el    l'armée    italique    dut   se 
replier  derrière  la  Save.  Divers  en- 
gagements a  Saint-Marin,  a  Weich- 
sclburg    el  a  Fiumc  ,    curent    pour 
résultat  de  soumettre  à  l'Autriche  les 
principales  villes  de  Tlslrie.  Et  pen- 
dant ce  temps,  le  général   Ililler  se 
portait  sur  le  Tvrol.  Cette  diversion 
sur  la  gauche  d'Eugène  au  moment 
où  la  gauche   autrichienne  ,  redou- 

25, 


388 


BEA 


hlant  d* efforts ,  passait  la  Drave  , 
battait  Piat  a  Saiat-Hermagor  ,  et 
menaçait  Laybacli  de  frois  côtés  , 
détermina  enfin  le  vice-roi  à  se  re- 
ployer derrière  Tlsonzo,  Ainsi  les 
provinces  Illyriennes ,  allaient  cesser 
d'être  défendues  ,  et  c'était  désor- 
mais sur  ses  frontières  qu'il  fallait 
combattre.  Hiller  débouchait  par 
Tarvis,  Safnitz,  Ponteba,  et  se  rap- 
prochait ainsi  du  ïyrol,  devenu  plus 
accessible  par  l'adhésion  du  roi  de 
Bavière  a  la  coalition.  L'instant  de  la 
crise  approchait  j  malgré  quelques 
avantages  obtenus  sur  différentspoiuts, 
la  situation  empirait  sans  cesse.  Des 
décrets  venus  de  Paris  ordonnaient 
chaque  jour  de  nouvelles  levées.  En- 
fin arriva  l'invitation  a  toutes  les  rai- 
lices  de  se  lever  en  masse.  Mais  rieu 
de  tout  cela  ne  put  se  réaliser  com- 
plètement. D'autre  part,  le  roi  de 
Bavière  faisait  a  son  gendre  des  ou- 
vertures tendant  a  obtenir  qu'il  se 
déclarai  contre  Napoléon  ,  et  en 
même  temps  lui  promettait  ({ue  les 
souverains  alliés  sauraient  reconnaî- 
tre ce  service  soit  par  le  don  d'une 
couronne  iudépeudante  ,  soit  autre- 
ment. L'aidc-de-camp  porteur  de 
ces  propositions  fut  ostensiblement 
congédié.  D'ailleurs,  il  ne  paraît  pas 
(pic  les  garanties  offertes  lors  de 
celte  première  ouverture  fussent  de 
nature  ii  satisfaire  le  vice-roi.  Ces 
négociations  en  rcslèrenl-clles-la  ? 
c'est  ce  (|ue  la  nature  dis  choses  rend 
(lu  toute  manière  incroyable. Quoicpi'il 
en  soit, avant  cl  pcndani  ccshons  con- 
seils de  la  Bavière,  Tarmée  ilali(pie, 
dispulanlle  terrain  pied  il  pied,  repas- 
sa le  Tagliamenlo,  la  Livenza,  et  vint 
s'établir  sur  l'Adige  ,  tcUulis  (jue  les 
Autrichiens  descendaient  les  vallées 
de  ce  ilcuve.  Triesle  et  la  Dahnatie 
lond)èrfnt  en  leur  ])nuvoirj  Palnia- 
uuva,  Venise  furent  bloqucS3Uu  dc- 


BEA 

barquement  s'exécuta  à  Goro;  et  Fer 
rare  fut  occupé.  Enfin  les  Napoli- 
tains ,  excités  a  la  révolte  par  lord 
Bentinck  (3) ,  annonçaient  déjà  leur 
défection.  Eugène,  demanda  un  ar- 
mistice. Etait-ce  pour  faire  reposer 
son  armée  ?  était-ce  pour  l'envoyer 
a  Lyon  ,  où  l'empereur  réclamait 
son  concours?  Le  fait  est  que  le 
feld-maréchal  Bellegarde  ,  qui ,  de- 
puis le  i5  décembre,  remplaçait 
Hiller  dans  le  commandement  des 
Autrichiens  ,  lui  refusa  l'arnoistice. 
Pendant  tout  le  mois  de  janvier  1 8 1 4-5 
Eugène  se  maintint  encore  sur  l'A- 
dige 5  mais  la  rupture  formelle  du  roi 
de  Naples  ,  l'occupation  de  Rome,  de 
Bologne  ,  de  la  Toscane  et  le  blocus 
d'Ancône  lui  firent  enfin  une  loi 
de  rétrojrrader.  Il  avertit  franche- 
ment  Bellegarde  qu'il  abandonnait 
la  ligne  de  l'Adige  ,•  mais  qu'on  le 
retrouverait  sur  celle  du  Mincio  ,  et 
qu'il  la  défendrait  de  toutes  ses  for- 
ces. Le  feld-maréchal  ne  crut  pas  a  la 
seconde  de  ces  assertions,  et  pensant 
que  le  dessein  du  prince  était  de 
franchir  le  Pô  ,  il  se  llatla  de  le 
resserrer  entre  l'armée  napolitaine  et 
la  sienne  -,  celte  erreur  lui  fil  perdre  la 
bataille  du  Mincio.  A  partir  de  cet  in- 
stant il  lui  fut  impossible  de  reprendre 
l'offensive,  et  il  s'en  consola  en  attri- 
buantson  inaction  lorcée  aux  tergiver- 
salions  de  Mural,  cpii  cependant  ne 
tergiversait  point.  Au  re>le,  Eugène, 
(jnoupie  \ain(pienr,  (pi  il  la  la  ligne  du 
Mincio  des  le  lendemain  :  paralyser 
pour  (piehpie  temps  l  armée  envahis- 
saule  avait  été  sou  but  ,  ce  but  était 
atteint  j  il  eut  compromis  sa  position 
en  attendant  une  nouvelle  attaque  sur 


(J)  Ci-t  iifîfnl  (lu  l'Ait|;lrli'i  !•«•  Cai-suit  impriiiUT, 
:'i  lioril  (l««  M)li  Viiisscau  ,  des  pioilaiiuitii>il'>  par 
lfMHnllr.1  il  rxril.iit  il  In  n-vollr  Ir*  |ifW|)li',s  tl« 
riliilir  ,  par  toiilrs  sorlc»  Uf  luo^rii'.  «l  Miiluut 
III  liiir  piomrllaiil  l.t  n  union  rn  iiiif  mmiIo 
l>Uis>au<;e  d*  tuute*  Ira  |»«i-lit«  ilu  la  i'«*iuiisulo. 


BEA  BEA  589 

\c  {\c\\YC.  L'ennemi ,  prenant  toujours  nrMeaii  arriva.  Napol(?on  dJlrAué,  les 
le  change  sur  son  cunij)tc,  essaya  de  lïosliliti'.s  n'avaient  |)lii.s  de  l)nt.  Une 
le  poursuivre  et  de  Tcnlamer  ;  il  n'eut  conveulion  fut  signée  le  16  avril,  c|ui 
pas  lieu  de  sVn  iïliciler  el  fut  ballu  stipula  un  arniislicc  indéfini,  jusqu'à 
en  plusieurs  renconires.  Les  rccou-  ce  que  les  puissances  alliées  décidas- 
naissances  que  fit  ,  plus  tard  ,  le  sent  du  sort  de  ritalic.  Les  Français 
prince  Eugène  sur  toute  la  ligne  du  servant  dans  Tannée  italique  devaient 
Àlincio  firent  perdre  encore  quehjues  revenir  en  France  j  les  llallcns  ,  au 
lioinnies  à  renncnii  j  et  le  général  contraire,  restaient  en  Italie.  Osopo, 
lîellegarde  en  vint  a  craindre  que  Palmanova,  Legnago,  Venise  devaient 
l'armée  italique  ne  repassât  le  fleuve  être  remis  aux  Autrichiens.  Ces  clau- 
pour  lui  olîrir  la  bataille.  On  vit  alors  6es  furent  exécutées  j  et  les  corps 
le  spectacle  bizarre  d'une  armée  de  français,  congédiés  par  une  proclama- 
soixanle  mille  hommes  en  retraite  tion  d'adieux  a  laquelle  ils  répondirent 
devant  trente  mille  au  plus.  Un  seul  par  une  adresse,  reprirent  le  chemin 
fait  d'armes  rompit  la  monotonie  de  de  la  patrie.  — Le  vice-roi  s'occupa 
la  situation:  ce  fut  un  petit  combat  ensuite  de  son  avenir  personnel.  C'est 
naval  entre  les  flolilles  italienne  et  ici  le  lieu  de  rappeler  qu'Eugène, 
autrichienne  sur  le  lac  de  Garda  j  la  dont  toute  la  vie  marque  assez  qu'il 
première  eut  l'avantage.  Du  reste  ^  n'était  pas  sans  ambition,  pouvait  bien 
en  renonçant  ainsi  a  toute  attaque  croire  qu'il  avait  d  autres  intérêts  que 
jusqu'à  ce  que  le  moment  devînt  plus  ceux  de  Napoléon.  Des  écrivains  ont 
favorable,  le  maréchal  de  Bellegarde  assuré  que  sisadéfectionne  futpaspu- 
avait  résolu  d'attendre  l'effet  de  la  blique,  c'est  qu'elle  n'eutpas  le  temps 
diversion  qu'allait  tenter  le  roi  de  de  l'être.  Il  marchanda  long- temps  , 
Naples;  el ,  Tarraée  de  celui-ci  mar-  ajoute-t-on  ,  sur  des  conditions,  dont 
chaut  sur  Plaisance,  les  Autrichiens  la  première  devait  être  le  titre  défî- 
du  général  Nugent  la  joignirent  en  nilif  de  roi  d'Italiej  et  il  avait  envoyé 
roule.  Réunis  ils  remportèrent  un  nu  agent  au  congrès  de  Châtillon 
léiTcr  avanla":e  a  Casai- Ma"- <>îore.  pour  traiter  en  son  nom.  Des  pièces 
Instruit  de  cette  apparition,  Eu-  a  i  appui  de  tous  ces  laits  existent, 
gène  marche  contre  eux  ,  les  bat  a  ^  ce  que  l'on  assure.  D'autres,  au 
la  TSura  el  a  Giiaslalla  ,  lesmctcn  dé-  contraire,  afiirment  que  jusqu'au 
roule  a  Parme,  qu'il  reprend  sur  eux,  hout  le  prince  Eugène,  bien  qu'il 
t'I  rentre  dans  Pieggio  ,  qu'ils  avaient  eût  beaucoup  a  se  plaindre  de  Na- 
momentanément  occupé.  Mais  quel-  poléon,  lui  garda  fidélité  (4-).  Quoi 
qnes  jours  suffirent  aux  Austro-Na-  qu'il  en  soit,  on  ne  peut  guère  dou- 

poli tains  pour  se  mettre  en  état  de  ' 

renrendi  e  l'offensive.  Ils  surent  bien-  ,  ('^  ''^  ^V'''^  snivant^esi  sans  do.nn  à  r^ppai 

,^  I  •  1  11  1  "''  cette  opinion  ;  mais  elle  est  nu  29  nov.  i8i3; 

lot  C0ml)irn    les    troupes    de   leur  ad-  c'est-à-dire    qu'elle  est    anlrricurctlo  plus    de 

versaire  étaient  peu  nombreuses,  et  ^'■°''.  '"°''  •'\  '''^1'"^"''  d/^cisive.  Les  drconstan- 

.  ,  l  ^^  »  ces  étaient   bien  clianf^ees   au  mois    doTiiI,    et 

ils  1  emportèrent  sur  lui  a  l'affaire  du  Je    prince    Ku-^ène    n'avait    plus   bcroin  de   dis- 

Taro,  a  un  second  combat  de  la  Nura,  "''""'7  ''''''"'  V^f!"''"""; '^"  h!'?''''''.,'-'"' 

'  j.'>nu,  pour    lui    que    de   tirer    parti    de   sa    position. 

cl  a  l'escarmouche   du     l5    avril   sous  <-etle    lettre,    adressée    h     la    reine    llortense}, 

1     m    ■  T"   1   'i    •■  11'é    .  sa  sœur,    i>ro"ve  seulement  <ine ,  dus  cette  épo- 

es  murs  de  Plaisance,  ici  était  1  étal  ^„^.  i^  roi  de  Bavière  fit  des  tentatives  po«,- 

deSchosCS  en  Italie  lorsque  la  nouvelle  scduirc    son    gendre.  On    ne   peut  guère  suppo- 

df    ^  I      t     lî      •        .    I     T^       .    •  •'•«»■   M"*-'  P'"**  '•'"d   ''  "c  *0'^  revenu  à  la  cliar- 

e3  événements  de  1  ans  et  de  routai-  g,,    ci  il  est  diff.ciio  de  penser  que  ses  cf. 


39Ô  BEA 

1er  qu'après  la  déchéance  de  Tempc- 
reur  le  désir  de  la  couronne  d'ilalie 
ne  soit  entré  plus  vif  que  jamais  dans 
la  pensée  d'Eugèue.  11  adressa  alors 
aux  Italiens  une  proclamalion  dans 
laquelle  il  se  rappelait  h  leur  affection 
et  à  leur  reconnaissance ,  déclarant 
qn'il  ne  se  séparerait  jamais  d'eux.  Le 
président  du  sénat  Melzi ,  qui  sans 
doute  était  dans  sa  confidence,  con- 
voqua ce  corps  ,  et  lui  soumit  un 
projet  de  décret  portant  :  i"  Dépu- 
talion  du  sénat  h  l'empereur  d'An  tri- 
che 5  2"  Demande  pour  l'Italie,  d'un 
roi  libre  et  ùidépendant,  et  notam- 


forts  soi(Mit  toujours  restés  impuissants:  ((Ma 
{icniic-  scciir,...  un  parlementaire  nutricLic^n  a 
(Iciiiaiulé  avec  iiislaiice  à  nos  avaut-posles  tl(j 
pouvoir  me  remettre  lui-même  des  papiers  iin- 
j|K»rtants.  J'étais  justement  à  cheval  ,  je  m'y 
rends  ,  et  je  trouve  \\n  aidc-de-camp  du  roi  de 
Bavière  ,  qui  avait  été  sou»  mes  ordres  la  cam- 
jiagne  dernière.  Il  était  chargé  de  la  part  du  roi 
de  me  faire  les  plus  belles  propositions,  pour 
moi  et  pour  ma  famille  ,  et  assurait  d'avance 
que  les  souverains  coalisés  approut'aieiil  (jue  je 
m  entendisse  avec  le  roi  »otJli  m'assdbkr  la  cou- 
j(0>nE  d'Italie.  11  j  avait  aussi  un  ^^rand  as- 
saisonneiuent  de  protestations  d'estime ,  elc. 
'l'ont  cela  était  bien  séduisant  pour  tout  autre  tjuc 
pour  moi.  J'ai  répondu  à  toutes  ces  propositions 
t'onnne  j(!  le  devais  ,  et  le  jeune  envoyé  est  parti 
rempli  d'admiration  pour  mon  caractère  ,  ma 
constunle  fermeté  et  mon  désintéressement  ;  j'ai 
cru  devoir  rendre  compte  de  tout  à  l'empereur  ,  en 
omettant  toutefois  les  compliments  qui  ne  s'a- 
dressaient (ju'à  moi.  ...  i'.o  qui  pour  moi  <st  la 
])lus  belle  des  rétompeLses  ,  c'est  de  voirijucsi 
ceux  ((ue  je  sers  ne  peuvent  me  refuser  leur 
coiilianiR  et  leur  estime,  ma  conduite  a  pu  f;a- 
gner  celle  de  nn^s  ennemis.  Adieu,  ma  bonne 
WL'ur ,. . .  je  ne  saurais  assez  te  dire  combien  je 
•  uis  huunux  des  sunlinu-nts  de  ma  feunne  en 
ci-tte  circonstance  Kile  a  tout-tVfait  suspendu 
le.4  relations  dirrcles  avec  sa  famille  tle[)uis  lu 
tiéi  Inration  de  la  D.ivière  c(uilru  la  France  ,  et 
elle  s'est  reclli'Uii'ut  rotiduitir  iliiinnniiU  pour 
l'c'npcrrur . .  ..  Me  montre  cette  lettre  (|u'ù  I.a- 
vulle'.lo  ,  car  je  désir»  rviler  qu'on  Insy*]  des 
liuvarda^ei  i\  nu>n  sujet.  ><  Celle  lettre  est  sans 
Joule  fort  curnuse,  et  si  rllo  était  du  mois 
d'avril  itfi.i  elle  serait  <b'ci.sive  i  mais  ;^  l'cpoque 
iuimediato  <le  lu  chute  <le  N.ipoleuii  ,  le  prince 
n'a  eertaiiieiuciil  plus  rien  dit  ni  écrit  de  pari'ii  ; 
t'I  il  est  bleu  sur  i|lie  les  puissances  nllioN  et 
surUuit  l'Autrii  lie  ,  ont  alors  fuit  plusieurs  tiic 
tJitivi'H  pour  le  sekiuire  par  do  values  prume.sse'<, 
ttlui  (le  iiaralyer  une  nruiee  et  un  parti  eni'(ue 
Irès-pui.Hsaut  d.ms  la  l.ouihar<lie.  On  suit  (|ue, 
Ver»  Ir  nieine  temps,  te  l'ut  par  «les  <leceptuHis 
ue  «e  piuire  que,  dans  l.i  conIVreme  d'Abu  , 
AlcftitiiUiii  vultuinu  lu  priuu'  i°i>^ul  Ut)  buùUc. 


BEA 

tuent  du  prince  Eugène.  Le  sénat 
admit  le   premier  article  5   mats    il 
modifia  ainsi  le  second  :  «Les  députés 
seront  chargés  de  présenter  aux  hau- 
tes puissances  les  sentiments  d'admi- 
ration  du   sénat  pour  les  vertus  du 
prince  vice-roi  et  de  sa  reconnais- 
sance pour  son  gouvernement.  M   Au 
reste  celte   députation  n'eut  pas  mê- 
me lieu.   Une  émeute  terrible  éclata 
le  20  avril  dans  Milan  contre  les  sou- 
venirs, on  pourrait  dire  contre  l'om- 
bre   du    gouvernement   napoléonien. 
«  Nous  voulons  les  collèges  électo- 
«  raux  et  le  rappel  de  la  députation  !  n 
fut  le  cri   de   ralliement.  Le  minis- 
tre des  finances  ,  Prina  ,   fut  mis  en 
pièces  dans  cette  épouvantable  jour- 
née (  Voj.   PrijVa  5     au    Snpp.  ). 
Eugène  n'essaya  pas,  ostensiblement 
du  moins,  de  lutter  contre  le  torrent 
de  l'opinion;  il  fit  conclure  une  nou- 
velle   convention  ,   par    laquelle   les 
autorités  étaient  conservées,  et  l'ar- 
mée  maintenue    justpi'h  ce  que    les 
coalisés  eussent  prononcé  sur  le  sort 
de  l'Italie.    Toutes  ces   stipulations 
se   faisaient  à  Manloue ,  d'où,    os- 
tensiblement   du    moins ,    il    semble 
cprEugène    n'ait    pas    été    absent  ; 
mais   on  a    dit   qu'après    Tarmistice 
du  16  ,  il  s'était  rendu  aux  environs 
de    Milan  ,    d'où   il   remuait    secrè- 
tement  Popinion   en   sa  faveur  ,    et 
où  il  voulait  que  le  peuple,  se  joignant 

rar  acclamation  aux  députés  du  sénat, 
e  proclamât  pardesMvnx  tumultueux 
qui  auraient  donné  sujet  soit  h  une 
députation  aux  puissances,  soit  à  un 
fistueux  procès  -  verbal  de  refus. 
1/arméc  aussi  était  travaillée  dans  le 
nu'me  sens,  et  les  généraux  lîerlolelii 
et  Eontanelli  allèrent  comme  tlé- 
pulés  présenter  aux  souverains  réunis 
a  Paris  une  adresse  (pii  désignait  le 
prince  l'jigèiie  comme  le  roi  le  plus 
agréable  aux  luililaircS;  luuis  celle 


nKA  htA 


»!)! 


fcntalivc  ccluuia.  Le  vlro-roi   revint  de   colle  visite.    11   :i'\d  JD.sqirÎL    lui 

il  Mantoue  cliercliiT  sa  femme  ,  (jiii  proposer  de  rester  m  France  avec  le 

avait  voulu  l'acc()mp;igner  dans  cette  litre  de  inaréclial.  \  Vienne,  pendant 

rude  canij)agnc  contre  l'Anlriclie  ,  cl  le  conjures  (jiii  décida  du  sort  de  tant 

il  était  avec  Hellej^arde  dan.s  des  rap-  de  millions  d'Iiommes,  Eugène  trouva 

])orts   de  hienveillance  tels   que  l'on  aussi  \c.i  égards  dus  a  son  caraclcre 

dit  (pic  le  feld-niarcclial  fut  le  par-  autant  fpi'a  sa  dignité  passée.  Alexau- 

raiu  d'une  fille  ([uo  fa  femme  du  vice-  drc  surtout  lui  montra  de  l'empres- 

roi  mil  au  monde.  Cependant, lorscpril  sèment.  Mais  leretourde  lîonaparlc 

fallut   enfin  ([iiitter    la  Lomhardie  ,  ne  fournit  ensuite  cpie  trop  de  j)rétex- 

nialgré  les  passe-ports  cl  les  pressan-  les  contre  tons  les  membres  de  sa  fa- 

ies  recommandations  de  Bcllegarde  ,  mille;  cpiantàlui  on  dit  positivement, 

ce  n'est  pas  sans  danger  c[u'Kugène  que  par  son  entremise  Napoléon  avait 

traversa   ses  anciens  états    :    on    se  connu  le  dessein   où  Ton  était  de  le 

souvenait   encore  dans    le  Tyrol  du  transférer  a  Sainte-Hélène  ,   et  que 

désarmement,  des  fusillades  et  de  la  cette  révélation  indiscrète  avait  déci- 

morl  d'IIofer.  En  arrivant  h  Rovere-  dé  l'évasion  du  captif.  Onparla  même, 

do,  il  demanda  au  commandant  au-  lors  du  débar([uement  a   Cannes,  de 

tricliien  s'il  pouvait  garantir  sa  sûreté  le  faire  enfermer  dans  le  château  de 

ainsi  que  celle  delà  vice-reine.  «Celle  Mungatsch  ;  et  c'est  encore  Alexan- 

de  la  princesse  ,  oui ,  avait  répondu  dre  qui  détermina  les  souverains  a  se 

le  commandant  •  la  vôtre  ,  non.  m  Du  contenter  de  la  parole  d'honneur  de 

reste,  il  mettait  h  sa  disposition   sa  l'cx-vice-roi,   qu'il  resterait  en  Ba- 

voiture,  son  uniforme,  ses  gens  et  sa  vière  tant  que  durerait  la  guerre.  La 

livrée;  et  recommandait  surtout  qu'on  carrière  politique  d'Eugène  était  fi- 

eùl  bien  soin  de  ne  pas  parler  fran-  nie;  il  parut  en  prendre  son  parti, 

çais;  avec  ces  précautions  le  passage  et  ne    s'occupa   plus  que  d'embellir 

s'exécuta    sans    accident.    Arrivé  a  ses  magnifiques  propriétés.  Ses  éco- 

]\Iunirh  ,  Eugène  reçut  de  son  beau-  nomics  pendant  ^a  vice-royauté  mon- 

père  l'accueil  le  plus  affectueux.  Pcn-  taienl  'a  trente  millions,  qu'il  emporta 

sant  alors  à   user  de  l'influence  po-  eu  se  retirant.   Ses  dotations  ilalien- 

litique  de  ce  prince  pour  faire  fléchir  nés  ou  les  indemnités  qu'il  reçut  pour 

en  sa  faveur  les  déterminations  dos  elles,  les  créances  qu'il  recouvra  en 

souverains    alliés,    il    cherchait    un  i8i4-dans   la  Lombardie  ,    sa   part 

prétexte  pour  se  rendre  en  France  ,  dans  l'héritage  de  sa  mère  ,  enfin  les 

quand    la  mort  de    sa   mère    lui   en  biens  de  la  princesse  Auguste-Amélie, 

fournit  une  cause  Irop   légitime.    Il  lui  formèrent  un  revenu  de  six  mil- 

ne  resta  a  Paris,  ainsi  que  sa  sœur  lions.   La   principauté   d'Eichsladt  , 

la  dncliossc   de   Saint -Leu,  que   le  que  lui  conféra  le  roi  de  Bavière  à 

temps  indispensable  pour  terminer  SCS  titre  d'apanage  ,  changea  bientôt  de 

affaires  privées,  et  vil  a  peine  les  sou-  face  entre  ses  mains  :  l'agriculture,  le 

verains  alliés.  Louis  XVIII  le  reçut  commerce,  les  arts  vinrent  donner  a 

très-bien.  L'ex-vlce-roi  avait  eu  l'at-  la  misérable  population  qui  végétait 

lention  de  se  faire  annoncer  sous  le  sur  ce  sol  une  aisance  inconnue.  Qnoi- 

nom    de    marquis   de    Beauharnais:  que  l'économie  sévère  qui  présidait  a 

ce  Faites  entrer  le  prince  Eugène,  n  sa  maison   ait  été  traitée  d'avarice  , 

avait  répondu  le  aiunarque,  Irès-flallé  sa  magnificence  de  rcpré;jenlalicin  est 


'ic)±                  BEA.  BEA 

devenue  proverbiale  :  raraeublcment  taires  de  l'armée  d'Italie  en  i8i5 
seul  dii  palais  qu'il  se  fit  construire  a  et  1814,  Paris,  1817  j  Relation 
Munich  coûta  dix-luiil  cent  mille  fr.  historique  de  la  révolution  du 
Le  titre  de  prince  lui  fut  conféré  par  royaume  d'Italie  en  181  4^,  par 
la  cour  d'Aulriclie  a  l'occasion  d'une  le  comte  Guicciardi  (trad.  de  l'ital.), 
affaire  d'étiquette.  Lors  du  mariage  Paris,  1822.  M — DJetP. — ot. 
de  l'empereur  avec  une  princesse  de  BEAUJEU  (  Arvisî:  de).  V, 
Bavière,  on  agita  la  question  desavoir  Anne  de  France  ,  II,  i()3. 
quel  rang  auraient  Ëuf^ène  et  sa  fem-  BEAUJOLAIS  (Louis-Char- 
me  ,  et  il  fut  décidé  que  celle-ci  se  les  d'Orléans,  comte  de),  né  a  Pa- 
placerait  au-dessiis  de  son  époiix;  ris,  le  7  octobre  1779,  annonça  dès 
la  princesse  déclara  qu'elle  ne  paraî-  l'enfance  de  grandes  dispositions ,  un 
trait  pas  à  la  fête  si  son  mari  était  excellent  caractère  ,  et  profita  par- 
place  a  un  rang  inférieur.  Alors,  faitement  de  la  brillante  éducation 
en  feuilletant  dans  les  chroniques  ,  que  1  on  donnait  aux  jeunes  prin- 
Ics  maîlres  des  cérémonies  découvri-  ces  de  sa  maison  (i).  Il  avait  a  peine 
rent  qu'a  une  époque  très- ancienne,  treize  ans  lorsqu'il  fut  conduit  avec 
une  princesse  de  la  maison  d'Autriche  î,t%  parents  dans  les  prisons  de  l'Ab- 
ayant  élé  le  sujet  d'une  discussion  baye,  où  on  lui  fit  subir  un  interro- 
semblable,  le  gentilhomme,  par  une  gatoire  auquel  il  répondit  avec  autant 
décision  expresse  de  l'empereur,  fut  d'esprit  que  de  courage  Transféré 
créé  prince.  Depuis,  l'ex-vicc-roi  d'I-  plus  lard,  ainsi  que  son  père  et  sou 
talie  avait  obtenu  les  titres  de  prince  frère  le  duc  de  Monlpensier  {V .  ce 
delà  maison  rojalede  Bavière,  de  duc  nom,  au  Supp.),  dans  les  prisons  de 
de  Leuchlcnberg  et  d'altesse  sérénis-  Marseille,  il  y  fut  détenu  pendant 
sime. — Le  prince  Eugène  csl  mort  ,  trois  ans  et  demi  dans  un  cacliot  obs- 
le  ^d  février  1824.,  d'une  attaque  cur,  infect  et  long-temps  séparé  de 
d'apoplexie.  li  a  laissé  deux  enfants  sou  frère  ([ui  gémissait  a  côté  de  lui. 
juâles  et  trois  filles  ,  dont  l'aînée,  Madame  de  Gcnlis  rapporte  dans  ses 
Joséphine-Maximilienne  -  Eugénie  ,  Mémoires  (V,  75),  un  acte  de  dé- 
a  épousé^  le  19  juin  i8ii3,  le  prince  vouement  admirable  delà  part  de  ce 
royal  de  Suède  Oscar  j  une  autre  est  jeune  prince.  Dans  le  mois  de  no- 
mariée  à  don  Pedro,  duc  de  Bra-  vcmbre  1795  les  deux  frères  avaient 
gance*  et  la  troisième  au  duc  de  formé  le  projet  de  s'évader;  et 
ilohcuzoUcrn  -  Stechingcn.    —   On  ils   s'étaient    assurés    d'un    bàlinient 

f)cut  consulter  sur  le  prince  Eugène     — — - — — 

)eaiICOUn      d'écrits      récemment       nu-  («)  C>  fut  pour  a.mis.-r  IVnrun,.d.- rrpri.uo 

J)lieset  .surtout   1  llisluire  polltiiJUe  lii;ms,ali)rsilii(  (le(.ll.lltll•^,lilconstnlil•ep^  1781. 

(Il  mili taire  du   prince   Kupône  "»  l'aiai»  Uoy.i  n....v.ii.n..  ,,1  r..|..ii.  ....  p.tit 

.          f     r      \   \r        \                                  .    ^  lln-iitre  dont  1rs  nctriirs  pnrrnt  le  \\o\\\  iW petit t 

par  le  gênerai  Vaudoncourl,   i'aris,  ff)«i.r//r/i.t</M<om/.- il.- Hcanjoiais.  i>.scoi...«iici.s 

18  "8       "  vol    •    les    lMrmt)irr<s    v//r  '"««"•"«««'"'""•'•''''^""••'"•"""'•'••"•'•"'r»'»''-: '''•'»- 

10^0,     -.    VUl.  ,     JI.S     auniOlK  s    sut  ,,u  ,,„,., Ir,,.„f;.nts. i..i..l-apM-'i  l.«  p.iv.l.'Re  «l« 

la    cour   du   prince   I^U^rnC,    elC.  ,  rAc.i(lfmii<  .oyi.li- .Ir  .imsi(|ucol  dr  rO;>.T0-Co- 

J.^-     TVyf      T.,     V¥¥¥       „    ..              '('   1        I  iiii.nir,  u'aviiiit  pas  la  pfi-.uisjion  do  ihnntor  »ur 

lar     M.    La    1     *%     SOUS-prelel      de  ,,  ,V.W.  .tni..,'  r.dmt,  ;^  fairr  d.,s  Ke^t".»-- 

lavenne  ,  i^aris,    1820  :    J)rrnirrr  dii  ip.'on  il.am.iit  pour  «nx  daun irs  co.iI.mcs. 

...              -        /^  Mal'M-««  rrs  «Mitravt»,   cr  llnàln-  sr  soiiliiit  a»ir 

cam/ufi^'nc  tir  I  armer  Jranco-ita-  ,,„.i.\h  juMp.r..  .:mo.  il  fnt  o..up.».n»ii.t.- pa.- 

iiuuv,  par  le  chev.  S.  J***"  ;  Précis  '•'  Tonp.Mir  la  Mo..tnnsi.M(/ .-/.  r.-..o.i.,  .\\i\, 

f   .             .'                .                    ,           .      '  .i'iJ)  lUsoii'.Mi    1.S07;  rt  d.'pt.is   rftJo.    il   ri»  or- 

/ll.U<fri(/UC     des     O/fVnilKUlS      TIuIi-  .up.»  par  la  noi.pr  <ln  Palnis-noynl.          A —t. 


BEA  BFA                   393 

iioiilrc  ,   nrct   K    parllr.   Il    ne    s\i-  plus   (raiitrc    remède    ({iriiii  voyaj^u 
gissall    plus    que    do    sorlir    do    la  dans  des  ronlrcrs  méridionales  ;  cl  le 
prison.  Le  coinlc  de   l^Mujolais  s'c-  conile   de   iu-aujolais  partit  pour  se 
cliappa  \c  promlor  au  moven  do  cor-  rendre   en  Sicllo  avec  le   duc    d'Or- 
(les  ([iril  s'olail   procurées  5  et   il   se  léans,  son  frère  ,  (pii  avait  promis  de 
rendit  droit   au  navire  qui  était  près  ne  pas  le  quitter.  OMij^c  de  s'arrêter 
de  mollre  II  la  voile.  Ct'daniaux  piiè-  à  Malle,  le  jeune  priuce   y  mourut, 
res  (lu  jeune  prince,  le  capilaine  con-  le  5o  mai  1808,  a  Tàge  de  vingl-lniiL 
sentit  a  alleudre  ({uelqucs  minutes  5  ans.                                      M — nj. 
mais  ,  le  duc  de  Moulpensicr  n'arri-  BEAULAC    (  Guillaume   )  , 
vaut   pas,    il   fallut   sVdoigucr.  Son  avocat  et  jurisconsulte  ,  né  en  Lan- 
frère  refusa  absolument  de  partir  sans  guedoc,  se  fît  connaître  par  la  publi- 
lui  ,  el  après  le  dépari  du  bâtiment,  cation  d'un  Répertoire  des  lois   et 
il  retourna  vers  la  prison  5   et  trouva  des  arrêtés  du  ^gouvernement    de 
au  pied  du   mur  le  mallieureux  duc  1789  à  l'an  XI  (i8o3\  par  ordre 
de  Monlpensii;r  qui  s'était  cassé  la  alphabétique ,     chronologique    et 
jambe  en  tombant.  Courant  aussitôt  h  par  classement  de  matières,  Paris, 
lui,  il  le  releva  dans  ses  bras  5  et,  ne  an  XI  ,    i8o3  5  2^  édition  ,    i8o4-  , 
songeant  qu'aie  secourir,  11  eut  bien-  in-8°.  Cet  ouvrage,  utile  pour  éclai- 
lôt  rassemblé  par  ses  cris  une   foule  rer    les   recbercbes   dans  le  dédale 
nombreuse,   et  Ions  les  deux    furent  des  lois  rendues  ,  depuis  la  révolu- 
reconduils  en  prison,  oii  on  les  garda  tion  ,  est  le  résultat  d'un  long  et  pé- 
pins miroitement  encore.  A  la  fin  de  nible  travail.  L'cspril  d'ordre  eld'a- 
1  796,  les  deux  frères  furent  déportés  nalyse   et   l'opiniâtreté  de   patience 
en  Amérique,  sur  un  valssenu  neutre,  qu'il  suppose  dans  le  classifîcaleur  , 
cl  ce  fut  a  Philadelphie  qu'ils  se  réu-  doivent  relever   le  mérite  d'une  en- 
nirent  a.  leur  frère  aîné ,  après  une  treprise    aussi  ingrate.  Le   plan  de 
séparation  de  plus  de  quatre  ans.  Ils  r>eaulac  est  exposé  d'une  manière  Irès- 
parcoururent  ensemble  dans  tous  les  lucide,  dans  une  préface  oi'i  11  donne 
sens  celle  vaste  contrée,  et  revinrent  la  preuve  qu'il  savait  aussi  bien  com- 
en  Europe  en  1800.  Ils  trouvèrent  a  prendre  la  législation   et  son  esprit, 
Londres  plusieurs  autres  princes  de  qu'il  avait  d'aptitude  pour  en  classer 
la   maison   de  Bourbon,  notamment  les  monuracnls.    On  trouve  en   lète 
Monsieur  ,    comte    d'Artois  (  depuis  des  titres  ,  sous   lesquels  il  a  rangé 
Charles  X),  qui  accueillit  avec  era-  les  lois  de  chaque  matière,  un  précis 
])rtssemcnt  leur  désir  de  réconcilia-  qui  aide  a  leur  inlelligence.  L'exac- 
tion ,  el  parut  avec  eux  en  public  dans  tiludc  des  dates  el  des  autres  indica- 
plusleurs  occasions,  leur  donnant  ton-  lions  y  est  portée  jus([u'au  scrupule, 
les  sortes  de  témoignages  de  blenveil-  Le  débit  rapide  du  Répertoire  en- 
lance  et  d  aflection.  Mais  les  rigueurs  gagea  l'auteur  a  en  faire  paraître,  îi  un 
de  sa  longue  captivité  avaient  fort  af-  an  d'intervalle,    une  nouvelle  édition 
faibli  la  santé  du  comte  de  Bcaujo-  revue  et  augmentée.  Il  profita,  pour 
lais,  et  il  ressentit  alors  les  allein-  l'améliorer,  de  sa  propre  expérience 
les  cruelles   d'une  affection  de   poi-  et  des  observations  que  les  personnes 
Irine.  Quelle  que  fùl  la  sagesse  de  versées  dans  la  connaissance  des  lois 
son  régime,  le  mal  ne  fil  qu'empirer,  cl  la  praticpie  des  affaires  lui  avaient 
En    1808,  les    médecins  ji'y  virent  coinmuni('uées.llondonncau,quiavait 


3g4  BÈA  BEA 

auàsi  formé  le  projet  de  publier  nn  de  ses  sertices  aux  batailles  de  Col- 
semblable  répertoire  ,  y    renonça  ,  lin  ,deBrcslau,  de  Leulhen  ,  de  Hoc- 
lorsqii'il  se  vit  devancé  avec  un  succès  kirchen,  etc.  ,  les  grades  de  major, 
auquel  il  applaudit  lui-même.  Après  de   lieutenant- colonel  ,   la  croix  de 
[a  mort  de  JBeaulac,  il  fit  d'abord  pa-  Marie-Thérèse  et  un  diplôme  de  ba- 
raître  des  suppléments  et    finit  par  ron.  En   1760,  la  paix  vint  cban- 
donner  une  nouvelle  édition  de  tout  ger  la  nature  de  ses  occupations.  Son 
l'ouvrage,  Paris,    i8i3-i8i6,    3  goiit  pour    les   arts   le   fit  charger 
vol.  in-8°,  La  Table  gcnerale  al-  des  plans   pour  rcmbellissement  des 
phabétique  des   luis,  etc.  ,  Paris  ,  palais  impériaux  5  presque  tous  furent 
imprimerie  royale,  i8i4,  4-  vol.  in-  exécutés  sous  ses  yeux;  et,  en  1768, 
8",  est  sans  doute  plus  complète,  mais  il  fut  attaché,  avec  le  titre  de  colonel 
elle  ne  peut  remplacer  entièrement  le  d'état-major ,  au  gouvernement  mili- 
Répertoire,  dont  la  distribution  era-  taire  des  Pays-Bas.    Cet  emploi  lui 
brasse  a  la  fois  l'ordre  alphabétique,  laissait  le  loisir  de  vivre  presque  con- 
Tordre  chronologicpie  et  la  série  des  stamraent  a  la  campagoe,  occupé  de 
malières,  en  les  faisant  concourir  au  soins  agricoles  et  de  l'éducation  de 
même  but.  On  a  donc  lieu  de  s'éton-  son  fi!s.  La  révolution  brabançonne  , 
ner  qu'un  savant  jurisconsulte  (M.  le  força  en  1789  a  servir  avec  plus 
Dupin  )  ait  avancé ,   sans   doute  par  d'activité.    Nommé    général-major  , 
jix^occw^^dihon  {i)^ que  la prcjcrence  il  prit  le  commandement  d'un  corps 
devait  être  accordée  à  la  Table  de  l'armée  autrichienne  (si  l'on  peut 
générale  alphabétique.  Chacun  de  appeler  armée  les  débris  de  quelques 
de  ces  index  a  une  destination  diffé-  régiments  réduits  par  la  désertion  a 
Fcnle    et    sou    utilité    particulière,  trois  ou  quatre  mille   hommes  )  5  il 
Keaulac  mourut  a  Paris,  le  2  5   août  attaqua  les  insurgés  ,  les  dispersa  sur 
1804.  L'étendue  de  seslnmièresdans  tous  les  points ,  et  par  un    zèle  qui 
toutes  les  parties  de  la  législation,  la  ne    se    ralentissait   jamais,    conlri- 
douceur  de  ses  mœurs  et  une  probité  hua  plus  qu'aucun  autre  h   terminer 
h  loule  épreuve  lui   avaient  concilié  cette  guerre  en  peu  de  temps.  C'est 
l'estime  générale.          L — m — x.  au  milieu  d'un  de  ces  combats  ,  qu'ap- 
*  BEAÏJLÎETJ  (JEAN-Piiznr.i:  ,  prenant  la  mort  de  son  fils  unique 
baron  de),  général  autrichien,  naquit  qui  venait  d'être  atteint  d'une  balle  , 
Je  26   octo])rc  172.'^,   au  village  de  il  dit,    avec  le  stoïcisme  d'un  i\o- 
Lalhuy   en  Brabant,  d'une    famille  main  :   «  Mes  amis,  ce  n'est  pas  le 


pauvre  ,    quoicpic    d'origine    noble.      «  moment  de  le  pleurer,  il  faut  vain- 
Après  une  éducation  dirigée  particu-      «  cre.  »  fje  collier  de  C( 
lièren'ont  vers  les  innlhéniatiqucs  ,  il 


Après  une  éducation  (lirii!;ée  particu-  «  cre.  »  fje  collier  de  commandeur 

de  Marie-'l  hérèse  lui  fut  envoyé  le  5  r 
entra  dans  la  carrière  A*:^  armes  en  mai,  et  le  brevet  de  lieulcnant-gé- 
174.")  ,  el  il  était  déjà  capitaine  néral  ,  le  2  octobre  171)0.  L'année 
d'inbuilerie  en  1747-  Aide-de-camp  «suivante,  Léopold  lui  ilonna  le  ré- 
(In  maréchal  Daim  pendant  la  guerre  giment  «pic  la  mort  du  général  d'O- 
de sept  ans,  il  siiisit  avec  avidité  ros/ laissait  disponible  ;  il  est  le  |irt'- 
toules  les  occasions  de  si<rnaler  son  mier  ollieier  belirc  (lui  ait  été  coloiiel- 
courage,  et  mérita  par  l'importance  propriétaire  d'un  régiment  hongrois. 
,  V  .  „          ; ~~. — •„  i*lacé  sur  les  frontières  des  Pavs-Has 

y)  '•i-aret  tHr  la  profession  a  uviivat,  t\V,,  li'^  ...               »    i      .  w      j' 

Wiiion,  loin.  II,  pojj.  357.  auFiclncns ,  u  Kl  lete  d  un  corps  peu 


Cnnsi(loral)le  ,   lieaulii'H    fui    all.unié  n'y  avait  ni  «:;.'iriiison  ,  ni  approvision- 
pri's  di' .lemmapjH's  ,   par  1p  <;i'iu'im1  iicmciils,  ni  rien  de  co   cpi'il   fallail. 
îiiroii ,  le  ::(}  mai  \'->()'2.  Il  parvint  à  ponr  sonicnir  nn  ,sir|^«'.  Ce  fui  pour 
se  mainlenir  sur  la  di-lViisive ,  el  le  avoir   le    temps    de    faire   cps    pré- 
leudeinain,  ayant  rcni  (piehjiu's  reii-  paralifs    (jii'il   essaya  de  tenir  sur  le 
forls.  il  sortit  de  SCS  rcirancliemenls,  ro  el  sur  TAdda.  La  défense  «(u'il 
battit  les  Français ,  cl  les  poussa  jus-  fil    au    pont  de  Lodi  enl  mérité  de 
(jue  sous  le  canou  de  A^ilencienues,  meilleurs  résultats^  mais  rien  ne  pou- 
Tel  fut  le  premier  fait  d'armes  d'une  vail   résister  a  rimpéluo.sité  de  son 
pucrre  qui  devait  être  si  longue  ,  si  jeune  adversaire.  Après  avoir  laissé 
meurtrière,  el  lanl  de  fois  désastreuse  dans  la  place  la  moitié  de  son  armée, 
pour  rAulriclie.  Heaulieu  rut  des  suc-  il  se  retira  derrière  leMincio  ,  et  se 
ces  l'année  suivante  eu  Flandre,  où  vit  bientôt  obligé  ,  le  21  juin,  de  re- 
il  sauva  Fumes  etrepril  Mcnin.  Il  ser-  mettre  le  commandement  a  Wurmser, 
vit  encore  dans  la  province  deLuxcm-  que  la  fortune  traita  plus  mal  encore, 
bourg  en  1  794^,  cl  soutinlle  00  avril ,  Il  se  relira  alors  dans    un   château 
près    d'Arlon  ,   avec    un    corps   de  qu'il  avait  acbeté  près  de  Linlz  :  c'é- 
nuinze  mille  hommes,  les  efforts   de  lait  le  seul  bien  qui  lui  restât  d'une 
l'armée  de  la  Moselle  tout  entière,  grande  fortune.  Les  patriotes  belges 
que    commandait   Jourdan.    Le    19  avaient  pillé  sa  maison  prèsdejodoi- 
mai  ,  il  se  rendit   maître  de  Bouil-  gnes  dans  les  ]\'iys-Bas ,  en  1789,  cl 
Ion  ,    ce    qui   lui    valut   la    grande  détruit  sa  biblolhèquc ,  sa  collection 
croix  de  Marie-Thérèse.  Il  remplit ,  de  caries,  son  cabinet  de  médailles 
en  1793,  les  fonctions  de  quartier-  et  d'antiquités.  En  1794-5  les  trou- 
maître-général  de  l'armée  de  Cler-  pes  françaises  avaient  encore  pillé  et 
fayt,  sur  le  Rhin  ;  mais  ce  rôle  secon-  réduit  en  cendres  celle  belle  proprié- 
daire  lui   plaisait  peu.   Au  mois  de  lé  j  son  iils  unique  était  mort  sous  ses 
mars  1796,  il  recul  le  commandement  yeux  5  son  gendre  ,  le  baron  de  Mal- 
en    chef  de  l'armée  dTlalic  avec  le  camp  ,  qu'il  venait  d'adopter  en  lui 
grade  de  général  d'artillerie  {feld-  donnant  son  nom,   avait  reçu  sur  le 
zeitgmeistcr)  5     mais  sa  réputation  champ    de    bataille   d'Oslerach    une 
militaire  ne  servit  qu'a  faire  mieux  blessure  mortelle  •  enfin  l'armée  fran- 
remarquer  la   supériorité    du  vain-  caise,  marcbant  sur  Vienne  en  ioo5 
queur    de    Montenotte.    Dans  celle  et  1809,  dégrada  encoreson  château, 
bataille  ,    où    Bonaparte    commença  el  lui  causa  des  perles  considérables, 
son  éclatante  carrière,  Beaulieucom-  Si  l'on  ajoute  a  ces  chagrins  les  tristes 
mit  la  faute  grave  de  trop  étendre  souvenirs  de  la  campagne  de  1796 
sa  ligne  ,   et   de   vouloir  couvrir   la  qui  avait    pour   ainsi   dire    obscurci 
place  de  Gènes  ,  h  laquelle  l'ennemi  cinquante    années  de  services  el  do 
ne  pensait  pas.  Ensuite  il  fut  mal  se-  gloire,     on    s'étonnera    sans    doute 
coudé  par  d'Argenteau,  qui comman-  qu'il    ait    pu    prolonger    son    exis- 
daitle  centre  de  l'armée  austro-sarde,  tencc   juscpi'h   qualre-ving'.-cpiatorze 
Se  trouvant  brusquemenl  séparé  des  ans.  Il  mourut  a  Lintz  le  22  déc. 
Piémontals  jiar  les  mouvements  rapi-  1819.  On  assure  qu'il  a  rédigé  des 
des  de  l'armée  fanraise,  il  ne  songea  mémoires  (en  français)  sur  ses  cam- 
plus  qu'à  couvrir  Milan  ,  el  surtout  K  pagnes,  mais  il   est  douteux  qu'ils 
assurer  la  défense  de  Manlouc  ;  où  il  voient  jamaib  le  jour.  Beaulieu ,  mal- 


396  BEA  BEA 

gré  ses  revers  enllalie,  doit  êlre  ir-  versaires,  déjà  maîtres  de  la  popu- 
gardé  comme  un  général  estimable,  lace  j  et  les  Feuillants,  pour  qui  ce 
S'il  n'était  pas  doué  de  ce  vaste  coup  nom  devint  deux  mois  plus  lard  uk 
d'œil  et  de  cette  réunion  de  qualités  titre  de  proscriplion  ,  ne  pouvant 
diverses  si  nécessaires  pour  la  conduite  compter  sur  l'appui  de  l'autorité  mu- 
d'une  grande  armée,  il  savait  du  nicipale  qu'ils  réclamaient  vainement, 
moins  fort  bien  faire  manœuvrer  un  cessèrent  de  se  réunir.  Invariable 
corps  de  quinze  a  vingt  mille  liom-  dans  ses  opinions,  Beaulieu  concou- 
mes  ,  et  il  possédait  surtout,  h  un  ml  hARiédcichou  du.  Posti/lon  de  la 
très-baut  degré  ,  l'art  d'électriser  le  guerre^  journal  qui  signalait  avec 
soldat. — Trois  frères  de  Beaulieu,  beaucoup  de  courage  les  cbefs  des 
militaires  comme  lui,  étaient  morts  anarcbistesetleursprojelsdésastreux. 
les  armes  a  la  main  dans  la  guerre  de  Le  ministre  De  Lessart  faisait  les 
sept  ans.  Sï — t.  fonds  de  cette  feuille  5  mais  Beaulieu 
BEAULIEU  (  Claude -FrAi\-  l'ignorait,  cl  il  déclare  qu'il  ne  con- 
çois), liistorien  et  publiciste,  Uciquit  sentit  a  y  travailler  que  parce  qu'elle 
en  175.4,  a  Riora ,  où  il  fit  de  était  rédigée  dans  des  principes([uifu- 
bonnes  études.  Ne  trouvant  pas  dans  rent  toujours  les  siens  (Voy.  hssais 
sa  province  a  se  placer  d'une  manière  sur  la  révolution  y  IV,  218).  Après 
conforme  à  ses  goûts,  il  vint  h  Pa-  la  journée  du  01  mai,  arrêté  comme 
ris  en  1782,  et  s'étaut  lié  avec  quel-  suspect,  il  fut  jeté  dans  les  prisons  de 
ques  gens  de  lettres,  il  s'occupa  d'é-  la  Concicigcrie  où  il  passa  quatre  a 
conomie  politique,  science  qui  ne  cinq  mois  ,  et  fut  transféré  au  Luxem- 
complait  alors  en  France  (ju'un  bien  bourg,  d'où  il  ne  sortit  qu'à  la  chute 
petit  nombre  d'adcples.  A  la  révolu-  de  llobespierre.  Pendant  qu'il  élail  a 
tion  il  fut  le  principal  rédacteur  des  la  Conciergerie,  il  y  vit  amener  les 
JS  o  uv  el  le  s  de  f^  ers  ai  lies  [l'^j^ownrÀ  principaux  chefs  de  la  Gironde;  et, 
qui,  plus  tard  prit  le  titre  iï'As-  quoiqu  il  n'eût  cessé  de  blâmer  leur 
semblée  nalionale ,  et  il  y  défen-  conduite  et  de  combattre  leurs  opi- 
dit  avec  un  talent  rcmarqiia])le  les  nions,  il  ne  put  s'empèchertlc  lémoi- 
principes  de  la  monarchie  tempérée,  gncr  un  vif  intérêt  a  des  malheureux  , 
Trop  instruit  pour  ne  pas  reconnaître  égarés  par  des  théories  dangereuses , 
la  nécessité  de  réformer  les  abus  qui  mais  pour  la  j)hipart  pleins  de  lalenls 
s  étaient  glissés  dans  les  diverses  et  de  probité.  Sa  position  au  Luxein- 
Lranches  de  l'administration,  il  se  bourg  était  un  peu  adoucie  par  la  len- 
bornait  a  demander  qu'en  essayant  dresse  de  sa  femme.  «  Elle  venait  tous 
d'y  remédier  ,  on  prît  garde  de  tout  «  les  jours  avec  un  enfant  de  ([uehjues 
détruire.  Beaulieu  fut  Tuu  dcf,  pre-  «  mois  (ju'elle  allaitait,  passer  deux. 
mi(  rs  numi)res(lii  club  des  Feuillants,  «  ou  trois  heures  a  la  porte  de  la  pri- 
([ue  l(\s  dépulés  con^liltlli()^nel.s  fou-  <f  son,  ou  rôder  dans  le  janlin  avec 
dèreiiten  1791  pour  l'opposer  à  celui  «  celleiiin()cenlecréature,souslesfe- 
des  Jacobins  qu'ils  redoutaient ,  .sans  «  nèlres  du  terrible  château  n{Jhiil. 
])révoir  toul<'  1  influence  <[ue  ceux-ci  V,  3^5).  Dès  (ju'il  fut  libre,  lîeau- 
devaient  bientôt  exercer.  Ce  club  110  lieu  reprit  le  métier  de  journaliste  , 
put  résister  aux  attaques  de  ses  ad-  qui  ne  paraissait  plus  aussi  dange- 
"77" : reux.    CepenilanI,   au    18    fruelidor 

1>)  I.P  prcniinr  iniiiK  l'o  u«  ro  joiininl  piirut  1«»  ,  ,  '  v       -i    r  »  •      i 

a3  juiiii-jHy.  (4  sept.  J797) ,  Il  lut  compris  clans 


ni:  A. 

Ici  llsU"  lies  iloportcs  comme  l'un  des 
raliirleiirs  ilii  Miioir  cl  ilc  lii  (t(i- 
zcttc  uniK'ci'scllc  (:•),•  mais  il  par- 
\iiil  il  se  soiislraire   aux  rechciclies 
lie  la  police  ,  el  se  linl  caclié  dans  les 
cu\  irons  de    Paris.   Sa   proscription 
durait  encore  lorsqu'il  eut  le  nialiiciir 
de  perdre  sa  femme  et  son  enl'ant. 
Keslé   seul  au  monde,  il  accepta  la 
j)lace  de  secrétaire  du  comte  de  WcX- 
dershucli ,  préfet  de  TOise  ,  cl  rédi- 
gea le  journal  de  ce  département  jus- 
ipili  la  fin  de  i8i5.  A  celte  époque, 
il  revint  a  Paris  ,  elil  ohliul  du  gou- 
vernemenl  royal  une  faible  pension. 
Il  alla  ensuite  s'établira  Marly,  où  il 
mourut  au  moisdesept.  i  827,  empor- 
tant Tesliiue  et  les  regrets  de  tous  ceux 
( juiravaieul connu  (5).  Appelé  en  I  820 
il  Bruxelles,  par  le  comte  de  LaMarck 
qu'il    avait   vu    à  l'assemblée    con- 
stituante, il  n'eut  point  à  se  féliciter 
de  son  séjour  dans  cette  ville  {V^oy. 
Are-mberg,  LVI,  4^07).  On  a  de  lui; 
I.  essais  historiques  sur  les  causes 
et  les  effets  de  la  révolutioiij'ran- 
ra/se,  Paris,  i8oi-o3,  6  vol.  in- 8°. 
Cet  ouvrage,  écrit  avec  une  impar- 
tialité remarquable  ,  est  Tun  des  meil- 
leurs que  l  on  puisse  consulter  pour 
Thistoire  des  dernières  années  du  18° 
siècle.  Témoin  de  la  plupart  des  évé- 
nements qu'il  raconte  ,  les  récils  de 
Beaulieu  sont  pleins  d'intérêt  et  semés 
d'anecdotes  curieuses.  Eu  jugeant  les 
])rincipaux  acteurs  de  ce  grand  drame, 
il  lait   la  part  des   circonstances  où 
ils  se  sont  trouvés ,  el  ,  sans  affaiblir 
leurs  loris,  montre  que  la  plupart  sont 
encore  plus  a  plaindre  qu'a  blâmer. 


(>)  lît-firoi  de  Rei^ny  fait  un  graïul  cloge.  de 
ev  journal,  cl  de  Beaulieu  sou  réd.icleur. 

(3;  Il  avait ,  après  le  9  thermidor  ,  sollicité  la 
libellé  de  MADàME  .  fille  de  Louis  XV'l  ,  diU-iiue 
dan»  la  prison  du  Teiîipli-;  il  l'iioimeur  de  celle 
(onduile  ayant  été  allrilnié  par  quelf|ues  jour- 
naux à  M.  de  Marsan  ,  l'eaulieu  réclama  par  une 
lettre  luivicu  daus  la  (Quotidienne  du  aOjauvicr 
1818. 


BEA  397 

II.  Hè/lfxlom  sur  les  réflexions  de 
M.  Jic/'i^dssc  su/-  l'acte  co/isl/tii- 
tionneldn  se/itil,  ibid. ,  i  8  1 4,  in-8". 
m.  Le  Temps  présent,  ibid. ,  i  8 1  5, 
in -8".  IV.  /^a  Résolution  fran- 
çaise y  considérée  dans  ses  effets , 
sur  la  civilisation  des  peuples , 
ibid.,  1820,  in-8'\  Beaulieu  a  ré- 
digé dans  \' Histoire  de  la  Révolu- 
tion  y  par  deux  amis  de  la  li- 
berté, le  volume  qui  contient  le  récit 
des  événements  de  l'année  1792. 
L'un  des  collaborateurs  de  la  Bio- 
graphie universelle ,  il  y  a  fourni 
des  articles  importants  sur  les  con- 
temporains ,  tels  que  ceux  de  Dan- 
Ion,  deFouquier-Tainville,  d'Hébert, 
de  Marat,  de  Picbegru  ,  etc.  (4-)'  H 
avait  commencé  une  Histoire  des 
Journaux  pendant  la  révolution  j  et 
personne  n'était  plus  que  lui  à  mê- 
me de  bien  faire  un  pareil  ouvrage. 
Peu  de  personnes  connaissaient  aussi 

(4)  Dans  un  des  numéros  de  !a  Revue  de  Paris 
du  mois  de  mars  dernier ,  consacré  presque 
toul  entier  à  la  louange  de  Picliegru  ,  l'article 
<iuc  notre  collaborateur  Beaulieu  a  rédigé  sur 
«e  g(''n('ral ,  pour  la  Biograpliie  unh'cnelle  ,  a  été 
erili([ué  amèrement,  parle  seul  motif  que,  selon 
le  rédacteur  de  la  Même  de  Paris,  il  n'est  pas  vrai 
<[ue  Picbegru  ait  été  dévoué  aux  Bourbons, 
lorsc[u'il  était  général  de  la  republique.  A'ous  ne 
cbercherons  pas  à  démontrer  ,  ce  qui  serait  trop 
facile,  qu'une  telle  opinion  est  contraire  à  l'évi- 
dence des  faits  ;  ce  n'est  pas  ce  qui  nous  a  le  plus 
frappés  dans  la  notice  de  la  lîatte  de  Paris  ,  c'est 
la  préférence  que  l'auteur  de  cette  notice  donne  à 
l'article  Picbegru  de  la  Biog'ajj/iie  des  Coiilcmpo- 
rains.  Très-éloiinés  d'une  telle  préférence,  nous 
avons  voidu  reconnaître  si  ,  contre  leur  usage, 
1rs  rédacteurs  de  ce  dernier  ouvrage  avaient  réel- 
lement fait  dans  cette  occasion  mieux  que  la  liio- 
graphie  uiii>ersclle,  ou  s'ils  ne  l'avaient  pas  servi- 
lement copiée  ,  connue  il  leur  est  presque  tou- 
jours arrivé.  Quelle  a  été  notre  surprise,  lorsque 
nous  avons  vu  ((ue  l'article  Picbegru  des  Cou- 
tcmp'iruins  est  copié-  presque  littéralement  sur 
celui  de  la  Bingntpltie  universelle,  rédigé  par  IJeau- 
lieu,  même  dans  les  assertions  blâmées  par  la 
Revue  de  Paris  quant  à  noire  ouvrage,  mais 
lunées  si  ridiculement  et  de  si  mauvaise  foi 
quant  à  la  ISio^rapliie  des  Contemporains.  \o\\lx. 
comment  on  écrit  l'histoire,  ou  plulé)t  voilà  com- 
ment on  en  raisonne,  et  comment  on  juge  les 
historiens  danscei  tains  jcmrnaux  1  V.\  ce  qu'il  est 
bon  (le  remar(pjer  ,  c'est  que  la  Riographie  des 
Contemporains  est  redig<e  par  trois  académi- 
ciens ,  el  que  l'article  de  la  Revue  de  Paris  est 
signe  par  un  autre  académicien.  M — dj. 


r. 


398  B£A 

bieu  que  Beaulieu  les  hommes  et  les 
choses  de  notre  époque.  Mais  cet  ou- 
vrage ,  quil  n'a  pas  eu  le  tecips  de 
finir  ,  ne  verra  probahleraeut  jamais 
le  jour.  W — s. 

BEAULIEU  (  Charles  Gillo- 
TON    DE  ) ,    publicislc  ,   qu'un    assez 
grand  nombre  d'opuscules,  tous  écrits 
dans  des  vues  d'utilité  générale,  n'a 
a  garantir  de  l'oubli,  appartenait  a 
a  secte  dont  le  docteur  Qucsnaj  , 
Mirabeau  le  père,  l'abbé  Bandeau  et 
Dupont  de  INemours  ont  été  les  chefs 
et  les  principaux  organes.  Signaler 
les  abus  qui  s'étaient  glissés  dans  les 
diverses  branches  de  Tadminislration, 
ea  indiquant  les  moyens  de  les  cor- 
riger;  favoriicr  les  progrès  de  l'a- 
gricullure  par  une  meilleure  répar- 
tition des  impôts,  et  ceux  de  l'industrie 
par  la  suppression  des  enlravcs  qui 
gênaient  son  essor  5    tels  étaient  les 
vues  et  le  but  des  économistes  :  mais 
dépassés  par  leurs  disciples  ,  qui  le 
furent  par  leurs  successeurs,  ils  con- 
tribuèrent ,  en    examinant  ses  bases 
constitutives,  au  renversement  de  la 
monarchie  ([u'ils    se  proposaient  de 
consolider.  Beaulieu  dut,  comme  tous 
les  économistes,  embrasser  avec  cha- 
leur la  cause  de  la  révolution  et   les 
espérances  (ju'cUe  faisait  naître.  Ce- 
pendant on  ne  trouve   son    nom   ni 
dans  la  liste    des   électeurs  de  Paris 
de  fj^^,  ni  plus  tard  dans  celle  des 
commissaires    des  sections.   D'après 
(|Uol(|iies-uns  de  ses  opuscules,  ou  voit 
qu  il    avait  fait  une  ctude  spéciale  de 
loules    les     ([ucslions     financières  ; 
mais  on   n'ose  pas  allirnuM-  (juo   l'é- 
crivain (jui  fait  le   sujet  de   cet    ar- 
ticle  soit    le   même   que   Beaulieu  , 
membre  du  bureau  de  comptabilité  , 
(pii    remplaça   i'ilavière  au  ministère 
ikn  finances,  le    lô  juin    1792,  et  se 
relira  le  29  juillet,  n'ayant   gardé  le 
porle-fculllcipreuviron  six  semaines. 


BEà 

Celui-là  était  né  en  Bretagne  ,  pro- 
bablement a  Redon.  Outre  nne  tra- 
duction de  la  Science  du  gouver- 
nement y    revue  par    l'auteur  ,    qui 
fit    a  son  ouvrage   des  additions  et 
des  changements  importants  {^Voy. 
GoRANi ,  au  Supp.  )  ,  on  a  de  Gil- 
loton  de  Beaulieu  ;  I.  Démonstra- 
Liondes  vices  de  l' impôt  territorial 
en   nature.  II.   Mémoire   sur    les 
moyens  de  perj'ectioîiner  les  mou- 
lins   et  la   monture    des    grains , 
1786.    III.  Mémoire   sur  la  sup- 
pression de  certains  impôts ,  adres- 
sé a  l'assemblée  des  notables,  1787. 
IV.  De  V aristocratie  française  ^ 
ou  réfutation  des  prétentions  de  la 
noblesse,  et  nécessité  d'en  supprimer 
l'hérédité,  1789,  m-^^ .N .  Mémoire 
sur  les  droits  J'éodaux,  présenté  a 
l'assemblée    nationale  ,     1789.  VI. 
Procès  de  la  fioblesse  et  du  cierge, 
d'après  les  faits  extraits  de  l'histoire 
de  France,  1789,  in-8°.  VII.  Prin- 
cipes du  gouvernement  et  projet  de 
réforme  dans   toutes   les  parties  de 
l'administration,   1789,  in-S".  VIII. 
J)c  la  nécessité  de  i^endie  les  biens 
de  l'église  et  ceux  des  ordres  de 
chevalerie  pour  payer  la  dette  pu- 
blique, 1789.  IX.  J)e  la  liberté  ile 
la  presse^  principal  moyen  d'instruc- 
tion et  de    réforme,  1789  ,    in-8°. 

X.  Rejlexions  sur  la  nécessité 
(rétablir  renseignement  de  la 
science    de   r économie  politique. 

XI.  De  la  nécessité  de  rendre  nos 
colonies  françaises  indépenddntes 
et  de  supprimer  noire  art  de  naviga- 
tion, in-  1  2.  W — s. 

hEAI  MAXOlll  (  Phitippi 
nK),chevalicr(i),  l'un  des  plus  anciens 
jurisconsultes    français  ,  naipiil  d.iii.s 


(1)  Siiivnnt  Mon'ri.ct  qnrlqiirs  (infri-s  ^.ni'.ilo- 
pistes  .  l'hilippc  île  Hciuiiniiioir  »rniit  un  «1rs 
ihrU  «l«>  In  m.iison  Lnrardiii  (fc/.  eu  UOM , 
NMII.  iij;. 


BK/V  BEA  399 

le  Bcauvoisis,  vers  le  niilieii  tlii  lo"  siccl(v<;.  Il  ollrc,  pour  ainsi  dire  en 

siôclc.    C'est   (le    liii-iiu-me  (jiic  nous  reliel,  le  rcj^ime  fcodal  avecses  j^iier- 

tcuuiis  celle  iiuliraliou  :  y'<^u/' cv;  (//a?     rcs  cl  ses  trêves,  les  comtiuiues  avec 

nous    sommes  (fir/iciui  pais   (2).  leurs  francliises,   les  deux  puissances 

Son  /<///;^'</t;7' d'ailleurs  ,  (lil  Loisel,  /^«6' (lai(jue  )  el  ccclâsùislique,  ar- 

Ic    montre.    mixiiifcslcinctiL.    SaiuL  mrcs   c/uicunc  d'u/ic    ('pcc,    luna 

Louis    ayant    fail    don    à    Robert  ,  temporel ,    Vaitlre  espiriliud,   cl, 

sou    ciiKjuiènie    fifs  ,    du    conilc    de  pardessus  loul  cela,  le  .souverain  do- 

Clerinout,  celui-ci  choisit  Bcauma-  luiuaut  la  hiérarchie  polilicpie,  mais 

noir  pour  conseiller  et  bailli  j  et  ce  soumis  lui-même  aux  lois   de   c(>llc 

fui  aiusl  {[u\)ii  le  vit  remplissaul  pour  inféodalion  graduelle  (|ui  commençait 

ce  prince    la  cliarge  de   chef   de    la  à,  la  glèbe  et  ne  finissait  pas  toujours 

justice   dans  ses  domaines,  se  Irans-  an  Irôue.   Sous  le    nom  général  de 

porter  successivement  où  il  eu  était  cousiumes^(\^\  ensuite  a  été  restreint 

i)esoin  ,    et  présider   les  plaids   de  aux  seules  dispositions  de  droil  civil 

Clermout  en  i:!8o,  cl  ceux  de  Ver-  Beauraanoira  rassemblé  presque  tou- 

maudois  eu  12S5.  Il  devini  bailli  de  Ifs  les  lois  qui  régissaient  les  hommes 

ce  dernier  comté  en   i  289  ;  el  ce  fut  cl  le  territoire.  On  j  trouve  jusqu'à, 

alors    qu'il  enirepril  le   vovagc    de  des  règlements  qui  depuis  ont  formé 

Rome   par   ordre   du  roi.    Quoi(pie  l'i  malicre  de  celte  branche  de  l'ad- 

Ton  ne  connaisse  pas  bien  l'objet  de  ministration  appelée /7o//c6'.  Il  en  est 

celte  mission,  il  y  a  lieu  de  conjeclu-  de  relatifs  aux  poids  et  mesures,  aux 

rer,    d'après  plusieurs    passages  du  foires   et  marchés  ,   aux  pèlerins  et 

livre  qu'il  nous  a  laissé,  que  le  sou-  marchands,  aux  insensés,  aux  hôlel- 

verain  trouva  en  lui  un  zélé  défenseur  lerics   et  maladeries,   aux   usuriers 

des  droits  de  la  couronne  auprès  du  etc.  La  législation  criminelle  et  la 

Saint-Siège.  On  remarque  dans  la  sui-  procédure  qui  doit  s'observer  dans  la 

te  des  badlis  de  France  auXIIP  siè-  poursuite  des  tnesfels  et  larrecins. 


r 


ipp 


Tours  eu    1292.  Selon  Ducauge  et  des  lois  et   des  règlements  en   usage 

Louvet  ,    historien   du    Beauvaisis  ,  au  XIIP   siècle^  il  est  heureusement 

il    fut    bailli    de    Scnlis    en    1293  coupe  et  éclairci  par  les  observations 

et    1295.  Beaumanoir  avait   épousé  judicieuses  et  cpielquefois  profondes 

Mabile  de  Boves,  d'une  illustre  mai-  de  l'auteur.   Loisel  a  donc  eu  raisoa 

sou  de  Picardie.  Il  mourut  en  1296.  de  dire  que  «  c'était  le  premier  et  le 

Les  coutumes  de  Bcauvoisis  ,  recueil-  «  plus  hardi  œuvre  qui  ail  été  com- 

lies  pnr  lui  en  1285,  sont  le  monu-  «  posé  sur  les  couslumes  de  France, 

ment    le    plus    précieux    de    notre  «  Car  c'est  luy  qui  en   a    rompu  la 

ancieu  droit    Ce  n'est  pas  seulement  «  glace   et  ouvert  le  chemin  à  Jean 

comme  type  de  la  législation   civile  ,  «  le  Boulciller  et  tons  ceux  (jui  sont 

c'est  comme  représentant  au  vif  l'état  «  survenus  depuis.  Car  Messirc  Pierre 

de  la  soclélé   dans  le  12"  et  le  i5"  «des  Fontaines,  conseiller  et   mais- 

(c  tre  des  retpiesles  de  saint  Louis, 

(»  Proio^^uc  de.  Cuuumrs  de Brau.ouu.p. , .  «  authcur  du  livrc  dc  hi  roiue  Blan- 

\i)  Ilouvd  examen  de  luia^c  sciicnU  des  fiejs,  ,  ,         .  .  'wnn.   uiaii 

loin. i.pag. 489.  «  eue,  n  avait  point  passe  si  avant  j 


4oo  BEA.  BEA. 

a  il  appert  par  son  livre  qu'il  était  notes,   des  observations  et  un  glos- 

«  grand  légiste,  canoniste  et  cousLu-  saire  sous  le  titre  de  Couslu/nes  de 

«inier»  {^).    Le  livre    de  Beauma-  BeauvoisiSj  parmessire  Philippes 

noir  ne  fut  pas   seulement  d'un  haut  de Beaumanoir{j).  Assises  etbons 

Iirix  pour  les  jurisconsultes:  nos  pu-  usages  du  royaume  de  Jérusalem, 

)licisles  et    surtout    Montesquieu  y  parmessire  Jean  d'IbeliUj  et  au- 

découvrirent  un    grand    nombre   de  très  anciennes  coustumes ,  le  tout 

dispositions  qui   ont  servi  a  éclairer  tiré  des  manuscrits ,  Bourges  et  Pa- 

l'origine  et  la  marche  de  nos  ancien-  ris,Billaine  et  Jacques  Morel,  1690, 

nés  institutions.  L'auteur  de  riii7?r/f  in-fol.  Cet   ouvrage,   devenu    rare, 

des    Lois  dit  qu'on   doit    regarder  mérite  d'autant  plus  d'être  recherché 

Beaumanoir   comme  la  lumière  de  que,  selon  l'observation  de  M.  Dupin 

son  temps  et  une  grande  lumière  aîué  (8)  ,  //  est   probable  qu'il  ne 

(liv.  XXVIII,  chap.  45).  Il  appelle  sera  jamais  réimprimé.    Les  notes 

ailleurs   son   livre    admirable    ou-  de  l'éditeur,  remplies  d'une  érudition 

'vragei^'w.  XXVI,  chap.    i5).Les  substantielle,    attestent    qu'il    était 

historiens  français  et  auglais,  Robert*  également  versé  dans  le  droit  et  dans 

son,  Stuart  ,  Eallava,  etc.  ,  qui  ont  la  connaissance  de  noire  histoire.  Le 

tracé  le  tableau  des  progrès  delà  so-  glossaire    contient   l'explication  d'uu 

ciété  en  Europe,  s'aident  a  chaque  pas  grand  nombre  de  termes  juridiques 

du  témoignage  du  balili  de Clermont.  que  l'on  cherche  en    vain  daus  l'é- 

On  a  lieu  de  s'éloniu'r  qu'un  recueil  dilion  de    l'ouvrage    de    Ragueau  , 

aussi  précieux  n'ait  pas  été  imprimé  donnée  par  Laurlère  [Voy.  ce  nom  , 

avant  la  fin  du  ly*"' siècle,  si  l'on  ré-  au    Supp.  )  (9).     Parmi   les    motifs 

fléchit  surtout   que  les  Pilhou  ,    les  qui   déterminèrent  La  l'haumassière 

Chopin  ,  les  Loiscl  ,  les  Dumoulin  ,  à  publier   cet    ancien   code  ,   il    met 

etc.,  en  avaient  eu  connaissance  et  y  en  première  ligne  la    nécessité  «  de 

avaient  trouvé  d'amples  matériaux,  «découvrir  la  source  où  nos  meilleurs 
ce  Caroncins  avait  promis  de  le  donner  «autheurs  et  Dumoulin  même  ont 
«  au  public  et  de  l'illuslrcr  de  ses  «  puisé  leurs  plus  pures  lumières,  et 
a  commentaires  5  Loisel  dit  (ju'il  l'a-  «d'où  ils  ont  tiré  leurs  plus  solides 
a  vait  remisa  Douceur,  libraire.  Le      «principes,  m  A  la  coutume  de  Beau- 

«  célèbre  avocat  Ricard  avait  pris  la  voisis  il   joignit    celle  de  la  ville  de 

«  peine  de  le  copier  entièrement  de  Riom  ,    connue    sous  le  nom  iXAl- 

«  sa  main  pour  le  publier  »  (5).  J^îais  phonsinc^   parce  qu'elle  fui  rédigée 

l'houneur  de  le  mettre  au  jour  était  i)ar  ordre  d'Alphonse,  comte  de 
réservé  a  Thaiimac  de   la  Thaumas-      Poitou,  frère   de  .siinl  Louis;   ainsi 

sièrc,  (jui,  ayant  eu  communicallon  (jue    les    anciennes    coutumes   d  Or- 
de  trois  manuscrits  dont  l'un  a|)par- 
lenalt  a  Colbcrl  (6),  fil  paraître  une 
excellente  édition  du   lexle  avec  des 


tenait  a  Colbcrl  (6),  fil  paraître  une         (7)  Lts  mumisorits  |iort«-iii  ptmr  iniitul.-.-  c* 

foiiimmche  ii  tivrrs  des  Coustnmvx  il  des  tuuif^es  da 
Jtniiivoisis  ,  srion  ce  qu'il  coui oit  ou  (ans  ijiio  vtst  J.i- 

.^____^^^__         fies  fu /''Z  ,  i-'t'sl  nssni'oir,  en  l\m  df  fnicaiiiulion 

JVvslre  .Scij^ufitr  M .  ('('.  I.\  \  .\  cl  trois.  L«  nom  ilr 
(4)    Mémoires   dfs  /inp  ,  villrs  ,  comtr  ,  etc.,  de        Ueaiimaiiuir  ne  sr  lit  iiu'à  la  fin:  Iifii  dffine  l'/r- 
Ihumais  ft   lli-auvoisis  ,    i(Ja7,    iM-4"i    tl>!>l>-   vu.        lipjic  dr  lluiiimuiioir non  livre. 

(f»)    Cousliinin  di' /huiii<>:.,is  ,   AviMt.   tlo   i'iioii-  ^g)   Aotires  liisli>ri([Ufs  et  cn'liquet  sur  fitusiruis 

niucdr  In  Thituiiin!iKiri'r^/'"/,(:r  iiDiii,  M.V,  ï.)'**).        litres    de  jiiriprudeiice  fioiirniie  rtmtirtjuaùlts  /mr 

(b)  N"    i(>44>    l'odic.  muiiiisciiut.    Colùertiii.  ;       /<•«»•  (}/;//»/«//(• ,  Tafi»  ,  iSïo  .in-»",  |».  4  î- 
Moiiiriiticoti  ,    llibtioihtva   lliblinlhinurum  maitut-  («j)   (.lossairt  du  Droit  tranv^is ,   J'aiij,    >7o4  i 

rriptor.  ,  in  fol.  ,  (nui.  Il,  \t.  «jJ8.  a  vol.  iu-4*. 


liVA 

Ii'.uis,  tirera  d'un  Ii\t('  m  vriin  , 

(iiic  lui  Jivail  coiniminiijiic  Prousl  de 

(.liainhoiirp;  ,     prolVsseiir    en    droit 

il  Oile'.ms.  Ji — M — X. 

HKAl;MA\()lK(lcl)aroncle), 

lillcralciir,  était  né  verii  i  720,011  Drc- 

latino.  Avant  embrassé  la  iirofcssioii 

II 
di's  armes  ,  il  entra  dans  les  mouscjue- 

laires,  et  lit  avec  distinction  plusieurs 
eainpaj^nes  ru  Flandre  et  en  AUcma- 
j^ne,  A  la  paix  de  1760,  il  fut  mis  h 
la  relraile  ,  cl  dès-lors  clicrciia  dans 
la  culture  des  lettres  un  noMe  délas- 
sement, 11  devait  donc  être  dans  un 
âge  avance,  lorsqu'il  publia  le  recueil 
de  ses  écrits  en  prose  et  en  vers,  sous 
le  litre  à  OjL'ui'rcs  diverses^  Lau- 
sanne (Paris) ,  1770,   2  vol.  in-8". 
Le  premier  contient  deux  tragédies  en 
cinij  actes,  Osman  III et  Laodicc^ 
reine  de  Carlhage^  sujet  déjà  traité 
"par  Thomas  Corneille  5  deux  comé- 
dies ,  les  Ressources  de  l'esprit, 
eu  cinq  actes  et  en  vers,  et  les  31a-- 
riages ,   en   un   acte  et  en  prose  5 
Zéllane  ,  tragédie  lyrique  ,  el  Si' 
donis  ,   pastorale.  Il  y  a  de  l'esprit 
et  de  la  gaîlé  dans  les  comédies  5  mais 
les  autres  pièces  ,  dont  aucune  d'ail- 
leurs n'a  été  représentée  ,    sont  au- 
dessous  du  médiocre.  Le  second  vo- 
lume renferme  la  Justijîcation  d'En- 
guerra/id  de  ]\Iarigny  (  Voy .  ce 
nom  ,  XXMI  ,  i35),  morceau  d'une 
assez  grande  étendue,  et  plein  de  rc- 
clierclies  intéressantes  5  avec  les  ]\Iê- 
moircs  de  la  Jeunesse  de  l'auteur. 
Exalté ,   comme    Heaumanoir   le   dit 
lui-même  ,  par  la  lecture  souvent  ré- 
pétée du  plus  grand  des  poètes ,  il  ne 
put  résister  au  désir  de  traduire  ses 
ouvrages  :  mais  on  peut  croire  qu'a- 
yant d'entreprendre  celte  lâche  il  n'a- 
vait pas  assez  consulté  ses  forces  5  car 
sa  traduction  de  \ Iliade  en  vers, 
Paris,   1781,   :;  \ul.  in-o"^,  n'obtint 
pas  même  rhoiiueur  d'être  critiquée. 

LYII. 


BEA 


/ior 


(f  J'emploie  ,  dil-il ,  dans  la  préface  , 
(c  tous  mes  moments  a  la  Iraduction 
«  de  V Odyssée  ,  dont  j'ai  (léjaaclie\c 
«  plusieurs  chants  et  qtic  j'espère 
«  conduire  à  la  fin  avant  une  année.» 
IMais  le  peu  de  succès  de  Y  Iliade  l'em- 
pêclia  sans  doute  de  la  nicllre  au  jour. 
Si  l'on  en  croit  les  liiograj)hies  mo- 
dernes, le  baron  de  Beaumanoir  mou- 
rut dans  l'émigration.        ^lY — s. 

15EAU1ÏÉL  ,     originaire     du 
Rouerguc  ,  était  capitaine  au  service 
de  la  république  française  ,  lorsqu'il 
fut    fait    prisonnier    par   le    général 
Acndécn   Charelle,    au    combat    de 
Logé.  11  fut  le  seul  de  son  parti  'a  qui 
l'on  lit  quartier  dans  celle  affaire, 
cl  il  ne  dut  celle  exception  qu'a  un  de 
SCS  amis  qui,  figurant  parmi  les  Ven- 
déens ,  le  reconnut  et  le  sauva.  De 
cette  époque  ,   Beaumel  s'allacba   h 
Charette  ,   devint  un  de  ses  princi- 
paux officiers,  et  même  l'un  de  ses 
plus  intimes  amis  j  il  le  servit  avec  une 
grande  distinction,  et  fut  blessé  en 
plusieurs   occasions ,     notamment   à 
l'attaque  des  Quatre-Chemins ,  où  il 
reçut  une  balle  dans  la  poitrine.  Après 
la  défection  de  Prudent  de  la  P\.obc- 
ric  ,  Beaumel  fut  promu  au  comman- 
dement  de  la  cavalerie   de   l'armée 
royale  du  Bas-Poilou.  11  n'abandonna 
pas  Charelle  ,  au  moment  où  toute  la 
Vendée  recevait  la  loi   des  républi- 
cains ;  il  était  avec  lui ,  ayant  seule- 
ment un  parti  de   cent  cin([uanle  ca- 
valiers  et   de  cinquante   fantassins  , 
lorsque   radjudanl-général   Travol, 
depuis  plusieurs  jours  a  la  poursuite 
du  général  vendéen,  Patleignit  et  le 
surprit  a  Froidcfond  ,  avec  des  forces 
infiniment  supérieures.  La  résistance 
des    rovalisles    fut    celle    d'hommes 
désespérés  ,  Beaumel  surtout  se  bat- 
tit avec  un  acharnement  sans  exem- 
ple ,  el  ne  parut  que  chercher  a  ven- 
dre sa  vie  le  plus  cher  possible  •  mais 

26 


4oa' 


BEA. 


une  balle  l'étendit  mort  aux  cotés  de 
son  général  qui  échappa  encore  quel- 
ques jours  aux  poursuites  de  Travot. 
Beaumel  était  un  bel  homme  ,  d'un 
caractère  dour^  et  un  bon  officier  j  il 
s'était  acquis  ,  quoique  étranger  ,  la 
confiance  des  Vendéens  et  particuliè- 
rement celle  de  Charette  ,  qui  prenait 
plaisir,  en  signe  d'amitié  ,  a  changer 
de  vêtement  avec  lui.  —  Un  frère  de 
Beaumel,  qui  était  venu  le  joindre 
parmi  les  royalistes  du  Bas-Poitou  , 
déploya  aussi  beaucoup  de  bravoure 
dans  diverses  affaires  ,  eut  son  che- 
val tué  sous  lui  a  l'affaire  de  l'Oie , 
coulre  des  troupes  venant  d'Espagne, 
et  perdit  la  vie  peu  de  jours  après 
dans  un  autre  combat.      F — t — e. 

BEAUMESiXIL  (Pierre  de) , 
né  sans  fortune,  dans  une  des  provin- 
ces du  centre  de  la  France,  étudia 
beaucoup  ,  et  ayant  le  goût  des  voya- 
ges et  des  recherches  archéologiques, 
se  fit  comédien  de  province  pour  pou- 
voir plus  aisément  aller  d'un  lieu 
dans  un  autre.  Il  parcourut  ainsi  suc- 
cessivement le  Limousin  ,  le  Berry  , 
l'Angoumois  ,  l'Agenois  ,  et  autres 
provinces,  dcssinaul  a  la  plume  les 
monuments  qu'il  rencontrait ,  en  y 
ajoutant  un  texte  où  se  Irouvcut 
des  observations  que  la  critique  mo- 
derne peut  juger  sévèrement.  Il  y  a 
lieu  même  de  suspecter  la  bonne  foi 
du  dessinateur  et  de  croire  que  ([uel- 
cjues-uns  des  monuments  escpiiisés 
clans  ces  provinces  ont  été  siqjposés 
par  lui  cl  n'ont  jamais  existé.  Quoi 
qu'il  en  soit  ,  M.  d\Visnc,  intendant 
ou  Limousin ,  (jui  approuvait  les  Ira- 
vaux  de  ce  .savant,  lui  lit  obtenir  le 
litre  de  correspondant  de  raeadéniie 
des  incriplions  avec  une  pension  de 
i,5()o  Ir.  ncauniesnil  est  mori  a  Li- 
moges plusieurs  années  avant  la  ré- 
volulinu.  Il  existe  do  ses  cahiers  à 
la  bibliothèque  Mazariue   h.  Paris  , 


BEA 

à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Poi- 
tiers et  dans  d'autres  endroits.  Les 
deux  cahiers  qui  sont  a  Poitiers  sont 
relatifs  à  la  province  du  Poitou  et 
font  connaître  plut^ieurs  monuments 
qui  n'existent  plus.  Boudon  de  Saint- 
Amant  a  rendu  compte  des  travaux 
de  cet  archéologue  pour  l'Agenois, 
dans  les  Blémoires  de  la  société  aca- 
démique d'Ageu.  F — T — E. 

BEAUMESXIL  (Henriette- 
Adélaïde  YiLLARD,  dite),    comé- 
dienne, naquit  le  5  I  avril  1748.  Ses 
dispositions  précoces  pour  l'art  théâ- 
tral frappèrentle  célèbre  Préville  qui, 
l'ayant  vue  jouer  la  comédie  a  sept 
ans,  avec  une   finesse  et  un    esprit 
fort  au-dessus  d'un  âge  aussi  tendre, 
la  jugea  capable  de  remplacer  digne- 
ment un  jour  M^^^  Dangeville  dans 
l'emploi  des  soubrettes.  Avecune  jolie 
figure,  une  physionomie  piquante,  une 
taille  svelte,  beaucoup  d'intelligence  et 
d'esprit  naturel,  elle  aurait  fait  une 
actrice  charmante.  La  comédie  fran- 
çaise laissa  e'chapper  une  aussi  pré- 
cieuse acquisition  ,  et  M"*"  Beaumes- 
nil ,  qui  était  bonne  musicienne  ,  mais 
dont  la  voix  et  les  moyens  physiques 
n'avaient  pas  cette  puissance,   cette 
énergie    plus    indispensables     alors 
qu'aujourd'hui,  se  décida   pour  l'O- 
péra. Malgré  un  talent  réel,  elle  y 
végéta  toujours  ,  parce  qu'on   ne  sut 
pas  en  tirer  parti,  et  (ju'elle  remplaça 
le  plus    souvent    ses  chefs  d'emploi 
dans  i\cf>  rôles  peu  faits  pour  elle.  Son 
début   néanmoins    tut    très-brilhrnl. 
Elle    parut    le    27    nov.    1766  dans 
la  froide  pastorale  de  iSy/wV,  où  elle 
surpassa  dans  le  principal  rôle  I\l""" 
Arnould   (jui  l'avait    abandonné  ;i  la 
troisième  représentai  ion.   I\l  '  Heau- 
mesnll  y  cxcila  la  plus  agréabU-  sur- 
prise. Jamais  on  n'avait  vu  utie  débu- 
lanle  montrer  autant  d'aisance.  Il  est 
vrai ,  dit  Grimm  ,  (piVlle  avait  déjà 


fait  une  fausse  coiirlir  cl  un  cnfanl.  SI  Bomlx)!)  ,    cl   vcciil  dans  I.i  fariiili.i- 

ille  cùl  iléhiili'  jiar  lin  iiu'illciir  rôle,  rilé    de   celle   prliicrssc    au  cliàlcaii 

vWc  anrail    fail    lourner  la  lèle  aux  (le    Pelil  -  Bourfi;  ,    cloiil    son    mari 

Parisiens.    Il  ne  lui  inan(jiiail  qu'un  aclicla  depiiis  une  partie  àes  dépen- 

pen  do  celte  noblesse  (jiii  dislinj^nait  dances.  IMalgré  la  perle  de  ses  pen- 

émiiicniincMil  Al"''  Arnould.  Elle  joua  sions,   elle  y   jouit   d'ulie   licurense 

depuis  li<s  princesses  après  celte  ac-  aisance,    ainsi   que  dans   la    maison 

triée,  dans   Dai-danus ,   Castor  et  qu'elle  -possédait    sur    le    honlevarl 

PoUtix,  Jp/ii'^cuii'  en  Aiilidc ,  c\c.  Montmartre.  Mais  dans  ses   derniè- 

Elle  la  remplaça  aussi  dans  Myrtil  res  années  elle  ne   s'occupait  que  de 

et  Lycnris  ,  et  créa  plusieurs  rôles  sa    santé  ,  et  son  docteur,  Alphonse 

dans  les  opéras  nouveaux:  ou  remis  au  Leroy  ,   ue  la  quittait  presque  pas. 

théâtre,  tels  que  ceux  de  Clarisse  et  Elle    mourut  a  Paris  le    i5    juillet 

de  Lycoris  dans  le  premier  elle  troi-  i8o3.  M"'"  Beaumesnil  mérite  d'être 

sième  acte  du    Carnaval  du  Par-  citée  parmi  le  très-petit  nombre  i\es 

nasse,  en  1767  5  de  Ghloé  et  de  Ce-  femmes  qui  ont  réussi  dans  lacompo- 

phise  ,  dans  le  premier  et  le  dernier  silion  musicale  ^  elle  donna  h  l'Opéra, 

acte  de  V Union  de  V amour  et  des  en   1784.,  TibuUe  et  Délie  ou  les 

arts  (  I  ),  1 773  j  de  Zèniire  dans  Is-  Saturnales  ,   acte  faisant  partie  des 

nienor,  etc.  Douée  d'un  talent  très-  I' êtes  grecques  et  roifiaines  àeYw- 

flexible ,    elle  plaisait  dans   tous  les  zelier.    Cet   opéra,  représenté  avec 

genres  j  mais  comme  sa  voix  naturel-  succès  h  Versailles  devant  la  cour,  ne 

lement  sèche  était  peu  propre  a  ex-  réussit  pas  moins  h  Paris  ,  où  le  roi 

primer  le  sentiment  et  les  passions,  de  Suède,  GuslavellI,  assista  a  l'une 

son  triomphe  était  le  genre  pastoral  de  ses  représentations.  Les  Mémoi- 

qui    exigeait  moins  de  force  et  d'ac-  ^^(is  secrets  de  Bachaumont ,   tout 

lion  que  de  grâce  et  de  gaîlé.   Elle  en  faisant  l'ëloge  de  la  musique  pleine 

y  était  d'ailleurs  applaudie    com;ne  de  grâce  et  de  sentiment,  seinblent 

danseuse  fort  agréable.  Une  desépî-  douterqueM  '"Beaumesnilenfùtrau- 

tres  qui  caractérise  le  mieux  les  la-  leur  j  mais  personne  n'a  réclamé  la  pa- 

lents  el  la  fatuité  de  Dorât,  adressée  ternité  de  cet  opér?, ,  qui  est  porté  sous 

parlui,dansce  temps-la,  aM"'' Beau-  son  nom  dans  tcus  les  ouvrages  spé- 

raesnil  ,   fait  très-bien  connaître  l'a-  ciaux,  ainsi  que  sur  les  registres  ma- 

mabililé  de  cette  actrice  ,   ainsi  que  nuscrilsde  M.  Beifara  ,  qui  fout  au- 

sa  coquetterie  et  ses  caprices.  De  fré-  jourd'hui  autorité.  D'ailleurs  celte  ac- 

queulesel  graves  maladies  ayant  affai-  trice  a  présenté  depuis  au  comité  de 

l)lisa  santé,  elle  se  retira  du  ihéatrecn  Tacadémie  rovalc  de  musique  un  opéra 

avril  I  78 1,  avec  une  pension  de  ({uinze  à'Aiiacréon^  qui  n'a  jamais  été  joué. 

cents  francs  sur  l'Opéra  et  une  autre  De  plus,  elle  a  donné,  en  1792  ,  au 

du  roi.  Joignant  à  beaucoup  d'esprit  théâtre    Blontansier  ^    Plaire  c'est 

un  excellent  Ion,  elle  épousa  peu  d  an-  commander  ,   ou  /es  Législatrices^ 

nées  après  un  avocat  nommé  Phlippe,  opéra    en  deux   c\.cs,  ^    dont  le  mar- 

homme  d\ilîaire.s  de  la  duchesse  de  t(iiis  de  La  Salla  avait  fail  les  paro- 

■"■— ; les.  A — T. 

(i^  Peiiflant  Inng-lemps  les  opcr.it-b.-iHrIs,  tris  lir*  i  T' AÏF" '!""#       ^  P  \ 

qne  les  £7r/ne/i^j,  les.S>/;.t,  et  auln-s  |>irc(s  qu'on  liljAL.MJLi  l  Mj      (  L>ON  -ALBERT 

jouait  ,i  roprd  so.is  ir  liin-  «le  hra'^mcnts  .  s«  Briois  ,    chevalicr   DE  )  ,    l'un    dcs 

composaient  de  plusieurs  actes  dont  chacun  for-  •  .  ,  !•      •  '      j      !• 

irait  une  pièce  emière.  nicnilires  Ics  pius  distingues  Qc  1  as- 

26. 


4o4 


BEA 


semblée  constituante  ,  naquit  k  Ar- 
ras  ,  le  2^  déc.  1769,  d'une  an- 
cienne faraille  de  robe.  A  seize  ans 
il  fut  nommé  substitut  surnuméraire 
du  procureur-général  j  et  dès  son 
début,  il  se  fit  remarquer  par  une 
éloquence  vive  et  facile  qu'il  devait 
moins  a  l'étude  des  orateurs  qu'a  ses 
dispositions  naturelles.  Ses  talents  lui 
méritèrent  ragréraenl  du  roi  pour  la 
survivance  de  son  pèrej  et,  en  1785, 
il  lui  succéda  dans  la  place  de  pre- 
mier président  au  conseil  supérieur 
de  l'Artois.  Alliant  au  goîit  des 
plaisirs  de  son  âge  beaucoup  d'esprit 
et  de  capacité'  ,  il  s'acquitta  de  ses 
nouvelles  fonctions  d'une  manière 
1res -brillante,  et  sut  encore  trouver 
le  loisir  d'étendre  et  de  perfectionner 
ses  connaissances.  Chaque  semaine  il 
tenait  cbez  lui  des  conférences  aux- 
quelles assistait  l'élite  du  barreau 
d'Arras,  et  oii  se  disculaient  les  points 
de  droit  les  plus  épineux  ,  et  des 
questions  de  haute  ])olilique  dont  la 
nouveanlé  plaisait  à  de  jeunes  esprits, 
avides  de  changements.  On  ne  doit 
pas  s'étonner  si  Beaumelz  ,  sans  avoir 
brigué  les  suffrages,  fut  élu  presque  à 
l'unanimité  député  (fe  la  nol)lesse  de 
sa  province  aux  états-généraux.  Peu 
d'iiommes  étaient  pbisrapables  de  l'y 
représenter  dignement.  Quoique  dis- 

f)osé,  par  suite  de  ses  principes,  h  tous 
es  sacrifices  (pie  les  circonstances 
pourraient  nécessiter,  il  ne  se  montra 
point  d'abord  favorable  a  la  réunion 
désordres;  mais  sesamis  triomphèrent 
aisément  de  son  indécision  ,  et  il  prit 
place  au  côté  gaurlie  avec  ceux  des  dé- 
putes (]ui  voulaient,  en  détruisant  les 
abus,  conserver  lamouarcliie.  Adjoint 
à  ddiérents  comités  ,  la  variété  de  ses 
connaissances  et  sa  facilité  pour  le 
travail  l'en  rendirent  un  i\vs  membres 
les  plus  utiles,  et  il  lut  souvent  chargé 
de  rapporta  importauli».  Dans  k  dis- 


BEA 

cussion  sur  la  sanction  royale  (sept. 
1789) ,  il  se  prononça  pour  le  veto 
suspensif,  en  exigeant  que  le  roi  fit 
connaître  ses  motifs  ;  et  il  demanda 
que  la  lecture  d'un  mémoire  envoyé 
sur  cet  objet  par  le  ministère  n'eût 
lieu  qu'après  que  le  décret  serait 
rendu.  Le  29  sept. ,  à  la  suite  d'un 
éloquent  rapport  sur  la  réforme  de  la 
Jurisprudence  criminelle  ,  il  fit  décré- 
ter la  publicité  des  débals  judiciaires 
et  l'abolition  de  la  torture,  ainsi  que 
de  toutes  les  peines  qui  ne  faisaient 
qu'agraver  le  sort  de  l'accusé.  Peu  de 
temps  après  (2  nov.  1789), dans  la 
question  sur  les  biens  ecclésiastiques, 
il  soutint  que  ces  biens  n'apparte- 
naient ni  au  clergé ,  ni  a  la  nation , 
mais  k  Dieu,  et  qu'ils  ne  pouvaient 
être  employés  qu'aux  frais  du  culte  et 
a  l'entretien  des  pauvres  j  et  cbercha  , 
mais  vainement ,  a  démontrer  tous  les 
inconvénients  qui  résulteraient  de 
leur  aliénation.  11  combattit  ensuite 
le  projet  d'accorder  aux  Juifs  l'éli- 


gibilité 


lucl 


j   mais ,   (pielques  mois   plus 


\m 


tard,  par  une  coulradiction  dont  sa 
carrière  parlementaire  offre  plus  d'un 
exemple  ,  il  appuya  vivement  une  pé- 
tition des  Juils  de  Bayonne  qui  récla- 
maient la  jouissance  des  droits  civils. 
En  1790  il  demanda  (|ue  les  audien- 
ces des  conseils  de  guerre  lussent  pu- 
bliques ,  et  fit  décréter  qu'u  l'avenir 
tout  accusé  n'y  paraîtrait  ijuaccompa- 
gné  de  sou  déknseur.  Le  27  mai  il 
fut  nommé  président  ;  le  2  i  septem- 
bre il  parla  dans  Tintérèt  des  reli- 
gieuses, et  demanda  ipie  leur  traite- 
ment annuel  lut  fixé  a  900  livres  ;  le 
24  il  proposa  la  création  de  800 
millions  d'assignats  pour  faciliter  la 
vente  des  domaines  nationaux  ;  et 
(piebpies  jours  après,  il  lit  régler  k 
6,000  livres  le  traitement  de  rillustrc 
Lngrauge  {f"  oj'-  ce  iioiu  ,  XMll, 
1 65).  Au  mois  d'octobre,  lorsque  les 


1 


ïlV.fL  BEA                 /,o5 

ccmîk's  riMinîs  propnsi'K'nf  (le  (li'fla-  a  oLscixer  dans   I;i  ])résenlalion   .m 
n-r   (|iir  les  ininislrcs  .-naii'iil  perdu  roi  de  I  acte  consliliilioniiol  •  ol  le  29, 
la   coiiliaiuo  de  rasscinhlt'c  ,    il    de-  il    fil    ;i(i()j)ler    une    iiisiniction    .sur 
manda  (|ue  M,  de  iMonlmorin  fùl  ex-  la  police  de   snrclé    cl    s'.:r  la    pro- 
ceplc  de  cfl  analliènu'»  et  pour  (jn'oii  ccdure   par  jurés.    Après   la  session 
ne  crùl    pas   (jue    son   opinion    élail  Beaumct/,  lui  nomme  nicm])re  du  di- 
diclée  par  Tamilié  ,  il  affirma  (|u'il  ne  rectoire  du  département  de  Paris  ;  et 
connaissait  ce  ministre  que  par   ses  c'est  en  celle  (jualilé  (pnl  apj)uya  les 
actes  publics.  Dans  le  courant  de  lé-  demandes    des    prêtres    insermentés 
\rier    1791   il  présenta  im  nouveau  pour  la  pension  promise  lorscpie  les 
plan  de  comptabilité  5  et  le  18  mars  biens  du  clergé  avaient  été  déclarés 
il  fit  décréter  l'établissement  d'un  co-  nationatix.  La  chaleur  qu'il  mit  dans 
mité  de  trésorerie.  Le  6  avril  il  se  cette  affaire  augmenta  les   soupçons 
joignit  h  Buïol  pour  demander  le  rë-  que  donnaient  déjà  ses  liaisons  avec 
lablissemenl,  dans  la  loi  sur  la  rcs-  la  cour  et  avec  les  émigrés,   dont  il 
ponsaliililé   ministérielle ,  de  rarticle  avait  pris  la  défense  a  rassemblée ,  en 
qui    donnait  au   corps    législatif  le  demandant  l'ajournement  des  mesures 
droit  de  provo([uer  le  renvoi  des  mi-  provoquées  contre  eux  par  le  parti 
nislres.  Il  appuya  la  proposition  de  dominant.  Accusé,  en  1792  ,  de  tra- 
Robespierre,  portant  qu'aucun  mem-  vailler  a  rétablir  l'ancien  gouverne- 
bre  de  l'assemblée  ne  pourrait  accep-  ment,  il  fut  obligé  de  chercher  un 
ter  de  place  dans   le  ministère  que  asile  dans  les  pays  étrangers.  Après 
quatre  ans  après  la  session.  Tout  en  avoir  séjourné  quelque  temps  eu  AJle- 
déclarant  que  «  les  assignats  avaient  magne  ,  il  passa  en  Angleterre,  d'où  il 
sauvé  la  France, «  il  combattit  la  créa-  se  rendit  en  Améri(pie  avec  l'inlcntion 
tion  de  petits  assignats  dont  l'effet ,  d'y  fonder  un  établissement  agricole, 
suivant   lui  ,   devait  être  de  rendre  11  rencontra  dans  l'exécution  de  ce 
plus  rare  encore  les  monnaies  de  cui-  plan  des  obstacles  qu'il  ne  put  vain- 
vre  et  d'argent  5  mais  sur  l'observa-  cre  j  et,  en  attendant  que  des  circons- 
tion  que  le  métal  des  cloches  four-  tances  plus  favorables  lui  permissent 
nirail  une  quantité  suffisante  de  mon-  de  rentrer  eu  France,  il  résolut  de 
naies  pour  les  échanges  ,  il  finit  par  se  visiter  les  possessions  an^^laises  dans 
ranger    k  l'avis  de   Rabaut  -  Saint-  les  Indes.  11  était  en  1800  a  Calcuttaj 
Etienne,   et  fit  décréter   l'émission  et  l'on  conjecture  que  ce  fut  dans  cette 
d'assignats  de  cinq  livres  jusqu'à  la  ville  qu'il  termina  ,    a   l'âge  de   5o 
concurrence  de  cent  millions.  Dans  les  ans,  une  vie  que  sa  fortune,  ses  ta- 
débats  qui  s'élevèrent  sur  le  droit  de  lents  et  d'autres  avantages  semblaient 
pétition,  il  fit  décider  que  ce  droit,  devoir  rendre  plus  heureuse.   ]\ïem- 
étant  individuel,  ne  pouvait  être  délé-  bre  ,  depuis  1782  ,  de  la  spciété  lit- 
gué  ,    et  par  conséquent  que    toute  léraire  d'Arras ,  il  y  lut ,   dans  ses 
pétition  devait   être  signée.    Il   sou-  séancespubliqucs,  plusieurs  morceaux: 
tint  ([u'on  ne  pouvait  sans  injustice  remar([uablcs.  11  a  fourni  des  articles 
priver  M.   de   Girardin  des  cendres  a  la  BibUothèque  de  Vhomme  pu- 
de    J.-J.  Rousseau  pour  les  trans-  ^//r  ,  rédigée  par  Condorcel ,  Cbape* 
porter  au  Panthéon.   Le  1"   sept.,  lier  ,  etc.  Knfin  il  a  publié  le  Code 
il  fit,  au  nom  des  comités,   un  rap-  prual  des  Jurés  et  de  la  liante^ 
port  Irès-applaudi  :sur  le  ccrémouial  (Jour  nationale,  Paris  ,  1792,  iu- 


406 


BEA 


12.  On  trouve  les  principaux  dis- 
cours de  Beaumelz  dans  le  Choix 
des  Rapports ,  etc.,  Paris,  1822, 
iQ-8".  W_s. 

BEAUMONT  (Jean  de  Hai- 
NAUT ,  sire  de)  ,  était  frère  cadet  de 
Guillaume  P*^,  dit  le  Bon  ,  comte  de 
Hainaut,  et  descendait  de  la  maison 
d'Avesnes.  C'est  un    des    lieros    de 
Froissart.  Il  inspira  a  Guillaume  II, 
son  neveu,  comte  de  Hainaut  et  de 
Ifellande,  les  mêmes  sentiments  que 
Guillaume-le-Bon  avait  eus  pour  le 
roi  d'Ano-letcrre.  Son  début  dans  la 
carrière    des    armes    annonça    toute 
la  hardiesse  de  son  caractère.  Il  s'a- 
gissait de  reconduire  dans  son  pays 
Isabelle  ,  femme  d'Edouard  II ,  que 
les  violences  de  Hugues  Spenser,  mi- 
nistre et  favori  de  ce  prince  ,  avaient 
forcée  d'en  sortir  accompagnée  de 
son  fils ,   et  qui  n'avait  point  trouvé 
auprès  de  Charles-le-Bel ,  son  frère, 
l'appui    qu'elle  devait   en   attendre. 
Après  avoir  vu  déposer  Edouard  II, 
et  couronner  le  fils  de  ce  monarque 
détrôné,  il  repassa  la  mer,  mais  il  fut 
Lien  tôt  obligé  de  secourir  le  roi  (ju'il 
venait  de  créer,   et  à  qui  TEcosse 
avait   déclaré    la    guerre.    Edouard 
épousa  la  nièce  de  son  défenseur,  qui 
se  dévoua  entièrement  àsapersonne, 
et   demeura   attaché    a   TAngleterre 
jusqu'il  la  mort  de  Guillaume,  tué  en 
combattant  les  Fiisoiis.  JMiihppe  de 
Valois  chercha  alors  h  l'ai  tirer  dans 
«on  parti  et  lui  ofl'rit   des  avantages 
plus    considérables    cpie    ciiix    (ju'il 
trouvait  en  Angleterre.  Jean  (h-  ilcau- 
mont  les  accepla  en    i345.  (^)u()i(pic 
affaibli  par  Page  et  les  (aligucs,  il  so 
i.ignala  encore  à  rallaire  de  Blaiu  he- 
Tafjue  ,  et  a  la  bataille  de  Crécy.  l'hi- 
lippe  ayant  eu  son  cheval  tué  sous  lui, 
.l(an  de  lieauniont   le  fil  monter  sur 
le  sien  ,  et  continua   de   romballre 
vaillamment  à  ses  côtés.  Il  juourut  le 


BEA 

1 1  mars  1 356.  Ce  n'était  pas  seule- 
ment un  preux  et  déterminé  cheva- 
lier ,  mais  un  politique  habile  et  un 
protecteur  des  gens  de  lettres;  entre 
autres  de  Jean-le-Bel  ,  chanoine  de 
Sainl-Larabert  de  Liège,  qui  a  fourni 
des  mémoires  à  Froissart.  M.  Bu- 
chon  a  publié  un  poème  français  sur 
la  bataille  de  Crécy,  composé  par  un 
Jcimiliar  dn  sire  de  Beaumont  (édit. 
de  Froissart,  XIV  ,  279-300  ).  Ce 
poète    était   Colin   de  Hainaut. 

BEAUMONT  (Etienne),  avo- 
cat, né  en  1718,  a  Genève,  avait 
reçu  de  la  nature  des  dispositions 
qu'il  cultiva  dans  sa  jeunesse  avec  le 
plus  grand  soin.  La  délicatesse  de 
sa  santé  l'ayant  forcé  de  renoncer  au 
barreau  ,  il  réunit  autour  de  lui  quel- 
ques jeunes  gens  auxquels  il  donna 
des  leçons  de  droit  naturel  dt  de  mo- 
rale. Le  résumé  de  sou  cours  ou, 
cojnrae  dit  Senebier ,  le  squelette  de 
ses  leçons  ,  imprimé  sous  le  titre  de 
Principes  de  philosophie  ^  Genève 
1754.,  in-8"  ,  a  été  reproduit  en 
1775  dans  la  collection  des  OEu- 
vres  de  Diderot  [f^oy.  ce  nom, 
XI,  017)  par  une  singulière  iuad- 
vertance  de  Tédilenr.  Beaumont 
mourut  dans  sa  patrie,  en  1768. 
Son  ami  Roger  {Foy.  ce  nom  ,  au 
Supp.)  venait  de  lui  adresser  ses 
Lettres  sur  le  JJtinenuirk.  Un 
frère  de  Beaumont,  pasteur  h  Ge- 
nève, concourut,  suivant  Senebier,  à 
la  nouvelle  traduction  delà /î/T'/f  ,  à 
1  usage  des  églises  réiormées.  /  oy. 
Senebier  ,  Histoire  littéraire  de 
Genève^  III,  92.  W — s. 

BEAIMOIXT  DE  BIVIVA- 

SAC  (le  comte  de),  né  eu  Gascogne, 
en  1746,  entra  fort  jeune  au  servi- 
ce ,  et  devint  chef  d'escadron  au  ré- 
giment de  la  reine,  cavalerie.  Il 
cmigra  au  comuitucenicul  de  la  ré\u- 


BEA. 

lulîonct  se  rendit  en  Angleterre,  oii 
il  coinposii  un  omraj^c  assez  reniar- 
(jual)lo  iju'il  a  puMic  à  Paris,  sous  ce 
titre  :  Jj^ Europe  cl  ses  colonies 
en  1819  ;  seconde  édition,  1822, 
in-8".  On  y  trouve  des  délails  cu- 
rieux sur  les  nouveaux  états  de  1  A- 
nu'ri(jue  du  Sud.  Beaumout  de  Briva- 
sac  est  morl  li  J*aris  le  5  août  i  82  i . 

Z. 
BE  AUMOXT  (Jean-François- 
Albanis),  néaChambéry  vers  lyôô, 
fut  deslnié  dès  sa  jeunesse  a  la  car- 
rière du  génie  militaire,   et  vint  en 
France ,  uii  il  fît  ses  éludes  a  l'école 
de    Mézières.  Etant   retourné  dans 
sa  patrie  ,  en  lyyj  ,    il  fut    nommé 
ingénieur  de  seconde  classe  ,  et  com- 
me tel  employé  a  Nice.   Le  duc  de 
Glocester,  frère  du  roi  d'Angleterre, 
ayant  passé  dans  cette  ville,  apprécia 
tout  son  mérite  et  ,  après  l'avoir  at- 
taché a  l'éducation  de   ses  enfants  , 
l'emmena  avec  lui  dans  ses  voyages 
en  Italie ,  en  Allemagne,  en  France 
et  eu  Angleterre.  Ce  fut  pendant  le 
long  séjour  qu'il  fit  à  Londres  dans 
la  maison  de  ce  prince,  que  Beaumont 
travailla  à  ses  descriptions   de  l'im- 
mense chaîne  des  Alpes  .  depuis  les 
bouches  du  Var,  jusqu'en Carinthie.il 
se  fixa  ensuite  dans  ses  propriétés  de 
Vernaz,  près  de  Genève,  et  s'y  livra 
tout  entier  a  l'étude  des  sciences  et 
plus  particulièrement  acclle  de  l'agri- 
culture. En  1808,  il  reçut  de  l'em- 
pereur Napoléon  une  médaille  d'or, 
pour  les  progrès  qu'il  avait  fait  faire 
a  plusieurs   branches  de   l'économie 
rurale.  C'est  à   lui   que  celte   con- 
trée   dut  en   grande  partie  la  pré- 
cieuse introduction  des  mérinosd  Es- 
pagne. Beaumont  est  mort  en  18  12, 
dans  sa  propriété  de  Vernaz.   On  a 
de  lui  ;  I.    f^oyngc    historique  et 
pittoresque  de  la  ville  et  du  comté 
de  Nice ,  Genève  ,    1787,   iii-8^ . 


BEA 


7,07 


II.  (  en  Anglais  )  P^oyage  clans  les 
Jlprs  lihrticuncs,  Londres,  1792, 
in-lol.   liJ.   Description  des  gla- 
ciers du  Faucigny,   i'J^'5  ,  in-8*'. 
IV.  (en  anglais)  F'oyage  dans  les 
Alpes  niaritinies  ,  Londres^   ^795, 
in-8^.  V.  (en  anglais)  f^ofage  dans 
les    Alpes  Lepontines ^    Londres, 
1796,  in-fol.  VI.  Description  des 
Alpes  Grecques  et  Cottie/ies  ,  ou 
tableau   historique   et  statistique 
de  la  Sa\^oie.  VàTis  ,    1802    in-8^, 
avec   figures  et   atlas ,  in-fol.    Se- 
conde  PARTIE   du  même  ouvrage  , 
ibid.,  1806,  2  vol.  in-4.^.  L'auteur 
est  entré  dans  des  détails   intéres- 
sants sur  les  antiquités  de  la  Savoie, 
notamment   sur    les    anciens    bains 
d'Aix  [Aquœ  Domitiœ  ou  Gratia- 
nœ)  y  et  sur  l'arc  de   L.   Pompeius 
Campanus,  qu'il  regarde,  non  comme 
un  monument  funéraire,  mais  comme 
un  monument  commémoratif  de  la  sa- 
lubrité des  eaux  thermales.  Au  reste, 
sa  description ,  faite  en  1 8 0 1 ,  est  in- 
complète. Depuis  cette  époque,  le  roi 
Charles-Félix  a  ordonné  des  fouilles 
qui  ont  mis  entièrement  a  découvert 
ce  précieux  reste   des  constructions 
romaines,  dont  M.  Gimberuat  a  pu- 
blié en   1820  une  description  exacte 
dédiée  au  roi  de  Bavière.  VIL  Des 
Mémoires  sur  la  manière  de  défen- 
dre les  camps,   sur  l'hisloire  natu- 
relle, sur  l'art  de  fonder  solidement 
dans  la  mer  ,  sur  une  roule  k  établir 
du  Chablais  au  Vallais  par  Meille- 
raye  ,  laquelle   route  a  élé  exécutée 
plus  lard  par  Napolcon,  etc.      Gg-y. 
^  BEAUMONT      (Claude- 
Etienne  ) ,  architecte  ,  né  en  ijSj, 
a  Besancon  ,  vint  fort  jeune  a  Paris 
étudier  les  principes  de  son  art,  et 
se  plaça  sous  la  direction  deDumont, 
professeur  a  l'académie.  Après  avoir 
terminé  ses  cours,  il   entra  dans  le 
bureau  de  Coulure  le  jcuae  ,  qui  ve- 


4o8  BEA  BEA 

naît  d'être  chargé  de  c«oulinuer  les  «  faUe  de  celles  qui  ont  été  construi- 
travaux  de  l'église  de  la  Madeleine.  «  tes  pour  des  autorités  consliluées, 
S'élant  aperçu  que  son  nouveau  mai-  «   depuis  la  révolution  ,  est  eu  même 
ira,  en  modifiant  le  plan  prlmilif  de  «   temps  noble  ,  simple  et  d'un  style 
Contant   d'ivry ,   s'était   écarté    des  «  pur.  ^  Le  gouvernement,   avant 
règles  de  l'art,   il  crut  devoir  Teu  décidé  que  l'église  de  la  Madeleine 
avertir  et,    pour  prix  de  ses   avis,  serait   convertie    en    temple    de    la 
fut  congédié  (i).  Ce  fut  alors,  qu'ai-  Gloire,  ordonna  qu'il  serait  ouvert  un 
dé  par  un  de  ses  compatriotes  (Mon-  concours   sur  les  changements  qu'il 
taiglon) ,  il  publia  sous    le  nom  de  convenait  de  faire  à  cet  édifice  pour 
feu  Duliu,  architecte,  une  Lettre  à  l'approprier  a  sa  nouvelle  destina- 
iin  ami  sur  un  monument  public  ^  tion.  Le  plan  de  Reaumont  fut  jugé 
in-4°  de  20   pp.  (2).  Cette  letlre  ,  le  meilleur  par  la  classe  d'architecture 
qui  contient  mie  critique  aussi  juste  de  l'Institut;  mais  ses  ennemis  par- 
que   modérée    du   nouveau  plan   de  vinrent  à  faire  rapporter  celte  déci- 
la   Madeleine,    fut   supprimée    par  sion,  en  montrant  que  Beaumont  s'é- 
arrét  du  conseil,  sur  la  demande  du  tait  approprié  les  principales  idées 
Baron  de    Breleuil  ,    protecteur  de  consignées  dans  la  Z<(?^/re  <:/e  Z)////;?, 
Couture.  A  la  création  du  départe-  dont  on  ignorait  qu'il  fût  l'auteur; 
jnent  de  Paris,  Beaumont  fut  attaché  et  on  adjugea  le  prix  a  Tarchitecle 
comme  architecte  au  bureau  des  do-  dont  le  plan  avait  balancé  les  suffra- 
maines  ,   et  mérita  par  son  zèle    et  ges  des  juges.  Beaumont,  s'étant  jus- 
tes   talents    l'estime    des    nouveaux  tifié  du  reproche   de  plagiat ,  obtint 
administrateurs.  Chaplal,  ministre  de  une   indemnité  de   dix  mille  francs 
l'intérieur,  le  chargea  de  la  conslruc-  pour    son   travail;   mais  le    chagrin 
lion  de  la  salle  destinée  aux  séances  qu'il  éprouvadesevolr  privé  de  l  iion- 
du  Iribunat,  et  lui  confia  les  travaux  neur  d'attacher  sou  nom  h  un  grand 
a  faire  au  PaLiis-de-Juslicc,  auTem-  monument,  le  conduisit  peu  de  temps 
pie,   il  la  maison  iS.*:^   sœurs  de  la  après  au  tombeau.  Il  mourut  à  l'aris 
charité  ,  et  à  l'institution  des  sourds-  en  1  81 1.  C'est  k  lui  que  l'on  doit  le 
muets.  De  tous  ces  travaux  celui  qui  plan  thi  théâtre  des  \  ariétés.     AV-s. 
fil  le  plus  d'honneur  a  Beaumont,  ce  BEAUMONT  -  LAIÎONM- 
ful  la  salle  du  Tribunal.  Elle  lui  mé-     ]\1ERE  (Marc-Antoine  ,    comte 
rlla  depuis   une  mention   honorable     de),  général  français,  né  le  20  sept, 
du    jury  pour  les  prix    décennaux,      1760,    a  Beaumont,   en    Touraine, 
dont  le  ranporlcur  déclare  (jue  celle     d'une  ancienne  lamille  de  celle  pro- 
sallc,  a  regardée  comme  la  plus  par-     vince  ,   fut  d'abord   page    de    Louis 

\V1  ,  puis  capitaine  de  cavalerie.  Il 

(,)  cr  l.;itim«.ii  qui  a  subi  tn..i  de  nw-tamor-     ■^^\(n^\v^  .'.ycc  sa^ressc  Ics  prlucipes  de 

sou»    In  .lir«ttion  d«!  Cciil.int  illviy.  lui    n-pris       la   reVolullOU  ,   Ct  deVIUl  bieUlol  Colo- 

,M.«..fj..s,p.ndan^s..,(o,ui.m.nis,,nr(.....iur,-      j,^.;  j^,  c-i„,,„icme  régiment  dc  dia- 

(]iii    (Mil  1.1    iirfjiinTB  i(li'«'    (In    [ioriii|(if  liiis.mt  ,'„... 

fine  ii  In  nio  noj.ilo.  Ilrn  <  kvn  1rs  iDioiines  gOUS.  Kll  I795  11  vlt  aVCC  llOrrOUr 
«lui  rtrsIrriMit  iiiai:lu'viTS   priid.iiil  près  d(*  Irrutn       1  _^i         1         1        r   ,.1*    „     „„..,..,;«.,;..,. 

m...I..,».àliinni.n«l..tn'pri,  .p.'ru.«o6.sou,  It'S  CXCCS  dc  Kl  faCllOD  SangUmaU  C 
In  dirt-ctioii  dr  M.  V  igiioii ,  ri  ii'u  i5l«i  trriiiim^  {\\\\  (loniMiait  la  FraïU'O  ,  Cl  H  Ue  pUt 
'''Vi'^•Hl.!Vw/^^  d.vr.nir  rnriMvst  n~m,'M  COUtcilir    SOU    ludiglialion.    Soil    régi- 

«ir  iroi»  piiiii»,  cilui  d«- Coiiimit  .  i)«%iu-|Mn> «lo     meiil  était  alors  a  JiVoii.  Il   devint 

Diilin  ,  ri'lui  d<<  roiitiirr  ,  et  ciiiiii  (fini  dv  Di'llU-         1  •  ,  ,       A         <■'  I  1 

iiiuht  nui  mou.iiu  les  Utux  j.rmUaiie.  l'iculol  suspccl.  Arrclo  par  orUrc des 


CFA 

proconsuls,  «im  onvo\aii'nl  ii  11  mort 
par  ceulaiaes  les  hahllaiils  de  ccdn 
iiialluMiri'iisc*  ville,  il  lui  condamm'  h 
sul)ir   le  même   sort  j   et  déjà  on  lo 
condui>ait  au  lieu  du  supplice,  lors- 
que ses  dra«2;ons  inonlèrenl  a  clicval 
cl  dctlarèriMil  ([u'ils  allaient  user  de 
violence  jiour  le  soustraire  h  la  mort, 
si  on  ne  le  leur  rendait.  Les  proconsuls 
intimidés  cédèrent  5   et  Beaumont  re- 
prit  le  commandement  de  ses  dra- 
gons qu'il  conduisit  encore  plus  d'une 
fois  a  la  victoire,  sonsIMassénaet  sous 
^cliérer  en  Italie,  où  il  préluda  aux 
glorieuses  campagnes  de  Bonaparte. 
11  prit  également  part  h  ces  derniè- 
res guerres;    se    distingua  parlicu- 
lièrement  a  Lodi,  h  Mantoue,  à  Ma- 
rengo,  et  devint  successivement  géné- 
ral de  brigade  ,  général  de  division  et 
inspecteur-général  de  cavalerie.  Il  fit 
aussi  plus  lard  les  campagnes  de  la 
grande  armée  ,  et  concourut  aux  vic- 
toires d'Austerlitz  ,  d'Iéna  et  de  AVa- 
gram.  Nommé  sénateur  et  écuyer  de 
Madame  mère  sous  le  gouvernement 
impérial ,  il  fut  appelé  h  la  chambre 
de«    pairs   sous    Louis    XVIII ,    en 
i8i4-,   et  créé  chevalier  de  Saint- 
Louis.  Il  ne  crut  pas  devoir  suivre  ce 
prince  dans  son  exil ,  et  combattit  h 
Waterloo.  Après  le  retour  du  roi,  il 
rentra  néanmoins  a  la  chambre  des 
pairs  ,  et  se  fit  souvent  remarquer 
dans  cette  assemblée  par  la  sagesse 
de   ses   opinions.  Le  général  Beau- 
mont  est  mort  le  4-  fév.    i83o.    Il 
avait  épousé  la  sœur  de  Davousl,  et 
il   était  depuis  long-temps  lié  d'une 
t-troile    amitié    avec    ce    maréchal. 
Après  avoir  passé  l'un  près  de  l'au- 
tre une  grande  partie  de  leur  vie ,  ces 
deux    guerriers   se   trouvent   encore 
unis  après  leur  mort,  car  ils  ont  ëlo 
ensevelis  dans  la  même   tombe.  — 
Trois  frères   du   gé:iéral   Beaumont 
§c  sont  illustrés  dans  radmiulslra- 


BEA  Au(j 

lion  ri  dans  rarinéc.  —  Sou  fils  lui  a 
succédé  a  la  chambre  des  pairs,  — • 
Braumont  1)1-  C.vuiuîjiL  (le  baron), 
né  d'une  fauilllc  obscure,  vers  1770, 
fut  long-temps  aide-de-camp  de  Mu- 
ral qu'il  suivit  dans  toutes  ses  campa  ^ 
gnes.  Partout  il  se  distingua  ])ar  sa 
bravoure,  notamment  en  i8o5,a 
Werlingen  ,  où  il  enleva  lui  seul  un 
capitaine  de  cavalerie  aulrichicnne  au 
milieu  de  sa  compagnie.  Parvenu  au 
grade  de  général  de  division  en  1 8 1 3^ 
il  mourut  glorieusement  sur  le  chanq) 
de    bataille   dans   la    même    année. 

M— DJ. 
BEAUNOIR    ( Alexandre- 
Louis- Bertrand  Bobine  AU  dit),  né 
le  4.  avril  i  74.6  ,   était  fils  d'un  no- 
taire de  Paris.  Bien  que  M.  Robineau 
père  ne  fut  pas  illettré  (car  il  a  laissé, 
dit-on,plusieurs  ouvrages  manuscrits 
sur  l'économie  pollti({ue  ),  il  voulait 
que  son  fils  lui  succédât  dans  sa  char- 
ge ;  mais  le  jeune  homme  ,  préférant 
à  la  carrière  lucrative  et  paisible  qui 
lui  était  offerte    la  vie    aventureuse 
et  rarement  opulente  de  l'homme  de 
letlrcs,  quitta  la  maison  paternelle, 
et  prit  le  petit  collet.  On  sait  que  ce 
costume  était  alors  ime  recommanda* 
tion  pour  un  débutant  en  littérature. 
Une  place  qu'un  ami  lui  fit  obtenir  h 
la  Bibliothèque   du  roi,   mit  l'abbc 
Robineau  au  dessus  du  besoin  ,  cl  do- 
miné par  un  goût  invincible  pour  la 
liltéralure  légère,   le  bibliothécaire 
en  petit  collet,  laissant  la  ses  livres  et 
son  grave  costume  ,  se  mit  a  faire  des 
vers    et    des    pièces    pour    les    pe- 
tits spectacles.  Ses  premières  produc- 
tions eurent  peu  d'éclat  et  sont  au- 
jourd'hui   totalement    oubliées.    Son 
véritable  début  dramaticpie  fut  l'A- 
mour ijuétcur j   représenié  pour  la 
première  fois  le  22  octobre  1777  sur 
le  théâtre   de  Nicolet.    Il  avait  tiré 
50U  sujet  duuc  chanson  libertine  alors 


4io 


BEA 


fort  en  vogue  ,  portant  le  même  ti- 
tre ,  dont  on  attribuait   les  paroles 
à  ravocat-général  Séguier  ,  et  l'air 
a  La  Borde,  valet  de   chambre  du 
roi.  L'Amour  quêteur  attira  chez 
INicolet  la  cour  et  la  ville.  «  Cette 
«pièce   est   charmante,    disent   les 
«  Mémoires   du   temps ,    et  digne 
«  d'un  autre  lieu  :  on  serait  tenté  de 
«  la  croire  de  l'abbé  de  Voisenon  , 
«  s'il  n'était  pas  mort,  »  La  scène  se 
passait  dans  un  couvent  :  le  dialogue, 
rempli  d'allusions  finement  gazées  , 
prête  a  de  pauvres  recluses  des  pen- 
sées plus  que  mondaines  5  et  l'on  con- 
çoit que  l'archevêque  de  Paris  ait  or- 
donné a  l'abbé  Robineau  ou  de  dés- 
avouer sa  pièce  ou  de  quitter  l'habit 
ecclésiastique.  Le  jeune   auteur  re- 
nonça  au  petit  collet.    Ce  fut  alors 
que,  par  égard  pour  sa  famille,   il 
changea  son  nom  toul-a-fait  bouri^eois 
contre  le  pseudonyme  sonore  et  tant 
soit  peu  féodal  de   Beaunoir  {a.na.- 
gramme  de  Robineau),  auquel  s'adap- 
tait  facilement  la  particule  de,  que 
M.  Rohineau  n'hésita  pas  a  s'attri- 
buer j  faiblesse  assurément  pardon- 
nable chez  un  littérateur  de  boule- 
varts,  puisque  nous  pourrions  citer 
tel  philosophe  bien  grave  cpii  n'en  fut 
pas  exempt.  Ou  peut  croire  (pie  l'A- 
mour  quêteur ,  dont  la  vogue  pro- 
longée peint  les  mœurs  peu  sévères 
del'épo(jue,  a  fourni  a  Picard  l'idée 
première  de  i->ti&  f^isitandines.  81  l'on 
compare  les  deux  dialogues  on  recon- 
naîtra (ju'il  y  a  plus  (le  réserve  et  de 
prud'honiUMcdaus  ropéra-coiniinie  du 
citoyen,   du  conuulien  Picard  ,  re- 

1)ré.sfnté  sous  la  républnpu*,  cpie  dans 
e  drame  grivois  de  l  abhé  ,  (piinze 
ans  avant  la  chute  de  l'ancieu  régime. 
Deux  mois  après  l'Amour  (jurleur^ 
lU-aunolr  donna  sa^<'/<//\/-'<7r77//<' au 
même  théâtre  où  elle  obtint  la  mémo 
vogue,  non  saus  une  vive  opposition 


BEA. 

de  la  part  des  grands  théâtres ,  qui 
voyaient  avec  envie  un  auteur  de  la 
foire  accaparer  les  grands  succès  (i). 
Dans   ce  temps  où  la  haute  société 
s'abandonnait  aux  plus  frivoles  ba- 
gatelles ,    l'ignoble  pièce  de  Jecin- 
not  ou   les  battus  paient  l'amen- 
de,  avait  été  honorée  de  la  présence 
de  Louis  XVI  et  de  la  reine  qui  y 
avaient  ri  comme  de  simples  bour- 
geois. Beaunoirfit  une  sorte  de  con- 
tre-partie de  cette  bluette  :  sa  Jean^ 
nette  ou  les  battus  ne  paient  pas 
toujours   V amende  (2)  ,  représen- 
tée au  mois  de  mai  1780,  ajouta  en- 
core à  sa  réputation  d'auteur  spirituel 
et  gracieux.  Celte  réputation  devint 
tout-a-fait  européenne,  lorsqu'il  eut 
enfanté  son  Jérôme  Pointu  (i3  juin 
1 78  i),pièceérainemraentmoralemal- 
gré  la  gaîté  un  peu  grivoise  du  dialo- 
gue. L'acteur  \olange  y  jouaitleprin- 
cipal  rijle  avec  un  naturel  (jui  a  laissé 
des  souvenirs  dans  la  mémoire  des 
Nestors  de  nos  vieux  parterres  ,  que 
nous  avons  été  dans  le  cas  de  con- 
sulter pour  cet  article.  Ou  contesta 
même  a  I)eaunoir  l'idée  de  sa  pièce; 
et  ,  selon  l'expression  des  Mémoires 

(i)  Une  cliaiisou  que  Bi'auuoir  composa  ft  fit 
courir  sous  le  uu'uie  litre,  et  sur  l'air  de  l'Amour 
(jucU'ur,  lui  fi)uruil  le  sujet  tle  cette  pièce.  Ayant 
ilouui'  au  théâtre  des  Klèvts  ilel'Opifra,  la  pasto- 
Ti\U'  (tes  Quatre  ruiiis  ,  il  crut  ces  jeuues  acteurs 
capables  de  jouer  mn-  pièce  plus  importante,  et 
leur  donna  eu  i^7() ,  l'Hymen  ou /c  Dieu  jaune  , 
suite  de  l' Amour  i/u<-'irur.  Mais  cette  cuuu'die  nu- 
dessus  de  leurs  forces  ,  n'eut  pas  le  succès  qu'elle 
aurait  oliteuue  joiu'i-  par  des  coutedicus  cousuin- 
inés.  L'allef^orie  en  e»t  a|{rial)le  ;  et,  quoique  lo 
fond  eu  soit  un  peu  lil)re  ,  l'aultur  y  a  respecté 
la  décent'c,  plus  encore  ipio  dans  la  prentièie. 
On  peut  dire  ipic  lleaunoir  en  épurant  le  };t>ùt  et 
les  uueurs  drs  pelii-.  théâtres,  nettoya  veritalilc- 
mcnt  les  établet  d'Au;;ias.  A — r. 

(a)  L'uuteur  du  l7iioni<iueur  drsivut'/f  ou  l'es- 
pion îles  ùuulenirli  [Mnyvnr  dit  Saint-Paul),  pré- 
tend q»ie  I'uMm-  nidiinean  lit  cette  pièce  pi>ur 
pluiro  ù  une  jolie  actrice  du  lliei\tredo  Nicolet, 
n(unnu-u  lorest  ;  cl  «|u'il  cliercha  en  vain  i>  lui 
tleioir  le  honhenr.  Il  l'a  «use  en  outre  d'avoir 
copié,  I»  la  Hil)lio(liè(pie  du  roi  ,  la  plupart  de^ 
pièces  qu'il  faisait  npi  éscuter  ^ur  les  llir.Ures 
des  hiuilevails;  mais  c«  critique  uurite  peu  do 

COIlfuUCC.  L — >• — •'V" 


m'A 

déjà  elles,  on  voulut  a  cjue  rillslrioii 
«  lui  cil  cùl  donuc  rulcc  ,  cl  (ju'il 
«  n'eii  fùl  (|ue  l'excculcur.  »  Ccpcu- 
iliiul  UobiniMu  se  laissa  imposer,  par 
la  susceplibililc  un  peu  élrangc  de  ses 
confrères  de  la  niI)liotliè(juc  du  roi , 
l'oMigalion  de  ne  pas  donner,  mèinc 
sous  son  nom  de  guerre ,  ses  pièces 
aux  ])elils  lliéàlres*  el  elles  parurent 
désorjuais  sous  le  nom  de  sa  femme. 
Il  venait  d'épouser  M  '"  Louise- 
Céline  Cheval  ,  que  son  esprit  aima- 
Lie  el  cultivé  rendait  toul-h-fait  pro- 
pd'C  k  prendre  pour  sou  comple  les  pro- 
ductions de  son  mari.  Déjà,  il  avait, 
sous  le  uom  de  sa  jeune  épouse, 
donné  Jérôme  Pointu ,  ce  qui  fit 
dire  h  Tanteur  du  Petit  Almanach 
des  grandes  femmes  :  «  On  ne  sau- 
te rail  concevoir  comment  une  femme 
«  seule  a  pu  souffler  a  un  vieux  pro- 
«  curenr  tant  de  jolies  choses  pour 
«  rire.  »  Jérume  Pointu  a  fait  le 
tour  de  l'Europe  et  a  été  traduit  en 
allemand  par  F.-W.-L.  Meyer(Vien- 
ne  ,  1783,  in-8°)  5  et  Bcaunoir  a  été 
surnommé  le  père  des  Pointus  (3)j 
car,  mettant  a  profil  celle  première 
donnée,  il  a  fait  successivement  2 lia- 
lie  à  la  Foire  et  les  Pointus 
(1783),  et  Eustache  Pointu  chez 
lui,  ou  qui  a  bu  boira  (17 84^).  Eu 
1782  il  avait  donné  k  la  comédie  ita- 
lienne la  Nouvelle  Omphale ,  imi- 
tation assez  gracieuse  du  conle  de  Se- 
necé  intitulé  :  Camille ^  ou  la  ma- 
nière de  Jller  le  parfait  amour. 
Il  avait  composé    pour   les   Variétés 

(3)  Ce  suinoiu  ne  lui  vient  p.is  de  ce  qu'il  a 
fait  tous  les  Pointus  ;  car  Uuillcinuiii  a  donné  au 
ini-nie  théâtre  (Variétés  amusantes),  de  1781  à 
1-83,  ti'ois  pièces  jouées  aussi  par  Volange:  Bo- 
iiijace  Pointu  et  sa  famille  ;  les  Bonnes  gens  ou 
Jioniface  à  Paris  ;  et  le  Bienfait  récompensé  ou  la 
suite  des  Bonnes  gras.  Muis  Ueaanoir  avait  crei'; 
l'aîné  de  la  fauiille,  Jérôme  Pointu,  qui  avait 
eu  cent  cinquante  représentations  de  suite;  et  il 
donna  depuis  deux  antres  Pointus  sous  le;  nom 
(le  sa  femme.  Qu;int  au  |>re.iiier  ,  il  est  inq)rimé 
sous  son  nom  seul  ;  et  le  Petit  .tlmunacli  des 
grandes  femmes  bc  troiiipc  ux  l'allribuanl  à  ma- 


BÉA.  /«Il 

ainusantcs  la  charmante  comédie  de 
Juin  fan  et  Colas  ;  mais  les  comé- 
diens italiens,  par  les  mains  de  (|ui 
passaient  ces  sortes  d'ouvrages ,  et 
qui  avaient  le  droit  d'en  retrancher 
tout  ce  (jui  rentrait  dans  le  genre  des 
pièces  de  leur  répertoire,  demandè- 
rent k  la  jouer  eux-mêmes,  et  l'auteur 
y  consentit  5  elle  fut  représentée  le 
7  septembre  i784«  Ce  drame  offre 
l'intérêt  le  plus  touchant.  «  Il  y  a 
«  peu  de  tragédies,  dit  Grinim,  qui 
«  lassent  répandre  aulantdelarmes,  il 
«  y  en  a  peu  qui  puissent  avoir  une 
«  influence  aussi  utile  sur  les  mœurs, 
«  et  dont  l'impression  puisse  être 
«  aussi  sûrement  profitable,  n  On  sait 
que  Fanfan  et  Colas  était  l'imita- 
tion de  la  meilleure  des  fables  de 
l'abbé  Aubert  [Voy.  ce  nom^  LVI, 
5i3)  ;  Florian  avait  également  em- 
prunté ce  sujet  ,  mais  il  n'avait  fait 
qu'un  drame  assez  triste  (4-).  L'auteur 
ou  les  auteurs  de  Fanfan  et  Colas 
(car  pourquoi  refuser  a  madame  Beau- 
noir  quelque  chose  de  plus  que  le  fai- 
ble mérite  d'avoir  écrit  lorsque  son 
mari  dictait?)  firent  une  suite  k  cette 
cliarmante  pièce  ^  et  Rose ,  suite  de 
Fanfan  et  Colas,  représentée  le 
i5  septembre  1785,  eut  un  succès 
égal,  sort  assez  rare  pour  les  sui- 
tes. Le  Mariage  d'Antonio  ^  don- 
né le  29  juillet  1786  au  même  théâ- 
tre ,  musique  de  mademoiselle  Gré- 
trj,  parut  assez  froid  aux  premières 
représentations,  et  les  auteurs  le  reti- 
rèrent. Bientôt  les  Amis  du  jour 
(sept.  1786)  vinrent  dédommager, 

dame  Beauiioir,  qui  n'était  pas  encore  mariée 
eu  i^bi  ;  elle  n'avait  alors  que  quinze  à  seize 
ans.  A — T. 

(4)  En  182J  ,  la  comédie  de  Fanfan  et  Colas 
repnrut  en  opéra-comii;iio  ,  arrangé  par  M. 
Adolplie  Jadin  iils,  musique  de  M.  L.  Jadin 
pèle.  iM.iis  elle  eut  bien  moins  de  succès  que 
flans  la  nouveauté  ,  parce  que  la  musi(|uc  en  ra- 
lentissait un  peu  l'action  ,  et  que  des  talents 
médiocres  ctaiciit  chargé?  des  priucipaux  rôles. 

A— T. 


4l2 


BEA 


par  un  nouveau  succès,  Beauuoîr  qui 
donna  cette  pièce  sous  son  nom  seul. 
Il  serait  trop  long  et  probablement 
impossible,    d'énuraérer   toutes    les 
productions   dramatiques   de   Beau- 
noir  :  lui-même  les  faisait  monter  à 
plus  de  deux  cents  ',  et  le  be'néficc  qu'il 
en  avait  tiré  a  cent  mille  écus.  Dès 
178/i  ,  vu  son  peu  d'assiduité  a  ses 
fonctions,  on  l'avait  engagé  a  renon- 
cera sa  place  d'employé  a  la  Biblio- 
thèque du  roi.  Celle  mesure  d'ailleurs 
avait  été  exécutée  d'une  manière  ho- 
norable et  avantageuse  pour   Beau- 
noir  ,  puisque  une   gratification    fut 
le  prix   de   sa  démission.  En   1787 
il  partit  pour  Bordeaux,  où  il  prit 
la  direction  du  théâtre  5  mais  il  y  fit 
mal  ses  affaires.  De  retour  a  Paris 
en   1789  ,  il  ne  parut  pas   d'abord 
éloigné   d'adopter  les  idées   nouvel- 
les 5    il   était    alors    orateur    de    la 
loge  du  Contrat-Social.  Mais  dès  le 
1 5   sept.  ,   effrayé   des  progrès    de 
la  révolution  ,  il  (juitia  la  Frauce  , 
se  rendit  en  Belgl(jue,   et  prit  part 
comme  écrivain  aux  disseusions  po- 
li ti(jues  (jui  agitaient  ce  pays.   Après 
l'expulsion  des  Autrichiens,  la  ma- 
nifestation trop  franche   de  ses  opi- 
nions en  faveur  de  la  maison  d'Au- 
triche ,  Texposa  aux  persécutions  du 
gouvernement  arislo-thcocrallque  qui 
dominait  dans  Bruxelles.  Tins  lard  , 
lor.scp.ie   le  retour  (\cs  troupes  autri- 
chiennes eut  relevé  le  parti  impérial, 
Beaunoir  manifesta  sans  réserve  son 
resscnlimcnt   contre  ses  adversaires. 
11    publia    le  journal   la  f^cnfrcur  , 
puis  deux  libelles  des  plus  violents  : 
j  "    Histoire    secrète  et    ttncvdo- 
Hijne    (le   r insurrection    hel^iqiie 
on  /  aniler^ool,  (Iriimehistoritjiie 
en  cinq  nctes  et  en  prose ,    itédiê 
à  S .  At.  le  roi  (le  lîohèine    et  de 
J/on^ritf  ,   Inulnit  dit  Jlnninnd  de 
y  an  { de  )  Se /ton  (  beau  )  Sc/i  warlz 


BËA 

(  noir  )  par  M.  D.  B. ,  in-^°  ijgo* 
2°  Les  Masques  arracJiés  ou  vies 
privées  de  LL.  EE.  Henri  Van- 
der    Noot   et    Van    Çuper ,    de 
S.  E»  le  cardinal  de  Malines  et 
leurs  adhérents  j  par  J .  Lesueur 
(pseudonyme) ,  1790  ,  2  vol.  in- 8", 
De  cesdeuxproductions  ,  la  première 
est   un   drame  dans  lequel   l'auteur 
sVst  affranchi  non  seulement  de   la 
plupart  des  règles  de  la  composition 
théâtrale,  mais  de  toute  convenance 
de  style  et  de  toute  pudeur  morale. 
On  y  voit  dans  le  désbabillé  le  plus 
obscène  les  liypocrites  dominateurs 
de  la  Belgique.    Les  gravures  sont 
dignes  du  texte  5  mais  ce  que  l'on  a 
peine  k  concevoir  ,  c'est  que  la  police 
autrichienne  ait  laissé  mettre  en  tète 
du  volume  la  dédicace  a  Léopold  l*"'', 
roi  de  Bohème  et  de  Hongrie  ,  et  le 
portrait  de  ce  prince.  Si  les  gouver- 
nements réguliers  peuvent  quelque- 
fois se  croire  obligés  de  soudoyer  de 
pareilles  turpitudes,  ils  ne  doivent 
jamais  leur  donner  un  caractère  offi- 
ciel. Entre  le  quatrième  et  le  cinquiè- 
me acte  ,  se  trouve  une  très-grave- 
leuse biographie  de  la  Pineau  ,  inaî- 
tresse  de  Vander  îSool  (  Voy.  ]\e- 
LEM,  dans  ce  vol.).  Dans  cette  note 
l'auteur  faisant  libéralement  les  hon- 
neurs de  son  propre  caractère  ,   an- 
nonce que  «dans  ce  moment  un  es' 
ff  pion  de  police  ,  dij;ne  Homère  de 
«  cette  Minerve  ,  etl  un  des  mille  et 
«   un  heureux  qu'elle  a  faits  dans  ses 
«  beaux  jours,  se  prépare  h  donner  au 
«    public  ses  aventures  dé  taillées  dans 
a   un   ouvraire   intitulé  :  Les  JlJas- 
«  qiies  tirruchés  ,  etc.  »  Ce  n  est, 
en  effet  ,  ainsi  que  le  disent   les  au- 
teurs de  la  Galerie  liisloiique  des 
co/iteniponuns  ,   publiée  a  Bruxel- 
les, (pnin  roman  scanilaleux  ;  v.  hor- 
«   mis    quelcpies  pages,   cet  ouvra- 
«  ge  pariiil  avoir  clé  écrit  dans  uq 


REA  BEA                  /,i3 

«  mauvais  lieu  ]iar  nu  espion  do  po-  France,  en  i8oi  ,  Hcannoir  qui  se 
«  lice.  Il  csl  vrai  de  dire  (|ne  les  fixa  pour  loiijours  ii  Paris  ,  lui  choisi 
u  personnages  les  plus  marquants  de  pour  correspondant  lillcraire  par 
te  colle  époipie  ne  mcrilaicnl  guère  ])lusicurs  pcrsonna<:;es  clraugcrs  j  plus 
«  d'aulre  iii.^loricn.  »  En  1791,  lard  il  rcniplil  celle  mission  auprès 
Beaunoir  parcourut  les  provinces  de  Jérôme  IJonaparle,  devenu  roi  de 
rlicnaues  ,  pro!)aI)lenient  avec  ([uel-  Wesiplialie.  Ilrédigeail  aussi de.sarli- 
(|uemissionsecrèle.Quoi([u'ilensoil,  clc«  ,  sur  les  pelils  llicàlres,  dans  le 
écrivain  infaligable,  il  lira  parti  de  journal  le  Publiciste.  Il  ne  cessa 
celte  excursion  en  publiant  un  Koya-  point  de  travailler  pour  le  théâtre  et 
£>c'  sur  le  Rhin  depuis  Hlaj-e/ice  ne  négligea  aucune  occasion  de  célé- 
jusquà  Dusscldorf  ^  Neuwicd  ,  brer  Napoléon.  Nous  citerons  de  lui 
1791  ,  I  vol.  in-8^;  traduit  en  hol-  sous  ces  rapports  :  I.  Tlu^asybule  , 
landais  ,  Harlem,  1790,2  vol.  in-  cantate  lyritpic  ,  exécutée  à  l'Hôtel- 
8°.  I/impcralrice  Catherine  l'ayant  de-Ville  de  Paris  devant  L  L.  M  M. 
appelé  en  Russie  ,  il  y  arriva  immé-  I  I. ,  le  26  frimaire  an  XIII  (i8o/|.). 
dialement  après  la  mort  de  cette  En  18 14-,  Ijeaunoir  retourna  ce  sujet 
princesse  (1796).  Son  fils,  Paul  E"'',  sous  un  autre  aspect,  et  publia  : 
fit  beaucoup  d'accueil  à  Beaunoir  et  Thrasjhule  onl' Amnistie  cTAlhè- 
le  nomma  directeur  des  trois  théâtres  nes^  drame  en  trois  actes  et  en  prose, 
de  la  cour,  mission  dont  il  s'acquitta  non  représenté,  'm-2>°  [(i).l\. Les  Cou- 
avec  succès  ;  mais  il  n'en  lut  pas  ronnes  ,  divertissement  pour  le  ma- 
moinsobligé  de  quitter  Saint-Péters-  riage  de  Napoléon  et  de  Marie-Louise 
bourg  ,  lorsque  cet  empereur  bannit  (imprimé,  mais  non  représenté),  1  8  ro, 
tous  les  Français  de  ses  états  (1798).  in-8".  IIL  Paraphrase  du  Laudate 
Arrivé  en  Prusse,  Beaunoir  fut  nom-  pueri  Dominum  pour  la  naissance 
mé  lecteur  de  la  reine  Louise-Wi-  du  roi  de  Rome  (imprimée  dans  les 
Ihelminc-Amélie  ,  première  femme  Honwiages  poétiques').  IV.  Enfin, 
du  roi  aujourd'hui  régnant.  Alors  il  Paraplirase  de  /'Ave  Maria  ,  y^owr 
travailla  pour  le  théâtre  de  Berlin  et  la  naissance  duroi  de  Rome  (  im- 
pour  divers  autres  théâtres  d'AUema-  primée  ibidem  ,  sous  le  nom  de  ma- 
gne. Les  pièces  qu'ilcomposait  dans  sa  dame  de  Beaunoir).  Beaunoir  avait 
langue  étaient  sur-le-champ  Iradui-  en  outre  commencé  avec  H.  Damp- 
tes  par  Ifland  de  Berlin  ,  Opilz  de  marlin  les  Annales  de  Vempire 
Leipzig etSchrœderdeHambourg(5).  français  ,  par  une  société  de  gens 
Alors  furent  aussi  traduites  en  aile-  de  lettres  ,  i8o5,  in-8°.  Il  n'eu  a 

maud  plusieurs  de  ses  anciennes  piè-       ■ 

ces  ,  entre  autres  les  Amis  du  jour;  TrZ\TT'  '"'^'  ^'^.^'"f  ^'°«  ^"='^'-  •  ^i  ''- 

/                           .,                                  J^           '  présente  avec   succès  a  Berlin,    en  1797.  Celle 

mais  celte  dernière  le  fut  d'après  une  l>i<'ce  fut  le  résultat  d'une  gageure  entre  Ifland 

I    •                      1       j        1       I  et  Beaunoir.  Celui-ci  avait  parié  que  le  dernier 

version     anglaise     que     le    traducteur  ,,.i,„,   dramatique    français    éta?t   capable    de 

allemand  avait   prise   pour   l'original,  composer  un  drame  supérieur  à    tous   ceux    de 

d.     1           •«          j       r>               •  Kolzel)uc;  il  fit  jouerdepuis  cette  pièce  à  Paris . 

^         ant    la    pièce   de    Beaunoir  en  1807,  sm- le  th.  àtre  des  Variétés  étrang-^resi 

que  comme  une  Iraduclion  française,  salle  Molière.                                 A— t. 

L'         ,    .,    .  1           .                                     ^1        ^  (f))  IJ-TMs  la  préface  de  celte  pièce,  dédiée  par 

e  véritable  auteur  ,   en   rapprochant  ranleur  à  un  anonyme,  qu'il  compare  à  Thra- 

ïes  dates,  n'eut  pas  de  peine  a  prouver  ■'^>i'»|'''-i  •""i>.<i.dit-ii.  la  r.anre  doit  le  lap- 

I                    '.           Aw     r      \  P'''  "*"'   »"'"■'"'"'*.  î'  '"5»s    apprend  que  l'idée 

le    contraire.    Ubllge    de    rentrer    eu  lui  en  vint  dans  un  cours  d<-  I.cluie  qu'il  fai- 

— ■ sait   avec  de  jeunes  demoiselles,   dont  il  a  di- 

(5)  Wous  citerons  Us  LiOcllates ,   dramo  ea      rigé  les  ciudcs  pcudaat  sa  vieillesse.     A t. 


4i4                   BEA  BEA 

paru  que  le  premier  volume.  Quel-  l'avait  précédé  au   tombeau,  le  19 

ques  pièces    de  théâtre    qu'il  com-  janvier  1821;   elle  avait  cinquanle- 

posa,  depuis   1801  jusqu'en  1810,  cinq   ans.    Dans   ses   dernières    an- 

fiirent  refusées  ou  n'eurent  que  peu  nées  ,  Beaunoir  travailla  en  société 

ou  point  de  succès  (7).  Il  voulut  éta-  avec  MM.  Chaalons  et  d'Argé  a  la 

blir  a  Paris,  en  1811  ,  un  cabiuet  Bibliothèque  dramatique  et  thé d^ 

d'agence  littéraire;  malgré  les  pro-  traie,  histoire  de  tous  les  théâtres  de 

messes  fastueuses  d'un  prospectus,  qui  Paris,  dont  la  première  année  parut  en 

rappelait  en  quelque  sorte  le  bureau  1821  ,   un  vol.  in-8°.   Cet  ouvrage 

de  correspondance  de  La  Blancherie,  était  destiné  a  faire  suite  à  l'Histoire 

ce  projet  ne  réussit  pas.  Toujours  a  du  Théâtre-Français  de  MM.  Etieu- 

l'affùt  des  circonstances,  lors  de  la  ne  et  Martainville,   et  au  Cours  de 

fameuse  querelle  qui  s'éleva  au  sujet  littérature  dramatique  de   Geoffroy, 

des  Dew.r  gtv2f/re5  de  M.  Etienne,  Il  publia   aussi  quelques  pamphlets 

Beaunoir  fit  une  bluelte  intitulée /«-  politiques    «  de    couleur    opposée, 

quot  n'a  quça.  La  dernière  de  ses  dit    un   biographe  ,    et   commandés 

Ïiroductions  dramatiques  qui   ait    eu  par  les  diverses  administrations  qui 

es  honneurs  de  la  représentation,  est  se  succédèrent.    îj  En   voici  les  li- 

Greuze  ou  l'accordée  de  village  ,  très  :  10  Le  mieux  est   ennemi  du 

comédie-vaudeville  en  un  acte,  qu'il  bien,  18 19,  ])rochure  in-8°,  contre 

composa  en  société  avec  M'""  de  Va-  la  proposition  de  Barthélémy,    re- 

lory ,  imprimée  avec   une  notice  sur  lative  au  changement  de  la  loi  des 

Greuze,  par  Beaunoir.  Il  y  avait  long-  élections  du  5  fév.  1817  (/^o)^.  Bar- 

temps  qu'il  aurait    dii   se  conformer  thÉlemy,  ci-dessus,  p.  2^4 1);  2° La 

au    précepte  d  Horace   et   mettre    a  liberté  de  la  presse  garantie  par 

la  réforme  sa  muse  fatiguée.  Ala  res-  la  censure,  i8i9,iu-8°;  0'^  Petite 

laurationdc  1814.,  il  recueillit  le  prix  logique  d  l'usage    de  nos  grands 

des  opinions   qu'il  avait    long-temps  orateurs ,  dédiée  à  3131.  les  mcm- 

professées.  Attaché  par  une  espèce  de  bres  de  la  chambre  des  pairs  et  de 

sinécure  a  la  division  littéraire   du  la  chambre  des  députés ^  par  R. 

ministère  de  la  police,  puis  de  Tinté-  de    Beaunoir  ,    sous-  doj^en  des 

rieur  (  bureau  des  gravures),   il  cou-  maîtres  es-arts  de  l'université  de 

scrva  celle    position  jusqu'à  sa  mort  J^aris,  i  81»  li,  in- i  2.  La  naissance  du 

arrivée   le  5  août   1823   :  sa  femme  ducde  lîordcauxlui  avait  inspiré  cpicl- 

— ,  .   .. ; 7 r-r— ; — i — .,   ■,  (lucs  scèncs  allégoriqucs ,    intitulées 

(7J     U     ml    nlois    à    se    plaindre  du  théâtre  1                                       b          1          ' 

«les   Vjirirti.s,  i|ui   ufusa  plusieurs  de  srs  |»i«Tes,  V  A  rC-Vn-cicl  ^    182O   ,   brocliurc  iu- 

''"'•^ •;  ♦' ;^ •"  "!^'!;'r.'T"  imr  ";1";;:  s-.  Enlin  rannéo  mt^nu'  de  sa  mori  , 

nisIralcui'.M  «u:    cv  thralrr;    iW  la    police  cpii   ne  _              _                                   ... 

permit  pas  la  leprt^seniaiioii  du  nvjrniwr  it  la  \\  avait  clos  SH  Carrière  Htlérairc  par 

/"«((/f//»-//»' ,  ciue  f.iisaieul  iilors  les  ai  adémirien»  ;  1  •    ,       .                     /..•»                 i 

de  i'.,iie>  qui  trouvait  su»  rôles  iro,.  f.,i,j;uants  "H  romau  liislori(|ue  :  Attila   OU  le 

,lmn  Ut  vl.aleun  de  f  èlv  :  et   il  teru.inail   aiusi  .  Jl(i(iU  dc  DicU  ,    2    Vol.   ill-  12.  Après 

en  1810 ,  une  «•pitre  inédite  ru  vers ,  odicsscc  à  .       .     1      .                                       .           r         I  • 

i5r„,„.t ,  tant  (le  travaux  prestpie  tous  lorlluen 

Dis  un  mot ,  ri  je  pui»  rendre  nui  Vorîei.»  rétribués  ,  Beauuoir  mourut  saus  for- 

l.ed.Muu-s,pu,ss„ntdeleursn,MvH^^^^^^^  ,^l^^^.           w^.^j^     ^iV,il|^>„r,     „„     aimable 

.Soyons  anus.  Ht  uiiet,  c  est  unii  (|ut  t  eu  convie.  ' 

A  Volante  aotieJcMs  si  j'ai  donne  la  vie  ,  \ieilhir(l    :    Ifl    IIOIIS  ThN  OUS  COIlIllI .    Si 

•Si  l'ai  fait  le»  l'itintitt,  «rois  iiue  je  puis  eiieor  I     "i       11         "I             .1  '_;i  ' 

Fairepreudre.^.Ioerisseuuplusl.,;ilautevs..r.  •^""   «'<""    d<"t    aller   U  la  pOSlorile  ,   CC 

I,ui  prèlerde  Carliii  les  vini;l-«i»  inlortuner.,  Sera   sailS   (lonle    IIi;ilgréce    loiirtl    ba- 

El  puurtoi  lesdiancier  eiilieurcuse.s  lortuues.  i      11       ..          1              .•                     •     1 

'                    '^                    V— V».  gage  do  blueltcs  uramaliqucs ,  cl  de 


l)rocliurcs  faites  |)i)iir  ne  vivre  qu'un  le  sivgc  cpiscnpal  de  Beaiivais.  II  se 
jour  ;   mais  nous  osons  dire  que  J<-  relira  dans  le  sein  de  sa  famille,  où  il 
rônic  Poiitlu  ^    Fan  fan  cl  Coins,  passa  les  Irenic  dernières  années  de 
petits  chefs-d'œuvre  dans  leur  genre,  sa  vie  dans  les  exercices  d'une  austère 
seront  toujours  appri-ciés   tant  qu'il  pénitence,  ne  sortant  de  sa  clianihrc 
y  aura  en  Fiance  quehjue  goût  pour  que  pour  aller  à  Téglisc.  11  mourut 
celte    littérature   légère   qui    cliar-  le   i*"'"  février  i  709,  a  87  ans,  et  fut 
mail  la  vie  joyeuse  cl  insouciante  de  enterré  dans  le  chœur  de  Saint-Sau- 
nos  pères  (8).                D — r — r.  veur,  sa  pnroisse  ,  avec  une  épitaphc 
I5EAIJPUIS  (  Charles  Walo?j  qu'on  trouve  dans  le  Diclioniuiire 
de),    pieux    ecclésiastique,    connu  de  Moréri.  Outre  quelques  0/.»M6cw/e.ç 
par  ses  liaisons   avec  les   solitaires  ascétiques  que  l'on  conserve  en  ma- 
de  Porl-Iloyal,  naquit  a  Beauvais,  le  nuscril ,   on  a  de  lui  :   I.  Maximes 
9  août   1621  :  il  était  fils  d'un  con-  cA/y/Ï/cvz/zc.ç  tirées  des  lettres  de l'ab- 
seillcr  a  Téleclion  de  celte  ville.  Après  bédeSoinl-Cyran,Paris,i678,in-i2: 
avoir  fait  ses  premières  éludes  sous  elles  ont  élé  réimprimées  plusieurs 
les  veux  de  son  père,  il  vint  à  Paris,  fois  5  Tédilion  la  plus  récente  que  l'on 
où  il  aciieva  son  cours  de  philosophie  connaisse  est  celle  de  i  735.  II.  Nou- 
au  collège  du  Mans  ,  sous  le  docteur  veaux  essais  de  morale  contenant 
Ant.    Arnauld  ,  puis  au  collège   de  plusieurs  traités  sur  différents  sujets, 
Cluny.  L'évèque  de  Bazas,  Litolphi-  ibid.,  1699,  in-12.  On  peut  consul- 
Maroni,  l'ayant  distingué,  l'emmena  ter  pour  les  détails  :  Mémoires  sur 
dansson  dîocèsej  mais,  ce  prélat  étant  la  vie  de  Ch.  TVallon  de  Beau- 
mort  ,    Beaupuis  revint  a   Paris  ,  et  puis,  dans  le  volume  intitulé  :  Suite 
fut  peu  de  temps  après  chargé  de  la  des  vies  des  amis  de  Port-Royal ^ 
direction  des  petites  écoles  de  Port-  Ulrecht  (Rouen),    i75i,   in-12. 
Royal  dans  Tinlérieur  de  celte  ville.  W — s. 
Tl  dirigea  depuis  celle  des  Granges,  et  BEAUPUY  (Nicolas-Michel 
il  eut  l'avantage  d'y  compter  parmi  Bachelier  de) ,  né  aMussidan  (Dor- 
scs  disciples  Le  Nain  deTillemonl  et  dogne),  en  1760,  d'une  famillenoble, 
Thomas  du  Fossé  ,  qui  se  sont  rcn-  descendait  par  sa  mère  de  l'illustre 
dus  célèbres,  surtout  le  premier.  Ces  Montaigne.  Il  avait  a  peine  achevé 
écoles  ayant  élé  suppriméesen  i65o,  ses   études,    lorsqu'on   le   fit   entrer 
Beaupuis  revint  à  Beauvais  j    et  son  comme  sous -lieutenant ,  a  l'âge  de 
évèque,  M.  de  Buzanval  (  f^oy.  ce  17  ans,  dans  le  régiment  de  dauphin- 
nom,  \I,  4-o8),  l'ayant  obligé   de  dragons;   il  était  parvenu  au  grade 
prendre  la  prêtrise  ,  lui  donna  la  con-  de  major  quand   la  révolution  com- 
duite  de  quelques  maisons  religieuses  ,  meuça.  S'en  étant  déclaré  partisan, 
et    l'établit   ensuite  supérieur  de  son  il  fut  nommé  lieutenant-colonel  dans 
séminaire.  Après  la  mort  de  ce  pré-  le  régiment  de  raestre-de-camp  ;  mais 
lat,  l'abbé  de  Beaupuis  fut  interdit  la  différence    de    ses   opinions  avec 
par  ^I.  de  Janson,  qui  occupa  ensuite  celles  des  autres  officiers  de  ce  corps 

(8)  Beaunoir  avail    prodigieusement  «-crit  et  ^Ç    forÇa   bicnlôt    II    donUCr  Sa  démis- 

couipiif.  W  ])arie  ,  «laiis  les  lettici  qu'il  écri  siou.  Reveuu  daus  sa  viUc  uatalc ,  il 

vail  aux  libraires,  pour  leur  proposer  SCS  ouvra-  r    ,                       •                  .                      f 

pes,  et  sunout.ians  une  lettre  de  .809.  d'un  y    '"l   successivement   nommc   com- 

pios  volume  Mir  !<•  disirici  de  rohio.et  il  se  mandant  tle  la  garde  ualiouale,  maipe, 

dit  clinr"é  de  beaucoup  d'aulres   manuscrits  d'un  \>          i           j      •    •    ,       ,                11/ 

genre  frUoie.                              V— vb.  l  uu  (Ics  administrateurs  du  départe- 


4i6  BEà  BEA 

ment,  et  enfin  député  à  rasseinl)lée         BEAUPUY   (Armànd-Michei, 
législative.  Peu  fait  pour  la  tribune,     Bachelier  de),  général  français,  né 
il  y  parut  a  peine  une  seule  fois,  et     a  Mussidau  en   1767  ,  était  frère  du 
ce  fut  pour  déposer  sa  croix  de  Saint-     précédent ,  et  comme  lui  il  fut  destiné 
Xouis  comme  décoration  du  despo-     de  bonne  heure  a  la  carrière  des  ar- 
Lisme.  Membre  du  comité  militaire,     mes.  Nommé  sous-lieutenant  au  régi- 
îl    y   rendit    quelques    services    par     ment  de  Bassigny ,  en  1775,   il   y 
son  expérience.   Après  le    i  0   août     resta  dans  le  même  grade  jusqu'à  l'é- 
1792,    il   fut  envoyé    au  camp   de     poquc  de  la  révolution ,  où  il  devint 
Châlons  pour  y  faire  adopter  par  les     chef  de  l'un  des  bataillons  de  volon- 
troupes  les  changements  qui  venaient     taires  nationaux  qui  furent  créés  dans 
d'avoir  lieu  dans  le  gouvernement,     le  département  de laDordogne.  11  com- 
Ccnendant  il  ne  s'était  pas  montré     battit  a  la  tête  de  celte  troupe  ,  en 
lui-même   fort   enthousiaste   de    ces     i792,aWorms,  à  Spire,  aMayence, 
changements,  et  il  ne  fut  point  nom-     et  fut  nommé  général  de  brigade  le  8 
raé  député  a  la  convention  nationale  5     mars  1793.  Après  avoir  été  renfermé 
il  retourna  dans  sa  patrie,   où  les     dans  Mayence  pendant  le  siège  qu'eu 
fonctions  civiles  les  plus  importantes     firent  les  Prussiens,  il  fut  envoyé  avec 
lui  furent  toujours  confiées.  Ce  qui     la  garnison  de  celte  place  contre  les 
est  digne  de  remarque,   c'est  que,     Vendéens.  Bcau[)uy  concourut  par  une 
connu  comme  il  rélait  pour  la  sagesse     habile  manœuvre  a  la  vicloire  de  la 
et  la  modéiation  de  ses  principes,  il     Tremblaye  le  i  5  oct.  1790.  Une  dé- 
fut   néanmoins  président  du  comité     ploya  pas  moins  de  valeur  deux  jours 
révolulionnaire  de  Mussidan,  et  que,      après  au  combat  de  Chollet  ,  où  il  eut 
profilant  de  l'isolement  où  se  trouve     aluller  corpsacorpsavcc  un  chef  des 
cette  ijctile  ville  ,  il  fit  si  bien  ,  que     royalistes  :  cet  exploit  le  fit  nommer 
pendant  plusieurs  mois  aucun  excès     général  de  division.   Mais  il  ne  put 
n'y  fut  commis,  aucune  persécution     empêcher  ensuite  réchec   de   Beau- 
n'y  fut  exercée.  Mais  il  élait  bien     préau,  uilesautrcssuccèsqu'ohliureut 
difficile  alors  que,  même  sur  los  points     les  Vendéens  h  Entrain  et  a  Chàteau- 
les  plus  éloignés,  on  pùf  impunément     Goulier  ,   après   leur   passage   de   la 
se  soustraire  ainsi  au  mouveiiieul  gé-     Loire.  Beaupuy  fut  blessé  d'un  coup 
néral  :  Beaupuy  fut  a  la  fin  dénoncé     de  feu  dans  celle  dernière  aft'aire,  et 
et  arrêté  comme  suspect  ;  et  il  eût     il   alla  se  guérir  a  Angers ,   où   il  se 
sans  doute  clé  victime  de  sa  généro-     trouvait  encore  lorsque,  jieu  de  jours 
silé,  si  la  chute  de  Robespierre  ne     après,    les    royalistes   cherchant    ii 
l'eût  sauvé.  lUut  nommé  comnjlssaire     repasser    la   T.oire    se    présentèrent 
du  directoire  eu  1797,  puis  député     devant  celle   ville.  8'étanl  fait  por- 
au  conseil  ^^^  anciens  par  le  départ.     1er  sur  le  renq)art  pour  comballrc, 
de  la  Dordogue.  Membre  de  la  corn-     il     fui     blessé,    mais     Inrt    légère- 
mission    des   inspecteurs    a  Pépoque      menl,  il  put  se  rendre  a  Tarmée  du 
du  18  brumaire,  il  concourut  de  Unit     Kliiu,  où  il  lui  appelé  ;i  coniniandcr 
sonpouvoiraulriomplicdeBonaparle,     une   division    au  commencement    de 
cl  fui  récom|)ensé  de  sou  zèle  par  le      «79/».  U  eut  dès-lors  beaucoup  de 
litre    de    sénateur.    Ayant   iail  ,    »n      part  aux  opérations  de  celle  armée  , 
i})02,  un  voyage  daus  sapalrie  ,  il  y     et   se   distingua    parliculièremenl    à 
mouiulle  19  sept.  M — uj.  (lorick,  ii  l'urelicjui ,  et  surtout  dans 


la  iiR'inoraliIc  relrallo  de  Bavière  (pli 
(il  laiil  d'IuMiiu'iirà  Aloreau.  Ct*  (lr\ail 
l'Irc  son  (liTiiicr  ixploil  ;  i!  lui  liio 
d'uii  coup  (le  ranon ,  \v  19  ccl. 
179O,  cil  (Icifiiilanl  aMC  l  arrièrc- 
j;anli>  \c  dclik-  du  Tfon-tf  h/i/cr. 
Morcaii  Ir  r(\i:,iolta  \i\iMnciil  ,  cl  , 
après  le  Irailc  de  J.uiiéville  en  1802, 
il  lui  lit  élever  un  nionumenl  il  IScu- 
]îrisacl). —  Deux  frères  de  ee  j^cnèral, 
Cii^alenuMit  mllilaires  ,  sont  nioils 
comme  lui  sur  le  cliamp  de  halaillc 
dans  des  pjrades  inférieurs.  IM — nj. 
ï5EArUi:i»AmE(N.  Girard 
de)  ,  d'une  antienne  famille  du  Poi- 
tou, élail  possesseur  d'une  grande 
forlune,  mais  s'élant  livre  ,  avant  la 
révolulion,  a  loules  séries  d'écarls,  il 
la  dérangea  singulièrement;  de  sorte 
(pie,  pour  ne  pas  être  poursuivi ,  il  se 
retira  dans  la  lorire  h  fer  de  Pouancé 
en  Anjou.  Ces  établissements  indus- 
triels étaient  alors  des  espèces  de 
lieux  de  refuge  contre  les  recherclies 
de  la  justice.  Lorsqu'il  retourna  a  sa 
terre  de  la  Cliàteigneraie,  près  Mon- 
laigu  ,  la  révolution  élail  commencée; 
il  sembla  en  adopter  les  principes , 
et  n'émigra  pas  comme  la  pluj^arlde 
ses  parents;  mais  lorsque  le  parti  ré- 
publicain l'emporta  et  que  la  monar- 
chie eut  définitivement  succom])é  a  la 
fin  de  1792  ,  Beaurepaire  se  déclara 
pour  la  cause  du  tr(')ue,  et  il  prit 
bienl()l  parti  dans  rinsurrcclion  ven- 
déenne. Brave  ,  spirituel ,  instruit , 
il  aurait ,  sans  sa  mauvaise  conduite 
antérieure ,  joué  un  rôle  principal 
dans  la  levée  d'armes.  Cependant  il 
eut  d'abord  le  commandement  d'une 
division  qui  se  réunissait  tantôt  a  l'ar- 
mée du  centre  ,  lantôlacelle  de  Les- 
cure.  11  entreprit  une  expédition  sur 
riiermenaull  ,  et  occupa  monienla- 
Bernent  ce  bourg,  dont  il  lui  bien- 
tôt chassé  ,  et  sa  troupe  se  relira 
eu     désordre;    mais   il   répara    cet 


RK/V  /,i7 

éclirc  (Il  faisant  une  incursion  dans 
le  iiième  pays,  où  il  enleva  de  beaux 
attelages  (l(?  mules,  qui  servirent  a 
traîner  l'artillerie  et  ii  parler  les  ba- 
gages de  la  grande  arim'e  vendéenne, 
a  Ln(juelle  il  se  rallia,  i.orsfpic  celte 
armée  alla  alLupier  Nantes,  le  3o 
juin  1793,  Ijcaurepaire  (il  une  di- 
version dans  le  midi  de  la  Vendée. 
Ayant  accompagné  Lescurc,  avec  les 
troupes  sous  ses  ordres,  à  l'expédition 
de  Varthcnay  ,  il  fut  chargé  par  ce 
général  de  veiller  il  la  garde  de  celle 
ville,  menacée  parle  général  Bi- 
ron.  Comme  il  avait  négligé  les  pré- 
cautions indiquées,  qui  consisiaient 
il  envoyer  une  patrouille  d'heure  eu 
heure  ,  Wcslcrmann  arriva  avec  l'a- 
vanl-garde  républicaine,  surprit  la 
batterie,  s'empara  de  la  ville,  et  lit 
un  grand  carnage  des  Vendéens,  dont 
la  plus  grande  partie  se  sauva  en  toute 
hâte.  A  la  seconde  bataille  de  Luçou  , 
Beaurepaire  ,  toujours  indiscipliné  , 
attaaua  avant  d'en  avoir  reçu  l'ordre, 
ce  qui  eut  un  mauvais  résultai  pour 
les  siens  j  cl  lorsque  Lescure  lui  en 
fit  reproche  ,  il  répondit  que  tous  ses 
soldais  étaient  des  héros.  En  octo- 
bre 1795,  a  la  seconde  bataille  du 
Bois-du-Moulin-aux-Ci)èvres,  il  s'ob- 
stina il  vouloir  arriver  jusqu'il  Wcs- 
termann  ,  fut  blessé  de  12  coups  de 
sabre  ,  cl  ne  dut  qu'à  rallacliemeiit 
de  ses  soldats  de  ne  pas  demeurer 
parmi  les  morts.  Lors  du  passage  de 
la  Loire  ,  Beaurepaire  se  fit  porter 
au-delia  du  fleuve,  et  mourut  peu  de 
jours  après  des  suites  de  ses  Idcssii- 
res.  F — T — E. 

BEAUREPAIRE,  comman- 
dant de  la  place  de  V^erd un  en 
1792  ,  était  d'une  autre  famille  que 
le  précédent  ,  et  avait  été  olîicier 
dans  les  carabiniers  avant  la  révo- 
lution. Il  s'en  montra  partisan,  et 
fut   nomme    en    1791    commandant 


LVII. 


27 


4i8 


BEA 


du  premier  bataillon  de  volontaires 
nationaux  qui  fut  créé  dans  le  dé- 
pnrlement  de  Maine-et-Loire.  Cette 
troupe  faisait  partie  de  la  garnison 
de  Verdun  lorsque  les  Prussiens  pa- 
rurent devant  celte  place  eu  1792. 
Beaurepaire,  décide  a  tout  cnlre- 
preiulre  pour  leur  re'sister  ,  ne  put 
communiquer  son  ardeur  a  la  garni- 
son ,  et  il  fit  de  vains  efforts  dans  le 
conseil  de  guerre  pour  que  la  capitula- 
tion fût  rejetée.  C'est  alors  que,  dans 
son  désespoir,  il  se  brûla  la  cervelle. 
Le  député  Delaunay  fit  décréter  par 
l'assemblée  législative,  dans  sa  séance 
du  1 1  septemjjre  1792,  que  ses  cen- 
dres seraient  déposées  au  Panthéon, 
et  que  le  président  écrirait  a  sa  veuve 
une  lettre  de  lélici talion.  «  L'en- 
thousiasme alla  si  loin,  dit  Beifroy 
de  Pi-cigny  ,  qu'une  section  de  Paris 
prit  le  nom  de  section  de  Beaure- 
pairej  qu'elle  changea  ensuite  eu  ce- 
lui de  Chcdier^  en  attendant  qu'elle 
in  prît  uu  autre.  y>  La  mort  tragi({ue 
de  Bcaurep.iire  a  été  le  sujet  d'un 
drame  par  Gauion  (  Voj.  ce  nom  , 
au  Si;pp.)  F — T — K. 

lîEAUSOimE  (Jeak-Jacqui:s 
baron  de  Baux,  comte  de)  ,  tac- 
ticien, était  de  la  même  famille  que 
le  savant  Isaac  de  Bcausobre  {f^oy. 
ce  nom,  lll,  653).  Né  dans  les  pre- 
mières années  (hi  dix-huili«''mc  siècle, 
il  eml)rassa  jeune  Tétai  militaire  ,  et 
lit  dans  Icsarmées  françaiscstouleslcs 
campagnes  de  Flandre  et  d'Allema- 
gne. En  174H,  nommé  maréchal-de- 
camp,  il  fut  fail ,  en  17^9,  lieute- 
nanl-géneral  ,  cl  mourut  ci  1785 
dans  un  aire  avancé.  Heausobre  est 
principalement  connu  par  l'oiivrage 
suivant  :  Commentaires  si/r  In  dé- 
fense des  jtldces  d^ /Kneas  le  ftic- 
ticien ,  h'  pins  nnvien  des  niitcius' 
niilittures  y  avec  ((uehjues  noies  j  le 
rablcau  militaire  des  Grecs  du  même 


BEA 

temps 5  les  e'coles  militaires  de  l'anti- 
quité et  quelques  autres  pièces  ;  Am- 
sterdam et  Paris,  1757,  2  tom.  en 
un  vol.  in-2f°.  La  préface  contient  des 
recherches  sur  la  patrie  d'Enée  {T^, 
ce  nom,  XIII,  102) ,  sur  Pépoque  où 
il  a  vécu,  et  enfin  sur  ses  diflérents 
ouvrages  dont  l'abrégé  qu'en  avait 
fait  Cineas  (  J^.  ce  nom,  \ III,  566) 
paraît  avoir  occasioné  la  perte.  Une 
note  de  cette  préface  (p.  xv)  nous 
apprend  que  Beausobre  avait,  dès 
cette  époque ,  terminé  la  traduction 
de  F^égèce  ;  mais  elle  est  restée  iné- 
dite ,  et  l'on  n'a  pu  découvrir  s'il  en 
existe  quelques  copies.      W — s. 

BEAUSOLEIL  (JeanduCha- 
TELET ,  baron  de)  et  aussi  baron 
d'Auffeubach,  minéralogiste,  était  né 
vers  1578,  dans  le  Brabaut  ,  d'une 
famille  noble.  S'étant  appliqué  dans 
sa  jciinesse  à  l'étude  des  sciences 
naturelles,  il  y  fit  des  progrès  ra- 
pides ,  et  n'cul  pas  de  peine  h  se  faire 
une  assez  grande  réputation  dans  un 
temps  où  les  plus  simples  expériences 
de  la  chimie  étaient  regardées  comme 
des  opérations  magitjues.  Sur  l'invi- 
tation de  Pierre  de  Beringlien  ,  pre- 
mier valet  de  chambre  de  Henri IV, 
et  contrôleur-général  des  mines,  qui 
s'était  fait  accorder  la  concession  des 
raines  de  la  Guyenue  et  du  pays  de 
Labour  ,  le  baron  de  P»eausoleil  vint 
en  France  vers  1602  j  mais  dans  ce 
premier  voyage  il  se  borna  sans  doute 
a  visiter  les  deux  provinces,  pour  re- 
connaître la  nature  dvs  mines  el  les 
dépenses  qu'exigerait  leur  exploita- 
lion.  II  parcourut  plus  lard  tous  les 
pays  de  l'Europe,  poureu  examiner  les 
productions  niinéralogitpu's  j  cl,  de 
retour  en  Allemagne,  il  obtint  la  place 
de  conseiller  dva  mines  de  lloni'^rie. 

11  lui  é'-alenjenl  honoré  do  laconlianee 
fi 

dediversprinceselmèmede  celle  d  un 
pape,   (jni  le  décora  de  la  croix  de 


Sainl-PIcrrc-lc-Marlvr.  Fn  if)2()îl 
fut  ra|ij)('lé  vu  Frnnci'  par  Ir  marcjiiis 
(i'Elîial  ,  snrinlcuilaiil  dv^  miiirs  du 
royaumr.  Mmii  dv  raulorisaliou  de; 
faire  ouvrir  les  niinrs  cl  d'cxcciilcr 
tous  los  Iravaux  nécessaires  a  IcMir 
cxploltalion,  il  parcoiiriil,  en  1627, 
le  Laii^iu'doc ,  accompagné  de  sa 
femme  (Martine  de  r>erlcreaii  ),  non 
moins  lial>ile  (|ue  lui  dans  la  mclal- 
lurgio  ,  el  des  ouvriers  (pi'il  avait 
amenés  d'Alleinainie  ]iour  Iravniller 
sous  sa  direction,  J.a  même  année  il 
se  rendit  cnBrelafrne  et  s'élal)lit  mo- 

o 

nienlanémenl  h  jMorlaix  avec  toute  sa 
suite.  Ln  jour  qu'ils  étaient  ailés  ,  le 
baron  de  Bcausoleil  faire  Texaraen 
d'une  mine  dans  la  forêt  de  Buisson- 
Rccheraare  ,  et  sa  femme  a  Rennes 
solliciter    l'enresilslrement   de    leur 
commission,  le  prévôt  provincial  La 
Touche-Grippé  ,  que,  par  dérision  , 
Martine  deBcrtereau  nomme  Toiic/ic- 
gn'ppe-mino/i ,   profila  de  leur  ab- 
sence pour  faire  une  descente  dans 
leur  domicile  ;  et,  sous  prétexte  qu'ils 
se  livraient  a  l'exercice  des  arts  ma- 
giques ,  s'empara  de  tout  ce  qu  ils 
possédaient  :     bagues  ,     pierreries  , 
échantillons   de  mines,    instruments 
pour   les  essayer,   procès-verbaux  , 
papiers  ,  mémoires  ,   etc.   Le  baron 
de  Bcausoleil  se  justifia  facilement  de 
l'accusation  de  magie  5  mais  il  ne  put 
obtenir  la  restitution  des   objets  qui 
lui  avaient  été  enlevés.  On  voit  dans 
un  opuscule  ,  aussi  rare  que  curieux  , 
puhlié  par  sa  femme  en  164^0  ,  qu'a 
celle  époque  ils  avalent  dépensé  la 
somme  ,  énorme  pour  le  temps  ,   de 
000,000  francs  ,  en  recherches  et  en 
essais  de  mines  ,  sans  avoir  reçu  la 
moindre  indemnité  .  ni  même  pu  jouir 
des  concessions  qui  leur  avaient  été 
faites    a    bur    arrivée    en    France. 
Le  baron  de  Bcausoleil  avait ,  au  plus 
tard  en  i62f) ,  fait  un  petit  voyage 


BEA 


^19 


m  Allemacjnc  pour  y  régler  acs  af- 
faires; el  11  en  élail  revenu  (les  i65o, 
avec  l'.i  permission  de  l'empCreur  cpii 
lui  coiis('r\,ril  s.i  place  de  conseiller 
el  commissaire  des  mines  de  Hongrie, 
en  l'aulorisant  a  la  faire  remplir  par 
l'aîné  de  ses  fils  Quoltpi'il  partageât 
toutes  les  erreurs  des  alchimistes  de 
son  temps  ,  Bcausoleil  était  plus 
instruit  dans  la  science  métallurgicpie 
qu'on  ne  l'était  alors  en  France  ;  et 
l'on  ne  peut  douter  que  ce  ne  soit 
la  v  'ritable  cause  des  tracasseries  et 
des  persécutions  auxquelles  il  fut  en 
butte  loulesa  vie.  Après  avoir  été  rui- 
né ,  ii  l'on  en  croit  Ilellot  (préface  de 
la  trad.  de  Scliluller),  il  fut  arrêté 
par  ordre  du  car(h'nal  de  Richelieu, 
et  mourut  misérablement  ala Bastille, 
vers  1 64.5 .  On  a  de  Bcausoleil  l'opus- 
cule suivant  :  Diorismus  (  idest  de/l- 
jiilio  )  verœpJiilosopIdœ  de  materia 
prima  lapidis^  Be/iers,  1627,  in- 8° 
de  3o  pp.  ,  reproduit  l'année  sui- 
vante ,  a  Aix  ,•  du  moins  il  en  existe 
des  exemplaires  sous  la  rubrique  de 
cette  ville,  avec  la  date  de  1628;  et 
l'on  conjecture  que  le  même  opuscule 
est  celui  que  Borel  et  Lenglel-Du- 
fresnoy  indiquent  dans  leur  Bihllo- 
tlicqne  chimique  sous  ce  titre  ;  De 
sidphure  philosophoruin  ;  Gobet 
{Voy.  ce  nom  ,  au  Siqip.)  l'a  insère 
dans  les  Anciens  minéralogistes  de 
l'^rancc y  ï,  269-82  ,  avec  une  pré- 
face dans  laquelle  il  venge  complète- 
ment le  malheureux  Bcausoleil  du 
reproche  de   charlatanisme  (i)   que 


(1)  On  dit  qnc  pressé  par  Pierre  Bord, 
auteur  d'une  Dibliotlteca  chimiva ,  de  faire  en 
sa  l'riscnce  la  Irâiisniutatioti  du  uicrcure  eu  ar- 
gent, le  baron  de  lîeausolcil  mit  de  l'argcut  dans 
un  charbon  et  l'ayant  siibsttuc  au  mercure 
laissa  le  ini  dixin  de  Ca-tres  Tort  surjiris.  Mais 
celle  hiitorictie  est  «-vithniincDl  controuvée  puis» 
qui-  Pierre  Borel  (/  "/.  ce  nom,  V,  171),  né  vers 
1620,  n'était  pas  encore  médecin  à  Castres  que 
déjà  le  liaron  de  Beausolpil  <  xpiait  dans  les  pri- 
sons b-  loit  d'avoir  poussé  plus  b)in  que  ses  con- 
tcmporaius  l'étude  des  sciences  naturelles. 


5»7' 


/j20  BE/V  BEA. 

n'en  conlinnent  pas  moins  de  lui  faire  ilcs  Epi  très  et  Evangiles  avec  des 
les  Dictionnaires  universels,  et  où  réflexions ^\\).^  1752,2  V.  in-i  2,  on 
il  a  lasseniMé  loiis  les  rcnseigneinenls  a  de  lui  :  I.  \i  Education  d'un  grand 
qu'il  avait  pu  recueillir  sur  ce  minera-  ro/,  Paris,  17  i8,in-4.°;ibid.,  17^9, 
loî^isle  et  sa  femme  (  Voj.  JMar  in-i  2  (  2  ).  CesL  un  poèmelalin  coui- 
liue    DE   BertcreaU  ,    au    Supp.  ).      posé  sans  doute  pour  Louis  X\  .  II. 

V/ — s.  Lesi'/éjs  du  P.  Azevcdo,  jésuite, ibid, 

BEAUYAIS    (  Le  P.   Gilles-      174.4.,  in-125 — duP.  Brito  ,  jésuite, 
François),   écrivain  ascétique,  na-     ibid.  ,    17^6,  in-12  5  —  de  M.  de 
(juit  en  1695  ,  dans  !a  Bretagne.  Les     Breligny,  ibid.,  1747  ,  in-12.  lit. 
Lioffrapiics  q'ii  lui  donnent  le  titre      Considérations  et  élévations  aff ce- 
de  prédicateur  du  roi,  et  qui  lui      tives  envers  N.-S.  J.-C.  au  trts- 
fout  prononcer   le  panéffj^ric/ite  de     saint-Sacrement  de  l'autel,  \]m\.^ 
saint-Louis  en  1761,  devant  l'aca-     (1753), in- 1 2 .IV.  Lettres deiW' . . . 
demie   franca!>e  (i)j  !e  confondent     à  sajille  surles  motij's  etles  moyens 
avec  le  célèbre  évèque  de  Senez  [V.      de  mener  une  vie  plus  chrétienne  ^ 
BeauvaiS)  lit,    659).  Après  avoir     ibid.  ,1705,   iu-12.  Elles  ont  été 
terminé  ses  éludes  ,  il   embrassa  la     réimprimées  sous  ce  titre  :  L^ettres 
rèffle  de  saint  Ignace  et  fut  d'abord      morales  et  chrétiennes  d'une  dame 
ebargé  de  renseignement  des  huma-     à  sa  fdle ,  sur  les  moyens  de  se 
iiilés  dans  divers  collèges.  Composant     conduire    avec    sagesse    dans    le 
des  vers  latins  avec  une   faciiil-é  qui     inonde,  ibid.,    1758,    in-12.    Le 
n'est  pas  toujours  lapreuve  d'un  grand     P.  Bcauvais  a,  dit-on,  rédigé,  de  1764 
ia!cnl,il  publia  quebjues  c'/^'g-Zt^s  sur     a  1768,  la  France  ecclésiastique 
la  mort  de  Louis  XlVjct,  en  17  16,     ou  rAlmauacli  du  clergé;  mais  c'est 
il   remporta  le  prix  de  poésie  laline     par  erreur  que  M.  Miorcet  de  Kcr- 
aa  Palluod  tlellouen,  par  un  hymne     douct,dans  s,Qs]Sotices  sur  Icsécri- 
sur    r immaculée    conception.    En      vains  de  luBrctagiie ,  lui  attribue 
(initiant  la  carrière  de  renseignement,     V  ylrt  de  bien  parler  etde  bien  écrire 
il  se  chargea  de  la  direction  de  (juel-     en  français ,   ibid.  ,  1770  ,  in- 12. 
qucs  personnes  pieuses,  et  employa     Ce  dernier  ouvrage  est  de  J.  i>EAU- 
ses  îoi.sirs  h  rédiger  plusieurs  ouvra-     vais  ,  insllluleura  Paris.   W — s. 
1res  nroprcsu  les  eulrelcnlr  dans  des  IJKAL'VAIS   (Bi'.bit.a^d  Poi- 

sentiments  cbreliens.  A  la  suppres-  hier  de),  gênerai  vcudeen ,  ne  11 
sion  de  la  société,  le  P.  Ijeauvais,  a  Cbiiion,  vers  1755.  fils  il'un  avocat 
qui  sonîigc  nencrnictlaitpasdesiilvre  distingué  de  celle  ville,  élait  consed- 
sus  conlVèrcs  dans  l'exil  ,  dut  obtenir  K-r  du  roi  depuis  1777,  lorsque  la 
sans  peine  la  permission  d<M'éslder  a  révolution  commença,  il  s'en  déclara 
Paris  j  el  l'oji  eonjrclure  (pi'il  y  mou-  jin  ^^^  ciinenils  les  plus  acharnés  ,  el 
rut  oclogénaire,  vers  1775.  Outre  jc  rendit  li  CoMeutz  en  171)1.  H  nu 
des  éiiillons  de  la  7ù'//rt//(' //r;///' /<'.v  caractère  nnpalieul  ,  il  lut  bienlôl 
rcli'Jeusrs,   Paris,    1746,  in-12;      rebuté  pai    les   lenteurs  de  la  coali- 

(i)   Dims  le  nirthmmire  dr  Frlh-r,  K"'  «'il..  III  .  (:«)  l/.<lilion  .lo  1718  ivst  litic  |.«r  Taulnir  t!.s 

f).).  ni)  uUii:>iii;  nu  W  lîr.iiiviii^  l'Oraison  f un,'-  ti"lii<-s  sur  Ir»  «ci-iviiins  de  l.i  Urctiiftnr  ;  Unis  1rs 

In'ilf  dnn  t'/ii/ippr,  infunt  tlf  t'arme  ^pour  iiifunt  «lulioiiimiros  ne  pailrnl  nm<  «Ir  i«'Uo  «l««  i;:».).  (»ii 

«n'..l)n^'in<,»!ii(:  <!••  l'iiriix').  «l'ic  dans  l.i  m.'tiii-co-  n'a  jm  Irs   tioiivn-   ni   l'nno  ni   l'aulu-  ,    ni.il;;r.i 

l«)iiin' cm  avait  di-jatloniite  uvccrui»«)ii  ù  lVvo<mc  li-i  rtrliiMrlu-s  «[u'on  ni  a   luilos  d.iiis  lis  lublio- 

du  Swiic/.                                              /  llinjut»  do  l'aiin. 


lîEA  RKA                   li'ii 

lion,  cl  n-nliM  t'ii   l'raucc  avec  une  Fonlcnay  ,  li  Anlrain  ,  cl  dans  toutes 
iiiission   (les  juliiccs  rrcrcs   de  Louis  les  occasions  où  la  «;raiulcarnuM' voii- 
XVI.  Ivcvcmi  dans  SCS  proprli-lcs  aux  ducnnc  cul  à  conjl)allrc  sur  la  rive 
environs  de  Cliinon  ,  avant  l'expira-  p,auclie,  coninic  sur  la  rive  droite  do 
lion  des  (K'iais  accordés  aux  émigrés,  la  Loire.  l*endaiit  ([n'il    (liri^-jcait  la 
il  lui   fut   nlus  l'acile  de  reiujilir  sou  |ireinicrc  di\i.si()n    de    rarlillerie   au 
niantlal  ,  ([tii  t'tail  surtout  (rol)ser\er  siè}i;e  de  Granville,  son  père  jnourut 
les  pr()grè.s  du   parti  royaliste  dans  à  l'aris  sur  Téclialaud  ,  le  1 5  novem- 
rOui\sl.    Mais  il  eut    le  clia^iin  de  l)re  1793  (i).  S'élant  lire  des  désas- 
voir    arrêter    son    père ,    accuse    de  1res   du    Bîans  ,    Ijcauvais    arriva   il 
correspondance    avec     Malesherhcs.  Ancenis  avec  les  débris   de  l'année 
Soupçonné  hii-nièine  d'avoir  eu  cou-  royale,   qui  cliercLaient  à  jiasser  la 
naissance  de  ces  rapports  ,  llcauvais  Ivoire.   Le   «général  en   cliel  La  llo- 
fut  arrêté;  mais  ayant  promplenicnt  cliejacquelciu  s'était  embarqué    dans 
recouvré    la    liberté  ,    sa    première  Tespoir  de  ramener  des  bateaux  qui 
pensée  fut  d'en  faire  usage  pour  obte-  étaient  sur  l'autre  rive  j  ne  le  voyant 
nir  celle  de  son  père.  Kepoussé  par  pas  revenir,  Ikauvais^  témoin  du  dés- 
toutes  les  aulorilés,  il  conçut  le  pro-  espoir  de  Tarmée  fugitive,  se  flatta 
jet  assez   singulier  d'y  parvenir  eu  d'être  plus  heureux;  mais,  a  peine 
se   réunissaul  aux   royalistes    de    la  débarqué  sur  la  rive  gauclie,  il  se  vif: 
\endée,   qui  venaient  de  se  soulever  contraint  de  s'enfoncer  etd'errer  dans 
contre  la  républicpie  ;  et  il  se  flatta  les   terres  pour   éviter   d'être   pris, 
que  le  sort  des  armes  mettrait  dans  Oldigé  de  se  tenir  caclié,  il  ne  rcpa- 
ses  mains  quelque  personnage  consi-  rut  a  la  tête  des  Vendéens  que  lorsque 
dérabledu  parti  républicain  ,  dont  il  les  cruautés  des  chefs  révolutionnai- 
ferait  un  otage  pour  garantir  la  vie  res  les  forcèrent,  après  la  première 
de  son  père.  Ce  fut  a  Saiimur  qu'il  pacification,  de  reprendre  les  armes. 
vint  se  réunir  a  Tannée  royale,  et  il  A  dater  de  la  bataille  de  Geste,  où 
débuta  par  mettre  en  liberté  deux  pa-  les  royalistes  triomplièrent ,  il  conli- 
triotes    ([ui   lui   promirent   de  faire  .nua  a  se  distinguer  et  fut  un  des  sept 
tous   leurs    efforts  pour  sauver    son  commandants  qui  dirigèrent  l'armée 
père;  mais    ce    fut   une    A-aine   pro-  jusqu'à  ce  que  Slofflct  eut  été  nommé 
messe  ,  il  n'entendit  jamais  parler  de  général  en  cbefdecelled'Anjou.  Beau- 
ces  deux  individus.  J\L  de  la  l'ouère  vais  se  montra  fort  opposé  h  tous  les 
(pi'il  connaissait  ,  élant  chargé  d'une  projets  de  pacification  avec  les  répu- 
Incursion  sur  Chinon ,  lui  proposa  de  ])licains,  et  surtout  au   traité   de    la 
l'accompagner ,  et  ils  y  allèrent  en-  Jaunaie.Lorsquece  traité  cutélésigné 
semble  avec  un  détachement  de  deux  maltrré  ses  réclamations ,  il  se  rendit 
cents   hommes.  S'élant   emparés  de  en  Bretagne  auprès  des  royalistes  ar- 
celle  ville,    ils  v  arborèrent  le  (Ira-  mes   de  cette  province,    cpii  étaienb 
peau  blanc,   délivrèrent  les  prison-  alors  également  occupés  de  négocia- 
nlers,  et  firent  embarquer  pour  Sa'i- 


mur  les  blés  et  farines  qui  y  étaient  eu  (,n  Boitiand  Poirier .  natif  de  uichcHcu,  A-é 

dé|)Ôl.     C'est     alors    qn'uiie    di\islon  <le  M.ixant.-huit  .m.s  ,   fui  d.daïc  convaincu  tic 

,,  l     ...       .      -,               c  '     '     1>               •  sVlre  opixisp  ,  dans  lo  inoii  do  mars  ,  au  dt-jiart 

d  artillerie  lut  connee  a  beau  vais  ,  et  ,1,.^  voioi.uiics  de  chinon  ,  v»  leurdisanu;»'./* 

c'est  dans  celte  arme  (lue  dès-lors  11  "'^'"  rr./r,»//«»-.wr  ;;«..  ïm'«..  1rs  menait  ù la  bou. 

,'      ^.      .,             ,  cheik'  ;    et   aussi  d  avoir  v\v.  fauteur   ou  le  corn- 

Signala    son     courage    a     Lliolletj     a  ^,liced'àrils  confe-mohuionnatres  saisis  vka  lui. 


A22 


BEA 


lions  avec  la  république.  Il  leur 
adressa  de  très -vives  représenta- 
tions j  mais  bientôt  entraîné  lui-mê- 
me par  l'exemple  et  la  nécessité  ,  il 
signa  le  traité  de  laMabilais^  et,  le 
cœur  navré  de  douleur,  il  se  rendit 
en  Angleterre  où  il  vécut  long-temps 
dans  le  besoin,  n'ayant  pas  même  la 
faible  pension  que  le  gouvernement 
anglais  accordait  a  la  plupart  des 
Français  émigrés.  Ce  fut  pendant  son 
séjour  h  Londres  que,  indigné  des 
mensonges  répandus  dans  les  Mémoi- 
res de  Turreau^  il  entreprit  de  \q.s 
réfuter  par  des  mémoires  dont  le  ma- 
nuscrit existe,  et  qu'il  se  proposait 
de  faire  imprimer.  Il  en  publia  alors 
un  abrégé,  sous  le  titre  à^  Aperçu  sur 
la  guerre  de  la  Vendée,  in- 8°, 
Londres^  1798.  Ce  résumé,  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  et  que  les  liis- 
loriens  n'ont  probablement  pas  con- 
nu ,  offre  des  détails  cuiicux.  Reve- 
nu en  France  ,  depuis  plusieurs  an- 
nées, Heauvais  éliiit  renlré  dans  ses 
propriétés  5  et'il  est  mort,  le  3  avril 
1827  ,  h  sa  terre  de  Reauvais  ,  sans 
avoir  été  employé  sous  la  restauration, 
n'en  ayant  obtenu  que  la  croix  de 
Saint-Louis.  M — DJ. 

J5EAUVAIS   (  CuARLES-ïnÉO- 

dore),  général  français,  né  à  Or- 
léans le  8  nov.  17712  ,  était  fds  du 
couvenlionneldccenom  {V oy .\!n'.\.\}- 
VAis  Df:  Préau,  III,  658)  (i). 
A  pi  «s  la  mort  de  son  père  ,  un  dé- 
cret de  la  convenlion nationale  assura 
au  jeune  lUauvais  une  pension  de 
quinze  cents  francs,  cl  il  en  a  joui 
toule  sa  vie,  même  nprês  le  retour  ^('?> 
Ijourbons.  Il  venait  do  s'enrôler  daiK 

(1)  On  .'I  (iniiv  di>  iiirtitioiuir;)*  diui»  crt  Jirtiric 
|p  vote  «le  HcauvJiH  «li^  l'rt'Uii  dans  Ir  prmrs  do 
LouU  XVI.  C.u  voir  fut  pour  lu  mort,  .s'ins  a|i[irl 
«t  ion»  sui'si»  h  l'rxi'rnlion.  Rcaiiv.iiH  ftit  L-nsnito 
le  collô^Mie  <lr  niixsiiin  de  Pirrrt!  Ray  if,  cl  il  r»ut 
|)Url  »  liiUlCH  IfS  (iprialiiiiis  de  i-i»  rr|irrscikl.iul 
A    lonlfin  (/(y,  l'icnc   Raïle,  (Lus  to   vol., 


BEA 

un  bataillon  de  volontaires  nationaux 
parisiens,  où  le  nom  de  son  père  et  la 
faveur  du  gouvernement  lui  firent 
bientôt  obtenir  un  avancement  rapide. 
En  1798  il  était  adjudant-général,  et 
il  suivit  en  cette  qualité  Bonaparte 
dans  son  expédition  d'Egypte.  Les 
malbeurs  qui  accompagnèrent  cette 
aventureuse  entreprise  tirent  sur  lui 
une  vive  impression ,  et  dès  le  mois 
d'octobre  de  cette  même  année,  il  of- 
frit sa  démission  au  général  en  chef 
qui  l'accepta  par  l'ordre  du  jour 
suivant  :  «  Un  officier  qui  ,  se  por- 
te tant  Ijien,  offre  sa  démission  au 
ce  milieu  d'une  campagne  ,  ne  peut 
ce  pas  être  dans  Tintenlion  d'acqué- 
cc  rir  de  la  «:loire....  Il  a  été  con- 
ce  duit  ici  par  d'autres  motifs,  et  dès- 
ce  lors  n'est  point  digne  des  soldats 
ce  que  je  commande....  »  Revenant 
en  France ,  l'adjudant  Beauvais  fut 
pris  par  les  Turcs  et  conduit  à  Con- 
stanlinople  ,  au  cbàteau  des  Sept 
Tours  ,  d'où  il  ne  sortit  qu'après  dix- 
buit  mois  de  captivité.  Sou  ancien 
général  en  chef,  devenu  premier  con- 
sul,  refusa  de  l'employer,  et  Beau- 
vais se  vit  réduit ,  pour  vivre ,  à  un 
emploi  subalterne  dans  l'octroi  de 
Pans  ,  dont  son  beau-père  était  le  re- 
ceveur. Ce  ne  fut  qu'en  1809,  au 
moment  où  les  Anglais  débarquèrent 
hFlessingue,  (pie  le  besoin  d'oili- 
ciers  lui  fil  obtenir  un  commandement 
dans  l'armée  qui  marclia  contre  eux, 
sous  les  ordres  de  liernadolte.  Après 
celte  courte  expédition,  Beauvais 
passa  en  Espagne,  où  il  fut  chef  d'é- 
tat-nia  jor  du  général  Inilour-lMau- 
bourg.  Devenu  marécbal-de-camp  et 
baron  ,  il  lut  envoyé  sur  leRliin  îi  la 
fin  de  181  3  ,  et  parvint  K  reprciulrc 
la  jietile  ville  de  ISeuss ,  dont  I  en- 
nemi venait  de  s'emparer.  Après  la 
clitile  de  Napoléon  ,  lîeauvais  obtint 
du  roi  la  croix  de  Saint-Louis ,  mais 


il  110  fui  p;is  cinployi',  cl  ne  reprit  du 
service  que  dans  les  ccnl  jours  dr 
l8i5,  où  il  lui  MoniUK'  par  Hoiiaparlc 
coniniaiulaiil  de  Havouiic.  Il  rtudil 
cclU'  jdacc  aux  Espagnols,  et  signa 
la  capitulai  ion  tlans  1rs  derniers 
jours  de  juillfl.  Revriiu  dans  la  capi- 
tale, il  lui  mis  a  la  retraite.  Dans 
Toisivclé  où  il  se  trouva,  il  se  mit  îi 
composer  des  livres  cl  concourul  a  la 
rédaction  de  plusieurs  journaux,  tous 
de  Topposition,  entre  autres  le  l\fcr- 
cure ,  la  Tribune  et  le  Constitu- 
tionnel. Beauvais  est  mort  K  Paris 
au  commencement  de  i83o.  Les  ou- 
vrages qu'il  a  publiés ,  sont  :  I.  (Avec 
r>arbier  el  autres  gens  de  lettres.  ) 
Dictionnaire  historique  ou  Bio- 
graphie lUïiverselle  classique  ,  6 
vol.  iu-8"  (édition  compacte) ,  Paris, 
1826  à  1829.  C'est  un  abrégé  fait  à 
la  bâte  cl  sans  beaucoup  de  soin  de 
tous  les  ouvrages  du  même  genre  qui 
l'avaient  précédé  ,  et  plus  particu- 
lièrement de  la  Biographie  univer- 
selle. H  n'eut  point  de  succès  et  l'é- 
diteur après  en  avoir  gardé  Tédition 
tout  entière  dans  son  magasin ,  pen- 
dant plusieurs  années,  a  imaginé  ré- 
cemment de  la  débiter  en  lui  donnant 
notre  litre  et  en  la  faisant  paraître 
par  livraison  ,  suivant  la  méthode  ac- 
tuelle. Cette  ruse  lui  a  réussi,  et  la 
cour  royale  même  a  jugé  qu'il  avait 
bien  fait,  après  avoir  long-temps 
profité  de  nos  recherches  et  de  nos 
travaux,  de  prendre  encore  notre  ti- 
tre ,  de  telle  sorte  que  nous  n'avons 
plus  d'autre  moyen  d'empêcher  celle 
fraude  que  d'en  avertir  le  public.  II. 
Victoires  et  conquêtes  des  l*' ran- 
çais,  Paris-,  181  7  etann.  suiv.,  28  v. 
ia-8".  Quoicpie  cette  compilation  pré- 
sente nn  tableau  de  toutes  les  guerres 
des  Français,  en  remontant  juscpi'aux 
premiers  temps  de  la  monarchie  , 
c'est  évidemment  ua  ouvrage  de  cir- 


RKA 


h'ï.'S 


conslance,  destiné  a  flatter  les  Fran- 
çais, alors  enivrés  de  leur  gloire  mi- 
litaire ,  et  su  ri  oui  a  rabaisser  le  parti 
royalisie  cpii  n'y  a\ail  pas  eu  de  part. 
Beauvais  en  fut  le  rédacteur  princi- 
pal, et  souvent  11  s'est  borné  a  copier 
les  bullelins  ou  rapports  oKlciels. 
Quelques  parties,  qu'il  a  puisées  h  de 
bonnes  sources, ou  (pil  l.ii  ont  été  four- 
nies par  des  militaires  expérimentés, 
entre  aulrcs  le  général  Thiébault  , 
sont  plus  exactes.  On  imprime  en  ce 
momentune  seconde  édil  ion  qui  est  an- 
noncée avec  des  corrections.  L'exem- 
plaire de  la  première  ,  sur  peau  vé- 
lin ,  a  été  acheté  parle  ca])inetdu  roi 
Charles  X  ,  pour  le  prix  de  quarante 
mille  francs.  Beauvais  fut  nommé  par 
ce  prince  en  considération  de  ce  mê- 
me ouvrage  ,  grand-officier  de  la  Lé- 
gion-d'Honneur.  Il  a  encore  publié  : 
1°  la  Correspondance  officielle  et 
confidentielle  de  Napoléon  Bona- 
parte,  avec  les  cours  étrarigères ^ 
etc.,  1819-1820^  7  vol.  in-8".  C'est 
im  dépouillement  de  la  copie  des  ori- 
ginaux qui  avait  été  faite,  avec  beau- 
coup de  soin ,  par  ordre  de  Napo- 
léon, et  reliée  raagnlBquemcnt  en  3o 
vol.  in-fol.  et  in-zi"  ;  2°  une  traduc- 
tion française,  àts  Lettrées  dePha- 
laris ,  Paris,  1797?  in-i2.Enfin 
Beauvais  fut  un  des  rédacteurs  des 
Annales  des  faits  et  des  sciences 
militaires.  M — DJ. 

BEAUVALLET  (P.-ÎSico- 
LAs),  sculpteur,  élève  de  Pajou  ,  né 
au  Havre  en  174-9,  fut  chargé  eu 
1784.,  de  tous  les  travaux  de  sculp- 
ture du  château  de  Compiègne.  Les 
ouvrages  remarquables  dont  il  orna 
la  salle  des  gardes  commencèrent  sa 
répulalicn,  et  lui  valurent  sa  récep- 
tion a  Tacadémie  royale  de  peinture 
et  de  sculpture,  en  1789,  époque 
où  ,  comme  la  plupart  des  artistes,  il 
épousa  chaudcmcQl  1j\  cause  de  la  ré- 


424 


BEA. 


voliilion.  En  1793  ,    il  présenta   îe 
buste  de  P.Iarala  la  convention  natio- 
nale, buste  frappant  de  ressemblance, 
et  dont  les  plâtres ,  les  contrefaçons 
se  multiplièrent  aussitôt  avec  une  pro- 
digieuse rapidité.  Chacun,   dans  ce 
temps  d'effroyable  mémoire  ,  croyait 
devoir  se  munir  d'une  de  ces  effigies 
pour  se  préserver  du  soupçon  d'aris- 
tocratie ou  de  modérai! tisme  :  on  en 
faisait    une  sorte  de   paratonnerre. 
Ijcauvallet   exécuta  aussi  les  bustes 
de   Chalier   et  de  Guillaume  Tell , 
ce  qui  le  mit  en  grande  faveur  dans 
les  sociétés  populaires,  et  lui  valut 
une  place  élevée  dans  l'adminislra- 
iion  des  travaux  publics.  11  fit  hom- 
mage du  dernier  de  ces  deux  bustes 
aux  jacobins  de  Paris  ,  et  fut  en  ré- 
compense admis  au  nombre  des  mem- 
bres de  celte   société.  Le   buste   de 
Chalier  avait   été  commandé  par  la 
commune  de  Paris.  L'auteur  l'offrit  à 
la  convention  nationale.  ATépoque  du 
()  thermidor  (27  Juillet   1794)5  s'é- 
lanl  dévoué  ïi  r\.oi)espit  rrc ,  et  l'ayant 
assisté  a  riiôlel-de-Villc  ,  il  y  cou- 
rut de  très-iirands  danircrs.  Cette  le- 
çonledétournade  (a carrière  poli ti(pie 
et  le  rendit  exclusivement  au  culte  des 
arts.   On  a  encore  de    ce   sculpteur 
imc  statue  de  JS'arcissc  et  une  de  Po- 
moue  j  cpii  turent  exposées  au  salon 
de  18125   une   Suzanne  au  bain, 
dont  le  modèle  avait  paru  en  18  10, 
et   que   Tauleur  exécuta  en  nmrhre 
pour  l'exposition  de  i  8  i  4  ;  enfin  ,  il 
jut  cliar}',é  en  1816  de  faire  la  slahie 
CM  pied  du  général  IVlortau  ,  et  il  en 
exposa  le  plaire  dès  l'année   1817. 
()nel(|ncs  unes  de  ses  |)r()dntlions  lais- 
sent il  désirer  plus  de   caractère.  Sa 
Su/aune  au  bain,  par  exemple  ,  bien 
que  d'une  forme   agréable,  n'a  rien 
qui  soit  particulier  ii  ce  sujet  lire  de 
ri'.criture  ;  mais  ,  s'il  s'élevait  rare- 
iTicul  an  graud  style  ,  Beau\allcl  clair 


BEA. 

presque  toujours  sur  de  réussir,  par 
le  genre  de  grâce  dont  il  ornait  ses 
figures  de  femmes.  Cet  artiste  était 
doué  d'une  grande  facilité  ,  et  il  est 
h  regretter  que  sa  manière  de  vivre 
l'ait  presque  toujours  empêché  de 
se  livrer  à  des  études  approfon- 
dies. 11  est  mort  à  la  Sorbonne 
(  où  il  élait  logé  par  le  gouverne- 
ment ) ,  le  J7  avril  1828  ,  a  la  suite 
d'une  chute  violente  qu'il  avait  faite 
dans  son  escalier.  Eeauvallet  avait 
entrepris  un  grand  ouvrage  dont  il  n'a 
paru  que  trois  livraisons  sous  ce  ti- 
tre :  Fragments  cV architecture  y 
sculpture ,  peinture ,  dans  le  style 
antique  j  composés  ou  recueillis  et 
gravés  au  trait ,  dédiés  à  M.  Da- 
vid, Paris,  in-folio,  i8o5  a  1804. 
F.  P— ï. 
BEAUVARLET.    Voy. 

CllAKPKÎJTIER,    YIIJ,    2  4-5. 

BE  AUVILLIERS  (Antoine), 
fameux  restaurateur  de  Paris,  fut 
sans  aucun  doute  le  premier  homme 
de  son  siècle  dans  l'art  culinaire. 
]Né  en  1754  de  parents  obscurs,  il 
fnt  destiné  dès  l'enfance  au  métier 
de  cuisinier  j  et  il  en  suivit  tous  les 
degrés.  S'étant  bientôt  fait  une  répu- 
tation auîisi  étendue  que  méritée  ,  il 
fonda  quel(|ues  années  avant  la  révo- 
lution ,  au  i*alaIs-l\oyal ,  un  (\vs  plus 
beaux  restaurants  de  la  capitale  ,  et 
il  y  ac([uit  quelque  fortune.  Les  évé- 
nements politiipies  nuisant  a  la  pros- 
])érilé  de  son  établissement,  il  ne  s'en 
nu)n!ra  pasPapprohateur,  et  ilessuva 
en  r  793  des  j)erséeulions  qui  l'obligè- 
rent à  (pillter  son  commerce;  mais 
loules  SCS  pensées  Tv  rappelaleni  ;  il 
lui  hit  inq)ossible  de  vivre  éloigné  de 
ses  fourneaux,  l^ans  un  âge  avancé  il 
rejiril  un  établissement  non  loin  de 
celui  tju  il  avait  dirigé  avec  tant  île 
succès  ;  mais  les  IcMups  étaient  hii  n 
changés  ;    lei    guùl.<    n'él.iiriil    .s.:ns 


(loiilc   plus  les  nu-iiu's,  c.ir  l*(Mii\il-  voilier  îissi.sl.i  K  la  prise  des  pclilcs 

lit-rs  cul  alors  |uii  de  micccs.  Cf  lui  \i!lfs  de  \  iliicrs  cl  Doue,  fil  dlrlj;('r 

dans  CCS    jours  tK"    tk'tadcncc    ([uil  los  colouues  sur  iMoulrcull~B(dl.'iy  , 

couiposa  \\\\   dos   meilleurs  ouvrages  ])Our  allaijuer  Saumur  ,   cl  lui  Tua 

connus  dans  cel  nrl,('l  qu'il  le  publia  des   commissaires  cliarL';cs  do  réj^ler 

sousccliire:   l.\ut  du  Cuisinier,  la  caj)itulaliou  du  cliàlcau    de  celle 

2  vol.  in-i5",  avec  un  <!;raud  nombre  ville.  Deux  jours  après  ,  il  III  une  ex- 

de  planclies,  Paris  ,  i8i4-  J  seconde  cursion  vers  Cliinon,  (lcli\ra  (\fi^  pcr- 

cdilion  ,  auj^nienk'e  ^\\\\  snpplénicnl  ,  sonnes  de  sa  famille  el  de  ses  amis  qui 

l\iris  ,    1824.  Anl.  reauvilliers  est  y  élaieul  dclcnues,  et  traversa  Lou- 

inorl  11  {\iris  ,  le  5i  janvier  1817.  dun  sans  s'y  arrêter.  Eu  si  (piaille 

Colnet  cpil  fui  son  éditeur  el  qui  sans  d'intendanl-général ,  il  fut  adjoint  du 

doute  avait    goùlé  de  sa  cuisine,    a  inarquisdeDonissanl,  gouverneur  des 

parle  de  sa  personne,  de  son  talent  pays  concjuis  par  les  Vendéens,  el  il 

el  de  sou  livre  avec  beaucoup  d'en-  proposa  d'employer  l'argcnlcrie  d'é- 

tbousiasmc  dans  plusieurs  arlicles  de  j;lise  ,  prise  a  Foiilenay  ,  pour  payer 

journaux.                              M — uj.  l'armée    de   Mayence ,    (pi'on   disait 

BEAUVOÏS.  Voy,  Palisot  ,  disposée  îi  changer  de  parti ,  si  on  lui 

XXXII ,  4 1  2 .  assurait  une  solde  régulière.  A]n-ès  le 

BEAUVOLLIEPt  l'aîné  passage  delà  Loire',  Beauvolller  fit 
(PiEnRE-Louis  Valot  de),  d'une  créer  des  assignais  royaux  (i)  ,  et  fut 
famille  noble  du  Poitou  ,  naquit  vers  d'avis  ,  dans  le  conseil  de  Parmée,  de 
1770,  près  de  Loudun  au  cliàleau  retourner  dans  la  Vendée  ou  de  pren- 
de  Sammarcole  ,  dont  son  père  élait  dre  un  port  de  mer  pour  y  recevoir 
seigneur.  Au  commencement  de  la  ^n?,  secours  de  l'élranger.  A  Pou- 
révolution,  il  fut  placé  comme  page  torson  ,  il  était  aParrière-garde  ,  et 
auprès  de  Louis  XVI  ,  et  le  renvoi  fit  couper  les  cbanssées  pour  arièter 
delà  maison  du  roi  l'obligea  de  re-  l'ennemi;  a  Pécbec  de  Granville, 
tourner  dans  son  pnvs.  Peu  après,  il  fut  un  des  chefs  qui  essayèrent 
ayant  annoncé  ^{is  principes  royalis-  inutilement  de  s'emliarquer  poirl'Au- 
les ,  son  arreslaliou  fut  ordonnée;  il  gleterre.  Il  fit  preuve  de  bravoure  a 
le  sut  et  alla  joindre  Parmée  ven-  la  bataille  de  Dol,  pour  relever  sa  ré- 
déenne  a  Tbouars  ,  en  mal  1790.  pulalion- malsil  y  ])orlaaUclnlearaf- 
D'abordemployécomme  commandant  faire  de  Ik'augé,  eu  ouillant  brusque- 
en  second  de  Parlilierie  ,  sous  Mari-  meut  l'armée.  Beaucoup  de  personnes 
gnv  ,  il  fut  ensuite  nommé  inlendant-  de  son  parti  l'accusèrent,  peut- être  a 
général  el  Irésorier  de  l'armée.  Quoi-  lorl ,  d'avoir  enlevé  les  fonds  dont  il 
que  exercanldes  fonctions  administra-  était  dépositaire  ,  el  lous  blâmèrent 
lives,  BeauvoUier  ne  se  battait  pas  sa  conduite.  S'étant  tenu  caché  au 
moiîis  dans  l'occasion.  A  la  secc  nde  ]»îans  jiisipra  la  première  paclfica- 
affaire  de  Fojitenay  ,  les  royaP.Nics  lion  ,  Bea'ivollier  joignit  alors  l'ar- 
dcmandalenl  A\;?>  carlouchcs  a  leurs  méc  de  Stoiïlet.  Lorsqu'on  voulut 
chefs;  il  cria  aux^  eudéens,  en  \  ('\anl  forcer  ce  général  a  la  paix  ,  il  assista 
les  républicains:  Ku  voilà  l  Cela-      • ' ; — 7 

■^      j  ,             .1                 <       I      1      1  (0  ('-<:s  a.ssi^iiu'.s  pui  taienl  1  I  f(i;;ie  de  Louis 

propos  deleriuina   le  succès  de   la  ba-  xvn  CMr.^nl  ,  ci  ;iva:ent  et.'  assez,  bien  exrcufis, 

taille,  d'autant  plus  étonnant  (lu'i!  fut  ''""*  ''"","'  '"  AngloU-rro  ;  ils  avaient  la   pran- 

,         ''                        *                   .,,.',,  dfur  ft  a  |)ruj)i.s  Id'orintucs  assjpnals  de  lu 

obtenu  presque  sans  arlillerie.  leau-  i,|,ub!i(i>i<-. 


V-v^. 


4^6                  BEA  [BEA 

au  conseil  de  guerre  tenu  à  Thouars  moyens  cV armement  pour  la  cause 
par  ordre  des  délégués  de  la  conven-  royale  et  dans  t utilité  de  la  réu- 
tion  ,  et  il  paraissait  disposé  h  ne  pas  nion  en  un  seul  département  des 
donner  d'avis.   Pressé  à  ce  sujet ^  il  arrondissements  des   Sables,  de 
dit  qu'on  ne  détacherait  les  Angevins  Beaupréau  et  de  Bressuire.  Alp. 
de  leurs  chefs  qu'en  observant  la  dis-  de  Beauchamp  a  publié  en   1825, 
cipline  la  plus  stricte,  et  en  respectant  in-8^  ,   des  Mémoires  sur  la  cam- 
les  personnes,  les  propriétés  et  les  pagne  de  Russie  en   1812,  parle 
opinions.  Après  cette  époque ,  il  diri-  comte  de  BeauvoUier.  Ce  dernier  est 
gea  au  château  de  Vermetle,   entre  mort  dans  son   pays  peu  de  temps 
Bressuire  et  Thouars  ,  un  plan  d'in-  après  cette  publication.     F — t — e. 
surrecticn  ;    il    avait    réuni  là    des  BEAU  VOL  LIER   (Jea:î- 
poudres  ,  dont  une  partie  avait  été  Valot  ,  chevalier  de) ,  frère  du  pré- 
escortée  par  la  fille  Langevin  ,  l'une  cèdent ,  et  né  comme  lui  dans  les  eu- 
des  amazones  vendéennes  :  mais  les  virons  de  Loudun  ,  entra  dans  la  2:en- 
républicains,   instruits  de  ce  projet,  darmerie  ,  fut  envoyé  à  Bressuire  et 
cernèrent  le  chàfeau  une  nuit.  Ap-  quitta  son  corps  lors  de  Tévacualiou 
prenant  qu'ils  étaient  entourés  ,    les  de  cette  ville.  Il  alla  même  au  devant 
Vendéens  firent  une  sortie  que  Tob*  des   Vendéens  pour  leur   apprendre 
scurilé  et  le  mauvais  temps  favori-  celte  nouvelle  ,  mais  son  habit  le  fit 
serent-    un  seul  d'entre  eux    tomba  mal  accueillir.  Un  paysan _,  capitaine 
dans  les  mains  des  patriotes.  Dans  de  paroisse  ,  voulant  le  mettre  à  l'es- 
l'insurrection  de  1799,  Beauvollicr  sai ,   lui  proposa  d'aller  avec  lui  à 
coinmauda  une  division  de  l'armée  du  Loudun  ,  où  il  n'y  avait  pas  de  trou- 
marquis  d'Aulichamp.   Il  se  soumît  pes ,    pour  couper  l'arbre  de  la  li- 
en 1801  a  Bonaparte,  et,  en  i8o5,  berte',  ajoutant  que,  s'il  y  avait  gar- 
il  vivait  paisiblement  a  Paris.  Plus  nison,  il  lui  ferait  sauter  la  cervelle 
tard  ,  en  18 II  ,  il  obtint  une  place  en  arrivant.  Beauvollicr  accepta  l'of- 
dans  l'administration  de  rarmce  fran-  fre  en  répondant  qu'il  n'était  ni  un 
çaise,  avec  laquelle  il  fit  la  campagne  traître  ni  un  poltron  ,  et  ils  allèrent 
de    1812    en    Ilussic.     lleveuu    en  en  effet  une  nuit  faire  une  incur.sion 
France  h  la  première  restauration  ,  il  de  quelques  instants ,  dans  une  ville 
figura  dans  les  cent  jours  au  quatrième  qui  était  h  plus  de  dix  lieues  du  pays 
corps  de  l'armée  vendéenne,  dans  ^uw  insurgé.  Ayant  ainsi  fait  ses  preuves, 
ancienne  qualité  d'intcndant-général.  il  fut  choisi  par  Lescure  pour  son  aidc- 
A  la  .seconde  restauration  il  obtint  le  de-canip.  neauvollier  fut  blessé,  le  i5 
grade  de  maréchal -de-camp  et  prit  mai  1793,  àraltaque  de  \a  Cluilai- 
le  litre  de  comte.  Il  se  livra  alors  h  gneiaie.  A  cellede  Saumur,  il  fnten- 
dea  travaux  littéraires  et  annonça  la  voyé  en  parlementaire  au  chîileau  , 
publication    d\iu    recueil    hi;>lorii|ue  aida   a   conclure  la  capitulalion ,   et 
sur  la  révolution  française  sous  le  litre  concourut  ,  dans   celte  ville  ,  le  12 
^  Archives J'ntnraiscs f  \\\d\sc\i  \n()-  juin    1795   ,    a    la     nomination    de 
jet   ne    fut    point    mis    a   exécution.  Cathelineau,    comme    généralissime 
iieaiivollier  a  publié  en  1816,  in-/|":  des  Veniléens.  Ce  chef  royaliste  ac- 
i^ssai   sur   la  Vendée  em'isuç^èc  compagna  Lescure  dans  i>o\\  expcdi- 
ilans  son  agriculture  ,  son  indus-  lion  de  P.irthtnav,  se  distingua  !i  la 
li'iç ,    ion    commerce;    dans   sca  bataille  dç  Suiiil-Fulgcul  ,  cl  faillit 


BEA. 

Mrc  pris  !i  celle  du  l](ii.s-c]ii-l\T(Milin- 
;iux-(ilu''vr('S,où,  cnviloppo  .ivcrSiol- 
lli'Ulansiiii  du'inin  creux,  il  se  viloi)li- 
^édc  mouler  sur  la  selle  de  son  cheval 
pour  s\'laiiecr  au-dessus  d'une  haie, 
et  tua  ensuite  deux  répulilicaius  (jui 
le  pour>ui\ aient,  l'eauvollier  assura 
le  passage  de  la  Loire  en  occupant 
lui-rande  avec  les  deux  cents  lioniines 
(pi On  lui  avait  tlonnés  pour  escorter 
sou   îiéneral    Messe  à  mort.  Devenu 
l'un  des  chefs   les   plus  marquants, 
lors  de  Texoéditiou  au-delà  du  lleu- 
ve ,    il   reçut    une  lorte    Mcssure  a 
Tattaquc  de  Grauville.  Obligé  alors, 
de  suivre  Tarmée  sans  combattre  et 
dans  uu  dénuement  complet^  comme 
ses  camarades  ,  ou  le  voyait  dans  uu 
costume  grotesque,  enveloppé  d'une 
robe  de  procureur  cpi'il  avait  trouvée 
dan^  un  de  ses  logements,  ayant  sur 
la  tête  un  bonnet  de  coton  et  un  cha- 
peau de  femme  par-dessus,  llétabli 
de  sa  blessure  et  d'une  maladie  qui  eu 
avait  été  la  suite,  il  échappa  pourtant 
à  la  déroute  de  Savenay  avec  le  mar- 
quis de  Donissant  et  d'autres  chefs. 
Avant  réuni  deux  cents  Vendéens  , 
Beauvollier  et   Donissant  s'emparè- 
rent /d'Ancenis  ,    et    ils    se   dispo- 
saient  a  passer  la  Loire  ,    lorsque 
les  républicains  ,    rpii    s'aperçurent 
du  petit  nombre  de  leurs  ennemis  , 
revinrent  sur  leurs  pas  et  les  entourè- 
rent. Les  royalistes  se  battirent  eu 
désespérés  j  ils  se  firent  presque  tous 
tuer  le  sabre  h  la  main  j  mais  d'au- 
tres, blessés  et  exténués,  qui  étaient 
parvenus  a  se  sauver  par  une  lande, 
furent  atteints  par  la  cavalerie  répu- 
blicaine. Bcauvollier  fut  de  ce  nom- 
bre, et  comme  ses  camarades  il  fut 
traduit  devant  la  commission  militaire 
d'Angers,  (jui  le  condamna  h  mort  , 
comme  bri^nncljlc   i  li  janvier  1794- 
(22  nivôse   an  11).  Le  chevalier  de 
Beauvollier  çlail  d'une  grande  bru- 


BEA 


/,î>.7 


vourc  ,  mais  son  éducation  avait  été 
négligée.  — Bkauvom-ikR  (  iN.  ),  le 
plus  jeune  des  trois  frères  ,  vint  join- 
dre ses  aînés   a  (|uin/e  ans  dans  la 
Vendée,    et   parut  inférieur  K  eux, 
sous  tous  les  rapports.  Il  était  a  côté 
de   Lescure  lors(pie    ce   général  fut 
l)lessé  a  mort.  PicauvoUier  ne  survé- 
cut pas  a  l'expédition  d'outre-Loire. 
F — T — E. 
ϻE  A  VER(Pitilii'Pe),  navigateur 
anglais,  né  le  28  février  1760,  entra 
dans  la  marine  royale  en  1777,   cl 
servit  pendant  la  guerre  de  l'iiidé- 
pendauce  américaine,  principalement 
dans  la  mer  des  Antilles.  11  fut  nommé 
lieutenant  après  la  paix  en  1784  ,  et 
étudia  les  sciences  qui  pouvaient  lui 
être  utiles  dans  sa  profession.  Cepen- 
dant le  vaisseau  sur  lequel  il  était 
embarqué  ayant  été  désarmé  en  1791? 
il  se  trouva  sans  emploi  et  sans  per- 
spective de   pouvoir   en   obtenir    de 
long-temps.  Impatient  du  repos,  il 
conçut  plusieurs   projets  5   enfin,  de 
concert  avec  cinq  autres  de  ses  com- 
patriotes, qui  tous  avaient  été  officiers, 
soit  dans  la  marine,  soit  dans  l'armée 
de  terre  ,  il  résolut  de   fonder  une 
colonie  a  l'île  deBoulama,  sur  la  côte 
occidentale  d"Afii(pie,  dansfarchipel 
des  Bisagots,  sous  les  1 1*"*  de  latitude 
nord.  Beaver  avait  été  décidé  dans  le 
choix  de  celte  île  par  la  description 
qu'il  en  avait  lue  dans  les  mémoires 
de  Brue(/^ojr-  ce  nom,  VI,  84-)-  Un 
acte  d'association  fut  formé,  un  comité 
fut    institué  ,    des    souscripteurs    se 
présentèrent  :  la  colonie  avait  pour 
objet  la  culture  de  la  terre  par  des 
mains  libres.  On   espérait  parvenir 
par  ce  moyen  a  civiliser  les  nègres  , 
à  introduire   parmi  eux  la  religion 
chrétienne,  les  arts  et  les  métiers  de 
l'Europe.    Le    plan    fut   soumis    au 
minisire    Pitt  ,    ([ui  lui   donna   sou 
approbaliou.  Troii  biUiiuenls  furent 


4a3 


BE4 


frétés  et  partirent  de  l'île  de  Wight , 
le  12  avril  1792,  portant  deux  cent 
soixante-quinze  colons  blancs,  hom- 
mes ,  femmes  et  enfants.  Dès  qu  ils 
furent  arrives  dans  celte  île  loin- 
taine ,  un  esprit  d'insnbordinaliou 
et  de  révolte  éclata  parmi  eux*  les 
maladies  les  accablèrent ,  et  les  hos- 
tilités des  naturels  comblèrent  la 
mesure  de  leurs  maux.  Braver  fut 
celui  des  membres  du  coiiii,Lé  diri- 
geant qui  montra  le  plus  de  zèle  et 
de  persévérance  pour  donner  de  la 
consistance  h  l'élablissementj  les 
autres,  et  la  plus  grande  partie  des 
colons,  avaient  pris  la  résolution  d'y 
renoncer  et  de  retourner  eu  Angle- 
terre, en  se  rendant  d'abord  a  Sierra- 
Leone.  Le  19  juillet,  il  ne  restait 
plus  que  quatre-vingt-dix  personnes 
avec  Beaver.  Cbaque  jour  la  fièvre 
diininuail  leur  nombre  ;  lui-même  en 
fut  atteint,  et,  malgré  sa  ferme  vo- 
lonté  ,  il  fut  obligé  de  suspendre  ses 
travaux,  ef  même  la  rédaction  de  son 
journal.  Le  départ  d'un  second  na- 
vire ,  le  22  novembre,  le  priva  de 
vingl-buit  de  ses  compagnons  ;  Il  n'vn 
dem:>ura  plus  que  vingt-sept,  dont 
quatre  seulement  étaient  en  état  de 
Iravailler.  Néanmoins  les  illusions  de 
Beaver  ne  se  dissipaient  point  ^  il 
voyait  encore  en  espérance  sa  colonie 
riclie  par  l'agricull  urc  et  le  commerce, 
Ir  sol  africain  défriché  par  des  mains 
libres,  et  la  traite  des  nègres  anéantie 
par  le  seul  moyen  qui  pouvait  y 
niellre  un  terme.  Il  avait  planté  des 
fruits  et  dvs  plantes  potagères  d'P'u- 
ropo,  (piebpies-uns  avaient  prospéré. 
Les  constructions  nécessaires  au  bien- 
être  cl  il  la  santé  dv.<i  colons  lourb.iient 
à  leur  lin  :  cej)en(lanl  il  avait  clé 
obligé  de  se  servir  pour  ses  travaux 
de  l  aide  d'esclaves  nègi  es  (pie  leurs 
niaîlrcs  lui  louaient,  I^e  .1 1  oel.  179"' 
les    colons    encore    vivants    pressè- 


BEA 

rcnt  Beaver  de  quitter  Tile  avec  eux 
pour  retourner  en  Angleterre;  il  ré- 
sista a  ces  instances  :  tous  les  jours  il 
était  menacé  de  désertion.  Enfin,  le 
2^  noveuibre,  il  fut  contraint  de  cé- 
der ,  et  partit  avec  six  de  ses  compa- 
gnons sur  un  navire  anglais  destiné 
pour  Sieria-Leone.  Ce  ne  lut  pas  sans 
regret  qu'il  s\'loigna  d'une  île  sur 
laquelle  il  avait  fondé  de  si  grandes 
espérances.  Le  17  mai  1794  il  abor- 
da a  Plymouth.  Le  20  juin  une  as- 
semblée générale  des  actionnaires 
de  l'association  de  Boulama  ,  pé- 
nétrée d'admiration  pour  la  conduite 
courageuse,  noble  et  désintéressée  de 
Beaver,  lui  décerna  une  médaille  d'or 
en  témoifrua2:e  de  reconnaissance.  11 
reprit  du  service  dans  la  marine,  et 
fut  présent  h  la  prise  du  cap  de 
Bonne-Espérance  en  1793.  Il  devint 
capitaine  de  vaisseau,  et  obtint  en 
1 7  99  le  commandement  du  DoIpJiin, 
frégate  de  quarante-quatre  canons  ; 
il  se  distingua  eu  1801  a  la  descente 
du  général  Abcrcomby  en  Egypte. 
En  1804.,  il  calma  les  craintes  (pie 
l'on  p()u\ail  avoir  île  la  desceule 
méditée  par  Napoléon,  en  discutant 
avec  beaucoup  d'iiabileté,  dans  nue 
lettre  écrileau  Conri-ic/'lc  i  6  lévrier, 
toutes  les  livpollièses  de  ce  projet.  Il 
eut  plus  tard  le  commandenuiil  de 
V ylcosta ,  et  jcuii  un  rôle  important 
dans  les  négociations  (pie  rAiiglelerre 
avait  entamées  avec  les  nouveaux  étals 
de  l'Amérique  du  sud.  H  se  signala  a 
la  prise  de  la  Marliniipie.  En  1810, 
il  lit  purlie  de  Texpédition  qui  s'em- 
para (le  Tilc  de  France  ;  il  croisa 
ensuite  avec  la  frégate  le  Ni  su  s  dans 
les  mers  de  rf;i(!e.  Il  se  livra  a  <\c^ 
travaux  si  péuil'les  rour  l'exploralidii 
de  la  C(')te  (b'Quilo.i,  (pie  sa  sauté  en 
fut  i'ravemenl  altérée.  11  monriit  au 
cap  de  Houne-Ksnérance ,  le  S  avril 
I  8 1 3.  On  a  Je  lui  ;  Jj'rican  lUcmO' 


raiiilii ,  cic.  [  Mi'uKninI  ofiicdin  inniidic  i^.  1)  i'l;iit  ncvcii  de  Plii- 
nlttli/\iiiin'trii(,iti\'rj\(itccn  x-^i)-:.  lipi'i'  du  Im'C,  riiu  (lf;s  ])èrcs  tlii 
fuuir  rldhlir  Kiir  roltuiic  lirittimti-  coiuilo  de  'rrciilr  ,  .siiccrs.slvcmciil 
(juc  (l<ins  l'i'lc  (le  Jjonhuiut,  sur  lit  cvà|uc  de  Vannes  cl  de  JN.inlcs,  cl 
côte  occidciittilc  (V Afr'Kjiic :  suivi  morl  arclicvccjuc  de  iveims  en  1605, 
(l'une  îiolicc  iil>ri'i;cc  des  tribus  dont  on  .1  des  Sermons,  une  Iradnc- 
voisines ,  du  sol,  des  produc-  lion  du  Irai  lé  des  /'(-//t'es  de  sain  l 
lioiis^  cte.  ,  et  de  quelques  obscr-  Ambroisc,  et  un  llèt^leinenl  ponr  les 
rations  sur  la  faeilitè.  de  fonder  panvrcs  (le  son  diocèse,  au(|nel  il  doil 
r/c.ç  eolonies  dans  cette  partie  de  d'occu])cr  une  place  dans  la  inhlio- 
V Afrique,  afin  d'y  introduire  l'a-  thcque  de  Duvcrdier.  Jean  ,  tjni  lait 
ç^rieulture,  les  lettres  et  la  reli-  le  sujet  de  cet  article,  était  né  vers 
çiion  parnd  les  indiu^rnes ,  et  sur-  iS/^o-  Dans  sa  jenncsse  il  entreprit 
tout  afin  d'abolir  f^raduellenir/it  un  voyage  au  Levant,  visita  TEgyple, 
f esclavas^e des Africains),hom\rcs,  la  Palestine,  etc.  ,  et  en  rapporta 
i8o5,  in-4.",  carte.  ]\î.  A\  alckenaer  des  médailles  et  des  manuscrits.  De 
eu  a  donné  un  extrait  dans  son  I/is-  retour  en  France,  11  prit  parti  dans 
loire  générale  des  voyages,  l.  VII.  les  guerres  civiles  ,  signala  sa  valeur 
a  Si  lleaver,  ditcesa\ant,  eût  réussi  à  différents  sièges,  et  recul  en  i^yy, 
dans  son  projet,  il  aurait  obtenu,  par  sous  les  murs  d'Issoirc,  un  coup  de 
riiabileté ,  le  courage  cl  l'admirable  mousquet  dont  il  ne  se  rétablit  cpie 
consla'ice  dont  il  a  lait  preuve,  une  difficilement  :  c'était  sa  onzième  bîes- 
cdatante  renommée.  Le  gros  ttpro-  sure.  Ayant  obtenu  du  roi  la  permis- 
lixe  volume,  qui  contient  le  récit  mi-  sion  de  quitter  le  service,  il  embrassa 
nutieusemcntdélaillédcsoncnlreprise  l'étal  ecclésiastique,  et  fut  pourvu  de 
eut  été  lu  avec  empres.'^cmcnt  et  sou-  l'abbaye  de  Morlemcr.  Pvevenaut 
vent  consullc  comme  les  premières  et  alors  aux  goûts  studieux  de  sa  jeunesse, 
intéressantes  archives  d  un  peuple  il  composa  plusieurs  ouvrages,  qui 
naissdnt  •  mais  le  défaut  de  succès  a  probablement  n'ont  pas  été  tous  im- 
plongé d;uîs  l'oubli  cette  expédition  primés.  En  1699,  il  fut  nommé  évèque 
cl  son  historien. 3>  INéanmoins  ce  livre  de  Saint-Malo  et  conseiller  de  la  cou- 
contient  des  renseignements  précieux  ronne.  Il  gouverna  son  diocèse  avec 
el  originaux  sur  Boulama  cl  ses  eu-  sagesse,  etnioiirutlc  20  janvier  i  6  i  0. 
virons,  sur  les  peuples  qui  habitent  Sou  corps  fut  transporté  ,  d'après  ses 
cette  contrée,  et  sur  rétablissement  intentions,  h  l'abbaye  de  jMorte- 
porlugais  de  Bissao.  Un  mémoire  que  nier,  où  Ton  voyait  son  épilaplie  :  il 
Beavfr  adressa  en  181  0  a  lord  Mnl-  y  était  dit  qu'il  avait  autant  com- 
grave,  cl  dans  lequel  il  rappelle  posé  d'ouvrages  qu'il  avait  reeu 
ses  services,  offre  des  particularités  d'arquebusades ;  mais,  quelques  re- 
asscz  curieuses  sur  sa  vie  :  cet  ou-  cherches  que  l'on  ait  faites,  on  n'a 
vragc  d'ailleurs  est  écrit  avec  facili-  pu  les  découvrir  tous.  Les  auteurs  du 
té,  el  nous  ajouterons  que  les  marins  Gallia  christiana  lui  attribuent  une 
V  ont  trouvé  plus  (Pun  renscif^nement  7~7r~]           I 

.                               l                                     f>  (ly   ()m  Irouvc  (les  rfHscij,Mic;m'n!s  curieux  sur 

Ullle.                                               \^ S.  ceUc  illu-'lro   f.iiuiilc,    ijui  s'est  <  Icintc  dans  la 

T»T7/-.     r-n^Ql^ïV     f   Tfix-     #^lii  ^  maison  (le  Rolian-filiabot,  dans  Us  J/tm3/>M  de 

l>i.^.-^il\I^:51  l.>     y.JLAN     (lu;,  cnsicinau,  addit.  de  .I.-an  L.- Laboureur;  dans  la 

abbé  de  IMorlemer,   descendait   d'une  /''></«   mnrrchat  dr  Cuéhriunt;  lUnsVIUsloire  des 

,     •M       ,         (•        -Il       1      TVT  grands  of/idcrs  (le  la  couronne ,  itarlcV,  Ansvhnf, 

ancienne  el  illustre  lamille  de  INor-  d.ns  le  b/r//««„a,>.  de  M«iVri'  etc. 


43o 


BEC 


Paraphrase  Jrancaise  des  Psau' 
mes  :  elle  n'a  point  été  connue  du 
P.  LeloDg  [T^oy.  la  Bill,  sacrée). 
Kocnig,   daus  la  Biblioth.  vêtus  et 
nova ,    cite    de    Jean  du    Bec   neuf 
Sermons  sur  l'excellence  de  l'orai- 
son dominicale,  Paris,  i586,  in-8*^. 
Les  autres  ouvrages  que  Ton  connaît 
de  lui  sont  :  I.  Discours  de  Vanta- 
gotiie  du  chien  et  du  lièvre ^  ruses 
et  propriétés  d'iceux  ,  Vun  à  bien 
assaillir,  Vautre  à  se  bien  déj'endre 
(sans  nom  de  lieu,  ni  d'imprimeur), 
iBpS,  in-8°:  ce  petit  volume  est  très- 
rare  et  recherché  des  curieux.  IL  His- 
toire du  grand    Tamerlan  ,  tirée 
des  monuments  des  A>^abes,Jjyon  ou 
Bruxelles,  1602  ,  in-8".  Le  frontis- 
pice annonce  que  cette  édition   est 
corrigée.  11  en  existe  donc  une  plus 
ancienne  ,  mais  on  n'a  pu  la  décou- 
vrir. L'averlissemcnt  de  rauleur  est 
daté    de   j5c)^{p^oy.    Taimeblan, 
^XLIV,  484.).   On  trouve  une  courte 
notice  sur  Jeau  du  Bec  daus  les  3Ié- 
moires  biographiques  de  M.  Guil- 
bcrt.  W — s. 

BECCUCI  (Do.minique-Ma- 
bie),  littérateur,  né  vers  lySo,  à 
Florence,  embrassa  l'état  ecclésiasti- 
que et  tut  nommé  professeur  de  litté- 
rature grecque  au  séminaire  épiscopal. 
Après    avoir    rcn)pli     celle    chaire 
plusieurs  annc'es ,   avec  beaucoup  de 
succès,  il  obtint  la  dignité  de  prévût 
du  chapitre  de  Saint -Félix,  et  par- 
tagea le  reste  de  sa  vie  en  Ire  ses  de- 
voirs et   la  cullure   dos  lollres.    Ou 
connaît  de  lui  ;  [.  Dogmata  orllio- 
doxaipiiv  exposucriint  SS.  yjpos- 
toli;    iiuitc   priuuini  (•   gr.   codicc 
liiccardiano  cru  tu  ,  lut.  versa  et 
Tiotis  illustruld  gr.  A//.,  Floronre, 
lyOS,  iii-8".  11.  Jstruzionc pratica 
S(tpra  i  voti  monastici,  ibid. ,  1771, 
iu-  r  2 .  il l.  .-If 'S  uu'lricusi'u de  Qrtv- 
corumprosudialritclalus;  cuni  ad- 


BEC 

ditame?itis  jobservationibus  etregu- 
lis  nunc primum  latine  carminé  ex- 
positis  adusum  studiosœ  in  grœca 
poesi  juventutis  y  Colle,  1782  , 
in-4°.  Cet  ouvrage  est  divisé  en  trois 
parties.  La  première  traite  des  élé- 
ments de  la  poésie  grecque  5  la  se- 
conde donne  les  règles  nécessaires 
pour  distinguer  la  quantité  dans  les 
différents  dialectes  ;  et  la  troisième, 
les  figures  et  les  licences  poéticjues. 
Au  mérite  d'un  stjle  clair  ,  l'auteur 
joint  celui  de  l'exactitude  ;  et  les  ob- 
servations dont  chaque  livre  est  ac- 
compagné sont  fort  utiles  pour  ai- 
der k  découvrir  et  corriger  les  fautes 
assez  nombreuses  que  renferment  les 
anciennes  éditions  des  poètes  grecs, 
même  les  plus  eslimées.        W — s. 

BECDELIÈVRE  (Anne- 
Christophe  ,  marquis  de)  ,  né  en 
i774,derune  des  premières  familles 
de  la  Bretagne,  était  fils  du  premier 
président  de  lacLambredescomptesde  1 
cette  piovince  ,  qui  mourut  le  7  mai  ! 
1792.  Il  émigra  fort  jeune,  fit  les 
premières  campagnes  de  l'armée  de 
Coudé  ,  et  rentra  en  France  h  la  fin 
de  1 794,  pour  servir  dans  les  armées 
royales  de  l'Ouest.  Il  fut  bientôt  fait 
major-général  de  celle  qui  occupait  la 
rive  droite  de  la  Loire  sous  les  ordres 
de  Scépeaux ,  et  donna  en  plu- 
sieurs occasions  des  marques  d'un 
couratre  dont  il  lut  victime  dans  les 
derniers  jours  de  juillet  1795.  11 
commandait  un  corps  de  cavalerie  sur 
la  roule  de  Pans,  et  il  s'était  porté 
seul  a  plus  de  ciiujuante  pas  en  avant 
de  sa  troupe  ,  lorsqu'il  tut  atteint  , 
près  d'Ou(U)u  ,  d'une  balle  (jui  lui 
traversa  la  poitrine.  Il  expira  des 
suites  de  celte  blessure,  le  loaoùt 
suivant,  daus  le  village  de  la  Chaise, 
a  Irois  lieues  du  château  de  la  Scille- 
raye, résidence  ordinaire  de  sa  famille, 
et  ([u'iiabitait  alors  la  marquise  de 


BEC  BEC  /i3r 

iH'cdcIiivrc,  sa  mère,  femme  de  lirau-  siu.<; ,  prnmnt  et  rci^eiil  du  royauma 
coup  (1  fsprit  ,  cl  (jui  jonissail  d'iino  de  Hongrie ^  Paris,  lyiB,  \n-\z. 
gr.iiido  considcralion.  l\ii-n  ne  peut  Elle  esl  assez  ciirii'iist; ,  roai.v  mal 
rendre  la  douleur  de  celle  dame  eu  écrite  cl  surloul  parliale  (^oj*.  Mar- 
apprcnanl  l.i  mori  de  sou  liLs.  Depuis  ïi^usius  ,  X\  VU  ,  53:!).  W — s. 
ce  luiiesle  é\èuenicul  ,  sa  saule  ne  fil  15E(ilir7r(.Ji: vn-Bai'Tiste),  his- 
(jue  décliuer,el,([uel(juc  Icmps  npr>'-s  lorien  de  Salius,  naquit  près  de  celle 
un  voyage  (juV-lK-  lit  à  la  citadelle  de  ville,  eu  1759  ,  au  village  de  Cer- 
Besauçou  pour  y  voir  sa  fille,  IM"""  de  iians.  Ayant  terminé  ses  éludes  avec 
Bourmonl ,  qui  y  était  prisonnière  succès  ,  il  résolut  d'embrasser  Télat 
avec  sou  mari  et  qui  devait  le  suiv're  cccléjiaslicjue;  mais  il  ne  tarda  pas  a 
h  la  Guyane,  elle  mourut  a  Paris,  où  sorlir  du  sémiuaire  pour  entrer  chez 
elle  vendait  encore  solliciter  pour  ses  nn  commissaire  li  terrier.  Lasuppres- 
cufanls.  ]M — D  j.  sion  de  toutes  les  redevances  seigneu- 
I5ECIIET  (  A^'TOlîs•E) ,  naquit  riales  ToMiirea  bientôt  a  clierclier  un 
en  164.9,  '"-^  Clermont.  Ayanl  em-  autre  état  que  celui  de  feudisle,  et 
Lrassé  Télat  ecclésiastique  ,  il  fut  il  devint  arpenteur.  Toutefois  l'ha- 
pourvu  d\iH  canonical  (lu  cliapilre  bilude  qu'il  avait  prise  de  lire  IfS  vieux 
d'Uzès  ,  et  profila  de  ses  loisirs  pour  litres  ne  lui  fut  point  inutile,  et 
se  livrer  a  la  culture  des  lettres.  Il  plus  tard  elle  décida  son  goût  pour 
trouva  dans  la  riclic  bibliothèque  du  les  recherches  hisloriques.  Elu 
marquis  d'Aubaïs  [V^.  ce  nom,  III,  membre  de  la  première  admiuislra- 
I  )  Ions  les  secours  dont  il  avait  be-  tion  du  département  du  Jura,  il  en 
soin;  et,  d'après  ses  conseils  ,  il  écri-  fut  nommé  secrétaire-général,  place 
vit  y  histoire  de  Alartinusius.  Quoi-  dans  laquelle  il  montra  beaucoup  de 
qu'il  fût  déjà  vieux  lorsqu'il  publia  zèle  et  une  grande  intelligence  des 
cet  ouvrage  ,  il  promettait ,  si  le  pu-  affaires.  Après  la  journée  du  3 1  mai , 
blic  encourageait  ses  efforts,  d'em-  il  concourut  a  toutes  les  mesures  pri- 
ployer  le  reste  de  sa  vie  a  des  Ira-  ses  pour  organiser  dans  le  Jura  la  ré- 
vaux plus  importants  j  mais  il  mourut  sislancc  aux  décrets  de  la  convention  ; 
à  Lzès  en  1722  (i),  âgé  de  soixante-  et  il  fut  envoyé  dans  les  départe- 
treize  ans,  ne  laissant  qu'une  traduc-  ments  de  l'Aiu  et  de  Saône-el-Loire 
tion  française  des  X<?^//'t\ç  de  Busbecq  pour  s^y  concerter  avec  les  amis  de 
k  l'empereur  Piodolplie  II,  son  sou-  l'ordre  sur  les  moyens  d'arrêter  les 
veraiu.  Elle  a  élé  publiée  avec  une  progrès  de  l'anarchie.  On  sait  com- 
vie  de  Busbecq  dans  la  co«^//«/rt^/o«  ment  le  parti  de  Robespierre  par- 
</('5mf;//ioz><?5  duP.  Desmolets,  tom.  vint  k  faire  échouer  ces  tentatives 
XI,  s*"  partie.  L'abbé  de  Foy  ne  l'a  généreuses.  Destitue  avec  tous  sqs 
sans  doute  pas  connue,  puisqu'il  n'en  collègues,  Ikcbet  fut  arrêté  quel- 
fait  aucune  mention  dans  la  préface  que  temps  après  et  conduit  dans  la 
de  la  nouvelle  versiondeces  Lettres,  prison  de  Dole  ,  d'où  il  fut  transféré 
{^oy-  BusDLCQ,  VI,  355).  Bechet  par  l'ojdre  des  représentants  au  fort 
a  dédié  au  prince  Ragolzki  r///67o/re  Saint-André  de  Salins  ,  qui  portait 
du  ministère  du  cardinal  iMartinu-  alors  le  nom  de  fort  Egalité  (i).  Un 

(i)  El  non  pas  1732,  comme  on  le  dit  dans  le  (t)  A  cette  époque,  rarl)re  do  la  liberté  était 

Journal  des  .Savauts,  même  année,  oct.,  687.  Cette  plant.-  devant  les  portcsd.s  prisons,  et  il  v  avait 

erreur  a  passé  dans  la  TaOle  de  Declauslre.  daus  celles  de  Taris,  ks  corridors  de  la  Ùbeiic 


t^Ol 


BËC 


tle  SQS  niuis  c!c  collège  vint  a  bout  de 
lui  faire   ouvrir    la  porte  de  sa  pri- 
son ;   irais,  informé  que  le  conven- 
tionnel Prosl  (  T"  oy.  ce  Dora  ,    au 
Supp.  )  venait   de  lancer  contre  lui 
nn   nouveau  mandat  d'arrêt ,  il   alla 
chercher   un  asile   en  Suisse ,    oii   il 
rcstajusqu'a  la  chute  de  Robespierre. 
Après  le  9  thermidor  ,  il  fut  réintë- 
tcgré  dans  sa  jiiacc  ôs.  sccrclairc-gé- 
ncral  j*  et  lors  de  la  mise  en  activité 
de  la  constitution  directoriale,  il  fut 
nommé    commissaire    du    gouverne- 
ment près  le  tribunal  de  Poligny.  A 
la  création  des  préfectures ,  il  fut  fait 
secrétaire-général  de  celle  du  Jura. 
En  t8i6,  il  demajida  sa  retraite  et 
vint  habiter  Besancon  ,  où  il  devait 
trouver  les  secours  dont  il  avait  be- 
boin  pour  terminer  un  grand  ouvrage 
(jui   boccupait  depuis  plusieurs  an- 
nées ,  mnis  aucjuel  il  n'a  jamais  mis 
la  dernière  main.  L'académie  de  Be- 
sancon, quile  comptait  au  nombre  de 
ses   membres  ,  l*élut  son  secrétaire  j 
mais  il  ne   larda  pas  a  résigner  des 
fonctions  que  ses  infirmités  ne  lui  per- 
mettaient plus   de    remplir   avec   la 
même  assiduité.  Il  mourut  dans  cette 
ville  le  7  janvier  i83o.  Béchel  éîait 
correspondant  delà  société  des  anli- 
quairesilc France,  de l'académiedeDi- 
j ou  ,  etc.  On  lui  doit  :  I.  ]S u lions J'a- 
ci/cs  cl  in(lisj}cns(iblcs  sur  les  iiou- 
vcdiix  poids  cl  jucstircs,  sur  le  cul- 
cul  ilccinuil ,  (ivcc   des  l(d>lcs  de 
comparaison ,    Lons  -  le  -  Sauluicr, 
j8oi,  in-i  :j,  JI.  Les Aiuuiuircs  du 
Jura  de  i  8()3  a  1812,8  vol.  in-  i  2 
«u  in-8".  liL  Pjxanu'u  criU(jiie  de 
la    huiliètne  Satire    de  lloiltutu  , 
in-o".  Cet  opuscule,  dont  l'auleur  a 
retiré   le   ])!us   qu'il   lui  a   été  pos- 
sible tous  les  exemplaires,  fui  regarde 
dans  le  temps  par  ses  compatriotes 

»lo    l'/','/,'/i /»/#<■,    cl«    la    l''rulrriH(c  ,  ilp    Unilm,   de 
Muliiii  Sfrvolti  ,  vXv,  V — vr. 


fan 
aul 


BEC 

comme  une  insulte  a  Buileau  •  et  ils 
crurent  devoir    prendre    la   défense 
du  législateur  du  Parnasse  dans  dif- 
férentes brochures  [Voy.  Bru.vnd, 
au    Supp.  ).    IV.   Fragments  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Jura  ancien  et 
moderne j  in-8°.  C'est  tout  ce  qui  a 
aru  de  cet  ouvrage  qui  avait  occupé 
teur  plus   de   vingt  ans.  V.  Les 
Kloges    de   Tabbé  Jacque   (  J^.  ce 
nom ,  au  Supp.), et  de  M.  Courtois  de 
Pressigny,  dansles  recueils  de  l'aca- 
démie de  Besancon.  VI.  Recherches 
historiques  sur  la  ville  de  Salins  , 
Besançon,  1828,  2  vol.  in-12 ,  lig. 
C'est  un  résumé  très-exact  de  l'his- 
toire de  celle  ville  ,  qui  doit  être  plus 
ancienne   qu'on    ne  l'a   supposé  jus- 
qu'ici, puisque  les  sources  d'eau  sa- 
lée auxquelles  elle  doit  son  origine 
paraissent  avoir  été  connues  des  Bo- 
mains.  A  la  tète  du  premier  volume, 
ou  trouve  une  disserlation  sur  l'o- 
rigine des  Botirguignons ,  dans   la- 
quelle l'auteur  cherche  a  prouver  ([ue 
ce  peuple  est  le  même  que  les  Sem- 
nons.    Celle   opinion  ,   avancée    par 
ra])bé   Guérin-du-Rocher ,   dans  son 
Jlistoire  véritable  des  tempsj'abu- 
leux  y  est  développée  par  Bechet,  cl 
accompagnée  de  preuves  qui  la  ren- 
dent presque  certaine.  Parmiles  piè- 
ces justificalivesplacéesa  la  lin  de  l'ou- 
vrage, on  doil  rcmànjuer  le  prologiu' 
de    la   J )ournoniade  ,  tin.rédie    de 
Jean  Fleury  ,  prêtre  de  Saint-Ana- 
tole   de    Salins  ,    représentée    dans 
celte  ville  en  i  59^.  Le  sujet  de  celle 
pièce  ,  restée  inédite  ,  et  dont  on  ne 
connaît  plus  (|ue  des  tragmeuls  ,   est 
une  victoire  remportée  cenl  ans  au- 
paravant par  les  Salinois  sur  nn  parti 
français,  près  du  village  de  Donrn(>u, 
dont  la  pièce  a  pris  le  nom.  L'.iu- 
leur  de  cel  article  a  public  une  Ao- 
ticè  sur  Jicchct  en  1  85  i ,  in-8  ",  de 
3u  p.  M— s. 


liEC 

BECIISTEIX  (le  doclcur 
Je VN-M.vTiuiiii  )  ,  ualmalislL*  allc- 
iii.iiul,  na([iiil  le  ii  julllcl  ij^j  y  a 
Wallcrïliausi'ii ,  dans  le  (IirIjc  de 
Gollia,  où  son  père  ixcrcail  la  dou- 
Me  p^o^c5^i^»n  de  marchand  cl  d'ar- 
niurliM-  ;  mais,  doué  d'un  esprit  peu 
coiimiim  ,  il  consacrait  tous  ses  mo- 
ments de  loisir  a  la  lecture  des  meil- 
leure livies.  Amateur  passionné  de  la 
eliasse  et  observateur  asiidu  de  la 
nature  ,  il  avait  acquis  de  lui-même 
di'S  connaissances  assez  étendues  eu 
l)olani(jue.  Sou  fils  hérita  de  sou  goût 
pour  les  sciences,  et  a  ràj:;e  de  (juinzc 
ans  ,•  avant  même  qu'il  entrât  au  gvni- 
îiase  de  Golha,  il  connaissait  tous  les 
quadrupèdes,  les  oiseaux,  les  pois- 
sous  ,  les  insectes  et  les  plantes,  qui 
vi\ai('nt  ou  croissaient  autour  de  sa 
demeure  ,  dans  uu  rayon  de  plusieurs 
lieues.  11  avait,  entre  autres,  décou- 
vert l'hermaphrodisme  des  limaçons  , 
et  Torgine  de  leurs  amours,  dont  le 
professeur  d'histoire  naturelle  du 
gymnase  ne  se  doulait  jias  encore. 
La  ,  il  apprit  la  noraenclalure  et  la 
classiiication  systématique  des  divers 
obief s  nu^embrasse  la  science.  A  vinfrt 
ans  ,  étant  entré  a  1  université  d  léna, 
il  fut  obligé  de  céder  a  la  volonté  de 
son  père  et  d'étudier  la  ihéologie- 
mais  i\  sut  concilier  son  penchant  avec 
son  devoir,  et  trouver  du  temps,  non 
seulement  pour  explorer  la  campagne 
et  les  cabinets  d'histoire  naturelle  , 
mais  encore  pour  se  faire  initier 
dans  les  secrets  de  la  physique  et  des 
mathématiques  ,  et  même  dans  ceux 
de  la  science  et  de  Tadminislralion 
forestières.  Au  moment  d'accepter  une 
cure  qui  lui  était  offerte  ,  il  lut  appelé 
comme  professeur  d'histoire  natu- 
relle, de  mathématiques  et  d'artille- 
rie ,  dans  linstitntionqui  venait  d'être 
formée  a  Schepfciilhal  5  mais  avant 
d'allerprendrcposscssioudecellepla- 

LVII, 


BEC 


/iVi 


ce  ,  d  s'arrêta  à  Dessau  pour  y  suivre 
des  chasses  célèbres  dans  toute  l'Al- 
leniMgtie  et  en  observer  les  méthodes  5 
et  II  Recl  ab.n  ,  pour  y  étudier  au 
bord  i\vs  lacs  les  oiseaux  a(|ualiqucs  et 
leure mœurs.  C'estla  (pi'il  rommencaa 
écrire  sur  l'histoire  nulurelle.  La  pu- 
blication de  son  premier  ouvrage  le 
mit  l)ientôt  en  relation  avec  les  chas- 
seurs et  les  forestiers  les  plus  fa- 
meux. Ne  trouvant  pas  l'enscigne- 
raenl,  donné  jusqu'alors  sur  ces  ma- 
tières 5  assez  fondé  en  principes  ,  ni 
assez  étendu,  il  entreprit  de  l'éta- 
blir sur  uu  plan  entièrement  nouveau. 
Ce  travail  obtint  l'approbation  des 
hommes  les  plus  éclairés,  cl  servit  de 
base  a  l'acatlémic  forestière,  qui  fut 
créée  plus  tard.  Le  succès  des  idées 
dcBcchsteln  lui  fit  un  devoir, en  1  791, 
d'en  offrir  l'hommage  a  son  gouver- 
nement. Mais  lescirconstances  politi- 
ques, et  l'influence  de  quelques  person- 
nes puissantesKquicclte  amélioration 
déplaisait,  en  empêchèrent  l'adop- 
tion. Décidé  alors  h  mettre  lui-même 
ses  wies  en  pratique,  ilachcta,  avec  le 
secours  de  son  père  ,  une  terre  libre 
près  du  lieu  de  sa  naissance,  et  il  y 
ouvrit  son  école.  Les  enfants  de  tous 
les  ai:^ents  forestiers  des  divers  états 
gcrm.  niques  y  accoururent  enfouie,  et 
bientôt  après  une  société  forestière, 
liée  à  celle  institution,  en  augmenta 
riiifluoncc  et  l'ulililé.  Il  éprouva 
néanmoins  des  entraves  :  ce  ne  fut 
pas  sus  peine  que  les  élèves  obtin- 
rent 1  autorisation  de  se  servir  d'un 
fusil,  et  on  ne  put  jamais  affermer 
une  chasse.  Seulement  le  ministre  , 
peruiiL  quelquefois  aux  agents  fores- 
tiers de  la  tolérer  dans  quelques  par- 
ties de  leurs  districts  ,  mais  a  des 
concilions  qui  riiulaient  cette  faveur 
illusoire.  Bechslein  fut  donc  réduit 
à  cb  .Tcher  uu  asile  hors  de  sa  patrie. 
Il  le  trouva  5  eu  liioo,  auprès  du 


'434                   BEC  BEC 

duc  régnant  de  Saxe-Mcinungcn,  qui  Getreiie  nhbildïmgen  ^    etc.  (Rô- 
le nomma  directeur  de  son  académie  présentation  exacte  d'objets  d  hisloi- 
foreslière  ,    membre    de  la  chambre  re  naturelle,  avec  des  explications), 
ducale  et  du  grand  collèi^c  des  eaux  Nuremberg  i  796  et  anii.  suiv.,  8  vol. 
et    forêts.    Le   prince     mit   déplus  \n-Z°^ï[^.\l.Natur geschichte^eic. 
h  sa  disposition,  dans   le  voisinage,  (  Histoire  naturelle  de  TAUemagne 
trente    acres    de  belles  forêts  de  di-  dansles  trois  règnes),  Leipzig,  i  791- 
verses  essences,   une  ménagerie    et  1809,  4.  vol.  in-8",  fîg.              Z. 
nue    faisanderie.    Cet    établissement  BECICIiE^îï  (Marino),    sa- 
cxerca  la  plus  salutaire  influence  sur  vant  philologue,  que  Ton  a  confondu 
les  progrès  de  Tart.  Plus  de  qualre  quelquefois  avec  son  compatriote  3Ia- 
cents  élèves    en   sont    sortis   et   ont  rino  Barlesio  (/^.  ce  nom,  III,  585) 
répandu  daiis   toulcs  les  parties  de  était  né  vers  i4-68,a  Scutari.  Il  par- 
rAlletr.agnc  les   connaissances  qu'ils  vint  asV'cbapper  de  cette  ville  qu'as- 
avaient   acquises   par  les  leçons   de  siégeaient  les  Turcs  ,  en  1^77  ;  ayant 
Becbstein.  Il  ne  rendit  pas  moins  de  tu  le  bonheur  de  gagner  Ddcigno, 
services  comme  membre  de  la  cham-  dans  la  Dalmalie,  il  y  trouva  despa- 
Lre  foreslière  011  il  fut  chargé  de  la  rents  ,  dont  il  reçut  l'accueil  le  plus 
classification   e!.   de  l'évalualiou  des  généreux,  et  qui  l'envoyèrent  faire 
forèls  ,  et  où  il  fonda  un  système  pra-  ses  éludes  a  Brescia.  Il  eut  pour  maî- 
lique,  dont  la  perfection  garantit  la  1res  Calphurnius  [Voj.  ce  nom,  \I, 
durée.  Ses  écrils  fixèrent  de  bonne  568)clGasp.  Barzizzio  (/^oj'.  Gas- 
lieurc  l'attention  des  savants,  et  la  parino  ,  XVI,  620),  deux  des  plus 
plupart  des  académies  où  Ton  cultive  habiles  grammairiens  du    quinzième 
lessciencesna'.urellesse  l'attachèrent,  siècle,  et  sous  leur  direction,  il  fil  îles 
Passionné  pour  la  chas^^e  dans  tout  le  progrès  rapides  dans  les  lettres.  Ses 
cours  de  sa  vie,  il  tirait  encore  jus-  études   terminées  ,   il  revint  h  Dol- 
(pie  dans  savieillesse  un  coup  deiusil  cigno  ,    et   s'y  maria.  11  n'avait  pas 
avecune  extrême  justesse.  Le  plus  lé-  vingt  ans  (juand  il  fut  mis  a  la  (êlo 
ger  son  d'un  oiseau  frappait  de  loin  de  l'école  de  Raguse  j  mais  il  mon- 
£on   oreille,  et  son  coup-d'reil  était  tra    dans    cette  place    laut   de  zèle 
leplussùrin.strumentde mensuration,  et  de   maturité   qu'a  son  départ  les 
Marié  au  sortir  de  Tuniversilé,  il  eut  magistrats   lui   donnèrent  i\i:^   mar- 
neuf  enfants,  niais  ils  moururent  en  (pies  honorables  de  satisfaction.  Lu 
l)as  âge,  à  l'exception  d'un  seul  (|ui  (juitlant  Raguse,  il  entra  comme  se- 
•s'esl  montré  digne  d'un  tel  père  par  crétaire  près  de  Me!eh.  'rre\i>aiu)  , 
le    succès  de  ses  premières  éludes;  amiral    en    c  luf  de  la  république  de 
mais  a  peine  rgé  de  dix- neuf  ans,  cet  Venise  j  el.il  sut  mériler  sa  eonliaiice 
enfant    mourul    en    18105    et  cette  au  point  (pi'avec  lagiémenl  du  sénat, 
perle,  bientôt    suivie  de   celle  de  sa  Trevisano  le  chargea   de  deux  mis- 
mère,  plongea  Bechsliindan.s  une  pro-  «ions  il  Naj. les  et  eu  France,  dont  il 
l'onde  douWnr  (pii  abrégea  ses  jours,  se    lira    Irè.s-habilcmenl.    L'esl;nic 
Il  mourut  Tannée  suivante.  On  a  de  dont     il    jotiissall   a   Venise    lui    lit 
lui  vingl-cin(j  ouvrages  ,  tous  relatifs  prendre  la  résolution  de  s'y  fixer;  et 
a  l'histoire  naturelle,  aux   diverses  bientôt  il  ouvrit  une  école  de  litlera- 
espèces  de  chasses  et  a  l'administra-  Itire  ipil  lut  irécpienlée  par  une  loule 
liou  des  iorêls.  Les  principaux  sont  :  d'élèves.  Ses  succès  dans  U  carrière 


mx 

(If  rcnscif^iUMiuMil  cvcilliTcnl  rciivli?; 
tl  1111  ciMlaiii  {^iMiumairuMi  ,  nomme 
Uajili.  I\('L',i'>  ,  rénaiidil  coiilrc  lui  li's 
ralomiiii's  1rs  nliis  alrorcs.  Falii^nc  de 
.soiillnr  les  liiMillis  de  Wczio  .  Ijcci- 
clicml  rcnvoqiKi  dans  une  salle  du 
convcnl  de  Sainl  -  l'ilcnne  les  ])er- 
nonucs  les  plus  dislin^uccs  de  Venise, 
et,  cil  présence  de  son  antagoniste, 
(ju'il  avait  sommé  de  s'y  rendre  ,  re- 
passant l'une  après  Tautre  toutes  ses 
allégations,  il  le  convaintjuild'impos- 
ture.  Les  nouvelles  traeasserics  (jue 
lui  suscita  son  méprisable  ennemi 
finirent  par  lui  rendre  le  séjour  de 
Venise  insupportable.  11  transporta 
sou  école  a  Padoue.  J.  Calphurnius, 
Tun  de  se.^  jiremiers  maîtres,  alors 
professeur  a  1  académie  de  cette  ville, 
étant  mort  [)eu(le  temps  après,  il  pro- 
nonça son  oraison  funèbre,  et  se  mit 
sur  les  rangs  pour  lui  succéder,*  mais  il 
eut  la  mortification  de  se  voir  préférer 
cet  indigne  Regio  ,  qui  semblait  s'a- 
cliaruer  à  traverser  tous  ses  projets. 
Plusieurs  villes  s'empressèrent  d'of- 
frir des  chaires  a  Becic'.iemi.  Le  sou- 
venir des  heureuses  années  (ju'il  avait 
passées  dans  sa  jeunesse  a  Brescia,  le 
décida  pour  cette  ville.  Pendant  seize 
ans  qu'il  y  prolcssa  la  littérature  la- 
tine, il  trouva  le  loisir  de  composer, 
sur  plusieurs  auteurs  anciens,  des 
commentaires  qui  ajoutèrent  a  sa  ré- 
putation. Enfin  l'académie  de  Padoue 
lui  fit  offrir,  en  i  5  19,  la  chaire  (félo- 
((uencc,  qui  avait  été  toute  sa  vie  l'ob- 
jet de  sou  ambition.  11  l'accepta  avec 
empressement,  et  la  remplit  jns(|u'à 
sa  mort,  arrivée  en  i5:i6.  Les  ouvra- 
ges de  l)ccichemi  ^ont  fort  rares;  on 
ne  se  flatte  pas  den  pouvoir  donner 
la  liste  exacte  et  complète  :  I.  (Ji'u- 
tio  (jud  Brixiano  scnaliti  gradas 
agit.  —  Piœli'clio  iii  C\  P/i/uu/n 
secundum.  —  Obscrvutionitm  col- 
Icclanca  in  prinium  historiœ  iulUl- 


\WX. 


/.H 


,o:> 


niiis  lihiitin ,  I  iHi/j.  ,  iii-fol.  Les  bi- 
blio .graphes  ne  s'accordent  pas  sur  le 
luii  (le  rimpic' sion  de  ce  ^olumo, 
(pii  selon  tonte  app.irence  ,  parut  il 
Bresci.i  (i).  La  partie  intitulée  :  lu 
('.  Pli/ni  prœlcclio  ,  est  précédée 
d'une  dédicace  datée  de  lîrescia  , 
1  5o5.  11  en  existe  un  exemplaire  sur 
vélin  à  la  bibliothèque  du  roi.  Elle 
a  été  réimprimée  avec  les  noies  sur 
le  premier  livre  de  Pline  ,  Paris  , 
l5i9.  II.  Panegjricus  /;ri/ici/Jt 
Léonard.  Laurcdano.  —  Ccnluiia 
cjnstoUcaviun  qnœsiiomini ,  i  5  o4^, 
in-f(d.  Ce  volume  a  été  réimprimé  a 
\enise,  en  i5o6,  in-fol.  ,  avec  une 
seconde  partie  intitulée  :  CcisLigalio- 
ncs  ad  Âi'fuicliun ,  l  iclorinwn  et 
Ciceronis opus de oialorc ^elc . ;  nec 
non  j)irec( ])lioues  de  conipoticnda 
episLola.J'itnebri(iiie  et  nuptialiova- 
iionc  ;  de  dialogo  componendo  et 
iniilatione.  III.  Orationes  très , 
Venise,  i52^,  ii:-4.".  Le  célèbre 
cardinal  Quirini  arecucilli  les  préfaces 
de  Becicherai  dans  le  Spécimen  de 
Brixiana  litteratura ,  -C^  partie. 
V oy.  pourlesdétails  \esDisserlaz. 
Vossiane ^  d'Apostol.  Zeno  ,  II, 
408-20,  t\.\:\.  Bibliothèq.  curieuse 
de  Dav.  Clément ,  111 ,  lii.  W-s. 
i$ECK  (Ji:ax,  baron  de),  fut 
d'abord  berger ,  puis  postillon  ,  puis 
soldat  au  service  d'Espagne.  Ayant 
passé  par  tous  les  grades  militaires, 
il  par\inl  hla  dignité  de  maréchal-gé- 
néral-de-camp,  et  de  gouverneur  du 
duché  de  Luxembourg^  A  la  bataille 
qui  eut  lieu  devant  Thionville  ,  le  7 
juin  1659  ,  Jean  de  Beck  ,  comman- 
dait Pavaul-garde  en  (jualité  de  ser- 
gent-général de  bataille.  Eji  i64-i, 
il  reprit  la  ville  d'Aire  dont  le  maré- 
chal de  la  iMeillerave  venait  de  s'eni- 


(ij  (.('Me  «(liti'iii  conuîiciiric  à  lircscia  ,  i);ir 
A  m.  Morilii-,  m  i:">o.i,  fui  ailicvcc  à  Padoue  eu 
I  JoC,  pur  le  iiuiiif  imprimeur. 


28. 


436  BEC  BEC 

parer.  L'année  suivante  ,  le  26  mai,  première  éducalion  fut  très-soignée. 
il  se  distingua  a  la  bataille  d'Honne-  Irmîsch,  le  premier  de  ses  maîtres  , 
court  en  Cambrésis,  où  les  Français,  Teniraena  dans  les  paroisses  de  Gross- 
accablés  par  le  nombre,  éprouvé-  Portbactde Wildenboru(prèsZeitz) 
rent  une  déroute  complète.  Au  mois  qu'il  habJLa  successivement  ;  Beck  y 
d'août  164^8,  le  baron  de  Beck  vint  resta  de  1768  a  1771.  Il  en  sor- 
au  blocus  de  Lens  partager,  avec  l'ar-  tit  pour  aller  a  Leipzig,  où  bientôt 
cbiduc  Léopold  ,  l'honiieur  el  les  fa-  ses  professeurs  ,  et  particulièrement 
tii^ues  du  comm'andement.  Le  20  Tillustre  philologue  Fischer  ,  le  re- 
aoùt ,  quand  le  prince  de  Coadé  se  marquèrent.  A  douze  ans  ,  il  avait 
montra  dans  la  plaine  aux  regards  de  déjà  une  connaissance  satisfaisante 
l'armée  esp.i^nole,  Jean  de  Beck  ,  des  langues  latine ,  grecque,  bébraï- 
sans  être  déjuncerté  par  cette  ma-  que  :  à  seize,  il  publia^  des  obser- 
nœuvrc  audacieuse  cî  savante  ,  partit  vations  critiques  (Spécimen  ohs.  cri- 
avec  les  Croates  et  toute  la  cavalerie  ticanmi,  etc.) sur  l'Hippolyte  d'Eu- 
lorraine  ,  la  meilleure  qu'il  y  eût  ripide.  C'est  aussi  a  Leipzig  qu'il 
au  service  de  l'Espagne  ,  et  franchit  suivit  les  cours  académiques.  Ses  vues 
l'espace  qui  le  séparait  des  Français,  alors  se  développèrent ,  elil  emlwassa 
A  la  voix  de  Condé,  les  gendarmes  dans  ses  plans  d'études  tout  ce  qui 
font  halte  ;  Beck  tombe  sur  l'arrière-  était  relatif  a  la  philologie,  a  la  théo- 
garde qui  est  enveloppée  ,  enfoncée  ,  logie  el  a  Thistoire.  La  bibliographie 
massacrée.  La  gendarmerie  qui  don-  n'était  pas  moins  de  sa  part  l'objet 
ne  ensuite  éprouve  d'abord  un  grand  d'une  attention  particulière  ;  et,  fort 
échec  5  mais  bientôt  la  valeur  el  l'ha-  jeune  encore,  il  sut  apprécier  l'impor- 
bileté  du  g: and  Condé  réparèrent  le  tance  de  celte  science  et  y  acquérir 
désordre.  Beck  ïû  vainement  tout  ce  des  connaissances  étendues.  Il  dut  ses 
qu'on  devait  attendre  d'un  capitaine  ])r()grès  dans  toutes  les  branches 
aussi  brave  qu'expérimenté.  Témoin  d'éludés  moins  aux  cours  acadé- 
dela  fuite  de  ses  troupes,  il  fulpris_,  miques,  qu'il  suivait  pourtant  avec 
percé  de  coups,  el  transporté  a  Ar-  assiduité  ,  ([u'a  ses  travaux  parlicu- 
ras,  où  peu  de  temps  après  il  mou-  liers.  Sa  robuste  constitution  lui  per- 
rul  de  désespoir,  n'ayant  pas  voulu  melUit  de  vaquer  presque  sans  inter- 
pt-rmettre  (pie  l'on  pansfil  ses  plaies,  ruplion  a  ses  études.  D'autre  part , 
J'Uevé  a  un  haut  degré  de  fortune,  il  sa  po>ilion  pécuiiiaire  lui  i'aisail  une 
ue  se  méconnut  jamais  et  n'abusa  loi  de  s'occuper  sans  relâche.  Grâce  à 
point  de  sa  position.  Walstein  ,  lors  une  sage  écononâe ,  et  grâce  à  qtiel- 
de  sa  conspiration  contre  l'empereur  ques  travaux  lypograpiiico-littéraires 
Ferdinand,  ess.'iya  en  vain  d'atiacher  (pà  lui  furent  couHés ,  il  subvint  a 
le  baron  de  lieck  h  ce  compl(-l.  La  tous  ses  besoins,  et  l'ornia  le  pre- 
vertu  du  général  résista  \\  to  s  les  mier  noyau  de  la  belle  bibliotliè- 
moyens  d(î  séduction.  Le  cor[>s  de  que  cpiil  ne  cessa  d'augmenter  dans 
Jean  de  Beck  fut  transporté  a  Luxeuï-  la  suite  ,  et  qui ,  lors  de  sa  mort ,  se 
bourg  el  inhumé  dans  l'église  des  montait  a  vingt-cptalre  mille  volumes. 
Récollfls.  L.  0.  En  1778,  il  fut  chargé  de  l'iniprcs- 
lîK<iK  (CiinKTiEN-DANiF.L) ,  né  siou  do  ÏKuripùla  de  Barnes.  La 
le  112  janvier  i  7ri9 ,  a  L(M[>/ig  ,  ét.iil  niènie  annéi-,  il  obtint  le  grade  de 
le  (ils  d'un  courlicr  de  iinauccs.  Sa  maître  j  el, en  i77y,  li  permission  de 


BEC 

faire  dcsi  Icclnri's  li  Innivcrsllé.  Son 
Ir  ùiC'  J)i'  /ti^crtiiid.  |>iil)llocn  i  780, 
iiitliiiuail  mic  coiinaissanrc  IclKiiiiiil 
npprolomlic    de   Irmcini    droit    ro- 
m.iin  que  llcvnr  ,  d;in,s  la  persuasion 
où  il  élail  que  iîeck  s't'lail  livré  spé- 
cidliMucnl  à   l'clnde  de  la  jurispru- 
dence, lui  lit  propos.cr  une  chaire  ex- 
traordinaire pour  Penseignemcnl ,  li 
Giellin^rue,  de  r.mcien  droit  minai'» 
et  de  son  liisloire.  Ucck  refusa.  En 
1782,   il  fut  nomme,  professeur  ex- 
traordinaire des  lanj^u.'S grecque  cl  la- 
tine à  Leipzij^  ,  et  trois  ans  apnVs  il 
obtint  la  chaire   ordinaire.  Pendant 
ce!  intervalle,  il  lui  était  venu  de  nou- 
velles offres  de  Cœtlin^ue  :  on  l'ap- 
pelait il  1,1  chaire  de  philosophie  comme 
piofcsseur  ordinaire  et  en  qualité  de 
professeur  extraordinaire  k  celle  de 
théologie.  La  posiliou  de  lîeck  était 
assurée.  Il  put  dès-lors  se  vouer  en  li- 
berté aux  travaux  de  Térudilion.  Un 
nombre  très-considérable  d'ouvrages 
dépose  de  Tactivité  littéraire  qu'il  ne 
cessa  de  déployer.  Mais  le  grand  mé- 
rite de  Beck  est  moins  peut-être  dans 
ces  oiuTages  nièmc   que   dans    l'in- 
fluence de  leur  auteur  sur  les  travaux 
coatcmporains.  Ses  leçons  sur  l'exé- 
gèse, sur  Ihistoire  ecciésiastlque,  sur 
celle  du  dogme,  sur  l'herméneutique 
sacrée  ouvrirent  un  champ  p'us  vaste 
a  l'intelligence.   C'est  lui  (jui,   avec 
Ernesli  et  Morus  contribua  le  plus  a 
donner  un  esprit  libre  a  la  théologie, 
dans  l'école  de  Leipzig,  et  a  popula- 
riser les  vues  élevées.  Distingué  par 
laconunissance  approfondie  des  sour- 
ces ovi  il  faut  puiser  les  éléments  de 
Ihistoire,  il  fit  sentir  mieux  que  ses 
prédécesseurs  la  nécessité  de  ramener 
ces  sources  a  leur  pureté  originelle, 
l'utilité  de  la  philologie  qui  les  com- 
mente et  en  dé  termine  le  véritable  sens, 
l'importaucc  de  la  critique  ({ui  les  ana- 
lyse ,  les  apprécie  et  en  dicte  l'em- 


BKC 


A '^7 


ploi.  Suivant  de  près  et  appliquant 
aux  fails  de  Vhistoirc  les  hautes  doc- 
trines philosophicpies  cpie  Kant  avait 
mises  en  monve:îM'iit  ,  il  arriva  bien- 
tôt a  liclée  de  l'histoire  universelle; 
et ,  s.'ins  s'élever  encore  au  principe 
du    ge'irc    humain    pris    comme    un 
grand  ètrecoUeclif,  il  prépara  la  voie 
a  ce  principe  par  ses  leçons   et  par 
ses  manuels.  Ces  derniers,  justement 
estimés,  sont  consultés  avec  fruit.  Ses 
lectures  archéologiques  ,   ses  princi- 
pes fondamentaux  d'archéologie  con- 
tribuè'-ent  de  même  aux  progrès  de 
la  science.  Toutefois  c'est  a  la  phi- 
lologie que  s'attachèrent  toujours  ses 
préférences.    Les  connaissances  im- 
menses qu'il  avait  sur  tout  ce  qui  se 
rapporte  aux  langues  et  aux  littéra- 
tures de  l'antiquité,  rendai'.'ut  ses  le- 
çons si:r  ce  sujet  on  ne  peut  plus  in- 
téressantes et  fructueuses;  et  la  re- 
nommée de  son  cours,  eu  s'étendant 
d'un  bout  de  l'Allemagne  a  l'autre , 
attirait  un  î^rand  nombre  d'étudiants 
a  Leipzig.   INfon  moins  zèle  pour  la 
propagation  des  connaissances  qu'em- 
pressé do  les  acquérir   lui-même  ,  il 
dirigea  son  attention  vers  les  moyens 
de  former  des  philologues  et  des  maî- 
tres ,   et  fonda,  en  1785,  la  société 
philologique     où     deux    fuis      par 
semaine     des   jeunes     gens    s'exer- 
çaient sous  sa  direction  a  traiter  des 
objets  scientifiques.  Cetle  société  de- 
vint en  1809  nneinsliluliori  officielle, 
et  prit  le  ti're  de  séminaire  philolo- 
gique. De  la  sortirent  les  Tillman  , 
les  Il^en  ,  les  Schott,  les  Rlotz  ,  les 
Eichsla'dt,  les  Stalbaum.  La  predi- 
leclion  de  Beck  pour  les  anciens  ne 
l'empêchait  pas  d'être  parfaitement  au 
courant  de   la   littérature   moderne. 
Aussi  fut-il  a  Leipzig  le  premier  édi- 
teur do  feuilles  d'annonces  de  la  librai- 
rie. Bien  tôt  son  plan  et  le  cercle  de  ses 
relations  s'agrandirent.    En  1780, 


438 


BEC 


après  avoir,  pendant  sept  ans,  pii- 
]  jic  iTiensueîleinent  son  Bulletin  des 
ouvrages  nouveaux  (Verzeiclinlss- 
jieuer  JBiicher),  il  fut  rédacteur  des 
Nouvelles  annonces  scientifiques 
de  Leipzig.  Plus  tard  celles-ci,  chan- 
geant de  forme  et  de  nom  ,  devinrent 
Ja  Gazette bibliograj)liique de Xf //?- 
js/g- (Leipziger  literaUirzeilung)  :  il 
en  fut  le  rédacteur  en  clicf.  Enfin  , 
en  1819,  lorscpie  la  Gazette  bil)liogra- 
pliique  cessa  d'exister  ,  il  entreprit 
l'immense  recueil  connu  sous  le  nom 
de  Répertoire  général  de  hihlio- 
graplne  moderne  ,  allemande  et 
étrangère.  Ce  vaste  magasin  bi- 
Miograpliiqne  n'a  de  pareil  dans 
aucune  langue.  11  est  vrai  que  Lei- 
pzig est  la  ville  du  monde  la  mieux 
placée  pour  offrir  a  qui  s'occupe 
d'un  semblable  travail  les  moyens 
de  rassembler  les  innombrables  do- 
cuments qui  doivent  en  être  la  base. 
Toutefois  on  ne  peut  qu'être  épou- 
vanté en  apercevant  la  multiplicité  des 
détails  (ju'eiilraîue  une  telle  publica- 
tion ,  détails  qui  néccsbil en td' une  part, 
un  grand  nombre  de  collaborateurs , 
et  de  l'antre,  chez  celui  (jui  dirige 
rentreprise,  un  coup-d'œil  puissant  et 
sûr,  une  patience  infatigable,  nu  ordre 
extrême  pour  éviter  soit  les  lacunes  , 
soit  les  doubles  emplois.  Cependant 
les  instants  de  Beck  étaient  en  partie 
ravis  h  la  science  par  ^\i^  occupations 
i\\\\  n'y  tenaient  (pie  de  loin,  ou  qui 
jnêiTie  y  étaient  lolalenionl  étrangè- 
res. Huit  fois  vice-cliaucelicr,  dix- 
.sri)l  fois  doyen  ,  douze  fois  recteur 
de  l'université  de  L(  ipzig  ,  il  joignit 
aux  travaux  administratifs  allacliés  à 
(les  fonctions  (|ue  lui  délérail  ,  soii  le 
choix  de  .ses  collègues  ,  .soil  le  roule- 
ment normal  descharges  dans  lecorps 
a(  ;i(Iénii(pie  ,  Tintendance  de  la  bi- 
ijliollièquc  do  riiniver.sité  ,  celle  du 
iVUiiuiiirc  pbilologitpie,  rinspection 


ÊEC 

sur  les  employés  salariés  (s fipendia- 
ten  )  j  la  préfecture  dos  villages  uni- 
versitaires, la  direction  de  l'institut 
des  sourds-muets  ,  etc.  Plus  tard 
(1819,  etc.  ) ,  il  fut  chargé  de  la 
censure  des  journaux  et  recueils  pé- 
riodiques politiques  ,  ainsi  que  des 
brochures.  Un  grand  nombre  de 
vovageurs  et  de  nationaux  le  re- 
cherchaient Cl  lui  rendaient  visite. 
De  plus,  il  s'était  fait  une  loi  de  ne 
jamais  laisser  une  lettre  sans  réponse, 
et  il  en  recevait  beaucoup.  Beck  avait 
eu  la  douleur  de  perdre  en  i8i5  le 
plus  jeune  de  ses  deux  fils  qui  était 
médecin  en  chef  dans  un  hôpital 
militaire.  En  1819  il  céda  sa  chaire 
de  langues  latine  et  grecque  a  Spohn  , 
pour  prendre  celle  d'histoire  5  mais 
.il  ne  la  rarda  que  jusqu'à  la  mort  de 
Spohn  ,  qui  eut  lieu  six  ans  après. 
Tieck  ,  mourut  le  i5  déc.  i852  , 
des  suites  d'un  refroidissement  qu'il 
ressentit  a  l'église  en  assistant  à  la 
fête  de  la  constitution  (  4  sept.  ). 
C'était  la  première  fois  (lu'il  éprou- 
vait une  maladie  sérieuse  :  il  sembla 
d'abord  reprendre  un  peu  de  force  j 
mais  bientôt  une  nouvelle  imprudence 
lit  reparaître  les  symptômes  du  pre- 
mier malaise  et  lui-même  reconnut 
qu'il  était  frappé  mortellement.  Reck 
était  alors  dans  la  soixante-seizième 
année  de  son  âge,  et  la  ciu(]uanle- 
unième  de  son  professorat.  Il  était 
membre  de  l'académie  dvfi  sciences  de 
]\luuich,  de  la  société  des  Volsques  de 
A'ellctri,  etc.,  etc.  Le  roi  de  8axe 
l'avait  nommé  conseiller  d'étal  et  l'a- 
vait décoré  de  la  croix  du  méritecivil. 
Parmi  «ses  ouvrages  qui  ne  |)euveul 
être  tous  indiqués  ici  ,  cl  dont  au 
re.ste  ou  trouve  une  liste  pres(|ue 
complète  dans  le  Nettcr  Nekrnl. 
dcr  J)culsvlu'n ,  ann.  iSSa,  II, 
8r7,  etc.  ,  nous  roniarquerons  :  1. 
Diverses   Iraductioiis  (pii  uni  eu  \i^ 


rimporlanc(*  pour  rcnsriqnomriil  pu- 
Mic.  Co  sonl  I"  V/Iisioirc  f /es  pro- 
fères ('(  (II'  1(1  rlmli'  (Ir  l>i  rrpubli' 
fjnc  rof/mi/w  y  dr  l  an«;lals  (le  Frr- 
j^iison,  1785 — 87,  3  V.  ;  2"  17//.s- 
/('//•(•  (Irs    (iriTS  ,   (le  l'Anglais  de 

(îold.sillllll,   1792 03  ,2V.,  2""  C(l., 

1  îii)() ,  de.  j  5"  le  Tableau  de  C em- 
pire ottoman  de  Mouradvçea  d' Os- 
son,  d\\  fvnuc. ,  1788 — 90,  5  vol. 
II.  Plusieurs  aillions  excellentes  : 
1  "  Piudare  avec  les  srliolies  ,  elc.  , 
1792 — 95,  2  V.  ;  2°  Euripide,  i*^"" 
vol.  ,  Kœnigsbcrg  et  l^eipz.,  17925 
5°  lcsciu(j  livres  ilvs  Doctrines  des 
philosophes,  par  IMularque,  1785- 
87  •,  4°  V Histoire  ajuoureuse  de 
Chcràiis  et  de  Callii'oé ^  par  Clia- 
riton,  1782  •  5^  \es  yirgonautifjfues 
d'Apollonius  de  Rhodes  ,  1795  • 
6"  \cs  J'Jf^logi/es  de  Calpurnius;  7*^ 
/Éristo/fhana  :  i  édilioa  se  compo- 
};e  de  huit  volumes,  dont,  les  deux 
premiers  comprennent  le  texte  d'Iu- 
vernizzi  5  les  six  autres  contiennent 
les  commenlaires  do  Bcck  cl  de  Din- 
dorf.  On  doit  joindre  a  ces  ouvrages 
philol.)j;iques  le  troisième  volume  par 
lequel  il  termina  V Euripide  de  Bar- 
ncs,  1788  ,  et  les  i\e\}\  volumes  qu'il 
ajouta  au  Thucydide  de  Bauer.  III. 
Les  manuels  principaux  qui  ont  (jejh 
été  lndi(jués  et  (jui  sont  1"  les  Elé- 
ments  ou  j)rincipes  fondamentaux 
d'archéologie  ;  2"  V Introduction  à 
l'histoire  universelle  du  inonde  et 
des  peuples ,  1787-1807,  4- v.  (les 
^{.'wa  dernierslomes  ont  paruaussiscus 
le  titre  de  Dlannel  de  l'Histoire 
universelle  du  moyen  dge  et  des 
tei)ips  modernes).  IV.  Le  Réper- 
toire bibliograp/iique  :  commencé  en 
1819,  il  fut  conduit  ré;^ulièrement 
jusqu  h  la  mort  de  Bcck.  Il  en  pa- 
raissait annuellement  vingt-quatre  li- 
vraisons. Les  autres  écrits  de  Beck 
consistent  surtout  en  discours,  notices 


BEC  0g 

lettres,  dissertations  et  eu  ce  (pi'on 
iioiiiine  (Ml  style  académi(pie  d'Alle- 
magne /)rni;/(i/nmafa.  CcuX-ci  moii- 
tenl  au  noiid)re  de  près  de  suixaiite; 
ils  sonl  en  lalin.  IMusienrs  d'entre  eux 
soûl  d'une  haute  imporlance.  Tels  sont 
1°  hpicrisis  (p.KesLioinnn  de  histo- 
ri(U  romanœ  (inliiptissitnis  fontibus 
et  verilate y  1812*  2"  P.  in  que 
vuitalionis  civitatum  veterum  in  re- 
fîna catisœ  et  eventus  narrantur ; 
3"  T)e  judicio  arlis  historicœ  clas- 
sicor.  scriptor.  ,  iSonj  /^°  Exa- 
men arlis  et  ralionis  hist.  veterum 
in  judicand.  ingeniis  et  moribus  ^ 
1  806  j  S^Jud.  artishistoricor.  vet. 
in  causis  et  çvent.  bellor.  expo- 
nendis y  18095  ^'°  Historicor.  vet, 
judicandi  de  rébus  post  bella  in- 
siitulis  ars  illustrata,  1  8  1  3  •  7"  Ar- 
tis  latinesci'ibendiprœcepta,  i  8  0 1 . 
Beck  donna  a  la  fois  le  précepte  et 
l'exemple.  P — ot. 

BECKE  (Jean-Charles  von  der), 
jurisconsulte,  né  alserlohn  en  i  760, 
élail  membre  de  la  société  de  juris- 
prudence de  Gœllingcn  lorsqu'il  fut 
appelé  eu  1782  à  faire  partie  de  la 
réirence  de  Gotha.  Joi''nant  au  talent 
de  la  parole  une  grande  facilité  dans 
le  travail  ,  nu  esprit  juste  ,  nue  pro- 
bité a  toute  épreuve,  il  mérita  la  con- 
fiance de  sou  souverain  ,  qui  le  char- 
gea de  travaux  importants  et  de  plu- 
sieurs missions  a  l'étranger.  Sous  le 
duc  Auguste  (  [  822),ilfutnomméchef 
de  la  régence  en  remplacement  du 
chancelier  ,  et  queLjues  années  après, 
appelé  au  ministère  secret  en  cou- 
servant  les  fonctions  de  chancelier. 
Beckc  se  démit  de  celte  dernière 
charge  en  1823  ,  pour  se  livrer  en- 
tièrement aux  altairesdu  minislère  et 
a  l.i  direction  de  la  société  des  veu- 
ves. Il  remplit  ces  deux  emplois  tant 
que  dura  le  gouvernement  du  duc 
l'erdinand  IV,  et  pendant  radiuinis- 


44o 


BEC 


tration  combinée  du  pays  de  Golha- 
Altembourg,  sous  le  duc  de  Cobourg 
Meiiiingen  elHildbourgbausen.  Unis- 
sant aux  connaissances  d'un  homrce 
d'e'lat  le  laleut  des  vers  ,  il  a  fiiil 
imprimer  un  recueil  de  poésies  cjui 
sont  estimées.  Becke  mourut  le  21 
août  i85o.  Z. 

BECKER     (  GUILLAUME-GOTT- 

xiEB  ) ,  l'un  des  archéologues  les  pi  lis 
distingués  de  rAllemagne  ,  naquit 
le  4  novembre  17 55,  a  Oberkallen- 
berg  (dislricl  de  Sc!;œnburg  en  Saxe), 
étudia  dans  l'université  de  Leipzig  , 
de  I  7  7  3  a  I  7  7  6 ,  et  se  livra  de  bonne 
heure  à  1  élude  de  l'antiquité.  C'est 
pendant  ce  temps  qu'il  s'annonça  par 
ses  Lettres  â  JE  lise  et  ses  Epitres 
à  un  Jardinier  j  qui  eurent  du  suc- 
cès. Il  publia  ensuite  un  écrit  sur  le 
Costume  cUins  les  monuments  ,  et 
traduisit  le  Traité  du  costume  ,  par 
Bardon.  En  1777  il  alla  occuper  une 
cbaire  a  l'institut  philanlroplque  de 
Dcssau.  Il  passa  en  1778  à  Bàle. 
Là  ,  SCS  liaisons  avec  Meclirln  ache- 
vèrent de  développer  son  goût  pour 
les  gravures,  et  de  l'inilier  a  la  con- 
naissance des  œuvres  des  ijrand.s  mai- 
très.  Il  parcourut  ensuite  la  Suisse  , 
la  France  et  la  Ilaute-Ilalie.  Ces 
voyages  en  lui  procurant  la  connais- 
sance du  marquis  de  Girardiii  ,  ren- 
gagèrent a  traduire  en  allemand  sa 
Composition  des  paysages ,  ou 
Moyens  d  end)vllir  la  nature  près 
ilcs  habitations.  Les  «irands  ouvra- 
ges  et  les  dessins  saliricpies  de  IIol- 
btin  avaient  prodigieuscnuMil  oc(  upé 
lîrcker  il  Iiàle.  11  l'ii  résulta  une  nou- 
velle édition  de  ÏJJlogt'  tle  la  folie 
d'Erasme,  accompagnée  d'une  tra- 
duction allemande  par  lîeckcr,  avec 
les  gravures  représentant  les  dcjsins 
fl  \\  plume  d'Ilolbein.  Revenu  en  Al- 
lemagne,  liecker  lut  successivement 
BOiumé  jjrufcsst'ur  du  morale  tl  d  bis- 


BEC 

toire  à  l'académie  des  chevaliers  de 
Dresde  (i 782-1795)  ,  conservateur 
de  la  galerie  des  monuments  antiques 
et  du  cabinet  des  médailles  de  la 
même  ville  en  remplacement  deWac- 
ker  ,  et  enfin  conseiller  de  la  cour 
électorale  de  Sax^.  Très-peu  occupé 
par  tous  ces  empi'îKs,  Beckereut  une 
existence  très-brillante,  avec  le  loi- 
sir ,  non  seulement  de  faire  un  nou- 
veau voyage  en  Italie  en  1784.,  mais 
encore  de  composer  ou  d'éditer  un 
assez  grand  nombre  d'ouvrages.  Son 
Almanach  du  plaisir  social ^  qu'il 
fonda  en  1794  et  qui  parut  jusqu'en 
i8i5  ,  contient  beaucoup  de  récils 
agréables.  Son  Almanach  pour  les 
amis  de  l'horticulture (1795-1800) 
a  aussi  trouvé  des  lecteurs;  ses  Con- 
structions Jiorticulturales  et  rura- 
les sont  remplies  de  descriptions 
charmantes  ,  et  respirent  en  quelque 
sorte  le  parfum  de  la  carjipagne. 
Becker  consacra  un  écrit  particulier 
k  montrer  comment  la  veillée  de 
Blaueu  pourrait,  par  l'applicaliun  ju- 
dicieuse de  l'art,  être  transformée  en 
un  immense  jardin  naturel.  Mais  l'ou- 
vrage par  lequel  il  a  le  mieux  mérité 
du  public  de  toutes  les  classes  est 
son  Augusteum  y  ou  description 
des  monuments  antiques  gui  se 
trouvent  à  Dresde  ;  composé  de 
treize  cahiers  de  texte  et  décent  cin- 
quante -  «piatre  planches  gravées, 
Dresde  et  Leipzig,  i8q5  a  1812  , 
3  vol.  in-fo'io.  C'est  un  des  plus 
beaux  monuments  de  la  science  ar- 
chéologi([ne.  11  v  a  è^ç^  exemplaires 
avec  texte  Iraneais.  Beeker  recul  h 
répo(juo  de  sa  publication  leséiogcs 
de  tous  les  savants,  et  plus  parllcu- 
li  renient  A^^i^  célèbres  lleyne  et 
d  Aussi!  de  Villoison.  «  On  y  rrniar- 
«  (pie  ,  dit  ce  dernier,  des  cxplica- 
«  tions  neuves,  ingénieuses,  savan- 
te les 7   bien  écrites,   et  qui  jeilent 


BEC 

«  1'  Miiconj)  (If  liimii  Tes  sur  l'iiisloirc 
u  (i  •  i'.irl ,  sur  la  myllioloj^ic  ,  sur 
c(  r.mll»[iiik'c<?;vplii'nn('fl}^roc(jiir.  » 
14,  .'ui^usft'ii/n  jnil)lit'(l'al)or(l  en  allc- 
mai  d  le  fui  on.Miilc  en  fraiuMis.  Bcc- 
kiT  so  proposait  encore  de  faire  con- 
naîlre  les  trésors  nunrsinaliqucs  de  la 
p;al(  rie  de  Dresde,  cl  il  avait  déjà  re- 
produit, avec  une  exactitude  qui  sur- 
pas  ait  tout  ce  que  l'on  avait  vu  jus- 
que la,  deux  cents  médailles  rares  du 
1110  en  ;ige  (lu-4^",  avec  explications 
iiistoriques  )  ,  lor<:([u'il  mourut  îi 
IVi'sde,  dans  le  mois  de  juillet  i  8  i3. 
On  trouve  une  notice  sur  sa  vie,  par 
lla.<-se,  dans  XAlmanacfi  du  plaisir 
social,  a  un.  loi  5.  Z. 

îîECKER    (Philippe-Jacob)^ 

{leînlre  badols ,  naquit  a  Fforzlicim  , 
e  i5  juillet  lyôp.  Jeune  encore  il 
montra  de  grandes  dispositions  pour 
son  art  ,  et  lui  sacrifia  \vs  sciences 
I  dans  lesquelles  il  avait  déjà  fait  des 
pi  ogres  remarquables.  En  1776  il 
alla  visiter  1  Italie  et  il  y  reila  pen- 
dant sept  ans ,  travaillant  sous  la  di- 
rection de  i\.-E.,  Meny,  professeur 
distingué.  Ricbe  des  connaissance^ 
qu'il  avait  acquises  ,  il  retourna  dans 
8a  patrie  où  les  arts  avaient  trouvé 
une  prolectrice  éclairée  en  la  per- 
sonne de  la  margrave,  épouse  de  Cliar- 
Ics-Frédéric  (  J^of.  Bade  ,  dans  ce 
vol.  pag.  29).  En  1784-,  il  entra  au 
service  de  son  souverain  comme  pein- 
tre de  la  cour  .  devint  plus  tard  di- 
recteur de  la  galerie  de  tableaux  ,  et 
fut  cbargé  d'enseigner  le  dessin  aux 
eufanls  de  la  famille  ducale.  L'intérêt 
qi'e  ses  augustes  élèves,  montés  sur 
d.iTérenls  trônes  de  1  Europe,  ne  ces- 
aèrejt  de  lui  porter,  fut  pour  lui  un 
souvenir  de  bonbeur  jusqu  a  la  fin  de 
sa  carrière.  Becker  forma  un  grnnd 
nombre  d'autres  élèves  parmi  lesquels 
ou  cite  parliciilièrcinent  Fédor  Iwa- 
nowilsch,  Sophie  Rcinbard  ,  etc.  Il 


BEC 


>i/ii 


n'avait  adopté  aucun  genre  parlirn- 
liir  :  le  pavsage  ,  le  poi  trait  ,  cl  les 
animaux,  il  reproduisait  tout  avec  la 
même  faillite.  Ses  ouvrî'ires  se  dislin- 
gu(  nt  par  le  coloris  el  Tagrénicnt  des 
formes.  On  lui  doit  plusieurs  excel- 
lents portraits  en  p:id  de  Cbarles- 
Frédéric  et  du  duc  d'Auball-Dessau, 
enfin  les  portraits  de  .T. -G.  Scblosser, 
de  Stilling,  de  J.-G.  Jacobi,  etc.  Une 
grande  partie  de  la  galerie  de  Carls- 
rulie  est  décorée  de  ses  dessins  et  de 
plusieurs  de  ses  éludes.  Sa  famille  en 
conserve  encore  un  grand  nombre. 
Son  Album  d'esquisses  mérite  surtout 
d'être  cité.  II  est  'a  regretter  que 
Becker  ait  aussi  peu  écrit  sur  son  art; 
cependant  on  a  trouvé  après  sa  mort 
quelques  manuscrits  et  des  fragments 
d'un  journal  sur  la  peinture.  Sa  cor- 
respondance avec  plusieurs  artistes 
raëriterail  d'être  publiée.  Il  mourut; 
le  i5  août  1829.  Z. 

BECKWIÏII  (George),  géné- 
ral anglais,  né  en  1763,  était  le 
deuxième  fils  d'un  major-général  qui 
commandait  un  régiment  a  la  bataille 
de  Minden  et  la  brigade  de  grena- 
diers et  de  bigblnnders  pendant  la 
guerre  de  sept  ans.  Il  entra  dans  la 
carrière  des  armes  en  1771,  en  qua- 
lité d'enseigne  dans  le  dj''  réfrimcnt 
crinfanteric.  Lieutenant  en  1775,  il 
s'embarqua  pour  l'Amérique  du  iSord^ 
fut  bientôt  promu  au  grade  d'adju- 
dant d'un  bataillon  de  grenadiers,  et 
servit  dans  l'iiifructucuse  expédition 
dirigée  contre  Cbarleslown.  Le  corps 
de  la  Caroline  du  Sud  ayant  ioint  le 
général  Howc  et  le  corps  d'armée  à 
1  lie  des  Etats  près  de  New  -  York  , 
Beckwilb  prit  part  avec  ses  grena- 
diers au  combat  de  Brooklvn  près  de 
Long-Island(27Scplen!bre;,al'aclioa 
qui  eut  lieu  lors  di  débarquement  dans 
l'île  d'.'  New-York,  a  l'afTaire  de  Wbi- 
tcs-Plains,  ctk  l'allaque  des  hauteurs 


I 


A4â 


BEC 


du  fort  Knypliausen.  Peu  après  il  fut 
embarqué  pour  Rhoclc-Island  avec  le 
corps  que  l'on  v  clclacliait ,  en  quar- 
tier d'hiver.  L'année  suivante  ,  il  re- 
joignit le  corps  d'armée  dans  le  New- 
Jersej,  où  il  demeura  jusqu'à  Tou- 
verture  de  la  campagne  •  il  s'embar- 
qua pour  la  Pensyhanif- ,  se  trouva 
aux  batailles  de  13randywine  et  de 
Ccrmanlown,  et  revint  en  1778  kPhi- 
ladelphii^ ,  avec  le  gracie  de  capitaine. 
Il  lut  ensuite  clioisipouraide-de  camp 
par  le  général  Knypliauscn  ,  qui  com- 
mandait les  troupes  hessoises.  C'est 
avec  ce  double  t  tre  qu'il  prit  part  a 
la  bataille  de  î\îonnioulli  dans  le 
New- Jersey.  Il  passa  l'hiver  de  cette 
année  a,  JNew-York  ,  près  du  général 
Knyphausen  ,  que  Clinton  y  laissait, 
tandis  qu'il  se  dirigeait  sur  Charles - 
town  ,  et  il  seconda  le  premier  dans 
sa  résistance  aux  tentatives  dirigées 
par  Washington  sur  l'ilc  des  Etats. 
En  septembre  1781,  il  fut  détaché 
par  Clinton  pour  accompagner  Ar- 
nold a.  l'attaque  de  JSew-London  ;  il 
y  contribua  puissamment  a  la  prise 
<\\i  fort  Griswold  qui  fut  emporté  d'as- 
saut. Le  5o  novembre  il  reçut  le  bre- 
vet de  major.  Lorsque  Knyphausen 
résigna  le  commandement  des  troupes 
fiessoiseS  ,  lieckvvith  passa  sous  les 
ordres  de  lord  Dorchrslcr  (pii  le 
garda  comme  nidc-dc-cnmp  et  lui 
en n lia  les  arrangements  faits  avec 
Washington  pour  l'évacuation  des 
Colonies  ])ar  la  Grande-Hrelagne , 
dans  l'aulomue  de  1783.  Il  ne  quitta 
le  terril  (lire  anglo-américain  (|ue 
lorstpie  celte  évacualion  fut  complète 
ft  nr  «t'embarqua  (pj'avec  ranière- 
garde.  En  1786  il  accompagna  en- 
core lord  Dorchesicr  an  Canada  en 
(pialilé  d'aidc-de-canip.  Son  esprit 
dé(  isif  cl  la  ronnaissance  du'il  avait  de 
rAini'ri([tie  Seplenirionale  le  rendi- 
rent hès-ulilu  ?ous  le  (loublerappnrt 


BKC 

diplomati'pie  et  militaire  ;  et  de 
1787  a  1791,  époque  de  l'arrivée 
du  premier  plénipotentiaire  britanni- 
que résidant  aux  Etals-Unis  ,  il  fut 
employé  dans  plusieurs  missions  im- 
portantes et  confidentielles.  Ses  ser- 
vices et  son  ancienneté  lui  valurent 
pendant,  cette  période  le  grade  de 
lientenant-colonel  ,  qu'il  échangea 
trois  ans  plus  tard  (1790)  contre  ce- 
lui d'adjudant-  général  des  milices  an- 
glaises  dans  l'Amérique  du  jNord,  et 
en  1795  contre  ce'ui  de  colonel  des 
mêmes  troupes.  L'année  suivante  il 
quitta  l'Amérique  anglaise  avec  «on 
patron  lord  Dorcliester,  qui  le  re- 
commanda aux  ministres  et  le  fil 
nommer  «:ouveriieur  de  l'île  lîer- 
mude  en  avril  1795  ,  et  quatorze 
mois  plus  tard  major  -  général.  La 
paix  d'Amiens  le  fit  revenir  en  An- 
gleterre ,  au  printemps  de  i8o3. 
La,  comme  tous  les  fonctionnaires 
supérieurs  des  colonies  ,  il  fut  inter- 
rogé sur  l'état  de  l'Amérique  colo- 
niale 5  et,  comme  tous,  il  reçut  des 
instructions  en  rapport  avec  les  nou- 
veaux événements  ([ui  se  préparaient 
pour  l'Europe  et  pour  le  monde.  Si 
l'Kurope  était  pour  Napoléon  un 
lliéàtrc  de  gloire  ,  les  autres  parties 
du  monde  (levaient  èlre  pour  l'An- 
gleterre une  mine  de  richesses.  Ik-ck- 
wilh,  (les  le  comment  ement  des  bosli- 
lilés,  peiulant  l'été  de  i  8o3  ,  fut  placé 
dans  la  milice  des  districtsde  TEst  sous 
Ica  ordres  du  général  sir  »îames 
Craigh;  puis  danslautomne  de  loo.i 
il  allacommander  la  milice  des  îles  du 
Yenl  cl  sous  le  \  tnl,  avec  le  litre  de 
gouverneur  de  Saint-Vincent,  arriva 
aux  l'arbadeseu  mars  i8o5  5  la  tète 
de  trois  régiments,  cl  commanda  par 
inlérim  toutes  les  forces  Lritannupies 
di-  ces  i)aiages  après  la  mort  de  sir 
A\  illiam  iMeath  ,  el  jusipi'ii  l'arrivée 
de  son  buccos.seur  le  lieuti'U.int-;;énc- 


nrx:  bkc  /,/,'^, 

ral  r.owvcr  (mars  i  iJoT)).  Lui-nu-iuc  lanlo  jiosscssiou  des  Francnls  cii 
il  rrcnl,  io  5o  octol).  (le  la  mrnu"  ail-  Aim.'ri(|in'.  Les  deux  (  liambrcs  vo- 
née  ,  le  grade  de  lieuleiiaiit-f^énrral  lèroil  des  reiiiercîiiienl.s  à  l'eck- 
nvvc  le  cominandemenl  en  second  do  v\  illi  ;  le  roi  le  nomma  chevalier  du 
la  milice  ,  el  enfin  ,  aj)rès  la  relrallc  Bain  (i*"  mai),  cl  le  ?)  i  aui'il  suivant 
de  lîowyer,  il  lui  nommé  commandant  il  le  mil  comme  colonel  de  Ironpcs  de 
en  eliel"  des  forces  mililalres  dans  les  li^^m;  a  la  lêle  du  2*'  réj.Mmenl  des 
îles  du  Nenl  el  sous  le  VenI,  ainsi  Indes  Orienlales.  Knconiagé  par  ce 
que  dans  les  provinces  conlinenlales  premier  succcs  ,  Ik'ckwilli  ,  (onfor- 
de  rAnu'rifjue  du  Sud.  Dans  Tarméc  mémenl  aux  ordres  nouveaux.  (lu'il 
régulière,  i)eel<\vllli,  après  avoir  tenu  avail  reçus  des  Inrds  de  l'aiinraulc  , 
vingl-iicuf  ans  le  rang  de  capllaiue  parlil  le  2  novembre  de  la  Marlini- 
dans  le  Sy*",  n'élail  pas  encore  colo-  (juc,  arriva  le  22  à  l'île  Dominlinie, 
uel.  Celait  alors  Tépocjuc  la  plus  bril-  où  les  préparatifs,  relardés  par  des 
lante  de  Bouaparle  ;  a  peine  un  léger  vcntscontraires,lereliurenl(|uarante- 
écliec  avail-il  troublé  le  cours  de  ses  liuil  bcurcs  ,  jeta  Tancre  lès  26  et  27 
prospérités.  A  celle  époipic,  tandis  eu  vue  des  Saintes  et  de  la  Grande 
que  tout  souriait  au conquérani,  lîeck-  Terre.  Le  débnnjuemcut  cul  lieu 
wilh  h  la  tète  de  dix  mille  hommes  sans  obstacle  de  la  pari  des  Fraii- 
partltdelabaie  de  Carlislele  28  janv.  cals.  L'armée  anglaise,  partagée  en 
1809,  lit  vode  vers  la  ]\Jarliu)(pie  ,  deux  divisions,  s'avança  en  bon  ordre: 
débarqua  le  5o  dans  celte  île  défen-  quelques  déraonslralions  semblèrent 
due  par  le  général  Villaret.  Le  coni-  indicpier  que  l'on  se  (fusposalt  k  dé- 
modore  Cockburn,  le  contre-amiral  fendre  les  hauteurs  de  Dolet  ;  mais 
Alexandre  Cochrane  secondaient  ses  bienlôl  elles  furent  évacuées  el  le  nia- 
opéralions.  Son  armée  était  partagée  lériel  militaire  resta  aux  mains  des 
en  deux  corps  sous  les  généraux  Pré-  Anglais.  Cependant  les  Français,  s'é- 
vosl  et  Maitland.  Malgré  les  pluies  tant  repliés  derrière  le  pont  de  No- 
continuelles  toutes  les  défenses  im-  zière  ,  se  trouvèrent  couverts  parla 
portantes  de  l'île,  à  l'exception  de  rivière  ISoire  qui  coule  sous  le  pont, 
Fort-Royal ,  étaient  occupées  par  les  et  ils  étendirent  leur  gauche  dans  les 
Anglais  Je  11,  et  dès  lors  commença  montagnes  de  maiiière  a  rendre  leur 
le  siège  do  la  ville.  Le  19  ,  qua-  ligne  inattaquable.  Bcckwilh  les  fit 
torze  canons,  vingt-hull  mortiers  et  tourner  en  passant  la  rivière  Noire 
obusiers  battaient  la  place  •  et  le  20  pendant  la  nuit  •  et  ,  après  quelques 
le  général  Villarcl  ofTi il  de  rendre  le  autres  manœuvres  ,  il  força  le  gon- 
fort  ,  moyennant  que  ses  troupes  se-  verucur  a  signf-r  .  !e  6  janvier  18  10, 
raient  transportées  en  France  ,  sans  une  capilulalion  qui  donna  la  Gua- 
loutefols  s'eugager  h  ne  point  scr^  Ir  dcloupc  aux  Anglais  ,  et  qui  renvoya 
contre  l'Angleterre.  Beckwilh  li;il  les  Français  sur  le  continent  avec 
ferme  contre  celle  restriction,  cl  le  promesse  de  ne  pas  servir  de  deux 
bombardement,  la  canonnade  con-  ans  contre  l'Auglelerre.  Avec  la  nou- 
linuèrenl  ,  jus(ju"a  ce  (jue  trois  velle  de 'ces  événements,  Beckwilh 
drapeaux  blancs  eurent  annoncé  (pie  envoya  en  Angleterre  une  portion 
les  conditions  étaient  acceptées.  Ainsi  du  bagage,  el  surtout  les  aigles 
vlngt-cin((  jours  snffirenl  pour  oj)é-  capll\es  dont  la  \ue  ])laisail  lanl 
rer  la  conquête   de   la  plus  imp:<r-  aux   ennemi.s   de    l'empire    français. 


444                  BEC  BEC 

Beckwith,   a^^rès  des  succès  qui  ne  tre  éducation  que  celle  qui  conwnt 

lui  laissaient  raililairement  plus  rien  a  a  un  petit  marchand  destiné  a  tenir 

faire  ,  retourna  anx  Barbades  et  ne  un  obscur  comptoir.  Mais  ,  entraîné 

s'occupa  plus  que  de  Fadministration  vers  l'étude  par  un  penchant  irresis- 

des  pays  qui  lui  étaient  confiés.  Les  tible,  Béclard  dévorait   tous  les  li- 

commerçants  des  îles  soumises  à  son  vres  qu'il  rencontrait,  et  négligeait 

gouvernement  lui    durent    plusieurs  fréquemment  les  devoirs  du  magasin 

mesures  propres  h  garantir  la  pvos-  pour  aller  puiser  quelque  instruction 

périté  de  leurs  relations.  L'applica-  a  l'école  centrale  et  a  la  bibliothèque 

lion  infatigable  avec  laquelle  il  va-  de  la  ville.   Se  sentant  une  vocalion 

quait  k  tous  les  devoirs  de  sa  charge  décidée  pour  la  médecine,  il  étudia 

compromit  sa  santé  assez  gravement  cette  science  avec  ardeur ,  pendant 

pour  qu'il  sollicitât  son  rappel.  A  son  quatre  années  ,  a  l'école  secoudaire 

départ,  en  juin  i3i/|.  ,  la  législature  d'Angers,    ce  qui  ne  l'erapècha  pas 

des  Barbades  lui  vola  ,  comme  témni-  d'apprendre  du  chapelain  de  l'hôpital 

giiage   de    sa  gratitude,   un  service  un   peu  de   latin   et   de  philosophie 

d'argent.  «  Voila  ,  leur  dit  Beckvvith,  scholastique.  Arrivé  aParis  en  1808, 

lorsqu'on  lui  parla  de  celte  mesure ,  il  ne  larda  pas  a  montrer  une  grande 

le  seul  bill  pour  lequel  la  législature  supérioritésursescnndisciples.  Après 

des  Barbades  sollicitera  mon  appro-  aroir  été  élève  interne  dans  les  ho- 

balion  sans  que  je  le  sanctionne.  »  Ou  pitaux  et   avoir  remporté   plusieurs 

devine  qu'il  n'y  perdit  rien.  Son  suc-  prix  à  l'école  pratique,  il  se  fit  rece- 

ccsseur    approuva  la   détermination  voir  docteur  en  chirurgie  ,  et  devint 

de  la  chambre  législative  ,  et  Bcck-  successivcmeut   prosecteur  de  la  fa- 

with  reçut  le  service  à  Londres.  II  culte  ,  chef  des  travaux  analomiques, 

était  du  prix  de  soixante-quinze  mille  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  de  la 

francs.    En    oct.    1816,  il    accepta  Pitié  ,  et  enfin  ,  en  18  i  8  ,  professeur 

le  commandement  des  forces  britan-  a  l'école  de  médecine  de  Paris.   Ce 

niques  en  Irlande  ,  et   fut  élevé    au  dernier  titre  ,    loin   de  modérer  sou 

rang  do  général  dans  l'armée  perma-  ardourpour  lasciencc  ,  scmblalexal- 

nente.  Les  événements  de  l'Irlande  ,  1er  davantage  ,  et  c'est  peut-être  a  des 

pendant  les  ([ualre  ans  qu'il  y  fut  à  la  travaux  excessifs  de  calnnel  cl  d'ara- 

It'te  de  la  force  année,  n'olfrent  rien  pliilhéùtrc  (|iril  dut  une  mort  pré- 

de  remarquable.  Il  revint  en  Angle-  maturée  ,  arrivée  le  16  mars  iSaS  , 

terre,    en    ;nars    1820.    Depuis   ce  a  la  suite  d'un   érysipèle  a  la  lace, 

temps  sa  santé  ne  ces^a  de  décliner;  compli([uée  de  délire  et  d'intlamma- 

et  il  mourut  le  20  mars  1820  a  Lon-  lion  céiébra!e.    Celle  perle  fut  vivc- 

dres.    Plusieurs    personnes    auraient  ment  sentie  par  la  faculté  ,   par  ses 

voulu  qi?p  son  corps  fût  déposé  dans  nombreux  élèves   cl  par  l'académie 

l'ahbaye  de  VVeslmlnslerj  mais,  d'à-  royale   de  médecine  ,  dont  l)éclard 

près  son  vœu  formellement  exprimé  ,  él.iil   membr(»  titulaire.  Doué  d'une 

il   fut  enlerré  dans  le  cimetière  de  grande  mémoire  ,     d'iine    énuliliou 

Mary-lc  lîonr.                    P — or.  élendue  et  d'une  élocutiou  facile  ,  il 

I^KiîLAKD  (Pierre    Aur.us-  joignait  encore  K  ces  q'.:nlilés  essen- 

Tix),  analomislc  et  chirurgien,  na-  lielles  la  clarté  et  la  mélliode.On  lui 

quit  a  Angers,  en  178.'),  de  parents  reproche,  dans  ses  commentaires  sur 

peu  aisés,  (|ui  ne  lui  doiinèrenl  d'au-  Biclial,  d'avoir  élu  trop  souvent  co 


BEC 

opposllion  avec  ce  grand  pliyslolo- 
gislc  ,  cl  ce  rejirp».  lie  paraît  d'autant 
plus  grave  (juc  In-clard  ne  s'est  rendu 
Jiii-nième  rcconiniandahle  par  au- 
cune découverte  ,  par  aucun  aperçu 
neuf  et  fondamental.  Mais  ici  il  faut 
s'en  pn-ndre  plulôl  aux  progrès  d'une 
science  loule  expérimeiilale  (pi'ài'in- 
juste  crlliipie  du  commenlaleur  ,  qui 
au  coniraire  ne  cesse  de  léinoiîrner 
en  toutes  circonstances  les  plus  gi-ands 
ménagements  pour  son  modèle.  Voici 
la  li.ste  de  ses  écrits  :  I.  Dans  le 
Bullc'lln  de  la  facilite  de  méde- 
cine de  Paris  et  de  la  société  éta- 
blie dans  son  sein,  lomeS*^,  1812 
et  1810,  Description  anatomique 
d'un  fcetus  né  avec  une  hernie  Irès- 
r'olununeuse  du  cerveau  pe^^  suite 
(T hydrocéphale  j  et  conj orniau.on 
siit'^ulière  des  os  de  la  face  :  — 
iSotice  descriptive  d'un  J'œ tus  né 
avec  des  vices  très-singuliers  de 
conformationet  en  particulier  avec 
une  adliérence  du  cœurà  lavoitte 
palatine  : — Réjlexlons  sur  la  né- 
crose et  sur  le  cal  :  —  Examen 
de  cette  question  :  La  courbure 
latérale  du  racliis  dépend- elle  du 
voisinage  de  Taorlc?  —  Recherches 
qui  semblent  prouver  que  lefadus 
respire  Veau  contenue  dans  l'am- 
nios  .  — En  société  avec  Legallois, 
îrième  volume  ,  Expériences  faites 
pour  déterminer  quelssont  les  or- 
içaries  qui  entrent  en  action  dans 
le  vomissement.  —  Dans  le  tome  /C" 
du  même  recueil  ,  i8i4-et  181  5, 
Mémoire  sur  les  acéphales ,  pre- 
mière partie.  —  Dans  le  tome  ô*" , 
1 8 1 6  et  I  8 1  7  ,  avec  M.  Jules  Clo  - 
(juct  ,  Cas  d'anatonùe  pathologi- 
que, au  nombre  de  dix  pièces: — JSote 
sur  une  nui  fie  de  l'uge  de  sept 
ans,  ayant  à  peu  près  les  propor- 
tions d'un e/ijan  t naissant  :  —  71/c- 
moire  sur  les  fœtus  acéphales  y  se- 


BEC 


4/45 


coade  ]iarlio  ,  avec  onze  planclies 
gravées.  II.  Dans  le  Journal  de  mé- 
decine de  Leroux,  I oint*  37  ,  JSote 
sur  une  Irnnsposiiion  générale  des 
viscères,  111.  Dans  les  Mémoires 
de  lasocié  té  médicale  d'émulation.^ 
tome  8  ,  Recherches  et  expériences 
sur  les  blessures  des  artères  ,  pre- 
mière partie  5  la  seconde  n'a  point  été 
lerminee.  IV.  11.  traduit  de  l'anglais 
avec  M.  Jules  ClocjUL't  ic  Trailédcs 
hernies  de  Lawrence ,  Paris  1818, 
in-S".  V.llapubliéaussi_,  sousle  titre 
(ï Anatcniie  pathologique  ,  le  der- 
nier cours  de  Xavier  Bicbat  sur  celte 
partie  de  la  science,  Paris,  1826  , 
in  8".  VI.  C'est  un  travail  intéressant; 
de  Béclard,  que  les  additions  faites 
a  V Anatomie  générale  de  Bicbat, 
dont  il  publia  une  nouvelle  édition  en 
1821  ,  4-  vol.  in-8"  ,  où  se  trouvent 
comprises  plus  de  trois  cents  pages 
d'additions  de  Béclard  ,  lesquelles 
roulent  sur  les  éléments  analomiques, 
sur  les  systèmes  cellulaire  ,  nerveux, 
vascnlaire  asan2:ron<reet  a  sans;  noir, 

DO  O  7 

ainsi  que  sur  les  systèmes  capillaire, 
exbalant  ,  absorbant ,  0:>seux  ,  car- 
tilagineux ,  fibreux  ,  musculaire  , 
mu([ueux,  synovial,  glanduleux,  der- 
moïde  ,  pileux,  etc.  Ce  qui  caracté- 
rise ces  divers  suppléments  de  Bé- 
clard ,  qui  ont  été  réuiàs  en  un  vol. 
in-8",  Paris,  1821,  c'est  une  éru- 
dition cboisie  ,  c'est  la  relation  de 
faits  nouveaux  observes  depuis  la 
mort  de  Bicbat  ,  c!.  leur  application 
au  perfectionnement  de  l'anatomie 
tant  normale  que  pithologique.  VIL 
Eléments  d' anatomie  générale  , 
in-8°  de  800  pages,  Paris,  i823j  2« 
édit.,  1826  :  c'est  l'ouvrage  le  plus 
important  de  Béclard  ,  à  qui  l'on 
doit,  eu  outre,  de  nombreux  rap- 
ports faits  k  la  société  de  la  faculté 
et  à  l'académie  rovalc  i!e  médecine, 
ainsi  f|u'uuc  graud;  quantité  d'arti- 


446  BED  BED 

clés d'anatoinie, insères danslcs douze  soûl,  en  échange  de  sa  protection, 
'premiers  volumes  à\i  Dictionnaire  Accliraf  accepla,  et  les  princes  coa- 
de  mâdccinc  (  en  2 1  vol.  iii-8°  ).  Usés  furent  vaincus.  Le  jeune  roi  de 
d'où  il  est  pcrjuls  de  conclure  que,  si  Moussoid  élant  mort  sur  ces  enlrelai- 
un  homme  aussi  laborieux  eut  poussé  tes  (12  19),  Nassireddvn  Mahmoud, 
plus  loin  sa  carrière,  la  science  lui  enfant  de  trois  ans,  succéda  a  son 
aurait  été  redevable  de  travaux  plus  frère.  Bedreddyn  le  fit  placer  sur  un 
étendus  et  non  moins  utiles.  R-d-n.  chevalpourle  montrer  h  l'armée  et  au 
BE130YERE  (le  comte  delà),  peuple,  qui  témoignèrent  beaucoup 
T'^oy.  LabÉdoylre,  au  Supp.  de  joie  d'avoir  encore  un  souverain 
IIEBÎIEDDYN  -  LOULOU  de  la  race  des  Alabeks.  Celle  nou- 
(  Aboul-Fadhayel)  ,  roi  de  Mous-  vellc  minorité  fournit  une  occasion  a 
soûl,  était  turc  d'origine  ,  et  fut  d'à-  Eraad-eddyuZeughj  et  à  son  allié,  de 
Lord  esclave  des  Alabeks  de  Moussoul  reprendre  les  armes.  Aidé  par  les 
{Voy.  Zenghy,  lu,  210).  Sous  le  troupes  d'Aschraf,  Loulou  marclia- 
règnedeJXoureddyn  Arslan-ChahL'',  contre  eux,  et  leur  livra  une  bataille 
l'un  d'eux,  il  parviut  par  ses  talents  et  dont  le  résultat  ne  fut  pas  décisif, 
surtout  par  sa  souplesse  h  l'emploi  Une  braucbe  de  la  familie  des  Ala- 
de  batljch  ,  dont  les  fonctions  avaient  beks  régnait  k  Sindjar.  Emad-eddvn 
quelques  rapports  avec  celles  de  nos  SoRahinsciiali  ,  fils  et  successeur  de 
anciens  maires  du  palais.  Ce  prince  Colhb-eddjn  Mohammed  (  V.  Co- 
Je  désigna  au  lit  de  mort  pour  mi-  thb-eddyn,  X  ,  67  )  ,  ayant  été  as- 
Jiislre  ,  h  son  lils  ,  Azzeddyn  Ma-  sassiné  par  son  frère  Mahmoud  ,  ce- 
soud  II  ,  qui  lui  succéda  en  607  Ini-ci  se  déclara  en  faveur  d'un  émir 
(121  i).  Loulou  gouverna  sagement  révolté  contre  Ascbraf  ,  en  617 
l'état,  (ju'il  fil  jouir  d'une  paix  pro-  (1220).  Loulou  se  montra  reconnais- 
fondé  jusqu'à,  la  mort  de  Masoud  ,  saut;  il  assiégeale  rebelle  dans  Tell- 
arrivée  en  6  I  5  (  I  2 1  8  ).  Avec  lui  yafar,  le  prit  et  le  livra  à  son  protec- 
s'éleignit  la  puissance  des  Alabeks:  teur  qui  le  fit  jeter  dans  un  puits, 
il  ne  laissait  ({uedeux  enfants  en  bas  Ascbraf  entra  ensuite  dans  Mous- 
âge,  dont  n  confia  la  tulelle  à  i>e-  soûl,  y  fut  reçu  en  souverain,  et 
dredd)n  jjoulou  ,  (pii  fit  recouiiaître  força  Zcngliy  de  rendre  toutes  les 
pour  roi  l  aîné,  Noureddyn  Arsian-  places  dont  il  s'élail  emparé.  Tcu 
Chah  11,  âgé  de  dix  ans.  Co.iiuie  ce  de  temps  après,  Bedreddyn-Lonlou 
prince  était  d'une  faible  saule ,  son  devint  lui-mune  roi  par  la  mort 
oncle  EmaJ-etldyn  Zenghy  crut  pou-  du  jeune  souverain  do  Meussoul  , 
voir  s'emparer  du  Irùne;  mais  Tha-  en  619  (i  222).  11  régna  sous  le  lilre 
bile  icgenl  lit  échouer  ses  projets,  de  Mélik  ci  llabym  (le  roi  juste)  ,  et 
CependanI  espérant  (pie  les  armes  le  sous  la  protection  d'Aschraf  qui  le 
serviraient  mieux  (pie  l'inlrigue  ,  il  vléfendit  contre  plusieurs  de  ses  en- 
s  allia  avec  Coiikliery  ,  prince  d'Ar-  iiemis;mais  la  mort  de  ce  bienfaiteur, 
bel,  rciinemi  personnel  lie  IK'dreddyn,  arrivée  eu  635  (11:37),  éveillaram- 
et  il  épousa  sa  lille.  Le  régent  n'ayant  bilioii  de  lîedreililyn,  dans  un  âge 
])u  rompre  celle  alliance,  s'adressa  à  où  la  plupart  des  hommes  ne  ehei- 
IMelik  el  Aschraf  ,  roi  de  Khclalli,  iheiit  (pie  le  repos.  Ayant  appris  (pie 
neveu  du  grand  Saladin  ,  el  lui  ollVil  b.s  kliari/.mieus,  devenus  les  Suisses 
la  suzeraine  le  du  royaume  de  Mous-  de  l'Asie  ,  depuis  la  disparition  de 


hlA)  BKD                    /,/,7 

leur  Millau  Djclal-cclJvn  Maiikbcruy  aii|)ri.\s  du  lior  cDncjiu'ranl  pour   iin- 

(/  (>)■.  ce  nom,  XI,  453),  .n  aient  plorcr  sa  clcincncc.  Iloulaj^oii  le  re- 

al)an(l()iiiu' iMcllL  cl  Salcli,  iicvoud  A-  ciil  avec  les  c<:;ar(l.s  dus   à  son  grand 

sclirar,  cl  plus  tard  siiil.in  (rEgjplc  àgc  ^  cL    It;    roi   de    JMoiissoul,  apiès 

(/^ .  NEI)JIM-JiDnv^',   WAI,  26],  il  avoir  passé  (puicpics  jours  auprès  de 

crul  Tocca.sion   fa\oraMc  pour  l'as-  son  nou\cau  su/.craiu  ,   rcvinldaus  sa 

sici^cr   d.ius  vSindjar  ;  mais  il  cclioua  capitale,  plein  d'aduiiralion  pour  la 

couijilèlcnieni .  Salch  réconcilie    avec  sagesse  el  la  puissance  du  conipiéranl, 

les  Kliarizjiiiens  eu  recul  des  secours  mais  elïrayé  des  dangers  aux([U(dsris- 

si    cflicaccs ,  (ju'il  vaiiupiil  le  roi   de  laïuisme  allait  être  exposé.  11  mourut 

Moussoiil  cl  le  lorca  d'abandonner  un  peu   de   temps   après,   le    i  y  redji'b 

bagage  considérable.  Plus  heureux  en  667  (uo  juillet  1269),  âgé  de  qua- 

607   (1239),  Loulou   enleva   cette  Irc-viugl-seize    ans.    Ce    monarcjue 

place  a3Ielik  el  Djawad  \ouncs,  qui  s'est  rendu  célèbre  par  son  habileté 

i'avail  reçue  de  son  cousin  Saleli  en  dans  la   polili({ue  et   par   son   goût 

échange  de  Damas.  L'année  suivante,  pour  les  bâtiments.  Niebuhr  a  vu  à 

il   s'empara  des  \  illes  de  Tusibin  et  iMoussoul   plusieurs  monuments    qui 

de   Dara,   sur  les  Kharizmicns  ,  et  attestent  la  magnificence  de  Bedred- 

délivra  tous  les  prisonniers  sujets  du  dvn. Il  avait  fait  construire  une  chaîne 

sultan  d'Ilalep  :  maisen  647  (1249-  entière  d'édifices  somptueux,  le  long 

5o)  il  fut  vaincu  [Tir  les  Iroupes   de  du  Tigre  ,  depuis  le  collège  jusqu'aux 

ce  prince,  près  de  INisiî)in.  Il  se  dé-  remparts  de  la  ville.  Le  marbre  y  est 

dommagea  surDjezIreh  ibn  Omar,  et  frc:|ueminent  employé,  et  l'on  y  voit 

y  ayant  fait  prisonnier  le  roi  Mélik  des  restes  de  sculpture.  Le  bonheur 

el  Masoud  il  ordonna  qu'on  l'embar-  de  ce  prince^  cité  comme  miraculeux 

quàt  pour  Moussoul  ,  qu'on  le  jetât  par   tous    les   auteurs   arabes  ,     est 

dans  le  Tigre,  el  qu'on  répandît  en-  devenu  proverbial ,  et  son  règne  fait 

suilelc  bruit  qu'il  s'élaituoyé.  .S'étant  époque    comme    celui    d'PIaroun    al 

ainsi  délait  du  deriiicr    rejeton  des  Kasciiid ,  dans  les  contes  orientaux. 

Aiabeks ,  cl  devenu  héritier  des  dé-  En   eiîet ,  pendant  l'espace  de  cin- 

bris  de  leur  puissance,  il  eût  peut-  quante    ans   qu'il  occupa  le    Irône , 

être  rappelé  les  plus  beaux  jours  de  comme  régent  ou  comme  roi,  il  vit 

leur  gloire,  si  les  progrès  des  Tar-  s'écrouler  la  puissance  des  Khariz- 

lares  n'eussent  mis  des  bornes  a.  ses  miens ,  des  Abbassides.  des  Atabeks, 

cnlrepriscs.  Lors(jue  lioulagou  se  fut  des  Ayoubides,  el  de  plusieurs  autres 

rendu  maître  de  Baghdad,  en  656  dyuasiies  moins  illustres,  et  il  résista 

(i258) ,  Loulou  qui  était  resté  spec-  prescpie  seul  au  torrent   qui  inonda 

lateur  de  la  lutte  si  fatale  au  dernier  l'Asie.  Mais  la  fortune  tourna  le  dos 

khalife  (K.  3Iostase>i,  XXX,  259)  a  ses  enfants.  Bedieddvn  laissa  quatre 

se  souiuiL  au   vainqueur,  et  lui  en-  filsj  l'un  d'eux,  Mélik  el  Saïd  ,  s'é- 

voya  son  fils  Ismaël  avec  une  partie  taitretirédeson vivantauprèsdeNas- 

de  ses  troupes  eldcscs  trésors.  Hou-  ser  Youssouf ,  sultan  dTialep  ,  qu'il 

lagon  (pii   avait  pénétré  ses  motifs^  avait  abandonné  dans  la  bataille  con- 

rer.ut  fort  mal  le  jeune   ])iiuce,  et  tre  les  ?.Iamlouks ,    en   65i   (i253). 

Bedreddyn  en  fut  si  consterné  (|u'ayant  Cette  action  lui  valut  la   faveur  du 

aussitôt  réuni  tout  ce  qu  il  possédait  sultan   Koutouz  cl  le  gouvernement 

de  richesses,  11  se  rendit  lui-même  d'Halep ,  en  658;  mais  sou  incapa- 


448                   BEE  BEE 

cité  et  la  corruption  de  ses  mœurs  den  grauen  Staar,  etc.  (Observa- 
excilèrent  un  mécoateatement  général  lions  pratiques   sur    la  cataracte  et 
et   entraînèrcut   sa  cl  (.'position.  JLcj  les  maladies  de  la  cornée  transpa- 
élals  de  Bedredciya-Loulou   furent  parente),  Vienne  ,    1791,   in -8^. 
partagés  entre  trois  ai;  1res  de  ses  fils:  II.     Praktische    Beobachtun^en 
Melik.  el  ModLaffer  Ala-eddyn  Aly  ueberAugenkrankhelten,e{c.  (Ob- 
eut  Saiidjar,  et  Mélik  el  Modjahed  servations    praliques    .sur    les    ma- 
Saïf-eddvu  Ibrahim  ,  le  Djezireh  ibn  ladies     des    yeux,    principalement 
Omar.  Ces  deux  princes,  pressés  par  celles  qui  proviennent  d\iu  état  gè- 
les Tartares,  se  retirèrent  en  669  en  néral   du   corps;,  \ienne,  lygijin- 
Egyple,   où  le  sultan  Bibars  P'  les  8°,  fig.  III.  LehrbuchderAugen- 
accueillil  et  leur  assigna  ^qs  revenus  A-a/zA/te/Ze/z  (Abrégé  des  inaladies  des 
considérables.    Mélik   el  Saleb   Is-  yeux) ,  Vienne  j  i  792,  2  vol.  in-8'^'. 
mael ,  leur  frère  aîné,  qui  régnait  a  IV.  Bihliotheca  ophtalmica  in  qua 
Moussoul,  cédant  à  leurs  instances,  scripta  ad  moruos  oculorum  J'ac- 
vint  en  Egypte,    et   abandonna   ses  ta ^    à    rerum    initiis    usque    ad 
étals  qui  furent  déchirés  par  les  fac-  Jlnem aiini i^^ ^'i ^hreviter recensen- 
tions.  Il  y  retourna   bientôt   après  5  ^«r,  Vienne  ,  1799,    3   vol.  in-4°. 
mais  les  Tarlares,  l'ayant  assiégé  dans  Dans  celte  bibliothèque  ophtalmique, 
saeapilale,se  rendirent  maîtres  de  la  écrite  en  allemand, Béer  anrJyse  et  ju- 
ville  et  de  ce  prince  ,  qu'ils  lîrent  pé-  ge  avec  soin  les  divers  ouvrages  sur  les 
rir  avec  son  lîls  Ala-el  Moulk  ,  Tau  maladies  des  yeux  ,  ou  bien  il  indique 
660  de  rhégyre  (1262).  Ainsi  finit  lesrccueilspériodiquesoùilsbontùna- 
le  royaume  de  Moussoul ,   qui  avait  ly.^és.  Cet  ouvrage  serait  d'un  usage 
duré  Irois^enl  vingt-sept  ans,  denuis  beaucoup  plus  commode  si  raulenr  y 
sa    fondation    pjr   les    liamdanides  avait  joint  une  table.  V.   Mclhode 
(  f^oy.  Naser-lddaulxh,   XXX  ,  dcn  grauen  S luar  sammt  der  knp- 
SnS).                                    A — T.  5e/ «f^iz/^::/e/t6'/7  (Méthode  d'extraire 
BEER  (Georges-Joseph),    raé-  la  cataracte  avec  sa  capsule),  Vieine, 
decin    et    oculiste    célèbre,     né    a  •i']Ç)ci  ^m-^'^.W.  Auszug  ans  l'em 
Vienne  5   le  23  déc.    1763,    exerça  Tagehuck  cines  praktisc/icn  yJu- 
son   art  dans  cette  capitale,  où   sa  grnnrztcs  (Extrait  du  journal  d\in 
prati(jue   devint  très-étendue.    Il  y  médecin  oculiste),  Vienne,  i  800,  iu- 
ful  nommé  professeur  a  l'institut  cli-  4°.  VU.  K'ùrzc  Anlcituug  zii  eincr 
ni({ue   qui   est    spécialement    consa-  Jichand/nngdcrAugcn^cic. {Co\  vie 
cré  aux  maladies  des  yeux.    Ses  le-  inslniclionsur  le  Iraileuientcpnlc.  u- 
cons  et  ses  nombreux  écrits  aiigmcn-  vient  d'employer  pour  les  yeux  y  ;n- 
tèrent  beaucoup    sa   réputation.    Ou  dant  la  petite  vérole).  Vienne  1  Su  , 
doit   il  luer  plusieurs  nouve.iux  in-  in-8".  Mil,  A/  sic/tt  dcr  slnpbj  /o- 
stnnneuls  de  chirurgie  et  divers  pro-  nuitœscn  meta.novphosen  des  Ju- 
cédés  opératoires  ingénieux.  iSprvn-  gcs,  etc.  (Uem.iKpies  sur  la  forir.a- 
gel  leregardccomme  celui  de  lou.s  les  lionduslaphylômcderieilel  sur  l'i  la- 
thirurgiens  de  l' Allemagne  qui  a  le  blissemenl  d'une  pupille  artifieicHe), 
plus  contribué  aux  progrès  de  la  mé-  Vienne,  1  8o5,  in-8"  ;    Supplém'  nt, 
decine  oculaire.  11  mourut  en  1821.  1806  ,  in-8'*.  IX.   Lc/irc  vou    .'m 
Ses   princip.rjx   ouvra^jes  sont    :   I.  y///;;<7//i7-<i//Â7i^'/Vt'«(  Traité  des    la- 
Vraktischc  Jcobachtungcn  ucbcr  ladies  des  yeux),  Viciiuc  ,    18. 3- 


i8i5  ,  2  vol.  iii-8",  avoc  lunif  j)laii- 
clu'S.  X.  Ucbcrs'ulit  (tllcr  V  orfiuUc 
in  dcn  klitiiscltcii  J/isd'tufc  ,  clc. 
(Aj)crni  (le  tous  les  cas  rt'manjuaM-.'s 
(jiii  oui  clc  observes  ii  l'inslilul  cliiii- 
(juc  ju)ur  \c&  maladies  des  yeux), Vien- 
ne,  i8i:> — i«i6,iii-4%  n"  I — 4-. 
XI.  Ccsc/iic/iti!  lier  Augi'ukundc 
un  il Augcnheilkande yt\z.  (Histoire 
(le  la  mcdecinc  oculaire  pour  servir 
(j  inlroduclion  au  cours  de  tlini({uc), 
Vienne,  i8i5  ,  premier  cahier,  in-B". 
Un  seul  opuscule  de  lieer  a  été  Ira- 
dulL  en  français  par  M.  Tiercelin  , 
sons  ce  titre  :  Des  moyens  les  plus 
cjjicaccs  pour  conserver  la  vue  et 
la  fortifier  lorsqu'elle  est  affai- 
bÙc,  Paris,  1812,  iu-8";  1819,  6^^ 
cdit.  On  trouve  des  articles  de  cet  au- 
teur dans  divers  recueils  périodiques 
de  l'Al'emagne.  G — ï — R. 

BEER  (iMichel),  poète  dramali- 
cjuc  allemand  ,  naquit  a  Berlin  ,  le 
19  août  1800,  d'un  opulent  banquier 
Israélite  dont  tous  les  enfants  sem- 
blaient avoir  apporté  en  naissant  quel- 
que vocation  pour  les  arts  et  les 
sciences.  Ses  frères,  Meycr-Beer  et 
Guillaume  Béer,  se  sont  fait  remar- 
quer ,  le  premier  comme  compositeur 
de  musique,  le  dernier  comme  as- 
tronome ;  et  ses  sœurs  passaient ,  dans 
leur  jeunesse  ,  pour  d'excellentes  pia- 
nistes. Michel  avait  k  peine  dix  ans, 
qu'il  faisait  déjà  Aiis  vers ,  où  les  con- 
naisseurs s'accordaient  a  trouver  celle 
spontanéité  d'inspiration  qui  caracté- 
rise le  vrai  génie  poétique.  Son  pre- 
mier ouvrage  de  quelque  étendue  fut 
une  traduction  en  vers  de  la  célèbre 
tragédie  de  Monli,  V Aristoderno. 
Ce  travad,  quil  publia  à  l'àgc  de 
douze  ans,  o!)linl  \\\\  grand  succès 
parmi  les  gens  de  lellres,  (jui  s'éton- 
nèrent qu'un  enfant  eût  pu  s'appro- 
prier uu  langage  aussi  éuergivpie  et 
ausji  fortement  passionné  que  celui 


CEE  4^,9 

de  l'original.  Dès  lors  Michel  Béer 
connut  sa  véritable  vocation  ,  et  il 
n'hésila  pas  ;i  s'y  vouer  exclusive- 
ment. A  dix -huit  ans,  il  fil  impri- 
mer sa  première  tragédie,  Clytcm- 
nesire  j  ouvrage  du  genre  que  nous 
apjielons  classi([ue,  mais  (jui,  nonob- 
stant le  goût  des  Allemands  pour  les 
drames  a  action  compliquée,  mérita 
les  suffrages  de  tous  ceux  cpii  le 
lurent.  Encouragé  par  cet  accueil 
favorable  ,  Béer  risqua  de  faire  re- 
présenter sa  ClyteninesLre  sur  le 
'Jhéàlre  -  Royal  de  Berlin,  mais  la 
elle  fut  impitoyablement  sifflée.  Cette 
désapprobation  s'adressa  toutefois 
moins  à  la  tragédie  qu'a  la  personne 
de  l'auleur.  Le  public  de  Berlin  qui , 
a  cette  époque  encore,  portait  une 
grande  haine  aux  Israélites,  se  scan- 
dalisa de  ce  qu'on  offrait  sur  la  scène 
nationale  l'œuvre  d'un  juif,  et  la  re- 
poussa avec  dédain.  Son  frère  , 
M.  Meyer-Beer  ,  fut  l'objet  d'une 
pareille  manifestation  d'intolérance 
di  la  part  du  même  public  ,  loisque 
quelques  années  plus  tard  ou  exécuta 
son  opéra  ,  Emma  dl  Resburgo^  qui 
pourtant  avait  déjà  réussi  dans  plu- 
sieurs capitales  de  l'Italie  et  de  l'Al- 
lemagne, lie  parterre  ne  permit  point; 
que  la  première  représentation  de  cet 
opéia  fut  achevée,  et  depuis  on  n'a 
point  osé  le  reproduire  suruu  théâtre 
de  Berlin  (i).  Après  Clylemneslre  , 
Bccr  donna  une  autre  tragédie  :  les 
y  lancé  s  d'Aragon  {1^20),  et  un 
drame  en  un  acte, /c  Paria  (1826), 
inqirimé  pour  la  première  fois  dans 
un  almanach  intitulé  CLranie.  Ce 
drame  est  une  chaleureuse  plaidoirie 
faite  dans  le  but  de  prouver  a  la  fois 

(i)  Il  est  vrai  qu'on  jonc  ac  tuclifincnl  ïi  Ber- 
lin HoLvrt-le-I)iable  et  //  Croiciaio  du  iiu''iiic  au- 
teur ;  mais  ce<  deux  parliiions  doivciil  l<ur  suc- 
ers  en  Prusse  plutôt  à  l'accueil  d'eiilliousiasuie 
(jne  leur  fil  le  [)abli<'  parisien  qu'à  une  oppré- 
tialion  impartiale  des  bous  morceaux  qu'elles 
rciiferiucut. 


LVll 


«9 


/l5o                  BEE  BEE 

régalitc  absolue  des  hommes  et  rinii-  autres  une  ode  sur  les  Journées  de 
iilile  de  toute  autorité    religieuse,  juillet  i83o.  Le  seul  ouvrage  de  Mi- 
double  erreur  dont  quelques  réllexions  cliel  Béer  qui,  jusqu'à  présent,  ait  été 
et   une  connaissance  même   super (1-  traduit  en  trançais  ,  est  la  tragédie 
ciel'e    de    riusloire  conlemporaine  ,  de    Struensée.  La  version  de  cette 
eussent  pu  préserver  l'auteur.   Vers  pièce  est  due  aM.  de  Saint-Aulaire. 
1827,  Michel  Béer  fit  paraître   sa  On  prépare  à  Leipzig  une  édition  des 
tragédie    de    Struensée  ,    qui      est  oeuvres  de  Micliel   l-eer,    qui  renfer- 
sans  contredit  la  meilleure    de  ses  niera  aussi  ses  productions  inédites, 
produclions.  Dans  celte  pièce  il  amis  M.  X.  Marmier  a  publié  une  notice 
en  scène  les  faits  et  gestes  de  ce  fa-  sur  ce  potto  dans  la  Nouvelle  Revue 
meux  ministre  danois,  zélé  partisin  germanique,  2i\n[  i^d^.     M. — a. 
des  doctrines  philosophiques  du  dix-  BEETIIOVEX  (Ludwig  van  ). 
huitième  siècle,  qui  expia  sur  Técha-  Trois  hommes  d'un  génie  égal,  bien 
faud  ses  tentatives  révolutionnaires  et  que  marqué  de  nuances  profondément 
sa  conduite  criminelle  envers  la  jeune  diverses,   Haydn,  Mozart  et  Bee- 
reine   Mathilde.    Ce  sujet,   qui  offre  thoven  ,  se  sont  transmis  ,  sans  inler- 
toules  les  difficultés  du  drame   mo-  règne,   le  sceptre  de  la  musique  en 
derne,  a  été  traité  par  Michel  Béer,  Allemagne.  Ce  dernier  nnquit  le  i  7 
avec  une  rare  supériorité.  La  tragé-  décembre  1770  a  Bonn,  dansl'élec- 
die    de    Struensée    eût  rendu    son  torat  de  Cologne  5    son  père  y  rera- 
nora    populaire  en  Allemagne   ,    si  plissait    l'emploi   de   ténor  dans   la 
elle  avait  pu  être  jouée   sur  tous  les  chapelle  électorale.  Suivant  un  bruit 
théâtres  j  mais  malheureusement  on  acnédité,  mais  trop  vague  pour  que 
ne  permit  de  la  représenter  que  sur  l'on  puisse  l'accueillir,  il  aurait  été 
un  seul  ,  celui  de  Munich  ,  et  a  peine  fils  naturel  de  Frédéric  IL  Sa  voca- 
y  fut-elle  donnée  deux  ou  trois  fois,  tiou   se  révéla  de    si  bonne  heure, 
que  l'envoyé  de   Danemark  réclama  que  son  père  n'attendit  pas  qu'il  fût 
auprès   de   la  cour   de  Bavière  ,    et  entré  dans  sa  cinquième  année  pour 
obtint  que  la  pièce  fut  mise  a  l'index,  commencer  son  éducation.  En  peu  de 
En  i832,  Michel  lîeer  publia  son  tcmpsl'élèveavaitsurpassé  le  maître, 
dernier  ouvrage,  l'Epée  et  laniain,  qui   le  confia  aux  soins  de  van  der 
espèce  de  mélodrame   qui  a   eu    \n\  Eden  ,    organislc  de  la  cour ,  et  l'un 
grand  succès  parmi  cette  classe  du  iXvs  meilleurs   piai  istes  de  1  époque, 
public  qui ,  peu  délicate  sur  le  choix  Après  la  mort  d'Eden  ,  Neele  ,  son 
de    ses    amusrmenis    inlellecluds  ,  successeur  ,  donna  des  leçons  a  Bee- 
chertbe   avant    tout   de   fortes  émo-  thoven  aux  fiais  de  l'archiduc  Maxi- 
tions.  Micbel  Béer  est  niorl  h  Mu-  niilicn  d'Autriche  ,  a  ([ui  la  couronne 
liich ,    dans     le    commencement    de  électorale  venait  d'échoir.  Neele  ini- 
l835.  Pendant  les  dix  dernières  au-  lia  l'enfant  précoce  aux  chefs-d'œu- 
uées  de  sa  vie  ,  il   séjourna  pres(|ue  vre  de  Jean  Sébastien  Bach,  el  de 
constamment  a  Paris  ,  où  sa  grande  lïandel,  dont    les    produclions   de- 
fortune  le  mit  il  même  de  jouir  de  meurèreni    toujours  pour  lui  l'objet 
tous  les  agrémeiils  (lu'oiïre  celle  ca-  d'un  cidle  et   d'une  arileule  éuiula- 
])ilale.  On  a  trouvé  parmi  ses  papiers  lion.  Dès  l'àgc  de  ou/.o  ans  ,  il  (xé- 
«b'iix  dianies  et  plusi(  ur'^  recueils  de  entait  awc  nue  priferlion  rare  le  re- 
j)oéî>iis  lyriques,  tous  inédits,  entre  cueil  d  étudesde  Bach,  connu  sous  le 


à 


Hdiii  (le  TJ  0//I  frrnpcrirtfScinvirr. 
l)i');i  il  s'cs'S.M  ail  ;t  I.i  (•()In|U1^1ti()H  : 
(les  variations  sur  une  niarche,  trois 
soiialos  pour  piano  seul  cl  quelques 
airs,  graves  el  publiés  h  Spire  et  h 
IManlieini,  en  fournissent  la  preuve^ 
mais  riniprovisalion  ,  la  fantaisie  fi- 
]>re  étaient  ses  exercices  favoris.  A 
Cologne  ,  en  présence  du  savant  com- 
jiosilLMir  Junker ,  il  se  signala  par  sa 
lacililé  a  improviser  sur  un  thème 
donné,  el  a  le  développer  avec  une 
verve  ,  une  richesse  d'iiiiaginalion  in- 
tarissable. Dans  ce  genre  seulement 
son  génie  indépendant  et  fougueux  se 
trouvait  h  l'aise.  Da:isla  composition, 
il  se  heurtait  sans  cesse  contre  les  rè- 
gles de  rharmonie  ,  et  semblait  même 
se  plaire  à  les  braver.  Ses  écarts  in- 
volontaires étaient  taxés  de  révoltes 
calculées  par  son  père  et  par  ses 
maîtres.  Les  reproches,  lesrailleries, 
t]ue  lui  attiraient  ses  fautes  ,  le  je- 
taient dans  le  découragement ,  et  in- 
fluaient sur  son  caractère  naturelle- 
ment sombre  et  taciLurne.  Un  amour 
malheureux  acheva  d'en  rembrunir 
les  teintes,  au  point  de  lui  donner 
quelque  chose  de  dur  et  de  farouche. 
Cet  amour  fnt  unique  dans  la  vie  de 
Tarliste,  qtii  du  reste  se  préserva 
des  affections  de  cœur  avec  autant  de 
constance  que  d'autres  mctlonl d'em- 
pressement a  les  rechercher.  Le  jeune 
Beethoven  annonçant  des  dispositions 
pour  l'orgue  ,  Télecteur  lui  assura  la 
survivance  de  Neefe  ,  avec  le  titre 
d'organiste  de  la  cour ,  et  l'envoya 
passer  quelques  annéesa  Vienne  pour 
y  achever  ses  éludes  théoriques  et 
prati;[ues  ,  sous  la  direction  du  cé- 
lèbre llavdn.  Souvent  il  arrive  que 
leshommes  éminenls  da ns  les  lettres  el 
daas  les  arts  méconnaissent  le  mérite 
encore  obscur  de  ceux  qui  doivent 
les  remplacer.  C'est  ainsi  qu'Haydn 
se   trompa  sur   Beethoven  ,  comme 


nKE 


/i5i 


Corneille  sVtait  trompé  sur  Racine  , 
et  son   erreur  s'exp'ique  par  la  dif- 
férence   des  (pialilés    dont  la  nature 
les  avait  doués  l'un  et  l'autre.  Chez 
Haydn  l'ordre  et  la  métho.lc  dominè- 
rent constamment  l'inspiration  :  chez 
Beethoven  l'inspiration  se  jouait   de 
Tordre  et  de  la  méthode.  Haydn  ac- 
cueillit cependant   le  jcn;:e    homme 
avec  bonté:    comme  il  était  sur   le 
])oiiiL  de   se  rendre  pour  la  seconde 
fois    en   Angleterre  (lyy^),   il   le 
recommanda   au    fameux  maître    de 
chapelle  Albrechlsberger  ,  son  con- 
frère et  son  ami  j  mais  il  ne  le  crut 
jamais  appelé  a  la  composition  mu- 
sicale.  Quand   on  l'interrogeait  sur 
son   disciple  ,    il  répondait  avec  un 
léger  haussement  d'épaules  :  «  C'est 
ce  un  bon  exécutant.  »  Si  l'on  ajoutait 
que  ses  premières  productions  annon- 
çaient  de  la  facilité  ,  de  la  verve  : 
«  H   touche  bien  le  clavecin,  »    re- 
prenait  froidement  Haydn.    Mozart 
s'était  montré  plus  clairvoyant.    Dès 
Tannée  1790,   Beethoven  avait  fait 
un  voyagea  Vienne  pour  voir  et  pour 
entendre  Tauleur  de  don  Juan  :  il 
improvisa  devant  lui.    Mozart  ne  té- 
moigna ni  satisfaction  ,  ni  surprise, 
persuadé  que  c'était  un  morceau  ap- 
pris par  cœur.  Beethoven  s'en  aper- 
çut  et  le  supplia  de  lui    donner  un 
thème.  Mozart  nota  sur  le  champ  ua 
molifde  fugue  cliromaliqiie,  qui,  pris 
a  rebours  ,  contenait  un  contre-sujet 
pour  une  double  fugue.  Beethoven  no 
se  laissa  pas  prendre  au  piège  :  il 
devina  aussitôt  le  sens  caché  du  motif 
et   le  travailla  pendant  trois  quarts 
d'heure  avec   lanl   d'originalité  ,   do 
force,    de    vrai  talent,   que  jMozart 
étonné  ,  captivé,  retenant  son  haleine, 
fi'iit   par  passer,   sur  la   pointe  des 
pieds,  dans  la  nièce   voisine,  el  dit  a 
ses  amis  rassemblés  :  «  Prenez  «rarde 
«  a  ce  jeune  homme!  quelque  jout 


452  BEE  BEE 

ce  vous  entendrez  parler  de  lui.»Bee-  Mozart.  Beethoven  le  porta  a  un  tel 
thoveu  reçut   d'Albreclitsberger  des  degré  de  supériorité  ,  de  puissance  , 
notions  aprofondies  du  conlre-point  :  qu'il   semble  en  avoir  posé  les  bor- 
la  publication  posthume  de  ses  e7i/r/t^5  nés.  Il  s'était  lié  avec  trois  virtuoses 
fait  voir  avec  quelle  persévérance   il  attachés  à  la  chambre  du  prince  Ra- 
suivitles  leçons  de  ce  maître.  Comme  soumossky   :    Scbuppanzigh  ,  Weiss 
pianiste   et  comme  compositeur  ,  sa  etLiuke.  Dès  qu'il  avait  terminé  un 
réputation  commençait  a  s'établir   a  morceau,   il  leur  communiquait  ses 
"Vienne,  où  il  trouvait  dans  Wolff  un  idées  sur  le  caractère  et  l'expression 
rival  de  son  âge  et  de  son  rang.  Les  de   son  œuvre:   il  en  résultait   une 
amateurs  s'étaient    divisés    en   deux  exécution  admirable  ,    et  l'on  disait 
parfis  :  le  prince  de  Lichnowsky  pro-  communément  àA'ienne  que, pour  bien 
tégeait  Beethoven  ,  et  le  baron  liai-  connaître    la    musique    de    chambre 
mond  de  Wezslar    soutenait  Wolff.  composée  par  Beethoven,  il  fallaitl'a- 
Les  deux  champions  ,  que  la  conçu-  voir  entendu  jouer  par  ces  excellents 
rence   n'empêchait   pas  de  s'aimer  ,  artistes.  Le  vœu  général  et  le  com- 
de     s'estimer     réciproquement ,     se  merce  intime  de  Salieri  l'engagèrent 
mesuraient    souvent    dans    la    char-  a  travailler  pour  le  théâtre  :  le  con- 
mante  villa  du  baron,  située  près  de  seiller    de   régence    Sounleithner    se 
Schœnbrunn.  Sous  le  rapport  de  l'ha-  chargea  d'arranger  un  opéra  français, 
bileté  mécanique  ,   la   palme  restait  Léonore  ou  l'Amour  conjugal,  et 
indécise  :  sous  celui  du  style  ,  Beetho-  Beethoven  se  mit  a  écrire  sur  ce  ca- 
ven  se  montrait  impétueux,   hardi,  nevas.  Représenté  d'abord  à  Prague, 
mystérieux  ,  plein  de  conlrasles  ,  tan-  l'opéra  de  Léonore  ,  plus  connu  sous 
dis  que  Wolff  par  son    égalité,   sa  le  tilre  de  7^/Jt'//o,  ne  recul  pas  un 
clarté  continue  ,  rappelait  lidclement  accueil  brillant  ;  mais  dans  le  cours 
l'école    de    Mozart.     Cependant     la  de  l'année  suivante,  il  prit  a  Vienne 
guerre  qui  troublait  l'Allemagne  ,  et  une  revanche  complète.  On  l'avait  ré- 
la  mort  de  l'électeur  Maximilien  en-  duit    en    deux  actes,  et  Beethoven 
levèrent  a  Beethoven  la  perspective  avait  écrit  une  nouvelle  ouverture  , 
de  riieureuse  existence, dont  il  s'était  la  petite  marche  ,  les  couplets   du 
flatte,  dans  sa  ville  natale.    L'exer-  geôlier,   le   finale  du  premier  acte  j 
cice  de  son  art  lui   assurant    toute-  il  en  avait  retranché  un   trio  et  un 
fois  des  ressources  suffisantes  ,  il  ré-  duo    Irès-remarquables  ,   qui    ne    se 
.solul  de  se  fixer  a  Vienne.  Deux  jeu-  sont    plus   retrouvés.  Vers  le   même 
nés  frères,  qui  l'y  avaient  suivi,  se  temps ,  dans  l'espace  de  deux  années, 
chargèrenldes  soins  domeslupies  et  le  il  composa  l'oratorio  du   Christ  au 
délivrèrent   de  tous  les  détails  de  la  mont  des  Ol/wiers ,  les  symphonies 
vie    commune,    chose    indispensable  hcro'ujuc    et   pastorale  ,    la    sym-     i 
pour  lui  (Mii  ne  connul  jamais  (jue  la  phonie  en    ///    mineur,   et  plusieurs    I 
vie  d'arlisle.  Le  moment  approch.iit  concertos  de  piano  ipiil  exécuta  dans   m 
où  son  génieallail  se  développer  dans  des  conceris  donnés  ii  son  hénéfiee.   ■ 
tout    sou  essor.  Il    s'exerça  d'abord  Désormais  la    gloire   de    Beethoven 
avec  un  succès  prononcé  dans  le  genre  s'appuyait  sur  des  bases  immoiielles  j 
du  (|iialuor,  |)our  insiruments  il  cor-  ses    trois    symphonies  ,     auxquelles 
«les,    créé   plutôt   cpie    réformé  par  plus  lard  il  en  ajouta  .six  aulit  s  ,  au- 
llaydn  ,  et  si  largement  exploité  par  raient  suffi  pour  la  garantir.  Ce  lui  au 


lulluMi  (le  C(\s  proJi<M('iix  Iravaiix  cl 
(li's  \i\cs  jouissances  (]u  l's  (lurent  lui 
jirociircr,  (|iic  ce  «^raïul  arlisic  r'\s- 
.stMilil     les     alU'inU's    de    riiilinuilt^ 
rriicllc  (jui  atla([iia  cluv.  lui  l'organe 
(le   Touïe.   INlal^rt*  1rs  secours  de  la 
incdeciiie,  sa  snrdilé  fil  des  progrès 
>i  rapides  ,  (]u'il  fui  bienl(*)t  hors  d't*- 
lat    (le  coinmiiniqiier   avec   personne 
a(ilre;iiei:L  qiie  par  écrit.  Dans  la  so- 
litude cl  la  tristesse  ,  u\iyanl  d'autre 
consolation (|uc  son  génie,  Beellioven 
continua  de  composer,  d'enianler  des 
cliels-d  (riivre  ,  tous  empreints  d'une 
sorte  de  grandeur  niélancoli([ue  et  sau- 
\age.  Satorlune  n'était  pas  a  beaucoup 
près  aussi  solidement  tondée  cpic  sa 
gloire.  Beellioven  crut  devoir  accepter 
la  place  de  maître  de  cliapellc  K  Cassel 
que  le  roi  de  Westphalie  lui  avait  fait 
offrir   (1809)5    mais    trois  amis  des 
arts  ,  les  archiducs  Rodolphe  (depuis 
cardinal-archevêque   (rOlinulz),    les 
princes  Lobkowilz  et  Kinsky  s'oppo- 
sèrent a  cette  résolution.   Ils  firent 
dresser  ,~  dans  les  termes  les  plus  flat- 
teurs ,  un  acte  par  lequel  ils  lui  assu- 
raient une  rente  de  (pialre  raille  flo- 
rins ,  pour  qu'il  en  jouît  toute  sa  vie  , 
et  sous  la  seule  condition  de  rester 
surle  leiriloire  autrichien.  Beethoven 
resta  donc  ,  enchaîné  par  la   recon- 
naissance :  il  continua   de  vivre   dans 
la  ville  où  il  avait  écrit  ses  ciicfs-d'(ru- 
VTe  et  obtenu  ses  succès.   Dans  sa  re- 
traite ,  les  hommages  de  TEuî  ope  lui 
arrivaient  de  toutes  parts.   Tanl(U, 
c'était  une  médaille  frappée  h  Paris, 
et   retraçant   son  image  5    tant(*)t   un 
piano  envoyé  de  Londres  ,  et  portant 
les  noms  des  donateurs,  MM.  dé- 
menti. Cramer,  Kalkbrenncr,  Bîos- 
cheles  ,  sir  Georges  Smart  •  tantôt  la 
inagnilique  collection  des  œuvres  de 
Handel,qui   lui  fut    offerte  dans  la 
dernière  année  de   sa  vie*   tanU^t  le 
litre  de  citoyen  honoraire  de  Vienne, 


liKE 


4V^ 


le  diphutic  de  mend)re  de  l'académie 
de  Sn(Mle  ,  de   la  société  i\es  Amis  de 
la  mnsicp.ie  londée  eri  Autriche,   etc. 
Mais   ([ne   jionvaicnt   tontes  ces  ilis- 
tinctions,   et   même   le  nr(">senliin('nt 
d'une  mémoire    éternelle,   contre  le 
chagrin  que  lui  causait  un  mal  incu- 
rable ,    et    qui ,    loin    de    s'adoucir , 
s'augmentait  en  proportion  de  sa  du- 
rée (i)'''  A  vingt-huit  ans  environ  ,  ce 
mal  commença  ses  funestes  atteintes 
11  serait  impossible  de  se  faire  une  idée 
de  la  souiîrance  morale   (pi'éprouva 
le  malheureux    artiste  ,    s'il  n'en  eut 
lui-même  esquissé  le  tableau,  dans  nii 
testament  adressé  a  ses  deux  frères  , 
en  date  du  6  octobre  1802.  Quelle 
confession  plus  élotjuenle  et  plus  dou- 
loureuse ,    quelle    explication    plus 
amère  d'une  existence  condamnée  a  la 
solitude  et  suspecte  de  haine  contre 
le  genre  humain ,  que  ce  peu  de  li- 
gnes tracées  en  prévoyance  de  la  der- 
nière heure,  et  si  long-temps  avant 
que  cette  dernière  heure  vînt  a  son- 
ner !    ccO  hommes,   qui   me  croyez 
«  haineux,  intraitable  ou  misanthro- 
«  pe  ,  et  qui  me  représentez  comme 
ce  tel,  combien  vous  me  faites  tort! 
«  vous  ignorez  les  raisons  (pii  font  que 
«  je  vous  parais  ainsi.  Dès  mon  cii- 
«  fance  ,  j'étais  porté  de  cœur  et  d'es- 
cc  prit  au   sentiment  de  la  bienveil- 
((  lance  :  j'éprouvais  même  le  besoin 
«  de  faire  de  belles  actions  ;  mais  son- 
ce  gez  que  depuis  six  années  je  souflre 
ce  d'un  mal  terrible  qu'aggravent  d'i- 
cc  gnorants  médecins:  cpie, bercé  d'an- 
cc  née  en    année    par   l'espoir   d'une 
ce  amélioration ,   j'en  suis  venu  a  la 
ce  perspective  d'être  sans  cesse   sous 
a  l'influence  d'un  mal,  dont  la  gué- 
ce  rison  sera  fort  longue  et  peut-être 


(i)  Je  r.'i  vil  à  Vienne  conduire  l'orcliestre 
(In lis  un  coiirnt  puMic.  il  dirait  ([u'il  s  ntnit  la 
mesure,  on  appuyant  sa  poitrine  contre  le 
piano,  et  il  ujouia»!  :  «  .rrnlcncls  avec  mes  en- 
trailles. »  .!(•  siiil  tpmuin  de  ce  fuit.     A — d. 


454 


BEE 


ce  impossible.  Pensez  que,  né  avec  un 
«  lenipérameut  ardent,  impétueux, 
«capable  de  sentir  les  agréraenls  de 
«la  société  ,  j'ai  été  obligé  de  m'en 
«  séparer  de  bonne  heure  et  de  mener 
K  une  vie  solilaire.  Si  quelquefois  je 
«  voulais  oublier  mon  infirniité ,  oh  ! 
«  combien  j'en  étais  durement  puni 
«  par  la  triste  et  douloureuse  épreuve 
«  de  ma  difficulté  d'entendre  !  Et  ce- 
«  pendant  il  ra'élait  impossible  de  dire 
«aux  hommes:  Parlez  plus  haut; 
«  criez  j  je  suis  sourd.  Comment  me 
«  résoudre  a  avouer  la  faiblesse  d'un 
«  sens  ,  qui  aurait  dû  être  ,  chez  moi, 
«  plus  complet  que  chez  tout  autre, 
«  d'un  sfns  que  j'ai  possédé  dans  l'é- 
«  tat  de  perfection,  et  d'une  perfec- 
«  tion  telle  qu'elle  s'est  renconlrée 
«chez  peu  d  hommes  de  mon  art! — 
«  ]Non  ,  je  ne  le  puis.  —  Pardonnez- 
«  moi  donc  ,  si  vous  me  voj^ez  me  re- 
«  tirer  en  arrière  ,  quand  je  voudrais 
«  me  mêler  parmi  vous  5  mou  mal- 
«  heur  m'est  d'autant  plus  pénible 
«qu'il  lait  que  l'on  ine  méconnaît 
«  Pour  moi  point  de  distraction  dans 
«  la  société  des  hommes,  dans  leur  iu- 
«  génieuse  conversation:  point  d'é- 
«  panchement  mutuel.  Vivant  pres- 
te que  entièrcjnent  seul,  sans  autres 
«  relations  que  celles  qu'une  impé- 
(c  rieuse  nécessité  commande,  sem- 
ée blable  a  un  banni  ,  toutes  les  lois 
tt  que  je  m'approche  du  monde  ,  une 
te  affreuse  iucpiiétude  s'empare  de 
«  moi  ;  je  crains  il  tout  moment  d'y 

ee  faire  apercevoir  mon  état »  Et 

un  peu  plus  loin  lîeetlioven  ajoutait: 
«  l*ourlant,I()rs(pie  m  dépil  des  mo- 
«  tifs  (pii  in'cloigiiaient  de  la  société 
«je  m'y  laissais  entraîner,  de  (|tiel 
«  chagrin  j'étais  saisi  (piand  ({uchpiini 
«  se  trouvant  ii  côté  de  moi  enlend.iit 
«  de  loin  une  lliile  et  (pie  )e  n'enteii- 
«  dais  rien  ;  quand  il  entendait  chan- 
«  1er  un  paire  cl  que  je  n'cnleudais 


BEE 

(e  rien  !  J'en  ressentais  un  désespoir 
«  si  violent  que  peu  s'en  fallait  que  je 
ee  ne  misse  En  à  ma  vie  !  L'art  seul 
(c  m'a  retenu  ;  il  me  semblait  impos^ 
ee  sible  de  quitter  le  monde  a\'a?it 
ee  d'avoir  produit  tout  ce  que  je 
a  sentais  devoir  produire  C  est 
0  ainsi  que  je  continuais  celte  vie  mi- 
«sérable,  oli  !  bien  misérable,  avec 
ee  une  organisation  si  nerveuse  qu'un 
ee  rien  peut  me  faire  passer  de  l'état 
(e  le  plus  heureux  a  l'élat  le  plus  pé- 
ee  nible.  Patience!  c'est  le  nom  du 
ee  guide  que  je  dois  prendre  et  que 
ce  j'ai  déjà  pris  :  j'espère  que  ma  ré- 
ee  solution  sera  durable  jusqu'il  ce 
ce  qu'il  plaise  aux  Parques  impitoya- 
('  blés  de  brider  le  lil  de  ma  vie. 
ee  Peut-être  éprouverai-je  un  mieux  , 
«  peut-être  non  ;  n'importe,  je  suis 
ce  résolu  a  souffrir.  Devenir  philoso- 
«  phe  dès  l'âge  de  vingt-huit  ans, 
«  cela  n'est  pas  facile  ,  moins  encore 
«  pour  Tarlisle  que  pour  qui  que  ce 
a  soit...»  Après  avoir  dicté  ses  der- 
nières volontés  a  ses  frères,  (ju'il 
instituait  tous  deux  ses  héritiers,  eu 
rappelant  que  dès  long-temps  il  leur 
avait  pardonné  le  mal  qu'ils  lui  avaient 
lait,  Beethoven  terminait  ainsi: 
te  Blainteuant,  que  le  sort  s'accomplis- 
tc  se  !  Je  vais  au  devant  de  la  mort 
«  avec  joie.  Si  elle  arrivait  avant  ([ue 
«j'eusse  pu  dép'over  toutes  mes  fa- 
ce cullés  d'artisle  ,  ce  serait  trop 
«  toi ,  malgré  la  rigueur  de  ma  desti- 
«  née  ,  et  je  désire  (pi'elle  vienue 
«  plus  tard.  Cependant  u'aurais-je 
«pas  encore  sujet  de  me  réjouir, 
«  puisqu'elle  m'allVanchirait  d'une 
«  soullrance  sans  terme  !  Viens  donc 
«  quand  lu  voudras  ,  je  vais  au  de- 
«  vaut  de  toi  hardimenl.  Porlcz-vous 
«  biiii  ,  el  ne  m'iiiibliiv.  jias  loiil-ii- 
w  lail  après  m;i  mort.  J'ai  mérité  un 
«souvenir  de  vous,  tn  m'occupaut 
«  loulc  ma  vie  de  vous  rendre  heu- 


BKR  BEE                  /,55 

«  r<uix:  soyez -le.»  Sur  l'enveloppe  rieur  (rarr.iii«;cii)ciil.  Chef  d'orches- 
éerile  il  (jiu'Kjiirs  jours  de  di^lauec  ,  Ire  furl  dangereux,  il  ne  ])en}>aiL 
oa  relronvail  l'expression  des  lucnies  qu'à  son  œuvre,  el  s'identifiait  lelle- 
seiilinienlsclerés:L!,nalion(!ou!oureuse.  ment  avec  elle  (jue,  sans  le  vouloir, 
Ainsi  lîeellioven  ne  supportait  la  vie  il  en  innlail  l'expression.  Lorsque  vc- 
qui-  pour  accomplir  la  mission  dont  nail  un  j)assagc  vijijoureux,  il  Irajjpait 
il  s(>sc'nlail  cl)arj;é  par  la  Providence!  sur  sou  ])upîlre  ii  coups  redonhics, 
(îliaijue  année  accroissait  létal  lia-  sans  égard  pour  la  mesure:  an  dc~ 
l)ilin.l  d'hypocondrie  ,  dans  lequel  il  miiiucndo,  il  se  faisait  pclllj  il 
élail  tombé.  Des  svmnlomes  d'iiyilro-  disparaissait  [\.\\puud6Suno.  Dani>  le 
pisie  s'étant  mauilestés  ,  et  les  oj)é-  tutti,  il  graudis.^ait  tout-h-coup,  sa 
râlions,  que  ce  mal  nécessitait,  se  rap-  physionomie  rayonnait,  et  sa  voix  de 
proLlimt  de  plus  en  plus,  il  succond)a  tonnerre  lançait  aux  musiciens  ces 
le  26  mars  1 1)1:7.  l^eelhoven  était  mots  d'encouragement  ou  de  récom- 
de  moyenne  l.iille  j  son  cor|. s  ramassé,  pense:  Bravi  tutti!  Simple,  franc, 
sa  charpente  osseuse  offraient  l'image  loyal,  vin  manu,  eiii  'wort,  comme 
de  la  force,  et  eu  effet  jamais  il  n'a-  disent  les  Allemands,  Beethoven  était 
vait  élé  malade  ,  malgré  son  bizarre  encore  bienveillant  et  généreux.  Ce- 
Iraiu  de  vie.  Avoir  été  grand  musicien  pendant,  vers  la  lin  de  ses  jours, 
et  .^ourd,  n'avoir  jamais  eu  ni  femme  une  crainte  assez  commune  aux  vieil- 
ni  maîtresse ,  c'est  sans  contredit  un  lards  le  tourmenta:  redoutant  la 
double  caractère  d'originalité  parti-  misère,  dont  sa  pension  el  la  vente 
culier  à  cet  illustre  artiste.  Dans  sa  de  ses  ouvrages  le  garantissaient 
première  jeunesse  il  ne  s'était  occupe  complètement,  il  tbé.-aurisait  ,  et 
_jque  de  musique  5  dans  son  âge  mûr  ,  sollicitait  des  secours.  A  sa  mort,  il 
il  y  joignit  l'élude  de  l'histoire  et  de  la  laissa  une  somme  d'environ  neuf  mille 
plidosophie.  11  avait  deux  goûts  impé-  florins  en  argent  comptant.  Son  ne- 
rieux,  celui  des  déménagements  et  ce-  veu,  Charles  vanr)eellioven,  dont  les 
lui  de  la  promenade.  A  peine  installé  dérèglements  el  l'ingratitude  avaient 
dans  un  logement,  il  y  découvrait  aggravé  ses  chagrins,  fut  svn  béri- 
quelque  défaut  ,  et  ne  prenait  poiut  lier.  Vienne  lui  fil  de  magnifiques  fa- 
de repos  qu'il  n'en  eût  trouvé  un  au-  néraiîîes.  Plus  de  trente  mille  per- 
Ire.  Tous  les  jours,  liiver  ou  élé,  sonnes  y  assistèrent:  les  premiers 
pluie  ou  grêle,  immédiatement  après  musiciens  de  la  vil'e  exécutèrent  la 
son  dîner,  il  se  bâtait  de  sortir,  et  fameuse  marche  funèbre  composée 
faisait  deux  fois  a  grands  pas  le  tour  par  lui  et  placée  dans  la  sym- 
de  la  ville.  Passionné  pour  la  cara-  phonie  héroïque;  les  poètes  et  les 
pagne,  il  allait  cbaque  printemps  artistes  les  plus  célèbres  portaient 
s'installer  dans  une  habitation  vd-  des  torches  ou  soutenaient  le  drap 
lageoise.  Sans  cesse  préoccupé  d'une  mortuaire.  Hummel,  qui  était  venu  de 
idée,  il  était  sujet  a  des  distractions  Weimar  exprès  pour  se  réconcilier 
tt  a  des  bizarreries  de  toute  espèce,  avec  son  ancien  ami,  jeta  sur  sa  tombe 
Incapable  d'établir  un  ordre  quel-  une  couronne  de  laurier.  Un  monu- 
concpie  dans  l'amas  de  livres,  de  ment  a  sa  mémoire  fut  élevé  dans  le 
partitions,  de  papiers,  qui  encora-  cimetière  de  AVahring.  Prague,  Bcr- 
hraienl  tous  ses  meubles,  il  se  croyait  lin,  lU'eslau,  plusieurs  autres  villes 
au  contraire  doué  d'un  esprit  supé-  d'xUlcniagnc  lui   rendirent  a   Tenvi 


456  BEE  BEE 

les  derniers  honneurs,  et  solenniseut  «  dans  un  livre  de  basse  fondamenta- 

encore  chaque   année    le  jour  de  sa  «le!  »    Comme  on   le  voit   par  la 

iDorlavec  une  pompe  extraordinaire,  liste  de  ses  œuvres,  le  génie  de  Bee- 

Le  catalogue  de  ses  œuvres  est  con-  thovcn  fut   universel  :  cependant   il 

sidérable.    11  nous  reste   de  lui:  .1.  n'embrassa   pas  avec  le  même  succès 

Dix-sept  Quaf.iiors.il.  Trois  Quin-  toutes  les  parties  de  l'art  musical.  Si 

tetti.    III.    Cinq    Tr/'os.     IV.    Un  au    théâtre    il    surpassa    Haydn,    il 

Septuor  pour  inslrumcns  a  cordes,  resta    bien    au-dessous    de    Mozart. 

V.  Un    Trio   pour  flûte,  violon   et  L'opéra  de  jFzV/eZ/o,  composition  ad- 

allo.  YI.  Trente- trois  iSo^zrt^c^  pour  mirable,  se  recommande  plutôt   par 

piano  seul.    VII.   Dix  Sonates  pour  un  mérite  instrumental  que  dramati- 

piano  et  violon.  VIII.   Six  Sonates  que  5  Tinterét  de  l'orchestre  l'emporte 

pour   piano  et    violoncelle.  IX.  Dix  sur  celui  des  voix.  Cest  dans  le  qua- 

2r/o5  pour  piano,  violon  et  violonccl-  tuor,  dans  la  symphonie  surtout  qu'il 

le.  X.  ^i^xxï  symphonies  en  y  com-  excel'e  et  triomplie  :  la  il  est  poète 

prenant  la  symphonie  avec  chœurs,  et  grand  poète,  parce  que  la,  rien  ne 

XI.  La  Bataille  de  V^ittoria,  ou  la  gène  son  imagination,  rien  ne  liirite 

J^ictoire  de  fî^ ellington,  symplio-  s;i  puissance.  Presque  toutes  ses  sym- 

nie  pittoresque. XII.  \}nQ  Messe,  <^n  phoniessoiitdcsdranîessublimes,con- 

ut^  à  quritre  voix,  chœur  et  sympho-  eus  dans  les  proportions  les  plus  vas- 

nie.    Xni.    Une   Messe ^   en   /-c-',   k  tcs_,  achevés  avec  un  soin  inlini  jusque 

double  chœur.   XIV.   Le   Christ  au  dûns  les  moindres  détails.  A  la  difté- 

mont  des  Oliviers^  oratorio.   XV.  rcnce  d'ilavdn  et  deMozavt,  Beetho- 

Armide,  Adélaïde,  cantates.  XVI.  ven  semble  ne  s'imposer  dans  son  tra- 

F'idelio^   opéra.    XVII.    E^monl,  vail  aucune  (orme  ,  aucune  symétrie  : 

mélodrame.     X\  III.    Promëtlièe  ,  on  dirait  qu'il  s'abandonne  àlinspi- 

ballet.  XIX.   Les  ouvertures  de  Co-  ration  sans  frein  ,  ni  mesure  ,  et  ce- 

riolan^  les   Ruines  d'Athènes,  la  pendant  il  y  a    nu  plan  dans  s^s  ou- 

Dèdieace  du    Temple.    XX.    Des  \  rages ,  mais  la  trace   en  disparaît  , 

Concertos  pour  piano,  pour  violon^,  sous  la  richesse  cl  l'exubérance  des 

n  enfin  une  multitude    de  menuets  ,  idées;  elle   se  perd  dans  la  largeur 

waLes,  coniredanses,  chansons,  c;i-  des  développements.  Si  les  svmj)lio- 

iions,  variations.   A  tous  ces  ouvra-  nies  d'Haydn   et  de  Mozart  par  leur 

ge.s,  il  faut  ajouter  le  livre  ihéorifpie  belle     ordonnance    riippelleiil    l'as- 

(les  hjtudcs  ou  Traité  d'Iiarnujn'e  pect  d'un   parc   majestueux  ou  dune 

et  de  composition.,  dont  la  publica-  armée  imposante,  celles  de  Beelho- 

iion  a  prouvé  que  lieetlioven  n'igno-  ven     représentent     une     nature    gi- 

rait  aucune  des  règles  ,   aux(|uell  "s  ganlcstpie  ,    sauvage  ,  ravissante  de 

j)arfois  il  dédaignait   de  se  soumei-  lorce ,  dr  grâce  et  de  fraîcheur  virgi- 

Ire.  Lorscpie  ,   vers  la  lin  de  sa  ^  i -,  nale.  Aussi  rien  n'égale  l'eilet  (prd- 

il  lui  tombait  sous  les  yeux  des  criti-  les  produisent  ,  et  nous  concevons  le 


unes,  où  on  lui  reprochait  des  faut»  s     fanatisme  (pi'elles  inspirent  a  cerlains 
ins  sa  manière  d'écrire,    il   se  frot-     artistes  et  a-iateurs.  Avouons  pour- 


] 


•  ait  les  mains,  et  puis  s'écriait,    v\\  tant  (jue  ces  chefs  -  d'inivre  ne   sont 

t'clalant  de  rire  :   «Oui,  oui,ilss'é-  pas  sans  tache,  (uie  dans  les  ouvra- 

«  tonnent   et  n'y  conq)renuent  rien,  ges  du  maîlre,    il  i<\'\\    lrou\e    plu- 

«  parce  (pi'iU    n'ont  pas  trouvé  cela  sieurs  d'il -peu-près   inintelligibles. 


plusieurs  de  f.ilij3;.iiil.s  par  1  iiicolic- 
riMicc  dos  incliulu's  ,  la  diircU'  do 
riiarmoiiio  ,  cl  la  prolixité  du  style  : 
a\erlis,s()iis  les  jeiiui-s  «^ciis  (|ue  nul 
Hiodcl'*  n'csl  plus  dillicilo  cl  à-Ia-iois 
plus  dangereux  li  in)ilcr  (juo  1  lioin- 
nie  ,  donl  le  syslènic  conslsle  a,  ne  rc- 
connaîlrcMjuc  rinspirallon  pour  guide 
et  pour  loi  suprême.  Quelques  sym- 
phonies de  Beethoven  ,  cl  notamment 
celles  qui  portent  le  titre  ô'hcro'i'qi/n 
Q\j)asioi'ali',  c(dles(pii  sont  en  iit  nn- 
neur  et  cn/<^f  nïériteraient  une  analyse 
d;ins  laipielle  nous  ne  pouvons  entrer. 
On  assure  (pie  la  symphonie  hcroique 
était  d'abord  intitulée  :  Napoléon. 
Beethoven  Tarait  comnvMicéc  soiis  le 
consulat,  et  y  travaillait  encore, 
lorsque  un  matin  son  élève, Ferdinand 
Ries,  ei)tra,  tenant  à  la  main  un 
journal  qui  annonçait  que  le  j/rcmier 
consul  venait  de  se  faire  empereur. 
L'artiste,  qui  rêvait  un  héros  républi- 
cain, resta  un  moment  stupéfait;  puis 
il  s'écria  :  «  Allons, c'est  un  ambitieux 
«  comme  tous  les  autres.»  Et  au  nom 
de  Napoléon  il  substitua  ces  mots  : 
Siiifonia  eroica  perj^csleggicwc  il 
sovenire  duii  grand  iionio  ,  re- 
composa le  second  morceau  ,  et  d'un 
hymne  de  gloire  ht  un  chant  de  deuil, 
Beethoven  composait  de  tète  et  n'é- 
crirait pas  une  seule  note  que  le 
morceau  ne  fut  entièrement  achevé  j 
le  compositeur  Ferdinand  Ries  et 
l'archevêque  Rodolplie  furent  ses 
seuls  élèves.  Dans  un  petit  cercle 
d'amis  ,  il  se  permettait  d'exprimer 
son  opinion  sur  ses  confrères.  11  pro- 
clamait Handel  le  maître  des  maîtres, 
et  pensait  (jue  nul  n'avait  jamais  at- 
teint à  sa  hauteur.  Il  regardait  Ché- 
rubin! comme  le  plus  grand  des  com- 
positeurs dramatiques  vivants.  Sui- 
vant lui,  le  chef-d'u'uvre  de  ïMozarl 
était  la  Fldte  enchantée^  parce  que 
Mozart  s'y  était  montré  compositeur 


bi:k 


/,^>7 


allem.nnd  ,  tandis  que  Don.  Jiuin 
r.ipiuhiit  trop  la  minière  italienne. 
iJ'ailUiirs  laMslère  et  pieux  lîeetlio- 
\en  ne  C(iiKe\ait  j)as  (pTou  rabaissât 
la  sainteté  de  Part  au  scandale  d'un 
pareil  sujet.  11  ne  comprit  pas  le 
mérite  de  deux  composileuis  donl  les 
ouvrages  font  les  délices  des  deux 
mondes.  «  Webcr  ,  disait-il  ,  a  com- 
«  mencé  trop  tard;  l'art  en  lui  n'est 
«  lias  spontané  5  il  est  le  résultat 
ce  d'une  élude  opiniâtre  et  profonde: 
«  du  reste  la  science  me  semble  lui 
«  tenir  lieu  de  jrénie.  «  ()u;mt  a  Ros- 
sini,  «  ce  n'est,  disait-il,  qu  un 
(c  bon  peintre  de  décorations.  » 
Beethoven  jugeait  Weber  et  Ros- 
sini  ,  comme  il  avait  été  lui-même 
jugé  par  Haydn.  Sa  manière  géné- 
rale d'envisager  l'art  avait  plus  de 
justesse.  «  Quel  sera,  après  un  siè- 
cc  cle  ,  se  deniande-t-il  ,  dans  ses 
«Etudes,  le  jugement  des  maîtres 
«  sur  les  compositeurs  les  plus  admi- 
«  rés  ?  Taudis  que  tout  est  soumis  a 
«  l'influence  du  temps  et  iiialheu- 
«  rcuscment  a  la  mode  ,  le  vrai,  le 
«  bon  restent  seuls  ce  qu'ils  sont ,  et 
(c  jan;ais  on  ne  portera  sur  eux  une 
«  main  audacieuse.  Faites  donc  ce 
a  qui  est  bien^  marchez  avec  courage 
(C  vers  un  but  qu'on  n'atteint  jamais 
«  parfaitement:  perfectionnez  jusqu'à 
(C  votre  dernière  heure  les  dons  que 
«  la  bonté  divine  vous  a  départis  ,  et 
c(  ne  cessez  jamais  d'appr'-ndre.  La 
ce  vie   est  courte  et  la  science  éter- 

«  nc'le »  M — ^" — s. 

BEFFROY  DE  BEAUVOIR 
(Louis-Etienne),  naquit  en  1754. 
a  Laon,  d'une  famille  distinguée, 
mais  dénuée  de  fortune,  et  fit  ses 
premières  études  dans  les  écoles  mi- 
litaires ,  d'où  il  passa  comme  sous- 
lieutenant  dans  un  régiment  de  cava- 
lerie ,  puis  à  l'âge  de  quinze  ans  , 
comme  capitaine  aide-major  dans  la 


458 


BEF 


compagnie  a^^eléeles cinquante  ca- 
dets gentilshommes j  que  la  France 
envoyait  au  roi  de  Pologne  sous  les 
orflres  du  baron  de  Rullecourt.  11 
parvint  au  grade  de  capitaine  ,  et  par- 
taiiea  le  sort  malheureux  de  celte 
expédition.  De  retour  en  France,  il 
entra  ,  cojniiie  officier,  dans  les  gre  • 
nadiers  royaux  de  Champagne.  Il 
était  lieutenant  dans  ce  corps  lorsque 
la  révolution  commença,  et  il  s'en 
montra  un  des  partisans  les  plus  pro- 
nonc<"'s  (  I  ) ,  ce  qui  le  fit  nommer  pro- 
cureur de  la  commune  de  Laon  ,  puis 
l'un  des  administrateurs  du  départe- 
ment de  l'Aisne,  pieraier  suppléant 
k  l'assemblée  législative  ,  substitut 
du  procureur-général  syndic  du  dé- 
parlement ,  et  enfin  .  eu  sept.  1792, 
dépiiic  a  la  convention  nationale,  où 
il  vota  la  mort  de  Louis  XVI,  mais 
en  demandant  l'appel  au  peuple  et 
le  sursis  a  l'exéculion.  Du  reste , 
aussi  modéré  et  aussi  sage  qu'il  était 
possible  Je  l'être  ,  à  une  telle  épo- 
qiie  et  daus  une  telle  assemblée,  il 
ne  s'y  occupa  guère  que  d'objets  de 
finances  et  d'administration;  et  il  lit 
sou\  eut  d'inutiles  efforts  pour  y  éta- 
blir l'ordre  et  la  régularité.  INommc 
successivement  membre  des  comités 
d'agriculture  et  des  finances ,  il  fit  sur 
CCS  matières  un  grand  nombre  de  rap- 
ports, et  s'oppt'sa  de  tout  son  pou- 
voir ù  la  désastreuse  loi  cbi  nuixi//iu/n. 
Il  (ut  rapporteur  de  la  loi  sur  la  ga- 
rantie des  matières  d'or  et  d  argent. 
Il  parla  aussi  pour  la  conservalioa 
dcfi  lorèts  de  l'étal  et  pour  la  li- 
bre;   circulation    des    grains    (:i).    Il 


(i)  lliirrroy  (la  l\i;igii^  ,  »<>ii  fit-ro  .  i|t>us  iii>- 
|ircri(l  (|ti(*,  (l,!tis  lu  prcinirrr  ns.s<>iiil)l<  c  hiiil- 
lin^ôie  ,  il  s'opposa  vivi-iiu'iit  A  Li  iiinniiinlioii 
<!r  M  (!•■  limon,  lioiniiiu  duiniircn  du  <ltu'  d'Or- 
lr.iiis(  A  .  1,1  MON, \ M V,  fio  J),cl  (pi'il  imrjiil  ifl'iiM! 
•oixHiito  ii.illv  Iraiiis  qui  lui  furLiil  (d'U'rtH  par 
rnitrriniHn  'l'un  niiiMW  niminn-  l>iiia  Undicniirli 
ponV  »p<iindfr  l'cliition  tu  liiinlslf.  V-  vk. 

(ï)  l'.uvoyi'  en  inisjtuu  ù  l'aiimi-  du  Hmd  eu 


BEF 

concourut  k  la  chute  de  Robespierre 
dans  la  journée  du  9  thermidor,  et  fut 
envoyé  quelques  mois  aprèskrarraée 
d'Ilaiie  avec  1  bureau.  On  a  dit  qu"il 
y  fit  arrêter,  comme  terroriste  ,  le 
général  Bonaparte  j  mais  il  s'en  est 
défendu,  et  son  frère,  le  Cousin  Jac- 
ques (F^oj^.  l'art,  suivant),  a  repoussé 
avec  beaucoup  de  force  cette  accusa- 
tion qui ,  d'ailleurs,  n'a  pas  été  repro- 
duite (5).  Beffroy  revint  bientôt  k  la 
convention  nationale,  elle  sort  l'ayant 
fait  passer  au  conseil  des  cinq-cents, 
lors  de  réta])lissement  de  la  consti- 
tution de  l'an  III,  il  s'occupa  encore 
dans  ces  nouvelles  fonctions  d'admi- 
nistration et  de  finances.  Il  vota  pour 
l'établissement  de  la  loterie,  contre 
l'emprunt  forcé,  qui  signifiait,  di- 
sail-il ,  la  bourse  ou  lu  vie;  et 
contre  le  paiement  en  mandats  de 
la  contribution  foncière.  11  parla 
aussi  plusieurs  fuis  sur  les  contri- 
butions dont  il  deuianda  que  la  per- 
ception se  fit  en  naluie  ,  et  sur  les 
biens  nationaux  dont  il  ne  voulut 
pas  que  Ton  suspendît  la  veute  ;  enfin 
il  s'opposa  a  l'incarcêralion  des  prê- 
tres insermentés  ,  proposa  d'appliquer 

i7()3  ,  il  h'oppoïa  à  la  rt'consliuction  «ifs  forli- 
fiiatious  do  l'éroiinc  ,  et  proposa  une  chaîne  de 
foi'tifiecitions  sur  les  hauleur.s  tjui  dominent  et'lle 
plaee.  A  l'epocpie  du  3i  mai  ,  il  osa  Jire  dans 
un  inénioire  im|)riint'  cpie  u  ceux  qui  denian- 
«  daieni  les  télts  des  vinj^l-ileux  df|)iil(  s,  étaient 
«  des  brigands  connn.indes  par  Marat  ,  »  (|u'il 
qiialiliait  de  vil  icelerat.  lit  il  protesta  contre 
eetic!  journée.  I,ors  de  l'as-iussinat  juridiipie  de 
(insline,  il  déclara  hantcuicnl  ipie  ce  général 
n'<  tiiit  j>as  conpaMe,  et  demanda  à  cttc  entendu 
cornuH-  lénioin.  Mais  l'exeeraUle  Koiupiier-Tain- 
villc  ne  lui  lit  |>ar\enir  l'assignation  que  le  len- 
demain du   l'eXiiiilion  du  •;ineral.  V — vk. 

(  J)  All)itte  et  Salieelti  tirent  nrrèter  lîona- 
purte  ,  luuis  i)  une  autre  t'poquc;  quant  à  lit  f- 
iroy  il  no  put  trou%'er  il.nns  l'aris  un  seul  jour- 
naliste nsse/.  coiira','enx  pr)ur  iuqiriuirr  son  des- 
a\ou  formol,  l'eiulanl  su  luission  on  Itulio,  il  y 
lit  rouvrir  les  ej;lis<'s  «'t  respteler  la  liberté  des 
ruiles.  M  éeriviiit  de-  Nice,  uu  roiiiité  <ic  salut 
publie,  le  S  lloreal  an  m:  «i  L'aim»-»  d'U.dio 
<(  manque  de  tout;  I>)us  le»-  service»  «|)roM\int 
«  un  ibruit....  Il  nie  tarde  de  voir  ii'^ir  r.>imee; 
«  et  ••i,  laute  de  nn)yens  ,  on  la  laisse  deju  rir  , 
«  (iimment  pourrons-nous  soulcJlir  la  ^loir<>dus 
y\  urmcej  i'iMuvRUCS  ?  »  V— yb. 


BEI' 

;i  la  calomnie  ccrilc  ou  imprimée  les 
peines  prononcées  contre  la  calomnie 
parlée,  el  s'éleva  contre  la  nomiiia- 
iion  lie  r.arèro  au  corps  léj^islalif. 
Soili  (lu  conseil  au  commencemenl  do 
l'année  1797,  il  lui  employé  d'abord 
comme  capilaine  de  vétérans,  plus 
tard  dans  l'adminislralionde  Thopilal 
militaire  de  SainL  -Denis  (  1810), 
et  ensuite  comme  administrateur 
de  celui  de  Bruxelles.  Revenu  en 
France  après  la  séparation  de  la 
Belgique  en  i8r4-,  il  fut  obligé 
(l'eu  sortir  en  1816  par  la  loi  d'exil 
contre  les  régicides.  Il  se  réfugia  alors 
a  Liège  et  mourut  dans  cette  ville  au 
commencement  de  i  8ii5  ,  après  avoir 
reçu  avec  beaucoup  de  piété  et  de  re- 
pentir les  derniers  secours  de  la  reli- 
gion du  curé  de  Sainte-Marguerite,  sa 
paroisse.  Il  a  publié  :  I.  E trémies 
à  mes  conipairiotes ,  par  un  Laon- 
nais  ,  Paris  1789  .in-8"  (anonyme). 
11.  Ai-'a/itages  du  dessècheîiient  des 
marais  ,  et  manière  de  profiter  du 
terrain  desséché, Frus,  1793,  in-8^ 
(anonyme).  Ce  dernier  ouvrage  avait 
coucouru  en  1786  pour  un  prix  pro- 
posé par  la  société  d'agriculture  de 
Laon.  III.  Rapport  sur  l' emploi  des 
matières Jecales  fraîches  ,  1 8  0 1 , 
in-S".  M — Dj. 

BEFFROY  DE  REIGXY 
(Louis-Abel  ) ,  frère  du  précédent, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Cousin 
Jacques ,  naquit  a  Laon,  le  6  1:1  ov. 
1767,  fut  envoyé  très-jeune  a  Paris  , 
où  il  acheva  ses  études  et  devint  clerc 
de  la  congrégation  de  la  mission. 
Après  avoir  professé  les  humanités 
dans  plusieurs  collèges,  il  renonça  au 
petit  collet,  pour  se  vouer  entière- 
ment au  culte  des  muses.  Persuadé 
que  la  littérature  frivole  lui  fraierait 
un  chemin  vers  un  meilleur  sort ,  peut- 
être  même  vers  la  gloire  ,  il  se  lança 
dans  celte  carrière 3  mais  une  diicc- 


tion  ])lus  sérieuse  clait  alors  donnée 
aux  es|)rits;  on  voulait  retrouver  la 
même  tendance  juscjue  dans  les  ouvra- 
ges de  pure  Imagination.  On  put  présa- 
ger dès-lors  que  le  genre  adopté  par  le 
Cousin  Jacques  ne  réussirait  pas,  et 
lorsqu'il  oblinl  plus  tard  par  des  ou- 
vrages dramatiques  quehpies  succès 
moins  contestés,  sur  plusieurs  ibéà- 
ires  de  la  capitale  ,  il  le  dut  surtout 
au  choix  de  sujets  et  de  situations, 
plus  en  rapport  avec  l'esprit  qui  do- 
minait alors  dans  la  société.  Plus  de 
bizarrerie  que  d'originalité,  plus  de 
recherche  que  de  naturel,  plus  de 
niaiserie  que  de  naïveté ,  se  font  re- 
mar([uer  dans  ses  ouvrages,  dont  les 
titres  qui  visaient  a  être  piquants  ne 
furent  que  ridicules.  Si  a  Talde  de 
celle  bizarrerie  ils  trouvèrent  quel- 
ques lecteurs ,  le  bon  sens  du  public 
les  a  depuis  long- temps  dédaignés. 
La  bibliographie  seule,  qui  a  des  sou- 
venirs pour  toutes  les  extravagances 
et  toutes  les  nullités,  nous  a  con- 
servé les  noms  de  Turlututu  ,  de 
Hurluberlu  ,  des  Lunes,  des  Nou- 
velles Lunes,  etc.  Quelcjuefois ,  a 
défaut  d'originalité  dans  les  idées,  cer- 
taines formes  d'expression  ont  sauvé 
du  naufrage  Ats  productions  du  même 
genre  j  mais  le  style  lâche  cl  décoloré 
du  Cousin  Jacques  a  achevé  de  por- 
ter le  coup  mortel  a  ses  conceptions. 
11  sérail  néanmoins  injuste  de  ne  pas 
reconnaître  qu'un  tour  d'esprit  facile 
et  un  ton  léger  ont  pu  procurer  une 
espèce  de  vogue  a  ses  écrits.  On  y 
rencontre,  à  de  longs  intervalles, 
quelques  tableaux  de  mœurs  assez 
vrais ,  quelques  traits  malins  ou  gra- 
cieux; mais  si  ces  découvertes  font 
plaisir,  comme  celle  d'un  oasis  dans 
le  désert,  elles  ne  peuvent  plus  être  ré- 
servées qu'à  un  petit  nombre  d'explo- 
rateurs intrépides.  On  lit  rarement, 
juais  enflu  ou  lit  cucore  Cj-rano  da 


/j6o 


BEF 


Bergerac.  Pourquoi  ne  peut-on  met- 
tre le  Cousin  Jacques  sur  la  même 
ligne  ?  c'est  que  V audace  burlesque 
du  poêle  perigourdin ,  secondée  par 
les  élans  d'une  imagination  vive  et 
féconde,  est  faite  pour  piquer  notre 
curiosité,  tandis  qu'elle  est  repous- 
sée par  la  stérile  abondance  du  lu- 
na/ iffue  Be^roy  (i).  Depuis  Rivarol 
qui  lui  donna  place  dans  son  petit 
JD ictionnaire des  Grands  HoînmeSj 
il  essuya  le  feu  de  presque  tous  les  au- 
teurs de  pamplilets  etde  journaux  ,  et 
fut  condamné  par  eux  h  n'être  point 
lu.  L'ennr.i;,  plus  redoutable  qu'eux 
tous  ,  s'est  chargé  de  confirmer  leurs 
arrêts.  Il  faudrait  peut-être  faire  une 
exception  en  faveur  de  ses  ouvrages 
dramatiques  ,  dans  lesquels  on  re- 
marque la  connaissance  des  effets  de 
la  scène  ,  des  délails  agréables  et  des 
couplets  assez  bien  tournés  dont  il 
composait  aussi  la  musique.  D'ail- 
leurs les  sujets  de  ces  pièces,  pal- 
pitants de  l'intérêt  du  moment,  ré- 
veillaient les  émolioMS  populaires  , 
sans  en  déchaîner  la  fougue.  JS'ico- 
deme  dans  la  lune  ou  la  Révolu- 
tion pacijique  (  i  790  )  ,  le  Club  des 
bonnes  gens  (1791)5  l'i  PelUe 
Nanelle  (  1797  )  ,  etc.  ,  comédies 
de  circonstance  (jui  curent  le  plus 
grand  succès  ,  ne  seront  plus  repré- 
sentées j  mais  elles  pourront  encore 
être  consultées  comme  es([uisses  Ans 
mœurs  et  des  impressions  de  Tépo- 
(jue.  Ou  doit  aussi  observer  que 
toutes  \c?>  productions  du  Cousin 
Jacques  on!  un  but  moral  ,  cl  sont 
cmpreinles  de  scnliMieuls  honnêtes 
(jn'il    chcithe   à   inspirer  il  ses    lec- 

(1)  1,11  Con.iiii  Jari/iifi  r.it  ili'Jù  mnnn  dan.i  ta  rr- 
liiihfiiliie  tl'-s  Irltrvf  ,  l'iir  [ilntiriirt  pnèiitff  ftii^uihlr- 
inrnt  liiniilii/itr.u  (iriiniii  rorr«r»|>.  lilltW'.,  V'  piirlii', 
•  •Mil.  III  ,  p  ïKî.  Il  ril  lion  il'diitrivcr  que  nef- 
froy  ■!  (Ir.<i;ivnnir  un  «Tiil  ptililii'  m  17H7  ,  "«Dns 
€11  lilro  :  J)i'/uit('m''iit.i  du  Cousin  Jiicijiics,  oii 
/Uifiine.i  tiiii'iti'iHcs  ,  vol.  in  iï. 


BEF 

teurs.  Beffroy  de  Ileigny  survivait  a 
sa  réputation  quand  il  s'avisa  de 
réveiller  l'attention  publique  par  l'an- 
nonce d'un  Dictionnaire  ncologi- 
que  des  hommes  et  des  choses  de 
la  révolution.  C'était  en  1800  !  Il 
commit  la  même  méprise  qui  l'avait 
fait  trébucher  au  commencement  de 
sa  carrière.  Tous  les  cœurs  éprou- 
vaient alors  le  besoin  d'échapper  aux 
tourmentes  de  la  révolution.  Tout  ce 
qui  tendait  h  en  rappeler  le  souvenir 
ou  les  excès  n'était  vu  qu'avec  peine. 
Ce  soldat  heureux  qui  venait  d'a- 
baisser devant  son  sabre  les  fais- 
ceaux de  la  république  ,  pour  jeter 
d'une  manière  plus  solide  les  fonde- 
ments de  la  puissance  suprême  ,  com- 
mença par  imposer  silence  aux  objur- 
gations de  tous  les  partis.  Rien  n'é- 
tait donc  favorable  a  l'entreprise  de 
Beffroy:  ni  le  pouvoir,  ni  le  temps, 
ni  les  hommes  !  11  y  persista  néan- 
moins, et  fit  paraître  successivement 
quinze  cahiers  (  2  )  de  ce  vocabu- 
laire ,  absolument  neuf  et  origi- 
nal,  comme  il  avait  soin  de  le  quali- 
fier lui-même.  La  police  de  Fouché, 
plus  téméraire  peut-être  dans  ses 
coups  d'essai  qu'elle  ne  le  fut  depuis 
dans  SCS  coups  de  maître,  arrêta  la 
publication  '\i''>  autres  livraisons  du 
J)ictioniiaire.  C'était  prendre  trop  de 
peine.  J.e  dédain  du  public  pour  le 
glossaire  du  (Cousin  Janpies  eût  pré- 
ci|iilé  beaucoup  plus  elluacement  sa 
chute j  mis  il  l'index,  on  rechercha 
tout  ce  (pil  en  avait  paru.  Avec  le 
tort  de  réveiller  de  douloureux  sou- 
venirs, lors(|ue  les  plaies  de  la  révo- 
lution élaic!it  encore  saignantes,  Bef- 
froy joignait  rinconvcnance  de  mêler 
la  facétie  aux  horreurs.  JNou  loin   de 


1  -y)  (>"<  niiin/r  raliiiTs  forinml  iroi»  Tolunir» 
in  8' (r;iriH  ,  Moutanlicr,  iin  riii).  ilr*rnii!»  in- 
rt'H  fl  no  ronipiTtinnii  ijuc  le»  lolli"'»  A,  V>  ri  uno 
p.iriic  lin  C. 


BEF  BEF  /,6r 

rccliafaïul ,  la  plaisanterie  n'cslscanle  rjiie:  (d  loin  me  de  lellrcssur  le  compte 
à  personne,  pas  inènie  dans  la  houclic  «  dii(|iul  on  ne  s'est  pas  mal  égayé. 
des  victimes.  Aucun  plan  anrlé  ,  an-  «Voyez  le  Cousin  Jactpics  qni   lui 
cun  choix  dans  la  nuiltilndo  d'articles  «  diia  liardiinenl  de  bonnes  vérités.  » 
(pii  s'ollVaienl  nalnrellement  à  l'an-  Mais  ce  dernier  article  ne  parut  pas  ; 
leur,  incohérence  complète  dans  leur  la  publication  de  Touvrage  ayant  été 
as^e^d)laJ;e,  aucune  mesure  dans  leur  arrêtée  avant  cpie  Tordre  alphabéti- 
étendne  ,  des  anecdotes  suspectes  ,  ou  (|ue  eut  amené  le  nom  adoplif'de  l'au- 
iufitlèlement  rapportées  ,  et ,  par-des-  leur.  Il  mourut  dans  l'oubli,  a  Clia- 
sus  tout  cela  ,  un  style  plus  incorrect  renlon  ,  le  19  déceml)rc  i  8  i  i ,  Outre 
et  plus  lâche  cpie  de  coutume*  tel  est  les  ouvrages  cités  plus  haut,  on  re- 
Taperçu  général  que  l'on  peut  don-  marcjue  parmi  sas  uonibreuscs  prô- 
ner du  Dictionnaire  des  hommes  et  ductions  :  I.  Les   Petites  Maisons 
des  choses.    D'un  autre  côté  ,   l'a-  du  P  atnasse ,  poème  comique  d'un 
mour  du  bien  (pi'il  respire,   Findi-  genre  nouveau,  enversetenprose, 
gnation    qui    éclate   a  chaque    page  Bouillon,    1785,    in  -  8  '    de   Ix    et 
contre  les  oppresseurs  de  la  France,  294.  p.  L'auteur  passe  en  revue  une 
peuvent  concilier  quelque  estime  à  la  foule  d'écrivains  anciens  et  modernes  , 
personne  de  l'auteur,  alors  qu'on  est  et  leur  assigne  le  rang  qu'ils  doivent 
obligé  de  la  refuser  à  l'écrivain.   Il  tenir  sur  le  Parnasse  ou  dans  un  hô- 
est  même  plus  ridicule  dans  cet   ou-  pital  dus  fous,  qu'il  élablil  au  milieu 
vrage  que  dans  les  autres    qui  sont  du  sacré  vallon,  Horace  et  Tacite 
sortisdesaplume.il  appelle  la  femme  boni  placés  par  lui  dans  cette  der- 
du  premier  consul,  veuve  inlères-  nière  demeure!!  IL  Malborou^h , 
santé,  cl  M"""  de  Beauharuais ,  sa  poème    comique    en  prose  rimée 
tante  ,  femme   vraiment  intères-  Londres    et    Paris,     1783,    in-8°. 
santé  ,   héroïne   de   la  littérature  III.    Le   Courrier  des   Planètes 
française  (tom.  i  ,  p  4-6o  et  4.62  ).  feuille  périodique,  dédiée  a  la  Lune, 
Il  dit  h  l'article  Benjamin  Constant  1788-1792.  1  0  vol.  in- 12.  IV.  ^/5- 
(  tom.    I,  p.    .534-)    qu  il  ne  faut  toire  de    France,    pendant   trois 
pas  le  confondre  avec  Constant  le  mois ,  depuis  le    \'6  mai  jusqu'au 
marchand   de  chevaux.    Il     peint  i  5  rto«^  1  789  ,  Paris,  i789,iu-8°« 
Billaud-Varennes  comme  étant  im~  V.    Le   Testament  d'un  électeur 
hihé  jusque  dans  la  moelle   (sic)  Va.ns,  ijcjn,  in-8°.YÏ.  NouveauTe 
des  os  de  l'essence  du  crime  ,  du  Deum  en  vers  saphiques ,  avec  des 
sacrilège  et  du  blasphème  (tom.  ?,,  notes  sur  le  pape,  etc.  ^Vàrlsj  1802, 
p.  97  ).  Parmi  les  hommes  de  la  ré-  in-8''.  VIL  Soirées  chantantes  ou 
volulion,  il  comprend  Bigand ,  au-  le  Chansonnier  bourgeois,  avec  les 
teur  d'espiègleries  facétieuses  ,  airs  notés  ,    Paris,  i8o5  ,  3  vol., 
sous  le  titre  de   la  Mouche  (tom.  in-8"  (3).  Il  a  fait  la  musique  de  tous 

2,  p.  94.).  Le  pauvre  BelTioy  prenait  . . 

pour  un  auteur  le  héros  de  ce  romin        (3)  Le  journal  imituio/w  /-»««.  forme  vin^t- 

du  Chevalier  de  Moidiy ,  publié  pour  "^"""'n  '"'"'f  ''''',""7  '■»•'*•?'"  «"'  ^««  "'^'î"'''' 

.^  .;  .    '       .  «Il  ;UIciii;muI  ():ir  Ir  ^\»c^^:^lv  Jtiir^er.  On  a   enC'<re 

la  première  fois  en    I  73y,  et  (jUI  avait  ''"  I">niiiiue  Ccmsin:   les  ^Hcs  del'nmour.  ojié- 

Pl,l    r.Minni-im.'    rl.>nili«      T  -  8  r»       On    lll  >  •'toaii'lix; ,     1786;    Corioliucl   ou  Rome   .uiufce  , 

ele  rcimpiimt  depuis    I/O9.   un  lil  Mie  cui-oh  acics-,  Cc<t  dn./r;]^'^  cufs  du  Jurl 

au   mot  Beffroy  de    Reignj-    (t.    1,  "''«.■  le  Conun  Jacques  hors  du  sa/on  ;' ie  Kelour 

I  \  ,1  1  1  '    *    i'  ''"  """'  P''uvre  oncle,  ou  relui, ou   de  son   vora<'e 

p.  491)  celle    phran»  caracler.sh.  ,^,,,k //w ;  1,,  r.,^:^^,,,o,, ,/. /«  / J  ^oi«S^ 


A^a 


BEG 


ses  opéras;  elle  passe  pour  être 
néglioée,  mais  le  plus  souvent  facile 
et  agréablt(4). — 1-.effroy  de  Jisom- 
PRÉ  {FrançoiS'Gene'^iève  )  ,  frère 
du  précédent,  né  a  Laon,  en  1766  , 
fut  nommé  a  Tage  de  quatorze  ans, 
sous-lieutenant  dans  un  régiment  d'in- 
fanterie. Il  embrassa  avec  chaleur  la 
cause  de  la  révolution  de  1789  ,  et 
présida  en  1792  le  club  de  Metz,  où 
il  professa  les  principes  les  plus  exa- 
gérés. S'il  faut  en  croire  le  Cousin 
Jacques.  «  11  changea  tout-a-coup 
a  d  opinion  ,  passa  d'un  excès  à  l'au- 
«  tre,  et  ne  sut  pas  se  maintenir 
a  dans  et  juste-milieu,  qui  seul  est 
ce  le  parti  sage  et  stable  en  révolu- 
ce  tion.  Le  chagrin  d'avoir  été  pris 
ce  pour  dupe  altéra  sa  santé  (5).  » 
Il  succomba,  en  1800,  a  une  atta- 
que de  paralysie.  L — i\i — x. 

BÉIjAULT  (Gilles),  chanoine 
et  archidiacre  de  Nîmes  ,  né  en 
1660  ,  doit  être  compté  au  nombre 
des  orateurs  chrétiens  qui  se  distin- 
guèrent dans  le  passage  du  17''  au 
18'-  siècle.  Sa  renommée  ,  si  juslc- 
mcnt  établie  h  cette  époque  ,  paraît 
presque  ensevelie  dans  Poubli.  Son 
nom,  omis  dans  Moréri  et  parlesbio- 
graphes  (|ui  l'ont  suivi ,  mérite  un  au- 
tre sort.  Formé  aux  exercices  de  la 
chaire,  sous  les  yeux  et  par  les  le- 


<lf  plus  <lr  trois  cftils  p.i;,'cs  iil-H",  (jiii  ml  tleiix 
éditi'iiiH  cil  17;;^  ,  «te,  tic.  Il  jli'-ait  tle  lui-int'- 
iiie  :  i<  Il  y  u  viiigl  uns  c{ut;  j'i'Ciis,  et  vtii^;t 
<(  un»  i|ii(;  les  lilii'lli-s  |>lfuv<;iil  MUT  iiini.  »  1|  aii- 
|>«Muit  tiln-ilas  lis  pl.iKsnnlnirs  <\k\\\  no  faisait 
j>at.  V — v«. 

(4)  Bcffroy  do  Rrigiiy  nvuil  uiio  Sdiir  noin- 
rn<'fi  Cal/iriiiit  Ahvl,  qui  fnisail  ins<rrr  dis  ar- 
lii'IoH  (lun.'«  lo  Htiiwur ,  f|uo  (iall.iiit  rodi^oiiit 
avaii'.  le  i8  iVuiliilur.  Invùii  |)ul)liii  dans  la 
(ittzrtle  Imiiraixr  ,  dos  lii'Jlr.tiiins  jinlilrptrs  ri  ma- 
rfi/rï  ,  «|u't  ll«  leur  iidrossn.  It'Airinln  ri  «l  Mnr- 
tuofitcl  ,  l'ahlio  Aiiliort,  ont  parlo  d'ollu  avec 
«•loge.  Mni'iiionti'l  l'iippolait  la  .Sivii^ué  tir  sou 
iifilr  ;  \rn  Ari(;laiH  ot  li-s  AlIritinniU  mit  triiduit 
|ilu<.irurs  (In  so»  orti<  1rs  qui  uvuitiit  «-l)^  insôros 
tlmis  1rs   l.iiiir.i  du  s»ii  froro.  V — v«. 

(i)  Ihrditnintirf  utio/nj^ii/iif  ttiis  hommvi  tt  det 
%hosfS  tU  lu  re¥otHtwi\,\.    1,1).  ,|8«;. 


BEG 

cons  de  Fléchler  dont  il  partagea  , 
pendant  vingt-trois  années  ,  les  tra- 
vaux apostoliques,  l'abbé  Bégault  se 
glorifiait  d'être  Vhumhle  disciple 
d'un  si  gj^and  maure.  Aussi  re- 
trouva-t-on,  dans  sessermons  et  dans 
ses  discours,  les  formes  oratoires,  la 
manière  et  en  quelque  sorte  l'élocu- 
tion  harmonieuse  de  l'évêque  de  ]Nî- 
mes.  L'abbé  Goujet  les  range  pres- 
que sur  la  même  ligne  (i).  D'Arnau- 
din  ,  docteur  de  Sorbonne  ,  va  jus- 
qu'à dire  ce  Qu'on  a  peine  a  mettre 
ce  quelque  diftérence  entre  eux  ,  et 
ce  que  souvent  même  on  les  confond 
ce  presque  ensemble  ,  quoiqu'on  ne 
ce  puisse  se  flatter  d'atteindre  un  vol 
ce  si  rapide  et  si  haut  que  M.  Fléchler 
ce  l'avait  pris,  par  la  supériorité  de 
ce  son  génie  (2).  «  Il  y  a  lieu  de 
croire  que  la  réputation  du  disciple 
alla  se  perdre  dans  celle  du  maître  , 
qui  ne  fit  que  s'accroître,  avec  le 
temps.  Bégault  avait  prêché  avec  suc- 
cès à  Paris  et  a  Montpellier.  11  pro- 
nonça le  sS  aoiit  1695,  devant  le 
roi  et  la  reine  d'Angleterre,  a  Saint- 
Germain  ,  le  panégvriijue  de  Saint 
Louis,  et  profila  habilement  de  celle 
circonstance  pour  présenlcrle  tableau 
de  la  royauté  humiliée  ,  dans  Saint 
Louis  captif  en  Egypte,  et  pour  oihir 
au  monarque  détrôné,  les  consolations 
qu'une  iune  forte  peut  puiser  clans  les 
enseignemens  de  riiisloire  et  la  rési- 
gnation aux  décrets  de  la  [irovidenct, 
fxirnii  hs  plus  violentes  agitations 
de  la  fortune  (3).  Reçu  a  l'acadé- 
mie de  INîmes  ,  eu  1688,  Bégault 
eu  fut  un  des  membres  les  plus  zélés. 
Il  fut  cholî^i  ,  en  1692  ,  pour  aller 
remercier  racadémie  Irancalse  ile  l  as- 
sociation   (pi'elle    avait    accordée    a 

^i)   Uibliolhf'quc  l'nin^-niM' ,  t«>in   II.  p    »<)8. 

(a)  I'tnio;;%  riquos  vl  bcnnuiis  de  r.»bbi!  1k'- 
gntilt  ,  it  r  Appriil<;)ti<)ii. 

(i)  Puu)  );yriquos  et  rrvnion*  dr  l'abLé  Of^ 
giiult ,   l'nris,   171',  toni.   I.  p.  ii. 


Celle   (lo   Nîmes.   Dans    le    discniirs  anlanl  qiir  son  pcrc.  Ne  a  Brosl ,   le 
(jn'il    jiroiioiuM,    Ir    Tx)    oclobro  ,  h  ôoscpl.  i  6u  i  ,  envoyé  h  Faris  pour 
ci'llc  occasion  ,  il  ne  crain;iiil  pas  (l'a-  y  faire  ses  éludes  au  collège  de  Louis- 
vancer,    eu    présence  de  llossuel  et  Ic-Grand,  puis  li  la  Sorhonne  cl  au 
de  Flécliier  lui-inènie  :  «  Que  Télo-  séminaire  de  Sainl-Sulnice  ,  il  panil. 
ce  quence    plus   qu'liumnine  de    l'il-  avec  éclat  sur  les  bancs  de  ces  diOé- 
«  luslrc    prélat   de     JNîmes     faisiil  rentes  écoles   cl   rcrul,   au   mois  de 
«  l'admiralion  cl,  si  on  ose   le  dire,  juin  1708,  le  houncl  de  doclcur  en 
«  le  dé.sespoir  de  Ions    les  oraleurs  lliéologie.  L'ajinéc  suivante,  le  clia- 
«  français  (.4).  »  L'ahbé  Bégaull  fai-  pilre  de  la  cathédrale  de  la  llocliclle 
sait  éclater  dans   loules  les  circon-  le  clioisil  pour  doyen.  En  lyio  ,  il 
stances  le   même   enlliousinsnie  ,  qui  représenta  dignciucnl  le  second  ordre 
devenait  respectable  même  dans  son  de  la  province  de  Bordeaux,  a  Tas- 
exagéralion  ,  parce  qu'il  prenait  sa  scnd)lée  générale  du  clergé  de  France, 
source  dans  une  admiration  profon-  assemblée  (|ui  Tenvoya    ensuite  à  Li- 
démenl  scnlie.  Lorsque  Flécliier  eut  moges,  îil'efFet  d'y  régler  les  impo- 
cessé  de  vivre,   eu    1710,  lîégault  sitions  du  diocèse.  Devenu,  en  1713, 
exprima  noblement  sa  douleur  dans  abbé  de  Sainl-Germcr  de  Flay ,   vi- 
uiie  Icllre  quM  écrivit  a  M.  de  Bas-  cairc-général  de  l'évèque  de  Beau- 
ville  ,  intendanl  de  Languedoc.  Elle  vais,  et  trois  ans  plus  tard  doyen  du 
a  été  réimnrimée  ,  avec  plusieurs  au-  chapitre  de  la  même  église  •  il  se  dé 
très  pièces  ,  à  la  tète  de  Tédilion  des  mit  de  son  premier  décanat ,  dont  il 
œuvres  de  Fléchier  ,  donnée  par  Du-  ne  pouvait  remplir  les  obligations  et 
creux,   Nîmes,  1782  (  tom,    i  ,   p.  déploya  dansscs  rapports  administra- 
Ixxviij  ).    En  171 1,    Bégault    pu-  tifs  une  telle  habileté,  que  Louis  XV 
blia  deux  volumes  de  Panégyriques  fit  choix  de  lui  en   1720  pour  faire 
et  sermons  y  Paris,  in-12  j  un  troi-  accepter  la  bulle  f/'^«/g-c'/i;7?^ç  aux  évè- 
sième  ,  en  1717  ,  le  quatrième  et  le  ques  du  Languedoc  et  du  Limousin, 
cin  juième,  en  1725.  Ce  dernier  ren-  Toutes  les  dilficultés  s'aplanirent  au- 
ferme  les  discours  académiques,  les  delà  des  espérances   delà  cour,    et 
lettres,   etc.   Ménard  ,    historien  de  le  monarque  satisfait  é.'cva  Begon  au 
Nîmes ,  accorde  a  peine  une   légère  siège  épiscopal  de  Toul ,  k  la  place 
attention  a  cet  orateur,  et  ne  fait  cou-  de  Blouel  de  Camilly,  nommé  à  l'ar- 
naître   ni  sa  personne  ui   ses  écrits,  chevêche  de  Tours.  Cederniern'ayant 
Quoiqu'on  ignore  l'époque  de  la  mort  pu   obtenir  ses  bulles  avant  1725, 
de  Bégault,   il  y   a  lieu  de   croire  Begon  ne  fut  sacré  k  Paris  que  le 
qu'elle  ne  fut  pas  éloignée  delà  pu-  26    avril  de    la   même   année.    Une 
blicalion   du  dernier   volume  de  ses  brillante  réputation  l'avait  précédé  k 
discours.                            L-m-x.  Toul,   son   mérite  la  soutint.  A  la 
Bli^iiOX    (  ScinoN-JÉnoME  ) ,  tète  du  diocèse  alors  le  plus  con- 
évêcjue  de  Toul,  second  fils  de  Mi-  sidérahle  de  France,  Begon   voulut 
ch'.l  liegon,  h  (|ui  Dupelit-Thouars  a  tout  voir  et  tout   faire  par  lui-mô- 
consacré  uu  article  dans  le  4*"  vol.  de  nie  :  il  le  visita  plusieurs  lois  en  dé- 
celte Biographie,  y  méiite  une  place  iail ,  inspect.i  les  paroisses  ,  or^^ijinisa 

les  écoles,  interrogea,  examina  les 


(i)  H,.ran-ups  prononc-spar  MM.  .ipi'Aro.     prètrcs,    mil   Ics  fabriques    sur   uu 

finie  fraiiraise ,   i'aris  ,  Coi"iianl ,  iGy8,  in-4'',  •il  •     i        f  •    n    •    r    ^^.  , 

.  6i3.6hj:  meilleur  pied,  repara  une  inumle  dé- 


464 


BEG 


glises,en  bâiit  beaucoup  cl'aulres(i), 
porla  des  consolations  et  des  aumô- 
nes dans  le  sein  des  pauvres,  et  ré- 
pandil  souvent  la  parole  divine  par 
ses  écrits  ou  ses  discours.  Sous  lui , 
le  séminaire  de  Toul  acquit  une 
grande  renommée  5  des  jeunes  gens 
y  accoururent  de  tous  les  points  delà 
France,  une  foule  d'hommes  distin- 
gués en  sortirent.  Jamais  peut-être  , 
les  études  relisrieuses  n'avaient  été 
dirigées  avec  autant  de  sagacité  dans 
la  province  des  Trois-Evècliés.  Ce 
fut  par  ses  ordres  que  Clevy,  vicaire- 
général  du  diocèse  ,  rédigea  uu  nou- 
veau Brcviaire  et  un  nouveau  Mis- 
sel,  en  liarmotiie  avec  la  ccnslitutiun 
religieuse  de  Tépoque.  Dora  Arabroise 
Colïin  5  religieux  de  Senones  ,  fut 
é":alement  charsié  de  la  rédaction 
d'une  Vie  des  saints  nés  dans  la  pro- 
vince ,  ouvra£:e  demeuré  manuscrit  et 
pour  la  composition  dutiuel  Begon 
paraît  avoir  lui-même  fourni  des  no- 
ies. Tant  de  soins  ne  rempêclièrent 
pas  de  s'immiscer  dans  les  grandes 
affaires  survenues  en  Lorraine,  au  mi- 
lieu du  18''  siècle.  Dévoué  aux  inté- 
rêts de  la  France  ,  il  fut  cliargé  par 
Louis  XV  d'user  de  tous  ses  moyens 
d'influence  sur  l'esprit  des  Lorrains, 
pour  rendre  la  noblesse  moins  hostile 


(  I  j  HcRoii  a  retracé  dans  tiiic  longue  leUic  iné- 
tliu-  (|u'il  (Tiivilau  {jouvtTiuiiirni  en  1737,  tout 
t«!  qu'il  nvait  fait  dans  son  diocrse  ,  avrc  un  rt- 
vrnu  dr  quar:intc-(:infl  inille  franco.  L«"S  Imlli-s 
de  son  1  vr(  lu-  lui  c()ùlri«;nt  ,  dit-il  ,  (|uarantc- 
trois  ou  <|u.iianlt'  (|nali'c  niillr  fr.iiu's.  I.i  rt-ron- 
ntmclion  du  |>.ilni»  rpivi  opnl  ,  qui  tombait  en 
ruini'H  ,  nvait  cxit;»'  une  di*|>«'nM'  il«"  crnt  vin;;t 
inllli'  francs,  ri  n'rtail  pas  icimiurr;  le  niiiri'- 
clial  «11-  Bplhvisir  orvail  fn^n}»*'  \v  eliTfîe  it  ron- 
ronrir  à  In  «  onsiruclion  di  «  rnscrnfs  du  Toul  : 
Ifc^on  donini  (|unlr<'  mille  fri;n<s;  il  lui  111 
fiiilait  «-ncnrr  dnux  crut  niilln  [inur  arliovrr  Its 
liàliuicnis  do  i'«''vcil»f  ,  fl  il  ririvail  :  «  .Ir  suis 
«  réduit  à  di"i  clievnuji  ruinrs  par  l«"«  VDilnics 
«  do  nus  li;iiiu>cMlH  ,  dc!«  i(|ulpa;^f!«  drlald'ft  d 
«  cent  l'ois  ravaiulis.  1.  I''u  roii' rquriu'O  ,  il  di> 
niinlail  l'alihajc  dit  Truis-I  onlaiuri  ,  varanti- 
par  li;  drciN.*  ihi  rardifinl  <lc  llisiy  ,  on  la  prima 
lii?  di-  Niinry  «  «lif;nilo  tjui  n'a  «'te  it:rcp  qui' 
«  pour  o('fii>.(pn'r  tt  coulrc-ipuiiTor  le»  cvt'(|mjs 
M  d«"  Toul.  1)  V — VK. 


BEG 

k  Stanislas.  Begon  répondit  le  plus 
qu'il  lui  fut  possible  aux  désirs  de  la 
cour  ;  mais  ses  harangues  ,  ses  dé- 
marcbcs  soulevèrent  contre  lui  bien 
des  esprits,  et  les  derniers  jours  de 
son  existence  ne  furent  pas  sans  amer- 
tume. 11  eut  aussi  a  lutter  contre  le 
chapitre  de  Sainl-Diez  ,  parce  que  , 
contrairement  aux  usages  reçus,  Sta- 
nislas l'avait  pourvu  du  litre  de  grand- 
prevôt  de  cette  collégiale  ,  et  que  de- 
puis long-temps  les  évêques  de  Toul 
élevaient  des  prétentions  sur  la  sei- 
gneurie de  Saint-Dicz.  Indépendam- 
ment d'une  infinité  de  mandements 
et  de  lettres  pastorales  ,  on  cite  de 
Eégon  ,  outre  plusieurs  Oraisons 
funèbres  :  ï.  L'Eloge  du  bien- 
heureux père  Pierre  Fourier  ^ 
fait  à  l'occasion  de  l'exhumatioa 
de  ses  reliques,  a  Matlaiucourt  ^ 
le  3o  août  1732.  IL  Discours  sur 
r avènement  du  roi  de  Pologne ,  h 
sa  réception  solennelle  dans  la  cathé- 
drale de  Toul ,  au  mois  d'avril  Jj'Sj. 
111.  Discours  à  l' occasion  du  ma- 
riage du  roi  de  Sardaigne ,  avec 
une  princessi^  de  Lorraine  ,  au  mois 
de  mars  lySy.  Begon,  qui  joignait 
à  Tamour  des  lettres  le  «loùt  ilvs 
beaux-arts ,  éleva  de  ses  deniers  le 
palais  épiscopal  de  Toul  ,  monument 
asstv,  vasie  ,  dont  la  dirccliou  fut 
confiée  a  INicolas  Pierson  ,  frère  con- 
vers  de  Tordre  dvs  Prémonlrés.  Ce 
prélat  mourut  le  28  déc.  17 55  , 
dans  sa  ville  épiscopale  ,  regretté  do 
Slani>las,  ilv!^  grands  el  du  peuple  , 
(|ui  s'accordaient  a  reconnaître  eu  lui 
Tnii  des  caraclères  les  plus  liouora- 
l/les  de  répoqnc.  l).  Calmct ,  dans  sa 
Bil)li()lhè([tu*  lie  Lorraine  ,  s'est  lon- 
guement   étendu    sur     son     eompl-*. 

r» — N. 
iîI':<;M':lii^'  (inicolas  pk), 

phy.sieien  ,  né  en   1714  (  1)  ,  i»  Coiir- 
(1)  l-it  non  fil  174  it  coiiimc  Ir  dit  Harliit-r  daiu 


lari  ,  jirî's  di*  irnnur,  arlie\a  ses  \i  liimièro  ,  Irs  nombres,  de.  j  et 
l'imlfs  il  rniiivcr.sik'  de  I>;\lc  ,  cl  s'y  (Irpns  17^)8,  la  siiile  (hs  Obsciva- 
lil  ieeo\i.ir  (((.cli'ur  cm  droit.  Kiivoyc  lions  mcli-nroloa^i^iiics  {•!).  Il  se  dé- 
ji.ir  son  pcio  il  A\'cizl,ir  pour  y  sui\  ro  lassait  de  ses  travaux  scitiitificiucs  , 
nii  cours  de  droit  |iul)lic  ,  il  revint  K  par  la  culture  des  lettres.  Outre  une 
(.OUI  lui  soutcuir  un  procès  que  les  traduction  française  du  Printemps  ^ 
liahilants  avaient  contre  le  prince  poème  de  Kleisl  {V.  ce  nom,  XXII, 
évèijue  de  r>àle,  leur  souverain.  Ce  47O  ?  0»  lui  doit  JV illudmine  ou 
procès  n'ayant  pas  eu  l'issue  qu'il  hi  révolution  de  IIollan(l(',viol\m?,y 
désirait,  l>eguelin  alla  clierclier  de  Berlin,  1787,  in-8".  W — s. 
IVinnloi  en  Prusse.  Attaché  d'abord  BÉGUINOT  (le  comte  N.  )  , 
a  la  légation  prussii-nue  h  Dresde,  la  général  français,  naquit  en  17^7, 
guerre  de  1744  lui  fit  perdre  ce  près  de  Ligny  (Meuse).  Soldat,  au 
poste  ;  mais  il  ohlml  en  dédommage-  début  de  sa  carrière  ,  la  révolution  le 
im-nl  une  cliaire  au  collège  de  Joa-  trouva  dans  les  derniers  rangs  de  la 
cliim>tal  ,  et,  peu  de  temps  après  la  nidice,  mais  il  s'éleva  bientôt  par 
réorganisaiion  de  l'académie  de  Ber-  des  actions  d'éclat  ,  et  s'il  dut 
lui  ,  il  lut  admis  dans  celte  savante  quebpie  avantage  aux  circonstances 
compagnie.  Le  grand  Frédéric  ,  qui  favorables  au  milieu  desquelles  il  vi- 
connaissail  les  luaiières  cl  'a  capacité  vail  ,  il  dut  p'us  encore  a  lui-même, 
de  liegueliu,  le  nomma  sous-précep-  D'abord  employé  comme  général  de 
leur  de  son  neveu  (Frédéric-Guillau-  brigade  a  l'armée  des  Pyrénées- 
nu»  ).  Enveloppé  dans  la  disgrâce  du  Orientales  ,  il  passa  a  celle  du  Nord 
comte  de  Borck  (^.  ce  n()ra,V5i5  i),  eu  1795,  et  a  cel'e  de  Sambre-et- 
gouvcriieur  du  jeune  prince,  il  fut  Meuse  en  1797  ,  avec  le  grade  de 
remercié  en  1764  ,  et  resta  vingt  ans  général  de  division.  En  l'an  Vil  (oct. 
privé  de  tout  avancement.  Frédéric  1  798;  ,  Bégiiinot  commandait  la  2/^" 
reconnut  h  la  fin  son  injustice  ;  ilren-  di\ision  ra.lilaire,  'orsquc  une  iiisur- 
dil  sa  faveur  h  Bcguelin  ,  et  joignit  à  reclion,  dont  les  lois  sur  la  réquisition 
son  traitement  d'académicien  une  milita  re  furent  le  prétexte  ou  le  mo- 
pension  de  quatre  cents  écus.  A  son  ùf  léel,  éclala  dans  les  déparlemens 
avèuemeul  au  trône, Fréderic-Guillau-  de  l'Escaut  cl  des  Deux  Nèlbes.  Les 
me,  voulant  donner  a  son  ancien  in-  insurgés,  presque  tous  paysans  ,  au 
stiluleur  une  riiarque  éclatante  de  sa  nombre  d'environ  vingt  mille  ,  four- 
reconnaissance,  le  nomma  directeur  nis  d'armes  cl  de  munitions,  présen- 
de  l'académie,  et  lui  fit  expédier  ,  iaient  une  force  impo>ante  et  a  la- 
avec  deî>  lettres  de  noblesse  ,  le  cwn-  quelle  Béguinot  ne  pouvait  opposer 
tral  d'une  terre  de  cent  mille  fiancs.  que  de  faibles  délacbemenls.  Cepen- 
Beguelin  mourut  K  Berlin,  le  5  jan-  dant  il  avait  déjà  repris  Malines, 
vicr  1789  (Deniua  ,  Prusse  liLté-  dont  les  rebelles  s'étaitMil  d'abord 
mire),  âgé  de  soixante-quinze  ans.  Le  rendus  maîtres;  il  leur  avait  tué  qua- 
/{etv/e// de  l'académie  de  Prusse  con-  Ire  mile  des  leurs;  enfin  il  avait 
tient  de  ce  savant  physicien  une  élevé  ^ts  retranchements,  protégé 
foule  de  jMcmoircs  ^ur  les  couleurs  ,  Louvain  et  I>i  uxelles  ,  où  ils  entrete- 


son  Examen  c-ilir/iic.  p.  tij.  Il  l'sl  «'■vident  qiicc'rst  (ij   I-T  France  littéraire  i»  M.  Qu'-rard  l'oiitient 

une  faulc  d'iiii|)ros>K»n  ,  qui  se  retrouve  dans  la  (I,   aJ.'i)  uiiu  liste  uxacte  e\  di-laillée  de  fous  les 

Dni^rajjfue  porlatiic  fies  Conttmporaiitt ,  p.  3ii.  travaux  acaJcininucs  de  Bc5U<'lin. 

LVII.  3o 


466  BEG 

Baient  des  intelligences ,  lorsque  le 
général  Colaiid  arriva  muni  de  pleins 
pouvoirs,    et   suivi  de   Irenie    mille 
nomn  es  dirigés  des  bords  du  Rhin  et 
de  linlériciir.  Le  sang  coula  dès-lors 
en  abondance  ,  et  les  insurgés  furent 
battis    dans    plusieurs    rencontres, 
notamment  h  Audenarde,  a  Halles  , 
à  Ypres  ,  a  Lonvain  et  près  d'Anvers, 
où  ils  s'étaient  emparés  du  Tort  Lillo, 
nui  fut  bientôt  repris.  Les  troupes  ré- 
publicaines Iriompbèrenl  partout,  et, 
en  moins  d'un  mois  ,  Bogu  not  et  Co- 
laud  eurent  entièrement  purgé  le  pays 
de  Waes  et  la   Ca>i»pine  ,  foyers  de 
rinsurrection.   L'obligation    oii  l'on 
s'était  trouvé  de  mettre  le  départe- 
ment de  la  Dyle   en  étal  de  siège, 
d'instituer  des  commissions  militaires 
et  de  déplover  un  gra^id  appareil  de 
forces  ,  fit  commettre  beaucoup  d'ac- 
tes  arbitraires  qu'on  reproclia  plus 
tard  au  général  Béguiuol.  Il  faut  ce- 
pendant lui  tenir  compte  de  sa  posi- 
tion difticile  et  de  la  nécessité  d'agir 
avec  vigueur  ,  en  présence  d'uue  po- 
pulation en  armes,  qui  avait  les  moyens 
de  prolonger  la  guerre  et  de  l'éten- 
dre fort  loin.  Néanmoins,  le  pouvoir 
fut  ingrat:  tandis  que  les  municipa- 
lités adressaient  a  Béguinol  de>  félici- 
tations sur   sa  conduite,  on  lui  ôlait 
le   coMimandcment  de  la  vingt-qua- 
trième division  pour  le  donner  a  Co- 
laud  qui   fut    bientôt  remphué    par 
les  i^éuéraux  (^ervoni   et    l'onnard  , 
puis  par  Bé^uiuol  lui-même,   réinté- 
gré au  mois  de  venlose  {\<ns  ses  an- 
cirunes  fondions.  Lu  arrêté  du  direc- 
toire ,  l'empb-ya    dans   son   grade   ;i 
l'nrnu'e  (l'(d)«rrvali()n   ([ul  ,    sous   les 
ordres  de  Beinaditte  ,  se  forma  sur 
la  Lalin.  C'est  a  elle  (pi'élail  réservé 
rbonuenr    d'assiéger     l'iiilisbourg  ; 
mais     la    retraite     i\rs     Aulriclmn^ 
l'avant  rendue  inutile  ,  liéguinol   re- 
prit  le    commandement   qu'il    avait 


BEH 

quitté  ,  et  forma  un  corps  de  réserve 
dont  le  quartier-général  était  a  Bru- 
ges. De  nouveaux  mouvements  io-ur- 
rectionnelsse  préparaient:  les  Anglais 
opéraient  une  descente  en  Hcllandej 
la    Belgique  était    en    fermentation. 
Cette  foiS  le  gouvernement,  qui  avait 
su  apprécier  Béguinot ,  lui  confia  le 
commandement  de  toute  la  ligne  des 
côtes,  depuis  Dunkerque  jusqu'à  l'E- 
cluse ,    el^  ce  général  ne  négligea  rien 
pour  repousser  les  agressions    dont 
nos  frontières  maritimes  étaient  mena- 
cées. Ce  fut  le  dernier  acte  militaire 
de    Béguinot.    Bonaparte,    tout    en 
l'estimant,  ne  l'aimait  point  :  ses  opi- 
nions républicaines  étaient  loin    de 
convenir  au  nouvel  empereur;  et,  dés- 
espérant de  le  convertir  comme  il  en 
a  converti  lant  d'autres,  il  l'appela 
au  corps  législatif,  puis  au   sénat  , 
vastes  sanctuaires  qui  se  sont  ouverls_, 
comme    on   sait,   a  tous  ces   débris 
d'un  autre  règne,  que  le  chef  du  nou- 
vel état  voulait  h  la  fois  récompen- 
ser et  surveiller.  Lors  de  la  création 
de   la  Légion-d'llonneur ,  Béguinot 
recul  le  titre  de  commandant  de  cet 
ordre,  et  vers  la  même  époque  il  ac- 
cepta ,  comvne  beaucoup  de  ses  amis, 
le  litre  de  comte  et  d'autres  faveurs 
peu  conformes  h  leurs  principes  dé- 
mocrali(jues  j  mais  il    fa!l;iit  bien  se 
soumettre  a  un  pi'uvoir  (pii  ne  sup- 
portait pas  les  refus!  Béguinot  mourut 
à  l'.iris  ,  le  3o  sept.   1808.    B — k. 
lîElIAr.TE  (Jean-Pierrk-An- 
TOiNii,  comte  de),  général  françHis, 
entré    au    service    comme    coinellc 
dans  un    régiment   de  cavalerie,   en 
1744  ,  passa  ensuite  dans  les  mous- 
queljiires  et  devint  en  lySîi,  capitaine 
de  dragons.  Il  lit  en  c<'lte  qualité  la 
guerre  de  sept  ans  en  Allemagne,  fui 
nommé  lieulenai  l-folonel  en  1761 
et  ranuéesuivanleclievalier  de  Saint- 
Louis.  La  paix  étant   faite,  on  Iu| 


i 


(lonii.i  le  coininamliMunil  de  l.'iCiuva-  «lux  ordri-s  (\o  la  nioliopolo^  les  forls 

ne.  Après    (jufl({iic.s  aiuu'cs   de    .se-  furciil  occupes  par  les  nouvillcs  Iroii- 

joiir  d.iiis  ifl  te  colonie  ,  il   icviiil  en  p;'s  ,  d  Ton  reinoya  en  France  los  ré- 

l'rance  ,    où   il   cnnliniia  d'èlre  cm-  j^iinciils  coloniaux  de  la  M  irliiiiipie  et 

plové  ,   el  reçut  du  roi   nue  pension  de  la  Cuadcloupe  ,  (pii  avaient  pris 

de  Irois  nidle  francs.  Devenu  hriga-  pari  aux  troubles.  M  is  la  paix  élait 

dier  en  1768,  maréchal  de  camp  en  dilficilc   à  maintenir  an  milieu   de  la 

I  7- I  cl  lieulenanl-généralle  20  mai  fermenlalion   toujours  croissanle   de 

1-91,  il  lut    nommé   à  cette    épo-  ces    temps  d'anarciiie.  Les    prélen- 

(jne  gouverneur  de    la  Marl!nif|ue  ^  tions,  les  récriminations  renaissaient 

et    recul     l'ordre    de    s'y    rendre  ,  sans  cesse,  et  les  révolutionnaires  des 

dans  le  moment  où  celle  î'e  était  li-  îles  ,  imitant  ceux  de  la  métropole  , 

vrée  a  de  vives  agitations.  D'un  côté  s'elTorçaienl  de  calomnier   Tautorité 

la  population  des  \illes  et  des  foils  et  de  séduire  les  soldats.  Cependant 

se  prononçait  pour  les  innovations;  Bélia^juc  luttait  avec  avantage  contre 

de  Taulre,  les  colons  cultivateurs,  sa-  ces  diflieultés.   En   1792,  son  pou- 

tisfaits  de  qnclijues  conces-ions  el  du  voir  était  tellement  élal)li,  qu  un  nou- 

droit  de  représenlaiion  cpie  send)!ait  veau  général,  Rocliamlieau  lils,   et 

leur  donner  riiistilution  des  assem-  irois  commissaires  civils  nommés  en 

hlées  coloiiales,  désiraient   la  couli-  France,   sous  l'influence   des  colons 

luiation  du  système  de  législation  sous  révo'ulionnaires  ,   ne   purent  débar- 

lequel  les  colonies  étaient  arrivées  au  quer  aux  îb's  du  Vent ,  objet  spécial 

plus  haut  degré  de  prospérité.  Ceux-  de  leur  mission,  et  furent  obligés  de 

ci  formaient,  par  analogie ,  le  parti  se  rendre  a  Saint-Domingue,   colo- 

que  Ton  avait  nommé  en  France  ai^s-  nie  étrangère  a  leur  destination.  Ces 

tocratique  ,  et  ,  si  le  gouvernement  elForts ,  faits  dans  i'intérèl  de  l'auto- 

Tavait  pu  ,  il  l'aurait  sans  doute  pro-  rite  royale  ,  quoique  s:ins  son  aveu  , 

tége  5  mais   Taulorilé  royale  n'était  devinrentbienlùlinutiles.  ATannonce 

plus  qu'une  ombre:  le  seul  pouvoir  des  événements  du  10  août,  le  parti 

réel    résidait    d  >as    les    comités    de  de  la  révolution  triompha  :  il  ri'y  eut 

rassemblée,  qui  eux -mêmes  étaient  plus  de  compression  possible  ,  el  l'in- 

entraîiiés  par  le  torrent.  Les  minis-  subordiiiOtion  des   troupes   ne  larda 

très  de  Louis  XYl  ,  en  subordonnant  pas  h  devenir  mmacanle.  Bebage.e  se 

leurs  vues  h  celles  du  comité  colonial  soutint    néanmoins    encore    quelque 

de  rassemblée ,  avaient  obtenu  qu'il  temps  par  l'appii  que   lui  prêta  le 

serait  envoyé  des  Forces  imnosantes  marquis  de  Uivière,  commandant  de 

pour  rétablir  la  tranquillilé  dans  les  la  station,  qui  avait  pu  maintenir  dans 

Antilles  du  Vent'  cl  le  gouvernement  lafidéliléTéciuipagedeson  vaisseau  la 

fit  loul  ce  qui  élait  en  soi  pouvoir,  VcrniCy  de  soixante-quatorze  canons, 

en    donnant    h  Texpédition   un  chef  Mais  enfin  tous  deux  ,  convait^cus  de 

expérimenté,    cl  tout  a  la  lois  d'un  l'impossibilité  de  soustraire  'a  colo- 

caraclère  ferme  et  conciliant.  Bclia-  nie  a  rinfiueuce  d"s  conventionnels, 

gue   mil  il  la  voile  avec  quatre  vais-  la  quiltèrent  en    1795  ,   arborant   le 

seaux  de   ligne   el  dix  bâtiments   de  pa\  illon  blanc  sur  ce   tnême  vaisseau 

guerre  légers;  six  mille  homines  de  Ici  Vernw.  Behague  vint  résider  ea 

troupes  éldienl  répartis  sur  cette  es-  Angleterre;  et  c'est  la  qu'en  1797  , 

cadre.  A  son  arrivée,  tout  se  soumit  il  fut  nommé  par  le  comte  d'Artois, 


463  BEH  BEII 

polir  remplacer,  dans  le  coramandc-  tragi-comédie  ,  sujet  tiré  d'une  des 
mrnl  de  la  Bretagne,  le  coiute  de  histoires  tragiques  de   Boaisluau  ; 
Puisave  ,  porli  pour  le  Canada'.  Celle  Esaïi,  ou  le  Chasseur,  en  forme  de 
nominalioD    fil    uaîlre   des   divisions  tragédie  j    et    H  psicratie  ,  ou  la 
parmi  les  clicfs  ro)alistes.  Suzannet  magnanimité  ,   Iragédie.  Ces    trois 
Lrio^uait  liauteuieut  lecommandcment  pièces  imprimées  a  Rouen  ,  in-12, 
pour  son  fiis,  alléguant  que  Brliague,  sont  devenues  très-rares.  On  en  trouve 
étranger   jusque -la  aux  guerres  de  l'analyse  dans  la  Bibliothique  du 
rOuesl,  manquant  des  connaissances  Thédlre-Francais,  I,  3  16.  C'est  à 
locales,  et  ne  pou\ant  avoir  une  idée  Btlidurl  que  Ton  doit  encore  le  ra- 
juste des  choses,  n'était  pasl'iiomme  cueil  suivant  :   Puriorcs  sententiœ 
convenable  dans  la  circonstance.  Ce-  cum  dictis  J'eslivioribus  ex  d'idiu 
pendant  ce  ^t;éuéral  resta  en  possession  decerptœ ,  Paris,  1  632  ,  iii-8°.  On 
de  son  titre  :  il  délivra,  au  nom  des  ignore  la  date  de  sa  mort.       W — s. 
princes,   toutes  les   commissions  de  BEHR(€HBtTiEN-FRi'DL'Ric  de), 
ser\ice  ;  et  sans  qnilter  rAngldcrre  ,  né  dans  la  Poméranic  suédoise  le  18 
travailla  par  sa  correspondaiicca l'or-  cet.   1739,  d'une  ancienne  famille  , 
ganisatiun  du  parti  royaliste ,  d'après  était  fils  d'un  capitaine  danois.  A  l'âge 
ses     vues   personnelles.  En    1799,  de    16  ans  il  entra  comme  cadet   au 
malgré  sou  grand  iige,  il  se  rendit  en  service  du  duc  de  Saxe-Gollia,  et  pas- 
Bretagne,  et  il  y  fil  une  nouvelle  or-  sa  lienlôl  aceiuidu  duc  deWurlcm- 
ganisation     insurrectionnelle;     mais  Lerg  en  qualité  de  pnge.  En  1  767,  il 
Georges  Cadoudal  ,  déjà  investi  du  accompagna  le  duc  Charles  dans  la 
coiiiniandement  ,   ne  voulut  point  le  campaL;ne  de  Bohême  et   de  Silésie 
céder.  Bientôt  obligé  de  relourntr  en  contre  le  roi  de  Prusse  ;  se  trouva  \\  la 
AiM'lelerre,  Béhaguc  mourut  a  Lon-  bataille    de    Kollin  ,    et  pendant  le 
dres  ,  dans   les  premières  années  du  conrs  de  la  guerre  de  sept  ans  ,  alla 
dix-neuvième  siècle.       M — D  j.  rejoindre  dans  la  Hesse  l'armée  fran- 
BEIiOL'RT  (Jean),  grammai-  caise  a  lacpielle  s'était  réuni  un  corps 
rien  et  poète  dramaticpie,  né  dans  la  auxiliaire  wurlerabergeois.  Excellent 
INormnndie,  vers  la  fin  du  i  6'"  siècle,  écuyer  et  sachant  bien  la  langue  fran- 
proIVssa  les  belKs-letlres  à  Jlouen,  çaise  ,  il  rendit  de  grands  services  au 
pendant  plus  de  quarante  ans,  avec  duc,  et  s'afIVrmit  de  plus  en  p'us  dans 
une  grande  répulalion.'  Long-temps  ses  1)0  mes  grâces.  En  1759  il  recrut 
il  fut  célèbre  dans  les  écoles  par  un  le   brevet  de   premier   lieute:  ant  de 
^Ibrt'gê  de  la  grammaire  de  Des-  ses  gardes  ,  et   fut   nommé  ,    peu  de 
panière  (  f^oj.  te  nom  ,  M  ,  222),  temps  après ,  capitaine  dans  le  reli- 
que h  s  maîlres  romme  les  élèves  ne  inenl  de  W'ernerk     Lors  de  la  sur- 
nunimairnl  (jne   le   l\lil  Juliourt  ;  prise  des  troupes  ^^urlenlbergeoises, 
cl  dont  011  aurait  de  la  peine  nainle-  par  le  due  de  Hruuswiek  h  Tulde,  il 
nanl  a  trouver  un  exenq.Iaire  ,  puis-  fut  fait  prisonnier  et  conduit  a  Ilano- 
(iii'il  n'existe  pas  même  à  la  lidilio-  vre.  De  la  il  écrivit  à  son  cousin  de 
llàMiuc  du  roi.  Hi  hotirl  composa,  de  Behr ,  n.inistre  de  la  GranileHreta- 
1.^97  il  i6()/|.,  trois  pièces  de  tlu'àlre  gne,  (  I  obtint  sa  liberté,  sou»  la  pro- 
(pii  furent  représentées  par  ses  élèves  messe  de  ne  j)as  ser\ir  pendant  lenle 
il  la  di.slrd>ution  des  prix  du  collège  des  la  guerre.  Alors    le  duc   le   non  ma 
Bons-EijfanU.  Ce  sont:   VoUxvnc  ,  chambellan  ,  et  lui  ronlia  la  surviil- 


lU'.II  BEI                    \f)i) 

lance  (le  ses  jardins  (le  Loiiisbonrg ,  conraj^f»    conlre  les  .iltcinhs   de    li 
do  la  Soliliule  il  de  llolicnluiin.  Kii  virillcssc.    l'en   de    Innps    a\aiil    sa 
1769,  il  ol)llnl  la  cliar;;e  de  ;.;rand-  niorl,  on  le;  vil  cnrorc  niuiiter  un  rlu- 
cclianson,  cl  Inl  nommé  pré-sidcnt  de  val  foii;^ii<'nx  ,  cl  donner  des  preuves 
la  commission  d'éco^iomie  de  la  cour,  d'nne  ïorcc  eAlraordinoîre  II  Icrmiii-'i 
En  1770,  il  entreprit  un  vova^^e  en  ses  jours  le  17  janvier  i85r,;\^é  de 
France,   en  An;'lelerre  et  dans   les  91   ans,    après  a\oir  servi  pendnnt 
Pays-Bas  •   alla  revoir  sa  pairie  ,  cl  74  ans  sous  cinq  souverains  ,  ({ni  Unis 
revinl  la  même   année    a    Slullgard  Tavaic  nt  éj^alemcnl  esliiné.        Z. 
en    passant    par    la    Prnse.    IVn-  lîEIXCi  A -IHlLLA  ,    dernier 
danl  Cl- voyage  ,  il  visita  la  brillanle  roi   du    l'égou,    contjuil   en    1759,, 
cour  de  Versailles  sous  Loiis  XV,  et  après  une  guerre  longue  et  cruelle, 
celle  de  Georges  III  a  Wind-^or*  par-  le  royaume  d'Ava  fiiir  les  B.rinans  , 
tout  il  fut  Irès-liien  accueilli.  Nommé  et  (it   mellre   a  mort  le    iS   oclobre 
maréchal  du  palais  en  1791,  il  ob-  1754.  le  vieux  Douipdi ,  dernier  ivo- 
linl  b  cnlot  le  rang  de  conseiller  in-  narque  de  Tancienne  dynastie  de  cet 
time.  L'année  sui\ante,  ayant  atteint  empire.  Plus  lard  la  l'oitune  lui  fut 
sa  trciilesixiem;*  année  de  service,  contraire,  malgré  les  cfioris  béroi- 
il  recul  la  giande  décoialion  de  l'or-  ques  de  son  frère  Apporaza;  et  après 
dredeWnrleraberg.  Après  la  mort  du  la   ruine  de  Pégon,  sa  eapitolc,  en 
duc  Charles  son  bienfaiteur  (1795) ,  1757,1!  devint  prisonnier  d'Alom- 
ii  conserva  sa  position  sous  les  règnes  pra  cb  'f  des  Birmans  [f^oj".  Alom- 
des   deux  ducs  Eugène  et  Frédéric-  pra,  LVl,  236).  D'abord  sa  cap- 
Engrène  :  oblisié  ensuite  de  se  réluijier  livité  fui  assez  douce  :  mais  a  la  suite 
a  A'ispach  avec  ce  dernier,  il  énousa  d'une  révolte  des  Pegouans,  il  fut  râ- 
la filîe  aînée  du  général  de  Holzbau-  mené  (.Iniissesanciens  étals  par  Scnem- 
sen.    Sous   le   gouvernemenl  du  duc  buan  ,  deuxième  successeur  d'Alom- 
Frédéric  ,  devenu  électeur,  et  depuis  pra  ,  traîné  a  la  suite  de  ce  monaïque 
roi  de  Wurtem.berg,    Bebr  fut    de  et,  malgré  sa  vieillesse  et  son  inuo- 
nouveau  forcé  de  fuir  a  l'approcbe  de  cence  apparente,  jugé  coupable  par 
Parmée  française,   et  de  se   réfuiiier  le  tribunal  du  rxliouin  il'avoir  foinculé 
a  Erlangen.Le  zèle  qu'il  montra  pour  1 1  dernière  rébellion.  Ainsi  fut  vengée 
Frédéric  dans  celle  circonstance  lui  la    mort  de   Douipdi.    Beinga-Della 
assuia   la  reconnaissance  de  so;i  mai-  fu'  mis  a  mort  par  la  main  du  bour- 
Ire,  qui ,  en  1802,  le  nomma  général  reau  ,  avec  la  dernière  ignominie  ,  a 
d'artl'lerie  ;  en  i8o3  ,  grand  mare-  Ava-Bao^  près  de  llangoun,  a  !a  fin 
chai  du  Palais,  et,  en  1807,  le  dé-  de  1776.  On  remarqua  (ju'en  mar- 
cora  de  l'Aii^le  d'or.  Jusqu'à  la  mort  chant  au  supplice ,  ce  malheureux  mo- 
de ce  mo:iarque  ,  arrivée  en  1816,  narque  roulait   continuellement    une 
Bebr  se  maintint  dais  sa  haute  posi-  boule  de  cire  entre  ses  doigis,  et  l'on 
lion,  au  milieu  des  cirronstni  ces  les  se   rappela  que,   pendant  sa  longue 
plus  diflici'es.  Le  roi  GuilLuîine,  peu  cnpfivité,    une    pareille   observation 
de   temps  après  son  avènement  ,   le  avail  souvent   été   faite   par  les   lé- 
nomma  président  du  grand  cnseil  de  moins  de  son  infortune.  Celle  boule 
la  cour.  Au  déclin  de  son  active  car-  de    cire,  onvTle  après  la  mort  de 
rière  ,  Bebr  vécut  tranquille  au  milieu  l.einga-Della,  renfermait  un  mngni- 
dc  ses  ii'm'Tcux  enfants ,  luttant  avec  Hque  ru'is.  C-'éia;t  le  dernier  débris 


470 


BEL 


de  sa  grandeur.  Le  rubis  se  voit  en- 
core clans  les  trésors  de  Tcmpire  Lir- 
maii.  B — V — E. 

lîEIXL  DE  EIENEX- 
BOURCr  (Antoine),  médecin  al- 
lemand ,  né  en  1 7^9  ,  exerça  Part  de 
guérir  à  Vienne  ,  oii  il  parvint  à  de 
hautes  dignités  médicales.  Il  fut  d'a- 
bord professeur  de  paliioloi^ie  a  l*a- 
cadéniie  médico-cbiruriiicale  José- 
pniiie  ,  dont  il  cievint  direcleur  5 
puis  conseiller  aulique  ,  médecin 
en  chef  des  armées  im[)ériales,  pré- 
sident de  la  commission  permanente 
de  sauté  militaire  ,  et  chevalier  de 
l'ordre  de  Sainl-Wladimir  de  Rus- 
sie. Beiul  mourut  à  Vienne  ,  le  12 
juin  1820.  Son  principal  ouvrage  est 
un  Essai  de  police  médicale  mili- 
taire,  appliquée  principalement 
aux  armées  autrichiennes.  Vienne, 
1804,  in- 8°,  cnalleiiiand.il  est  en- 
core auteur  d'un  mémoire  sur  une 
espèce  particulière  de  tumeur  Ijni- 
pliatique ,  et  sur  la  manière  la 
plus  convenable  de  la  traiter , 
Vienne  ,  1801  ,  in-4"  ,  en  alleniantl 
Ce  mémoire  se  trouve  aussi  dans  le 
deuxième  volume  des  Actes  de  Taca- 
déniie  médico  -  chirurj>icale  Joséphi- 

liC.  G — T — R. 

BEIU  ACTAR  ou  BAIIVAK- 

DAll.  Voj.  Mustapha  ,   XXX  , 

491. 

JJEKKER  (Elisabeth).  Foy. 
Deren  et  WoLF,  au  Supp. 

](EL  A  (l(î  clievalier  de),  était  on. 
174^  colonel  du  réjj^inieiit  de  lloyal- 
Canlahre,  (pii  avait  été  créé  sur  sa  pro- 
poiilion,  eu  1745  (i)  ^  mais,  quoique 

(i)  OaonKNinr.K  DU  RiiT  portunt  crrjition  il'iiii 
rr^^iinriil  li'inriinlt'rie  do  (roupi-H  li-yrios  iioiia  Io 
iiDin  ()<•  r,,<n(itbrf4-Vnl(iiitaiiT!i ,  du  tb  d(-c«iiil>i0 
174^.— -A  l'ari»  ,  de   l'iiii|>riiiin-i<- royale,  17. jl». 

Oaoon  R4N(.ic  110  Rdi  ]>(>iir  ri  foriiicr  uiir  piir- 
tlfl  dr.<  (-(inipii|;nirs  à  t'Iicvul  du  rrgiinrnl  do 
l\(V)ii(  (i-iiilidirii ,  du  H  .H«'|>lriiil>i'<i  r74H. — A  Pu- 
ji'»  .  <Ih  l'iin[>riini'riu  roy.ilc,  M.  IXK;.  XI.VIII. 

JSnirr  la  pnuiiini'o  ti  lu  teiondc  de  ra  <lcux 


BEL 

le  chevalier  de  Bêla  ait  servi  hono- 
rablement son  pavs  comme  rallilaire , 
ce  n'est  pas  a  ce  titre  que  nous  avons 
a  nous  occuper  de  lui.  Aucun  bio- 
grapj-.c  que  nous  co;inaissions  n'en  a 
fait  mention;  il  est  totalement  igno- 
ré de  tous  les  nomenclateurs  d'au- 
teurs et  d'ouvrages  ,  les  plus  vo'unii- 
neux  ,  les  plus  complets  j  et  jI  mé- 
rite cependant  d'occuper  une  place 
parmi  nos  historiens  les  plus  savants, 
les  plus  laborieux  ,  les  plus  exacts.  Il 
a  passé  trente  ans  h  composer  un  ou- 
vrage intitulé  Histoire  des  Basques, 
qui  contient  tout  ce  que  nous  possé- 
dons de  plus  complet  sur  l'histoire  de 
la  Ba>se-Navarie  ,  de  la  Soûle  et  de 
Labour,  pays  qui  appartiennent  li  la 
France,  et  sur  la  Haute-INavarre,  le 
Guipuscoa  ,  la  Biscaye  et  l'Alava  , 
provinces  qui  font  partie  de  l'Espa- 
gne ,  mais  qui  ont  cela  de  commun 
avec  les  districts  français  ci-dessus 
mentionnés,  qu'on  y  parle  une  même 
langue  modiliée  eu  différents  dia- 
lecles.  Cette  langue  est  le  basque  , 
qui  ne  ressemble  h  aucune  autre  lan- 
gue connue*  de  sorte  t|ue  les  pro- 
vinces espagnoles  et  les  districts  fran- 
çais (ceux-ci  formant  une  portion  du 
département  des  liasses  -Pyrénées)  , 
quoique  séparés  polili(pn?meut ,  se 
trouvent  réunis  sous  les  rapports 
etlinographi(|ues,  c'est -a- dire  cpj'ds 
n'ont  formé  primitivement  qu'une 
seule  et  mèuK  nation.  C'est  celle 
nation  dont  le  chevalier  île  Bêla  en- 
treprit d'écrire  l'histoire,  a  l'aide 
des  historiens  particuliers,  français 
et  espagnols  ,  d'un  grand  nonihro 
de  ménjoires  mauusci  ils  ,  et  des 
litres  cl    pièces  renfermés  dans  les 

ordoniiiiiKT.n  ,  il  y  eu  a  nue  troisi^nio  qui  duiin.iit 
un  rrriiiicnl  drs  ('.iinliihrfs-Vtdoulniro!»  ir  lilro 
<li'  rc|;iui<-iit  do  Koyiil-Caiinlirr  ,  qui*  niiO!«  no 
|M)uv(<iis  ciltT  |nn<f  cpir  U'  cinviilirr  dr  ll<  l.i  no 
l'a  piiiiit  uuiH'Atr  coiiuiiu  lot  deux  .uilres  à  sou 
ouTrusc 


cK'pôls  jMililics  de  France  cl  d'Es- 
]iai;iu'.  Crlle  liisloirr  (juc  nous  pos- 
m'Jdiis,  iM  (pli  (\sl  fiicorc  ni<iiiiis(  rilc, 
lonnc  trois  \uliiiufs  iii-lolio  ,  d'rii- 
viron  si\  ci'iils  pa^cs  cli.'icmi,  d'une 
ccriluro  ncllc  cl  serrée.  Ils  >oiil  en- 
lièrcmenl  écrits  de  la  niaiii  do  Tau- 
teiir.  l)'aj)rès  iiiio  noie  qui  se  trouve 
collée  au  manuscrit,  nous  apprenons 
qui!  fui  envoyé  al\iris,  en  1766,  a 
M.  Di.I)ure,  libraire,  pour  être  li- 
vré à  l'impression;  mais  qu'ayant 
été  soumis  à  la  censure  ,  elle  n'eu 
permit  pas  la  publication.  L'ouvra- 
};e  est  dédié  h  la  noblesse  basque. 
L'auteur  se  plaint  de  1  ignor'Uice  de 
sa  nation  ,  tout  en  Taisant  d'elle  un 
pompeux  éloj^e  sous  d'autres  rap- 
ports. «  Les  Caulabres,  dil-il(dans 
sa  dédicaee),  ne  savaient  (pie  com- 
battre* ils  n*onl  point  écrit  leurs  ex- 
ploits :  laissant  ce  soin  à  leurs  enne- 
mis ,  ils  leur  ont  permis  de  dire  ce 
qu'ils  voudraient  j  de  sorte  (jue  nous 
ne  devons  qu'a  ceux-ci  l'histoire  suc- 
cincte de  ces  premiers  temps,  que  j'ai 
recueillie  des  anciens  auteurs.  Nous 
devons  celle  du  raoyen-àge  a  nos  voi- 
sins; et  la  moderne,  a  quelques  ou- 
vrages diffus  ,  susceptibles  de  criti- 
que, ou  à  des  mémoires  mal  en  or- 
dre, et  dont  il  a  fallu  cxlrai.e  ce 
qui  pouvait  nous  intéresser,  n  L'ou- 
vrage est  divisé  en  douze  livres.  Dans 
le  premier  l'auteur  déploie  une  éru- 
dition immense  pour  soutenir  que  les 
Basques  sont  les  Caulabres,  et  qu'ils 
sont  les  peuples  primitifs  de  toute 
l'Espagne  •  que  les  f^ascons  n  éisiienl 
qu'une  portion  des  Can labres  ou  Bas- 
ques, et  que,  depuis  qu'ils  occupent  les 
provinces  où  leur  langue  s'est  con- 
servée, ils  n'ont  jamais  été  domptés. 
Il  cite  très-exactement  les  passages 
de  tous  les  auteurs  anciens  sur  les- 
quels il  s'appuie,  et  quelquefois  même 
il  transcrit  les  textes  les  plus  irapoi- 


BEL  /47  X 

lanls.  Celle  cxcellenlc  mélbode  de 
citations  d  d'imlical.ons  précises  de 
lo(ites  les  .sources  est  ronservt'e  dans 
tout  le  cours  (K-  Iduvr.ige  ,  et  ajoute 
beaucoup  îi  sou  prix.  L'auteur  dis- 
culi;  eusuile  les  sysièmes  de  Zurita, 
de  M.iriana,  d'OyIienarl  et  de  iMarca 
sur  l'origine  des  Basijues,  et  il  làclie 
de  réluler  les  idées  ([ui  sont  contrai- 
res aux  siennes.  Le  second  livre  coin- 
mejicel'liistoireaficicnnedesBastjues, 
à  partir  de  l'an  2  i  5  avaut  J.  -  C.  j 
le  lroisi(jme  la  continue  depuis  l'é*- 
poque  dus  premières  semences  du 
cliristi;inisinc  chez  ces  peuples  ,  qui 
datent,  suivant  Bêla,  de  l'an  70  après 
J.-C.  Dans  ce  livre  sont  de  savants 
lablfaux  o-énéalogiqucs  de  la  maison 

t)  O     1 

royale  des  Gotlis  descendant  d'AIa- 
ric  et  des  ducs  basques.  Le  (juatrième 
livre  commence  a  l'an  7  i  4-  de  J.-C.  , 
et  avec  l'invasion  des  Maures  dans  la 
région  des  Basques.  C'est  a  la  6n  de 
ce  livre  que  l'auteur  cherche  a  dé- 
monlrer  que  tons  les  Basques  proprié- 
taires sont  nobles  d'origine  ,  par  cela 
seul,  qu'ils  sont  néa  banques  ,  attendu 
que  leur  pays  n'ayant  jamais  subi  le 
joug  des  conquérants,  et  avant  tou- 
jours obéi  a  >es  souverains  propres  , 
leurs  terres  n'ont  jafpais  été  inféo- 
dées. Par  conséquent ,  toutes  les  ter- 
res et  biens  possédés  par  les  Basques , 
confèrent  la  noblesse  a  leurs  posses- 
seurs. Eu  1785,  lorsqu'on  voulut  en 
France  soumettre  les  Basques  de  ce 
royaume,  c'esl-a-dire  les  habitants  de 
laBasse-lNavarre,  de  la  Soûle,  de  La- 
bour, a  la  lai'le  et  aux  autres  împ(jts 
payés  dans  les  autres  provinces,  ils 
prétendirent  que  leurs  privilège>  les 
en  exemptaient  ;  qu'ils  étaient  tous 
nobles .  et  devaient  jouir  de  tou- 
tes les  immunités,  dvs  bénéfices  et 
des  exemptions  attachés  a  ce  titre. 
11  parut  alors  pour  soutenir  cette 
opinion  va\  écrit  succinct,  mais  très* 


/rya 


BEL 


savant,  inlilulé  :  Essai  sur  la  no- 
blesse  des   Basques  ,  pour  servir 
d'introduction    à  V histoire  géné- 
rale de  ces  peuples,  rédigé  sur  les 
]\'Iémoires  d'un  militaire  basque  ^ 
par  un  ami   de  la   nation ,    Pau, 
1785  ,  in-8".  Cet  ouvrage  fit  sensa- 
tion à  répoque  où  il  parut,  et  em- 
pêcha  qu'on    passai   outre ,   clans  la 
perception  des   taxes,  mises  d'ofBce 
et  par  ordonnance.  On  sut  depuis  que 
Tanonyrae   qui  Tavait  écrit   élait  un 
bénédictin  du  pays  ,  nommé  Sanadon  , 
neveu  du   savant  jésuite  de  ce  nom  5 
mais  personne  n'a  cliercbé  à  deviner 
le  nom  du  militaire  basque  ,  d'après 
les  mémoires  duquel  Touvrage  était 
composé.  Ce  militaire  était  le  cheva- 
lier de  Bcla  ;   et   quand  on  a  lu  son 
ouvrage  et  celui  de  Dom  Sanadon  , 
on  s'aperçoit  fiicilemenl  que  l'Essai  sur 
la  noblesse  basque  n'est  qu'un  extrait 
succinct  de  riiistoire  Ags  Basques,  et 
particulièrement  de  la  dissertation  (jui 
termine  le   (jualrièmc  livre  de   cette 
histoire.    On    lit  dnns   l'ouvrage    de 
M.  Arbanère,  sur  les  Pyrénées  (I-  ii  , 
p.    264^),    que  le   père  Sanadon  a 
écrit   un  ouvrage  en  espagnol,  inti- 
tulé :  de  la  Noblesse  des  Basques. 
C'est  une  erreur  j  Dom  Sanadon,  qui 
depuis  est  mort  évèque  conslilulion- 
nel  de  Lescar,  n'a  jamais  fait  paraî- 
Ire  d'autre  ouvrage  (jue   celui  dont 
nous  avons  donné  plus  haut  le  titre. 
C'est    une  brochure   d'environ    200 
pages,    écrite  en   français,    el    non 
en     espagnol.    Il     est    évident    (jue 
M.  Arbanère  confond  ici  l'ouvraiie  dn 
bénédictin    fnnrais   avec   relui   d'un 
j'.spagnol  ,  nommé  Zamarola  ,  ([iii  a 
jail  imprimer  à  Aucli ,  en  j  vol.  in-i)", 
une   Histoire    des    nnlions    i)asipu's  , 
écrite    en    langue   e>i[)ignole.    Cette 
liisloire  est  très-médiocre ,  cl  bien  in- 
lérienre  ,  de  tous  points,  H  relie  du 
clicvalierde  rȎla,  dont  Zamacolan  a 


BEL 

pas  même  soupçonné  l'existence  (2). 
Revenons  a  cet  ouvrage  :  le  cinquième 
livre    nous    fait   connaître   le    gou- 
vernement  des  Basques,  leur  orga- 
nisation sociale,  leurs  mœurs  et  h  urs 
coutumes    aux    dixième    et    onzième 
siècles,  el  conduit  leur  histoire  jus- 
(ju'a    l'an   10705    il  nous  donne  des 
tableaux  généalogiques  de  la  posté- 
rité  d'Arison  ,  premier   roi  de  Na- 
varre  et  des  comtes  de  la  Vasconie. 
Le  sixième  livre  commence  a  l'année 
1076;  le  septième,  a  l'année  1254, 
elle  huitième,  a  l'année  i4-25.  Ces 
livres   renferment  des  tableaux  gé- 
néalogiques des   comtes  de    Folx  et 
d'autres  princes  souverains.  Le  livre 
neuvièniecommence  à  l'année  14265 
le  dixième  ,  a  i  5  1 6  ,  et  le  onzième  , 
a    1589.    Celui-ci  termine  l'histoire 
des    Ba>qnes ,    en  l'arrètaDt  a   l'an- 
née   174.8,    époque  de    la    création 
du  régiment  de  Roval-Canlabre,  que 
l'auteur     se    glorifie    d'avoir    levé, 
écp'ipé,    dressé    en    quelques   mois. 
Ces  trois  livres  sont  les  p'us  cnrimx  , 
non  seulement   parce  iju'ils  se  rap- 
prochent le  plus  de  nos  temps,  et  que 
les   événements  qui    y  sont  racontés 
nous  intéressent  davantage,  mais  aussi 
parce  (|ue  l'aulenr  a    puisé  les  maté- 
riaux de  ses  récits  dans   des   pièces 
originales,  tirées  du  trésor  des  cliartes 
de  l*au  ,  dont  la  plus  grande  partie 
est  aujourd'hui  perdue,  dans  des  ma- 
nuscrits de  famill'e  ,  et  entre  autres, 
dans  les  némoiresde  JacijuesdeBéla, 
un  de  ses  ancêtres,  cpii  ^ont  inédits, 
et  pt  nt-ètre  pertlus  ;  enlin,  pour  |os 
temps  plus  modernes,  dans  ses  pro- 
pres souvenirs  et  dans  les  laits  ([ui  lui 


(jj  Voici  le  litro  <!<?  rouviiiftc  csn'igiuil  ,  <|ui 
n'rsl  |»u«  cniniiuin  ;  Histona  i/c  lus  iiucionts  bus- 
<(i,ï  </»  tiiin  }■  oiin  /luiie  (tel  t'iniifit  S^pitiitnoiial 
r  ciista  dvl  nuir  lantatuno  ,  «/«-J*/*  t"S  fiimmii 
[loO/ailoet  /irtt/a  nutitros  ilias  ,  tserilu  rn  ff/ia- 
iiol  pur  l).-J,-.\.  do /.uiiiacola  ,  ti\  AurI».  iSiO, 
t  vol.  intt" 


sonl  personnels,  on  donl  il  a  l'ir  h'-  anircvs  livres   snnl   rclalifs  a  la  dcs- 

moin.Acoson/e  Ii^•pe^,(|lIic()lllit•llll(Mll  cri|tli()ii     du    j)ays  ,     au     «^oiivenie- 

loiilc  1  histoire  ilrs  ^a^(illes ,  railleur  meiil,    aux  iiki;  irs  ,   aux  conlirncs  , 

eu  a  ajou'.c  un  douzième,  où  il  Jécril  aux   races   dlioinnies  ,    elc.    L'al)l)é 

les  coulréo  liabik'es  par  celle  nation  Pœydavanl  a  eu  lonj^-lemps  ♦iilie  les 

el  où  11  fait  connaître  tout  ce  (jui  cou-  inainsle  inanuscrildc  la  «^randr  iiisloi- 

cerne   les  lois,    les   instilulions ,  les  rc  de  Bêla,  et  il  i-u  a  lail  usage, -ans 

mœurs  el  les  habitudes  des  Bas(|ues.  le  ciler  dans  son  llisfoù'c  (Us  Irou- 

II   disserte  sa\auiment  sur  les  races  blés  survenus  eu  Jjcuru^   dans  la 

d  hommes  qui  habitent  parmi  les  Bas-  16''  et  la  moitié  du    ly*^  siècle  , 

(jurs  et  ne  font   pas  p.irlie  de  celle  Pau,  5  vol.  in-8",  1819  el  182  i  (4). 

nation,   tels   que  les  Cagols   el   les  M.  Faget  de  Baure  qui,  pour  lacom  • 

Bohémiens.  Quoique  celle  bisloirc  des  position  de  svs  Ëssa  s  sur  V Histoire 

r»asqucs  s  arrête,  ainsi  que  nous  l'a-  de  Béarn  {Paris  ^   1818,  in-8*),  eût 

vo;is  dit,  a  l'année  i  748  ,  cependant  trouvé  de  si  précieux  documents  dans 

l'auleur   rajiporle   dans  ce  douzième  le  manuscrit   de    Bêla,  ne  l'a  point 

li\re  des  ftiils  postérieurs  de  plus  de  connu.    Son  ouvrage  esl,    pour    les 

vingt  ans  a  l  éiioquc  qui  termine  son  trois  premiers  siècles  de  Phisloire  de 

histoire.    11    ne  l'avait    pas   d'abc^d  Béarn  ,  un  extrait  clair,  élégant  et 

composée  sur  un  plan   aussi  étendu.  Irès-lucide  de  la  savant.'  Histoire  de 

Nous  avons  vu  écrit   de  sa  main  un  Pierre  de    Marca  (  Paris,  i65o); 

nianuscril  intitulé  :  Mémoires  pour  mais  quand  il    approche  des   temps 

servir   à  l'histoire     des    Basques  modernes,  l'auteur  des  J^,s.çrz/5  esl  à 

avec  un  abrégé  du  règne  des  rois  la  fois  maigre,  incomplet  et  inexact; 

de  Navarre ,  par  l&  chevalier  de  il  n'a  eu  rvcours  a  aucun  desvolumi- 
^**(de  l'éla).  Cel  ouvrage,  qui  ne      neux  documents  manii>crils  que  ren- 

forme  qu'un  seul  \  olume  in-folio  ,  est  ferment  les  archives  de  Pau  el  la  Bi- 
un  premier  essai  de  celui  dont  nous  bliolhèque  royale  de  Paris,  qui  pour- 
vei'ous  de  donner  l'analvse  ou  un  lanl  étaient  a  sa  disposition  {I  oj. 
abrégé  succinct  (ô).  La  grande  lus-  Fagi:t  dm  Baure,  au  Supp.  ).  S'il 
toire  des  Basques  est  terminée  par  i;n  en  avait  f:)il  la  recherche,  peut-èlre 
vocabulaire  Irès-amplc  des  trois  dia-  eût -il  rt-lrouvé  le  second  volume  de 
Jectes  de  la  langue  basque,  avec  les  Pierre  de  Marca,  qui  n'a  jamais 
mêmes  mois  en  hébreu,  en  grec,  en  été  imprimé  ,  mais  qui  avait  été  cora- 
cellique  ,  en  armorique,  en  arabe  ,  posé  par  sou  auteur  ,  car  lui-même 
en  lilin,  en  golh-allemand  ,  en  en  parle  comme  étant  achevé  dans  la 
espagnol  ,  en  ilalien  ,  el  au^si  par 
qur)(pies  ch'uMes  el  autres  pièces  jus-  \  " 

,•(•,•  T'    U     '     '  1  •  (4)   L'ouvra-^e  de  l'abbé  Pœyd.ivant ,    eu  e  de 

tihcatives.  L  abrège  ne  donne  rien  ,      iayro.ssed..s.int-Ma>t.«.<>eo.iier,..'..  eie  i.n- 

ni    de    ce    vocabulaire,    ni     des  pièces       piinié  <|u'iipi(';s  sa  mon,  et   le  manusciil  a   été 

.•  C       .•  ji  I       1*    •     /  acquis  de  ses  liorilins,  av«^c  tous  le>  iiiaiiuscrits 

jUSllhcallVeS.    Il    est     divise    en    onze       el  i.aj.i.rs  qui  avai.ut  scrv,  a  la  co.n,.os,ti.,ude 

libres:      mais     l'hlsloire    des    Basques        cet  ouvrage,  par  Ton.i.t,  im,.riin«-u.-libr.,iie  à 

.  .,  ,  *  P.iu.  Celui-ci  avait  relegui-  l'ouvrage  d;i  cheva- 

sc    lermiiie  au   septième,  les  quatre     li^r  de  B.ia,  iurniMuent  pins  digue  de  voirie 

.  joui- que  celui  de  I'(ry<iaviiut ,  dans  uu  grenier, 
(3)  M  (iiisiujir  d'Ango  sv,  a  l'^u, aucun  dé-  ou  je  le  ilécotivri'ï  daut  des  t.is  d'autres  papiers, 
pute,  «M  ffèr--  du  uiarquib  d' Angosse  ,  pair  de  Le>  ral>  av  j; -ut  ilcjà  .u.iugé  ((uel'jucs  ftîiuiiets  du 
Fran<-c ,  a  fait  tirer  une  copie  de  ce  in.iiiu>crit  preuiier  et  du  tro.sièiue  voliiiue  ;  c'est  d.ins  Cet 
donl  il  a  eu  la  toinplaisauce  de  nous  coinuiuui-  état  que  j'ai  acquis  ce  manuscrit  des  bériticrs  de  4 
qucr  l'origiiul  pour  le  comparer  avec  le  notre.        Tounet. 


474  BEL 

préface  du  premier  (5),  et  ce  qui 
est  plus  décisif  encore,  un  contem- 
porain de  IMarca  ,  qui  a  écrit  un 
vol.  in-fol.  biir  les  guerres  de  reli- 
gion, cite,  dans  sou  ouvTdj^e  impri- 
mé, ce  secoud  vol.  de  THisloire  de 
Pierre  de  Marca,  qu'il  avait  lu  en 
manuscrit.  Quant  au  chevalier  de 
Bé!a  ,  ainsi  que  nous  Tavons  dil,  per- 
sonne n'en  a  f.it  meution.  Cepen- 
dant on  savait  dans  le  pays  les  soius 
qu'd  s'était  donnés  pour  la  composi- 
tion de  son  Histoire  des  Basques;  les 
voyages  qu'il  avait  entrepris  a  cet 
eftct  en  Aragon  et  en  Biscaye  •  les 
dépenses  que  cette  entreprise  lui  avait 
occasionées.  Des  personnes  qui  se 
disent  bien  instruites  nous  ont  assuré 
qu  il  aval!  été  aidé  d:im>  la  composi- 
tion de  cette  histoire  par  Dom  Sa- 
nadon,  Cependjnt  Bêla  l'a  écrite 
en  entier  (.ï'i  sa  main,  et  il  ne  fait 
nulle  pari  mention  qu'il  se  soit  ad- 
joint aixun  col'aliorateur.  On  assure 
aussi  (jii'll  avait  la  prétention  de  des- 
cendre des  anciens  rois  de  Hongrie  , 
comme  lui  nommés  Bêla  ,  mais  il  ne 
laisse  nullement  percer  celte  préten- 
tion dans  sou  histoire  ,  quoiqu'il  y 
parle  souvent  de  lui  et  de  ses  ancêtres. 
H  vécut  célibat;iire  ,  mais  non  sans 
laisser  de  postérité.  On  dit  qu'il  a 
composé  d'autres  ouvrages  (jue  celui 
que  nous  venons  d'analyser  ,  entre 
autres  l'histoire  de  sa  vie  ,  dont  nous 
ignorons  entièrement  les  détails.  Hs 
nous  avaient  été  pro/nis  ,  mais  ils  ne 
nous  ont  pi  iut  été  livrés,  et  nous 
ne   pouvons  même  rien  dire  sur  l'é- 

{)oqiie  de  la  naissance  et  celle  de 
a  mort  de  ce  zélé  et  palrioti(|ue 
historien  d'im  des  peuples  les  plus 
sint-iiliersdu  ^»l(»he,  et  lesp'iisdi>;nes 
d'èfre  étudiés.  VV — B 

())  Tnli.irniid  n'a  [>t\s  tunnu  ce  fait  puiiciu'il 
n  en  fiiil  iiiiinl  iii'Milioii  tliitiA  sou  iirtiile  dp 
1*Wmic  lie  Marca,  Uin;^iajj/iit  uitirentilat  I,  XWI, 


BEL 

BEL  AIR  (A.-P.  Julienne  de) , 
général  l'rauc^is,  naquit  a  Paris  vers 
174.0.  H  était  his  d'un  hancjuier  qui 
dérangea  ses  allaires  par  de  mauvaises 
spécuLitions.  Obligé  de  chercher  dans 
l'exercice  de  ses  talents  les  moyens 
de  réparer  les   torts  de  la  fortune , 
le    jeune  Belair    étudia   les  mathé- 
matiques   et    s'v  rendit  très-habile. 
H   embrassa  1  état  militaire  ;    mais 
n'ayant  pas  l'espoir  d'un  proiiipl  avan- 
cement en  France,  il  obtint  Li  per- 
mission de  passer  au  service   de  la 
Hollande.   Plus  tard  il  entra  capi- 
taine d'artillerie  dans  la  légion  que  le 
comte  de  Maillebois  avait  levée  pour 
les  Etals-Généraux.  Cette  légion  ayant 
été  supprimée  en  lyBS  ,  Belair,  ré- 
duit a  la  moitié  de  sou  traittment, 
demanda  le  capital  de  ce  qui  lui  re- 
venait ,  le  perdit  au  jeu  et  se  trouva 
complètement  ruiné.  1.1  s'était  marie 
fort  jeuivp,  puisque  une  de  ses  filles, 
maîtresse  de   pension  a  La  Haye  , 
avait   déjà    publié    des    Essais  (i). 
Laissant  sa  famille  ea  Hollande ,  il 
se  rendit  en  IVusse  pour  y  solliciter 
du  service.  H  était  a  Berlin  eu  1  786  ; 
mais  n'ayant  pu  se  faire   employer 
dans  l'artdlerie   ou  le  génie  ,  il  tut 
forcé  pour  vivre  de  s'associer  h  la 
rédaction  de  la  Gazette  de  Berlin  où 
il    inséra     successivement    plusieurs 
morceaux  (2)   remplis  de  faits  iulé- 
ressauts   et  de  réllexions  très-justes 
(  Voy.   Denina  ,   Piitsse  littéraire ^ 
Supi>lvrn.^  71  ).  Ce  n'était  point  le 
début  de  Belair  comme  écrivain:  il 
avait  déjà  public  diilercuts  ouvrages, 
et  nolaminenl  ,  eu    1779,   un   Me' 
moire  dont  la  police  avait  saisi  chcï 
lui  tous  les  exemplaires  avec  d'autres 
papiers   étrangers   à   celle   puhlica- 

(1)  lùsais  foimojfnifihico  •  poétiques  ,  i/HC), 
iii-8". 

(ï)  Jjellrtf  sur  lu  llxlluiiili'. — lirjUjtnins  sur  un» 
tnire  Je  MoittuUmbeit. —  tiiui gentrtit sur piusirurf 
tianrliet  d 'admniisl ration. 


tien  (5).  Après  avoir  passe  deux  ans  K 
Brrlin  dans  la  plus  .illrciisc  dclrcssi', 
Bilair  revint  ni  l-'iaiicr  vci sla  fin  de 
1  788. 11  clail  de  retour  a  Paris  depuis 

{len  de  temps,  lorscju'il  in.si'ia  dans 
\îniu'i'  liUcrairc{\  789,  II,  87-96) 
uue  Lettre  on  vcponso  à  M .  le  bti- 
ron  (le***  ^  Irès-reinarcpiable  en  ce 
qu'elle  contient  la  première  idée  des 
coinpainiies  d\i5surances  pour  giran- 
lir  aux  cultivateurs  les  produits  de 
leurs  récolles  contre  les  accidents  de 
<;rèle  ou  de  gelée.  Belair  s'occupait 
alors  d  une  Encyclopédie  critique 
et  de  différents  autres  ouvrages  non 
moins  imporlauls  ,  qu'il  n'a  pas 
achevés,  ou  qui  peut-être  n'ont  existé 
qu'en  projet.  Il  revit  a  cette  époque 
Mirabeau  qu'il  avait  connu  a  Berlin, 
et  qui  lui  demanda  des  observations 
sur  la  ]\lonarcliie  prussienne,  ou- 
vrage dont  il  se  proposait  de  donner 
une  nou\elle  édilinn  revue  et  corri- 
gée (4).  Eu  1790,  Belair  sechargeade 
faire  un  cours  public  de  fortifications 
et  d'a:tillerie ,  si  l'on  voulait  mettre 
à  sa  disposition  le  cabinet  de  modèles 
que  Montalembert  [Voj.  ce  nom, 
XXIX,  4-48)  venait  d'offrir  a  l'as- 
semblée nationale  (5).  Au  mois  d'août 
179?,  il  fut  nommé  par  la  commune 
de  Paris  iuo;éuieur  en  cbef ,  et  chargé 
de  prendre  toutes  les  dispositions  né- 
ces>aires  pour  mettre  cette  capitale 
en  état  de  défense.  Il  traça  le  plan 
d'une  ligne  de  retranchements  qui 
devait  s'étendre  depuis  Saint-Denis 
jusqu'à  ]Sogcnl-sur-3Iarne  ;  et  pour 
l'armer  ,  il  proposa  de  convertir  en 
canons  les  statues  des  rois  que  la  ré- 
volution venait  de  renverser.  Il  de- 
mandait aussi  qu'on  fit  des  balles  avec 
les  plombs  de  Versailles.  La  retraite 


BEL 


A75 


l 


S 3)   V.'ivrz  Lliineiils  de  Joriifuation,  &C  et  iij. 
4)  ll"d.,  i'A. 

(5)  Miiiitalriiihprt  offrit  depuis  son  cabinet  au 
comité  de  sului  |>ublic  qai  i'accepta. 


des  Prussiens  ayant  rendu  tous  ces 
pro)»'ls  inutiles,  Belair,  nommé  gé- 
néral de  brigade  ,  puis  généial  de 
division  ,  fut  enq)lové  dan-,  la  cam- 
pagne de  1793  a  l'armée  du  Nord, 
sous  les  ordres  de  Dumouriez,  et 
ensuite  de  Jourdan.  ÎMis  l'année  sui- 
vante a  la  retraite  ,  il  revint  h  Pa- 
ris ,  où  il  s'occupa  de  tliéorics  phihin- 
Iropicpies,  avec  une  constance  et  un 
zèle  dignes  de  p'us  d^'  succès.  Il  pré- 
tendait relever  le  crédit  j)ublir,  en 
accordant  des  encouragements  a  l'agii- 
culturej  maintenir  les  assignats  au 
pair  ou  les  rembourser,  sans  faire 
éprouver  la  moindre  perte  h  l'état  non 
]dus  qu'aux  particuliers  j  diminuer 
des  neuf  dixièmes  la  consommation 
de  bois  pour  faciliter  le  repeuplement 
des  forêts  5  économiser  la  moitié  des 
semences,  et  doubler  les  récoltes, 
afin,  dit-il  naïvement ,  d'eniichir  a 
la  fois  les  fermiers  et  les  proprié- 
taires ,  etc.  Si  ,  comme  l'assure  Be- 
lair, pour  établir  et  vérifier  ses  cal- 
culs ,  il  avait  fait  une  grande  quantité 
d'expériences,  les  dépenses  qu'elles 
lui  occasionèrent  furent  sans  doute 
la  première  cause  de  la  pénurie  qu'il 
ne  tarda  pas  a  éprouver.  Devenu  pau- 
vre pour  avoir  voulu  faire  la  for  lune 
de  tout  le  monde,  il  passa  les  derniè- 
res années  de  sa  vie  dans  un  état  ob- 
scur, et  mourut  au  mois  d'août  i  8  i  9, 
a  un  âge  très- avancé.  Il  avait  été  lié 
d'une  amitié  assez  intime  avec  Mer- 
cier, Rcslif  delà  Bretonne,  etc.  Outre 
une  traduction  de  l'ouvrage  allemand 
du  général  Gaudl  :  Instruction  adres- 
sée aux  officiers  d' infanterie ^  etc., 
Paris,  i792,in-8°,  on  connaît  de 
Belair  ;  I,  Défense  d'un  système  de 
p^uerre  nationale  ,  Amsterdam  , 
ij'jg.  in-8".  II.  Nouvelle  science 
des i/if^é/iieurs,  Berlin,  i787.in-8". 
Ou  y  trouve  des  observations  intéres- 
san  tes  sur  le  desséclieraeut  des  marais , 


476  BEL 

el  surles  avantages  qui  doiventrésul  ter 
de  la  mise  en  culture  des  terres  im- 
pro'iiiclives.  III.  Défense  de  Paris 
el  de  tout  l'empire^  Paris,  Ï792, 
in-8",  IV .  Manuel  du  citoyen  ar- 
mé de  pique  ^  ibid.,  179*2  ,  in-S*^. 
V.  Eléments  de  Jortijication  , 
renfennnnt  ce  qu'il  élait  nécessaire 
de  conserver  des  ouvrages  de  Le- 
blund,  Dei  lier,  Trincano.  elc;  sui- 
vis d  un  Dictionnaire  militaire^  oiî 
l'on  trouve  des  détinilions  et  des  ren- 
seignements qui  n'exiitent  dans  au- 
cun ouirnge,  ibid.  ,  1792  ,  in  8*^ 
avec  5o  pi.  Belair  vproniel  un  Nou- 
veau Traité  des  règles  du  dessi/i  et 
du  lavis  ^  dans  Lequel,  a  tout  ce 
qui  élait  inutile  el  suranné  dans  l'ou- 
vrage de  l^uchotle,  on  a  substitué 
des  objets  dont  la  connaissance  inté- 
resse les  riloyens  (p.  5)  ;  les  Elé- 
ments de  la  guerre  de  siège  (p.  5  q), 
y  Attaque  et  la  défense  des  places, 
ouvrage  lout-a-(ail  nouveau  (p.  i53), 
des  Eléments  et  architecture  hy- 
draulique (p.  175),  Avs  Eléments 
d  artillerie  nayale  (p.  345)^  tM  en- 
fin le  Manuel  du  chasseur^  de  l'ar- 
tilleur et  du  /'usilierfp.  5o4).  Dans 
le  même  ouvrage  Helair  nous  apprend 
qu'il  avait  pertei  linnné  Y Anuisette , 
espèce  d  arme  de  l  invention  du  m  i- 
réchal  de  Saxe ,  (|ui  se  monte  a  peu 
près  comme  un  canon  ,  cl  cjui  se  tire 
comme  un  fusil  (p.  461).  Il  avait 
aussi  perfectionné  le  fusil  ,  et  imagi- 
né nue  nouvelle  espèce  de  bouches  h 
feu  (piM  tnimuie  pièces  a  chanil)recom- 
posée  (p.  55o).  VI.  Mémoire  sur 
les  moyens  de  /tan'cnir  à  la  plus 
grand<f  perfection  de  la  culture  el 
à  la  suppression  des  Jachères  ^  ibid . , 
37^4,  in-8".  (i'esl  une  réimijrrssion 
avec  des  rbangemenis  de  1  onvr.ige 
(pril  avait  publii'  contre  le  système 
des  jachères  avant  17159.  il  ne  laul 
le  lire  qu'avec  |irécauti(in  ( I  o)  .  la 


BEL 

Bibliographie  agronomique  ,  de 
Musset -Pathaj  ,  164).  MI.  Les 
subsistances  rendues  plus  abondan- 
tes et  plus  accessibles  à  tous  les  ci- 
toyens, etc.,  ou  recueil  de  lettres  et 
d'écrits  sur  ces  objets  intéressants, 
adressées  à  Lalande  ,  ibid.,  1796, 
in  8".  Sous  ce  litre,  Belair  a  réuni  les 
opuscules  qu'il  avait  composés  sur  les 
différents  articîe.s  d'économie  politi- 
que, indiqués  plus  haut.  Plusieurs  des 
pians  qu'il  propo^e  sont  évidemment 
chimériques  ;  mais  il  en  i  st  d'autres  , 
tels  que  celui  des  associations  agrico- 
les (jui  ,  dédaignés  de  son  temps  , 
ont  été  depuis  adoptés  ,  et  dont  il 
est  juste  de  lui  restituer  l'honneur. 
W— s. 
BEL  AÏR  (  Charles  ) ,  général 
de  brigade  h  Saint-Domingue  ,  élait 
neveu  du  fameux  Toussainl-Louver- 
turef/^o^.  ce  nom,  XLVl,  099).  Ses 
talents  militaireslefirent  ainier  de  son 
oncle  qui  lui  donna  le  con  mandement 
d'une  brigade  coloniale  ,  et  depuis  ne 
cessa  de  lui  témoigner  une  confiance 
cpi'il  n'avait  pas  même  dans  ses  géné- 
raux en  apparence  les  p'us  dévoués. 
Aux  défauls  des  jeunes  gens  Bilair 
joignait  des  qualités.  Il  aimait  la  pa- 
rure avec  excès^  son  ton  etsesmaniè- 
res  annonçaient  de  la  fatuité  •  mais  il 
avait  de  la  donceur  dans  le  caractère, 
et  il  ^e  concilia  promntement  l'estime 
des  soKlats  par  un  courage  p.ussé 
souvent  jusqu'il  la  témérité.  Toussaint 
rentl  de  son  neveu  le  témoignage  !c 
jilus  avantageux  dans  une  lettre  au 
promler  Cvnisul,  du  i  :i  lévrier  1801, 
où  il  lui  demaiule  d'approtivcr  les 
]ir(>molions  (|u'il  vinail  de  faire  dans 
1  armée  coloniale  (/  oy.  \c  Moniteur 
.m  l\,  58  ).  A  l'arrivée  de  l'expéili- 
lion  commandée  par  [jcclerc,  Belair 
ne  prit  auiiine  j^iit  aux  cxcè>  dis 
noirs  ;  il  s;inva  même  la  vii-  !i  une 
fonle  (Plmbilants  du  Poit-an- Prince  , 


BEL  BFX  /;7  7 

iMi  li's  jircu.inl  sous  sa  nrolrclioii.  plnsn'iirs  cdinrcs  lrès-cl('<^anl.s  el  (h; 
PliLsifiirs  oflùicrs  français  l()iiil)t'S  jardins  j)aysagisles  Irès-pillorcstjiics, 
dans  h-s  mains  di\s  noirs  lui  dnirnl  entre  anirt-s  l'aj^alcllc  (pTil  (il  con- 
la  vil'.  Après  le  dcparl  (II* 'l'oiissain!-  slrnin^  dans  le  bois  de  r»onlo<^n»*  , 
Loinerture,  iMair  le.via  campé  sur  pour  le  roinlc  d'Arlois  doiil  il  ciail 
les  l)ords  de  TArlibonile  avec  sa  hri-  le  premier  arcliileclc.  Il  ac(jnil  dans 
gade  ,  alleclanl  une  grande  indilTé-  cet  emploi  de  la  l'orlune  el  une  hril- 
icnce  ,  mais  allcadanl  eu  cflet  Toc-  lanle  réputation.  Ayant  perdu  tous 
ca  ion  d'.igir  avec  cpiehpie  cliancc  de  ces  avant. iges  par  la  révolution  ,  il 
succès.  Le  suppllcedecpielqucsnègres  s'y  montra  fort  opposé,  et  fui  long- 
incendiaires  tut  le  prétexte  dont  il  temps  détenu  dans  les  prisons  de  l*a- 
colora  sa  défection.  Il  se  retira  diins  lis  (i).  C'est  là  qu'il  revit  n)ada;ne 
les  mornes  du  Ciilios  où  Ton  snp-  Dervienx,  ipiiavail  joui  d'une  grande 
posait  que  Toussaint  avait  caché  des  faveur  auprès  du  même  prince.  Dcve- 
irésors,  desarmes  el  des  muni, ions;  dus  libres  tous  les  deux  ils  s'épou- 
et  il  y  lut  Hiivl  par  un  grand  nombre  sèrent.  S'élant  trouvé  en  cpialilé  de 
de  nè};res.  Le  général  Dessalmes,  commissaire  de  la  commune  à  la  prl- 
que  l'inilat  nce  dont  Belair  com:i;en-  ion  Ah  Temple,  après  le  9  thermidor 
çail  à  jouir  dans  la  colonie  avait  (en  i  79.5),  il  v  vil  le  filsde  Lo::is  XVT, 
rendu  son  ennemi  personnel  ,  se  mil  cl  obtint  de  lui  la  permission  de  tra- 
aussitôt  a  sa  poursuite;  cl ,  lui  ayant  cer  au  crayon  sou  portrait  quM  fit 
demandé  une  entrevue,  le  fît  ar-  exécuter  en  buste  par  le  sculpteur 
rèler  par  des  hommes  aposiés  et  Beaumonl*  c'est  la  dernière  image  qui 
conduire  au  Cap  sous  une  escorte,  ail  été  faite  de  ce  prince,  alors  tombé 
Traduit  avec  sa  femuie  ,  nommée  dans  le  marasme  el  qui  mourut  peu 
SdiiiUe  ,  devant  une  coramissiou  mi-  de  jours  après.  Lorsque  les  Bour- 
litaire  toute  composée  de  noirs,  ils  Ijous  revinrent  en  i8i4  ,  Bélanger 
furent  condamnés  a  mort  unanime-         TT"; '. ' 

,        ^  o  T        •  'V   ''ans  une  j)clitioii  incditu  ,  qu'il  udre-isa  , 

ment    le    b     OCt.     lOOli.    L.e   jugement  U-  ?oav.il  1795  (.'^''  flo.eal  an  m/ aux  comités 

recul  son  exécution  le  même  joui-.  Be-  ''"  <>"anc.sct  ,i     doim.ines  réunis,  il  .tabiis- 

,    .'  ,  ,  '       „  saitamsi  1  et.it  de  ses  reprise:  sur  la  rmiion:  sur 

lair  tut  passe  par  les  armes  et  sa  remme  (.iiaii.-sPiiiiippe  ,  ccn:  cinqtiante  miii.;  f  j.ncs; 

décapitée   f  Vov.  les  Ménwlrrs  sur  »';•;  ;^i;;'-y^^^^ 

r  .  ,  cent  iniUe  lianes;    pour  iiir.i-ion  en»,iliie,   dix- 

les    révolutiotl^    de    SaillL-Uoniin-  st-pt    nulle  francs  ;   Ai.i>soii   du   l'erron,   trente 

eue,  par  le  général  Pamphile  La-  rncs'^'cinîlet.'ril.dd""'^»' '  '"T  '"'l" 

0  ^  '  l  o  ^  i  ir.incs  ,  ciiai {^e  ni)n  i:<](iicli'o  ,  maison  du  ci-tle- 
Croix,  II,     2  I  7  et  Suiv.).              W s.  vanlpiiiuefd'Aru.is),  vingt-quatre  mill.-  francs, 

■RI7I     \Vr"B?U     ^  I^t,  4^-.o«,o     I^  cti-  'l'Jtal:  trois  cent  quarante-six  m  lie  frincs. 

«LLAAliLiV     (  ^RA^C0IS-J0-  „  J,.  suis   artiste,  dis.ilil,    et   jai    n.éri>cd..ns 

srrn  ) ,   architecte,  né    à   Paris    en  !«  arts  restime  des  savams.  niirénnts  monn- 

,   ,         /•,  /,      1         .     1.       .  .,  ,  iiMiif.  qui  j()Uis>enl  d  un  peu  de  c  Icbnle  ainsi 

I  744  ,    lit  ses  éludes    a   1  université  ,  qu'unc^anie  ,;es  meubles  précieux  qucj'ai  di- 

et  obtint  une   métlaiile  décernée  par  rip.'^  .  .t  qui  déconm  le  muséeuationai,  ..ntété 

1.1,.  ,       ^  c.\eculis  cil  liroiizc ,  Cil  por|>livre  ou  en  gr.-nit  , 

1  académie,     sur  un    concours    de    CO-  .sous  ma  direcliou   vX  d'apits'mcs   dessins.   I.cs 

loiine  triomphale.   Dès-lors  très-ré-  ;:i''"«î'-'c""-';s  'J^paj'icrs  temuns   me  doivent 

,  „    ,1  p  1/1  I  "r  giiie  d!-l.Mirsetal)iisseinents,  etc  »   Lt  après 

pamiU  ,    1>;  langer  lui  avant  la  révolu-  avoir  émmére   s.s  pi-aes,   ses  ^vxe(s  ,   les  Luit 

lion  un    artiste    fort   à  la  mode,  ci  ^'^^ '"«  ^"^'"'=•''7  7'''"" ''»/''*=  ^."•••'îî'- de 

^  ,  '  «lire  aux  coimtcs  de  la  conveiilion  :  <(  Lue  lepn- 

particullèrcmcnt  ch;:rge  des   lèteS  pu-  ••   liliq^iedonl  l.s  Romernéspomraienl  die  mi- 

11*  r       "1  I     I      I  "   r!'"'  P^'"  les  souviriiants  s'an'aiitirait  hienlôt 

3li(n:es,  pompes  lunebres,  et  de  lois  „  ,im  ..  .,•.,„..  .^^  ,„. ,  .„       "'"'"i  "'in.oc 

1  '   I  l  '  «   cl  I  1  e-neiiio  ;   tar    tout   moyen   vexaloirc  ou 

les    spectacles  donnés  par  la  cour.   Il  "  «l'"l'P''«S'"n''<^s>'î''her.nduslrie,  paralyse  les 

i-    ,  •  •  1  I  I  ^i  -'rU  cX.  U'.  cummtTCti  ,  et  de  pareils  abus  seraient 

se  distingua  aussi  par  les  plans  de  .  nfurmcsà  ^i^.rei  àTunbftic.  >>     v_vk. 


ii'j9  BEL  BEL 

manifesta  le  pins  grand  enlliousiasme;  lapbilantropielaplus  éclairée  {Voy, 
et  ce  fut  lui  qui  fit  exécuter  en  plâtre  Beaulieu  ,  ci  dessus  ,  p.  597).  La 
avec  une  incroyable  céléiité  ,  sur  le  mendicité   extirpée,  des  comiles  de 
Pont-jNeuf,  pour  la  rentrée  de  Louis  bienfaisance  qui  di^tribuèrenl  partout 
XVIlt,  une  statue  équestre  de  Hen-  des  secours,  plui  de  vingt  vi'lages  re- 
ri  IV  ,  afin  de  remplacer  celle  qui  construits  ,  après  de  funestes  incen- 
avait  été  détruite,  et  il  fut  ensuite  un  dies,   une   nouvelle  route   de  Calais 
des  premiers  sousciipteurs  pour  que  p'us  courte  et  plus  sûre,  tels  furent 
le    même    monument   s'exéculât    en  les   monuments  de    son  administra- 
bronze    Monsieur  le    nomma  inten-  tion.  Le  gouvernement,  très-bon  ap~ 
dant  de  ses  bâtiments,  et  il  fut  fait  préciateurde  pareils  services,  nomma 
chevalier   de  la  Légion-d'Honneur.  le  comte  de  Belderbuscb   sénateur  , 
Belnnger  est  mort  le  i""  mai  1818.  le  5  février  18  10.  SetrouvanlaParis 
On  lui  doit  ,  outre  les  édifices  el  les  au  mois  d'avril  181 4-,  il  fui  au  nom- 
jardins  anglais  qu'il  a  construits  ou  bredeceux  quivotèreut  la  déchéance, 
dirigés,  mais  dont  la  plupart  n'cx  s-  Cependant  il  ne  passa  pas  a.  la  cham- 
tcnt  plus,  des  travaux  plus  importants  bre  des  pairs  créée  par  Louis  X\  Illj 
tels  que  la  coupole  de   la  Halle  aux  mais  il  reçut  des  lellres  de  grande 
blés  ,  à  Paris  ,  qu'il  a  rétablie  en  fer  naturalisation,  et  continua  d'habiter 
coulé  et  en  cuivre,  en  i  8 1  2  ,  de  ma-  la  capitale  où  il  fit  usage  de  sa  fortune 
nière  a  ce  qu'elle  fut  pour  jamais  a  par  des   actes  de  bienfaisance  et  en 
l'abri  de  Tincendie.  C'est  sur  ses  des-  véritable  ami  des  lettres  el  des  arts, 
seins  qu'ont  été  construits  les  abat-  Il  est  mort  dans  cette  ville  le  22  jan- 
toirsde  Paiis  ,  dont  il  avait  demandé  vier  1826  ,  sans  laisser  d'enfants;  et 
l'établisM'ment    long-temps    aupara-  tous   ses   biens  qui  étaient  cnnsidé- 
vanl.  11  fit  paraître  en  i  808  ,  iu-4-",  râbles  sont  passés  a  des  collatéraux, 
un    plan    de     ('onslniclioti    dune  On  a  le' catalooniie  de  sa  bibliolbècjue 
Halle  aux    vins  j     niix    enuxdc-  en  huit  feuillrs  in-8".  11  avait  publié 
vie,  etc.  M.  Loiscau,  son  élève,  a  sous  levoi'e  de  l'anonyme  quelques 
publié,   en  1818,  wwc  JSo lien  liis-  écrits  politique.?  :  L  iS'///* /t\vr/;^<i//r.v 
torique  sur  Bélanger.          E-k-d.  «^//^/y/'/^-^ ,  Cologne  1  796  ,  in -8".  II. 
IîELDEKÎUjSCII  ,  (le  comte  Modi/icalion  du  Staiu  quo,  ibid., 
Cjiaplls-Lloi'OLD  de),   né  dans  le  \']C)^ /\n-^^'.\\\.  Ln  paix  duconti 
duché  de  Limbourg  eu  »7'19,  d'une  lient  comme  achcntincnicntàltiptiix 
ancienne  et  illustre  famille,    fui  suc-  (générale  ,  stul  moyen  tle  coustr-^ 
ccssivemrnt  président   delà  régence  ver  F  équilibre  en  Jl^urope  /ww^rxm^ 
de  Téleclorat  de  Cologne  et  niinislre  en  Suisse  1797  ,  in-8".  IV.  Lettres 
de  l'électeur  près  la  cour  de  l'Taucej  sur  lapaix,  1797,  iu-S^.V.  /.c  cri 
cp  (|ui  l'avait  fi,\é  ii  l'aiis  depuis  plu-  publie^  publié  en  juillol  i8i5  ,  sans 
sieurs  années,   lorscpie  la  révoluliuu  date  ni  nom  dinipi  iineur.   M — nj. 
l'obligea  de  sortir  de  France  en  1790.  I^ELi^LLI  (Eiilcunce)  ,  né  ù 
Il  se  liiila  d'y  revenir  lor.s([Mc  Tordre  Buecino,  dans  le  royaume  de  Naples, 
comineiua  il  serétablir,  et  lut  nommé,  vers  1682,  entra  dès  son  jeune  âge 
dès  les  premières  années  du  règne  do  dans  Tordie  (b  s  Auguslins,    obtint 
INanoléon  ,  pi  élet  (lu  (lép.'irteineiil  de  successivenient    les  cb.irges  les   plus 
1  Oise,  lldéployadanscesimpuj  tantes  considérables  de  l'ordre,  et  linil  par 
fonctions  tout  ce  (|ue  peul  inspirer  être  nommé  jjénéral  el  vicaire  apos- 


ioliqnc.  Il  a  pu])lio  un  onvrngp  inli- 
Inlo  :  Exdinrn  S .  ,tuu;iistiiii  <lc 
Moihi  rcpnrationis  liunuiniv  lui- 
tiirœ  post  litpsum,  iMc.  ,  (|iii  »i  eu 
plu.siciirs  cdllioiis.  Ce  livre  a  ctc  vi- 
Vemcnl  crllitjuc  on  France,  mais  le 
père  IUtII  ,  anirc  Anguslin  ,  a  pu- 
bHé  une  défense  de  son  général.  Bc- 
lelii  soulienl  ,  coulre  roplnion  de 
Miir.itori ,  que  le  corps  de  i>ainl  Au- 
guslin  existe  a  Pavic  ,  où  il  aurait  élé 
transporté  dans  le  liuiliènie  siècle.  Eu 
effet,  d'anciennes  chroniijues  attes- 
tent ce  fait.  Belelli  est  mort  à  Rome 
en  i7.i2.  A — d. 

BELEM  (Jeanne  de),  plus  con- 
nue sous  le  nom  de  la  Pineau,  était 
fdle  d'un  pauvre  savetier  des  fau- 
bourgs de  INamur,  où  elle  naquit  le 
!"■  mars  1754..  Douée  d'une  beauté 
remarquable  ,  elle  eut  recours  au  li- 
berlinngp  pour  échapper  a  la  misère. 
Le  5  juillet  lySi  elle  arriva  à 
Bi  ux elles,  et  s'y  abandonna  a  la  pro- 
stitution la  plus  effrénée.  M.  de  Qiie- 
nonville,  viti'lardsexagénaire,  mem- 
bre du  conseil  souverain  de  Brabant , 
ayant  voulu  l'introduire  dans  sa  mai- 
son sans  scandale  ,  lui  fit  prendre  le 
nom  de  Belem  ,  porté  encore  aujour- 
d'iiui  par  une  famille  noble ,  et  la 
présenta  h  sa  fille  comme  une  oipbe- 
liue  bien  née  ,  mais  abandonnée  de 
tous  ses  parents.  Une  grossesse  la 
força  de  sortir  de  celte  maison  ,  et , 
après  de  nombreuses  aventures,  elle 
devint  la  maîtresse  en  titre  de  l'a- 
vocat ilenri  Vaiider  INoot  [P^oy.  ce 
nom  ,  au  Supp.j,  sur  l'esprit  duquel 
elle  exerça  le  plus  grand  empire  , 
quoiipie  déjà  elle  eût  passé  la  clu- 
quani.iine.  Ardejile  ,  audacieuse  , 
aya  it  de  l'esprit  naturel  ,  elle  ne 
fut  pas  inutile  a  ce  chef  de  parti 
lorsqu'il  se  mit  a  la  tèle  de  la 
révolulio!!  brabaiiconne.  Elle  l'aver- 
tissait des   dispositions  du   peuple  , 


BEL 


^•79 


travaillait  a  aujrmenler  le  nombre  (b; 
ses  créalnri's  cl  soutcn  ni  sa  leiuTlé 
cliance'uinlc.  C'est  cheK  clic  (pie  lut 
minuté  b;  M (tnlj'cslc  au  peuple  bra- 
bançon ,  et  (pie  se  tinrent  Ks  orgies 
de  la  faction  tri(Mnpliante.  Les  11  it- 
Icurs  rappelaient  Y Egérie  de  cet  an- 
tre Niima*  d'autres  plus  grossiers  lui 
donnaient  tout  uniment  le  litre  de 
duchesse  de  Brabant ,  qu'elle  accep- 
tait en  riani  et  sans  rien  rabattre  de 
son  ton  grivois  ,  de  ses  manières  li- 
cencieuses. Il  est  certain  qu'elle  eut 
une  grande  part  aux  mesures  prises 
par  Vander  JNool,  qu'elle  fut  cause 
de  quelques  unsdes  excès  qui  se  com- 
mirent alors,  et  qu'elle  puisa  plus 
d'une  fois  dans  les  caisses  publiques. 
Cependant  il  ne  faut  pa^  accueillir 
aveuglément  toutes  les  accusations 
dont  elle  a  été  l'objet  dans  les  nom- 
breux pamphlets  de  l'époque,  entre 
autres  dans  les  Masques  arrachés  , 
de  Beannoir  ,  mauvais  ouvrage  , 
payé  par  l'Autriche  ,  et  qui  a  cepen- 
dant obtenu  les  bonneurs  d'une  tra- 
duction allemande.  C'est  le  même 
Beaunoir  {^k oy.  Bkau^oir,  ci-des- 
sus ,  pig.  412),  qui  fit  paraîire  en 
I  7  9  I ,  la  A^  ic  amoureuse  de  Jeanne 
de  Belem ^  dite  la  Pineau  ,  i;i-8" 
de  48  pages.  Eile  joue  aujsi  un  rôle 
dans  le  drame  de  cet  écrivain  inti- 
tulé :  Histoire  secrète  et  anecdoli- 
que  de  F  insurrection  bel^ique  , 
ou  Vander^oot,  Bruxelles,  1790, 
in-8"  de  258  p'ges,  où  celte  Vie  est 
imprimée.  Mais  tout  patriote  qu'il 
était  ,  Y  Ami  des  femmes  n'a  pas  osé 
mentionner  une  pareille  héroïne  dans 
sou  Précis  sur  les  anciennes  Bel- 
ges en  faveur  et  pour  l'émulation 
des  nu)dernes ,  suivi  des  autorités 
et  preuves  de  droit  qu'ont  les  fem- 
mes de  la  Belgique  de  participer 
à  r administrât  lion  y  etc.  (  dédié  a 
iM"""  la  comtesse  d'Vvcs,  si  connue 


48o                    BEL  BEL 

Sar  sa  hiblioraanie) ,  Bruxelles,  G.  {V.  ce  nora.YI,  55  ij.  Celte  brochu- 

[iiyghe,   1790  ,  in-8°  de  35  pages,  re.  imprimée  a  Genève  .  est  indiquée 

La  rovuliilion  bnibauconne  finie,  la  comme  élanl  Touvrage  du  marquis  de 

Fineau  fut  au  boni  de  sa  carrière  po-     B ,  et  le  litre  porte  qu'elle  a  été 

lilique.  Elliî  mourJl  dans  l'obscurité,  lue  dans  une  académie  de  province  (1). 

comp'ètement  oubliée.     R — f — c.  Quoicju'on  ne  fùl  pas  encore  babilué 

lîELESTAT    ( Gar-  aux   petites  ruses   que  \ullaire   na 

DOUCH,  marquis  de),  doit  l'honneur  de  ce>sé  d'employer  pour  metlie  au  jour 
figurer  dan«  la  Biographie  ,  au  ma-  les  ouvrages  qu'il  jugeait  prudent  de 
lin  plaisir  que  Yi  Itairc  s'est  donné  ne  point  avouer,  tuut  le  monde  lui 
de  lui  faire  jouer  un  rôle  dans  une  attribua  l'écrit  dans  \ei\vie\  Y  Abrégé 
de  ses  non  brcuses  querelles  littérai-  chronologique  de  son  ami  le  pré- 
res.  INéeniyaS,  a  Toulouse,  d'une  sident  Hénaull  était  critiqué  delà 
des  plus  anciennes  familles  du  Lan-  manière  la  plu^  injuste.  Comme  une 
guedoc  ,  il  acheva  le  cours  de  ses  étu-  pareille  supposition  faisait  peu  d'hon- 
des  a  Paris,  et  lut  admis  fort  jeune  neur  a  son  caractère,  et  que  d'ail- 
dans  la  maison  du  roi.  Après  avoir  leurs  il  avait  des  ménagements  'a 
fait  avec  distinction  plusieurs  campa-  garder  avec  un  vieillard  respectable 
gnes  sous  IfS  ordres  du  maréchal  de  dont  il  n'avait  reçu  que  des  lémoigna- 
Saxe,  il  obtint  a  trente  ans  le  litre  de  ges  d'estime  cl  d'amitié,  Voltaire 
mestre-de-camp  de  cavaleriejel,  sans  dénonça  lui-même  ou  fit  dénoncer  la 
trop  de  présomption,  il  pouvait  se  brochure  au  m  nistrej  et  600  exem- 
flatler  d'arriver  aux  prerr.iers  gra-  plaires  saisis  furent  rais  au  pilon.  11 
des,  lorsque  l'affaiblissement  de  sa  écri\  it  ensuite  au  président  Hénult  , 
vue  l'obligea  de  renoncer  à  la  car-  à  qui  ses  amis  s'étaient  bien  gard' s 
rière  des  armes.  Possesseur  d'une  de  parler  de  cette  critique  ,  pour  lui 
fortune  considérable,  il  passa  dès-lors  annoncer  (juil  ve:  ail  de  faire  une 
la  plus  grande  partie  de  l'année  h  dissertation  contre  l'anteur;  mais  que 
Paris  ,  où  il  vivait  au  n.ilieu  de  la  so-  sur  l'assurance  ([u'on  lui  avait  donnée 
ciélé  la  plus  brillante  el  la  plus  spiri-  que  c'était  le  marcpiis  de  Belom  ,  il 
tuelle.  Déjà,  connu  de  Voltaire  ,  il  le  n'avait  pas  osé  l'envoyer  aux  jour- 
revjt  en  1 764  aux  eaux  de  IMombiè-  naux  (20  ocl.  1768).  Trois  jours 
res  ,  où  il  avait  accompagné  sa  femme  auparavant  (i  7  ocl.},  il  avait  ccril  au 
a  1  qi. elle  ce  grand  jioète  adressa  une  manjuis  de  Belestat  (|u'(in  le  soup- 
])ièce  de  vers  ,  (jui  est  imprimée  dans  connait  d'ètie  l'auteur  de  cet  ou- 
ic  rerueil  de  ses  fvtivrcs  (édit.  de  vrage  ,  cl  cpi'il  devait  déclarer  que 
Kcll  ,  XIV,  4^0'  ^^"  nssnre  (jue  lors-  c'était  La  P)eaun  elle  [Tablât' phito- 
(Hie  Voltairp  se  fut  fixé  délinitivement  sophique  de  /\'s/>r.t  de  f^  oltaire  , 
a  Fernev,  il  continua  d'enln  tenir  117-21).  Kniin  ,  il  annonce  h  IM""" 
avec  lieleslal  une  correspondance  du  Deffind  (pt'il  connaît  l'auteur: 
suivie  ]  mais  rien  ne  prou.e  (ju'il  lui  u  Je  ne  l  ai  découvert ,  lui  dil-il ,  que 
ait  jamais  écrit  ,  si  ce  n'esl  dans  la  «  d'aujourd'iuii  ,  après  trois  mois  de 
circonstance  cpiOn  va  rapporter.  Ln  «recherches.  lU-n'tsl  poinl  le  mar- 
1768  il  paint  une  brot  Imre  dirigée  «  (piis  de  iUlestat,  c'est  un  gentil- 
contre  le  pré>i.l(nt   llénanll,  inlilu- 


Kxamcn  de  la  notn'cltc  JJis-         (')  A  o-ito  .!..t..  n.l.-.iat  ..'.tMi  pn.  mr.uo 

,  .,,r      .      71,       .      ij  imiiihrf  «le  l  in.i«l«Mnio«l«<»  Jrux  rlor»iu.x  ;  fl  l  on 

ioircdc  Henri  J  f  ,d(:  ni ,  de  iiitrj       M,ii  ,,„ii  „y  ajiunai*  In  Vf.jamtn. 


a  liominedi"  l.i  pr()\  iiu'C(|u\)n  ajipcllL' 
il  .iiissi  nioiKsirur  Ir  niarcjuis.  11  est 
a  Irès-jirofoiul  dans  IMiistoire  Je 
»  Franrr  ;  c'est  uni'  cspùce  de  comte 
<(  de*  l'oiilaiuvillicrs,  très-poli  dans  la 
«  comorsallon  ,  mais  hardi  el  irau- 
«  cliant  ,  laplumo  h  !a  inain(7  dcc.).» 
Madame  du  DciVaiid  lui  répond  : 
«  Quelle  est  donclaqiialrièracdécoii- 
•t  verte  (pie  vous  ave/,  faite?  les  trois 
K  premiers    élaieiiL   La    l>caumelle  , 

V  Hclosle  ,  el  Belestat.  Pourquoi  ne 
«  pas  dire  le  nom  de  ce  dernier  mar- 
te quis?  Ce  serait  le  moyen  de  de- 
«  truire  Ions  les  soupçons.  Je  n'y  par- 
«  ticipe  point.  Je  vous  crois  incapa- 
♦  blc  de  telles  manœuvres.»  Voltaire 
ne  le  nomma  poinlj  et,  plus  lard,  il 
revint  a  la  première  idée  de  faire  pas- 
ser La  Beaumelle  pour  l'auteur   de 

Y  Examen  (2).  Informé  qu'en  mou- 
rant le  président  Hénault  n'avait 
laissé  aucune  mar(pie  de  souvenir  a 
madame  du  Deffand ,  son  ancienne 
amie  ,  k  Je  suis  ,  lui  écrit-il ,  dans 
«  la  plus  grande  colère,  je  suis  si  indi- 
«  gné  ,  que  je  pardonne  presque  au 
«  misérable  La  Beaumelle  d'avoir  5/ 
«  maltraité  les  étrennes  mignomies 

(a)  Voltaire  fit  écrire  sur  les  marches  de  quel- 
ques exetnplaiics   de  l'Uramen  ,  quarante-deux 
iiotps  de   la    main  de   son    secrétaire  Waf^nière 
et  il  eovoya  ces   excinjdairi'S  à  l'aris  ,    dans   la 
vue  d<!  nuire  à  La  Bcauniellc.  L'auteur  de  cette 
note  possède  celui   qu"^  Dauiilaville  arait  légué 
au  baron  d'Holbach  ,  qui  le  d()iina  à    IS'aif^oon  , 
et  qui  était  passe  dnns  le  cabinet  de  Barbier.  Ou 
trouve  à   la  lin  une  lettre   de  Voltaire  au  prési- 
dent lléiiault ,   du  3  I   oct.  1768,  de  la  inain  do 
"NVagnièrc  ;  «ne  lettre  du  nii^nie  au  censeur  Ma- 
rin ,  étrile  aussi  p.tr  Wagiiière  ,  le  ;'>  jnill.  f^Go, 
et  dix  questions  relatives  à    la   même  brochure, 
en  partir  de  la   main  de   Voltaire  ,    adressées  à 
l'ahbe    lU>udot  ,    afin  de    se   procurer    des   ren- 
fieif^nemvnts     qu'il    désirait,    pour     réfuter     la 
inémc    bnichnre.    Dans    ses    notes  ,  il    iiidi<pio 
ainsi  divers   p;:ssagcs  :  Ridicule  et  obscur  ;  fuum ; 
pille  ;  mauvaise  Inj^ique  ;  peut-on  mentir  plms   in- 
solcmment  ;    tonte    cette  puje    est    ubiurdr  ;  quel 
ignorant  rt  quel  insolent  ;    critique    impertinente  ; 
on  voit  iiien  ijue    ce    eoijuin    a    l' insolence    crimi- 
nelle ;    le     tcrlrrat    en    démence     o^<•     ici,     elc. 
Uans  ses  notes  ,  Voltaire  nomme  La  li'.'aninelie, 
el  il  avait  fait  rétubiii'  ce  nom  sur  le  titre  de 
YEtamen  ,  etc.  V — vi, 


liEL 


4«L 


f 


«  du  président.  «  Tuules  ces  tergiver- 
sations semblent  prouver  que  Voltaire 
est   le  véritable    auteur   de   VExa- 
nien.  Celait  l'opinion    de    madame 
du  DefTa'ulj  c'était  celle  de  Grimm 
et  de  SCS  amis  ,  de  Naigcou  ,  de  Con- 
dorcet ,  etc.,  c'esl-i-(lirc  de   toutes 
les    personnes   en    état    de    connaî- 
tre a  fond   celte  aflaire.  Cependant 
liarbicr,  quoique  h  peu  près  seul  de 
sou  avis,  a  pris  h.  làclie  de  prouver 
que  le  pampnlel  est  dcLaBeaumelle. 
11  a  répète  cette  alle'galion  dan»  le 
Dictionnaire      des      anonymes  , 
dans  le  Supplément  à  la  corres- 
pondance de  G  rimmel  dans  Y  Exa- 
men critique   des   Dictionnaires , 
.  95  ,  sans  donner  aucune  preuve  a 
'appui  de  son  scnliment.  Belestat  , 
dont  celle  longue  discussion  nous  a 
Irop  éloigné  ,  admis  ,  en  i  769,  a  1  a- 
cadémie   des  Jeux  Floraux  y  lut  un 
Eloge   de   Clémence  I satire.    Ea 
1773  il  fut  adjoint  au  secrétaire  per- 
pétuel 5  mais  il  lui  fut  bientôt  impos- 
sible ,  a  raison  de  sa  mauvaise  vue  , 
d'en  remplir  les  fonctions.   Peu  de 
temps  après,  il  fut  affligé  d'une  sur- 
dité prcsipie  complète.  Ses  infirmités 
ne  purent  le  garantir  des  persécu- 
tions auxquelles  les  personnes  de  soa 
rang  furent  exposées  pendant  le  rè- 
gne de  la  terreur.  Jeté  dans  une  des 
prisons  de  Toulouse  ,  il  n'eu  sorlit 
qu'après  le  9  thermidor.  Malgré  sou 
grand  âge  et  sa  surdilc ,  il  reprit  aus- 
sitôt ses  habitudes  studieuses  ,  el  con- 
tinua de  se  faire  lire  tous  les  ouvrages 
nouveaux.  Il  mourut  a  Toulouse  eu 
1807,  a  82  ans.  Son  Eloge  ^  pro- 
nonce par  M.  Fr.  de  Villeneuve,  est 
imprimé  dans  \ Histoire  des  Jeux 
Eloraux ,  par  Poilevin-Peitavi ,  II  , 
562.  Le  marquis  de  Belestat  possé- 
dait nu  cabinet  de  livrfs  rares,  avec 
une  suite  de  médailles  et  une  riche 
collection  de  tableaux.         AV — 'S. 


LVII. 


^ 


482 


BEL 


BELÏIOMME    (Dom    Hum- 
BEP.T  ) ,  savant   bénédictin,  naquit  à 
Bar -le -Duc,    le    2  3  déc.    i653, 
dans  une   coudilion  obscure.   Après 
avoir   acbevé    ses   éludes  ,   il  entra 
dans  la  congrégalion  de  Saint-Van- 
nes  et  de  Saint-Hidulphe  ;  et  mou- 
Ira  pour  renseignempnt   de  la  phi- 
losophie et  de  la  théologie  des  ta- 
lents remarquables.   Le  cardinal  de 
Retz,  alors  en  Lorraine,  l'ayant  in- 
vité d'assister  aux  conférences  qui  se 
tenaient  dans  son  château  de  Com- 
incrci,  le  jeune  professeur  y  soutint 
sa  réputation.  Doué  d'une  éloquence 
qui  pren.iit  sa  source  dans  une  érudi- 
tion profonde, Dora  Belhorame  se  dis- 
tingua dans  la  chaire  évangéliqnc.  On 
a  remarqué  qu'il  fut  le  premier  qui 
prêcha  dans  la  cathédrale  de  Stras- 
bourg ,  après  la  réuuion  de  cette  ville 
k  la  France.  Revêtu  successivement 
des  premiers  emplois  de  sa  congré- 
gation ,  il  prit  part  a  toutes  les  gran- 
des affaires  qu  elle  eut  a  cette  épo- 
que. A  sa  rentrée  dans  ses  états,  le 
duc  de  Lorraine ,  Léopold  ,   voulut 
le  consulter  sur  les  réformes  qu'il  mé- 
ditait ,  et  le  pressa  d'accepter  une 
place  dans  son  conseil  j  mais  il  s'en 
excusa  sur  son  âge  et  ses  infirmités. 
Nommé  ,  en  lyoS  ,  abbé  de  Moyen- 
Moutier ,   il    reconstruisit    les    bâti- 
ments de  l'abbaye  qui  tombaient  en 
ruines  ,  cl  l'enrichit  d'une  bibliothè- 
que ,  la  plus  belle  de  la  jiroviucc,  et 
(lui   ne   parut  pas  sans  éclat ,  même 
auprès  de  telle  de  Senones  qui ,  dans 
le  voisinage,  prenait  de  si  grands  ac- 
croissements, par  les  soins  de  Dom 
Calme l.  Ces  deux  précieuses  collcc- 
lions,  y  compris  les  manuscrits  ,  ont 
clé  dispersées  dr  nos  jours  et  vendues 
nu   poids;  dernirr  excès  du  vanda- 
llsMie  (|ui  sembla  ne  couler  aucune  ré- 
pugnance ni  regret  aiixaihuinislialriirs 
qui  le  suulUirenl  ou  ronluiinèrenl  î  il 


BEL 

mourut  le  12  déc.  1727,  a  soixante- 
quatorze  ans.  La  révolution  n'a  point 
épargné  sa  modeste  tombe  ;  mais  l'é- 
pitaphe  qui  la  décorait  a  été  recueil- 
lie dans  la  Bibliothèque  de  Lov' 
raine  y  102.  On  peut  regarder  com- 
me l'expression  d'un  sentiment  vrai 
cet  éloge   qui  s'y  lisait  :  «   Viduœ 
ce  et  afflicto  nunquam  défait  ;  sub" 
a  ditos  ea  complexus  est  charitate 
a  ut  non  iimerent  dominum ,  sed 
a  venerarentur    amarentque   pa^ 
ce  trem.  »  Outre  un  grand  nombre 
àe  Mémoires  et  de  Factums,  pour 
la   défense    des   droits   et    des   pri- 
vilèges de  sa  congrégation ,  on  doit  à 
Belhomme  :  I.  Une  histoire  de  l'ab- 
baye de  Moyen-Moutier  (  Historia 
31ediarni  Monasterii  in  Vosago) , 
Strasbourg  ,  1724-,  in-4-"  ,  fig-  Elle 
est  pleine  d'intérêt   par   les   détails 
qu'on  y  trouve  sur  les  maires  du  pa- 
lais de  France ,  ainsi  que  sur  les  an- 
ciens ducs  d'Alsace  et  de  Lorraine. 
L'auteur  l'a  fait  précéder  des  trois 
vies  de  saint  IlidulpJie  ,  qu'il  avait 
déjà  communiquées  aux  Bollaudistes 
qui  les  ont  insérées  dans  les  Acta 
sanctorum y  au  12  juillet.  Celle  nou- 
velle édition,  faite  également  sur  les 
manuscrits ,  est  accompagnée  d'une 
bonne  dissertation  critique.  IL   Les 
CItroniques  diverses ,  faisant  con- 
naître les   successeurs  de   saint  lii- 
dulphc,  jusqu'au  commencement  du 
onzième  siècle.  III.  Un  Fragment 
de     la    Chronique     de   Jean    de 
Jiayon  ,  qui  contient  des  documents 
essentiels  pour  Ihistoire  de  Lorraine 
dans  les  onzième  cl  douzième  siècles. 
IV.  La  quatrième  partie  est  enlière- 
menl  l'ouvrage  de  Dom  Belhomme  , 
(jui  continue  riiistoire  de  l'abbaye  de- 
puis le  treizième  siècle  juscpi'al  année 
1720.  Il  a  éclairci  par  dfs  notes  et 
des  observations  préliminaires  les  li- 
vres précédents.   Lo  plan   fijjuriî   de 


BEL 

Mo}'cn-Moulior  cl  (jiu'lcjur.s  plauclic» 
rcprcsciilant  craucicns  monumcnls  , 
aitli'iil  à  1  iiilcllijrcncc  du  livre.  Le 
DlclioniKilre  de  iMorcri  conlieut  sur 
le  vénérable  abbé  do  Moycu-Moulier 
une  excellenle  iiolicc  que  Ton  doit 
à    son  conlrère    Doiii    Cedlier. 

L — M— X  et  W — s. 
«ELIGATTI  (Cassius),  ca- 
pucin ,  né  a  Macerala,  dans  les  élals 
du  Saiut-Sii^'ge,  en  1708,  inlnoinmé 
inissionnnirc  au  Tibet  et  dans  le 
royaume  du  Grand-IMongol,  011  il  sé- 
journa dix-liuil  ans.  Il  revint  h  Homo 
avec  une  couuaissance  exacte  de  la  lan- 
gue de  ces  pays.  Le  cardinal  Spinelli, 
préfet  de  la  propagande  ,  l'invita  a 
composer  des  ouvra^^es  propres  a  in- 
struire les  missionnaires.  Beligalti 
■puhVià  mi  alphabet  iibéLain^  llo- 
lue,  1775,  in-8",  et  deux  grammai- 
res ,  Tune  de  la  langue  iudous- 
laui ,  l'autre  de  Tidiome  samscrit, 
eu  caractères  malabares ,  traduits  du 
portugais.  Il  aida  le  père_  Giorgi 
{J^oj.  ce  nom,  XYII,  4i4-  et  suiv.) 
dans  la  composition  de  son  célèbre  ou- 
vrage ,  oii  il  interprète  et  explique 
les  manuscrits  trouvés  en  172  i  dans 
la  Tartarie  ,  et  que,  dans  les  so- 
ciétés litléraircs  fondées  par  Pier- 
re-le -Grand,  personne  n'avait  pu 
comprendre.  Honoré  constamment 
par  J*ie  M,  qui  pensa  même  à  l'éle- 
ver à  la  pourpre  ,  Beligatli  mourut  a 
Rome  en  1791.  A — d. 

BELl.XDE  BALLUÇJacques- 
WicOLAs),  l'un  des  bellénisles  fran- 
çais les  plus  distingués  ,  nacjuit  en 
1753  h  Paris,  d'une  famille  hono- 
rable. Après  avoir  terminé  ses  éludes 
avec  succès,  il  acquit  en  1779  une 
cbargc  de  conseiller  a  la  cour  des 
monnaies  ,  et  sut  concilier  les  devoirs 
de  celle  place  avec  le  penchant  qui 
rentraînail  vers  le^  lellres.  L'année 
précédente  il  avait  déjà  publié  la  Ira- 


BEL 


l\Oj 


duclionderjyt'tv//^6'  d'Euripide,  avec 
des  remanpies  (1)  et  une  préface 
dans  hupicllc  il  annonce  la  Iraducliun 
de  quelques  autres  pièces  du  théâtre 
des  Grecs.  Il  fut  détourné  de  ce  tra- 
vail par  celui  i\\\\\  cutrepril  sur  Op- 
pien.  L'édilion  que  Schneider  venait 
de  donner  de  ce  poète  ,  avait  rappelé 
l'attention  sur  ses  ouvrages  dont  le 
mérite  n'avait  pas  élé  jusqu'alors  ap- 
précié convenablement.  L'examen 
qu'en  fit  Belin  lui  laissa  voir  dans  le 
travail  deSchneider  desimperfections 
qu'il  se  proposa  de  corriger.  Avec  le 
secours  de  Yan  Santen  qui  lui  com- 
muniqua les  variantes  des  manuscrits 
de  Venise  et  du  Vatican  ,  il  résolut  do 
donner  une  nouvelle  édition  d'Op- 
pien.  Elle  fut  commencée  à  Stras- 
bourg en  1786  ^  mais  elle  n'a  point 
été  terminée  (2).  Admis,  en  1787,  a 
l'académie  des  inscriptions  ,  Kelin  y 
lut  des  Recherches  sur  la  chasse 
chez  les  anciens  que  l'on  doit  re- 
garder comme  un  commentaire  du 
poème  d'Oppien  5  et  une  Réponse  à 
des  observations  de  Dupuy  ,  qui 
soutenait  avec  Schneider  que  les  deux 
poèmes  de  la  Chasse  et  de  la  Pèche, 
attribués  h  Oppien  ,  ne  peuvent  pas 
être  l'ouvrage  du  même  auteur  [V^oy. 
Oppieîî  ,  XXXII  ,  36).  Ces  deux 
morceaux,  indiqués  dans  la  table  gé- 
nérale des  31émoires  de  l'académie  par 
Laverdy  ,  ne  font  cependant  point 
partiedc  celte  collection.  Unecircou- 
stance  particulière  obligea  Bclin  de 
hâter  la  publication  de  sa  traduction 
de  Lucien^  qui  est  restée  son  plus  beau 


(i^  Paris,  1^78  ,  in-S". 

(2)  Oppiani  fioeiiuila  de  F'enationc  et  Pisca- 
tioiic  ,  gr.  cuin  intcrprrt.  lut.  et  sc/ioliis ,  Slras- 
bour;^,  i78()  ,  in-8°.  Il  n'a  paru  de  cette  édition 
(jiic  le  |ioôine  de  f^enaiioiif ,  dont  il  a  tté  tiré  des 
exi-niplairis  in-.}"»  g"".  J'-'l'-  do  Hollande.  On  a 
aussi  iinpriniir  .Jo  paçcs  du  texte  grecdn  pO(''in« 
<!c  l'iicu'.iunc,  ni'iis  elK's  ne  se  trouvent  jointes 
{\x\'h  très-peu  d'exemplaires.  Manuel  du  liùrain- , 
de  M.  Urunel. 

3i. 


4&4                  BEL  BEL 

litreTlluérairc  (3).  Persuade,  comme  gre  quelques  aberrations,  Belin  doit 
il  le  dit  lui-même,  que,   quand  une  être  compté  parmi  les  philosoplics 
fois  le  peuple  se  mêle  de  pliilosopber,  religieui.  C'était  d'ailleurs  un  homme 
tout   est  perdu  (4.)  ,   il  quitta  Paris  modeste  et  bienveillant.  Outre  la  tra- 
çn  1792  ,  el  se  tint  cacbé  dans  une  ducllon  à'Hécubeti  l'édition  à' Op- 
•maison  de  campagne  où  il  eut  le  bon-  pien  dont  nous  avons  déjà  parlé,  ou  a 
heur  d'échapper  au  règne  de  la  ter-  de  lui:  L  LacJiasse,  poème  d'Oppicn 
Teur.  La  révolution  lui  ayant  enlevé  traduit  en  français  avec  des  rcmar- 
toutes  s>es  ressources,  il  accepta  la  c\\iQS'^%m\\à\\\i  Extrait  de  la  grande 
place  de  professeur  de  langues  ancien-  histoire  des  animaux  d'Eldemiri, 
nés  a  l'école  centrale  de  Bordeaux.  (  par  M.  Silvestre  de  Sacy)  ,  Stras- 
Son  nom  ne  se  trouve  point  dans  la  bourg,  1 787, in-S". ILLes  O^'w^r^s 
liste  des  premiers  membres  del'insti-  de  Lucien  ,    avec  des  noies  bistori- 
tut;  et  cet  étrange  oubli  ne  fut  en  ques  et  littéraires,    et  des  remarques 
partie  réparé  qu'en  1799  ,  où  il  re-  critiques  sur  le  texte,  Paris,  1788  , 
eut   simplement  le  titre  de  corres-  6  vol.  in-8''.   Il  y  a  des  exemplaires 
pondant.  Il    habitait    alors   Garen-  format   in  '  ^''.    Cette   version  ,  dit 
cières   près  de   Paris.  L'année  sul-  M.  Boissonade  ,  est  exacte  et  en  gé- 
rante  il   lut  dans  une  séance  de  sa  néral  satisfaisante,  mais  le  style  laisse 
classe  uncZ^/55c'W«f/on dans  laquelle  beaucoup  h  désirer  {Foj'.  Lucien, 
il  se  proposait  de  disculper  Gtésias  XXY,  364).  On  en  a  détaché /'///i'- 
(  yoj.  ce  nom,  X,  32  4  ).  A  la  re-  toire  véritable  et  Lue  lus  ou  VA- 
commandatiou  de  quelques-uns  de  SCS  ne,    pour    en    former   le    douzième 
amis,  il  fut  nommé  directeur  du  prr-  volume  de  la  Bihliothcque  des  ro- 
lanée  de  Saint-Cyr  ;  mais  fatigué  (les  riians  grecs,  Paris  ,  1797.  Les  nom- 
tlélails  d'une  grande  administration  ,  brcnscs  lacunes   que    le    traducteur 
si  peu  compatible  avec  l'élude,  il  se  avait  laissées  dans  ce  dernier  mor- 
<léinit  do  cet  emploi,  pour  accepter  ceau  ,  l'un  des  plus  licencieux  del'an- 
ia  place  de  professeur  de  littérature  liquité  ,    ont  clé   remplies,  dans  la 
grcMMiiie  a  l'universllé  (jue  l'empereur  nouvelle  édition  •  mais  on  ne  peut  pas 
de  Uussie  venait  de  fonder  h  Char-  tlire  si  c'est  par  Belin   ou  par  quel- 
tow  dans  l'Ukraine.  Il  fit  donc,  en  que  autre  helléniste.  Le  sixième  vo- 
1  Ho  5,  a  la  France  cl  h  ses  amis  un  dcr-  lume  coutii-nt  les  variantes  de  six  ma- 
nier adieu.  Les  devoirs  de  celte  place  nuscrits  do  Lucien  de  la  r>ibliulhèquc 
et  U  culture  des  lettres  occupèrent  du  roi,  qui  n'avaient  point  encore  été 
les   loisirs  de  vson  exil  volontaire,  collationnes.  Ellosonlétéreproduites 
mais   ne  purent  le  consoKr.  Appelé  dans  l'édition  publiée  par  la  sociélé 
queî(jues  années  aprèsà  Moscou,  fin-  typographiciue  de  Deux-Ponts.  On  a 
cendie  de  cette  ville  l'obligea   de  se  reproché  h Inlin  de  s'être  acquitté  do 
réfugier  à  Pélersbourg,  cl  il  y  mou-  celle  partie    de  son  travail  avec  un* 
rut  en  i  8  i  5  ,  a  Tiv^r  de  62  ans.  Mal-  grande  négligence.  Il  se  proposait  do 

réunir  dans  un  7*  volume  les  leçons 

„,    „       .                     .,.,.,,..  (Ui'il  avait   tirées  des  manuscrits  dn 

(1)  «  tlnr  nrconslniiro  (liirlinilii're  m  a  obli^o  l_                                                                        f  !•  • 

«  (lu  itt  livrer  à  la  |>r<-5v«.  n  fuiLiii  ou  le  |)iii>ii<'r  Vatican,    ill-    Lue  nouvcHe  édition 

«.•„ceu,.Mnrnto«h.,p.Trl.r,.,,nrtnniour,.In.,.  |          CfiraCtêreS     de     ThèophraStC 

M  M...iiri.riij.ru  r«  nnporié.  »  (  l'rrjace  df  ht  avcc  des  uotes,   et  la  traduciion  do 

'^'ti)7j'!:L,  cn„,juc  Jr  n^.ju,nce.  Il .  35,.  ^^»^  uouvcaux chapitres  trouvés  dans 


\m  mami.<crltdu\  allcaii,Pan.s,i  790, 
in-8".IV.  La  Iraducllou  du  Tablaiu 
tic  Crbès  ;  avec  \v  Mtinucl  (CEpic- 
tcU\  Iracluit  parDacicr,  ibid.,  i  790, 
in-8"  (5).  V.  Mcniolrvx   et  voya- 
f^i'S  (l'un  ('migré ^  il)iil. ,  i  8 o  i ,  3  Tol. 
in-i  2.  C'est  un  roman  dans  le  genre 
(lu  Sct/ios  de  Tabbé  Tcrasson  dont 
le  cadre  e^l  la  partie  la  moins  essen- 
tielle.   On  trouve  dans  celui-ci  beau- 
coup  de  détails  intéressants   sur    les 
mœurs  elles  usages  des  anciens.  Be- 
liu  j  donne  une  idée  peu  avantageuse 
des  plillosopbes  grecs  surtout  de  Pla- 
ton (jue,  malgré  sa  profonde  adiniia- 
tion  pourVécrivain,  il  regarde  comme 
un  des  esprits  les  plus  faux  et  les  plus 
8opliisti(pies  (pielaGrèce  ait  produits. 
Il  assure  qu'il  n'a  rieu  avancé  dans 
son   livre  cpiil   no   pût  appuyer   de 
honnes  preuves  (6)  ,  et  cependant  il 
ose  faire  peser  sur  Louis  XV  l'accu- 
sation  d'avoir    eranoisonné   le  Dau- 
pbin!   II    faut  convenir  que  !es  plus 
nonnctes  gens  sont  sujets  a  d'étranges 
écarts.  YI.  Le  Prêtre  par  un  docteur 
deSorbonne,  Paris,  1802,  in-12. 
Vil.  Epttrc  au  premier  consul  sur 
V enseii^ncment  de  la  langue  grec- 
que dans  les  lycées,  il)id,  ,  i8o3  , 
in-4.**.  VIII.  Histoire  de  la  Dame 
invisible  ,    ou  mémoires  pour  servir 
à  Tbistoire  du  cœur  bumain,  ibid.  , 
1802,  in- 1 2 .  IX.  Histoire  critique 
de    l'éloquence  chez  les    Grecs ^ 
i!)id. ,  1 8  I  3  ,  2  vol.  In-S".  «  Cet  es- 

(5}  CV^l  par  erreur  qu'à  l'arlicle  Epictktb  , 
XIII  ,  îof"),  (111  attrilme  à  V>t\\n  de  lîallu  la  ira- 
durliciD  du  ,l/a;(i((7,  iuipriiuce  avec  If!  i aùlcnu  de 
Céirs  ;  elle  est  (le  Dacier.  La  traduclion  auoujiiia 
de  it^oj  ,  io-a4  ,  rilccdans  le  inèmc  article,  est 
celle  de  Guill.  Duvair,  dout  il  existe  une  édition 
Ancienne  iinpriin'-e  vers  x6oo.  Ain.^i  1«  nom- 
bre de»  traductions  françaises  que  le  ndacleur 
de  l'arlicle  j)ortc  à  dix-neuf  se  trouve  réduit  à 
dtx-:>e|tt. 

(6)  M  C'est  un  ouvrage  d'érudition  on  je  n'ai 
«I  rien  avancr  que  •  ur  des  autorités  rvspcctobles  ; 
««  et  si  je  n'.ii  ])ciiiit  <  ité  nn-.s  l'araiits  ,  c'rsi  <jue  la 
«  forme  adoptée  «lans  cet  ouvra^'e  ne  me  le  per- 
«  mettait  |<a3.  u  Jlistoire  critique  de  l'eloquence,\\, 
a-;?. 


IJFX 


/.85 


u  yd\ ,  dit  IkIiu  ,  n'est  (prune  partie 
«  à\\{\  ouvrage  entrepris  auirelois 
«  d.ins  des  Itiiips  plus  beureux  où 
a  l'ardeur  de  l'ài^e,  la  passion  des 
a.  lellres  ,  une  .situation  plus  riante  , 
«  me  permettaient  de  faire  de  plus 
a  vaites  projets,  .l'avais  conçu  le 
K  dessein  d'exécuter  en  français  une 
a  Bibliotbèque  bislorique  et  critique 
«  de  tous  les  écrivains  grecs,  et  de 
K  les  ranger  (bans  l'ordre  cbronolo- 
tt  gique,  afin  de  former  une  vcrita- 
«  ble  bistoire  de  la  littérature  géné- 
tt  raie  je  la  Grèce  »  (7).  Malgré 
quckpies  imperfections  inséparables 
(l'un  pareil  travail ,  cet  ouvrage  est 
le  fruit  d'une  érudition  consciencieuse^ 
et ,  suivant  M.  Nodier,  les  hommes 
les  plus  instruits  peuvent  y  trourer 
encore  k  apprendre  (8).  Il  devait 
élrc  suivi  d'une  Histoire  de  lapot-^ 
sic  grecque  ,  dont  Beliu  parle  com- 
me d'un  écrit  entièrement  terminé. 
Quelques  bibliographes  lui  attribuent 
une  traduction  française  dcMyriobi- 
blon  de  Pbotius  j  mais  s'il  en  a  eu  le 


(7)  On  sait  avec  qael  succès  Sclinell  a  depuis 
CTécuté  ce  plan  pour  la  littérature  grecque  et 
pour  la  littérature  latine  (Voy.  Biographte  des 
hommes  vivants  ,  V,  333,  et  le  uiémc  iioiu  dans  la 
Supp;. 

(8)  Cet  ouvrage  fut  imprimé  i\  Paris,  par  Re- 
liii,  qui  m'invita  à  donner  f]tiolques  soins  à  l'é- 
dition, en  l'absence  de  l'auteur.  Dans  Ici  c%cin-' 
plairas  destinés  pour  la  Ku-ssi»;  est  une  é|>iire 
déidicatoire  en  veri,  de  Belin  de  ballu,  àl'cm- 
pcrcur  Alexandre.  Cette  pièce  fu»  ^opprimée 
dans  les  autres  exenipbires.  L'auteur  louait 
la  Itauta  sagesse  de  l'yUeiandre  du  Nord,  (pu 
doit  nous  faire  oublier  V Alexandre  de  Grèce. 
Voici  quelques  vers  de  Cttle  épitrc; 

Mon  vaisseau  fatigué  par  de  fréquents  orages  , 
Chcrclie  un  port  qui  le  mette  à  l'abri  disnnufrngcs: 
Ouvre-lui  tes  états  ;  souffre  que  sous  tes  lois. 
Prés  de  toi  ,  je  i  cspire  ur.e  première  fois. 

Trahi  ,  peisétulé  dans  ma  triste  pairie 

Apollon  ,  mieux  traité  dans  tes  beureux  états 
Me  presse  chaque  jour  d'y  dirii;cr  mes  pas. 
3c.  veux  le  consacrer  mes  travaux  et  mes  veilles  ; 
De  ton  règne  i-clatant,  je  dirai  les  merveilles,  etc. 

Belin  Toit  dans  Alexandre  ,  Apollon  sur  le 
troue  des  ctars  ;  il  le  place  au-desius  d'Auguste  ; 
il  en  fait  un  héros,  un  père,  qu>,  Volive  à  lu 
main  ,  cnnmunde  à  la  terre,  (/est  ce  qui  ne  poa- 
Tiiit  élrc  publié  à  Paris,  en  )8i3.  'V — vt. 


486  BEL  BEL 

projet  on  pcul  assurer  qu'il  ne  l'a  pas  1796,  6  vol.  in-8°).  L'état  de  la 

exécuté.  Il  a  laissé,  dit-on,  manuscrit,  chirurgie  au  niilicu  de  la  seconde  moi 

une  grammaire  grecque  avec  des  ta-  tié  du  dernier  siècle  y  est  fidèlement 

Meaiiï    synoptiques    sous     le    titre  exposé.  L'auteur  s'était  pénétré  des 

^''Hermès   htllenien  ,   et  un  Die-  saines  doctrines  ,  et  avait  profilé  des 

tionnaire  grec  et  français.  W — s.  travaux  des  plus  illustres  chirurgiens 

BELL  (Benjamin),  célèbre  clii-  de  l'Europe  a  cette  époque.  Le  li 

rurgien  anglais,  mort  au  commence-  vre   manque  de  régularité   dans    la 

ment  du  dix-neuvième  siècle,  avait  distribution    générale    des -articles , 

étudié   la  médecine  a  Edimbourg  ,  mais   chaque   article   est   complèle- 

cù    Monro  fut    son   maître   en  ana-  ment  et  méthodiquement  traité.  Les 

tomie.  Après  un  voyage  sur  le  conli-  progrès  de  la  chirurgie  depuis  De- 

nent,penclant  lequel  il  visita  les  prin-  sault  l'ont  fait  vieillir-  la  théorie  de 

cipales  universités  de  l'Europe  et  fît  plusieurs  affections  chirurgicales,  les 

un  assez  long  séjour  h  Paris  ,  il   de-  opérations   qu'elles  nécessitent,   les 

vint  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  instruments  dont  on  fait  usage ,  tout 

d'Edimbourg  ,  et  membre  de  la  so-  oupresquc  tout  a  éprouvé  tant  de  per- 

ciélé  royale.   Les  particularités  de  feclionnemenls  que  l'ouvrage,  malgré 

sa  vie  sont  peu  connues,  mais  ses  ou-  l'autorité  qu'il  conserve  comme  ma- 

vragcs  ,  long-temps  regardés  comme  nnment  historique  ,  n'est  plus  propre 

classiques  ,   occupent  une  place  ho-  a  être  recommandé  aux  élèves.  IIL 

norable  dans  les  bibliothèques  ,   et  Treatise  on  gonorr/iœa  virulenta 

sont  encore  consultés  avec  fruit.  L  A  and  lues  venerea  ,     Edimbourg  , 

Treatise  on  the  tlieory  and  ma-  179^,  2  vol.  in-8°.   Cet  ouvrage, 

nagement  of  idcers ,   Edimbourg,  dont  il  a  paru  une  seconde  édition 

J778,  in-8".Ce  livre,  dont  une  sep-  en  1797,  et  dont  Bosquillon  a  don- 

tième  édition  a  paru  en  1801  ,  avec  né  une  traduction  en  1803  ,  est  rc 

le  suivant ,  fut  traduit  en  français  par  marquable  sous  plusieurs  rapports. 

Adet  et  Lanigan  (Paris,i  7  89,  in-i  2).  L'auteur  s'cstattaché  a  démontrer  que 

Bosquillon   en   a  donné  deux  autres  la  gonorrhée  a   toujours  existé ,   et 

traductions  :  l'une  en  1  788  ,  cl  la  se-  qu'on  en  retrouve  des  traces  a  toutes 

conde  en  i8o3.  Celte  dernière,  faite  les  époques.  S'il   admet,    contre  le 

sur  la  dernière  édition,  est  augmen-  témoignage     journalier     de    l'cxpé- 

tée  de  notes  ,   de  recherches  sur  la  ricnce  ,   que  le  mercure   est  le  seul 

teigne,    et  d'observations  nouvelles  remède  curatif  des  affections  véné- 

sur  les  tumeurs  blanches  des  articu-  rienncs  ,  du  moins  insiste-t-il  beau- 

lations,  maladie  grave  contre  laquelle  coup  sur  Ifs  graves  inconvénients  que 

Bell  a  inlroduil  la  mélliodc  ([ui  con-  rc  métal  entraîne  dans  une  multitude 

sistc  K  les   traiter  par  des  applica-  de  cas,  surtout  entre  les  mains  de 

lions  réitérées  de  sangsues  ou  de  ven-  ceux  qui  le  manient  sans  autre  guide 

toiises  et  par  des  vésicatolres  volants,  qu'une   aveugle   routine.    Au    total, 

W.  System  ofsitrgery,VA\\\\\^{i\\x'l^  c'est    une  excellente   monographie, 

1783-1787,  6  vol.  in-8".  Cet  ou-  dans  huiuelle  lUll  se  montre  médecin 

vragc  ,  qui  a  eu  sept  éditions  ,  dont  liabile  et  prolond  érudil  ,  ce  qui  est 

Li  dernière  est  de  1801  en  7  vol.,  en  fort  rare  en   Ions  pays  ,  mais  plus  en 

romplail  (léjli(piatre  lor.s(juer»()S(|uil-  Aii;;hlerre  (pie  partout  ailleurs.  Les 

Ion  le  (il  connaître  il  la  France  (l'aris,  additions  de  Bosquillon  décèlent  un 


BEL  BFX                   /,87 

prallclcn  d'iinc  grande  sagacité,   cl  di' donzr  ccnl  cinquante  liv.  stcrlin;^, 

|iliisi('iirs  sont   rxlrèmcmrul    rcinar-  pour  cire  cniplovée  a  réducalion  de 

(|iial)!cs,    IV.    Trt'dfisc  on  lijdro'  Iiuil  orpliclins  d'ccc K'.siasli(juc\s  indi- 

Ct'lc j  on  sarcocc/r ,  or  cancer,  and  geiits.  — \\\l\a,  [John)  ,    iiiiprimciir 

othcrdiseascs  oflhc  lestes^  Edim-  célèbre  par  des  édiiioiis  remartpiahles 

bourg,   1794,  in-8"  ;  ouvrage  écrit  de  plusieurs  poêles  anglais  ,  nolam- 

avcc  précision  et  clarté ,  dans  lecpiel  inenl    de   Sliakspear  ,    csl  inorl    eu 

on  trouve  une  description   romplèlo  i85i.                                        Z. 

des   procédés  opératoires,    mais   vpii  1$ELL(AndrÉ),  nafjuilen  1755, 

n'a  plus  de  prix  maintenant  cpie  pour  îi    Saint-André  ,   en  Ecosse  ,   cl   fit 

riiistorien  de  la  chirurgie.        J-d-n.  ses  études  dans  l'université  de  cette 

BELL  (William)  ,  savant  an-  ville.    Entré    dans    les    ordres    en 

glais ,   prébendier  de  Westminster ,  qualité  de  ministre  de  Tégiise  angli- 

fit  avec    distinction  ses  études  dans  cane ,  il  vs'y  distingua  par  son  cxcel- 

l'unlvcrsité  de  Cambridge.   Il  rem-  lente  conduite  et  par  sa  cliarilé.   Il 

porta  plusieurs  prix  académiques,  un  avait  passé  plusieurs  années  en  Amé- 

cntre  autres  sur  celte  question  :  Des  rique,  lorsqu'on  1789  il  fut  nommé 

causes  qui  contribuent  le  plus  à  chapelain   du   fort  Saint-George   et 

V accroissement  d'une  nation.  Cet  ministre  de  Sain Ic-Marie,  a  Madras, 

ouvrage,  qui  fut  imprime  en  1756,  fit  Coopéralcur  actif  de  tous  les  efforts 

à  W.  Bell  une  brillante  réputation,  tentés  en   faveur  de  Ehumanité,    il 

L'avantage  qu'il  eut  d'appartenir,  en  accepta  la  surintendance  gratuite  de 

qualité  de  chapelain  ,  a  la  maison  de  l'asile    des   orphelins  militaires  ,   et 

la    princesse  Amélie  ,    fille    du  roi  introduisit    dans    une   école    voisine 

George  II  ,  lui  procura  de  l'avance-  de  Madras,  a  Egmore  (1792-95)  , 

ment  dans  l'église.  Il  publia  en  1780,  le  mode  d'instruction  si  célèbre»  de- 

in-Z^  j  un  Essai  pour  constater  et  puis    sous    le    nom    d'enseignement 

expliquer   Vautorité,    la   nature  mutuel.  Tout  le  monde  sait  a  présent 

et   le  dessein   de  l'institution  du  que  cette  méthode  existe  aux  Indes 

Christ  f   communément  appelée  la  de  temps  immémorial  j  que   Cicérou 

Cèwe.  Cet  écrit,  dans  lequel  il  adopte  en   parle  en  termes  qui  ne  peuvent 

l'opinion  d'HondIv  sur  ce  sacrement,  laisser  de  doutes  sur  l'identité  «rénéri- 

fut  1  occasion  d  une  controverse  sou-  que  de  ses  procédés  avec  ceux  qui  se 

tenue  avec  le   docteur  Bagot.    Bell  pratiquent  aujourd'hui  dans  toutes  les 

fut,  en  1787  ,  éditeur  d'im  traité  eu-  écoles  mutuelles  j    que  Pietro  délia 

rieux  dont  l'auteur,  le  P.  Le  Cou-  Valle,  au  16''  siècle,  l'a  décrite  (i)  ; 

rayer  [f^oy.  ce  nom  ,  X,  98) ,  avait  cnOn  que,  sous  Louis  XVI ,  le  che- 

donné    le   manuscrit  a  la  princesse  valier  Paulet  l'appliqua  en  France  , 

Amélie  ,  Déclaration  de  mes  der-  oîi  les  importations  utiles  ne  réussis- 

niers    sentiments    sur    différents  sent   pas    toujours  [Voy.  Paulet, 

points  de  doctrine.  \j(i  ^Ç)Z\<i\xiÇjd\~  XXXIII,    19^).   Revenu  dans   la 

der  en  a  publié,  en  1819,  une  Ira-  Grande-!5relagne  ,    eu    1797,    Bell 

duction  en  anglais.  W.  Bell  mourut,  regarda   comme    un   devoir"]  de  faire 

a    l'âge   de    quatre-vingt-cinq    ans  , • 

le    29     sept.    1816.    Il    lut   très-cha-  (0  r.uill.t    dit  lanuill.-.n.re    trouva  iv^^^^^^ 

.        J          I                            ^      i  I        1V.O  Liici  pnfinent  mutuel  it:il)li    a    Allinirs    m    iG-S.  Il 

niable  pendant  toute  sa  vie,  et  légua  >i-ii;>  »iio  Av.  ces  ctoli-s,  et  il  ^h  donne  une 

o  P.,.,:..»..  .'1  '  ,1      C^ 1     :J                           ■  fle'.cription    rurieuse    dans   sv.n    livre    inliliilô   : 

a  l  université  de  Cambridge  uucrcnte  aiUcL  a,^icnnt  ,t  «o«..//.,  i„.„.      v-vk. 


4B8  BEL 

connaître    au   public    les    avaulajes 
d'un  système  qui  développait  si  rapi- 
dement les  jeunes   esprits  confies  a 
SCS  soins,  et  il  publia  son  Expérience 
sur  l'éducation  ^JciiLe  à  l'école  des 
garçons^  âMadraSy  Londres,  179^, 
et  sa  Instructions  pour  la  direc- 
tion des  écoles ,  selon   le  système 
de  Madras j  in- 12.  L'un  et  Tautro 
ouvrages  restèrent  en  grande  partie 
cbez  le  libraire  j  cl  Bell ,  relire  dans 
une  modeste  demeure ,  sembla  ne  plus 
songer  qu'a  jouir  de  la  iorluue  qu'il 
avait  rapportée  des  Indes.  Mais  na 
des  exemplaires  vendus  était  tombe 
dans  les  mains  de  Jobn  Lancaster, 
qui  a  cette  époque  venait    d'ouvTÎr 
une  école  au  faubourg  de  Soulhvyark, 
à  Londres.  L'exposé  de  Bell  le  frappa 
vivement ,  et  sur-le-champ  il  s'occupa 
d'organiser  un  enseignement  analogue 
à  celui  de  Madras.   Sa  réussite   fut 
Complète,-  et  de  plus  il  eut  le  bon- 
heur d'intéresser  en  faveur  de  son 
entreprise  da^  protecteurs  puissanls , 
tels  (pie  lord  Sommcrville  (.t  le  duc 
de  Bedford.  La  popularité  dont  jouit 
bientôt  Je  nom  deLancasIer,  réveilla 
P)eîl  au  fond  de  sa  retraite  ;  et,  se- 
condé par  quelques  personnes  d'un 
haut  rang  dans  l'église  ce  dans  l'état, 
il  re'clama  la  priorité  delà  découverte. 
La  (pierelle  s'envenima  et  devint  une 
aiïaire  de  parti  :  Lancastcr  était  qua- 
ker, et  ikll  anglican;  mais  cette  (pie- 
relle n  eut  pas  de  suites  ilélavorables 
à  renseignement  mutuel.    Les  deux 
partis   a\ouaient    IVicellt-nce    de   la 
méthode,  appréciaient  son  iinportauco 
pour  1  amcilioration  physique  et  mo- 
rale du  genre  huma'ui,  et  en  reveiidi- 
(juaient  limportalioii  comiDC  un  titre 
(1  honneur.  11  en  résulta  cpie  de  jpart 
ri   d'autre  ou  fonda  comme  à  1  envi 
des  ctolc*  vouées  à  la  nouvelle  iné- 
lh(»(lc.   X^cs  deux  adversaires  curent 
quclquen  torts  dans  la  lullo  ipi'ils  enga- 


BEL 

gèrent  sous  les  yeux  du  public.   Lan- 
ças ter  y  mit  de  la  mauvaise  foi,  et 
n'avoua  qu'après  de  longues  tergiver- 
sations et  avec  beaucoup  d'ambiguité, 
qu'il   devait  1  idée  première  de  son 
établissement  à  Bell  ;  le  docteur  an- 
glican ,  de  son  coté  ,  crut  trop  qu'a- 
voir imprimé  son  Expérience ^  etc., 
c'était  avoir  introduit  en  Ang-leterre 
la  méthode  de  Lancaster.  De  plus  Bell 
mit  de  l'acrimonie  dans  ses  plaintes, 
et   fît  paraître  trop  de  joie  lorsque 
les  mésaventures  de  Lancaster  l'ex- 
posèrent   aux    reproches    amers    et 
presque  aux   insultes.    L'école   que 
i3cll  dirigeait ,    et  toutes  celles  qui 
avaient   élé  instiluées  par  les  angli- 
cans ses  protecteurs ,  n'étaient  ouver- 
tes   qu'aux  conformistes.    Lancaster 
au  contraire    admettait    indifférem- 
ment toutes  les  sectes.  Du  reste,  les 
«eules  différences  qu'il  y  eut,  entre  les 
procédés  Acs  deux  rivaux,  portaient 
sur  des  détails  qu'un  instituteur  seul  ne 
trouverait  pas   minutieux,   cl  qu'au 
besoin  un  mot  suffirait  pour  récapitu- 
ler :   renseignement  K  la  Lancaster 
admet  beaucoup  d'évolutions  et  de  si- 
gnes extérieurs  •  ces  sigjies  manquent 
prcs(jue  cutièrcmeul  dans  les  élablis- 
scmens  du  docteur  Bell.  Lancaster, 
on  doit  l'avouer,  n  mieux  connu  et  le 
caractère  de  Tenfauce  et  rénergii[ue 
inlluencc  des  signes.    Si  Bell  eut  le 
désngrément  de  voir  la   méthode  de 
Madras  (c'e-'t  ainsi  ([u'il  avait  appelé 
renseignement  mutuil)  se  répandre 
par  toute  l'EurtJpe  cl  en   Amérique 
sous  le  nom  de  mélhoile  lancastcrien- 
nc,  en  revanche  il    vit  une   longue 
prospérité   couronner   ses  étahlisse- 
inens^  philanthrope,  il  dut  s  applau- 
dir de  voir  la  France,  par  Topposilion 
iiièmo  (pie  renseignement  mutuel  y 
rencontra    aussit(")l ,    popu'ariser    le 
nom  et  la  chose  dans  tous  les  pays. 
IMembrc  de  la  société  asiatique  el  de 


RKL 

la  5()clolo  royale  de  Lomhcs ,  niaîtro 
f\c  riiôpilal  (In  SluTlxini,  aDiirliain, 
picluMidicr  cil'  Wcsliuiuslcr,  \\c\\  fut 
un  (les  cauiiiix  principaux  pail('S(}ucl4 
la  hicnfalsancc  puMlcjur  s'Jpanclia  sur 
la  classe  ])anvj-c  cl  i^iioranle.  On  CiiU 
cille  ({uc  liii-uu-nie,  dans  le  cours  do 
5a  Aie  ,  ne  donna  pas  moins  de  3  itiiI- 
lions  auxctal)lissciniyits  publics  d'in- 
slruclioii  et  de  charllc.  Ses  dernières 
années  5e  passèrenl  dans  sa  maison  de 
Clidlenliam  ;  c'est  la  (pi'il  mourut , 
après  une  Ionique  et  douloureuse  ma- 
ladie, le  a  7  janvier  i85:j.  U  fnl  en- 
terre dans  réalise  de  Weslminsler. 
On  a  de  lui,  outre  les  ouvrages 
indicpiés  :  I.  Sermon  ,  prêche  à 
Lamhe'Ji,  sur  l éducation  des  pau- 
vres^ d'après  un  meilleur  sysLèmCy 
in- 8".  II,  Kcolc  de  JladraSj  ou 
l'ié/nents  de  V  instruction]Jrimaire . 
III.  Eléments  d'instruction  primai- 
re ,  etc.  (7''  édition)  ,    i8o4-,  in-S*". 

P OT. 

BELL  (Jean),  frère  de  Charles 
Bell,  l'un  des  plus  habiles  opéra- 
teurs anglais  de  l'époque  actuelle  ,  et 
comme  lui  chirurgien  très-cxercc  , 
naquil  a  Edimbourg  en  1762,  et 
mourut  a  Rome  en  1820.  Après  avoir 
complété  ses  éludes  médicales  par  un 
voyage  dans  le  nord  de  l'Europe  et 
principalement  en  Pvussie  ,  il  revint 
dans  sa  palriu  se  livrer  a  renseigne- 
ment cl  h  la  pratique  de  la  chirurgie 
et  des  accouchemeuls.  Bientôt  des 
succès  brillants  accrurent  sa  clien- 
telle  a  tel  point  cpi'il  fut  obligé  de 
renoncer  aux  fondions  du  professorat, 
pour  se  consacrer  tout  entier  a  la 
pralifjue  j  cependant  il  sut  trouver  le 
temps  nécessaire  pour  publier  wyï. 
assez  grand  nombre  d'ouvrages  ,  dont 
les  plus  remartpiables  concernent  l'a- 
nalomie  et  sont  enrichis  de  belles 
planches  dessinées  et  gravées  par lui- 
mcme  ,  nvecraidc  de  son  frère  Char- 


liEL 


^89 


les.  De  crands  succès  obtenus  dans  les 
opérations  les  plus  délicates  elles  plus 
dlfliciles  le  faisaient   rerherchcr ,  et 
\in  esprit  cultivé  par  d'immenses  lec- 
tures donnait  a  sa  conversation  un 
charme   (pii    tempérait  ce   (pic  1  ex- 
trême TÎvacilé  de  son  caractère  avait 
quclcpiefois  de  désagréable.    Ou  dis- 
tini!ue  parmi  ?>ç:^  ouvrages  :  I.  ^Ihc 
anatomy   of  thc    human    body  , 
Londres  ,  tome  I,  1795  ;  lom(5  U, 
17975   t.  III  ,   1802  ,  in-8"  ;  réim- 
primé en  181 1  et  eu  18  16.  II.  En- 
Eravinu^s  explaitdn^  the  anatomy 
ofthe  bones  ,  muscles  and  joints  , 
Londres,   1794,  in-4"  ;  réimprimé 
en    1808,  III.  Engravings  ofthe 
arteries    illustraling    the    second 
volume  ofthe  Anatomy  of  the  hu- 
man body^  Londres  ,  1801  ,  Ln-S  . 
IV.  Discourses  on  the  nature  and 
cure  ofwoundy  Edimbourg,  1795, 
in-80  •  une  seconde  édition  a  paru  en 
I  8  I  2 .  V.   Observations  faites  en 
Italie  y    particulièrement  sur  les 
beaux-arts^  Edimbourg,  1826  ,  in- 
4.°.  Ces  remarques,    dont  plusieurs 
sont  pleines  de  clialeur  et  de  senti- 
ment, foutrcgretler  (jue  l'auteur  n'ail 
pu  y  mctlrc  la  dernière  main.  L'ou* 
vrage  n'est  qu'un  simple  extrait  ,  pu- 
blié par  sa  veuve.  Il  a  été  traduit  en 
italien  ,  et  accompagné  de  notes  par 
le  traducteur  ;  Sienne,  1828,  in-B''. 
Ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  ces  Ob- 
servations est  ce  qui  se  rapporte  a 
rarchilecturc. — Bell  {Jacques  )  , 
médecin  anglais,  mort  àla  Jamaùjue, 
le  i5  janvier  1801,  fut  président  de 
la  société  de  médecine  et   d'iiisloire 
Dalnrelle  d'Edimbourg.  On  ne  connaît 
de  lui  que  la  relation  d'un  cas  de  ré- 
troversion de  Tuterus  ,   inséré   dans 
le    journal    médical    de   Simmnns. 
J — n — N. 
«ELLAISE.  rorliESSIIV 
(  Dom  Guillaume  ),  IV,  596 — 96. 


49(> 


BEL 


BELLANGE  (Thierri),  pein- 
tre  célèbre   du    XVII^   siècle  ,   na- 
uit  h  Nancy  vers  1696  •  il  fut  Tarai 
e  Jacques  Callot,de  Ruel,  de  Syl- 
vestre, de  Jeau  Leclerc,  de  Charles 
Cbassel,  et  de  louscesjeunes  arlisles 
qui  ont  jeté  tant  d'ccîat  sur  le  règne 
pacifique  de  Charles  III,  duc  de  Lor- 
raine. Il  suivit  avec  eux  l'atelier  de 
Claude-Israël  Ilenriot,  peintre  Cham- 
penois distingué,  que  le  prince  lorrain 
avait  attiré  à,  sa  cour  en  1596,  pour 
le  faire  concourir  a  l'embellissement 
de  son  palais  et  de  sa  capitale,  et  sur- 
tout   pour  attacher   aux  principales 
églises  de  la  province  des  vitraux  de 
sou  invention  5  car  Henriot  excellait 
dans  la  peinture  sur  verre.  Bellange 
cependant  n'adopta  ni    le   genre ,  ni 
la  manière  de  son  maître  j  son  esprit 
actif  ne  pouvait  s'y  prêter.  Il  fallait  a 
sa  pensée  un  mode  rilus  expédilif  de 
la  peindre  aux  yeux,    et   souvent  il 
esquissa  sur  des  murailles  de  cloître, 
sur  des  piliers  d'église,  l'ensemble  ori- 
ginal d'idées  bizarres  aussi  vives  que 
fugitives.  Avec  un  caractère,  qui  ne 
pouvait  consentir  h  représenter  au- 
tre chose  que  ce  qu'il   sentait  a    la 
minute,   Hellange  était  déplacé  sur 
un   petit  théâtre.    Ses   amis  le  sen- 
taient j  et    quoiqu'il    fut  généreuse- 
ment traité  par  Charles  111,  (juoicpi'il 
pût    trouver  dans  les  abbayes  de  la 
province    de  grandes  ressources,  car 
alors  les  beaux-arts   devaient    pres- 
que toute  leur  existence  nu  clergé  , 
il  quitta  la  Lorraine  et    vint  h  l'a- 
ri» ,    où   Simon    Voiiet   Tcmploya    à 
dessiner  une  partie  des  paysages   et 
des  orneuients  dont  il  était   chariré. 
lU'llauge  s'en  artjuitta   avec  d'autant 
plusde  succès  (pie  cette  variété  lui  plai- 
sait. Il  lit  aussi  des  patrons  de  tapis- 
serie royale-,  travailla  avec   Lebrun, 
Lesueur,  Mignard  ,  et  tous  ces  élèves 
devenus  maîtres  en  sortant  de  Téco- 


BEL 

le  de  Vouet ,  aux  décorations  de  Saînt- 
Germain-en-Laye,  du  Luxembourg 
et  de  plusieurs  hôtels  de  la  capitale. 
Cependant,    au   bout   de    quelques 
années,  il   se  lassa  de  cette  variété 
même,  qui  lui  était  imposée  par  un 
maître:   il   lui  parut  peu  noble   de 
s'asservir   aux  caprices  d'un   artiste 
lorsque  l'on  sent  en  soi  les  germes 
d'un  talent  véritable,  et  il  revint  en 
Lorraine  oii  l'avait  peut-être  rappelé 
Charles  III,   qui    lui  donna  aussitôt 
àes  travaux   importants  a  exécuter. 
Il    peignit    a    fresque    une    grande 
salle  de  la  cour  ,  démolie  en  17185 
exécuta  les  douze  Césars,  en  gran- 
deur colossale^    peur  le  château  de 
Morainville  j    une    Conception    de 
la    Vierge    a    la   paroisse   !Notre- 
Daraej  un  Christ  aux  Minimes  j  une 
Vierge  au  lit  de  mort,  environnée 
d'apôtres  et  de  cbérubins,   pour  une 
chapelle  latérale  de  la  même  église  5 
mais   la   plus   belle   composition  de 
cet  habile  artiste,  celle  qui  mériterait 
a  elle  seule  de  lui  lairc  \n\  nom  célè- 
bre 


et  digne  de  rivaliser  avec  ceux 


des  grands  maîtres  du  siècle  ,  est 
V Assomplion^i\2i\\^  Téglise des  Mini- 
mes, vaste  tableau  qui  occupait  le  fond 
du  chœur  et  prescjue  toute  la  coupole 
du  sanctuaire.  La  Vierge  offrant  de 
la  main  gauche  un  chapelet  à  saint 
FraucoisdePaule,  etde  l'autre  tenant 
Tenfant  Jésus  qui  donne  un  chapelet  à 
une  religieuse  de  Saint-Dounuique , 
formait  le  fond  de  celte  représentation 
colossale.  Aux  pieds  de  la  Vierge  se 
déroulait  le  plan  d'une  église,  sym- 
bole des  vœux  des  fondateurs;  puis, 
dans  divers  groupes  ,  symétri(pie- 
inent  ordonnés  ,  paraissaient  Char- 
les III,  ses  trois  fils,  la  duchesse 
Claude  et  ses  quatre  fdles,  drapées 
avec  noblesse  et  sans  poudre  ii  leurs 
cheveux  ,  fait  assez  remarquable  dans 
un  temps  où  Ton  n'eût  pas  manque 


lŒL  BEL                   491 

(le  rcnrcscnlcr  Julcs-César  en  pcr-  mnladcfi  fui  tounnanlc  ^  1792.  V. 
riKiiic.  Cet  cMiseiiiI>lc  iiiaji'SliuMix  for-  S/i/'/fcs  myvn'  vcl  minus  notœ  Pc^ 
niait  nn  ovali"  anionr  (lu([ui'l  JlaicnL  dcinoulil^  18015,  i  vol.  YI.  Dis- 
ronrcscnlés,  daiisniic  riclic  bordure,  scrlulion  sur  uni',  cspccc  d'acacia 
Ii\s  myslèrrs  delà  passion  de  J.-C.  et  qu  on  peut  substituer  au  séné  me- 
delà  vie  do  la  Vicrj^e.  Bcllangc  est  dicinal ,  i8o5,  1  vol.  in-B".  VII. 
morl  àlSancv,  vers  le  milieu  du  17"  Discourssurlcs  dijjcrcntcs espèces 
siècle.  B — N.  de  rhubarbes  cullivccs  en  Picmontf 
BELL  AUDI  (Charles-Louis),  Turin,  1806,  i  vol.  VIII.  Addita- 
ne  h  Ci|;liano  dans  le  Verccllais  eu  mentuni  novi  generis  ad  Florani 
174^1,  d'une  famille  consacrée  dès  pedemontano-gallicam^  i^o'j .YK^ 
long-temps  a  la  médecine,  prit  le  E  xpcriences  pour  substituer  Ihude 
doctoral  a  Tunivcrsilé  de  Turin,  y  de  noix  à  celle  d'olive  ^  pour  les 
fut  reçu  membre  du  collège  de  mé-  manufactures  de  laine ,  1812,  i 
decinc  :  i!  se  livra  spécialement  a  vol.  Bellardi  était  membre  des  aca- 
Tctude  de  la  bnlani(pie  ,  fut  le  col-  demies  des  sciences  et  d'agriculture 
laboraleur  dWllioni,  pour  la  pnbli-  de  Turin,  des  sociétés  liiinéeunes  de 
cation  de  Touvragc  classique  intitulé  Londres  ,  de  Paris ,  de  Rome  ,  etc. 
yioi'apedcmontana^  cl  fut  en  mcmc  II  avait  entrepris  nnc  bistoire  cbro- 
temps  le  maître  des  DesoufTrin ,  nologique  des  professeurs  et  des 
Ugo  ,  Cumino  et  Jean  Vialc  ,  ce-  recteurs  agrégés  du  collège  de  me'- 
lèbres  botanistes.  Le  jardin  bolani-  decine  de  l'université  de  Turin  de- 
que  du  Valentin  fut  coudé  h  ses  soins,  puis  1720,  époque  de  sa  nouvelle 
et  il  y  établit  nn  ordre  admirable,  organisation,  sous  le  roi  Victor- 
Ce  fut  par  ses  conseils  que  le  peintre  Amedée  II ,  jusqu'à  1820  au  temps 
Bottion  et  sa  fille  entreprirent  la  de  Victor-Emmanuel  qui  abdiqua  la 
collection  coloriée  et  si  précieuse  des  couronne.  G — c — y. 
plantes  et  arbustes  les  plus  rares,  qui  BELLAîVT  (Nicolas-Fran- 
a  été  continuée  et  soigneusement  çois),  célèbre  avocat  de  Paris  ,  naquit 
conservée  a  la  bibliothèque  royale,  dans  celte  vil'e  le  20  sept.  1761. 
Bellardi  fut  aussi  membre  du  conseil  Son  père  ,  bonnèle  charron,  le  plaça 
sanitaire  ,  et  pratiqua  la  médecine  au  collt'ge  Mazariu  ,  et  ne  négligea 
avec  beaucoup  de  succès.  Devenu  le  rien  pour  lui  procurer  une  bonne  édu- 
doyen  des  médecins,  il  mourut  k  Tu-  cation.  «  Le  ciel  devait  une  récora- 
rin  en  1828,  laissant  de  précieux  pense  a  cet  homme  vertueux  5  il  la  lui 
manuscrits  a  sa  famille.  Parmi  ses  donna  dans  son  fils  :  3>  celle  pensée, 
ouvrages  publiés  en  italien  et  en  latin,  que  Bcllartappliquaunjour  au  pèrede 
Dous  indiquerons  les  plus  remarqua-  Fcrey  dont  il  prononçait  l'éloge,  nous 
blés:  I.  Moyen  de nourrirlesvers  à  pouvons  l'appliquer  au  sien.  Déjà  en- 
50/C,  sansjcuilles  de  mûrier.  1787,  traîné  parce  caractère  vif,  ardent^  qui 
I  vol.  in-8".  II.  Obserifations  bo-  Ta  toujours  distingué,  il  be  montra 
toniques  (li'cc  un  appendice  à  la  impatient  de  la  discipline  d^is  écoles, 
\JFlore  piémontaisCj  1788,  i  vol.  et  manqua  ce  qu'on  appelle  ses  hu- 
iiii-8*^.  IIÏ.  Appendix  ad  Florani  manilés  :  il  lisait  au  lieu  d'étudier. 
pedemontanam  ^  jj()i  'y  réimpri-  Sou  éloculion  et  son  style  s'en  res- 
tmé  a  Zurich.  IV.  Obserrations  sur  sentirent  toute  sa  vie  :  ses  périodes 
\le  ver  solitaire  dont  un  de  mes  furent  tantôt  diffuses  ,  tantôt  morce- 


492 


BEL 


lées à  rinfiiii;  car  le  propre  d'uu  défaut, 
c*'cst  (le  se  changer  clans  le  défaut  con- 
irairc.  Au  sortir  du  collège,  Bellart 
Ee  fil  pas  ce  qu'il  eût  fallu  pour  re- 
médier à  sas  premières  éludes  :  pa- 
rent du  fameux  praticien  Pigeau^ 
alors  procureur  au  cliàlelct ,  il  entra 
chez  lui  comme  clerc  h  seize  ans , 
devint  maître  y  plaida  ce  qu'on  ap- 
pelle les  nlférés  devant  M.  Augran 
d'Alleraj,  et  se  distingua  dans  la 
dernière  basoche  dont  rimlépendancc 
et  même  la  précoce  ambition  sont  con- 
nues. Tout  antre  que  Bellart  se  fût 
perdu  dans  cette  fausse  éducation,  car 
tout  le  monde  sait  que  la  science  du 
jurisconsulte,  fort  peu  cocnue  aux 
écoles  de  droit  et  au  palais,  est  toul- 
a-fait  ignorée  chez  les  procureurs. 
Bellart  fit  son  droit,  comme  il  avait 
fait  SCS  études  ,  c'est-a-dire  assez 
mal,  parce  qu'il  s'occupait  eu  même 
temps  d'autre  chose.  A  peine  sa- 
vait-il le  français  et  le  latin  qu'il 
8e  mit  à  étudier  h  la  fois  l'anglais, 
l'italien,  l'allemand  5  c'était,  comme 
dit  Kivarol  ,  se  donner  cinq  mots 
contre  une  idée.  Lors(p»'il  commença 
h  s  animer  parl'exemple  de  Gerbicr  et 
deBonnières  ,  qui  remplissaient  alors 
le  palais  de  leur  renommée,  il  crut  que 
des  essais  de  déclamation  dramalicpie 
])Ourraient  concourir  ason  succès;  et 
il  s'exerça,  avec  quchpics  jeunes  con- 
frères, il  réciter  des  scènes  de  Cor- 
neille et  de  Bacine  (i).  TS\)us  savons 


^i)  Boriiint  ft  Lrpidor  s'exerçaient  nv«»c  lui. 
Tiilinn  ,  Hciii  niiii  ,  ijui  nr  se  dniitnit  pas  nicorii 
tir  sa  vociiloii  ,  n%y.is  jirôs  du  lojrr,  m-  piciiiit 
iiuriiiiv  p;irt  h  cri  r»ci(i«i's  ,  rt  jivuil  l'air  iiidil- 
frrcnt  aux  l>«;iiitr'«  do  no»  auti;ui's  Ira^'icpn-s. 
(11!  lin  (ut  (pi'ji|ii«'<i  ([r  lon^^umt  iiiKlaiicfs  iju'il 
roMitfiitit  riiiiii  i^  (loiincr  dr>  i'r'|dii|iii'S,  !•' iiviii 
n  lu  iiiNiii.  Il  liil  d'alxinl  disciplr  dit  Drlliui, 
lui  «pii  di-vail  un  jour  dcvi-iiir  uiuitrr  do  lu 
fi«:«iiu.  Krll.irlct  Taliiia  n-sli-rriit  loiijour*  ainlH. 
I.n  pn-inicr  aimait  niroro ,  duns  Ich  iIctnicrH 
li'iiips  de  sii  vil' ,  il  lir*'  >  ilaii^  m's  M*ir<'ws  , 
Koit  livre  kii  sd-iir,  soil  livre  (pirli|iii'.H  amis  , 
lies  sit'iu-s  «l(>  iii>(  Ir.ifji'ilies.  I.'avoc.it  »i»  moll- 
irait alors  ai-li^tc  ,    et    »eii.l>l.iil     rappeler    ipio 


BEL 

qu'il  y  eut  quelque  succès.  Tout  sem- 
blait lui  présager  un  heureux  début: 
cependant  il  commença  lard,  et  ce  ne 
fut  qu'en  1785,  klàge  de  i»5  ans,  qu'il 
se  fit  inscrire  sur  le  tableau  (2).  Alors 
cueillaient  déjà  quelques  précoces  lau- 
riers de  pilais  et  d'académie,  Turlin 
et  Godard  .  auxquels  la  nature  avait 
tout  départi,  que  l'ère  nouvelle  allait 
é!ever,et  que  l'on  vit  en  quelque  sorte 
ensevelis  dans  leur  triomphe  j  le 
premier  surtout ,  qui  fût  peut-être 
devenu  un  Talma  sur  la  scène  ,  aussi 
bien  qu'un  Ccrbier  au  parlement, 
était  le  condisciple,  l'ami  et  même  lii 
maître  de  Bellart.  Sa  mort  à  2 y  ans, 
au  moment  où  il  allait  recevoir  un 
nouveau  prix  littéraire,  celte  mort 
pleine  de  piété  à  une  époque  si 
étrangère  a  la  juété,  fit  sur  Bel- 
lart une  impression  si  profonde  qu'il 
a  depuis  avoué  n'en  avoir  jamais  res- 
senti de  pareille  ,  que  seule  elle 
chani^ea  sou  caractère,  et  qu'il  en 
devint  plas  laborieux,  plus  grave,  plus 
moral.  Son  talent  et  sa  répuialioii 
commencèrent  avec  la  barre  révolu- 
tiouuaire.  Ce  fut  devant  le  tribunal 
du  lyaoïit  1792,  devant  des  juges 
(le  sang  ,  qu'il  fit  son  véritable  début. 
La  il  eut ,  l'uu  des  premiers  ,  h  met- 
Ire  en  action  ces  maximes  que  Vol- 
taire, Beccaria,  Servan,  Dupaty  , 
et  Godard  (5)  venaient  de  mettre  eu 
honneur,  el  qui,  à  force  de  philan- 
Iropic  et  de  .subtilité,  élèvent  sou- 
vent l'accusé  le  plus  convaincu  h  la 
hauteur  de  l'honnête  homme,  et  en- 


Uosciiis   avait  éti<    le  prcinifr  ami  de  l'oraliur 
romain.  V — vk. 

(a)  A  eetle  «  poipio  ,  il  occupait  dil-il  ,  un 
ynmrf  jiftit  lo'^i-ihvnt  ihri  un  boui-Uonni«r  ;  et 
r'e:  t  là  ipie  phis  tard  ,  llérault  do  SérlirlUs  , 
uvoiat-"éiier.il  au   ii.irleiiicul  ,    alla    !•  visiter. 

(1)  ri(id.ird  piililia  en  17S7,  et  vif  trinuiplirr 
Uois  mois  «près  .  au  p..rieiiieiit  de  Pijmi  ,  le  tlir- 
nier  M'-moirv  en  n/iiihililulion  dfs  loiifi  d'Ain. ly- 
lii-Diir,  a  lu  reipièle  tecnfitulc  iftocUol ,  i^ui  tut 
ilepiiit  pr<  r>'l  du  laSoine. 


Vilopponl   (|ut'l(|iuTuls  (l'un  ilouin  si  nc/rcii,  alors  iniiii.slrr  de  rinlcriciir. 

pir.lMiT.issaiil   pour   L"    îu<;('  les  l'alls  Là  il  c-i;l  pour  collaboralcurs  ses  con- 

(li*    la   plus  compKlr   é\i(lciic('.    On  frères   Gairal ,   Lépidor   cl   Bonnet, 

(lut  au  munis   alors  à   cva   nouvelles  Lor.scproii  eul  rctai)!i   une  oml)re  de 

idées    le    sa'ut   de    plusieurs    vicli-  niaglïlralure ,    prcféranL  le   titre  de 

mes;   el   ce   lut    Hcllart    qui    eut   le  dcfenscuv  oflicieux  a  celui    d'em- 

morite  de  les  faire  triouiplicr  en  ar-  ployé,  il  se  retrouva  au  barreau  ce 

radiant  successlvcinenl  aux  bourreaux,  <[u'il  y  avait  été,    au  prcrai?r  rang 

madamedellolian,  Dufresne  de  Saint-  par  le  talent  elle  bonheur;  seulement 

Léon,  et  Lacoste,   dernier  ministre  il    faut  dire  qu'il  réussissait  mieux  au 

de  la  marine  sous  Louis  XVL  Une  criminel  (ju'au  civil;  car  il  avait  alors  , 

circeiLstancc    remarquable    dans    le  comme  il  cul  toujours,  plus  d'àme  et 

Irlompite  de    Bellart    pour  IM"'*'  de  de    ciialeur    que    de    logique,    plus 

Kohan    mérite   d'èlre  rapportée.   Il  (rimaginalion  que  de  connaissances, 

avait  parmi  ses  auditeurs  un  liomme  Kous  l'avons  cnlendu  raconter  qu'il 

qui  fondait  en  larmes  durant  sa  plai-  avait  défendu  ,   et     fait    innocenter 

coirie,  et  lorsqu'il  eut  cessé  de  par-  en    tout     vingt -trois    accusés     de 

1er,  lorsque  les  juges  se  furent  retirés  crimes   capitaux.    Après  le  i  3  ven- 

pour  délibérer, cet  bommcs'approcha  démiaire  ,  nommé  d'office   à  minuit 

de  lui ,  et  dans  un  transport  de  con-  pour    défendre    devant    un    conseil 

Aiction  et  de  sensibilité  s'écria  .  ce  Ce  de   guerre   le  général    Mcnou  ,    qui 

sont  des  monstres,  s'ils  la  condam-  n'avait  pas  combattu  avec  assez  de 

rent.  »  Cetbomme,  c'était  Fouquier-  vigueur  pour  la  convention  nationale 

ïaiuvillequi,quclqucsmoisplus  lard,  contre  les  habitants  de  Paris, il  le  fit 

devait  envoyer  tant  de    nialheureuî  acquitter.  Sous  le  directoire,  il   dé- 

a    la    mort  !     Dans    la    défense    de  fendit  l'abbé  Salamon  échappé   aux 

Lacoste,  celui-ci  tout  émerveillé  dit  massacres  de  septembre,  et  accusé  do 

(pfil  V  avait  écoulé  couwie  s'il  s'é-  conspiration;  enfin,    sous  l'empire  , 

tait    agi   du    salut    d'un    autre, Ti  Moreau    et   mademoiselle    de    Clcé. 

D'aussi  beaux  succès  plaçaient  nalu-  Cette  fois  il  fit  violence  h  la  nature. 

Tellement    Bellart   sur  la  ligne    des  La  parole    avait  épuise  son  lempé- 

avocats  entre  lesquels  Louis  XVI  dut  ramraenl  vigoureux  5  le  glaive  ,  si  on 

choisir   un  défenseur   :  on   sait  que  p^ut  le  dire,   avait  cbez  lui  usé   le 

Troncbet  y  pensa  un  moment,  et  nous  fourreau,  el  il  se  voyait  obligé  do 

ne  craignons  ])as  de  dire  que,  bien  que  renoncer  à  la  plaidoirie.  Il  recueillit 

plus  jeune,   il  ne  fût  pas  resté  plus  ses  forces  pour  lutter  et  vaincre  une 

qu'un  autre  au-dessous  de  cette  grande  dernière  fois  ,  el  ne  quillcr  le  barreau 

el  honorable  mission.  Après  cette  ca-  qu'en  y  laissant  une  grande  impres- 

lastrophe,  tonte  liberté' cessa  pour  la  sion  et  un  mémorable  exemple.   Le 

défense,   et  il  n'y  eut  même  ])lus  de  succès  répondit  a  ses  efforts    :    son 

sûreté  pour  les  défenseurs.  Bellart  plaidnver  pour  mademoiselle  de  Cicé 

passa  les  deux  années  de  la  terreur  est  un  modèle  de  simplicité  ,  de  raî- 

successivemcnt    a  Ilondeur,   h  Me-  son  ,    de  chaleur  et  de   conviction, 

lun,  h  Franconville.  Bevcnu  a  Paris  II  mil  bas  les  armes  a  quarante  ans. 

a   la   première   lueur   de  justice,    il  jNalurcllemenl    généreux  ,    et    d'un 

entia,   couune  chef  du   bureau    des  coup  d'œil    juste,   Bellart   méritait 

armes,  daus  l'administration  de  Bé-  peut-être   d'autres  succès  que    ceux 


A94  BEL 

du   palais.    Bonaparte  ,    qu'il  avait 
connu  dans   le  salon  de  Béuezech  , 
le  nomma  l'un  des  membres  du  pre- 
mier conseil-général  du  déparlement 
de  la  Seine  ,  et  mil  aiusi,  sans  le  sa- 
voir,  la  plume   k  la  main  de   celui 
qui  devait,  non  pas  causer,  mais  au 
inoins  constater  sa  déchéance   qua- 
torze années  après!  On  a  prétendu 
que  Bellart  ne   se  soumit  jamais  a 
Bonaparte,  qu'il  ne  défendit  Moreau 
de  sa  plume  et  de  ses  conseils  éner- 
giques que  par  baine  pour  son  rival  j 
qu'après  la  condamnation   du  géné- 
ral ,  Napoléon  eût  banni  Bellart  de 
France  sans  les  prières  de  Regnault 
de   Sainl-Jean-d'Angély  5    que  lors- 
qu'on lui  présf'Utait  le  conseil-général, 
dont  Bellart  élail  souvent  le  président 
et  l'orateur ,  il  affectait  de  parler  a 
tous  ses  membres  ,  lui  excepté  :  nous 
savons  que  tout  cela  manque  d'exac- 
litude.  Loin  de  la  ,  Bellart  donna  , 
comme  tant  d'autres  ,  des  louanges  au 
chef  du  gouvcrnemenl  •  il  le  proclama 
hautement ,  et  même  quchpiefuis  sans 
nécessilé,  «  grand  homme.  »I1  Cl  plus, 
il  loua  jus(ju'K  la  flatterie  ,  dansTi^'- 
lo  ^c  de  F  crcy  ^wn  homme  bien  moins 
digne  d'éloge(4)  qn^'  It'  premier  guer- 
rier de  notre  siècle.  El ,  de  son  côté, 
Bonaparte  le  nomma,  ou  le  souffrit 
du  moins  sans  peine  au  couscil-géné- 
ral  5  il  pensa  même  a  le  faire  entrer 
au  sénal  en  i8o5.  Cependant  on  sait 
<[u  il  n'aimail  pas  les  avocats.  Bellarl, 
bien  qu'il  fût  h  celle  épo(jue  hors  du 
])alais  ,  en  étail  encoi'e  riioinieur,  et 
jnêmeràuje.  Jl  fi'iurait  dansle  conseil 
de  tous  les  grands  piocès  ,  et  il  assis- 
tait régulièrement  à  loulesles  séances 
(hi  conseil  de  discipline,  dont  H  élail 
le  président.   C'est  li  ces  litres  cpi'il 
fut  choisi  en    1810  pour  prononcer 
l'éloge  dcFérey  ,  en  présence  de  Tar- 


(4)  Cunibaccrt^ 


BEL 

chl-chanceller  de  l'empire  ,  et  qu'il 
mêla  k  cet  éloge  des  louanges  pour 
celui-ci,  que  la  circonstance  explique, 
il  est  vrai ,  mais  dont  il  se  serait 
cependant  abstenu  ,  si  son  opposi- 
tion eût  été  aussi  prononcée  qu'on 
l'a  prétendu.  Ainsi  rien  ne  devait 
faire  présumer  l'explosion  soudaine  de 
Bellart  contrelNapoléon  au  moment  de 
sa  chute. Il  était  encore  a  cette  époque 
membre  du  conseil-général  de  dépar- 
tement- et  c'est  en  cette  qualité  qu'il 
fut  le  promoteur  et  le  rédacteur  de 
cette  fameuse  adresse  du  i^""  avril 
1 8 i/f ,  qu'une  seule  phrase  fera  assez 
connaître.  «  Vos  magistrats  seraient 
traîtres  envers  vous  ,  si,  par  de  viles 
considérations  personnelles  ,  ils  com- 
primaient plus  long-temps  la  voix  de 
leur  conscience  :  elle  leur  crie  que 
vous  devez  tous  les  maux  qui  vous 

accablent  à  un  seul  homme le 

plus  épouvantable  oppresseur  qui 
ait  pesé  sur  l  espèce  humaine.  » 
Si  l'on  se  rappelle  (ju'il  n'y  avait  en- 
core alors  ni  abdication  ni  déchéance, 
et  si  l'on  n'admet  pas  dans  sa  plus 
grande  étendue  le  dogme  de  la  légili- 
milé  ,  c'était  véritablement  un  acte 
de  rébellion  j  enfin  si  l'on  songe  au 
caractère  connu  de  Bonaparte ,  si  l'on 
se  rappelle  ([u'il  était  alors  k  Fontai- 
nebleau a  la  tête  d  une  armée  ,  on 
concevra  dans  (juels  périls  s'était 
jelé  le  rédacleur  d'une  pareille  piè- 
ce (5).  Inllart  rei^ul  de  Louis  XVllI , 
pour  récompense,  des  lettres  de  no- 
blesse ,  un  brevet  de  conseiller  d'élat 
et  de  grand  dilicler  de  la  Légion- 
ci  Honneur.  Les  autres  signataires 
eurent  la  croix  de  cet  ordre,  sur 
la  demande  qu'il  eu  Cl  pour  eux. 
On  conçoit  tout  Tembarras  où  dut  se 


{'■■>)  HciDi  iiiciiil>rc.s  «lu  ronspil-pnn  rul  icfiisè- 
iciil  r('}iri)(l,)ia  tic  .".igiuT  ccttr  Jiilir.tsci  ri  ils  n'fl» 
«Mil  pn»  iiuiiiM  (fiiisrrvo  (tes  Cnn>li)i»  iiii[>ui'tdnts 
$uu3  la  l'ustaur.iiioii. 


BEL 

irouvcT  r»cllarl,  loricpu',  Tanuce  suî- 
vanle,  riioninu'  (lu'll   avait    alta(|iic 
avec  tant  de  vuiloncc  vliil  ressaisir  le 
pouvoir.  11  iK'  lalliMuiit  j)as  dans  la 
capitale:  (piclijui.\s  jours  avant  le  20 
mars  ,  il  s'en  était  cloij^né  avec  Péri- 
gnon  ,  sou  ami  et  son  collègue  au  con- 
seil lie  (léparlemenl ,  emportant  une 
raii)le  somme  île  douze  mille  francs  , 
prii  de  sou  argenterie  iju  il  venait  de 
vendre.  Il  se  réfugia  d'abord  en  Hol- 
lande, puis  en  Angleterre  5  et  ce  fut 
la  qu'il  apprit  qu'un  décret  impérial 
ordonnait   la  saisie  de  ses  biens,  et 
Texccptait  de  Famnislie  avec  un  petit 
iiombre  d'autres.  Il  rédigea  a  cette 
époque  une  Apologie  de  la  légitimité, 
que  l'on  regarde  comme  l'un  de  ses 
meilleurs  écrits.  Revenu  h  Paris  aus- 
sitôt après  le  retour  de  Louis  XVIII, 
il  fut  nommé  procureur-général  dès 
I     le  i4-   août  181 5.  Une   note   de   la 
main  de  ce  prince ,  trouvée  dans  les 
papiers    de    Bellart  ,    atteste    qu'il 
eût  voulu  dès  lors    le    faire    procu- 
reur-général a  la  cour  de  cassation , 
et   que  M.    Mourre  ne   fut    préléré 
que  parce  que  cette  place  semblait  due 
a  son  ancienneté.  —  Ici  commence 
une  nouvelle  vie  pour  Bellart ,  une  vie, 
on  peut  le  dire  ,    toute  mililanle.  Il 
combattit  eneflet ,  a  la  vie  ,a  la  mort, 
pour  sa  légitimité  chéiie.  Sa  première 
procédure  fut  un  acte  d'accusation  et 
un  réquisitoire  très-hardi  sans  doute, 
mais  aussi ,  il  faut  le  dire  ,  très-pas- 
sionné contre  le  maréchal  Ney  ,  l'un 
des   fauteurs  du  20  mars,  qui  n'é- 
tait pas,   au  reste  ,    plus   coupable 
(jue  bien  d'autres.  Le  défenseur  of- 
ficieux des    victimes    de  la  révolu- 
lion  dut  se  faire  une  grande  violence 
four  se  trouver  alors  l'adversaire  de 
une  des  plus  remarquables  de  ces 
victimes  (6).  Moius  malheureux  lors- 


BEL 


495 


(6)  Bellart  crut  rtinplir  un  duvoir.  .Sps  .iinis 
Tout  TU,  comme  moi  ,  le  jour  mOmc  où  il  fut 


que  ,  cinq  années  après,   il  attaqua 
Louvcl  dans  la  iiièmc  enceinte  5  tout 
le  monde  ,  cette  lois ,  criait  vengeance 
avec  lui.  Après  avoir  poursuivi  cha- 
leureusement les  personnes,  IicUart 
poursuivit  bientôt   les    livres   et   les 
journaux.  Préoccupé  du  sentiment  de 
leur   importance,  il    s'occupait  plus 
spécialement  de  toutes  les  alfaircs  fjjui 
les  concernaient.  Son  soin  le  plus  em- 
pressé était  de  choisir  les  plus  exercés 
de  ses  substituts,  et  de  leur  donner 
des   ordres  de  poursuite  et  des  plans 
d'attaque.    MM.     Marchangy  ,     de 
13roé,  Vatimesnil,  étaient  ses  auxiliai- 
res de  prédilection.  Lorsqu'en  182 5 
il  s'agit  de  la  fameuse  poursuite  géné- 
rale des  journaux  ,   représentés  par 
le  Constitutionnel  et  le  Courrier  , 
Bellart ,  averti  par  la  douleur  et  les 
médecins  de  renoncer  à   des  travaux 
pénibles,  voulut  cependant  compulser 
lui-même  tous  les  dossiers  ,  et  dres- 
ser l'acte  d'accusation.  Cet  acte  ,  du 
2  5  aoiit  1825...  (un an  juste  avant  sa 
mort  !)  considéré,  indépendamment  de 
l'esprit  qui  le  dicta ,  est  peut-être  le 
plus  remarquable  qu'il  ait  rédigé.  Ou 
y  trouve  toute  sa  capacité  relative  , 
toute  sa  chaleur  ,  toute  sa  jeunesse. 
Il  fut  vaincu  néanmoins ,  mais  il  s'en 
consola  en  disant  : 

Dans  un  noble  projet  on  tombe  noblement. 

Un  second  point  auquel  il  ne  tenait 
pas  moius  qu'à  refréner  les  journaux, 
c'était  ce  qu'il  appelait  \di  circulation 
ç^raduelle  des  officiers  de  son  ressort. 
Il  ne  voulait  pas  qu'un  juge  ou  un 
membre  du  parquet  put  arriver  a  ce 

chargé  de  poursuivre  ,  devant  la  chambre  îles 
pairs  ,  l'infortuné  maréchal  ,  pi-ofomlément  af- 
fligé ,  c;au  jusqu'aux  larmes  ,  d'avoir  à  accom- 
plir cette  triste  mission.  S.i  digne  steur  ne  ca- 
chait point  sa  larmes.  On  l'accusa  dans  le 
même  temps  d'avoir  favorise  l'évasion  de  Laval- 
lette  [Voj.  ce  nom,  au  Supp.)  ;  mais,  si  cette  ac- 
cusation est  fondt-e  ,  il  est  probable  qu'en  cela 
il  ne  fut  q-ic  l'exécuteur  d'ordres  venus  de  plus 
Uaut.  V — YM. 


, 


If^G 


BEL 


titre  K  Paris,  sans  avoir  été  cl'aI)ord 
aux  petits  sièges  du  ressort ,  puis  aux 
médiocres  et  aux  grands,  suppléant , 
substitut ,  juge  ,  juge  d'instruction  , 
vice-président  ,  président ,  procureur 
du  roi ,  etc.  Ni  l'âge  ,  ni  le  nom  ,  ni 
la  fortune  ,   m  la  capacité  même  ne 
l'arrêtaient  5  et  pourtant  il  avait  été  , 
lui  ,  tout   cl'un  coup  ,  d'avocat   fait 
procureur-général!  Ce  système,  dont 
on  commence  a  se  départir,  est  tout- 
à-fait  subversif  d'une  sage  adminis- 
tration de  la  justice;  car  il  exclut  la 
connaissance   des  personnes   et    des 
lieux,  dans  le  magistrat,  qui  doit  le 
mieux  les  posséder.  Il  est  l'effet  et  la 
cause  de  l'esprit  démocratique^  et  Bel- 
larl  faisait  ainsi  de  la  démocratie  sans 
le  savoir.  Cet  boiume,  qui  fut  toujours 
zélé,  honnête,    mais  (jui  parut  étroit 
dans  le  ministère  public,  le  fut  aussi 
dans  le  conseil  d'élat  et  h  la  chambre. 
L'a ,   il  n'était  pas  du  tout  a  sa  place. 
T^îomnié  député  de   l^arls   en  181 5, 
18 16,  18  18  et  1 821,  il  ne  se  lit  con- 
naître, comme  la  plupart  des  avocats, 
que  par  de  petites  allocutions  et  quel- 
ques discours  sans  autorité  ,  et  .sou- 
vent contradictoires.  C'est  ainsi  qu'il 
vola  successivement ,   en  reconnais- 
sant candidement  ses  erreurs ,  des  lois 
contraires  sur  les  grandes  (|uestions 
des  élections  et  de  la  presse.  L'avis 
des  ministres  les  plus  opposés  était 
d'avance  le  sienj  et,  ce  qui  est  plus 
remarquable  ,   c'est  <jue  c'était  tou- 
jours par  conviction  et  iiu'mepar  en- 
traînenienl!  C'est  ainsi  ((u'il. se  mit  suc- 
cessivement K  la  suite  de  M.  l)eca/cs, 
pour  la  liop  lamrusc  conjuration  bo- 
napartiste   de    i'icignier  ,     et    pour 
l'allaire  non  moins  ridicule  des  roya- 
listes ,  dite  (/u  boni  de  Veau  j  «'!  à 
la  suite  de  U.  de   Villèle  pour  faire 
une  guerre  stérile,  et,  si  nous  osons 
le  dire,   de   don  Quichotte  ,  coutie 
\{i  C\)nstitulit>niul  et  le   Courrier. 


LEL 

C'est  ainsi  qu'il  fît  partie  ,  en  i  8  i4j 
de  la  commission  des  biens  d'émigrés 
non  vendus  ,  de  celle  de  la  loi  sur  la 
propriété   littéraire  ,  et  de  celle  de 
révision  du  Bulletin  des  Lois  ,  etc. 
ISious  Irouvons   ici  l'occasion  de  le 
dire,  et  ce  sera  la  conclusion  politi- 
que'de  cet  article  :  l'avocat  le  plus 
savant  ,  le  plus   éloquent  ,  le  plus 
honnête,  précisément  pour  cela,  est 
essentiellement  l'homme  de  la  famil- 
le :  il  est  nul ,  il  est  funeste  ,  et  même 
ridicule  ,  lorsqu'il  veut  être  l'homme 
de  l'état.  Bellart  ,  qui  liquida  admi- 
rablement la  fortune  de  la  duchesse 
il'Orléans  ,  et  qui  pour  cela  reçut  une 
tabatière  d'or,  ornée  de  son  portrait 
et  de  diamants^  de  la  main  de  son  fils, 
était  le  plus  pauvre  administrateur 
de  la  justice  dans  le   ressort  de  la 
cour  royale  de  Paris.  Fatigué  des  af- 
faires qui  lui  étaientlc  plus  naturelles, 
il  n'avait  garde  de  vouloir  se  mêler 
des  autres.  Sorti  de  la  chambre,  il 
voulut  même,   a  plusieurs  reprises  , 
quitter  le  palais,  aussi  préoccupépeut- 
être  de  la  fin  de  la  monarchie  que  de 
la  sienne.  «  Nous  périssons  de  méta- 
physique ,  M  disait  -  il  dans  son  discours 
sur  la  nécessité  de  rendre  moins  lar-re 
la  loi  d'élection.   INous  l'avons  ouï  , 
peu  de  temps  avant  de  mourir  ,  déplo- 
rer a  l'avance  nos  malheurs  publics 5 
et  ses  dernières  années  furent ,  comme 
celles  de  Benjamin  Constant,  seule- 
ment par   des   raisons   dillcrentes  , 
plciues  (le  tristesse  cl  même  de  rai- 
.santliropio.     «  Vous  avez  ,    lui    dit 
Louis  XV'IU,  le  malheur  d'être  pro- 
cureur-général ,     comme    j'ai    celui 
d  être  roi.    Tant   que  je   serai  roi  , 
vous  serez,  mon  procureur-général.  » 
Il  le  fut  même  de  .^on  frère  jus(prau 
jour    où  ,   prolitanl    d'un    iiilervallo 
<l\idoucissemenl  \\  ses  maux  ,  il  alla 
in    personne    déposer  sa    démission 
nux  pieds   de   Cnarles  X  ,  (pii  le  vit 


BV.l 

nioiuir  (iiu'hjiios  joiirs  .iv.inl  d'avoir  le 
temps  lie  lui  iiomimT  un  Nuccesscur. 
Sou  ilornitT  travail  ,  crlui  (ji\i  préci- 
pita sa  lin,  lut  rexamen  (  (piil  pou- 
vait pourtant  nhauilonncr  à  d  autres) 
(les  niarcliés  de  lîavonnc  ,    reîatil.sa 
la  çniorrc  d'i'lspai^'ue,  el  dont  le  pro- 
cès se  poursuivait  à  lac(»ur  tifs  pairs, 
llécoutait  encore  son  substitut  (jui  lui 
eu  rendait  compte  le  jour  où  il  reçut 
les  derniers  sacrements  , et  lorsqu'un 
compte  si  diftérent  devait  Toccupcr. 
Depuis    (juel(|ue  temps  ,   le  conseil- 
général  (|ui  lui  devait  tout,  et  auquel 
il  devait  encore  plus,  avait  la  boulé 
d-^  se    tenir   dans    sa    chambre.    Le 
mal  qui  menaçait  sa  vie  depuis  plu- 
sieurs années,  était  dans  la  vessie: 
il  en  mourut  au  bout  de  5   jours  de 
délire  ,  le  7  juillet  1826  ,    h  peine 
âgé  de  soixante-cinq  ans.  —  Après 
avoir  passé  en  revue  ,  dans  l'ordre  de 
leur  date  ou  de  leur  importance,  les 
principaux  faits  de  la  vie  de  Bellart, 
nous  devons  dire  un  mot   de  son  ca- 
ractère et  de  son  talent.  Ses  faiblesses 
venaient  de  saprofesslon  ,  ba  force  de 
lui-raêm-e.  Elève  distingué  du  palais, 
nourri  dans  ce  dédale  sans  til ,  où 
se  neutralisent  les  lois  et  la  vérité  , 
il  eu  avait  l'incertitude  et  quelquefois 
rignorance  et  les  passions.  On  trouve 
des  sopliismes,  quelcpielois  grossiers, 
dans  ses  plaidoyers  les  plus  applau- 
dis. Il  lit  dans  tous  des  concessions 
aux    erreurs    du    moment.     Amant 
sincère  de  lareli2.1on  considérée  va- 
guement,  il  allait  jusqu'à  préférer  les 
libertés  du  palais  a  celles  de  l'église^ 
el  il  redoulall,  comme  iM.  de  Montlo- 
sler,  c'est-a-dire comme  un  enfant, le 
clergé  ,    ou  la   religion    réalisée.  La 
congrégation  suituul  lui  faisait  peur, 
et  à  cet  égard  on  ne  peut  nier  (ju'il 
était  dupe  des  mensonges  d'un  parti 
qu'il  combattait  cependant  avec  au- 
tant de  courage  que  de  dévouement. 

LVU. 


IILL 


/«D7 


L'inccrlllude  de  ses  opinions  se  iiia- 
nlfcslall    d'ailKurs  dans    ses  choix  : 
il  présentait    snuidlanémcnt ,    il  aj)- 
puvail  avec  une  chaleur  égale   MAT. 
dcr)roé  etValime>nil,  IMarchangy  et 
de  Helleyme  ,  de  llavlgnan  et  S.igol. 
Au  sacre  de  Charles  \  u  llelms  ,    il 
fut  nommé  de  la  commission  des  grâ- 
ces. U  méritait  cette  faveur.  Sa  bonté 
pour  les  autres  se  tournait  en  sévérité 
contre  lui.  ce  J'ai  sûrement  erré  quel- 
quefois, dit-il  dans  la  jyrclface  d'un 
Clioix  de  scsplaidoj'-crs;  quel  hom- 
me est  inCaillibleV  J'ai   eu  des  idées 
qu'aujourd'hui  je  raodiHerais,  éclairé 
par  l'expéri  'uce  ,  qui ,  pour  moi ,  n'a 
pas  été  stérile.  5)    Les  hommes  et  la 
fortune  ne  lui  en  faisaient  point  ac- 
croire. Lorscju'il  s'agit  de  formuler  ses 
lettres  de    noblesse,    eu    i  8  i  4. ,    et 
que  M.  Geoffroy ,   un  des  référen- 
daires du  sceau,  lui  soumit  des  mo- 
dèles d'armoiries  :«  Je  les  trouve  iort 
bien  ,  dit  Bellart,  mais  cette  fleur  de 
lys  que  j'y  vois  pourrait  me  donner 
\m  peu  d'orgueil,  je  voudrais  placer 
dans  mes    armoiries   quelque   indice 
de  mon  origine  :  je   suis  le  fils  d'un 
charron  (7).  »  M.  Geoffroy  imagina 
de  lui  proposer  un  traiichet  d'azur 
a  la  fleur  de  Ijs  d'or  et  d'argent,   h 
la  cou^nce    de   sab'e    qu'il   accepta. 
Eu  1824-,    le  journal  le  Drapeau 
blanc     avait    semblé    trouver     au- 
dessous  de  Ik'llart  une  place  de  con- 
seillera la.  cour  de  cassation j  il  adres- 
sa a  ce  journal  une  lettre  qui  offre  nu 
précis  de  sa  vie  politique,  et  donne 
une  idée  assez  juste   de  son    carac- 
tère et  de  ses  illusions.  «  Votre  arti- 
«  cle  devrait  me  pénétrer  de  recon- 
«  naissance  ,   écrivait-il  h   Marlaln- 
«  ville    (pii    rédigeait    ce    journal  , 
ce  même  pour  feiaspéraliou  de  bien- 


(7)  Dans  le  temps  tîc  sa  plus  grande  ••léva- 
tion  ,  il  siiiinit  autant  à  \v  dire  que  d'aulies  au< 
laicut  aimé  à  l'oublier  eux-iuciiios.         V — va. 

32 


498  BEL 

«  veillance  qui  l'a   dicté.  Pourquoi 
ce  faiil-il  (ju'i!  me  navre  pour  les  ef- 
«  fels  qu'il  pourrait  produire?  Je  ne 
«   saurais  supporter  l'idée  qu'on  sup- 
«  posât  un  seul  instnnt  qu'il  ait  été 
ce   ou    sollicité  ou  même  inspiré  par 
«  moi;  il  me  donnerait  des  apparen- 
ce ces  de  folle  ambition  et  de  mécon- 
«  tcntement  ,  qui,  Dieu  merci  !  sont 
ce  aussi  éloignées   de  mon  caractère 
ce  qu'ils  seraient  contraires  a  l'exacte 
ce   justice.  Eh!  de  quoi  serai-je  donc 
ce   désormais  ambitieux  7  Si  j'ai   été 
ce   assez   heureux  pour  rendre  quel- 
ce   ques  services  ,   c'est  sincèrement, 
ce  Monsieur,   c'est  du  fond  du  cœur 
ce  que   je  crois  en  avoir  été  récora- 
a   pensé  bien  au  delà  de  mes  mérites, 
ce  J'ai  élé  coniblé  des  bontés  de  mon 
ce   roi  ,    créé  noble ,   honoré    d'une 
ce  fleur    de  lys  dans  les  armes    que 
ce   S.  M.  a  daigné  m'accorder,  corn- 
ée mandeur  de  la  Légion-d'Honneur, 
ce   trois  fois  procureur-général  du  roi 
ce   près   la  cour  des  pairs,   cinq   ou 
ce   six  fois  présitlcnt  dos  élections  de 
ce  Paris,   procureur  -  général   de   la 
ce  première  cour   royale  de  France, 
ce   conseilbn-  d'étal,    maître   des  re- 
a  quêtes   de    Monsieur  y   appelé  a 

«  l'bonneur   insi<rne  d'avoir  élé  l'un 
o 

u  (h's  témoins  du  mariai^e  d'un  Ijour- 

ce  bon  ,  investi  d'une    foule  d*aulres 

ce  fonctions  de  confiance  5  et ,  ce  qui 

ce  est  bien   autrement  précieux  pour 

ce  moi ,  ayant  reçu  on  cent  occa  lions, 

ce  des  bouches  les  plus  augustes,  des 

ce  témoignages  de  satisfacllon,  cl  j'a- 

ce  jouterai  avec  orgueil  ,  d'altecliou 

ce  personnelle,  je  serais  véritablemeut 

ce  un  monstre  d'amliilion  si  la  mienne 

ce  n'élail  pas  assonvie.  Elle  Test,  mon- 

«  sieur, elle  l'est  par-dess!is  lousnus 

ce  vœux  j  et  b)rsvjue,  depuis    (juinzc 

ce  mois,    je  soUicile  un  travail  plus 

«  approprié,    non    pas  ii  mon  zèle  , 

«  qui  ne  «'éteindra  jamais ,  mai?  h 


BEL 

V.  mes  forces ,  qui  ne  suffisent  plus 
ce  aux  détails   dont  je  suis  accablé  , 
ce   ce  n'est  pas  moi  qui  me  plaindrai 
ee  si  je  suis  assez  heureux  pour  ap- 
ee  partenir   a   une  cour   au  sein  de 
ee   laquelle,    sous  quelque  litre  que 
ee    ce  soit,   je  regarderai  comme  un 
ce  honneur  inBni  d'avoir  le  droit  de 
ce  m'asseoir.    Je   vous   demande   de 
ce  vouloir  bien  insérer  ma  lettre  au 
ce  plus  prochain  de  vos  numéros  ;  je 
ce    vous  le  demande  comme  un  dédom- 
ee  magenient  du  chagrin  que  ,  contre 
ce   votre  intention  ,  vous  m'avez  dou- 
ée  né.  53  Bellart  était  modeste  ,  mais 
quelquefois  plein  de  dignité,  parce  qu'il 
était  fort:  il  refusa  toujours  de  se  met- 
tre sur  les  rangs  pour  l'académie  ,  ne 
voulant  pas  qu'on  pût  dire    de  lui  , 
comme  de  l'avocat  Target,  qu'ily  était 
Gniré  pour  mémoire.  Avocat,  il  avait 
donné  de  rares  exemples  de  désinté- 
ressement •  il  ne  posséda  jamais  que 
la   maison    qu'il  habitait  au  Marais 
et  le  pelit  domaine  de  Cercay  ,  près 
de   Ikuuoy  ,    où  il  allait    en  famille 
culliver  les   fleurs  ,  un  Linné  a  la 
main,  oublier  le  palais  ,  et  s'oublier 
lui-même.    Lorsque    les   traitements 
lui    survinrent    avec  les   honneurs , 
il  ne  s'en  trouva  qu'un  peu  plus  pau- 
vre :  il  pensait  ,  et  nous  le  lui  avons 
entendu  dire  ,  que  donner  aTélat  , 
comme    a  son  père  ,    c'est    rendre. 
Cependant  i  il  vendit  ses  propriétés, 
au   temps   de  sa  plus    haute  prospé- 
rité,   ce    ne  fut  certainement  point 
par  besoin.  Klfravé  du  séipiestre  que 
Ijonaparte  avait  mis  sur  ses  biens  a 
sou  retour  de  l'île  d'Elbe,  en  1  ii  1  5  , 
cl     mieux  plaré    qu'un    autre    pour 
apercevoir    la   bublesse   de    la    mo- 
narchie  dm  Bourbons  ,  ii  la(|uelle  il 
avait  attaché  son  existence,  il  s'assu- 
ra jirudemmcnt  un  a\enir  dans   Té- 
Irauger;  et  ce   fut  sur  les  fonds  an- 
glais qu'il  plaça  la  plus  grande  partie 


BKL 

<le  sa  fortune.  Il  laissa  eu  mourant , 
après  (juaraiilc  aus  de  travaux  eld'é- 
coiiDiuie,  une  soiiiinr  de  {\vux  cent 
mille  lianes,  sur  la(|Uille  il  lit  encore 
des  legs  de  piclé  rt  de  Menfaisance. 
Le  conseil-i^i'uéral  décida,  à  Tunani- 
iniléjle  8  juillet  1826  ,  (juc  la  ville  de 
Paris  se  diargorail  de  ses  funérailles; 
et  le  roi  lit  une  pension  de  5 000  fr. 
K  sa  sœur  cadette  qui  lui  avait  sacrifié 
vsa  vie  dans  les  revers  comme  dans  la 

f)rospérité.  lîellarl  ,  qui  resta  cé- 
ibataire,  fui  dès  sa  jeunesse  grave 
dans  ses  mœurs.  Les  entants  de  sa 
sœur  aînée ,  madame  Bergeron  d'Aii- 
guy,  lui  tenaient  lieu  d'enfants;  et  sa 
sœur  cadette  était  tout  sou  bonheur 
de  famille.  Il  fit  élever  son  beau-frère 
du  métier  de  procureur  a  la  charge 
de  conseiller  a  la  cour  royale.  Le 
plaisir  extraordinaire  de  Bellart  était 
de  voyager  5  et  ce  qu'il  voyait  d'utile 
ou  d'aimable  ,  il  savait  le  conserver 
en  l'écrivant.  Un  an  avant  sa  mort 
il  se  rendit  en  Italie  ,  pour  rétablir 
sa  santé;  mais  elle  n'en  devint  que 
plus  mauvaise.  Pendant  son  séjour  a 
IJrest,  en  1820  ,  il  faillit  être  mas- 
sacré, pour  avoir  voulu  imiter  ,  h 
contre-temps,  l'exemple  de  Mathieu 
Mole.  Mais  le  seuliuient  et  la  vertu 
qui  inspira  toujours,  et  qui  finit 
par  dominer  Beliart  ,  ce  fut  la 
foi.  Turlin,  son  cher  Turliu  ,  lui 
écrivait  an  dimanche  de  1787  :  «Ce 
mot  me  rappelle  ,  dit-il,  mon  bon  et 
vertueux  ami,  le  devoir  de  religion 
auquel  nous  satisfaisons  aujourd'hui 
tous  les  deux  ,  et  (pii  nous  réunira  en- 
core par  la  pensée.  Non  ,  ce  n''esl  pas 
assez  pour  descœurs  comme  les  nôtres 
de  s'aimer  dans  le  temps  :  pour  eux 
réternitén'esl  pastroplongue.»  Lors- 
que sou  élévation  l'eut  mis  a  même  de 
faire  ses  preuves  en  faveur  de  la  re- 
ligion, il  les  fit  avec  sa  chaleur  natu- 
relle: les  égliscsde  Saint-Jean,  Saint- 


BEL 


^if)9 


&' 


François,  Sainle-EUsabelh  etc.  ,  qui 
furent  successivement  ses  paroisses  , 
sont  jîleines  de  sa  muniriceuce.  l'.u 
18  i4,  il  voulu!  être  de  la  commission 
our  la  restauration  de  l'intérieur  de 
olre-Damc.  Lorsque  le  supérieurde 
la  Grande-Charireuse,  Dom  Bruno, 
vint aParis solliciter,  il  l'accompagna 
dans  sesdémarches,  et  gagna  sa  cause 
comme  s''il  eût  gagné  la  sienne.  Il 
faisait  partie  de  toutes  les  associations 
de  charité  dans  la  capitale,  du  conseil 
des  hospices  et  de  celui  i\cs  prisons. 
L'hospice  Saint-Antoine  ,  qui  l'avait 
pour  patron  spécial, se  ressentira  long- 
temps de  ses  soins  et  de  sa  bienfaisan- 
ce. Il  fut  non  seulement  le  protecteur 
perpétuel,  mais  l'organisateur  et  le 
vrai  fondateur  de  la  maison  du  Befuge, 
où  la  jeunesse  délaissée  retrouve  des 
pères  adoplifs  souvent  meilleurs  que 
les  naturels.  C'était  dans  la  même  vue 
de  religion  qu'il  avait  accepté  une 
place  dans  le  conseil  académique. 
Lorsque  sa  mort  approcha  ,  sa  piété 
se  ranima ,  et  semblait  .«a  pensée 
unique.  Il  appela  plusieurs  lois  le 
curé  de  Sainte-Elisabeth.  Le  jour  oii 
il  reçut  le  saint  viatique,  Bellart  en 
ordonna  lui-même  les  dispositions. 
Toute  sa  famille  ,  ses  domestiques 
et  jusqu'aux  portiers  de  sa  maison 
devaient  être  présents;  et  ce  fut  alors 
qu'il  fit  une  belle  reconnaissance  de 
ses  erreurs  et  de  ses  fautes  de  jeu- 
nesse ,  une  profession  de  foi  hau- 
tement catholique  :  il  la  prononça 
avec  autant  de  force  que  jadis  une 
allocution  judiciaire;  et  il  demanda 
qu'elle  reçut  de  la  publicité.  Ses  der- 
nières paroles,  c'est-a-dire  une  prière, 
étaient  a  peine  prononcées  ,  qu'il 
tomba  dans  le  délire  ,  «  comme  si 
Dieu  ,  dit  son  ami  BillecoC([  ,  lui  eut 
réservé  le  bonheur  de  n'être  plus 
rien  pour  le  monde,  une  fois  qu'il 
habiterait  en  lui.  »  Ou  a  de  Bellart, 

32. 


5  00 


BEL 


outre  ses  divers  plaidoyers  ou  mé- 
jnoires,  discours  à  la  chambre  des 
dépnlés  ou  discours  de  rentrée  recueil- 
lis dans  leur  temps,  et  qui  ne  sont  plus 
guère  que  dans  quelques  collections: 
I.  Eloge  (le  M,  Férey,  avocat  , 
Paris,  i8[o,  iu-8°.  II.  Voyage 
du  capitaine  anglais  MatJiewsàla 
cote  de  Sierra  Leone.  III.  Choix 
d(l plaidoyers,  fait  et  publié  |)arlui, 
avec  des  corrections,  en  un  volume  , 
peu  d'années  avant  sa  mort.  Dans  la 
pelile;7rt//«ceildit:  «J'ai  donc  voulu 
meDrésentcr  tout  brutj  pour  nétre 
pas  accusé  d'avoir  ployé  après 
coup  mon  langage  aux  circonstan- 
ces. »  Ces  plaidoyers  de  clioix 
sont  curieux,  intéressants  a  parcou- 
rir, comme  sujets  d'étude  ou  de  com- 
paraison, pour  un  jeune  avocat  •  mais, 
h  quelques  .pages  près  pensées  et  ré- 
digées avec  soin  ,  il  ne  faut  guère  les 
considérer  que  comme  des  canevas 
d'audience  ,  et  leur  logique  n'est 
assez  souvent  que  la  logique  d'une 
partie  intéressée,  lîellart  n'avait  ni 
la  littérature  de  d'Aguesscau  ,  ni  la 
conscience  de  Cochin,  ni  le  trait  de 
Servan.  Son  iulériorilé  venait  moins 
du  vice  de  ses  premières  éludes  que 
de  riiabitude  où  il  était  de  ne  pas 
écrire  ses  plaidoyers.  11  plaidait  sur 
(le  longues  notes:  car  hà  mémo  ire  J  ut 
toujours  fautive  ,  et  il  le  disait  ba- 
biluellcracut  lui-iiième.  Son  art  tenait 
toulc  sa  force  delà  chaleur  de  l'ànie, 
de  l'audace  de  la  parole ,  et  aussi  dea 
li.'ibiludcs  (le  ses  orjranes.  Quand  il 
s'animait  ,  le  sang  lui  portail  ii  la 
lélc,  au  point  tju'il  devenait  rouge 
comme  un  homme  ivre.  Il  était  d'une 
taille  élevée  j  sont  front  large,  ses 
yeux  comme  reculés  sous  les  sour- 
cils imprimaient  a  sa  physionomie  le 
cararlère  d'une  conviction  ,  d'une 
bouhomitr  égales  a  son  talent.  IV. 
IjSsai  sur  la   Icgitiniiié  des  rois , 


BEL 

considérée  dans  ses  rapports  avec 
r intéré't  des  peuples^  et  en  parti" 
culier  avec  V intéré't  des  Français^ 
a  la  date  du  i*""  juillet  i8i5,  im- 
primerie de  Demat,  à  Bruxelles."  V. 
Du  devoir;  discours  de  rentrée  pro- 
noncé le  5  novembre  1824,  grand 
sujet  que  l'orateur  n'a  pas  tout-a-fait 
manqué  :  «  jouissance  dans  le  devoirj 
commodité  dans  le  devoir  ;  intérêt 
personnel  dans  le  devoir  ;  sûreté  en- 
fin dans  le  devoir  :  »  telles  étaient 
les  excellentes  divisions  de  l'orateur, 
qui,  seules,  raoutraie?it  déjà  sa  su- 
périorité. Il  a  trouvé  très-naturelle- 
ment, danslaseconde  et  la  quatrième, 
l'occasion  de  faire  une  belle  satire 
contre  les  crimes  de  la  révolu  lion.  VI- 
OEuvres  complètes^  Paris,  Brière, 
1828,  6  vol.  in-S'^.  Bellart  a  laissé  en 
outre  de  nombreuses  pages  décousues 
sur  ses  voyages  et  mémo  sur  sa  vie 
privée  et  politique  (8).  Il  avait  écrit 

(8)  Plusieurs  fragments  ciiés  dans  \fs  pièces 
jii^tilicalives  tle  la  notice  que  lui  a  ctmsjciée 
Uil!ct-()cq  ,  son  ami  île  i|uarantf  ans  ,  faisaient 
tiesircr  lu  jiuLlIcaiion  de  te  que  UcUait  a  icrit 
sur  sa  vie.  On  eu  jugera  par  un  court  extrait. 
11  n'avait  pu  obtenir  ,  en  1793,  un  certifie;!»  de 
civisme;  il  raconte  comment  un  e\-euisinier  du 
maréchal  de  Scgur  ,  ali»rs  président  du  comilû 
revolulionn^iire  de  !<a  .section,  l'avait,  tant  qu'il 
lui  fut  possible  ,  j)ris  sous  sa  protection  ;  mais 
cnfir)  l'ei-euifinier  étant  devenu  suspect  lui- 
menu-  ,  Urilart  alla  deiuander  un  emploi  ,  fut-ce 
celui  de  balujeur  ,  au  chef  d'une  (grande  admi- 
nistration ,  qui  se  disait  son  ami  ,  t-t  pour  (lui 
il  avait  gaf;nc  un  très-gros  pmcès.  V.e  chef  crai- 
gnit de  perdre  .sa  place,  >l  même  sa  lele.  Hiifm 
un  onii  plus  véritable  ,  IVrrot  de  C.hé/.elles  ,  l» 
conduit  eu  voilure  ii  lu  commission  de.s  armes  , 
snrleciuai  Voltaire:  u  J'y  trouve,  dit-il,  un  hom- 
me que  je  n'avais  jamais  vu  ,  gros  ,  grand  ,  bien 
coifte.  l'air  très-froid.  Il  vient  à  mui  (IVrrol  du 
C.hiielles  l'avait  prtWeuu).  »  .lésais  voire  hisloi- 
i<  re.  nu-  dilil ,  Youn  ét«s  un  homme  lr«i.>-«lai\ge- 
«I  relu;  un  de  vos  amis  vou^  repousse.  Il  faut 
i<  «pi'iiîi  iiu'oniiu  vous  sauve.  Je  suis  cet  inconnu. 
(I  la  ;  veiiri:  ileinain  ,  et  j'espère  vou.%  prouver 
«  (pi'on  peut  èlre  conlmis^ui^e  «le»  arnies  de  In 
•  republique  fraiivaise  et  «m  honm'lr  lioiiune.  u 
(i'i-.ait  Iteiiere»h.  le  même  qui  depui»  (etuni  uii- 
iii-.'re)  n  l'ail  rendre  lu  liberté  ,1  inadjui!- la  duii- 
plni.e.  Oe  tpie  Bellarl  rapporte  de  sr^  relnlioii» 
awv  Hérault  ile  .Sicbelles  est  plein  d'inleiét  11 
vit  le  famiui  l.«  pelletier  de  .Saint  l'art;e.ni  r».. 
fuser  ,  par  morgue  aristocratique  ,  un  diiier  à 
I4  cauipa^Mie  do  bikbcllc»  ,  «Tcc  im  i>rocur«u« 


VHisioire  tic  /'(u/rcssc  du  i'"^ 
rtt^nV  /  il  a  fait  .sagrmciU  en  s'abslc- 
iiant  de  la  piihlior.  IJellart  portait 
ju.scjira  la  manie  l'amour  des  lettres 
et  dos  circulaires.  11  les  écrivait,  et 
les  pensait,  avec  autant  d'esprit  et 
même  de  raison ijue  de  facilité.  L'au- 
teur de  cet  article  en  a  reçu  plusieurs 
de  ce  genre  qui  seraient  diji^nes  d'ê- 
tre pul)liées.  iiiilecocq  ,  ancien  avo- 
cat et  ami  de  Kellarl,  a  publié, 
Tannée  de  sa  mort,  une  Notice  liis' 
torique,  de  i  i  8  pages  (9).  Dès  1  8  i  i, 
ce  verlueut  jurisconsulte,  aussi  clas- 
sique que  Hellarl  Tétait  peu  ,  le 
clianlait  a  CiTçay  dans  des  vers  que 
ilome  elle-même  eut  entendus ,  et 
que  Cicéron  n'eût  pas  faits  : 

Tulliut  aller 

yir  probus  et  rura  clicendi  est  arte  périt  us. 
Erffo  vox  siluit  faCitndn.  Parcnli/jiif  orùi 
Flcvenint  pueri ,  vtduœjlcvc'rc  tacentcm  ! 
Consllio  fc.'iplisqiie  luens  ruine  jure,  clicntum, 
Doc/its  et  iiitcrpres  legum  emeritusque  ma^ister, 
Dat  misera  auxilium,ju¥eni  et  prœccpta  putrono. 

M D E. 

BELLAVEIIVE  (Jacques- 
Nicolas)  ,  gênerai  français  ,  fils  d'un 
officier  de  fortune,  naquit  h  Verdun 
le  20  octobre  1770,  fut  d'abord 
simple  soldat  dans  un  régiment  de 
cavalerie  où  servait  son  père ,  et 
parvint  rapidement,  dès  le  comraen- 
cemcnl  de  la  révolution  ,  jusqu'au 
grade  de  général  de  bri<';ade.  Ce  fut 
en  cette  qualité  qu  il  fit  les  campa- 
gnes d'Allemagne  sous  Desaix,  qui 
avait  en  lui  une  grande  confiance.  Il 
comi)allait  sous  les  ordres  de  ce  gé- 
néral a  Rastadt  en  1797,  'orsqu'il. 
eut  la  jambe  emportée  par  un  })oulct. 
Après  avoir  subi  Tamputaliou  il  (ut 
obligé  de  demander  sa  retraite.  Il 
reprit  cependant  moiî)enlanémcnt  du 
service    a    l'armée   de    Sambre-et- 

nommé  Vilry,  el  peu  ir.'iiuKi-s  .'iprùs  voli-r  ,  avec 
lis  ri-j>iii>li('ains  san&-culuUcs  ,  1j  ukuI  do 
Ix)uis  XVI  1  V— VB, 

(çi)   Celle  notice  a  eu  trois  étlitioDs  ,    la  tUr- 
uitre  a  cent  qHaraii'e  poges.  V — vi. 


BEL 


Soi 


Meuse  j  mais  bientôt  forcé  de  renon- 
cer aux  fatigues  de  la  guerre,  il  fut 
employé  an  bureau  lojiograpbirpie , 
puis  a  l'adminisl ration  i\L'^  postes  ,  et 
enfin  cbargé  de  l'inspection  des  éco- 
les militaires  de  Fontainebleau  ,  de 
Saint  -  Germain  ,  et  commandant 
spécial  de  cette  dernière  écoir.  Il 
fut  nommé  général  de  division  en 
1807.  Après  la  cliule  de  Napoléon, 
en  i8i4»  il  fut  créé  cbcvalier  de 
Saint-Louis  par  le  roi,  mais  pres- 
que aussitôt  admis  a  la  retraite.  Ré- 
tabli dans  ses  fonctions  après  le  re- 
tour de  Bonaparte  en  181 5,  il  se 
montra  fort  dévoué  a  son  gouverne- 
ment, et  lui  fit  don  d'une  somme  de 
mille  francs  pour  l'équipement  des 
gardes  nationales.  Au  second  retour 
de  Louis  XVIII ,  il  fut  encore  une 
fois  mis  à  la  réforme,  et  il  se  relira 
a  Milly,  petite  ville  du  Gàtinais,  611 
il  est  mort  en  février  1826.  Le  gé- 
néral Bellaveiue  a  publié  un  Cours 
de  mathématiques  à  lusage  des 
école  militaires  ,  Paris  ,  i8i5  , 
in- 8°.  M — DJ. 

BELLEGARDE  (Antoine 
Dubois  de),  né  dans  l'Angoumois  , 
vers  I  74.0  ,  d'une  famille  noble  ,  re- 
çut une  éducation  fort  négligéej  mais 
doué  d'un  beau  physique  et  d  une 
iaille  presque  colossale  (  près  de  six 
pieds),  il  fut  admis  fort  jeune  dans  les 
gardcs-du-corps.  Au  bout  de  quel- 
ques années  de  service  ,  il  obtint  par 
une  faveur  très-rare ,  a  celte  époque, 
la  croix  de  Saint-Louis  j  mais  en- 
suite ,  naturellement  vicieux  el  que- 
relleur ,  il  fut  chassé  de  sou  corps 
pour  des  fautes  graves,  el  forcé  de  se 
sauver  en  Pru.^se ,  où  il  s'engagea 
dans  un  régiment  d'infanterie.  La 
métier  de  soldat  prussien  ne  pouvait 
lui  convenir  long-lemps*  il  déserta 
bientôt ,  revint  dans  son  pays,  et  s'y 
fil  la  plus  mauvaise  réputation  par 


5oa  BEL  BEL 

ses  habiludes  de  joueur  et  de  spadas-  rêter  beaucoup  de  monde ,  enlre  au- 
tin.  Un  tel  homme  ne  pouvait  qu'è-  Ire  Lescuycr,  qui  périt  sur  l'échafaud. 
Ire  un  instrument  de  révolution.  Dès  Bellegarde  eut  ensuite  une  mission 
les  premiers  troubles  qui  agitèrent  pour  les  départements  de  l'Ouest;  et 
la  France  en  1789,  Bellegarde  s'en  il  arriva  dans  cette  contrée  au  mo- 
moutra  l'un  des  partisans  les  plus  ment  des  premiers  soulèvements  de 
enthousiastes.  11  fut  nommé  en  1790  la  Vendée.  Témoin  de  quelques  re- 
commandant de  la  garde  nationale  vers,  il  perdit  son  porte-feuille  et 
d'Angoulème  ,  puis  élu  par  le  dépar-  son  passe-port  dans  une  déroute  j  et  ce 
tement  de  la  Charente  député  h  l'as-  fait_,  signalé  a  la  convention  nationale, 
semblée  législative.  Dépourvu  de  y  donna  lieu  a  une  longue  discussion, 
toute  instruction  etd'éloqueuce,  il  ne  Cependant  Bellegarde  eut  a  rendre 
put  se  faire  remarquer  dans  cette  as-  compte  de  la  rentrée  des  troupes  ré- 
serablée  que  par  sa  brusquerie  et  publicaines  dans  La  Châtaigneraie  et 
l'exagération  de  ses  opinions.  Sa  mo-  dans  Chàtillon^  et  revenu  a  la  con-« 
lion  la  plus  remarquable  fut  contre  vention  ,  il  y  fit  un  grand  éloge  de  la 
le  maréchal  Rochambeau.  Aussitôt  bravoure  de  Westermann  et  des  gen- 
après  la  journée  du  i  0  août  1792,  darmes  Ponsard  ei  Bonneval ,  disant 
il  fut  envoyé  avec  Delmas  et  Dubois-  que  lui-même  avait  donné  de  l'eau- 
Dubaysur  la  frontière  du  Nord,  pour  de-vie  a  ce  dernier  sur  le  champ  de 
y  faire  suivre  toutes  les  conséquences  bataille,  après  une  action  d'éclat.  Ce 
dé  cette  révolulion,  et  trois  jours  qui  doit  étonner ,  c'est  qu'a  cette  épo- 
après  ces  commissaires  firent  a  l'as-  que  Bellegarde  fut  élu  secrétaire  de 
semblée  un  rapport  dans  lequel  ils  la  convention,  et  qu'il  en  exerça  réel- 
dénoncèrent  plusieurs  autorités,  no-  lemcnt  les  fondions  (i).  Il  eut  bientôt 
tamment  le  district  et  le  tribunal  de  une  nouvelle  mission  a  remplir  auprès 
Péronne.  Elu,  pendant  cette  mission,  de  l'aruiéede  Sambrc-el-Meuse,  et  ce 
membre  de  la  convention  nationale  ,  fut  lui  qui  envoya  de  Bruxelles,  dans 
lîellegarde  vint  y  prendre  part  au  le  mois  de  septembre  1794^»  de  con- 
procès  de  l^ouis  XVI,  et  non  seule-  cert  avec  son  collègue  Briez ,  le  ro- 
menl  il  prononça  la  peine  de  mo/t  man  de  la  cage  de  fer  où  ils  assu- 
confre  le  tyran,  sans  appel  et  sans  rèrent  qu'on  avait  tenu  Drouet  ren- 
gursis  a  l'exécution,  il  contraignit  fermé  ( /^o^.  Drouet  ,  au  Suppl.). 
encore  ,  par  ses  menaces  et  ses  in-  lîellegarde  annonça  ensuite  plusieurs 
jures  ,  ses  collègues  l>runel  et  Guim-  ^icloiros  de  l'armée  commandée  par 
herteau  ,  qui  le  lui  ont  reproché  plus  Pichegru  ,  rtson  entri'eaAmslerdam. 
lard,  a  v(»ler  de  la  même  manière.  Revenu  à  la  convention  nationale  ,   il 

Dès  (pic  ce  procès  fut  lermmé,  Helle-  — ^ — - 

î^arde  partit  de  nouveau  pour  la  fron-  .  ^')  "'"vaitù  pciuo  iwti.ogrn,.ho.oi  on  p«nt 

'~  ,  I       IV'        I  11-  jiigiT  «le  son  si)  If  par  crt  nli;ml»llon   d  une  de 

lière  du  INord  ,  cnmnu'  membre  d  nno  .-(r.s  lettres:  «  il  < prouva  «les  <liiTiruli.-s  pom-  su 

commission  de  six  représentants,  dont  7";f''""  •  «  /""7'; «i";'-  '»«••  •,'i'''  """'''t^ 

I  i>  .  <1'' lu  polu»!  iiiiintfl II  S  ext  poitrrii ,  ctc<  »  Dons  In 

lui-même  avait  fait  dérréicr  renvoi  5  ihrt.  tUt  jumlins  vifnms .  qui  pnnu  m  1790. 

,1  ,  •     I  '     r'      .    .  in   i  j,  il  «si  «lit  (im- Rrllfcurtlr  nvail  ««  ircr#V«ni# 

et  il  ,sc  trouva  sur  ce  point  al  epo(|ne  ^,„,,^  ^,,,,.^  ,„  r.Lsj.o,„lLe  ,t  a..s>i  pour  lui 

«le  la  déft'Clion  de  Diin,t)uriez.    IMns  iir«  loush-s  n.iiins  i«s  jonrtiiiux ,  pm-r ^'////i,- 

1g^  ,1,  I       •!  uiiitil  1X11  lire  ttfsez  voiinimmi'iil  lui-mc'mf.  On  lui 

inircUX   que   LimUS   et   l.ancal,    il   ne  rr,.io,he  .ravoir  .  «Innslo  , ours  de  «.•»  mission» 

int  pas  arrêté  ni  livré  aux  Autrichiens  ""»  ••«rm.i-»,  ums-cniotthé  i»s  ftau-mujtrs  .cxfnit 

,     •      1      .1   p.  .       .  unrier  btaueoup  U'exçtiïenis  offfritrs  romme  ino- 

par  ce  général  j  il  ht  au  contraire  ar-  jcWi.  v— vt. 


HKT, 

s'y  montra  forl  opposé  au  syslrinc 
de  inoiléralioii  (iiii  avait  succédé  a  la 
U'rrnir.  11  |ias<a  par  la  voie  du  sort 
au  conseil  des  citi(|-ccnl,s  aiii  es  la  ses- 
sion coiivtMilioiinclIc  ,  et  il  y  professa 
les  incnies  opinions  sans  jamais  pren- 
dre la  parole.  Av;int  essuyé  de  graves 
injures  ,  dans  le  Messager  du  soir, 
que  rédigeait  Isidore  Langlois ,  il  se 
porta  un  jour  contre  Thomas  Lan- 
glois ,  rédacteur  du  Censeur,  (ju'il 
prit  pour  Isidore,  a  Ai^s  voies  de 
fait  (un  coup  de  poing  sur  la  figure), 
et  fut  ausïitôl  dénoncé  pour  cc'a  a 
rassemblée  qui ,  par  décision  du  9 
oct.  I  796,  le  condamna  a  trois  jours 
d'arrêt  dans  son  domicile.  Isidore 
Langlois  continua  de  le  lympaniscr, 
mais  avec  plus  de  violence  encore. 
Bellegarde  passa  au  conseil  des  an- 
ciens en  1798,  et  fut  nommé  secré- 
taire peu  de  temps  avant  le  i  8  bru- 
maire. 11  était  au  nombre  des  oppo- 
sants dans  cette  journée  mémoraiile, 
et  le  gouvernement  consulaire  ne  le 
comprit  en  conséquence  dans  aucune 
des  nominations  qui  furent  faites  a 
celte  époque.  Ce  n'est  que  beaucoup 
plus  tard  qu'il  obtint  une  place  d'in- 
specteur dans  l'administration  fores- 
lière.  Il  avait  d'ailleurs  alors  des 
propriétés  considérables  qu'il  faisait 
valoir  lui-même,  augmentant  cbaque 
année  sa  fortune  par  son  avarice  5 
ce  qui  donna  lieu  de  dire  ,  parmi  le 
peuple  ,  qu'il  s'était  emparé  des  tré- 
sors du  stalhouder  dans  la  conquête 
de  la  Hollande.  Ayant  fait  partie 
de  l'assemblée  du  champ  de  mai  , 
dans  les  cent  jours  de  181  5,  il  fut 
compris  dans  la  loi  contre  les  régici- 
des en  18 16.  A  celte  époque  il  pa- 
raissait avoir  réfléchi  sur  sa  conduite 
passée.  Dès  qu'il  eut  connaissance 
de  la  loi  d'exil  ,  il  se  rendit  chez  le 
préfet  de  la  Charente,  et  lui  dit  avec 
un  ton  de  résignation  cl  de  repentir  : 


')0'> 


RLL 

«  VoiK  voyez  un  grand  CQltpable.  « 
11  lui  demanda  un  passe -port  et  se 
rendil,  sans  proférer  une  seule  pUinte, 
K  l'rnxelles,  où  il  est  mort,  vers 
i8:i5  ,  h  l'àgc  de  plus  de  fft^'ans. 

M— DJ. 

BELLEr.Al\l)K  (le  comte 
Hr-T^îni  de),  né  li  (>h;imbéri,  en  17.58, 
appartenait  à  l'une  des  plus  anciennes 
familles  de  la  Savoie.  Son  père  Belle- 
garde,  comte  de  Sainl-I\omain, étant 
passé  au  service  de  Saxe,  devint  gé- 
néral d'artillerie  ,  gonverneur  de 
Dresde,  et  premier  ministre  de  l'élec- 
teur. Un  de  ses  trois  oncles  fut 
également  général  au  service  d'Au- 
guste III,  et  eut  pour  femme  une 
sœur  du  maréchal  de  Saxe.  Les  deux 
autres  oncles  restèrent  au  service  de 
Sardaigne ,  et  moururent  généraux 
d"infanlerie.  Al'exemple  de  son  père, 
de  ses  oncles  et  de  ion  frère  aîné  ,  le 
jeune  comte  Henri  embrassa  la  car- 
rière militaire,  quoique  ses  disposi- 
tions le  portassent  au  moins  autant 
h  la  carrière  de  la  dinloiralie  qu'a 
celle  de  la  guerre.  Il  entra  au  ser- 
vice dans  la  légion  du  campament 
(  campement  )  en  Piémont  ,  et  en 
devint  le  chef.  Mais  bientôt  l'Au- 
triche fut  sa  pitrie  d'adoption.  Dès 
1793  ,  il  prit  part  aux  grandes 
guerres  dont  la  révolution  française 
donna  le  siiTual.  Au  commencement 
de  cette  année,  il  assista  aux  sièges 
de  Mau])eufre   et    de   Valcncienncs. 

o 

Lors  de  l'inveslisscmcnt  de  Landre- 
cies,  il  conduisait  une  colonne  h  la 
tête  de  laquelle  l'empereur  marchait 
en  personne.  Sa  conduite  lui  mérita 
l'estime  de  l'archiduc  Charles,  et 
lorsqu'cn  février  1796  ce  prince  fut 
chargé  du  commandement  des  armées 
impériales  en  Allemagne  ,  il  appela 
le  comte  de  Bellegarde  a  son  état- 
m.ajor  et  l'ji  lit  conférer  le  titre  de 
fcld-marécbal-lieuteuaul   La  célérité 


5o4 


BEL 


avec  laqi^llc  Bonaparte  s'avança  daus 
ce  lemps-iavers  les  états  liéréditaires 
rendit  inutiles  les  efîoris  que  les  Aii- 
tiicbiens  avaient   compté   opposer  h 
leurs  c^qpenjis  dans  celte  campagne 
du  Tjrol  ;  et  ({ucl  ({ue  fût  le  danger 
auquel  s'exposait  Bonaparte  dans  .-«a 
niarcbe  victorieuse  ,  ni  l'archiduc  ni 
le  conseil  aulique  ne  crurent  assez  a 
la  possibilité  de  le  vaincre  ,  pour  se 
refuser  plus  long-temps  à  des  ouver- 
lures  pacifiques.  Bellegarde  et  Mer- 
feldt  allèrent   donc  a   son  quartier- 
général  ,    munis  de   pleins-pouvoirs 
pour  traiter  d\in  armistice  et  même 
de  la  paix ,  et  ils  conclurent  avec  lui, 
le  7  avril ,  la  suspension  d'armes  de 
Judenburg,  qui  fut  bientôt  suivie  des 
préliminaires  de  Léobcn  (  i8  avril), 
puis  du  traité  de  Carapo-Formio,  et 
enfin  du  congrès  de  Rastadt.   Belle- 
garde  pendant  ce  temps    partagea  , 
sur  la  ligne  politiquecpie  devait  suivre 
la  chancellerie  autricbirnne,  les  idées 
de  Cobenl/l  plus  (jue  cel'cs  de  Thu- 
gut ,   et  crut    de  bonne  foi,    même 
après  le  départ  de  Bonaparte  pourTE- 
gyplc,  et  l'espèce  d'exil  de  Cobenizl 
a    ^îaint-Pétersbourg ,   que    la    paix 
générale    se  conclurait.   Cependant  , 
vers  la  lin  de  i  798  ,  Tannée  avant  la 
rupture  des  conlérenccs  de  Rasiadt  , 
jnais  lorsqu'elles  commencèrent  a  ntî 
plus  olfrir  un  aspect  pacifique  et  lors 
«les  haulaines  exigences  notifiées  par 
1  envoyé  du  dirccloire  en  Suisse  a  la 
réj)ul)lique  des  Grisons,  rarclilduc  , 

1)rév()janl  un  inouvcmrnt  offensif  de 
a  pari  des  Français,  coidia  la  mis- 
sion d'occuper  le  territoire  de  CCS  élals 
aux  généraux  lU-llegarde  et  Aiif- 
lenberg.  Tous  deux  en  vtrlu  de  cet 
ordre  arrivèrent  a  Coire  le  i5  net.  , 
cl  le  17  il>  signèrent  une  simple  et 
courir  convention  dansbupirlle, après 
avoir  r.ijîpclé  les  anciens  traités  des 
Grisons  ,    ils    en  rcipiéraieul  l'iié- 


BEL 

cution  au  nom  de  l'empereur  ,    et 
en  conséquence  les   Grisous  reriiet- 
taient  k  ses  troupes   tous  les  postes 
et    passages  importants  pour  la  dé- 
fense du  pays.  L'opération  terminée, 
le    comte    alla   joindre    le     général 
Wallis  ,   commandant  des  forces  au- 
trichiennes en  Italie,  pour  l'avertir  de 
se  tenir  sur  ses  gardes  et  d'être  prêt 
a  l'action  ,  dès  que  les  démarches  des 
Français  ne  lui  permettraient  plus  de 
rester  en  repos.  Bientôt  arrivèrent , 
sur  les  frontières  de  l'Italie  et  de  la 
Suisse,  les  Russes,  qu'il  avait  regar- 
dés comme  devant  par  leur  approche 
déterminer  le  directoire  a  un  arranje- 
ment  raisonnable,  et  dont  au  reste  il 
n'aimait  pas  plus  que  Cobf  ntzil  a  voir 
briller  les  uniformes  sur   les   terres 
possédées  ou  convoitées  par  l'Autri- 
che. Aussi,  lors  des  conférences  qui 
eurent  lieu  entre  le  général  en  chef 
moscovite  ,  l'ambassadeur   anglais  et 
lai  ,     relativement  aux    subsides    à 
fournir  aux  Russes,  vit-on  percer  sa 
mauvaise  humeur  dans  les  reprocbcs 
(pi  il  adressa  ,   en   présence  de  lord 
Miuto,  àS()u\varow,sur  lesexcès  (jue 
ces  auxdiaires  avaient  commis  a  leur 
passage  dans  la  Bohème.  Il  n'eu  ser- 
vit pas  moins  fort  utilement  pendant 
la  campagne   de    1799-  Placé  îi  la 
tète  d'un  corps  de  vingl-cini]  nulle 
hommes  qui  fjisait  partie  des  forces 
\i  la  disposition  de  Tarchiduc   Char- 
les ,   il   lut  jeté  il  la  gauche  de  cette 
armée  allemande, et  chargé  d'en  lier 
les    opérations    à  celles    de  l'armée 
austro-russe  (11  lalie,  (|ue  commandait 
Souwarow.  11  appuva  ainsi  de  loin 
tontes  les  m>uuriiv  rcs   par  lts(pielles 
le  prince  fur^a  iMas.séua  délaissé  par 
.lourdan  K  se  replier  sur  Zurich.   A 
celte  épo(pie  les  victoires  meurtrières 
de  Souvarow  ayant  laissé  dans  Far- 
mée  d'iîalie  des  vides  (ju'il  imp(alail 
de  combler,  les  vingt- cinq  mille  hom- 


BEL  BKL  5o5 

mes  do  Bc'llrgardrallôreiit  se  nicUrc     falMr  nvanlagc  forl  cxallé  par  le  di- 
sous   le   coinmandi'incnl    du  j^oncral     rrcloirc    lut  crucllemcnl    compense 
lUise.  Celui-ci, daiisK-  hul  de  s'avan-     par  la  dilailr  dcINovi,  (jul,  avec  cello 
ccr  vcr&la  rivière  du  Levant,  cliargea     de  la  Trehia  ,  lil  perdre  li  la  France 
J!elle<!;ar(le  d'aller  devant  'l'orlone  où     dans  celle  campar^ne  tout  ce  (pjc  1796 
loulrécemnienlélail  entré  Cl)asleler,      el  i  797  luiavaienl  donné  deconcpH-lcs 
eu  même  temps  de  former  le  blocus     en  Italie.  Le  matin  de  celle  sauj^lanlc 
de  la  citadelle,  et  de  s'opposer  sur  ce     journée,  Bellegarde,;iFre.ssonara,  vit 
point  au  passage  de  Macdonald  alors     venir  a  lui  le  général  Kray  dont  les 
revenant   de  Tllalie  jnéridionale,  et     forcesjointesaux  siennes  se  montaient 
clierclianl  a  opérer  sa  jonction  avec     h  vingt  raille   hommes  ,  el   (pii  prit 
Moreau.     Celui-ci   vint  attaquer  le     le  commandement  de  tout  ce  corps , 
corps  de  Bcllegarde,  tandis  (jue  Mac-     devenu  Taile    droite  de  Souwarow. 
donald   engageait    la  sanglante   ba-     L'aile  gauche  des  Français  ,  comman- 
taille  de  la  Trebia  ,  et  malgré  sa  ré-     dée  par  Joubert  en  personne,  était 
sistance  opiniâtre  le  força  de  repasser     a  Basaluzo,  où  elle  masquait  le  mou- 
précipilammenl  la  liormida  ,  et  d'à-     vementd'une  colonne  qui,  aprèsavoir 
Landonner   le  blocus  de  la  citadelle     passé  la  Scrivia,  devait  marcher  sur 
de  Torlone.    Quelques  jours  après,     Tortone  par  Cassano  di  Spinola,  en 
(  9  aoùl  ,  etc.)  ,  tandis  que  Joubert     suivant  les  montagnes.  A  cinq  heures 
était  envoyé  de  Paris  pour  prendre  le     du  malin  Kray  et  Bellegarde  s'avan- 
commandement  en  chef  de  l'armée     cèrenl  contre  cette  partie  de  l'armée 
française  ,  Bellegarde  s'emparait  des     française  et  rattaquèrenl.  Les  Fran- 
posilions  de  Terzo  et  de  Bislagua  ,      çais   tinrent  avec  la  plus   grande  u- 
en   avant  d'Acqui,  ainsi  que  de  tous     gueur  pour  gagner  les  hauteurs   et 
les  points  importants  dans  les  vallées     tourner  Novi  ,  et  le  combat  fut  ter- 
supérieures  de  rOrba,   de  TErro  et     rible.  A  six  heures,  Joubert,  en  con- 
de  laBormida.  Le  i  5  ,  trois  colonnes     duisant  son   infanterie  a  la  charge  , 
françaises  l'en  délogèrent  sans  grande     tomba  percé  d'une  balle.  Les  Autri- 
diflicullé,  s'il  faut  en  croire  le  com-      chiens  n'eu  furent  pas  moins  obligés 
inissaire  anglais  Graham.  Souwarov\',      de  rétrograder  ,  et,    après  plusieurs 
ayant  choisi  pour  champ  de  bataille     heures  d'efi'orts  souvent  réitérés  ,  ils 
la    plaine  entre  la  Scrivia  et  la  Bor-     abandonnèrent  l'entreprise.  Unnou- 
inlda,    avait  envoyé  ordre  a  Belle-     vel  ordre  de  Souwarow, adeux  heures, 
garde,  qui  devait  former  sa  droite,  de     remit  en  mouvement  Kray  et  Belle- 
ne  pas  s'obsliner  K  défendre  avec  ses     garde. Ils  ne  réussirentpasdavanlage: 
Luit  mille   hommes   tous   les    postes     Kosenberg  ,  Bagralion  ,    Miloraclo- 
qu'il  occupait ,  mais  de  se  retirer  sur     vilch  échouaient  aussi   dans  leur  at- 
rOrba    par  la  route  de   la  Ritorta.      laque  au  centre.  Enfin  le  mouvement 
Suivant  les  rapports  français  au  con-     de  Mêlas  sur  la  droite  des  Français 
traire,  le  mouvement  rétrograde  de     (ju'il  déborda,  et  tourna  de  manière 
Bellegarde  fut  non  pas  un  mouvenient     a  occuper  Serravalle  cl  iSovi,  décida 
volontaire  ,  mais  unmouvemenlforcé,     la  victoire.  L'année  suivante  ,  Belle- 
t)Ccas:oué  par   celui   que  Joubert  en     garde   lit  encoje  partie    de  l'armée 
personne  fit  de  Savonc  sur  Acqui  en     d'Italie,   ïous    les  ordres  de  Mêlas. 
passant  par  la  vallée  de  la  Bormida.     Les  premiers  mois  de  la  campagne  se 
Ce  qu']l  y  a  de  ccrlaiu  ,  c'est  qi.e  ce     pas.^ercul  a  manœuvrer  contre  Mas- 


5o6 


BEL 


séna  ,  au  sud  du  Pô  et  près  de  la  Li. 
gurie.  Bellegarde  commandait  l'aile 
gauche  aulrichienne.  Sa  supériorité 
numérique  contraignit  le  général  fran- 
çais a  se  rep'ier  sur  Croce,  et  a  rece- 
voir k  Santa-Glustina  un  combat  où 
ravantage  fut  incertain.  A  l'affaire  de 
la  Vczeira  contre  le  général  Soult , 
c'est  Bellegarde  qui  ,  filant  en  toute 
hâte  sur  rKcrractte  et  se  présentant 
au  revers  du  mont  Fajale  ,  déborda  et 
enveloppa  presque  les  Français.  11 
envova  même  son  chef  d'état- major 
«sommer  le  général  de  mettre  bas  les 
armes  5  mais  celte  proposition  fut 
rejetée  avec  une  grande  fermeté*  et 
après  avoir  fait  bonne  contenance 
pendant  quelques  instants  ,  Soult,  k  la 
iavcur  d'iui  brouillard  épais ,  parvint 
à  lui  échapper.  Le  i5  mai,  Belle- 
garde  ayant  attaqué  la  léte  de  pont 
du  Var ,  de  concert  avec  Elsnitz  et 
Latlermann  ,  fut  repoussé  par  Su- 
chet,  et  forcé  de  se  retirer  par  les 
gorges  des  Apennins  ,  oii  il  essuya 
de^qrandes  peitcs  ,  tandis  qu'Elsnitz 
iaLsalt  éL^alemenl  une  retraite  diltirile 
par  la  rivière  de  Gènes.  Après  la  ba- 
taille de  Marengo  et  la  convention 
d' Alexandrie  ,  la  cour  d'Autriche  in- 
dignée de  rinconcevablo  faiblesse  de 
Mêlas, rappela  ce  vieux  fcld-maréchal 
et  le  remplaça  par  Bellegarde.  Sou  ar- 
mée, prompttinent  refoi  mée  par  des 
renforts,  montait  encore  a  quatre- 
vingt  mille  hommes.  Cantonné  dans  le 
ÎMantouan  cl  le  Ferrarais  ,  et  occu- 
pant sur  le  Mincio  la  même  ligne  que 
lîonaparle  avait  eu  de  la  peine  k  rom- 
pre eu  179^)  ,  par  sa  droite  il  don- 
nait la  main  au  général  liiller  (pii 
commandait  dans  le  'Ivrol.  (^)uoi(pie 
rarmislice  eût  été  dénoncé  vers  la  lin 
de  nov.  1800,  lUllegarde  n'ouvrit  la 
c.inipague  (ju  a  la  lin  du  mois  suivant. 
Conloruiémenlk  Tordre  du  conseil  au- 
liquc,  il  allcndaiL  que  Farméc  iiapo- 


BEL 

lilalne  d'une  part ,  et  les  généraux 
Laudon  et  Vukassovitch  de  l'autre  , 
vinssent  le  soutenir.  Brune  était  son 
adversaire.  Malgré  les  retranche- 
ments construits  par  les  Autrichiens 
sur  la  rive  droite  du  Mincio  ,  dès  le 
2i  déc.  tout  ce  littoral  était  aux 
Français.  Incertain  du  point  sur  le- 
quel Brune  tenterait  le  passage,  Bel- 
legarde avait  réuni  le  gros  de  l'armée 
(quarante-cinq  bataillons  et  douze  ré- 
giments de  cavalerie)  a  Villa-Franca, 
pour  être  a  même  de  se  porter  par- 
tout où  besoin  serait.  Le  lendemain 
eut  lieu  l'opiniâtre  bataille  de 
Pozzolo,  dans  laquelle  un  corps  seu- 
lement de  l'armée  française  eut  toute 
l'armée  autrichienne  sur  les  bras , 
et  ne  résista  que  grâce  a  la  plus 
rare  intrépidité.  Bellegarde  y  fit  eu 
même  temps  preuve  de  courage  et 
d'habileté.  Il  avait  d'abord  attaqué 
la  gauche  française  :  repoussé  ,  il 
changea  son  plan  de  bataille,  com- 
prit toute  1  importance  du  village  de 
J*ozzolo  ,  et  fit  en  personne  des  efforts 
inouïs  pour  s'en  emparer.  Il  le  prit, 
le  perdit,  lereprit  encore.  Une  charge 
désespérée  le  lui  enleva  de  nouveau. 
Kniin  ,  il  voulut  le  reprendre  pen- 
dant la  nuit  et  ne  put  y  léussir.... 
La  fusillade,  la  canonnade  continuè- 
rent juscpi'k  dix  heures  du  soir.  Cette 
bataille  où  les  Autrichiens  perdirent 
dix  mille  hommes  ,  et  où  le  général 
Dupont  vain(juit  en  désobéissant  a 
Brune  ,  (pii  au  resie  n'était  pas  sur 
les  lieux,  assura  le  succès  de  la  cam- 
])agne.  lîellegarde  ne  dut  p'us  espé- 
rer (pie  de  relarder  et  d'entraAcr  le 
passage.  Toutefois  le  26  au  soir  prcs- 
(pie  toute  l'armée  française  était  pas- 
sée a  Mon/.ajnbano  •,  et  le  corps  du 
prince  de  llohfnzollern  avait  essuyé 
\\\\  nouvel  échec  k  Valeggio.  Peut-être 
ces  deux  échecs  furent-ils  dus  k  Tim- 
prévoyancc   du  général  eu  chef.  Il 


nKL  BEL                  5  07 

falliil  roploycr  les  tllvisions  vaincues  papjnc  d'iilvcr,  on  Pxllcgarde  n'avait 
(l'abonLsiir  Villa-Franca,ensuilc(ler-  i^nère  fait  que  se  relircr,  quoique  Icn- 
vièro  rA(li>;o.  I.a  prise  des  redoulps  UmiumiI  el  le  moins  dcsaslreuscincnl 
(IcSalion/.c  le  lorcabieiilôlarciidrece  possiMe.  I^a  paix  lui  pour  lui  une 
irouvcnienl  rcirogradc  plus  prorapl  :  ()C(  asioii  de  développer  des  taleulR 
Goilo  fui  évacuée  ,  el  sa  jrarni>'On  alla  d'un  nuire  ireiire.  Di-s  1  800  on  Tavait 
grossir  celle  de  ÎManlouc.  L'Adige  vu  a  Vienne  ,  a  Prague,  cnlamcr  des 
même  ne  sembla  plus  une  barrière  négociations  pacificpies.  En  i8o5  , 
suflîsanlP  ,  uue  lois  qu'on  eul  appris  lorsque  le  prince  Charles  quilla  la 
les  succès  de  Moreau  dans  la  liaule  capilalc,  il  adminislra  le  département 
Aulriclie,  et  de  Macdonald  dans  le  de  la  guerre.  Peu  de  temps  après 
Tyrol  antérieur.  Le  i'""^  janvier  le  (juillet  i8o5)  ,  il  fut  appelé  au  com- 
fleuvc  fui  passé  à  Busolengo  ,  sans  mandement  desprovinces  vénitiennes 
que  Bellegarde  y  mît  obstacle;  il  qui  ne  devaient  pas  être  long-temps 
ne  disputa  le  terrain  (ju'à  \icence5  sous  la  domination  de  PAutriche.  En 
cl  même  la  il  cul  encore  soin  de  ne  décembre  1806  ,  il  fut  promu  a  la 
former  sa  lio;nc  de  bataille  que  hors  dignité  de  fcld-marécbal ,  et  il  reçut 
de  portée,  de  manière  a  ne  pas  être  en  même  temps  le  gouvernement  civil 
forcé  à  un  engagement  général.  Enfin  et  militaire  des  deux  Gallicies.  Il  y 
Paudacieusc  manœuvre  de  Delmas  et  joignit  bi»  ntol  la  grandVroix  de  Tor- 
de Gazan  sur  les  escarpements  ilcs  dre  de  Saint-Léopold  ,  puisletitrc  si 
torrents  du  Zermeghede  et  sur  le  pont  honorable  de  gouverneur  du  prince 
<\e  sa  po^^ilion  ,  lui  avant  fait  crain-  royal.  La  guerre  de  1809  vint  le 
dre  d'être  débordé .  il  alla  s'établir  rendre  a  la  vie  active  du  militaire, 
dans  la  position  de  Caslel-Franco,  et  II  commanda  un  corps  a  Essling  ,  k 
parut  disposé  h  y  livrer  bataille- mais  Wagram.  Après  la  perte  de  cette  dcr- 
eu  réalité  son  but  était  de  se  donner  nièrc  bataille,  ce  fut  lui  qui  proposa 
le  temps  de  passer  la  Piave  ,  et  de  au  duc  de  Raguse  un  armistice  que 
recevoir  des  instructions  de  Vienne,  celui-ci  refusa.  Il  assista  ensuite  a  la 
Déjà  le  2  janvier  il  avait  proposé  a  bataille  de  ZnaVm  ,  où  son  arrière- 
Brune  un  armistice  que  ce  dernier  garde  souffrit  des  perles  considéra- 
avait  refusé  ,  alléguant  que  le  consul  blés  et  se  laissaenlever  plusieurs  dra- 
(Bonaparte)  ne  lui  permettait  d'ae-  peaux.  Après  la  paix  ,  il  reprit  le 
corder  nulle  suspension  d'armes  ,  si  chemiu  de  son  gouvernement,  et  il  y 
Pon  ne  lui  remeltait  Manloue ,  Pes-  resta  tant  que  PAutriche  demeura 
chiera,Ferrare,  Ancone,  et  au  moins  neutre  dans  la  lutte  de  la  Russie  et 
la  moitié  de  Legnago  qui  est  sur  la  de  !a  France.  A  la  reprise  des  hos- 
droitc.  La  cour  de  Yiennc  con-  tilités  ,  en  i8i5,  il  était  président 
sentait  h  toutes  ces  conditions  ,  sauf  du  conseil  de  guerre  à  Menne.  Le 
la  reddition  de  Mantouc  :  Brune  i  5  décembre,  il  vint  prendre  lecom- 
n'insisla  pas  ,  et  signa  le  16  janvier  mandement  deParmée  autrichienne, 
la  convention  de  Trévise.  I\Iais  Bo-  en  Italie  ,  en  remplacement  dlîiller. 
naparte  refusa  nettement  de  la  rati-  Les  principaux  événements  de  cette 
fier,  menaça  même  de  dénoncer  Par-  campagne  que  signala  surtout  la  ba- 
inislice,  si  Mantoue  n'était  cédée,  taille  du  IMincio  (8  février  i  8i4),  et 
Enfin  le  traite  de  Lunéville  mit  fin  a  que  termina  la  convention  de  Scbia- 
ces  difficultés;  et  termina  celle  cam-  rino-Rizzino  (16    avril),   ont    été 


5o8                 BEL  BEL 

assez  analysés  a  l'arlicle  Beauliar-  agent  spécialement  cbargé  de  stipuler 
nais  {Vojr.  Beauhabnais  ,  dans  ce  ses  intérêts.  Les  négociations  amenè- 
voL).  Ce  qu'il  faut  ajouter  ici  ,  c'est  rent  un  degré  d'intimité  assez  grand 
que  le  choix  de  Bellegarde  pour  le  pour  qu'on  crût  que  le  vice^roi  avait 
commandement  de  l'arraée  d'Italie  prié  le  comte  de  Bellegarde  d'être  le 
fut  moins  dû  a  l'idée  que  le  conseil  parrain  de  sa  filleXIiéodoline-Louisc- 
aulique  avait  de  ses  talents  militaires  Eugénie- Auguste,  née  le  i5  avril 
qu'il  la  connaissance  que  le  ministre  1814.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est 
principal  avait  acquise  de  son  habileté  que  Bellegarde  se  montra  fort  poli 
diplomatique.  Il  s'agissail  surtout  de  et  fort  complaisant  pour  Eugène,  qu'il 
faire  concourir  Murât  aux  projets  du  iuilaissaemporter  tout  ce  qu'il  voulut, 
cabinet  autrichien  sur  l'Italie.  Grâce  et  lui  donna  pour  les  généraux  autri- 
a  Bellegarde,  le  nouveau  roi  de  Na-  chiens  des  lettres  de  recommandation 
pies  fit  marcher  sou  armée  contre  qui  lui  furent  très-utiles.  D'un  autre 
JesFranr.ais,  et  il  s'eraparad'Ancone,  côté,  il  est  permis  de  penser  que  bien 
de  Rome,  du  rhàleau  Saint-Ange,  qu'a  quelque  distance  de  Milan,  il  y 
signa  un  traité  d'alliance  avec  l'Au-  eut  assez  d'influence  pour  qu'on  ne 
triche ,  et  répaudit  partout  où  &ts  doive  pas  le  croire  étranger  aux  in- 
troupes arrivèrent  une  proclamation  trigues  qui  firent  échouer  Eugène 
contre  Napoléon,  son  beau-frcre.  Le  dans  ses  projets,  et  peut-être  aux  trou- 
feld-raaréchal  autrichien  annonçait  blés  qui  eurent  lieu  dans  la  capitale 
ainsi  dans  un  ordre  du  jour  des  évè-  du  royaume  d'Italie.  Maître  de  ce 
iiemeots  si  extraordinaires.  «  Sa  Ma-  beau  tleuroa  delà  couronne  de  ISapo- 
tt  jeste  le  roi  de  Naples  s'est  décidée  a  iéon,  que  bicntôtiecongrèsde  Vienne 
«  reunir  son  armée  a  celle  des  nio-  allait  annexer  presque  tout  entier  à 
«  narques  alliés  pour  coopérer  du  la  monarchie  autrichienne  ,  Belle- 
«  poids  de  toutes  ses  forces  et  de  ses  garde  fut  nommé  gouverneur  des  fu- 
«  grands  talents  militaires  h  la  cou-  turesprovinceslorabardo-véuiliennes. 
«  quête  de  la  paix,  etc.  »  Mais  ce  qui  II  s'établit  à  Milan  ,  et  quelque  peu 
lit  peut-être  encore  plus  d'honneur  a  de  sympathie  que  les  Italiens  aient 
Bellegarde,  ce  fut  d'entraîner  dans  des  pour  les  Allemands  ,  il  sut  h  force 
voies  analogues  Engciic  qui  avait  déjà  d'adresse  et  de  formes  gracieuses 
clc  sondé  par  laBavière,  et  de  lui  faire  rendre  lolérable  ce  joug  de  la  cou- 
entrevoirpardesagenlsque, Napoléon  (jucle.  Les  plus  raisonnables  s'étaient 
tombant  ,  il  y  avait  place  pour  lui  en  résignés,  lorstpiele relourde Bonapar- 
Italie,  soit  (ju  il  mît  sur  sa  lêtc  la  te  réveilhi,  avec  de  vieilles  Irayeurs  , 
couronne  de  toute  la  l'éninsule  ,  soit  d'anciennes  espérances.  L'inoppor- 
(|u  il  dni  la  j)arlagt.'r  avec  Joacliini  ,  tune  levée  de  boucliers  de  Murât  vint 
ou  avec  l'Aulnclie.  Dire  juscpi'où  al-  eiupichpie  sorte  parodier,  au-dcHi  des 
lurent  ces  insinuations  ou  ces  pro-  monts,  le  grand  drame  (jul  se  jouait 
messes,  c'est  ce  (pii  serait  (lifiicile  au-  eu  deçà.  A  la  ridicule  déclaration  de 
jourd'hui,  du  moins  avec  e.xaclituile.  guerre  de  Bimini  ,  liellegarile  ré- 
louttlois  ou  peut  assurer  que  les  pondit  ])ar  une  pioelainaliou  qui  ros- 
pourparlers  comnuMJcèrent  d'assez  j)ire  le  plus  pfoloud  mépris  pour  «  co 
bonne  heure  ,  et  que  ce  iiil  d'après  »  roi  .m  nouvelleineul  inscrit  dans  la 
les  avis  de  iWlb'garde  ,  qn"lùii;èn(î  «  calégoriedes  souveTiiius.»  Puis  il  fil 
envoya  au  coogtès  de  Cliàtillon  un  marcher    rannéc   aulricltienna  sans 


vouloir  accorilcr  d'annlsllcr  ii  ses 
.sollicitalions.  On  |n'ul  voir  à  l'arllcle 
IMuuAT  (\\\,  .|  28)  f  oiiunciil  lîiau- 
cl)i  et  INugtnl  le  rcdiiisirrnl  h  la 
(lernièrc  eilrémilé.  Libri'  criiujiiic- 
tiide  (le  ce  côlo  ,  ni-lltiiarde  revint  h 
IMilaii  où  il  coiiliiuia  de  donner  les 
mêmes  soins  a  radnduislralioii,  eldVd- 
l.iccr  aulaiil  (jne  possiMe  les  pri'ven- 
iions  {ii's  Italiens  contre  les  Alle- 
mands, Juscju'a  l'arrivée  de  rarchidiic 
Antoine  (jui  le  remplaça  sons  le  litre 
de  vice- roi  de  TélLil  lombardo-veni- 
lien  ,  cl  du  comte  de  Saurau  nommé 
gouverneur  de  Lombardie.  Il  fil  en- 
^uile  un  voyage  à  Paris  où  il  séjourna 
(juelcjue  temps  Comme  simple  parti- 
culier. Revenu  a  Vienne  ,  il  y  Ht 
partie  du  conseil  de  guerre  ,  et  lors- 
tjiie  le  pnuce  de  Scliwarzeuberg 
mourut  en  1820,  l'empereur  chargea 
Rellegardc  ,  par  une  lettre  très-gra- 
cicusc  ,  de  le  remplacer  dans  la  pré- 
sidence. La  faiblesse  de  sa  vue  le 
força  de  donner  sa  démission  en  sep- 
tembre 1825.  Il  survécut  encore  cinq 
ans  a  cet  événement,  et  mourut  a  Vé- 
rone, en  i85i  ,  laissant  le  nom  d'un 
théoricien  plus  (jue  d'un  praticien  mi- 
litaire, d\iu  diplomate  et  d'un  admi- 
uistraleur  plus  cpie  d'un  homme 
d'épée.  P — OT. 

BELLEGIXGUE  (Pierre), 
médecin  ,  ne  doit  qu'à  la  bizarrerie 
de  ses  opuscules  scicntifi(pies  et  lit- 
téraires l'espèce  de  célébrité  dont  il 
a  joui  dans  sa  province.  ISé  vers 
1709  a  Besancon,  il  fit  de  très-bon- 
nes éludes  a  ruuivcrsité  de  celte 
ville,  et  y  reçut  en  1785  le  grade 
de  docteur.  Pendant  les  guerres  de 
la  révolution  ,  il  fut  attaché  comme 
médecin  aux  armées  du  Rli!n,ct  mon- 
tra beaucoup  de  zèle  et  d'intégrité 
dans  Texcrcice  de  ses  fonctions.  Dé- 
noncé pour  insubordination  par  uu 
commissaire  des  guerres  qu'il  accu- 


BKL 


509 


sait  de  connivence  avec  les  fournis- 
seurs ,  il  fut  traduit  devant  une 
commission  militaire  ,  mais  acnnitté 
d'une  manière  honorable.  A  la  paix 
de  1797  ,  il  obtint  un  congé  pour 
rentrer  dans  sa  lamillc  F^'année  sui- 
vante il  publia  :  Lu  //hi/oso/j/iic  du 
cluiitd  et  (lu  froidj  in-8''  de  62 
pages  avec  une  épître  dédicaloire  \\ 
Ponaparle,  général  en  chef  de  l'ar- 
mée d'Italie,  portant  celle  singulière 
épigraphe  :  Moins  je  le  conçois  , 
])lus  je  l'admire.  C'est  l'ouvrage 
d'une  imagination  délirante  j  il  serait 
impossible  d'en  donner  ici  la  moindre 
idée.  L'auteur,  pour  éviter  les  frais 
de  poste  ,  pria  le  président  du  dépar- 
tement (Doubs)  decoiitre-signer  les  en- 
vois qu'il  voulait  faire,"  de  trois  cxem- 
«  plaires  au  héros  de  la  paix  ,  et  de 
tt  vingt  k  la  nation  sous  le  couvert  du 
ce  ministre  de  l'intérieur,  jj  Sa  de- 
mande avant  été  rejetée,  il  fit  im- 
primer sa  correspondance  avec  ce 
magistrat,  et  partit  pour  Paris  où  il 
se  flattait  de  recueillir  les  suffiaîres 
de  tous  les  savants.  Un  des  membres 
les  plus  distingués  de  l'institut  ,  au- 
quel il  demandait  ce  qu'il  pensait  de 
son  ouvrage,  lui  ayant  dit  qu'il  n'y 
avait  rien  compris,  P»ellegingue  pi- 
qué lui  répondit  ;  «  Je  n'écris  que  pour 
cinq  hommes  en  Europe.  »  Cependant 
il  retoucha  sa  brochure  et  la  repro- 
duisit en  1802  sons  ce  titre  :  Rcju- 
tation  du  calorique  et  Notices  na-^ 
turelles  sur  la  chaleur  et  le  froid ^ 
la  Jluidiic  et  la  dureté  ;  suivies 
d'un  projet  de  constitution  da 
médecine  civile ,  in- 8'^  de  49  p^i- 
gcs.  Ni  le  silence  des  journaux  scieu- 
tiliques  sur  sa  nouvelle  brochure  ,  ni 
celui  des  savants  auxquels  il  l'avait 
adressée,  ne  purent  diminuer  à  ses 
yeux  l'importance  d'une  découverte 
qu'il  regardait  comme  précieuse  K 
1  iiumanilé.  Mais  un  procès  qu'il  eut 


5io 


BEL 


à  soutenir  quelque  temps  après,  con- 
tre la  régie  des  domaines ,  lui  four- 
nit une  autre  occasion  de  montrer 
toute  l'aberration  de  son  esprit.  Il 
publia  pour  sa  défense  un  mémoire 
sous  ce  titre  bizarre  :  Procédure  or- 
thographique de  la  gloire  de  Na- 
poléon  le  Grand  et  du  Génie  de  la 
gente  humaine  y  i8oy,in-i2de  172 
pages.  Il  s'y  présente  comme  une 
victime  de  la  haiue  des  envieux, 
«  Parvenu,  dit- il ,  au  plus  baut  de- 
cc  gré  d'estime  ....  j'ai  été  désigné, 
«  en  considération  de  mon  signalé 
«  mérite  ,  comme  particulièrement 
«  propre  a  être  immolé.»  Bellegin- 
gue  perdit  son  procès  5  mais  il  s'en 
consola  par  le  plaisir  de  voir  suppri- 
mer son  mémoire  comme  renfermant 
des  expressions  injurieuses  h  plu- 
sieurs fonctionnaires  publics.  Dans 
la  crainte  qu'il  ne  s'avisât  de  publier 
de  nouveaux  pamphlets,  le  ministre 
de  la  police  fil  inviter  les  imprimeurs 
de  Besancon  a  n'imprimer  aucun 
écrit  de  Cellcgingue  sans  l'avoir  sou- 
mis h  l'examen  de  l'aulorllé  locale. 
Cette  mesure,  en  lui  persuadant  qu'on 
le  croyait  dangereux  ,  exalta  son 
amour-propre,  et  ranima  son  ardeur 
d'écrire.  11  annonça  qu'il  s'occupait 
d'un  grand  ouvrage,  qui  paraîliait  K 
Neufcliàtel  en  4.  volumes  iu-8".  Mais 
c'était  une  ruse  qu'il  avait  imaginée 
pour  tromper  les  espions  dont  il  se 
croyail  entouré.  Il  venait  enfin  de 
terminer  une  espèce  de  poème  latin 
et  français  on  Vlionneur  de  Bona- 
parte  ^  resté  l'olijel  de  son  culte, 
(juand  les  souverains  de  Tluirope  se 
liguèrent  pour  le  détrôner.  TNc  vou- 
lant p:is  |)er(lre  le  fruit  de  son  travail 
cl  n  osant  pas  cependant  publier  un 
ouvrage  qu'on  aurait  pu  liouvcr  sédi- 
tieux, Bellrgingney  lit  (.|uelques(lian- 
gemeiits,  et  rayanl  intitulé  :  laHour- 
boiiuparLidc ,  il  eu  adressa  le  nia- 


BEL 

nuscrit  au  roi  Louis  XVIII ,  accom- 
pagné d'une  lettre  dans  laquelle  il 
proposa  h  ce  monarque  d'y  mettre  un 
prix  :  ce  Sire,  lui  dit -il  dans  celle  sin- 
a  gulièreépître,  ou  j'augure  follement 
«  de  votre  sagesse,  ou  vous  ferez  vo- 
ce lonliers  l'acquisition  du  manuscrit 
ce  ci-joint.  Quant  a  son  prix,  j'en  laisse 
ce  le  genre  et  la  quotité  ala  disposition 
ce  de  votre  auguste  grandeur.»  In- 
quiet de  ne  pas  recevoir  de  réponse  , 
il  reclama  son  manuscrit  qui  lui  fut 
renvoyé  le  29  décembre  1816,  par  le 
minisire  de  la  police.  11  lui  accordait 
la  permission  de  limprimer ,  h  con- 
dition d'adresser  a  l'inspecleur-gé- 
néral  de  l'imprimerie  les  feuilles 
h  mesure  qu'elles  sortiraient  de  la 
presse.  La  septième  feuille  venait 
d'être  tirée  ,  quaud  arriva  de  Paris 
l'ordre  d'arrêter  l'impression  et  de 
détruire  tout  ce  qui  existait.  L'auteur 
était  loin  de  prévoir  celle  mesure 
rigoureuse  5  aussi  n'écbappa-t-il  h  la 
destruction  qu'un  très  petit  nombre 
d'exemplaires.  Ceux  qui  sont  com- 
plets ont  168  pages  d'impression 
in-  1 2 .  A  la  tête  se  trouve  une  intro- 
duction dans  laquelle  l'auteur  ,  pres- 
sentant le  jugement  qu'on  ne  manque- 
rait pas  de  porter  de  sou  ouvrage  , 
se  console  par  l'idée  qu'il  n'écrit  que 
jiour  un  petit  nombre  de  lecteurs, 
ce  Que  ce  petit  livre  ,  dil-il  ,  soit  une 
ce  médiocrité  ou  même  (pie  son  auteur 
ce  soit  pris  pour  un  lou,  ici  le  cas  im- 
cc  porte  peu  5  et  l'on  m'appellera 
ce  comme  ou  trouvera  convenir^  sans 
ce  ipie  je  bataille  sérieusement  sur 
ce  lies  (piailles  ijue  nous  jtrouvcrotis 
ce  (•//  temps  et  lieu  avoir  certaine 
(c  chose  d'abstrait  et  d'indéterminé... 
a  mais,  dans  son  ensemble,  cet  opus- 
cc  cule  est  d'une  force  d'étude  et  de 
ce  logi(|ue  (pli  en  dérohela  penséeaux 
ce  proTanes.  »  ludlegingue  mourut  h 
Besancon  leaS  oct.  i8::6,  a  l'âge  de 


REL 

67  ans.  Tous  ses  opuscules  sonl  de- 
vcuus  rares,  sans  cire    recherchés. 

BELL  K  \  1)1)  1:  S  A 1  \  T- 
JEA\  (  An  rol^r,-JosF.lMl  ),  ne  en 
1746  au  château  de  Hattinj;,  près 
Caslchiau  de  IMonlralicr  ,  élail  rainé 
d'une  fainillo  iiolde  dont  loules  les 
générations  s'étaient  distinguées  par 
des  services  militaires.  11  entra  fort 
jeune  dans  un  régiment  de  cavalerie; 
obtint  la  croix  de  Saint-Louis  pour 
nue  aciii'U  d'éclat"  (piilla  le  service 
avec  le  grade  de  capitaine,  et  fut 
forcé  ensuite  de  s'expatrier,  peur 
avoir  tué  en  duel  M.  de  lîounal.  Le 
ressentiment  de  la  famille  du  défunt 
une  fois  calmé  ,  il  revint  en  France  , 
et  se  relira  dans  sa  terre  de  Batein<r. 
La  révolution  trouva  eu  lui  un  actif  et 
couraireux  anlaironisle.  Réuni  ,  dès 
le  commencement  de  1789,  au  mar- 
(juis  d'Escavrac-Lauture  ,  que  Louis 
XVI  avait  chargé  d'arrêter  l'effer- 
vescencerévolut/onnaire  dansle  Qucr- 
cy  ,  il  seconda  de  tout  son  pouvoir 
les  efforts  de  ce  brave  coioneL  Tous 
les  propriétaires  amis  de  l'ordre  et 
de  la  paix  se  joignirent  a  eux  ,  et  se 
portèrent  partout  où  leur  secours  fut 
réclamé  :  ils  furent  constamment  en 
armes  pendant  plus  de  dix-huit  mois, 
et  sauvèrent  plu^ieurs  châteaux  ,  h  la 
suite  d'affaires  fort  vives  avec  les 
agresseurs.  C'était  le  temps  où  un  jeu- 
ne et  célèbre  orateur  (I)arnave)  avait 
répondu  aux  plaintes  élevées  contre 
le  système  d'incendie  et  de  massacres 
oui  affligeait  a  la  fois  toutes  les  par- 
ties du  royaume  :  «  Ce  sang  est-il 
o  donc  si  pur  qu'on  ne  puisse  en 
«  répandre  quehjucs  gouttes.''  '>  Paro- 
les cruelles,  et  f|ue  l'imprudent  ora- 
teur expia  dans  la  suite  ,  d'ai)or(l  par 
son  repentir,  ensuite  par  l'échafaud. 
I  On  verra  que  le  piinclpal  auteur  du 
I  massacre  de  Casleluuu  n'eut  pas  uu  sor  t 


BKL 


bl  l 


moins  funeste.  La  ville  de  Moncinj 
cl  le  bourg  de  Saint-Cypricn  ,  de- 
vinrent eu  décembre  '790  le  théâtre 
d'un  combat  acharné.  Les  révolution- 
naires s'y  étaient  portés  en  grand 
nombre  ,  et  ils  avalent  déjà  commencé 
le  pillage  ,  quand  ils  furent  attaqués. 
On  se  battit  pendant  deux  jours. 
lUllend  eut  un  clicval  tué  sous  lui , 
et  la  jambe  fracassée  par  une  balle. 
Cet  événement,  et  la  mort  du  mar- 
quis d'Escayrac  ,  blessé  lui-même  a 
Salut-Cypricn  ,  de  deux  coups  de 
feu,  et  massacré  ensuite  au  château 
de  Buzet  (8  janvier  1791),  donnè- 
rent une  nouvelle  force  aux  agita- 
teurs. Un  grand  nombre  de  châteaux 
furent  incendiés  ;  mais  la  terreur 
qu'inspirait  encore  Bcllend  ,  malgré 
ses  blessures  ,  sauva  le  sien  :  ils  n'o- 
sèrent l'atlaijucr  ;  ce  fut  seulement 
quand  on  apprit  qu'il  était  revenu 
dans  la  ville  de  Castelnau  ,  que  l'on 
employa  d'autres  moyens  pour  le  faire 
périr.  Sous  prétexte  de  l'installation 
du  nouveau  curé  constitutionnel,  un 
fort  détachement  ,  parti  de  Cahors, 
après  minuit,  pour  Castelnau  ,  le  i5 
mai  I  791^  arriva  de  grand  malin,  et 
son  début  fut  d'aller  insulter  Bellend 
sous  ses  fenêtres.  Il  sortit,  et  de- 
manda au  sieur  Ramel ,  chel'  de  cette 
troupe  ,  satisfaction  de  l'injure  de  ses 
soldats;  mais  a  rinslaut  tous  les  sa- 
bres furent  tirés  contre  lui  ,  et  il  ne 
dut  son  salut  qu'à  bH  force  et  a  son 
adresse  :  il  combattit  en  se  retirant 
l'épee  à  la  main,  et  tua  uu  de  ses 
assassins.  On  n'osa  pas  pénétrer  dans 
sa  maison  5  mais  elle  fut  aussitôt  in- 
vestie ,  et  l'on  cnvova  des  émissaires 
a  C:ih()rs  et  h  I\Ionlauban,  pour  faire 
venir  de  nouvelles  forces.  Le  tocsin 
sonna  dans  toutes  les  paroisses,  et, 
avant  la  fin  du  jour,  Bellend ,  son 
frère,  et  undomesîujue  ,  se  trouvèrent 
assiégés  par  plus  de  dix  mille  hommes. 


Oia  BEL  BEL 

Ils  se  défendirent  valllainment ,  et,  au  marquis  d'Escayrac  et  a  ceux  qiil 
au  moment  d'être  forcés,  s'ouvrirent  s'opposaient   aux  désordres.  Réfugié 
par  les   souterrains  un  passage  dans  avec  son  frère    dans  la   cave    d'une 
une  cave  du  voisinage,  se  flattant  qu'au  maison  de  Castelnau  a  laquelle   on 
milieu   de  l'incendie  de  leur  propre  venait  démettre  le  feu  ,  il  profila  de 
maison  ,    on  ne    les    j   découvrirait  l'incendie  pour  tenter  de  s'échapper, 
pas.  La  cessation  subite  de  leur  feu  et  il  parvint  a  gagner  la  campagne  , 
donna  des  soupçons.  On  voulut  vi.siter  quoiqu'il  eût  été  atteint  dans  sa  fuite 
les  caves  de  la  maison  où  ils  s'étaient  par  deux  coups  de  fusil.  On  ne  l'eût 
réfugiés   :    ils  en    avaient  barricadé  j.iinais  trouvé  sous  l'arche  d'un   pont 
l'enlréc  ;  tous  ceux  (jui  tentèrent  d'y  situé  à  une    demi-lieue    delà   ville, 
pénétrer  furent  tués.  Les   assaillans  où  il  s'était  caché  îi  la  faveur   de  la 
brûlèrent  alors  la   maison,  afin  que  nuit,  si  un  mendiant,  dont  la  station 
la  voùle  de  la  cave   s'écroulât   sur  habituelle  était  sur  ce  même  ponl , 
eux.  Elle  résista  pourtant  ,  et  au  mi-  n'eût  indiqué  sa   retraite.    Il  en  fut 
lieu  de  l'incendie,  le  jeune  Bellend  arraché  ,  traîné  a  Castelnau  ,  déposé 
et  son  domestique  cherchèrent  a  s'é-  dans  une  salle   de  la  commune  ,   et 
cbapper  ,  mais  le  domestique  fut  tué,  abreuvé  d'outrages  durant  56  heures, 
et    lîellend  ,  arrêté    dans   sa  fuite  ,  Lorsqu'on   eut  coupé   la  tête  de  son 
fut    traîné   a   Cahors  ,    et    massacré  frère  ,  on  la  plaça  a  côté  de  lui  sur 
avec  d'horribles  circonslanccs  (/^o/.  une   même    charrette  destinée   a   le 
l'article  (|ui  suit).  Son  frère  aîné,  ré-  transporter  a  Cahors.  Il  demanda  en 
fugié  dans  un  coin  de  la  cave  dont  on  route  à  étancher  sa  soif,  et  a  l'ins- 
avait  percé  la  voûte  ,  faisait  un  feu  tant  on  fit  dégoutter  dans  sa  bouche 
continuel.  Tout  individu  essayant  d'y  le  sang  qui  ruisselait  de  la  têle  de 
pénétrer,  ou  d'y   jeter  des  matières  son  frère...  Arrivé  h  Cahors,  on  lui 
endamniécs  ,  payaitcher  sa  témérité  :  fit  subir  mille  tortures  ,   en   le  muli- 
il  tua  20  assaillans ,  et  en  blessa  un  lant  dans  toutes  les  parties  de  sou 
plus  grand  nombre;   mais  après  s'ê-  corps  ,    et  l'on  termina  son  supplice 
tre  défendu  seul  plus  de  24  heures,  en  le  pendant  h  un  arbre.  La  Pro- 
il  cessa  de  tirer   :  au  bout  de  quel-  vidence  a  cruellement  vengé  en  i8i5 
ques  minutes   on  entendit  une  délo-  le  meurtre  des  deux   frères  lîellend 
nation  d'arme  a  feu,    et  ce   fut  la  (/^oj'.  Ramel,  XXXVII,  44).  C'est 
dernière;  ce  malheureux,  ne  voulant  parerrcur,  sansdoute,  quel'auteur  de 
pas  tomber vivanldanslesmalnsde  ses  l'article  Uamel  a  dit  cpie  cet  homme 
assassins  ,  venait  de  se  brûler  la  cer-  s'était  garanti  dvs  crimes  t[ui  avaient 
velle  avec  la  seu'e  balle  (pii  lui  res-  souillé   les    premiers   jours  de  la  lé- 
fùl.    Ou    lui   coupa   la   têle,   et  l'on  vulullou.  F — z. 
porta    il    Cahois   ce   ciuel    trophée.          KELLKU,   IJELLEKE, 
JVIallet  du  Pan  donna  ii  cetle  é[)()(jue  ou   IJELLEKUS  (Jean),  appelé 
dans    le    Mercure    de    France     (oui  ii    tort  Jjclicr     par    Adrien    Bail- 
les détails  de  ce  déplorable  évène-  let,    dans  ses  Jugements   tics  sa- 
mcnl. — Bkm.knd  dk  la  MAaEsguii.-  x'unts  ,  était  oritnnaire  d'Anvers,  où 
nt  [Stanislas) ,  frère  du  précédent,  il  exerça  avec  éclat  la  profession  d'im- 
«ervait  dans  les  gardes-du-corps  du  primeur.  W.  de  IMallnerol  dit  (p>e  ses 
roi,  et  s'était  réuni  dans  le  Périgord,  éditions  étaient  rechercbccs   pour  la 
dcsU"!  preuiiers  jouis  de  la  révolution,  beauté  dos  caractères  et  la  qua'itc  du 


papier.  T.r  iniinc  Haillcl  If  j/arc, 
coiiimr  l\  p()jMM[.lic  ,  iimncdiatcmcnt 
apri'S  IMaii;in  ,  mais  lui  accorde  l'a- 
vnnlai^c  (P  a  voir  l'ir  jt'iis  verse  dans 
la  lani;ii('  I  iliiu*  5  ce  (jui  esl  déinoiilrc 
par  plusieurs  ouvraL^es.  Il  csl  anleiir, 
en  eiïel,  d'un  Oiionuislicon,  lire  de 
Ilo!)erl  Estiennecl  de  Conrad  Gessner, 
et  au<'-mcnlé  àcs  noms  modernes  des 
lieux,  Anvers,  i555.  On  lui  doil  en 
outre  de  nombreuses  additions  au 
Dictionnaire  lalin-espagnol  d'Anlo- 
nius  Nehrissensis  ou  d'AuIoine  de 
Lehrixa  (/^^oj-.  NEB^.ISs^.^sIs,  XXXI, 
4);  <\q?>  traductions  flamande  et  fran- 
çaise des  prières  latines  de  Simon 
Verrep.TUs.  Il  a  aussi  Ir.uluil  de  Ti- 
lalien  l'Institution  (Vitnc  Jille  de 
bonne  maison  (Vov.  !a  pi  cface  oi'i 
Plaulin  l'appelle  datte  g^iovane  e 
di  rare  valorc)^  Anvers,  Planlin, 
i55  5  ,  iii-S**  j  réimprimé  en  i558, 
à  Paris  ;  du  portugais  de  Fr.  Alva- 
rez ,  \' ILstorinle  description  de 
l'Ethiopie  ,  Anvers  ,  i  5  5  8  ,  in  -8"  j 
du  latin  de  Claude  de  \'iexniont  , 
VInstilulion  du  pécheur ,  Anvers  , 
1682,  in- 16.  Enfin  on  lui  attribue 
encore  une  version  française  de  VI- 
mitation  ,  sous  ce  titre  :  L'art  et 
manière  dt  parfaitement  ensui- 
vre J.-C.  ,  autrement  dite  l'inter- 
nelle  consolation ,  Anvers ,  i  565  , 
in-16  5  i'jid.,  1572;  Douai,  1595. 
Il  mourut  le  i5  juillet  1595,  et  fut 
enterré  dans  l'église  Notre-Dame. — > 
Les  Bélier  s'établirent  dans  d'autres 
villes  ,  telles  que  Douai  ,  où  Baltlia- 
zar  lit  estimer  ses  éditions  ,  el  Liè- 
ge ,  où  Luc  pH'ller,  que  Villenfagne 
regarde  comme  le  frère  de  Jean, 
semble  avoir  été  le  second  impri- 
meur élab'i  ,  ou  du  moins  un  (\\:s 
prenjers  qui  aient  exercé  leur  état. 
Luc  Bélier  était  né  a  Anvers  et  mou- 
rut a  Liège  en  i564.  Cependant 
son  épitapbe  lui  donne  seulement  le 

LVIT. 


BEL 


5r3 


titre  de  Ptildiopold ,  ce  cpii  indi(|ne- 
rait  (pril  n'élail  cpie  libraire.  Phi- 
lippe l'jrasseur  |-)arb«  d'un  autre  Luc 
lU'llcr,  (pii  mourut  le  19  août  1606, 
el  (jtu  Iradiiisil  en  lai  m  le  Voyage 
du  chevalier  crrunl ,  ouvrage  ascé- 
tique du  père  Carligny  de  Valen- 
elcnnes.  Cette  Iraduchon  ,  restée  en 
manuscrit,  se  trouvait  en  1637  cbez 
Gaspar  Bellcrus  ,  vraisemblablement 
Ihérilier  et  le  fils  de  I^uc.  Voici  com- 
ment s'exprime  IMiilippe  Brasseur  : 

LtcAS  Bkm.eris  ,  Ànluerpicnsi%  ,  Jnannis 

Cartiiciiii ,    Ilitnnonis  ,   iiilerpnltitor. 

Applinisil,  BcUere  ,  luis  Ai)Hicr|)ia  pra-Us  , 

(kiu'IcI  et  iis([ne  tibi  gigncre  posse  pares. 

Nec  minus  a  sumpto  libi  gloiia   parla  l.ibore, 

Quain  pixlis  a  te  coiiciliatiis  lionos 

Carll)c:iiam  .sirpiidcin  latio  î-ermone  beâsti  , 

Hunian;c  vila;  dum  l)reve  scribit  iter. 

rrsosecundiis  cris  Cartbcnius,  et  ma  cbartis 
—  .  .... 

Jftsjjartts  ciiiUtat  scripta  ,  lalinus  ens. 

C'est  h  un  descendant  de  Jean  Bélier 
qu'il  faut  donner  Tédilion  de  X Imita- 
tion de  i6t6  ,  si  du  moins  elle  existe 
réellement,  car  on  peut  en  douter, 
pui.sque  j\I.  Gence ,  a  qui  rien  n'a 
échappé  snr  ce  point ,  ne  l'a  jamais 
vue.  On  raconte  que  cet  imprimeur  , 
dont  les  jésuites  d'Anvers  avaient 
élevé  le  fils ,  leur  fit  présent,  par  re- 
connaissance, d'un  manuscrit  de  1'/- 
miiation,  autogrnpbe  à'A-Kempis  , 
mais  a  condition  qu'on  lui  en  déli- 
vrerait une  copie  authentique,  et  que 
c'est  sur  cette  copie  qu'il  imprima  son 
édition.  La  marque  des  Hcller  d'An- 
vers et   de   Douai  ,   était   un  aigle. 

R— F— G. 

EELLKY  (Augustin),  anti- 
quaire ,  nacjuit  le  19  déc.  1697  ,  K 
Sain le-Foi-de-irJontgommery,  diocèse 
de  Lisieux.  Après  avoir  achevé  ses 
études  K  l'université  de  Caen.  il  vint  k 
Paris  se  perfectionner  sous  la  conduite 
d'haljiles  maîtres.  Il  reçut  en  1726 
la  licence  en  théologie  .  et  fut  admi.s 
répétiteur  au  collège  du  Plessis.  Char- 
gé peu  de  temps  après  de  l'éducation 
des  fils  du  marcpiis  de  Balleroy  ,  il 

33 


5i4 


BEL 


accompagna  ses  élèves  chez  M.  Je 
Caumartin  ,  leur  oncle  ,  évêque  de 
Blois,  et  trouva  clans  la  riche  biblio- 
thèque de  ce  prélat  toutes  les  res- 
sources dont  il  avait  besoin.  Le  mar- 
quis de  Balleroy  ayant  été  nommé, 
eu  1735,  gouverneur  du  duc  de  Char- 
tres ,  l'abbé  Belley  ramena  ses  élèves 
k  Paris  ,  et  logea  avec  eux  au  Pa- 
lais-Ptoyal.  Apprécié  bientôt  par  le 
vertueux  duc  d'Orléans  ,  il  devint 
son  secrétaire;  et  dès  lors  il  put  se 
livrer  entièrement  a  son  goût  pour 
les  recherches  d'érudition.  A  des  con- 
naissances profondes  en  histoire  et 
en  géographie  ,  il  joignait  celle  de  la 
numismatique.  Lié  par  la  confor- 
mité de  ses  études  avec  les  membres 
les  plus  distingués  de  l'académie 
des  inscriptions,  il  y  fut  admis,  en 
174.4-.  Associé  par  d'Aguesscau  a  la 
rédaction  du  Journal  des  savants , 
il  l'enrichit  d'un  grand  nombre 
d'excellents  articles,  et  fut  nommé 
censeur  royal.  Le  nouveau  duc  d'Or- 
léans ,  héritier  de  raffedion  que 
son  père  portait  'a  Tabbé  Belley  ,  le 
confirma  dans  l'emploi  de  secré- 
taire et  lui  confia  la  garde  de  sa  bi- 
bliolhè(|ue  et  de  ses  pierres  gra- 
vées. Ces dilTérenlcs  fondions, loin  de 
nuire  h  ses  travaux  ,  lui  fournirent  le 
sujet  de  la  plupart  des  disscrlalions 
qu'il  lut  à  l'académie,  ou  (\c&  secours 
pour  les  rédiger.  Elles  sont  prescpie 
toutes  relatives  h  (|ucl(jues  points 
obscurs  de  noireancieune  géoL;ra[)liie, 
ou  h  des  médailles  inconnues  ou  mal 
cxjjTKpiées  par  les  numismates.  L'ab- 
bé Bellry  mourut  a  I*aris  le  26  no- 
vembre I  7  7  I .  Son  cloi;c  par  Lebeuu 
est  inséré  dans  le  X\  XVlir' vol.  îles 
/l/tv/«;//vi- de  l'académie.  On  trouve 
la  liste  de  ses  dissertations  dans  la 
France  litt('rain'\)i\r  IM.  QuérartI,  I 
365.  Dans  le  nombre  on  doit  distin- 
guer celles  (pii  font  suite  au  célèbre 


BEL 

ouvrage  du  cardinal  Noris  :  Annus  et 
Epochœ  Sjro-l\lacedonum.{Voy . 
]NoRis,XXXI,  087).  On  sait  que 
1  abbé  Belley  est  l'auteur  des  £'c/«/r- 
cissements  géographiques  sur  l'an- 
cienne Qaule  j  imprimés  a  la  suite 
du  Traité  des  mesures  itinéraires 
par  d' An  ville  ,  174.1,  in- 12.  Cet 
ouvrage  fut  jugé  digne  de  ce  grand 
géographe  ,  auquel  on  l'a  long-temps 
attribué ,  sans  que  Belley  ait  songé 
à  réclamer.  C'est  encore  a  lui  que  les 
savants  sont  redevables  de  YKxpli- 
cation  des  marbres  de  Cyzique , 
publiée  par  Cajlus  ,  dans  le  tome  II 
de  son  Recueil  d'antiquités.  Pour 
plus  de  détails  on  peut  recourir  k 
f  éloge  déjà  cite'  de  cet  académicien 
par  Lebeau.  W — s. 

BËLLI  (Pierre)  ,  célèbre  juris- 
consulte ,  né  de  parents  nobles  à  Alba, 
le  2  0  mai  i  5  02  ,  s'appliqua  de  bonne 
heure  a  l'étude  des  lois  ,  et  fut  le  pre- 
mier, suivant  Tiraboschi  (tom.  IX, 
p.  123)  ,  cjui  appliqua  d'une  manière 
étendue  la  science  des  lois  a  l'usage 
de  la  guerre.  Il  fut  auditeur  de  guerre 
a  trente- trois  ans  dans  l'armée  de 
l'empereur  Charles-Quint  ,  puis  con- 
seiller (le  guerre  de  Philippe  II,  roi 
d'Espagne,  et  enfin  conseiller  d'état 
d  Emmanuel  Philibert  de  Savoie.  Ce 
prince  l'employa  en  dillérentes  occa- 
sions importantes.  Belli  mourut  le 
01  décembre  1675.  Des  divers  ou- 
vrages (pi'il  a  laissés,  celui  qui  lui 
donna  le  plus  de  célébrité  ,  et([ue  l'ou 
consulte  encore  aujourd  hui ,  est  sou 
Traité  dvs  choses  militaires  et  de  la 
guerre,  sous  ce  titre:  De  rc  militari 
et  bello  tnictatus  ,  divisas  in  par- 
tes I  1  ,  ///  (pio,  pnuter  ca  quw  de 
rc  mililari  tractantur.,  obilcrnudta 
(juœ  lul  civilctn  adniinistrationcm 
pertinent  ,  titlinguntur ,  omnibus 
juilicibus  apprimeneccss<iru4.s ,  \  c- 
nise,  i563,  in-4"J  réimprimé  daus 


I 


BEL  BEL                  5i5 

Je'  lome  XVI  lie  l.i  j?raiiilc  colloclioii  aux  )oiiincc.s  de  Grand-Prc  .  de  Sain- 

iii-lol,  ijui  a  pour  lilrc  :    Ti'tictdlus  Io-iMciicIkiiiIiI    «t    de   Jcmmancs  lui 

juris  itnivcisi.  La  vie  de  litlll  a  élc  liL    dcs-lurs  (juclcjue    rcj)ulaliou.    11 

cciili'  par  le  i)ar(in  Vcrnaz/.a  du  Frc-  cuUIcuk  chevaux  lues  sous  lui  a  Liège 

nay,  Turin,  178J  ,  in-tl"  de  82  p.  cl  li  Nervviude  ,  cl  le  grade  d'adju- 

C.  T — Y.  danl-géuéral  venait  de  lui  êlre  confé- 

DKLLI  (Chaules),  lillcralcur,  ré,  lurscpic  Dumouriez  fut  près  de 
iKKjuit  il  Venise,  en  l'ji'^.  Ayant  l'enlraîner  dans  sa  défection.  11  avait 
embrassé  la  règle  de  Saint-Ignace  ,  d'abord  suivi  ce  général,  mais  il  re- 
il  remplit  avec  succès  la  diairede  vint  bientôt  auprès  de  Dampierrc  qui 
rhétorique  dans  divers  collèges.  A  la  l'admit  dans  son  étal-major.  Dénoncé 
suppression  de  la  société  en  1773,  il  un  peu  plus  lard  au  représentant 
revinldaus  sa  ville  natale,  ely  trouva  Cochon,  il  fut  destitué  et  renvoyé 
bientôt  une  place  de  précepteur  dans  dans  l'intérieur.  Alors  désespéré  de 
une  famille  patricienne  ,  où  l'on  eut  ne  pouvoir  continuer  à  servir  la  pa- 
pour  lui  les  soins  et  les  égards  dus  Irie  ,  ou  peut  -  être  pour  se  sous- 
au  talent.  Aimé  de  tous  ceux  qui  traire  à  de  nouvelles  poursuites  ,  il  se 
le  connaissaient ,  le  P.  Belli  acheva  plaça  dans  les  derniers  rangs  de  l'ar- 
sa  vie  au  milieu  àes  travaux  litlérai-  mée  ,  en  s'enrôlant  comme  simple 
res  ,  et  mourut  en  1816.  Il  a  traduit  chasseur  a  cheval  dans  le  troisième 
en  vers  sciolli  le  premier  chant  de  régiment  ,  où  il  fit  une  campagne 
la  Messiade  de  Klopstock,  Venise  ,  tout  entière.  Enfin  le  ministre  de  la 
i']']i,m-^°^  ti\k;sQuaLre parties  guerre  révoqua  la  décision  du  re- 
^/^yo^^^_,  poème  de  Zacharic  ,  ibid.,  présentant,  et  Belliard  fut  rétabli 
1778.  Parmi  ses  autres  ouvrages  on  dans  son  grade  de  colonel  adjudant- 
cile  :  I.  //  VentasllUo  ,  Venise,  général.  11  suivit  Hoche  en  cette  qua- 
I  782*  réimprimé  eu  1822.  C'est  un  lité  a  l'armée  de  Touest  en  1795- 
poème  en  douze  chants,  in  ollava  mais  bientôt  il  fut  cnvové  en  Italie  où 
rima.  Les  critiques  italiens  y  trou-  il  eut  le  bonheur  de  combattre  à  Cas- 
vent  de  1  imagination  ,  et  louent  la  liglione  ,  a  Vérone  sous  les  yeux  de 
grâce  et  la  facilité  du  style.  II,  Gli  Bonaparte  qui  était  au  début  de  sa 
uccelli  f  esemplare  aile  cure  ma-  brillante  carrière.  Belliard  fut  blesséh 
terne,  ibid.,  181  7  ,  in-S".  Cclopus-  Caldiéro  en  s'élauçant  a  la  tète  de  la 
cule  en  vers  a  été  publié  par  un  dis-  ^o*^  demi- brigade  sur  les  relranche- 
ciple  de  l'auteur,  qui  Ta  fait  précéder  mcnls  des  ennemis  5  il  eut  deuxche- 
d'une  courte  notice  sur  sa  vie.  Belli  a  vaux  tués  sous  lui  a  Arcole,  et  il  fut 
laissé  quelques  autres  poèmes  et  des  nommé  génér.d  de  brigade  sur  le 
discours  manuscrits.          W — s.  cliamp  de  balai  le.  Il  ne  scdiaingua 

BELLIARD  (  Augustin- Da-  pas  moins  a  Saint-George  et  k  la  Fa- 
MEL,  comte  de),  né  h  Fonlenai-le-  vorile,  lorsque  les  Autrichiens  entre- 
Comte  en  Poitou,  le  20  mai  1769,  prirenUledéblo(|uerMantoue,  etsefit 
entra  au  service  le  5  décembre  1791  encore  remarquer  au  passage  du  La- 
dans  le  premier  bataillon  des  volon-  vis,  puisaTrenle,  a  Cimbra,  Brixen  , 
laiies  nationaux  de  la  \  endée,  et  fut  iSeumark,  et  a  Civita-Vecchia  dont  il 
élu  capitaine.  11  fit  les  campagnes  de  s'empara.  Peu  après,  Bonaparte  l'en- 
1792  et  I  795  en  (pialité  d  aide-de-  vova  en  misiion  a  N.iples ,  afin  d'em- 
camp  de  Dumouricz,  et  sa  conduilo  pécher  la  cour  des  Deux-Sicdes  d'ac- 

3i. 


5i6 


ÊEL 


céder  aux  projets  de  la  coalition  ,  on 
au  moins  afin  de  connaître  les  vues 
secrètes  des  personnages  marquants 
de  cpt!e  cour.  Satisfait  des  talents 
qu'il  déploya  dans  deux  carrières  dif- 
fe'renles  ,  le  général  en  chef  voulut 
bientôt  que  Belliard  le  suivît  en 
Egypte,  où  un  général  de  cavalerie 
eût  élé  plus  ulile,  s'il  eût  eu  a  sa  dis- 
position une  cavalerie  plus  nom- 
breuse; mais  il  y  commanda  sou- 
vent des  corps  d'infanterie,  notnm- 
ment  a  la  bataille  des  Pvraraides  où 
il  reçut ,  a  la  tète  de  la  vingtième 
demi-brigade  d'infanterie  légère  ,  la 
première  charge  des  mamelouks.  Bien- 
tôt Bonaparte  confia  au  général 
Belliard  le  gouvernement  du  Saïd  ou 
Haute-Egypte  :  ce  gouvernement  sup- 
posait d'abord  la  conquête  du  pays. 
Belliard  l'avança  beaucoup  par  le 
7èle  avec  lequel  il  ne  cessa  de  harce- 
ler et  de  poursuivre  l'ennemi.  Il  eut 
la  principa'e  part  aux  affaires  de  Se- 
dinan,  d'O'ssouan  ,  de  Philé  :  il  fit 
luire  les  armes  françaises  jusque  dans 
la  ISubie  où  il  poursuivit  Mourad. 
On  doit  louer  la  persévérance  avec 
laquelle  il  s'efforça  de  maintenir  la 
discipline  qu'il  regardait  comme  sa 
principale  force  dans  ces  contrées  si 
cliflérenles  de  la  France  par  les 
mœurs,  le  langage,  les  préjugés  et 
la  religion,  l/insurreclion  du  Oiiosla- 
ïiieli  interrompit  la  inarclie  de  lîel- 
liard  ,  et  il  dut  courir  au  secours  de 
Kleber  conlinuellement  altacjué  de- 
puis le  départ  de  lioiiaparte  ,  lanlôt 
par  des  nuées  de  mamt-Iouks  et  d'A- 
rabes,  lanlol  par  des  bandes  de  fel- 
lahs. Il  rommanda  une  division  h  la 
bataille  d  lléliopolis  ,  soulinl  la  pre- 
mière charge  de  la  cavalerie  ollo- 
inane,  r()Mq)it  ce  corps  ,  et  le  poiir- 
.snmt  juscpTaux  portes  de  Dainictle 
cpi'il  prit  ainsi  (|ue  le  fort  de  Lesbé. 
Il  (hiniisil    im  corps  turc  de    douze 


BEL 

mille  hommes  dans  celte  brillante  ex- 
cursion. Il  ne  contribua  pas  moins  a 
la  prise  de  Boulak,  et  a  celle  du  Caire. 
Blessé  a  celle  dernière  attaque,  il 
avait  eu  la  présence  d'esprit,  tant  van- 
tée dansiSelson,  de  se  faire  couvrir 
et  emporter  a  Tinsu  des  soldats.  Du 
reste,  content  de  voir  la  province  pa- 
cifiée et  la  capitale  retombée  au  pou- 
voir des  Français  ,  il  retourna  dans 
le  Saïd  ,  et  y  resta  jusqu'à  l'assassi- 
nat de  Kléber.  Il  fallut  alors  évacuer 
le  Saïd  ,  et  le  nouveau  général  en 
chef,  Menou,  donna  a  Belliard,  de- 
venu général  divisionnaire  ,  le  com- 
mandement du  Caire.  On  sait  com- 
bien la  position  était  difficile.  La 
ville  était  investie;  et  Belliard  avait 
a  peine  assez  de  troupes  pour  garder 
les  hôpitaux  et  les  magasins.  Un 
corps  anglais  venu  de  l'Inde  par  la 
mer  E.ouge  pénétrait  dans  les  ter- 
res. Enfin  Menou  lui-même  était 
bloqué  dans  Alexandrie  ,  et  Belliard 
n'avait  plus  aucun  moyen  d'opérer 
sa  jonction.  Dans  une  position  aussi 
critique  ,  il  ne  dut  songer  qu'à  ob- 
tenir une  capitulai  on  honorable.  Sa 
bonne  contenance  ,  ses  sorties  en 
imposèrent  assez  aux  Turco-Anglais 
réunis  devant  la  place,  pour  que  Pou 
consentît  a  le  transporter  en  France 
avec  toute  la  garnison,  et  tout  ce  que 
la  ville  renfermait  de  Français.  Il  en 
était  alors  h  peu  près  a  son  dernier 
morceau  de  pain  ,  et  ses  troupes  pré- 
sentaient plutôt  l'aspect  d'une  ambu- 
lance (pie  celui  d'un  corps  milit.iire. 
(Cependant  IM»'nou  blâma  hautement 
cette  capitulation;  et  dans  un  ordre 
du  jour  il  si};nala  Belliard  comme  un 
traître:  il  le  dénonc.i  même  comme  tel 
au  gouvernement.  De  retour  à  Paris, 
l)elliard  reçut  néanmoins  du  premier 
consnl  un  très-lxui  accueil,  et  il  lut 
aus.sitôl  nommé  ù  la  vingt-quatrième 
division  militaire  dont  Bruxelles  était 


nri. 

le  cliiT-llra.  S.i  cinulinU'  moduct',  sa 
jusllce  lui  valiiii-iil  clans  ci"  cnmiiiaii- 
(K'inrnl  raHVclioii  tl  le  irs|U'Cl  d'S 
haliilaiils.  En  iiSoS  il  l'iail  ii  Tarnu-c 
irAlloMia^'^nc  clu-f  d'i'lal -major  iln 
prince  Joacliini  ,  cl  il  lo  seconda 
parloul  de  la  niaiiièrc  la  jilns  liril- 
lante.  Après  la  capitulalion  d'Ulm, 
il  ponrsni\  il  le  corps  coninuuulé  par 
raicliidac  Ferdinand  ,  signa  la  capi- 
tulation du  général  Verneck,  cl  enfin 
après  la  vicluire  d'Auslerlilz,  recul 
de  renipereur  iiièinc  sur  le  clianip 
de  bataille  le  tilre  de  [;rand-ofïicicr 
de  la  Légion-d'lionneur.  Encore  cliel 
dV'lal-major  de  IMural,  cpfalors  on 
nomma  il  jrrand-duc  de  i»er<r,  Helliard 
prit  pari  aux  campagnes  de  1806, 
1807  et  1808  dans  l'Allemagne 
septentrionale  .  et  il  se  distingua  suc- 
cessivement Il  IcMia  ,  a  Erfurt ,  à  Slel- 
tin  ,  h  Lubeck ,  Halsberg ,  Hofi, 
Ejlau  ,  Fricdlaud,  et  devant  Tilsitl. 
Bientôt  Mural  se  rendit  en  Espagne 
pour  y  prtiparer  les  voies  du  trcnie  a 
Joseph  :  Belliard  l'y  suivil  ;  et ,  peu  de 
temps  après  Tenlrcje  de  Napoléon  a 
Madrid,  le  4  dcc.  i  808,  il  fut  nomme* 
gouverneur  de  cette  capitale  ,  où  il 
sut  maintenir  la  suprc^malie  française 
assez  long-lemj)s(i).  Après labalaille 
de  Taîaveira  éclata  pourtant  nue  in- 
surrection :  il  se  rendit  seul  au  mi- 
lieu des  mécontents  et  eut  l'art  de 
les  calmer.  Cependant  Tévacuatio:! 
devint  nécessaire  ;  mais  on  dut  savoir 
gré  a  lîelliard  d'avoir  été  poi.r  beau- 
coup dans  rajournemenl  de  celle 
trisle  nécessité.  En  1812  ,  i!  ciuitta 
l'Espagne  pour  la  Russie.  Aide-ma- 
jor  général  de  cavalerie  ,  il    se  dii- 


(11  n  r<-soIîe  de  I.i  corresjionditiii-e  du  {;riu'- 
ral  Bplli;ir<l  avec  le  roi  .l(;:>e|ih  (dont  je  possède 
les  miiiuU-s  aiilograjihi's) ,  que  te  nouveiiii  ino- 
iiorque  voulail  s'ufiV.iiichir,  <!!;■.  1810,  de  la  su- 
ypraineli-  inrpcriale.  Une  lettre  curieuse  du  ç,v 
néral  K.;Uiard  toiijnrc  su  mujcsté  •/«•  ne  poiul 
rompre  de  lance  a>eç  l'ciupeicw.  I, — n  —\. 


BEL 


:>i7 


lingua  dans  toutes  les  grandes  affai- 
res ,  il  Ivakoviarl  i  ,  ;i  Wilepsk  ,  ;i 
0.sli()\  no  ,  ;i  Smolensk  ,  a  Dorogo- 
boudje.  f/i  bataille  de  l'orodino  mit 
le  coiiddea  sa  répulalion  de  \adlance. 
INon  seulement  il  eut  sous  lui  un 
cheval  tué  et  deux  blessés ^  mais  c'est 
lui  cjui  ,  par  rétablissement  d'une 
batterie  de  vingt  pièces  d'artillerie  , 
détermina  la  retraite  des  colonnes 
profondes  de  la  garde  russe  devant 
^ey.  L'élévation  du  général  Gou- 
vion  Saint-Cyr  au  maréchalal  ayant 
laissé  vacant  le  poste  de  colonel- gé- 
néral des  cuirassiers  ,  Belliard  y  fut 
nommé  le  5  décembre  1812.  Il  ve- 
nait de  mériter  encore  ce  litre  par  sa 
coiiduite  a,  idojaïsk  oîi  il  fut  blessé 
a  la  jambe  par  un  boulet,  et  il  le 
justifia  par  la  promptitude  avec  la- 
ciuelle,  après  le  départ  de  Bonaparte, 
il  réoro-anisa  la  cava'erie.  L'ouver- 
ture  delà  campagne  de  i8i5  lui  vit 
conférer  par  IXaj'oléon  ,  pendant  la 
bataille  de  Dresde  ,  le  poste  si  diffi- 
cile et  si  important  d'aide-raajor-gé- 
néral  de  l'armée  j  c'est  alors  ({u'un 
boulet  de  canon  lui  cassa  le  bras. 
Aux  trois  journées  de  Leipzig  il  eut 
plusieurs  chevaux  tués  sous  lui.  A  l'af- 
faire d  Ilanau ,  il  Ot  encore  preuve 
d'un  admiiable  sang-froid.  Arrivé  à 
Maïence  avec  lesdébrisde  l'armée,  il 
alla  remplir  a  Rictz  les  fonctions  de 
major-général,  tandis  quoBerthiersui- 
vant  a  Paris  Napoléon,  hàlait  avec  lui 
l'organisation  d'une  nouvelle  armée. 
Après  la  bataille  de  Craon  eu  mars 

1  8  1 4- ,  Belliard  fut  nommé  comman- 
dant-général de  la  cavalerie  de  la  gar- 
de, et  il  se  montra  digne  de  ce  litre  par 
le  dévouement  (pfii  déploya  partout, 
a  la  Ifaute-Epine,  a  Chàteau-Thierri, 
a  Eroincnleau,  a  Lnou  ,  a  Reims  et 
dc\anl  Paris.  INapoléon  reconnut  ces 
services  en  lui   accordant  le  5  avril 

18145  ^^  Fontainebleau,  le  grand  cor- 


Si 8  BEL  BEL 

dondelaLegîou-d'Honneiir.MaisNa-  tête  de  rarraée  de  la  Moselle,  faisait 
poléon  alors  n'était  plus  empereur  passer  deux  bataillons  et  deui  ca- 
qu'a  Fontainebleau  :  bientôt  il  dut  nons  au  général  Mériage pour  repren- 
signer  son  abdication  et  partir  pour  dre  Saiut-Avold,  et  arrêtait  par  ses 
rUe  d'Elbe.  Belliard  resta  près  de  dispositions  une  colonne  prussienne 
lui  jusqu'à  son  départ.  Aussitôt  après  qui  avnit  ordre  de  s'emparer  de  Bit- 
il  alla  présenter  sou  épée  au  roi  che.  Mais  les  événements  de  Paris 
Louis  XYIII  qui  le  nomma  pair  rendirent  bientôt  cette  défensive  inu- 
de  France  et  chevalier  de  Saint-  tile  :  un  armistice  de  vingt-quatre 
Louis.  Lors  du  débarquement  de  Bo-  heures  fut  conclu,  pendant  lequel 
naparte  en  Provence,  Belliard  fut  Belliard  apprit  la  seconde  abdication 
nommé  major-général  de  l'armée  que  et  ses  suites.  Il  quitta  aussitôt  son 
devait  commander  le  duc  de  Berrj.  armée,  revint  a  Paris,  et  sembla  ne 
La  rapidité  des  événements  ayant  solliciter  aucune  faveur.  Il  est  présu- 
rendu  la  résistance  impossible  ,  Bel-  mable  qu'il  n'en  aurait  pas  obtenu  , 
liard  suivit  la  famille  royale  à  Beau-  car  Louis  XVIII  avait  rayé  son  nom 
vais  où  Louis  XVIII  lui  ordonna  de  de  la  liste  des  pairs;  et  peu  de  temps 
retourner  a  Paris.  Il  n'y  arriva  que  après  il  fut  compromis  dans  le  procès 
le  24.  mars,  quatre  jours  après  Napo-  de  Nev  ,  arrêté  et  renfermé  dans  la 
léon.  Alors  il  ;>e  rapprocha  bientôt  de  prison  de  l'abbaye.  Cependant  on  ne 
lui,  et  finit  par  accepter  une  mission  le  mit  point  en  jugement ,  et,  après 
auprès  de  Murât.  Il  s'agissait,  suivant  plusieurs  mois  d'une  rigoureuse  capli- 
les  uns,  d'amener  a  des  sentiments  vite,  il  recouvra  sa  liberté  5  et  même 
sages  et  k  une  conduite  circonspecte  un  peu  plus  lard,  le  gouvernement 
cet  aventureux  monarcjue  ,  dont  Na-  royal  avant  changé  de  svstème,  Bel- 
poléon  n'avait  vu  qu'avec  beaucoup  (le  liard  fut  réintégré  sur  la  liste  des 
regret  l'entreprise  sur  la  haute  Italie;  pairs  dans  la  grande  fournée  que  le  mi- 
selon  les  autres  ,  Belliard  devait  lui  nistreDecazesavait  décidée  pour  faire 
faire  passer  les  avis  militaires  de  son  écarter  la  proposition  Barthélémy 
beau-frère.  Quoi  qu'il  ensoit,  Belliard  {Koy.  ce  nom,  ci-dessus,  p.  2^1). 
partit  de  Toulon  sur  une  frégate,  le  Une  autre  ordonnance  royale  de  1822 
4  mpi  181  5.  Bientôt  poursuivi  par  déclara  qu'en  lui  rendant  sa  pairie, 
une  frégate  et  uu  brick  anglais,  il  fut  le  gouvernement  ne  lui  rendait  pas 
forcé  de  s'arrêter  h  Ischia  et  d'y  le  majorât  qu'il  avait  eu  pendant  les 
prendre  terre.  jMais  déjà  tout  était  cent  jours.  Celle  circonstanco  n'em- 
déscspéré  :  ce  jour-l;i  même  ,  dix-huit  pécha  pas  lîelliard  de  montrer  en- 
mille  hommes  abandonnaient  le  parti  rore  assez  de  zèle  pour  les  Bourbons, 
du  roi  de  Naplcs,  qui  lui  obligé  de  Du  re>te  il  no  fut  cpie  speclalrur  des 
quitter  le  conlincnt.  IUHiar<l  suivit  débats  législatifs.  C'est  dans  celle 
son  exemple,  et  (lut  s'csiimer  heureux  silualion  que  la  révolution  de  juillet 
d  échapper  aux  Anglais.  C'est  lui  (|ui  1  83 0  trouva  ce  général.  Il  se  déclara 
apporta  à  i'aris  l.i  nouvelle  de  la  aussitôt  favorable  a  ce  c))angement. 
délaitc  de  Mural.  Il  reçut  des  mains  D'ailleurs  il  connaissait  personnelle- 
dr  Honaparle  la  pairie  el  le  comman-  nu  ni  le  nouveau  monarcjue  (ju'il  avait 
demi  lit  (h's  Iroisiènie  el  (|iialrième  di-  anireiois  ^u  h  réliilirajor  de  Du- 
■vi.sions  niililaires.  Fidèle  a  ses  non-  mouriez.  Eu  mars  i  83  1 ,  il  fut  nomme 
veaux  devoirs,  il  était  le  23  juin  h  la  ambassadeur  en  Belgique.  Il  montra 


BEL 

daus  cette  cliar{;c'  Ix'aucoup  de  tact, 
de  finesse  et  de  niosiire  ,  fui  d  mie 
grande  ulillk'  aux  ludgcs  pour  l'or- 
ganisation do  leur  armée .  signa  la  sé- 
paration (le  la  Hollande  cl  de  la  Bel- 
gi(jne  ,  en!  pari  an  clioix  et  à  Tinslal- 
latlon  du  prince  de  Saxe-Cobourt; , 
ainsi  (ju'au  mariage  qui  suivit  de  près 
cet  cvènement,  et  mourut  d'apoplexie 
le  5o  janvier  1802,  a  Bruxelles,  où 
il  fut  enterré.  V — or. 

BELLIER  (Pierre),  conseiller 
an  Cliàlelet  de  Paris  ,  se  lit  connaître 
dans  le  seizième  siècle  ,  comme  tra- 
ducteur de  IMiilon.  Son  enlhousiaîme 
pour  le  philosophe  juif  fui  porte  a  un 
tel  point  qu'il  se  démit  de  sa  charge 
et  fit  le  voyage  de  Rome,   afin  de 
collationner,  sur  les    manuscrits  du 
Vatican,  la  copie  cpi' il  avait  faite  de 
cet  auteur,  d'après  l'original  de  la 
bibliolhcque  du  grand  roy  Fran- 
çois. Mais  a  la  mort  du  pape  Pie  V, 
la  bibliothèque  Valicane   ayant   été 
fermée  ,  il  perdit  une  partie  dn  fruit 
de  son  expédition  littéraire.  Sa  tra- 
duction   fut    publiée    sous    le    titre 
d' OEuvresdc  Philon  Juif^  authcur 
très-éloquent  et  philosophe  très- 
grave^  Paris,  167 5,  in- fol.  Frédéric 
Morcl ,  lecteur  du  roi ,  en  publia  une 
nouvelle  édition,   en    16  12,  in-8°, 
aufrraenlée  de  la  traduction  de  trois 
livres.  La  version  de  Bellier  ne  coni- 
preuail  que  vingt-quatre  traites  ,   sur 
quarante   qui  étaient  alors    connus  : 
DuVerdier  en   donne  les  litres.  La 
Croix  du  Maine  (pialifie  Bellier  d'iiom- 
mc  docte.  «  Il  a  davantage  traduit^ 
a  ajoute-t-ll ,  un  discours  de  Phi- 
a    Ion,  touchant  L'estat  et  devoir 
K    du    juge  ,    Paris  ,    Chaudière  , 
«    1569.  3)  Mais  ce  traité  fait  aussi 
)arlie  (\c&  œuvres  traduites  et  pu- 
)llées  ,  quehjucs  années   après  ,  par 
Bellier,  qui  vivait  encore  en   i584-. 

L M X. 


BEL  5i9 

Ï^KLLTÈRE  (Jacques,  mar- 
quis (In  Plessis  ).  Voy-  Uoi,(,j'  , 
XXMX  ,  102. 

r»l':LLi\(;E\(i)(FLErRYDE), 

grainiiiairien,  sur  lecpiel  on  n'a  pu  re- 
cueillir (pie  des  renseignements  incom- 
plets. Pjaylc  conjecture   qu'il   ensei- 
gnait la  langue  française  en  Hollande 
(article /.r/<'<5';7//?o.s7/, Rem.  \).).  Bel- 
liugen  nous  apprend   lui-nuMue   qu'il 
avait  été  attaché  ,  pendanl  plusieurs 
années,  au  chevalier  de  Sommcrdickj 
mais    il  ne  dit  pas  en  cpielle  qualité  : 
c'était  probablement  comme    secré- 
taire. Il  avait  fait  une  étude  spéciale 
desoriirinesde  notre lainrue.  En  i  653 
il   publia  Les  premiers  essais  des 
proverbes  français,  La  Haye,  in- 1  z 
ou  petit  in-8".  Le  succès  de  cet  ouvrage 
l'ayant   encouragé   dans   ses  recher- 
ches ,  il  refondit  son  travail,  Paug- 
menta  de  plus  de  deux  tiers  ,    et  le 
reproduisit  sous  ce  titre  :  Ktymolo' 
gie  ou  explication  des  proverbes 
français  ,  divisée  en  trois  livres  , 
par  chapitres  en  forme  de  dialo- 
gues 5  la  Haye ,    1 6  5  6  ,  petit  in-8°. 
Un  libraire  de  Paris,  TSlcol.Peplngué, 
s'empara  sur-le-champ  de  l'ouvrage 
de  Belllngen  ,  et  le  fit  réimprimer  , 
avec  privilège  du  roi,  sous  ce  titre  : 
Les  illustres  proverbes  nouveaux 
et  historiques^  expliqués  par  diver- 
ses questions  curieuses  et  morales 
en  forme  de  dialogues.  Il  n'y  a  de 
différence  entre  les  deux  éditions  que 
dans   le   litre  ,    dans   les  noms   des 
iiilerloculeurs,  que  Belllngcn  appelle 
Simplicius  et  Cosme  ,    et  son  con- 
trefacteur ,  le  manant  et  le  philo- 
sophe.  et  dans  la  division  des  trois 
livres.  On  n'a  pas  même  retranché  des 
Illustres  proverbes   quelques  pas- 
sages injurieux  a  la  France,    et  qui 

(1)  Et  non  pns  liclliughen,  comme  l'écrit 
Parbi<T  dans  l.i  seconde  cdilion  du  Diction- 
naire des  unon/mef. 


520 


BEL 


BEL 


n'auraient  pas  dû  reparaître  dans 
une  édition  française  faite  avec  l'ap- 
probation du  roi.  Ainsi  Pepingué  ne 
s'est  pas  rendu  coupable  do  pla- 
giat, comme  le  dit  M.  Nodier,  mais 
de  contrefaçon  et  de  vol,  délits  moins 
honteux  peut-être  que  celui  de  pla- 
giat ,  mais  qui  cessent  d'être  jus- 
ticiables de  la  critique  pour  le  de- 
venir des  tribunaux.  Le  succès  des 
Illustres  proverbes  nuisit  beaucoup 
à  celui  de  VEtymologie  des  pro- 
verbes. En  peu  d'années  il  s'en 
lit  au  moins  (}ualre  éditions.  Celle  de 
Paris,  i665,  2  vol.  in- 12  ,  passe 
pour  la  plus  complète.  Dans  cette 
édition  on  trouve  a  la  tête  du  troi- 
sième livre  un  avertissement  de  l'édi- 
teur ,  dans  lequel  il  a  l'effronterie  do 
dire  :  «  que  cette  suite  n'a  jamais 
«  paru  au  jour ,  et  que  c'est  ici  la 
M  première  fois  qu'elle  a  passé  sous 
«  la  presse.  »  C'est  cependant  la 
réimpression  textuelle  d'une  partie  du 
second  et  du  troisième  livre  tout  en- 
tier de  VKtynioloi^ie  des  prover- 
bes. L'abbé  Goujet,  qui  n'avait  jamais 
pu  se  procurer  l'édition  de  La  Haye, 
regardait  les  Illustres  proverbes 
€ommc  un  des  meilleurs  onvrajres 
(pi'il  connût  sur  celte  jnalière  (  Vi/- 
hliothiujuc.  J'runcnise  ^  J,  288). 
C  est  à  IJellingen  (ju'il  faut  rej)orter 
cet  éloge.  L'édition  A\i  sou  livre  , 
réimprimée  sous  ses  yeux,  (juokjuu 
1  exécution  eu  soit  médiocre,  sera 
toujours  préférée  par  les  vrais  ama- 
teurs a  loulcs  lescoiilrefarons  de  Pa- 
ris. Ou  Irouve  des  détails  sur  cet  ou- 
vrage dans  les  Mélanges  tins  d'une 
jx'tile  biblii)lh('(jue.,  par  AL  Nodier, 

cIm|).    Mil,    l2»-32.  W— s. 

BI'JJxO  (Piiimpi'l)  ,  littérateur 
napolitain  ,  nacpiil  en  1666  il  Alri- 
jialda.Son  père,  habile  jurisconsulte, 
prit  le  plus  grand  soin  do  son  éduca- 
tion ;  ♦  !,  après  (pi'i!  cul  achevé  ses 


premières  études  dans  sa  ville  natale, 
il  alla  faire  sou  cours  de  philoso- 
phie a  Naplcs  ,  sous  les  jésuites. 
Ayant  reçu  le  laurier  doctoral  dans 
la  faculté  de  droit ,  il  exerça  la  pro- 
fession d'avocat  a  Naples,  et  fui  chargé 
deradmiuistrationdelajuslicedansles 
domaines  de  plusieurs  seigneurs.  Ses 
lumières,  et  l'Jnté'Jîrité  dont  il  donna 
de  fréquentes  preuves  ,  lui  méritèrent 
l'estime  «générale.  La  mort  de  ses 
parents  qu'il  chérissait  avec  tendresse 
l'obligea  de  retourner  a  Alrlpalda. 
11  chercha  dans  la  culture  des  lettres 
un  soulagement  a  sa  doulenr ,  et 
composa  des  Ixinie  dont  sa  famille 
possède  un  recueil  considérable  5  mais 
il  n'en  a  été  publié  qu'un  choix  [Sug- 
g-/o),  Naples  ,  17  i4-,  in- 12.  Phi- 
lippe mourut  h  53  ans,  en  1719, 
sans  avoir  pu  terminer  un  grand  ou- 
vrage sur  le  droit  Duquel  il  travaillait 
depuis  plusieurs  années  ,  et  qui  , 
d'après  ses  compatriotes,  devait  lui 
assurer  une  réputation  durable.  Il 
était  membie  de  diverses  académies. 
On  lui  doit  la  P^ita  disan.  Sabi/io, 
vescovo  di  Cnnosa  ;  et  il  a  cher- 
ché dans  wwQ  Dissertation  a  prouver 
qu'Atripalda,  sa  pairie,  était  une  co- 
lonie romaine  el  ipi'clle  fut  décorée 
du  titre  de  municipe  sous  le  nom  de 
tribus  al  ta,  AV — s. 

BELMONDI  (Pierre),  né  h 
Virieux  ,  dans  le  l^ugey,  en  1774» 
d'une  famille  de  cultivateurs,  fil  ses 
éludes  àBelley  ,  et  entra  jeune  dans 
radiiiinislralion  (\{:i>  contributions  di- 
recles.  Il  était  parvenu  à  l  emploi  de 
directeur  ,  lorsiju'il  perdit  celle  pla- 
ce en  181  4.  par  suite  des  événements 
j)olili(pi('s.  11  vint  alors  a  Paris  el 
y  Iravallla  dans  p'usieurs  journaux, 
entre  autres  les  Annales  politiques  , 
el  le  Journal  de  Paris,  pour  la  rédac- 
tion des  séances.  Il  s'occupait  en  mê- 
me   Icnqis    à   réunir    les    maUTiaux 


IJKL 


BEL 


:>.AI 


d'une  collcclloii  dont  rutililc  Sj)c- 
cialc  no  pciil  èlrc  r onlrslor  ,  et  (ju'il 
a  puhlicr  son^;  ce  lilrc  :  (\)tlc  des 
con/n'bulions  t/irrctes ,  ou  Recueil 
mctlu)((i(]iic  (les  lois,  ordonrum- 
Ces ,  rcglt'ffiefi/s  ,  instructions  et 
décisions  sur  cette  matière ,  Va- 
ris,  1817  a  1820,  3  vol.  in-8^. 
Le  tome  premier  eul  une  scroiule 
éililion  en  i8i8.  L'iiuhnir  en  fît 
liommnj^e  li  la  chanil)rc  îles  dcpulos 
le  20  dcc.  1819.  Il  ol)linl  a  celle 
époque  un  emploi  de  chef  de  bureau 
dans  le  cadaslre;  mais  il  le  conserva 
peu.  Alleinl  d'aliénation  mentale,  il 
y  succomba  le  20  mai  1822.  On  a 
encore  de  lui  une  brochure  qu'il  pu- 
blia en  181  9  ,  sous  le  voile  de  Ta- 
nonvrae ,  inliluléc  :  M.  Cigo^Jie. 
C  était  un  pamphlet  dirigé  contre 
M.  Bricogne  ,  a  l'époijue  de  ses  atta- 
ques contre  le  baron  Louis,  alors  mi- 
nistre des  (niances  ,  dont  Relmondi 
se  faisait  l'apologisle.        M — DJ. 

BELGE  (Guillaume  )  naquit 
'a  Norwich  (  comté  de  Norfolk  ),  eu 
1756.  Son  père,  qui  futdepuisun  des 
principaux  négociants  de  celte  ville, 
était  fort  pauvre  lors  de  sa  naissance  , 
et  même  avait  été  forcé  d'abandonner 
SCS  marchandises  a  ses  créanciers. 
Le  jeune  Guillaume  ,  après  avoir 
étudié  dans  plusieurs  écoles,  soit  à 
No!•^vich,  soit  aux  environs ,  fut  con- 
fié aux  soins  de  îMath.  Raine,  dont 
Hait  lord  était  la  résidence.  Ce  di<rne 
ecclésiastique,  en  lui  inspirant  pour 
l'élude  un  goût  que  jusqu'alors  le 
jeune  homme  n'avait  point  senli ,  re- 
connut chez  lui  ,  au  bout  de  quel- 
ques années  ,  d'heureuses  disposi- 
tions ,  et ,  loin  de  chercher  a  retenir 
un  pensionnaire  de  plus  dans  son  éta- 
blissement, donna  leconseilK  son  père 
de  l'envoyer  dans  un  collège  supé- 
rieur ,  et  finilcracnt  a  l'université. 
Bcloe  fut  mis  alors  au  village  de  S lau- 


more,  dans  la  maison  du  docteur  Sa- 
muel Parr,  (pi'on  regardait  comme 
rhuiiianistc  le  plus  liai)ile  de  l'Angle- 
terre. 11  y  (il  de  nouveaux  progrès  ; 
mais  une  accusation  (|u'il  a  toujours 
dans  la  suite  (pialiliée  d'injuste,  eltju'il 
lui  fut  néanmoins  iiiipo-sible  de  réfu- 
ter dans  le  temps,  engagea  le  chef  de 
l'école  à  prier  son  père  de  le  retirer. 
vVprès  avoir  perdu  (pii-hpi.'s  mois  dans 
la  maison  paternelle,  iieloe  fut  mis  à 
l'université  de  Cambridge  ,  et  entra 
au  collège  Bennet  (  1766).  Dès  son 
arrivée,  il  y  provoqua  une  espèce  de 
parti  contre  lui  ,  par  une  épigramme 
sévère  que  dans  un  moment  d'irrita- 
tion il  décocha  contre  deux  jeunes 
gentlemen  qui  ,  fiers  de  leur  rang  , 
avaient  affecté  de  le  dédaigner.  L'i- 
solement dans  lequel  il  tomba  lui 
fut  avantageux  sous  plus  d'un  rap- 
port :  il  eut  moins  d'occasions  de  dis- 
sipation et  de  dépense  que  la  plu- 
part de  ses  camarades  ,  et  il  étudia 
davantage.  Il  avait  reçu  ,  en  1779  , 
le  grade  de  bachelier  ès-arts  ,  et  il 
était  revenu  à  INorwich  ,  lorsque 
son  ancien  maître  ,  le  docteur  Parr, 
qui  avait  abandonné  Stanmore  ,  fut 
appelé  dans  le  chef-lieu  du  comté 
de  Norfolk  avec  le  titre  de  chef  de 
l'Ecole  libre  de  la  ville.  Il  prit  Beloe 
pour  son  second  ,  et  celui-ci  s'ac- 
([ultta  trois  ans  de  suite  de  ces  fonc- 
tions. Au  bout  de  ce  temps  ,  11  entra 
dans  l'éL^lise  ,  et  devint  d'abord  curé, 
ensuite  vicaire  d'Enrlham.  11  était 
alors  marié.  L'insuffisance  du  revenu 
de  cette  place  et  rimpossibllilé  re- 
connue d'avoir  un  rapide  avancement 
dans  l'obscurité  de  sa  province  le 
déterminèrent  a  quitter  son  vicariat, 
pour  Londres,  où  il  espérait  que  sa 
plume  lui  procurerait  une  existence 
plus  heureuse  que  les  médiocres  émo- 
luments d'Earlham,  même  avec  l'an- 
nexe de  Bowthorpe.  Ces  pressenti- 


5a  % 


BEL 


raenls  n'étaient  pas  trompeurs  j  mais 
les  commencements  ne  furent  cepen- 
dant pas  tout-a-fait  prospères.  La 
poésie  avait  d'abord  eu  ses  hommages. 
Le  premier  ouvrage  qu'il  fit  paraître 
fut  imprimé  en  partie  à  ses  frais. 
Le  prudent  libraire  auquel  il  s'était 
adressé  ne  voulant  point  seul  courir 
les  chances  de  la  publication,  il  fut 
stipulé  que  la  moitié  de  la  dépense 
serait  supportée  par  le  poète,  lequel 
du  reste  paierait  comme  il  le  pour- 
rait. Heureusement  Touvrage  réus- 
sit ;  et,  au  lieu  d'avoir  a  payer  l'im- 
primeur ,  Beloe  reçut  la  somme  de 
quatorze  shellings  huit  pences.  Il  ne 
tarda  pas  a  se  former  a  Londres  un 
grand  nombre  de  liaisons,  tant  dans 
la  librairie  que  pnrmi  les  sommités 
littéraires  et  politicjucs  de  l'Ecosse. 
Ses  traductions  d'Hérodote ,  d'Aulu- 
Gelle  et  des  lettres  d'Alciphron  lui 
donnèrent  de  la  réputation.  Il  écrivit 
dans  plusieurs  recueils  périodiques  , 
parmi  lesquels  nous  distinguerons  le 
Gentleman' s  Magazine.  Lorsque 
lu  révolution  française  vint  éveiller  en 
Angleterre  tant  d'antipatlûcs  et  do 
sympathies  diverses,  il  fut  pour  elle 
un  rude  adversaire.  Non-seulement 
il  en  blâma  les  principes  et  les  consé- 
quences ,  mais  il  établit  sous  le  pa- 
tronage de  beaucoup  de  personnes 
importantes  un  journal  semi-périodi- 
que dont  le  but  était  de  défendre  les 
doctrines  de  Téglise  et  du  roi.  (lélait 
le  Critique  britnntiique  [Jirités/i 
Crilic),  dont  il  fut  long-temps  le  seul 
éditeur  cl  pour  li'(pulil  s'adjoignit  en- 
suite rarchidiacre  INarCï.  Toiis  deux 
continuèrt'nt  ce  recueil  jiiscprau  ipia- 
raulc-nnième  volume.  Les  partisans 
des  docirint's  françaises  ne  furent  pis 
sans  reprocher  îi  Beloe  d'avoir  jadis 
eu  d'autres  priiuipes  que  ceux  dont 
il  se  iaisail le ch. impion,  nolamuunl  à 
l  épo(pie  de  la  guerre  coufre  les  colo- 


BEL 

nies  américaines.  Beloe  s'en  tira,  en 
alléguant  sa  Jeunesse  et  son  inexpé- 
rience. Le  zèle  dont  il  fit  preuve  dans 
toutes  ces  discussions  lui  valut  de 
la  part  des  ministres  de  fort  bonnes 
places  dans  l'église.  Déjà  il  avait  ob- 
tenu la  maîtrise  de  l'hôpital  Emanuel 
à  Westminster.  En  1796,  le  lord, 
chancelier  Rosslyn  le  présenta  ,  le  fit 
nommer  au  rectorat  d'AU-hallowsj 
et ,  Tannée  suivante ,  l'évéque  de  Lin- 
coln^ dont  il  avait  été  le  condisciple, 
lui  conféra  une  place  de  prébendier 
dans  sa  cathédrale.  En  i8o5  l'évèque 
de  Londres,  Porteus,  le  gratifia  de  la 
riche  prébende  de  Paneras,  dans  son 
diocèse.  En  1 8  o4^ ,  il  avait  été  nommé 
un  des  conservateurs  du  Musée  bri- 
tannique. Cette  place  ,  parfaitement 
en  harm^onie  avec  ses  goûts,  et  fork 
utile  en  même  temps  pour  tous  ses 
travaux,  lui  fut  enlevée  vers  1810, 
par  suite  d'un  abus  de  confiance 
odieux  de  la  part  d'un  homme  qui 
visait  h  le  remplacer.  Cet  événement 
fut  très-sensible  à  Beloe,  qui  jusqu'a- 
lors avait  vécu  presque  splendidement 
dans  Rensington-Square.  Son  exis- 
tence depuis  cette  époque  fut  comme 
dérangée,  et  dans  la  préface  du 
tome  VI  de  &çs,  Anecdotes  biblio- 
(^rap/iiqucs ,  il  fait  amèremeut  allu- 
sion a  la  trahison  dont  il  avait  été 
victime.  Cependant  il  continua  ses 
travaux  littéraires  avec  activité.  Il 
veuail  de  mettre  la  dernière  maiu  a 
ses  iMémoircs  ,  lorsqu'il  mourut  ,  le 
i  I  avril  1817.  Une  grande  variété  de 
connaissances  littéraires,  beaucoup 
de  vivacité  ,  de  la  facilité,  un  style 
pur,  assez  élégant  ,  et  ampudla  force 
ne  mauipie  point,  telles  luient  les 
(pulilés  principales  de  Belon  comme 
littérateur.  Il  faut  ajouter  qu'il  était 
au  moius  aussi  apte  ii  la  direction 
qu'à  la  rédacliou  d'un  ouvrage  lilté- 
raircj  et  il  lo  prouva,  soit  eu  éditant 


BEL  BEL                 5aï 

plusieurs  ouvrages ,   soit  en  puMi.int  portùiun;  ^   apologues  orientaux  , 

son  Critique  britannique.  Voici  les  I79''>  5  vol.  in-12.  IX.  Les  Nuits 

ouvrages  principaux  de  Pcloc   :   I.  arabes,    Irad.  du  français,  4-  vol., 

Oc/c  à  miss  .Ih)S('(i\V('/i  ,  nnjinmce  lu-iii.  X.  Josrpk,    Ir.ul.  du  poème 

on  1783,  peu  de  lomps  après  sa  sor-  frauçnis  eu  prose  de  liltanl)è  ,  2  vol. 

tic  de  rnni\crsilc  de  Cand)ridge,  et  'n\-\  ^.W.  yinccclotrs  bibliographi- 

Erobaldcinent  avant  son  arrivée  h,  ques  et  notices  de  livres  rares 
iOnJres.  II.  L'enlèvement  cVIIê-  (Anecdotes  of  litcraturc  and  scarce 
lène  (traduction  du  grec  de  Colu-  Books),  6  vol.in-8°.  Les  deux  pre- 
thus  ,  avec  des  notes),  1786.  III.  iiiiers  parurent  eu  1807-  ^^^  trois 
Poèmes  et  traductions ,  1788  ,  suivants  en  1809  et  i8ri  ;  le  dcr- 
in-8°.  IV.  Hérodote,  trad.  du  grec  nier  en  18 12.  Le  public  fit  a  cette 
en  anglais,  avec  des  notes  ,  1790,  i  I)iI)llographie  un  accueil  Irès-favora- 
vol.  iu-8°.  Il  y  en  a  eu  depuis  deux  blc.  Effectivement,  c'est  un  répcr- 
aulres  éditions.  La  première  de  toire  extrêmement  curieux  et  dans 
celles-ci  fut  dédiée  h  l'évètpie  de  letjuel  se  trouvent  une  foule  de  dé- 
Londres. Beloe  j  a  souvent  mis  a  talls  jusque-la  complètement  incon- 
contribution  le  travail  d  1  traducteur  nus.  Le  premier  volume  contient,  en- 
français  Larcber  au(juel  ,  du  res-  tre  autres  indications  capitales,  celle 
te,  il  prodigue  de  grands  éloges.  Il  de  beaucoup  de  livres  rares  relatifs 
profita  de  plus,  afin  d'éclaircir  son  aux  antiquités  de  Cambridge  j  du 
auteur,  des  découvertes  dernièrement  beau  manuscrit  copte  sur  papyrus, 
faites  en  Afrique  par  Mungo  Park  ,  trouvé  dans  le  tombeau  d'une  momie 
par  Browne,par  Hornemanu  et  quel-  h  Thèbes,  et  apporté  en  Angleterre 
ques  autres  ,  et  plus  tard  encore  des  par  Hamilton  ;  d'un  grand  nombre  de 
lumières  que  l'expédition  française  tragédies  et^e  comédies  rares  de  la 
en  Egypte  jeta  sur  Tantique  terre  collection  de  Garrlck  ,•  d'un  traité  de 
des  Pharaons.  Ce  travail  était  uéces-  sténographie  imprimé  a  Londres  , 
saire  en  Angleterre  ,  pour  combler  en  i588  ,  etc.,  etc.  On  y  remarque 
une  véritable  lacune  littéraire  :  Thu-  aussi  les  articles  yZ:<:/e.ç  TV alpolianœ 
cydide  et  Xénophon  avaient  trouvé  et /?ooA-5  (livres),  remplis  d'anecdotes 
plus  d'un  élégant  interprète  dans  la  intéressantes  et  de  documents  nou- 
Grande-Bretagne  j  seul  parmi  les  his-  veaux.  Le  tome  deuxième  contient 
toriens  fondamentaux  de  la  Grèce,  d'abord  de  nouveaux  et  riches  extraits 
Hérodote  n'avait  été  représenté  que  delà  collection  de  Garrlck  :  ce  sont  les 
par  un  traducteur,  Liltlebury.  V.  /^/ei^arc/zn/^As;  neuf  sont  d'une  grâce 
Lettres  d'Alciphrony  trad.  du  grec  et  d'une  simplicité  délicieuses.  Puis 
en  angl.,  i  791. VI.  Les  Nuits  afti-  viennent  les  T^udicra  ou  Epiç^ram- 
ques  d'Aulu-Gelle^  trad.  du  latin  en  mata  juvenilia  de  Jean  Parkhursl  ; 
angl.,  1795.  "VII.  Mémoires  suc-  le iVo/^-^  ^/'or  d'Elisabeth  Melvllle 
cincs  sur  les  meneurs  de  la  n  volu"  (Lady  Culross  jeune),  premier  pro- 
//(7//y)'a/zrrt/.ç<?.- le  titre  prlmllif  était  duit  de  la  presse  d'Aberdecn  5  plu- 
]\lémoires  succincs  sur  le  chef  des  sieurs  extraits  d'ouvrages  en  prose  de 
régicides  français  ;  mais  le  raéticu-  Thom.  Lodgc  ;  beaucoup  de  détails 
leux  libraire  exigea  (jue  ce  litre  fût  sur  la  colleclioti  de  Roxburgh,  où  se 
modifié.  Vill.  Miscellanea  ,  con-  remarquaient  surtout  les  pièces  inti- 
tenant    des   poèmes,  J'iagnicnts  iulccsCommon  Condjcions^et  Di- 


524  BEL 

don^  les  pamphlets  du  roi,  un  Juif 
contre  les  gentils,  l'édilionprinceps 
(lu  Décameron,  Venise  14.7  i,b-fol.; 
Loyauté  j  épiscopat  et  loi ,  lire  a 
un  seul  exemplaire  •  une  lettre  du  D*" 
Tanner,  auteur  de  la  iVo//^m  mo- 
nastica^  lellrequiconslate  quelaplus 
grande  partie  des  additions  et  recli- 
lications  de  VAthenœ  O.vonienses 
de  Wood  est  de  lui-  et  enfin  l'abdica- 
tion de  Richard  Cromwell,  alleslant 
de  la  part  du  protecteur  Tintention 
de  se  souracltre  au  roi ,  signée  de  lui, 
et  lue  a  la  chambre  le  26  mai 
i65f).  Dans  le  tome  troisième  se  re- 
marcpie  surtout  l'article  ^z7>'//crt/  qui 
donne  nombre  de  renseignemenls  sur 
les  premières  Bibles  et  traductions 
de  la  Bible  impi  imées  en  Allemagne, 
cnPo'ogne,  en  Angleterre  ,  etc.  Le 
quatrième  est  riche  en  noies  sur  drs 
éditions  grecques  de  Venise  ,  de  Ro- 
me ,  etc.  Le  cinquième  est  consacré 
aux  traités  de  droit  civil  et  de  droit  ca- 
non, aux  décrétâtes  de  Grégoire  IX  , 
au  code  et  aux  instituts  de  .luslinien, 
à  des  recherches  sur  l'invention  et  les 
amélioralions  des  matières  k  écrire  , 
jiotamment  du  parchemin  ,  (jue  l'on 
allrlbueau  roi  de  Pergame  AllaleL'", 
et  (|ui,  comme  le  prouve  l'auteur, 
était  connu  long- temps  avant  la  nais- 
sance de  ce  prince.  Divers  extraits 
de  vieux  poètes,  d'anciens  sermonai- 
rcs,  des  indications  de  pamphlets,  de 
relations  de  voyages  ,  de  traités  ihéo- 
Jogiipies,  poli  tiques  ou  ;iulri's,  donnent 
au  sixième  volume  un  intérêt  non 
moins  vif  (ju'aux  cimj  (pii  l'avaient 
précédé.  Ou  rcgielte  de  ne  pas  trou- 
ver dans  ccl  ample  recueil  plus  de 
renseignements  sur  des  maiins(  iits 
orientaux  :  Beloe  déplore  lui-même 
celle  lacune  •  mais  réioignemeni  tie 
sir  ().  Ouseley  ,  sm  letpiel  il  a\ail 
compté  pour  celle  partie  de  son  tra- 
vail, le  força  d'y  renoncer.  Xll  Le 


ail- 


BEL 

C/itique  britannique  {F",  plus  haut) 
XIIL  Une  édition  du  Dictionnaire 
biographique,  en  société  avec  Guill. 
TooLe,  Morrison  et  Robert  INares, 
i5  vol.  in-3°.  XIV.  Divers  articles 
dans  le  Gentleman^ s  M agazine  et 
autres  ouvrages  périodiques.  XV 
Le  Sexagénaire  on  Mémoires 
d'une  lue  littéraire,  i  8  i  8.  Ce  sont 
ses  propres  mémoires,  publiés  après 
sa  mort  ,  par  un  de  ses  amis.  Il  avait 
composé  une  Parodie  de  la  déclara- 
tion des  Droits  de  t homme,  qui  fut 
imprimée  en  1795.  P — ot. 

BELSHAU  (W^iLLiAM),  his- 
torien anglais  ,  professait  en  politi- 
que l'opinion  du  constilulionnalisme 
et  du  -whiggisme  pur.  Ce  senti- 
ment respire  dans  les  divers  ouvrag 
({u'il  a  publiés,  et  Von  y  trouve  d'à 
leurs  du  talent  et  de  l'àme,  mais  non 
])as  toujours  l'impartialité  qu'on  dé- 
sirerait dans  les  [iroduclions  de  ce 
genre.  On  est  étonné  de  lire  dans  une 
brochure  sur  la  révolution  française  , 
publiée  par  lui  en  1791  ,  ces  mots 
élraniies   sur   un    liumine    illustre   : 

ce  Qu'est-ce    que  M.    Burke  ? » 

Sans  mentionner  plusieurs  écrits  sur 
les  lois  de  test  ,  sur  celles  des  p(Ui' 
vrcs ,  sur  la  révolution  française  ,  sur 
les  distinctions  entre  les  anciens  elles 
nouveaux  ivA/i,'A",  sur  la  réforme  par- 
lementaire, etc.,  nous  citerons  ses 
compositions  les  plus  considérables: 
1.  lassais  historiques  ,  politiques 
cl  littéraires  ,  1789,2  vol.  in-8"  j 
il  en  a  été  lait  plusieurs  éditions  IL 
Aie  moires  sur  les  rois  de  la  Gra/t- 
di'-Urrtagne  de  In  maison  de 
Ih'uns  wick-  Lunebourg  ,  1795,1 
vol.  in- 8".  Le  récit  ,  linissanl  h  la 
mort  de  Georges  II,  lut  continué  dans 
rouvragesuivanl.  111.  jMénioiressur 
le  règne  de  Georges  /II,  ^7^)^^  4 
\ol.,  (pii  furent  suivis  de  deux  autres, 
en    1801.   Ou    a    trouve   tjuc    Tau- 


tcur  .s'("st  monlic  loil  scvrrc  ;i  1  c- 
>/ari\  (le  \^  .  Plu  ,  .UKjiicl  il  allrilnic 
l'àmo  la  plus  hassi- ,  cl  donl  radiiil- 
lii.slralloii  lui  paraît  rxi'craMr  (si(- 
pvrlittivi'ly  ilclcstahlc  ).  L'hislo- 
ricn  rclourna  rnsullc  sur  ses  pas  ,  cL 
rciiionlanl  h  la  rcvolnlion  de  1688  , 
fil  paraître  :  W ,  L'Histoire  de  la 
Granilc-Brcl  ignc  depuis  cet  évè- 
neinenl  jusqu'à  l'avènement  de  la 
maisoîi  (f  Hanovre  ,  ^79^?  -  ^'o'* 
in- 8°.  Il  expose  dans  la  préface  les 
sources  abondantes  où  il  a  puisé  les 
fails  ,  rcconnaissanL  que  ce  sera  sa 
faute  si  sa  narration  est  aride  ;  mais  on 
n'a  pas  ce  reprociie  h  lui  faire.  J/in- 
troduclion  contient  un  aperçu  desévè- 
nements  survenus  sous  les  règnes  de 
Charles  II  et  Jacques  II.  La,  en  si- 
gnalant la  conduite  iudignc  du  pre- 
mier de  ces  princes  vendant  à  la 
France  sa  neulraiilé  moyennant  une 
pension  ,  il  s'efforce  de  juslilier  les 
intrigues  de  l'opposition  anglaise  ,  et 
la  distribution  de  l'or  français ,  faite 
avec  Tapprohalion  de  ces  patriotes 
si  renommés,  Sidney  et  Hollis.  «  Il 
s'agissait,  dit -il,  d'effectuer  un 
grand  dessein  politique,  qui  malheu- 
reusement ne  pouvait  pas  être  ac- 
compli par  des  moyens  plus  ouverts  et 
plus  honorables,  r.  I<cs  trois  précé- 
dents ouvrages  ont  été  améliorés  pnr 
leur  auteur  ,  et  réunis  en  \\\\  seul 
corps,  4-  vol.  in-4-°,  et  i  2  vol.  in-S". 
VI .  Belsham  est  mort  a  Londres^ 
le  17  nov.  1827,  âgé  de  76  ans. 
• — Belsham  (  77/o/;m.î) ,  ecclésiasti- 
que ,  frère  aînéderhistcr'en  ,  dirigea 
l'école  des  dissenters  de  Daventiy  , 
dans  laquelle  il  avail  fait  ses  éludes. 
Il  résigna  cet  emploi  en  1789,  après 
qu'il  eut  abandonne  la  doctrine  de 
Calvin  pour  adopter  celle  Acs  uni- 
taires ,  en  faveur  de  laquelle  il  parla 
du  haut  de  la  cliairc  et  exerça  fré- 
quemment sa  p'umc.  Parmi  ses e'crits 


RFJ, 


'iî.r) 


on  cite  piriiculièrcincnt  :  C\dni  J./i- 
qnit-y  ^  clr.  [I.xameti  iniparLidl  de. 
la  doririne  de  l' l'^ceititre  coiieer- 
naiil  la  personne  du  Christ^  etc.), 
181  r.  11  a  donné  une  traduction 
angl.iise  des  l'iptlres  de  fapoire 
saint.  Paul ^  avec  une  inlroduclion  et 
des  noies,  1822,  4  vol.  in-8".  Tho- 
mas l'elsliam  ,  qui  d(  sscrvail  a  Lon- 
dres la  chapelle  unilairicnne  d'Es 
sex-sireet  ,  est  mort  en  nov.  1  829  , 
a  Tà^c  dt-  80  ans.  L. 

BELTRAMELLI  (Joseph), 
lilléraliur,  né  en  1734-,  àBcrgame, 
d'une  famille  noble  et  opulente  ,  fut 
envoyé  jeune  a  Bologne,  y  cultiva  les 
lettres  et  les  sciences  sous  la  direction 
des  jésuites,  et  acquit  ^p  même  temps 
d'un  habile  peintre,  donl  il  frécpuntait 
l'alelier,  la  connaissance  àcs  règles 
et  de  la  pratique  des  arts.  Il  revint  dans 
sa  ville  natale  avec  le  pbis  vif  désir  de 
faire  partagera  ses  jeunes  compatrio- 
tes son  enthousiasme  pour  les  lettres 
et  les  arts.  Dans  ce  but,  il  recueillit 
des  tableaux  des  meilleurs  maîtres  , 
des  médailles  ,  des  livres  rares ,  àcs 
manuscrits  précieux,  et  mit  toutes 
ses  richesses  h  la  disposition  de  ceux 
qui  voudraient  en  profiter.  Une  telle 
conduite  ne  pouvait  manquer  d'exci- 
ter une  généreuse  émulation  5  cl  Ber- 
game  vil  bientôt  naître  et  croîlredc 
jeunes  talents  qui ,  snns  le  secours  et 
la  protection  de  Bellraraelli  ,  n'au- 
raient jamais  pu  se  développer.  Pas- 
sionné pour  Télude,  il  y  consacrait  les 
jours  et  les  nuits,  et  s'empressait  de 
communiquer  le  résultat  de  ses  recher- 
ches h  toutes  les  personnes  qu'elles 
pouvaient  intéresser.  Plusieurs  sa- 
vants lui  en  ont  témoij!;né  leur  recon- 
naissance,entre  aulre>;  Serassi  dans  sa 
Vila  di  Tasso  ;  IMorelli  dans  la 
Bibliot.  pinelliuna  ;  et  Tiraboschi 
dans  plusieurs  endroits  de  la  Storia 

délia  lellerni.   ilal.  Jaloux   d'au»- 

o 


526  BEL 

menler  encore  son  érudition  et  d'ac- 
quérir en  même  temps  de  nouveaux 
amis,  Beltramelli  résolut  de  visiter 
les  principales  villes  de  l'Europe.  Il 
demeura  deux  ans  à  Paris,  dans  la 
société  de  Diderot,  de  d'Alembert,  de 
La  Condamine  ,  de  Dorât  et  de  M"'* 
du  Boccacfe.  Il  se  rendit  ensuite  k 
Londres  où  il  selia  très-étroitement 
avec  Matj  ,  conservateur  du  Musée 
Britannique,  et  Maskelyne,  direc- 
teur de  rObservatoire  de  Greeuvich. 
Il  vit  aussi  en  Angleterre  la  cé- 
lèbre Angelica  Kaufmann  (  Voy.  ce 
nom,  XXII  2 59)  7  et  s'empressa  de 
payer  a  ses  talents  un  juste  tribut 
d'admiration.  Après  cinq  ou  six 
ans  d'absence  ,  il  revint  a  Bergame 
reprendre  ses  habitudes  studieuses. 
Ses  voyages  lui  avaient  occasioné  des 
dépenses  considérables  \  mais  avec  du 
temps  et  de  récononiie  il  pouvait 
espérer  de  rétablir  l'ordre  dans  ?,<à7, 
affaires.  Les  invasions  successives  de 
l'Italie,  durant  les  guerres  de  la  ré- 
volution, achevèrent  de  le  ruiner. 
Doué  d'un  courage  supérieur  a  la 
fortune,  il  soutint  sa  nouvelle  posi- 
tion avec  noblesse  ,  et  ,  quoique  dans 
un  âge  avancé,  sollicita  la  chaire  d'é- 
lo(juence  au  lycée  de  sa  ville  natale. 
Il  la  remplit  avec  autant  de  zèle  que 
de  talent,  jusfpi'a  la  fui  de  sa  longue 
carrière  ,  cl  mourut  en  1816,  Ji  8a 
ans.  On  a  de  lui  :  [.  Lcltere  sullc 
belle  arti^  lîcrgame,  1797.  II.  Dis- 
corso sulla  Iclleralui'u,  ih.,  1  8o5. 
L'auteur  n'y  (  ache  point  les  (lifTicul- 
tés  qu'on  rencontre  dans  la  carrière 
des  lettres  j  mais  il  montre  Ions 
les  avantages  qu'(ui  peut  retirer  de 
leur  culture,  lll.  Nolizir intornoml 
lin  qiui(ho  esislculc  nclln  i'a/>f>c//ii 
(Ici  Paluzzu  ilclla  Prc/rthini  in 
Dirf^amoy  1806.  ncltramelU  clier- 
clu'  a  prouver  ipie  ce  labUau  est  de 
LullU)  peintre  vcuilicu  y  et  uuu  pas 


BEL 

Lergamasque  ,  comme  on  l'avait  cru 
jusqu'alors.    IV.  Elogio  del  caval. 
Tiraboschi,ih\à.f  i8i9,in-8°.  Dans 
cette  biographie  ,   Beltramelli    cor- 
rige les   erreurs  de  ses  devanciers , 
et  donne  de  nouveaux  détails  sur  la 
personne  et  les  travaux  du  savant  au- 
teur de  l'Histoire  de   la   littérature 
italienne  (/^oy.  Tiraboschi,  XLVI, 
123  ).  Parmi  les  ouvrages  manuscrits 
de  Beltramelli,  on  cite  des  Disserta- 
tions sur  la  bibliographie  j  sur  les 
variantes  que  présente  un  manuscrit 
deVy^mintedu  Tasse  ,  qu'il  possédait 
dans  sa  bibliothèque  5  sur  l'anneau 
du  pape  Sixte  IP^,  arraché  de  son 
doigt  au  sac  de  Rome,  et  porté  k 
Naplesj  sur  la   mau\^aise  foi    de 
l'historien  Platina,  prouvée  par  sa 
Vie  du  pape  Paul  IV,  qu'il  déchira 
mort,  après  l'avoir  trop  loué  de  sou 
vivant  ,  etc.  Le  savant  P.  Moschini 
lui  a  consacré,  dans  la  traduction  ita- 
lienne de  la  Biographie  universelle^ 
un   article  dont  k  notre   tour   nous 
avons  profité  pour  rédiger  celui-ci. 
W— s. 
BELURGER  (  Claude  )  était 
un  savant  helléniste,  sur  lequel  on  n'a 
que  des  renseignements  incomplets. 
L'abbé  Mercier  de  Saint-Léger  con- 
jecture que  c'est  le  même  (|ue  Balur- 
gey  de  Dijon  ,  poète  oublié  dans  la 
Bibliothèque  de  lîourgogne,  et  dont 
on  connaît  une  ode  grecque  sur  la 
mort    de    Clian\'allon ,   abbé    de 
Saint- ^  ictor  (l\iris,   1  6  1  i ,  in-8"). 
Quoi  ([u'ilen  soit,  Belurger,  passion- 
né dès  son   eniauce   pour  la  langue 
grec{[uc  ,   vint  loi  l  jeune  1  étudier  a 
Paris,  et  y  fit  des  progrès  si  rapides 
(|u'il   surpassa  bientôt    ses    maîtres. 
Nommé  prolesseur  de  l)elle.«>-letlresau 
collège  (le  Navarre  ,  il  s'attacha  sur- 
tout k  tamiliariser  ses  élèves  avec  lu 
hiuiiue    de  Démosthènes    et  de  Pla- 
lon^    cl  il  parvint  k  les  mettre  en 


BEL  BEL  ''>!i7 

clat    de  souloiiir   jHil)li(|Ucnicnt    des  si/r  ÎTonirra  ,   aïKjiicl  il   travaillait 
thèses  en  ^rec,    clio.se  iiinsiu'e  dans  d<"j)iii.s  plusioiirs  aimces.    On  uc  con- 
ruulvcrsilé  de  Paris  ,   el    (jiii  projja-  iiaîl  de  lui  qirune  pièce  grecque  a  la 
Llemeiil  ne   s'est  pas  renouvelée  de-  louante  de  Gaulinin  ,  dans  sou  édi- 
puis.    Llranger  a  tous  les  usages  du  tion  du  Irailc  de  l'.scllus  ,    De  opc~ 
monde,  h  tous  les  devoirs  de  la  bien-  ralionc  Dirmonum  ^  Paris,   i6i5j 
,  séance  ,  lu'lur^er  ne  devait   qu'à   sa  et  une  nulrehla  lèle  des  7l7/i/6»/>'/r//,'^f 
profonde    érudition    Testirae  dont  il  d'iléliodore,  derédiliondeBoudelol, 
jouissait.  A  tous  les  anciens  auteurs  ibid.,  1619.  La  bibliothèque  du  roi 
ilpréférait  Homère,  cl  (pioiqueaforcc  possède  un  manuscrit  de  Belurger  : 
de  le  relire  il  eût  du  le   savoir  par  Tblius  cosmof^rûp/iiœ  et  geoi^ra- 
cœur  ,    il   Tavail   toujours  entre   les  /fhiœ    tractatio    (  Voy.    Monliau- 
mains  ,  même  'a  Téglise    où    il   s'en  con,  Bibl.  bibliol/iecar.j  11,  765). 
servait    comme   d'un    livre   de  prié-  J.  INicius  Erjlhra;us    (J. -Victor  de 
res.  11  ne  put  résister  au  désir  de  voir  Rossi)  lui    a   consacré   une    notice 
les  lieux  décrits    dans   l'Iliade  •    et  intéressante    dans   la   Pinacotheca 
avant  confié  ses  épargnes  aux  Cliar-  («o5,  éd.  de  Leipzig  ,   1712).  Elle 
treux  de  Paris,  leur  abandonnant  ses  a  été  traduile    en  français  par  Mer- 
fonds  après   sa  mort  ,  sous  la  cou-  cier  de  Saint-Léger  j  et  Barbier  l'a 
dition  qu'ils  lui  feraient  payer    pen-  insérée,  sans  songer  a  l'améliorer  ou 
dant  sa  vie  tou;j  les  ans,  partout  oii  à  la  compléter,   dans  son  Examen 
il  serait,    six  cents  écus  d'or  [cen-  critique  des   Dictionnaires  ^    97. 
teni  et  quingenti  aurei),  il  partit  W — s. 
de  Paris ,  résolu  de  n'y  revenir  qu'a-          BELZOIVI  (  Jeatj-Baptiste  )  , 
près  avoir  visité  toute  la  Grèce,  dont  célèbre  voyageur,   naquit  à  Padoue 
il  se  proposait  de  dresser  une  carte  en  1778  ,  (ils  d'un   pauvre  barbier, 
détaillée.    Il  avait   environ    5o   ans  plus  pourvu  d'enfants  que  d'argent, 
lorsqu'il  entreprit  ce  voyage.  S'étant  et  fut  destiné  au  même  métier.  Mais 
rendu  d'abord  à  Rome  ,  il  y  reçut  un  il  s'y  montra  peu  disposé.  Les  récits 
accueil  distingué  de  l'ambassadeur  de  de  voyages  avaient  seuls  le  privilège 
France     et  des  savants    auxquels  il  de  l'intéresser,  et  il  clail  tout  oreilles 
ne  manqua  pas  de  faire  connaître  ses  lorsque  ses  parents  entamaient  quel- 
projets.  Pendant  son  séjour  dans  cette  que  conversation  sur  Rome  ou  d'au- 
ville  eut  lieu  le  mariage  d'Ant.  Bor-  1res  grandesvilles  de  l'Italie.  Ccpen- 
ghèse  ,  neveu  du  pape  Paul  Y  ,  avec  dant  il  était  arrivé  a  Tàge  de  treize  ans 
Camille  Orsini.    Belurger  le  célébra  sans  s'être  éloigné  de  pius  d'une  demi- 
dans  un  poème  grec  dont  il  fit  lui-  lieue  de  Padoue  ,  lorsqu'un  jour  son 
même  la  traduction  latine  j    et  cette  père  l'emmena,  pour  lui  donner  une 
pièce    ne  fit    qu'ajouter  h  la  haute  récréation  ,    a  1  ermitage    du    mont 
idée  qu'il  avait   donnée  de  ses  ta-  Ortono  ,  non  loin  des  sources  iherma- 
lents.  De  Rome  il  se  rendit   a  Ve-  les  d'Abano.   Frappé  des  beautés  de 
nise  où  il  s'embarqua  sur  un  bâtiment  ce  site  pittoresque,  et  peut-être  aussi 
destiné  pour  Alexandrie  J  mais,  arrivé  de  l'aspect  des  ruines  qui  prouvent 
dans  celle  ville  ,  il  y  tomba   malade  que  les  Romains  n  ont  point  négligé 
et    mourut    (vers    1622  ),  laissant  les  Aquœ  Aponœ  ,    l'enfant  revint 
(juclques   manuscrits    qui    sont   per-  hors  de  lui-même  a  Padoue 5  et  le 
dus ,  entre  aulrcs  un  Commentaire  leudemaiu  a  la  pointe  du  jour  il  par- 


52»  BEL  BEL 

til  de  la  ville,  pour  revoir  le  paysage  tant  de  faire  ,  rasoir  et  savonnette  en 
enchanteur:  Antonio,  son  jeune  IVè-  raaiu ,   son  tour  d'Italie.    Ce  temps 
re  ,    raccompagna  dans  celle  excur-  vint  au  bout  de  trois  ans  5  peut-être 
sion  improvisée.  Malheureusement  ,  raème  n'attendil-il  pas  jdus  que  pour 
il  y  a  plus  de  deux  lieues  entre  Abano  sa  première  sortie  Vexent  paternel 
et  Padouej  et  déjà  Anlonin  se  plai-  pour  quitter  sa  ville  natale.  Cette  fois, 
gnait  de  la  fatigue  qui  devait  rendre  il  n'emmena  point  son  frère  ,  et  au 
son  retour  difficile  ,    lorsqu'un  voi-  bout  de  quelques  jours  de  marche  il 
lurier  passe  et  demande    aux  jeunes  fit  seul  son   entrée  dans  la  capitale 
gens   s'ils  veulent  aller  a  Ferrai  e?  du  monde    chrétien  ,    probablement 
BelzDni,  que  charmel'idéed'allerplus  sans  trop  savoir  de   quelle  manière 
loin  que  l'errailage  d'Ortono  ,  ne  fait  il  y  vivrait.  A  Tcnlendre  ,  il  s'y  livra 
aucune  difficullé  d'accepler  pour  son  très-spécialement  h  l'élude  de  l'hy- 
frère  et  pour  lui.   Probal)lement  il  draulique.  Le   fait   est    qu'cfFeclive- 
s'imaginait  que  l'offre  était  graluitc  :  ment   il  amusa  le   public  de  Rome 
mais,  une  fois  rendu  h  Ferrare  ,  le  par  quebpies  tours  empruntés  li  cette 
voilurier  exigea  de  l'argent;  et,  corn-  science;  mais  des  jongleurs  ne  sont 
me  notre  futur  voyageur  avait  oublié  pas  des  savants.  Belzoni,   comme  la 
de  s'en  munir,  il  les  dépouille  tous  plupart  de  ses  compatriotes,  possé- 
les  deux   de  leurs   vêtements,   lecr  dail  a  un  degré  remarquable  celle  vi- 
rend  quelque  menue  monnaie  pour  vacilé  d'esprit  qui  sait  se  plier  K  tout, 
solde  de  loiit  compte  ,  et  laisse  la  les  se  cramponner  h  tout,  et  trouver  par- 
deux  jeunes  aventuriers.  Jean-Baptisle  tout  des  expédients.  Biais,  la  comme 
élail  tout  consolé  ,  s'imaginant    déjà  ailleurs  ,  a  cbacun  son  étoile.  Belzoni 
être  bien  près  de  Rome,  et,  toujours  sans  doute  trouva  Irop  de  concurrence 
suivi  d'Antonio,  cheminait  le  plus  gai-  en  ce  genre  dans  la  ville  papale  ,  et 
ment  du  monde  dans  la  direction  de  il  finit  par  se  faire  moine  afin  de  ne 
cette  grande  ville.  Des  vovagcurs  les  plus  jeûner.  S'imagina-l-il,  dans  uu 
aperçurent  ,  et  curent  la  curiosité  de  de  ses  jours  d'iruinilion  forcée  ,  avoir 
les  interroger.  Le  résultat  de  cet  cxa-  de  la  vocation  pour  la  retraite  ?  Dans 
mcn  fut  de  recevoir  les  deux  frères  ce  cas  son  illusion  ne  fut  pas  longue; 
dans  leur  voiture,  de  les  conduire  jus-  cl,  novice,  il  délestait  di'jà  le  cloître 
qu'aux  Apennins,  et,  en  les  y  quittant  sans  oser  en  sortir  ,  lorsque  l'appari- 
pour  prendre  une  autre  roule,  de  leur  lion  des  Français  vainqueurs  changea 
laisser   une   petite  somme  d'argent,  la  face  de  l'Italie.  A  Rome  mèmequel- 
l^our  Jean-Baplisle  ,  avec  ce  viali-  ques  couvents  furent  sécularisés,  et 
que,  il  n'y  avait  plus  d'obstacle  pos-  Belzoni  se  hàla  de  jeter  le  froc  aux 
sible;  mais  Antonio  assis  sur  un  ro-  orties.   Mais    1  indépendance  ne  lui 
cher  appelait  il  grands  cris  ses  parents     dtjuuall  pas  plus  après  cju'avant  son 
cl    refusait  de  faire  un  pas  de  plus,      noviciat  les  moyens  de  ^  ivre  autre- 
Enfinlaconslancedcraîué  plia  (levant     ment  (pi'au  jour  le  jour.   Konic,  tpii 
le  désespoir  du  cadel  ,  et  Bidzoul  re-      avait  été  le  but  de  ses  vœux,  lui  odVil 
prit  Irihiement  la  roule  du  loit  paler-     si  peu  de  ressources  ,  qu'après  avoir 
nel.  On    devine  alsém^Mil  (pie   le    se-      usé  loules  ses  induslries,  il  reparut  h 
jour  de  Padoue  ne  lui  devlul  |)as  plus     ]\i(loue.IN'y  Irouvaiil  j^asnon  plus  l'a- 
agréable  après  ce  retour  involontaire,      liment  nécessaire  à  sa  mobilité,  à  son 
cl  qu'il  allcndil  impalicmmenl  lins-     besoin  d'aventures,  il  s'expatria  de 


iîi:l  bel  5^9 

nouveau  ,  c[  v'ml  clirrrlicr  de  l'occii-  femme  pour  le  Portugal ,  alors  occti- 

palion  en  Uollaiiilc  (  i  800).  Ce  (|ii'll  pé  p  ir  les  Aii«^!ai.s  ,  cl  tout  rempli  de 

y  lil ,  (ui  rij;n()re.  Saus  (louU'sauaïvelc  spectalciirs  propres  a  goûter  ses  la- 

11  alla  pas  jns(pi'a  pi'uscr  (pu-  les  IIol-  lents.  Arrive  à  Lisl)onnc  ,  il  va  faire 

lau'lais  avant  en  granile  estime  l'art  offre  de  services  an  directeur  du  lliéà- 

di  ri)vdrauli(pie  dont  ils  ne  sauraienf  tre  de  Saii-(;arlo,s.  A  peine  cet  iin- 

se  passer  ,  il  pourrait  leur  faire  agréet  prcsario  Ta  vu  ,  (ju'il  conçoit  Tidée  lu- 

ses   services:   les  Hollandais  étaient  mineuse  de  le  faire  paraître  dans  le 

bien  plus  capables  de  lui  donner  des  ballel-pantominic  de  iVmz.ço«  sous  le 

leçons  sur  cette  science  et  sur  toutes  nom  et  le  costume  de  ce  héros.  Jamais 

les  autres  qucd'cn  recevoir. Quoi  qu'il  l'Hercule  hébreu  n'avaii  été  plus  di- 

cn  soit  ,  au  bout  d'un  an  ,  il  reprit  le  gnement  représenté.  Le  caissier   du 

chemin  d'Italie,  d'où  il  repartit  en-  théâtre  rendit  plus  d'une  fois  grâce  à 

core   en    i8o5.   L'Angleterre   alors  l'inspiration  du  directeur.  Mais  cpiand 

était  le  but  de  son  voyage;  et  la  Hol-  les   prodiges  de  force  opérés  par  le 

lande  ne  lut  pour  lui  qu'un  lieu  de  géant   eurent    attiré    Lisbonne    tout 

passage.  Peu  de  temps  après  sou  arri-  un    carême,  il    fallut   encore    cher» 

vée  a  Londres  il  unit  son  sort  à  celui  cher    fortune    ailleurs.    Belzoui  alla 

d'une  jeune  Anglaise,  captivée  plutôt,  jouer  le  rôle  de  Samson  a  Madrid  où 

il  faut  le  croire,  par  les  avantages  de  les  Espagnols,  comme  leurs  voisins  , 

sa  figure  et  surtout  de  sa  taille  alhlé-  applaudirent  a  la  mise  en  scène  du. 

tique  que  par  ceux  de  sa  fortune.  Bel-  livre  des  Juges  ,  et  témoignèrent  leur 

zoMi  a  cette  époque  ,  non-seulement  satisfaction  ensepressantau  parterre, 

n  avait   rien,   mais  était  un  homme  Ces  diverses  excursions  avaient  dirnné 

sans  profession  et  sans  patrie.  L'at»  à  Belzoui  le  moyen  de  (aire  quelques 

teution  qu'excitait   partout   sa    sta-  économies.  11  résolut  de  les  consacrer 

ture  d'Hercule  lui  suggéra  l'idée  de  à  passer  en  Egypte,  et  il  se  rendit 

se   faire    voir    dans    Londres    pour  d'abord  h   Malle  où  était  alors  Is- 

de  l'argent.   Il  parut  sur  le   théâtre  maël-Gibrallar ,  agent  du  pacha  Mo - 

équestre  d'Aslley,  tantôt  en  Hercule,  hammed  -  Ali.    Intrépide    comme    à, 

taulôl  en  Apollon,  puis  se  mita  par-  son    ordinaire,  Belzoui,    ne  voyant 

courir  la  Grande-Bretagne,  mettant  dans  l'agent  qu'un  spéculateur  sur  un 

à  contribution  la  curiosité  publique,  autre  théâtre  ,  alla  parler  de  ses  ta- 

et  montrant  de  ville  en  ville  tantôt  lents  eu  bydrauli(pie  a  Ismaél  qui  , 

ses  tours  d'hydraulique  ,    tantôt  sa  sans  lui  rien  promettre  de  positif, 

force   musculaire.  En  Ecosse,  il  ne  l'engagea  pourtant  a  se   rendre   eu 

fit    guère   que    des    tours  de  physi-  Egvpte,  où  peut-être  le  vice-roi  lui 

que  ;   mais   les  résultats  pécuniaires  doiinerail  a  construire  une  machine 

de  ce  spectacle  ne  l'ayant  pas  salis-  pour  faire  passer  l'eau  du  Nil  dans 

fait,  il  y  joignit  en  Irlande  les  tours  ses  jardins  du  Caire.  C'est  sur  celle 

de  force,  et  ou  le  vil  s'avancer  sur  la  simple  invitation  que  Belzoni  n'hésita 

scène  portant  ou  traînant  a  sa  suite  pas  k  se  transporter  avec  sa  femme, 

une  vingtaine  d'hommes  attachés  à  son  cl  un  petit  domcsti(jue  irlandais,  dans 

corps.  Après  avoir   ainsi  exploité  les  une  autre  partie  du  monde,  au  mi- 

trois  royauuips,  Belzoni  n'ayant  plus  lieu  de  peuples  d'une  autre  religion, 

rien  pour  stimuler  raltenlion  eudor-  cl  dont  il  ignorait  la  langue.  Il  faut 

raie   de   John  Bull ,  partit  avec   sa  dire  que  pour  l'instant  il  n'avait  ni 


53o  BEL  BEL 

perspective,  ni  braucoiip  a  perdre.     l'Irlandais  eut  la  cuisse  cassée  ,  et  lui 
L»  vie  nomade,  d'ail'eurs  ,  pouvait     seul,   Be'zoni,  par  la  force   de  son 
seule  développer  ses  talents.  Son  ar-     bras,  putarrêter  l'impulsion.  Il  n'en 
rivée  en  Egypîe  ne  fut  pas  accompa-     fallut  pas  davantage  pour  indisposer 
j^iiée   d'auspices  flalleurs.    Dans  A-     les  Turcs,  aux  yeux  desquels  un  mal- 
icxandrie  régnait  la  peste.  Au  Caire  ,     heur  arrivé  lors  d'un  premier  essai 
un  Turc  ne  trouva  pas  qu'il  se  rangeât     pronostique    une    longue     suite    de 
assez  vile  sur  son  passage,  lui  chien  de     malheurs  ;   et  Mohammed  n'osa  pas 
Chrétien,  et  le  battit,  le  blessa  même,      choquer  la   superstition  de  ses  fidè- 
Puis    les    troupes  ^    suivant    l'usage     les  amis.   Cet  échec  auquel  eût    du 
d'Orient,  se  mutinèrent ,  et  il  fallut     s'attendre   Belzoni  ,    mais   qui   n'en 
garder  la  maison  pour  ne  pas  être     était  pas  moinspour  lui  un  mécompte 
lue  ;  circonstance  d'autint  plus  désa-     cruel,  fut  un  incident  heureux  pour  la 
vantageuse  a  notre  1,'ros  qr,o  dais  les     science.    Deux   consuls    européens, 
corameucenienls  il  é!:.il  réiuit  pour     MM.    Drovelti    et    Sait,    faisaieut 
vivre  à  exercer  le  méli{r  de  danseur,     alors  fouiller  le  sel  de  l'Egypte  pour 
Cependant  au  milieu  de  cetle  sll^le  de     en  explorer  les  antiquités  cl  tonnaient 
désappoiutenienls  ,    Be  zoni  avait  été     ces  belles  et  riches  collections  qui  de- 
présenlé   à    Mohammed    en    quaUté     puis  ont  eu  des  gouvernements  pour 
d'in"^énieur  ;  et.  comme  si  toute  .^A  vie     acquéreurs  ou  pour  imitateurs.  Mais, 
il  eut  construit  de  graucies  machines  ,     la,  comme  sur  un  terrain   plus  vas- 
il  avait  promis  de  remplacer  le  travail     te,   les  deux  diplomates  semblaient 
pénible  et  lent  de  l'arrcsage,  qui  jus-     jouter  a  qui  aurait  les  morceaux  les 
qu'î.îors  avait  été  fait  par  des  bœufs,      plus  rares;  et  la  jalousie  qu'inspirè- 
dans  les  jardins  du  vice-roi  a  Soubra,      renl  si  souvent  a  la  France  et  h  1  An- 
prlîs  du  Nil,  par  une  machine  hydrau-     glelerre  leurs  iuléréls  contemporains 
lifjue.  En  erfel,  sa  machine  fut  assez     s'exerçait  dans  cette  terre  d'Egypte 
rapidement   conslruile  ,  et,  s'il  faut     sur  les  antiquités.  T.eaucoup  d'ilalicns 
s'en  rapporter  a  Belzoni,  le  niéca-     surtout  étaient  employés  par  l'un  et 
nisme  en  était  parfait  ;  ce  dont  il  est     par  Tautrc  consul  a  cesinvestig:ilions 
pi-rmis  de   douter.   Le   fait  est  (pie     parfois  périlleuses  ,  toujours  fatigan- 
Mohammed  ,  devant  qui  l'expérience     tes,  el  où  souvent,  pour  arriver  a  des 
fui  faite  ,   montra  bientôt  un  dégoût     résultats  un  peu  remarquables  il  fal- 
prononcc  contre  les  innovations  iiy-     lait  unir  a  la  tcieuce  de  la  sagacité  , 
drauH<jucs  et  que,  après  un   instant     de  la  promptitude  d'esprit.  Belzoni 
de  répit  ,  les  bœufs  reprirent    leurs     avait  ces  dernières  (pia'ilés  au  degré 
fonctions.    Au   reste   Bel/oui,    dans     le   plus  énânent,   et  grâce  à  elles, 
sa  relation  ,   explicpic   la  clh'se   a  sa     bientôt  la  science  devait   lui  venir, 
gloire  en  di>ant  (pie  le  pacha  d'abord     8'étant  présenté  a  IVL   Sait,   il   lui 
ravi   de   rexpéiieuce,   au  succès   de     inspira  par  son  p!iysi(pie  et  par  sou 
la(pirllc  rien  n'avait  ni.uupié  ,  s'était     langage  assez  de  confiance  pour  (|u  il 
avisé  de  faire  monter  ipiin/e  hommes     Je  chargeât  d'enlever  et  de  lran>poi- 
avecsonpelll  Irlani!aisendedans,prè,s      ter   juMprau   pal    d'Alexandrie   l'e- 
du  grand  rouage  ,  afin  de  voir   (pul     rorme  buste  colossal   eu  granit  rose 
etVa  cela   produirait.    Ces  hommes,      de   Meranon  le  jeune ,   »|iii    gisait    a 
dès  (pie   la  machine   l'ut   en   mouve-      moitié  enseveli  dans  les  sables  sur  la 
ment ,  tremblèrent  ,  voulurent  fuir  ;     rive  gauche  du  JNil.   Des  lors  corn- 


BEL  BEL  5ît 

inonr.i  pour  "nrl/onl  la  nouvelle  car-  roninnlcr  le  Nil  aii-dcla  des  liinitcs  do 
ncri-  dans  la(juclk'  il  di'\ail  m*  vi^na-  iKi^Yptc  picprcmciil  d  le  ri  de  (K'- 
1er  avec  <$clat.  Vélii  h  la  liiripic  ,  il  harrasser,  des  colline»  do  sable  (jni 
s  en  fo  lue  dans  la  vallée  de  llîj^vple  ,  n'en  lai.ssaienl  h  jj;rand'p(ine  aperce- 
arrivc  aux  ruines  de  celle  snperhc  voir  (jue  la  sommilé,  le  nia<5i)i(i(|nc 
'J'iiebes  (pii  eu!  cenl  p.irles  ,  cl  donl  leniple  (ri'J)sand)ol.  lîelznni  ariiva 
(pialie  iniséiaMes  villages  sur  l'un  et  liienlôl  dans  la  liasse-lNnbie  ;el,  nial- 
1  aiilie  boni  du  ilcnve  occupent  Tein-  gré  les  ohilacles  (pic  lui  ofliaicnt  de 
jilacenicul,  rrtssemhlc  les  pauvres  lel-  toutes  paris  des  hordes  pillardes  et 
lalis  (  t  li\s  fui  travailler  sons  ses  or-  sauvages,  il  eut  l'arl  de  nielirc  h  fia 
dres  avec  une  gravité  de  cadi.  Tout  son  entrep;isc.  Grâce  h  son  adresse 
en  gourin.tndaul  ses  ouvriers  ,  il  cl  un  peu  a  son  injposanle  s'alure  , 
s'iniliait  a  la  science  drs  anliipiités  les  uns  prirent  une  part  active  aux 
éi^vpiieunes  (quel  plus  riche  nuisée  travaux  ,  qu'il  dirigeait  en  personne , 
que  celle  plaine  scniée  de  décombres  les  aulres  tolère  rent  ces  déblaiements 
de  tous  les  siècles)!  et  il  apprenait  donl  ils  ne  concevaient  pas  la  rai.sou  , 
Tarabe  ,  cl  le  copie  ,  langues  usuefles  ou  qu'ils  attribuaient  au  désir  de  s'ap- 
du  pays.  Il  en  sut  bientôt  plus  qu'il  proprier  les  trésors  cachés  dans  les 
ne  lui  en  fallait  pour  diriger  le  travail,  cryptes  des  monuments.  Tant  de  per- 
Soiivent  aussi  le  bàtou  dans  sa  main  sévérance  fut  récompensée  ;  après 
suppléait  a  ri'usuffisance  du  langage-  avoir  découvert  un  temple  d'AHhor, 
et  même  quelquefois  saisissant  un  de  que  ses  dimen>ions  moins  gran- 
ses  Arabes  par  la  nuque  ,  il  s'en  ser-  des  avaient  laissé  ensevelir  tout  en- 
vait  comme  d'une  arme  pour  en  lier  dans  les  sables  du  désert,  et  qui 
frapper  les  autres.  Ces  moyens  ,  avait  été  déciié  h  la  déesse  Isis  ,  par 
de  l'argent  et  un  firman  avec  la  la  ierame  de  Ramsès-le-Grand  ,  Bel- 
taille  imposante  de  Belzoni ,  inipri-  zoni  cul  Tbonueur  de  pénétrer  lepre- 
maieut  une  vénération  et  une  terreur  mier  dans  le  grand  temple  ,  exca- 
profondes  aux  manœuvres  qu'il  em^.  valion  immense  et  qui  suppose  un 
ovait  a  déblayer ,  a  remuer  le  co-  travail  dont  s'efFraie  l'imagination, 
osse.  Enfin,  a  force  de  temps  ,  de  Quatre  énormes  colosses  assis,  de 
patience,  de  menaces  et  d'inlelli-  6  r  pieds  de  hauteur,  représentant 
gence  ,  le  gigantesque  simulacre  fut  Ramsès- le- Grand  (ou  Sésostris), 
embarqué  sur  le  ÎSil  ;  et,  du  port  en  décorent  la  f;icade.  La  première 
d'Alexandrie  où  Ton  se  pressa  pour  salle  de  riutérieur  est  soutenue  par 
l'adinircr  ,  il  fut  expédié  à  Londres  huit  piliers  auxcpiels  sont  adossés  au- 
où  il  esl aujourd'hui  nu  descirnemenls  tant  de  colosses  de  trente  pieds  ,  re- 
du  Musée  brilanni(jue.  Cet  exploit  ,  présentant  aussi  Ramsès-le-Grand  • 
car  c'est  le  nom  (pi'd  faut  donner  a  et  une  file  de  grands  bas-reliefs  bis- 
un  succès  dout  jusipi'alors  Tlùirope  toriijues  sur  les  parois  delà  sa'le  offre 
n'avait  point  eu  d'exemple  ,  désigna  le  tableau  des  conquèles  de  Pharaon. 
Belzoni  a  la  considération  du  monde  Seize  aulres  salles  non  moins  belles 
«avant.  Ce  n'était  sans  doute  pas  un  non  moins  riches  en  bas-reliefs  (  mais 
fort  habile  auliqealre^  mais  personne  ceux-ci  ont  trait  a  di-s  particularités 
mieux  (pie  lui,  si  l  on  nous  pardonne  religieuses),  et  dontles  couleurs  ap- 
celteexpression  triviale,  ne  flairait  les  plique'es  aux  sculptures  ont  conservé 
monuments.  M.  Sait  lui   proposa  de  leur   éclat  primilif,  conduisent  a  un 

34. 


l 


532 


BEL 


sanctuaire  ,  au  fond  duquel  sont  as- 
sises quatre  belles  statues  plus  fortes 
que  nature.  La  muUijilicilé  des  ima- 
ges sculptées  de  Pv.amsès  démontre 
assez  que  la  fundatiou  ou  pour  mieux 
dire  l'excavation  du  temple  remonte 
au  temps  de  ce  Pharaon,  ou  du  moins 
aux  temps  qui  ont  immédiatement 
suivi  sa  mort.  Aussi  les  bas-reliefs 
dont  est  décorée  la  surface  de  ses 
murailles  ont-ils  fourni  des  documents 
précieux  pour  rhisloire  d'Egypte.  11 
est  malheureux  que  les  sables  du  dé- 
sert,  conlinuclleraent  apportés  par 
les  vents,  s'accumulent  derechef  a 
l'entrée  des  excavations  et  nécessitent 
a  chacjue  tentative  que  Ton  fait  pour 
y  pénétrer  de  nouveaux  déblaiements. 
Encouragé  par  ce  succèi; ,  d'autant 
plus  glorieux  que  MM.  CaiUiaud  et 
Drovetli  ,  l'anuée  d'auparavant  , 
avaient  trouvé  le  temple  et  en  avaient 
signalé  l'existence,  mais  sans  pouvoir 
y  pénétrer,  Belzoni  ,  a\aut  de  ren- 
trer au  C  lire  ,  voulut  encore  tenter 
queltpic découverte  importante.  Déjà, 
pendant  les  travaux  ([u'il  laisait  exé- 
cuter pour  la  translation  du  Memnon, 
visitant  les  hypogées  de  Gournah  , 
qu'occupent,  qu'exploitent  d'avides 
Arabes  dont  le  feu  n'est  alimenté  que 
par  le  bois  et  le  carton  des  cercueils 
des  momies,  il  s'était  dit  (pie  ces  an- 
fractuosités  rocailleuses,  si  prcfoudé- 
ment  creusées  jadis  par  la  dévotion 
^'gyplieuue  (jiii  les  métamorphosait  en 
CimetitTes  ,  dev.iienl  encore  receler 
dans  leurs  flancs  des  souterrains  inex- 
plorés. I\em|)li  de  celte  idée  cpii  le 
poursuivait  dans  tous  ses  voyages,  il 
vint  s'établir  dans  la  vallée  de  liibau- 
El-Molouk  (  tombeaux  des  rois) ,  er- 
rant, courant,  cherchant  parloiil. 
Tout  h  coup  une  fissure  dans  le  roc 
frappe  ses  regards  :  il  s'y  arrête  , 
l'examine  de  plus  près,  et  ,  où  cent 
autres  n'auraient  ricuvu,  ilrciuarcjuc 


BEL 

quelques  traces  de  travail.  Sur  le 
champ  ,  il  s'efforce  de  l'élargir  :  les 
pierres  s'écroulent,  et  il  se  trouve  a 
l'entrée  d'une  lougue  allée  dont  les 
murs  couverts  de  sculptures  et  de 
peintures  relatives  a  la  religion  et 
aux  cérémonies  funéraires  ne  peuvent 
manquer  de  conduire  au  tombeau 
de  (juelque  grand  personnage.  Sans 
doute  l'Egypte  moderne  fout  entière 
ignore  ce  tombeau  ,  car  nul  pied  hu- 
main,  depuis  des  siècles,  n'a  foulé  la 
voie  où  marche  Belzoni.  Tandis  qu'il 
s'enfonce  dans  le  souterrain,  une  es- 
pèce de  fossé  ,  bordé  par  un  mur  , 
lui  barre  le  passage  et  paraît  lui  dire 
que  là  se  termine  le  monument ,  qu'il 
est  inutile  de  vouloir  aller  plus  loin. 
Mais  l'investigateur,  familiarisé  avec 
toutes  ces  petites  ruses  de  l'architec- 
ture sacrée,  franchit  le  fossé,  découvre 
au  mur  une  ouverture  qui  bientôt  lui 
sert  de  passage  et  arrive  h  la  salle 
du  tombeau.  Là,  un  sarcophage  d'al- 
bùtre  de  neuf  pieds  de  longueur  , 
couvert  .sur  tous  ses  pans  d'hiérogly- 
phes et  de  bas-reliefs  dont  la  magni- 
ficence, non  moins  que  la  forme  même 
de  la  sépulture,  aunoncentla  dernière 
demeure  d'uu  roi  ,  semble  conserver 
une  momie  auguste.  Mais  Belzoni  eu 
s'approchant  s'aperçoit  que  le  cer- 
cueil est  vide.  Des  Arabes  ont  déjà 
pénétré  dans  cet  hypogée  par  une  au- 
tre voie  ,  et  ont  pillé  le  tombeau  ,  il 
y  a  des  siècles  peut  être  ,  comme 
iUl/oui  l'eût  pille  s'il  fût  venu  le 
premier.  Il  icsiail  pourtant  encore  un 
inagnilupie  butin  a  laire.  Belzoni  se 
liàle  d'enlever  le  sarcophage  d'al- 
bâtre, de  jirendre  des  copies  des 
(léi  oratious  du  souterrain,  et  de  re- 
cueillir tous  les  documents  h  l'aide 
(lescpiels  on  pourra  exécuter  un  mo- 
dèle de  cet  hypo:;ée.  Ce  modèle  long- 
temps exposé  à  l*aris  et  a  Londres  , 
a  douuc  lieu  dans  les  doux  contrées  à 


dt\s  solulions  (liiïrrcnlcs  :  siilvani  Va-  l'avait  iiivilc  ii  ciil reprendre  ([ii('l(|iics 
ilnitalisle  ani;'als  Yoting,  ce  sarco-  lonlllcs  an   pied    des   faraudes   pyra- 
plia^c    coMlenait    les    restes   du     roi  inidcs    de    (ilii/.eli.    IN'cspéranl  sans 
Psaininiilliis  (uii   occupa  le  Iroiic  un  donle  pas  trouver  de  cpioi  se  dédom- 
an,   en  jyO  et  .îyB  avanl  .I.-C.  ;  au  Jiiagerde  ses  ialijnies,  lîel/.oni  n'avait 
contraire,  selon  Clianipoilion  jeune  ,  donné  aucune  siiileaces  ouvertures, 
cemnnnmenlantérieur uièineariiypo-  L'expérience  (ju'il  avait  ac(piise  dans 
gée    de    llarnsès-IMcVainonn    était  la  ses  deux  précédentes  expéditions  clian- 
tonil)^'  du  roi  Ousiréi ,    (ils  de  Ixani-  r;ca  sa  manière  de   voir:  rémulalion 
^ès  P*".  De  la  vallée  de  Bil)an-El-?>lo-  ^'en  rjièla.  Un  de  ses  compatriotes, le 
louk,  Belzoni  se  dirij^ea  ensuite,  non  capitaine  Cavi:j^lia  ,  venait  de  se  faire 
pas  comme  il   le  dit   par  mé^arde  au  descendre  a  Pénorme   profondeur  de 
sud-ouest  et  a  Touest  ,  mais  au  sud-  2  60  pieds  dans  le  puits  de  la  grande  py- 
estetàPest,  vers  l'ancienne  Tro^lo-  ramide,  celle  dont  tant  de  voyageurs 
dyU(jue  et  la  Mer  Uouge.  Il  en  suivit,  ont    donné    les   dimensions.    Renon- 
les  côtes    quehpie  temps ,    et  enfin,  c ml  a  explorer  ce  que  Caviglia  pou- 
arriva  par  25"  5o'  de  latitude    nord  vait   regarder  comme  son  domaine, 
à  un    amas  de  ruines  qu'il    regarda  Bclzoni  résolut  de  pénétrer  dans  la 
comme  l'antique  Bérénice,  cette  ville  seconde  pyramide,  celle  deCbephren 
où  ,  suivant  les  anciens  ,   il  n'y  avait  autour  de  laquelle,  depuis  des  siècles, 
pas  d'ombre  au  solstice  d'été.  On  sait  tournaient    les  curieux  sans  pouvoir 
quM  ne  faut  pas  prendre  ces  asser-  en  pénétrer  les  mystères  ,  et  qui  de 
lions  a  la  lettre  ,  puisque  Ton  en  disait  temps  immémorial  n'avait  été  visitée 
auîant  d'Ossouan  (Svène)   qui  est  un  par  des  êtres  vivants.  C'est  dans   la 
peu   plus  au  nord.    Bérénice  est  au-  relation  même  de  Bclzoni   qu'il  faut 
jourd'lmi   entièrement  déserte  ,  mais  lire  les  détails  de  cette  opération  dif- 
ou  reconnaît  encore  la  direction  de  ses  ficile  ,   des  dangers  qu'il  courut  ,    du 
rues.  Belzoni  trace  la  circonscription  cliagrin  qu'il  éprouva,  lorsqu'il  s'aper- 
de  la  ville   qui  présente  une  ellipse  eut  qu'il  avait  entamé  le  colosse  par 
parfaite,   en  y  comprenant  le  port,  le  mauvais  côté  ,    enfin    des  moyens 
et  qui  n'a  que  deux  mille  pieds  an-  (jn'il  employa  pour  rectifier  son  er- 
glais  de  longueur,  sur  une  largeur  de  reur,  et  du  succès  qui  récompensa  ses 
seize  cents  5    au  milieu  existe  encore  efForts.  Comparant  sans  cesse  l'exté- 
un  petit  temple  égvplien  couvert  de  rieur  de   sa    pvramide  a  celui  de   la 
sculptures  et  d'hiéroglyphes,    n-ais  pvramidede  Chéops ,  ilfinit  par  trou- 
presque  entièrement  caché  par  les  sa-  ver    l'étroit    passage    qui    ccmduisait 
blés.    Nous  devons    ajouter   (pi'il  ne  dans  l'intérieur  ,    et  de  corridor  eu 
reste  plus   aucun  doute  raisonnable  coriidor,   de  puits  en  puits ,    il  par- 
sur  l'identité  de  ces  ruines  de  l'an-  vint   a  la  chambre  sépulcrale  ,     où 
cienne Bérénice.  Au  reslecctte  courte  comme  a  Biban-ni-^Iolouk  s'él»;vait 
excursion    sur  le  littoral  delà  Tro-  un  sarcophage.  Mais  les  ossements, 
glodvliijuc  compte  a  peine  parmi  les  car  celui-là  n'était  pas  vide,  furent 
titres  de  gloire  de  Belzoni.    Revenu  nconnus  pour  avoir  appartenu  à   uu 
au  Caire,  où  l'avait  précédé  le  bruit  boMif.  Aiuvi  tombèrent  les  assertions 
de   ses    deux    découvertes    piincipa-  d'IK'roilole  ,   chez   qui   on   lit  que  la 
les,    il   trou, a   un  nouvel   emploi  a  j)vraniiile  de  Cliépbren  n'a  point  servi 
faire  de   son  activité.    Déjà  M.  Sali  de  tombeau  ,  a  moins  qu'il  n'ait  voulu 


634 


BEL 


dire  seulcraenl  que  nulPbaraon  n'y  a 
rlé  déposé.  Ainsi  cessèrent  toutes  ces 
conjectures  et  cl'S  rêveries  sur  lades- 
linalion  scientifique  des  pyramides  : 
il  semble     qu'au  moins    la  seconde 
avait  élé  bâtie  uniquement  pour  re- 
celer  les  resles    de   quelque   Apis. 
JMempbls  d'alUeuis  était  par  excel- 
lence la  métropole    du  culle  que  le 
peuple   rendait   a   ces    incarnations 
d'Osiris;  et  ce  qui  prouve  que  le  fait 
annoncépar  Belzoni  ne  futpolutisolé, 
c'est  que  dans  la  suite,  en  examinant 
les   pyramides  de    Sa^^arah  ,    on  a 
trouvé  dans  une  d'elles  un  crâne  de 
bœuf.  Toutefois  on  pourrait  supposer 
que   l'auteur   de  la   pvraraide  avait 
voulu  se  faire  déposer  dans  le  monu- 
ment avec  le  bœuf  divin  :  c'eut  élé  la 
plus  baute  forme  de  sépulture  boo- 
morpliûjue,  et  un  mojen  assuré  deré- 
dulre  le  nombre  (.ïvs  trois  mille  trans- 
migrations imposées  a  ràine  iiumaine, 
après  (ju'tlle  a  quitté  le  corps.   On 
voil  (usuileBelzo ni,  qui  a  de ja  traversé 
le  Faïoum  ,  le  lac  JMœris  ,  les  ruines 
d'Arsinoé,  s'enfoncer  de  plus  en  plus 
dans  les  sables  de  la  Libye  ,  arriver 
h   l'oasis  d'El-Cas.^arj   ([u'il   croit 
être  l'oasis  d'Amoun,    tremper    ses 
mains   dans    la  fontaine    du    soleil. 
Peu   de    temps   après    ce    nouveau 
succès,   Bel/oui  quitta  l'Egypte  où, 
(lisait  il ,  sa  vie  n'était  j)as  en  sûreté, 
et    où    b  s   consuls  refusaient    de  lui 
rendre  justice.    Il   est    probable  (juc 
ses    plaintes    irétaicnl    pas  iondées  : 
ses  griefs  se  rédui>aienl  pour  l'ordl- 
n.'iireàde»  altercations  plus  ou  moins 
vives  avec  l<s  aj:;<  nts  ou  les  pr()té«;és 
(lu  consul  Drovelli.  Habitué  à  se  faire 
obéir  (les  iVllalis,  B«l/oiii  >ans  doute 
mon  Irait  fort    peu  d'é«:,ard   pour  ses 
concurrents-  el,  traitant  les  Européens 
comme  les  Arabes  ,  les  cliassait  sans 
luén.p'rmi-nl  dr  son  Icnain  ;  C(  ux-ci 
lui  ruudaicuL  la  pareille  dès  «ju'ili 


BEL 

en  trouvaient  l'occasion.  De  la  des 
intrigues,  force  accusations  mutuel- 
les, parfois  des  rixes  j  et  les  consuls, 
fort  embarassés  de  savoir  auquel  en- 
tendre, se  bornaient  la  plupart  du 
temps  a  recommander  la  paix  aux 
partis  rivaux.  Belzoni  n'entre  que 
trop  souvent  dans  le  détail  de  ces 
misérables  querelles  que  la  moindre 
circonstance  suffisait  pour  envenimer, 
et  dont  le  tableau  est  loiu  d  honorer 
ces  aventuriers  qui  vont  chercher  for- 
tune en  Orient.  A  l'en  croire,  deux 
Arabes  au  service  de  M.  Drovetti  es- 
sayèrent de  l'assassiner.  Il  les  saisit 
en  même  temps  tous  les  deux  sous 
chacun  de  ses  bras ,  et  les  serra  si 
fortement  qu'il  fut  près  de  les  étouf- 
fer. C'est  ce  fait  qu'il  dénonça  vaine- 
ment. Irrité  du  déni  de  justice  qu'en 
lui  fit  éprouver,  il  seremJ;arqua  pour 
l'Europe  avec  sa  femme  qui  l'avait  ac- 
compagné dans  une  partie  de  ses  ex- 
cursions h  Rosette,  au  Caire,  à  Clli- 
zeh,aTllèbes,àO'.')Souan,hEbsambol, 
hElélantine,K  Philœ,  et  qui  plus  d'une 
fols  el'e-même avait  joint  ses  observa- 
tions h  celles  de  son  mari.  On  était 
alors  en  sept.  1819.  Il  passa  d'abord 
quelque  temps  a  l'adoue  et  fit  pré- 
sent h  sa  ville  natale  de  deux  statues 
de  granit  a  tète  de  lion.  La  ville  les 
lit  placer  au  p;!lais  de  justice  el  fra])- 
pa  en  l'honneur  du  célèbre  voy.;geur 
une  médaille  gravée  par  I^laulredini, 
el  (|ui  portait  son  nom  v\  une  uk  nti('n 
de  sou  présent.  L'Angleterre  ,  (ju'il 
avait  servie  avec  tant  d'éclat  el  de 
boidieur,  le  réchuua  cusuile.  C'est  la 
(pi  il  alla  recueillir  les  lémoignages 
d'estime  que  lui  décernait  l'opinion 
])ubll(|ue,  el  mellie  au  jour  larelatiun 
de  sou  voyage  ou  plutt')t  de  ses  voya- 
ges, sous  le  litre  (lei^  iinalivco/'t/w 
i>l>crutiofi  uni/  n'icnl  iltscovi'rics 
w  (Il  llw  i>)  luiniuls  ,  tt'inplcs  , 
fomùs  and  cicuvation  in  Jbfijpt 


BEL 


liEIi 


535 


aîid  huhitt  ,  <tntl  of  a  journv)'  to 
tlie  coast  ojlhc  licad  Sca,  «te. 
(liécil  {1rs  travaux  rUlrsilciom  l'rlcs 
récentes  (iiii  oiiL  eu  iiour  objets  les 
pvramiiles,  temples,  lombes,  exca- 
vations taiil  de  i  Kgvple  que  (le  la 
ISnbe,  et  d'uu  voyage  h  la  côle  de 
la  Mer  Iloii^^e,  elc),  Londres,  i8ii  i, 
avec  allas,  in-lolio  ,  de  44-  planches 
enluminées.  Cel  ouvrage  est  a:>sezi 
l)ien  écrit,  pour  que  Ton  j)ense  (pie 
les  noies  de  lielzoni  oui  été  mises  en 
œuvre  par  des  hommes  moins  novices 
que  lui  en  Hlléralure.  L'année  sni- 
vaiile  (1822)  ,  il  fui  engagé  a  faire 
au  cœur  de  TAfrique  équluoxiale  une 
de  ces  Icnlalives  pcrdieuses  où  tant 
de  voyageurs  ont  trouvé  la  mort. 
Personne  plus  que  lui  ne  présentait 
iine  réunion  des  qualités  nécessaires 
à  la  réussite  de  ces  projets  hasardeux. 
Sa  haute  taille,  sa  vigueur,  son  ac- 
tivité, la  sagarilépeu  commune  qu'il 
avait  déployée  dans  ses  courses  en 
Egypte ,  la  connaissance  qu'il  avait 
de  la  lani^ue  arabe  ,  et  celte  facilité 
avec  laquelle  il  se  mettait  eu  rapport 
avec  les  uo-mades  et  les  Fellahs  de 
l'Orient,  tout  autorisait  acroire  que 
cette  fois  encore  il  accomplirait  son 
dessein.  Son  plan  était  plus  vaste  que 
ceux  des  voyageurs  qui  l'avaient  pré- 
cédé. Il  de\  ait  d'abord  pénétrer  par 
le  norddel'Afriquo  jusqu'à  cette  mys- 
térieuse vile  de  Tombouctou,  que 
jusqu'alors  nul  Européen  n'avait  vue  5 
puis  de  la,  se  dirigeant  sur  le  Scn- 
iiàr  ,  entrer  dans  la  Haule-Kubic  et 
redescendre  avec  le  ÎSil  dans  celle 
Egypte  qu'il  avait  si  heureusement 
explorée.  A  la  fin  de  1822  ,  il  était  a 
Gibraltar  :  Tanger,  puis  Fez  le  virent 
Lienlôl  dans  leurs  murs.  L'empereur 
de  Maroc  :  et  surtout  son  premier 
ministre  Sidi-Iîenzezoul  l'accueillirent 
avec  toute  la  distinclioii([ue  luiméri- 
laienl  les  recommaudaliouscousulai. 


resct  lagràceimposaulc  aveclafpiclle 
il  porl.iil  If  turban.  Il  obtint  bien  vile 
la  pei  mission  de  faire  partie  d'une 
cara\ane  ipii  sou.s  peu  de  jours  allait 
se  mellrc  en  frarche  po'jr  Tombouc- 
tou. Une  altercation  aiialogueacelles 
qui  l'avaient  décidé àquitU-r  l'Egvple 
vint  déranger  loules  ces  condiinai- 
sons.  La  permission  fui  ou  révoquée 
ou  éludée  5  prolîablcinent  dans  les 
commeuccmeiils  ilniitlropde  raideur 
dans  ses  relations  avec  «  certains 
«  agents  qui  abiisaienlde  leur  autorité 
ce  pour  faire  sentir  leur  colère  a  un 
ce  étranger  sans  défense,  qui  croyait 
te  au-dessous  de  sa  digiiilé  de  ramper 
ce  devant  eux.  »  Plus  tard  .  il  usa  de 
souplesse  5  mais  ces  démonstrations 
tardives  ne  réussirent  pas,  même  a 
l'aide  du  métal  puissant  (jui  ouvre 
toutes  les  portes  et  toutes  les  oreilles 
en  Orient:  on  prit  sou  argent ,  et  l'on 
éluda  SCS  doléances.  Enfin  ,  après 
avoii'  perdu  a  Fez  cinq  mois  etmi*'e 
livres  sterling ,  Belzoni  revint  a  Gi- 
braltar, mocifiant  du  tout  au  loulle 
plan  de  sa  roule  ,  et  décidé  a  débar- 
quer  sur  la  cote  de  Guinée  pour  se 
rendre  de  ce  pays  a  Tombouctou  et 
aux  sources  du  ÎS'iger.  Le  climat 
meurtrier  de  la  Guinée  lui  présentait, 
il  est  vrai,  u.i  obstacle  ("orraidable  : 
m  lis  il  t'ait  Irno  avaucé  pour  recu- 
ler 5  d'ui.leujs  il  se  fiai  lait  de  ré- 
sister a  l'homicide  influence  de  cette 
almcsphère  embrasée.  Il  se  trompait. 
Après  s'être  ^réparé  dans  l'établisse- 
uient  anglais  de  Coasl-Caslle  a  sa 
périlleuse  expédition  ,  il  partit  en  oc- 
tobre 1823  pour  rcmboucl'ure  de  la 
rivière  de  lieniu,  arriva  KBobée  et  fut 
prései.lé  p:\r  un  négociant  anglais, 
Ï\L  Houlson  ,  au  roi  de  Bénin  qui  , 
voyant  Belzjui  velu  a  la  mauresque 
et  ])orleur  d'une  longue  barbe  ,  à 
l'aide  de  laquelle  il  se  faisait  pas- 
ser pour  un  Africain  de  l' intérieur  , 


536  BEL 

voulant  revenir  de  l'Angleterre  dans 
sa  patrie  ,  en  passant  par  Haoussa  , 
lui   promit  un  guide  et  une  escorte 
pour  raccoiTipag;ner  jusqu'à  cette  der- 
nière   ville ,  distante    de   vingt-cinq 
journées  de  Bénin.  Mais  de'jh  ni  rois 
de  Guinée  ni  autres  ne  pouvaient  ga- 
rantir la  sûreté  de  Belzoui.   A  peine 
arrivé  a  Bobée  ,  malgré  la    force  de 
sa  constitution    athlétique  ,   il  avait 
senli  le  germe  d'une  maladie  mor- 
telle s'introduire  dans   son  être.  A 
Bénin  les  progrès  du  mal  devinrent 
slrapidesqu'il  confessa  l'impossibilité 
d'aller  plus  loin.  Il  pria  son  compa- 
gnon de  le  ramener  à  Gato  et  de  le 
faire  transporter  a  bord  d'un  des  na- 
vires anglais  stationnés  devant  Bobée , 
espérant  que  l'air  de  la  mer  pourrait 
lui  rendre  sa  santé.  Cependant  sa  ma- 
ladie empirant  à  vue  d'œil,  il  écrivit 
encore  a  Bénin  un  billet  presque  illi- 
sible a  la  maison  Biiggs  frères,  qui 
depuis    ses    expéditions    en    Egypte 
était  en  relation   avec  lui,  et  à  la- 
quelle  il    recommandait  le   soin   de 
iies    effets    de    vojage.    Il    chargea 
M.  Houlson  de  remettre  a  M.  Ilod- 
gson  qu'il  avait  laissé  sur  le  vaisseau 
une  aniélhyste  très-précieuse  ,  der- 
nier   témoignage    qu'il    lai'^sait   à  sa 
femme.  Ilamcné  en  palaïKpiin  h  Ga- 
to où  il  n'arriva  (pic  la  nuit  et  as- 
sez   tard,  il  sentil    un   mieux  Irom- 
j)nir,  et  ne  larda  pas  a  expirer  ,  le  3 
décembre    i8i:3.    On   1  enterra  sous 
un  grand  arbre  reconnu  pour  olfrir 
une  retraite  iin|)énélrableaux  rayons 
du  soleil,  etrou  iiiscrivitsur  .sa  iombe 
cctie  courte  <q)il.ij)lie  (en  aiigl.iis)   : 
«  Ci-gîl  Belzoni  (|ui  mourut    en  ce 
lion  dans  le  voyage  cpi'il  avait  entre- 
pris pour  se  rendre  à  Tumbouclou.  » 
Ainsi  périt  dans  la  force  de  l'âge  cet 
«iilrrpidc    voyageur.   Il  est  croyable 
•jue,  si  (lès  I  acbdescence  ,  il  eût  été 
lormépar  l'éducaliou,  ilcùlété  undes 


BEM 

hommes  les  plus  remarquables  de  son 
siècle.  Tel  qu'il  est,  l'Italie  inscrit  son 
nom  parmi  ceux  des  plus  illustres 
voyageurs, Marc-Paul,  Colomb, Yes- 
puce-  et  les  archéologues  ne  nomment 
qu'avec  l'accent  d'un  profond  regret, 
cet  homme  qui  en  trois  ans,  et  pres- 
que sans  être  guidé  par  des  connais- 
sances préliminaires,  signala  sa  pré- 
sence dans  les  ruines  de  l'Egypte  par 
trois  découvertes  capitales  ,  Ebsam- 
bol ,  l'hypogée  de  Ramsès  et  la  py- 
ramide de  Ghizeh. — Le  grand ouvra- 
2;e  de  Belzoniaété  traduit  en  français 
par  M.  Depping  ,  sous  le  titre  de 
p^oyagcsen  Egjple  et  en  Nubie  ^ 
etc.,  avec  notes,  carte  et  portrait  du 
voyageur  ,  Paris  ,  1821.  Le  même 
auteur  a  publié  une  notice  sur  Belzoni 
dans  V Annuaire  nécrol,^  de  1826, 
reproduite  en  partie  dans  le  Journal 
des  voyages  ,  t.  XXXV,  p.  108. 
Comparez  ce  même  ouvrage  ,  XXII, 
2  6ii,XXIlI,  121;  VObituary  diW'^., 
année  1824^,76  j  les Xeitge/iossen , 
seconde  série  ,  tome  V  ,  4*"  partie  , 
page  i^i  5  la  Quotidienne ^  16  et 
18  avril  1821  ;  etc.,  etc.  Un  mé- 
daillon destiné  h  Iransmeltre  ses  traits 
à  lapostérilé  a  été  inauguré  a  Padoue, 
le  4  judlel  1827  ,  dans  la  salle  de 
l'Ilôlel-dp-Ville.  P— -OT. 

UEMMELEN  (Abraham  Van), 
prolesseur  a  l'élablissenient  deJlens- 
woiidc,  mourut  ii  La  Haye,  direc- 
teur de  la  Société  économique  (fes 
Pays-Iîas  et  membre  de  plusieurs  so- 
ciétés savantes  ,  le  16  aoùl  1822, 
îigé  de  59  ans.  Il  était  versé  dans  les 
sciences  physi(|iies  el  malliémali(nu\s, 
et  il  apuolié,  en  hollandais.  I.  Eté- 
nient  s  de  f)/i)  siijue  cxpérinwntaley 
4  vol.  iii-8".  iV. Introduction  éi  rar^ 
clii lecture  h)  drauli(]Ue.  111.  /w- 
(•(uis  d'algèbre  éi  rttsat^e  des  écoles 
lut  mes ,  2  vol.  IV.  K.vpvsé  des 
travaux  de  la  société  économique , 


pétulant  les  2  5  /ircniirrff:  ntnires 
tic  sttn  existence  (  (l.ins  le  recueil  de 
ci'lli' cotiipaj^nlc).  Van  Bcmim'lcn  lo- 
uai I  une  |il.ut'  lioii(iral)l('  j)armi  les 
.sa\anls  {\c  son  j)ays  ,  tels  (jiir  lAIlNl. 
Van  rUMilio\c,  Van  Jlccs,  Loballo, 
de  Gt'ldcr,  P.  (.'mien,  I^inj^ma,  llii- 
<;nenin  ,  elc  ,  (|ii()i(|ne  liilérienr  ce- 
|Hiulanl  a  plusieurs  d'eiiire  eux.  Il 
élail  aussi  Irès-versé  dans  la  connais- 
sance ^Qs,  ohjels  d'nli'ilé  pul)li([ue. 
X^  Alf^enwene  konst  en  leller-lxjde 
(lu  '2ô  août  i8:i2  lui  consacre  une 
courte  notice.  La  Revue  bioij^raj)lii- 
que  des  Paj  s-Bns  l'appelle  Van 
Beniel.  Les  services  rendus  aux 
sciences  par  Van  Lïenimelen  ont  été 
exposes  dans  un  discours  prononcé 
par  le  professeur  J.  Kappeyne  ^  an 
de  Ccppello  ,  à  la  distribution  des 
prix  de  X Ecole  latine  de  La  Ilave, 
en  1825  :  on  en  lit  un  ex! rail  dans 
le  Letterbodc  du  i4-  février  de  cette 
année.  R — f — g. 

BEXABEX  (L.-G.-J- Ma- 
rie) ,  né  a  Toulouse  le  12  février 
1774.,  fit  SCS  études  dans  celle  ville. 
Nommé ,  a  1  âge  de  vingl-cjuatre 
ans,  commissaire  des  guerres  ,  d  fui 
en  cette  qualiié  de  l'expédition  d'E- 
gypte sous  Bonaparte,  et  revint  aus- 
;|  sitol  après  dans  >a  \ille  natale  ,  où 
on  lui  donna  la  place  de  Qhv{  du 
bureau  niiliiaire  à  Tadminislration  dé- 
partementale. Cet- emploi  ayant  été 
supprimé  par  l'établissement  des  pré- 
fectures ,  Benaben  entra  dans  la 
carrière  de  renseignement  ,  e»  fut 
successivement  prole-sscur  de  belles- 
lettres  au  collège  d'Orléans,  à  ceux. 
de  Carcassonne  et  de  IS'apoléon- 
ville  ,  puis  professeur  de  malbémali- 
(jues  k  récole  centrale  de  Maine- 
et-Loire  ,  a  Ani^ers.  En  i8i5  il 
quitta  renseignement  ,  ou,  pour  être 
plus  exact,  il  fui  obligé  de  le  quit- 
ter ,  pour  des  causes  peu  honorables, 


BEN 


537 


Tnai<;(|ni  ont  été  rapportées  de  diverses 
manii'rcs.  Benaben  \iiit  alors  à  Pans, 
et  ,  trouvant  la  bille  des  partis  vive- 
ment en(:a<rée  ,  il  se  lança  dans  la  po- 
liti(pie.  La  part  (ju'il  prit  a  la  rédac- 
tion de  dilférents  journaix,  et  la  com- 
position de  quebpies  pamphlets  poli- 
twpies  le  (irent  bientôt  connaître. 
JNous  avons  de  bonnes  raisons  pour 
croire  que  dès  lors  il  appartenait  h  la 
police.  Ce  qu'il  y  a  de  sur,  c'est  (pie, 
après  avoir  concouru  à  la  rédaction 
de  quebpies  journaux  de  l'opposition, 
tels  (pie  la  Minerve^  et  le  Conslitu- 
tionnel^  il  ne  prit  plus  de  part  qu'aux 
feuilles  ministérielles,  et  qu'il  com- 
posa dans  cet  esprit  un  ^rand  nombre 
de  brochures  auxquelles  11  ne  mit  pas 
toujours  son  nom.  En  revanche  les 
journaux  et  les  brocheres  de  l'oppo- 
sition lancèrent  contre  lui  force  èpi- 
granimes  j  M.  Barthélémy  surtout 
lui  don'ia  souvent  place  dans  les  sati- 
res qu'il  publiait  alors  contre  le  mi- 
nistère ,  et  l'on  n'a  pas  oublié  ce 
passage  du  Congrès  des  ministres , 
]iour  la  dissolution  de  la  garde  na- 
tionale en  1827  ,  où  il  faisait  dire 
plaisammenl  h  M.  de  Pejrunnel  ; 


J'entends  le  haro  d»*  la  France, 
Miiis  a|)rc's  un  mur  examen, 
Il  me  reste  ma  conscience 
lit  rcsli\ne  de  Bin.ibtn  ... 

Benaben  répondit    quelquefois  à  ces 
attaques  (i)  ,  et  du  reste  11  se  consola 

(i)  Voici  la  réponse  qu'il  fa,  dans  le  Journal 
de  l'un  s  du  ii  j.iuvier  1.S20,  à  ses  anciens  cf)lla- 
boraieiirs  du  Coiutiiutionnei  ;  «  Le  soi-disant 
ConsiKiitionnr/  croit  me  conf.  ndre  ,  en  ni'ouira- 
gcant.  Jcponirjtis  laissiT  louihi-r  ses  calomnies 
dans  i'ouliii  qu'elle-  mcriti  n'.  Je  me  dois  à  moi- 
niènie  d'y  lépondre  en  jx-u  de  mots.  A  cotle 
désastreuse  époque  dont  il  parle  ,  je  sorLii;,  à 
peine  de  l'enfance.  J'avoue  que  je  me  laissai 
seduiie  par  une  fausse  liherte  j'eus,  cimniie  lant 
d'autres,  des  moments  d'entraînement  et  d'i- 
vresse Ce  n'est  pas  a  dix  huit  ans  q^i'on  est  bon 
jupe  en  politi(pie  Mais  \-  Consiiiii  lonncl  s'arrèle 
eu  beau  (  iieuiiii.  Qui  l'enqu'clic  d'aller  jusqu'au 
boul?  Pourquoi  ne  dit-il  pas  que  la  sociéle  po- 
pulaln  ,  à  laciuelle  j  ajiparlins  ,  il  est  vrai,  pen- 
dant queU|ue  temps  ,  uio  bannit ,  me  proscrivit, 
me  renferma  danb  un  cachot  pendant  six  mois  ? 


538 


BEN 


de  ces  petites  contrariélés  par  les 
ample:»  et  bons  traitements  qu'il  re- 
çut des  raini^tres.  Cet  homme  avait 
des  idées  singulières  sur  la  conscience 
polilicfiie,  et  il  la  plaçait,  disait-il 
lui-même  ,  non  dans  sa  manière  de 
voir,  mais  cbus  le  prix  qu'on  lui  en 
offrait.  Il  vécut  ainsi  fort  a  son  aise 
jus(iu'à  la  fin  de  iSSa  ,  époque  où  il 
mourut  subitement  d'une  attaque  d'a- 
poplexie. On  a  de  lui  :  I.  Une  tra- 
duction des  Lettres  de  Plialaris , 
Angers,  i8o3,  in-S*».  IL  Eloge 
Jiistot'ique  du  géîiéral  Diipiiy  , 
mort  assassiné  an  Caire  /e  3  o  veîi- 
démiairc  an  VII^  prononcé  au  Cer- 
cle constitutionnel  de  Toulouse  ; 
Toulouse,  1800,  in-8°.  III.  VE- 
ducalion  publique  doit  -  elle  être 
conjiée  au  clergé?  Paris,  181 7, 
in-8°.  L'auteur  se  prononce  pour  la 
négative.  IV.  Procès  de  V oligar- 
chie contre  la  monarchie ,  Paris, 
1 8 1  7,  in-8°.  C'est  une  léfulation  de 
la  Monarchie  selon  la  charte^  par 
W.  de  Chateaubriand.  Voici  toute  la 
préface  de  Benaben  :  a  J'aurais  fait 
«  la  part  ^{i%  convenances  plusforte^ 
«  si  je  n'eusse  craint  de  rendre  celle 


Poiirqxioi  u'ajoutc-t-il  pas  que  je  dus  ces  luaii- 
vaib  tr.'iitcinenls  à  ma  franche ,  et  je  pourrais 
dire  ù  mon  rloquonte  hninc  contre  li  s  tlouiiiia- 
tctirs  du  jour?  I.e  Constitutionnel q\k%  une  autre 
époque  où  j'eus  d'infàines  ennrmis.  H  aurait  dû 
ajouter  f|ue  jt;  fus  v('iif:;c  d'eux  ;  qu'après  une 
injuste  alta(|iie,  je  montai  à  de  plus  importan- 
tes fondions  (jui  nu-  valurent  un  nouvel  avan- 
ceinenl.  Un  fait  certain,  c'est  (jue  je  n'eus  ja- 
mais rien  à  deuièler  av«'e  1rs  tribunaux,  'l'ous 
les  ridaeie'irs  <Iu  Conslttutionnil  v\\  pt-uveiil-iis 
dire  autant  ?  ('.en  procéilcs  ,  il  faut  l'avuuer  , 
sont  liicn  misf^rable.i.  Vous  mnhuissez;  cela  doit 
être  :  les  exclusifs  m'ont  toujours  haï.  Vous  nn« 
baissiez  (|uand  j'étais  parmi  vous  ;  car  il  y  a  in- 
compaliliililé  entre  votre  patriolisnit!  et  le  mien. 
Mais  n'espiTc/.  point  me  deffoùter.  Je  poursui- 
vrai d'iui  pas  ferme  la  UMrelie  qee  je  me  suis 
tracée  :  au  milieu  de  vos  liiirliMuenls  jt;  saurai 
conserver  mu  tète,  ne  l'ut-ce  qtie  pour  priver 
l'un  de  vous  du  plaisir  di;  lu  ramasser.  J'expose 
def  doctrines  ;  |>rouve/ qu'elles  sont  f.iusscs.  Je 
les  defrnd.H  par  des  arguments,  iih  le.s  combat- 
te/, point  par  des  cidoumie.n;  montre/,  une  fois 
de  1,1  l'tyauté  :  assaye/:  de  vuuH  lucturur  avec 
uiui  curps  4  corps.M  » 


BEN 

«  de  la  vérité  trop  faible.  »  V.  he 
fond  de  la  question  ,  Paris,  i  8 1 8  , 
in-S".  C'est  une  défeu««e  des  minis- 
tres contre  les  attaques  de  M.  Fiévee. 
VI.  Quelques  observations  sur  la 
loi  de  recrutement ,  Paris ,  1 8  i  8  , 
in-8°.  Brochure  ministérielle  contre 
les  adversaires  du  projet  de  loi  sur  le 
recrutement.  ^  H.  TJn  mot  sur  les 
remarques  de  M.  de  Chateau- 
briand ^Vdiùs  .  1818,  in-8°.  C'est 
une  réponse  miuiylérieîle  "a  la  note 
secrète^  et  aux  remarques  de  M.  de 
Chateaubriand.  VUI.  Le  modéra- 
teur ^  ou  recueil  d  observations  poli- 
tiques et  philosophiques  sur  les  affai- 
res et  les  écrits  du  temps;  du  i5 
mai  1 8 1 8  au  20  avril  1 8 1 9  (uuvrage 
semi-périodique,  cahiers  i,  2,  3  ,  4.» 
5,6,7.  ^  ^  *^^  ^  P'^^  P^^^^  davan- 
tage). IX.  Résumé  des  travaux  lé- 
gislatifs de  la  chambre  des  dépu- 
tés ,  sur  r indemnité  â  accorder 
aux  émigrés ,  Paris,  1826,  iu-8". 
Toujours  prêt  a  encenser  le  pou- 
voir ,  Benaben  avait  composé  ,  en 
1 8  1 1 ,  une  pièce  de  vers  sur  la  nais- 
sance du  roi  de  Rome  ,  qu'il  lut  à 
la  séance  publitjiTe  de  la  société  d'é- 
mulalion  de  Rouen  ,  le  9  juin  1 8  i  2 . 
On  lui  attribue  uo  Essai  sur  l'his- 
toire du  christianisme  ^  vol.  iii-8'' , 
imprimé  a  Toulouse  ,  lorsqu  il  habi- 
tait cette  ville.  Une  note  de  Cliau- 
don  ,  reproduite  par  Barbier,  porte 
en  substance  qu'il  parut  en  l'an  xii 
(i8o4)  six  Satires  toulousaines  ^ 
d'abord  manuscrites,  et  distribuées 
dans  celte  vilîe,  de  mois  en  mois  p 
dirigées  contre  Palhénee  de  Tou- 
louse ,  contre  quelques  écrivains 
obscurs,  et  principalement  contre 
M.  Baour  -  Lormi.iii.  Ces  salins 
étaient  accompagnées  de  notes  plus 
cau.sti(|ues  ipie  les  vers.  INl .  Baour- 
Lurniian  publia  ii  la  unnie  ('po(|iic 
une  Epîtra  à  l'auteur  anonyme  des 


BKX  BEN                   539 

six  Satires  (oiiloii.stu'/ics  ,  Toulon-  Paris,  iG  iC^  u\-^'\  11.  Parc'nàscSy 
se,  an  \ii,  I11-8".  Ccl  anonviiu*  («jui  ou   cv/io/la/io/is   aiii-  la  fci;/<'  de. 
n'clall  autre  (juc  Ik'ii.Iii'ii)  lit  impri-  miinl  Bcnoil^  l'aris,   1616,  1618, 
mer  dans  l.i  luèmc  \ille  ,  sous  la  ru-  ^6195  3  vol.  iii-8".  Ces  parénèscs , 
IuiihumIc  y>/7/.r<7/(-.s,  h's  iyXTL  Satires  an  nombre  do    1; 8,  sont  remplies  de 
(oa/oi/saifii's  ^    in-i)"    de    71    ])ages.  citalionsgrecMjncst'l  latines,  i/anlenr 
\j  Epitrc  de  M.   lîaonr-Lonnian  ne  a  dédié  le  i'^'^  volume  an  prince  Louis 
servit  i|u'k  donner  pins  de  vogue  li  ce  de  Lorraine,  cardinal  de  Guise  ,  ar- 
recneil.  On  disait  dans  le  temps  (pic  clievècpie  de  Reims  :  le  second  tome 
Benaben  avait  eu  pour  collaborateurs  porte  pour  hireV L/ogc bcnâdic tin; 
MAL  Tajau,  avocat  ,  Sens,  (ils  d'un  le  troisième  ,  Mémurial  de  la  vie 
libraire   de   Toulouse  ,  cl    même    le  régulière.  Ce  dernier  ,   de   plus   de 
poète  Trenciîil.  IMais,  dit  Cbaudon,  iiioo  pages,  est  dédié  a  IL-Catherine 
a    ou    peut   j.  être   tiompé    dans   ces  de  Joyeuse,  ducbesse  de  Guise.  IIL 
diverses  conjectures.  5)         M — DJ.  La  police  régulière ,  tirée  de   la 
BEAAIVD  (Dom  Laurent),  sa-  règle  de  saint  Benoit,  ouvrage  de- 
vant  bénédictin,   né    a  Nevers,    fit  dié  au  cardinal  de  Retz ,  archevêfjue 
profession  an  j)rieuré  de  St-Etieune  de  Paris,  que  le  roi  avait  chargé  spé- 
de  la  même  \ille,  et  montra  une  telle  cialement  delà  réforme.  Dora  Atha- 
supériorilé  ,  ([u'on  le  plaça  jeune  eu-  iiase  Mongin  ajant  assisté  D.  Benard 
core  à  la  tète  du  collège  de  Cluuy,  a  dans  sts  derniers  moments,  publia  un 
Paris.  Un  grand  désordre  y  régnait  :  petit  volume  intitule  :    Ultima  sus- 
Doni  Benard  voulut  rétablir  dans  ton-  piria  R.  P.  D.  Laurentii  Benard , 
te  sa  vigueur  la  règle  de  saint  Benoît,  per  D.  Athanasium  de  Mongin^ 
et  se  rendit  plusieurs  foisen  Lorraine,  suscepta  et  posteritati  consignata. 
afin  de  puiser  aux  abbayes  de  Saint-  B — n. 
Yaimes,  de  Saiut-iNlihiei  et  de  Saint-  BEXAVIDES  ,  eu  latin  Bona- 
Mansuy-les-Toul,  des  conseils  et  des  vidius  (Marc),  également  connu  sous 
exemples.  Mais  ,  de  l'idée  d'une  ré-  les  noms  de  Maktova  ou  de  Marco 
forme  partielle ,    ce  religieux  passa  JSIantuano  (i),   l'un  des  plus   cé- 
hientôt  k  celle  d'une  réforme  gêné-  lèbres  jurisconsultes  de  son  temps  , 
raie  dans  tous  les  monastères  de  l'or-  naquit  a  Padoue  ,  le    2  5  novembre 
drc  qui  avaient  abandonné  la  règle.  1^489.  Après  avoir  terminé  ses  étn- 
II  obtint  a    cet  effet,  en  161  8,  à.Q.%  des,   il   fréquenta  le  barreau,  où  il 
lettres-patentes  de  Louis  XIII  pour  acquit  une  brillante  réputation  •  et, 
l'érection  d'une  con^ré^alion-modèle,  en  i5i5,   il  fut  jionimé  professeur 
destinée  a  fournir  des  sujets  aux  au-  des  instituts  a  Tacadémie  de  Padoue, 
ires   abbayes,    et  l'ordre  des  béné-  alors   la  première   du    monde.    Dès 
dictins  de  Sainl-^Iaur   prit   naissan-  ce  mome;it ,  dit   un   de  ses  bioo^ra- 
ce.  Dom  Benard   en  fut  nommé  le  pbes  (2)  ,  on  le  vit  marcher   a   pas 
procureur-général.    Il  mourut  le  2  i 

avril      1620,      dans     un     âge      avau-  (0  '«"P^re  de Btnavidos. habile  m.-decin.des- 

cé.   Divers  ouvrages  sont  sortis  de  sa  ""^f  '  *''l""  ^.^«""«^  </''""-'  ^^l'-s-'^i^^^i""* 

Ï5                                             *  une   branche    s  était    établie  a    Maiiloue.    Etant 

plume,  entre  antres  :    I.    De  V  esprit  ▼eim  deu.eurtr  à  radoue,  il  s'y  fit   inscrire  sur 

dp^    ordres     rrli trieur      disscrlllinn  ^"  ri'oist'e  de  la  noblesse  sous  le  uom  de  Mun. 

aeS    OiaiLS     iClli^ieUX,   OlSScriailOU^  ,„^a.   que  sou  fils  joiguit  au  sien,   et  que   sou- 

suivie  d  une  Traduction  des  dialo-  vcm  mcuie  il  prit  seul  à  la  icie  de  ses  ou- 

gues  de  saint  GregoirC'lc-  G ra/id,  (aj  rapadopoU. 


54o                   BEN  BEN 

de  géant  sur  les  Iraces  de  ses  plus  stamraent  le  protecteur  et  l'ami.  Son 

illii.>lrcs  prédécesseurs.   Bientôt  l'a-  musée  (3),  Tun  des  plus  riches  et  des 

cadéinie     de    Bologne     et    le    pape  plus  beaux  de   l'Italie,    teula  Frau- 

Paiil  III  cherchèrent  a  Faltiier  par  çois  1*%  qui  voulut  en  faire  l'acqui- 

]es  offres  les  plus  séduisantes;   mais  sition.  «  Il  ne  me  convient  pas,  dit 

rien  ne  put  le  décider   k   quillcr  sa  Benavides,  de  vendre  mon  musée  à 

patrie.  Il  (ut ,  eu  i  545  ,  créé  comte  un  si  grand  roi  ;  mais  je  suis  prél  a  le 

palalinparrempereurCliarles-Quinl,  lui  donner ,  s'il  veut  l'accepter  (4.).  » 

et,  en  i  56o,  le  pape  Pie  IV  le  décora  La  négociation  en  resta  là.    On  a  de 

du  litre  de  chevalier.  Enfin,  un  dé-  Benavides  plusieurs  traités  de  droit, 

cret  du  sénat  de  Padoue  ,  en  le  décla-  dont  on  trouve  les  titres  dans  l^apa- 

rant  premier  professeur  de  l'acadé-  dopoli ,  Jrlisloria  Gymnasii  Pata- 

mie.  dont  ses  talents  avaient  rehaussé  vini,  I  ,   2 5 y,-  dans  Ghilini,  Teatro 

l'éclat,  le  dispensa  dV  continuer  ses  duomini  liltcrati ,    I,    i6i  j   dans 

leçons,    a  raison  de  sou  grand  âge.  Tomasini ,  Elogia,   II,    i68,  etc. 

Ce   savant    jurisconsulte    mourut    le  Les  principaux  sont  :   I.   Dialogus 

2  avril  i582  ,a  quatre-vingt-douze  de  concilio  ^  Yenise,    iB^i,  in-4.°. 

ans.   Ses   obsèques  furent    célébrées  Ce    traité  ,    dans    lequel  Benavides 

avec  une  magnificence  extraordinaire,  soulient  que  l'autorité  du  concile  est 

Sou  corps  fut  déposé  dans  une  clia-  supérieure  a  celle   du  pape,  ne  le 

pelle  de  l'église  des  Augustins  ,  où  il  brouilla  pas ,  comme  q\\  l'a  dit,  avec 

s'était  fait  ériger,  dès  i546,  un  tom-  la  courue  Rome,  puisque  c'est  pos- 

beau  ,  dont  il  avait  confié  l'exécution  térieurement  a  sa  publication    qu'il 

au  célèbre  sculpteur  Barthél.  Amraa-  fut  créé  chevalier  par  Pie  IV^  et  nom- 

nati  {Voy.  ce  nom,  II  ,  Sa).  Ant.  mé  professeur  honoraire  de  droit  ca- 

Riccobono    (  V^oy.     ce    nom  ,      au  nonnpie.  Cet  ouvrage  a  été  réimpri- 

Suppl.  ),  prononça  son  oraisonfu-  mé  dans  le  Tractatus  tractatimm  , 

ncbre.   Il    en   existe  une    autre  par  XllI,  et  par  le  P.  Labbe  ,  dansl'.^r/- 

Jérôme  Negri  (  f^oy.   ce  nom  _,  au  paralus  ad  concilia.  II.  Epitome 
Suppl.),  dont  l'histoire  est  assez  sin-  ^\irorum  illustrium  quivel seripsc- 

gulière.   Ncj^ri ,    l'un    Ai'S   amis  les  'rnrit ,  vel  jurispntdcntiam  docue- 

plus  intimes  de  Bemvides,  l'ayant  ri^nt  in  scholis ,   Padoue,    i555, 

trouvé    dangereusement   malade,   et  iù-8" ,  première  édition  ,   très-rare; 

ne  voulant  céder  a  pcrsonnel'lionneur  réimprinié   dans  les    Vies  des  ju- 

de  prononcer  sou  oraison    funèbre,  risconsidtcs,   de   Fichard,   Padoue, 

pour  nu  pas  être  pris  au  dépourvu  ,  i565,    in-4"  ;    dans    le    Tractatus 

s'avis.ule  laconiposer  d'avance.  Mais  tractatuitni,  tome  i"",  et  dans  l'édi- 

BeiKivides  survécut  viugt-ciu(j  ans  a  lion  de  Pancirole  :  De  claris  Icgurn 

]Negri,  et  devint  l'éditeur  du  recueil  ////<•/•/>/('///»//>,  Leipzig,  i72i,in  4-''. 

de  ses  œuvres  ,  diins  lecjuel  il  n'oublia  lH.    Poljtnathiœ  libri  XII ,  Vc- 

pas  d'insérer  sa  propre  oraison  funè-  nise,  i558,in-8°,  très-rare  (Voy.  la 

bre  ,  (pi'il  avail  eu  l'avantage,   sans  /^/7»//o/.  cw/vc/zAt' de  David  Clément, 

doute  très-rare,   de    lire  p'us  d'une  *    ri\  i-   .  i               \    Z       ~i           ~f      , 

'                          I  (.5)  (,  «-st  (lu  intisro  (le    lieiiavidcs  que  fiirrnt 

fois.    Possesseur  d'une   forllIIU!    COUsi-  tii(Vi   les   poninits  des  juiis(on-.till.s.   |)iil)lif»   À 

d.'    ,,I,i  .        I>    .  „    ■  I                                            I  Uoino ,  iS<>(>,  iii-lol.  Cfltf  colltdioii  (le  )\  por- 

érable,    Innavides    en   consacra   la  ,,,,„  ...^  „,v„,,  (  ,.„^.    u,,r... .    \\iii. 

plus  grande  partie  à  favoriser  les  sa-  '  i')- 

.,n..i^  ..I   I-           i"   1            I       1     1   r   I  (••)  ^"V.   VOmiton  funèbre  th-  Mantov a  ,   n.tr 

vanls  et  les  artistes  ,  dont  il  lut  cou-  i\,ccobono. 


HK\  BEN                  ^41 

III,  l'2^).   l-ics  oiivrat^tvs   lilk'raircs  comiiic  tant  (Taiilrcs  les  lois  an  ciillo 
(le  luMiaviilcs  sont  non  moins  rares  et  îles  nuises.    \:u    1797  ,    il  (ni  envoyé 
iilns    rcelieiH  liés    (ine    ses    livres    de  avec  le  lilred  aniliU  iiiii  l'elrikanilans 
droit.     IV.   O/x/'t'fhi    nioK'n   utile,  la  I^rnsse  nicridioiiale  ;  de  la  11  j)assa 
e   (lilcttcK'oh-  (II'  /'hr'cniifu    in   /^  en  (|nalili'  de  rcfcrrndaire  a  Kallcli, 
giornali:  ^  Venise,    i5'.>i,    INI  dan  ,  où  prescjue  anssllôf  il  fui  noiniriécon- 
i523,   in-8".  \ .  Discorsi  sopra  i  sellier  criminel.    Il  n'avait    a  celle 
dialo^hi  tii  Spcronc  SpcroJii,  Ve-  épotjnc  (jne  vlngl-lrois  ans.  Un  avaii- 
nise,  i56i,  in-8  .  \l.  y^n/iolnzioni  ceiiieni  si  rapide  excila  ,  on  penl  le 
ùrevissimc    sopra  le  rime  di  Pc-  penser,  de  renvie  cl  des  iniirmnrcs. 
trarca  ,  Padoue  ,  i  566  ,    in-.i°.   Le  II  les  apaisa  en  partie  el  par  son  acli- 
nora  de    Panlenr   est  indicpn-   sur  le  vile  el  par  son  extrême  liabilnde  àcs 
frontispice  par  une  main  onverlc,  dans  afTaires.  Mais  'ont  ce  (^ril  accpiérait 
laquelle  on  voit  les  trois  letlresTOA,  sous  le  rapport  de   l'intelligence  ne 
ce  qui  fait  Mantoaou  Manlova  (Voy.  servait  (ju'a    lui   faire    désirer    wn^ 
Fonlanini,  BibL  (t cloqucuza  ,   II,  sphère  de  travaux  plus  élevés  que  la 
4.4).  MI.  KpislolœJ'dniiliarcs.,  Pa-  jurisprudence  etradminlstralion.  Les 
doue,  i578,in-8°.  Ce  volume  est  si  évènemcntsde  i  806  lui  en  fournirent 
rare  que  Jacq.  Morelli,    le  célèbre  l'occasion.    L'érection   d'i    duché  de 
bibliothécaire  de  Sainl-Muc  ,  n'avait  Varsovie  faisait  passer  Ralich  sous  un 
jamais   pu  le  trouver.  11  écrivait   en  pouvoir  différent  de  la  Prusse  :  mal- 
1809  au   chevalier  Jean   de   Lazara  gré  les  pressantes  invitations  et  même 
de  ne  pas  manquer,  si  l'occasion  s'en  les  offres   qui   lui    furent  adressées, 
présentait,  de  le  lui  acheter  pour  sa  Cenda  refusa  de  servir  les  Polonais, 
collecllon   d'Epislolo^raphes  (Voy.  et  rentra  dans  les  limites  prussiennes. 
les  Operetlc  de  Morelli,  ILI,  2  4-5).  On  ne  le  dédommagea  point  par  une 
Yili.  Loculati  opuscidi  liOri  qiiiu'  autre  place  de  celle  qu'il  avait  per- 
^we,  ib.,  i58o,in-4.".  Ce  volume  rare  due,  el  il  ne  se  montra  pas  foi  t  occu- 
esl  orné  d'un  grand  noml)re  de  figu-  pé  d'obtenir  ce  dédominagenient.  De 
res  en  bois  cl  du  portrait  de  rauLeur,  Berlin  ,  où  d'abord  il  s'était  rendi,  il 
très-bien  exécutés.  Quatre  médailles  passa  près  de  la  famille  de  ses  beaux- 
frappées  en  rhonneur   de  Benavides  frères  a  Hlrschberg,    en  Sllésie  .  et 
sont  figurées  dans  leil///5rt?////i  Maz-  finit  par  se  fixer  a  Landshut  ,  petite 
zucIu'lUanum  ,    pi.     84-.    Aposlolo  ville  voisine  d'IUrschberg.  11  y  rem- 
Zeno  en  a  décrit  deux  dans  ses  notes  plissait  simultanément  divers  emplois 
sur  la  Bibl.  de  Fonlanini.      W — s.  dont  le  principal  était  celui  de  com- 
BF]\I)A     (  Jea>' -Guillaume-  raissaire  de  justice.  Inslruils  bientùt 
AMKDÉE-QrHOi«),filsd'Ernest  Benda,  de  son  aptitude  et  de  son  activité, 
musicien  de  lachambre  de  Frédéric  II,  les  chefs  de   radminlslration  supé- 
naqnlt   le   5o    oct.  1772,   a  Berlin,  ricurc  h  Breslau  ,  lui  conlièrenl  plu- 
Privé  fort  jeune  encore  de  son  père ,  sieurs    affaires    délicates    et   impor- 
il  fut  élevé  par  son  oncle  Relnbeck  ,  tantes.    ï)cs   troubles    avant    éclate 
archidiacre  de    Berlin  ,    juscpi'à   ce  dans   les  cercles   de   Laiidshut  ,    de 
qu'on  l'envoyât  a  l'universllé  de  Halle.  Schweidnilzct  de  Jauer,  il  fui  char- 
II  s'y  adonn  I  fort  activement  a  l'élu-  gé   de  les   apaiser,    et  a  cet    effet, 
de  du  dioit  .  ({u'il  entremêlait  de  tra-  on  mit  a  sa  disposition   un    délache- 
vaui  littéraires,   mais  sans  sacrifier  mcul    des  troupes   françaises    alors 


542 


BEN 


cantonnées  dans  le  pays  :  il  eut  le 
honheur  de  rétablir  l'ordre  sans  la 
coopération  de  ces  redoutables  auxi- 
liaires. Partageant  toutes  les  antipa- 
thies de  ses  compatriotes  contre  la 
domination  étrangère,  Benda  entra  de 
bonne  heure  dans  la  fameuse  associa- 
tion du  Tugendbund  et  devint  direc- 
teur de  la  .section  de  Landshut.  Les 
relations  qu'il  avait  nouées  par  suite 
de  ses  divers  emplois  ,  et  celles  qu'il 
dut  a  sa  position  dans  le  Tugendbund 
rendirent  son  nom  populaire  5  et,  en 
1809  ,  la  ville  de  Landshut  le  choi- 
sit pour  bourgmestre.  Le  zèle  sans 
bornes  qu'il  témoigna  pour  la  ville  à 
laquelle  il  devait  cet  honneur  fut  jus- 
qu'à un  certain  point  préjudiciable  a 
sa  fortune.  L'Instruction  fut  un  des 
principaux  objets  de  ses  soins.  En 
i8i3  ,  il  eut  deux  mesures  bien  dif- 
férentes a  faire  exécuter,  la  réparti- 
tion d'un  asser  grand  nombre  de  com- 
munes dans  (jualorze  paioisscs,  et  la 
levée,  1  Drganisaiion  de  la  laudwehr 
dans  le  cercle  de  Landshut.  La  même 
année  le  vit  investir  du  commande- 
ment de  la  Landsturm  des  montagnes, 
et  en  consécjuencc  de  l*{)l)ligalion  un 
peu  dilhi  ile  (le  réduire  a  la  discipline 
et  a  l'ordre  une  masse  indisciplinée 
de  12000  hommes.  Plus  tard  il  lit 
partie  d'une  conmiissiou  militaire 
chargée  de  jugi-r  .sommairement  ceux 
(pii  prêtaient  secoiirs  aux  Français. 
Celte  même  année  i8i5  et  la  sui- 
vante le  virent  de  pins  se  livrer  avec 
autant  de  dévouement  (jue  d'habllolé 
à  tous  les  riscpics,  a  tous  les  travaux 
(lue  nécessitai!  la  giande  crise  de  TAl- 
lemagne.  Walgré  la  vigueur  de  .si 
consliliilion  ,  sa  santé  en  .soullnt.  Sur 
CCS  enirctalles  expira  Ir  li-mps  pour 
l((ni('l  il  avail  élé  rcsêlu  de  la  charge 
de  hoiirgmcslre.  Appauvrie  |)ar  l(\s 
évènciiHiils  (le  la  guerre,  la  ville  de 
Landshut  no  pouvait  plus  lui  donner 


BEN 

le«  mêmes  émoluments,  el  Benda  , 
pour  qui  la  somme  jusqu'alors  accor- 
dée était  d'absolue  nécessité,  ne  son- 
gea pasase  faire  nommer  de  nouveau. 
En  1  8  I  6,  il  fut  appelé  k  Oppeln  (Hau- 
te-Silébie) ,  en  qualité  de  conseiller 
de  gouvernement.  C'est  la  qu'il  mou- 
rut dans  sa  67^  année,  le  28  mars 
1852  ,  d'une  péripneumonie  dont  la 
marche  fut  accélérée  par  le  chagrin 
que  lui  avait  causé  la  mort  de  sa 
troisième  femme.  Benda  était  plein 
d'esprit  et  de  feu  j  ses  connaissances 
étaient  variées  ,  son  élocution  facile 
et  nette^  il  aimait  les  arts.  En  qui  (tant 
Kalich  ,  il  se  mitaéludier  la  philoso- 
phie de  Kant  ,  et  en  peu  de  temps  , 
s'y  rendit  fort  habile.  Dans  sa  jeu- 
nesse il  s'était  essayé  dans  la  com- 
position littéraire  :  un  peu  plus  tard 
il  anéantit  ces  travaux  de  son  adoles- 
cence. Mais  il  s'y  livra  de  nouveau  , 
lorsque  la  perte  de  sa  place  lui  eut 
créé  des  loisirs.  On  a  de  lui  .  L  Les 
Erreurs  de  V  amour  et  les  bizarre^ 
ries  de  la  fortune ,  Francfort-sur- 
rOder  ,  i8o6.  IL  Des  impôts  sur 
V industrie  et  le  commerce  dans  la 
monarcliie  prussienne  ,  Breslau  , 
I  81  5.  111.  De  la  police  à  l'égard 
des  étrangers  et  des  voyageurs 
en  Prusse^  Liegiiitz  ,  18 16.  IV. 
Contes  rorna/itiques,hv'i}^7.\^,  1817. 
V.  yfgri/)pa  et  If.  Triomphe  de 
ryhnour,  tragédie  inédite.  \'L  Une 
traduction  complète  de  Shakspeare, 
Liegnitz  ,  1826,  19  vol.  VU.  La 
Iradiiciion  des  OEuvres  poétiques  Aj 
de  W'alter  Scott,  ainsi  que  cille  de  ■ 
beaucoupde  morceaux  de  lord  Bvron. 
Vlll.  IMusiiiirs  fragments  dans  des 
recueils  périodiijues.  11  préparai!  uu 
Ixccucit  grtiéral (les  lois  prussien^ 
//<'.v ,  (|uaml  la  mur!  vint  !erniinerses 
travaux.  P — or. 

Hl':.\ -DAVID    (D.  L.v7..vnK  ) 
ua(|uit  a  Berlin,  le  18  octobre  1762, 


BF.N  BEN  5/,  3 

Son  nom  ,  son  pronoin  iiuli((iUMil  assez  peu  prcs  inconnu,  cl  oi\  il  espérait 
nni'origiucisraclilc.  Coninn.'S|)ino.-.'i,  Iroiivi-r  i\vs  esprits  disposés  h  rece 
ilj';aj;na  {pichpir  temps  sa  vie  eu  cxer-  voir  la  doctrine  du  j)liilosophc  de 
cant  le  nu'lier  de  j^ravcnr  sur  verre.  KoMiigsherg.  Il  ne  se  trompait  pas. 
Il  se  rendit  ensuile  h  (ialtingnc  on  il  Le  cours  qu'il  ouvrit  cl  (pii 
se  livra  principalcinenl  li  Téludc  des  était  libre  dci>  liens  des  universités 
nialliémali(pies  sous  la  dircclion  de  allemandes,  ol;liiit  un  succès  prodi- 
Liclilenl)erg  et  de  Kaesluer.  11  pro-  .^ieux  ;  et  il  eul  le  plaisir  d  initier 
fita  6i  bien  des  leçons  do  ces  maîties  a  de  lianles  spéculations  psycolo"-!- 
(ju'il  reçut  du  dernier  un  complim'ut  ({ups  et  mélaphysiipR-s  des  centaines 
qui,  bien  cjuc  d'une  extrême  ialuilé,  d'auditeurs  (jui  juscpi'alors  n'avaient 
nVn  était  pas  moins  flatteur  pourson  appris  de  leurs  professeurs  salai  iés 
élève.  Suivant  lui  ,  Ben-Uavid  était  cpi  à  bégayer  la  philosophie  de  Wolf. 
capable  de  remplir  toutes  les  chaires  Les  hommes  les  plus  dislin<aiés  de 
de  malhémalicpics  de  rAllemagne  à  Vienne,  entre  autres  le  comte  de 
l'exception  de  celle  de  Gœltingue  ,  Harrach  ,  le  baron  de  Retzer  et 
tant  cpio  lui,  Kae^tncr,  serait  vivant.  AIxiuger  ,  se  rangèrent  pjrmi  les 
Ben-David  avait  déjà  publié  plu.sieurs  partisans  ou  les  protecteurs  déclarés 
écrits  malhémalicpies  et  des  disser-  de  Ben-David.  En  revanche  l'envie 
talions  de  philosophie,  lorscpi'il  pas>a  ne  tarda  pas  a  se  déchaîner  contre 
de  l'académie  de  Gcettiogue  a  cel'e  lui.  Les  professeurs  de  l'université 
de  Halle  pour  y  continuer  ses  études,  étaient  en  général  mal  disposés  h  son 
La  faculté  de  philosophie  de  celle  égard  ,  a  cause  de  la  doctrine  ciu'il 
ville,  sur  linvitation  d'Eberhard,  lui  développait  dans  sa  chaire  et  à  cau- 
délivra,  lors  de  son  arrivée,  le  diplo-  se  de  ses  succès.  Un  d'eux  appela 
me  de  docteur.  Bientôt  il  entreprit ,  l'attention  déjà  inquiète  du  «-ouver- 
en  commun  avec  Eberhard  ,  un  Ira-  nemeut  autrichien  sur  la  tendance 
vail  surdes  matières  philosophiques,  S'jspecte  de  ce  juif  prussien,  protes- 
et,  après  avoir  as.sez légèrement  sans  tant,  philosophe  et  Kantiste:  on  iu- 
doute  jeté  les  bases  de  leur  travail,  sistasur  la  manière  tranchante  vive 
il  reprit  le  chemin  de  Ber'in.  Gepen-  et  hardie  avec  laquelle  il  s'exprimait 
dant  ses  idées  philosophiques  subis-  dans  les  conversations  qui  précé- 
saient  une  modification  grave.  For-  daientchacune  doses  leçons:  et  bien- 
temenl  saisi  du  système  de  Rant  ,  il  lot  un  ordre  émané  d'en  haut  défen- 
s'élait  mis  a  l'étudier,  avec  cette  dit  a  Ben-David  l'enseio-ncment  pu- 
téuacilé  qu'il  apportait  dans  tous  blic  ,  et  lui  ferma  la  salle  dans 
ses  travaux.  11  ne  tarda  pas  a  s'a-  laquelle  il  faisait  ses  cours.  Aussitôt 
percevoir  que  son  ami  et  lui  diffé-  le  comte  de  Harrach,  chez  mù  il  dé- 
laient essentiellement  sur  les  bases  meurait ,  ouvrit  dans  son  hôtel  une 
de  l'édifice  qu'ils  voulaient  élever,  vaste  salie  où  le  professeur  continua 
Il  renonça  en  consé(juencca  un  projet  (juebjue  temps  ses  L-cons.  Toutefois 
qui  ne  pou\ait  plus  s'exécuter  que  il  dut  bientôt  les  suspendre.  Un  ami 
d'une  manière  très-imparfaite  et  sans  très-haut  placé  dans  l'aclminislra- 
uuilé  de  vues.  Euipressé  deiépandre  lion  lui  donna  roufideutiellement 
les  nouvelles  vérités  qui  venaient  de  l'avis  de  garder  le  silence  ,  et  mê/ne 
s'offrir  a  lui ,  il  se  rendit  a  Vienne  OLi  de  quitter,  au  moins  pour  quelque 
le  système  de  Kanl  était  encore  a  temps ,  la  capitale  de  la  monarchie 


544 


BEN 


autricliîenne  ;  en  même  ieraps  ,  plu- 
sieurs de  ceux  qui  prenaient  le  plus 
d'intérêt  a  ses  travaux  se  trouvèrent 
saisis  de  maladies  singulières  :  les 
bruits  les  plus  extraordinaires,  on 
peut  direlcsplus  absurdes, coururent 
a  cesujet,  et,  ce  qui  est  a,  noter,  trou- 
vèrent créance  auprès  de  beaucoup 
de  personnes.  Ben-David  alors  quitta 
Yienne  pour  revenir  dans  sa  ville 
natale.  Il  y  passa  le  reste  de  ses 
jours,  car  à  peine  est-il  besoin  de 
parler  du  court  voyage  qu'il  fît  à 
Yieane  quelques  semaines  après  i^on 
retour  a  PMrliii.  S'il  espérait  se 
fiire  accorder  le  droit ,  soit  d'en- 
seigner soit  de  rester  dans  la  pre- 
mière de  ces  villes,  il  dut  alors  per- 
dre ses  illusions.  Il  se  résigna.  Les 
premiers  temps  de  son  nouveau 
séjour  a  Berlin  fi  rent  con>acrés  à 
des  travaux  atialogues  a  ceux  qui 
avaient  signalé  sa  pi  ésence  à  Vienne. 
Il  y  lit  des  lectures  pujjliqiies  et  vit 
d'abord  un  auditoire  assez  nombreux 
se  grouper  autour  de  lui,  IMais  il 
n'était  pas  a  l^erlin  comme  a  Vienne 
le  seul  a  développer  la  doctrine  de 
Kant  j  et  l'université  nouvellement 
érigée  dans  li  capitale  de  la  Pru^se 
se  plaignit  (|ue  Tcnseignement  public 
de  lieu-David  empiétai  sur  ses  droits. 
Il  lut  dimc  encore  obligé  de  renoncer 
au  professorat.  Plus  lard  il  dut  en 
perdre  Jusiju'au  désir  :  la  doctrine 
de  Kanl  commeneail  a  être  moiliflée, 
dépassée,  Ben-Daviil,  avec  celte  lu- 
flexihililé  (|ul  en  général  est  le  c.irar- 
tèrc  des  liommes  ([ui  ont  tout  dû  îi 
eux-mêmes  et  cpii  n'ont  eu  ni  guiile 
ni  maître  ,  resta  étranger  a  ces  modi- 
ficalions;  le  novateur  de  Vienne  lut 
sinon  un  rétrograde  ,  au  moins  un  re- 
tardiilairehBerlin,  Il  diangea  encore 
une  lois  de  carrière  et,  désertant  une 
pliilosnpliie  (|ul  clia(|ue  jour  deve- 
nait    plus    inintelligible    et    lui    in- 


BEN 

spirait  plus  d'antipathie  ,  il  se  voua 
aux  recherches  sur  les  antiquités  hé- 
biaïques  et  sur  l'exégèse  de  la  Bible. 
Malgré  le  zèle  et  quelquefois  l'éru- 
dition qu'il  y  déploya  ,  on  ne  peut 
lui  attribuer  dans  cette  branche  de 
philologie  un  mérite  vraiment  scien- 
tifique. Il  n'a  point  ce  tact  sur  qui 
est  essentiel  a  la  critique;  il  part  trop 
exclusivement  d'idées  préconçues  qu'il 
eût  fallu  ou  rectifier  ou  restreindre  et 
sur  lesquelles  il  établit  un  édifice  sujet 
a  croider  •  sa  précision  catégorique 
méconnaît  trop  les  circonstances  qui, 
dans  l'application  ,  doivent  modifier 
les  principes  et  adoucir  les  conclu- 
sions. A  CCS  travaux  littéraires  de  son 
choix,  Bm-David  en  joignait  d'au- 
tres dans  les  recueils  périodiques  de 
l'Allemagne  et  même  de  rétranjrer. 
Le  Magasin  de  psycologie  expé- 
rimentale de  IMorilz  ,  les  Mémoi- 
res cV antrophologie  j)liilosophi- 
que  de  Wagner,  le  J oiirnal mensuel 
de  ik'rl  n  par  Biesler  ,  le  JSoui^eau 
joHvnal  mensuel  de  Ik'rlin  ,  les 
Heures  lie  Schiller  ,  la  Bibliollièque 
o//r///('//c' d'Eiclihorn ,  la  Sulamite 
de  Frœnkel ,  les  Propj'lées  ,  etc., 
etc.  ,  contiennent  des  morceaux  de 
Ben-Da\id.  Mais  c'est  suilont  a  la 
Revue  )nc usuelle  allemande  {Deut- 
sche 3Ioniitssc/irift)  qu'il  a  donné 
une  (juanlilé  considérable  d  articles. 
Il  occupa  de  plus  la  place  de  calcu- 
lateur a  la  caisse  royale  des  veuves. 
Dlrecttur  de  l'école  israélile  libre 
de  lierliu ,  il  la  gouverna  pendant 
j)lusieurs  années  au  milieu  des  cir- 
constances les  plus  (lillieiles  ,  sans 
(|u*elle  perdît  rien  dans  cet  intervalle. 
Ces  soins  élaienl  gratuits,  et  ipichpic- 
fois  sa  fortune,  sa  sauté  eurent  a  en 
soulVrlr  ;  il  ne  les  rallentit  point  pour 
cela.  (^)iiel(pie  temps  aii>si  la  société 
|iliilomatlili|ue  de  Herlin  l'eut  pour 
secréUiirc.  Ben-David  mourut  le  2^ 


mars  i83  2.  On  prul  l'iic  (pi'il  avait 
siMvccu  à  sa  rcpiilalion  cl  siirloiil  a 
sa  capacili'.  C/clail  lonjours  un  cs- 
j'.ril  iiit;t'i)lciix  ,  proloiid  ,  iiicliit  , 
mais  il  i-lail  ((uiiiiu'  cj^arc  au  iniliou 
tle  la  |;ciu'raruiii  (jul  \  mail  de  naîlrr. 
l^a  5oir  (lu  savoir  ,  la  croyanre  aux 
réjlilcs  de  la  scionco  s'élaicnlclciules 
chez  lui.  Arri\c  jiar  ses  propres  for- 
ces et  saus  inailre  à  un  point  élevé, 
mais  là  voyaul  (pie  les  auires  conii- 
nuaient  a  niarclitr  ,  ;i  «gravir  ,  il  s'é- 
tait arrèlé  plein  de  dccouragoinent. 
El  si  les  autres  monlaieni  facilement, 
ce  n'est  pjs  quMs  eussent  été  plus 
favorablement  Irailés  de  la  nature  j 
c'est  qu'ils  étaient  arrivés  plus  com- 
modément que  lui  au  point  où  ilélail: 
ils  s'étaient  aslreinls  a  suivre  les  le- 
çons d'un  maître  j  c'est  qu'ils  s'avan- 
çaient appuyés  en  qncLjue  sorte  les 
uns  sur  les  autres  et  de  concert  j  cVst 
enfju  que  la  plupart  d'entre  eux  n'é- 
taient pas  embarrassés  de  ces  préju- 
gés qui  ralentissent  la  niarclic  ou 
jnème  faussent  les  ressorts  de  Tintel- 
ligcncc.  Au  reste,  lorsqu'il  se  mettait 
à  parler  des  souvenirs  de  sa  jeunesse 
et  de  sa  vie,  a  Vienne,  il  faisait 
éprouver  a  tous  ceux  qui  Tentcndaicnt 
un  charme  inexprimable.  11  avait 
gardé  h  Kant  une  affection  semblable 
à.  celle  qu'on  sent  pour  une  première 
maîtresse  :  le  portrait  du  philosophe 
gravé,  son  buste  étaient  les  seuls  orne- 
ments de  sa  modeste  babil  ail  on.  Avant 
connu  un  grand  nombre  de  littérateurs 
et  de  savants  de  tout  genre,  et  s'ex- 
primanl  toujours  avec  une  entière  li- 
Berté  sur  leur  compte,  il  offrait  dans 
ses  con\  orsations  comme  un  résumé 
pi(juanl  de  Thlstoire  littéraire  d'un 
demi-sicc!e.  Du  reste,  on  a  d(.'viné 
que  sa  position,  sous  le  rapport  dis 
avantaiies  sociaux ,  était  inférieure 
à  son  mérite.  Peut-être  plusieurs 
verront-ils  la  ([uclque  chose  qui  res- 


BRN 


045 


semble  a  du  malheur.  On  pouiialt 
tout  aussi  bien  dire  (pi'll  y  eut  de  la 
faute  de  Hen-Daud.  l^e  vrai,  c'est 
(jn'il  n'était  pas  né  pour  plaire  aux 
corps  privilégiés  ,  aux  corps  ensei- 
gnants j  (ju'ilsc  j)liait  diflicilemcnt  h 
quehpie  exigence  (jue  ce  fut  ,  (pi'il 
aimait  pardessus  tout  rindépcndan- 
ce  :  il  l'obtint.  Parfois  sans  doute 
les  conditions  ,  les  résultats  de  cette 
indépendance  lui  semblèrent  amers  : 
mais,  tout  bien  examiné,  il  l'avait 
préférée  h  tout.  Nous  ne  savons  si 
plus  tard,  dans  le  secret  de  son  cœur, 
il  n'eût  pas  préféré  une  dépendance 
opulente,  mais  le  temps  était  passé  de 
faire  un  choix.  Il  aimait  passionné- 
ment la  promenade  ,  et  vieux  il  bra- 
vait les  pluies,  la  neige,  l'orage, 
pour  aller  silencieusement  et  a  pas 
lents  se  livrer,  soll  dans  les  jardins 
publics,  soit  dans  la  campagne  ,  a 
des  méditations  solitaires.  Voici  la 
liste  des  ouvrages  de  Ben-David  ,  dé- 
falcation faite  de  ses  nombreuses  col- 
laborations aux  jourmux  et  recueils 
scientifiques  (tous  sont  en  allemand). 
I.  Sur  les  ligues  parallèles ,  Ijer- 
lin,  1786.  IL  Discours  sur  r amé- 
lioration civile  des  Juifs,  trad. 
du  francrais  ,  Berlin,  1789.  III. 
Essai  (Vune  analyse  logique  de 
Vinjlni  inallicmalique  ,  Berlin  , 
1789.  IV.  Lninot  surles  traitsca- 
ractêristiques  des  Juifs  ,  Leipzig, 
1792.  V.  Essai  sur  le  plaisir ^ 
Aienne,  1792,  2  vol.  Cet  ouvrage, 
écrit  par  Ken-David  a  l'époque  qu'il 
a  toujours  regardée  comme  la  plus 
heureuse  de  sa  vie  ,  celle  de  son  sé- 
jour a  \lenne  comme  professeur,  se 
ressent  de  l'impression  de  bonheur 
{pi'il  éprouvait  en  le  composant.  Au 
reste  ,  c'est  moins  sans  doute  a  ses 
propres  inspirations  (pi'anx  conseils 
d'Alxingt-r  et  de  Retzer  qu'il  o!)éis- 
sail  lorsqu'il  écrivait     cet    ouvrage 


LVII. 


546 


BEN 


et  quelques-uns  de  ceux  qui  suivent. 
Un  des  tralls  essentiels  de  son  ca- 
raclère  était  uue  simplicité  presque 
digne  de  Diogène  ,  mais  qui,  comme 
celle  de  Diogène,  tend  a  étouffer  le 
sens  du  beau  et  a  rendre  insensible 
à  tout  ce  que  la  nature  offre  d'élevé  , 
de  complexe  et  de  ricbe.  VI.  Lec- 
tures publiques  sur  la  critique  de 
la  raison  pure  ,    Vienne,    1796  ; 
seconde  édition,  Berlin,  1802.  \IÏ. 
Lectures  publiques  sur  la  critique 
de  la    raison  pratique ,   Yienne , 
1796.  "Vlll.  Lectures  sur  la  criti- 
que du  jugement ,  Vienne  ,  1796. 

IX.  Discours  sur  le  but  de  la  phi- 
losophie critique  ,  Vienne,   1796. 

X.  Notes  sur  la  critique  du  goût , 
Vienne,  1797.  XI.  Lectures  sur 
le  fondement  métaphysique  de  la 
science  de  la  nature  ,  Vienne  , 
1798.  XII.  Essai  d'une  théorie 
du  go  lit  ^  Berlin,  1798.XIIL  M- 
moires  swT  diverses  matières,  Ber- 
lin, 1800.  XIV.  Essai  d'une  théo- 
rie du  duoit,  Berlin  ,  1802.  XV. 
Sur  l'origine  de  la  connaissance 
(  discours  couronné  par  racadéinie 
des  sciences  de  Berlin  )  ,  Berlin , 
1802.  XVI.  Autobiographie  yVtcr- 
iin  ,  1804.  XVII.  Sur  la  religion 
des  J/ébrcux avant  Moïse ^  Berlin, 
1812.  XVilI.  Calcul  et  Histoire 
du  calendrier  des  Juifs  ,  Berlin  , 
X817.  P— OT. 

BEIVEDETTI  (François) , 
poète  dramali([nc  ,  né  vers  1792  ,  a 
Corlone  ,  annonça  dès  son  enlance  les 
di.sposltions  les  plus  exliaordinaircs 
pour  les  leltres.  De  r8i5  h  1818,  il 
lit  rcpréscnler  deux  Iragéilics,  ïl:- 
It'gono  et  J)ruso ,  qui  piontcllaienl 
un  digne  successeur  h  Allifri  (pi'il 
avaitchoi<»i  pour  modèle;  eldarisle  mê- 
me lenip^  il  Ht  imprimer  un  Discourt 
très-remarquable  sur  le  llicâlrc  ita- 
lien. Ce  génie  précoce  mourut  es 


BEÎf 

1 82 1  à  l'âge  de  moins  de  trente  ans.  11 
laissait  en  portefeuille  onze  tragédies 
en  partie  terminées,  et  parmi  lesquel- 
les on  cite  comme  les  meilleures  :  La 
Congiura  di MilanOj  la  Gismonda, 
les  Eleusini  ci  JVicolas  di  Rienzo. 
Outre  un  si  grand  nombre  d'ouvra- 
ges dramatiques  il  a  laissé  les  Vies 
du  même  Rienzi ,  de  Philippe  Strozzî, 
de  Pierre  et  de  Nicolas  Capponi  et  de 
Jean  de  Procida.  On  se  flatte  que  les 
frères  de  Benedetli,  possesseurs  de 
ses  manuscrits,  feront  eufin  jouir  le 
public  d'ouvrages  qui  doivent  encore 
aug-menter  la  iusle  renommée  de  ce         , 
grand  poète  en  Italie.  {\oj.  la  Re- 
vue encyclopédique ,  XIII,  474«)         1 
W— s.  ' 

BENEDETTO  ou  de  BENE- 
BICTIS  (Jacques).  Foy.  JACO- 
PONE,  XXI,  33'o. 

BENELLI  (Antoitîe Pere- 
GRiTvo) ,  musicien,  né  a  Forli  le  5 
septembre  1771  ,  fut  doué  par  la 
nature  d'un  talent  tel  que  ,  dès  son 
début,  il  fit  une  grande  sensation  en 
Italie.  En  1790,  i!  s'engagea  comme 
ténor  a  î^aples  ,  où  il  acquit  une 
grande  réputation.  Appelé  au  lliéâ- 
tre  de  Londres  en  1798  ,  il  y  eut 
un  très-brillant  succès  comme  cban- 
t cur  el  comme  composilcur.  En  1 8 0 1 , 
il  fut  atlaclié  au  lliéàtre  de  Dresde, 
où  sa  belle  voix  ,  son  exc(  llente  mé- 
thode cl  sou  jeu  spirltiu'l  lui  mérilè- 
rent  les  éloj'^es  les  plus  flalleurs. 
IMacé  on  1825,  comme  professeur,  , 
à  Tccole  de  chant  a  lierlin ,  il  y 
resia  jusqu'en  1829.  Dans  celte  der- 
nière année  il  écrivit  ses  Lettres  sur 
la  Alusiquc  ,  qui  lurent  publiées 
dans  le  journal  musical  de  Leipzig. 
Sponliui,  (jui  y  élail  forlement  alla- 
(|ué  comnic  compositeur  d'opéras ,  fit 
jtuhlier  uue  analyse  de  son  opéra 
d Olimpiuy  C()n\posée  par  Benelli, 
(idans  laquelle  illuuaitpcaucoupcct 


KEN 

ouvrage  que  le  jxiMic  avait  accueilli 
peu  favoralileuu'iil.  Celle  puhlica- 
lioM  lit  laire  les  leltres  ciitHiiies  , 
cl  Beiielli  promit  de  (loiiner  des 
éclaircisscinenls.  Mais  dans  la  même 
aunée  il  juTclit  sa  place  cl  retour- 
na a  Dresde  ,  où  il  jouissait  d'uiio 
pension.  Sa  saule  s'élanl  altérée  ,  il 
cntrejirit  un  voyage  dans  les  monla- 
gues  de  la  Saxe,  el  niournl  aBoerni- 
cben  le  26  août  i85o.  On  elle  parmi 
ses  compositions  plusieurs  Messes^ 
genre  de  musicpie  dans  lecpiel  il  ex- 
cellait ,  un  Pater  noslcr  à  cinq 
voix  ,  un  Sah>e  regiria  ,  un  yii'c 
31ariaf  un  Slnbat  mater ^  ([ualrc 
JSotlunu  à  quatre  voix,  Jl  Giorno 
natalizio  ,  una  Cantata  K  cinq 
voix:  ,  con  pianoforte  ^  J\Ietodo 
per  il  canto  ;  plusieurs  arielles, 
rondes  et  nocturnes,  un  cours  de 
cliant ,  un  solfège  pour  la  basse,  etc., 
tous  ouvrages  remarquables  par  Tcf- 
fet  et  le  talent  du  compositeur.   Z. 

BENETTI  (Jean),  littérateur 
italien,  naquit  a  Ferrare  en  1802  , 
et  se  consacra  dès  sa  plus  tendre  jeu- 
nesse a  la  profession  d'avocat  qu'il 
vint  exercer  k  INiplcs  5  ce  qui  ne  Tem- 
pècba  pas  de  cultiver  la  littérature 
avec  un  très  -  grand  succès  ;  mais  il 
fut  bientôt  arrêté  dans  sa  carrière  par 
des  atteintes  de  plitliisie  pulmonaire 
qui  le  conduisirent  au  tombeau  le 
2  3  janvier  1825  ,  à  peine  âgé  de 
vingt-trois  ans.  Sa  mort  fut  un  jour 
d'ailliction  pour  les  amis  des  lettres. 
Une  foule  nombreuse  assista  k  ses  fu- 
nérailles 5  el  son  ami  Peirucci  jiro- 
nonca  sur  sa  tombe  une  oraison 
touchante.  Benelti  avait  surtout  une 
prédilection  marquée  pour  les  S.iinles 
lîcritures,  et  il  y  puisait  cet  enthou- 
siasme des  prophètes  ,  si  rare  pirmi 
les  poètes  de  notre  temps.  Qucbpies 
jonrs  avant  sa  mort ,  il  avait  traduit  le 
bçau  psaume  %Supev Jlumiaa  Ba- 


BEN 


%'l 


bjlonls ,  et  il  récitait  celle  traduc- 
tion h  ses  amis,  qui  pleuraient  .ivec 
lui  sur  le  sort  des  Hébreux  chassés  de 
leur  jialrie.  Il  av<iit  connu  person- 
nellement lord  Byron  ,  dont  il  admi- 
rait le  génie  ,  cl  il  l'a  imité  .surtout 
dans  une  de  ses  Mélodies  hébraï- 
ques ,  adressée  a  la  mémoire  du 
IJante.  On  a  imprimé  ,  dans  la  même 
aunée  ,  un  choix  de  ses  poésies  qui 
présentait  de  grandes  beautés.      Z. 

BEXGER  (^Miss  Elisabeth  Ogh- 
Vy),  Anglaise  distinguée  par  ses  la- 
lents  littéraires ,  nacjuit  dans  la  cité 
de  Wells  ,  au  comté  de  Somerset,  en 
1778.  Sa  mère,  délaissée  par  sou 
mari ,  et  sans  fortune  ,  put  au  moins 
lui  donner  cette  précieuse  partie  de 
Féducation  qui  consiste  dans  l'exem- 
ple d'une  conduite  vertueuse  ;  mais 
celle-ci  joignait  à  d'heureuses  dispo- 
sitions morales  un  goût  très-vif  pour 
l'élude  ,  auquel  son  entourage  ne  pou- 
vait guère  répondre.  Elle  a  raconté 
plus  lard,  qu'à  cette  première  époque 
de  sa  vie,  n'ajant  pas  de  livres  a  sa 
disposition,  elle  allait  se  placer  cha- 
que jour  devant  la  boutique  de  l'uni- 
que libraire  qu'il  y  eût  dans  sa  petite 
ville  ,  dévorant  les  pages  ouvertes  des 
brochures  étalées  ,  et  y  retournant  le 
lendemain  pour  voir  si  elle  y  Irouve- 
rait  des  pages  retournées  qu'elle 
pourrait  encore  lire.  Sa  mère,  cédant 
a  ses  instances,  la  laissa  entrer,  à 
l'asie  de  douze  ans,  dans  une  école  de 
garçons,  où  on  lui  enseigna  le  latin. 
Trois  ans  après ,  un  petit  poème  de 
sa  composition  parut  ,  et  ne  fut  pas 
trouvé  dénué  de  mérite.  Mais  son  ta- 
lent, qui  se  formait,  ne  pouvait  pas 
être  apprécié  des  gens  simples  et  igno- 
rants au  milieu  desquels  elle  vivait; 
et  le  talent  ne  se  résigne  pas  long- 
temps à  être  méconnu.  En  1802, 
mistriss  Bengcr,  veuve  depuis  plu- 
sieurs   années  ;,   fixa  sa   demeure  à 

35, 


54^  BEI^r  BEN 

Londres,    et   bientôt  elle  fut  inlro-  inoiï^e s  sur  Marie ^  reine  d'Ecosse^ 
duile  dans  une  sociéL!»  où   elle  reçut  avec  des  anecdotes  sur  la    cour   de 
des  encouragements  et  perfectionna  Henri  II  ,  pendant  le  séjour  de  celte 
son  goût.  George  Gregory  la  mit  en  princesse  en  France,  1822  ,  2  vol. 
relation  avec  d'autres  personnes  re-  in-8°.  \II.  Mémoires  sur  la  reine 
comraandables ,  notamment   mistriss  de  Bohême.  L. 
Haraillon  ,  le  poète  Campbell,  le  me-         BEXINC  ASA  (Barthelemi  , 
dccin  Aikin  et  sa  sœur  mistriss  Bar-  comte  de),  né  dans  les  états  de  Mo- 
bauld.  ALondres,  Elisabeth  travailla  dène  en    ly^S,  était  un  des  grands 
d'abord  pour  le  théâtre  5  mais  elle  seigneurs  italiens  qui  jouissaient  le 
ne  tarda  pas  a  reconnaître  que,  pour  plus  activement  de  la  vie.  A  des  con- 
réussir  dans  ce  genre,  le  plus  diffi-  naissances  diplomatiques  vantées  dans 
cile  n'était  pas  de  composer  des  piè-  sa  cour,  il  joignait   des  prétentions 
ces  intéressantes.  Elle  écrivit  quelques  littéraires ,  un  dilettantisme  passion- 
romans  ,  et  un  poème  sur  l'abolition  né,   le  goût  de  la  chasse,  des  voya- 
de  la   traite  des  noirs  ,  qui  a  été  ges,  de  la  bonne  chère  et  de  plaisirs 
imprimé  avec  ce  qu'ont  écrit  sur  le  plus  vifs  encore.  H  paraît  que  ce  sys- 
Biême  sujet  Monigomerv  et  Graham,  lème  ne  manquait  pas  d'imitateurs, 
1809,  in-4.".  Mais  la  réputation  de  ou   au  moins  d'imitatrices,  dans  sa 
mistriss  Benger  est  surtout  fondée  sur  propre  maison-  car  ,  chargé  par  son 
les  travaux  historiques  et  biographi-  souverain  d'une  mission  li  A'^ienne,  en 
quesauxquelscUes'estadonnéedepuis.  1788  ,  et  obligé  parles  exigences  du 
Klle  avait   commencé  des  mémoires  conseil  aulique  de  revenir  h  Modène 
sur  Henri  IV,  roi  de  France,  lorsque  demander  de  nouvelles  instructions  , 
le   9  janv.  1827  ,  la  mort  vint  l'en-  il  arriva  si  malencontreusement  chez 
lever  aux  souffrances  d'une  conslilu-  lui,  qu'il  y  fut  témoin  d'un  spectacle 
tion  maladive  cl  d'une  vieillesse  sans  dont  sa  présence  fit  un  véritable  scan- 
ressources  ,    ace  que  nous  apprend  dale,  et  qu'il  prit  la  résolution  de  ne 


—                        l                                                                                   ^  '                                                                                         ' 

de  182S.  Voicilaliste  des  principaux  alors  encore  le  rendez-vous  de  tout 

écrits  de  mistriss  I*cnger  :  1.  y^tra'//;-  ce  (jui  cherchait  le  plaisir,   un  beau 

et  Cirna^uialion  f  iBi."),  2  vol.  in-  ciel  et  de  i^rands  souvenirs.  Une  riche 

i2.\i.Alc'moires  sur  mistriss  E  Usa-  anglaise,  la  comtesse  de  Uosenberg» 

//r//i  Ifamilton ,  accompagnés  d'un  lui   lit  oublier  ses  distractions  ordi- 

choix  de  sa  correspondance  et  d'au-  naires,  en  lui  inspirant  des  senliuieutJ 

1res  écrits  Inédit»,   1818,2*'  édition,  (jui  prirent  bientôt  le  caractère  d'une 

s,  vol.  in-8",  avec  portrait.  TH.  Mé-  vraie  j)assii)u.  Tour  plaire  K  la  com- 

moircs  sur   J.    Tobin  [l' oy.    ce  tesse  ,  (jul  ainiail  la  littérature,   et 

iiom,AFjVf,  189),    1820,    I   vol.  (jui  avait  tout,  excepté  le  temps,  pour 

\{\-^'^.\S .  ISotici's  sur  Klopstock  et  devenir   auteur,  il  mit  en  français, 

ses  amis,  en  tète  de  la  traduction  an-  avec  beaucoup  de  liberté,  il  est  vrai, 

^glaise   de    leur  correspondance.    V.  le  /  i((i^t;i\>  in  Ddlmazia  de  Tabbc 

J\^cmoires  sur  la  vie  d'Anne   Do-  Fortis,  sous  ce  titre,    les  Morla— 

U'jn^  |8xi,  r  \()i.  in-8".  Vï-  Dlè^  7'/('>  ,  et  eu  fil  ^\:^  lectures  dans  di- 


BEN 

i  ers  salons.  Oiïcrul  (\\\c.  I.i  comlcsic, 
roiiomitu'i'  par  la  larililc  a\  ce  la(|iicllo 
clic  maniai l  la  lan;;nc  Irancaisc  ,  claiL 
l'aiiUiir  de  lOiivraf^e  j  cl  la  publica- 
tion des  Morltujins^  Venise,  1788, 
in  8",  avec  le  nom  de  lîenincasa  ,  ne 
clianj^ea  point  Topinioii  générale  à 
cet  égard.  l'eul-élre,  en  efiel,  la 
coralesse  avail-ellc  contribué  ii  Tam- 

rlificalion   du    travail  de  Fortis  j)ar 
es  encouragementsqu'elle  prodiguait 
a  lîeniucasa,  ou  par  larecoiinalsance 
qu'elle  lui   téinoigua  de  ce  travail, 
cutrepiis  Usa  plus  grande  gloire.  Vers 
le  même  temps  aussi  Bcnincasa  se  fit 
réilileur  (TAllic/iicr^o ,  ou  dcscrip- 
iioji  (l  une   mciison    de  cainj)agne 
si  lace  au  villd'^c  de  ce  nom,  près  de 
Padoue,  livre  qui  probablement  fut 
composé  a  peu  près  de  la  même  ma- 
nière que  les  Moi'Uujues.   Quoi  que 
l'on  eu  doive  penser,  après  la  petite 
ovation  décernée  par  la  haute  société 
de  Venise  K  la  vanité  féminine  ,  Tau- 
leur  et  sa  belle  collaboratrice  allèrent 
ensemble    visiter    FAiigleterre.    La 
comtesse  v  resta  :  c'était  sa  patrie  ; 
Beniucasa    revint    sur   le    continent. 
En    se  séparant  de  lui,  la  comtesse 
de    Ilo^euberg  lui  avait  assuré    une 
pension  de  vingt-quatre  mille  francs. 
Paris    eut  d'abcrd  des  altralts  pour 
luij  Benlncasa  y   fut  introduit   dans 
les  premières  sociétés  5  mais ,  la  ré- 
volution   ayant    éclaté  ,     il     quitta 
un    pays   d'oii   la  frivolité  brillante 
allait  s'exiler  pour  long-temps ,    et 
retourna  eu  Italie.    Arrivé  a  Milan  , 
il  s'y  arrêta,  reprit  sa  vie  ordinaire, 
et,  utilisant  eu  quel(|ue  sorte  ses  plai- 
sirs, fournit  au  Giornale   ilaliaiio 
des  articles  de  lillérature  et  de  spec- 
tacles.   Lorsque  la  république  fran- 
çaise ,    passant   les  monis   et   jetant 
toutes  les  régions  européennes  dans 
le   même  moule,  eut  improvisé  une 
république  cisalpine  ,   lîeniiicasa  ob- 


tint  une  clinr^te  de  direcleur  d'ordre 
(lins  les  deux  grands  théâtres  de 
Milan  et  dans  les  jeux  publics  de  la 
capitale  de  la  Ilaute-ltalic.  L'avène- 
ment de  ÎSapoléon  au  royaume  d'Ita- 
lie lui  valut  une  mission  en  Dalmalii; 
près  du  provéditeur-général  Dandolo. 
iîenincasa  y  fonda,  sous  les  auspices 
du  provédileur,  un  journal  intitule 
Dcdniald  ^enela.  \^ç^^  événements 
diflicilesqni  eurent  lieu  ensuite  dans 
les  provinces  illyriennes  le  firent  re- 
venir dans  des  contrées  plus  tranquil- 
les. 11  résida  ([ueltpie  temps  a  Bres- 
cia,  où  il  publia  ,  traduit  de  l'anglais 
en  italien,  l'ouvrage  de  Walker  quit 
a  pour  litre  :  Mémoire  historique 
sur  la  trag;èdie  italienne.  Puis  il 
reparut  a  Milan,  où  il  fut  nommé 
secrétaire  de  fa  commis:)ion  d  ins- 
Iruclion  publi((ue,  destinée  lil'examen 
des  livres  classiques,  etsous-direcleur 
des  théâtres  royaux.  La  révolution 
de  1814.,  en  détruisant  le  royaume 
d'Italie,  lui  enleva  ces  deux  pla- 
ces :  cependant  il  était  loin  de  1  en- 
thousiaine  pour  le  gouvernement  de 
Bonaparte.  Au  texte  du  Mémoire 
sur  la  tragédie  italienne  ,  il  ajou- 
te ,  sous  prétexte  de  compléter  le  ta- 
bleau ,  un  jugement  flatteur  sur  les 
pièces  de  Moutl^  le  poète  en  titre 
de  Napoléon  {Galeotto  Manfredl  y 
Aristodemo)'y  mais  bientôt  on  voit 
percer  son  véritable  motif  dans  les 
louanges  (lu'il  donne  au  poème  du 
même  auteur  sur  la  mort  de  Bass- 
ville.  Benlncasa  est  mort  vers  iBsS, 
dans  un  âge  avancé.  P — ot. 

BEXLXCORÏ  (Axge-Marie), 
compositeur  musicien,  né  "a  Brescia 
ou  a  Mantoue,  au  mois  de  mars 
1779,  était  iils  d'un  secrétaire  du 
(hic  de  Parme.  Dès  l'ài^e  de  5  ans  , 
il  apprit  la  musique  ,  reçut  des  leçons 
de  violon  de  l'habile  virtuose  B-ullaj 
et  SCS  progrès  furent  si  rapides, (ju  a 


55o                  BEN  BEN 

sept  ans  il  fut  en  état  de  jouer  un  con-  ques  :   Les  Parents  ctiin  jourj  en 
certo  en   public,    devant  le  duc  de  un   acte,   paroles  de  M.  Améd.   de 
Parme,  qui,  satisfait  de  son  talent  Beauplan,  18165  la  Promesse  de 
précoce  ,  lui  envova  le  leodemaiD  une  mariage ,  ou  le  retour  au  hameau^ 
montre  a  répétition.  Benincori  ayant  paroles    de    Dieulaloy    et    Gersin    , 
perdu  son  père  quelque  temps  après,  18185  et  les  Epoux  indiscrets  j  ou 
fut  mis  au  collège  par   les  soins   du  le  danger  des  confidences ^  en  un 
prince  dont  il  avait  mérité  la  bien-  acte,  paroles  de  Saint-Just,  18 19. 
veillance.    Obligé   de  suspendre  ses  Ces  ouvrages  réussirent  peu  ,  en  rai- 
études  de  violon  ,  parce  qu'on  ne  lai  sou  de  la  faiblesse  des  poèmes  ;  mais 
laissait  pas  le  temps   de  s'y   livrer  la  musique  en  fui  trouvée  spirituelle 
pendant  le  jour,   il  prit  le  parti  d'y  et  agréable,    et  fit  juger  Benincori 
consacrer  quelques  beures  toutes  les  capable  de  terminer  la  partition  ^ A- 
. nuits,  et  pour  qu'on  ne  i'enlendîlpas,  ladin ,  ou  la  lampe  merveilleuse  ^ 
il  avait  imaginé  de  graisser  l'archet  dont    Nicolo   n'avait  pas  achevé  les 
de  son  violon.  Rolla  ayant  eu  la  eu-  deux  premiers    actes  (i);  Benincori 
riosité  devoir  si  son  jeune  élève  avait  a  composé  seul  la  musique  des  trois 
coDservé  ses  heureuses  dispositions  ,  derniers  ,  la  marche  qui  termine  le 
fut  étrangement  surpris  de  %zs  pro-  premier  ,  la  fin  du  premier  chœur  , 
grès,  et  en  apprit  de  lui  la  cause.  Il  la    2*  ,    la    4*^  scène   et  une  partie 
en  parla  au  prince,  qui,  ne  voulant  du  dernier  chœur  du  second  acte, 
pas  contrarier  la  vocation  de  cet  en-  l'ouveiture  et  tous  les  airs  de  danse, 
jfant,    lui   fit    donner    les    meilleurs  La  pièce  fut  jouée  le  6  février  1823 
maîtres,    au  nombre   desquels  fut  le  avec    le  j)lns  grand  succès,   et    s'est 
célèbre   Citiiarosa.    A   i4  ans,   Be-  maintenue  au  répertoire,  jusqu'à  l'é- 
nincori,  pour  son  coup  d'essai,  com-  pocpie    où  le   rossinisme  a    prévalu, 
posa  une   messe  ,    qui   fut  exécutée.  Mais  Aladin  semblait  destiné  a  être 
Comblé  des  boutés  du  duc  de  Parme,  fatal  aux  deux  compositeurs  qui  en 
il  partit  pour  l'Espagne,    avec   son  avaient  fait  la  musique  Benincori, 
frère  aîné  ,  en  1797  ;  mais  la  faillite  atteint  d'une  affection  au  pylore,  de- 
dc  la  maison  où  ils  avaient  placé  leurs  meurait  a  ndleville  chez  son  beau- 
fonds    les    obligea    de   donner    des  père  ,  frère  de  Gersin  ,  l'auteur  dra- 
concerts.  Sou  frère  étant  mort  de  la  iiialicjue  ;  il  y  mourut  le  00  décembre 
fièvre  jaune,  et  son  protecteur  u  exis-  18:;  i  ,agéde  45aiis(eluonpas  dc^i, 
tant   plus  ,  il   se  rendit  en  Allema-  comme  l'a  dit   M.  Mahul  daus  sou 
gnc,  cl  s'y  fil  connaître  par  diverses  A/tnuairc nccrologifpic)  ^  sW  semin- 
compositions,   entre  autres   un  opé-  nés  avant  sou  triomphe,  et  pendant 
ra    de    JS'ilcfis  ^    qui    obtint   autant  les  répétitions  d'un   opéra    au(|uel  il 
de  succès  à.  Vienne  qu'il  en  avait  eu  avait  eu  la  meilleure  pari,  cl  donl  lo 
en   Italie.   Arrivé   en   France,    vers  gnccès  devait  assurer  sa  fortune  et  sa 
i8o3,  il  se  lixa  à  Paris,  où  la  fortune  réputation.  Membredelasociété  phil- 
iie  le  traita  pas  aussi    favorableintnt  harmonique  de  Bologne,  il  était  d'un 
(jiic  plusieurs  de  ses  compatriotes  ,  caractère  froid,  mais  homme  d'esprit, 
nu()i(prily  donnai  des  leeonsdrcliaivl, 


1       .        - 

de  violon  ,  de  piano  ,  de  composition  (,j  (y,,st  fiiui.- a.>  .tMis.isn.-mcnts.'xaif».  qus 

et  d'Iiarmonie.  Il    lit  ie|)ré.'.en!er  au  «^•"•»  """  »"'•'  «'"'  '"""'«l'"  ^'"'"'"  ("""•  >>'^'. 

f|<i   ",         11        1                  •      '     r                    •  j).i(;.  1^7),  nous  IIVOII5  «lit  (iii'il  ni  aviiit  liiil  |c« 

lllCatrc-i'  cycleau  trois  Opcras-COmi-  dois  premiers  acUs  [>rcj<iiic  ciiliiM. 


BEN  REN                  fiSï 

el  snrloiil  liomnio  de  lucii.  Outre  les  «  fHHl(|ncs  cudroils  Irop  langiiissanLi 

parliliOiis  iloiil  nous  avons  parle,  oa  a  (jiie  j'ai  supprimés,  loiil  y  est  ori- 

a  (le  lîcnincori  niic  Symphonie,  de-  «  {^lual  cl  rccréalif ,  le  loiir  ,  le  sljle  , 

diccà  Haydn;  sixœiivres  de  <^)/m///o/.s  «la  pensée,  cl  en  nailiciilier  le  fré- 

ponr  deux  violons,  alloel  liasse,  dont  et  qnenl   usa{i;e   des   anlilbèses  ,  des 

les  deux  premiers  œuvres  ont  clé  gra-  «  é(|uivoqucs  cl  des  jeux  de  mois.  » 

vés  en  Allemague,  et  les  cpiatre  dcr-  3/al)bé  Gros  de  Besplas,    dans  soa 

niers  à  Paris;  un  œuvre  do  jTr/o.vpour  Kssai  sur  l'élof/ucncc  de  la  chaire^ 

piano,  violon  cl   \i()loncelle,    elc.  Il  ï'aris,  1767,  in- 12,  pag.  285-3oo, 

a  laissé  trois  quatuors  manuscrits  et  donne  l'analyse  d\i  Bouclier  d'hon- 

deux  opéras  non    représentés,  mais  îiaur ,    qui  avait  été  réimprimé  en 

lus  au  comité,  savoir:  Qa/al/icOyOU.  I759,iu-ii!,  pour  compléter  le  t.  II 

i(i  nom'cau  Pys^malion,  paroles  de  de  la  vie  du  brave  Grillon  ,  par  ma- 

Portelancc,  i8o4j  cl  Hcsiona,  en  demoiselle  de  Lussan.  î\Iais  on  sup- 

Sacles,  1807.                    A— T.  prima  ensuite  celle  oraison  funèbre 

1Œ\I\G  (François)  ,  jésuite  ,  pour  y  substituer  d'autres  pièces  que 

prédicateur    du    XMP    siècle,    né  l'auteur  jugea  mal  li  propos  plus  iu- 

a  Avignon  ,  devint    recteur    du  col-  léressanles.    L'imprimeur  De.sprez, 

lège  de  cette  ville.  Il  est  ccnnu  par  mieux  avisé,   publia  séparément  le 

un  ouvrai^e  dont  la   singularité  au-  Bouclier ,  dont  la  pagination  com- 

rait   dû    faire  obtenir    une  place    h  meuce  au  chiffre  197  et  linit  à  524. 

Tauleur  dans  nos  Dictionnaires   bis-  Dans   une   longue   dédicace  à  Louis 

ioriques.  C'est  le  Bouclier  d' lion-  XIII,  Kening  ,  entre  autres  gentil- 

neur  ou  sonl représentés  les  beaux  lesses  ,   dit   que  sa  plume   n'osant 

J'aicts  de  très- généreux  et  puissant  prendre  son  vol  vers  le  septre  d'un, 

seigneur feumessire  LiOiùs  de  Ber'  ^^y-i  s'est  perchée  sur  le   baston 

ions  ^   seigneur  de   Çrillon,    Avi-  d' un  maislre  de  camp   II  appelle  les 

gnon  ,  I  616,  in  8°,  et  Lyon,  16  16,  blessures,    les  orijlames  du   cou" 

in-4.".  Cette  oraison  funèbre  fut  pro-  rage...  Les  vini^t-deux  que  Cril- 

noncée  dans  Téglise  cathédrale  d'A\i'  Ion  avait  reçues  sont  autant  de 

gnon  ,  au  mois  de  Adc.  i  6  i  5.  L'abbé  bouches  pourprines  q  à  prêcheront 

d'Arligny  est  le  premier  (pii  ail  rap-  sa  valeur  ;  ce  sont  vingt-deux  pré- 

pelé  l'attention  du  public  sur  celle  sidents  en  robbes  rouges^  pronon- 

produclion   bizarre.  Il  en  publia   la  çant  arrest  en  faveur  de  sa  gé- 

plus  grande  partie  dans  le  tome  V  des  fiérosiié.  L'orateur  passe  en  revue 

Nous^eaux  Mémoires  d'histoire^  de  la   hauteur,  la  profondeur,  la  lou- 

critique  et  de  littérature ,  p,  48-  gncur  et  la  largeur  du  courage  de 

102(1).   a  Ce  discours,  dit- il,  est  Grillon;  il  linit  par  examiner  cora- 

a  unique  dans  sou  espèce  (2).  Le  se-  bien  ,  a  la  mort  du  héros,  cette  hau- 

arieux   et   le  burlesque  y  marchent  tesse    de   courage  fut   abaissée, 

(cd'un  pas  égal  ,  et  a  rexception  de  cette  longueur   combien  raccour- 

,  cie  j  cette  largeur  combien  rétré- 

(i)  n*»ns  cpitc  rrimprc^sioii  l'on  n'a  pas  ob-  CiC,     cctte   profondeur   combicn 

•ervr  cxnct.minl  rorlhnj;n.pl.e  de  rori^inal.  aplanie.  Tout  CSt   écrit  daUS  CC  Slvlc 

(a)  Il  |iaraitque  1  abliiil  Arti:;ny  n'apascuiiim  '      ,             ,            ,                  ,          i  >•  l'- 
une pièce  oratoire  du  inèiiir  temps  it  liii  ii,(-im-  et   dans    le   même   ordre   aidées,  ou 
^^urc.mxaaWcA'Oranonfun.Lre  du  R.p  Anjr.  .^j^ji^'^  d'images  ct  de  comparaisoDS 

de  Jojeusc ,  profineial  des  capucins,  par  le  prrc  '    ,        .                    O                                     ^ 

Ircnéc,  1608,  iii-S",  (;f'o7-  l*"»Bi  au  Supp!  )       phySiqUCS.  L  —  M X. 


552 


BEN 


BEXIXGA  (Eggerik),  né  d'une 
famille  noble  et  ancienne  de  la  Frise- 
Orienlale  ,  et  seigneur  de  Grimer- 
sum  ,  fut  attaché  dès  sa  jeunesse  a  la 
cour  du  comte  Edzard  ,  surnommé  le 
Grand.  Il  devint  conseiller  des  sou- 
verains de  son  pays  et  gouverneur  de 
Lehroort.  Son  zèle  pour  les  franchi- 
ses de  ses  concitoyens ,  en  même 
temps  que  sa  fîdélilc  a  ses  princes  , 
son  attachement  a  la  religion  réfor- 
mée ,  ses  lumières  ,  la  facilllé  de  ses 
mœurs,  l'avalent  rendu  extrêmement 
populaire.  11  mourut  le  19  octobre 
i562  ,  laissant  en  manuscrit  une 
chronique  où  sa  position  lui  a  permis 
de  f.iire  entrer  des  délalls  qu'un  au- 
tre n'aurait  pu  si  bien  connaître. 
Celte  chronique  parut  d'abord  en 
1706,  djns  le  tome  AIIF  des 
Analecta  d'Antoine  Malthaus  ,  pro- 
fesseur h  l'université  de  Leyde  ,  irui 
1  avait  imprimée  sur  \\\\^  copie  com- 
muniquée par  le  savant  Menso  Alling, 
l)our";mestre  de  Groninirue.  Il  ea 
fut  lait  une  seconde  édition  ,  a  Eni- 
den  ,  en  1725,  vol.  in-4."  de  879  pa- 
ges chiffrées  ,  dont  l'éditeur  fut  £11- 
liardFolkardllardenroht,  prédicanl, 
lequel  y  ajouta  des  notes  marginales, 
des  pièces  oflicielles  ,  etc.  L'avis  au 
lecteur  contient  (juelques  renseigne- 
ments sur  lli'iiinga.  Il — f — c. 

BENIXGSEIV.  Voy.  Benmg- 
SKN  ,  ci-après. 

JŒîViVATI  (François),  méde- 
cin italien,  né  en  oelubre  J798,  h 
Mantone,  montra  de  bonne  heure 
d'heureuses  disj)()sllions,  (pii  lui  mé- 
ritèrent l'honneur  de  faire  ses  éludes 
universitaires  aux  frais  du  jiouverne- 
mcnl  aulrirhien.  (]e  fut  à  Favle  et  à 
Padoiie  (pi'll  étudia  la  niédtciue  et  la 
chirurgie.  Après  y  avoir  reçu  le  litre 
de  docteur,  il  passa  dans  la  ca|)ilal(î 
(le  lAuUiihe,  pour  y  perfectionner 
K's  cojiuaiâwucce.  Biculùl  il  se  rendit 


BEN 

h  Londres,  puis  a  Edimbourg  ,  et  vint 
enfin  se  lixer  a  Paris,  où  un  accident 
fatal  terminabrus(|uement,le  i  0  mars 
i854-5  "^^^  carrière  cjui  s'annonçait 
comme  devant  être  très-brillante.  La 
veille  il  avait  été  renversé  par  un  che- 
val et  blessé  mortellement  a  la  tète. 
]Né  dans  la  terre  classique  des  beaux- 
arts  j  a  dit  un   de   ses   amis  5   plein 
d'enthousiasme  pour  la  musique,  ([u'il 
cultivait  avec  un  succès  remar([uable, 
et  doué  d'une  voix  que  plus  d'une  cé- 
lébrité lyrique  eût  pu  envier  ,  il  en- 
treprit de  rallier  en  lui  cette  double 
étude,  en  appliquant  ses  connaissances 
médicales  a  celle  de  la  voix  humai- 
ne pendant  le  chant.  C'est  dans  celle 
vue  qu'il  publia  ses  Recherclies  sur 
le  ruécainsme  de  la  voix  Iiumaine^ 
Paris,  i852,  in-8"  ,  dout  il  résulte 
que   ce   ne   sont    pas  les  seuls  mus- 
cles du  larynx  qui  servent  h  moduler 
les  sons,    mais  encore  Thyoïdc  ,   la 
langue  cl  le  voile  du  palais ,  sans  \cs- 
({uels  on  ne  pourrait  atteindre  h  tous 
les  ilegrés  de  modulation  nécessaires 
pour  le  chant.  Mais  ce  u'élait  point 
assez  d'apporter  dans  cette  élude  les 
lumières  de  la  physiologie,  Bennali 
sentit  que,  pour  que  ses  travaux  fus- 
sent revêtus  du  cachet  de  rutllilé, 
il   fallait  s'occuper  en   même   lem[)s 
des  maladies  de  ces  mêmes  organes. 
De  là  ses  Rcclievches  sur  les  nui- 
ladics  qui  afjecleiit  les  urgaiies  de 
ht  voix   hurnuiue  ^   Paris,    i852  , 
ii!-8".  Cet  ouvrage  ,  réimprimé  avec 
le    jirécédent ,    sous    le    litre  à'E- 
tuiles    plijsiologii/iies    et   pat/io- 
lo^i(jucs  sur  les  ori^ancs  de  la  voix 
lutniuiiie  y   Pails,     i855,     lu  -  8"  , 
lui    valut  une  part  dans  les  prix   de 
médecine  fondés  par  IMonlyon  ,  dis- 
tinct ion  flatteuse,  (jui  ne  Ht  (|uc  re- 
doubler son  zèle  ,  car  bien  lot  après 
il  pid)lia  (  Paris,    i83.i,   iu-8")  iiii 
Mémoire  sur  un    eus  fmrticulici* 


t/'iin(ynt(t/ic'   df    lu    roix   hiiniaiiic  nialiî-rc  à  (le  lon^^iR's  rcinar(|n('s  do 

jwrutiint  le  cluint  ,  iloiil  il  avall  puise  IM.  le  baron  vaii  Dcrlfldcn  van  llin- 

Ics  lailstlic/  M.  Ivanlioff,  russe  de  dorslciii ,  insérées  dans  le  même  jour- 

iialion,   et  Tnn  des  clianlcnis  dislin-  liai,  lîJSo,  1,  ^65,  58::,  -945  t'ic. 

^iiés  du  riiéàlre-llalien.  Au  nl()^lcn^  lîcnnel  élait   un   olficicr  expcriincii- 

oii  la  morl  vint  le  frapper  ,  il  s\)ccu-  lé  ,   el   donl  la  perle  a  élé  vivement 

jiait  d'un  nouveau   iravail  sur  l'iiy-  sentie;  il  mourut  dans  sa  cincpianle- 

i;iène  de  la  voix  ,  cl  de   reclierciies  cincpiième  année,  au  village  d'Kde, 

tant  sur  l'arl  du  ventriloque  ,  (pie  sur  près  d'Arnhem  ,  le  i  i  février  xdinj. 

ruiililc  de  l'application  de  la  miisi-  R — f — g. 

que  K  la  médecine.           J — D — n.  ItEXÎVETT  (IMi^triss  Eliza), 

lîEWET   (lloELOi'-GAiiniEL)  ,  romancière  an^^laise  ,  morte  le  12  fé- 

colonel -capitaine  de  la  marine  des  vrier  1808,  a  laissé  un  grand  nombre 

Pavs-lîas,  s'est  fait  connaître  comme  de  romans   (pii  ont  eu  du  succès,  et 

écrivain  par  une  his'.oire  Aqs  JSnvi-  dont   plusieurs   onl  élé    traduits    eu 

cations    néerlandaises  au    XVi'.,  français.    Le  meilleur  sans  contredit 

l'I  au  X\  H'"  siècle  ainsi  (ju'au  corn-  est  Ixosa  ,    ou    la   fille  jnetidlanla 

iiienceraeul    du     WUl'"    [  Neder-  (trad.  en  franc,  par  M."'*"  Brayer  de 

landsclie  Zeereiscn)  ,  histoire  an-  Sl-Leon  .  Paris,  an  VI,  7  vol.in-12; 

noncée  dans  le  Letterbode  de  1828,  2''éilil.,  1799,  ^^  vol.in-i8),  com- 

t.    II,    p.    2^1  ,    et   dans    laquelle  position  cliarmanle,  écrite  avec  au- 

il  cul  pour  collaborateur  M.  J.  \aii  tant  de  pureté  cpie  de  grâce,   et  oîi 

Wyk.  Ce  fut  encore  avec  cet  écrivain  l'inlérêt  ne  languit    pas  un  seul  in- 

qu'en  1825  il  recul  de  la  société  pro-  stant  pendant  dix  volumes.  Des  autres 

vinciale  (rUlrcclil  une  médaille  d'or  ouvrages  de   mistriss  Bennelt,  nous 

pour  un  Mémoire  sur  les  découvertes  indi([uerons   :    LAnna^  ou   l'hêri- 

nes    Néerlandais    en   Améri([uc  ,   en  ticre galloise,  1784,  Irad.  en  fran- 

Auslralie  ,    aux  Indes  cl  aux    terres  çais  par  Dubois-Fontanelle,  Paris, 

polaires  (Oi^cv   de  JS'ed.  Outdek-  1  788  ,  4  vol- in-12  5  2"  édit.,  1798, 

kinf^en),  Ulreclil ,  1827  ,  in-8"  de  4-  vol.  in-12;  et  par  P. -F.  Heury, 

2i5  pp.,  sept  labl.  et  une  carte.  La  I\'iris ,   1800,  4  vol.  in-i8.   II.  Les 

plus  ancienne  des  ces  découvertes  ,  du  i/nprndences  de  la  jeunesse,  Irad. 

moins  dans  le  mémoire  cité  ,  est  celle  par  M"""  la  baronne  de  Wasse  (  Pa- 

ôes  îles  Flamandes,  en  1 445,  par  J.  ris,  178S  ,  4-  vol.    in-i2)  ,  ((ui  n'eût 

Yanden  Berg,  de  Bruges.  Parmi  plu-  pas  dû  sur  son  litre  donner  Touvrage 

sieursarlicles  de  journaux  qu'on  doit  à  comme  une  production  de  raulcur  de 

la  plumedeM.  Benuelel  iicellede  ."^on  Cécilia  ,  c'est-a-dire  de  miss  Burney. 

fidèle  associé  ,  nous  signalerons  celui  III.  Agnès  de  Coiircy,  roman  do- 

qui   a  pour   objet  la  découverte  du  niesli([ue,  trad.  de  l'anglais ,  Paris, 

Gerrilsland  o\\  JSew-SouthSJur'  1789,    4  vol.   in- 12.    lY.    Henry 

/rt/ir/,  avec  (juelques  observations  sur  Bennett  et  Julie  Jufinson ^  ou  les 

un  nouveau  démenti  que  lui  ont  don-  esquisses  du  cœur,  trad.  en  franc, 

né  les  Anglais  (/>('/^6'/Ao^A,',  1826,  Paris,  1794,  ^  vol.  in-io.  Y.  Lrt 

I,  524-55  1),  cl  un  autre  article  qui  ?Jalcdiclion  paternelle  ,  ou  l'oni' 

traitait  de  l'île  /Crtr/^/fo/ rclrou\éc  br.'  de  mon  pcre ,    trad.    par  M"*** 

(ib.,.  I  820,  II,  I  5o-i  52;.  La  (lisser-  l\'nn  ,  ]*aris  ,    1809,   5    vol.  in-i2< 

talion  sur  ces  découvertes  a  fourni  \I.  L'Orpheline   du  presbytère ^ 


554                 BEN  BEN 

ou  fiction  et  vérité,  irad.  par  De-  pour  la  Rassle ,  où  il  jugea  qu'il  lui 
fauconpret,  Paris,  i8  i6,  5  vol. in-i 2.  serait  plus  facile  de  réussir.  L'impé- 
VII.  Hélène  ,  comtesse  de  Castle-  ralrice  Calherine  Tadmit  en  effet,  dès 
Ilowel ,   traduit  par  Defauconpret,  son  arrivée,  comme  lieutenant-colonel 
Paris,  I  822,  4- V.  m-i2.W\\.Beau-  dans  un  de  ses  régiments  de  Cosaques, 
/eef /a/r/ei/r,  trad.  parlemême,  Pa-  et  il  fut  envoyé  contre  les  Turcs  sous 
ris,  1820,2  vol  in-i2.  Les  produc-  les  ordres  de  Romanzoff,  puis  contre 
tiens  de  mistriss  Bcnnett  se  distin-  le  rebelle  Pugatscheff  avec  Souwa- 
guent  par  rinvenlion  et  par  la  pureté  row.  Revenu  de  celte  dernière  eipé- 
de  la  morale 5  mais  elle  n'observe  pas  dition  ,   il    épousa    une    demoiscilo 
toujours  bien  les  caractères  ,  et  n'é-  russe   qui  mourut  eu  couche  de  son 
crit  pas  avec  une  correction   conli-  premier    enfant.    Beunigsen    obtint 
nue.                                  P — OT.  alors  un  congé  pour  aller  dans   sou 
BENXIGSEX  (Levin-Augus-  pays  où  il  fut  de  nouveau  captivé  par 
TB-THEOi'niLE^  comte  de)  ,   général  la    belle  demoiselle  de   Schvvichelt. 
russe,  naquit  le  10  février  1745  h  Ne  pouvant  obtenir  sa  main ,  il  prit 
Brunswick  où  son  père  était  colonel  le  parti  de  l'enlever,    et  la  conduisit 
des  gardes.  En  sa  qualité  de  seigneur  en  Russie  où  le  crédit  de  Romanzoff 
de  la  terre  de  Banleln  qu'il  possédait  et  de  Polcmkin  lui  fit  donner  le  coin- 
dansl'électorat  de  Hanovre,  cet  ofii-  mandement  du  régiment  de  A7otv, 
cier  se  trouvait  le  vassal  du  roi  d'An-  puis  celui  des  hussards  d'Ium.  Ce  fut 
gleterrc.  Il  profita  de  celte  position  alors  que   commencèrent  réellement 
pour   faire    entrer  son    fils  dans  les  «a  répulation  et  sa  fortune  militaires, 
pages  5  et  le  jeune  Bennigsen,  après  II  étaitausiè-ed'Olschakowen  i  788, 
avoir  passé  cinq   ans   h  Ja  cour    de  el  lut  cliargé  d'observer  la  garnison 
Georges  II,  fut  nommé  lieutenant  ,  de  Bender  avec  uu  corps  de  troupes 
puis  capitaine  dans  ses  gardes  a  pied,  légères  ,  landis  que  Polemkin  se  por- 
et   fil  en   celle  qualité  la    dernière  tait  en  avant  pour  s'emparer  de  Ki- 
campagne  de  la  guerre  de  sept  ans  linnova  cl  d'Akklermauu.   L'activité 
CD    Allemagne.    Mais    il  avait    alors  qu'il  déploya  dans  celte  circonstance 
peu  de  goût  pour  la  carrière  des  ar-  le  lit  rcmarijucr  :  il  fui  nommé  bri- 
mes, et,  se  livrant  sans  réserve  a  son  gadier  ,   el  rt  cul  l'ordre  d'aller  dans 
penchant  excessif  pour  les  femmes,  il  la  Russie  Blanche  pour  comballre  les 
ne  paraissait  pas  destiné  a  parvenir  auK  Prussiens  (juisc  réunissaient  sur  celle 
premiers  rangs  de  l'armée.  Il  (juilla  fronlière.  Eu    1795,   11  commandait 
iiicme  bientôt  le  service  pour  épou-  également  un  corps  de  troupeslégères, 
ser  la   fille  du   baron  de  Sleimljerg,  lorsipi  il  attaqua  a  J-wu  les  Polonais 
ministre  de   Hanovre  a   la   cour    de  Jasinski  el   (ilewinski,   qu'il  mil  en 
Vienne,  (jui  relusaiide  donner  samain  fuile.  Après  les  ailaires  dOsihmiaui 
à  un  simple  oUicier;  el   il  alla  vivre  cl  deSolli,  il  fut  nommé  général;  et 
avec    elle  dans   la   lerre  de    Hantelu  ce  fut  Si  la  tète  de  la  cavalerie  qu'au 
dont  il  était  devenu   possesseur   par  combat    de    A\  ilna    il    s'empara   do 
la    mort  de    son    père,    'l'cnant    nu  (jiiinze  pièces  d'arlillerie  et  i|u'il  de- 
grand  Iraiu  de  maison,  il  dérani^ea  sa  ciila  la  victoire  eu  rompant  le  centre 
fortune.    Sa    femme    étant   morte    a  de  l'ennemi.   A  Ollva  il  s'empara  des 
ccllu  épo(juc  ,    il  résolut  de  rentrer  pouls  de  baliaux  sur  le  INiémen  ,   et 
dans  la  carrière  militaire   cl  partit  mil  encore  eu  fuite  les  Polouaisj  il 


BEN  ^  BEN  555 

enleva  cnsnîlo  la  place  de  Kowno,  et  carnclè-rc  îrasclMc  ,   il    en  ressentit 
nu'-rilii    par    ses   cxploils    un    sal)re  un    profond   rliaf^/in  el  demanda   sa 
(l"lu)iincur    vn   or  ^aiiii   de  diamanis  rrirailc   a    pln-icurs  reprises.   Cello 
(pie    lui     en\ova   rinipéralrice    avec  demande  lui  avait  été  accordée  ;    et 
un  présent  de  douze  cents  paysans  el  il  allait  partir  jionr  le  Hanovre,  lors- 
l'ordre    de     Saiiit-\\  ladiniir.     D'un  que    le     hasard    le    fit   entrer     dans 
tempérament   nerveux    et   fort    irri-  un   complot   (pii    se    tramait    contre 
laide,    Bennijrseu    était   alors   véri-  l\'inll''.    Uenoncant  dès-lors  a  tout 
taMenienf    un    prodige    d'actiNité   et  autre  projet,  il  se   montra  1  un  des 
de    valcnr.   Un    jour   il  monta   sou-  agents  les  plus  zélés  et  les  plus  actifs 
daincment  h  cheval  dans   un  violent  de  cette  conspiration.   Il   est   mémo 
accès  de    fièvre  ;    et,    sans    (piilter  sur  que  ce  fut  lui  (pii  dans  le  moment 
ses    vêtements  de    ma'adc  ,   il    tra-  fatal,  effrayé  de  lliésitalinn  des  au- 
versa  un  fleuve  a  la  uage  ,  conduisant  très  conjurés  ,   leur   fit  comprendre 
ses  hussards  a  Tcnnemi  ([u'il  surprit  qu'il  n'y    avait     de   salut    pour  eux 
et  hattitcomplètement....  Et  pendant  que  dans    la    mort   du    malheureux 
ce    temps    la    fièvre    avait    disparu,  prince  (i),  et  que  ce  fut  lui  qui  porta 
Son  triomphe  était  dans  les  surprises  sur    la   victime  les  premiers  et    les 
de  jour,  de  nuit ,  el  surtout  dans  la  plus  terribles  coups.  Cependant,  seul 
confiance  et  l'élau  qu'il  savait  inspi-  des  auteurs  de  ce  meurtre ,   il  n'en 
rer   aux    soldais.   Après    la    campa-  fut  puni  ni  par  l'exil  ni  par  aucune 
gne  de   Pologne  ,  il   obtint  le  corn-  disgrâce  {Voj,  Alexandre  ,  LVI  , 
mandement  des  troupes  réunies   sur  i6i  );    il    paraît    que    son     carac- 
les  frontières  de  IVusse.  Mais  celte  tère  audacieux  et  le  besoin  de  ses  la- 
destination  changea  bientôt,  et  il  fut  lents  militaires  furent  les  seules  cau- 
cnvové  a   l'armée    de   Perse,   oii  il  ses    de    celte     exception.     Dès    les 
commanda  la  cavalerie.    Il  reçut  de  premi'^rs  jours  de  son  règne  le  suc- 
l'impéralrice,  a  cette  occasion,    des  ccsseur  de   Paul   nomma    Bcunigsen 
témoignages  de   confiance    très-flat-  gouverneur    de  la  Lilhuanie.   L'an- 
leurs.  Cette   princesse  lui  donna  des  née  suivante   (1802)  il  lui  donna  le 
pouvoirs  illimites,  et  lui   communi-  grade  de  général  en  chef  5  et  lorsque, 
qua  tous  les  secrets  de  Tenlreprisc.  eu    i8o5  ,    se    forma  une   nouvelle 
Après  un  bombardement  de  dix  jours,  coalition,    il   le  rail  a  la  tète  d'une 
il  se  rendit  maître  de  Derbent  sur  la  armée  destinée  h  combattre  IcsFran- 
iTier  Caspienne  :  douze  mille  prison-'  cais.  Cette   armée  arriva    trop    tard 
DÎcrs,  une  nombreuse  artillerie  et  des  pour  prendre  part  a  la  bataille  d'Ans- 
magasins  considérables  furent  le  prix  lerlilz^  mais  elle  fui  envoyée  en  Si- 
de  cette  victoire;  la  croix  de  Saint-  lésie  aussitôt  après ,  el  mise  a  la  dis- 
André de  première  classe  en   fut  la  position  du  roi  de  Prusse,  quine  ju- 
récompense.  Ce  fut  le  dernier  pré-      , 

sent  que    Rennig-^en   recul    de    Cathe-  (,,   ç..^^,  ce.lainom.nt  par  «rrcur  que  quel- 

rine  :      elle      mourut     l)eU     de      temps  qm-s  bioj^iaphes  ont  an  que  fimni-îsen  ne   fut 

,  •>  i>       1         •  I     •  Pî"*  prt-sfiif  à  cetie  catastrophe;  tous  les  téiuoi- 

après,   et  l  empereur  Paul  qui  lui  suc-  J„,„',.s  s.,nt  d'accord    sur  ce  point    Le  docteur 

céda  se  hâta  de   faire    la   paix  avec   les  O'Mcarampporle.d'après  Napoléon,  uneconver- 

^^  i>  •  r  'i»!  ialion  que  celui-ci  avait  eue  a  Tilsitl  avecl'empe- 

PerseS.     lieunigsen    tut    aussitôt    rap-  r,  „r  \i,.xn.idrc,   ci   dan.  laquelle  ce  prince  dit 

Pelc  ,  el  il  parut  tombé  dans  une   dis-  P'-^i'ive.uent  .  en  parlant  <le  Henni-sen:  «  C'est 

l  '  1  >  T?  L"   •  D  M  lui  qui  a  assassine  mou  perc;  la  politique  seule 

grâce  COmplclC.  J?  Ort  ambitieux,  d  UU  ,«  ,u'a  oblige  et  m'oblige  encore  à  l'employer.» 


D'Jt 


BEN  BEN 


gea  pas  a  propos  d'eu  faire  usage,  où  la  garnison  prussienne  était  ré- 
Alexandre donna  alors  a  Bennigsen  duile  a  la  dernière  extrémilé  {Vojr. 
l'ordre  de  se  rendre  sur  les  froiilière*  Kalkreuth  ,  au  Supp.).  Les  pre- 
de  la  Turquie,  oiî  une  rupture  sem-  miers  mouvements  de  l'armée  russe, 
blail  inévitable.  Wais  dès  le  mois  de  exécutés  avec  beaucoup  de  secret  et 
septembre  suivant,  il  fallut  revenir  au  de  célérité,  eurent  d'abord  quelque 
secours  des  Prussiens,  et  Bennigsen  succès-  elle  surpiit  dans  leurs  caa- 
futencorecbargédVconduire6o,ooo  lonnemeuls  les  corps  de  Ney  et  de 
bommes.  11  s'était  a  peine  mis  en  Beruadolte;  mais  Napoléon,  bientôt 
inarche ,  que  Vi^sue  funeste  de  la  ba-  accouru  de  Varsovie  ,  où  il  avait  trans- 
iaille  dléna  et  la  marche  rapide  de  porté  son  quartier-général  après  la 
„  Napoléon  le  forcèrent  de  rester  sur  bataille  de  Pultusk ,  fit  marcher  ses 
laYistule,  où  ilconcentrases  troupes,  colonnes  avec  tant  de  promptitude  et 
etpritsonquarlier-généralaPullusk,  de  vigueur,  que  Bennigsen  se  vit  lui- 
sur  la  Narew.  C'est  dans  cette  posi-  même  près  d'être  coupé  dans  sa  re- 
tion  qu'il  fu!  attaqué,  le  26  décembre  traite  sur  Rœnigsberg  ,  et  forcé  de 
1806,  par  les  maréchaux  Lannes  et  recevoir  cette  terrible  bataille  d'Eylau 
Davoust,  et  qu'il  soutint  pendant  plu-  (8  février  1806),  l'une  des  plus  meur- 
sieurs  jours  ,  et  par  le  temps  le  plus  trières  de  ces  sanglantes  guerres.  La 
affreux,  uneluttc- terrible.  Si  l'armée  position  des  Russes  y  était  formida- 
russen'y  fut  pas  complètement  \icto-  ble  ,  et  ils  soutinrent  avec  une  admi- 
lieuse,  elle  prouva  du  moins  aux  Fran-  rable  fermeté  les  attaques  les  plus 
çais  qu'après  des  succès  si  rapides,  ils  vives  et  le  plus  habilement  dirigées, 
avaient  enfin  rencontré  uu  ennemi  plus  Cène  fut  qu'après  des  perles  immen- 
dilliclle  a  vaincre.  Bennigsen  fit  a  son  &es^  et  surtout  par  le  secours  du 
souverain  un  rapport  fort  exagéré  ,  et  Prussien  Lestocq,  (pi'ils  réussirent 
il  se  plaignit  amèrement  de  la  cou-  euliu  a  faire  sans  désordre  une  ré- 
duite de  Kamiuskoi  et  de  Buxhowden,  traite  honorable.  Ain.si  le  champ  de 
qui  auraient  dû  le  seconder,  et  ijui  bataille  icsta  aux  Français,  et  ils 
l'avaient  abandonné  dans  le  péril.  ])nrenl ,  avec  raison  ,  s'attribuer  les 
Alexandre  éloigna  de  l'armée  le  pre-  honneurs  de  la  victoire.  Selon  son 
inier  de  ces  généraux;  il  envoya  usage,  Bennigsen  les  réclama  égale- 
le  second  contre  les  Turcs,  et  il  dé-  meut,  et  il  envoya  h  sa  cour  un  rap. 
cora  de  l'ordre  de  Si-Georges  Ben-  port  enq)hali(pie  ,  où  il  avouacepcu- 
nigsen  ,  qui  resta  ainsi  lout  seul  daut  une  perte  de  12,000  hommes, 
généralissime  de  toutes  les  forces  de  Les  deux  partis  chantèrent  donc  le 
la  Ixnssle  employées  contre  les  Fran-  Te  Dciun,  el  Bennigsen  recul  de  son 
rais,  (^e  fut  alors  qu'il  conçut  l'idée  souverain  une  lettre  exlrèmement 
d'une  enlicprise  véritablement  gian-  llalleuse  :  «C'est  a  vous,  lui  écri\it 
de,  el  K\\\'\  pouvait  changer  la  face  «  Alexandre, ({u'aétéréservée  lagloirc 
des  alTaires,  s'il  n'avait  pas  eu  devant  «  de  vaincre  celui  (pii  n'avaiijamais  été 
lui  \\\\  ennemi  aussi  artlf,  aussi  re-  «vaincu;  el  11  m'est  lorl  agréable  de 
doutable  (pu;  Napoléon.  Il  s'agissait  «  pouvoir vonsen  lémolgnermarccou- 
dc  se  porter  rapidement  sur  la  gau-  «  naissance  el  celle  de  la  pairie  entière, 
fho  (le  l'armée  Iranraise,  de  pénétrer  «  etc.))  Acetle  lettre  était  joinirorilrc 
jusqu'aux  bords  de  la  Visliile  ,  et  de  Si-André  el  une  pensiondc  i  l", 000 
d'aller  dégager  la  place  de  Dimlzick  ,  roul.dcs.  Toute  Tarmct'  recul  une  gra- 


tilicalion.  M.iis  Bi'nni{:;scn  \\c  pouvait 
se  dissimuler  1rs  rcsullals  de  son  au- 
dacieuse oju'ralioii ,  el  ces  résultais 
Irès-réels  claienl  (|iril  n'avait  pu  re- 
prendre Tborn,  ni  (li'livrerCiraudenlz 
t't  Danlzick;  cpril  avait  fait  i\cs  jier- 
tes  iinnicuses  eu  lionimes  et  eu  artil- 
lerie... El  il  ne  recevait  aucun  secours 
ni  renfort ,  ^lal^^rt■  ses  demandes  rci- 
léréeî).  Ce  fut  alors  cp»  Alexandre 
Tint  K  sou  armée,  et  que  ce  j)rince 
essaya  de  l'encouras^er  par  ses  pro- 
mes.'-es  el  les  nombreuses  récom- 
penses qu  il  distribua.  jMais  les  for- 
ces de  Tenuemi  s'au<:^menlaicnl  cba- 
que  jour,  cl  cet  ennemi  était  aussi 
actif  que  redoutable.  Dantzick  fut 
obligé  de  capituler,  et  après  avoir 
encore  essuvé  de  grandes  pertes  a 
Keilsberg,  il  fallut  abandonner  Kœ- 
nigsberg  a  ses  propres  forces,  il 
fallut  évacuertoule  l'ancienne  Prusse. 
On  sait  (jue  dès-lors  Alexandre  avait 
conçu  le  plan  qu'il  exécuta  plus  tard 
avec  lant  de  succès,  en  attirant  son 
ennemi  dans  la  profondeur  de  ses  vas- 
tes états.  Il  n'y  renonça  dans  cette  oc- 
casion qu'en  cédant  aux  prières  du  roi 
de  Prusse.  Ce  fut  après  le  revers  de 
Friedland  qu'il  se  décida  enfin  a  deman- 
der la  paix.  JNapoléon,  qui  commen- 
çait a  sentir  les  danjrcrs  d'une  guerre  si 
éloignée  el  si  meurtrière,  n'insista 
point,  et  le  traité  de  Tilsilt  fut  con- 
clu [Foy.  Alexandre,  LM,  i65). 
Après  ce  grantl  événement,  Bennig- 
sen  se  relira  dans  ses  terres  de  la 
Litbuanie,  et  il  y  vécut  au  mibeu  àcs, 
plaisirs  de  la  société  et  de  l'élude.  In- 
vité plusieurs  fois,  comme  sujet  lia- 
novrien,  cKpiitlcr  le  ser\ice  étranger 
et  a  retourner  dans  sa  pairie  ,  sous 
peine  de  voir  ses  biens  confisqués  ,  il 
«'y  refusa  coustamment  j  cl  lorscpie  la 
guerre  recommença,  en  1811,  il 
saisit  avec  empressement  ,  malgré 
son  âge  avancé ,   cette  occasion  de 


RKN 


5îi7 


rentrer  dn ns  son  ancienne  carrière. 
Alexandre  \int  le  voir  dans  sa  terre 
de  /aeresl  ,  j)rès  de  \Viliia,  l'emme- 
na avec  lui ,  el  voulut  recevoir  ses 
avis  sur  tous  ses  projets.  Jjorsque 
Alexandre  retournait  l'étersbourg,  il 
l'envoya  auprès  de  Koutousoff,  (pril 
venait  de  cbarger  du  commandement 
général.  Ainsi  l>ennigsen  se  trouva 
il  la  laineuse  bataille  de  l')orodiuo, 
el  y  commanda  le  centre.  On  sait 
combien  il  lui  lallut  de  fermeté  et 
d'énergie  pour  contenir  pendant  toute 
cette  sanglante  journée  les  plus  grands 
efforts  des  Français.  Dans  le  conseil 
qui  précéda  l'évacuation  de  Moscou, 
il  fut  un  de  ceux  qui  s'opposèrent  le 
])lus  vivement  K  celte  mesure.  Il  ne 
s'éloignaqu'hrcgretde  cette  capitale, 
el  le  18  octobre,  avec  une  partie  de 
l'aile  droite,  il  attaqua  Murât ,  |.rè3 
dcTaronlino,  et  le  battit  com[)lè- 
temenî.  Ce  lut  a  celte  occasion  qu'A- 
lexandre lui  écrivit  celle  lettre  si  re- 
mar(piablc  :  «  Vous  avez  donné  de 
«  nouvelles  preuves  de  vos  talents, 
ce  Par  vos  sages  mesures  et  vos  bonnes 
ce  dispositions  ,  vous  avez  battu  avec 
a  nos  braves  troupes  le  corps  d'armée 
ce  du  roi  de  Naples,  fort  de  5o  raille 
ce  liommes,  et  l'avez  mis  en  fuite.  Trois 
ce  mille  morts,  1700  prisonniers  , 
ce  un  étcndart  du  i*^''  réqin.eut  decui- 
ce  rassiers  ,  58  canons,  /(.o  caissons, 
ce  le  camp  et  les  équipages  de  Penne- 
ce  mi  sont  les  Iropbées  de  celte  jour- 
ce  née.  Malgré  la  contusion  que  vous 
a  avez  reçue,  vous  êtes  coustam- 
ce  ment  resté  a  votre  poste  pendant 
ce  la  poursuite.  En  considération  de 
ce  celle  victoire,  (pii  fait  tant  d'bou- 
cc  neur  ii  vos  talents ,  el  pour  vous 
ce  donner  \\\\  témoignage  public  de 
ce  notre  salisfactiun ,  nous  vous  cn- 
cc  voyons  les  insignes  de  l'ordre  ;de 
ce  Saint-André  en  brillants,  et  nous 
ce  y  ajoutons  no  présent  de  cent  mille 


558 


BEN 


«  roubles.  »  Les  suites  de  cette  vic- 
toire furent  révacuation  immédiate  de 
Moscou  et  la  retraite  de  Tarraée  fran- 
çaise.   Beunigsen  n'approuva   point 
dans    cette    retraite    la    lenteur    de 
Koutousoffj  et,  ne  pouvant  être  d'ac- 
cord avec  lui,  il  quitta  l'armée  et  se 
rendit   auprès   de   l'empereur  ,    qui 
lui  permit   de    se   retirer   dans  ses 
terres  ,    afin   d'y   soigner  sa    santé. 
Après  la  mort  de  Koutousofî  et  les 
batailles  de  Bautzen  et  de  Wurschen, 
Bennigsen  reçut  l'ordre  de  se  rendre 
k  Varsovie  ,  pour  y  prendre  le  com- 
manderaent  d'une  armée  de  réserve, 
a  la  tète   de   laquelle    il   se   dirigea 
bientôt   vers    rÂUemap-ne,   oii  de  si 
grands  événements  allaient  s'accom- 
plir.   Arrivé   (levant  Dresde  dès  les 
premiersjoursd'oclobre,  avec  60,000 
hommes,  il  eut  d'abord  a  combattre 
le  maréchal  Gouvion-Saiut-Cyr,  qu'il 
força  de  rentrer  dans  la  place.   Ap- 
pelé ensuite  a  la  grande  armée  ,  il  ar- 
riva sous  les  murs  de  Leipzig  le   1 7 
octobre,  et  prit  une  part  glorieuse  à 
la  grande  halnillc  des  nations.    Ce 
fut  h  l'aile  droite  qu'il  se  trouva  placé, 
et  il  y  déploya  une  telle  valeur  sous 
les  yeux  de  sou  souverain, qu'Alexan- 
dre le  fil  comte  sur  le  champ  de  ba- 
taille, et  que  l'empereur  d'Autriche 
lui  envoya  peu  de  jours  après  la  croix 
de  commandeur  de  Marie-Thérèse. 
11  reçut    tnsuitc   l'ordre  de    retour- 
ner sur  1  KIbe  ,    pour  empêcher  les 
garnisons    de   Dresde  ,    de    Mogde- 
bourg    et    des   autres    petites    pla- 
ces  de  se   réunir  a  Davoust  <pii  oc- 
cupait Hambourg.  Comme  il  n'avait 
guère  (pie   de  la  cavah'ric,  et  (|u'il 
manijuait  (l'é(|uipag(*s  de  siège,  il  se 
contenta  d'iuvtstir  ces  places,  l'jisuite 
il  niardia  sur  Hambourg,  y  enferma  le 
m.iréclial  (/  oy.  Davoust,  au  Sup.), 
et  dirigea  contre  lui  ipichpies  atta- 
ques, qui  furent  sans  résultats,  jus- 


BEN 

qu'a  ce  que  la  nouvelle  des  événements 
de  Paris  (avril  1 8 1  4-)  vînt  mettre  fin 
aux  hostilités.  Bennigsen  reçut  alors 
la  décoration    de  Saint-Georges   de 
l'^^  classe,  qui  jusque  la  n'avait  cto 
donnée  qu'au  roi  de  Suède  et  au  duc 
de  Wellington,   et  le  roi  de  France 
lui  envoya  aussi  le  grand  cordon  de 
la  Légion-d'Honneur.    Alexandre  le 
chargea  dans  le  même  temps  du  com- 
mandement de  l'armée  du  Midi ,   en 
Bessarabie,  et  il  conserva  cet  emploi 
jusqu'en  18 iS.  Frappé  d'une  cécité 
presque  complète  ,  par  suite  d'une 
chute  de  cheval ,  il  obtint  la  permis- 
sion de  se  retirer  dans  ses  terres  du 
Hanovre  ,  et  il  y  mourut  le  2  octobre 
1826.  Alexandre  lui  avait  conservé 
son  traitement   de  général   en   chef. 
Bennigsen  a  publié  en  allemand  un 
ouvrage   remarquable,    sous   ce  ti- 
tre :  Pensées  sur  quelques  connais- 
sances indispensables  à  un  officier 
de  cavalerie  légère ,  R'ga  ,  1794? 
et  Wilna,  i8o5.    On  sait  qu'il  avait 
composé  des  Mémoires  j  qui  ne  peu- 
vent  manquer    d'être   précieux  pour 
l'histoire  5  mais  le  cabinet  russe  eti 
a   réclamé    le    manuscrit,   et   il  est 
probable  (|u'ils  ne  verront  jamais  le 
jour.  M — DJ. 

«EÎVOIT  (Le  P.  Jean),  histo- 
rien des  Albigeois,  né  en  i632  h 
Carcassonne,  après  avoir  terminé  ses 
études  h  Toulouse,  y  prit  a  dix-huit 
ans  l'habit  de  Saint  -  Dominique. 
Dans  ses  loisirs  il  cultivait  la  littéra- 
ture et  faisait  dvs  vers  latins  et  fran- 
çais avec  facilité  5  mais  s'étant  atta- 
ché à  la  carrière  évangélique  ,  il 
accpiit  la  réputation  d'un  bon  pré- 
dicateur, et  remplit  successivement  les 
chaires  des  principales  villes  du  midi 
de  la  France.  Il  vint  ensuite  K  Paris 
où  il  demeura  plusieurs  années.  Rap- 
pelé sur  la  lin  de  sa  vie  h,  Toulouse, 
xl  y  mourut  le  fi  mai  1705,  H  75  ans. 


I3KN  BEN                  ?i59 

Le  P.  Benoît  a  laisse  qiicl(jiic.S]nrcps  tl»ie  pour  Tctat  ccclcslaslûjuc.  M;û- 
(lo  vers  eu  riioiineiir  tic  Louis  \IV,  tre  Je  choisir  une  carrière  plus  coii- 
rnlrc  autres  uu  poiinc  iuliliilc  :  7^'«-  forme  à  ses  p;oûls,  il  se  chargea 
hlrnic  (le  lii  ViCtoiri'  et  do  l(t  paix,  d'al)()r(l  (Tuue  éducation,  et  lut 
l'aris,  I  ()c>-,  in-/,";  mais  il  csl  priri-  ensuite  employé  dans  diverses  ad- 
cipalemoul  connu  par  V Histoire  des  miiiislralions.  Admis  en  i8o5  dans 
Aiùigcois  et  (/es  l  aiidois ^  Paris,  les  hureaux  de  la  secrclaireric  d'clal, 
1691,2  vol.  in-i  2  ;  elle  est  inléres-  il  ohliiii  la  confiance  de  iM.  Maret 
santé  ,  mais  partiale,  et  cela  ne  pou-  (jii'il  accompagna  dans  ses  voyages  et 
vait  guère  être  autrement  :  comme  le  dans  toutes  les  campagnes  où  ce  mi- 
dit  .1.  Leclerc  ,  un  moine,  et  un  nistre  suivit  Napoléon.  Après  la  ba- 
moine  dominicain  ,  était  l'homme  du  taille  de  Waterloo  ,  Benoît  eut  la 
inonde  le  moins  propre  pour  un  tel  direction  des  bureaux  du  gouverne- 
ouvrage  (Voy.  \d  JJilfLot/irquc  uni-  ment  provisoire*  et  il  eut  la  précau- 
verselle y  \X,  197).  Il  a  fait  usago  lion  de  ne  cjuitler  les  Tuileries  qu'a- 
des /^rorcV/w/rs  instruites  contre  les  près  avoir  anéanti  toutes  les  pièces 
Albigeois  par  les  inijuisilcurs  au  temps  dont  la  découverte  aurait  pu  com- 
du  cardinal  de  Clermont,  dont  le  promettre  quelques  personnes.  In- 
nianuscril  original  se  trouvait  dans  quiélé  par  la  police  royale  a  raison 
le  cabinet  de  Fr.  Graverol  (A  oj^.  de  ses  anciennes  liaisons,  il  se  ren- 
te nom,  XVlll ,  3^5).  Il  donne  les  dit  h  Genève  où  il  espérait  trouver 
généalogies  des  principales  familles  du  repos  ;  mais  la  police  l'y  suivit, 
dont  il  est  parlé  dans  cette  histoire  ;  et  dans  le  temps  qu'il  se  disposait  à 
et,  pour  les  faire  mieux  recevoir,  il  quitter  cette  ville  ,  il  fut  remis  dans 
dit  que  dllozier  a  pris  la  peine  de  les  mains  de  la  gendarmerie  française 
les  revoir  et  de  les  rectifier;  mais  et  conduit  dan.s  les pri>ons  de  Bourg, 
d'Hozier  déclara  qu'il  ne  lui  avait  pas  où  il  subit  une  assez  longue  déten- 
rendu  ce  service  (  Voy.  le  Journal  lion.  Placé  depuis  en  surveillance  à 
des  savants^  i  691,  page  233).  La  Orléans,  il  n'eut  qu'a  se  louer  des 
carte  géographi(pie  des  vallées  an-  autorités  de  celte  ville;  et  ce  fut  sur 
noncée  sur  le  frontispice  manque  dans  leur  demande  qu'il  reçut  Tautorisa- 
beaucoup  d'exemplaires.  Sous  le  titre  tion  de  revenir  a  Paris.  En  1817  il 
de  Continuation  de  l  Histoire  des  fut  un  des  collaborateurs  de  la  Bi^ 
Albigeois  ^  le  P.  Benoît  a  donné  la  bliotheque  historique ,  où  il  inséra 
vie  de  saint  Dominique  ,  Ton-  contre  le  clergé  catholique  un  article 
lousc,  \ij(.)d  in-i2.  On  trouve  une  très-violent  et  qui  donna  lieu  à  un 
notice  sur  cet  écrivain  dans  les  iS'c/7/->-  procès.  Préoccupé  des  idées  qu'il  avait 
tores  ordin.  Prcedicator.  ^11,  767.  puisées  dans  ses  premières  lectures , 

W — s.  JJenoît   ne  redoutait  que  le    despo- 

BE\OlT   (ViNCiNT  Verxier),  lisme  sacerdotal.  ^N'étant  pas    satij- 

publici>tc  ,  naquit  en  1769  a  Dôle,  fait  de  voit  les  prêtres  dépouillés  do 

et  termina  se^  éludes  a  I\aris ,  au  se-  leurs  biens,  sans  pouvoir  et  sans  in- 

minairc  de  Saint-Lazare.  La  lecture  (luencc,    il   aurait    voulu   leur   ravir 

des    ouvrages     philosophiques   qui  ,  les  secours  et  la  protection  du  gou- 

Jnalgré  la  surveillance  des  supérieurs,  vcrnement.  Ce  penseur  morose,  qui, 

pénétraient  jusque  dans  les  séminai-  par  anour  pour    la  tolérance,  dcve- 

res,  lui  inspira  la  plus  vive  aolipa-  ^uil  iuloléraulàsoninsu,  étailaufond 


5«o                  BEN  BEN 

le  meilleur  tics  hommes.    D'un  ca-  Russie,  le  5o  avril  i83i,  etail  son 

raclure  seusible,  désinlcressé  ,  ilavait  frère.  Ea  sa  qualité  de  lîls  aîné,  Jé- 

de  uoinbreux  amis ,  et  méritait  d'en  rémie  fut  destiné  a  suivre   la  même 

avoir.  Il  mourut   le    12   avril  i852  carrière  que  son  père  et  sou  aïeul, 

victime  de  la  contagion  qui  désolait  Dès  l'enfance  il  avait  manifesté  des 

Paris.  On  a  de  lui  :  1.  De  la  liberté  dispositions  rares.  A  trois  ans  il  lisait 

des  cultes  et  des  concordais ,  Pa.~  Ihisloire  d'Angleterre     de    Rapin- 

ris,  18 18,  in-8°.  II.  De  la  liberté  Thoyrasj  a  sept  il  comprenait  ïelé- 

religieuse  ,   ibid.  ,    1 8 19  5  1825  ,  jnaque   en  français^   a  treize,  après 

in-8"j  trad.  en  espagnol  par  Marche-  s'être  distingué  au  collège  do  West- 

na,  Montpellier,  1820,  in-8°.  Dans  niinsler,  il  fut  admis  dans  celui  de  la 

le   premier    de  ses  ouvrages  Benoît  Reine,  h  Oxford,  et  y  soutint  une  dis- 

fi'atlache  k  prouver  que,  dans  un  pays  cussion  publique,   dans  laquelle   la 

oi!i  par  la  loi  fondamenla'e  de  l'état  finesse  de  ses  remarques  ,  la  précision 

tous  les  cultes  ont  droit  a  une  égale  des  on  langage  excitèrent  la  surprise 

protection,   le  prince  ne  peut  faire  et  les  applaudissements  de  tout  l'au- 

un   traité    favorable    h    l'un  de   ces  ditoire.  Trois  ans  après,  il  fut  reçu 

cultes   sans    être  injuste   envers   les  bachelier,    et   a  vingt   ans,    devenu 

autres.   De- la,  suivant  lui,  l'obliga-  maître   ès-arts,  il  était  cité   comme 

tion    d'abolir    tous    les    concordats,  le  plus  jeune  gradué  qu'eussent  vu  les 

Le  second  n'est  qu'un  développement  universités.   Il  entra  ensuite  à  Lin- 

des    mêmes  idées.  IN'envisageaut  la  coln's  Inn  ,  et  en  1772  il  débuta  au 

question  religieuse  que  sous  un  seul  barreau,  où  les  souvenirs  de  son  père 

fioint  ,  l'auteur  ne  voit   dans  la  re-  lui  promettaient  des  succès  éclatants, 
igion  que  les  prêtres  et  l'esprit  de  et  surtout  des  moyens  de  s'enrichir, 
domination   qu  ils  avaient  au  moyen  Mais  déjà  sa  vocation  était  bien  plus 
âge.  Pour  lui,  depuis  le  onzième  siè-  d'observer  ([uc  de  mettre  a  prolit  les 
de  ,  rien  n'est  changé  j  et  mainlenant  vices  des  lois  et  de  l'organisation  judi- 
comme  autrefois  la  société  n'a  d'au-  ciaire.La  vue  de  tout  ce  qui  se  passait 
tre  danger  a  craindre  que  l'am-bilion  dans  l'enceinte  de  la  justice  lui  inspira 
du  clergé.  Ce  résumé  de  la  doctrine  bientôt  un  profond  dégoût,  non  pour 
de  Benoît,  écritd'un  style  sec  et  lourd  la  science  judiciaire,  puisqu'elle  fut 
peu  proprealul  procurer  deslectt'urs,  l'objet  con.^lant  de  ses  travaux,  niais 
n'a  dû  quehjue  vogue  (pi'aux  altaipies  pour  l'exercice  de   la  j)rolession  qui 
de   plusieurs   journaux  j    cl    depuis  se  joue  si  bien  de  l'insufFisance  et  des 
long-temps    il  est  tombé  dans   fou-  bizarreries  de  la  loi  par  l'astuce  de 
bli.                                    W — s.  la  chicane.  De  tout  Icnqis,  il  faut  le 
I5E\TIIAM  (JiÎrkmie), célèbre  dire,  la  jurisprudence  anglaise  a  été 
publicisle  aiiglai.s,  naipiil  a  Jjondrcs,  un  chaos  de  lois  faites  pour  déso'er 
en  1748.  Son  père,    (pii  comii;e  lui  le  légiste  ,  non  seulement  par  les  dis- 
s'appelail    .lérémie  ,    nom    d  un    de  positions  mes([uines  ,  slupides  ou  des- 
leurs ancêtres,  banquier  sous  Char-  poliques  qu'elle  consacre,  mais  par 
les  II,  é!ait  attorncy  :  son  aïeul  pa-  rin'posslhililé  où  l'on  est  de  les  coor- 
lernel  a^  ail    élé    chargé  dvs   mêmes  donner,  de  les  soumettre  à  une  uic- 
fonct'ons ,  cl  de  plus  il  était  clerc  de  ihode  (pielconcpie  ,  sans  doubles  em- 
lacompagnle  lies  notaires.  Sir  Samuel  plois  et  sans  conlriulicllon.   On  sait 
Bentham,  mort  général  au  service  de  dans  ipiel  labyrinlln^   inexlrlcahle  se 


tioiiviiil  cn^ap;cs  ceux  ijui  uoiMnl  pli(|uc  scuK- lii  propension  de  son  cs- 
consullor  ii  la  lois  les  lois  vi.'ril.il)lrs  [)ril  ii  saisir  parloiil  Ii;  poiiil  de  vue 
ou  rendues  par  le  par'enu-nl ,  l<s  sla-  niililaire.  IMiis  laid  ,  ii  jnesure  (ju'il 
liils  des  ruis,  les  simples ordoniianccs  a\aii(;a  dans  ses  éludes,  applitpianl  a 
de  police,  elles  arrèls  rendus  par  les  foiil  la  mesure  (ju'il  regardait  com- 
cours.  Ce  n'est  pis,  au  reste,  (pie  le  nie  universelle,  il  apercevait  surtout 
coiuineul  ne  l'ail  loiif^-lenips  dispulé  les  maux  aux(piels  est  en  jiroie  riiu- 
KrAnglelerresousceiapportetnième  iiianilé  ;  mais  dans  celle  masse  il 
ne  le  lui  dispute  encore  :  la  France  dislinguail  bien  vit»;  les  maux  néccs- 
surtout  ,  avec  ses  nombreuses  coulii-  saires  des  maux  iiicidenlels,  cl  il  gé- 
nies, les  unes  écrites,  les  autres  Ira-  missail  de  voir  (pie  ces  derniers  sont 
dilionuelles ,  toutes  liniilées  en  ccr-  prcstpie  toujours  de  la  faute  de  ceux 
tains  points ,  a  lon<:^-  temps  oflert  une  (jui  en  sont  victimes,  parce  (pi'ils  cou- 
arène  non  moins  féconde  à  la  mau-  courent  eux-mêmes  a  les  créer.  Les 
valse  foi  et  à  la  cliicauc.  Le  spectacle  loissurloul  apparliennentlropsouvcnt 
de  tant  d'abus  et  de  maux  créé.s  pour  hceltecatégoric.  Ou  mal  éclairés,  les 
prévenir  ou  guérir  uu  mal,  frappa  bomines  les  font  n.auvaisesj  ou,  trop 
l»enlliam;  et  bienlijt ,  renonçant  a  bien  éclairés  sur  leurs  intérêts  persoii- 
sulvre  une  carrière  dons  larpielle,  iie!s,desmaîlres,  dontia  cause  est  dif- 
sous  peine  de  perdre  toutes  les  causes  féronte  de  celle  des  masses,  les  font 
qu'il  plaiderait,  il  fallait  jeter  un  lionnes  pour  (uix  ,  mauvaises  pour  le 
\oilc  sur  la  vérité,  user  de  ruses  et  public.  Dès  Tannée  1776  ,  Beulhani 
de  subterfuj^es.  affecter  du  respect  s'était  sigualé  par  ses /'Vr/g'wewY^  .s wr 
pour  des  formes  et  des  lois  qu'il  trou-  le  gouvernement.  Cette  brochure 
\ail  ridicules  ou  funestes,  il  voua  sa  anonyme,  qu'il  eut  le  plaisir  de  voir 
vie  a  une  làcbe  bien  autrement  diffi-  attribuer  aux  jurisconsullcs  les  plus 
cile  ,  mais  plus  en  harmonie  avec  sa  célèbres,  était  surtout  dirigée  contre 
puissance  de  méditation  et  son  amour  les  principes  de  Blackstone,  dont  il 
du  vrai,  celle  de  reconnaître  et  de  louait  l'exactitude  a  exposer  les  lois 
démontrer  au  monde  le  vice  de  toutes  telles  qu'elles  sont,  mais  auquel  il 
les  institutions  législatives  .  etdepro-  reprochait  de  ne  jamais  indiquer  les 
voqucr  par  des  convictions  ration-  lois  telles  qu'elles  devraient  être,  et 
nelles  les  reformes  que  commandent  le  dont  la  tendance  enfin  lui  semblait 
bien  de  riiumanité  et  le  progrès  des  tropabsolutisleetthéocratique.  Quant 
lumières.  Ce  plan  sans  doute  ne  se  h  sa  crititpio  trop  superficielle  du  gou- 
développa  que  graduellement  dans  sa  vcruement  brilaunicpie  ,  il  en  substi- 
têle;  mais  dès  sa  jeunesse  les  ger-  tuait  une  autre  bien  plus  lumineuse  , 
mes  en  étaient  en  lui.  Avant  même  mais  plus  amère  j  et  du  reste  il  dé- 
de  paraître  a  l'université  d'Oxford,  montrait  que  les  arguments  quil  a 
il  avait  divoré  pendant  les  vacan-  produits  ne  lui  apparlenaienl  pas  : 
ces  le   fameux  livre   De  V Esprit  y      «  Blackslone  a  écrit  ;  Delolmeapen- 

far  Helrétiusj   et  cette  doctrine  de     se,  m  disait-il.  La  couleur  métapliy- 

ulile  .   si  cliétive  en  elle-même,   si  sique  et  rétonnanti;  concision  de  ce 

éloignée  de  loule  idée  de  grandeur  et  petit  livre ,  non  moins  que  les  obser- 
inême  de  devoir,  tpiand  nul  autre  valions  toutes  spéciales  sur  le  méca- 
principe  ne  vient  la  maîtriser,  lui  nisme  du  gouvernement  et  de  la,jus- 
avait  inspiré  un  cntliousiasTiC  (pi'ex-     lice,  indiquaient  assez  uu  homme  que 

i.vii.  3G 


56a 


BIN 


des  études  profondes  avaient  familia- 
risé avec  ces  matières,  et  qui  sans 
doute  n'en  resterait  pas  la.  En  effet, 
Benlham  s'appliquait  sans  relâche  a 
connaître  le  réel  des  lois ,  leurs  vices , 
la  cause  de  ces  vices  ,  ainsi  que  leur 
connexion  ,  et  h  en  cliercher  le  remè- 
de. Toutes  lesparticsdelalégislation, 
de  l'administration  judiciaire  et  de 
l'intervention  gouvernementale  dans 
les  intérêts  sociaux  ,  l'occupèrent  en 
même  temps;  car,  suivant  son  systè- 
me, toutes  se  tenaient.  Un  tel  plan 
exigeait,  indépendamment  du  génie, 
des  travaux  immenses  j  l'art  d'écono- 
miser les  minutes  ,  la  ferme  résolution 
de  vivre  loin  du  monde  les  fcicilitè- 
renl.  Ce  n'est  pas  que  sa  solitude  le 
privât  de  relations;  au  contraire  ,  les 
nommes  d'élite,  les  penseurs  et  quel- 
ques vrais  amis  trouvaient  toujours 
ouverte  la  porte  de  son  laboratoire 
pliilosopliiquc.  Ce  n'est  pas  non  plus 
qu'il  méprisât  les  connaissances  qui 
s'acquièrent  au  moyen  des  voyages. 
Dans  le  laps  de  temps  qui  s'écoula 
cnlre  son  début  au  barreau  et  la  ré- 
volutiou  française  ,  il  fit  trois  voyages 
sur  le  continent ,  principalement  a 
Paris,  où  il  forma  une  liaison  intime 
avec  Brissot ,  dont  le  caractère  offrait 
qucbpies  ])oints  de  contact  avec  le 
sien  ,  et  (pii  alors  conçut  le  projet  de 
se  fixer  li  Londres  pour  y  diriger  un 
écrit  périodique  ,  sous  le  titre  de 
Correspondance  universelle  sur  les 
j>oints  inléressanl  le  bien-clro  de 
r homme  et  de  la  société.  Londres 
eflecllvement  était  a  celle  épo(jue  le 
lieu  de  l'Europe  le  njleux  choisi  pour 
y  rassembler  de  toutes  les  parties  du 
j^lobo  des  documents  de  celle  nature, 
t'I  pour  en  répandre  la  connaissance 

Î):ir  la  voie  de  la  presse.  Cependant 
'enlrenriso  ne  réussit  point  :  I»iiss()l 
lui  uu'ine  arrêté  par  suite  des  délies 
coniraclécs  pour  te  journal.  L'iulcr- 


BEN 

veulion  généreuse  d'un  ami  qui  paya 
tout  lui  rendit  la  liberté  ;  et  l'on  sup- 
posa généralement  que  cet  ami  était 
Benlham.  De  retour  a  Paris ,  Brissot 
ayant  acquis  une  grande  influence  par 
les  événements,  fit  nommer  son  ami 
citoyen  français  et  membre  de  la  se- 
conde assemblée  nationale.  De  1784 
a  1788,  Benlham  avait  accompli  un 
grand  voyage  européen.  Traversant  la 
France  par  Montpellier  et  Marseille, 
il  était  parti  de  Gênes  pour  Florence, 
où  il  passa  plusieurs  jours.  La,  ayant 
fait  rencontre  d'un  de  ses  amis  ,  pro- 
priétaire et  capitaine  d'un  navire  qui 
allait  à  Smyrne,  il  quille  la  Toscane 
avec  lui ,  et  se  dirige  vers  l'Orient. 
Un  coup  de  vent  les  mil  en  danger 
dans  les  parages  de  Mitylène  :  ils  dé- 
barquèrent enfin  sur  la  rive  d'Asie  , 
et  Benlham  passa  trois  semaines  h 
Smyrne.  De  la  un  bâtiment  turc  le 
transporta  dans  la  capitale  des  Otto- 
mans ,  qu'il  voulut  connaître  en  dé- 
tail ,  ainsi  que  les  mœurs  du  pays  et 
le  peu  d'instilullons  qui  ,  avec  les 
coutumes,  président  aux  deslmées  de 
cet  empire  si  magnifiquement  do  • 
lé  par  la  nature  ,  si  triste  et  si 
pauvre  par  l'œuvre  <\cs  hommes. 
Son  séjour  a  Constanlinople  fut  de 
près  de  deux  mois.  Au  bout  de  ce 
temps,  il  prit  par  mer  la  roule  do 
la  Russie  ,  et  arriva  au  chef-lieu 
du  gouvernement  des  Slobodes  d'U- 
kraine, Kliarkov,  où  sou  Irère  com- 
mandait un  bataillon  franc;  mais,  parti 
récemment  pour  une  expédition  du 
côlé  de  la  Tauride  et  de  Kberson,  il 
élall  retenu  par  la  nécessité  de  déten- 
dre le  pays  contre  la  soudaine  irrup- 
tion du  capilan-pacha.  Benlham  mit 
celle  absence  ii  profit ,  en  écrivant 
ses  Lettres  sur  les  lois  relati\'cs  ù 
lusiire  c{\a  j>remière  partie  du  Vun- 
optiijue.  l'jifin  il  revint,  par  la  Po- 
logne ,  rAIlcmagac  et  les  Provinces- 


nry 

Fnics ,  Il  Lnndi'os ,  ou  il  arriva  ni 
fcvrlcr  i7«^î5,  ay;uil  parcouru  jircs- 
i|uc  loulc  IKuropc.  Qiialrc  ans  après, 
5011  père  mourut ,  lui  lalssanl  une  for- 
lune  plus  que  sudisanlc  pour  assurer 
50U  indcpcnJancc.  C'est  surtout  à 
partir  de  ce  temps  (jue  Bcntham  ar- 
ranjrca  sa  a  ie  de  manière  h  se  livrer 
comniiulémcnlel  rruolucuscmcnl  h  ses 
incdilalions  sur  les  lois.  Il  n'avait  en- 
core pul)lie  queliuit  hrocliures  et  un 
_:j,ran(l  ouvrage  (le  Punoptiquc,  2  vol. 
in-S")  ;  les  trente  années  suivantes 
(levaient  le  voir  produire  dix  fois  au- 
tant de  volumes,  plus  féconds  encore 
<jue  les  premiers  en  idées  profondes 
autant  qu'originales.  Mais  plus  il 
avançait  dans  sa  laborieuse  carrière, 
plus  il  éprouvait  d'antipathie  pour  la 
rédaction  de  ses  idées.  Penseur  pro- 
fond, mais  écrivain  inhabile,  il  ne 
voyait  qu'avec  effroi  la  nécessité,  pour 
i ont  écrivain  qui  veut  être  lu,  de  dé- 
corer sa  pensée  de  formes  brillantes 
et  faciles  h  saisir,  de  ^'astreindre  à 
un  ordre  qui  gradue  les  idées  et  les 
échelonne,  de  transiger  sans  cesse 
avec  les  préjugés ,  l'ignorance  ou  la 
légèreté  des  lecteurs,  en  n'omettant 
aucune  idée  intermédiaire.  Toutes  ses 

!  réflexions,  a  mesure  qu'il  les  faisait, 
étaient  jetées  sur  le  papier,  sans  liai- 
son, sans  méthode,  a  moins  qu'il  ne 

i  s'agîtd'un  objet  spécial  et  a  l'ordre  du 
jour,  ([uilui  inspirait  sur-le-champ  uu 
pamphlet.  Probablement  elles  eussent 
clé  perdues  pour  la  postérité ,  si  le 
hasard  n'eût  mis  sur  son  chemin  le 
ministre  genevois  Dumont,  qui,  for- 
cé de  quitter  sa  patrie  pour  la  France 
L't  ensuite  la  France  pour  l'Angle- 
terre ,  était  devenu  bibliothécaire  du 
marquis  de  Laosdowne.  Bcntham  et 
Dumont  se  virent  a  lîowood,  résiden- 
ce du  marcpiis,  et  bienlûl  ils  s'appré- 
cièrent. Dumont  consentit  a  mettre 
en  ordre  les  feuilles  volantes  de  Ben- 


BEN 


îiG3 


ihamj    cl  c*c.<;t  a  celle    association, 
nni(|uc  peul-êire  ,  qu'est  duc  la  pro- 
mulgation des  idées  du  savant  anglais. 
Le  premier  fruit  de  celle  union   do 
travaux  fut  une  crilicpic  du  ])lan  pro- 
posé  par   le  comité    de   l'assemblée 
constituante  pour  Torganisalion  de  la 
Justice  en  France  [Voj.  Bluoasse  , 
au   Supp.).    Ce   morceau,    dont    les 
principales   idées  entrèrent  depuis, 
avec  de  laiges  développements,  dans 
son  grand  Traité  de  Vorganisalion 
Judiciaire  et  de    la  codification  , 
parut  alors  en  quatre  lettres  dans  le 
Courrier  de  Provence^  journal  qu'a- 
vait commencé  ÎMirabeau.  Les  idées 
dupublicisle  anglais  ne  portaient  pas 
toutes  a  faux;   elles  partisans  qu'el- 
les eurent    dès-lors  a  Paris  eu    ont 
vu  plus  tard  réaliser  quelques-unes. 
En  1802,    Bcntham   profila   de    la 
paix  que  le  traité  d'Amiens  donnait  a 
l'Europe,  pour  se  rendre  dp  nouveau 
a  Paris;  et  ce  fut  pendant  son  séjour 
dans  cette  ville,  que  Pinslilut  ,  classe 
des  sciences  morales  et  politiques  , 
le  comprit  parmi  ses   membres.  En 
1820  ,  il  revint  encore  eu   France, 
cl  il  j  fut  reçu  avec   euthousiasme. 
Amené  un  jour   par   le    hasard  à  la 
cour    de   cassation ,    il   vil  tout  le 
corps  des  avocats  se  lever  a  son  ap- 
proche ,  et  le  tribunal  lui  donner  une 
place  d'honneur.  Il  était  alors  en  cor- 
respondance avec  les  personnages  po- 
litiques les  plus  influents*  tandis  que 
le  comte  de  Torëno  lui   demandait 
8on  avis   sur  le  code  pénal  donné  à 
l'Espagne  par  les  Corlès,   le  roi  do 
Bavière  ,   auquel  il  faisait  hommage 
d'un  projet  de  Code  ,    lui  répondait 
qu'il  avait  communiqué  cet  ouvrage 
a  une  commission   qui  ne  manquerait 
pas  de  profiler  de  l'expérience  d'un 
esprit  aussi  juilicicux  ,  etc.    Ces  ex- 
pressions   du  roi    témoignent  d'une 
Laulc  estime,  lorsqu'on  pense  qu'elles 

36. 


564  l'.EN  BEN 

s'adressaient  à  un  homme  qui,    en  testament.  Elle  est  relative  à  ce  corps 

Angleterre  ,  passait  pour  le  chef  des  cjue  !a  vie  est  sur  le  point  d'ahandod- 

radicaux.  Placé  d'un  accord  universel  lier.    J'exige    qu'après   sa  mort ,   il 

au  premier  rang  parmi  les  puhlicistes  soit   transporté   a   Tamphilhéàtre  et 

utihlaires,  chei  d'école  et ,  quoiqu'il  soumis  a  la   dissection".    Cette  vo- 

sefiit  toujours  tenu  loin  des  affaires,  lonté  deBentham  n'était  pas  un  vain 

coryphée  du  parti  le  plus  tranché  de  caprice    d'imagination    malade.  Dès 

la  Grande-Bretagne,  oracle  des  phi-  1769,    c'est-a-dire  lorsqu'il  comp- 

losopbes  et  des  jurisconsultes  qui  ré-  tait  a  peine   vingt-un    ans,   il   avait 

duisent  tout  à  l'utile  ,  reconnu  même  fait  un  premier  testament  dans  lequel 

par  les  penseurs  des  écoles  contraires  se  lit  la  même  disposition  avec  cette 

comme  le  théoricien  le  plus  perspi-  note  de  sa  main  :  u  Ce  que  j'ordonne 

cace  ,  le  plus  instruit  des  détails  du  ici  ne  tient  point  à  une  manie  de  sin- 

mécanisniejudiciaire,  entouré  d'amis,  gularité.  Mon  seul  motif  est  d'être 

de  disciples,   d'admirateurs,  enfin,  utile  à  l'humanité.   Puisque  jusqu'ici 

ajact  la  conscience  de  conserver  dans  j'en  ai  eu  si  peu  d'occasions  ,   qu'au 

une  vieillesse  avancée,  ce  dont  il  avait  moins  je  ne  laisse  pas  échapper  celle- 

le  plus  redouté   la  perte,    toute  la  ci!    j»   Un  mémorandum  annexé  au 

vigueur  et  la  lucidité  de  sa  vue  intel-  document  indique  que  plus  tard  il 

Icctuelle ,   il  n'eut  d'autres  maux   à  relut  cette  disposition  et  qu'il  Tap- 

cléplorer  que  la  disparition  successive  prouva  de  tout  point.    Ses  amis  ne 

de   quelques   amis.  Cherchant    tou-  crurent     point    devoir    se    montrer 

jours  daiis  le  travail   une   diversion  indociles  à    une  volonté  si  positive- 

aux  souffrances    de   quelque   nature  ment  exprimée 5  •  l,  le  11  juin  i852, 

(ju'ellcs  fussent  ,    r>enlhain   ne    s'en  la    dépouille     funèbre    de   Beulhani 

livrait   qu'avec    plus  d'énergie  a  ses  fut  transférée  h  l'école  d'anatoinie  et 

études  favoritf-s,  et  il  venait  de  mettre  de   médecine  de  Webhslreel,  oîi  cet 

la  dernière  main  au  troisième  volume  événement    inspira  un  discours  élo- 

de  son  Code  conslituionncl,  lorsqu'il  qiient  au  docteur  Soulhwood-Smith, 

fut  atteint  de  la  maladie  qui  l'enleva  son  médecin.  L'éloge  du  philosophe 

au  monde,  le  6  juin  1802.  Quelques  rem[)lit  toute  la  séance,  et  la  dis>ec- 

jours  auparavant  il  avait  réuni  trois  lion  Ji'eut    lieu    que  le    lendemain, 

de  ses  amis  sur  l'attachement  et  la  l'entham  laissa  îi  M.  Jîowring  ,  son 

fermeté  des(juels  il  pouvait  le  mieux  dernier  collaborateur  ,    ses   manus- 

compler  ,  et  il  leur  disait  (ju'il  voulait  crils  ,    ses    collections   et    ses   livres 

leur  {onlier  rexécution  d'une  de  ses  relatifs  il  l'économie  politivj.ie  ,    à  la 

dernières  volontés,  volonté  il  laquelle  réforme  parlementaire,  a   l'émanci- 

lo  monde   opposerait   des  rej)r()ches  patioii  des  colonies,  au  panopliipie;  à 

cl  peut-être  une  résistance  matérielle  :  M.  Edwin  Chailweck,  les  li\res  de  ju- 

il  It  ui  demanda  s'ils  se  sentaient  ca-  risjirudeucc,  les  collections  de  législa- 

pahles  de  faire    iriomplier  son  voni  lion,  les  j)amphlets, sur,  pour  eteontre 

de  tous  le.-iohslacles,  et  s  ils  voulaient  ce.s/;<///i7v,sloisanglaises.  Sir  Georges 

lui  promettre  solennellement    di*  le  Bcnlham  ,   son  neveu,  eut  les  manus- 

rcmplir.    ih\   de;  ine  cpi'ils   ré|)ondi-  crits  concernanl  la  logicpie  et  la  nomo- 

rcnt  par  1  affirmât  i\e  lapins  (ormelle.  graphie,  et  les  collections  re'atives  au 

«  ['A\  hicti,  leur  dit  le  mourant,  celle  ''ingage.  On  espère  (pie  IM.  lîowring, 

volonté  ,  je  l'ai  consignée  dans  mon  i»  cpii  le  tesla'nnit  de  son  illustre  ami 


lîKN  BEN  tiCn 

assigne  en  humiic   Iriiins  les  sonniics  lo  iiniiislèTr  ou  cic  se  iaireun  pouvoir 

lu'ce.vsaires    pour    la   puMicalioii    de  dans  ropposilion  j  il  ne  le  voulut  ja- 

>rs  (i  livres  rouiplèles  et  des  suppic-  mais,  et  il  repoussa  le  fardeau  des af- 

inenls  doni  il  a  les   niaîériaux  ,   ac-  faircs  poliliijiies  comme  il  availrejelo 

complira  srrupu'eusenicnl  celle   lio-  celui  des  allaires  conlenlieuses.  L'em- 

iioraMe    lâche  (i).  J.e   earacicre  de  pereur  Al(  xandi  e  ,  en  i  {>  i  ii  ,  lui  eu- 

renlliam  élail   un  irélauj^e  siiii;ulier  voya,  comme  mar(|iie  de  sou  estime, 

dclionliomie,  (rorigiualilé,cr///////<v/A'  un   pa(jiiel  contenaul  sans  doute    un 

Cl  de  sarcasmalique  finesse  loutes  les  diamani  ou  cpielquc  autre  présenl  de 

fois    qu'il     enlamait    Texameu     clvs  giaud  j)rix  :  B-ntham  refusa,  cl  u'ou- 

abus.  La  pliilaullirojiliie  él:iil  la  lia-  vril  pas  même  le  pacpiet  ,  ne  voulant 

se    de  ses  actions.    Cependant   lui-  dil-il  ,    ni    mautpier  d'indépendance 

même,  dans  une  espèce  de  .-ouvcnir  s'il  trouve  (juelque  chose  à  louer  dans 

où  il  consignait  ses  pensées  journa-  le    gouvernemcnl    ou  la   législalion 

lièrcs,  s'accuse  formellement  dégoïs-  russe,    ni    manquer    de   reconnais- 

me  ;    u    mais,    aj(uile-l-il  ,    le  mal  sauce  si  un  jour  il  a  (pielques  critiques 

qu'éprouvent  les  an  Ires,  je  1  éprouve;  a  faire  sur  ce  gouvernemenl.La  séré- 

jamais  on   n\i  >oufferl    en    ma  pré-  nilé  de  son  âme  screflét.iil  dans  son. 

sence  ,  cpie  je  ne  souffriss  ■  ;  jamais  goùl  pour  la  mnsi([ue.   A  huit  ans  , 

la  joie  de  (|ui  que  ce  soit  ne  m'a  lais-  il    étudiait   le   \iolon5    et   plus   tard 

se    sans  joie,    hgoïsie  ,    mais    avec  il  se  délassait  ,  avec  cet  instrument, 

sympathie,  j'ai  toujours  voulu  don-  de    ses    graves   occupations.    D'ail- 

iicr  au   maximum    du  genre  humain  l'uirs  tous  les  objets  de  l'intelligen- 

le   maximum    de    cette  joie  dont  je  ce  humaineavaieut  droit  de  linléres- 

jouis  ,   le  minimum  de  ces  peines  qui  ser.  Use  plaisait  a  raconter  que  jeune 

me  font  mal.  »  Les  personnalités  lui  il  avait  souvent  pris  le  ihé  avec  Ho- 

élaienl  odieuses;  sa  supériorité ,  sans  garth  dont    les  productions  lui  plai- 

<;u"il  l'ignorât  ,  ne  lui  inspirait  point  saient  singulièrement.  11  fut  membre 

t  orgueil  ,   ces  manières  hautaines  du  club  de  Johnson  ,  quoique  ce  cri- 

qiii  rendent  haïssal)le  le  génie  mniie.  ti(|ue  ne  lui  inspirât  aucune  sympa- 

11    aimait    h   causer    un    instant    de  lliie  h  cause  de  son  caractère  misau- 

choses  fiivoles  et   familières,  long-  tlirope.    Il    traduisit    en    anglais   le 

temps  «les    objets  favoris  de  ses  élu-  petit  roniau   de   Voltaire   intitulé  le 

des.    En  l  enlendaiit  on  crovait  voir  Taiacnii  blanc.    Il  aimait    la   poé- 

un    patri:»rche  ,  moins    rantiipie    et  sie  ,  et  les  sciences  exactes  lui  pi. n- 

iiaVve  ignorance,   et  non   un   savant  saient  également.  A  Oxford,  il  sni- 

voué  par  goùl  a  la  recherche  des  vé-  vit  avec  un   zèle   marqué  les  leçons 

rites  les  plus  abstruses.    Son   désin-  de   chimie    de  Mansiield  5    et  il   fit 

téressement  ,    sou  indépendance  éga-  passer    dans    sa     langue    le     raor- 

laient  son   «renie  :  il  n'eût   tenu  (lu'à  ceau  de  Ber<iman  sur  Tulililé  de  la 

1.1.  .  .    .  ." 

lui  d'atteindre  les  hauts  emplois  dans  chimie.  Enfin  la  bolaniiiue  fut  aussi 

; l'objet  de  son  attention  ,  et  les  em- 

(i)  Parmi  1rs  leps  que  Hcnlliam  fit  à  sps  amis.  i     ii"  ■  ••!   r.  •        !•        i 

on  remarqur  ,irs  l.,.j:.ics  ,v,ri.-mt  son  f-ffi-i.' .  rt  l)i'llis5ements  qu  il  lit  au  )ardiu  de  sa 

reiir.rm;.iii  un.-  |..irtic  <i.- ses  chcv.ux  ,  qu'il  niaisoude  ( )ueen's  Sciiiare  le  rcndi- 

doniia    ;iu   r«;iht.i1   Luf.neitc  ;   à   J    H     Sav  ;  à  1        *"  I        1  il  •      1 

Félix  B(.lin  ,  meiiihie  <iê  la  chambre  des  depu-  ^"'  "l  "'1  ^'^-'S  plHS  l)eaUX  de  Kl  Capitale. 

!     les;   à    Van    de  \Veyer.    ambassadeur  lîel^e    à  ()„   aurait    (le  la  Deiue  h  CroirC  Ou'uH 
l.ondres  ;  a  los.  Delvalle,  anci»  Il  iires;d«iil  de  la  ,     ,  .    '  fi-         <  i 

république  de  Guatimala  ,  clc.  V— ve.  SCUl    llOIUlUC    ait    pU   fiuILrc   a  laiU  (le 


Ù6S 


BEN 


travaux ,  satisfaire  iant  de  goûts  ,  si 
Ton  ue  savait  ce  que  c'est  queTlieureu- 
se  dislril)uliou  des  éludes.  Bentham 
eut  d'ailleurs  ,  pendant  la  seconde 
moitié  de  sa  vie  ,  l'avantage  d'une 
santé  inaltérable.  Faible  et  presque 
valétudinaire  pendant  l'enfance  ,  l'a- 
dolescence et  la  jeunesse  ,  il  acquit 
de  la  vigueur  dans  Tàge  mùr,  et 
chaque  jour  sembla  lui  en  apporter 
davantage.  On  eut  dit  que  pour  lui 
le  temps  rétrogradait  ou  du  moins  se 
faisait  stationnaire.  A  quatre-vingts 
ans,  c'était  le  même  liomrae  qu'à 
soixante.  Le  portrait  de  Bentliam  se 
retrouve  a  la  tète  de  plusieurs  de  ses 
ouvrages  et  notamment  de  Vlntro- 
diiction  aux  principes ,  seconde 
édition.  Son  séjour  a  Paris,  en  iB^S, 

donna   lieu  a  une   artiste  française  , 

Il       •  ■*      • 

M  ^  Aimée   Pages  ,    de  reproduire 

sur  la  toile  les  traits  de  ce  grand 
liorame.  Ce  portrait  fort  ressemblant 
a  long-temps  attiré  le  public  a  l'ate- 
lier du  peintre.  On  connaît  aussi  le 
l)ustc  en  inarbre  où  David  a  rendu 
avec  vérité  la  physionomie  simple  et 
noble  du  jurisconsulte  modèle.  Les 
ouvrages  de  Ijcnlham  sont  nombreux- 
et  il  est  nécessaire  pour  les  examiner 
avec  fruit  de  les  assujélir  a  un  cer- 
tain ordre.  Vulgairement  ou  les  di- 
vise en  deux  séries,  l'une  qui  se  com- 
Î)0se  des  quatre  traités  puliliés  en 
rancais  par  Dumont  sur  les  manus- 
crits de  l'auteur  (  i"  Trditcs  de 
Ic^islalioii  civile  et  pcnalc  ,  a"^ 
lliéoric  (les  peines  ci  des  récom" 
penses  ,  5^  i  iieli(pie  des  assem- 
blées politiques  et  des  sopUisnies 
polili(pies,  4"  Tiuùlé  d<'s  preuves 
judiciaires )  ;  raulic  <jni  comprend 
toutes  les  productions  jetées  en  an- 
glais dans  la  circulation  anglaise,  soit 
par  lientliam  lui-inènie,  ce  (|iii  eut  lieu 
prescpie  toujours,  soit  par  lidwrin;;, 
te  <pii  n'arriva  (pic  dtnu  lois.   Pour 


BEîî 

nous ,  sans  nier  ce  que  celte  division 
a  de  commode ,  aux  quatre  grands 
ouvrages  rédigés  par  Dumont  nous 
en  joindrons  six  autres  également  re- 
marquables tant  par  l'importance  fon- 
damentale des  principes  qu'y  pose 
Tauteur,  que  par  l'identité  des  sujets 
entre  eux  et  les  traités  qui  portent  le 
nom  de  Dumont  avec  celui  de  Ben- 
tham. Les  autres  ouvrages^  jurispru- 
dentiels  ou  scientifiques  ou  purement 
politiques,  formeront  une  seconde  sé- 
rie que  nous  caractériserons  plus  briè- 
vement. Ceci  posé,  voici  dans  quel 
ordre  nous  croyons  devoir  ranger  les 
dix  ouvrages  qui  forment  la  premiè- 
re série.  I.  Introduction  aux  prin- 
cipes de  morale  et  de  jurispru- 
dence^ ^7^9  ?  Londres  ,  in-4-"j  se- 
conde édition,  ibid.,  1823,  deux  vol. 
in-8"  5  ouvrage  capital  où  tous  les 
problèmes  sont  traités  sous  des  for- 
mes analytiques  et  austères,  mais  qui 
exigent  de  la  part  du  lecteur  une 
métaphysique  et  une  atten  tioncxlraor- 
dinaires.  Le  duc  de  La  Rochefou- 
cauld chercha  vainement  un  traduc- 
teur il  ce  livre,  et  illui  a  fallu  54 
ans  pour  arriver  a  une  seconde  édi- 
tion. Du  reste  ,  il  a  été  reproduit 
en  partie  dans  le  recueil  suivant, 
mais  sous  dms  formes  plus  aptes  à 
plaire  au  commun  des  lecteurs.  IL 
Traités  de  législation  civile  et 
j)én(de  j  Paris,  i8oa  ,  5  vol.  , 
in-8"  ;  seconde  édition,  1820.  Cette 
collection  renferme  ,  outre  les  deux 
parties  principales  cpii  sont  les  prin- 
ci|)es  du  coile  civil  et  les  principes  du 
code  pénal,  cotés  sous  les  numéros  3 
et  5,  des  Vrincipes  i^énéiuiux  de  lé- 
gis  lalionoix  logiipte  du  législateur; 
4°  un  Mémoire  sur  le  panoptitpie 
ou  projet  d'une  maison  de  délenlionj 
5"  un  Traité  de  la  promulgation  des 
lois  et  des  exposés  (le  motifs  ;  6"  une 
J)issertiUion  sur  riullueaccdcs  temps 


BEN 

et  i]cs,  lioux  (Ml  iiialiiro  de  lt'j;islalioii; 
7**uiu*  /  ne  ^('ncf(i/c  d  un  corps  coin- 
plrl   ilo  lois.  Co  \aslc  ciislmiiMc  a  clé 
iradiiil    dans   plusieurs  liiiii;ucs  :  en 
rspaj^nol  par  Don  Ramoii   de  Salas 
Je  cin(juitinc  voluiiicdi'  ccllevcrsioii, 
.ivec  comntcnlaircs ,    a  paru    a   Ma- 
drid en  iS'2-?)  ;  cii  allciiiaud  par  Frc- 
dcric  -  Edouard    Bciicckc  ,    Berlin, 
i85()  ,  deux  forts  vol.  iii-8^  ,  avec 
des   notices   bio^rapliinues  sur  Ik'ii- 
iham  et  sur  Dunioiil  ,    cl    avec  une 
iiilroduclion  où  le  traducteur  ,  après 
avoir  trace  le  tableau   des   principes 
de  Lleutliani  et  les  avoir  élevés  h  la 
liauleur   d'une   théorie   scienlificjue  , 
les  apprécie  selon  son  propre  système 
(|u  il  place  en  parallèle  avec  celui  du 
puMirisIe  anglais,  et  qui  s'en  rappro- 
che eu  plusieurs  poinls.  On  cite  aussi 
deux   traductions  russes  des   traités 
de  Bentham.  [II.  Théorie  des  pei- 
nes  et    des   rëeompoises ,   Paris  , 
I  8  I  li  ,  2.  vol.  in-8*' 5  troisième  édi- 
tion,   i8::6;  trad.    en  espagnol,  a 
Paris,  première  édition,   1825  ,  se- 
conde ,  i8ii6  ,    4-  vol.  in-18  ;   tra- 
duit   en    ani;lais  ,    i8ii5    et   1829  , 
in-8^   (le  traducteur,   qui  s'intitule 
Ajviend  (un  ami),  a  profilé  de  (juel- 
ques  parties  écrites  originairement  en 
anglais,    et  qui   en  cousé(juence  ap- 
])artlenneul  h  Beutliam  :  l'ouvrage  a 
été    scinde  en  deux  parties  diltéren- 
tes  j  l'une  porte  le  titre  de  Kniio- 
nale  of  récompense^  1825,  Taulre 
de  Rdtionale  {)f  penalily ^   1829  • 
celui-ci    en    effet   ne    traite    que    de 
ia    pénalité  ,   celui-là   rpie    des   ré- 
compenses).   1\  .    Pièces  veluLives 
à  la  codijicatiun  et  à  V insti  uclion 
publupie  ,    comprenant    une    cor- 
^      respundance  avec   L'empereur  de 
Russie  et  diverses  autorités  consti- 
tuées des  Etats-  L  nis  d'Amérique, 
Londres,   181 7,  un  vol.  in-8".   Y. 
Traité  des  preuves  judiciaires  , 


BEN 


567 


Paris,    1825,    iii-8";    traduit    eu 
espagnol  ,   i  82,'") ,  (|ualrc  vol.  in-i  8. 
vl.    De    V hvidence     judiciaire  ^ 
spéciiilcment  (tppliquée  à  la  pra- 
ti(pie    an f> luise ^    Londres     1827, 
5  forts  vol.  in-8".  \lï.  Pa/Kf/ftiqua 
ou  nuiison  d  inspection  ,  Londres  , 
1791  ,  deux  vol.  in-i2.V]lL  Code 
pro/)osé  â  tontes  les  nations  qui 
jn-ojessent    des    idées    libérales  y 
Londres,    1822  ,  72    pages  in-8°  , 
trad.    en    français  ,    la    même    an- 
née  (  \oy.  Revue  encycl.  ,    XIV, 
i4o).  IX.   Code  constitutionnel j 
Londres,  i83o  ,  premier  vol.  (nous 
avons     vu    que    les    deux    suivants 
avaient  été  terminés  parTauteur  peu 
de  temps  avant  sa  mort).  X.  Essai 
sur   la    Tactique  des   assemblées 
politiques  y  suivi  d'un   traité   des 
sopliismes    politiques  ,      Genève  , 
1816,    deux    vol.    iM-8'';    seconde 
édition,    Paris,    18225    ^^'^^'     ^^ 
espagnol  ,  1824.  ,  deux  vol.  in- 18. 
Réunis,  ces  dix  ouvrages  auxquels  il 
faut    ajouter   la   Déontologie ,    ou 
Tliéorie  des  devoirs,  qui  vient  de  pa- 
raître en  angl.  et  en  franc,  (trad.  de 
M.  Benj.  Laroche),  Paris,  i  853,  for- 
ment tout  un  corps  de  législation  dans 
lequel,  on  a  dii  le  pressentir  ,  toutes 
les  questions  relatives  au  droit  et  a 
la  philosophie  du  droit  trouvent  na- 
turellement leur  place  :  aucune   n'a 
été  omise  par  Bentham  ,  et  toutes  , 
011  peut  le  dire  ,  même  en  ne  parta- 
geant pas  ses  opinions,    ou  en  par- 
lant d\\n  principe   opposé,   ont  été 
envisagées    d'une    manière    souvent 
nouvelle  ,  toujours  piquante  el  capa- 
ble   de    provo(|uer  les   méditations. 
Ceux  mêmes  qui,coinrae  les  spirilua- 
listcs  ou  les  ihéocratcs  purs,  en  veu- 
lent le  plus  il  Bentham,  con\iennent 
qu'il  a  jeté  du   jour  sur  toutes  les 
(|ucslions  (ni'il  ti  aile  successivement. 
ISul  n'a  promené  plus  minutieusement, 


568 


BEN 


plusconscitTicieusemenl  l'analyse  sur 
tous  les  defours  (.\ç^  fiillacieiix  lahy- 
rinlhts  des  lois  j  nul  n'a  mieux  sondé, 
jugé  la  plaie  secrète  j  nul  n'a  mieux 
fait  sonner  le  creux,  le  vide-  nul 
n'a  mieux  tracé  la  carte  du  pays 
de  la  chicane,  et  nul  n'a  mieux  ca- 
ractérisé, classé,  marqué  au  front 
les  mjstilications  ,  les  mensonges  , 
les  tours  de  force  ou  d'adresse  qui 
s'exercent  sur  les  tréteaux  politiques. 
INon  content  de  décrire  le  symptôme, 
il  en  scrute  les  causes  et  les  montre 
les  unes  tenant  a  la  nature  des  cho- 
ses, les  autres  venant  de  nous  ;  les 
unes  inévitables  ,  les  autres  faciles  à 
corriger.  Ces  énumérations  de  vices, 
de  circonstances,  de  motifs;  ces  dé- 
finitions précises  qui  aspirent  et  a 
tout  formuler  et  a  tout  resserrer  dans 
un  vaste  casier;  ces  classifications 
dont  la  métaphysi(pie  rigueur  n'a  rien 
à  envier  a  celles  des  sciences  exactes  ; 
tout  cet  appareil  de  n;élhodes  sévères 
et  analysantes  présente  une  analogie 
singulière  avec  l'école  aristotélique. 
Ce  que  le  péripatélleien  de  Stagyre 
fait  lors([u'il  contemple  successive- 
ment toutes  les  facettes  d'un  Irope  , 
d'un  animal  ,  d'un  agent  méléorolo- 
gi(jue  ou  d'une  faculîé  d(î  l'àme  hu- 
maine, c'est  justement  ce  <]ue  fait 
Bentliam  en  soumettant  a  ses  inves- 
tigalions  lis  pliénoinènos  du  moiide 
légal.  On  dirait  (ju'il  marche  toujours 
le  graphoinètrc  ,  le  scalpel  et  la 
loupe  à  la  main.  A  cette  ex(pii.se  sa- 
gacité du  précepteur  d'Alexandre  , 
il  joint  aussi  ce  (|ui  le  dépare  et  ce 
(Mii  le  caractérise  ,  une  .sécheresse  re- 
hulanle  d.ui.s  les  lormts  ;  il  rétrécit 
d'iMie  manière  désolante  l'idée  fnudi- 
inentale  de  tout  le  système  j  cl  celle 
idée  l'ondament.ile  existe  chez  Tuii 
comme  chez  Tatitre.  Aristote,cel  hom- 
me qui,  (piatre  siècles  avant  le  chiis- 
h.ui'snie  ,  s'olTrc;  a  nous  a\ec  la  j>hy- 


BEN 

sionomie  d'un  savant  du  dix-neuvième 
siècle  ,  Aristote  au  fond  est  un  uti- 
litaire; sa  morale  ,  sa  politique  sont 
une  variété  de  la  morale  d'Epicure  j 
il  matérialise  la  société,  la  justice  , 
l'ordre  ,  la  législation.  Tel  est  aussi 
le  point  de  départ  deBcntham.  il/a- 
ximlser  le  bien-être  ,  minimiser  le 
mal-èlre  ,  voila  pour  lui  la  morale, 
la  science  sociale  ,  !a  législation,  le 
droit  des  gens  Toute  action  utile  est 
bonne ,  toute  action  funeste  ,  mau- 
vaise. Au  reste,  il  faut  distinguer 
dans  l'utilité  le  bien  présent  et  im- 
médiat ,  le  bien  futur  et  plus  ou 
moins  éloiirné.  Toutes  les  vertus  lui- 
niaines  reviennent  a  deux ,  prudence 
et  bienveillance^  tous  le--  vices  k  deux, 
imprudence  et  malveillance.  La 
prudence  et  l'imprudence  appartien- 
nent a  l'homme  en  relation  avec  lui- 
même  ;  la  bienveillance  et  la  malveil- 
lance à  Thomme  en  relation  avec 
autrui.  Ces  théories  ,  qui  au  fond 
n'ont  rien  de  moral,  et  qui,  mal  in- 
terprétées par  les  masses,  pourraient 
devenir  très-dangereuses  ,  ont  plu 
surtout  en  Angleterre  et  en  Belgique 
où  les  benthamistcs  semblent  appelés 
a  joner  un  grand  rôle.  l*our  se  faire 
une  idée  de  la  manière  absolue  , 
subtile  et  parfois  aride  de  Benlham  , 
jetons  un  coup-d'œil  sur  deux  de  ses 
ouvrages  qui  ont  lait  sensation  en 
France  ,  rpioi([ue  certainement  fort 
loin  d'èlrc  ce  (pTil  a  produit  de  plus 
remaripiable.  i/uu  est  sa  Tactique 
tics  (isscrnhlccs  jiolitiqucs.  Heu- 
tliaui  (léchuc  que,  par  ce  litre  ,  il 
n'a  pas  enlenilu  |>arler  des  stratagè- 
mes il  l'aide  descpiels  un  liomnie 
d'état  ferait  lriomi)lur  son  parti  dans 
les  assembîéis  délibérantes.  «  li.i 
«  tacti(pie  des  assemblées  polili(|ues, 
«  dit-il,  est  la  science  qui  enseigne 
c<  il  les  conduire  vers  le  but  de  hiir 
»(  iiislilutiou  »iu   movcu  de  Tordre  a 


i 


nr.\  BEN              KfîQ 

o  obsorviM"   dans  leurs  (K^marclics.  »  de  loiili's  pièces,  insullanl  \i  la  hori- 
Sc'loii  lui  l.i  |iiiMni(re  coiulilioM  (le  \  i-  lioiiiic  de  son  ennemi ,    le    fascinant, 
lalité  jKnir  ees  assepd)lées  est  la  nii-  le  [laralysant,  in.S(|ii'à  rc  ([ue  le  dià- 
Mieilé.  I^a  division  du  ccrps  K'ç^i.slalif  feaii  di*  caries  croule  sous  le  l)oa  sens 
en  deux  clK'unhros  ("sl  honiu' dans  les  d'un    Pliocion    ou    sous  le   sarrasnio 
lenips  paisdiles  ,  el  lors(|u'il  s'a^'il  de  d'un   (iouricr.  Tel  est  cnrore  ici   le 
conservor- Tunisie  aux  joursd'urages,  but  de  lîcnlliani   :    hien  diflcrenl  de 
d'urgence,  et  de  crises  impérieuses,  ces  sophistes  de  rantiqnilécjui,  lors- 
Lc  président  doit  être  »ini(|Uf,  pernia-  (prilsavaienUléeouvert  un  nouveau  pa- 
nent,    élu    par    la   chambre    seule,  ralo^isnie,  rexploilaienl  avec  orgueil, 
amovible  par  elle  seule,  et  n'exerçant  le  publiciste  anglais  énumère  ,  riasse, 
que  SCS  fondions  de  président.  L  ini-  caractérise   tous    ces   raisonnements 
tialive  ne  peut  être  exclusivement  le  captieux  ,  et  par  la  même  fournit  1rs 
partage  du  pouvoir  exécutif  5  elle  ap-  moyens   de   les   réfuter.  Divisés  par 
parfient  à.  chacun    des   membres  de  Bcntham  en  trois  séries ,  selon  qu'ils 
rassend)lée.  Tout  projet  de  loi  doit  sont  de  nature  à  servir  le  ministère 
être  divisé  par  articles  consacrés  cha-  ou    l'opposition   ouïes   deux  partis, 
cun  à  une  proposition  pure  et  siniple.  ils  ont  été  classés  plus  heureusement 
L'ordre  Ijxe  de  priorité  pour  la  pa-  parDumont  en  iophismes  d'autorité 
rôle  est  une  des  règles  les  p'us  nui-  ou  préjudiciels  ,  sophismes  de  fins  de 
sibles  qu'on  puisse  inoculer  à  une  as-  non-recevoir   ou   dilatoires  ,  sophis- 
semblée  délibérante:  ordre  apparent,  mes  qui  donnent  le  change  ou  falla- 
désordre    réel.    Tout  discours   écrit  cicux.  INous  regrettons  de  ne  pouvoir 
doit  être  banni.  De  même  jamais  ora-  suivre   le    spirituel    sophismographc 
teur  ne  doit  faire  mention  des  vœux  dans    sa    rhétorique   railleuse    où  il 
du  prince  et  du  pouvoir  exécutif.  La  semble  avoir    prévu  ,    avoir    appris 
votalion  doit ,  sauf  en  quelque  cas,  d'avance     ce    que    nous     entendons 
avoir  lieu   à  découvert.   La    licence  tous    les  jours   dans   les   assemblées 
que  prennent  les  membres  de  s'abson-  délibérantes.  Les  autres  ouvrages  de 
1er  sans  raison  suiïisante  devrait  être  Benthnm,    tous    écrits    en    ano^Jais  . 
réprimée  :  souvent  sur  658  membres  sont  :  L  Fragment  sur  le  gouver- 
dont    se    compose    la    chambre    des  ncment  (cité   j)lus   haut),   Londres, 
communes,  on  a   eu  de  la  peine  a  en  1776.    II.    Coiip-d'œil  sur   le  hill 
réunir  quarante,  nombre  strictement  relut J" aux  travaux  forces  ^  Lon- 
récessaire  pour  délibérer;    et  (luel-  dres,  1778.  Le  bill  (jui  proposaildcs 
quefois  on  n'a  pu  y  réussir.  Benlliam  maisons  pénitentiaires  et  des  travaux 
entre  encore  dans    beaucoup  de  dé-  forcés  fut  attaqué  avec  une  hauteur 
tails,  et  trace  chemin   faisant   quel-  de  vues  ({ui  présageait  déjà  que  l'au- 
qucs    aperçus   curieux.  L'autre   ou-  teur   planait    au-dessus   de    toute  la 
vrage  est   un  volume  qui  fait    suite  jurisprudence   pénale,  et  ce  blll  fut 
«H  la  Tactique  ^  et  qui  a  pour  titre  :  rejeté,  lll.  D('fense  de   l'usure  ou 
Des    sophismes   politiques.    Il   se  lettres  sur-  V inconvénient  des  lois 
lie  assez  bien,  (|Uoi(|ue  par  un  nœud  qui  fixent  le  taux  de  t  emprunt  de 
en    quelque   sorte    fortuit  ,    au    vo-  l'argent^  Londres,  17875  trad.  en 
lume  des   assemblées  délibérantes:  français  sur  la  ^i*"  édit.  ,  in-8°  de  19 
irest-ce  pas  surtout  dans  ces  assem-  feuilles  ,  Paris,   18275  on  va  joint 
blécs  que  le  sophisme  se  carre  armé  \^s  Mémoires  si'r  les  pre'tsd'arsent 


570  BEN  BEN 

par  Turgot.  Tout  le  monde  sait  au-     Plan    cV administration   pour    les 
jourd'hui  que  la  doctrine  de  Bentham     pauvres,  1797;  traduit  en  franc,  par 
sur  le  prêt  est  un  aphorisme  de  l'é-     Duquesnoy.  L'ouvrage  est  une  suite 
conomie  politique,  cl  n'a  chance  d'ê-     de  lettres,  où  l'auteur  propose  de  rem- 
tre  détruite  que  par  une  autre  doc-     phicer   par  une  compagnie  unique, 
trine ,  celle  de  Fimmoralité  de  tout     qui  se   chargerait  a  un  prix  fait  de 
prêt  a  intérêt ,  même  au  taux  le  plus     tous  les  indigens  du  royaume,  Tadmi- 
miuime.  IV.   Esquisse    d'un  Code     iiistration    de    chaque  paroisse.  XI. 
oowr  l'organisation  judiciaire  de     Lettres  à  lord  PelJiam,  1802  (sur 
laFrance,  Londres,  1 791.  Il  parut     Bolany-Bay  dont  il  blâme  beaucoup 
trop  tard  pour  influer  sur  les  déter-     rétablissement  ).    XII.    Plaidoyer 
minatiuns  de  l'assemblée  législative,     pour  la  constitution  ^   i8o3  (tou- 
et  fut  réparti  ensuite  dans  quelques     jours  contre  rétablissement  de  Bota- 
autrcs  opuscules,  puis  modifié  dans     ny-Bay  qu'on  ne  peuple,  dit   l'au- 
quelques  points. V.  J&-'55rt/s/^r /a /ac-     teur,  que  par  de  continuelles  viola- 
tique  des  corps  politiques^  conte-     tiens  de  la  constitution).  XIII.  Ré- 
nant  six   règles    principales   que     forme  écossaise ,    1806    (lettres  a 
doit   oberver  une  assemblée  pour     lord  Granville  et  amère  critique  des 
former  une  décision  motivée,  avec     frais    énormes,    des    interminables 
application  comparative  des  prin-     lenteurs  de   la  justice   en  Ecosse). 
cipes  à  ce  qui  se  pratique  dans  la     XIV.  Défense  de  l'économie  con- 
Grande-Bretagne  et  en  France,     tre  Burke y    1810-11.    XV.  Flé- 
Londres,  1 79 1 ,  in-4.".  Ce  sont  seule-     ments  de  l'art  d'assortir  un  jury 
ment  dix  chapitres  sur  les  règles  fou-     (qui ,  bien  entendu  ,  condamne  ceux 
daraeutalcs  des  débats,  avec  l'estiuisse     qu'il  plaît  au  pouvoir  de  trouver  cou- 
d'un   ouvrage  plus  considérable  dont     pables),   1810-11.  X\I.  Sur  la  loi 
ces  dix  cliapitresn'étaient  qu'un  frag-     relative  à    la   conviction ^     181  a. 
ment  (réparti  dans  la  Tactique  ré-     XVII.  Ne  jurez  pas ,   181  5  (contre 
(li"^ée  par  Dumonl).    VI.   Lettre  à     le  serment  ([u'il  attaque  comme  inu- 
un  membre  de  la  convention  na-      tlle  ,  abusif  et anli-cbrétien).  XVIII. 
</o/uJr, Londres,  1792.  VII. jt'/««/i-      Tableau  des  motifs  et  des  sour- 
cipezvos  colo/iies  y  ÏAmdrcSy  1793      ces  des   actions   (synoplle  admira- 
(  adressé    a    l'assemblée    législative     ble),   181 7.  XIX.    C/irestomathie , 
(jui  lors  de  la  publicaliou  de  la  bro-      1817  ,  2,  vol.   in-8'^  :  l'un  traite  de 
cbure  avait    cessé    d'cxisler).    VllI.      l'éducation  d'après  un  système  parli- 
Finances  sans  chartït'S  ou  échutes     culler  a  Tauleur,  mais  (pii  sur  bien 
au  lieu  de  taxes  ^    Londres,   1796      (\c^  points  se  rapprocbe  des  idées  de 
(écrit  eu  1795).  L'auteur  pro|)(»se  do      Bell    et   de    Laucasler;    l'autre    est 
donner  a  l'élat    par    (boit    d'écinile     relallf  a    la  classificalion   des   cou- 
les biens   de  ceux   (pil   nieurenl    sans      n;iissances    luimalnes  :     lu'nlham    y 
bériliers  :    loutt-fois    un  droit  liniilé     blâme    celle    de    d'AKMuberl  ,    pla- 
(Ic  lester  mlligeait  l'aprelé  de  la  nu--     cée   a  la  tète   de  l'Emyclopédie  ,  et 
sure.  IX.  Protestations  contre  les     |)orle   contre  elle   sept  chefs  d'accu- 
/ru.Vfi,  1796  :  du-f-d'œuvre  de  mé-      salioii  principaux  ;    tous    sont    Irès- 
ihodc,  d'argunuMjlaiiouel  de  style;      justes.  Sa  classiriralion  l'ondée  sur  des 
trad.  (Ml   fran^..   par  Duniont ,    dans      bases  très  larges  et  très-rigoureuses 
hJJiblioth.   unis',   do  Genève.  X.      procède  par  dichulomie  ,  ce  qu  il  ap- 


BEN 

pelle  inodi'  hifitrqtir.  Lo  ncvcu  (le 
railleur,  slr(i.  llciilliam,. 1(1011111',  sous 
le  lilrc  AKssiù  sur  Li iwmciiclaluic 
et  In  classi/lcation  des  principales 
branches  tl'tirt  et  de  science  y  la- 
ris,  1825,  in-8",  un  cxlrall  de  cet  ou- 
vrajre.  X\.  Considérations  sur  lé- 
glise  d'Angleterre  et  son  caté- 
chisme,  1817,  ciiornie  vol.  de  800 
i")aj;es  ,  uotes,  elc.  \Xl.  Plan  d'une 
réforme  parlementaire  ,  i  8  i  7  , 
in- 8"  de  4oo  pages.  Sous  la  fur- 
nie  d'uu  calécliisiue  ,  ce  livret  dont 
le  slylc  n'a  pas  été  retouché  a  rendu 
Benlliam  Tidole  et  l'oracle  des  radi- 
caux d'Angleterre.  XXII.  Bill  de  ré- 
Jornie  radicale  ^  18  19,  avec  no- 
ies. XXlll.  Observations  sur  les 
restrictions  et  prohibitions  ap- 
portées au  commerce  ,  i  82  0  (  avec 
de  nombreux  rapports  au  décret  des 
Cor  tes  espagnoles  de  juillet  1820), 
rédigé  par  Bowriug.  XXIV.  Trai- 
té sur  les  affaires  d^ Espagne  et  de 
Portugal  (  1°  contre  riuslilulion 
d'une  chambre  des  pairs,  2"  sur  les 
délais  apportés  a  l'instruction  de  l'af- 
faire du  massacre  de  Cadix,  3°  con- 
seils aux  Cortès  portugaises  sur  quel- 
ques articles  de  la  constitution  espa- 
gnole à  supprimer),  1821.  XXV. 
Lettres  au  comte  de  Toreno  sur 
le  code  pénal  des  Cortès  (  Ben- 
iham  le  critique  amèrement),  1822. 

XXVI.  La  vérité  contre  Ashurt  ^ 
1822,  exhumée  après  trente  ans  d'ou- 
bli (16  pages  ,  chef-d'œuvre  de  dia- 
lectique   et   d'accablante   raillerie). 

XXVII.  Principes  fondamentaux 
d'un  Code  constitutionnel  pour 
chaque  état ,  1823.  XX VIII.  Trai- 
té des  déceptions  (  The  Bock 
offallacies  ,  etc.),  1824  (  publié 
par  un  ami).  XXIX.  Dénonciations 
qui  concernent  lord  Eldon ^  1827 
(encore  contre  les  frais,  les  surséaii- 
ces ,  la  rapacité  des  gens  de  loi  qu'il 


appelle  escrocs,  ^vindlers  ^  eic). 
On  pciil  joindre  II  ce  pamphlet ,  (lui 
rcsicniblc  un  peu  aux  écrits  de  Sel- 
ves  contre  les  abus  de  la  justice  eu 
France  {^oy.  Silves,  XLl,  54-5),  lo 
JJispatchourt  el  VUJJicial  aptitude 
ina.rinused  j  i83o.  WX.  Pétitions 
en  faveur  de  Injustice  et  de  la 
codif cation^  i  83o.  XXXI.  /.  Ben- 
thum  à  ses  concitoyens  les  fran- 
çais, sur  la  peine  de  mort.  XXXII. 
J.  Bentham  à  la  chambre  des 
peurs  de  Fratice.  XXXllI.  Décla- 
ration de  principes  des  candidats 
parlementaires.  XXXIV.  Du  bill 
de  banqueroute .,  etc.,  i832.  La 
traduclion  allemande  des  traités  de 
législation  par  Benecke  ,  contient 
une  notice  biograpliicpie  sur  Bentham. 
\J Obituary  anglais  de  i  852,  pages 
629  et  suiv.,  contient  aussi  un  article 
nécrologique.  \j' Examiner  du  10 
juin  1802  a  rendu  a  ses  mânes  un 
hommage  éloquent.  Enfin  on  peut  lire 
dans  la  préface  des  Souvenirs  de 
Mirabeau,  par  Dumont,  l'opinion  de 
cet  habile  écrivain  sur  les  travaux  et 
le  génie  du  <i[rand  publiciste  auquel  il 
s'était  associé  (2).  P — ot. 

BENVOGLIEXTI  (Hubert), 
né  à  Vienne  en  1668  ,  passe  en  Ita- 
lie pour  un  de  ceux  qui  ont  rcstauréles 
études  hislori(}ues.  Jouissant  d'une 
fortune  considérable,  il  ouvrit  sa  mai- 
son aux  savants  et  surtout  à  ceux  qui 
cultivaient  la  philologie,  l'archéologie, 


(2)  Le  spirituel  Ilnzzlitt  a  donné  des  détails 
curieux  sur  les  habitudes  de  J.  Beiitlian»  ,  dans 
un  article  qu'il  lui  a  consacré  ,  et  qui  te  trouve 
traduit  dans  la  Revue  liritaitui'iue  ,  nov.  1826. 
IS'ous  y  avons  noté  les  parliculariies  suivantes: 
Ses  manières  et  sa  déin.irche  n'avaient  aucune 
(lé<;ance;  i!  cournil  plutJil  qu'il  ne  marchait. — 
Dans  ses  loisirs  il  s'amusait  à  tourner  sur  h..is. 
—  Lorsqu'on  lui  faisait  visite,  il  vous  condui- 
sait dans  son  jardin  ,  sur  un  eiuplaeenient  où 
fut  autrefois  siUn'e  la  maison  de  Miltoii.  Les  visi- 
teurs n'étaient  admis  chez  lui  que  l'un  après 
l'autre  ,  attendu  qu'il  évitait ,  dit  on  ,  de  causer 
devant  des  témoins  ;  en  écoutant ,  il  ne  faisait  at- 
tention <[u'aux  faits,  etc.  L. 


572  BEN 

et  rbîstoîre.  Il  a  fourni  d'utiles  obs.^r- 
vations  à  Apostolo  Zeno,  h  Salvini, 
à  Grandi,  et  paiiiculièremeut  a  Mu- 
ralori ,  qui  le  cite  souvent  avec  re- 
connaissance. Dans  le  second  tnme 
des  Delizie  degli  Erudiii  Tos- 
cani y  on  trouve  l'opinion  de  Ben- 
voo;lienti  sur  l'oriaine  de  la  langue 
italienne.  Il   mourut   le    22    février 

1733.  A. D. 

JBEXZEL  STEI\i\ AU  Char- 
ies-Curétien  ,  comte  de),  né  le  9 
avril  1767  ,  à  M^yence,  fut  d'abord 
conseiller  de  régence  de  l'électeur, 
assesseur  de  justice  à  Erfurt ,  et  passa 
en  i8o4  a  l'arcbicbancellerie  de  Ra- 
tisbonne  en  qualité  de  conseiller  d'é- 
tat. En  1807  il  devint  conseiller  se- 
cret au  dé[)artement  de  la  police  et 
directeur  de  la  commission  «jénérale 
des  études  de  Carlsruhe  ,  puis  con- 
seiller aulique.  Avant  oblei  u  sa  re- 
traite, il  se  fixa  dans  une  maison  de 
campagne  h  Erlenbacb  ,  près  du  lac 
de  Zurich.  11  mourut  le  2  septembre 
l832,  a  lUppoltsau  ,  près  (fOifen- 
burjr.  Le  comte  de  Benzel-Sternau 
figure  parmi  les  écrivains  humoristes 
les  plus  distingués  de  l'Ailemagne  , 
et  nul  n'oflrc phis  d'afliniléavec  le  ton 
cl  l'esprit  de  Jean-1'aul  Courier.  Aus- 
si varié  (jue  vil  et  spirituel,  il  abonde 
en  saillies  inattendues,  e.i  imaiie^lran- 
panles,  en  compaialsons  neuves.  Ses 
peintures  de  mœnrs^  ses  observations 
pleines  de  finesse  sur  les  pliénonièncs 
de  la  société  ,  ces  mots  légers  (pii 
fuient  comme  l'éclair  1 1  pai  lescpuls  il 
jette  instantanément  de  'arges  lueurs 
sur  les  caractères  ,  indiquent  une 
profonde  connaissance  du  monde  \ 
\\\\  inélan<re  sin'!:nl  er  <!e  l)a(lina;e  et 
de  mélanco'ie,  dans  le(|nel  pourlant 
domine  ce  dernier  sentiment,  (b)iine 


BEN 

à  tout  ce  qu'il  a  fait  un  aspect  ori- 
ginal et  quelque  chose  de  doux  et 
d'aner  en  même  temps.  Au  reste  , 
la  brusque  légèreté  avec  laquelle  il 
passe  d'un  sujet  a  un  autre  tient  quel- 
quefois du  caprice  ;  il  n'est  pas  sans 
affectation  5  il  court  après  l'esprit,  et 
devient  obscur  a  force  d'être  fin  et  de 
sous-entendre.  Son  stvle  est  sautil- 
lant ,  décousu;  les  formes  de  sa  com- 
position sont  incorrectes.  Toutefois  , 
peu  de  livres  allemands  présente- 
raient aux  Français  un  attrait  aussi 
piquant  que  la  collection  des  ouvrages 
du  conàte  de  Benzel  -  Sternau.  En 
voici  les  principaux  :  I.  Recherches 
poétiques  sur  les  objets  de  la  phi' 
losophie  critique  ,  Wurlzbourg  , 
1794..  II.  Camillo  Alfierra,  his- 
toire, Erfurt,  T795.  III.  Nouvel" 
les  pour  le  cœur^  Hambourg,  1795. 
IV.  Contes  au  coin  du  fou ,  Y 
partie,  Hambourg,  i797-  ^'  -^^ 
veau  d'or,  Getha  ,  i8o2-3  ,  4-  vol. 
Cet  ouvrage  fonda  sa  réputation. 
M\.  La  fête  de  Schiller  ,  Gotha  et 
Ratisbonne  ,  180 5.  YII.  Dialogues 
dans  le  labyrinthe.  Gotha,  i8o5. 
YIII.  Protée  ,  ou  l'Knijyire  des 
images,  Ratisbonne,  1806.  I\, 
Titania ,  ou  V Empire  des  con- 
tes ,  Ratisbonne,  1807.  X.  Mor- 
phée  ,  ou  l'Empire  des  î'c'ves  , 
Ratisbonne  ,  1807.  XI.  Le  Convive 
de  pierre  y  Golha  ,  1808.  XII.  Le 
vieil  Adam  ,  histoire  de  famille  , 
Gotha  ,  1 8  1  9.  XIII.  Blanc  et  noir, 
comédie,  Zurich,  1826.  Sa  Bi- 
bliothèque de  l'étranger  (  Franc- 
fort sur  le  iMe  in,  181  2-1 3.  2\ol.), 
ses  Sources  et  pièces  qf'/icielles 
î-clatives  au  C  'ongrès  de  f  ienne 
(  I  8  r  4)  ,  méritent  encore  d'être  in- 
diquées. P — or. 


iiN    nu   <;iN()i;  \  ^  n -si'i'rn.':  i;  voi.in\n". 


CF 


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ÔIOCRPPHIE  UNIVERSELLE 


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