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University of Ottawa
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
SUPPLEME
BA— BEN.
^/*^^'%'%.%^»^%.'*^^-W^'VWl^W^^^ ■*-'»••*
i>AUis, iMpniMi'.aiK: uk twl dupont,
Rua de Grrneile-St-Hotioi-é, u. ib.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
SUPPLEMENT,
^IIITE DE L HISTOIRE , PAR ORDRE ALPHABETIQUE, DE LA VIE PUBLIQUE
ET PRIVÉE DE TOUS LES HOMMES QUI SB SONT FAIT REMARQUER PAR
LEURS ÉCRITS , LEURS ACTIONS , LEURS TALENTS , LEURS VERTUS OU
LEURS CRIMES.
OUVRAGE ENTIÈREMENT NEUF,
RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS.
On doit des égards aux vivants ; on ne doit aux moils
que la verilé. (Vojlt. , première Lettre sur OF.dipe.)
TOME CINQUANTE-SEPTIÈME.
A PARIS,
CHI-Z I,.-G. MICHAUD, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE RICHELIEU, N" 67.
1834.
( ^'^^.'^VHfCA 1
, Ali"
I f/l
SIGNATUUES DES AU Tli^URS
DU cmQUANTE-SEPTlÈME VOLUME.
MM.
MM.
A— n.
Artald.
A— L— E.
D'ALLO^VILLE.
A— T.
H. ÂUDIFFRET.
li— D — F..
Badiciie.
li— L— M.
Bu MM.
B— N.
BÉGi.N (E.-A.).
B— P.
De Beauchamp.
B— V— E.
De Blossevillk.
C. D. L.
Creuzé de Lesser.
C. T— Y.
Coquebert de Taizy
D— B— s.
Dubois (Louis).
D-G.
Depping.
D— R— n.
DUROZOIR.
E — K — D.
ECKARD.
E— s.
Eyriès.
F— LL.
Fallot (Gustave).
F. P— T.
Fabien Pillet.
F_T— E.
De l.v Fontenelle.
F— z.
De Féletz.
G— É.
Ginguené.
G — G— Y,
De Grécory.
G — T — n
Gauthier.
G— Y.
Gley.
J— D— 5
JOURUAN.
%
L.
Lefebvre-Cauciiy.
L — c — X.
Lacroix (J.-B.).
L— e.
Lépine,
L. G.
Leglay.
L — M X.
J. Lajioureux.
L— p— E.
Ilippolyic DE LA Porte
L R— E.
La BemAU DIÈRE.
M— A.
Meldola.
M— D — E.
]Madrolle.
M— D j.
MiCHAUD jeune.
M— E.
Mentelle.
M— >■— s.
MONNAIS.
p — c — T.
Picot.
p— OT.
Parisot.
P — RT.
PUILBERT.
R — D— N
. PxENAULDIN.
R— F - G
. De Reiffenberg.
St— T.
De Stassart.
V— VE.
Villenave.
W-r..
Walckenaer.
W— s.
Weiss.
Z
Z. C.
j Anonymes.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
SUPPLÉMENT.
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B
BAADER ( Joseph-Franoots), tloncs niedicœ , incisionibus cada-
té à Ralisboiie en 1733, étudia d'à- veriim inservientes , Fribourg ,
bord la théologie, puis entra dans la 1762, in-8^. J — d — n.
carrière médicale , et fut appelé, en BAALE (Henri \àn), poète
1769, KMunicb, comme médecia de hollandais, se fil de la réputation dons
rélecleur. 11 mourut en 1794. C'était la littérature dramatique par ses tra-
un bon praticien, un homme actif, gédiesrfel5'rt^:a<?É;e«e/^ (les Sarrasins),
un médecin philanlrope. On n'a de Amsteidam, i 8o9,iu>-8'^j etv^/ea:««-
lui cpie quelques brochures sans im- der (Alexandre), ib., i8i6* pièces
portance, en langue allemande , sur qui durent une partie de leur succès
un sirop balsamique et fondant , au jeu admirable de M ^ Wattier-
qu'il préconisait beaucoup dans les Ziesenis et d'André Snoek^ sur-
affections muqueuses et dans les ob- nommés, l'une la Clairon, l'autre /e
struclions. — BAADrR [Ferdinand' Talma de la Hollande, Van Baale
3Iarie), autre médecin bavarois, mourut a Dordreciit, le 2 fév. 1822,
ué en 17475 a Ingolsladt , mort en à l'âge de 4o ^iis, c'est-a-dire dans
1797, à Augsbourg , laissa la ré- la force du talent et de l'imagina-
putation d'un praticien habile et lion. Il était nïembre de la société
d'un philosophe distingué. Il avait connue sous la devise Diversa sed
professé l'histoire naturelle a Mu- una. R — F — g.
uich , où l'académie lui confia la BABA-ALI, premier dey in-
direction de la classe de physique et dépendant d'Alger, exerçait les fonc-
dc philosophie. Il n'a écrit que des lions de batcba-ousch (tschaouscL-
ouvrages de circonstance, tous en bachi ) , ou grand - prévôt , lors-
langue allemande. Le seul qui mérite qu'une révolution terrible , provo-
d'être cité est une instruction po- (juée par l'incontinence du dey Ibra-
pulaire sur lesmoyensde guérirles af- bim, termina , en 1710, la vie de
fections vénériennes (Munich, 1777). ce tyran. Baba-Ali, élu pour lui
morlle 10 novembre I 773, estauleur mort d'll)rahim , que parmi ceux
d'un pelit ouvrage inlilulé : 0Z'5ff/va- qui cherchaient dans ces exéculions
L V 1 1 .
2 BAli
des niolifj pour excilcr de nouveaux
troubles. Ce dev, d'uue valeur éprou-
vée et d'un mérile reconnu, illus-
tra son règne , cl rendit sa mé-
moire chère au peuple d'Alger en
le délivrant de la tyrannie des pa-
chas turcs , et en éWvant a fiDaé-
pendance le chef du gouvernement ,
jusfp'alors humble vassal et tribu-
taire de la Forte olhomane. Depuis
la malheureuse expédilion de Char-
les-Quint conlrc Alger , les Turcs
avaient exercé la plus grande in-
fluence dans celle régence, jusqu'au
commencement du iy« siècle. A
celle époque l'aiîtorité du pacba fut
balancée par l'inslilulion d'un dey,
chargé de la perception des irapôls
et de l'entretien de Iroupes qui pus-
sent suffire a la défense de l'élal ,
sans le secours de la l'orle. Le pacha
qui j:;o'ivernait Alger, en 17 i o, ayant
voulu s'opposer a l'éleclion de Baba-
Ali, et s'arroger trop de parla, l'auto-
rité , le nouveau dey le fit arrêter et
l'embarqua pour Coiislanlinople , en
le menaçant de le mettre a mort s'il
revenait a Alger. Cet homme habile
envoya en même temps un ambassa-
deur avec de riches présents pour
le grand-seigneur, les sultanes, les
vîsirs et les grands officiers du sérail.
Il lui avait aussi remis un mémoire
justificatif, où, après avoir exposé
les griefs coniro le pacha, dont on
n'avait épargné les jours, disait-il,
que par respect pour le nom ofho-
man, le dégoùl insurmontable delà
la milice et ^v^ habitants d'Alger
contre le gouvernement des pachas,
il finissait par représenter (|u*un
j)a( lia étant désormais inutile et
dan :;« i( MX , il était convenable de
ne plus en envoyer et de ronférer ce
litre au dey. la demande de Haba-
Ali lui ayant été aieordée, il fnl
alors regardé et <';ouvrrna comme
BAB
souverain allié, et non plus comme
sujet de la Porte othomane , dont il
ne recevait les ordres que lorsqu'il
s'atrissall d'affaires de religion ou d'al-
o o
liauce contre les chrétiens. Cet état
de choses a duré jusqu'à la conquête
d'Alger par les Français. Baba- Ali,
loin de vexer les Européens, h
l'exemple de la plupart de ses pré-
décesseurs et de ses successeurs , fit
périr dans les supplices, en 17 16 ,
un Maure qui avait donné un soufflet
au consul anglais, et il renouvela
l'alliance d'Alger avec l'Angleterre.
Ce dey paya néanmoins le tribut aux
préjugés de sa religion , et fut vic-
time de sa croyance au dogme de la
prédestination. Attaijué d'une vio-
lente fièvre, il refusa de prendre au-
cun remède, et de consulter un chi-
rurgien français , de peur de con-
trarier le décret de la Providence ,
cl il mourut en 1718 , emportant
l'estime et les regrets des Européens
et des musulmans. — Un autre Baba-
Ali, aussi <\i'^ d'Alger, mourut en
1766, et eut pour successeur Baba-
Mahmed. A — t.
«ABBÏIVI ou BABIM ( Ma-
thieu), célèbre musicien , naquit en
1754, à Bologne, d'une famille pau-
vre. Son intelligence précoce déter-
mina ses parents a s'imposer des pri-
vations pour lui faire étudier la chi-
rurgie, dans l'espoir (|u'il mériterait
un jour le tilre de docteur. Il fré-
(pientail donc les cour» de la farulté
lorscnie la mort de ses parents le laissa
sans ressources. Heurousemenl il
avait une lanlc, mariée au fameux
ténor Arcangelo Corloni, (|ui le re-
cueillit et le sdijina comme son fils.
ha fortune ne pouvait pas hti pré-
senter une occasion plus favorable de
cniliver «on goût pour la musique.
Corloni lui donna des leçons cl, cliar-
mé de ses heurcnses dispositions ,
lun
B\B
se fiL im plaisir de lui commnniqiirr
ions les secrets el loutcs les Huesses
de soiiarl. BahMni , dont la prouon-
clatiou élail cmharrassce , eut de
•fraudes dillicullés a vaincre pour a-
doucir son organe nalurellemeiit rude
el sourd; mais a force de patience et
de travail il parvint adonner a sa voix
de basse-contre cette étendue, celte
souplesse, celle sonorité (pii tirent Fé-
lonneincnt des connaisseurs. Excel-
lent musicien, mais non moins bon ac-
teur, il se fit entendre dans toutes les
capitales de l'Europe, et partout il
excita le plus vif enthousiasme. L'im-
pératrice Catherine le nomma musi-
cien de sa chambre. Frédéric II, qui
rhouora long-temps de sa correspon-
dance, le retint une année a Berlin.
Pendant son séjour a Paris , il eut
l'honneur de chanter un duetto avec la
reiiie Marie- Auloinette. Dans toutes
les cours où il s'arrêta, les princes et
les rois ne dédaignèrent pas d'accom-
pagner quelques-uns des airs qu'il
chantait. Il était en 1785 engagé au
théâtre de Vienne, et en 1789 à ce-
lui de Venise, où il fil jouer, avec les
costumes, l'opéra des Horaces^ de
Cimarusa C'est a Babbini que l'Ita-
lie est redeval)le de cette heureuse
innovation. Possesseur d'une fortune
immense, il en perdit une partie dans
des spéculations commerciales. En
1790 il chanta avec la Monichielli
sur le grand théâtre de Turin. Pas-
sionné pour les arts, tous ceux qui les
cultivaient avec quelque succès trou-
vaient près de lui des conseils et des
encouragements. Plein de tendresse
et de respect pour sa tanle, il la soigna
lui-même dans sa vieillesse el la
pleura comme une mère. En quittant
le théâtre il élail revenu a Bologne :
il y vécut entouré de l'esiime et de
la considération pul)rKjues, parta-
geant son temps entre la culture des
IcHrcs et la société de quelques amis.
11 mourut le 21 sept. 18 16, h 62
ans , cl fui inhume' sans aucune
pompe dans le cimetière de sa pa-
roisse. M. Pierre Brighenli a publié
V h'io^c de Jinb/fi/ii^ Hologue, 1822,
in-8", où il l'offre pour modèle aux
unisiciens qui voudront s'honorer
eux-mêmes en honorant leur pays.
W— s.
BABET (Hugues), poète latin et
philologue, était né en 14^74? H
Sainl-Hippolyte, petite ville du comté
de Bourgogne. Sou père, riche négo-
ciant, favorisa son goiit pour les let-
tres, et l'envoya continuer ses éludes
dans les plus célèbres universités de
France et d'Allemagne. Le jfune Ba-
bel se rendit bientôt très-habile dans
les langues anciennes, et fut nommé
professeur au collège de Busleiden k
Louvain. Mais , avide de nouvelles
connaissances , il ne tarda pas a se dé-
mettre de sa chaire, et alla visiter les
académies d'Oxford el de Cambridge.
Ses talents lui méritèrent partout un
accueil honorable. S'élant chargé de
l'éducation de quelques jeunes An-
glais, il les conduisit en Italie, et
profita de cette circonstance pour en-
tendre les professeurs les plus distin-
gués de Pavie, de Padoue et de Bo-
logne. De retour a Louvain, il y re-
prit l'enseignement des langues, et
partagea son temps entre ses devoirs
et l'étude. Dans un voyage qu'il fit a
Bàle, il vit Erasme , B. Rhenanus,
Grvnseus, etc., et se concilia leur esti-
me. Ant. Perrenot, connu depuis sous
le nom de cardinal de Granvelle, avait
étudié sous Babet a Louvain , et il
conservait de ses soins la plus tendre
reconnaissance. Il lui en donna une
preuve , en l'appelant k Besancon
pour lui confier l'éducation de ses
cousins. En 1648 Babet conduisit
ses élèves a Ileidelberg j>our s'y pei-
4 6AB
fcclionncr dans la langue allcmaDdc;
et il y resta plusieurs mois logé chez
Jacq. Micyllus , son omi ( Voy, Mi-
CYLLUS, XXVIII, 600). Les Français
s'ctant empares de la Lorraine en
i552, la duchesse Chrisline vint
chercher un asile à la cour de Ueidel-
berg , près de ta sœur, femme de Tc-
lecleur palatin. Charmée des talents
deBj])et, cette princesse l'admit dans
son intimité j et, sachant qu il avait le
projetde retourner dans les Pays-Bas,
elle raccompagna jusqu'à Louvain
pour jouir plus lotig-temps de sa con-
versation. Cette \ille, où il avait
passé les biillantes années de sa jeu-
nesse, était devenue sa pairie adopti-
ve. Il y termina sa longue carrière, le
19 août i556. Illéguasa bibliothèque
au savant antiquaire J.-J. Boissard ,
son neveu , qui la fit transporter à
Montbelliard, où elle fui détruite dans
le sac de cette ville par les Lorrains
[J^. Boissard, V, 26). Babet avait
laisse manuscrits des traités de théo-
logie, de grammaire, de dialectique,
de rhétorique, et plusieurs poèmes la-
lins. Parmi ces poèmes on en cite un
sur les incotivénicnts attaches à
remploi (le précepteur^ qu'il avait
dédié K Franc. Piichardot, son ami,
depuisévè({ucd'AiTas(l^o^.HicuAR-
DOT, XXXVII, 575). De tous les ou-
vrages de lîabel il ne reste qu'une
Eglof^ue latine adressée K Gdb.
Cousin sur la mort de (»uillaunie de
La Baulme. son élève, et deux èpi-
tresj Tune a Jean de La Baulme (/ '. ce
nom, III, 566), et l'autre à Cl. Frou-
lin. Ces trois pièces sont imprimées
dans leprcmit-T volume desŒuvresde
(rilbert Cousin, p. 261, 45o cl ^53.
Dans les J'jpislolfE laconicœ du nu -
me Cousin on trouve trois lettres
adressées à Babet j ce sont les trenle-
cin(|uième, cin(pi.uilirme, et qualrt-
▼ingl-cinquiènie. Bois^Nard .1 public \*.
BAB
Vie de son oncle avec son portrait,
dans la Bibliothec. illustr. viro-
rw/«, I, 275-80. W — s.
BABEY (Pierpe-Marie-Atha-
NASe), député aux états généraux et
a la convention, était ué en i 744 1 à
Orgelet, d'une des familles les plus
honorables de cette vi'le. Il y rem-
plissait la place d'avocat du roi à
l'époque de la révolution, dont il
eni!)rassa les principes avec toute ia
chaleur de la conviction. Député par
le bailliatie d'Aval aux élats-îTèné-
raux qui prirent le titre d'assemblée
coustiluante, i! s'y bt remarquer par
1 indépendance de ses opinions et par
l'énergie avec laquelle il apostrophait
les orateurs et le président lui-même,
quand celui-ci s'écartait de ^es de-
voirs. Le 7 déc. I 790 il fît rapporter
le décret par lequel l'assemblée votait
à.cs remercîmenls au directoire du
déparlement de la Mcurthe et h la
municipalité de Nancy, en prouvant
que la conduite de ces autorités, pen-
dant les troubles qui venaient d'affli-
ger cette ville, était loin de mériter
un pareil honneur. Lorsque la consti-
tution civile du clergé fut présentée
à liOuis XVI, ce prince diflérant d'y
donner sa sanction, Babey proposa de
lui demander le motif de ce retard,
et de décider qu'eu attendant sa ré-
ponse rassend)lée resterait en perma-
nence. Quoiqu'il ne fut pas orateur,
il ne craignait pas d'aborder la tri-
bune. Il avait une voix de Stentor, et
qui, dans les discussions, couvrait
toutes les autres. Lors(]u'il fut (pies-
liou de rechange du Clermonlois ,
il réfuta viclorieusemont l'opinion do
l'abbé Maury. Le 28 février 1791 il
se |)Iaignit de la lenteur (pie l'on met-
tait h présenter une loi contre l'émi-
gration j et quchpies jours après il fit
décider tiue l'assemblée n'entendrait
pas M. do Cleruiout-TonueiTc qui
HAI{ lîAB r<
voiilall lui rpiidri" roiiijilr ilra sci^ncs tisans les plus fouj^ueux du syslème
tuiuulhu'uscs dont il avail failli (l'rlrc de la Icrrcnr cl des confiscalions.
la viclime. Lors de; Parrcslation de Avaiil éu' chargé, après le 3i mai
Louis Wl K N'areiiups, il appuya la 1793, de rouitiiandcr une troupe rc-
proposilion (jue rassemblée s'eniparàl volulionnaire , il porta l'épouvante
de Ions les pouvoirs. Le 2 5 juillet dans tout le département de TAr-
sniyanl il demanda cpic ce prince fùl riège, et coullnua de se livrer aux
.Nuspendude ses fonctions juscpraprès mêmesviolences, lorsqu'une loi delà
raclièvement de la coi^slilnlion, et convention nationale eut ordonné la
que, s'il refusait de Tacccpler, il fut suppression de toutes les troupes du
détinilivcment déchu. Aprèsla session, même genre. Le député Clausel Tac-
Bahey revint dans sa familîe , et ne cusa alors a la tribune, et parvint h
prit aucune part aux événements. Au le fjire décréter d'arrestation, ainsi
mois de sept. 1792, ayant été nom- que les nommés Picot, Allard et
né par le département du Jura mem- Massiac , qui avaient tenu la mémo
bre delà Convention, il s'y montra conduite. Habi ne fut point décon-
tout autre que ne pouvait le faire pré- cerlé par ce décret ; il vint aussitôt à
sumer sa conduite antérieure. Dans Paris . se présenta devant le co-
les débals qui s'ouvrirent sur le procès uiité de salut public avec audace,
du roi, il demanda que celle grande et non-seulement il se fit approuver ,
question fut soumise aux assemblées mais il obtint une somme d'argent
j)rimaires. Mais la convention avant avec une mission pour reiourner
décidé que Louis XVI serait jugé dans son département, et y sw/ve/Z/tr
par elle, il vota pour le bannissement les contre - révolutionnaires. Le
à la paix , sous la réserve de Tappel régime de la terreur était encore dans
au peuple. Babey fut l'un des soixau- toute sa force ; Babi le fit eiéculer
te-treize députés qui protestèrent con- si rigoureusement , qu'en peu de
tre l'attentat du 3i mai 1795, et en jours quatre cents suspects furent
conséquence il fut décrété d'accusa- mis en arrestation par ses ordres, et
tiou. Etant parvenu a se soustraire aux quatorze envoyés au tribunal révolu-
gardieus (pi'on lui avait donnés, il se lionnaire de Paris qui les condamna
réfugia eu Sui.-se , oîi il se tint caché à moM. H ne s'an 'ta qu'a la nouvelle
jusqu'au moment où la convention le de la^hut^« de R' bespierre. Peu de
rappela avec ses collègues (8 décem- temps après, il fu! traduit lui-même
I)re 1 794). Elu par son déparlement au Iribuir/i criminel de Foix pour
au conseil de» cinq-cents, il en sortit concussions et actes arbitraires; et il
au mois de mai 1797 pour rentrer allait él' ". \:rané a la peine capi-
dans la vie privée. Il accepta peu de taie, lorsque )" .ranistie du 3 brumaire
temps après la place de commissaire an iv (oct^^re 1795) vint l'eule-
du directoire près de Tadministraliou ver k ses ju.-^.^-S. Ses biens avalent été
des salines de l'Est, et mourut a Sa- dévastés pcidanl son incarcération;
lins le 9 novembre 181 5. W-s. il adressa une demande au directoire
BABI ( Jean- François ) , né eu exécutif pour être indemnisé, et le
1769, a T;)ra>C()n dans le comté de directoire n'y ayant eu aucun égard,
Foix, jouissait, àrépoque de larévo- il fit une pétition au corps législatif,
lutiou, d'une fortune considérable, Celle pétition fut lue au conseil dei
et se uiontra néanmoins un des par- cinq-cents, dans la séance du la flo-
6 BAR BAB
réal an iv (mai 1796), et elle y 1780. Il alla se fixer ensuite h Châ-
causa une grande ruineiir. Le député lons-sur-Marne, et mourut dans cette
de rArriège, Bordes, comballlt la ville le 24 nov. 1802, victime de son
demande de Babi avec beaucoup d'é- zèle a combattre la fièvre contagieuse
Dergie, et il le représenta comme un qui désola les maisons d'arrêt et de ré-
des hommes les plus sanguinaires qui pression dont il était le médecin,
eussent déshonoré la révolution par Ayant adopté les principes de la ré-
leurs crimes. «Je tiens a la main, volution avec beaucoup d'ardeur, il
dit-il, un échantillon des listes de avait été nommé agent national dans
sang écrites par ce barbare inquisi- les temps les plus orageux. Ce fut
teur j ce n'est que la douzième partie lui qui introduisit dans ce pays l'usage
d'un volume in-folio qu'il avait formé de l'inoculation, et plus tard celui de
par l'impulsion de l'homme (lux la vaccine. Il possédait a un très-haut
soixante ans de vertus (Vadier)... degré le premier talent du médecin.
Chaque ligne est empreinte de la soif celui de bien observer la nature et de
qu'il avaitdusangde sesconcitoyens.» l'aider dans ses crises. On voit par la
Malgré les efforts de Bordes celte liste de ses ouvrages imprimés que
pétilion fut renvoyée au directoire son art ne l'occupait pas exclusive-
par le conseil des cinq-cents, où sié- ment : I. Adieux de M ^ JSoël à
geait encore une majorité convention- la ville de Clidlons-sur-Marne y
nelle. Mais Babi s'èlant alors établi 1782, iu-8". II. Epttre a Zulmis,
dans la capitale, comme firent a celle in-123 l'édition de Bouillon, 1782,
époque la plupart des terroristes ex- fut désavouée par l'auleur. III. Z^c^^rc
puisés de leur déparlement, y prit au docteur Grunwald, sur lesvef*-
part a toutes leurs intrigues , et no- tus de la poudre de crapaud dans
tamment à la conspiration qui con- r/ij-dropisie/un^rnnCv dans la Ga-
duisit, dans la nuit du 9 au 10 sep- zette salutaire ^ 1786, n° 3 2. IV.
tembre 1796,3.13 plaine de Grenelle, Lettre suruninojensingulierdese
les bandes de démagogues qui allèrent débarrasser des glaires de l'aso-
y attaquer les troupes dans leur camp, phage et de l' estomac , dans la Ga-
Accueillis par des coups de sabre et zette de santéy n"' 24- et 2 5 de l'an-
de fuiil, une partie de ces insensés née 1786, cl dans le tome III des
périrent sur la place, et les autres fu- Nou\>elles instructives du docteur
rent arrêtés. Babi était au nombre de llelz. V. Obseivations sur une
ces derniers. Ou le saisit sur la roule colu/ue de nuserere, elc, dans le
de Sèvres avec l'ex-maire de Lyon , soixanle-neuvième volume du Jour-
Berlrand : il avait deux pistolets dans iial de médecine, octobre 1786.
ses poches. l'raduit à une commission Ml. (Qualités essentielles ipi'exige
militaire, d lut coiulamné à mort , et la proj'ession dti/tothicture , Ira-
exécuté le i8 vendémiaire au v ( 9 dnil du y>^/>s/,»<'«.s«/V<laliu de Yaleriiis
octobre 179'^»). M — 0 |. Corcbis, daii6 le 1. III des A'owv'(7/t'.v
|{ABLOT;LoUKS-Nicoi.As-liEN- instruitli'cs ilu docliiir llelz, i 786.
jamin), médecin, né h Vadenay tu VU. /Mémoire à consulter sur une
Champagne, le 9 septiinbre 1754, inipuissaitcc provenant d'une cause
fil ses éludes a ruuiversilé de Kcims, inoralcy impriiié diuis la Gazette
fut rc(;u mailrc ès-arls eu 177.^, et salutaire, n" 5o, de Panuee 1786,
Uuvlcur cil médecine le 17 jauvier cl dans la Gamttcdc s<uitâ, vl* 4,5^
BAR
r.Aii
jiiemc annc(\VlIl. Lettres sur les
pi'fstiiaes tires r/.'.v so/t^eSy iiiipri-
niéo j).ir cxirail dais la (^uzelte de
santé. 11" 55, tli- ramii'e 1787. IX.
Mëmoire sur tu t/uestio/i pro/fo-
sée pur iueudéinie de Chu Ions,
duus la st'uince pnbli(/ue du 2 5
auùl 1787 : (Quelles .'font les cau-
ses les plus ordinaires de l'é/ni.
grntion des habitants de la cam-
pagne vers les i^randes villes , et
quels seraient les moyens les plus
propres à les retenir? Cet ouvrage
n'oblint que Taccessilj celui ileBou-
cerf eut le prix ( 1^. Bo:vcerf , V ,
91). X. Prospectus d'uue édition
desOEuvres Je Voltaire, in-8", 1788.
Celle espèce d'éloge du pitriarclie do
la philosophie moderne ohlinl alors
beaucoup du succès, XI. Exainen
de l'ouvrage de AI. V éveque d' Au-
tan (Talleyrand), intitulé : Des Lo-
teries, 1889, iu-8° de 72 pages.
XII. f^e Caducée , ou Organisa-
tion du département de la iMarne^
in-8° , Chàlons et Vilry , ï790«
Ueuxièine partie <:/?/ Caducée, ia-S",
Châ!o ns, 1791- XIII. IJ Abolition
des cloîtres, épître eu vers, impri-
mée daus le septième volume du Mer-
cure universel. XIV. Adresse du
conseil général permanent de la
commune de Chdlons à l'assem-
blée nationale, 1 3 septembre 1792,
contre les calomnies de Billaud-
Varennes. Il rédigea une autre
adresse au nom de queLpes citoyens
de Chàlons pour la profeclion de tous
les cultes, 17925 et une autre en-
core, au nom du conseil général de la
commune de Chàlons, a ia convention
naîionale , sur ses divisions scanda-
leuses, iu-4°, 1795. XV. Rapport
sur la contagio/i des cimetières ,
1795. XVI. Discours sur les maux
qu'enfante l'ignorance des lois,
in-4°5 an "!• XVII. Moyens d'as*-
surer à chacun des indiv.dus de
la républujue , sur lu récolle ac-
tuelle, son uppro\'is.onnenieni en
grains jusqu'à la récolle suivante,
impriino dans 1(> cinipianle-lroisième
volume fUi iMercurc universel, mc^ssi-
dor an 1 1 1 ( 1 7 9 5 ). X V II I. Réjlexions
sur les dangers des bains , pour
ceitaines personnes , à l'eau cou-
rante des rivières, et /nojens da
parer à la crainte de se noyer, in-
8°, messidor an iv (i 796). XiX. Ja-
mais et demain^ etc., in-8" de 92
p., Chàlons, frimaire an v (1796).
XX. Fragment d'un poème sur la
nécessité d'une religion , la reli"
gion naturelle , in- 8", an V (i 797).
XXI. Dialogue entre Cidabol-
iMeblen et Bernardin de Saint-
Pierre sur quelques aperçus du
grand tableau politique de la
France après le i^ fructidor, in-
8", frimaire au VI. XXII. Observa-
tions sur une rage spontanée, ayant
sa cause dans la seule peur de
l'eau courante, messidor an vu
(1799). En 1791 Bablol rédigea
seul l'Observateur de la Alar/ie ^
et en société le Journal Aw HK'me dé-
partement, an IV (1796). Z.
BAÎÎO (Joseph-Marie) auteur
dranatique très-distingué, naquit en
1756,11 Ehrenbreltslein eu Prusse,
fit ses études a Cobltnlz et se ren-
dit plus tard à Munich, oii il accepta
la place de censeur des imprimés et
cel-e d'intendant du théâtre uaiional.
Mais les désagréments que lui cau-
saient d'un côté les intrigues des ar-
tistes, et de l'autre la ôusceptihililé
des gens de lettres , si grande a cel!e
époque où les passions politiques
étaient en pleine fermentation, le dé-
cidèrent bientôt à quitter ces deux
emplois pour se consacrer exclusive-
ment à des travaux littéraires. Il fut
nommé professeur de philologie au
a
BAB
lycée de Municli, obllnt ensuite une
chaire d'eslhétique à Manheîm, et
revint enfin dans la première de ces
Tilles où il vécut dans une profonde
retraite jusqu'asa mûrt,qui arriva le 5
janvier i 822. — Doué d'une imagina-
lion vive,d'unsenlimcntdclicat eî pro-
fond, etd'un talent Irès-heureuipour
le dialogue, Babo composa un assez-
grand nombre de pièces de théâtre qui,
toutes, ont réussi a la représentation,
mais dont la plupart sont déjà tombées
dans l'oubli. Parmi celles qui se main-
tiennent encore sur la scène, on re-
marque d'abord le drame inlilulé
Otto de J^y ittelsbach , qui fut joué,
pour la première fois, en 1782 à
Munich (i). C'est, après le Goetz de
Berlinchingcn, de Goethe, le pre-
mier drame chevaleresque [Rittcr-
schauspiel) qui ait élé accueilli avec
faveur par les Allemands, dont le
goût jusqu'à cette époque avait élé
assez pur pour ne pas tolérer sur la
scène les grands coups d'épée , les
meurtres, les viols, et les autres
gentillesses qui forment maintenant ,
chez eux comme chez noiis, la partie
obligée de toute pièce en vogue.
Parmi les autres œuvres dramaliipies
de Babo, on distingue : Les Strélits,
Cencs , ou Id I c/iireaficc, et ies
Romains en AHeniagnej drames j
les Peintres y et le Pom/5, comédies,'
enfin les Charmes de la vie bour-
geoise^ pièce du genre larmoyant ,
mais (}ui rachète ce (ju'il y a de faux
et de guindé dans la rd)le, par des
situations esscnliellement dramali-
qucs et des caractères vrais et bien
soutenus. Toutes ces productions ont
é\c imprimées séparément, et fout
aussi pjrlie de deux recueils que l'au-
teur a publiés, l'un sous le titre de
(f j Un«f trudurlinn frîinçni^n dr rr clraiin- su
troiivn dan» la lient» i/intirale aHtii\4iidt dr
Kriedrl e« UonncTtlU, fmn. \\.
BAB
T'Ae'ai/'*?, Berlin, 1793, i vol. in-B",
et l'autre sous celui de Nouveau théâ-
tre, ibid., i8o4, I vol. in-8°. On a
aussi de Babo un roman intitulé ; Ta-
bleau de la vie humaine ^ Munich,
1784, I vol. in-8°, et une IntroduC'
tion à V Astronomie , Munich ,
1793, I vol. in-8° orné de 27 gravu-
res. Dès I 8ozi il publia, avec le ba-
ron Jean-Christophe d'Arélin , un
journal littéraire , VAurora^ mais
cette feuille cessa de paraître après
trois années d'existence. — Tous les
écrits de Babo sont en allemand.
M— A.
BABYLONE ( François on
Francis ), habile graveur, plus con-
nu sous le nom de maître au Cadu-
cée y monogramme dont "il a mar-
qué ses estampes {VoyAiiDict. de
Christ, 320), vivait au commen-
cement du 1 6*" siècle. On ignore le
Heu de sa naissance, ainsi que les
particularités de sa vie. Huber avoue
que s'il le fait compatriote de Lu-
cas de Leyde, ce n'est que par con-
jecture, et qu'il aurait pu le placer
également dans la classe des gra-
veurs italiens ( Voy. le Manuel
des curieux^ V, 66). Tout cequ'on
sait de certain sur le maître au
Caducée , c'est qu'il exerçait son
art à Rome dans le même temps
que le célèbre Marc-Antoine , d'a-
f)rès lequel 11 a gravé (juebjues sujets
Ibres. Ses estampes, dont on ne
connaît qu'un petit nombre, sont fort
rares, et très-rechercliées pour la
finesse et la beauté du burin. Huber
cite de ce maître neul pièces: Apol-
lon et Diane. — Trois hommes.
^-Deiix sainte Famille. — L\i-
dor-i/tion des Rois. — Saiiit Jé-
rôme ccrii'ant. — Un batelier
qui Iraverse une rivière. — Une
femme tenant un enfant dans ses
hras , cl enfin im sacrifice à Priapc^
BAC t{Af: 9
d'après Marc-Anloliic. Florent -le- ccr un discours véhément contre le
Coinle lui allril'iie uwc sauilr Ca- directoire et contre les conseils (jiii
tht-rine et nue Judith cu jiicd , avaient annule sa noniinalion. Dans
deux pièces ouMiocs par llnbcr le même discours il fit ouvertement
( P'^OY. le CabincL d' architecture, Téloge de Robespierre et de son sys-
elc. , I, 17^^). W — s. tème; il demanda sans détour la loi
BACH ( Victor ) , révolution- agraire, le partage des biens, et pro-
n.iire faualiipje , né vers 1770 k posa nn projet de coiislilntion dont
Niilefrancbe ( Aveyron ) , d'une fa- les bases étaient plus déinocrallques
itille de cnllivaleurs propriétaires, se encore cpie celles (jni avaient été pre-
voua de l)onne beure h la profession senlées par Robespierre cinq ansau-
de médecin, et lit ses premières paravanl, et rej)onssées par la cou-
études h Montpellier , où il Fut reçu veution nationale. Ce discours, que
docteur, llalla vers le commencement ranteur fit imprimer, et dont nous
de 1790 achever ses cours à Paris 5 avons un exemplaire sous lesyeux, est
mais, arrivé danscelle capitale, il s'y undesmonuraentslesplusirrécusables
occupa de polilique et de révolution du délire de cette époque. Lorsque la
beaucoup plus que d'étude médicale, révolution du 1 8 brumaire vint mettre
Lié dès ce temps avec tout ce qui fin à ces extravagances, Bacb en con-
ii'y trouvait de démagogues et d'à- çnt un profond chagrin, e"l dans son
narchisles turbulents, il prit part à désespoir il alla un matin se pros-
toules leurs entreprises, et se montra terner devant la statue de la Liberté,
pendant le règne de la terreur un qui existait encore sur la place Louis
des séides lesplus ardentsde cet hor- XV, dans l'endroit même où la tète
rible système. Après la chute de de Loui.sXVIétaillombéej etlà,mau-
Robespierre il fut a son tour perse- dissant la tyrannie qui pesait sur la
culé , et il n'échappa qu'avec peine France, il se brûla !a cervelle d'un
aux poursuites qui furent alors diri- coup de pistolet. Ce fait remarquable,
gées contre les complices de Babeuf et qui prouve au moins que Bach était
et les agresseurs du camp de Gre- un républicain de conviction , fit Irès-
uelle. Ayant été nommé en 1799 dé- peu de bruit, la police consulaire,
pulé au conseil des cinq-cents, par dès-lors très- vigilante, ayant tout
la fraction du corps électoral de fait pour l'élouffer. M — d j.
Paris qui siégeait a TOratoire, il eut BACHELEUIE ( Hugues db
le chagrin de voir celle uominatioaau- Là Bagalari.\. ou), troubadour,
nuléeparun décret, elilenexpriina sa était né vers la fin du 12*' siècle, à
douleur et son ressentiment dans un Uzerche dans le Limousin. Anselme
petit pamphlet intitulé: La grande Faydit ( Voy. ce nom XIV 201 ),
conspiration anarchique de i'Ora- son coïipalriote , l'a choisi pour in-
toire renvoyée à ses auteurs, par terlocuteur d'un de ses tensons. 11
le citoyen Bach , elc. Arrêté pour fut, avec le même Faydit, un deceux
celte publication , et traduit devant auxquels Savari de Maiiléon s'adressa
un jury d'accusation, Bach fut ac- pour savoir quel est le plus favorisé,
ijuilté et m'senliberlé. Quelques mois de l'amant que sa dame encourage
plus tard ou b; vil , nn des coryphées par un regard amoureux , de celui
du club des Jacobins , qui se réunis- dont elle a serre la main , on enfin
sait dans la «aile du Manège, proiion- de celui dont elle a pressé Ip pied
10
BA.C
secrètement. Cette grave question,
restée indécise , est débattue dans
une pièce fciiTieiise que l'abbé Millot
De fait connaître que par un extrait
dans son Histoire des Troubcidours,
II, 107 5 mais elle a été publiée eu
entier avec une traduction lillérale,
par M. Rajnouard , dans son Choix
de poésies originales , II, 199-
Il paraît que Hugues n'a pas joui
de son temps de toute la réputation
qu'il raérilalt. Habile dans Tart de
composer des vers, il n'avait pas le
talent de les faire valoir , et fréquen-
tait rarement ces assemblées où les
fioetes trouvaient alors le piix de
eurs travaux dans le suffrage de
juges éclairés , et même dans des
récompenses plus solides. L'historien
des troubadours nous apprend que
Hugues joignait aux avantages du
corps une grande courtoisie et de
l'inslructinn. Il ne nous resle de lui
que sept pièces. M. Raynouard en a
publié trois : deux Chansons amou-
reuses, III, 340. La seconde, re-
produite par M. Auguis, dans les
Poêles français depuis le 12''
sièele, I,i8o, est très-agréable,
mais elle n'offre pas , comme on l'a
répété d'après l'abbé Millot , le
méLingc réguljer des rimes mascu-
lines et feuiiiiines , puisque les huit
vers du second couplet se terminent
parla même désinence. Ce n'est pas
que cette combinaison de rimes lût
ignorée des poètes provençaux. La
première chanson de Hugues enoflre
un exemple , et le même vo'unie en
fou mit beaucoup d'autres plus an-
(ieuncs. Entre les amis de ce trou-
badour on doit nommer Uertraml
de Félix : c'est rintcrloculcur d'un
<<7/.s7>// (le Hugues, inséré par i\l. Uaj-
nouard dans le tome IV de son re-
cueil, si précieux pour les amateurs
de noire ancicuuc liltèraluru, W — s.
BAC
BACHER (Thlobald), né le
I 7 juin 1748, à Tliaun en A'sace,
était, K I 4- ans, lieutenant du batail-
lon de Colmar, emp'oyé dans l'état-
major généra! a l'armëe du Bas-
Rhin. Licencié a la paix de 1765, il
remplit successivement les fonctions
d'aspirant d'artillerie et du génie, et
en 1769 il obtint le titre d'ingé-
nieur-géographe militaire surnumé-
raire sous les ordres de Berthier (le
prince deWagram). En 177 i, d re-
couvra sa place de lieutenant au ba-
taillon de Colmar, d'où il passa bien-
tôt avec le même grade au régiment
provincial d'aitdlerie a Strasbourg,
quoiqu'il fût dès celte époque attaché
au ministère des affaires étrangères. ] I
paraît qu'il avait demandé et qu'on lui
accorda la permission de cumuler des
fonctions diplomatiques avec une sorte
d'activité militaire. Eu 1777, il fut
nommé secrétaire de l'auibassade de
France en Suisse , pendant la négo-
ciation du renouvellement del'idliance
avec le corps helvétique j et (pielque
temps après il obtint la place de
chargé d'allalres-En i 78 i ou lui con-
fia encore l'emploi de secrétaire d'am-
bassade, et en 1784 on le breveta
comme premier secrélaire-iulerprèle,
et de celte éjocjue il lut constamment
chargé d'allaires jusqu'à l'arrivée de
l'andjassadeur Barthélémy en 17 92,
Bâcher embrassa a\ ec ardeur la cause
de la révolution j il lit un don patiio-
ti(jue de la croix de Saiul-Louis qu il
avait obtenue parcelle cumulalion di'
services, et dune somme de cnuj
ceuls livres pour les (Vais de la guerre.
De 1793 il 179:' il fut agent île la
républi(|ue, stationné à liàle pour y
surveiller la neutralité helvéli(|ue,
observer les mouvements i\\is armées
ennemies, et soigner la correspon-
dance avec l'Allemagne. Chargé du
6<rrvice secret des armées ^ de U sur-
JUC
vrillaiicc des Ironliôrcs, tl comiiil.s-
i.ilri' polir rccliaii!^».' (li\s prisonniers
(lc{;niTrc. il cul encore la mission
(Téelianirer MiK/umc. lille de Louis
Wl , iDiiIre les rejirésenlanls du
n'.'iinli' ( l 11- niinislre livrés par Du-
iiumriez aux Aulricliiens ( f^oy.
Jii:i unoNViLLE , au Supp.). 11 rem-
plissait les mêmes fondions à Tépo-
ijiie du 18 fruclidor (sept. 1797),
el il écrivit alors au directoire con-
tre IMcliej^ru , Morcau et même cou-
Ire Barthélémy, avec lequel il avait
paru long-temps liès-liéj ce qui
ii'empèclia pas que ce gouverncmenly
voulant détourner les idées de ce fait
ignoré , fit mettre pendant plusiî^urs
jours le scellé sur les papiers de Bâ-
cher, afin de lui donner Tair d'un
homme persécuté. Dans le mois de
novembre de la même année, Bâcher
présenta différentes notes au sénat de
Bàle pour faire arrêter Riclicr de Se
risy, et poursuivre le major Mérian,
ainsi que d'autres ofEciers suisses ,
qu'il accusait d'avoir favorisé l'atta-
que des Autrichiens contre Huninguc.
En 1798, il passa chargé d'af-
faires à Ratisbonnej et, comme
on avait été satisfait de son ser-
vice secret a Bàle , il eut la même
qualité à Francfort. Mais cette fois
sa mission eut en même temps un ca-
ractère ostensible, et il échangea pen-
dant la guerre plus de cent mille
prisonniers, dont plusieurs auraient
péri sans les soins qu'il se donna
pour accélérer leur retour et les faire
guérir des maladies contractées dans
les prisons. En 1801 on le renvoya
à R.atisl)oune. Il résidait encore en
Allemagne lorsque l'armée française
fut ronlrainte de se retirer en 1 8 1 3 :
il s'enfuit à pied, chargé d'une grosse
somme d'or dont le poids le blessa.
Descendu dans un fossé, entre Franc-
fort et Strasbourg, pour s'y reposer, et
BAC
1 1
ne voulant demander de secours a|)er-
soniie de p( iir d'êlre volé, d mourut
de laligue dans ce lossé où on le
trouva avec sou Irésor. Les déj)êches
de Bâcher étaient subslanliclles, ani-
mées el d'un style correct. Il ser-
vait avec une chaleur qui lui a fait
i\cs ennemis j on lui a reproché
de l'avarice , cl ce vice a été cause
de sa mort, mais on n'a pas mis en
doute sa probité. Il a laissé sur l'Al-
lemagne et sur la Suisse des mémoires
remplis de vues saines et d'informa-
tions utiles pour la France. Z.
BACIIERACIIT ( Henri ),
médecin , né à Pélersbourg le 27
déc. 1726, fut élevé à Moscou • et,
après avoir visité les principales uni-
versités de l'Allemagne , alla rece-
voir le bonnet doctoral à Leyde. A
son retour en Russie, l'impératrice
Elisabeth le nomma médecin du corps
de l'artillerie et du génie, place qu'il
(juitta en 1776 , pour être attaché a
la marine. On a de lui : I. Disset^-
tntio de ligamentoriwi morhis^
Leyde, i 760, in-4.°.II. Traité-pra-
tique sur le scorbut y à l'usage des
chirurgiens de V armée et de la ma-
rine russes (en russe et en allemand),
Pélersbourg, 1786 , in-8". Ce petit
traité a été traduit en français par
Desbout, Reval, 1787, in-8". III.
Préservatif contre les épizooiies
(en allemand), Petersbourg , 1772,
in-8'\ Ce mémoire se trouve aussi
dans le vingt-unième volume du Re-
cueil de la société économique de Pe-
tersbourg , qui l'avait couronné. III.
PJiarniacopœa navalis russica j
aut calalugus omnium necessario-
runi medicamentorum, quœ se-
cundum ordinem navium classica-
rum pro itinere in scrinio navali
ha!)ere opoîtet, Petersbourg, 1784.,
in-8''. Celte pharmacopée , qui est
fort estimée, avait paru en langue
la
BAC
russe trois ans auparavant. IV. Ins-
truction physico-diététique sur les
Tnojrens de conserver la santé des
gens de mer (en allemand), Pt-tcrs-
bourg, 1790, iu-8°. Baclicracht est
encore auteur de quelques opuscules
dont la plupart ont paru dans les Mé-
moires de la société économique de
Pétersbourg, mais dont quelques-uns
aussi ont été imprimés séparément.
Dans le nombre de ces derniers, nous
citerons une Instruction sur l'art
d'inoculer (en russe), Pétersbourg,
1769. in-8°, et un Traité sur les ma-
ladies que l'abus des plaisirs vé'
né riens J'ait naître chez les deux
$exes{en russe), Pétersbourg, 1760,
in-S". Bacberachl fut le premier qui
pratiqua Tinoculalion de la petite-
vérole en Russie: il adopla la mé-
thode de Diins^'ale, dès q-rdlc lui
fui COT^'.lie. J — D — N.
BACfIMA\i\(le baron Jag-
ques-Joseph-Atjtoise-Llgkr de) ,
major-géncral des gardes-suis-es au
service de France, naquit en i755,
à INaefels , dans le canton de Claris ,
d'une famille féconde eu officiers de
mérite, et l'une des plus distinguées
de la Suisse (i). Il entra de bonne
bcurc dans un di's réglme-ils que sa
patrie avait alors au service do France j
Hl avec ce corps toules les cam-
pagnes de la guerre de Sept ans
en Allemagne; fut blessé plusieurs
fois sur le cliainp de bataille, et
])arvint successivement aux grades
de colonel cl de major - géné-
ral des gardes - suissi's. C'est eu
celle qualité (jii'il se liouvait a Pa-
ris le 9 août 1792, lorscjne I oui an-
nonçait une allacpie iirorliaine des
Tuileries. Le général IJacbmaun vint
aussilùl avec sa troupe pourdélendre
(1) Voy. l' llisiotm nbrrgte dn i)')it:.eri tuititê
OUI it loiit duiitgitfi aux ifiviret tlnmgrrt, jiar
1 «bbé OirirJ, Frihonrg, 1-81; t. 1", i>. ^ll
BAC
le roi. On connaît les résultats de II
journée du lo août, et tout le monde
sait combien les Suisses se si?nalè-
rent par leur bravoure et leur fidé-
lité. Bacbmann ne cessa pas de les
diriger et de leur donner l'exemple
du courage. Il fut arrêté , et conduit
d'abord a la prison de F Abbaye, puis
a la Conciergerie. Mis en jugement
devant l'affreux tribunal qui fut in-
stitué a celte époque, et quel'onap-
pela le tribunal du lo aoi'it , il
voulut, en sa qualité de Suisse , dé-
cliner sa juridiction" mais le commis-
saire national bipasser outre. A l'une
des audiences, la populace se porta
en foule dans la salle , demandant la
tèle de l'accusé. Bacbmann conserva
la plus grande tranquillité, et des-
cendit du fauteuil où il était assis ,
comme pour se livrer à la multitude.
Immédiatement après onprononcasa
condamnation, qu'il entendit avec le
plus grand sang-troid. Il fut exécute
sur la place du CarroMsel, le 3 sept,
I79:i. Le baron de Bacbmann ^tait
d'une taille et d'une beauté extraordi-
naires. M — D ).
BACIIMAXIV ANDERLETZ
(le baron INicolas-Fkançois de),
frère du précédent , né le 27 mars
1740, a INaelcls, entra au service de
France a Tàge de neulaus comme sous-
lieutenant, parvint successivement ai
grade de capitaine, et fil en cette qua-
lité la guerre de Sept ans dans le régi-
ment de\V itmer. Il y donna dans plu-
sieurs occasions des preuves de taleol
et (le courage. Devenu major eo
1768, il lut dès-lors considéré
comme l'un des ol liciers les plus in-
struits de larniL-e ; et souvent le mi-
nistère le consulta pour les ordou-
naïues et les règlements destinés h
fixer les manteuvres de l'iulanterie.
Ce lut lui (jui dirigea, en 1769, au
camp de Verberie , les mouvements
de i4 l'.itallloiis allniiaii(U cl suisses
qui inauœiivrcrciil sous les yeux du
roi Louis XV. A|iics lamorl tic Salis,
son rt'iiimrul fui donné h Baclimann
qui conduisil ce corps h Paris, au com-
mcnciMiicnl de juillet 1789. Hélait
j ' campé au Cliamp-de-lMars le i 3 de
re mois, sous les ordres de Bezenval,
t'I sa troupe faisait partie de la
f)elile armée qui avait été mise sous
e commandement du maréchal de
Bro^^lie. Il ne dépendit pas de lui
qu'elle ue fît davantage pour la dé-
fense de 'a monarchie, et lorsque les
derniers coups furent portés au troue
de Louis XVI, dans la journée du i 0
août 1792 , Hachmaun donna en-
core aux bataillons suisses , k colo
de ."^on frère^ l'exemple du courage et
le la fidélité. Après la catastrophe
il se déroba par la fuite à une arres-
tation et aune mort certaines. Revenu
d;ins sa patrie, il j créa un nouveau
régiment et le conduisit au roi de
Sardaigne qui soutenait alors une
guerre très-vive contre la France
( Foy. Victor -Amédée, XLVIII ,
596). Bnclimanu entra en campagne
dans le mois de mars 1790, et fut
nommé général-major l'année suivante.
Chargé de diriger l'armée que le duc
deMoutferrat commandait dans la val-
lée d'Aostjilyobtint quelques succès,
mais les victoires ([ue Bonaparte rem-
porta sur un autre point au com-
mencement de 1796, contre les ar-
mées piémonlai.ses , ayant forcé la
cour de Turin a si,i;ncr la paix, Bach-
raaon se vit contraint de rentrer dans
le repos. 11 quitta définitivement le
service de Sardaigne en 1798, lors-
((ue le régimenl ([u'il commandait fut
incorporé dans l'armée française, et
retourna dans sa patrie, où , dès l'an-
née suivante , il créa nu nouveau corps
qui fut mis h la solde de l'Angle-
lerre cl se réunit aux Autrichiens
BAC
i3
pour condialfrc les Français. A. la
tète de celle troupe, Bathmann se
distingua encore a la bataille de Zu-
rich, à Feldkirscb el surtout à Zutk,
où il cn'eva un corps français tout en-
tier dans la nuit du 7 au 8déc. 1800.
La paix deLuncville ayant élé suivi©
du licenciemenl de sa troupe, il passa
encore quelque tenq)s daus la relrailej
mais I insurrection des petits cantons
(ocl. iBor) l'obligea d'en sortir.
Nommé général en chef de l'armée
confédérée, il obtint d'abord quel-
ques succès contre les insurgés helvé-
tiques^ mais les Français ayant pé-
nétré en Suisse pour les soutenir ,
toute résistance devint impossible.
Bachmann se réfugia en Souabe et
ne rentra dans sa patrie que lorsque
l'influence des Français y eut cessé,
11 vint h Paris en 1814, après le ré-
tablisseinent des Bourbons , et reçut
des mains de Louis XVIII le brevet
de commandeur de St-Louis. H était
encore dans cette capitale à l'épor ,e
du 20 mars 18 15, et il conlribua
beaucoup par ses conseils a la con-
duite que tinrent alors les régiments
suisses [Voy. Affry, LVI, 87 ).
Revenu aussitôt dans sa patrie, il fut
chargé du commandement de trente
mille hommes destinés k combattre
Napoléon 5 mais cette armée se borna
a des démonstrations jusqu'à la ba-
taille de Waterloo, qui mit fin' à
toutes les hostilités. Bachmann don-
na alors sa démission et alla finir
sa longue et honorable carrière dans
la retraite, après avoir reçu des
cours de Vienne , de Turin et do
Paris des décorations et d'autres té-
moignages d'estime. Il est mort dans
«es terres en i85i. M — d j.
BACHOT (Gaspar ) , médecin,
était né vers i55o dans le Bourbon-
nais. Un passage de son traité sur les
Erreurs populaires fait conjecturer
i4 BAC BAC
qu'ilélaitdeMontnieraud.Sa famille, avec eux sur les montagnes du Forez
quiaprodullplusieurshomraesdemé- el de TAuvergne En 1609 Bachot
rite, jouissait d'une grande considéra- fut nommé médecin du roi, a Mou-
tion dans la province. Bachot nous ap- lins. Il se montra digne de cette
prendlui-raêmeqii'ilétaitcousindusa- marque de confiance, en s'occupant
vaut Gilbert Gaulmin [Voy. ce nom, de l'examen àçs eaux minérales du
XVI, 579). 11 exerçait déjà la méde- Bourbonnais, qu'il réussit K remettre
cine à Thiers en iSB/». L'année sui- en crédit. Ou ignore l'époque de sa
vante ilserendithParlspoursuivre les mort , mais il est probable qu'il ne
cours des pins habiles professeurs. Il survécut pas long-temps a la publica-
nommeparmise,> maîtres, Faber,Per- lion de l'ouvrage dont on va parler,
dulcis, Simon Piètre, Riolanel Duret. Il est intitulé : Erreurs populaires
En I 592 , il reçut le grade de docteur, touchant la médecine et régime de
sous la présidence de Delorme , son 5<7«/é/, Lyon, 1626 , in-8°. Cet ou-
parent. La manière dont il parle de vrage , que Bachot entreprit dans le
sa réception peint naïvement la futi- but de compléter celui de Joubert
lité desquestions qui s'agitaient alors qui porte le même litre, est divisé en
dans les écoles. « Et comme j'eus cinq livres, dans lesquels il traite
« soutenu, dil-il, tous les plus fa- de la complexion et contume, de
a ricux. assaults de ceux desquels l'air et des vêtements , de l'appétit
« j'estoys attaqué , j'obtins enfin que et de la soif , du repos, et enfin delà
« le vice des humeurs et le naturel digestion. On y trouve des renseigue-
« des parties du corps causaient la menis utiles^ et des remarques assez
« cacoëthie et 1 opiniâtreté des ma- intéressantes semées ou entremêlées
a ladies, et envoyai a l'instant au de passages d'IIippocrate, d'Horace,
tf président les despouilles, rrmpor- de Lucrèce et de l'école de Salcrue,
Œ tant le doctorat pour trophée de traduits en vers français. Bachot
« celte victoire. » Bachot revint montre de l'érudition, de la fran-
aussitôta Tliiers , où il était déjà chise et de la bonne foi; mais il n'a
connu d'une manière très-avanta- ni le coup d'œil , ni Vesprit philoso-
geuse. Sa réputation ne tarda pas h phi(jue de Joubert. On est surpris
s'étendre dans les provinces voisines, de lui voir rapporter, comme ({es vé-
II était aj)pelé fréquemment h Mont- rites inconleslablcs, diverses croyan-
brison, ville où le célèbre Laur. Jou- ces populaires de son temps, par
berl ( Voj. ce nom , XXII, 44. ), exemple : (pie le diamant se ramol-
avait pratiqué la médecine dans sa lit dansle sang du bouc ; que le chanl
jeunesse. Ce que Bachot entendait du cocj met en fuite le lion, etc. II
rapporter d'honorable à la mémoire cite comme un i\i:s échos les pins
de ce grand médecin fut sans doute merveilleux celui de Cliarenlon, qui
une des causes (jui l'engagèrenl aie répèle sept fois le son. Les sonnels
prendre pour niofbMe el K devenir , placés en tèle de chatpie chapitre
dans le Iraité (pi'il coii'posa, son con- prouvent (ju'il sacrifiait aussi aux
linnaliMir. Son goût pour la bolanupie nuises; mais un biographe a déjà
le lia promptemenf avec le pclil nom- dit avec raison (juc ses vers font plus
})rc d'amahurs de l'histoire nalurclle d'honneur à son cœur qu'à son talent
(pu se Iroiiv ii( ni alors dans le pays, poélique. Eloy n'a point donné d'ar-
et il herborisait de temps en temps litle à Bachot dansson /)a7/o////u/rc.
BAC
C.TiTcre se coiileiitc dr rapporter le
lilrc de .son ouvratrc. ÎNJ.iisce im'dccin
est ouMié dans toiiles les l)i()gr<'i-
plufs iiio(l»'rnos, {jiioi([iic' son livre,
dovfmi r;irc , soit assez roclierclic des
cuiieiix. — Un aulrc nicdccln de la
mènic famille, Etienne Bachot, élalt
lu- ;uSens, vers i 6 r o. 11 jiril le j:!;ra'lc
(\c docleiir h la facullé de Paris en
1648. Médecin el ami do Ménage,
Gomherville , Benserade , Clinrpen-
lier, elc, il ciillivail Ini-mènie la lil-
léralure avec beaucoup de succès. On
a de lui <\qs épigrammes lalines Irès-
agréablcs. Dreuxdu Radier, dans ses
Rc créations historiques^ II, 108,
I en rapporte deux , Tune contre les
partisans de rantiracine , cpii se flat-
taient d'avoir, avec ce remède, opéré
la guérison du roi en i63o5 et î'au-
j tresur l'écnjer du comte de Crussol,
qui se poignarda sous les yeux d'une
femme qu'il n'avait pu rendre sensi-
I ble à sa passion. Cet événement ,
' qui fit une grande sensation à la cour,
est de Tannée 1669. Le quatrain
I suivant de Bachot, sur la mort de
Molière, qui mourut en jouant le
Malade imaginaire, est une des
meilleures pièces qui parurent alors.
Roscius hîc situs est, parva Molierus in urna,
Cui penus biimaniiin ludcre ludus cral.
Diim ludit niortein, mors iiidigaata jocantem
Corripit, et miinuin fingeie sacra lu-yat.
Ménage a conservé quelques vers
agréables que Gombervilie avait adres-
sés à Bachot pour lui reprocher son
silence. Voyez le Menngiana ,
éd. de 171 5 , II, 232. On n'a pu
découvrir la date de la mort de Ba-
chot; mais ou peut la placer vers
1687, année où parut son dernier ou-
vrage. Il prenait le titre de médecin
du nu. Voici la liste de ses produc-
tions: \, Le tombeau du maréehal
de Schomher'^y Paris, 1 6 3 3, in-8**.
II. Apologie pour la sait^née con
tre ses calomniateurs y Paris, 1646,
BAC
i:>
in-8";ibid, 1648, in.8^ III. AV-
go mcdicus f)/iilos()f)hus hcôioç, Pa-
ris , 1646, 111-4". IV. Erpço in/c"
hi'ihus continiiis putridis Lcnuls
viclus, l*aris, 1647 ' •n-4"- Cette
thèse renferme des propositions que
nosécoles modernes ne désavoueraient
pas. V. l'Jrgo pueris acute labo-
rantibus vencE sectio , Paris, 1648,
in -4°. VI. Quœsliones medicœ ,
Paiis , 1648, in- 12. VII. Er^o
patrum in natos abcunt cuni se-
mine mores , Paris, 1649, in-4.**.
VIII. Panef^yricus gratulalorius
ad Ludovicum XIK post ci-
vicos tum iltus Lutetiani reversimij
Paris, i652 , in-fol. et in-4'',
IX. Ergo ulendumcibis simplicio-
ribus y Paris, i658, in-4-°. X.
Eucharisticwn pro pace ad card.
Mazarinum, Paris, 1660, in- 8°.
XI. Vespertina et pileus doc-
toralis, cum qnœstionibus medicis,
Paris 1675, in-8°. XII. An cho-
colatOf usus salutaris? Paris ,
1684, in-^' XIII. An affecti-
bus melancholicis manna? Paris,
168 5, in-4.". XIV. Parerga seu
horœ subcesivŒj quibus continen"
tur poemata latina et gallica, Pa-
ris, 1686, in-i2. C'est un recueil àp
pièces en vers et en prose, dans le-
quel on trouve une traduction de lu
Solitude de S.iinl-Amand_, qui avait
paru en 1662 , sous le nom du P.
Cotignac , dans une collection de
pièces de quelques pères de la Doc-
trine chrétienne , avec un chanoc-
ment de quelques mots seulement.
— Xy.Nofi ergo urinis se medicum
professo statim credendum^ Paris ,
1686, in-4°. XVI. Est-ne phle-
botomia omnis œtatis , omnium
niorborum magnorwn princeps, et
universale remcdiiini? Paris, 1687,
in-4". J — D — N etW — s.
BACIARELLI ( Marcel ) ,
i6 BAC BA.C
peintre, ncaRome, le 16 février qu'il portait le jour de son coii-
lySi, eut pour maître Beuefiali, et ronnement. Dans une seconde ialle on
fut appelé en lyoo a Dresde, par trouve de grands portraits qui re-
Auguste III, roi de Pologne et élec- présentent autant d'évcnemeiils re-
teur de Saxe. Ce prince l'immcna marquables dans l'histoire de la na-
avec lui à Varsovie, où il se lit con- lion; ce sont: 1° Casimir-le-Grand
uaîtrc de Stanislas Poniatowski qui qui affianchit les habitants de la
devait bientôt succéder a Auguste, campagne /a® la Jhndation de
La réputation de Baciarclli s'étant V académie de Cracovie ; ^° l'Iwm-
répandue à Vienne, Marie-Thérèse mage qu Albert y duc de Prusse ,
firia le roi Auguste de vouloir bien rend au roi Sigismond I" ; 4-" lu-
e lui envoyer pour faire les portraits nion de la Pologne avec la Li-
de la famille impériale. Quand le roi thuanie ; S^ le traité de Chocziin;
Auguste mourut, le prince de Kau- G°JeanSobieskidélivrant Vienne.
nitz engagea le peintre de la cour a se La salle dite de la noblesse, dans
fixer h Yiennt.^Baciarelli , qui avait le palais de Lazieuki, est ornée des
aussi reçu d'autres invitations , pré- portraits de Christoplie Rad/ivill ,
fera celle de Stanislas-Auguste qui de Rev. Polocki, de Stanislas Ho-
venait d'être élevé sur le trône de sius , de Jean-Charles Chodkievvicz,
Pologne. La diète extraordinaire de de Jean Tarnowski , de Martin
1767 . désirant l'attacher au royau- Konc! i , de Marliu Cromer et d'An-
nie , lui accorda, dans une de ses dré Olzowski. Baciarclli joignait a
séances, lindigénat et à^s lettres de une grande activité la connaissance
noblesse, l^e roi Stanislas le nomma parfaite du siècle et des événements;
directeur-u^énéral i\i.'^ bâtiments de ses personnages ont toujours une po-
la couronne. La carrière de I)acia- se et un costume de la plus sévère
relliaété longue, et il a produit des exactitude historique. En 1787, il
ouvra "^es dont le nombre étonne au- pria le roi Stanislas de vouloir bien
tanluue leur perfection. On en trouve lui permettre d'aller visiter de non-
dans les cabinets de Dresde et do veau l'Italie et la France méridio-
Vienne, dans ceux des magnais polo- nale. Dans son voyage , tons les sou-
uais, et dans le j)alals royal deLazicn- veralns se plurent k le condiler d'al-
ki. Les plus remarcpiables sont ceux tentions. A Vienne, Josepli II et son
qui ornent la salle de marbre dans le frère Léopold , grand-duc de Tos-
palais de Varsovie. On y voit les por- cane, voulurent le voir. L'académie
Iralls de Ions les rois de Pologne, des beaux-arts l'admit dans son sein,
depuis Boleslas CV//o^/'^ jusqu'à Sta- Celles de Dresde, de Berlin , de Sl-
nislas- Au<'usle. Quant aux anciens Lue, a Rome, celles de Venise cl de
roislexéeiilion était diniclle;le pein- Piologne lui accordèrent lamème dis-
Ire, n'ayant (Hie Irè.s-peu d'originaui tinctloii. Le pape Pie Vl le rtomma
a copier, fut obligé de recourir aux clievalier de l'ordre de l'Kperon. Les
Iradilions populaires et aux annales rois de Sardaigne et de ^aple.s le re-
de la nation. Les portraits de rois des curent avec les marques de la plus
derniers temps ont pu être mieux soi- hauleconsidéralion, et la reine de IS'a-
cnés ; on admire surtout celui de pies se souvint avec atlendrissemrnt
Stanislas- Augusie , (jui voulut être (jue ses ouvrages étaient les premiers
représenté avec le cosluiuo espagnol, qu'elle cùl admirés dans sa jeuuesse.
Revenu d'un voyai^e si fl;illciir, IJ.i-
ciciit'lli se remit an havail avec une
uonvelle aclivilc. l'.unii les onvraj^cs
sorlis (le sonpineeaii à celle é|)()([iie,
nous reniaii|uer()us denx lajjleaux
nui ornenl l'église paroissiale de
S/.C7,orce, dans les domaines de Joa-
cliini Chreplowicz , chancelier de
J.illiuanie. L'nn représenle Jésus-
Christ donnant sa bénédiction il des
enfants • dans l'antre on voit un la-
boureur occupé du travail de son
champ, au loin sa femme qui attend
son retour j ses enfants (pii jouent
près du feu, et Jésus-Christ dans les
nues, (pii bénit cette bonne famille.
La perfection de ces deux tableaux
rappelle avec attendrissement aux Po-
lonais le souvenir de J. Chreptowicz,
de ce seigneur bon , humain , rpii a
donné un exemple précieux en affran-
chissant les paysans dans ses domaines,
et qui a rendu a l'instruction publique
des services signalés. Le i i décem-
bre 1807, la société des Amis des
sciences, a Varsovie, nomma Bacia-
relli un de ses membres , et lui offrit
le portrait du roi Frédéric-Auguste,
qui se trouvait alors a Varsovie. L'u-
niversité de cette ville avant établi
une section pour les beaux-arts, il
en fut nommé le doyen. Parmi ses
derniers ouvrages ou remarque le
tableau qu'il offrit a l'église métro-
politaine de St-Jean. On y voit sur
une élévation la sainte Vierge tenant
l'enfant Jésus sur ses genoux, entou-
rée par les anges, et au bas saint Jean-
Baptiste et saint Stanislas de gran-
deur naturelle. C'est une imita-
lion du grand tableau que Palma le
jeune (/^oj^. ce nom, XXXII, 4-58),
peintre de l'école vénitienne, avait
fait pourle grand-autel de cette église;
mais la copie l'emporte sur l'original.
Les Français s'en étaient emparés
lors de Tinvasion de la Pologne, et
BAC
«7
ils l'avaii-nl j)Iacc dans le Musée de
Paris, (jul , bien que très-riche, ne
possédait rien de Palma le jeune. En
181 5, ce tableau fut reporté a l'église
de St. -Jean, l'cndant (prcUeen avait
été privée, Ikciarclli lui avait fait don
(le la copie dont nous avons parlé, et
qu'elle a conservée. On ne s'aperçoit
point (pie ce soit Ponvragc d'une
main plus qu'octogénaire. Ce grand
peintre est mort le 5 janvier i 8 i 8 ,
âgé de 87 ans, aussi regrette pour son
caractère de bonté et de bienfaisance
que pour la supériorité de son talent.
Le gouvernement polonais a acheté
son portrait pour le placer dans la
grande salle de l'université. Sa famille
lui a fait ériger dans l'église métro-
politaine un monument où il est réuni
à sa femme, a sa mère et a son aïeul.
G— Y.
BACIO (He"Nri ) , jésuite, ori-
ginaire d'une famille italienne, na-
quit h INancy en 1609. Ayant fait
profession dans la compagnie de Jé-
sus, a Dijon, il obtint la chaire de
rhétorique au collège de cette ville ,
et fut ensuite cliargé d'aller prêcher
sur divers points du royaume. Il
mourut préfet des classes , a l'uni-
versité dePonl-a-Mousson , au com-
mencement de Tannée 1681. Ou
connaît de lui : I. ïllustrissimi
ducis Belle g arda haudatio, 1 6 4^7 ,
in-4-°. IL Elo^iwn Henrici Bor-
honii II, 164^7, in-i2. Ces deux
morceaux oratoires ne sortent pas de
la ligue commune des écrits de ce
genre , même pour le temps oii ils
ont été composés. L— 'M— x.
BACÏOCCIIÏ (Marie-Anne-
Elisa Bois APARTE, depuis Madame),
la première des sœurs de Napoléon,
naquit h Ajaccio , en Corse , le 3
janvier 1777 (i)* ^^^ fut élevée
,1) Nous suivons, pour cette date, l'auloril»
de V.llmitnnch impérial, i8oô, p. 36. M. Ma-
LVII.
lô
BAC
BAC
gratuitement et par le crédit de sa fa-
mille a la maison royale de Saint-
Cyr, dans le temps où son frère Na-
poléon terminait de la même manière
son éducallon kBrienne et al'Ecole-
Militaire. Cet établissement de Saint-
Cyr ayant été supprimé par un décret
de la convention nationale , Elisa re-
tourna dans sa famille avec son frère, a
la fin de 1792 {V. Napoléon, au
Supp.), et lorsqu'en 1793 la Corse
tomba au pouvoir des Anglais , elle
vint avec sa mère el ses sœurs résider
à Marseille. El'es eurent, comme l'ou
sait, dans cette ville une existence
précaire et malaisée , dans les détails
de la{[uelle quelcjues écrivains se sont
plu à fouiller pour y chercher de
graves motifs d'accusation contre leur
conduite. Si ces récits n'ont pas été
complètement inventés par la haine,
ils sont au moins dénués de preuves, et
le devoir de l'hislorien rpii les men-
tionne est de ne pas les admettre avec
légèreté. Cequ'il y a de bien certain,
c'est que rien alors, dans l'étal où se
trouvait la famille Bonaparte , ne
pouvait faire présager sa procha ne
grandeur. Napoléon devint , peu
après, général en chef de l'armée
d'Italie ; mais cette soudaine éléva-
tion ne l'empêcha j)as, comme on l'a
prétendu, de donner son consenle-
menl a l'union projetée par sa mère
entre Elisa et M. l'aciorclii; loin de
là, il vil celle union avec beaucoup
de plaisir, parce (pie M. Baciocchi,
ancien olhtler nu réginienl lloyal-
Corse, était d'une faniiile plus an-
cienne «'t plus considérée <|ue celle
des Bonaparte, Te mariage fut célé-
bré h JMarseille , dans le mois de
roai 1797 (2)', el, l'année suivante,
—
Illll, Aiin. iinriilii<^., iB>0, j>. J, ilil lo 8 jiiiviiT,
rrreiir (|ii'il iminit avoir prise diiiri li-i liiu^ra-
phira plcct tliMitr*. cl tpi'onl .xloplro srloii l'iis.i^t
tuulra relira i|iii oui |iiini dipiiis.
(a) l'ur uiio bcvuu toiil-iil'dit iiKiiiii:«'\.ilile
Lucien Bonaparte ayant été nom-
mé membre du conseil des cinq-cents,
sa famille vint avec lui s'établir à
Paris. Elisa, dont l'éducation avait
été soignée , qui d'ailleurs avait de
l'esprit , de l'amabililé , le goût des
lettres et des arts, rassembla autour
d'elle une société d'élite. Elle se
forma une véritable cour composée
des gens de lettres, des artistes les
plus distingués de l'époque, et qui de-
vint plus nombreuse et plus brillante,
a mesure que s'éleva le pouvoir de
Napoléon: La Harpe, Boufflers ,
FontaneSj y furent assidus. Ce dernier
surtout était l'objet particulier des pré-
férences de la princesse ; et l'on peut
dire aujourd'hui, sansréticencc etsans
mystère , qu'il fut considéré comme
son amant, elque c'est principalement
à l'active protection de cette dame
qu'il dut son élévation. L'abbé De-
lille lui-mêm.e, que Napoléon dé-
sirait connaître , se laissa condui-
re un jour chez M™*' Baciocchi j
dans un liistoriof;raphe aussi minutieux , Bour-
rit-nne [Jlc/it., chap. Xl\, t. I> p. «90 et
suiv . ) a |)rrlonclu avancer di- plusieurs anncos la
date de ce niariapc. \i appuie son assertion sur
une lettre datée «l'Ajaccio, i"^ août 17971 ecrito
et sij;nic |>ar Christine Honaparte, (|ui propose à
Napoléon d'être parrain de son Iroi.sièuje enfant.
]iounienne a cru, on ne peut deviner sur cjuci
foiideint Ht , que Christine nuua|>arte était la
même qu'l'^lisa. Il est évident qu'il .-«'agit de
Cliri:>line 1>o}er, première fenniie de Lucien. La
lellre, sijjiiêe d'elle, est de la uuin de son mari,
ainsi (pic nous l'apprend Hoarrienne lui-même, cl
elle ( Dinnience par ces mots, (pii sont d'uoe belle»
striir <t non pas d'une sn-ur : « (iiiieral. j>riuje!-
u te/.-moi de vous appeler du nom de frère. . . »
Au surplus, ci!tte lettre peut servir A proover
(pie dès-lors, et mêuje auparavant , -la bonne
iut<llif;eMce avait cessé d'exister entre les deux
frtres Lu( ien et Napoléon. (^)uant à l'opposition
de celui.ei au maaia^e de s.» Mcur avec M. lîa-
cioeclii , nous ne soumies pas le» premiers à la
conteste r ; on lit ù ce snjtt dans un journal:
(t Le muria^'e (ivil de madame Daciocclii fut
eoutructV- a Marseille, le i'^ uui «797. nvfc
l'agrément du ^'ruerai Houaparte, el fut liieitldt
oprè» cêli bre r< li-^ieuscinent i\ Montehello, eu
même temps i|ue celui de l< princesse llurglièse,
dan^ la )li.i|ielle du château de ce nom, ueciipt*
par le gênerai Komtparte lors du traite de paix
de (!.inq>u-l''uriiiio, il ti'a donc p.is ùlii Idil lual-
L're lui. »
lUC TiAC 19
mnis II 110 clicnli.i poinl à plaire , et a snnMc mcllrc sa {];loircàlcs l)ra-
cl ny rcloiirna jkis. l'ar mi dccrcl vor. Son rpoiix ne paral.ssall jamais
du 27 vcnlosc ail xiii (18 mars que derrière ille , dans les fré(jucn-
i8()5) IS'apoU'ou, devenu empereur, tes et somplucusos cérémonies où son
céda en loulc propriélé, à sa sœur orgueil se complaisait j elle passait
Elisa et h son époux, la principauté des revues où il l'accompagiiail pour
de PiomI)iuo, à la(piclle très - peu jouer le rôle modcsle d'aide-de-
de leiiips après il ajouta celle de camp j sur les mouuaies il ne figurait
Lucques. Les nouveaux souverains qu'en seconde ligne, et son effigie y
partirent nussiiùt pour leur rési- élait cachée a moillé par celle de la
dence, cl ils y furent couronnés le princesse. Au milieu d'une foule
10 juillet 1806. On peut dire (|ue de favoris qui gouvernaient en son
ce fui la le seul acte de l'administra- nom , Elisa se livrait à des profu-
tion de la grande-duchesse auquel sions excessives , et dilapidait les
elle voulut bien associer son époux. Irésor.s de l'état. Un flatteur l'appela
l*our tout le reste, AI. Baciocchi ne dans ses vers la Séniirainis de LuC"
fut noloirement (pie le premier des ^//6^5. Ce surnom, qui flatta sa vanité,
scrvileurs de sa femme. La grande- peut paraître aujourd'hui la satire la
duchesse ne paraît avoir eu, dans sa plus sévère qu'on ail faite de sa con
conduite publi([ue cl le gouvernement duile. Elle fut nommée en 1808
de l'état qui venait de lui échoir, grande-duchesse ayant le gouver-
d'autre plan et d'autres vues qu'une nement de Toscane j mais ce titre,
irailalion scrvile et quelquefois ri- qui ne fut conféré qu'à Elisa, n'ap-
dicule de la conduite de son frère partint jamais a son mari. Dès-lors
Napoléon sur un plus grand théâtre, elle tint sa cour a Florence, k Pise ,
Les lettres qu'elle avait paru chérir à Poggio, k Cajano. A toutes ces
en France furent, en Toscane, né- pompes, atoules ces fêtes, succédèrent
gligées pour les armes j la grande- les revers: après la chute de Napo-
duchesse n'était guère entourée que léon, en 18 r4, la princesse Élisa, re-
de soldats, ne rêvait que parades et tirée d'abord k Bologne, et ne s'y trou-
que campagnes, consumait son temps vant pas en sûreté, voulut se réfugiera
dans des fêtes et des intrigues de se- Naples j Murait, qui était alors l'allié
rail, pendant que les soins de l'ad- des Autrichiens, refusa de l'y rece-
ministration étaient abandonnés k voir. Au commencement de 181 5,
des hommes qui avaient su s'empa- elle alla chercher un asile k Trieste j
rer de sa confiance et (jui souvent en depuis elle se réunit k sa sœur Caro-
abusaient. Elle a cependant attaché line, veuve du roi Murât, dans le châ-
son nom k quelques établissements teau de Haimbourg, près de Vienne,
utiles, a quelques grands monu- puis dans celui de Brunn en Moravie,
ments, au premier rang desquels on Enfin elle se fixa, sous le nom decom-
cite la route magnifique qu'elle a fait tesse de Compignano, k lîologne 011
construire de Lucques aux bains de elle est morte , d'une fièvre ner-
la Villa. Tout cela donnait sans veuse , dans les premiers jours
doute k son administration un air de d'août i8iio. Ses restes embaumés
noblesse et de grandeur. Mais hau- ont été transportés aTrieste. — Son
taine , fastueuse, elle s'est placée fils (7"/-tWr'/7r) est mort k Rome ,
souvent au-dessus des convenances, dans le mois d'avril i835, a Tiige de
20
BAC
1 8 ans, par suite d'une chute de che-
nal.— Sonépoux,M,FéllxBaciocchi,
estaujourd'hul prince romain jouissant;
décent mille écns de rente. Leur fille,
la comtesse Elisa-Napoléon, est ma-
riée au prince Camerata — Le
portrait de madame Elisa Baciocchi ,
peint par Gérard, est gravé dans la
collection des portraits histori([n<:s
de cet artiste. F — t,l.
BACKER ( Georges de) , im -
primeur et libraire , exerçait sn pro-
fession a Bruxelles dès 1695. Il
donna une édition revue et corrigée
de la traduction française de Laza-
rillede Tonnes^ par Tabbé de Char-
ries (r), 1698, 2 vol. iii-i2 , laquelle
a servi de type anx nombreuses réim-
pressions de ce roman {Voy. Diego
Hurtado de Mcr^DozA , XX\ III ,
285 , et J. Ortega , XXXII ,
1-79). On lui doit en outre : \q Dic-
tionnaire des Proverbes français
avec leur explication et leur ori-
gine, lyio, petit iii-8*, rare et
que les curieux continuent de recher-
cher, quoiqu'on ail niainlen.inl des
recueils plus complets sur cette nia-
lièrc. D.uis la préface, Backer pro-
mettait de donner les mêmes pro-
verbes, traduits et expliqués dnns
d'autres langues. Le Duchat a laissé
sur (juelques-uns de nos proverbes
des remarques qui se rapportent
au dictionnaire de Backer. Ellfs se
trouvent dans le Ducalinnaj 2'
partie, 449-545. rhilib.-Jos. Le
lloul, ou le compibiieur cpu» cache
ce nom, a reproduit eu enl.er l'ou-
vian^e de Backer .sous le litre : Di<-
tionnairc comiijiie , sdtirique ^
libre et proverbial, Amslerdam ,
1718 , lu- 8", avec des ailditlons (pii
(1) Ou Iroiivti niifi notico -mr l'iiM)»'" il" (liir-
iin^ clin* In //<''/<"'/"• /'c (/«« iinltnrt cilex au l>'( ■
Ifiiinuiir ili liuhfUl.ynv l.oul^-Jriiii I,«CIri<'. en
léte do l'édition de ly»", i7>8. infol.
BAC
se sont accrues a chaque éditionnou-
velle , et ont fini par le rendre un
des livres les plus orduriers qu'il v
ait dans notre lan|;ue ( Voy. la Bi-
bliotli. franc, de fabbé Goujet, tom.
i"). Panci.oucke {J^oy. ce nom,
XXXII, 4.80) avoue qu'il a composé
sou Dictionnaire des proverbes
d'après celui de Backer. et d'après
un autre, imprimé en 1728, in-8°,
connu , dit-il , sons le nom de
Du Bois (2). On a fait jusqu'ici des
recherches inutiles pour découvrir ce
dictionnaire, qui n'est indiqué ni
dans la Bibliothèque de Goujet , ni
da';s aucun catalogue. Backer a
traduit du flamand l' Histoire du
Saint-Sacrement de miracle ^ par
P. Cafmeyer, Bruxelles, 1720 ,
iu-8°. W— s.
BACLER- DALEE (Louis-
Albert-Ghislaiîs'. baron de), naquit
le 21 octobre 1761(1) h Sainl-Pol,
eu Artois (auiourd'hui Pas-de-Ca-
lais). Son père , quartier-maître tré-
sorier du régiment de Toul, avant pris
sa retraite peu de temps après, obtint
la place de directeur des postes à
Amiens. Le jeune Bâcler y fit d'ex-
cellentes éludes sous la conduite de
Delille et de Sélis, professeurs alors
tous les deux au collège de cette
ville. IMals le penchant décidé pour
les arts qu il avait montré iUs sou
enfance, finit par le captiver culière-
(î) Jac<iucs Du Uois de Goiiiicoiirt, gciililliom-
mi- di! Picardie ou d'Artois, vivtiut à la lui du
17' sit'clc, a jmblii' uu Hccucil tli- provirbr»
iialit-ns, sou!> vc. titre: ^'fvi/i;i:c <• pnutrfiii ita-
tiaiii, I.joM, i(>83, iii-H". Il avait «loiuu- prén-diMu-
niiMil uu«! (iramiHiiire franaiisr v\\ italien, Riiiiic,
i()-8, iii-11. Msl-re le i'ii Unis dont parle Pauc-
koui'kePOu lu- le pense pis.
(i) l.e ii oetnhre, sel«in le Monileiir et M. Ma-
hul ; uiai.H le ai ottoln-e 1761 suivant la Fninre
lillvr de INI. «)ni r.inl, et 1781 suivant la liio^tw
Il/ne imiicrstlti' et piirliilif» îles i'ontrmporainf, p.
if)i. Cette dnnièie <lale pourrait passer pour
une faute d'impression , si le rétlacteur de eet
artide , par uim nouvelle erreur , lieanenup
moins rxetis.dde, n<' fixait I.1 mort de Dac'er «a
i8>3. à 4( •>■>'•
nvc
MC
11
inciil. A vin^l ans il rcsoliil de vlsi-
trr rilalic; mais, arrivé au pied dc^
Alprs, il (ni IclIcintMil frappa' de la
graiulcur ol ilc la l)oa'.ilé du sju'cla-
clc qui s'oIîVail h ses yt'ux, cpril lui
fut inipossil'Ic de pousser plus loin.
Il ilfuit'urascpl ans h Sallanclics, ne
s t'I()i«;nant i;uèrc (pic pour dessiner
(le nouveaux sites. Conduit par la
passion de la peinture sur les soni-
milés di's montagnes, il saisit l'en-
chaînement et les rauiilicalions de
ces masses agglomérées, et devint en
même temps peintre et géographe.
Ses tal>leaux, répandus dans la Suisse
et l'Allemagne, avaient déjà com-
mencé sa réputation, lorscju'il revint
en France au commencement de la
révolution : il s'en déclara parti-
san j cl , quoi(]uc marié et père
de plusieurs enfants, il s'cn!t)la
dans un halaillon de rAriège, avec
lequel il assista au siège de Lyon et
a celui de Toulon. Avant pas-ié dans
l'artillerie, il y devint capitaine. Il
se trouvait h Nice au dépôt lorsque
Bonaparte , nommé au commande-
ment de l'armée d'Italie, l'adjoignit
à son état-major eu qualité de di-
recteur du bureau topographique ,
puis de chef des ingénieurs-géo-
graphes. Après la paix de Campo-
Formio , il le chariJ-ca de dresser
une carte du lliéulre de la guerre
en Italie. O grand ouvrage , qui
devait par la suite comprendre la
totalité de la péninsule italienne et
se composer de 54 feuilles, fut poussé
avec toute l'activité que Bonaparte
savait imprimer ace qui l'entourait.
Pour être plus a même de l'exécuter,
Baclei-Dalbc avait clé nommé chef
du bureau topographique de la ré-
pubîicpie cisalpine. Tous les dépôts,
toutes les l)ii)iiothèques, surtout la
riche Ambroi^ienne , furent mises
h sa disposition 5 et déjà 20 cuivres
élalonl prêts, i o autres fort avancés,
lorsipu' les armées françaises se vi-
rent obligées d'évacuer leurs conquê-
tes eti 1799. Les 20 cuivres achevés
et uneriche collection de dessins, faits
par Bâcler, devinrent, avec ses effets,
la proie des Autrichiens. Ilcliré d'a-
bord à Sallanches, ensuite à Paris,
il avait pres({ueenlièremenl refaitles
:io cuivres, lorscpic le gouvernement
autrichien lui rendit ceux qui avaient
été transportés à Vienne. ]1 s'oc-
cupa dès-lors de la suite du théâtre
de la guerre, suite qui comprenait le
royaume de Naples, la Sicile, la Sar-
dai-iuc et Malte, avec un tableau des
mouvements multaires dans l'invasion
de Naples, et qui, toujours tracée sur
la même échelie et la même projec-
tion, n'exigea pas moins de vingt-deux
feuilles. Bonaparte devenu premier
consul, le nomma chef des ingénieurs-
,2;éographes du dépôt delà guerre, et
l'attacha plus tard comme topogra-
phe à son bureau particulier. Il s'en
fit accompagner dans la mémorable
campagne que termina la bataille
d'Austerlitz, et ensuite le mit de
toutes ses expéditions en Allemagne,
en Espagne et en Russie. Bacler-
Dalbe, par un lent avancement, était
devenu adjudant-commandant et gé-
néral de brigade , quand le délabre-
ment de sa santé le força de quitter
rarniéc active, en î 8 i 3. Il vint alors
reprendre à Paris la direction du dé-
pôt général de la guerre, qu'il per-
dit peu de lemps après. INapoléon, a
son retour de l'île d'Elbe, le nomma
chef de division au ministère de la
guerre , place qu'il perdit encore
après les cent jours. Dès-lors re-
tiré dans sa modeste maison de Sè-
vres , et rappelé par la nécessité (2)
^2) Dans une Inllrc cju'il écrivit, le 2î nov.
18 1(), au graiiJ-cli.iiiccIicr de la lv('.;;ion-d'non -
neur, et (jue nous avons sous les yeux, il aunonc»
22
BAC
comme par ses goùls au culle des
arts , il fut un des premiers a saisir
tous les avantages de la lilho-
grapliie naissante j et , en la popu-
larisant par ses nombreuses publica-
tions, il acbeva de populariser son
nom déjà célèbre. C'est au milieu de
CCS travaux qu'il mourut à Sèvres,
âgé de 62 ans, le 12 .sept. 1824.
Dessinateur, Bacler-Dalbe a mis au
jour: I. 3Ie/iales pittoresques et
historiques des paysagistes (col-
lection de gravures au trait et a l'a-
qua-tinta , d'après les meilleurs ou-
vrages connus et inédits des peintres
paysagistes de toutes les écoles), ac-
compagnés de notes historiques et
critiques sur la vie des peintres^
le mérite de leurs ouvrages et les
principes de l'art, Paris, i8o5,
in 4" de 36 planches. II. Souvenirs
pittoresques , ou vues lithogra-
phie es de la Suisse y du Valais, etc. ,
17 liv. iu-fol. de chacune 6 plan-
ches, Paris, 1818, et suiv. III. Sou-
venirs pittoresques , contenant la
campagne d'Espagne, suite d'es-
lampes iilhographiées , 17 livrai-
sons in-fol. chacune de 6 planches,
l'aris, 1824. IV. Promenades pit-
toresques dans Paris et ses envi-
rons , 8 liv. in-fol. de 48 planches
Iilhographiées. V. Vues pittores-
ques du haut Faucigny, gravures
en couleur. Comme peintre, puisque
dès sa jeunesse il a cultivé égaleajml
avecsuccè.s la peinlure, Hacler-Dalbe
a composé, enlre autres tableaux ipii
ont clé remarcpiés aui dillértnlcs
expositions du salon, la halaillc
d'/Jrrole , lahicau ;i l'huile de la
plus grande dimension cl (pic l'on
regarde comme sou chcl-d'œuvrc; la
ùatail/e d'Àusterlitz que, connue
Ja précédente, il avait l'avanlaged'a-
«|utt tous «ei Lrovili ont iir |iui<lu!t tluns trs Jr-
bu Ju m maison /iitU» /mrlct uH.tt. V— v».
BAC
voir vue de ses propres yeux, et son
joli morceau de Paris chez OEnone
qui a décoré la galerie de la Mal-
maison. Enfin, comme écrivain, il a
donné au dépôt de la guerre d'ex-
cellents mémoires sur la gravure des
cartes (mémoires dont on trouve l'ex-
trait dans le Mémorial topographi-
que), et il a rédigé les notes qui ac-
compagnent son charmant recueil de
Ménales. A tous ces titres a l'atten-
tion de la postérité, on peut ajouter
que c'est dans les ateliers de Ba-
cler-Dalbe que plusieurs des gra-
veurs attachés aujourd'hui au bu-
reau de la guerre se sont formés
et ont commencé leur réputation ,
et que c'est a sa prudence et
à ses heureuses précautions que
la France doit de ne pas avoir
perdu les cuivres de la grande carte
de France de Cassini, si long-temps
et si minutieusement cherchée par
les alliés, en i8i5. On peut con-
sulter sur Bacler-Dalbe le Bulletin
de la Société de géographie, 11,
200, le Journal des V oyages,
XV, i85, XXIV, 241 et 071, et le
Mémorial universel des Sciences
et des Artx, lom. IV, 47"" livT. On
nous dispensera d'insister sur la flexi-
bilité de talent que dut posséder m\
homme (pi'on vil quiltcr le pinceau
pour l'épée, Tépée pour le compas,
et enfin revenir du compas au pinceau
et auxcra\ons. Comme carlogiaphe,
Bâcler mérite un rang élevé dans
1 histoire de l'art. Non-seulement sa
carte d'Italie est la meilleure de lou-
Ifs celles (jue Ion a de ce p^JJs, mais
elle a conirihué a l'avancement du
dessin de la carte. Abandonnant loute
perspective linéaire et rapportant
tout à la projection horizontale, il a
fait disparaître ces clochers, ces ar-
bres, ces monts eu élévation qui en-
combralcul cl masquaicol le des;»iu
BAC
dos surfaces: il coinprihjiie seule uue
ju^le l'ulenlo du clair-«l)sciir , une
sorlc de |)ei\sj)cclive aéricMinc doit
faire scnlir tl dclenninerlcs hauteurs
respective s des nioiilai;,ue.s. Du reste
ion éclK-lIe d'^,;-;-,, ou uuc Vv^mi
pour 5ou toises, lui perniellail d'iii-
toréssanls détails. La prcmu'-re partie
de la carte surtout est exceileiile: la
rivière de Gènes, partie du I^iémont,
Ivjndiardio, Légations, Toscane, Ve-
nise, AutricJic même, y sont en géné-
ral lurl bien traitées. Les impcrfec-
lious que Ton pourrait y relever
tiennent moins au dessin qu'à la gra-
vure cartographique alors dans l'en-
fance, surtout en Italie. La partie
mathémal iqueu'est pas négligée, et les
notes disséminées prouvent que l'au-
teur ne s'est décidé sur les points liti-
gieux qu'a[)rès un mûr examen. La
carte entière a paru a Paris en 1802
(an xi), sous le titre de Carte du
théâtre (le la guerre en Italie^ lors
des premières campagnes de Bo-
naparte en Italie. P — ot et \V — s.
BxVCMElSTER (Mathieu),
fils de Luc, théologien assez célèbre
{f^oy. ce nom, III, 177), naquit à
Rostock en i58o. Après avoir étu-
dié la médecine dans cette ville, où
son pore était surintendant des égli-
ses, il fit un vovaire en Allemagne
et en Dauemaïk. Le chancelier
Friesen , dont il captiva les bon-
nes grâces, l'emmena en Angleterre.
A son retour il prit le titre de doc-
leur, et alla ensuite s'établir à Kiel,
où il prati(jua honorablement Vzvl de
guérir juscjuen 1612, époque k la-
quelle il vint enseigner les mathéma-
tiques a llostock. En 1 6 i 6 il accepta
la place de médecin pensionné à Lu-
nébourg , où il devint bientôt méde-
cm du prince, et mourut en 1626 ,
le 7 janvier, laissant un traité de
roédecinepratique en vingt-huit disscr-
nAC
23
talions (pii avaient déjà été imprimées
ciiacune ii part. 11 avait pid)lié aussi
Ies(piatre premiers volumesdcsOEu
vres postlunnes de médecine de Fran-
çois joe'l. liACMI.lSTER (/cvz/i), SOQ
fils, né h Ilostdck en 1600, y mou-
rut en i65i , après avoir rempli les
lonctions de prolesseurèi l'université.
On a de lui quebpies dissertations
d'un bien faible intérêt. L De apo-
plexiuy Rostock, 164I5 in-4", IL
T)e qnartana, llostock, 1641, in-
4.". III. De cachexia, Rostock,
1 65 8, in- 4-'*, IV. De casulaboran-
tis podagra, Rostock, 1 658, in-4.'*.
V. De liydrope as ci ta ^ Rostock ,
1664, in-4-°. M« Problemata phj'
siologico-Tuedica , Rostock, i664-,
in-4.°. VIL De imbecillitate ven-
triculi, Rostock, 1664^, in-4".
J D N.
BACON -TACON (Pierre-
Jean-Jacques), archéologue, naquit
en 1738, a Ovonnax dans le Rugev,
d'une ancienne famille de la bour-
geoisie. Si Ton peut s'en rapporter
a son propre témoignage, il eut de
bonne heure le goût des médailles et des
antiques- et ce fut pour satisfaire ce
goùl qu'il visita les contrées les plus
célèbres dans l'histoire. Il nous ap-
prend (y^/i^/<7. celtiq ,11, 8[) qu'il
revint de l'Egypte par la Grèce,
rapportant plusieurs morceaux pré-
cieux, entre autres un buste d'Alci-
biade, en marbre, qu'il ne fait nulle
difficulté d'attribuer au maître de
Platon, parce que le nom de Socrale
se lit sur la base. Il alla depuis en
Russie 5 et il paraît qu'il fit quelcjues
années a Pétersbours; le métier d'iu-
stituleur ou de maître de langue fran-
çaise. A l'époque de la révolution, il
fut nommé membre du conseil général
du département de TAin, par l'arron-
dissement de Nanlua, et vint néan-
moins dans le même temps a Paris
a4
BâC
où il fournit des articles aux jour-
naux de toutes les opinions, écri-
vit en faveur de Tordre de Sl-Louis ,
et ensuite pour demander une cou-
slitution républicaine. Il venait ,
en 1791, d'adresser a rassemblée
nationale , sous la forme d'une péti-
tion , des avis sur les billets patrioti-
ques et sur les billets de sections qui
circulaient K Paris et dans les campa-
gnes, lorsqu'il fut lui-même accusé
d'avoir fabriqué de faux assignats. Il
fut absous par le tribunal* mais on
cessa dès-lors d'avoir confiance dans
sa délicatesse et dans son patriotisme^
et , malgré les brochures qu'il conti-
nua de lancer dans le public, il vé-
cut k peu près ignoré. Dans dne de ces
brochures, qu'il publia le 3 février
1793, et que nous avons sous les
yeux , il déclare qu'il a été consti-
tutionnel jusqu'au 10 août 1792 j
mais que depuis cette époque il est
républicain, et que. comme tel, ainsi
an en sa qualité (Vuncicn militaire^
il est indi<rné de l'inertie où le miuis-
tère de la guerre reste plongé. Cette
brochure semble n'être de la part de
lîacon-Tacon qu'une sorte de pétition
pour se faire nommer commissaire
des guerres 5 ce qu'il ne put obtenir.
II y a lieu de croire qu'alors il diri-
gea ses vues vers la police, et ([u'il y
fut plus heureux. En 179^', It-" direc-
toiie lui donna la mission (robsorvcr
l'esprit public il Lyon et dans les dé-
partements voisins. A son retour il
fut décidément al lâché a la police
secrète. Quoicpi'il eût toujours témoi-
gné la plus grande admiration pour le
vain(|ucur de ritalie, le gouvernement
consulaire crut devoir Téloi^nier de
I*aris. il revint alors il Lvon, et s'y lit
jnarchand (i'anti((uités. Mais il parait
que ce commerce ne lui fournissait
pas des moyens sulli.sanis d'existence;
car il su truuva mêle, (|uel<{ue lemp.i
BAC
après, dans des affaires de conscrip-
tion ; et en i 807 le tribunal correc-
tionnel de ISantua le condamna pour
escroquerie à trois mois de prison et
6 00 fr. d'amende. En 181 5 il revint
à Paris a la suite de Bonaparte, et
publia, pendant les cent jours, divers
pamphlets en faveur de la cause qu'il
croyait alors devoir triompher. Il y
mourut au mois de mars 181 7, à
rage de 7 9 ans [Archives du Rhône,
IX, I 5 0) . On trouvera la liste de ses
productions dans la Biographie des
hommes vivants et dans la France
littéraire de M. Quérard. L'un des
ouvrages auxquels il a mis son nom
n'est qu'un eôronté plagiat, déjà si-
gnalé {Voy. Servan , XLII , 1 1 3 ).
Quelques nuires n'offrent plus aucun
intérêt aujourd'hui : on se bornera
donc il rappeler ici les titres de ceux
qui paraissent mériter encore d'être
consultés. I. Traité d'équitation et
des mcdadies hippialriques , d'a-
près les principes de Bourgelat ,
1776, in-8". II. Manuel du jeune
officier^ ou Essai sur la théorie
tnilitaire , Paris, 1782, in-8'\ Cet
ouvrage eut beaucoup de succès, et
fut réimprimé plusieurs fois. L'édi-
tion de Paris, 1793, est annoncée
comme la sixième. III. JSouvelle
histoire numismatique des djlJé-
rcfits peuples anciens et modernes^
et de tous 1rs papiers-monnaies de
r Europe , 179::, in-8". IV^. Re-
cherches sur les origines celtiques^
et principidcDwnt sur celles du Hu-
grj- considéré comnw le berceau
du Delta celtique ^ Paris, 1798,
2 vol. iu-8", avec le portrait de l'au-
teur et ro pi.; reproduit en i 8 08, mais
sans autre changement (jue celui i\\:f,
frontispices. Cet ouvrage est divisé en
20 rhapilres. Les dou/.e premiers
ronlicnnent riiisloire des révolutions
du Bugry , depnis les temps les plus
BAC BAC aS
rccnli's jiHquii l\'cli.ni^o ilc celle li*, ne, dans le XVl'" siècle, h l^uris,
|iroviiico coiilii' 11" mar(|iilsal de Sa- se Ht rccc\oir en 154-9 avocat an
(lires. Dans le Irrizinne on trouve des pnrlenuMit. Pourvu vers i5jo delà
recherclies liislori(|uesel criliijiies sur charge d'avocat du roi en la cliamhro
riivdroi;ra|)liie de ce pelil pays. Dans du trésor , il n'en continua pas moins
le i|iial()r/.iènie riuileur inonlre (pie le de fré(picnler assiducinent le bar-
culte d'isis était établi dans le Bugey. rcau , profilant , pour pcrfeclionner
11 traite dans les deux suivants des ses ouvrages, des discussions (pii s'é-
auli(piites d'Is-Arnore ou d'Isernore , levaient entre ses confrères sur les
et des monuments anti(pies dont on points obscurs du droit. Jaloux du
voit des fragments sur chnérenls succès qu'obtenait son traité du J)o-
poinls de cette province. Le dix-sep- niai/ic, le célèbre Chopin lui ayant
tième chapitre est consacré a des re- un' jour reproché d'avoir pillé celui
cherches sur les anciennes familles du qu'il avait écrit en latin sur le même
Bugey, dont les noms sont explicjués sujet: Il n'en est rien , lui dit Bac-
par le celtique. Le dix-huitième ren- quetj en vérité j'ai voulu le lire, mais
ferme la correspondance de l'auteur il faut que je vous confesse que je
sur les anti(juités de sa patrie, avec n'entends pas votre latin (Dialogue
Christiu, ancien membre de l'asscm- des savants ^ par Lnisel , 5o3). Ce
blée coDslituanle ( Voy. Christitî , mol piquant a pu faire croire a Len-
VIII, 476), La Bâtie, Chapuy , bi- glet-Dufresnoy que Bacquet était
bliolhécaire a Bourg, etc. Ledix-neu- l'auteur de ÏAnli-Çhopinus ; mais
vièrae offre la description des médail- on sait que cette satire est de J. Hot-
les rares de son cabinet et des anti- raan(/^. Chopin, YIII, 4^45). Bac-
quités qu'il avait recueillies dans ses quet jouissait de la considération due
voyages ou découvertes aux environs a ses utiles travaux, lorsqu'un affreux
d'Oyonnax. Le vingtième et dernier malheur vint empoisonner ses derniers
n'est qu'un long extrait des Origines jours. Un de ses gendres , le fils de
gauloises de La Tour d'Auvergne Jacques Charpentier, l'adversaire de
{Voy. Tour d'Auvergne ^ XLVI, Ramus , avec lequel on l'a confondu
349). L'ouvrage est terminé par des quelquefois (7-^. Charpentier, YHI,
Recherches onomaliques sur divers 24.0), ayantélé convaincu de trahison,
noms propres celtes, étra?iger-s la subit, le 10 août l5^J^ le supplice de
plupart au Delta celtique (c'est-à- la roue sur la place de Grève. Bacquet
dlrt; a.\\ Bugey) j et (7 p/uirtenan taux mourut de chagrin, le même mois,
autres contrées gauloises. Bacon « fort regretté des gens d'honneur
reproche (lom. II, 116) à La Tour « tant pour sa probité que pour sa
d'Auvergne d'avoir, par un amour « doc\ymc :>i [Joui-n. de Henri ZP^j
aveugle pour sa petite Bretagne, fait par l'Estoile, II, 355 ). C'était un
sortir de l'Armoricpie presque toutes homme très-savant. On peut encore
les nations du globe. Mais Bacon consulter utilement ses ouvrages qui
n'est-il pas tombé lui-même dans celte louchent a l'histoire , tels que son
exagération systématique , en pré- Traité des droits du domaine
sentant les montagnes du Bugey coin- royal , celui de V Etablissement et
me le berceai de tous les peuples de de la jurisdiclion de la cJiamhre
la Gaule.-* W — s. du trésor., etc. Les OEuvres de
BACQUET (Jean), jurisconsul- Bacquet, recueillies en 1601 in-fol. ,
26
BAD
ont été réimprimées huit ou dix fois
dans le XYI^ siècle. Les éditions
revues, augmentées et mises dans un
meilleur ordre par Ferrière, senties
plus estimées. La plus récente, com-
me la plus recherchée, est celle de
LyoD, 1744, 2 vol.in-fol. W-s.
BADAKO (Jean), médecin Lo-
lanistc, né h Languelia, dans l'état
de Gènes, en 1793, fut admis àTàge
de i3 ans au lycée in)périal que le
gouvernement français avait établi à
Gènes après sa réunion a la France.
En 181 5 , Badaro reprit ses études
a 1 université de Pavie , et il étudia
ensuite la médecine et la botani-
que sous le célèbre Moretti. Un peu
plus tard il visita les Apennins,
les Alpes , la Sardaigne , et il forma
partout des cabinets précieux. Eu
1827, il s'embarqua pour le Brésil
avec Tintenlion d'y acquérir d'autres
trésors du même genre. 11 fut bien
accueilli par l'impératrice Léopol-
dinej mais une mort subite ferma
Pourlui,en 1 83 1, une carrière pleine
ci espérances et consacrée tout entière
a la science. Les ouvrages les plus
connus de Badaro sont: L Oùscva^
lions sur las parties les plus remar-
quables dcsjlciirs pour leur classi-
Jicalion bolanicpic. Voj. Journal
pfusico- chimique de Pavie. II.
Observations sur différentes plan
BAD
tes de la Li^urie occidentale et
de la Sardaiyine. Voy. le même
lo.inui. III. ^ur une espèce de
BraxKa///// iv trouve sur les yjpen-
nins marili/nes de laLi^urie. IV.
Plnntaruni Li^^uriœ occidcntalis
centuriœ décent , inséré dans la
t^lore italique de Mortlti.
G— G^Y.
BADE DOURLAr.H(CnAU.
Li^-i?Ri.:nKn.r , -Maud-duc de ), né
il Urlsnibc le 22 novembre 1 71:8,
succéda le 11 mai 1 758 ii son aïeul
Charles-Guillaume {Voy. Bade
ni, ic)9) , sous la tutelle de sa
grand-mère et de son cousin, Char-
es-Auguste. Dirigé par les meil-
leurs maîtres, ie jeune prince faisait
alors ses études au sein de sa famille j
il alla les achever k Lausanne ; et
peu de temps après, dans l'unique
but de s'instruire , il entreprit plu-
sieurs voyages en France, eu An-
gleterre et surtout en Hollande près
de son aïeule malernelle, la princesse
Mane-Louisc , mère du Stathou-
der. Il ne revint k Carlsruhe que
lorsque sa minorité eut cessé; et
il fut investi de la souveraineté le
U août 1750. Sa tutelle avait été
parfaitement administrée, et après
toutes les prodigalités du règne
précédent , tant de contestations
et de guerres ruineuses , ses états
lui étaient remis exempts de det-
tes et de procès. Il fit encore uu
voyage en Italie ; et lorsqu'il eut
parcouru celte belle contrée eu
homme d'état , en savant et en na-
turaliste , il vint se livrer tout en-
tier aux soins du gouvernement. Il
lui fallut terminer quelques discus-
sions de peu d'importance avec l'Au-
triche et la Bavière^ et lorsque enfin
il fut bien assuré de rester en paix
avec tout le monde, il s'occuj)a de
la prospérité de ses sujets. D'abord
il releva le palais de Carfsridie (|ui
tombait en ruines, et il ajouta beau-
coup k celte ville par de nouveaux
édifices et di^^ établissements utiles ,
tels (lu'nn collège, une école de dessiii
et nu auiphilliéàlre de chirurgie. 11
réussit dans le niènu' temps k en iui-
gnienlerile plus de moitié la popula-
lion, rn y altiianl U^ étrangers par
de munbriu.\a\antage.s et par la plus
grande tolérance suns le rapport de
'a religion et de la noiilique. Pen^
daiit toute la guerre de Nepl ans , il
HAI) BAD 27
eut assez de |iriulcMCc ou de honlieur française coinmcura. De tous les
pour prcser\tT .ses clals cIl's maux princes d'Allemagne qui avaient
qui ariliu,i'irnl l'AlIeniagne , et il des possessions en Lorraine et en
n'envoya slriclemenl a l'aruice d'em- Alsace , il clait , sans aucun
pire (jue le laiMe conlingenl dont il doute, le plus rorlemenl atteint
ne put se dispenser, \ivant sans par les décrets de l'asserablue cousli-
fasle , il mit ses finances dans le luanle ; et i! fut aussi un de ceux cpii
meilleur clal, sans angmcnler les ini- réclamèrent a\ec le plus d'instance.
f)ôls^cnliuilassuraparlouslesmojens Lors([ue la guerre cclala, eu 179^5,
e I)iou-èlre de «es sujets. Les do- ue pouvant se dissimuler cpi'il au-
niaines de sou cousin le margrave rait beaucoup a en soufFrir, le mar-
de Bade-Badeu , ([ui lui écliureut en grave parut très-alarme, et il adressa
177 i par l'extinction de cette bran- a la cour de Vienne et a la diète de
che aînée , vinrent ajouter a sa Ralisbonnc de très-picssantes ex-
puissance sans imposer de sacrifices horlations pour la défense du corps
a ses peuples. Il avait épousé le 28 germauiijue. H fournit ensuite ses
juillet 1751 une princesse de Hesse- coutingents à l'armée d'empire avec
Darmstadl, elle 24- novembre 1787, beaucoup d'empressement j mais
par un iimniu^c morganaiù/ue (i), lorscpi'il connut mieux les causes et
Louise Geyer de Geyersberg, quifut les mobiles de cette terrible guerre,
élevée au rang de comtesse de Hoch- et surtout lorsqu'il s'a])ercut que ses
berg. Le margrave Frédéric avait eu états en supportaient les plus fortes
de ces deux mariages quatorze en- charges et (pi'ils étaient exposés aux
fauts , dont trois seulement étaient plus grands dangers , lorsque enfin
morts en bas âge : tous lurent éle- lui même eut été oblige de s'en éloi-
vés sous les yeux de leur père, gner plusieurs fois, il se hâta de
d'une manière patriarcale et dans se rapprocher de la France , qui
l'union la plus parfaite. C^e fut ainsi d'ailleurs revenait alors a des prin-
que cette famille, qui eût pu servir cipes moins dangereux pour ses voi-
de modèle non pas seulement à la sins. Le margrave de Bade signa ,
cour , mais dans tous les rangs de la le 22 août 1796, un traité de paix
société, fixa l'attention de taut.de avec le directoire exécutif, et moyen-
hauts personnages, et que la plu- Eantquelques millions, des provisions
part des trônes de l'Europe furent oc- pour l'armée française et une renon-
cupés par des princesses de Bade, cialion formelle à ses possessions
Deux épousèrent des princes souve- d'outre-Rhin, sespeuples furent pré-
rains de Hesse et de Brunswick • serves au moins d'une partie des ca-
une autre le roi Maximilien de Ba- laraités de la guerre, qui continua ce-
vlère ; ime autre le roi Gustave IV de pendant de se faire dans leur voisi-
Suède, et enfin une cinquième l'empe- nage, et quelquefois encore sur leur
reur Alexandre de Russie. Toutscm- territoire , au mépris des engage-
blait concourir au bonheur du mar- meuls les plus formels. Dans l'im-
grave, et rien ne devait troubler la fin puissance où il était de faire respec-
de sa carrière, lorsque la révoluliou ter son indépendance, le margrave
. souffrit tout sans se plaindre j et,
(i) On appeUe ainsi en AUem.igiie le inariafje après (pie le général Bonaparte SC fut
d'un prince qui épouse une feunnc d'un ran? / 1 '17 •!
inférieur au sicu. empare du pouvoir en rrance, il
28
BAD
BAD
crut devoir ajouter eucore a lant
d'abnégation et d'impassibilité. Ce
fut surtout au mois de mars i8o4 ,
lorsque ce redoutable voisin fit en-
lever le duc d'Engbien a njain ar-
mée sur le territoire badois , que se
montra dans toute son évidence l'in-
variable et constant'.* résolution du
margrave de conserver la paix a
tout prix. Non-seulement il s'abstint
de toute protestation ou réclama-
tion , il pul)lia encore peu de jours
après l'événement un décret d'exclu-
sion pour tous les émigrés , tous
les individus attachés à l'armée
de Coudé et suspects au gouver-
nement J^raucais. Et cette condes-
cendance, que tout le monde consi-
déra dans le temps comme le
résultat d'une faiblesse déplora-
ble , n'était cependant que la con-
séquence d'un système politique
long-temps médité , |:t sinon fort
hoiiorable , au moins d'une extrême
prévoyance , et dont la maison de
Bade a recueilli de grands et solides
avantages. La soumission et l'obéis-
sance du margrave envers INapoléoii
ne firent ({ue s'accroître avec l'élé-
vation et la puissance de celui-ci. Il
eut |)lusieurs fois l'honneur de re-
cevoir \v héros ^w siècle dans son
palais de Carlsrube; et après s'ê-
tre excusé sur son âge de ne pouvoir
assister a son coiironiu'uuMil , il y
envoya son jielit-lils. lu'rilier de sa
couronne , et (|iii dès-lors était des-
tiné il devenir l'époux d'une lille
adoptive du nouvel empereur ( r .
l'article suivant ). Uéglanl ensuite
toutes ses actions sur celles de sou
|)uissant allié , il adopta en même
temps le système de la conscription,
SI onéreux j)our ses peuples , et le
code iVaneais (pii lui au nn-ins
pour eux une sorte de dédommage-
ment. Vax qualité de menibre de la
confédération du Rhin, il fournit des
contingents qui presque tous péri-
rent sous le ciel brûlant de l'Espa-
gne ou dans les glaces de la Russie.
Pour tant desacriGces , le margrave
devint électeur en i 8 o5, puis grand-
duc eu 1806, avec le titre d'altesse
royale ; et ce qui était plus réel et
plus solide, il ajouta a ses provinces
une grande partie de celles qui fu-
rent arrachées à l'Autriche par les
traités de Presbourg et de Vienne.
Si plus tard ses successeurs ont été
obligés de rendre quelques parties
de ces provinces , ils en ont été
amplement dédommagés par d'autres
concessions; et les états de Bade, qui
comptaient h peine , avant le règne
de Charles-Frédéric , 200 mille
habitants , on ont aujourd'hui plus
d'un million. Ce prince se montra
toujours l'époux le plus affectueux et
le plus attentif, le père le pUis tendre
et le plus soigneux de l'éducation et
du bonheur de ses enfants. Ses
mœurs contrastaient singulièrement
avec celles de son prédécesseur (1)5
et c'était sans doute eucore moins eu
raison de son âge que pour ses vertus
et sa prudence ipie depuis long-temps
on l'avait surnommé le JSestor des
souverains. Aucun règne dans les
lempsmodcrnes n'a été aussi longcjue
le sien, et l'on peut dire aussi (pi'il
n'en est point (jui, dans une sphère
aussi étroite et dans des temps aussi
malheureux, ail été aussi utile, aussi
favorable au bien-être (\l's peuples.
Le grand-duc (Vuir/cs - Jùédérie
mourut il Carlsruhele 10 juin 181 i,
il Tàge de 83 ans. Son petit-iils lui
succéda (/ oy. l'article suivant).
(1) Ia) iiuii'{;ravo ('fiartes-(iiii//aiimi' ^voiX porlé
U* iiir|iris tli's (■iiiivcn.iiicr'i et l;i (litsolntinn (l«*s
niduis ,1 un tel tltprr, (|u'ii ri'%fiin>l" «1rs |»iin-
«'UH iiiiisuliiiati» , rt seul i\v tuus les |>iiiircA
< linliiMis , il rntrt-ti-iuiit un siiail dans (oii
|ialMi.s.
lîAÏ)
— Sa première iVinine (liarloUe-
(ou (\tri)linc-) Louise de llcssc-
Darinsl.ull , in:ir'u':* en lySi cl
iiKirti' (Ml 1785, Hail iiiic <\cs prin-
cesses \vs plus (lisliii^ticcs ck> lyMlo-
maj^ne par sa l)t.'aiilc cl son c.spril.
YoUairc, (jui visita plusieurs fois la
courilc Carlsrulie, clail un tic sesad-
luirateurs, cl il eiilrcliiil avec elle
pendant plusieurs années ( de 1768
à 1764.) iiiie correspondance cpii a
étc insérée dans la collection de ses
œuvres. M — dj.
BADE (le îrraud-duc Charles-
Louis-FRiinÉRic de), pelil-fils du
prcccdcnl et fils du prince héréditaire
qui mourut le i5 déc. 1801, uacpiit à
Carlsrulic, le 8 juin 1786, cl fut
élevé avec le plus grand soin sous les
veux de sou aïeul qu'il accompagna
dans les vovages que sa famille fut
obligée de faire pour se soustraire aux
calamités de la guerre. Ce prince
n'avait que dix-liuit ans lorsque, sur
rinvitalionde Bonaparte, i! se rendit
à Paris en i8o4-pour le couronne-
ment de ce nouvel empereur. Napo-
BAD
^li
ui
Icon , qui avait des vues sur 1
raccueillit avec beaucoup d'égards,
et deux ans plus tard (8 avril 1806)
il lui Ht épouser M ^ Stéphanie Tas-
cher de la Pagerie, cousine de l'im-
pératrice Joséphine, (|u'il avait adop-
tée en lui donnant les noms de Louise-
Adricnne-S t éplian ie-lS cipoléo 11 de
France, Ce mariage se fit à Paris
avec une grande solennitéj et il fut
suivi de fêles somptueuses. Les deux
époux se rendirent ensuite aCarlsruhe,
d'où le jeune prince fut presque aus-
sitôt obligé de s'éloigner pour aller
prendre le commandement du corps
d'armée badois , (pii dut se réunir k
la grande armée de Napoléon desti-
née a combattre les Prussiens. Ainsi
il eut part ii la victoire d'Iéna, et il
(it aussi la guerre de Pologne, sui-
vant toujours le quartier-général de
l'cnqicrcnr (V^'f, Français (pii bii té-
moignait d(> rinlérci et de l'affcc-
lion. (^c jLunc prince se distingua
surloul sous les ordres du maréchal
Lc'lcl)vre, au sicgc de Dantzig, où ses
troupes curent j)cauc{)up a soullrir.
Son aïeul lui conféra pour ces CA-
ploits le grade de général d'infante-
rie, elle titre de chancelier de l'or-
dre du Mérite militaire qu'il venait
de fonder. Pendant ce temps, la
grande-duchesse de Bade était venue
se réunir à l'impératrice Joséphine
qui tenait sa cour a Majence, et
elle ne retourna a Carlsruhc que lors-
(|ue sa cousine fut partie pour Paris.
Les A(;w\ époux s'étant enfin réunis,
se rendirent dans celte capitale après
la paix de Tilsitt , et ils y assistèrent
a toutes les fêtes qui eurent lieu pour
célébrer l'anniversaire de la nais-
sance de Napoléon et le mariage
de son frère Jérôme avec une prin-
cesse de Wurtemberg. Le prince
électoral de Bade fut un des témoins
de ce mariage, et il retourna dans sa
résidence a Carlsruhe , comblé de
préseuls et de toutes sortes de bien-
laits. Il y était k peine arrivé qu'il
fallut reprendre les armes et marcher
contre les Autrichiens qui venaient
d'envahir la Bavière. Le jeune
prince fil encore cette campagne a
la tète du contingent badois, avec
la même distinction et les mêmes suc-
cès que celle de Prusse. Sa raaisoa
fut encore payée de tant de zèle par
d'amples accroissements de terri-
toire, et l'on peut dire qu'elle était
parvenue k l'apogée de sa gloire
et de sa puissance lorsque le grand-
duc Frédéric mourut , le 1 1 juin
18 ri. Son pelit-fils n'eut plus qu'à
se maintenir dans une position aussi
brillante; et il lui sulïil pour cela de
suivre le syslèmc et les principes de
3o
BAD
politique si habilement adoptés par
son aïeul. A la demande de Napo-
léon, quelquesrégimeuls badois furent
envoyés en Espagne, et un corps plus
nombreux , sous les ordres du comte
de Hochberg, suivit cet empereur en
Russie dans la désastreuse campagne
de 1 8 1 2 .Presque toutes ces troupes j
périrent et furent renouvelées pour la
campagne de 1 8 1 3 , non moins désas-
treuse et non moins funeste pour Na-
poléon etpoursesalliés. Legrai:d-duc
de Bade l'abandonna un des derniers,
el ce ne fut que le 2 o novembre 1 8 1 3
que, pressé par les souverains de Rus-
sie et d'Allemagne, qui étaient ses
parents et ses protecteurs naturels, il
se décida a réunir sa cause a la leur.
J^a déclaration qu'il publia expli-
que si clairement sa politique et
celle de son prédécesseur, elle fait si
bien connaître les motifs secrets el
ostensibles de leur alliance avec la
France, enfin celte pièce indique si
bien les causes de son cbangomeut
de système, tpic nous croyons devoir
en rapporter les principaux passa-
ges. « Conformément à l'exemple
K de mou illustre aïeul , je me suis
« fait un devoir d'assurer le bien-
« être de mes sujets et la conscrva-
« lion de l'état de Bade. Les obli-
« f:;ations contractées envers la
« France par Iru le graïui-dnc, lors
« (le son accession a la conlcdéiation
a du Rhin , m'avaient été transmi-
« ses , et j ai dû les regarder comme
o sacrées* j*ai cru pouvoir, en les
« remplissant avec exactitude, assu-
« rer le bonlieur et l'intégrité de
« mes états,* el (|noi(jue de tilles
« liaisons avec la J^Vanee aient long-
« temps privé mes peuples de tout
« fouiuuTce, et (jii'elles les aient
« cntranu's (|;iiis une guerre longue
a. cl péiiihlr, j'iii toujours espéré
ce (|nc la paix mrllrail un ternie h
BAD
a tant de maux. La divine Provî-
a deuce, qui décide de la destinée
« des peuples , vient d'arracher la
Œ victoire aux arméesfrancaises, et de
a. la donner aux armées alliées cora-
« battant pour la cause de l'Allema-
•t gne, et elle a jugé a propos de
a mettre uu terme h la domination
a de la France. Des bords de l'Elbe
a a ceux du Rhin les armées alliées
« marchent de victoire en victoire
« sans interruption. J'ai fait une
« dernière tentative pour le repos et
« la sûreté de mes états menacés
« d'être si prochainement le théâtre
« de la guerre, et j'ai demandé a
a l'empereur des Français la neutra-
a lité du pays de lîade , espérant ob-
« tenir le consentement des hautes
« puissancesalliéesj mais les résultats
« ont trompe' mon attente. N'ayant
« pu garantir par celte voie la su-
ce relé de mes étals, je suis con-
« traint de réunir mes efforts h ceux
a des alliés contre la France. Le
et salut de la patrie, la liberté
« et Tindépendance de l'Allemagne
« sont désormais les seuls buts que
« nous d<'voos atteindre de con-
te cert avec nos illustres alliés. Je ne
« puis vous dissimuler que notre po-
« silion géographique el notre cx-
« trème voisinage de la France ré-
« clament de notre part de plus
« grands sacrifices, etaue la néees-
« silé de défendre vos familles et
« vos foyers doit vous déterminer h
« de plus grands etlorts, afin d'ar-
a river à la paix générale et H uu
« é(|uilibre (jui eu assure la durée,
te protège la liberté du comnurce,
« anime 1 industrie, et rende à la
tt nation nue prospérité dont elle est
« privro (li-puis long-temps. » Lors-
(pie le graiul-duc lil ainsi connaître
les motifs de sa polili(jUf , il recevait
dans sou pa'ais IVinperenr Alcxau-
BA.D
drc, son oncle. Il olilinl facilement
(le ce monarque cl de ses alliés la re-
connaissance (le Ions ses aij;ran(lisse-
menlsde lerriloire, el à colle condi-
tion il réiinil anx armces de li coali-
tion le conlingenl hadois (jui (il, sons
les ordres des généraux alliés , la
campagne de France en i8i4. Le
iirand-dnc se rendit l'année suivante
an congrès de Vienne où toijs les sou-
verains, el parliculièreracnt Tempe-
rcur François, s'empressèrent de lui
témoigner leur estime. Ce monarque
le nomma colonel d'un régiment de
l'armée aulricliienne qui reçut le nom
de Bade, el qui plus tard a été trans-
mis a son successeur. Le grand-duc
profil a de ces honnesdisposilionspour
se faire encore une fois confirmer par
les puissances dans ses nouvelles pos-
sessions 5 et il consentit dans le
même temps a céder au roi de Wur-
temberg quelques portions de terri-
toire, dont il fut amplement dédom-
magé, sur la rive gauche du Rhin.
Ainsi confirmé et garanti a plusieurs
reprises par toutes les puissances, le
Grand-Duché de Bade doit être dé-
sormais compté au nombre des prin-
cipales puissances du corps germani-
que. Il a droit à la septième place
dans la diète, et il y a six voix au
lieu de trois qui appartenaient à
l'ancien margraviat. Son étendue est
de 273 railles carrés géographiques
( 768 lieues ) j sa population de
1,020,4-00 habitants, ses revenus de
10 millions de florins (26 milions de
francs), et son armée de 12,000
hommes. Dans les circonstances diffi-
ciles oij il s'est trouvé, le grand-duc
Charles-Lonis-Frédéric a, comme ou
vient deleroir, soutenu et défendu sa
puissance avec autant de fermeté ([ue
prudence II eut, au commencement
de I 8 1 8, avec le roi de Bavière, des
discussions très-vives et dnns les-
BAD
5i
quelles il ne déploya pas moins de
caractère. La lettre cpi il écrivit a ce
prince, le t3 mars de cette année, est
un monument historique digne d'être
conservé; et d'ailleurs elle fait bien
connaître ce qu'étaient alors les pré-
tentions et le but des deux puissan-
ces. « C'est avec la plus friande
« peine, écrivait le grand-duc, fjue je
« me détermine k entretenir V. M.
« d'une affaire qui ue doit pas être
« moins en opposition avec vos sen-
cc tîmcnts qu'avec les miens. Mais
te l'empire des circonstances me fait
« un devoir de rompre enfin le si-
ce lencc que la délicatesse m'a fait
« peut-être garder trop long-temps.
« Depuis trois ans, je suis menacé
a de me voir enlever une partie de
« mes états 5 et tandis que mon pays
a a fait les plus grands efforts pour
a me mettre à portée de soutenir la
a dernière lutte pour l'indépendance
ce de l'Allemagne d'une manière
a énergique et honorable , mésalliés
a cherchent a m'arracher mes plus
a belles provinces et a disposermême
« pendant ma vie de ma succession.
a Je crois avoir prouvé au monde
te entier, lors des différentes négo-
ce ciatious qui ont eu lieu , l'insuffi-
ct sance des motifs par lesquels on
ce voudrait colorer cette violation de
te mes droits les plus sacrés , et
te l'opinion a déjà jugé ma cause
a avant même que l'on connût toute
te l'étendue de l'injustice dont je
et dois être la victime. S'il est péui-
te ble pour mou cœur de voir que
te des puissances qui ont déclaré h la
ce face du monde qu'elles n'ont pris
te les armes que pour détruire Tem-
ce pire de l'arbitraire, et introduire
ce en Europe un système politique
ce basé sur les principes de la mo-
a raie , se laissent entraîner, par les
te fausses représentations qu'on leur
3a
BAD
a fait , à consentir à ce qu'on paie
« leurs dettes avec des provinces qui
a m'appartiennent , et dont j ai
a acheté la conservation par le sang
a de mes sujets, quels sentiments dou-
te loureux ne dois-je |)as éprouver
a lorsque je vois mes plus proches
« parents k la tête de ceux qui cher •
« chent k m'oppriraer^ et ({ui , non
a contents d'accepter ce qu'on veut
« me ravir, pressent eu outre Texé-
« cution de mesures auxquelles ils
« n'auraient jamais du donner leur
a consentement. Je me perds dans
ce mes reflexions , lorsque je cherche
a h accorder les démarches offensau-
« tes renouvelées sans cesse par le
« cabinet de V. M. avec les léraoi-
« gnages d'attachement qu'elle conti-
a eue de me donner. Il m'est abso-
« lument impossible de séparer,
a dans une aflaire aussi sérieuse, le
«c gouvernement de son chef, de sorte
a que je trouve dans l'un mon parent
« et mon atni, tandis que l'autre se
et montre mon plus cruel ennemi. Je
« vousdois enfin. Sire, ma profession
« de foi. Il est temps que 1 aifairese
« termine d'une manière oud'une au-
« trc, et je dois déclarer k V. iM.
« que, croyant avoir plus que rem-
« pli mes engagements, soit par les
« efforts que mon pays a faits pour
tt la cause commune , soit par les
« dernières propositions que j'ai fait
« rcraellre par mon ministrek Franc-
« fort, je suis irrévocablement dé-
u tidé il ne nlus entrer dans aucune
a composition ultérieure. Je ne m'a-
ie vcugic j)as sur ma situation; je
a SUIS prêt k tout; mais je v<»u.sdé-
« flarc , Sire , (pie si l'on avait des-
u sein de m'arra( lier par la force ce
u qu'on n'oblicndra jainai.s de mou
u consentement, j'en appelle pour
u ma défense a r()|)inion |)u!>li(pi(',
« et V. M. Irouvcradiliicilement un
BAD
te allié plus puissant. J'en ai main-
fc tenant assez dit au roi. Les senti-
« ments de mon cœur exigent que
« j'adresse encore un mot a mon beau-
ce frère et k mon ami. Je vous con-
« jure donc , Sire , par les liens du
ce sang qui nous unissent , faites ces-
ct ser une négociation qui depuis
a trop long-temps attire l'attention
te inquiète de l'Europe, et qui, si
te l'on aaople le principe sur lequel
ce elle est basée , pourrait avoir des
ce iuites aussi fâcheuses pour V. M.
et (pie pour moi. » Cette fermeté eut
le résultat qu'elle devait avoir. La
Bavière céda et le grand-duc conserva
ses possessions tout entières. Lors-
que Bonaparte revint en France en
1 8 1 5 , le grand-duc de Bade fit con-
tre lui tout ce qui était eu son pou-
voir. Il adhéra a toutes les déc'ara-
tions,a tous les actes qui furent signés
par le congrès de Vienne , et fit un
traité particulier avec l'Angleterre
pour mettre k la disposition de la
coalition une armée de seize mille
hommes. Cette armée entra en cam-
pagne dans le mois de juin; mais elle
était k peine arrivée sur la frontière
de France (jue déjà la bataille de Wa-
terloo avait mis liu aux hostilités. Le
grand duc envoya alors au duc de
^V ellinirton le {irand-cordou de l'or-
dre de la Fidélité, avec une boîte en-
richie de diamants et ornée de son
portrait. A l'exemple de ([uelques
autres souverains , et probablement
par leurs conseils, ce prince avait
donné a ses peuples une conslilulion
k-|)eu-près semblable l\ celle du roNau-
me do Wurtemberg 1^/ oj^'. FnvotRic,
roi de Wurtemberg, au Supp.);mais
celte charte, long-temps promise, n'a-
vait pas encore reçu d'exécution
lorsqu'il mourut le 8 décembre i8i8
k H.ulstadl, d'où ses rotes furent
traiMporlés a Carlsruhe, puis a
BAD BAD y^
Pior7.heim,pour v ôtrr inhumes dans en 1795. 11 retourna dans sa patrie,
le lonihcau de ses ancêtres. — Le pénétré pour le roi de Prusse de la
grand-duc Charles uc laissant ([ue plus vive reconnaissance, et pour
trois lilles, eut pour successeur son le prince royal d'une amitié qui fut
oncle Loiiis-.'ïi/f[uste{yojrA''a.r['\c\c toujours partagée , et qu'une longue
suivant). — La grande -duchesse séparation ne put effacer. Dès que ce
tlouairière, sa veuve, lut mise en pos- prince tut monté sur le Irône , il
session du château de Manheim avec nomma son jeune amilierlenant-génc-
cent mille florins de revenu. M — d j. rai , et fit tous ses efforts j)our qu'il
BADE (Louis-AuGUSTE-GuiT-- vînt auprès de lui. Mais le prince de
LAUME, grand-duc de), né le 9 fé- Bade ue pouvait alors s'éloigner de
vrier 1765, était fils de Charles-Fré- Carlsruhe, où son vieux père avait
déric, et par conséquent oncle du plus que jamais besoin de sa présen-
précédenl. Dèssa plus tendre enfance, ce. Il élaît devenu président de son
son caractère de bonté et de douceur, ministère de la guerre et chef de son
son application h l'élude, tout enfin armée; et ce fut dans ces importantes
semblait justifier la préférence (juelui fonctions qu'il passa les dernières an-
accordait son père. Cependant, deux nées de ce long règne, donnant aux
de ses frères étant plus âgés que lui, troupes badoises une impulsion, un
rien ne devait faire présumer qu'il mouvement que jusqu'alors on y avait
put régner un jour. Destiné h Fétat ignorés. Toutefois, il ne prit person-
militaire , son éducation fut entière- nellement aucune part aux guerres
ment dirigée vers la guerre. A peine dans lesquelles le grand-duc fut en-
était-il parvenu a l'âge de l'adoles- traîné comme allié de Napoléon et
cence , qu'il fit ses premières armes membre de la confédération du Rhin,
dans l'armée de l'empire, d'abord Lorsqu'il eut perdu son père (181 1),
comme colonel, ensuite comme gène'- le prince Louis , ne recevant plus de
ral-major; mais cette étroite sphère son neveu les mêmes témoignages de
ne pouvait suffire a son désir de confiance , s'éloigna entièrement des
s'instruire et d'acquérir de la gloire, affaires ; il vécu* dans la retraite uni-
L'armée prussienne passait alors pour quement occupé de ses éludes politi-
la mieux exercée de l'Europe 5 le ques et militaires, jusqu'à ce que la
prince Louis résolut d'y servir, et il mort du grand-duc Charles l'eût fait
se rendit eu 1789 à Berlin , où il fut monter sur le trône (8 décembre
parfaitement accueilli par le roi Fré- 1818), Bien que la paix fut alors
déric-Guillaume IL Ce monarque lui générale en Europe, et que rien ne
donna aussitôt le grade de colonel et semblât devoir la troubler, les cir-
le commandement d'un bataillon de constances étaient difficiles pour les
ses gardes. En 1792 il le décora de plus grands comme pour les plus
l'ordre de l'Aigle-ISoir , et l'emmena petits états. Le premier acte de sou-
dans sa malheureuse expédition de veraineté du nouveau grand-duc fut
Champagne; l'année suivante il le fit de reconnaître la coustitulion qui
géuéral-raajor dans son armée qui avait été promise plutôt que donnée
combattait sur les bords du Rhin, par son prédécesseur. On ne peut pas
Le jeune prince de Bade fit ainsi la supposer que , général prussien et
guerre dans l'armée prussienne jus- militaire dès reufance, il eût beau-
qu'au traité qui mit fin aux h^lilités, coup de penchant pour le gouverne-
LVII. 1
34 BAD BAD
ment représentalif j cependant ce fut session suivante, celle de 1822, la
la principale affaire de son règne 5 et seconde chambre mit une tellelenteur
dès le commencement il parut se con- a 1 accorder , elle se montra si cons-
former de bonne foi à sa position , et taote dans son opposition , qu'il fallut
fit l'ouverlure des chambres d'une encore la proroger. Réunie six mois
manière très-convenable ; mais déjà, plus lard, elle ne montra pas de meil-
de grandes difficultés se présentaient: leures intentions, et fut ajournée in-
la noblesse, qui se vovait atteinte par définiment le 3 février 1820 , après
les innovations dans ses prérogatives avoir positivement refusé le budget
et même dans ses propiiélés, s'y mon- de la guerre, celui qu'il imporlait le
trait fort opposée. Le grand-duc, plus au grand-duc de faire passer,
persuadé que de pareilles questions Ce prince déclara que , obligé qu'il
ne doivent pas être discutées publi- était de remplir ses engagements en-
quemenf, avait créé une commission vers son armée et envers le corps
chargée de terminer tous les diffé- germanique, il suppléerait a l'absence
rends avec des députés de la noblesse^ des lois par des moyens d'administra-
et celte commission, après un petit tionj et les chambres ne furent plus
nombre de conférences , avait résolu réunies qu'en 1828. Alors tout se
toutes les difficullés par un traité de passa avec beaucoup de calme; de
conciliation que le grand-duc se hâta sages lois furent adoptées, et toutes
d'adopter , crovanl par la mettre un les mesures du gouvernement ap-
terme a toutes les discussions. Mais prouvées. Ce fut parla que se termi-
il n'en fut pas ainsi j ce décret fut re- nèrent les opérations des états-géné-
poussé par la majorité des chambres, raux sous le règne du grand-duc
qui le regarda comme illégal et in- Louis. D'autres actes très-importants
constitutionnel. Dirigée alors par un signalèrent encore ce règne remar-
esnril d'opposition systématique, et quable; mais les chambres n'y curent
dont on n'a vu (jue trop d'exemples, aucune part. Un svnode général fut
cette majorité repoussa les proposi- convoqué par le prince pour la réu-
tions les plus sages, jusqu'à, ce qu'en- nion i\cs deux églises protestantes ,
fin le grand-duc donnât l'ordre de et cette réunion se fit à la salis-
clore la session. Il ne réunit plus en- faction de tous les habitants. }*ar le
suite les chambres que dans le mois même pouvoir, des règlements long-
de juin 1820, et pendant cet inter- temps médités assurèrent dans les H-
valle il ne s'occupa que de conces- nances l'ordre et l'éconoinie, et dans
sions et d'améliorations qui pussent les troupes l'instruction et la disci-
salisfaire tous les partis. Se présen- pli ne. Au debors, la politique du
tant a Touverlure de celte ses.sion grand-duc ne lut ni mouis terme ni
ivec un projet de loi municipale, la moins éclairée; il obligea ses voisins,
suppression des peines alllictivcs en et notamment la France et la llol-
matière de police, liibolitiou de la lande, par de sévères représailles, a
corvée et de tout ce (pii pouvait avoir réduire les droits d'entrée sur les
encore iiuehjue apparence de servi- produits de l'indiislrie badoise ; et
lude, il sélait flatté de galisf.iire à iiélendil ses possessions contre les
toutes les <'xigence.s. Ce ne fut néan- prétentions de l'Autriclie et de la
moins (|u'avec beaucoup de peine lîavière avec la roèine lermeté que
qu'il obtint son budget j et dans la son prédécesseur. Il mourut k Caris-
BAD
rulic le 3o mars i83o, et ses ^lats
nassrrcMit foui nilicrs, Icis (m'il \cs
a\ail reçus, K sa \ Irèri' consaiij^iiin le
comte de li()clil)rr^,né(lu second ma-
riage dii grand-duc Frédéric, (jiil
avait été reconnu par les puissances
pour héritier du trône en cas d'ex-
tinction de la branche aînce. Le
grand-duc Louis n'avait pas été ma-
rié. M — D j.
BADIA Y LEBLICII (Domi-
nique) , celèl)re voyageur espagnol,
connu aussi sous le nom A'AU-Bcy,
était né en Biscaye, au mois d'avril
1766. Après avoir quitté les écoles,
il apprit l*arabe cl les idiomes les
S dus répandus de l'Europe moderne.
.1 étudia aussi les mathématiques ,
et s'appliqua spécialement k la pra-
tique de l'a-tronomie , de la géo-
graphie , de la physique et de l'Iiis-
toire naturelle , employant ainsi
d'une manière utile les moments de
loisir que lui laissaient les devoirs de
la carrière militaire dans laquelle il
était entré. Doué d'un esprit fécond
eu projets, il conçut l'idée de fonder
dans rAfri(|ue septentrionale, au nord
du désert d'Angad , entre Maroc et
Alger, une colonie européenne qui,
en même temps qu'elle aiderait au
progrès de la civilisation dans ces
contrées où elle était si reculée,
contribuerait k diminuer la puissance
des étati barbaresques. Ce plan, pré-
senté eu 1801 par son auteur au
prince de la Paix , fut accueilli favo-
rablement. Au commencement de l'an-
née suivante, lorsque la paix fut ré-
tablie dans tonte l'Europe , Badia
vint k Parii, où il se lia avec plusieurs
savants. Delà il passa en Angleterre,
où il fut également bien accueilli.
Ce fut k Londics que, dans la préoc-
cupation du ses projets avantureux,
il se fît circoncire et prit le costume
musulman. Il revint on Espagne au
BAD
35
mois d'avril i8o3, cl le 29 piin sui-
vant il s\ nibaripia dans un petit ba-
teau k Tarifa, IVcinrhil le détroit de
Gibraltar , et , après une traversée de
quatre heures, euh a dans le pot t de
Tanger. Ici commence la mission se-
crète de BaJia: était-il l'agent du roi
d'Espagne ou de INapolc'on? et (ju'ellc
puissance faisait les fonds du luxe
qu'il déploya k Tanger ? Literrogé par
les officiers delà marine, il répondit
qu'il venait de Londres par Cadix,
qu'il était musulman, natif d'Alep en
Syrie, fils d'un prince , et qu'il se
nommait Ali-Bey el Abbassi. Ses
passeports furent trouvés en règle •
de nouvelles questions lui furent a-
dressées, et aucune suspicion ne s'é-
leva sur ses réponses. 11 obtint la
permission de débarquer, fut reçu
liospitalièrement par le gouverneur
ou kaïd, et alla occuper une maison
qu'on lui prépara. 11 assista le ven-
dredi suivant a la prière publique
dans la mosquée , et se conforma à
toutes les pratiques et k toutes les
cérémonies prescrites par le rituel de
l'islamisme. Il visita même un santon
qui le félicita d'avoir pu s'échap-
per de la terre des infidèles. L'an-
nonce qu'il fit d'une éclipse de so-
leil qui devait avoir lieu le 17 août,
et dont il avait tracé la figure telle
qu'on devait la voir dans la plus gran-
de obscurité, la vue de ses équipages
qui arrivaient d'Europe dans un ba-
teau, ses présents au cadhi, au kaïd et
aux principaux personnages, ses li-
béralités envers d'autres, tout con-
tribuait a fixer sur lui l'attention
générale et k lui faire des amis , de
sorte qu'en peu de temps il prit une
supériorité décidée sur tous les é-
trangers et sur les habitants les plus
coufidérables de la ville. Muleï-
Soliman qui régnait k Maroc étant
venu k Tanger, Badia lui fut pré-
3.
96
BAD
sente, et lui offrit, suivant l'usage
de l'Orient , un cadeau noagnilî-
que. Ce prince lui répéta plusieurs
fois, d'un ton Irès-amical, qu'il était
le bien-venu j il lui demanda dans
quelles contrées il avait voyagé ,
quelles langues il parlait et écri-
vait, quelles sciences il avait étu-
diées dans les écoles des chrétiens ,
et combien de temps il avait séjourné
eu Europe ; enfin ce prince rendit
grâces a Dieu qui l avait tiré de la
terre des infidèles , et témoigna ses
regrets de ce qu'un homme tel que
lui eût tant tardé a venir dans l'em-
pire de Maroc ^ il se montra aussi
très-flatlé de ce qu'Ali- Key eût pré-
féré son empire aux états d'Alger ,
de Tunis et de Tripoli , et l'assura ,
à diverses reprises^ de sa protection
et de son amitié. Le lendemain ce
prince lui versa lui-même du thé,
et ayant écrit une prière en caractè-
res arabes, il la lui présenta afin qu'il
la lut, et il accompagna cette lecture
du doigt sur le papier, en corrigeant
ses délauts de prononciation. Il exa-
mina ses instruments dans le plus
grand détail, et en fut très-safisfait.
Le soir il lui envoya en présent deux
pains assez noirs, et dont l'aspect in-
terdit beaucoup Badia • mais ceux qui
étaient près de lui sVmpressèrcnt de
le complimenter en lui disant : « Vous
êtes le frère du sulthan; il est votre
frère. » En effet, suivant la coutume
anlljue des Arabes, ces pains étaient
lin signe sacré de fraternité entre l'em-'
pereur et lladia. Celui-ci reçut bien-
tôt l'ordre d'accoitipa;;ni'r le monar-
<jue il Mc(juiue7.. Cependant i! obtint
l.i permission de rester encore qucl-
(lues jours h Tanger. Le kaïd, témoin
de la bienveillance de son souverain
{)our lUdia, engagea ce dernier avec
)caucoup d'instances, et a plusieurs
reprises, K lui demander tout ce dont
BAD
il avait besoin» Le 2 5 octobre Badia
quitta Tanger accompagné d'une suite
nombreuse. Il retrouva l'empereur a
Mequinez, et ensuite a Fez. Il y vé-
cut avec magnificence, et eut des en-
tretiens fréquents avec les savants du
pays: il réussit, ce qui n'était pas fa-
cile, k les convaincre qu'ils raison-
naient très-mal etsur des sujets futiles,
et parvint a les corriger, ce qui était
plus difficile encore. Il pensa, dit-
il, que cette étincelle de lumière
finirait par produire K la longue d'heu-
reux résultais chez ces peuples. Les
principaux schérits lui avaient rendu
visite j les questions qu'on lui adres-
sait h lui et a ses domestiques sur sa
personne et sur les événements de sa
vie furent d'abord sans fin : mais il y
répondit si bien que , dès le second
jour, ils lui avaient baisé cent fois la
barbe; et les plus notables lui de-
mandèrent la grâce d'être comptés
au nombre de ses amis. Le prince le
comblait de marques d'affection , et
l'appelait son fils. A la fin de février
1804 Badia fit une excursion a Salé
et a Rabat; le 2 1 mars il entra dans
Maroc. L'empereur, qui y résidait,
lui fit don de biens considérables pour
qu'il pût soutenir son rang; et ce
prince voulut qu'il allât par partie de
plaisir il Souara on Mogador. Badia
fut de retour a Maroc le i5 mai;
il avait été reçu pendant tout ce
voyage, avec les honneurs et le
cérémonial usités pour les grands de
l'empire. On a dit (ju'eu août il
recul, de la main de Charles IV,
un contre-ordre fondé sur des scru-
pules de conscience , niais qu'en
même temps son souverain le nommail
brigadier-général. On ajoute «pie vers
la lin de janvier i8o5 l'ordre de re-
prendre ses opérations lui parvint,
liatlia déclara bientôt ii l'empereur
(ju'il allait partir pour Alger et U
lui) BAD '^1
Mckkc. Muleï - Soliman s'onposa « d'un cûlc tous mes moyens de sub-
ianl qu'il put à ce voyage; il vint « sislancc s'épuisaient, et que de l'au-
passcr une journée eulicre chez, lui, « tre je savais(|iie inesenneinis deMa-
el renouvela ses inslances pour le re- « rors'élaient prévalus de mon séjour
tenir. Badia resta inébranlable : au « prolongé a Fez pour inc rendre sus-
luonienl du dépari le souverain et lui « pecl a i'emjiereur. Persuadé (ju'ils
s'emln-assérenl les larmes aux yeux. « ne raanqueraieni pas de profiler de
Après avoir laissé Tadminislralion de « cette circonstance pour ine noircir,
ses biens au gouverneur de Maroc, « je pris le parti de mouler a cheval
il partit pour Fez; et le 3o mai, « pour aller tout seul chercher le
muni de lettres de recommandation « scheikh qui avait son douar a deux
de l'empereur pour le dey de Tunis « lieues de distance à l'entrée des
et pour le pacha de Tripoli, il se a montagnes. » Les gens de la suite
mit en route pour Alger. Muleï-So- de Badia, instruits de sa résolution,
liman n'avait pas voulu, par des con- frémirent d'effroi, a l'exception de
sidéralions politiques, écrire au dey, deux renégats espagnols qui s étaient
mais son irèrc avait remis a Badia réunis a lui lors de son départ de
une lettre pour ce prince. Le 9 Fez. Quand il voulut sortir, une cin-
juin il entra dans Ouschda, village quantaine des principaux habitanls s y
au-delà du désert d'Angad près des opposèrent; il força le passage; bien-
frontières de la régence d'Alger. Au tôt la population le rejoignit à bride
moment de son arrivée, le chef et les abattue pour lui former une escorte,
principaux du village lui déclarèrent Le scheikli des Arabes , vaincu par
qu'il ne pouvait aller plus loin, parce ses raisonnements, convint de s arran-
que le même jour ils avaient reçu la ger avec un scheikh du voisinage ,
nouvelle de troubles survenus dans le qui devait le conduire a Tremecen.
royaume d'Alger; on se battait dans Deux jours après Badia fut averti de
Tremecen, ville la plus proche. Ba- se tenir prêt pour le lendemain. Le
dia expédia vers cetle ville un cour- scheikh vint en effet avec près de cent
lier qui, a son retour , annonça que hommes, et déjà la troupe était aune
le tumulte y était apaisé, mais que derai-lieue d'Ouschda, quand deux sol-
les chemins étaient infestés de rebel- datsdel'erapereurdeMarocaccourant
les qui volaient et assassinaient. Ba- au galop lui crièrent d'arrêter , ils
dia demanda une escorte au chef du étaient suivis d'un corps de troupes
village, qui ne put la fournir, n'ayant commandé par un officier de la gar-
pas assez de forces. Cependant, au de. Celui-ci dit a Badia que le
bout de deux jours , il mande le monarque ayant appris qu'il était
scheikh d'une tribu voisine, et lui retenu a Ouschda l'avait expédié
propose de conduire le voyageur a pour le protéger. Badia eut beau
Tremecen. Cet Arabe, après de Ion- représenter que les troubles du royau-
gues discussions , partit sans avoir me d'Alger et les brigandages des
rien décidé. «Plusieurs jours s'étaient révoltés étant les seules causes qui
a passés en négociallons inutiles, dit l'avaient retenu, il pouvait continuer
a Badia; cependant les révoltés s'ap- sa route en sûreté, puisque le danger
ce prochaient jus([ue sous les murs était passé, d'autant plus qu'il élalt
« d Ouschda. Ma position devenait de escorté par deux tribus amies , l'offi-
Œ plu3 eu plus Cfilique , parce que cier lui déclara que , vu l'était des
38
BAD
choses, il ne pourrait consentir a son
départ avant d'avoir reçu de nouveaux
ordres de son maître. Badia revint
donc à Ouschda et écrivit a ce prince.
La réponse du prince fut un comman-
dement apporté par deux officiers de
cour de conduire Badia a Tanger,
afin qu'il pût s'y embarquer pour le
Levant. Force fut à notre vovageur
d'obéir, il partit le 3 août avec son
monde etses équipages, sous l'escorte
de trente oudaïas ou gardes-du-corps
de l'empereur, commandés par deux
officiers. On prit d'aLord la route du
sud a travers le désert, où la caravane
souffrit beaucoup du manque d'eau j
on marcha ensuite au nord-ouest, et
l'on rejoignit la route de Fez , dont
ensuite on s'éloigna. Le 17 ou était
à Laracbe sur la côte de l'Atlantique
Une corvette de Tripoli, qui se trou-
vait dans le port , fut équipée aux
frais de l'empereur; et le 10 octo-
bre Badia s'y embarqua seul. Jusqu'à
cemomentilavait toujours été accueilli
far les soldats et par le peuple avec
esplusgraHidsliouueurs, traité comme
un fils ou un frère de l'empereur.
a C'est ainsi, dit il, que je sortis de
tt l'empire de Maroc. Je supprime les
« réflexions qui ne doivent pas Irou-
« ver ici leur place, et qui peul-èlrc
« un jour la trouveront dans uu autre
« endroit. » Comme il n'a pas publié
les explications qui auraient jeté quel-
que lumière sur celte singulière ca-
tastrophe, on e«t réduit aux conjcc-
lures : la pbis probable est (jue le
coup qu il avait monté nianipia par
un relard de (juelcjues heures. Oiioi
mi'il en soit, on ne peut (ju'èlrc
étonné de la conduite de l'empereur
de Maroc dans celle occasion j c'est
avec beauroiq) de raison sans doule (pie
Badiu le dépeint comme un princed'un
caractère lr«N-ilou.x. Arrivé ;i Tripoli
lo I I novembre , il lut encore reçu
BAD
très-amicalement par le pacha; le
26 janvier 1806 il prit passage sur
un gros bâtiment turc commandé par
un capitaine ignorant et ivrogne, qui
se laissa pousser sur les côtes de la
Morée, puis sur celles de Chypre que
Badia visita. Il quitta cette île le 9
mai sur un petit navire grec ; le 1 2 il
jeta l'ancre dans le port d'Alexan-
drie. Le capitan pacha qui s'y trou-
vait alors lui donna des lettres de re-
commandation pour Mohammed-Aly,
pacha d'Egypte, pour le pacha de Da-
mas, et un tirmanpour leschérif de la
Mekke. Ce fut a Alexandrie que noire
voyageur reçut la visite de M. de Cha-
teaubriand qui, dans son Itinéraire
de Paris à Jérusalem , convient
qu'il eut dans celte occasion une de
ces petites jouissances d'amour-propre
dont les auteurs sont si jaloux. L'a-
necdote est trop connue pour ijue nous
la racontions; mais il est bon de ré-
péter (]ue notre illustre compatriote
jugea (ju'Ali-Bey était digne de des-
cendre du grand Saladin( i ). « Je suis
a même encore un peu persuadé ,
K ajoute-t-il , que c'es^ le Turc le
« plus savant et le plus poli qui soit au
« monde. » Badia reprit, le 20 octo-
bre , le chemin de son pèlerinage ; le
9 novembre il mouilla à Boulak, port
du Caire. Sa réception dans celle ca-
pitale fut, comme partout ailleurs,
marquée par les égards (jue les per-
sonnages les plus distingués lui té-
moignèrent : il y vit un hère do
l'empereur de ÎMaroc qui le traita en
ami; Molianiuu'd- Alv raceueillil lu)-
iu)ral)leinenl. Le 1 .5 décend)re il se
joignit il la caiav.ine de la IMekke.
Quoiipi'il laissai au Caire presque tous
ses eflelsel une partie de ses doniesli-
(0 l'iiiM|Mr Biulln prrnnit l»i tiirr il'r/ .4hassi ,
c'i**t-.i<tin" <l«iiccii(luiU «l« » kli.ilir« ubliii»siclrs,
il III' [loiiv.iil {lUH «irn i»5u du Miithuii Saludiii
(!• la rare «lf« AymibiJi'i. A — r.
fi\0 DAD 29
ques, il avait conservé avec lui qua- sali'in. tii sorlanl de Ramlc , il fut
lorro clianioanx cl deux clu'vaux. Le arrrlc par dnix vieillards qui pré-
19 il s'cini)ar(|iia il Smr. sur un daô Icndaicul (pi il élail clwx'licu, et qui
ou uavirt' arabe 5 cl , après une Ira- ne le laissèrent passer que ijuand il
versée pcniMc , il prit terre a Djidda cul répète la proft-ssiou de foi mu-
le 23 j.Mnii'r 1807. Le 25 il entra sulmane. A Jérusalem il visita le
dans la Mekke, où il accomplit toutes temple musulman dont rentrée est
les cérémonies prescrites aux musul- déicndue aux cliréliens, cl parcourut
mans, et (ut présenté aGlialeb,scliérif les environs jikscju'a Hébron. De re-
de la cité sainte, qui causa avec lui en tour à Jérusalem , il se rendit a l'é-
arabe, et (jui trouva qu'il parlait glise du Saiut-Sépulchre , et s'enlre-
et prononçait très-bien cet idiome, tint dans sa langue maternelle avec
Quelques» jours après il eut l'insi- des religieux de son pays. Il regagna
gne bonneur de balayer et de par- ensuite Jafïa , d'où il alla par mer à
fumer la Kaaba après le schérif, St-Jean d'Acre , et de la piir terre à
qui alors le proclama serviteur de la Nazareth, où il logea au couvent des
maison de dieu. Badia reçut en sor- Franciscains. Puis il vit Cana, le
tant les félicitations du peuple as- lac de Tibériade , passa le Jourdain ,
semblé dans la cour du temple. Après franchit les montagnes, et le 22 sep-
s'être conformé à toutes les pratiques tembre il arriva aux portes de Damas,
du pèlerincTge, il prit la route de Homs, Hama, Âlep, Anlioche, furent
Djidda , où il s'embarqua pour Yam- les villes où il passa avant de descen-
bo • il voulait visiter le tombeau de dre sur les bords de l'Oronle a Soua'i-
Malioaiet à Médine, mais k seize die 5 un petit navire le conduisit a
lieues de cette ville un parti de Wah- Cazanlie sur la côte de Cararaanie.
habis arrêta la caravane dont il fai- Bientôt il fut rendu a Tarsous , s'en-
sail partie et le dépouilla de plusieurs gagea dans la chaîne du mont Taurus,
effets précieux. Il profita d'une ab- traversa Koniéh, Akschéher, Afioura-
sence momentanée de ces brigands Karaliissar Rutaiéh, Isnik, enfin un
pour détruire ses collections de plan- bras de la Proponlide et arriva à Sen-
tes , d'insectes et de minéraux qui tari le 21 octobre. « Pendant mon se-
auraient pu le compromettre auprès « jour en Europe, dit-il, je m'étais lie
d'eux. Les pèlerins passèrent vingt- « d'amitié avec M. le marquis d'Al-
qualre heures dans des transes cruel- « menara, qui se trouvait alors am-
ies j les Wahhabis les rançonnèrent, « bassadeur du roi d'Espagne a Cons-
puis leur permirent de s'en aller avec « tantinople. Je lui donnai avis à&
les employés du temple de Médine a mon arrivée 5 sur-le-champ ce res-
qu'ils avaient chassés. Badia , qui « peclable ami m'envoya son drog-
avait eu le bonheur de conserver ses a man , des domestiques et des ba-
instrume;its astronomiques et beau- « teaux pour la traversée du Bos-
coup d'aulres choses, fit voile pour « phore ^ il poita la délicatesse jus-
^'^o^P^^ ' *^^ ^^ arriva le i4- juin au « qu'a me donner chez lui un appar-
Caire , où il fut promené comme en « lement qu'il avait fait préparer a
triomphe au milieu d'une foule ini- ce la turque, afin de ne pas contrarier
meuse. Le 5 juillet il partit avec la « mes habitudes. » Quoique Badia
caravane de Syrie, et suivit la côte continuât a Conslanlinople a passer
jusqu'à Jaffa 5 la il tourna vers Jéru- pour u» musul rr; an , il 11c pro-lita de
4o
BAD
son déguisement que pour satisfaire
sa curiosité ; il n'avait d'autre com-
pagnie dans le khan où il était logé
que son dragoman turc , son esclave
et son janissaire 5 il ne fréquentait
aucun habitant de la capitale 5 il fut
reconnu une fois dans une mosquée
par un oflScier du capitan pacha ,
3u'il avait vu k Alexandrie, et qui lui
onna mille preuves d'attachement;
une autre fois par le kaïmakan du
grand-vizir, qui , a cheval au milieu
d'un cortège brillant, le salua d'un
sourire gracieux, et ne cessa de tour-
ner la télé pour le regarder; il
s'abstint de rendre visite a ce dernier.
« Je fus sincèrement affligé, dit-il, de
« ce que les circonstances m'avaient
« empêché d'aller serrer cet excel-
« lent ami dans mes bras ; mais ce
a rapprochement aurait contrarié mon
« plan (le conduite. » Il partit le 7
décembre; le 19 il passa le Danube a
Rouschouk sur les frontières de la
Valaquie, revint de Boukharest dans
l'Europe occidentale, cl le 9 mai 1808
il arriva a Bayonne. Le roi Char-
les IV, a qui il alla rendre ses devoirs,
lui donna l'ordre le plusposltilde ser-
vir Napoléon, en lui déclarant que
cela convenait K tous, luidia s'attacha
donc à Joseph Bonaparte (pi'il ser-
vit comme intendant et ])réfet dans
différentes provinces , notamment
dans celle de Cordoue. Après la
chute de Napoléon et de son frère,
Badia vint a Paris, où il vit les sa-
vants , et soigna la j)uhlication de
ses voyages (:j). Toujours occupé
(x) I..I fillt; tin Hadia avait <'-|)oii.<i)'' Dr I.islc de
Sales: à In lonrt rli< rn dmiicr, lltidin voulu),
engager le gouvri-nniitTiit ù uriii'irr l;i liil>lii>llit^-
qui) clc< HOU gtMifIre. Il y rut di-.s nrgncinliori.i
ouyrrtu avec Darhior. Â* grftfint Hmtiu (c'rst
ainii qu'il si^jnnit alors »»•» Irttrr» ) icrivait,
Ir 17 juin 1H17, au savant bibliotlirciirn
du roi : <« Vous voyez, luuii iiispri^tal)!)' ami ,
« que 10 niilli- l'r.HKw do plus ou d<* iiioiim
<■ dnn« l'acliut d'un ohjrl si important, n>< sont
•« ruMt «us yeux d un jirincr, r» ill sont tout
BAD
de plans relatifs k l'Afrique, Badia
présenta, vers la fin de 1 8 i 7 , au mi-
nistre desaffaires étrangères, un projet
de voyage dansles contrées intérieures
de cette partie du monde. Sa propo-
sition fut acceptée 5 une ordonnance
du 20 décembre le reconnut comme
maréchal - de - camp au service de
France, et lui donna mission pour ce
voyage qui devait commencer par le
pèlerinage de la Mekke , afin qu'il
put ramener en Afrique des do-
mestiques et des compagnons témoins
de son séjour eu Orient comme mu-
sulman.Il partit l'année suivante pour
la Syrie; a Damas il se joignit a la
caravane des pèlerins. Bientôt il fut
attaqué d'une dyssenterie qui le con-
duisit au tombeau le 5o août 1818.
On l'enterra au château de Balka sur
la route de la Mekke. Le bruit cou-
rut d'abord qu'il avait été assassiné ,
et quel(|ues personnes assurèrent qu'il
avait lui-même répandu la nouvelle
de sa mort , afin d'assurer le succès
de ses projets. M. V. Hugo, qui l'a
connu eu Espagne en 1809, dit qu'il
avait un tour d'esprit original , de la
malice et de la gaîté. L'auteur de cet
article, qui a vu Badia plusieurs fois,
et toutes les personnes qui ont eu
l'occasion de se trouver avec lui ne
sont pas surprises (ju'il ait pu jouer
si parfaitement le rôle de musulman;
ses traits fortement prononcés, et qui
avaient quelque chose de levauliu, la
« pour l'exislencp d'un»' pauvn- vruvr ri de son
<( «-nriiit... Nous Vous prions, nous vou» sup-
II plions... et nous sonuncs tr^s-por-iunii-s
11 <|u'aT«T votre nppni , vvuX niillf francs n'est
■< pas une sommr il rchulcr l'aclifleur ilaus unr>
« ac<|uisiiion si pr<>(-icuse, quand un autre princn
i< l'ii avait drj.i olfcrt «irus lent mille dans Ks
" temps, elr. » ll.idiii rdinuu dans rcttr nrj;oi-iu.
tion, et la liil>liollir(|ur de .son ^jiMidrf. rrn<luo
nnx «•nihi^rrs, fut loin de riMiiln- la sonuni' «K--
mande.' (/ .<>. I.imk, \\|V, .'.(h. note). Oprn-
dant l.t pvisir, faite pcnd.int la nrgoriation, avait
porte l.i vulrur de la l)il>liolln"qur à vfnt /mit
mil/e l'runis I,a relation d»s voyages de Ikulia
t rlf revue par M. d« ioqucfoil. V — »■»
BAI)
facilllé qiip rhabltiule de sa langue
maUMiu'llc lui dnnuail de nionourer
convrnabloiiuMil les sons rudos cl gul-
Iniaux de l'aialje, cl son sang-IVold
iinperlurliaMe , conlribuèrcnl puis-
samment à le déguiser pendant plus de
quatre ans. Le voyageur anglais
Bowdich prétend tenir d'un vice-
consul anglais (juc le premier soup-
çon (jue l'on eut qu'Ali-Bej était
chrétien vint de ce qu'on avait remar-
(jué ([u'il avait des cors aux pieds, d'oi'i
les Maures inférèrent aussitôt qu'il
avait porté des souliers, et qu'il ne
prenait des sandales ({ue par calcul.
L'observation du vice-consul n'était
pas d un grand poids, puisque Ali-Bey
avouait qu'il avait long-temps vécu
dans l'Europe chrétienne, où il avait
dû porter des souliers. Bowdich affir-
me aussi que Badia, sous le rapport
de la science, n'était qu'un charlatan.
jNous craignons que ce jeune Anglais
n'ait, en écrivant cette assertion, cédé
à son penchant pour l'envie. Du reste,
Badia, par son énergie, son adresse,
son habileté inimitable a jouer le
personnage d'un Arabe , était certai-
nement très-propre a voyager en
Afrique. On a de lui: P^oyages
d' Ali-Bey el Abassi en Afrique et
en Asie pendant les années i8o3 ,
i8o4-, i8o5, 1806 et T807, Paris,
1 8 1 4- , 5 vol. in-8° , avec un atlas
(ju'il a dessiné, et qui est composé de
cartes, de plans et de vues. Celte re-
lation, qui parut en même temps tra-
duite eu anglais et en allemand , est
une des plus précieuses que nous pos-
sédions pour diverses contrées aupa-
ravant peu visitées par les Euro-
péens. La géographie y a beaucoup
gagné pour ce qui concerne l'empire
de Maroc et le Hcdjaz ou la terre
sainte des rausulmans en Arabie.
Badia s'abstient de détails sur les
pays déjà décrits, et se borne a des
BAI)
Al
remarques générales qui sont toujours
inslruclives. Voyageant en homme
riche , il était suivi d'un grand train
et de nombreux serviteurs, il fréquen-
tait les personnages les plus considé-
rables j il a donc pu acquérir sur
divers points des renseignements au-
thentiques, mais en même temps il a
dii être d'une réserve extrême sur
tout ce qui aurait tendu a faire con-
cevoir des soupçons sur son compte.
Il n'a donc pu , dans quelques con-
trées , converser avec des hommes
qui, répondant a des questions mul-
tipliées , lui auraient fourni des no-
tions sur divers points qu'il a été
obligé de négliger. C'est par ce mo-
tif qu'il est très-succinct sur les mœurs
des Arabes (5). Burckhardt, qui est
allé après lui en Arabie , dit que
son plan de la mosquée de la Mek-
(3) On a pensé qu'Ali - Bey était employé
comme espion par Bonaparte et le prince de
la Paix. Boclwdich assure que c'était dès-lor«
une opinion généralement répandue, et il a-
joutc : o Ou dit qu'il avait reçu beaucoup
d'argent comptant par la voie de Mogador; et les
Européens demeurant alors dans le pays assu-
rent que les ministres et les grands de Ma-
roc furent assez adroits pour se prêter à toutes
les peliles circonstances qui, aidant à confir;ner
toutes les idées présomptueuses d' Ali-Bey, le por-
tèrent à croire que ses largesses lui avaient pro-
curé un crédit supérieur à celui de toute autre
personne. On dit .néme que les ministres aidèrent
à entretenir ces illusions, en sollicitant fréquem-
ment son intervention en leur faveur auprès de
l'empereur , comme étant le seul qui eut une
influence décidée sur ce monarque. Mais dès
que les fonds qu'il prodiguait furent épuisés,
il fut si précipitamment el si à propos pour lui
expulsé du pays, qu'an nouvel ordre de se défaire
secrètement de lui, pour empêcher qu'il ne révé-
lât plus que ce qu'ils supposaient qu'il avait ap-
pris , n'arriva pas assez tôt pour être exécuté.
Eadia avouait, ou plutôt se vantait devant ses
connaissances à Paris, que son dessein autorisé
était d'effectuer une révolution dans l'empire de
Maroc à l'avantage de l'Espagne; et qu'il avait
amené toutes les circonstances preliniinuircs à un
degré de maturité qui avait sur[)ashé son attente.
La crise, disait-il, aurait eu lieu sans la pusil-
lanimité du gouverneuicnt espagnol qui ne lui
permit pas de frapper le coup. Mais Badia était
un gascon en politique. » — H conserva des re-
lations avec Maroc , uiéiiie avec l'empereur : les
dernières lettres qu'il rceut sont de i8u; elles
ne lui parvinrent qu'en i8i5. il avait laissé à
Maroc un iih musulman nommé Othman-Bey,
n« en j8o^.
4a
BAD
ke est parfaiteraeut exact , mais qu**!!
n'en est pas de même de celui de la
ville et de ses différentes vues du
Hedjaz. Du reste, les deux voyageurs
sont d'accord sur les faits principaux.
Quelques écrivains se sont trompés en
disant que Badia était le premier
chrétien qui fût allé dans le Hedjaz, où
les seuls musulmans peuvent pénétrer
{f^. Vartomaîsus, XLVIl, 557).
La position dans laquelle se trouvait
Badia doit faire excuser ses inexac-
titudes. Combien de fois n'a-t-il pas
été obligé de sacrifier a sa sûreté le
désir qui le portait a examiner et a
recueillir des objets curieux. Ses re-
marques annoncent de la rectitude
dans le jugement, de la perspicacité,
de la bonne foi et de rin^lruclionj
8es observations astronomiques sont
précieuses. Sonlivre parvint en Egyp-
te l'année même de sa publication j
Mobammed-Aly et les oulémas du
Caire furent piqués d avoir été les
dupes d'un chrétien qui avait feint
de professer leur religion. Ce-
Iiendant Badia , dans toute sa re-
alion, ne trahit nullement son secret,
il commence par une invocation a
Dieu, suivant l'usage des musulmans;
elle est eu caractères arabes et suivie
d'une version française. Il parle
constamment en sectateur de l'isla-
niismc, et l'on ne peut s'empêther de
sourire de sa persévérance a soutenir
ce rôle. D'après la dédicace adressée
au roi de Hrance et signée B..., édi-
teur , ou est tonde a croire (jue
IjOuIs XVIU contribua par sa muni-
ficence a la publicalion de cet ou-
vrage , (jui tiendra toujours un rang
rciiiai(juable parmi cj'ux de ce genre.
On le lit avec plaisir; el la position
bingiilière dans la(|uelle l auteur s'é-
lail placé donne a ses récits un vit
inlcrèl. L'avis de l'éditeur, (jui pré-
cède le premier volume, annonce que
BAD
la partie historique descriptive des
voyages d'Ali-Bey sera suivie le plus
tôt possible de la partie scientifi-
que j qui contiendra des discusiions
sur l'astronoiiiie , la botanique, la
géologie et l'histoire , avec des ta-
bles et des gravures en tout genre ,
et qu'on y joindra les analyses des
ouvrages de quelques vovageurs qui
ont précédé ou suivi Ali-Bev dans les
contrées qu'il a visitées ; mais cette
promesse n'a pas été remplie. E — s.
BADO\VlLLE(PiERRE).aide-
de-carap de Pic) egru, naquit a Pres-
sy-le-Sec en Bourgogne, vers 1760,
de parents obscurs , reçut peu d'édu-
cation, el s'engagea dans un régiment
de cavalerie quelques années avant la
guerre de la révolution. A celte épo-
que il se distingua par son courage ,
et obtint un avancement rapide. 11
était chef d'escadron dans le S'' ré-
giment de hussards, lorscjue Plchegru
eu fit son aide-de-camp et lui donna
toute sa confiance. Badonville méri-
tait cette confiance par sa discrétion
et par son inviolable attachement au
général en chef, qui le chargea, en
1795, de îes commissions auprès du
prince de Condé, et lui communiqua
ses plus importants secrets [koy.
PiCHECRU, XXXIV, 277). Lorsque
les papiers de ce général lurent livrés
au directoire, en 1797, Badonville
s'y trouva gravement compromis, et
la police crul le reconnaître sous U
nom de Coco inscrit dans plusieurs
de ces corresj)ondances. Il tut arrête
à Tépoque du l'a iructiilor (septem-
bre 1797)» cl long-temps détenu
dans la priscMi du Temple, uiî il eol
èi subir priul.int près de trois ans de
nombr.Mix interrogatoires. Inébran-
lable ilans son dévouement, il répon-
dit toujours a\ec une leimelé el une
adresse dont on ne le croyait pas
capable j el le gouvcrnemeal lut ii U
R\I)
BAK
4Î
fin obligé tic le incllic on jiip;ciTicnl dcmmcnl dcinourir dans l'exercice do
dcva il U'i con.siMlde guerre, (jiil l'ac- son miuislèrc Ses vœux furent exaii-
qullla faulc le [ircuves conlrc lui. ces par une bien trisie calastrophe le
Ce verdicl d absolution fut prononcé 6 septembre 1727: il avait commencé
a Strasbourg dans le mois de janvier a doiuicr une retraite dans la maison
1800, environ cb'ux mois après que des filles du Hon-Pasleur a Toulou-
le 'général Bonaparte se fut emparé se, située sur les bords de laGaronne,
du'pouNuir. Mdis Badonville ne put lorstpie. le scplième jour, une inon-
recouvnr sou j;rade,ct ce ne fut dalionexlraordinairegagnarinlérieur
qu'en 180 5 qu'il obtint d'être cm- du couvent • le P. Badou se trouva en-
pbné comme chef d'escadron. Dès fermé avec les religieuses, il se re-
l'anncesuivante,avantappris l'arrivée trancha dans la partie de la maison
de Pithegru daus la capitale , il se qu'il présumait être la plus solide, et
Làla 9% s'y rendre. Surveillé par continua le cours de ses exhortations;
la police, ainsi qu'il n'avait pas cessé mais les eaux grossissant renversèrent
de Tètre, il fut arrêté de nouveau, le bâtiment, et engloutirent le saint
mais on ne trouva jamais de preuves prêtre avec cinquante-deux relîgieu-
qui pussent établir ses rapports avec ses. Quelques-unes, accablées sous
son ancien général. On le retint néan- les décombres, ne périrent pas sur-
moins encore en prison pendant deux le-champ , mais il fut impossible de
ans; et ce n'est qu'eu i8o5 qu'il les dégager. Le P. Badou lui-même,
lui fut permis de se retirer dans son enseveli au milieu des ruines , vécut
département, sous la surveillance de encore quatorze heures; et, par uu
la police. Il resta sans fortune et effort de zèle et de courage digne des
sans emploi. Ou a dit que le roi premiers martyrs, il ne cessa d'exhor-
Louis XVIII l'avait nommé ma- ter a la mort celles des sœurs qui
réchal-de-camp, et lui avait accordé pouvaient encore l'entendre. La re-
une pension et la croix de St-Louis; lalion de cet affreux désastre a été
mais il n'a joui d'aucun de ces avan- publiée a Paris, Delespine, 1727,
tages. Le malheureux avait succombé in-4.° de i5 pages. Ou a du P. Ba-
depuis long-tem,)s lorsque ce prince don un livre intitulé : Exercices
monta i>ur le trône, en 1814.. spirituels, avec un catéchisme et
M — D j. des cantiques pour aider les peu-
BADOU (Jean-Baptiste), pré- pies à profiter des missions :, Tou-
tre de la congrégation delà doctrine louse, 1716, iii-12. Z.
chrétienne, naquit a Toulouse vers BAECKouBECK(Jean-Geor-
la fin du dix-septième siècle, et fut ge) , graveur allemand^ était né vers
l'un des plus saints missionnaires de 1675, a Augsbourg. Christ nous
son temps. Les travaux apostoliques apprend qu'il marquait ses estampes
aux(|ucls il se livra pendant vingt-iuiit des initiales J. B. , ou simplement
ans avec un zèle infatigable produi- d'un B. [f^oy. le Dict. des rnono^
sirent les fruits les plus abondants. Il grammes , 47 , i65;. Huher ne fait
parcourut tous les diocèses du Lan- aucune mention de cet artiste dans son
guedoc où les évê<jues, pleins de vé- Manuel des curieux. L'abbé Bave-
nération pour ses vei lu^- et pour s<;'s la- rel , dans ses ISotices sur les gra-
lents, s'empressaient de l'appeler. On veurs, 1, 3o, lui a do.iné un article
assure que le P. Badou désirait ar- qui laisse beaucoup à désirer. On peut
44 BiL£ BAE
conjecturer que Baëck apprit les progrès si rapides qu'en peu de temps
cléments de son art dans sa ville natale il fut regardé comme le plus fort
où la gravure était alors très-floriisan- qu'il y eût en France sur cet in-
te. Il visita depuis les diverses capi- siruraent. Naturellement inconstant,
taies de l'Allemagne pour perfection- il parcourut successivement la Hol-
ner son talent ou pour chercher h lande , l'Angleterre et l'Allemagne ,
l'employer. On juge par le nombre et partout il se fit admirer par la
d'estampes dont son OEuvrc se com- justesse et la facilité de son jeu. Il se
pose qu'il était a la fuis très-laborieux fixa enfin en Russie où il mourut
et fort occupé. Il a gravé, d'après les dans les premières années de ce siè-
peintres allemands, des sujets d'his- cle. Il jouait aussi du violon avec une
toire ou des paysages. On lui doit grande supériorité. On a de lui une
aussi la reproduction de quelques ta- ariette pour la clarinette avec sept
bleaux du Poussin. Il réussissait variations , et plusieurs sonatfl. Z.
particulièrement dans le portrait. BAEj\TSCH(Louis-Gustave),
Baverel en cite plusieurs de ce mai- conseiller de la régence ducale à Coe-
tre, parmi lesquels on distingue ceux then, naquit le 4^ janvier 1774 a
de Louis XIV ^ et du roi de Suède Guslen, où son père était officier de
Gustave- Adolphe. Baëck était, en justice. Après avoir commencé ses
J725, dans la force de 1 âge et du études dans sa ville natale, il fut en-
talent, puisqu'il n'avait guère que voyé a l'école de Bernbourg pour les
cinquante ans. Mais on ne connaît acnever. En 1792 lise rendit a l'u-
aucun ouvrage de lui postérieur a niversité de Halle afin d'étudier la
celte date ; et tout fait présumer que jurisprudence etde terminer son cours
sa mort fut prématurée. \V — s. académique. De retour dans la mai-
ItAËIIli. (Jean) , célèbre com- son paternelle, il fut attaché au cabi-
positeur et maître de concerts du duc net de la régence ducale (1795), et
de Weissenfels, naquit en 1662 et s'y livra tout entier aux affaires de
mourut eu 1700. Il a laissé plu- l'état. En i8o4,il fut nommé secré-
«ieurs ouvrages remarcjuablcs , entre taire titulaire de la chancellerie et
autres :I. Bellummusicum ^ ^l^^y en même temps secrétaire de la té-
\n-i^,\\. Discours sur la musique, gcnce et du consistoire. En 181 1 ,
17 19. III. Le très-honorahle iUe- sous la domiuallon française, il rem-
nestricr. Ces deux derniers sont en plit les fonctions de juge-de-paix
allemand. — I^akhr (Joseph) , le près la cour de justice et la cour
plus grand virtuose sur la clarine! te criminelle , et devint président du
que l'on ait connu dans le dernier siè- consistoire et membre de la direc-
cle , naquit a (îrunwald dans la Bo- tion de l'inslruclion. Enfin en 1819
bèrae , en 1746. 11 servit d abord il eut Thonneurd accompagner le duc
comme trompette dans les troupes Frédéric (rAnhall-Coetlicn au con-
aulricliienncs, puis dans celles de grès de Vienne, d'où il ne revint qu'en
France, où il lit les campagnes de 1820 , pour reprendre ses lonctiuns
la guerre de Sept ans en Allemagne, «ju'il rem|)lil jus(|u*a sa mort, arrivée
Etant venu a Paris il entra dans les le 2.1 août i85o. Baentscli était nu
gardes-dn corps, ég.ilemenlen(|ualilé deslionunes les plus éclairés de l'Ai-
de Irompelle. (le lut se\ilenienl alors ]eni.i};ne. il est auteur de très-bons
qu'il apprit U clarinette. II y lit dv.i articles insérés daus divers journaux.
On ,1 trouve dans .srs panirrs un re-
cueil (le poésies incdiles (lestiiicàclre
imprimé. /'•
\\\ E II (Cm \nLKS - Frldlric ) ,
llicologieii proLcsIaiil ( i ) > "*^ *'"
1 7 I 9, a Strasbourg , acheva ses élu-
des avec succès au gyuuiase de celle
ville, et lut bieutùl pourvu d'une
chaire a l'université (2). S'étant fait
connaître par son talent pour la pré-
dication, il obtint le titre d'aumônier
du roi de Suède, et remplit, pendant
plusieurs années les fondions de cha-
pelain et de secrétaire de la légation
suédoise a Paris. Il prononça, dans l'o-
ratoire de l'ambassadeur , en 1 7 5 i ,
\'Oniiso/i funèbre du maréchal de
Saxe, qui eut plusieurs éditions (5),
honneur qu'obtiennent assez rarement
les discours d'apparat, et qu'il tradui-
sit lui-même en allemand. Baër fut,
en 1759, nommé correspondant de
l'académie des sciences. Il fit peu de
temps après un voyage a Stockholm-
mais, le climat de la Suède étant
contraire a sa santé, il revint aParis
cil il mononcàV Oraisonju/iêbre de
Louis XV en 1774. H se retira dans
sa patrie vers 1784 avec le titre
d'aumônier honoraire du roi de
Suède, et mourut le 2 3 avril 1797.
Il joignait a beaucoup d'instruction
une grande modestie. Il était mem-
bre des académies de Stockholm, de
Goetlingue et d'Augsbourg (4.). Ou-
(i) Barbier donne à Bacr le litre A'aùôé q\i'i[
n'a jamais eu, et qui pourrait faire croire qu'il
était catholique. Voy. Examen criliq., p. 70. La
nouveUc édition de Fellcr, tom. 2, p. 384, re-
produit la même erreur.
(2 M. Ucrmau ne fait aucune mention de Baër
dans la liste qu'il a donnée des professeurs de
l'université, tom. II, p. 2g3-Joi des A'^oiices sur
Strasbourg. Cependant Bacr joignait ce titre à
tous ceux qu'il prenait h la tête de ses ouvrages.
(3'i L'Oraison funèbre du maréchal de Saxe fut
imprimée ;i Paris, i7Ji, in-4' ; ou la retrouve à
la suite de V Histoire de ce prince, par Neel ,
Mittaw (Paris), 1762. La troduciion allemande
est de 1751, in 8°.
(4) On trouve, dit Barbier, («lusieurs mémoi-
res de Bacr dans la collection de l'acackmie des
BAJE
45
tre les discours dont on a parlé, ses ou-
vrages i^vi\\\:\.Lellrcsiir l'origine de
V imprime vie, servant de réponse aux
observations de Fournier jeune sur
les Vindiciie typo^raphicœ de
Schoepflin , Paris, 1761, in-8°.
Fournier répondit victorieusement
( Voj, Fourni i:r , XV , 385). lï.
Essai historique et critique sur les
Atlatitiques ^ ibid. , 1762, in-8°.
Dans cet ouvrage , suivant Barbier ,
l'auteur veut prouver qu'il existe des
rapports sensibles et frappants entre
les Juifs de Moïse et les Atlantidesde
Platon, m. Dissertation philolo-
gique et critique sur le vœu de
Jeplitéy ibid., i765,in-8**. Son but
est de prouver que Jephlé ne sacrifia
f)oint sa fille, mais qu'il se contenta de
a consacrer au Seigneur. Cette opi-
nion fut réfutée par Rondet ( Voy.
ce nom, XXXVIII, 55i ) , qui fit
paraître sa réponse dans le Journal
de Trévoux j et l'inséra depuis dans
la 2^ édition de la Bible dite d'Avi-
gnon, 1768, III, 690. IV. Ser~
mon sur les devoirs des sujets en-
vers leur souverain^ Genève et
Paris, 1775, in-4-". L'auteur, qui
l'avait composé en allemand , le tra-
duisit en français. V. Recueil de
cantiques (en allemand), Strasbourg,
1777, in-8". Baër a traduit du sué-
dois : Recherches sur les maladies
épizootiques y Paris, 1776, in-8° ;
un 3Iémoire sur la plantation et
la culture des orties , tiré du Re-
cueil de l'académie de Stockholm, et
publié dans les Nouvelles Ephémé-
rides économiques, 1776 j dans
\ Esprit des journaux , juin même
année . Il a traduit de l'allemand, l'^'^-
inscriptions et belles-lettres ( £jam««, p. 70).
C'est une erreur qu'on n'aurait pas relevée, si
elle n'avait déjà passé dans la France littéraire
de M. Quérard. Le recueil de l'académie des
sciences ne contient pas non pins un îeul mé-
moire de Baèr.
46
BAE
sai de Meyer sur les apparitions ,
inséré par LeDglfl-Dufrtsnoy dans
son Recueil de dis.serlations , II ,
277-336, et loiivrage de Jéiusa-
lera {^V . ce nom, XXI, 648) .sur les
Vérités de la religion : mais celte
traduction est restée inédile. W — s.
BAERLE ( Melchior Van ) ,
ré a Anvers , fils de Lambert , ar
chiviste de cette ville, eut pour
frère aîné Gaspar qui succéda à son
père dans ses fooclions et n'a jamais
rien écrit ; il ne faut donc pas, avec
Valère André , déjà corrigé par
Bayle , et pourtant suivi par Fop-
pens,Moréri et Sax, faire Melchior
frère du poêle Gaspar Van Batrle
[V. ce nom, III, 206); il était son
oncle. En etlet ce poêle était fils
du frère aîné de Melchior. Celui-ci
eut le bonheur d'étudier sous des
maîtres habiles, et profita si bien de
leurs leçons qu'il parvint a com-
poser avec facilité en prose et en
vers. On a de lui : I. Jirabantia
dos libri V ^ carminé heroïco^ et
Antuerpiœ Kncomium , Anvers ,
1062, in- 8°, II. T)e Diis genlium,
lib. II, versu elegiaco, ibid. ,1 662,
in-8°. III. Bucolica et raptus
Ganymedis, il)id . , i 5 7 2 , et dans les
Deliciœpoet. belg.^ P. I, pp. 212-
229 , où l'on trouve aussi Péglogue
de Galatée qui vajuscju'à lap. 2^0.
IV. Oratio de vitœ Immanu' feli-
citatef avec un poème de rerum lui'
manarum vicissitudine (td Gaspn-
runi JiarLrurn frulrvm ^ ibul. ,
Plantin, i.'î66,' in -8". V. Ih-
nnseriis vittv humniiiv , i.'S6r). VI.
Corvinus, dans von oraison Jnnèbre
de Ga.spar iîaerle , le poèlr , lait
iiienlion d'un antre ()|)ii.scnle iiiiilnlé *
tlisloria de dornus . lusttinciv
enuneidia. VII. Gaspar Gevarlius
avait en maïuiscrit d.ins sa bibliolhè-
(|ue : Tnijcvlum c api uni ad N ico-
BAE
laum Schetum Gaspar is Jilium.
La devise de Melchior était Rara
juvant. Le frère aîné de Mtlchior
se relira en Htllande où il eut en-
core pour fils Lambert Van Baerle,
qui devint professeur de langue grec-
que a l'université de Leyde. Le se-
cond frère de Melchior, appelé Jac-
ques , lut d'abord professeur de se-
conde a l'école latine de Lejde ,
ensuite directeur de celle de La
Brille. Coupé, Soirées littéraires^
t. XIII, pp. 270-280, s'est occupé
de Melchior, dont parle également
Hoevfft, Parnassus Latiuo-Belgi-
cus , pp. 47-48. R — F — G.
BAERT (François), en latin
BaertutSj naquit, en i65i, àlpres,
où sa mère , qui habitait Bailleul ,
s'était réfugiée pendant sa grossesse,
pour échapper aux soldats dont toute
la Flandre était alors inondée. Elle
y donna le jour a deux jumeaux ,
dont François fut le seul qui vé-
cut. Ayant terminé ses premières
études , il demanda k entrer chez
les jésuites et l'obtint. Il fit son no-
viciat h Malines , acheva sa philoso-
phie a Anvers , et pendant six ans
professa les humanités k Bruges
et ailleurs. Il c;)nsacra ensuite
trois années a la théologie , soutint
des thèses sur toutes les parties de
cette science et reçut la prèlrise en
1680. L'année suivante ses supé-
rieurs le rappelèrent h Anvers pour
aider le 1*. Papebrocii (/ or . ce nom,
XXXII, 5 16), qui était lorl occupé de
la rédaction des Âcla Samtorum,
ouvraîTC colossal non moins utile k
rarthéologie , a la diplomallque , k
l'histoire civile et littéraire , qu'a
celle de l'I'-gUse, el aucpiel iiclb-
nitz , tout |)r(>testanl ipi'il était , a
renilu ui\ si éclalanl lemoignage;
()u\rage (jiil lonticnl même k lui
«cul les annales d'une partie du
B\K BAE i^ij
niovcn ^£i;e, cl le laMt'au de la ^60- S. Paul rt de S . Colman; !c 9 ,
<;raplMO cl drs mœurs de C{'& sitVlrs ceux da S . Colombe et de son
liai haies. Papcliioch charj^ra Haerl successeur S. Bail/iène ; le li ,
d'aller avec Conrad Jaiinin}^ pre- ceux de S. liosile-le-Grand. Dans
senler le loinc seplièiiie du mois de le lome 3 de juin, le ly, ceux de S.
mai a lAIaximilieii-lIenri , archevê • Huvin et de S. Mnlin^. Dans le
que-électeur de Cologne, ii qui il a lome /^ de juin, le 21, ceux de S.
élé dédie. Ces deux jésuilcs profilé- Majnn; le 22^de S. JJusèhe; le 23,
reni de l'occasion pourvisiler cer- des SS. Zenon et Zène. Tout ce
laines bibliothèques de l'Allemagne, qu'il écrivit sur les saints de l'Ir-
dans les({uelles Papebrocli lui-mê- lande et de l'Ecosse prouve qu'il était
me n'avait pas pénétré. Baert , en très-versé dans la connaissance de leur
particulier, s'acquitta si bien de pays. En général il montre beaucoup
cette recherche, qu'il recueillit ua de critique en cette matière, corrio^e
grand nombre de monuments impor- les anachronismes, sépare très-bien
tants dont %^2> collaborateurs ont fait les pièces authentiques des pièces sup-
un utile usage. Ayant poussé jusqu'en posées, et explique parfaitement le
Bohème, ils s'arrêtèrent quelque schisme qui divisait les Ecossais rela-
temps à Prague , où on leur fit don tivemenl a la célébration de la Pàque,
d'un ancien martyrologe , appelé ainsi qu'une foule de difficultés con-
le Danois dans la Revue d'U- cernant ce peuple , tant ancien que
suard. Accueillis ensuite à Vienne moderne. C'est à ses soins aussi que
avec distinction par l'empereur Léo- Ton doit plusieurs tables des matiè-
pold, ils fouillèrent assidûment dans res, travail modeste, mais pénible,
la bibliothèque impériale et réuni- et dont les personnes studieuses ap-
rent quantité à'actes en grec et en précient seules toute rimporlance.
latin. Pendant ce voyage qui dura Le 1 2 janvier 17 16, atteint d'apo-
environ huit mois , Baert prêta son plexie, il fut rapporté sans force dans
attention non-seulement a ce qui pou- son cabinetj il re>ta dans cet état eu-
vail concerner les vies des saints , viron quatre ans , jusqu'à ce que ,
mais a tout ce qui tenait à la situa- ayant subi inutilement l'amputation
lion des villes, aux coutumesdespeu- du pied droit où s'était mise la
pies, a l'architecture desédifices re- gangrène , i! mourut le 27 octobre
ligieux,etc. Il eut plus lardladirec- 1719, dans la maison-professe des
lion temporaire des Acta Sancto- jésuites h Anvers. Guill. Cuperus ou
rum, et les savants agiographes, en Cuypers a inséré son éloge au tome
louant son zèle et sou habileté, 1ère- 2 de juillet; et c'est de la que nous
mercient de leur avoir épargné les avons extrait la notice qu'on vient de
arides détails de la correction des é- lire. Au-dessous de son portrait on
preuves, de la correspondance et de a gravé ce distique:
l'administration. Baert a rédigé entre Mille intcrquo curas jnomovit Baertius Acta :
autres, dans le tome i*'" de juin, les, ^^^"^ "°" scripiurus, si licuisset, crat?
la vie de S . Adalgise, qu'il rédui- ^ — F — G.
sit aux règles de la chronologie , et BAERT (Philippe), bihliothé-
celledeS. Evemyrène ; le 4, les caire du marquis de Chasteler (^. ce
actes de sainte Ninoque. Dans le nom, au Supi3.), s'occupait par pré-
tome 1 1 de juin , le 7, les actes de dileclion de l'étude de l'héraldique ,
^8 BAE BAE
laquelle, ainsi que nous Tavons dit des cultes elderaanda,enconséquence
à l'article d'Azevedo [Voy. ce nom, de ce principe , que les actes de nais-
LVI, 621), absorbait alors en par- sance et de décès fussent tenus par
tie la littérature beige. C'est de lui des officiers civils. Cependant il sie-
nne sont le Supplément au nohi- geait au côté droit , c'est-a-dire avec
liaire des Pays-bas et de Bour- les plus modérés j et, lorsqu'il vit la
so^ne, 2* éd. , Louvain , 1772 , majorité se jeter ouvertement dans
in-12: et le f^rai supplément aux des voies de révolution et d'anarchie,
deux volumes de ce nobiliaire^ il fit tous ses efforts pour l'en empé-
ibid., I y 7 4., in- 12. Mais l'un et l'au- cher. Le 20 avril 1792 il fut un des
tre ont été corrigés par le comte de sept qui, s'apercevant du piège dans
Cuypers, autre généalogiste. Ferd.- lequel on voulait en traîner Louis XYI,
Jos. de Holleber, major desinvalides, s'opposèrenthla déclaration de guerre
a donné une nouvelle édition du contre l'empereur d'Allemagne. Baert
deuxième, corrigée et augmentée de travaillait dans le même temps a la
plus d'un quart , sous le titre de rédaction d'un journal intitulé 1'//?-
I^ouveau vrai supplément , etc. , dicateur^ où il s'efforçait de cora-
La Haye, 1774., in-12. Au tome i**^, battre les opinions exagérées. Se
paee 216, des Acta Sanctorum trouvant auprès du roi le 20 juin
Belgii, on cite un ouvrage manus- 1792, lorsque la populace envahit
crit de P. Baert : De Comitibus le château , il cherchait a le rassu-
Bruxellensibus. On a encore de rer en lui disant que l'assemblée le
Philippe Baert: Essai historique et soutiendrait. — « Oui, répondit le
critique sur une ancienne ville et « monarquej maisvous qui avez beau-
forteresse saxone nommée Sigis- « coup voyagé, que croyez-vous que
bures, située dans le comté de « l'on dira de nous chez l'étranger? »
la Marck, laquelle fut détruite au Lorsque la révolution du i 0 août
treizième siècle, 1^03^ m-Z'^. 1792 eut complété le rcnverse-
R — F — G. ment de la monarchie, Baert ne se
BAERT (le baron Alexandre- crut plus en sûreté dans la capitale ;
BALTiiAZARD-FRANÇOis-dc-Paulede) il se rendit d'abord dans sa patrie ,
naquit vers 17603 Dunkcrquc, dans puis aux Etats-Unis d'Amérique, qu'il
une famille opulente, et se livra dès sa parcourut en observateur. Ce fut la
jeunesse a de longs voyages, d'à- qu'il acheva son grand ouvrage sur
bord en Uussie , particulièrement sur l'Angleterre et ses colonies. Il revint
les rives de la mer Caspienne , puis en France peu de temps après le 9
en An<Miterre, où il séjourna long- thermidor, et s'y occupa de la rédac-
tcmps et (Hi'il parcourut dans tous les lion des documents recueillis dans
sens. De la il possa en Espagne; et ses courses pénibles, et qu'il pu-
ilselrouvait hCihrallaren i789.Re- blia successivement , savoir : I /)/<•-
venu, vers cette époque, dans sa pa- moires historiques et géograplii-
trie, il crut ainsi (pie beaucoup d hou- ques sur les pays situés entre la
uètes "ens aux bienfaits de la révolu- mer Noire et la mer Caspienne ,
lion, et lut élu en 1791 député du dé- Taris, 1799, un volume in-4", qui
partemenldu Pas-de-Calais a l'assem- parut sous le voile de l'anonyme , et
blée législative, où il parla le 2 i ocio- dans leipiel se trouve \' extrait d'un
bre en faveur de la liberté illimilce voyage entrepris en 1784 dans
la partie fie ï<i Ri/ssie qui avoisinc
la mer Ciispicniw. II. lUblcnu <lc
la grande Brcta^nc^ de V Irlande
et des possessions ti/if^laises dans
les quatre parties du monde ^ /^ vol.
iii-8'' , avec lig. cl cartes, Paris ,
1 8 1)0. Cet ouvrage passe encore pour
un (les niellleurs qui aient été pu-
bliés sur Irnipire hrilanniijuej il con-
tient (les observations et des détails
j)récieux sur les mœurs et les in-
stitutions (le ce pays 5 et les An-
glais, si difficiles sous ce rapport, onl
cependant rendu justice a, Tauleur.
L'empereur Napoléon le consultait
toutes les fois qu'il avait besoin de
quelcpics notions exactes sur l'Angle-
terre. Baert avait épousé mademoi-
selle de Montboissier, petite-fille de
Malesherbes. Devenu l'un des princi-
paux habitants du Loiret , il fut nommé
eni8i5 par ce département mem-
bre de la chambre des députés.
Voulant assurer son élection, il avait
fait imprimer une circulaire sous
ce titre : A messieurs les élec-
teurs du département du Loiret.
Fidèle a so:i caractère de sairesse et
de modération , il crut voir de l'exa-
gération dans le système de la majo-
rité de celle chambre, et vota con-
stamment avec la minorité jusqu'à
l'ordonnance du 5 septembre 1816
qui en prononça la dissolution. Ce-
pendant il ne fut point réélu et con-
tinua d'habiter la capitale , où il est
mortle2 3mars 1826. On lui attri-
bue une brochure anonyme publiée
sous ce litre : Le Consommateur ,
in-8°, Paris, 1802. M — d j.
BAEZA (Diego de ) , célèbre
théologien et prédicateur espagnol ,
ii(; en 1682, il Ponferrada, dans la
Galice, embrassa la règle de saint
Ignace , h l'àgc de dix-huit ans, et
professa d'abord la philosophie dans
divers collèges; mais, sç% talents pour
BAG
49
la chaire l'ayant bientôt fait connaî-
tre, il quitta l'enseignement pour se
livrer a la prédication. Les succès
qu'il obtint dans cette carrière le
])lacèrenl au rang des premiers pré-
dicateurs de l'Espagne. Cependant ,
sessermons, dépouillés du charme que
leur imprimait sans doute un débit
animé , n'offrent guère que des
lieux communs, et ne sont nulle-
ment propres a justifier la réputation
dont il a joui, l^e P. Baeza mourut
h Valladolid , en 164^7. Outre ses re-
cueils de sermo7is\Vi-i^, on a de lui :
Commentarii morales in historiam
evaîigelicam. Ces paraphrases de
l'ancien et du nouveau testament ont
été imprimées successivemenlà Paris
et a Lyon, in-fol., en onze tomes ,
dont on trouve les titres dans la Bi-
blioth. Soc. fesu, 169. W — s.
BAGARD ( CÉSAR ) , sculpteur
habile , connu des artistes français
fious le nom de Grand César, na-
quit a Nancy , le 27 mars 1639.
Disciple de Jaquin qui travailla long-
temps a Paris , Bagard y suivii son
maître et exécuta, entre autres ou-
vrages, deux figures allégoriques re-
présentant la Force et la V ertu ^
qui furent placées sur l'arc-de-lriom-
phe dressé en 1669 pour le mariage
de Louis XIV. Ilrevint ensuite en Lor-
raine, où il demeura jusqu'à l'époque
de sa mort, arrivée a Nancy en 1 7 09 .
On connaît de lui: i" un buste de
Louis XIV qui ornait l'ancienne
porte royale de Nancy, construite par
ce monarque en 1673; ^'^\^ tombeau
de Jean Kousselot, dans la paroisse
S. Epvre de Nancy, représentant Jé-
sus-Christ a table avec les disciples
d'Emma'is; 3" deux génies ailés
filacés aux Minimes de Nancy , sur
e tombeau de Georges-Affricain de
Bassompierre ; 4" deux «tatues co-
lossales, l'une de mainte Thérèse,
IVII.
5o BAG BaG
l'autTL' de S. Jean de la Croix ^ ohservalions {K, Examen critique,
aux Carmes de ISancy; 5° dans la 70), vivait au iS*" siècle. Fabriciiis
même é'^lise,une Vierge en marbre {Bihl, niecl. et infim. latinit.) dit
soutenue par des anges, surmontant qu'il était Français; mais !e P. Sarti
l'aulcl Notre-Dame du Mont-Car- {de professorib. Bonoiiiens., 107)
rnel^ 6° le devant d'autel de cette s'efforce de prouver qu'il était de Eo-
chapelle sculpté en bois et représen- lognc. Les raisons cpi'il allègue a
lant la nativité de Jésus-Christ ; l'appui de sou opinion ne sont rieu
7" le tombeau de Porcelets de moins que concluantes suivant Tira-
Maillanc, a l'église du collège de boschi [Storia délia letterat. ital.,
ISancy; 8" un CAm/, vrai chef-d'œu- IV, 276). Quoi qu'il en soit, Ba-
\Te de l'art, élevé sous l'arcade du garotto vint fort jeune a Bologne
cbœur de l'église S. Sébastien de attiré sans doute par la célébrité
Nancy; 9" quatre statues colossales d'Azon ( F. ce nom , III , 1^8 ) et
au noviciat des Jésuites de IXancy ; des autresjurisconsultesqui rendaient
jo° une ^/crg-p au-dessus de la porte alors l'école de droit de Bologne
d'entrée du couvent des religieuses la première du monde. Il en soutint
de Sainte-ElisabelhdeNancy; ii^un la réputation par ses talents, et fut
CA/«^ de petite dimension ; 12° les revêtu de différents emplois honora-
apôtres iS". Pierre et S. Paul, en blés qu'il remplit avec autant de pru-
pied , mais de petite dimension ; deuce que d'habileté. Les r<?gistres
j3° Hercule enjant j i4°uncrM- et les diplômes de Bologne font men-
cijix ; i5" une sainte -famille ; tion de iiagarotto depuis l'an 1200
j6° une Vierge en bois de Sainte- jusqu'eu i^k^\ cl l'on conjecture
Lucie; 17° une sia/MÊ" <:/e «5". P/e/vr, avec assez de vraisemblance qu'il
dans le cloître ^^^ Cordellers de termina sa laborieuse carlère cetlr
^<7ucv; I 8" un iirc^' yiiowo (le grau- même année, dans un âge avancé,
deur naturelle , dans une chapelle , On a de lui deux opuscules: l'un De
près Sauxure-lès-]\ancy ; 19" plu- dilatori'sexceptio/iiùus,mscrc(\a.ni
iieurs ouvrages de sculpture d un le tome 5 des Tractatus tracla-
iini admirable décoraient aussi la luu/n j'uris ; v\.Va.ntrv , De testium
chartreuse de Bosserville; mais la rcjyrobalionc, dans le tome /^ il u
révolution a fait disparaître presque même recueil. Quelques auteurs lui
toutes les compositions de César Ba- attribuent encore un traité : Deca-
gard. — Le génie de ce sculpteur lui a villationibus, imprimé sous le nom
survécu dans la personne de sou iils de J>ouacurse. l'aucirole parle avec
{Toussaint), uiort jeune a Nancy en éloge de BagaroUo dans son ouvrage
1712, et dans celle de Jai^b-Sigis- De cluris j uris i/UiT/firt., llv. II,
})erl Adam, son élève. Les cendres de ch. i;4. ^V'^ — s.
César lîttgard reposaient aux iAlini- ILVGAIUVIS. P'a^» RasCàs,
mes (le tNancy. B — N. XXW H, jof).
JL\^;AI10'I'T() (l)oMiNK>ur.), 1L\(;ETTI (le chevalier Jo-
c'ii I.iliii Jjuiiiirotiis^ jiiri.scousulle (|uc skpu-I'iiiihl), peintre paysagiste, né
^arhier noiisareprochésausbeaucoup a Turin eu i^O.i , fui admis, dès sa
déraison d'avoir omis, et que nous ne preuiirrc icunesse , au conservatoire
donnons guère ici (juc pour lawe \oir de musique de 1 église nu'lropolitaine
i.Ujubieu sont futiles la plupart vie 5i's dirigé par le ccicbrc ubbc Otianij
BAO
lijni5, ne se s(Mil;ml jxiiiit tic goût
j)Our l'clal ccclosiasrKjuc, il s'adoiiii.i
alVliulc (le rartliilcclure, cl s'elant
enlliousiasinc' jiour lo lalrnt du
pcinlre l\ilnncri, il se livraisons
SCS auspices, avec beaucoup de suc-
cès, à la peinture de ra(piarcHe. Il
présenla un de ses t;4>leanx au
roi Viclor-Amédée III, qui le nom-
ma son dessinateur, et l'envoya ,
en I 795, K la suite de l'armée qui oc-
cupait le comté de Nice, et qui bien-
lôt après occupa la place de Toulon.
A son retour, Bagetli fut nommé
professeur topograplie a l'école dii
génie. Lorsque les Français s'em-
parèrent du Piémont, en 1798,11
resta h. Turin , sans prendre du ser-
vice ; mais, enfin pressé par ses amis
Brambilla, Pasqueri et Castellino,
l4 sur les instances du général Du-
pont, il se rendit a Paris eu 1807,
€t j fut bien accueilli par le ministre
Clarkc, qui l'attacha au dépôt de la
guerre avec le grade de capitaine
ingénieur-géographe , spécialement
chargé d'exécuter a l'aquarelle des
tableaux représentant les victoires
des armées françaises. Quelques-uns
furent gravés par ordre de Napo'éonj
mais les événements do 1 8 i 4- en em-
pêchèrent la publication. Dans l'es-
pace de huit ans il acheva plus de
quatre-vingts tableaux, qui se trouvent
dans la galerie de Fontainebleau et au
dépôt de la guerre. 11 existe au mu-
sée royal de Paris une aquarelle de
la plus grande dimension , qui offre
une vue générale de l'Italie , partant
des Alpes jusqu'à Naplcs. Hagetti
déploya toutes les ressources de son
art dans Texécution de ce tableau
qui embrasse une immense étendue
de pays. Obligé de s'écarter des rè-
gles ordinaires de Pontique, il prit
un point de vue très-élevé au-dessus
de la surface de la terre j cl, par
lîAC.
[il
celte h.iriliesse ingénieuse, il repré-
senta, sans niiin; aux premiers j)lans,
les objets les plus éloignés. En 181 i
Bagetli présenta ce tableau a Napo-
léon fjui le décora de la Légion-
d'Ilonncur, et l'envoya à TS'aples
aOn d'exécuter une vue générale de
l'Italie jusqu'aux Alpes pour faire le
pendant du premier tableau. La
guerre de Russie étant survenue, I3a-
getti fut obligé d'y suivre INapoléon,
et le grand tableau resta inachevé
dans son portefeuille. Considéré ,
après la restauration, comme étran-
ger, il éprouva de la part du ministre
de la guerre plusieurs désagréments,
et crut devoir donner sa démis-
sion. Il se rendit en i8i5àTurin,
où le roi lui conféra le grade de ma-
jor d'infanterie , et lui fit changer
l'étoile de la Légion - d'Honneur
contre la croix de Savoie qu'on
venait de créer. Bagetti, pour donner
un essai de son talent, exécuta un
bas-relief qui figurait les Alpes et
tout le Piémont jusqu'aux limites de
la Lombardie. Il composa ensuite
ftlusicurs tableaux de batailles en
'honneur des héros de la Savoie, et
fut décoré de la croix de St-Mauricc
avec une pension. Ayant appris la
musique dans sa jeunesse, Bagetti im-
provisait sur le piano des motifs très-
agréables pour se distraire dans la
maladie a laquelle il succomba eu
mai i83i, a Turin. Une inscription
latine mise sur son tombeau rend
lémoi-rnaîîe de son talent. Baoetti,
qu'on peut nommer le premier des
peintres a l'aquarelle , fut un théo-
ricien distingué , membre de l'aca-
démie royale des beaux-arts de Tu-
rin. Il a publié en iialkn V^naljsff
de VuniLé de l'effet dans la pein-
ture , et de V imitation dans les
beaux-arts, Turin, 1827, in-8°;
ouvrage qui mériterait d'être tra-^
4«
52
BAG
duit. Le roi Charlçs-Albert, juste
appréciateur des arts, afait demander
à la veuve ce qui lui restait des meil-
leures productions de son mari, et il
les a payées généreusement en lui
accordant une pension. G — g — y.
BAGGE (Jacques), amiral
suédois, naquit en i499 dans la pro-
vince de Halland. Sou père avait été
officier supérieur de Christian II j
mais pendant le siège de Stockholm,
en 102 0 , il avait donné sa démis-
sion et prêté serment a Gustave Wasa.
Le fils, qui alors était très-jeune, sui-
vit cet exemple et prit les armes pour
le héros suédois. La carrière du
jeune Bagge s'écoula pendant douze
ans dans l'accomplissement de ses
devoirs, mais sans occasion de se faire
remarquer. Cène fut qu'en lôS^-» a
l'époque où quelques bourgeois de
Liiueck entreprirent de conquérir
les deux royaumes du Nord , que
commença sa célébrité. Il com-
battit d'abord dans l'armée que Gus-
tave P*^ envoya au secours du Dane-
mark, et se distingua surtout au siège
de Ilalmstad (|ui lui dut son salut.
Averti d'une invasion qui se prépa-
rait dans le sud du Halland, il mar-
cha avec 4oo honimes; malsTenuemi
«e retira a son approche jusiju'ii En-
gelholm et sembla vouloir l'attirer
daus un piège. Bagge s'en élait
aperçu et , voyant devant lui des
forces Irès-supéricures parleur nom-
bre, il se tint rcnlermé dans Ilalnislad,
où le comie de lIoe)a, beau-frère de
Gusiave 1", vint l'aisiéger. Ce lut
alors que Bagge eut recours a une
ruse qui lui réussit. Il mit en évi-
dence, sur les remparts, des canons
très-mauvais et tjuc leurs allùls sup-
porlaicnl a peine- et, dès (jue l'en-
nemi, pl( in de coniiance h celle
vue, essaya de monter h Tassant ,
Bagge déployant sa ineilleurc ar-
BAG
lillerie le foudroya du feu le
mieux nourri. Mais il eut le mal-
heur d'être blessé grièvement dans
cette brillante affaire. Ne voulant
pas quitter le commandement dans
le moment décisif , il se fit porter
sur un brancard et continua de don-
ner ses ordres jusqu'à ce que l'en-
nemi fut dans une déroule complète.
Le comte de Hoeja s'enfuit jusqu'en
Zélande,et il laissa le commandement
à son lieutenant-major qui resta pri-
sonnier dans les mains des Suédois.
Cette opération fit le plus grand hon-
neur K Bagge^ et il fut dès-lors con-
sidéré comme l'un des meilleurs offi-
ciers de l'armée suédoise. Ceptn-
danl les connaissances qu'il avait
acquises dans la marine le firent
nommer contre-amiral , et en i54i,
lors([ue le roi se rendit au congrès
de Bromsebro , il commanda le bâ-
timent {[ui porta a Calmar la reine
et les jeunes princes , Eric et Jean.
Baj^cre fut ensuite charité de sou-
mettre les rebelles de Smolandie ,
qui, sous les ordres de Nicolas Dack,
portaient l'effroi dans celte pro-
vince j il les battit dans plusieui-s
rencontres , et s'empara de leurs
chefs (juil cou'luisil prisonniers au
château de Calmar. Mais il allait
être bientôt appelé a de plus glo-
rieux exploits. Au counnenceincnt
de 1 .555, il fut chargé décommander
une expédition conlre les Moscosites
qui , a plusieurs reprises, élaifut
venus envahir et ravager la Fin-
lande. Ayant sous ses ordres une
flotte nombreuse, Hagge laissa les
plus gros biitiminls a Wiborg , et
s'élant mis .sur les plus petits, il les
dirigea courageusement juscpie dans
la Nevva. La, aviinl rencontré ini
Boïard (|ui lui reprocha sa témérité ,
il répondit par ti'amères récrimina-
lions sur les invasions el les ravaires
rxcici'.s vn l''iiil.iii(K' parles Uii.ssrsj
rHînit par luiclircouvcrlcinenl qu'une
fi'llc condnlU' iraj)|)art(Miall (|u ;i des
l)arlKirc.s ol li (\v^ brigands, (les der-
nières paroles, prononcées avec beau-
coup (le force , excitèrent au plus
haut degré la colère du BoVard ; et
une guerre terrible dut eu être la
suile. BaggeexjH'dia aussitôLun cour-
rier Il sou souverain, cjui était déjà
arrivé a Abo ; et, ayant reçu de lui
une réponse approbative,il se mit en
mouvenieni avec sa flotte , confiant
le commandement de terre a Clas
Christerson de Horn. Après une af-
faire très-vive , près de Nocleborg,
il revint a W iborg , où il se réunit a
plusieurs autres corps suédois. Se
trouvant, malgré ces renforts , dans
une grande intériorité, il se tint ren-
fermé dans la place , où des forces
très-nombreuses vinrent l'attaquer.
Une ruse fort simple le lira encore
de ce mauvais pas ; il fit pendant
toute une nuit rouler sur les ponts ,
avec un grand bruit , des chars dont
le mouvement ressemblait a celui de
l'artillerie et des troupes. A ce bruit
les Russes ne doutèrent pas qu'il
n'eut reçu de nombreux renforts ; et
dès le lendemain ils se retirèrent ,
abandonnant leur arrière-garde qui
fut écrasée par les Suédois. Un ar-
mistice fut conclu; mais les Russes
demandèrent que Bagge, qu'ils regar-
daient comme la principale cause de
la guerre, leur fût livré. — «Oui, ré-
pondirent les commissaires de la
Suède, à condition que tous ceux d'en-
tre vous qui ont pille et ravagé la
Finlande seront mis a mort aupara-
vant. 33 Les Russes n'insistèrent pas ,
et la paix fut signée pour 4o ans.
Dans cette occasion la Suède dut
beaucoup a la valeur de Baggej elle
ne dut pas moins aux soins qu'il
donna à la marine. A l'époque delà
BAG
53
niorl (le (iiislavel"^,la Ooltese trouva
dans un tel étal qu'Eric XIV était
maître de la Hailique. La ville de
lle\("l ayant iiii|)l()rédu secours con-
trôles villes anséali([ucs qui voulaient
détruire son commerce, ce fut encore
l'amiral Bagge que le roi chargea de
soumettre celte ligue , et ce fut pour
lui une opération aussi prompte que
facile j mais une carrière plus bril-
lante encore vint s'ouvrir devant lui.
La Pologne, jalouse des possessions
qu'Eric XIV avait dans l'Estonie ,
excita facilement contre ce prince le
Danemark et quelques états alle-
mands qui ne voyaient pas non plus
sans peine les accroissements de la
puissance suédoise. Le roi de Dane-
mark fit arrêter en pleine paix ,
dans sa capitale, un ambassadeur
suédois qui se rendait auprès de l'é-
lecteur de Hesse, et devait ramener
la fille de ce prince au roi Eric 5
et il ne fut pas permis à la princesse
de passer par le Danemark. Gus-
tave irrité mit aussitôt en mer une
flotte nombreuse ; et il en donna le
commandement à Bagge qui la con-
duisit a l'ennemi. Les deux escadres
se rencontrèrent près de Barnholra ,
et les Suédois furent vainqueurs dans
un combat opiniâtre qui dura cinq
heures. Ils prirent trois vaisseaux de
lio:ne et l'amiral danois Brockenhau-
sen, ainsi que plusieurs officiers de
marque, entre autresle général en chef
Otto Krumpen. Après cette victoire
importante Bagge continua sa cour-
se vers la côte allemande , fier de
ses succès cl digne par ses exploits
d'escorter l'épouse de son roi. Mais
la princesse , ayant changé d avis ,
ne voulut plus de la couronne de
Suède. Bagge retourna alors a Stock-
holm où Eric XIV , s'il ne fut pas
satisfait comme amant , le fut au
moins comm§ roi, en voyant sa flotte
54
BAG
vïçlorieuse. Pour honorer son ami-
ral, il voulut que .Bagge cnlràt en
triomphe a Stockholm. Le héros,
décoré d'une chaîne d'or, fit son en-
trée à la tète d'un hrillant cortège.
Après lui venaient, tristes et abattus,
l'amiral danois et les autres prison-
niers au nombre de six cents, la tète
nue et des bâtons blancs dans les
inams j ils élaient suivis du bouflbn
de la cour, qui les raillait et jouait
du violon. Dépareilles insultes ne
pouvaient qu'aigrir les esprits. La
guerre recommença avec plus d'opi-
niâtreté. Bagge fut bientôt prêt a la
tête de sa flotte, mais cette flotte ne
comptait plus que dix-huit vaisseaux.
Celle du Danemark au contraire,
jointe a celle de Liibeck, en comp-
tait trente-trois. Aprèsune descente à
Gotland , qui alors appartenait au
Danemark , Bagge mit a la voile et
rencontra l'ejmemi près d'Oeland, où
fut livré un combatqui dura tout un
jour, sans que la victoire fût décidée.
La flotte danoise se relira dans le
Sund et l'amiral suédois revint à
iîlockhohu pour y passer l'hiver. Le
roi, qui s'était attendu a des succès
plus décisifs, fut si méconlenl dure-
lour de sou amiral, ([u'il envoya au
devant de lui un message pour lui
porter ses reproches et lui défenilre
d'entrer dans le port. Celte injustice
du monarque, qui n'était au reste que
la suite d'un mouvenjent d'l)umeur,
lut promplenjent réparée, et Bagge
regagna bientôt la confiance de son
souverain «pii le chargea de préparer
une nouvelle expédition pour leprin-
liiiips suivant. Celle expédition ,
conqjoséc de 35 vaisseaux, la plus
beUe (jue la Suède eût jamais eue,
mil a la voib- Je jour de la Bentecôle
i6()^. Mais après une navigation de
(j.ieLpies jours , clli" fui dispersée
par une violente Icmpèle ; et ( Ile
BAG
n'avait pas encore eu le temps de
se réunir tout entière , lorsque la
flotte danoise se présenta pour la
combattre. Bagge ne craignit pour-
tant pas de l'attendre , et il en aurait
peut-être triomphé si la plus grande
partie de ses navires ne s'étaient
pas tenus obstinément loin du combat,
malgré ses ordres réitérés. Trois seu'
lement restèrent avec lui, et pendant
deux jours, avec ces faibles moyens, il
tint tête a deux escadres ennemies ,
il mit même en fuite celle de Liibeck j
et ce ne fut que le troisième jour ,
lorsque le vent lui devint tout-
à-fait contraire, qu'entouré et pres-
sé par de nombreux ennemis , mais se
délendant encore, il abandonna son
vaisseau tout enflammé et près de sau-
ter. Conduit prisonnier en Danemark,
il y fut réduit pendant plusieurs an-
nées "a la plus cruelle captivité j et
après iio ans de brillants services ,
il mourut ainsi dans les fers, sans que
ses enfants aient jamais pu ni le voir,
ni mêmesavoir h quelle époque il avait
cessé de vivre. B — l — m.
BAGGESEi\(JENs c.a-d.EMMA-
nuel), poète danois, né a Korsoer,le
I 5fév. I 764, lit ses éludes a l'univer-
sité de Copenhague, et montra dès
sa jeunesse un esprit original et une
grande chaleur d'àme, justifiant ainsi
le jugement de \\ ieland ipii le (|ua-
\i(ia\[ (\'tu/naOic'euthousitistc',d'(ime
candidr et domince fuir un amour
jK)cli<iue du grand et du ht' au, tjui
ai/ait jus(/u'à la fureur. 11 plut,au-
laiil j)arses entretiens auiuïés que par
ses poésies, ii plusieurs grands per-
{lonnages, dont ramilié protectrice
lui fui utile toute sa vie. 11 n'était
encore connu (pie par des contes
plaisants et par tpiehpies odes, lors-
qii 111 i 789 le couile Adam de Moll-
ke, uw (le ses prolecleurs, remmena
dans nu voyage eni>uisse et en France.
Son esprit fui vivciiuMil frappe de.'?
cli.'itU',cnuMils jioliliipKvs ipii a;',ilalciil
Paris j il vil dans ctllc \ilii' plilsioiirs
lioiuiiu's maripianls 5 ct'pciulanl Ncc-
kcr lui parut si vaiu cpiil ne voulut
pas le connaître personnellcinciit, ce
(jui ne ronipi'clia pas dans la suilc d'a-
voir beaucoup d'allachenicul pour
M""" de Slacl. Eu revenant par l'Al-
Icmaj^ue dans sa patrie , eu 1790,
il se lia avec Wicland aWtiinar, avec
le philosophe Rcinhold aloua, Klops-
tock k llaïuhourg et Voss a Euliu.
Wicland et Klopstock devinrent ses
modèles, et ou retrouve, dans les poé-
sies allemandes qu'il composa daus la
suite, des traces de l'impressiou que
CCS grands poètes avaient faite sur
son esprit. Il avait épousé, h Berne,
la petite -fille du célèbre Haller.
De retour a Copenhague , il se pas-
sionna pour la philosophie de Rant,
qu'il appelle dans ses lettres le
plus grand sage qui ait paru au
monde depuis Jésus-Christ. Il entre-
tint une correspondance très-animée
avec Reinhold qu'il regardait comme
le premier des philosophes après
Kant. Dans la suite Reinliold ayant
modifié ses idées , Baggesen s'atta-
cha davantage a Jacobi. Les évé-
nements de la révolution française
firent di\ersion a son élude ar-
dente de la philosophie allemande.
La mort de Mirabeau fit pleurer cet
enthousiaste, mais celle de Louis XVI
lui causa une hémorrhagie. Cependant
il avouait être républicain par prin-
cipes, ou plutôt cosmopolite, et il se
réjouissait vivement des premiers suc-
cès de la république française , il ne
pouvait même haïr Robespierre ,
comme il le dit dans sa correspon-
dance. Peu conlcjit de sa position
isolée en Danemark, et peu propre
a des travaux assidus el réguliers, il
profila des secours fournis par le prin-
)^A0
55
ce de Ilol.slciii-Auguslcnbourg el par
le minisire Scliimmclman, pour en--
Ireprendre de nouveaux voyages, a près
avoir employé sa faveur auprès de
ses prolecteurs pour améliorer le
triste sort de Schiller, qu'il aurait
voulu attirer en Danemark. Ce fut
lui aussi (pii fit donner a ileinhold la
chaire de philosophie a l'universilé
de Kiel. Il conduisit sa femme dans
le sein de sa famille a Berne , et fit
de la des excursions en Autriche et
dans la haute Italie, cherchant par-
tout les hommes célèbres, et les éton-
nant par son imagination féconde et
par sa conversation originale. Son
irrand désir était de revoir la France:
aussi, après avoir conduit sa temme
dans la famille Wieland à Wcimar,
il revint à Paris, et y fil de nouvelles
connaissances. Siey es raccueillitbien,
Carat promit de travailler avec lui
a propager en France la philoso-
phie de Kant. Lalande lui ayant dit :
ce La lumière nous vient du nord, »
Baggcsenlui répondit : « Oui, mais la
chaleur nous vient du midi.'». Le len-
demain du supplice de Fouqui'er-Taiii-'
ville et de quinze autres individus, il-
écrivii : « J'ai vu expirer hier seize
individus en seize minutes 5 j'ai en-
tendu les applaudissemerils des spec-
tateurs et des spectatrices ; je res-
pecle encore rhumanité , el j'aime
mes amis, mais je déteste mainte-
nant les hommes, je les méprise en
masse comme des insensés ; la plus
afl'reuse de leurs sottises est la peine
de raorl. « En 1796 il revint dans
sa patrie, oi!i ses amis lui procurèrent
enfin une chaire a l'université 5 mais
Baggesen, a qui une vie sédentaire
convenait peu, se remit eîi route dès
l'année suivante, pour accompagner
sa femme dont la santé affaiblie avait
besoin d'un climat plus doux. Elle
mourut a Riel, lui laissant deux en-
56 BAG BAG
fants en bas âge. Baggesen, accablé caché comme dans un caillou * pour
de cbagrin, les conduisit en Suisse, et l'en tirer, il faut de grands coups du
cbercba des distractions dans les inallieur ou le contact avec des esprits
voyages et dans les éludes philoso- supérieurs.» Ce fut pendant sou sé-
pbiques ; il se lia avec Jacobi, et jour en France, prolongé jusqu'en
entretint une correspondance active 1810, qu'il composa ses principales
avec ce pbilosopbe.Ilsereudit aParis poésies allemandes. Obligé enfin,
en 1798, et y revint encore l'année par l'épuisement de ses ressources, a
suivante, après être retourné a Co- chercber une place, il se fit nommer
peribague. Il y épousa alors Fanny professeur de littérature danoise a
Reibaz, fille d'un pasteur suisse. Il l'université de Kiel. Il occupa cette
la conduisit en Danemark ; mais cbaire pendant peu d'années, ne pou-
voyant qu'elle ne s'habituait pas au vaut s astreindre davantage a une
climat de ce pays, et vivant dans la vie régulière et monotone. Les vie-
gêne, quoiqu'il fût attaché a l'univer- toires de Bonaparte lui avaient inspi-
sité et qu'il travaillât pour le théâtre, ré le projet d'un poème épique dont
il la ramena k Paris. Ses ressources il attendait une gloire immorlelle.
étaient toujours précaires. Pendant Quand son héros se fut fait empereur,
un de ses voyages dans la capitale de l'ardeur du poète dispaïut, et le pro-
la France, il ne put remplir ses en- jet fut abandonné. Après avoir donné
gagemenls pécuniaires, et fut empri- sa démission en 1 8 1 4, il revint a Co-
sonné par ses créanciers à Ste-Péla- penhague, et y reçut les témoigua-
gie. Baggesen était insouciant , ges d'estime dus k Tundcs plus grands
et surtout paresseux. II en fait l'a- poètes de sa nation. Les honneurs
vcudans une de ses lelfres. « Je suis, dont il fut comblé ne furent pour-
dit-il, l'être le plus inerte, le plus tant pas sans mélange d'amertume,
lent, le plus ennemi du travail qui Son goût formé au style classique
existe* je ne connais pas de plus de l'ancienne école allemande re-
graud tourment que le travail physi- poussa le romantique de son coni-
que, ni de plus grand plaisir (jue le patriote et ami OFJilenschla'ger j
repos maléricl. Jamais le corps et il se permit des epigrammes qui ,
râine ne sont d'accord chez moi, étant bien accueillies par une partie
d'où résulte le ménage le plus dé- du public, lui attirèrent le \it ros-
plorable. Mon esprit est fait pour sentiment de la jeunesse enthousiaste
veiller sans cesse, et mon corps du romantisme de «oti rival. Le pu-
pour se livrer k un sommeil conti blic se divisa en dvux camps, et te
nuel. J'achève plus tôt une Iliade ne fut pas celui de Baggesen (jui re-
dans la pensée , que je n'arrive a cueillit les honneurs de la victoire,
mettre un quatrain .sur le papier. 11 Sa santé déclina .sensiblement j il prit
n'y a i\yir. la faim ou les coups de bà- les eaux de Carlsbad, mais sans suc-
lo)), ou de haut^ intérêts accompagnés ces, el en retournant dans sa jiatrie
d'un devoir rigide (pii puissent me il mourut K Ilaiidiourg, le 5 octobre
faire prendre la plume. N'oublloni 1 8i;6. Ses lils, dont l'nn est pasteur
pas l'amour cpii ma souvent engagé en Suisse, el 1 autre ollicier au service
aussikécrirc. » il dit ailleurs : (tllcsl du Danemark, ont entrepris la |)u-
en moi, ainsi (|ue dans tous les hom- blicalion de celles de ses anivres ipi'il
mes, un peu de |Vu divin, mais il ejt a écrilt'S en danois. Il avait coniribuc
HAG * BAG 57
h fonder on 1796 la socirti? de lillé- p;n(Mir, ri ce n'csl pas dans cet essai (jiih
ralure Scandinave, el en avait été le Haggesen a révélé loulsongénic.VllI.
premier secrélaire. Le lliéàlre de TLtidrhlinucn, fleurs des brnyères,
(iOpeidia'i^ne a été pendant (jnehjne Anislerd;ini, 1808, 2 vol.; recueil
iemps sous sa direclion. Voici les de nouvelles poésies, dout quelcpics-
princiiKiux de ses écrits: I. Contes unes sont pales comme hvs fleurs dont
pltiisantSy en vers, Copenhague, elles portent le titre. Lu petit noni-
1783, in-8", dans le genre des contes bre de ces pièces respire une douce
de Wielandj augmentés et publiés mélancolie. Dans V Almcvincli pour
de nouveau K Copenhague en 1807, les amants, 1810, se trouvent les
sous le titre à' Aventures et contes poésies cpi'il composa plus lard. IX.
plaisants, 2 vol. iu-8°. II. Ouvra- Adam et Eve, poème épique et
ges de ma y e/^/K'.s.$(?, Copenhague, A?mzomY/^?/6'^ Leipzig, 1826,10-8",
1791, 2 vol. in-8". C'est le recueil pub«'ié après sa mort. C'est en partie
de ses poésies détachées. On y trouve un travestissement du poème de Mil-
les meilleures pièces que Baggcsen ton, et en partie une lutte contre le
ait composées dans le genregracieux 5 poète anglais, Baggesen v passe du
quelques-unes sont devenues popu- sérieux au plaisant, de Tépopée à
laires dans le nord. Sun ode Halle- la satire. Ces brusques transitions
luia a été mise en musique par étaient dans sou caractère. Aussi les
Kruse. III. Le Labyrinthe, ou Ex- critiques allemands ont-ils remarqué
cursions d' un poète en Europe, ih . j qu'aucun ouvrage poétique de Pagge-
1792-95, 4 vol. in- 8**. IV. Nou- sen ne fait connaître son humeur bi-
veaux mélanges de poésies, ibid.^ zarre comme celui-ci , qui du reste a
1807. V. Epitres poétiques, ibid., scandalisé les ànies pieuses par le ton
1807, in-8'\ Ce furent les premiers léger avec lequel il traite les tradi-
modèles de ce genre de poésie dans tions bibliques. Il a laissé en raa-
la littérature danoise. Ces ouvrages nuscritun autre poème de ce genre,
sont en danois. Les suivants ont été Faust, dans lequel, dit-on, les allu-
composés et publiés en allemand. VI. sions satirl(|ues sont encore plus
Poe.s/6'5;, Hambourg, 1 8o3.Parmiles nombreuses, et surtout plus person-
picces de ce recueil on distingue Ko- nelles. X. Briefwechsel, correspon-
sette, imitée en irançais par Vandcr- dance avec Ileinhold et Jacobi , pu-
bourg, Ronde d'adieuXj qui eut une bliéepar ses deux fils, Leipzig, i83i,
grande vogue, les Années de l'en- 2 vol. in-8°. C'est dans ces lettres ,
fance, Chanson pour le Thé. On remplies d'esprit, de verve, de ju-
y trouve aussi plusieurs pièces inspi- gemenis piquants sur les événements
rées par les événements politiques. et sur les personnes, que Baggesen a
y\\.PartJienaïs,ou lei^oyage aux montré toute l'inégalité de son hu-
Alpes.) \às\\t épique , Hambourg et meur. Wieland lui écrit: «Vous
IMayeuce, i 806, Amsterdam, 1807, avez une imagination colossale ; vos
Hambourg, 181 i, Leipzig, 1812, lettres ressemblent a des explosions
dernière édition, 1819; traduite en du Vésuve dans une sombre nuit
français par M.Fauriel, Paris, 181 0, d'été. » Il y en a qui sont écrites en
in-i 2. Cepoèmeaélé beancoupvanté; effet avec une chaleur brûlante 5 ses
il y a des tableaux diarmants de la amitiés deviennent des adorations, ses
Suisse, mais reuserable est sans vi- inquiétudes , ses chagrins sont paiuts
5S
BAG
clans le Ion sombre du désespoir j ou
bien sa gaîlé devient extravagante.
Sous le rapport du genre épistolaire,
ce recueil est unique, du moins dans
la littérature allemande. Parmi les
ouvrages moins importants de ce
poète, nous citerons les pièces qu'il
lit pour le théâtre, enire autres l'o-
péra d'O^eVo/z, endanois, Copenha-
gue, I 790, et la Harpe enchantée^
opéra mis en musique par Kuhlan. Une
notice de ses ouvrages a été insérée
dans la Décade philosophique^ n°
35 (i8o4.)5 on y a joint la traduc-
tion française de deux morceaux de
ses poésies diverses : un Hyrrme à
Dieii^ et les Jours de VEnfance.
La Gazette littéraire de Dane-
mark a donné, en 1826, une notice
nécrologique sur lui. Il parut, peu de
temps après sa mort, une dissertation
médicale sur son autopsie : In memo-
riam J.-J. Baggesen, édlt. D.
Fricke, Hambourg, 1827, dans la-
quelle le docteur s'étonne d'avoir
trouvé le cerveau du poète dans nu
état semblable a celui d'un aliéné :
Quis non simili tudinetn Jiujus cra-
nii cuni insani videt? ISonne hœc
sunt abnormitates quœ in insunis
reperiuntur? D — G.
lîAr.r.OAVOTII , général
russe, comninndall une avant-garde
Il Preussicli-Ejlau le 8 février 1807,
et fut chargé de défendre le village
de Serpallcn (|ui couvrait le front de
rnrmée russe. Dansla rcsi.slancc (Ui'il
opposa sur ce point aux efforts de
Parinée française, il lit d'abord (luel-
(pies cenlalnis de prisonniers cl .s'em-
para de plusieurs aigles; mais cnlln,
ne jiouvant plus résister au lor-
renl des forces qui arrivaient sur
lui de tontes parts, il prit le par-
ti de nul Ire le feu an vlllige, d
rejoignit \\ lra\ers mille périls le
corps du général K.uncnskoy, au((uel
BAG
il appartenait. Baggowotb, toujours
placé aux postes les plus périlleux ,
ne se distingua pas moins aux ba-
tailles de Heilsberg et de Friedland.
Il reparut ensuite dans la mémora-
ble campagne de 1 812, et, devenu
lieutenant - général , il commanda
l'aile droite a la terrible bataille de
Borodino. Onsalt que celte ailedroile
appuyée a la Moskowa occupait le
point le plus redoutable de la posi-
tion des Russes, etqueiVapoléon, qui
l'avait ainsi jugé au premier coup
d'œil , ne fit devant elle que de
simples démonstrations. Baggowolh
eut donc peu de peine à résister;
mais lorsque l'aile gauche et le cen-
tre furent obligés de céder à l'impé-
tuosité française, il se hâta de mar-
cher à leur secours , et sa présence
contribua beaucoup h réiablir les af-
faires sur ce point. Selon sa cou-
tume il forma ensuite l'arrièrc-garde
dans la retraite, et soutint avec beau-
coup de fermeté les efforts des Fran-
çais. Sa division ayant été chargée
de la principale attaque contre le
corps de Mural a Taroulino, il y fut
tué d'un boulel de canon, le 7 oct.
1812, dès le commencomenl de la
bataille. M — d j.
BAliîEll (Jacques), chlrur-
iilen dlsllnjrné du siècle dernier ,
membrcî de l'académie de chirurgie ,
s'est fait connaître par d'inléressau-
tes et utiles recherches sur les am-
pulatlons, et par le soin (pi'il a mis
h restreindre le nond)re des circou-
slances dans lesquelles ou doit re-
courir a ces graves opérations. Oa
a de lui aussi Av!<> observations cu-
rieuses sur les corps étrangers, ex-
traits des diverses [urlles du corps
dans les(|ueU ils avaient élc inlro-
«luits. Ses écrits, pour la plupart crl-
li(pu\s, oui pour litre: l. Lettre nu
i>ujct de quelques remarques in-
BAG
scrècs dans Vrdidon tla Diom's
par Lafayc^ Paris, i75o, m- 12.
II. Deux lettres^ Vuiii^ sur plu-
sieurs chapitres du traité de lu
p;nn^rène de Quesnay , Vautre
sur le traité des i>laii'S d'armes
à feu de Desponts, Paris, lySo,
iii-i2. m. Nouvelle lettre sur
plusieurs chapitres du traité de la
gangrène, Paris, 1 7 5 i , in- 1 2 . IV.
Kxatneu de ])lusieurs parties de
la chirurgiCj ira/très lesj'aits qui
peuvent y avoir rapport^ Paris,
toni. r"'^,i7565 tom. II, 1757,111-1 2.
Ou trouve aussi de Bagieu, parmi
les mémoires de Tacadémie de chi-
rurgie (lom.II, p. 274.), un tra-
vail fort remarquable sur la ques-
lion de savoir s'il est plus avanta-
geux d'attendre que la nature sépare
la portion devenue saillante de Tos,
ou de la séparer par une seconde am-
putation. L'auteur, s'appuyant de
l'autoi ité du célèbre Louis, veut qu'on
ne diffère point en pareil cas d'opé-
rer une seconde fois, et cette opinion
a été renouvelée, il y a une ving-
taine d'années, dans une thèse soutenue
devant la faculté de Paris. J-d-n.
BAGXOLO (Jean -François-
Joseph, comte), docteur en droit et
mathématicien, né a Turin en 1709,
a laissé de.s dissertations sulla gente
Curzia e delV eta di Q. Curzio
/'ii/o/vco, Bologne, 17^1, iu-8° j
sur 1 Ortatore, emploi delà marine j
une lettre suW aurora boréale. Son
principal ouvrage qui est très-estime
en Italie est l'explication des Tables
de Gubbio, Venise 1748. Dans la
première partie de ses recherches, il
donne le système général qu'il a suivi
pour l'interprétation de ces tablesj il
expose ensuite comment elles ont été
retrouvées, et il juge les auteurs qui
ont traité de ces matières; il démon-
tre eu quelle langue elles ont été écri-
IJAG
^9
tes; il ti'élend parliculièrement sur
tout ce (jui ( onccrne ces monuments
de la théologie païenne dont il de-
voile les priiuij)cs. La première partie
de l'ouvrage est terminée par une ver-
sion littérale de trois de ces tables (jui
contiennent l'icouologie des anciens
éclciircie par des notes savantes. Le
comle Bagnolo a écrit surlalanguc
italienne 5 il a fourni plusieurs mots
nouveaux au Vocabulaire imprimé a
Venise en 174-5. On trouve aussi de
lui, dans la collection Caloi^erana,
un traité sur le quarré des nombres.
Ce savant est mort vers 1760. A-d.
BAGRATION (le prince
Pierre), l'un des généraux russes
les plus distingués qui aient com-
battu les Français dans les dernières
guerres, descendait des princes de
Géorgie (1). Né en 1765, il entra au
(i) La famille Bagration, ou des Pagratides, a
donné à la Géorgie et à l'Arménie une longue
suite de vois (F. David, X, 5q6-5g7; Démbtbios,
XI, 45-46; Georgb, XVH, i3R et suiv.; As-
CHOD, LVI, 481). Les historiens de Géorgie
font remonter la fondation de ce royaume
au temps de la conquête de la Perse par
Alexandre, et ils divisent les souverains qui
ont gouverné cet état en quatre dynasties, dont
les Pagratides forment Ja dernière ; mais ils sont
loio de s'accorder sur l'origine de celte dynas-
tie. Les récili qu'ils eu ont faits, dictes par la
flatterie, paraissent n'avoir d'autre but que celui
de donner le relief d'une descendance illustre
à la maison qui dominait de leur temi)s leur pa-
trie. Nous nous contenterons de rapporter en peu
demotscequidoit être considéré comme le moins
invraisemblable. Les annales de Géorgie fixent
l'origine de la dynastie des Pagratides à l'an
614 de notre cr«; elles lui donnent pour souche
un Juif nomme Pancralius ou Bagrat, qui avait
été acheté comme esclave par une princesse géor-
gienne nommée Kachel. Cette princesse fit de
Bagrat son amant, puis son époux; elle était
héritière du trône, et Bagrat, pour justifier sa
soudaine élévation , prétendit descendre de
bavid par Cléophas, oncle de Jésus-Christ (Voy.
le Tableau hist. de la Géorgie, par l'arrhinian-
drite Eugenius (en rus^c) , et Muller, Sammlung
Itussic/terGesc/uc/u.,\n, 34, et suiv.). Constantin
J'orphyrogénète (De admiii. imper., c. 45) place
l'élévation de ce Juif vers la fin du 5*= siècle de
notre ère (49o-5oo); mais celte dernière date se-
rait encore trop récente s'il était vrai que
^loise de Chorène.dans son Histoire de l'Armé-
nie, eût fait mention de Bagrat. Quoi qu'il en
»oit, l'existence et la fortune extraordinaire de
ce prrsoiiiinKC nous paraissent un fait historique
incontestable i tt l'époque précise de sou cxis-
6o BAG BA.G
service de Russie comme simple ser- phe à la romaine, imaginé par Paul
gent le 21 février 1782, lorsque sa 1*', mais que ce capricieux monarque
patrie fut définitivement soumise par changea subitement en dMnjusIes per-
les armes de Calherme II, et, dès sccutions. L'un des plus grands torts
Tannée suivanle, il commença a faire du généralissime, auprèsduczar, était
la guerre contre quelques peuplades d'avoir pris constamment pour géné-
du Caucase et du Cuban , qui fu- ralde jour leprinceBagration, tandis
rent bientôt obligées de se soumettre qu'un règlement impérial lui pres-
à la puissance russe. Devenu colo- crivait de donner cet emploi lour-k-
nel en 1788, Ragralion se trouvait tour a tous les généraux. A l'avène-
à l'assaut d'Otcbaskow et il eut ment d'Alexan(Jre, celui-ci recouvra
part aux événements les plus impor- toute la fnveur, tous les avantages
tants de cette guerre. Il passa k dont il avait joui long-temps, et il fut
l'armée de Pologne en 1794, se si- chargéeni8o5decommanderl*avant-
gnala dans beaucoup de rencontres garde de l'armée qui était envoyée au
par sa l^ravoure et son activité , no- secours des Aulricbiens, sous les or- .
tamraent le 24 octobre a l'assaut de dres de Koulousofj mais les revers
Prague, où il défit un corps de cava- que ceux-ci éprouvèrent en Souabe
lerie ennemie, et le poursuivit jus- compromirent gravement l'armée
qu'a la Yistule. Distingué dès-lors russe, surtout l'avant-gardc de Ba- jl
par Souvarow, qui le nommait son gration qui, dans sa retraite sur la
bras droit, il l'accompagna dans son Moravie , se trouva dépassée de
expédition d'Italie en 1799. Le 1 0 plusieurs jours par le corps de
avril, Bagration se rendit maître de Murât, lorsque ce général eut tra-
Brescia, où il s'empara de io canons versé le Danube par une surprise et
et fit prisonniers 1800 hommes. Cinq un mensonge. Les Busses eurent re-
jours après il obtint encore un succès cours à des moyens a peu près sem-
importantcontrelegénéralScrrurier, blables; et, par de vaines paroles de
et fut blessé d'une balle au pied droit, paix et d'armistice , ils réussirent K
Le lendemain dans la plaine de Ma- gagner quelques heures qui assurè-
rcngo, il obligea Moreau a se retirer rent la retraite de rarniée principale;
devant lui. Commandant l'avant- mais pour l'arrière-garde que con-
garde des Ausiro-Busses îi la ba- duisait Bagration, tout espoirscmblail
taille de la Trébia , il y obtint éga- perdu. Atteint, prèsd'lloliabrun, par
lement àcs succès, mais plus chère- le corps de Murât et celui de Soult ,
ment achetés. Il déploya encore beau- entouré et coupé sur tous les points,
coup de valeur et d'activité dansl'état il résolut de s'ouvrir un passage à
de Gènes, puis en Suisse, ()ù il ne put tout prix, mit le feu au village pour
cepcndantempècher les revers et lare- couvrir ses lianes et refusa brave-
traite du général Korschakow. Blessé ment de capituler devant une armée
d'un coupde mitr.iilleaucombaldelNa- trois fois jilus nombreuse (pie sa di-
false, ilrctoiirna bicnlùt (Il Russie, el vision. On se battit corps a corps
partagea la disgrâce de son ami Sou- pendant plusieurs heures il la lueur
varovv dont il devait partager le triom- dr rincendie , et le carnage fut af-
freux. Après avoir perdu la moitié
Icn«;e .««iiiihlr devoir l'trr cln-rchrc eittrr 1« «tnn- (!(• jja IrOUpC, le général V\\^$V \\\v[
inrnccmcnl du 5' ei lu fin du (>' M.-de de notre i , „*. ^,.I„„,.» -.» mir/'lnn» îi
htt. F— LL. 1^' r^'*l*î ^" coionuc, cl marcnani a
BA.Q
ceux (|ul lui barraient le clicmlii , il
K'urfail crier : iSous sar/inics l-'riiit-
çais; iic tirez /xis sur /es vôlrcs ;
il nasse avec ce slralaj!;cnie el va re-
joindre a Wiscliau le gênerai en clni
éloiiné, el (jni le croyail sacriiié ponr
le sahil deson armée. « Celle aflaire,
« dit riiislorien Dumas , fit heaii-
« coup d honneur a lîagralion. Il
« se dévoua pour le saluL des siens ,
a garda sa position, soulinl en plaine,
a avec six a sept mille hommes, l'ef-
« fort de vingl-cin(j mille ; et, cédant
a eufiu un champ debatailleglorieu-
a sçraenl défcndupendant six heures,
tt- il se relira et rejoignit l'armée
« avec lercsle de ses braves soldats.
a Trois mille étaient lombes encom-
« battant ou avaient été faits pri-
« sonuiers... » Pour récompense de
ce beau fait d'armes , il fut nommé
lieutenant-général, et il alla com-
battre en cette qualité à Auster-
litz , où il se distingua encore en
commandant l'arrière-garde dans la
retraite. Lorsque la guerre recom-
mença , après la défaite des Prus-
siens en 1806, Bagralion eut denou-
■ veau dans l'armée russe le poste le
plus périlleux , et il ne déploya pas
moins de courage aux sanglantes ba-
tailles d'Eylau , d'Heilsberg et de
' Friedland. Ce fut lui qui, couvrant
la retraite de l'armée russe le 20
juin 1807, entra eu pourparler avec
Murât pour une suspension d'armes
que la paix de ïilsitt suivit bientôt.
Mais, destiné a ne prendre aucun re-
pos tant que l'on combattait encore
de quebjue coté , l'infatigable Mos-
covite fut presque aussitôt envoyé
contre les Suédois. Le 9 février 1808
il entra dans la Finlande , occupa
tout le pays sur le golfe Bothnique,
chassa le général Doebeln des îles
d'Aland, battit encore Klingsporre ,
Lowenhieiu , les poursuivit jusqu'à
BAO
Cl
Kirka-Outfebu, el fit son entrée dans
Ai)() le 1 0 mars de celle année. Tous
ces exploits lui a\ aient fait une grande
réputation. 11 en lut récom|)eiisc par
le don d'une belle Icrrede cincj mille
roubles de revenu, et peu de temps
après il fut mis a la lèle de Tarmée
de Moldavie , dans le mois d'août
1809, après la mort du prince Pro-
sorowski. 11 y obtint d'abord (piel-
((ues succès, el s'empara de la forte-
resse d'Hirsovaj mais il éprouva bien-
tôt un échec a Tartaril/a , près de
Silistria. Selon leur usage, les histo-
riens russes ont h peine fait mention
de ce revers ; mais il pa"raît qu'il fut
considérable, et que tout le tort eu
fut attribué a Bagralion , puisqu'on
le remplaça aussitôt par Kamcnskoi,
Cependant deux ans s'étaient a peine
écoulés lorsque l'empereur Alexan-
dre , au moment de l'invasion des
Français , lui confia de nouveau un
des postes les plus importants ; ce fut
le commandement de la seconde ar-
mée de l'Est, ou plutôt de l'aile
gauche de la ligne immense qui se
prolongeait des rives de la Baltique
jusqu'à la Gallicie. Cette ligne était
sans doute trop étendue, et Napo-
léon eut dès le commencement la
pensée de la rompre pour combattre
séparément tous les corps qui la com-
posaient. S'il ne réussit point dans
ce projet , c'est moins k l'incapacité
de son frère Jérôme et à une faute
de Davoust qu'on doit l'attribuer,
qu'a la valeur el k l'habileté de Ba-
gralion. Mais ce n'est pas ainsi que
Napoléon expliquait celte affaire :
comme l'a dit M. de Ségnr, il a
mieux aimé censurer les siens que
de louer un général ennemi ( Poy.
Davoust, au Supp.). Ce qu'il y a de
sûr cependant , c'est que Bagralion ,
après des marches et contre-mar-
ches aussi pénibles que périlleuses, au
62 BAG " BAÎ
milieu de trois armées ennemies, dont le plus périlleux. Son courage et sa
chacune était plus forte que la sienne; présence d'esprit ne se démentirent ja-
après leur avoir tenu tête dans plu- mais. Saretraile de Moravie en i8o5
sieursoccasionsjaprès avoir exterminé et celle de Wolhinie en 1812, sufE-
un corps de six mille Polonais qui raient pour illustrer une des plus bel-
le pressait de trop près, alla se réu- les carrières militaires. M — n j.
nir a la grande armée de Barclay de BAIARDI ou BAIARDO
Tolly, derrière le Dnieper, lorsque ( Octave-Antoine ), antiquaire ita-
toutlemondelecroyaitperdusansres- lien , était né vers 1690 a Parme,
sources jet qu'il arriva précisément au d'une famille noble , et prétendait
moment où allait se livrer la bataille descendre du chevalier Bayard. Ayant
de Sraolensk , à laquelle il prit une embrassé l'état ecclésiastique, il vint
part très-honorable. Il combattit en- a Rome, oii sanaissanceet ses talents
core a Valontino et surtout a la 1er- le firent assez promptement parve-
rible bataille de Borodino ( la Mos- nir aux dignités de référendaire et
kowa), où, chargé de défendrcTaile denotairedu saint-siège. Doué d'une
gauche qui était le côté le plus lai- imaginatimi ardente et d'une vaste
ble de la position , il soutint long- mémoire , il s'acquit la réputation
temps seul les plus grands efforts d'un des premiers archéologues de
de l'ennemi, et fut blessé mortelle- l'Italie. La découverte d'Herculauum
ment a la fin de la Journée, lorsqu'à surprit toule l'Europe. Les savants
la tète d'une masse d'infanterie , il attendaient avec impatience la pu-
lui donnait l'exemple du courage et bllcation des monuments qu'on y
la pressait de faire un dcrniereffort. avait trouvés eu foule. Le roi de Na-
On raconte que les traits de bra- pics , Charles III, jeta les yeux sur
voure, quels qu'en fussent les auteurS;, Baiardi pour le charger de ce tra-
cxcitaicnt eu lui une si vive admira- vail important. A son arrivée K Na-
tion, qu'a])rès avoir été atteint de pies, en i 7^7, il commença par rédi-
cette cruelle blessure, il était assis ger en un vol. in-fol. le Cutaîognc
au milieu du champ de bataille, sur des monuments rassemldés h Portici.
la berge d'un retranchement que les Ce volume devait être suivi d'un se-
Franr.ais vinrent attaquer avec une coud qui comprendrait les figures de»
admirable valeur; a la vue de cet monuments avec leur explication. En
exploit, P»agration s'écria a plusieurs attendant que les gravures fussent
Tcnr'ises : Bravo, Frn/icaiij bravo ! terminées, Baiardi, jaloux défaire
Après la bataille, il fut transporté ii parade de sou savoir aux yeux dçs
Moskow, d'où son ami Uostopchinse Napolitains, obtint du roi la per-
h;\ta (le le faire pnrtir lors(jue les mission de composer un Vrotlromc
Francaiss'cn approchèrent. llmourut ou préface, destine a faire connaître
à Sima le li/jsept. I 81 2. Si le prince Pépcxpie , les .suites et Tulilité des
Bograliou n'est jias \\\\ des gi'iiéraux fouilles d'jlerculanuui. Il avait pins
les plus habiles qu'ail eus la llussic , d'crudiliou ipi il n'en fallait pour ce
il enestau moins un tirs plus braves, travail, maîsil maïupiait de jugement
des j)lus actifs et des plus expérimen- et de goût, deux ipialités (pii lui
lés. l'endant plus de trente ans il fut auraient été nécessaires pour user
à peine (juibpu-s niois sans faire la sobrement de son savoir. Tl avait
guerre, et ou le vit toujours nu poste déjà paru de ce rrodrur^ic 5 vol. iu-
BAî IJAÎ ■ 6?>
4** Uôs-cpnis, (jiic Balardi iravall p.is il lui di-iiianda s'il nuirait sa j)rc-
oucorc ahordo son .siijcl. linj)alii'iil(' face. U ri.'|)()iidiL (jif il Tavait suspen-
du relard (|u'opr()Uvail la des( riplion duc, el (pie, jiour se dclasscr, il s'oc-
dcsanlicpiili's, le roi prilcn'in Icparli cupait d'un (lOrcgc do l'Histoire
do dislrilnier ce travail h plusieurs Vnivc.rscllc , (pi'il renfermerait en
savants dont il composa l'académie douze vol. in-12, et dans lacjnellc
Ercolitncst'. r»aiardi en lut nom- il préluderait par fixer lepoiul du
nié le pré.sidenl ; et on luiconscr\a ciel où Dieu plaça le soleil en for-
lo Irailement de 6,000 écus ([ui lui raanl le monde. Il venait, ajoute
avait élc promis. Mais il ircnrcslapas Bartliélemy , de découvrir ce point ,
moins furieux de se voir, par cet ar- et il me le montra sur un ^lohc cé-
raugcment , ravir une partie de la leste. Tout en se moquant des ridi-
gloire qu'il se promettait en publiant cules de Baiardi , l'académicien
:>eul ce grand ouvrage. II quitta Na- français n'en rend pas moins justice
p!es quelques mois après, menaçant a son mérite réel, ic \\ aurait, dit-il,
de faire imprimer a ses dépens deux « du se contenter de parler et ne
nouveaux volumes de son Prodro- « pas écrire. Sans son Prodrome
me j heureusement il n'en fit rien. « il serait plus estimé; car il sait et
L*abbé Barthélémy, voyageant pour « sait beaucoup — Il n'est pa^ char-
procurer de nouvelles médadles au « latan a l'égard de l'antique. » On
cabinet du roi, eut l'occasion de voir ignore ladatedelamort de ceprélal;
Baiardi, une première fois, a Na- mais elle est postérieure à l'année
pies. Il le trouva , dictant à son se- 17(^0? époque où il était très-âgé.
crétaire une réponse a un moine Le seul ouvrage imprimé que l'on
de Calabre qui l'avait consulté sur connaisse de lui, est le Prodromo
l'embarras de concilier le sys- délia antichità d'Ercolano, Na-
l^me de Copernic avec le passage pies, 1752-56 , in-4.°, 5 vol., à
des Ecritures quidéclarela terre im- chacun desquels est le portrait de
mobile. Après avoir congédié son l'auteur en médaillon. Il a eu plus
messager, le savant Italien combla ou moins de part aux premiers vo-
l'abbé Barthélémy de témoignages lûmes du magnifique ouvrage inti-
de son estime et de son attention; il tulé : Le antichità dl Ercolano
fit apporter une grande boîte toute esposte ^ coii qualche spiegazione^
pleine de ses poésies latines dans les- INaples, 1757-92 , in-fol. , 9 vol.
(jucUcs il choisit une pièce intitulée : ainsi divisés : Les peintures, 5 vol. •
Description anatomiquc du cer- les bronzes, 2 vol.; les candélabres
veau. Mais la signora Maria Laura, i vol. ,• enfin le catalogue, qui est de
son ancienne amie , lui ayant repré- Baiardi, i vol. C'est du VojagcAe
sente qu'un si beau sujet devait être Barthélémy e« Italie qu'on a extrait
médité pour être bien senti, il la plupart des détails semés dans cet
se rendit à cette raison , et lut sa article. Le savant Français parle de
Fontaine de Trevi^ pièce qu'il dé- Baiardi dans sa Correspondance , p,
clara lui-même, pleine de feu poéti- 52, 121, 307 et4.o3. W — 5.
que. Le bon accueil qu'il avait reçu BAIL (Charles-Joseph) , né eu
de Baiardi décida Barthélémy a lui 1777, ^ Béthune, achevait ses étu-
faire une seconde visite après sonre- des a l'université de Douai lorsqu'il
tour à Rome. Dana la conversation, «'enrôla dans les chasseurs francs du
64
BAI
Halnant, corps de nouvelle création,
qui marchait au secours de Lille , as-
siégée par les Autrichieus. Quoiqu'il
n'eût pas ( ncoie atteint sa quinzième
année, il supporta les fatigues de la
vie militaire avec courage 5 fit
comme volontaire la campagne de
Belgique, en 17905 entra l'année
suivante dans l'artillerie , et passa
quelque temps après dans l'admini-
stration de l'armée. En 1807 il fut
adjoint a l'intendance d'Erfurt , et
plus lard chargé , sous les ordres de
M. Beugnot, de l'organisation admi-
nistrative du nouveau royaume de
Weslphalie , dont il publia en 1809
la statistique y ouvrage regordé com-
me le plus complet et le plus exact
qu'on- ait encore sur ce pays. Succes-
sivement chef des bureaux de la ré-
gence du royaume , secrétaire-géné-
ral (lu ministère des finances et enfin
inspecteur aux revues , il donna dans
ces différenles fonctions des preuves
de son désintéressement et de la va-
riété de ses connaissances. Lors de
l'expulsion des Français de la West-
phalle , en i8i3 , Bail lut fait pri-
sonnier 5 mais il ne larda pas a ob-
tenir la permission de rentrer en
France , où il continua d'êlre em-
ployé dans son grade d'inspectenr.
En 1814 il fil hommage au roi d'un
travail qu'il venait de terminer sur
C importation et la liberté du com-
merce des g^rrt///.s ( Moniteur, 9/(5].
II concourut , en 18 1 5 , aux opéra-
lions (ju'txlgea le licenciement de
l'armée de la Loire. Peu de temps
après 11 cessa de faire partie du corps
des inspecteurs. Admis en 1818 a la
réforme, il s'f lablit à Margency, dans
la vallée de IMonlmorcncv, cl ronsa-
cra ses dernières années h la rédac-
tion (le divers ouvrages (pii , bien
(ju'nn j)eii snpcriiciels , proincnl (|ue
1 auteur joignait li des vues utiles le
BAI
talent de les présenter d'une manière
intéressante. 11 concourut , en 1823 ,
a Tacadéraiedes inscriptions, sur l'é-
tat des Juifs en Europe au moyen âge;
mais son mémoire n'ayant point été
couronné , Pail en conçut un chagrin
qu il ne fut pas le maître de dissi-
muler, et qui troubla ses derniers
jours. Déjà malade depuis quelques
mois , il mourut le 20 février 1827,
a l'âge de 67 ans. Bail est l'éditeur
de la Correspondance de Berna-
dolle, prince royal de Suède, avec
Napoléon, depuis 1810 jusqu'en
1814, Paris, i8i9,in-8*>. Outre
quelques brochures de circonstance,
dont on trouve . les titres dans la
France littéraire de M. Quérard ,
on a de Bail ; I. Des Juifs au 19»
siècle, ou considérations sur leur état
civil et politique en Europe, suivies
de la notice biographique des Juifs
anciens et modernes qui se sont illus-
trés dans les sciences et les arts ,
Paris , 1 8 1 6 ; deuxième édition ,
18 17, in-8°. Dans cet ouvrage, l'au-
teur plaide avec chaleur et convic-
tion la cause des Juifs contre lesquels
plusieurs villes d'Allemagne faisaient
revivre les règlements rendus dans des
temps de barbarie; il donna lieu à
des observations de M. de Cologna,
grand-rabbin et président du consis-
toire entrai des Israélites, et a quel-
ques autres écrits. II. Essais histori-
ques et critiques sur l'orv^anisation
des armées et sur l'administration
militaire en France y Paris , 1 8 1 7,
iu-8". On y trouve, dans un cadre
assez étroit, beaucoup de faits, d'ob-
servations, de vues nouvelles et utiles.
m. Qu'est-ce que le clergé dans
une monarchie constitutionnelle ?
ou de l'église selon la' (Charte , Paris,
1818, in-8"; c'est une critique du
dernier concorilat. IV.Jfu cadastre
considéra dans ses rapports as'tc
BAI BAI (55
Vcconomic poliliquc et la reparti- (les domaîiips royniix, qui fut anol)Ii
tion tics impôts, l\iris, 1818, in-8". par Icllies du roi Charles II, données
V. De l'dthilidiif i/(ifis SCS luip' a Madrid le i"" seplembre 1674*
ports ave e nos ifistittilions , on la mais sa famille fait remonter pins
police, les prisons, le jury, les lois liant sa noblesse, piiis(pi*elle prétend
pénales et la peine de morten Fran- descendre de Henri de Baillel Iré-
ce, Paris, 181 9, in-8". Bail y de- sorier de France, cl de Jeanne iha
mande Tapplication du jury aux ma- Fssards , fille de Pierre des Essards
tières civiles, et rélabllssemeut d'une {général des finances sous Pliilippi»
colonie oùseraicnt conduilslesindivi- de Valois. Une branche de celle fa-
dus condamnés h la peine des travaux mille suivit les ducs de Bourgo"^neaiix
forcés. VI. Histoire politique et Pays-Bas, et y contracta diverses al-
niorale des révolutions de France, liauces. Pierre de Baillet , trisaïeul
ou chronologie raisonnée des évè- de Christophe-Ernest, avait épouse
neinents mémorables depuis 1787 l'héritière de la maison de Boncourt
jusquàla fin de 1820, Paris, 1821, en Lorraine, dont il prit le nom et
2 vol. iu-8°. Mécontent des tentatives les armes. Celui auquel est consacrée
faites depuis 4^7 ans pour établir en cette notice, entra dans la robe
France une conslilutiou conforme comme sts ancêtres. Le roi d'Espa-
aux intérêts nationaux, il conclut : gne Charles II le nomma d'abord as-
« que la liberté est une plante qu'on sesseur du conseil provincial do
« ne saurait y naturaliser, et que le Luxembourg , le 27 mars 1609. Da-
te système représentatif est une ridi- la il fut appelé au grand-conseil à
et cule fiction. yW.. Etat des Juifs. Malines, le 26 janvier 1704, et
en France, en Espagne et en Jta- nommé , peu de temps après , procu-
re ^ sous les rapports du droit ci- reur-genéral et maître des requêtes
vil, du commerce et de la littéra- de l'hôtel. L'empereur Charles VI le
ture , depuis le commencement du fit président de cette cour suprême
5*^ siècle de fère vulgaire jusqu'à par lettres du 5 août 1716 , et con-
/a /?« ^M 16*, Paris, 1823, in- 8° de seiller d'état le 10 avril 1718. Sa
200 pag.; c'est le mémoire qu'il avait conduite à la fois ferme et modérée,
adressé a l'académie dont il critique lors du soulèvement de Malines, au
le jugement dans la préface. VIII. mois de juin 17 18, soulèvement dont
Etudes littéraires des classiques les causes et les résultats sont nel-
français^ Paris, 1824, 2 vol. in-12, tement exposés dans le tome III des
ouvrage posthume dans lequel l'au- Archives pour l'histoire civile et
leur a rassemblé le fruit de ses lec- littéraire des Paj'-s-Bas , p. 201-
tures. La Revue encyclopédique , 23 i , lui valut le poste éminent de
dont Bail était un des rédacteurs, et chef et président du conseil privé, le
l'Annuaire nécrologique de M. 19 septembre 1726; il devait en
Maliul, contiennent des notices sur cette qualité diriger l'archi-duchesse
cet écrivain. AV — s. Marie-Elisabeth. Le 10 mars i 719 ^
BAILLET ( Christophe-Er- il avait été honoré du diplôme de
NEST, comte de), naquit le i^''scp- comte j cette pièce, insérée p. 43 1
tembre 1668, au château dclaTour, du tome F"" du Supplément aux
dans le duché de Luxembourg. Il trophées de Brabant, rappelle lon-
élait fils d'un conseiller et receveur guement tous ses «ervices et lerecou»
66 BAI
naît d'extracllon anciennement noble.
Il épousa Anne Martini de Luxem-
bourg , décédée a Malines, le i8
août 17 17. Comblé d'honneurs,
environné de la vénération publi-
que, il mourut à Bruxelles, le 7
juin I 732. Son épitapbe se lisait au-
trefois dans réglise des carmes dé-
chaussés. R — F — G.
BAILLIE (Mathieu), médecin
etanatomislc distingué, naquit dans
le comté de Lanark en Ecosse , le
27 octobre 1761. Son père qui avait
d'abord été pasteur , fut ensuite nom-
mé professeur de théologie à l'uni-
versité de Glascow, où le jeune Bail-
lie étudia avec succès les auteurs
classiques grecs et latins, les mathé-
matiques , la logique et la philoso-
phie morale. Sa mère était sœur des
célèbres anatomistes Jean et Guillau-
me Hunter : les grands avantages
qu'on espéra de cette parenté dé-
cidèrent sa vocation pour la méde-
cine, car son goîit l'eût porté de
préférence vers la chaire ou le bar-
reau. Arrivé h Londres, à l'âge de 18
ans , pour y commencer ses études
médicales, sous la direction de ses
illustres parents^ Baillie fil des pro-
grès si rapides en anatomie, qu'au
bout de deux ans il fut capable d'en
donner des leçons ; mais peu de temps
aprèi» , en 1 783 , il eut la douleur de
perdre Guillaume Hunier, l'aîné
de SCS oncles, cpii lui biissason théâ-
tre auatoiiiKju»^, sa maison, un pe-
tit bien de famille en Ecosse et l n-
sagcdeson iniiséuni aiialoiiii(|ue ([u'il
légnaaTuniversilc de Glascow. Ucnx
ans après la mort de son unclu , et i\gé
.senlfnunt de 22 ans, il ouvrit con-
joiulcuient avec le docteur Crulks-
nank , un cours d'anatomie qui at-
tira no grand nombre d élèves. Le
jeune professeur se distingua surtout
par la iimplitilé , la tlarlc cl Tordre
BAI
qu'il sut mettre dans l'exposilion des
matières qu'il enseignait j en inême
temps il s'occupait de la formation
d'un cabinet d'anatomie pathologique
qui s'enrichit beaucoup par la suite
et dont presque toutes les prépara-
tions avaient été faites pay lui-même ;
deux ans avant sa mort il en fit pré-
sent au collège des médecins de Lon-
dres. En 1787, à l'âge de 26 ans,
Baillie obtint la place de mé-
decin de l'hôpital Saint -Georges j ce
fut principalement depuis cette épo-
que qu'il commença à s'adonner k la
pratique j il n'abandonna pas pour
cela sa science favorite , l'anato-
mle, qu'il regardait comme la base
essentielle de l'art de guérir. Il
recueillit dans son hôpital des cas
nombreux d'anatomie pathologique,
et publia nn manuel de cette science ,
en 1795. Le succès de ce livre
augmenta beaucoup sa réputation.
Sa clleutellc devint très-nombreuse ,
rut encore après la r
Pilcairn qu'il rempla
dant sa dernière maladie. Ses occu-
pations furent dès-lors si multipliées,
qu'Use vit obligé, eu 1799, de renon-
cer h sa place de médecin de Vhôpital
St-Georjîes et a ses leçons d'analo-
mie. Baillie se distingua surtout par
la sûreté de son diagnostic, qui était
fondé sur ses grandes connaissances
anatomiques j aussi daus bien des cas
il reconnaissait l'impuissance de sou
art , et employait moins de remèdes
que beaucoup de ses compatriotes.
Il eut toujours de Irès-bons procédés
envers ses conljères , surtout envers
les jeunes médecins. J.Wardrop,qui a
écrit sa vie, r.ipporle plusieurs traits
(lui prouvent son désiutcressement.
Une jeune dame étant veuuç le con-
suller pour une maladie de poitrine,
il lui conseilla d'aller passer rbi\er
dans uu tlimal plus chaud que celui
et s'accrut encore après la mort du
docteur Pilcairn qu'il remplaça pen-
BAI
de rAnglclcnc : ci'llc dame lui ayant
exno6c<(iio sa (orliinc ne lui pcrmcllalt
pas (le faire celle dépense, IViillie lui
donna a Pinstanl l'argent nécessaire.
Une dame d'uu liant rang, mais peu
riche, avait en recours a ses conseils:
tanl (Hie dura la maladie, il reçut
les honoraires qu'elle lui uifril , mais
il les renvoya après la guérison. Sa
repulalion alla toujours en augmen-
tant. 11 fut nommé membre de la so-
ciété royale de Londres et du collège
des médecins. Il devint aussi méde-
cin consul lanl du roi Georges ILI, et
médecin ordinaire de la princesse
de Galles. Ses occupations trop nom-
breuses finireul par altérer sa santé;
dans Télé de 1825, il fut atteint d'un
catarrhe pulmonaire accompagné de
fièvre. Des saignées locales et Tap-
{)licatioii d'un véslcatoire diminuèrent
a toux* mais Tappélit se perdit,
la faiblesse augmenta de jour en
jour, et il succomba le 2 3 septembre.
Les principaux ouvrages de Baillie
sont : I. Anatomie pathologique
( the morbid aiialomy oj" sonie
ofthc riiost imjjortnnt parts ofthe
humaii bodjr), Londres, 1795 , in-
cj°. 11 y en a d'autres éditions aug-
mentées , 1798, 1807 et 1812.
Traduite en allemand avec des addi-
tions par Hohnbaum et Sœmering ,
Berlin, 1 794.-1 820, in-8'*j en italien
par Zami, Venise, 1820, 2 vol. in-
8**. Il en existe deux ti-aductions frau-
I çaises, la première par Ferrai, Paris,
i8o3 , la seconde par Gucrbois,
Paris, i8i5, in-8". Cet ouvrage
remarquable , comme livre élémen-
taire , pour l'épotpie où il a paru,
n'est plus au niveau de la scien-
ce. 11 a beaucoup contribué a répan-
dre le goût de l'analoinie palholo-
gi({ue en Angleterre. II. yl scries
of engravi/ifr.s intcnlcd to illus-
tratc the morbid anatomy ^ fascic.
I
BAI C7
I- 10 , Ibld. , 1799- 1812 , iu-
4.°. C'est une série de planches ac-
compaguccs d'exj)licali()ns pour ser-
vir de suite a son anatomie patholo-
gique. 111. Lectures and observa-
tions on nicdicine , ibid., 1826,
in-8''j Irad. en allemand par Hohn-
baum , Leipzig , 1827. Cet ouvrage
contient les leçons servant d'introduc-
tion a son cours d'anatomie , plus
d'aulrea leçons sur Tanatomie et la
physiologie du système nerveux j en-
fin des observations pratiques. Plu-
sieurs écrits de Baillie ont été re-
cueillis et publiés par J. Wardrop,
avec une notice étendue sur sa vie ,
Londres, 1826, 2 vol. in-8". Le
premier volume contient des obser-
vations ou des mémoires qui avalent
déjà été imprimés dans les Transac-
tions philosophiques , ou d'autres re-
cueils scientifiques. Le second ren-
ferme Tanatomie pathologique de
l'auteur. Baillie a encore publié ï A-
natoniie pathologique de l'utérus
d'une femme enceinte , Londres ,
I 794, in-4-° ; ouvrage de G. Hunter,
qu'il a accompagné de notes. Le
108^ vol. du Monihly Review^
pag. 83, conlieut un article sur la.
vie et ks ouvrages de ce médecin.
G — T — n.
BAILLIE (Joun) , savant An-
glais, né à Liverness, en 1766, fut
dès sa première jeunesse, élevé dans
l'art militaire, etparlit en i 79 1 pour
les Indes, où il entra au service de
la compagnie. Il s'occupa d'abord de
l'étude des langues de l'Orient, et il
y fit des progrès si rapides, que, en
I 797, iltutchargé parle gouverneur-
général, sir John Shore, de traduire
de l'arabe un gros volume de lois
musulmanes, comprenant tout le
code Imamea, dans son application
aux matières civiles. Malheureuse-
ment uu seul volume, contenant les
6.
68 BAI BA.I
lois commerciales, a vu le jour. Lors élèves et en quelque sorte avec ewx.
de la fondation du collège du fort l.Récît de la bataille de3Iarathon,
William, Baillie fut nommé profes- lu le 5 septembre 1791 dans laso-
senr d'arabe, de persan, de droit ma- ciété patriotique de Dijon, aux
liométan, etilremplitcettechaireavec gardes nationaux volontaires de
distinction jusqu'en 1807 , où il fut la Côte-d' Or, lors de leur départ
promu au grade de colonel, et envoyé pour l'armée; 1792, in-8°. II.
en qualité de résident a la cour du Phœdri fabulœ selectœ , avec des
iiawab-vizir d'Aoude. En 1801, il notes ; trois éditions dont la dernière
publia quelques tables destinées a fa- parut a Dijon, cbez Bligny, en 1806,
ciliter ses cours de langues^ et de in-S**. III. Ovidii Métamorphoses
1802 k i8o5, il donna l'édition des selectœ, ad usum lycœorum, éga-
textes originaux de cinq ouvrages les lement avec des notes fort bien faitesj
plus estimés, surla grammaire arabe, Dijon, Coquet, i 808. D-b-s.
savoir: Miet Aniil ^ Scherh Miet BAILLOT ( Etienne -Cathe-
Amil, Misbah, Hedayet Alnahw rine), né a Evrj-sur-Aube en 1768,
et la Cafia iVEbn-Hadjib. En était avocat au bailliage de Trojes
181 5, Baillie fut nommé résident lorsque la révolution commença. Il
h Lacbnau; et, en 18 18, il se relira s'en montra partisan, et fut nommé,
du service de la compagnie des Indes, par le tiers-état de sa province, dé-
pour retourner en Angleterre, où il pulé aux étals-généraux de 1789, où
arriva en 182 5. Il fut nommé un des il ne se fit point remarquer. Il ne
directeurs de la compagnie, et il en prit pas une seule fois la parole dans
a rempli les fondions avec bonneur la longue session de l'assemblée nalio-
jus(ju'a sa mort, arrivée en i833, h nale , et siégea constamment au côté
Londres. G — G — y. gaucbc avec la majorité qui votait en
ItAlLLOT (Piebre), né a Di- faveur des innovations. Il fut nomme
jon le 8 septembre 1752 , y mourut membre du tribunal de cassation lors
le 20 février 181 5, professeur de de sa première installation, en 1791,
liltéralurc française et de rbétoriquc et se relira en 1796 dans son dépar-
au lycée, et membre de racadcniie. teuicnt, où il ne s'occupa plus que
Entré vers 1769 dans la carrière de de littérature et de la culture des
rinslructiou pnbli(|ue après avoir fait cbamps. Il est mort a Evry-sur-
d'cxcellentes études, il ne tarda pas Atilie, le i5 avril 1825. On a de
il se faire connaître bonorablemenl lui une traduction en prose médiocre
par de bons élèves et par (pubjues des satires de Juvénal (jiar R...), Pa-
Î)oésies françaises, dont on retrouve ris, 1823, iu-8". lia laissé eu ma-
ps principales dans la Feuille do nuscrit des Recherches sur l'his-
Bonrgogne. Le regret (lavoir perdu toirc de Champas^iw , dans les-
.«ton fils , tué au siège (le Peuiscola en (juelles il s'est jKirticulièremcnl oc-
E.s|)agne, où il servait comme capi- cupé de généalogies. Z.
iaine d'artillerie, avança le terme de li A I Ij L V ( Antoink-Df.ms) ,
«a carrière laborieuse. Des divers jirote de Diiiol , était né h liesaiuron,
ouvrages ([u'il a composévS , on u a li- le 8 novembre 17/19» de parents
vré a Timpression (outre les poésies pauvres. Ayant fait ses éludes avec
dont nous avons |)arlé) (juc les Irois succès au collège de cette ville, il
suivants, qu'il avait faits pour ses embrassa la prolossiou d imprimeur,
et vint a Paris , où il ne larda pas a
se (lislinsriuT delà lonlc des omriers
iiar ses fonnaissancc's lillcraires,
par riutclligonci' j)arrailc des pro-
cèdes tyiit>gra|tlii(|iie.s el par son as-
siduité au travail. Devenu jirole de
l'imprimerie de Didot jeune, il y
surveilla Timprcssion de la plu-
part des beaux ouvrages sortis de
ses presses depuis lyiJu, et cpii sont
recherchés des amateurs, non moins
pour leur correction que pour leur
élégance. C'est a Jîailly que ion est
eu partie redevable de la publication
des J^ tu de s de la naiiive , ouvrage
qui commença la réputation de B. de
Saint-Pierre. « Le manuscrit , dit
« M. Aimé îMartin, fut rejeté succes-
« sivcment par plusieurs libraires, et
te l'auteur se décida à le faire impri-
« mer h ses frais. Ce n'était pas
« chose facile ; car tous ses moyens
« se réduisaient a 1200 fr. que
« M. Hennin promettait de lui prê-
a ter, et les imprimeurs, aussi igno-
cc rauts que les libraires , refusaient
a de faire les avances du reste. Heu-
« reuscmcnt le hasard fit tomber le
« manuscrit entre les mains du prote
« de jM. Didot jeune. Il se nommait
K Bailly ; et son nom doit être con-
« serve, puisque , seul de tous ceux
. ce qui avaient eu Touvrage entre leurs
ce mains, il sut en apprécier le mérite.
ce II osa même en prédire le succès,
ce et son jugement eut l'heureux effet
ce de décider M. Didot a faire une
te partie des frais de l'impression. »
{Mcmoir. sur la vie de B. de
Saint-Pierre, 2 85.) La modestie
de Bailly , ses talents et son obli-
geance lui méritèrent l'affection de
tous les littérateurs ipii fréquentaient
cette imprimerie. Le duc de Nivernais
l'honora d'uneamiiié qui ne s'est jamais
démentie. Aimant les livres avec pas-
sion , Bailly était parvenu a en for-
ÈAI
Cy
0
mer une collection peu nombreuse ,
mais précieuse par le choix et la
beauté des exemplaires. Un revers de
fortune l'obligea de la mettre ea
venle j dans le courant de 1800 il en
publia le Catfdo^uc , précédé d'un
court avertissement, dans le(|uel il
exprime le regret d'être oi)ligé de se
délaire de sa bibliothèque. «Elle est,
et dit-il, composée de livres (pii m'ont
ce été donnés par des savants et des
te hommes de lettres qui m'honore-
ee rent constamment d'une bienveil-
te lance particulière ; ou par des li-
ée braires qui m'accordèrent leur es
ee lime, el auxquels j'ai eu le plaisir
ee d'être quelquefois utile dans le
ee cours de ma longue carrière typo-
ee graphique.» Bailly survécut long-
temps a la dispersion de ses livres.
Il vivait encore a Paris en 18165
maison n'a pu découvrir la date de sa
mort. On lui attribuelesdeux ouvrages
suivants: I. Dictionnaire poétique
d'éducation, Paris, 1776 , 2 vol.
in-8°, publies sous le pseudonyme de
Delacroix [V^oy. le Dict. de Bar-
bier). II. Choix d'anecdotes an-
ciennes et modernes , recueillies
des jueilleurs auteurs, in-12, 4-
édition augmentée et mise en ordre
par Durdent et H. Duval, Paris,
1824., 3 vol. in-i8. W— s
^W\jYiYdeJuillf (Edme-Louis-
BartuÉlemy), né a Troycs en t 7 6 0,
élait, avant 1789, oralorien et l'un
des meilleurs professeurs du célèbre
collège de Juilly. Il adopta les prin-
cipes de la révolution, el renonça dès
le commencement aux fonctions de
l'enseignement pour se faire recevoir
avocat, ou plutôt pour entrer par la
voie la plus favorable dans la carrière
politique. Il fut en eiiet nommé
administrateur de Seine et -Marne
en 1790, et député du même dé-
partement a la convention naliouale
'ja
BAI
en septembre 1792. Ami de la ré-
volution, mais surtout homme de bien,
Bailly fut effrayé des violences qui
signalèrent le début de cette assem-
blée 5 et, s'il ne les combattit pas
avec force, il les improuva du moins
par son silence et par ses votes né-
gatifs. Dans le procès de Louis XVI
notamment il se réunit sur toutes les
questions a la minorité qui, si elle ne
roulait pas ouvertement sauver ce
prince, était au moins décidée k ne pas
le faire mourir sur l'échafaud j il vota
pour la détention , pour le bannisse-
ment deux ans après le rétablissement
de la paix générale , ensuite pour
l'appel au peuple et pour le sursis a
l'exécution. Il garda le plus pro-
fond silence jusqu'à la révolution du
<) thermidor, et concourut de tout
son pouvoir au renversement de Ro-
bespierre. Après cette journée mé-
inorable, il fut nommé secrétaire,
puis envoyé commissaire h Stras-
bourg, afin d'y adoucir ou d'y ré-
parer les cruels résultats des missions
(le Saint-Just et Lebas. Il fit sortir
de prison tous les gens de bien , et
il expulsa des fonctions publiques tous
les hommes féroces qui les y avaient
entassés. Rentré dans le sein de la
convention nationale, il y fit le rap-
port de ses opérations , et continua
de combattre avec beaucoup d'éner-
gie le j)arli des tcrrorislcs. Dubois-
Crancé ayant cherché h effrayer ses
collègues sur les progrès du royalis-
me, et s'étant fait applaudir du j)elit
nombre de députes cpii restaient atta-
chés au système de Robespierre,
Bailly se tourna vers eux et leur dit :
« Messieurs de la ci-devant Monla-
« gnc, vous n'êtes pas encore les
« maîtres. » Il remplit les tonrlions
de président dans la terrible journée
du i''*^i)rairial an m (20 mai ly^^).
(lu I Drainai an
i'I n'y ilcploja pa
«j iiioins (le courage
BAI
que Boissy'd'Anglas qui occupa le fau-
teuil après lui(/^. Boissy d'Aiïglas,
au Supp. et Vernier, XLVIII,2 53).
Il présidait encore le 3 messidor an 111
(21 juin 1795), lorsqu'une députation
de la section du Muséum étant venue
féliciter l'assemblée de sa victoire
sur les terroristes, et lui demander
une constitution, il fit celte réponse
remarquable : « La convention saura
« maintenir la république par une
a constitution sage • mais ce ne sera
« pas la république de Robespierre,
a. la république des déceravirs, des
ce hommes de sang; ce ne sera pas la
« république de Paris 5 mais celle de
« tous les départements, parce que
a tous les départements concourent
te à sa défense..., etc. » Dans la
séance du 19 thermidor (6 août i 795)
il accusa Goupilleau d'exagérer le
tableau de la réaction qui avait alors
lieu dans le midi contre le parti des
terroristes. A la même époque il s'op-
posa avec force a la proposition ,
faite par un de ses collègues, d'arrêter
tous les prêtres qui n'avaient pas prêté
serment, et il annonça que le comité
de sûreté générale dont il était mem-
bre avait pris a cet égard toutes les
mesures que réclamait la tranquillité
publique. Lors de la mise en activité
de la constitution de l'an m, Bailly
passa par la voie du sort au conseil
des cinq-cents, et il en lut élu secré-
taire le 18 juillet 1796. Dans cette
nouvelle assemblée il se rangea en-
core plus ouverlemenl du parti tli-
chien que l'on accusait de tendre Kla
royauté , et cpii lut renversé par la
révolution du 1 8 Iructidur an v (sept.
1797). Il avait en consécjuence été
inscrit sur la liste de déportation;
mais, lorscjue celte liste fut discutée
au corps législatif, Malès déclara
(pic sou collègue lîailly ne pouvait
|)as être royaliste, puis(pi'il était
BAI
prctre asficrmcnté et maria; el
d'Ile coiisidciMlii»!! a\\\ irclait poiiil
foiulce, car Bailly n .ivail jamais clc
dans les ordres , le sauva de la de-
jiorlalion. lu'élii dcpulé au iirmuc
conseil [lar le déparlcinenl de l'Aube,
en 1791^, il y f»l dénoncé a la
irilnine comme royaliste par son col-
lèirue Gauran: mais colle accusation
n\nil point de suite. Bailly concourut
de lout sou pouvoir k la révolution
du 18 brumaire qui plaça l'autorité
dans les mains du ge'néral Bonaparte,
cl il fut en conséquence nommé aus-
^ sitôt après préfet du déparlement du
Lot. Sa conduite dans ces nouvelles
fondions fut celle d'im liommc pru-
dent et modéré 5 il sut concilier les
intérêts et les partis opposés, et il
réussit ainsi pendant treize ans a se
faire estimer de tous ses administrés,
et approuver du gouvernement qui
le nomma baron et officier de la Lé-
giou-d'Honneur. Eu 181 3 quelques
désordres s'étaut manifestés dans son
administration, un sévère examen fut
ordonné, et il en résulta que la pro-
bité de Bailly ne pouvait être mise en
doute 5 mais que par négligence ou par
faiblesse il y avait toléré de grands
abus. Le gouvernement impérial or-
donna son remplacement, et il vint
babiter une modeste maison de cam-
pagne qu'il possédait en Normandie;
il ne s y occupa plus que de l'édu-
cation de sa nombreuse famille, jus-
qu'au mois de juillet 1819 , époque
où il périt par une cbute de diligence
sur la roule de Rouen , après avoir
subi l'amputation douloureuse d'un
bras. On connaît de lui un Rapport
sur l'organisation des sociétés
nationales des sciences , belles-
lettres et arts , in-S" qu'il pré-
senta au conseil des cinq-cents, au
nom du comilé d instruction publi-
que, en 1799. M — P j.
BAT
71
"HAILLY (Joseph) , lilléraleur ,
natpiil iii 1779, h Ijcsanroji. Il dut
aux services de sou père la faveur
d'êlre admis, encore enfant , élève à
l'bôpilal militaire de celte ville. En
I 798 il fut commissionné pliarmacieii
sous-aide a l'armée des (irisons. A la
paix deCamjio-Formio, voulant profi-
ler de ses loisirs pour accpiérir de nou-
velles connaissances, il vinl;il*aris où
il entra chez un des pharmaciens les
plus accrédités, et en même temps fré-
quenta les cours de médecine, de chi-
mie et d'histoire naturelle. Le désir de
visiter l'antique berceau des sciences
lui fit solliciter, en 1801, une place
de pharmacien en Egypte. Il s'em-
barqua sur le vaisseau {'Indivisible,
commandé par l'amiral Gantheaumej
mais, trois mois après sa sortie de
Toulon , la flotte y rentra sans avoir
pu débarquer les troupes qu'elle
transportait. Son goût pour les voya-
ges lointains décida bientôt Bailly à
partir pour Saint-Domingue. A son
arrivée il apprit que le général Le-
clerc était mort, et que la colonie
était en proie au double fléau de la
guerre civile et de la fièvre jaune.
Envoyé par ses supérieurs a Jacrael,
il y fut atteint de la fièvre j mais il
eut le bonheur d'échapper, tandis que
tous ses camarades succombèrent 5 et
il resta seul chargé de l'administra-
tion et du service de santé de l'hô-
pital. Les nègres vinrent assiéger la
ville dont les Anglais bloquaient le
port. Après quatorze mois de résis-
tance il fallut capituler ; et les An-
glais transportèrent a Sauto-Domin-
go , avec les restes de la population
blanche , la garnison qui , de trois
mille hommes, était réduite a trois
cents, dont la moitié malades ou con-
valescents. Accueilli de la manière
la plus amicale par son compatriote
le général Ferraud ( J^oy. ce nom ,
ya
BAI
XIV, 396), Bailly obtint peu de temps
après la permission de passer aux
Etals-Unis, d'où il revint en France.
Attaché comme pharmacien aide-
major à l'armée des côtes , il fut em-
ployé dans le même grade en Alle-
magne et en Prusse. Dans la campa-
gne de Russie il avait été chargé du
service de l'ambulance de la garde
impériale; mais une maladie grave le
retint h Wilna , d'oii , K peine conva-
lescent, il s'échappa pour aller re-
joindre les débris de notre armée. Il
faisait partie de la garnison de Dres-
de, qui fut retenue prisonnière contre
les clauses de la capitulation. Dirigé
sur la Bohême, il ne revint en France
qu'après l'entrée des alliés a Paris.
Lors de la réorganisation des hôpi-
taux militaires, il fut attaché dans le
grade d'aide-major a celui de Besan-
çon. En I 820, ayant été nomraéphar-
inacien principal a l'armée d'Espagne,
quoique sa santé fût déjà très-affaiblie
par les faligueset par la maladie cruelle
qui devait le conduire au tombeau, il
saisit avec empressement l'occasion
de visiter un pays si riche en souve-
nirs historiques , et dont les intérêts
avaient été liés long-temps h ceux de
la Franche-Comté. A fa fin de la
guerre il revint h Besancon avec le
titre de pharmacien major. Il avait
été décoré de l'ordre de Charles III ;
et il rerut peu de temps après la croix
de la Légion-d'llonneur (jiie ses chefs
avaient sollicitée comme une récom-
pense duc a svs longs services. Au
milieu des agitations de la vie des
camps, il n'avait j)a8 cessé d'aimer et
de cultiver les lettres. Admis a la so-
ciété d'iigrirullure et ii l'aradémic de
Ik'sancoii, il y hit plusieurs mémoires
pleins iriiilérèt, et dont le style rap-
pelle celui (le neruardln dr S.iiiil-
IMerrc. Occupé .sans cesse de vues
l)ienfaisanlc3, de projets d'utilité pu-
BAI
blique , il oiibliait ses souffrances
journalières en pensant aux moyens
d'adoucir celles des autres. Philoso-
phe chrétien , il voyait avec calme
arriver le terme de sa vie; il mourut
le i5 déc. i852, pleuré de tous
ceux qui l'avaient connu. Bailly a
publié : Essai sur la. culture du lin.
— Essai sur r agriculture, considé-
rée dans ses rapports avec les arts in-
dustriels.— Notice sur le froment
locular, — Essai sur les puits
artésiens. A part ce dernier opus-
cule, imprimé à Besançon, i83o,
in-8° de 20 p., tous les autres ont
été recueillis dans les Mémoires de
la société d'agriculture. Ceux de
l'académie contiennent les ouvrages
suivants : Du butphilantropique des
sciences et des arts. --Souvenirs
tV un voyage à Grenade. — Notice
sur l'île de Saint-Domingue. —
Burgos et laViedle Castille^ sou-
venirs de 1823. — Valence et ses
environs, excursions sur les côtes
orientales de l'Espagne. — Recher-
ches sur les moyens employés suc-
cessivement en France pour extir'
perla mendicité et réprimer le va-
gabondage. Ce dernier mémoire ob-
tint V accessit au concours ouvert par
l'académie de Maçon. Quelques-uns
des opuscules de Bailly ont été repro-
duits dans les Annales des voyages
et dans les Revues (pii se publient h
J*aris. Il a laissé manuscrits plusieurs
Nouvelles et des Mémoires (pi'il n'a
pas eu le tem|)s de terminer. W — s.
IIAILL V-imiET (Jean Bap
Ti.NTt:) , av(>cat , né en 1729, à Be-
sancon, jouissait d'une assez grande
réputation nu barreau de cette ville.
Ayant renoncé de bonne heure ii la
plaidoierie , il lut honoré de la cou-
iianie de toutes les grandes maisons
de la province, cl publia , tlins une
foule de causes importantes^ des luc-
in()ii"(\s (jul nonclaiit l()nj;-li'nips ont
élc rcchcrclies des jiirlsconsullcs.
Connu seuloinciil par ses l.ilcnlsel j)ar
sa hicnlalsaiici' , il n'en lui j)as moins
inscrit sur la liste des suspects en
17(^3 , et conduit au cliàleau de Di-
jon. î\Ials au l)oul de (juelques mois
les portes de sa prison s'ouvrirent sur
la demande du mc'me comité de sur-
veillance qui Tarait fait arrêter. Il
passa ses dernières années au milieu
de ses livres, étranger à tous les
événements, et mourut le 27 octo])re
1808 , à 79 ans. Il avait épousé la
sœur du savant historien de Pontar-
lier {Voy. Droz, XII, 38). On doit
h Baill}-Briel : Le comte de Mont-
béliard agrandi et enrichi au pré-
judice de la F ranche-Çomté par
l'échange conclu le 2 1 mai 1786
entre le roi de France et le duc de
Wurtemberg (Besançon), 1789, in-
8° de 536 p. Cet ouvrage, dédié aux
états-généraux, devint l'occasion d'une
polémique assez vive entre l'auteur
et un ministre protestant ( V . Kilg ,
XXII, 409). Les diverses questions
soulevées dans cet écrit furent tran-
chées, peu de temps après, parla
réunion du pays de Monlbéliard a la
France 5 mais les chartes et les docu-
ments inédits , imprimés h la lin de
ce volume , doivent lui mériter une
place parmi les livres d'histoire qui
pourront toujours être utilement con-
sultés. W — s.
BAIRD (sir David), général
anglais, entra en 1772 comme ensei-
gne dans le deuxième régiment d'in-
fanterie, devint lieutenant en 1778,
et quelques mois après capitaine de
la compagnie de grenadiers d'un
régiment (le 75'") levé par lord
Macleod. Le corps, embarqué en
1779 pour les Indes orientales, était
h peine arrivé a Madras (pi'll fal-
lut couabaltre, cl qu'il fui presque
BAI ^S
iolalemcnl déiruit. Le souverain de
Mysore , le fameux Haïder-Aly,
ayant conclu un traité secret avec les
Maliratescl avec le nizam duDékban,
et brûlant de se venger des Anglais
qui, au mépris du traité de 1769,
l'avaient laissé lutter seul contre de
puissants ennemis, fil, en juillet
1780, une soudaine invasion dans le
Carnate à la tête d'une armée de
80,000 hommes, indépendamment
d'un corps considérable sous les or-
dres de Meer-Saëb , de quelques
troupes françaises, et d'un grand nom-
bre d'ofKciers de la même nalion. A
celte armée formidable les Anglais
ne pouvaient opposer que cinq a six
mille soldats commandés par sir Hec-
tor Monro \ encore une division de
celle force, sous le colonel Baillie,
était en ce moment éloignée du
camp. Un détaciiement dont le 73^
faisait partie fut envoyé pour la rap-
peler 5 mais a leur retour les deux
détachements réunis furent surpris à
Perimbancum , dans un défilé que le
vigilant Haïder avait fait entourer de
troupes et de canons masqués , qui
firent un grand ravage. Cependant la
bravoure et la tactique des Anglais
triomphaient de la supériorité du
nombre et de la difficulté de la po-
sition , lorsque , par un malheur im-
prévu, les caissons de leur artillerie
sautèrent 5 leur explosion causa
de grandes pertes. Tippou-Saëb ,
fils d'Haïder-Aly , dont les soldats
fuyaient en désordre, profita de ce
désastre pour les ramener sur le
champ du carnage, et la fureur de
ces barbares s'exerça avec une féro-
cilé qui ne fut tempérée que par les
représentations des militaires fran-
çais ( Voy. Hyuer - Aly , XXI ,
129). Le colonel Fletcher fut au
nombre des morts. Le colonel Baillie
et le capitaine Baird^ gricvemcut
74 BAI BAI
Llpssés ^ furent conduits K Seringa- le cap de Bonne-Espérance. Le 8
Ïiatnam en présence d'Haïder, qui juin 1806 l'armée nollandaise fut
es traita avec l'insolence que peut attaquée et défaite 5 le i 0 le fort et
inspirer un triomphe chèrement ache- la ville du Cap capitulèrent; le 18
té j il ordonna qu'ils fussent enfer- la colonie fut rendue par le général
mes dans des cachots. David Baird Jansen. En 1807 Baird passa sous
fut enchaîné par la jambe a l'un de les ordres du général Cathcart, et
ses compagnons d'infortune, et plu- commanda une division au siège dé
sieurs fois sur le point d'être fusillé. Copenhague, oii il fut deux fois blessé
Ce ne fut qu'au bout de trois années et légèrement. En janvier 1809 il était
demie, en 1784, que le capitaine en Espagne a la tête de la première
Baird sortit de captivité , et put division de l'armée commandée par
aller rejoindre a Arcate les débris sir John Moore j a la Corogne il eut
de son régiment. Nommé lieutenant- le bras fracassé dès le commence-
colonel en 1790, il prit part en ment de l'action (i). Ce fut lui qui ,
1791 cl 1792 au siège de Serin- se trouvant le plus ancien officier
gnpatnam, et l'année suivante à celui après la mort du général, dut infor-
de Pondichéry. Le grade de colonel mer son gouvernement de l'issue de
lui fut donné en 1795, celui de bri- cette bataille que ses compatriotes
gadier en 1797 , et celui de major- ont regardée comme une victoire. A
général en 1798. En 1799 il se re- cette occasion le parlement britan-
trouva de nouveau devant Se- nique lui vota des remercîments ,
ringapatnam , et ce fut lui qui, ainsi qu'il avait déjà été fait à son
le 4 mai ^ dirigea l'assaut de cette égard en quatre occasions précéden-
place. L'armée reconnut sa belle tes. Baird fut créé baronnet en 1809,
conduite en lui faisant présenter par et en même temps grand-croix de
le général en chef Harris l'épée l'ordre du Bain ; en 1 8 1 4 il fui é-
d'apj)arat {slatc sword) du sultan levé au rang de général commandant
vaincu. Mais cette distinction ne le en chef les troupes, et nommé con-
consola point de voir le commande- seiller privé pour l'Irlande. Il fut fait
mont de la place qu'il venait d'em- gouverneur (le Kinsale en 1819, et
porter donné par legouverneur-ge'né- du fort George en 1827. Il est mort
ral,mar{piis (IcVVelIciley, li un jeune le 18 août 1829. M. Théodore llook
«(licier, alors peu connu, mais qui a publié en 1802, à Londres, la yie
était sou frère, le colonelWellifigton: tic sir David liaird, comprenant sa
cette préférence lui causa un senti- correspondance avec le duc de \V ci-
ment d'irritation (jui perça fréquem- linglon, le marquis deVVellesley, les
ment (l.ins sa conversation et dans ses lords Melville et Castlereagh, etc.,
lettres. Baird reçut en 1801 Iccom- 2 vol. in-8". Cet ouvrage, trop vo-
inandement d'une expédition envoyée lumineux et cpii n'est qu'un panégyri-
i\\ Egypte, et joignit Tannée du gé- que, est Tobjel de plusieurs lettres
néral llutchinson peu de temps avant remplies de faits, et insérées dans
la reddition d'Alexandrie. Décoré, en
j8o4, <li' l'ordre du Croissant iXV.' ^ . , ,.
. •> 1 I I- (0 I^nir*! fut If prrmiiT «iflinrr «If I ariiuSj
gyptc, première classe, devenu lieu- oiipl«iHf pour .mI fut li.u i*o,..-raiu.n .r,«.
Icliaut-Kénér.l! en l8o.S,il fut mis tniirf Iph ..s d» la j..ii.l..rr .lu hras. .n io..|...ril
Kl ,V, p , |. . s.ul.nifiil «nifitiui-s iiiustlfï . au Imh <lf CMipiT
In Iule u une cxpcdilioii contre i,. UrusmOii.». ^
VAsiaiicjoumnli^Q iBô.i. Lccrill-
qiie rccluil île hcancoiij) roj)iiii()n
(jiroii a (loniu'c du nu'riU' ci (Ivs ser-
vices (le David liaird, ainsi que de la
riirucur de sa caiilivilé dans rinde.
Selon lui rel ofTicier, ne avec d lieii-
renses dispositions , mais qui n'a-
vaienl pas clé cultivées dans son en-
fance, n'élail pas capalile d'embras-
ser un vasle plan d'opéralions j il
élail d'ailleurs plein de bravoure, de
résolution, et en même femps d'Iui-
manilé. cl savait maintenir parmi ses
soldais la plus exacte discipline. L.
15AITELLI (GiuuA). Voj.
Fenaroli, XIV, 283.
«AIZÉ (NoEL-PiULirPE^, prê-
tre de lacon«rréo;ation de la Docirine
clirêlienne, né a Paris le 28 octobre
1672, dirigea d'abord le collège de
"Vitry-le-Français , et y enseigna la
lliéoiogie en 1697. Il revint h Paris
en 1704. pour y exercer les mêmes
fonctions dans la maison de Saint-
Cliarles, rue des Fossés-St- Victor.
Miron, docteur de la maison de Na-
varre, ayant laissé ses livres aux pè-
res de la Doctrine chrétienne, a con-
dition que leur bibliothèque serait
ouverte au public certains jours de la
semaine , le P. Baizé en fut nommé
directeur; il en dressa le catalogue
avec une telle exactitude qu'aucun
autre, sous ce rapport, ne peut lui
être comparé. Le système qu'il avait
adopté eut le suffrage le plus flatteur,
celui de Tabbé P»!gnon, bibliothécaire
du roi. Le P. Baizé fit l'ouverture
de la bil)liothèque de Saint-Charles
le 24. novembre 1 7 i 8 par un discours
latin aussi élégant que solide ^ mais
que par modestie il ne voulut jamais
livrer à Timprcssion. Devenu assis-
tant-général de la congrégation en
1725, toute sa vie ne fut (ju'un tra-
vail continuel ; mais rien ne put trou-
bler la paix de sou arae cl^ b'i douceur
BAJ
95
de son cnraclcrc. Il mourut h Paris
le 2.i janvier 1746. On n'a de lui
d'écrits ini])riniés (jue l'éloge du P.
Le Sémelier, inséré dans le Mercure
de juillet i7:i5, des statuts el fac-
lums concernant les affaires de sa
congrcgalion, (juelqncs articles (dans
le supplément de INloréri) sur les
grands hommes (ju'elle a produits
et une histoire al)régce de celte mê-
me congrégation et de ses généraux
dans le t. V II du Gnllin clirisliann,
avec des pièces K la fin du volume.
Le Catalogue de la bibliothèque
de Saint-Charles, en 22 volumes iu-
fol. 5 est maintenant a la bibliothè-
que de l'Arsenal ; mais le second vo-
lume de la table s'est perdu. On
trouve dans le Mercure de Vrance
du mois de juin 1746, un éloge his-
torique du P. Baizé, par son cou-
frère le P. Devismes, p. 92-99.
C. T— Y.
BAJON , médecin naturaliste
de la faculté de Paris, fut en-
voyé comme chirurgien major à
Cayenne, en 1765. Dès son arri-
vée dans cette île, il eut une occasion
d'observer la maladie contagieuse qui
se déclara parmi les Européens nou-
vellement débarqués 5 mais tous ses
efforts pour la combattre furent inu-
tiles, et il vit périr successivement
la plus grande partie de ses compa-
gnons de voyage. En 1773 il obtint
une médaille d'or de l'académie de
chirurgie pour un Mémoire qu'il lui
avait adressé sur le traitement des
maladies inflammatoires. L'année sui-
vante il fut nommé , sur la présenta-
tion de Daubenlon, correspondant dô
l'académie des sciences, a laquelle il
envoyait fréquemment des notes
d'histoire naturelle. Après un séjour
de douze ans , tant a Cayenne que
dans la Guiane , il revint en France
vers la fin de 1776, rapportant, a?eo
;6
BAJ
des planles, des quadrupèdes et des
poissons, une foule d'observations
neuves qu'il publia sous ce titre :
Mémoires pour servir à l'histoire
de Cayenne et de la Guiant fran-
çaise j dans lesquels on fait con-
naître la nature du climat de cette
coAîfre'é?, etc. , Paris, 1777-78, 2
vol. in-8'*,fig.'trad. en allemand, Er-
furtji 780-1 784., 2 vol. in-8°. Le pre-
mier volume contient seize mémoires :
les uns sur les maladies qui régnent
le plus fréquemment a Cayenne j les
autres sur les serpents et autres ani-
maux venimeux qu'on rencontre dans
celle île, sur quelques oiseaux rares,
et enfin sur le manioc et les moyens
d'eu neutraliser les propriétés délé-
tères. Le second en renferme douze,
dont le premier est la descrinliongéo-
graphique de Cayenne et de la Guiane j
les suivants Irailentdes maladies que
Bajon avait observées d'une manière
spéciale j cl enfin d'aulres sont con-
sacrés à la descripliou de plusieurs
quadrupèdes peu connus, du poisson
t'ieclricjue que l'on nomme à Cayenne
YanL^uille tremblante ; des plantes
alimentaires de la Guiaue et de leur
culture, et des corps lumineux qui
brillent sur la mer dans Tobscurilé.
Plusieurs des mémoires de Hajon
ont été publiés entiers ou par extraits
dans lo Journal de médecine et
dans celui de f)/iysir/ue. l»uiïon a fait
usage de sou mémoire sur le ta/ar;
mais en y signalant , avec tous les
égards convcnal les, quebjues inexac-
titudes étlia|)|)é('s au clilrurglen na-
turaliste dans la descripliou anato-
inl(pie de ce (piadrupèdc. Soimlnl,
dans les noies de sou édition des
OKuvres de Rnifon, Iralte bien plus
sévèrement Hajon qui, dit-il , conline
par «on emploi dans Cayenne , s'en
r.i|)portall aux naturels du pays pour
rcdiger 8C« mcmuircj} (A . ïcUuJJ'on
BAK
de Sonnini, XLIX, 286, et llist,
des poissonSy V, 079). Bajon était
l'intime ami de Mauduit de la Ya-
renne, médecin naturaliste, dont on
a quelques ouvrages, et qui fut l'un
des collaborateurs de XEncjclopé-
die méthodique. On trouve encore
le nom de Bajon dans la liste des
correspondants de l'académie des
sciences pour l'année 1790 j mais on
n'a pu découvrir ni la date ni le lieu
de sa mort. \V — s.
BAKER, voyageur anglais , qui
doltèlre distingué par son mérite d'une
foule d'aventuriers, a écrit un voyage
qui porte son nom , quoiqu'il ne lut
parti d'Angleterre qu'en qualité de
facteur. Roudel et Pieval étaient les
deux capitaines de rexpcdltion , et
commandaient chacun uu bâtiment. 11
est vrai que les talents de Baker et
l'expérience qu'il avait acquise dans
le voyage de Butter, lui avaient mé-
rité l'honneur de partager l*aulorllé
avec les deux chefs. Ce voyage est
de l'an j 565. Au retour, qui fut assez
malheureux, Baker s'était engagé par
une sorte de vœu h ne plus approcher
des eûtes de Guinée. Cependant ,
pressé par les sollicilalions d'une
compagnie ([ul connaissait sa prudence
et son zèle; ayant même, comme tout
bon marin , oublié après (juebjues
mois de repos les peines qu*il avait
essuyées , il céda au vœu de la com-
pagnie, cl se rembarqua pour la
mèuïe deslinatiou. La France el l'An-
gleterre étaient alors en guerre; ce
(|ni donna lieu \\ un combat contre
deux vaisseaux français que l'on ren-
contra d("ii le Irolslème jour. Après
s'être vaillamment délendus , les
Français se rendirenl , el leurs vais-
seaux Inrenl venilns dans un port
d'Kspaj;ne. A peine arrivé sur les cô-
tes (le Guinée, Baker descendit a lerro
avec huilhymmes; cl, comme il avait
BAK BAK 77
(li'ja fait le vo}a;;c , II se flallait tic leur nuire. Ils se rcm!)arqnèrcnl lo
réussir dès le mniic jour il former lendemain , cl arrivèrent près d'une
avec les nègres ([uchjues liaisons de côle où (Ils nc'grcs en armes leur fi-
commerce, et se proposait de rega- rcnl craindre un nouveau danger,
gner son vaisseau avant la nuit. Toutefois, en s'instruisant par signes,
Mais un orage furieux Ten empêcha. Baker connut nue les nègres étaient
IS'osaut cependant demeurer h terre armes contre les Portugais; et les
de peur de surprise , il passa la nuit nègres s'aperçurent (pio lui et ses
dans sa chaloupe^ exposé au vent et a gens avaient besoin de vivres. Ils
la pluie, tandis (pie les vaisseaux dé- leur en donnèrent- et Baker l(Mir pro-
taches de leurs ancres étaient poussés mit le secours des vaisseaux qu'il leur
vers la haute mer. Le lever du soleil assura n'être pas éloignés. Cette s\i-
ne ramena qu'une faible clarté. Un percherie lui réussit encore auprès
brouillard épais empêcha Baker d'à- de quelques autres peuplades ; eu-
percevoir les vaisseaux et d'en être fin, n'ayant plus rien à leur don-
apercu. S'imaginant qu'ils avaient iicr , et s'étant dépouillés même de
remonté Iac(Jle, il s'efforça de les y leurs habits, Baker et ses corapa-
joindre, landisqu'eux, se rapprochant gnons étaient voués hune mort près-
du lieu où ils l'avaient laissé et ne l'y que certaine, lorsque deux vaisseaux
trouvant pas , crurent qu'il avait français parurent et les reçurent à
péri. Comme c'était par son conseil leur bord. Il est vrai que ce fut
et ses lumières que devait se con- comme prisonniers de guerre; mais
duire cette entreprise , privés de ce après quelques mois de ? séjour en
puissant secours, les deux capitaines France , Baker acheta sa liberté, et
prirent le parti de retourner en An- retourna dans sa patrie oii il mourut
gleterre. Cette funeste résolution ex- vers i58o. M — e.
posa Baker aux plus affreux dangers. BAKKER ( Gerbrand), méde-
Il remontait constamment la côle, et cin hollandais, professeur a l'univer-
chaque coup de rame l'éloignait des site de Groningue , naquit a Enkhui-
vaisseaux. Quelquefois il descendait scn , dans la Nord-Hollande , le i'^*'
à terre avec ses compagnons pour y novembre 1771- Après avoir appris
prendre quelques racines , ou pour avec beaucoup de facilité et de succès
acheter fort cher de quelques ne- les langues anciennes , il se livra a
grcs un peu de miel ou de vin de l'étude de la médecine dans les uni-
palmier. Obligés de passer une nuit versités d'Alkmaer, de Groningue et
près d'un ruisseau qu'ils avaient rcn- de Leyde. Il dut principalement son
contré heureusement, et qui venait instruction aux soins du docteur Du-
se jeter a la mer entre des rochers , pui, qui devint successivement pro-
ils éprouvèrent un mal pire encore fesseur dans ces diverses facultés. Bak-
que la faim , c'était la crainte d'être kcr suivit aussi a Leyde les leçons de
dévorés par les animaux qui venaient Sandiforl, de Paradys, de Vollelen,
se dé^^allérer a ce ruisseau. L'obscu- et il y fut reçu docteur en 1794.
rite n'était pas si épaisse qu'ils n'en II exerça d'abord l'art de guérir à
distinguassent une grande quantité; Edam, petite ville de la Nord-Hol-
et leur aspect les épouvantait au- lande, et y montra beaucoup de zèle
tant que leurs cris. Cependant au- pour l'exercice des accouchements et
çuu ne les aperçut ou ne chercha à de la médecine pratique. En 1806 il
7'
BAK BAL
fut nommé lecteur cranalomie , de que illustratus partus huniani me-
chirurgie et d'accouchements à l'école chanismus, ihid., 1816 , gr. in-fol.
chirurgicale de Harlem , et l'amiée III. Osteographia piscium^ Gadl
suivante une place de professeur or- prœserlim œglejini , comparata
dinaire a Franeker lui fut décernée, cum Lampride guttato, specie ra-
En 1811, lorsque la Hollande fit riore,i\ÀA.^ i 822, in-8°5aveci5 pf.
partie de î'empire français ,. le gou- IV. Epidemia quœ anno 1826
vernemeot le nomma professeur d'à- urbem Groningam q^lixit , in
nalomie, de physiologie, de chirurgie brevi conspectu posita, 1826, in-
et d'accouchements à l'université de 8°. V. De natura hominis liber
Groningue. Bakker remplit ces im- elementarius , ibid., 1827, 2 vol»
portantes fonctions pendant dix-sept in-8°. Ce dernier ouvrage devait
ans, et ne se distingua pas moius être un traité complet d'anatomie et
comme professeur que comme écri- de physiologie ^ nous croyons qu'il
vain. 11 fut surtout habile daui l'art n'est pas terminé. G — t — r.
des préparations anatomiques et des BALARD (Marie-Françoise
injections. Ses cours d'accouchements Jacquette Alby , dame) née a
contribuèrent beaucoup a former de Castres en 1776, avait reçu de
bons élèves. Il s'occupa aussi avec la nature un talent remarquable
zèle de l'analomie du cerveau et de pour la poé^ie, Mariée jeune, elle
Fanatomie comparée. Ce médecin eut le bonheur de rencontrer dans
montra toujours beaucoup d'humanité son mari, l'un des avocats distin-
ct de désintéressement 5 et il eut sur- gués du barreau de Castres, un
tout occasion d'en donner des preu- homme fait pour l'apprécier. Vu
ves dans l'épidémie qui allligea la ville poème en quatre chants, X Amour
de Groningue en 1826, et doul il a maternel , qu'elle fit imprimer sous
publié une description. Il mourut le voile de l'anonyme, Paris, 181 o,
aune goutte anomale qui se porta in-i8, quoique inférieur a celui (jue
sur les organes abdominaux, le i4 Millevoye(/^ojK-. cenora, XXIX, 59)
juin 1828. Bakker a publié divers avait publié .sur le même sujet, fut
ouvrages en hollandais. PlusicHrs accueilli favorablement par les con-
sent sur les accouchements 5 on y rc- naisseurs. En 1811 M'"* Balard
marcjue aussi un Irailé sur le magné- remporta A^ixw prix réservés a Taca-
iismc animal, un sur les veis, dirij^é demie des jeux Horaux^ 1 uu pour une
coolre le professeur Rudolphi de Elégie, et l'autre pour une Hymne
Berlin, un autre sur I'umI humain, à la vierge. Encouragée par ce
Ses aulrcs ouvrages sont en lalin. double succès, elle continua d tu-
Voicila liste desprincipaux : ï. i)ra- voyer prescpic cha([ue année queLpies
iio inangurdlis de iis qiue (irtis pièces au concours ; et si toutes ne
obsletrici(r iililitntetnnugrre pos- turent pas couronnées, files mérilè-
sunl, et grnliim mugis ucccptum- rcntdu moins l'approbation de ses ju-
qur reddere , Groningue , 181 4.. ges, et la plupart fureul insérées (bus
C'est le discours qu'il prononça en les recuiils de Tacadémie. A l épo-
prenant possession de sa chaire de (pie de la restauration , IM'"" Balard
professeur a Groningue. II. Dv\- exprima ses senliuienls dau.s une ode
crijilin ironis /x/vis femi/tettf et oii l'on trouve, îi délaul des verita-
schcmtUum cupitts inJnntiliSy iis- blés qualités du ^eur« lyriipie, de
BAL BAL 7()
l'aboiulancc cl de I.i doncciir. Ad- celle science $ous la dîreclîon d'Al-
mise en 1819 K l'académie des jeux \ioni(f^()y. ce nom, I, 59/».) , qui le
floraux, elle y lui dès ranuée sui- regardait eoiunic son meilleur élève,
vanle un Kloç^c de mad. V crdivr cl aucjucl il succéda plus lard dans
{V, ce nom, XLVIII, 171), qu'on la place de professeur de botanique
frouva peu digne de celle qui l'avait et de conservateur du jardin royal
inspiré. D'uu caractère tendre et por- des plantes. Dans le mois de juin
tée h la mélancolie, IM""' Balard réus- 1797, le docteur Barolo, son con-
sissail surtout dans les sujets qui de- frère, ayant fait connaître au roi
mandent de la sensibilité. Sa dernière Charles-Emmanuel (/^<yjK. ce nom,
pièce est le Tombeau de Syhaii- au Supp.) un complot qui se tramait
drc, idylle que termine ce vers si contre son autorité, Balbis se croyant
simple, mais si touchant : compromis se réfugia en France , oiî
Je ne veux pas inc consoler. il fut employé comme médecin dans
M"* Balard mourut a Castres, le les hôpitaux militaires des armées des
8 avril iBaa, à 4-6 ans, laissant Alpes et d'Italie. Après la conquête
inédits plusieurs morceaux de poésie, du Piémont (déc. 1798), le général
entre autres Velleda^ cantate dont Grouchy le nomma l'un des mera-
elle avait tiré le sujet des Martyrs bres du gouvernement provisoire ;
de M. de Chateaubriand. S — É. mais, dans le mois d'avril suivant, les
BALBAiVI (Nicolas), de la succès de l'armée austro-russe le for-
ville de Lucques, fut ministre de l'é- cèrent de quitter encore une fois sa
glise italienne à Genève, où il publia patrie, où il revint l'année suivante
en italien une Vie du marquis Ga- après la victoire de Marengo. C'est
leazzo Caracciolo, dans laquelle, com- alors qu'on le nomma professeur de
me le titre l'annonce , on voit un botanique a l'université de Turin. Il
rare et singulier exemple de per- enrichit le Jardin des Plantes de plu-
sévérance dans la piélé et dans la sieurs espèces nouvelles, dont il a
vraie religion, Genève, i58i, in- 16. donné la description dans les mémoi-
Cet ouvrage, qui eut dans le temps res de l'académie de Turin, et publia
beaucoupdesuccès, fut traduit en fran- successivement plusieurs ouvrages im-
cais par Vincent Minutol, et la Ira- portants. Par suite delaréaclion pié-
duction parut a Genève en 1587, montaise il perdit sa chaire en i8i4-,
l'année même de la mort deBalbani. et se retira d'abord a Pavie, près de
Il a été aussi traduit en latin, i 696, son ami Nocca , qu'il aida dans la pu-
in-8'^5 et cnanglaisparW. Crashaw, blication de la Flora ticinensis.
m- 4-°- G — E. Il obteint en 18 19 la chaire et la
BALBIS (Jean-Baptiste), sa- direction du jardinbolaniquc de Lyon,
vant botaniste, naquit en 1766 a et vint eu cette ville, où il reçut
Moretta , pelit village du Piémont, l'aciueil le plus distingué. Ayant
Après avoir achevé ses études a l'uni- éprouvé quelques désagréments eu
versité de Turin, il y reçut le dodo- i83o, il demanda sa retraite qui lui
rat, et fut répélilcur au collège des fut accordée. Bientôt des affaires de
provinces, puis médecin agrégé a la famille le rappelèrent en Piémont,
même université. Son goût pour la II y mourut le i5 février i83i.
botanique s'était manifesté de bonne Balbis était membre de plusieurs
heure. Il fit de rapides progrès dans académies. Lyon lui dut une société
So BAL BAL
linnéennc. Seconde par quelques mes démérite (1^. Barbo, III, 3 5o),
amateurs éclairés de la botanique, Papadopoli, sans autre examen, en
il réunit en peu de temps les ma- conclut qu'il était parent du pape
lériaux d'une Flore lyonnaise , et Paul II (5). A ce pontife les conli-
mit tous ces soins a terminer ce grand nuateurs de Moréri substituent son
ouvrage. Une Notice inléressante prédécesseur Pie II , sans dire le
sur Balbis , lue a Tacadémic de motif de ce changement. Si l'on en
Lyon par M. le docteur Grosnier, croit Papadopoli,Balbus se fit inscrire
est imprimée dans les Archives du en 1^22 a l'université de Padoue, elil
département du Rhône, ^\S •) 129. en fréquenta les cours pendant quatre
Elle est suivie de la liste des ou- ans. Biais ce qui est plus certain ,
vrages de Balbis, au nombre de c'est que Balbus était en i4-23 au
quatorze. Les principaux sont : I. nombre des disciples que la répula-
Enumeralio plantarum officina- tion de Viclorin de Feltre {Voy. ce
lium, Turin, i8o4^, in-4.". W.Flora nom, XLVIII, 4i4-) attirait a Man-
Taur'inensis , ibid. , 1806, in-8". loue de toutes les parties de l'Eu-
III. Materies inedica, ibid., 181 1, rope. Après s'être perfectionné dans
2 vol. iu-8°. lY. Flore lyonnaise, la théologie , dans la philosophie an-
Lyon, 1827-28, 2 vol. in-8*'. V. cienne et surtout dans la langue grec-
Miscellaneahotanica prima étal- que, il se rendit a Rome, et ayant
tera.Yl.De crcpidis nova species , obtenu quelques bénéfices, il se con-
et autres mémoires insérés dans le sacra tout entier a la culture des lel-
recueil de l'académie des sciences de très. Son ardeur pour l'élude lui fit
Turin, dont il était membre. Willde- refuser tous les emplois qui pouvaient
now a donné le nom de Balbisia à le détourner de ses occupations j Pa-
une piaule récemment découverte, padopoli et les continuateurs de Mo-
G — G — Y et W — s. réri disent , il est vrai , que , chargé
BALRITS ou BALT5I (PiER- de différentes commissions, il les
be), savant philologue du i B*" siècle , remplit avec autant de sagesse que de
sur lequel on n\i (|ue des renseigne- prudence; mais toutes les recherches
ments incomplets et inexacts. Ughel- (pi'on a faites pour s'assurer s'il avait
li (i), Papadopoli (2) , les continua- été réellement employé par Pie II ou
leurs de Moréri et même Barbier, Paul II sont loin de confirmer celte
dans sou Fxamen critique des die- assertion. Balbus fut nommé, vers
lionnaires, p. 71, disent (|u'il élait i 460, évèquc de Tropea dans la Ca-
de Venise (5). Mais, dans la préface labre ultérieure. C'est dans celte ville
de sa traduction ôî'Alcinoïis, lialbi (ju'il termina, le 22 mars 1462 , sa
nous apprend i\\\'\\ était de Pise (4). traduction laline dt- la Théologie de
Ughelli lui ayant donné les armoiries IVoclus, dont il ollril la dédicace au
des Barbo, famille patricienne de roi de INaples, Ferdinand P*". Papa-
Venise, (ini a prtxhilt j)!nslcurs lioni- dopoli assure que Balbus, se reposant
. '■ sur ses vicaires tle radminislralion do
r.i ;;:;■;:;: a»..«;.f/?.-,„„„„ ... ,,5. »<>■> 'HoCsc , ..c lard,. m.,, k revoir
<J) Hurhicr I.Î nomme C./.A/V /."/"<•« .1 r.n- î^ Uouie, OU il mOUrUt ic 9 SeptCHl-
*Oie à Mnrrri, «lui fuit , mifiix «lue l'VU«T , roii- . < 1*^ J„ Q . „., . Il
(4) V. Mnill;iirr, ,■/«««/. Ijpntntph., I, 3u: _
Ilifil. .Smitfiitiixi . \.\\\ll; Ir (alat. il» la f 'al-
lurt, 38311 i l'ImUx du 1\ Lairc, Tinibonhi, elc. (5) Ctrtistimt J'au/ut II n/Jmu Juit.
«AL II AL 8i
ajoute (|iiL' srs rcsli's furcnl ilcposés (juc la ltil)li()llic(|uc du Valicau pos-
(laiis une clia|U'llo au Valicau, cl shic aussi (|ii('l(](U'.s opuscules de
que le pape Sixte IV lui lit élever lîalbus {J)i///int/i. manuscripior. ,
un tombeau de'eoré (Piiue épilaplie. I, i:i8;. W' — s.
Mais ou la clierclicrait vaiueuieul BALDASSIXI (.Ikhoml; , liis-
dans les Recueils de Gallelli {F. lorien, né, vers i 720, ii Jcsi dans la
ce nom, XVI, 36 1); et tout fait luarclie d'Aucoue , pui.sa dans sa fa-
conjccturcr (juc Balbus mourut dans luille, avec le goût de l'élude, l'exçm-
sa ville épiscopalc avant 1469. Tira- pie du palriolisnic. Comme sun aïeul
I){)sc1h(6) dit (jue lîalhuss'élail rendu Thomas Baldassini (i) , Jérôme con-
tiè.s-lial)ile dans l'astronomie, el qu'il sacra sa vie a recueillir et a mettre
avait traduit du grec en laliu plu- en ordre des matériaux pour 1 his-
sicurs ouvrages, renvoyant pour les toire de sa ville natale, el mourut en
litres aux Sc/ittori de Mazzuchelli , 1780. Outre que (jues opuscules qui
II, 89. La Iradiiclion que Balbus n'oflreul que peu d'intérêt, on lui
avait faite de V Introduction à la doit : 3Ieniorie istorichc délia
p/iiloso/)lne de Platon \-\Rr Wcino'ùi clttà di Jesl , Villafranca, 1765,
a été publiée, avec sa dédicace au in-/|-*'. Cet ouvrage , fruit de longues
cardinal de Cusa [V. ce nom, X, et consciencieuses recherches, est
382). à la suite de la première édi- très estimé. A la suite on trouve une
tion d'yipulée, Rome, 1^69, in-fol. réponse a la dissertation de l'abbé
Dans la préface, Jean André, évêque Philippe Vecchietti sur le passage de
d'Aléria, parle de Balbus dans des saint Grégoire, où il est question de
termes qui font douter qu'il vécût la ville d'y^w^//?irï. Vecchietti sou te-
encore a celle époque. La version nait que c'est Oslmo • mais Baldas-
d'Alcinoiis a ëlé "reproduite en 1^72 sini, comme on le pense bien, se pro-
a la suite de l'opuscule d'Honorius , nonce pour Jesi. W — s.
De imagine mundi ; et en 14.88 a BALDELLI (le comte Jean-
Viccnce Avec V Apulée; mais la non- Baptiste), littérateur italien, naquit
velle traduction de Marsile Ficin a a Cortone en 1766 , fit ses éludes à
fait oublier depuis long-temps celle Florence, el fut dès sa première jeu-
de son devancier. Balbus a traduit en nesse créé chevalier de St-Etlenne
outre le Dialogue de saint Grégoire Entraîné par son goût pour la car-
de Nysse sur l'immortalité de rière des armes, il se rendit eu
Vdme, et la Vie de saint Macrin; France, où il fut officier d'abord dans
— le Sermon de saint Grégoire de l'infanterie, ensuite dans la cavalerie.
jNaziauze sur l'amour de la pau- Il épousa a Marseille une demoiselle
vreté ; — celui de saint Jean Chrj- de Lumeny , qui lui donna une fille
sostôme sur l'aumône ; — celui de et mourut en couches. Il émigra en
saint Basile S'ir la prière; — et 179 i, comme la plupart des officiers
enfin divers 0/;/^,çc;//<^s de saint Maxi- de l'armée française, el fit les pre-
me. Ses Iraduclious étaient conser- raières guerres de la révolution dans
vées dans les archives du chapitre de les armées des princes, puis dans
Capoue {Catul. Stnith., LXXVII). celles Je Prusse et d'Autriche. Il re-
Le P. de Monlfaucon nous apprend vint dans sa patrie en 17955 et, lors-
(i) On a de Tboma» Ualdnssrni : JVétizie isio-
(6) littria delta /ett^ivfum itnliana , \l, 1020. riche di Jr^i, ibid., fjoS, ia-M.
LU é;
82
BAL
que les Français envahirent l'Italie
dans Tannée suivante , le grand-duc
lui donna le coramandemenl d'une
brigade qu'il chargea de couvrir la
Romagne. Le comte Baldelli était
encore a la tête de cette troupe en
1799 j mais Napoléon ayant défini-
tivement soumis la Toscane, en 1800,
il s'éloigna de son pays, et se mit a
voyager dans le nord de l'Europe,
principalement en Angleterre. Il ne
revint en Toscane qu'a la fin de i 8 04.,
et consacra dès-lors tons ses moments
à sa famille et a l'étude des lellres.
Nommé l'un des membres de l'aca-
démie delà Crusca, il en devin l en i 81 5
le président. Ayant toujoursjouid'une
grande considération â la cour du
grand-duc, il fut envoyé à Dresde en
1817 pour y oégocierle mariagedu fils
de Ferdinand III avec la princesse Ma-
rie. Baldelli mourut gouverneur de
Sienne en avril 1 83 1 , laissant dix en-
fants de son second mariage. Il était
membre des principales sociétés litté-
raires d'Italie , et correspondant de
plusieursacadémies étrangères. On a
de lu i , comme éditeur : Lcttcru ilalin-
ne scelle j Facnza, 1792, in-8". Ce
choix de lettres annonce un homme de
goût. — L'édl tiond es 07s'//^'ré'5 de Ma-
chiavel , Philadelphie (Livourne),
1796, dont il H'vit le texte avec le
plus grand soin. \.^Elo{^e (pie Bal-
delli composa de ce grand pnhli-
cisle , «ur Tinvilation de l'académie
de Florence, se trouve a la tète de
1 édition de ses OKin>rcs ^ Milan,
i8o/f, 10 vol. in-8". — Une exccl-
lenlc édition des lume de Boccace ,
Livourne, 1802, in-8", accompagnée
de noies utiles. — Une de» / o^yd^cs
de Marco Polo, Florence, 1827, 4
vol. iu-4", faite d'après le maïuisiiit
connu sous le nom de // D/i/ionc ,
et que Péditeur enrichit de pliksienr»
morceaux précieux (A', Polo, XXAV,
BAL
220). Il dédia son édition au pape Léon
XII, et il reçut un bref, du 29 mars
1828, où le pontife le remercie d'a-
voir défendu VégUse et combattu
les préjugés de la philosophie.
Enfin , indépendamment d'un assez
grand nombre d'articles insérés dans
V Anthologie de Florence, on doit a
Baldelli, comme auteur : I. Del Pe-
trarca e délie sue opère lihri quat-
tro, Florence, 1797, in-4.°. C'est un
ouvrage savant, rempli de recherches
exactes et intéressantes. On trouve k
la fin une table chronologique où
l'auteur désigne tous les lieux oii
Pétrarque résida, et de laquelle il
résulterait que Laure n'était pas née
lorsque le poète fit ses études a Mont-
pellier. Il avait projeté, de concert
avec Angelo Fabroni, de publier une
édition des OEuvres latines de Pé-
trarque 5 mais ce dessein, comme tant
d'autres, est resté sans exécution.
II. yila di Giov. Boccacio, ibid.^
1806, in-8°. Baldelli dédia ce bel
ouvrage a Pltalie* et il a reçu des
éloges mérités de Ginguené et de
Iloscoë. Il est orné d un portrait
de Boccace et de cpiatre vues : celle
de la vallée de Magnona, où Boc-
cace a placé la scène de son Anieto ;
celle de Conimedia délie Florentine
a ISirif'oja, où il suppose que les per-
sounaiies du Décameron s'étaient
réiti^^iés; celle de Certaldo , lieu de-
venu célèbre par le séjour de Boc-
cace et par ^on tombeau j et enfin
celle de la vallée dcUc Donne illus-
trée par nu pas âge du Décamcron ,
Giorn. VI, 1 o noi'. Dans sa préface,
lîalilelli pas>e eu revue les princi-
paux hisloriens de Florence, appré-
ciant leurs divers genres de mérite
avec autant de goût ijuc d'imparlia-
lilé. Arrivé a Machiavel, il s\\cuse
(
(te
aire l'éloge (l'uuécri\ain dont les
Duvrajjes uul éf« condamnés par i'c-
RAT>
gliso,rl (jiii, dans son livrcilu Prince,
a n'uni solon lui les maxinuvs les pins
]>r()nros ;i loiuicr cl alli'rniir nnc Ij-
rannlo Insnpporlablc. A la lin i\\\ vo-
lume il a rassemblé cincj disscrlallons
{illiistrazioni) '. sur les diverses
fortunes que la lillcralurc «grec-
que a éprouvées en Italie, pouvant ,
comme iialdclli le dil lui-même, ser-
vir d'introduction aux ouvra<i;es de
Hodj cl de l)0ernerj — sur la fa-
mille et le lieu de la naissance de
Boccacc ,• — sur son Décamcron 5 —
sur les calomnies répandues contre ce
grand écrivain avec leur réfutation;
— el enfin sur sa Fiamctta.
G — G — Y et W — s.
BALDIiNI (Philippe) e'iait , vers
la fin du dernier siècle, médecin de la
famille royale de Naples. Il a com-
posé eu italien plusieurs dissertations
qui roulent pour la plupart sur des
objets d'bygiène. Après avoir été im-
primées séparément , elles ont été
réunies en un seul corps d'ouvrage
sous le titre de Saggi intorno alla
presefvazioiie e cura délia umana
salute, INaples, 1787, 5 vol. in-B**.
Les principales dissertations qu'on
remarque dans ce recueil sont : sur
l'exercice de la cbasse et ses effets 5
sur celui de la pêcbe 5 sur celui du
cbeval et de la natation * surles bains
d'eau douce et d'eau de mer; sur l'u-
sage des bains d'eaux minérales el de
vapeurs; sur les sorbets et l'usage
)\\h
«h
des boissons a
la glace
sur les
fommes de terre et les ananas ; sur
usa^e du vin dans les maladies, etc.
Le seul dis ouvrages de Baldiui qui
ait été traduit eu Irançais est intitulé :
Manie re d'élever les enfants à la
main à défaut de nourrice, Paris ,
1786 , in-12. Celte Iraducllon est
attribuée a Lefebvre de Villebrune.
G — T — R.
DALDUXG (Jean), dit ISalde-
^recn, peintre el gravour sur bois,
contomi)orain d'Alberl Durer, mé-
rite coiiiinc lui l'cslimc de la posté-
rité. ISé a (ji-nniiKlcn , dans la Soua-
be, vers i47^>, il ne lui mancjua, pour
atteindre la repu 1 al ion des grands
maîtres, que d'avoir vécu sur un plus
vaste théâtre, el d'avoir pu écliauli'cr
son génie au soleil d'Italie. On recon-
naît dans ?>ç:^ compositions une louche
hardie, une exécution qui plaît. Ses
iéles sont belles 5 on admire surtout
dans ses tailles de bois ce qu'il a fait
en clair-obscur. Les connaisseurs lui
reprochent dans ses premières gra-
vures un goût très-golhique et une
mauvaise coupe : Baldung se corrigea
de ce défaut, et quitta le genre sec et
mesquin pour une manière noble et
moins maniérée. Il a signé quelques
estampes j les autres porlen t un mono-
gramme. Les plus connues sont; i"»
Jêsus^Christ et les douze apôtres
( 1 5 1 4.) ; 2** Adam et Eve ( 1 5 1 4.) ;
3" Xanthippe montée sur Socrate,
qu'elle fait marcher sur les mains et
les pieds (i 5 1 5) • 4-" Bacchus ivre,
couché sur un tonneau, du haut duquel
un enfant lui lâche son urine sur la
têfe^ i°Àes> paysages ^vdiSts a l'eau-
forte; 6° un sabbat. Baldung vivait
encore en iBS^J plusieurs de ses
estampes portent celte date. On
ignore l'époque de sa mort. B — n.
BALEX (Mathias) , historien ,
naquit en 161 1, à Dordrechl (i) ,
d'une des familles les plus honorables
de celle ville. Elevé dans la maison
de son aïeul maternel, a Gaiid, il y
contracta rhabilude de parler fla-
mand, et cultiva depuis cette langue
(i) Par une distrartinn incoiic«rvaI)le l't'ditio ii
du Dictionnaire (1<; (Ibaudoii, 1804, fait de Dor-
drecht une viUe d'AiigU-tcirn, Bnrbicr, dans son
Examen critique, a relevé celte faute; mais il
aurait dû remarquer (|u'elle a passé dao» le
Diclioiindirc itniyersei |>u))lic par Prudhomme, fcn«
quel iui-inèinc a travaillé,
6.
84 BAL
de préférence au néerlandais On cite
de lui des pièces de vers estimées.
Ayant abnndonné la poésie pour se
livrer aux éludes hisloriijues, il obtint
des magistrats de Dordrecht la permis-
sion de puiser dans leurs archives les
matériaux dont il avait besoin, et mit au
jour la description de Dordreclit,
contenant son origine, ses accroisse-
ments et son état présent avec la gé-
néalogiedes principales familles, etc.,
Dordrecht, 1677, 2 vol. in- 4-°, %•
(2). Peu d'ouvrages de ce genre, dit
Paquot, ont été faits avec autant de
soins, et il n'en est peut-être aucun
qui renferme une si prodgicuse quan-
tité de détails curieux {Mem. pour
servir à l'hist. lit ter. des Pays-
Bas, in-fol., I, 358). Balm mourut
peu de temps après sa publication.
Son portrait a été gravé par le fa-
meux Piomain de Iloogbc. W — s.
BALGLERIE STTTTEN-
BERG (Pierre) naquit a Bordeaux,
en 1779, dans la religion protestante.
U était bis d'un commerçant de cette
ville, qui avait bta:icoup perdu par
la révolution , et surtout par ses
funotes résultats dans la coîonie de
Sjint-Domingue. Comme son père, il
entra dès sa jeunesse dans la carrière
commcrcialf ^ et, doué de beaucoup
d'activité et d'iiittUigcnce, i! y obtint
d'assez grands succès; mais la guerre
«[ui tint si long-temps enb'rmées dans
n'is ports l'iiiduslrie it la marine de
la France, ne lui permit point alors
de donner un grand dévcloppcMcnl ii
ses spéculations. Il ne supportait donc
qu'avec peine un pouvoir si ronlraire
an (■(•mmcrce, et l'on ne peut donler
(ju'il n'ait vu avec )oie la chute du
gouvernement impérial. Il fut un Avs
prciniers liabilanis de Bordeaux (pii
(ï) Cet <)iivrn;;r «ttl taril m IIjiiiiiiikI, rJ non
pat rn lioMaii(lui« , «omiiir l'a dit Itnrliirr dniii
top F.jum^n rtitii/w
BAL
offrirent au duc d'Angoulême le se-
cours de leur cre'dit, lorsque ce prince
vint dans cette ville en 1814. Dès
que la paix des mers fut assurée ,
Balguerie se hàla d'ouvrir des débou-
chés dans les parages les plus loin-
tains, et ses navires furent des pre-
miers à faire reparaître dans les
ports de l'Inde et de la Chine le pa-
villon français , qui depuis si long-
temps avait cessé de s'y montrer (i).
Ce tut aussi lui qui le premier sut
former dans son pays ces associations
de capitalistes, qui partout ont eu de
si brillants résultats, et qui, a Bor-
deaux, achevèrent si promptementle
pont de cette ville et celui de Libour-
ne, puis ceux de Moissac /d'Agen ,
d'Aiguillon, de Coesmont et de Ber-
gerac. Ce fut encore par son impul-
sion ([ue s'éleva dans Bordeaux le
bel édifice de l'entrepôt , et que fu-
rent établies, dans les faubourgs^ des
usines où l'on vit en peu de temps les
métaux couler sous loules les formes
et pour tous les besoins. Enfin , ou
peut dire qu'à cette époque si bril-
lante du commerce français, Balgue-
rie eut parla tout ce qui se fil dans
sa pairie de grand et d'utile. La ban-
que, les bains publics, les bateaux a
vapeur, tous ces importants objet»
attirèrent successivement ses regards
et .ses soins. Ses dernières pensées
furent des moyens de défrichement et
de lertihlc (pi'd avait imiiginés pour
les lantles de la Guyenne, et de voiçs
de communication entre Rochefort,
Bnyonne et liordo.uix , pour les-
quelles déjà il avait obtenu l'autori-
salion du gouvernement. Mais il ne
lui était pas donné d accomplir ces
admirables projets , cl il est a crain-
(1) la l'ftlnlinn de l'iinr dr «•*« ciiffriuitr» 4
^1i' iinpriinrc !ii>n^ \n lilrr il« Journal d'un voru-
gr autour du inond* priidiint Irt ariiirrt iSlli, 17,
18 rr If), j>.ir M. r.ainillp de n<)<|iicrfui| . a Vt.'l,
l»i<*" avec nor |>l;ih(-hr, I'nri«. i8i>.
drc qu'ils ne soient morts pour tou-
jours avec lui. Son acllvllc clall si
grande (juc, dirlji^i'anl lui-même lou-
Ics ses imnuMiM's opcralions, il trou-
vait encore le temps de remplir
les fondions de membre du con-
seil municipal et du conseil géné-
ral du commerce, de directeur de la
cai>sc dY'pargue , de président de la
Lanque, etc. , etc. ^ mais ses forces
s'épuisèrent avant le temps. A peine
âgé de 45 ans, il fut atteint d'une
maladie de langueur a laquelle tous
les secours de la médecine ne purent
remédier. 11 mourut a Bagnère , le
25 août 1825. Son corps, transporté
h Bordeaux , sulvaut ses dernières
volontés, y fut luluimé avec de grands
honneurs, dans un cimetière que lui-
même avait acquis de ses deniers pour
ses coreligionnaires. La ciiambre
de commerce, dont il était président,
a fait exécuter son buste en marbre ,
pour le placer dans la sal'e de ses
séances. Le roi Louis XVIII lui avait
donné la croix de la Légion-d'Hon-
neur. Parses rapports de famille et de
commerce , par ses croyances reli-
gieuses etpar d'autrescauses encore,
Balgucrie appartenait essentiellement
sous le gouvernement des Bourbons
de Topposilion
•li voulurent, a
prises, mettre a profit son influence,
en le faisant nommer membre de la
cbambre des dépulésj mais il aimait
trop la paix, il chérissait trop sa pa-
irie, pour provoquer des agitations
funestes , et il avait d'ailleurs trop
de bon sens pour abandonner ses
affaires, et les sacrifier a des spé-
culations politiques. Ainsi, comme
l'a dit un des écrivains de ce parti,
il se montra peu empressé d'in-
scrire son nom à côté de ces
excellents citoyens qui prêtaient
avec énergie à la cause de la li-
BAL
»5
au parti de l'opposition j et les chefs
de ce parti voulurent, a plusieurs re-
bcrté , V appui de. leur injlucnce et
de leur rtclwsse. La cause de la li-
berté perdit. sans doute a ce peu d'em-
pressement, ujais B Iguerie y gagna
beaucoup- il remplit jus(pi'a la fin de
sa vie tous ses engagements • sa for-
tune s'accrut de jour en jour , et il
l'a laissée tout entière a ses trois
iilles. Un éloge funèbre prononce
sur sa tombe fut imprimé le même
jour a Bordeaux, et inséré dans plu-
sieurs journaux de celte ville et de Pa-
ris. Il a fait imprimer: I. Un mé-
moire à son Excellence Monsei-
gneur le duc de Richelieu ,
président du conseil des ministres,
1821, in-4-", où il s'agit de moyens
propres a faciliter la navigation de la
rivière de Bordeaux. II Lettre de
M. Balguerie-Stuttenhergà MM.
les membres du conseil général
du commerce, Paris, 1821, in-8°.
On a un portrait de Balguerie litho-
graphie par Galard. M — d j.
BALIIVGHEM (le P. Antoine
de), écrivain ascétique, né en iSyi,
a Salut-Omer, prit l'habit de Saint-
Ignace à dix-sept ans, et après avoir
professé les humanités et la philoso-
phie dans divers collèges , se consa-
cra tout entier k la prédication. Il
mourut a Lille, le 24 janvier i63o,
h i'àge de 49 ans, laissant la réputa-
tion d'un homme pieux et instruit. Il
a publié un grand nombre d'écrits ,
traduits en partie de l'italien et de
l'espagnol. Paquot en cite jusqu'à
quarante dans son Histoire littéraire
des Pays-Bas, II, l45, in-fol.j
mais il n'indique point un ouvrage
fort rare de Ballnghem, intitulé : Les
plaisirs spirituels contre-quarrés
aux sensuels du Quaresme-Pre-
nant , Douay, 1627, in-12. On se
contentera d'indiquer ici ceux qui sont
encore recherchés des amateurs : I. la
aprùs-diners cl propos de table
86
BAL
contre l'excès au boire et au tnan"
ger pour vivre longuement, Lille,
16 1 5, pet. in-S". Ce volume est assez
rare : il y a des exemplaires avec un
nouveau frontispice: Saint-Omer ,
16 24. L'ouvrageaélé traduit en lalin,
Cologne, 1620. Le traducteur est le
P. Jacq. Malbrancq, a qui l'on doit
une histoire fort curieuse des Morins.
{yoy. Màlbjra5Cq, au Supp.), IL
Zoopœdia , sive morum à brutis
partita institulio , ordiiie alphabe-
tico tum virtutum tiim vitiorum-
Saint-Omer, 1621. pet. in-8°, livre
Singulier, et qui piul avoir donné au
p. Leroy l'idée de celui qu'il a inti-
tulé : La vertu enseignée par les
oiseaux, Liège, i653, in-S". lU.
i^criptura sacra in locos communes
morum et exemplorum digesta ,
ouvrage très- utile aux ecclésiastiques
et surtout aux prédicateurs. Il a été
réimprimé plusieurs fois; la meilleure
édition est celle de Trévoux , 1706,
iu-fol., précédée de deux discours,
l'un sur les difiicultés que présente
l'étude des livres saints, et l'autre sur
l'cbligalion pour les ecclésiastiques
de les étudier. W — s.
BAUVET (Claude-François),
conventionnel, né eu 1754. , a tjray,
exerçait en 1790, la profession d'avo-
cat au bailliage de cette ville, lorsqu'il
fut élu membre de la première admi-
nistration centrale du département de
la Haute-Saône j en acceptant cette
place, ilsacrlda sesgoùtset sesintérèts
personnels ii l'espérance d'être btile
h ses conciloyeus. INommé depuis a la
convention nationale , il siégea lon-
slammciit avec 1rs membres les j)lns
modérés de celte assemblée, et mon la
rarement à la Irilume , soit cpril
ji eut pas lu courage de son opinion,
•oit qu'il jugeât tout effort inutile
pour la faire prévaloir. Dans le procès
de Louii XVI, 6ur la question do U
BAL
peine , il s'exprima en ces termes î
a Bien persuadé que nous ne de-
a vons prononcer qu'une mesure de
c sûreté générale, je demande sa dé-
« tention provisoire et son bannisse-
tt ment a la paix, jj La session termi-
née, il entra au conseil des anciens ,
et dut à l'estime de ses collègues d'en
être nommé secrétaire (1797). En
quittant les fonctions législatives
(1798), il accepta la place de com-
missaire du dir(cloire près de l'ad-
ministration de son département ,
qu'il remplit jusqu'à l'établissement
des préfectures. Balivet alors se re-
tira dans son domaine aFrasne Sainl-
Mamès, arrondissement de Vesoul.
Il y mourut le 29 avril i 8i3, regretté
de ses nombreux amis, et laissant la
réputation d'nn homme modeste et
instruit. W — s.
BALLEROY (Jacques-Clau-
de-Augustin, marquis de La Cour),
premier écuyer du duc d Orléans ,
naquit le 20 janvier 1694, d'une
ancienne famille de Normandie et
entra dans les mousquetaires en
1712. Il fut meslre-de-camp en
1714, brigadier eu 1734, gouver-
neur du duc de Chartres en mai
1755, marécbal-dc-camp en 1758,
lieutenant-général en 1744- H suivit
son élève dansles diverses campagnes
auxquelles ce jeune prince prit part,
se distingua nu siège de Fribourg, et
fut exilé en octobre 1744, pour avoir
eniraiié le duc de Chartres h se join-
no /
dre au parti des princes du sang, lors
de la maladie de Louis W a Metz
cl du renvoi de IM"" de Chàleauroux.
Ou voulut surtout le punir d'avoir
excité le zèle avec lequel le fils du
duc d'Orléans , dit le Suint, avait
contribué ;i amener le roi malade au
pied du tribunal de la pénitence.
Celle disgrâce, (pii dura trente ans,
était une suite (\ç^ intrigues du duc
BAL
de RiclicHcu. lialliToy cul iliiis sa
rctrallo iiiu' coinspunilancc suivie
avec le niai (luls (IWrj^cii.von , son pa-
rciilj cl ci'llc corrcspuiulance donna
peul-clrc lieu à rouvragc que com-
posa cet ancien nunislro des .ijTairos
eli angcrcs, sous le lilrc do Considé-
j'iitions sur le gouvernement an-
cien et présent de la France^ dans
lequel il proposait rélaldisscmenl des
assiMublécs provinciales. Après la
mort du marcjuis d^Vrgenson, arrivée
en 1737, Bailerov suivit le projet
qu'ils avaient nicdilc ensemble. 11
s'en occupa plus part culièrement en
1764, époque où parut le livre qui
vient d'être désigné , et développa
SCS idées dans un plan qu'alors seule-
ment il confia au papier. Il le remit
en I 769 à M. de Foutette, intendant
de Caen. Celui-ci le proposa au con-
trôleur-général qui l'adopta, et char-
c:ea ce mag-istrat de rédijrer l'édit.
Mais les intendants des finances, qui
n'étaient pas pressés de voir les pro-
vinces s'administrer elles-mêmes, fi-
rent retarder l'exécution du
proje
et
et il resta dans les cartons du con-
trôleur-général jusqu'au ministère de
Kecker. Le marquis de Balleroy
était, du coté de sa mère, née
du second mariage de Le Fèvre
de Caumartin avec M"*" de Verlha-
mon, neveu de l'évéque deB.'ois, Cau-
martin , et neveu aussi de M'""^
d'Argeuson (femme du lieutenant de
police) , par conséquent cousin-ger-
main du comte et du marquis d'Argeu-
son, frères, et ministresTunetrautrc.
Dans les Mémoires de ce dernier, pu-
bliés d'abord en 1785 sous le titre
d'Essais dans le goiit de ceux de
Montaigne, et dont M. René d'Ar-
geuson , arrière- petit -fils du mi-
nistre de la guerre sous Louis XV,
a donné en 1823 une seconde édition,
U est queslioû du marf[ui5 de Balleroy
BAL «7
a propos do quelcpies détails sur Ici
conférences de VEntresol, qui se
tinrent chez l'abbé Alary (de l'acadé-
n)ie (ranraise), dej.uis 1724. jusqu'eo
ij3i. Ou trouve aussi une mention
de celte espèce de club dans le S*" volu-
me, page 45 I , et suiv., des Lettres de
Bolingbroke, publiéesa Paris en 1808
parle général Grimoarii. Le marquis
de Balleroy lit partie delà |)iîlile aca-
démie libre dont il s'agit, dès sa fon-
dation. C'était une réunion toute com-
posée d'hommes instruits et apparte-
nant h la première classe de la so-
ciété , qui se connaissaient bien et
se Haient les uns aux autres. L'ab-
bé Alary en était le président (i).
On s'y occupait de recliercbes histo-
riques, de droit public, et en général
des nouvelles politiques du temps.
On vit sortir de la plusieurs hommes
d'état distingués, jusqu'au moment oiî
l'on soupçonna les habitués de VJEn--
tresol d'être opposés a la cour , ce
qui amena sa dissolution. Balleroy
y avait lu , pour son contingent , des
morceaux d'une Histoire des trai-
tés depuis la paix de T^ervins ,
qu'il avait laissée eu manuscrit , et
que son petit-fils projette de livrer a
l'impression. Il travailla encore a une
Histoire d' Allemagne (2). Le mar-
quis de Balleroy était généralement
reconnu pour un homme d'un mérite
(i) Montesquieu y lut, avant de le faire im-
primer, sou laineux Dialogue de Sylla et d'Eu-
crale ; l'abbé de Sdiut-l'ierre, son Projet pour
perfectionner la forme du gouvernement d'un état,
manuscrit autograpbe de 273 pag- ii»-4". et d'au-
tres ouvrages. Cet;e académie politique prit
son nom d'un entresol que l'abbé Alary occupait
dans l'hôtel du pn sulent Hcnault, place Ven-
d'iuie. A la mémo époque, une ai tre académie
j.ililiq'ie , dont l'abbe de SaiolPiene faisait
aussi p.;rlie, tenait ses séances dans la biblio-
thèque du cardinal de Rohan, et était i)rebidé0
par les jésuites Touruemiue tt ChamilLirJ.
V VK.
(2) L'abbé Alary en a aussi lusse une dont
le manuscrit autographe est dans mon cabinet .
ainsi que les manuscrits dont il est question
dans lu uolc précédente. V—ve.
as
BAL
Irès-dislingué, et qui joignait à des
connaissances en plus d'un genre la
philanlropie la mieux entendue-, il
réunissait h cet égard la pratique a la
théorie. Son désir d'être utile lui fit
sacrifier une grande partie de sa for-
lune à rouvertureela l'exploitation de
la mine de charbon de terre de Liltrj
près Balleroj, qui est d'un secours si
efficace au département du Calvados,
où le bois est très-rare et très-cher.
Il mourut en lyyS, dans la terre de
son nom. Il avait épousé la fille du
maréclial de Matignon. — Son fils,
Charles-Auguste de La Cour, comte
de Ballerov, lieutenant-général de-
puis 1762, après une vie remplie de
vertus et de services utiles, fut, en
1794., à l'âge de 74. ans, une des
victimes du tribunal révolutionnaire.
C'est le père du marquis de Balleroy
actuel ^Philippe- Auguste). L-p-e.
BALLESTEIÎOS (don Fran-
cisco) , général espagnol, né k Brea
dans l'Aiagon, en 1770, entra de
bonne heure au service , fil la cam-
pagne de 1793 comme lieutenant
dans les voloulaires de celte provin-
ce, et fut bientôt promu au grade de
capitaine. Eu i8o4 on l'accusa d'a-
voir détourné trois mille rations de
foura<j;e, el le ministre de la guerre,
Caballero , prononça sa destitution.
Quel(|ue temps après, le prince de la
Paiï, alors tout-puissant, ayant sans
doute reconnu raccusation calomnieu-
se, le plaça comuiechef des douaniers
dans les Asturies. Lors de l'invasion
desFrançaiseu r 808, la juulcde celte
province lui confia le commandement
d'un régiment , avec ieijuci il rejoi-
gnit l'armée comniandéc parBlake cl
Castanos, Jl prit pari sous leurs or-
dres à la victoire de Bailcu , el alfa
ensuite dans le raidi de Mvspagne,
où il monir.i heauroup de talent cl
de sang- froid dans plusieurs opéra-
BAL
lions qu'il dirigea comme chef. Mais
il se laissa surprendre à Sanlander,
en 1809, et n'échappa qu'avec beau-
coup de peine aux poursuites de Na-
poléon qui commandait en personne
sur ce point. Il essuya encore un
échec a Ronquillo en 1810, et un
autre a Castilles. Mais étant passé
dans TEstramadure et l'Andalousie,
il y fut plus beureux, et battit des
corps français a Caslana et a Osuna.
Poursuivi quelque lemps après jusque
dans les montagnes de la Ronda, il
se réfugia sous le canon de Gibraltar,
et demanda a entrer dans cette for-
teresse j mais le gouverneur s'y re-
fusa . craignant que Ballesteros ne
profitât de cette circonstance pour
s'emparer de la place au nom de
l'Espagne. Des officiers qui ser-
vaient alors sous ses ordres ont assu-
ré que feile était réellement son in-
tention, et qu'il ne fallut rien moins
que la prudence el la fermeté du gou-
verneur anglais pour faire échouer ce
projet. Il est constant que dans tou-
tes \qs occasions Ballesteros se mon-
tra fort opposé k l'Angleterre • et,
lorsque le marquis de Wellesley
vint prendre le commandement des
armées espagnoles , il relusa de lui
obéir. On a prétendu que celle dissi-
dence favorisa beaucouples(»péralions
du maréchal Soult ; ce qu'il y a de
sur, c'est que Ballesteros fut alors
exilé k Ccula par ordre Ai's cortès.
Il publia un mémoire juslilicatif, et
plusieurs olhciers prirent sa défense
avec beaucoup de chaleur. Réinté-
gré plus lard dans ses loue lions par le
pouvoir (pii l'en avait privé, il lut
mis a la tète d'un corps de troupes
<pil occupait les montagnes de la Ron-
da. l'^n 181 I la régence de Cadix le
iiomni.i lieutenant-général, et k soq
retour, en 181/,, Ferdinand VU lui
confia le ministère du la guerre j mais
los opinions (|iril iiMiiili'sIa contre le
pouvo r absolu Im liii'nl himlùt piT-
drcccl (Mn|ilol. Il lui cxllô a Valladolicl
a\('c la nioilii' de son IralU-niciil. On
coiuoil (]u iiiirès (anl de services ren-
dus a la causi' de rindépeiulancc cl
h celle (le FcrdiuaiuL Hallesleros dut
é|)ron\er nour de nareils |n()cé(lés
un resseuliineul prolond. Toul cela
d'ailleurs ne (il cpie le lier davanlaj^c
au parll ([ui réclaiiiail une conslilu-
lion ; et, lorsque ce parli sembla
Irioinpber eni 820, par le soulèvement
de l'armée dans l'ile de Léon, on vit
Bal'esleros accourir aussitôt dans la
capitale et s'y mettre a la tète du
mouvemenl. Devenu président d'une
junte provisoire , il lit prêter aux
trouj)es un nouveau serment, éloigna
du conseil \(.'s partisans du pouvoir
royal, organisa une municipalité, fit
sortir de prison tous les détenus pour
cause polili(|ue , enfin il put être
alors considéré comme le maître de
tous les pouvoirs, et Ferdinand VII
(f^oj-. ce nom_, au Supp.) fut réel-
lement prisonnier dans sou palais,
puis entraîné a Cadix. Quelques ba-
taillons de la garde de ce monarque
ayant tenté de le délivrer daiis la jour-
née du 7 juillet i8ii5, Ballesteros
marcba contre eux a 'a tète des mili-
ces et les mit en fuite. Lorsque, peu
de mois après cet événement , les
Français pénétrèrent en Espagne sous
la conduite du duc d'Angoulèrae,
Ballesteros reçut du iiouvernement
provisoire le commandement oénéral
des troupes qui lurent chargées de
défendre la Navarre et l'Arairon.
Repoussé derrière TEbre par le gé-
néral Molilor, il se retira, toujours
en combattant, vers les provinces mé-
ridionales. Arrivé dans les montagnes
de Campillo de Aronas , non loin de
Grenade, il essava de tenir dins une
position avanlageuîc; mais il fut battu
BAL
«i>
le -.'./{ juillt t , et le 4 août il signa h
Grenade une convention par Lujuelle
il reconnaissait la réfrénée établie il
Madrid en Tabseuei! du roi , et s'en-
g.igeait a remettre les places qu'il
avait en son pouvoir, a condition (pic
ses troupes couliiiuiMaiiiil à rece\oir
leur solde, et (pie perM)une ne serait
reclierebe pour délits p()lili(|ues.
Rietro refusa de donner sou adlic'-
sion a ce traité; et Ballesteros,
ayant fait d'inutiles efforts pour
l'obtenir , se vit dans la néces-
sité de l'y contraindre par la force
di'ii armes j mais une grande partie
de ses troupes passa du côté de Rie-
go, et ce général à son tour essaya
de déterminer Ballesteros a repren-
dre le commandement en cbef des
troupes contre les Français. Fidèle
a sa parole, Ballesteros rejeta toute
espèce de proposition. Lorsque Fer-
dinand VII, après avoir déclaré nuls
les actes du gouvernement con-
stitutionnel, bannit de la capitale
tous les fonctionnaires de ce gouver-
nement, et tous les officiers de l'ar-
mée, Ballesteros envoya au duc d'An-
goulème sa protestation contre cette
nouvelle abolition de la constitution et
contre la vio'ation de la capitulation
qu'il avait signée. Use rélugia ensute
en France, et vécut long-temps dans
la retraite a Paris , où il est mort le
28 juin i832. M — D j.
BALLET (François) , écrivain
ascétique et sermonaire , naquit à Pa-
ris le 6 mai 1702 , d'une famille bo-
norable. Avant embrassé l'état ecclé-
s'astique , il fut pourvu très-jeune de
la cure de Gif près de Versailles, et
consacra ses loisirs a composer des
ouvrages qu'il jugeait propres à rani-
mer la dévotion et le goùl des exerci-
ces de piété. Remplissant ses devoirs
avec un zèle vraiment évangélicjue , il
se cbargeait encore vojonliers d'aider
90
BAL
ses confrères dans les fonctions péni-
Hes du ministère. Appelé fréquc ra-
ment à Paris , il y obtint dans les
principales chaires des succès qu'il
dut moins à Téclat de ses discours
qu'à leur solidité. Sa sanlé délica-
te n'ayant pu résister a l'excès des
fatigues, il tomba malade, et se vit,
avant l'âge de 5o ans , forcé de ré-
signer sa cure. Depuis quelque temps
la reine, épouse de Louis XV, avait
honoré l'abbé Ballet du titre de son
prédicateur ordinaire, le seul qu'il
prend, avec celui d'ancien curé de
Gif, a la tête de ses ouvrages. Il em-
ploya ses dernières années a rédiger
de nouveaux écrits et a reloucbcr ses
sermons qui , s'ils ne lui assurent pas
parmi les grands orateurs sacrés un
rang qu'il n'ambilionua jamais, lui
donnent des droits incontestables k
l'estime publique. Ballet mourut vers
1762. On a de lui: L Traite de la
dévotion à la Sainte J^ierge j Pa-
ris, lySo, in- 12. IL Nouif elles
Instructions pour le Jubilé ^ ibld.,
1761 , in-i 2 . III. Instructions sur
la pénitence du Carême , ibid.,
1754., in-i2. IV. Exposition de
la Doctrine de V église romaine ,
contenue dans les articles de la pro-
fession de foi dressée par le pape
Pie IV, ibid., 1756, in-12. V. Prô-
nes sUr les commandements de
Dieu j i])id., iJ^J, 5 vol. in- 12.
Les exemplaires sons la date de 1753
ne diffèrent (pie par le changement
des Iroutisplces. y [.Prônes sur les
Evangiles de toute r année, ihld.,
1768, 8 vol. lu- 12. Ce recueil est
Irès-estimé. VIL Panégyriques des
Suints, ibid., 1758, fv vol. In- 12.
Les deux premiers volumes avaient
raru dès 17465 en les reproduisant
auteur y julguiiun troisième volume;
le qualrienu- se compose de morceaux
imprimés scparémeut cl cpii furciil
BAL
réunis par le libraire. VIII. De la
dédicace et de la consécration
d'une église j traduit du Pontifical
romain, ibid., 1769, in-8°. IX.
Histoire des temples des païens ,
des juifs et des chrétiens, ibid.,
I 760, in-12. Ce n'est point, comme
on pourrait le soupçonner un ouvrage
d'érudition. X. Vie de la sœur
Françoise Bony^JiUe de charité j
etc., ibid., i 761, in-12. W — s.
BALLET (Jeau), jurisconsulte,
né, vers 1760, dans la province de la
Marche, exerçait en 1789 la pro-
fession d'avocat a Evaux. Nommé
juge au tribunal de celle ville en
1791, il fut élu la même année par
le département de la Creuse député
k l'assemblée législative. Après avoir
énumeié les nombreux services ren-
dus piir les comités pendant la session
de l'assemblée constituante, il de-
manda qu'il en fût créé pour les dif-
férentes espèces de service , qui se-
raient chargés d'examiner les ques-
tions avant de les soumettre k la
délibération publique. Nommé mem-
bre du comité des finances, il ne parut
plus guère a la tribune qu'en qualité
de rapporteur. Le 2 avril 1792 il
présenta la situation de la caisse de
l'extraordinaire; el, pour faire face
au besoiu, demanda que la masse des
assiirnals en clrculallou lût élevée a
seize cent CM^[uaule millions. Le 28
août suivant il fit rendre plusieurs
décrets, dont Tuu prescrhail le rem-
boursemenl partiel de Teraprunl de
1782; el un autre rnnpres-Mon et
1 envoi k tous les dépiulemci. Is des
premières paqes du livre rm/gf quo,
par un reste d'égards pour la iainllle
royale, l'assemblée constituante a\ ait
Jugé convenable de tenir secrètes,
liallet n'ayant point clé élu à la cou-
venlloii, rentra daus la carrière do
la mai;i5lralurc. D'abord commissaire
13 AL
près le Irihnnal de Cliamlton , il fut
en i8()5 nomme nrociirciir-gi-iK-ral
près le Iriluiii.il d'appel ù Limoges.
\ la réorgnnlsalliMi(leslril)iiiiaux, en
j8i I, il fui r.dl avocal-géncral ii la
cour im|)ériale de celle ville, el créé
chevalier de Li Légion d'Honneur.
En mai i8i5 il fui envoyé par le
département de la Creuse a la ciiam -
bre des représentants. Le 27 juin il
fit adopter Tordre du jour sur toute
discussion relative au budget juscju^a
ce que les bureaux chargés de s'en
occuper eussent terminé leur travail.
Le 6 juillel il proposa, comme arti-
cle additionnel au projet de constitu-
tion (pie Ton discutait alors, que pen-
dant la vie du monarque il ne lui fut
point élevé de monument. Après la
dissolution de la chambre, au second
retour du roi , Ballet reprit ses fouc-
llons d'avocat consultant. Il mourut
k Limoges, le 3o avril iSSs, lais-
sant la réputation d'un bon juriscon-
sulte.— Il ne laut pas le confondre
avec Ballet , notaire d'H-guenau,
auteur des Conférences sur les or-
donnanceSj les principes du droit
romain et la jurisprudence des ar'
rets du conseil d'Alsace, Coiraar ,
l788,in-8'\ W—s.
BALLIN (Cl.vude), neveu et
élève de Claude Balllu (F', ce nom ,
ÏII, 287), naquit, vers 1660, a Pa-
ris, où il mourut le 18 mars 1754.
Comme son oncle , il fut orfèvre du
roi, et se distingua par la pureté et
Télégance de ses travaux aussi célè-
bres dans les pays étrangers qu'en
France. Ce f-;t surtout pour les cours
d'Espagne et de Portugal, pour 1 Ita-
lie, pour la Saxe, la Bavière et la
Russie qu'il fit le plus grand nombre
d'ouvrages. Il travailla aussi pour le
prince Eugène. Louis XV l'em-
ploya pour les présents qu'il a-
dressa au Graud - Seigneur après
BA.L
9»
l'ambassade de 1741- Balliu avait
exécuté avec beaucoup de talent la
couronne du sacre et le cadenas du
roi , qui fut regardé comme un de
ses chefs-d'œuvre. Ou voyait encore
de lui, h Notre-Dame de Paris,
un soleil magnifique de cincj pieds et
demi de hauteur, et le beau lampa-
daire (jui était devant la cluipdle de
la Vierge. Il avait fait en 1749$
pour l'église de Saint-Jean de Lyon,
une croix et des chandeliers dans
les([uels ou reconnaissait toute la
fraîcheur de son talent. Lorsque
la mort l'enleva, a plus de 90 ans,
il était encore occupé de son art :
il finissait pour Louis XV un sur-
tout d'or, d'une composition ad li-
rable, dont l'achèvement fut confié
a sou fils qui lui succéda dans sa
charp;e d'orfèvre du roi, I)-b-s.
BALLOIS (Lodis-Joseph-Phi-
tippE), né a Perigueux, en 1778 ,
doit être mis au nombre de ceux qui,
les premiers, tentèrent d'heureux ef-
forts pour propager et répandre en
France le goût des reclierches statis-
tiques, n était fort jeune encore ,
lorsqu'il fît paraître a Perigueux un
journal politique (i), dans lequel il
professait les piiiicipes répi blicains
les plus exagérés. Se.> doctrines déplu-
rent même au directoire exécutif,
qui saisit bientôt une occasion de lui
témoigner son mécontentement. L'ex-
convenliouncl Lamarque , nomme
ambassadeur en Suède , ayant voulu
prendre Ballois pour secrétaire de
légation , reçut du gouvernement
l'ordre positif de renoncer h ce
choix. Cette exclusion, qui seniblait
frapper Ballois jusque dans son ave-
nir, le précipita dans un tel désespoir
qu'il prilla résolution de mettre fin a
(i) L' observateur du drpartcment de la Dor»
dogne. Ce journal fut sup(>riiué par uu arièlé
du directoire.
91
BAL
ses jours; mais soit défaut de ferme-
té, soit que l'arme fût mal dirigée ,
il ne se fit qu'une blessure peu grave.
Echappé à ce danger, il participa à
la rédaction de plusieurs feuilles pu-
bliques, qui furent supprimées après
le i8 brumaire. Ceiie révolution
ayant tempéré la fongue de ses idées
démocratiques, il tourna ses vues vers
un ordre de co»inaissances dont les
théories et l'application également
inoffensives n'étaient pas de nature àt
effaroucher le pouvoir. Il entreprit
en 1802 et continua jusqu'à sa mort
la publication des Annales de sla-
tislique dont il a paru huit volumes
in-8". Le plan de cet ouvrage était
sage et bien conçu. La première par-
tie était consacrée à l'insertion ou a
Fanalyse des mémoires qui avaient
pour but de faire connaître l'état réel
du territoire francr.is , sous tous les
rapports de la production et de la
consommation. Dans une autre divi-
sion, l'auteur ne ^'occupail que de 'a
Ïiartie théorique de lascience, et, sous
e litre de iMclanges, il rendait
compte des ouvrages nationaux et
étrangers qui avaient trait aux mêmes
matières. On trouve dans ces Annales
plusieurs écrits iuiéressants de sir
John Sinclair, entre autres des ob-
servations sur la nature et les prin-
cipes des rerherrlies statistiques.
L'éditeur a publié séparément un
opuscule du même baronnet intitulé :
Lettre à M. Ji(tl/()fs srn-/'(ii^ri(i(/-
lurc y les fuKiiircs , etc., suivie
d'un {iperrit sur /es sources de tout
revenu fuiblic, Paris, i8o5,in-8**.
Un élablisseinenl qui semblait devoir
prêter i:n nouvel appui ii Tenlreprise
des Annales cl aux progrès de la
scitiice venait de se former II Taris ,
sou» le nom de Société de stutis-
iique ( ^ février i8o3 ). Ballois en
avait clé nommé le secrétaire pcrpé-
BAL
tuel, mais la mort, qui l'avait fui lors-
qu'il la cherchait, vint le surprendre
au moment oii il pouvait espérer d'ob-
tenir par ses travaux un sort hono-
rable. Il termina prématurément sa
carrière à Paris, le I\. déc. i8o5 ,
ayant a peine atteint 2S an^. Il était
associé correspondant de la société
philotechnique et membre de l'aca-
démie de législation. L — m — x.
BxVLME (Claude Denis) , mé-
decin , correspondant de la société
royale de médecine de Paris et de
celle de Toulouse, associé de l'insti-
tut de santé et salubritéde Nîmes, na-
quit au Puy en Velay , le 2^ janvier
1742. Après avoir reçu le bounet de
docteur a l'université de Montpellier,
le 4- inai 1765 , il se rendit a Paris
au commencement de 1767 , pour y
perfectionner ses études , et revint
vers la lin de l'année suivante au
Puy, où il exerça sa profession jus-
qu'à sa Uiorl , arrivée le 29 nov.
1 8o5. Il avait consacré une partie des
loisirs que lui laissait une pratique
étendue à comjioser différents ouvra-
ges relalifsa son art. Outre plusieurs
mémoires, réflexions ou lettres insé-
rées dans le Journal de médecine de
Paris, depuis 1768 jusqu'à 1790, il
adressa a la société rovale de méde-
cine, de I 786 a I 789 , quatre mé-
moires : deux lui méritèrent un des
jetons d'or de la valeur de 5o fr. ,
(pie décernait cette conqiagnie sa-
vante Il lllre de prix d'encourage-
ment. Kn 1 797, la société de méde-
cine de P.iris, h laipielle il avait fait
parvenir (\('^ observations sur /ex
/u'rnor//it:<^ies utérines aeu/it l'ac-
couclienu'iil, lui décerna, pour pre-
mier prix d'émulation, une médaille
d or de la valeur de 100 fr. ï^esou-
vr.iges qu'il a publiés sont : l. Dis-
sertation sur le suicide, 1789, in-
8". II. Mémoire sur /es efforts^
Le Puy, 1791,111-12.111. Hcchcf-
ches tlii'tftiqiics du nicdccin jm-
triotc. Le Piiv, 1791 , in-ii:. IV.
Conaidcrntions cli .iqncs siti' les
recliuli's. Le Puy , 1797 , in-12.
V. Lettre sur les médecins accu-
sés d'irréligion , et sur les nourri-
ces mercenaires , Le Pny, i8o4,
in-8". Z.
IIALOCIII, o'i plus cxaclcnicnl
BALLOCO (Louis), né il Ycr-
ceil, (Ml 1766. cliulla la jurispru-
dence dans le collèire del Pozzo ,
fonde par rarclievc([ue de ce 10:11 a
Pise, et fut reçu doclcur a l'univer-
sité de cette ville en 17(56. Mii-sson
goùl pour la poésie lui lit bientôt
abandonner le barreau : il débuta
dans cette nouvelle carrière par un
poème intitulé : // mérita délie
JDonnCj imprimé a Milan. Lors de la
réunion du Piémont a la France, en
1802, Balloco vint a Paris, et il y
fut attaché comme poète ctclufde la
scène au théâtre italien {x), où il donna
plusieurs opéras de sa coinposit on.
Vivement affligé de la perte de sa
ft'rame, Balloco vivait depuis quel-
que temps dans la retraite lors-
qu'il fut trappe du ci'oléra, et mou-
rut K Paris, en avril i832 (2).
On a de lui :\. Il merito délie don-
ne^ trad. du français de Legouvé,
1802, in- 18. On trouve a la suite
de la traduction , plusieurs poésies
dePaulenr. IL I virtuosi amhulan-
ti y dramma giocoso in duo alli ^
(1) Il composa, pendant plus de vingt ans,
des libredi pour ce thtàtrc, et n'eut pas toujours
à se louer de sa foriuiic. 11 écrivait (a?, in.irs
1818): « J'ignore W sort futur de la baratiue. Ou
assure ci'|.cn'lant que l'.icr sera le direetiur de
la ir.usifjuo. Pour moi je ne sais ce que je de-
viendrai. Je ne lionne pa-;, cl je m'en rapporte,
cOMune uiaitie J.ic([ues, à la desiince. J'ai (.xq
avant-biei- spectateur oculaire de l'affreux dé-
sastre de l'O'li-on : en deux heures tout a été
brûle, excepté les murs, etc. » V — vf.
(z) Il écrivait pendant la première invasion
de sa maladie: « M«»<* Vestris m'a invii»- en vo-
Ji\L 9^
l'aris , 1807 , in-8". IH. Penc-
lope , dr,iiiiiii,i scrio in duo alti ^
Paris, 181 5, in-}',"^ (V. La prima-
verafcliec , publié en 1816, pour
le maria;;e du due de Berry. Cette
composition dramalicjiic ciil quelque
succès : ie prince voulut corinaîîre
railleur et le complimenta. V. Avec
BL Soumet: Le Siège deCorinlha,
tragédie lyrique en 3 actes, Paris,
i8if), in-8". VL Cautata par V il-
lustre nasclla di sua altezza il
dura di Bordeaux, Paris, 1820,
in-8". VIL Avec i\L Soumet : //
viaggio a Reims, dramma giocoso
in un atto , composto per V incoro-
nazione di S. M. Carlo X, ital.
et franc., Paris, 1826, in-8°. VIIL
AvecM. Jouy : Moïse, grand opéra
en 4- actes, Paris, 1827. in-8''. IX.
Roberto il Diavolo , imité de la
pièce française intitulée Robert-le
Diable. X. Paroles et musique de
plusieurs Romances , Cavatines et
Cantates, dont une a quatre voix sur
la mort de Cimarosa • cette der-
nière n a pas été mise eu musique.
G — G — y.
BALSAMO ( Tabbé Paul),
écrivain agronomique, naquit k Ter-
mini en Sicile, le 7 mars 1765, de
parens cultivateurs qui, lui voyant
des dispositions pour les lettres, le
destinèrent h l'état ecclésiastique.
Reçu au séminaire de Païenne, I3al-
satiioy lit ses études avec beaucoup
de succès, el il apprit les raalbémati-
ques sous la direction de Paslronorae
Piazzi , pour lequel il conserva tou-
tre nom... Ma ronscience m'ordonne de renoncer
à vol le aimaliîe iiivilalion. .Ma belle voisine a
peur de mon oinbre, et il est tout simple que
vous redoutiez ma personne. Savez-vous qu'elle
a dcIViidu l'entrée chez elle, mèine a une carte de
\ isite à biquelle pourraient étr».- altaeh('S des
miasmes jjcsiilentiels 1... Ma fiile est venue à
l'ai is, et je n'ai pu la voir, etc. » — M a laissé
plusieurs poésies nianusentes, entre autres: La
Mulinconia, poi-mrUo ; Pariçi, eanzone, etc.
94 BAL BAL
jours de l'eslirae et de la reconnais- avantageux avec une moindre dépense,
sance. 11 obliut au concours la cbaire et pour cela il recommande Tusa^^e
d'agriculture a l'unitrersité de Palcr- des machines cL des iuslruraents les
me, et fut envoyé par son gouverne- plus simples, celui des cnj^rais les
ment en Lombardie, en France et en moins coûteux. Enfin , il généralise
Angleterre, où il séjourna deux ans, toutes les pratiques des divers pays
et se lia avec le célèbre Arthur- qu'il a visités. Les déclamations du
Young , auteur des Annales d'agri- professeur contre tous les genres d'a-
culture. Ou peut voir dans cet ouvrage bus, même contre les vexations des
plusieurs mémoires qu'il a rédigés , grands seigneurs, ne déplurent point
et qui présentent une analyse fort au gouvernement sicilien, et le prince
curieuse de son système de culture Caramanico, vice-roi , fut autorisé à
avec des notes de son ami Young. conférer à Balsamo une abbaye qui
Riche de nouvelles connaissances , lui donna entrée a la chambre du
Balsamo retourna h Païenne, et il y clergé, laquclletropsouvent, d'accord
conçut le pl-.n de ses leçons sur le avec celle delà noblesse, faisait sup-
ihéorème de Columelle , savoir, que porter par le tiers-état tout le poids
pour bien cultiver la terre il faut des impôts. Pour faire cesser une
trois choses: i« Prudentia; 2° Rei telle injustice , Balsamo fit interdire
'Vol ntas agendi; ■b'' Facilitas im- les donationsj et, sur sa proposition,
pendendi. Il divisa &gs leçons en la répartition de l'impôt fut fixée
agriculture politique, agriculture d'après le revenu sur toutes les pro-
théorique et agriculture pratique, priélés indistinctement. ]\ommé de-
Dans la première partie, il démontra puis long-temps bibliothécaire du roi,
les causes politiques qui nuisent à il fut chargé de présenter divers plans
l'agriculture , particulièrement les de réforme qui eurent un plein suc-
iTiauvaises lois, au nombre desquelles ces, et reçut de nouveau pour récom-
il place les emphytéoses , les vains pense une abbaye très-richej mais il
parcours, les redevances , la féuda- en jouit peu de "temps, étant mort en
lilé et toutes les prohibitions sur le i 8 i 8 a Païenne. Ou a recueilli ses
commerce des blés. Dans la partie traités d'agriculture et d'économie
théorique, il traita des nouvelles corn- politique au nombre desquels nous ci-
bmalsons chimi(jues de Dandole et terons : I. // restante vile prezzo
Davy pour la fertilisation des terres, digenerinon dénota enon cagiona
Il est Mjr que Colum( lie ne connaissait richezza e prospcrità nello stato.
pas les propriétés de l'azote, ni celles II. La spcndcrsi dcl dinaro in un
Ac l'acide Carboi.ique ; Young lui- paese , quali utili eJJ'itti produca
inêmeexpli(|uaitlout parle pi. logis- m-l pacsc mcdcsimo. 111. Cliintc-
tiquej et cependant tous ceux qui ressi nuzionuli e la giitstiziarichie-
ont adopté les méthodes de ces hom- dono che non si avvUisca il valore
mes célèbre., ont tiré de leurs terres le dellamoncta. IV. Diligcnze e pra-
plus grand profit. Dans la troisième Hi lu- perché livini rc^grrpossieno
partie, qui est celle de la prali.iue , alla nas'igazione vd allulungacon-
J'»al-samo, ensuivant les idées d'\ oiiug, servazione. V. Sopra la hirra, ilsi-
démontre qu'il ne faut pas exiger dm c f idromcle.W. Pensieri'sopra
des terres un Iron grand pro- iagricoltura di Sicilia.Mi. ;So^
duit, mm les réôullals les plus pvn l'injlucnza dciltt sciemu nul
BAL BAL ^5
rnigUoramcnto fhllt' tirti .WW. So" iani de M. de Caninartin, inirndani,
pra il piacere. t/t'/lagricoltura , ou il rinstalialion (le M. le comie
mcmoriacii X.Xouw^trudolId d/ilt de Gisors comme jioiivt'rncur , on
i/ii^Iesc. [\ . Sof)rii/i dnzj'i ndati- remarcjuc di\s parlicularllcs curieuses
vamcntc alf agricollura edallari- 6ur les conslriicllms qui ont été éle-
chezza nazionah'. X. La sentenza vées dans Tin I cru- tir de Melz on dans
del villaiio.W.. Uvillnnojllosojh. Tenccinlc des remparts, pour ein-
Tous CCS écrits sont fort eslimés eu bcllir et fortifier une des places
Italie, e( raulcur y est mis au rang les plus impnrlanlcs du royauuie.
des savants les plus distingués. L'annaliste n'oublie pas de donner
G — G — Y. la notice des anciens monuments
BALTIMORE (le baron de), que les travaux et les fouilles ont pu
V. CALviiRT , VI, 572. faire découvrir. L'échevin Battus a
BALTUS (Jacques), frère puîné publié le Journal de ce qui s'est
du P. Ballus, jésuite, né a Melz , fait à Melz au passage de la reine,
le 3 I janvier 1 670, exerça dans cette avec un recueil de plusieurs piè-
ville la profession de notaire, cl fut clu ces sur le même sujet, Metz, 1726,
conseiller-éche>inderHôlel-de-Ville. in-4^°. La reine Marie Lcczinska, fille
Il avait tenu, par ordre cbionologi- de Stanislas, venant de Strasbourg, où
que, un journal des faits et des évè- le duc d'Orléans l'avait épousée par
nements les plus importants qui con- procuration de Louis XV, arriva le
ceinaient sa patrie. Ce travail fut mis 21 août 17263, Metz. Ou lui donna
au jour eu 1789 par dom ïabouillot,.,», des fêtes brillantes que la relation de
sous le titre à^ Annales de Metz, Bal tus fait connaître en détail. II
depuis Van 1724. inclusivement, mourut a Melz en 1760. L-m-x.
pour servir de supplément aux BALZAC ( ), architecte ,
preuves de V histoire de Metz, naquit a Paris vers le milieu du 18®
Lamort, in-4° de 369 p. M. Teis- siècle. Connu par son talent comme
«ier, dans son Essai philologique dessiualeur , il fut désigné pour faire
sur les coraraenceraenls de la lypo- partie de la mémorable expéditioa
graphie a Metz, 1828, in-8", fait d'Egypte, et nommé membre de l'In-
observer, a propos de cet ouvrage, slitul. Pendant le séjour de l'armée
que , malgré les dédains des esprits française au Caire il y fit jouer les
superficiels pour ces notes journaliè- deux Meuniers , opéra dont Rigal
res , elles fînisn^nL par former à^^ avait composé la musique. Son en-
recueils uiilt;s,qui préservent de Pou- thousiasme pour les arts le conduisit
tli des faits iuléressants pour chaque jusque dans l'ancienne Tbébaïde,
cité. Mais M. Teissier commet une dont il visita les monuments. Après
légère erreur en disant que ces An- son retour en France , il fut adjoint
nales vont jusqu'à 1769 • elles se ter- h la commission chargée de recueillir
minent au 27 décembre 1765. On a et de disjioser les matériaux du grand
placé a la fin quelques pièces, dont les ouvrage sur PEgypte que le gouvcr-
trois dernières sont de 17595 ce (jui nemenl avait résolu de publier [V .
a pu causer la u\éprise de Tautcur de J.-B. Fourier, au Supp.). Balzac
\ Essai. Au milieu de détails fasti- l'enrichit d'une foule de précieux des-
dieux, tels que la descripiion des fè- bins crarchileelure. Dans ses* loisirs
tes données pour le baptême de Pc»- il cultivait la littérature avec quelque
96 BAN B^N
succès. Outre une Ode sur le ma- Le U juillet suivant il fut député
riage de l'empereur ci la naissance avec Ganilli par l'assemblée des élec*
du roi de Rome , imprimée dans les teurs de Paris vers l'assemblée natio-
Hommages poétiques, II , 268 , il nale , pour lui faire connaître la si-
a léuni, sous le titre de Poésies ad lualion de ces électeurs qui s'étaient
libitum, Paris, 1817, in-8», les più- déc'arés en permanence ; et quelques
ces qu 1! avait publiées dans les jour- jours aprt-s ces deux mêmes députés
nanx. On cite encore dr lui un pclit témoignaient devant le Chàlelet dans
poème allégorique : Douleurs et l'afïaire Bezeuval. Lorsque Tassem-
guérison. Pans, 1819. Balzac con- bléc nationale s^occupa de la consti-
servait dans un âge avancé la chaleur tulion qu'elle voulait donner à la
et les autres qualités delà jeunesse. France, dans le mois de juillet i 791
Ilmourutd'unrapoplexiefoudroyante Bancal lui présenta, de la part du
Ie5i mars 1820. A cette époque il club des jacobins de Clermont-Fer-
rcmplissait la place d'inspecteiT eu rand , une adresse dans laquelle ces
chef des travaux publics du départe- démocrates réclamaient de la manière
ment de la Sebe. Il avait en porte- lapins insolente et même avec menace
feuille àes poésies, une comédie en contre la dissolution des assemblées
vers, ainsi qu'un grand nombre de électorales, qui venait d'élre ordon-
plans , de projets et de dessins d'an- née par un décret. Biauzaî, député de
chitecliirej tous les jonrnaux se sout l'Anvergne, parla contre les si'-na-
accordés h faire l'éloge de son carac- taires, et plus particulièrement ?on-
tère et de ses talents. W-s. 'Ire Bancal qu^il traita A'intrigaiit.
BANCAL (Jean-ÏÏf.îjri), connu Sursa demande, l'adresse fut envoyée
sous le nom de Bancal d.-slssarls, na- au comité des recherches j mais cette
quit en Auvergne le 3 nov. 1750. Il affaire n'eut pas de suite, et le £9
était notaire a Paris, et j possédait juillet, dans une nouvelle péii-
unedcsmeilleuresétudes(i).Iladopta tion, Bancal den^inda avec plus d'in-
les principesdeiarévolulion avec en- solence encore, de lapart des patrio-
thousiasmc, et pnbliale 2 i avril i 789, tes de Clermont, justiee et répara-
sous le voile de Tanonyme, une hro- tion. Toutes ces circonstances con-
chure intitulée : Dérlarativn de tribuèrent à lui faire une réputation de
droilsà faire et depoui'oirs à don- palriolisme, et l'année suivanfe il fut
ner par l( peuple français pour les nommé député k la convention natio-
clats-'^énéraux dans les soixante nale par le dépaiiement du Puy-de-
assrnth/érs indiquées à Paris (2). D"'! e. Mais dès-lors ses ojiinions s'é-
^ taiei.t singulièrcmenl modinées; et
(.) iînnr.,i ,M.t..,it ronnu i, l'nris rou„n,- n„. vWcs scmblaiciil sc modérer h mcsurc
1788 à /;,./„,«Hr, qui du «I.I1IS la n.voiuiion nn *i^"'' 1 iT.' 1 lai 1011 (Ic's osprils devenait
jaroLin (rrr.iif. ir..ii:l)ir <lr In inimi.iiinlitf (In i)|iis araïuic I /^rc tii« !.. P...,,,:
'" «o.a. ,„.i. a., la V, „„.. .1.. l'aJi.. Hso ' T"" V., ''''"i"*^ ^^ 1 HlSSleU
tronv;. c.in.|)iis(l;,nM l.i mis.- h(„, l.Ti«)i «lorrlîo AliactiarsiS CIool/, SC disaut /W<Z-
iv,i,..r«u,i 1,,,, ,i..n,.i.inr ,...11. I "'"*'"• leur r/u genre humain, pub.w soo
{■*) Cfiio (IrcJHr.ilion lui <li|inis inm'-irr diitis — " — ■
Krîvon7".'ic\ """'; '"''"'■'■ '"'■ /•?"''"^*^'«' J"' '"•'"•" ••• •• ''••.•.i..e mon mjo.m- m AnsMcrre.
u" .l, ':. " ';""" "';'"■'■'"' ,'""»■•'!'«' 5»'"^»î<- »-.• .-H.. ,r„no unssi..,, pour y former un
lutr ,mivrr.i,llr. « I ll<. !„ |,ri.pnKPair, dit-il. n u,,, rotUpir.)
I
BAN I5AN 97
plan (U* n'puhliqiic unix'cr.'icl/i'y il lui iiu'nic (jii'il fallail laxcr de folie ;
avanr.a (jiie Bancal appu\ ail son .vj-.v- et IMaral iL-pondil (jiio c'claicnl les
itmefèdi-rutif: Bancal répondit par liomincs de rappel an peuple qui ac-
iin panipliltt i\c i6 pages in-8" : cns^icni V ami d/ peun/r. Le décret
« Frère , disait-il, vous nie prêtez d'accusalion ne fui pas prononcé. De
vos rêveries... Je ne veux pas, comme plus rn plus opposé au système de
vous, que l'Angleterre, la Suisse, tyrannie qu'il voyait se former dans
rAllemai;nc et tous les autres états le sein de la convention nationale
de TEui ope deviennent des dcpctrie- Bancal comljallilqnelquesjuurs après
ments de la France, dont le chef- avec succès la proposition de pren-
licu serait Paris, m 11 reproche plai- drc les ministres an sein de Tassem-
samment h Clootz de vouloir créer blée ; mais il fil d'inutiles efforts pour
environ ndlle départements dans sa que les attributions du comité de sa-
répuhlicpic universelle. « La seule lut public se bornasscut à surveiller
opération de la division de la France, le conseil exécutif, et pour que ses
fil envoyer dans le temps, h l'assem- membres fussent renouvelés deux
Mée constituante, environ deux mille fois par mois. Nommé a la fin de
députés extraordinaires. Combien en mars l'un des commissaires qui furent
faudrait-il pour tout le genre hu- envoyés a l'armée du JNord avec le
main?... Je connais la lierté an- ministre Beurnonville ( /^. ce noîn ,
glaise, et je ne pense pas que ce dans ce vol.), pour y faire exécuter
peuple , qui a versé tant de sang le décret qui ordoîinait à Dumouriez
pour se rendre libre, voulût faire de de se rendre h la barre, il chercha
son île un r/ty;«/'/e/72e«; de la Fran- par àes, movens de douceur et de
ce.» Le 27 novembre 1792, ]^an- persuasion a le décider a Tobéissance.
cal demanda à l'assemblée qu'on lais- « En homme d'esprit , a dit ce géné-
sàt indépendante la Savoie qui vc- « rai dans ses M< moires, ii me don-
nait d'être conquise, et qu'il lui fut « nn pour exemple de soumission
permis de se donner le gouvernement « les généraux des Grecs et des Ro-
qui lui conviendrait. Il était un des « malus , tandis que son collègue
secrétaires a Tépoque du procès de « Camus parlait avec une dureté et
Louis XVI , et il commença la dis- « une "rigueur excessives. » Mais ni
cussion par contester a l'assemblée le l'un ni l'autre ne réussirent à persua-
droit de le juger. Il vota ensuite de der le général j les quatre représen-
la manière îa plus favorable a ce tants et le ministre furent arrêtés et
prluce, c'est-li-dire pour la détention livrés aux Autrichiens comme otages
et le bannissement a la paix , pour de ce qui restait encore a Paris do
l'appel au peuple et pour le sursis k la famille rovale. Bancal se soumit
l'exécution. Dans la séance du 2G avec résignation a une destinée aussi
février, lorsque la convention discuta imprévue 5 et il est plus que probable
la question d? savoir si Marat serait que celle détention le sauva de l'é-
décrété d'accusation. Bancal demanda thafaud. Lié comme il l'était au parti
qu'il fût expulsé de l'assemblée com- qui succomba dans la journée du 5i
me un fou, «t renlcrmé dans une mai, ennemi personnel de Marat , et
maison de santé , où son étal serait l'un des votants de l'appel au peuple,
constaté par des médecins. Collol commeleluiavailreprochécet homme
d'Herbois déclara que c'était Bancal féroce, il n'eùl certainement pas échap-
j.vu.
98 BAN BAN
pé aiix proscriptions qui clécimèrent Iule l'Ami des Lois ^ d'avoir reçu
bientôtcelte assemblée. Au coDhaire, de l'argent de Roland, et d'avoir
tandis que les Autrichiens le traî- yoxAviRolandiser les départements.
naient de prison en prison, sa place Bancal, dans une réponse en date
lui fut conservée par un décret dans du 23 février, in-8°, taxa Poullier
le lieu des séances de la convention d'avoir un goût extrême pour les
nationale, etsonnom dutrestcrinscrit sottises et les calomnies. Sorti du
sur la liste des représentants. Bancal corps législatif le 20 mai 1797, il
et ses collègues furent successivement alla vivre a Clermont-Ferrand dans
transférés à Ehrenbreisîein, a Egra, une retraite absolue, se livrant ex-
au Spielberg, a Olmutz. Ce ne fut clusivement a des actes religieux
que trois ans après leur arrestation et a l'élude du grec et de l'hébreu
que leur échange fut consommé à pour mieux coniprendre le texte
Baie, et qu'ils recouvrèrent la liberté des saintes écritures. Il est mort
en même temps que la fille de dans cette ville au mois de juin
Louis XVI. Dès qu'il fut revenu en 1826, avec toutes les démonstra-
France, il publia, dit le cousin Jac- tions d'une piété sincère j ce qui a
ques (Beffroy de Reignj), un mé- fait dire aux ennemis de toute croyan-
moire sur sa captivité, «qui annonce ce religieuse que ses facultés raenta-
une àrae timorée, un cœur honnête et les n'étaient plus les mêmes j mais
des intentions pures : aus.sil'appela-l- rien dans toute sa conduite ne devait
on ca.ipi\c\n* {Dict. néolog. des hom- donner lieu K celte supposition j et
mes et des choses). Devenu membre ce qu'il y a de bien sûr, c'est que les
du conseil des cinq-cents par un décret dernières années de sa vie n'eu fu-
spécial, Bancal parut pour la premiè- renl pas les plus malheureuses.
re fois dans cette asseniblée le i'^'" M — d j et Y — ve.
janvier 1796. 11 fut porté en triom- BAXDELLO (Vincent de),
phe dans les bras du président, et célèbre ih^^'ologien naquit, en i4.55,
reçut de lui l'accolade fralerncllc. h Castel-lNuovo. Après avoir ache-
Noramésecrélaire(|uelqiicsjonrsaprès vé ses études à Bologne, il embrassa
il ne prit p'us de part aux discussions la règle de Saint-Dominique. Le ta-
que iians l'intérêt de la reli-ion et lent pour l'argumenlation qu'il eut
des mœurs. Les méditations de sa l'occasion de montrer dans les dispu-
longue captivité avaient entièrement \vs pnbli((ues, si fréquentes a celle
changé ses idées. Il demanda avec épo(jue, ne larda pas h le faiiecon-
beaucoup d'iusiances bi proliibiliou naître. (Ihargé d'aboril d'enseigner la
des maisons de jeu et de débauche, théologie, il s'en acipiilta d'une ma-
la suppression du divorce, cnliu il nièrebri'lanlc; el fut député plusieurs
fil houimage aux deux conseils irnii fois a ces assenblées solennelles où
crril de sa composition, inlilnlé : J)u s'agitaient, eu pré.sence du souverain
nouvel ordre sociiiljondà sur lu pnnlile et dw saeié collège , des ques-
rcligion, Paris, an V (1797), in-8" tions (|iie l'espiil religieux du siècle
de 353 p.'iges. Cet ouvrage avait déjà faisait trouver Irès-iniporlanlcs, n;ais
paru dans la (Inoniiptc du mois de (jui n'exciteraient aujourd'hui «[u'iiu
décembre F792 et février 1795. superbe dédan. Ce fui dans une de
lujrs de cette réimpression, Poullier ces assemblées ((ne Vii cent recul , en
flccnfQ Bnueal, (huis son journal inli' 1484, des iiialus du pape lunu-
I
ceni VITl , le InmiiT docloral. Cet
lionncur arcriil encore re.sliiuc dont
Viiicenl jouiss.ul n.irmi ses coulrères.
Rcvèlii siicces.si\ eiiieul (.\v!> principa-
les dignilcs de l'ordre, il en fut élu
général en i5oi.' Son zèle pour la
g'oire d'un institut (pii comptait déjà
tant de saints et savants docteurs lui
fil entreprendre la visite de toutes les
maisons que l'ordre possédait eu
France , dans les Pays-Bas et eu
Espagne. Mais il revint en Italie
cpuisé de fatigues , et mourut à
Altomonle, dans la Calabrc cité-
rieure, le 27 août i5o6. Viucent
joignait a une vaste érudition un es-
prit vif, pénétrant cl beaucoup d'é-
loquence ; mais trop entier dans ses
sentiments, il fut l'un des plus vio-
lents adversaires de l'immaculée con-
ception delà vierge, traitant les fran-
ciscains quila défendaient d'ignorants,
d'impies et d'hérétiques , jusqu'à ce
que le pape Sixte IV, par sa bulle de
iii83, condamnant Bandello et ses
adhérents , eût fait triompher l'opi-
nion opposée. Outre quelques ouvra-
ges restés manuscrits , et dont on
trouvera les titres dans la Bihlioth.
FF. prœdicator. des PP. Quétif
et Echard , II , p. i , on a de Ban-
dello : I. Libellas recollectorius de
veritate conceptionis B. Mariœ
virginis , Milan, Valdarfer, 14^7 5,
in -4^°, golh. , volume très-rare.
Cet ouvrage fut, suivant le P. Laire,
l'origine des querelles qui divisèrent
si long-temps les cordtliers et les
dominicains (V. YIndex llhror. ab
invent, iypograph. ^ II, 99). H a
été vivement réfute par le P. Louis
délia Torre , cordelier , dans son
Apologia pro conceptione imma-
culata , Brescia , i486, in-4.°.
II. Tractatus de singulari puritate
et prœrogativa conceptionis Sal-
vatoriiD.JS. J^-C, Bologuc, 148 1 ,
BAN
î)9
in-/»"; ce volume n'est pas moiftsrare
qiu; le précédent. La réimpression
formai in-i 2, /id cxciiiplar B<jtio~
ni{V, i48i,n'csl point rechercljéc. Oii
peut consulter, pour ])his de détails,
les /^ ies des hommes illustres de
l'ordre de S ainl- Dominique , j)ar
le P. Touron, III, 675-134. Mathieu
Bandello {V. ce nom, 111, 3o), si
connu surtout par son recueil de
Nouvelles traduites en français par
Boaistuau et Belleforêt, élail le neveu
de Vincent Bandello. W — s.
BAXDIXI (Salluste), naquit k
Sienne , d'une famille noble, le 10
avril 1677. Ses parents l'avaient des-
tiné a la profession Açs armes, mais
l'amour de l'élude lui fil abandonner
celle carrière, a laquelle il preléra
les méditations sévères de la jurispru-
dence civile et ecclésiaslique. Vers
1740 il composa sur la Maremma
de Sienne, une dissertation écrite avec
beaucoup de profondeur et de clarlé.
Celle œuvre d'un bon citoyen fui une
source féconde de vérités utiles qui
déterminèrenll'empereur François I"^^'
et sou fils, le grand-duc Léopold, a
clicrcher les moyens d'assainir le ter-
ritoire siennois, ravagé par le mauvais
air. Les vues développées par Ban-
dini sont nouvelles et démontrent
qu'avant les courageux efforts de
Quesuay , qui jeta en 1755 les pre-
miers élénents de la science écono-
mique en France, un étranger avait
abordé les mêmes matières avec suc-
cès. Mais les Français ne peuvent être
accusés de plagiat j car la disserta-
tion de Bandini , dépesée dans les
archives du gouvernement , ne fuî
imprimée qu'en 1775. C'était la
première fois que de grandes et
nobles découvertes s'obtenaient si-
multanément dans des pays divers,
Baudiiii mourut en 1760. A — d,
PAXG ouUA^iGIUS (Teomas),
u^.
loq BAN
savant* philologue , uaquit en 1600
dans l'île de Fionie, où son père était
ministre. Quoique pauvre, il vint a
Copenhague , el s'élant rendu agréa-
ble au chef de Tuniversilé, il y fit gra-
tiiiteiiienl son cours de théologie, lise
chargea ensuitedeTéducation de quel-
ques jt unes gentilshommes, entre au-
tres du fils du grand-trésorier de Da-
nemark, doul il eut une pension. Avec
ce secours il vint en Allemagne, et
suivit les leçons des plus célèbres pro-
fesseurs. En i65oonluiofirillachaire
d'hébreu à Copenhague. Il ne l'ac-
cepta que sous la condition qu'on lui
permeltrait d'aller quelque temps
étudier l'arabe et le syriaque sous
Gabr. Sionila, fameuxmaronile, alors
k Paris. En 1 6 5 2 il passa, de la chaire
d'hébreu à celle de théologie,' et
fut nommé conservateur de la biblio-
thèque de l'académie. Ce savant mou-
rut le 27 octobre i66r , après une
courte maladie. De quinze enfants
qu'il avaii eus de son mariage avec
la fille d'un sénateur, un seul lui sur-
vécut. On a de Bangius un assez
grand nombre d'ouvrages remplis
d'érudiionj mais ce sont pour la
plupart des thèses et des programmes
qui n'offrent plus guère d intérêt (i).
On se contentera de citer : 1. Ob-
sen'ationutulibriduo, Copeidiague,
1640, in-8**. Ce sontdes remarques
que Bangius fit par ordre du roi sur
la Grnmmiiirt latine (\c Denys.Ier-
sin ou Jersinus, adoptée par les éco-
les de Danemark el de Norwège.
II. CcL'liini Orientia et prisai mundi
triade excrcitalionum litteraria-
rum rvprivsëntatum , seii exeriita-
tiones de littcris atiliquis, ibid.,
i6S7, in-4°. Cet ouvrage a été repro-
duit «0U8 ce litre: J'J.rcrcitationes
(1) On ni Irniivr aiir lislc c-omplt^tif tinni
rouvroRO, fort nu.- cii Kiuncc, .l'Ail)»! t Bariho
lin: /)* scripti4 Dnnorum, Copenh., 1666, p. i il.
philologico -philosophicœ quibus
materia de ortu et progressa lit-
terarum ex intimis et genuinis suis
principiis pertractatur , Cracovie,
1 69 1 . C'est la même édition avec un
autre frontispice. Dans cet ouvrage
curieux et singulier Bangius recher-
che l'origine àçs lettres , des signes
astronomiques et même des caractè-
res cabalistiques. Il y expose et ré-
fute les opinions des auteurs qui s'é-
taient occupés avant lui du même su-
jet, tels qu'Arabrosio Teseo, Duret,
Gaffarel, etc. Tous les savants danois
contemporains l'ont comblé d'éloges,
liayle lui a consacré un article dans
son Dictionnaire. W — s.
BANG (Frédéric-Louis), méde-
cin danois, naquit dans Pile de Sée-
land, le 4- janvier ly^y- Après avoir
fini ses études, il voyagea pendant
quelques années, visita les hôpitaux de
Berlin, Paris, Strasbouig cl y suivit
les leçons des plus habiles professeurs.
En 1775, il fut nommé premier mé-
decin de l'hôpital Frédéric de Co-
penhague, fonction qu'il exerça long-
temps avec un zèle digne d'être imité.
11 enseigna la clinique dans cet hôpi-
tal, et y recueillit avec le plus graud
soin les objets dignes de remarque
qui s'ofi rirent a sa pratique. En 1782,
Bang fut élevé h la dignité de profes-
seur a Puniversilé de Copenhague j
il y rendit de grands services aux
élèves, soit par ses leçons , soit par
«es conversations instructives. En
1807, sou habilalioii fut incendiée
dans le bombardement de Copenha-
gue par les Anglais, el il perdit ja
l)ibholhè(jue et ses manuscrits. I!
montra pendant toute sa vie un pen-
chant pour la solitude et une grande
piélc. Dans ses dernières années , il
s'occupa de poé^ie latine, et traduisit
en vers hexamètres plusieurs mor-
ceaux choisis de J* Bible. (Quelques-
BAJN
uns oui clé iinjiriim-s. Ce imuicciu
raourul il CojH'nli.i^uc , le ::6 dcc.
I 82 0. On .1 (le lui : I. Sciccfu Diu-
rii ?^ osorornii Vridcriciani llnj'-
nicnsis, Coj)ciilia«^., 1789, '-i. vol. iu-
8", tradiiil en alli'in.iii(l par Jiigler,
1790, 2 \oI. in-8". Col ouvra<i;c Irop
peu connu on France os! un journal ou
recueil des fails ciinirpios que Bang
a observés dans lliôpilal Frédéric,
depuis 1782 jus(ju'cn 1787. C'est
une niiue féconde d'obscrvalions pra-
tiques précieuses. Elles ne sont pas
toujours assez détaillées ; et Tau-
tcur a négligé d'indicpier la con-
stitution atmosphérique de cliatjue
mois. On trouve plusieurs autres an-
nées de cet intéressant jourjial, dans
les nouveaux Actes de la société de
médecine de Copenliague. IL Praxis
medicasystcmaticcexposita, ibid. ,
1789, I Vol. in-8". Ce traité de
médecine prali(jue est basé sur les
observalions recueillies dans l'ouvraî^e
précédent, qui se montent a plus de
vingt mille, commerauleurrannonce
lui-même dans sa préface. Quand il
indique unemélbode de traitement, il
renvoie ordinairement aux faits nom-
breux de sou journal qui eu consta-
tent rulilité. Il a paru une 2*^ édition
de cet ouvrage, avec descbangements
et des addilions en i8i8j il a été
traduit en allemand par Ileinze eu
1796. III. Pharmacopœa in usum
Nosocomii Friderlciani Hafinen-
sis, ibid., 1788, in-8°. Celte
pharmacopée est très- courte. Bang a
encore publié plusieurs mémoires ou
observations daus les Actes de la so-
ciélé de médecine de Copenhague 5 il
est aussi auteur de quelques ouvrages
ascétiques. G — t — r.
BAIVKS (le chevalier baron-
net sir Joseph ) , président de la so-
ciété rovale de Londres, naquit dans
celle ville, le i5 déc. 1745, deGuil-
BAN
loi
iaumc Banks-IIod^kinson et de Sa-
rah Batc. Sa famille élait d'orifiine
«uedoise, mai-; on a différé sur l'é-
po(pie 11 laquelle tlle vini sVlablir en
Angleterre -, el, laiulis que les uns la
font remonter a un Siuton Banks, qui
serait venu se fixer dans le comlé
d'York, a l'époque crLdouard, el qui
aurait été le dix-huitième aïeul de sir
Joseph j les autres ne lui accordent
que deux généralions en Angleterre,
et nient que ce Robert Banks, qui gé-
ra sous Elisabeth el Jacques la charge
(ratlorney principal îi Giggleswick ,
et dont les (ils se dislinguèrent pen-
dant les guerres civiles, ait été un de
ses ancêtres. Ce que l'on ne conteste
pas , c'est que l'aïeul palernel de
Banks, celui qui , par son mariage
avec une Hodgkinson, fournil à Guil-
laume son lils l'occasion de join-
dre ce dernier nom a celui de sa
famille , n'ait été médecin dans le
comté de Lincoln , et que ses succès
dans l'exercice de sa profession n'aient
élé assez lucratifs pour le mettre a
porlée de léguer a ses fils un patri-
moine considérable. Il fut même re-
vêtu en 1756 des fondions de shérifF,
et la ville de Pcterborough Tcnvoya
siéger a la chambre des communes.
Comme tous les riches héritiers ,
Banks fut d'abord contié aux soins
d'un ecclésiasli([ue , des mains
duquel il passa au collège de
Harrow, situé daus le voisinage de
Londres. Plus tard il alla complé-
ler ses éludes a l'universilë d'Ox-
ford , où l'on fit choix pour lui
du célèbre collège de Christ. Il y
élait encore en 176 i, lorsque la mort
inattendue de son père le laissa maî-
tre de lui-même et de sa fortune : il
n'avait alors que dix-huit ans. Celle
liberté prématurée n'eût pas manqué
de devenir un écueilpour tout aulre.
Mais déjà le goût des sciences nalu-
102
BAlt
relies était devenu pour Banks une
passion a laquelle les autres devaient
toujours céder. Ses tuteurs n'eurent
pas k coraballre en lui les penchants
îuiiestes qui amènent si vile à leur
ruine tant déjeunes Anglais, peu de
temps après la fin de leur mino-
lilé. Il est a noter qu'a celte époque ,
Thistoire naturelle , qui jusque-là ,
faute d'être bien comprise et bien
apprise, était restée dans l'enfance ,
venait de voir apparaître en même
temps deux interprètes sublimes ,
Buffon et Linné ; Buffon aux tableaux
éloquents, au stjle large et majes-
tueux ; Linné aux formes sévères ,
aux classifications ingénieuses. Grâce
K ces deux liommes, Thislolre natu-
relle devenait à la fois attrayante et
philosophique, littéraire et savante.
Les genres d'esprit les plus divers
se sentaient entraînés vers elle. Mais
instinctivement l'on sentait que les
bases seules étaient posées , que bien
des milliers d'èlres organiques ou
inorganicpjps se trouvaient cachés
dans les contrées étrangères ; que
pour commencer à comprendre la
science , il fallait d'abord avoir
des collccleurs. Peut- être aussi
l'on pensait que ces collecteurs se-
raient long- temps a se montrer;
car il faut non-seul» ment du savoir et
di temps j)our récolter les éléments de
l'histoire naturelle, il faut aussi beau-
coup (Tarjijent. Or , (|ui serait d'hu-
meur à le louruir? iVordinaire , les
savants ne son* pas millionnaires, et
l'.'s millionnaires ne sont pas savants.
Quant aux gotivernemrnts, du temps
de Banks, ils étaient encore fort peu
8cnsi!)Ifs aux piogrès de l'iiistoirc
nalurellr. (/est Banks ipii plus (pie
lout autre élait dcsliné li iairi- cesser
celle indifférciH e. En al tendant le
jour où sa céU'brilé lii donncrail
de rinfluciicc , il méditait les au-
BAN
vres des deux illustres naturalistes
que l'Europe admirait. Déj'a sa bi-
bliothèque plus riche de jour en jour,
s'accroissait de tous les ouvrages re-
latifs k sa science favorite. Décidé à
tous les genres de sacrifice pour ar-
river a l'apogée de la science, il her-
borisait beaucoup, et c'est un sacrifice
en Angleterre ; car on n'herborise
qu'k pied, et telle est la facilité des
communications dans cette terre d'in-
dustrie, telle est surtout la tjrannie
des usages, qu'un voyageur pédestre
est presque toujours suspect. Du
moins ne peut-on s'imaginer que ce
soit un gentleman. Aussi plus d'une
fois le jeune amateur de botanique
fut-il pris pour un voleur ; et un jour,
que harassé de fatigue il s'était en-
dormi a quelque dislance de la grande
route, des olEclers de police l'emme-
nèrent sous prévention de vagabon-
dagejCtbien et dûment garotté, devant
un juge-de-paix de campagne , que
l'aventure divertit singulièrement. —
La nature de ses biens, pour la plupart
situés au milieu de la campagne , fa-
cilitait beaucoup ses savantes excur-
sions, qui au reste ne l'empêchaient
en rien de veiller h la prospérité
de ses domaim s. Au contraire , il
les améliorait k vue d'oeil, sans être
infidèle a la science k la(|uelleil s'était
voué. Sa propriété pi incipale, connue
S0U5 le nom de Revesby Abbey (dans
le comté de Lincoln), se trouvait sur
la lisière de cesvasles prairies maré-
cageusesquitntourent la baie de Bol-
ton, et dont l'aspect analogue k celui
des côtes planes de la Hollande leur
a fait donner le nom de cette contrée.
C'est la que B.inks passait la plus
grande partie de raiinée j il pcrlec-
tioniiait l'art de conduire les canaux
et d'élever les dignes, arl si impor-
tant pour les dessèchements qui doi-
vent rendre un jour d immenses clcu-
BAN
ducs à ragriculliiic • il pcmilall de
poissouî» à son clioix li'S claii^sil les
pclilslacs déco terrain a(juali(|tie, cl
(juchjiicfois il sy livrait au diver-
iisscinenl de la pèclic. C'est dans
cet exercice, (|uM contracta des
liens (Tainilié avec Jean de]Mon!ai<::u,
comte de Sandwich, ([ui |)liis lard
devint chef de ranùrauté , et dont
tant de découvertes imporlanles pour
la connaissance du glolie ont im-
mortalise le nom. « Si Tanccdote est
vraie , dit Cuvier , clic offre im
exemple de plus des grands effets que
peut amener une petite cause; car on
ne peut douter que l'ascendant de
BanLs n'ait puissamment contribué k
multiplier ces découvertes. S'il n'eut
pas besoin d'exciter le comte de
Sandwich k des expéditions auxquelles
la volonté Uu roi l'engageait assez ,
toujours est-il vrai qu'il lui indiqua
plus d'une fois les points cù il conve-
nait le mieux de les diriger, et qu'il
lui fit connaître les moyens les plus
sùrsdeles rendreprofitables. L'exem-
ple de ce ministre passa du reste dans
la suite en une sorte de règle, et les
nombreux successeurs qu'il eut dans
ce poste mobile, crurent tous s'hono-
rer en prenant les avis de l'homme
qui lui en avait donné de si avanta-
geux» [Eloge- de Banks, p. 4- cl S],
Quoi(jue pressentant ainsi combien un
jour la haute protccliou du pouvoir
aurait d'utiles résultats pour la scien-
ce , et jetant en conséquence les fon-
dements de l'autorité qu'il voulait
avoir afin d'en faire rejaUlir l'effet
sur elle, Banks n'avait pas pris la ré-
solution d'attendre qu'il fût bien en
cour pourservir effectivement lacause
de l'histoire naturelle. — Dès 1765 ,
profitant de l'offre d'un de ses
amis qui était capitaine de vaisseau,
il fit un voyage au delà de l'Atlan-
tique, et alla ;'isitcr les plages, jus-
ÏBAN
ao3
qu'alors inconnues, du Labrador et de
lerrc-]\eu\e- nous disons inconnues,
car, bien qu'annoucccs au monde
depuis Gaspar de Cortereal , ces
froides régions n'étaient visitées que
par des pécheurs. C'est probable-
ment pendant ce premier voyage
(jne Banks acquit cet art heureux
d'observation, ces habitudes, cette
connaissance du moral {\i2?> matelots
et des indigènes qu'il déploya dans
ses expéditions subsécjuenles. Aussi
rcgrette-t-on que, même dès ce temps,
le jeune voyageur n'ait pas publié le
récit de ce qu'il avait vu el recueilli
dans son excursion : peut-être comp-
tait-il que quelques-uns de ses com-
pagnons de voyage se chari^eraient
d'un soin dont il ne voulut point leur
dérober la gloire . Effectivement sir
Roger Curtis, alors lieutenant sur le
navire qui portait Banks au Labra-
dor, et le capitaine Cartwright ont
rais au jour diverses observations dont
ce voyage a été l'origine. Peut-être
aussi le chevalier crut-il avoir assez
fait en rapportant de la plage trans-
atlantique des produits différents de
ceux quel'Europe connaissait, eten les
plaçant dans ses collections, où bien-
tôt plus d'un savant serait k même de
les examiner, et de les décrire. Peut-
être enfin eut-il la modestie de ne
voir dans ce voyage qu'un essai de ses
forces , qu'une étude de sa tâche k
venir. — En effet, il était déterminé k
s'expatjier de j'ouveau et pour long-
temps, lorsque le gouvernement an-
glais équipa \ Endeavour, el en
donna le comMiandement au capi-
taine Cook, lo chargeant de visi-
ter les archipels naguère entrevus
parByron, ^Val:is,Carleret,Bougain-
ville, et surtout d'obsrrverle passage
de Vénus sur b' disque du soleil, pas-
sage qui avait eu lieu en 176 i, et
qui devait se reproduire en 1769.
io4 BAN BAIS
Une même ardeur excisait a, cette t^o?/r mit k la voile, de Plymoutb, le
époqueles trois puissances principales 2 6 août 1768; et, avant même queTon
de TEurope a faire preuve de quelque eût atteint la hauteur du cap Finislè-
iulérct pour les sciences. L'apathique re, nos naturalistes avaient déjà relire
Louis XV lui- même avait signé la cora- des profondeurs de la mer des pois-
mission de Bougainville partant pour sons, des molusques et des crustacés
le tour du monde avec Gommer- encore inconnus aux savants , et un
son. Et Callierine II courtisant les oiseau des rives de France était venu
encyclopédistes français, alors dispen- mourir blessé dans les mains de Banks
saleurs de la renommée , ordonnait qui lui donnait le nom de Motacella
ces grands voyages en Sibérie exé- velificans. A Madère, grâce à Tin-
cutés sous la direction de Pallas , et tervenlion active du consul anglais
destinés aussi en partie k robservalion Cheap, qui eut de la peine a triompher
du p;jssage de Vénus sur le disque du des absurdes répugnances du gouver-
soleil. A peine Banks eut-il connais- neur portugais, il obtint, pour le doc-
sance des préparatifs de r^^/zr/i'at^owr, teurSolander et pour lui, la permission
qu'il sollicita la permission de s'em- d'explorer les curiosités naturelles de
barquer a bord du navire qui allait l'île, et d'employer des indigènes k
iaire le tour du monde, et (ju'il con- pécher des poissons, a faire la chasse
sacra une portion considérable de sa aux oiseaux et aux insectes, puisque le
fortune aux appiéts indispensables k temps les empêchait de procéderpar
la réussite de SCS projets. Il iît placer eux-mêmes k toutes ces opérations,
sur le vaisseau des instruments, des De Madère le navire continua sa
outils aratoir( s, des graines, beau- route an sud ; et Banks, soit en pas-
coup d'animaux utiles, puis tous sant près deTéiiérifle, soit en cinglant
les appareils nécessaires aux obser- vers les îles du cap Vert , soit enfin
vations et aux expériences pliysi- en se dirigeant de celles-ci vers les
ques, ainsi qu'a la conservation (\t% côtes du Brésil, saisit toutes les occa-
objels qu'on récolterait chemin l'ai- sions d'ajouter de nouvelles richesses k
sant. De plus, sentant combien il celles dont s'enorgueillissait alors
y aurait d'avantage k ce que les l'histoire naturelle. Cha({ueîle. chaque
observations fussent faites sur une flot pour ainsi dire lui piijait son Iri-
grande (clicllc, et par consécpient but : ni ailes ni nageoires ne pouvaient
par un grand nombre de collabora- soustraire l'agile habitant des eaux
leurs, il détermina par Aii?, offres ou des airs k sa curiosité. Il arriva
pécuniaires assez élevée.«: diverses pcr- ainsi en vue de Rio-»laneiro. Mais la
sonne.s k le suivre. Ce furent d'abord dominait un vice-roi encore plus
lin secrétaire, quatre gens de service, ignare (|ue le gouverneur de Madère,
deux dessinateurs, puis enfin le doc- Ce profond polilicpie pensa que le
teur Solander, Suédois, élève de lin- désir d'herboriser, de chasser et de
né , et nouvellement fixé k Londres pêcher dans sa province couvrait
par un emploi au Musée Britanni([uc. (juebjue arrière-pensée j et en consé-
Baiiks l'avait connu depuis son retour ijuence défense expresse fut faite k
de 'l'erre-JNeuve ; et bientôt la corn- nos naturali.^tes de mettre pied ;
munaulé des goûts, des éludes, avait terre. En vain alléguèrent-ils fin-
f.iit naître entre eux une intimité (jui tention daller rendre leurs homma-
duraaulanlqne leurvie. — \S EndCn- ges k <oa excellence le vice«roi.
IJAN BAJV i(>5
Quel supplice ! Uchroussor clirmin en en cuiilrcf riilsloricpie des ac(jui.si-
préscnce i\c loiilc iim* cri'.itioii iinii- lions de l»aiiks. Ce (pil le taraclc-
vi'lle, do loiil un monde, où rien , ni rise non moins (pic ce zèle in-
flonrs, ni piaules, ni rcplilcs , ni oi- f.iligable (jui saiis cesse grossit ses
seaux ne ri\sseml)lail à leur monde, colliclions, ce(jnl donne au \oyagede
où du sol, du ciel de l'Europe rien ne \ Kitdcavonr l.i |)li\,sionomie loule
reslail cpie le soleil! ISos savanis n'y romanesque, toute épl(jue du voyage
tinrent pas. Après avoir envoyé les à{:s Argonautes ou de l'Odyssée, c'est
gens de service rassembler sur la côte cette influence (pi'il exerce, lui non
et dans le pays tout ce qu'ils reucon- marin , sur les marins, lui Anglais,
treraienl lie piaules, d'insecles, d'oi- sur les sauvages qu'il visite. Les pé-
seaux, de mammilères, Solander se rils que court l'équipage dans les nci-
glissa dans la vdle avec le titre de ges de cette Terre de Feu dont le nom
chirurgien de l'Ys/ir/t'ai'o/oV et Banks, présente une si bizarre antinomie
trompant aussi la surveillance des gar- avec le froid glacial dont elle est le
des-côtes , s'introduisit la nuit sur domaine, et qui menace d'endormir
la plage brésilienne et butina en per- nos navigateurs d'un sommeil de
sonne, mais sans oser s'aventurer mort • plus loin leur perte imminente
dans Rio- Janeiro. Bientôl pourtant la dans les rochers de la Nouvelle Hol-
soupçonneuse police du \ice-roi eut lande, lorsqu'ils voient les pièces de
vent de ce qui se passait : dès le leur bordage se détacher , une voie
lend( main, des officiers portugais vin- d'eau s'ouvrir plus puissanle que leurs
rent faire a bord une stricte recherche pompes, et qu'a l'instant de périr ils
des personnes qui étaient descendues sont sauvés par l'idée que suggère un
à la côte sans permis j et Banks avec des hommes de la suite de Banks de
son ami se virent forcés derester dans faire entrer du dehors quelques fio-
le navire, si mieux il? n'aimaient aller cons de laine dans les fentes du na-
en prison à Rio-Janciro. Ou leva l'an- vire 5 les combats avec les anthropo-
cre le 7 décembre ; et, a peine le gar- phages de la Nouvelle-Zélande; Tin-
de-c6le eul-ihiffranchi le vaisseau au- ceniiic général des herbes dans lequel
glais de sa présence, que Banks passa les hjbilants de la Nouvelle-Galles
sur une embarcalion dans les îles de du sud furent au moment de les en-
la baie de Rio. La du moins il s'in- velopptr; les amours des marins et
demnisa de la contrainte qu'il avait des Circés basanées qui ont valu a
soufferte . en moissonnant a pleines Otaïli le nom de Nouvclle-Cylhère :
mains plantes et insectes. Avançant tous ces épisodes, dit l'auleur de l'E-
toujours au sud , il put adrairft- de loge cité plus haut, communiquent
plus en plus la richesse majestueuse à la relation de Cook l'intérêt de ces
de la nature, et entre au Ires végétaux « amusantes féeries de l'Odyssée, qui
marins, il recueillit le célèbre Fucus ont fait le charme de tant de nations
giganleus , qui offre souvent un dé- et de tant de siècles. Or, c'est incon-
veloppement de plus de 100 pieds teslablement a la présence de deux
de longueur. Un nombre immense hommes nourris d'autres idées que de
d'insectes vint ensuite s'offrir a lui simples marins , c'est à leur manière
le long des cotes de la Patagonic. d'observer et de sentir qu'est dû en
Mais nous ne liniiions pas, si nous grande partie ce puissant intérêt,
essayions de suivre ainsi de contrée Banks surtout se montre toujours
io5
BAN
d'une aclivîté élonnante ; la fatigue ne
le rebute pas plus que le danger
ne Tarrèle. A Olaïii il a la patience
de se laisser peindre de noir, dt'la tète
aux pieds, pour faire un personnage
dans une cérémonie funèbre qu'il
n'aurait pu voir autrement. Et ce
n'est pas seulement pour voir , pour
observer qu'il déploie son caractère :
en tout lieu, bien que sans aulorilé
légale , il semble prendre naturelle-
ment le rang que lui auraient donné
en Europe les conventions de la so-
ciété. Il est toujours en avant : il
préside aux marchés , aux négocia-
lions ; c'est a lui qu'on s'adresse des
deux parts dans les embarras ; c'est
lui qui poursuit les voleurs, qui re-
couvre les objets volés. S'il n'eût re-
trouvé ainsi le quart de cercle qui
avait été adroitement enlevé par un
insulaire, le but principal de l'entre-
prise , l'observation du passage de
V^énus sur le disque du soleil, aurait
été manqué. Une seule fois il n'osa
se faire rendre justice* mais ce fut
lorsque la reine Obéréa l'ayant loi^é
trop près d'elle lui fi t, pendant la nuit,
voler tous ses vêtements j et l'on con-
viendra qu'en pareille occurrence il
n'uiit pas été galant de trop insister
sur son bon droit. Cette soi le ir ma-
gisliaUire a lacjuelle il se Irouva
porté lenail a ce que, dès lors, sa li-
gure , sa contenance étaient faites
pour inspirer du respect, en même
temps (|iie sa bonté soutenue captivait
l'aiiiilié. 11 donnait aux «sauvages des
outils d'agriculture, des graines de
])laules potagères , des aninaux do-
mestiques; il veillait li ce <(u'on ne
les maltraitât point , cl même a ce
qu'unies Irailâlavec indulgence l(»rs-
nuc les torts étaient de leur coté. »
Ou comprend (|u'ainsi aimé des natu-
rels de lOcéaiiieil trouvait toutes les
facilités nécessaires pour remplir ses
BAN
caisses et ses portefeuilles. Aussi ses
récolles en tout genre furent immen-
ses. Botany-Bay, dans la INouvelle-
Hollande, reçut alors le nom qu'elle
conserve en mémoire de la multitude
de végétaux qu'il en remporta. Mal-
heureusement le navire éprouva quel-
que temps après , sur les récifs de co-
rail de celte grandeîle, Taccidenl re-
laté plus haut, et presque toutes les
magnifiques collections qu'il avait
formées au prix de tant de peines
et de dangers furent perdues ou
endommagées au point qu'on eut
des peines inouies à les restaurer.
Plus tard , Banks et Solauder fail-
lirent périr dans l'arcbipel de Bata-
via , victimes du climat meurtrier
de ces îles. Ils échappèrent ce-
pendant , mais ils eurent le chagrin
de perdre Toupia, chef olaïlien, qu'ils
emmenaient en Angleterre , et dont
Tesprit supérieur promellail a la-fois
et des renseignements k nos savants
et d'utiles leçons à ses compatriotes ,
lorsqu'il serait revenu dans les îles i
qui lavaient vu naître. Enfin, après *
avoir successivement parcouru les
archipels de l'Océan-Pacifique , la
INouvelle - Zélande , la Nouvelle-
Ildllande , la Nouvelle-Gu.née , les
îles au su l de l'Inde , coloyé l'Afri-
([ue, douMé le cap de Boune-Espc-
ra:ice, et vi.slté Sainte-Hélène, [JSfi-
flcuvour, jeta Taucre eu Ang'elerre
le 12 juin 1771. — Un applaudisse-
ment universel accuedlil les voyageurs
a leur retour; et le 10 août suivant ,
sur le désir loruulleineut exprimé du
roi, Ikml s et Sulander, accompagnés
du |)ré,siiient de la .société roya'e de
Loiulres, John l'ringle , lui furent
préscnlésa llii hmoud. Banks prolita
de celle occasion pour offrir au uio-
narcpie, dont le goùl pour l'agricui-
li.ro cl la botanique élail connu, des
échantillons de graines rares et de
BAN BA.N X07
plantes (loni l.i iialnralisAlion en Eu- quanio pieds de profondeur, qnV^i-
ropc pouvait ])rcsriilpr i\v» avau- vironiicnl des milliers de colon-
tagi's ou contribuer a rorncmeul des ncs hasalticincs dont la régularité
jardins. Grorges llf rcriit de tels nalurellc slniulc celle des pro-
dons avec un plaisir sensible j et duils les plus corrects de Tarchitec-
dès ce jour il ue cessa de don- ture. Depuis que Banks, par son
ner à Banks des marques de son inté- récit, cul attiré l'attenlion sur celle
rèt. Aussi lorsque, deux ans après, île merveilleuse dont la formation a
Cook dut partir pour une seconde donné lieu à des diflérends .si vifs
expédition, non seulement il obtint parmi les géologues , chaque année a
sans peine rauiorisalion de donner vu des compagnies de curieux braver
un nouvel exemple de ce genre si la mer orageuse qui baigne les lié-
nouveau el si généreux dV^itrcprise brides pour admirer cette configu-
qu'avait admiré l'Angleterre , il fut ration exceptionnelle. Faujas de
encore décidé eu principe qu'il pour- Saint-Fond et IVecker de Saussure
rait se donner sur le vaisseau les entre autres, s'y sont rendus,' et
aises qui, sans gêner l'expédition, ont visité les divers points de l'île
eussent rendu son dévouement et celui avec un soin qui n'a été surpassé que
de ses amis moins pénible. Mais dansées derniers temps Les voya-
l'ombrageuse jalousie de Cook mit geurs arrivèrent ensuite en Islande,
obstacle a des arrangements si jus- Cette île de glace, située aux confins
tes; el, soit méconlenleraent de voir de l'Amérique et de l'Europe, oifre
sa gloire partagée , soit souvenir de à ceux qui la visitent un spectacle
quelques embarras qu'avaient pu lui non moins inal'endu que les îles
occasioner , pendant son premier équatoriales dont la mer Pacifique est
voyage, les égards dus à desgentle- semée, et qui forment entre l'Asie et
men, il imagina tout ce qu'il put pour la côte ouest de l'Amérique un troi-
ô ter a nos naturalistes l'envie de faire sième monde, le monde maritime,
partie du second voyage, et fit de Des neiges éternelles et des volcans
son chef détruire a bord de son vais» se disputent l'empire de cette contrée
seau divers préparatifs ordonnés par polaire , qu'éclaire à certaines épo-
Bai)ks. Ce dernier en fut piqué au \if, ques un jour de cinq semaines , (jue
el déclara formellement qu'U renun- désolent des bivers de neuf mois ,
çail'a ses projets. — Toutefois, ne vou- souvent prolongés jusque dans le
lant pas que ses préparatifs deoieu- cœur de l'été par l'irruption desgla-
rassent inutiles, il résolut de diriger ces flottantes qu'une cause inconnue
ses efforts d'un autre côté. Au ])t»ut détache des pôles. Les roches pelées
dequelquesseraaines(i2 jiiilleti 772), et tranchantes, les geisers (»u jets
un vaisseau noliséa ses frais le Irans- deau bouillante el les sources iber-
portait avec le docteur Solander, le malcs ou tièdes {Avérer et Laugar),
Suédois Uno deTroïl, depuis évèque au milieu des images les plus atlris-
de Liukiobing, et quelques autres pcr- tantes de la nature polaire , les amas
sonnes vers le nord de l'Europe. En de basalte qui forment, comme dans
passant ils vibitèrenl Slaffa, restée in- 1«', comté d'Autrim, d'immenses pi-
f onnu^- , quoique déjà nommée par liers naturels , les collines de sowfre
Buchanan, qui n'avait pas même parlé au pcd desquelles on voit l'argile
de cette grotte de deux cent cin- dans une ébullition continuelle , et
ia8
BAN
dans les flancs (lesquelles sans cesse
bouillonnent et sifflent les eaux • la
végéfalion rabouj^rie et maigre qui a
succédé aux grandes forêts dont jadis,
à ce que Ton assure, étaient couver-
tes les rives méridionales 5 les énor-
mes quantités de gros troncs de
sapins et autres arbres qui viennent
chaque année se jeler sur les côtes
septentrionales de l'île , principale-
ment au Cap-Nord et à la pointe dite
Langaness, enfin les nombreuses es-
pèces ou variétés zoologiques qui peu-
plent l'air , la terre et les eaux dans
celte île si peu connue, tout fut pour
Banks et sa suite l'objet d'un examen
attentif et fécond en résultais. L'ich-
tyologie et l'entomologie d'une part,
de l'autre la partie de la botanique
relative aux acotylédones durent spé-
cialement a ce voyage des accroisse-
ments inappréciables. — Les observa-
tions de Banks ne portèrent pas sim-
plement sur l'histoire naturelle. Les
mœurs, la langue, la religion , la lit-
térature, l'étal social des peuples,
attirèrent aussi son attention* et
l'Europe lui doit quelques notions
aujourd'hui populaires sur l'ancienne
culture intellectuelle des Islandais,
sur leurs 1 apports avec le culte odi-
nique dont les traces subsistent en-
core chez eux, sur la langue des Ed-
das dont ils parlent un dialecte fort
peu éloigné de l'idiome primitif. Il
fit plus • et, tant par suite de son
voyage que par des relations directes
avec d'il lustres Danois, il (ixa les re-
gards du goiiveriiemenl de (lopenha-
gue sur cet le possession trop négligée j
et dans la suite , attentif adonner liii-
iiièine aux habitants des martpies
effectives de souvenir, deux fois les
sachant en proie aux famines, si fré-
uucnles alors dans un pays aussi in-
fcrliie qu'isolé, il leur expédia des
cargaisons de grains à ses frais. L'ex-
BAN
pédition d'Islande fut la dernière de
ce genre a laquelle se livra Banks.
A partir de celle époque il ne s'oc-
cupa plus que de la coordination des
matériaux qu'il avait rassemblés.
A côté de sa bibliothèque , depuis
long-temps commencée et dès-lors
extrêmement iraportanle par le nom-
bre , le choix et la spécialité des ou-
vrages, grandirent des collections qui,
par leur magnificence vraiment royale,
l'emportaient de beaucoup sur celles
qui attirent les amis de l'étude dans
la plupart des établissements publics.
On s'attendait a voir Banks mettre au
jour le fruit de ses recherches si va-
riées; et probablement tel fut dans l'o-
rigine son projet. On avait même
commencé h exécuter des gravures qui
devaient être portées à deux mille.
Mais , soit que dès le principe le tra-
vail eiit été distribué entre ceux qui
auraient pu coopérer à cette belle
publication , soit que dans les com-
mencements les affaires politiques
rendissent les circonstances difficiles
pour la librairie, et qu'ensuite la
mort du docteur Solander, survenue
en 1782, eût fait ajourner indéfini-
ment un ouvrage dont il eut uécessai-
rement été le collaborateur principal,
soit enfin que des soins de patronage
et les petites intrigues auxquel-
les donna lieu l'élévation de Banks a
la place de président de la sociélé
royale de Londres aient absorbé le
temps (pi'il eût pu consacrer pour sa
])art K cette entreprise, les prépara-
tils n'amenèrent aucun résultat; et,
au grand déplaisir des naturalis-
tes , rien ne parut de ce qu'ils s'at-
lendaienl a voir. 11 faut ajouter
que cette inaction ne tint ni h, i oisi-
veté ( trop de prouves d'activité
en tout genre ont été données par
Banks pour que l'un s arrête a ce
soupçon) ni, ce qui pourrait sembler
BAN BAN iù<j
plus plausible, au closir de garder il entrer dans le cadre spécial de ses
pour lui le .secrel (le ses découverlcs. éludes 5 de ct-lle manière les i)i)jels
lin des Irails es.senliels de son ear^c- couraient moins de risque d'être dé-
lère est la générosité avec Licpielle il crils deux fuis ou trois ou niêine da-
niit toujours au service de quicon(jiuî vanlage, tandis ijue certes la puMi-
voulail se livrer aux travaux scienli- ealiou d'un T/icstiurus lî inhsuuius
li(p»es , ses collections , ses dessins ou Gdzophjiacluin Uanksiiuium ,
ef ses livres. Il céda ses vues de comprenant a-Ia-(ois de> ohicis "^éo-
Slaft'a (les premières de toutes, iogu|ii(\s, mincralogr|ues, Ijolaniqucs,
k ïli. Pennant qui avait en vain zoologiijurs, de toutes les clauses , de
tenté d'aborder à !a grotte mélo- tous les ordres, de toutes les fanilles,
dieusc ou grotte do Fingal (///^ Oua- eùl nécessairemcul amené cet incon-
J^ ine , tel est le nom de la grotte venient , et i nposé d'avance a tout
auxcolonnesprismaliquesde basalte), naturaliste la loi d(3 répartir ensuite
et qui en cnrieliit la relation de son cliacun des objets admis aux honneurs
Pojagc en Ecosse. Gœrtner a 11- di\ Gazo/j/ij'laciu/n da.::s sa famille,
brement et des milliers de fois cou- dautson ordre, dans sa classe. — Pen-
sullé ses herbiers pour composer son daiilqne Banks se recoiumaiiduitainsl
admirable Histoire des fruits et des a Tcsliine de 1 Iluropc savante par la
graines, lucs JbJclogre deVahldoi- protection éclairée (pi'il accordait a
vent une partie de leur mérite aux fa- ses frères en histoire uaiurelle, la
cilités non moins grandes (pi'il ne cessa présidence de la société royale de
d'accorder a l'aulcur. L ouvrage de Londres vint a vaquer par la démis-
llob. Brownsur les plantesdeîaNou- sion de Priiigle. Ici remarquons que
velle-llollande a de même été rcdio;é eeltesociété ne recevant du p;ouverne-
au milieu des collections de Banks- meut an«;lais aucune sn])vention, et
el on le sent assez a rextrèiîie netteté en conséquence se composant d'un
des descriptions. Fabricius a disposé grand nombre de membres dont
de tous ses insectes 5 Broussonnet, en les cotisations volontaires forment
commençant son ichtyologie , reçut son budget des recsLles, elle attache
de lui, h titre de don, d'.'S échantillons un? importance excessive au choix
dcî tons ses poissons. Qu'on ajeulc ii des hommes auxquels elle confie
tout cela (pic sa maison était leren- son administration, et que la na-
dez-vous perpétuel des naturalistes et ture de l'influence que ceu;i-ci exer-
(les s;ivants de toutes les nations, et cent. so:L sur la société en général,
l'on comprendra (iue ce n'est pas au soit même sur le sort des individus,
désir de monopoliser ses trésors exige en quelque sorte cpi'ils soient
scientiliques qu'est dû le silence de bien avec le gouvernement. Ceci est
Banks. \i\\ effet qu'exigeait l'intérêt vrai surtout du président. Il en ré-
des sciences.^ Que ces immenses ri- suite qu'un très-petit nombre de so-
chesses lussent mises en œuvrej il ciélaire.s réunissent toutes les condi-
n*exigeait pas qu'elles le fussent par tions nécessaires a ce poste, quid'ail-
lui-mème. Il y a plus, il était h sou- leurs demande chez celui qui l'occupe
haiier que d'autres mains exploitas- l'alliance de la science, de la fermeté,
sent cette mine opulente; car de cette de la richesse et d'une influence so-
raanière chacun empruntait à la col- cialeréelle.Del'ajen dépit de l'usage de
leclion de Banks les objets de nature réélire tous les ans le président, l'usage
IIO
BAN Ban
non moins respecte de réélire toujours cligne soutien de la vieille Angleterre
lemêraejusqu'kcequeîaraorl nécessite sons la bannièie des boutons, et se
un autre c!;oix. On pressent déjà par rendit auprès de quelques membres
la toute la nouveauté du cas actuel : de'la société royale solliciteur contre
Pricg'e qui donnait sa déti ission ne les pointes. Pringle lui représenta
pouvait être réélu. Mais les circon- respectueusement que la société ne
stances qui avaient amené celte réso- pouvait faire d'amendements a ce
lution rendaient l'affaire plus pi- qu'avait voulu la nature. Ces réflexions
quante encore, et sous d'autres rap- déplurent j et Pringle, au bout de
ports faussaient singulièrement la trois ans de tracasseries, acheta le
position de ceux qui se présentaient repos par sa démission. Elu à sa place
pour obteuT la succession de Prin- au mois de novembre 1778, Banks
gle. On sait que Franklin, en ex- eut pendant long-temps a subir d'a-
périmentant sur l'électricité, avait mères et injustes critiques. Aux yeux
découvert la propriété qu'ont les des uns il était trop jeune. « Qu'a-t il
pointes d'attirer le fluide électrique, écrit? » di.^aient les autres. L'astro-
et qu'il avait fondé sur celte pro- nome Blaskelyne et d'autres deman-
priété la construction des paraton- daienl comment un naturaliste pour-
nerres. Un nommé Wilson, voulant rail présider tant de niaihénaliciens,
qu'il fijt aussi parlé de lui , se mit a ce a quoi l'ou eiit pu répondre ;
prétendre que les sphères attirent k Comment Newton, mathématicien,
bien plus énergiquement le fluide, et « a t-il pu présider liintde naturalis-
conseilla de terminer les paratonuer- « tes? m Au fond, lacause véritable de
respardesboulonsdecuivre. OrFran- tout ce tumulte, c'était l'envie. Hor-
kliuapparlenaitauxcoloniesaméricai- seley , depuis évêque de St-David et
nés • et les colonies étaient en guerre de Rochester, mathématicien et théo-
avec la métropole qui, comme on ^ait, logien fougueux, aspirait au fauteuil:
ne put parvenir h les remeltre sous le intrigues, pamphlets, calomnies de
joug. La théorie de Franklin ne pou- salon , discours k la société , prédic-
vail donc être bonne, puiscjue c'était lions sinistres, il n'omit rien de ce qui
celle d'un rebelle; et Wilson , sans pouvait servir sa haine , et il fut au
administrer beaucoup de preuves en moment d'écarter Banks de la prési-
faveur de son assertion, compta très- dence, quand enfin ses amis s'apercu-
vite un grand nombre de champions, rent qu'il la convoitait pour lui-même.
Bientôt les boutons et les pointes de- Ce remède parut pire que le mal ; et,
vinrent une affaire de parti, el l'on quelques séances après, lasociété réu-
rciiarda Irès-sérieusemtnt les adver- nie en une assemblée solennelle dé-
saires des boutons comme des enne- rlara qu'elle était satisfaite de son
mis de la métropole. Les hommes choix (2 janv. 1784). Ilorseley et
sensés eussent au moins du se tenir à quebjues-uns de ses plus fougueux
l'écart, et garder en riant une stricte adhérents se retirèrent; el la com-
iicutralité. Malheureusement un dvs pagnie , rendue il la paix, réélut
princes du sang royal crut cette pré- pendant trente -huit années conse-
caulion superflue; cl, s*imaginanl sans culives le président qu'elle s'était
doute (pic (piebjue tempéranienl donné. jNewton lui-même n'avait oc-
diplunialicpic pouvait arranger l'ai* cupé le fauteuil cpie vingt-quatre ans.
[aire h n)ii gré, il sq rangea^ eu C'«sl surtout ù partir dç cette éno-
BAN
que f(uc les savants arij^lais se sont
élevés an premier rang par clos cnlrc-
pri>es lointaines , <|ul onl cteiidn le
domaine de la géngrapliie par nnc
fonlc d'importantes doconverles en
pliysicpie, en chimie, en géologie, en
l)i,Nl()ire nalnrclle; cl , sans exagérer
ici rinflnence d'un homme, sans lairc
honneur a un seul do ce (jni a eu
snrtoul pour cause et l'énergie pro-
pre aux iialutanls de la Grande-lîrc-
tajrnc et la marche ascendante du
siècle, toujours est- il cjue Banks con-
trihua par ses avis et sa direction aux
progrès de la science 5 que les plans
sou'nis par lui au gouvernement, et
toujours approuvés, activèrent les
découvertes en lançant toujours les
hommes qui se dévouaient pour la
science dans les pays qu'il était le
plus utile d'explorer; que le recueil
aes mémoires de la compagnie, tout
en s'accroissant , parut avec plus de
régularité et dans un format plus di-
gne de l'importance de ses travaux;
enfin que sa faveur personnelle auprès
du roi fui profitable a la société même
qui aujourd'hui, grâce à Banks, occu-
pe dans un des palais royaux un grand
et b< l appartement. Rien de ce qui
intéressait les sciences ou les hom-
mes de la science ne lui était in-
difiPércnl. De même que Louis XVI
au commencement de la guerre an-
glo-américaine avait ordonné à tous
ses vaisseaux de respecler Cook et
ses compagnons, de même, lors du
départ de La Pérouse , Georges III,
sur les instances du chancelier
Bancks, ordonna que sa marine eut les
mêmes égards pour le navigateur
français; ei c'est surtout par.-^es récla-
mations réitérées, infiligables, que
. ce respect pour les savants est devenu
un article de la loi des nations. Dans
la suite, quand d^'S incpiiétudes trop
fondées présagèrent la perte de Tin-
BAN
III
fortuné navigateur, il le fit a ses dé-
Ïiens chercher par toutes les mers.
jCs collections de La Billardièrc
étaient toiid)éisau pouvoir du gouver-
nement anglais: r>ancks eut le crédit
de se les faire remettre, et il les renvoya
en France sans avoir ouvert une seule
(\es caisses qui les composaient. 11
fit de même parvenir a un illustre
voyageur (M. deHumbolt) des caisses
ravie.s par des corsaires et rachetées
par lui au cap de Bonne Espérance.
Broussonnel, forcé de fuir la France,
retrouva partout, k Madrid , a Lis-
bonne, à Maroc, la main bienfaisante
de Banks. C'est Banks aussi cjui fit le
premier parvenir des secours et une
lueur d'espérance dans le cachot où
gémissait Dolomieu a Messine. En
revanche, quand la France, violatrice
à son tour du droit des gens, empri-
sonna des railUcrs d'Anglais, pai-
sibles et inoiïensifs consommateurs
des produits de l'industrie française ,
il s'empressa d'adresser a l'Institut
une liste de tous ceux de ses compa-
triotes en faveur desquels pouvait
s'alléguer le moindre titre scientifi-
que 5 et l'Institut , peu difficde sur le
prétexte , réclamait le captif comme
savant. De tels procédés certes suffi-
raient pour immortaliser un nom ,
même lorsqu'il ne se recommanderait
par nul autre mérite. — Banks peut
encore être cité comme un des fonda-
teurs de la société horticullurale de
Londres et du bureau d'agriculture ,
ainsi que comme un des membres les
plus anciens, les plus actifs de la so-
ciété africaine dont le but est d'aug-
menter nos connaissances sur cette
partie du monde et de la civiliser. Tous
ceux qui ont voulu pe'uétrer dans V'iu-
lérieur de cette elTrayante et mysté-
rieuse contrée, tombeau des Euro-
péens, les Pcirk, les lîeizoni, les Bow-
dicbj out reçu de Bancks des encou»
112
BAN
xagemenls efficaces et Tappui le plus
flatteur. C'est encore lui qui a con-
tribue, en dépit de quelques tentali-
Tes malheureuses, "a laire persévérer
Taïuirauté dans la recherche du pas-
sage nord-ouest, enfin trouvé, au moins
en parlie, par le capitaine Parrj. —
Tant de travaux, tant de services, fu-
rent successivement récompensés par
les titres que nous avons énuaérés au
commencement de cet article, et dont
«ans doute la chronologie complète
intéresserait peu le lecteur. Nous
rappellerons néanmoins que celui de
conseiller du roi, conféré h Banks en
Jjg'J, donna lieu a quclcjues plaisan-
teries dont il ne fit que rire, comme
jadis il avait li de VlJéro'ide de la
reine Obérca à sir Joseph Banks
(opuscule allribué au professeur Por-
son) et du pamphlet qui le représen-
tait implorant (lu Seigueur la rénova-
tion des plaies d'Egypte, ou au moins
la multiplication des insectes. Celte
fois on le montrait courant après des
papillons, tandis que ses graves col-
lègues délil'éraieul sur les intérêts do
rËurope. Mais, comme évidemment
ce n'est point aux véritaliles conseils
Îtolitiques que Banks était admis,
'épigramme tombe d'elle-même : le
rôle de lîanks, a vrai dire, se bornoit
«T. cette influence familière que lui
donnait sur le monarcjue la commu-
nauté de troûls et de travaux. Celte
influence sans doute était assez gran-
de, puis(jue les ministres remployè-
rent (juei(|uefois pour faire adop-
ter des plans (|ue les cirronslauces
uécessitaient peut-être , mais (pic
Georges II l n'envisageait (pt'avec ré-
pugnance. Ce([u'il y adc sùi , c'est que
jamais Banks ne travailla directement
k augmenter celle iulluence, et (juil
n'en usa pas plus avec lidée d'uMirpir
unr.iu;^ polilKpu; (Uie dans riulérèi de
yx fortune et -tic sa vanité. Vax effet ,
BAN
qu'eùt-il souhaité de plus? Tout ce
qui contribue au bonheur du sage ,
tout ce qu'il avait ambitionné dès sa
jeunesse, il le possédait : richesse,
aii.is , ccnsidéralion , instruments et
matériaux scientifiques, position so-
ciale, moyens d'êlre utile. — La féli-
cité domestique ne lui manqua point.
Marié en 1779 à Dorotbée Weslon
Huggeson, s'il n'eut pas d'enfants, du
moins il vit constamment ses jours
embellispar lessoinsdesa compagne;
il ne peidil sa mère qu'en 1804. Sa
sœur, une des femmes les plus spiri-
tuelles de l'Angleterre, vécut jusqu'en
I 8 1 7 , et depuis son veuvage demeura
toujours auprès de lui. L'habile bo-
taniste Brown était devenu sou bi-
bliothécaire 5 tout re.-^pirait autour
de Banks la science et l'amitié,
lor.^que des infirmités douloureuses
l'avertirent que sa fin approchait.
II expira dans sa maison de Soho-
Square, le 19 mai 1820, léguant
K Brown , sinon de quoi Tindcm-
niscr des espérances qu'il avait aban-
données pour lui , au moins de quoi
rendre sa situation indépendante ;
a M. Bauer des sommes pour con-
tinuer les beaux dessins botani-
ques commencés dans le jardin royal
de Ke\v- enfin au Musée rrilanniqiie
sa bibliothèque dont le catalogue seul
(5 vol. iu-8", Londr., 1796-1800),
publiéparDryander, est sans contre-
dit le monument bil)lingiaphi(|ue le
plus util(> aux naluralisles(^ . Dryan-
i)i:R, \II, 5o). Ses ou\ rages, qui réu-
nis ne fornunt gtu''re (ju'un volume
in 8", cdu^istcut surtout en articles
dans les recueils péri()di(pies *\qs socié-
tés savantes ( Drinstictians p/ii/oso-
j'Iiii]., Jirlurolo^iii, etc.). Il faut y
jo ndrc un essii sur les causes des
maladies (\\is blé> {A short ttccount
()/' the (ttusc of blight, thc mi~
/.iew and riist in corn , i8o5).
BAN
— Cook donna le nom de Banks K
une île shiiéc an siul-csl de la Nou-
velle-Zélande par 45" 45' lai. S.
cl environ i7()" lon*^. O. du mé-
ridien. Depuis on a donné ce même
Dom à diverses terres parmi lesquelles
nous ne menlionnerons (ju'une des
îles découvertes en 1820 par le
Fury et VIlccIi dans la mer po-
laire. V OT.
BAXIVELIER (Jean ), savant
jurisconsulte , naquit à Dijon , en
i683. Après avoir exercé quelque
temps la profession d'avocat , il fut
nommé professeur de la faculté de
droit établie dans la capit.ile de la
Bourgogne en i 722, et en devint en-
suite le doyen (i). Il était avec Da-
yot {f^, ce nom, au Supp.) l'oracle du
barreau de Dijon, et ses décisions, en
ce qui touche l'ancienne coutume de
la province, sont encore suivies dans
les tribunaux. Outre une Introduc-
tion ci l'étude du Digeste ^ Dijon,
1 7 3 0 , in- 8° de 60 p. , qu'il composa
pour ses élèves, on a de lui des Ao-
tes sur quelques-uns des Arrêts no-
tables du Parlement , dans le re-
cueil de Fr. Perrier, 1732, in-fol.;
et des Observations sur la coutume
de Bourj^o^nc, qui forment le hui-
tième vol. de l'édition des Traités
sur diverses matières de droit
français, à l'usage du duc/té de
Bourgogne, de Gab. Davot, qu'il fit
paraître de 1761 h 1766, Dijon, 8
vol. iu-i2, avec des notes éten-
dues. Le barreau de la province
accueillit ce travail avec faveur ,
et il fit souvent autorité devant
jes tribunaux. (2) Honoré de la con-
(i) L'université accordée h l:\ viUe de Dijon
fut, sur les rcprésentytions de ceUes de Pari-, et
de Besançon , restreinle à la seule faculti- de-
droit. Essais historiques sur Dijon, par X. Girau!t,
pag. 268.
(2) C'est par erreur que Cainu'; , dans la Bi-
bliothèque d'un arocat , et après lui le général
licauvais, dans son Dictionnaire universel , aliri-
LVIl.
BAQ
1 1 ')
fiance publique et tliéri de ses con-
citoyens pour sa douceur et son dé-
sintéressement, il mourut en 1766.
Une des rues de Dijon a reçu le nom
de Banu'lier (5). L — m — x.
BA(JCOY (l'ir.nnE Charles),
né a Paris, en J 760, pdit-fils el (ils
de graveurs distingués , fui lui-mê-
me un des artistes les plus babiles de
son temps. Elève de son |)ère (Jean
Baquoy), qui était auteur de très-
bonnes planches pour l'é'lition in-4.*'
des Métamorphoses d'Ovide^ il se
fit remarquer jeune encore par de
belles gravures d'après M oreau jeune
et Monsiau, pour la belle édition in-
8" des OKuvres de Racine. W grava
ensu.le, d'après les dessins de Mjris,
toutes les planches d'une Histoire
Romaine m- i^ ^ composée d'abord
pourl'éducation des enfants d'Orléans,
et continuce en 1793 par ordre du
comiîé de salut pu])lic ( V^. Mjris,
au Supp.). Il a aussi gravé Saint
V^incent de Paul recueillant un
enfant; Fénélon secourant des
soldats blessés , et quelques sujets
pour le musée Robillard, entre au-
tres Diane chasseresse et la Mort
d'Adonis , d'après le Poussin. Son
cbef-d'œuvre est une estampe enca-
drée du Martyre des SS. Gervais
et Protais, d'après Lesueur. Enfin,
il a gravé d'après Moreau, Monsiau et
Mjris, de fort jolies vignettes pour
les OEuvres de Delille et celles
de Berchoux. Cet excellent homme
fut aimé de tous ceux qui le connurent.
Il est mort a Paris, le 4- février 1829.
— Ses deux filles , Mesdames Couet
et Coelino, qui furent ses élèves^
bueiit à Baniielicr un Traite poU/i'/iie et écono-
mique des cheptels, Dijon, i'b'-i, in-12. Cet ou-
vrage C't de H. Colas.
[i) « La nouvelle rue ouverte le long des ha-
st tiiucnis ou Bannclier donna p<;ndjnt lanl d'nn-
« nées de si docics leçons, méritait bien de por-
« ter le noiii <le c? savatit professeur. » [Essais
historiques sur Dijon, par G:rault, p. 288.)
8
ïi4
BAR
ont aussi gravé au burin avec suc-
cès. M— D j.
BAR (François de), né en i538,
à Seizencourt , près de St-Quentin^
ayant embrassé Tétai monastique ,
fut admis a l'abbaye d'Anchin, ordre
de St-Benoît, sur la Scarpe j il devint
en 1574. grand-prieur de cette mai-
aon, qu'il gouverna jusqu'à la fin de
8avie.Ilélait,ditFoppens(i5/6//of^.
belg.), homme de grande vertu et de
grande érudition. Il avait cultivé
l'histoire ecclésiastique avec tant de
Boin et de réputation, que le fameux
cardinal Baronius ne dédaignait pas
de le consulter pour la rédaction de
8es Annales. hesonwTRges de Fran-
çois de Bar n'ont pas été publiés.
On les conservait manuscrits à la
bibliothèque d'Anchin , d'où ils ont
été transportés, lors de la révolution,
dans la bibliothèque publi({ue de
Douai, qui les possède actuellement.
Les treize volumes in-folio , dont
Foppens a donné le détail, ne con-
tiennent pas toutes les productions
de ce laborieux historiographe. Ici
nous nous bornerons aux indications
suivantes; I. Epistolœ, petit in-
4.°. II. Cosmographia y in -12.
III. Opéra varia, petit in-ii°. IV.
Chronicon ah origine mundi ad
annum iByS, in-folio. Cette chro-
nique, commencée ])ar Jean Tobœuf
ou Dobœuf, promoteur de l'oflicialité
d'Arras, sous l'évêquc François l\i-
chardot, a été complétée et mise en
ordre par de Bar , vers i586. V.
Compcntliurn Annaliiim cccle~
siasticnrurn Cœsaris Baronii , in-
folio, VI. J fiatoria Archicpiscopa-
tus Camcraccnsis et canobiorum
ejus, in-folio. Yll. Jlistoria Epis-
CopnU(s Atrchalcnsis et ((rnohio-
rum Àrlcsiœ, in-folio. VIU. Ilis-
toria Episropatiis Tornacensis ,
itemAudomarcnsis et Gandcnsis,
BAR
în-folio. ÏX. De Ordinihus mo"
nasticis, in-folio. X. Opus Ordi-
num monasticorum y in-4^- XI.
Jlistoria monastica, in-folio. XII.
Jlistoria monastica Franciœ ,
Jtaliœet Jlispaniœ, in-folio. XIII.
Jlistoria Acquicinctensis Ecclc"
siœ, in- 4.°. XIV. Electio et Gesta
TVarneri de Daure , abbatis
Aquicinctini , in-folio. XV. Opéra
varia, in-folio. Fr. de Bar est sou-
vent cité par les auteurs qui ont traité
de l'histoire ecclésiastique des Pays-
Bas. Ghesquière et Smet le mention-
nent plusieurs fois dans leurs Acta
Sanctorum Belgii. L'examen atten-
tif du recueil de ses lettres fourni-
rait assurément quelques notions
nouvelles sur l'histoire littéraire de
nos contrées du Nord. Fr. de Bar est
mort le 2S mars 1606. L. G.
BAR (Nicolas de), peintre célè-
bre , originaire du Barrois , connu
en Italie sous le nom d'e/ signor
NicoletOy descendait de la famille de
la pucelle d'Orléans , et vivait dans
le XVII* siècle. Il a peint un grand
nombre de P^ierges, genre où il ex-
cellait. On lui doit aussi le Saint Si-
gebert qui orne une chapelle latérale
de la primatiale de Nancy , près du
chapitre. Ce peintre , mort k Rome
qu'il habita presque toute sa vie , a
laissé un fils né dans cette ville et
peintre comme lui, qui prit le nom
de du Lys accordé K ses ancêtres par
Charles VII , eu mémoire de Jeanne
d'Arc, et qui vint en 1 7 i o se fixer eu
Lorraine, où il mourut en 1732.
Nicolas du Lys a beaucoup travaillé
sur les rives de la IMeurthe. Ses ta-
bleaux , gcneralemenl sombres , or-
naient jadis réglisc des Tiercelins et
celle i\i.'s Orphelines de ?iancy, celles
i\vs iU'nédiclins de Lay, des l'rcmon-
trés de Ponl-a-Mousson, et les gale-
ries de plusieurs particuliers. B-n.
RAR HAK
11!»
KAR ( Ci F.onr.is- Louis , Imron vocal ;i Tliionville a rcporpu? delà
(le), liltcrniciir, cl.ill ir', vers 1 701 , rcvoliilion. H en adopta les prin-
cn Weslplialic , où sa lamille Icnall clpcs avec cnlhousiasinc , et fut
un dt's premiers rangs. Ayant cm- élu député a la convention nationale
brasse lélal ('cclésiasti(|uo , il obtint parle département de la Moselle. Il
uncanonicatducliapilrcd'Osnabruck, y siégea constamment avec la faction
et fut en outre revêtu de la dignité de la Montagne, et vola la mort de
de prévôt, héréditaire depuis long- Louis XVI, sans appel et sans sursis,
temps dans sa famille, et qui donnait Le i5 août 1793, mend^re du co-
\c droit de présider la noblesse aux mité de législation, il proposa au
clatsdupays. Possesscurd'unegrande nom de ce comité, un projet de dé-
fortune dont 11 se servit pour encoii- cret portant: « Art. i. J^c tribunal
rager la culture des lettres , le baron a de cassation est tenu de juger dans
de Bar dans ses loisirs s'appliqua « deux mois, a compter de ce jour,
lui-même a la poésie française; et, « toutes les affaires daut les pièces
suivant Barbier, il y surpassa tous « elles moyens lui sont complète-
les Allemands qui s en étalent occu- ot ment parvenus, à peine de deslltu-
pés avant lui (Voy. Exaniencriliq. « lion. •>■> Envoyé à l'armée du Nord
des dictionn. , 72)5 mais ce succès dans le mois d'octobre 1795 avec
auprès des étrangers ne prouve pas Carnot et Duquesnoy, ils adressèrent
que sesvers soient très-bons. Ils furent h la convention le rapport de la vic-
pcu connus en France lors de leur loire de Watlgnies et du débloque-
publication; et ils sont aujourd'hui meut de Maubeuge. Rentré dans la
complètement oubliés partout. Le ba- convention nationale , Bar en fut élu
ron de Bar mourut dans sa terre de secrétaire, et dans la discussion qui
Baruau, le 6 août 1767. Ses ouvra- eut lieu sur la nouvelle constitution
ges sont : I. Epîtres diverses sur qu'il s'agissait de donner a la France ,
des sujets différants, Londres, il prétendit que riuitialive de la ré-
1740, 2 vol. iu-i2j Amsterdam, vision ne pouvait appartenir qu'au
1761, 3 vol. in-B" ; Francfort, peuple. Il prit peu de part aux dis-
1763,3 vol. in-i2. Le troisième eussions jusqu'à la révolution du 9
ZQinKxtwi àii% Kéveries poétiques sur thermidor; et ce fut après cet évè-
difféjH'uts sujets. Elles ont été im- nement qu'il demanda la cassation
priméesséparéinent, Francfort, I 766, du jugement d'un conseil de guerre
in-8". Il existe une traduction aile- qui avait condamné a mort le repré-
mande des Epîtres^ Berlin. 1766 , sentant Dechezeau ( ^. ce nom, au
3 vol. in- 12. IL Consolations dans Supp.). Il s'opposa ensuite a toute
l'infortune y poème en VIÏ chants, radiation sur la liste des émigrés,
Hand)ourg et Leipzig, 1768, iu-8". Devenu après la session convention-
III. Babioles littéraires et criti- nellc membre du conseil des anciens,
qucs, en prose et en vers, Ib., 1761- il ne conserva ses fonctions que jus-
64, in-8°, 5 parties. IV, L'Jlnti- qu'au i^*" prairial an v (20 mal 1797).
.^eg-c'.w'rtrs^ ibid., 1762, ln-8°. C'est ISommé par le dlrccluire, commis-
un dialogue en vers contre le suicide, salre près les trd)unaux civil et cri-
W — s. minel du Bas-Rhin, il fut réélu en
BAR (Jean-Etienne; né a An- l'an vi , par les électeurs delà Mo-
nevllle (Manche), en 1748, était a- selle, au conseil des anciens. Il cr
8.
ii6
BAR
devint deux fois secrétaire et prit
souvent la parole pour des objets
de liDcince et de leglslaliou. Il vola
pour l'exclusiou de Job Aymé ; et,
dans la séance du i^*" fructidor an
vu (août 1799), il se plaignit de ce
que l'on avait attaqué sans raison le
Journal des hommes libres^ tandis
qu on laissait paraître impunément
un pamphlet intitulé : Changement
de domicile^ où le conseil des cinq-
cents était placé rue de l'Egoût,
celui des anciens a Montmartre, les
conscrits rue des Boucheries et les
royalistes au cap de Bonne-Espé-
rance. Sur sa demande il fut décidé
que le directoire aurait a rendre
compte des poursuites qu'il dirige-
rait contre les auteurs de ce libelle.
Après la révolution du 1 8 brumaire ,
Bar retourna dans sa pairie, et quel-
ques mois après (mai 1800) le pre-
mier consul le nomma président du
tribunal de Tbionville. Il mourut
dans cette ville Tannée suivante.
M— DJ.
BARAGTIEY D HILLIERS
(Louis) , général français , né le 1 5
août 1764, à Paris, d'une famille
noble, fit dans celte ville des éludes
qui, sans être profondes, lui furent
très-utiles, parce qu'il les dirigea cn-
lièrcmenl vers la carrière d''s armes
k laquelle dès lors on Tavait dtsiiné.
Il entra comme sous-lieutenant dans
le régiment d'Alsace en 178/i , et il
^tait lieutenant au même corps le i"^
mai 1791 , lorsqu'il donna sa démis-
sion, ne voulant pas servir la cause
de la révolution. Ayant bientôt clian-
gé d'opinion, il fut nommé capitaine
dans un bataillon d'inf.mlerie lé^^èrc
le 20 janvier 1792:, ^^ b- "'"•'* '*">"
Tant aide-dc-camp du génrral Grillon.
Trois mois après il obliiil le même
emploi auprès de Lnbuurdonuaye ,
puis auprès de C'usiinesqui le fit son
BAR
sous-chef d'état major , en lui don-
nant le grade de général de brigade.
En remplissant ces firnctions , Bara-
guey d'Hilliers prit part a l'invasion
du Palalinat et à la prise de Mayence
a la fin de 1792 ; et la confiance du
général en chef lui offrait alors la
perspective d'une destinée encore
plus brillante. II fut même queslion
de le faire ministre de la guerre ;
mais 5 entraîné dans la chute de son
protecteur, il fut comme lui suspendu
de ses fonctions, arrêté et conduit à
Paris 5 cependant il ne parut pas dans
le procès de Custines. Ce ne fut qu'un
an après que, traduit au .»anglant tri-
bunal révolutionnaire avec cinquante
victimes ( i ), qui ce jour-la même pé-
rirent sur l'éciiafaud, accusées d'avoir
(i) Un (les documents historiques manuscrits ,
les plus curieux pour l'histoiie de la convention
nationale, est celui que je pos>ctleet qui a pour
tiUe: Extrait du rej^Llre des audiences du tribu-
nal criminel révolutionnaire. « Du 22* jour de
« messidor de l'an second de la république une
M et indivisible. — Appert le tribunal avoir con-
M dumne à la peine de mort » (suit la listedc 46 in-
dividus condamnés a mort ce jour-là , et l'on y
trouve. « Louis BAKAi^ubï u'IIillieks, âgé de
u 3o ans, ex-géutral de biigade à l'armée
« du Rliiu , né à l'aris , y demeurant rue des
« Ecouffes, u" 3i.» Cet «riicle a clé rusnite
burn- sur la liste, uiusi (]ui: tiuit autres: c« qui
prouve que les extraits des |>rucès- verbaux des
jujjCinenls étaient dressés avant r«udit'uce où
ces jugemeuis étaient rendus 1 Li's huit autres
noms rciii'is et b.irres sur la listr, sont: J.-B.
Luixltvit'que Thibault, (jui avait joué un rôle dans
la preuiitre révolution de Saint-Domingue;
deux planteurs ou habitiiiils du cap; un culti-
Viitcur amériruin, un capitaine de vaisseau; un
lior K'^ir de l'aris; un .fi-crt'(uf/f de paix de la stction
du muséum, el un juj^e mililuire du tribunal crimi-
nel du premier urroniiissement de l'armée de} Ar-
dcnufs. — l'urmi les S~ auirts condamnes dont
les noms ne sont point barres .sur ['extrait, et
«pii lui eut exeiule.s le même jour 11 messidor,
on remarque Junf.-Hnoul Cukaubcx (tic) dit la
Chakii'ax II ^"i'-)» ex prucuieur gi^Hritit au ti-detant
parlement 4* Hennés; Ceuiges-Mane I.KcLSac
Butfinijil), âge de Ju ans, «le.; drnx juurnulisirs,
à'.-drrm. l'AnistiAU et Ant. t'oi'RNo!»; .*ix cures
ou viiaire.^, des marceliaux-de-cainp, de» ctilo-
nel.i, dis nobles, un cuisinier, un cltrvulier de
IMalti-, dis ca|iituinrs de vaisseau, des iiiiiitaiies
di>(li\ei.s ({rade.t, un l.ibiuireiir, dr.i lonitrs, un
h.imiiie de cunliunce, rie. — Celle pièce e>t ainsi
trniiini'e: t',t avoir dcdart leurs biens aiquis li ,'0
rri>iibiiijue. V — vu.
BAR
cons|tiré(]ans la prison où lous elaicnl
dtfli'niis , Rnr<i<;U('v d Ilillicrs fut ab-
sous avec deux autres accuses. Un
bonheur si rare cl si inespéré donna
lieu a beaucoup de conjectures, el
l'on ni 'a jusqu'à dire que le général
Baiaguey avait racheté sa vie par
des actes de faiblesse 5 mais son ca-
ractère connu cl le courage qu'il a
tant de fois déployé ne peruiettent
guère d'ajoutvr foi a de pareilles
assertions. Malgré celte scnlencc
d'absohition, il lui réintégré aussilùl
après dans la prison du Luxembourg
comme noble el suspect , et il n'en
sortit qu'après la chute de Robes-
pierre. Remis en activité le 5 prairial
an m (24. mai 1796), il fut em-
ployé à Paris, et concourut sous les
ordres de Pichegru a réduire le parti
des démagogues du faubourg Si-An-
toine, révoltés contre la convention na-
tionale • mais quelques mois plus tard
(i 3 vendémiaire an IV, 5 oct. 1795) il
fut accusé d'avoir manqué de fermeté
contre d'autres révoltés du parti con-
traire, de la section Lepellelier que
l'on accusait de royalisme • ce qui le
fit encore une fois destituer. Réinté-
gré dès le mois suivant, il fut em-
ployé dans l'ouest sous les ordres de
Hoche, • puis k l'armée d'Italie, où il
arriva vers la fin de la belle campa-
gne de 1796. Le général en chef
Bonaparte lui donna un comman-
dement dans la Lorabardie , et le
chargea ensuite de s'emparer de
Ber^aine , place de l'état vénitien
qu'il lui importait d'occuper, mais
que la neutralité semblait mettre a
l'abri d'une pareille entreprise. Ba-
raguey d'Hilliers usa dans celte occa-
sion de beaucoup d'adresse, et voici
comment Bonaparte rendit compte de
celle expédition au directoire: «Quoi-
•c que l'occupation de Bergame ne soil
« pas une opération militaire, il n'en a
BAR 117
«'pas moins fallu des talents el delà
« fermeté pont l'obtenir. Le général
a lîar.'tguey d'Hilliers que j'en avais
« chargé s'est parfaitement conduit^
K je vais lui donner le commandement
« d'une brigade , et j'espère qu'aux
a premières affaires il méritera sur
o le champ de bataille le grade de
« général de division. « Chargé en
effet bientôt après de conduire un
corps d'armée dans le Tyrol , Bara-
guey d'Hilliers pénétra par la vallée
de l'Adige jusqu'aux gorges de la
Brenta, où il se réunit à l'armée prin-
cipale , après avoir fait quatre mille
prisonniers ^ et le grade de général de
division lui fut donné (mars 1797). H
recul pen de temps après du général
en chef une preuve de confiance en-
core plus grande. L'adresse qu'il
avait mise a s'emparer de Bergame
fil avec raison penser a celui-ci qu'il
ne se montrerait pas moins habile
dans une opération de même nature ,
mais de beaucoup plus d'importance;
c'était Toccupation de Venise dont il
s'agissait également de s'emparer k
la laveur des dissensions que le voi-
sinage de l'armée française y avait
fait naître , et des mouvements po-
pulaires que l'envoyé de France ,
Lallement , et son secrétaire, Ville-
tard , y avaient excités. Baraguey
d'Hilliers se tint pendant quelques
jours en observation avec sa troupe ,
attendant le icsaltat de toutes ces
manœuvres et les ordres du général
en chef, qui ne lardèrent pas a arriver.
Dès le lendemain Venise fut au pou-
voir des Français et la plus ancienne
des républiques avait cessé d'être !..,
Bonaparte ne fut pas moins satisfait de
Baraguey d'Hilliers dans cette occa-
sion cpi'il ne l'avait été k la prise de
Berjrame; il lui donna le coramande-
ment de Venise; et ce général, éta-
bli dans l'une des pins riches mai-
Il
d
BAR
80D8 (l'hôtel Pisani), déploya un
faste jusqu'alors iuconnu dans rarmée
française. Il faut voir dans riilsforien
Boita comment, après avoir dépouillé
les Vénitiens de leur marine, de leurs
monuments des arts et de toutes leurs
richesses, Baraguey d'Hilliers planta
solennellement sur la place Saint-
Marc un arbre de la liberté 5 et com-
ment dans ce même temps se négo-
ciait leur tradition a l'Aulriche.
Quand cette opération fut consom-
mée, le général en chef lui donna un
autre commandement. Baraguey se
trouvait KManloue eufév. i 798, lors
de l'insurrection qui éclata parmi les
troupes de la garnison ainsi qu'a
Rome , et il informa de cet événe-
ment, par une lettre confidentielle
du 10 février, Bonaparte qui était
alors à Paris , se disposant K par-
tir pour l'Egypte. Le général Bara-
guey fut appelé a faire partie de celte
expédition, et il s'embarqua dans le
port de Gènes avec sa division pour
«e réunir devant Malle à la grande
flotte que Bonaparte lui-même con-
duisait à la conquête de l'Orient. On
sait comment cette inexpugnable for-
teresse tomba dàiii: les mains des
Français, et l'oji sait aussi tout ce
3u'ils y trouvèrent de munitions et
0 richesses de tonte espèce. Bara-
guey d'Hilliers fut chargé de portera
Paris la nouvelle de celte belle con-
quête avec une partie de ses richesses 5
mais la frégate /a Sensible, sur la-
quelle il.s'élailt'nd)arqué, fut prise par
les Anglais , et rien de la précieuse
cargaison ne put arriver danslarajii-
l.ilc. On cou(^oil tout le mcconleule-
mcnt (jue durent en éprouver les Di-
rr( tours; ils s'en prirent ;i lîaragucy
(rilillicrs; sa de.slilnlion lui pronon-
cée par un arrêté du 26 thermidor an
vr (juiUcl 1797); <'l lorsipi'il revint
de caplivilé , peu de muis après , il
BAR
fut traduit a unconseildeguerre, pour
la reddition de la frégate dont il ne
pouvait être responsable, puisqu'il n'en
avait pas le commandement. Acquitté
par un jugement, il fut néanmoins
mis a la réforme; mais dès l'année sui-
vante il recouvra son activité. D'abord
chef d'état-major de l'armée du Rhin,
il en commanda ensuite l'aile droite.
11 se trouvait a Landau au commen-
cement de 1800, lorsque le feu prit
au raatrasin d'artillerie ; et ce fut
a son sang-froid et k son courage
que la ville tout entière dut son sa-
lut. Il obtint ensuite quelques suc-
cès contre les Autrichiens dans
les montagnes des Grisons. Après
la paix de Lunéville le gouverne-
ment consulaire le fit inspecteur-gé-
néral d'infanterie; et , Napoléon
devenu empereur, le nomma grand-
oflficier de la Légion-d'Honneur et
colonel-général des dragons. Cepen-
dant on a remarqué qu'il ne jouis-
sait point alors de toute la faveur qui
semblait appartenir a l'un des plu»
anciens généraux de l'armée française,
et surtout h l'un de ceux qui avaient
failles camj)agnes d'Italie. Napoléon
le tint prt\sque toujours éloigné de
lui, et ne l'i uqiloya pas dans les occa-
sions les plus importantes. Il lui
donna le gouvernement de Venise en
i8o8, et ce fut en Italie, puis en
Hongrie , sous le vice-roi Eugène ,
«jue Haraguey fit la campagne do
1809. Après la paix de Vienne, il
lut rhaigé de réiluire les insurgés
du Tyrol (|ui refusaient de se sou-
n)ellre , el (pii comballircnt avec tant
de couTcige sous les ordres du fameux
Hofer {f^ oj'. ce nom, au Supp.).
Baraguey passa ensuite h l'aimée
d'Espagne, el le 5 mai 181 i il bat-
tit sous les murs de Figuièrcs ua
corps espagnol commandé jiar (]aiu-
po-Verde. Appelé a la giaudc armée
BAR BAJl ITQ
r.-innt'c Miivanlc , Il fut mis à la tcl^ questions rrK^dlcalcsnu'll avait traitées
d'une division qui partit de Snio- avec succi-s. Pourvu, eu lySôjdc'Ja
Icnsk dans les premiers jours de no- charj^o de médecin en clief de la gé*
vembrciS I 2, poursedirij^ervcrs Ka- néralilé de Moulins, il Ht adopter
lou<;a,audevant de l'empereur, lequel par radminislralion diverses racsu-
avail d'abord dû faire sa retraite dans res d'utilité publlciuc • et le Bonrhon-
cellc direction , mais qui en avait nais lui fut redeval)lc d'étahlisse-
change' par suite de la bataille de mcnts qui contribuèrent à rendre
Malojaroslavs'itz, N'étant pas iuformo les maladies contagieuses moins fré-
de ce changement, Raragney se trouva queutes et moins meurtrières. Il
bientôt au milieu de plusieurs corps avait toujours montré un goîil très-
russes , et une partie de sa division vif pour les recherches d'antiquités.
fut obligée de capituler. Napoléon, in- De fréquents voyages le mirent a raê-
forraé de cet événement au milieu des me d'explorer les ruines des ancien-
désastres de la retraite, en fut vive- nés villes du Bourbonnais , de la
ment courroucé, et il traita Baraguey Marche et du Berryj il entreprit à
d'Hilliers avec une extrême rigueurj ses frais plusieurs fouilles; et, sans
il le suspendit de ses fonctions, et négliger rexerclce de son état, il
par un ordre du jour du i3 novem- acquit des connaissances étendues dans
bre il lui prescrivit de se rendre l'archéologie , la numismatique , la
en France aux arrêts, jusqu'à ce géographie et l'histoire du moyen
qu'une enquête eût été faite sur sa âge. Jouissant de l'estime et de la
conduite dans l'affaire du 9 de ce mois, confiance générale , il fut élu en 1789
Le malheureux général, déjà tant de maire de Chambon , petite ville de la
fois jugé et suspendu, conçut de ce Marche, où il avait fixé sa résidence,
dernier malheur un tel chagrin, qu'il Nommé plus tard juge de paix, il fut
tomba malade en route, et que, forcé enfin député àla convention, en 1792,
de s'arrêter à Berlin, il mourut dans par le département de la Creuse,
cette ville vers la fin de décembre II y débuta par accuser le ministre
1812. — Une de ses filles avait épousé Pache de malversations dans l'ap-
le général Foy. M — d j. provisionnement des armées; et, dés
BARAILOX (Jean-François) , les premiers jours de 1793, il
médecin et membre de la convention apostropha Robespierre qui restait
nationale, naquit le 12 janvier 1743, impassible à la tribune, malgré les
a Viersat, en Auvergne, d'une fa- cris des Girondins, en lui demandant
mille honorable. Piecu docteur en s'il se croyait encore au 2 septembre.
1765, à la faculté de Montpellier, Lorsqu'il fut question du procès de
il conserva toujours beaucoup d'atta- Louis XVI , Barailon se récusa dans
chementà cette école; et il la défendit ces termes : « Je ne crois pas être ici
avec chaleur lorsque son existence « pour juger des criminels, ma con-
fut menacée. Ses talents l'ayant fait « science s'y refuse. » Cependant il
proraptement connaître, l'académie vota, non comme juge, mais comme
royale de médecine l'admit au nom- homme d'état, la détention et l'exil
bre de ses correspondants en 1776 , a la paix. Dans la séance du 1 1 mai
de ses associés en 1778 , et elle lui suivant, il proposa des moyens de
décernasuccessivemenlcin(j médailles, pacifier la Vendée et demanda une
pour autant de mémoires sur des amnistie pour tous les hommes égarés
120
BAR BAR
qui déposeraient les armes. Soniiom publique, il organisa en Irois mois
était le vingt-cinquième suj: la liste les écoles centrales de dix-sept dé-
des dépufi's quidevaicnt être proscrits parlements. Le 7 août il demanda
au 3i mai, et s'il ne partagea pns le le rapport de la loi sur le parlage
sort de ses collègues, il le dulaCliau- des biens communaux, qu'il déclara
mette qui le fit rayer à la prière d'un destructive de l'agriculture et cou-
de ses amis, que Barailon avait obli- traire au but qu'on s'étoil proposé,
gédansunecirconstance récente. Peu- En novembre, il fit décréter que
dant tout le régime de la terreur , il le sceau de Tétat porterait le bon-
ne parla qu'une seule lois 5 ce fut pour net et le niveau. Lors de l'attaque
demander la suppression des loteries, de la convention par les sections de
Mais, après le 9 tbermidor, il reparut Paris , au i 3 vendéniiaire, il se signala
a la tribune pour dénoncer les dilapi- parmi les médecius qui portèrent des
dateurs des deniers publics, contre secours aux blessés. Entré au con-
lesquels il provoqua des mesures qui seil des cinq-cents , il attaqua le
ne lurent jamais exécutées. Il fitren- projet sur l'instruction primaire qui,
dre plusieurs décrets dans l'intérêt des s'il était adopté, dit-il, coûterait
musées et des dépôts d'objets d'art , a l'état des sommes énormes en
ainsi que de l'instiuction publique, pure perte. Il montra le ridicule
Quoiqu'il rcgardàtles prêtres comme de charger un instituteur de campa-
Ics auteurs de tous les troubles, il ré- gne d'enseigner dix sciences, dont
clama des adoucissements au sort de chacune exigerait un professeur, et
ceux qui étaient détenus j et il ne tint demanda qu'on se bornât dans les pe-
pas à lui de faire rapporter la loi qui tiles écoles à l'enseignement de la
condamnait a la déportation ceux ([ui lecture , de l'écriture et du calcul,
avaient refusé de prêter serment. Lorsqu'il fut question de fixer le trai-
II saisissait toutes les occasions de tement des instituteurs, il réclama
combattre les anarchistes , et fit de nouveau l'ajournement , fondé sur
rejeter la proposition de remettre ce qu'il n'existait pas en France assez
en vigueur la loi sur le maximum de sujets propres à remplir les lonc-
qui , dit-il , en tuant le commerce , tiens de maître d'école (2). « J'ai yi-
avail organisé la fimine. Ce fut au « site, dit-il, des communes considc-
Jiom du comité d'iuslruclion publi- « râbles où il n'y a qu'un seul insli-
que (ju'il présenta, le i5 janvier « tuteur, et celui qui prend ce litre
J795, un programme pour la lêtc « ne sait pas l'orlliograplie. » Dans
aunlversairc de la mort du roi (i). ladiscu.ssion sur les hôpitaux, il vola
Le 4 février suivant il fil décréter que pour qu'on en réduisît le nombre , en
les jardins botaniques de M()nl[)ellier adoptant le modo de secours hdomi-
cl de Strasbourg resteraient à la dis- cile. Le i"'" otiubre 1796, dans un
position des nouvelles écoles de sauté, discours Irès-remaripiablc , il atlaipia
INonimé l'un descoinmissaireschargi's le système d organisation de l école
de l'exécution des lois sur riu.')lrucliou polyteelini(|ue , (pTon aurait pu, dit
jI , nommer cucyclopcdique , puis-
(uiou y démontre en ce moment
(1) Il n'est pns rxact du dirr, comme la • • ti f , l'__»i„.,.: . .»
TWr..,.hic ......vciio d.< oonir„.,.or.in. . que jusq»» aux clémeuts U anaiomio et
ll^irutlon lit dciicicr lu i'èlc .mnivi isairc du K *
jiiiivirr; elle rl.iil ili'j » .Ire rclir <(uari(l il fut (>) la t-onvriition iMiit imiiv»' «juo iO|000
cbarga d'en drcasor lo progruiimio , vcoles suflî»aii)Ut it luutv la Fraiac
BAR
de l>otani(jnc. Il rond jnslicc nu
m^rilt' des jirotVssciirs, parmi Ics-
qiii'ls il se j)l;iîl à rccouiiaîlre des
savants très-iiistiiij^uc's, « mais, ajou-
te tc-l-il , on paraît s'être moins oc-
« ciipé (le rinsiruclion des élèves que
« de Taire une graïuie montre, une
« superbe parade de savoir Ce-
ce pendant la triste expérience deséco-
« les normales aurait dû nous corri-
a ger de la folie de vouloir tout eu-
« seigncr, el de vouloir qu'on sache
« tout h la fois. Si une pareille iné-
« ihode était adoptée , nous n'aurions
a bientôt plus un seul homme vrai-
« meut instruit 5 n ais nous posséde-
« rions à la place beaucoup desai'an-
a tasses j qui disserteraient sur tout
ce et ne sauraient raisonner sur rien...
ce Enfin, cet établissement absorbe k
«c lui seul les fonds qui feraient fleurir
ce six écoles spéciales , a coup sûr plus
ce profitables. 33 Le 3 i décembre, il
fit, au nom d'une commission, un
rapport sur le nouveau costume des
fonctionnaires publics, ce On a pensé,
ce dit-il , qu'il fallait laisser a des
ce Français l'habit français, et qu'il
a était ridicule de leur donner celui
<t des Brames et des Talapoins. »
Adjoint , en 1797 , a la commission
d'instruction publique , Barailon fit
décréter l'établissement d'écoles spé-
ciales de médecine a Paris ;, Lyon ,
Strasbourg et Montpellier. 11 était
absent par cojigé a l'époque du 18
fructidor; mais a son retour il s'em-
pressa d'adhérer aux mesures prises
contre les royalistes, et il demanda
qu'on poursuivît les prêtres qui con-
tinuaient d'exciter des troubles dans
les départements. 11 ne voulait pas
qu'on leur imposât l'obligation de se
soumettre a la constitution du clergé,
te tellement absurde , dit-il , qu'il
ce n'est pas un seul individu, pour
et peu qu'il fût raisonnable , qui ne
BAR
121
te se fît nii devoir de la rejeter avec
ce dédain • » mais il voulait qu'ils ces-
sassent de troubler le pays, ou qu'ils
fussent tenus d'en sortir. Quehjues
jours après il altacpia le projet d'éco-
les secondaires, demandant qu'on se
bornât a améliorer les écoles centra-
les , en supprimant comme inutiles les
chaires d'histoire et de grammaire gé-
nérale , qui seraient avantageusement
remplacées par deux nouvelles chaires
de latin, dont les titulaires ensci-^ne-
raient simultanément la grammaire
française et la géographie. C'est,
dit-il en terminant, pour la cinquième
fois que je combats les syslèraesy^^-
/a5^/y^/e5d'instruction publique. Mais
ce ne devait pas être la dernière. Le
i3 janvier 1798, a l'occasion des
changements que l'on projetait au ré-
gime de l'école polytechnique, il ne
craignit pas d'attaquer de nouveau
cette école, présentée par les journa-
listes, comme une des plus admirables
conceptions du siècle, ce Si j'avais ,
ce disait-il , une école de service pu -
K blic a former, je me garderais bien
te d'enlever a la surveillance de leurs
te familles , de livrer a eux-mêmes des
ic jeunes gens de 1 8 k 20 ans, et sur-
tc tout de les stationner k Paris
te L'ancien gouvernement s'était mon-
te tré plus prévoyant a cet égard , en
te disséminant les mêmes écoles dans
ce des communes peu populeuses... îj
Après avoir prédit que celle école ne
peut être qu'une cause perpétuelle de
troubles et de désordres, Barailon
vient k l'argument ordinaire de ses
partisans, l'habileté des professeurs.
« Je sais , dit-il , que les professeurs
te sont les hommes les plus habiles de
ce l'Europe, et c'est k cause de cela
te même qu'ils ne peuvent pas bien
te enseigner. Ils sont beaucoup trop
t< au dessus de leur auditoire , et se
tt perdent dans des régions oii l'élève
122 BAR BAR
« ne peut pas les atteindre. On ne anarchiques ; et il s'opposa vivement
a fait point des savants comme des ar- au rapport de la loi du i^ frimaire
a tistes Les professeurs ne peu- an V, qui exceptait de Tamnislie les
a vent que préparer j Tétude et les complices et les partisans connus de
« livres font le reste. A quoi bon Robespierre. Etranger aux partis qui
a d'ailleurs la rechercbe scientifique divisaient les membres du gouverne-
« dans l'enseignement? Est-ce pour ment , il combattit les propositions
« être un peu plus obscur et inintelli- qui tendaient a renforcer l'autorité
a gible ? Le néologisme empécbe des conseils et a diminuer celle du
a souvent d'utiles institutions de s'é- directoire. Dans le comité secret du
a tablir. Le système des poids et me- conseil des anciens, il se prononça
ce sures serait en activité, si, au lieu presque seul con're les mesures qui
a de mots prétendus grecs, on eût préparèrent le i8 brumaire (3). 11
« appliqué au calcul décimal les an- entra cependant au nouveau corps
« ciennesdénominatlonsfrançaises. Je législatif, dont il fut élu président
a me résume: L'école polytechnique en i8oi. Rendu a la vie privée en
«est inutile, m L'impression de ce i8o6(4)?ilsehàta derevenira Cham-
discours fut ordonnée. Barailon re- bon, et il y reprit, avec la pratique
parut encore h la tribune dans le delà médecine, ses'ctudes archéolo-
cours de la session, mais il n'y parla giques. Il était associé correspondant
qu'une seule fois , avec quelque éten- de l'institut depuis sa fondation ; il y
duc, et d'une manière remarqua- avait lu plusieurs mémoires, en i8oi,
ble. Ce fut pour attaquer le plan sur la découverte d'une ancienne
d'organisation des écoles spéciales de ville, appelée aujourd'hui Toull,
médecine. « Il est, dit-il, j'en con- dans le département de la Creuse;
« viens , le plus avantageux pour Pa- en 1802, sur les premiers ouvrages
« ris où l'on veut tout centraliser j il de tuilerie et de briqueterie exé^
« est le meilleur pour le maintien Aes cutés pendant le séjour des Ro-
« abus, pour les professeurs qui en mains dans les Gaules. Il offrit, en
«profileront sans rien faire, pour i 806 , a racadémie des inscriptions
« celle foule d'employés dont on paie et belles-lettres des vases d'étain,
« roisive4^é. On reconnaît facilement trouvés récemment dans une fouille à
« la main a laquelle on doit ce projet. Néris, près de Montluçon, el qni de-
"11 est dû à des métapliy.siciens , à vinrent le sujet d'un mémoire de Mon-
« des naturalistes , h des phy.sicicns , gez. En 1806, sur le rapport d'une
« a des chimistes, h des moralistes, à commission com| osée de MM. Vis-
« des poètes, tous excellents acadé- conti,(^)ualrenièreelMongcz,laméme
« miciens, mais dont on peut révo- académie décida (pi'il serait pris sur
« (pUT en (lonic le inérilc dans l'art ses fonds particuliers la somme néces-
« de guérir, n IJarailon driiianda en- saire pour faire dessiner et graver les
suite que l'àgc de la conscription fût .
fixé à vingt-un ans au lieu de dix-huit. (3) I.m niopraplii.s ronlnnpurainM di.ipnt
Après la session il fut élu inenibrc ♦''•r"'"^'"» par . •,..«.• qu'il i>r.i un* i-n ir.^s.
. ' . ^ active ù «clti- joufiirr.
du conseil (les anciens, où il pr«)V()(|U.l (i) <:'«v«t pm- une Rrovo erreur qu» les Dio-
fixa itiouiiroo <...»!..<. !.>„ „-., _.ll' rriipliirs supposant «ivio HnraJIon. uUi.'» cjuo 5rxn-
(les mesures contre les assemblées ^.,,|,i,., i.,,.;,;,,.;! ,,,^, .,„ ,„r,,. |,,;„il,t.f. «r-
polltupies (loiil les membres étaient << pla la phu:»- <lr sul.slilul du pro«»rrur impr-
#.,,„...... |.. .J..... I I • • rial ; il est «viariil iiur In re^scinbl.into «Iciioiii
CUnilU6 U plupart pour leurs opinions i„ fait confgudro avec ua d« ses i-arcot..
BAR
BAR
123
inonimiculs p;.iulols ot crlli(jucs rC'
cueillis j)ar iMirailoii dans la .Marche et
les provinces vDisiiies. Le zèle ([u'il
avait raonlré pour l.i propaj^alion de
la vaccine dans le déparlenient de la
Creuse (n) lui valul, en 1812, le
secontl prix. 11 était occupé de revoir
sou ouvraja', d'archéologie dont il se
proposait de donner une édition aug-
luentée de plusieurs nouveaux mémoi-
res , lorsqu'il mourut subitcmeut à
Chambon , le i/». mars 18 16, a yS
ans, laissant la réputation d'un habile
médecin , d'un savant antiquaire et
d'un homme de bien. Son exaltation ré-
volutionnaire (ut nllribuéealachalcur
de son imagination. Il était membre
d'un grand nombre d'académies , de
sociétés littéraires ou agricoles , etc.
Indépendamment de plusieurs rt/'^/c'/é'^
dans les journaux de médecine ^ on
a de lui : I. Observations sur une
espèce d'épilepsie qui reconnaît
pour cause le virus mi li aire , Méra.
de la soc. de médecine, I, i""^ part.,
225. II. Mémoire sur les fièvres
miliaires , couronné par l'académie
d'Amiens. L'auteur, ayant revu son
travail, l'adressa k la société de mé-
decine, qui le jugea digne de paraître
dans son recueil. La première partie,
contenant la description des symptô-
mes, des variétés et des complications
de cette maladie, se trouve tora. I""^,
2" part., I53-244-; et la seconde,
relative au traitement , mais par ex-
trait,tom. II, 1 98-205. III. Me/no/re
sur la nature et les causes des
différentes espèces d'hydropisie ,
ibid., tom. VI. Barallon avait partagé
le prix sur celle question avec Cam-
per _, en 1782. IV. Mémoire sur les
avantages et les dangers du quin-
quina : il lui valut le second prix en
(5) Ce département fut cité dans le ra|>portde
1811 comme celui où il avait été le plus pratic^aé
de vaccioatioas dans le courant de l'année.
1 7 83 . V. Recherches surlespeuples
canihioviccnscs de la carte ihéodo-
sienne , dite de l*eulinger ; sur
l' ancienne ville romaine de Neris;
sur les ruines de pltisieurs autres
villes romaines (le l'ancien Herry;
sur divers monuments celtiques;
sur les ruines et les monuments de
la ville celtique de Tbull; sur les
premiers ouvrages de tuilerie et de
briqueterie, etc. , Paris, 1 806, in-8",
de 35e p. On trouve une analyse
très -étendue de ce Recueil dans le
Moniteur, i6-23 mars 1807. M.
Eloi Johanneau reproche quelques
légères erreurs a Barailon 5 mais il
loue sans réserve son érudition con-
sciencieuse et son infatigable patience.
On conserve de lui plusieurs mémoires
inédits. W — s.
BARANTE (Claude-Ignace
Brugiere de), né a Rioro en 1765,
étaitpetit-fils de Claude-Ignace (^ ce
nom, \I, 89). Après avoir fait des é-
tudes brillantes au collège de Juilly,
il fut fixé dans sa province par des
fonctions de magistrature. Lorsque
la révolution commença, il professa
des opinions libérales et modérées ,
mais ne fut appelé ni élu à aucun
emploi public. Sous le régime de la
terreur , il fut persécuté et empri-
sonné. En 1800, le premier consul le
nomma préfet à Carcassonne , et deux
ans après a Genève. Homme de bien
et homme d'esprit, il sut se faire es-
timer et aimer dans cette ancienne
république j qui regrettait vivement
son indépendance et gémissait de
sa réunion forcée à la France.
Baranto n'était point un de ces ad-
ministrateurs dont le zèle est sans
bornes et sans mesure ; il se croyait
aussi des devoirs a remplir envers les
habitants du pays dont l'administra-
tion lui était confiée j mais Napo-
léon ne l'entendait pas ainsi. Ba-
I»4 BAR BAR
rante eut un autre tort à cette épo- racadémie des jeux floraux , et se fit
que M""" de Slael , M. de Saint- recevoir avocat au parlement; mais
Priest et d'autres exilés habitaient il ne tarda pas à renoncer au barreau
sur celte frontière; le préfet, sans pour se livrer a l'élude de l'économie
manquer a ses ob'igations ûlilcielles, poliiique , science qui ne comptait
avait pour eux plus d'égards et de alors en France qu'un petit nombre
ménagements que ne l'eût voulu le d'adeptes et de partisans. Des plans
maître. Il vivait en société habi- de reforme et d'amélioration qu'il
tuelle avec les eiilés sans songer à les soumit au jugement de Condorcet lui
tracasser, ni a les faire espionner, méritèrent l'estime de cet homme
Vers la fin de 1810, il fut remplacé célèbre. Il reçut aussi des encoura-
dansla préfecture de Genève et se re- gementsdeBailly et deRabaut-Saint-
tira à la campagne en Auvergne. Etienne auxquels il fut présenté dans
Il y est mort au commencement de un voyage a Paris. Son traité d'y^-
1814.. Outre son mérite comme rithmctique politic/ue, ouvrage com-
administiateur consciencieux et é- posé sur le plan de celui d'Arthur
claire, il était studieux et ami des Young qui porte le même titre, lui
lettres. Il a publié: I. Introdiic- valut les suffrages des hommes éclai-
tion à Vélude des langues y Riora rés. Baras se montra dès le prin-
1791, un vol. in-12. II. Elé- cipe partisan de la révolution. Il sui-
menls de géographie , un vol. in- vit la ligne de conduite adoptée
12 , qui a eu plusieurs éditions, par ses illustres amis, et partagea
Ces deux livres avaient été composés l'erreur dans laquelle ils étaient sur
pour l'éducation de ses enfants dont la possibilité de maintenir le trône,
il s'était fort occupé. \\\. Essai sur le sans lui donner jes moyens de résister
départementdel''Aude,Ca.rcàSi,one, aux factions. Elu en 1791 membre
1 802 et Paris i8o5,in-8°.Ila placé, du conseil municipal de Toulouse , il
dans une édition des Maximes de La se servit de son inlluencc pour assu-
Rochefuucanld, un morceaudemorale rer l'exécution des nouvelles lois.
Irès-remarquablc intitulé : Examen Néanmoins il se montra cimslammenl
du principej'ondarncnlal des Maxi- l'ennemi de tous les excès , et ne crai-
mes,Vi\om, 1798, in-ia. Les arti- gnit pas de compromettre sa popula-
cles d'Aguesseau, Pèze, Calvin, Du- rite pour soustraire aux perséculioMs
pral, dans la Biographie universelle, les prêtres iuscrmenlés. Une armée
sont de lui. Il a inséré (juelques espagnole s'élanl approchée des P^-
trdgments de critique ou de p()lili(juc rénées, Baras lut un i\{:9, commis-
daiis divers journaux , surtout dans saires envoyée près de la (jonvenlion
ï llislorien et dans la Décade phi- parle conseil général du déparlement,
/o.vo/;///V///r. Claude de Baranle est le pour presser l'adoption des mesures
père de l\l. de liaranle, aciuellement propres li garantir la frontière. 11
ambassadeur de Erince h Turin , et était ii P.uis au 5i niai; et de
notre collaborateur dès le commeu- retour h Toulouse, dans le compte
cenienl de l'entreprise. Z. qu'il rendit de sa mission, il reir.ira
15ARAS ( Mai\<:-Antoinii ), les scènes odieuses dont il avait été le
publici.slo, né il Toulouse en 176/i , lémoin avec une énergie capable de
cultiva tl'.ibord les lettres cl la ju- soulever d'indignation tous les lioni-
risprudcuce, disputa (juehpics prix \\ mes généreux. Dénonce peu de temps
BAR BAR T25
aprè.s comme fcdor.ilislc, il fut ra- Vie, une pn^facc , rn quatre parties,
lUtMié à P.iris ; doclaré roinplicc où ils cxposml son syslciue. ^{olrc
d'Hi'bcrt, (le Viiii iMit , de IMomoro, coHaboralciir T.iharatid (article 77iO-
qu'il m* (('nii.iiss;!!! pas pcM-soiiiudlc- rnassin ^ loin. XLV, p. 47^), rc-
mcnt cl doiil il n'avail cessé de coin- proiid le P. Bougcrcl sur ce point et
ballre 1<'S doctrines, il péril sur lo dll que celle pièce préliminaire ap-
mèine écliat'and , le t3 avril 1794. parlient !)ien au 1*. Thomassin. Il y a
Oulre le Irailé A' ArithméLique po- ici erreur des deux côlés. Une sa-
/////^Me dont on a parlé , et un Mé- vante préface avait été écrite en
moire plein de détails liislQri([ue8 français, par le P. Tliomassin. Les
d'un grand intérèl, sur la fêle qui se deux éditeurs la traduisirent en latin,
célèlirail h Toulouse le 27 mai, en et lout en la ran<^eant dans un nou-
souvcnir de Tavanlage remporté eu vcl ordre, ils s'efforrèrcul de rendre,
1591 sur les protestants, fèlc qu'il avec le plus de fidélité possible, les
fit supprimer, on a de ce jeune idées et le style de Fauteur. P»arat
et malheureux écrivain un Elo- aida beaucoup de ses lumières, J.-B.
ge du docteur Price, Toulouse, Didiamel, pour l'impression de la
1791, iji-4'S et un Tableau de Bible que ce savant publia en 1706,
V instruction publique en Europe^ Paris, Mariette, in-folio. 11 s'était
ibid. , 2 vol. in-8°. Cet ouvrage est surtout chargé de comparer la Vul-
si rare qu'aucun des bibliographes qui gâte, avec le texte hébreu et d'ex-
l'ont cite' n'indique la date de sa pliquer les passages obscurs sur les-
publicalion. W — s. quels les interprèles différaient de
BAllAT (Nicolas), savant sentiment. L'éditeur parle avec re-
orienlaliste , né a Bourges, dans le connaissance, dans sa préface, de
XVIP siècle , fit ses premières études ce qu'il doit k Barat ; il l'appelle:
à Sens et vint les achever a Paris. « Juter alios vir doctus , isque
Quoique ayant amassé, jeune encore, « in lectione scripturarum valde
les trésors d'une vaste érudition qu'il « iritus , atque in critica sacra
fiouvalt rendre plus fructueuse pour « e.rercitaLus. » Barat mourut en
ui , il se contenta d'un chélif era- 1706, dans un âge peu avancé. Son
ploi de sous maître au collège Ma- éloge fut prononcé par Pabljé Paul
7-arin. Adonné a TéUide des langues Tallemant a l'académie àes inscrip-
orieutales, il devint l'élève de Ri- lions et belles lettres. 11 était entré
chard Simon et le collaborateur dans cette compagnie comme e'/cVe^
du P. Thomassin qui, sans son se- sur la désignation de Despréaux (i).
cours , n'eût pu achever le Glossa- Barat était fort charitable envers les
rium universale Hebraicum. Cet pauvres, qualité d'autant plus mé-
ouvrage fnl publié, après la mort de ritoire , qu'il avait peu de moyens
l'auteur , par les soins de Barat et du pour satisfaire ce généreux penchant.
P. Bordes, Paris, 1697, in-folio. // répandait même avec Joie jus-
Le P. Bougerel (Vie du P. Thomas- qu'à son nécessaire. 11 avait formé
sin , au lom. I, pag. 12, de VAn- .
cienne discipline de C église, 17 2 5, (') La cLt^sc tles «I<-ves fut snpprimfe en
n 1 • r I N l'i 1>_...t L I 1» 1716, et lemijlacre par un nombre é^a' d'asso-
3 VO!. m-folm), dit que Harat et le P. ^4. LY-logo de B.rat est instM-é dans 1.-S Me.
Bordes mirent a la tète dn Glossa- moires de t'académ^r des inscript, et bclles-hures,
, rv rri • , «n-4°. toin. I, p. 345, et dans Vllisioirc de cetle
num du V, Ihoma^sm , oulre sa af«</cv.-,/c(p:irM. dcBoiic}, tom. i,p. 4-.
ia6 BAR BAR
une collection de livres curieux sur pas improbable qu'il descendît d'un
lesquels il amassa les matériaux d'uu Martin Baraton , raéne'trier d'Or-
travail critique. Ces observations fu- léans , dont parle Duverdier dans
rent publiées après sa mort sous le sa Bibliothèque. Quoi qu'il en soil,
litre de Nouvelle Bibliothèque notre Baraton composa un grand
choisie , où. l'on fait connaître les nombre de pièces de vers, une entre
bons livres y en divers genres de autres, en 1676, sur la mort de Tu-
litlérature et l'usage qu'on en doit renne. C'est de lui aussi qu'est celte
faire^ Amsterdam , Mortier, 17U, épigramrae si connue :
2 vol. in-12. Elles se rapportent sur- Huissiers, qu'on fosse siUncc.
tout a des livres qui ont pour objet Dit en tenant audience
, , , / !•,• 1 Un président de Baugé:
les langues savantes , aux ecUlions des c'csl «n bn.it à tète fendre;
Pères de l'éplise grecque, aux ou- Nous avons déjà jugé
- Il- , T ' ^'•'' causes sans les entendre.
vragcs des rabl)ins , etc. Les re-
flexions de l'auteur sont presque Quelques-unes de ces pièces ont été
toujours judicieuses et exposées avec insérées dans plusieurs collections
beaucoup de clarté. L'ouvrage, de poétiques, notamment dansle/?eci/e//
Barat, quoique traitant des mêmes de V^ers choisis, publié par le P.
matières, et portant le même titre, Bouhours, en 1695, et dans le livre
est différent de celui de llicliard Si- II du Nouveau Recueil des Epi^
mon. Barat , a la vérité, eut aussi grarnmatistes François , AmsteT"
beaucoup de part a la />/Z>^V;//(è<7/^<? dam, 1720, 2 vol. in-12 ( tom.
c//t>/676' de ce savant, qui fut publiée 2, pag. 10-20). L'éditeur Bruzen
sous le nom de Sainjorc (2). « Le de la Martinière dit que le second
u p. Thomassin se plaignait de sa livre comprend les auteurs vi-
« trop grande et trop conlinuclle vants , ce qui nous porte a croire
« apj)licalion a l'étude, comme s'il que Baraton vivait encore a cette
« eût prévu dès-lors que ces grands épo({ue. 11 eut grande part h la ré-
« travaux pourraient épuiser ses daction du Dictionnaire des Rimes
u forces et abréger sa vie (3). » 11 deRiclieletjct, dansréditiondei692,
avait entrepris la traduction en lalin il supprima toutes les rimes indéccn-
de la Bibliolbèque rabblnique de tes. Il iii paraître en 1704, in-i 2 ,
Schablai , qu'il se proposait de pu- ses Poésies diverses, réimprimées
blier avec des remarques et des addi- en 1705. Voy. ie Journal de la
lions considérables. Ce dessein ne put Librairie, iiSsS, p. 53o et i8a4 »
être exécuté. L — ^i — x. p. /»85. Z.
HAlVATC)i\ , poète français, «AUATTIERI (le comte
né vers le milieu du XVII'" siècle, Cuarlks), physicien, était né vers
ne descendait pas, comme un pour- 1738 îi IMalsance , d'une tanulle pa-
raitle conjecturer, de Baraton, grand- Iricienne. Toute la lortuue devant ,
éclianson de France, dont la li- suivant la (onliimo, pajiser h son Irère
gnr masculine s'éteignit ii la lin du aîné, ses parents cberclièrent ii le de-
XVr «lècle j mais il ne serait dommager en lui donnant une éduca-
tion brillante. yXprès avoir trrniino
^ ,. I II....,-.,. ,1.. I,. Mniiii.i.r.. sesctuc esclassK ues, ilappril les prin-
»ri /•»'""•> c/i'nwri, |>;n llni/.cu «U- i.ii i>iuninitri" , «^ l 7 ^il i
Amsirrduni. 1730, 4 vol. iii-ij. H'Hi. I, p «)^- cipalcs langucs de rhuropc , et se
ruJdnni. des in,n- , Km,. 1. p. <.. ^^^^^^^ Ircs-liabilo Uaus Ics luatliéma-
•s».
tlijucs cl dans le dessin. Sa position lui
faisant un devoir du cclibal, il clicrcha
dans les voya{;es une utile dislraclion
aux peinos d'un amour naissant et
partagé. Il visita la plus grande par-
tie de l'Allemagne , la Prusse, où il
s'arrêta (juelque-temps à la cour de
Frédéric, la France et TAnglelerre.
Ce fut dans la patrie de Newton que
se développa son goût pour les scien-
ces physiques. ()uoi(pie admirateur de
ce grand homme, il n'adopta point
son système sur Topticpie. Soutenant
que les couleurs et la clarté ne sont
point inhérentes k la lumière, il
essaya d'expliquer sou action sur
l'organe de la vue , dans un mé-
moire intitulé : Congiettiira sulla
super/liiità délia materia colorata
o de colori nclla luce, c del sup-
posto intrinseco suo splendore.
Cet ouvrage, oii Ton trouve quelques
aperçus ingénieux , est peu connu
en France. De retour dans sa patrie ,
Baralticri consacra ses loisirs a des
expériences de physique, dont les ré-
sultats sont consignés dans les Opus-
culi sceltiy recueil qui s'imprimait a
Milan. Il y mourut en 1806 , a 68
ans. Son éloge parut la même année,
k la tête de la Physique mise à la
portée de tout le monde, par M.
Duburqua, Paris, in-8°. Barbier en
a donné un court extrait dans son
Examen critique, p. 7 3. W — s.
BARBAAÇOIS (Charles HÉ-
LiON, marquis de), issu d'une ancien-
ne famille du Berry , naquit le 1 7 août
1760, au château de Villegongis ,
près de Chàleauroux. Comme la
plus grande partie de la jeune no-
blesse de l'ancienne France, il en-
tra d'abord dans la carrière des
armes, et parnnt au grade de lieute-
nant-colonel d'infanterie. 11 avait
déjà (jultlé le service lorsque la ré-
voluliou cclala j et, depuis plusieurs
BAR
19-7
années, il se livrait tout entier dans
SCS vastes domaines k son penchant
pour réconomic rurale et les expé-
riences agricoles. Le château de Vil-
legongis est au centre d'une contrée
du Berry , connue sous le nom de
Champagne. Le sol végétal y a très-
peu de profondeur, et ne se prête
qu'avec peine k la culture des céréa-
les ; mais il produit une herbe fine et
courte, qui convient parfaitement k la
nourriture des bêtes k laines. On en
élevait plus de 260 mille dans ce
canton , et il était en possession de
fourni*- aux manufactures les laines
les meilleures et qui présentaient le
plus d'analogie avec celles de l'Espa-
gne. Il fallait soutenir cette préémi-
nence que la routine pouvait laisser
échapper, au moment où des efforts
se tentaient sur d'autres points de la
France pour améliorer les races.
Barbancois dirigea le mouvement
qui fut imprimé k celte partie inté-
ressante de notre industrie agri-
cole. Par son exemple , ses écrits, et
l'émulation qu'il sut excitera propos
chez le propriétaire et le métayer, il
obtint des succès tels, qu'il força la
concurrence même a reconnaître que
les toisons de la Champagne égalaient
presque en beauté les laines étran-
gères les plus renommées. C'est dans
le domaine de Yillegongis que l'intro-
duction des bêles k laine d'Espagne a
eu lieu pour la première fois au centre
de la France, vers l'année 1776 (i).
Depuis lors, Barbancois parvint a
conserver celte race dans sa pure-
té. Un dépôt aussi précieux eut l'a-
vantage de faciliter le croisement
des races qui fut pratiqué avec non
(i) IM. (le Barbancois ( /'f/(V traité (Tagrieul-
titre, pag. iSg) fait remonter celle importation &
l'anuf-e 1763 , en nous .npprennnl que son prre,
dès C(;tte épotjuc, avait fait venir quelques bé-
liers espagnols, et ([u'il let a^■ait croùct avec ses
rocet indigènes.
Î28 BAR BAR
inoins de succès par cet habile agro- travaux, quel que soit le genre d'ex-
nome. Ce mode de propagation, d'à- ploilalion qu'il ait embrassé. IL Le
bord rejeté par C accoutumance , Rcve singulier ^ ou la Nation
dut être accueilli aussitôt que lin- comme ilny en a point y par M.
térêt des propriétaires de trou- de B.; tome i^"", Paris, 1808, in-8°.
peaux fut mirux entendu, et Barban- Barbier dit que cet ouvrage n'a
cois ne contribua pas peu a leur in- été tiré qu'a vingt-cinq exemplaires,
spirer, sous ce rapport, des idées plus III. Principes généraux d'in-
justes. Il exposa ses vues dans un Mé- struction, rédigés par demandes et
moire sur les moyens d' améliorer par réponses y 2.^ édition, Paris ,
les laines j et d'augmenter le pro- 1820 , in-8°. Ces principes, puisés
duit des bétes à laine dans le dé- dans une série d'idées trop mélaphj-
partement de l'Indre^ Cbiileau- siques , rempliraient difficilement
roux, i8o/i, in-S'^; et dans les l'objet que s'était proposé l'auteur ,
Ephémérides de la sociétç d'à- en écrivant pour l'instruction de la
griculture du départ, de F Indre y jeunesse. Il y a quelque chose de plus
pour tan XIII, Châteauroux, in- vrai et de plus positif dans une pé-
8", p. 33. Toutes les améliorations tition imprimée a la suite de l'ou-
8e tiennent en agriculture. Un nou- vrage et présentée h la chambre des
veau système d'assolements, introduit députés en 1818, relativement à
par le propriétaire de Villcgon^is sur l'instruction publique. Barbançois
la vaste étendue de 5oo hectares de y propose le rétablissement de ces
terre, acheva de vivifier la contrée, écoles centrales qui, après les années
Barbançois obtint, en 1809, le prix les plus désastreuses de la révolution,
proposé parla société d'agriculture contribuèrent hiaire revivre le goût
du département de la Seine , pour le des bonnes études. IV. Des droits
meilleur mode d'irrigation. Répandre et des da^oirs des députés y Vàùs y
le goût des entreprises utiles, éclaiier 1818, in-8". Ce sujet est principa-
l'inlelligence tardive du cullivaleur, lement envisagé par l'auteur, sous les
inspirer aux classes aisées le désir rapports de l'économie politique. Il
d'habiter la campagne, donner 11 tous ran>^e parmi les devoirs d'un bon
la leçon (lu travail, telle est la noble député, Tobligalion de prévenir les
tîiche qu'il s'élail imposée , et (|u'il divisions de partis, en rcpandant
n'a cessé de remplir Juscju'ù la fin de tinstruction dans toutes les r/rt><-
W vie , arrivée prémnlurénicnl le 17 ses. V. Les AJaJorals dans la
mars 1822. Les ouvrages qu'il a pu- Charte, ou réponse à la brochure
bliés sont : I. Petit Traité sur les de iM . Lanjuinais , inlilulée : la
parties les plus importantes de Charte, la Liste civile et les AJa-
V agriculture en France, Paris, j'urats, Paris, 1819, in-8''. YI.
1812, in-8". Cet écrit est, comire le Lettres (deux) écrites en 1809 ,
dit l'auteur, le fruit de son expé- à AL le Président de t académie
rience , cl non C extrait sans exa- des sciences : la première relative
men des divers traités (fui font d un systènw. sur f électricité ;
précédé. Il rcnfernie, en moins do la seconde relative à un tableau
3oopaf'^cs, toules les noiions élémen- syrio/ftupu' des sciences, Paris,
iaires elprnticpics les plus propres ii Barroisaîné, 18 i 9, in-8". \ 11. Let-
(liiijjer riiomnie des champs dans 513 ire adressée à JJ> </f laJJéthe/ie,
BAH
rédacteur du Journal de Physique,
contenant un essai snr te fluide
clectri(jue. Ou Ire l'rxlrail (\c l'ou-
vrage vSiir les moyiMis d aiucliorcr I(\^
laines, on Irouvo dans les Ephcnu'--
rides de la soeictc (Cagi ieulture
de rindr e de Van XI U à i 8 i 8 ,
plusieurs mémoires <ie Barhaiicois,
relatifs a l'cconomlc rurale. Il lui,
dans celle compagnie, membre d'une
commission chargée de jeler les
bases d'un code rural. Il a com-
])Osé plusieurs arliclcs pour les An-
nales de l'agricullure française de
Tessier clBosc. On llldansle compte
rendu ^q?> travaux de la société ^ç?,
sciences et arts du départ, de l'In-
dre , pour i8o3 , une opinion de
Barbancois sur une question de mo-
rale délicate. U y cherche a définir
ce que l'on doit entendre par grand
ho/nme ^ homme célèbre , homme
illustre. Le choix d'un pareil sujet
et la manière dont il est traité pré-
sentaient plus d'une allusion pi-
(juanle. Barbancois avait épousé une
riclic héritière de Sainl-Domingue ,
dont toute la fortune fut perdue par
la révolution. Nommé président du
coUèire électoral de rindre en i 8 1 5 ,
il ne put réussir a se faire nommer
député, et s'en consola facilement en
reprenant ses travaux agricoles. M.
Bonneau, mera])re de la société d'a-
'•riculture de Tlndre , a publié des
\ otes sur la vie de M. de Bar^
bancois , présentées a cette société
le !'"'■ septembre 1822, Cbàleau-
roux, 1823 , in-8". Le propriétaire
de Villegongis a laissé beaucoup de
manuscrits sur des (picslious de phy-
sique , de médecine et de philoso-
phie. On peut regretter que, dans
ces sortes de matières , il ne se soit
pas toujours défendu d'un certain
penchant au paradoxe. L — m — x.
BARBANEGRE ( le baron
BAR
T29
Josr.ni ), général français, né en
177 2, dans la petite ville de l^ontac,
au pied des Pyrénées, d'une famille
pauvre, servit d'abord sur mer dans
un emploi subalterne, puis dans le
cin(piième bataillon de volontaires des
Basses -Pyrénées, où il fut nommé
capitaine. Ce fut en cette qualité
qu'il fît ses premières campagnes con-
tre les Espagnols. Devenu surnumé-
raire par suite de la nouvelle organi-
sation, en 1796, il ne rentra dans le
service actif qu'en i 801, et fut alors
nommé capitaine dans la 17* derai-
î)rigadc. Il passa avec le même grade
dans les chasseurs a pied de la garde
consulaire, en i 802 5 fut nommé, trois
aus après, chef de bataillon dans le
même corps, et enfin colonel du 4-8*
régiment de ligne, qu'il commanda
avec beaucoup de distinction dans la
campagne d'Austerlitz , et Tannée
suivante, contre les Prussiens et les
Russes. Nommé général de brigade,
le 21 mars 1809, il fut encore em-
ployé h la grande armée, et combattit
avec la même distinction aux batail-
les deRatisbonne et de Wagrara. 1.1
conduisit une brigade dans la mal-
heureuse expédition de Russie eu
18 12, etfut successivement comman-
dant de Borisow et de Smolensk.
Placé à Parrière-garde dans la re-
traite, il fut blessé de deux coups de
feu a Rrasnoi, le 1 8 novembre, et se
vit forcé, quelques jours après, de se
renfermer avec les débris de sa trou-
pe, dans la place de Sletlin, où il
soutint un long siège, et ne se ren-
dit que le 5 décembre 181 3. Con-
duit prisonnier en Russie , il re-
vint en France dans le mois de
juillet i8i/i. Leroi le créa chevalier
de Saint-Louis, et l'adjoignit a Tiu-
speclion générale de rinfauterie.
Barbanègre n'hésita pas néanmoins à
se ranger sous les drapeaux de Na-
LVII,
l3o BAR BAR
poléon, lorsque celui-ci revint de l'île mone, où il fut blessé de six coups
d'Elbe, en i8i5, elilfutnoramécora- de sabre et d'une balle dans la poi-
mandantde la ville d'Orléans le 2 5 trine. Remarqué alors par le général
mars, puis commandant de la place en chef, il fut admis dans ses guides
d'Huningue, où ileul bientôt à soutenir avec le grade de lieutenant • il le sui-
unsiègecontrelesSuisseset lesAutri- vit en Egypte, et fut nommé à son
chiens, réunis sous les ordres de Tar- retour capitaine, et mis à la tête d'une
chi-duc Jean. Désespérant de réussir compaguie des grenadiers à cheval de
par les moyens ordinaires contre des la garde des consuls, qu'il comman-
forces très-nombreuses, il bombarda dait a la bataille de Marengo. Il mé-
à plusieurs reprises la ville de Bàle, rita un sabre d'honneur dans cttte
et caHsa dans cette cité populeuse des mémorable journée, et devint, peu
perles considérables. Les alliés s'é- de temps après, chef d'escadron, ai-
tant approchés de la place, et ayant de- de-camp du maréchal Bessières ,
ouvert la tranchée , Huningue es- et enfin colonel du cinquième régi-
suya à son tour un bombardement ment de hussards, qu'il commandait
qui dura deux jours, et qui força a la bataille d'Iéna, où il se distingua
Barbanègre k capituler le 26 aoiàt. encore par sa brillante valeur. Mais
La faible garnison sortit avec les ce fut son dernier exploit. Atteint
honneurs de la guerre, et alla se d'un boulet de canon , il expira sur
réunir aux débris de la grande armée, le champ de batail le. Napoléon, qui,
sur la rive gauche de la Loire , à plus d'une fois avait admiré sa bra-
l'exception des bataillons de garde voure , voulait qu'un monument fut
nationale , qui en formaient la plus élevé h sa mémoire, et il fit tran-
grande partie, et qui furent licenciés, sporter ses restes à Paris, où ils
Les circonstances de ce siège qui sont restés lon^^-temps déposés au
dura deux mois, ayant donné lieu h Gros-Caillou , et enfin accordés aux
beaucoup d'assertions inexactes et demandes réitérées de sa famille,
contradictoires dans les journaux de M — d j.
Paris, leSnectateur Autrichien, jour- BARBAIVTANE. Foj^. Pv-
nal officiel, les réfuta avec amer- cet, au Supp.
tume, et traitadureraenl Barbanègre, BARBARIGO (Jçaw-Fran'
pouravoirfailbomharder inutilement çois), cardinal, nnquil h Venise, en
une place ouverte et sans défense. Une i658 (i), d'une famille patricienne
commission d'enquête ayant été for- qui a produit un grand nombre de
mée, pour examiner sa conduite, dé- personiKJges distingués. Placé par
clara h l'unaniinilé , le i4 septembre, son oncle le cardinal Grégoire Bar-
qu'ellcélaitsansreproches.Cegénéral barigo {f^oy. ce nom, III, 327)
arriva a Paris quchjucs jours après, au séminaire (|u'il venait de fondera
et cessa d'être employé. 11 est mort l^adono, 11 y lit des progrès rapides
dans cette ville le y nov. i83o. — d.ms les sciences et les bllres. Sa
Son frère ( Jean) , colonil de cava- naissance lui ouvrit la carrière des
lerio, élail un des meilleurs ollicicrs honneurs; cl,. inrè.savoirrempliiliver-
de celle arme. Ses premières campa- ses (onctions, il lut, malgré .sa grande
gnesrurentaussi contre les Espagnols, jeunesse, noriinié deux lois ambnssa-
puis en flalie : il s'y trouva aux ha- — . .. , '
I .:iF A |>- !• PA I . I /-. ' (1) Et lion p«» •» ««»7" . co»u«"f *• *• Moi-
failles (le Rivoli, d Arcolc cl de Crc- ci.ini r.. dit v^r innarc,i..mx.
BA.R BAR i3i
àetir II h cour de Louis XÏV. Ayant par Angiol.-Ant. I"'al)ri, professeur à
ensuile rmbrassr Tclal ('cclc.siasli(|nc, racadéiiilc tic l'adoiie. Qiicl([nc Icinps
il fui fail primicier de l'é^çliso S.iinl- après parut sous ce lllrc , Àdnumis-
Marc, et eu i 697 évèijue de Vérone. iniiLa gcntis Bnrbddicœ addila-
II pas^a de sou .siège eu 171/1 sur inciilum, un nouviau .supplénitnl de
celui de Brescia. Le papcClémeiilXI 4- pi- avec une explicalion par le P.
le créa cardinal; el en 1725 il fui ]Noel Laslcsio ou délia Lasle (^. ce
transféré au siège èpiscopal de Pa- nom, XXIII , 4-Ï7)- H est dédié à
doue, oùili»ourulle27 janvier 1730, M"'° Conlarina Barbarigo , dernier
regrt'llé surtout des pauvres aux(juels rejeton de celte illustre famille. Celle
il distribuait la plus grande partie de dame mourut en i 8o4, à Sanla-Ma-
ses revenus. 11 aimait les lettres, et ria Zobenigo , ayant institue son hé-
ne cessa de favoriser ceuK qui les rilier Marc-Ant. Micbiel , patricien
cultivaieut. Ce fut a son invitation de Venise. La Vie du cardinal Barba-
que fut entreprise V HisLoire ecclé- rigo fait parlle des Vitœ ilLustrium
siaslique de f^ërone. Il fit réim- virorurnseminariiPataifini,^àr,] .-
primer a ses frais les OEuvres de ^ Ferrari, Padoue, 1816, in-8''.
aaint Zenon, Padoue, 17 10, in-4.°; Ou peut encore consulter Moscbini :
et on lui doit la première édition des Storia délia letterat. venezian.
OEuvres ^Q saint Gaudeuce, publiée del secol. xviii, II, 95. W — s.
par le P. Gagliardi ( Voj. ce nom, BARBAULD (Anna-Laetitia)
XVI, 169) (2); enfin le séminaire fille du docteur Aikin, ecclésiastique
de Padoue se ressentit de sa bienfai- et maître d'école dans le petit village
sance. Désirant transmettre à la pos- de Kilworlh-Harcourt en Leicesters-
térilé le souvenir de ses ancêtres, il Lire, naquit en 1743. Douée d'une in-
fit graver leurs portraits avec des telligence précoce, et d'un goût très-
vignettes oii sont représentées leurs vit pour l'étude et pour la poésie, elle
principales actions, et y joignit décida son père, malgré le préjugé
un abrégé de leur vie en italien, subsistant contre les femmes savantes,
qui fut traduit eu latin par le a lui enseigner le latin et un peu de
P. J. -Xav. Valcari. L'impression, grec. M. Aikin ayant été appelé à
exécutée avec une magnificence vrai- enseigner dans 1 école de Warring-
ment royale, ne fut terminée qu'en Ion, Anna, qui avait alors atteint sa
1731, deux ans après la mort du quinzième année, se trouva placée
cardinal. L'ouvrage est intitulé: iVw- dans un cercle plus étendu, et eut
mismata virorum illustrium ex occasion d'augmenter son instruction
Barbadica gente, Patavii, ex ty- dans la société de plusieurs hommes
pis seminar. j gr. in-fol., 80 pi. de mérite, notamment les docteurs
(3); suivant le P. Moscbini les exem- Enfield et Priestley. La, ses senti-
laircs restèrent entre les mains des meuts et sa verve poétique prirent
ériliersducardinal jusqu'en 1760, et un plus grand essor; et lorsque son
parurent alors avec une arf<fi7/o« de frère, qui venait de terminer ses
5 pi. accompagnées d'un texte rédigé études médicales, vint s'établir dans
la petite ville habitée par la famille
(2) Celte éd. dc'; OEuires de Si Caudrrtre n.i- / r/ K , , T VT -r » K ^ il lo t^voc
rat à Padoue. Comno, in-4« , en .7.0. cl noa (^- AlKlN, LVl, IlSj, il la pi CS-
pas en 1710, comme on l'a dit» l'art, gaoliarui. g^ jg faire uu choix parmi les effu-
(3) Ces planches ont clé gravéts par Oudc- - 1 t J 1 t„„r,U.»-.. .
nardc (f^. «nom, ^xxii, 255). sions de sa itiusc, et delesretouchcr j
9.
1;
l32
BAR
et il les livra a l'impression. Ce
mince volume fut si bien reçu du pu-
blic, que quatre éditions je suivi-
rent presque immédiatement en 1773.
Le succès engagea l'éditeur a réunir
les morceaux en prose sortis de la
plume de sa sœur et de la sienne ;
et ce recueil {Miscellaneous pie^
ces)j pnblié la même année , ne fut
pas moins heureux que le précédent.
En 1774. Anna épousa M. Rochemont
Barbauld , issu de protestants fran-
çais réfugiés en Angleterre sous le
règne de Louis XlV,et qui, devenu peu
de temps après son mariage pasteiy:
d'une congrc'gatiou dissidente aPalgra-
ve enSuffolk, ouvrit dans le voisinage
une maison d'éducation particulière.
Quelques dames qui avaient de l'in-
fluence dans la société , entre autres
mis trissMonlague(^.ce nom, XXIX,
425 ) , auteur de l'Essai sur Shaks-
peare, ayantdésiré établir une sorte de
collège pour les femmes , avalent jeté
ies yeux sur Anna pour la direction de
cet établissement ; mais elle s'en dé-
fendit, et exposa les raisons de son
refus dans un écrit qui a été conser-
vé. Nous y lisons cette comparaison
ingénirusc . « Les femmes doivent
acquérir le savoir loin du bruit et de
i'éclat. Les larcins que les personnes
de notre sexe font h la science sont
assujettis a une règle analogue K
celle des anciens Spartiates : on les
tolère seulement lorscju'ils sont ca-
chés avec soin ; mais on les punit, s'ils
paraissent, par une sorte de flétris-
sure. » La réputation don! M"" Bar-
bauld jouissait déjii attira en peu
d'années dans la nouvelle peu>iou uu
grand nombre d'enfants parmi les-
cjuels plusieurs ont lait lionnenr à
celte école. L'un (Peux, ^V"' Taylor,
auteur des Synonymes anglais , a
.signalé le talent de l'institutrice pour
former H la composition anglaise.
BAR
Barbauld et sa femme n'ayant point
d'enfants adoptèrent, avant sa deuxiè-
meannée, undesfilsdu médecin Aikin,
et c'est pour ce petit Charles qu'elle
composa ces leçons destinées a la
première enfance {Earlj iessons) ,
qui ont fait époque dans l'art de l'é-
ducation première. La fatigue et
l'intérêt de sa santé obligèrent M. Bar-
bauld, au bout de onze années d'exer-
cice, a quitter la carrière de l'ensei-
gnement. Accompagné de sa femme,
il alla faire quelque séjour en France
(1785 et 1786), puis revint se
fixer dans le joli village de Hamps-
tead 5 comme pasteur d'une congré-
gation peu nombreuse. Anna comp-
tait se borner désormais a soigner
l'éducation de deux jeunes personnes^
mais son frère, moins indifférent
qu'elle a la gloire littéraire, vint ré-
veiller, au nom de la liberté, la musc
qui sommeillait. Elle écrivit en 1790
pour exprimer l'indignation que lui
inspirait le rejet du billpour le rappel
des actes de corporation et de test.
Le rejet d'un autre bill pour l'aboli-
tion du commerce des noirs lui in-
spira en 1791 une épître a Wilber-
force. Quelques autres écrits sur des
sujets politiques et religieux, plu-
sieurs des morceaux composant les
Soirées au logis ^ des essais criti-
ques, imprimés en tète de belles édi-
tions des Plaisirs de l'imagination
d'Akenslde et i\es Odes de Collina ,
furenlles Iruits de ses veilles jusqu'en
1797. Elle vint s'établir a 8toke-
n de se rap
!n I 804 cil
publia un choix du S/)ectaietir, du
JiahiHar(l,(\\\ Tuteur^ c\,(\\\Franc-
tcminrirr , précédé d'un essai con-
tenant la vie ilvn auteurs et i\vs juge-
ments sur leurs écrits. Cet essai est
considéré comme ce qu'elle a produit
de meilleur en ce genre, i^e carac-
Nevvington en 1802, afin de se ra|
prorher de sou frère. En 180/1. elle
BAR
Icrc do son cspril cl de ses pensées
avait de ranaloj^^ie avec celui d'Addi-
«on- on apcieoil en la lisant (ju'elle
s'élait nourrie de bonne heure de la
lecture de ces feuilles (jui seinMaient
devoir être et ne lurent pas t-plié-
mères. iM"" lîarbauld consentit vers
le même temps à faire un clioix
dans une masse de lettres de Sa-
muel Ricliardson que ses héritiers
venaient de vendre j elle en élagua
les deux tiers, et malgré ces sup-
pressions ce qu'elle destina a voir le
jour (Londres, i8o4-, 6 vol. in-8°j
fut peu goûté du public 5 mais il n'y
eut qu'une voix pour reconnaîlre le
mérite du mémoire biographique et
des observations crititpies dont l'é-
diteur enrichit ce recueil épisto-
laire. L'un des rédacteurs de la Re-
vue d'Edinbour<r trouve les observa-
tious de M'"''" Barbauld sur la conduite
et les caractères des romans de Ri-
chardson pleines k la fois de justesse
et de finesse j il est vrai qu'il recon-
naît dans cet écrit le ton emphatique
commun , dit-il , a tous les ouvrages
de celle dame ; mais le style ampoulé
qu'il lui reproche ne nous a pas éga-
ment frappés dans celles de ces pro-
ductions qui nous sont connues. \V al-
ler Scott, en écrivant la vie de Ri-
chardsou dans les Vies des Roman-
ciers, n'a pas cru pouvoir en puiser
les matériaux a une meilleure source
qu'a cet ouvrage, « écrit, disait-il,
« avec autant de talent que de can-
a deur. j) M'"''' Barbauld avait de-
puis (quelque temps devant elle le
triste spectacle d'un époux dont les
facultés intellectuelles s'altéraient
graduellement; elle enfui entièrement
séparée par sa mort arrivée en 1808.
Elle chercha encore des consolations
dans la culture des lettres. Une édition
des Romanciers anglais parut en
1 8 1 0 (5 0 vol. iû- X 2) , avec iiuc iulro-
RAR
i53
dnction, et des notices biograplii(jues
et crili(jii(',s rédigées ])ar elle. Ce fut
vraisemhlableincnt sous l'inspiration
de son frère (pi'clle se hasarda l'année
suivante sur un U-rrain souvent dange-
reux, en écrivant nu j)oème , iiililulc
JlJil huit cent onze, le plus étendu
de ceux (ju'ellc a composés. L'hori-
zon politique était sombre alors pour
l'Angleterre. Cet ouvrage , qui pré-
sente de grandes beautés, et dans le-
quel l'auteur ]irédisait à son pays des
malheurs qu'il n'a point éprouvés, at-
tira sur elle les traits d'une critique
outrageuse; et elle en fut si pro-
fondément blessée, qu'elle ne voulut
plus rentrer dans la carrière litté-
raire, et vécut dès-lors dans le cercle
de ses amis intimes resserré de )Our
en jour. Elle mourut le 9 mars 1826,
dans la quatre-vingt-deuxième année
de son âge. Anna-Lœtitia Barbauld
était d'un naturel hienveillant, in-
dulgent, exempt d'envie. En contact
avec les femmes auteurs les plus dis-
tinguées de son temps , elle n'avait
pour elles qu'admiration, estime , af-
fection ; sentiments qui se montraient
dans sa conversation , et que la pu-
blication de sa correspondance n'a
pas démentis, comme il ai rive quel-
quefois. Le recueil de ses poésies ,
depuis long-temps épuisé, et qu'elle
se préparait à reproduire quand
une critique malveillante la fit renon-
cer k toute prétention littéraire, a
été réimprimé avec ses écrits en prose,
sous lu direction d'une de sqs nièces,
Lucy Aikin , et précédé d'une notice
biographique, 1826, 2 vol. in-8°.
On trouve dans ces deux volumes des
morceaux tantôt sérieux , comme
V Essai sur l'inconséquence de nos
prétentions, tantôt badins et enjoués,
comme Y Inventaire du mobilier
du cabinet de Priestley ; par-
mi les meilleurs sont dçs essais sur
i34
BAR
V Education et sur les Préjugés.
Dans un Essai sur les romans elle
s'est proposé d'imiter le slyle de Sa-
muel Jonnsoa , et elle l'a fait avec
tant de succès, que ce littérateur cé-
lèbre a avoué que c'était la meilleure
imitation qu'on eu eût faite, en ce
qu'elle réfléchissait la couleur de ses
pensées non moins que le tour de ses
expressions. Tout ce qu'elle a écrit
annonce beaucoup de sagacité , d'in-
struction, un grand sens j le style en
est énergique , clair , éléiî^ant. Nous
avons omis, dans le cours de cette
notice, de mentionner des Hymnes
en prose pour les enfants , des Mor-
ceaux religieux (Devotional pièces),
compilés d'après les psaumes de
David , avec des réflexions sur l'es-
prit de religion, sur \t^ religions éta-
blies et sur les sectes (lyyô) j The
Female Speaker, recueil de vers et
de prose, i8ri, i vol. in-12. On a
publié en 182-7 : â hegacy, etc. ,
hegs aux jeunes darnes^ parmislriss
Barbauld , in-12. Plusieurs de ces
productions ont été traduites en fran-
çais. I. Dieu dans la nature^ hymne
en prose a l'usage des enfants, 1800,
in-ia de 4-7 pages. IL ï^ie de
Ric/iardson , avec l'examen de ses
ouvrages, traduite par J.-J. Leu-
liette, Paris, 1808, in-8". III.
Simples contes à l^usage des en-
fants, traduits par M'"*^ de Givrey,
in-12, avec fig., Paris, 1829. IV.
Les Soirées au logis. V. Histo-
riettes et conversations du premier
dge , i83/f , in- i 8. L.
BAllKE (le P. PimiPPE), doc-
trinaire, naipiil en 172^, h Londres,
de parents français réfugiés tii Angle-
terre par suite de la révocaliurj de
l'édil (le Nantes. Son père, pasteur
de l égKiHe anglicane, étant rentré
dans la communion romaine, revint
eu f raacc avec su famille vers 1 755.
BAR
Le jeune Barbe obtint «ne bourse au
collège de Louis-le-Grand, où il fit
^t?, études d'une manière brillante ;
et se rendit ensuite a Dublin, près de
son aïeul paternel, homme d'un rare
mérite, dont les conseils et les leçons
l'aidèrent a se perfectionner dans la
connaissance des langues anciennes.
Il revenait en France par les Pays-
Bas en 1746, lorsqu'il tomba devant
Louvain dans les mains des Français
qui assiégeaient celle ville, et qui le
prirent pour un espion. Il se tira de
cet embarras par sa présence d'esprit
et Ta propos de ses réponses. Arrivé
a Paris, il fut admis dans la congré-
galion des PP. de la doctrine chré-
tienne, et chargé d'enseigner la rhé-
torique successiveniient à Avalon et à
Vitry-le-Francais{i). Après la sup-
pression des jésuites , il fut nommé
principal du collège de Langres; mais
ses supérieurs l'envoyèrent bientât à
Chaumont avecle double titre de pré-
fet des études et de professeur de
belles-lettres. Il avait pour confrè-
res le conventionnel Jacob Dupont
et Manuel devenu si célèbre comme
procureur de la commune de Paris
{Mémoires de Lombard de Langres,
I, ch. i"). La réputation dont jouis-
sait le P. Barbe ne pouvait manquer
d'attirer II Ch;iumont un grand nom-
bre d'élèves. Ses Inleiils, relevés en-
core par sa douceur, par sa piété, par
son infatigable patience, le faisaient
chérir de tous le> jeunes gens ; et de
loui ceux qui avaient eu occasion de
suivre ses le(;oiKs,il n'en était pas uu
qui ne conservât la plus profonde vé-
(1) Il pas.sa j)lu«:i«'iirs niin«Ts «l.ins critr dcr-
niùrc vilii- ut y \n\U\\a\c i^unutl tt»s rhmoncwu,
ou lllifloriqtie mnUfiif , I7>t) «t «76», iil>i3,
i-iMrii|iriii)i< à l'nns, i-f>\, 2 vol. în-u- ( rt «u-
vra};<-, <|it'' Ikirbier lui a(\r)l)ur Avv<- «loulr, l'^t
biin n-tlIciiK ni ilr lui : il finit .111 iioiiilirt' des
livros rUs»ii|iii*A ilai)^ lixii l»* <'oU«''>;«-i ilrs «I<k--
triiiairv.i, couinn' la Ki-aïuuMirc U«> ii^uirr^'ue ijui
avttil auisi «5lf ilucttiuiiiro. A— i.
BAll
n^ralion pour ce (li:;nc inaîlrr. Ap-
pelé piU" SCS supcru'iirs à Pans, en
1785, il laissa sa biMiotlircjue à
Chauiuonl pour (pie les écoliers pus-
sent continuer à s'en servir. Depuis
«puhpies années il jouissait, sur la
cassette de la reine , d'une pension de
800 livres^ mais il u*en avait jamais
employé la moindre partie pour ses
besoins. Dès (pi'il la touchait, il s'em-
pressait de la distribuer aux pauvres.
i)ur liuvitalion de l'arclievèquc de
Paris, M. de Juigné, il se rendit au
mont Valérien pour y travailler a la
révision des ouvrages des Pères grecs,
dont une société d'ecclésiastiques
préparait, sous la direction du prélat,
une traduction française (J^. P. -Th.
Lambert, auSupp.)^ mais celte lâche
était au-dessus de si^s forces, et
il revint épuisé de fatigues dans la
maison de Saint-Charles, chef-lieu de
sa congrégation , a Paris. Son nom
était inscrit sur la liste des prêtres
qui devaient être arrêtés la veille des
massacres de septembre. Manuel
l'ayant su , l'envoya chercher par uu
de ses agents pour le mettre en sû-
reté. Le P. Barbe , échappé comme
par miracle au fqr des assassins , erra
pendant plusieurs jours dans les rues
de Paris. Boucheseiche , son ancien
élève, l'ayant trouvé sur une borne,
le recueillit d .:is sa maison; mais le
P. Barbe craignant de -eomproraellre
son hôte sortit de chez, lui et fut arrêté
par des gens de police, qui le condui-
sireiil a la commune auprès de Ma-
nuel, Cet homme , qui u était pas na-
turellement cruel, lui rerail, avec
l'argent nécessaire pour son voyage ,
un passeport où se trouvaient ces
mots : honneic homme quoique prê-
tre ; et il le Qt conduire hors des bar-
rières. A son arrivée a Chaumont ,
Barbe reçut d'un de ses anciens élèves
l'accueil le plus tendre 5 mais en vain
BAR
135
tous les soins lui furent prodigués. Lo
coup était porté; et il expira le 8
octobre i 792, à l'àgc de 69 ans. On
a du P. li.nbe ; L Fables nouvel-
les , divisées en 6 livres (sans nom
d'auteur ), Paris , 1^62 , in-12;
2® édition, dédiée à raadame la
Dauphinc, Paris 1770, in-12. IL
Fables et contes philosophiques ,
ihid. , 1771, in-12. Ces deux vo-
lumes sont rares (2). On y distin-
gue : L'Origine des fables , la
Précipitation, les deux Intérêts ,
la Mort de Turenne , etc.
qui
sont dans la mémoire des ama-
teurs. Outre une foule de jolies
pièces de vers, il a laissé manu-
scrits des Préceptes de rhétori-
que ^ des discussions littéraires ,
etc. Le P. Barbe comptait au nom-
bre de ses élèves des hommes
très-distingués, entre autres le célè-
bre d'AnssedeVilloison. Lombard de
Langres, qui fut aussi de ce nombre,
a parlé de lui avec beaucoup de sen-
sibilité dans ses Mémoires. L'abbé
Mathieu ( V. ce nom, au Supp. ) a
publié : Notice sur le P. Barbe ,
Chaumont, in-8° de 8 p., extrait
d'un annuaire de la Haute-Marne.
D — B — s et W — s.
BARBEAU-DUBAURAN.
V^OJ^. DUBARRAN , BU Supp.
BARBEDETTE-CUERME-
LAIS ( Joseph-Jea>'), né au vil-
lage des Faujheries, sur la paroisse
(2} Los tltux recueils de Barbe contiennent
207 fables , y compris celle qui forme la rlédi-
cace du second , a'Iressée au coiiiie de Bourbon-
Busset.Qu.ilorzefablfS sfulemeiit ont été insérées
dons le hablier français de Hérissant et Lottin ;
quelnue? autres, dont deux inédites, ont été re-
cueillies dans \c FuL/ier i/e Hereriger, le Nouveau.
Fabli'i- français, etc. Les fubU"! de Barbe se dis-
tinguent par le naturel , le but ninral et la con-
cision. A la fin de son deuxième recueil, il a
phicé une table pipbabétiqne des matières de
morale qu'il a nli^es en apologues , melbodo
qu'il a perfectionnée d'après un essai de Gro-
zeilier , et adoptée depuis par Lebailly (f. c«
nom , aa Snpp.). A— t.
i36
BMl
de Louyigné-du-Désert ( départe-
ment d'Ille-et-Vllaine) , le 1 1 octo-
bre 1784? étudia successivement a
Fougères, a Rennes et à Paris. Apres
avoir terminé son cours de droit qu'il
était venu suivre daus cette dernière
ville, il exerça pendant quelque temps
la profession d'avocat avec beaucoup
de SBCcès, et se fit aussi une réputa-
tion par nn Traité des attributions
des Juges de paix , Paris , i 8 1 0 ,
in-8°. Les circonstances le conduisi-
rent alors a accepter une place de
sous-chef dans Tadrainistration de la
guerre; mais son goût pour les matiè-
res judiciaires lui rouvrit bientôt une
carrière qu'il n'avait quittée qu'a re-
gret. Il montra aussi dans ce temps-
là du goût pour les composi-
tions dramatiques; mais, à en juger
par quelques essais, ce n'était pas sa
vocation. 11 renonça donc au culte
des muses , et se livra tout entier a
l'étude de la jurisprudence. Après la
restauration , les députés de son dé-
partement , auxquels se joignit un
magistrat qui lui portait beaucoup
d'intérêt , Favard de Langlade, le
présentèrent au ministre de la justice
pour la place de président du tribu-
nal civil de Fougères, et il y fut nom-
mé lors de l'organisation des tribu-
naux , en 1816. Dans ces fonctions
importantes, Barbcdette se fit beau-
coup d'Iiouncur par son assiduité et
par ses lumières, llconlinuanéanmoms
a concourir au Hcpcrtoirc de la
nouvelle législation , etc. , publié
par Favard de Langlade. On peut
Yoir ce qu'en dit ce magistrat dans
«a préface, lîarbcdelte peut inêmr
ti\ être regardé comme Taiitcur, vu
la part principale (pi'il eut à la com-
position cl h la rédaction. Une mala-
die de langueur , occasionée ou ag-
gravée par une application trop con-
tinue, abrégea les jours de Barbc-
BAR
dette. Son neveu, le docteur Riban,
le fit venir a Louvigné-du-Désert pour
lui prodiguer ses soins j mais tout
fut inutile. Il mourut au village
du Planty , le :28 janvier 1826.
B — D — E.
BARBERI (François), né
'a Rome, vers le milieu du 18^
siècle, se livra dès sa jeunesse a une
étude approfondie des lois romaines ;
et devint sous le règne de Pie Yl ,
procureur fiscal , c'est-a-dire char-
gé d'instruire, de poursuivre et à
peu près de juger toutes les espèces
de crimes commis dans les états de
réglise. Il jouissait d'une grande
réputation de probité et de savoir.
Chargé de suivre le procès du fameux
Caglioslro, il le fit condamner aune
détention perpétuelle. Il publia en-
suite, sur l'affaire de Bassville {P^. ce
nom, III, 509 , et Aintonelli, LVI,
371), une brochure où il prouva que
l'on ne devait attribuer sou assassinat
qu'a l'effervescence populaire. En
1799 les Français arrêtèrent Barbe-
ri, et lui firent subir de fort mauvais
traitements; mais il ne voulut ni prêter
le serment qu'on exigeait de lui, ni
reconnaître la nouvelle autorité
Persécuté avec acharnement, il ré-
sista a toutes les menaces. Comme il
mourut sur la paroisse de Sl-Louis
des Français , ou plaça sur son
tombeau une épitaphe (pii rappelait
les mauvais traitements (|u''il avait
reçus- mais la pruilcnce tles admi-
nistrateurs (\vs établissements ap-
parlenant à la France fit ellacer
ces récriminations. On doit regret-
ter (pie Barberi n'ait pas laisse des
observations sur les lois crinunriles
alors en usage il Rome , et dont I é-
Indr lui était si familière. /.
ItAUltlÉ 1)1 MOCAGE
( Je\n-I)enis) naquit ii Paris, le 28
avril 1760, d une aucic^ue fauiillo,
BAR
originaire deNoriuaiuîic. Il annonça
de bonne henre un goùl décidé pour
les sciences j^ooi^rapliitjues. Au sortir
du collège IMazarin , où il avail fait
d'excelleules éludes, il se présenta
chez rillustre d'AuNilIe , fort vieux
alors ; il eu lut parfaitenieul accueilli,
deviul sou disciple, et ne tarda pas li
être connu. Choiseul-GoufTier lui
confia les caries et plans de son \oya-
ge piltoresi[ue de la Grèce, el l'abbé
Barlliéleniy , qui Tavait placé en
1780 au cabinet des médailles , l'at-
las d'Anacharsis. Ce grand travail
parut en 1789, et fonda la réputation
de son auteur. Pendant la tourmente
révolutionnaire , la géographie an-
cienne dut rester silencieuse. Bar-
])ié du Bocage fut arrêté comme
suspect, et perdit sa place a la bi-
bliothèque du roi. Nous le retrouvons
en 1797 attaché au bureau du cadas-
tre, et eu 1802 au dépôt de la guerre,
oii il fut chargé de la carte de la Mo-
rée, qui ne vit le jour que long-temps
après(i). En 181 o,il publia la grande
carte de la Grèce, de ses colonies et
de ses conquêtes, qu'on peut regarder
comme le complément de l'atlas d'A-
nacharsis. Vers le même temps , il
fut employé par INapoléon a la rédac-
tion d'une suite de cartes et de mé-
moires surles expéditions desRomains
en Asie , et notamment dans l'Inde.
Barbie du Boca'j;e était alors mem-
bre de Tinslitut, d'un grand nom-
bre d'académies , et professeur de
géographie a la faculté des lettres de
l'académie de Paris, dont il fut uom-
(i) En i8o3 il fut nommé géograiihe du mi-
nistère des relations extérieures; eu i8o6 mem-
bre de l'iiiitilut (3' classe), en remplaceiiienL
d'Anquclil, el (barge la même année de la di-
reclion de la grande tarie de Franic pour les
ponls-el-cbaussecs ; membre; de l'académie de
Florence en 1807, et de la Société royale de Ga-t-
tiiiguc, en 1808; il fut nommé en i8o<), |)rofesseur
à la faculté des lettres de l'académie de l'aris,
el memJjic de l'iaslilut de llollauiic. A— x.
BAH
'37
me doyen en i 8 i ^. Il est peu d'ou-
vrages inar(piants pendant une période
de (piaranle années, pour lescpuls il
n'ait comj)osé des cartes ou des plans
lopographi(jues, accompagnés d'ana-
lyses ou de mémoires. Dévoué tout
entier aux progrès de la science qui
avait occupé sa vie, Barbie du Boca-
ge fut en i8:ii un des fondateurs
de la société de géograj)liie dont il
eut deux fois la présidence. Il était
dans sa destinée de finir sa carrière
par l'ouvrage même qui avait com-
mencé sa réputation. Après la mort
de Choiseul-Goufîier , il se chargea
de terminer, de concert avec M. JLe-
Ironne, le voyage pittoresque de la
Grèce. Ou lui doit toute la géogra-
phie ancienne du second volume :
ce fut son dernier travail. Après une
maladie de 3 /i jours, il fut enlevé a la
science , le 28 décembre 1826. La
Grèce , ses colonies et ses conquêtes
furent les terres de prédilection de
Barbie du Bocage. L'atlas d'Ana-
charsis est sans contredit son meilleur
ouvrage ; il a fait faire un pas h la
partie topographique de la science :
Ce fut une heureuse et savante ap-
plication de ''érudition classique a
l'ancienne géographie. Toutefois ,
l'école de d'Anville, a laquelle ap-
partenait Barbie du Bocage, a été
dépassée sous le point de vue de la
criti(jue rationelle, qui ne se borne
pas aux textes seuls pour l'identité des
localités, mais qui demaudeaThistoire
religieuse et morale des peuples et à
l'ethnographie des témoignages encore
plus certains. C'est aussi h la géogra-
phie mathématique perfectionnée des
modernes, qu'il appartient d'éclai-
rer d'une lumière nouvelle les des-
criptions des auteurs anciens, et à
indiquer rcmp'accracnt des villes dé-
truites et des localités incertaines.
Les ouvrages de Barbie du Bocage
isa
BAB
*ont Bombreux : voici les principaux :
I. Urbis Mytileni spécimen vêtus.
r—Urbis Halicarnassi spécimen
vêtus, — Mileti vicinia variistem-
poribus, pour le i ^* vol. du Voyage
pittoresque de la Grèce, 1782. IL
Atlas pour le Voyage du Jeune
Anacharsis^ Paris, i 788-I789,ia-
4•". Dans la nouvelle édition in-fol.
publiée en 1799, on remarque de
nombreuses corrections : l'analyse est
entièrement refaite. III. Cartes et
notices pour le Mémoire de M. de
Ste-Croix , sur le cours de t A-
raxc et du Cyrus. — Essai sur la
bataille de Cunaxa,avec un plan.
JV. Carte pour la Retraite des dix
mille de Xénophon, pour les Mé-
langes de géographie de M. de
Fortia. V. Carte de l'île de Crète
et an. pour les anciens gouverne-
ments fédératifs de M. de Ste-Croix.
VI. Carte de la Scjthie, de t E-
gypte, etc., pour la Irad. du Traité
des airs, des eaux et des lieux du doc-
teur Coray. YII. Notice sur la
vie et les ouvrages de d^ Anville ,
Paris, 1802, I vol. in-S». Cette
Notice a été attribuée aussi a M. de
Manne. VIII. Carte semi-topogra-
plù(]uedclaMorée, 1807,1 feuille.
Cet tf carte terminée eu 1807 n'a paru
que long-temps .nprès. IX. Cartes
des marches d'Alexandre et ana-
lyse ; plan de Tyr ; de Thèbes en
Hvolie ; essai sur la topographie
de cette ville ( pour l'Examen Aa
historiens d'Alexandre, de M. de
Sle-CroLx). A. t)i<^crs plans pour
le Voyage de M. Pouqueville, en
Morée , fie. AI. Carte de la na^'i-
galion intérieure dune partie Je
la Russie européenne ^ 1*. ii;>, a
l3 ( i8o5 ). AH. Traducliim des
voyagt's de Chandler dans T .1-
sie-Mt/u'ure. Paris, 1806. j vol.
ia-S9. XiU (eu ftociélé avec M.
BAR
l'abbé Servois). Notice sur un ma-r
nuscrit de la bibliothèque du prince
de Talleyrand , 1807. Barbie du
Bocage cherche à établir que la côte
orientale de la N ^-Hollande a été
reconnue par des Portugais en i525.
XIV. Plans d'une partie de l ile
de CerigOy de l'île de Tine (pour
le Voyage de M. Castellanet de Za-
lony). XV. Carte générale de la
Grèce , Paris, i8jo. Celte carte
forme le i*^*" n° qui manquait à la
nouv. édit. du Voyage d'Auacharsis,
imprimée par Didot jeune^ en 1799.
XVI. U Hellespont et tîle de Les-
bos pour le Thucydide de Gail.
XVU. Partie septentrionale de
V Inde pour les lîidiques d'Arrien.
XYIII. Précis de géographie an-
cienne ( imprimé k la suile de l'a-
brégé delà géographiede Pinkerton,
édit. de 181 1 ). XIX. Cartes histo-
riques de l'état de l'Inde en 1 6o5,
en l'jo'j , en 1812, pour les mo-
numents de ITndoustan , décrits par
Langlès. XX. Carte de l'Es/)agne
ancienne^, pour les classiques de Le-
maire. XXI. Carte de la Grèce
moderne , pour le Voyage de M. de
Pouqueville, 1 821. XXII. Mémoi-
res sur jEnoé, Phylé etEleuthe- ,
res, pour la lopograpJiie de la ba-
taille de Platée , de M. Spencer
Slauhope. XXllI. Plans topogra-
phiques et itinéraires de Constant
tinoffle, du Jiosphore, elc, pour le
VoyagepillorcsquedeM. ]Melling(a).
XXlV. Toute la partie géogra-
pluque du voyage pittoresque de
lu Grèce , de AI. de Choiseul.
Barbie du Bocage a inséré plusieurs
niénioires , disserlalious el notices
dans le iVlémorial tojiograpbitjue et
('
'») Hyihié A\\ Ilorap;»' »■• M'rtit «lu tavnnt tM-
vnit fait nar lo pémral Audn'i>!««i |Mml(ml m>ii
ninhiiH.><n(U ù Conslniitinopl*'. «*«' '!"' ••ii-ila uiia
rcclniiialioii ("aile j'ur c« clmuor «lnii> U-s feuil-
les pabliqari. V— v«.
BAR
mililniro, dans h Ma};asin wicydopt^-
di(|iJe, (laus \c Hiillrlin dv la soriclc
de j^cograpliio , de. 11 a laisse iuc-
dils ou uiiUiuscnls plusieurs cartes et
m<?inoir('S, entre lesquels ou reinar-
f{ue ceux sur la plaine d'Arg()s,sur les
cxpédilioiis en Asie de Lucullus, de
Porap<?e, de Crassus, sur la longueur
du mille l'Hiain, etc. (3). L — Il — E.
ItAKUlEK (A>toine-Alexan-
I>»e), célèbre bibliographe, né le
II jauvier 1765, h Couloramicrs ,
termina ses éludes en 1 782 au collège
de Meaux ; et, ayant embrassé l'état
ecclésiastique , remplit successive-
ment les fonctions de vicaire à Acy,
à Damuiarlin cl à la Ferté-sous-
Jouare, dont il fut nommé curé en
1 79 1 par les électeurs du district de
Meaux. En 1793 il renonça à la
prêtrise, et, après le concordat de
1801, il obtint du pape un bref qui
le rendit a l'état séculier et lui per-
mit de se marier e-n face de l'Eglise.
Son goiit pour les livres s'était dé-
veloppé pendant son séjour au sé-
minaire de Saint-Firrain ; et il sentit
le te^in de se f armer de bonne
heure une bibliothèque pour ses
éludes et pour ses travaux. Dès
1789 Barbier s'occupait de ras-
sembler des matériaux pour complé-
ter la BibliotJièque d'un homme
de goût et les Dictionnaires his-
toriques de Ladvocat et de D. Chau-
don. Il revint a Paris en 1794^ pour
entrer a l'école normale comme élè-
ve envo^éparle département de Seine-
et-Marne. Peu de temps après il fut
(3) Plasieurs savants et hommes de leltres,
collègues ou amis de Barbie du Boc;>£;i', ont
prononcé à ses funrrnilles, ou publié postéiieu-
remfi.t des discours et de-> notices, pour donner
de louchants rcj,'rets et de justes éloges aux ver-
tus privées de ce savant. I.cs discours imprimés
sont de MM. leniaire, Walckenaer. ()urozoir,
Bottin, Letronue, Kmeric-David et Jomard. Li s
notices sont de M. La Renaudière, auteur de cet
article, et de M. Dacier. A— t.
BAR 139
nommé membre de la coinnjîs.sion
teiii|)()raire des arts, cl, eu celle (jua-
lité, chargé de réparlir entre l(;s dif-
férentes bibliothèques de Paris les
livres entassés pendant les premières
années de la révolution dans dtîs dé-
pôts oii le moindre risque qu'ils
courussent était de se délé;riorcr.
Dans l'examen que Barbier fit de
ces dépôts, il eut le bonheur de
découvrir, parmi les livres de «Quer-
beuf ( F. ce nom , XXXVI , 2.86 ) ,
le recueil des Lettres de Huet, qui,
sur sa demande , fut envoyé à la bi-
bliothèque nationale, et la collection
complète des manuscrits de Fénelon,
qui, restitués d'abord à ses héritiers,
font aujourd'hui partie de la biblio-
thèque du séminaire de Sjiint-Sul-
pice et ont été si utiles au cardinal
de Bausset pour la publicat ion de ses
intéressants écrits {V. Bau.'sset, dans
ce V ol. ). Chargé par Françoiis de Neuf-
cbàteau {F. ce nom , au iSupp.) de
composer une bibliothèque pour le
directoire, Barbier en fut nommé le
conservateur. Après le i2! brumaire
il devint bibliothécaire du conseil
d'état; et en 1807 i^ remplaça Ri-
pault {F. ce nom, au Supp.) com-
me bibliothécaire particuliier del'em-
pcreur ( i ) . Malgré les de^/oirs que lui
"^■^— — — "^— ^■— — — — ^— — .— ^— ^. " «
(i) Les nouvelles fonctions de Barbier le rap-
prochaient souvent de la personne de Napoléon.
C'était pendant ou après son dincr qu'il le fai-
sait appeler, et alors le bibliotliécaire lui pré-
sinlait les publications nouvelles, ainsi que les
livres envoyés en hommage par les auteurs.
— Pendant les campagnes , Barbier fais-nit
parvenir par les estafettes les nouveautés
avec les analyses, et les jugements qu'il en
jiortait. Souvent Napoléon chargea son biblio-
thécaire de lui faire des rapports sur divers
points d'hirt'ire, et quelquefois sur des matières
velig euscs. Il lui fit demander, snitpar les se-
crUaires de son cabinet, soiï par le duc de
Frioul, des mémoires ou des notes sur l'église
gallicane, sur la tiare et sur son origine ; s'il r
avait des exemples d'empereurs qui eussent suspen-
du ou déposé des papes; sur Le procès des tem-
pliers, sur celui de fJnlilee; stir les campagnes
qui oui eu lieu vers l'Kuphra te contre les Par-
tbes dtipuis celle de Crassus jusqu'au VIll*
siècle; sur différents auteurs (jrecs et latins non
i4o
BAR
imposaient ses diverses fonctions , et
qu il remplissait consciencieusement,
Barbier trouva le loisir de publier
plusieurs ouvrages qui lui assurent
un rang parmi les bibliographes.
Laissant à ses doctes confrères ,
les Mercier de Saint -Léger, les
Rive 5 les Laire, les Chardon de
la Rochette, etc., le soin d'éclaircir
les origines de l'impriuierie , d'en
illustrer les premières productions ,
et d'indiquer aux riches amateurs les
livres rares, dignes de figurer dans
leurs cabinets , il préféra tourner ses
recherches vers les ouvrages vrai-
ment utiles. La publication du cata-
logue du conseil d'état le fit avanta-
geusement connaître de toutes les
personnes qui cultivent la bibliogra-
phie. Depuis plusieurs années il re-
cueillait des renseio-ncments sur les
D
auteurs anonymes j mais, instruit que
son confrère Van-Thol s'occupait de
recherches du même genre , il crai-
gnit de le priver du fruit qu'il pou-
vait attendre de son travail , et se
contenta d'exprimer le désir qu'il en
lit jouir promptement le public. La
délicatesse de ce procédé n'ayant pas
décidé Van-Tholli faire paraître l'ou-
vrage (|u'il promettait depuis si long-
lenq)s(A^.VAN-THOL,auSupp.),l)ar-
i)ier,mit au jour, en 1806, les deux
premiers volumes du Diclionnairc
dcsanoiiy nu'Sy avec un discours pré-
liminaire dans le(piel, après avoir ren-
du compte de l'objet de son travail
et des soins ([u'il lui a coûtés, il cite
avec autant de candeur que de mo-
trailuils ou dont il n'rxi.tti; «|uo <1«» Iraduciions
siiraniii'<'8. etc., v.U\ J'ai r<'iiiiir<|ii<-, ru luinou-
riinl la coriTUpuiulaïK-d ilt- MM. Kaiii, Mcmm-
val et Duroc, «jur, (laii!i la (.-aiii|)af,'ii<- (l'lvs|ia(;iic
(1808), l'(uii|)(i'cur fai>ail driiiundcr avir inn-
luiM <• Ick iMrmoire.t de t'avait; ft «lu'à Moscou, il
prc.Hiait l'invoi de i/url</iici bout roma:i.i, iloiit
devuiriit .lie clmrjfi'.H U-s aiiditour.s parLinl tous
le:t jeudis <!<• l'oris: var, rcrivail M. <lo Memiival,
nous avons ilr, niumcitti tit iotsir yu'i/ u'eU pas ituc
fie içmplir <tj. V«»vk.
BAR
deslie tous les savants dont il avait
reçu des secours. Personne ne sentait
mieux que Barbier que son ouvrage
était susceptible de nombreuses amé-
liorations j et il invita les littérateurs
à lui faire part des erreurs qu'ils re-
marqueraient pour les corriger dans
un supplément ou dans une nouvelle
édition. Mais, s'il appelait la critique
bienveillante a l'aider de ses lumiè-
res , il n'était pas disposé a souffrir
patiemment les attaques mal fondées;
et l'abbé Guairird , ayant publié
dans le Mercure, sur le Diction-
naire des anonymes , des articles
moins solides que piquants , Barbier
lui répondit avec une vivacité qui
dut surprendre ceux qui connais-
saient la douceur habituelle de son
caractère (2). Aux matériaux qu'il
recueillait depuis vingt ans pour per-
fectionner les dictionnaires histori-
ques, il avait eu le bonheur de réu-
nir les notes de l'abbë du Masbaret
{V. ce nom , XXVII, 34^5), renfer-
mant une foule d'articles échappés
aux différents éditeurs et continua-
teurs de Moréri. Les éditeurs de la
Biographie unii>ersellc pensèrent
((u'il serait utile d'attacher à la rédac-
tion de cet ouvrage un biographe si
distingué j et ils lui tirent des pro-
positions qu'il accepta d'abord : mais
il voulut ensuite être le maître de
donner à cette entreprise la direction
(ju'il lui convienilrait, et les éditeurs
ne crurent pas devoir souscrire a de
telles concilions. Dans le même temps
(ï) I.» Hipome ilr Itui-àirr, l'aris, i8o7,itl-S''
<lv jS p., lut r<'ini{>i'iiiicc cil 1808 à la lin du 4*
vol. du Dut. (les unoitjmes. I/uuteur y joignit
uiM' Disseriiitiiiit sur (litïcifiitfH éditions de» II"»-
ductioiis de l'lu(ar(|iic et d'Ilfliodorr, iiar Jact) .
Aiu^)t, ('oiii|iost'e pour t'trc lua à la >ociolo
<rii^Mi(ulturir de Mc.tux. qui l'uvoit admis
parmi .se» inciiibrcs ; i-t oiilin sa .\ij//c* tur
J)a>i>l Duiainl, drjà publiée dan.» le Mn^umi #«•
9(7"/M(/((/iir , mai» reproduit!* avec dr noinbrcu*
M» aut;uiciilalio!is. Cos divrr» iiiorcoau\ nr tout
poiui paiiio de lu i"«U- (lu VtiUon, Ja anoin-
ma.
BAR
Pnulliomme venait de susciter h la
Biographie univci-scllc iiiie espèce
de concurrciuc en l.usanl une nou-
velle édition tlii Diclionnaire liislon-
«juc de Chaudon ; Barbier s'associa
d'ahord a cette cnlrcprisc dont il
composa le prospectus ; mais il
ne put être long - temps d'accord
avec un pareil liommc {Voy. Prud-
hom:me, au Supp.), et le biblio-
thécaire impérial n'eut bientôt plus
qu'à observer la marche des deux
entreprises rivales. C'est dans cette
position qu'il conçut Tidéc de son
Examen critique des diction-
naires , dont il n'a paru jusqu'à
ce jour qu'un seul volume con-
tenant les lettres A-J. Quelques soins
que nous avons pris pour rendre notre
ouvraire supérieur à tous les diction-
naires historiques , nous n avons ja-
mais pensé que la Biographie ne ren-
fermerait pas des erreurs et n'offri-
rait pas d'omissions. Loin donc de
nous plaindre des critiques de Bar-
bier, nous regrettons qu'il ne les ait
pas multipliées davantage ; et ce sup-
plément fournira la preuve que nous
avons jugé notre ouvrage avec plus
de sévérité que Barbier ne l'avait
jugé lui-même. Cependant il doit
nous être permis de dire que souvent
ses observations manquent de justesse
et d'exactitude. C'est ainsi qu'il nous
reproche d'avoir omis des articles qui
sont a leur véritable place, où lui-
même a eu le tort de ne pas les cbcr-
cher(5), ou de n'avoir pas épuisé la liste
des productions d'un écrivain obscur ,
quand nous avons pris le soin d'aver-
tir que nous nous bornions a indiquer
ses principaux ouvrages. Les traduc-
teurs italiens de \îi Biographie uni-
verselle, tout en intercalant dans
leurs colonnes le travail de Barbier ,
(3) Alft'-re, /^. Alfiéri; IJarrio , f, Barmj
Barthius, /^. Bautu, etc., etc.
BAR.
lïl
n'ont pu s'empêcher de remarquer
qu'en relevant nos erreurs prétendues
il lui est arrivé d'en commettre lui-
même de très-graves. C'est la d'ail-
leurs ce que nous continuerons de dé-
montrer quand l'occasion s'en présen-
tera ; mais nous le ferons avec les
égards qui sont dus a l'un des hom-
mes ([ui, de notre temps, ont contri-
bué le plus aux progrès de la biblio-
graphie. Il nous a d'ailleurs souvent
témoigné de très-vifs regrets de n'a-
voir pas concouru a notre entreprise-
il n'en parlait jamais qu'avec beau-
coup d'estime j et toutes les fois qu'il
a pu nous être utile par ses avis et
ses recherches, il l'a fait avec tout le
zèle et le désintéressement d'un véri-
table ami de la science. Naturelle-
ment obligeant. Barbier fut utile
autant qu'il le put aux jeunes littéra-
teurs 5 il leur communiquait avec une
rare complaisance ses livres et ses
notes 5 et il leur donnait de sages
conseils pour la direction de leurs
études. On lui doit la formation de la
bibliothèque du Louvre, celle des
bibliothèques de Fontainebleau, de
Compiègne, de Saint-Cloud , qu'il
enrichit de collections curieuses et
dont il rédigea les catalogues. Ses
ouvrages lui avaient fait une répu-
tation dans toute l'Europe^ et les
bibliographes étrangers recouraient
fréquemment a ses lumières. On peut
voir dans la traduction du J^oyage de
Dibdin (IV j i^), qui , comme l'on
sait, n'est rien moins que prodigue
de louanges, un portrait flatteur de
Barbier , dont tous ceux qui l'ont
connu peuvent attester la parfaite
resserab'ance. A la restauration, con-
servé dans la place de bibliothécaire
du conseil d'état , il avait en même
temps obtenu le titre d'administra-
teur des bibliothèques particulières
du roi. Partageant sou temps entre
*43«
BAR
des fonctions qu'il remplissait avec
zèlei et des travaux dont il occupait
ses loisirs, il se croyait a l'abri des
revtîrs de la fortune, lorsqu'au mois
de septembre 1822, quelques jours
après avoir reçu du roi la décoration
de la Légion-d'Honneur, il fut rem-
place dans tous ses emplois. Il sou-
tint en apparence cette disgrâce avec
fermeté; mais sa constitution robuste
qui lui présageait une longue car-
rière ne (arda pas h s'affaiblir; et il
mourut le 5 décembre 1826, k 60
ans, regretté de ses nombreux amis.
Barbier a fourni des articles intéres-
sants au Mercure, au Magasin et
à J.a Revue encyclopédique , ainsi
qu'à quelques autres journaux litté-
raiîres. Il a donné des éditions, enri-
chies de notices, d'une foule d'ouvra-
ges parmi lesquels on se contentera
de citer les Mémoires de Celle, le
Supplément à la correspondance
deGrimm(f^. cenom,XVIlI, 5o6),
la Correspondance de Tabbé Ga-
liani , etc. (4). Il a eu quelque part à
\ Encyclopédie moderne de M.
Courtin, h la Biographie du géné-
ral f]eauvais(^. ce nom, ci-après),
h la Bibliothèque des classiques la-
tins de Lemaire , aux premiers vo-
lumes du Dictionnaire bistoriquc de
Cliaiidon, publié parPrudhommc, etc.
Enfin on lui doit : I. Catalogue des
livres de la hibliothiipie du conseil
d'état y Paris, imprimerie iialioiiale,
i8o5, doux lomesenun volume in-fo-
lio (5). Harbicr en avait publié j)récé-
demnicnt i.i VréJ'ace avec la table
(4) î-a Notice sur Barbier, iiiipriméu à la trtn
«In 4" vol. Ha l)!rt. des aiionyinf<(, txt suivie «lo
la li^to (Irlaillri; <li'.s xlitions .iiixi|ii)'lli s il u
•Il pmi , el tics arti<-li-H «Ir <|iii-lc|iii' iinixir-
tânr« i|ii'i| n publirs diUM \r% )iiiirii..»i\ liffr-
yairr<«. On a <!t)iic cru pouvoir so «li^priistr «le l.i
r<pro<luiri<.
(5) P.li 1H07, \("i livres (II- lu l)ililiotli('<|ui' <l>i
Cc.li.vil «l'clal, .1 rrtr.plioii d<i l.i p.irtii! <lr jii-
fi'priideocc é\ dYconouii» politique, ont i{(>
BAR
des divisions , in - 8° de 5 4 p. H eut le
bon esprit de conserver la classifica-
tion adoptée généralement en France,
non comme la plus parfaite , mais
comme la plus simple el la plus com-
mode ; et il faut lui savoir gré d'a-
voir donné cet exemple dans un temps
où la plupart de ses confrères , en-
traînés par la manie des innovations,
bouleversaient les bibliothèques con-
fiées k leurs soins , au point de ne
pas s'y reconnaître eux-mêmes, sous
le prétexte de se rapprocher dans
leur classement de l'arhre encyclo-
pédique de Bacon. II. Catalogue
des livres de la bibliothèque du
comte de Boutourlin, Paris, 1 8o5,
in-8°. Pougens ( Voy. ce nom, an
Supp.)a eu part a la rédaction de ce
catalogue. La bibliothèque du comte
de Boutourlin a péri, comme l'on sait,
dans l'incendie de Moscou. III. Dic-
tionnaire des ouvrages anonymes
et pseudonymes, composés, traduits
et publiés en français el en latin,
Paris, 1806-1808, 4 vol. iu-S».
Chardon de la Rochelle {f^. ce nom,
au Supp.) a publié sur cet ouvrage,
dans le Magasin encyclopédique, dçvcL
articles pleins de recherches curieu-
ses, et qui ont été réimprimés dans
ses Mélanges de critique et de phi-
lologie, Paris, 1812, tora. III, -idd-
317. La seconde édition , Paris,
1822-27, 4 vol. in- 8" , contient
20647 articles; c est près du double
de la première qui n'en renferme
que i24o3. Qu{)i((ue ce dictionnaire
laisse encore beaucoup k désirer, il
est d'une utilité incontestable; el
l'auleur s'est acquis des droits k la
reconnaissance de tous les amateurs
ir.mporrt^s h l'ontniiK-blraii. Ils furnU piuu^'s
«lis Inilirirs si prrt i|iitiniiiiii'iit <pir (N's sold.its,
foi iniiiit la cliiiîiie, »<• Ici pi>s>Airiit mpidnnent
pour 1rs oiit.is.'nv duiis la prandi" (j.il'Tir «l'où ou
les enleva bieulJl pour lonr destination. V— tk.
BAR
Ae riiistoire littcraiir (6). IV. Non-
vellc hibliollu'^qiic d'un homme
de g,oût , rnllncmciif rcrondiic ,
Paris, 1808- 10, '5 vol. in-8". Le
nom de Dcscssaris figure sur le fron-
tispice parce (ju'il clail associi.' pour
les Irais ; mais les addilions sont de
l>arl)ier(f^. Chardon, aiiSupp.). V.
Dissertation sur soixante traduc-
tions françaises de V Imitation de
Jàsus-Christ, suivies de considéra-
tions sur l'auteur de l'Imilalion (par
M. Gcnce), ibid., 181 2, iu-12.
VI. Examen critique et complé-
ment des dictionnaires historiques
les plus répandus ^ depuis le die~
tionnaire de DIoréri jusqu'à la
Biographie universelle inclusiK^e-
ment, ibid., 1820, iu-S", loiue i*^"".
Barbier préparait une nouvelle édi-
tion de \:\. Bibliothèque des romans
par Lenglet-Dufresnoy ; et l'on doit
tegrelter qu'il n'ait pas eu le temps
de la publier. On peut consulter,
pour plus de détails , la Notice sur
Barbier par son fils aîné , a la tête du 4-*
volume du Dictionnaire des ano"
nymes (elle a été imprimée séparé-
ment); et une autre par M. Tourlet
dans le Moniteur du 3 janvier 1826,
dont il existe aussi des exemplaires ti-
rés in-8"* et enfin l'annuaire iié-
crologique de M. Maliul, la Revue
(6) Barbier avait réuni un grand nombre d'a-
nonymes anglais et italiens. Mais pensant que
des auteurs nationaux pourraient seuls complé-
ter sou travail, il offrit publiquement les ma-
tériaux qu'il avait réunis aux savants étrangers
qui voudraient faire connaître les anonymes de
leurs littératures {f^ojr. pag. » et 5 de la préface
du tom. III (lu Dict. des Anon.). Personne ne
s'élant pri'senlé, les matériaux du bibliographe
ont été vendus en 1828 avecles livres de sa bi-
bliollièfiuc. I.c c.it:dogue de cette bibliothèque
est remarquable par un grand nombre d'ouvra-
ges relatifs à la bibliographie et. ài l'histoire lit.
téraire. On doit regretter (pie cette collection ait
été dispei-s(''e, et que jjlusieurs manuscrits cu-
rieux, entre antres le Cutoh^ue de Cjoujel, et d(;s
manuscrits de Saint-Loger, etc., nient été acriuis
par des drangers. La suite de V Examen critiqua
a < ti; ;i( hclee p.ir un libraire qui ne la fera
probablement pas imprimer. V— vb.
BAR
143
encyclopédique, etc. On trouve dans
l'édilion anglaise du voyage de Dib-
din, \\n beau portrait de Barbier,
dessiné par Lewis, et d'après le-
quel a élé gravé en France celui de
Vigneron. — M. Louis Rarb;er, fiU
aîné d'Antoine-Alexaudrc , et son
collaborateur dans ses derniers Ira-
vaux, employé, depuis i8i8, dans
la bibliotiièque particulière du roi, au
Louvre, est_, depuis 1829, sous-bi-
bliolhécaire de cet établissement,
créé par son père.— -M. André-
Thomas Barbier , neveu du biblio-
graphe a donné quelques articles
dans les premiers volumes de la Bio-
graphie universelle. W — s.
BARRIERE (Domenico-Fio-
RENTINO). t^Oy, DOBIINIQUE, XI,
62 r.
BARBIERI ( Jean-Marie ) ,
savantphilologue, né en i5i9,KMo-
dène, apprit dans sa première jeu-
nesse les éléments du latin et du
grec , et plus tard se perfectionna
dans ces deux langues sous la direc-
tion de Fr. Porlus ( V. ce nom,
XXXV, 475), qui venait d'ou-
vrir une école à Modène. Ses étu-
des terminées , il se chargea de
l'éducation de quelques jeunes sei-
gneurs, et accompagna le comte Louis
de la Mirandoleà la cour de France
où il demeura près de huit ans. Ses
rapports avec un secrétaire de la
reine, qui possédait a fond la langue
provençale, lui fournirent l'occasion
d'en faire une étude spéciale. De
retour h Modène, il apprit l'hé-
breu d'un rabbin que ses affaires
avaient amené dans cette ville , et il
y devint bientôt assez habile pour
pouvoir se passer de maître. Les ma-
gistrats de Modène choisirent Bar-
bieri pour leur chancelier, certains
que ce choix serait agréable au duc
Alphonse, qui l'honorait de sa pro-
i44 BAR BAR.
tection. La manière dont il s'acquitta détaillée que lui a consacrée Tiraboschi
de ses fondions ne fit que lui donner dans sa Bihliot. modenese^ i, i58-
de nouveaux droits a 1 estime publi- 169. Ce savant a depuis fait impri-
qiie. II mit en ordre les archives, en mer l'ouvrage de Barbieri , Ori-
dressa lui-même un inventaire exact, gine délia poesia rimata , Modè-
et rédigea sur les pièces qu'il avait ne, 1790, in-4-°, qu'il enrichit de
choisies , une Chronique du. Mode- notes et d'additions très-importantes,
nois qu'il a laissée manuscrite. Son W — s.
zèle lui mérita de plus en plus l'af- BARBOT AN (Claire-Joseph
feclion de son souverain, qui lui Cakris, comte de), l'une des uombreu-
donna des marques réitérées de sa ses victimes de la terreur de 1793, é-
bienveillance. Barbieri mourut d'une tait d'une famille noble de l'Armagnac,
rétention d'urine, le 9 mars 1574. , Quelques biographes luidonncnt le li-
dans un iige où il pouvait espérer de tre de maréchal-de-camp; mais son
mettre la dernière main aux travaux nom ne se trouve pas dans la liste des
qu'il avait entrepris dans l'intérêt de officiers-généraux de cette époque,
sa patrie. Il comptait au nombre de Député par la noblesse deDax à Tas-
ses amis les Pigna, les Castelvetro , semblée constituante, il y vota con-
el beaucoup d'autres hommes distin- stamment avec les amis de la monar-
gués. Il a publié : la Guerrad'At- chie , et d'ailleurs ne s'y fit point
tila, JFlagello di Dio, traita dalt remarquer. Après la session, il revint
archiviodiprincipidEate^tXTTKxÇy habiter sa terre de Eonnas, près
i568_, in-4.°. C'est l'extrait d'un d'Auch; et , malgré le danger qu'on
ouvrage supposé traduit du latin de courait alors K se prononcer contre
Thomas d'Aqullée, mais écrit par ]Ni- le nouvel ordre de choses, il ne dis-
colas di Giovanni de Casola, envieux simula pas son espérance de le voir
français, et non pas en provençal, promptement renversé. Regardécom-
comme le disent les blhliographes. me le chef des royalistes de cette
Dans la traduction abrégée qu'en fit province, il fut dénoncé pour avoir
Barbieri, par Tordre du prince entretenu des correspondances crimi-
d'Este, il affecta de donner a son nclles et envoyé des sommes considé-
style toutes les formes (|ui pouvaient râbles K de> émigrés (son pclit-fiLs et
faire croire que l'ouvrage était plus le jeune Ju^iac , son pupille). In
ancien (lu'il ne Test réellement. L'é- mandat d'arrèl lut aussitôt décerné
dilionde i568,queTon vient de citer, contre lui. Son fils aîné, (jui devait
est aussi rare (jue recherchée. Il en être également arrêté, voyant les
existe une seconde, Venise, i564., gendarmes entrer dans sa chambre ,
in-8", dont on fait moins de cas. Dans s'élança par une fenêtre et se brisa
Xàîiacrolla di Ixinw di dn'crsi^ par la tête sur le pavé. Le comte de
Alanagi, on trouve, lom. r , p. 62 , Barbolan fut traduit devant le tribu-
une pièce de Barbieri : Canzonc in nal crinuuel du département du Gers;
Iode délia rcina di Franvia^ mo- mais trois des jurés avant déclaré que
elle di J'raiicesio 11. Celle reine les preuves de Taccusalion ne leur
cal l'intéressante et malheureuse Ma- paraissaient pas sullisantes, le tribu-
rieStnarl.il a laissé un grand nom- nal, obligé d'absoudre T>arbolan ,
bred'ouvrages manuscrits surles(jn(ls prononc^a sa réclusion comme suspect
on peut consulter la notice exacte et juscpiu la paix. Ce jugement, dénoncé
par cl\\rligoytc ;i la Coiivcnlion, fui .sa prudence el s.i fermeté la révolle
annuli', sur le rapport du comilé do qu excitèrent dans la Camplue les lois
sûreté générale, pour fausse applica- de la conscripliori. Il passa ensuite à
lion de la loi; el le niallieureux rarnice de Hollande, el contribua
Barbolan, renvoyé devant le tribunal beaucoupaux succès (jue Brune obtint
révolutionnaire , fut condaniné k contre les Anj^lo-Russes a Ber^^hcn
iiiorl, le 1 i avril 179^ ■ »! était âgé el à Caslricum. La valeur qu'il dé-
dc 75 ans. W — s. ploya dans celle dernière affaire le
BARHOTJ (Gabriel), général lil nommer général de division sur le
français, né à Ahbeville , en 1761 , chnmp de bataille (i8oct. 1799). Il
était (ils d'un ollicier de fortune, che- prilparlencetle qualité a la campagne
valier de Sl-Louls, parvenu au gra- deFranconie sous Augcreau, el cou-
de de capitaine dans le régiment d'Ar- courut ensuite aux opérations tlel'ar-
toisj ce qui élailalors un avancement méecommaudée par Moreau, jusqu'à
extraordinaire pour un simple rotu- la paix deLunéville. Il passa alors en
rier. Le jeune Barbou eu ressentit Piémont, puis en Suisse, et revint en
les effets ; il fut aJmis sous-lieulenant Hollande, d'où il se rendit h Tarraée
dans le même corps, le 14 janvier d'Hanovre, qui se porta bientôt sur
1782 , et lieulenant en 1788. le Danube, sous les ordres de l'em-
II fit partie en 1791 de l'ex- percur. Barbou resta dans le pays
pédilion de Saint - Domingue , et d'Hanovre avec une faible division,
revint en France après les désastres qui, se voyant assaillie par un corps
de cette colonie. S'élant montré par- russe fort nombreux , se renferma
tisan très-prononcé de la révolution , dans Hameln. Barbou se maintint
il fut nommé capitaine-adjoinl aux dans celle forteresse jusqu'à la vic-
adjudanls-géuéraux, et se rendit en loire d'Auslerlitz, qui amena la paix
cette qualité à l'armée du Nord , où de Presbourg. Revenu en France, il
il coucourul àladéfeusede Maubeu- passaaucommandementdeBordeaux,
ge, dans le mois d'octobre 1793, ce puis à l'armée d'observation de la
qui lui valulle titre d'adjudaul-géné- Gironde, lorsqueNapoléon se prépara
rai. Il se trouva l'année suivante à la à l'envahissement de l'Espagne. Il
baladle de Fleurus , el fut employé commandait sous le général Dupont
comme sous-chet d'élal-major sous une des premières divisions qui pé-
Marescot, à la reprise deLnndrecie, nélrèrentdaus ce royaume à la fin de
du Qiiesnoy et de Valenciennes. De- 1807, et ^' eut beaucoup de part aux
venu général de brigade le 7 sept, affaires du pont d'Alcala et à la
1794., il concourulau siège de Macs- prise de Cordoue ; mais il partagea
tricbl sous Rlébor, et fit les campa- aussi l'échec de ce corps d'armée à
gnes de 1795 et 1796, à l'armée de Baylen,etsa division qui se trouvait
Sarabre-cl-Meuse, sous Bernadotte. sous les ordres immédiats de Dupont,
Il se trouva aux batailles de Kirch- l'ut obligée de mettre bas les armes,
berg et de Wurlzbourg , et passa Sa captivité dura peuj mais Tempe-
ensuiteàTarmée dulNordcorame chef reur , sans lui faire porter tout le
de l'état-major général 5 lequel fut poids de cette malheureuse capitula-
dissous quehjucs mois après. Barbou tion , ue lui témoigna plus la même
eut alors un commandement dans le confiance, et l'envoya eultalie, 011 il
Brabant, elce fut lui qui soumit par se trouva sous les ordres du princ<i
LVii. 10
i46
BAR
Eugène, Iei6 avril 1809, a la mal-
heureuse bataille de Sacile. Le géné-
ral Vaudoncourt , qui a écrit l'his-
toire de cette guerre, prétend que
Barbou mit a ce Ite affaire de la mollesse
et de la mauvaise volonté. Il fut en-
suite cbargé de la défense de Venise,
et se maintint avec assez de fermeté
dans cette ville contre les Autrichiens
victorieux. Sa défense du fort de
Malghera lui fit surtout beaucoup
d'honneur. Lorsque l'archiduc Jean,
qui l'avait poussé avec tant de vigueur,
fut oblige' de s'éloigner pour aller au
secours des états héréditaires pressés
par la grande armée, Barbou fut en-
voyé dans le Tyrol, pour y réprimer
quelques soulèvements, et plus lard,
dans la marche d'Ancône,oîi il éprouva
en 1 8 1 4? le chagrin de se voir attaqué
par les troupes d'un Français, celles
de Murât , devenu roi de Naples.
Barbou se retira dans la citadelle, où
il fut obligé de se rendre le 1 8 février.
Revenu en France par suite de cette
capilulaliou , il reçut du roi le com-
mandement d'une division de l'inté-
rieur, et fut admis a la retraite le 8
février 1816. Depuis celte époque,
il ne fut plus occupé que de soins do-
mestiques et de l'éducation de sa fa
mille. Il mourut a Paris , le 6 dé-
cembre 1827. ^ — ^ j"
BARCA (Alexandre), né a
Bergame,le 26 novembre 17/M,
était élève régulier dans un couvent
de celle ville. Il pul)lia un mémoire
sur la décomposition de l'acide p'ilo-
cisti([ue. Celte publication précéda
les observations analogues du célèbre
chimiste nerthoUet, (|ui .se nlul a le
reconnaître dans un de ses écrits sur
l'acide prussi([ue. Ou assure aussi
que les idées de Barca sur les su-
persalurations clmniques sont ron-
temj)()raines de celles de (uiyton de
Morveiiu sur le même sujcl. Baica
BAR
est mort le i5 juin i8i/i. A — D.
BARCLAY (Robert ) , colonel
anglais, né en 1774, entra au ser-
vice en 178c) , dans le 38^ régiment
d'infanterie qui fut embarqué pour
les Indes-Orientales, et se trouva aux
principales actions qui eurent lieu dans
ces contrées, en 1793. Il se fit
tellement remarquer par ses talents
et sa valeur, qu'il fut promu au grade
de lieutenant hors de tour, le 3 1 mai
1795, et que le 3 avril 1795, bien
qu'il ne fût âgé que de 1 8 ans, il ob-
tint, également hors de tour, le com-
mandementd'une compagnie. Fait pri-
sonnier par l'ennemi , et après avoir
beaucoup souffert dans sa captivité ,
il retourna en Angleterre dans l'année
qui suivit sa promotion. Mais, quoi-
qu'il eut droit a un congé de six mois ,
il se hâta d'aller rejoindre son corps
dans les Indes-Occidentales. En 1 800,
les qualités distinguées du capitaine
Barclay étant venues ala connaissance
du général sir John Moore, il le fit
nommer au grade de major, dans le 5 2 ^
régiment d'infanterie, connu comme
l'un des corps les mieux disciplinés et
les plus braves de l'armée anglaise.
Lorsque plus tard Barclay fut pro-
mu au grade de lieuleuant-colonel
dans le même régiment , le major
David Barclay ^ son père , écrivit a
sir Jolui Moore , pour lui exprimer
sa reconnaissance. Le général, dans
sa réponse doima de grands éloges au
lieu tenant -colonel BarcLiy, qui, en
i8o8, accompagna J. Moore d'abord
en Suède , puis eu Portugal. Le
2. S juillet i 8 10, il fui parliculièremeut
cilé dans le rapport commes'étanl dis-
tingué il l.i bataille d'Almeida , où il
recul une balle dans son chapeau el eut
un cheval lue vsous lui. Peu de leiiips
après, lord Wellington lui confia le
cuinmandcmeni d'une brigade, com-
posée, outre le rcgimcul de Barclay,
BAR BAR i/i7
(rAii{;lais cl t!o Porltij^.iis. Cv fui tMi aussi fait preuve (riiabilclc dans I.i
char-;i-aul l'cnuiMiii à la lôlc drccUc guerre cjul, eu ibuT), lui le rc^ullal de
Iroupo, sur les haulcurs de Busaco, la nou rallficalion de la jiau sigucc li
que, le 27 se|)l. 181 0, il reçut Paris par Tem ovrd'Oubril. La ha-
au-dessous du genou gauclie , une laille de l'ulln.sk (i4 uov. 1806),
blessure (lul le mil hors dV'lat do le combat de Lainljorg, ]a sau-laute
continuer le service, et le conduisit bataille de Preussicli - Eylau , où il
au tombeau, le 5 mai 181 1. Z. fut blessé (1), attestent et sou ininas-
BAHCLAY «E TOLLY sib!e valeur et ses rares talents j ils
(le prince Miguel) , feld -maréchal brillèrent bien davantage encore en
russe, naquit en lySSjdans la pro- Finlande, couIrelcsSuédois, en i8o8-
vince de Livonic. Sa naissance , la mais la conquête de cette province
médiocrité de sa fortune, et l'ab- n'ayant pu décider a la paix le ca-
sence de toute protection, étaient loin binet de Stockholm , il fallait pour
de faire présager le haut rang où amener un tel résultat, frapper au
devaient le porter ses talents et ses cœur cette puissance. La marche
services. Il dut lui-même en douter, d'une armée russe par Tornëo, en
car sa noble carrière , dans laquelle traversant des contrées stériles pour
il devint si constamment utile à une s'engager dans la belli([ueuse, fi-
palrie, dont la profonde ingratitude dèle et pauvre Dalekarlie, dénuée
hâta sa mort, fut d'abord extrême- de routes et de moyens de subsis-
ment lente. Entré au service avant tance , eût été l'opération la plus
sa douzième année, le i^"" (12) janvier ruineuse. Barclay de Tolly con-
1767, bas officier en 1769, en- çut le dessein de renouveler, sur
seigne en 1778, lieutenant au com- une plus grande échelle, l'expédition
mencement de 1786, capitaine en qui immortalisa Charles - Gustave ,
1788 , major en 1790, lieutenant- quand, pour attaquer les Danois eu
colonelen i794.,colonel le 7 (i8)mai janvier 1 65 8, il avait passé sur la
1798; il avait déjà quarante-huit glace le Petit-Belt, large d'envi-
ans d'âge, et plus de trente-un ans ron une lieue • mais ici, c'était une
de service, quand il parvint au grade vingtaine de lieues qu'on avait à par-
où il puî enfin manifester les talents courir sur l'albâtre fragile dont était
que la nature, Pétude et l'expérience couvert le golfe de Bothnie. Quel-
lui avaient fait acque'rir, dans ses cam- que romanesque que parut un tel
pagnes contre les Turcs, les Suédois et projet, le général , doué d'une au-
les Polonais. Sa fortune fut dès-lors dace réfléchie, exemple de tout écart
rapide; car, général-major un an d'imagination , inspirait a Pempereur
après qu'il eut été fait colonel, il Alexandre une si juste confiance,
devint lieutenant-général en 1807, que ce monarque n'hésita point a
général d'infanterie en 1809, et feld- adopter ses vues et a le charger de
maréchal en 181 4. Il s'était déjà dis- les réaliser. Barclay partit donc des
tingué en combattant les Suédois et ___^
les Français, toujours placé a Pavant- (,) ^ Preussich-Eylau. Barclay de ToUy, qui
garde dans les marches en avant, commandait l'avant-garde russe, fut chargé de la
„. 1 i> •^ J 1 1 défense de la ville; et il résista lon^-tcmps dans
et a l arriere-garde dans les raOUVe- i,, rues, puis dans l'eglise et dans le cimetière.
mentS de retraite, quand lui-même Tous les historiens, et surtout Mathieu Uumas,
il ne rnmmandail nas en chef II avait °°' ^ •"""''' ^^ '''""^^ '1'*''^ '^'i''''^'* '^^"^ *='"*
10,
148 BAR
côtes de Finlande, au cœur de l'hiver,
en 1809, avec douze mille hommes,
«on artillerie, ses munitions, ses vi-
vres , ses bagages , marcha rapide-
ment, suspendu sur le golfe,bivouaqua
trois nuits sur la glace , après avoir
donné l'ordre terrible, mais néces-
saire, de s'écarter vivement au moin-
dre brisement du fragile cristal sur
lequel on s'élançait , sans chercher a
sauver qui que ce fût , pas même le
général en chef. Il parvint ainsi aux
rivages suédois , ce qui hâta la ré-
volution tramée contre Gustave-
Adolphe II , et contraignit la Suède
à demander la paix. Cette gigantes-
que et périlleuse expédition valut a
Barclay le grade de général d'infan-
terie, et il fut, en février 1810,
nommé ministre de la guerre. Dès-
lors la plus grande activité régna
dans l'adminislration qui lui était
confiée : il rétablit la discipline con-
sidérablement altérée par les désas-
tres des dernières campagnes , réfor-
ma nombre d'abus, chercha a mettre
l'armée sur un pied respectable. Mais
l'empereur Alexandre, abattu par les
malheurs de la guerre et par ceux
d'une paix qui, entraînant l'interdic-
tion de ses ports a l'Angleterre,
ruinait la branche la plus utile du
commerce russe 5 redoutant une
lutte nouvelle, et la regardant néan-
moins comme indispensable , n'osait
rien espérer, ni rien résoudre, et, en
se soumettant a tous les genres d'iiu-
miliatiun, il feignait de faire libre-
ment ce à quoi il se voyait contraint ;
car il n'avait plus de confiance ni en
ses généraux ni en ses troupes. Ce
fut dans ces circonstances que le duc
de Scrra-Capriola (jni , depuis la
f»aix de Tilsilt , n'était plus oslensi-
diMiient reconnu coniinc niinislre du
trône de INaplcs, occupé par le beau-
frère de Map()léon(|ue reconnaissait le
BAR
cabinet russe, fit passer h l'empereur
Alexandre, par l'amiral Mordwinoff,
ancien ministre de la marine sous
Catherine II, chef alors du grand
conseil de l'empire et l'homme le
plus justement estimé de son pays, un
plan de guerre , pour la délivrance
de la Russie et par suite de l'Europe
entière, plan dont le monarque fut
vivement frappé, et que l'ignorance
des écrivains contemporains a de-
puis attribue' a l'Angleterre, a Ber-
nadette , à Moreau même , mais
dont l'auteur est encore inconnu.
Ce plan consistait, dans sa première
partie purement militaire , en une
défensive ferme, vigoureuse, souvent
agressive et une retraite régulière et
lente, afin d'allonger la ligne d'atta-
que de l'ennemi, d'attirer celui-ci
dans le centre de l'empire, de le
harceler sans cesse sur ses deux
flancs, de se porter sur ses derrières,
de le priver de ses ressources, en
enlevant les convois , les dépôts, les
magasins , et d'attendre ainsi l'hiver
f»our agir offensivement contre lui et
e forcer à mettre bas les armes ,
faute de vivres, de fourrages, de mu-
nitions, de transports, sur un sol gé-
néralement couveVt de neiges épaisses.
Alexandre ne consulta sur ce plan
que le ministre Barclay, qui , après
l'avoir mûrement examiné dans sou
essence, son but, et les moyens d'exé-
cution , l'approuva entièrement (2),
et prépara avec le plus grand zèle
tout ce qui pouvait en assurer le suc-
cès. Mais il fallait préalablement se
ménager révenluelle coopération des
autres puissances; et tel cliiil Tobjct
(\c la deuxième partie de ce plan mi-
litaire et politi(jue, calculé sur une
(») C'est er (|ui u fuit »lir«« à Ni»|'<>li i>ii. «liiii»
les mriuoirc» clictiW l> Sainir MrltiH", «pu- li- |i|,iii
ili- ri'truile avuil clé ilonue A Alciamlre jiar lo
griitrul liarclnv.
BÀR BAR 149
Iono;iin et conslanic c-liiJcdii g^nic cl qu'il sniipronn.iil de lui cire peu fa-
du c.ir.ictcrr (K- ÎN.ipolcun, diDse trop vorahlc. jycmncri'ur Alexandre at-
peu connue tMicore des cabinets eu- tendait avec canne l'invasion dont il
ronéens, l/einpcreiir, enlui cclairc h était menacé , voulant laisser a son
cet égard et ne se liant a aucun de ^cs ennemi tous les torts d'une rupture
autres ministres , surtout h Koman- que suspendit un moment le projet
7.'tff(/^^7^. ce nom, auSupp.), Iiomiue conclliatolre d'un partage sur les dis-
de bien, mais imbu de ridée (ju'il fal- positions duquel on ne pnt s'enten-
lait laisser le volcan se dévorer lui- dre , et la guerre devint inévitable,
même , sans s'apercevoir ([u'avant Barclay de Tolly , remplacé alors
cette époque il aurait tout dévoré, dans son ministère par le vieux prince
forma h cet effet une diplomatie se- Korschakoff, fut nommé en juin 1812
crête, que dirigea le comte d'Arrafolt commandant en chef des armée»
[V^oy. ce nom , LVI , 452), tan- russes, ayant sous lui plusieurs gc-
dis que Barclay, qui n'y prit pas une néraux , ses anciens , et qui, très-
part active, s'occupait uniquement méconlenlsdecelleinnovalion, étaient
des combinaisons militaires, dans les- disposés h le mal seconder; tandis
quelles il fut grossièrement trompé que la nation tout entière , considé-
par la cupidité et la malveillance , rant Barclay comme étranger en
comme on le verra p'us loin. Les qualité de Livonien, murmurait bau-
exigenccs du cabinet de Saint-Cloud tement de levoircbargé des destinées
devenaient chaque jour plus cho- de la Russie , quoiqu'il fiit sans con-
quantes , et l'empereur un peu ras- tredit le meilleur des généraux
sure , commençait a s'y refuser ou a qu'elle possédât; et il faut ajoutera
en éluder les effets. Cependant la tout cela, qu'en raison des nombreux
guerre de Turquie usait les forces abus qui régnent dans les troupes de
russes sans amener d'utiles résultats, cet empire et auxquels tous les genres
et la coopération du corps d'armée d'administration se prêtent , par né-
qu'elle neutralisait entrait dans le gligence ou cupidité , le corps prin-
plan de guerre secrètement adopté, cipal, a la tète duquel il se plaçait,
Koulouzoff n'en retardait pas moins et que tous les rapports officiels
la conclusion d'une paix devenue in- avaient porté à cinq cent cinquante
dispensable, agissant d'après les vues mille hommes, ne se trouva monter
erronées de Roumanzoff qui voulait effectivement qu'a cent quatre mille ,
empêcher toute rupture avec la et la totalité des troupes stationnées
France. L'empereur indigné lui en- des bords de la Baltique aux rives du
voya Tchilschagoff avec ordre de si- Pruth, h deux cent mille hommes seu-
gner prompt ement la paix et de lement. C'était avec cette infériorité
prendre le commandement de l'armée de moyens qu'il devait lutter contre
de Turcjuie; mais Koutouzoff, instruit les quatre cent cinquante-cinq mille
de cette mesure , signa lui-même le hommes que Napoléon dirigeait et
traité de Bukharest. Ce général n'en dont ses incontestables talents aug-
tomba pas moins dans la disgrâce de nientaientencore beaucoup la puissan-
son souverain ; mais il voua une pro- ce ; puis la présence de l'empereur au
fonde haine a l'amiral Tchitschagoff, quartier- général russe, ouvrait la
son successeur , qui devait plus tard voie h mille intrigues ourdies par la
servir sous ses ordres , et a Barclay malveillance. On çùt donc été force,
iS'o
feÀtl
d'exècnter ce plan de retraite précé-
déraraent adopté , au moment même
'où l'on croyait avoir des forces
infiniment plus considérables j et,
en dépit des obstacles que l'igno-
rance et l'envie amoncelaient au-
tour de lui , Barclay sut se re-
tirer avec une rapidité, un ordre,
une vigueur admirables , engageant
sans cesse une partie de ses troupes
ipour faciliter au prince Bagration (3)
les moyens de le rejoindre, et à l'a-
miral Tchilschagoff ceux de se porter
sur les derrières de l'ennemi, sem-
blant parfois vouloir livrer une ba-
taille que Napoléon désirait , puis
lui échappant avec adresse. C'est ainsi
que, relardant la marche de son re-
doutable adversaire , et après plu-
sieurs actions partielles, il se rappro-
chait de ses ressources eu ruinant
celles de l'armée française , qu'il at-
tirait vers le point oii ses opérations
offensives devaient commencer. Mais
le général Koutouzoff, exilé depuis
sa destitution , fut , à la demande des
deux impératrices dont on avait égare
l'opinion , placé a la tête de l'armée
que Barclay lui remit, le 17 août,
avec le même sang-froid qu'il conser-
vait dans les plus grands dangers ,
et avec la noble résolution de servir
sans hésitation sous celui par qui il se
voyait enlever une gloire immortelle
et certaine. Commandant la droite
de l'armée russe, dans la célè-
bre bataille de la Borodino, ou de
la Moflkowa, le 26 août, seul il sut
conserver sa position , ne fit sa re-
traite que le lendemain , et cou-
(3) I.a (liviiii)ii que <|iirl(|urn rcrivuin.n fr.iti-
(•il nnt protiMidti'^ «-xistiT alors flntrr H.ircl.iy lU
ToUt II !• priiico K;igrati(>ii <vHt tout à>iail iiiia'
ciiiiiiri'. (ri (Iriix (jcncraiix s'eiitriidirciit j>.ir«
faitniiinnt |>rii<liinl rottc < ,iin|>.if;nif ; et . sans rrt
arinril, il ost «'vidiTui i|ii'il!i irniiiaiiMit jamais |>ti
80 rt'iinir , ni fiiiir i SmiilLMisk la hollo rcsiN-
laiic» qii), pendant plusieurs jourt, ttttitu Vkx-
i&ée fraavaise.
vrit ainsi celle de l'armée qui , sans
lui , eût éprouvé les plus irrémé-
diables désastres ; aussi les troupes,
étonnées de son imperturbable fer-
meté, et reconnaissantes de ses émi-
nents services , lui rendirent-elles
alors toute l'estime qu'elles lui de-
vaient , et Koutouzoff ayant rédigé
un ordre du jour dans lequel il ten-
tait de le déshonorer , l'indignation
publique força ce général a suppri-
mer cet écrit. Si Barclay fut demeuré
commandant en chef des armées
russes, il eut , conformément au plan
de campagne , arrêté dans le cabinet
secret de l'empereur , continué sa
retraite en disputant le terrain pied
k pied, jusqu'à Nijwi-Novogorod au
confluent du Volga et de l'Ocka,
pour y attirer l'ennemi ; et ces
deux grands fleuves eussent couvert
ses communications avec le Nord elle
Midi, en attendant que l'hiver, une
nuée de cosaques et les opérations
secondaires des généraux , Schwar-
zembergjTchitschagoffelWittgenstein
le bloquassent de toutes parts.
Mais Koutouzoff , à qui l'on avait
donné carte blanche, abandonnant le
plan de campagne convenu et la mar-
che suivie jusqu'alors , s'était fait
battre k Borodino, et se relirait en
haie surMoskou, sans conserver dans
ce mouvemrnl rétrograde Tordre et
la frrmclé dont son prédécesseur lui
avait donné l'exemple. Campé a Fi-
li, au-dessus de Pancionne capitale, il
y assembla un conseil de guerre qui
fut des plus orageux. Tous les géné-
raux voulaient livrer une nouvelle
bataille; le général en clieila redou-
tait, mais n'osait se prononcer. L'em-
pereur poiirra-t-il jamais noua
pardonner (tabandonncrsans coup
fi'.rir la ville sainlv? s'écrie Benig-
sen(/'n^. ce noni, au Sapp.). Om#>
répond Barclay : Je connais sa pcti'
BAR
sce , rt j'en n'-ponch sur ??m tetc.
Koiilouzoiî, charme de voir son rival
assumer sur lui loulc la respousabilité,
ordoiiiio unr nouvelle retraite , dans
lacjuelle révacualioii luniullueusc de
Mosk ou jolie la plus grande confusion-
el découvrant tout le INord , ainsi ({ue
les immenses magasins de Tv\'ar, i! va
s enfermer aTaronlino,dausniicam[)
si mal assis, qu'à la moindre atlaque
sérieuse il eut élë perdu sans res-
sources. Mais aussi fin diplomate que
médiocre général , endormant Napo-
léon par des négociations illusoires, il
atteignit Thivcr libérateur, sans pour-
tant en profiter autant qu'il l'aurait
pu. Laissons donc ce timide général,
se faire battre a Malo-Icroslavith j
ne pas oser attaquer l'ennemi à Kras-
Doïj s'arrêter avant le passage de la
Bérésina, pour laisser écraser Tcbits-
cliagoff, dont, a cet effet, ilavaitdis-
séminé les troupes ; et mourir en
conseillant chaque jour la paix, dans
la crainte d'avoir K lutter contre Napo-
léon . Tandis que la grande armée russe
perdait son chef, remplacé aussitôt
par le général Wittgcnstein, homme
plus médiocre encore que Koutouzoff,
et que Barclay se trouvait ainsi sous
les ordres de celui qui, peu de mois
auparavant, était sous les siens j ce-
lui-ci , dont le zèle et la fidélité ne
pouvaient être altérés ni par les dé-
goûts qu'il éprouva , ni par la con-
duite d'un souverain, qui très-injus-
tement livrait h la vindicte publique,
lui et TchilscliagofF, c'est-à-dire ses
deux généraux les plus scrupu-
leusement fidèles aux ordres qu'ils
en avaient reçus ; Barclay , disons-
nous, s'était déjà emparé, après huit
iours de siège, le 4 avril i8i3, de
rimportante forteresse de Thorn. Il
battit ensuite Laurislon a Kœ-
nigswarla. Placé a la droite de l'ar-
mée russe , dans une position très-
BAR
i5i
F
mal choisie, a la bataille de Baul-
zen, le 8 niai, ayant 'a y suppor-
ter les efforts de l'ennemi qui avait
échoué dans la première attaque sur
le centre, cl était repoussé a sa droi-
te, il sut prendre une position nou-
velle, d'où il allait faire un mouve-
ment offensif, qui pouvait assurer
la victoire , quand la retraite fut
ordonnée sur toute la ligne, d'a-
res de fausses notions données par
'Anglais Wilson. Barclay ne rétro-
grada que le lendemain, couvrant,
comme il Tavait fait a Borodino,
la retraite de l'armée , dont le com-
mandeii^nt lui fut confié le ii
en remplacement du très-inepte Witt-
gensteln , replacé de nouveau sous
ses ordres. 11 éleva le moral des
troupes par la brillante affaire de
Gorlltz , suivie de l'armistice de Si-
léslc et du congrès de Prague , ce
qui lui donna le temps de rétablir la
discipline, et de faire arriver des
renforts. Après la reprise des hosti-
lités, dont il prévint le chef d'é-
tat-major de l'armée française par
une lettredu 2 3 juillet, et après les dé-
sastres de Dresde , dans un mouvement
agressif , exécuté contre sou avis et
celui du général Moreau , par les
conseils de Jomini, il fit mettre bas
les armes a Vandame et a tout son
corps d'armée a Kulm, dans les mon-
tagnes de Bohème ; et le 6 octo-
bre il rendit encore de brillants
services dans la célèbre et décisive
bataille de Leipzig, après laquelle il
fut nommé comte, premier désaveu
tacite du silence désaprobateur de
sou maître. Subordonné dès-lors au
feld-raaréchal, prince de Schwarzen-
berg, généralissime des armées com-
binées , il marcha vers le Rhin , et
prêt a pénétrer eu France il annonça,
dans son ordre du jour du 3 janvier
i8i4, que Tobjet de la guerre était
l52
BAR
de donner la paix au monde ^ et
rintention de son souverain f/e J//^^^-
nuer, autant que possible, les mal-
heurs du pays qu'on allait envahir :
il y recommandait en conséquence la
plus exacte discipline, et menaçait
les coupables de toutes violences
contre les habitants ^ de les livrer ^
sans acception de personne y à toute
la rigueur de la justice : aussi, le
corps qu'il commandait ne commit-il
aucun désordre dans les provinces
qu'il traversa. Barclay de Tolly di-
rigea et commanda les troupes russes
aux batailles de Brienne, de la Fère-
Champenoise, et k celle qui eut lieu
sous les murs de Paris. Après le
combat du 3o mars i 81 4, suivi de
la reddition de cette capitale, il fut
élevé au rang de feld -maréchal, nou-
vel aveu également tacite de la loyauté
de sa conduite. Rentré momentané-
ment dans ses foyers, après la retraite
des armées combinées, il se reportait
sur le Rhin en 1 8 1 5 , a la tête d'un
corps composé de soldats d'élite ,
Russes, Autrichiens, Prussiens, Ba-
varois et llessois , quand la bataille
de Waterloo renversa de nouveau
î\*dpoléon. Barclay de Tolly établit
alors son quartier-général K Chàlons-
sur-Marne. Il avait, dès le 23 juin,
annoncé la seconde invasion, comme
dirigée contre Napoléon seul, et uni-
quement libératrice du peuple fran-
çais, qu'il invitait a le seconder , et
auquel il disait : Votre cause est la
nôtre ; votre bonheur, votre f^loi-
rCy votre puissance , sont néces-
saires à la gloire et à la puissance
des nations (jui conibultcnt pour
vous. lois étaient lessentinienlsiju'il
regardait comme ceux des souverains
alliés, et qu'il éprouvait lui-njrm(> ; sa
conduite ne cessa jamais d'y ètrr
confornie, et ses troupes furent main-
tenues dan& la discipline la plus sé-
BAR
vère. Ce fut près delà capitale de la
Champagne , dans le camp des Ver-
tus, que les trois souverains alliés
passèrent en revue leurs troupes res-
pectives, et après le service divin ,
célébré dans les trois rites, catholi-
que, grec et luthérien, ils y signè-
rent ce traité de la sainte-alliance ,
que M™*' de Rrudner ( Voj. ce
nom , au Supp. ) avait conçu et
fait approuver par l'empereur Alexan-
dre. Le feld - maréchal Barclay
de Tolly fut élevé alors k la di-
gnité de prince, et signa pour la
première fois en cette qualité, le i 5
septembre, un ordre du jour dans le-
quel il félicita les soldats russes de
leur parfaite discipline , qui devait ,
disait-il, laisser aux pays étrangers
des souvenirs honorables pour eux,
et Jlatteurs pour le monarque. Il
se rendit ensuite k Paris , où Louis
XVIII lui conféra le grand cordon
du mérite militaire , assimilé a celui
de Saint-Louis, faveur dont l'objet
était de reconnaître les services qu'il
avait rendus au peuple français par
sa modération dans la victoire et
la parfaite discipline de ses trou-
pes. Il (juilta la France dans le mois
d'octobre, et rentra enGn et défi-
nitivement dans ses fovcrs, où il
n'était plus défendu contre les
atta({ues multipliées 'd'une injuste
haine, par l'espoir de rendre k son
prince et k vsa patrie de nouveaux ser'»
vices. Les faveurs et les dignités dont
il était revêtu ne le consolaient point
i\ \\ï\t' opinion que rien ne pouvait
vaincre. Allligé, indigné, il vit sa ro-
buste sauté s'altérer journellement;
et le héros du j'^olfe de Dotlinie, de
Borodino, de Baulzen et de Kulm ,
motirul k Justerbourg , le 2. S nui
itli8, âgé de 65 ans, après en avoir
servi 39, avec autant de talent (pie
d'honneur et d'utilité. Outre les ti-
UAR BAR i53
1res cl les grades que Barclay de Tolly lire 1.19 t. Après avoir achevé .ses
gagna successivement durant sa vie éludes cm droit a Toulouse , il vînt
inililiire, il avait élé décoré des or- suivre le barreau dans la capitale, où
dres de St-André et de 8t-Alcxandrc son savoir le ill hleutôt distinguer.
Ncwski ; des cordons de St-Geor- Quoicpi'il s'exprimât avec facilité, il
gcs, de St-\\'ladimir , de Stc-Annc renonça de Lonne heure a la |)laidoi-
de la première classe, des ordres de rie pour s'adonner au travail du ca-
jMarie-Thérèse d'Autriche, de TAi- hinet, préférant une traiu|uille ohs-
gle- Rouge et de l'Aigle- Noir de curité h l'éclat des audiences. C'est
Prusse , etc. Ce n'était certaine- la qu'il répétait à ses confrères que
ment pas l'un de ces colosses mi- l'avocat doit être aussi réscivè ,
lilaires , de ces généraux modèles , aussi scrupuleux, en donnant une
qui, au nombre de sept ou huit consultation,, que le Juge qui est
seulement, doivent, selon l'opinion appelé à prononcer une sentence
de Napoléon, être un constant objet II avait surtout approfondi la matière
d'étude pour tous ceux (pii comman- des substitutions j ce qui lui valut la
dent des armées. Il ne doit pas me- clientcllc de plusieurs grandes mai-
Die être mis au premier rang, parmi sons. Obligé d'aller en Provence
ceux qui les suivent dans l'ordre du pour suivre un procès , il vit sa for-
talcut et du génie 5 mais il savait son tune compromise 5 et de retour aPa-
métier, il l'aimait , il l'éludiait sans ris après une longue absence , il ne
cesse: sa valeur était froide, sa tête retrouva plus ses amis!... Ce chan-
calme, son coup-d'œil juste, sa fer- gement le détermina a se retirer à
meté inébranlable, et il doit conser- Moulins, où il mourut dans un âge
ver un rang très-distingué parmi les Irès-avancé, le 20 sept. i685. Dès
généraux modernes , et le premier, son entrée au palais, il avait com-
parrai les généraux russes de son mencé a former un recueil des ar-
temps. D'ailleurs homme de bien , rets rendus sur les questions les
sujet fidèle, travailleur infatigable, plus importantes 5 il l'augmenta sue-
il ne répondit aux outrages que par cessivement dans le cours de sa lou-
de nouveaux services; mais, de son gue carrière. Après sa mort, ses ma-
lit de mort , il écrivit a l'empereur nuscrits passèrent entre les mains de
une lettre dépositaire de sa douleur Berroyer , avocat , son ami, qui en
et de sou indignation. Alexandre, publia une partie sous le titre de iie-
alors, décida qu'il lui serait élevé une cueil d' arrêts duparlement de Pa-
statue sur l'une des places de Saint- ris^ pris des Mémoires de J'en M s
Peters])ourg5 et l'empereur Nicolas, Bardet, Paris, 1690, 2 vol. in-fol.
voulant rendre un éclatant hommage Berroyer y ajouta des notes et une
a la mémoire de cet honorable guer- préface instructive, dans laquelle il
rier, déclara en 1826, que le dcu- donne unprëcis de la vie de l'auteur,
xième régiment de carabiniers por- Malgré le ton d'emphase et les traits
tcraita l'avenir et aperpétuité le nom de mauvais goût qu'on trouve a re-
dc Carabiniers du feld-maréchal prendre dans ce morceau, il intéresse
Barclay de Tolly . A — l — e. parce qu'on sent que le panégyriste
BARDET (Pierre), avocat au l'a écrit d'inspiration. Voici un pas-
parlement de Paris, naquit a Monta- sage qui donnera une idée de sa ma-
gnet, en Bourbonnais , le i5 décem- nière : « Les autres manuscrits que
i54
BAR
a Bardet a laissés et qu'on pourrait
o appeler ses enfants spirituels
« (n'ayant pas été engagé dans le ma-
« riage) , seraient peut-êlre des té-
« moins plus naturels de sa profonde
« érudition que ce recueil d'arrêts. -■>
Lalaure en donna une nouvelle édi-
tion revue et augmentée, Avignon,
1773, 2 vol. in-fol. L'article con-
sacré à Bardet dans Moréri (édit.
de 1759), et qu'on annonce avoir été'
tiré des manuscrit de Bouclier d'Ar-
gis , est extrait mot pour mot de la
préface de Berroycr. L — M — x.
BARDET DE VILLEIVEU-
VE (P. -P. -A. ) , écrivain militaire ,
sur lequel on a peu de renseignements.
On conjecture avec assez de vraisem-
blance qu'il était l'un des descendants
de Jean Bardet, savant jurisconsulte
de rJoulins et de la même famille que
le précédent. 11 naquit vers 1680,
peut-être à Villeneuve, dans le Bour-
bonnais, dont il joignit le nom a celui
de sa famille , lorscju'il eut besoin
d'un titre pour dissimuler son origine
roturière. Destiné dès son enfance à
l'élat militaire, il reçut une éducation
conforme aux vues de ses parents;
et, après avoir lerminé ses premières
études, il fut placé dans un corps
d'artillerie où il s'instruisit à fond de
tout ce que doit savoir un bon officier.
La paix ne lui laissant l'espoir d'au-
cun avancement , il sollicita la per-
mission d'entrer au service de l'Es-
pagne, il eut le bonbenr de se trou-
ver sous les ordres du jeune cl brave
marquis de Sanla-Cruz ( / o^-. ce
nom, XL, 358); cl sut par sa con-
duilc mériter l alleclion de ce géné-
ral , dont il déclare que les coaseils
bii furent très-uliles. A sou retour
en France, fiardet y fut enqiloyc dans
Parlillerie. Mais don Carlos (depuis
Charles UI ) élanl monté sur le tronc
des Dcux-bicilcs eu 1734 , il passa
BAR
au service de ce prince avec le litre
d'ingénieur ordinaire. Ayant lu dans
sa jeunesse les principaux ouvrages
qui traitent de l'art militaire , il en
avait fait pour sa propre instruction
des extraits qui remplissaient un assez
grand nombre de cahiers. Quelques
officiers supérieurs, auxquels il ne
pouvait rien refuser , ayant eu con-
naissance de son travail, le pressèrent
de le publier • et, après l'avoir revu
soigneusement j il le mit au jour sous
ce titre : Cours de la science mili"
taire j La Haye , 1740-42, 11 vol.
in-8°. Les cinq premiers traitent des
fonctions et des devoirs des officiers
des différentes armes, de la tactique
et du génie j et les trois suivants
(qu'on trouve séparément), de Vartil"
lérie. Ces huit volumes sont les seuls
auxquels Bardet ait eu (|uelque part.
Les tomes IX et X contiennent l'at-
taque et la défense des places, de
Vauban j et le XL le Manuel de lu
cavalerie, par La Guerinière. Un
avis du libraire annonçait un douziè-
me vol urne qui devait contenir /<^5c/V«-
ce de la marine ; mais ce volume
n'a point paru. W — s.
BARDIN (Pierre), d'une an-
cienne famille de Toulouse illustrée
par le capitoulat dès le XIY* siècle ,
na>|uil dans cette ville, et y fut fait
conseiller au parlement en 1424. 11
fut auteur do plusieurs ouvrages assez
remarquables pour le temps : l'un sur
l'origine de la juridicllon ecclésiasli-
(jue , qu il rapportait aux empereurs
cl aux rois j 1 autre sur les privilèges
cl immunités des moiues. Il avait
aussi conqiosé uu traité sur \q%
moyens de reprimer lu trop grande
puissance des êvcqiies , Cl un com-
mentaire sur le litre dvs Dccrélales
de Episcopali audicntia ; mais ces
derniers ouvra{;cs i^ont perdus. —
Bai^uix< {Gui
agcs i»oni peruus. —
'Miiurnc), Eh du prccé-
BAR BAH i5
i;
Hcnt , cl conseiller an merac pnrlc- pic dans ses mœnrs, fort gai avec le
ment , est auteur d une clironi(|ue dii maintien le plus s'i^rieux, rempli d'i-
Lanmiedoc, iin|irinice pour la pre- décs originales, et conteur infaliga-
mière fois dans le lome IV du sa- ble lorsqu'il élail dans nnc société
vanl ouvrage publié sur cette pro- d'amis. Il aimail la musifjuo là
vince par doni Vaisselle, cl Dom de peinture cl la litl6ralure; tnais il
Vie, sous le lilre à' JlisLoria chro' lui manquait dans tout cela le
^l^olo^ica parlafnentorum patriœ goûl el la délicatesse nécessaires pour
occitaniœ.^^We commence en io3i obtenir des succès. On a de lui : I.
cl linil en i^B^i. Cet ouvrage, écrit Histoire de Laurent Marcel, ou
en latin, est quelquefois intéressant 5 V Observateur sans préjit^é};, Lille
mais l'auteur n'est pas fidèle sur tous (Bouillon), 1770 > 4- vol. in-125
les points, et il se montre d'une ex- réimpr. en I779eti78i. Cet ou-
trêrae crédulité. Cependant Farke, vrage , écrit peu correctement , mais
un des premiers annalistes de Ton- oiî l'on trouve de la franche gaîlé et
louse, l'a pris trop souvent pour des détails agréables, obtint une es-
guide. Aussi les bénédictins auteurs pècc de succès qu'il dut eu partie
de rbisloire du Languedoc les réfu- aux contes et aux lazzis dont il est
tent-ils, l'un et l'autre, en divers rempli j mais quelques bouffonneries
passages. L — m — x. sur des matières graves déplurent
BARDOX DE BRUN ( Ber- aux supérieurs ecclésiastiques de l'au-
nard), pieux ecclésiastique, né, dans teur qui, se fit pardonner cet oubli
le XVP siècle , a Limoges , d'une des convenances de son état en pu-
ikmille honorable, donna, pendant bliant : IL Esprit des apologistes
sa longue vie, l'exemple de toutes de la religion chrétienne jBomWoji,
les vertus chrétiennes, et mourut en 1776,3 vol. in-12. C'est une assez
1626, laissant une mémoire vénérée, bonne compilation. III. LesAmuse-
W ts\.R\i\.^\xi Ac Saint Jacques, ivdL- ments d'un philosophe solitaire ^
gédie en 5 actes et en vers, Limo- Bouillon, 1783, 3 vol. in-8°. Bar-
ges , I 596 , in-8". Cette pièce , qui dou a laissé manuscrits quelques ou-
tient beaucoup de nos anciens mystè- ^Tages du même genre que son hau'
res , fut représentée à Limoges par rent Marcel, tels que le Prince
Its confrères pénitents de Saint-Jac- cosmopolite , V Histoire de Fui-
ques, le jour de la fête de leur pa- hert Ansart^ etc. C.T-y.
trou. Elle est très-rare. On en trouve BARDOZZI (Jeatî de) , bisto-
une analyse dans la Bibliothèque rien hongrois, était né , vers 1738,
du théâtre français , I, 3 09- 1 1 . d'une famille de magnats. Après avoir
Le P. Etienne Petiot , jésuite, a pu- complété ses études à l'université de
blié la ^ier/ei^.Brtrû?o/i_, Bordeaux, Vienne, il reWnt dans sa patrie, et
l656 ; réimpriméea Limoges, i6/i4- consacra ses loisirs aux recherches
et 1668, in-8°. W — s. historiques. Nommé directeur du
BARDOU (Jean), curé de Rilly- gymnase de Leutschaw , il joignit a
aux-Oyes, en Champagne, sur les cette place celle de conservateur de
bords de la rivière d'Aisne près d'At- la bibliothèque royale. Sur la fin de
tigny, naquit a Torcy près de Sedati sa carrière, il se démit de ces em-
cn 1729, et mourut a Rilly le i5 plois , et vint demeurer dans sa
mars i8o3. C'était uu homme &im- famillç à Pcslh, où il mourut le 18
F
i56
BAR
mars 1 8 1 9 , à 81 ans. Les ouvra-
ges de Bardozzi sur l'histoire de
Hongrie sonl fort estimés de ses com-
patriotes, mais peu connus en France.
Outre la continuation des Analecta
de Ch. Wagner, on cite: Animad-
versiones historico-critico-diplo-
maticœ in opusde insurrectione no-
billunij auctore Joseph Keresturio^
Vienne, 1790. II. Obscrvationes
in Gregor. Berzeviczii libellum de
commercio et industria hungarica,
Leutschaw, tj^j, iu-8° de 78 p.
( P^. Berzeviczi, au Supp.). IH.
Jkfoldaviensis vel szepsiensis inda-
gatio j Presbourg, i8o3, in-4-° de
192 p. W — s.
BARE ou Baret, née, en 174.1,
dans un village de la Bourgogne, fut
la première femme qui eut le courage
d'entreprendre le voyage autour du
monde. Déguisée en homme, elle sui-
vit le célèbre Commcrson qui s'em-
barqua avec Bougainville en 1766.
La curiosité et ueut-èlrc un senti-
ment plus vif purent seuls l'entraîner
sur les pas du naturaliste ; mais il
fallait qu'elle eût une for^^e d'ame peu
commune pour suivre jusqu'au bout
l'exécution de ce projet. Son sexe igno-
ré (le rc(jnij)age fut révélé h l'odorat
subtil (les liabi tan tsdcTaïti. Prodigues
(le leurs femmes envers les étrangers,
ils voulurent exiger de l'Européenne
les mêmes preuves de complaisnnce.
Pour la soustraire a leur empresse-
ment , i>ougainville la consigna h bord.
Elle n abandonna Comuiersou dans
aucune de ses excursions scieuli(i(jues.
Sur tous les points de relâche elle re-
cueilliiil des insectes, des coiiuilles et
des plantes, avec toutes les précautions
nécessaires pour en assurer la con-
servalion. Il y a cpichpie grâce dans
la peinture que Conimerson a faite
de cctle héroïne d'une nouvelle es-
pèce, tt y vili^ia nostra sccuta est.
BAR
« per celsissimasjreti Mageîlaniei
te Alpes, profundissimasque insii-
« larum australium sylvas ; Dia-
a. nœ instar pharetrata ; Miners^œ
V. instar sagax et austera jferarum
a hominumque insidias ^ non sine
a plurimo vitœ et pudicitiœ peri-
tt culo sospes et intégra, ayante
a prospéra quodam numine^ eva-W
ce sit (1).» Commerson , voulant
perpétuer dans la mémoire des
hommes le souvenir de sa com-
pagne , imposa son nom a des ar-
brisseaux qu'il trouva aux îles de
France et de Bourbon , et qu'il dé-
crivit le premier (2). Le genre Ba-
retia fut une création de la recon-
naissance ; mais les botanistes, qui
ne se piquent pas toujours d'acquitter
les dettes de leurs prédécesseurs , ne
l'ont point conservé (3). La coura-
geuse Baré ayant reçu les derniers
soupirs de Commerson qui succomba,
en 1773, a llie de France, y épousa
ensuite un soldat. C'est là que finit
sa gloire , et que cessent les rensei-
gnements qu'on a pu obtenir sur elle.
IMais ils suffisent du moins pour sau-
ver son nom de l'oubli, et ajouter une
illustration de plus aux divers genres
de mérite des femmes. L — m — x.
BAUEIVTli\ DE MOi\T-
(ij l'extrait <1ps iiinniiscrits de Coininrrsoa sur
los(iu('ls M. l'nulin (Tiis.sous n doiinf deux iioli-
res iritt-ressaiiles {Décatie philosophique et litlé'
mire, an vi, n"* H) rt 3o).
(a) liarrtin Bonafîdia, Barelia oppositiva B.
Ovata, B. hacterophylla. Ces driioiiiiiiatioiis
S|)f(iri(|iie^ sont lirffs d« la description int-ina
<lf r.onimersoi» <|tii , suivant Ir» crrroienlii des
anciens botanistes, coii^acre uuo phrase à chu-
«|iio esjircc.
(J) I.f nom d« (^uivisia a clé préftVé , pare*
que Ifs arhrissennx <|i)i composent ce (^enresont
apprli-s ^>ii/i'i (liMiH Icj îles «l.i l'Oii-aii iu<ln-n.
davaiiiUtx», DeciindoUe et Sprenpel ont a«lnpl«î
celte ilenoniination , (pi(ii(|iii> limelin, NNilltIr-
now et Smith russenl voidn l'aire prevah«ir cella
de (iilibrrtin. Coinnierson lut d'autant pln^ port«^
ù donner uu {)uitiU' nom de Harrlin, ipie retlo
pliinte a dr5 earaetères sexuel» douteux rt qu'en
eela elle lui parut être l'ininKo de relie dont
le rieur et lc5 vêlement» »iriU el pcutt'trc UUirt
chosu «ncorc déiucntaicnt le sexo.
BAR
ClIAL (levicomleLouisDE), lîen-
leuanl-géucral , n;i(juit, en 1757, il
l\iri,s , {l'une l.iiiiillc de Noi inaiulic ,
forl aiiciiMinc, i*l cli.slitij;UL'e loiirii tour
(lansl'cpcc et dans la rol)c. Dcsliiic a
la profession des amies, il entra jeune
au service et fil la guerre de sept
ans. A la paix , il fut nommé
odîcier dans la compagnie écossaise
des gardes- du -corps , et profila
de SCS loisirs pour se livrer a la cul-
ture des lettres. En 1790 , il suivit
les princes dans Témigratiou et fit
toutes les campagnes de Tarmëe de
Condé. Ayant été licencié , il rejoi-
gnit a IMitlau le roi Louis XVIIÏ,
et prit le commandement de sa garde.
Il était rentré en France depuis plu-
sieurs années lorsque, malgré son
grand âge, il repritdu service en 18 i4-
dans les gardes-du-corps , mais il fut
obligé de demander sa retraite en
1816. Il mourut a Paris eu 1824 ,
âgé de quatre-vingt-sept ans. On lui
doit une traduction du F^oyage J'aie
aux Etats-Unis d'Amérique en
1784, par J.-C.-D. Smylli, Paris,
1791,2 vol. in-8^5 puis une Géogra-
phie ancienne et historique , com-
posée d'après les cartes de d' An-
ville, ibid., 1807, 2 vol. in- 8" 5 elle
est très-estiraée. Dans la France lit-
téraire, de M. (hiérard, on lui at-
tribue : Rapport fait à S. M,
Louis XV III (sMV les principes de
la ]\I anarchie française ^ contre le
tableau de t Europe par Galonné),
Londres 1796, in-8°; et Traité sur
les haras ^ extrait de Touvrage ita-
lien deBrugnoni, Paris, i8o7,in-8°.
Mais c'est une double erreur. Le Rap-
port au Roi est, comme l'on sait, de
Monlyon (i) [Voy. ce nom, XXX,
(x) L'auteur, snns se noMiuicr, se désigne, dans
la leltred'cnvoi à Louis Wlll, cominc {'ancien dts
conseiliers d'état retirés en Artj^lctcrre, lilrc qui
u'apparteBait point au vicomte de U.inntin.
V— VL.
RAR
iî>7
/^ 9), et le Traité sur les haras a pour
auteur INI. Charles de Barcntin, page
de la pelilc écurie et capitaine de
cavalerie. On trouve une notice sur
le vicomte de Harcntin de Monlchal
dans VAnnuaire nérrologuiue de
M. Maliul. — Madame de liarentin
de Montchal a donné une Histoire
abrégée de t Ancien et du Nou-
veau-Testament, semée de cour-
tes réjlexions pour les enfants et
les adolescents, Va.nSy 1804, 2 vol.
in- 12. W — s.
BARENTIiX (Charles-Louis-
Francois-de-Paule de ) , garde-
des-sccaux de France , frère du
précédent , naquit en 1738. Son
père , neveu du chancelier d'Agues-
seau , avait été élevé par les soins de
ce grand homme^ et il s'était montré
digne d'un tel maître. Le jeune
Barentin, destiné également de bonne
beure à la magistrature , fut d'abord
conseiller (1767) , puis avocat-gé-
néral au parlement de Paris (1764).
Dans cet emploi alors un des plus
importants , il trouva peu d'occa-
sions de se distinguer; seulement il
se fit remarquer pour son exac-
titude et sa rigoureuse justice. En
1775 , il remplaça Malesherbes dans
la présidence de la cour des aides.
Les talents incontestables et l'exces-
sive popularité de son prédécesseur
rendaient cette tâche difficile ; mais
s'il ne s'y montra pas aussi brillant
on ne peut douter qu'il n'y ait rendu
des services plus réels. Dirigé par son
enthousiasme et méconnaissant le cal-
me et la gravité judiciaires, Malesher-
bes avait communiqué trop souvent k
sa compagnie l'agitation et le mouve-
ment qui l'en traînaient lui-même. Ba-
rcntin eut donca rétablir, dans la cour
des aides, l'ordre et la régularité
qui trop long-temps en avaient dis-
paru^ et il est sur qu'au bout de
i58
BAR
quelques mois elle offrit un aspect
tout différent. Malesherbes s'en mon-
tra fort étonné ; et, avec la bonne foi
qui le caractérisait , il dit un jour
de son successeur : a C'est l'homme
ce de tous les temps et de toutes les
« affaires ; moi je u étais que l'homme
« des circonstances et de l'occasion. »
Le garde-des-sceaux Miromesnil ne
laissa point ignorer au roi ces bons ré-
sultats, et Louis XYI conçut dès-lors
de Bareotin une idée très-favorable.
Le président de la cour des aides
fut appelé a l'assemblée des notables ,
et il joua un rôle important dans le
bureau où il se trouva placé ; mais
ceitte assemblée, dont le principal but
avait été de restaurer les finances ,
ne produisit que de nouvelles tracas-
series entre les minisires 5 et l'ani-
raosilé des partis, qui déjà se manifes-
tait avec t^nt de violence , ne fit
que s'en augmenter. Calonne réussit
alors a faire renvoyer Miromesnil 5
mais lui-même fut remercié peu de
temps après. Le nouveau garJe-des-
sceaux Lainoiguon s'élant livré dans
l'adminislralion de la justice a des
plans a peu près aussi hasardés ,
aussi romanesques ([ue ceux de Ga-
lonné Tétaient en finances , éprouva
bientôt le même sort , et Baren-
tia lui succéda. L'embarras du mi-
nistère augmentait chaque jour , et
les circonstances devenaient de plus
en plus diflicib'S. Ce qui ajoutait
beaucoup aux ddficullés, c'est (jue le
miuistre ÎNecker , qui véritablement
était ministre principal, celui (|ui
tenait les rèneà de l'étal, plus ja-
loux de la faveur populaire (|ue de
celle du roi, poussait ii uni* révo-
lution. Imbu de .sou dangereux sys-
lôme d'accorder tout au tiers-état,
il coni^ul le projet de lui faire don-
ner, dans les étals-généraux qui al-
laient ctrc couvuqués; uuo double
BAR
représentation, et il réunit une se-
conde fois les notables pour les faire
consentir k celte innovation j mais
son projet fut unanimement rejeté.
Necker n'y renonça pas cependant,
et son ascendant sur l'esprit du roi
était tel , ou plutôt son parti était
devenu si puissant, qu'il fallut céder,
malgré l'opposition de tous les bons
esprits, et surtout de Barentin. Dès-
lors les deux ministres furent en
contradiction sur tous les points j et
cette opposition qui fut connue du
public, parce que tout ce qui se
passait alors , même dans le conseil
du roi , était incessamment divulgué,
fit du garde-des-sceaux une sorte de
point de mire pour tous les hommes
qui voulaient une révolution. A côté
de ces divisions funestes^ les états-gé-
néraux qui avaient été réunis (i) ne
faisaient rien de ce qui avait été le but
de leur convocation 5 leurs délibéra-
tions tumultueuses ajoutaient chaque
jour a l'animosilé des partis, et l'em-
barras des finances augmentait. Le
conseil sentit la nécessité de sor-
tir d'une situation aussi fâcheuse ,
et il fut décidé que le roi énoncerait
lui-même clairement ses intentions;
qu'une loi serait donnée qui établirait
des états-généraux périodiques et fe-
rait dépendre d'eux la création de
l'impôt et le règlement de la dépense;
(1) l.e i*^*^ iiuii i7S(), je uie trouv;iis daus l«
.salon de M. de Haroiilin, à la place Royale, avec
la comtesse de l'utitgibauil , l(>rs<|ue le gardo-
dv.s-.sceau\ arrivant de Versailles , tu siinarre,
nous dit: «J'étais aile porter au roi lu dis-
cours (jue, siiivaut rusa};e, j'avais rédigé pour
«'•tre pioiioiicé par S. M. ù l'ouverture des vluts-
{;enfrau)i ! lu roi l'.i lu tr«^s-alteMtiveu»eiit , et
ui'a di( avuc quclipie euibarra^ii ^'o$re duvours
est fort bon; iiiiiis mot, j'rn ai vomposé un; l*
voisi : rt si vous le trouvei bi«n, si vous f'nj>/>r<iii-
tri , je /e lirai en ouvruni l'ussemUfe. J'ai Irouvo
en effet le pritjet du roi fort supérieur au niieu ,
je l'ai déclaré avec fiuueiiise, avec eiuotiuii i j«
rapporte donc uuin discours , »'t la Krauc»- ailuii-
lira celui ipie le roi O fait lui-utèuie ; » et. eu par-
lant ainsi , t|ueli|ues pleurs d'atlendrissenicnt
dvkcendaiinl bU( lv9 JUU«« Uw |'l'euiier magistral
du rujuuutu V— Y«,
BAR
mie ionic cxcm]ilioii serait abolie, cl.
qno le iiKiuanjUL' ne conserverait l'in-
U'f^rilc de sa puissance «jiie pour le
cominandeiiK'iil de raniiée. Celle
esptVe de conslilulion , Toiivrage de
Weckcr, lui adoptée par le conseil j
on en supprima seuleinenl quelques
dispositions qui portaient atteinte
à l'ordre et au pouvoir sans présenter
aucun avantage. La vanité de Necker
fui leilernenl clioquée de ces suppres-
sions, ipi'il désavoua hautement celte
loi, et refusa de se rendre h rassem-
blée où elle fut promulguée. Le roi,
luéconlcnt et suivant les conseils
d'hommes prévoyants , renvoya alors
ce ministre. Quoique Barentin n''eùt
pas conseillé ce renvoi , qu'il re-
gardait comme dangereux, le public
l'en accusa hautement, et dans tous les
journaux et les pamphlets du temps,
il fut désigné h la haine publique. La
réponse qu'il fit a la même époque,
au liora du roi , a l'adresse des com-
munes qui demandaient l'éloignemeut
des troupes, indisposa les esprits en-
core davantage j Mirabeau l'accusa k
la tribune de prévenir le monarque
contre rassemblée et de lui donner
des conseils perfides. Voyant alors
combien il lui serait difficile de rien
faire d'utile, et craignant que la mal-
veillance qui se dirigeait contre lui
ne réagît sur la personne du roi,
Barentin demanda sa retraite.
Louis XVI ne la lui accorda, le 1 6
juillc t , qu'après des instances réitérées
et en l'accompagnant de la lettre
la plus affectueuse j le même jour
Barentin partit pour le château de
Meslay, près de Chartres. Mais ses
ennemis firent courir le bruit que la
reine était jiartie avec lui, et qu'elle
était cachée dans le château • ses
jours furent menacés, et il fut obli-
gé de chercher un autre asile. Quand
Ù avait été institué garde-des-
BAR
159
sceaux , il l'avait élc avec la survi-
vance de Toince de chancelier. Lors
de sa retraite, il ne donna sa dé-
mission que de l'office de garde-des-
sceaux , persuadé que l'assemblée
nationale ne saisirait pas cette dis-
tinction , et que ne le voyant plus a la
tête des affaires, elle ne jiorterait ])as
plus loin son ressentiment. Cepen-
dant, il essuya encore plus tard des
preuves de malveillance bien péni-
bles. Le 18 novembre 1789 , il fut
accusé, par l'espèce de tribunal d'in-
quisition que l'on avait établi sous le
nom de Comité de recherches de la
ville de Paris, d'avoir participé, de
concert avec MM. de Bezeuval et
d'Auticharap, h une conspiration dont
le but était de former un rassemble-
ment de troupes dans les environs de
la capitale , pour l'opprimer. Vers la
fin de décembre , Garan de Coulon
reprit avec chaleur cette dénoncia-
tion (2) , qui fut portée au Chàtelet
(2) Garan de Coulon accusa le garde-des-
sceaux d'avoir foulé aux pieds les lois de toutes
les nations et celle du royaume. Voici quels étaient
Jes DOUZE chefs d'accusation : 1. Conspiialiou
contre l'assemblée nationale et la ville de Paris,
du mois de mai au i5 juillet (1789). II. Nom-
bre effrayant de troupes, composé d'étrangers,
avec tout leur attirail de guerre; ces troupes,
établies entre Paris et Versailles, et la commu-
nication interceptée entre ces deux villes. lU.
Paris investi, IV. L'assemblée nationale chassée
du lieu de ses séances et ensuite captive. V. La
liberté de l'assemblée violée, et les lois sacrées
de l'état foulées aux pieds dans la séance du 23
juin. VI. Préparatifs à la Bastille pour foudroyer
la capitale ; une garnison formée de troupes
étrangères introduite dans celte forteresse ; di-
rection donnée au.x canons pour attaquer en
tout sens les citoyens. VII. Approvisionnements
delà capitale, qui éprouvait déjà une sorte de
disette, interceptés pour nourrir des soldats ras-
semblés contre les habitants. VllI. Les ordres
de couper le blc avant son entière maturité, pour
servir à la subsistance des troupes. IX. Ordre au
prince Lambesc d'entrer dans les Tuileries, u
la tête de son régiment, et d'y poursuivre les
bourgeois desarmes. X. Promesses perfides aux
citoyens, d'armes et de munitions, qu'on leur
cachait. XI. Ordre donne au gouverneur de la
P.astillc de tenir jus(|u'à la dernière extrémité.
L'artillerie de cette forteresse ayant tué ou blessé
rue Saint-Antoine, plusieurs citoyens allant et
venant pour leuas affaires. XU. inaction incon-
cevable Ucs troupes et de leur coiutaaiiduati tan<
i6o BAR BAR
de Paris, où Barenlin, juge par pièce de vers qui fut conuue de tout
contumace, fut complètement absous, le monde {Vojr. Bonnay et Ch,
le i*'"mars 1790. Voyant alors qu'il Lameth, au Supp.). M — d j.
n'y avait plus en France de se'curile' BAREXTZEIV (Guillaume),
pour lui, Barentin se rendit en pilote hollandais, entreprit, en 1594,
Piémont , puis en Allemagne et en d'aller a la Chine eu passant par le
Ano^leterre. Cest dans ce dernier nord de l'Asie. Il parvint au-delà de la
pays qu'il passa la plus grande par- Nouvelle-Zemble jusque vers le 77*
lie de son exil 5 il ne revint dans et le 78^ degré de latitude ; mais le
sa patrie qu'avec le roi Louis X\ III, froid excessif et les glaces le forcèrent
en 1814. Ne pouvant alors, a cause de revenir. 11 y retourna courageuse-
de sou grand âge, remplir les fonc- ment en 1596, passa l'hiver a la han-
tions de garde-des-sceaux , il fut teur de 77 degrés où il éprouva une
créé chancelier honoraire et comman- uuit de près de trois mois. Cependant
deur du Saint-Esprit. M. d'Ambray, comme nos voyageurs ne perdirent de
son gendre, fut nommé garde-des- vue le soleil que le i novembre, et
sceaux et chancelier. Barenlin est que selon leur calcul cet astre devait
mort a Paris, le 3o mai 1819. — disparaîlre dès le 1^', ignorant la ré-
Madame de Barentin, sa sœur, ab- fraction et ses causes, ils furent tous
besse des Annonciades , était une étrangement surpris. Ils ne le furent
femme de beaucoup d'esprit. Lors- pas moins , lorsque, le 24. janvier
que Charles de Lameth vint faire 1397, ils aperçurent le soleil; les
des recherches dans son couvent , mêmes calculs astronomiques ne leur
croyanty trouver le garde-des-sceaux, annonçant cet astre que le 8 oui
elle persifla adroitement le colonel 9 février. Ils en causèrent ave
qui venait faire un pareil siège ; ses beaucoup d'élonnement entre eux,
paroles, qui furent partout répétées , el les savants eu raisonnèrent a leur
donnèrent lieu à beaucoup de plai- retour. Ce fait n'étonnerait plus
santeries : M. de Bonnay , député, à présent; et l'on sait que nous
composa même sur ce sujet une jolie apercevons h l'horizon l'image du
soleil avant de jouir réellement de sa
d.5 qu.r d.s brif;a.uls ann.-s. ,,n,f.lnnl .In clc5- ^ ,, .^ J^ç COUrage ct la nalieUCO
ortlrf.iiictiiiliaicnt, l«s baiTif lis, piUuit'iit. Saint- j^i v-ov-wv-v. i '^ * / • .
Lazare, el «iifonroitiii les privies de l'hôtel de de Bareutzeu et de ses gcHS luenle-
lîi Knrrf Tels sont les soiniiiaiics dcj douze ■ n-. ' I„ ^^'
la hoicc. 1. ., s. m .jj^ j ^^^^ couronnes par le succès ;
chefs d accusation tels <|ne les cmdiu i>i. (le na- ^ I j
lentiu dans le ;>/tmo£r<' (iiiil publia rn 1790 (in- CCpCudaut loUrmeulcS par \(:S OUrS
8" dr ()8 pacesl. Sa iustificaticiii «lait facile. |,' ii, i 11*
L'pn .o!.; les fuit, incriminés ne , .....raient blaUCS, aCCablcS par h'S HudadlCS ,
«Ire nn|.ulés .|ii'à nnc autorité militaire, ou ù avaul H FCnVerser SaUS CCSSC deS UIOU-
UIJ inioislre iMincip.ll et non .h un sim|de parde- J , , ' 'i 11 *1
des-M-eaux. Ccpen.lanl il ..».! devoir ^^ juslifur CCaUX de ghues MlipeUelrahleS , lls FC'
«ur chaque pnef; il le fil av.c le calme el la yj„,eiil oulill par la mOT lîlauche. Ou a
dienile du mnpistrat ; il «lirait en teruiinant : , i, . 'i i »
« Qui osrra «^icviT lu vi.ix pour in'arcuMT «le peuse (juc l).irenlzeu avail eu lori
„ nouveau;'... Dénonce à la ...ition. c'eU i> la ^j^, j,^, i^^^jj. i^,i,;(,^,rs piès deS COteS ,
« nalion .pie je demande jujIkc. Il in est «lu ^ ^ • V \ l^
« une réparation éclatanli». propiTtioiHue h l'e- OU UeCeS.sair eilUU t 1 CaU lleS lleUVeS
„ tend.ie d.i ToutraK. ■. J'" i'| '"'"•'»' • J'" i."'"'»"- fomic des glacous , ct (lu'il aurait dû
« «Irai, ele... » Il venoil de perdre un liU uni- '"""^ "^ B'"\''* » I
«pie <pii donnait le» plu.* I.ell»-» e.-iperam ci ; M" jll (T danS la haulc HUT fl )USl|Ue
o/vw.d.s.i,t.iltri»tcinent.,/r«.r</.,M/r««//>^^^^^^^^^^ j .j , |,. |roid Uodoit
el dans l-'iiirl J etpriais mr suiyitr». a mon /il< : cv'UJ «i- jiv'iv- ,^ .il > <
toi ijiii jiiittn ,-i,lir mit miiins lir irinrla patri»... pjjj {«tre ilUSsl SCHSlbit
JaiU-il qur pur un senlimtnt de Irndiettt, Je ngarda
In mort lumme un bienfnil pour loi ! V— tk-
e
ce
pas être aussi sensd»le tpi auprès
des Icrrcs. Sa relation a été impri-
wéc en licllitulais , rt fiadiiila ôft-
siiilo il.iiKS V I listoirc ^r/u'ialc des
BAlxK'r (Jeaî?), no à Tours en
i5iT, fut ccmscillcr an prc.sidi.il
(le celle \llle. puis liculcnanl-géncral
ïlii sièi;c rovnl de Loches, cl coiisidc'rc^
comme un îles meilleurs ma^lslralsde
sou Icmps. Il a |)id)llé: I. Le Slyh
(II' y\)iirainc , Tours, l588, in-
:: ». Il Coutumes du duché et bail"
/i./i^c de Touniinc ^ (fdilion aui^-
niL'ulee de la forme du style des
procédures es cours et juridictions
de ce duclié, ihid., i59i, in-4.". — •
I>Aui:r (/ùvjf) , pelil-lils du préce-
(leul , né t^i-jalcmeul K Tours , et
clieralicr de Tordre de Saiut-Mi-
cliel cl maîlre-d'liôlel du roi , a
fail paraître un livre iiililulé : IJe la
paij'aile connaissance des chevaux
et de toutes leurs maladies _, Va.-
ris, 1661, iu-8". — Baret de la
Galanderie [Jacques], né a Tours
en 1079, fils du iirocnreur du roi à la
prévoie, se fil recevoir avocal, puis
rérérendaire a la clianccllerio do
France. Plus porlé a l'élude des Ict-
Ires qu'a celle «^e la juri-sprudence, il
fil paraître nn livre curieux inlilulé :
Le cha/it du coq français au Roy,
ail sont rajjpor-Lécs les prophéties
d'un hermite allemand , Paris .
i6:i I , in- T 2. Dans la première partie
(le cet ouvrage , ijarel engagea. t
Louis XllI a l'aire la guerre aux
Turcs pour les obliger a reconnaîtr»
la croix. La seconde parlic csl un re-
cueil de révélations pour aunoucer le
triomphe de l'Eglise sur l'hérésie <\^i
CaUiu. — Chalinel, dans son ///5;o/re
de Touraine ^lom. IV, p. 18), cilo
un autre Baret (/c'««),(jui rédigea,
sur les mémoires de Charles de Jon-
pecourt, \ Histoire des derniers
troubles de Moldu'iHi', Paris, 1620,
in- 8^. r — T — K.
BAH
1^1
ILXnET'TH ou lUlKlTH (Fu.«-
D^nK^Ui: - SoiMllK - VV ILUCLMIPJIÎ ,
margrave de) , princesse fort dis-
tinguée par les (pialilés du cœur et
de Pcspril, el surtout célèhre parla
tendresse (ju'eul pour elle Frédéric
II, son Irère. Le second des enfants de
Frédéric-Gulllaumcl"^, roi de Prusse,
elle naquit a Potsdam , le 5 juillet
1709 , et elle eut pour parrains trois
monarques, Frédéric I*"'", son grand-
Î)ère, et les rois de Daneuiarck et de
\dogne , qui se trouvaient a ccltu
cpocpie h l'olsdam, pour y signer un
trai'ié d'alliance contre Charles XII ,
roi de Suède. En i 7 i 5 , il y avait a
I^»erlin beauroup d'olFiciers suédois
fails prisonniers au siège deSlralsnnd.
L'un de ces officiers , nommé Cron ,
gavant dans l'astrologie judiciaire, fut
consulté par la reine de Prusse , et il
lui prédit que sou fils (Frédéric II)
serait un des plus grands princes qui
eussent jamais régné j quant a la jeuny
princesse, il annonça que toute sa vie
ne serait qu'un lissu de fatalités , el
qu'elle ser^iit recherchée par quatre
tel es couronnées. Celle prédiction
»'est »i bien vérifiée, que nous pen-
sons qu'ainsi que beaucoup d'aulrcs
du même genre, elle n'a été imaginée
qu'après l'évcncmenL Frcdéri(jue-
Sopliie juoatra de bonne heure beau-
coup d intelligence et a esprit , iu
de Son^^feld lui enseigna Tauglais ,
Pitalien , l'histoire, la géographie, la
philosophie et la musique, et elle fit
de rapides progrès dans toutes ces
sciences. L'ardeur avec laquelle elle
se livrait a Pétude était si vive et si
soutenue, qu'on fut obligé de la modé-
rer pour que sa santé n'en souffrît
pas. Lors(iu'elle était encore fort
jeune , il fut successivement question
de la marier avec les héritiers des
couronnes d'Angleterre, de Dane-
•majxk, de Suède el de Pologne ; nwils
I.Vll.
1 1
102 BAR BAR
tous ces projets échouèrent successi- va tenir compagnie d ton coquin
veraeut pour des causes d'inconve- de frère. A zth mots, il lui applique
nance politique ou personnelle. La plusieurs coups de poing sur le vi-
princesse passa une jeunesse cxiréme- sage j la force des coups la fait lom-
ment triste et malheureuse j elle eut ter, elle perd tout sentiment. Le roi,
beaucoup a souffrir de l'humeur de sa ne pouvant maîtriser sa colère , allait
mère, femme enlèlée, solle et ridi- continuer de la battre, en cet état ,
cule , mais surtout de celle de son s'il n'en eut été empêché par plusieurs
père , homme emporté , brutal et personnes , témoins de cette scène,
grossier a Texcès. Ce prince ayant Non content de l'odieuse et injuste
eu, en 1729, une violente attaque de punition qu'il lui avait infligée, le
goutte aux deux pieds , sa fille était terrible monarque lui ordonna de
obligée , ainsi que son frère , de se rester en prison dans sa chambre, et
trouver chaque jour, a neuf heures la malheureuse princesse fut ainsi
du matin, dans sa chambre. Le vio- long-temps resserrée, manquant de
lent monarque Taccablait continuelle- tout et abreuvée de larmes. Peu de
ment d'injures telles que nous n'ose- temps après , le roi voulut la marier
rions les répéter. Un jour , qu'au avec un prince qui ne lui inspirait
lorlir de labié il voulait la frapper de que de la répugnance \ c'était le duc
sa béquille, elle eut le bonheur d'es- de Weissenfeld^ homme dépourvu de
quiver le coup dont elle eût été cer- toute espèce d'agréments : heureuse-
taiuemcnt assommée. Ces mauvais ment ce mariage manqua. La grâce
traitements finirent par altérer la du jeune Frédéric vint enfin , vers
santé de la princesse ; elle tom- le même temps , donner quelques
ba malade, et un continuel dé- consolations h sa sœur- et tousses
lire s'empara d'elle. Cette maladie en chagrins semblèrent terminés lors-
amena une autre plus dangereuse en- qu'elle épousa un prince qui ne lui
core, la peti*e-vérole ; mais elle eut était point désagréable. Ce fui le
le bonheur de guérir sans en con- 20 novembre lyôi, (pfelle donna sa
server de traces. Dans cette circon- main au prince héréditaire de Ba-
f lance, elle reçut de précieuses mar- reuth , jeune homme adonné, comme
ques (rinlérct et d'amitié de la part le margrave son père, a la débauche
de l'aîné de ses frères; ce qui con- et a l'ivrognerie , mais d'un caractère
tribua beaucoup a la consoler et a la assez doux et fort passionné pour
rétablir. De nouvelles souffrances , l'art militaire. Quelques jours après
(le nouveaux chagrins l'assaillirent, la célébration de son mariage, elle
lorscpjc Frédéric essaya de se dérober partit pour Bareulh, cs])érant y goù-
par la fuite aux cruils Irailemeuls de 1er, sinon les jouissances de la gran-
flon père. l'Ji apprenanl l'arreslalioa dcur, du moins les douceurs d'une vie
(le ce frère objet de ses aflVclions, elle tranquille et indépendante : son espoir
resscnlil la plus violente donlcnr. fut à peu près réalisé. Quatre ans
Malheureusement elle s'était couipro- après ( le 17 niai 1705), elle devin!
mise dans cette affaire : son père pré- margrave de Bareuth , par la mort de
tendit (pfcllc avait eu connaissance du son beau-père. ^>on propre père mon-
complol, et il la maltraita indigne- rul eu 17/fO, et quoiqu'elle ne pût
ment : Jnf'dmc. canaille ^ lui dil-ii , avoir perdu le souvenir de tous les
oses'lu bien te montrer devant moi P chagrins qu'il lui avait fait endurer,
CAR
elle sp montra fort scMisilïli* h cet ^vi"^-
noiiuMil On a \ Il rniiiMcti elle fui
vhi'TV a Frcdi'ric, elle rélail (Icvi'mic
plus encore dans les derniers temps de
sa vie; c'clail clic (pic le grand mo-
narcpie jirenail pour confidente de ses
plus inlinies pensées; elle lui donna
.souvent, sur les alTaircs poliliijues,
i\cs avis fort prudents, et , dans les
moments de ses plus jurandes adver-
sités, elle fit en secret d'inutiles efforts
aiipiès de la cour de France pour en
obtenir la paix ; c'était de concert
avec Voltaire qu'elle avait formé ce
projet. Ce grand homme , qui l'avait
connue h Berlin, qui lui avait vu Jouer
la comédie avec beaucoup dintelli-
gencCet de finesse, était un de ses ad-
mirateurs les plus enthousiastes. Ou
lit dans la collecliou de ses œuvres
plusieurs lettres de cette princesse, et
toutes sont empreintes d'un esprit
fort extraordinaire, et surtout d'un
intérêt bien tendre pour les succès
de son frère chéri. On sait tout le
chagrin que causa k Frédéric la
mort de celte tendre sœur, qui ex-
pira le jour même oiî il perdait
la bataille de Hockirchen ( il octo-
bre 1758). Il exprima ses regrets
d'une manière fort louchante , dans
une lettre par laquelle il pria Vol-
taire d'élever h sa sœur un monument
poétique. Le poète s'empressa de ré-
pondre a l'appel de son royal ami ,
et il composa une pièce de vers qui
commence ainsi :
Oinbre illustre.ombre chère,âuie héroïque et pure.
Il y avait plusieurs mois que la mar-
grave n'était plus, lorsque Frédéric
fil h Voltaire une réponse qui prouve
combien son cœur était encore dé-
chiré : « J ai reçu les vers que vous
a avez faits. Apparemment, je ne me
ce suis pas bien expliqué : je désire
« quelque chose de plus éclatant et
r,AR iC3
« do public. Il faut que l'Europe
a pleure avec mni une vertu trop
a peu commune -, il ne faut point que
c mon nom partage cet éloge j il
« faut que toiillr monde sache qu'elle
« est digne de riminorlalilé, cl c'est
« h vous de l'y placer, (in dil (pi'Ap-
« pelles était le seul digne de peindre
a Alexandre : je crois voire pliimo
a la seule digne de rendre ce service
« à celle qui sera le sujet éternel de
a mes larmes. Je vous envoie des
a vers faits dans un camp et que
ce je lui envoyais un mois avant celte
ce cruelle catastrophe qui nous en
a prive pour jamais. Ces vers ne sont
ce certainement pas dignes d'elle ,
ce mais c'était du moins l'expression
ce vraiede mes sentiments; en un mol,
ce je ne mourrai content, que quand
ce vous vous serez surpassé dans le
ce triste devoir que j'exige de vous.
a Faites des vœux pour la paix; mais,
ce quand même la victoire la ramè-
ce nerait, cette paix et la victoire, et
ce tout ce qu'il y a dans l'univers ,
ce n'adouciraient point la douleur qui
ce me consume. » Voltaire composa
alors son Ode sur In inort de la
margrave de Barcith. Cette prin-
cesse a écrit en lan2:ue française
des Mémoires qu'elle avait légués
au conseiller privé de Suppervilie ,
son premier médecin ; ils n'ont été
publiés qu'après la mort de celui-ci ,
et ils ont obtenu, en France, un grand
succès , lequel est attesté par quatre
éditions successives dont la dernière
parut a Paris en i8i3, 2 vol. in-<S°.
Ils le doivent principalement aux in-
téressants détails qu'ils renferment,
tant sur la famille royale de Prusse,
que sur les affaires politiqucsdu temps
et sur les nombreux personnages qui
y figurent. Ces /l/f'/?!^^^^^ sont écrits
dans un style fort incorrect, sou-
vent même trivial ; mais il faut le
f I.
t64
BAa
souvcuîr qu'ils sont fourrag» d'ane
étrangère. Cependant , malgré ce
défaut , le style a un mérite pré-
cieux, c'est d'être vif, nalurel et
pittoresque. L'auteur peint avec
Deaucoup de vérité et d'énergie
les scènes orageuses qui se passaient
dans le palais de son père, et où ce
prince se livrait aui pins révoltantes
Drulalités. Lorsqu'on lit ces récils,
et que l'on voit tous les excès aux-
quels se portait journellement le roi
contre sa femme et ses enfants , on se
croit transporté parmi les gens de la
plus basse classe, et il est diflicile de
ne pas êlre indigné contre un tel
prince. Il est vrai que la reine se
montre elle-même si sotte et si en-
têlée , que l'on s'intéresse médio-
crement a celle princesse. D'ailleurs,
ce n'est pas sur elle que tombent les
coups : le roi les réserve tous pour
ses enfants. Tantôt c'est le prince-
royal qu'il veut étrangler avec un
cordon de rideau; tantôt c'est la
margrave , qui tombe évanouie sous
les coups de bâton que lui aj)p!iqne
le roi son pore ; quebpufois il se con-
tente de leur jeler des assiellcs h la
tête , et il est bien rare que de pa-
reilles scènes lu.' troublent pas les
repas de celte auguste famille 5 pour
peu que S. M. soit ivre, ce qui lui arri-
ve assez souvent , il n'y a plue de salut
K espérer j alort> il faut que lonl la
monde se cache dans les armoires ou
sous les lits. Quand la prijice.ssc ,
dans ses 7ï/r///(^/rri, ne raconte p.is
de pareilles turpitudes, on y voit
successivement passer une foule do
personnages dont e'ie marcjue par-
faitement la pliysionomic. La plupart
de ses observations , justes et pi-
(juanlcs , annoncent une coiinai.s-
sauce parfaite du cœur humain. Elles
prouvent aussi qu'a beaucoup d'esprit
naturel, la mar^rayc joignait uu noble
BAR
caractère , une sensilDililé délicate
et un vif amour de la vérité. Ces Mè^
moires s'arrêtent k la fin de l'année
1742; on pense qu'ils avaient été
poussés plus loin , et qu'ils traitaient
du règne du grand Frédéric. Les édi-
teurs annoncèrent , en les publiant ,
qu'ils en rechercheraient la suite avec
activité : il paraît que leurs recher-
ches ont été vaines, car celte suite
est encore attendue j on ne peut guère
douter maintenant qu'elle no soit
ferdue. C'est véritablement pour
histoire une perte fâcheuse et que
ne peut réparer la publication faite a
Hambourg, en 1829, parle docteur
Cramer, des Pièces pour servir à
V histoire de Frédéric - Guillau-
me V et de Frédéric II , in-8" ,
bien que ce volume offre des détails
assez piquants sur l'intérieur de la fa-
mille royale de Prusse. M — DJ.
DAÛILLI (Louis), chanteur de
rOpéra-])ufra , naquit a Modène vers
I 767, ou dans le royaume do Naples
vers j 764* Après avoir joué avec suc-
cès, sur différents théâtres d'Ita-
lie, il était dans toute la force de
8(in talent, lorsqu'il lui engagé par
l'Opéra italien de Paris, en i8o5.
II y dé'oula dans la salle de Lou-
vois, le 19 août, par la rôle du
comte Cosmopoli ^ dans la Locan-
dicra , de Farinelli ; il obtint le plus
brillant succès , ainsi (jue dans stfs au-
tres débuts, et lut dès-lors regarde
comme l'nctrur le plus précieux de
la troupe italienne, dont lui et sa
femitie devinrent les principaux sou-
tiens. Sa manière était franche et
naturelle, «on jeu piquant et vrai,
sa gaîlé sans apprêt , sans grimaces
cl sans trivialité. Quelques soi-disant
connaisseurs j)rétendaient tpTil n'était
pas grand musicien ; mais ils étaient
lorcés dw convenir que son chant avait
beaucoup d'eiprcs^ioa, clquo sa voix^
BAU
Pnno (lea |iliis forlrs bassos - tailler
(jii'onall rnU'iuliics .111 tlicàlri", sccon-
(Liil im'r\ l'illf iisciiKMil sa vcrvr cotiii-
qnp. Siiccvclanl à RafTanclli cl h ÏMarli-
lU'lli , il clianlail niii'iix (jiic le pre-
inliT , et jouail mieux que le second.
Dans les rôles où il parut après eux,
comme dans ceux (jn'il créa successi-
vement, Harilli soulinl sarépulalion,
en (léployanl une grande variété de la-
lenls, et eu donnant h cliarjiie person-
iia«:;e un cacliel original. Il était iuimi-
tahie surtout, dans le Canlatrlci
villane, où il jouait le maître de mu-
sique Ijucépliale; ^i\w?,laProvnd'iin
opéra serin où il faisait rire jusqu'aux
larmes, pendant le duo qu'il chantait
à genoux 5 dans les J^ue GemelU ,
cù la finesse de son jeu et la raobililo
de ses traits, imprimaient une pliy-
sîonomie particulière, aux deux rôles
dont il était ciiargéj dans Bellarosa
à.G% y irluosi cnnhulanti^ traduction
des Comédiens ambulants de Pi-
card , mise en musique par Fiora-
vanli 5 dans ^l'i Nemici generosi ,
où il cliantait et jouait en excellent
comédien l'air et la scène du duel j
dans // Pazzo pcr la nuisica ; dans
les rôles de Bonario de la Capriciosa
corretta ; d'Oronzo du Malrinio-
nio segreto; de Ginnicolo de la Gri-
selda , etc. Barilli avait suivi avec
sa femme le théâtre italicB, en
i8o8, de la salle de Louvois h
celle de l'Odéon, où ils attireront
la foule. Il en lut un des quatre
administrateurs, eu 1809, et en
subit depuis toutes les chances, sous
<liverses directions, dont la plus dé-
])lorablc fut celle de madame Cafa-
lani alasalleFavarl, de i8i5k 18 1 8.
La mort de madanjc Barilli , avec qui
ce théâtre semblait être descendu au
tombeau , fut pour son mari le préInde
d'un enchaînement de malheurs. KUe
lui avait laisse trois fib en bas âge 5
liAR
»6S;
ils périrent Ions les troiis, en peu
d'années, de la j)htliisie pulmonaire.
Le dernier expira dans ses bras , vers
la lin de i 82S. Tant de coups portas
h son cœur, av;iienl altéré sa santé et
îiffad)Iibes moyens. Il jouait plus ra-
rement. Mais rOpéra italien , re-
venu, en I 8 1 8, dans la salle Louvois,
y avait repris son premier éclat j Ba-
rilli en fut régisseur , depuis 1820,
et il y était logé. Ayant faitnnc chute,
le premier février 1824, il se cassa la
jambe gauche. Des secours prodi-
gués h temps paraissaient avoir pré-
venu des suites plus funestes de cet
accident. Il était en pleine convales-
cence 5 une représentation brillante
avait été donnée, le 28 mars, a son
bénéfice, et il devait faire sa rentrée
au théâtre , dans un opéra de MM Ba-
lochi et Paer, VAjo nelV imbarrazzo
(le Précepteur dans l'embarras). Le
2 e mai , il écrivait a madame Pasta ,
qui était h. Londres , lorsque , saisi
tout-a-coup par un étouffement, il
expira sans pouvoir proférer un seul
mot. Barilli n'était pas seulement bon
chanteur et excellent bouffe; il était
homme probe, administrateur actif
et intègre. Sa bienfaisance, sa géné-
rosité n'avaient point de bornes.
Depuis plusieurs années , il consa-
crait une partie de ses appointe-
ments h payer les dettes d'une en-
treprise théâtrale, dans laquelle il
n'avait été (pi'associé. Traversant en
voilure le faubourg Saint-Germain ,
au temps de sa prospérité , il fut té-
moin delà douleur d'une famille dont
on vendait les meubles : il fallait
ï6oo fr. pour les racheter j Barilli
les donna et disparut. Comme il n'a-
vait rien a lui, il ne laissa rien, pas
même de quoi subvenu* H ses funé-
railles. Ses camarades y ont pourvu
au moyen d'une souscription, et un
tombeau a été élevé a cet homme
leG
BAPv
estimable, près de celui de sa femme,
au cimetière de l'Est. A — t.
BxVRlLLI (Makie-Ak.n-e Bo.v-
DiNi, femme ) , célèbre cantatrice
épouse du précédent, naquit a Dres-
de, le i8 oct. 1780, de parents ori-
ginaires de Bologne. Elle n'avait que
dix ans , lorsque son père, chargé
de l'entreprise du tbéàtre de Pra-
gue , fui ruiné par un incendie qui
consuma la salle, les magasins, la
musique et la redoute. 11 n'eut pas
d'autre parti à prendre que de re-
tourner, avec ses enfants en Italie,
où il espérait trouver des ressources
pour former un nouvel établissement.
Mais il mourut pendantle trajet, lais-
sant toute sa famille dans la plus fâ-
cheuse position. La jeune Marie- Anne
annonçait déjà d'heureuses disposi-
tions pour la musique et possédait
même iintalcntassez remar([uaLle sur
le piano. Arrivée a Bologne, elle fut
placée a l'école de chant de Sartorlui,
lapluscélèbredc'l'Jtahe, et où s'était
conservée la Iradiliou de la belle
méthode de Fariuelli. Elle y puisa
cette pureté de goût , cette exécutiou
brillante qui , plus tard, firent l'ad-
miration des connaisseurs. Ayant
épousé llarilli, elle l'accompagna peu
de temps après, lorsqu'il fut engagé
au théâtre italien de Paris, eni8o5.
Elle «c lit entendre dans quelques
concerts, et les applaudisseujents
qu'tlle y reçut triomphèrent de sa
tmiiilité naturelle, de la ré|iugnaucc
qu'elle avait montrée jusiju'alois h
paraître sur un tluàtre, et même d'une
clause (le son contrat de mariaire.
Cédant aux instances de la dirtctiuu
de rOpéra-biilla , elle déluila le i.j
janvier 1807, «^ l^i •'»^11l* Louvois, par
le rôle de Clorinda dans /<• duc (rti-
meiiiy de (iiigliclim. bon second dé-
but n'eut lieu «pie le 5u mai , dans la
OriittlUa de M. I'acr3 le «uccc^ qu'elle
BAR
y obtint, l'enthousiasme qu'elle excita
dans les autres pièces où elle parut et
dans celles que l'on composa pour
elle , la déterminèrent a se fixer a
Paris , et a refuser les engagements
les plus avantageux qui lui furent
offerts par les entrepreneurs des prin-
cipaux théâtres de l'Europe. Les Pa-
risiens n'avaient pas besoin de celte
marque de préférence et de gratitude
})Our ^'attacher a madame Barilli.
Si sa taille un peu ramassée manquait
d'élégance, si ses iraits étaient dé-
pourvus de noblesse , la nature l'avait
dédommagée par un assemblage asseï
rare de qualitésnon moins essentielles.
Sa physionomieiutéressante exprimait
la douceur et la décence 5 sa voix,
d'uue justesse incomparable , brillait
aussi par une étonnante facilité , per-
fectionnée par une méthode admira-
ble. M""*^ Barilli n'avait pas moins
de droits à l'estime publique par la
régularité de ses mœurs, par ses ver-
tus privées et par sa modeste bien-
faisance. Placée dès son début, au
rang des premières cantatrices , elle
soutint sa réputation et l'accrut même
par l'habitude de la scène et le jeu
théâtral. Applaudie dans JlMatri-
munio segrelo, dans ie Cnnta-'
tricL villane , dans ie ^ozze
di Figaro, où elle jouait le page,
dans le ^ozzc di Dorina ^ lu Casa
rtiru ^ Gianiiia à Beinurdone ^
elc, où d autres, avant elle, avaient
chanté le principal rôle, elle enleva
tous les suHVages dans plusieurs
pièces nouvelles , telles que ^li
î^ernici gcnerosiy i k irtuosi am"
bulanti , il Crcduloy il Matrimo^
nio pcr riiiii;iro , Cosï Jun tutle ,
ainsi ijue dans les opéra séria, la Dis-
Irtizionc di Gcntsalemme ^ cl Me-
rof'c. Après une série de suecès sans
aucun mélange de critique, elle avait
l'espoir do parcourir encore une bril-
BAR
lanlc c.iriii'rr vn Franco, où elle s'^
Iciil nallonaliscc , lorscjn'h peine rele-
vée (1*11110 l()n<^iic cl i^ravc iiialaihe,
elle re(ioiil)la Je zèle et de travail
pour suppléer au départ précipité de
deux de ses camarades, et niellre eu
scène un ()ii\ra«^e nouveau, la Donna
di Gcnio voliibilc de Porlogallo ,
où elle se surpassa j mais ce lut le
chant du cygne. Après qu'elle y eut
paru trois lois , une fièvre putride
remporta , quatorze jours après ,
le 24. oct. i8i5. Le nombreux cor-
tège , qui accompagna ses obsè-
ques, prouva combien étaient sincè-
res et universels les regrets causés par
sa mort. Le Rideau levé , qu'on at-
tribue à Sévelingcs , un de nos col-
laborateurs , dit , en parlant de ma-
dame Barilli , qu'il nommQ J'émule
incomparable : le ciel envia la mO'
dcrne sainte Cécile à la terre;
ellejut réunie au chœur des anges
pour chanter les louanges de VE-
iernel. \}\\ an après , le même con-
cours se porta a Saiut-Sulpice où sq$
camarades exécutèrent en son hon-
neur une messe en musique. Mad.
Barilli avait une sœur religieuse à
Modène , la compagne de sqs études
musicales et sa rivale en talents.
A — T.
BARILLOX (Jean), nommé
JehanBourdel, dans un manuscrit du
président de Mesmes, mérite d'être
mentionné k cause de son Histoire
inédite des sept premières années du
règne de François F"^. D'après une
ancienne noie ajoutée a son ouvrage,
on sait qu'il était fils d'un apothicaire
d'Issoire, et qu'il devint secrétaire
du chancelier Duprateu i5i5 5 il
fut ensuite notaire et secrétaire du
roi eu i5j.i, et mourut dans le
courant de l'année i553. On peut
croire qu'il eut part aux négociations
confiées a son maître le chancelier,
nAR
167
et qu'il rédigea plusieurs des actes de
la chancellerie, rapportés dans sou
histoire, où il ne se met en scène (jue
par cette ])hrasc souvent répétée :
les paroles f/ue /'ai cauchrcs par
écrit selon nuijantaisie. Celte his-
toire, dont il existe plusieurs copies
à la bibliothèque du roi , sous les
n"* 8457-8G18 et dans les porte-
feuilles de Fonlanieu, année i5i5 ,
ne nous est point parvenue tout en-
tière, et même les manuscrits ne fi-
rissent pas tous au même endroit : le
plus complet est celui du n^ 8^3 7 ,
d'une écriture de la fin du seizième
siècle, commençant ala mort de Louis
XII, le i^*^ janvier i5i5, et s'arrê-
tant au dernier jour d'août 1620.
Un discours prononcé par l'université,
h l'entrée de la reine Marie d'An-
gleterre, a Paris, en nov. i5i4-,
se trouve placé comme un hors-
d'œuvre ala tête de ce journal extrê-
mement fidèle ef circonstancié pour
les faits politiques, mais sec et déco-
loré, sans détails de mœurs et sans
descriptions : on reconnaît partout la
plume du secrétaire-d'éldt, qui pré-
férait l'exactitude d'un traité a la
singularité d'une anecdote. Cepen-
dant cette histoire, qui contient tout
au long, les discours, les serments ,
les instructions aux ambassadeurs,
les lettres-patentes et les documents
secrets sortis du cabinet du roi, est
très-précieuse pour servir de maté-
riaux et de preuves aux historiens
modernes : elle est écrite d'un style
clair et logique , bien différent du
style obscur et al arabique des con-
temporains Jean d'Aulou et Jean de
St-Gelais. Ou ne saurait mieux com-
parer l'histoire de Barillon qu'aux
mémoires de Dangeau, quant a la
forme du journal 5 mais les pièces
diplomatiques lui donnent seules une
iîri])orlance bien supérieure: ce sont
i68 BAR fiAR
la fie ces trésors enfouis que Hrapri- autres prtlals enrouler les a])baye»
nicrie rojale dcvrail rendre puLlics. à gros revuius avec leurs t'vèchés.
L — c — X. Riche de son paLrimoinc, il le consa-
BARILLOiV (Henri de), un des crall, ainsi tjue les produits de son
prélats les plus rccommandable« de «iègc, aux besoins de son diocèse, a
l'église gal'icane, était d'uue famille la créalieu d'étaldisseroenls avanla-
illustrc d'Auvergne, fils de Jean- gcux cl au soulagement des pauvres.
Jacques de Barillon, président au par- Ce préiat lit construire un séminaire ,
Icment de Paris et d'une dame do une nouvelle entrée a sa calliédrale ,
Fayel, fille d'un autre président a la des maisons de retraite, des maisons
même compagnie. ISé le 4 mars 1659, de refuge pour les proteslanis qui
ilfutd'aborddeslinéarordredeMallc cliangeaient de religion, des maisons
et entra ensuite dans Télat ecclésias- pour Tinslruction publique et des hù-
ti({ue. Son oncle le conseiller-d'élal pitaux ; il établit des conférences et
Barillon de Morangis , directeur des donna a l'élude tout le temps que ne
finances , par qui il avait été élevé , lui enlevaient pas les obligations de
^fait l'ami do saint Vincent de son miniitère. Tandis que les autres
Paul; il fit admettre le jeune Henri prélats passaient leur vie k la cour
dans l'intimité de cet homme ver- ou h Paris, il demeurait toujours
lueui , qu'il sembla prendre pour dans son diocèse ; et, s'il eutrepre-
modèle. Barillon se lia ensuite avec nait, k des époques éloignées , des
d'autres notabilités du clergé comme voyages dans la capitale , c'était
le cardinal Le Camus, l'abbé de Gri- toujours dans l'intérêt de son trou-
gnan et l'abbé de Rancé. 11 arriva prau. Sa manière de vivre était d'une
même quecelui-ci, ayant conçu le pro- «i grande simplicité et ses mœurs si
jet de se retirer a l'abbaye de la douces qu'il était aimé cl vénéré de
Trapj)e pour la réformer, résigna lous ceux qui le connaissaient. Henri
son prieuré de Boulogne a l'abbé de Barillon avait 27 ans d'épiscopat
de Ikirillon. Mais une position lorsqu'il se sentit atteint de la pierre,
plus élevée l'attendait: INicolas Col- et pour se faire opérer il se rendit H
Lert, évèque de Lu(;on , voulant Paris dans le mois d'avril 1699.
se démettre de son siège en 1671 , Opéré avec une grande promptitude
fit proposer au roi Henri deBarillou, cl d'une manière qu'on croyait heu-
comme recclrsiasli(|ue qu'il croyait reuse, il mourut cependant le len-
le |)lus propre a le remplacer. A la demain après avoir reçu les secours
première nouvelle de fia nomination, de la religion (6 mai 1699). Il fut
le modeste abbc alla se auLer au inhumé , ainsi (ju'il Pavait demandé ,
fond de la Buiirt^ogno cl demanda dans l'église de l'Oratoire de Paris
(ivec instance dVlie déchargé d'un et l'on mit sur son tombeau une épi-
poids qu'il croyait au- dessus dr ses taphe latine de la conqiosition de
forces; ces excuses ne furent jioinl son ami l'abbé J'iubos , archidiacre
agréées, cl il fut obligé de prindre de Lnijon , iiui publia une histoire
possession du siège de Lucon en délailice tlu prcLit sous ce litre :
1672. Fidèle jus((u'au scru[)ule aux /Ihrc'^o de hi vie île messîrc J/cn-
Inis de l'Kglise , il se démit ans- ri de Jinrillon^ cvcqitc de l.tiron,
.sitôt de son prieure de Boulogne, nvcc des nso/utitf/is fumr b.cn
lorsqu'on voyait prcvsquo <on3 lc3 t'à're , d^s pensées chrctieiturs
si/i' /('S miiîadics , des rcjh'.vionx
sur lii nior/, lu niuiiicrc de s 'y fn'c-
fuircr cl (les lonsolalioits conirc.
SCS fruycurs , juii' le mcinc jirclnt,
Di'Ili (lloucn), 1700, iii-iii. J^c
CdMir (le lli-iiri de lîarilloii fui jiorlc
il Liuoii , cl à ce Mijcl 011 iinprima la
hroi luire snlv.inlc: A la incnwirc
imnioi-lcllc de fiie.ssire Henri de
J)<iiillon , cvc(ii((' de Luc on [ccrà-
munies obseivccs à la récc/ffion de
son cour, avec son cpilaplie latine
elfrancaise)^ Fonlcnay, 170 i^u\-i°,
\j Oraison funèbre, |)roiic)ncéo dniis
la callicdralc de Luçon, le 29 juil-
let 1697, '"'"^ ^^ ^'^ réccplioii du
cœur du prolal, par Dupuis ^ archi-
diacre cl ihéologa! , fui iinprinice a
Paris, 170/1-, in-4-''. Ce savanl évè-
(pica laisse, outre les morceaux impri-
jiiés avec sa vie : I. Statuts syno-
daux de luucon y i68i. II. Or-
donnances synodales du diocèse
de Luçon, Paris, i685 , in-8". III.
Prônes et ordonnances du diocèse
de Luçon y Fouleuay, 1693, iii-4-".
F T E.
BxiRJAUD ( Jean-Raptiste-
Benoit), lilLe'raleur, naquil a Mont-
luçon, le 28 nov. 1785. Son père,
arclulecte, pensa d'abord a lui faire
parcourir une carrière (ju'il avait sui-
vie lui-inèine avec succès • mais le
jeune Barjaud, dès Tàge de six ans ,
lit assez connaîlrc (jue l'art des Man-
sarl et des Soufflot était loin de
fiai ter SCS goùls. Doué d'une imagi-
nalion vive, il se livrait avec laut
d'ardeur il la lecture et aux éludes
littéraires , (pic ses parents furent
souvent obligés de l'airacher h un
Iravall trop assidu, et qui, dans un
âge aussi tendre, pouvait lui devenir
fuiieslc. Placé dans nue maison d'é-
ducation de sa ville natale, il y rem-
porta cbaijue année toutes les palmes,
scolastiipies. Eu 1000 , son père
l'aynnt cnrové ii Paris, il entra d'n-
bord au collège Saiule-liarbe, où il
n'eut pas moins de surcès. Admis au
concours des écoles centrales, il en-
Icndit j)roclainer son nom un des
premiers parmi ceux des vaimpieurs,
et dès ce moment, sa destinée pour
les lettres fut irrévocable. Mais il
fallait avant tout s assurer une exis-
tence. La fortune de ses jiarenis no
lui permet tant pas de se livrer ex-
ciusivcmcnt au commerce des muse.c^
il prit le parti du barreau, sans re-
noncer cependant il ses travaux poe-
li(pies. Ce fut même K cette époque
(pi'd publia CEpitre aux femmes ,
faible essai qui annonçait une ima-
gination ardent* et des sentiments
bien vifs pour le sexe qu'il chan-
tait. Les éloges qu'il recul de ses
amis lui inspirèrent plus de con-
fiance, et il abandonna tout-ii-fait le
barreau. Il pu])lia successivement
(\{2S odes a la gloire des armées fran-
çaises 5 il composa plusieurs comédies
avec M. Corraenin , son ami, et fit
paraître quelques notice» «ous le
voile de l'anonyme . Une pièce de vers
sur la unissancc du roi de Ptome, lui
valut un des premiers prix qui fu-
rent donnés il ce sujet. Barjaud avait
ose former nu projet bien plus
vaste, celui d'un poème épique, in-
titulé : Ch(irlem(i»,nc ou Home con-
uisc. Il en avait déjiipuldié quelqiu s
ragmenis, et il y travaillait avec ar-
deur, lorsqu'cn 1812 il perdit nn
emj)loi qui assurait son existence.
Dès-lors Barjaud résolue , avant de
terminer et de revoir son poème, de
suivre la carrière i\QS armes ; il
adressa au duc de Fcllre, ministre de
la guerre, une pétition en vers, pour
demander du service. L'épaulelte de
seuî-licutenaiil lui fut accordée, jl
arriva ii rarniée du prince Eugène
qui se repliait stir Ma^dcbour^^ et
l
170
BAR
se fit remarquer a la Lataille de
Bautzen. Après Tarniistice de Neu-
mark, il composa plusieurs odes qu'il
vint préseuler à l'empereur lors
d'une grande revue qui lut passée h
Dresde. Napoléon qui probablement
connaissail déjà les ouvrages de Bar-
jaud, dit au poète guerrier qu'il lui
accordait une décoralion. « Laquelle,
a sire , demanda Ijarjaud , est-ce
a celle de la Légion-d'Honncur, ou
« celle de la Réunion? — Celle que
te tu choisiras, répondilTempereur.»
Barjaud déjà ceint des lauriers
d'Apollon et de Mars , mais ne
croyant pas avoir fait asaez pour mé-
riter la décoration de la Lé^ion-
d'Honneur, désigna celle de la B.éu-
nion, et le brevet lui en fut expédié.
Barjaud assista, le 428 août, au com-
bat de lloUendorf, elle lendemain à
l'aflaire de Kulm. 11 était le 16 oc-
tobre a la bataille de Wacbau,
elle 18 h celle de Leipzig; c'est la
que, après avoir lait dts prodiges de
valeur, il fut blessé morlellemenl.
Ses ouvrages imprimés sont : I.
Poésies nouvelles , ou les pre-
miers essais d'un jeune littérateur
(anonyme j, Paris, i8o5,in-8". H.
(Avec M. D.) Le Bavard et t En-
iété, coinéJie en un aclc et en vers,
représentée h rOdéoii en 1809, Paris,
1809 , iii-8". IIL Description de
Londres, Icxle de l'ouvrage de i.an-
don, l*aris, 1 8 io,in-8". W.JIomcre,
ou fo/iî^i/iedc C Iliade et de t Odys-
sée, poème ( d'environ mille \ers) ,
suivi de quebjues fragments de celui
de Charlenin'^ne, et autres poésies,
Paris, 181 1, in-i:j. V. Deux re-
cueils d'odes nationales, li la suite
disipicllcs on trouve des fraguienls
d<' Ir.uluclions en vers de Juvéïial, de
Claudieii et de Sénècjue, l'aris, 181 i
cl 181 2, in-8". Quil(jues-uncs de ces
odes avaicul été publiées séparément.
BÂK
VL Ode à M. Lemaire sur la mort
de sonjilsj 1812, in-8**. Avant son
départ pour l'armée , Barjaud remit à
son ami et collaborateur les manus-
crits des ouvrages qu'il n'a point pu-
bliés , parmi lesquels se trouvent le
poème de Charlemagne , en 18
chants , dont le dernier n'est pas
terminé j trois comédies, et un acte
héroïque intitulé : Llne Matinée
d'Auguste. On trouve, danslciVa-
niteuri\\i 4. déc. i 8 1 8, une notice sur
Barjaud, par l'auteur de cet article.
E — K — D.
BAllKER (Jean ), médecin an-
glais, vivait dans le 18^ siècle. 11 fut
attaché quelque temps k l'hôpital
fondé par le duc de Curaberland , k
Londres, et mourut vers la fin de
1 748, dans un âge peu avancé. Sui-
vant Ralph Schomberg, son compa-
triote , Barker était un hon)me de
génie, doué du coup-d'œil médical le
plus sur , et d'une érudition prodi-
gieuse. On connaît de lui ; I. Recher-
ches sur la nature des Jièvres qui
ont régné k Londres en ly/jo cl
1741 (en anglais), in- 1 2. IL Essai
sur la conformité de la médecine
ancienne et moderne dans le trai-
tement (\çs maladies aiguës, in- 12.
Le but de l'auteur est de prouver (jue
la médecine est une véritable science,
dont les règles sont certaines, puis-
qu'h toutes les époiuies les médecins
instruits ont aiii delà même manière.
Cet ouvraj',e esliniiible a été traduit
en lrai:caKs par Schomberg , Amsler-
dani, 17491 in- 12, et avec des notes
de Lorry, Paris, 1767, iu- i 2 . L'o-
riginal anglais est si rare, que Lorry
fil d inutiles démarches pour en
trouver un exemplaire k liondres.
W— s.
ILVULETTI. }'oy. Saim-
Paiil, XL, 54.
BAIVLOW (JoEi.\ écrivain po-
I
BAR
lili((ue et put^e aiiu-iirain, n.Kjiiit, en
1755 , dans la ville de llcadinj'; de
létal de Cuiiiu'i tieiil , alors nroviucc
anglaise. Sou aïeul inaleruel avall
quille la Graiulc-Brelague pour le
Nouveau-iMoude. Sou père, ayant
aclielé des terres incultes dans le dis-
trict de lleadiu^ , les défricha liii-
mènie. Joël iJarlovv élail le dernier
de dix enfants. La part qu'il recueil-
lit dans riiérilagc paternel, divisé
également suivant les lois du pays,
suffisait , bien que faible , a l'acliève-
luont de son éducation. Eu 1774 il
entra au collège de Darraoulli , du
INew-Hampshire ; mais cet élablis-
semeut a peine formé n'offrant pas
plus de ressources que le collège
de New-IIaven du Counecticut , le
jeune Inirlow revint dans son pays
natal. Quebjues morceaux en prose et
en vers, notamment un Uyinuc à la
paix , publiés comme exercices d'é-
colier, commencèrent sa précoce re-
nommée. Il poursuivait le cours de
ses études lorsque la querelle qui ,
depuis onze ans , s'agitait entre la,
métropole et les colonies, aboutit a
une guerre déclarée (1775). Il y avait
daus l'âme de Barlow trop d'ardeur
et de patriotisme, dans sou imagina-
tion trop de poésie, pour lui permellre
de rester paisible spectateur de la
lutte qui allait se livrer. Dès-lors,
et plusieurs fois , profitant de la li-
berté que lui laissait le temps des
vacances, il prit le mousquet et se
rendit au camp où quatre de ses frères
étaient sous les armes. Servant en
qualité de volontaire , il combattit
dans diverses rencontres , et se trou-
va, en 1776, a l'une des actions les
plus chaudes qui eurent lieu pendant
la guerre de l'indépendance. L'amour
des lettres ramena le jeune homme
aux écoles de New-Haven. En 1778
il prit le degré de bachelier-ès-arts,
BAR
171
et se voua K l'étude des lois 5 mais,
après avoir consacré un hiver a mé-
diter les ()U\ra;'cs de Coke et de
lilalsslone, le hasard l'entraîna dans
une carrière bieudiilcrente. La plate
d'aumônier de brigade, a la nomina-
tion de Massachussels, vint ;i vacpu'r*
étranger a celle province, Barlow la
demanda et l'obtint. Observons (jue
chez les presbytériens de la Nouvelle-
Angleterre la prêtrise n'était (prune
sorte d'ordination civile, qui n'empê-
chait nullement de passer plus tard a
d'autres fondions, et qu'on voyait
beaucoup de jeunes gens prêcher l'é-
vangile pour se donner le temps de
se préparer a une profession quelcon-
que. Avec son titre d'aumônier, Bar-
low suivit l'armée jusqu'à la conclu-
sion de la paix (1783). C'est pendant
cette époque qu'il esquissa et huit son
poème épique, intitulé la Pulsion de
Colomb j ou la Colombiade. Dès
que l'indépendance des Etats-Unis
fut reconnue , et que l'armée an-
glaise eut évacué le pays, les chefs
et les soldats de l'armée américaine
rentrèrent dans leurs foyers. Barlow,
dont la petite fortune ne s'était pas
augmentée, se rendit a Hartford pour
y reprendre l'étude des lois. En
1781 il avait épousé M '^Baldwin,
de INew-Haven, sœur du sénateur de
ce nom , et femme aussi distinguée
par la supériorité de son esprit que
par SCS qualités aimables. En 1785
il débuta au barreau, et y obtint des
succès extraordinaires. Barlow s'oc-
cupait encore de la rédaction d'une
gazette, travail qui le familiarisait
avec les rapports et les intérêts po-
litiques des deux inondes. La publi-
cation de son poème (1787) jeta un
nouvel éclat sur lui daus sa patrie,
et le ht connaître au-delà des mers.
Peu de mois après son apparition ,
l'ouvrage fut réimprimé a Londres.
i-a
BAR
CrpcnJant une société , comnosée
d'hommes que Barlow avait connus
pour la plupart à l'armée, venait
d'acheter du congrès une vaste éten-
due de terres situées sur les bords de
rOhio : il s'agissait d'en revendre
une partie à des étrangers et de dis-
Irihutr l'autre aux actionnaires. On
offrit a Barlow de concourir îi l'exé-
cution de ce plan , et h cet effet de
passer en Europe. Il accepta d'au-
tant plus volontiers, que depuis long-
temps il nourrissait un vil dc^^ir de
visiter les principales contrées de
Baucien continent (i 788). 11 se ren-
dit d'ahord en Angleterre , puis en
France d'oii il repassa en Angleterre.
On a prétendu que sa mission n'était
qu'une spéculation fondée sur la cré-
dulité européenne , qui en définitive
coûta cher li quelques Français f/^.
J.ezay-Marnesia , XXIV / 4 o3) ,
sans remplir Tespoir des spéculateurs
il cause des troubles et des guer-
res qui surgirent tout a coup. Ce
qu'il y a de certain , c'est que ré-
tablissement dont Barlow devint un
des premiers propriétaires prit un
accrnisscment si rapide , <jue ,
reçu en 1802 dans l'union fédérale,
et formant la dix-septième province
de la répid;!i(pie américaine, l'état
de roi io comptait en 1812 une
population de plus de deux cent mille
liabit^iils; atijourcriini cette popu-
l.ilion a dépassé le chilTre de neuf
cent mille, l'arlow send)lail prédesli-
uéauspectaeIedc.>)révolulioiis-, il avait
vu s'accomplir celle d'Améri(|ue; 11
allait voir éclater celle de Brauce ,
cl ne pouvait man(pier de Taccui illir
avec enthou>iasmc. IViidanl les ilvux
j)rrmières années de celle grande
cri^e il se lrou\ail ii Londres : vers
lit fin de 171)1 el le comuuncement
de 179^ , il y publia plusieurs écrits
poIili(pie5, duul le plus rciuai(|uablc
BAR
est Vj4vis aux ordres privilégies'
Cet ouvrage , dans lequel l'auteur
examine d'une n^anière neuve et pi-
quante le système féodal, les armées,
l'église, les finances, les subsistan-
ces, la littérature, les arts, la guerre,
la paix , plut tellement au célèbre
Fox qu'il en fit l'éloge dans la cliam-
bre des communes. La société cons-
titutionnelle de Londres, dont Bar-
low était membre, l'ayant choisi pour
son représentant a }*aris , le chargea
d'une adresse de félicilalion pour la
convention nationale. Il revint donc
en France, où il écrivit une brochure
sur les vices de la constitution de
1791, dont Thomas Payne, son ami,
fil hommage à. la convention dans la
séance du 7 nov. 1792. Le 27
du même mois, Barlow se présenta
lui-même a 'a barre pour s'acquitter
de son message 5 il fut salué des plus
bruyantes acclamations, et, au mois
de février I7o3,r>uyton deMorveau
lui fit décerner par un décret le lilre
de cilovcn français, honneur accordé
également a deux de ses compatrio-
tes, Waî^hinglon et Ilamilton. A son
retour en Anglelerre, l'ill le signala
comme l'un des plus zélés propa-
gandistes el l'agenl des jacobins an-
glais sur le continent. A ce sujet on
rapporte qu'après le supplice de
Louis XAI, se trouvant a ifambourg
dans une réunion (rétiangers imbus,
comme lui, de principes révolution-
naires, Barlow s'était amusé a paro-
dier le rehaiu de la prière anglaise
Go(l siiU'f llic k'ing, auquel il eu
avait substitué in autre ajipelnnl .<ur
la tète des rois le glaive des ré\olu-
lions. Quoi cpiil en soit de ce bruit ,
Barlow ne séjourna pas long- temps
sur le sol britannique : dvs albrres
polili(pu\s et eounnereiales rappelè-
rent dans le nord de rKurope , cl
ensuite sur lesc«")tcs d'Alri(pic( 1 795),
JÎAR lîAIl 17*',
Jamais jtisqti'alors la jviix u'.iv.iil ré- loircî de son pays ; «ne noii-
gnc ciiln- K's Klals-l u'w cl les |)iii.s- vcllc mission le (Iclourna de ce dvi-
Siinccs barl).irfs(|ii('.s ; charge (k's iii- .sein. Kn 1 15 1 i , M, Madlssoii ,
slriiclions du prcsidcii! \\ asliinf^lon, prcsidciil , le nomtiia iniiiislre |)lciii-
Ijarlow rcii5sil ii conclure ^\ci> Irailcs polenliaire auprès du "ouverneniejil
avec Alj^er, Tunis, Tripoli, el il reu- français. lîarlow se reiidil h son
voyer dans Ilmifs loyers une centaine posle: au mois d'ocl. i lîi 2, forcé de
de prisonniers , resle des écpiipaj^es jiarlir pour Wilna, il en revenait
de vaisseaux dont les iîarharescpies avec les débris de Tarmée française,
s'étalent emparés. Le succès de celle lors pie, le 26 déc, une inllaminalioii
iié^';ocialionlui valut les remcrcîmenls des poumons, causée par le IVoid
olliciels de son ji,ouvernemenl. Har- excessif, renle\a suliilcmeiil ii /ar-
lovv revint a Pans en 1797 j et la, novich. Comme homme d'élal , coni-
11 écrivit les Lcllrcs à ses conci- me écrivain , Jotil lîarlow a rendu ii
iojcns , dans le.s([uelles , parmi de son pays de notables services ; sa
bonnes idées exprimées en beau style, loyauté, sa franchise, sa fenne'é
on reuconlre des théories sur la il- n'élaicnt contestées par personne,
berté polili(jue et civile, qui lui sus- Ou ne pouvait lui reprocher (lu'une
citèrent de nombreux ennemis, entre certaine exagérallon de dialrines
autres le nouveau président John tempérée par ses vertus , et une né-
Adams, chef du parti fédéraliste. Le cessairement Tàge et l'expérience
chef du parti opposé, Jefferson, étant modiiièrent. Comme poète, il a en-
jiarveuu a la présidence (i8o5), richl d'un ouvrage capital une lillé-
Barlow quitta la France qu'il ne rature naissante. Sou poème de la
crovalt plus revoir , et retourna aux Coiomhiadc , divisé en dix chaiils ,
Etats-Unis eu passant par rAnglc- contient 7360 vers. Conlre les lois
terre. Il acheta une propriété dans ordinaires de l'épopée, rien ne sV
les environs de Washington, et s'oc- passe eu action. Christophe Colomb,
cupa d'un projet d'université ou école plongé dans les prisons de Vallado-
jiolvtcchnlque a fonder dans cette Hd , a une vision dans lafjtielle lies-
ville, pour donner a la jeunesse une per, le génie gardien de riiéinisphcre
insiruclion uniforme, et fortifier les occidental, lui dévoile les conséquen-
licns de la fédération par l'accord ces de %t^ hautes découvertes, les
A\:-s lumières. Ce plan utile, quoique peuples qui doivent naître, les cmpi-
soiitenu par Jefferson, échoua conlre res qui doivent grandir sur le noa-
la jalousie des provinces. Alors Bar- voau continent. On conçoit (pie l'au-
low se résigna a finir ses jours dans leur ait été contraint d'adoptir cette
le calme de la vie des champs. Il forme bizarre et iasolile afin do ren-
])ublia en 1807 une édition de sa dre son poème national, de lui d n-
Coloinhiadc (i) qui fut juscpi'a- uer un intérêt patrioti(jue , en trans-
lors le plus raaguifîque monument portant h volonté la scène dans des
sorti des presses américaines. Il contrées que Colomb ne vlsila jamais,
avait aussi entrepris d'écrire l'his- et eu célébrant ^\i^ actions et A^^
' ■ . hommes dont l'existence appartenait
(i) La Colomhiatlc {T/ie CoiumUad) n éii cucore k Taveuir. Sous cc rapport
r.'impri.no • à i-'-n'ln-s i8oç,. in-s". i/ai.i... (îr- c'cst Une iiuilailon du slxièmc livro
poire a pnblie des ()ùse'^a(rt)iu CrU.(juis fur ce . ,, ' ,. ,
iu>iiuo, l'uris, jSckj, in-s". oc 1 Lueidc. ])u rcsic , CC pocmc
174 BAR BAR
abonde en descriptions brillantes et chirurgie pratique , publia a Tn-
eii généreux sentiments. La prose de riii en 1824^, 2 vol. in-8°. Cet
Barlow est encore préférable a ses babile praticien s'est noyé dans le
vers : l'énergie, la clarté de son Pô , le 9 juillet i83i , lorsqu'il al-
style, le talent de revêtir d'images lait visiter un malade, avec deux de
les idées les plus abstraites, la jus- ses amis ; leur voiture fut entraînée
tesse et la profondeur de ses aper- dans le fleuve par un violent orage,
eus, le placent au premier rang des G — g — y.
écrivains de son pays. Voici la liste BAROIV (Eguinatre) , Juriscon-
de ses œuvres : I. La Vision de sulte^ naquit en 14.95^ à Saint-Pol-
Colomh, ou la Colornbiade^ poème de-Léon , petite ville de Bretagne,
épique en dix cbants. IL //r75(^/7wf/- Après avoir acbevé ses études, il
ding (la Polenla) , petit poème dans professa le droit a Poitiers et a An-
le genre du Village abandonné de gers, avec beaucoup de succès; et en
Goldsmitli. IIL Adi>ice to the pri- iSiz , il obtint une cbaire à l'uni-
vileged orders (avis aux ordres pri- versité de Bourges, déjà célèbre par
vilé'nés). IV. Jhe conspiracy of le mérite de ses professeurs. Au nora-
kings (la conspiration des rois). V. bre de ses nouveaux collègues, était
A letter to the convention of son compatriote Fr. Duaren ( Voy.
France (lettre a la convention de ce nom, XII, 61 ) , bomme savant ,
France). VI. The royal recollée- mais tracassicr et jaloux de toutes les
tions (souvenirs de la royauté). VIL réputations qui pouvaient balancer la
hetter lo Oie people of Piedmont sienne ( l^oj>^. Cujas , X, SSy).
(lettre an peuple du Piémont). VIII. Duaren, craignant sans doute qu'E-
Une traduction anglaise des Ruines guinaire ne lui enlevât une partie de
de Volney. Outre ces divers ouvra- ses élèves, emplova tous les moyens
gcs , Barlow laissa des fragments pour le dégoûter du séjour de Bour-
inédlls de son bisloire do la révolu- ges ; mais il finit par reconnaître ses
tion américaine, pour laquelle il avait torts, et lui demanda son amitié,
rassemblé d'immenses matériaux. IXoël Dufail , qui nomme Baron un
M — N — s. grand et notable enseigncur de
lîAROERO (Jacques), né a ioix.silenfut oncques, rapporte
So"lio, dans le comté d'Asti, en que Lbôpital , nlors conseiller au
1790, fit ses études sous la direc- parlement de Paris, allant aux gr:inds
lion de ses parents a Montcchiaro , jours de Riom, voulut juger par lui-
et son cours de cbirurgie a Puniver- même « si le bruit et réputation qu'il
site (le Turin , où il fut agrégé au et avait répondait à la vérité des
collè'M' de la ficullé. Nommé bientôt «rapports du sujet. Le bonbommc
après professeur de clilrurgie, il de- « étant dans sa chaire, acoulré d'une
vint membre du comité médical , puis « robe de tafetas, avec sa barbe gri-
premier eliinirglen de lliospiee royal « se, longue et épaisse, vivant (pi'cn
de la Cliarllé. S'élaul livré a l'étude « son école, y a\ait desa'.uliteurs non
spéciale i\v':^ maladies vénériennes , « acoutumés ,. commence K se plain-
il fut nommé eliirurgien de 1 liospice « dre que l'empereur Justinien n'eût
dit iOpcra Jiogctfa , où il lit « fait défense d'écrire et faire com-
des cures étonnantes, dont on trouve « menlaire sur le droit civil ; puis-
la description dans son Traite de «(pj'il suflisail que Bariole, Balde ou
BAR
«antre protonolairc de droit, rîil en
« (jiulijnc jias.saj^r, Irailc un poiiil ,
n pour (juc la liihulc rt suile des
ce (iuctcurs vint 1 cxplifjucr à son
« tour » { C'onfcs d' Kitlnipcl ^
cil. 4 ). Oulre le tiroll, lîaron possé-
dait les lan}];nos cl la pliilosopliio • cl
nicnic , (pioi (ju'cii nicul dil (judcpics
ccrivains, il avait fjil une ctude par-
ticulière des belics-lellres , comme
on le voit par son Iravall sur Quinti-
licn (i). Il mourut a Bourses, ie U3
août (2) I 55o , a 55 ans. Son épila-
plie rapportée par Taisan, dans les
/ icsdcsjuriacousultcs, p. 55, csl de
Duarcn, (jui voulut èlre inhumé près
de Baron, pour marquer a la posté-
rité (pie leur réconciliation avait été
sincère. ( \ov. les K loches de Ste-
Marthe,liv. i*"""). CujasappelleEgui-
naire le V avvon de la France. Ses
«\R
175
jrmcipaux ouvra o^es so
nt : I. P
an-
dectarwn juris civilis œconovda,
in ad'^er barils nùrœ vetiisiatis apiid
Pictones inventa , Poitiers, 1 5 5 5 ,
in-4-°. II. Notœ in titulum de ser-
vitule libr. F III Pandcctarum ,
Angers, i528, in-4-". III. De divi-
duis et individuis obligntionibus j
Lyon, 154.2, in-4-"; inséré dans le
Tractntus traclatuwn, tom. VI, 2''
part. [Voy. Fr. Ziletti, LII, 55r)).
IV. De beneficiis commentarii ^
ibid., 164^9, in-4.°.V. Conunentaria
in quatuor institutionuni libros ,
ibid. , 1674^. Les œuvres de Baron
ont été recueillies, Paris, Vascosan,
i552. in-fol. Son portrait a été gravé
sur bois, in-4-° etin-8'\ W — s.
BAIlOX( Pierre), théologien
du 16*" siècle. Comme il ajoutait a
son nom l'épilliète de Stempanus ,
Bayle en conclut avec assez de vrai-
(ij Tabul inœ Qiiintiliam institut tones oralorias,
Paris, 1^37, in-8°.
(2) Et non pas le 512 se[)tpnil)i«', comme le dit
M. Miorcec fie Kerdantt dans ses Notices sur
les écrivains de la Bretagne.
snmManre qu'il était originaire d'E-
tampcs. Aj)rès avoir achevé ses cfu-
des, Itarou prit le grade de liciMicié
ès-lois a Tuniversité de Bonrîjes. Les
persécutions aiixi|U('lles les protes-
tants étaient en butte, sous le règne
de Charles IX, le décidèrent a sortir
de France avec sa rainlllc. Il alla
chercher un asile en Angleterre, oii
son savoir lui mérita bientôt des pro-
tecteurs. En 1575, il fut p(jurvu
d'une chaire de théologie au col-
lège Marguerite de Tuniversilé
de Cambridge. Le traitement at-
taché par la fondation , a celle
place , ne pouvant lui suffire pour
élever sa famille, les amis de Ba-
ron sollicitèrent du chancelier de Tu-
niversité , Burghiey , une pension
qui fut promise ,* mais on ignore si
réellement elle fut accordée. Si Ton
en excepte quelques disputes qu'il eut
a soutenir contre son collègue , le
docteur AVhitaker , Baron occupa
paisiblement la chaire pendant un
assez grand nombre d'années. Il n'a-
vait point adopté le système rigou-
reux de Calvin sur la prédestination,
et V/hitaker au contraire le poussait
a l'excès. Long-temps leurs querelles
ne franchirent point Tenceinte du
collège 5 mais en lôpS , Whitaker
ayant défendu son sentiment dans un
sermon qu'il prêcha devant l'univer-
sité. Baron crut avoir le droit d'ex-
poser a son tour le sien. Malheureu-
sement les membres de l'université
penchaient presque tous pour le ri-
gorisme, et la reine Elisabeth, infor-
mée du scandale que le docteur fran-
çaisavaitcausé, blâma sonimprudenco
de soutenir, dans un pays où il était
souffert , une opinion qui pouvait
troubler la paix publique. Cité de-
vant le consistoire, pour y rendre
compte de sa doctrine, Baron se dé-
fendit avec autant de douceur que de
fjô BAR
fermeté j ifials toutes les raisons qii il
put alléguer pour sa jiislilicalion ,
n*erapêchèrent pas ses adversaires de
dresser une espèce de profession de
fol qu'il devait signer. Son refus
d'apposer son nom au bas de cette
pièce , lui aurait cerlainement fait
perdre sa chaire; mais le cliancclier
BurgliUfj se conlcuta de Tluviler a
s abstenir eu public et en particulier,
de tout discours qui jioiirrait renou-
veler cetle dispute, hcs professeurs
en théologie du collège Jja/'gucrite
n'étaient nommés que pour trois ans,
«u bout desquels ils étaient conti-
nués s'il y avait lieu. A la fin de sa
troisième année, Baron n'ayant pas
témoigné le désir de conserver ses
fonctions fut regardé comme (.léii.is-
sionnaire. 11 vint alors habiter Lon-
dres, oii il mourut vers 1 5(^9, dans
un âge avancé, et fut enterré dans sa
paroisse, avec toutes les cérémonies
tic ré<ilise anjîlicane. Om a de liaron
]ilui.ieurs ouvrages de lliéologie, au-
jourd'hui complèicment oubliés, dont
jes moins inconnus sont: Su/nj/ia
trium (le pvœdcstinatiune scntcn-
iiarurn et Prœdictiones in Jominiy
Londres, lÔyÔ, iu-4.°. L'article (jue
J*ay!e lui a donné dans son diction-
naire renlerme plusieurs incxaclilu-
de« ; elle» ont été recliliées dans
Celui de Chaufcplé , où les curieux
trouveront, sur ce per*oiuiagt' , tous
les détails uu'iU peuvent désirer.
W— s.
BARON (leP. ViKCLKT), iliéo-
logien, né, en i6o4, K Martres, dio-
cèse de Uieux, aciieva ses éludes au
collège de Toulouse d'une manière
billlanle. N'étant encore (ju'en ilié-
lorlque, il lit une description en virs
latius du laineux moulin de Ha/aclo ,
qui lui mérita les plus grands éhiges.
Lu i6a j il emi)ra;vsa, malgré ses pa-
leulij, la *-<iglc de saint Duiuiuiijue au
BAR
couvent de Toulouse , et fut bientôt
chargé d'enseigner la théologie a ses
jeunes confrères. Le talent qu'il
numtra pour la chaire ne tarda pas a
lui frayer le chemin des dignités.
Nommé défmiteur de la province de
Languedoc, il fut en i656 l'un '^^s
déj utés au chapitre général de Tordre
à Rome 5 et il eut Thonneur de pré-
sider aux thèses dédiées au pape
Alexandre Yll. L'année suivante il fut
élu prieur de la maison du noviciat h
Paris 5 et en i 66o il fut envoyé com-
missaire en Portugal pour des affaires
importantes, qu'il eut le bonheur
d'arranger à la satisfaction de toutes
les parties intéressées. Le pape
Alexandre avait témoia-né le désir de
voir composer, d'après la doctrine de
saint Thomas, une tliéologie morale
pour Fopposer a celle des nouveaux
casuistes. Le P. Baron entreprit de
satisfaire au vœu du pontife; mais les
jésuites eurent assez de crédit h Ro-
me pour y la:re coudamner son ou-
vrai;e, sous le prétexte banal qu'il
renfermait des sentiments erronés.
\^ Apologie que Baron avait faite
pour la délense de son ordre, et que
le P. Capisuecbi ( V , ce nom , Vil,
69) publia sans sou aveu, Rome,
1 6G2, in-/j-", éprouva le même sort.
A tous les adversaires (pie ces A^xw
ouvrages avaient soulevés contre lui,
se joignit le célèbre l^aunoy ; mais
rien ne pouvait ébranler son courage,
et 11 soutint cette lutte inégale jus(jirh
la lin de sa vie. Le P. Baron mou-
rut il Paris le 21 janvier I67/^, il
yo ans, regardé par ses conl'ières
comme un îles théologiens qui lai-
saient le plus d'honneur i\ leur ordre.
Ses ccrils assez jiombreux n'ollreiil
maintenant aucun intérêt. On en trou-
vera la liste ilans les Scrlptov. ovd.
pvivilicalor. du P. Lihard, If, 655.
l/'s jirincipauv sont : L Thcologia
moriiIiSj etc., Paris, 1665 , 2" (?{1.
corrl<;ce, 1667, 3 vol. in-8". II.
SS . ytiti^i/slini et lliotiur vcni et
ijfui mens tic huDunui lihcriate ,
('U\, il)id., i666, :: vol. lu-8". 111.
KtJiica cliristitiiui y ihld., 167.") ,
iii-8". Ces ciiKj volumes iormeiil Li
lliéolo{;ie du I*. Baron. I/arlicleque
li.iyle lui a donné dans son T)icl.ion-
miire est inroniplct. Voy. l'JIist.
(les hommes i/ lus 1res de l'ordre de
saint Domitnqiic , par le F. Tou-
ron, V, 489-98. W— s.
BAROTTÏ (l'abbé Laurent),
prédicateui", biograpbe el poèlc , na-
i|ull a Ferrare, le 2 0 décembre 172 /(..
Il clait fils de Jean-André Barolli
(A' . ce nom, III, -io6) qui lui inspira
de bonne lieure le goût des lettres.
Ayant achevé ses éludes sous les jé-
suites, il prit l'habit de saint Ignace
eu 174-0, et fut ciiargé d'enseigner
la grammaire et la rhétorique dans
divers collettes. A Padoue il mérita
Teslime du célèbre Facciolato ( V .
ce nom, XIV, 79). qui lui prédit les
succès qu'il obtiendrait un jour. Doué
d'une grande vivacité d'esprit, d'une
mémoire heureuse et d'un organe
agréable, il quitta l'enseignement
pour la prédication , et parut plu-
sieurs années avec éclat dans les prin-
cipales chaires de l'Italie. A la sup-
pression de son ordre , eu 1773 , il
revint àFerrare. Son père en mou-
rant avait laissé des matériaux pré-
cieux pour l'histoire littéraire de
cette ville. Il s'occupa de les rassem-
bler el de les mettre en ordre, et ne
larda pas a faire paraître une suite
de notices intéressantes sur les illus-
tres Ferrarais du XV^siècle. Au mi-
lieu d'études graves et sérieuses,
labbé Baroiti n'avait pas négligé la
littérature. Il cultivait la poésie; et
l'on trouve dans ses compositions la
preuve qu'il s'étajl nourri de la le.c-
LVII.
BAR
177
liiro des f^mnds modèles, et eu par-
ticulier de lAriosle, dont sou style a
la douceur el la facilité. Des talents
si variés ne pouvaient mancpier de
lui faire ouvrir les portes de Ions les
lycées d'Italie^ mais, peu jaloux des
honneurs littéraires , il relu-sa con-
stamment de laisser inscrire son nom
sur aucune liste académicpie. Les qua-
lités de son cœur égalaient celles de
son esprit. Il mourut d'apcplexie en
1801. L'abbé Barolti fut l'édilcurde
l'ouvrage de son père : Memorie is-
torlche de' lilleraliferraresl. Fer-
rare, ii'j'j ^ in-fol. Cette édition,
ornée de macrniliques portraits, est
très-rare. Il en parut une seconde,
ibid., 1792, in-4.", moins belle, mais
corrigée en quelques endroits. La
i///^(^decet ouvrage important ne fut
publiée qu'en 1798 , in-4.°. Elle est
entièrement de l'abbé Barofti. Il faut
y joindre une conli/iiuition^àr Jc-
rôme Bar u ffaldi ( A^ . ce nom , ci-après) .
On doit encore k Barolti : I. Série
deivescovi ed arcivescovl di Fer-
rara, Ferrare, i 78 1 , in-4r", ouvrage
érudit et rempli de recherches. 11.
Lezioni sacre , Parme, 1785-86,
2 vol. in-fol. C'est le recueil i\cs ser-
mons qu'il avait prêches h Sainte-
Lucie de Bologne. Le premier volu-
me contient des sermons sur les livres
de ïobie , de Judith et d'Esther, et
le second sur les Alachabées. Tous les
critiques ilalicus en parlent avec
éloge, m. La Fisica^ Bologne,
1753, in-8'^; Ferrare, 1764, iu-4"-
C'est un poème à\ààc\.\(['AC inotlava
rima. Il a été réimprimé plusieurs fois
avec des notes et d'autres opuscules
de l'auteur en vers et en prose. La
troisième édition, Turin , 1767, e."5t
augmentée de Stances sur l' origine
des fontaines^ et la quatrième, V'^e-
niiie , 1773, d\iu discours acadé-
mique. IV. // Cajj'c^ Parme, 1781,
f2
17S BAR
gr. in-S". L'idée de ce poème paraît
erapruutée d'une fable de Phèdre.
Les dieux se sont réunis pour choi-
sir, chacun, l'arbre qui lui plaira da-
vantage. Pallas et Yénus se disputent
le catier. Pour les mettre d'accord ,
Jupiter décide que les deux déesses
auront le même droit sur cet arbuste.
De la vient que Pallas et Vénus ré-
pandent Tusage du café parmi leurs
favoris. La lecture de ce poème, di-
visé en deux chants, est très-agréa-
ble. Les épisodes en sont ingénieux
et la versification en est pleine d'élé-
gance et d'harmonie (i). W — s.
BAROU DU SOLEIL (i)
(Pierre- Aistoine) , magistrat non
moins distingué par ses vertus que par
la fermeté de son caractère, était né
en ly^i 5 <^ Lyon, d'une ancienne
famille originaire d'Annonay. Il fut
fait , en 1766, avocat-général , et en
1770, procureur du roi en la séné-
chaussée et siège présidial de Lyon.
Possesseur d'une fortune assez consi^
dérable , il consacra ses loisirs a la
culture des lettres et des arts (2).
Sa maison devint le rendez-vous
des personnes les plus spirituelles,
et les étrangers y recurent un ac-
cueil honorable.il comptait au nom-
bre de ses amis Us j)lus célèbres lil-
léraleurs* et les rré(pients voyages
qu'il '^ai.'iait h Paris lui fournissaient
l'occasion de resserrer des liens for-
(i) Apir.H In sii|>])rcssiriii «les ji-siiilrs, l'ubl)!'
Darolti roiiipitsii plu.sii'iiiii podsics rpi^'i'uiiiinii-
tic|nes foiilre Ic-s c.ipiicins fip|M'lùs ù leur suctct-
«ler tluiin la iilu|>;irl «lii <i>l|<"'{,r« il'lliilir: l'iiii-
Inrilf priiitiCKiilr eiiijx-tlia la piiblicalioii rlc ti-a
snlircs; main cllrs ( ircnlrniir iiKiiiirrriicH et
pliiniriirH ont <i«! n'iucillirs. Nonn roiiiiaissont
lin soiiiirl, où il liadjiii! iori ngiraiilniiiiit sur
lin capucin saiin rnlottr, «■)iplii|iiaiil Ir gâtant
()vi(|.. A T.
(i)r.'rst un fil fsilnr dans le viliapt- ilo IJcy-
lio»l, |ir<\<i (le Monllncl, qui avait apparli-nu à
la fcniillr (II- (nnllirr.
^a, llariMi i ■,[ l'im (les pliilologui'.s lyonnai»
qui Uriiif II iinprinier, rn ijG', 1rs wufiei ilo
Louil« I.ul>lii'.
BAR
mes par une estime réciproque. Ad-
mis à l'académie de Lyon , il y lut
plusieurs morceaux parmi lesquels on
dislingue des traductions restées iné-
dites de fragments de Sterne , de
Hugh Blair, de Ga j , etc. Le seul
ouvrage imprimé de Barou est l'is*-
loge de Prost de Rojer{Voy. ce
nom, XXXVI, i4-S). Cefuten i 785,
k la rentrée des corpsde magistrature,
qu'il prononça cet éloge , devant une
foule immense dont il excita l'enthou-
siasme (3). Ayant refusé de concourir
à l'enregistrement de l'éditdu 8 mai
1788, destructif de la magistrature,
il fut exilé par une lettre de cachet
au château de Brescou , près d'Agde;
et il y resta détenu jusqu'au renvoi
du ministre qui avait signé l'ordre de
l'arrêter. En reprenant l'exercice de
ses fonctions il prononça un discours,
véritable monument historique , re-
cueilli dans les Archives du Rhône,
XII , 43 1-34 • Loin de briguer l'hon-
neur, qu'il aurait sans doute obtenu,
d'être député de Lyon aux. états-
généraux, il quitta cette ville au mo-
ment des élections , et vint s'établir a
Paris , résolu d'y passir le reste de
ses jours dans le sein des lettres et de
l'amitié. Les excès qui, dès son début,
souillèrent la révolution lui rendi-
rent odieux le séjour de Paris j
et, n'espérant pas trouver à Lyon
le calme dout il avait besoin pour
exécuter les ouvrages tpril méditait,
Barou se décida pour Annouay où il
conservait encore quelques parents.
Des allaircs importantes l'obligè-
rent malhenreusemeut il faire uo
dernier ^oyage a Lyon, et il s'y
trouva dans le moment où les troupes
de la convention vinrent en faire le
siège. Llu président de sa section,
il no voulut pas décliner ce daiige-
(3) ^rchivts dn /lAJ/>#,«it, «9.
f
RA.R BAR ï7<)
roux linnnoiirj el il diil on fcllr: (|na- cents ronvoy.i Baroud cl ses associés
lik^ signer li's orili es (juc les ciiTOiis- (levaiil le hiliniial civil de la Seine
tances rcnilaienl nécessaires. En con- [f^. le M oui leur , an iv, n" i85).
séquence , après la prise de JiVon , Barotid sélail lenn cuclic pendant la
il fut tradnil devant la commission lerrenrj cl on no voit pas (jn'il ait
militaire établie par Dubois-Crancé, ])ris ancnne part aux divers évène-
ct condamné h mort le i5 déc. lyc)^. inenis de la rcvoliilion, ;i lacjnelle il
\}r\c jSoticc snr l>aron, pnbliéc par se montra lonjours fort opposé. £u
Hoissy d'An^las dans SCS jt^//(^/6'5 //;- 1798 il écrivit une brocbnrc con-
frrnirc's, Ml , '5'jj-Sj, a été repro- tre l'emprunt dont la baiicjne de Pa-
duite avec des noies dans les Arclii- ris oITrait de se charger, pour four-
vcsdu Rhône, X\\^ 26-54-. W — s. nir au directoire les moyens d'opérer
BAKOUD (Claude-Odile-Jo- une descente en Angleterre (1). Ses
SEPu), auteur de qnel([ues écrits sur diverses spéculations ne l'avaient sans
les finances, uaipilt KLyon en iy55. doute pas enrichi, puisqu'il fullong-
Après avoir exercé la profession d'à- temps détenu pour dettes à Sainte-
vocat dans sa ville natale, il vint à Pélagie el qu'il rouvrit ensuite soa
Paris où Galonné Pavait appelé pour cabinet d'avocat. On le consultait
l'employer sous sa direction. La con- surtout dans les affaires coramercia-»
fiauce que ce ministre luitémoignait les j et il a publié àcs mémoires dans
le fit bientôt entourer des spécula- des causes importantes, notamment
leurs intéressés a connaître d'avance ceux qui parurent en i8i 3^ pour Mi-
les plans du contrôleur-général qui, chel jeune, contre Reynicr, Boissière
s'aveuglant sur les suites inévitables et Guible, prévenus de faux en écri-
du déficit, ne songeait qu'aux moyens ture de commerce. A la restau-
de tromper la cour en soutenant son ration, il aborda l'un des premiers la
système de prodigalités. Baroud fut question de l'indemnité des émigrés 5
intéressé dans plusieurs affaires, no- et, dès le mois d'août i8i4, il fit dis-
tammeut dans le prêt que Caloune fît, iribuer aux chambres un mémoire
vers la fin de i 786 et au commence- dans lequel il proposait de leuraccor-
ment de 1787, a plusieurs banquiers, der dix-huit millions de francs 5
d'une somme de onze raillions cinq pour 0/0 en rentes sur le grand-livre,
cent mille francs en assignations sur assurant que cette somme représen-
le domaine pour soutenir les actions tait la valeur des biens confisqués. Il
de la compagnie des Indes et de celle reproduisit ce mémoire en 1816,
des eaux. Après la retraite de Galon- avec de nouvelles considérations,
ne, ce prêt fut dénoncé au conseil d'é- ._____-»_.______-_-_—_— ________
tat ; el un arrêt, dont les événements (■) Cet emprunt pour la (/«cf/?/eeH ^n^^/eierre,
publics SUSpendircntl'exéculimi, con- «""t ''«"".once do lV.p..aition d'Eppte. Les ac-
r l ^ a.v,v«.>.wij, vwn tions étaient de inUle francs. La liste originale
damna les banquiers qui avaient reçu de la souscription queje posbède, commciice |)ar
„ Il „ 'I ,-, , / ■" Bonanarte qui signe pour vinfjl-ciuq actions, et
cette somme a la restituer au trésor, JJ^i^J,,, ouvrard quis-mscrit pour «ix actions.
s'ils ne iuslifiaieut de son emploi dans Ce fut pour ce dernier nomhrc que M-nèrent
V ./■ '. Il- T ', • ., Barras, La Révrillère-Lépaux, .Mrrlin.Rcwbell et
1 intérêt public. La convention prit p,.anrois de iNeukb.iteau. directeurs, n y eut ,
connaissance de celte affaire: mais parmi les banquiers, des souscriptions pins for-
I. . ■n f I /- tes. Les «généraux, les ;ninistres, les agents de
elle ne put rien statuer. JLlltin, le 26 change, les deux conseils des anciens et des
iuin 1706, sur le rapport de M. Pe- cinq-cents, le po.tc No-aret, Panckoncke, li-
i , '.^ .i > 1 Ml • braire, et beaucoup d autres citoyens signèrent
let de la Lozère, le conseil des cinq- cette lisle comme preneurs d'actions. V— .ve.
12,
i8o
BAR
raaîs sans plu3 de succès que la pre-
mière fois. Oq sait que rindemoilé ,
basée sur des documents plus authen-
tiques que ceux de Baroud, a été ré-
glée à cinquante millions par la loi
du 28 avril 1825. Baroud était mort
l'année précédente, au mois de mai ,
âgé d'environ 69 ans, d'une fluxion de
poitrine causée par l'extrême clialeur
3u'il mit a plaider sa propre cause
evant un tribunal. W — s.
BARRABAIVD ( Pierre-
Paul) (i) , l'un des peintres d'oiseaux
les plus distingués que la France ait
produits, était fils d'un ouvrier de la
manufacture de tapis d'Aubusson.
Né dans celte ville, en 1767, il an-
nonça de bonne heure des disposi-
tions remarquables pour le dessin.
A seize ans, il vint a Paris, où il en-
tra dans l'atelier de Malaine, peintre-
dessinateur desGobelinsj mais bien-
tôt il fut en état de se passer de
maître, et n'étudia plus que la na-
ture. Il s'était déjà fait uneréputalion
par quelques petits tableaux defleurs
qui promettaient un rival à Van-
Hujsum, lorsque le célèbre voyageur
Le Vaillant le chargea de dessiner
et de peindre les oiseaux de sa col-
lection. On n'avait pas encore l'idée
de la perfection a laquelle Barraband
atteignit dans les planches qu'il exé-
cuta ipoiirV Histoire des oiseaux d'A-
lri(|ue,des perroquels, et surtout des
oiseaux de paradis ( yoy. Ll Vail-
lant, XLVII, 264). Il se vit dès-
lors accablé de dt-inaïuies* mais, la-
borieux, et travaillant avec une faci-
lite rare, il put fournir des planches
(i) (jiii-lques l>i(i|;rn|>li<-s lui duiiitrnt li^ nom
do Jiici/itej , et lu font iiiliiro «mi 1771; in.iis,
duii* »on Ilixtoirj de l.a Man-he, II. 1 1 J. M. Jnii-
lirtiu, i|uc nous uvouii «lit crnii-t! uiit-nx iiintiuit
di-s uiirticiiluritr'M (|uî coiicitui-iiI iiu df s<'s nni.-
piltioluii, rei.lilio lu dati; dti hji iiitis.^uiu'i!, ri lui
uitrihuo (ou jitt'ikuiiiM (ju'uit lit (>• UJlc \\v K't
iirliclfl.
BAR
au Buffon publié par Sonnini, à
Y Histoire des insectes de La treille,
et au magnifique ouvrage sur l'E-
gypte, que préparait une commission
de savants et d'artisles(^. Fourier,
au Supp.) Dans le même temps, il
trouvait encore le loisir d'exécuter de
nombreux dessins pour la manufac-
ture de Sèvres , dont il contribua
beaucoup a étendre la réputation.
En i8o4, Barrabaud peignit d'après
les dessins de M. Percier, le pla-
fond d'un cabinet portatif^ destiné
h Joseph Bonaparte' et dans cet
ouvrage il se montra l'égal des an
ciens maîtres flamands et hollan-
dais, si fameux par leur belle cou-
leur. Il fut ensuite chargé de dé-
corer la salle k manger de St-Cloud.
En 1808, il obtint une médaille d'or
Four deux oiseaux qu'il avait mis à
exposition, et qui furent acquis par
l'impératrice Joséphine, pour les pla-
cer a Malmaison. L'année précéden-
te, par un décret daté de Varsovie,
le 2 5 janvier, Barraband avait été
nommé professeur de l'école des aris
h Lyon. Il tomba malade peu de
teiflps après son arrivée dans cette
ville, et il y mourut le i*" octobre
I 809, âgé seulement de 4-2 ans. Un
monument K la mémoire de ce grand
artiste, construit aux Iraisde ses élè-
ves, décore le principal cimetière de
Lvon. W — s.
'BAnUAIUOIV (François-M.v-
p.iE-LouKs), (lirecleur-géuéral de
l'cnr» gislieiiienl et des duiiiainis de
France, ollie un des exemples les plus
remar(|uables des avantages que pro-
curent , dans les révolu lioiKs politi-
que.s, nue grande flexibililé cl une
absence de loule opinion réelle. Né le
10 juin 1746 , h Gourdiin en (îasro-
giie, il entra de bonne heure dans la
c.irrière où il a obtenu de si gi.uuls
succès, et dans lacpidle son père avait
^Ic receveur cl insjiccliMir. l'"l.iiit
venu dans la ra|)ilalt', il y ()I)liiil iorl
jciiiic. dans les Inircaiix de ccllo nd-
iiiinislrarioii, nn oin[)lol do dirccliMir
de correspondance, puis de clicf de
division. Il était direcltnir des do-
maines Iors(|iiL' la révolution cojn-
nu'U(^'a, et par \c crédit du ininis-
Irc de Lessarl, d fui nommé aclivii-
nistraliur en 1790. Chargé ainsi
de diriger et d'organiser celte parlia
du revenu public dans les temps les
plus orageux , il obéit sans scru[)ulo
et sans murmure a tons les pouvoirs
fjui se succcdi-rent ; il les seconda
dans tous leurs systèmes, fil exécuter
toutes les lois de confiscation . de sé-
questre • et s'il n'en augmenta pas
la rigueur , il est au moins sur
qu'il ne fil rien pour les adoucir.
Après avoir su, par son impassible
soumission , conserver son emploi
pendant tout le règne de la ter-
reur, il le conserva encore sous le
directoire et sous le gouvernement
impérial. Sa faveur parut augmenter
à cette épo(|ue , et il fut nommé ba-
ron. Cependant Napoléon ne voulut
pas qu'il fût membre du corps législa-
tif ni du sénat-conservateur, bien que
plusieurs fois il lui eût été présente
comme candidat. Sous le règne de
Louis XVIII il n'en lut pas ainsi ; dès
le mois de juillet 181 5, ce prince
le nomma directeur-général , et lui
donna six mois après le titre de
conseiller d'état. Après la dissolu-
tion de la chambre introiauihle ,
en sept. 1816 , lîarrairon , qu'ap-
puvail le ministère, fut envoyé par
le déparlement du Lot à la cbarabre
des députés, où il ne se montra jamais
comme orateur, mais où il siégea con-
sLammenl au centre , ne manquant
pas une occasion de faire ]M'éva!oir
les projets du gouvernement. Le
rainistèie , reconnaissant , le lit
I5AR
8r
comte et oiïicier de la Légion-d'llon-
neur. Sdi^ncni de conserver un pa-
reil déjiulé , il l'avait nommé en
1820 président du collège électo-
ral du déj)arlemeiit du Lot, où son
élection était assurée , lors(ju'iI
mourut dans sa terre de Chàleau-
llegnaull (ju'il avait eue de sa secon-
de femme. Le curé de celte petite
ville hésita d'abord ii lui accorder la
sépulture , a cause de son divorce ef-
fectué sur sa demande en i yyS; mais
il y consentit enfin par rinlervention
de l'autorité, M — u j-
BARRAL (Vincent), né à
Nice, en.brassala vie monastique dans
l'abbaye de Lerins, et y fit profession
le 12 mars 1677. Il recul le bonnet
de docteur en théobjgie , fut fait
abbé titulaire, et mourut a Palerme,
en Sicile, au monastère de Si-Benoît.
On a peu de documents sur la vie
de ce religieux ; mais la compila-
tion dont il est l'auteur doit sau-
ver son nom d'un injuste oubli. Cette
compilation a pour titre : Chvonolo-
gia sajictoriun et aliorian virovwn
illiistriiini ne abbaiiun sacra? in-
siilœ Lerinensis , etc. , siimplibus
P. Rigaud , Lyon, 1610, in-4-".
Située sur la côte de Provence ,
au midi de Fréj-.iS et d'Antlbcs, l'île
de Lerins occupe une grande et belle
place dans nos fastes ecclésiastiques^
elle fut, au V'' siècle , la retraite où
s? fortnèrcnt les saints, le séminaire
d'où .'^orlaient les grands évêques des
Gaules . et l'académie où s'élevaient
les savants. Saint Honorât, (pii plus
tard occupa le siège d'Arles, avait
fondé un monastère K Lerins vers Tan
410 ; la venaient se réfugier, comme
dans uii port assuré et propice à tout
le moiide (1), Icsbommes qui por-
taient dans le cœur (juebpie triste
(1) In porlum rrligionis cunclis soiiiper fidis-
simuiii. Viuccnt. Leriu-, C'jmmoniloiin'n, |,
i8a BAR BAR
plaie , ceux qui avalent senti ce creur vainement ailleurs. TJn article assez
Brisé par quelqu'une des peines de la étendu sur Barrai est inséré dans la
vie , ceux qui se trouvaient agités Bibliotheca henedictino-casinen-
de celte inquiétude sans but qui 5/5, d'Arraellini , tom. II, p. i6 , et
souvent précède de grands maux, dans Ziegelbauer, H/5^or. re/ /if/e-
Bientôt avec l'immense concours des rariœ orclin. S» Benedict. , lom.
solitaires que recevait cette paisible IV, p. 122. Z. C.
retraite, l'occident put se vanter aussi BAPiRAL (Joseph-Marie de) ,
de sa Thébaïde qui , dans ses sages connu aussi sous le nom de marquis
institutions , rappelait quelque peu de JMontferrat, était issu d'une ail-
les règles et les statuts des Pères de cienne et illustre famille du Dau-
l'Égypte.c. Quelle assemblée de saints, pbiné qui a fourni plusieurs magistrats
dit Eucher, quelle famille de pieux distingués au parlement de Grenoble,
personnagesn'ai-jepoint vue là(2)! » Né dans cette ville en 1742, il y fit
Le même auteur fait un magnifique d'excellentes éludes, et montra da
éloge tant de Lerins que des céno- bonne heure un goiit décidé pour la
bites qui la peuplaient. Césaire d'Ar- littérature latine. Ayant obtenu les
les , Homélie, XXV (3) j Hilalre , dis|>enses nécessaires, il fut, a vingt-
Oraison funèbre de saint Ilonoratj deux ans, reçu conseiller au parle-
Sidoine Apollinaire, lettre a Faus- menlj et plus lard (1767) il acquit
tus (4), et d'autres écrivains qui une charge de président a mortier,
avaient passé par cette solitude, épui- qu'il remplit avec autant de zèle que
sent pour elle toutes les formes delà de délicatesse. Les devoirs de celte
louange. Or, Barrai , dans sa Cliro- place ne l'empêchèrent pas de culli-
nologie, s'est proposé de réunir, ver les lettres; et dans ses loisirs il
comme en un seul faisceau, toutes les composa plusieurs morceaux que sa
richesses littéraires qui se rattachent modestie ne lui a pas permis de pu-
à Leiins. Son livre nous offre donc blier, où l'on trouve ce goùl pur et
la vie de saint Honorât, les Œuvres cette facilité qu'il avait puisés dans
de Salvien, le Commoniloire Ac^m- le commerce assidu des bons auteurs
cent, etc. , quelques pièces de vers, de l'antiquité. Il fut l'un des fotida-
Acs liymnes, et des notices inléres- leurs de la bibliothèque publitjue de
saules. Tout cela, s'il faut le dire, Grenoble, crééeen 1772, el l'un dfs
n'est pas Irès-bien réparti; il y a premiers membres de l'académie de
confusion, embarras des matières; celte ville, où il lut plusieurs discours
Jes textes, pour l'ordinaire, mancjuenl intércssanls. Député par sa compa-
de pureté; mais, en somme, hiCliro- gnie en 1787, il Versailles, pour se
iiulo^ic (le Barrai peul être fort concerter avec le ministère, sur les
utile h ceux qui s'occupent d'antiqui- moyens de combler le déficit des fi-
lés ccclésiasli(|ues ; et l'on y trouvo nances, il eu revinl convaincu dr la
des documents que l'on chercherait nécessité de faire concourir, dans uno
égale |)r()|u)rlion, tous les ordres de
(1 <....., rgo iUic «onc.oru.n c;. .us convc... * «^'«it '»" P'iil'IUent dç rilUpÔI ; Cl Ca
ttiv|no vi.ii! De i.„Hii>- rvrm,. (lé 1» ihiau l, soit au siiu (lu parleijienl,
l>«rv.»ia .1 pim.a thm- v..ir«i,.r . innumnahiio. «"i' daus Ics asseinhlces l)aillia)»eres,
t.uii.ii inoi.tis ml nriiiiii iiMHissr «ogiiuM iiiii . cc uri ucipe d'égal lié (jui trouvai! alors
Mimli in calum moutos, iic. bcaucoup (Ic coulraUiclcurs, il acquit
BAR.
iihc grande popnlarilé dans sa pro-
vince'. Illu iiKiire do (irciiobli- eu
1789, il se servit autant (jii'il put de
son iidliiciu'c pour inodéror les pre-
miers élans d nue rcvolulion dont le
signal avait élé donné par les Daiiplii-
iiois. A 1 orir-inisalion des admiiiis-
tratious déparicnionlalcs, en 1790,
il fui lait président du département
de risère, et Tannée suivante, juge
au tribunal de cassation. Ennemi de
tous les excès, il ne larda pas K être
suspect aux chefs de la faction san-
guinaire qui s'était emparée du pou-
voir j son nom fui inscrit sur les laides
des prescripteurs, et sans le 9 ther-
midor il aurait augmenté le nombre
des victimes. A peine de retour a Grc^
noble, il reçut de ses concitoyens une
nouvelle marque de confiance h la-
quelle il dut être très-sensible. Nom-
mé commandant de la garde nationale
eu 1795, il employa son autorité k
maintenir Tordre. Apl-ès le 18 bru-
maire, il fut honoré pour la seconde
fois du titre de maire de Grenoble ;
ot il ne quitta cette place qu'à la
réorganisalioQ de Tordre judiciai-
re , pour remplir celle de pré-
sident du tribunal d'appel. En i8o5,
il fut élu membre du corps légis-
latif pour le département de TIsère.
Il en sortit en 1808, et peu de
temps après, il fut notnmé premier
président de la cour impériale de
Grenoble, place qu'il occupait encore
a la restauration. Ayant eu, pendant
les cent jours, la faiblesse de partici-
per a Torganisation de.*^ corps de fé-
dérés , il fut, au second retour des
Bourbons, mis a la retraite sans trai-
tement. 11 supporta cette disgrâce
avec courage, se conso'ant par Té-
tude des rigueurs du pouvoir. Bar-
rai mourut le I 4 juin 1828 , a 86
ans. Soiis Tempirc, il avait été créé
baron et oflEcier de la Légiou-d'llon-
BAR
83
licur. Oniro quebjucs discours insé-
rés dans le-, recueils des sociétés lit-
téraires et agricoles dont il était
membre, on lui doit une Description
du ([('ixirleincnL de V Isère , Gre-
noble, 1800, in-8" de/|0 p. Cette
description, beaucoup trop succincte,
fut imprimée par ordre d(! l'admi-
nistration centrale. W — s.
BARRAL ( André -Horace-
François , vicomte de) , frère cadet
du précédent, nacpiil a Grenoble le
i*''^ août 174-5. Il embrassa jeune la
carrière des armes, obtint une sous-
liculeliance dans le régiment de La
Ferronaye , et fit les dernières cam-
ppgiies de la guerre de sept ans.
Attaché depuis à l'état- major du gé-
néral Bonrcet(/^. ce nom, V, 553),
il parcourut les Alpes depuis le col
de Tende jusqu'au Saint-Golhard j et
rédio-ea sur celle chaîne des Mémoires
o
qui lui firent beaucoup d'honneur.
Nommé major dans les dragons de
Noailles, il fit, eu 1782 , partie de
Tàrmée qui s'assemblait a Cadix. Au
mois de décembre 1791 , il fut crée
lûaréclial-de-camp, et , Tannée sui-
vante, employé k Tarmée des Alpes,
sous les ordres de Kellermann. Ayant
été désigné par le comité de salut
public pour servir dans la Vendée, il
ne crut pas devoir accepter un poste
qui Taurait forcé de corabatlre des
Français, et il profita du voisinage
de la frontière pour passer en Italie.
Après le 18 brumaire, il fnt rétabli
dans son grade de général , faveur
qu'il dut k la protection de M""^ Bo-
naparte, dont il était Tallié par son
mariage avec la fille de la comtesse
Fanny de Beauharnais [V . ce nom,
ci-après). INommé préfet du Cher en
i8o5, il conservacelle place jusqu'en
1812 , époque où il demanda lui-
même sa retraite . Il babllait sa terre,
près dé Voiron, lorscpic l'invasion des
i84 CAR BAR
armées aillées, en i8i 3, vint Tarra- vicaire et arcbidiacre de son ëgli-
chcr au repos donl il jouissait depuis se. En lySB , l'abbé de Barrai fut
quelques mois. A l'approche des nommé agent-général du clergé, place
Aiitrlclilens, il se mit a la lèle d'une alors importante par les fondions el
poignée de soldais et défendit vail- les prérogatives cjui y étaient atla-
lamment le poste important des cbées. L'évêque de Troyes, son oncle
Eclicllcs; mais, obligé de céder au l'obtint pour coadjuleur; et le non-
nombre, il se replia sur Grenoble, veau prélat fut sacré le 5 oct. 1788,
Aux talents du général et de l'admi- sous le litre d'évèque d'Isaure. En
iiislrateur , Barrai joignait des con- 17901! succéda h son oncle qui donna
naissances très-étendues en histoire, sa démission. Il était a peine entré en
Pendant son séjour a Bourges , il fonctions, qu'on lui demanda le ser-
avait profité de ses loisirs pour faire ment prescrit parles décrets de l'as-
des recherches sur les antiquités du semblée nationale. 11 adressa des let-
Berry, el il s'occupait de les mettre très aux électeurs du département et
t?n ordre, lorsqu'il mourut, le i5 a l'évêque élu de l'Aube 5 mais peu
août 1829, a 86 ans. On a de lui : après les progrès de la révolution le
I. Mémoire sur les usines em- forcèrent de quitter le royaume.
plojées à la fabrication du fer L'Allemagne fut son premier asile ;
dans le département du Cher. Ce de la il passa en Angleterre , où il
travail imporlanl, inséré d'abord dans resta jusqu'en 1802. Dans cetinter-
le Journal des mines, tora. XXVI, a valle il publia quelques écrits sur
été pu) lié séparément, Paris, i8o5, les serments et soumissions exigés
in-8°. L'auteur y promet un /ly^V/iOfre des prêtres en France pendant le
^wr/e.s;/»/^'/^ du même département; cours de la révolution. M. de Bar-
mais il n'a point paru. II. Lettre à rai était d'avis qu'on pouvait les faire,
M. Eloi Jolianneau en réponse à et il développa sou opinion dans une
un mémoire de M. Monge sur les lettre à L.-M.-C. Butler, el dans la
signaux chez les Gaulois, Mém. Réponse au véritable état de la
(le l'académie celtique, lom. II. <7/^6's//o/^. Eu 180 i , les évêquesfran-
lîarralélail membre de cette académie cals qui se trouvaient a Londres dé-
depiil» sa forulallon. W — s. libérèrent entre eux sur les demandes
BABIUAL ( Louis - Matuias de démission (jue leur faisait Pie MI.
de), archevê(jiie de Tours, frère L'évccpie de Troyes fut du nombre
des précédents , naquit a Grenoble , des cinfj qui jugèrent qu'ils devaient
le 26 avril 1746. Desllué h l'é- se démettre. En consé(picnccles por-
tât cctlésia.sthiue , 11 vint achever tes de la France hii furent ouvertes ,
ses éludes au séminaire de St-Sul- el on le nomma arévêché de Meaux.
nice a Paris, el fit sa llccMice dans II porta dans l'admlnlslrallon de sou
la maison de Navarre. De l'espril, diocèse l'esprit de eoniHlalion qui
de la finesse, de la facilité pour l'avait toujours animé , el fut trans-
ie travail, lui concilièrent ralTertion féré eu 1 80:1 à l'archevêché de Tours,
du cardinal de JiUynes, archcvè(pie Lue lettre de lui, lusérée vers celle
de Se.is, (pil reuiuiena a I\ome,el le époijuc dans le Moniteur, lui fait
lit son coi.clavisle, lorsipi'il s'.igil de honneur- elle avait pour ohjcl de
donner unsuccesseur à Clément Mil. venger le cardinal de Hoisgelin, son
Depuis le cardinal le nomma grand- prédécesseur, des impulalious de La-
l.indedans snn diMixii'iiu' Siipitlcmcnt
(lu (/ictionnairc t/cs at/ir''S (i).
Il ciil (l.iiis le ninne Iciiips , avec
Ir jM-i'lVl Pommcrnil , (jiu-hjucs dc-
imMi's où K' j^ouviTiicmciil rapjnija,
cl mniio lo vengea des sottises do cet
lîoininc bizarre. En 1806, ce prélat
fut fait sénateur et premier aumô-
nier de iM""' Murât, puis de Timpéia-
Irice Josépliine dont il se disait pa-
rent et qui avait pour lui beaucoup
d'eslimc. Napoléon se servit de M.
de Barrai dans ses dilTérends avec
Pie VII. Ce fut. sans doute h son in-
stigation que l'arcbcvèfpie écrivit au
pape, le 4- août 1809, pour solliciter
les bulles i\çs, évèques nommés; le
moment n'était pas bien choisi;
Pie VII , enlevé de Rome , é-
lait traîné captif dans le midi de
la France. Le prélat fut membre
(\qs deux commissions formées à
Paris sur les affaires de l'église a
la fin de 1809 et au commence-
ment de 1 8 1 1 . Les réponses de ces
commissions appartiennent K l'his-
toire ecclésiastique de ce temps. On
dit que M. de Barrai eut beau-
coup de part îi la rédaction des
réponses , où l'on voit une extrême
complaisance pour celui qui était évi-
demment l'auteur de tous les trou-
bles. En avril 181 1 , il fut envoyé a
Savone où était le pape ; les évéques
de INantes et de Trêves l'accompa-
gnaient. Ils devaient tacher d'obte-
nir du pontife prisonnier quelques
concessions. Ils rapportèrent en effet
un ])rel (pii faisait espérer Tinstitu-
tion canonique pour les évêcpies nom-
més ; mais ce bref, qui n'était pas
signé, ne parut point assez authenti-
que au concile qui s'ouvrit peu après
(i) Traducti'ur c\\ vers des H '•rouies amou-
rrusrf. d' Oiii/f , il est cfrtaiii «juc !<• cnidiiial s'é-
lail (ail dans le monde une réputation assez
(■fjuivorjnc , sous !c r.iiiiiort dt sa croyance.
V— vz.
15 AU
i«5
Il Palis, v\ les dé|)utés de Savone
lurent vus d'assez mauvais œil j)ar
leurs collègues. L'archcvccjue de
1\iurs fil encore partie d'une seconde
(léimlalion envoyée a Savme ;i la fin
d'août i8ri , ei (pii ne fut pas pbis
heureuse. En i 8 i :i et 181.^) on l'en-
voya plusieurs lois a Fontainebleau,
au])rês du pape qui y avait été trans-
féré, et on l'employa dans différentes
négociations qui n'eurent aucun ré-
sultat. En 18 r 4-, il fut, en sa qua-
lité de sénateur, conservé par le
roi dans la chambre des pairs. Il pu-
blia alors des Fragmcnls relatifs
à r histoire ecclésiastique des pré-
vue re s années du J\/A'" siècle^
in-8". Cet écrit, auquel il ne mit pas
son nom , ne parut pas le justifier
pleinement, et on lui a même repro-
ché quelques altérations dans les piè-
ces qu'il y avait insérées. A la même
époque, il prononça, dans l'église
de Iluel , une oraison funèbre de
l'impératrice Joséphine , qu'il fît
imprimer. Choisi dans les cent jours
pour dire la messe au champ de mai,
il tomba dans une nouvelle disgrâce
au second retour de Louis XVIiï, et
fut rayé de la chambre des pairs par
l'ordonnance du 1 4- juillet 181 5.
Sensible a cet affront , il adressa au
roi un mémoire pour sa justification,
et envoya en même temps sa démis-
sion a laquelle il devait peu survivre.
Une attaque d'apoplexie l'enleva su-
bitement le 6 juin 1816. L'année
suivante, Talibé de Barrai, son frère,
publia un ouvrage posthume du pré-
lat , sous le titre de Défenses des
libertés galliea/ies, in-4." de 44- P-
C'est la réfutiilion des quelques écrits
qui avaient paru en Angleterre • elle
n'est point achevée. L'abbé de Par-
ral V joignit une Notice sur la vie
politique et les écrits du prélat.
Cette notice, en 33 pages, contient
ï86 BAR BAR
très-peu de faits, et n'a pas une date, cinq premiers directeurs de la répu-
Oii n'y dit rien du rôle que l'arche- blique française, naquit le 20 juin
vêque avait joué dans les affaires de 17 55, a Fos-EmpVioux, village de la
Féglise. Ce prélat avait annonce une Provence. Il était laîné de trois frè-
suile à ses Fragments pour ce qui res de la branche cadette d'une an-
concernait l'histoire de l'église j on cienue famille originaire de Digne,
croit que cette suite existe, mais elle et si ancienne qu'on dirait prover-
n'a pas vu le jour. P~c-t. bialement: ce Noble comme les Bar-
BARRALIER (Honoré-Fran- « ras, aussi anciens queles rochers de
çois-Noel-Dominique), jeune litlé- « Provence. » Ce fut chez son oncle,
rateur à quiBaillet n'aurait pas man- chef d'escadre , qu'alla descendre,
que de donner une place dans sou li- dans son voyage en Provence , MoN-
vre des Enfants célèbres, mais qu'on sieur, depuis Louis XVIII. Le jeune
nous reprochera peut-être d'avoir ad- Barras fut élevé avec peu de soin
mis dans la Biographie, naquit a Mar- dans son pays natal. Ké avec des
seillccu i8o5. Doué des dispositions passions vives et un guùt effréné pour
les plus heureuses, il montra de bonne les plaisirs , il commença de bonne
heure un penchant pour les lettres que heure sa carrière militaire, en qua-
sonpère, avocat tlislingué du barreau lilé de sous-lieutenant dans le régi-
de Marseille, encouragea par tous les nient de Languedoc j mais ses fre-
raoyens qui étaient en son pouvoir, daines l'en firent sortir en 177 5.
Après avoir fait ses premières études On l'envoya alors à l'Ile-de-France ,
sous la direction d'un hahile précep- dont un de ses parents était gouver-
teur, il suivit, au pelit séminaire, les neur , et il y entra dans le régi-
cours d'humanités et de rhétorique, ment de Pondichéry. Se rendant à la
A quinze ans, il commença son cours cote de Cororaandel, il faillit périr,
de philosophie; et il se proposait en Le vaisseau quile portail, assailli par
le terminant d'aller a Paris pour s'y la tempête, donna contre des écueils
livrer a l'élude des langues orienta- qui bordent les Maldives. Tout Té-
lés. Mais, ayant pris un bain eu sor- quipage s'abandonnait au désespoir,
tant de table, il mourut, victime de lorsque, tirant les matelots de leur
celte imprudence, le 24 juillet 1821, stupeur, Barrasleur fit construire un
a 16 ans et quatre mois. Dans un radeau, monta dessus avec eux, et
âge si tendre. Il avait déjà composé réussit h gagner une ile habitée par
plusieurs ouvrages dont le sujet an- des sauvages. Un mois après, il tut
nonce une maturité rcmar(|uable. secouru cl Iranspoité avec ses com-
Le seul «pie r(jn connaisse est un pagnons h Poudiclicrv. Son aveulure
Discours sur l'imniorlalilc de l\l- cul uu certain éclat, et lui valut
me, ouvrage poslliume, Marstille , ([uehpie renommée. Lu peu plus
1822, in-8". On cite encore de lui, lard, il concourut, sous les ordres du
outre des /706'5/c'.s couronnées par une général Belle-Combe, a la déleuse do
.soiiélé littéraire, m\ Tablenu tics Pondichéry, investi par les Anglais.
nui'urs des anciens cumjKincs à vVprès la reddition de la ville, il as-
celles des modernes y dont son pèru sisla , sur l'escadre de Snffren , au
promtll.iii 1,1 publication. VV — s. c()nd)al delà Progua. Ayant ensuite
W \ U RAS ( I'aui.-Fuancois- jiris parti dans Tlnde pour son pannt
jEAN-iNiciOLAs^ coiulo dc), luu dcs Ic ^ouvcrucur, coutrc le miuislèrc,
BAR «A.R 187
il eu «îpronva du (K'saf^rcmcnt cl 1790, il y ()I)iini par de violentes dc-
donua .sa démission. I)i> rcloiir eu clainalioiis , (jm li|iic ascciidaiil sur
Franco avec le ^laili; de cajiilainc , la niulliludo (i). On le nomma
il vinl il \\ir\s , el s'y livra ii son adniinislralrur du (lci)arleineiil du
goùlpourle jeu cl les leninies,cc (jui V^ar, puis juré à la liaule-cour d'Or-
uéranj^ea sa forUine, d'ailleurs iné- léans, cl enfin, au mois de .septembre
diocre. Ou le confondil souvent avec 179-5 député a la convention nalio-
son frère le chevalier, duntla passiou uale, où il siégea dès le commence-
pour le jeu était cucore plus violente , ment sur la crête de la Montagne , et
et (pli a fini par en être la victime, où il vota la mort de Louis X\l, sans
Inirras réiaMit un peu ses alTaires appel et sans sursis. Envoyé en sept,
par sou mariage avec M ' Templier, 1793 ? dans le Midi avec Fréron, il
îille d'uu négociant de Colignac. se porta vers Toulon, au moment oii
Mais , préférant le séjoui de Paris , cette ville s'était livrée aux Anglais,
il continua d'y habiter tandis cpie sa pour se soustraire au joug delà con-
femrae restait en Provence. Ainsi il vention. Il courutalors les plus grands
se trouvait dans cette ville au mois de dangers : après avoir échappé en
juillet 1789, cl il fut présent a la combattant, a des gens aposlés qui
prise de la Bastille. Il est faux que dès- attaquèrent sa voiture a Pignans, il
lors il ait manifesté des opinions ré- s'embarqua à Saint-Tropez , arriva
volutionnaires : bien qu'on ne le de nuit aNice, et arrêta au milieu de
rangeât point de même que son frère, son armée , le général Brunet , qu'il
parmi les adversaires de la révolu- accusa d'avoir été avec le contre-
lion, qu'on désignait sous le nom d'à- amiral Trogoff, l'auteur secret de la
lislocrates, il penchait ouvertement reddition de Toulon. Il mit ensuite
pour le parti de la cour. Appelé en état de siège Marseille , où il se
comme témoin devant le Cliàlclet, montra néanmoins un peu moins
dans la procédure sur les attentats cruel que son collègue Fréron. S'é-
des 5 el 6 octobre , il déposa ; tant porté immédiatement sur Tou-
tt qu'ayant entendu trois individus Ion , il suivit lui-mèuie toutes les
0 dire des choses aflreuses contre le opérations du siège de cette place.
tt roi et la reine, il avait voulu leur Son premier soin fut d'éloigner de
a représenter l'innocence du roi: • \
1 . r,' 1 "1 ■) ' (i) D«^lé2fué par le club des Jacobins de Mar-
« mais qU ayant ele mal reçu, il s e- seille, Banas vint à Avignon en .79., pour y
« lait éloiffllé en frémissant d'hor- opérer une réconciliation entre les deux pai-lis
•P , , ... qui avaient fait la révolution. Mais tout rap-
CC reur. » L«eS eveuemenlS qui suivi- pfochement était impossible entre des hommes
renl amenèrent de o;randschanorementS désintéressés qui n'avaient voub. que rendre le
j ..'-'., A ' • 1 pays français, et une faction anarchique dont
dans ses opinions, el il parait évident Uuprat.Mainvielle.Rovère, etc., étaient les chefs,
(lue voyant la révolution devenir la ^l^^'"' "^ 'aspirait que le meurtre et le pillage.
* J • 1 1 r Barras ne pouvait réussir dans une negotia-
reule du pouvoir et de la fortune, ce tion où le maire d'Arles, avec plus détalent, avait
fut par calcul qu'il s'en Cl partisan. '"^T, ^^.°^- VT''" ' V; 3'^«)- ^«^îr';
^ r, ^ , 1 1^1*1. ncwii. vu (le toute instruction , parlant peu et parlant
C'était d'ailleurs un de ces hommes mai, Barras paraissait alors doux, froid, timide,
1 • fi ' il J ' 1 apathique, irrésolu, cl il était loin de faire en-
(p.l, par leur immorallteetle desordre trevoir cette ambition, ce caractère dominateur
de leurs affaires , appartiennent né- qu'il déploya dux ans après. 11 séjourna envi-
, . , , « 1 r ron deux mois à Avi-Mioii, et V resta neutre , di-
CeSSairemenl a toute espèce de re- nant chc/.MainvielleoucbezDuprat, etsoupant
Volution. S'étant rendu en l*r0- chez le père de lanteur de cette note , lequel
, , était alors commandant de la garde nationale,
veuce , verii le commenccmeuL de ou chez jon associé qui ««ait maire, a— t.
i88 BAR BIR
l'arint-e assiégeante le général en 44- ) (3). Selon Tusage Je ce teinps-
clief Cnrleraix, dans la seule vue de la, ils rendirent en nièine - temps
s'allribner les honneurs du succès, compte de leurs opérations h la con-
jVL'iis ce succès se fit long-temps at- vention nationale et à la société des
trndre : Tiinnée de la rcpub!i(]ue Jacobins, et par une cruelle dérision,
échoua dans plusieurs atlaipics ; elle ils annoncèrent « que les seuls hon-
élr.it dans Télàl le plus déplorable ; « nètes gens qti'ils eussent trouvés
et les représcnlanls commissaires , ce dans la ville , étaient les galé-
dcscspérant de réussir, avaient écrit «riens.» On conçoitque cettesociété,
a la convention qu'il fallait se retirer oii ils siégeaient parmi les membres
derrière la Durance, lorsque le gé- les plus exaltés, ne leur épargna
néral Dugommicr, secondé par l'acti- pas les éloges. Seul avec Fréron,
vite et Tintclligence d'un jeune ofii- Barras y tut nominativement ex-
cierd'arti'lerie, Bonaparte , réussit h cepté des plaintes portées par 4oo
s'euiparcr des forts des Anglais, et sociétés populaires de ces contrées,
les força de rentrer dans la place, contre tous les représentants qui y
Fréron et Barras désavouèrent alors avaie;tt été en mission. Cependant, il
la dépêche alarmante qu'ils avaient eut le malheur de déplaire à Bobes-
adressée a la convention ; et peu de pierre par l'excès même de son effer-
jours après, ils entrèrent dans Ton- vescence , et le redoutable dictateur
Ion. Celait Barras qui avait di^tln- avait résolu de l'envelopper dans la
gué le jeune capitaine d'artillerie, et grande proscription méditée con-
quiluiavaitfaitconfierladirectiondes tre ceux de ses collègues qu'il ap-
riucipales atta(jUf»s ( 2 ) , malgré pelait /es b/'ii^rinds dr la Monta-
opinion de son cidlègue Sallcetti , g'//^'. llelrancié dans son apjuartement
compatriote de Bonaparte , qui en au Palais-Roya' , où il avait formé
faisait peu de cas. « Il est faux ronime sous sa main une espèce d'arsenal ,
un jelon», dit-il à Barras, — «Cela Barras était lésolu de repousser la
est possible, répondit celui-ci, mais force par la force, et de mourir les
il est habile ; j'ai été frappé de Tin- armes à la main , plutôt que de se
lelligeuce qu'il a montrée pour éle- laisser traîner il réchaiaud. Dès (pfil
ver la première batterie. » Ce fut sut qu'une conspiration se formait
par Teffi t des batteries , (pie les An- contre Robespierre^ il se joignit aux
glais se virent coulra;nls d'évacuer la mcnd)res des comités, (pii , près
j)lace. Les commissaires représen- cou:me lui de péiir, tentèrent un ellort
lanls y exercèrent alors d'horribles pour renverser leur oppresseur. C'est
massacres ( foy. Fiuinoy , XVI, ainsi (ju'il devint un des principaux
auteurs de la révolution du 9 thermi-
dor au 2 (1:7 juillet 1794.). Wommé
F
(5^) Dniis I<-.<i ('(iinj)il;ili()ii<i •!(? Siiiiilr-llclrii)- nn _____^ —
f;tit iliiiï « l)')tiii|Mrli- «|iic «■(• fui un .iiilir rcj>rc-
flriit.'iiil, iiniiiiiii- (>ax|Miiii, (|iii nil iilof.s Ir lui-. (f)) ('.'(••it par l'iroiir <|uc notre collabora-
rilc «11? le (lislin'.;tnT ri ili' l'appri lirr ; innis il leur llfaiilirii u dit, a l'nriicUi 1''j»«»ow , qu«
c.<il (le liMile tiiitoi'ii'ii' i|ii(; ro JH> ILnrat. tins. Ir joimc llniiii|iari(i nvail lummuiulf l'mtillc-
p.iriii •'•tait sans cndit <•! iiiii» inllm;i)cr; c'ist rio ipii fui r!iai;;re de» masMurcH nj>ir» la
«•«• (|u' tlr!it('iit loiiH Ir.s liMiioi^iiaf^i-s, toii^ 1rs pi'iso de Toiiloti. Ton» U» («'inoi^ii «(;»•» i'( toiis
•'•tiil'« lin inrijxi; Kniriix «-lail ;iu coiilrairo, iiir- Ii-h r<n»( i,;iuiuriil.'» ikui!i oui onVil la {>hmivo
Inat pmir li i; nffaiir.s milil.iiiuH, riioiiiiiin m- <|np c«« inassurrr» fiiifnl pxrnitrs pur l'i-i funil-
flurnl, Ir iliiit i.iir primipal il" la roiiiiiii.s>l..ii. ladrs; f|ii'il n'v fut pa> rniplfiyc une seule pièce
Ou V 1111 pins lard ipicU II. util". Wap<ili()ii «le capoii , ri «pi'ainti il"* ""■• pun'iil pa-* riro dj-
n»ail j'onr ii ir ipi'il lui ml l"iii tl'oblipalion. rigi s par un oifuitr JaUiUrrir.
BAR li/VIl i8î)
n.ir SCS C()Ili'|?;u('s comin.iml.int de l.i chnr;'i' de l,i (lircclioii du l.i forccî
«;ardi' iialii)iialf df l'aiis, i-l srroiidc armcc, il il .n li(\a la dclailc duparli
par son! .;iilii\s rcprcsciilaiiLs, il dis- lorrorisle. On lui cordia ciisiiile diflc-
pcrsa li\s lriui]U'.s (rilonriol ci s'i'in- renies missions pour Papprovision-
para de lvo!)e,spierrc ; jinis après neiiienl. de l\iri.s , cl il (liri_L;ea la
avoir rendu coin|)lc à la eonvenlioii iorce armée (pii proU'^ea les arri-
dcs mesures prises cl du dévoue- vages. A Sain! -Orner il éloulfa les
ment «général cpii s'clail manifeste troubles occasionnés par le pillage
pour Texeeulion de ses décrels, s'é- d\\n convoi de grains , et fil traduire
tant démis du commandement, il ac- les sédiiieux au lri!)iiiial criminel. A sa
(jiiil par là de la popularité et beau- renlréedanslaconveulion il fut nommé
coup d'infliieuce. he 20 seplem- denouveaurundesmembresdu comité
bre , il dénonça Moïse liayle et de sûreté générale. C'élail Tépotpie
Granet comme lauleurs des derniers où la réélection forcée des deux tiers
troubles du midi, et comme ayant été des con\eiilionnels excitait dvs Iron-
ies ennemis de Maral : c'était encore blés, et où le])nrli royaliste cornmen-
alors un crime (jue j'arras lui-même cail a se montrer. Barras en prit oe-
ne devait pas tarder à partager, casioii de présenter a rassemblée
Inculpé a son lonr par Granet et par des réflexions sur la situation delà
Escudier comme dilapidateur, il fut république : il jura (prclle Iriomphe-
jiistifié par un décret. Eu novembre, rait des royalistes et des aiîarchisles,
nommé membre du comité de sûreté et quelques jours après, il proposa
générale, il se déclara toul-a-fall cou- des mesures contre les séditieux, et
IrelesMontagnards, etse jeladans le surtout contje les journalistes. Les
parti de la réaction, désigué sous le sections de Paris se déclarèrent con-
nom de Theivnidorieji^ parce qu'il tre la convention; et, la crise étant
avait renversé Robespierre le 9 ther- imminente. Barras parla avec force
midor. Pour ne pas perdre sa popu- contre les factieux, et demanda la
larité, il seprononça, en janvier I 795, permanence. Les colonnes section-
contre les émigrés du Haut et du Bas- naires ayant içarché le i3 vcndé-
Rliin; peu de jours après, il provoqua miaire (5 oct. 179^) contre la
la célél)raliouderanuiversairedusup- convention, Barras, qui avait sionalc
plice de Louis AVl, et voulant ui- ce mouvement cou. me dirigé par le
téresser le peuple h cette comme- parti royaliste, fut encore chargé du
moration , il fit décréter la remise commandement général de la force
aux indigents des effets engagés au armée. Ce fut dans cette circon-
Mont-de-Piélé. Peu de temps après, stance qu'il employa sous ses or-
il fut élu président. Lorsque le i''" dres Bonaparte qui depuis long-
avrd, laconvenlion fut assiégée par le temps sollicitait en vain, auprès du
peuple des faubourgs, qni venait lui comité de salul public, saréinlégra-
deraander du pain et la constitution tion dans le tirade de général de bri-
de 1793, Barras montra encore gade (/^07-,'lXAPOLiiON , au Supp.).
beaucoup d'énergie- il fil déclarer Bjarras l'emplova delà manière la
Paris eu étal de sièi^re, et donner le plus ulile , et ce fut rée'lemenl B.)-
commandemenf des troupes h Piche- naparte (pii (il touies les dispositions
gru, au([uel on 1 adjoignit pcndaiil le de défense. La convention triompha,
péril. Le 20 mai suivant, il fui el l'on vit Bari'as attribuer franche^
igo BAR BAR
ment au jeune général tous les hon- collègue K la conventio», il le fil
neurs delà victoire. Illouahaiiteinent, nommer ministre des finances, et re-
en présence de l'assemblée, les dispo- eut, pour prix de ce service, quelques
silions qu'il avait faites; sa nomi- poignées d'assignats ou de mandats
nation au grade de général de divi- sans valeur; mais il se fit adjuger
sion fut votée par acclamation, et aus- plusieurs propriétés nationales, entre
sitôt après on lui donna le commande- autres un hôtel dans la rue des Francs-
ment de Paris. Son protecteur Bar- Bourgeois, un autre dans la rue de
ras fut un des cinq directeurs créés Babylone, puis le château deRuel.Il
par la constitution de l'an III, et fit aussi dans le même temps l'acqui-
il alla avec ses collègues s'établir silion de la terre de Gros-Bois (jiit
dans le palais du Luxembourg. Ce devint k-la-fois son quartier-général
fut ainsi que commença, après la plus et son rendez-vous de chasse 5 tournis-
sanglante révolution, le retour gra- seurs, solliciteurs, chiens , chevaux,
duel des Français au gouvernement aventuriers de toute espèce, telle fut
monarchique. On a blâmé avec raison, partout la suite de Barras. Pendant
sous beaucoup de rapports, le système tout le ministère de Ramel il roula sur
qui fut adopté par ce nouveau gou- l'or et l'argent. Du reste, on sait
vernemcnl. Cependant il est juste de qu'en France , et surtout depuis la
dire que d'abord il comprit, mieux révolution, de pareils travers n'ont
que la convention, les moyens de ter- jamais fait beaucoup de tort au pou-
rainer a-la-fois les guerres du dehors voir 5 ils n'ôtèrent donc rien au crédit
et les dissensions de l'intérieur. Quant de Barras , et il est même sûr qu'il
a Barras , il s'occupa toujours beau- fut alors le plus populaire des cinq
coup moins des affaires que de ses directeurs j ce qui est plus remarqua-
plaisirs: il eut des clievaux , une ble, c'est qu'il était dans ce gouver-
raeule, des é(|uipages, table ouverte, nement le protecteur connu des an-
enfin une cour , de beaux aides-de- ciens nobles. Sa cour offrait un sin-
camp et de jolies maîtresses : mes- gulier mélnnge des plus grands noms
dames de Chàleau-Re^naull,Tallien de l'ancienne France et des hommes
ctBeauharnaisélaienlenquelquesorle les plus fameux de la révolution.
SCS sullanes favorites. Toutelois Bar- Qu'on ne perde pas de vue que lui et
ras, par la violence de son caractère, ses quatre collègues étaient investis
conserva un grand ascendant sur ses d'un pouvoir absolu ^ur l'armée, et
collègues j et, si ce ne fut parl'élo- qu'ils étaient portés "iuTlurellement h
quence, ce fut par sou énergie et son marcher sur les traces du comité de
auda( c qu'il domina souvent les déli- saint public. Quoi (ju'on eu ait dit,
bérations. ISc se montrant pas d'à- il n'est pas douteux que Bonaparte
bord d'une cu|/idilé criante , il ne n'ait rais tous ses soins h obtenir la
prenait rien, mais il se laissait donner faveur di' r»arras,et ipic clans celle
ein(|uanle, cent milli! francs par les ww il n'ait pas hé.sité K lui épargner
fournisseurs ol les lommesa grandes 1 ennui d'une passion Wf^cc ., eu rece-
aiïaires (|u'il ia\orisail. Ceint alors ^ant de sa main, pour feuinie , la
(|ueM""'TalHeuluiprésenlalelamenx Mine du général Beauharnnis, si cé-
Ouvrard (lui , j)0ur première al- lèbre depuis sous le nom de Timpéra-
fairc , obtint une fourniture de la Irice Joséphine. S'élant ainsi assuro
marine. Qiuinl îi Ramel, son ancien de la protection de Barras, Bona-
BAR
parle lui présenta romme inraillil)le
la con(|iR'le (le TlLiIic (in'il |ini[i()sa
de diriger lui-mèmc. C^niiol , doiil d
avait 611 aussi ^^a^ner la conliaiice, fut
l'examinateur et le juge du plan d'a-
bord remis a lîarras. Les services
qu'il avait rendus li la convention
le i5 vendémiaire (5 oct. 1795)01
la faveur résultant de cet exploit
lui firent éi^alcmenl obtenir sans
peine les sullrages des trois autres
directeurs. Avant pris le comman-
dement de l'armée d'Italie, qu'il me-
na si rapidement ii la victoire , il
ouvrit une correspondance confiden-
tielle , soit avec Carnot, soit avec
Barras, auquel il adressait plus par-
ticulièrement SCS aides-de-camp char-
gés de missions secrètes. Quand, après
le traité avec le roi de Sardaigne , il
eut fait son entrée à Milan, tant de
pouvoirréunidans ses mains offusqua
les directeurs, et ils voulurent qu'il
partageai le commandement avec Kel-
lermann. Voyant tout son avenir com-
promis par cette résolution , Bona-
parte envoya des inslrudions h son
aide-de-camp Murât qui était alors a
Paris, et déjà très-avant dans la con-
fiance de Barras. Il le chargea de
s'assurer entièrement le patronage de
ce direcicur, en faisant mettre a sa
disposition un million qui était en
dépota Gènes; et, tandis que Murât
pressait Barras de détourner ses col-
lègues de disloquer l'armée d'Italie,
Joséphine circonvenait Carnot pour
le même objet. Sur les observations
de celui-ci, le directoire remit en
délibération la séparation des deux
armées, et il fut décidé que Bonaparte
resterait le maî'.rc absolu de Tltalie.
Que ne lui fallut-d pas alors d'adresse
et de ménagements pour se maintenir
en même temps dans la faveur de
Barras et de Carnot déjà en pleine
rivalité! Barias était fort mécontent
BAR
ïQT
de son collègue (pii aurait voulu con-
duire a sou gré toutes les opérations
de la guerre ; cl le rigide Carnot s'in-
dignait de ce (jue liarras, protecteur
éboule de tous les traitants, de tous
les fournisseurs, s'enrichissait de leurs
pots de vin, et par ce funeste exem-
ple répandait dans toutes les parties
de la république une contagion de
rapine et de concussions. El ce fléau
ne s'arrêtait point aux affaires de
l'intérieur 5 a l'ouverture de la cam-
pagne de 1797, l'antique républi-
que de Venise craignant pour son
existence, l'ambassadeur Quirini vint
implorer contre les projets de Bo-
naparte l'appui du directoire. Sai-
sissant avec empressement une pa-
reille occasion. Barras lui dépêcha
un aide-de-camp pour le sonder , et
mettre a prix la protection qu'il lui
offrait. Le puissant directeur, voulait
bien consentira préserver les Véni-
tiens de leur ruine , si de leur côté ils
mettaient a sa disposition une somme
de deux cent mille ducats. Quirini
ayant consulté son gouvernement fut
autorisé a suivre cette négociation ,
mais avec la recommandation de
prendre des sûretés. En faisant in-
tercepter un courrier du gouverne-
ment de Venise, Bonaparte découvrit
cette intrigue; et comme elle contra-
riait ses projets , il la signala au
directoire , sans toutefois compro-
mettre le nom de Barras (4-). Le
traité préliminaire de Léobcn , eu
donnant plus d'activité aux négocia-
tions diplomatiques, donna aussi plus
d'inleusilé aux passions politiques du
dedans et du dehors. Le directoire
(4) Oiïlriui s'c'lait fiéjà fori av.inci-, et il avait
sigiiédes lettres de chanije pour sept cent mille
francs. I-ors'iue la ri publique «le Venise tomba
cléfiiiitivciiiciil , il lui fui impossible do les payer.
On l'arrêta le 3 dcc. 1797 , et il fut conduit au
château de Milaa, d'où il s'évada quelques mois
après.
iQi BAR BAR
d'ailleurs était divisé. La mésintelli- toire de marcher sur Paris k la lêle
gence entre Barras et Carnot prenait de vingt-cinq mille hommes, si les
un lel caractère de violence et d'ai- araires prenaieiit une Lourmire
greur, qu'un déchirement dans Télat défavorable à la république. Bar-
était inévitable par la raison que les ras fit signer a ses deux collègues
partis se groupaient autour de ces une réponse secrète d'approbation
deux directeurs, quiformaient comme et d'acceptation. Mais , pour l'exé-
deux sommités opposées dans le gou- cution du coup d'état qu'on médi-
veruement. Le parti de Barras, en tait contre les conseils, et dont le
minorité dans les deux conseils, Tem- plan fut d'abord arrêté chez Barras ,
portail au directoire sur le parti de les amis de ce directeur jetèrent les
Carnot qui, aux yeux des révolu- veux sur Hoche dont l'armée d'ail-
tionnaires, pencliait trop décidément leurs était plus rapprochée de Paris
vers la paix au dehors et vers un que celle d'Italie. M""" Tallien ayant
système de modération dans l'inté- contribué a ce choix par l'ascendant
rieur. La réunion de Clichy , où qu'elle exerçait sur Barras , on vit
n'entraient que des membres du corps M"*'" de Staël et sa coterie, fortifiées
législatif, voulait donner la prépon- par le parti qui prônait et exaltait
dérance a Carnot et à Barthélémy. Bonaparte , faire concevoir des crain-
Barras , en butte aux attaques de ce tes sur les suites de l'intervention de
parti, fit tomber un accès de sa cq- Hoche, enreprésentant ce généralcom-
lère sur Poncelin , rédacteur d'un me très-entreprenant et d'une ambi-
journal qui l'avait fort mal traité, tion dangereuse. Ainsi tutécartéllo-
it (jui , enlevé par des sbires, fut in- che,au moment où il allait entrer dans
dignement flagellé clans une des cham- la carrière du pouvoir. La marche des
bres du palais directorial ( V oy. iroupes fut suspendue par suite de
Poncelin, au Supp.). Cet étrange l'éveil que cet incident donna aux
abus de pouvoir redoubla les cla- deux conseils; et le triumvirat direc-
meurs, et le nom de Barras retentit torial , voulant s'assurer désormais
dans tous lesjournauxcn même temps l'action entière du gouvernement,
qu'il figurait sur les placards dont pour frapper le coup d'étal qui n'était
cliaque jourles murs de Paris étaient (ju'ajourné, écarta les ministres qui
couverts. C'était le prélude d'évè- n'étaient pas exclusivement à sa dis-
nements plus importants , et aux- position. Barras se promettait sur-
quels clia(|ue parti se préparait. La tout par ce chdngement d'ùter le
majorité du directoire, conduite p.ar portefeuille de la guerre a Carnot,
Barras, ne négligeait rien pour met- et, en renversant Pétiel , sa créa-
tre l'armée dans ses intérêts. Ce fut lure, de faire donner celui des aflalres
à cette épo(pic ([u'il envoya Du- étrangères a 'i'alleyrand ([ul y était
bois de Crancé a Boi;aparte pour porté par la coterie de M'"*^^ de Staël,
robligcr a se prononcer. Déjà biessé Mais Bevvbell , (jui votait avec Bar-
par les discours et les écrits des ras, repoussait Talleyrand qu'il qua-
oralcurs et ^<:^% journallsles du parti liliall, dans sa grossièreté révoluliou-
^7/rA/('«, le général en chef de Par- naue, d'intrigant, d'émigré ayant
uiée d'Ilalie envoya son aide de- joué tous les partis : « Cela est pus-
camp I.aValelIcai'janas, avecunelet- « sii)le , dit Barras, mais lrou\e/-eii
Irc où il olliail K lajnajuriljf dudlrec- « un (jui connaisse mieux lou.s Us ca-
BA.R
« l)inols, ([iii ait atil.iiit de I.Ji'iil , cl
« (iiii j)uis.sc st'r\ ir atisM iilili-im-iil iiii
« j;()ii\ cnuMiu'iil (jiii lu* (loil plus cire
(c celui (1rs S(tns-(i//<)(/<'s ! ... » A
force (renlnulio vanter Talleyraïul ,
Rt'whell reiioiira a, son ojiposilloii ,
cl iîarras annonra le clianj!;euicnt des
luiiiislres aBonaparle, clianj^einciil
(jul irrita au dernier point le parti
(le Clicliy et les amis de Carnol.
A\illot, arguanl de la déclaration do
Barras au l^JiàleleL eu 1790, où il
s'élail dil Ini-nicnie âge de 35 ans,
prclendil ipi'il n'avail pas l'âge de
4o ans exigé par laconslilulion pour
cire directeur, cl Hl passer la propo-
siliou d'un message au directoire pour
savoir quel était 1 âge de Barras lors
de son entrée en fondions. Par la on
espérait l'expulser du gouverne-
ment. Le directoire écrivit au con-
seil que Barras était né le 3o juin
1755, qu'ainsi, a l'époque de son
cnlrée en fondions, il avait 4o ans
plus trois mois, et par conséquent
l'âge voulu par la loi. Barras publia
mêmcli 1 appui de Celle assertion un
acte de naissance que l'on crut être
celui de son frère (5). Au reste, celle
alta([ue, d'un caraclcre trop vague
pour les circonstances , ne pouvait
pas avoir d'autre résultai que de
donner l'éveil a celui contre lequel
on la dirigeait , et de le décider a
surprendre ses ennemis avant qu'ils
eussent rassemblé des moyens suffi-
sants pourle renverser (6). On pourra
juger dans quelle disposition d'esprit
(5) On a accusé dans le temps lîarras d'avoir
fait anachor, du registre des baptêmes de sa
cuniinutie lo feailk-t sur lequel était inscrit
l'iicle véritable do sa naissance. A t.
(6) l'eu di- lemps apn-s, parut un paini>lil«t
que Uarras fit faire, et qui a pour litre: Les
cn'i.ifs de JJarias , pour seri'ir Je base à son acte
d'accusation. Ou se do'ite bien que ces crimes,
au nombre de neuf, sont autant de vertus civi-
que». Va après ce débul : ^il (tvorlon de l'honneur
jiniirais, vient l'aiiologic de ses rares et stiblimts
vertus, qu'on diléUc ton plus graitd cria\«.
LVII.
IJAR
iô3
était Barras par la lettre confiden-
licllc (pi il crli.' mcnie époque Baide-
dc-canqi La Valelteécrisit ;i Bonapar-
te. « Ce malin j\ii vu Barras 5 il m'a
et paru bien affecté de tout ce qui se
«passe. Il ne m'a pas caché que la
«division est très-prononcée entre
« les membres du directoire. — Nous
a nous tiendrons fermes, m'a-l-il dif,
« el si nous sommes décrétés d'arcu-
« salion, nous moulerons h clieval et
« nous les écraserons. — Il m'a répété
V. quCjdanslacriseoù ils se Irouvairnt,
« de l'argent les aiderait puissam-
«mcnt. Je lui ai ïàii votre propo-
a silioii ; il l'a acceptée avec trans-
« port , et vous écrit a ce sujet. »
Celle proposition n'était rien moins
que l'offre de trois millions pour ai-
der le directoire dans son coup d'é-
iat. Barras ne tarda pas en effet a
demander a grands cris de l'argent à
Bonaparte lui-même, a Point de
a re^a/vi', lui disait- il, son^ehien^Q
« c'est avec de l'argent seulement que
« je peux remplir les houora])les et
« généreuses intentions. » Eu atten-
dant Us trois millions promis, Bona-
parte envoyait a Paris sou lieutenant
Augereau , pour diriger la journée
qui se préparait contre les conseils et
la minorité du directoire. Le 3 août,
La Valette mandait encore h Bona-
parte : «Barras dit a qui veut Fenleiï-
a dre : J'attends le décret d'accui^a-
« lion pour monter h cheval el marcher
« contre les conspirateurs des con-
te seils , et bientôt leurs tètes roule-
« roui dans les égoûls. m Ces menaces
fait(
tes par un homme d exécution ne
laissaient pas d'intimider les conseils.
Toutefois^ La Béveillère et Bewbell
ne partageaient pas d'abord les
passions fougueuses de Barras, ni la
violence de ?>ç,s j)rojels; aussi élait-ce
sur lui que se portail plus particuliè-
rement l'auiinadvcriJion publi(pie j
i3
»y4 BAR
c'était à ses liaisons avec Bonapar-
1e, avec Hoche et avec d'autres gé-
réraux, qu'on attribuait l'esprit dont
les troupes éfaient animées. Dans le
triumvirat il y avait donc hésitation,
lorsque Barras pressait le coup, d'é-
tat, La siluaîiou, d'aiileiirs, se com
pliquail par les lenteurs que l'Autriche
mettait à conclure la paix, espérant
trouver, dans les troubles qui agitaient
la France , des chances d'arrange-
ment plus favorables. Barras ayant
poussé Rew'bell elLaRéveillère-Lé-
feaux a la rupture de l'arinistice ,
ordre de reprendre les hostilités
allait être expédié, lorsque Caruot et
Barthélémy demandèrent que leur
opinion motivée, pours'opposeraunc
mesure si désastreuse , fût inscrite
sur le re^ristre des délibérations.
o
Celte demande ayant effrayé Barras,
la question fulajournée. Mais sur une
nouvelle dépêche peu pacifique de
Bonaparte , le triumvirat posa de
nouveau la question déjà débattue.
Une explication avec les deux direc-
teurs dissidents eut lieu dans la nuit
du i4 au i5 août, et se renouvela
dans la matinée 5 elle fut àcs plus vi-
ves : il y eut même (\(^s, provocations
entre Barras et Carnot. Toutefois ,
les deux directeurs du parti de la
paix parvinrent a faire ajourner de
nouveau tout projet de recommencer
la guerre. La Valette fit ainsi part h
Bonapnrte de ces déchirements du
directoire. « Voici mol pour mot ce
« (pie m'a dit Barras avanl-hirr :
a i'.iijïnj j'ai drclilrt' le voila ce
a matin un dircr/oirc. Hélait (|ues-
« lion dos nifu-ociatinns d'Italie. Car-
n
u nol prélendail que lionaparlr était
u dans une situalion assez, avanla-
« geiisc, (juand il signa les piélimi-
« naircs , j)Our ne souscrire qu'a des
« conditions (pi'il pût tenir par la
* buile. .lai déitudu Bonaparte^ j ai
BàR
« dît a Carnot : tu n'es qu'un vil scé-
a lérat ; tu as vendu la république, et
« tu veux égorger ceux qui la défen-
te dent : infâme brigand! Il n'y a
u pas un pou de ton corps qui ne
« soit en droit de te cracher au
« visage. Carnot me répondit d'un
« air embarrassé : Je méprise vos pro-
a. vocations, mais un jour j'y répon-
adrai. y* A l'arrivée d'Augereau a
Paris, Barras avaitannoncé cette nou-
velle a La Valette en lui disant . « Sa
a présence en fera pdlirplus d'un ^
« surtout quand nous lui aurons con-
« féré un titre qui donnera plus de
ce poids a ses actes. » En effet, Au-
gereau fut nommé commandant de
Paris, et destiné in petto h se mettre
k la lêle du mouvement contre les
conseils. C'était particulièrement avec
Barras qu'il conterait k ce sujet.
Dans une dépêche confidentielle a
Bonaparte, il lui disait : «Hâtez-vous
« de recueillir et d'envoyer, par un
«c officier de confiance, toutes lespiéi-
« ces trouvées a Venise, Véroue et
a autres lieux, qui dévoilent le sys-
« tème royal de Clichy • elles don-
ce neront lieu h démasquer les traîtres
et et à provoquer leur supplice : c'est
te au directeur Jiarras qu il faut
V. les adresser,.. » Ce fut sur ces
pièces qu'on fonda le coup d'état pro-
voqué par Barras, Augercau et le
ministre de la police, Soliu, Le prince
de Carency , avant révélé a Barras et
k Sot in le secret des royalistes (pii de-
vaient opérer leur mouvement contre
les triumvirs directoriaux, le 3 scp-
tend)rc, ceux-ci paralysèrent le mou-
vement parleurs menées dans le corps
législatif; et le lendemain, 1 8 fructi-
dor (4 sept, 1797), ih^ assurèrent leur
atla(juc dirigée par Augereau, ipii ,
après avoir investi le lieu des séances
dis deux c()nseils, en forea rentrée ,
cl arracha le» députés qu'on voulait
BAR R/IR 19';
proscrire. Cinijuanlc-tiiiatrc fiirciit colc, 11 cnlcndail ])a.s se soumet Ire au
conilamnr's à la di'pdrlallon, ainsi que pouvoir toujours croissant de Barrasj
les directeurs (^arnol, BarlIicIeMiy, cl ^C'uô par ses iiisiriiclions relatives
et plusieurs journalistes, (larnol par- «1 la paix, dont la rrvolulion du 18
>int 11 se sonslrnire h la dé|)orlali()n fructidor pressait le dJnoueinenl, il
par la fuite. Dans la journée nirme renouvela le strala-^i'-nie de l'oiïre de
du 18 fructidor, lîarras et La Valette sa démission et de la menace de sa
aimoncèrcnt leur Iriompiie a Bona- retraite, lîien que son énoline puis-
parlc ; et par posl-scriptura le direc- sauce donnai déjà beaucoup d'ombra-
icnr ii]oy\\ii:c<. Lapai'.v, la /)ai.r.' miùs ge aux direcleurs , ils ne pouvaient
« Jionorable et solide, mais non pas pas, dans Tétai des alfaires, se passer
« l'infàmc proposition de Carnot. . . m de ses services. En conséquence Bar-
Deux jours après, il lui écrivit en- ras, d'accord avec ses collègues , lui
core : « Les infâmes journalistes au- envoya h Passeriano, au moment où
« ront leur tour aujourd'hui. La les négociations loucliaient a leur ler-
« résolution des cinq - cents sera me, I>ollot, son secrétaire intime, qui
« adoptée. On nous donne demaiu lot chargé de le sonder. Bonaparte
« deux collègues, François de Neu- devina facilement la mission de cet
«château et Alerlin ( (jui rem- émissaire: il se joua de lui, et fil la
« placèrent en cfTel les deux direc- paix au mépris de ses instructions.
« leurs probcrils ). Termine la paix, Le directoire n'osa pas se plaindre; el,
« mais une paix lionorahle ; que le fjuelques mois plus tard, lorsque Bo-
te Rhin soil limite j que Mantoue soit naparle revint deRasladl, où ce gé-
« a la république cisalpine , et que neral avait paru un instant pour j
« Venise ne soit pas à la maison diriger les négociations, on lui fît
« r/'y^wir/cAe. Voila le vœu du direc- i"ie magnifique réception ( i 0 dé-
a toire épure ; voila celui de tous les cembre 1798). C'était Barras qui ,
«républicains; voila ce que veulent présidait ce jour-lii : il adressa à
« Tintérèldelarépubliqueetlagloire Bonaparte une réponse emphatique,
« bien méritée du général et de rim- même un peu ridicule, et se jeta
« mortelle armée (pi'il commande.» dans ses bras, pour lui donner l'ac-
II lui écrivit encore deux jours après : colade fraternelle. Ses collègues sui-
« Ton silence est bien étrange, mon virent cet exemple, et ils pressè-
« cher général; les déportés sont rent aussi fort tendrement dans leurs
a partis hier; Augereau se conduit bras le héros pacificateur. Ce fut une
« on ne peut mieux, il a la confiance véritable scène de comédie, où per-
«des deux partis ; elle est bien raé- sonne ne dit sa pensée. H est sur que
« rilée. Les Bourbons parlent demain dès-lors Bonaparte aurait voulu ren-
« pour rEspagne»(7). Mais, malgré verser le directoire et s'emparer du
toutes ses avances à Bonaparte, Bar- pouvoir; mais, selousou expression,
ras conservait a sou égard une grande l^i- poire n était pas mure. Les di-
méfiance, au sujet des trois millions recteurs qui l'avaient pénétré, mais
que le conquérant de ritalic ne lui qni craignaient de se dévoiler,
avait pas envoyés. Bonaparte, de sou lui offrirent la perspeclire d'une in-
vasion de l'Angleterre. L préféra
la con(iuèle aventureuse de l'Egyp-
i'i) C'étaient les Bnniboiis de la branche d'Or- ^ •) ' . i ... rr ii'
l.ans e» le prince d« Coiiti. te. Barras et ie mmistre lallej-
iS.
196 BAR BAR
rand s'enlcndh-ent pour Vy pous- pher clans une lutte oi\ toutes les
scr. S'en étant ainsi débarrassé , le clianccs étaient pour les conseils,
directoire se crut plus affermi; mais « Il ne leur aurait fallu, disait-il ,
il avait k lutter contre les efforts sou- «qu'assez d'énergie et d'unanimité
vent réunis des royalistes et des Ja- « pour porter le décret d'accusa-
cobins. Ces derniers inquiétaient tel- a. tion! » Ces contradictions dans les
lement Barras, que, dans la semaine pensées et dans les actions de Barras,
même qui avait suivi la révolution du expliquenlassezsaconduîteuUérieure.
I 8 fructidor, il n'avait pas bésilé a se Maintenant nous devons le considé-
meltre en rapport avec des agents du rer sous l'influence de l'époque si
prétendant, cherchant aies rassurer, remarquable où le directoire, n'étant
et les couvrant de sa proicction. On plus retenu par aucun contre-poids,
sait que ce fut lui qui Ct alors écarter envahit l'Egypte en pleine paix, ren-
ia proposition de bannir tous les versa le pape, révolutionna la Suisse,
nobles. On ne peut douter que, subjugua le royaume de Napleset,
frappé de l'inslabililé de tous les faisant crouler le trnnedeSardaigne,
gouvernements révolutionnaires , il suscita une nouvelle coalition plus
n'ait voulu, dans ce temps la, se faire formidable que la première. Pendant
un appui d'un autre côté, et qu'a la ces événements qui remplissent un
même e'poque il n'ait combattu de intervalle de quinze mois. Barras
tout son pouvoir les anarchistes n'eut que les apparences de la supré-
dans les élections. Au mois de mai malie, puisque Pvewbell, plus maître
1798, il Cl tous ses efforts pour que que lui de ses mouvements, l'obtenait
celles où ce parli avait prévalu fus- presque toujours par sa fermeté ou
sent annulées. Il avait a ses ordres son obstination , sachant gagner et
«ne police de sûreté, dont la prin- amener h ses vues , ses trois autres
cipale affaire était d'épier les démar- collègues, que Barras, toujours oc-
elles des Jacobins. Lesroyalistes avec cupé de ses plaisirs, ne soignait el ne
lesquels il était en rapport furent mcn<9geait pas assez. Quoiqu'il diri-
conlraints de lui faire parvenir des ^cât exclusivement tout ce (pii avait
l)nll(;tins sur celte même faction, qui rappori a la i-juerre, Re^vbell parvint
leur était encore mieux connue qu'a à en faire donner le portefeuille ii
lui-même. Ces bulletins lui furent Schércr, sou parent et sa créature, et
toujours remis par l'enlreniise de K prodiguer les places les plus uii-
Macé de Bagnenx , son ami, (pii vi- porlnnli-s à tous ses allidés. L'aeca-
vait avec lui, occupant une partie parement de toutes les affaires était
de son appartement au Luxcniliour!^. tel de la part de ce dur Alsacien, que
Quel contraste dans cet homme Barras n'était pas sûr de la plus pe-
«ui venait de frapper si cruellement liîc faveur, à moins de IVuiporter de
Ini-mème le parli rovalisle a l;i vive force el par des menaces. Celle,
journée du 18 fructidor! Sentanlcello tyrannie de Ilewbcll devint si insiq)-
contradirtion, il disait dans rinlimité, portable ponr Barras, qu'il l'obligea
qu'il n'avait agi dans celle occasion en mai 1799, de sortir du dirccloi-
(jue pour sa sûreté personnelle. Il re, en acceptant la ^^^///t' /i(n'/(% (jue
convenait aus>i (|u'jl avail échappé d d'a'.ord il avait été convenu île lairc
un grand danger, ne concevant pas tomberdanslesmainsdeLalléveillèie-
coinjucnllc directoire avait pu trioiu- Pépeaux. r.arraspréléraraulre corn-
H.VR
])iiiaison, Lieu (jn'il jii\'\îl (|iioSi('VoS
sirail le ronnil.unjil , et (jiio crliii-lîi
iivail (Irmcrc lui un j):irli Ircs-puis-
^anl. Le (lirccloiro, plus (juo jamais en
I)u(te nu Mu'conlcMlouu-nl gc'iu'r.ilj se
vovail (11)11^0, ])icii (jui* privé de ses
nieilfciirs généraux, de résister aux
cITorls de la seconde coaliliou qui,
sur le vaslc ihéàlrc delà guerre, ob-
tenait des succès effrayants. A la
suite d'une révolution appelée la jour-
née du 3o prairial (i8 juin 1799),
trois des ciucj directeurs, Treilliard,
La Réveillère-Lépeaux et JMcrlin de
Douai, furent éliminés par le corps
législatif. Gohicr [^(^y. ce uom^ au
Supp.}, Rogcr-Ducos , ex- conven-
tionnel de la plus complète nullité,
et Moulin, général j)rcs(pic ignoré,
devinrent les collègues de Barras ,
dont toutes les vertus et le talent
polit irpie étaient dans l'audace et
l'habitude de tous les vices, et de
Sieyes, doué de toute l'astuce d'un
mauvais prèlre. Entre toutes les
journées de la révolution , celle-là
se distingua par cette exception ,
qu'elle s'opéra sans émeute comme
sans baïonnettes, par la seule force
des actes législatifs. Il était aisé
de voir que Inirras ayant résisté
h ce mouvement, mais ne l'ayant pas
fait, avait beaucoup perdu de son in-
fluence. Il lui eu resta néanmoins
assez pour faire appeler Foucbé de
îSiantes au ministère de la police.
Toutes les factions s'ajrilaient, et la
France était sur uu volcan. C'est
ici qu'il faut placer le récit des re-
lations de Barras avec les agents de
Louis XVllI , (pie voulait rétablir
l'empereur de Russie, Paul'I'''", chef
de la nouvelle coalition. Le Neucha-
tclois Fauche-Borcl {f^oj\ ce nom,
au Supp.), qui déjà avait gagné Pi-
chegiu à la cause royale, fut chargé
de ces périlleuses coinmuaicalious.
RAR
Mn
Un rapport fut fait à ce sujet, par les
envoyés de Louis XVIILi rcmpereMi:
de Russie, «pii approuva les négocia-
lions, et le préleiuiant expédia aussitôt
h ]5arras àcs leltrc-i-|)al entes (pie le
comte de S.iint-Prie^t remit à Gué-
rinde Sl-Tropez, ami et coiifidenL
de ce directeur. Ces lettres-patentes
avaient pour base les demandes faites
au nom de Paul Barras , ([ni consen-
tait à rétablir la monarchie, dans la
personne de Louis XVlIf, lequel, de
son coté, promettait à Barras siircLcy
indcmnilè : sûreté, en engageant sa
parole royale de s'interposer entre
Paul Barras et tout tribunal quelcon-
que q»i voudrait connaître de ses opi-
nions, de s,ii'i votes et de sa vie pas-
sée, et d'annuler par son pouvoir sou-
verain toute recherche à cet égard •
indemnité, en lui assurant le paiement
d'une somme au moins équivalente 'a
celle que pourraient lui valoir deux
annécsd'excrcice encore au directoire.
Celtesommeétait évaluéelar«rementa.
o
douze millions de livres tournois , y
compris les deux millions qui devaient
être distribués entre ses coopérateurs,
sans compter la somme nécessaire aux
frais du mouvement à effectuer dans
Paris. Telle fut la substance des let-
tres-patentes, datées du 8 mai 1799,
revêtues de la signature du roi, con-
tre-siguses par le comte de Saint-
Priest et scellées du sceau de l'état.
Voici maintenant le récit cpie Fauche-
Borel a publié : « Je me suis bien gardé
ce de représenter M. de Barras , régi-
cc ciJe, comme revenu franchement
ce aux Bourbons et comme accucil-
cc lanl avec transnorl le projet qui
« tendait à rétablir Louis XYUL
et J'ai dit et j'ai prouvé que Barras
te avait ouvert une négociation se-
a crèle avec les agents du roi, et (pie
o le roi s'était assuré de l'assenti-
cc ment de l'empereur Paul F"'" , cpi
198 BAR BAR
« était alors le chef de la coalition conda Siejes dans son opposition aux
« armée contre la France. Et dans Jacobins exagérés, qui voulaient faire
« quelle circonstance eut lieu cette déclarer la patrie en danger, afin de
« négociation? Au moment où la s'emparer du gouvernement. lis n'a-
it république élait dans le plus grand vaienl pour eux que deux des direc-
« péril, déchirée par les factions teurs nouvellement élus, Gohier et
« dans l'intérieur, et au dehors alta- Moulin. Barras, blasé par la posses-
« quée sur ses frontières mêmes par sion du pouvoir, parTnabitude de la
« des armées victorieuses. La des- dissolution, et d'ailleurs en proie aux
a tinée de la France, ou plutôt celle anxiétés d'une négociation épineuse ,
« du gouvernement directorial , al- semblait disposé h se neutraliser.
a lait dépendre d'une seule bataille. Sieyes conspirait avecsonhumble col-
« Or, j'ai dit que , dans un avenir lègue, Roger-Ducos,pourrenverser la
a si menaçant, M. de Barras né- constitution qu'il n'avait pas faite, et
ce gociasecrètement pour sa sécurité, y substituer sou sénat absorbant et
« pour s'assurer au besoin un asile, son grand-électeur dont il eùl éléle
ce de l'argent et du repos. Tel on a grand-chancelier. Ce graud-élec-
cc vu Fouché , régicide, négocier k tour était le duc de Brunswick, ap-
cc Gand avec Louis XVIII , d'abord puyé par des armées , par sa haute
ce dans la vue de sa sécurité future répulation et par des alliances. Mais
ce et de la conservation de ses ri- il fallait a Sieyes un chef d'exécu-
« chesses ; puis, par un délire d'am- tion , un moteur visible. Morcau seul ,
ce bition , cnanger de vue et former parmi tous les généraux , depuis la
ce un plan plus vaste, n Barras vi- Jnort de Joubert , avait assez de rê-
vait encore lorsque cet écrit a paru , pulation , de crédit pour se charger
et il ne la pas dénié. Du resle , d'un tel rôle; mais il n'avait pas assez
comme dans toutes les intrigues poli- de caractère : sans en rejeter le pro-
tiques essentiellement cachées, il y jel , il en déclina Texéculion. Alors
eut la négociation confidentielle, dont Sieyes se crut obligé de mettre dans
Guérin de St-Tropez , ancien oflicier ses intérêts son collègue Barras ;
de marine, fut l'inlermédiaire, et comme il n'a\ ait pas avec lui de liai-
la négociation , en (piel(|uc sorte sons d'intimité, il lui adressa son
osten.sible , que Fauclie-Iiorel exé- confident Cliazal , ajirès l'avoir averti
cula. D'autres agents encore y furent de mettre beaucoup de prudeuce dans
employés , et nous savons, que l'abbé ses discours. Chaza! arriva chez liar-
de Ciange.'ic, neveu de Brécy, eut, ras, lui débita d abord des lieux
pour le même objet , plusieurs con- communs, en parlant des dangers
ierences secrètes au Luxembourg. <pie présentaient duu côté les roya-
Pour plus de sûreté. Barras fil K listes el de l'autre les Jacobins; il
SOS collègues (jutl(ju('s ouvertures; passa ensui'e ii la situation de la ré-
mais il eslccrtain (ju il ne donnaaucuu ])ul>li(jue, îi celle (\i.'i< membres du
renseii^nement , cl (jue surtout il ne direcloire, enfin, à la nécessilc d'un
compromit pas \v^ aiMiils royalistes autre ordre de elioses. Barras rc-
avcc qui il continua d'avoir des ran- jxmdit avec humeur : " '\\n\s ces
])orts. Pendant \vs diux mois de » niau\ sont dus ii Ion grand-prèlre;
crise , (pli j)r('(é(lèien( l'invasion du ce il entrave toutes nos délibérations,
pouvoir p.ir Bonaparte, Barras se- « il conspire; sa Ictc Ircs-snrcmeat
BAR BAU 199
•c et pcut-cIrc. les iintrcs roiilcront « affaires, n Celle opinion fui coin-
ce dans les rues de Paris (ju'il af;ile hallnc ^ on apcrrul dn di'nil, et Ton
« t>l (jii il lr()Mi|U'. n Cciic ri'|i()n- vil bitii (ju'il y avait de la froideur
so porU'c il iSicvfS, le dclerniiua tulie Jiarras el Jionanarle. Sieye»
à ne plus dillerer le renverse- n'avait pas jnancjuc de juellrc celui-ci
lueul du direcloire , pour élahlir en <!;arde conlrc les projels de son
son <;ouverniMnenl projelé. Mais son collèj^ue; il lui avait n)rme révcitt
embarras t'iail {j;rand sous le rapport des délails cpi'il tenait du ministre
del'cxéculion. Moreau persislail dans prussien llauj.';wilz, sur la né<'()cia-
sou refus, quand on apprit ipie Bo- lion secrète avec les liourhoiis, (pio
naparle venail de dcbarcpier a Fré- Fauclie-Borel avait communiquée; à
jus (9 octobre 1799). Lu/mtric est la cour de Berlin , et il a\ail repré-
A'rt//i'c>/ s'écria Sieyes avec un trans- seule Barras comme un lâche par-
porl involontaire -, el J)onaparle était jure qui, voyant la république en
à peine entré dans Paris, qu'il lui en- danger, voulait transiger avec ses en-
voya des émissaires. Bientôt fut éla- niemis. Fort de celte révélation et
bli chez ce général un comité (pi'il de quelcpics autres confidences de
présidait lui même, et auijuel Sieycs Sieyes, Bonaparte se promit d'en pro-
et ses adhérents ne manquaient pas filer autant que les circonstances le
d'assister. Barras eut aussi dt^s perracttraicnl. Ainsi lout marchait a
conférences avec Bonaparte, mais une révolution, et chacun se prépa-
sans confiance ni intimité. Il y fut rail à en tirer parti, quand Dubois de
pourtant question, une fois, des Crancé, ministre de la guerre, et Fun
moyens de sauver l'étal: Talleyrand, des jacobins les plus prononcés de ce
Fouché , Real étaient présents ; cha- temps-lk, se fit fort d'arrêter Bona-
cun redoutait le retour de l'anarchie^ parle. Il en demanda l'ordre a Bar-
Bonaparte dit : ce Si Barras n'était ras, et lui dit du ton le plus résolu :
ce pas membre du gouvernement , je ce Signez Tordre d'arrêter le des-
tt ne verrais aucune garantie, et je ce pote qui veut monter sur le trône ;
« m'en irais: c'est lui qui doit so a je le tue. " — ce Je me f... de
« mettre seul a la tête des affaires. » ce tout ce qui arrivera: je vais me
Barras répondit : ce Je m'occupe de <c mettre au bain ; qu'on ne me tra-
ct garantir la France des entreprises a. casse pas davantage. » Ce fut
ce des méchants. J'irai au corps légis- toute la réponse de Barras. 11 ne sa-
« latif lui exprimer ce qu il convient vait rien de ce qui se passait aux
« défaire, et je donnerai ma démis- Tuileries , lorsque mesdames Tallien
a sion...» Tous alors feignirent de et de Carvoisln vinrent lui apprendre
l'en dissuader. Barras ajouta : « Le que Bonaparte , a la tête de ia force
« changement dont vous sentez la armée, s'emparait définitivemiMit du
tt nécessité est prévu partout, il est pouvoir. Il en parut confondu et s'é-
cc urgent; le corps législatif dési- cria douloureusemeat : ce Ce petil
«t gnera un chef provisoire pris hors ce b de gueux nous a tous Irom-
a de Parniée, en attendant la rcu- ce pés! » Quoique maître de la force
tt nion d'une assemblée conslituante armée, Bonaparte craignait ccpen-
cc et l'organisation définitive de la dant encore Barras; el, voulant le
c Fiance. ..Quant h moi, jeu'accep- dépopulariser, il dit alors hautement
tt terai rien ^ je veux me retirer des qu'il lui avait proposé de se mettre
200 BAR BAR
au-dessus des lois, et le menaça, général, et fut alors relégué a Tou-
s'il osait faire la moindre tenlalive lou. Plus tard, impliqué dans la cons-
pour s'opposer a son entreprise , de piration dite de Charles IV ^ en fa-
révélcr tout ce qu'il lui avait proposé veur des Bourbons de France et
en faveur des royalistes. Celait la d'Espagne, il fut soupçonné, mais
démission du directeur que Bonaparte sans motifs, d'avoir communiqué avec
voulait ainsi arracher; et, en effet, ramiralanglaIsExmouth,par l'entre-
Barras l'envoya a Sainl-Cioud, par mise de Constant, son maître-d'hô-
une lettre entortillée dans laquelle tel ; car il tenait encore un grand état
on parut entrevoir quelques re- de maison , étant sorti du directoire
grets a travers les assurances d'ad- avec plus de deux millions de for-
Lésion à ^^.^ événements auxquels tune, A la suite de cette affaire où
il ne pouvait plus s'opposer. Dès il y eut quelques victimes , Barras,
que Bonaparte eut cette démis- relégué a Rome, y resia près de deux
sloQ , il voulut rattacher au nouvel ans. Là il renoua ses anciennes rela-
ordre de choses son ancien pro- tions avec Murât qui lui était encore
lecteur, mais Barras refusa les ara- attaché, et qui le couvrit tant qu'il
bassades et les commandements qui put de sa protection pendant tout
lui furent offerts. Le lendemain le temps de défaveur et d'exil.
Botot s'étant présenté de sa part Enfin la restauration offrit de
u Bonaparte, le nouveau consul nouveau h Barras l'accès de Paris,
l'apostropha ainsi , frémissant de dont si long-temps il avait regretté
colère: «Que venez-vous faire? le séjour. 11 vint, en i8i4, occuper,
« m espionner pour votre Barras ! il rue desFrancs-Bourgeois, l'hôtel qu'il
« sait que je n'aime pas le sang ; di- avait donné a M. Victor Grand, ancien
« les-lui qu'il se rende sur-le-champ intendant de sa maison. C'est là (pie
a a Bruxelles , car si j'eusse connu Fauche-Borel , (pil n'avait jamais eu
ce huit jours plus tôt l'afTaire des let- avec lui de relations que par écrit ,
et très-patentes, je les lui aurais fait fil sa connaissance pi'rsonnellc. « Je
« j)lacer sur la poitrine, et je l'aurais «compris en le vojant, dit -il
a fait fusiller ainslquevous... M Bar- «dans ses mémoires, qu'il n'avait
ras, qui s'était retiré dans sa terre de «pas dévié des senliments (pril
Gros-Bois, fut obligé de la vendre « m'avait paru avoir adoptes avant
et de se rendre à Bruxelles, avec « et depuis l'avènement de Bonaparte
défense de revenir sans une permis- « au pouvoir. 11 cherchait depuis à
MOU (8). Ainsi exilé, le malheureux « se réhabililer dans l'opinion puhli-
dirccleur parut \ ivredans un coninlct «(pie, contre la([uelle il avait sans
éloignemeiit de loule aHaire j)olill- « doulc beaucoup à liiller, parce
<pi('. Cependant on ne peut douter « (piVIlc juge toujours trop les honi-
(ju II ne nourrîl serrèlemenl dans sou « nies délai comme des ellovens or-
.'iriie lin grand désir de vengeance. « diiiaires. lîarras paraissait inlime-
I. le depuis long-temps avec iMoreau , «ment convaincu de la nécessité
il connut en i8o3 les pnjels de ce « d'une réunion franche de tous les
. _____ « partis autour du roi, (pii seul pou-
(H) 0.1 fit (ilorminr carie alHre <lrj;oùiaiilr sur " ^'''l aSSUrcr Ic rcpOS et la Iraïupiil-
iVrr.''r''T''"''''V'il '■•''"•'■''"' ''"'•"'•''•'■ « '«lé dont la France éprouvait un
iimlhcur à son piopriiuiie. A—». « &1 grauil bl'SOlU. LCS UlSposillOUS
BVPt
RAR
loi
« nie scinl)lalcut (raillant [dus Iicii-
o rcusfs, (juo je n'ignorais pas tjii'il
a exerçait di'jii dans Paris , sur les
ce (Uhris (In narll n'pnMicain , nne
« inlliience ([ni ne resta jias inajier-
« ene » C clail an moment on l'on
coniinenrail à tramer le retour de
l)()naparle relègue à lile d'EIhe.
Ji'nn des liommes les plus lameux de
ri.'jio(pie, Fouclic , disgracié et relé-
gué lui-même en Ilalie par Bona-
parte, inconsolaMe d'avoir été étran-
ger aux derniers évènemenis, et réuni
déjà au parti (jui se reformait contre
les Bourbons, fil épier Barras. Sa-
chant (pi'il voyait Fauche et Gnérin de
S. Tropcz^ soupçonnant qu'il agissait
dans les intérêts du roi, et craignant
qu'il ne parvînt a faire échouer la
conspiration rpii fendait au retour de
Napoléon, il lui détacha Lombard-
Taradeau pour le sonder et le rame-
ner a ses idées. Tallien , qui avait
marclié dans la Convention avec Bar-
ras , entrait aussi dans les vues de
Fouché. Quant a Lombard-Taradeau,
compatriote de Barras , et dès long-
temps undesesprotégés,mais devenu
la créature et le commensal de Fou-
ché, il inspira de la défiance a l'an-
cien directeur qui repoussa durement
ses insinuations ; mais Lombard ne se
tint pas pour battu; il revint a la
charge^ et le pressa de voir au moins
son ancien collèirue. « Je ne veux
o
« pas voir Fouché, dit Barras, parce
a qu'il a porté la livrée du tyran, et
a moi je n'ai pas porté celte li-
ce vréc. « Toutefois, luirras avant
fait part île ces menées a Guérin
de S. Tropezqui avait toujours sa con-
fiance, celui-ci lui dit qu'il ne fallait
|>as repousser l'émissaire de Fou-
ché , et il lui représenta que , dans la
situation des choses, il devait tout
entendre et tout savoir. Barras iusis-
lant pour ne pas recevoir chez lui
Fouché, on convint d'un rendez-vous
sur lt3 honlevart St-Anloincj et le
rendez-vous eut lien dans le mois
d'août i8i/j. L'ancien ministre de la
police inditpia les bases de son plan
a Barras, et lui dll. : «Nous savons
a (pie vousaj^ssez contre nous, et (pie
u. vous voulez conserver les IJour-
cc bons 5 nous n'en voulons point, et
ce vous ne devez pas ])lus en vouloir
oc (pie nous. Que ])ouvez-vous ci\ at-
cc tendre .\... " Barras furieux lui
répondit : et Vous êtes des co([uins ,
ce des misérables , vous avez servi le
cf tyran; mais moi je ne me suis pas
« vautré, et je ne donnerai jamais 1( s
et mains a ce ([u'il ressaisisse le pou-
ce voir. — Vous avez tort, reprit Fou-
ce cbé, de vous laisser emporter par
et le ressentiment j il s'agit ici de
ce bien autre chose que de petits
et souvenirs et de petites passions»
K il s'agit des plus grands intérêts
te de la terre. Avec nous, je vous le
ce promets , vous serez influent j cet
et liomme d'ailleurs est usé , et n'est
ce plus k craindre. Nous ne voulons
te le faire rentrer que pour rallier
ce l'armée et lui redonner toute sa
et force ^ ensuite nous le.. .. «, et II
fit le signe qu'on le poignarderait. —
ce Vous le tuerez , répondit Barras ,
ce mais qui mcttrez-vous à sa place?
a cette vermine de famille, ce bam-
a bln? — Nous trouverons le moven
ce aussi de les annuler. » Ici Fouché
et Barras se séparèrent. Quel([ues
jours plus tard ce dernier sollicita
une audience du roi pour lui dire
tout. Le premier mouvement de
Louis XVIII fut d'accorder cette
audience 5 mais des intrigues de cour
l'y firent renoncer, et tous les aver-
tlssenienls, tous les conseils que
Barras pouvait donner se bornèrent à
une conversation qu'il eut chez le
duc d'Havre avec M. de Blacas. II
aoa
BAR
fit d'inutiles efforts pour faire com-
prendre a ce niinislre qu'on élait sur
un volcan 5 nu on ne devait pas igno-
rer les intcllioences qui eiistaient
enlrc l'île d'Elbe, Murât, Joseph
Bonaparte en Suisse, l'année, les
généraux et iiiêjne les Tuileries, et
qu'il était urgent de prendre une
autre raarclie. M. de Blacas fît en-
tendre à Barras que des intérêts per-
sonnels excitaient souvent de fausses
craintes^ qu'il ne fallait pas s'en rap-
porter aux alarmistes qui ne clicr-
chaicnt qu'a grossir le danger. — ■
« Je savais l)ien , répliqua Barras ,
« que vous ne me comprendriez pas.
« Vous êtes mon parent. A vingt-
« cinq ans vous avez émigré , vous
« avez vingt ans d'émigration, et vous
« n'avez rien appris ni rien oublié.
ce Vous ne comprenez pas le danger
a que court le roi. Vous êtes sur un
« volcan, vous ne vous en doutez même
a pas. Du reste , soyez tranquille , je
a ne veux pas me placer entre le roi
a et vous. Je voudrais seulement
a contribuer au repos de la France
a par la stabilité des Boiirbonsj mais
a il y a des choses (jue je ne veux ré-
a vêler qu*au roi. Tout ce que je puis
a vous dire, pour que vous en fassiez
a le rapporta S. ]\I., c'est (|ue la con-
a juration es! flagrante. . . « La confé-
rence finie, M. de Blacas se plaignit a
Cuérin des réticences de Barr.ts. (Jué-
rin en justifia le motif, et il insista
fortement pour que Barras fût admis
auprès du roi, .ijoutaul (pi'il y allait
peut-être du s.iliit de la mon.ircliie.
— «Quoi! répond M. de lllacas ,
« voudriez-vous exposer mad.imc la
a (lueliesse d'AngoiiIênie Ii l()ud)(r
u évanouie K la vue d'un homme (pii
« a voté la mort de sou pèreV »
Voyant M. de lllacas intraitable, il
lui iusiiiua (jue peut-être liarras s'ou-
vrirait (out-îi-fait s'il recevait de h
BAR
main du roi une lettre qui pût le
porter a ne rien cacher a son minis-
tre. Cet expédient fut agréé, et le roi
écrivit de sa main la lettre suivante :
« Les circonstances ne me permet-
cc tant pas de voir en ce moment
« M. le général comte de Barras, et
« connaissant les services qu'il a cher-
ce ché K me rendre dans le temps
et qu'il était membre du directoire
ce exécutif, ainsi que ceux qu'il peut
a me rendre encore en ce moment, je
te l'engage a communiquer avec MM.
ce les duc d'Havre et comte de Blacas,
ce auxquels il doit avoir une pleine
ce et entière confiance. Signé Louis.
te Aux Tuileries, le 3o août i8i4.»
Barras reçut avec joie la lettre de
Louis XVIII , qui lui ofi^rait une ga-
rantie dans l'avenir," mais, n'ayant
aucune confiance en M. de Blacas,
et ne pouvant plus se dissimuler qu'il
venait de se compromettre en pure
perte pour lui et pour l'état vis-a-vis
de son propre parti, il persista dans
sa résolution de ne révéler qu'au roi
lui-même les secrets de la conjura-
tion. Il annonça au duc d'Havre (pie,
ne pouvant plus être utile h S. M. ,
il allait se rendre dans le midi de la
France pour éviter les confidences
d'un parti qu'il n'avait plus l'espoir
de rallacheraux intérêlsdumouarque;
cl il se rendit dans sa terre des Aiirala-
o
desprèsde Marseille. La catastrophe
du 20 mars et la seconde invasion de
la France justifièrent les avertisse-
ments de Barras, et attestèrent sa bon-
nv foi dans les révélations cpi'il a\ait
ofïertes. Bentréa Paris peu de temps
après le second retour du roi , il se
mil (le nouveau en rapport avec le
duc d'Havre. On ne peut douter (jue
la li.iine profonde dont il était animé
(Outre ^.inoléoii el les siens ne tut
alors le véritable motil de son xclu
pour les Boui bous. Avant mêiuc U
i
BiUi
BAR
ao3
seconde cnlr(^P de Louis XVIII dans
Paris, il avail l.iil |iasM'i- a ce prince,
jiliisiturs im'moiii's i-l avcrlisscnuMils
«|ui fiircnl nus sons les yeux du roi.
Quand Fauclic rcsolul au coinnuii-
ccincnl do 1816 de faire iinpti-
nicrcldc publier le Précis lùstuii-
(juc. des lUffèrenles missions dans
lesquelles il avait été employa
pour la cause de la monarchie ,
lîarras sachant qu'il devait y figurer,
el craignant d'être compromis auprès
de son parti, lit tout pour dissua-
der Fauche de ce projet. Voyant
(juil ne pouvait obtenir un tel sacrifi-
ce, il iX'^xi sourdement pour mettre
obstacle à la puLlicaliou' et il obtint
du ministre de la police un ordre en
vertu duquel la première édition fut
saisie. A ingl- huit exemplaires seule-
ment furent sauvés et répandus. Bar-
ras , très-contrarié de cette publicité
parlielle, dit un jour a Fauche:
a Voyez dans quelle fausse position
a vous me mettez. Je suis forcé de
« répondre aux personnes qui me de-
<c mandent si ce que vous diles est
« vrai relativement aux lettres-pa-
« lentes. INe pouvant vous désavouer
K entièrement, que puis-jcdire? Que
a c'est Bolot et Mounier qui ont cou-
ce duit cette aiïaire dans laquelle
ce vous n'auriez pas dû me faire figu-
cc rer. Vous me rendrez suspect a
a mes amis et a mes connaissances ,
ce et je n'apprendrai plus rien, si vous
u. ne laites pas un correctif que vous
ce ajouterez comme note addition-
<e nelle a votre Précis historique ,
ce et que vous refondrez ensuite dans
a votre récit, lors d'une seconde édi-
ce tion. La, vous expliquerez que c'est
ce avec lîotot et Mounier que vuus
a avez traité directement j et comme
a je communiquai dans le temps vo-
ce tre première lettre au directoire,
ce je puis avouer sans inconvénieut
« t[ue )\ii nru des propositions do
ce l'étranger. » Fauche consentit îl
ces niodilicalioiis 5 el il continua d'en-
Irelenir avec lîarras les mêmes rap-
ports, au grand raéconlcnleinenl des
vieux républicains rpii tireonvenaient
celui-ci;, et qui disaient entre eux :
ce 11 est bien étonnant (jue, lorsque
ce nous parlons à iîarras des lettres-
ce patentes, il les désavoue , et qu'eu
ce même temps il reçoive aussi bien
ce Fauche-Borel qui les a mises au
ec jour, y> En effet Fauche était reçu
chez Barras sur un pied très-ami-
cal (9). Au mois de juin 18 19 parut
une déclaration intitulée : Le général
Barras à ses concitoyens. Loiu
d'avoir aucun rapport direct avec les
écrits de Fauche, cette espèce de dés-
aveu regardait spécialement les Sou-
venirs et anecdotes secrètes , pu-
bliées par Lombard de Langrcs, qui
y avait inséré diverses anecdotes très-
piquantes sur les dernières années du
rèi^ne de Bonaparte, et qu'il annonçait
avoir puisées dans des conversations
(q) Barras demeurait alors rue Bleue, n. 20.
li'autcur de cette note qui depuis 1791, l'ayant
j)erclu de vue , et ne l'ayant aperçu que djns
quelques cérémonies publiques, n'avait jamais
clé l'encenser dans son palais du Luxembourg,
ni se vautrer, comme disait Barras lui-même, alla
le visiter dans son domicile bourgeois, où il eut
peine ri le reconnaitie. L'ancien directeur n'avait
alors que 63 ans; mais les regrets sur sa gran-
deur passée, les ennuis de sa position actuelle
semblaient l'avoir vieilli plus que les ans, l'abus
des [)laisirs et les iiirirmités. C'était toujours le
même homme qui, eu 179', froid, taciturne,
eudjarrassé, liésilail sur la bannière qu'il avait à
suivre. Mais il était tie plus calarrheux, cacochy-
me, morose, rappetissé tant au moral qu'au phy-
sique, et semblait encore llottcr entre la repu-
blique et la monarchie. Sa conversation n'of-
fi-ait rien de positif ni d'iutéressant. 11 se plai-
},'iiait vaguement de tout le monde, et parais-
sait regretter surtout d'avoir quitte le certain
pour l'incertain. Celte irrésolution explique as-
sez la conduite antérieure et subséfjucnte de
Barras, el déiuoulre bien évidenunent qu'il n'a-
vait jamais eu c|ue l'audace et l'activité du mo-
ment , quanti il était stimulé par l'intcrel ou
l'ambition, et f|u'il tenait en main tous les
moyens de satisfaire ses goûts ou de se mainte-
nir au i>ouvoir ; mais que, dans toutes les autres
cirCMustaiiccs, il ne fut réellement qu'un homme
fort uidiuuire. A — t.
2o4 JîlR BAR
que Je général Lefebvre, duc de Albin, tous les deux avocats a la cour
Danizîck, avait eues chez Barras et royale, proiioncèrent cbacun un dis-
soiivent mêmti a sa lablc. Ces cours funèbre sur sa tombe j et ils le
aiicrdolcs étaient vraies- mais leur louèrent sans restriction de ses f*?/--
divulgafion parut alors préir.aturéc. ///5 /V;7wZ///cr;//zt^5. Ou annonça bien-
Le duc de Dantzick se voyant com- tôt après la publication des Mémoires
promis dépêclia ses aides-de-canip de Barras j mais celle publication n'a
pour faire supprimer Tédilion. Il y pas eu lieu : on sait que sa veuve y
avait une page qui révélait également jnet obslacle. — Barras était grand et
les rapports qu'avait eus Barras avec assez bel boramc. Sans esprit ni cul-
Louis. \V1II avant et pendant Tannée turc, il avait celle sorte crintcUigence
i8i4- Voilh ce qui donna lieu au prompte qui lient au caractère. Ses
désaveu qui fut d'ailleurs suggéré a manières étaicntprévenanles 5 il était
Barras par ceux qui l'entouraient. Il actif, brave, généreux, rendait volon-
contribua aussi beaucoup a faire sup- tiers service j mais ces qualités furent
primer 1 édition des Souvenirs et obscurcies par la dissolution de ses
anecdotes secrètes, parce que cer- mœurs. Dans tout ce qui a été publié
tains faits qui y étaient consignésTau- au nom de Napoléon , on voit sans
raient compromis avec le parti qui cesse celui-ci occupé de repousser et
déjà maîtrisait l'opinion publique. Ce de dénier ses rapports avec Barras
fut dansce sens qu'il publiala déclara- et surtout les, services qu'il en avait
tion dont il s'agit : c'était moins encore reçus. Cependant il est incontestable
une réfutation captieuse de faits que ce fut cet ancien représentant
avérés qu'une profession de foi de (|ui le premier sut le distinguer, l'ap-
républicanisme pour satisfaire l'opi- précier et Temployer utilement au
nion de l'époque. Ainsi il est évident siège de Toulon ; et il n'est pas moins
que sur son déclin Tex-dirccteur fut notoire que ce fut encore lui qui , au
circonvenu par une coterie qui vou- i5 vendémiaire, le produisit , et fut
lait le faire mourir républicain, et la première cau^e de sa baute fortune,
sans aucune tache de royalisme. Ces Apiès tant de perséculions et d'ingra-
conlrariétés empoisonnèrent les der- lllude, on comprend aisément les
niers jours de Barras, infirme et ne motifs de pareilles dénégations. Bar-
(juillant plus son fauteuil. 11 ne vou- rns n'a pas eu d'enfants. — 11 avait
lut cependant pas désavouer les pu- deux frères: l'un était clianoine de Sl-
blicalions de F.lucbe-Borel, où tout Victor, h Marseille -, l'autre, (pii avait
se trouvait dévoilé, el qui parurent émigré (le cbevalier), était un joueur
avant .sa mort, biencpi'on Tait o!)sé(Ic (.llVénc j il ^'est noyé par désespoir.
|K)ur tirer du lui \\\\ désaveu. Barras B — r.
mourut le ic; janvier 18:^9, âgé do llAKRAri) (Jacques), juris-
74 txns , à Cliaillol. Une lenlalivc consulte, uacpiit à Poitiers , vers le
d'enlèvement de ses papiers polili(jur8 nnlieu du seizième siècle, fut re^u
cul lieu aussitôt par Tordre du mi- docleur eu droit a Toulouse, et vint
iiislre de la justice l'e^ronnel j mais exercer la [u'ofession d'avocat dans sa
déjli CCS papiers avaient élé sous- ville natale. Lorscpu* Tàgc Peut for-
Iraits. Le 1" lévrier, l'»arras fut in- ce d'y renoncer, il pidiiia un coin-
liiimé au cimetière de TIlsI. T\I. Tierre jncnlairc sur la coutume du l'oilou.
Gr.uid , et M. llorli nsius de Saint- jics avocats de celle province, si rc-
JBAR BAR
î>()5
ndiiiiiu-s par leur NciiMiCf, ont loujours pag. 607, édiliou dr Ri^oley de Jii-
f.iil le ])lns jM-aïul ras de ce Ir.ivail. vigiiy, le (lie coiiuiie aiilcur d'une
»l(.'aii r.iul. (<n (|iii coiiinicula lui- Iradiichoii du discours de la jciiiic.s.se
im'ine la coiiliinir, nicl ./wcY//rs r>.ir- de FdX iMor/illo (/^. ce nom, XY,
rand, pour !e<//(>/7 //<>//r<"f///, j)rej.(jiio 41^), Paris, i.'>79, in-8". L-m-x.
sur la nu'nie ]ij;rie (jne J(ic//i/cs BAKRE (Antoini; Li; Fevhl de
Cujas, jioiir le droit roiiiniii. Dreux la), licMilcnanl-j^éiiér.il , cmiL Taïeul
du llailier, deux siècles après , du inallieurcux chevalier de la Barre
compare Touvragc de Barraud à ce- ( f^(fy- ce noui, III, 4i/f) . (jui pé-
lul (le Domal sur le droil roinaiu (r). ril sur un (Ijcliafaud , pour (pieltnies
11 y avait pcul-èlrc un pou d'exa- iinpictcs (pic son extrême jeunesse
gération patrioliipic dans col elogc. rendait peut-i;!rc excusables. Il en-
La Bil)Ii(;llièque de dr(nt de Ca- Ira d'abord dans la magistrature, ob-
mus (5'" édition, in-8", lom. 2, tint une charge de conseiller au par-
p. 24.7) , raj)porled'unc manière va- lemcnl, et remplit successivement les
gue le litre du commentaire de Bar- fondions de maître des rc(]uêtcs,
raud. Il aurait dû être indicpKi d'intendant du Bourbonnais cl de
ainsi : Coustumcs ducomlê et pcijs TAuvcrgne, et enfin de Paris. Bien-
ilc Poictou, etc. 3 avec les nniio- t(*)t après il (|uitta la magisl rature
îiitions sommaires de M^ Jacques pour l'état militaire, fut admis dans
Bavraud ^ Poitiers, 1626, iu-4.°. le corps delà marine, et ayant Irou-
On trouve dans la préface un abrégé vé l'occasion de signaler son couraf^e
de l'histoire du Poitou. Les annota- fut élevé au grade de capitaine de
lions de Barraud ont été reproduis ydisscau. (Y. Chrofio h f^ie /us torù/.
tes dans le Coutamier général, cle Pinard, IV, 24.7). Nommé -^ou-
ou corps et compilation de tous les verneurde la Guiane en i663, il re-
commentaleurs sur la coutume de prit Cayenne sur les Hollandais cp.ii
Poitou, public en 1727, par Jos. s'en étaient emparés, et fit de celte
Bouchcul , 2 vol
laissa une nombreus(
BAr.RAUD ( Jacques ) , son fîls_, se ragea la chasse aux tigres j et , s'il
fil connaître comme poète latin el ne parvint pas a les détruiro entière-
c'omnie jurisconsulte. On a de lui : ment dans celte partie de l'Araéri-
Kccitalio sole?7mis de sponsaîibus cpie, il en réduisit au moins beaucoup
el matrimonioy i6'52, in-8°. C'est le nombre, en accordant atout chas-
une thèse pour le concours d'une seur le fusil avec Icfjuel il aurait tué
chaire de droit h Poitiers. Barraud un ligre, et la peau de l'animal, dont
père el fils ne figurent ni dans les \ ies les marchands de pelleterie donnaient
des jurisconsultes deTaisand, ni dans un prix a.ssez considérable. La Barre
la Bibliothèque des auteurs de droit dressa le p'an des forlificalioiis né-
de Simon. Il v a lieu de croire qu'ils ccssaires pour metiro Cayenne h Pa-
descendaicnt de François Barraud, bri d'unenouvcHe invasion -i! examina
commissaire enquêteur a Poitiers, les produits naturels de l'île , et fit
Duverdier (pil en a fait mention dans divers essais pour s'asstirer des cul-
sa Bibliothèque J)'nncaise^ tom. i, turcs qu'on pourrait y introduire avec
, . „,.. ,,. T : ■■ "" —— — le plus de succès , mais on ne lui laissa
(1) niblinlfiequc historiq, et crtlirj. (lu i'oi(ou, ^ , i'> ' 1 r\
t. III, p. »7fk pas le temps d achever les ameliora-
in-fol. Barraud île le centre d'une colonie qui pou-
ise postérité. — vait devenir très-florissante. Il encou-
ao6
BAR
lions qn'iî avait entreprises dans Tîn-
térêf de la colonie naissante. Toutes
les Vcs que la France possédait en
Amérique ayant été cédées a la com-
pagnie des Indes, La Barre revint en
Europe avec la répiilation d'un hà-
l)ile administrateur. Il fui créé lieu-
ienant-général en 1667 ; et, envoyé
dans les Antilles, il y battit les An-
glais qu'il força de lever le blocus
deSaint-Cbrislophe. En 1682 il rem-
plaça le comte de Frontenac dans le
gouvernement du Canada 5 mais , déjà
sur le retour de l'âge, il n était plus
guère propre K remplir un poste qui
exif-^eait une grande activité. En arri-
vant a Québec, il se laissa prévenir
contre La Salle {F^oy. ce nom, XL,
177), a quila France devait la décou-
verte récente de la Louisiane- et, sans
attendre d'autres témoignages, il man-
da que ce voyageur était l'uniijue
cause des actes d'boslililé que les
Iroquois venaient d'exercer sur des
marcliands français. Avec un peu
de réllcxion , il aurait vu que ces
lioslilités avaient été suscitées par
les Anglais, qui, désirant s'attribuer
exclusivement le commerce du Cana-
da, cherchaient par tous les moyens
K éloigner les concurrents. La Barre
n'ayant pas des forces suffisantes pour
commcncerla gucrieavec(|ueK|ue es-
pérance de succès, demanda des se-
cours, ri, en atlendanl leur arrivée,
il prit le parti de continuer avec les
Iroquois les négociations entamées
Î);ir son prédécesseur. Sur la lin de
'aimée i683 , il reçut deux cents
hommes de renfort; mais en même
temps le ministre le chargeait d'em-
pêcher les Anglais de former aucun
clablissemenl dans la haie de lludson,
attendu (jtio, dès i 656, la France eu
avait pris jio'^sessioi par la cérémo-
nie tisilée en pareil cas. Ce secours
était beaucoup trop faible pour le
BAR
mettre en état d'entreprendre une
guerre que les Anglais auraient bien
pu ne pas voir s'achever tranquille-
ment. 11 fut donc encore forcé de
recourir a la voie des négocia-
lions ; mais pendant qu'il cherchait
à ménager les Iroquois , il traitait
secrètement avec leurs ennemis, et il
en obtint la promesse de secours dans
le cas 011 la guerre viendrait k écla-
ter. Les Iroquois, non moins rusés,
lui envoyèrent des députés à Mont-
réal, pour l'assurer de leur attache-
ment sincère 'a la France. ]N imagi-
nant pas que des sauvages pussent
porter aussi loin la dissimulation, La
Barre leur fît mille caresses, et les
renvoya comblés de présents ; mais
a peine étaient-ils partis, qu'on reçut
la nouvelle que les Iroquois devaient,
avant la fin de l'année , pénétrer dans
les possessions françaises pour les
ravager. La Barre résolut de les pré-
venir; et, ayant réuni toutes les trou-
pes dont il pouvait disposer (1} h
Montréal, il s'embarqua sur le fleuve
Saint-Laurent, le i*"^ août 1684. La
flottille, retardée par différentes cir-
constances, employa pour descendre
le fleuve plus de temps qu'il n'aurait
fallu. Mal pourvue de vivres, elle eu
mancpia birulôt, et la petite armée ,
encore aflaiblie par la disette et par
les maladies, se trouvait dans l'étal le
plus déplcrable, l('rs(jue La Barre ,
campé sur les bords du lac Ontario,
dans une anse qui depuis a reçu le
nom de l'anse de la FtimiiWj vil, avec
autant de plai>ir cpie de surprise, ar-
river trois députés irocjuois. Ils ve-
naient lui proposer la paix, sous la
condition d'abandonner h leur ven-
geance les Illinois , ces fuièles alliés
des Français, depuis leur élablisse-
(i) (!(Mlc aiuii-M m' lompoaail de iiiiU» hoin-
llirs , dont A(.>|>t (t'llt:t ('illMlliCtX, «ifUX CCIItt
sauviigc» etcciil (rcnt* oldais fruiiv"»'.
fiAR
ment dans rAnicri([iK' scplcntrinn.ilc.
li.i lîarre, forcé d'y sctuscrirc, rcviiil
K (hu'l)cc, où , piMi (le temps .iprôs ,
arrivèrent les Iroiiprs (ju il a\.ul dc-
inanHérs, ri ([iii lui aiir.iiiMil pc-nnùs
de (licier les conditions a ceux dont
il venait de les recevoir (Voj. V/Iist
tft* la Nouvelle-France , par le P.
Charlevoix , liv. X et XI). Accusé
d'avoir lait niancjner cette expédition
par sa faiblesse et ses mauvaises me-
sures, il fut remplacé Tannée sui-
vnnle dans le gouverncmenL du Ca-
nada par le marcpiis de Jennonville.
La Barre resta depuis sans emploi ,
et mourut le /». mai 1688. On a de
ce général : I. Description de la
France équinoxiale , ci-devant
appelée la Guy aime , cl par les
Kspagnols y cl Dorado^ . nouvelle-
ment remise sous l'obéissance du roi j
Paris, 1666, in-4-". Ce volume cu-
rieux est devenu très-rare. II. Jour-
nal d'un voyage à Cayemie. On
le trouve k la suite de li Relation de
ce qui s' est passé aux Terres-Fer-
mes y pendant la dernière guerre
avec r Angleterre , en 1666-675
Paris, 1671,2 vol. in- 12 (2). « C'est,
« dit le P. Labat, moins une relation
« qu'un factura contre M. de Clodo-
ce ré, gouverneur de la Martinique. »
Il ajoute qu'il a vu des notes écrites par
M. de Clodoré, sur les marges du 4-*^
volume de V Histoire des Antilles,
parle P. Dutertre, « par lesquelles
« il répond très-bien et très-vivement
« a ce que M. de La Barre avait
« avancé contre lui dans son jour-
« nul M ( Voy. la préface du Nou-
veau voyage aux îles de l'Ame-
rique, par Labat ). W — :•;,
BARRE (César-Alexis Chi-
lîAR
a 07
(•i) CfUe Relation est attrilmre à Clodoré ,
Recrélaire de vaisseau ( /^. Ci.odohk, IX, 119),
ii'il ne faul pas confondre avec le gouverneur
U Marliaiqu«.
Z
rnrnF.Air, dirvaller m; la), lilléra-
tenr. élail né ^(;rs i 6.^)0 a Langeais,
dans la Tonraine. Aj)rès avoir servi
(|uel(pic-lenips comme \olonlalre , il
obtint une compagnie, ou du moins
le rang de capitaine dans le régiment
royal. La vie des camps n'avait point
affaibli son goût pour les lettres. Il
cultivait la poésie, et qnebjues pièces
recueillies dans le Mercure gala/it
lui firent une réputation qui ne s'ob-
tient plus h. si bon marché, depuis (juc
les versificateurs se sont si fort multi-
pliés. A soixante ans, il faisait encore
des vers naturels et faciles, mais né-
gligés. Retiré du service, il partagea
âon temps entre Paris et la province
où il avait conservé des relations avec
les amis de sa jeunesse, et il mourut
plus que septuagénaire, dans les pre-
mières années du iS*^ siècle. On a de
lui: 1° des Fables, Cologne, 1687,
in-8°. Il en a puisé les sujets de
quelques-unes dans nos anciens poè-
tes et dans les conteurs italiens;
mais il en reste un assez grand
nombre dont l'invention lui appar-
tient. 2'' Conseils à une jeune
dame qui çntre dans te inonde.
Tours (vers 1690), in-4.*^ de 3o
pag. C'est une épître en vers libres.
Dans la préface de son recueil de
fables, il annonçait «qu'après avoir
« fait parler les héros d'Esope, sa
« muse allait prendre un vol plus
« élevé, n Mais on ne connaît de La
Barre que les deux ouvrages qu'on
vient de citer. Chalmel ( Voy. ce
nom , au Supp.), lui a consacre
une courte notice dans la Biogra-
phie des Tourangeaux. W — s.
BARRE (Jean de la) , littéra-
teur, né, vers i65o , a Paris, se fît
recevoir avocat au parlement, et par-
tagea son temps entre les devoirs de
«a profession et la culture deslettreSr
Il jouissait d'une assez grande repu-
2108
BAR
talion au Larrean {P^.\e Journal des
savants y lyoS-iB). On lui doit une
continuation du discours de Bos-
sue l sur r histoire universelle ( P^.
BossuET, V, 238). Dans sa préface,
l'auteur avoue « qu'il ne s'est engagé
« dans ce dessein que par une espèce
« de désespoir de ce que nous ne pou-
«vions pas avoir la suile que cet illus-
cctrc prélat avait promise. » iVîais le
nom seul d'un concurrent aussi re-
doutable aurait dû lui faire tomber la
plume des mains. Celle prétendue
continuation, imprimée d'abord a
Paris en 1 7o3 , in-i 2 , a été repro-
duite un grand nombre de fois en
Hollande à la suile du cbef-d'œuvre
de Bossuct. La Barre a traduit le
livre de Sénèque de la brièveté de
la viej 1703, in-i2. Son nom ne se
Il ouve plus sur le tableau des avocats
pour I 7 1 2 5 on peut en conclure qu'il
était mort l'annéeprécédcnle. Drouet,
dans les tables de la Méthode pour
étudier l'histoire , a confondu le
continuateur (le Bossuet avec La Barre
éditeur ded'Acliéry, et l'un desnicm-
bres les plus laborieux de l'acadéniie
des inscriptions [K. Iîaiuie [Louis-
Franc.- Joseph de la)^ III, 4i 2).
AV— s.
KAIlRÉ(YvEs),néhParisle 17
avril 1749^ fut d'abord avocat et eu
1775 greflicT-commis au parlement
de Paris* mais, neveu du cliansonnier
Laujon, il ne larda pas a préférer a ces
graves occnpationsles jeux de b scène.
Il se réunit a Piis pour donner, au
lliéàlre (jiii n'avait plus d'/7<///r// (|ue
le nom, des pièces en vaudeville. Les
Jlon fions du ibéàlre de la Foire
avaient vieilli; les pièces de Piron et
de Pannard s'élaient effacées. Piis et
iMirré, liéritiers de la société du Ca-
veau, crurent (|ue le vaudeville pour-
rail lullcr contre ropcra-comiqueciui
l'avait écarté, et firent représenter
BAR
quatre pièces tout en couplets, înlî-
tulées : Les Vendangeurs, la Ma-
tinée et la Veillée villageoise ,
le Printemps^ et les Amours d'été.
Ces quatre pelitcs pièces, roulant sur
les quatre saisons, eurent, excepté la
troisième, un succès fort marqué, et
qui rétablit pour un temps le genre du
vaudeville (i). Ce n'est pas que ces
pièces ne fussent toutes plus ou moins
remplies de cboses de très-mauvais
goùl.Deplus,la nécessité que s'étaient
imposée les auteurs de faire, comme
h l'opéra, cbantcr depuis le commen-
cement jusqu'à la fin, inspirait aussi ,
comme a l'opéra, un peu de fatigue
cl d'ennui, et d'aiileurs, parmi tant
de couplets, forçait a en laisser de
très-médiocres, et d'autres pis encore
pat" les mauvais calembourgs dont
ils étaient remplis 5 mais ces dé-
fauts furent couverts par beaucoup
de choses spirituelles et par des ta-
bleaux souvent gais , naïts et même
jrracieux. Les auteurs voulurent con-
tinuer et soutenir ce genre par d'au-
Ires pièces qui furent moins heureu-
ses ; et, après quebjues années, le vau-
deville disparut encore devant l'opé-
(i) riis et «ncore moins Barré n'ont tfé
les rt'-;;t'ni;rateui« é\i. vaiulevilU; en Francf, (]i>u
sou* lo raji|)Urt du succrs «l'un grand nombre
dr leurs p'uVes, parmi lcS(|iu'lles il ne faut pas
()al>lifr CussaiiiliT ocu/àif, ynw en 1780. Outre
<|nc ce g«nr«" , «'•clipsf nu 'l'iu-àtre - Ilulii-n ,
])ar l'optra - comique ou comédie à arieilcs,
n'eu aruit pas clé culirrcn.ent exclu, it qu'un
y voyait ri'|).'irailre de lrm|)t en temps d«'S
opcra.s-vaudtvillc.s de Kavart et «le iiuel([uc.s
nulles vieux auteurs vivants, neuf pièces eu
vaudevilles fuient jouces depuis 1776 jusqu'îV
la fin de 1771). I.i plus aniicniu' fut une parodie
iVOrp/iff, iuliliilvc iti>:;ir/ioiitt'iiij>i rt Jiifolt-, par
Molinc et l)orvi;;ny, l'auleur des JfuiiiioK. Kii
177(1, parut /e M<ti, par Dt-sfonlnines (|ui, plu»
tard, fut lecollalioratcur de Piis. de Hailel et île
Uarre ; deux mois après, Piis donna, avec Des-
pni et Ue^înier, lu bonne t'émine oti U Phénix,
parodie <r.//(e.><e, el l'nîince suivante, avec le»
m<-nii8, {'Opéra de province, parodie d'.Vr»ii</<-.
les autres pièces furent (.uhriritf df /'iiro, par
Indien, In l{n;^r d'umoiir, pnr D.irvipny, trs /?i'-
vrru-s, rrniuitelirs Ul's (,irti, par KilVarl , pnrodiis
de (lulnielle dr f'er::r, <le lioland et A' Iplu-^rni»
en Timriilr, et«K, ele. iturri- u'ri j.iniui» donne seul
un ouvrage nu lliPiitro. A — t.
4->
n\n BiVR lof)
ra-roniîquf , eu du moins le peu de die; Vwnr Lcacif^c; Gnapard V<i-
])li'Ccs (pii fiirriil donucos on ce j^cnrc vise; le. Famltiii^o^ las dcii.r Kd-
ifiMircnt point de vogue. JJienlùl moiiy clc. 11 jiaraîl cpic le plushahilc
après, 1.1 niulliplicilc des spcclacics des trois collalxiratenrs clait Radcl.
(]ue la révolnlion de 17B9 avail fait Barré cjul avnil peu de lemps à lui,
sur^M'r dans Paris, inspira a r»arrc, h cl cpii n'eni jamais do slyle (i^), avait
Piis et a Rosière, antear de la corné- en revanclie une assez grande connais-
dieilalienne, ridce de fonder un lliéà- sancc du llk'ùlre. Il donnait de bons
ire spécialement consacre au vaudc- conseils aux jeunes auteurs, s'associait
ville. Ils se concertèrent avec des rarement h eux, et abusait beaucoup
aclionnnires^ clRarrédcvintdirectcur moins h cet égard de sa rpialité de di-
de ce théâtre (pii ouvrit le 12 janvier recteur qu'on ne Ta fait^ dit-on, quel-
1792. Il obtint un succès très-grand^ qucfois depuis. Il ne faut pas oublier,
pnrce qu'en eflet le vaudeville est un dans les pièces auxquelles il travailla,
genre fait pour plaire aux Français, Celle qu'il a faite avec M. Ourry , le
j)ar l'esprit des couplets et par la vaudeville de la Danse interroni-
grâce et la simplicité des airs , qui fnœ , qui contient la scène la plus
contiennent souvent plus de véritable folle et peut-être la plus gaie rpii ait
chant que de plus grands morceaux, "été offerte au public. La direction
Barré avait ménagé a son théâtre le d'un théâtre , si mince qu'il soit , est
talent de son ancien associé Piis, qui un petit empire. Il est diflicile de me-
fit seul la pièce d'inauguration , et lier tant d'actrices et d'acteurs sou-
qui avail même eu une pension pour vent spirituels, plus difficile quelque-
ces motifs. Mais il paraît que la con- fois de mener ceux qui ne le sont pas j
dilion de cette pension était que Piis par exemple, que dire k un acteur
ne donnerait de vaudevilles a aucun (Chapelle) plus Cassandre que tous
autre théâtre. Cet auteur ayant oublié ceux qu'il représentait , et qui, ayant
cette condition en fondant le théâtre voulu cumuler les fonctions d'acteur
des Troubadours, en 1799, sa peu- cl d'épicier, fit de mauvaises aifaires,
sion fut supprimée et tous ses rap- et répondait a un créancier importun:
ports avec son ancien collabora- « Mon ami, foi d'honnêtc-homme j'ai
leur entièrement rompus. Barré, qui f<ilt banqueroute. » Barré se tira
avait déjà composé avec Radet l'a- très-bien de ces difficultés et de bcau-
gréable opéra-comique de Renaud coup d'autres. Quoi'.jue naturellement
d'Ast, s'associa avec iui et avec vif et brusque, il franchit avec adres-
!)esfontaiues, et ils firent ensemble se et mesure des temps orageux et
l)t'aucoup de pièces dont la plupart ^qs circonstances épineuses. Je lui
réussirent. Les plus connues, outre Jii entendu raconter que peu de
les parodies souvent plaisantes, sont : temps après le i5 vendémiaire le
Arleqidji nJjiche.iu\{o]\Q am^àitmn?, général Bonaparte le fit venir et lui
1792, a été jouée peut-être sept ou dit: « Citoyen Barré, je suis fort mé-
huit cents fois , parce que pendant content de votre parterre. — Pour-
plus de vingt ans elle précéda près- quoi, général? — A cause des allu-
que tous les vaudevilles nouveaux j
Colonihlne nianncqiiin : le. Ma- r \ -o - r » 1 1-, •. 1 j> a
I , j-tj-it, ^jj Barre tut de la soru t ■ dfs dinerj du vau-
riage de Scarron ; JMonsieur dcvillr, d;iiis U rccuril do laquelle on trouve
C-/7 11 , ,•, r quclfiucs chansons Uc iui, nui ne sont pas les
uiUaume , excellente petite corne- lîieiUfurcs. a--t.
Lvii. 14
210
BAR BAR
sioDS anli-répuLlicaines qu'il fait tous table opéra-comique. C'est ainsi que
les soirs. — Général, j'en suis désolé ; les choses changent de nom ; mais les
mais je ne sais aucun moyen de les noms ne peuvent changer les choses,
empêcher. — J'en sais un, moi. — Le- Le vaudeville , ainsi modifié , plaît
quel, général, s'il vous plaît? — Je généralement en France et même
ferai mitrailler voire parterre. » C'é- ailleurs; car ce genre, traité, il faut
tait au milieu des victoires de l'armée le dire , avec encore plus d'élégance
dllalie que, tout en les .admirant, et d'esprit par un auteur remarquable
penser aux rcpubhcains qui van- de socieie aans presqi
teiit et même regrcUent Bonapar- rope, mais nous pourrions citer des vil-
le.— Barré, très-bon pour sa fa- les étrangères, Munich, par exemple,
mille, ne le fut pas moins pour ses où l'on commence a jouer dans la
acteurs qu'il ne cessa de protéger, langue du pays nos vaudevilles tra-
Cet homme si brusque leur ren- duits , en les chantant sur nos airs
dail beaucoup de services : un jour, souvent très-agréables. Ce que je dis
il en rencontra un qui sortait de des vaudevilles actuels ne doit pas
l'administration eu pleurant parce empêcher d'apprécier ceux de Barré et
ui ôlail. Après avoir pendant vingt- il se perd une quantité incroyable
trois ans dirigé le théâtre du Vaude- de bonne musique, on n'a pas d'idée
ville , il désira prendre du repos et de tout l'esprit qui se perd en France,
fut remplacé en i8i5 par Dcsau- également par la multinlicilé de la
giers. Le genre qu'il a\ait rétabli production. Carré, retiré avec une
n'avait eu que trop de succès ; car [)ensiou bien méritée et uue for-
cin(} ou six théâtres l'imitaient et tune assez médiocre, passa le reste
rivalisaient avec le sien en donnant de sa vie a la campagne. Il n'avait
aussi des vaudevilles. Il faut dire fas oublié pour cela le théâtre , et
que chez lui et partout on avait plus qu'octogénaire , il y paraissait
senti la nécessité d'enlreuiêler les ^ouveiil. Jamais il ne s'était rappro-
couplels de prose et de beaucoup de clié de son premier collaborateur
prose. Ce genre ainsi constitué pas- Piis; mais la fortune leur avait ré-
sera difficilement de mode en Fran- serve une triste et dernière associa-
ce- il V a même nui K Yopcra-cumi' lion. Barré mourut le 5 mai 1802 ,
que propreiiienl dit, (lui, au moment du choléra; et la même maladie eu-
011 j'écris, obi lent moins de faveur et leva Piis peu de jours après (5).
de succès. Mais c'est (pie l'opéra-co- , C. D. L.
ml(iue, forcé de se charger iV^ niusl- BARUK (Guillaume) , né cii
que et de linales, apres(pie cessé d'è- Allemagne, vers 1760, d'une famille
Ire l'opéra-comiipie; et au conirairc de protestants français réfugias, sér-
ie vaudeville aujourd'liul mêlé de —
jolis airs et même de jolis duos, trios (3) H.irr* .ivait inttilué su lé((«l«ir« unirer-
€l_ ([uatuors empruntes al om-ra-co- ^^^^. ^,^.^^,^^^ ,^^^^ ^^.^_^^^ ^^. j,,„j,.,,i, ,,, ,„;,„
nii(Mie lui-même, est au lond le véri- lu i)iujDffetiueu». v— vi.
BAR BAR ail
vil trabord dans la marine russe, et d après ses ])rincipc.s , un des ])lu»
AÏiil eu France .lu coniineuconienl de grands cl i\cs j)lus riches étaMissc-
la révolnlldn dont il embrassa la nienls de l'île. Le j^onvernenieiil, in-
cause avec beaucoup (fardenr. Il lit forme des succès qu'avait obtenus
les premières campagnes dllalie dans l>arré, le nomma membre de la cbam-
Tarmée française et y devint capi- bre d'a^rirullure cl de commerce
tainc. Parlant et écrivant toutes les des colonies; et, jxndant dix ans
langues de l'Europe, il lut distingué (ju'il remj)lit ces fonctions, il ne cessa
par le général Bonaparte, et devint d'entretenir une corrcspoiidance Irès-
soninterprèle avecdouze mille francs active avec le ministère sur les inlé-
de traitement. Mais ayant composé rets de Saint-Domingue. Il eut beau-
coutre lui des couplets satiriipies, il coup de part a la création au Cap d'une
fut obligé de fuir ; ce (pii était assez académie connue sous lenora de 6er-
diflicile en France a cette époque, de des PlUladelphes^ et qui rendit
Ne pouvant vovager par terre , il de grands services, en répandant
détacha pendant la nuit , du rivage parmi les colons la connaissance de
une petite barque, et descendit ainsi pratiques utiles et le goût des scicn-
sur la Seine jusqu'au Havre; d'où il ces naturelles. De retour en France,
gagna l'Angleterre sur un bâtiment en 1788, Barré tenta de s'opposera
américain. Arrivé à Londres^ il se l'adoption de mesures qui devaient
moqua de la police de Paris, dont entraîner la ruine des colonies; mais
il avait trompé la surveillance ; tous ses efforts furent inutiles , et il
et se vengea de Napoléon en pu- eut la douleur de voir toutes ses pré-
blianJ; en prose , dans la langue du dictions réalisées. Avec les débris de
pays, des écrits qui ne sont pas au- son immense fortune, il acquit aux cn-
jourd'hui moins oubliés que ses chan- virons de Paris un domaine d'une
sons : I. Histoire du consulat frafi- assez grande étendue, mais d'un rap-
çais sous Bonaparte , Londres , port médiocre , et il en dirigea lui-
1807. ^l' L'origine , les progrès, même l'exploitation avec tant d'ha-
ia décadence et la chute de Bona^ Lileté, qu'en peu d'années il en dou-
parte en France^ Londres, 181 5, bla les revenus. Admis en i8o3 a
in-8^. Ce dernier ouvrage devait la société d'agriculture du départe-
être composé de deux volumes, mais ment de la Seine, il lui communi-
le second n'a point paru. Barré a tra- qua plusieurs mémoires sur le code
duit en français l'ouvrage de Sidoey- rural, sur la possibilité et sur les
Smith sur l'expédition d'Egypte. Cet moyens d'introduire dans les par-
auteur s'est donné lui-même la mort tics méridionales de l'Europe la cul-
à Dublin, en 1829. ^- ^^"^^^ ^^^ coton, du café, de l'indigo
BARRÉ DE SAINT - VE- et surtout de la canne a sucre. Mal-
IVAXT (Jeak) , agronome , né, en gré son âge avancé ,. Barré devait al-
1737 , a Niort, entra jeune comme 1er dans le royaume de Naples diri-
officier dans un régiment de cavale- ger une plantation de cannes a sucre,
rie , et fut envoyé à Saint-Domingue, elles préparatifs de son départ étaient
Ayant observé les diflércnts modes ter^ninés lorsqu'il mourut au mois de
de culture employés dans la colonie, février 181 0, a 75 ans. 11 est auteur
il en reconnut les vices , trouva les d'un ouvrage intéressant . Des co-
moyens de les corriger, et forma, lonies modernes sous la zone tor-
2Ï2
BAR
ride , et particulièrement de celle
de Sninl-Dommgue, Paris, 1802,
in 8^^ avec caries. W — s.
BARREAU (FEATfçois), célè-
bre tourneur, naquit a Toulouse le
26 sept. lySi, et vint, jeune, s'éla-
blir a Avignon , où l'hounêtetc de
ses mœurs et l'urbanité de son
caraclère , non moins que son talei.t
dans un art qu'il cultivait déjà avec
dislinclion, le firent accueillir dans les
meilleures maisons. Estimé et consi-
déré , jouissa''t d'une honnête aisan-
ce, et n'aynnt d'autre ambition que de
s'élever de la classe des artisans au
rang des artistes , il s'occupait sans
relâche a perfectionner, à invcnler,
soit dans ses instruments et dans ses
procédés , soit dans les ouvrages qui
sortaient do ses mains. La révolution
de 1789 arriva, et Barreau était plus
que sexagénaire, lorsque le choix de
ses concitoyens le porta a des fonc-
tions municipales, qu'il eut le cou-
rage ou la faiblesse d'accepter. Mais
bientôt une de ces réactions politi-
ques, si fréquentes dans Avignon, le
contraignit d'abandonner cette ville,
vers T797 , et lui lil perdre une par-
tic de sa fortune. Réduit a cliercbcr
une nouvelle pallie , il se décida sa-
gement pour Varis , suivant le conseil
de M. de Forlia d'Urban , dont les
recominandalions lui furent fort uti-
les. 11 y apporta ses outils , son in-
dustrie cl ses ouvrages, en fit de
nouveaux , cl y fut si promj)leuient et
si avantageusemcnl connu, (pic iM'S le
5() mai 1799, ■'>ur le rapport d'une
commission nommée ])ar le ministre
de riiitérieiir, plusieurs de ses r7/r/À-
d'mn're furent jugés dignes d être
placés au conservatoire dvs arts et
métiers. TVieiilôl un lojremeut lui lut
accordé dans les bîilimenls de 1 an-
cien rolleiM' (le Navarre. Ces cneoii-
rageinenls slimulèreiil Lîaircau, et le
BAR
mirent en position d'en obtenir de
nouveaux. Le 10 juin 1800, une com-
mission composée de Monge, Char-
les et Perrier, fit a la première cbisse
de l'Institut le rapport le plus ho-
norable sur ses travaux , sur leur va-
riété 5 sur le bon goût, l'élégance et
les belles proportions de leurs for-
mes , la précisicn et la délicatesse
de leur exécution. Elle donnait en
même temps de justes éloges k
liutelliojence et a l'adresse de l'ar-
tisle 5 a sa patience, K son cnlhou-
siasme , qui lui avaient lait vain-
cre des difficultés jusqu'alors insur-
montables, et recuit r les bornes de
son art 5 enfin a rextrême simplicité,
k la justesse et a la solidité des outils
qu'il avait exécutés et perfectionnés
lui-même, et surfout de son tour en
l'air et de son tour h pointes , bien
préférables aux tours plus compliqués.
L'envie et la malveillance avaient ac-
crédité le faux bruit que Barreau n'é-
tait point l'auteur des merveilles qu'il
présentait j son extrême modestie ne
se serait point offensée qu'on eût
trouvé ses ouvrages imparfaits. « Je
tâcherai de faire mieux," aurait-il
dit. INJais il fut sensible k l'injustice
qui osait lui en disputer la paternité.
Malgré son âge avancé , il ne craignit
pas d'entrer dans l'arène et de défier
ses adversaires, ijn rapport lu à l'a-
thénée (les arts, le 6 sept. 1807,
con.slata (pi on l'avait vu exécuter un
ouvrage demaiulé au hasard, cl le
conduire juscpi'k la fin, avec celle cé-
lérité résultant d'une main exercée et
de lasiiiiplicilé des moyens; enfin (jiie
Barreau était sans égal , comme il
avait été sans maître. A la suite de ce
rapport , le président luiremil la mé-
daille et la couronne, en disant :
a Soixanle-sei/.e ans de travail n'ont
fait (pré|iurer votre goût . sans alté-
rer \d lermflé de celle luaiu liabiluco
BAR
il nrocluirc (.liaijin' )()iir de nouveaux
|)io(li{^cs. Pour l'Ile le simple ciseau
osl le sieplre ilu lour j au nom de
ralliénée des arls, j'en pose sur vo-
ire lèle la couronne. 5) Peu de temps
nprès , IJarreau fut reçu membre de
l'alliénée et ensuile de la société des
iiivenlions, découvertes et perfection-
nements. 11 l'était déjade ralliénée de
Vaucluse. De nouveaux rapports des
deux sociétés parisiennes , en fa-
veur d'ouvrages plus récents de cet
homme habile, acbevèreul d'établir
sa réputation et de prouver (pi'il
avait porté l'art du tour a un point
de perfection jusqu'alors inconnu. Ou
n'attend pas que nous fassions ici l'é-
numération et encore moins la descrip-
tion de tous les chefs-d'œuvre sortis
des mains de Barreau, Il suffira de
donner au lecteur «ne idée de la pièce
qui est devenue pour lui le type d'ou-
vrages plus délicats, plus élégants et
plus perfectionnés. C'est une sphère
eu ivoire de 4- pouces de diamètre,
portée sur un piédestal on ébène , et
percée a jour de 3o ouvertures au
moyen desquelles l'artiste a travaillé
dans le même bîoc une urne dont
le pied titnt a la sphère par un pi-
vot à vis , et dont le couvercle se dé-
visse k volonté. Dai s cette urne se
trouve une autre boule également
percée à jour, et qui conlienl une
étoile a douze rayons. Cette pièce fut
faite à Avignon , il y '^ près de 5o ans
pour la famille de l'auteur de cet ar-
ticle , qui la possède encore. Barreau
en fit depuis quelques autres a peu
près semblables pour 1 invention , la
forme et les dimensions. Mais a Paris
il exécuta ces sphères avec plus de
hardiesse et de perfection , soit de
même graideur , et eonlenanl t) a i 0
pièces ditiéi entes, les unes dans les au-
tres 5 soit dans des proportions beau-
coup plus petites , puisqu'il y eu
liAK
21 3
a (jui n'ont pas plus de i5 lignes
de diamètre , »l (pii sont percées et
compliipiées ii l'extrémité du même
bloc, dont il faisait une colonne, \\n.
obéliscpie , une aiguille , auxquels la
boule semblait ne tenir que par un
fil. Ilarreau adapta dépareilles sphè-
res a une pièce composée de douze co-
lonnes, circulairement placées , et de
même hauteur, mais uilfércMiles par
les ornements qu'elles supportent , et
entre lesquelles sont des candélabres
qui tiennent a-la-fois du goût antique,
moderne, arabesque et chinois. Nous
supprimons les autres détails de cette
pièce admirable, connue sous le nom
de Kiosk , qui a vingt-six pouces de
haut sur seize de large , a sa base
Barreau l'offrit à Napoléon ([ui lui fit
compter iooo francs , et la plaça à
Triauon. D'autres rapports lus aux
deux sociétés dont Barreau était mem-
bre, avaient mentionné honorablement
les nouveaux ouvrages dont s'occu-
pait sans relâche l'infatigable vieil-
lard. Tous y manifestaient le désir que
cet artiste pubhàtun ouvrage élémen-
taire où il expliquerait ses procédés j
mais soit paresse , soit modestie ,,soit
inhabileté a rédiger la théorie d'un
art qu'il pratiquait avec une supério-
lité si marquée , Barreau , a l'excep-
tion de ({uelques mîtes pour son usage,
n'a rien écrit, quoicpi'il n'ait pas cessé
de travailler jusqu'à sa mort, arrivée
le 2 août i8i4,a 85 ans. N'ayant
iamais été marié, il n'a point laissé
d'Iiéritiers de son secret. Plusieurs de
ses ouvrages , admirés a diverses ex-
positions de l'industrie, et achetés par
le gouvernement, figurent encore au
conservatoire des arts et métiers.
A T.
BARRETT (John), savant
anglais, né en 1763, fils d'un ec-
clé.>la.il\([ue , entra lui-inème dans l'é-
glise 5 devint membre du collège
21 4 BAR
de la Trinité, a Dublin , Bibliothé-
caire et professeur de langues orien-
tales. Il était doué d'une mémoire
prodigieuse; et, donnantpresque tou-
tes ses heures a l'étude, il acquit une
érudition étendue et profonde. La
société n'avait aucun attrait pour
lui, et il ne lui faisait aucun sacri-
fice. Ses habits étaient sales et hors
de mode , et ses manières élranges.
On ne le voyait guère sortir de
l'enceinte du collège , que lorsqu'il
^tait chargé de prêcher le carême,
lorsqu'il allait loucncr ses revenus
k la Banque; et s'il consentait à vi-
siter un ami, c'était k condition
qu'il n'y aurait pas de femmes. Le
peu de dépense qu'il faisait lui avait
permis d'amasser une fortune con-
sidérable, et la connaissance que
l'on avait de son trésor faillit lui
coûter la vie. Le cortcierge , qui le
lauva dans celte occasion , fut dès-
lors son confident, et il ne l'ou-
. blia pas dans l'acte de ses volontés
dernières. John Jjarrctt mourut a
69 ans , le i5 novembre 1807 ,
laissant par son testament , près de
cent mille livres slcrlino; destinées,
suivant ses expressions, « h nourrir
a ceux qui ont laim, clkvètir ceux (|ui
« sont nus. jj On lui a reproché toute-
fois de n'avoir assigné que peu de chose
ksesqualrenièces,quiélaienl dausune
situation peu aisée. On a de lui : L Rc-
c/icrc/ics sur l'on f^i ne des conslcl-
liilions (fui conifioscnt le zodiaqui'^
cl sur les //suites auxquels elles
furent (lest iures , i^oo. If. Passai
sur 1(1 première partie de lu vie de
S'wift t i8o8 , in-8" do 2^2 pages;
intéressant morceau d«î biographie,
qui a été inséré dans It-s (Irmièrci
éditions des œuvres de cet homme cé-
lèbre, lll. iLvnnffelium scrurulum
Mut/lururn , ex rodiee resrripUt
in hibliotJicca eolle<^ii SkS. Trini-
BAR
tntis juxta Dublin. —— Barrett
[Eaton-Stannard)^ né en Irlande,
suivit quelque temps la carrière du
barreau et cultiva la littérature. Il
mourut des suites de la rupture d'un
vaisseau sanguin, et n'ayant encore
que 35 ans, le 20 mars 1820. On
cite de lui: I. La comète , œuvre
burlesque, i8o3, in-8°. II. Tous
les talents, poème satirique, 1807,
in-8°. m. La femme , ou aven-
tures de Chérubin^ poème 1810,
in-8°. IV. V héroïne y 5 volumes
in-i2, seconde édition , 181 4; ro-
man plein d'esprit et de naturel , et
qui a eu un grand succès. L.
BARRIERE (Dominique).
Voy. Dominique, XI, 521-22.
BARRlIVGTOiV (Shute), le
sixième des fils du lord de ce nom
{V. t. III, p. 421), naquit a Bccket
dans le Berkshire, en 1734-, et sept
mois après perdit son père des suites
d'une chute. Il fil ses études k l'école
d'Elon, et au collège de Merton de
l'université d'Oxford, dont il devint
un des associés. Ordonné en 1766
par révèque d'Oxford, il fut suc-
cessivement chapelain ordinaire du
roi , chanoine de Christ-Church en
1761, de St-Paul en 1768, et sa-
cré évè(jue de Landaff Tannée sui-
vante. L'appui qu'il donna dans la
chambre (les lords pour laire maint LMiir
l'obligation de souscrire aux trente-
neuf articles lui suscita des ennemis
f);irmi les disseuters «pii, considérant
es sentiments religieux que sa famille
avait professés, srndilnieut lui repro-
cher uue sorte de désertion. Kn 1779,
il proposa un bill tendant h prévenir
plus ellicnrement le crime ilailidlèrc;
mais ce bill, après une deuxième lec-
ture dans la chambre des communes,
lui écarté par Pinlluence de Fox.
lii- roi (ieorgcs III, (jui avait pour
lui la plus haute estime , et quiTap-
BAR BAR 21 5
pelait son Anjur , l'i-lcv.! de son sa ranii'Tf» litlcrair(î par une J^s-
pronre moinrmcut an slrj^c cpisco- fjiiissc de ht lùc p()lili(iu(' de son
pal (le Salisltiirv. (îoiiinie la catiic- J'irrc ly il litun, (Iciixirnic vicomte
drale el le palais l()iiii)aii'nl ou ruines, Jintrin^loii. Dans la rcdacliou cleccl
une souscriplioii lui ouverte pour ouvrage il fut aidé par son cousin sir
les réparer. Un jour un liominc sim- Tlionias Bernard [Voy. ce nom, au
plemenl vêtu, après avoir visité i'é- Siipp.) , (jui le seconda également
glise , demanda le registre de la ])()ur satisfaire son pendiajit à la
souscription , et mit dans les mains i)icnraisance, en fondant des sociétés
du commis un bdlet de hanquo de charitables et des écoles, et en sou-
mille livres sterling au nom, dit-il, tenant des liônilaux. Des liommes
d'un gentleman du Berkshire. On distingués et utiles trouvèrent en lui
sut plus lard (jue ce gentleman si un proleclenr actif, entre antres
généreux était le roi lui-même. Tho- William Paley, auteur de la Théolo-
mas Thurlow , évécpie de Durliam, gîe naturelle, Carlyle, connu par ses
étant décédé en 1791, Barringlon, voyages en Orient , Andrew Bell
toujours favorisé par le monarcjue, cpii a introduit en Angleterre et per-
ohlinl cet évèché si ambitionné. 11 pu- fectionné une mélLode d*enseigne-
blia plusieurs mandements : dans l'un ment [K. Bell, dans ce volume),
d'eux, en 1801, il attribuait la pre- Faber , auteur d'ouvrages sur les
mière cause de la révolution fran- prophéties, le docteur Gray , a qui
caise k ce qu'il appelait les corrup- l'on doit une clé de l'ancien Tcsta-
tions de l'église de Rome. En 1806, ment. Il n'y avait peut-être pas dans
il revint sur ce sujet, et imprima ses Londres une institution charitable
idées sous ce titre : Motifs pour les- pour laquelle l'évêque de Durhara ne
quels l'église d'Angleterre s'est fût un généreux bienfaiteur* el par
séparée de l'église de Rome. Ans- son testament les effets de sabienfai-
silôt un prêtre catholique de ]New- sance se sont étendus au-delà du
caslle prit la plume pour accuser sa tombeau. Ou voyait réunis a sa table
Seigneurie «d'avoir prêché d'un bout des ministres non-conformistes, des
k l'autre de son diocèse une sainte catbolicjucs romains, des quakers,
croisade contre les opinions et les d'illustres étrangers. L'un des der-
personnes des catholiques. » Quant nicrs, Mirza Abou-Talcb , qniaécrit
aux personnes, l'imputation était une curieuse relation de ses voyages ,
injuste, car dans le même temps où dont une traduction anglaise a été pu-
le prélat signalait son zèle contre les bliée k Calcutta, s'est plu k rendre
progrès du catholicisme, il employait hommage a ses vertus {P^oy. Acou-
une partie de son revenu k secourir, Taleb,LVI, zio). La figure decepré-
f)ar Tenlremise de l'avocat Butler , lat était noble et sa taille élevée. Dans
es prêtres français réfugiés dans la sa première jeunesse il paraissait
Grande-Bretagne. La controverse menacé de consomption; mais par
fui continuée néanmoins pendant la tempérance et par l'exercice il par-
quelque temps. En i8ri, l'évê- vint, exempt de n;a1adies graves,
que de Diiriiam recueillit en un k l'âge de 52 ans. Moitié 27 mars
volume les sermons, mandements el 1826, il fut inhumé «ans pompe,
tulres écrits qu'il avait publiés k di- conformément k ses dernières volon-
Terses reprises. Eu 181 5, il termina tés. - L.
ai 6 BAR BAR
BARRIS (Fierre-Jeak-Paul), ile Paris publièrent alors son éloge
président h la cour de cassation, lui- sans restriction • le Courrier Frun-
quit a Monlesquiou, eu Gascogne, le çais fut le seul qui l'accusa de fai-
5o juin lySp, d'une famille de hoiir- blesse et de complaisance pour le
geoisie considérée, et Et ses études h pouvoir. MM. de Laplague , neveux:
Toulouse. Se sentant un goût très- de Barris, prirent sa défense avec
vif pour les voyages, il parcou- beaucoup de chaleur dans le Bloni-
rut pendant plusieurs années toutes teur Am lo août 1824.5 et ils prè-
les parties de l'Europe, et ne revint sentèrent, comme un témoignage in-
dans sa patrie qu'après avoir recueilli contestable de sa fermeté, la con-
nu grand nombre d'observations sur duile qu'il avait tenue dans l'affaire
les mœurs et la législation de ces diffé- du jury d'Anvers, où sa résistance
rentes contrées. Il exerça depuis avec aux volontés du despotisme impérial
beaucoup d'éclat la profession d'avo- fut généralement admirée. M-d j.
cat. Dès le commencement de la ré- BARROAV (Jean), compilateur
Tolution, il s'en montra partisan, mais anglais s'élait fait connaître avanta-
avec beaucoup de modération, et fut geusement^, comme auteur d'un Dic-
nomme en 1790 commissaire du roi tionnaire géographique , lorsqu'il
près le tribunal de Mirande , puis publia, sous le voile de l'anonyme,
député h l'assemblée législative , où un Abrégé chronologique ou his-
il ne parut point k la tribune, mais toire des découvertes ^ faites par
se fil remarquer par la sagesse de les Européens ,daîis les différentes
s,cs opinions et par son zèle a prépa- parties du jMo/ule ^honàics ^ ijS6,
rer dans les comités tout ce qui tenait 11 donna , en 1765, sous son nom,
a la jurisprudence et au droit civil, une nouvelle édition de cet ouvrage
Revenu dans son pays après la révo- et il y ajouta plusieurs découvertes
lution du I 0 août i 792, il fut obligé importantes. Le succès que cette his-
de se tenir caché pendant tout le rè- toire obtint eu Angleterre, engagea
gne de la terreur , et n'échappa que Targe a en publier une traduction
par la fuite. Le collège électoral française , qui parut sous le même
du Gers le nomma en 1796 jugea la titre, Paris, 1766, 12 vol. iu-i2.
cour de cassation j et, quand le terme Le tome premier et le second contien-
de ses fonctions fut arrivé , le direc- nent les voyages de Christophe Co-
toire l'envoya dans les déparlements lomb, de Vasco de Gama , d'Alva-
du Rhin pour y présider les tribunaux rcz Cabrai cl de Feriiand Corlez,
de révision. Lors(jue Boiiaj)arte, de- de i/|.,92 a i5',>3 , et les deux der-
vint premier consul, Barrislut nommé nicrs les voyages d'lJl!oa, d'Anson ,
un des conseillers a la cour de cassi- d'iillis, et le naufrage du vaisseau
lion; cl le i 7 avril 1806 il y devint le Dodi/iglon , de 1755 h 1755,
présidentdelaseclioncriiuinclle. C'est Les autres volumes sont consacrés
dans 1 exercice de cvs importantes aux voyages de Pi/arre, Solo, Magel-
fonetioiis (ju'il a passé les dernières !an, llalcigli, Tiioinas llowe, INieu-
anuées de sa vie; et il s'y est fait re- lioll, Baldauis, Dampier, \\ aler, Ilo-
iiiarcpicr dans toutes les occasions par gt'rs, cl une dlxaine d'autres aux-
sesluniièresel parsaprobité. Cedigno (|uels l'auteur a donné nu)ins d'éten-
magislralesl mort à Paris le 27 juil- (lue, mais ou n'y trouve aucun des
ici 1824- La plupart des journaux nombreux voyages au Levajil, eu
lîAJl JJAll 9.17
J^crsc, cil Fgvplr, en lîarl)ari(', i le, voy.ij^c ([ul ne lui fut pns moins iillle
à rcxceplioiulcccux de Ccim-lIlCar- (jii a sou cicve. De rcloiir en France
rcri, qui y llcnncnl diiix \ oliinics. J^e in 1774 , il fui fail anniônirr de la
Iradiiclcur .se [uoposail de donner j)iiuccsse de Conli (i_), cl devint l'un
une suileli ctl ouvrage , en y joignant des coUaboralcurs de Y Année lilté-
un extrait dos vova;^os modernes p:ir rnirc. Ce fut dans les loisirs (juc co
terre; mais il fui arrêté par la pu- travail pouvait lui laisser f|u"'il entre-
Micatiou du prospectus de r///5/o//-tf prit de réfuter les divers systèmes
(les voyages, de l'abhé Frevosl, des pliiIosoj)lics antichréliens. Son
entreprise littéraire qui, exéculée. sur ouvraj>^c , écrit en forme de lettres
un plan plus vaste , bien (pi'imparfail, qu'il iiililula les Hehienncs , de
fit oublier en France Touvrage de Tancicn nom des habitants du Viva-
Barrow et sa traduction. Barrow est rais (Ilc/vii), est resté le premier
mort vers la iin du dernier siècle. — 11 titre de Barruel a la célébrité. Sans
ne faut pasle confondre avec sou don- doute on doit lui reprocher de nia-
ble bomonyme, JM. Jean Barrow. qui voir pas assez épargné les personnes
est vivant et connu par les relations dont il combattait les faux systèmes,
des voyages qu'il a faits personnelle- et d'avoir fait un emploi trop fréquent
mentjdepnis 1792, en Chine, en Co- de Pironie j mais on ne peut lui refu-
cbincbine et dans rAfri(jue méridio- scr de l'esprit, de la malice et le mé-
nale, et qui ont été traduits par Cas- rite si rare d'être toujours intéressant
sera, Malte-Brun et M. Walckc- et clair eu discutant les questions les
naer. A — ï. plus obscures. Son compatriote ,
BARRUEL (l'abbé Augustin), Soulavie, qu'il n'avait pas plus mé-
l'un des plus zélés adversaires de la nagé que les autres, ayant essayé de
philosophie du XVIIP siècle, naquit, défendre son sentiment sur la forma-
en 174.1, H \illeneuve-de-Berg, dans tiou delà terre, il lui répondit par un
le Yivarais, d'une famille honorable, écrit intitulé : La Genèse selon M.
Après avoir terminé ses études, il Soulavie {^2). Celui-ci , sentant bien
entra chez les jésuites, et fut envoyé le tort que ne pouvait manquer de
par ses supérieurs au collège de Tou- lui faire un pareil éclat , rendit
lousc pour y professer la grammaire plainte contre Barruel au Chàlelet;
latine. A la suppression delà société, mais l'archevêque de Paris étouffa
il partagea l'exil de ses confrères qui l'affaire en l'évoquant a l'officialilé •
refusèrent de se soumettre a l'édit du et dans la suite les deux adversaires
roi, ne lui reconnaissant pasle pou- se donnèrent des témoignages réci-
voir de prononcer la dissolution de proques d'estime et de confiance
leur institut sans le concours de l'au- [V. Soulavie, XLIII, 177). Après
torilé ecclésiastique. Accueilli dans la morlde Dinouart (^. cenom, XI,
les étals de la maison d'xYutriche , 376), Barruel concourut à la rédac-
il régenta quelque temps dans la Mo- tion du Journal ecclésiastique ; et
ravie et la Bohême, et fut enfin nom- depuis 1788 il le soutint seul jus-
mé professeur de rhétorique au qu'en juillet 1792, avec un succès
collège Thérésien a \ienne. Barruel — —
se démit bientôt de celte chaire pour f') S' •^"'"'l "";i.t''^.P»''^'"cnt honorif,q.,e.
se charger de 1 éducation d Wn jeune X\VII,79.Le pamphlet do Barruel fut supprimé
„ • l'i T, !• iiar le "arde-des-sccaux avec une telle cxacti-
sejgneur qu il accompagna en Italie , \^^, ,^,%„ ^-^u eounuit .ucuu c.NCinpiaire
2i8 BAR BAR
toujours croissant et un courage qu'il teur y établit en principe que les pas-
semblait puiser dans les périls mêmes leurs admis a continuer ou a reprendre
dont il était entouré ■ mais, après le leurs fonctions au prix d'une simple
massacre des prêtres dans les jour- soumission aux lois existantespeuvent
nées de septembre, il dut céder aux et doivent même, pour tout ce qui ne
conseils de ses amis qui l'engageaient contrarie ni les mœurs ni la religion,
a fuir, et s'embarqua pour l'Angle- faire cette soumission plutôt que
terre. A Londres, il fut accueilli par d'abandonner les fidèles au schisme,
le célèbre Burke, dont il nous apprend h l'intrusion ou a l'impiété. En con-
qu'il eut beaucoup a se louer (3). séquence de cette doctrine , Barruel
Son éloignement ne ralentit pas son adressa au nouveau gouvernement une
zèle pour la cause qu'il avait embras- promesse de fidélité 5 et il obtint en
se'e , et de nouveaux écrits signalé- 1802 la permission de rentrer en
rent bientôt son exil. Le plus connu France. Lors de la réorganisation
de tous est V Histoire du jacobinis- du chapitre de Notre-Dnme, il en
me j ouvrage dans lequel il attribue fut nommé chanoine honoraire. Con-
la révolution française aux plnloso- vaincu de la nécessité de faire cesser
phes, aux francs-maçons et aux illumi- le schisme qui désolait l'église de
nés réunis pour renverser la religion France, il écrivit, en faveur du con-
et toutes les instilulioDs sociales. Cet cordât, un ouvrage intitulé: De
ouvrage, auquel laréputation de l'au- V autorité du pape, qui fut réfuté
teur, et peut-être aussi la difficulté de vivement par l'abbé Blanchard [V.
se le procurer, adonné quelque temps ce nom, ci-après) et quelques autres
une assez grande vogue, est h peu opposants; mais c'est K tort qu'ils
près oublié maintenant. Toutefois, essayèrent de flétrir sa réputation, en
il mérite d'être conservé dans la l'accusant de s'être vendu a Bona-
classe trop nombreuse des livres siu- parte. Placé comme émigré sous la
guliers qui montrent jusqu'où l'on surveillance de la police , il y resta
peut être égaré par l'esprit de dix ans, et fut même en 181 1 arrêté
sysième (4.). 11 a été rélulé par sur le soupçon qu'il avait eu connais-
Mounier {V . ce nom, XXX, 324); sance du bref lancé contre le cardinal
et Dus^aull l'a assez bien caracté- Maury. Enfin il estcerlainqu'iln'aja-
risé par ce mot snirituel : c'est mais reçu de l'emporeur aucun traite-
moins V/iisloire que le roman du ment. Vivant au milieu de ses livres
jacobinisme. Après rétablissement du et des amis (pii lui étaient restés,
consulat, Barruel fit paraître une Barruel passa ses dernières années
brochure qui étonna beaucoup de dans la retraite , et mourut a l*aris ,
inonde, et qui parut n'être que le le 5 octobre 1820, à 79 ans. Outre
prélude (le son rtlour (U France; une traduction des yi\7//^vr.ç, poème
elle est iulilulée : l/evau^ile et le latin du P. Hoscovicli ( y . ce nom ,
cli'ri^ê sur la sou/nission dans les V , 216), et quehiues écrits contre
réi>aluti<jns, himdrvs y 1800. ï/aii- la constitution civile du clergé, le
serinent des prêtres, le divorce, etc.,
m Mrm. furleJnrnhiivsme.V, a68. on .^ de |ni : \. IaS HvlsicuneS, OU
<4) Diin-ucl triiiivi\un)' pn-iive <lr In «'oitjii- » ... » .1 . .
fali.in i\vn .i,.vrlo|...i.Ht.» ri .Irs rroiH.ini.si.i i'CttirS proVinCtllieS p/UlOSOptU'
r.<.nlrr II! tniiir n l'iiiiicl «I.MiH lu v«rii i|u'iN II r- nue; l*aris 1^88 .*> \ol. iu- I 2 *
iiiniciil (Ir vnir l< '/lialiilaiils (1rs cniniiugiics plus , , \- 1 • 1 o t / I • ~'
1 1 luire» sur leur» iiiUii>u. "" cdlt., iblU., I 0 2 v*» , /| VOl. in-I2,
pn'cccléf (ruiip notice sur r.iiilnir
ri (riiii Jugoniciil sur ses divers oii-
\ r;ij;(\s par I^nss.inll (/ . ce nom, an
Siipj).). roules les cdilions antérieu-
res sont incomplètes. II. Collection
ecclcsiastique y ou Recueil des ou-
vrages faits depuis l'ouverture des
états- irt^néraux relalivenicnl au cler-
gé, l\iris, 1791-95, 12 vol. in- 8".
J)ans un avertissement mis en tète du
premier volume, Barruel prévient
qu'il sVsl donne pour associé h ce tra-
vail M. l'abbé Giiillon. III. Histoire,
du clers^é de France pendant la
révolution, Londres, 1794^, in-8'^5
et avec des additions, Paris, i8o4,
2 vol. in-8" 5 Venise, 17995 i8o5,
2 vol. in- 8*^ 5 ouvrage plein d'er-
reurs cl de faits controuvés. IV. Mé-
moires pour servir à l'histoire du
jiicobinisnie, Londres, i 797 et ann.
suiv. , 5 vol. in-8"j réimprimés en
Allemagne et a Ljon sous la rubri-
que de Hambourg. Barruel en a
donné lui-même un abrégé , Augs-
bourg, 1800 , in-8". Il en existe un
autre abrégé par Tabbé Jacquin,
Hambourg, 181 1; Paris, 181 7, 2
vol. in-i2. La partie qui traite de
rilluminisrac a été traduite en anglais
et vivement critiquée dansle ISIontli-
Ij-Keview. On a déjà dit que Bar-
ruel a composé cet ouvrage pour
prouver que la révolution est due
aux efforts criminels des templiers ,
^^•i rose-croix, des illuminés et des
francs-macons ; mais un de ses con-
frères, l'abbé Fiard {V, ce nom, au
Supp.), ne fait nul doute cfu'elle ne
soit l'œuvre des sorciers et des démo-
noliitres j et celte opinion, qui paraî-
tra pour le moins aussi singulière que
celle de liarruel, a trouvé dans l'abbé
A\ urtz [V. ce nom. LI. 283) un prô-
neur qui, pour la mieux répandre,
a reproduit sous son nom l'ouvrage
de Fiard. V. T)ii pupc et de ses
BAR
air)
tiroits rcliiiieux à Voccasion du
concorddt ^ l*aris, 180.'), 2 vol. in-
8"'^ Gènes, 1808, 2 vol. iu-8". VI.
Un princi])e et de C obstination
des jacobins , en réponse au séna-
teur Grégoire, Pari.s, 181 4 . Cette
brochure, qui parut au moment
de la restauration des Bourbons,
contenait de violentes invectives
contre le parti révolutionnaire, et
des vues qui ont été bien loin de se
réaliser sur le système de gouverne-
ment qui devait être adopté* il en
parut une réfutation anonyme, sous
ce titre : Réfutation de V écrit de
]\I. l'abbé Jiarruel contre le séna-
teur Grégoire. Barruel promettait
1 Histoire des sociétés secrètes au
moyen dge, et une Dissertation sur
la croisade contre les Albigeois y
dans laquelle, en vengeant l'église et
les conciles du reproclie d'avoir pré-
tendu déposer les souverains et dé-
gager les sujets du serment de fidé-
lité , il se proposait de faire voir
combien on s'est étranorement trom-
pé sur ces décrets , faute de connaître
riiistoire des temps où ils furent ren-
dus (V. Mém. sur le jacobinisme^
11,4-11). W— s.
BARRUEL - BEAUVERT
(Antoine-Joseph, comte de), auteur
d'écrits nombreux et très-médio-
cres (i), naquit, le 17 janvier 17065
au château de Beauvert près de Ba-
gnols en Languedoc, d'une famille
(i^i <!,f'ai, dit M. Kodicr, rencontré pru do
causeurs plus spiriluols, et ji; n'ai jaiiinis lu
d'auteur plus coMiMHin. Placé au liasaid cl par-
tout, un lact exquis l'associait .sur-lp-chanip à
l'esprit de ses nuiliteurs, et il enchantait lou' le
monde. Assis au bureau de l'iioinuie de leUres ,
il rappelait, dès la pnMiiii'-re ligne, ce joli mot
qu'il avait inspiré h Rivarol : (^naud il écrit,
il ne sait pltis ce qu'il dit. Psaiurellenient aimable
et conciliant, coiunie il élait ingénieux et j)i-
quant sans anieitunic, il puisait dans son écri-
toirc di; la niorijiic cl du mauvais ton. Personne
n'a plus perdu que Barruel-lSeauvcrl à l'inven-
tion de l'inipriuierie. » OEuvrcs {^souvenirs et
portraits), Vlll, 169.
220
BAR
originaire d'Ecosse, dont il vante,
dans la plupart de ses ouvrages ,
l'aulique Eoblesise et l'illusl ration.
Entré de Lonne heure au service ,
il obtint d'abord une compagnie de
réforme dans le régiment de Bel-
siince, dragons, et ensuile le bre-
vet de capitaine dans les milices
de Bretagne. Jouissant, a ce quil
paraît, d'une fortune assez considéra-
ble , il vint habiter Paris , où il vé-
cut dans l'inlimité des littérateurs ,
entre autres de Rivarol, sou compa-
triote (2). Quoiqu'il n'eût fait, de son
propre aveu , que d'assez mauvaises
éludes, il ambitionna bientôt la répu-
tation de bel-esprit , et publia divers
opuscules empreints des opinions du
temps, mais surtout d'une incroyable
vanité(5). Passionué pour J. -J.Rous-
seau dont il relisait sans cesse les ou-
vrages, il fit les fonds d'un prix qui
devait être décerné a l'auteur du
meilleur éloge du citoyen de Ge-
nève, au jugement de rnradémie
frauçai-se (4). Comme tant d'autres,
le comte de Barrucl avait appelé de
ses vœux une révolution ; mais quand
il vit les privilèges de la noblesse
''a) On imprima eu 1782, sons le nom di;
BnnucI un «'-crit satiri<|uo do Rivarol conlru
Dtlille , intilnlé : Lrltre critique sur le poème
Jcx J.irclins , suivie du Clinu et <lu Nuvrt ( diulo-
guf rn VI r«). C'est à l'occasion de elle
j)ul)licali()n que M. de IJoi.-jdlin hiiira toniro
Barruii r<vigrainnic suivante:
!)• I>.iiin,iir«< nn rh:jm|) <\n% hinvr sur l'IIclicon,
ÏJuand Viifjile «:st al)l>c, M<rviiis est dia-jon.
(î)r,'p<it ik »a vaniliTonniic f|iH> Rivarol faji al-
lusion flan-» cltr pliiMsc j)ii|iiiinlr. on il frini d«
m- j II si i lier «II- or ji.is lui avoii diiniic |>la(f(l.in< soit
Prlil Alnianacli ilrs grands lioinints ; it ^ons i. (u.
«iTon» InVs.firirnifiii le porlrli nillc di- iM , le
coiiiif du n.irruflUcauvfit. {tua-tili'i l'une dt
nos clones? n
(4) f''>j. la prt'faci! de la Vie dr Rnusscaii.
Dans «on cnlliousiasnie, il ne sr liornait nas ^
proposer l'rlopu de l'aulcur iVEini/i', il voulait
qn'on lui ('Irvàl nu nioiiuini ni pnlilii-. Il rii
ovail inar(|iw la place c I donne rinuriptii.ii .
dan» lni|iicllr .,• ictronvait le nom de M. le toinio
do Borrucl-Bcauvcrt (ibid., 366).
BAR
menacés , il quitta Paris, et revint k
Bagnols, où il fut élu commandant de
la garde nationale en 1790. Lors
des troubles d'Avignon, dans la même
année, il s'y rendit avec un déta-
chement de deux cent cinquante
hommes, et contribua, par sa coopé-
ration avec la garde uationale d'O-
range et de plusieurs autres commu-
nes, a sauver quelques-unes des per-
sonnes arrêtées pour cause d'opinion,
en les faisant conduire sous escorte
danscette ville. Ehi.peu de tempsaprès
juge de paix de son canton, il ne crut
pas devoir accepter celte marque de
confiance j et, vers la fin de 1 79 1 , il —
revint h Paris avec le projet de se ^
dévouer a la défense de la. monar-
chie. Il regretta vivement alors de
n'avoir pas fait des éludes qui lui per-
missent de prendre rang parmi les
écrivains politi(|ues. Cependant il en-
treprit la pu])licalioM d'un journal
intitulé Le Royaliste; mais, les
circonstances devenant de plus en
plus graves , il fut contraint de le
discontinuer. Le 20 juin 1792 , sur
l'avis des dangers que le roi courait,
Barruel se rendit aux Tuileries vêtu
de son ancien uniforme de capitaine
des milices bretonnes. Celte im-
prudence faillit à lui devt nir fu-
iieslf ,• mais le roi , (jue le bruit avait
alliré dans le saluii où il se trouvait
téni()ii;iia j;ar un regard (|u'il était
satislail (le^a eoiuliiile. Li' Iriulemaiu
il recul la croix de Saint-Louis sans
riiitcrvenlion du ministre (5). Elle
deviiil être accompagnée d'un brevet;
mais, outre le déguul qu'il éprouvait
d'entrer en relation avec des niinis-
(5) <( Cette dceoration, dit-il, iijvcnait i\ peu
«( j)riVs à mes services passt-.i, i!t mou grade, el je
«< i'ol)lins (les boules de mou souveiitiu Ainsi
(I ma drlicalesse allait trop loin lorsque je vou-
« lu» solliciter la coulirmuliou «l'une laveui tt
« d'une jusiiee accordées par le i oi captiT,
« mais accordée» sans inUMiiuMiuire jucolun. »
J^cttrvi sur 'jucl'jitts fiaitknlvr- stçrttts, J, i5o.
nvii
Irrs Imposas au roi , il olail clinqnc^
,1, ,c .iu(> K's lun.Ms («xpc'.lios alorn
norKiii-nlC-lli' ronmiK' biturrr ri ri
dicuh': On vous salue, <>v vous cii-
llvrelt-U. -race, v\c. Il prit clone le
lurll (le s\mi passer jusqu'il c(Miu.> des
circonslanc-splusIavoraMeshuper-
mi.seul (le le demander au roi liu-
inème; mais celle excessive^ sus-
ceplibililé lui cau^a dans la suilc la
plus Irlande morliricalloii cjuM ait
essuvc^e de sa vie. Le lo aoùl,_r.ar-
ruel' ne manqua pas de revenir au
cliàleau ; mais , le roi ayant été forcé
de clierclier un asile dans le sein do
l'asscmldée, tous ses dJfenseiirs se
dispersèrent. Barruel sortit, l'épée a
la main, par la galerie des tableaux;
et , ayant pris un fiacre sur la place
du carrousel, se fit conduire chez le
fameux chevalier de Cubières (K. ce
nom , au Supp.) , alors président de
la section de V Unité. Dans la retraite
que son ami s'empressa de lui pro-
curer, son premier soin fut de se faire
apporter par un valet de chambre
des hardes et ses papiers de fa-
mille (6). Aussitôt que les barrières
furent ouvertes, et qu'il crut pouvoir
sortir de Paris sans courir le risque
d'être arrêté, Barruel se réfugia dans
un village où il avait fait louer une
maison qu'il quitta quelques semai-
nes après, pour s'établir a Villeneuvc-
Saint-Georges sous un^nom supposé,
tremblant toujours d'être reconnu.
Cependant il assure qu'au mois de
décembre, informé que la convention
s'était déclarée compétente pour ju-
ger Louis XVI, il s'empressa d'écrire
au président qu'il s'offrait pour défen-
dre le malheureux monarque. Mais
le président n'ayant pas communiqué
BAR
11*
(6) Dès lors il les porta constamment avec
lui. On les lui icndit à sa sortie du Temiile, et
il on parle à ses enfants coinine àa la plus belle
partie de rhéritagc qu'il doit leur IronsnicUie.
cette Irtlreli rassemblée, ri Barruel
ayaul né;/,li^é d'en adresser la copie
aux journaux , ce n'est (|ue sur son
pr(>|)re témoignage (juc b-s biogra-
pliies modernes lui vinl fait bonnenP
de cet acte de dévouemi-nt. Inquiet
(les fié(|ucntes visites domiciliaires
qu'il était obligé de subir , et crai-
onant de tomber a cbaque instant
dans les mains des agents de la ter-
reur, Barruel, après avoir mis eu sû-
reté ses papiers de famdle , tpntla
\illeneuve pour venir s'établira Vim-
cennes-, et , sur la fin de la terrible
année lyp^, il rentra dans Paris, où,
b)gé dans un quartier éloigné de tou-
tes les affaires, et ne sortant que
très rarement, il passa quelques mois
ass<^z tranquille. Le supplice de Ro-
bespierre lui rendit un peu de cou-
raf^e. Il revit d'anciens amis qui
partageaient ses opinions, et fit tous
ses efforts pourranimerleurs espéran-
ces. Mais , après le 1 5 vendémiaire
(oct. 1795), inscrit sur la liste des
personnes suspectées de royalisme, d
jugea prudent de se tenir a l'écart.
Il reprit cependant bientôt la plume,
et publia plusieurs brochures, entre
autres des lettres à un rentier, où il
fait une peinture affreuse , mais trop
vraie, de la misère de cette classe.
Il devint dans le même temps le prin-
cipal rédacteur des Actes des apô-
tres, journal qui n'a de commun que
le litre avec celui de Peltier ( F. ce
nom , au Snpp.) , et qui cessa de pa-
raître le 18 fructidor (4- sept. 1797).
Condamné par suite de cette journée
a la déportation avec beaucoup d'au-
tres écrivains royalistes, il eut le
bonheur d'échapper aux premières
recherches de la police, et se réfugia
chez Bonneville [f^oj-. ce nom, au
Supp.). Il y soupalc jourmêmeavec
Tbomas Payne ([ui rédigeait , avec
Bonueville,rci^t6'/i-//ï/br;7î(?;ctavant
aaa BAR BAR
de se mettre a table il corrigea Té- « à vos enfants, a votre propre tran-
preuve de celte feuille où il lut :« que « quillilé. Je veux que vous soyiez
a touslesproscrilsdui8 fructidormé- « nommé à une préfecture et à une
« filaient le dernier supplice. » Le k bonne, m Eu attendant raccora-
souper n'en fui pas moins très-gai, et plissement de cette promesse, Barruel
se prolongea fort avant dans la nuit, consenlit a recevoir de M""^ Boua-
Dès le lendemain, malgré les inslan- parte une gratification de cinq cents
ces de son L6te pour le retenir, Bar- francs par mois qui lui fut très-exac-
ruel crut devoir cherclier un autre temcnt payée. Enfin, comme la pré-
asile 5 et, changeant souvent de nom fecture n'arrivait pas, il se laissa
et de demeure, il parvint a se sous- nommer, en i8o4-, inspecteur divi-
Iraire a toutes les poursuites. De sionuaire du système métrique , dans
tous les journalistes que la loi de les départements du Léman, du Jura,
fructidor avait frappés , il fut le seul de l'Ain, du Mont-Blanc et duDoubs,
que Bonaparte excepta de son aranis- et vint demeurer a Genève , ville qui
tic, après le 18 brumaire. La po- lui déplut beaucoup, « parce que tous
lice redoubla dès-lors d'activité pour « les habitants s'y louent récipro-
le saisir. On savait qu'il n'était a quement jusqu'à satiété.» Dans l'an
pas sorti de Paris; el Fouché s'irri- XIII, il écrivit a Napoléon: «Sire,
tait de voir qu'il échappait a tou- « quand Je destin vous a donne' la
tes les recherches. Enfin , trahi par « roue de fortune et que vous eu fui-
son propre domcsli([ue, Barruel fut « tes sortir une multiludede lots ,...
arrêté le 10 février 1800, et eu- «je sollicite la place d' administra-
ferme dans la prison du Temple « teur de la loterie, etc. » Quoique
comme prévenu de conspiration et de employé du gouvernement dans des
correspondance avec les chouans, fonctions ([u'il trouvait , il est vrai ,
Après avoir subi plusieurs inlerro- très-inférieures a son mérite, Bar-
galoirca qui démontrèrent que les ruel n'en restait pas moins attaché
reproches qu'on lui faisait étaient dans le fond du cœur aux princes de
injustes, il s'attendait tous les jours la maison de Bourbon. Il nous ap-
a recouvrer la liberté 5 mais sa dé- prend lui-même (jue dans les divir-
tention se prolongea jus([u'au 10 ses villes où les devoirs de sa place
juillet 1802. En sortant de pri- l'obligeaient à résider successivement,
sou Barruel devait cire conduit à son premier soin était de rechercher
l'île d'Elbe j mais cet ordre tut ré- les personnes qui passaient pour avoir
voqué sur la demande de M"'" Boua- les mêmes opinions que lui sur la
parle (|u'ou avait intéressée a sou révolution. «Qu'un Bourbon, s'é-
sort. Etant allé présenter s^s hom- « criait-il (iueh|iKTois, reparaisse sur
ïna^es a sa généreuse protectrice, « le sol français, et je ne resterai plus
elle lui dit: «Voilà treize ans (|ue « sousleboisseau.» LorscleTinvasioii
«vous êtes malheureux pour une des alliés eu i 8 1 4., liarruel enfcruio
et cause liounèle , mais désespé- dans Besancon, (pie blocpuiit une di-
«rée... Vous ne sauriez pas seul vision aulrichienue, eut le regret do
recommencer la guerre contre ie iiepouvoir, uudespremiers,allerolTnr
gouvernement établi en France! ses hommages à NIonsieur pendant
vous êtes mari et père! songez à bou séjour à Vesoul , c'csl-h-dire lui
« ce «lue voua devez à votre femme , demander la récompense de ses ser-
a rc
« g
ra
rc
BAR BAR -23
vices. «Mais, dil-il, si j.'nosilispas pliino lui avait promise, ou loul au
« foudroyé ou mis iii j)ii-ci's par les moins la tliar^c de gouverneur des
et l)oulel6 ou les ol)Us des jiuissanccs pages. J/imilillté de s'-s démarches
ce alliées; enfin si la cause de noire aciievade Texaspércr. Dans des /cl-
«souverain lé^^ilime Teniporte .sur ^/t'a' Joui on parlera tout à l'heure ,
« celle de Tusurpaleur , je ue mau- il n'épargna ni les sarcasmes, ni les
« (juerai pas, ce semble , de litres injures aux ministres, qu'il accusa
et pour être nommé maréchal des d'avoir favoriselcrclour de Bonaparte
(t camps et armées de Louis XYIII(7); par leur imj)éritie, sinon par leur dé-
« les honnèles trens s'accordent niè- loyauté. Le sieur liiunnais. rôtisseur,
a me a dire que je puis y prétendre <1" il avait signale dans les mêmes
<f sans le solliciter (8). » Dès tpie les lettres comme un des assassins de la
portes de Besançon furent ouvertes , princesse de Lamballe, l'ayant pour-
il courut a Paris, persuadé, comme suivi devant les tribunaux pour ob-
on voit , qu'il n'aurait pas même la tenir une réparation de l'atteinte
peine de demander les récompenses portée à son honneur , ce procès
qui lui élaient ducs, tant ou se- donna lieu d'examiner ces lettres,
it empressé de les lui offrir. Le contre lesquelles s'élevaient de toutes
tour imprévu de l'empereur, au parts des réclamations. Enfin, par
mois de mars i8i5, ajourna ses jugement du tribunal de première
espérances. A la nouvelle de son dé- instance, a la date du i 3 août i 8 1 6,
barqucment à Cannes, Barruel vou- Barruel-Beauvert n'ayant pu fournir
lut aller dans le Midi ou dans la Veu- la preuve légale du fait qu'il avait
dée rallier les royalistes et combattre avancé contre Bienuais,futcondamné,
avec eux pour la cause des Bourbons, vu les circonstances atténuantes, h
Toutes les dispositions élaient faites cinq francs d'amende et aux dépens;
pour son départ; mais, quelques amis mais, sur la demande du procureur
lui ayant représenté qu'il courait le du roi, l'ouvrage fut supprimé comme
risque d'être assassiné sur la route, injurieux a la personne du monarque,
il prit le parti de rester a Paris pour et l'auteur condamné a trois cents
y faire a Bonaparte une guerre de francs d'amende. Quelques mois
plume. Après les cent jours, Barruel après, Barruel, qui continuait, mal-
fut rétabli , non sans difTiculté , dans gré l'avis qu'on lui avait déjà donné,
sa place d'inspecteur des poids et déporter la croix de Saint-Louis sans
mesures; mais ce n'était pas celle-là eu avoir obtenu l'autorisation (9),
qu'il voulait. Il écrivit pour deman- reçut Tordre de sortir de Paris,
der la bonne préfecture que José- Plein de courroux, il partit pour l'I-
talie, et mourut a Turin, au mois de
(7) Ouulqn.s années auparavant il avait tlit du janvier I 8 I 7 , K 6 l aUS ( I o). Jamais OU
frère (le Louis XVI, clans la /.'('//</u//o/< des in.nioi- n'a pOUSsé pluS loiu OUC BarrUel IcS
les tie 1.1 soi-tlisant pii messe de Conli (p. 180) :
« La romancière devait-elle aussi présenter Mo>- ' """ •
n siKURCouiuie bienfaiteur de quel<iu'un, et sur- (9) Barruel qui refusait de demander l'aufo-
« tout d'elle, inconnue ? Ce prince a toujours été risation de porter la croix de Saint-Louis, avait
« l'homme le plus orgueilleux ,leplus froid, le conseillé decondamnerà dix années de travaux
« plus é;^oiste qui ait jaiiiais existé ; et par cela forccs.et à une amende équivalents à dix années
« incme , le moins di-jiie d'occuper le rang et de leurs revenus, tous ceux qui porteraient une
i< la charge d'un desc. iidaul de trente-deux mo- décoration quelconque saus y être autorisés.
« nanjucs. » Lettres , 111, i4o.
(«J) LeUres sur quelque) particularilcs secrètes, (10) On a dit qu'il s'y était brûlé la cervelle.
f^> i<^»' A— T.
a a 4 BAR BAR
ÏTetenlions et la vanilé. Celait de k e le dupe des pièges que ce pliîîoso-
a meilleure foi du monde qu'il croyait « phe tend avec adresse a la sensi-
avoir contribué plus que personne au « bililé; pièges que la candeur, ayant
rétablissement des Bourbons. Depuis « une vie et des sentimenls expan-
qii'il avait élé commandant de la k sifs, n'aperçoit pas dans les écrits
garde natinuale de Bagnols, il n'a- « de tout personnage qui affecte de
vait pas cessé de prendre le titre de « pleurer avec abondance sur les
colonel, persuadé qu'il ne faisait «bords d'une écritoire magique.»
qu'user de son droit. Se jugeant II. Actes des philosophes et des
propre à tous les emplois, il aurait républicains, Paris, 1807, in-8*^.
également accepté le commandement C'est une compilation de trails de
d'une armée, une ambassade ou un mi- l'histoire ancienne et moderne, en-
nislère. Il écrivait très-sérieusement treprise dans le but de prouver que
en lySB: «Si j'étais minisire j'aurais les pliilosopbcs ont élé dans tous les
bientôt réglé toutes les affaires. » temps les principaux artisans des
Malgré les aveux échappés de temps troubles et des révoliilions. L'auteur
en temps à sa conscience (i i), il ne a dédié cet ouvrage a ses enfants
s'en croyait pas moins un écrivain qu'il avertit de ne pas confondre leur
très-distingué. Il avait plus de cin- lignée ascendante avec des person-
quante ans quand il composa une tra- nages du même nom, quoiqu'il en ait
gédie : Le dernier des Caivnjnls. connu de bonne maison, les uns cha-
Cetle pièce, louée dans quelques noines, grands-vicaires et aumôniers
journaux, n'a point été imprimée* et de princesses du sang 5 d'autres gar-
les acteurs, en refusant de la jouer, des-du-corps , capitaines de cavale-
Ini ont certainement épargné le cba- rie, etc. (/^. p. 7). Suivant Barruel,
grin de l'entendre sitllcr. 11 serait l'iiisloirc en général est à refaire ;
assez inutile d'alonger cet article et ce n'est qu'en attendant qu'il en
d une liste de tous les écrits de donne des esquisses en miniature
Barruelj nous nous bornerons h ci- (p. 127). Plus loin il dit que Judas
1er les plus importants ; I. Kie de Blachahce est un brigand et ses
J.-J. Rousseau, précédée de quel- frères des séditieux (p. 169). On
ques lettres relatives au même sujet, peut juger par la de ce que serait
Londres etParis, 1789, in-S''. C'est 1 histoire refaite par Bairucl! IMal-
\\n panégyrique écrit au courant de gré ses efforts pour p'aire au héros
la plume sans ordre et sans suite, qtii nous a seul délivrés de la tyrannie
comme l'auteur en convient lui-mè- populaire {èp. déd., p. 9), son ou-
nie. Kn faisant l'éloge d'un i]c!i plus vrage encourut la disgrâce du chef
grands apôlres de l'égalité, Barrucl du gouvernement , parce que certains
a trouvé le moyen de parler de sa fonctionnaires n'y étaient pas assez
noblesse, de ses alliances et de ses ménagés. Il recul donc l'ordre de re-
privilèges dont il est bien décidé a tirer les l'xtinnlaires en circulation,-
ne jamais rien sacrilier. Il se repen- el il s'y soumit avec un empressement
lit dans la suite d'avoir tant loué dont il voulut, mais en vain , se laire
lloKsseaii , et fil l'aveu « (|u'il avait un litre a de nouvelles faveurs. 111.
■ ■ ■ ■ — ■ J fis foire tragi' comique de la soi-
( ■ I) -' i'rrs,|i„. i',„t cr (|u«;j"ai rcrii ju»qu\i ( o disant ci-df\'ant nrincessf Stèpha-
m inomiiit, ili-nilil in 178(1, ii*a \n\% h uns . , / /» / /' <•
I. rommmt. ri» U- J.-J. Hou <ù„,i. p. k,. i. UlC- IjOUISC dc i>OUrl>on - L OUH,
Tvvn
T5(vsanron , 1810,111-8*^. C/osl une
rcliilalion Irop ininullcusc des iiic-
moircs d'une dame liilh't , femine
diiii |ir()curoiir de Loiis-Ic-Saulnicr,
(|ui voulait se faire passer pour la lllle
iialurelle du prince de Conli. On y
trouve (pielques détails assez curieux
î)Ur l'éliiiuctte de la cour de France
avant la révolution, et de nombreux
témoiirnaiîes de la reconnaissance de
Tauleur pour rimpéralrice Joséphine,
sa. (livinilc lulcldit-e ^ et pour le
};raIulISapolëon,^t>^g■a/^e de la pro-
vidence; mais Touvragc n'en fut pas
moins supprimé par la police. 11 est
Irès-rare ainsi que le précédent. IV.
hcltrcs sur quelques jxirtieularitcs
secrètes de l'histoire pendant l'in-
terrègne des Bourbons , Paris ,
ii)i 5, 5 vol. in-8°. L'auteur y donne
ses propres mémoires. C'est presque
uniquement de lui qu'il est question
dans cet ouvrage , où les événements
les plus importants de la révolnlion
ne sont envisagés que relativement au
rôle qu'y joua le comte de Barruel-
Beauvert. Il y rabaisse Bonaparte au-
tant qu'ill'avait exalté dans bes autres
écrits, et se déchaîne avec une inconce-
vable fureur contre tous ceux qui de-
puis 1789 n'avaient pas comme lui
suivi la ligne de l'honneur et delà fi-
délité. Sou zèle l'emporte si loin qu'il
accuse de régicide François de Ncuf-
château qui n'était point convention-
nel, et qu'il ne pardonne pas a Fon-
tanes d'avoir iléchi le genou devant
l'idole. C'est dans ces lettres qu'on
a puisé la plupart des faits rapportés
dans cet article. Ainsi c'est d'après
ses propres paroles que Barruel se
trouve apprécié. V. Adresse aux
immédiats représentants et orga?ies
du peuple, meuibres du premier
corps législatif en France , qui ait
en se réunissant l'intention et le
pouvoir de protéger la religion, de
BAR
aa5
consolider .sur le trône raiili(|iie et
respectable lainille des Bourbons, de
fermer et cicatriser les plaies pro-
fondes que les jacobins ont faites à
l'étal, etc., Paris, septembre 181 5 ,
in-8". 11 attaque dans cet écrit, avec
beaucoup de violence, le ministre
Fouché (pii fut destitué peu de temps
après j demande le renvoi des em-
ployés de tous les ministères, l'éloi-
giiemcnt de Paris de dix à douze
mille ofhciers parjures, etc. \I.
Dix-huit gentilshommes purs f au
nom de tous les royalistes , solli-
citant eu faveur de M. le comte de
Barruel- Beauvert , leur digne client ,
frère d'armes et compagnon d'infor-
tunes , les justes récompenses de S.
M. Louis-le-Déslré et l'Obtenu, mai
1816 , in-8°. Le titre seul de cette
brochure suffit pour en faire connaî-
tre et l'esprit et le but. Elle donna
lieu dans le temps a beaucoup d'atta-
ques et de traits satiriques contre
l'auteur et sa phalange d'hommes
purs {12). W — s.
BARRY (Edward), théolo-
(12) Le comte de Barruel a rctr.icé toute sa vie
politique dans une Icllrc c|u'il adressa le 9 oct.
1825 à Ma<l. la duclicssc d'Aiigoulèiue : après
avoir parle des longs services de ses aieux, il dit
qu'il n'a échappé à aucune des proscripl.'oiis célè-
bres depuis lu commencement de tu rétoliilion ;
qu'il s'est inscrit comme oia^e de Louis XVI ;
qu'il s'est trouve le 20 juin et le 10 août pour le
défendre au château des Tuileries; qu'il fut
proscrit en vendémiaire an 111, pour avoir sol-
licite, en qualité d'électeur de Seine-ct-Oise, la
liberté de Mad.ime royale, détenue à la tour du
Temple; qu'il a rédigé seul le Journal royaliste,
et cuiilinué srul éj^ulcment les Actes des Apôtres;
que, condamné à la déjiortation le x8 fructidor,
cl le lendemain à cire fusillé, il u fini par accomplir
cinquante-neuf mois de captivité dans la tour du
Temple; qu'il futdesliné ensuite à périr dans les
casemates de l'c'le d' Elbe, mais qu'enfin l'usurpa-
teur se contenta de l'exiler ; qu'à la restauration,
monseigneur le duc d'Aiigouléme, ce prince subli-
me, ce véritable héros, avait a|)puyé sa demande de
gouverneur des pages ou de conseiller-d'état d'épée,
ou de ministre de la police ; que \esamlitieux et les
intrigants l'ont écarte ; et il finit par demander la
direction d'un des hôpitaux militaires, et s'il ne
peut l'ohlciiir, il lui faudra demander, dit-il en
terminant, une plaet d« malade dans un de ces
hùvitaux, V — VK.
LVll.
l'^
aaô
BAR
gien anglican, né en 1759, était fils
d'un médecin de Bristol. Destiné a
suivre la même carrière , il prit ses
degrés a l'universilé de St- André j
mais sa vocation était pour l'église.
Après de prolondes éludes, il entra
dans les ordres* fut. successivement, à
Londres, curé de Mary-le-Bonne et
de St-Léonard dans Wa'liug'iOrdj
s'y distingua par son zèle, sachante
sans bornes, et par un rare talent
comme préilicaleur. Il e^t mort très-
regrelté, le 16 janvier 1822. On
cite de lui les écrits suivaots : I. Ap-
pel amical à une nouvelle espèce
de Dissenters , imprimé plusieurs
lois. Ces nouveaux dissidents étaient
des chrétiens qui, tout en professant
les principes et conservant le culte de
l'église établie, avaient cru pouvoir
admettre dans leurs chaires des pré-
dicateurs non-conformisles. II. Let-
tre à AI. Cuniberlandj à l'occa-
sion de sa Lettre à l'évéque de
J^andaff, lySSjin-S". W\. Sermon
prêche le i4 août 1786, devant
la compagnie d'assurance britan-
nique j in- 4-". IV. Sermon prêché
aux criminels condamnés à mort,
d Newgatc , le 20 avril 1788, in-
4^". Y. Douze sermons prêches en
diverses circonstances ^ 1789, in-
8". M. Lettre sur l usage de bo-
xer, adressée au roi, aux lords et
aux conununcs, 1789. L.
BAUUV-CEU^:S (le comte
Jean du), dit le Roué, fils d'un
liomnic obscur, sans lorluue, et beau-
frère de la i'anunse conUisse du
lîarry ( /^. ce nom, 111, 45i), se
disait allié aux Lam oignon par les
Doujat, et portail pour devise dnns
«c* arities : lioutcz en avant. Jsé ii
Levignac près de 'l'oulouse , en 1 7 2 2 ,
il hahila celte ville jusipui l'âge île
viugt-hiiit .ins. Alors un goût vif pour
l'iulri;;uc cl l'aidait du plaisir l'at-
BAR
tirèrent K Paris comme sur un théâ-
tre plus digne de son industrie. Il
s'y fit d'abord connaître sous le nom
de comte de Gères 5 M™*" de Malause
le répandit dans ce qu'on appelait la
bonne compagnie. Quelques années
après, le désir de ie procurer un état
le fit entrer dans les affaires étran-
gères. Le ministre Rouillé, à qui il fut
recommandé parle ducde Duras, l'en-
gagea a voyager dans diverses cours
de l'Europe. C'est du moins ce que
rapporlelecomtedu Barry lui-même,
dans un précis de sa vie , écril de sa
main, que possèdeTauleurde cet arti-
cle. Mais il est vraisemblable que le
dérangemcntde ses affaires et les pour-
suites de ses créanciers influèrent
beaucoup sur sa détermination. Il
prétend qu'a son retour il allait être
employé dans le cercle de Frauconie,
lorsque Rouillé fut remplacé aux
affaires étrangères par le cardi-
nal de Bernis, qui promit beaucoup,
mais ne réalisa rien. Le duc de
Choiseul , (|ui succéda au cardi-
nal , éconduisit du Barry , en lui
déclarant nettement ([u'il avait plu-
sieurs personnes à placer avant lui.
Forcé de chercher d'autres moyens
de fortune , il obliut du ministre
de la marine , Bcrryer, la permis-
sion de jouir , sous un autre nom que
le sien , du bénéfice que pourraient
duiuuT plusieurs foin nilures 5 elle
maréchal de lîclle-Lsle trouva bon
«pj'il cherchât le même avantage dans
celles de son déparlement. Par ce
double moyen, ii la p:ux de 1765,
la fortune du comte se trouva faite j
(lie fut augmentée encore par Tin-
térêt qu'il cul dans les vivres de
la Corse. Son fils était pige du roi.
Depuis plusieurs années il avait
chargé M'"" Rançon et INI"- Vauber-
nier , sa fille , de tenir sa mai.son ,
cl d'«n faire les honneurs a des [cm-
BAR
mes (î'iiiic vortn i'(|iii\ oijue, a de jpu-
ues .sci^'iifuis iiMH-iirs cl dchaiicliés.
II iivail ci'iU', (lil-il, h l.i iiicrc cl .lia
lillf sou iiilcrèl ilans les vivres tic la
('orsi'. IlIIc-s cil jouiNSiiii-iil (Icpiiis
(jiu'l.jucs mois , lorsqu t'Ilcs s eu vi-
icnl privci's j>ar les iiouvelle.s di.spo-
silioiis du duc de Choiseul. Ces da-
mes lircul , il celle époque, divers
voyages h Versailles, pour solliciler
la maiulcnue de leur iuU'rèl daus
les vivres; el c'est alors cpie IM"**
Yauberiiier (i) fixa les regards de
Louis XV : « Lehel , dit le conilc,
fui chargé des ordres du loij el La-
bel, avec qui elle ni moi u'avious de
liaison, ^en poursuivit l'exécution ftu-
ptcs rr<7/(' Acw/c. Néanmoins, avant
de la conduire a Compiègue , il
voulut qu'elle iiV parût (pie comme
l'épouse de mon frère, ce à quoi je
me prêtai, ainsi que lui, sans autre
7noiif certainement alors que ce-
lui d'une aveugle et respectueuse
obéissance. » Mais, suivant les mé-
moires du temps, ce fut le comte
lui-même qui chercha et réussit h
inspirer a l'agent secret des plaisirs
du monarque le désir de présenlcr
(i) Les discussions d'un procùsquia éic jugâ
par li-s tribunaux de Paris eu 1829, onl fait
connaitru que le nom de Vaubernicr n'atait ja-
mais de veritaljli'ineiit celui de la comiesse
du Harry, in;iis(ju'clle était née, le 19 ;ioùt 1746,
d'un frère l'icpus, nomme le père Goniart, dont
elle reçut d'abord le nom, et d'une couturière
appelée Anne Bécu, dite Canligny , laquelle
épuusa par la suite un cniimis aux barrières
nommé Uançon de Vaubemici-, à la charge par
celui-ci de reconnaître pour sa fille la petite
Gumart. Itançoa mourut au bout de ()ueli|ues
années, et sa veuve vint à Paris où elle mit à
])rofit les charmes de sa fille. Lorsque celle-ci
fut arrivée au faite de la fortune , cl'e n'aban-
donna |)oiiit sa mère, el madame Rançon est
morte cni78q dans une maison qui appartenait
à la comti's>edu Barry. D<q)urs que nous avons
imprimé l'artiolc de celte dcrniè:c, on a publié
sous son nom , en 1829 ^^ iS3o, 6 vcl. in 8°,
<l<-s Mi-inoires apocryphes, et dont les fabrica-
ti'urs sont aujourd'hui connus. Ceux <|ue ma-
dame Guenard, baronne de Miré, avait |)ublics
en .'( vol. in- 12, Paris i8<ii, ne méritent pas
plus de coiiGance, quolcju'ils soient écrits dans
uii autre esprit.
M"^' Vaul)ernier. liienlol AP* du
liarry lut élevée au degré de faveur
oii toute la l*'raiicera vue. Lccomlc
lie mil ])liis de homes a sou insolen-
ce, à sou fasie el ii ses prodigalités,
ccl'our souleuir, dit-il, le nouvel
élal de ma strur pendant les quinze
premiers mois, où elle ne reçut au-
cune glace pécuniaire, je fondis mou
poriefeuille , et engageai le resle de
ma fortune. Mes avances me furent
remboursées h litre de don sous le
ministère de M. l'abbé Tcrray. C'est
a celle époque que M™*" du Barry,
se croyant (piilte envers moi par les
renies vi:igères et les contrats échan-
gés ensuite conlre le comté de Lille,
que j'avais reçu en paiement , tou-
jours sous le titre de don; c'est à
celte époque, dis je, qu'elle se crut
libérée envers moi de tout autre sfenre
de reconnaissance, et qu'elle cessa,
pendant ses; voyages a Paris, de ve-
nir chez moi, et se dispensa de me
recevoir chez elle, quand mes affaires
m'appelaient a Versailles. » Celte
situation dura deux ans. Le comte
Jean rapporte qu'il ne revit sa belle-
sœur que le second jour de la mala-
die du roi, et qu'il s'était relire dans
une maison de campagne, à six lieues
de Paris. Lorsqu'il sut qu'on avait
envoyé M"'*'" du Barry dans un cou-
vent, et que toute sa famille était
exilée de la cour, saisi de crainte
il se hâta de sortir du royaume (2).
Depuis dix-huit mois il errait dans
diverses contrées, achevant de dé-
vorer ja fortune et de ruiner sa
saule , lorsqu'il écrivit de Bruxelles
('?.) On dit qu'il emporta des somme* consi-
dérables et l'éciiii de la comtesse sa sœur dont
il élait <léj)o>>itaire. — .Vvaiil sa disgrâce, il avait
eu l'ambitieuse fantai-.ie de marier son fils avec
une demi'iselle de Be'.hune, et ensuite avec d'au-
tres iicritières di- grandes maisons; il essuya, à
cet égard, de vives mortificaiiont, et il écrivait
à la comtesse du Barry, qu'il était plongé dafls
dfs nuaj^es de honte.
10.
228 BAR B AR
pour clemaDcler ia permission de vc- arma el Iiabiila presque lout entière
nir passer quelques jours a Paris, a ses frais. Mais, dès qu'il vit les pre-
proraellaut de n'y voir que ses créan- ïniers excès de celle époque , il les
ciers, des oculistes et des médecins, désapprouva hautement, et fut dès-
M. de Maurepas , à qui celle de- lors en bulle aux attaques des mè-
mande fut communiquée, répondit a mes hommes qui naguère vantaient
M. de Malesherbes « qu'il avait pris son patriotisme et sa libéralité. Aus-
« le parli le plus convenable h tous «ilôt après la révolution du i o août
a égards, en renvoyant ce personnage 1792 il fut arrêté ; et, dès qu'un fri-
a a la police dont il élail le gibier. » bunal révolutionnaire eut été établi a
Il fut d'avis cependant qu'on lui per- Toulouse, on le désigna pour une de
mît de faire a Paris un séjour limité, ses premières viclimes. Conduit de-
et de se retirer ensuite en province, vanl ces terribles juges, le 17 janvier
o Cela vaudra encore mieux, écrivait 179^, on ne put lui trouver d'autres
« Malshcrbcs, que le spectacle indé- torts que sa conduite sous le règne
« cent qu'il donne en parcourant les de Louis XV. Ne daignant pas ré-
« pays étrangers, tantôt sous un nom, pondre aux questions qui lui étaient
a tantôtsous un autre, jouant gros jeu adressées, il se contenta de tiire : A
« et menant sa vie ordinaire.» Le quoi me servirait de vous disputer
comte se relira à Toulouse , où il le peu de jours qui me restent à
vécut grandement, et fit bâtir un i;/wrf?/ H éprouva d'abord un moment
•hôtel magnifique. Le désordre le de faiblesse en marchant au supplice;
plus grand régna toujours dans ses mais, reprenant ses forces, il salua
affaires. Il écrivait a sa belle-sœur la foule qui se pressait sur son pas-
qu'il avait insultée et chansonnée (3), sage , et mourut avec courage, envi-
et qui cependant lui envoyait encore ron trois mois après que sa belle-sœur
des secours. Lors de la réforme par- eut péri de la mémo manière. — Son
lementaire, en 1787, il embrassa ïAs^ Adolphe du Barrj^(\\\\:\\s\\.c\.c
avec tant de chaleur la cause des page de Louis XV, fut tué en duel
magistrats, qu'on l'obligea d'aller d'un coup de pistolet, a la suite d'une
rendre compte de sa conduite a Paris ([ucrelle de jeu. — Le comte Guil-
avec MM. Jamme et Lafage, avo- laumc , époux de la maîtresse de
cats célèbres; et, lorsque les cours Louis XV, fut aussi arrêté eu 1795,
furent rappelées l'année suivante, ces et il aurait subi le sort do sou frère
trois messieurs firent une entrée le Roue, s'il n'eût pas été notoire
trioiTiplianle dans Toulouse. Ou leur (|u'il avait été constamment son man-
donua des couronnes, et leur éloge, nequin et sont jouet. Il est mort en
en prose comme en vers, fut dans i^ii. — Un troisième frère, connu
louleslesbonchfs. LecomleduUarry sousleuom de comte d'Hargicourt ,
jouit de cette laveur populaire jus- était capitaine des Suisses de Blon-
qu'Ji l'épotpie de la révolution. Se .sieur et inaréclial-de-camp; il est mort
montrant alors partisan des innova- en 1820, a Page de 79 ans. V — ve.
lions, il l'ut nommé colonel d^iue BAUX (Jean), /'o^. Babiii,
léijion de la "arde nationale, qu'il Illi 436.
-_ ^ |L\KTIIEL1:MY (Nicolas),
(3) l'rin.r^n-, poète latin, presque inconnu, était ne
l>'uù l« vient tout (lu llerttt ? ' , o < ¥ 1 i'. *I1 1
Drdk»av . tic en i/,78, a Lochcs, petite villc de
la Toiiraino. Ayaiil omlirassc la rè-
gle (le Saiiil-IUnoil, il fut i-lii prieur
de Frclleval, près de Vcndinnc et
Cli^teaiuliiii, ri ciisuile de Nolre-
Dame-d( -Uomie-N.'uvelle h Orléans.
Il profila de son séjour en cette ville
pour suivre lesleçons de runlversilé,
ijui jouissait alors d'une assez, grande
réjiulalion, et s'y fil recevoir docteur
en droit. Il était Tami du savant
Guill. Budé , comme on le voit par
une longue lettre badine (jifil lui
adressa sur l'inutilité de l'étude
' {non cssG stiidciidiim). Bartliélemy
n'eu continua pas moins de cultiver
avec ardeur les différentes branches
de la lillétalure. Il mourut après
l'année i55i. On cite de lui : I.
EpigrammatUy Momiœ, Kilyllici^
etc., Paris, i5i4-; in-8°; deux par-
ties, la première de 48 p. , et la se-
conde de III, non cliilTrées. Les
épigrammes ont été réimprimées en
1002, iu-8". Suivant La Monnoye ,
c'est d'un beudecasyllabe de Barthé-
lémy que Rabelais a tiré le conte de
Dodin et du Cordelier, qu'on lit dans
le Pantagruel, liv. III, cliap. 2.0
(Yoy. ]e Alenagiana^ I, 367, éd.
de 1 7 I 5 ). IL De vita activa et
contemplaiwa ^ liber wiuSy ibid.,
1623, in-8'\ III. Ennœœ ^ ibid.,
l53i, in-8''. IV. Christus xiloni-
cus, ibid., i53i , in-8°. C'est une
tragédie en quatre actes. Elle a été
réimprimée, Anvers, i537,in-8"*.
Panser en cite une édition de Paris ,
i52() (Voy. Annal, tjpograph.,
tom.XI). Suivant quelques autres
bibliographes, il en existe une qua-
trième, Cologne, I 54^1 . in- 8°. Cette
pièce n'en est pas moins très-rare.
Barthélémy a laissé plusieurs ouvra-
ges inédits, entre autres : I. Une P^ie
duroi Louis AY/,qui était conservée
dans les manuscrits de la bibliothèque
Colbert et qui avait appartenu h An-
liAR
îàacj
dré Dufluvsne. Théod. GocUTroy eu
a inséré un Ira^mcul dans la Vie de
Charles V Jll , l'aris, i 61:7, iu-4",
et Denis G()(lffi*ov Pa reproduit dans
un r<"c//c/7surle règnede cejirince, p.
2 5 3 . IL Une Vie do t Imrlcs d'Or-
léans, dans la bibliolhètjue du Vati-
can, parmi les manuscrits de la reine
de Suède, n" 868. La notice que
Niceron a publiée sur Barthélémy,
dans le tom. XXXVIII de ses Mé-
moires, 279-82, quoique diffuse,
est incomplète. On peut encore con-
sulter sur ce poète VdBiblioth. cu^
rieuse de David Clément, II, 454-
— Barthélémy (Nicolas), avocat a
Senlis, et ofïicier du comte d'Har-
court , est auteur de l'Apologie du
banquet sanciijié de la veille des
Rois, Paris, 1664,111-12 de i36
p. Cet ouvrage a eu plusieurs éditions
qui sont également rechercliées. Le
but de l'auteur est de prouver que les
amusements qui ont lieu a cette épo-
que de l'année, ne sont condamna-
bles que par l'abus qu'on en peut
faire. Il proteste que son livre était
terminé avant la publication àts dis-
cours ecclésiastiques de Deslyons^
théologal de Senlis, sur le même su-
jet, et qu'ainsi son intention n'a
point été d'en faire la critique. « Ce
ce serait, dit-il, jeter des pierres con-
cc tre le soleil, parce qu'il est trop
« éclatant, et combattre le tonnerre,
« parce qu'il fait trop de bruit. D'ail-
K leurs, je révère trop la main qui a
te conduit la plume de cet œuvre, et
et ai trop de respect pour la vertu et
a la doctrine émiuenle de l'auteur. 3>
Toutes les protestations de Barthé-
lémy ne purent faire prendre le
change a Deslyons, qui le réfuta so-
lidement dans la préface des Traités
singuliers et nouveaux contre le
paganisme du Roi boit ( Voy,
Deslyons, XI, i 98 ). . W — ?.
2 3o BAR
BARTHÉLÉMY ( Regis-
Fra>'COis), historien, naquit en 1709
k Grenoble , où son père , avocat
distingué, jouissait d^uue juste con-
sidération. Ayant embrassé l'état
ecclésiastique, il obtint un canonicat
de la cathédrale, et consacra dèi-lors
tous ses loisirs à Tétude. En lyy-i,
choisi par ses confrères pour pronon-
cer l'oraison funèbre de Louis XV ,
il s'acquitta de celle tache honora-
ble avec succès. Nommé syndic de
sou chapitre, il voulut prendre con-
naissance des archives, en dressa les
inventaires, et dans les nombreuses
pièces mises a sa disposition, décou-
vrit de précieux documents pour
l'histoire du Dauphiné. Ce premier
succès l'ayant encouragé dans ses re-
cherches, il les étendit aux archives
des monastères et de la chambre des
comptes 5 et, devenu possesseur d'iiîi-
menses matériaux, il résolut d'écrire
une nouvelle histoire de sa province.
Admis, lors de sa formation (lySS),
à la société littéraire de Grenoble ,
il y lut quelques dissertations, qui
confirmèrent l'idée avantageuse qu'il
avait déjà donnée de ses talents.
L'abbé Barthélémy s'occupait depuis
plusieurs années (fe la rédaction de
l'histoire dau|)hinoise , lorsque la
révolu lion , après l'avoir privé de
son bénéfice, l'obligea de songer h sa
sûreté personnelle. Retiré a Saînt-
Martin-de-Glelle ( dans le Triève ) ,
dont sa famille est originaire , il y
passa les temps les plus orageux ,
cherchant à se distraire par l'élude
des idées sombres (jui l'assié^eaienl.
De retour a Grenoble, il mit la der-
nière main K son grand travail, el mou-
rut le i4 iiov. 1812. Par son lesla-
nienl, il légua son Jfisloirr tic Grc-
noilf rt (les J)tnt/)/ti/is ^ Il M. Al-
bert Duboys, avocat, son héritier, qui
po.'scde le manuscrit en 2 vol. iii-
BAR
fol. Cet ouvrage s'arrête k la réunioa
du Dauphiné k la France • il est écrit
d'un style simple, facile et assez pur,
mais on y retrouve des traces de
l'esprit philosophique du 18^ siècle,
et la critique y est poussée quelque-
fois jusqu'au paradoxe. Outre son
Oraison funèbre de Louis ^P^^
Grenoble, in-8°de52p., on ne con-
naît de Barthélémy que l'Eloge his-
torique de 31arguerite de Bour-
gogne , épouse du dauphin Gui-
gnes IV. Il est imprimé dans les
Mémoires de la société littéraire
de Grenoble^ tom. i**", '^l^li ^°"
8". Deux fragments de son His-
toire de Grenoble ont paru dans
V Annuaire de l'Isère de l'an IX.
W— s.
BARTHÉLÉMY (l'abbé
Louis), auteur de la Grammaire des
dames, ouvrage dont les nombreuses
éditions attestent le succès, était né
vers 1 7 5 0, h Grenoble, maisd'uneau-
tre fan.illeque leprécédent.IVIalgréla
précaution qu'il a prise de joindre à
son nom celui de sa ville natale, sans
doute pour n'être pas confondu par
les bibliographes avec l'auteur du
Voyage d'Anacharsis , Ersch n'avait
point évitécette erreur' maisill'a cor-
rigée dans le premier supplément de
sa France lllléraire (^ . Ersch, au
Supp.). Barbier en a commis une
autre tians son Dulionnaire des ano-
nyme^, en faisant naître l'abbé Bar-
ihélemy a Lvon, el celte faute, qui
mérile d'autant plus d'être relevée,
(pic ce bibliographe a plus de répu-
tation, se retrouve d.ins la ?/ édil.
de son Dicliounaire. L'Abbé Barthé-
lémy (piitla de bonne heure sa patrie,
el comme il n'y conserva de relations
ni de [larenté ni d'amitié, on ne doit
p s être surpris (pi'il y soit presque
inconnu. Le soin particulier avec le-
(iiiel il iudi(iiic (Fans sa Gra
T
immairo
les (U'fauls delà proiidncialion gene-
voise, fait conjeclurcr qu'il hahila
(pirlcjnc lenijis (it-uève cm le pays de
Vaiul. On ne m- Iromperail peiil-rlro
pas en nsstuanl ijiril commeDca p.ir
remplir Ks fondions de pit'rcplenr.
11 était il l'aris en 1785, el lis liai-
sons intimes (j>i'il avait déjà, formées
avec j)in>ieiirs gens de lettres, font
présumer (ju'il y résidait depuis plu-
sieurs années. Ce fui en 1785 qu'il
puM'a .sa Grammaire des dames avec
nue dédicace à iM"^'' de Genlis. qui
lin cependant fait aucune menlioude
Tauleur ni de son livre dans ses vo-
lumiricux I\I(''inoircs. Encouragé par
l'aecueil (pi'avait reçu sou premier ou-
vrage, l'abbé Barlbélemy donna la
Cantatrice i^raniinairicfine cjui fut
loin d'obtenir le même succès. S'élant
déclaré partisan de la révolution, il eu
défendit les principes dans quelques
brochures, dont une, intitulée /cZ^6^5-
tin de la France , passa quelque
temps pour un écrit posthume de
Tabbé de Mably. Mais d'après la
marche des événements , prévoyant
sans doute q>ue son patriotisuie ne le
garantirait pas des vexations que le
parti triomphant prodiguait aux mi-
nistres de la religion, l'abbé Bar-
thélémy quitta Paris, vers la fin de
1791, pour se retirer a Beaujcu ,
en Beaujolais. Cherchant avec rai-
sou a se faire oublier, il ne reprit
la plume qu'en 1798, et ce fut pour
justifier le citoyen Tournus qui,
pendant la révolution, avait divorcé.
Cet écrit, dont, au reste, on ne con-
naît que le litre, prouve, ce semble,
que SI, comme tant d'autres de ses
confrères, Tabbé Birlhélemy n'avait
pas abjuré son ministère, il avait du
moins adopté des principes bien re-
lâchés. Cet écrivain vivait encore en
1812 •, mais on ignore la date de sa
mort. Ses ouvrages sont : 1. Granv-
BAE
2 il
jnairc (lr<, dames, ou nouveau traité
d'orlhograjdie française , ()' édil.,
Lyon, i8of), in-8". Il La Canta-
trice çj^rananairicnnc, ou l'art fi'ap-
prendre Torllnjgraplie française sans
le secours d'aurnu maître, par le
moyen de chansons, clr., Genève et
Lyon, 1787, in-8". 111. Tablcaude
V histoire de France^ Pari.s, i 788, "X
vol. in-r 2. Celle édition est indiqué©
comme la 5®. IV. Mémoires secrets
de 31'"'^ de Tencin , ses tendres
liaisonsavec Gan^anelli, oui' heu-'
relise découverte relativement à
d'Alembert , Grenoble (Paris) ,
1790, 2 pari. in-8". C'est une es-
pèce de roman composé pour prou-
ver que d'Alembert est né dans le
Danphiné. C'esL-l'a ce que l'auteur
nomme une hciueuse découverte. V.
Le Destin de la France^ Paris,
1790, in-8'' et in-T2. VL Vie
privée de Mablj, précédée du Des-
tin de la France, ibid., 1791, in-
8**. YIL Tableau de la cour de
Ro7ne y ibid., 179Ï5 in-8'\ VIII.
Accord de la religion et de la li-
berté,'\\i\i\.y 1791 5 iii~8°. IX. L'A-
mi des peuples et des rois, précédé
d'une nouvelle édit. du Destin de la
France, augmenté de plus de 5 00 p.,
enrichi d'autant de noies et de la Vie
privée de Mably, Lyon, 1809, in-
8'% 2 Vol. X. Nouvel abrégé des
sciences et des arts, précédé d un
discours sur la religion, ibid., 1808,
in-12. On lui attribue encore : Fé-
licie, ou la jeune Française à
Madrid, pièce héroïque en 3 actes.
Il a laissé m.anuscrits : Phocion^oii
les Français à toutes les puissan-
ces de l'Europe ; el les Siècles-
politiques et littéraires du fJau-
phiiié. AV — s.
BARTHÉLÉMY ( le marquis
Fi\A>'cois ) naquit a Aubagne , en
1750. Son oncle, l'abbé Barlhélcmj,
2''i2 BAR BAR
^«tew du Voyage d' Anacharsis ^ vail en pays neutre le digne rcpré-
le fit(51everavecsoin, et jparlafaveur senlanl de la raison et de la rao-
dont il jouissait auprès d'i duc de dération françaises j et devant sa sa-
Cholscul, oblinl pour lui une place gesse, appuyée il est vrai sur les
dans les bureaux des affaires élrangè- contjuêles de Pichegru, ou se con-
res. Le caractère plein de modération iiade nouveau ala France. Du moins
et de mesure du jeune Barthélémy le TEuropese divisa : ia Prusse se lassa
rendaitsingullèreracntpropre acetle d'iinc lutte ruineuse , où toutes les
carrière, et songenred'espilty convc- puissances u'avaienl pas iniilé sou dé-
liait également. Il ne ressembla donc «intéressement, et Barthélémy eut
point h ces hommes doni le mérite l'honneur de signer h Bàle , avec le
disparaît avec ie crédit de leur prolec- plénipotentiaire prussien, le prê-
teur. Attaché au baron de Bi eleuil , mier des traités de la république
d'abord en Suisse et plus tard en française. Ce traité de Bàle fut un
Suède, il accompagna M. d'Adhe- événement immense qui, non-seu-
mar à Londres en qualité de secré- lement détacha la Prusse de la coa-
taire d'ambassade : il y était même lition , mais brisa tout-k-falt le
comme chargé d'affaires de France, nœud de l'unité germanique, en tra-
far la révocation de son ambassadeur, çant une ligne de démarcation h fa-
orsqu'il eut a notifiera la cour de quelle accédèrent avec empressement
Saint-James l'acceptation de la cens- toutes les puissances de l'Allemagne
titution de 179 1 par Louis XVI. septentrionale, qui y étaient com-
Plus tard , nomme ministre de Frau- prises, même le Hanovre. LaPrusse
ce en Suisse, il j fut laissé, ou- ayant le commandement supérieur
bllé peut-être, dans les temps les des troupes, qui gardaient celte ligne
plus calamiteux. Sans doute 11 obéit de démarcation, en acquit d'autant
au gouvernement qu'il représentait , plus d'influence , et à\t^ ce jour il
mais tous les partis ont rcconuu y eut en Allemagne deux empereurs,
que l'homme adoucissait toujours Quelque jugement que l'histoire doive
autant qu'il était en lui les me- porter de ce traité de Bàle, il est
sures que le ministre était obligé incontestable qu'il fut très-avantageux
de provoquer^ et plus d'un émigré, a la France, et qu'il fit le plus grand
plus d'un proscrit se félicitèrent honneur au négociateur Barthélémy.
qu'il n'eût point cédé ses fonctions Bientôt après , le traité conclu aussi
à des mains moins généreuses, h Bàle avec l'Espagne mit le comble
Enfin, aux orages d'une guerre uni- h sa gloire diplomati(|ue. Le nom de
versellc commencèrent à succéder Barthélémy dc\int très- populaire en
des temps un peu plus calmrs. Mais, France et Irès-lionoré en Europe. Ce
dans celle lutte de la France contre négociateur , p;ir sa modérallon , par
l'Europe, après tint do fureurs et une conduite franche et loyale, qui
d'excès de toute sorte, la paix sein- est pre>M]uc toujours ce qu il y a de
blait une espèce (rulo|)ie désorr. lais mieux, surtout en diplomalie, s'élait
impraticable, et les Français él.iicut trlIeniiMit fait aimer et considérer
regardés comme une nation lumul- en Suisse, ipie, lorscju'il la quitta
tueuse, incompatible avec la société emportant des regrels universels,
européenne, (^e lut Barthélémy (pil les arttorilés civiles cl militaires de
opéra la réc< ncillalion, Il se Irou- Bàle l'accompaguèrenl ii quehpic
distance (K'iavillo, et lui rrndi* liilionii.iirc, rlail Cariu)l,lVx-mnT)î)rc
riMil les plus orands lioinuMirs. Co du comlu'dc saliil piihlir. rinrliiélcmy
l'iil cette haiile t^lime (] ù, plus scii- protesta an procès-vci bal des séances
lie encore en France, le porta, en i\\\ directoire contre la inodlficalion
juin 179O, il une i\v^ places de ces du ministère (]iii lut enVcIncc parla
ciii(| r/m'c/t'//r5 qui, comme on sait, niajorilé , peu di- temps avant le
^'•taienl momenlanémenl les cincj ruis 18 frncliilor, el afin de préparer le
d(> 1.1 répuMiipie iVançaise. Les deux succès de ce coup d'elat. Cependant
C\)nst'ilK (pii avaient le droit d'élire la veille même de celle journée , son
les directeurs, el l'usage de les choisir collègue Barras , louclié de sa Terlu
dans leur sein, renoncèrent pour et de son no!)l(> caractère, lui avait
lîartliélemy h cet usage. Sa nomi- fait pressentir les dangers (pii le
ualioii, faite en grantle partie par menaçaient, ctravaitengagéa donner
rinllnence de la société royaliste de sa démission. 11 se refusa a celle là-
Clichv, n'eut pourtant pas l'approha- clic abdication , fut enlevé au point du
tioii des royalistes les plus prononcés: jour par le ministre de la police Sotin
on se défiait du caractère trop doux , et emmené sans se plaindre , en di-
trop modéré de Barthélémy j el, dans sant seulement : « 0 ma patrie! » Ce
la prévoyance des luttes el des ora- ministre en menant lui-même a la
«es qui ne pouvaient que survenir, prison dn Temple , son directeur de
beaucoup d'opinions penchèrent pour la veille, lui disait :« Voilà ce que
legénéralBenruonville,illnstréparsa c'est qu'une révolution , nous triom-
lungue captivité, par quelques succès phons aujourd'hui 5 demain peut-être
militaires, et connu par un caractère ce sera votre tour.» — « Au moins,
énergique. Il est impossible de se dit Barliiélemy , n'csl-il arrivé aucun
dissimuler que le caractère honorable raalheur?la tranquillité publique n'a-
et vertueux de Barthélémy était t-elle point été troublée.-' » — «Nulle-
plus faible que les circonstances qui ment, répondit le ministre; la dose
se préparaient, et que si, au jour du était cependant forte j mais elle a bien
18 fructidor, Beurnonville ou surtout pris, cl le peuple a avalé la pil-
Pichegru eut été directeur, au lieu de Iule, jj Le peuple en a avalé bien
Barthélémy, les choses auraient pu d'autres depuis ce temps-la , et ces
tourner fort différemment. Il y a des paroles sont curieuses à retenir,
jours et des temps qui appartiennent Barthélémy, enfermé au Temple avec
visiblement aux hommes d'épée. Au Pichegru , Willot , Aubry , Larue ,
reste, ou assure que la nomination de Lafoud- Ladébat , Barbé-Marbois ,
Barthélémy eutTapprobation de Louis Murinals, Tronson du Coudray, Ra-
XVIII, qui savait combien le parti de mel et plusieurs antres, s'attendait
la modération est toujours puissant comme eux a être fusillé. On crut leur
ou du moins nombreux en France, faire grâce en ne les condamnant qu a
Quoi qu'il en soit , Barthélémy s'ho- la déportation a Cayenne. On sait
nora dans cette haute fonction et il combien celte grâce fut cruelle, même
empêcha beaucoup de mal. Il fut pour ceux qui survécurent. Des évè-
constamment de la minorité opposée nemenls tels que le traité de Bàle
aux trois directeurs révolutionnaires; appartiennent a Thisloire générale et
et^ singulier jeu des révolutions, son s'y retrouveront toujours ; mais les
associé, dans cetteminorité anli-révo- petits détails d'une déportation nous
234
BAR
semblent appartenir ciavantage à une
biographie : et a ce titre nous crovons
devoir citer les plus curieux de celle-
ci, d'autant que cet article formera
une espèce de supplément h celui
de Pichegru qui fut un des asso-
ciés, dans la déportation , aux mal-
heurs et à révasion de Barthé-
lémy. Ces détails , appliqués d'ail-
leurs a des hommes si illustres ,
sont un éternel sujet d'intérêt
qui sans doute les fera excuser.
En parlant de la proscription de
Barthélémy, il est impossible de ne
pas parler de l'héroïque dévouement
de son valet de chambre Letellier,
qui demanda et obtint du directoire
la perriiission de suivre son maître ,
et vint avec joie présenter cet ordre
au moment où les prisonniers raon-
laienl dans les charriots g;rillés qui
allaient les conduire a Rochefort.
Traité Af' fanatique par Augereau ,
il se piécipila aux pieds de son maître
qui le pressa contre son creur jet, dès
ce jour, il ne fut plus regardé par lui
(pie comme un ami et par les autres
déportés que comme leur égal. Celte
déportation qu'on osa alors appeler un
acte de clémence , n'était qu'un autre
arrêt de mort. On ne peut délailler ici
les rigueurs que, dès le premier jour,
on exerça contre les déportés, h la
lèl(; des(piels on pouvait mettre Bar-
thélémy arraché \ loleinment a la ure-
mière fonction de la républitpie , et en
effet /^//Vyt/*"///- de droit. Aeôlé de lui
brill.iijcriin antre éelal Pichegru, avec
sa couronne de victoires, et, parmi
leurs collègue.sde malheni- , on comp-
tait le vieux général Miirinais , La-
fond- F/adébal , président du conseil
des anciens, BarI>é-Mar!)()is,Tr()nsoii
du Coudray , A\ illot , Delarue, plu-
sieurs autres députés et l'ex-comman-
danl de la garde du directoire Ramel
cpii , comme l'ii hegru , devait avoir
BAR
le malheur d'échapper a cette pro-
scription, et comme lui était réservé 'a
de plus sinistres destinées. En lisant
tous ces noms , croirait-on qu'a Tours
on osa confondre de tels prisonniers,
avec la chaîne à,(ù^ galériens j et les
mêler avec eux dans la même cour ,
qu'entouraienllcs cachots destinés aux
uns et aux autres. Dès que les conduc-
teurs se furent retirés , les galériens,
plus délicats que les prescripteurs, se
tinrenlaTécartet i'uu d'eux dit aux dé-
portés ces mots remarquables, « Mes-
« sieurs , nous sommes bien fâchés de
« vous voir ici 5 nous ne sommes pas
« dignes de vous approcher. Mais si
te dans le malheureux état où nous
a sommes réduits , il y a quelques
« services que nous puissions vous
« rendre , daignez les accepter. Le
te cachot que l'on vous a préparé est
<t le plus froid et le plus étroit de
ce tous; nous vous prions de prendre
tt le nôtre , il est plus grand et moins
te humide, j) Celte étrange hospilalllé
fut acceptée . Il y avait plus de
trente heures que les déportés n'a-
vaient rien pris , et une livre de
pain , une demi - bouteille de vin
furent la ralion qu'on leur accorda.
Il ne faut pas oub'ler de dire quo
dans ce voyage , que les déportés fi-
rent sur des charriots grillés comme
])our des bêles féroces, les injures et
les menaces de la populace turent pres-
que partout leur odieux corlège (i).
Ce fut au milieu d'insulles et de soul-
francexle toute espèce (pie Barlhélemy
et ses compagnons arrivèrent h Ro-
cheforl. l.a, de plus \ives impreca-
(i) I.r (lirrii'iirr nvnil cbargn tic roiuluiro Ifii
«Irjiortrs jii.iini'a lîiiclit'fdrt i^n noiiiiii^ Dnlrrtrf,
iiiicicii m iirliiiiid (le voliiillrs à Miixtiinr, dcvanit
^1 ne l'ai. C.'rlail nu ilos lioiiinirs Uvn |>lii> liTocr»
ilt^ irltf t'imrjiif. Jiininis U-% ii volutioiis n'iuit
f.iii imiibrr !• pouvoir diini <U*a iiiiiins plus
nlijrctr». Il .s'iuMpiitla (le Cfttf iiii>»ioii d'uno
uiniiii"^r«i si l>r\itnli' , il y «ominil Ar XtWvs r\nc-
titms, qitu h's diiotUni» t'iix-mnii»* lu' piirrot
I3AR BAR 0.3^,
lioni s'i-lrvi'iTiil conirt* (mix; ri niix l'ranrr , av.iif prii loiil cnlicrc pnr
Irailcmrnls qu'ils t'prouvaiciil cl .nit rinfliPiicc du rlimal. Jcaiiiict n'en
piivalioin (Innl on les nccalilail, plu- Sdulin! jias moins aiit déportés, ot
.vii'urs d'cnlrc eux, (jiiand pcudaul la ])lii.s lartl au ^ou\ (MrifMtiruI Iraurais,
iiiiil on 1rs (il voj^uci .sur la (>l)arri)l(', (pir le canlon de Siiuiauiarv clail le
pcnsoriMit il Carrier cl aux Ixirrctirsdc jtlu.s sain delà colonie. I\lais rpiaïul
la Loire. î/eiuhanpienieul sur la cor- l^arllirieuiy cl ses coinpajnious y
Acllela J' ttill(tiitc lut sinistre et af- arrlvèreul, uu liouiiue de 35 ans,
nii;canl : mais la sévérité du premier plus cassé cpie les .sexaj^énaires de
accueil s'adoucit , i\l'S< (ju'ou eut per- l'F.urope, sorlit d'une bararpie iso-
du de vue les côtes de France^ lée , et leur dit : «Ah! messieurs
cl l'équipage, a qui Ton avait in- vous descendez dans un tombeau.»
spire les plus odieuses préventions On les logea dans des cases qui se
contre les prisonniers, ne larda toucliaient , et dont une était occupée
])as h reconnaître et a respecter par l)illaud-Yarennes, ce tigre mu-
ni eux des hommes vertueux et doux, selé (pii aurait voulu les dévorer
H était impossible par exemple de tous. Les déportés furent partagés
ressembler moins a un brigand que dans les autres cases ; on leur donna
liarlhélemv. Les proscrits furent un hamac, mais pas une chaise, ni une'
moins heureux a Cavenne : sans don- talde, ni un meuble, ni le moindre us-
te , là, comme dans leur navire , tensile. Cesl là, ce fut. sous le pouvoir
comme en France, ils rencontre- dictatorial d'un ancien laquais, pro-
renl quelques âmes généreuses 5 naais consul de Jeannet a Sinnamarj, i\\\(i
ils trouvèrent pour agent supé- s'aggravèrent tous les jours les souf-
rieur de la colonie un neveu de frances des déportés. Le plus vieux ,
Danton^ Jeannet, immortalisé par un dcshommeslesplusrespcctablesde
leurs maHieurs. Il serait a désirer nos temps, ]\îurinais, succond)a le pre-
que rhorrlble renommée de cet hom- mier pendant qu'on sollicitait encore
me décourageât les persécuteurs a a Cnyenne la permission de Py Irans-
vcnir, forcés tôt ou tard de compa- porter. L'éloquent Tronson du Cou-
laîtreau tribunal de l'histoire. Jean- dray , marqué déjà lui-même pour
net , mécontent des égards , des la mort , prononça l'oraison funèbre
respects même que les habitants de de son compagnon en pré.sence de
Cavenne témoignaient aux dépor- tous les autres, qui pouvaient dire
tés 5 imagina de les transférer a au cercueil : Moriturî te saliitant.
trente lieues de la , a Sinnamary. Tronson du Coudray avait pris pour
C'était non loin de ce désert que, texic : Super Jlwnina Bahylonis ,
sous le ministère de Choiseul, une il^Hc sedimus et Jlevimiis cum re-
colonie nombreuse , importée de c'or<:/ar6v/2?^r5'/o/ï. Paroles touchantes
partout, mais plus encore prononcées
If. tolrrrr. Dutntrc fut .-.rrrlô avant dVîrr nr- P'"^^ "" dcporlé français SUr IcS Sa-
rivi' à Rodiefort, et envoyé à l'.nris. i/autcm- vanes pestilentielles dc Siunamary.
dn celte noie i'a vu venir à l'abliave au mi- n ^' r i T 1 j i ..
lieu d'un gran.l no,t.bre de g.ns dé bien .,ui Lc diSCOUrS tilt (llgUC dU tCXtC , et
gémis.<;«ierit .-ilors dans cette prison. Les traits IfS soldats ct IcS nègrCS dc la Colonic,
i{;nobles, le l.m'jnge stunide dc celle esni^ce de • ^ • n i
caricature furent pour <ux une .sorte dc spc. la- ^"ï étaient accoucus pour ! entendre,
de; s'ils pouvai.nl ctrc reproduits, rinii ne se- éclatèrent eux-mèmcs en (rémisse-
vait plus proj)re à donner une idée vi-aie de -p . . , ° .
ces tpjnps d.piorabics. M— b j. ments. Jcauncl, mslruit de cette cir-
a36
BAR
constance , fît puLlier que quiconque
cherclicrait, par ses discours, aapp-i-
toyer les soldats ou les nègres sur
le sort des déportés, serait fusillé sur-
le-champ. Barthélémy était déjà très-
faible et ne croyait pas pouvoir long-
temps survivre à ses souffrances. Dans
la répartition des travaux que s'é-
taient faite les proscrits , l'ancien
directeur s'était chargé du soin
de faire la chasse aux scorpions et
autres insectes venimeux qui infes-
taient les cases. Bientôt il tomba
gravement malade , et celte fois
Jeannet, effiajé pourtant de tou-
tes ces perles, le laissa transférer
a I hôpital de Cajenne , où, par des
soins prodigieux et touchants, les
anges de saint Vincent de Paul
le sauvèrent. Son fidèle Letellier l'a-
vait suivi, et, lorsqu'il fut convales-
cent, voulait toujours le servir et se
tenir debout derrière lui. Il fallut
que Barthélémy , presque fâché ,
le contraignît à s'asseoir et k pren-
dre place K la même table, en
l'appelant son ami. Il n'était pas
encore rétabli tout -a-fait, quand
Jeannet le força de retourner a Sin-
namary • il s'embarqua sur la même
goélette , avec le commandant de
Sinnamary, qui était venu lui-même
se rétablir a Cayenne. Ce com-
mandant nommé Freyiag, alors sim-
])le capitaine et depuis général, a
écrit (les mémoires intéressants ,
et il raconte ain^i sou voyage avec
Barthélémy. « Nous sortîmes de la
« rivière de Cayenne p;ir \\\\ temps
a assez calme* mais (juand nous eu-
« mes gagné le large, nous trouvâmes
tt le vent contraire et la mer très-
« agitée. M. Barthélémy, n'ayant
u |)as le pii-d marin, et accablé du
« m.il dr mer, s'était couché sur le
« pont et paraissait presipie inanimé.
« Je veillais auprès de lui , cl voyais
BAR
Ci avec douleur que les matelots,
a malgrémes représentations, et sans
« If vouloir, le foulaient aux pieds.
« Obligé pour louvoyer de revirer de
«bord a chaque instant, le roulis
« jetait sur ce corps immobile et
« les hommes et les «Tgrès. Je souf-
« frais trop de le voir dans cette si-
ce tuation, et je résolus de le trans-
ce porter comme je le pourrais dans
te la chambre du capitaine, où était
ce resté Letellier , atteint lui-même
ce du mal de mer , et hors d'état de
ce me prêter aucun secours. Mais un
ce lîomme de la taille de M. Barthé-
« lemy (il était très-grand), qui ne
ce peut faire aucun mouvement, est
ce très-difficiîe a porter, surtout au
ce milieu des violentes secousses d'un
« navire. Je parvins enfin a le traî-
ec ner jusqu'à l'escalier delà chambre j
« mais ce poste n'était pas plus te-
ce nable que rautrc. Les matelots lui
ce marchaient sur la tète et sur le
«e corps ^ personne ne pouvait s'en oc-
« cuper , l'équipage trop faible suf-
cc fisait a peine à la manœuvre. Je le
ce saisis par les pieds, et le faisant
ce descendre le plus doucement que
ce jipus , je parvins 'aie déposer dans
ce la chambre où il sont frit beaucoup
ce de la privation d'air, mais ne fut
ce plus exposé, du moins, a être
ce meurtri. Voila donc, me disais-je,
ce celui que la France et la Suisse ont
ce salué comme pacificateur, l'un de
c( ceux à (pii les rênes du gouverne-
ce ment d\iii grand empire ont été
ce reniis'\s ! Il est proscrit par les puis-
a santsdujour, ellonléaiix pieds par
a les hommes les plus grossiers.» Ce
commandant l'reylag, avec ses senti-
ments luiiiiains, ne pouvait convenir
h Jeannet. Daillcurs il avait coimu
en Alsace ]*ic heu.ru , et adoucissait
autant (pi'ii le pouvait sa position 5 il
fut un jour enlevé, et, par ordre de
E.UV
»]o;ii\iul, jolc sur une cùlc ilocilo.
Son successeur a Sinnamarv, noinino
Avim* , se mollira loiil-ii-lail dij.Mic ilc
Jeaniwl, cl couiMa les soiilTiaiiccs
(les dctiiHis.Kl coniiiu'si le séjour de
Siniiaiiiarv ncùl pas élc assez liorrl •
ble, on s'orcujiait ii inar([uer cl h con-
struire des cases pour 5,ooo dépor-
tés dans le (piartier de Conanama plus
malsain encore; et Ton sali en elli t
(Hiclle n()ni!)reu>e poj)ulallou d'inlor-
luués cl de j^ens de bien (ul en-
gloulie plus larel dans ce ciinelière.
A\aul (ju d put être peuplé, les pre-
miers déportés se décidèrent h tout
risquer pour édiapper au supplice de
Sinnamary cl a la mort prochaine qui
les allcndalt. Mais tous ne purent
prendre part a cette entreprise déses-
f)éréc. Plusieurs étaient déjà trop raa-
ades, Brotier, la ^ illeurnoy trou-
vèrent ce projet impraticable; Barbé-
Marbols le jugea encore p!us impos-
sible; Lafond - Ladébat , Tronsou
du CouJray, s'obslinaicut à croire
encore à la justice d'alors , craignaient
de faire dépouiller leurs familles de
leurs fortunes trop en évidence, et
voulaient attendre, a Sinnamary,
le jugement qu'on leur avait refusé
eu France. Bientôt du Coudray tom-
ba malade; on sollicita vaineuient
pour lui la permission d'être transféré
à Cayenne • et ce fut alors que Jean-
net écrivit ces paroles décisives :
« Je ne sais pourquoi ces messieurs
ne cessent de m'imporluner ; ils
doivent savoir qu'ils n'ont pas été
envoyés a Sinnamary pour y vivre
éterneilement. jj II faut un tel pays
et un tel état de choses, pour faire
concevoir (jue buil hommes aient con-
senti a risquer de faire cent lieues de
navigation sur une pirogue que la
moindre vague pouvait engloutir. Ils
songèrent d abord h gagner par terre
les établissements purlugaiij mais
JUAR
.:i7
ils manquaient de guide et (riiilerprè-
le , ( l n'ignoraient pas que la natioib
indienne i\v^ (ralibis , la plus voisino
de ce côté, avait rompu toute commu-
nlcalion avec les Français, et, chose
singulière, les avait pris en horreur,
depuis (pi'elle savait (ju'lls avaient
tué leur chef (le roi Louis XVI).
On renonça donc a ce projet , impra-
ticable d'ailleurs par les lorèls immen-
ses qu'il {allait traverser. 11 lut arrêté
(prou chercherait a gagner par mer
Surinam, où les déportés avalent
Heu d'espérer de l'intérêt. Mais ils
n'avaient pas même un pilote pour
naviguer sur cette mer diîficile, lors-
([u'il leur en arriva un qu'ils étaient
loin d'attendre. Le malheur, et sur-
tout le malheur illustre et innocent,
est une espèce de langue universelle
qui loiiche toutes les nations. Un gé-
néreux Américain, nommé Tilly, avait
charq,é un vaisseau de commerce à
lui appartenant, cl s'élail eiprès
laissé aifaler sous le vent de Cayenne,
pour avoir un prétexte de mouiller
dans la rade de Sinnamary, et offrir
aux déportés une occasion de s'échap-
per. Mais il fut pris par un corsaire
de Cayenne, et amené comme pri-
sonnier la oii il voulait se présenter
comme libérateur. Du moins il vit
les déportés , s'ouvrit a eux; et, sur
l'aveu de leur projet d'évasion , il
les blâma de se confier a une fVè!e
pirogue; mais, les voyant décidés,
ce Demain, leurdit-il, onm'emmènera
a Cayenne, par terre et sous escorte,
et mou absence serait trop remarquée,
mais je vous laisserai mon maîlre d'é-
quipage Barrick , et peut-être le ciel
vous protégera, n II faut lire les dé-
tails de celte évasion dans l'ou-
vrage de Delaruc , inlilulé : ///a-
toi/'e du iS J}'uctùlor; car l'ou-
vrage de ilamel, sur le même sujet ,
est empreint d'une cxagéralion quel-
238
BAR
quefois sans Bornes. Les fugitifs vo-
guèrent toute la nuit 5 mais au matin
ils avaient perdu de vue la terre. Ils
s'en rappioclièreut avec peine, tou-
jours au moment de périr, et vidant
presque sans cesse , avec leurs cale-
Basses et même avec leurs chapeaux
Teau qui pénétrait dans la pIrogi;e.
Ils passèrent la nuit très-près encore
de la côte franraise , et au matin
ils furent surpris par un calme de
vingt' quatre heures qui pouvait les
Îierdre. Enfin le troisième jour
e vent étant devenu favorable, ils
francliireut sans danger la rivière
du Maroni qui sépare les Guianes
française et hollandaise. Mais leurs
périù, qui semblaient finis, s'accru-
rent encore. En passant près dujort
d'Orange^ il furent salués par trois
boulets de canon , qui les forcèrent à
prendre le large ; il surent depuis que
les Hollandais voulaient qu'ils arbo-
rassent pavillon, ce cpii leur éiait
impossible puisqu'ils n'tu iivaient au-
cun. Repousses du fort d'Orange,
ils résolurent de gagner le fort plus
lointain de IMonle-Ki ici. . Mais le vent
devenant orageux , ils ne purent aller
jusque -la. Vers la nuit, leur pirogue
chavira sur une terre molle où ils pas-
sèrent deux heures il la disputer aux
va<nies, et ils furent obligés enlin de
la leur abandonner et avec elle leurs
armes et le reste de burs provisions.
Ce fut dans celte position qu'il fallut
cnser a se défendre des tigres, dont
es hurlrmcnls retentissaient dans les
bois voisins. Uuhriquelque Picliegiu
avait sauvé du naufrage, permit .mx
déportés d'allumer des feux. Mais
ces feux (pli écartaient les tigres at-
tirèrent des myriades de mousli(pies
dont ils furent dévorés tonte la nuit.
Le pauvre lîarrick fut le plus mal-
traité et pensa périr. Le je. ur reparut
plus terrible encore (pie la nuit , et
l
BAR
eur montra une plage marécageuse
et stérile, bordée de bois inaccessi-
bles, fermée par des rivières ou par
des ruisseaux vaseux, plus diffi-
ciles 'a franchir. Une seconde nuit
sur ces parages fut encore plus cruel-
le j car a peiue eurent-ils allumé ces
feux contre les tigres, qu'une pluie
diluvienne, qui dura jusqu'au jour,
vint les accabler. Le matin, huitième
jour de ce cruel vovage, leur offrit un
ciel serein 5 mais l'espérance com-
mençait à les fuir, et ils se regar-
daient comme ensevelis dans ce dé-
sert , quand la fortune y amena deux
soldats envoyés en ordonnance du
fort iMonte-Krick au fort d'Orange.
C'était par le plus grand hasard
qu'ils avaient pris cette route a peine
frayée. Les proscrits instruits par
eux qu'ils n'étaient qu'a deux lieues
du fort Monle-Krick, se décidè-
rent h y envoyer ceux d'entre eux
qui se trouvaient le plus en état de
supporter celle fatigue. Le choix
tomba sur Barthélémy et sur Dcla-
rnej ils partirent sur-le-champ par
le chemin cpie leur indiquèrent les
soldais, arrivèrent culin , se donnè-
rent pour des colons français uaufra-
gc^'s, et obtinrent qu'on envoyât des
hommes jtour relever leur pirogue,
et des vivres pour les ranimer. Eux-
mêmes, après un repas (pii leur était
bien nécessaire, voulurent aller por-
ter ces bonnes nouvelles a leurs
compagnons. La pirogue lut relevée^
et le lendemain, partie a pied, partie
j)ar mer, celle colonie lugilive se
trouva recueillie au fort hospitalier
de rilui.le-Kriek. IMais dansipul élal
sepiésenlaienl ces homuies, quipres-
(pie tous avalent un raiig dluslredans
la société 1 Brûlés parle soleil, dévo-
rés parles insectes, la lange cl les
haillons dont ils étaient couverts
contrastaient avec leurs passt-porls
B\R 15 AR 239
(le ni'gocîaiils. Le commaïuîant ne talion doiil le propriclairc clait
])ouvail non plus concevoir (juils >se absout, ils y Iroiivcicnl par sou
iiissciil liasaiilcs en pliiiir nier sur ordre racciuil li- plus rcciicrchc ; el
une coquilli' (II' noix. Il leur de- mie (rie, (jiil Iciniiua la jourtiéc,
manda s'ilsavalenl louclicàSiiiiiama- acheva du conliaslcr , pour eux,
ry : sur leur réponse négative. «J'en avec les sonvcjiirs de Siimainary , Le
suis facile, (lil-d, j'aurais bien voulu lendemain ils arrivèrent à l'arama-
savoir des nouvelles de ces iuléres- riho , capilale de la colijnic, el y
saules victimes; les braves Picliegru furent reçus, non pas avec éclat et
cl \\ illol , ce (ligne M. Barthélémy avec transport, comme le dit Ilamel,
doi\ent être bien niallieureux. » Pi- mais avec les soins les plus atîec-
chei^ru, \\ illol, Ikirlliélemy répon- lueux. La Hollande, après avoir élé
dirent (pie leur sort paraissait s\i- conquise par la France , éliil alors
iik'liorer. Les déportés demandèrent i;on alliée, el, ce qu'il y a de singulier,
a écrire au gouverneur de Su- c'est que Pichcgru en avait élé le
rinam ; ils l'oblinrenl , et en alieu- conquérant. Hélait donc impossible
danl la réponse, ils prodiguèrent que le gouverneur hollandais laissât
leurs soinsaleur j)iloteBariick, (ju'ils trop voir son intérêt envers des
sau\èrenl aussi a leur tour. Le proscrits échappés d'une colonie fran-
troisièmc jour, ils aperçoivent uu caisej mais il était plus impossi-
cavalicr qui arrivait ; Pichegru, re- ble que lui étions les cœurs hol-
conuait uu ofFicicr supérieur hoilan- landais ne se souvinssent pas de
dais : celui-ci vient droit a eux, met Thumanité, de la justice et du désin-
pied a terre, et demande vivement téresseraent de Pichegru 5 désinté-
Î\L^L Picard el Gallois 5 c'étaient les ressèment tel que . lorsqu'il fut pros-
noins fictifs de Pichcgru et r)ar- crit au 18 fructidor, il avait fallu
thélcmv. Ils se présentent : l'officier pour lui procurer quelques ressources
recule un moment devant la misère vendre son babit de général et sa
de tant de gloire el de tant de verlus. glorieuse épée. Du moins il retrouva
Ah ! les scélérats, s'écrie-l-il, à quel sur celle autre lerre hollandaise une
élal ilsvous ont réduits! » Elles yeux juste récompense de sa conduite,
cbargés de ces nobb s larmes qui ho- Hélas ! ce fut son dernier beau jour.
norenl les braves, il se précipite dani Dans la colonie de Paramaribo, il
leurs bras : il embrasse aussi les au- fut, ainsi que Barthélémy et les au-
tres déportés. Il les remercie tous très déportés, comblé d'égards in-
au nom du gouverneur d'avoir rcu- dividuels, et les plus ricbes colons
du justice a ses sentiraenls, et se fé- se disputèrent celte généreuse Lospi-
licite d'en èlre l'interprète. Cet of- talilé. Le proscrlpleur Jeanuel ne
licier était un descendant du célèhre larda pas a réclamer les proscrits. Le
Coliorn, et comme on voll, Irès-di- commandant bollandais répondit
gne de ce nom. Une grande gondole d'une manière évasive, et comme s il
poursue de vêlements el de ralraî- lesavail méconnus. Mais , pour éviter
chissemenls attendait les déportés, des demandes plus vives, ceux-ci
Ils s'y embaripièrenl, mais après sentirent eiix-mêines qu'ils devaient
avoir demandé et obtenu d'être s'éloigner de Surinam. A peine remis
suivis par leur pirogue couser- de leurs fatigues, ils s'embarquèrent
valrice. Reçus dans une babi- pénétrés de reconnaissance pour ces
24o
BAR
généreux Hollandais, a qui ils durent
encore les moyens de récompenser
uoblement le dévouement de Barrick.
Pour le généreux Tilly, qui avait
échappé aux dangers résultant pour
lui de leur évasion, plusieurs le re-
virent a Londres , et tous , jusqu'au
dernier jour, ont conservé le souvenir
d'un Ij ait si magnanime , que l'his-
toire n'oubliera pas. Un autre être
Eon moins généreux , le fidèle Le-
lellier, périt dans la traversée de
la Martinique, et l'un des plus grands
malheurs qu'ait éprouvésBarlhélemy,
fut la perle d'un tel ami. Rétabli non
sans peine de tant de secousses, il
passa en Angleterre et de la sur le
continent. La révolution du i8 bru-
jnaire ayant aboli les proscriptions
du 18 fructidor, Barthélémy fut des
premiers rappelé en France. Présenté
par le premier consul , il lut, le 2 4
pluviôse an 8 , élu sénateur a la place
de Ducis qui refusa cette dignité. Rien
ne prouve mieux la diilérence entre
la célébrité et le bonheur que cette
époque de la vie de Barthélémy. La
proscription odieuse de cet homme
de talent et de vertu l'avait en quel-
que sorte couvert de gloire , et lui
avait al tiré, comme on vient de le
voir, l'hommage ii.émtî des peuples
étrangers. Rendu 'a la France , à la
société , a une existence tranquille et
honorée, Ikirthélemy cessa d'occuper
les voix de la renommée. Il est vrai
qu'il s'était élevé alors en France un
homme qui les occupait toutes, et (jui
aimait assez (|u'tll<\s ne parlassent
que pour lui. Barthélémy, devenu sé-
ualrur et bii iitùt comle de l'enqilre
el membre de l'institut, jouit au sénat,
comme partout , d'une véiitable con-
fiidéralliju, ii.ais il y fut, comme on
disait aiois, tihsorhr , cl di^paIUt
pr(S(|ueeutièren;ent de la scène poli-
tiipie. Ccpcndanl BoJiapf^rlc ne puu-
BAR
vait choisir un plus habile , ni un plus
honorable négociateur. jMais sa di-
plomatie presque militaire ne pou-
vait s'accommoder du caractère si mo-
déré de l'ex-directeur qui, il faut en
convenir, était peu propre a exprimer
les violences et les menaces d'un con-
quérant. Aussi, quoique Barthélémy,
en août 1802, eût porté la parole au
nom de la députation du sénat qui ve-
nait offrir a Bonaparte le consulat a
vie, aucune fonction publique active
ne lui fut confiée par le nouvel em-
pereur. Il y a lieu de croire aus^i
que Barthélémy n'en désira jamais, et
même plus lard il se félicita de n'en
avoir pas reçu. En considér.mt ces
deux hommes , il est évident que
Barthélémy ne pouvait pas plus ap-
prouver Bonaparte que Bonaparte
employer Barthélémy. Cependant
l'opposition de celui-ci fut toujours
très-discrète. Quand le géant tomba
sous la haine de l'Europe et sous
la lassitude de la France , a cette
époque de iSi/t, où ceux qui a-
vaient le plus admiré ses victoires,
en voyaient l'issue et en déploraient
le réàullat , B.irlhélemy présida la
Si'ance du sénat dans hujuelle fut
prononcée la déchéance. Le uième
jpur , a la tête de ce corps , il
complimenta l'empereur Alexan-
dre , sur sa modération envers la ca-
pitale , et en oblinl la promcise de
la délivrance de tous les Français
prisonniers en Russie. 11. signa, comme
sénateur , l'acte (jui rappelait au trône
les Bourbons. Lors du retour de Bo-
najiarle en 1810, il ne fut ni ne
voulut être au nombre îles pairs
nommés par lui, et se trouva en
conséquence sur la liste du roi Louis
XVlll, au retour de Gand. IVu
ajirès il fut nommé mendtre de ce
ronsci/ /)iivr, auquel il est ilou-
leux (ju'ou ait jam,>is demandé des
Coii'^cils. A l;ulianil)rc(l('snairs, mai-
gre la moilcrahiM» cli- .soiuMr.uliTi-, it
jx'ul-i'lrf à c.msi' ilt> cfllc inoilcra-
(ioii , il lie crssi de jouir do la jiliis
liante conlMiicc cl lui pro.scjue loii-
joiirs, au nnom cIIciiumiI (li'>liiirc'aiix,
iiomino prosicionl ou vicc-prctlilciil.
ÎVf clicrrliaul jaiiiais Tcllel mais tou-
jours l'ulililc, il prcsenlail sans prc-
U'iilioii li's tri!)uls de sa loiiiïiie expé-
rience cl de si's liantes Inniières. Eu
1819, i! nctinlpashlniipriliic rendît
il la pairie cl au royaunie un service
de la plus haute iinj)()rlance. Eflrayé
de la 1( ndaiice déniocraïupie (|ue pre-
naient les élections , cel homme si
iiiOileste. (jiii n'avait jamais consenti
a Timpressioii d'aucun discours pro-
noncé par lui , soit au sénat , soit a la
chambre des pairs, triompha de sa
réserve ordinaire , pour déposer de-
vant cette chambre, dans la séance
du 20 février, une proposition qui,
malgré de vifs débats, lut prise eu
considération. Cette proposition qui
excila tant de clameurs mérite d*étre
rapportée tout enlicrc: te Messieurs,
« dit l'honorable pair, il y a mainte-
« nant deux ans (ju'un changement
« important fut introduit dans nos in-
« slitulions naissantes par l'établisse-
« ment d'un nouveau système d'élec-
« lion. Les avantages annoncés furent
ce soutenus avec tant de chaleur, les
ce inconvénicntsprévusfurenl appuyés
ce par desîaisonnements ;>i plausibles,
ce qu'il fut permis d'èlre incertain
te dans une matière aussi grave. La
et marche de la discussion rendit
ce même cette incertitude si naturelle,
« qu'elle lut, peu a peu, partagée
« par les orateurs du gouvernement
ce même, et qu'en dernière analyse,
ce ils déclarèrent (pie ce système nou-
u veau était un essai que l'on vou-
<c lait faire ; eL (jue la loi d'élection
ce étant une loi d'organisation , si l'es-
LVll.
BAK
2/|I
rt saî n'en répondait pas a l'espoir que
ce donnait le nouveau système, le
a |)()uv()ir (jiii r.iisiil la loi pourrait
ce aussi la nuxblicr. Cette déclara-
«c lion , Messieurs , fixa beaucoup
ce d'incertitudes , et je l'avouerai a
ce cette tribune, je fus du no/nbre de
te ceux (pi'elK.' détf'nnina a voter en
« faveur de la loi proposée. Deux
ce ans se sont écoulés, deux épreuves
a ont été faites 5 deux fois le gouver-
a nement a témoigné des alarmes.
a C'est par conséquent pour moi un
t devoir de conscience , que de sol-
« liciter aujourd'hui l'elfel d'une pro-
ic messe qui a déterminé mon vole,
ce Le sentiment de ce devoir sera
a partagé sans doute par ceux qui ont
a volé par le même motif que n;oi
<c pour la loi d'élection. Il sera ap-
a prouvé par ceux qui , n'ayant vu
a dans le premier moment , que les
a avantages du nouveau système, et
ce ayant reconnu depuis ses inconvé-
a nients , doivent souhaiter de le voir
ce perfectionner. Il le sera h coup
« siir par ceux (pii ont voté contre
c la loi, et qui doivent désirer de la
ce voir modifier de manière à remé-
te dier aux inconvénientsqu'ils avaient
ce prévus. Enbn , IMessieurs , il doit
ce être approuvé par îe gouvernement
te même , qui sera jiloux sans doute
ce de justifier aujourd'hui la confiance
et qu'il nous inspira a une autre épo-
cc que, et qui doit sentir en même
ce temp-î le bes(-in de modifier un
ce système qui n'a pas pu du premier
a jet être porté a sa perfection. Je
te demande donc que la chambre des
ce pairsprenneunc résolutionen vertu
ce de laquelle le roi serait humblement
ce supplié de présenter un projet de
ce loi tendant h faire éprouver h For-
te ganisation des collèges électoraux
te les modifications dont la nécessi-
ce té peut paraître indispensable. »
16
aAa
BAR
Si le ministère d'alors avait appuyé
une proposition si sage , une bonne
loi d'éleclion aurait assure la tranquil-
lité de la monarchie. Il la combattit ,
et néanmoins elle fat adoptée par les
pairs h une grande majorité ; ce qui
amena une nombreuse création de
pairs nouveaux , par lesquels on fit,
non sans efforts , adopter une autre
loi électorale dont on ne peut nier au-
jourd'hui les const'C|uences , et qui
rendit a peu près inévitables les se-
cousses qu'on a vues depuis. Les es-
prits étaient déjà si hors de toute me-
sure, que cette proposition si sage fit
un moment présenter Barthélémy, le
plus modéré des hommes , comme uij
des plus fougueux ennemis du peuple
et de la liherté, Bien étonué d'être
devenu ce que l'on appelait alors
un ullrâ , il s'en tint à Thonneur
que lui avaient fait, dans louslcs bons
esprits, cette proposition et le cou-
rage avec lequel il l'avait soutenue,
et se renferma désormais dans un
silence quelquefois expres^f. , Il ue
vécut pas toul-k-fail assez pour voir
le résultat déhnilif de la proposi-
tion ([u'on avait préférée a li sienne,
et, le 5 avril i85o, il fut enlevé en
peu d'heures par une attaque d'apo-
plexie fou'lroyanle, a l'âge de 80 -ans.
Il n'avait jamais été marié f mais un
de ses neveux, M. Sauvaire-Barlhé-
lemy, avait obtenu du roi la Irans-
n ission de son litre et de sa jiLiirie.
Cet homme, qui avait été ambassa-
deur et directeur, liiissa une lorlnue
Ijès-modcsie, (|ui ue rend son nom
que plus honorable. C est un de ces
uom^ (|'ii dans notre révobitiou con-
solent de tant d'autres! Il y a eu
des homme.^ beaucoup plus énergi-
ques (|ue liarlhélt-my ; il n'y eu a pas
eu do plus vertueux ni de plus éclai-
rés. C. D. L.
liAKTlIliLEMV ( Amoim;-
BAR
Joseph ) , naquit k Bruxelles , en
1764-, d'un père, valet-de-chambre
du baron de Stassart, alors conseil-
ler privé et, depuis, président du
conseil de ISamur. 11 fit ses humani-
tés au collège de cette dernière ville j
mais des vers satiriques , dans les-
quels plusieurs personnes considé-
rables étalent peu ménagées , obli-
gèrent son protecteur de l'envoyer
faire sa rhétorique a INivelles. Après
avoir achevé son cours de philo-
sophie et ses études eu droit a l'uni-
versité de Louvain , il fut admis
h plaider, par le conseil de Brabant.
Sa probité et ses connaissances le fi-
rent bientôt considérer comme un des
jurisconsultes les plus recommanda-
bles du barreau de Bruxelles. Pen-
dant la révolution belge de 1790 , il
se prononça, mais avec modération,
en faveur du parti vonckisle ( f^oj-.
VoNCK,XLIX, 5 16). Lorsque les ar-
mées françaises eurent conquis la Bel-
gique en 1794? Barthélémy fit partie
du consed provisoire de Bruxelles ,
et s'honora , dans ces circonstances
dilficiles , par un dévouement sans
bornes aux intérêts de son pays. Le
convenlionuelllaussman, ayant éprou-
vé de la part du conseil un refus pour
l'exécution d'un arrêté qui ordonnait
la levée d'énormes contributions sur
la ville de Bruxelles , s'écria trans-
porté de fureur : « Sais-tu, citoyen
« Barthélemv, qu'il y va de la tèlc? »
— « Il cil jaillira du sang, et non de
« Tor, » réponilit Iroidemenl le ma-
gijlral. Ces énergiques paroles im-
posèrent au proconsul, cpii n'osa pas
donner suite a ses projets d'exaction,
r^énnmoius l'aduiinistraliou munici--
pale fui renouvelée , et Itarlhélemy
n'y rentra (ju'en 1806. Il prit une
pari Irès-acllve aux embellissenu-uls
de Bruxelles; c'est a lui qu'on doit
l'idée du canal de couununicaliuu en-
BAtl
tri" celte ville et (liailer<)|j il en
développa les .ivaiila^es daus une l)i o-
cliiire, iiiihlicu en 1817. Nuniiué
membre de la seconde cli.unhre des
élals-généranx, en 1822 , il se pro-
nonça forlenieiil coulre la lijjcrlc il-
liiuilée du conunerce des grains ,
appuya les mesures du gonvernc-
menl rilalivcs au collège philoso-
plii({uc et à la (pieslion de l'ensei-
gncinent • toutefois , il ne se sépa-
ra point de l'cpposilion belge, en
1828, ii() et 5o. Au congres na-
tional, il vola pour Texclusion de la
maison de Nassau , mais pour le prin-
cipe moiiarchiijue ; et toujours il se
montra zélé défeu'^cur des proposi-
tions (|ui intéressaient le maintien de
Tordre. Le régent lui confia le porte-
feuille de la justice qu'il conserva
quelques mois. Elu n:cmbre de la
cbambre des représenlanls ( i85i ),
il en obtint la vice -présidence. Il
mourut subitement au chîvtcau de
Franc - Waret , chez le marquis de
Croix, le 1 0 novembre i852. Ce
n'était pas un homme d'une grande
portée de vue , mais il avait de la rec-
titude dans les idées, de bonnes in-
tenlionset des mœurs douces. Si l'on
remar([uait en lui quelque suscepti-
bilité d'amour-propre, sa vanilé du
moins n'était jamais hostile. Outre
plusieurs mémoires surd'iraporlanles
questions de droit il a publié :I. Dis-
sertation sur l'ancic/i et le nou-
veau système hypotJiècaire , Bru-
xelles , i8o6,in-8° de 100 pages.
II. Kxposé succinct de tèlat de^
Pays-Bas , depuis le quinzième
siècle Jusquau traité de paix si-
gné à Paris le 3 0 mai 1 8 i /t ,
Bruxelles, 181^, in-8*'. III. Des gou-
vernements passés et du gouver-
nement à créer, iaisanl suite a l'ou-
vrage précédent, Bruxelles, 181 5,
iu-8". Où lui attribue encore un opus-
BAU
a45
culc inlilulé : HeJlcxionsd\ui vieux
lliéulogicn , ancien licencié eu
lirait canon à C université de Lou-
vain y sur les discussions de la se-
conde chambre des étals- géné-
raux, dans les séances des i5, l4.
et i5 décembre 1825 , Bruxelles,
i82 6,in-8" de 2 7 pages. — Lu 1814.
il s'e'iail associé a MM. Delhougnc ,
Doncker et Yan I\Icenen , pour la pu-
hlicalion d'un journal d'économie po-
litujuc, \ Observateur belge ; mais
il cessa bicnlôt d'y fournir des arti-
cles. Son style , qui n'est pas dé-
pourvu de chaleur , manque trop
souvent de correction et de goût.
Sx — T.
BARTHÉLÉMY II ADOT
(jVi"'"). Voy. Uadot, au Suppl.
ÎÎARTHEMA. Voyez Var-
TO.^! ANUS , XL VII, 557.
BARTIÎEZ DE Marmorières
(Guillaume), père du célèbre mé-
decin de ce nom {V. Bartuez, III,
446). naquit dans les premières an-
nées du dix-buitièmc siècle, devint in-
génieur dii% pouls et chaussées de la
province de Languedoc , fut de l'a-
cadémie des sciences de Montpellier,
et se £L une grande réputalion , soit
par %ç:s écrits, soit par les travaux
qu'il (Krigea. On a de lui : I. Essai
sur divers avantages que Vonpour-
rail tirer de la côie du Languedoc
relativement à la navigation et d
l'agriculture j Montpellier ( sans
date), in-4." avec 2 planches. II. I\Ié-
moires d'agriculture et de méca"-
nique , avec les moyens de re-
médier aux abus du jaugeage des
vaisseaux dans tous les ports du
roi, Paris, i763,in-8"\ III. Traité
des moyens de rendre la cote de
la province du Languedoc plus
Jlorissante que j atnais ^^\o\\\.^A.\\qv ,
i786,in-8 ',avec une carte. IV. Deux
Mémoires sur les soufjleis a chu le
16.
^44
BAR
d'eau , insérés dans le recueil des
Mémoires àe racadéraie des sciences.
— Son frère , avocat a Narbonne, a
publié : I. Callopliile, histoire tra-
duite, Paris, 1759, in-i2. C'est un
roman allé;^orique dont la traduction
est supposée. II. Songe envers, à
Erasme, et plusieurs autres pièces
de poésie. — Barthez de Marmo-
RiÈRES (le baron), fils de l'ingé-
nieur qui précède et frère cadet du
médecin , naquit h Saint-Gall en
Suisse, en lyôô dans un voyage
3 n'y firent ses parents , et mit
ans la suite îi profit cette cir-
constance, pour se faire nommer
officier dans un régiment suisse au
service de France. Il était avant la
révolution, colonel, secrétaire du
comte d'Artois et gouverneur de ses
pages. Il suivit ce prince dans l'émi-
gration , et passa en 1795 , au ser-
vice de Sardaigne avec le colonel
BacLmann son ami , et comme lui
revint en Suisse après la conclusion
de la paix en 1796. 11 avait élé se-
crétaire de M. de Bcateville, en-
Toyé de France près i\i's cantons
Suisses, cl il eut a cette époque avec
J.-J. Rousseau des relations dont
celui-ci parle dans le dernier li-
vre de ses Conjcssions avec cet
accent de défiance (pi'il prenait a l'é-
gard de ceux mtmes (pii chercliaient
à lui rendre service. Il rentra dans
la diplomatie eu nSou, et fut em-
ployé diins celle partie à Berne ,
pendant quebjues mois. Revenu h
Paris dans la uiôme année il y publia
une espèce de roniau (|u'il supposait
trafbiit du cliaidécn , s^wx^ le titre
f[l'Un(i(/t(in oulcsa'ç^rstlel'lionniu',
5 vol, iu-{)", 1802. On a enroie
de lui : I. La iMori de f^otiis A A 7 ,
tra ;édie en 5 actes, avecA' Martyre
elc Mnrie-Ànloinetle , NeulVIiùli I
Suisft'), 1790, iii-ii), rare. II. Oh»
BAR
seruations sur une brochure du co-
lonel JVeiss, par un officier suisse,
1795, in-8° . III . Moïse en Egypte
et chez les 3Iadianites , par un
solitaire du canton d'Appenzell ,
Paris, 1802, in-S". Il fut l'éditeur
du Traité du beau, ouvrage pos-
thume de son frère , publié en 1807,
et mourut a Condé-Saint-Libiaire ,
près de Meaux, le 3 août 1811, a
74. ans. Erscb qui confond dans sa
France littéraire (lom. I**^, p. 69,
el iom. IV, p. 28) le père et le fils,
attribue a ce dernier de Nouveaux
essais sur la Noblesse, INeufchâlel,
1781 , '\n-/\°, dont il n'a paru que le
tome P*^, et un Discours sur la li-
berté helvétique, Lucerne, 1800,
in- 8°. L — M — X.
lîAUTHIUS /^ojk.Barth,III,
457.
BARTHOLDY ( Jacob-Salo-
iMON ) , diplomate prussien . naquit à
Berlin, le i5 mai 1779 ? fl'i'ne fa-
mille israélite Irès-riclie, qui ne né-
gligea rien pour lui donner une édu-
cation distinguée. Sa santé délicate ne
lui permit de commencer ses éludes
que dans sa quatorzième année* mais
gr.ice a son inlelligencc et a son zèle,
il fit des progrès si rapides qu'en
moins de trois ans, il avait acipiis les
connaissances nécessaires pour fré-
quenter avec fruit une uuiversilé.
Envoyé en 1796 a celle de Halle
pour faire son droit , il suivit d'abord
avec assiduité les cours des profes-
seurs de cette science 5 mais bientôt
il changea de plan, et se consacra ex-
clusivement il la pliilologie. l'^n 1801,
il obtint le grade de maîlre-ès-arls,
et se rendit a Paris , où i! séjourna
j»ltisiturs années, occupé h se familia-
riser avec les lanijues fiMucnise , an-
glaise cl italieiuietpj'il parvintii parler
avecfacililéel mèmeavecélégance.Dc
Paris il alla eu Italiej el, après avoir
BAR BAR a/,r>
passe qiu'l(jno Icnips ;i Rome cl a N.i- flT^lj^rsKci*;^ , où il fui ^^ricvcmcnt
pics, il fil .ivcc son compalrlolc, le Mi.ssc. \in i()i3,il ohliul un emploi
(K'ssiiialcur (iio|iiiis, un vov.i};^ dans .supérieur ;i la clianccllcric d'élat do
la Grèce. C/esl (('lie excursion (pii Prn.sse, alors placée sousla direction
donna naissance ii son ouvraj^e inli- de ?î. de Ilardcubcrp;. il déhula
iule : Mémoires pour servir à ht dans la carrière adminislrallvc par la
cnmiaissanerde 1(1 Grèce moderne rédaclioii du fameux odil. sur la levée
et de la réfuddique ionienne, com- en masse des lial)ilanls iLcindsIurni)'
poses pendanlun r'oyac;e en Grèce édil qui n'a jamais été excciilé el qui
dtins /('S (innées 180.") et i8o/f^ ne pourrait guère Tclre , parce (lu'il
i" volume avec 9 planclies, lîerlin , csl conçu dans un esprit de ri^f)risme
i8o5, in-4-'S t"ii allemantl (1). Celle tel (pi'on le croirait plutôt fait pour
production , où Ton trouve quelques des Spartiates que pour des hommes
rcmar(pies judicieuses n)èlccs a un de notre époque. Rartlioldj suivit en
grand nombre d'opinions Irès-crro- 18 i4- les armées alliées a Paris, ei,
nées, a pourtant eu l'avantage d'ap- dans la même année il se rendit a
peler l'attention de TEurope sur le Londres, cliargé d'une mission se-
malheureux pavs qui en est Tobjet. crèle. Sur le paijuebot qui l'y Irans-
I)e retour en Italie, Rarlholdy fit la porta il fit la cou ;aissanrc du cardi-
plaisantcrie d'en oyer a l'académie Jial Consalvi , et bientôt ces deux
d 'S Arcades, de Rome, de l'eau de hommes contractèrent une amitié qui
Trepi et du miel de la Sabine, comme durajusqu'ala mort. Après avoir pris
provenant du mont Ilymetlo cl de la une part très-active aux travaux du
fontaine de Caslalie. Les bons Arca- congrès de Vienne ( 1 8 i 5), Barlholdy
diens, bien loin de se croire joués , fut envoyé a Rome en qualité de
célébrèrent ce don par de nombreux consul-général de Prusse pour toute
sonnets, ce qui amusa beaucoup l'an- l'Italie. On disait alors que cette
leur de la mystification. En i8o5, charge était la récompense de ses
Barlholdy se rendit a Dresde, oti il services antérieurs : ce qu'il v a
se lia avec le célèbre pasteur F.-V. de certain, c'est qu'il l'occupa plu-
Reinhard ; el, peu de temps après, il tôt au nom de tous les souverains de
se fit baptiser par cet ecclésiastique, la Sainte-Alliance, quepourlecomptc
La funeste issue que la guerre de particulier delà Prusse. Il était chargé
1806 eut pouf sa patrie, lui inspira d'ol)servcr les mouvements qui ré-
une haine invincible contre ISapoléon. sultaient des dernières convulsions
Dès-lors il parcourut l'Allemagne en politiques de l'Italie. En 1818,
tous sens, afin d'v susciter des ennc- Barlholdy représenta son souverain
mis au vainqueur d'Iéna^ puis, ne se au congiès d'Aix-la-Chapelle, et vers
hornant pas a de simples exhorta- la fin de cette année il fut nommé
iions, il prit du service ( 1809) dans conseiller intime de légation ctchargé
un régiment de milice de \ienne , d'affaires aFlorence. 11 pritposses-
el signala sa hravoure en plusieurs sion deson nouveau poste en 1819,
occasions, notamment a la bataille et remplit immédic'^tement après quel-
ques mis>ions particulières a Rome et
(i) La soite <lc cet ouvni^e n'a pas paru. Il H NapleS. L.T révolutiou napolitaine
existe du volume pul.liô une t.odu.ti.m fran- (,820) étendit Ic Cerclc de SCS OCCU-
raisc.par A. (lu C , Pans , 1807 , 2 vril m 8 , ^ . ...
.avec fi-uros cl carlts. pallOUS polltiqUCS. il avait toUjOUlS
2^,6 BAR BAR
été un des plus grands ennemis des Icmagne el de l'Italie, tels que Har-
sociélés secrètes, et son ouvrage sur deuberg, Metternich, Consaivi , Mê-
le Carbonarisme j qu'il publia a lé- dicis , etc. , entretenaient avec lui
poque même de cet événement, prou- une correspondance très-suivie, et lui
ve qu'il avait le courage de le dire demandèrent souvent des conseils,
hautement. Dès 1822, il reprit ses II était franchement royaliste et ab-
anciennes fonctions de consul-général horrait les novateurs politiques. Il
de Prusse K Romej mais au coramen- manifesta son opinion a cet égard en
cément de iSsS cctie place fut sup- disant, avec le grand Frédéric, qu'il
primée , et il obtint une pension de faut bien que les gouvernements mar-
retraite d'environ 4ooo fr., a la cun- chenlavecle temps, mais qu'ils ne doi-
dition de la dépenser en Prusse. Il vent jamaisse laisser entraîner par les
continua néanmoins d'iiabiler Rome," masses ou par Topposilion. Bartholdy
probablement a cause des grandes avait un goût très-vif pour les arts
facilités que celte ville offre pour les du dessin. C'est a sou intercession
reclierches archéologiques , recher- auprès de M. de Metternich qu'est
ches auxquelles il consacrait tousses due la conservation du palais de Ga-
loisirs et se livrait avec un enlhou- prarola^ le chef-d'œuvre de Yiguole
siasme d'artisle.La mort de ses amis, {^oy. ce nom, XLVIII, 4.78). C'est
le prince de Hardenberg(i82 2) et le lui qui ressuscita la peinture h fresque
cardinal Consaivi (182/,) , celle de sa en profitant de la présence à Rome
mère, qui coïncida avec la perte de d'une réunion de jeunes artistes
son emploi, troul)lèrent le bonheur étrangers (M1\I. Catel , Cornélius,
dont il avait joui pendant plusieurs Overbeck,SchadowetVeil), pour faire
années. Sa santé s'affaiblit peu kpeuj orner son hôtel d'une suite de tableaux
une inflammalioud'cntraillessedécla- de ce genre, représentant l'histoire de
ra le 19 juillet 1825, et le 26 il Joseph. L'admirable cxéculion de
avait cessé d'exister. Son corps fut en- ces ouvrages fonda la réputation de
terré au cimetière des protestants, si- leurs auteurs; el, depuis celle époque,
tué près de la pyramide de Cestius. des milliers de peintures a iVes(jue
— Bartholdy était d'un extérieur fort ontété faites en Allemagne et enitalic;
désagréable, mais d'une physiono- ce qui prouve a\\\ progrès immense
raie qui annonçait de la sagacité; chez les artistes, quand on prend en
sa mémoire était prodigieuse, cl peu considération que, pi)\ir produire de
d'hommes peuvent se vanter d'une rtffet par un tableau h fresque, il est
plus grande facilité de travail. Comme inilispensablc d'avoir la plus rigou-
diphimale, il montra l)eau;oup de reuse correrlîon dans le dessin, une
savoir-faire , parlicidièrcmiiit <lans grande hardiesse de pinceau el une
les négociations secrètes. 11 connaissait piofonde entente du coloris (2). —
h fond les relations j)oli[i(pies Aii^a Jî.irihLddy s'occupailaussiavccaclivilé
différents étals de rilalie, ce (jui ne à former tl^^s collections d'objets
tonlribua pas peu à la réussite des
nombreuses missions (pi'il y remplit. ^,^ Mi.i.riAnKc. n. niM.nnant M"- i«- f'-'"'
La répul)li(MJC de Saint-Marin fui s.i..Hii.H..>, |i.»iiiti.« d« Nmiso. nMiii pioposo
ccerna les hlres do citoyen liono- „. , ii «lu.p.ii.- sixtii.c, ^Vnin : .. oia no vaui
rairc el de nalrirîen. L(.'S diplo- «|... .i.Mii.ii.ir.U|..inturcà l'huil.M.-rsii.oin.cq....
I , • !• . f I 11 \ I « |)mir lit fnnmi's. pour Ir* Il rs vin><'s|irit rt
mates les plus aislnigMes de 1 Al- „ lursUolcuruirtur, tomiutU rirr.Sf.baïliano.u
(r.irt, ti'ls qiio verres colores nii- j'cs colores des (inricns (en fr;ni-
tiijiips , vases autitjiies de loiiles cais), avec des gravures exceiitées
malières, vases majoliea , taMcanv, d'après les dessins de M. Kuspi , par
I>ronzes, seidplures en ivoire , ligii- ]\1. llnseliowevli. On assure fjiie
rines en terre ciiile , elc. Les deux I\l. Panolka s'esl cliarj^é de la puhli-
preinièies de CCS collcclions, qui sont calion de ce travail. Nous voudrions
très-riclios et reniar([nal)les par le qu'il en fiil ainsi -, car cet anli(piair(?
gonl (pli a présidé h leur conij)osilion, savant et laborieux ne priverait pas
ont été aclielées par le roi (le Prtissc long-teuipslcs amateurs cCnn ouvraj^o
et font partie du musée de Berlin. Un qui , au dire de tous ceux ((ui Tout
petit nombre d'excellents tableaux de examiné, doit agrandir de beaucoup
genre, exécutés a Rome par des pein- le cercle des connaissances arcliéolo-
tres français cl allemands, est passe en giques. On a aussi trouvé, parmi Ics'
Aui^'elerrc. Les autres collcclioiis papiers de UarlliolJy, queLpics mé-
onl été mises a Tencan et vendues moiresdélacliés sur ror;.;aiiis.ilion des
pièce a pièce — Barllioldy a publié, handr-s de brigands en Italie. — On
ou're les deux ouvrages cités p'us cite dans ce pays cl en Allemagne un
haut : I. La guerre des lyrolicns grand nombre de plaisanteries qu'il
en 1809, Berlin, i8i4, i vol. îri-8°, se serait attirées, et qui roulent en
(en allemand}^ avec une carte. Cet grande partie sur sou origine juive
o;ivrage avait pour but de montrer et sur sa conversion au christianisme,
aux Allemands, surloutKla génération NoiiS ilous bornerons a rapporter
nouvelle, que le chemin du salut était celle qu'on altril.nie au cardinal Yi-
daiis une guerre populaire. L'ardent doni, auprès de qui il se vantait d'a-
palriolisme que respire ce livre d'un voir abandonné la doctrine judaïque
boni a l'autre et les impressions sous pour celle de Luther. « Eh bien!
les([ucl!es Barllioldy l'a écrit doivent a lui dit le prélat, qiiel mérite y a-
excuser les formes un peu idéales dont ce l-il donc a cela ? Vous n'avez fait
il a revêtu ses héros. IL TraiLsdeca- « que changer d'apparteiftenl dans la
ractère{7A\gfi) du cardinal Hercule ce maison du diable. » — Il existe un
CWi'a/v'/, Stuttgard, 1825, i vol. buste très-ressemblant de Barlholdy
in-8" (en allemand), avec le portrait qu'on doit au sculpteur Wolf, de
du cardinal. Dans ccl écrit Bartholdy Berlin , qui avait moulé son masque
retrace avec une rare impartialité les immédiatement apr(?s sa mort. On a
principaux événements de la vie de aussi plusieurs portraits de lui, dont
Consalvi. La seule chose qu'on puisse un, quia été fait sur sa demande par
y trouver à redire, c'est qu'il fait un M. Gropius, son compagnon de voyage
peu trop valoir les services qu'il a eu en Grèce, le représente au milieu du
l'occasion de lui rendre. III. Une co- G/^^'^^o d'Athènes. BI — a.
médie en vers, très-médiocre, dont le BAllTIIOLI. P'oy Bartoli,
titre, qui nous a échappé, ne se trouve lïl . i^S^ et ci-après.
même pas dans les bibliographies al- BAIITHOLIX , ou mieux Bar-
lemandes. On doit aussi a Bartholdy tolt>'i (Richard), poète latin,
un bon nombre d'excellents articles était né , dans le quinzième siècle à
politiques insérés dans la Gazette Perouse. Ayant embrassé l'élat ecclc-
uidvcrscllc d'Augsbourg. Il a laissé slasticpie , il fui pourvu d'uncanonlcat
Q\\mi\x[\\^ç:n\.\m Truite sur les ver- du cliapilrc de Spolellc, et devint
248
BA.R
aumônier du cardinal de Guick , de-
puis archevcque de Saltzbourg. Il
accompagna ce prélal en Allcmagn»
el se montra reconnaissant de sa bien-
veillance, en le soutenant de sa plu-
me dans différentes occasions. Ses
talents L:i méritèrent le laurier poé-
tique qu'il reçut des mains de l'em-
pereur Maximilien. Celait un bon
versificateur," mais il manquait d'i-
maiiination et de sroùt. Dans son
poème De hellonoricOj où il décrit
les guerres que la maison d'Autriche
eut a soutenir contre les ducs de Ba-
vière et les comtes Pa'alins , il inlro-
duit toutes les divinités du paganisme,
et mêle Apollon , Diane , Mercure ,
avec les pages, les électeurs cl l'em-
pereur. François Pic de lalViirandole
( V oj. ce Lom, XXIX , 1 2 5 ) , au-
quel il avait montré son poème, lui
reproclia cette injure au bon sens en
l'engageant a la réparer. Mais Bar-
lliolin effrayé de l'idée de recom-
mencer un ouvrage qui lui avait déjà
coûté dix ans de travail, crut se
justifier par l'exemple d'Hésiode,
d'Homère et de Virgile , dont les vers
sont remplis des noms et des fables
des dieux (i). La puérile justification
de Bartlioliu a suggéré A^?, réllexions
très-judicieuses au célèbre Arnauld
{Logique de Porl-Rojal j 5* par-
lie, cb. I cf). Bartliolin vivait en i 5 i 9,
mais on ignore la date de sa mort. Ses
ouyrages sont : I. J)c hcllo uorivo,
yînslriddos lihii XJ I , Strasbourg,
i5i6, in-/j,", i "édition, publiée par
Joacliini Vaili.inus \ J' oy. ce nom ,
A[AIJ, 25o); réimprimé à la .Miite
du Li^urintts de Guntlier, avec un
ample commeutairedc Jacq. Spiegil,
ibid., I 53 r ,in-r()l. etdansles^ clercs
scriptor. (Jermanicardi; Jusl. Ileu-
(i) I.ii I. itrr (Ir l'ic «Ir In IMir.indolc et la rr-
j)oiisn (le li.ii iIikIi'ii, sont 11 l.i iiii< ck' son [luviiir
^Jv bvllo itorii o.
BAR
ber,p. 4^69. Ce poème, qui fut très-
bien accueilli lors de sa publication ,
n'est plus guère recherché que des
curieux, qui donnent la préférence a
l'édition de i 5 i 6, parce qu'elle est la
plus rare. II. Uodœ/wricofij id est
itinerarium cardinalls Giircensis :
Quœque in commenta Maximiliani
et regum J^ladislaij Sigismundi et
Léudovici mémo rat u digna gesta
suntj Vienne , i 5 1 5 , in-4.° , très-
rarej inséré dans le tora. IldeFreher,
Scj^iptor. Rerum germante. On
y trouve des détails assez intéres-
sants sur la géographie et sur les
mœurs de l'Allemagne a cette époque.
III. De conventu Aiigustensi con-
cinna descriptio ; rehus etiam
exlernarwn gentiimi quœ inté-
rim gesta suîit j cum elegantia
intersertis ( Augsbourg , i 5 1 8 ) ,
in-4.°. Opuscule très-rare. Il a été
réimprimé par Schelhorn en lySS,
dans les Amœnliat. Hist. eecle-
siast., II, 657-709. Dans la préface
dont il failprécédersonédition,SclieI-
liorn témoigne sa surprise qu'aucun
collecteur allemand n'eut encore son-
gé a reproduire une pièce d'un
si grand intérêt pour rliisloire de
la réforme. Par un hasard singulier,
Henri-Clir. Seuckeuberg en donnait,
dans le même temps, une édition
dans les Seleelnjuriset histor.y If^^
626-80. IV. Onilio ad 3Jaximi-
lianiini Augitst. de expeditione
contra Titreos siiscipie/ida , Augs-
bourg , I 5 I 8 , in-.t" , et dans YAnti-
turcieiini de INitoI. Reusner. V.
Carmen heroieiini , genia/c lau-
dtilmndiiin et triurnplians super
C aroli Ixoimuioriiin régis electio-
ne, Slra.sbonrg, 1 5 1 9 , \\\-/^^ ,* dans
un recueil, très-rare, de pièces rela-
tives à l'élection de Cliarles-Quinf .
Ou trouve une lettre de Bartboliu h
son imprimeur dans le Vliihdogicar.
BAR BAR 5^9
r/)i<fnfiir. rrnfuri<i iina, niiMic par I) vnTLK>i.\> (//uv///r.s) , jiroI)al)Ic-
(iold.isl, Fraiuloii, 1610, iii-î5". niciil lils du prcci'dciit , cl né il
{>"('st la IriMitr-lioisliMiic. W — s. Londres, vers 1778, sVsl rendu ré-
BAlITIim.W rsl 1(* nom an- Icbrc aussi coiiiinc iniisicicn, comintt
};lals cl |) cul -("lie le vJrilaMoMorn de cliaiilcur, couinic c()iiij)osilrur, cl ne
J^Aivr II I. r. -^loN r ou Iîabt u e lemon s csl pas n^oins disluiffué par son
( llippol) /«')ruu des vlolonislcs les érudition dans l'arl (pi'il praliquail.
plus disliuj^ués du 1 8'" >vièclc, né vers Sa voix éiail une cxcclli nie basse-
1^4 0. Les auleurs du Diclioimaire taille, cl plusieurs morceaux ont éle
<^/<'.v/;iM,s/<'/(V/,v disent (pril élailFran- écrits par d'autres compositeurs pour
çais , (pi'il résida (piclquc temps a la faire briller. 11 était le principal
Paris, et qu'il Y composa en 1768 un soutien de l'un des trois concerts
opéra [le Fleu^'e Scaimmdre ) de Londres j mais dans ses derniè-
pour le lliéàlre italien. Ce dernier res années, nne indisposition con-
lail est le seul vcritab'e. l-arllcman linuclle privait depuis long- temps
avait déjà fait jouer à Londres deux le public du plaisir que faisait éprou-
o|-oras, Pc7o/;/r/<7, en 1 76(1, et O/- ver sa parfaite exécution. César
iJiona j en 1768^ lorsqu'il vint à Gardeion en fait mention dans ses
Paris, où il fil représenter le 28 dé- Annales de la musique , année
cembre delà même année, avec peu 1820 ; mais il n'en parle plus dans
de succès, la pastorale du Fleuve sa. Biographie musicale de 1822 •
iyca/wrtW/'^, ffont les paroles étaient ce qui fait supposer qu'il était mort
de Renout. 11 revint a Londres en dans cet intervalle. INous ne connais-
1769 et y fui plus heureux. Deux sons de cet artiste (jue le tilre d'un
autres opéras, le Jugement de Pd- grand air accompagné de récitatifs,
ris, qu'il douna la même année ( et intitulé thc Tempest. A — t.
qui ne fut pas son début, comme le BARTOLI (Sebastien), mi-
à[[ \c Dictionnaire des nuisiciefis), decin uapolitain , né à M^nlella,
cl la Ceinture enchaîitée, en 1770, Joinssail d'une assez grande réputa-
furcnt reçus avec eulbousiasme , et lion vers lafîu du dix-septième siècle,
assurèrent sa réputation ainsi que sa 11 termina sa carrière en 1676,. par
fortune. Il fut nommé directeur de une morl prématurée. C'était un spa-
la musique du Wauxball de Londres, girique, ou partisan des applications
Eu 1777, il fit un voyage en Aile- de la cbimie a l'art de guérir, que
magne elde la en Italie, où il épousa «es contemporains nous représentent
une cantatrice célèbre. La reine de comme un beau parleur , bien fait
PSaples, devant laquelle il s'était fait de sa personne, bardi et surtout très-
entendre, le cbargea pour la reine de heureux dans la pratique, circon-
Francc, sa sœur, d'une lettre qu'il stances qui lui concilièrent les bonnes
remit a cette princesse. De retour a grâces du vice-roi et delà noblesse de
Londres, il y fixa sa résidence, et INaplcs. Les ouvrages qu'il a laissés
ses qualités personnelles , plus en- sonl-.l. Examenartis medicœdog-
core que ses talents , lui acquirent matuni communiter rcceptoruni in
l'estime générale. On a aussi de lui dcceni excrcitaiioncs parcidoxas
Açs trio et des solo de violon, des so- dislinctum, Venise, 1 666, in-4.". II.
liâtes de clavecin, etc. Cet artiste est Courte notice sur les eaux minè-
morl vers la fin du dernier siècle, — raies de Pozzuolo (en italien),
25o
BAR
Naples, 1^07, ^-4.". On a encore
de lui deux traités latins sur les bains,
qui n'ont été impriii;és qu'après sa
mort (Naplcs, 1679, in-4.°), par les
soins de son neveu, Michel Biancardi.
Une lettre inlitulée Niincius Far-
nassius , seii epistola ex Parnasso
ad D. Ccirolinn Blusitanitm ,
Kruswickj 1700 , in-4-° , qui a paru
sous son nom , et qui a pour l)ul de
tourner en ridicule le médecin Pierre-
Antoine de Marlino, n'est pas de lui,
quoiqu'elle porte son nom ^ elle est de
Joseph Prisco, autre médecin napo-
litain {Voy» Tozzi , XLVI, 4^23 ,
noie i). J — D — N.
BARTOLOMEO di san
Marco. Voy. Baccio della Por-
ta, III, 166.
BARTOLOZZI (François),
l'un des plus célèbres graveurs du dix-
ïiuitièrae siècle, naquit en 1725, h
Florence. Il y reçut ley p-reraières le-
çonsde dessin d'UgoFerreti, et ce fut
d'après les conseils de ce maiire qu'il
se rendit a Venise, où il entra dans
l'école de Joseph Wagner [Poy.
ce nom, au Supp.), très-bon gra-
veur, dont la réputation devait être
effacée par celle de son élève. 11
fît sous cet liabile maître f\i:s pro-
grès si rapides, qu'avant d\ivoir Icr-
miné son apprentissage, il gravait à
l'eau-forle et au burin de peliles
estampes, reclierchées par les riclics
anialenrs (jui K\s payaient lort cher.
De Venise il vint a i\Iilan où il se fit
connaître par (piel(|ues belles gra-
vures, (Taprcs des tableaux deTécole
lond)ar(le. Vax 1764, il se rendit on
Angleterre; ci s'étanl établi près de
Loudres, dans une petite ville ddul
la siliiaiion lui parut agréable , il s'y
livra tout entier !i l'exercice des arts,
avec une ardeur et une assiduité dont
il est pres(|ue inij)().ssd)le de donner
une idée Ce grauiLulislc a travaille
BAR
dans tous les genres , el il n'en est
pas un seul qu'il n'ait traité d'une
manière supérieure. Il conserva, Jus-
que dans l'âge le plus avance', cette
pureté d'exécution, ce burin franc
et suave , qui le plaçaient si fort au-
dessus de la plupart ^ts graveurs
contemporains , et dont il est au
moins sûr qu'aucun ne l'a égalé pour
le nombre des productions. Invité
k se rendre eu Portugal , en i8o5 ,
il y soutint sa vieille renommée par
plusieurs morceaux qui firent l'é-
tonnement des connaisseurs. Le roi
le traita fort bien el lui fit une pen-
sion. Bartolozzi mourut h Londres en
1819, a 94- ans, ayant conservé ses
brillantes facultés jusqu'aux derniers
moments de sa vie. On a de lui plu-
sieurs petits tableaux en miniature
ou au pastel, qui ne sont pas saus
mérite. Il a gravé d'après Raphaël,
leGiu rchin, Angelica Kaufmann, etc.
Parmi ses nombreuses estampes , les
amateurs recherchent : Lu Mort de
Didon, d'après Ciprianij îe Silence^
la Naissance de Pyrr/ius , la
F'emme adultère j d'après les Car-
raches. Clytie cliangéc en tour-
nesol ^ d'après Annihal Carraclie
passe pour le chef-d'œuvre de Bar-
tolozzi. Le Massacre des inno-
cents, d'après le Guide 5 la 3Iort de
Clialani, d'après Copley j une {V/-
6'o//c/.v/6>//, d'après le Guerchin;le
dictateur Cdnnllc y d'après Sébas-
tien Riecij iwUnmw S(u'nte l'^antillc,
d'après Heuedetto Luti, sont encore
au nombre de ses ouvrages les plus
précieux. Son OEuv>re complète a
été vendue ;i Londres n ille livres
sterling ( viugt-(|uatrc mille francs).
Cet artiste a formé plusieurs élè-
ves. Il a eu beaucoup de p.ul a
l'ouvrage publié par liracci sous ce
titre: iMcrnoric drgli Antichi i/ici~
sort chc i>col/>iro/to i loro noini
0 0 .
roii-
BAR IÎ\R aSi
ncîlt^ f^ommr c cammci con molti «ne sorlc de di-dain. On lui doit
înoiiunn'uti incditi . :: vol. in-folio, (jnclcpios ouvr.ip;i'S,lnn.s ccrils en lan-
i;ili. W — 5. gue an<:;lal.sc : I. Mrniotrc. sur la
11ART<>\ ( lîr.NjAMiN Smith), facul le de fascinât ion (jui a étèal-
iialnralisli' anu-rirain , na(|iiil en tvUmcc. à divers scrpcnls d' Ânié-
1-66, h Lancaslrc, ville de la Pen- ritinc, l*liiladolj)lilc , 1796, in-8'*,
svl\anic, on son père élail ministre avec nn Mipplénienl puljlic en 18
de réi;lisc épiscopale. Comme on le Danscel opnsenlc , il clierclie a pL„„
deslinail K la profession de médecin , ver que Topinion vulgaire, qni allrî
il fut envoyé à Edimbourg pour faire bue aux serpents la faculté de charmer
ses études, et il y publia en 1787, les animaux et même les liommes ,
une brodiure sur les propriétés de la est illusoire; c'est une (pieslion ruii
jusipiiame noire, quilui valutd'liono- n'a point encore été décidée, et qui
rables encouragements. Cependant réclame un nouvel examen. Le mé -
il crut avoir a se plaindre des procé- moire de Barlon a été traduit en ai-
dés de (pielques professeurs auxquels lemand, avec des notes, par E.-A.-
il avait été recommandé, et sa fierté G. de Zimmermann, Leipzig, 1798,
naturelle ne lui permit pas de rcs- in-8". IL Collection pour un es-
ter en Angleterre; il alla donc pren- sai sur la jnatière médicale des
dre le grade de docteur à l'université Etats-Unis , Philadelphie , 1798 ,
de Gœt lingue. A son retour en Amé- in- 8°; une troisième édition de ce
riijue, i! pratiqua Tart de guérir dans livre a paru en 181 0. IIL ]Sou~
sa vilie natale, et bientôt se vit com- veaux aperçus sur l'origine des
])Ié, malgré son âge peu avancé, de tribus et des nations de VAmé-
lous les honneurs littéraires. Nommé ri que , Philadelphie, i798,in-8°.
en 1789 professeur d^histoire na- \S . Fragments de V histoire natu-
Inrelle et de botanique , il fut le pre- relie de la Pensjlvanie , Philadel-
])iier qui enseigna publiquement ces phie, 1799 , in-fol. V. Notes rela-
deux sciences a ses compatriotes. Six tives à certaines antiquités aniérl-
ans après , il obtint une chaire de camt^ç^ Philadelphie , 1796^ in>4.",
matière médicale, et, en 1790, il W. Mémoire sur le goitre et la fré'-
succéda au célèbre docteur Rush, quence de cette maladie dans dif-
en qualité de professeur d.cs instituts fé rente s parties de V Amérique du
de médecine. Une hémoptysie dont il ISiord, Philadelphie, 1800 , in-4."*
était atteint, lui fît penser que le traduit en allemand, avec des no-
changement de climat favoriserait le tes par G. Liebsch , Gœtlingue ,
rétablissement de sa santé. Mais un 1802 , iu-8". VIL Eléments de
Voyage qu'il entreprit en France et botanique, ou esquisse de l'his-
€i\ Angleterre ne contribua point h toire naturelle des végétaux. Phi-
lo soulager. Il retourna en Amé- ladelphie, i8o4-, î» vol. in-8" , fig.
lique, et succomba eu 1816, a coloriées 5 une seconde édition a été
l'âge de cinquante ans. Earton n'a publiée en 1812 et 1814. Rarton
épargné auciin edort pour encou- a inséré en outre nu grand nombre
rager Tétude de la botatiiquc , dont deMémoircs, dans divers recueilspé-
personnc ne s'était encore occupé riodicjues, notamment danslesZ/'a/z^-
aux Etats-Unis, où , loin di; la actions de la société américaine, et
mjme, on ne la considérait qu'avec dans le Magasin philosophique de
:^5ï
BAR
Tillocli. Parmi ces disseilal^oas , on
en remarque une sur les moyens de
prévenir les funestes effets de la mor-
sure du serpent a sonnettes, et une
autre concernant la propriété stimu-
lante que le camphre exerce sur les
végétaux. Barlon a observé qu'une
plante déjà flétrie se ranime promp-
temcnt dans de l'eau camphrée,
tandis que le même phénomène n'a
point lieu dans l'eau ordinaire. — 11 ne
faut pas le confondre avec G.-P.-C.
Barton, aussi professeur de boloni-
qnea Philadelphie, auteur d'une Ma-
tière tncdicale (\ts Etats-Unis ,
1817, in-4°, et d'une Flore des en-
virons de Philadelphie, 1818, 2 vol.
in-8". J — D — N.
BARUFF ALDI ( Jérô.v.e), sa-
vant bibliographe, était le neveu du
célèbre poète , qui porte le même
nom {Voj. B.vRUFFALDi, III, 466 ).
iNé le i5 janvier 17^0, a Ferrare ,
il j fit SQS études sous les jésuites ; et
ayant rmbrassé la règle de salut
lguare,ilprores.salarhétoriqL!e, d'une
manière brillante, au collège des no-
bles de Parme , puis a Brcscia. A la
suppression, deJasuciéiélo P. Baruf-
faldi revint dans sa patrie, où il fut
nommé vice-îiil)liollié(aire,sec8étalre
pe: pétikcl de l'acadéiuie et inspecteur
des études dans le Fcrraroi.s. Les de-
voirs que lui imposèrent ces diffé-
rentes places . remplirent le reste de
sa vie. Il mourut au mois de février
I 8 1 7. Ses principaux ouvrages soûl :
I. Sf/£^gio (Ici 1(1 lipo^rdl'ici fcrra-
rese, Ferrare, 1777 , iii-u". (ï'estle
catalogue {\[.'f, ouvrages imprim's dans
celle ville, de 1471 a iSoo. Il y a
«le rénidlllonet (h-s rerhei cliescurien-
scs. l)omini(pie Barbieri eu a publié
la critique, mais personne n'était plus
couvaiucu, (p;e l'auteur lui-même,
del'inqx-rfk'Clion de cet essai. Ou tu
a la preuvr par unt* noie écrite de j.i
BAR
main, sur l'exemplaire que l'on con-
serve a la Casanate, dans laquelle il
annonce !e projet de faire réimprimer
cet ouvrage , avec de nombreuses
additions, sous le titre A'Annali ti-
pograjlci Ferraresi. 11 promettait
aussi de continuer l'histoire de l'im-
primerie a Ferrare , pendant le i 6"
siècle. II. Commentario storico
délia hihlioleca Ferrarese , ibid.,
1782 , in-8°. Il eu atlrihue la fon-
dation au duc Borso d'Esté (V oy.
ce nom, XIII, 072 ). III. VUa di
Claudio TedescJn ^ ihid. , 1784.;
in-8^. IV. Notizie délie accadenue
letterarie Ferraresi j ibid, , 1787,
in-8". Cet opuscule est rempli de re-
cherches et d'érudition. Y. Catalogo
di lutte ï edizioni delV Or lande
furioso, ibid., 1787, in-8*'.VI.I^//rt
/li Lodov. Ariosto , ibid. , 1807,
in-4-". C'est la meilleure biogra-
phie qu'on ait de ce grand poète.
Les exemplaires en sont rares en
France. \II. Conlinuazione délie
ineinorie istoriche de' leltera-
ti Ferraresi, ibid. 1811, in-^"
( l'' oyez Barotti , dans ce vo-
lume, p. 177). On doit en outre, a
Baruflaldi, ((uelcjucs dissertations sur
des objets d'anli.iuité , insérées dans
les 0/)uscoli Ferraresi; clj dans le
tome Vllldu même recueil, une F ie
de Pellegriiio Blorato ( Foy. ce
nom, XXX, 74), écrite, suivant Tira-
boschi, avec beaucoup d exactitude.
]1 avait préparé une nouvelle édition
de la célèbre comédie du Bojardo :
// Tiinoue (/ oy. T-OjaRDO, V, 4 ')'
Vu des amis de Baruffaldi l'a publiée,
Ferrare, i8i9,iu-4". \V — s.
IîAUIjTFL (Grégoire i>e )
poète languedocien, né vers 1620 à
\ lllelVanche de Lauragais, fut l'un
dv^ élèves et '\\:'S> amis ilu célèbre
(loudeliu {V^oy. ce nom, Wlll,
168) et se lit connaître dans sa jeu-
iiossc n;u" (|uel(iiu\s j)ii'Ci\<> de vers , lifaiicoiip Je celui de Corneille Yis-
(jiii lui valuicnt le MiHr.ij^c ilt's aina- cher, stirlonl dans le jwrlralt. ÏjCj)
tciirs. Kii i65r . il rciuporla le ])i(.'- amateurs foiil }:;rand cas des pièces
luler prix a raeadémle dvs jeiiK llo- suivanles : î. Une yicillc cpu jelte
raux , par un poîine sur le jctt du de l'eau par une lenètro, d\ij)rè.s l'V.
lansijutiu'f , ipf il (il iuiprimer avec ÎMieris. II. Vue jeittic. Personne
.SOS premiers essais sous ce lllre : le endormie , ayant derricrc elle nii
'irioinjdie de Vr'^lanliue, Ton- jeune lioninic. JII. LU Mendiant et
lonse, i()5i , in-.i". Ce volume est unj'aiseur de balais, {W^rQi\i\ \uc-
(Ie\ enu très-rare. Harutel renonça de nie. IV. V Klèei l'Automne, lahicaii
l)onne Iieure ala poésie , el suivant les alléj^ori'pie copié sur Van-i)yck.
auteurs de la Bios^raphie loulou- V. Un Ménage rustique , d'après
saine , ce fut une véritable perte pour Pierre Van-Aersen. VI. Les porlrait.s
l'art dans lecpud , 11 avait débuté île d'/fuL^urs Grotins ^ de Corneille
manière h donner les plus grandes Keliel, t\Q Mieliel Ruyter, de Va-
espéranci'S. \\ — s. mirai Vlugh, de Tromp, de Jacob
BAfill'TEL (le P. Tuoivtas- i^r/cA-cr, etc., d'après dirtV-renls maî-
Beunard) , prédicateur, né h Ton- très. Bary nes'estpas loujonrsbornéh
lousc en 1720 , embrassa la règle de imiter les autres j il est deveiiu quel-
Sainl-Doininiipje el ne tarda pas à se qnefois créateur, et l'on admire, eu-
faire coniiailre par son talent pour la Ire autres dessins de son invention,
chaire. Comme il prêchait le plus celui qui représente w/it» i'ï/èrtf ^0/2-
souvent d'abontlance, sur de simples liant le sein à son enfant y^ ainsi
ïiotes ou sur des signes tracés avec la que les portraits (ï Erasme et de
pointe d'un canif au dosde son cruci- Jacques Jaurinns» Les estampes
iix, il n'a été recueilli qu'une partie de cet artiste sont tantôt marquées
de ses œuvres. Le P. Barutel était de son nom, tantôt d^^s lettres ini-
au couvent des Dominicains de Cas- iiales H. B., ou d'un ehifire formé
très (dans l'Albigeois), au commen- de ces mêmes lettres. B — w»
cernent de larévolulion. Use faisait ai- BARZE^A ( le P. Alphonse),
mer et estimer par l'austérité de ses surnommé l'apôtre du Pérou, naquit
mœurs et Turhanité de ses manières, en i528, a Cordoue, et fut disciple
Avar.t refusé de prêter le sermont du B. Jean d'AviIa(/^. ce nom, III,
imposé aux ecclésiastiques, il fut en- 121). Ayant formé le projet de
fermé dans la Chartreuse de Saix porter la lumière de l'évangile aux
avec plusieurs religieux de son ordre, nation.ç inlidèles, il voulut embrasser
et y mourut en 1792. On a de lui. la règle de salut Ignace, mais di-
SermonSj Panégyriques et Jlis- vers obstacles s'< pposèrent long-
çours , Toulouse, 1788, 3 vol. in- lemns a ce !)ieux dessein, et ce r.e
12. W — s. fut qu'en i565 qu'il lui fut permis
BARY (Henri), graveur lia- de le réaliser. Après avoir édifié
maud fort habile . né vers 1625. Ses l'Andalousie pars^s exemples et par
ouvrages, plus coneus que les détails sqs disccupi, il obtint, eu i559 , de
de sa vie, se font tous distinguer par ses supérieurs la p('rmis'«lon de pas-
une grande pureté de burin et par ser en Amérique. A sou arrivée au
un faire aussi brillant que facile. Pérou il apprit les langues des indi-
Lc style de cet artiste approche gènc« du Tucimian et du î^faguay
a54 BA.R
et consacra le reste de sa vie a l'in-
struclion de ces deux grandes pro-
vinces. Frappé de paralysie , dans
une de ses courses apostoliques , il
fut transporté a Cusco ; mais tous les
secours de la médecine ne purent lui
rendre l'usage de la parole j il lan-
guit quelques années , privé de pres-
que toutes ses facultés, et mourut au
mois de janvier 1698, a 70 ans. Le
P. SoutlnvelUui a consacré une notice
intéressante dans la Bibliot. Soc.
JesUj 32. Outre des catécbismes
et quelques opuscules ascétiques
destinés aux nouveaux convertis on
lui doit : Lexica et prœceplà gram-
matica , item liber confessionis
et precum, in quinque Indorum
Un gui s, quarum usas per Anieri-
cam Australeniy nempe Puguinica^
lenocotica, Cntamareana, Giiara-
nica, ISalixana sive iMogiiazana^
Lima, 1590, in-folio- Livre très rare
cl qu'on rt'j^arde comme le prea.ier
qui ait été imprimé au Pérou. \V — s.
ILVRZOM (Victor), né a Lu-
nalo, dans Tétai de Venise , en 1 764,
fil ses éludes a Brescia. Fort attaché
à l'ancien gouverneraenl de sa pa-
irie, il se montra dès le commence-
ment très-opposé aux principes de la
révolution française, et il exprima
celte opinion avec beaucoup de force
dans un volume publié en 1794 sous
ce 11 Ire : />c' SoliLdirc des yilpcs.
C'est un ditiloiiur entre vtn vieillard
indij^dé des premiers excès de celle
révolulion el un jeune enllioiisiasle
a (|ui \\ cberclie ii en déinonlrcr les
dan<;ers L'invasion de Tltalie jiar
rarniéc française , en 1796, el les
désordres cpii raccoiiipagnèrenl , n'é-
taient guère propres h lairc reve-
nir Uarzoni de ses premières idées.
Lors(pril vil surtout riiulépenilauce
de sa pairie menacée, il con(^ul pour
tout ce qui portait le nom de Fran-
BA?v
çais la plus profonde baine 5 et cette
baine s'exhala dans une brochure ,
intitulée Les Romains en Grèce 3
qu'il publia pour la première fois
en 1797, iïi-8°. Quoiqu'il n'y eût
pas mis son nom , toute l'Italie eu
connut bientôt l'auteur 5 el Bona-
parte en fut vivement offensé. 11 était
évident que Barzoui , sous le nom de
Flaminius y l'avait peint des cou-
leurs les plus odieuses , que le roi
Philippe n'était autre que l'empereur
d'Allemagne François II , et que sous
la dénomination de Grecs on ne pou-
vait voir que les peuples de l'Italie ,
alors si criiellemcnt opprimés par les
Français. Bonaparte fit saisir partout
les exemplaires de cet ouvrage- elles
ordres les plus sévères furent donnés
pour arrêter Barzoni ; mais il fut
assez heureux pour échapper aux
poursuites, et sou livre n'en eut que
plus de vogue, surtout à Venise, oii
il produisit tant d'etlel que l'cnvové
de France , Villclard , crut devoir
en adresser des plaintes au nouveau
gouvernement qui venait d'èlre or-
ganisé. Ce gouvernement ne répondit
que par des allégations vagues , Ion-
dées sur la liberté de la presse ; et
comme l'auteur n'avait pas ménagé
les municipaux plus que le géné-
ral français, ils manifestèrent beau-
coup de iiiépris pour de pareilles at-
lacjues , invitant lîonaparle a faire de
même. JMais cette réponse fulloin de
sali>(<iire celui-ci. Lorsque Ville-
lard lui lit connaîlre que liarzoni l*a-
\ait atlatpié eu plein )our dans un
calé , un pislolel a la n.ain, rien ne
]iut rabuer son ressentiment j el ce
lut en vain qae l'envoyé de la répu-
bTupie Iranc^aise essaya d'excuser cel
al lent al en le faisant considérer
comme un acle de Jolie, lionaparle
furieux déclara <pie c'était un assassi-
nat , qu'il exigeait un chàliineul exclu-
BAR
jtl.iiroj il liar/.om nciliappa à sa
colère (jifau iiioviii d nu ]i.'is-
si|)()rl (jiul rcnil île la main ilc \ illi!-
larJ liil-ini-MU'. il si* rclu^ia en l'os-
tanc cl sr linl loni^-lcmps cache dans
les AjiMcnnlns. Ce fui alors (|uM
acliova , sous le lilre de Lu lu-piibli-
</U('fiuin('aîsi',Yci\hc, 1799, iu-8",
une liislolre de la révolu lion de France,
on Ton trouve des faits ignorés et
assez curieux. Après que les Français
eurcnlélé exp dsésdela Péninsule ita-
lienne, eu 1799, Ijarzoni se rendit a
M lan et y fit imprimer un précis
liistorique de la ruine de sa patrie
sous ce titre : Rci'oluzio/ii délia
î\'publiciL 1 cncla (Ici si'j^nore P it-
/oi'io Biirzoni , aiilorc de lioinani
in Grccia, vol. in-8", Pliiladel-
p!iie (Milan), 5i mai 1800. Cet ou-
vras:;e,qui parut au moment où Tltalie
allait rentrer sous la domination des
Français par la bataille de iMarengo ,
lut [)eu connu a celte époque 5 cepen-
dant un exemplaire parvint en An-
gleterre et il y fut aussitôt traduit et
publié j ce que Tauleur apprit avec
beaucoup de surprise jiar les journaux
anjrlais. Il en a depuis fait imi)riiTier
lui-même, eu 18 r4, a Milan une
seconde édition très-exacte , et dans
la préface de laquelle il se plaint
amèrement des erreurs de la traduc-
tion anglaise , où l'on a confondu le
texte avec les notes. Lors({uc les An-
glais se lurent rendus maîtres de
iMalle , Bnrzoni , qui s'élait d'abord
r. Iuj;ié a \icnue, ne trouvant plus
d\tsile sur le continent, passa dans
celle île; et la, sous la protec-
lion de la puissance britannique, il
publia (en italien) La Carthagi-
nois, journal politicpie dont le
principal but était d'attaquer les
opér.i lions du gouvernement de Na-
poléon. Il est évident (jue la haine
lui fait exprimer «pelqucfois 5u,r ce
BAR
255
grand liommn des accusations injustes j
mais, il cùlé de <jucl»jue8 déclama-
tions passionnées et d'assertions
inexactes, on irouve dans son recueil
dis détails curieux pour riiisloirc.
llar/.oni pid)lia à la inémc épocjue
(i8o4),a Malle (en italien) : Motifs
de. la rupture du traite d' Amiens ^
vol. in-i2. Ce livre très-précieux
par les renseigne/nents di|)!()mati-
(pies 5 eut une seconde édition à
Malle, en 181 1, et une troisième en
i8i5,jk Milan, où i'aulcur était re-
venu , et où il publia dans la même
annéeun autre volume in-12, intitulé
Dcscrizioni , N" XIP^ , pressa
liuret, a Milano. Dans cet ouvrage
curieux, dédié a Thomas Mailland,
gouverneur et commandant de l'île
de Malte, Barzonni présente, 1° uu
tableau très - pittoresque et très -
vrai des Appeunins et de la foret de
Vallombreuse; 2" une description de
plusieurs statues de Canova, et de la
Vénus de Mèdicis ; 3° \[t% horreurs
des prisons de Venise • 4-° la peste
dont il fut le témoin a Malle dans
le mois de juillet i 8 i3. C'est dans ce
dernier tableau qu'il fait la description
du château impérial de Laxembourg,
près de Vienne , qu'il avait visité
en i8o3, et qu'il rapporte la con-
versation qu'il y eut avec un vénéra-
ble vieillard qui le conduisait dans la
maison dite du Caprice ou de la
révolution, et qui lui dit : Les temps
de révolutons sont des temps d i->.
gtiorajice et de barbarie , quoique
l'on y parle beaucoup de Iwnières
et de sciences... Dans les dernières
années de sa vie, Barzoni s'était reti-
ré à Nap'es, où il est mort en 1829.
Ou croit quil a laissé manuscrit uu
autre ouvrage allégorique intilulé:
Les Grecs à Rome , dans lequel il
représente toutes les infortunes que
les Italiens curent à supporter de 1*
a^
BAS
part fîe leurs conquérants. G — c— T.
BASC APE (Charles Basilic a
Sa^cti Pétri ou par contraclion),
savant prélat italien, naquit en i 55o
à Milan, d^ine famille patricienne.
Après avoir achevé ses études a Pa-
"vie, il se fit agréger au collège noble
des jurisconsultes de Milan :, mais,
falio'ué bientôt des cabales et des
tracasseries de ses confrères, il aban-
donna le barreau; el^ ayant embrassé
l'état ecclésiastique en 1676, il prit,
deux ans après, l'habit des clercs ré-
guliers de Saint-Paul. Ce fut alors
iiu'il changea le nom de François qu il
avait reçu au baptême , cl prit ce-
lui qu'on lui a donné en commençant
cet article. Honoré de la coniiance de
saint Charles, il fut envoyé par ce
pré'at, en i58o, à Madrid, pour y
régler avec la cour d'Espagne diffé-
rentes affaires qui intéressaient l'é-
glise de Milan. Ayant rempli l'objet
de sa mission, P>ascapé revint en Ita-
lie, et fut élu supérieur général de sa
coiigrégalion, dignité dans lacpicUe il
fut confirmé deux fois. En 11)92 ,
étant îiUé visiter le coUrgodes l^arna-
bites, a Rome, le pape Clément VIII.
cbarmé de ses talents et de ça piclé
lui conféra l'évèché de INovarre. Il
prit possession de son siège dès les
pt-emiers mois de Tannée suivante j
et, marcbanl sur les traces de saint
CliarUs , signala dans toutes les cir-
constances son zèle et sa cliarilé. Il
fonda aussi ii Kovarre uii collège
dont il confia la direction nux clercs
réguliers. Ce di;.\ tu- prélat mounildans
sa ville épiscopale, le 6 octobre i6 i 5,
il 65 .«lis. Il et. lit Irès-versé dans le
droit canoueldansTiiistolre ccclésias-
li(pie connue on peut en juger par ses
nombreux ouvrages. H eu a pid)lié
dix-neuf et lais é manuscrits tjua-
rante-deux. On en trouve les titres
tiaiM les Scri/'tor. Mt^lioL de l'Ar-
gelati^ I, I2i, et II, 104^7, et dans
les Scrittori italiani de Mazuchelli,
II, 5i2. Les principaux sont : I.
De metropoU medîolaneiisi , Mi-
lan, 1675, I 5()6 , 1 598 , in-8°, et
1628, in- fol. Cette dernière édition,
qui renferme un traité d'un autre
auteur intitulé Successoves sancti
Bdi'iiabœ, est indiquée dans la Mc-
thode d'étudier l'histoire _, par
Lt-nglet-Dufresnoy , sous ce titre :
Brei>is hisloria provinciœ niedio-
laiiensis ab initio ad Cliristuin
naluni , et widecim primorum ar-
cliicpiscopor. mediolmiens. vitœ.
— Jfragmenta hist. mediolaneusis.
Cet ouvrag-e curieux est plein de re-
Cherclies, mais c est par erreur que
l'Argelati dit qu'il a été inséré par
Gra'vius dans le tome II du T/ic-
sanrus antiquitat. Italiœ. II. De
regulari disciplina momimcnta pw
triun, Milan, i 588. III. Devita et
rébus gestis Caroli card. nrchiep.
mediol.f Ingolstadt, 1592, in-4.''j
Prescia, 1602, in--4-". Bascapé tra-
duisit lui-ir.ème celle vie de saint
Charles, en italien, et la publia
sous le nom de Luca Vandoni,
Bologne,* i6i3 , iu-8". IV Novar-
ria scu de ecclesia novarriensi
libriduo^^oy^nTC, 1612, in-.i". Les
manuscrits do Bascapé sont conser-
vés au collège Saint-Marc, a No-
varre. On peut consulter pour plus
de détails les aulnirs ciîés dans le
courant de et article. W — s.
BASILE (Smist), prêtre de l'é-
glise iPAucvre , vivail dans le Iroi-
8ième siècle, sous le règne de Ju-
lien. A re\em|)le des grands maîtres
3
m l'avaient éle\é dans la praliipu^
es vertus ecclésiastiques, il ne quit-
tait sa retraite ijue pour célébrer les
è.tints mystères et pour instruire le
peuple des vérités de l'Evangile. Les
magistrats d'Ancyrc, avant su ipic
B\S BAS 2^7
Pasili' s'clail doclari- rniilrc 1 licrcsie cych)pi'i/i(jii(' , i iJ i 8 , III , 193 ).
(l'ArltMi , lui lirciil di'linsi' de coiili- W — s.
uuor il l.Miir (K's ass.-ml)lcfs; mais il UASI.MO 1>K B.VSAXII
méprisa leurs ordres cl se glorifia \\\\\ des plus ^raii Is poêles du XV*
d'y désobéir. Accuse de détourner lo siècle, élail né vers \ f^zS a Parmtf
peuple par ses discours du cidie des ou dans le voisinage de celle ville( i).
dieux , il fui couiluit dcvaul le pro- Viiicenl I>asiuio , sou père , l'un
consul Salurniti ijui lui demanda des lieulenanls (rOllobonc de' Terzi
s'il ne regardait point la religion {f^^. Ti:n/i, XLV, 200), s'était ren-
étaMie par le prince comme la véri- du redoiilahle dans le Parmesan,
table. Basile répotulil: « Vous-mèmo II fut dans son enfance plicé sous
la croyez-vous telle? rt Cette réponse la direction do Victoria de Fellre
courageuse indigna le proconsul, ({ui [V. cenom, Xr^VIII,/|-i4j,qui ne né-
Ic fit traîner en prison en attendant gligca rien pour cultiver son talent
Tarrivéede Julien. Ce prince, qui se précoce. Il se rendit ensuite h Fer-
préparait alors a la guerre contre rare, où il se perfccllonna dans la
les Perses devait traverser Ancyrc connaissance de la langue grecque
pour se rendre a Anlioclie , où son parles K-cons de Théodore de Gaza,
armée se réunissait. Basile, amené Depuis il se rendit irès-babilc dans
devant Julien, confessa hautement la philosophie et les mathématiques,
Jésus-Christ. On assure qu'il osa lui sans loulefois négliger la culture des
annoncer qu'en punition de son apos- lettres, A vingt ans, il avait déjà
tasie il perdrait bientôt l'empire avec composé \e lUeléagrc, ouvrage dans
la vie. Livré sur-le-champ aux bour- lequel, malgré ses imperfections, on
reaux, dont il lassa la férocité par sa reconnaît un poète nourri de la
patience, il périt au milieu des sup- lecture (riîoraère. Il en off-it la dé-
pliccs le 29 juin 562. L'église ce- dicace a Lionel d Este ( P^. Este,
lèbre la fête de ce saint marlyr le XIII, 571), qui se déclara sou pro-
22 mars. Ses Actes ont été publiés tecleur, et qui, en i44î^i le nomma
en grec et en latin par le P. liens- professeur d'élotuience latine à l'a-
chenius, d'après un ancien raanus- cadémie de Ferrare, La mort du duc
crit de la bibliothèque du Vatican, de Milan, Philippe- Marie Visconti,
dans les Acta snncloruni, mar.s, venait de rallumer la guerre en Ita-
III, 79. D. luiinart les a repro- lie. Lionel, pensant que cette circoii-
duits en lalin dans les Acla primo- slancc était favorable pour revendi-
rnni marlyru/n. Ç.QS deux savants quer ses droits sur laville de Parme,
pensent qu'il est impossible d'eu con- chargea Basinio d'engager quelques
tester Paulbenlicilé • mais, suivant condottieri a soutenir ses préten-
Baillel, il est difficile de se persua- tentions. Basinio se rendit donc au
dcr qu'on n'ait pas étendu les dis- château de Guardasone, pour entamer
cours du saint qui paraissent étudiés, a ce sujet une négociation avec Guer-
f'ic's des Saillis j 22 mars. M. Ma- riero de' Terzi, l'un des fils d'Otto -
hul a fait une mention spéciale de bone. A peine était-il dans cette for-
saint Basile dans sa curieuse No- teresse , qu'elle fut assiégée par
tice sur quelques articles né- Franc. Sforza, le nouveau duc de
i^ligcs dans tous les dictionnaires __
historiques (Voy. le Mairasin en- (,)Pe«t-ctici Tizzaao.
LVII. 17
258
BAS
Milan. H se vil donc contraint de
ceindre Tépée pour la défense com-
mune. Après !a prise de Guardasone,
il parvint a s'échapper sous un dé-
guisement, et regagna Ferrare sans
avoir pu remplir les intentions de son
souverain. Lionel soupçonna Basi-
nio de n'avoir pas rais assez de zèle
a le servir et le priva de sa chaire.
Mais la cour de Riinini était alors
l'asile des poètes et des savants, et
Basinio ne tarda pas a retrouver dans
Si"-ismond Mélalyte un Mécène plus
généreux encore (jue celui qu il avait
perdu. Député par son nouveau sou-
verain au pape INicolas V , il reçut
de ce pontite rinvilation de traduire
en vers latins les poèmes d'Homère;
mais il s'excusa d'entreprendre cette
tache sur ce qu'elle demandait un
Virgile. Les vers que Basinio com-
posa pour Isotta, maîtresse de Si-
gismond, et le poème des Hespc-
ricles dans lequel il célèbre la va-
leur et les exploits de ce prince ,
lui méritèrent de plus eu plus la
faveur du seigneur de Rimlni , qui
le tomhla de Licnfaits. Lu certain
Porcellio ( V. ce nom , au Supp.),
historien estimable , mais poète mé-
diocre, (jui lui devait son adraision à
la cour de Rimini, jaloux de l'ami-
tié que Sii^ismond témoignait a Basi-
nio, tenta de le supplanter près du
prince, en disant que ce n'étaitqu'un
pédant infatué de son savoir. Basi-
nio pi(uié le menaça de mettre a dé-
couvert son ignorance et de signaler
dans ses vers un' grand nombre de
barbarismes cl (b t.iutesconlro laj)ro-
sodie. Vorcellio se garda bien d'ac-
cepter ce déli ; mais il n'en fui (Mie
plus irrité contre lia.sinio, ipi il dé-
préciait dans toutes les occasions.
Ce fui alors (jue le poMe de Parme
conqxjsa son cjn'lrc a Sigi^mond ,
dans la(|uelle, après avoir prouvé ([uc
BAS
les plus grands écrivains de Rome ,
Yirgile et Cicéron s'étaient formés
par l'étude des chefs-d'œuvre de la
Grèce , il déclara que si ses propres
ouvrages offraient quelques teautés
il en était uniquement redevable a la
lecture assidue d'Homère. Porcellio,
qui s'était fait Pennemi de la langue
grecque parce qu'il ne l'entendait
pas, ne répondit a cette épître que
par des injures ; et Basinio reprit ses
occupations habituelles. 11 avait en-
trepris un nouveau poème sur l ex-
pédition des Argonautes ; mais
l'affaibUssement subit de ses forces
l'obligea de l'intcriompre. Quoique a
la fleur de l'âge et sans aucune
maladie apparente, il crut devoir
se préparer a la mort et faire ses
dernières dispositions. Par un tes- -
tament daté du 24. mai liS'j, il I|
légua son poème des Hespérides a
Sigismond, en le priant de ne pas
permettre qu'on le retouchât, décla-
rant qu'il aimerait mieux qu'on le
jetât au feu. Il institua sa femme
son héritière pour le surplus de ses
Liens, qui ne consistaient guère que
dans un assez grand nombre de ma-
nuscrits grecs. Peu de jours après il
mourut, âgé seulement de 32 ans.
Sigismond lui fit de magniiiques fu-
nérailles dans l'église de .Saiul-Fran-
cois de Rimini, ([u'il avait désignée
pour le lieu de sa sépulture, et or-
donna (|ue l'on plaçât sur son tom-
])('au une urne en marbre décorée
d'une épitaphe. On a de Basinio dix-
huit ouvrajres dont on trouvera les
liliesdans \\:^ Scritt. J^irnui^iu/ii
du P. Alfo. JNuus nous borucrous a
citer ici les plus inqiortants : I. Li-
hri ipuiluor , Isothri inscripti.
Cusl un recueil de trente é[)itres
dans 1;' genre des liéruïdes d Ovide,
toutes il la louange de la célèbre
Ibolta^ maîtresse de Sigismond. tUc»
RAS
ont elé publlccs par Clirisl. Prcii-
(liiommo , do lîar-li-l)nc , dans un
volume inliltilc ; Triuin itoiluruni
elc'^anlissiinoi'utn opuscitlu, Pans,
CoHnt's, iSSy, iu-8". L't'clllour les
a mal h nropos allrihiices à ï*or-
ccllio, (|in iiétail point encore il III-
minl , en 14.49, «'aie do tous les
mamiscrlls, lesquels d'ailleurs por-
tent le nom de r»a.sini() (2) il. Epis-
tola vcrsibus cxarala ad Si^is-
miiiul. Paiululplutin MaluLestunidc
iingiuv grd'Cd' Idiullbus et ncccssi-
tatc. Celle épîlre dont on a jjarlé a
clé publiée par l'abbé Jérôme Ferri
dans les Anccdola liLLeraria , II,
4oi. III. Kpislola ad Roherium
yîrindncnscin ^ dans le même re-
cueil, pig. 5 00. IV. IIcspcTidus II-
bri XIII. Ce poème, que l'auteur
regardait comme son chef-d'œuvre,
contient l'histoire de la guerre de
Sigismond contre Alphonse: d'Ara-
gon. On en trouve l'analyse faite
sur un manuscrit du cabinet de Pa-
ris de Mejzieu, dans le Conser-
vateur^ ann. 1767 , III, 199-338.
V. AsLronoinicon libii duo. C'est
une imilalion du poème d'Aratus, sur
le même sujet. VI. Meleagridos, sivc
de interitu I\Ieleagri , libri ires.
YII. Anronauticoii Libri duo. C'est
le poème que l'auteur n'a pas eu le
temps d'achever. Laurent Drudi
a publié Basiid opéra prœstan-
liora nunc prinium édita et com-
mentariis illustrala^Vàmim., ^19^->
2 vol. iQ-4-°. Le premier contient
les trois poèmes de Basinio : les
Hespéridcs , V Astronomie et la
Mort de 3Iéléagre. Le second,
la Vie de Ba inio par le P. Aflo, tiré
des Scritt. Parniigiani^ II, i85-
(2) D. (^.'ilinrl, cl.iiis la fJifjlior/irijiic de Lor-
raine, a coiiloiidu le poèti; de l'ariui- avec J. ]îa-
sin de Sadaiicourl , cliaiir>in(; de Saiiil-Diey ,
éditeur du ISanceidjs de iJlaru ( F'»)-. Blahu ,
VI, i73).
BAS 9.59
2u8^ cl {\v\\)i dissertations .^Wxwii
du ctiuilc Franc, llallagllui, sur la
vie do Sif^isnioud iMalatisIa; et Tan-
Ire du chanoine Angeio, sur la cour
littéraire de ce prince. Cet ouvra-
ge curieux est très-rare eu France,
VV— s.
IL\SAIA\Orr (PiKRRLj, gé-
néral russe, eut une grande part aux
événements qui , au commencement
du XVIF" siècle , exercèrenl une si
funeste inlluence sur l'empire russe.
Le Taux Démélrius ou Dmiiri (/^. ce
nom, XI, 46) s'avançant sur Nowo-
gorod, le tzar Boris jeta les yeux sur
]3asmauoff,qui répondit parfailement
h l'attente de son prince. L'aventurier
fut repoussé et le tzar appela à
Moscou Basmanofl, (pii y fit une en-
trée triomphale. U paraissait être aa
comble de la faveur j et, Boris étant
mori, son fils Fédor lui donna le
commandement en chef de l'armée ,
et reçut son serment de fidélité. Mais,
dans le même temps , Basnianoff
excitait secrètement les chefs et les
soldais contre son prince. Le com-
plot éclata \i 7 mai i6o5 ,' Basma-
noff étant monté a cheval, procla-
ma h haute voix Démélrius tzar
de Mo.'iCou. Des milliers de voix ré-
pélèrent : « \ive Démélrius , fils
ce d'Ivvan! m Quelques généraux s'é-
chappèrent secrètement 5 ils furent
arrêtés sur la route de Moscou ;
Iwan Godouuoff, oncle du tzar Fé-
dor, fut ramené an camp et livré
a Démélrius comme un g;;ge de la
lidélilé de l'armée. Les rebelles mar-
chèrent sur Moscou dont ils s'em-
parèrent facilement. Le jeune tzar,
ta mère et sa femme furent mis a
mort. Mais les Zouiski ou Schouiski
ayant eusuile soulevé le peuple con-
tre l'imposteur et Démélrius s'élant
caché dans le palais , Basmanoff se
mit a la tête des gardes-du-corps
17-
200 BAS BAS
et ferma les portes, afin de don- première motion dans cette assemblée
ner le temps au faux tzar de se fut en faveur des assassins d'Avignon,
cacher. Un gentilhomme cria que pour lesquels il demanda une am-
l'on fit paraître l'imposteur; Basma- nistie {V. Jourdax, XXII, 59), et la
110 ff lui fendit la tête d'un coup de seconde contre le duc de Brissac, qu'il
sabre. Mais voyant qu'il allait suc- fit décréter d'accusation. Devenu
comber et que le peuple pénétrait membre de la convention nationale
dans le palais , il s'avança vers les par le choix du même déparlement,
princes Soltlkoff , Gallitzin et au- il y vola la mort de Louis XVI, sans
très grands qui avaient concouru appel au peuple et sans sursis a l'exé-
avec lui a élever Uémétrius sur le culion. 11 fit ensuite quelques dénon-
trône ; et, pendant qu'il cherchait a ciations contre les aristocrates , les
les ramener, Michel Tatistclieff, que prèlres réfractaires, et fut un des
Basmauoft avait sauvé de l'exil, lui premiers ecclésiastiques qui rcnon-
enfonca son épée dans le cœur, en curent au célibat. Mais, plus lâche
disant : «Scélérat! va aux enfers que mécliaut , par une de ces bizar-
avec ton tzar ! » Le corps de Basma- rcries qui ne sont pas sans exemple,
Boiî fut jeté du haut des escaliers cet ennemi forcené du sacerdoce fit ,
dans la cour (18 mai 1606). On le durant toute la terreur, nourrir par
rendit cependant a ses parents, qui sa >ervanle un pauvre prêtre non
le |)lacèrent près de ion fils, mort en assermenté qu'il ne connaissait pas
bas âge. G — y. et qui logeait au-dessus de lui. Ce-
BASSAL (Jean), né en Au- pendant il se conduisit avec quelque
vergne vers 1760 , était, ii l'époque modération dans les déparlemcnls de
de la révolution , de la congrégation l'est, oii il fut envoyé avec Prost, après
des Lazaristes ou missionnaires, et la journée du 3i mai 1795, afin d'y
comme Ici, un des prèlres desservants assurer le triomphe de cette révolu-
delaparoisscSaint-LouisjkVersaillcs. lion. C'était une mission difficile.
Il fut dès le comniencemcnt un des dans un pays que dominait alors le
plus ardents révolulionnaires de celle fédéralisme, parti contraire à Ro
ville, prêta tous les si'rmenls (|ue Ton bespierre. Bassal ne trouva, pour
exigea du clergé , cl parvint ainsi a conipriincr l'insurrection de cinq do-
se faire nommer curé constitutionnel partcniculs, que quebjues dépôts de
de la paroisse INolre-Damo, la plus régimenls et un bataillon de volon-
imporlantedeVersailles. Hélait alors laires de la Drùmc que commandait
lié avec les déinaL^^ogucs les plus fou- Clianqnonnet. N'ayant ainsi aucun
gjieux de la capitale, parlicu'ière- moyen de répression , cl n'étant pas
inenl avec Marat , au(iuel il donna d'ailleurs cruel ni sanguinaire, il
asile dans son presbytère, l()rs(|uc eut recours ;i des voies de concilia-
le sanguinaire ami du peuple fut lion el parvint beaucoup plus su-
poursuivi par Lafayelle et Bailly, renient à son but. Mais ce irélail
comme l'un des chefs du paiii repu- p.is ainsi ((u'il lallail en agir h celte
Llicain. lîassil fut nommé, en 179 I . époque; il fut bientôt rappelé et
vice- président du (li^lricl de Ver- le féroce Lejeune , (pii le remplaça ,
saillcs et, dans la même année, dé- fil couler i\v^ hurenis de sang sur
pulé à l'assenib'ée législative, par li' les éelialauds ( / t'^r- Lkjkunk, au
déparlemeiit de Seine-el-Oise. Si Supp. }. Bevcnu dans la capitale el
BAS BAS iGi
voulant se rél)al)illl«'r dans l'opinion Carnot avait lmai!;lnc de crctT dans
des Jacobins , lîassai fil ii la trilninc la Soiiabe i-l le liiisj^aw , afin de
dp la convention des dcnonciatioiis couvrir sur ce point les frontières de
contre Irs liaMlanls de Versailles, la France. Ce fui lui qui à Bàle,
qu'il signala ;i plusieurs reprises aciiela du prince de Carcncy, pour
comme des aristocrates et des con- l'envoyer au directoire, la corres-
Ire- révolutionnaires. INIais tout cela pondance de Louis XVIll • ce (uiifut
ne put eni|)ècher (|n'il ne fût bien- cause de l'arrcstallon de La Vll-
tot dénoncé lui-même il la lri!)une Icurnoy , P>roller , clc. Mais les
des Jacobius , par le lerrible Du- Irailés de pacification , qui furent
raas, président du tribunal révo- signés peu de temps après, avec
lulionnaire, qui l'accusa d'avoir mé- l'Aulricbe, firent renoncer ace pro-
nagé les iédcrallsles et les coulre-ré- jet, et Bassal porta sur un autre poini;
volutionnaires du Doubs cl du Jura, son activité et ses plans de propa-
Bassal répondit avec calme par un gande. Il fut d'abord em[>loyé quel-
long discours j il dit (piil avait fait que temps en Italie par Bonaparte ,
arrêter 2800 personnes dans le Jura, comme agent révolutionnaire, et
Il fut défeudu par Legendre, qui cliargé de compulser les archives de
le loua surtout comme avant donné A'^enise. Les directeurs de la repu-
asile a Marat et a crautres patriotes bliquc française, ayant ensuite rèsola
persécutés; Cuilot d'Heibjis prit de renverser le lionc pontifical, ne
aussi sa défense, et Bassal se tira crurent pas pouvoir mieux faire que
de ce mauvais pas avec beaucoup d'employer a ce grand œuvre l'ancien
de bonheur. Sou triomphe fut si curé de Versailles. Bassal se trouva
complet que pende temps après on donc 'a Rome précisément h l'époque
le nomma président de celte même où cette ville fut envahie par l'armée
société des jacobius. Mais, eftrayé des française, sous les ordres de Ber-
dangers qu'il avait courus, il sembla thier. Muni des instructions du gou-
mettrc tous ses soins a se faire ou- vernemenl français , il euL une grande
blier,jusqu'ala cbutedeRobespierre. part a l'organisation delà nouvelle
Plus lard il parla cependant encore république, et fui nommé secrétaire-
aux Jacobins contre les coryphées général des cinq consuls. Il ne cou-
dii modérantisme, et peu de jours serva celle place que jusqu'au mois
avant la clôture du club, il y prophé- de novembre 1798, époque où, pour
lisa le triomphe des sociétés popu- obéir an directoire, en satisfaisant aux
lalrcs. Il rapporta une pièce relative vœux du général en chef, le consu-
au 3 I mai , portant que si J.-J. lai romain le nomma coramissaire-gé-
Rousseau eût laissé ses idées sur le néral dans les départements, pour y
gouvernement iédéralif, il aurait de- veiller aux subsistances de l'armée
mandé l'entière deslrnction de Paris, française. Ayant ensuite retrouvé soa
IS'ayant pas élé favorisé par le sort, ancien ami Championnet, devenu gé-
qui phiça en 1793, les deux liers de néral en chef de l'armée destinée a
la convention nalionale , dans le non- l'invasion de Pîaples, i\ n'hésita pas a
veau corps législatif, il fut employé le suivre cl devlul son secrétaire in-
par le directoire sur la frontière de lime. Rédigeant toutes les corres-
la Suisse, pour y préparer les ger- pondmces et proclamations, il abusa
mes d'une nouvelle républirpie, (pie souvent de rignorancc et de la crc-
^6%
BAS
cliilité de ce général , qui avait en lui la
plus aveugle confiauce. Devenu un
des principaux clicfsdela république
parlbéuopéeune , il profita de son
pou\ oir pour commettre des concus-
sions de tous lesgenres. Ces désordres
furent tels , que le directoire lui-
même ne put les lolért r, et que, sur
les plaintes de son commissaire, Faj-
poult, il fit arrêter Bassal avec plu-
sieurs généraux, et Cliampionnet lui-
même, qui furent envoyés devant un
conseil de guerre K Milan. L'accusa-
tion était grave, les charges nom-
breuses , et une condamnation pa-
raissait imminente, lorsque la ré-
volution du 3o prairial ( i8 juin
1799) renversa une partie des
directeurs et changea le système du
gouvernement. Cliampionnet recou-
vra aussitôt la liberté, et il obtint
le commandement de l'armée des
Alpes , où son secrétaire ne tarda
pas h le suivre. Mais ce général étant
mort peu de temps après, Eassal,
resté sans appui , retourna dans la
capitale, et il mourut en 1802 , dans
une maison do campagne qu'il avait
louée près de Paris. M — d j.
BASSAXD (Jean-Baptiste),
médecin, élève et ami de Boer-
haave, naquit en 1680, h Baume-
les-Dames, petite ville de Franclie-
Comlé. Cadet d'une famille très-
nombreuse, il dut songer de bonne
heure à choisir un état. Après avoir
achevé ses cours d'humanités et de
philosophie, il étudia la chirurgie à
Besancon, el vint h Paris se perfec-
tionner sous la direction des plus lia-
bdes maîtres. Di: Pari.4 il se rendit îi
Naples, où il fut employé dans les hô-
pitaux, et profila du voisinage jxuir
se f.iire recevoir docteur en rnédi cine
a la (élèbre université de S'ilerne. 11
était de retour dans sa famille en
I 70!) j mais, dès l'an née suivante , i\
BAS
courut h Leyde entendre les leçons
de Boerhaave qui, charmé de ses ta-
lents, lui voua dès-lors la plus tendre
affection. Après la mort de l'empe-
reur Josej)h P"" , la France ayant en-
voyé des troupes en Italie, Bassand
fut attaché comme chirurgien aux
ambulances de l'armée. Mécontent de
ses chefs, il passa bientôt au service
de l'Autriche ; et , avant la fin de la
campagne , il fut nommé chirurgien eu
chef du corps commandé par le
princeEmm.anucldeSavoie.En 1714,
l'empereur Charles VI, sur le compte
avantageux qu'on lui rendit des ta-
lents de Bassand, le nomma premier
médecin de l'armée destinée h agir
contre les Turcs, sous les ordres du
prince Eugène. Il reçut a cette épo-
que de Boerhaave tous les instru-
ments nécessaires pour les obser-
vations qu'il le chargeait de faire ,
tant en Servie que dans les autrcspro-
vinces où le sort des armes pourrait
le conduire. A la paix il revint a
Vienne, se fil agréger, en 1720, a
la faculté de cette ville , et fut uommé
médecin de Loopold, duc de Lorraine.
Ayant eu le bonheur de guérir le fils
aîné de ce prince , d'une maladie
grave, il en fut récompensé par des
lettres de noblesse. L'année suivante
(i72()), l'enipereur lui conféra le
titre de son premier médecin, el celui
de conseiller aulique. Il accompagna
dans ses voyages le jeune duc de Lor-
raine, qui, depuis empereur, sous
le nom (ie François l" , le créa baron,
el il recueillit dans toutes les cours
des témoignages de l'estime (pi'inspi-
raienl ses talents. Ce grand jiraticien
mourut il Vienne, le3onov. 17»::.
il avait des connaissances Irès-eten-
dues, dans tontes les branches del his-
toire naturelle. B visita |)lusieurs fois
les diverses provinces de 1 Aninehe ,
recueillant dcsj)lanles et des minéraux
RAS
«|u'il Piivoy.iil a Tidorlianve , avec le-
»|tii'l il (Mitrclinl inic corrospoudaiirc
.suivie jUMulanl vingt-six ans. Les Ici-
très (l(> r»()(«r!iaave K I^assanH (/td
Jotm. Ilitpt. lid^siindttnt j JTcrrn.
Ilncrhavii cjiistolœ) ont clé pu-
1 liées a Vienne, en 1778, in-S", sur
les aMloj;raplH's conservés a la l)il)lio-
tliè(pie impériale. Kllcssoiil précédées
(Pline notice de rédileur sur Hassand,
dans laipielle il reffrclle que ses ré-
ponses a Boerliaavc n'aient pas été
rolrouvées. W — s.
HASSEE (le p. Bon AVENTURE
rr la) (i), capucin , était né ,. vers
la fin du î ô*" siècle, dans la petite
ville de TArtois dont il prit le nom,
l(irs(ju'il cnibrassi la vie religieuse ,
dans Tordre de Saint-François, Louis
]ie Pippre, c'est ainsi qu'il se nom-
mait dansle monde , a])rès avoir fait
d'excellenles études , fnl pourvu de la
chaire de philosophie au collège
roval de Douai. Il se démit de cet
emploi, pour entrer dans la congre-
galion des chanoines réguliers KHes-
din. Plus lard, ayant pris l'habit de
capucin , il fut chargé de donner des
leeons de théoloirie dans différents
couvents de son ordre. Il remplit en-
suite les charges de gardien et de
provincial, et mourut le 1 1 septem-
bre i65o, a Soignies dans le Hai-
naut. Le P. Bonaventure est auteur
du Parochiaiius obedicns , seu de
duplici debifo parocJiicmoruin
niidicndi verbi et missœ paro-
cliinlis, Douai, t633, in-12. Cet
ouvrage fut traduit en français et en-
richi de notes par Franc, de la Tom-
be , curé a Tournay , ibid., 16 54,
in-12. L'auteur ayant revu son ou-
vrage, y fil des additions , cl le re-
(i) Le 1*. de la Kassée se nommait vi\ Jiitin
Jiiis:aiiiiiis ; nini-> C(- n'était pas \\\\c raisuii pour
le nommer Jifisscnn , comme l'a fait Barbier ou
son rdilour dans le JJicd'onnairr des Anonymes,
u" 17775. Celle faute se reliouvc dans la lable.
BAS
163
produisit sous ce litre : ThcopJn-
/its paroc/iinfis scii do. (pitulrtiplici
dcbiLo in pi'opria jinrocliid pcrsol
vciido , A nvei s , i 6 5 5 , in-12. Il en
existe un assez, grand nombre d'édi-
tions , dont (piebpies-iines portent le
nom de Parochoplnlns. La pre-
mière ]iartie (jtii traite de VObliira'
lion d'dssisler à la messe de sa
paroisse j fut traduite eu français
par Benoît Puys, Lyon , 1 64 5 , in-
12, Le P. AIbi, jésuite, craignant
que, si cette doctrine venait à préva-
loir , les églises de la société fussent
moins fré(pienlées, l'attaqua dans son
A'itL-Tli(''ophile paroissial, Lyon,
i655 , iu-i2, opuscule où i! se per-
mettait plusieurs imniifalions calom-
nieuses sur le compte de B. Puys, doc-
teur eu théologie , et curé d'une des
principales paroisses de Lyon. Le
curé se jusliha complètement dans la
Réponse chrétienne à un libelle
anonj'-rne^ honteux et diffamatoire^
intitulé : l'Anli-Théophile , ibid. ,
16465 et !e P. Albi, déguisé sous le
nom de Paul de Cabiac ^ prêtre ré-
gulier , répliqua par Vy^poloi^ie de
r Anii - Théophile. EnHn plusieurs
personnes considérables , voulant
faire cesser le scandale , ménagèrent
entre les deux adversaires un racum-
modemenlj et, dans un acte aulheu-
ti([ue , dressé le 2 5 sept. i65o , le
P. Albi déclara qu'il reconnaissait
B. Puvs pour un ecclésiastique irré-
procliable. Pascal a fait usage de cette,
pièce dans la i 5 ' Lettre provinciale
où il se propose de montrer que les jé-
suites ne se font poiulde scrupule de se
servirdelacaloraniepour décrier leurs
ennemis. Ou trouve un bon article
sur le P. de la Bassée dans les 31é-
junires littéraires de Pafjuot , i î 78 ,
in- fol. Barbier l'a reproduit en partie
dans sou Examen critique., 85.
W— s.
a64
BAS
BASSEXGE '(Jean-Nicolas),
né a Liège en 1 7 5 8 , d'une famille de
la I. aille Ijoiirgeoisie , fît ses éludes
au collf"ge de Tisé que dirigeaient les
pères de l'Oraloire. Un des profes-
seurs, passionné pour la poésie fran-
çaise, en inspira le goîit à ses élèves
parmi lesquels se dislinguaient Bas-
senge et deux autres Liégeois, Hen-
kart el Régnier. 11 se forma bientôt
entre ces trois jeunes gens une ami-
tié qui triompha toujours de l'amour-
propre et qui fit le charme de leur
vie. La nymphe de Spa à Vahhé
Kaynal j épître pleine de verve ,
mais dans laquelle l'auteur se mon-
trait Tapologisle de la philosophie
moderne, parut eu 178 1 3 elle atti-
ra sur Dassengc des tracasseries de
toute espèce. Le prlnce-évèque (Vel-
bruck) le protégea néanmoins, ef le
jeune poète continua de vivre au
milieu de ses compatriotes jusqu'à la
mort du prélat. Enlroîné par l'amour
àts lettres et faligué des petites per-
sécutions (ju'il éprouvait, il al'a de-
meurer à Paris, et ses liaisons avec
les plus célèbres littérateurs de l'é-
poque lui rendirent ce séjour agréa-
ble. Cependant la Fnésintelligence en-
tre le nouveau prince-évêque (Iloens-
broeck) et le peuple liégeois ne tarda
guère a se manifester; lîassenge ser-
vit de .sa plume la cause de ses con-
citoyens • il publia diverses brochures
qui respirent le plus aidriil patrio-
tisme, mais (pii portent presepie tou-
tes rcMqircinlc d'iiu tr.u.ul trop pré-
cipité. Ses éludea de prédilection su
dirigeaient toujours vers riii.stoire du
sa j)atrie, ut il en donne i\{.''^ frag-
ments écrits avec chaleur dans ses
Li'tlrvs à rahbc de P.., (De Pau)
(i), ouvrage estimable et (pii mérite-
rait d'èlre plus connu , bien (jue trop
(0 5 vol in.8'',»l«;787à 1789.
BAS
souvent l'enlliousiasme y prenne la
place d'une judicieuse critique. De
retourh Liège, et député du tiers-état
pour assister aux conférences des trois
ordres en 1789, Bassenge prit une
part très-active dans la direction des
affaires. Les états le chargèrent de
plaider leur cause h la chambre impé-
riale deWetzlar, h Berlin, puis au con-
grès de Francfort. La mission était
difficile a remplir , et le diplomate
manquait absolument de celte sou-
plesse indispensable pour réussir au-
près A^s cours. Leprince-évêquej ré-
tabli par les troupes impériales dans
la plénitude de son pouvoir, en dé-
cembre 1790, exclut de ramnistie
Bassenge qui , dans une Adresse à
V empereur Léopold II ^ au nom des
Liégeois (vol. in-8°, Sedan, septem-
bre 1791), réclama vivemeijt contre
l'esprit de réaction et les actes arbi-
traires qui se manifestaient a Liège.
Mais le gouvernement autrichien resta
sourd à sa voix, el Bassenge alla cher-
cher des consolations dans la culture
des lettres a Paris. Il fit une courte
apparition dans sa pairie avec l'armée
(le Dumouriez, en 1792. Les suppli-
ces de la terreur désenchantèrent pour
lui la révolution française eu 1793 ,
et lui-même fut jeté dans les cachots.
Il aurait vraisemblablement porté sa
tète sur l'échafaud sans la courageuse
intervention des exilés liégeois. Ro-
bespierre les reçut et n'osa pas se re-
fuser il leur demande. Bassenge fut
ninis en liberté peu de jours avant la
chute du >aiiguiiiaire dictateur. Après
la réunion ilu pays de Liège a la
France, il lui fui en (in permis de re-
voir ses loyers. Coiniuissaire du di-
rectoire exécutif près de l'adminislra-
lion du déparUnuiit de l'Ourle, il
goùla la plus douce iU's vengeances,
celle de faire du bien il $vi persé-
cuteurs,' la plupart avaient lui, il
lus BA.S ^65
facllila IiMir rcloiir , cl leurs pro- trouve aussi (1rs vers cl de la prose
priéU's lurcnlcduscrvi'cs par ses soius (I<; liasst iij;c daus les prooès-verl)aux
généreux. Député au conseil îles de la soc iélé d'éintilalion de Liège ,
ciiKj-ecnls, eu 1798, i! s j (il re- dans rAIniaiiaeli d.s Muscs, dans
iiianpier par la iiiodéralicii de ses rvViiiuiaire jioéli'pie de IJruxelles ,
princi|)es. Les évèneoients du i8l)ru- elc. — Son frère |)uîiu; lui comme lui
maire , tpril fin 01 i>a , le firenl siéj^er membre du conseil des cincj-ceuts,
nu corps Ié{;i>lalif j mais ses opinions puis sous-pré(el a i\I on hnédy , et
répul)licaines , qui se faisaient jour mcmhrc du corps législatif. Sr — t.
quelcpiefois dans la Z^cr<t<yc' />////o,çc>- BASSET (C -A ), l'un
/;///V/w(?(2), Tcn éloigncrenl en 1802. des liomnies (pii , dans ces derniers
Il passa les dernières années de sa temps , se sont occupés avec le plus
vie au milieu de ses amis, dans sa ville de zèle de réducalion populaire, était
natale qui lui confia la conservation né vers lyôo. Ayant embrassé la
de sa l)il)li()tliè(pie. l'asscngc mourut règle de Sainl- Benoît , il fut envoyé
célibataire, le 16 juillet 1811, à 53 par ses supérieurs a Técole de So-
ans. 11 était membre de la société lèzej et il y professait la rhétorique
d émulation de Liège, et son éloge y en 1791 , a Tépoque de la supprcs-
fut prononcé, le 12 sept. 18 11, par sien de cet établissement. Forcé de
le secrétaire perpétuel. «En lui, quitter la France pour se soustraire
« dit un de sescompatriotes qui Pavait a la persécution suscitée contre les
a bien connu, la gaîté était sans ap- prêtres , il n'y rentra qu'en 1806. A
«prêt, l'épigramme sans fiel, la l'organisation de l'nniversilé , Bas-
« louange sans fadeur 5 sa brusque set, nommé censeur des éluder dans
ce bonhomie n'était jamais brutale, un lycée de Paris, fut ensuite placé
« el celui qu'auraient inlimidé les comme sous directeur a l'école nor-
ct vives saillies de son esprit se sen- maie. Trouvant cette tache au-des-
« tait sur-le-champ rassuré et retenu sus de ses forces, il sollicita bicn-
« par l'indéfinissable amabilité de ses tôt sa retraite 5 mais il ne cessa pas
K manières, n Bassenge poussait la de travailler activcmenl aux progrès
bienfaisance nu point que plus d'une de l'éducation , en propageant de tout
fois on l'a vu subir les plus dures son pouvoir la nouvelle méthode d'en-
prétenlious de l'usure pour secourir seignement qui trouvait beaucoup
des malheureux. On a réuni la plu- d'adversaires. L'un des fondateurs de
part de ses poésies avec celles de ses la société pour l'amélioration de
amis Henkart et Régnier, sous le titre l'instruclion élémentaire, il en fut aus-
de Loisirs de Jrois amis , 2 vol. si Tun des membres les plus distin-
in-8'% Liège, sans indication de gués : il mourut a Paris, vers la fin de
l'année (1822). On y dislingue plu- 1828. On a de lui: L Essai sur
sieurs épîtres semées de charmants réducalion et sur l'organisation
détails , et des fables oii des longueurs de quelques parties de l'instruclion
et des négligences sont rachetées par publique, Paris, i8ii, in-8"; 2"
le naturel el par une certaine naïvelé édition, augmentée, 18 i4-, in-8''.
1)i(pianle , Pâme de l'apologue , a IL Coup d'œil panerai sur Vcdu-
aquelle rien ne peut suppléer. On cation et l'instruction publiques en
' , , , ; — '. — ~ ~. — "" France , avant ^ pendant et depuis
(2; Joiinial scicnlifuiiie ftlitlcraire rcdigc par , , . •! -i or ' n
MM. Ginguciié cl Amauri Duval. lu rcVolutlOU , lOld., lOIO , lU-S",
266
BAS
BAS
III. Direction pour les fondateurs
et fondatrices , pour les maîtres et
maîtresses des écoles d'enseignement
perfectionné, ibid. , 1817, in-i2j
2" édit. , 1819. IV. Manuel du co^
mité cantonnai sous le rapport de
l'inspection des maîtres, etc., ibid.,
18 17, in- 8°. V. IManuclde l'in-
specteur, ou qualités principales k
observer dans une école d'enseigne-
ment, etc., ibid., 1819, in-12.
\I. Explication morale des pro-
verbes populaires français , ibid. ,
1826, in 8". Ce petit ouvrage est
excellent. Quelques critiques le com-
parent a la Science du bonliomme Ri-
chard de Franklin. Voy. la Revue
encyclopédique , xxxv. \II. Eta-
blissement et direction des écoles
primaires gratuites d'adultes , te-
nues les soirs et les dimancbes, pour
la classe ouvrière, ibid., 1828, in-12.
Dom Basset a traduit de l'anglais
r explication de Play Pair, sur la
théorie de la terre, par Hullon ,
Paris, 181 5, in-8", fig. [V. Play-
FAiR, XXXV, Go.) W— s.
BASSET DE LA MA-
RELLE (Louis), avocat, membre
de l'académie de Lyon, né daus cette
vi'le, fut pourvu, en 1762 , de la
place de premier avocat -général au
parlement de Dombes. Il obtint , en
1774., la charge de président au
grand conseil , qu'il occupa jusqu'à
la suppression de toutes les cours de
justice. Il fut enfermé en 1795, avec
sa femme cl son fils îigé de 17 ans,
dans la prison du liiixcMubourg. Tra-
duits au tribunal révolutionnaire
comme complices d'une conspiration
tramée sous les verroux , ils furent ,
tous trois, condamnés a mort, le 19
messidor an II (7 juillet 1794) (')•
(1) Cx jnin-li'i , le trihiiTiiil ri'volHlioiiiuiiro
juRen «'t <-<inr|;itiin.i <liin<i utiu si-ulo so.'ini'n , «in.
(juanle-nfu( victiiiii's, et i>ariii( elles so trnu-
Bassel de la Marelle a publié un écrit
intitulé: La différence du patrio-
tisme national chez les Fran-
çais et chez les Anglais _, Lyon,
1762, in-8°5 réimprimé en 1766.
Ce discours, lu h l'académie de
Lyon , fut très-gcûté lorsqu'il pa-
rut : un sentiment de nationalité
lui procura ce succès , car l'ou-
vrage, loin d'être un parallèle im-
partial , est presque entièrement
consacré a établir la supériorité du
patriotisme français, sur le même sen-
timent en Angleterre. Les faits his-
toriques se plient trop souvent au
système de l'auteur, dont le style
n'est pas exempt d'incorrections et
affecte quelquefois des formes de
palais. On trouve d'ailleurs peu d'i-
dées neuves dans cette production
de l'orgueil national. L — j>i — x.
BASSIXET (l'abbé Alexan-
DRL-JosEi'H de), né h Avignon, d'une
famille noble, le 22 janv. 1755, fit de
très-bonnes études et se consacra de
bonne heure 'a l'état ecclésiastique.
valent It* vcriuenx abb«^ de Féiielon, fondateur
de riiisliuuioii en faveur dts jeunes Savoyartls ;
Nicolai , ex -preinirr président de la chambre
des comptes; le duc de Geivics, ci-devant pair
du l-'raiice; le prince d'ilciiin , qualifié dans le
jugement de capiltiine des gardes de l'iiifume d Ar-
tois ; nu architecte du tyran de l'idnpie (SlOiiislas,
cjui miril.i le surnom de />(t'/i/'(i/,>a///); la comtesse
(le HoulHers, (|iii avail été attachée à ce jiritice ;
d'autres nobles («les l?oi»gelin , des Duuius , des
]..) 'l'otir-tlu l'in, etc.); l't aussi clt-s i nlîivaleurs ,
ttes majîislrnts, des prèlrfs , des inlcndanls île
]»rovinc«, des avocit», des joiirnblist<*« , ùe»
conseillers-d'etal , des preflirrN , des commissai-
res de police , Ae-* colonel», <lcs rieguciunts , des'
niarinst *•» itimphf eiiipio)e de la >'al|>ctriùre ■
cl nii Anglais claiili en France, et doni le ciinu!
étnil d'être né son ! le ilnmainc de Pitt. Tons ces
acciise.s, dont l.i plupart ne s'ct, ient janiai» vus,
furent con lamncs comme complices dn pèrg Du •
ihetiie ( llrberl ) , de Uonsin, i\v ('hainn«^l« , tH.
de iMomoro; comme ayant voulu untaiilir pHr te
mrtirtre (dans la prison dti I.nxi nibonr;r , où il5
n'euiicnt pu» tous reiil'rrnies) /e^ rrpry.witlimit du
peu file , tt iritamineiit 1rs incmbivs du coniitr de
salut piitdic ri de siirelr g-'iirmte. — HeffroN <lc llci-
pny dit , «lans son Dietionnaiie det hoinmes et
des i/ioses , (jn'nu aulrc IUsirv, |crrn<piicr, avait
déjà clé coiiduinne et exécute « l'uris, le i('> jaii-
\ier i7(j.i , pour uvoit fait dt* prrruipus d'arni»*
crutv ua approv/uint. V— vi.
n.vs
r.l.lr.l venu fori )ciiiio îi l\iris, il y
prôdia (li'\.iiil 1.1 cour cl proiioiira tu
pri'.siMicr (le i'acaciciuli' naiu'ai.sc le
jiaiK'g|rii[iie (\c saint J/oiiis. Donc
(l'une assez grande érnililion el do
beaucoup (le vivacilc, il ol)linl de
l)nllanls succès dans la prédicalion ,
I)ien (ju'il n'ait jamais pu se défaire
entièrement de l'accent provençal,
11 était depuis (piehpies années grand-
vicaire de Verdun lorscpie la révolu-,
tion éclata : ayant refusé le serment
exigé du clergé, il se retira dans une
maison de campagne près de cette
ville , où il eut 1 honneur de recevoir
IMonsieur , frère du roi , lors(jue ce
prince vint en France dans la cam-
pagne de 1792. Cet honneur pensa
coûter bien cher au pauvre ahbé ; et
il ne put se soustraire a Téchafaud
sju'en se tenant soigneusement caché
l)eu(lant tout le régime de la terreur.
Venu h Paris après la révolution du
1 8 brumaire et se trouvant privé de
tous ses traitements et pensions , il
n'eut pour y vivre ([ue la ressource
de ses travaux littéraires. Ce lut alors
(ju'il devint un des rédacteurs du Ma-
gasin cncyclopcdiquc ^ où il a fait
insérer un trraud nombre d'articles
qu'il n'a pas signés. S'étanl chargé,
en 1806 , a. Tiustigation du fameux
Perlet (^oj'-. ce nom, auSup.) d'une
correspondance politiijue , il fut dé-
noncé a la police par ce misérable, et
mis par suite en arrestation au Tem-
ple, où il resta détenu pendant plu-
sieurs années. En sortant de cette
prison , il se retira dans la maison
de Saintc-Perrine a Chaillot, où il
est mort , le 16 novembre 181 3.
L'abbé de Bassinet a publié : I.
PancLçj'rir/ue de saint Louis ,
1767, in-8°. II. Histoire moderne
de Russie^ traduite de l'anglais de
\\ illiam Tooke, Paris, 1002, 6 vol.
n-8". m. Histoire sacrée de V/in'
BAS
'j.G']
rien cl du \(uiv('uu Testament, re-
f>r('Se/itce jtur Jiguics au noinhre
de 614., avec des expliculions ti-
rées des S(unls Prres, i*aris, 1 8o4 •
1806 , 8 vol. gros in- 8". L'abbé
Lé( uy fut l'auteur du huitième vo-
lume de cet ouvrage (jue ne put con-
tinuer Bassinet, a cause de son arres-
tation. Ce dernier fut aussi l'éditeur
des Sermons de Ciceri, Avi'inon ,
Jjdi, 6 vol. in-12, et d'une édi-
tion de Luueau de Boisgermaiu. 11
avait compo.sé des Annales histori-
ques et politiques du dix-huitième
siècle j qu'il se proposait de mettre
sous presse lorsque la mort vint le
frapper. Cet ouvrage est resté inédit.
M— DJ.
BASSOT (Jacques). On ignore
a quel personnage ce nom a pu appar-
tenir , si même il en a jamais existé
qui le portât (i) , et cependant il est
devenu célèbre dans les fastes de l'ana-
tomie , parce qu'on a désigné un in-
dividu de ce nom comme auteur
d'une brochure (pii fit beaucoup de
bruit a Tépoque de sa publication , et
qui est intitulée : Histoire véritable
du géant Teutohochus , roi des
T'entons , Cirribres et Amhrosins ,
déjaits par Marias, consul ro-
main, cent cinquante ans avant la
venue de notre Sauveur , lequel
fut enterré auprès du château
nommé Chaumont ^ en T)auphiné ,
Paris, i6i5, in- 8" ; réimprimée a
Lyon , la même année , sous le titre
de Discours véritable de la vie j
mort et des os du géant Theuto-
bochus, in-8". Ce livre parut a Tocca-
(i) I.e« auteurs de la ]5ihliolb«"(jiic Lisioriquc
delà France, ei Ikubicr dans soti Diclioniiaire des
anonymes, prnsent que cri auteur se nommait
Tissot;el ils se Tondent si.r la phrase suivante, qui
termine l'ouvia^e : «Ix; tout est à lu jjIus grande
« {gloire de Dieu , el à l'honneur du sei'^^neur de
« l.angon ; \>a.r son très-buniblo .«-erviteur Jac-
« qucs Tissol. » Le frontispice n'indique point
de nom d'autour. L — x — x.
268 BAS Bas
eion d'ossemcnis d'une grandeur pro- les plus frappants de Tutilité d'une
digieuse cju'un cliiiurgien de Beau- science que tant de médecins affec-
repaire , nommé Pierre Masiiyer , lent de dédaigner, parce qu'ils ne
montrait au pub'ic pour de l'argent, l'ont point étudiée, ou parce qu'ils
disant qu'ils avaient été trouvés a dix- en ont h peine une idée (2). S-B-y.
sept ou dix-buit pieds en terre , dans BAST ( Frédéric- Jacques ) ,
une tombe en briques longue de 3o conseiller de légation du grand-duc
pieds, large de 12, sur laquelle était de Hesse , de Tordre de Hesse, et
attacbée une pierre fort dure , res- correspondant de l'Institut de France,
semblant a du marbre gris, et por- naquit vers 1772 , dans les états du
tant celle inscription en lettres ro- landgrave de Hesse-Darmsladl. Il fit
maines : Teutoboclius rex. Bassot , ses premières études sous sou père
ou plutôt peut-être Masuyer, sous ce recteur du gymnase de Bouxviller ,
nom emprunté, écrivit la brochure qui iui transmit son goût pour les let-
en question pour soulenir l'impos- très classiques. Il se rendit ensuite a
lure , el , après avoir essaye de prou- l'université d'Iena. où il suivit parlicu-
ver l'existence réelle de iréants dans lièrement lis leçons de M.Griesbach,
les temps anciens , il établit que le le plus célèbre des philologues sacrés
corps du roi des Cimbres devait avoir et de M. Schiitz, si connu par son
a peu près vingl-cinq pieds de haui. édition d'Eschyle. Son premier essai
A cette occasion il parle de quelques dans la littérature savante fut un com-
aulresossementsgigantes(piesquc]'on meulaire critique sur le Banquet de
conservait a Valence, et fait l'histoire Platon , que suivit bientôt après un
suivie de tous les géants dont les an- spécimen d'une nouvelle édition d'A-
riens ont parlé. Ce ridicule ouvrage risteuète. Ces deux ouvrages aunon-
fit uneseusalionpr()digicuse,elamena çaient déjà cet esprit de saine criti-
les ci'rieux en foule chez Tavide im- que , ce jugemtMit sur , cette connais-
])osleur. Mais ce qui le rend surtout sauce singulière de la langue grecque,
iuiporlant pour l'hij-toire de l'ana- cette vaste lecture dont il a donné
tomic , c'est qu'il excila entre deux depuis de si grandes preuves. Il ha-
hoiiimes habiles et célèbres, Habicot bitait alors Vienne et il était attaché
[l^oy. ce nom, au Supp.) el Riolan, a M. de Jan , résident de Ilesse-
wnc discussion très-vive, dans la- Darmsladt. Le laiulgrave , qui con-
(jiielle Ir prcMuicr ht preuve de la naissait loul le mérite de Hast , le
crédulilé la moins excusable , et nomma secrétaire de sa légaliou au
finit j)ar succomber, t-n laissant tous congrès de Rastadl, el bientôt après ,
les rieurs du côté de son redoutable en récompense de sa conduite et de
adversaire. De pareilles dispules ses talents, il le plaça avec le même ti-
scandaleuses , nuisibles a l'art, ou Ire auprès du baron de l'appenheim,
plutôt h ceux ([ni rexerccnl , no sau- sou ministre à Paris. I/aftaire lon-
raienl se renouveler anjourd'lini. L'a- gue et difheile des indemnités fournit
nalouiie comparée ferait reconnaître a B:isl de nombreuses occasions de
sur-le-champ a (luel animal les osse- TT 7, — i — i '■ i
...'.'. , (») l'rosjnT lUnrcbiiiKl a ronsat-rt» un Imig ar-
ments los.siles devraient être rappor- liri.- à «r |)rrsonim(;.-aiiii)i},'u,«l«ii» son Uiiiion-
tés , et il paraît cnie, dans le cas dont ""ir.- ».iMori.,ur .0.... . ,, «<. M .ntM,.,.. .
.. ', . l I ' , ^ San» loiuli'iiiciit , I uutrtir de l i/iiloii-w «/» ton-
11 S agit, ers OS apj)arlenaieul il un cinr ,lf /« (7i/;ii/y/« »,i truncr , i|iii rotiliic au
éléphant. C'est la un des exemples '"""••"^" """"' •■"•" ^•■"'"''''' "•';'^';_';«°»-
BAS BAS 'jMij
pronvcT 11 8.1 roiir loulc l'clcndiic fie i)r.is>a Trial ccclésiaslicjuc, fui suc-
son zèle ; ol \c [)rlnco, eu lcM»()i{;na«;o cssivtinciil cure de Saiul-Jacques cl
(le salisridion , le lit cIicn aller de de Sainl-JNlcoIa.s dans celle ville, el,
son ordre, dlsliuelioii d'antanl plus comme la pliiparl des personnes de
liouorahle , (pie celle lU'coralion ii'c- sa robe , se sij!;nala dans la révolulioii
tail donnce ordinairemcnl (pi'iila nais- brabançonne de 1789. Le i5 nov. de
fiance ou aux services mlIilaircsA ers celle année, il célébra la messe sur
la même épo(pie Basl fui nommé con- un lainbour, au inHicu du marché
^ervaleur en survivance de la biblio- aux {grains , et donna l'absolnlion
tluvpie de Dannsladl • il avail préféré a la populace qui venait de j)illor ciiui
celte place a des tilres plus brillanl.'^ des principales maisons de Oand.
qu'il eùl pu demander, mais (pii au- De lîasl , revenu bienlôl a des senli-
ralenl moins couvcim a ses goùls lil- mcnls plus dignes d'un pasteur, se
téraires. En ellel , il n'avait pas cessé partagea entre les devoirs du sacer-
de cultiver les langiu\s savantes , et à docc el l'étude dt;s antiquités, qui bii
rcxemple de Reucliliu, de ilutgers , valut une place bonorablc parmi hs
de Grolius cl de Spanliein , il joignit arc!iéo!oi(ucs , malgré les altacpies du
ioujours les travaux de la philologie a chevalier Charles- Louis Uiericx. Cet
Ceux de la diplomatie j il avait profité liomme instruit, mais passionné,
de son séjour a Paris pour collation- s'apj)liijua a le convaincre d'erreur et
nerou copier un nombre considérable d ignorance , et le Iraila sans lacnn ,
de manuscrits grecs, cl l'on peut ju- A'' auteur (j^rossierj plut, crédule,
ger de 1 imj)orlance de ses découver- peu judicieux , écri.vant des ab-
tes par la Lettre critique qu'il surdités et des galimathias. Il est
adressa eu i8o5 a 3L J.-Pr. Bois- vrai qu'il u'éfnil guère plus retenu
^onnade, un de ses amis, sur Anlo- à- Tégard de Gramaye ( F\ ce nom,
fiinus Liberalis , Parthenius et XVIÏl, 277 ), qui jouit néanmoins de
//mf^vzè/e^in-B". Col ouvrage le met l'eslime (\f:s savants. De Bast avail
;ïu premier rang des philologues qui formé un cabinet précieux de médail-
s'occupent de la critique verbale. On les el d'objets auticpies, décrits en
trouve dans la nouvelle édition de partie dans ses ouvrages. Après la
(Grégoire de Corinihe , publiée en conquête de la Belgique par les Fran-
181 1 , a Leipzig, parles soins de ^'"^'S et particulièrement sous le di-
M. Schiffer, des notes de Bast , et rccloire, de Jîast fut ro')jel de con-
une disserlatioiî paléographirrue , qui linuelles persécutions. Déguisé tan-
cent un chef-d'œuvre d'érudition et lût sous le costume de roulier , tantôt
de sagacité. Ce savant distingué dont sous celui de halelier hoUaijdais , il
les éludes sérieuses n'avaient altéré n en icmplissait pas moins, avec un
ni l'aménité de l'esprit , ni l'éga- courage digne des premiers siècles de
lilé du caractère, mourut d'ano- l'église , les devoirs de son ministère,
plexie , il Paris, le i5 novembre Le 18 brumaire lui permit enfin de
181 I. C. ï Y. respirer j il se prononça furlement
BAST (Martin- Jeaî< DE (i)) , ^"^i l^aveur du concordat, et fil cou-
pé a Gand, le 27 octobre 1755, en:- naître ses principes dans une petite
brochure (pii produisit une vive îm-
(0 Ln mont.îyMahe r/c, devant les noms fin- -nression SUr le rl.>ro-p ,\i> 1t TI ,.,
♦iiands. n'est pas nue p..rlicu!,.. qui désigne Ja F'"''^'"" ^"/ '^ ^^'"'S^ ^^ ^'^ A'ij'l-
uoblesse; c'est tout sinij)Uin;.nt l'ortide /c. UrC. VOICI la lislc de SCS OUVra"-es :
270 BAS BAS
I. Recueil cV antiquités romaines Méditations sur la vie et la mort
et gauloises, trouvées dans la ^e /e,$M5-CAmi (enfla in and), ibid.,
Flandre proprement dite , Gand , i8o5 , 2 parlies in-8''. Il a laisse
i8o4-7 in-8°. IL Recueil d'anti- en manuscrit une prodigieuse quan-
quités romaines et gauloises y trou- llté de sermons et de raédilalious
vées dans la Flandre proprement pieuses , le tout rédigé en flamand ,
dite y avec désignation^ des lieux ainsi que des Annotationes in trac-
oii elles ont été découvertes ; avec tatum de jure et justitia. Quand sa
figures en taille-douce, gravées mort arriva, le 1 1 avril 1825, il était
parP.-J.-J. Tiberglden, ibid. , chanoine de Sainl-ljavon, membre de
1808 , in- 4°. III. Premier supplé- Tlnstilut royal des Pays-Bas, de l'a-
ment au Recueil d'antiquités ro- cadémie de Bruxelles , de celle d'ar-
maines et gauloises , en réponse à chéoloi^ie de Rome , de la société des
r ouvrage intilidé : La topograpJiie antiquaires de France, des iociélés
de la vdle de Gand ^ par C.-L. littéraires de Ilarlem , Middelbourg,
Diericx, Gand, 1809, in-^*^. IV. Leyde, Gand, etc. , chevalier de la
Oraison funèbre du duc de Mon- Légiou-dHonneur depuis 1808 , et
tebello et discours sur la Saint- depuis 1816, chevalier de l'ordre
Napoléon, Gand, 1810, in-8°, du Lion Belgique. Il s'était démis ,
Y . Second supplément, contenant en 1817, delà cure de Saint-ISico-
la description de l'ancienne ville las, a cause de ses infirmités. La qua-
de Bavai et de Famars , suivi de trième livraison du tome premier des
recherches historiques et critiques. Archives historiques et littéraires
sur les prétendus forestiers de {lu nord de la France contient
Flandre, surlcs Missi Dominici, une notice sur de Bast , par M. de
sur //os premiers comtes, etc., ibid., Slassarl. R — F — G.
i8i3, in-4." , fig. VL Recherches BAST (Lievin-Amand-Marie
historiques et littéraires de la lan- Dk ) , neveu du précédent, né a
eue celtique, gaidoise et tudesque Gand , le 2 mars 1 7H7 , avait tout an
pour servir de supplément au Re- plus cinq ans lorsqu'il fut admis
cueil d'antiquités , ibid., 181 5, dans les ateliers de P.-J.-J. Tibcr-
iu-4.". W\, ]y institution des com~ ghien , dessinateur, graveur, or-
mufu's dans la Belgique , pendant fèvre et ciseleur de réputation. Il ap-
Ics 12'^ et i3'" siècles, suivie d'un prit en même temps les éléments du
traité sur l'existence chimérique français et du flamand , ainsi que ceux
de nos forestiers de Flandre^ du calcul et du dessin. C'est h cela
ibid., 181 9, in-/,". \11I. L'nn- (|iie se borna alors toute son iu-
ciennelé de la ville de Ca/id, slrurlion. Tibergliien étant mort en
établie par des chartes et d'tuiln s i 810, il lui succéda dans la direc-
monume/its authcnliq'/es , pour lion de ses affaires, qu'il conserva jus-
servir de suppb'mcnt au Recueil (ju'en 1 828, et laissa, outre ungraïul
d'antiquités , ibid., 1821 , in-4". noinbieile gravures, qui ne se dis-
IX. J)ilucidatio principioruni , linguenl ni par le lini ni parla pu-
quibiis prœripue ni itur résolut 10 îelé du dessin , des vases d'une lormc
capitalis ecrlesiœ , cafh. Gandtt- élégante et (pielques médailles. Il lut,
veiisis S. Bavonis, 2'^Julii, 181/), en i8u8, l'un des neul fondateurs
Gand, i8i5 , z parties in-8". X. de la société des arts et de lilléra-
D;VS liAS 1171
turc do Gaul , dont il iie larda pas scn. IV. Le iiiôinc ouvrage, à (juel-
a ili'ViMiir stcrélairi\ Les yi/intiics (jucs rctraiiclifiuciits pris, en liullaii-
Jifli^njKt's tics scii'/ui's ar/s et lit- dais. V. Police sm- Itt tlicj'-iid'uvrc
tmitu/'c , publiéi'.s dans telle \ille, des J'ràrcs / (tn-l'jych-, Iraduilc de
avaicMil cessé de paraître eu 1824, rallemaiid de M. (i.-K. VVaageu, et
De Uasl , de cuiicerl avec un de eiulcliie de noies incdiles, avec gra-
SC8 amis, fonda le Messager des vurcs , in-8" , Cand , 1825. Vf.
sciences et des (tris du roytiuinc Notice /lis tarir/ ne sur AiitoncUo
des Pays-Bas. Dans rinlervalle, il de Messine , tiadiiilc de Tilalieii ,
lui nonuné conservateur de la collée- auj^menlée de noies el de la dcscrin-
lion nnmisniaslitjne de l'nniversilé de lion d'un taMeau de ce peintre
Gand, ensuite î>ecrélaire-adjoinl du in-8° , orné de gravures, Gand
collège des curateurs et mendjrc 1825. Les deux derniers numéros
de riustilut d'Amstirdam. En liiiiç, sont extraits du Messager, dont la
il joignit a ses nond)reiix travaux, première livraison parut en juin
ceux d'areliivisle de la Flandre 1 8:i4. et la (piaranlième et dernière,
orientale. Mais privé de la connais- en i85o. Ce recueil, qui n'a pu
sance d.i latin, forcé de se jeter dans échappera la nécessité de caresser
des investigations lu.sloricpies , hors les gloires de famille et de quartier,
du cercle de ses études antérieures, et qui a eu h lutter contre l'indififé-
et cependant nécessaires aux fonc- rence du public belge, toujours froid
lions qu'il embrassait , il se livra a pour les écrivains du pavs, contient
des travaux excessifs, et fut enlevé cependant quantité de renseignements
par une morl inopinée, le 10 sep- utiles et de disse^rlalions curieu-
tembre i852, au moment où il se s.QS. En i852, de Ba^^t pressé de
proposait de mettre sous pre?se un le reprendre, donna lui-même au pi:-
carlulaire choisi de la Flandre. Voici blic le premier cahier de la seconde
la liste de ses principales publica- série. MAL de ReifFenberg, Jacque-
tions :L T)escr.])iion de larc-de- myns. Serrure, Van Lokeren, Voi-
triomphe, érigé par la société de sin et Warnkœnig se sont chargés de
conunerce de Gand, à t occasion poursuivre cette entreprise, dont le
du mariage de Napoléon et de p'an a été modifié. De Bast a fourni
Marie-Louise, et de leur entrée à quelques articles anx Annales. Sa
Gand, le \q mai 18 ro, in-4", orné biographie ^ par M. A. Voisin, se
de trois gravures au trait de Lenor- Ht au commencement de la deuxième
raand de Paris, Gand, 1 8 11 . IL Pro- livraison du nouveau Messager des
jet d'un palais (par rarciiitecte sciences. R — f — g.
T.-F.Suysd'0stende)/jo.7r/rt.çoaV- BASTARDou]3ASTART(GurL'-
té royale des beaux-arts et de lit- t.aume de) , vicomte de Fussy et de
térature de Gand, in-8"de 16 pages Terlan , maître des requêtes , capi-
avec9gravuresau trait, Gand, 1821. ta ne de la grosse tour de Bourses,
m. Annales du salon de Gand et lieutenant-général pour le roi en
de l'école moderne des Pays-Bas^ Bcrry sous Charles VI et CbarlesVII,
in-8°, orné de 9.3 p'. gravées par Le- naquit a Bourges , a la fin du XIV«
normand, Gand, 1820. Nous avons siècle , d'une maison oriinnaire du
des raisonsde croire que le texte est dû comté de Nantes, et qui se répandit
en grande partie, a M. N. Coruelis- en Berry, en Bourgogne, en Guienne
27^
BAS
et dans le Maine (i). Après avoir fait
k Paris ses études et suivi les cours
de l'université, il embrassa le parti
des arnaes, se distingua au siège de
Bourges eni 4- 12, et fit plusicurscam
pagues sous Martin, son oncle, che-
valier de Rhodes et commandeur de la
Rochelle. La famille de Bastard fut
une de celles qu'admit auprès de lui
Jean de France, dit le Bon, frère de
Charles V, en faveur duquel avait eu
Keu, en i36o, rérecliou du duché
tic Berry. Pierre, frère de Guillaume,
Jacques, son père, et Macé. son
aïeul, avaient été premier panctier,
écuyer-lranchant et premier maître
de rhôlel du duc de Berry. A peine
âgé de vingl-cinq ans , Guillaume fut
nommé lieutenant- général du séné-
clial de Berry , en remplacement
d'un autre Guillaume de Bastard, son
oncle 5 c'était pendant la maladie de
Charles \I et dans des circonstances
(i) La branrlie ainre existait rncoro en Urefa-
giie, au milieu du XVi*^ siècle, d.ins la |icr.soiim;
du François de H.islanl, stv^iicur de Basiaidiôrc,
)>ic-s Clisson, clirv.iliiT distiiifjiii' , rappcio
dans riiistoira conu.-inpor.'tiiie. Jc.in , ^i;iiid-
oiiclc de François, iH.iit, t;n i.i4i i tht'f du
conseil de Jean V, dit le Snj^e , duc de rcetaf^ne ,
pendant ({ue.'icscou.sin.soccu|)aienldeschai'<;es im-
portantes à la cnur des dne-> de Berry et de lîour-
gogne. RoLcrt Hasiard, second fils de Rouauld,
9ei(;neur <lc Haslardièrc et du Pèlerin, fit
pariie des volon'. lires bretons qui ;ircom().i-
gnèrcnt (■iiiillaum(!-lr-(]oii(inérant , «>l reçut dr
lui en Devoii.sliire , selor» le Doomsdujr- liiiuk , di'S
terres donl i|iiel(]ni's-unes sont possédées encore
nujourd'liui par s<!S descendants directs, N. N.
Bastard de K'.lley et de Sliar|)li;)in , m":nt)ris du
parlcuii-nt. — Ln des nncèlrcude (iniliannie s'était
attaclié a!i service d(! I'liili|)pe-.\iif;usle lors des
vovnj^cs <|u<- e«> piinci; fit à r^iautcs, ii roccasion
«le la mort du jeune due Arthur, et vint se fixer
en lU-rry, par suite de ion uiiriape avec Héatrix
lie ('.uluiil, <laiiie d<: S linti; Solaii^'c, de l'aiieieiine
niaisott (le (filant, qui a fourni presque en uiénie
lenq>« un nmir>il, un niareehal et un (rand-mnitre
de J''ranee (/''(>r. (Iim.^mt.X, Î4M- '•'• postérité
de (iuillauuie subsiste, eu (iuieiiiM*, dans le< Itran-
rlics d'i'istunK *'t de .Siiint-Deuis ; et, au i^ljiue,
d.nns celles de Konleh.iy-Dnlierl et de la ('Hriij;è-
tv. DiMu MonuK, buoi l,uniN«*i',l)nni (]kr>'i4i \,
GoLI.I'T, l,B l,«UOIJII tlin ; H|.*M:)I \ Itll , (•{•'llith)-
gir.i ilrl ■•tiaitln-s tivt rr iiiclr: tir l'/totlft dt r >r ;
(ill*ll\IIC4U , (ImKNII . (Jl'MIlkl.tOT , GoiruMON , \.\
TiiAiiMAsikirnK ; lUbl. ilu lai, Àrtliiv. Un rojuw»'- ,
■ÀrtAif. lie Utmrgf.t, elc.
3
Bas
ui ajoutaient beaucoup h l'imporlance
e ces fonctions. Il fut en même temps
attaché a la personne du dauphin ,
alors duc de Berry, comme chambel-
lan , membre de son conseil privé et
maître des requêtes de son hôtel , ti-
tres bientôt changés , quand le dau-
phin devint régent du royaume , en
ceux de conseiller et de maître des
requêtes de l'hôtel du roi. Guillaume
fut aussi nomme' maîlre - général
extraordinaire des ccmptes ( i425),
puis capitaine de la grosse tour de
Bourges, appelée la clef du Berry,
poste de confiance, occupé déjà par
son oncle lors du siège de i4i2.
Il obtint, en 1429, la charge de
gouverneur du bailliage de Bourges,
et enfin celle de lieutenant-général
pour le roi en Berrv, le plus impor-
tant des emplois dont il ait été revêtu
et qu'il ne faut pas confondre avec
celui de lieutenant-général du séné-
chal , qu'il remplissait depuis onze
années , et dans lequel il fut rem-
placé par Jehan Bastard, son frère,
ainsi désigné (juin i43 i) dausles ar-
rêtsdu parlemenlde Paris, séant alors
a Poitiers. Les lieutenants-iiéuéraux
f)ourleroi,snns avoir droit aux mêmes
lonncurs que les gouverneurs de pro-
vince , exerçaient, pendant leur ab-
sence, la plénitude de leur autorité.
Les eir.barras du royaume, i{ui n'a-
vaient jamais été plus grands , et la
nécessité de se méiiag^T dans le Berrv
une retraite assurée , ilélermiiièrent
le roi 11 concentrer les pouvoirs dans
les mains du premier magistrat de
Bourges , ville dont il avait depuis
long-lemps éprouvé la lidélite. Guil-
laume justifia le choix du prince. Au
milieu de détections journalières, l«s
senlimenls de la province confiée a ses
soins ne furent pas un instant dou-
teux. Les historiens relatent les ser-
vices qu'il rendit dans celle longue
ÎÎAS
p;mMTo ; cl ils rnpporlciil ci\ oiilîor la
tlccisioii prise par lui, \c '^4 n()vfinl)ic
i.i:i9, on s.i (puililé de lioulenaiit-
jl^cncral, jioiir iiii rmpninl de :î,6oo
cciiscPor, (Icslinos aux gens de {^ui'rre
(le Jeanne la pncellc, l'I a ceux du sire
d'All)rel,C()Uite (le Gaure en Armagnac
cl gouverneur de Jîerry , (jui assié-
jieaicnl la Cliarilo-sur-Loirc rclenue
par Perrinel Grasset , capitaine rou-
lier cl célèbre partisan. Le i i janvier
sui\anl (1429, v. style), i,5oo (îcus
d'or furent expédit^s, au nom des ha-
bitants de l)()urges, et la Cliarili^ ren-
tra sous l'ob^'issance du roi. Un an
auparavant, jour pour jour, Orléans,
assic'gée par les Anglais, avait recru,
par les soins de Guillaume, un convoi
de vivres et de poudres. C'est alors
(1429) que Charles VII donna h la fa-
mille de Baslard la devise cunctis
ivoTA FiDEs, « en récompense, est-il
dit, de sa fidélité, et des bons, grands
et agréables services do Guillaume de
Bastard, chevalier, maître des re(|ué-
tes,etc.5etde sou frère Vaspasiau, gou-
verneur de7»îeliun-sur-Yèvre, panetier
du roi, etc. (2). îj Cependant cette
réunion de pouvoirs eu la personne de
Guillaume ne pouvait èlre que tem-
poraire , et devait finir avec la cause
(jui l'avait fait naître. Aussi, en i437,
année où le roi de France rentra dans
Paris, la lieulenance - générale de
Berry fut supprimée, et le goiuerne-
iiient , vacant depuis 1429, fut de
nouveau réuni a la charge de bailli, et
donné a Jean, dit Potou, seigneur de
Xainlrailles, capitaine de la grosse
(2} I)("s concessions semblables furent faites,
ilanstcsiècie, aux (r\lbicl, auxd'Arc, aux Cailly,
aui Clievrier de Paiuly, aux Faudoas cl aux Dc-
lort de (îuieiine, aux La Loé, aux Loubcz, aux
]\laiil y, aux Le Main^jre-l'oucicaul, aux ducs de .Mi-
lan et deFcrrare.aux Le Uoy do Berry, aux Stuait-
d'Aubis;ny,aux La Taille du Gàtinais, aux Trous-
seau ou Trousbcl, vicoiulc.-i de Bourses, etc., etc.
Trtiitès de la Jlcur de lis et des coiucstions héraldi-
ques, d'après l'ai Ilot, La Uo(jU(', Ménétrier, Le Fé-
ron, Du 1 illel, Koii;l(.l, CuUiciiuot, Gouguon, etc.
tvir.
BAS
^75
tour de Bourges, depuis maréchal do
France. L\iiiiié(î 1 44 0 , célèbre par
l.i gu(>rre (If la Pragueric , fournit
encore a Guillaume Toccasion d'être
utile à ses concitoyens. Appelé par
leur suffrage à la lètc de la ville de
Bourgcsyil se rendit en Irurnom près
du roi Charles Vil, et obtinl la con-
firmation du privilège, accordé lo
5 mai 1437, « d'acquérir fiefs, sei-
« gncuries et biens nobles, sans ac-
« (piiller les droits de francs-fiefs et
« nouveaux acquêts, n Selon le che-
valier Gougnon, historien des familles
de Berry, Guillaume aurait été deux
fois maire de Bourges. Après avofr
donné cette nciivelle preuve de zèle
pour les intérêts dcsaville natale, Guil-
laume de Bastard revint aPaiis qu'il
habitait depuis trois ans, et y mourut,
vois les premiers mois de l'année
1447 5 ^^'^"s l'exercice des fonctions
de maître-général des comptes et de
maître des requêtes de rh()lel du roi.
Pendant les règnes de Charles VI et
de Charles VU, la situation de Bour-
ges , de cette ville 011 se maintint le
uoyau de l'armée iidèlcj où le parle-
ment et la chambre des comptes de
Paris avaient été un instant transfé-
rés; où fui, a deux reprises, après le
concile de Bàlc, convoqué le clergé
de France • où Charles, dauphin, avait
pris le titre de régent du royaume, et
dont il avait fait le siège de son
gouvernement, rendit Guillaume de
Bastard l'un des personnages les plus
importants de son époque. Il laissa
plusieurs enfants, dont l'aîné, Tanne-
guy de Bastard , officier du comte
du Maine et l'un des cent gentils-
hommes de rh()tel du roi, hérita de la
vicomte de Fussy et continua la fa-
mille en Berry cl en Guienne. Deux
autres des enfants de Guillaume en-
trèrent au parlement de Paris où se
trouvaient déjH un de leurs oncles,
274
BAS
et ua cousia du même nom. Le
portrait de Guillaume a été gravé,
dans le siècle dernier, d'après ks vi-
traux de la cathédrale de Bourires ,
chapelle de la Trinité. — Guillau^
me de B.vsTARDjdit Vaspasian^ vi-
comte de Soulangis sous les Aix, frère
du précèdent, conseiller-panetier de
Charles, dauphin, duc de Berrj, qui
fut le roi Charles YII, et capitaine de
cinquante hommes d'armes, fui, pen-
dant trente- deux ans, gouverneur de
Mehun-sur-Yèvre, ville fortifiée et
embellie par le duc Jean deBerry qui
en avait donné le coramanderaent a
Macé de Basiard,, premier maître de
son hôtel. Charles VII, eut aussi
une affection particulière pour ce
iiéjour, oîi, selon (luelques auteurs, il
aurait été proclamé roi, et y construisit
un château" dont les ruines subsistent
encore. 11 accorda a son panetier,
gouverneur de la résidence qu'il
aimait , A^'>, récompenses répétées
(1422), elleslellres-patentes quirap-
Î 'Orient ces grâces sont conçues dans
es termes les plus honorables. La
confiance de Charles VII pour Vas-
pasian ne se démentit jamais ; et,
trente-neuf ans plus lard, ce malheu-
reux: roi, poursuivi parles plus noirs
pressenlimenls , et refusant toute
nourriture dans la crainte du poison,
vint s'enfermera Mehun, dont Vas-
pasian élait toujours gouvertieui-, et
Y niouiul en i^Gi. V^aspasian de
Baslard mourut aussi a Aleluin la
même année que Charles Vil, et
fut cnlerré dans le chœur de l'é-
glise tlu chat eau. — Vicrui de Bas-
'lARD, cinquième descend;inl de Guil-
laume, vicomie i\^ LuvSsy , mérita
Teslime et l'anoclion du roi Henri
IV, ipii l'emit j)lu,si(urs fois au nom-
bre i\('^ gunlilsliommes choisis pour
la garde de la cornette blanche. Sa
famille a conservé, parmi plusieurs
BAS
lettres autographes de ce prince,adres-
K 'àît^i, à son cher et bien amé le
V. sieur de Baslard, ti situées vos tre
« bon amy Henry ^ » celle qu'il lui
écrivit en 1676 ; il lui dit : «qu'avant
%. entendu le zèle et l'affection cju'il
« porte au bien public, et qu'a l'imi-
cc tation des bons et naturels Fran-
ce rojs, il ne fera difficulté d'employer
« ses moyens pour le party du roy et
«la conservation de l'état, il le prie
te de l'assister et luy donner tout le
« secours qu'il lui sera possible, etc. »»
Pierre combattit sous les ordres de
Henri IV au siège de Marmancle, et à
celui d'Eause, où ce prince fut ex[)0sé
au plus grand péril. Il se trouvait parmi
les braves qui entrèrent avec le roi dans
la place dont les ponls-levis furent
relevés par trahison. On sait comment
Henri et les siens, enveloppés tout-
à-coup, furent sur le point d'être
massacrés. La présence de Pierre
de Baslard à cette expédition est
rappelée par une lettre de Henri
IV, dans laquelle ce prince lui dit :
« que connaissant son zèle, ilnefera
ce difficulté d'employer ses moyens
ce pour réunir sous son guidon, aux
ce ordres du marquis de lloquelaure,
ce les braves ([ui le suivirent au siège
te d'i' ause. » Pierre accompagna en-
core le roi Henri dans les courses
qu'il fît en Gascogne. 11 entra avec lui
liLectoure,en 1576, et a Ileurance,
le 1:4 'lov. 1578. Cette ville qui s'é-
tait révoltée fut reprise, et ses con-
suls punis j mais Pierre, qui élait né
dans ses nmrs, intercéda pour elle, et,
à sa sollieilatiou, Henri renilit une
ordonnance te qui déleuilail le pillage,
ce et ordonnait aux genlilshommes,
ce capitaines, sohlats et gens de toute
ce (jualité, de la suite du roi, de payer
ce ce ([u'ils j)renilraienl dans la mHo
ce pour eux et pour leurs chevaux, u
De toutes les expcdilioui. que Henri
BAS BAS 9 7{>
]\' (Mitropiil dans le cours (le l'aïuice ans apn'-s , ii celui de capilalne des
inSo, il ne réussll ijii'à rallaijue de vaisseaux du roi. Dans un des voya-
jMonlaigu en Poilmi , el II cille de gcs fin'il fit aux Indes en celle
Cahors, le 2 1; niai i58(). l^ierrc se qualilé , nionlanl li: A/tii/rcpus ,
Irouva h ce dernier siè:',e qui fut il ^'euipnra, mairie U- feu le plus
des plus Miiuihiers. Il fallut assiéger nieurlrier, du vaisseau an;;lais le
cliaciue niai.son-, le roi courut les plus CaiiLcrburjr^ clnrj^c d'une rirlie car-
«Mauiis dau'U'rs. Pierre de lîaslard fut «Raison (pi'il abandonna à ri.'(pii|)a<^e de
"•rièvemenl blessé a ses cùlés 5 et c est sou bàllnienl. — Quatre Irèn-s aînés
en scuivenir de celle circonslancc (pic du inarcjuis do Funlenay pt'rirenL
iSicolasdeBaslard, sonlils,li()iunie !e avant lui : deux au service de lerre
guerre a cheval . fut envoyé deux fois comme major elcapitainededragonsj
h Douvres, eu 1601, comme porteur et les deux autres dans la marine ,
de spécial rncssuf^e, par Henri IV avec le grade de capitaine de vais-
a la reiue Klisahelh. l'ierre de lîas- seau. — Jean-Bapliste de J5aslard ,
lard mourut en 1 5(;(). — Denis de dil aussi le chevalier de Fontcnay,
BASTARi>,manpiis do Fontcnay el de capitaine de vaisseau, et (jui se retira
Doberljdela mèmefamille((uelespré- couvert de ])lessiires, après vingt-
cédenls, servit avec distinctiou dans deux campagnes, était le second fils de
la marine, el était parvenu au grade Dci.is deBasIard. — JoluiVollexfeii
de chel-dVscadre des armées nava- Bastard deKitli:y, en Devonshire,
les, (juandilmourul ala Guadeloupe, fils de William Bastard, membre du
le 8 juillet 1723, al'àge de 56 ans. parlement, et de]N.Worsley,reudit, a
Il n'était encore que lieutenant de la fi:j du siècle dernier, un sernce im-
vaisseau, réunissant à cet emploi ce- portant a l'Angleterre et kla ville de
lui de capitaine d'une compagnie Plymoutli. Les ouvriers de l'arsenal,
d'infanterie franche de marine, lors- du port et des chantiers, travaillés par
que, le 27 mars 1694., monté sur le des émissaires delà république fran-
vaisseau le Bon, capitaine Renau, on çaise, s'étant soulevés toul-a-coup au
rencontra sur les Sorliugues le Ber- nombre de plusieurs milliers, p'an-
klej-Caslle , vaisseau anglais de ièrent au milieu de l'arsenal l'arbre
soixante-dix canons. A peine les bà- de la liberté. Les autorités, prises au
timenls se joignent que les Francjais, dépourvu, ne purent donner aucun
commandés par le clievalier de Fou- ordre. John, sans attendre leurs ré-
lenay (tel était alors le nom que por- quisilions , fil prendre les armes au
tait Denis de Bastard ) , s'élancent a régiment de milice, dont le coraman-
Fabordage, massacrent les soldats dément était depuis long-temps dans
qui défendent le pont, et forcent les sa famille, marcha sur l'iirsenal, s'en
Anglais a demander quartier. La empara, et fit rentrer les révoltés
prise du Berkley-CasLle valait, dans le devoir. H sauva ainsi un ma-
tant en argent qu'en pierreries, dix tériel immense , et l'Angleterre
millions cinq cent mille francs ; la échappa par cet acte de vigueur ,
nièce de Farche\èque de Canlerbury a une crise dont on ne saurait cal-
se trouvait parmi les prisonniers. En culer les effets. Le roi lui lit te-
récoiJipense de son courage, le che- mi)igner toute sa sallsfaoUon, et les
valier de Fontenay fut élevé au rang ministres déclarèrent (pi'ils prenaient
de capitaine' de frégate , et , liuit gur eui; la responsabilité de cetts
18.
27^ BAS
violation de la loi. John mourut sans
enfants a Livourne, en juin 1816,
après avoir représenté au parlement
le comté de Devon pendant trente-
quatre ans. Lord Exmoiith, comman-
dant des forces navales britanniques
dans la Méditerranée, fit transporter
son corps a Plymouth sur une frégate
de l'état, et il fut enterré dans l'é-
glise de Icalmplcn, paroisse de Kit-
ley , le même jour où Edmund Bastard
son frère cadet, qui siégeait aussi au
parlement pour la ville de Darlmoulh
depuis plus de trente années, était
enterré dans l'église d'Asliprington ,
paroisse de Sharpham, lieu de sa ré-
sidence. L — E.
BASTARD (DoMiNiQDB de),
delà même famille que les précédents,
doyen du parlement de Toulouse et
conseiller d'état, né dans cette ville,
Je 18 janvier i683 , fut élevé chez
les Jésuites , suivit les cours de l'uni-
Versité,et débuta au barreau avec la
plus grande distinction. On lui con-
fia , malgré sa jeunesse , le soin de
venir défendre a Paris une cause iui-
porlanle condamnée par un arrêt du
parlement de Toulouse. Cet arrêt
avait été cassé au conseil du roi et les
parties renvoyées devant le parle-
ment de Paris, où, sur le plaidoyer
de Domini(|ue , Tarrèt de Toulouse
fut réformé. Le parlement de Pafis ,
cMii n'avait pu entendre sans inté-
rêt ce talent prématuré , invita Do-
minique a faire rac(|uisilion d'une
charge de conseilhir à Paris. 11 ne
voulut pas se séparer de son père, et
revint a Toulouse. Il avait connu le
l)ien (|Ucron |)enl (aire, la gloire (pie
Ton acrpiierl au b.'irreau, et se serait
voué h celte carrière j mais sa place
clait maripiée dans la magistrature,
<rt il entra au jiarlement a Tàge île
vingt-deux ans. C'est alors (jue com-
menta celle vie û laborieuse , si ilé-
BAS
vouée a ses devoirs , qui fit de Domi-
nique, pendant 73 ans, un des plus
dignes magistrats de son temps.
Après plus de cinquante ans d'exer-
cice , il devint doyen du parlement ;
c'était une espèce de dignité dans la
compagnie. Son nom était cité par
les auteurs comme une autorité ; et on
avait souvent Toccasion de le rappeler,
car il était chargé de l'examen des
grandes causes et de la rédaction des
arrêts de règlement. En 1762 ,
la charge de premier président étant
venue a vaquer, par la mort de
M. de Maniban , le chancelier de
Lamoiguon l'offrit au doyen , avec
la survivance pour François de Bas-
tard , sou fils, alors maître des re-
quêtes. L'âge avancé de Dominique
ne lui permit pas d'accepter cet
honneur, et, sur le refus du père,
le fils fut nommé. Mais déjà
grondaient , pour la seconde fois,
sur nue société célèbre de terribles
orages. Le parlement de Paris
avait donné le signal, en faisant
imprimer et en condamnant les '4s-
sci'tions dangereuses j extraites
des livres des Jésuites. Les autres
parlements avaient tour-a-lour imité
cet exemple , et celui de Toulouse ne
fut pas le dernier a suivre l'impulsion.
Il ordonna (16 juin 1762) la réim-
pression du Recueil des Assertions , ■
el l'envoi aux évêcpics et aux ^sîiwc-
chaussées'du ressort. L'arrêt fut phicé
en lêle du \()luuie ; Dominique en fut É
le rapnorlcnr. Des doutes toutefois
ont été élevés sur son opinion person-
nelle dans cette grande décision;
mais on doit croire (pie l'illustre
doyen naurail pas pris une p;irl
ans.si active a des mesures que sa con-
viction el sa conscience auraient ré-
prouvées. Il mourut, le i i nov. 1777,
il (jualre-vingt-cpiin/e ans. A cet
lige il ji'availriçn perdu delà justesse
cl de I;i viguoiir i\c son esprit': il ne
cessa n.'is un insl.inl , cl ius(ju\iii jour
nu'inc tic s.i mort , dassislcr aux au-
tluMKTs. l.v roi l'avall noninu' nicni-
luc (le son consiil avec le droll (1 y
sicj^ir sans perdre s:) jilace de doycji
du parlcniciil do Toulouse, faveur
rare li celle époque. C'est de lui (pie
Ferrlère a dit, p. ^67 du Traité des
Ti/fcli's (iii-4-", 1766)^11 l'occasion
d'un arrêt de son temps: « Cet arrêt
« fut rendu au rapport de iM. de Bas-
« lard, aujourd liul très-digne inaî-
a tre des reipiètes. Le père de cet
« lUiisIrc magistrat est le célèl)re
« M. de Bnslard , doyen du parle-
« ment de l'oulousc : Scnalor scni-
« /)c'r laudaius , niinquam salis
« laudaius, /ffo/fter ini^onuin cxi-
« mium , sumtnaniquc inlc^rila-
« lem.n Son buste, cpii le représente
avec la cape ou épitoge, fut placé au
Capitule, dans la Salle des Illus'
très, avec cette inscription que la
révolution a respectée : nec non
semi-s.ï:culo lumen. Dominique
de Bastard avait conservé le cos-
tume du règne de Louis XIV, sous
lequel il avait vécu Irenle-deux ans.
Quelques personnes se souviennent
encore "a Toulouse de son ample per-
ru([ue', bouclée selon la mode du
XVIF siècle, et des deux cornets
d'argent dont il se servait k l'audien-
ce dans les dernières années de sa vie
à cause de sa surdité. Sa figure était
sévère et imposante^ et tout, dans
sa personne, ajoutait a s^s paroles
quelque chose d'antique qui comman-
dait le respect et entraînait les suf-
frages. M — D j.
«ASTAUD (François de), fils
aîué du précédent, naquit a Toulouse
le 16 déc. 1722. Elevé, comme son
père , chez les Jésuites, il y obtint
d'aussi brillants succès. A vingt ans
il était conseiller au parlement de
BAS
177
Toulouse , et il exerça CC3 fonc-
tions jusipren 1757. A celle é[)0-
(pie les services (pTil avait déjà ren-
dus dans la magistrature lui Tirent
donner une ch;irge de maître de»
recpièles. (hialre ans après, il dcîvint
premier |)résident du second par-
lenicnl du royaume , et conserva,
(pior.ju'd n'eût pas le temps exigé
])ar les édits , le tilrc de maître
Ai^s requêtes honoraires. Ce choix
blessa {[uehpiesprétcnlionsj mais ceux
qui , indifférents aux secrets des
ambitions privées, ne voyaient que
le bien de la justice , applaudirent
an choix du monarque. La faveur
pul)li(|ue cl suri oui la bienveillance du
barreau, appréciateur naturel des ta-
lents et des vertus du magistrat,
lui restèrent fidèles, alors même que
parut s'affaiblir l'amitié de quelques-
uns de ses collègues , refroidie par
de puériles discussions de préséance
et de costume^où la raison fut toujours
de son côté. On lit dans un ouvrage,
publié il y a près de trente ans , ce
jugement non suspect: «M. de Bas-
a tard fut un de ces hommes rares h
ce qui , de son temps , on n'a pas rendu
ce justice. Il avait une grande recti-
cc lude de jugement, avec une mé-
cc moire prodigieuse. Si le Digeste et
ce le Code s'étaient perdus, on en aurait
ce retrouvé la plus grande partie dan»
ce sa tête. Il savait nos ordonnances
te par cœur. Pendant le temps de sa
ce première présidence , il prononça ,
te sans notes , un arrêt dont le dispo-
ce silif dura plus de trois quarts
ce d'heure. Ce trait fil époque au bar-
ce rcau de Toulouse ; et j'ai entendu ,
ce plus de soixante ans après , des
te avocats de ce parlement le citer
ce avec enthousiasme (i).» Mais avant
(i) I,e irif'mc aiifowr parli* d'un frc-ic de p"ran-
rois de I?;istard: « M. di- Bistnrd-I.afitte , dit-il ,
« conseiller au parlement de Toulouse ( nommé
278 BAS BAS
que Françoîs eût pm possession rie et eut Fimpruclence , malgré les con-
sa noavelle dignité, les poursuilcs seils du premier président , de dou-
conlre les Jésuites étaient commcn- ner pour appui a ses réqui>ilions un
cées. Une banqueroute inexplicable appareil militaire qui offensa le parle-
et les révélations qui en furent ment et ne put vaincre sa résistance.
la suite avaient soulevé tous les On prit alors des mesures rigoureu-
esprits contre une société qu'on svs 'y on voulut cmpècber la cour de
accusait d'allaïuer la raouarcbie dans se réunir, et il lut ordonné à la
ses fondements. On a vu quelle fut, plupart de ses membres de garder
daus cette circonstance, la marcbe les arrêts dans leurs propres maisons,
du parlement de Toulouse et la con- Le parlement, a son tour, décréta le
duile deDomiuique de Bastard, alors gouverneur de prise de corps. Il y
son doyen. Le premier président se avait excès des deux côtés. Deslibel-
monlra plus favorable aux intérêts de les diffamatoires furent répandus con-
la Société; soit qu'il fût moins frappé tre les conseillers fidèles à leur de-
du danger de ses doctrines que touché voirs 5 et la vie du duc de Fitz-
de l'ulilité de ses services, soit James (^oj^. ce nom, au Suppl. ) ,
qu'il lui parût plus sage de ré- fut un instant menacée par suite
former l'instilution que de la détruire, d'un décret de prise de corps (2).
Aussi, après l'arrêt qui venait de François se plaça utilement entre
supprimer les Jésuites, il prononça les esprits irrités* mais s'il était
ces paroles devenues prophétiques ; blessé, comme sa compagnie, de la
« Vous venez de donner, Messieurs, violence dont elle avait élé l'objet,
« un exemple funeste, celui des sup- il ne put demeurer insensible a l'af-
« pressions : vous serez supprimés front reçu par le représentant du roi,
u a votre tour, w Huit ans ne s'étaient ou indifférent aux suites qu'il pouvait
pas écoulés que cette haute prévision entraîner; et il ne craignit pas de
fut confirmée par la .suppression des manifester hautement , soutenu par
parlements et l'établissementdcs Con- l'approbalion de son vieux père qui ne
se/h Si/pc/icurs ( 1771 ). Plus se sépara jamais de lui, les sentiments
lard ils essuyèrent une suppression que lui inspirait la conduite de ses
encore plus funeste, et dont les causes
furent peut-être les mêmes. François (0 '« fait suiviintiionm va l'iti.f des pouvoirs
d„ 1) , I • • •, ' ' 1 ' 1 • /■ <T»>" s'i'taiciit altrihin's les nai Ifinnits, i-t de la
e JJasIard joignait a un Zelc éclaire i!,,„„,,iiu.de av.c hu,m-,lr. ' u .nani-a- ,.ul.lique.
pour les droits du trône, une opinion »''' f^'isninit exe» uur l.ui> pmpn-, aints. Ias
. ' • I ' !.. I coiivernj'ment «vait «•llVo^^• au parltmont de
toujours indépendante et une grande r„ui„ust. m. ..lit .tai.iis^ai.t un droit sur les
fermeté de caractère. Ces qualilé.S vins. l/cnif-isurnienl avait .-l.- rerus»- Nonobs-
,1. , , . ' , , taul 1«! rrfus, uu rniplojf de la rr^i«! vint e\er-
iie laiderent pas a être mises a de c.r s..u .n.|.i..i dan.-, k. lapiiaie du i.aiii;ucdoi-,
difTieih\s é[)reuveN. Hivers éilits de ••• i"''<i"'' ''•'""*.''•■'"■«•'"»'•'•«''•*'''!"''"'•""»"•'* ''••
fi' , , . , . l'ai. lis. Douiiiiiquo lit- Hastaul , alors doyt-ii , «'t
nnnre ayant ele rejetesau par'ement <|i.i , on t.tti- iinaiii.-. avaU la poli.-.- <ii- icttr
de Toulouse- le (hic de Filz-Jaines , .*^"^''"V • '•'"' «"""''•" i'a;;<t.t d.vant lui. «i
. I p 1 / le roiulauinr , suuico tcnaulo , n eirr Jouetle pnr
gouverneur de Languedoc, fut charge Inmuindu /inurrrnu. vtàctte l,<mni du reuon du
(176.^) iVvw exiircr l'enretrislreineiil /""/'•""•"^ I-P condamnas m np|>*lle .\ In Krnn.l'-
VI /u.;; (I (II ixij,(r 1 lUrCgLSirtimni, tl,.„„bre,qui !."asN<inl)lr .^ l'iiKHlunt, ronliruir la
— .irnlciici' rt «*u ordonn»! l'rxtWMilion iuuiii'diute
8ur la pincr lurnio du Palais. I.n rour Tut oldif^oo
«par fAViur >;p«riale, m survivnncc de sou «le (cnin-r 1rs yrux .-ur cri «tU-, aus>i ii>)iiri<ua
M prrf ) , iii.ijfishni «lisfiiu;uf pai ilra lumièirs ipiant nu fond , (|u'outr;i;,MMUl par lu i..pi<Uto
* «t unr intij;iitB li/ndiUiin'». » (l'ALCOintr , des foruuvs. il qui up put qu'ajoulrr à l'irrita-
Oarrtuu J'ranr.iit moderii». li.>i. <l.s .siu il-. (Irji si j,'i .iii.lr.
coHrfruos fô"). Finir niclire {\n :i rcs
ni;llall()ns , li^ {^diiviTiiciiicnl fil dc-
in.iiuior par le duc d'Orlcaiis au ji.ir-
IciiKMil de I\iri< , assemblé coin/no
C'ot/f i/i-s r.iii'i , l'aiiindalion dn
ce (ju"a\ail fait le |iarliMn'Mil de Tou-
louse. Celte annnlalion lui défiiHli\e-
meiil [iroiioiuco par arrêt du 3o
dée. 17^17, le diicder'il/.-Ja'TiPS u\'-
tanl )ustleial)le ([ne de la Cottr dos
J^airs. Le grand dauphin, ce prince
trop loi enlevé a l'amour des Fraiçais
(/ oy. Louis, dauphin, XXV ,24.1),
éciivil a François d(* Baslard «pour
te le féliciter de sa digne conduite. »
Le roi lui fil écrire en son nom
])ar le chancelier , cl le remercia
« de sa sagesse dans la poMlion dif-
(f ficile où il s'était trouvé , cl du
« zèle qu'il avait montré pour les iu-
« lérèls de la justice et delà couron-
« ne. M Mais , dans l'état d'exaspéra-
tion où les esprits étaienl arrivés, lo
parlement de Toulouse, déjà irrité
de la conduite de son chef lors del'af-
faire des Jésuites (4) ? ne put com-
|Trendre qu'en cette seconde oc-
casion il n'eût pas partagé tous
les sentiments dont le corps était
animé. Sa prudence et sa fidélité pa-
rurent une sorte de défection • et c'est
(3) Il (Hait en correspoiidance avec le duc d«
Fitz-Janies. Une de ses lettres, en date du 19
sept. 1763, suffira pour fjire connaitrc la na-
ture de ces relations, qui d'ailleurs existaient
dans tous les parlements du royaume, entre
quchpiçs lurmlues dévoués à la cour et les prin-
cipaux dépositaires de l'autorité. « J'ai été in-
« formé , .Monsieur , des ordies que vous avez
« dounés. Vous avez cru devoir le faire ; votre
« pouvoir vous y autorisait, le bien du service
« l'exigeait , je n'ai rien à dire: ces ordres fc-
<( ront sensation ; jt vous prie de me rendre j'iixfice,
« Ce n'est pas que j'en sois inquiet \ je préférerai
« toujours d'ubcir à mon maure à tout le reste.
« Mais il est iiiiporlant, pour le bien du service,
« que l'on iac/ieyueye n'y ai aucune part... ic me
« nuirais Irrs-roloiiliers chez vous, mais il est
H plui nécessaire ijue jamais 'jur V0U3 m'en eiivoyiei
« ('ordre par cent . Signe Hastard.» V — vb.
(4; l'C premier j)résident avait continué d'ad-
mettre pulilitpieuient les Jésuites à sa table , et
il en avait retiré deux cliez lui, lors de la sup-
pression de l'ordre.
RA.5^
77g
alors que la colère dirla cet arrête
( 27 mars 1764 ) portant (pie ,
« pour (crlaines cau.ses et considéra-
« lions à ce mouvant la cour, il
« est délibéré de ne plus Iravailler
« avec le premier président an Fa-
ce lais ni ailleurs ; 3) arrêté, pris en
l'absence de celui (pi'il cnnremaîf,
dont les expressions inusitées ne
pouvaient appartenir qu'a l'autorité
royale^ et dont Popinion publitjue fit
justice, avant même qu'il eût été casse
par le conseil du roi. Abreuvé de
dégoûts , François de Paslard se
serait démis de sa charge, s'il n'avait
puisé un nouveau courage dans les
conseils du prince dont le .Hiffrage no
l'a jamais abandonné. Le dauphin lui
écrivait, le 26 sent. 1764, « qu'il
« soutenait avec la fermeté la plus
«c digne d'éloges une position péni-
« ble^ pour no rien dire de plus, par
<c attachement aux intérêts du roi 5
te et que lui , il regardait comme si
« important de le conserver dans sa
« place , qu'il ne pouvait que l'eihor-
tt ter h, y rester avec le courage qu'il
« avait fait voir , espérant des temps
« et des circonstances plus hcureu-
« ses. n En outre de ce témoijrnaîre
de l'héritier présomptif de la cou-
ronne, Fran(;ois, deux ans plus tard,
en obtint un autre qui doit trouver
ici sa place. Les habitants de Tou-
louse, instruits que le chef de leur
parlement allait leur être rendu
après une longue absence , lui pré-
paraient une sorte de réception pu-
blique , en envovant au devant de
lui une nombreuse cavalcade com-
posée de l'élite de la cite. Ces dis-
positions blessèrent le parlement
qui feignit de les trouver peu confor-
mes a la gravité des mœurs de la
magistrature, et un arrêté ordonna
K que les capilouls seraient mandés
« pour leur faire connaître que l'intcn-
îi8o
BAS
a lion du parlement est qu'ils aient
ah empêcher toute assemblée illicite
a et tumultueuse, et notamment une
« cavalcade annoncée pourTarrivée du
K premierprésiclent(2 I fév. 1767).»
Quelque fût le motif de cet arrêté , il
tint lieu au premier président des hon-
neurs qu'on lui avait destinés, et servit
aies constater. Cependant, en 1768,
François donna sa démission qui fut
acceptée au bout de quelques mois.
On lui offrit l'ambassade de Constan-
linoplej et, sur son refus, ou le nom-
jna conseiller d'étal(i 769), fonctions
dont l'importance était fort grande
alors et plus en harmonie d'ailleurs
avecles habitudes de sa vie laborieu-
se (5). Peu de temps après, le ducde
Choiseul, premier ministre , qui déjà
prévoyait sa disgrâce, voulullui don-
ner la succession deMaynon d'Ynvau
au contrôle-général des finances; mais
ni les désirs du roi , ni Tattralt du
pouvoirnepurentvaincre la résistauce
de François, et c'est alors que l'abbé
Terray obtint ce ministère qui devait
rendre son nom si tristement célèbre
[F. Terbay, XLV;, 175). François
espérait trouver, dans les fonctions de
conseiller-d'élat, le repos qu'il avait
en vain cherché dans la magistrature •
ce rej)os ne fut pas de longue durée.
Le chancelier de JMaupeou venait
d'être, placé à la tète du ministère
(1770), et la cour, ne supportant
qu'avec impatience i\i:s résistances
souvent dangereuses, résolut de dé-
truire les parlements ( Voy. Mau-
PEOU, XXVll, 5 16), cl de \i:^ rem-
placer par des magistrats réduits a la
(5) I,c prnnd diMipliiii lui «Trivoit ft celle occa-
■ioii : « Si dans lo proji^t (|i:'(iii voii.s n |>i ii-
« posi! , Moiisiiriir , rniiloriti- rst «mk-oic blessrc,
« (!ii moins «•()iiscrv«--l-cllc i;t D'ciiiiipi-nse-liïlli!
•« livre rrlat nii sujet (|iii l'ii servie iivec tiiiit de
« /«^le el de di.sliiieliiiii. (/esl ee (|tii iiit déter-
« mine H vo'i.H ronxeilier <rii< i i-|iler, Mon.^ienr ;
ti vniiK snve/. la joie '^\r^• lii(|nelie je veirai loti-
• jouis ce (|ui icia A votre avuiiliigu.A^n«Loui9.»
BAS
seule administration de la justice. St-
Priest, Caumarlin, Calonne, François
de Bastard, d'Ormesson, Amelol de
Chaillou, Esmangard et plusieurs au-
tres conseillers d'état furent désignés
f)our accomplir ces changements dans
es treize parlements du royaume (6).
François résista, fitdesreprésentations
réitérées ; tout fut inutile. Le roi ne
voulut tenir compte ni de la répu-
gnance qu'il devait éprouver, comme
parlementaire, h entrer dans ces me-
sures rigoureuses, ni de l'éloisinement
qu'avait cet esprit sage pour tout
bouleversement. Il fallut obéir; et,
assisté, a Besançon du maréchal de
Lorges, et a Rennes du duc de Filz-
(G) Le comte de Péripord et M. de Saint-Priost
furent charges de la dissolution du [)arlcinent de
Toulouse ; le comte de Ciemionl-Tonnenc et
M. Pajot de Marcheval furent envoyés à Greno-
ble; le maréchal de Richelieu et M. Ësmany:ard à
Rordeaux ; le mai-quis de la Tour-du-Pin et
ÎM. Amelot de Chaillou, à Dijon ; le duc d'Uar-
court et M. Thiroux deCrosiif à Rouen ; le comte
de Rocheihouart et !M. Le Noir à Aix ; le ma-
réchal d'Aruieniières et M. de Calonne, ù Metz ;
le chevalier du Muy rt IM . de Caumartin , à
Douai ; le comte de Uuffey et M. de Flc*sellei ,
à Trévoux. Le parlement de Pan avait élé .<;ouniis
dès l'année 1765, il n'oj)posa j)oint de résistan-
ce; et lancien parlement de Nancy, ou plutôt
de Saint.Mihiel, casse'' par Louis XUI, ne fut ri-
créé qu'en février 17-75 , lors du rt'lablissement
de tous les parlements, celui de Dombes excepté.
On tint dansclia(|ue cour un espèi-e de lit de jus-
tice oii le (louvoir militaire représentait l'anlorité
royale, et le conseiller d'état en mission, le chan-
celier lie I-'ranee, organe de celte autoriti". Le
parlement de l'aris avait été réservé an comte de
la Marche , prince du sang royal , qui , assisté
du maréchal de Ilichelieu «-t de MM. d Ormesson
et de la (ialaisière, conseillers d'état, iusiallu
en personne les Conseils Siiprrieurs, L'étubWsse-
nu-nl de cette grande nu-snre se fil presjju» pnr-
toulsans résistance. Ln noblesse de Normandie
et de bretagne joignirent seules leurs protesta-
lions à celles des piinees «-t des bailliages ressor-
tissant de Paris l.eclergé, le tiers-état et la mn.>'Sc
de la nation restèrent impassibles devant un évé-
nement (|ui , nrriv<- dix ans avant la mort de
Louis W , eût acquis la sanction du temps , et
mirait rt-tarde peut-être la marche si rapide tie
la révolution. A besan\on et ailleurs , il fallut
employer les troupes i\ protéger l'exil «les ion -
srilleis opposimts contre l.i fureur d'une populace
effrénée , <|ui le» tr.iilflit île Monopoleurs et
d'Acvnpnreurs , et leur impnlait la diseltfi du
moment. On preleiidil, selon l'usage, que les
émissaires du ;;ouveriiement el.iient auteurs do
ces rumeurs ut de ces bruits c.ilomnieu.x.
BAS
James (août cl octobre I771 ) , il
inslalla dans ces doux mIIi's le» Con-
seils Sufn-riciifs. Lor.s([ii'()ii forma
la niaiiioii du comte d'Artois ( i yyô),
(|ni(li'jMiis lui le roi Cliarli'sX, Tran-
çois fut appelé aux deux cliar^os de
cliancidicr-gardc-dcs-sccaux cl de
surinlcndaiil des finances cl bàli-
lucnts, sans cesser loulefois de sié-
ger aux conseils du roi. Il fui du nom-
bre des conseillers d'e'lal (jui assistè-
rent au sacre de Louis X\l : et,
le 19 mars 1776, il accompagna ,
comme conseiller d'état, avec Fey-
dcaii de Marvillc et le maréchal
de rsicolaï , aussi conseillers d'é-
tal, le comte d'Artois, à la cour desai-
des, pour reuregislremenl de YEclit
jwrlant supprcssiofi des corvées ;
mesure a laquelle il avait puissamment
conlrilnié par un mémoire qui fit une
Jurande impression sur Tesprit du roi.
Mais , suffisamment occupé par les
fonctions de chancelier et la prési-
dence du conseil du prince, auquel
le roi avait attribué un immense apa-
nage et des droits régaliens, François
renonça bientôt a la charge de surin-
tendant (sept. 1776), dont l'exercice
se composait d'ailleurs de détails peu
conformes a ses goûts. Toutefois il
y rendit d'importants services, en
établissant un ordre parfait dans les
finances j et il obtint les témoigna-
ges les plus honorables de satisfac-
tion dans les lettres-patentes qui sé-
parèrent, sur sa demande , la charge
de surintendant de celle de chance-
lier, qu'il exerça jusqu'à sa mort
arrivée le 20 janvier 1780. Les ser-
vices et l'intégrité de François de
Bastard furent rappclésparLouisXVI
dans les provisions de chevalier
d'honneur de la cour souveraine de
Montauban, accordées, en 17B1, au
comte d'Estang (Jean de Bastard), et
dans celles de conseiller au parlement
BAS
0.81
de B()urgnn;nc , accordées K son fils
en 17 (]:'.. On a dit (|ue François de
Bastard, \lv('mcnt affecté d'un pro-
cès odieux aulant (jiie ridicule , et
dont 1 issue ccpcnd.uil ne pouvait
être douteuse, avait abrégé ses joursj
mais ses sentiments religieux, la pu-
blicité de sa maladie elle témoignage
du vieux maréchal de Biron, son ami,
qui ne le quitta point dans ses der-
niers instants , firent tomber aussitôt
cette calomnie, répandue par le parti
janséniste. En 1775, le portrait de
François de Bastard a été gravé par
Patas, dans le costume de chancelier
et dans celui de conseiller d'état.
J-i'histoire de son dissentiment avec sa
compagnie , a l'occasion de l'affaire
du duc de Fitz-James, se trouve lon-
guement traitée par de Vie , dans le
Journal des discussions du par'
Icment de Toulouse. M — d ].
BASTARD ( Dominique-
François de), de la même famille que
les précédents, chanoine de Lectoure
et vicaire-général du diocèse de Lom-
bez, fils de Pierre de Bastard , comte
d'Estaug,en Armagnac, et de N. de
Catellan(^.ce no m, \ 11,359), naquit
à]>îogaro(Gers), en 174.7. Hfut élevé
au collège de Pontlevoy, dirigé par les
oraforiensj et, dès sa jeunesse, la pu-
reté de ses mœurs et sa piété le fi-
rent remarquer parmi ses camarades;
Egregiœ eruditionis ^ bonis ?nori-
hus i etfaniaprœditus y dit l'auteur
de son éloge. Il fut envoyé ensuite h
Saint-Sulpice, cq séminaire de Vé^
piscopal y d'où sortaient, à cette
époque^ les hommes les plus dis-
tingués de l'église de France^ et
oii il se lia intimement avec l'abbé
deFénelon , évêque de Lombez, qui
le choisit pour son grand -vicaire.
Dans rcxercicc des fonctions ecclé-
siastiques , l'abbé de Bastard se si-
gnala par son zèle et sa charité envers
282 BAS BAS
les malheureux , et la régularité de lalion des droits qui auraieiît du les
sa vie n'ôlait rien a la grâce de sou protéger dans leur nariifrage, et en
esprit qui le faisait recherclier de même temps avec une résiguntion si
ceux qui le connaissaient. Mais, quoi- chrétienne sur le sort qu'il allait su-
que distingué par une profonde éru- bir , que Pierre Bayle {Foy. ce
dilion et par une éloquence pleine nom , dans ce vol.) , commissaire de
de charmes, son nom n'aurait pas la convention nationale, qui était pré-
échappé à Toubli, sans les circonstan- sent , effrayé delà vive émotion et
ces qui se rattachent h sa fin tragique, des sentiments de pitié qui se ma-
Forcé, par le décret rendu contre les nifestaient dans la population , crai-
prêtres insermentés^ de quitter la gnil un soulèvement généra!, et n'o-
France , il se rendit a Cette, muni sa faire exécuter les trois autres
d'un passe-port (lélU'ré pour Rome condamnés qui durent ainsi la vie au
au nom de la réprblique ^ par malheureux abbé de Baslard (i). Ils
le représentant Ichon ( Voy. ce furent reconduits en prison, et ne re-
nom , au Supp.), et il s'embarqua, couvrèrent la liberté qu'après l'occu-
le 19 avril 1790, sur le bâtiment pation de Toulon par les Anglais (27
neutre génois iV.-Z>. de la Garde ^ aoùti793).QueIquesannéesplustard,
capitaine Barthélemi Morlolta. Les un pareil naufrage jeta de même sur
autres passagers étaient Thomas de la côte de Calais un bâtiment égale-
Trémont , prêtre du diocèse de Lee- meut étranger. Ceux qui le moulaient
toure; Laurent d'Escuret , cordelier portaient les armes contre la répu-
dc Condom ; Etienne de La Moli- blique. Ils venaient d'un pays ennc-
nière, cordelier de Loudun,el un mi et passaient dansla Vendée ^ enfin
capucin dont on ne sait pas le nom et ils étaient émigrés ^ et pour ce fait
qui parvint h s'échapper. Une heure condamnés h mort surlaseule preuve
s'était k peine écoulée depuis leur dé- de leur identité; et pourtant les
Ïart, qu'une lempêle les pousse vers Naufragés de Calais, long-temps in-
es côtes de Provence et b's jette sur carcérés, furent protégés par Topi-
la plage de Bandol. Le conseil perma- nion publique, qui força le directoire
nent de la commune les fait arrêter aies épargner {Fojr.DAMAs(C/iat'-
aussitôt comme prêtres fugitifs ; et, /r.ç de) , au Suppl.). — Peu de mois
sans égard pour leurspasse-ports, sans après la mort de l'abbé de Baslard,
respect pour le droit des gens , et le marquis de Fouleuay (Denis-Fhi-
pour le décret qui leur prescrivait liberl de Bas'ard) , dont l'oncle com-
de quitter la France et d'aller en manda pendant ([uelques mois l'artil-
pays neutre^ les traîne , dès le len-
demain, au tribunal révolutionnaire / > • ,. 1 v 1 1 i 1 n , 1 . i
de Toulon (MlileS eoildamue a mort , sm l'onlif hHitimIu rcprismlant; m;«is aloismi
_ Il " t 'C violont inurniiiri' s'ilcva lit" loulos nart^ : .i mort
comme nobb-s, comme prêtres refiac- ,^.^ ,„„„,,„,, ,-,,,,, ,, ,„,.,,,„ i.'.,ii.„^. ei 1rs
tairps, et comme émi'rrés rentrés, «•nuica.ix iunnt > linsiant tir. •;. i.ts tiou|.«-s
Tl r 1 " |i' I 1 I *! rliarRrrriit : trois ll()lIunf'^ fiiiriil friippi-s i* m'-rt,
lis lurent a l instant conduils au sup- ;, y ^..^ ,,,„, ,,,. ,,„.„,i,„„ i,i..sm-s. Du côi.. <!.,•.
plice. l'abbé de lîastard, drsiiné ii -""Iclais il y nu «l.-ux m.s «t qn.-lq.M-s i.l.-.v-..
• , . I • I I.I1 nciiplf iriMiipa (Ifs liii[;os iluiis If sanp ilr i.»
pciir le premier, jiarla, au moment vinimr. n *.• i,.s «lisiriiuu. .omn..'ilr!« r.ii.|n.-s.
(le sou exécution ( -zS avril), avec •'•'"'"'•i i*" «i-V <''• i« viUr ..n «il» p.i.-r s..r
, P ' 1 r 1 • '" l""»')" «'« l'al'ln- <!«< Hastnif. «t I on «rnvit
iaiH (le lorce, a la joule (|lll se près- à |\,,mc. pomdnnamlrr qu'il fut Ixatifif a nuMe
sait au pied de l'échafaud , sur la v io- '''" •^^' »^"'"" '"•"'• '""••
TÎAS BA.S 983
Irrie de rarnu-c dr^ prinrrs dana la (lrmi-«î;:il('rP la Vnltiçfruar, (pu
rémigralion, ri ill (iisilK; ii J,von par (alsall pullc de la flollllc du lac de
1rs ordres de lloullioii. — A la iiicnic (iarda. Il passa de là aux lacs d(3
famille appariciiail aussi Fidnçois- JMaiiloiie; cl, après y avoir sonlcnii
J)onuni(/i/c de Bastaru , baron do avec honneur divers combats, 11 (ut
Sl-Deiiis , on Agi'nois, né en 17"'^), mis a la lêle de la (lolillc (pil lut si
qui fui emprisonne en 1795 comme ulile pendant le siège. Les deux j^é-
rovalisle, et mournl en i8o4, après néraux Andrcossi rendirent justice
avoir élé grand-maître des eaux et an nouveau commandant el le recom-
forèls de Gnicnnc, liéarn et INavarre mandèrent a Bonaparte. lîaste , qui
réunis; fondions (pi'avaicnt déjà rem- avait été nommé enseigne de vaisseau
plies son bisaïeul, sou .aïeul et son le 21 mars 1796, obtint alors un bre-
pèrc , et (pli donnaient entrée dans vet provisoire de lieutenant de mari-
les trois parlements de P)or(leaux , de ne, et comme tel commanda de 1797
Toulouse et de Pau. 11 a laissé h 1798 le brik la Mero/?e de 18 ca-
plusieurs ouvrages manuscrits, entre nous, au siège de Malte, la cbaloupe
autres uu Traité sur le de friche- canonnière n" i, et peu après la felou-
ment et le semis des landes. Ce que la Légère. 11 s'était irouvé le
travail eut Tapprobalion du gouver- 16 tbcrmldor an VI au combat d A-
nement qui en fit fiire l'applicatiou ; boukir. Chargé en floréal an VIII
et, le succès avant justifié la théorie de porter des dépêches au gouverneur
et les essais du grand-maître , le roi de Malte , alors étroitement bloquée,
ordonna par arrêt du conseil, le i*^'' il remplit sa mission avec succès, et
déc. j 778, que les forets de l'état di- revint à Toulon, sans avoir souffert
tes de Larron et de Barrial_, situées à des poursuites de Tescadre anglaise,
deux lieues de Pau, porteraient a Bientôt revenu dans cette île , il
Tavcnir le nom de Foret-Bastard. fut chargé par le contre-amiral Vil-
M — DJ. leneuve de faire exécuter les ar-
BASTE (Pierre), né k Bor- ticles de la capitulation, et dediriger
dcaux, le 1 1 novemb. 1768, d'un les marins qui restaient dans la place,
père qui avait acquis quelque aisance pénétra au Goze, malgré le feu croise
pendant la guerre de l'indépendance des batteries , afin de prendre con-
anglo-américaine, entra dès Tàge de naissance de la situation de la faible
treize ans, dans la marine marchande, garnison qui s'y trouvait, et prit une
et y resta dix ans. Enthousiaste de part active h la belle défense du fort
la révolution fran(:aise , il prit du Charabray, dont il ramena la garni-
service sur les bâtiments de l'état, son k Maîle. Une déploya pas moins
fut nommé en 1795 enseigne auxi- de courage au fort Ricazoli , oix il
liaire, en 1 794 , capitaine au long avait sous ses ordres un détachement
cours. Cette année même, il eut sous de marins, et dont il eut le bonheur
son commandement k Salnt-Domin- de conserver en grande partie la gar-
gue , la goélette Y] fi rondelle. En nison. Ces services lui valurent enfin
179/^. il alla sur le brick \c Jacobin le brevet de lienlenant de vaisseau ,
explorer les côtes de la INouvelle-An- (mai 1800}, que lui envoya Bona-
glelerre. En 179-^, il se distingua parle, premier consul. Peu de temps
aux combats des 5 messidor an III après, il partit pour la désastreuse
et 2 frimaire an IV , et commanda expédition de Saint-Domingue, dont il
284 BAS BAS
avait prévu l'issue, et où, deux fois, portait des vivres a l'ennemi. L'année
il fut sur le point de périr, la pre- suivante, il rejoignit a Yalladolid ,
inière dans Tincendie du Cap , qu'il avecle bataillon de marinsdelagarde,
s'efforça vainement de prévenir en se l'armée sous les ordres du général
présentant à Christophe^ la seconde, Dupont. Ce bataillon avait pour chef
par une de ces maladies dues a Tin- le capitaine de vaisseau Daugier ;
jQueiiced'uii climat mortel pour tant Basle commandait en second. Sa pré-
d'Eiiropéens. A'son retour enFran- sence dans une armée de terre, dont
ce, Basle fut nommé capitaine de alors on ignorait encore la vraie des-
frégale (sept. i8o3), et, presque en linalion , indiquait assez que l'on se
même temps, appelé auprès des con- rendait h Cadix, où une division na-
suls, commecapitaine defrégate, com- vale mouillait en rade. On sait qiie ce
mandant le S*" équipage du bataillon but ne fut pas atteint, et que la raar-
dcsmarinsdelagarde.Onnetardapas che de Dupont en Andalousie u'a-
k l'employer alaflolillede Boulogne boulit qu'au triste sac de Cordoue,
et sur la côte du Havre. Le combat du et a la capitulation de Bavlen. Dans
T/i thermidor an XII, entre les clia- toute celte marcbe , le balaillon des
loupes canonnières françaises et une marins fit partie de l'avant-gar-
escadre de quatorze vaisseaux an- de • et Basle obtint d'être compris
glais qui bombardèrent le Havre, parmi les officiers de Tétat-major ,
fournit a Baste l'occasion de se dis- pour être employé comme volontaire
tinguer. Commandant la canonnière dans les expéditions les plus liasar-
la îiow/o/ia/5e, il eut à combattre k deuses ; il se comporta très-vail-
portée de mitraille un cutter et un laramcnt h Taftaire du pont d'Alco-
brick anglais, et dans cette action lea , dirigea deux fois de petites
inégale , il démâta le brick de son expéditions sur Jaen , pour en rap-
grand mal de hune, et obligea les porter des vivres dont la pénurie se
deux bâtiments a prendre le large, faisait cruellement sentir aux Frau-
Délaché ensuite a Oslendc, et mis cais cantonnés dans Andujar, et favo-
sous les ordres du contre-amiral Ma- risa la joncliuu du général \ edel avec
gon,il activa les armements de ce le corpsde Dupont, eu se portant avec
port, puis se distingua dans plusieurs une colonne vers la Sierra-Morena, et
affaires devant Calais et Boulogne, lorscpie Dupont parlementait avec le
]Napoléon le désigna pour être un des général espagnol Caslannos, il lit au
officiers de marine ([u'il emmenait a nom deVedel de grands efforts pour
sa suite dans sa campagne de 1806, empêcher la capilulalion. L'insigne
en Autriche. Les services qu'il rendit mauvaise foi avec lacpielle on viola
sur l(; Danube, au pont de Vienne vi celle capitulation ne sV'tenilil point
kfile de Lobau, (pioiquc moins bril- aux généraux et aux officiers supé-
lanls que bien des faits d'armes, ne rieurs. Ainsi que ceux-ci, Basle fut
furent ni moins réels, ni moins ap- transféré au fort Sl-Sébastien de Ca-
préciés du chef de Tarmée. Aussi, dix , cmbarijué dans les premiers
Basle fut-il encore de la campagne jours de scpteml re , et coiiduil à
de 1807. Ayant é(|uippé une llotllle Marseille. Il s'altendait a partager
K Danl/.ig, pour seconder les opéra- la disgrâce des généraux Dupont,
lions (lu siège de Pillau , il prit un Mareseol et Vedel j el d'abord , en
couvol de (juaraulcdeux voiles, qui ellol, Tempcreur raccueillil très- fioi-
BA.*; BAS 285
iloMUMit ; niais 11 iic lard.i pas ;i rc- le Grdtlcllo^ pircc (ju'il faisait un
vt'ulr sur son coinpic cl ii le Imiter Ircipicnl nsaf^cdccarrraiix, on italien
avec hoiiié. Il rnuploya en 1809 , i^ralhi, pour cupirr les tableaux en
dans sa seconde campagne d'Aulri- les réduisant a de plus pclilcs pro-
che , où l^asle arma une Ilotillc sur ])orli()ns. Né vers iSz'S (i), a Fer-
le Danube , s'empara de 1 île de rare , il fui initié de bonne heure
jMulheiten , et, i'aciiitaiil ainsi aux dans les pratitjucs de son art par
troupes le passage de divers bras C. Filippi , son ])ère , bon pein-
du lleuve, pré|)ara la bataille de Wa- Iro lui-même j mais Tayaut entendu
«^ram. Le titre decomle, unedotalion parler avec adnnralion des ouvrages
(le 20,000 francsde revenu, le grade (pie Michel Ange venait d'exécuter
de colonel des marins de la garde et au Vatican, il le fjuitia furtivement
celui de commandant de la Légion- pour venir prier Michel- Ange de le
d'Honneur furent le prix de celte ac- recevoir au nombre de ses élèves,
livilé. Basle retournaimmédiatcment Cette démarche d'un enfant rpii n'a-
en Espagne; cl la, nommé gouverneur vail pas encore atleinl sa quinzième
de Lorca, il nettoya le pays naguère année, révélait un viF sentiment de
infesté de guérillas, et occupa la ville l'art (pii ne pouvait échapper a ce
d'Almr-nza. Elevé en 181 i au com- grand maître. Admis a son école ,
niaudemenl delà floltilledeBoulogne, Baslianino profita si bien de ses le-
et bientôt an rang de contre-amiral , çons et de ses exemples, qu'en peu de
il devait, au commencement de i 8 i 5, temps il devint Pun de ses plus heu-
prendre le commandement de la flot- reux imitateurs. De retour a Fcrra-
tillc poraéranienne, et, se concertant re,il enrichit cette ville de ses pro-
avec le général Morand, défendre duclions où l'on trouve l'énergie, la
l'île de Rugen , les côtes Baltiques , fierté de pinceau et le caractère de
et surveiller l'Oder 5 mais Napoléon grandeur qui distinguent Michel-
renonça bientôt a ce plan, et a la fin Ange. Son principal ouvrage est le
de cette même année il fit passer Jiii^ement dernier, fresque dont il
Basle a l'armée de terre, avec le li- décora le chœur de la cathédrale, et
tre de général de brigade. C'est en qui lui coûta trois ans de travail. Il
celte qualité qu'il prit parl'a la cam- est inconcevable, dit Lanzi ( Tlist.
j)agne de France, triste dénouement de la peinture en Italie, V, 24.8),
de vingt années de brillantes cxpédi- qu'il ait pu paraître si neuf et si
tiens et de tant de victoires : il n'en grandiose dans un sujet déjà traité
vit pas la fin, et mourut sur le champ par son maître d'une manière si su-
de bataille de Bricnne , en février périeurc (2). A l'exemple de Dante
i8i4-, âgé de 4^6 ans, après avoir et de Buonarolli, Bastianino profila
fait 2 5 campagnes aux colonies tant de l'occasion qui lui était offerte de
occidentales (proricnlales , et avoir se venger de ses ennemis en les pla-
pris parla i5 combats, au siège de çant parmi les réprouvés. Dans le
Malle et a plusieurs affaires de la non^.brc de ces malheureux, on dis-
flollîTe boulouaise P — ot. tini^ue une jeune fdle, sa fiancée ,
ILVSTIAXIXO ( Skbastien J^
FlLlPPI, plus connu sous le nom de), (,) h,, ,540 suivant Raruff;,! li.
l'un des peintres les plus célèbres de (=*) ^''^'''' *^'' >i-^^^'';'y. 'c premier des juge-
I, , , ,1 -p I . f incnls dcniicis apif-s celui de la cliapelle Sixli-
eCOle de rcrrarc, est aussi nomme ne, dom il çst une habUc et superbe insplralioa.
a86 BAS BAS
qui avail révoqué SCS premiers engage- réformés. Il était ancien de Cliaren-
ments pour prendre un autre époux, ion lors de la révocation de ledit de
Elle est représentée jetant un œil Nantes, et fut relégué h Cl^Trtres.
d'envie sur la femme de Baslianlno , Ses protecteurs lui firent obtenir en
qui, du rang des élus où son mari la 1687 un congé p^ur passer en An-
mise, regarde sa rivale de travers, gleterrej il profita de ce repos pour
Toutes les parties de cette vaste retoucher de nouveau et achever la
composition sont également admira- version des psaumes de Conrart et
Lies ; et Ton ne peut trop regretter pour composer diverses pièces de
qu'elle ait été récemment altérée par controverse contre Pélisson, qu'il dé-
une maladroite restauration(^t>j'«ge signait comme auteur de ÏÂi'is aux
en Italie, par M. Valéry, lll, 62 ). réfugiés, et mourut le 4 mars 1 70^,
Bastianino mourut dans sa patrie, en âgé de 80 ans. Il a laissé uu Traité
1602. Parmi les autres ouvrages de de l'Eucharistie où il prétend rap-
ce grand artiste, on cite \mc As somp^ porter exactement les sentiments et
tion dans le palais du gonfalonier, la créance des Pères de l'église jus-
une Résurrection du Christ, a Saint- qu'au 10^ siècle. — Bastide [Marc)^
Paul , et un beau Crucifix dans l'é- né a St-Benoît-du-SauIt , en Berry ,
glise de Jésus. W — s. entra dans la congrégation de St—
liASÏIDE (Marc-Antoine de Maur en i 626, fut fait abbé de St-
LA ), né a Milhaud , en Piouergue , Augustin de Limoges et maître des
d'une famille noble et protestante , novices, visiteur de France et prieur
vers 1624., vint de bonne heure a de St-Ilcmi de Reims, etc. Il n.ou-
Parls, et s'y fit des amis et des pro- rut le 7 mai 1 668. On a de lui, en-
lecteurs du premier rang , par sou tre autres écrits : I. TraUé de la
esprit naturellement déliiat et poli, manière d'élever les no<^ices. II.
11 fut choisi en 1662 pour être secré- Le carême bénédictin. III Traité
taire d'ambassade en Angleterre, et de l'esprit de la congrégation de
il y demeura 7 a 8 ans. Un lut si sa- St-3Jaur. C T — y.
listait de ses talents pour les négocia- BASTIDE. Foj-. Fualdes ,
tiens , qu'il y fut renvoyé seul en au Su|)|).
1 6G2 ^ et il y acconq)agna depuis le IJASTIE (de la ). P^oy. La-
marcpiis de lluvigny. La (acililé de bastie, XX III, 7.
son esprit lui permettait de se par- ILASTIEX (Jean -François)
la'H'r enire les affaires et les scien- (i), libraire et agronome, né en i 747,
ces. Il fit deux réj)onses a Bos>uet a Paris, fut ailinls en 1771 dans la
sur son Exposition de la doctrine cornoralion de la librairie , et ne
de l'égli^se callioTuiue ^ cl, sur les tarda pas a.se faire connaître par des
instantes tic son narli , il traduisit réimpressions tie classiijuos français,
lu livre de Kalramne, Du corps qui loigncnl à l'élégance le mérite
et du sang de J.-(-. l-e miiiislre de la correction. L'abbé Anberl le
d lluisseau ayant publié a Sauinur , elle avec éloge dans les ^////cAt.v de
eu 1670, son livre intitulé Vit-f/- i'////.!. (i 788); et les autres jouma-
iiion du christianisme , La Bas listes, en annonçant les éditions dout
lide puMia des remun/ues sur ce ^ — — ■
livre, Saumur, 1G7O, in- 12, et s'aC- (') y^an-^ \o Clul.r^ur .i,s t,ùrwrrs J* Paru, l.ot-
' I / • • I •""* '"' *louuo par erreur lo [ui-iium île Aa/»»
«^uU uuc gruiiuc rcpuUiliuii païuii les jj„^i,u*.
B.VS
il cnricliissail la lllli'raliiro, ont coiis-
tamiiifiil rendu jiislici' il son zi-lc cl
à sou iiiU'Ili^'i'ino. naslicii inoiinil ru
1824, îi 77 ans. Onlrc de Ixllcs
éilitions (li'.s J:'s.\,iis i\c AIo;ilai;;nf ,
tic la StiL^csscdv Cliarrun, des (JJùi-
vrcs de Ral)elais , dca Ohin'rcs de
PlnlanjiiCjlrad. d'Amyol, des OJui-
■vrcs de Scarron, elc, avec des pré-
faces et des avis de Tédilcur , on doit
Il Haslieu le Lucien, Irad. do lîelin
de Ballii [Voj-, ce nom , ci-apre>s)
cl Tedilion coni|)lèle des C)lùn'i(.'s
de d'Alcnibeii. 11 a re\u Ini-iuème
cl fail reloncluT par (juchpie lilléra-
lenr la Ir.idiicllon A{^s Lellics cV tli't-
loïse et d" Ah ai lard ( V oy . ce nom,
I, 22) • cl, en l'indiijuanl comme une
Iraduclitiii nouvelle pour en assurer
le débit, ilu'afail qu'user d'une ruse
si commune (jifon ne peut guère la
lui reprocher ; mais plusieurs biblio-
graphes y onl été pris ( J^. Barbier,
Exam. criliq. des dictioîin.^ 2). 11
a donné une édilion augmentée du
Dictionnaire gcograpJnijue de Vos-
gieu ( Voy. Ladvocat , XXIII ,
100) j Hue du Dictionnaire bota-
nique et pharnuiceuti(jue avec des
addilions, 1802 , 2 vol. in-8", avec
fîg.j el une du Janua lin^uarum àc
Comenius. précédée d'une notice sur
l'auteur, tirée presque littéralement
de la Biographie universelle. Enfin,
il a publié pi isieurs ouvrages utiles
surTagriculuire. Cesoul, ditMussel-
Palhay , des compl'alions faites avec
soin et avec goùl (Voy, Bibliogr.
agronom., 2'â2) : l. là Noui^ellc
maison rustique j Paris, 1798 5 2^
éd., 1804., 3 vol. in-4.'^ {p^. Liger ,
XXIV, A'] A)' U. L'année du jar-
dinage ^ ouvrage extrait de tous les
meilleurs auteurs, tant anciens (pie
modernes, ibid., i79f), 2 vol. in- 8".
III. Z,e calendrier du jardinier ^
ib., j8o5^ 5' éd., 181-:, iu-12.IV.
BAS
287
L.c noiiK'cau manuel du Jardinier^
ib., i8t)'7, 2 v(d. in- I 2. On lui at-
tribue : JSouK'cau dictionnaire d'a-
necdotes, WnA. ^ 1820, 5\()l.iii-i8.
Bastien a eu (picbpic j)arl ii la pre-
mière édition (bi Dicliomuùra do
Boiste(/^o^. ce nom , au Supp.)-
el il a fourni des articles au J)ic-
tionnaire universel de Prudhomme
{f^oy. CiiAUDON, au Supp.). AV-s.
15ASTIOU (Yves), né le i3mai
1751, h Ponlrieux en Bretagne,
fut d'abord principal du col'ège de
Tréguicr, el devint ensuite officiai du
diocèse. On fut assez surpris de le
voir quitter son pays à Tàge de 36
ans pour entrer chez les ciianoines-
réguiirrs de Sainte-Geneviève. Il se
pourrait que cette vocation un peu
tardive fût venue du chagrin de n'avoir
pas été nommé premicrvicaire-général
de Tréguier, comme Bastiou l'espé-
rait. Il fît ses vœux eu 1788 : on pré-
tend qu'il devint sous-prieur, ce qui est
as'iez peu probable, la révolu lion ayant
suivi de si près sa profession j nous
avons lieu de croire que Bastiou fit le
serment en 1791. Il resta constam-
ment a Paris pendant la révolution,
prit probablement m\ emploi dans
le civil. Il fut quelque temps aumô-
nier de rHùlel-Dieu,aprèsle concor-
dat de 1802 ; on le nomma un des
aumôniers du Prytanée , depuis Lycée
impérial, a Louis-le-Grand. C'est la
que rab])é Bastiou est mort le 8 mai
i8i4-. Ses écrits sont : I. Associa-
tion aux saints anges , proposée à
tous les jidèles zélés pour la gloire
de Dieu, Paris, 1780 , in-12. IL
Exposition des principes de la
langue J^ranc aise , sous le nom du
citoyen Yves, Paris, 1798, iu-12.
III. Eléments de logique , pour
servir d'introduction à l'étude de
la grammaire et de l'éloquence ,
1 8 04. , lu- 1 2 . IV. Extrait des qua-
1288
BAS
tre évangélistes y 1809, în-8'^.
V. Grammaire de V adolescence ,
1810 , m-i2. TI. Grammaire de
V enfance y jjar demandes et par ré-
ponses, i8i4, in-12. VII. Manuel
chrétien des jeunes demoiselles ,
iu-18. VIII. Manuel chrétien des
étudiants, iu-i 8. Ces quatre derniers
écrits ont eu tous plusieurs éditions.
P C T.
BASTOIV(Guillaume-Andrl'-
Réné) , théologien habile et écrivain
fécond, né a Ilouen, le 29 novembre
1 7^1, fit ses classes chez les jésuites
et sa théologie dans la maison des Ro-»
herlins a Paris. On l'envoya professer
la philosophie au petit séminaire
d'Angers et il y fut ordonné prêtre
en 1766. De retour à Paris il entra
en licence, où il se trouva avec le
cardinal de la Luzerne et l'abbé
Duvoisin.ll fut le deuxième de sa4i-
cencej mais n'ayant pas soutenu le
dernier acte appelé vespérie,\\ ne re-
çut point le bonnet de docteur sui-
vant !a forme ordinnirc.On lui con-
fia la chaire de ihéolotrie au collège
de Rouen , place qu'il occupa plu-
sieurs années. C'est alors (|ue de
concert avec rabl)é Tuvachc , aussi
professeur, il composa un conrs de
théologie : les traités parurent de
1773 a 1784.5 il y en a ncui de
l'abbé P)aston. En 1780, l'auteur
devint chanoine de la métropole de
Boiun. L'activité de son cs|)iil se
signala alors par diftérenles produC'
lions, les unes relatives h une con-
troverse contre les curés de Lizieux,
les autres piirenienl littéraires. La
révolution vint ouvrir un autre champ
h SCS travaux ; on cite une vingtaine
d'écrits (pi'il composa sur les dis-
putes relatives a la constitution ci-
vile du clergé. Ces écrlls parnrcnl
tous sans nom d'auleurj néanmoins il
^lait dillicile (|u'on iiç sou|içoimàt pas
BAS
l'abbé Baslou d'y être pour quelque
chose, et il se trouva ainsi désigné à
l'animadversion des patriotes. On
l'inscrivit sur une liste de déporta-
tion et on le fit partir dans les pre-
miers jours de septembre 1792. Sa
présence d'esprit et son courage le
sauvèrent des périls qu'il eut a cou-
rir dans cette époque d'agitation
et de délire. Il trouva moyen de pas-
ser en Angleterre oiî il ne resta
qu'un an. Un de ses amis, qu'il ne
voulut pas quitter, l'entraîna dans les
Pays-Bas , puis en Allemagne. Ils
passèrent le reste de leur exil à ■
Coesfeld, dans l'évêché de Munster,
et l'abbé Baston y rédigea des mé-
moires particuliers que Ton conserve
dans sa famille. Il rentra en France
en 1802 et fut nommé chanoine,
puis grand-vicaire de Rouen. Il eut
beaucoup de part a l'administration
du diocèse sous le cardinal Camba-
cerès , sans cesser de se livrer a
l'exercice du ministère. L'académie
de Rouen Padmit dans son sein ; et, 1
depuis i8o/|. jusqu'en 18 ii, il y lut |
plusieurs mémoires , dissertations et
opuscules. Ses talents et son aptitude
pour les aftaires le désignaient natu-
rellement à l'épiscopat. Le i4 avril
I 8 I 3 , Bonaparte le nomma h l'évê-
ché de Séez. La circonstance n'était
guère favorable ^ le pape se trou-
vait alors prisonnier à Fontaine-
bleau et l'adminislralion des évè-
ques nommés excitait de grandes
divisions. L'abbé l^aston ne sut point
malheureusement tempérer par la j
douceur et par la prudence ce quo
sa mission avait de difficile j il porta
ju.s(pr;i l'excès l'exercice d'une auto-
rité douteuse, ne tint aucun compte
t\\i^ représenlalions , aliéna les es-
prils par des j)ar()les aigres et ini-
prudiulis, et consterna le diocèse ca
urdounaul d'évacuer le séuiinairc, ce
qui cul lii'U le i:4 IV'vricr TÎlii.îi^
ri'slauralion, ([ui siilvil de prt-s, mil
lui il ci's iaiisscs nu'siirc.s. Le cha-
pitre (le Sot/, nrofila de sa liberté
pour révncjiier le |i()iiv()ir confère
préeéilemmeiit il ral)l)é l^aslon (jiii se
relira dans sa famille a. Saint-Lau-
renl près Pont-Anilemcr. Depuis, il
resta dans une sorle de disgrâce cl
afiecla même dans ([uelcpies écrits un
peu d\)pjM)sili()ii. M. de Hernis , de-
venu arclicvè([ue de lloucn , Tavait
nommé jjjrand-vicairc, mais le minis-
tère reiii^a son aiirémenl 11 ce choix.
L'abbë lîaston conserva jusqu'à la fin
toutes ses facultés cl mourut à Saint-
Laurent, le 1:6 septembre 182.5.
Ceux qui Tout connu s'accordenl h
dire qu'il avait autant de finesse
dans l'esprit cpie d'agrément dans le
caractère. Les gens du monde re-
cherchaient son entretien, cl les per-
sonnes pieuses se félicitaient de sui-
vre ses conseils. Nous ne pouvons
donner ici la liste complète de ses
écrits, qui sont nombreux cl sur des
matières foi t diverses 5 nous ne cite-
rons que les principaux : I. Lettres
de Philétès sur une controverse
avec les curés de Lizieux , 1776 ,
in-4-", et quelques brochures a l'ap-
pui de ces lettres IL Entrevues du
pape Ganganclli^ servant de suite
à ses lettres^ '^111 3 iu- 1 2 . IIL Vol-
tairinieros ou première journée
lie M. de V . dans V autre monde,
1779, iu-i2 (ces deux ouvrages sont
dans le genre desDialoguesdes morts).
IV. IS arraiions d'Omcii, compa-
gnon de Cook^ 1790J -4 vol. in- 8".
V. Plus de vingt brochures en 1791
contre la constiluîion civile du clergé
ci ses partisans. \ I. Deux brochures a
l'époque de .^a rentrée en France en
1802, pour réconcilier les espriîs.
Vn. Solution dune question de
droit c(uionique^ 1821, in-8"; c'est
LVII.
ÈAS
• 39
un plaidover eu la\eur (\c% evi^pics
nommés. VI 11. Vxirlaniations pour
rè'j^lise de France contre M. de
jMaistre^ 2 volumes in-S" , qui pa-
rurent en 1821 et en 1824. IX.
Antidote contre les erreurs cl la
l'ëputation de /'Essai sur l'indif-
férence, 1825, in-8". X. Jean
Bockelson, ou le roi de Munslery
fragment historique ^ i824,in-8".
XL Concordance des lois civiles
et des lois ecclésiastiques de
France sur le /narir/^e, 1824 ,
in-i 2. XIL Précis sur l'usure attri-
buée aux prêts de commerce ^ 1824,
in-8'^. On attribue a rai)bé Baston
quclcp.ies articles de la France cU"
tholique^ recueil (jui parut en 1825.
Il a laissé en manuscrit Le Baniau
ou la défense des animaux con-
tre Vhomme^ composé avant la ré-
volution; une exposition de sa con-
duite à Séez , et un roman inlilulé
L'oncle et le neveu^ oi!i il avait fait
entrer, dil-on , beaucoup d'anecdotes
de In révolution. Sa famille pu])lia
après sa mort une f'iotice biou;ra-
phique^ Rouen, in-o'' de 5 feuilles
d'impression, tirée li 00 exemplaires.
Celte notice est curieuse et renlermc
une nomenclature exacte des écrits
de l'abbé Baston 5 mais le portrait
qu'on fait de lui, ayant été tracé sur
les mémoires (pi'il avait laissés , a pu
être un peu flatté. Une autre notice
a paru dans V Anù de la'Relitriony
numéros 1276,1281 et i2855celle-
ci eu est extiaitc. P — c — t.
BASTOUL (Louis), général
français, né a Montolieu , en Laujrue-
doc, le i3 août 1753, fut d'abord
ouvrier dans une manufacture , et
s'eno;nfrea dans le réiriment de Viva-
rais, lnfanterie,dèsrâgc de vingt ans.
Il était parvenu au grade de sergent
lorsque ce corps fut licencié eu 1790
pour cause d'indiscipline. Bastoul se
19
ago
BA.Î
fixa alors a Bélhune , et y fut nommé
commandant de la garde uationalc ,
puis chef du second bataillon des vo-
joiitaires nalionaux du dépari emcnt
du Pas-de-Calais. Cette troupe faisait
partie de la garnison de Lille lorsque
les Autrichiens vinrent ras:)iéger
dans le mois de septembre 1792.
Basloul y dt'ploya])eaucoup d'activité
et de bravoure, et devint général
de brigade. Employé dans ce grade
aux armées du Nord et de Sam-
bre-et-Meuse , il se fît encore re-
marquer en plusieurs occasions, no-
tamment aux sièges de Landrecies ,
du Quesnoy , au passage du Rhin en
1796 , et aux batailles de Wurlz-
bourg, de Friedberg, de Salzbach ,
et surtout a celles de Neuwied, le
18 avril 1797 , t>l de Landshut ,
en juillet 1800. Ce fut lui qui pé-
nétra le premier dans cette ville
avec sa brigade, après en avoir en-
foncé la porte. Le courage qu'il mon-
tra dans cette occasion fut signa-
lé dans le rapport officiel, et lui
valut le grade de général de divi-
sion. Il commandait en cette (jualité
h la mémorable bataille de Ilohcn-
liuden , sons Morcau , le 5 décembre
de la même ann-'c, et il concourut
puissammentîila victoire; maïs, atteint
(Pun boulet h la jambe, il fut trans-
porté a Munich et y mourut des
suites de celte blessure , le â janvier
1801, ayant obsliiiémenl refusé do
se laisser amputer, parce ({u'il vou-
lait,d!s;iil-ll, vivre ou mourir tout en-
tier. C'était un homme s.ins éilucn-
i\i>ii (I sachant a peine lire 5 mais
doué de beaucoup d'iutilligenci- pour
lu guerr(> , el m'u-ic bravoure à toute
«preuve. M — I) j.
RASZKO ( CoDl.-LAS ), c!k!-
noiiie de l'oscn , vivait vers la fia
du treizième siècle , cl a laissé
Ucs /Jnri'iics (le hi Gidiiilc Polo-
BAT
gne y où M. Michel Podczaszynski
reraarcpie qu'il a embrassé aussi tous
les faits généraux dont la monarchie
entière des Piasts, c'est-a-dire de la
race de Ziémowit, fils de Piasl , sim-
ple cultivateur, avait été le théâtre
Sa chronique commence a Tannée
1227, où finit celle de Boguchwal,
abréviatcur de Mathieu Cholewa et
de Vincent Radlabek. Elle a été im-
primée dans la collection de Som-
raersberg. R — f — g.
BATACCHI (Dominique), né
a Livourne en 17495 ^ publié un re-
cueil de Novelle sous le nom du père
Athanase de Verocchio , et un poème
eu douze chants appelé Zihaldone.
Dans ces deux ouvrages Batacchi
attatpie toutes les classes de la so-
ciété : son style est mordant , âpre ,
a défaut de ces armes si cruelles l'au-
teur emploie le ridicule, nomme quel-
quefois les personnaL^es qu'il traite
avec tant d'injustice. Beaucoup d'Ita-
liens considèrent ses productions
comme des libi'lles dillamatoires , et
reprochent a l'autour les obscénités
odieuses ([u'il a semées dans ses vers.
Si de tels vices ne souillaient pas ces
livres , on aimerait a y louer des imi-
tations heureuses dans le genre de
IJcrui , des détails de mœurs, spiri-
tuellement amenés, et souvent un
si vie élégant. Batacchi est mort en
1802. Son recueil a été traduit en
français, par Louit île Chaumont ,
avocat , sous le litre de Nouveiles
galitnles et eriliques , Paris, an xii
(l8o3), 4. vol. in- 18. Celte versitm
nV'sl p;is moins obscène ijne l'origi-
nal. A — D.
ILVTEr.ïiW (ïuoMAs) , méde-
cin anglais, élève du docteur Willanel
dépositaire (lèses Hîannscrils, s'occupa
comme lui d'une nuinièrc spéciale (\v^
an'edions cutanées. Il exerça l'art de
guérir h Londres , où il lut médecin
RAT BAT 9<)r
d'un (lispensaiio «1 de rin'iivilal ron- III. 5^8; SuLiKow, XLIV, 190, et
sarii' aux iTialndifs It-brllcs. Il nioiirul ci-.ipr»'>.
àM}iill)y,vlll(> d-.i (omliMrVork, h UATIIIIRST (lord Bk.vja-
») avril \l\2i, à^é de 43 ans. vSoii :\ii\ } , né vn 1784, H Loodrcs,
grand ouvra{;r sur les maladies de la d'une famille illustre {Voy. 1>a-
peau (\sl intitulé : DcVuical'wufi of TiiunsT,TIIj 5 ir>),rr(.iil nnchrillantc
thc cuhxtitous diseaaes roin/niscd éducation, cl lui dès sa jeunesse dcs-
/// l/ic rldssification of ihv lata liné a la diplomatie. Une mission lui
doctov n illfui, Londres, 1817, ayanl été confiée auprès de la cour de
in-4", avec 70 planches coloriées. Vienne , en 1809, il revenaitde celle
Bateman a aussi publié sur les mêmes capitale avec àc& dépêches d'une
maladies un traité plus abrégé: grande importance, lors(pf il disparut
ApracUcal sj/iopsis of culnncons tout k coup, h son passage près dellam-
discases , Londres, i8i3, in-8", bourg, au moment où il allait .s'cm-
qui a été traduit en français par barquer pour l'Angleterre. Tout an-
M. G. Bertrand , sur la S'' édi- nonce qu'il lut assa'^siné par suite d'un
lion anglaise avic le titre suivant : crime a peu près sem1)lable a celui
Abrégé pratique des maladies eu- dont le major Sinclair (^ o^. ce nom,
tances, classées daj)rcs le S) slànic XLII , 4i3) avait été victime. On
uosologi(/uc du docteur Ti' illan , ne trouva d'autres traces de sa dis-
Paris, 1820, in-8'\ Cet ouvrage parution qu'une partie de ses vêle-
a aussi été traduit en allemand par ments restée sur les bords dcTElbe.
Abr. Ilalmeman, avec une préface et Cette perte causa en Angleterre de
des notes de R. Sprcngel , Halle , très- vifs regrets, et l'on a fait long-
i8i5, in-S''. Il en a paru une Ira- temps d'inutiles recherches pour con-
duction italienne , Pavie, 1822, 2 naître les auteurs du crime. Lors-
vol. in-8*^. Les classificaiionsde ^V il- qu'en 1 8 1 5,rex-miuistre de la police
lan et de Bateman sont fondées sur impériale, Savary, tomba dans les
les caractères extérieurs des mala- mains des Anglais, il lui fut adressé sur
dies; elles oiit été suivies avec des cet événement, par le ministre Ba-
modifications par quelques médecins ihurst, beaucoup de questions qui
modernes. Bateman ne rend pas ton- n'eurent point de résultat. — La jeune
jours k ses contemporains, entre et belle miss Bathurst , qui périt si
autres k M. Alibert , la justice qui malheureusement k Pvome, 011 elle se
leur est due. Il est encore auteur àcs noyadansle Tibre, le 10 mars 1824,
ouvrages suivants. I. Reports on the était de la même famille. M — d j.
diseuses ofLondon, qnd the statc B A T H Y A N I ( Charles
oftIie\\>entherfroni,\ZoI^.toiZiGj Joseph, prince de), de l'une des
Londres, i 816, in-8°. IL y^ suc- familles les plus anciennes et les plus
cinct account of the coiitagious distinguées de la Hongrie , naquit
fever of this contry, as exempli- dans celte contrée en 1 697 . Il y avait
Jied in the épidémie nowprevaling k peine un an qu'il était entré au ser-
m jLo/ir/c//, Londres, i8i8,in-8^\ vice , que sa conduite a la bn-
G — T — R. taille de Peterwaradin ( i 7 1 6 ) et
BATIIILDE. /- OJ-. Batilde, aux .vièges de Temeswar et de BiL
III, 5 18. grade attira lallentiou du prince
BATIIORI. Voy, Battori, Eugène. Après avoir été attaché pcn-
19-
agi
ÊAt
dant quoique temps a l'ambassade de
Constaulinople , il accompagna ce
prince comme général (iy54.), pour
aller combattre les Français sur le
Khin. Appelé ensuite a l'armée de
Turquie , sous les ordres de Kheven-
huller , il se distingua aux journées
de Rudawalz (lySy), et de Cornia
(1758). Cette dernière lui valut le
grade de général de cavalerie. A la
paix, il fut envoyé comme minislre
plénipotentiaire à la cour de Berlin*
mais il fut rappelé dès que l'Aulri-
clie eut connaissance des projets am-
Litieux de Frédéric II (174-1)) ^^ il
vint prendre le commandement de la
cavalerie dans l'armée qui devait com-
battre les Prussiens sous les ordres
du prince Charles de Lorraine. A
C'/aslau, ce fut lui (|ui décida le succès
du commencement de la journée ; mais
l'infanterie s'élani, livrée au pillage,
tous ces avantages furent perdus ; il
protégea la retraite avec sa cavalerie
et empêcha que cette retraite ne de-
vînt une déroule. Après la prise de
Prague, où il repoussa deux attaques
dirigées sjr la narlie méridionale de
la ville, il suivit J>îadastv en Bavière
et devint gouverneur de ce pays.
L'allafjue soudaine du roi de Prusse,
en 1 744-) et son invasion en P)ohème,
avant nécessité des ciiangcmcnts dans
les opérations militaires, le prince
Charles de Lorraine fut rappelé en
toute liàlc de l'Alsare, où Nadasly
cl Trann avaient pénétré , et Vm-
ihyani, a la tète de ses Croates et des
régiments (pi; avaient occupé la lîa-
vière, se réunit au prince Cîiarles tpii
dut cncoi'c nue lois combattre le roi
d('J*i ussciila tèie de soixante-six mille
liommes, renforcés encore par une
année «axone. Frédéric II se vil
alors conij'ainf de faire sa retraite et
d évacuer précipitamment l'rague et
toute la Bohême ; abandonnant son
BAT
artillerie et ses ba<ra2:es , et ne sOn-»
géant plus qu'a couvrir la Silésie. —
L'évacuation de la Bavière par les
troupes impériales avait fourni a l'em-
pereur Charles VII l'occasion de ren-
trer dans ses états héréditaires, et il
était revenu a Munich dans le mois
d'octobre. Mais Pathyani , alors
feld-maréchal , pénétra pour la Iroi-
sième fois dans l'Electorat , s'empara
de Bilshofen où il fit 2,000 Hessois
prisonniers , força le passage de l'A-
bens , prit Dingelfîngen , et se rendit
maître de tout le pays, après avoir
remporté la victoire de Pfaffenho-
fen , sur les troupes du Palatinat et
les Français réunis sous le comman-
dement du maréchal de Sésrur. Le suc-
o
ces des armes autrichiennes détermina
l'électeur Maximilien a demander la
paix ; Marie-Thérèse la lui accorda
et le traité fut siînié à Fuessen le 22
avril 1745. Baliiyani fit ensuite la
guerre dans les Pavs-Bas, et se trouva
aux batailles de llaucoux et de Law-
feld (2 juin ijij)' A cette dernière
ilseniaintint dans sa position juscpi'à
ce (pie le duc de Cumberland lui eût
envoyé dire qu'il allait se retirer.
P\alhyaiii ne quitta Parmée anglaise
qu'il la paix d'Aix-la-Chapelle. La se
termina sa carrière militaire. Après
l'avoir élevé ii la dignité de prince ,
Mai ie-Thérèse le nomma conseiller
intime , et lui conlia l'éducation (hî
l'nrcliidiic Joseph. Décoré de plu-
sieurs ordres , comblé de bienfaits par
celle ]irinres-;e et par François 1'"' ,
il passa de lon;?jiies années dans la po-
silion la plus brillante, et mourut h
Vienne, le i 5 avril 1772. Z.
1L\TIIVA\I (le comte IcNACK
Dk), de 'a Mièine lanulle (pie le précé-
diiil, est undes 'prélals les plusdi.slin-
gués (pliaient occupé le siège episcopal
de Transylvanie. INé le "m) jain ier
174 I, dans la Hongrie, il fil ses élu-
(les niix uirivci-i>;tcs .!.• Va^nr cl do «4 p. Cd opuscule parut sous h' nom
Mniiir, iMubrassi Tt'lal co K'siasli- iVÀ^/anut/is Palhulitts, IL Lci^es
(lue cl parla};ca son Icmps ciilrc ses <-crl(siaslir,r Ixci^ni Jl.iint;ari((! et
(li'voirs i-l 11 lullun- à^:^ sciences. proviiiciitiuiiitKljiiccnlitdiicoUi'clœ
Nommé, m 1781, à rcvèclié de cL UlusIrntœ.W i^\^^vmU)\\v^ [Albœ
Wi-lsscmlunirg (i) , il donna ses pre- CfiroUnœ), i y^f) , j;r. iu-fol, loin.
mlers soins à r.ulniinislralion do son !"'• On ignore si celte imporlanle
diocèse cl puMia d\ililcs rtyemenis colleclion a clé leniilnée. \V— s.
pour son clergé; mais , dans le même BATOU. yoy. Batu , 111,
temps, il se luoulrail le prolecleiir 53 i.
éclaire des sciences , accucillanl les BATTAGLÎA (François),
savants et niellant h leur disposition senaleur de Yetiisc, était issu do
une bihliolliècpic précieuse, (pi'il avait Tune i\cs familles les pins disliiiLMiées
formée a «grands Irais. En 1796, il lit de celle aulicpic république. Imhu de
construire a CarUbourg un obser- tous les systèmes des novateurs, il se
valoire cl le fournil de tous les ins- montra dès le commencement de la
trumenls nécessaires. Ce prélat mou- révo'ution de France un de ses plus
rul dans sa ville épiscopale, le 17 cliauds partisans ; et lorscpie l'armée
novembre 1798(2), âgé seulement française envabit l'Italie , eu 1796,
de 57 ans. Sa mort fut une perle pour il proposa ouverlemenl dans le sénat
rastronomie. Par son testament il de former une alliance entre les deux
légua sa riche bibliothèque avec une républiques. Cet a\is ne fut point
somme de 4-0,000 florins a l'observa- adopté, mais Baltaglia fut nommé
loire qu'il avait fondé. M. Aut. Mar- provéditeur extraordinaire des Etals
toufi , le directeur , eu a publié la An^- de terre ferme , a la place de Nicolas
cripliou sous ce titre : Initia aslro- Foscarini. Bergame, Brcscia et qucl-
noniica speculœ Balhianœ , Wcis- ques autres villes des Elals véniliens
sembourg, 1798, in-8° de 4-2^ p. de terre ferme, demandaient leur
Outre uue traduction latine du Ma- réunion k la Cisalpine. Le 19 mars
nuel de Beuvelet [Voy. ce nom , ci- 1 797 , le parti révolutionnaire qui y
après) et la première édition des dominait fil arrêter Ealtagliaj il fut
OEuvres du B. Gérard , évêque menacé cl chassé de Brescia, et forcé
de Chodna(K. ce nom, au Suppl.), de retourner a Venise, où il fut
on doit au comte de Balhyani : nommé riV'0£,'vz<r/o/-6', c'esl-a-dire l'un
I. Ilesponsa ad dubia anoiiymi ^'^^ trois tribuns de la république.
fuh'crsusprivilegiiun S. Stéphanie Mais, la situation de cette république
S. iMartird de monte Pannoniœ devenant de jour en jour plus alar-
archi-ahhatiœ concesswn ^ anno îTianlc , le sénat ne vit pas d'autre
looi , proposita; 1779, iu-8^ de moyen de conjurer Forage que d'en-
_^ vover des commissaires a Bona-
(.) Cette viUc se nomme en iali.i .^W« /„//a P'^l'^C , ct h choix toiuba SUr Bat-
ou ^iiba Caroiina. taiilia e t Daudolo . Bal taiilia cu t avcc Ic
(a) \)n\is son Examen crilintte des Dictionnaires, / / i i r i 1 f
si rempli d'erreurs cl d'inexactitudes , Barbier général CU c!:et (iC loUgUCS COnlcrcnCCS
fixe la <Iale de la mort d^'evèquc de Transyl- J-^ps lesqUcUeS Cclui-ci le séduisit
vaiiie au 27 brumaire an vri ( 1709) , oubliant 1, ' •' ' 1
que l'année avait coinnirncé le 21 scpiembro Complètement par SCS insnicrcs a-la-
1798. Colle inadverlance si facile à rccl. fier a itc f,,]^, insiniianlcs cl dcspot i(|UCS. Il fut
copiée dans la liio^rapluc portative des Conlcin- , . c • 1 i- ' 1
porums.KXz, iicannioius encore une lois oblige de
Î194 BAT BAÏ
retourner a Venise, lorsque Bona- BATTEL (André) , voyageur
parle s'empara ouverlemenl de Vé- anglais, ne dans le comté d'Essex ,
rone cl de toutes les antres villes vers i565 , s'embarqua le 20 a\ril
de terre ferme. Ce fut alors que 1689, ^ Londres, sur un navire
parut, sous le nom du provéditeur , marci and (jui faisait voile pour le Rio
une espèce de manifeste ou de décla- de la Plata, avec deux autres petits
ration de guerre contre les Français, hâtimenls. Après un vovage difficile ,
dont le but était évidemment d'exci- les Anijj'ais arrivèrent en automne à
1er des récriminations et des vengean- l'embouchure du fleuve 5 mais le
ces qui devaient amener !a ruine de manque de vivres , car ils furent ré-
la république. Battaglia se Làta de duits a se nourrir de la chair des
démentir cette pièce mensongère, et phoques qu ils assommaient sur une
le sénat en repoussa également la res- île déserte , et un coup de vent qui
ponsabilité (i). La suite des évèue- les empêcha de faire avancer leurs
ments a SLffisarament prouvé qu'en chaloupes contre Buenos-Ayres , les
effet l'un et l'autre y étaient étran- contraignirent de retourner au Nord
gers. Rentré dans le sénat, le prové- le long de la côte du Brésil. Ils ga-
diteur continua d'y user de tout iion gnèreut une île du port de Salnt-Sé-
crédit en faveur des Français, et bastien , où est aujourd'hui la ville
il s'ouvrit entre Pesaro et lui {F^oy. dcRio-Janeiro. L'équipage affamé se
pESAEO, au Supp. ) , une lutte qui ne partagea en plusieurs bandes : les
devait finir qu'a la chute de la repu- uns allèrent a la pèche , d'autres
blique. Ce fut ii l'instigation de Balta- cherchèrent des fruits dans les bois,
glia qu'une flotilie partit du port de Sur ces entrcfiiites , des sauvages dé-
Venise, pour transporter jusque dans barques dans l'île s'avancèrent à tra-
cettc ville la division Baraguey d'Hil- vers Àcs> broussailles et se saisirent de
Iiers()^6>^. ce nom, dans ce volume), cinq Anglais, du nombre desipiels
Cependant, lorsqu'il vit sa patrie li- était Battel. Ces prisonniers furent
vrée aux Autrichiens, et lorsqu'il ne menés aux Portugais, et n'éprouvè-
lui fut plus possible de se faire illu- reut d'autre désagrément que celui
sion sur le véritable but de tant d'in- de la perte de leur liberté. Au bout
trigues, Battaglia en conçut un clia- de quatre mois, Baltel et un de ses
griu si profond, qu'il mourut à Ve- conipaguous furent mis h bord d'un
nise en 1799 , quebjues mois après pa([uebot dcstiué pour Saint-l*aid-de-
Poccupation de celle ville par les Loauda à la cote d'Afrique. Au sor-
Iroupesaulricliiennes. — Battaglia, lir 'bi bàlimenl Battel fut emprisonné,
colonel des gardes d'iionneur du et biculùl après conduit h cent trente
royaume d'Italie, mourut h Smolensk, milles de distance dans un fort sur
en 1812, par suite des fatigues et les rives du Couanza 5 il y menait
i\i^!i souffrances qu'il essura dans la depuis deux mois uue existence fort
retraite de Moskou. * M i) j. Uh\c , (|uand la mort snbile d'uu pi-
lote porluirais lui fit coiilier le com-
(,) (>manir...i.av«iui..f..iMi.,m'..\Mil..M,..r i"an(lnneut d'uue péniche qu'il lut
jun nomiiir Snlvmlori i|ui l'avait iiisiTiJ «Ijin» s.iii fliargé (le f.llrC deSCeiulrC U" lleUVO
tournai \v> rUerinumvIrt iwiilKliie, ()!»lig«^ de (iiiii • >< i l IT I J* .1 '1 I .
1er ri..i,., .-,. .7.,y. ,0 j..nrnai>,,t.. s.- .«fug'.. a l"*^'!" ^ Loauda. Une maladie lerril)Ie
liirir. ixt il v.i:ui i()n-;u'ni|.s iii.iibmi.eux , n !(,> lourmeula pouclanl luill luols J (ukurI
i,nit i»,ir ••« iii>ycr tlniis tu Sfiiu- iiour liTtainrr 1 , > \ , ^ 1
ne T.t luu.rubk- cui.'.i...n„r..-. il cut Tccouvrc U .saulc , Ic gouvcr-
lu'iir lie Lu.iudii le cluir|;i'.-i de roii-
(liiire un priil navire «jui ilovail aller
clierclicr de l'ivoire , de l'imile de
j\ilme el du i>lé tlaiis le Zaïre. Son
ex|i(lilioM Int lieurciise , ce qui lui
valut de iinuvelles commissions du
même «;enre el la ])romesse de sa 11-
bcrlé, s'il contiiuiail a servir avec le
môme zMe. Cependant il essava de
.se sauver sur nn navire hollandais 5
mais ayant été dccouverl, il lui ra-
mené a terre , jelé dans nn cacliol
où il passa deux nmis , et banni en-
suile a î\Jassan«î|ano dans l'inU^rieur,
ou il resta six ans. S'élaut enfui alors,
avec plusieurs comna^nons d'infor-
tgne, il lui repris par les Portu-
gais cl traîné à Loanda ; il y était
au cachot depuis trois mois ([uand on
le fit enlrer dans une troupe de (pla-
ire eenls bannis qui venaient d'arri-
ver du Portugal, et qui parlaient pour
la jirovincc d'illiamba. Ballel était
condamné à porter les armes pendant
toule sa vie au service du roi de Por-
tugal dans le Congo. L'armée lit de
nombreuses conquêtes et iinbutin im-
mense. Battel blessé sjrièvement h la
jambe , fut transporté à Loanda , puis
employé a commercer le long de la
côte. Ayant pris part a une expédi-
tion militaire dans Tinlérieur, les
Portugais ses compagnons le laissè-
rent en otage aux nègres , en lui pro-
mettant de revenir dans deux mois et
lui donnant un fusil et une petite pro-
vision de munitions. Le terme expiré,
B.iltel fut traité avec rigueur, cepen-
dant il avait la faculté d'aller d'un
lieu à nn autre, et il en profita "pour
parcourir le pays. Au bout de seize
mois les nègres revinrent vers l'ouest;
Ballel qui avait conslammenl joui de
beaucoup de considération parmi eux
a cause de son fusil , profita d'un mo-
ment favorable pour se rendre a Mas-
sangano. Le gouverneur portugais le
BAI
■>'.)■'
créa sergent \ et l'armée rem])orla .li;
iiond)reux avantages. Ballel servait
depuis deux ans , lorsfpie des mis-
sioiniaires annoncèrent la mort de la
reine Eliiabelh, l'avènement de Jac-
ques P*", et la conclusion de la paix
avec les Espagnols , alors maîtres du
Portuiral. Battel déclara son intention
de retourner dans sa patrie , le gou-
verneur y consentit , niais ensuite il
rétracta sa parole 5 Battel irrité se
relira dans les bois , résolu d y vivre
jdscpia I arrivée d un nouveau gou-
verneur qu'on attendait . Un jour (ju'il
s'était rapproché de la mer, il ren-
contra une chaloupe dont le patron
était de sesamis, et consentit a le met-
tre a terre dans le portdeLoango. Il
y demeura trois ans parmi les nègres,
revint ensuite en Angleterre, et s'éta-
blit a L'^igb, dans le comté d'Essex,où
il passa tranquillement le reste de ses
jo'irs- Lerécit de ^Ç:?> aventures, pu-
blié par Purcbas , qui l'a inséré dans
son recueil, t. 11, liv. vu, porre
ce titre un peu extraordinaire : Les
éirana^es aventures d' André Bat-
tel, de Leigh , en Essex ; ejivojé
parles Portugais priso/i/iier à A/i-
golaj et qui avécii là ainsi que dans
les contrées voisines pendant près
de d.x-huit ans. Pinkerlon a réim-
primé cette relation dans sa collec-
tion, de Foyages^ t. XVL Ou en
trouve l'extrait daus l'Hisloirc des
vovaires de Prévost , et dans tous les
livres de ce genre. Purchas nomuic
Battel son cher voisin et rend té-
nioiouaire a. ses lumières et a sa
bonne foi; ils travaillèrent de con-
cert à rédiger sa relation. Elle con-
firme sur beaucoup de points celle
de Lopez {Voy. ce nom, XX\, 34^),
elle donne également beaucoup de
détails intéressants sur les mœurs des
nègres du Congo. Battel parle eu
témoin oculaire de l'horrible aiilhro-
K
296 BAT BAT
)opbagiedcs Jagas. La traduclion de contrée, Batlisli, voulant rester fidèle
^revost est peu exacte 5 elle a été à l'empereur, revint en Autriche ; et
reproduite sans changements dans en 1804. il fut envoyé en Dalmalie
V Histoire ^éncî'nle des P^oj^nges comme conseiller du gouvernement et
de M.Walckenaer. Quelques écrivains médecin délégué de rempereur. Les
ont voulu révoquer en doute la vé- Français élant devenus maîtres des
racité de Battel; mais Taulorité d'un provinces illjrieuncs, parle traité de
homme aussi judicieux que Purchas Vienne, en 1809, Ballisti se retira
doit faire cesser la défiance inspirée dans Tîle de Pago, puis a Zara, où il
aux lecteurs sérieux par le titre du li- exerça la médecine et délivra les ha-
vre. Les Anglais en font d'anlanl plus bitants d'une maladie contagieuse,
de cas, que c'est la première relation Lorsque la Dalmalie fut rendue a
originale donnée dans leur langue, l'Autriche en 1814., il recouvra son
qui contienne des renseignements sur emploi de conseiller, et en 1818 il
le Congo. E — s. eut l'honneur d'accompagner Tinipé-
15ATTISTI (Barthllemi) na- ratrice Caroline, déjà infirme, dans
quit le i4- mai I y55, à Roveredo, pe- un voyage maritime en Dalniali^\
lite ville du Tyrol italien , illustrée Celte princesse lui fit don d'une ba-
dans le dernier siècle par Tartarotli, gue en diamants , et l'empereur Fran-
Yaunetli, et les deux Fonlana. Après cois L'"^ lui accorda sa retraite avec
avoir fait ses premières études dans tous ses appointemenls. 11 se relira
sa patrie, il passa à l'université a'ors hFiume, où il mounil le 6 mai
dlnsprurk pour y éludier la phi- i83i. G — c — y.
losophie et la médecine. A Tàgc de BATTOïlï (Elisabeth, prin-
112 ans il traduisit de l'allemand en ce:-se de) , nièce d'Elienne Ikillori
iidi\\cn\iis, hisLruclioiis nic'dico-pra- roi de Pologne, fut Pépouse de
lif/ucs à l'usage des chirurgiens François Nadasly, grand seigneur
civils et militaires ^ 1767 , 1 vol. hongrois au commencement du dix-
in-8°, ouvrage qui fut loué par le scplièrae siècle, et frappa d'épou-
premicr-Tiédecin de Vienne, le baron vante toule la Hongrie par une lero-
de Slorck. C'est à cette traduction cité qui n'avait point eu d'exenq;lc
qu'il dut Ja proleclion de l'impéra- dans les siècles précédenls, el (jui
Irice Marie-Thérèse , qui lui lit pré- sans doulc n'en aura jamais. Celle
sent d'une médaille en or. 11 se ren- ])rincesse avait rassemblé dans son
dit à Vienne pour y étudier la clini- chàleau de Cseilhe (pielcpies jeunes
(pie sous le célèhre Sloll, el pour personnes issues de j)auvres familles
y prendre le doclorat. Sa dis- nobles ou patriciennes, auxquelles
serlalion inaugurale, ([u'il lit impri- on donnait une dot, et (pie l'iui ma-
rner sous le titre i)c j\rminurutn riait il certaines épocpies dans des
nu)rhis, [\\\. traduite eu plusieurs jours de lète. (^et usage s'est conserva
langues, et lui lit beaucoup d lion- dans les grandes maisons de la Hon-
neur. Ya\ 1784 il lut nommé pre- grie jusipi'au temps de J\larie-Thé-
mier médecin du grand hôpital de rèse. Elisabeth punissait les plus pe-
Vienue , el en 1788 il fut envoyé en liles fautes de ces jeunes personnes
Lo/tibardie comme insperteur des ho- avec une sévérité qui leiiail de la
pitaux cldirecteur de celui (le IMilan. cruauté et elle prenait plaisir il les
Loisijue les Français occunèrvnlcellc \ oir soulliir. Un jour cnajaul fait Irap-
|)(T uiir avec \u)loiic"(' cl le saii^'; de
celle iiifoiiuiu'c ayant rcj.iilli sur son
^isa|;c, clic crut en l'essuvanls'apcr-
ci'voir (jue sa jumu l'iail devenue plus
Mandu' el plus douce ii la place (jue
le sang avail couver le j croyant avoir
trouvé un nioven de se rajeunir el de
recouvrer les ail rails de ses premiè-
res années , elle conçut Tidéc de
jJKMidre des bains dans le snnj; de ses
Aielinies, cl elle ne craiii^nil pas de
faire part de celle lioriihie pensée a
deux vieilles parentes et a Filsko ,
nain de sa cour , qui devinrent ses
complices. On porte Jusqu'à trois
cents le nond)re (.h'S jeunes filles
(pii furent immolées successivement
dans le plus grand secret. Cependant
(pichpies circonstances furent enfin
connues du public^ et la disparition
d'une jeune personne qui avait été
promise en mariage acheva de tout
révéler. Celui K qui elle devait don-
ner sa main répandit l'argent dans le
cliàleau de Cseithe 5 ses soupçons se
cjulirmèreuty et il parvint même îi se
procurer le corps de la malbeureuse
victime. Aussitôt il se rend a Pres-
bourg , et, devant le tribunal assem-
blé , il pousse un cri de douleur qui
cxcile une indignation générale. Mais
Je rang de l'accusée et Timporlance
des faits demandaient de promptes
mesures. Le palatin de Hongrie ,
George Thurzo , s'étant rendu lui-
même a Cseitbc, surprit les coupa-
bles en flagrant délit. On venait d'é-
gorger une nouvelle victime et son
sang coulait encore dans le pot da
terre destiné a être versé dans le
bain d'Elisabeth .. Bientôt livrées a la
justice, les deux femmes (jui avaient
exécuté toutes les cruautés de celle
princesse furent condamnées a avoir
la main droite et la télc coupées : on
coupa aussi la main droite an nain ,
et il fut brûlé vif. Eli^jabelh fut cu-
BA.T
'î)7
fermée dans une prison obscure, mu-
rée de Ions côlés; et elle mourut en
1614, après avoir langui pendant
trois ans. Les faits de ce procès ont
été imprimés^ il est inqiossible de- les
lire sans Irémir d'iiorreiir. Le clià-
leau de Cseitlie , (pii a appartenu au.
roi iAIalhias Corvin et ;l l'empereur
Maximilien II, est tombé en ruines.
Le concierge montrait encore naguèro
aux voyageurs le théâtre! de ces atro-
cités, la cave profonde où l'on jetait
les cadavres , le gros pot de terre où
l'on recevait le sang des victimes et
le lieu où des monstres venaient ré-
pandre ce sang sur le corps d'Elisa-
beth... G — Y.
BATZ (Manaud m, baron de),
fut l'un (\{i^ quatre guerriers (jui, eu
1677, sauvèrent la vie à Henri IV ,
lors de son entrée dans la ville d'Lan-
sc, alors place forte au duché d^Al-
bret. Séparé des siens par une in-
fâme trahison , le prince fut assailli
par toute la garnison , au cri de :
« Tirez à la hraje verte ; » c'était
Henri qui la portait, et qui, blessé ,
dut son salut aux quatre braves qui
le défendirent, jusqu'au moment où
ses troupes entrèrent dans la ville et
le délivrèrent. Ce prince, dans ses
nombreuses lettres au sei'-^neur de
o
Batz, lui parle souvent de ce trait
de valeur avec une grâce qui fait
autant d'honneur au monarque qu'au
guerrier k qui elles sont adres-
sées. Ce digne chcvaiier fut , en
celte circonstance , plus heureux ,
mais non pas plus intrépide ni plus
dévoué a son roi, que ne l'a été son
arrièic-petit-fils dans l'aclion du 21
janvier 1793 [J^oy. l'art, suivant).
Les Lettres de Henri IV à Dla-
naud, baron de Batz, ont été im-
primées , Paris, 18.., in- 8*^.
E — K — D.
BATZ ( Je.vn de ) , barou do
298 BAT BAT
Balz cl de Sainte-Croix, naquit h baron de Balz sortit de France après
Goulz, près de Tarfas, le 26 décem- la session ; mais il y rentra dès qu'il
bre 1760, de la même famille que le vit que la cause du roi s'affaiblissait
précédent, qui est l'une des plus an- par l'émigration. On lit ces mois a la
ciennes de sa province , et dont on date du i*^"^ juillet 1792, dans les
trouve la notice parmi celles des grands journaux écrits de la main de Louis
feudatairesdeFrancc(i).Ilélaitgrand XVI, et saisis aux Tuileries dans
sénéchal de Kérac et du duclié d'Al- l'armoire de fer : « Pvetoiir et par-
bret, lorsqu'il fui élu dcpulé de la no-- « faite conduite de M. Balz, à qui je
blesse de cette sénéchaussée aux états- « redois cinq cent douze mille fr. , »
généraux, en I 789. Onluiavait donné expressions qui allcslent quelques
le comte d'Arlois pour premier col- particularités de la haule confiance
lègue de dépulalion ; mais , maigre que ce prince avait en lui et qu'il n'a
ses instances, ce prince, pour se ccn- point révélées. Après le 10 août, il
former aux inlentionsdu roi, crut ne quitta de nouveau la France. A la
pas devoir accepter. Le baron de nouvelle que le procès du roi s'eu-
Batz siégea au côté droit de Tassera- gageait, il forma le dessein de l'enle-
hUc et s'y distingua pur des connais- ver de vive force j mais, accouru a
sauces réelles en matière de finances. Paris dans les premiers jours de jan-
Nommé membre du comité de ce nom, vier, il reconnut l'impossibililé de
il en combattit vivement les plans^ tenter au Temple cette délivrance.
surtout pour la création i\cs assi- Dès-lors , il résolut de l'exécuter
gnats, qu'il assimila avec tant de pendant le trajet fort long que ce
raison, coir.me révèneracnl l'a prou- prince aurait k parcourir jusqu'à
vé, aux billets de la banque de Law. Téchafaud. Parvenu h former une
Président du comité de liquidation , association d'environ deux mille jcu-
ilfilplusieursrapportssurladeltepu- nés gens, il avait concerté h la liate
bli(jue" et, parmi les causes du delà- les mesures les plus propres à réussir,
brement des finances, il signala IV- tandis que les comités, atin de pré-
rier, administrateur des eaux de Pa- venir les mouvementsdont ils étaient
ris, comme débiteur de vingt millions menacés , avaient ordonne un appa-
envers le trésor royal. Il appuj'a dif- rcil formidable autour de la voilure,
férenles mesures (ju'il jugea fort et des di.spo.sitions non moins ef-
avanlageuses a l'étal j mais par suite frayantes j)0ur le lieu de l'exéeulion.
de son opposition constante a la des- La Fatale voilure arrive li la porte
truclion des principes de la monar- Sjint-Denisj placé sur la hauteur du
chje, et persuadé (jue la constiluiion boulevarl Boune-lNouvelle, Balzcher-
décréléc en amènerait la ruine, il si- che vainement, dans les rues latérales
gna les protestations des 12 cl i5 d'où latlatpie doit partir, les compa-
seplembie 179 r contre les opéra- gnons de sou entnpri.^e : elles sont
tions de l'assemblée nationale. Le désertes. Désespéré de cet ahanilon
et juès d'être forcé de reculer K l'a])-
(.) .irtJ. r.njini».Uuu-s,m.Mio,uuur u, prochc de la voilure, ilappeniàl
pope ï«o; iiifid»! i.«MA.;i>rK. Si l'on trouv.; iiiiii.s cependant deux troupes , Irès-fai-
<'i't iii'ticir (|uol(|ui'.<( faits ili'jù l'iuoulrt pur «l'ail" Il ' 1 ' 'i' il
Ir.H liiMonnis. c'rst .priLs i.iit puis., lilln ..!<•• ■l>les a 1.1 VePllc J Cl UCUX jtMnuS gCHS
iiHntùin M.nr.r .,M n,.,.s i.i. .,„■ 1,-h avonn . oiisi- gortis (le TuM d'cux Ic jui^ueiit. Le
ginin, c'csl-ii-diic, «luii.H nos Méinuirti hiitvri'juii . i ^ i
*Mf z.omj A/^//, j« âiiiioH, iiiomuul cst urgcut. Accompaguc «0
CVS (Iriix lioniincs inlrriudcs cl de
l^i'\.iiix. ils'oiun- un pass.im' (|ii on
ne ili<i|>iilc j)(>iiit , cl s't'laiicc avec
tiix, malj;iv la iléfrusc expresse, an
travers de la liaie ; chacun lire le sa-
bre ri le brandissanl, ils s'écrieni à
|dnsi«'nrs reprises • « A nous, Fran-
ce rais! A nous ceux (jni veulent sau-
ce ver leur roi ! ...» JNul dans les
rangs ne répond a ce cri hcro'ujue.
J.a (erreur i;lace loules les ànics.
lîalz el ses dij^nes amis fjui n'aper-
çoivent aucun niouveraenl en leur
faveur, repassent au travers de celle
liaic d'ho'nines slupéfails ; ils appel-
lent les deux groupes, ceux-ci accou-
raient. A l'instant, l'un des corps de
réserve, averti par une védclle, fond
sur Balz et ses braves ; les deux
jeunes gens veulent se jeter dans une
maison , ils sont massacrés : Batz
et Devaux disparaissent. Tous ces
faits avoués par Devaux dans les in-
terrogatoires qu'il a subis, et d'après
lesquels il fut envoyé h Téchafaud ,
sont confirmés, ainsi que ceux qu'on
va lire , par des ordres cl des ins-
Iructions émanées des comités de la
convention , ou par d'autres pièces
que Taulcur de cet article a
vérifiées dans les archives du
tribunal révo'utionnaire. Le baron
de Balz, que la tentative du 2î jan-
vier et des dénonciations journalières
rendaient l'objel des recherches les
plus actives ., n'en poursuivait pas
moins un plan pour l'évasion de Louis
X\ II, de la reine Maric-Anloinetle
et des princesses délenues au Tem-
ple. Pour déjouer les batteries diri-
gées contre lui el pour conduire les
siennes avec plus de surelé, il était
parvenu a iî,aguer plusieurs des mem-
bres de la convenllon el de la com-
inune, coijuuspar leur influence dans
leur parti, et a les rendre ses princi-
paux agents. 11 avait, tant dans Pa-
BAT
^99
ris rpie dans les environs , diverses
reirailes sures , mais la plus ha-
bituelle était rlu'7. Cortcy , épi-
cier, rue de Kidu lieu , et capitai-
ne de la section Le l*elletier. Cet
homme, sincèrement dévoué au ba-
ron de Ftatz, avait su capter la con-
fiance (lu fameux Chrétien , juré
du tribunal révolutionnaire el princi-
pal agent des comités dans cette
section : c'était par lui que Corley
avait été mis au nombre bien cir-
conscrit des commandants a qui l'on
confiait la garde de la Tour, lors-
que leur compagnie était de service
au Temple. Parmi les municipaux
sur lesquels il pouvait compter ,
Batz se confiait principalement a
Michonis. C'est à l'aide de ces deux
personnes qu'il tenta d'exécuter
renlèvement de la famille royale.
D'abord, Cortey le comprit un jour
dans le nombre des hommes qu'il
conduisait au Temple , et l'inlro-
duisit dans la Tour. Lorsqu'il en
eut observé le réjïime et les loca-
lités, il arrêta son plan j Micho-
nis l'approuva et se chargea de diri-
ger tout dans l'intérieur. En même
temps Batz s'assurait dans la sec-
lion d'une trentaine d'hommes har-
dis, avec qui nulle confidence n'était
nécessaire avant l'action. L'exécu-
tion ne pouvait avoir lieu qu'un des
jours où Cortev et jMichonis seraient
l'un ou l'autre en fonctions. Ce jour
arrivé, Cortev, avec son détache-
ment dans lequel est Balz, entre au
Temple : il distribue le service de
manière que les trente hommes doi-
vent être en faction aux portes de la
Tour et de l'escalier, de minuit h deux
heures du malin. De son côté, Mi-
chonis a pris ses mesures pour être
chargé de la garde de nuit dans l'ap-
parlement des princesses. C'est donc
de minuit h deux heures que les
3oo
BAT
postes imporlants seront occupés
par les libérateurs rie la famille
royale. Michouis , qui a su mériler
la confiance des prisonniers , doit
les revêtir d'amples redingottcs dont,
«pielcpies liomincs initiés par Batz
se sont surabondamment munis pour
leur garde. Les princesses , sous ce
déguisement et une arme au bras, .se-
ront placées dans une patrouille , au
milieu de laquelle il sera facile d'en-
velopper le jeune roi. Cette patrouille
sera conduite par Corley, aux ordres
duquel seulement , en sa qualité de
commandant du poste delà Tour , la
grande porte peut s'ouvrir pendant la
unit. Au dehors, tout est préparé
pour Tévasion la plus rapide 5 le mo-
ment décisif approche , il est onze
heures... Toul-a-coup , le munici-
pal Simon arrive; il reconnaît Cor-
ley. « Si je ne le voyais pas ici , lui
dit-il', je ne serais pas trancjuille. 3)
A ces mots et d'après (pieLjues au-
tres, Batz s'aperçoit (pie tout est dé-
couvert; il veut immoler Simon,
monter a la Tour, et tenter l'évasion
à force ouverte. Mais le bruit de l'ar-
me h feu causera un mouvement jré-
o
uéral , il n'est pas maîlre des postes
de la Tour et de i'escalier, et .s'il
échoue , il aggrave le sort de l.i fa-
mille royale , ... il s'arrcle. Sous le
j)réleAte de qiiehpie bruit enlendu à
rexlérieur , Corley se hâte de faire
sorlir une; patrouille et lîalz , qu'il
a désigné pour en liiire parlie ,
.s'éloigne du Temple. Ce n'est (|ue
long-lemps après (jiie les comités fu-
rent informés de toutes les eircous-
lances de celle entreprise, et ([ue l'ar-
rivée inopinée de Simon , espion de
Bobespierre, en avait seule décou-
rerlé toutes les mesures. Lors(pie
Marie-Aiiloinelte lut transférée ii la
(Conciergerie, le baron de Hat/, voulut
tncorc bouslruirc celte princesse au
BAT
sort qiiî la menaçait. Les détails de
son plan ne sont pas bien connus a
cause du soin qu'il avait eu de n'eu con-
fier rensemblea personne; mais on sait
que, dénoncé comme ayant promis un
million pour le succès de cette évasion,
il trouva le moyeu de faire arrêter les
dénonciateurs. Senar , secrétaire du
comité de sûreté générale , avoue ,
dans des notes autographes et qui ne
sont pas comprises dans ses Mémoi-
res, que les révélations furent si iu-
complèles que tout ce que les comités
purent savoir à ce sujet, se réduisit a
ceci : « Des gendarmes étaient gagnés :
au renouvellement des postes, la reine
manqua de parler a celui qui, ayant
deux redingottes l'une sur l'autre,
devait lui en donner une et la faire
sorlir de la conciergerie, m II n'en est
pas de même de la tentative faite au
Temple ; tous les faits sont constatés
par les pièces dont nous avons parle'
et (pii existent aux archives du tribu-
jial révolutionnaire, où nous les avons
consullées. Ces dillérentes entreprises
et d'autres faits exagérés ou faux,
servirent pour envelopper nu grand
nombre de personnes dans la conspi-
ration dite de Batz ou de l'étranger.
Le liT) prairial an 11 (i 4^ juin 1794),
E!ie Lacoste, au nom des comités de
salut public et de sûreté générale réu-
nis , lut un long rapport \\ la con-
vention sur celle conspiration. « Un
vaste plan , dit il , était Iracé par
les puissances coalisées et par les
émigrés; les conjurés élaient dissé-
minés sur tous les points de la France
et les objets principaux de ce plan
élaient l'enlèvemenl de la vcm'c Ca-
jH't , la dissolution de la convention
et la reslauralion de la monarcliie,
'l'ous les leviers destinés ii renverser
la république étaient nuis par un seul
lioninie... le baron de llalz. Pour
rcxéculion de l'entreprise , ce Cali-
R\T ïiA^T Sot
tiiui modernes tenait ses conférences silûl (|tio l'on put f.iire împrîiiier ,
soiTi't.'s dans un lien (K- j>lais,incc' .iji- l^i'z pnlilia nn l'cril ({ni réfiila Ici
\)c\é Vh\'mif<iii(' (/<! C/hirofific , \i\\x faMt's odieuses du raj)portcur Jilic
portos do l*aiis. De là parlait la cor- liacoslc. A la suite des événements
respon lance a\oc les a<^cnt.s éloi- de vendémiaire an iv (octol)re i 795),
j;nés. Bat/. , continue le rapporteur, il fut arrêté connue ayant (liri;;é plu-
s'élait d'abord entoure i\cs jiriuces sieurs des sections de Paris (pii
de Uolian - Iloclieforl , d'> Saint- avaient pris les armes contre la con-
]\laurice et de iMarsan , etc. Le vention , et il s'évada de la j)rison du
c!iet" de la conspiration avait pensé IMessis.Tallien réveilla l'alleiilion sur
(ju'il ne sulTisalt pas d'y voir des per- lui, dans la séance du conseil des
sonna^^'es dont le nom était une ::^aran- cln(|-cents , le 9 juin 1796, en dé-
lie de leur zèle et de l/ur dévouement, iioncaîit rexislence d'une conspira-
il avait cru (j'-i'un des moyens d'assu- lion « non moins dangereuse qu'au-
rer le suecès était de s'attacher des cime de celles sous lesquelles la
convcnllonneîs coiiu'.is par leur jaco- répul)li([ue avait été a la veille de
l)inisnic, cl pour qui rien n'était sa- succomber, elondulle, disait-il, par
cré , pourvu (proii put .salisfiire leur un baron de F>alz , poursuivi a juste
avidité. Il avait choisi Danton, La- litre, échappé par miracle, el (pii
croix, Razire, Chabot et autres, dont dispose de la po'icc de Paris, m j^e
la cupidité était conn-ie , el (pi'il fal- lendemain , le ministre (Cnclion) vint
sait agir diversement pour mieux par- démentir celte assertion de Tallien ^
venir à son but; enfin, Ladmiral et il dé.lara que, loin d'avoir jamais
Cécilellenaud,étaicntlesiu'lrumenls employé P>alz , il avait au cou-
dnnl Pétranger s'était servi pour en- traire donné plusieurs fois l'ordre
foncer les poi^niards. Rien n'était plus de Parrèler. Mais le baron s'était
facile que (racheter ces vils intri- d^'jK mis l'.ors de leurs atteintes en
ganls, CCS as asslns , puisque P)atz et sortant de France. Rentré , ainsi
ses conpllces réuni saicnt environ que presijue tous les émigrés, pen-
viugt millions , etc. « A la suite de (lant le gouvernement consulaire ,
cet absurde et incohérent rapport , il fui signalé de nouveau comme
les malheureux qui y sont noinuiés, agent de la maison de Bourboii* il
au nond)redesoixante,dontla plupart cal l'adresse d'ccliapper h toutes
étaient lout-a-fail inconnus a lîalz , les surveillances: enfin, Penlraî-
j)orlèrcnlleurstélessur!'échalaud5 lui nement général vers un autre but
seul parvint a se soustraire h la mort, lui prouva l'inutililé de ses eftorls, et
bien (pi'il ne fût point sorti de Paris le ministre de la jHjlice, Fouché ,
])endaut le régiaic de la terreur. Celte sollicilé par Rogiiaull de Saint-Je ui-
(ircoastance, dit un écrivain, a donné d'Angély, ancien ami de Ualz, lui
lieu aux plus fàcheu-ies iii-.inualions; promit sécurité pourvu ([ull ne je
mais il reconnaît (pi'on ne peut V njoii- mèlàl plus d'aiîaires p diiicpies. 1)^-
ter loi depuisla pubhcalion des pièc(;s piis son retour eu France, il vécit
aulhenli paes déjà citées, et fpii dé- daas Topulence que lui donnait sa for-
iiionlreiil la chale'.'.r avec latpielle le lune héréditaire. A ia restauration,
baron de lîatz fut poursuivi par les il fut nommé maréchal-dec.imp et
comités et le prix qu'ils promirent a chevdier de l'ordre de Saint-Louis ;
qui leur livrerait sa personne. Ans- en loi 7 , on lui donna le coniraaii-
3oa
BAT
dément du Cantal et il s'en démit
rannée suivante. Retiré dans sa terre
de Chaclleu , près de Clerraont (Puy-
de-Dorae) , il y mourut d'une attaque
d'apoplexie , le I 0 janvier 1822. Le
baron de Batz était fort instruit et
ami des lettres. Il avait le projet d'é-
crire l'histoire des guerres de re-
ligion dans le XYll*" siècle , et il
f)rétendail avoir trouve la preuve que
e parti protestant avait eu le projet
de faire passer la couronne de France
5ur la tèle d'un prince de la maison
de Brunswick. Singulièrement actif,
intrépide et fécond en ressources,
Batz devait prendre une grande part
aux événements politiques de son
temps. Sil n'eut pas plus d'in-
fluence, c'est qu'il ne fut que rare-
ment secondé par ceux qui s'étaient
liés avec lui, et que la frayeur lessais-
sissait au moment décisif. Enfin ,
sans lui donner autant d'importance
qu'Elie Lacoste lui en donne dans sou
rapport, il sulïit de lire les injonc-
tions pressantes et réitérées des comi-
tés à Fouauier-Tainville, pour le re-
chercher etle faire arrêter par tous les
moyens et a tout prix (000,000 fr.),
et l'on sera convaincu des vives et
conliiuielles alarmes que cet homme
seul inspira h ceux mêmes qui fai-
saient lrend)ler toute la France. — Le
baron de liai/, a puMié : 1" Cahiers
de (ordre de la noblesse du pays
et duché d' Alhrety dans les séné-
chaussées de CosU'ljaloux , Cas-
telinoron , ]Sérac et Tartas , en
1789, Paris, iiiio,iii-8" de 46 pa-
ges. Celle brochure n't-sl guère com-
posée (jue de pièces émanées de Tédi-
l( ur. 2" JjU conjuration tic JJalz,
ou In journée des soixante , lyyj,
in-8" de 100 paires, sans nom de
ville ni (riinprimeur. L'iuileur ay.int
été obligé de se tacher htrsque dis
feuilles éiaicnt déjii livrées à 1 iui-
BAU
pression , un éditeur a terminé l'écrit
sur des fragments laissés par le pre-
mier. Il a composé : I. JJe lajournée
appelée des sections de Paris , ou
des 12 (?< l3 vendémiaire an iv
(octobre 1795)5 l'auteur en avait été
l'un des principaux moteurs. Cet écrit,
inédit , a été, par erreur , confondu
avec le précédent. II. Histoire delà
maison de France et de son ori-
gine ; du royaume et de la prin-
cipauté de JSeustrie, Paris , i 8 1 5 ,
iu-S" de 80 pages, y compris l'épître
dédicatoire. Tiré seulement a douze
exemplaires en grand papier vélin.
Ce n'est que liutroduclion de l'His-
toire : ce Quoique le texte de l'ouvrage,
dit l'auteur , soit composé , il a be-
soin encored'ètre soigneusement revu
avant d'être livré au public. » Nous
avons sujet de croire que cet ouvrage
n'existe plus. Un écrivain ayant pré-
tendu qu'aucune tentative n'avait été
faite pour sauver Louis XVI , le 21
janvier , l'auteur de cet article a pu-
blié L'ombre du baron de Batz a
M. P.... de M....; i853, in-8**,
écrit dans lequel il a réimprimé les
pièces déposées au tribunal révolu-
tionnaire , et qui est resté sans ré-
ponse. E — R — D.
«AUDOCIIE (les) , fa-
mille entièrement éteinte aujourd'hui,
était uue des plus illustres du pavs
messin. Tant (jue Metz se gouverna
par ses propres lois, les Baudoche
occupèrent les premières charges de
la réj)ubliijue. Quatorze indiviilus ilu
même nom iiireul élevés a la diiinilé
de maître-échevin, place émiueute ,
puis(pie dans les négociations, ce ma-
gistral traitait d égal à égal avec les
souverains. Le premier maîlrc-ét lu-
vin du nom de Baudoche est ISiicolc,
élu en I 5 I 5. Les au Ires le ileviureul
successivement de 1 54o il 1 549 ^'^"~
sieurs Baudoche furent réélus dillé-
nwi BA.U :îo3
renies fois: Rohcrl , pir {'xrmplt', cii a ccpriidinl conserve le cliœnr, cl
(li'n\ii'r ni.ulrc - c{:l)c\ in de sa («i- I inia;M' dti londali'ur s'y voit cncoi(.'
mille, a rempli ces fondions (1<mix pciiilc sur des vitraux (|ni h; disjjn-
annJes de snilc, eu i:v4(; et i55o, Icnl en éclal ii ceux (Je la cathédrale
ce (pii élail l'orl rare. François de ALiz. }] — n.
Bandoclie , sei<;neiir de iMoiilius , ï^ AU DO T ( l'itnRE-Louis ) ,
<pii avait été maîlre-éclievinen i544., archéologue, jhKpiit en i 76011 Dijon,
as.sislaaux assises de NancN en i556. II avait a peine termine ses cours,
II passait pour un fort habile diplo- lorscprcn 1781, ilsnccéda ii son père
maie. C'est prohahlemont le même (i) dans la charge de suhslllul du
(jiii avait, en i^jr>, le titre de séné- procureur-général au parlement de
chai de Lorraine. — Un autre 1ÎA.U- Bourgogne. Désirant perfectionner
nocuE ( Frdurois) y profondément ses connaissances, il vînt a Paris, sV
insîniil, se trouvait, h la mèmeépo- fil inscrire au tableau des avocats, et
<pie , al)l)é de Saint-Svmphoricn de liarlagea son temps entre l'élude de
Melz. En général, la maison lîaudo- la jurisprudence et celle de la nu-
chc s'est p'us distinguée dans les ar- mismatitp.ie. Ses talents lui méritè-
mes que dans les sciences et les reni l'alfectiuii de plusieurs personnes
lettres. La constitution essentielle- distinguées; mais, la révolution ayant
ment militaire de la ville de Metz bientôt dispersé tousses amis, il se
rendait le métier de la guerre obli- hàla de revenir en Bourgogne, et se
galoire a quiconque voulait parvenir retira dans 'sou domains de Paguy-
aux emplois publics. Le nom de Bau- sous-le-Chàteau, où il vécut dix ans,
dochc ligure dans la plupart des avec sa Camille , ses médailles et ses
grandes expédilions du moyen âge. livres. Nommé membre du conseil-
Pendant plus de trois siècles, on vit général du. département de la Cote-
(\es Bandoclie guerroyer en Pales- d'Or, dès sa création, ses fréquents
tine, en Allemagne , en France, en royages a Dijon lui permirent de re-
Lorraine. Ils commandèrent plu- nouer d'anciennes liaisons , et d'en
sieurs fois les armées de la républi- former de nouvelles avec les person-
(jue messine ou de ses alliés, firent nés qui partageaient ses goûts stu-
le siège d'un grand nombre de forte- dieux; et il lut bientôt élu corres-
resses , et acquirent une réputation pondant de l'académie de celte ville,
de bravoure miritée. Leur parlici- Deux cUsserLntioîis qu'il publia
pation aux affaires cessa du moment dans le 3Iagasi;i cncy'clopétliquCj
que la France se fût emparée de la l'une en 1808, sur une mcdaille
ville. On craignait l'esprit d'indépeii- impériale du XIIF siècle- l'autr,-,
(lance républicaine propre a cette fa- en 1809, sur un grand ^ceri^^ du
]uille , l'influence qu'elle pouvait XVF s'ècle, qui porte le nom d'un
exercer sur les masses, et Ton cessa roi de laBazoche (2), devinrent l'oc-
de l'admeilre a la direction du pou- casion de querelles très -vives qu'il
voir. On ne doit pas oublier que ce eut a soutenir contre Girault , son
fut Claude Baudoche, seigneur de confrère à Tacadémie de Dijon ( /^.
Sainle-Barbe-lès-]\Ietz, qui construi- —^ ■
_;i ,1„ -, I • --ri (i) Hiuddt a public l'éloge de sou pi-rii sons
Sit de ses deniers, en ID26, la ma- cc\it.e : N.ùd lu.lorùiue\ur Ben.Jne-JéZe
gnifituie église (lue le marteau de Bau./.i. lu-s" de n i>p.
l'- _^,^„„ 'il n (2) r.c scem singulier fuit parlîe du musée de
1 Ignorance Vient de renverser. On k ViUc de Besançon. ^
3o4 ÈAU BAÙ
X. Girault, au Supp.). Dans ces à\i- Champs-Elysées, Paris, 1 8 t i , in-
CussionSjOiiBaucIol eut d'ailleurs pour 8°. C'est un examen critique des dif-
lui l'opinion de Mlllin et d'aulres fércnls ouvrages publiés sur les anti-
juges compétents, il mit autant de quitc's d'Autun. IV. Dialogue aux
modération et de politesse que son Champs-Elysées , pour servir de
adversaire mit d'aigreur et d'opi- suite a l'Eloge de Devosges, Besan-
iiiàlrelé; et, malgré les provocations cou, i8i3 , in-8° [K. Devosges,
de Girault, il se montra toujours prêt XI, 268). V. Lettre à M. Girault^
h, se réconcilier avec un homme dont pour servir du supplément à ses
il estimait l'érudition. Baudot mourut Essais historiques et biogj^aphiques
à ?ao;ny. le 4- mars 1816, a l'âge de sur Dijon , ibid., i8i5, in- 12.
56 ans. Il possédait une bibliothèque Quelques curieuxconservenl les opus-
riche en niamiscrils relatifs à Tliis- cules de Baudot, en 2 vol. iu-8". Il
tolre de Bourgogne, et un cabinet avait fait Imprimer en 1810, pour le
d'antiquités et de médailles décou- premier volume, un frontispice suivi
vertes en partie dans celte province, d'une lettre a ses amis , de la table
Outre de nombreux mémoires insérés des mémoires dont le volume devait
dans le Magasin encyclopédique se composer, et d'un errata conleucint
de 1808 a i8i4-î et dont il faisait des corrections et des additions, et
tirer a part des exemplaires pour les enfin une table alphabétique des nwi-
dislrihuer a ses amis, Baudot n'a pu- tières qu'on doit trouver a la fin du
blié que des opuscules d'un intérêt volume. — Baudot ( François ) ,
purement local. BI. Amanlon en a dune autre famille que le précédent,
donné la liste exacte dans la France est auteur de Lettres en forme de
littéraire Ae M. Quérard , I, 219. r/mt'/7rt//V;//5 sur l'ancienne Bibracle
On se contentera d'indiquer ici les et sur Tovigine de la ville de Dijon ,
plus imporlanis : I. iiVog-e ///.s7o//- lyio, in-12, t'ig. , petit vol. très-
qtie de C abbé Boidlenùcr , qui fut rare. Il élail l'ami de La Monnoyeel
réellement l'un des coopéraleurs de du P. Oudin. Après avoir icmpli la
la nouvelle édilion de la Biblioth. charge de maîlre des comptes el celle
Iiistoi-. de la France, mais c'est à de maire de Dijon, il mourut en cette
tort qne Baudot lui fait honneur d'à- ville, le 4 avril 17 11, h l'âge de 75
voir conçu le projet et le plan de ce ans. Papillon lui a consacré une no-
grand travail, qui apparliiiinenl ex- tice dans \à JUbL de Bourgogne,
clusivcmenf KFcvret de FonIelle(/''^. I, i5. W — s.
ce nom, XIV, 471)- Nous saisissons lîAl'îlOnX \ ,i\\\h' Déhon-
avec empressement cette occasion de ntu'i'c, VI'' comte de Flandre, gou-
reclifier une erreur dans l.Kjnelle Ban- verna ce! état dtqnils l'an io34 jus-
dot nousavall enlraînés(/t>j. Boll- qu a 1067. Il prenait le litre de
tEMiER, V, 337). II. liccherclus prince, de marquis et de comte, el
sur les monntùes et les tnédailtr.f dans ses lettres de (ondalion de 1 e-
a/icirnneSj t/ouvées à diJJ'ércnlcs glise de Sl-Pieire de 1 ille (io66),
t'/xtques dans le département de il ajoiile a ces litres, celui de lulenr
la C(Ue-d'Or, Dijon, 1809, in 8". de rhllippe P'", lolde France, el di'
}]}. Dialogue entre les Jiouig(/i- régent de son royaume (i). 11 avait
gnons , Ednu'-Tlionuis-Franeois ^_______________
Vasumot et Ch. Houllemier , tni.V (')^V" /'«/Jn'nus, Flimtli«iiùum lomes, mar-
BA.IJ BAU
ÔOlt
cj)uusc Atlclc, lillc de iiiilicii , roi ( rciiscr jioiii si'p.ircr la Flandre de
de France; une de ses lilles, I.i ce- l'Arlois. \m paix fui roncliic au coji-
lèhre IMallillde , d«\iut la leinnie de grèsdcColuj^iie en i of) y. L'empereur
(Juillaiinie le (]on(pu'raMl (io5o). coiidrnia au coinle Haudouinlesdona-
(^)uel'pies (lettrés de narenlé indispo- lions, iailes a son père, de la ville de
sèrcnl le pape iVicolas 11 contre ce Vaieiicicnnes, du cliàleau de Gand ,
inaria<:;e, et loule la Normandie lui d'Alosl eldes ciu(j îles de la Zélaudc.
mise en iuterdil. Iluliu, Home accor- Le 'rournaisis, sépare de la Tlaudre,
da la dispense, moyennant la fonda- fui donné a Ikudouin de Mons, fils
lion de deux monastères; et de la du comte cl sou successeur. Lji sy-
l'orii^ine de l'ahbaye de Sl-Klicnne nodc approuva le mariage de Uichilde
et celle de la Trinité, a Caen. lîan- etliulerdil fui levé. Baudouin avait
douin avait pris part h la guerre (pic la réputation d'un prince sage, ferme
les seigneurs des Pajs-liat> firent h. et prudent. Après la mort de Henri
rempcreur Frédéric , qu'ils assiégé- V , roi de France , son beau-frère
reut dans Anvers (io48). Après la (1060), il fui cbargé delà lulcllo
mort du comte dcllainaut (Ilcnnan), de Philippe, son lils, et de l'adminis-
il entra les armes a la main dausccttu Iratiou du royaume. Il fui préféré à
province, assiégea dans Mons la veuve la reine Anne, qui était étrangère et
du comte (Uichilde), qui avait refusé sans beaucoup d'estime, et au duc de
la main (leson fils (Baudouin de Mons), Bourgogne, (jui avait lui-même pré-
s'cmpara de la ville et de la prin- tendu a la couronne et que Ton regar-
ccssc, fit célébrer le mariage qu'il daitcorarae trop puissant. Le choix de
avait résolu pour agrandir ses états , Baudouin, généralement applaudi, fut
cl alors fut faite l'union du Ilainaut justifié par les actes de sa régence :
et de la Flandre ( io5i ) , malgré il prit alors le titre de 7narqiiis de
Fexcommunication lancée par Lié- France. Les Gascons avaient refusé
bert , évèque de Cambrai. Le Hai- de reconnaître sou autorité : il leva
liant était un ficf de l'empire : Henri une grande armée, marcha avec Guil-
ly, irrité contre Baudouin, convoqua laume, son gendre, contre la Guienne,
une diète a Aix-la-Chapelle, marcha s'empara de toutes les places fortes,
vers la Flandre , passa l'Escaut et fit punir les chefs de la sédition, sou-
ravagea le pays. Ldle lui ouvrit ses niil tout le pays, et par son énergique
portes, et un grand nombre d'habi- sagesse, empêcha tout aulre soulève-
tanls furent passés au fil de l'épée. ment. Les rois de France avaient
Lambert , capitaine des gardes de beaucoup de vassaux, mais le do-
Baudouin, et quicomniandaituucorps maine de la couronne était bien ré-
de Flamands, fut vaincu, pris et mis tréci. Le Gàtiuaisy fut réuni (i 062)
a mort. D'autres seigneurs, parti- par l'habile politique du régent
sans du comte , s'étaient renfermés QulI([ucs années plus tard (1066)
dans Tournai : Henri les assiégea et s'accomplit un des plus grands évè-
les fil prisonniers. Enfin, Baudouiune ncments de l'histoire moderne, la
trouva d'autre moyen de résistance et conquèle de rAngleterre par les Nor-
de salut que dans le retranchement niands. Ouelqueshistoriensontavancé
dit le fossé neuf, qu'il avait fait que B;uidouin avait accompagné Gnil-
T. Zr^- '■ 7- '■ '■ ■ laume dans son expédition, mais il se
procurutor cl Oacuiu^. contcnla, ot c clait deja trop peul-
LVll. 20
3o6
BA.U
être, d'aider son gendre de ses Fla-
mauds et de ses trésors. Le roi
Philippe adressa des reproches au
régent : il avait compris, tout jeune
qu'il était, ce qu'il aurait a craindre
d'un vassal couronné, devenu si puis-
sant. Si la conduite du régent fut une
faute en politique, c'est la seule que
rhisloire lui ait reprochée. Il ne sur-
vécut pas long-temps a celte révolu-
tion mémorable, dont on peut croire
qu'il n'avait pas prévu le succès. Il
mourut l'année suivante ( i^^ sep-
tembre 1067), regretté de la France
et de son pupille qui n'avait alors que
3uinze ans 5 et , quoique l'ancienne loi
u royaume fixât la majorité des rois
k vingt-un ans, un autre régent ne
fut pas nommé. Le jeune prince prit
les rênes du gouvernement : les actes
cessèrent d'être datés des années de
la régence, et le sceau du roi fut
substitué h celui du sage modérateur.
Le tombeau de Baudouin fut placé a
Lille, dans l'église de Saint-Pierre ,
au milieu du chœur. Il venait de fon-
der cette'églisc , et il y avait élal)li
un chapitre composé de quarante cha-
noines, dont deux évêqucs, huit prê-
tres, dix diacres, dix sous-diacres et
dix acolytes. L'église fut consacrée
le 2 août 1066, en pre'sence du roi
Philippel". Baudouin, suiAantl'es-
i)rit de ce temps, avait aussi fondé en
io63, l'abbaye d'Anchin et le chapi-
tre d'IIarlebeck j en io6^, le cha-
pitre d'Aire. 11 avait rapporlé îi Lille,
et donné a l'église de St-Plerre, le
brasde Si Macaire.Marcliautiusnous
a conservé 'les dcrnirres paroles qui
furent adressées par Baudouin h ce-
lui de ses fds qui allait lui succéder ,
paroles (|ui ont([uel(jue rapport a\ec
la sublime Inslruclion (jue Si Louis
moiirant donna depuis (1270) H sou
fils rhillnpe le Hardi ; « Celui-là est
« iiMiivais 'old.il, (Mil s'iil son ( nq)e-
BAU
« reur en pleurant : je meurs, mon
«fils, je quitte la prison de ce corps,
te Craignez Dieu., aimez la France j
te laissez punir les autres : donnez les
(c récompenses; aimez la paix et épar-
tt gnez le sang des autres comme le
te vôtre. » Adèle, veuve de Baudouin,
alla en Italie , prit le voile reli-
gieux h Rome , et revint fonder l'ab-
baye de Messines en Flandre , où
elle mourut l'an 1079. Y — ve.
BAUDOUIIV D'AVESXES,
sire de Beaumont, frère de Jean,
comte de Hainaut, et second fils
de Marguerite , comtesse de Hai-
naut et de Flandre, florissait vers
l'an 1289 , époque à laquelle il ter-
mine sa chronique ou histoire gé-
néalogique des princes dont il des-
cendait. C'est de cet ouvrage qu'En-
guerrand de Coucy , dit le Grand ,
lira le lignage de Coucy et de
Dreux, qu'il continua jusqu'en i5o3.
Il y fait en ces termes Péloge de
Baudouin : // fut lî ungs des plus
saiges chevaliers de sens natu^
rcl qui fus t en son temps y bien
que moult petit et menu. Un autre
extrait contenant la généalogie des
comtes de Flandre a été publié par
D. Luc d'Achery, t. 111 de son
Spicilegium_,ip. 1286-297. Enfin la
chroni(jue entière, qui cxislait autre-
fois à Paris dans la bibliothèque
d'André du Chesne, et qui était pas-
sée à Bruxelles dans celle des Clilf-
fltl , fut mlso au jour avec des notes
par le baron J. Le Roy, Anvers,
1693 , in-fol. , 57 p. Ou conserve,
dans (|uel(jues bll)liulhèi|ues , des
excm|)!aires français de celle chroni-
que plus amples (|ue les manuscrits
latins, mais Le Rov croit (|ue ces
derniers représenleni le vérilable ori-
ginal. Bauilouin mourut en 1 1:89 »
suivant .son épllapho. Il a\ail épousé
l'i'lii ilc de Cuury , pclilc.-lille de
lîAU BAU 3o7
R.ioiil, srij^nriir de ce lieu. R-F-c. cloiiiic au |)iil)Iic : i'' Klrenna; de
ItArnKAIS (Ji;a\), na(|nil K Po/yinnu- ^ Choix (Ut c/uinao/is ,
'l'ours le I ., aoul i ;.»(;. Vciin il l'aris nf/nu/ircs et V(iii(l('%>illcs , avec des
il l'àf^c de vlnj;! ans, sou goût pour l€S airs iiolo.s , 5 vol. in-ïS, lySB-
Icllrcs l'y fixa cl il s'y maria. J.a 89. 2'' Essais sur l\)rii;ine cl les
n.iissancc du Dauphin , eu I 781 , lui progrès de Vnrl dranuilique en
inspira \ Allégresse villageoise^ Fiance : De la Tragédie^ 3 vol.
di\frlisMnicul eu un acle, mêle de in-i8 , i79i. ]-<casuilo do ce tra-
clianls cl de danses, et en lySS il vail n'a point paru. — La révolulioa
donna, il l'occasion de la paix, Le dont il fut l'un des premiers et l'un
dieu Mars désarmé, alléijorie eu ^i2S plus chauds partisans, et l'éini-
un acte et en vers libres. Il avait gralion d'un grand nombre de ses
pulilié , eu 1782, une espèce de souscripteurs , lui firent abandonner
poème héro"i-comi(pie eu vers de dix la carrière qu'il avait parcourue
syllabes, intitulé : La J^anifr ùo?i/ie avec autant d'utilité que d'agrément,
// qucUjue chose ^ on les mots pas pour ne plus s'occuper que de dis-
moins employés utilement. Aupa- cdssions politiques. Il fréquenta les
ravant, il avait composé plusieurs clubs , fut admis dans celui des
autres ouvrages dramati([ucs tant en Jacobins , et chargé de divers cm-
vcrs (pi'en prose, dont quehjues-uusfu- plois publics. Devenu membre de
rcnt reçus il différens théâtres et sont la commune, dite du 10 août, il
restés inédits,* enfin, un grand nom- se trouvait au Temple et présidait
brc de morceaux en prose et de pièces les douze municipaux qui jetaient en
de vers insérés dans des recueils au- fonctions le 21 janvier lypS. C'est
nuels. Ensuite Beaudrais se fit con- en cette qualité que Baudrais , et non
naître comme éditeur, avec Leprince d'autres, reçut le testament de
(^oj>'. cenom, auSupp.),quienavait Louis XVI, et qu'il le contre-signa
obtenu le privilège, de la Pe//7e jBf- avant de le transmettre a la com-
bliothèijue des théâtres. Il s'occupa munc. Il y envoya également les isS
presque seul de cette collection , la louis en or trouvés dans le secrétaire
première qui ait été entreprise en ce de ce prince après sa mort ,* et en
genre 5 elle devait contenir toutes les 181 7 , il justifia aux héritiers de
pièces restées à la scène tragique , M. de Malesherbes , qui les récla-
coraique et lyri({ue , avec les por- maicnt de lui , que , d'après une
traits et des notices sur les auteurs , délibération prise par le conseil , le
des jugements et des anecdotes sur même jour, cette somme avait été
chaque ouvrage , et enfin un calalo- remise au secrétaire-greffier de la
gue analytique de toutes les autres commune. Sous le régime de la ter-
pièces de ces auteurs non admises : ,,, , _,, ;
•j I>M 1* i ' 11 veaux lUies, \^ona.n\. : Uiejsd œuvre dramaliques
dans cette l>ll)llOtUeque. Il en parut de, etc. cette nouvelle cplleclion formait r<cl-
Soixante-doUZe volumes iu-I 8 dans le '"?' "^ "? volumes, y compris uu recueil en 7
^ ^ ^ volumes des mciMeurcs pièces des petits spec-
COUrS des années iy85 a 1790(1) tacles qui avait terminé \a Petite Hiùliolitvquc ,
Pour le romnléter Haildraîs avait «"^ 1791 ; mais, h. première année de ce dernier
rour le compléter , DauaraiS avait ouvrage étant épuisée , on n'avait pas pu la
~ diviser, ni la faire entrer dans les Chefsd'ueurra
(i) Barbier dit qu'il parut environ loo dramatiqu/s. la Petite Ribliolhèqnc même n'a
\oltunes de cet onvra;:e : vniti l.i r.iuse de son pas été ciitirmiuiit terminée , et l'on n'y trouve
.rrcnr. Un grand nombre d'cxemplaiivs, restés à aucune i)i«{e de Hautcroche , Legrand , Du-
1 • iliitur ou acauis par uu autre libraire , furtat fresny , Dancourt , La Grange-CIiancel, LaCbaus-
iiiorceiùs et publics séparément avec de nou- »ée, Dorât, Barlhe, etc. A t.
20.
3o8 BAU BaU
rcur, Baudrais fui TiiQ des municipaux fait proclamer empereur, Baudrais
chargés de l'admimslralioa de la pu- ne voulant point lui prêter ser-
licejil fut dénoncé au conseil-géné- ment, donna sa démission de tou-
ral , comme trop facile pour les yo- tes ses fonctions, et se relira aux
lies solliciteuses. Mais ce ne lut Elals-Unis, oii il vécut pendant treize
pas pour s'èlre monhé moins se- ans du travail de ses mains. 11 y
vère que sts collègues envers les jo- aclieva un poème qu'il avait cora-
Jies solliciteuses ({u'il se vit destitué : raencé aParispenclautsa détention et
ce fut pour avoir dit devant eux que, continué durant ses voyages, sous ce
s'il avait été appelé a juger Louis \\\v& : Mon testament de mort , (m
WJ, il Taurait condamné a la dé- Poème sur moi^ avec des noies. Lu
portalion et non à la peine de mort, manuscrit devenu très-volumineux a
Il avait piildié un écrit pour justifier été égaré, par fragments, etn' est point
celte opinion } mais il fui incarcéré a regretter. Dix ans après son séjour
et il allait cire transféré a la Concicr- à INcw-York , Baudrais j vit arriver
gerie pour paraître devant le tri- Pvegnault de Saint- Jean-d'Angély ,
hunal révolutionnaire, lorsque la ca- Béai et d'autres anciens révolulion-
laslroplie de Robespierre le sauva naires, avec lesquels il avait été iuti-
d'une condamnaliouccrtaiue. Quelque mcment lié , et qui, déchus de leurs
temps après il fut nommé juge-de-paix grandeurs éphémères , étaient nantis
delà section de la Halle aux Blés (2) ; d'uue fortune plus ou moins cousii'.é-
f)uis , il (juitta ces fonctions pour al- rahle. Quoique déjà vieux et n'espé-
er a la Guadeloupe remplir celles rant guère èlre plus heureux eu
de juge civil , criminel et d'appel en France qu'en Amérique, il désira
matières commerci.ilcs j il y inrriva en de revoir sa paU ie, et vint à Paris, en
^797* Qu'on juge de sa surprise lors- 1817 , donner un démenti aux jour-
{\\\\\. i5oo lieues de Paris, cl n'é- naux et aux biographes qui, Ironipés
lanl pas sorti de l'i'e depuis trois ans, par (juelque ressemblance de nom, af-
il se vit compris au nombre des 175 firmaient qu'il était mort avec d'autres
(lue Bonaparte , après l'explosion do personnes, dès le 5 nivôse (1800). Il
la machine infernale , du 5 nivôse y revit quelques-uns de ses anciens
(24 nov. t8oo), proscrivit en masse collèguescjui, ayant prêté tous les ser-
ct condamna sans aucun examen à menis, étaient parvenus à de hauts
la déportation comme complices de cnq)l()is et se montraient chamarrésde
cet attentat. Malgré ses réclamations, cordons, que les Bourbons av aient ga-
P»audrais fut déporté li Caycnne ; rautis cl même augmentes. Baudrais
néanmoins , on l'y nomma grt Iher du se résigna, sollicita et obtint pour lui
Iributjal, notaire, el il fut en outre son aduiissiondans Thospice des vcil-
chargé de la tenue des registres de Inrds ii P)icètre, tandis (pie sa femme
l'état ciril. Mai-s Bonaparte s'élant était égalcmenl admise dans une au-
, Ire M.aison. Cette séparation d'a\ec
>r) n«frrny dft Rii;;iiy , <iit k rmtsin Jacques , celle (lui , pcudaut plus de cinquautc
H.ins .1011 t)irt. uvolo^iijitv lies hoiumn i-( iJr.t V ' \
r/.o,r*. dont la |)nl)linilioii f.ilron.menc.V vl «'"'<> l.lVail aCCOUqiagUe (laUS sa
hirnt.u firrrtrr sons h- .onsiiint (.111 viii). se bonne couiuie (laus sa uiauvaise for-
horiif! h «Iji-f! (|in< Uniulr.iis fui tiommc de U'Hies ,
iFiiriir II iiiir i|ni' iiiiii(.ir,iii (iii ii'iinnir uc iv.iif.t , ri* II'
n,tm,witrr,l,nr tir pofirt v,ni HofH-xpwrrr , rtuitHe ^^UC , lut la CirCOUSlaUCC la plUS pC"
10 «nrli. ^,'rô niblc de sa vic. 1 1 se lia daussou asilt
fntmifinii, n il*' ■ *
v_v«. avec quehjues hllcraleurs aussi in-
j "^r.i,: pair; ri j\ nj..ui.., „ On'ii ,,,0 «nriu- ^,'rô ^iblc de sa vic. H se lia daussouasilc
• «le II m ji.is duc daviinlagi'. J\<m'i liominnn, n
BAU
forliiiu's (iiio lui, ri y il ol'lml un
ju'lit emploi , ce (|iu amclior.i .son
.sort. Aussi con.slant dans ses o])i-
iiiiMis , (|Ui' niodiTi' (Inns ses di'sirs,
li.iuilr.iis , alUiiil du ciioléra dans la
»jiialrc-vin;;l-troisiiiiic aiinoc de son
à"e, lorniiiia son avenlurruse carrir-
rc le 4 mai liKîa. K — k — d.
IJATDUAX (Mathiku), avo-
cal à \ ienne en Daunliiné , avaul
la ré\olulion de 1789 , en adopta
les principes avec l)eaucoiip de cha-
leur, el fui noinine en 1791, ju<:^c au
lril)uual de celle ville, puis vn sep-
lembre 1792, Tun des députés du
déjiarlcnienl de Tlsère a la convcn-
llon nalionaîc. Il vola constamment
dans celle asscml)léc a\ ec le parti le
plus exallé ; el , dans le procès de
Louis XVI , il se pronocca pour la
mort, sans appel cl sanssuriis aTexé-
cution. Dans la journée du 9 thermi-
dor an II (2 7 juillet 179/1.) qui '1'ïi^"'1
la chute de llobespierre, il se rangea
du parti victorieux ; et quelques mois
plus tard, il fui envoyé dans les dé-
partements de l'Ouest, pour y faire
cesser le syslème de terreur. Baudran
mit beaucoup de zèle h celle honorable
mission (1). On lut a la convenlion na-
tionale, dans la séance du 27 germinal
anill (16 avril 1795), une lettre da-
tée de Laval, par larpielle il annon-
rail que 200 soldais de la républi-
(pie avaient mis en fuite i5oo
chouans. Rentré dans le sein de
la convention, et chargé d'instruire
le procès de Carrier, il fit contre
cet homme sanguinaire un rappoit
éncrgicpie. Le sort ne l'ayant pas
désigné pour faire partie du nou-
veau corps législatif après la session
convenlionnelle , il retourna dans sa
pairie , où il fut d'abord l'un des
(1) « Il «tnil d'ahonl tr«s-fxalli-, dit IJcffroy (I<;
R«'iRiiy, innisil mit «le IVmu d.nis «-ou vin. C'cil
un gaUiit boiuiuc.»
nAi;
T.ac)
juges du tribunal. 11 donna ensuite sa
démission , cl reprit sa première
jM-ofessioii d'avocal. Haudran est
mort a Vienne, (M 1012. M — n j.
MUiiDiUoii i^\Li)i:iu(:,
historien du i 1" siècle. Les expres-
sions iirbs nosti'd, uosfnt ('cclcsia,
}iosli'(t villa, qu'il emploie en jiarlant
de Cambrai, de la cathédrale de cette
ville et de la terre de Lambres qui
apj)ar tenait au chapitre, font présumer
qu'il était tout a-la-fois citoyen et
chanoine de Cambrai. On pense qu'il
naquit vers 1017. La Biographie
universelle, III, 2 68, a suivi l'erreur
ancienne et vulgaire d'après laquelle
on confondait ce personnage avec un
autre Baudri, évêque de INoyon el de
Tournai au 12" siècle. Ce sont les
Bo'landislesqui, les premiers, ontdé-
trnitcelle opinion, ylcL. Sancloriini
ad clieni ii august., p. 670. Les
auteurs dcV ïlist. litt. delà France y
t. VllI , p. 400, adoptant le senti-
ment des Bollandistes, l'ont fortifié
d'arguments nouveaux et Irrésistibles.
ÎSolre Baudri exerça les fonctions de
secrétaire sous Gérard de Florines,
saint Liébert et Gérard H, tous trois
évèqucs de Cambrai. Au mois de fé-
vrier 1082, il se rendit, dcragrément
de Gérard, a Térouanne , où i) élait
désiré par l'évèque Hubert*, qui le
nommachantre de son éirlise . Baudri
vivait encore en 1094? puisque Re-
naud , archevêque de Reims , lui
adressa une lettre au mois de janvier
de cette année, qui pour nous serait
■1095. Les ouvrages qu'on lui doit
sont : I. V ila S . Gaugerici, cpis-
copi caiJieracensis , insérée dans le
recueil des Bollandistes par Pierre
Yan den Bosch, (jui y a joint un ex-
cellenl commentaire reproduit par J.
Ghescpiière dans les Âcta Saiictor.
Bclgii, t. II , p. 256-270. II.
Chrofiicon cciffieraccnsd et atreha-
3io
BAU
tense. Douai, i6i5, m-\2. Celte
édifion , due aux soins de Georges
Colveneere, docteur en théologie et
professeur a l'université de Douai,
est enricliie de noies historiques,
topographiqiies et philologiques qui
la font rechercher des érudils 5 elle
élait déjà rare au noilieu du 17* siè-
cle. Gilles Boucher , jésuite, mort en
ï665, en préparait une nouvelle,
sans doute d'après le manuscrit de
Sainl-Yaast d'Arras , dont une co-
pie incomplète se trouve encore au-
jourd'hui à la bibliothèque publique
de cette ville. On a imprimé en 1786,
h Cambrai, chez S. Berthoud, une
continualion du Chronicon , sous ce
tilre : Supplementum seu continua-
tio Chrouici cameracensis Balde-
rico adscripti, ah anno MLIV ad
anniim MCXCVI, in-8% de Gi p.
Ce supplément est extrait de la chro-
nique de Lambert Walrclos ( V. ce
nom, L, 2 70), d'un manuscrit de Vau-
celles, des annales de Hainaut par J.
de Guyseetdela clironiquc d'Anchin.
Une nouvelle édition du Chronicon
camet'acense \ienl de paraître _, par
les soins de l'auteur de cet article.
111. C/ironicun înorinense. Cet ou-
vrage, ([ui n'a pas été imprimé, fut
conservé dans les archives de la ca-
tliédraledeTérouannejus'pràl'épotjue
où l'évèque J'hilippc de Luxembourg
l'emporta au Mans : on ne sait ce
«[u'cst devenu ce manuscrit. I^es ou-
vrages de Baudri, et surtout le Cliro-
tùconcantcnicertsc^ sont mis au rang
des bons (h)(:umcnls originaux de
lliislolre (le France. L. G.
BAIDIVILLAIV r ( Jacqdes-
.losr.ru) , .igroniiMii', na(jirila Givron,
en Cliampa^nr, le ::o mai 177/», de
parents cultivateurs. 11 montra des
dispositions précoces poiir léliide, ri
fut admis au rollrge de Hclhel, où il
s'appliqua particulièreiuent aux ma-
BAU
thématiques , à la physique et a la
chimie. Appelé en 1791 dans la gar-
de nationale de Charleville , il partit g
l'année suivante pour l'armée avec le
bataillon des Ardennes, où il devint
quartier-maître. Bientôt il passa dans
Tadministralion militaire et suivit les
armées de Sambre- et-Meuse , de
Mayence , du Danube et du Rhin.
Enfin , il quitta le service en 1801.
Il avait amassé par son économie une
faible somme qu'il plaça et qu'il per-
dit. Cet accident le détermina a sol-
liciter une place dansTadministralion
des forèls. Celte nouvelle carrière
d'ailleurs avait beaucoup d'attrait
pour lui. Il possédait sur l'aménage-
ment des bois des connaissances qu'il
avait encore étendues pendant son
séjour en Allemagne. Il entra d'a-
bord dans cette administration comme
traducteur 5 et, après avoir passé par
différents grades , il devint chef de
division en 1819. Ce ne fut que
d'après l'éloge quelle en entendit
faire, que IVl Lepeinleur de J\Iar-
ciière , d'une ancienne famille de
Normandie , désira l'avoir pour
époux. Il vivait ainsi fort lieureux ,
lorsqu'une nouvelle organisation ad-
ministrative le plaça dans un rang in-
férieur a celui ([u'il occupait depuis
si long-temps. 11 ne put suruionter le
chagrin que lui causa ce coup inat-
tendu. Après avoir langui pendant une
année, il mourut a Paris, le 24. mars
1802. Bjiidrillart était chevalier de
la Léijlon-dllonnour, membre de la
sociélc rovale d'agriculture , i\c' la
société (rciicouragement, de celle de
Saxe-Gotha , et de plusieurs autres
sociétés savantes, fraïKMist's et élraii-
gères. Nous citerons de lui : 1. Amc
AL Doniol : Colhction chronnlo-
p^ifjitc et raisonnéc des nrn'ls (/c la
cour de cassation , en matière
d\tiu,f i'tjbrcts, depuis et compris
Van VU (1793) jusquen 1808,
Paris, 1808, iu-a". 11. Avec 31M.
Doiilol t'I Cli.uilairL" : Annules J'o-
rcslicrcs, (»u\iagc pcri(ull((U(', lor-
iiiaiit, (lo 1808 11 i3i4) 7 ^ol. iii-8",
III. Annuaire forestier , 181 i,
1 8 1 2 , 1 8 i 5 , iii- I '.i- . IV. Mcniuiic
sur la pesanteur spécifique des
ùois, Ole, Paris, 181 5, iii-8". V.
C\)(ie /oresliei'j avec un commeii-
lairc, etc. , oiivra«i^c adoplc par la
(lircclion géuéralc des l'orèls , ibid.,
1827, 2 vol. iii-i2. VI. Traité {gé-
néral des eaux et furc'ts, chasses
etpeclwSy ibid., 182 1-28, 6 vol. in-
4° cl allas. Cet important onvragc
est un recueil de lois et ordonnances
depuis 1219 jusqu'en 1824., avec des
insiruclions, Aqs méthodes de culture.
et des dictionnaires techniques. VU
Code de la pecJiefuviale, avec un
commentaire cl un dictionnaire conte-
nant l'histoire naturelle des poissons,
l'explication des termes de pèche et
de navigation, etc. , ibid., 1829, 2
vol. in-i2 et atlas de 2 3 pi. On a en-
core de Baudrillarl les traductions
suivantes : I. Instruction sur la
culture des buis, Irad. de Tallemand
de L.-G. Hartig, i8o5, in-8°. II.
Expériences physiques sur les
rapports de combustibilité des bois
entre eux, Irad. dn même, 1807 ,
in-i2. III. ISouveau manuel fores-
tier, trad. sur la 4*" édit. de l'ou-
vrage allemand de Burgsdorf, 1808,
2 vol. in-S" avec 29 tig. et labl. ,
piii)lié par ordre du gouvernement.
Baudrillarl a aussi rédige avec Bosc ,
le Dictionnaire de la culture des
arbres et de l' aménagement des
bols, 1821 . faisant partie de VEn-
cyclopédie méthodique. On trouve
dans les Mémoires de la société royale
d'agricullure, année i852, une no-
tice sur Baiidrillartpar M. Silveslre,
secrétaire perpé
BAU
3ii
BAIIDRY DASSOX (An-
toine), gcnlilliomme poitevin, élait
d'une lamille (jul fiji^ure dans les
iradilioiis ral)iilcu.s"s du l)as-l*oiton,
pui.s(pie une de ces Iradilions va jus-
qu'il dire (pi'un guerrier de celle mai-
son tua la diable (i). Antoine élait
riche de son patrimoine, et eniré dans
les ordres, sans cire préire , mx
prieuré considérable ajoutait encore
à son revenu, lorsqu'à 3o ans, il
quitta sa patrie et se retira, en i 647,
a Port-Royal des Champs près Paris.
Par humilité, il se fit le jnétayer des
reli":ieusesetselivràà tousles travaux
de la ferme. A la dispersion de Port-
Roy al ^ en 1662, il alla, avec MM. de
Ste-Marthe et du Cambout de Pont-
Château , se loger dans une maison
du faubourg Saint- Antoine près de
Popincourl, où il mourut en novembre
1668. Son corps fut inhumé a Sle-
Marguerite et son cœur porté h N.-
D. des Champs. On lui attribue divers
on\ra.ges:l.Placetpourlesabbesse,
prieure et religieuses de Poj^t-
Royal^ contre M. V archevêque de
Paris y Paris , i664- H. Lettre
à la sœur JMadeleine de Ste-JSIelti-
de, qui avait signé le formulaire et qui
rétracta sa signature j Paris, 1664.
m. Lettre à lanière Dorothée, mi-
se abbesse de Port-Royal, par 31,
l'archevêque de Paris , en 1 6 6 7 . IV .
Lettre au P. Annat, jésuite y ton-
chant un écrit qui a pour titre: La
bonne fortune des jansénistes , du
I 5 janvier 1667. V. Morale prati-
qie des jésuites y nouv édit., Colo-
gne, i669clann. suiv., 8vol. in-8",
par MM. Baudry d'Asson , de Pont-
Château , de Ste-Marthe , Ant. Ar-
nauld et Varct. F — x — E.
BAUDRY -BASSON ( Ga-
llartoci
éluel.
kT.
(i) U y a , .^ cf sujet , un récit en patois poi-
tevin ayant pour nfr.iiii : Ihrgue so l'aisselle
d'a^snn, Borgne $n l'uis<elU !
3i2 BAU BAil
bbîel), tle la même famille fjiie le aulres prirent la fuite : ce fui la le
précédent , né dans le Poitou vers premier coup de fusil lire dans la
1755 , servit quelque temps dans un Vendée. Parvenusa Chàtillonilesin-
régimcnt d'infanterie , où il parvint surgésbriilèrentlespapiersdudislrict
au grade de capitaine. Il se relira S'élant ensuite perlés sur Bressuire,
ensuite dans sa terre de Bracliien , non ils furent tout élounés d'y rencontrer
loin des bords de la Sèvrc-rSaû taise , une vive résistance : les gardes ualio-
entre la Chàteigneraie et la Forêt- nales de Thouars et d'Airvault et les
sur-Sèvre. D'un caractère violent et liabitants de la ville s'opposèrent à
vicieux, il avait diminué de beaucoup l'entrée du rassemblement, qui revint
sa fortune, et son genre de vie avait plusieurs jours de suite à la charge,
éloigné de lui toute la noblesse du Bressuire était sur le point de suc-
voisinage. Aussi, au commencement comber, lorsque, l'alarme étant deve-
de la révolution, il sembla la voir nue générale dans le parti républicain
arriver avec plaisir, et fut nommé des environs, on dirigea sur ce point
commandant cle la garde nationale lesgardesnationalesdeParthcnay, de
de sa localité j mais lorsqu'il vit où Saint-Maixent, de INiorl, d'Angers, de
l'on en voulait venir, il changea Nantes, de Saumur, de Poitiers, etc.;
brusquement d'opinion et s'entendit elles arrivèrent au moment où les
avec Delouche, maire de Bressuire, patriotes ne pouvaient phis tenir,
pour organiser une insurrection. C'é- Ce fut le 24. août 1792 que Tenga-
tait au mois d'août 1792, et cette gemcnl décisif eut lieu ; le combat ne
levée est la première de la Vendée, fut pas long. Eu vain les insurgés se
Un rassemblement de paysans armés formèrent-ils en colonnes serrées;
de bâtons, de faux et de fusils de mal armés, mal commandés, ils furent
chasse se forma donc dans les pa- bientôt entamés et mis en dérou-
roisses de Moncoutant , la Ronde et te. Ils eurent six cents tués et un
Saint-Marsault a un jour donné, et se grand nombre de blessés 5 la perle
porta à Brachien , où Baudry et des vainqueurs, portée ofticiellcaient
Delouche se trouvaient ; de la on se à soixante morts , fut plus con-
rendit h la Forêt-sur-Sèvre , où Ton sidérable. Des massacres souillèrent
brisa tout ce qui se trouvait dans la cette journée, qui anéantit la pre-
maison d'un patriote. Le plan de mière insurrection vendéenne. Les
marche n'était pas bien arrêté; car, deux chefs parvinrent h se sauver j
arrivé au lieu appelé VOiuUatte, Baudry se tint long-temps caché avec
à l'embranchement des roules de son fils dans nn souterrain creusé tout
Bressuire et de Chàtillon-sur-Sèvre , pris desonpetit manoirléodal. Enlin,
on délibéra long-lenqis sur la roule m mars 1795, après la grande levée
h tenir. Delouche était d'avis de d'armes, il reparut a la tête d'une
marcher surlapremière de ces villes, division cpii se rallia hl'armée du centre
cl Baudry sur la seconde : ce dernier commanilée j)arKoyrau(l,etcoucourut
1 emporta. Le rassend)lenienl arrivé avec elle au brillant fait d'armesde la
au bourg de Rorlhais, y rencontra des Guérinière et aux antres engagements
j'.endarmes (jui voulurent l'enipêelier decettecanipagne. Gabriel Baudry cul
(lavnncer; un niélayer de la Bonde, alors à combattre son propre hère,
nommé Vrignault , excellent tireur, Esprit Baudry, (Jui commandait une
fil feu , tua ini clt'3 gendarmes, cl les division de l'armée républicaine. 11 se
BAU BAU 3i3
lil riisiiil*,' rnii;ir(]ii(n- aii\ halaillcs ilc les. A IN'pofUK' ilc la nouvelle divi-
Luçon, jinssii la Loire el liiiiL par sioii de la France en Héparleuicnls ,
recevoir la niorl en C(»niliallanl à il fui nomme procurenr-fi^énéral-syn-
rallacjne (lu iNîaiis. Handry élail (1^1» die du Lot ^ el ses compalriolcs nV'ii-
caraclère dur el lorl adonne nu vin , reni (|irh. se loupr de sa courte adml-
inais intrépide el sachant se faire nistralion. 11 prouva siirtoul rnie son
craindre el oliéir ; on le re<^rella espril n'élail pas moins conciliant que
comme un excellent officier d'avant- son carnclèrc était ferme, dans les
«^arde. — Baudrv, fils aîné du préce- (juerelles violentes qui s'élevèrent en-
dent, accompaj!;na son porc dans la tre les calholitjues el les protestants
première insurrection vendéenne, se de Monlauhan, querelles qu'il con-
tint caché jusqu'à la grande prise tri])ua puissamment h apaiser. Mais
d'armes , marcha de nouveau avec les dès ([u'ou exigea des ecclésiastiques le
royalistes el fut lue a l'allaque de serment K la constitution civile du
Saumur. — Baudry d'Asson de Puy- clergé, sa conscience lui imposa le
raveau (N.}, cousin-germain de Ga- devoir de ne pas y concourir , el par
briel, figura dans l'insurreclion du suite il abdiqua ses fondions publi-
lias-Poilou dès le principe, cl finit ques. Ce n'était pas le moyen de se
par être employé comme major-gé- concilier les révolutionnaires qu'il
néral de Tarjnée de Cliarrelle. Il est avait combattus jusque -Ih de lou-
morl postérieurement à la seconde les ses forces. Aussi les frères Ra-
restauration. F — t — e. mel le poursuivirent avec un tel achar-
BAUDUS (Jean - Louis -Ama- nemeut que sa famille et ses amis cru-
BLEde), né à Cahors en 1761, rent devoir l'engager a s'éloigner. Il
d'une famille distinguée do raagistra- mit safcmrae et ses enfants en sûreté;
turc , fil d'une manière brillante ses puis il se rendit a Paris, d'où il alla
éludes dans celte ville , où il exerça joindre l'armée des princes français
la charge d'avocat du roi a la séné- avec laquelle il fil la campagne de
chaussée. En celte qualité il montra 1792. Magistrat, il avait cru néan-
nne grande fermeté d'opposition aux moins devoir suivre l'exemple donné
édits de 1788 qui suscitèrent , dans par la classe de la société k laquelle il
tous les parlements , tant d'enne- appartenait par la naissance. Après
mis aux ministres Bricnne el La- le triste résultat de l'invasion de la
moignon. Le discours prononcé par Champagne, il se retira a Levde : il
lui, h celte occasion , produisit une fut bientôt associé aux rédacteurs de
impression profonde , el le fit man- la Gazette de celte ville 5 et ce journal
der a Versailles pour y être répri- gagna beaucoup h sa coopération. Le
mandé. Plusieurs autres magistrats, régime de la terreur frappa Baudus
qui y avaient été appelés pour la dans la personne de sou père , ancien
même cause, furent retenus, comme lieutenant particulier du sénéchal de
lui , aux arrêts, jusqu'au moment où Cahors , qui périt sur l'échafand , le
l'archevêque de Sens el son collègue 5 judlel 1794-. Comme beaucoup
eurentdonnéleurdémission.Lesmem- d'autres exilés qni éprouvèrent de
bresdu parlemenl de Toulouse Irailè- pareils malheurs , Baudus ne connut
rent Baudus avec une haute dislinc- la perte qu'il venait de faire que par
lion, lors d'un voyage (ju'il fil pour la lecture des journaux. Les progrès
les voir , après sou retour de \crsail- des arnjée^ de la réj^iubliquy française
3i4 BAU BAU
le contraignirent de s'éloigner en {4- sept. 1797), on parvint a faire
lyoD: il erra quelque temps en dif- pénétrer ce journal en France, et
férentes contrées de rAllemagne , même il finit par être réimpri
traversa , par Thiver le plus rude , me a Paris 5 mais après la réaction de
toute la Westphalie , conduisant k cette époque, force fut d'y renoncer;
pied une charrette qui portait une Baudus fut même inscrit sur la liste
dame de ses parentes et deux enfants des journalistes français condamnés a
en bas âge , et il alla s'établir a Al- la déportation. Il n'était heureuse-
tona où, pour se créer une ressource, ment pas sous la main des agents du
il fonda un journal portant le nom de directoire , qui le poursuivirent jus-
cette ville. Le succès qu'il obtint lui qu'à Hambourg , demandant son ex-
donna l'idée de publier un Tableau pulsion au sénat. 11 en fut quitte pour
de la situaiion politique de l'Eu- s'absenter pendant quelques jours,
rope. Ce tableau fut très-goûté, et le bien dédommagé au surplus de cette
fit connaître assez avantageusement persécution par l'intérêt queluitémoi-
pour qu'il se décidât k tirer encore gnèrent ses compatriotes exilés comme
mieux parti de ses talents, en se fixant lui, les ministres étrangers , et les
à Hambourg 5 la révolution avait, pour plus recomraandables parmi les habi-
ainsi dire , rendu cette ville une cité tants du pays. La révolution du 18
française , par la quantité de pros- brumaire ouvrit enfin aux émigrés les
crits qui , étant venus y chercher un portes de leur patrie. Baudus , mal-
asile , y trouvaient la plus généreuse gré le vif désir qu'il avait de se réu-
bospitalité. Dans le mois de janvier nir k sa femme et k ses enfants établis
1796, Baudus mit au jour le pre- en Poitou, ne fut point des premiers
mier numéro du Spectateur du a profiler de la faculté accordée.
Nord y recueil périodique rédigé S'étant exprimé dans son journal
dans le sens le plus favorable k la avec une sévère franchise sur le
cause monarchique ., et cjui bientôt le compte du premier consul, lorsque
signala comme écrivain distingué et celui-ci était général en chct de l'ar-
comme profond publiciste. Léserai- mée d'Italie, il ne voulut rentrer en
grés les plus remarquables par leur France qu'avec Tassurance de n'y être
esprit et leurs connaissances se plu- point recherché pour sa conduite an-
reuf a enricliir de leurs travaux cette térieure , et de pouvoir trouver les
nouvelle publication. Nous citerons moyens de faire vivre une famille
eiilre autres llivarol , de Mcsmon, nombreuse et dont la fortune tout
de Pradl, Charles YiUcrs , Chêne- enlière avait clé engloutie dans les
dollé, etc. Baudus se réserva spé- désastres de la révolution. Ce ne lut
cialement la partie p()lili(|ue. L'es- qu'on i 802 ([u'il obtint sur ces doux
prit de modéraliun qui animait son points la garantie désirée ot ([u'il
coup d'œilj morceau final de chaque revit enfin sa patrie. On ne lui donna
caliier , la finesse de sos aperçus , la que le temps d'aller faire connais-
justesse de ses prévisions, contrl- sauce avec ses enfants qu'il avait lais-
bucrent K donner au Spectateur ses bien jeunes encore et d'embrasser
une grande réputation, et firent leur mère. Il dut repartir imniédia-
TTirmc k son édilonr-propriétairr urio toniont pour Batisbonne, où il était
sorte d'oxistenro diplomatique. Dans nommé rosulont auprès de la Diète,
l'année qui précéda le iti Iruclidor Cette mission lui procura roccasion
hkV
BAU
3i5
de SG rendre iililc à la ville de Ham- fm qu'îi condition que Vliommc qui
bourg, et de rccoiin.iîlr»' ainsi l'hos- recevait celle m.irqnc de confiance ne
pilnlité , les niarcjiios (roslimc cl porterait nas \c litre de p;oiivernciir.
d'allat-lieinenl qu'il y avait reçus. Le L'avenir (lelakinillc de Iiaud»s,(jui
sénal lui écrivit alors dans les termes ne pouvait rien attendre de lui , puis-
les plus honornMes en lui envoyant qu'il ne lui restait licn absolument de
des lettres de bourgeoisie pour lui cl son patrimoine , le décida à accej)ter
pour sa famille, avec trois belles cet emploi. Il écrivit , en parlant , li
médailles d'or. Les rédacteurs du son fils aîné : « J'espère ne faire que
journal des Débats , qui avaient sou- « du bien. Si ces enfants doivent ré-
vent inséré dans leurs colonnes des « gner, les principes que je leur don-
articles du Spectateur du Nord , « nerai peuvent faire le bonbeur des
s'empressèrent de s'adjoindre Baudus et peuples qu'ds seront appelés a gou-
comme collai)()ralcur, lorsqu'il fut de « verncr. S'ils ne doivent être que de
retour de Ralisbonne.il ne put re- «simples particuliers, ils y Irouvc-
loiirncr dans sa ville natale qu'en «ront encore de quoi être person-
i8o5. L'accueil que lui firent alors « nellement beureux. » Baudus ne
tous ses concitoyens le combla de devait pas voir la fin d'une telle en-
bonhcur. Il fut aussi extrêmement trcprisc : dès qu'il eut appris le re-
touché de ce qu'aux premières élec- tour des Bourbons dans sa patrie, en
lions qui eurent lieu pour le corps 1 8 14- , il se hâta d'y rentrer ; cepen-
législatifdans le département du Lot, dant il n'arriva guère a Paris que
le collège électoral, présidé par Mu- pour être témoin de la catastrophe
Fat, le choisit pour un de ses candi- des cent jours. Le retour de ISiapo-
dals. M. de Talleyrand et le mare- léon ayant été bientôt suivi de la
chai Bessièrcs lui donnèrent des let- chute de Murât , Baudus alla visi-
tres pour un grand nombre de séna- ter celui-ci a Marseille, croyant lui
leurs, afin qu'ils fissent tomber leur devoir, a titre de reconnaissance ,
option sur lui* mais , au moment où des consolations dans sa mauvaise
celte opération allait se faire , Paris fortune. Il fit plus, il obtint du prince
fut consterne par la mort du duc de Melternich un passe-port pour fa-
d'Enghien. Baudus renonça aussitôt a ciliter au roi déchu les moyens d'al-
loufes les démarches projetées. Du 1er rejoindre sa fainilie en Hon-
reste , une intrigue avait été ourdie grie. Le succès de cette démarche, et
pour empêcher sa nomination. On les excellents conseils donnés a l'ap-
avait mis sous les yeux du premier pui, ne purent prévenir la tentative
consul tons les passages du Spectateur insensée dans lacfucllc ce guerrier
qui renfermaient des réflexions pro- malheureux trouva le terme d'une vie
près il l'irriter. Ce fut là roriginede la si extraordinaire. Le même senti-
prévention invincible qu'il prit contre meut de générosité porta Baudus a
Baudus, et qui s'étendit a l'un de ses faire tous ses efforts pour sauver la
fils eiilré dans la carrière des armes, tête d'une autre victime de ce temps
En I 008, la sœur de ]Napoléon, de- orageux. Il avait connu Lavallelle eu
venue reine de Naples , ayant voulu Allemagne j il s'était même lié avec
char£:er Baudus de l'éducation de ses lui et en avait reçu des services , dont
enfants, l'empereur refusalong-temps une divergence d'opinion n avait pu
«on autorisation, et ne consentit en- effacer le souvenir, Lavallelle ayant
3i6 BAU BAU
^té arrêté et conduit à la Concier- le succès de sa négociation. Tout fut
gerie , au mois de juillet i8i5 , son calculé dans la journée entre ces trois
ami alla souvent l'y visiler. En novem- personnes, et le lendemain au soir
tre , lorsque la coudamnaliou à mort Baudus alla prendre le fugitif dans sa
eut été prononcée et que toute espé- chaise a porteur, a peu de dislance
ranced'obtenirgracefut évanouie, ma- du Pahis de Ju.slicé, le conduisit a
dame Lavallelle implora le secours un cabriolet où s'était placé , comme
de Baudus pour qu'il trouvât un asile cocher, un autre ami, qui le trans-
Lien sur où l'on put cacher le prison- porta avec la plus grande rapidité h
nier, k l'évasion duquel elle travail- l'extrémité de Paris , et euiuile au
lait avec courage et confiance. Après coin delà rue Plumet. La, a un signal
Lien des réflexions sur le moyen de sa- convenu, Lavalletlc fut remis entre
tisfaire une femme désolée , il de- les mains de Baudus , qui s'y était
manda deux heures pour lui rendre trouvé a point nommé, et lui fit
compte de la réussite d'une démarche prendre h pied, par un temps affreux,
qu'il allait lenter. On était a l'avant- et a huit heures du soir , la direction
veille du jour fixé pour l'exécution, assez longue qui devait le mener h la
Baudus avait aussi été lié d'amitié porte du ministère des affaires étrau-
avec Bresson , alors chef de divi- gères, occupé alors par le duc de
sion au ministère des affaires étran- Bichelieu. Ou peut lire dans les mé-
gères. Ce dernier avait été conven- moires de Lavalletle le détail sin-
tionnel et s'était exposé dans le pro- gulièrenieut intéressant de son entrée
ces de Louis XYI a la fureur des plus mystérieuse dans cette maison, de
ardents révolutionnaires par un vote l'asile que M. et madame Bresson
très énergique en faveur de ce prince, lui donnèrent avec tant de générosité
voué d'avance au martyre. Proscrit, et de délicatesse, enfin du rôle im-
lui-mcmc , et obligé de fuir ]ieu de portant que le dévouement d'amitié
temps après , Bresson n'avait dû de Baudus lui fit jouer en cette oc-
son salut qu'au dévouement d'un currence dilficile. Ce fut encore lui
homme qui lui était jusqu'alors incon- qui , dix-huit jours après , accompa-
nu, et qui Pavait, pendant deux ans , gué de Bresson, mena Lavallette,
caché a ses risques et périls, chez lui , parde nombreux détours, chez la per-
dans les montagnes des Vo.sgcs. IMa- sonne qui devait le faire arriver en
dame Bresson avait souvent dit a voiture a Phôlel habité par un des
Baudus (ju'elle avait fiit , a celte ter- olliciers anglais anx([uels il dut sa
riLle époijue de sa vie, le v(vu de sortie de Paris et de la Frauce (9
sauver un proscrit politi([ue, si jamais janv. i8i6). Il n'y a qu'uue seule
le ciel lui en fournissait les uu;yens. im-xactltude dans le récit complet
Il se rappela celle circonstance , alla ([u'olïre celte partie des ménu)ires ci-
la trouver, lui j)arla de la position lés toulariienre : Baudus n'était pas
et des ins I a ncfs si pressantes de mada- alors employé au ministère des affaires
me Lavallette. Cette excellente lem- étrangères j il ne le lut que quel-
mc parut ravie de pouvoir saisir enfin que temps après. Il entreprit pour
une occasion de remplir l'engagenuMit le compte de ce déparlement un long
(pie la reconnaissance lui avait dicté, voyage en Suisse et eu Allemagne. Sa
11 ne perdit pas une minute pour correspondance avec le ministre (1)
anuoucer à l.{ fcinmo du condamné ^.) u ,.ioM«ii.OiiiiH srjioMivs,kti(io<i'/uirt>-
I
ri les cmploycs primîjinnx doiinn Tl- fiHc de Louis VI , DJiqull li Paris en
(Ici* (11* cicn- jioiir lui , à son retour , ly?"- f' •**<■ rendit un 1787 à Ma-
nn l)urean de Iradnclion dos journaux drid, où il c|)ousa, le i5 mai de celte
i'lranj;i'rs. On devait rédit^'or ilcs no- année, la lille du duc de La Van-
tes sur ee ([u'ils eoulenaient de j)1ms ^uyon , alors ambassadeur de France
remarquable. Baudus , avec sa ca- près la cour d'Espagne, et devint
paeilo, son caractère el les droits (juo ainsi li; l)cau-frcre du prince de Ca-
lui donnaient les services qu'il avait rency {^' oy- Cari^ncv, an Suppl.).
rendus précédemment, pouvait rem- En 1792 il se rendit en Allemagne,
plir des fonctions bien plus importaii- et fui, avec les princes frannais émi-
ies. Plus tard, ce lut sous sa direc- grés, de la malheureuse expédition de
iiou que s'cxerçala censure surtout ce Champagne. Il retourua en Espagne
qui, en fait de gazettes et de décrets par rAngleterre aussitôt après, et
politiques, venait du dehors de la ht les campagnes de 1793 et 1794-
Erauce. Lorsque le duc de Riche- dans les armées espagnoles. Dès que
lieu reprit le porle-feuille des aflriires la paix lut signée à Baie en 1795,
étrangères, après Tassassinal du duc il réussit h se faire rayer de la liste
de lierry, il écrivit à Baudus , éloigné des émigrés, et rentra en France,
de Paris et malade , une lettre près- où il se soumit pleinement à tous
santé pour qu'il vînt l'y joindre : ce- les pouvoirs qui se succédèrent. 11 re-
lui-ci , une fois arrivé , ne put résister couvra dès-lors toutes ses propriétés,
à la demande instante et souvent ré- et ne larda pas a se rendre en Fran-
pelée d'accepter une part dans la che-Comté, pour y habiter les terres
censure des écrits péridioqucs. Les dont il venait d'hériter par la mort
désagréments qu'il éprouva pour avoir de son oncle. Le zèle qu'il manifesta
cédé, et les calomnies dont il fut l'ob- pour le gouvernement impérial lui fît
jet , labreuvèrent d'amertumes , au donner le titre de comte et la prési-
point d'agraver l'état fâcheux de sa deuce du collège électoral de la Haute-
santé. 11 mourut le 17 sept. 1822. Saône. Ce fut en cette qualité qu'é-
L — p — E. tant présenté a Napoléon , le 1 2 avril
B AU F F R E M O X T ( Ale- i 8 i 2 , a la tête d'une députation , il
XANDKf. - Emmanuel - Louis , duc lui adressa une harangue très-respec-
de ) , fils du prince de Listenais , tueuse , qu'il terminait en déposant
vice-amiral de France, de l'une des à ses pieds les sentiments d'amour ,
plus anciennes maisons du royaume cV admiration et de respect dont
( Voy. Bauffremo't, III, 554), ^^^ habitants de son département
puisqu'elle est issue Aç,^ Courtenai , élaientanimés.L'aîuédes fils du comte
qui donnèrent des empereurs a Con- de Bauffremout était alors aide-de-
slanlinople, et dont un des héritiers camp de Murât, et le cadet officier
(Pierre de Courtenai) épousa la de cavalerie. En 1 814. il recouvra son
titre de duc , par suite de l'ordon-
riographc ,ln iiunish'rr des affaires élrarv^ères ; il DaUCe quî rétablit l'ancieUnC noblcSSC,
ne f;iis;iil i)oiiit njirlie (1<; la commission de ccii- • -1 c . / • i
sure. Mais le duc do Richelieu, piésidcnt du ^^^'^ ^^ "^ I"t paS UOmme pair de
conseil, a v.'i il obtenu rexeicice d'une ceusuic Fraucc par le loi. Eurevanchc,
parliciilirrc sur les noiivcll.-s de l'ilrangcr , et at }r j . 1 i- . i
les journalM^s cl;uenl tenus d'envoyer, au bu- iNapoJeon le pOrta SUr la llStC de CCUX
reau de Raudns , seulement les extraits des ga- qu'il créa le 2 juin l8l5 ; maîs, ju-
zellcs elrnnp;(res , que la eouimisâioii de ceu- * 1 ' •
sure n'avait point à rtviicr. V— vb. gCdUt ICS eVCUCUiCUts aVCC Sa Sa^,
3x8 BAU BAU
gacîté ordinaire, le duc de Bauf- unius versus liber, A.nyers y 1627,
fremont s'excusa sur sa santé, et ne in-4-°. Ce vers a depuis occupé deux
vint pas prendre part aux délibéra- célèbres mathématiciens , Jacques
lions de la chambre j ce qui fut cause Bernoulli et le P. Prestet. Le se-
de son entrée le 17 août suivant dans cond l'a trouvé susceptible de 00 j G
la nouvelle chambre des pairs que combinaisons. Mais en négligeant la
créa Louis XVIIL II continua cepen- mesure , suivant Bernoulli, les mots
dant a vivre dans la retraite. Ce ne dont ce vers se compose peuvent être
fut qu'a la En de 1 853 qu'étant venu combinés de 4-0,327 manières. Le
dans la capitale pour des motifs de P. Dobert {J^. ce nom, XI, 454-)
santé il y mourut, le 8 décembre de s'est également exercé sur le vers de
cette année, des suites du choléra. Bauhuis, dans le chap. 35 de ses
M D i. Récréations littérales^ où il cite
BAUHUIS (le P. Bernard ), l'exemple d'un vers français, a la vé-
en latin Bauluisius^ jésuite, naquit ri lé fort médiocre, qui peut se com-
en 1675 a Anvers. Après avoir ter- biner de seize manières. Voy. la Bi-
miné sesétudes,il embrassa la règle hlioth. Soc. Jesu du P. Soulhwel,
de Saint-Ignace, et professa quelque 629, ti t Examen critiq. des dict.
temps les humanités au collège de de Barbier, 91. W — s.
Bruges. Son talent pour la chaire le ^ BAUMANN (Nicolas). Dans
fit ensuite appeler aLouvain, d'où, l'article qui se trouve au tome III,
par Tordre de ses supérieurs, il alla page 567, on avance comme proba-
prècher et catéchiser dans les princi- ble qu'il est l'auteur de la fameuse
pales villes des Pays-Bas. L'extérieur satire intitulée Renier-le -Renard ,
mortifié du P. Bauhuis ajoutait à laquelle passe généralement pour
l'effet de ses discours plus solides être de Henri d'xVlkmar. Cette er-
qu'agréables , et dans lesquels il s'oc- reur, qui s'est glissée aussi dans \At-
tupaitmoinsde plaire que d'instruire, las ethnographique de M. Adrien
Epuisé de fatigues , il tomba malade Balbi , a été mise en circulation par
et mourut a Anvers, le 2 5 nov. Georges Rollenhagen dans la préface
1620. Outre un recueil de cantiques de sou FroscJunaeuslery ou nouvelle
en llamand, a l'usage des missions et Batrachomyomachie , Magdebourg ,
des calécliismes, on a de lui : Epi- 1698, in-8", et le savant Morhof l'a
granimalumUbrilX^h^T^MiT^^idl^, répétée après lui dans l'ouvrage inli-
1610 1620, in-i2. C'est de cevo- tulé : Unterrichtvon der teutschen
liime (|ue fut tiré le fameux vers a la Sprachcnund Poésie, 1682, 7° ch.
Yigrge : Le texte, attribué h Baumanu , est
Tôt tibi smil dotes, Virgo.qnot sidéra calo, bifll de lleiiri (l'Alkuiar , (]ui , au
dans le(juel on reconnut avec étonne- surplus, n'est nas l'inventeur de cette
ment la singulière propriété de pou- fable à la(|uelle d'anciennes poésies
voir être combiné de i 022 manières, des troubadours contiennent des ai-
nombre é<rA a celui des étoiles (|uo lusions , et dont Richard Cœur-de-
l'aslronomie avait alors calculées. Lion disait , vers i 1 7 i , au dauphin
Le savant Kryclus Puleanus (Henri d'Auvergne:
Dupuy) le puljlla sous loutrs les for-
iTies dnns le vcduinc liilltiilo : Pro-
Dalfiii, jru5 voill clon'Snirr
V<i5 «I II" coiiUr (înioii ,
(lue iiii rn irsl«» m-mo»
ieus Purtlitnius, uniiis lihri versus ^ \„s f.iM,- hon u'iu-nirr
liAU BAU 3i
tiyo«jaras«csoumoi gaz., 1828, pp. 680-600, ainsî
F.l mon porlnslis lirJ foi *=• , ,. ' ' .' 1 f 1 1 i
Coin n /./ij.',, a lUtnari tju uiic uisscrl.iUon uc bcliracler dans
i;i5eiul)l.. .loui..Mlliart. IcillêlllC rcciicll , 1829, pp. 3iil-3li8,
Depuis <|uc l'arllclo ih Bauniann a 355-536 ; ciiliii , les ctrils relalilsà
élc écril, c'csl-ii-diro depuis l'année riiisloiro lillcraircde J.-G.Eicliorn,
i8ri, on a public pliisiiiirs cdilions L. \V'aclilcr,A.Kol)crslciu, Flocgt'l,
du Renard. Mcuu a imprimé, en Tiadeu , H or 11 , L. Mcisler , E.-J.
1826, le romau français de Perrot Koch, F. -H. von der llagen et J.-
de Sainl-Cloud avec ses dilTércnles G. Euscliing , C.-Il. JorJens Fr.
hranclies, roman où le Ion de la Boulerweck, Th. Heinsius , etc.
salire générale et de la plaisanterie Brunct , Nouv. recherches , et sur-
rcmplacc la plupart des inlenlious tout Reinhart Fuchs von Jacob
polilicjues et des allusions hislori(jues Grinim, Berlin, iSS^, in-8", et enfin
(pii formcul le fond du poème bas- les articles de M. Rajnouard, dans le
saxon. En 1 8 1 2, un texte en vers fia- Journal des Savants. R-f-g.
niands ou hollandais fut inséré dans le lîAUMAiVX ( Jean-Frl'déric-
Bragur de F.-D. Gracier, d'après Théodore) naquit le 24 mai 1768 a
un manuscrit de Comburg à Stuttgart. Bodeuteich , dans le duché de Lune-
Gesl un fragment de 3,455 vers, bourg, 011 son père élait ministre
mais imprimé incorrectement et sur protestant et surintendant. Il fil de
lequel F. Weckhcrlin a fait une très-bonnes études à l'université de
dissertation. M. J. Scheltema , a rc- Goettingen , et entra fort jeune au
produit en 1826, le texte de Henri service de Prusse en qualité d'audi-
d'Alkmar, et M. F.-J, Mone , en teur près la cour souveraine de la
i832 , a mis au jour une version en Vieille-Marche. En 1793 il devint
vers éléglaques latins qu'il croit être assesseur près le tribunal suprême
du 9'" siècle avec des interpolations de la Prusse occidentale à Bromherg
du 12', opinion que ne partage pas et fut nommé, en 1795 , conseiller
M. J. Grimm, qui vient de donner de la régence a Thorn. En 1796 il
sur ce sujet un ouvrage important, suivit à Varsovie la régence, qui alla
Au reste , le nombre des livres s'établir dans celte ville , et réunit à
qui ont rapport h l'intéressante ques- sa charge de conseiller celle de juge
lion de l'origine de la fable du supérieur de la loterie. En 1806 il
Renard augmente tous les jours, obtint le titre de conseiller intime
On peut consulter entre autres, avec de justice. Son activité, et surtout
autant d'agrément que de fruit , H. son extrême probité , lui acquirent
Hoffmann, Fundi^riiben (Sources de l'eslimede tous ceux qui le connùrenL
la littérature du Nord), P. T*', pp. Lors des malheureux événements de
240-242 ; le même , Horœ belgicœ, 1807, Bauniann quitta Varsovie ,
P.I'^'jPP i25-i28;le mêmeencore, malgré les offres brillantes qui lui
Anzeigerji'tr Kunde derdeutschen étaient faites par le nouveau gouver-
miLU'lalters^']\n\\ i833, pp. ii3 et nemcntj il se retira a Berlin, où il
1 li'^ S. 'Y .W iWoms^ Messager des resta sans emploi jusqu'en 1808,
sciences et des arts, 3® liv. i833, époque à laquelle le roi lui donna
pp. 329-35 I jJ.-Ch.-H.Citlcrraann, provisoirement la place de directeur
Ceber die qiudlen des plattdeiits- et juge de la ville de Neuraark. Deux
cben Gedichts, etc., HaDov. Ma- ans après il fut nommé conseiller de
Sîo BAU BAU
la rcgencO et chargé de plusieurs jnais d'un caractère faible , se vit
affaires de finances iinporlanles. En contrarié dans loules les mesures qu'il
i8i3 le roi de Prusse le nomma voulut prendre en cas d'une nouvelle
commissaire-général pour l'organisa- invasion des Français. Ne pouvant
lion de la laudwehr ; puis en 1816, compter ni sur des secours d'Espa-
directeur delarégencedePosen, avec gne,nisur la neutralité des Suisses, il
le titre de vice-présiJeut. Devenu se trouvait réduit , en cas de guerre ,
président supérieur du Grand-Duché a ses propres forces, qui consistaient
£n 1824., Baumann mourut eu 1 83 0. dans sept bataillons de milices mal
C'était un homme de beaucoup d'ex- armés et mal équipés. Averti, dans
périence dans l'administration. 11 re- les premiers jours de janvier 1668 ,
rut de son souverain la décoration de qu'une armée française rassemblée
l'aigle-rouge et des titres de uo- sur les frontières se disposait a pé-
blesse. Z. nétrer dans la province , et que le
BAUME -SAINT- AMOUR roi lui-même devait en prendre le
(Philippe DE la), marquis d'YExVNES, commandement, le marquis d'Yen-
était fils de Philibert de la Baume , lies se hâta de rassembler les milices
baron de Saint-Amour, et d'Hélène et de les distribuer dans les villes et
Perienot, nièce du cardinal de Gran- châteaux qui paraissaient le plus ea
velle. Destiné dans sa première jeu- état de résister. Le 2 février il par-
iiesse à l'état ecclésiastique, il fut tit de Dole, y laissant pour toute
pourvu d'an canonicatau chapitre de garnison 5 00 hommes de milices, et
Besançon; mais il le résigna pour courut a Besançon, k Salins, a
suivre le parti des armes. Dans cette Gray , pour s'assurer de la silualiou
carrière , dit Pelisson , il se fit plus de ces places et donner ses derniers
remarijuer par l'assiduité du service ordres. De nombreux détachements
que par aucune action d éclat. Tou- français s'étaient déjà montrés sur
lefois le grand Condé lui rendait le dilléreuls points. Ne pouvaut tenir la
témoignage de l'avoir vu bien faire campagne , puisqu'il n'avait pour
au combat des Dunes et a la retraite toute escorte (pi'une di/aine de cava-
des ligues devant Arras. Après la liers , il ])rit le parti de se retirer
paix des Pyrénées (1659), il alla dans le château (le Joux , forteresse
solliciter h Madrid la récompense de regardée connue inexpugiîal)lc , où il
vingt-sept campagnes dans les Pays- devait être mieux placé que partout
Bas j clll obliul, en 1661, la place ailleurs pour recevoir les secours
de gouverneur de Franche -Comté, ((u'il avait demandés au gouverneur
Celte ijrovincc, pauvie et sans corn- du Mdanais et aux Suisses , s'ils se
jnerce , venait d'être le théâtre d'une décidaient euîinâraider dans ce péril
longiie guerre, (pii l'avait entière- pressant. Dès le leudenuiin il y vit
meut ruinée. E'aulurité souveraine .s'y arriver les débris de la garnison de
trouvait dans les malus ihi parlenuiil Besançon, consistant eu deux soldats,
de Dole,« liicapal)le , dit l'elisson, un laud'our et (piehpies olliciers. La
de (h)iiner conseil ni d\'i\ prendre , reddition de celle place lut suivie de
ne sacliaul ni obéir ni conunauder » celle de Salins, dont les loris étalent
{/icldlion (l<; lu comiucte du conilc dépourvus d'artillerieeldenuinilions.
tic. Jlouf^o^ui'). i)ès sou arrivée , Dole, investi le 10 février, capitula
le luarqulijd'ïcmies , rtiu{)lidczèle, le j/j. Le tbâieau de Joux u était
I
IJAII
dclciiilii ([lie p.ir iiiifliiics jMv>aii.s du
Vdi.Mna^r , cllravcs |)ar los rudoinoii-
l.iilc.s (In niari|uis de Nulsy , (inl K'S
inonaçail de Ifs l.iirc ju'iidrc s'ils
osalonl lircr, cl d iiicrmiifr leurs
fcrnios s'ils b.ilanraicnl ciicori* a
rccoiluaîlrr l'aiilorilc de LouisXIV.
Forcé d'accepler 1rs coiidilions ([iroii
lui |)r()pi)sail, le niarcjuis d'Yiiiiics lui
CDiidiiil au camp devani Gray , dont
Louis XIV se réservail de iaire le
siège en personne. Excepté celle p'a-
ce , qui ne se défendait que parce
qu'elle n'était point encore attaf|iiéej
toute la province élail soumise. Louis
XIV chargea le mar(juis d'\enncs
de décider les lia])ilanls de Gray à
s'épargner, par une prompte soumis-
sion , les malheurs que ne pourrait
man({uer de leur attirer une résistance
inullle. Par Foccupalion de cette
ville , le roi de France se vit , eu
moins de Irois semaines, maître d'une
province qui^ trente ans auparavant ,
n'avait pu èlre été entamée par une
armée plus nombreuse ( J^oy. Boy-
vin, V, 44-2). Flallé de ce succès ,
dont les courtisans ne manquèrent
pas d'exagérer rimporlance, Louis
XlV voulut consoler le marquis
d'Yennes des rigueurs de la fortune ;
il lui conserva le titre de lieutenant-
général avec un traitement de vingt
mille livres et sa résidence au châ-
teau de Gray. Biais la générosité du
monarque fut mal inlerprélée , et
les Francs-Comtois regardèrent le
malheureux général comme le com-
plice à^s traîtres qui avaient vendu
leur province a la France ( Voj.
Vattevili.e, XLVII, 586). Il était
venu solliciter h Paris un passe-port
pour Bruxelles; informé qu'il serait
arrèlé dans celle tlcrnière ville, cl
conduit a Mulrid, où sou procès
devait s'instruire , il jugea prudent
de différer son départ jusqu'à ce tpie
IJ/lt
o'jtr
les juges , revenus de leurs j)réveu-
lions, fussent en élal d apprécier les
faits. Par le traité d'Aix-la-Chapelle,
du '1 mai i()6(), TEspagnc recouvra
momcJilanément la Franche-Comté.
Le mar(juis (rVenjics fut remplacé
dans S'jii gou\crn'incul par le prince
d'Aremucrg. C'est a'tJis (ju'il puhlia,
sous le litre (Wij)ol<)^ic, un mémoire
dans lequel il prouve jusqu'à l'évidence
qu'il avait fait tout ce qui pouvait
dépendre d'un homme d'honneur pour
préserver de l'invasion un pays ruiné
par les guerres précédentes et aban-
donné a SCS propres forces. Ce mé-
moire, auquel il faut joindre la Cor-
respondance du marquis (VYennes
avec le parlement de T)olc[i)^ est
un des plus curieux monuments que
l'on puisse consulter pour l'histoire
de la première conquête de la Fran-
che-Comté par Louis XIV. Malgré
le sentiment de son innocence, il
n'osa point reparaître dans un pays
où l'aurait poursuivi la haine du
parlement, dont il avait dévoilé la
conduite. Il ne survécut pas long-temps
a sa disgrâce , cl l'on peut conjecturer
qu'il mourut a Paris vers 1670, dans
un âge assez avancé j mais telle était
la force des préventions nui subsis-
taient contre lui, qu'aucun àas histo-
riens francs-comtois, ni même des
généalogistes de sa maison n'a daigné
recueillir la moindre particularité sur
son sort depuis son départ de la
province. C'est donc h son yJpologie
et a l'histoire de Louis XIV par Pc-
lisson qu'il faut recourir pour trouver
quelques détails sur un personnage
oublié dans les dictionnaires français,
Irès-mal à propos, puisque son nom be
(1) (les ilciiN oiivraî^cs , iiiii)riiii<'.s sans noiu de
ville, mais vi-aisriiil'lab'rincnl à l'aris, en 1(168,
sont tlevoiiiis lirs-iarcs ; Wtpo'.ogie du marquis
d'Yennes est un jn-lit iii-4" ''*^ '^ }>• ; ."^a Carres-
poiidanre avec Ir parlciuciil forme une partie sé-
parée <U' ' 17 i'-
Vil,
21
322
BAU
raltache à l'une des époques les plus
brillanles de la monarchie , celle de
son agrandissement et de l'affaiLlisse-
ment de l'Espagne. W— s.
BAUMES(Jean-Baptiste-Theo-
dore), médecin et professeur de la
faculté de Montpellier, mort en 182 8,
s'est principalement fait connaître
par ses tentatives pour établir une
théorie pathologinue fondée sur la
chimie, h l'époque où Fourcroy usait
de tout Fascendant de sa puissante
éloquence pour réduire la médecine a
n'être qu'une section secondaire de
la science des affinités. Cependant,
quelque fougueux chémiatre qu'il eût
cté dans sa jeunesse , il finit par re-
connaître la faiblesse des fondements
du système qu'il avait prétendu éta-
blir, mais auquel il n'a jamais entiè-
rement renoncé. Les nombreux ou-
vrages ([u'il a publiés, et dans lesquels
on reconnaît un observateur exact, lui
ont mérité à juste titre la réputation
de bon praticien. I. De l'usaç^c du
quinquina dans les fièvres intov-
millenles , Paris , 1786 , in-B**. II.
Mémoire sur la maladie du mésen-
tère ^ propre aux enfants , que
Von nomme vulgairement carreau^
Paris, 1788; 1806, in-8MII.r/-nr/-
té des convulsions des enfants ,
leurs causes et leur traitement ,
Paris, 1789, i8o5 , in-8°. IV.
Mémoire sur les maladies qui ré-
sultent des émanations des eaux
sCaf^nnntes et des pays maréca-
geux, Paris, 1789, in-8®; Irad. eu
allemand, Leipzig, 17912 , in-8". V.
Traité de la plilhisie pulmonaire^
Paris, 1798; i8o5, 2 vol. in-8" ,
ouvrage bien fait cl (jue l'on peut lire
avec fruit. Il a été traduit en alle-
mand par Fischer, Ilildburgshausen,
1809, in-8". VI. Essai d'un sys-
tcmc chinùque de la science de
( homme f Paris, 1798, iu-8"j trad,
BAU
eu allemand par Karsteu , Berlin ,
1802 , in- 8°. VIL Traité élémen-
taire de nosologie , Paris, 1801
et 1802, 4- vol. in-8°. C'est dans
ce traité que Baumes a consigné
ses idées sur la tbéorie et la classifi-
cation chimique des maladies , vues
qui n'ont guère obtenu d'autre ap-
probation que celle de leur auteur,
et qui ne sont eu effet qu'ingénieuses.
VIII. Topographie de la ville de
Nîmes et de sa banlieue , Nîmes,
1802, in-4.^. IX. Traité de la
première dentition et des maladies
souvent très-graves qui en dépen-
dent, Paris, i8o5, in- 8°. X. Traité
sur le vice scrofuleux , Paris, 1 8 0 5 ,
in-8°- XL Traité de l'ictère ou
jaunisse des erfants, de naissance,
Paris, i8o6,in-8°. X\l. Eloge de
Bartliez, Montpellier, 1807, in-4-° :
cet éloge, généralement bien pensé,
est écrit avec plus de soin que les
autres productions de Baumes, qui
pour la plupart sont très-négligées
sous le rapport de la langue et du
style. XIII De l'instruction publi-
que dans ses rapports avec l'ensei-
gîiemen t des sciences et arts appelés
libéraux en général, et de la mé-
decine en /)articidier, Montpellier,
1814 , in-8" XIV. Examen des
réf exions de Bergasse sur l'acte
constitutionnel du Sénat, Mcntpel-
lier, i8r4, in-8*\ Baumes a inséré
en on Ire, dans le Journal de la société
de médecine pratique de Montpellier,
une Mudliludc (rarllcles crili([ues gé-
néralement pi'U mesurés et parfois
même liès-virulenls.Un de ses faibles
élail de déclanier contre les chirur-
giens du siècle, et de regretter le
lenq)s où , réduils au rôle de manoMi-
vres , ils étaient les esclaves avilis
des médecins. J — td — N.
BAIIHIKTZ. f'or.BKAuMETz.
DAUll (Samuel), biographe, ne
1
RAU BAU 323
aUlni le 5i janvier i 7^8. avait pour Nous n'indiquerons que les princi-
pî'ir un clian};riir (jul , ne pauvre, s'c- panx : 1. Arclii%'cs tC esquisses re-
l.iil II iorco trécononne clcvc a celle lalives aux /}ri/ici/)cs de la reli'
position. l')e.sliné dès son enfance k gion , Ilil(ll)ur^lians{'n, 1796-1800,
Télal ecclésiastique , il fit Si.'S prc- /, vol. II. Plans de prédications
niièrcs études au gymnase de sa ville sur toute la morale chrétienne ,
nilale; puis, en 1791, il Tut envoyé à Leipzig, i8o3-5 , 3 vol. Ilf. Ta-
luniversité d'Iéna. Aux études lliéo- bleaux intéressants de la vie
loi;i(]ues que lui imposait sa vocation , des personnap;es mémorables du
il joignit celle de riiisloirc politique Xf^lIP siècle , ibid., i8o3-2i,
cl littéraire qui resta toujours sa 7 vol. IV. Répertoire pour tous
science favorite. Il contracta en même les actes qui font partie des fonc-
tciups des liaisons avec des bonimcs iions du ?ninistre prédicantj Halle,
aussi honorables ([ue savants 5 et par i8o5-6, 12 vol. 5 2<^ édit., 1829.
leur moyen il mit a profil . même V. Nouveau dictionnaire manuel
pécuniairement, sou séjour a léna. historique ^ biographique et litté-
Uuc hypocondrie violente le força raire , Ulm , 1807-16, 7 vol.
de quitter l'université avant d'avoir Le Manuel biographique n'a pas
achevé ses cours. Il revint a Ulm, manqué de quelque réputation. VI
et après une interruption de neuf Tableaux des révolutions , soulè'
mois il les reprit à Puniversilé de vements, etc., les plus remarqua-
Tubingue. Revenu encore une fois blés ^ ibid., i8io-i8, 1 0 v. VII.
dans sa ville natale, il s'y essaya pu- F aits mémorables de Vhistoire des
bliquement dans Téloquence sacrée, hommes^ des peuples et des mœurs.
Ses prédications eurent dusuccès ; et, ibid., 1819-29, 1 1- v. VIU. Livre
avec les applaudissements du public , de conversations historico-biogra-
il obtint de ses supérieurs, dans l'au- /?A/^we5^ ibid. _, 1 82 2-3 1, 7 V. IX. Ca-
tomue de i 794,1e vicariat, et bientôt binet historique de raretés ^ Augs-
le titre de ministre de Burlenberg bourg, 1 826-31, 6 v. On voit que
(entre IJlm et Augsbourg). De la il presque tous ces ouvrages apparlien-
passa en 1800 a Gœttingen. A cette nent à la classe des simples compila-
paroisse , d'un revenu convenable , il iions. Parmi ses traductions nous cite-
joignit eu i8o5 celle d'Alpek , qui en rons celle des Observations de Ta-
est voisine; et, en 1810, les fondions vernier sur le sérail du grand-sei-
de doyen. C'est la qu'il passa le reste g-/zewr^ Memmingen , 1789J de Gon-
de sa vie, partageant son temps en- zalve de Cordoue, Berlin, 1795 ,a
tre ses obligations ecclésiastiques et \.'^àts Caractères de La Bruyère,
sts goûts litltéraires. Quoique d'une Leipzig, 1790, et delà Correspon-
constituliou très-faible, il sut, par dance de Duyal avec A. Sokolov,
des soins hygiétéliques, se main- Nuremberg, 1792 , 2 v. Baur avait
tenir en santé jusqu'à un âge assez aussi donné beaucoup d'articles bio-
avancé. Il mourut le 25 mai i832. graphiques à l'Encyclopédie d'Erscli
Samuel B.iur était regardé comme et Gruber> P — or.
un des écrivains les plus féconds de BAUSSET ( Louis -François
l'Allemigne: ses ouvrages , y com- de), cardinal, naquit le 14 décembre
pris quelques traductions, ne forment 1748 a Pondichéry, où son père oc-
pas moins de C6iil cinquante volumes, cupait une place importante. Amené
21,
3^4 »AC
de bonne iicure en Fra[;ce, Il fii ses
premières éludes au collège de La
Plèche cl les termina a celui Je
Beauvais, a Paris. Destiné a Tétai ec-
clésiastique , il entra au séminaire de
Sainl-Snlpice , et ol)tinl , bien jeune
encore, nu canonicat dans la cathédrale
de Béziers et un bénéiice simple dins
le diocèse de Fréjus. Deux prélats de
son nom occupaient alors ces sièges et
semblaient vouloir a l'envi rattacher
àleursdiocèses; mais l'abbé de Raussel
renonça dans la suite au cauonical de
Béziers, et le titre de recteur de la
chapelle du Saint-Esprit qu'il avait
dans le diocèse de Fréjus ne lui servit
guère qu'a être député a l'assemblée
du clergé de 1770. Il se lia avec
M. de Boisgeîin , nommé celte
Tnènie année archevêque d'Aix : ce
prélat le fil sou grauJ-vicaire, et se
plut a le former aux affaires. Placé à
la télé d'une administration impor-
tante, soit comme archevêque d'Aix,
«oit comme président des états de
Provence, il aimait le travail et en
inspirait le goûta ses grands-vicaires.
C'était a qui ferait sous lui l'appren-
tissage de l'épiscopal, cl M. de j'ans-
set regardait comme un bonheur
d'avoir joui pendant plusieurs années
ih's entretiens et des conseils d'un
chef aus.^i habile et aussi éclairé. Il
t:ut bientôt occasion d'appli(|uer les
leçons qu'il en avait reçues. De tris-
tes divisions avaient éclaté dins le
diocèse de Digne , où l'évêque ,
M. (h; Caylus , était ouvertement
brouillé avec le chapitre. On engagea
ce prélat a renoncer ii l'administration
<le son siège et a donner ses poii\<Mrs
h l'abbé de liausset. Celui-ci, arrivé
h Digne en 177^^, parla le langage
de la douceur et de la modération ,
consola des hommes aigris et obtint
du chapitre tout te <\n'i\ voulut.
léix paix fui "ViUblie dans le diocèse ,
BAU
et cet heureux résultat fut at-
tribué a l'esprit conciliant et aux
manières aimables de M. de Beaus-
set, qui resta quelques années il
Digne comme grand - vicaire de
révèque. En «784, il ftit nommé "a
révêché d'Alais , diocèse oiî lespro-
testonls étaient nombreux et qui
faisait partie du Languedoc. L'é-
vêque siégeait dans les états de celte
province , et ce fut comme leur dé-
puté que M. de Bausset adressa a
M'"'" Elisabeth , sœur de Louis X\l ,
une harangue qui fut imprimée dans
divers recueils et citée comme un mo-
dèle de goût et de délicatesse. On lui
proposa, en 1788 , Tévèché de Gre-
noble, qu'il refusa ^ il fut membre des
deux assemblées des notables en 1 787
et I 788; mais on croit qu'il n'assista
point à la deuxième. C'est par erreur
qu'on a dit qu'il avait été membre de
l'assemblée constituante : cette assem-
blée ayant supprimé le siège d'Alais ,
le prélat réclama par des lettres du i 2
juillet et du 27 novembre 1790, ijni
ont été imprimées. vSa lettre pastorale
du 12 mai 1791 offre autant de mo-
dération (pie d'attachement aux prin-
cipes. Le prélat sortit de France
vers la fin de 1791 ; cl il y rentra
Tannée suivante , probablemenl un
peu avant le 10 août. Bientôt les
mesures de terreur vinrent l'y attein-
dre • il fut écroné et enfermé dans
un monastère transformé eu prison,
et passa plusieurs années dans le
couvent de Fort-Royal, rue de la
Jiourbe; on l'y oublia, et il échappa
aux trihuniux réiolulumnaires. Mis
«'Il liberté ai)rès la rhnie de llobes-
pieî re , il se retira d.ins une maison
de campagne ii Villemoissou , près
Longjumcau , où liabil.iit M'"" de
Hassompierre sa parente. Ce tut sou
séjour pendant la plus grande partie
de l'auuée, cl il iic (il plus il Paris
qno (Hk'l(|iics Vovai^rs rares el couris iielon, les coiiiiiuiHHiun a l'cvrcjuc
|)()iir voir ses amis'. Dans \c inuulvc irAl.iis, (jui rorina (Pabord le projet
claiiral>li.>KiuerN,sii|)oriciu-gciK'ral de cloinicr une nouvelle cdilioii de»
(le Saiiil-Snlpice. l.ine laMirtuse con- œuvres de rarclievcMjue de Cambrai :
lorniilé de vues cl de caractère établi», sa coiTcspondance , (pic nous avons
tnlre eux des rapports iuliiiies, et ils eue sous les yeux, nous Papprcnd ;
.se consullaienl nuiluellemcul pour mais M. Emery en<;af^ea onbuile son
lenis écrits. Ce fui de concert avec ami h composer une liislolre de Fé-
cci ai)hé(pic rcvè([ue d'Alais rédi<!;ea nulon, (pii parut en 1808, en 3 vol.
des Réflexions sur la dcclarntian iu-8", et eut le succès le plus éclatant
(:n'i>cc' ries mi/us très du culte par (i )• H s'en fit plusieurs éditions en peu
la loi du 7 vcndciniairc. an iv; 1796, d'années, et l'ouvrage fut désigné en
vol. in-8", qui reparut rannécsuivanlc 18 10, par Tinstitul, comme méritant
avec quel(|ucsadtlitions, sous le titre un des prix décennaux, lescpiels,
d' h\v/jos(^ des principes sur le ser- comme ou sait , ne furent point dis-
nienl dclibcrlc cL d\'galilc, cl sur Iribués (2). Lors de la (ormalion de
liL déclaration Emery fut édi- Tuniversité , M. de Bausset en fut
tcur des deux écrits. L'évèipu' d'Alais nommé conseiller titulaire; peu au-
.s'empressa d'adhérer a la demande j)aravanL , il avait été fait chanoine
iaile en i8ui p.;r l*ie VU aux vie Saint-Denis. Quelques personnes
évcques de Erancc d^^ se démettre de avaient paru craindre que Y Histoire
leurs sièges, et publia en celle occa- de Fénelon ne tendît a diminuer la
siou une lettre a ses grands-vicaires, liante réputation de Tévèque de
sous la date du 24 décembre 1801 ; Meaux; M. l'évêque crAlais répondit
on y trouve des considérations aussi victorieusement a ce reproche : il
judicieuses qu'élégammenlexprimées, composa X Histoire de Bossuct ,
sur la situation de l'église à celte épo- qu'il avait achevée en 1812, mais
que. Larépulalion de rancienévèque qu'il ne publia qu'après la restaura-
d'Alais devait lui procurer une place lion. Ces deux ouvrages sont des
dans la nouvelle organisation de l'é- monuments pour l'église de France,
glise de France en 1802 ; mais déjà encore plus que pour la littérature,
une maladie grave, la goutte , lui (jtait En i8i4-, on forma successivement
tous les moyens de reaiplir les fonc- deux commissions pour s'occuper des
lions ecclésiastiques; elle le priva peu affaires de l'église; M. de Bausset fut
a peu de l'usage de ses Ïambes, el c'est membre de l'une et de l'autre. Une
au milieu de douleurs graves qu'il a ordonnance du 19 février i8i5 le
composé les deux ouvrages qui ont le nomma président du conseil royal
plus contribué a sa gloire. Le cardinal — ~~~
J« ■n^;..rr/.i;„ /t.,r,« ,■,^n,^^^ - Çi. ,. / AT (t) Le prix du manuscrit fnt versé tout pnticf
(le Doisg^elin ettini moilen 1004, IM. .^ \ * . ■ im,,, i;„,„.„ .„ .,r,.r,t ,1..
O . dans les ntuins de 1 ahhe tmery , au prolil uu
de Bausset lui paya son tribut de séminaire de .Saim-Sulpice, dont cothouime res-
1 I - „., ,.r,r> TV # "^ / • .* -^ neclable était le directeur. M — uj.
regrets par wuq ISotice historique ^ ^^^ pi^i„ d'admiration pour le .;ècie d«
assez étendue et écrite avec autant de I.ouis XlV.cct illustre prélat étrlvait à l'autenr
1 -i T.' 11 , de cette note 1817): «... Tout ce qiM sC' i>.nsse
rOUt que de SenSllJlille ; elle parut ,,epuis quelques années, fait encore plus apprt-
l'abonl in- 1 2 , et a été réimprimée ci.r co Loui:, \iv qui sut gouverner la rr..nr«,
. I . , /^/' I nr J et U'.i donner de la grandeur et de la aii:nité ,
a la lete des ULin>rrS de l)J . de ,,,j i^i^^jut à la hauteur de son noble c.uac-
Jjoiseelin , I 8 I 8 , in-8". Einery, ^^^^- <■« »""'• '^' '«^ -^'"l 'Secret de son gouverne-
" . , -II.'' uicnt , et ce servcl n*" jiouvait étrç que celui de
ayant acquis les manuscrits de r e- 9;, -riouj* 'u«-. " v— v».
326 BAU BAU
d'instruction publique ; mais le retour grand nomBre de matériaux pour cet
inopiné de Bonaparte fit avorter celte ouvrage; mais les accès plus fréquents
mesure. Pendant les cent-jours, un de la goutte le forcèrent de renoncer
décret rétablit ie prélat comme con- à ce travail. Il se borna, dans ses
seiller titulaire de l'université; mais dernières années, a publier quelques
il n'en exerça point les fonctions. Au notices sur des personnages de son
second retour de Louis XVUI , on temps. On lui doit, en ce genre, une
le comprit dans une promotion de Notice historique sur le pieux abbé
pairs, et, en 1816, il fut admis par Lcgris-Duval , qui fut mise a la tête
ordonnance dans Tacadémie française, des sermons de cet excellent prêtre;
Louis XVIII l'avait présenté pour le une Notice historique sur le cardi-
chapcau de cardinal, etBI. deBausset nal de Périgord, qui a été ausii ini-
fut élevé a cette dignité dans le con- primée, 1821 , in-8°, et une autre
sistoire du 28 juillet 18 17. Le roi sur le duc de Ricbelieu , qui fut lue »
lui conféra successivement les titres par M. Pastoret h la chambre des
de duc, de commandeur de l'ordre du pairs le 8 juin 1822. Le cardinal de
Saint-Esprit, de ministre d'état et de Bausset était étroitement lié avec cet
membre du conseil privé. Le cardinal ancien ministre, dont il partageait les
prit part aux négociations qui eurent idées politiques; et les pairs de la
lieu, en 18 18 et en 18 19, sur les même nuance d'opinion se réunis-
affaires de l'église ; il assista aux réu- saicnt chez lui pour se concerter
nions d'évêques et signa leurs lettres sur leurs délibérations , ce qui leur
et réclamations ; dans une seule oc- avait fait donner le nom de car-
casion il parut ne pas faire cause dinalistes. Au commencement du
commune avec ses collègues. Une loi printemps de 1824, la santé du car-
sur la presse ayant été présentée aux dinal parut s'altérer sensiblement. Il
chambres, plusieurs pairs avaient pressentit sa fin prochaine, et s'y
demandé qu'on y énonçât formelle- disposa en chrétien et en évêque ; il
ment des peines contre les auteurs reçut fous les sacrements en pleine
d'outrages envers la religion; cet connaissance, et mourut le 21 juin
amendement fut rejeté. Quatre évê- de la même année. Ses obsèques
ques pairs signèrent une réclamation eurent lieu, le 25, K Saint-Thomas-
k ce sujet. Le cardinal de Bausset ne d'A([uin , et le corps fut porté dans
crut point devoir la signer, non qu'il l'église des Carmélites de la rue de
pensai autrement (jue ses collègues Yaugirard. Sou testament contient
«ur le respect dû a la religion; mais plusieurs legs pieux : il laissa sa cha-
îl donna une autre forme h sa récla- pelle elsesmanuscritsau séminaire de
inaliou, et il écrivit au cardinal de Sainl-Siilpice. Une oraison funèhre du
Périgord une lettre pour rxpli(pier cardinal lui prononcée a Aix par 31.
ses motifs. 11 eut alors beaucoup de Christian, et ensuite imprimée dans la
pari au rélahlissemcnl de la statue même ville. lia paru plusieurs notices
de ileuri IV. Aimant les arts et les sur le cardinal : l'une assez courte, el
lettres , il encourageait ceux (jui les dont celle-ci est un extrait , a élc
cultivent. Coudanjué h la retraite publiée dans V J/ni de lu luligion.
par ses infirir'lés, il s'occupa ([uebpie Une autre par M. de G. aélé imprimée
temps d'une histoire du cardinal de Ji Marseille , 182/»., iu-8'', de 72 n.
Flcury^ çl il uYiûi déjH rçuui un assez Le cumlc de Villcjicuve , parent (lu
lUU
carilinal ilc B;iiisscl, a l'ail Impriiiirr
cil it)::.), il Marseille, imr iSolirc
lUsloriqtic sur S. K., (|u il avail
lue il l'acailcmio do celle ville. Ou
a imprimé séparément ccl'c (juc
i\l. Malml lui a consacrée dans son
Annuaire nêcrelugiq ne ponr 1824*
]»—(:— T.
«AUSSET-RO<^H KIORÏ^
( Pierre -François -Gauriet,- Il AY-
jviOND-FERDiNANn dc ), aiTlievè((nc;
d'Aix, né il Bézicrs le 5i décembre
1767 , élail cousin du procèdent , et
si , comme Ta dii nn de ses biogra-
phes , l'un lui la lumière de Tégliso
de France , l'aulre eu a été l'exemple
par SCS vertus et la pureté de ses
doclrines. D'abord graud-vicairc de
Tarchevèque d Aix , il le fut ensuite
de l'évêque d'Orléans, et renonça 1\ ces
fondions en 1791, ayant leiusé dc
prêter le serment exigé par l'assem-
Llée nationale. 11 se rendit alors en
Angleterre, et plus tard en Ilalie,
d'où il revint aussitôt après le con-
cordat. ÎSommé d'abord chanoine au
chapitre d'Aix par M. de Cicé, il
devint évèque de Vannes en 1808,
après la mort de M. dc Pancemont.
Comme Tancien évèquc , M. Ame-
lot , qui élait alors tu Angleterre ,
n'avait pas donné sa démission, M. de
Bausset lui envoya la sienne; mais
elle ne fut point acceptée. Ayant pris
possession du diocèse , le nouveau
])rélal s'y fit remarquer par son zèle
et par d'assez imporlanlcs améliora-
tions. Il rétablit le petit séminaire dc
Sainte-Anne (T Aurai , où il plaça
des jésuites, qu'il amena plus lard en
Provence, (piand il fut nommé arciie-
vèque d'Aix en i 8 1 7. Lorsque Toulon
et jMarseille furent délachés de son
archevêché, cette dernière ville, re-
connaissante des bienfaits dc l'ad-
ministratiou , lui lit présent d'une
magnifique chapellç en vermeil. Ce
ÏJAU
327
prélat (Vsl mort dans «a ville mélro-
pobtaiiic le •j.i) janvier 1829. — Le
chevalier de Baunset, aide-major du
fort Saint-Jean, ii Marseille, fut mas-
sacré, le 1" niai 1790, par la popu-
lace, pour avoir reiusc de lui livrer
cette forleresse. — l^e préfel du palais
impérial de ce nom, (jui a écrit des
mémoires sur la cour de JNapoléon ,
est de la même (amille. Z.
ï5AUSSO]\\\ET (Jean-Bap-
tiste), né K Reims en 1700, lit pro-
fe'ssion il l'abbaye de Saint-Rémi, le
8 février 17:22. Après sou cours d'é-
tudes, il alla professer les humanités
au collège dcPoullevoy. 11 se proposa
ensuite de travailler avec dom Charles
Taillandier il Thistoirc générale do
Champagne et de Brie, et ils en firent
imprimer le plan ii Reims en 1738.
Dom Baussonnct s'occupa d'en re-
cueillir les matériaux, et il eut com-
munication de quelques écrits de
Lecourt , savant chanoine de Reims ,
qui avait entrepris l'histoire de cette
ville. La s.ource où dora Baussonnct
puisa le plus de monuments fut la
collection des pièces ramassées de
côté et d'autre et surtout il l'hotel-
de-ville par Aluse, curé du diocèse,
homme la])orieux et amaleurde This-
toire. Ilacquit hTroyesuue collection
de mémoires concernant celte ville;
enfin il tira beaucoup de pièces im-
porlantes de la bibliothèque de Jo-
iy dc Fleury, ancien procureur-géné-
ral, qui voulut bien lui communiquer
ses porte-feuilles. Il recueillit encore
a Mcaux, Provins, Cbàlons, Tonnerre,
Sens,Langres quantité de mémoires
et de pièces. Dom Taillandier ayant
abandonne ce projet, dom Baussonnct
se joignit il dom Tassin, de l'agrément
dc ses supérieurs; il remit, par leur
ordre, sa collection entre les mains
de dom Claude Rousseau, qui se
chnrgra, yers ^7^^; tl'en composçr,
328
BAU
avec ses nouvellesreclierclies,r!iistoi-
re des provinces de Champagne cl de
Brie. Dom Baussonnel aida aussi dom
Tassin dansie Nouveau Trailé de di-
plomatique, après la mort de dom
Touslain. Ce savant historien est mort
vers lyyS , sans avoir p'i metire
au jour le fruit de tant de travaux.
C. T— Y.
BATJTER ( Charles ), poète
dramatique, naquitk Paris vers i 58o.
Il n'avait pas quinze ans, comme il
nous l'apprend lui-même, qu'il fai-
sait des vers sur toutes sortes de
sujets. Son dessein n'était pas de con-
quérir une place a côté de Ronsard,
de Desporles ou de Bertaut. N'am-
hitionnant point le titre d'auteur,
il ne voyait dans la poésie qu'un
exercice agréable, et ses productions
communifjuées seulement a ses amis
les plus intimes, n'étaient point des-
linées a voir le jour. MaisTintidélité
d'une belle dame lui fit oublier ses
résolutions, et dans son dépit il pu-
blia contre elle une plainte ou une
satire. En 1600 , il célébra dans un
discowsXc mariage de Henri IV avec
Marie de Médicis. Celle pièce doit
être très-rare , puisqu'elle n'a été
connue ni du P. Lclong, ni des nou-
veaux éditeurs de la Blbliolhèque his-
tori([ue de la France. Il entreprit
ensuite un roinaii dont on n'a ])u dé-
couvrir le litre 5 on sait seuleineul
qu'après avoir terminé cet ouvrage
il en fut si content, qu'lHil le serment
de ne plus écrire (ju'en prose. Mais
dans un voyage en Normandie, ayant
vu Catherine Scriles de Bayeux, il ne
put résistera tant decharmi-s; el, luen
qu'elle reçut froidement ses homma-
ges, il la célébra dans wwv foule de
vers. Celle demoiselle étant morte ,
il «'empressa de lui dresser un tom-
beau poétique , el publia toutes les
piècp.i qu'il avait composées ni son
BUT
honneur sous le litre des Amours de
Catherine^ Paris , i6o5, in-8". A
la tète de ce volume, il preud le nom
de Meli^losse, c'est-a-direlangue de
miel, qui ne lui convenait guère, car '
sa versification est très-dure. Bauter I
joignit h ses veis amoureux deux ■
tragédies tirées du poème de l'A-
rioste : la Rodomontade , et la
Mort de Roger. Ces deux pièces ont
été réimprimées avec des change-
ments, surtout dans la /îo^o/^2o;i/«</t^,
Troyes, 1619 et 1620, in-8°. On en
trouve l'analyse dans l'Histoire du à
théâtre français^ IV, 78, et dans ■
la bibliothèque du théâtre fran-
çais, I, 365.Bauter promettait d'au-
tres ouvrages dramatiques ; mais il
est probable que, rebuté par le mau-
vais accueil que le public avait fait ?
ses premiers ouvrages, il perdit l'en-
vie d'en donner d'autres {V . la Bi-
hliothèq. franc aise ait l'abbé Gou- ■
jet, XV, 108).' W_s.
BAUZA (don FiLippo), illustre
marin , et géographe espagnol, fit ses
études a Madrid, el à vingt ans fut
désigné pour accompagner le célèbre
Malaspina dans î,ts importantes et
vastes inspections navales , qui furent
commencées en i 789 , par l'ordie du
roi d'Espagne. Bauza , de retour
dans sa pairie, fut nommé directeur
du dépôt hydrographitjue h Madrid;
el il ne larda pas ii occuper la pre-
mière place dans cet utile établisse- '
nienl. Les belles caries tracées sous
la surveillance de Bauza témoignent
de sa haute capacité , et sont de beau-
coup supérieures h celles que liellin,
d'Anville , Buache, lirown , Moll ,
l*oirson el autres, ont publiées sur
rAméri(pie du sud. Elles sont sur-
tout recherchées par les oiliciers de
marine. Chassé d'I'^spagnc en 1823,
par le gouvernement de cette épo-
<|ue , après avoir rempli avec lanl de
1ÎA\
7v\c cl (riicmuMir rrlU* impoil.nilo
])lacc, r»aii/.a ,so n'Inj;!.! en Aii^lc-
lerre , où il iiuuiiiil cii i[{53.
(;_,-._v.
HA VA SAX-PAOLO (K
comte Emmanuel), né ii Fossano, eu
1737, fiil d'alx)!-;! |)ai;e(liirolCliarlcs-
Emmanuel 111, cl ensiiilc, selon l'usa-
«^e,()llieicr clans rariiiée pléinonlalse,
qu'il quilla pour s'atlonucr à l'clude
de riuNloiie et de la lilléra'iurc de
.son pays. Il Tiil un des fondateurs de
V Accadeniia Fossancse. Allaché cà
la cour , eu qualité de cliambellan ^
il resta néanmoins dans la capitale
après rinvasion des Français , et la
cluite du Irôno de SardaiL^ie : mais
quelques insultes el des menaces pro-
férées contre lui par de jeunes révo-
lutionnaires , a cause de la singularité
de son ancien costume , le forcèrent
à se retirer dans son pays en 1798.
Ce fut alors qu'il composa l'ouvrage
lrès-rcmarqual)le ([ui a fondé sa ré-
putation, et qu'il fil paraître sous ce
litre , en italien : Jableau histori-
que et philosophique des vicissi-
tudes et desproi^rès des sciences,
des arts et des mœurs y depuis le
onzième jusqu'au dix-huitième siè-
cle^ Turin, 1816, 5 vol. iii-8°. La
publication de cet important ouvra-
ge valut à Bava sou admission
à l'académie royale des sciences de
Turin, classe des sciences morales,
histoâques et philologiques, et il fut
placé sur la liste des vingt-cpiatrc
membres pensionnés par le roi. Il
fut ensuite décoré de la ?rande-croix
de Saint-Maurice, el nommé grand
de la cour. Le comte de Bava est mort
h Fossano, le 7 juillet 1829, après
avoir légué sa l)il>!iolhèque , de six
mille volumes , a la société littéraire
de sa patrie qui , par reconnaissance
chargea l'abbé Brizio de son Lloge
funèbre. (i — c— y.
BAV
>f>
r.AVAV (PAiii.-Ir.NAcr.), Ills
d un lioniiMc (pii s élail iiresiPie ex
cbisn iMiiiiil consacré ;i la cliirnie ,
nacpiil u r»ruxelles, en 1704-, cl sui-
vit la même carrière que son père.
Les circonstances le décidèrent, vers
sa Irenlième année, a éludier le latin
et ensuite la médecine. Ses nroo'rès
I o
furent rapides ; el en peu d'années il
obtint des places importantes , outre
plusieurs chaires dans les(]uelles il
était chargé de professer ranatomic
et la chirurgie en latin , en français et
en hollandais. Des contestations très
vives qu'il eut avec ses confrères le
forcèrent enfin a quitter lîruxelles ,
el à se retirer a Dcndermonde • mais
il revint terminer ses jours dans sa ville
natale, où il mourut en 1768. Ses
ouvrages donnent lieu de penser que
ce ne fut qu'un charlatan , puisqu'ils
ne roulent que sur les éloges d'un re-
mède de son invention , dont il tenait
la composition secrète. I. Petit re-
cueil d'observations sur les vertus
de la confection résolutive etdiuré-
i/<7wej Bruxelles, 1753, in-i 2 . 11. 3Ié-
thode courte, aisée , peu coûteuse ,
utde aux médecins et absolument
nécessaire au public indigent^ pour
la i^uérison de plusieurs maladies^
Bruxelles, ^7^95 in- 12. Cet opus-
cule a été réimprimé avec le précé-
dent en 1770. On présume (jue l'iris
de Florence et la scille faisaient la
base de la confection de Bavay.
J — D N.
BA VEREL (Jea^-I'ierre) , lit-
térateur, naquit vers 1744, h Paris,
de parents francs-comtois. Bamené
dans sa famille aussitôt (ju'il fut en
étal de supporter le voyage, il fit ses
éludes au collège de P>esançou , et sa
ihéologii; an séminaire, où se déve-
loppèrent en même temps son incli-
iialion pour les lettres, et son pen-
chant a larausiicité, qui devait u/i jour
33o BAV BAV
lui faire perdre loiis ses anois. Ayant vains exaltèrent encore son amour-
embrassé l'élat ecclésiastique, il fut propre, et il revint de Suisse avec le
pourvu d'-un bénéfice modeste, mais projet de guérir ses compatriotes de
qui lui laissait le loisir de se livrer à leurs préjugés. Dans ce but, il com-
ses goùls littéraires. Avec une fortune posa le Tableau de Besançon, sur
médiocre il parvint en peu de temps le plan du Tableau de Paris • mais la
à former une collection d'estampes crainte des poursuitesjudiciaires l'em-
des meilleurs maîlres; et dès lors il pécha de le publier. Il s'était asso-
conçut le projet d'écrire riiistoire des cié , malgré ses opinions pbilosophi-
graveurs, qu'il n'exécuta que bien ques , au P. Dunand(^t>j". ce nom,
long-temps après. L'académie de Be- XII, 2 38) , pour rédiger une histoire
saucou avait, en 1777, proposé pour du parlement de Franche -Comté,
sujet de prix : De déterminer les eau- Dans le même temps il remportait
ses d'une maladie qui menaçait de des prix a l'académie de Besançon par
détruire les vignobles de la province, des mémoires pleins de recherches et
Ln mémoire du P. Prudent (^oj^-. ce d'érudition 5 enfin il recueillait des
nom , XXX\ 1 , 161) avait été cou- matériaux pour une histoire générale
ronné. L'abbé Baverel en le lisant de la province, qu'on le pressait d'en-
y découvrit quelques erreurs et les Ireprendre , lorsque la révolution
signala dans une brochure très -pi- vint faire évanouir les espérances fou-
quanle , où il raille a-la-fois l'acadé- dées sur ses talents. Baverel en em-
mie , le P. Prudent et ses confrères brassa les principes avec chaleur,
les capucins, qu'il représente comme Pouvant se dispenser du serment
des hommes ignorants, inutiles el exigé des ecclésiastiques, puisqu'il
même dangereux. Celle brochure renonçait h l'exercice du niinis-
auonyme fut dénoncée au parlement; tèrc , il n'en fut pas moins empressé
mais la dénonciation n'eut aucune de le prêter ; et il se fit affiliera la
suile. Malgré les précautions qu'il sociélé populaire dont il devint l'un
avait prises pour se cacher, l'abbé des membres les plus actils. tllrayé
Baverel ne larda pas a êlre reconnu cependant de la marche des évèue-
])Our l'auteur de l'écrit qui causait meuts , il ne tarda pas îi revenir îi des
tant de scandale. Une fois découvert, sentiments plus modérés, et fut l'un
il ne garda plus de mesures, et désola des fondateurs de la Feuille hebilo-
Ic P. l'rudent j)ar un nouveau pam- ;;/rf<'//^a>r(i), journal destiné a combat-
phlet plus mécliaut encore que le pre- tre les doctrines anarchiques. H élait
inier. Le dramaturge Mercier, alors déjli .suspect lises anciens amis, lors-
îi INcufchàtel , écri\il a lîaverel pour ({u'une visilo dans son domicile y
Je féliciler sur le courage avec lequel fil découvrir les blasons el les généa-
il attaquait les ninincs. Fiai té des logies des familles nobles de la pro-
suHVage.sdc l'auteur du Ttihlcau de vincc. \l\\ vain il allégua pour sa dé-
l\iris , il ne crut pas pouvoir se dis- fense, ipie c'étaient les matériaux de
penser de lui rendre une visite, il l'iiisloire "a laipielle il havaillnit \
trouva II Neufeliiilel l'abbé llaynal , rayé comme indigne du tableau de la
que le parlement de Paris venait société populaire, il lut quelques
de décréter, en lui fournissani les jours après ( déc. lypS ) conduit
moyens de se soustraire li l'arrêt. Les
vlogcs (pi'il reeul do ces deux écri- ^,) Uu'ujmrw ']•<<." J^ uuuurosOorojournnl,
BAV BAV :',3i
an cliAirnu do Dijon , où l'avairnl pie- in-8'* de 02 pages. II. Observations
i l'dc hiiMi ài'i^ jHisoniu's (|ul jiOiivaicnl sur roiivi(i^<: du P. Piudciit , Luu-
lul reprocher, sinon i\c 1rs avoir cltcLiU les nutludics des vignes <la
dénonfées, an moins d^uoir con- y-'/wz/r/zc-Com/r', Besançon , 1 779 ,
tribné il leur arreslalion. Odienx in-8" de 07 pa<;cs. Ces dcnx pièces
à SCS compagnons d'inforlnne, el rc- sont assez rares. JII. Coup-d'œlL
dnil h n'avoir d'anlrc compagnie (juc pldlosopluquc ci politique sur la
celle du geôlier, pendant Tannée inain-mortc , Londres (liesanconj ,
ipril passa sons les verroux rcnolu- 1785, in-B**. Ikverel fnl aidé dans
tionnaires , il eul loul le temps d'ex- ce travail par Tabbé Clergel, curé
pier les loris de sa conduite. Forcé d'Onans , dépulé du bailliage d'A-
de contracter des dcltes pour subsis- mont a rassemblée constituanle, mort
1er , il vendit pour les payer une par- consul de France aux îles Canaries,
lie de son patrimoine, et aliéna eu \Zq().\S . ISoticcs sur les ^ra-
l'autre, moyennant une petite pension veurs qui nous ont laissé des estam-
viagère. Le courage avec lequel il pas marquées de monogrammes ,
supporta l'inforlune aurait pu lui faire chiffres , rébus , lettres initiales ,
pardonner ses égaremeutsj mais son etc., Besançon, 1808, 2 vol. in-8° ,
cynisme et sa causticité, dont rien fig. Malpé , capilaine d'artillerie, tué
n'avait pu le guérir, éloignaient de en 1812, a eu part a cet ouvrage
lui les personnes le mieux disposées flont il a gravé les planches. Les nia-
en sa faveur. Après le rétablissement nuscrits deBaverelont été acquis par
de l'académie (1807), il redescendit la bibliothèque de Besançon. Outre
dans la lice , malgré son âge avancé, des dissertations sur les points les plus
et remporta , presque chaque année, importants de l'iiisloire ancienne et
les prix d'histoire. Le gouvernement moderne du comté de Bourgogne , ou
ayant demandé la description des an- y trouve un recueil d'antiquités dé-
ciens châteaux et des monuments du couvertes dans celle province , des
moyen âge, existant dans la province, inscriptions , des blasons , des généa-
Baverel fut chargé de ce travail par logies, et enfin des noies sur les gra-
le préfet J. Debry , qui lui fit obtenir veurs français, sur les livres ornés
du ministre de fréquentes gralifîca- d'estampes , etc. W — s.
lions. Encouragé par les témoignages BAVERIO, plus généralement
d'estime de quelques savants, il avait appelé Bavierus ouBaverius, était
résolu de porter a Paris ses princi- né à Imola, quoique issu d'une famille
paux manuscrits , dans l'espérance de bolonaise. Il fut médecin du pape
les placer avantageusement 5 mais la Kicolas V, et professa successivement
veille du jour fixé pour son départ, la logique, la philosophie el la morale
il tomba malade, et mourut presque à Bologne, où il mourut en 1A80. J^e
subitement le 18 septembre 1822, h titre de docteur lui avait élé conféré
78 ans. On a de lui : I. Réjlexions cinquante-deux ans auparavant. C'est
d'un vigneron de Besancon sur un à tort qu'il a reçu des nus le prénom
ouvrage qui a pour titre : Disser- de Jean, et des autres celui d'Antoine.
tation , etc. ; de l'imprimerie de Alidosi fait un tableau peu llatleur
Barbiz!er(2) (Vesoul,Poirson), 1778, de son extérieur, car il le peint comme
■~ ; ; un homme lonqo, ma^ro e nesro ;
(2) Cesile nom d'uiiiUicicu Yib'iivryij trCspo. • r» • •. 1
l»iiauc à Bcspiiro». inais payçno passait pour un des
332
BAY
médecins les plus inslniils de son
temps , et il jouissait d'une grande
rénulalion parmi ses contemporains,
dont plusieurs le louent avec si
peu de réserve qu'on dirait presque
qu'ils le regardaient moins comme un
homme que comme un Dieu. Nous
n'a\ons de lui qu'un seul onvraî?;e
inlilulé: Consilif< rjiedicinalia^ sive
de morhorum curationihus hber,
Bologne, 1/489, in-folio. Ce livre a
été réimprimé a Pavie en i52i \ a
Strasbourg en i54-2 et en 1595.
J — D — N.
BAVIÈRE ( Maxtwilien - Jo-
seph , duc et électeur de), III , ^<^'i-
95. Voy. aussi Charles-Théodore,
VIII, 178.
15 AY (Alexandre, marquis dt-),
général espagnol, né, vers i65o, h
Salins, était fils de Louis jMaîlre,
gouverneur de cette ville. Entré jeune
au service, il passa rapidement par
tous les grades, et dut h sa valeur
l'estime de ses chefs et la confiance
du soldat. ISommé, en lyuS , vice-
roi de rEslramachire, il fui, pnKl:int
la guerre de la succession , chargé de
défendre celte province contre les
attaques i\\i^ Anglo-Portugais. Il ne
pul, en 17 06, les empêcher de prendre
Alcanlara, et de pénétrer juscpi'a
Madrid; mais, l'année suivante, il
reprit Alcanlara, et étant entré dans
TAîenlejo , il s'emj)ara de phi.>i(Mns
petites places et y leva des conlrinu-
tions pour l'entrcllcn de son aruïée.
Son dessein était de faire le siè;>;e
d'Olivcnca ; mai-*, mancpiani de piè-
ces de gros calibre, il laissa (le\ant
cette ville un cor|)S pour la hlo-
(pier ; et, avec le reste do ses trou-
pes, joignit Tennemi , (pi'il hallil en
plusieurs rencontres. Kn 1709, il
vint cauijier a Cnidina, dans une posi-
tion d'où il pouvait surveiller tous les
mouvenienls (If l'armée ennemie. S'é-
BAY
tant aperçu que Gallowav se disposait
h lui livrer bataille, il résolut de le
prévenir , et sans attendre son infan-
terie qui, dans ce moment se trouvait
éloignée , il s'élança sur la cavalerie
portugaise avec tant de violence ,
qu'elle fut mise en déroule. Gal-
loway résisia cpielque temps h la
tête des Ani^lais- mais, obligé d'aban-
donner le champ de bataille , il se
retira dans un tel désordre, que le
marquis de Eay , s'il avait eu des
troupes fraîches , l'aurait infaillible-
ment fait prisonnier avec les restes
de son armée [Voy. Galloway,
AVI, 576). Celle victoire le rendit
maître de tout le j'ays, et il fit trem-
bler Li.3 bonne. Appelé , en i 7 1 0 ,
dans la Calalogne , il y ranima par
sa présence le courage des soldats.
Cependant il f(»l battu près d'Alme-
nara el devant Saratrosse : mais ce
double échec ne l' empêcha pas de con-
couiir au succès de la bataille de
Yilla-\iciosa. Ueulré dans le }*or-
tugal , en 171 2 , il s'empara d'El-
vas , après un bond)aidement , el
vint mettre le siège devant Campo-
Major ; mois il fut obligé de se
retirer h l'approche de l'ennemi, qui
n'osa pas rin([uiéter dans sa mar-
che. A la paix , il vint demeuier
à Badajoz , siège de sa vice-royaulé ,
et il y mourut le 1 /». nov. 1715 ,
laissant un fds colonel d un régiment
ilamand. Le marquis de Bay avait été
créé <lu'\alier de la 'l'oison-d'Oi eu
1708. A\— s.
J$AVA\'E(le cardinal Ai.PHONSE-
IltiiERT DE LATrii.R,duc do) uatpiit à
Valence, en Daupbiné, le 5o octobre
17.^9, de l'une des plus anciennes
fimilles de cette province, et lui,
(lès sa plus tenilre jeunesse, destiné
il Tétat ecclésiaslitpie. n'alnud \'\-
raire-irénéral , et docleur île Sor
bonne , il fut tiotnmé , eu i"-t" ,
r; V V
aiulilcur lie voie yii-s l.i t(<iir Je
UoiiK'. CiMle jiliuo, (|iu condiiisail
soiivcnf au caiihnalal , n'y lil |).ii-
veiiir M. (le l'avaiie (juc le 9 aoiiL
iHu::, cl il ne l accepta (|iraj)ri\s a\()ir
ohleiuiraircmeiililii roi LonisXV IH,
qui élail alors à IMillau. Ayant ele
cliar;'é d'une mission do la cour de;
Roiue a Paris, il rcviul ilans sa pal ne,
après une ah.icnce de près de IrenUî
ans, cl il y fui parlaileinenl accueilli
du {^oiM ornenii ni impérial , (jui le
li'. ct)iule el grand oflicier de la
Légiou-d'Honneur en 1806, el le
uonima sénateur eu i8i5. Ce lui ei
celle qualité cpi il vola, eu avril i 8r 4^,
la décliéance de Napoléon. 11 fui créé
fiairde France par Louis XVIIIj m.iis
e I '' juin I 8 I 5 , après le retour de
lile d'Eibe , il fut présent a la messe
célébrée au champ de mai par M. de
Barrai. J.e roi le rétablit néanmoins
le mois suivant k la chambre des pairs.
Il se récusa comme lous les autres
ecclésiastiques dans le procès du ma-
réchal Xey, et prit du reste peu de
part aux affaires publiques. 11 était
entièrement sourd dans ses dernières
années el vivait très-reliré. Ce prélat
est mort a Paris le 26 août 18 18.
Son éloge fut prononcé a la chambre
des pairs par M. Lemercier. Dans la
distribution des litres qui s'était faite
au commencement de celte année , le
roiravait créé duc (i). Etant auditeur
de rolc , M. de Bajane a publié h
Rome un ouvrago eu italien , intitulé
Discoi'so sojira la mal' aria ele ma-
latlie clie cagiunano priiicipal-
mente in varie spiaggie d'Italia,
Ro;i!e. 179.5, in-8" de 76 pages.
(1) Le cardinal de Rayane n'était pas cvi-que.
En 1/7» > '77^ *;t «780, il avait «'■té pourvu de
trois abbaM;s qu'il posséda jusqu'à la révolu-
tion , et qui valaient eMScrnt>lc ^uixante mille
francs de r< ute. Mais sous l'empire , comme sous
la restauration , il ne fut i-lcvé à aucun siège
épiscopal , pas même à un tanouical du cliapi-
Ire <Jc Saiiit-Dniis. A — r.
UAY
:i3
Jjiiulcnr pi-nst; que leS exhalaisons
de la terre forment j)res(pic tout le
poison du mauvais air. il ( onseiile de
11 habiter (pie des lieux dont le cir-
cuit est pavé- cet ouvrage a eu du
succès , cl il est devenu rare. A — D.
BAVAUI) (Jean-Baptiote-
Fhancois), jurisconsulte, iia(piit à
l\iris , le 24 juin 17.60. Avocat au
parlement de cette ville, en 1776 ,
il devint successivement accusateur
public près le tribunal du deuxième
arrondissement, substitut du commis-
saire du pouvoir exécutif, près le
tribunal de cassation , el en Bu juge
au même tribunal. Il sut allier le
savoir a rimpartialité et conserva,
dans des temps difficiles , le calme
el la modération qu'on aime tant à
retrouver dans le magistral, a de pa-
reilles époques. La renommée de
Bavard , comme babile jurisconsulte,
s'établit surtout par une nouvelle pu-
blication de l'ouvrage connu au bar-
reau , sous le nom de Collection de
décisions nom^elles et de notions
relatives cl la jurisprudence , par
Denisart , in-4.°. Cette compilation
informe , dans l'origine , et que les
premiers reviseurs avaient peu amé-
liorée, cessa d'être un guide infidèle
et devint entre les mains de Ca-
mus et Bayard, un répertoire où les
matières furent plus logiquement coor-
données et distribuées, et les décisions
plus exactement rapportées. \.^% neuf
premiers volumes avaient paru , de
1785 a 1790 , lorsque rabrogation
d'une grande partie de nos lois et la
suppression des anciens tribunaux ,
vinrent enlever a celle collection l'in-
térêt d'une application journalière ,
pour ne lui laisser que le mérite de la
doctrine. Ce fut alors que les éditeurs
s'arrêtèrent el leur lexiijuc finit au
mol hypollicque. Camus rend comp-
te , en ces termes , des obligations
334
BAY
qu'il eut à Bayard : ce Le plus dif-
K ficile fut de trouver des coopéra-
a leurs. J'avais fondé mon espérance
« sur des personnes dans lesquelles
a je m'étais flatté de rencontrer des
ce conseils aulant que des aides; elles
K furent effrayées de l'étendue de
« l'entreprise. M. Bayard, avocat,
« voulut bien travailler sous ma di-
cc rcclion 5 il saisit mon plan , se pé-
cc nétra de mes idées. H a travaillé
te avec beaucoup de zèle , de cons-
cc tance et même de succès (i> » Le
tribunal de cassation fut privé trop
tôt des lumières de Bayard, par la
mort prématurée de ce digne magis-
tral, arrivée le 2 août 1800. M. So-
reau qui avait aussi travaillé a la nou-
velle édition de Denisart , a donné
dans le Magasin encyclopédique (6^ an-
née, n-* 10) une notice biographique
sur Bayard. L— m— x.
BAYARDI. Foj. Baiardi ,
^^"bayer de boppart
(TniEBBi), évèque de Metz, dune
ancienne et illustre famille , occupait
le siège épiscopal de Worras , lors-
(lu'il fut pourvu de celui de Metz ,
en i365. Tous les chroniqueurs de
l'époiiuc en parlent d'une manière fort
avantageuse. D'après leur témoigna-
ge, il joignait a la majesté de la taille
el 'du maintien la connaissance des
langues latine , tudesquc et romane,
une grande expérience dans les af-
faires el beaucoup d'habileté pour
le commandement. Dès sou arrivée
a Metz, il l^cha de gagner l'affcc-
iion du peuple en terminant a l'a-
miable les discussions qui s'claicnt
élevées entre les bourgeois et .son pré-
déce.sseur; il fil un traité d'alliance
avec les ducs de Lorraine et de Bar,
aliu d'assurer la lran(inil!ilé de ses
( I ) Lniir. uir lu jinijfiiion d'nvoKat , 4* éUiliOJi,
,.ubluc l'.ir M. Uui>iii, lom. a, i>. 164.
BAY
étals , et accompagna avec ses trou-
pes l'empereur Charles IV , lorsque
ce monarque marcba contre le duc
de Milan. Bayer lui fut très-utile
comme chef sur le champ de bataille,
et comme ambassadeur à la cour de
Home. De retour a Metz, il conclut
un nouveau traité pour six ans avec
les ducs de Lorraine el de Bar contre
les aventuriers qui battaient le pays;
traité qui n'empêcha point Pierre de
Bar de faire encore, en iSya, une
irruption dans le Val de Metz. On
s'arrangea cependant : Bayer cul
la paix de ce côté , mais il eut
a lutter contre laboursieoisie messine
qu'il excommunia, le iio juin iSyS.
Après deux années d'interdit, les ma-
gis Irais rentrèrent en grâce moyen-
nant 5,000 francs eu or, et Bayer fut
excommunié a son tour, en i58r ,
pour s'être refusé à payer certaine
redevance au chapitre delacathédrale.
Ce prélat résidait alors a Vie , le sé-
jour de Metz lui déplaisant a cause
de ses démêlés avec la bourgeoisie;
les courses des grands Bretons aux-
quels il paya seize mille francs en or
l'ayant presque ruine', il vendit a la
ville son droit de battre monnaie, ren-
tra dans Metz en iSyô , se brouilla
de nouveau avec le clergé dont il avait
voulu réprimer la vie licencieuse ,
guerroya de uouveau contre les ducs
de Lorraine et de Bar , et enga-
gea, pour subvenir aux frais de ces .
hostilités, une grande partie de ses
domaines. Il mourul le lo janvier
1 384^ , fatigué i\t:s discordes et des
guerres (jui n'avaient cessé d'occuper
sou administration. On lui dut plu-
sieurs coiislriiclions inqiorlanics ,
plusieurs étublisscmenls , cl (Us me-
sures d'ordre public qui prouvent , 1
qu'en un leinps de paix, ce prilul
eut été digue de sa mission é\angéli- ,
que. B — N. \
BAY BAY 33r>
BAYER DK 1M)PPART de Md/. lui fui mcorc d'un puissant
(Conrad), t'vàjuc de AK-lz, homme secours cl pour les reformes (ju'il diil
^rand y menas i;cr , aimable à s06 cxeculcr, cL dans les diverses expédi-
ttmis , ri^ditrcux â ses ennemis^ lions niililaircs (jueuéccssilail Tinsur-
cUiil de la nièiue famille <|ue le pré- reclion de plusieurs grands vassaux,
cédenl. Lorstpie Tliierri l'ut appelle Eu i438 , quand llené d'Anjou
ausicgc épiscopal de Me(z, une par- porta ses armes eu llalie , Conrad
tie de sa famille vint se fixer en Lor- Eajer fui chargé, conjointement avec
raine et aciiela le cliàleau Bréliain , Krard duChàlcIet, de gouverner les
dont le père de Conrad était seigneur, deux duchés. Il le lit avec autant de
ISé dans ce nouveau domaine , Conrad sagesse que le comportaient les cir-
lit ses éludes a Melz, y reçut les or- constances difficiles oùronse trouvait
dres , fut pourvu d'un cauonicat , alors , ce qui n'cmpècha cependant
exerça ensuite les fonctions de priu- pas la Lorraine et le pays messin
cier de la calliédrale , et parut avec d'essuyer les ravages du comte de
tant d'éclat au concile de Constance, Vaudéraont, des Ecorclieurs, du Da-
(pie le pape Jean XXIIl le plaça sur moiseau de Commercy , etc. , enne-
le siège épiscopal de Metz , vacant mis implacables auxquels Conrad
parla Domination de Raoul de Coucy, Bayer ne pouvait opposer assez de
eu i4.i5 , h révèché de Noyou. Dé- forces. Les emprunts qu'il s'était vu
truire les brigands qui infestaient le forcé de faire pour subvenir aux bc-
pavs, les poursuivre jusque dans leurs soins de la Lorraine, déterminèrent
repaireSjContracterdesalliaucesavan- une forte crise financière ; Bayer ne
lageusesavecles princes voisins, pro- vit d'autre moyen d'en sortir que de
céder a un accommodement entre le jeter quelques tailles sur les étals de
duc de Lorraine et les Messins, tels René. Il n'en fallut pas davantage
lurent les premiers soins de ce prélat, pour le perdre. Vautrin Plazard, cure
Mais pendant qu'il se donnait tant de de Condé-sur-Moselle, se rend aNa-
peine pour pacifier sa province, il était pies et indispose tellement René d'An-
lui-mème menacé d'une guerre qui jou contre l'évéque de Metz, qu'il
devait lui coûter la liberté. A son re- reçoit l'ordre de l'arrêter; à cet ef-
tour de Rome, où il était aile solliciler fel , Vautrin Hazard attire l'évéque a
Tarchevèché de Trêves, pour son ne- Araance 5 et, vers minuit, fait enfon-
veu Jacques de Sterck, il prend chau- cer les portes de la maison oùil repose,
dément les intérêts de René d'Anjou On se jette sur lui , on le frappe jus-
contre Antoine de Vaudémout, com- qu'a effusion de sang, on le place eu
pétiteur de ce prince au duché de chemise sur une haquenée , on le
Lorraine , lève des troupes , combat à conduit a Condé-sur-Moselle , dans la
leur tête a l'affaire de Bulgnéville, est plus malhonnête chambre ^ là oh
fait prisonnier avec René, et n'obtient il y avait j)lus de fumier que de Jeu,
sa liberté qu'en payant i 0,000 saluts et ou l'y retient prisonnier deux mois
d'or. Allié généreux , il s'occupe ans- et demi. Bayer n'en sortit (ju'aux plus
sitôt de la délivrance du duc de Lor- rigoureuses conditions: mais lesMes-
raine ; sacrifices , démarches, rien ne sins indignés lui firent wnc réception
lui coûte 5 René revoit ses étals, mais triomphale, l'aidèrent à acquitter ses
ruinés, dévastés par les guerres , par dettes et se liguèrent avec lui-, en
les vices de radmiuistratiou.JL'évêquc i/\-o^ et i440; pour tirer vengeance
336 BAY
du duc de Lorraine. II ireutpas au-
tant a se louer de son clergé, cr.r les
ecclésiastiques du diocèse, se rappelant
ce qu'avait fait liayer pour réprimer
leurs mœurs dissolues, lui refusèrent
le courtois et charitable subside
décrété par le concile de Bàle. Dans
les dernières années de ba vie, Bayer
s'occupa exclusivement de son diocèse
qu'il avait beaucoup ncglii^é 5 il tourna
ses vues vers les arts, embellit, for-
tifia ses domaines et appela , au-
près de lui , plusieurs artistes au
nombre desquels nous citerons Jean
de Comraercy , célèbre architecte.
Conrad Bayer mourut à Metz , le
2.0 avril 1459 , et fut inhumé dans la
chapelle des évéques où l'on voyait
encore son tombeau, avant la révolu-
tion. C'était un homme d'une capacité
peu commune et d'un beau caractère.
B— N.
BAYLE ou BAILLE (Pier-
re) , né a Marseille , d'une famille
recommandable dans le commerce ,
entra de bonne heure au collège
de l'Oratoire , où il (it de bonnes
éludes. Il adopta avec beaucoup
d'ardeur les principes de la révolu-
tion , et lut nommé administrateur
du déparlemejit des Bouches -du-
Rhône. Lorscpie des troubles écla-
tèrent h Marseille et a Arles, en
1792 , les autorités furent accusées
auprès de ra,ssend)lée législative
d'avoir au moius toléré ces desordres
qu'elles pouvairnt réprimer , et les
adininiUraleurs du département fu-
rent mandés il la barre par m\ décret,
pour y rendre conq)le de leur con-
duite. Soutenus par le parti républi-
cain , (Ir.s-lors très -nond)reux dans
1 assend)lée , ils jrcurenl pas de i)eine
h se juslilier , et lurent riMUoyés à
leurs (onclMMiN, (icile t iiconslance ne
lit (ju'ajouler \\ leur popularité , et
Pierre Bayle fut nommé député ii la
BAV
convention nationale quelques juois
après par le départerr.ent des Bou-
ches-du-Rhùne. Dans le procès de
Louis X\I i! commença par s'éton-
ner (|ue l'on put mettre en doute si ce
prince étailjuslicidble de l'assemblée,
et demanda que le procès fût terminé
dans huit jours. Il se prononça ensuite
pour la mort, sans appel et sans sur-
sis à l'exécution 5 enlin il vota con-
stamment avec le parti de la Monta-
gne. Du reste, il parut rarement k la
tribune, et fut envoyé en mission dans
le midi peu de temps après ce mémo-
rable procès. Il se trouvait a Toulon
avec son collègue Beauvais, lorsque le
malheureux ahbé de Bastard y fut
condamné a mort , et il prit beaucoup
de part a cette condamnation. Il fut
même présent au supplice {Voy.
Bastard, dans ce vol. , p. 282).
Bayle était encore k Toulon quand
celle place tombaau pouvoir des An-
glais, et il fut aussitôt arrêté 5 ce qui
donna lieu k de violentes invectives
au sein de la convention nationale.
Dans le premier moment d'exaspéra-
tion , celte assemblée décréta que
tous les Anglais cpii se trouvaient en
France répondaient du traitement qui
serait fait k Pierre Bayle. On a dit
(pi'il refusa de crier vi\'e Louis m
Xl^ II; déclarant qu il n'avait pas 1
vole la mort du lyntn pour voir
reij^/icr so/t /ils, et (pie ce relus causa
sa mort; maison ne peut plus douter
aujourd h ui qu'ayant été renfermé dans
une étroite prison, il y lut mas-
sacré par la populace , (pii l'égorgca
sous les yeux de son père en lui re-
prochant ses cruautés, et particuliè-
rement la mort de l'abbé de Bas-
tard. Cependant llobespierre le jeune
fit a celle occasion un long discours
k la tribune de la convention natio-
nale , et il déclara positivenienl (pie
i3aylc s'clnit suicidé, pour ne pas
RAY
mourir do la main dos ennemis de I.i
ro|)uMi(jue ; Icstjiiols il avait entoii-
diKs (lilil)cror sur loj^onro (Ir supplice
tju ils lui loraionl subir. 11 lui dcilarc
marlyr de la lihorlc , el une pension
fui aocordcc à sa vouvc; Grauot pro-
posa do lui accorder los honnours du
Paul licou , mais celle proposilion
w'cul pas de suile. — Son père fut
uomnic dirocleur de la poslc aux let-
tres de 3Iarsoille , par un arrêté du
représentant du peuple Fréron^ et il
a conservé colle j)lace jusqu'en i 812,
épocpio do sa morl. JM — d j,
IJAYLE (Moïse), né dans le
Languedoc, vers 1760, élail officier
municipal h Marseille , lorsqu'il fut
nommé député a la convention na-
tionale par le déparlemenl des Bou-
chcs-du-Rhone , dans le mois do sep-
tembre 1792. Dévoué dès le commen-
cement au parti le plus exalté de cette
assemblée , il s'y montra l'apologislo
dos assassins de septembre, et vota
ensuite la mort de Louis XVI et son
exécution dans les vingt-quatre heures.
Envoyé peude temps après a Marseille
avecBoisset, il en fut expulsé violem-
ment , ainsi que son collègue , par le
parti de la Gironde qui s'y é tait emparé
du pouvoir. Cet événement donna lieu
aune longue discussion dans la conven-
tion nationale, le 12 mai 1795, et
Barbaroux y déclara que l'on n'avait
ainsi chassé les commissaires de la
convention que parce qu'ils avaient
prêché ouvertement le meurtre et
le bri^anda^e. Maratprit la défense
de Moïse Bayle 5 et , comme la lutte
des deux partis qui divisaient alors
l'assemblée était au plus haut degré
d'exaspération, celte affaire n'eut
point de solution j mais la journée du
3i mai, qui suivit de près, fit triom-
pher complèleraenl Moïse Bayle. 11
fut alors un des plus acharnés a pour-
suivre le parti delà Gironde j coucou-
BAY
337
rui do tout son pouvoir à la formation
d'une armée révolu lionnairc, devint
membre du comité de sûreté géné-
rale , et ])rcsi(l(ul de la conven-
tion nationale. Dans la séance du
2 3 brumaire aji II , il demanda la
menlion honorable d'une adresse de la
société des jacobius, Icndaul a la pro-
longation des lois de sang (jui aflli-
gealont alors la France. Enfin jusqu'à
la chute de Robespierre, Moïse Bayle
se montra l'un des plus zélés soutiens
do son système de terreur^ et, comme
il ne cessa qu'après la révolution du
9 thermidor d'être membre du comit»
de sûreté générale, il eut part pendant
plus d'un an a toutes les sanglantes
mesures de ce terrible pouvoir. Long-
temps après qu'on l'eut renversé il
en fut encore le défenseur dans plu-
sieurs occasions II fit tous ses cflbrl»
pour qu'aucune exception ne diminuât
la liste des émigrés ; et lorsqu'il fut
question d'un décret d'accusation con-
tre CoUot-d'Herbois, Barrera et lei
autres membres des anciens comités,
il déclara qu'il ne séparerait pas sa
cause delà leur, et qu'il voulait par-
tager leur sort. Ce généreux dévoue-
ment ne fut point écoulé 5 mais après
la révolte du i<^*" prairial (mai 1796)
Bayle qui y avait eu quelque part ,
fut décrété d'arrestation et sommé de
se rendre en prison dans les ringt-
quatre heures. Il n'obéit pas a ce dé-
cret et fut bientôt amnistié par la loi
du 3 brumaire. Rentré dans l'obscu-
rité , il obtint de Bourguignon , un
petit emploi dans la police j mais ,
ayant continué d'être lié au parti des
démagogues , il fut compris dans la
proscription qui en frappa une grande
partie, après la tentative du 5 nivôse
(déc. 1800). Forcé depuis cette épo-
que de vivre éloigné de la capitale, il
terminascs jours dans la misère, vers
j8i5. Il avait publié en lyyS,
LVII.
Tfik
^36
BAÏ
après It 9 ihermidor^ des Lettres à
Frérori, où l'on trouve des faits cu-
rieux etdes traits assez remarquables,
de sa part , contre les hommes de
sang. Cependant le cousin Jacques
(Beffroy de Reignj), dans son Dic-
tionnaire néologique des hommes
et des choses, iome i'^', p. 444-446,
dit que « Moïse Bajle rendit de Irès-
o grands services a plusieurs pères de
a famille j et il ajoute : Plusieurs ci-
a toyens, chers a la société, lui doi-
« vent aujourd'hui leur existence. »
M— D j.
BAYLE (Gaspard-Laurent) ,
l'un des médecins les plus distingués
qui aient paru en France depuis le re-
nouvellement de l'école de médecine,
naquit au Vernet , village des mon-
tagnes de la Provence , le 1 8 août
1774. Les principes de dévotion dans
lesquels ses parents l'avaient élevé
lui inspirèrent d'abord le désir de se
consacrer a l'état ecclésiastique j
mais au moment où les ordres allaient
lui être conlérés , il craignit de ne
J)oint être assez parlait pour remplir
es devoirs imposés aux prêtres , et ,
changeant d'opinion , il se décida
pour la profession d'avocat. Quoiqu'il
n'eût encore que dix-neuf aus, ses
concitoyens, dont il avait su se conci-
lier l'estime, le nommèrent secrétaire
de l'administration du district de Di-
gne. Ce (ut en cette qualité que ,
qand Barras et Fréron parurent dans
le midi, euvoyés par la convention na-
tionale, Bayle, chargé de les haran-
guer au nom de la ville de Digne ,
eut la noble hardiesse de leur dire
(ju'ils venaient î>ans doute pour réta-
blir l'ordre et la justice dans les cam-
pagnes, et (|ue les félicitations de-
vant être le prix de services rendus,
on attendrait, j)oiir It-ur en décerner,
(|u ils eussent accompli ce dont ou
If* supposait chargés. Le Icudcmai]!,
BAY
ses parents alarmés , le firent partir
pour Montpellier , et c'est ainsi qu'il
se trouva conduit par hasard a étu-
dier la médecine. Ses cours termi-
nés , il alla aux armées , revint a Pa-
ris en r 798 , et s'y fit recevoir doc- ■
teur en i 801. Six ans après il obtint
la place de médecin de la Charité ,
puis celle de médecin par quartier
de l'empereur Napoléon , et partit
eu cette (jualité pour l'Espagne. De
retour en France , il se livra assidû-
ment a la pratique , conservant tou- J
jours une tournure simple , qui con- "
trastait avec sa pénétration extraor-
dinaire et sa profonde connaissance
des hommes. 11 paraissait peu sensi-
ble, parce que de bonne heure il avait
pris l'habitude de réprimer en lui
l'élan de toutes les passions. Une
mort prématurée mit iin a sa carrière
le 1 1 mai 181 6. Il était membre
de la société royale de médecine
de Paris, et associé de celle de
Montpellier. Observateur excellent ,
Bayle fut un de ceux qui appré-
cièrent le mieux l'importance de l'a-
natomie pathologi([ue , aux prcgrès ■
de laquelle il a puissamment contri-
bué , en marchant avec éclat sur les
traces de Morgagni. On peut lui re-
procher de n'avoir pas mis assez d'at-
tention a observer les causes des mala-
dies et la dépendance mutuelle qui lie
les atleclions morbides les unes avec
les autres ; mais, a part ce défaut, il
n'est aucune de ses proiluctioiis qui
ne mérite d'être lue et méditée
avec attention. Les observations qu'on
y trouve consignées sont surtout re-
marquables par l extrême exactitude
(ju'il a mise dans la description des
maladies. On y rencontre pre>st|ue à
chaque pas des vues profondes, dont
j)lusieurs sont devenues depuis en
(incbpie sorte vulgaires, mais ipi'il a
émises 11* premier. Outre divtrs arli-
clt ,s rcinariinaliK's iiiscrc's dans nti (les ^j^art- dcjjuls loiig-leiiips j xnais il en
loiiniatix dr im'dcciiic de l'aris cl ('Xi>>I(' une copie , la seule que nous
dans le Diclioniiaire des sciences me- connjiis.sions , cnlrc le» mains de
dicales , il a pn!)lic ; I. Coiisidcni- BI. Noël, iiolairc à INancy. Celle
tioits sur la nosologie, lu mcdecinc copie e.sl (Paulant plus précieuse (juc
i/()l)S(/-iuilio/i et la médecine^ pra- Dora Huiuherl lielliomme et Doin
ti(juc , suivies de l'histoire d'une Caljnol, en publiant une partie de la
mahidie t^unij^réneusc non décrite clironicpie en (picslion , Tun dans son
jusqu'à ce j'our,V^\\s^ i8o2,in-8°. Histoire de Vahbaye de Moyen-
Celle maladie est la pustule maligne, moutier ( Voy. Belhomme^ dans
qui n'avait point encore été décrite ce volume) j Taulre dans sou Ilis-
avec soin, et dont luiyle a tracé une ioire de Lorraine , t. III , p, 2 i 3,
excellente monoL^rapliie. IL Recher- cdit. de 1728, l'ont mal lue et l'ont
cites sur la jyhthisie pulmonaire , tronquée dans plusieurs passages.
Paris, i8ro, in-8°. Cet ouvrage, B — n.
riche de faits, est une produclion du BAZAIXE , né dans un vil-
premier ordre , cpii a établi la repu- lage près de Metz, au milieu du siè-
tatiou de Tauleur sur des fondements cle dernier , fut redevable a la
solides. Une critique sévère peut y révolution de pouvoir mettre à pro-
relever des imperf<;ctions , des er- fit les talents dont l'avait doué la
reurs , même quelques fautes graves, nature. Apre;; avoir exercé l'état de
elle peut surtout se plaindre du laco- vigneron auquel se livraient ses an-
nisme avec lequel est traité tout ce cèlres , il épousa la cause révolulion-
(|ui concerne les indications curati- naire , se montra dans les clubs, et
\e.s; mais elle doit convenir aussi vint a Paris où il publia les ouvrages
(pic nulle part on n'a mieux décrit les suivants : I. Métrologie française ^
traces cadavériques des maladies, ni ou traité du système métrique ,
mieux fait connaître leurs connexions d'après la Jixation définitive de
avec les symptômes capables d'en ré- l'unité linéaire fondamentale ^
vêler l'existence pendant la vie des Paris, 1802 , in-8°, fig. II. Cours
malades. J — d — n. de stéréométrie appliquée au jau-
BAYON (Jean de), chroniqueur g(i(ig(^ assujéti au système métri-
eslimé du quatorzième siècle, a sans que, Paris, F. Didot, 1806, in 8",
doute pris le nom de Bayon du lig. III. Nouveau transformateur
bourg sur la Moselle où il vit le des poids et mesures, Vaius, 1806 ,
jour. Son existence solitaire , à in-8°. IV. Cours de géométrie
Tombre du cloître de Moyenmou- pratique appliquée à lamesure des
lier (Vosges) échappe aux détails objets de commerce , assujétis au
de la biographie. On sait seulement calcul métrique:, Paris, F. Didot,
qu'il s'y retira vers i326 et qu'une 1807, in-8^, avec fig. Bazaine était
partie de ses loisirs fut consacrée k reveuu dans son pays où son fils ,
l'histoire de son abbaye et à celle, général-major en Russie, lui avait
beaucoup plusintéressante , du comté acheté une jolie propriété, lorscjuMl
dti Vaudémonl , principauté sur la- mourut vers l'année 1820. JM. Qué-
((uelle il a laissé des détails qu'on rard , dans sa France littéraire, a
ignorerait sans lui. Le manuscrit confondu le père et le fils. B — n.
original de Jean de Bayon est BAZA\COUBT ( le baron
22.
340
BAZ
Jean-Baptiste - Marin -Antoine ,
Lecat de), général français, né le
19 mars 1767, d'une famille noble, au
Yal de Molle ( Oise ) , entra a l'é-
cole militaire en 1775, et fut nommé
sous-lieutenant au 4^* régiment de
ligne en 1784., lieutenant !e i 5 sept.
1791 , et capitaine l'année suivante.
Ce fut en cette qualité qu'il fit la pre-
mière campagne d'Italie en 1796, puis
celle d'Egypte , où il obtint le grade
de chef de bataillon en 1799. 11 avait
été blessé d'un coup de pierre a la
tête en montant a l'assnr.t de Saint-
Jean-d'Acre. ISommé colonel du qua-
trième régiment d'infanterie légère ,
en 1801 , il commandait ce corps a
Paris dans le mois de mars 1804.,
lorsque le duc d'Enghien fut amené
dans cette ville pour y être rais a
mort. Bazancourt eut le malheur d'ê-
tre désigné pour l'un des membres
de la commission qui fut chargée de
le condamner : il remplit a regret ces
terribles fonctions ; et, ([uoique sa si-
gnature se trouve au bas de la sen-
tence , il a toujours protesté , dans le
cercle de ses amis , que sa voix n'a-
vait pas été pour la mort(i) {Voj.
Enghien,X1II, i55). Peu de temps
après il reçut le titre de baron , et
celui de commandant de la Légion-
d'ilonneur , h la suite de la bataille
d'Austerlltz , où il s'était distingué.
En 1806 ilfillacampagne de Prusse,
(1) Dans la inatinri; (|iii suivil l'cxt'ciitioii, le
inar(|ui8 de Thuinc vint iiiu voir, et lut; dit : >< .le
sors (le clif /. ce pauvre (latiiaio(H>urt ; il v.stiluiis
!(on lit , inalnili! di; douliMir , cl dit (|iril a <'t('t
in(li|;neni)'iit Iroiiiiié ; (pi'il etuit loin ili; conii:u'-
trc <(■ c|(ic ('Diiri'iiiiil l'ordre «aeiicli- (|ii'il avait
ic« Il et c|u'il ni' devait ouvrir <|ii'a|ir«N» avoir
ilive»li l'itlenlu'iiii. J'ui vu aiisisi Collicrt : il
nvait été (lr.sij;n(i pour faire |i«rlie du conseil
de ViiicmnciR ; lirureu?»eineiit il n'u pas i'(«i
trouva à soit hôtel, l't quand il y est rentré à
doux liciireH , ce mnlin , il était trop lard ; ou
l'a rninpliii-é par Ho/iaiieourl. (lolbert vimt
d'allrr expiiifaer au ministre .son absener ,
lorscpio l'ordre est parviiiu eltez lui , «t
fpifi l'heure do la rentrév nt lui n nas pernus
U'obrir- X
pas prri
\— Vi.
[BAZ
et fut nommé général de brigade
le 6 mars 1808. Ce fut en cette
qualité qu'il alla , dans le mois de no-
vembre de cette même année , pren-
dre le commandement de la place de
Hambourg, où il fut chargé par Na-
poléon de toutes les mesures or-
données contre les détenteurs de mar-
chandises anglaises. 11 revint a Paris
en 1809 et y commanda une bri-
gade sous les ordres du général Hul-
lin, son ancien ami. Mis a la retraite
en i8iii, après le rétablissement
des Bourbons, il reprit du service
dans le mois de mars 1 8 1 5 , lorsque
Napoléon revint de l'île d'Elbe , et
commanda la ville de Chartres jus-
qu'au retour du roi. A cette époque
il cessa encore d'être employé , et il
vécut dans la retraite jusqu'au 18
janvier i83o , où il est mort à Pa-
ris (2). M D j.
BAZARD (Amand), homme ar-
dent et rêveur , l'un des fonda-
teurs du carbonarisme en France, et
l'un des deux premiers Pères Suprê-
mes de la religion saint-simonienne,
nacjuit vers l'an 1792, quand le trône
et lautel s'écroulaient ensemble.
Son berceau touche h celui de la ré-
publi([ue , son enfance se rattache au
consulat , son adolescence a l'empire ,
sou âge mùr "a la restauration , et la
grande rêverie de son apostolat a la
révolution de 1800. Un des évangé-
llstestle la religlou nouvelle, M. Emile
Barrault , nous apprend que Bazard
(ï) Il nvnit épouse une denloi^elle «l'Ilo'ide-
lol , |M-lite-lille (le la c<'lèlire <louuirièro, par qui
elle avait ele élevée; et ipii lui laissa, eu tuou-
r.int, sa bibliollu'^tpie et nu manuserit de In
Piouvrllc llfloi.ie , eu six vuluuies iu-8", écrit de
la main de J.-J. Kousseau , sans une .seule ra-
ture, av«!c une régularité «ftonnantf» dans la di.s-
tribuliiui et lu mesure des lignes de ehaipio
page : travail pre«quA nierveilleiiK , qui scuifile-
ruil juslilier relie delinitinii du pénie faite par
niilTon : l'nr granih aptdudt A /« patient». \m
>;eu(rnl Ha/aueonrl «tait un Imninio pai.sibifl,
bon, d'un cumuicrcc »»ir et «trcable. V-va.
el T-nfanlin nirenl (Lins Olindt' Ro-
(lrij;iH'sn!i/;/Y'r//r\r//r qtu les !)n[)lis.'i
<lans les eaux de Salnl-Slmou, qui les
aiiiionra an monde, les l'ifv.i ; cl,frop
inoilosk' , se mil rnsnilc à l'ombre tie
leurs autels : «DeSainl-Simon Olinde
« U(>(lrlj;iies avail appris h croire aux
cf clesliiu'es de riiumanilc , el il avait
« enseigne ces destinées à notre père
« elîi Bazard... CetlicrilagedeSainl-
tc vSimon , notre pt^re, le reçut de
« Rodrigues. » ( dernier numéro du
Globe ^ 2 0 avril i832.) — Nous ne
]irékndons pas donner ici \\w exposé
complet de la doctrine des nouveaux
é\angélistes (pii d'ailleurs auraient
entre eux besoin d'un peu de con-
cordance, nous pensons, comme
M. Léon Halcvy , qui parlant de
Saint-Simon, a fort bien dit:
Il fondait une école et non pas une église.
Nous n'examinerons donc pas si
M. Rarrault a ou raison de dire que
Saint-Simon ne fit point la cène ,
et Icgiia son œuvre à un docteur ;
qu'il eut tort de ne point appeler la
femme à régne?' avec lui : que pour
cette raison , il n'a été que Le Maî-
tre , et a laissé a un autre la gloire
d'èlre I^e Père , Le Messie de Dieu
ET LE Roi DES Natio^'s. Qiiaud il s'a-
git de précurseur , de nouveau mes-
sie ^ de nouveau verbe incarné y de
transformation de la propriété ^
de religion nouvelle, de politique
nouvelle^ il convient de traiter gra-
vement la matière, et de ne pas al-
ler prendre des armes offensives dans
l'arsenal des incrédules détracteurs j
nous nous bornerons donc a citer les
œuvres du Fèrc ou de ses Apôtres, ap-
pliquant ainsi a eux-mêmes, afin qu'ils
n'aientpointase plaindre de nous, leur
grand axiome : A chacun selon ses
œuvres. — Au mois d'octobre i85o,
Bazard et Enfantin firent imprimer
50US le tilrç de : Religion sainl-si-
BAZ
%i
mnnienne , une Lettre à I\f. le jwé-
sident de la chambre des députés.
Ils commencent par rappeler qu'à la
séance du 29 septembre , M. Mau-
guin , en signalant rexislence d'une
secte demi-religieuse y dend-philo-
sopliique ^ « 1 avail représentée ,
« dans une vue trrs-bicnveillante ,
« comme enseignant la communauté
« des biens , ?> et que , dans la
séance du lendemain, M. Dupin ,
en parlant de la même société, avait
reproduit l'assertion de son collègue ,
ajoutant que les salnts-siraonicns de-
mandaient encore U7ie autre com-
munauté, celle des femmes. Ensuite
les deux pontifes de la religion nou-
velle cbercbent a se justifier , cl re-
poussent comme fausse , mais en ter-
mes bien singuliers , la double asser-
tion des deux députés : cr Oui , sans
«doute, disent-ils, les saints-simo-
« uiens professent, sur l'avenir de la
ce propriété et sur l'avenir des fem-
4c mes, des idées qui leur sont parti-
ce culières, et qui se rattaclient k des
ce vues toutes particulières aussi et
ce toutes nouvelles y sur la religion,
ce sur la politique, sur le pouvoir,
ce sur la liberté... j mais il s'en faut
oc de beaucoup que ces idées soient
ce celles qu'on leur attribue. » Ba-
zard et Enfantin déclarent donc qu'ils
repoussent le partage égal de la
propriété ; que ce partage égal se-
rait une violence grande ; mais ,
comme ils croient a ïinégalité na^
turelle des hommes , ils veulent
qu'à l'avenir chacun soit placé se-
lon sa capacité et rétribué se-
lon ses œuvres. En conséquence,
ils se bornent donc , disent-ils , k
poursuivre la destruction de f/ié-
ritage. ce Ils demandent que tous les
ec instruments du travail , les terres
ceci les capitaux, qui forment au-
« jourd'luii le fonds morcelé des pro-
342 BAZ
« prietés particulières, soient réunis
a en un fonds social , et que ce fonds
a soit exploité par association et
V. hiérarchiquement ^ de manière à
a ce que la tache de chacun soit l'cx-
« pression de sa capacité , et sa ri-
« chesse , la naesure de ?>çs œuvres, n
La propriété ne doit pas consacrer
le pfhilège impur de l'oisiveté ,
c'est-à-dire celui de vivre du tra^
vail d' autrui. C'est ainsi que Bazard
et son compère entendaient respecter
le droit de propriété , en faisant de
toutes les terres et de tous les capi-
taux du globe unfonds social. Sui-
vant ce premier dogme fondamental de
lareligion saint-simonienne, lespèrcs
n'étaient dépouillés que dans leurs
enfants j c'est pour leurs enfants qu'ils
avaient élevé et soigné leur fortune,
et ils ne pouvaient, à leur mort,
leur léguer un centime : en sorte
que, par exemple, si les enfants
d'un millionnaire étaient aveugles ,
rachifiques ou imbéciles , ils ne de-
vaient plus être rétribués, sur le
fonds social, oii leur grande for-
tune se serait engloutie , que selon
leur capacité ou selon leurs œu-
vres, c'est-a-dire beaucoup moins que
ces honnêtes enfants
Qui (le Savoie arrivent tous les ans,
Kt dont la main léf^èreuient essuie
Ces lonfjs canaux engorgés par la suie.
Ce n'était pas la loi agraire , c'était
pis encore ; ce n'était pas Tégalite' ,
mais l'inégalité et l'aristocratie dans
la misère. Et quant au mode de ré-
partition du fonds social dans toute
la famille humaine, se composant
d'environ buil cent inillionsdindividus
répartis dans le monde, depuis le cap
de Bonne Fspérancc jnscjn'aii Spilz-
berg , depuis la terre de Feu jus-
''\u';iu Groenland, et embrassant non-
srulcmenl l'Europe, l'Asif, l'Afrique,
mais aussi rAméri(jue et l'Océanie, religieusement anarcliujues
BAZ
charger de ce petit travail dont
l'exécution ne leur paraissait ni im-
possible, ni difficile, nonobstant les
trois mille soixante-quatre langues
qui, selon Adelung, sont parlées iur
le globe , nonobstant le nombre si
considérable de religions diverses, el
les usages, les coutumes et les préju-
gés bien plus diversement nombreux
encore. Quant aux femmes, Bazard et
Enfantin déclarent k la chambre des
députés ne vouloir que leur complète
émancipation, mais sans prétendre
abolir la sainte loi du mariage, pro-
clamée par le christianisme, attendu
qu'ils sont venus pour le perfection-
ner, pour l'accomplir, et non pour
le détruire. Mais comment entendent-
ils ce que sera désormais le mariage
sous leur pontificat ? « La religion
« de Saint-Simon, disent-ils, ne vient
« mettre fin qu'à ce trafic honteux, h
a cette prostitution légale^ qui ,
« sous le nom de mariage, etc. » Il
y a ici, dans la doctrine, une cer-
taine réticence , mais les termes qui
l'enveloppent ouvrent le champ à de
larges interprétations. Bazard et En-
fantin terminent par annoncer qu^ils
ne sont point affiliés à ces sociétés
a qui ont une mission importante a
a remplir , celle de défendre en
mais aussi i AmiTKMie el
MM. IWard et Enhintiu d
evaicnt se
a France la destruction opérée par
« les événements de juillet, et de
« déterminer le mouvement qui
a étendra cette destruction d tou-
« te rKuj'ope : cette tâche ^ disent-
« ils , est GRANDE , elle est légi-
« TIME, etc. » — La chambre des
députés ne fit aucune attention a ce
grand manifeste de désorganisation
sociale. Le gouvernement laissa s'ou-
vrir les lemj)lcs de la nouvelle église
à Paris, à Lyon, dans d'autres villes
encore. On courut aux prédications
hicjues : la toule
était grande nui sermons, «ux cou-
fcrcnccs. Bazard , Kiifaiiliii et leurs
apôlrcs ne se disaient pas rc|)iil)li-
caiiis, ils nrcroyniinl pas, ils ir* vou-
lairiil pas rèlre. Loiirs doclrincs sur
la hicraiciiic, sur romiiipoleiice de
leur iionlifical, se trouvaient ])itii plus
en rapport avec les prétentions de Bo-
nifaee Vlll, (jn'avcc les dogmes po-
liti(pies de Maral et de Robespierre.
Ils c'iaienl d'ailleurs lrès-paci(i(|ucs j
la parole saint -simonienne devait
sufiirea tout changer, a tout renver-
ser. Il ne fallait cpiun ou deux Pères
suprêmes, (|uel((ucs apôtres, un jour-
aal et des missionnaires, avec quoi ils
disaient qu'ils entraîneraient le monde,
avec quoi ils feraient de toutes les ri-
chesses de la terre un sewljonds so-
cial, lequel serait inégalement par-
tagé entre huit cent raillions de Saint-
Siinonicns Lapons , Chinois , Fran-
çais , Indous , Allemands , Madé-
casses , Anglais , Iroquois , Italiens ,
Arabes, Danois, Olaïliens , Cosa-
ques, CafFres, Topiiiambous, etc., et
bien strictement d chacun selon sa
capacité^ à chacun selon ses œu"
vres. Or il arriva, et c'était au XIX'
siècle , que celle doctrine étrange
trouva bon nombre de partisans. Des
hommes éclairés , sortis de l'école
polytechni({ue, des médecins, des sa-
vants, hommes de conviction, se firent
recevoir apôtres. Plusieurs même
vendirent leur patrimoine et en ver-
sèrent le prix tout entier dans la
grande caisse du fonds social uni-
versel qui fut établi rue Tailbout.
Ne dirail-on pas que si des épidé-
mies physiques ravagent de temps en
temps la terre, il est aussi des épi-
démies morales, qui, a certaines épo-
ques, y font leur invasion! El il n est
pas inutile de faire remarquer qu'a
la même épocpie, conjointement avec
le verlitre saiul-simonien, réirnait la
c-oiifusioti daiu la Uitéralure. Racine
BAZ
S4^
était déclaré enfonça, Ronsard mis
au-dessus de Voltaire, la langue fran-
çaise ramenée vers la barbarie, l'art
dramalitjuc vers son enfance, le su-
blime vers le grotesque , la société
vers les grands jours de l'anarchie. Et
plusieurs journaux entraient dans
celte vaste confusion ! L'Institut n'é-
levait qu'une voix timide 5 le gouver-
nement, sans prévoir, semblait regar-
der et attendre. L'infiltration des
poisons anarchiques , dans la société
et dans les lettres , se faisait sans
obstacles ; et , quand le mal s'est
montré avec tous %ç^ dangers, la gan-
grène morale était si avant dans les
masses, que malades et médecins se
sont trouvés compromis , et que le
remède s'est montré presque aussi
dangereux que le mal. — Les dogmes
religieux du saint-siraonisme étaient
beaucoup moins intelligibles que ses
dogmes politiques. Dieu était l'u-
nité absolue de l'être, l'humanité
un être collectif, et le genre humain
un grand individu qu'il s'agissait
d'orjraniser en association univer-
selle. Le nouvel évangile s'annon-
çait comme une réminiscence du
spinosisme , comme un panthéisme
mystique, comme une religion sans
divinité. Le saint-simonisme dut sa
première vogue a l'amour des nou-
veautés, et a la lassitude simultanée
des doctrines politiques et littéraires
Îuijetèrentle tumulte anarchique dans
es rues , les novateur* dramatiques
sur la scène, et le genre frénétique
dans la poésie et dans les romans.-—
Bazard et son co-pontife, pour mieux
régénérer le monde, jugèrent a pro-
pos d'ajouter a leurs prédications et
a celles de leurs apôlres, une grande
publication délivres (jui seraient dis-
lri!>ués gratis. Ils firent réimprimer
en 1825, le Catécliisme des in-
dustriels, ouvrage de Saiiit-Sirriptt.
m
BAZ
Us recucHKrent , la même ânhee, en
un vol. in-8°, les Opinions littérai-
res, philosophiques etindustrielles
de prédicanls de leur doctrine; et , la
même année encore, ilscoraraencèrent
îa rédaction du Producteur^ jour-
nal philosophique , elc, dont il a
paruquatre vol. in-8°. En 1829, fut
publiée l'Exposition de la doctrine
deSaint-Sinion en un volume in-8°,
qui , réimprimé en i83o , a eu en-
core une troisième édition ; un Ta-
bleau synoptique de la doctrine,
en deux feuilles Jésus-Atlas, précéda
(i83o) l'apparition à^VOrganisa-
tear, Jourrutl hebdomadaire des
Saint-Simoniejis, qui fut continué
en i83i et forme 7 vol. in-8°. Un
assez grand nombre d'antres publica-
tions gratuites parurent en i83i :
les principales ou les plus singulières
ont pour titre : Communion genc-
Tale ; Moyen de supprimer les
impôts sur le sel et projet de dis-
cours de la couronne ; Economie
"politique; Aux industriels; Lettres
fur la législation; La presse; Réu-
nion générale de la famille ( ou-
trage poursuivi) ; Lettre sur le cal-
me ; Juin, aux ouvriers ; Pétition
d'un prolétaire à la chambre des
députés ; Rapports aux Pères Su-
prc'mes sur la situation de lafu-
mille. Mais tous ces livres et ces deux
journaux, (le Producteur et VOr-
ganisnteur) avàieni peu de rclentis-
fccmcnt dans le monde : il fallut cher-
dier des moyens de publicité plus
rapides , car les deux pères suprê-
mes n'élaicnl pas disposés li laisser
leur lumière sous le boisseau. Or, il
existait alors un journal (jui avait pris
ini litre ambllicux (IcClobf), cl com-
me les deux pères ne voulaient rien
moins (pic lu régénérallou universelle,
cl la refoule de Ions les peuples de la
Krrc dims nuo seule congregallun,
BAZ
dont Us seraient les cbefs suprêmes,
ils pensèrent que le Globe devait être
par son titre, la meilleure trompette
de leur évangile. Ce journal , dont
l'origine remontait a 1824, n'était
d'abord qu'une feuille littéraire, et
avait obtenu un succès qui ne se sou-
lint que dans ses premiers temps.
Bientôt de jeunes doctrinaires s'em-
parèrent de la rédaction. Il y avait
parmi eux des bommes de talent ■
mais leurs amis eurent beau louer de
grands articlesun peu pesants, même
un peu pédantesques , la réputa-
tion de cette feuille , devenue quo-
tidienne et politique, s'affaiblit assez
rapidement ; et enfin elle était tra-
vaillée de la plus grande maladie
d'un journal, l'ennui, qui fait fuir
lecteurs et abonnés, lorsque les Saint-
Simoniens, qui déjà s'étaient glissés
dans la rédaction , s'en emparèrent
tout-K-fait, et le Globe appartint
alors aux deux pères suprêmes. Son
titre qui répondait si bien a leurs
vues, fut conservé avec celte addi-
tion : Journal de la religion saint-
simonienne _, et avec ce dogme
fondamental pour épigraphe : A
chacun selon sa vocation ; à cha-
cun selon ses œui>res. On ajouta
encore en tête de tous les numéros,
ces indications de la religion nou-
velle : Association universelle ;
Appel aux femmes ; Organisation
pacifique des travailleurs ; et un
avis au public qui suivait immédiale-
meut, était conçu ences termes: « La
« publication du (j/o/^t' n'est pas une
a spéculation, c'est une œuvre d'a-
« postolat. J/enscignenionl polit i-
o (lue renfermé dans ce journal est
« distril)ué aux mêmes conditions qiio
« les autres ensei^inemenls de la re-
«ligion sainl-simonienne , c esl-a-
c( dire graluitemenl, etc. n Ainsi, le
Globe gratis toiiUiil aux deux Pères-
BAZ BAZ 3/,5
Stiprrm^s cent niillo francs par nn , mes K monvrnipnls violents cl pré-
ci il lui, aux (U-|)iMis (le je ne sais cipilcs , il y a aussi des esprits
qui , imprimé el dislribué pendant moins fougiicui dans lour empor-
près de trois années. Le dernier nu- temont. Les partis les plus cxlrô-
niéro parut le 20 avril i832. — incs ont aussi leurs modâni'i. Ba-
Maisdéjiilescandale était entré avecla zard succomba dans le dél)at qui
division dans le s.Tnctuairc, IM. Mi- s'ouvrit en présence de tous les
chel Chevalier, rédacteur en clicf du Sd'mt-Simonicris. Il fut déposé de
Globe, avait annoncé par une circu- sa (juole-part du pontificat a la fin de
laire, de grands changements surve- novembre i83i , et l'on dit que les
nus dans la hiérarchie saint -simo- papesses ne contribuèrent pas peu h
nienne. Bazard répondit le 23 nov. brouiller les deux papes et leurs doc-
1 85 I : « Le récit (des faits contenus trines. Le père Enfantin s'était pro-
« dans cette circulaire ) est évidem- clamé et avait été reconnu seul
et meut erroné , et pour ce qu'il ne Père-Supréme le 27 novemb. i83r.
« dit pas, savoir les causes graves et — Après le schisme, la nouvelle égli-
ct profondes qui ont amené ce qui se se parut perdre visiblement de son
fi passe dans le sein de la doctrine de éclat. Les succès , la gloire et les
« Saint-Simon , et encore pour ce fonds de Tapostolat baissèrent en
« qu'il dit particulièrement en ce qui même temps. Alors une nouvelle
« touche les déterminations des per- phase commença : les grandes réu-
ct sonnes qui ont cessé d'être en com- nions et les prédications cessèrent ,
ft munion avec Enfantin... Leurs les temples et le G/oZ>6f furent aban-
cc énergiques protestations contre les donnés. On songea a vendre aux
«doctrines qui ont amené la crise fidèles ce que jusque-la on leur avait
«t actuelle, y sont complètement pas- donné : on annonça le prix de tout
fc sées sous silence. Quant à moi, je ce qui restait de la garde-robe doc-
wn'ai jamais prétendu mç: retirer, trinaire, sermons, journal, publica-
tt me recueillir 0U7?i' abstenir. Après tions diverses ; et, peu de mois après
« de longs débats,... je me suis éloi- avoir forcé le père suprême Bazard a
^« gné d'un milieu que moi-même j'a- se retirer et a se recueillir malgré
«vais en grande partie contribué a lui, le Père Suprême Enfantin déclara
«former... Plusieurs membres de qu'il allait , mais de son plein gré ,
«l'ancienne hiérarchie saint-sirao- dis^ii.-\\ , se j^etirer ci se i^ecueillir
« nienne sont aujourd'hui intimement lui-même. Il déguisa ce qui était
« unis dans le sentiment qui a déter- devenu une nécessité sous un appa-
« miné ma conduite. Bien loin qu'au- renie ifispiration{^i): il semblait an-
« cun de nous sente sa foi chance- •
« 1er, veuille rester dans le recueil- . ('^ ^"^ «discrédit et la retraite forcée des Saints-
. ^ » 1 • Simonieiis n'eurent pas seulement pour cause
« lemcnl et s abstenir , nous nous les tracasseries que leur suscitait la police et le
« sentons au contraire une foi plus ri-li.cule dont les accablaient quelques journaux;
. . 1 mais bien plutôt le mauvais clnt de leur silua-
« ardente que jamais; tous, nous tion rmanci<-re. chassés de la salIc Taitbout, ils
,.^~,.^„- ...<«»l..^ ô ««J^.,K1 ,]V_ avaient encore h leur charge dans Paris cinq
« sommes résolus a redoubler d aC- j^^,,, dispendieux, quatre salle. où ils propa-
« tivilé , etc. » Mais cette /bi ar- geaitnt leurs doctrines et leurs instructions
7 . , ,, A- 1 ' • aux ouvriers, et un fort bel ap|)arteinent rue
dente et cette actlK^lte ne servi- Monsisny , où demeurait le père Enfantin.
renl de rien. S'il y a, dans toutes les CVstlà qu'ils donnèrent pendant rhiverde 1832,
2 J L ^* jusqu'après l'invasion du cholera-morbus, des
associations de novateurs; des nom- soirées musicales et dansantes, où rien u'était
34$
BAZ
noncer que sa retraite dans le désert
serait bientôt suivie, comme celle de
son précurseur (c'est ainsi qu'il
appelait le Christ), de l'entre'e avec
des palmes triomphales , dans la
grande Jérusalem du monde. Es-
quissons rapidement cette révolution.
Dans le dernier n" du Globe, Enfan-
tin fit les adieux de cette feuille dans
une allocution qui a pour adresse Au
Monde. Elle commence par ce pro-
tocole : Moi , pÈ:re de la famille
NOUVELLE ; ce qui rappelle la si-
gnature (\qs rois d'Espagne : Moi ^
le Roi. Il poursuit en ces termes:
« Dieu m'a donné mission d'appeler
« le PROLÉTAIRE Cl 1» TEMRIE h. UUC
« destinée nouvelle. » Tout le reste
est du même style. Après avoir rap-
pelé ses efforts pour réaliser l'asso-
ciation universelle et y faire entrer
la s aintefamille humaine, au moyen
de ce qu'il appel lésa c/tar/e«?'ni^e/z/ry
après avoir dit : Jesuisfort, il ajoute:
J' ai parlé ^ je veux ci^ir. h' apos-
tolat est fondé ; j c me retire, avec
éparf;»»'- Tout s'y passait d'ailleurs trôs-dt'cein-
ment , et les maîtres de cért-monies se mon-
traient fort calants envers les daines invilt'es.
Celles «jui étiiiciit affiliées à la secte ]>()rlaient
un ruban lilanc suspendu en aiguillette. Quant
aux frères , ils n'avaient encore aucun costume
d'une forme particulière; pjais la plupart por-
taient un h-ihit l>leu. Tandis (|ii'on dansait dans
deux salons , et qu'on pouvait lire ou mettre
dans sa poelic toutes les brochures Saiiit-.Sinu>-
niennes , étalées sur une table dons une autre
pièce, la bibliotliècpie «tait l'arène où des|,'rou-
1»eH «l'oraleurs et de dialecticiens exjios, lient
curs principes , n pondaient à toutes les olijic-
iinns , n\cc plus ou moins de talent . mais lou-
jnuri* dvec politesse et modération. (Cependant ,
hélas 1 In vue des armoires en acajou , "aniies
de livres birii reliés, et sur les portes desquel-
les les srelléi étaient apposés, annonçait <lejîk
(jiie le flambeau du saintsimonlsm» brillait de
ses dernières clartés. Tant de prodi^^alites, tant
(le frais pour jeter de In poudre aux yeux, et
pour attirer des parlisims à la secte , aviiient
épuise les ress«)urc,c» ; d'i li\ vint In cessation du
(■lobe iinnoiicee au dernier bal , le i8 avril , et
la retraite a Méiiilmonlaiit , (|ui n'eut lieu qu'a-
|>rès lu mort de inailanie l'infuiilin, ou convoi do
aqiialle les Saint-Simonlens n'.iToienl pa^ eii'
c«»r" ■•costume iiu'ils nt prirent que dans leur
•ti.irtrriue A— T.
baz
quarante de mesjîlsy dans le lieu
même ou s' est passée mon enfance,
sur tune des hauteurs qui dominent
P«m (Ménilmontanl). Kous avez
ma parole, vous aurezbientot mes
actes; mais je veux me reposer et me
taire. Et le Globe ne parut plus (2).
En même temps, la salle métropole,
rue Taitbout, et la salle succursale de
l'Athénée , place Sorbonne , furent
délaissées gratuitement a.\}j. savants
et aux artistes pour des cours publics,
des concerts, ou des expositions de
tableaux. Mais , avant de se retirer
avec ses quarante fils a Ménilraonlant,
le père suprême avait institué dix
apôtres (5), qui se disaient son col-
lège. Trois de ces apôtres, MM. Che-
valier, Barrault et Duveyrier , insé-
rèrent aussi leur allocution d'adieu
dans le dernier numéro du Globe.
M. Barrault fait du père Enfantin le
Messie de Dieu et le Roi dks Na-
tions, ^/««^ lequel sesjîls t exaltent
aujourd'hui et la terre l'exaltera
un jour. Il dit encore que le monde
voit en lui son Christ; et il ajoute :
« Noire Verbe est au milieu de vous;
a vous X incarnerez en vous
« Le monde est a nous : un
« homme se lèvera qui a un front de
« roi et des entralUes de peuple,
a parce qu'il a le cœur d'un prêtre y
« et cet homme est notre PI'.re, etc.»
Après a\()lr rciuhi h M. Enfantin ce
inaj^nlTupie lcmoij;:;naj^e , les apôtres
se Iralti'nt eux-nitMius avec un peu
moins d'huinilllé nue ne faisaient les
• (1) Ce fut \ telle époque (|u'Enfwntin per-
dit sa mère. Les billets de l'aiie part étaient
ninsi conçus: k nRi.iuio:<i Saint ■ SmoMKNnK .
Mad.iiue linl'aiitin , mère de notre l'iân-Sui-n »« k ,
••si morte ce matin (lï avril^; je suis iharge p ir
notre Ckhii-.Si crkm ■ de vous annoncer cette
nouvelle. Je vous plie, en son nom et rn celui
de tous .ses enfanis , d'assister su convoi, etc.
Stt^nt MiONii. CncviLiKi. AI'OTRM. »
\\) MM Michel C.Levalier, Ch.irlrs Duveyrier,
Fotirnrl, Rouffurd , l.ainberl, l'iiiiU RtirrjuU,
(l'Iarbllil . VtrpliaiK Fluchaf, ni^iib. «îc.
ajiùlrcs de rEviinf,!!!'. « Et (l'al)or(l,
« d'il INI. l>arranll, sacluv. Cf (pic c'est
« (|irini anôlrc. L anôlrc iulèlr a
« Torhile soin iMMiii du Mkssik rcllcle
« au loin la luiiiiirr de cet astre
« immense (c'est loujours M. En-
« lantin ) , ai^raïKJic de ses propres
« rayons, ri lui-même il est centre —
« et, comme le révélateur dont il est
a le salellile, il est un monde. Il
o louche d'une main aux grands de
« la terre, et de Tautre aux masses
« frémissantes; il est prince, il est
tt peuple... Ecoule/-; il prophétise...
« et voici que sa poésie , mettant un
« rayon de miel sur ses lèvres , se
« hjlance sur des ailes brûlantes.
« Applaudissez maintenant : orateur,
« il émeut une assemblée: A lui le
« désert , il est moine ! A lui le
« château, il est senlilhomme ! A lui
» la cité , il est homme de fêle , de
Œ plaisir et d'élégance ! A lui le
« voyage, il est pèlerin! A lui le
•t danger, il est soldat! A lui le tra-
« vail, il est prolétaire ! ... II aime le
ce Messie comme un^ère_,ille vénère
ce comme un roi, il le sert comme
« un maître ; car il porte le Messie
a de Dieu et le roi des Nations,
•c Telle est la vérité. » Et voilà ce
qu'écrivaient en i832 des hommes
de conviction qui n'élaient pas san«
talents. Au mysticisme près , n'est-
ce pas le style des dramatistes de nos
jours? Bazard, qui ne se trouvait plus
k\x\tvS. messie y mpère-supreme , ni
maître , ni roi des nations , vivait
éloigné de la capitale et voyait ger-
mer ainsi le fruit de ses doctrines. —
Il v eut encore , en i832 , indépen-
damment du Globe, seize ou dix-sept
publications gratuites, dont deux,
intitulées hi Prophétie et les trois
Familles , eurent le triste hon-
neur d'être poursuivies par Tauto-
BAZ ^4'?
rite (4.). Le nombre total des |)ublica-
tions sainl-simonicnnes de iSaS , a
i852, forme vwwTOw soixante volu-
mes ou brochures- et, (piand les apô-
tres eurent cessé d'('crire et fermé le
Globe, ils firent insérer dans les
journaux (sept. i852) cet avis:
« Après avoir employé des sommes
« considérables pour propager notre
« foi, nous avons senti que l'instant
a était venu où nous devions vendre
u. les livres que nous avons donnés
« jusqu'à ce jour avec profusion, etc. 5>
Ils établirent donc le prix de leurs
écrits sans enflure et même avec mo-
dération : et cependant la collection
complète devait coûter 28/i francs.
Plusieurs de ces écrits sont devenus
très-rares, entre autres : La Pétition
d'un prolétaire , le Parti politique
des travailleurs, et la Collectionde
feuilles populaires . — Le ministère
public , qui s'était abstenu de pour-
suivre quand les prédications sur la
femme et sur la propriété étaient
faites dans les églises constituées à
Paris etdans les départements, s'émut
lorsque les Saint-Simoniens se furent
faits cordonniers, tailleurs, agricul-
teurs et cuisiniers dans une espèce de
chartreuse a Ménilmontant. La ils se
promenaient , il» travaillaient eu
chantant des hymnes dont les vers et
la musique étaient leur ouvrage. Ils
n'avaient pris ni le capuce , ni le
cordon, ni les sandales monastiques;
(4) Les dernières brochures publiées par les
Snint-Simoniens.en i83ï, ne sont en général que
des extraits du (ilobe; la plupart parurent avant
la fin d'avril. Le père Enfantin, en annonçant sa
retraite , avait fait un appel de convocation à
ses enfants pour le i**^ juin. II devait descen-
dre arec ses disciples , revêtu <li' l'uniforme de
l'apostolat de paix , a^ec un èteutlard oîi chaque
parti verrait sa couleur. Cette dcscfiitc retardée
par le mauvais temps , puis par les événements
de la lue Sainl-Mcrry, eut lieu enfin , mais n'eut
pas le sucrés <loiit on s'était fl.ilii' I la jjroccs-
sion ne parut qu'utie mascarade, et prouva
.irulemeut que Us ran;;» de4 Sainl-Sinioniens
s'trt;ti<'uf «^lairoi»., A — T.
34§ BAZ BAZ
leur costume, vég\é, împosi par îe disciples du Messie et des Apôtres ,
Père-Suprême, avait quelque chose venus dans leur costume, ne purent
de dégagé , de mondain, d'élégant, être entendus, parce que le Père-
On lisait , brodé sur la poitrine du Suprême leur défendit de prêter
chef, ce grand mot : le PiiRE. La serment devant Dieu et devant les
Chartreuse était devenue le dimanche hommes : il ne leur était permis de
un but de pèlerinage pour les néo- jurer que devant Dieu et le Père,
phytcs et de promenade pour les On sait qu'Enfantin, quoiqu'il s'appe-
curieux. Les Saint-Slmoniens sem- làt le verbe et la loi vivante , ne
blaient ne s'être séquestrés sur une brilla point par son éloquence , et
hauteur que pour mieux se montrer, que le Père-Supréme se montra
Ces petits rassemblements déplurent; très-infime dans sa cause. 11 fut dé-
le Père-Suprême fut invité a tenir claré coupable , ainsi que MM. Che-
fermée la porte de son couvent. Mais valier et Duveyrier , rédacteurs du
ce n était pas ainsi qu'il entendait se Globe , « d'avoir commis le délit
recueillir : la porte resta donc ou- « d'outrage a la morale ^i/Z>//<7M<? par
yerle. La police et sqs archers inter- « la publication d'écrits et discours
Tinrent ; les scellés furent apposés sur « proférés dans des lieux publics , ^^
la Chartreuse , et le public fut privé et ils furent condamnés a un an de
del'avantage de voir les nouveaux con- prison et loo fr. d'amende chacun,
gréganistcs se recueillir en chantant. Rodrigues et Barrault en furent
Le 27 août 1 832, le Père-Suprême quittes pour 5 0 fr. d'amende. L'arrêt,
fut traduit en cour d'assises, avec rendu le 39 août, maintint la saisie
MM. Michel Clievalier, ancien élève des divers écrits et brochures pu-
derécolepolytechnique, ex-ingénieur bliés , et ordonna que la société
des mines ; Emile Barrault, ex-pro- dite saint- simonienne serait dis-
fesseur a Sorèze et a Paris; Charles soute (5). Cet arrêt, dont il n'y
Duveyrier, ex -avocat, et Olinde eut point appel, fut affiché aux de-
Rodrigues , docteur a la faculté des pens descondamnés. — Déjalelhéàlre
sciences, et qui déjà n'éfail plus dans la avait dangereusement blessé par le
communion duPère-Suprêine. Bazard ridicule la nouvelle congrégation,
eut figuré aussi dans ce procès : mais avant que le jugement de la loi mît ,
il venait de mourir, âgé de 4-o ans, dans Paris , un terme a son existence.
a Courtry , près de Montfermeil (29 Ce jugement donna comme le signal
juillet ii)32). Les journaux annon- d'une dispersion générale ; et, tandis
cèrent, K cette époque, qu'une dépu- que le Père-Snjnême était retenu dans
talion de Sainl-Simoniens, cnvovée les liens, ses disciples eurent mission
par le Père-Siiprême , s'était aclie- de parcourir le glohe. Ils se mirent
minée vers Courtry , pour Imnorer a entraîner le peuple, mais non a la
les funérailles de l'ancien co-ponlile;
mais (lue la papesse veuve et ranCU- (fi) Les condamius, «inialltmlnient l«Mirs <•<.l»-
Dense rcliisa cet hommage, et que „ii„„„„„„t. en .i.amunt ,i,s i,M,mo5H d.sra.,-
la (léputalion reprit le chemin de ti<iMts «lo.it l'un s» ifrininut par ces vtrs :
Ménilinonlaul sans avoir pu pérorer 1*' l"-"!''- « r^'î',».
sur la tombe dudclunl. — Onsait (jurl pi„^i;,r<l ...a li.u «1. uuiir pro..^, m polie. cr-
fut le résultat du procès des Saint- rrciiomullo pour cni.iotion de .-.«ccrssion otat-
Sf^ ! .^ • . rii»atioii d'cscroqmfie; mais les l'iovnms Turent
imonicuî, l^uuraulc Icnioiiu , lous »o|uiuci. a— r.
inanîcre des anciens apôlrcs. Tandis
(ju'ilss*acluMninainilaj>()sloli.saiil dans
les ])roviuccs , leur coslume laisalt
courir anrcs eux les femmes el les
cufauts. 11 y eut dans (jiirl([iu'sI)our{i;s
des eris, dans (juelijues \ illcs des huées
cl (luelcjucfuis des dcmonslrations plus
éuerj;ii[ues. Les Sainl-Simoniens se
virent rcduils a secouer eu fuyant la
poussière de leurs pieds , et il fallut
souvent que l'aulorilé, qui repoussait
leurs doctrines, prît soin de protéger
leurs personnes, l^cs pays voisins se
montrèrent peu hospitaliers , cl ne
parurent pas disposés h goûter leurs
prédications sur le fonds social uni-
versel et sur la promiscuité. Enfin,
les disciples les phis fervents se
persuadèrent que POricnt leur serait
plus facile a convertir que l'Occident.
Je ne sais quelle prophétie leur avait
annoncé qu'ils trouveraient le principe
réirénérateur du monde ou la femme
libre chez les Turcs; ils se mirent en
(juète, et allèrent , pèlerins malades
d'esprit, chercher la femme libre,
non où elle pouvait se trouver , mais
où il était impossible de la saisir et
de se la procurer, dans les harems du
Caire, de Bagdad, d'Alep, et dans le
sérail du sultan Mahmoud. Cette
entreprise apostolique avait ses dan-
gers j les journaux ont annoncé que
les enfants du Père-Suprème n'avaient
pas été vus d'un très-bon œil par les
sectateurs de ris'amisme. La prudence
aura comprimé le zèle, et il ne paraît
pas que la femme libre ail été trouvée
encore dans des pays où les Saint-
Simonicns pouvaient seuls imaginer
qu'il serait facile de la découvrir.
Comme il y avait parmi ces missiou-
»|iaires des hommes de talent, plu-
«ieurs d'entre eux se sont mis au ser-
vice du vice-roi d'Lgyple , et s'occu-
pent maintenant moins de son harem
que de ses casernes elde «es aiicuaux.
BAZ .14<)
—La société de la morale chréllenno
avait proposé, en 1802 , un ])rix de
5oo Ir. \n)i\v là mnWcurc rcjuialiun
(le la doctrine sdinL-simonieniic y
considérée da/is ce (fucllc a de
contraire à la morale chrétienne ;
mais quand ce prix fut déccrné( i 8 5 5) ,
le sainl-simonisme n'avait pu suppor-
ter l'épreuve du ridicule , les sarcas-
mes des journaux elle bafl'oucinent du
théâtre, plus puissant que la cour
d'assises. Vers celte même époque
(le ^^ août i833), dans la troisième
séance annuelle delà société phréno-
logiquc,M. Casimir Broussais , se-
crétaire-général, parlant devant 60
tètes en plâtre élalées sur le bureau,
examina celle de Bazard et annonça
que, d'après l'inspection dts protubé-
rances , ce premier chef du saint-si-
raonisme avait tous les caractères d'un
homme d'action , persévérance, in-
telligence, estime de soi. On a vu
où le menèrent toutes ces grandes
facultés. Il est juste de reconnaître
que, si sa doctrine politico-religieuse
tendait au bouleversement général , il
était , ainsi que s>Q.^ disciples prédi-
cauts , dogmatiquement pacifique. Il
ne voulait point régénérer le monde
par la violence , mais par la persua-
sion ; il croyait que sa parole serait
une révélation, et cette révélation
une révolution sans combats et sans
déchirements. Mais les prolétaires,
que les Saint-Simonicns engageaient
dans leur système sur la propriété et
sur le fonds social universel, ont pu
trouver trop de retardement a larégé-
uératioQ du monde dans leurs moyens
pacifiques etddaloires (6). Bazard et
(6) 11 n'est j>as inutile de faire observer que
les doctrines de celte secte sont loin d'être en-
tièrement nouveUcs , et que l'on en trouve
beaucoup d'à peu près semblables dans l'histoir*
des sectes religieuses, entre autres ceUe du moine
Dulciu ( yoy. ce nom , XII , 2o4 )• Marguerite
de Trente et Longin (lalaneo de Bergamc , qui
pcnrcnt dans les llaïuiMet cq i3o7, furent avusi
35o BAZ BAZ
Enfantin avaient une église consti- moins dignes de cet honneur. W — s.
tuée à Lyon. Les prédications des BAZIàSl (J.-RiGO.-MER),naquitau
nouveaux apôtres y avaient été nom- Mans en 177 i. Très-jeune encore lors-
breuses, suivies : et qui pourrait assu- que la révolution éclala.il en embrassa
rer qu'elles n'ont eu aucune influence les principes avec chaleur, se fit rece-
sur les malheurs de cette ville? voir membre de la société populaire
V — VE. du Mans, et n.algré son âge, y obtint
BAZIIV (Nicolas), graveur, né quelque prépo.-dérance par sa facilité
vers i656 , àTroycs, vint de bonne d'élocutionet par l'exhaltalion de son
heure a Paris où il reçut des leçons patriotisme. La jeunesse du Mans
du célèbre Claude Mellan [Voy. ce devint bientôt enthousiaste de Bazin,
nom, XXVIII, 2 3o). A la pratique et il eut l'honneur de voir ses amis
de son art il joignit le commerce des désignés d'après son nom par le so-
eslampes , et fit travailler pour son briquet de Bazinistes, Ce qui les
compte un grand nombre de jeunes distinguait d'avec les autres fac-
gens. Son fonds se composait près- tions des sociétés républicaines, chè-
que uniquemeutde portraits et de su- tait d'abord, au lieu de la haine fa-
jets de dévotion , tous in-4-'* , que par rouche et sanguinaire des jacobins
cette raison les marchands désignent pour la noblesse , une espèce de haine
encore sous le nom de format Bazin, élégante et frondeuse, presque aussi
On a de lui des pièces sous la date de aristocratique que la classe a laquelle
17065 et, comme on n'en connaît pas elle s'adressait; c'était ensuite, pour
de postérieures , il est assez vraisera-- ne pas parler des louanges effrénées
blable qu'il mourut cette même an- qu'ils s'adressaient a eux-mêmes, en
née ou du moins peu de temps après, encensant la jeunesse et en ne voulant
Cet artiste était très-laborieux 5 il a confier qu'à elle seule la tache de ré-
gravé d'après le Corrège , le Baroche, générer la France, une opposition
le Guide, Philippe de Champagne, marquée au régime de sang que la ter-
Lebrun , et plusieurs autres peintres reur faisait peser sur la patrie. Le dé-
italiens et français; mais ses composi- puté Garnier (de Saintes), envoyé
lions sont seules recherchées des ama- par la convention dans la Sarthe, y
leurs. Hubert , dans le Mamiel des avait organisé le système de la mou-
curieux j Vil, 2:17, cite de Bazin tagne et indignait, par ses mesures
onze portraits et autant d'autres es- vioUnte» , les habitants qui l'accu-
lampes dont deux très-grand in fol., saient aussi de rapines. Comme
\xï\c F cnunc vétuc à lu rnudc ç.\. wwc tous les hommes raisonnables du
Dame de qunlité prête a entrer dans Mans , Bazin désapprouva la conduite
le bain. Ces deux morceaux forment du proconsul. Il ne se borna pas H
pendant. 11 est étonnant (jue Grosley de slcriU-s riinontrances. Nommé
n'ait lait aucune mention de cet ar- agent national du district du Mans,
liste dans ses Recherchas sur les il se servit de l'autorité que lui don-
illiistres Troyens ^ où il parle, avec nail cette fonction pour entraver les
de grands détails , de per.sonnai'is mesures arbitraires du commissaire
•■ ; de la convention. Celui-ci, pour se
\i'% rliefs «l'iiiiu MM II' noiiibn-ii.ni' (lur l'iiii nom- ■ >i i> i * I i
...a.l les (.aizun. Ils ml....U:ii.-nl lu < oi.....u..<...t.- (lel)arraSSlT (I \\\\ adviTSaire reilOU la-
dru birnu «l ceUc «Ir-. r.uimrs ( Voy. Muralori. |,|e résolut de frapper un coup
Hrrum ital.xtriiX., l. \\ , e\.\nStona ytntlUsc , . ,. «il»'
i.ar M. d« Gicgory. loiu* i"). vigoufeux , et lit arrclcr dazm avec
onze aulrcs nioinhris du iliil» , l.i
plupart iori jciiiics oiicuri", cl li\s en-
voya sur-lc-tliamp a Paris. Gariiler
allacliail lanl criiuporlanci' a le noir-
cir cl à rendre -sa jiosilion pcrillcusc,
3a'ajircs aroir cmplovc toute son in-
iicncc el prestpie la force, pour faire
siji;ncr, parles adniiiiislraleurs du dc-
parlcincnt el par divers citoyens, un
espèce de procès-verbal ou acte d'ac-
cusation contre les douze membres
do la société populaire ; procès-ver-
bal ipii fut adressée h la convention,
cl d'après lequel le complot du Mans
se râllacbail à la conspiration de
Danton et l'bilipeaui , il s'écria au
milieu des assislans : « ATheure qu'il
est, peut-être, les complices de Ba-
zin paient de leur tète le crime d'a-
voir égaré le peuple.» Il se trompait •
car le tribunal révolutionnaire, mal-
gré le fracas avec lequel ou avait an-
noncé Tarrestalion dts Bazinistes et
des autres prévenus mauceaux , les
acquitta tous; néanmoins ils ne fu-
rent rendus a la liberté qu'après le
9 thermidor. Bazin reparut alors ,
el jouit d'une espèce de triomphe.
Mais il ne tarda pas a désapprouver
hautement le nouveau système qui se
substituait a l'ancien, et qui, plus
doux en apparence, était selon lui,
bien plus fatal , bien plus propre à
ouvrir a l'étranger les portes de la
France. La société populaire du Mans
était devenue cercle constitutionnel j
et Bazin, qui avait repris toute son
influence, ayant établi au Mans un
journal dont les principes ne conve-
naient pas au directoire, eut à subir
de nouvelles persécutions, et vil sai-
sir ses presses , supprimer sa feuille
et fermer le cercle constitutionnel eu
même temps que ceux de Blois , de
Vendôme el de Paris. Bazin se rendit
alors dans la capitale el y publia
un autre journal iatilulé le Dcmo-
BAZ
35i
craie. Celle fois encore le journal fui
saisi avec les presses, el bientôt sup-
primé par ordre du directoire. IVé-
voyant la chute procliaine de la répu-
bli(pic , il lit tous ses efforts pour la
soutenir. La nomination de Sieyès au
directoire acheva de l'irriler • el, peu
de lenq)s avant le i8 brujuaire , il
l'attaqua formellement dans une lettre
au conseil des cinq cents. Lu au après ,
Bazin était à la léte d'un pensionnai
à Versailles. Chassé en quehpie sorte
du terrain politii{ue parla subite sup-
pression de tant de journaux, il voulut
s'en créer un autre en formant la jeu-
nesse dans ses principes; c'est dire qu'il
dirigea l'éducation dans le sens de la
démocratie comme il l'entendait. Une
lelle marche ne pouvait convenir au
premier consul : bientôt la police eut
l'œil sur son pensionnat, qui d'ail-
leurs ne réussit point , et il fut
obligé de fermer son établissement
au bout de douze ou quinze mois
d'exercice. Il revint alors à Paris ,
toujours surveillé par la police, tou-
jours lié avec des mécontents. Divers
écrits politiques et semi-périodiques,
et sa pétition au tribunal sur les ar^
restations arbitraires, les actes il-
légaux de bannissement et de sé-
paration, etc., vendém., an XII,
in -8" , le mirent encore plus mal avec
le chef du gouvernement. C'est alors
qu'il fit la connaissance du général
Malet, dont il devint l'ami, et qui
peut-être ne lui laissa pas ignorer la
première conspiration que , libre en-
core, il tramait contre le conquérant
de l'Europe. L'entreprise manqua.
Coupable ou non de l'avoir favorisée,
Bazin , par le fait seul de ses liaisons
avec Malet, devint suspect. La police,
ne doutant pas qu'il n'eût été fort
avant dans le secret, l'arrêta _, el il
resta plus d'un an en prison comme
prévenu de complicité. Au bout de ce
352
BAZ
temps et faute de preuves suffisantes,
tous les accusés , k l'exception de
Malet et de quelques autres , furent
mis provisoirement en liberté j mais 'a
la charge de se retirer au-delà d'un
rayon de trente lieues de Paris, dans
uu lieu par eux choisi pour y demeu-
rer, pendant un temps indéfini ,
sous la surveillance de la police.
Bazin choisit Rouen pour sa ré-
sidence , mais il ne se rendit point
dans le délai prescrit, et il fut obligé
de se cacher afin close soustraire aux
recherches actives de la police. Bien-
tôt découvert , il fut remis en
prison, et bientôt transféré à Ham.
C'est seulement lorsque |,es alliés ap-
prochèrent de cette ville en i8i4 ,
qu'ilvits'ouvrirlesportesdesa prison.
Il salua le retour des Bourbons, non
pas avec l'affection d'un cœur dévoue
k la mouarchie , mais avec résigna-
tion et avec espoir. Louis XVIIl avait
donné la charte : Bazin s'exprima
franchement eu faveur de ce nouveau
pacte fondamental ; mais celle adhé-
sion ne fut pas longue 5 il s'élail déjà
réuni au parti de l'opposilion lorsque
Bonaparte revint de l'île d'Elbe en
1 8 I 5 5 et , ce dont on doit s'élonner,
c'est qu'il se hâta de marcher sous
les drapeaux de son ancien persécu-
teur. Lors de la retraite des troupes
françaises derrière la Loire , après la
capitulation de Paris , il se rendit k
Orléans où il fil imprimer une adresse,
dont le but était d'exciter une insur-
recliou uallonale contre l'ennemi (pii
allait prendre ses canlonncments dans
le pays. Il fut (pieslion un instant
d'enlever un parc d'arlillcric (pie les
Prussiens avaient engagé daus des
chemins impraticables , mais on y re-
nonça j non qu il iiit dillieile de réus-
sir, mais parce (pu* c'était recom-
mencer au centre de la France unr
guerre dont lus suites élaieiit incal-
BAZ
culables, et qui remettait en question
même ce que l'on avait pour l'instant.
Bazin et son imprimeur Huet-Par-
doux eurent a soutenir un procès cri-
minel : tous deux furent acquittés ;
l'imprimeur, comme n'ayant pas agi
sciemment; l'écrivain , parce que l'on
ne put pas prouver qu'il y avait eu
un commencement d'exécution. Ba-
zin retourna au Mans 5 et là , per-
sistant dans ses afieclions démocrati-
ques , il conçutle projetd'écrire pour
la classe populaire de petites bro-
chures, au prix de 1 5 ou 3 0 cen-
times, préludant ainsi pour la Sârlhe
k l'idée qu'un peu plus tard Courier
voulut réaliser pour toute la France,
et qu'il expliqua dans son Pamphlet
des Pamphlets. Les brochures de
Bazin eurent quelque succès. Mais,
heureux avec le public , il le fut
moins avec la justice. Le tribunal
correctionnel du Mans le condamna
en 1816 ; cependant la cour royale
d'Angers l'acquilla, malgré les con-
clusions du procureur-général. Cet
acquittement ne fut pour Bazin qu'un
triomphe momentané. Le préfetd'An-
gers le fit réintégrer en prison , par-
ce que les lihéraux lui avaient pré-
paré une ovation, (pii était la satire du
pouvoir^ et il fallut que le président
de la cour royale intervînt pour que
la liberté lui fût rendue. Mais a peine
arrivé au Mans , il apprit (|u'il était
placé sous la surveillance de la police,
et fut tenu de se rendre tous les
jours k midi k la prélecture. Dans
celte position , il continua ses publi-
cations auxquelles ses poursuites don-
naient encore plus de vogue. En i8::o,
Viivi.m fil jouer sur le ihéàtrcdu Mans
Jaiqucliiic d' Olzhourç^ y mélodra-
me qui avait eu du succès k l'Am-
bigu , en i8()5. A la seconde repré-
sentation, un jeune oHicier vient près
de Bazin , l'ijisulle , le provoiiuc ,
IJA/
RAZ
3V^,
cl ([tuli[iics joiirs .nirrs \\u diul (•>(
1.1 siiilc (le ci'lU' (jiu'rrllc. l'ci/iii
> fjil l)lc.s.so il inorl , cl il cxj)lra
le V.0 jaiivii r 181:0. Son convoi, (jne
rt'p;llse rclusi (raccompagner , cul
lieu aux flamhcaux ; une foule nom-
breuse le suivit. Sou ami , M. Goycl,
prononça ralloculion iunèl)rc sur sa
liMiihe- lîa/.in avait de l'esprit cl de
I éncrj;ic ; sou style ne inan(jue ni de
force ni de souplesse, mais ou sent
trop (pi'il écrivait au jour le jour, cl
pour nu public peu difluile. Deux loris
graves nuisent a sa mémoire : Tun ,
c est une exagéraliou républicaine que
ne corrii:^ea pas même la dure cxpo-
rieucedes temps qu'il avait traversés,*
1 autre , c'est de s'être trop souvent
livré h d'amères personnalités. Toute-
fois, 00 devra se souvenir que le fou-
gueux démocrate ne se démentit point,
et que la république, l'empire, la
restauration le virent toujours sur la
brèche. Ou peut dire (pi'il mourut
en combattant; car sa pièce fut l'oc-
casion , et non la cause de l'affaire
d'honueur qui lui coûta la vie. On a
de Bazin , outre les pamphlets réunis
pour la plupart sous ce titre : le Lynx
et Suite (lu Lynx: I. Cliarlcina-
gne, tragédie nationale en cinq actes
et en vers , le Mans, 1807 , in-8^.
II. Lettres francahes , 1807, etc.,
4.5 n"% in-8». III. Lettres philoso-
phiques , 1814? huit livraisons,
in-i3. IV. Séide^ nouvelle , le
Mans, 1816 , in-8''. V. Voltaire et
Rousseau , conte si Von veut , le
Mans , I 8 I 7, in- 8°.
1^
-or.
«AZ1\. Aor.BAsiN,III,488.
BAZI\GïîÈ\ouBASL\GHEN
( FRA^<:oIS - André Abot dl ),
savant nummographe , naquit en
daus le Boulonnais , d'une
d'origine anglaise. Après
avoir terminé ses études a Paris ,
il se fit recevoir avucal «lu parlc-
LVII.
171 1 ,
iamille
iiH'ul ; cl peu de temps après il
épousa la lille de JNicolas Mciiiil
[f'^oj. ce noui, XW^llI, 307) (i).
En 17/i r il fui pourvu de la charge
(l(î cojiseiller-comuiissairc a la cour
des monnaies (ju'il exerça pendant
trente ans avec une rare dislinclion.
S'élanl démis decette charge, il alla
habiter Boulogne avec sa famille, et
conlinua de se livrer îi la cullure à^is
lellies et a sou goût pour la recher-
che des anciens monuments histori-
ques. Plein de zèle pour sa patrie, il
contribua beaucoup h créer à Boulo-
gne une société d'agriculture , qui a
rendu d'éminents services a toute la
province; et malgré son grand âge il
ne cessa de prendre a sq% travaux
une parltrès-aclive. Bazinghen mou-
rut en 1791, regretté de tous ceux
qui l'avaient connu. Ce n'est que
plusieurs années après sa mort, en
1799, que VEloge de ce savant a
été prononcé par M. Carmier, dans
une des séances de la société dont
il était le fondateur ( Voy. le 3Iag.
encyclopéd. de Millin). On a de
lui : I. Traité des monnaies et de
la juridiction de la cour des mon-
naies j en forma de dictionnaire ,
Paris, 1764, 2vol. m-I^. Cet ou-
vrage, fruit de vingt années de re-
cberches, est encore le meilleur et le
plus complet que nous ayons sur cette
matière. Tout ce qui concerne la ju-
ridiction et la compétence des ancien-
nes cours des n)(!nnaies n'y laisse rien
à désirer. II Tables des monnaies
courantes dans les cjuatre parties
du monda ^ ibid., 1776, in- 16. III.
Recherches historiques concer-
nant la ville de Jjoulocfne-sur-nwr
et r ancien canton de ce nom.
{\) Cet article sera coni|ilétc dans le Supplê-
inciU à l'iiiiic d'une Notice que vient de nous
adresser M. Ilédoiiiu , luenihr.- Iinnorairc de la
sociclc de:» an(ir|uaires do la llorinic.
23
554 BEA
îbid., 1822,10-8**. Avant d'être pu-
blié, le manuscrit a été mis en ordre
et retouché par M. le baron Wattier^
à la prière de sa femme, l'une des
petites filles de Bazinghen. IV. Les
aventures du comte de Vineville
et d'Ardelise, safdle, ibid , , 1822,
^-8". C'est un roman historique. Les
descendants deBazingheu conservent
encore de lui quelques ouvrages iné-
dits , entre autres une Histoire ec-
clèsiasticjue de Boulogne 3 avec de
nombreux documents sur les abbayes
et prieurés de ce diocèse. W — s.
BAZZIC ALVA (Ascagne-Ma-
rie), médecin de Lucques, au com-
mencement du dix-huitième siècle ,
adopta la plupart des explications du
savant Borelli, et publia l'ouvrage
suivant en faveur des dogmes de la
secte iatro- mathématicienne : No.
vum systeîna medico-mec/ianicum
et nova tumorum metliodus , quo^
rum nomine coinp relie nduntur ln~
Jlammationes verœ, Parme, 1 7 0 1 ,
in-4^'». Bazzicalva faisait dépendre
toutes les maladies de raugmentaliou
ou du ralentissement de la fermenta-
tion. Du reste , il les expliquait tou-
tes aussi par la mécanique et par des
figures mathématiques. Ainsi , par
exemple, riunamuiallon dépend, sui-
vant lui , de ce que les globules san-
guins se trouvant retenus dans les
extrémités rélrécies du cône que re-
présente le tube artériel, ils laissent
échapper la matière ignée (jui est
combinée avec eux. Si tous les romans
de ce genre étalent restés dans les
portefeuilles de leurs auteurs, la mé-
decine ne serait pas encombrée d'un
fatras de livres inutiles et (jui n'inté-
ressent (|ne les Mbllonianes. J-n-N
IJLATOX ouBLTON (David),
cardinal, f^ oyez Wisiiart , LI ,
72-75.
BEATRICE (Nicolas), gra-
BEA
veur au burîn, connu aussi sous le
nom italianisé de Beatrici ou Bea-
tricetti ^ naquit a Lunéville , vers
1607 (i). A l'exemple d'un grand
nombre d'artistes lorrains , il fit le
voyage de Rome pour y perfection-
ner ses études. Admis chez Augustin
Vénitien, en 1 552 , il travailla dans
la manière de ce maître. Son œuvre
est recherché. L'abbé de Marelles n'en
avait pu réunir que cent douze pièces
dans son riche cabinet (2). On esti-
me surtout les compositions de Béa-
trice , pour la correcliou du dessin.
Il s'attachait a ne prendre ses modè-
les que parmi les grands maîtres ,
tels que Raphaël , Michel-Ange ,
JulesRomain, etc. , et savait se pé-
nétrer de leur génie. Il continua de
résider à Rome après la mort d'Au-
gustin Vénitien. Il est probable qu'il
revint en Lorraine vers i558, car
on connaît de lui une gravure repré-
sentant le Siège de Thionville , par
le duc de Guise , datée de cette an-
née. Mais il faudrait admettre ([uil
retourna a Rome en i ôbp , puisque
c'est alors qu'il y fit paraître la
Bataille des Amazones , gravée
d'après un bas-relief en marbre et re-
produite par le P. Montfaucon, dans
son Antiquité expliquée (5). On ignore
l'époijue de la mort de Béatrice : il \ 1-
valt encore en 1662, date de la publi-
cation de sa gravure du Ji/^c/nc/U
dernier. Les autres pièces remarqua-
bles de ce maître sont : I. Joseph ex-
pliquant ses songes à ses frères ,
^il Lo Ihitionnairit des ^mn'urs , «lo liasnn ,
<|ui foiiriiiinu (le l'uutcs de dates, Iv fait iiuîtrr
vu li-n («dit. de i8«n), În-S", tcini. I''' , ]>. 5^<).
(2) Ciiliili'i^ue ilf.i lii'its d'fsttimj.es, \n\r M. «le
Murcdles , aldu; de ViUcloiit , l'aris , i66(>> iiiS^.
I». 37. « 1,'uldx' de M.uolles et d'atitres «lit iillri-
« bun \\ Hi'ali'iii les pièies lunniuce.s d'un »l«v Mir
>< l««iinl est In li'ltrr H; mais ils se .noiit tnimix'.s.i»
Nntivfs sur Ifi ^ntveurs ijtii nous ont iuisxr drs es-
liimpes imtnftires de monogrammtt (l»«r l'uLbcUA*
vcn-l). IW-'-aïK-oii , 1807, t. 1", p. 4G.
(3) Tom. IV, partie t, p. 116.
BEA. BEA: 355
d'aprcs Rapha'i'l; t lie passe pour son et de la reine élalt placée sons une
i\\cf-d\v.mTcA\. kS'iu'titrh'lisa/jcthy Iciile au inlllcu de la ville, le scr-
reine de iloiii^ric , d'après le Ti- vice clail en or, et dix autres tables
lien. 111. VAniu>niialiun , la Sa- placées en cercle aiiloiir de celle des
juaritainc el la Cnn\>crsion de saint rois, étaient servies en argentj les vins
P<i«/ d'après Michel-Ange. IV. Psy~ lesplusprécicnx coulaicntde tonneaux
chc , d'après Ila|diai"l, pièce d'une de même métal. Ik'alrix conlribna
grande beauté , snivant Fabbé de I\Ia- beaucoup aux progrès cpic les sciences
relies. V. Liii combat de la raison et les aits firent en Ilonn^ric sous le
et de l'amour, d'après Inindinelli , règne de Corvin {Voy. ce nom X
de. « La plupart de ses estampes 2 3), et ce fut par ses soins qu'un
«sont marquées de sou nom; une grand nombre de poètes, de musiciens
a partie porte les lettres 13. F. ou et de peintres furent appelés d'Italie,
te N. r»., ouN. 1». L. F. (4)j d'autres Mais elle ue donnait point d'héritier
a enfin ont un monogramme désigné H son époux, et lorsque ce prince
c h la planche 2 » { ti^'" 2i ei 22.) désespéra d'en avoir il porta son at-
de Touvragc de Tabbé Baverel. tention sur son fils naturel Jean
L — M — X. Corvin , espérant le faire élire pour
BEATRIX , fille de Ferdinand, successeur. L'ayant nommé comte de
roi de Naples et d'Aragon, fut la Huniade et duc de Liptau, il lui
seconde épouse de Blathias Corvin, donna de riches domaines en Hon-
roi de Hongrie. Cette princesse pas- grie et eu Silésie. Ce plan inquiétait
sait, par sa beauté et par son esprit, Béatrix , qui se flattait qu'a la mort
pour l'une des plus accomplies de sou de Malliias elle pourrait faire nom-
siècle. Le mariage se célébra k Na- mer roi celui h qui elle offrirait
pies, le i5 sept. i4-75, le roi étant sa main. Elle fit entrer dans ses
représenté par les magnats munis de vues plusieurs magnats qui formèrent
ses pleins pouvoirs et autorisés par la avec elle un parti opposé a l'élévation
diète. La princesse u'arriva aux fron- de Jean Corvin. Ce même parti, vou-
tières de la Hongrie qu'au mois d'oc- lant se ménager l'appui de l'empe-
lobre 14-76. Les Turcs ravageaient reur Frédéiic, désapprouva la guerre
alors la Croatie , la Slavonie , et fai^ que Mathias faisait avec tant de vi-
saientdescoursesjusqu'aSaltszbourg; gueur h ce prince. Afin d'auo-menter
mais Mathias étant en paix avec eux, sou influence, la reine appela près
Béatrix fut traitée avec respect; d'elle son frère, le cardinal d'Ara^^on
elle passa même plusieurs fois la nuit qu'elle fit nommer archevêque de Grau
dans les lieux qu'ils avaient quittés et primat du royaume (14.84.). « De-
la veille. Couronnée reiue de Hou- puis cette époque, ditHiistorieumo-
grie le 12 déc. a Albc-Royale, elle dcrne de la Hongrie (i), Mathias qui
accompagna , au mois de juillet avait su se tenir en garde contre les
14-79, MalhiasaOlmutz où se trouva artifices de la politique italienne , ce
Vladislas Jagellon , roi de Bohème, prince, qui jusqu'alors s'était montré
La reine qui aimait l'ostentation dé- d'une si forte indépendance dans ses
ploya en celte occasion une grande conseils, se laissa insensiblement con-
magnificeuce. La table des deux rois duire par son épouse. Il commit la
(ij Kngel, CuschicUtc des Ungritchen reichs,
(4) Nicolaus BeacHcius Lolftaringus fccit. Vicnac, i8i3 , t. III, p. Sgai
23.
356
BEA.
faute irréparable de ne pas poursui-
vre avec assez de fermeté son plan
pour rélévalion de son fils chéri.
Ainsi les ruses d\ine femme adroiîe
remportèrent, et au lieu d'un jeune
prince courageux capable de défen-
dre le royaume après la mort de Ma-
iLias , la Hongrie eut pour rois Vla-
dislas et Louis ^ deux Jagellons, oui,
par la faiblesse de leur gouvernement,
placèrent le royaume sur le bord
du précipice.)) Cependant le roi pous-
sait avec vigueur la guerre contre
Frédéric. Ayant pris Vienne , le
i*'"" juin i4.85, il y fit son entrée
avec Béatrix. Pendant le siège , un
boulet étant tombé sur la baraque du
monarque , la faction de la reine pro-
fita de cette circonstance pour perdre
le premier secrétaire du roi , qiii fut
accusé d'avoir indiqué a l'ennemi le
lieu où était cette baraque. Le roi
eut la faiblesse de croire a ces insinua-
tionsj le malheureux secrétaire, livjé
a la torture fit des déclarations, ar-
rachées par la douleur, qu'il rétracta
aussitôt ; et 11 fui néanmoins décapité
sur la place de Vienne, au milieu des
murmures d'un peuple soumis par les
armes. Malhias Corviu avait élevé les
deux frères Zapoly 5 ayant donné à
Etienne pour épouse une princesse
de Tescben , ii Kmerich le gouverne-
ment de la Silésie , et comj)lant sur
leur dévouement pour les intérêts de
son fils, il fil nommer le premi( r, pa-
latin du royaume; mais il se trompa;
Béatrix sut gagner les deux magnats.
Le roi , <]ni sentait ses forces dimi-
nuer, coulia à son (ils la garde de
la cojironnc et \v nomma comman-
dant de la garde royale , qui lit
serment entre les mains du jeune
prince. Les magnats les plus iniluenis
appelés h la cour, ayant promis au
toi (|u'ils appuieraient l'élection de
Hean, Béalrix mil tout en œuvre pour
BEA
détourner les autres de faire une pa-
reille promesse; elle conjura le roi
les larmes aux yeux de vouloir bien,
si elle avait le malheur de le perdre ,
prendre a\iparavant des mesures pour
(ju'elle fut reconnue reine de Hongrie.
Le roi lui représenta que jamais
les Hongrois ne se laisseraient gou-
verner par une princesse étrangère, et
lui proposa d'autres avantages, no-
tamment le tilre de reine-mère , que
Jean reconnaîtrait. Ces discussions
duraient encore lorsque le roi se
trouva mal tout-a-coup et expira , en
poussant des cris affreux. Sambu-
cus exprime en termes très-clairs ,
dans son Histoire de Hongrie, les
soupçons qui planèrerit sur Béatrix a
Toccasiou d'une n;ort si imprévue ;
mais les preuves manquent. L'archi-
duc Maximilien s'était mis sur les
rangs pour succéder a Matbias; Béa-
trix lui offrit sa main 5 il la remercia
en la priant avec une affectation iro-
nique de vouloir bien avoir pour lui
les sentiments d'nne bornw mère.
Fnriense , elle se jeta dans le parti de
Vladlslas Jagellou (|ui fut élu roi.
Ce prince étant arrivé en Hongrie,
les magnats lui conseillèrent d'éloi-
gner adroitcMiient IJéalrlx , et il sui-
vit ce conseil. (Cependant , afin de
tirer de l'argent de cette princesse,
il promit de l'épouser si la dièle v
consentait; mais la diète refusa la
dentânde de lU'atrix , bien (pi ap-
puyée par la cour de Naples. Ce
lut alors (]ue celle princesse en-
voyait l\aples nue grande partie (\\.'&
joyaux delà couronne; le comman-
dant deZeng,en Dalmalie, (pii les lit
saisir , s'élanl mis en roule pour les
j)()rler lui même au roi, Béatrix se
délit de lui par le iioison. J'Jle(|uilta
la Hongrie; et, après avoir passé trois
ans il Vienne, elle se renilil en Italie
où elle vécut dans la rcUaitc. LUe
r.E\
inoiirnl ni i fi 08 ;i Tscliia. G — v.
«KATSOX (rioiii:uT), lal)orlciix
C()in|M!alciir, lu' cii (742, H Dysarl ,
dans le comlé tlf Fifo, en Ecosse ,
parcouru l (Pahord la carrière des ar-
inos, cl servit cii ly.'^y d'i"S une cx-
pédilion sur la côle de France. Il
prit pari, en «jualilé de liculcnanl a
l'alla({iic de la ]Martini(jue cl à la
prise de la Guadeloupe. Relire en
1766, il rcsla a la denii-solde pen-
dant loule la p;nerre d'Amcricpic ,
niali^ré ses sollicilalions pour ren-
trer en aclivilc. Ce loisir fui consa-
cré h la coniposilion de plusieurs
ouvrages (pii demandaient de labo-
rieuses reclicrclics , et cpii ont été
fort utiles a d'autres lilstoriens doués
de plus de talent , mais de moins
de patience : I. Index politique
(h'fî liisloircs de la Grande-Bre-
Irii^ne et de V Irlande , 1786.
II. Mémoires navals et militaires
de la Grande-Bretagne j 1790 ,
5 vol. in- 8". C'est une conlinuation
des Vies des amiraux, etc., de J.
Campbell ( Voy. ce nom , YI, 63 i ).
Celui-ci s'était arrêté en 1727. Le
conlinualeur a poussé son travail
jusqu'au moment où il écrivait. On
n'v retrouve pas tous les genres de
mérite qui avaient fait le succès de
l'ouvrage de son prédécesseur j mais
sa narration est circonstanciée, exac-
te, écrite avec siraplicilé et clarté.
III. Registre chronologique des
deux chambres du parlement ^ de-
piiis l'union en 1708 , jusqu'au troi-
sième parlement du royaume-uni de
la Grande-lîrelagne cl de l'Irlande,
1807. On cite encore delui unTs^^rt/
sur les avantages comparatifs des
moulins verticaux et horizontaux.
Beatson , cpii était membre de la so-
ciété rovalo d Edimbourg, est mort
en celle ville le iro janvier i 8 i 8. L.
IJEAUCIÏA.VP (le marquis
BEA
•^57
CiiART.r.s-GuKCOiRE de), né daus le
Poitou, eu I 73 I , d'une ancienne ia-
mille de celle province, fut de bonne
lieure cornette dans un ré<iimcnt de
cavalerie et se trouvait en celle cpia-
lité a la bataille de Ilosbacli où il
reçut quatorze blessures, et rapporta
néanmoins son drapeau. Cet exploit
lui valut la croix de Sainl-Louis, et
il parvint successivement au grade
de marécbal de camp. Nommé dé-
puté aux étals-généraux de 1789,
])ar la sénéchaussée de Saint- Jean
d'Angély , il se montra dès le com-
mencement dans cette assemblée fort
opposé aux innovations révolution-
naires. Toutefois il n'y prit jamais la
parole ; mais il siégea toujours au côté
droit et signa toutes les protestations
des royalistes. Il se rendit après la
session dans le pays de Liège où il
avait des propriétés ; qui lui furent
bientôt ravies comme biens d'e'raigré,
ainsi que celles qu'il avait en France 5
et il fut encore oblio;é de s'éloigner.
Il passa ainsi pbisieurs années dans
toutes les privations de l'exil ; et
lorsqu'il lui fut permis de revenir eu
France, en 1802, par la protecliou
de son ancien collègue et compatriote
Regnauld de Saint-Jean d'Angély, il
y resta encore complètement dé-
pouillé. Le marquis de Beaucbaraj)
mourut a Paris le 5 mai 1 8 1 7 , et il
avait ainsi vécu assez long-temps pour
voir le retour des Bourbons j mais
non pour recouvrer la moindre partie
de ses anciennes propriétés , car la
loi d'indemnité ne fut rendue qu'en
1826. Z.
BEALXÏÏAMP (Ati-noNSE
DE ) , historien , né a ISlonaco , en
1767, fds d'un chevalier de Saint-
Louis, major de cette place , entra
au service de Sardaigne en 1784 ,
comme sous-lieutenant dans Icrégi-
ment de bi marij\e, Il rçyçnail, alqrs
358 BEA ÊËA
de Paris, où il avait passé plusieurs pierre succomba dans la journée du
années chez des parents riches et 9 thermidor, il se réunit franchement
d'un rang distin^^ué , qui l'inlrodui- à ses adversaires. Lorsque le gou-
sirent de bonne heure dans la haute vernemenl directorial fut établi par
saciété.^ Ily puisa le goût des arts et la constitution dé l'an III , il passa
des plaisirs frivoles ; mais son éclu- dans les bureaux du ministère de la
cation, sous les autres rapports , fut police, chargé de la surveillance de la
irès-négligée. Son début en Piémont presse , et plus particulièrement de
ne futmarqué que par quelques vers de celle des journaux. Cest dans cette
société, et par des galanteries que fa- place que nous l'avons connu, et nous
vorisaientunextéricuragréableetune pouvons attester que, tout en s'acquit-
grande politesse. Il avait vu toute tant de ses devoirs avec autant de
la France dominée par les doc- probité que de talent, il ne manqua
irmes du parti qui préparait la ré- jamais l'occasion d'adoucir les ri-
yolution , et il les avait adoptées gucurs du pouvoir. Ce fut a cette
avec toute la chaleur de son agc et époque qu'il conçut la première pen-
de son caractère. Il n'y renonça pas sée de son Histoire de la Vendée ^
sans doute en entrant au service du et l'on ne peut douter qu'il n'ait com-
roideSardaignej et,lorsqnelaguerre puisé _, pour l'exécuter, tous les car-
éclata entre ce prince et la républi- tons du ministère; ce dont il avait
que française en 1792 , il refusa d'ailleurs reçu l'autorisation. Plein
positivement de servir contre sa de sens et de sagacité, doué d'un es-
palric. Un tel refus dans de pa- prit observateur, et se trouvant très-
reilles circonstances devait lui at- bien placé pour tout voir et tout
tirer des persécutions ; il fut cmpri- comparer , il avait examiné avec une
sonné et détenu pendant plusieurs scrupuleuse attention, et jusque dans
mois h la Brune tte , puis au château les plus petits détails , les évène-
de Ceva , et il ne recouvra la liberté ments de cette guerre. Tous les rap-
qu'ala fin de l'année 1793. 11 sehàla ports et toutes les dépèches ostensi-
alors de retourner en France, et il Lies ou secrètes avaient passé dans ses
arriva dans la capitale au moment où mains ; et cependant il n'avait adopté
le terrorisme y dominait dans sa plus aucune opinion , il n'avait épousé la
cruelle intensité. Dénué de ressources cause d'aucun parti; ainsi, il était
cl n'ayant pour vivre d'autre moyen dans la position la plus favorable
que son zèle ctson enthousiasme pour où puisse se trouver un historien,
la liberté, il entra dans les bureaux assez près des événements pour
du terrible comité de suretégénéralc, bien les voir , assez loin pour ne
rpii, sous la direction des Amar et ^c^ p«is en cire atteint ou forcé d'y preii-
lîillaud- Yareuncs ( Voy. ces deux drc part. lîeauchamp s'occupa ures-
i»()ins, au Sup.), exerçait une si vio- (jue exclusivement de ce grand ou-
lenle tyrannie. D'un caractère bon et vra^o pendant plusieurs années , cl il
j;énéreux,Beauchamp nepulvoir tant en publialapremièreédilionen 1806,
tle crimes sans en être indigné j mais o vol. in- 8" (i). Peu d'ouvrages his-
il n'était pas en son pouvoir de les ■'
., ' I •! I-. I • (') l'iHittiir (Iti l.i l'ruiuv litUmirr (M. (.^uc-
tmptclUT : il rendit tous les services ^..«1) n commis imr .rn-ur Kinvr Mir citio prc
que (les fonctions suballerneslui per- '"■"•«•" "•*>'"». «"".lu'ii u .lit .ii.Mi. fut p«.
■• . , , 1 r» î hli«.oflii i8oo; il iir «lit pu» «locouibuu tle volu-
Dlircut UC lemlrC ) cl; (|UailU llubCil- uks cllc fut cv>i>|>u»vei mui« il |HUSC ijuv «'v8t
i
BEA
torî(|Ucs oui oliU-mi tli* nos jdurs un
aussi grand succès ; cl l'on ne doil
pas stMiK'iiKMil a'ilrihncr co succès a
i'inlcTcl trcvôncnuMils si rapproclics,
si cxlraordinaîrcs; il faut aussi en voir
la cause dans le lalcnl ol surlonldaiis
la rare iiuparlialilc de l'aul(Mir. Ce
fut en le lisant que Napoléon dit des
Vendéens ce mol célèbre el si sou-
vent répété : « Celait un peuple de
« géants. » Mais , comine l'a fait
observer M. Fiévée : « la gloire
« de ce tcmps-la voulait être exclu-
ce sive ^ de nicmc que le palriolisme
ce eu i^QÔ, elle n'admettait ni riva-
tc lilé ni comparaisou 5 et pour avoir
et montré que les Français sont éga-
ct Icmeut braves, quelle que soit la
«cause pour la(juelle ils prennent les
ce armes, M- de IJcaucliamp futpuni. »
On ne peut cependant pas accuser
PSapoléon d'avoir ordonné lui-raèmc
celle persécution. S'il est vrai qu'il
se montra quelquefois jaloux de toute
espèce de gloire , on doil dire aussi
qu'il avait des idées plus élevées et
plus généreuses. Mais la plupart de
ses agents , el surtout son minisire
Foiiclié avaient a venger leurs anciens
collègues , ces proconsuls de la con-
vention, dont Beaucbarap avait re-
presenlé avec tant d'énergie et de
vérité les cruaute's et les turpitudes.
Il le priva de son emploi au minis-
tère, sous prétexte qu'il avait consulte
Îiour cet ouvrage les matériaux qui
ni étaient confiés 5 la troisième édi-
tion fut saisie au moment où elle allait
paraître ; cl plus tard l'bistorien de la
Vendée fut arrèlé (i8o()), puis exiié
a Reims. Ce n'est qu'en 181 1, qu'il
lui fut permis de revenir dans la capi-
]a inrine que celle qui parut en 1810, 4 vol. iu 8°,
laqupUe il dési^rne comme une prétendue nourcUc
édiiiun. 11 csl Lvideiit cjue M. Quérard n'a pas la
Tii luèiiic vu un seul viilunii- des <|ua!re éditions
bien réeUcs de Vliistotrr <Ic la f'enUvc , qui ont
éu Urws à un grand nombre d'cxviP[>laircs,
UKA.
^59
laie. Kl, pour obtenir celte permis-
sion, il lui obligé de signer un enga-
gement de uc plus rien publier sur
la polili([ue coiilciiiporaiue. Il obtint
alors dans les Droit s-rénnis , une de
ces espèces de sinécures (pic la mu-
nificence du cbef de cette adminis-
tration semblait accorder a quel-
ques gens de lettres, pour leur donner
les moyens de s'occuper de travaux
littéraires. Bcaucliamp profila plus
qu'aucun autre de cet avantage : peu
d'bommcs étaient plus aclifs el plus
laborieux. Suppléant par le '/èlc à ce
que sa première éducation avait eu
d'incomplet, il suffisait par de longues
veilles à d'immenses travaux. Déjà il
avait conçu et exécuté presque seul le
travail si ulilc des Tables du Mo-
niteur ; il eut encore une part a
peu près semblable à la Blogra^
phle moderne , Leipzig ou Breslaw
(Paris), 4- vol. in-B**. Il fut dès le
commencement un des collaborateurs
les plus utiles el les plus laborieux
de celte Biographie universelle ,
dont tous les volumes contiennent
des articles de sa composition. Il en
avait même préparé un assez grand
nombre pour le Supplément, et nous
les imprimons successivement sur son
manuscrit. A l'époque de la restau-
ration, eu 1 8 1 4, sa place aux Droils-
réunis fut supprimée ; mais il obtint
du roi la croix de la Légion-d'Hon-
neur el une faible pension dont il a
joui jusqu'à sa mort. Ce fut dans
ce temps -là, que M. 13ouvier-Du-
molard lui intenta un procès , pour
avoir dit, dans son Histoire de la cam-
pagne de i8i4, que cet ex-préfet du.
Tarn avait été cause de la bataille de
Toulouse, en retenant un courrier cx-
pédiéaumarécbalSoullparlc gouver-
nement provisoire. N'étant point sou-
tenu par le gouvernement, dont il avait
embrassélacause, cl viyemcul tillaqué
36o
BEA
par une oppositiou dès-lors très-au-
dacieuse, Beauchaiiip fut condamne' a
une amende , même a la prison , et
il se vit contraint de fuir lors du re-
tour de Bonaparte. Mais ce jugement
resta sans exécution après le second
retour du roi, et l'auteur de la Cam-
pngfie de i8i4- fit paraître une se-
conde édition de cet ouvrage, a la-
quelle il ajouta deux nouveaux vo-
lumes comprenant la campagne de
I 8i5. Bcaucbarap est mort le i^*^ juin
1802 , des suites du terrible fléau
qui afQigeait alors la capitale. D'un
commerce très - sur et de mœurs
douces , il a toujours conservé des
amis dans tous les partis et dans tous
les rangs de la société; mais, écrivant
presque toujours sur des sujets ré-
cents, et voulant dire la vérité, il ne
put éviter de blesser quelquefois les
intérêts et les passions d'hommes ir-
ritables et puissants, qui firent tout
pour se venger. Sa vie fut ainsi
semée de beaucoup de tracasseries
et de persécutions; il les supporta
courageusement et avec persévéran-
ce. Doué d'une grande sagacité po-
litique , nul ne savait mieux que lui
comprendre cl apprécier les hommes
et les choses de notre époque. Ses
écrits sont trop nombreux pour (pie
tous aient été conq)Osés avecle même
soin et la même supériorité. Le pre-
mier et le plus imj)ortant de tous est,
sans aucun doute , sa Guerre de lu
Vende e.Vowr l'exactitude et l'inté-
rêt des récits, pour l'impart ia'ilê des
jugements, cet ouvrage est certaine-
ment un des plus précieux monu-
ments de riiistoire rontenq^oraine.
Lorsipi'il parut , tous les lecteurs ,
eoiis les journaux furent d'accord
|)Our en faire l'éloge. L-i (pialriênu*
édition, i)i(Mi (jue ])lus conquête, j)liis
cxaiif cl plus soignée, cslcclic(pii a
rcncy^itré le plus de çouIruiiivU'urs j
BEA
c'estqu'alors(i82o)toulcslespassions
long-temps assoupies venaient de se
réveiller. Sous l'empire, bien que
plus près des événements, on les ju-
geait déjà avec le calme et le désin-
téressement de la postérité : sous la
restauration , il n'est que trop vrai
que la révolution a recommencé , et
que toutes les passions , jusque-là
si heureusement contenues, se sont
déchaînées avec une nouvelle fureur.
Ces passions s'amortissent peu à peuj
et, depuis qu'on lit avec plus de sang-
froid , les écrits de Beauchamp sont
mieux appréciés 5 on pourrait dire
que pour lui la postérité recommence.
Il est certain que c'est dans ses
ouvrages qu'elle trouvera les meil-
leurs renseignements sur notre his-
toire. On a de lui , outre les ou-
vrages dont nous avons parlé : I. Le
faxixT) aiiphiiiy i8o5, 2 vol.in-12.
II. Histoire de la campagne du
maréchal Suwarow en Italie ,
formant le y vol. des Campagnes
de Suwarow. III. Histoire de la
conquête et des révolutions du
Pérou, 1807, 2 vol. in-8°. IV.
Biograj)hie des jeunes gens (âxec
Durdcnt et autres gens de lettres),
1 8 I 5 , 5 vol. in- 1 2 . V. Histoire des
malheurs et de la captivité de Pie
VII, sous le règne de Napoléon
Ihionaparte, i8i4jin-i2', i8i5,
iu-i2j 1 820, in-i 2.VI. Vie politi-
que^ militaire et privée du général
Aloreau, i8ï4, in-8". y il. His-
toire du Brésil, depuis sa con-
qiu'te en i5i)o Jusqu'en 1810 ,
Taris, 181 5 , 3 vol. in-8". MU.
Catastrophe de Murât, i 8 1 5, in-
8". IX. la duahesse iTAngoit-
Ir'nw d Bordeaux^ i8i5, in-8".
X. Histoire t/es deux J\iux Hau-
phins, 1818, 2 \(d. in- 12 ou \n\
\o\. in-8". XI. J/énioires du comte
de J\OL'hecu(tc^ rédigés sur vscs pa-
piers cl sur I(\s noies de sc9, priiicî-
j)aiix olliciors , 18 18, iii-8". \\\.
/ ic (i'Ali Pdcha ttc Jtininn, vol.
111-8" avec jiorlrnil, l'aris, 1822 ;
srcoiult* cdilloi), iiièiiic aiincc. XIII.
Ilisloirc de lu n'i'o/tition du Pic-
t)ioiit et tic SCS raj)j)orts avec les
autres j>arties de V Jlnlie et avec
la France , 1821 , 111-8". Seconde
partie : De la révolution du Pic-
mont^ rcclit'c snr (Ic^^ mcmoire.s se-
crois; avec une reliilalion de l'cciit
inlilulc : De la révolution piànion-
taise ( du comte de la Rasa ) y
1823, in -8". XIV. Delà i^évolu-
tion d'hs/nigne et de son dix
août, 2*"cclilion, 1822. XV. f^ie de
Jules-César, suivie du tableau de ses
campagnes , avec des observations
cri(i(|ues, Paris, 1825, in-8°. XVI.
/ ie de Louis A VIIl y roi de
France et de ISavarre , Paris ,
i82r,in-8''; seconde édition, 1824,
111-12 ; troisième édition, 1824, 2
vol. in-8°, avec 2 grav. XVIJ. Ré-
fulaiion de l écrit intitulé Coup-
D OEIL SUR L ETAT POLITIQUE DU
Brésil, 1824, in-8°. XVIII. Cri-
tique historique avec des observa-
tions littéraires sur l'ouvrage du
général Ségitr/u\['iU\\é: Histoire de
Napoléon", 182.5, in-8". On a attri-
bué avec raison k Beauchanip les
Mémoires imprimés sous le nom de
Foiiclié {J^oy. FoucuÉ , au Supp.).
Il a également rédigé plus lard les
Mémoires de Fauclie-^Borel {^Voy,
ce nom, au Supp.) , avec les maté-
riaux (ji;i lui avaient été fournis ;
ainsi fjue V Histoire de Vînde ^
publiée sous le nom de M. Collin
de Kar. Bcauchamp a aussi concouru
a la rédaction de plusieurs écrits et
mémoires particuliers, de plusieurs
journaux euîre autres delà Gazelle de
France. Il a été Téditcur i" de Xllis-
^çirç (lu donjon et du çlidtcau de
RFA
'',61
/- ///rr;/;/f s, par Nougaret, 1807, in-
8" • 2" de V Histoire de Hayard,
par Gujard de Bcrville, nouv. édit. ,
1822- 5" de la Collection des mé-
moires relatifs à la révolution
d'Espagne, 1824 et 1826, 6 vol.
in-8" 5 4" des Mémoires secrets et
inédits pour servir à V histoire con-
tetnpoi'uine , 182.5, in-8". Son Hi.s-
loire de la campagne de i 8 1 4 el 1 8 i 5
a été traduite en anglais dans l'année
de sa publication. M — n j.
BEAUCliAMP (N. Mon-
CHEAU ) , né a Poitiers, et mort ea
cette ville en i833 , y fut médecin
cl directeur de l'école secondaire. 11
remporta, en 1808 , le prix proposé
par récolc de médecine de Bruxelles
sur la question de savoir quelle est
V influence de la nuit sur les ma-
ladies ; et ce mémoire fut imprimé
dans lerecueil decelle sociétésavanlc.
Il traita aussi plusieurs autres sujets ,
et ses dissertations furent insérées
successivement dans les bulletins de
rAlliéiiée et de la société académique
de sa ville natale. F — x — e.
BE AUCJIÈXE (Edme-Pierre
CiiAiS'voT de ) , médecin, nacpiit en
1748, aux Acbarlis, près de Ville-
neuve-le-Roi , dans la Basse-Cbam-
pagne. Après avoir terminé s^s élu-
des, il embrassa l'étal militaire ; mais
il abandonna bientôt celle carrière
pour celle de la médecine 5 et, s'étant
fait recevoir docteur a ^lonlpellier, il
s'établit a Paris où il oblinl la place
de médecin des écuries de IMonsieur.
Ne voyant dans la révolution que la
réforme des abus , il en embrassa les
principes, et fut, en 1789, élu
membre de la commune de Paris.
I\Ionsieur , décidé par la gravité des
circonsîances , a quitter la France,
avait l'inlenlioii de s'adresser a Bcau-
cliène pour lui procurer des passe -
iv>rls ; mai? M, cUAvarav le fi^ re-
362
BEA.
noncer à celte idée (Voy. Relation
d'un voyage à Bruxelles et à Co-
blentz). Beauchêne, effrayé lui-même
de la marche de la révolution, ne
tarda pas h se retirer dans une terre
qu'il possédait aux environs de Sens.
11 se fit recevoir k la société popu-
laire de cette ville ; et, dans la crainte
de se rendre suspect, il assistait ré-
gulièrement a ses séances, ne prenant
d'ailleurs aucune part aux discussions.
Cependant il oublia la réserve qu'il
s'était imposée lorsqu'il fut question
d'envoyer une adresse a la conven-
tion pour la féliciter au sujet de la
mort de Louis XVI. Ses efforts pour
empêcher l'adresse furent impuis-
santsj et le courage qu'il avait montré
dans cette circonstance lui mérita
quelques mois de prison. Après le 9
thermidor, il revint a Paris, où il se
forma bientôt une nouvelle clientelle.
Sous le gouvernement impérial il fut
nommé successivement médecin eu
chef de l'hôpital du Gros - Caillou ,
médecin du corps législatif , de l'é-
cole normale , etc. j et il montra dans
ces différentes places autant d'habi-
leté que de désinléressement. A la
restauration, il devint l'un des méde-
cms-consullants du roi Louis XYIIL
Admis a la société royale de méde-
cine , il fit ])artic de la commission
chargée de présenter un rapport sur
l'enseignement médical^ en 1820 il
ol)lint la décoration de la Légion-
d Honneur. Tourmenté depuis quel-
que temps des douleurs de la pierre ,
il y succomba le 24 décrnibre 182/1,
laissant la réputation d'un bon pra^
ticien et d'un très -honnête homnu*.
Outre (les articles dans la Qiioti-
(liciiTic rt dans divers Journaux , on
a (le ISeaiicliêne : L JJc l'injhicncc
(les affections dr Fânu' sur les rnu-
liulics nrr\'cus(S dcs/r/ii/ncs , Pa-
ris, lyy 1 ,iu-8"j réiinpriuiéen 1785,
BEA
en 1798, et traduit en allemand,
Leipzig, 1784, in-8°. C'est l'ou-
vrage d'un médecin philosophe et
d'un bon observateur IL Observa-
tions sur une maladie nerveuse
avec complication d'un sommeil
tantôt léthargique et tantôt con~
vulsif, ibid. , 1786, in-8°. III.
Maximes , réflexions et pensées
diverses, ibid., 1817, 1818, 1819
et 182 I , in- 12. Ce recueil, fruit
de la vieillesse de l'auteur , contient
des pensées ingénieuses et des ré-
flexions solides,' l'édition de 1821
est la plus complète. AV — s.
BEAUCOUR (GiLLOT de).
Voy. GoMEz DE Vascojvcelle ,
XVIII, 5o-5i.
BEAUFORT (DomEusTACnE
de) mérite dans les annales de l'é-
glise une place près des Rancé et
des Montgaillard. Cependant l'his- |
toire de ce religieux est peu connue j
on sait seulement qu'issu d'une fa-
mille noble et considérée , il fut des-
tiné a la vie monastique , dans la-
quelle la vanité , voyant bien autre-
ment qu'aujourd'hui, trouvait encore
de quoi se satisfaire. Né en i655 ,
il avait dix-neuf ans quand il fut , a la
sollicilalion de ses parents, et sur la
recommandation du cardinal IVlaza-
riu , nommé par le roi a l'abbaye de
Sept-Fonts, en j654. C'était une
abbaye de l'ordre de Cîteaux, de la
filiation (le Clairvaux , fondée au
douzième siècle, Irenle-ciuq ans après
rétablissement de l'iustilut de Cî-
teaux. Cette maison, due a la libé-
ralité i\\n\ duc de Bourbon, était
bâtie dans une vaste plaine a quel-
(jne distance de la Loire et de Mou-
lins. Dédiée sous l'invocation de iMa-
rie , (^lle avait peut-être reçu de St
Bernard lui-même le nom de Notrc-
J)(imc de Suint - /w'c// - <lr - Srpt-
Fonts , h cauîic dc5j ijcpl fi^nlaiues (jiii
rarrnsaicnl alors il don! une seule SrpI - Fonls , il s(î prosterne devant
restait encore h répoipie de la snp- le Sainl-Sacrcmciil , assemble le cha-
jires.sion. Quoinue le saint alïlu- de pîlre, propose li s(>,s moines une salii-
Clairvanx eût , suivant la Imdilion, lairc rérormc. H leur lit part de ses
saneliliéeelle maison par sa présence, sentiments et les pria de ne pas s'y
elle n'avait pas toujours gardé son opposer 5 mais ib furent insensibles
esprit , et les religieux s'élaienl li- h ses propositions. Ces religieux ,
\rcs il des désordres (pii allaient jus- quin'élaicnlcprau nombre de cpialrc,
i|n'au scandale. Néanmoins elle n'é- n'oublièrent rien pour s'opposer a
lait jamais tombée en commende , el. l'exéculion de son projet. Accusalions
il fallut pour (ju'lîluslacbe de lîeau- calomnieuses, arrêt du parlement de
fort l'obtînt qu'il embrassât l'état Paris, faussement fabriqué, etc., tout
Pour Vy décider on fit fut mis en usage contre le nouveau ré-
reiiiiieux,
briller a ses yeux une mitre et une formateur qui, rebuté de tels proce-
crossc. Une vocation si peu divine dés, voulut renoncer à son abbaye etse
porta bientôt ses fruits, car le jeune retirer a la Trappe , sous la conduite
abbé donna dans la vanité , le luxe et de Rancé. Mais il en fut détourné, et
la mollesse. Après avoir fait son no- revint de Paris a Scpl-Fonls, où,
viciât et ses vœux a Clairvaux , il. dans son absence , les moines avaient
alla h Paris, pour étudier en théolo- tout pillé. Il cbercba a les gagner
gie. Il se contenta de cbarger sa par la douceur, et les engagea a se re-
inémoire de quelques notions super- tirer dans des maisons de la commune
fîcielles, et revint a Scpl-Fonls. La observance de Cîtcaux. L'accord si-
1 • 1 „ /■ 1 i:_.! _„ 4t_,\,,^.,i K^.-
celle des dames de Moulins. En un parce que le temps el la négligence
inot,ilvivaitd'unemanièrepeuconfor- des religieux n'avaient laissé partout
me a sa vocation. Ce fut danscetctat que des ruines ; et il réunit bientôt
malheureux et dans ces mauvaises dis- une nombreuse famille. L'observance
positions qu'il recul le sacerdoce , et qu'il établit était presque cntière-
alors il aimait h se voir revêtu des ment semblable a celle de la Trappe
habits pontificaux , pour flatter sa va- [J^oj. Ra]scé , XXXVII, 69).
nilé. Tel était l'abbé de Sept-Fonts Le peu de différence qu'on y voyait
quand il reçut une visite de l'abbé de était en faveur de la régularité de
F)eaufort, son frère, ecclésiastique Sept-Foiils ; Crtr, comme on l'a dit,
dune grande piété. Toucbé de voir la Trappe a plus de rcpiitaiion^et
un religieux vivre de la sorte , il eu- Sept-Fonts est plus austère. Après
gagea Tabbé de Scpl-Fonls a une avoir gouverné son -abbaye près do
retraite pour y réflccbir sur les dés- 4-5 ans, depuis rétablissement de la
ordres de sa vie. Après qucbpie résis- réforme , et 53 ans, depuis sa nomi-
lanccdomEustacbeyconscnlil. Celait nation, dom Euslachc mourut dans
en I 665, cl ils entrèrent l'un el l'au- de grands sentiments de piété , le 22
tre a la maison des Carmes déchaus- oct. 1709. On peut cousuller sur ce
ses de INevcrs , oii ils passèrent huit vertueux abbé et sur la vie qu'on
jours. Dieu changea telleraenl le menait dans ce monastère Ilélyot et
cœur d'Euslachc , que de retour a Ilerinaut , daus leurs Histoires des
364
BEA
ordres religieux ; X Essai histori-
que de M. Picot; Villefore , au 2^
vol.des^z'ey des Pères d'Occident;
le Dictionn. universel de France^
de Robert de Hesseln. B — d — e.
BE AL FORT-TIÏORIGX Y
( Jean-IUptiste ) , général fran-
çais, né le 18 octobre 1761 , à
Paris, s'enrôla, dès l'ùgc de 16 ans,
comme soldat dans le régiment de
Languedoc , infanterie , d'où il passa
dans les dragons d'Orléans. Il devint
sous- officier dans ce corps, et le
quitta peu de temps avant la révolu-
lion. On ne sait pas en quelle qua-
lité ni comment il se trouvait a Ver-
sailles en 1789 ; c'est lui-même
qui a dit (et sur cela , nous sommes
obligés de nous en rapporter a sa
seule autorité), qu'étant de ser-
vice dans les journées des 5 et 6
octobre, auprès de la famille royale ,
il avait couru de grands dangers en
s'cfTorçant de la défendre, et qu'il
avait fait d'inutiles ed'orls pour sauver
les gardes -du -corps Deshulles et
Varie ourl. Il a aussi prétendu qu'il
était au château des Tuili-ries le 20
juin et le 10 août 1792, pour y défen-
dre Louis XVI; qu'il fut jilessé dans
celte dernlèr(> journée , puis en^.pri-
sonné a l'Abbaye, et (;ue, condamné
a mort ])ar les assassins, il ne leur
écbappa que par une espèce de mira-
cle. îNuussouimesd'aulant moins cou-
vaincus de Texactilude de tous ces
faits, accueillis avec une excessive cré-
dulité j)ar (pH'bjues liisloricns et bio-
grapiies(i), (jue nous voyons lîcau-
iort, aussitôt r.près ces événements,
devenir adjudaul-major d'une division
de gendarmerie H pied , troupe alors
très-révolutionnaire, et dansiaqurlle
(0 lin Ront in««'T»''« dnns une Notice vir Ucmi-
JnrlThovignj- , ri'iligt'-i; pnr lui o» ll'iipir^ ^<•^
iioli"., it)i(^ , in-0",rt «-xlraitv «'«•'' V^'-yrs «li- U
(iloirf. A-~T,
BEA.
aurait fait assez mauvaise figure un
royaliste aussi dévoué que ce général
dit l'avoir été. Ce qu'il y a de sûr,
c'est qu'il fit dans ce corps la campa-
gne de 1792, en Belgique, qu'il fut
nommé adjudant-général le 2 3 octobre
de la même année , et qu'il obtint le
grade de colonel a la iin de mars 1795.
On ne peut douter qu'il n'ait fait
preuve de courage et de zèle dans
toutes les affaires 011 il s'est trouvé a
cette époque, notamment a Breda, a
Menin, h Gerlruydcmberg, au camp
de César, etc., puisque, le 4- décem-
bre de la même année, il fui nommé
général, et que, dès l'année suivante,
il commanda par intérim ou comme
général de division /^rof/50/yt^ l'armée
des côtes de Cherbourg; nous croyons
encore qu'il contribua beaucoup a la
défaite (\(:s Vendéens sous les murs
de Granville , puisque la convention
décréta h cette occasion qu'il avait
bien mérité de la patrie. Avranches,
Antrain, Pontorson furent aussi , on
ne peut le nier, témoins de sou cou-
rage ; mais nous avons beaucoup plus
de peine a croire qu'a Orléans Beau-
fort ait sauvé quatre officiers; qu'à
IVlortain il ail soustrait à la mort
(piatre Vendéens , même l'intendant
de l'armée royale ; que près de la
même ville il ait encore sauvé six cents
malheureux qu'un féroce proconsul
voulait faire périr dans les llamracs du
château deThorignv (2), où ils étaient
renfermés ; enliu , qu'à Fougères il
ait voulu sauver les jours du prince
de Talmout et du procureur-général
Bougon. De pareils traits d humanité
étaient bien rares à cette époque; et
si le général Beaulort a pu s'y livrer
sans péril, nous aurions désire (ju'd
eût donné aux crédules historiens ipii
(a) C.'isl prohaldcmrnt par »nilo «lo ce bonii
tr.\il (If j;tin Tosili- «iiui !«• himktkI Hoaul'ort ttvnil
.ijoui"'' i» son nci»! «,H"l«i|tlv Tlu-riBiiy.
ont acciullll SOS ri'cils dos priMivrs pas non |iliis \ ii niciilioniKvs les iioin-
sui.s rc|)li(jiic. Moins conriaiiIsfin'iMix, briMix exploils (jiil sij^iialèreiil son
nous avons consullc rinvarl,il)le C()iira;!;c , ([uihjui-s mois plus lard , ii
Alo/iiU'ur, (i nous y voyons, an rarméc des Fvrcnces , où, selon les
contraire, (jnc le «général do division nièniesl)loi^ra])lies,ilen]cvalaposition
f>roK'is(iirc lîoaiiforl écrivit à phi- de JMonL-llocli , la redoute de la
.sieurs reprises, desoncjuarller-géiicral ÏMonge , cl celle delllonre, où il fit
de Vitré, au président de la convention une retraite que Perignon comparait
n.itlonale pour lui lairc part de s*is nnx |)Uis Ijellesmarclies de ranli(]ullé:
exploits, et (pTil lui annonça , le 17 el on enfin il sauva encore douze cents
ni\oseaii 11, Tarrcslation de Tex- prisonniers voués a la mort, et iiarrai
prince de Talmont, de Boui^on , de lesquels se trouvait le duc de Crilion-
i\nq aiilics rebelles de iiiarijuc y Malion. Celte omission de la part
qui la plupart ont ciwoyé leur dme du journal oificiel est sans doute un
//// 7^<'/\' c'/tvv.'t'/. ce Je leur ai donné tort grave • et le Moniteur en fait
cette permission, ajoute spirituelle- une autre pcul-êlre plus grave en-
mcntlegénéraljelcommcils n^ivaient coréenne désignant pas davanta"-e
besoin (pied'une obole pour le passage Beaufort comme le vainqueur des
du Slvx, je leur ai retenu vingl-quaîre Parisiens au i5 vendémiaire. Tout
indle livres... M Barère , l'Anacréou le monde pensait jusque-la que c'était
delà guillotine, n'aurait pas dilmleux. a Bonaparte que la convention nalio-
Dans une autre dépèche, Beaufort, nale avait dû celte victoire j mais il
parlant plus sérieusemenl , dil que est constant , d'après la biographie
sa citasse des chouans continue des contemporains , que ce fut Beau-
avec succès; qu'il vient d'attraper fort qui la remporta, et qu'il avait
encore deux cents de ces brigands, ce jour-la même sous ses ordres Na-
que sous peu le solde la liberté se- polèon , a qui il infligea uue punition
ra entièrement purgé de cette race disciplinaire. . . Il parut encore un ins-
maudite , etc. Tout cela était fort tant dans la capitale k l'époque du 18
bien de la part d'un général de la fructidor, car on l'y vil dans toutes
république, et Ik'aufort ne faisait les graudes occasions; mais il retourna
que suivre ses instructions et se con- bientôt dansla Vendée , où les habl-
former aux usages et au style de tauls reconnaissants lui offrirent douze
l'époque. Nous ne nous étonnons que métairies qu'il refusa.... En 1798, il
d'une chose, c'est que le même homme mil en fuite les Anglais, ciui voulaient
se soit donné depuis pour l'un des s'emparer de l'île d'Aix; et toujours
plus zélés serviteurs de la monarchie, clément , il sauva encore quatre émi-
S'il faut l'en croire, ce fut lui cpii , grés qu'il avait pris dans leurs ranf^s.
le 9 thermidor, appelé a Paris pour Lorsqu'il fut arrive au faîte du pou-
y commander la force-armée, ren- voir, Bonaparte, quin'avait pasonblié
versa llobespicrreeldélivrala France le i5 vendémiaire, priva Beaufort de
de ce dictateur. Nous avons encore tout emploi, le réduisit au rau"- de
sur ce point consulté le Moniteur, général de brigade, et même un peu
et nous n'avons pas vu que le nom du plus tard le fil arrêter comme conspi-
généial Beaufort ail été prononcé une râleur. Ce malheureux général ne re-
seule fois dans la relation de celle oeuvra la liberté qu'après plusieur
luéjuorahle journée. ÎSous n'y avons mois de détenlionj et, n'ayant plu^
366
BEA
d'autre ressource pour faire vivre sa
famille , il accepta une place d'inspec-
teur des droils-réunis dans le Cantal,
puis une autre de membre du conseil
de recrutement dans la Haute-Loire
et la Lozère. Ce fut la que la restaura-
lion le trouva en 1 8 1 4-. Accouru bien-
tôt a Paris, Beaufort demanda a tous
les pouvoirs la récompense de son
royalisme; mais il paraît qu'on n'y
crut pas entièrement, car il n'obtint
que la croix de Saint-Louis et une
iaible pension de retraite. Ce général
est mort a Ccrbeil près Paris, le i*^*"
février i825. M — DJ.
BEAUFORT-D HAUT-
POU L (Edouard, comte, puis
marquis de), colonel du génie , ué
k Paris, le i6 octob. 1782, était
fils du comte de Beaufort, capi-
taine au régiment du roi, qui périt
dans la malheureuse affaire de Quibe-
ron, et de M""^ d'Hautpoul, connue
dans la littérature par des romans
et des poésies très - remarquables
{T^oy. IIautpoul, Biog/aphic des
vii^a/ils ^ m, 383). Après avoir
achevé ses cours à l'école poljtecb-
iii(jue, il fut admis dans le corps du
génie , fil la campagne de 1 8 02 a Tar-
mée d'Italie, et celles de i8o3 et
i8o4, sous les ordres du général
Saiut-Cyr , a l'armée de IXaples , où
il se distingua dans plusieurs ren-
contres , et reçut une blessure dans
une attaque de nuit. Il revint en i 8o5
il l'année d'Italie , fut attaché comme
capitaine h la division du général
IVlolitor , et mérita plusieurs fois d'ê-
tre cilé dans les bulltlius pour ses
actions d'éclat. A Caldiero , lîeau-
forl rétablit les pouls sf)us le feu de
r<.iini ini ; et il eule>a celui de Mon-
tebello, défendu par un bataillon de
grenadiers hongrois, (pi'il lil prison-
nier. Il entré , l'année .suivante, dans
le royaume de JNiiplca avec l'armée
BEA
commandée par Masséna , il fit par-
lie de l'expédition destinée a soumet-
tre les Calabres , concourut a la prise
de Lauria , et fut blessé grièvement
au combat de Nicastro. Dès que sa
santé lui permit de reprendre sou
service, il fut envoyé à la grande ar-
mée 5 il signala sa valeur au siège de
Colberg et a celui de Stralsund, où il
fut encore blessé. Employé dès 1810
k l'armée de Portugal , il y resta
constamment au poste du dauger. U
reçut une nouvelle blessure devant
Almeida, et il eut un clieval tué scus
lui k la bataille de Bussaco. Il rem-
plissait dans la retraite les fonctions
de cbef d'état-major du génie, et il
ne cessa de donner , dans ces circons-
tances difficiles, des preuves de cou-
rage et d'une infatigable activité. U
revint en 181 3 en Italie j se distin-
gua a la bataille du Miucio , et ne
quitta l'armée qu'après le traité de
Paris et l'abdication de ISapoléon.
]Nommé par le roi chef de division au
ministère de la guerre, il fut fait en-
suite ingénieur eu chef temporaire de
la ville de Paris. Ses connaissances
dans les diverses branches de Pad-
miuistratiou le firent admettre h la
société rovale académique des scien-
ces. U y lut en 1819 plusieurs 3Ié^
moires sur des objets d'intérêt pu-
blic ; et , la même année , il en fut
clu secrétaire perpétuel. En 1821, on
le nomma colonel du 3'' régiment du
génie" pendant dix ans qu'il com-
uianda ce corps , il y maintint la plus
exacte discipline, et sut néanmoins
se laire chérir des soldats. Cet excel-
lent officier mourut h Paris, le 24
juillet i85r, âgé de /{() ans. Le 3/o-
niiciir du 11 août suivant conliiur
une JSoticfoii ses services sont ili-
gi'.emenl apprécies. Indépend. imnuul
(le (pirlques arlieles dans les jour-
naux, parmi lesquels ou cite une lettre
BEA BEA 367
inscrcc clans les Annales vilUtniroa , iicccssaircs. Le 4 novomlrc 1823,
II" i I , (jui rcnrcrinc une jiislificalioii le clu'\alicr de licauloii parlil de
de la coiulultc de Masscua, ru l'or- France; el, vers la fin de janvier
Iti^al , on lui doil ; I. l^lo^e du i8a4., ilclaitcnroule pourla Gambie,
l'rince de i'ondr , avec Sci|). Be- où la veuve do IJoudicli lui fit don
\ou ( h oy. ce uom , au Supp. ). des iuslruuieuls de son mari. Après
II. ÔbscrvtUioiis sur l'exposé des un court repos, il péuélra jusqu'à,
moti/'s des projets de lois présen- lîarrankou et Koukongo , arriva chez
tes le 8 ni'ril 1822 pour Vaehcvc- les Mandiiigucs, elserelrouva, le 26
tuent et la construction de divers mai, a Bakel , sur le Séjiégal. Ce
<v///rt//.r, Paris, in-8° de 56 p. III. premier voyage confirmait, après
Observations sur ce qui a ])réccdc Mungo-Park , (|ue la rapide rivière
la coneesf>ion du. canal du duc de i'alchmé était navigable à une
r/Vy//^ow/t'//i6'j etc. 5 il)id. , 1822, grande distance de la mer. Beaufort
in- 8". \V — s. rapportait aussi des noies sur un
I5EAUFORT (1Ie>ri-Ernest grand nombre de faits nouveaux et
Grout, chevalier de), né h Aubevoyc beaucoup d'observations astronomi-
(Eure), le 25 fé\rier 1798 , entra ijues. Après avoir déterminé la bau-
dans la marine militaire dès Page de teur de Bakel au-dessus de la mer, il
quatorze ans. Doué, dès son enfance, visita le Boudou, remonta fort loin la
d'un caractère ferme et observateur, Falebmé , et explora le Kaarta dans
il avait choisi lui-même cette carrière, l'automne de 1824. Parti d'Elimané,
qui offre à un esprit curieux tant capitale de cette province , avec un
d'occasions d'étendre le cercle de ses guide pour Ségou et Tombouctou, il
connaissances. Pendant les premières fut pillé par les Maures et obligé de
années, il navigua dans le Levant, revenir a Bakel. Une troisième excur-
où son goût pour la science géogra- sion le conduisit, en février 1826 ,
phique acheva de «se développer; mais dans le pays de Kasso, à la cataracte
c'était dans d'autres parages qu'il de Felou et a celle de Gavina, incon-
devait se signaler. Arrivé, en 1819, nue anx Européens. Alors il entreprit
au Sénégal, comme enseigne de vais- avec une persévérance et un courage
seau , il passa trois ans dans cette inouis l'exploration du Bambouk.
colonie entièrement occupé a pcrfec- La science lui doit de précieuses indi-
tionner la géographie de l'Afrique, cations sur les mines d'or de cette
Quelques essais heureux et la vue riche contrée. Dans le mois d'août , il
continuelle de cette terre mystérieuse arriva bien portant au poste français*
le décidèrent a tenter de recueillir là il hésitait entre le projet de revenir
l'héritage de Mungo-Park , et il se a Saint-Louis et celui de se porter
prépara par des éludes spéciales a vers le Haut-Sénégal , quand, le 5o
celle grande entreprise. De 1821 a août , à la suite d'un rhume, il se vit
1820 , il étudia eu France la langue arrêté dans son avenir de gloire par
arabe, la bolani(jue, la zoologie , la une fièvre ataxi([ue cérébrale ; et,
physique et la chimie. Il avait formé le 5 sept. 1826, il avait cessé de
le gigantes(pie projet d'une explora- vivre. Un violent désespoir empoi-
tion entière de TAli ique 5 maiji ses sonna ses derniers moments. Le len-
plans furent réduits par le gouverne- demain, des secours et des encoura-
mcnl, qui lui accorda tous les secours gements envoyés par le gouverneur
368 BEA. BEA.
arrivèrent k Bakel; maïs M. Montes- bataille cle Fontenay, où il sauva par
quioii, qui les apportait, De pnt rendre sa présence d'esprit les débris de
a sou ami que les honneurs funèbres, l'armée républicaine mise en fuite par
M. Jomard a consacré a la mémoire les royalistes. Tant de services et de
de cette jeune victime des sciences zèle n'empêchèrent pas qu'il ne tût
une intéressante notice dans les publi- destitué comme noble en 1794-' Alors
calions de la société de géographie, il se relira dans le département du
Le nom de Beaufort doit être inscrit Puyde-Dome, où il obtint des fonc-
auprès de ceux de Park, de Bowdich, lions civiles. Après la révolution du
d'Oudney, de Laiug et de Clapper- 1 8 brumaire, il se bàla de venir oflrir
ton. B — V — E. ses services au premier consul , et il
BEAUFRAXCÏIET - D'A- fut nommé par lui l'un des membres
YAT (le comte Louis-Charles-An- du conseil des hôpitaux militaires,
TOiNE de) naquit, en 1737, en Au- puis inspecteur général des haras. Le
vcro-ne. On a dit qu'il était fils département du Puy-de-Dome le
de Louis XV et d'une demoiselle nomma, en i8o5, député au corps
Morphise , qui depuis fut mariée Ii législatif. Il est mort en 1812. Ce
un gentilhomme de cette province, général avait été le protecteur el
Ce qu'il y a de sur, c'est que , dès sa l'appui de Desaix, qui était né au vil-
plus tendre jeunesse, il vint k la cour lage d'Ayat. M — d j.
en qualité de page, et qu'il eut bientôt BEAIJGEARD ( Jean-Si-
une compagnie de cavalerie dans le dion Ferreol ) , littérateur , né en
régiment de Berri. Presque seul des 1754, a Marseille, embrassa la
officiers de ce corps il adopta les profession d'avocat , el sans négliger
principes de larévolution et futnommë ses devoirs chercha dans la culture
en 1791 lieutenant-colonel du i4® des lettres un agréable délassement,
régiment de cavalerie, puis colonel \]n\)chl coiûe : les /Jeux neiivaincs,
du second régiment des carabiniers, qu'il fit imprimer en 1787 dans
l'un des plus beaux de l'armée fran- XAlmanacli des muses , lui valut
çaisc. Il fil la campagne de 1792 k ce sarcasme de Rivarol : « C'est \\\\
la tète de cette troupe, et se trouva « géanl qui donne le bout de son
h la balaille de Valmy sous les ordres « ongle pour la mesure de tout son
de Kellermann. INommé maréchal- a corps, et qui est deviné.» Beau-
de-camp aussitôt après, ilfut employé geard avait éprouvé précédemment
comme chef d'etal-major k Tarmée un échec au Tiiéùtre-Français où il
qui était alors sous les murs de Paris, lit représenter en 1782 les Amants
C'est en cette (pialité qu'il assista au Espagnols j comédie en 5 actes et
supplice de J^ouis X VI, le 'j. 1 janvier en prose. L'oncle et le ne\>eu^ pe-
1793 ,etl'onanicmedilquece futlui lit acte qu'il donna eu 1789, au
qui ordonna le fiuneux roulciiunlpour Théâtre de Monsieur, ueut pas plus
empêcher ce prince de parler au piu- de succès. Guéri par ce douhle re-
ple • mais il est bien vrai (|ue ce fait vers de toute amhiliou littéraire, il
apparlienlaSanlerre (/^oj^. ce nom, revint a [Marseille où il vécut oublié
XI^, oOG"! et que, si JSeaufrancliet y pendant le régime de la terreur-,
tut (uiehjue pari, ce n'est (pie dans un mais, après le 9 thermidor, il se cliar-
rôle secondaire. Il lui ensuite employé gea de la rédaction du journal (pil
contre la Ycudce, cl se distingua k la s'imprimait daus telle ville, el il
BEA.
sut lui donner niic assc?: «^rancir iin-
|i()rlaiic(' par de iiomhicux arliclcs
(laiKs IcMjncls il .si:;iialail, avec aulaiil
(le courage (jue de niodoralion , les
ellVayauls ahiis du nouvel ordre do
choses, et niontrail la ncccssilé de
revenir il nue furme de gouverneinenl
(jtii j)ùl rendre la paix a l'Europe.
Dcnoncc comme royaliste il fuL iu-
scril au i8 fructidor (4^ septembre
1797) sur la liste des coiidanmcs li
la déporlalion. Il parvint dans les
premiers inoraenls a se soustraire aux
reclierclies de la police , et ayant ga-
i!,nc Cordeaux il y resta long- temps
cache. Se croyant oul)lic de ses per-
sécuteurs , il O'-a quitter son asile 5
mais il fut arrêté lors(pril entrait dans
un bureau de loterie pour y prendre
un billet (Voy. le Moniteur au VI,
n» £65). Fatigué sans doute de sa
position précaire, loin de chercher
a se défendre il demanda h être dé-
porté le plus promplenieut possible.
Il fut en effet embarqué pour l'A-
mériquc , et ne revint en France
(ju'après l'amnistie prononcée par les
consuls en i8oo. Beaiiircard s'établit
alors a Lyon , où il reprit l'exercice
de la profession d'avocat et ne larda
pas a se distinguer par ses brillantes
plaidoiries dans plusieurs affaires cri-
minelles. Il concourut en 1827 pour
le prix proposé par l'académie de
IMàcon : su?^ les mesures quil con-
viendrait de prendre à l'égard
des forçats libérés y et son Mé-
moire fut honorablement cité dans
le rapport. Il mourut a Lyon , le 21
juin 1 828, laissant manuscrit un tra-
vail imjiortant sur le Code criminel,
]VI. Bréghol a publie sur Beaugcard
une notice dans les Archives du
Rhône, et l'a reproduite dans ses
Noui'eau.r mélanges. A^ — S.
KEAUGEARD ( ) con-
venlioimel , né \ers 1760, a ^ lire,
BEA.
36'9
embrassa les principes de la révolu-
lion avec cliak'ur, et contribua beau-
coup a l'organisation des clubs dans
la Bretagne. Ayant été élu député
par le doparlement d'Ule-et-Vilaine
a la convention nationale , il y vota
la mort de Louis XVi sans appel et
sans sursis. Après la session , il fut
placé par le directoire commissaire
près de l'administration centrale à
ilennes. En 1798 (an VI) réélu
membre du conseil des 5 00, il cessa
d'en faire partie au 18 brumaire. II
ne reparut sur la scène politi({ue qu'eu
18 I 5. Nommé alors par son dépar-
tement a la chambre Aqs représen-
tants , il ne s'y fit point remarquer.
Exilé par la loi contre les régicides
en I 8 [ 6 5 il se retira dans les Pays-
Bas d'oii il ne revint qu'après la ré-
volution de Juillet. Il mourut a Yilré
en oct. i852. On lui attribue : I,
Résumé général des principaux
écrits sur la prochaine convoca-
tion des étals- généraux i 1788_,
iu-o'". IL IjCS frontières de la
Fi ancCy considérées sous un point
de vue politique et militaire , Ren-
nes, 1795 in-8". W — s.
ïiEAUlIARNAIS (la com-
tesse Fanny (i) de), femme célèbre
par son esprit , par sa bientaisance
et par ses liaisons avec les littéra-
teurs contemporains , naquit h Paris
en 1738, fille d'un receveur-général
des finances de la province de Cham-
pagne. Son goût pour la littérature
se déclara de bonne beure j à dix ans
elle composait des vers j mais La reli-
gieuse chargée de sou éducation ayant
découvert son manuscrit le jeta au
feu. Cette leçon ne la guérit point
de l'cuvic d'être auteur; elle prit
seulement plus de précaution pour
Ci) Klle fe noniiiiait Marie-Aniif-Franroire
Mo»ich;i)<l ; mais le ikuih'c Faiiiiy <jii'ello ailt)[)t;x
dans il jeunesse est Je :.cul qui lui soil rcitç.
LVII.
1
370 BEA
dérober à ses Argus les essais de
sa muse précoce. Mariée en 17 53
au comte de Beauharnais , oncle d'A-
lexandre [J^oy. ce nom, III , 627),
elle continua de chercher ses seuls
amusements dans la culture des let-
tres. Jouissant d'une fortune considé-
rable , elle voulut , a Texemple de
madame Geoffrin ( Voy, ce nom .
XVII, 108), se former une société
d'hommes qui lui dussent leur réputa-
tion et quelquefois leur existence (2),
de littérateurs et de beaux-esprits ;
mais les encyclopédistes et les phi-
losophes, qui disposaient alors des
ré})utations , étant restés fidèles k
l'objet de leur ancien culte , madame
de Beauliarnais se vil forcée d'adopter
les écrivains d'une mauvaise école
dont le chef était Dorât [Voy. ce
nom, XI, 572), poète brillante et
facile , qui serait plus estimé s'il
n'avait pas fardé et enlaidi sa muse
d'un clinquant prétentieux. Cepen-
dant madame de Beauharnais re-
cevait dans sa société Mably , Bi-
taubé, Dussaulx. En 1772 elle fit
paraître, en gardant une sorte d'ano-
nyme , un recueil de vers et de prose
dont le public supposa que Dorât
avait fait la meilleure partie, et qui
fut loué , avec excès , dans tous les
journaux sur lcs(|uelsce poète exer-
rait (|uelque iniluencc. Dans une
brochure qu'elle publia l'année sui-
vante sous ce litre : A tous les pen-
seurs salut y madame de Beauliar-
nais prit la défense des femmes
auteurs. La Réponse que lui ht
Cubières (/^oj. ce nom, au Supp.),
est une apologie continuelle de Tou-
vrage dont il avait annoncé la réfu-
ialion ; mais le poète Lebrun releva
le gant j et, di'clarant franchemeul la
BEA
guerre aux femmes auteurs, il décocha
contre madame de Beauharnais , qui
sans le vouloir avait provoqué cette
lutte inégale , plusieurs épigrammes
aussi mordantes que spirituelles (3).
Il paraît que Lebrun n'avait jamais
tu cette dame lorsqu'il fit contre
elle ses premières épigrammes. « Le
a hasard, écrit-il à Palissot (9 no-
« vembre 1778) , m'a fait souper
« deux fois de suite avec madame de
« Beauharnais. Je l' ai trouvée la meil-
« leure femme du monde , très-élé-
« gante mais sans prétention. Elle
« m'a très-peu parlé de Dorât, m'a
« accablé de prévenances , et j ai
« promis d'aller la voir.» Dans sa
réponse , Palissot lui reproche de
s'être engoué trop légèrement d'une
caillette 5 puis il ajoute : «Je l'ai
« assez vue pour être bien sùrqu''elle
« n'a pas même le mérite d'avoir fait
ce ses petits vers » {P^oy. OEuvres
de Lebrun , IV, 2 4-4). Ce dernier
trait inspira sans doute K Lebrun
l'une de ses épigrammes les plus pi-
quantes. Quoiqu'elle soit dans la mé-
moire de tous les amateurs, on ne peut
se dispenser de la rapporter ici :
V.y,lé bt;llc et porte a deux petits travers,
KUe fait son visage et ne fait pas ses vers.
En la citant dans sa Correspon-
dance avec le grand-duc de llussie
(lettre 160), Laharpe y joint ce
singulier commcnlaire. « La dame
« dont il est tjuesliou n'est pas
« plus belle qu'elle n'est poète 5 et,
« un supposant qu'elle fasse son vi-
ce sage , cet ouvrage-la ne vaut pas
« mieux que les autres, h, l'excep-
« lion de ses yeux quelle ne saurait
« faire. » Les malins voulant donncM-
aenteiulre (jue Dorai était le \éritaML'
auteur des ouvrages de madame de
(») Madniuo de ï^raiihnrnai» nivoynit aussi (1) 1.»- iriu.il <!■■* ^mpramiii.s .!.• 1 .liiiiii
rn j.rrsriii h des i,'rni de Icllfo» :>au^ fui'luuc , n'i'ii «oiiliriil pas iiii)in» «Ir riiii| louliT madame
des vc9lc«, des hAl)il9,ctc. dv UvauUuiuui» | livi l"| \), l))t Ol», liv. u, (^9.
RE\ BEA. 37 r
nrniili.irnnls , piiljlii'rcnl (pri'llr a\.iil IcMiioiulcpciil obliMiii-poiirviagl-tiua-
cU' ;irtlij;ce ilc s.i iiioii jiisijn'ii en Irc francs. Kllc clail , depuis lyoïi ,
piMclrc l'esprll. Pour imposer silence Dicmljrc de l'acadcmie de Lyon* et
à ses dclracUnirs, elle se nàl.i de faire (rautrcs sociclc.s lillcraircs lui adres-
imprimer un nouveau rouiau (/'y/- sèrcul des diplôiues. Le souvenir de
vcu^/r /)ur amour), doul elle se l'afîronl si peu mérité <|u'elle avait
llalla (|u'ou lui laisserait la propriété; (éprouve à Paris lui rendant le se-
mais bien que Laharpo eût déclaré jour de celle ville désagréable , elle
« (juo ses ouvrages étaient si mau- alla passer quelque temps dans une
ce vais ([u'il n'y avait pas de raison terre en Poilou. Sa famille et ses
« pour les lui disputer,» le puMic, amis raccompagnèrent dans son tlià-
enlraîué par (jueUjues journalisles , leau ; et elle y lit jouer en 1790 la
continua de lui refuser le talent dé- Bonne Mère ^ comédie de Cubièrcs
crire , et ne cessa d'attribuer les qui, dans la préface, déclare que
proiluctions qu'elle faisait paraître madame de Beauharnais elle-même
sous son nom, a différents auteurs de avait été son modèle. A l'époque où
sa société (4)' Madame de Beauhar- cette province fut agitée parla guerre
nais voulut eu 1787 f^iire représen- civile, elle revint h raris , s'y croyant
1er au Tiiéâtre -Français /a Fausse k l'abri des persécutions; mais elle
Inconstance» Le nom de l'auteur se trompa. Dénoncée par des ennemis
ayant e'té connu d'avance , tous ses secrets , elle fut arrêtée le 4 nov.
ennemis se réunirent au parterre ; et 1795 et enfermée à Sainte -Pe-
la pièce, dont les deux premiers actes lagie (5). On peut conjecturer avec
avaient été à peine entendus , tomba assez de vraisemblance que si elle ne
sous 1-es sifflets. Pour être impartial fut pas une des victimes du régime
il faut convenir avec un coutempo- qui pesait alors sur la France , elle
rain (31. Labiée) que rien ne peut le dut a Cubières qui fit quel-
justifier les auteurs de cette cabale quefois servir le pouvoir qu'il avait,
{Koy. le Tableau de 7WS poètes vi- danscestemps malheureux, a protéger
vanls en 1789). Madame de Beau- utilement sqs amis {Voy. Barruel
Larnais fit imprimer un drame qui de Beauvert, ci-dessus, p. 221).
fut traduit en anglais par Robinson j Elle ne reparut qu'après le 18 bru-
mais elle n'osa pas tenter de le re- maire. Tante de madame Bonaparte
produire sur la scène. Ayant besoin et marraine d'IIortense , elle trouva
de se distraire après un pareil échec, dans l'amitié de ces dames d'amples
elle fit un voyage en Italie où elle fut dédommagements aux pertes que la
accueillie par tous les amis des Ict- révolution lui avait fait éprouver. En
très avec autant de bienveillance que 1802 elle récita, dans une séance
de politesse. Pendant son séjour a du Lycée, des versa la louange de
Rome elle se fit recevoir a l'acadé- madame du Boccage qui avait encou-
mie des Arcades , honneur que tout ragé ses premiers essais. La cul-
cs pi
es le
ture des lettres fit le charme de ses
(4) Après Dora', «lie eut Laus de Boissy, puis dcmièrcs aunécs. Elle mourut k Pa-
r.ubièrcvralmez.aux,ou Dorat-Cuhi.'rci. Tous j^j Ic 2 luiUel I 8 I 3 , k 7 5 anS , TC-
trois out passe pour avoir «-to ses amants et ses ■' ^ i '
teinturiers ; et il est certain ijiic , pendant les - — ^_____ r»fTw
duiic ou «piinzc aun«cb «pii ont pnridi: sa mort, (5) Mlle est nommùc Françoise-Marie Beaii-
elle habita la mime maison c^uu Cïlui-ti et l'eut harnais dans le Moniteur cjui anaonce coo ar»
\tujour> pour comuivuîal. A— x, reiUUou. Au ii , u' ^5,
24-
372 CEA.
grellée de tous ceux qui TaTaient con-
nue cl aimée pour sa douceur et sa
bienfaisance. On a reproché très-araè-
rement h madame de Beauharnais
rinlimiié de ses Jiaisous avec Cu-
bières, Mercier, Reslif de la Bre-
tonne (6) etc.; mais, sans prétendre
l'excuser , il faut pour être juste faire
la part des circonstances où elle a vé-
cu (^7). Madame de Beauharnais était
t'u correspondance avec Voltaire qui,
dans une lettre de 1772, lui prodigue
les éloges dont ce grand homme ne
fut jamais avare. Elle était l'amie
de BiifTon , de Bailly , etc. Dorai Ta
célébrée dans ses vers , ainsi que Cu-
bières , Vigée , Doigny-du -Pon-
ceau , etc. Maintenant il nous reste
a faire connaître les ouvrages avoués
par elle : I. OK Livres de madame
de Beauharnais ^ Paris, 1772 ,
in-8", deux volumes reproduits en
3776 sous ce titre : Mélanges de
poésies fugitives et de prose sans
conséquence. II. L'Amour mater-
nel, poème, ihid., 1775, in-8°, en-
voyé au concours de l'académie fran-
çaise j cette pièce ne fui pas remar-
quée. III. yl tous les j)enseurs
(6) Reslif «le la Bretonne l'a loutc dans diffc-
renls endroits de ses ouvrants: croirait on, dit-
il , à la fin de la nb^ nouvelle de Wtnnre des
dames ttalioiiales , « eroiraii-on ([n'il existe à J'a-
ie ri» une feinnie-autcur douée de celle deuce
« simplicité ? une fennnfl de lettres <|tii n'a ni
M inor^>ue , ui eniètiment ? Ce phéHumènc, c'est
M madame de lieauharnais.»
(7) I.e chevalier de Cuhières, en s'intilidant
lui-inèine Dnial-Cubièrcs , donna lieu h tic uiau-
vaift liruiis ; et par sa conduite dans le salon de
niadann! de Beaidiarnais , nii on l'appelait In
mnjordonir , el dont il Cuisait le>t lionneiirn avec
une certain» iatnilé , «pii n'rtuit pa^ toujours
celle d'iui lioniuir à jinn , il semlduil conlir-
inrr len bruits répandus dans le uiiuide cl ipii
n'nvoiint inns iloute d'autre lundiinml ipiu
l'extrême liontû d«* uiiidjuno de ISenidiam.iis.
Elln parle souvent de <:ul)ièrrs dan« les JrttreK
<|u'elleécrivait el (|ui sont répandues dont divers
cnhiuuts. Mais ces lettres, la plupart éciitrs (n
prose et en vers, tcnioignent parleur ^'ririona-
K'' «pie l'anlenr n'avait |i;is hrsoiu de irniu-
rirr ; «;,,!• ,-,.s vers cl <ette prose no valriil ni
plus ni uiuius <|u« lu prose cl les vers de ses
ourragus. V— .vir.
BEA.
salut ^ ibid., 1770, in-S" de 28 pa-
ges. I\. Lettres de Stéphanie ou
l'héroïsme des sentiments ^ roman
historique, ibid., 1778, 5 part. in-8°
ou in-12 (8). V. L'Abailard sup-
posé ou le sentiment A l'épreuve ,
ibid. , vol. in-8°. YL L'Aveugle
par amour ^ ibid., 1 781, in- 8°. Cet
ouvrage et le précédent ont été tra-
duits en allemand. MI. Le cabrio-
let ou l'égoïste corrigé , conte eu
l'air, ibid., 1784, in-8". YIII. Les
amants d' autrejbis y ihïd., 1787, 3
vol, in-8°. C'est un recueil de nou-
velles et de poésies fugitives dont la
plupart étaient déjà connues. IX. La
fausse iticonstance ou le triomphe
de l'Jionnétetéj comédie en 5 actes
et eu prose, ibid., 1787, in-8°. Celte
pièce, quoique sifdéc k outrance, n'en
fut pas moins contestée a madame de
Beauharnais. On prélendit qu'elle
était de Cubières , qui avait voulu se
faire siffler sous un autre nom. X.
Poésiesjugitives^ ihid., 1 8 0 0, in-8".
XI. IJlle de la félicité ou Anaxis
et Théone, poème philosophique en
trois chanls ; précédé d'une Epître
aux femmes el suivi de quelques poé-
sies, il)ld., 1801, iu- 8*^*5 2*" édition,
i8o5. XII. A la mémoire de ma-
dame du JJoccage j ihid., 1801»,
in-8". Xlll. La Cj'n-Achantidr ou
le voyage de ZizietdAzor, [loèiuc
eu ciii([ livres , ihid. , 1 8 i i , in-8" de
88 j)ages. XIV. Tai nuirmote phi-
losophe ou la philosophie en do-
mino , précédée des Anujiirs magi-
queSjilc la ISouvelle L^clle anglai-
se, et de pliKsicurs autres nouvelles el
opuscules , ihid., i 8 1 i , 5 vol. in- i 2 .
Le porirall de madame de Beauliar-
(8) Mad.iiuede neaulianiuls réussissait dans la
si vie 1 pislolairf. Si l'on en croit <!uliiéns c'est
elle «jui eoinposn les lettres de fiuime ilans le*
SdirijSifs d» l'iimoHf , et dans l.^t muthrtut dé
l'i.uoiislaïue , lieux romans de l)tuMt, ipii cu-
rent du succîys <!l l'cpoijuc de Icvir poMicotiou.
nais crravé , en 1785, pnr Barlolozzi,
a l'Io rcprocluil en 1802 a la Iclc du
l\otti'ei Alinnutichdcs Jl/iisrs. On
troiuT mio JS'oficf^ sur celle Hamo
dans le Dlclionruiirc des Fran-
çaises^ y àv madame Hrûjucl. \V — s.
* in:AriiAR\AiS(EuGKNEDE),
connu sons les noms crEucHNE-NAPO-
i.i'ox cl de l'RiNCE EuoîiNE, iiaquil à
l'arls le 3 sepl. lySr , du vicomle
Alexandre de lieaidiarnais et de Jo-
séphine ïaschcr de la Pageric. Il
n avait pas encore cpialorze ans, lors-
que la baclie révolutionnaire Irancha
les jours de sou père. Tous les biens de
la iamillc Reauharnais se Ironvèrcnt
frappés de conliscalion; et Eugène,
du pensionnai de Saiul-Germain-en-
Lave , où il avait élé placé, passa
clu'z un incnniîier de Paris en qualité
d\Tpprcnti. Cependant la fortune
changea bientôt pour sa mère, qui
trouva dans le directoire de puissants
appuis; et Eugène, quittant la menui-
serie pour la carrière militaire , fut
accueilli par le général Hoche, qui,
l'employa malgré son exlrèrae jeu-
nesse , a son étal-major. Il était a
Paris le 1 5 vendémiaire ( 5 octobre
1795); et, peu de jours après, si
l'on eu croit les compilations de
Sainte-Hélène , il se rendit chez le
général lîonaparte, alors chargé du
commandement de l'armée de l'inté-
rieur, et réclama de lui Pépée du
général Beauharnais son père, qui
venait d'être saisi? au domicile de sa
mère (1). S'il était vrai que ce fut à
la suite de cette petite aventure qu'eut
(i) Ce récit c:t cni Jcniinrnt une fal)le imnf^î-
ntepar des motifs que nous ferons connaître à
l'article Jo.irphine. On sait <jue le désarintincnt
qui .'uivil \o ii vpudcinijir»; n'entraîna po-.nt de
visites domiciliaires; et da:is le cas oi» il v en
aurait en, même de très-sévères, on n'aurait
certainement pas enlevé une cjM-e chez la veuve
d'un pcneral ; et surUiut cImv, une dame qui
jouissait notoireineiil d'un très-^rand crédit au-
près du gouvernement (le ce tcui[)«-Ià.
BEA
^73
lieu la première entrevue de IM""' de
licauharnais et de lîonaparle, Eugène
se trouverait ain^i avoir été Poccasion
d'une liaison (pii se termina par le
mariage de sa mère. INous verrons
que, plus lard, la (ortune lui réservait
un rôle bien dilTcrent. I\'u de temps
après son mariage, Bonaparte, nom-
mé général en chef de Parmée d'I-
talie , partit pour ses immortelles
campagnes. C'est à tort que (juel-
ques biographes présentent Eugène
quittant alors Paris avec son beau-
père cl faisant la campagne de 17965
ce fut seulement a la fin de cette
année qu il obtint une sous-lieu-
Icnance. Choisi aussitôt par Bona-
parte pour un de ses aides-de-camp,
il se rendit en Italie, et il arriva au
quartier-général au moment des préli-
minaires de Léoben. Lorsque le traité
de Campo-Formio eut mis les îles
Ioniennes sous la protection de la
France, il y fut envoyé, afin de veil-
ler a Pexéculion du traité et pour don-
ner a ces îles une organisation fran-
çaise. En revenant de cette mission ,
Eugène passa par Rome , où Joseph
Bonaparte résidait eu qualité d'am-
bassadeur , et il s'y trouva au moment
de Pémeute où Duphot perdit la vie.
C'était une circonstance embarras-
sante; il y fît preuve de sang-froid et
de courage. Le surlendemain ( 29
déc. 1797)5 il partit avec Joseph et
tous les Fiançais qui s'étaient réunis
autour de l'ambassadeur. On sait que
la suite de cet évèucmenl fut l'occu-
pation de Borne par les lrou[îes fran-
çaises, et la création d'une républi([ue
sur les débris du Irône pontifical.
Bonaparte était en ce moment au
milieu de sas préparatifs pour l'ex-
«> pédilion d'Eg\ptcj Eugène, qui Pa-
vait rejoint a Paris , le suivit sur les
bords du iSil. Sa position était alors
trop suballcriie pour que celle partie
374 BEi\. BEA
de sa vie puisse offrir ])caucoup clin- a tenu ce langage, il ne faut pas
cicleiils qui lui appartiennent en pro- se bâter d'en tirer une conclusion
pre; toutefois le zèle et le courage défavorable à son jeune aide-de-campj
qu'il montra dans plusieurs occa- on sait trop a quels bizarres accès
sions le rendirent de plus en plus d'bumeur ISapoléon était sujet , et
agréable a son beau-père. Etant entré combien il se plaisait a prononcer
dans Suez, a la léle de l'avant-garde, ces jugements qui ressemblent a des
le 8 nov. 1798 , il fut nommé iieute- prophéties. D'autre part aussi, il est
nant. Quelques mois plus tard , mon- certain que plus d'une fois il voulut
tant l'un des premiers a l'assaut de faire regarder certains membres de
Jaifa , il reçut en capitulation des sa famille comme doués de talents
malheureux qui furent néanmoins militaires : Murât et Jérôme surtout
égorgés quelques jours après 5 mais lui durent une espèce de réputation
ce dernier fait ne peut lui être repro- en ce genre ; et , plus tard , Eugène
dit , et l'en sait qu'il fit pour les aussi reçut de son complaisant beau-
sauver tout ce qui était en son pou- père des louanges apeu près pareilles,
voir ( Voy. Napoléon, au Supp. ). En attendant, 18 o4- le voyait nommer
Dans l'un dfs nombreux assauts qui général de brigade et colonel-général
furent livrés à Saint-Jean-d'Acre , le des chasseurs 5 le i4- juin, jour anni-
jcune Bcauharnais reçut la seule blés- versaire de Marengo , il était élevé
sure dont il ait jamais été atteint, a la dignité de prince; le i*^'" février
On connaît l'issue funeste de ce suivant il recevait le titre de grand-
siège. Bonaparte revint bientôt en amiral, et le lendemain il était grand-
France , et son aide- de- camp fut ollicicr de la Légion-d'Honneur. En-
un des huit officiers avec lesquels il lin, le nouvel empereur des Français
travcrsala mer. Inimédiatement après ayant posé sur sa tète la couronne des
le 18 brumaire il fut nommé capitaine, rois lombards (i5 mai i8o5), Eugène
et prit le commandementdes chasseurs fut investi de la vice- royauté
achevai de la garde consulaire. C'est d'Italie. Comme Napoléon fit alors
eu cette qualité qu'il suivit le premier un voyage dans son nouveau
consul h cette brillante et rapide royaume , les fonctions du vice-roi
campagne que termina la bataille de se bornèrent a promulguer les décrets
Marengo. Eugène se distingua dans (|ue rendait sans cesse l'inlatigablc
la charge de cavalerie (jui décida si empereur sur toutes les parties do
heureusementlavicloire.il futnommé l'administration. Les ministres et les
chcf-d'escadron sur le champ de ba- grands dignitaires avaientété nommés
taille, et revint triompliant a Paris dès loug-lemj)s; i\\^s décrets subsé-
avecle premier consul : deux ans après qiienls organisèrent une garde royale,
il f.it colonf'l. Ouehjups écrivains ont créèrent k\v^ aduiinislrallons el pour-
imprimé que Bonaparte, en lui don- vurent îi tous les besoins du gouver-
nant ce rnnide avancement, le jugeait nement. — Cependant la guerre avec
Irès-srvèremenl sous le rnpporl de la l'Aulriihe allait éclater de nouveau.
capacité , et cpie même il lui dit , en INapoléon, (jui voulait laisser a celle
présence de plusieurs généraux: puissance tout l'odieux de I ngres.sion,
« Vous ne serez jamais bon qu'il laire et qui pourtant , eu se laissant préve-
nu (olonel; il n'y .1 pas (réioile eliez nir , ne devait pas être surpris , or-
V'ous pour un géucral. » t>i Bouaparlv donna au j>rincc Eugène de tout pré-»
nKA. BEA 375
parer. Pjioulol (le nombreux nppinvi- Eiij^ènc, rpii avait déployé la plus
siomirmonls furi'iil n'iims .sur tous les grande acli\ilc pour l'organisation du
points du royaume. In décret mil en son armée, ne pouvait pas être pris
activité toutes les gardes naliona- au dépourvu. Indépendamment des
les j cl Jourdan fut remplacé par dix mille liommes de troupes de ligne
Masséna dans le commandement de cpril pouvait se procurer tant par les
l'armée, que Napoléon n«; voulait pas dépôts des corps français cpii étaient
encore confier h son fils adoptif. La K Tarmée et par (piehpies bataillons
campagne ne fut pasdilliciledncôté du italiens, qu'en retirant une partie des
nord. iMasséna, étonné de n'avoir pas divisions occupées devant Ycnise, il
encore été attaqué, le ij5 sept. , par ordonna la formation a Bologne, puis
l'arcbiduc Cbarles , qui étail sur TA- à Modène et h Reggio , de plusieurs
dige avec quatre-vingt mille hommes, camps de gardes nationales, qui dès
le fut bien davantage lorsque , le 2 le 1 5 déc. se trouvèrent réunis , et
octobre , ce prince lui fit proposer uu qu'il érigea en divisions. Jugeant
armistice. Celte demande de la part même les deux dernières suffisantes
de rAutrlclic était une faute , que pour garder la frontière du sud , il
personne au reste ne mil sur le compte dirigea la première , commandée par
de l'arcliiduc. Le i2 0cl. les hostilités Dombrowski , sur les bords de TA-
commencèrent 5 et presque au même dige , afin de tenir en respect le
moment, la catastrophe d'Ulra décida Tjrol, dont les milices n'étaient pas
du sort de celle guerre; rarchlduc désarmées. Biais la bataille d'Auster-
douna le signal de la relraite a cette lilz venait de résoudre toutes les
armée qui avait menacé l'Italie ; et questions , et la paix ne pouvait
Masséna , n'ayant qu'a suivre des fu- tarder a être conclue. Napoléon ,
gitifs, s'avança jusqu'aTrieste et Lay- de retour a Vienne après ces grands
bach , tandis que la grande armée événements , changea l'organisation
française poursuivait sa marche vie- de l'armée d'Italie ; il en donna au
torieuse a travers les étals hérédilai- prince Eugène le commandement gè-
res. Mais vers le sud l'borizon sera- néralj et il lui confia aussi le gouver-
blait se couvrir de quelques nuages, ueraent des Provinces Vénilicnnes
La cour de Naples , sou3 riuflueuce qu'il venait de ccnquérir. Ce fut sur-
de la reine Caroline et d'Aclou y tout pour mettre un frein aux exac-
était très-mal disposée pour le royau- lions des employés et de certains gé-
me d'Italie. A peine le général néraux que le vice-roi usa de ces
Salnt-Cyr, avec trois divisions qu'il nouveaux pouvoirs. Sur son rapport,
avait dans le royaume des Deux-Sici- Masse'na se vit Impitoyablement cou-
les , fut-il parti pour aller former le damné par Napoléon lui-même a une
blocus de V^enise, que douze mille restitution de deux millions et demi.
Russes et six mille Anglais débarqué- D'autres exemples inspirèrent encore
rent a Naples, et qu'infidèle au traité une crainte salutaire , et le pillage
de neutralité, qui venait d'être ratifié, cessa. De légers soulèvements , pri-
le roi Ferdinand signaun traité d'accès- milivement liés au grand plan d'in-
sion a la coallllou contre la France, surrecllon contre les Français, mais
La nouvelle de ce changement vint a désormais tardifs et sans objet ,
Milan en même temps que celle de troublèrent un instant le nouveau
l'entrée dt' Napoléon dans Vienne, royaume. Au commencement de jan»
3:6 BEA. BEA.
vier 1806, un mouvcrapiit insurrec- de France , et plus lard , le litre de
tionnel , eut lieu dans le Parmesan, prince de Venise: caries Autrichiens
Les forces qu'Eugène Ht marcher le venaient de remettre cette ville et
comprimèrent aussitôt et presque sans toutes les possessions vénitiennes,
effusion de sang. Les habitants du vil- Le i" mai suivant fut proclamée
lage de Crispino avaient attaqué un la réunion de ces acquisitions au
détachement français qui gardait royaume d'Italie , qui alors se
Ponte-di-Lag'oscuro j lorsque les Au- composa de vingt départements et de
Irichiens effectuèrent leur retraite, deux provinces, Flstrie et la Dcdma-
Crispino fut occupé militairement, lie. Eugène et sa femme visitèrent
ses habitants furent désarmés, et les Venise; et, lorsqu'ils revinrenlK Mi-
deux chefs de Tinsurrection fusillés, lan , l'idée, alors générale, de voir
Eugène remit le commandement de bientôt l'Italie réunie sous des princes
celle contrée h un lieutenant-colonel qui ne seraient qu'a elle, excita en
natif de Crispino, et il lui recomman- leurfaveur un véritable enthousiasme.
da d'adoucir le sort des habitants. En sa qualité de gouverneur des étals
Aucun d'eux ne subit de peine afflic- vénitiens , le vice-roi, par un décret
tive , et en 1807 un nouveau décret du 2C) janvier, organisa l'administra-
relevale village de celle condamna- lion en neuf départements , régis par
tion. Aussi en 1809 , lorsque les Au- des préfets, qui durent correspondre
trichiens reparurent sur les frontières directement arec lui. Et, pendant ce
ces habitants demandèrent-ils à se temps, des travaux de toute espèce se
lever en masse et a marcher contre préparaient dans ses bureaux. Napo-
eux. C'est à celle époque que I\Ias- léon trouvait dans Eugène un second
séna envahit le royaume de Naplcs presque aussi actif que lui-même. Dèi
et qu'il refoula vers la Sicile les i8o5 les fortifications de Manluue
Bourbons napolitains, pour donner avaient été fort augmentées. Quihjufs
leur couronne a Joseph Bonaparte, ouvrages extérieurs sur les hauteurs
Nulle inquiétude sérieuse ne pouvait qui dominent Peschiera complélc-
désormais troubler le vice-roi. 11 li- rent le système de défense déjà si
cencia ses gardes nationales, et se redoutable de celte place. D'autres
rendit a IVlunich , où ]Napctléou et travaux agrandirent la Bocca d'An-
Joséphine en personne avaient négo- fo , clë de la vallée de la Cliiusa , par
cié son mariage avec une princesse do où l'on peut pénétrer duTyrol en Ita-
i'avière , Auguste-Amélie , précé- lie, et ailievèrcnt de fermer cepassa-
(Icmment promise ii un prince d'Aile- ge 5 Palmanova vil aussi ses forlifica-
magnc, (pic l'on supposait iiu-me no lions complétées par un svstème d'i-
pas lui déplaire j mais la transforma- noiulation. 0.s(>po lut enrichi de tpiel-
1 ion du duché de Bavière en royaume , (jues ouvrages extérieurs, dévastes
le don d'une partie du Tvr()l,ct l'as- magasins taillés dans le roc et d'un
surance do f;Mrc délinitivcmenl d Ku- camp retranché pour dix mille liom-
gùnc un roi d'Jtalie , levèrent tous les mes. Diversesroules, parmi leycp.icllcs
obstacles. Deux jours après la céru- celle de Ferrareh PatloucelaFusine,
monie du mariage ( 16 janv. 1806 ), celle de Bcllune îi Cadorc , furent ou
ISapoIénu adopta solennellement le lil.s construites ou réparées. Venise vil
derimpémfrice,<jui prit lenomd'l'iu- creuser le canal et le port de !\!a!.i-
gèue-JNapolcoJi , pnncc liéréditaire mocco 5 un autre canal «mit l'Adi^^o
pi Ir canal (l'Kslr; ('1)1111 les marais m- crll(> liifrarlidii an Irailé de Prcs-
trc Voroiie et Ivoiuo lurenl d esse c lies, bourg ; de leur côté les Russes appc-
J'onrraccoinplissiMiicnldcrcsliavaux, li-mil les ."Mon li'iirgriiis'a leur secours,
le vice-roi a\ail orj;aiiisc une admi- et ils allcreul assir<^cr Uaj^u.se. Mais,
nislralion des ponls et chaussées, à biciilùL ayant essuyé nii double échec
1 instar de celle (|ui(liriL;eail en France devant les murs de e(;lle ville et près
Ks travaux d'utilité publique. Le du port de Caslel-JNovo , ils furent
code iSapoléon était en vigueur dans hleur tour resserrés dans Callaro. Ces
le royaume d'Italie, et une organisa- hoslililés exercées de part cl d'autre
lion judiciaire analogue à la noire fut avec des forces Irès-cxiguës durèrent
achevée par Térectiou de (juatre tribu- jusqu'à la paix de Tilsilt (1807).
uaux d'appel, a Milan , Venise , Eo- L'Autriche, qui pouvait profiler de
loi;ne et r)rescia. Les codes de l'éloigneraent des troupes françaises
procédure e.t de commerce ne lar- pour tomber sur l'Italie , et à qui
dèrcnl pas a cire promulgués. La l'envie de le faire ne manquait pas
Dalmalie, régie par des coutumes et sans doule, ou n'osa le tenter, on
par le caprice des provédileur.s, reçut plutôt fit ses préparatifs avec trop de
un règlement d'administration judi- lenteur. La Prusse était écrasée avant
ciaire. Venise fut déclarée port franc, qu'elle se fût mise en mesure , et
même pour les nations en guer- dès lors il n'était plus temps. C'est
re , a l'exception des seuls Anglais, dans ces intervalles aussi qu'Eugène,
L'université de Padoue , conservée par ordre exprès de Napoléon, fit
par un décret, fut la troisième du occuper d'une part Civita - Vecchia ,
rovaume, et reçut une oriranisalion TerraciQe,Porto-d'Anzo et les Trois-
pareille a celles de Pavie et de J3olo- Marches par le général Lemarrois-, de
gne j huit lycées , et un conservatoire l'autre, Ancône par le général Tis-
de musique a Milan furent institués son, qui dut mettre la place en état
vers ce même temps. L'arsenal fut de défense. On comprend que , dans
restauré et une flotille équipée pour son système, l'empereur et roi ne pou-
la défense des lagunes; enfin Par- vaitlaisser ouvert aux débarquements
mée s'augmenta de plusieurs ré- des Anglais un port aussi important
gimenls, quoique les apparences ne et dont l'occupation eût pu mettre en
fussent pas à la guerre pour l'Ita- danger l'armée de iSaples. Mais ce
lie. La grande querelle de la Prusse que Napoléon commençait, ou plutôt
et de la France se faisait a peine scn- ce qu'il continuait ainsi , ne pouvait
tir dans la Péninsule , et une seule (li- être complété que par l'occupation
vision de l'armée italienne faisait par- de la Péninsule tout entière. Cepcn-
tie de la grande armée impériale ([ui dant les peuples ne se soumettaient
envahissait l'Allemagne. Cependant pas tous avec le même enthousiasme :
quelques diOicuités s'étaient élevées une émeute eut lieu a propos de la
en Dalmatie:le commandant aulri- conscription dans les districts monta-
chien , (jui devait faire la remise i\i^?. gueux du Tagliamento , et la gendar-
liouches de Callaro avait , par les meric envoyée par le prétel v.n fit
ordres secrets de son gouvernement , qu'aiigmcnlerrirrilation. Eugène en-
li\ré la place et les forts aux Russes, vova un oflicier chargé de remonter à
venus de Corfou. Un bataillon de vé- la cause du mal et d'user de douceur
liles fui alors envoyé pour redresser plusquedesévérilé. Celle missioncon-
378 BEA BEA
ciliatrice eut un prorapt succès. Mais le pape avaient été araenéps de longue
il resta démontré que , pour être po- main par des différends où Pie VII
pulairedansla Haute-Italie, le gouver- déploya non moins d'énergie et de
nemeut d'Eugène avait beaucoup a caractère que Napoléon de violences
faire; et mallieureuseraent les mesures et de projets de domination {Voj.
communes k toutl'ensemble de la œo- Pie YII, auSupp.), et dans lesquels
narchie napoléonienne n'étaient alors Eugène chercta vainement a s'inter-
que trop souvent oppressives. Du poser comme médiateur. Quand le
Haut-Frioul , oiî tout en calmant des vice-roi demanda l'institution canoni-
troubles qui eussent pu devenir sérieux que de ses évèques , le pape exigea
et en examinant les travaux d'Osopo, d'abord pour cliacun des neuf sujets
il s'était appliqué a connaître les nommés une lelcre particulière si-
mouvements que feraient les Autri- gnée de Napoléon 5 puis quand ou eut
chiens sur leurs frontières; le général satisfait k celte demande, il refu-
Vaudoncourt^ aide-de-camp du vice- sa sous d'autres prétextes. A cette
roi, alla de sa part négocier avec les époque le secrétaire d'état Con^alvi
beys de l'Erzegovine , les pachas de fut un des principaux meneurs du
Scutari et de Janina, pour les engager projet de fédéralisme italien, tramé
a faire cause commune avec la puis- dès long-temps avec Melzi , Marulli
sance franco-italique contre les Mou- et le cardinal Ruffo. Après la ba-
ténégrins et les Russes. Les beys au- taille d'Iéna, Eugène avait engagé Sa-
raient uni leurs troupes aux dix mille Sainteté k rappeler de Pétersbourg
hommes que Marmonl commandait en son légal, qui ne pouvait guère être
Dalmatie ; le pacha de Sculari eût amené par des vues religieuses dans
altafjué hii-mcme Catlaro el le Mon- uupaysoùronméconnaissaitraulorité
lenégro , cl le paclia de Janina eût de Rome, et par les mêmes motifs a
appuyé cette opération; mais k cette cesser ses liaisons avec les Anglais.
e|>©(jue la France se rapprocha de la Lorsque Joseph Bonaparte fut mon-
Turquie ; puis (\hs l'année suivante, lé sur le trône de ]\aples , Pie \II
elle s'en éloigna. Le traité de Til- refusa positivement de le reconuaî-
sill apporta des changements en- trc. On conçoit combien de telles
core plus grands au système politique exigences irritèrent le concjuérant
de rEuropc. ]\apoléon , qu'une dé- accoutumé k briser tous les obstacles,
pulation des notables du royaume II écrivit au prince Eugène une Icl-
était allée féliciter k Paris , repa- Ire fulminante : « La cour de Rome
rul eu Italie vers la lin de l'année, est assurémenl frappée de vertige î
el promulgua, le 17 déc. a Milan , Ainsi le pape persiste dans son re-
sous le titre de (jiialiivnic statut fusV... Il ouvrira les yeux ([uand
coiistiliilioiuu'l ,Ïa(\o]^Ùo\\ iUi^vuKc il ne sera plus temps! Que prc-
Eugènc qui , disait le statut , te k dé- tend-il? Mettre mes royaumes eu
faut d'enfants mâles, légitimes et tni' inlrrdil? me prend-il pour un I^ouis-
lurc/sj devait succéder a la couronne le-l)él)(uinaire, el croit-il que ses ex-
d'italic. » Peu de temj)s après (2 avril communications feront tomber les ar-
1808) parut le décret (pii annexait mes des mains de mes soldats? (bio
a ce royaume les légations d Ur- dirail-ll si je séparais de la callioli-
bin , d'Ancone , de Macerala et do cité la plus grande partie de TEu-
Fcrmo. Ces spolialious cicrcces sur rope V j aurais de medlcurcs raison*
RE/V BEA. 379
])onr lo fairr (jno IK-iiri VIII!... Je pour cliidicr leur caraclcre cl leurs
ne veux plus, mon lils , (jiie vous cor- ncsoins. Des roules furent ouvertes
respondiez avec le ])aj3e... » — INIal- d'Aucune ii Sinl^a|;lia , cl de Pesaro
gréeesinjonciions, il eslcroyaMequo a Urhin 5 les porls d'Aucône et de
ce n'est pas loul-ii-fail malgré Tempe- Siiiigaj^lia , la lolre de celte dernière
reur des Français que le prince Eu- ville conlinuèrcnl a cire exemples de
gène mit sous les yeux du pape la lel- tout droit. Ur])in , Fcrmo, iMace-
tre qu'il venait de recevoir, et qu'il le rata curent des lycées. Ces bienfaits
conjura de ne point laisser l'église d'I- amortirent les prévcnlions qu'avaient
talie à l'aljandou par les délais appor- d'abord rencontrées les Français et les
tésarinstilutiondesévèques.Dansscs Italiens d'Eugène; et, si quelques
observations purement confidentiel- symptômes d'effervescence se mani-'
les, disait-il, et adressées au cœur festèrent, il faut avouer qu'ils se ré-
scul du souverain pontife, il coraraen- duisirent h, très-peu de chose, puis-
çail par rappeler les faits, prouvait le que de simples mesures de précaution
sincère désir qu'avait l'empereur de et une proclamation suffirent pour
vivre en bonne intelligence avec le les apaiser. La même année 1808
clergé , répondait aux diflicultés nées vit naître divers établissements im-
de l'extension du Concordat aux pro- portants , une bourse et une école do
vinces vénitiennes, et enfin deman- chirurgie, un conseil des mines , en-
dait quels résultats Sa Sainteté pou- fin la division du territoire maritime
vait espérer de pareilles dissensions, du royaume en dix-sept syndicats.
Mais ni Eugène ni qui que ce fût au Déjà l'armée italienne se montait à
monde ne pouvait accommoder de tels cinquante mille hommes , dont qua-
différcnds. Les Tuileries et le Vali- ranle mille pouvaient entrer en cam-
can partaient de points si opposés ! pagne. De plus un corps de trente
Leurs intérêts étaient si contraires ! mille Français, soldés et entretenus
L'empereur, tout en reconnaissant le par la France, était comme le mo-
papc , voulait avoir en lui un instru- dèle en même temps que l'auxiliaire
ment docile, un chef spirituel dé- de cette armée nationale. Les impôts,
pourvu de toute puissance , de toute de près d'un tiers au-dessous de ce
prétention temporelle. Pour le pape qu'ils ont toujours été en France dans
au contraire, retenir jusqu'à la raoin- les années les plus heureuses de la
dre parcelle du pouvoir temporel que restauration , versaient par an au
lui avaient légué ses prédécesseurs trésor un total de cent quatorze
était le plus saint des devoirs ; et , au millions, dont trente passaient en
péril de sa vie, il voulait le rem- France a titre de subside annuel. Rcs-
plir. L'incorporation des légations au taient quatre-vingt-quatre millions:
royaume d'Italie fut le premier résul- le vice-roi en consacrait soixanlc-
lat de cette querelle qui , plus tard, dix a l'administration des vingt-cin({
devait amener la captivité du pontife départements, aux ministères et a
et la réunion du patrimoine de saint leurs bureaux , aux embellissements
Pierre a l'empire. Les légations fu- et aux travaux publics. Douze mil-
rent donc organisées en départements, lions formaient chaque année une ré-
Le vice-roi s'y rendit en personne, serve qui, jusqu'en 1812, alla lou-
tant pour habituer les cx-sujels du jours croissant. — (i 809.) Le temps
pape au nouveau gouveruemcul ^ que ctail venu où , pour h troisième fois j
38o BEA. BEA
l'Autriche allait essayer de recou- défense passive, il disposa son arraee
vrer ce qu'elle avait perdu. Dès 1806 sur une ligne très-étendue depuis les
il avait élé question^ au cabinet de frontières orientales du royaume jus-
Schœnbrunn , de déclarer la guerre • qu'à Monte-Chiaro. Celte répartition
et, depuis ce temps, on n'avait cessé assez bien entendue pour sa situation le
de multiplier les préparatifs. Trois mettaith même d'arrêter, et peut-être
cent mille hommes de troupes de li- de surprendre l'armée autrichienne,
gne et deux cent mille de réserve soit qu elle entrât par le Frioul , soit
étaient prêts. Des émissaires, ré- que ce fût par le Tyrol. Grâce au
pandus sur tous les points, devaient - soin que prit Tarchiduc de ne pas dé-
faire éclatersiraultanément des insur- noncer la guerre avant le 1 1 , il avait
reclions en Piémont j ta jNaples , dans le 10 au soir eftectué le passage,
les Etals Romains, dans la Dalma- et réunissait le gros de son armée en-
tie, la Valleline , et particulièrement tre Caporelto et Plezzo. Bientôt il
dans le Tjrol. Le baron de Hor- eut passé l'Isonzo, et, après un léger
mayer, qui s'était chargé plus spécia- combat , il força le prince Eugène
lement de cette province , était l'âme a repasser le Tagliamento. Au lieu
d'un complot , dont leprince Eugène de marcher sur une seule colonne
faillit être victime. Instruit des sour- a Cividale et de faire déboucher une
des menées de TA'. triche , il voulut partie de son iulantcrie par les val-
visiler en personne les positions en- lées de la Molina , l'armée autri-
Ire Lavis et Cembra , sans autre chienne perdit du temps a Udine , et
escorte qu'un piquet de chasseurs , après avoir fait huit lieues en trois
placés a Salurn. Les habitants de jours, elle se présenta de front devant
ce bourg l'avaient reconnu; et, si Eugène, qui ne devait alors songer
un des compagnons d'Eugène n'eût qu'a continuer, mais le plus lente-
su assez d'allemand pour entendre ment possible, laretraite commencée,
tous les détails du complot , le vice- IS'ajaut encore avec lui que cinq
roi allait être pris; Eugène averti re- divisions, comptant sur l'arrivée de
partit sur-le-champ pour Trente. Dé- Lamarque et d'un corps de dragons,
ja les forces autrichiennes destinées il crut devoir s'établir sur laLivenza,
à envahir l'Italie, sous les ordres de et porlersonquarticr-généraluSacile,
l'arc hiduc Jean , se concenliaient sur dans le dessein de proliter de la pô-
les frontières de ce rovanmc. Ce silion défensive qu'ollrait le cours du
prince n'a\ail pas moins de .soixante Tagliamento, jns(|u a l'arrivée des
mille soldats , tandis qu'un corps de trois divisions, et alors de donner à
vingt mille hommes, comn;andés l'ennemi une bataille oblique entre
par ChasltliT , menaçait le Tyrol , Pordenone et Sacile. Un premier corn-
et (pie di)u/,e mille agissaient en baient lieu, et ce lut en vain t|u un
Dalmatle. La landvvehr formait la corps de trois n.ille hommes essaya de
réserve. A ce total , de plus de cent tenir contre cinq mille Autrichiens.
Mjilie hommes, P,ngène n'en avait pas L'armée itali(pie cul ii celte afl;iire
(piatre-vingl mille îi opjioser ; et ce cinq cents hummes tués et (pnuAe
(pii rendait sa position encore plus cents prisonniers. Le lendemain , le
embarrassante, c'est tpie Napoléon prince lùigène , (pionpi'il ueut pas
lui avait interdit toute dcmoiKsIralion encore élé rejoint par ses renloris,
olfcnsivc. llcduil il combiner nue résolut de repremlrf Pordcnoue et
(Ir livrer l^alaillc. Va\ cela il no
crovail (|iu' jircvriiir rarclililuc , doiil
riiilcnllon clovaiL cire de profiler
de SCS avanta<;cs. Du resle il lit
preuve d'bal)i!elc en choisissant Por-
cia pour point tacticpicde lahalaille,
taiiiiis tpie Pordenoue en serait le point
stratégique. En portant ses elTorlssur
le premier de ces points, il rendait
iuutile la supériorité de l'ennemi en
cavalerie, et l'arcliiduc, obligé de con-
centrer dans Pordeuone la majeure
partie de sesl'orces, ne |)Ouvaithasarder
une alta(|ue. Cependant il est sur que
ce prince ne songeait ni a donner, ni li
recevoir de bataille. Ses deux corps
étaient campés de Pordcnone a Cor me-
nonl, sur cin(j ligues, et il leur fallait
du temps pour se former. L'avant-gar-
de seule, sous les ordres dcFrimont
occupait Porcia. Les divisions fran-
çaises Serras et Sevcroli l'attaquèrent
vers neuf heures du matin : sans la
présence d'esprit et le courage du gé-
néral autrichien qui , tout en faisant
prévenir l'archiduc , prit sans hésiter
Toffcnsive , et se soutint jusqu'à l'ar-
rivée de la brigade CoUoredo , tout
eût réussi au gré du prince Eugène.
Mais la contenance ferme de l'avanl-
garde autrichienne donna a ses réser-
ves le temps d'arriver. Les deux di-
visions françaises , qui avaient com-
mencé le combat, après avoir pris et
repris Porcia , ne purent le dépasser j
se trouvant en présence des deux tiers
defarmée autrichienne, elles furent
forcées de se retirer. Eugène , après
leur avoir donné l'exemple de la fer-
meté et du courage, désigna pour point
de retraite Bruchera et Sacile. Celte
retraite se iil en assez bon ordre sur
la première de ces villes j mais la
partie de l'armée qui se retira par
Sacile eut Iteaucoup a souffrir. La
division Broussier surtout lut jiresque
auéaulie. Lç vicc-rui se distingua per-
BKA.
38 1
sonncUemenl en restant «H l'arrièrc-
garde , cl il (il continuer la re-
traite .sur la l*iave. Ses panégyristes
ont assigné pour causes à cette
délaile la mauvaise volonté de plu-
sieurs généraux , entre autres de
Barbou, qui lurent humiliés d'obéir
h un enfant , et surtout l'absence
des trois divisions que le prince at-
tendait de Vérone, et qui, d'après sej
calculs devaient arriver pendant la ba-
taille. Ils eussent mieux fait d'avouer
tout simplement que , sans manquer
de capacité , le jeune prince ce jour-
la ne prévit pas tout, et qu'au reste
l'archiducavait beaucoup plusde trou-
pes que lui (5 5,ooo contre 35,ooo).
Après cet échec , le nouveau royaume
se trouva dans une position véritable-
ment critique : Osopo , Palmanova ,
Venise étaient assiégés. Déjà l'archi-
duc Jean , en personne , avait tenté
l'assaut du fort Malgheltaj l'Istrie
était occupée, et le Tyrol en pleine
insurrection; deuxcolonnes bavaroises
venaient de tomber au pouvoir de l'en-
nemi ; enfin beaucoup de personnages
marquants formaient des trames con-
tre le nouvel ordre de choses, et
des émeutes populaires éclataient
sur différents points. La Romagne,
qui avait appartenu si long- temps
au pape, eut la sienne, et quel-
ques symptômes inquiétants se ma-
nifestèrent a Milan. Si le général
Chasieler , au lieu de marcher sur
Trente, où il pouvait être le i6 , ne
fût pas resté a Inspruck , que les in-
surrections tyroliennes venaient de
remcllre entre ses mains, et s'il n'y
eût perdu cinq jours a organiser le
Tyrol ,1e prince Eugène, pressé vive-
ment du coté du nord comme de ce-
lui de Test, eût probablement été re-
duil a se retirer deriière le Mincie.
Il n'eut pas cette peine : les manœu-
vres de 13araguey d'Hilliers, à Trcn-
38a BEA BEA
te et a ïloveredo, les combats heureux jour, au gué de Sainl-lNlcbiol et a
de Caliano , de Noviglio et de Blori, celui des îles de fa Priula. Les eaux
relardèrent la marche de rennemi ; de ce torrent s'étaient soudaine-
cnGn l'armée franco-italienne, fut rcn- ment accrues, beaucoup de soldats
forcée et réorganisée. L'affaire peu et de chevaux furent emportés par le
décisive de Villanova (27 avril) fut courant; et aune heurele passage se
le dernier avantage de renncmi. Le trouva tout-a-fait interrompu. Ce fut
28 , un décret, dont les bases sans alors que Farmée autrichienne tom-
doute avaient été posées en Allemagne ba sur les divisions qui étaient passées,
par Napoléon, répartissait l'armée et que celles-ci se trouvèrent grave-
d'Italie en trois sections : aile droite, meut compromises ; leur fernielé et
commandée par Macdoiiald; aile gau- ia présence d'esprit du général en
che, par Baraguey dllillicrs j et chef lessauvèrcnt. Celle journée coûta
centre, par Grenier. Il est a croire aux Français plus de deux mille hom-
queMacdonald vint porteurdel'ordre mes; mais il est sûr que les Aulri-
d'organiscr ainsi les forces a la dis- chiens en perdirent un plus grand
position d'Eugène, et que le titre de nombre. L'archiduc Jean, qui eût
général en chef ne fut conservé au dû continuer sa retraite jusqu'à Tar-
ricc-roi que pour la forme. Le len- vis, où il avait intention de tenir
demain il s'empara de Monte-Bastia ; derrière des retranchements, commit
mais les Autrichiens curent quelque la faute d'accepter encore un combat
avanla«^e a Soavc , où le général Sor- h Saint-Daniel. Le général Desaix ,
hier fut tué. Ce fut alors qu'ils ap- soutenu par Grenier, enleva cette po-
prirentles succès de l'armée fran- silion , et culbuta quatre bataillons
çaise en Bavière, et qu'il fallut décidé- aulrlchiens. L'ennemi ne put seral-
ment songer a la retraite, bien que lier; et bientôt Udine et Tricsle
l'archiduc Charlcsécrivît a son frère, furent occupés par les Français,
que l'expédition d'Italie devait être Après d'autres échecs sur l'Isonzo ,
contiimée. L'armée italo - française à Malborgheto et à Tarvis , l'ar-
prit a son tour l'offensive , et elle chiduc Jean, étant informé des suc-
tMit un léger engagement au pont de ces de INapoléon sur le Danube et
Cliiampo avec l'arrière- garde de l'ar- de l'nccupalion de Vienne, recon-
chiduc , commandée par Frimonl. nut l'inutilité d'une plus longue ré-
Arrivé alaBrenla, le prince Lu- sislance et prit enlin la résolution
gène s'y arrêta un jour , pensant que de se retirer sur Gralz , pour gagner
l'archiduc rallierait en se retirani le la Hongrie, tonte autre issue lui étant
corps du i)locus de Venise, et ju- firmée. Eugène parvint a ^ illach
géant inutile de forcer par une ba- puis H Klagenfurt , dirigea la division
taille le passage de la Brenla (pii Groucby sur IMuburg , battit Jella-
allail lui être livré. Les Autricliiens cliich à Sainl-Micbcl , et entra dans
ne s'arrêtèrent plus que sur la Pia- Léoben ; il était K Bruck le 26 , et le
\c et ils vonliirent profiter des jour même on rencontra eu avant
avanlai'es qu'oflre cette rivière pour du Sœmmering le» avanl-posles de
la défensive. Décidé h en forcer le Lnurislon que Napoléon avait envoyé
passage, Eugène fit ses di.sposilions , au (levant de l'armée italique. Alors
it le U mai les colonnes l'urenl mi- fut mise h l'ordre du jour celle saln-
ics en mouvcminl de» le point du talion toute militaire : <* ÎJoldats df
Tarmcc dlliilic, vous avez gloricusc-
iiuMil attciiil le htil (juc je vous avais
inar(|ué Soyez les blcu-vciius! je
suis conleut de vous, (Me. » Trois
jours après lùigèiio se rendait en
personne près de Napoléon, et rece-
vait avec ses louan{;cs ou ses cncou-
ia^enu'iils des inslruclioiis sur les
opérations ultérieures. Tandis que la
ville de Gralz se rendait à Macdonald
et que le corps de Marmonl se rap-
procliail de la grande armée , l'ar-
chiduc Jean se diriireait sur Vasarbéli
cl s occupait de la réor<^anisalion de
son armée , que devait bientôt gros-
sir Tinsurrection liongroisc. Mais le
prince Eugène informé de ce projet
ne lui laissa pas le temps de Texécu-
1er. S'élant lui-même avancé dans la
Hongrie , il força le prince autrichien
à recevoir celle bataille de Raab ,
qui doit être considérée comme un de
ses plus beaux triomphes. La vicloire
fut complète 5 elle assura la jonc-
lion des deux armées , la prise de la
place , et elle amortit bien a propos
chez les Autrichiens TefFet moral de
leur triomphe tout récent d'Esling.
Le hasard voulut qu'elle eut lieu le
i4- juin, anniversaire de Marengo et
de Friedland. Napoléon en fit célé-
brer la nouvelle par une salve de
cent-un coups de canon. Les troupes
victorieuses du vice-roi vinrent bien-
tôt se réunir a la grande armée; et elles
prirent encore une part très-glorieuse
a la bataille de Wagram. Dans celte
journée mémorable , l'armée franco-
italienne placée au centre, occupa
une des positions les plus difficiles, et
elle soutint seule les plus grands ef-
forts de l'ennemi. Napoléon l'encou-
ragea par de nouveaux éloges , et
Macdonald v g^^n^ son bâton de ma-
réchal. La paix de Vicnue fut bientôt
le prix de tant de trioruplies, et Theu-
rciu vicc-roi; comblé des éludes de
BEA.
.•i8.î
son beau-père, j)ul reioumcr dans
sa chère Italie. Cependant l'armistice
de Znaïm avait en vain été notifie
aux Tyroliens; privés de tout appui,
mais conduits par le célèbre Iloler,
ils gardèrcnl les armes et s'opposè-
rent tant qu'ils purent aux Franco-
Bavarois. A la notification cpii leur fut
faite des convenlions entre le gou-
vernement aulrichien et Napoléon ,
ils répondirent par des refus ; et il
fallut que les généraux Baraguey
d'Hilliers et Drouet d'Erlon les con-
traignissent a se soumettre par la
force. L'Iiistorique de cette guerre ,
qui ne se termina qu'à la fin de 1809,
n'appartient pas à cet article. Le
vice-roi ne s'en occupa qu'un instant
pour soumettre définitivement les in-
surgés. Ils furent désarmés , disper-
sés • et les chefs impitoyablement
miskmort(^ojr. Hofer, auSupp.).
Alors la plus belle partie de cette
contrée, celle que traverse l'Adigc
devint un département du royaume
d'Italie, qui vers le même temps per-
dit ristrie et la Dalmalie réunies
aux provinces Illyriennes, lesquelles
avaient été cédées a la France par le
traité de Vienne. La paix dont jouit
alors l'Italie permit a Eugène de s'oc-
cuper encore de l'administration in-
térieure. Il s'appliqua de nouveau h
favoriser le commerce _, a élever des
monuments , à créer des institu-
tions. Tout le monde loua l'organi-
sation de l'inslilut des sciences ,
lettres et arts, résidant a Milan , et
composé de quatre sections subsidiai-
res a Venise , Bologne , Padoue et
Modènc. Beaucoup d'académies loca-
les furent confirmées sous le nom d'a-
tbénées libres. Les Codes d'instruction
criminelle et pénal furent introduits h
l'instar des trois autres qui les avaient
précédés. Un conseil général des arts,
du commerce et des manufactures té-
384
BEA
moigiia aussi de la sollicitude du gou-
vernemeiît pour l'induslrie. Une pri-
me d'un million fut promise a 1 inven-
teur de la meilleure macliine a filer
le lin ; une somme de cent cinquante
mille flancs encouragea la culture du
coton, et une gratification de cin-
quante raille francs fut donne'e pour
la fabrication du sucre de bette-
rave j enfin deux cent raille francs
furent accordés en 1 8 1 1 au minis-
tère de Fin lé rieur , pour l'acquisi-
tion de machines a filer le lin , le
coton et le chanvre. Mais tous les or-
dres et tout le système de Napoléon
n'étaient pas égaleraent propres a
faire chérir du peuple celui qu'il avait
chargé de les faire exécuter. Si les
réi^lements sur la librairie ne sera-
blaient a cette époque que médiocre-
ment vexatoires, en revanche, les
développements toujours croissants de
la police , les effets du système cun-
tineulal et la tyrannie des gardes-cô-
tes , instruments nécessaires de cette
vaste conception prohibitive, le mo-
nopole du sel, la conscription, enfin
le relentissemeut des querelles de
Napoléon avec le pape, tout cela
insj)irait h la fois le mécontentement
et l'effroi, beaucoup de personnes
s'étaient hobituécs h voir dans Eugène
l'exécuteur empressé des plans utiles,
l'exécuteur in'volonlaire dt;s ordres
funestes du roi d'Iliilie. Peu K peu on
trouva qu'il ne modifiait pas assez les
ordres trop rigoureux, et que l'im-
"pnlsion venue de Paris le trouvait
iroj) docile. Ces idées , bien j)lus for-
tement prononcées a ISaples et d;ins
tout le midi de l'ilalie , aliénaienl in-
sensihlcmenl les cuMirs, même a iMi-
lan et dans les villes de l'oue.sl.
D'autre part, des ennemis pai liculiers
de la fortune du prince atlisnicnt
de leur mieux ces icrniculs de hai-
ne , cl peignaient sou désiulércs&c-
BEA
ment comme de l'ambilion cachée ,
et sa douceur comme de l'hypocri-
sie. La découverte de l'association
antiuapoléonienne de Lugo , en ame-
nant des mesures sévères et le sup-
plice de trente personnes , donna du
corps a ces accusations. Et pour-
tant il est bien sur, qu'en celte oc-
casion Eugène fit preuve de modé-
ration et de sagesse. Le nombre des
personnes impliquées dans la conspi-
ration montait à plusieurs milliers 5
des poursuites générales eussent pn
donner naissance a des insurrections.
Le vice-roi ne sévit que contre les
chefs : par la il effraya les autjes
coupables, et trancha au moins pour
un temps les racines du complot.
Le fruit de celte sage conduite fut
une tranquillité complète pour plu-
sieurs années. — On se souvient que
c'est a la (in de 1809 qu'eut lieu le
divorce de jXapolcon et de Joséphine.
Ce devait être pour Eugène un évé-
nement bien important et bien fu-
neste. Mandé aParish cette occasion,
il y lit preuve d'une soumission sans
bornes a toutes les volontés de son
père adoplif 5 c est lui qui dut voir
Joséphine pour la décider à un chan-
gement si fâcheux; c'est lui qui,
lorsque sa mère laissa échapper de
ses mains l'acte de séparation t[u'elle
devait lire, acheva la lecture, et dé-
veloppa devant le sénat conservateur
l'impor lance des motifs auxquels obéis-
sait en cet instant le chel' de l'em-
pire. Iinliu le i'""^ a\ril suivant ,
il assista avec la vice-reine , sa
femme, au mariage de ]Napoléon et
de l'archidui liesse! On n'a pas be-
soin (le dire (pie tant de soumission et
d'obéissance ne fut apjirouvéc ni en
{''raïue ni en Italie. TNulle part on nr
(h>nta (juEugène eût alors l'espoir
de voir bienl(M sa vice-royaulé faire
place h une couronne 5 jauuiispourlanl
151: A.
rel espoir n'avait ctc moins fonde; car
ruiillé tin Ljrantl cnipiri" devrnail de
nliisenplusle vœndciNapolcon. — Dès
la lin de i 8 i i loul aiiiioiua 1 imini-
lUMiccd une giuM-re avec la rinssie(2).
Le royaniuc d'Italie lournit h celle
«;iganles(pieexpv.'dilion((uaranle mille
liommes cl cincj mille; chevaux (jitifor-
mèienl l'aile gauche de la grande ar-
mée sous les ordres du vice-roi, et se
lirenl par loul remarcpier , nolaninient
à Smolcnskct à Borodino. Dauî» celle
sanglanle bataille, Eugène joignant a
sou corps deux dnisions du premier , et
[?.) (;'est a relie ôpocjue qun Napoléon conrut
le projfl de rclablir le Iniiie di; Pologne, cl d'y
faire monter le prince Euf^rMic. Cefnil curieux est
fonstaU; par une IcUrc du prince lui-mèine écri-
te confidcntielleuicdt à sou bon I-avallclle , et
datée : ce 22 février au soir. «... Enfin , dit il,
mon soit est décide ; j'ai un siiperl)c coiiiniande-
meiit , cl (|uoi([iriI ne soit pas cncoie piililié , je
]>uis te l'annoncer, .le comninnde deux caijis
d'aruiéc, savoir le mien dont Junot est pour-
tant venu scmparer , et celui des Bavarois
qu'on dit que isl-llyr commande. Tu vois que
cela fera soixaule-dix à <iuatre-vinj;t mille hom-
mes, et près de deux cents pièce» de canon. Les
généraux et officiers qui nous viennent de Paris
m'assurent que l'on y dit (jue j'aurai le coin-
inandeiueiit de la cavalerie. De toute imnièrc
je serai bien placé , et celui où il y aura à don-
ner le plus de preuves d'absolu dévouement ù
S. M. , SI ra le posle que je préférerai toujours.
Une seule chose ne me ferait point rire du tout ,
ce serait celte qui pourrait appeler staelemekt
ma clidiive personne en Pologne.. . . Je ne pour-
rais me supporter si loin de l'empereur. Je n'ai
qu'une ambilion, celle de vivre et mourir le plus
près de lui jjossibie. Tu me diras que je ne
suis pas difficile ; lu auras raison. Celle ambi-
tion là en vaut bien une autre ; mais je n'ai pus
celle des Ti\6yr.s , cela est certain , comme il est
«u^rtain que je t'ai voué , clc. » Cetle Icllrc,
«erite de la main du prince , fait partie de la
collection de M. de Cliàteausirou. I.e projet du
r:'lablissenicnt du trône de Pologne, eu faveur
d'Eugène , fut abandonné jiar ly'apob'on ; il
craif^uit sans doute de mécontenter l'einiïerwir
son beau- père et le roi de Prusse (\ul , alors ses
alliés, auraient ])u craindre de perdre bient(jt ,
l'un, la (iallicie, l'autre, le dnehc de l'o.^^en. .Si
ertic cnnsideration n'eût retenu iNr.poléou, la
malheureuse campagne de Russie; , qui le perdit ,
aurait pu avoir un autre résultat. S'il eût insisté
auprès d'Eugène, celui-ci aurait crnainemcnt
accepté ; mais il est probable que sou hcsitaiion
ne venait alors que de ses vues sur le trôno
d'Italie, et des preinc-s»-* qui lui avaient été
faites à cet ég.ird. Si l'amliitinn des tiônr^ ne se
manifeste pas clairement dans cette iellre, celle
<lu ceiuiuandemcul y csl d'ailleurs a<sez évi-
deate. V — ve.
JJl'A
^,.s5
<il)puvé par la cavalerie de Grouchj,
fui charge (TalLupier l'orodiiio , les
liau leurs de Gorkael la grande redoute
([111 était le pivot de la position des
llusscs et le |)oint tactiipie de la ba-
taille, il emporta celte redoute avec
une rare valeur, et dèj,-lors le centre
de rarmée russe l'ut enfoncé, la vic-
toire assurée, et Toccupalion de Mos-
cou en devint la conséquence. Tout le
temps (pie dura cette occupation , le
corj)s italien resta en position devant
cette ville, sur la route de Pclrov-
skoï. Dans les premiers jours de
novembre commença la désastreuse
retraite ; elle s'exécuta d'abord avec
(pielfjue ordre, et Eugène y déploja
beaucoup de sang -froid et d'activité.
Arrivé a Malojaroslavelz , il eut a
comballre pendant deux jours , avec
dix- sept mille hommes, l'armée en-
nemie tout entière • et la vigueur de
ses alla([ues avait décidé Koutousoff a
la retraite lorsque Napoléon prit lui-
même le parti de changer de direc-
tion ( Foj. Napoléon, au Supp.).
Le 3 nov. il fallut de nouveau com-
battre a Yiazma, où Davousl et Ney
sévirent attaqués par Miloradovitch.
Eugène et les deux maréchaux sou-
tinrent bravement celte atta(jue , et
après cinq heures d'un combat achar-
né le général russe fut rejeté au-
dcla de TClitsa. iilais de tels succès
ne pouvaient tirer l'armée française
de la cruelle position où elle se trou-
vait placée. A Dorogobondje Eugène
recul l'ordre de se diri<ïer sur Vi-
tepsk. Il fallut trois jours pour arri-
ver a la première de ces villes : ])lus
de douze cenls chevaux périrent en
viugt-qualre heures* au passage du
Vop , on fut obligé d'abandonner
soixante canons ^ en atleignant Du-
chonovszczina, il fallut en, déloirer
un corps russe, et le prince Eu;',ène
y perdit encore beaucoup de moude.
LVII.
l'J
386 BEA BEA
Lorsqu'il eut traversé Smolensk, avec sions , une française, une bava-
soncornsréJuithsixmillecombatlauts, roisc, une polono-lilhuanienne. Un
il eut à soutenir les attaques de Mi- petit train d'artillerie et deux batail-
loradovitcb aKrasnoï. Tout un jour Ions de la jeune garde lui arrivèrent
fut employé a tenter le passage d'un bientôt , et réunis a deux bataillons
ruisseau au-dcla duquel plus de cent de la vieille garde qui étaient auquar-
canons foudroyaient ses colonnes : une tier-général , lui formèrent une ré-
cbarge qu'il essaya contre le corps de serve. Ces noms de divisions, de
Dolgorouki , fut contenue par le dé- réserve lui servirent du moins pour
ploiement d'une nombreuse cavalerie imposer quelque temps a Teunemi et
russe. La nuit venue, la colonne déci- pour traîner en longueur. Quand les
mée profita de l'obscurité pour re- mouvements de l'armée russe lefor-
joiudre la jeuue garde vers Kcnzova. cèrent à renoncer a la ligne de la
Davoust la rejoignit aussi le lende- Yislulc , il se replia sur TOder pour
main, 17 j et Ney resta seul en ar- couvrir Berlin et les communications
rièrc. Le 25, Eugène était de sa per- de la Saxe, et pour relarder la défcc-
sonne sur les bords de la Bérézina. tion de la Prusse, Chaque jour des
Nous disons, de sa personne, car son attaques nouvelles effleuraient sa pc-
corps d'armée était complètement dé- tite armée et l'obligeaient a une ex-
sorganisé. Le prince et ses généraux trème circonspection. Déjà le parti-
grossissaicnl alors le corps qui se trou- san Tclierniçbef avait' paru devant
vait le plus nombreux de tous, c'était Berlin, lorsque Eugène était encore a
la colonne des hommes isolés. Lorsque Francfort sur l'Oder 5 il se transporta
le départ de Napoléon pour Paris fut dans celle capitale où il trouva la
décidé , il y eut une discussion pour division Grenier récemment arrivée,
savoir (lui aurait le commandement Sonarmécfut alorsdeviuglmillehom-
géuéral en son absence, de Murât mes auxipiels ou put ajouter quelques
ou d'Eu<.à'ue , ]\Iural l'emporta. Eu- bataillons venus de l'intérieur. ïoullc
gène et lui, a Yilua , tentèrent vai- reste de février se passa en escarmou-
ncmcnt de réunir quebjues troupes ches autour de lierlin et en mesures
pour secourir Loison attaqué par rigides, barbares même, contre les
i'avant-garde russe : ils trouvèrent bahitants de celle ville devenue eu-
H peine six cents hommes en élat nemie. Enfin , dans la nuit du 5 au /^
(le porter un fusil. C'était le reslc mars , l'approche de Renniu et de
de trois cent mille soldats qui, Witlgcuslein , l'impossimlilé bien
clncj mois au|)aravaul, avaient passé couslalée de coulcuir une capitale do
le ISiémeu ! lîenonraul a tout plan de deux cent mille âmes en présence
réorganisation, ils se relirèrcnt der- d'un ennemi infiniment supéueur, dc-
rière ce llenve, nuis derrière la Vis- terminèrent l'iugène a se retirer der-
lule. Le roi de Naples ue larda pas rière l'Elbe. Déjli s'orgaulsail sur
rière ce llenve, nuis derrière la Vis- terminèrent l'ingène a se retirer der
j Naples ue larda pas rière l'Elbe. Déjli s'orgaulsail su
depuis €'\ reprendre la routo de ses le Meiu la nouvelle grande armée
étals, cl le prince Eugène resta (pie Naj)oléon rcucissail avec tant do
seul chargé de ce dilllcile fardeau, proinplilnde. llecueillanl sursa roule
Sou premier soin bit délaisser des tout ce qu'il trouvait de débris des an-
giuui.sous d.ius les places furies, eieus corps, le viee-roi avait réuni jus-
J)('s douze mille ciiuj cents hommes (pi'a eintpiaute (pialre mille hommes*
qui lui restcrcul il forma trois divi- maiiTenuemi, dont la défection de U
DEA.
Prusse avait {louMc les foires, pou-
vait lui rno|)|U)si'i(jiKilrc lois anlanl.
Opérer sa jonclionavcc la rrrandc ar-
mrfe, toul m rclardanl la marche <.\c^
allies , Ici clail cicsormais le seul
dessein (pio put avoir Eugène. Cc-
pendanl les excursions de Tellenhorn
el de (jmliucs autres partisans au-
delà de TKlhe, la prise de llain-
honrg, rapparilion des Anglais sur
le \Veser , la mort du <^cncM-al Mo-
rand au comlial de Lunebonrg ,
enfin , un éciiec aux environs de
IMagdoliourg et la nécessite dévi-
ler une bataille dont le gaia était
peu probable , l'avaient forcé a con-
tinuer son mouvement rélroirrade
jusqu'à la Saale où il se réunit à la
nouvelle armée que Napoléon con-
duisait lui-même. Il reçut alors de
son pèreadoplif toutes les félicitations
(ju'avaieut méritées sa fermeté el son
courage, et fut aussitôt envoyé en
avant pour gagner le passage de
l'Elster, et marcher sur Leipzig par
Merseburg. A Lutzen il attaqua l'en-
nemi eu flanc et sur ses derrières,
cl contribua puissamment a la dé-
faite des Prussiens qui ne commencè-
rent a s'ébranler que lorsque le mou-
vement du vice-roi les eut débordés.
Après cette victoire , les deux corps
d'Eugène devinrent l'avant-garde de
la grande armée. Ce prince les dirigea
encore ([uciques jours , et il développa
beaucoup de valeur et d'habileté à
Collditz , a Waldlicim , à ]iimbach,
poussanl les Russes devant lui , et
forçant IMiloradovitch h la retraite. On
était ainsi arrivé devant Dresde lors-
(pie la crainte des dispositions hos-
tiles de l'Autriche obligea Napoléon
de renvoyer son {\]> adoptif en Italie,
où son activité allait être nécessaire.
Euo-ènefulde retour a Milan le 18 mai
lUiS.Lapremièredifficulté était d'a-
voirdes soldats: deuxlevées successives
BEA
387
.'i\aienl épuisé le royaume. 11 se liâla
de iirofitcr des inmiciiscs pouvoirs
(jue veiiiil dv lui confier Napoléon
pour remédier a cet étal de choses.
J-<a conscription, levée en même temps
el dans le royaume et dans les dé-
parlements de l'empire français aii-
dcla des Alpes, lui donna des hom
mes : (juclques bataillons de guerre,
augmentés des instructeurs, des ou-
vriers, y furcnl joints. L'arnicmenl ,
Phabdlement el rinstruclicu des re-
crues, réduits au strict nécessaire, s'o-
pérèrent avec rapidité. Les cincpiante
et quehpies mille hommes qu'il se pro-
cura par tous ces moyens furent re-
parus en sept , puis en huit divisions,
qui tout considéré , ne formaient
(ju'une pauvre armée 5 mais quand on
pense que deux mois auparavant il
n'existait rien de toul cela , on doit
encore admirer l'homme qui l'avait
ainsi improvisée. Dès le 17 août
les hostilités commencèrent : Ililler
commandait l'armée ennemie , com-
posée de soixante mille hommes. De'-
cidé à marcher au devant de lui
vers Villaeh et la Haute-Save , Eu-
gène ordonna a ses troupes de remon-
ter risonzo. La veille même de son
arrivée devant Yillach , celte ville
avait été occupée par Frimont ; un
combat très -vif força le «rénéral au-
trichien a l'évacuer. Les affaires de
Léobel el de Krainburg , en donnant
h l'ennemi un passage par les ponts
d'Hœhlenburg , compensèrent cet
échec , el l'armée italique dut se
replier derrière la Save. Divers en-
gagements a Saint-Marin, a Weich-
sclburg el a Fiumc , curent pour
résultat de soumettre à l'Autriche les
principales villes de Tlslrie. Et pen-
dant ce temps, le général Ililler se
portait sur le Tvrol. Cette diversion
sur la gauche d'Eugène au moment
où la gauche autrichienne , redou-
25,
388
BEA
hlant d* efforts , passait la Drave ,
battait Piat a Saiat-Hermagor , et
menaçait Laybacli de frois côtés ,
détermina enfin le vice-roi à se re-
ployer derrière Tlsonzo, Ainsi les
provinces Illyriennes , allaient cesser
d'être défendues , et c'était désor-
mais sur ses frontières qu'il fallait
combattre. Hiller débouchait par
Tarvis, Safnitz, Ponteba, et se rap-
prochait ainsi du ïyrol, devenu plus
accessible par l'adhésion du roi de
Bavière a la coalition. L'instant de la
crise approchait j malgré quelques
avantages obtenus sur différentspoiuts,
la situation empirait sans cesse. Des
décrets venus de Paris ordonnaient
chaque jour de nouvelles levées. En-
fin arriva l'invitation a toutes les rai-
lices de se lever en masse. Mais rieu
de tout cela ne put se réaliser com-
plètement. D'autre part, le roi de
Bavière faisait a son gendre des ou-
vertures tendant a obtenir qu'il se
déclarai contre Napoléon , et en
même temps lui promettait ({ue les
souverains alliés sauraient reconnaî-
tre ce service soit par le don d'une
couronne iudépeudante , soit autre-
ment. L'aidc-de-camp porteur de
ces propositions fut ostensiblement
congédié. D'ailleurs, il ne paraît pas
(pic les garanties offertes lors de
celte première ouverture fussent de
nature ii satisfaire le vice-roi. Ces
négociations en rcslèrenl-clles-la ?
c'est ce (|ue la nature dis choses rend
(lu toute manière incroyable. Quoicpi'il
en soit, avant cl pcndani ccshons con-
seils de la Bavière, Tarmée ilali(pie,
dispulanlle terrain pied il pied, repas-
sa le Tagliamenlo, la Livenza, et vint
s'établir sur l'Adige , tcUulis (jue les
Autrichiens descendaient les vallées
de ce ilcuve. Triesle et la Dahnatie
lond)èrfnt en leur ])nuvoirj Palnia-
uuva, Venise furent bloqucS3Uu dc-
BEA
barquement s'exécuta à Goro; et Fer
rare fut occupé. Enfin les Napoli-
tains , excités a la révolte par lord
Bentinck (3) , annonçaient déjà leur
défection. Eugène, demanda un ar-
mistice. Etait-ce pour faire reposer
son armée ? était-ce pour l'envoyer
a Lyon , où l'empereur réclamait
son concours? Le fait est que le
feld-maréchal Bellegarde , qui , de-
puis le i5 décembre, remplaçait
Hiller dans le commandement des
Autrichiens , lui refusa l'arnoistice.
Pendant tout le mois de janvier 1 8 1 4-5
Eugène se maintint encore sur l'A-
dige 5 mais la rupture formelle du roi
de Naples , l'occupation de Rome, de
Bologne , de la Toscane et le blocus
d'Ancône lui firent enfin une loi
de rétrojrrader. Il avertit franche-
ment Bellegarde qu'il abandonnait
la ligne de l'Adige ,• mais qu'on le
retrouverait sur celle du Mincio , et
qu'il la défendrait de toutes ses for-
ces. Le feld-maréchal ne crut pas a la
seconde de ces assertions, et pensant
que le dessein du prince était de
franchir le Pô , il se llatla de le
resserrer entre l'armée napolitaine et
la sienne -, celte erreur lui fil perdre la
bataille du Mincio. A partir de cet in-
stant il lui fut impossible de reprendre
l'offensive, et il s'en consola en attri-
buantson inaction lorcée aux tergiver-
salions de Mural, cpii cependant ne
tergiversait point. Au re>le, Eugène,
(jnoupie \ain(pienr, (pi il la la ligne du
Mincio des le lendemain : paralyser
pour (piehpie temps l armée envahis-
saule avait été sou but , ce but était
atteint j il eut compromis sa position
en attendant une nouvelle attaque sur
(J) Ci-t iifîfnl (lu l'Ait|;lrli'i !•«• Cai-suit impriiiUT,
:'i lioril (l«« M)li Viiisscau , des pioilaiiuitii>il'> par
lfMHnllr.1 il rxril.iit il In n-vollr Ir* |ifW|)li',s tl«
riliilir , par toiilrs sorlc» Uf luo^rii'. «l Miiluut
III liiir piomrllaiil l.t n union rn iiiif mmiIo
l>Uis>au<;e d* tuute* Ira |»«i-lit« ilu la i'«*iuiisulo.
BEA BEA 589
\c {\c\\YC. L'ennemi , prenant toujours nrMeaii arriva. Napol(?on dJlrAué, les
le change sur son cunij)tc, essaya de lïosliliti'.s n'avaient |)lii.s de l)nt. Une
le poursuivre et de Tcnlamer ; il n'eut conveulion fut signée le 16 avril, c|ui
pas lieu de sVn iïliciler el fut ballu stipula un arniislicc indéfini, jusqu'à
en plusieurs renconires. Les rccou- ce que les puissances alliées décidas-
naissances que fit , plus tard , le sent du sort de ritalic. Les Français
prince Eugène sur toute la ligne du servant dans Tannée italique devaient
Àlincio firent perdre encore quehjues revenir en France j les llallcns , au
lioinnies à renncnii j et le général contraire, restaient en Italie. Osopo,
lîellegarde en vint a craindre que Palmanova, Legnago, Venise devaient
l'armée italique ne repassât le fleuve être remis aux Autrichiens. Ces clau-
pour lui olîrir la bataille. On vit alors 6es furent exécutées j et les corps
le spectacle bizarre d'une armée de français, congédiés par une proclama-
soixanle mille hommes en retraite tion d'adieux a laquelle ils répondirent
devant trente mille au plus. Un seul par une adresse, reprirent le chemin
fait d'armes rompit la monotonie de de la patrie. — Le vice-roi s'occupa
la situation: ce fut un petit combat ensuite de son avenir personnel. C'est
naval entre les flolilles italienne et ici le lieu de rappeler qu'Eugène,
autrichienne sur le lac de Garda j la dont toute la vie marque assez qu'il
première eut l'avantage. Du reste ^ n'était pas sans ambition, pouvait bien
en renonçant ainsi a toute attaque croire qu'il avait d autres intérêts que
jusqu'à ce que le moment devînt plus ceux de Napoléon. Des écrivains ont
favorable, le maréchal de Bellegarde assuré que sisadéfectionne futpaspu-
avait résolu d'attendre l'effet de la blique, c'est qu'elle n'eutpas le temps
diversion qu'allait tenter le roi de de l'être. Il marchanda long- temps ,
Naples; el , Tarraée de celui-ci mar- ajoute-t-on , sur des conditions, dont
chaut sur Plaisance, les Autrichiens la première devait être le titre défî-
du général Nugent la joignirent en nilif de roi d'Italiej et il avait envoyé
roule. Réunis ils remportèrent un nu agent au congrès de Châtillon
léiTcr avanla":e a Casai- Ma"- <>îore. pour traiter en son nom. Des pièces
Instruit de cette apparition, Eu- a i appui de tous ces laits existent,
gène marche contre eux , les bat a ^ ce que l'on assure. D'autres, au
la TSura el a Giiaslalla , lesmctcn dé- contraire, afiirment que jusqu'au
roule a Parme, qu'il reprend sur eux, hout le prince Eugène, bien qu'il
t'I rentre dans Pieggio , qu'ils avaient eût beaucoup a se plaindre de Na-
momentanément occupé. Mais quel- poléon, lui garda fidélité (4-). Quoi
qnes jours suffirent aux Austro-Na- qu'il en soit, on ne peut guère dou-
poli tains pour se mettre en état de '
renrendi e l'offensive. Ils surent bien- , ('^ ''^ ^V'''^ snivant^esi sans do.nn à r^ppai
,^ I • 1 11 1 "'' cette opinion ; mais elle est nu 29 nov. i8i3;
lot C0ml)irn les troupes de leur ad- c'est-à-dire qu'elle est anlrricurctlo plus de
versaire étaient peu nombreuses, et ^'■°''. '"°'' •'\ '''^1'"^"'' d/^cisive. Les drconstan-
. , l ^^ » ces étaient bien clianf^ees au mois doTiiI, et
ils 1 emportèrent sur lui a l'affaire du Je prince Ku-^ène n'avait plus bcroin de dis-
Taro, a un second combat de la Nura, "''""'7 ''''''"' V^f!"''"""; '^" h!'?''''''.,'-'"'
' j.'>nu, pour lui que de tirer parti de sa position.
cl a l'escarmouche du l5 avril sous <-etle lettre, adressée h la reine llortense},
1 m ■ T" 1 'i •■ 11'é . sa sœur, i>ro"ve seulement <ine , dus cette épo-
es murs de Plaisance, ici était 1 étal ^„^. i^ roi de Bavière fit des tentatives po«,-
deSchosCS en Italie lorsque la nouvelle scduirc son gendre. On ne peut guère suppo-
df ^ I t lî • . I T^ . • •'•«»■ M"*-' P'"** '•'"d '' "c *0'^ revenu à la cliar-
e3 événements de 1 ans et de routai- g,, ci il est diff.ciio de penser que ses cf.
39Ô BEA
1er qu'après la déchéance de Tempc-
reur le désir de la couronne d'ilalie
ne soit entré plus vif que jamais dans
la pensée d'Eugèue. 11 adressa alors
aux Italiens une proclamalion dans
laquelle il se rappelait h leur affection
et à leur reconnaissance , déclarant
qn'il ne se séparerait jamais d'eux. Le
président du sénat Melzi , qui sans
doute était dans sa confidence, con-
voqua ce corps , et lui soumit un
projet de décret portant : i" Dépu-
talion du sénat h l'empereur d'An tri-
che 5 2" Demande pour l'Italie, d'un
roi libre et ùidépendant, et notam-
forts soi(Mit toujours restés impuissants: ((Ma
{icniic- scciir,... un parlementaire nutricLic^n a
(Iciiiaiulé avec iiislaiice à nos avaut-posles tl(j
pouvoir me remettre lui-même des papiers iin-
j|K»rtants. J'étais justement à cheval , je m'y
rends , et je trouve \\n aidc-de-camp du roi de
Bavière , qui avait été sou» mes ordres la cam-
jiagne dernière. Il était chargé de la part du roi
de me faire les plus belles propositions, pour
moi et pour ma famille , et assurait d'avance
que les souverains coalisés approut'aieiil (jue je
m entendisse avec le roi »otJli m'assdbkr la cou-
j(0>nE d'Italie. 11 j avait aussi un ^^rand as-
saisonneiuent de protestations d'estime , elc.
'l'ont cela était bien séduisant pour tout autre tjuc
pour moi. J'ai répondu à toutes ces propositions
t'onnne j(! le devais , et le jeune envoyé est parti
rempli d'admiration pour mon caractère , ma
constunle fermeté et mon désintéressement ; j'ai
cru devoir rendre compte de tout à l'empereur , en
omettant toutefois les compliments qui ne s'a-
dressaient (ju'à moi. ... i'.o qui pour moi <st la
])lus belle des rétompeLses , c'est de voirijucsi
ceux ((ue je sers ne peuvent me refuser leur
coiilianiR et leur estime, ma conduite a pu f;a-
gner celle de nn^s ennemis. Adieu, ma bonne
WL'ur ,. . . je ne saurais assez te dire combien je
• uis huunux des sunlinu-nts de ma feunne en
ci-tte circonstance Kile a tout-tVfait suspendu
le.4 relations dirrcles avec sa famille tle[)uis lu
tiéi Inration de la D.ivière c(uilru la France , et
elle s'est reclli'Uii'ut rotiduitir iliiinnniiU pour
l'c'npcrrur . . .. Me montre cette lettre (|u'ù I.a-
vulle'.lo , car je désir» rviler qu'on Insy*] des
liuvarda^ei i\ nu>n sujet. >< Celle lettre est sans
Joule fort curnuse, et si rllo était du mois
d'avril itfi.i elle serait <b'ci.sive i mais ;^ l'cpoque
iuimediato <le lu chute <le N.ipoleuii , le prince
n'a eertaiiieiuciil plus rien dit ni écrit de pari'ii ;
t'I il est bleu sur i|lie les puissances nllioN et
surUuit l'Autrii lie , ont alors fuit plusieurs tiic
tJitivi'H pour le sekiuire par do values prume.sse'<,
ttlui (le iiaralyer une nruiee et un parti eni'(ue
Irès-pui.Hsaut d.ms la l.ouihar<lie. On suit (|ue,
Ver» Ir nieine temps, te l'ut par «les <leceptuHis
ue «e piuire que, dans l.i conIVreme d'Abu ,
AlcftitiiUiii vultuinu lu priuu' i°i>^ul Ut) buùUc.
BEA
tuent du prince Eugène. Le sénat
admit le premier article 5 mats il
modifia ainsi le second : «Les députés
seront chargés de présenter aux hau-
tes puissances les sentiments d'admi-
ration du sénat pour les vertus du
prince vice-roi et de sa reconnais-
sance pour son gouvernement. M Au
reste celte députation n'eut pas mê-
me lieu. Une émeute terrible éclata
le 20 avril dans Milan contre les sou-
venirs, on pourrait dire contre l'om-
bre du gouvernement napoléonien.
« Nous voulons les collèges électo-
« raux et le rappel de la députation ! n
fut le cri de ralliement. Le minis-
tre des finances , Prina , fut mis en
pièces dans cette épouvantable jour-
née ( Voj. PrijVa 5 au Snpp. ).
Eugène n'essaya pas, ostensiblement
du moins, de lutter contre le torrent
de l'opinion; il fit conclure une nou-
velle convention , par laquelle les
autorités étaient conservées, et l'ar-
mée maintenue justpi'h ce que les
coalisés eussent prononcé sur le sort
de l'Italie. Toutes ces stipulations
se faisaient à Manloue , d'où, os-
tensiblement du moins , il semble
cprEugène n'ait pas été absent ;
mais on a dit qu'après Tarmistice
du 16 , il s'était rendu aux environs
de Milan , d'où il remuait secrè-
tement Popinion en sa faveur , et
où il voulait que le peuple, se joignant
rar acclamation aux députés du sénat,
e proclamât pardesMvnx tumultueux
qui auraient donné sujet soit h une
députation aux puissances, soit à un
fistueux procès - verbal de refus.
1/arméc aussi était travaillée dans le
nu'me sens, et les généraux lîerlolelii
et Eontanelli allèrent comme tlé-
pulés présenter aux souverains réunis
a Paris une adresse (pii désignait le
prince l'jigèiie comme le roi le plus
agréable aux luililaircS; luuis celle
nKA htA
»!)!
fcntalivc ccluuia. Le vlro-roi revint de colle visite. 11 :i'\d JD.sqirÎL lui
il Mantoue cliercliiT sa femme , (jiii proposer de rester m France avec le
avait voulu l'acc()mp;igner dans cette litre de inaréclial. \ Vienne, pendant
rude canij)agnc contre l'Anlriclie , cl le conjures (jiii décida du sort de tant
il était avec Hellej^arde dan.s des rap- de millions d'Iiommes, Eugène trouva
])orts de hienveillance tels que l'on aussi \c.i égards dus a son caraclcre
dit (pic le feld-niarcclial fut le par- autant fpi'a sa dignité passée. Alexau-
raiu d'une fille ([uo fa femme du vice- drc surtout lui montra de l'empres-
roi mil au monde. Cependant, lorscpril sèment. Mais leretourde lîonaparlc
fallut enfin ([iiitter la Lomhardie , ne fournit ensuite cpie trop de j)rétex-
nialgré les passe-ports cl les pressan- les contre tons les membres de sa fa-
ies recommandations de Bcllegarde , mille; cpiantàlui on dit positivement,
ce n'est pas sans danger c[u'Kugène que par son entremise Napoléon avait
traversa ses anciens états : on se connu le dessein où Ton était de le
souvenait encore dans le Tyrol du transférer a Sainte-Hélène , et que
désarmement, des fusillades et de la cette révélation indiscrète avait déci-
morl d'IIofer. En arrivant h Rovere- dé l'évasion du captif. Onparla même,
do, il demanda au commandant au- lors du débar([uement a Cannes, de
tricliien s'il pouvait garantir sa sûreté le faire enfermer dans le château de
ainsi que celle delà vice-reine. «Celle Mungatsch ; et c'est encore Alexan-
de la princesse , oui , avait répondu dre qui détermina les souverains a se
le commandant • la vôtre , non. m Du contenter de la parole d'honneur de
reste, il mettait h sa disposition sa l'cx-vice-roi, qu'il resterait en Ba-
voiture, son uniforme, ses gens et sa vière tant que durerait la guerre. La
livrée; et recommandait surtout qu'on carrière politique d'Eugène était fi-
eùl bien soin de ne pas parler fran- nie; il parut en prendre son parti,
çais; avec ces précautions le passage et ne s'occupa plus que d'embellir
s'exécuta sans accident. Arrivé a ses magnifiques propriétés. Ses éco-
]\Iunirh , Eugène reçut de son beau- nomics pendant ^a vice-royauté mon-
père l'accueil le plus affectueux. Pcn- taienl 'a trente millions, qu'il emporta
sant alors à user de l'influence po- eu se retirant. Ses dotations ilalien-
litique de ce prince pour faire fléchir nés ou les indemnités qu'il reçut pour
en sa faveur les déterminations dos elles, les créances qu'il recouvra en
souverains alliés, il cherchait un i8i4-dans la Lombardie , sa part
prétexte pour se rendre en France , dans l'héritage de sa mère , enfin les
quand la mort de sa mère lui en biens de la princesse Auguste-Amélie,
fournit une cause Irop légitime. Il lui formèrent un revenu de six mil-
ne resta a Paris, ainsi que sa sœur lions. La principauté d'Eichsladt ,
la dncliossc de Saint -Leu, que le que lui conféra le roi de Bavière à
temps indispensable pour terminer SCS titre d'apanage , changea bientôt de
affaires privées, et vil a peine les sou- face entre ses mains : l'agriculture, le
verains alliés. Louis XVIII le reçut commerce, les arts vinrent donner a
très-bien. L'ex-vlce-roi avait eu l'at- la misérable population qui végétait
lention de se faire annoncer sous le sur ce sol une aisance inconnue. Qnoi-
nom de marquis de Beauharnais: que l'économie sévère qui présidait a
ce Faites entrer le prince Eugène, n sa maison ait été traitée d'avarice ,
avait répondu le aiunarque, Irès-flallé sa magnificence de rcpré;jenlalicin est
'ic)± BEA. BEA
devenue proverbiale : raraeublcment taires de l'armée d'Italie en i8i5
seul dii palais qu'il se fit construire a et 1814, Paris, 1817 j Relation
Munich coûta dix-luiil cent mille fr. historique de la révolution du
Le titre de prince lui fut conféré par royaume d'Italie en 181 4^, par
la cour d'Aulriclie a l'occasion d'une le comte Guicciardi (trad. de l'ital.),
affaire d'étiquette. Lors du mariage Paris, 1822. M — DJetP. — ot.
de l'empereur avec une princesse de BEAUJEU ( Arvisî: de). V,
Bavière, on agita la question desavoir Anne de France , II, i()3.
quel rang auraient Ëuf^ène et sa fem- BEAUJOLAIS (Louis-Char-
me , et il fut décidé que celle-ci se les d'Orléans, comte de), né a Pa-
placerait au-dessiis de son époiix; ris, le 7 octobre 1779, annonça dès
la princesse déclara qu'elle ne paraî- l'enfance de grandes dispositions , un
trait pas à la fête si son mari était excellent caractère , et profita par-
place a un rang inférieur. Alors, faitement de la brillante éducation
en feuilletant dans les chroniques , que 1 on donnait aux jeunes prin-
Ics maîlres des cérémonies découvri- ces de sa maison (i). Il avait a peine
rent qu'a une époque très- ancienne, treize ans lorsqu'il fut conduit avec
une princesse de la maison d'Autriche î,t% parents dans les prisons de l'Ab-
ayant élé le sujet d'une discussion baye, où on lui fit subir un interro-
semblable, le gentilhomme, par une gatoire auquel il répondit avec autant
décision expresse de l'empereur, fut d'esprit que de courage Transféré
créé prince. Depuis, l'ex-vicc-roi d'I- plus lard, ainsi que son père et sou
talie avait obtenu les titres de prince frère le duc de Monlpensier {V . ce
delà maison rojalede Bavière, de duc nom, au Supp.), dans les prisons de
de Leuchlcnberg et d'altesse sérénis- Marseille, il y fut détenu pendant
sime. — Le prince Eugène csl mort , trois ans et demi dans un cacliot obs-
le ^d février 1824., d'une attaque cur, infect et long-temps séparé de
d'apoplexie. li a laissé deux enfants sou frère ([ui gémissait a côté de lui.
juâles et trois filles , dont l'aînée, Madame de Gcnlis rapporte dans ses
Joséphine-Maximilienne - Eugénie , Mémoires (V, 75), un acte de dé-
a épousé^ le 19 juin i8ii3, le prince vouement admirable delà part de ce
royal de Suède Oscar j une autre est jeune prince. Dans le mois de no-
mariée à don Pedro, duc de Bra- vcmbre 1795 les deux frères avaient
gance* et la troisième au duc de formé le projet de s'évader; et
ilohcuzoUcrn - Stechingcn. — On ils s'étaient assurés d'un bàlinient
f)cut consulter sur le prince Eugène — — - — —
)eaiICOUn d'écrits récemment nu- («) C> fut pour a.mis.-r IVnrun,.d.- rrpri.uo
J)lieset .surtout 1 llisluire polltiiJUe lii;ms,ali)rsilii( (le(.ll.lltll•^,lilconstnlil•ep^ 1781.
(Il mili taire du prince Kupône "» l'aiai» Uoy.i n....v.ii.n.. ,,1 r..|..ii. .... p.tit
. f r \ \r \ . ^ lln-iitre dont 1rs nctriirs pnrrnt le \\o\\\ iW petit t
par le gênerai Vaudoncourl, i'aris, ff)«i.r//r/i.t</M<om/.- il.- Hcanjoiais. i>.scoi...«iici.s
18 "8 " vol • les lMrmt)irr<s v//r '"««"•"«««'"'""•'•''''^""••'"•"""'•'••"•'•"'r»'»''-: '''•'»-
10^0, -. VUl. , JI.S auniOlK s sut ,,u ,,„,., Ir,,.„f;.nts. i..i..l-apM-'i l.« p.iv.l.'Re «l«
la cour du prince I^U^rnC, elC. , rAc.i(lfmii< .oyi.li- .Ir .imsi(|ucol dr rO;>.T0-Co-
J.^- TVyf T., V¥¥¥ „ .. '(' 1 I iiii.nir, u'aviiiit pas la pfi-.uisjion do ihnntor »ur
lar M. La 1 *% SOUS-prelel de ,, ,V.W. .tni..,' r.dmt, ;^ fairr d.,s Ke^t".»--
lavenne , i^aris, 1820 : J)rrnirrr dii ip.'on il.am.iit pour «nx daun irs co.iI.mcs.
... - /^ Mal'M-«« rrs «Mitravt», cr llnàln- sr soiiliiit a»ir
cam/ufi^'nc tir I armer Jranco-ita- ,,„.i.\h juMp.r.. .:mo. il fnt o..up.».n»ii.t.- pa.-
iiuuv, par le chev. S. J***" ; Précis '•' Tonp.Mir la Mo..tnnsi.M(/ .-/. r.-..o.i., .\\i\,
f . .' . , . ' .i'iJ) lUsoii'.Mi 1.S07; rt d.'pt.is rftJo. il ri» or-
/ll.U<fri(/UC des O/fVnilKUlS TIuIi- .up.» par la noi.pr <ln Palnis-noynl. A —t.
BEA BFA 393
iioiilrc , nrct K parllr. Il ne s\i- plus (raiitrc remède ({iriiii voyaj^u
gissall plus que do sorlir do la dans des ronlrcrs méridionales ; cl le
prison. Le coinlc de l^Mujolais s'c- conile de iu-aujolais partit pour se
cliappa \c promlor au moven do cor- rendre en Sicllo avec le duc d'Or-
(les ([iril s'olail procurées 5 et il se léans, son frère , (pii avait promis de
rendit droit au navire qui était près ne pas le quitter. OMij^c de s'arrêter
de mollre II la voile. Ct'daniaux piiè- à Malle, le jeune priuce y mourut,
res (lu jeune prince, le capilaine con- le 5o mai 1808, a Tàge de vingl-lniiL
sentit a alleudre ({uelqucs minutes 5 ans. M — nj.
mais , le duc de Moulpensicr n'arri- BEAULAC ( Guillaume ) ,
vaut pas, il fallut sVdoigucr. Son avocat et jurisconsulte , né en Lan-
frère refusa absolument de partir sans guedoc, se fît connaître par la publi-
lui , el après le dépari du bâtiment, cation d'un Répertoire des lois et
il retourna vers la prison 5 et trouva des arrêtés du ^gouvernement de
au pied du mur le mallieureux duc 1789 à l'an XI (i8o3\ par ordre
de Monlpensii;r qui s'était cassé la alphabétique , chronologique et
jambe en tombant. Courant aussitôt h par classement de matières, Paris,
lui, il le releva dans ses bras 5 et, ne an XI , i8o3 5 2^ édition , i8o4- ,
songeant qu'aie secourir, 11 eut bien- in-8°. Cet ouvrage, utile pour éclai-
lôt rassemblé par ses cris une foule rer les recbercbes dans le dédale
nombreuse, et Ions les deux furent des lois rendues , depuis la révolu-
reconduils en prison, oii on les garda tion , est le résultat d'un long et pé-
pins miroitement encore. A la fin de nible travail. L'cspril d'ordre eld'a-
1 796, les deux frères furent déportés nalyse et l'opiniâtreté de patience
en Amérique, sur un valssenu neutre, qu'il suppose dans le classifîcaleur ,
cl ce fut a Philadelphie qu'ils se réu- doivent relever le mérite d'une en-
nirent a. leur frère aîné , après une treprise aussi ingrate. Le plan de
séparation de plus de quatre ans. Ils r>eaulac est exposé d'une manière Irès-
parcoururent ensemble dans tous les lucide, dans une préface oi'i 11 donne
sens celle vaste contrée, et revinrent la preuve qu'il savait aussi bien com-
en Europe en 1800. Ils trouvèrent a prendre la législation et son esprit,
Londres plusieurs autres princes de qu'il avait d'aptitude pour en classer
la maison de Bourbon, notamment les monuracnls. On trouve en lète
Monsieur , comte d'Artois ( depuis des titres , sous lesquels il a rangé
Charles X), qui accueillit avec era- les lois de chaque matière, un précis
])rtssemcnt leur désir de réconcilia- qui aide a leur inlelligence. L'exac-
tion , el parut avec eux en public dans tiludc des dates el des autres indica-
plusleurs occasions, leur donnant ton- lions y est portée jus([u'au scrupule,
les sortes de témoignages de blenveil- Le débit rapide du Répertoire en-
lance et d aflection. Mais les rigueurs gagea l'auteur a en faire paraître, îi un
de sa longue captivité avaient fort af- an d'intervalle, une nouvelle édition
faibli la santé du comte de Bcaujo- revue et augmentée. Il profita, pour
lais, et il ressentit alors les allein- l'améliorer, de sa propre expérience
les cruelles d'une affection de poi- et des observations que les personnes
Irine. Quelle que fùl la sagesse de versées dans la connaissance des lois
son régime, le mal ne fil qu'empirer, cl la praticpie des affaires lui avaient
En 1808, les médecins ji'y virent coinmuni('uées.llondonncau,quiavait
3g4 BÈA BEA
auàsi formé le projet de publier nn de ses sertices aux batailles de Col-
semblable répertoire , y renonça , lin ,deBrcslau, de Leulhen , de Hoc-
lorsqii'il se vit devancé avec un succès kirchen, etc. , les grades de major,
auquel il applaudit lui-même. Après de lieutenant- colonel , la croix de
[a mort de JBeaulac, il fit d'abord pa- Marie-Thérèse et un diplôme de ba-
raître des suppléments et finit par ron. En 1760, la paix vint cban-
donner une nouvelle édition de tout ger la nature de ses occupations. Son
l'ouvrage, Paris, i8i3-i8i6, 3 goiit pour les arts le fit charger
vol. in-8°, La Table gcnerale al- des plans pour rcmbellissement des
phabétique des luis, etc. , Paris , palais impériaux 5 presque tous furent
imprimerie royale, i8i4, 4- vol. in- exécutés sous ses yeux; et, en 1768,
8", est sans doute plus complète, mais il fut attaché, avec le titre de colonel
elle ne peut remplacer entièrement le d'état-major , au gouvernement mili-
Répertoire, dont la distribution era- taire des Pays-Bas. Cet emploi lui
brasse a la fois l'ordre alphabétique, laissait le loisir de vivre presque con-
Tordre chronologicpie et la série des stamraent a la campagoe, occupé de
malières, en les faisant concourir au soins agricoles et de l'éducation de
même but. On a donc lieu de s'éton- son fi!s. La révolution brabançonne ,
ner qu'un savant jurisconsulte (M. le força en 1789 a servir avec plus
Dupin ) ait avancé , sans doute par d'activité. Nommé général-major ,
jix^occw^^dihon {i)^ que la prcjcrence il prit le commandement d'un corps
devait être accordée à la Table de l'armée autrichienne (si l'on peut
générale alphabétique. Chacun de appeler armée les débris de quelques
de ces index a une destination diffé- régiments réduits par la désertion a
Fcnle et sou utilité particulière, trois ou quatre mille hommes ) 5 il
Keaulac mourut a Paris, le 2 5 août attaqua les insurgés , les dispersa sur
1804. L'étendue de seslnmièresdans tous les points , et par un zèle qui
toutes les parties de la législation, la ne se ralentissait jamais, conlri-
douceur de ses mœurs et une probité hua plus qu'aucun autre h terminer
h loule épreuve lui avaient concilié cette guerre en peu de temps. C'est
l'estime générale. L — m — x. au milieu d'un de ces combats , qu'ap-
* BEAÏJLÎETJ (JEAN-Piiznr.i: , prenant la mort de son fils unique
baron de), général autrichien, naquit qui venait d'être atteint d'une balle ,
Je 26 octo])rc 172.'^, au village de il dit, avec le stoïcisme d'un i\o-
Lalhuy en Brabant, d'une famille main : « Mes amis, ce n'est pas le
pauvre , quoicpic d'origine noble. « moment de le pleurer, il faut vain-
Après une éducation dirigée particu- « cre. » fje collier de C(
lièren'ont vers les innlhéniatiqucs , il
Après une éducation (lirii!;ée particu- « cre. » fje collier de commandeur
de Marie-'l hérèse lui fut envoyé le 5 r
entra dans la carrière A*:^ armes en mai, et le brevet de lieulcnant-gé-
174.") , el il était déjà capitaine néral , le 2 octobre 171)0. L'année
d'inbuilerie en 1747- Aide-de-camp «suivante, Léopold lui ilonna le ré-
(In maréchal Daim pendant la guerre giment «pic la mort du général d'O-
de sept ans, il siiisit avec avidité ros/ laissait disponible ; il est le |irt'-
toules les occasions de si<rnaler son mier ollieier belirc (lui ait été coloiiel-
courage, et mérita par l'importance propriétaire d'un régiment hongrois.
, V . „ ; ~~. — •„ i*lacé sur les frontières des Pavs-Has
y) '•i-aret tHr la profession a uviivat, t\V,, li'^ ... » i . w j'
Wiiion, loin. II, pojj. 357. auFiclncns , u Kl lete d un corps peu
Cnnsi(loral)le , lieaulii'H fui all.unié n'y avait ni «:;.'iriiison , ni approvision-
pri's di' .lemmapjH's , par 1p <;i'iu'im1 iicmciils, ni rien de co cpi'il fallail.
îiiroii , le ::(} mai \'->()'2. Il parvint à ponr sonicnir nn ,sir|^«'. Ce fui pour
se mainlenir sur la di-lViisive , el le avoir le temps de faire cps pré-
leudeinain, ayant rcni (piehjiu's reii- paralifs (jii'il essaya de tenir sur le
forls. il sortit de SCS rcirancliemenls, ro el sur TAdda. La défense «(u'il
battit les Français , cl les poussa jus- fil au pont de Lodi enl mérité de
(jue sous le canou de A^ilencienues, meilleurs résultats^ mais rien ne pou-
Tel fut le premier fait d'armes d'une vail résister a rimpéluo.sité de son
pucrre qui devait être si longue , si jeune adversaire. Après avoir laissé
meurtrière, el lanl de fois désastreuse dans la place la moitié de son armée,
pour rAulriclie. Heaulieu rut des suc- il se retira derrière leMincio , et se
ces l'année suivante eu Flandre, où vit bientôt obligé , le 21 juin, de re-
il sauva Fumes etrepril Mcnin. Il ser- mettre le commandement a Wurmser,
vit encore dans la province deLuxcm- que la fortune traita plus mal encore,
bourg en 1 794^, cl soutinlle 00 avril , Il se relira alors dans un château
près d'Arlon , avec un corps de qu'il avait acbeté près de Linlz : c'é-
nuinze mille hommes, les efforts de lait le seul bien qui lui restât d'une
l'armée de la Moselle tout entière, grande fortune. Les patriotes belges
que commandait Jourdan. Le 19 avaient pillé sa maison prèsdejodoi-
mai , il se rendit maître de Bouil- gnes dans les ]\'iys-Bas , en 1789, cl
Ion , ce qui lui valut la grande détruit sa biblolhèquc , sa collection
croix de Marie-Thérèse. Il remplit , de caries, son cabinet de médailles
en 1793, les fonctions de quartier- et d'antiquités. En 1794-5 les trou-
maître-général de l'armée de Cler- pes françaises avaient encore pillé et
fayt, sur le Rhin ; mais ce rôle secon- réduit en cendres celle belle proprié-
daire lui plaisait peu. Au mois de lé j son iils unique était mort sous ses
mars 1796, il recul le commandement yeux 5 son gendre , le baron de Mal-
en chef de l'armée dTlalic avec le camp , qu'il venait d'adopter en lui
grade de général d'artillerie {feld- donnant son nom, avait reçu sur le
zeitgmeistcr) 5 mais sa réputation champ de bataille d'Oslerach une
militaire ne servit qu'a faire mieux blessure mortelle • enfin l'armée fran-
remarquer la supériorité du vain- caise, marcbant sur Vienne en ioo5
queur de Montenotte. Dans celle et 1809, dégrada encoreson château,
bataille , où Bonaparte commença el lui causa des perles considérables,
son éclatante carrière, Beaulieucom- Si l'on ajoute a ces chagrins les tristes
mit la faute grave de trop étendre souvenirs de la campagne de 1796
sa ligne , et de vouloir couvrir la qui avait pour ainsi dire obscurci
place de Gènes , h laquelle l'ennemi cinquante années de services el do
ne pensait pas. Ensuite il fut mal se- gloire, on s'étonnera sans doute
coudé par d'Argenteau, qui comman- qu'il ait pu prolonger son exis-
daitle centre de l'armée austro-sarde, tencc juscpi'h qualre-ving'.-cpiatorze
Se trouvant brusquemenl séparé des ans. Il mourut a Lintz le 22 déc.
Piémontals jiar les mouvements rapi- 1819. On assure qu'il a rédigé des
des de l'armée fanraise, il ne songea mémoires (en français) sur ses cam-
plus qu'à couvrir Milan , el surtout K pagnes, mais il est douteux qu'ils
assurer la défense de Manlouc ; où il voient jamaib le jour. Beaulieu , mal-
396 BEA BEA
gré ses revers enllalie, doit êlre ir- versaires, déjà maîtres de la popu-
gardé comme un général estimable, lace j et les Feuillants, pour qui ce
S'il n'était pas doué de ce vaste coup nom devint deux mois plus lard uk
d'œil et de cette réunion de qualités titre de proscriplion , ne pouvant
diverses si nécessaires pour la conduite compter sur l'appui de l'autorité mu-
d'une grande armée, il savait du nicipale qu'ils réclamaient vainement,
moins fort bien faire manœuvrer un cessèrent de se réunir. Invariable
corps de quinze a vingt mille liom- dans ses opinions, Beaulieu concou-
mes , et il possédait surtout, h un ml hARiédcichou du. Posti/lon de la
très-baut degré , l'art d'électriser le guerre^ journal qui signalait avec
soldat. — Trois frères de Beaulieu, beaucoup de courage les cbefs des
militaires comme lui, étaient morts anarcbistesetleursprojelsdésastreux.
les armes a la main dans la guerre de Le ministre De Lessart faisait les
sept ans. Sï — t. fonds de cette feuille 5 mais Beaulieu
BEAULIEU ( Claude -FrAi\- l'ignorait, cl il déclare qu'il ne con-
çois), liistorien et publiciste, Uciquit sentit a y travailler que parce qu'elle
en 175.4, a Riora , où il fit de était rédigée dans des principes([uifu-
bonnes études. Ne trouvant pas dans rent toujours les siens (Voy. hssais
sa province a se placer d'une manière sur la révolution y IV, 218). Après
conforme à ses goûts, il vint h Pa- la journée du 01 mai, arrêté comme
ris en 1782, et s'étaut lié avec quel- suspect, il fut jeté dans les prisons de
ques gens de lettres, il s'occupa d'é- la Concicigcrie où il passa quatre a
conomie politique, science qui ne cinq mois , et fut transféré au Luxem-
complait alors en France (ju'un bien bourg, d'où il ne sortit qu'à la chute
petit nombre d'adcples. A la révolu- de llobespierre. Pendant qu'il élail a
tion il fut le principal rédacteur des la Conciergerie, il y vit amener les
JS o uv el le s de f^ ers ai lies [l'^j^ownrÀ principaux chefs de la Gironde; et,
qui, plus tard prit le titre iï'As- quoiqu il n'eût cessé de blâmer leur
semblée nalionale , et il y défen- conduite et de combattre leurs opi-
dit avec un talent rcmarqiia])le les nions, il ne put s'empèchertlc lémoi-
principes de la monarchie tempérée, gncr un vif intérêt a des malheureux ,
Trop instruit pour ne pas reconnaître égarés par des théories dangereuses ,
la nécessité de réformer les abus qui mais pour la j)hipart pleins de lalenls
s étaient glissés dans les diverses et de probité. Sa position au Luxein-
Lranches de l'administration, il se bourg était un peu adoucie par la len-
bornait a demander qu'en essayant dresse de sa femme. « Elle venait tous
d'y remédier , on prît garde de tout « les jours avec un enfant de ([uehjues
détruire. Beaulieu fut Tuu dcf, pre- « mois (ju'elle allaitait, passer deux.
mi( rs numi)res(lii club des Feuillants, « ou trois heures a la porte de la pri-
([ue l(\s dépulés con^liltlli()^nel.s fou- <f son, ou rôder dans le janlin avec
dèreiiten 1791 pour l'opposer à celui « celleiiin()cenlecréature,souslesfe-
des Jacobins qu'ils redoutaient , .sans « nèlres du terrible château n{Jhiil.
])révoir toul<' 1 influence <[ue ceux-ci V, 3^5). Dès (ju'il fut libre, lîeau-
devaient bientôt exercer. Ce club 110 lieu reprit le métier de journaliste ,
put résister aux attaques de ses ad- qui ne paraissait plus aussi dange-
"77" : reux. CepenilanI, au 18 fruelidor
1>) I.P prcniinr iniiiK l'o u« ro joiininl piirut 1«» , , ' v -i r » • i
a3 juiiii-jHy. (4 sept. J797) , Il lut compris clans
ni: A.
Ici llsU" lies iloportcs comme l'un des
raliirleiirs ilii Miioir cl ilc lii (t(i-
zcttc uniK'ci'scllc (:•),• mais il par-
\iiil il se soiislraire aux rechciclies
lie la police , el se linl caclié dans les
cu\ irons de Paris. Sa proscription
durait encore lorsqu'il eut le nialiiciir
de perdre sa femme et son enl'ant.
Keslé seul au monde, il accepta la
j)lace de secrétaire du comte de WcX-
dershucli , préfet de TOise , cl rédi-
gea le journal de ce département jus-
ipili la fin de i8i5. A celte époque,
il revint a Paris , elil ohliul du gou-
vernemenl royal une faible pension.
Il alla ensuite s'établira Marly, où il
mourut au moisdesept. i 827, empor-
tant Tesliiue et les regrets de tous ceux
( juiravaieul connu (5). Appelé en I 820
il Bruxelles, par le comte de LaMarck
qu'il avait vu à l'assemblée con-
stituante, il n'eut point à se féliciter
de son séjour dans cette ville {V^oy.
Are-mberg, LVI, 4^07). On a de lui;
I. essais historiques sur les causes
et les effets de la révolutioiij'ran-
ra/se, Paris, i8oi-o3, 6 vol. in- 8°.
Cet ouvrage, écrit avec une impar-
tialité remarquable , est Tun des meil-
leurs que l on puisse consulter pour
Thistoire des dernières années du 18°
siècle. Témoin de la plupart des évé-
nements qu'il raconte , les récils de
Beaulieu sont pleins d'intérêt et semés
d'anecdotes curieuses. Eu jugeant les
])rincipaux acteurs de ce grand drame,
il lait la part des circonstances où
ils se sont trouvés , el , sans affaiblir
leurs loris, montre que la plupart sont
encore plus a plaindre qu'a blâmer.
(>) lît-firoi de Rei^ny fait un graïul cloge. de
ev journal, cl de Beaulieu sou réd.icleur.
(3; Il avait , après le 9 thermidor , sollicité la
libellé de MADàME . fille de Louis XV'l , diU-iiue
dan» la prison du Teiîipli-; il l'iioimeur de celle
(onduile ayant été allrilnié par quelf|ues jour-
naux à M. de Marsan , l'eaulieu réclama par une
lettre luivicu daus la (Quotidienne du aOjauvicr
1818.
BEA 397
II. Hè/lfxlom sur les réflexions de
M. Jic/'i^dssc su/- l'acte co/isl/tii-
tionneldn se/itil, ibid. , i 8 1 4, in-8".
m. Le Temps présent, ibid. , i 8 1 5,
in -8". IV. /^a Résolution fran-
çaise y considérée dans ses effets ,
sur la civilisation des peuples ,
ibid., 1820, in-8'\ Beaulieu a ré-
digé dans \' Histoire de la Révolu-
tion y par deux amis de la li-
berté, le volume qui contient le récit
des événements de l'année 1792.
L'un des collaborateurs de la Bio-
graphie universelle , il y a fourni
des articles importants sur les con-
temporains , tels que ceux de Dan-
Ion, deFouquier-Tainville, d'Hébert,
de Marat, de Picbegru , etc. (4-)' H
avait commencé une Histoire des
Journaux pendant la révolution j et
personne n'était plus que lui à mê-
me de bien faire un pareil ouvrage.
Peu de personnes connaissaient aussi
(4) Dans un des numéros de !a Revue de Paris
du mois de mars dernier , consacré presque
toul entier à la louange de Picliegru , l'article
<iuc notre collaborateur Beaulieu a rédigé sur
«e g(''n('ral , pour la Biograpliie unh'cnelle , a été
erili([ué amèrement, parle seul motif que, selon
le rédacteur de la Même de Paris, il n'est pas vrai
<[ue Picbegru ait été dévoué aux Bourbons,
lorsc[u'il était général de la republique. A'ous ne
cbercherons pas à démontrer , ce qui serait trop
facile, qu'une telle opinion est contraire à l'évi-
dence des faits ; ce n'est pas ce qui nous a le plus
frappés dans la notice de la lîatte de Paris , c'est
la préférence que l'auteur de cette notice donne à
l'article Picbegru de la Biog'ajj/iie des Coiilcmpo-
rains. Très-éloiinés d'une telle préférence, nous
avons voidu reconnaître si , contre leur usage,
1rs rédacteurs de ce dernier ouvrage avaient réel-
lement fait dans cette occasion mieux que la liio-
graphie uiii>ersclle, ou s'ils ne l'avaient pas servi-
lement copiée , connue il leur est presque tou-
jours arrivé. Quelle a été notre surprise, lorsque
nous avons vu ((ue l'article Picbegru des Cou-
tcmp'iruins est copié- presque littéralement sur
celui de la Bingntpltie universelle, rédigé par IJeau-
lieu, même dans les assertions blâmées par la
Revue de Paris quant à noire ouvrage, mais
lunées si ridiculement et de si mauvaise foi
quant à la ISio^rapliie des Contemporains. \o\\lx.
comment on écrit l'histoire, ou plulé)t voilà com-
ment on en raisonne, et comment on juge les
historiens danscei tains jcmrnaux 1 V.\ ce qu'il est
bon (le remar(pjer , c'est que la Riographie des
Contemporains est redig<e par trois académi-
ciens , el que l'article de la Revue de Paris est
signe par un autre académicien. M — dj.
r.
398 B£A
bieu que Beaulieu les hommes et les
choses de notre époque. Mais cet ou-
vrage , quil n'a pas eu le tecips de
finir , ne verra probahleraeut jamais
le jour. W — s.
BEAULIEU ( Charles Gillo-
TON DE ) , publicislc , qu'un assez
grand nombre d'opuscules, tous écrits
dans des vues d'utilité générale, n'a
a garantir de l'oubli, appartenait a
a secte dont le docteur Qucsnaj ,
Mirabeau le père, l'abbé Bandeau et
Dupont de INemours ont été les chefs
et les principaux organes. Signaler
les abus qui s'étaient glissés dans les
diverses branches de Tadminislration,
ea indiquant les moyens de les cor-
riger; favoriicr les progrès de l'a-
gricullure par une meilleure répar-
tition des impôts, et ceux de l'industrie
par la suppression des enlravcs qui
gênaient son essor 5 tels étaient les
vues et le but des économistes : mais
dépassés par leurs disciples , qui le
furent par leurs successeurs, ils con-
tribuèrent , en examinant ses bases
constitutives, au renversement de la
monarchie ([u'ils se proposaient de
consolider. Beaulieu dut, comme tous
les économistes, embrasser avec cha-
leur la cause de la révolution et les
espérances (ju'cUe faisait naître. Ce-
pendant on ne trouve son nom ni
dans la liste des électeurs de Paris
de fj^^, ni plus tard dans celle des
commissaires des sections. D'après
(|Uol(|iies-uns de ses opuscules, ou voit
qu il avait fait une ctude spéciale de
loules les ([ucslions financières ;
mais on n'ose pas allirnuM- (juo l'é-
crivain (jui fait le sujet de cet ar-
ticle soit le même que Beaulieu ,
membre du bureau de comptabilité ,
(pii remplaça i'ilavière au ministère
ikn finances, le lô juin 1792, et se
relira le 29 juillet, n'ayant gardé le
porle-fculllcipreuviron six semaines.
BEà
Celui-là était né en Bretagne , pro-
bablement a Redon. Outre nne tra-
duction de la Science du gouver-
nement y revue par l'auteur , qui
fit a son ouvrage des additions et
des changements importants {^Voy.
GoRANi , au Supp. ) , on a de Gil-
loton de Beaulieu ; I. Démonstra-
Liondes vices de l' impôt territorial
en nature. II. Mémoire sur les
moyens de perj'ectioîiner les mou-
lins et la monture des grains ,
1786. III. Mémoire sur la sup-
pression de certains impôts , adres-
sé a l'assemblée des notables, 1787.
IV. De V aristocratie française ^
ou réfutation des prétentions de la
noblesse, et nécessité d'en supprimer
l'hérédité, 1789, m-^^ .N . Mémoire
sur les droits J'éodaux, présenté a
l'assemblée nationale , 1789. VI.
Procès de la fioblesse et du cierge,
d'après les faits extraits de l'histoire
de France, 1789, in-8°. VII. Prin-
cipes du gouvernement et projet de
réforme dans toutes les parties de
l'administration, 1789, in-S". VIII.
J)c la nécessité de i^endie les biens
de l'église et ceux des ordres de
chevalerie pour payer la dette pu-
blique, 1789. IX. J)e la liberté ile
la presse^ principal moyen d'instruc-
tion et de réforme, 1789 , in-8°.
X. Rejlexions sur la nécessité
(rétablir renseignement de la
science de r économie politique.
XI. De la nécessité de rendre nos
colonies françaises indépenddntes
et de supprimer noire art de naviga-
tion, in- 1 2. W — s.
hEAI MAXOlll ( Phitippi
nK),chevalicr(i), l'un des plus anciens
jurisconsultes français , naipiil d.iii.s
(1) Siiivnnt Mon'ri.ct qnrlqiirs (infri-s ^.ni'.ilo-
pistes . l'hilippc île Hciuiiniiioir »rniit un «1rs
ihrU «l«> In m.iison Lnrardiii (fc/. eu UOM ,
NMII. iij;.
BK/V BEA 399
le Bcauvoisis, vers le niilieii tlii lo" siccl(v<;. Il ollrc, pour ainsi dire en
siôclc. C'est (le liii-iiu-me (jiic nous reliel, le rcj^ime fcodal avecses j^iier-
tcuuiis celle iiuliraliou : y'<^u/' cv; (//a? rcs cl ses trêves, les comtiuiues avec
nous sommes (fir/iciui pais (2). leurs francliises, les deux puissances
Son /<///;^'</t;7' d'ailleurs , (lil Loisel, /^«6' (lai(jue ) el ccclâsùislique, ar-
Ic montre. mixiiifcslcinctiL. SaiuL mrcs c/uicunc d'u/ic ('pcc, luna
Louis ayant fail don à Robert , temporel , Vaitlre espiriliud, cl,
sou ciiKjuiènie fifs , du conilc de pardessus loul cela, le .souverain do-
Clerinout, celui-ci choisit Bcauma- luiuaut la hiérarchie polilicpie, mais
noir pour conseiller et bailli j et ce soumis lui-même aux lois de c(>llc
fui aiusl {[u\)ii le vit remplissaul pour inféodalion graduelle (|ui commençait
ce prince la cliarge de chef de la à, la glèbe et ne finissait pas toujours
justice dans ses domaines, se Irans- an Irôue. Sous le nom général de
porter successivement où il eu était cousiumes^(\^\ ensuite a été restreint
i)esoin , et présider les plaids de aux seules dispositions de droil civil
Clermout en i:!8o, cl ceux de Ver- Beauraanoira rassemblé presque tou-
maudois eu 12S5. Il devini bailli de Ifs les lois qui régissaient les hommes
ce dernier comté en i 289 ; el ce fut cl le territoire. On j trouve jusqu'à,
alors qu'il enirepril le vovagc de des règlements qui depuis ont formé
Rome par ordre du roi. Quoi(pie l'i malicre de celte branche de l'ad-
Ton ne connaisse pas bien l'objet de ministration appelée /7o//c6'. Il en est
celte mission, il y a lieu de conjeclu- de relatifs aux poids et mesures, aux
rer, d'après plusieurs passages du foires et marchés , aux pèlerins et
livre qu'il nous a laissé, que le sou- marchands, aux insensés, aux hôlel-
verain trouva en lui un zélé défenseur lerics et maladeries, aux usuriers
des droits de la couronne auprès du etc. La législation criminelle et la
Saint-Siège. On remarque dans la sui- procédure qui doit s'observer dans la
te des badlis de France auXIIP siè- poursuite des tnesfels et larrecins.
r
ipp
Tours eu 1292. Selon Ducauge et des lois et des règlements en usage
Louvet , historien du Beauvaisis , au XIIP siècle^ il est heureusement
il fut bailli de Scnlis en 1293 coupe et éclairci par les observations
et 1295. Beaumanoir avait épousé judicieuses et cpielquefois profondes
Mabile de Boves, d'une illustre mai- de l'auteur. Loisel a donc eu raisoa
sou de Picardie. Il mourut en 1296. de dire que « c'était le premier et le
Les coutumes de Bcauvoisis , recueil- « plus hardi œuvre qui ail été com-
lies pnr lui en 1285, sont le monu- « posé sur les couslumes de France,
ment le plus précieux de notre « Car c'est luy qui en a rompu la
ancieu droit Ce n'est pas seulement « glace et ouvert le chemin à Jean
comme type de la législation civile , « le Boulciller et tons ceux (jui sont
c'est comme représentant au vif l'état « survenus depuis. Car Messirc Pierre
de la soclélé dans le 12" et le i5" «des Fontaines, conseiller et mais-
(c tre des retpiesles de saint Louis,
(» Proio^^uc de. Cuuumrs de Brau.ouu.p. , . « authcur du livrc dc hi roiue Blan-
\i) Ilouvd examen de luia^c sciicnU des fiejs, , , . . 'wnn. uiaii
loin. i.pag. 489. « eue, n avait point passe si avant j
4oo BEA. BEA.
a il appert par son livre qu'il était notes, des observations et un glos-
« grand légiste, canoniste et cousLu- saire sous le titre de Couslu/nes de
«inier» {^). Le livre de Beauma- BeauvoisiSj parmessire Philippes
noir ne fut pas seulement d'un haut de Beaumanoir{j). Assises etbons
Iirix pour les jurisconsultes: nos pu- usages du royaume de Jérusalem,
)licisles et surtout Montesquieu y parmessire Jean d'IbeliUj et au-
découvrirent un grand nombre de très anciennes coustumes , le tout
dispositions qui ont servi a éclairer tiré des manuscrits , Bourges et Pa-
l'origine et la marche de nos ancien- ris,Billaine et Jacques Morel, 1690,
nés institutions. L'auteur de riii7?r/f in-fol. Cet ouvrage, devenu rare,
des Lois dit qu'on doit regarder mérite d'autant plus d'être recherché
Beaumanoir comme la lumière de que, selon l'observation de M. Dupin
son temps et une grande lumière aîué (8) , // est probable qu'il ne
(liv. XXVIII, chap. 45). Il appelle sera jamais réimprimé. Les notes
ailleurs son livre admirable ou- de l'éditeur, remplies d'une érudition
'vragei^'w. XXVI, chap. i5).Les substantielle, attestent qu'il était
historiens français et auglais, Robert* également versé dans le droit et dans
son, Stuart , Eallava, etc. , qui ont la connaissance de noire histoire. Le
tracé le tableau des progrès delà so- glossaire contient l'explication d'uu
ciété en Europe, s'aident a chaque pas grand nombre de termes juridiques
du témoignage du balili de Clermont. que l'on cherche en vain daus l'é-
On a lieu de s'éloniu'r qu'un recueil dilion de l'ouvrage de Ragueau ,
aussi précieux n'ait pas été imprimé donnée par Laurlère [Voy. ce nom ,
avant la fin du ly*"' siècle, si l'on ré- au Supp. ) (9). Parmi les motifs
fléchit surtout que les Pilhou , les qui déterminèrent La l'haumassière
Chopin , les Loiscl , les Dumoulin , à publier cet ancien code , il met
etc., en avaient eu connaissance et y en première ligne la nécessité « de
avaient trouvé d'amples matériaux, «découvrir la source où nos meilleurs
ce Caroncins avait promis de le donner «autheurs et Dumoulin même ont
« au public et de l'illuslrcr de ses « puisé leurs plus pures lumières, et
a commentaires 5 Loisel dit (ju'il l'a- «d'où ils ont tiré leurs plus solides
a vait remisa Douceur, libraire. Le «principes, m A la coutume de Beau-
« célèbre avocat Ricard avait pris la voisis il joignit celle de la ville de
« peine de le copier entièrement de Riom , connue sous le nom iXAl-
« sa main pour le publier » (5). J^îais phonsinc^ parce qu'elle fui rédigée
l'houneur de le mettre au jour était i)ar ordre d'Alphonse, comte de
réservé a Thaiimac de la Thaumas- Poitou, frère de .siinl Louis; ainsi
sièrc, (jui, ayant eu communicallon (jue les anciennes coutumes d Or-
de trois manuscrits dont l'un a|)par-
lenalt a Colbcrl (6), fil paraître une
excellente édition du lexle avec des
tenait a Colbcrl (6), fil paraître une (7) Lts mumisorits |iort«-iii ptmr iniitul.-.- c*
foiiimmche ii tivrrs des Coustnmvx il des tuuif^es da
Jtniiivoisis , srion ce qu'il coui oit ou (ans ijiio vtst J.i-
.^____^^^__ fies fu /''Z , i-'t'sl nssni'oir, en l\m df fnicaiiiulion
JVvslre .Scij^ufitr M . ('('. I.\ \ .\ cl trois. L« nom ilr
(4) Mémoires dfs /inp , villrs , comtr , etc., de Ueaiimaiiuir ne sr lit iiu'à la fin: Iifii dffine l'/r-
Ihumais ft lli-auvoisis , i(Ja7, iM-4"i tl>!>l>- vu. lipjic dr lluiiimuiioir non livre.
(f») Cousliinin di' /huiii<>:.,is , AviMt. tlo i'iioii- ^g) Aotires liisli>ri([Ufs et cn'liquet sur fitusiruis
niucdr In Thituiiin!iKiri'r^/'"/,(:r iiDiii, M.V, ï.)'**). litres de jiiriprudeiice fioiirniie rtmtirtjuaùlts /mr
(b) N" i(>44> l'odic. muiiiisciiut. Colùertiii. ; /<•«»• (}/;//»/«//(• , Tafi» , iSïo .in-»", |». 4 î-
Moiiiriiticoti , llibtioihtva lliblinlhinurum maitut- («j) (.lossairt du Droit tranv^is , J'aiij, >7o4 i
rriptor. , in fol. , (nui. Il, \t. «jJ8. a vol. iu-4*.
liVA
Ii'.uis, tirera d'un Ii\t(' m vriin ,
(iiic lui Jivail coiniminiijiic Prousl de
(.liainhoiirp; , prolVsseiir en droit
il Oile'.ms. Ji — M — X.
HKAl;MA\()lK(lcl)aroncle),
lillcralciir, était né verii i 720,011 Drc-
latino. Avant embrassé la iirofcssioii
II
di's armes , il entra dans les mouscjue-
laires, et lit avec distinction plusieurs
eainpaj^nes ru Flandre et en AUcma-
j^ne, A la paix de 1760, il fut mis h
la relraile , cl dès-lors clicrciia dans
la culture des lettres un noMe délas-
sement, 11 devait donc être dans un
âge avance, lorsqu'il publia le recueil
de ses écrits en prose et en vers, sous
le litre à OjL'ui'rcs diverses^ Lau-
sanne (Paris) , 1770, 2 vol. in-8".
Le premier contient deux tragédies en
cinij actes, Osman III et Laodicc^
reine de Carlhage^ sujet déjà traité
"par Thomas Corneille 5 deux comé-
dies , les Ressources de l'esprit,
eu cinq actes et en vers, et les 31a--
riages , en un acte et en prose 5
Zéllane , tragédie lyrique , el Si'
donis , pastorale. Il y a de l'esprit
et de la gaîlé dans les comédies 5 mais
les autres pièces , dont aucune d'ail-
leurs n'a été représentée , sont au-
dessous du médiocre. Le second vo-
lume renferme la Justijîcation d'En-
guerra/id de ]\Iarigny ( Voy . ce
nom , XXMI , i35), morceau d'une
assez grande étendue, et plein de rc-
clierclies intéressantes 5 avec les ]\Iê-
moircs de la Jeunesse de l'auteur.
Exalté , comme Heaumanoir le dit
lui-même , par la lecture souvent ré-
pétée du plus grand des poètes , il ne
put résister au désir de traduire ses
ouvrages : mais on peut croire qu'a-
yant d'entreprendre celte lâche il n'a-
vait pas assez consulté ses forces 5 car
sa traduction de \ Iliade en vers,
Paris, 1781, :; \ul. in-o"^, n'obtint
pas même rhoiiueur d'être critiquée.
LYII.
BEA
/ior
(f J'emploie , dil-il , dans la préface ,
(c tous mes moments a la Iraduction
« de V Odyssée , dont j'ai (léjaaclie\c
« plusieurs chants et qtic j'espère
« conduire à la fin avant une année.»
IMais le peu de succès de Y Iliade l'em-
pêclia sans doute de la nicllre au jour.
Si l'on en croit les liiograj)hies mo-
dernes, le baron de Beaumanoir mou-
rut dans l'émigration. ^lY — s.
15EAU1ÏÉL , originaire du
Rouerguc , était capitaine au service
de la république française , lorsqu'il
fut fait prisonnier par le général
Acndécn Charelle, au combat de
Logé. 11 fut le seul de son parti 'a qui
l'on lit quartier dans celle affaire,
cl il ne dut celle exception qu'a un de
SCS amis qui, figurant parmi les Ven-
déens , le reconnut et le sauva. De
cette époque , Beaumel s'allacba h
Charette , devint un de ses princi-
paux officiers, et même l'un de ses
plus intimes amis j il le servit avec une
grande distinction, et fut blessé en
plusieurs occasions , notamment à
l'attaque des Quatre-Chemins , où il
reçut une balle dans la poitrine. Après
la défection de Prudent de la P\.obc-
ric , Beaumel fut promu au comman-
dement de la cavalerie de l'armée
royale du Bas-Poilou. 11 n'abandonna
pas Charelle , au moment où toute la
Vendée recevait la loi des républi-
cains ; il était avec lui , ayant seule-
ment un parti de cent cin([uanle ca-
valiers et de cinquante fantassins ,
lorsque radjudanl-général Travol,
depuis plusieurs jours a la poursuite
du général vendéen, Patleignit et le
surprit a Froidcfond , avec des forces
infiniment supérieures. La résistance
des rovalisles fut celle d'hommes
désespérés , Beaumel surtout se bat-
tit avec un acharnement sans exem-
ple , el ne parut que chercher a ven-
dre sa vie le plus cher possible • mais
26
4oa'
BEA.
une balle l'étendit mort aux cotés de
son général qui échappa encore quel-
ques jours aux poursuites de Travot.
Beaumel était un bel homme , d'un
caractère dour^ et un bon officier j il
s'était acquis , quoique étranger , la
confiance des Vendéens et particuliè-
rement celle de Charette , qui prenait
plaisir, en signe d'amitié , a changer
de vêtement avec lui. — Un frère de
Beaumel, qui était venu le joindre
parmi les royalistes du Bas-Poitou ,
déploya aussi beaucoup de bravoure
dans diverses affaires , eut son che-
val tué sous lui a l'affaire de l'Oie ,
coulre des troupes venant d'Espagne,
et perdit la vie peu de jours après
dans un autre combat. F — t — e.
BEAUMESiXIL (Pierre de) ,
né sans fortune, dans une des provin-
ces du centre de la France, étudia
beaucoup , et ayant le goût des voya-
ges et des recherches archéologiques,
se fit comédien de province pour pou-
voir plus aisément aller d'un lieu
dans un autre. Il parcourut ainsi suc-
cessivement le Limousin , le Berry ,
l'Angoumois , l'Agenois , et autres
provinces, dcssinaul a la plume les
monuments qu'il rencontrait , en y
ajoutant un texte où se Irouvcut
des observations que la critique mo-
derne peut juger sévèrement. Il y a
lieu même de suspecter la bonne foi
du dessinateur et de croire que ([uel-
cjues-uns des monuments escpiiisés
clans ces provinces ont été siqjposés
par lui cl n'ont jamais existé. Quoi
qu'il en soit , M. d\Visnc, intendant
ou Limousin , (jui approuvait les Ira-
vaux de ce .savant, lui lit obtenir le
litre de correspondant de raeadéniie
des incriplions avec une pension de
i,5()o Ir. ncauniesnil est mori a Li-
moges plusieurs années avant la ré-
volulinu. Il existe do ses cahiers à
la bibliothèque Mazariue h. Paris ,
BEA
à la bibliothèque de la ville de Poi-
tiers et dans d'autres endroits. Les
deux cahiers qui sont a Poitiers sont
relatifs à la province du Poitou et
font connaître plut^ieurs monuments
qui n'existent plus. Boudon de Saint-
Amant a rendu compte des travaux
de cet archéologue pour l'Agenois,
dans les Blémoires de la société aca-
démique d'Ageu. F — T — E.
BEAUMESXIL (Henriette-
Adélaïde YiLLARD, dite), comé-
dienne, naquit le 5 I avril 1748. Ses
dispositions précoces pour l'art théâ-
tral frappèrentle célèbre Préville qui,
l'ayant vue jouer la comédie a sept
ans, avec une finesse et un esprit
fort au-dessus d'un âge aussi tendre,
la jugea capable de remplacer digne-
ment un jour M^^^ Dangeville dans
l'emploi des soubrettes. Avecune jolie
figure, une physionomie piquante, une
taille svelte, beaucoup d'intelligence et
d'esprit naturel, elle aurait fait une
actrice charmante. La comédie fran-
çaise laissa e'chapper une aussi pré-
cieuse acquisition , et M"*" Beaumes-
nil , qui était bonne musicienne , mais
dont la voix et les moyens physiques
n'avaient pas cette puissance, cette
énergie plus indispensables alors
qu'aujourd'hui, se décida pour l'O-
péra. Malgré un talent réel, elle y
végéta toujours , parce qu'on ne sut
pas en tirer parti, et (ju'elle remplaça
le plus souvent ses chefs d'emploi
dans i\cf> rôles peu faits pour elle. Son
début néanmoins tut très-brilhrnl.
Elle parut le 27 nov. 1766 dans
la froide pastorale de iSy/wV, où elle
surpassa dans le principal rôle I\l"""
Arnould (jui l'avait abandonné ;i la
troisième représentai ion. I\l ' Heau-
mesnll y cxcila la plus agréabU- sur-
prise. Jamais on n'avait vu utie débu-
lanle montrer autant d'aisance. Il est
vrai , dit Grimm , (piVlle avait déjà
fait une fausse coiirlir cl un cnfanl. SI Bomlx)!) , cl vcciil dans I.i fariiili.i-
ille cùl iléhiili' jiar lin iiu'illciir rôle, rilé de celle prliicrssc au cliàlcaii
vWc anrail fail lourner la lèle aux (le Pelil - Bourfi; , cloiil son mari
Parisiens. Il ne lui inan(jiiail qu'un aclicla depiiis une partie àes dépen-
pen do celte noblesse (jiii dislinj^nait dances. IMalgré la perle de ses pen-
émiiicniincMil Al"'' Arnould. Elle joua sions, elle y jouit d'ulie licurense
depuis li<s princesses après celte ac- aisance, ainsi que dans la maison
triée, dans Dai-danus , Castor et qu'elle -possédait sur le honlevarl
PoUtix, Jp/ii'^cuii' en Aiilidc , c\c. Montmartre. Mais dans ses derniè-
Elle la remplaça aussi dans Myrtil res années elle ne s'occupait que de
et Lycnris , et créa plusieurs rôles sa santé , et son docteur, Alphonse
dans les opéras nouveaux: ou remis au Leroy , ue la quittait presque pas.
théâtre, tels que ceux de Clarisse et Elle mourut a Paris le i5 juillet
de Lycoris dans le premier elle troi- i8o3. M"'" Beaumesnil mérite d'être
sième acte du Carnaval du Par- citée parmi le très-petit nombre i\es
nasse, en 1767 5 de Ghloé et de Ce- femmes qui ont réussi dans lacompo-
phise , dans le premier et le dernier silion musicale ^ elle donna h l'Opéra,
acte de V Union de V amour et des en 1784., TibuUe et Délie ou les
arts ( I ), 1 773 j de Zèniire dans Is- Saturnales , acte faisant partie des
nienor, etc. Douée d'un talent très- I' êtes grecques et roifiaines àeYw-
flexible , elle plaisait dans tous les zelier. Cet opéra, représenté avec
genres j mais comme sa voix naturel- succès h Versailles devant la cour, ne
lement sèche était peu propre a ex- réussit pas moins h Paris , où le roi
primer le sentiment et les passions, de Suède, GuslavellI, assista a l'une
son triomphe était le genre pastoral de ses représentations. Les Mémoi-
qui exigeait moins de force et d'ac- ^^(is secrets de Bachaumont , tout
lion que de grâce et de gaîlé. Elle en faisant l'ëloge de la musique pleine
y était d'ailleurs applaudie com;ne de grâce et de sentiment, seinblent
danseuse fort agréable. Une desépî- douterqueM '"Beaumesnilenfùtrau-
tres qui caractérise le mieux les la- leur j mais personne n'a réclamé la pa-
lents el la fatuité de Dorât, adressée ternité de cet opér?, , qui est porté sous
parlui,dansce temps-la, aM"'' Beau- son nom dans tcus les ouvrages spé-
raesnil , fait très-bien connaître l'a- ciaux, ainsi que sur les registres ma-
mabililé de cette actrice , ainsi que nuscrilsde M. Beifara , qui fout au-
sa coquetterie et ses caprices. De fré- jourd'hui autorité. D'ailleurs celte ac-
queulesel graves maladies ayant affai- trice a présenté depuis au comité de
l)lisa santé, elle se retira du ihéatrecn Tacadémie rovalc de musique un opéra
avril I 78 1, avec une pension de ({uinze à'Aiiacréon^ qui n'a jamais été joué.
cents francs sur l'Opéra et une autre De plus, elle a donné, en 1792 , au
du roi. Joignant à beaucoup d'esprit théâtre Blontansier ^ Plaire c'est
un excellent Ion, elle épousa peu d an- commander , ou /es Législatrices^
nées après un avocat nommé Phlippe, opéra en deux c\.cs, ^ dont le mar-
homme d\ilîaire.s de la duchesse de t(iiis de La Salla avait fail les paro-
■"■— ; les. A — T.
(i^ Peiiflant Inng-lemps les opcr.it-b.-iHrIs, tris lir* i T' AÏF" '!""# ^ P \
qne les £7r/ne/i^j, les.S>/;.t, et auln-s |>irc(s qu'on liljAL.MJLi l Mj ( L>ON -ALBERT
jouait ,i roprd so.is ir liin- «le hra'^mcnts . s« Briois , chevalicr DE ) , l'un dcs
composaient de plusieurs actes dont chacun for- • . , !• • ' j !•
irait une pièce emière. nicnilires Ics pius distingues Qc 1 as-
26.
4o4
BEA
semblée constituante , naquit k Ar-
ras , le 2^ déc. 1769, d'une an-
cienne faraille de robe. A seize ans
il fut nommé substitut surnuméraire
du procureur-général j et dès son
début, il se fit remarquer par une
éloquence vive et facile qu'il devait
moins a l'étude des orateurs qu'a ses
dispositions naturelles. Ses talents lui
méritèrent ragréraenl du roi pour la
survivance de son pèrej et, en 1785,
il lui succéda dans la place de pre-
mier président au conseil supérieur
de l'Artois. Alliant au goîit des
plaisirs de son âge beaucoup d'esprit
et de capacité' , il s'acquitta de ses
nouvelles fonctions d'une manière
1res -brillante, et sut encore trouver
le loisir d'étendre et de perfectionner
ses connaissances. Chaque semaine il
tenait cbez lui des conférences aux-
quelles assistait l'élite du barreau
d'Arras, et oii se disculaient les points
de droit les plus épineux , et des
questions de haute ])olilique dont la
nouveanlé plaisait à de jeunes esprits,
avides de changements. On ne doit
pas s'étonner si Beaumelz , sans avoir
brigué les suffrages, fut élu presque à
l'unanimité député (fe la nol)lesse de
sa province aux états-généraux. Peu
d'iiommes étaient pbisrapables de l'y
représenter dignement. Quoique dis-
f)osé, par suite de ses principes, h tous
es sacrifices (pie les circonstances
pourraient nécessiter, il ne se montra
point d'abord favorable a la réunion
désordres; mais sesamis triomphèrent
aisément de son indécision , et il prit
place au côté gaurlie avec ceux des dé-
putes (]ui voulaient, en détruisant les
abus, conserver lamouarcliie. Adjoint
à ddiérents comités , la variété de ses
connaissances et sa facilité pour le
travail l'en rendirent un i\vs membres
les plus utiles, et il lut souvent chargé
de rapporta importauli». Dans k dis-
BEA
cussion sur la sanction royale (sept.
1789) , il se prononça pour le veto
suspensif, en exigeant que le roi fit
connaître ses motifs ; et il demanda
que la lecture d'un mémoire envoyé
sur cet objet par le ministère n'eût
lieu qu'après que le décret serait
rendu. Le 29 sept. , à la suite d'un
éloquent rapport sur la réforme de la
Jurisprudence criminelle , il fit décré-
ter la publicité des débals judiciaires
et l'abolition de la torture, ainsi que
de toutes les peines qui ne faisaient
qu'agraver le sort de l'accusé. Peu de
temps après (2 nov. 1789), dans la
question sur les biens ecclésiastiques,
il soutint que ces biens n'apparte-
naient ni au clergé , ni a la nation ,
mais k Dieu, et qu'ils ne pouvaient
être employés qu'aux frais du culte et
a l'entretien des pauvres j et cbercha ,
mais vainement , a démontrer tous les
inconvénients qui résulteraient de
leur aliénation. 11 combattit ensuite
le projet d'accorder aux Juifs l'éli-
gibilité
lucl
j mais , (pielques mois plus
\m
tard, par une coulradiction dont sa
carrière parlementaire offre plus d'un
exemple , il appuya vivement une pé-
tition des Juils de Bayonne qui récla-
maient la jouissance des droits civils.
En 1790 il demanda (|ue les audien-
ces des conseils de guerre lussent pu-
bliques , et fit décréter qu'u l'avenir
tout accusé n'y paraîtrait ijuaccompa-
gné de sou déknseur. Le 27 mai il
fut nommé président ; le 2 i septem-
bre il parla dans Tintérèt des reli-
gieuses, et demanda ipie leur traite-
ment annuel lut fixé a 900 livres ; le
24 il proposa la création de 800
millions d'assignats pour faciliter la
vente des domaines nationaux ; et
(piebpies jours après, il lit régler k
6,000 livres le traitement de rillustrc
Lngrauge {f" oj'- ce iioiu , XMll,
1 65). Au mois d'octobre, lorsque les
1
ïlV.fL BEA /,o5
ccmîk's riMinîs propnsi'K'nf (le (li'fla- a oLscixer dans I;i ])résenlalion .m
n-r (|iir les ininislrcs .-naii'iil perdu roi de I acte consliliilioniiol • ol le 29,
la coiiliaiuo de rasscinhlt'c , il de- il fil ;i(i()j)ler une iiisiniction .sur
manda (|ue M, de iMonlmorin fùl ex- la police de snrclé cl s'.:r la pro-
ceplc de cfl analliènu'» et pour (jn'oii ccdure par jurés. Après la session
ne crùl pas (jue son opinion élail Beaumct/, lui nomme nicm])re du di-
diclée par Tamilié , il affirma (|u'il ne rectoire du département de Paris ; et
connaissait ce ministre que par ses c'est en celle (jualilé (pnl apj)uya les
actes publics. Dans le courant de lé- demandes des prêtres insermentés
\rier 1791 il présenta im nouveau pour la pension promise lorscpie les
plan de comptabilité 5 et le 18 mars biens du clergé avaient été déclarés
il fit décréter l'établissement d'un co- nationatix. La chaleur qu'il mit dans
mité de trésorerie. Le 6 avril il se cette affaire augmenta les soupçons
joignit h Buïol pour demander le rë- que donnaient déjà ses liaisons avec
lablissemenl, dans la loi sur la rcs- la cour et avec les émigrés, dont il
ponsaliililé ministérielle , de rarticle avait pris la défense a rassemblée , en
qui donnait au corps législatif le demandant l'ajournement des mesures
droit de provo([uer le renvoi des mi- provoquées contre eux par le parti
nislres. Il appuya la proposition de dominant. Accusé, en 1792 , de tra-
Robespierre, portant qu'aucun mem- vailler a rétablir l'ancien gouverne-
bre de l'assemblée ne pourrait accep- ment, il fut obligé de chercher un
ter de place dans le ministère que asile dans les pays étrangers. Après
quatre ans après la session. Tout en avoir séjourné quelque temps eu AJle-
déclarant que « les assignats avaient magne , il passa en Angleterre, d'où il
sauvé la France, « il combattit la créa- se rendit en Améri(pie avec l'inlcntion
tion de petits assignats dont l'effet , d'y fonder un établissement agricole,
suivant lui , devait être de rendre 11 rencontra dans l'exécution de ce
plus rare encore les monnaies de cui- plan des obstacles qu'il ne put vain-
vre et d'argent 5 mais sur l'observa- cre j et, en attendant que des circons-
tion que le métal des cloches four- tances plus favorables lui permissent
nirail une quantité suffisante de mon- de rentrer eu France, il résolut de
naies pour les échanges , il finit par se visiter les possessions an^^laises dans
ranger k l'avis de Rabaut - Saint- les Indes. 11 était en 1800 a Calcuttaj
Etienne, et fit décréter l'émission et l'on conjecture que ce fut dans cette
d'assignats de cinq livres jusqu'à la ville qu'il termina , a l'âge de 5o
concurrence de cent millions. Dans les ans, une vie que sa fortune, ses ta-
débats qui s'élevèrent sur le droit de lents et d'autres avantages semblaient
pétition, il fit décider que ce droit, devoir rendre plus heureuse. ]\ïem-
étant individuel, ne pouvait être délé- bre , depuis 1782 , de la spciété lit-
gué , et par conséquent que toute léraire d'Arras , il y lut , dans ses
pétition devait être signée. Il sou- séancespubliqucs, plusieurs morceaux:
tint ([u'on ne pouvait sans injustice remar([uablcs. 11 a fourni des articles
priver M. de Girardin des cendres a la BibUothèque de Vhomme pu-
de J.-J. Rousseau pour les trans- ^//r , rédigée par Condorcel , Cbape*
porter au Panthéon. Le 1" sept., lier , etc. Knfin il a publié le Code
il fit, au nom des comités, un rap- prual des Jurés et de la liante^
port Irès-applaudi :sur le ccrémouial (Jour nationale, Paris , 1792, iu-
406
BEA
12. On trouve les principaux dis-
cours de Beaumelz dans le Choix
des Rapports , etc., Paris, 1822,
iQ-8". W_s.
BEAUMONT (Jean de Hai-
NAUT , sire de) , était frère cadet de
Guillaume P*^, dit le Bon , comte de
Hainaut, et descendait de la maison
d'Avesnes. C'est un des lieros de
Froissart. Il inspira a Guillaume II,
son neveu, comte de Hainaut et de
Ifellande, les mêmes sentiments que
Guillaume-le-Bon avait eus pour le
roi d'Ano-letcrre. Son début dans la
carrière des armes annonça toute
la hardiesse de son caractère. Il s'a-
gissait de reconduire dans son pays
Isabelle , femme d'Edouard II , que
les violences de Hugues Spenser, mi-
nistre et favori de ce prince , avaient
forcée d'en sortir accompagnée de
son fils , et qui n'avait point trouvé
auprès de Charles-le-Bel , son frère,
l'appui qu'elle devait en attendre.
Après avoir vu déposer Edouard II,
et couronner le fils de ce monarque
détrôné, il repassa la mer, mais il fut
Lien tôt obligé de secourir le roi (ju'il
venait de créer, et à qui TEcosse
avait déclaré la guerre. Edouard
épousa la nièce de son défenseur, qui
se dévoua entièrement àsapersonne,
et demeura attaché a TAngleterre
jusqu'il la mort de Guillaume, tué en
combattant les Fiisoiis. JMiihppe de
Valois chercha alors h l'ai tirer dans
«on parti et lui ofl'rit des avantages
plus considérables cpie ciiix (ju'il
trouvait en Angleterre. Jean (h- ilcau-
mont les accepla en i345. (^)u()i(pic
affaibli par Page et les (aligucs, il so
i.ignala encore à rallaire de Blaiu he-
Tafjue , et a la bataille de Crécy. l'hi-
lippe ayant eu son cheval tué sous lui,
.l(an de lieauniont le fil monter sur
le sien , et continua de romballre
vaillamment à ses côtés. Il juourut le
BEA
1 1 mars 1 356. Ce n'était pas seule-
ment un preux et déterminé cheva-
lier , mais un politique habile et un
protecteur des gens de lettres; entre
autres de Jean-le-Bel , chanoine de
Sainl-Larabert de Liège, qui a fourni
des mémoires à Froissart. M. Bu-
chon a publié un poème français sur
la bataille de Crécy, composé par un
Jcimiliar dn sire de Beaumont (édit.
de Froissart, XIV , 279-300 ). Ce
poète était Colin de Hainaut.
BEAUMONT (Etienne), avo-
cat, né en 1718, a Genève, avait
reçu de la nature des dispositions
qu'il cultiva dans sa jeunesse avec le
plus grand soin. La délicatesse de
sa santé l'ayant forcé de renoncer au
barreau , il réunit autour de lui quel-
ques jeunes gens auxquels il donna
des leçons de droit naturel dt de mo-
rale. Le résumé de sou cours ou,
cojnrae dit Senebier , le squelette de
ses leçons , imprimé sous le titre de
Principes de philosophie ^ Genève
1754., in-8" , a été reproduit en
1775 dans la collection des OEu-
vres de Diderot [f^oy. ce nom,
XI, 017) par une singulière iuad-
vertance de Tédilenr. Beaumont
mourut dans sa patrie, en 1768.
Son ami Roger {Foy. ce nom , au
Supp.) venait de lui adresser ses
Lettres sur le JJtinenuirk. Un
frère de Beaumont, pasteur h Ge-
nève, concourut, suivant Senebier, à
la nouvelle traduction delà /î/T'/f , à
1 usage des églises réiormées. / oy.
Senebier , Histoire littéraire de
Genève^ III, 92. W — s.
BEAIMOIXT DE BIVIVA-
SAC (le comte de), né eu Gascogne,
en 1746, entra fort jeune au servi-
ce , et devint chef d'escadron au ré-
giment de la reine, cavalerie. Il
cmigra au comuitucenicul de la ré\u-
BEA.
lulîonct se rendit en Angleterre, oii
il coinposii un omraj^c assez reniar-
(jual)lo iju'il a puMic à Paris, sous ce
titre : Jj^ Europe cl ses colonies
en 1819 ; seconde édition, 1822,
in-8". On y trouve des délails cu-
rieux sur les nouveaux états de 1 A-
nu'ri(jue du Sud. Beaumout de Briva-
sac est morl li J*aris le 5 août i 82 i .
Z.
BE AUMOXT (Jean-François-
Albanis), néaChambéry vers lyôô,
fut deslnié dès sa jeunesse a la car-
rière du génie militaire, et vint en
France , uii il fît ses éludes a l'école
de Mézières. Etant retourné dans
sa patrie , en lyyj , il fut nommé
ingénieur de seconde classe , et com-
me tel employé a Nice. Le duc de
Glocester, frère du roi d'Angleterre,
ayant passé dans cette ville, apprécia
tout son mérite et , après l'avoir at-
taché a l'éducation de ses enfants ,
l'emmena avec lui dans ses voyages
en Italie , en Allemagne, en France
et eu Angleterre. Ce fut pendant le
long séjour qu'il fit à Londres dans
la maison de ce prince, que Beaumont
travailla à ses descriptions de l'im-
mense chaîne des Alpes . depuis les
bouches du Var, jusqu'en Carinthie.il
se fixa ensuite dans ses propriétés de
Vernaz, près de Genève, et s'y livra
tout entier a l'étude des sciences et
plus particulièrement acclle de l'agri-
culture. En 1808, il reçut de l'em-
pereur Napoléon une médaille d'or,
pour les progrès qu'il avait fait faire
a plusieurs branches de l'économie
rurale. C'est à lui que celte con-
trée dut en grande partie la pré-
cieuse introduction des mérinosd Es-
pagne. Beaumont est mort en 18 12,
dans sa propriété de Vernaz. On a
de lui ; I. f^oyngc historique et
pittoresque de la ville et du comté
de Nice , Genève , 1787, iii-8^ .
BEA
7,07
II. ( en Anglais ) P^oyage clans les
Jlprs lihrticuncs, Londres, 1792,
in-lol. liJ. Description des gla-
ciers du Faucigny, i'J^'5 , in-8*'.
IV. (en anglais) F'oyage dans les
Alpes niaritinies , Londres^ ^795,
in-8^. V. (en anglais) f^ofage dans
les Alpes Lepontines ^ Londres,
1796, in-fol. VI. Description des
Alpes Grecques et Cottie/ies , ou
tableau historique et statistique
de la Sa\^oie. VàTis , 1802 in-8^,
avec figures et atlas , in-fol. Se-
conde PARTIE du même ouvrage ,
ibid., 1806, 2 vol. in-4.^. L'auteur
est entré dans des détails intéres-
sants sur les antiquités de la Savoie,
notamment sur les anciens bains
d'Aix [Aquœ Domitiœ ou Gratia-
nœ) y et sur l'arc de L. Pompeius
Campanus, qu'il regarde, non comme
un monument funéraire, mais comme
un monument commémoratif de la sa-
lubrité des eaux thermales. Au reste,
sa description , faite en 1 8 0 1 , est in-
complète. Depuis cette époque, le roi
Charles-Félix a ordonné des fouilles
qui ont mis entièrement a découvert
ce précieux reste des constructions
romaines, dont M. Gimberuat a pu-
blié en 1820 une description exacte
dédiée au roi de Bavière. VIL Des
Mémoires sur la manière de défen-
dre les camps, sur l'hisloire natu-
relle, sur l'art de fonder solidement
dans la mer , sur une roule k établir
du Chablais au Vallais par Meille-
raye , laquelle route a élé exécutée
plus lard par Napolcon, etc. Gg-y.
^ BEAUMONT (Claude-
Etienne ) , architecte , né en ijSj,
a Besancon , vint fort jeune a Paris
étudier les principes de son art, et
se plaça sous la direction deDumont,
professeur a l'académie. Après avoir
terminé ses cours, il entra dans le
bureau de Coulure le jcuae , qui ve-
4o8 BEA BEA
naît d'être chargé de c«oulinuer les « faUe de celles qui ont été construi-
travaux de l'église de la Madeleine. « tes pour des autorités consliluées,
S'élant aperçu que son nouveau mai- « depuis la révolution , est eu même
ira, en modifiant le plan prlmilif de « temps noble , simple et d'un style
Contant d'ivry , s'était écarté des « pur. ^ Le gouvernement, avant
règles de l'art, il crut devoir Teu décidé que l'église de la Madeleine
avertir et, pour prix de ses avis, serait convertie en temple de la
fut congédié (i). Ce fut alors, qu'ai- Gloire, ordonna qu'il serait ouvert un
dé par un de ses compatriotes (Mon- concours sur les changements qu'il
taiglon) , il publia sous le nom de convenait de faire à cet édifice pour
feu Duliu, architecte, une Lettre à l'approprier a sa nouvelle destina-
iin ami sur un monument public ^ tion. Le plan de Reaumont fut jugé
in-4° de 20 pp. (2). Cette letlre , le meilleur par la classe d'architecture
qui contient mie critique aussi juste de l'Institut; mais ses ennemis par-
que modérée du nouveau plan de vinrent à faire rapporter celte déci-
la Madeleine, fut supprimée par sion, en montrant que Beaumont s'é-
arrét du conseil, sur la demande du tait approprié les principales idées
Baron de Breleuil , protecteur de consignées dans la Z<(?^/re <:/e Z)////;?,
Couture. A la création du départe- dont on ignorait qu'il fût l'auteur;
jnent de Paris, Beaumont fut attaché et on adjugea le prix a Tarchitecle
comme architecte au bureau des do- dont le plan avait balancé les suffra-
maines , et mérita par son zèle et ges des juges. Beaumont, s'étant jus-
tes talents l'estime des nouveaux tifié du reproche de plagiat , obtint
administrateurs. Chaplal, ministre de une indemnité de dix mille francs
l'intérieur, le chargea de la conslruc- pour son travail; mais le chagrin
lion de la salle destinée aux séances qu'il éprouvadesevolr privé de l iion-
du Iribunat, et lui confia les travaux neur d'attacher sou nom h un grand
a faire au PaLiis-de-Juslicc, auTem- monument, le conduisit peu de temps
pie, il la maison iS.*:^ sœurs de la après au tombeau. Il mourut à l'aris
charité , et à l'institution des sourds- en 1 81 1. C'est k lui que l'on doit le
muets. De tous ces travaux celui qui plan thi théâtre des \ ariétés. AV-s.
fil le plus d'honneur a Beaumont, ce BEAUMONT - LAIÎONM-
ful la salle du Tribunal. Elle lui mé- ]\1ERE (Marc-Antoine , comte
rlla depuis une mention honorable de), général français, né le 20 sept,
du jury pour les prix décennaux, 1760, a Beaumont, en Touraine,
dont le ranporlcur déclare (jue celle d'une ancienne lamille de celle pro-
sallc, a regardée comme la plus par- vince , fut d'abord page de Louis
\V1 , puis capitaine de cavalerie. Il
(,) cr l.;itim«.ii qui a subi tn..i de nw-tamor- ■^^\(n^\v^ .'.ycc sa^ressc Ics prlucipes de
sou» In .lir«ttion d«! Cciil.int illviy. lui n-pris la reVolullOU , Ct deVIUl bieUlol Colo-
,M.«..fj..s,p.ndan^s..,(o,ui.m.nis,,nr(.....iur,- j,^.; j^, c-i„,,„icme régiment dc dia-
(]iii (Mil 1.1 iirfjiinTB i(li'«' (In [ioriii|(if liiis.mt ,'„...
fine ii In nio noj.ilo. Ilrn < kvn 1rs iDioiines gOUS. Kll I795 11 vlt aVCC llOrrOUr
«lui rtrsIrriMit iiiai:lu'viTS priid.iiil près d(* Irrutn 1 _^i 1 1 r ,.1* „ „„..,..,;«.,;..,.
m...I..,».àliinni.n«l..tn'pri, .p.'ru.«o6.sou, It'S CXCCS dc Kl faCllOD SangUmaU C
In dirt-ctioii dr M. V igiioii , ri ii'u i5l«i trriiiim^ {\\\\ (loniMiait la FraïU'O , Cl H Ue pUt
'''Vi'^•Hl.!Vw/^^ d.vr.nir rnriMvst n~m,'M COUtcilir SOU ludiglialion. Soil régi-
«ir iroi» piiiii», cilui d«- Coiiimit . i)«%iu-|Mn> «lo meiil était alors a JiVoii. Il devint
Diilin , ri'lui d<< roiitiirr , et ciiiiii (fini dv Di'llU- 1 • , , A <■' I 1
iiiuht nui mou.iiu les Utux j.rmUaiie. l'iculol suspccl. Arrclo par orUrc des
CFA
proconsuls, «im onvo\aii'nl ii 11 mort
par ceulaiaes les hahllaiils de ccdn
iiialluMiri'iisc* ville, il lui condamm' h
sul)ir le même sort j et déjà on lo
condui>ait au lieu du supplice, lors-
que ses dra«2;ons inonlèrenl a clicval
cl dctlarèriMil ([u'ils allaient user de
violence jiour le soustraire h la mort,
si on ne le leur rendait. Les proconsuls
intimidés cédèrent 5 et Beaumont re-
prit le commandement de ses dra-
gons qu'il conduisit encore plus d'une
fois a la victoire, sonsIMassénaet sous
^cliérer en Italie, où il préluda aux
glorieuses campagnes de Bonaparte.
11 prit également part h ces derniè-
res guerres; se distingua parlicu-
lièrement a Lodi, h Mantoue, à Ma-
rengo, et devint successivement géné-
ral de brigade , général de division et
inspecteur-général de cavalerie. Il fit
aussi plus lard les campagnes de la
grande armée , et concourut aux vic-
toires d'Austerlitz , d'Iéna et de AVa-
gram. Nommé sénateur et écuyer de
Madame mère sous le gouvernement
impérial , il fut appelé h la chambre
de« pairs sous Louis XVIII , en
i8i4-, et créé chevalier de Saint-
Louis. Il ne crut pas devoir suivre ce
prince dans son exil , et combattit h
Waterloo. Après le retour du roi, il
rentra néanmoins a la chambre des
pairs , et se fit souvent remarquer
dans cette assemblée par la sagesse
de ses opinions. Le général Beau-
mont est mort le 4- fév. i83o. Il
avait épousé la sœur de Davousl, et
il était depuis long-temps lié d'une
t-troile amitié avec ce maréchal.
Après avoir passé l'un près de l'au-
tre une grande partie de leur vie , ces
deux guerriers se trouvent encore
unis après leur mort, car ils ont ëlo
ensevelis dans la même tombe. —
Trois frères du gé:iéral Beaumont
§c sont illustrés dans radmiulslra-
BEA Au(j
lion ri dans rarinéc. — Sou fils lui a
succédé a la chambre des pairs, — •
Braumont 1)1- C.vuiuîjiL (le baron),
né d'une fauilllc obscure, vers 1770,
fut long-temps aide-de-camp de Mu-
ral qu'il suivit dans toutes ses campa ^
gnes. Partout il se distingua ])ar sa
bravoure, notamment en i8o5,a
Werlingen , où il enleva lui seul un
capitaine de cavalerie aulrichicnne au
milieu de sa compagnie. Parvenu au
grade de général de division en 1 8 1 3^
il mourut glorieusement sur le chanq)
de bataille dans la même année.
M— DJ.
BEAUNOIR ( Alexandre-
Louis- Bertrand Bobine AU dit), né
le 4. avril i 74.6 , était fils d'un no-
taire de Paris. Bien que M. Robineau
père ne fut pas illettré (car il a laissé,
dit-on,plusieurs ouvrages manuscrits
sur l'économie pollti({ue ), il voulait
que son fils lui succédât dans sa char-
ge ; mais le jeune homme , préférant
à la carrière lucrative et paisible qui
lui était offerte la vie aventureuse
et rarement opulente de l'homme de
letlrcs, quitta la maison paternelle,
et prit le petit collet. On sait que ce
costume était alors ime recommanda*
tion pour un débutant en littérature.
Une place qu'un ami lui fit obtenir h
la Bibliothèque du roi, mit l'abbc
Robineau au dessus du besoin , cl do-
miné par un goût invincible pour la
liltéralure légère, le bibliothécaire
en petit collet, laissant la ses livres et
son grave costume , se mit a faire des
vers et des pièces pour les pe-
tits spectacles. Ses premières produc-
tions eurent peu d'éclat et sont au-
jourd'hui totalement oubliées. Son
véritable début dramaticpie fut l'A-
mour ijuétcur j représenié pour la
première fois le 22 octobre 1777 sur
le théâtre de Nicolet. Il avait tiré
50U sujet duuc chanson libertine alors
4io
BEA
fort en vogue , portant le même ti-
tre , dont on attribuait les paroles
à ravocat-général Séguier , et l'air
a La Borde, valet de chambre du
roi. L'Amour quêteur attira chez
INicolet la cour et la ville. « Cette
«pièce est charmante, disent les
« Mémoires du temps , et digne
« d'un autre lieu : on serait tenté de
« la croire de l'abbé de Voisenon ,
« s'il n'était pas mort, » La scène se
passait dans un couvent : le dialogue,
rempli d'allusions finement gazées ,
prête a de pauvres recluses des pen-
sées plus que mondaines 5 et l'on con-
çoit que l'archevêque de Paris ait or-
donné a l'abbé Robineau ou de dés-
avouer sa pièce ou de quitter l'habit
ecclésiastique. Le jeune auteur re-
nonça au petit collet. Ce fut alors
que, par égard pour sa famille, il
changea son nom toul-a-fait bouri^eois
contre le pseudonyme sonore et tant
soit peu féodal de Beaunoir {a.na.-
gramme de Robineau), auquel s'adap-
tait facilement la particule de, que
M. Rohineau n'hésita pas a s'attri-
buer j faiblesse assurément pardon-
nable chez un littérateur de boule-
varts, puisque nous pourrions citer
tel philosophe bien grave cpii n'en fut
pas exempt. Ou peut croire (pie l'A-
mour quêteur , dont la vogue pro-
longée peint les mœurs peu sévères
del'épo(jue, a fourni a Picard l'idée
première de i->ti& f^isitandines. 81 l'on
compare les deux dialogues on recon-
naîtra (ju'il y a plus (le réserve et de
prud'honiUMcdaus ropéra-coiniinie du
citoyen, du conuulien Picard , re-
1)ré.sfnté sous la républnpu*, cpie dans
e drame grivois de l abhé , (piinze
ans avant la chute de l'ancieu régime.
Deux mois après l'Amour (jurleur^
lU-aunolr donna sa^<'/<//\/-'<7r77//<' au
même théâtre où elle obtint la mémo
vogue, non saus une vive opposition
BEA.
de la part des grands théâtres , qui
voyaient avec envie un auteur de la
foire accaparer les grands succès (i).
Dans ce temps où la haute société
s'abandonnait aux plus frivoles ba-
gatelles , l'ignoble pièce de Jecin-
not ou les battus paient l'amen-
de, avait été honorée de la présence
de Louis XVI et de la reine qui y
avaient ri comme de simples bour-
geois. Beaunoirfit une sorte de con-
tre-partie de cette bluette : sa Jean^
nette ou les battus ne paient pas
toujours V amende (2) , représen-
tée au mois de mai 1780, ajouta en-
core à sa réputation d'auteur spirituel
et gracieux. Celte réputation devint
tout-a-fait européenne, lorsqu'il eut
enfanté son Jérôme Pointu (i3 juin
1 78 i),pièceérainemraentmoralemal-
gré la gaîté un peu grivoise du dialo-
gue. L'acteur \olange y jouaitleprin-
cipal rijle avec un naturel (jui a laissé
des souvenirs dans la mémoire des
Nestors de nos vieux parterres , que
nous avons été dans le cas de con-
sulter pour cet article. Ou contesta
même a I)eaunoir l'idée de sa pièce;
et , selon l'expression des Mémoires
(i) Une cliaiisou que Bi'auuoir composa ft fit
courir sous le uu'uie litre, et sur l'air de l'Amour
(jucU'ur, lui fi)uruil le sujet tle cette pièce. Ayant
ilouui' au théâtre des Klèvts ilel'Opifra, la pasto-
Ti\U' (tes Quatre ruiiis , il crut ces jeuues acteurs
capables de jouer mn- pièce plus importante, et
leur donna eu i^7() , l'Hymen ou /c Dieu jaune ,
suite de l' Amour i/u<-'irur. Mais cette cuuu'die nu-
dessus de leurs forces , n'eut pas le succès qu'elle
aurait oliteuue joiu'i- par des coutedicus cousuin-
inés. L'allef^orie en e»t a|{rial)le ; et, quoique lo
fond eu soit un peu lil)re , l'aultur y a respecté
la décent'c, plus encore ipio dans la prentièie.
On peut dire ipic lleaunoir en épurant le };t>ùt et
les uueurs drs pelii-. théâtres, nettoya veritalilc-
mcnt les établet d'Au;;ias. A — r.
(a) L'uuteur du l7iioni<iueur drsivut'/f ou l'es-
pion îles ùuulenirli [Mnyvnr dit Saint-Paul), pré-
tend q»ie I'uMm- nidiinean lit cette pièce pi>ur
pluiro ù une jolie actrice du lliei\tredo Nicolet,
n(unnu-u lorest ; cl «|u'il cliercha en vain i> lui
tleioir le honhenr. Il l'a «use en outre d'avoir
copié, I» la Hil)lio(liè(pie du roi , la plupart de^
pièces qu'il faisait npi éscuter ^ur les llir.Ures
des hiuilevails; mais c« critique uurite peu do
COIlfuUCC. L — >• — •'V"
m'A
déjà elles, on voulut a cjue rillslrioii
« lui cil cùl donuc rulcc , cl (ju'il
« n'eii fùl (|ue l'excculcur. » Ccpcu-
iliiul UobiniMu se laissa imposer, par
la susceplibililc un peu élrangc de ses
confrères de la niI)liotliè(juc du roi ,
l'oMigalion de ne pas donner, mèinc
sous son nom de guerre , ses pièces
aux ])elils lliéàlres* el elles parurent
désorjuais sous le nom de sa femme.
Il venait d'épouser M '" Louise-
Céline Cheval , que son esprit aima-
Lie el cultivé rendait toul-h-fait pro-
pd'C k prendre pour sou comple les pro-
ductions de son mari. Déjà, il avait,
sous le uom de sa jeune épouse,
donné Jérôme Pointu , ce qui fit
dire h Tanteur du Petit Almanach
des grandes femmes : « On ne sau-
te rail concevoir comment une femme
« seule a pu souffler a un vieux pro-
« curenr tant de jolies choses pour
« rire. » Jérume Pointu a fait le
tour de l'Europe et a été traduit en
allemand par F.-W.-L. Meyer(Vien-
ne , 1783, in-8°) 5 et Bcaunoir a été
surnommé le père des Pointus (3)j
car, mettant a profil celle première
donnée, il a fait successivement 2 lia-
lie à la Foire et les Pointus
(1783), et Eustache Pointu chez
lui, ou qui a bu boira (17 84^). Eu
1782 il avait donné k la comédie ita-
lienne la Nouvelle Omphale , imi-
tation assez gracieuse du conle de Se-
necé intitulé : Camille ^ ou la ma-
nière de Jller le parfait amour.
Il avait composé pour les Variétés
(3) Ce suinoiu ne lui vient p.is de ce qu'il a
fait tous les Pointus ; car Uuillcinuiii a donné au
ini-nie théâtre (Variétés amusantes), de 1781 à
1-83, ti'ois pièces jouées aussi par Volange: Bo-
iiijace Pointu et sa famille ; les Bonnes gens ou
Jioniface à Paris ; et le Bienfait récompensé ou la
suite des Bonnes gras. Muis Ueaanoir avait crei';
l'aîné de la fauiille, Jérôme Pointu, qui avait
eu cent cinquante représentations de suite; et il
donna depuis deux antres Pointus sous le; nom
(le sa femme. Qu;int au |>re.iiier , il est inq)rimé
sous son nom seul ; et le Petit .tlmunacli des
grandes femmes bc troiiipc ux l'allribuanl à ma-
BÉA. /«Il
ainusantcs la charmante comédie de
Juin fan et Colas ; mais les comé-
diens italiens, par les mains de (|ui
passaient ces sortes d'ouvrages , et
qui avaient le droit d'en retrancher
tout ce (jui rentrait dans le genre des
pièces de leur répertoire, demandè-
rent k la jouer eux-mêmes, et l'auteur
y consentit 5 elle fut représentée le
7 septembre i784« Ce drame offre
l'intérêt le plus touchant. « Il y a
« peu de tragédies, dit Grinim, qui
« lassent répandre aulantdelarmes, il
« y en a peu qui puissent avoir une
« influence aussi utile sur les mœurs,
« et dont l'impression puisse être
« aussi sûrement profitable, n On sait
que Fanfan et Colas était l'imita-
tion de la meilleure des fables de
l'abbé Aubert [Voy. ce nom^ LVI,
5i3) ; Florian avait également em-
prunté ce sujet , mais il n'avait fait
qu'un drame assez triste (4-). L'auteur
ou les auteurs de Fanfan et Colas
(car pourquoi refuser a madame Beau-
noir quelque chose de plus que le fai-
ble mérite d'avoir écrit lorsque son
mari dictait?) firent une suite k cette
cliarmante pièce ^ et Rose , suite de
Fanfan et Colas, représentée le
i5 septembre 1785, eut un succès
égal, sort assez rare pour les sui-
tes. Le Mariage d'Antonio ^ don-
né le 29 juillet 1786 au même théâ-
tre , musique de mademoiselle Gré-
trj, parut assez froid aux premières
représentations, et les auteurs le reti-
rèrent. Bientôt les Amis du jour
(sept. 1786) vinrent dédommager,
dame Beauiioir, qui n'était pas encore mariée
eu i^bi ; elle n'avait alors que quinze à seize
ans. A — T.
(4) En 182J , la comédie de Fanfan et Colas
repnrut en opéra-comii;iio , arrangé par M.
Adolplie Jadin iils, musique de M. L. Jadin
pèle. iM.iis elle eut bien moins de succès que
flans la nouveauté , parce que la musi(|uc en ra-
lentissait un peu l'action , et que des talents
médiocres ctaiciit chargé? des priucipaux rôles.
A— T.
4l2
BEA
par un nouveau succès, Beauuoîr qui
donna cette pièce sous son nom seul.
Il serait trop long et probablement
impossible, d'énuraérer toutes les
productions dramatiques de Beau-
noir : lui-même les faisait monter à
plus de deux cents ', et le be'néficc qu'il
en avait tiré a cent mille écus. Dès
178/i , vu son peu d'assiduité a ses
fonctions, on l'avait engagé a renon-
cera sa place d'employé a la Biblio-
thèque du roi. Celle mesure d'ailleurs
avait été exécutée d'une manière ho-
norable et avantageuse pour Beau-
noir , puisque une gratification fut
le prix de sa démission. En 1787
il partit pour Bordeaux, où il prit
la direction du théâtre 5 mais il y fit
mal ses affaires. De retour a Paris
en 1789 , il ne parut pas d'abord
éloigné d'adopter les idées nouvel-
les 5 il était alors orateur de la
loge du Contrat-Social. Mais dès le
1 5 sept. , effrayé des progrès de
la révolution , il (juitia la Frauce ,
se rendit en Belgl(jue, et prit part
comme écrivain aux disseusions po-
li ti(jues (jui agitaient ce pays. Après
l'expulsion des Autrichiens, la ma-
nifestation trop franche de ses opi-
nions en faveur de la maison d'Au-
triche , Texposa aux persécutions du
gouvernement arislo-thcocrallque qui
dominait dans Bruxelles. Tins lard ,
lor.scp.ie le retour (\cs troupes autri-
chiennes eut relevé le parti impérial,
Beaunoir manifesta sans réserve son
resscnlimcnt contre ses adversaires.
11 publia le journal la f^cnfrcur ,
puis deux libelles des plus violents :
j " Histoire secrète et ttncvdo-
Hijne (le r insurrection hel^iqiie
on / aniler^ool, (Iriimehistoritjiie
en cinq nctes et en prose , itédiê
à S . At. le roi (le lîohèine et de
J/on^ritf , Inulnit dit Jlnninnd de
y an { de ) Se /ton ( beau ) Sc/i warlz
BËA
( noir ) par M. D. B. , in-^° ijgo*
2° Les Masques arracJiés ou vies
privées de LL. EE. Henri Van-
der Noot et Van Çuper , de
S. E» le cardinal de Malines et
leurs adhérents j par J . Lesueur
(pseudonyme) , 1790 , 2 vol. in- 8",
De cesdeuxproductions , la première
est un drame dans lequel l'auteur
sVst affranchi non seulement de la
plupart des règles de la composition
théâtrale, mais de toute convenance
de style et de toute pudeur morale.
On y voit dans le désbabillé le plus
obscène les liypocrites dominateurs
de la Belgique. Les gravures sont
dignes du texte 5 mais ce que l'on a
peine k concevoir , c'est que la police
autrichienne ait laissé mettre en tète
du volume la dédicace a Léopold l*"'',
roi de Bohème et de Hongrie , et le
portrait de ce prince. Si les gouver-
nements réguliers peuvent quelque-
fois se croire obligés de soudoyer de
pareilles turpitudes, ils ne doivent
jamais leur donner un caractère offi-
ciel. Entre le quatrième et le cinquiè-
me acte , se trouve une très-grave-
leuse biographie de la Pineau , inaî-
tresse de Vander îSool ( Voy. ]\e-
LEM, dans ce vol.). Dans cette note
l'auteur faisant libéralement les hon-
neurs de son propre caractère , an-
nonce que «dans ce moment un es'
ff pion de police , dij;ne Homère de
« cette Minerve , etl un des mille et
« un heureux qu'elle a faits dans ses
« beaux jours, se prépare h donner au
« public ses aventures dé taillées dans
a un ouvraire intitulé : Les JlJas-
« qiies tirruchés , etc. » Ce n est,
en effet , ainsi que le disent les au-
teurs de la Galerie liisloiique des
co/iteniponuns , publiée a Bruxel-
les, (pnin roman scanilaleux ; v. hor-
« mis quelcpies pages, cet ouvra-
« ge pariiil avoir clé écrit dans uq
REA BEA /,i3
« mauvais lieu ]iar nu espion do po- France, en i8oi , Hcannoir qui se
« lice. Il csl vrai de dire (|ne les fixa pour loiijours ii Paris , lui choisi
u personnages les plus marquants de pour correspondant lillcraire par
te colle époipie ne mcrilaicnl guère ])lusicurs pcrsonna<:;es clraugcrs j plus
« d'aulre iii.^loricn. » En 1791, lard il rcniplil celle mission auprès
Beaunoir parcourut les provinces de Jérôme IJonaparle, devenu roi de
rlicnaues , pro!)aI)lenient avec ([uel- Wesiplialie. Ilrédigeail aussi de.sarli-
(|uemissionsecrèle.Quoi([u'ilensoil, clc« , sur les pelils llicàlres, dans le
écrivain infaligable, il lira parti de journal le Publiciste. Il ne cessa
celte excursion en publiant un Koya- point de travailler pour le théâtre et
£>c' sur le Rhin depuis Hlaj-e/ice ne négligea aucune occasion de célé-
jusquà Dusscldorf ^ Neuwicd , brer Napoléon. Nous citerons de lui
1791 , I vol. in-8^; traduit en hol- sous ces rapports : I. Tlu^asybule ,
landais , Harlem, 1790,2 vol. in- cantate lyritpic , exécutée à l'Hôtel-
8°. I/impcralrice Catherine l'ayant de-Ville de Paris devant L L. M M.
appelé en Russie , il y arriva immé- I I. , le 26 frimaire an XIII (i8o/|.).
dialement après la mort de cette En 18 14-, Ijeaunoir retourna ce sujet
princesse (1796). Son fils, Paul E"'', sous un autre aspect, et publia :
fit beaucoup d'accueil à Beaunoir et Thrasjhule onl' Amnistie cTAlhè-
le nomma directeur des trois théâtres nes^ drame en trois actes et en prose,
de la cour, mission dont il s'acquitta non représenté, 'm-2>° [(i).l\. Les Cou-
avec succès ; mais il n'en lut pas ronnes , divertissement pour le ma-
moinsobligé de quitter Saint-Péters- riage de Napoléon et de Marie-Louise
bourg , lorsque cet empereur bannit (imprimé, mais non représenté), 1 8 ro,
tous les Français de ses états (1798). in-8". IIL Paraphrase du Laudate
Arrivé en Prusse, Beaunoir fut nom- pueri Dominum pour la naissance
mé lecteur de la reine Louise-Wi- du roi de Rome (imprimée dans les
Ihelminc-Amélie , première femme Honwiages poétiques'). IV. Enfin,
du roi aujourd'hui régnant. Alors il Paraplirase de /'Ave Maria , y^owr
travailla pour le théâtre de Berlin et la naissance duroi de Rome ( im-
pour divers autres théâtres d'AUema- primée ibidem , sous le nom de ma-
gne. Les pièces qu'ilcomposait dans sa dame de Beaunoir). Beaunoir avait
langue étaient sur-le-champ Iradui- en outre commencé avec H. Damp-
tes par Ifland de Berlin , Opilz de marlin les Annales de Vempire
Leipzig etSchrœderdeHambourg(5). français , par une société de gens
Alors furent aussi traduites en aile- de lettres , i8o5, in-8°. Il n'eu a
maud plusieurs de ses anciennes piè- ■
ces , entre autres les Amis du jour; TrZ\TT' '"'^' ^'^.^'"f ^'°« ^"='^'- • ^i ''-
/ ., J^ ' présente avec succès a Berlin, en 1797. Celle
mais celte dernière le fut d'après une l>i<'ce fut le résultat d'une gageure entre Ifland
I • 1 j 1 I et Beaunoir. Celui-ci avait parié que le dernier
version anglaise que le traducteur ,,.i,„, dramatique français éta?t capable de
allemand avait prise pour l'original, composer un drame supérieur à tous ceux de
d. 1 •« j r> • Kolzel)uc; il fit jouerdepuis cette pièce à Paris .
^ ant la pièce de Beaunoir en 1807, sm- le th. àtre des Variétés étrang-^resi
que comme une Iraduclion française, salle Molière. A— t.
L' , ., . 1 . ^1 ^ (f)) IJ-TMs la préface de celte pièce, dédiée par
e véritable auteur , en rapprochant ranleur à un anonyme, qu'il compare à Thra-
ïes dates, n'eut pas de peine a prouver ■'^>i'»|'''-i •""i>.<i.dit-ii. la r.anre doit le lap-
I '. Aw r \ P''' "*"' »"'"■'"'"'*. î' '"5»s apprend que l'idée
le contraire. Ubllge de rentrer eu lui en vint dans un cours d<- I.cluie qu'il fai-
— ■ sait avec de jeunes demoiselles, dont il a di-
(5) Wous citerons Us LiOcllates , dramo ea rigé les ciudcs pcudaat sa vieillesse. A t.
4i4 BEA BEA
paru que le premier volume. Quel- l'avait précédé au tombeau, le 19
ques pièces de théâtre qu'il com- janvier 1821; elle avait cinquanle-
posa, depuis 1801 jusqu'en 1810, cinq ans. Dans ses dernières an-
fiirent refusées ou n'eurent que peu nées , Beaunoir travailla en société
ou point de succès (7). Il voulut éta- avec MM. Chaalons et d'Argé a la
blir a Paris, en 1811 , un cabiuet Bibliothèque dramatique et thé d^
d'agence littéraire; malgré les pro- traie, histoire de tous les théâtres de
messes fastueuses d'un prospectus, qui Paris, dont la première année parut en
rappelait en quelque sorte le bureau 1821 , un vol. in-8°. Cet ouvrage
de correspondance de La Blancherie, était destiné a faire suite à l'Histoire
ce projet ne réussit pas. Toujours a du Théâtre-Français de MM. Etieu-
l'affùt des circonstances, lors de la ne et Martainville, et au Cours de
fameuse querelle qui s'éleva au sujet littérature dramatique de Geoffroy,
des Dew.r gtv2f/re5 de M. Etienne, Il publia aussi quelques pamphlets
Beaunoir fit une bluelte intitulée /«- politiques « de couleur opposée,
quot n'a quça. La dernière de ses dit un biographe , et commandés
Ïiroductions dramatiques qui ait eu par les diverses administrations qui
es honneurs de la représentation, est se succédèrent. îj En voici les li-
Greuze ou l'accordée de village , très : 10 Le mieux est ennemi du
comédie-vaudeville en un acte, qu'il bien, 18 19, ])rochure in-8°, contre
composa en société avec M'"" de Va- la proposition de Barthélémy, re-
lory , imprimée avec une notice sur lative au changement de la loi des
Greuze, par Beaunoir. Il y avait long- élections du 5 fév. 1817 (/^o)^. Bar-
temps qu'il aurait dii se conformer thÉlemy, ci-dessus, p. 2^4 1); 2° La
au précepte d Horace et mettre a liberté de la presse garantie par
la réforme sa muse fatiguée. Ala res- la censure, i8i9,iu-8°; 0'^ Petite
laurationdc 1814., il recueillit le prix logique d l'usage de nos grands
des opinions qu'il avait long-temps orateurs , dédiée à 3131. les mcm-
professées. Attaché par une espèce de bres de la chambre des pairs et de
sinécure a la division littéraire du la chambre des députés ^ par R.
ministère de la police, puis de Tinté- de Beaunoir , sous- doj^en des
rieur ( bureau des gravures), il cou- maîtres es-arts de l'université de
scrva celle position jusqu'à sa mort J^aris, i 81» li, in- i 2. La naissance du
arrivée le 5 août 1823 : sa femme ducde lîordcauxlui avait inspiré cpicl-
— , . .. ; 7 r-r— ; — i — ., ■, (lucs scèncs allégoriqucs , intitulées
(7J U ml nlois à se plaindre du théâtre 1 b 1 '
«les Vjirirti.s, i|ui ufusa plusieurs de srs |»i«Tes, V A rC-Vn-cicl ^ 182O , brocliurc iu-
''"'•^ •; ♦' ;^ •" "!^'!;'r.'T" imr ";1";;: s-. Enlin rannéo mt^nu' de sa mori ,
nisIralcui'.M «u: cv thralrr; iW la police cpii ne _ _ ...
permit pas la leprt^seniaiioii du nvjrniwr it la \\ avait clos SH Carrière Htlérairc par
/"«((/f//»-//»' , ciue f.iisaieul iilors les ai adémirien» ; 1 • , . /..•» i
de i'.,iie> qui trouvait su» rôles iro,. f.,i,j;uants "H romau liislori(|ue : Attila OU le
,lmn Ut vl.aleun de f èlv : et il teru.inail aiusi . Jl(i(iU dc DicU , 2 Vol. ill- 12. Après
en 1810 , une «•pitre inédite ru vers , odicsscc à . . 1 . . r I •
i5r„,„.t , tant (le travaux prestpie tous lorlluen
Dis un mot , ri je pui» rendre nui Vorîei.» rétribués , Beauuoir mourut saus for-
l.ed.Muu-s,pu,ss„ntdeleursn,MvH^^^^^^^ ,^l^^^. w^.^j^ ^iV,il|^>„r, „„ aimable
.Soyons anus. Ht uiiet, c est unii (|ut t eu convie. '
A Volante aotieJcMs si j'ai donne la vie , \ieilhir(l : Ifl IIOIIS ThN OUS COIlIllI . Si
•Si l'ai fait le» l'itintitt, «rois iiue je puis eiieor I "i 11 "I .1 '_;i '
Fairepreudre.^.Ioerisseuuplusl.,;ilautevs..r. •^"" «'<"" d<"t aller U la pOSlorile , CC
I,ui prèlerde Carliii les vini;l-«i» inlortuner., Sera sailS (lonle IIi;ilgréce loiirtl ba-
El puurtoi lesdiancier eiilieurcuse.s lortuues. i 11 .. 1 .• • 1
' '^ V— V». gage do blueltcs uramaliqucs , cl de
l)rocliurcs faites |)i)iir ne vivre qu'un le sivgc cpiscnpal de Beaiivais. II se
jour ; mais nous osons dire que J<- relira dans le sein de sa famille, où il
rônic Poiitlu ^ Fan fan cl Coins, passa les Irenic dernières années de
petits chefs-d'œuvre dans leur genre, sa vie dans les exercices d'une austère
seront toujours appri-ciés tant qu'il pénitence, ne sortant de sa clianihrc
y aura en Fiance quehjue goût pour que pour aller à Téglisc. 11 mourut
celte littérature légère qui cliar- le i*"'" février i 709, a 87 ans, et fut
mail la vie joyeuse cl insouciante de enterré dans le chœur de Saint-Sau-
nos pères (8). D — r — r. veur, sa pnroisse , avec une épitaphc
I5EAIJPUIS ( Charles Walo?j qu'on trouve dans le Diclioniuiire
de), pieux ecclésiastique, connu de Moréri. Outre quelques 0/.»M6cw/e.ç
par ses liaisons avec les solitaires ascétiques que l'on conserve en ma-
de Porl-Iloyal, naquit a Beauvais, le nuscril , on a de lui : I. Maximes
9 août 1621 : il était fils d'un con- cA/y/Ï/cvz/zc.ç tirées des lettres de l'ab-
seillcr a Téleclion de celte ville. Après bédeSoinl-Cyran,Paris,i678,in-i2:
avoir fait ses premières éludes sous elles ont élé réimprimées plusieurs
les veux de son père, il vint à Paris, fois 5 Tédilion la plus récente que l'on
où il aciieva son cours de philosophie connaisse est celle de i 735. II. Nou-
au collège du Mans , sous le docteur veaux essais de morale contenant
Ant. Arnauld , puis au collège de plusieurs traités sur différents sujets,
Cluny. L'évèque de Bazas, Litolphi- ibid., 1699, in-12. On peut consul-
Maroni, l'ayant distingué, l'emmena ter pour les détails : Mémoires sur
dansson dîocèsej mais, ce prélat étant la vie de Ch. TVallon de Beau-
mort , Beaupuis revint a Paris , et puis, dans le volume intitulé : Suite
fut peu de temps après chargé de la des vies des amis de Port-Royal ^
direction des petites écoles de Port- Ulrecht (Rouen), i75i, in-12.
Royal dans Tinlérieur de celte ville. W — s.
Tl dirigea depuis celle des Granges, et BEAUPUY (Nicolas-Michel
il eut l'avantage d'y compter parmi Bachelier de) , né aMussidan (Dor-
scs disciples Le Nain deTillemonl et dogne), en 1760, d'une famillenoble,
Thomas du Fossé , qui se sont rcn- descendait par sa mère de l'illustre
dus célèbres, surtout le premier. Ces Montaigne. Il avait a peine achevé
écoles ayant élé suppriméesen i65o, ses études, lorsqu'on le fit entrer
Beaupuis revint à Beauvais j et son comme sous -lieutenant , a l'âge de
évèque, M. de Buzanval ( f^oy. ce 17 ans, dans le régiment de dauphin-
nom, \I, 4-o8), l'ayant obligé de dragons; il était parvenu au grade
prendre la prêtrise , lui donna la con- de major quand la révolution com-
duite de quelques maisons religieuses , meuça. S'en étant déclaré partisan,
et l'établit ensuite supérieur de son il fut nommé lieutenant-colonel dans
séminaire. Après la mort de ce pré- le régiment de raestre-de-camp ; mais
lat, l'abbé de Beaupuis fut interdit la différence de ses opinions avec
par ^I. de Janson, qui occupa ensuite celles des autres officiers de ce corps
(8) Beaunoir avail prodigieusement «-crit et ^Ç forÇa bicnlôt II donUCr Sa démis-
couipiif. W ])arie , «laiis les lettici qu'il écri siou. Reveuu daus sa viUc uatalc , il
vail aux libraires, pour leur proposer SCS ouvra- r , • . f
pes, et sunout.ians une lettre de .809. d'un y '"l successivement nommc com-
pios volume Mir !<• disirici de rohio.et il se mandant tle la garde ualiouale, maipe,
dit clinr"é de beaucoup d'aulres manuscrits d'un \> i j • • , , 11/
genre frUoie. V— vb. l uu (Ics administrateurs du départe-
4i6 BEà BEA
ment, et enfin député à rasseinl)lée BEAUPUY (Armànd-Michei,
législative. Peu fait pour la tribune, Bachelier de), général français, né
il y parut a peine une seule fois, et a Mussidau en 1767 , était frère du
ce fut pour déposer sa croix de Saint- précédent , et comme lui il fut destiné
Xouis comme décoration du despo- de bonne heure a la carrière des ar-
Lisme. Membre du comité militaire, mes. Nommé sous-lieutenant au régi-
îl y rendit quelques services par ment de Bassigny , en 1775, il y
son expérience. Après le i 0 août resta dans le même grade jusqu'à l'é-
1792, il fut envoyé au camp de poquc de la révolution , où il devint
Châlons pour y faire adopter par les chef de l'un des bataillons de volon-
troupes les changements qui venaient taires nationaux qui furent créés dans
d'avoir lieu dans le gouvernement, le département de laDordogne. 11 com-
Ccnendant il ne s'était pas montré battit a la tête de celte troupe , en
lui-même fort enthousiaste de ces i792,aWorms, à Spire, aMayence,
changements, et il ne fut point nom- et fut nommé général de brigade le 8
raé député a la convention nationale 5 mars 1793. Après avoir été renfermé
il retourna dans sa patrie, où les dans Mayence pendant le siège qu'eu
fonctions civiles les plus importantes firent les Prussiens, il fut envoyé avec
lui furent toujours confiées. Ce qui la garnison de celte place contre les
est digne de remarque, c'est que, Vendéens. Bcau[)uy concourut par une
connu comme il rélait pour la sagesse habile manœuvre a la vicloire de la
et la modéiation de ses principes, il Tremblaye le i 5 oct. 1790. Une dé-
fut néanmoins président du comité ploya pas moins de valeur deux jours
révolulionnaire de Mussidan, et que, après au combat de Chollet , où il eut
profilant de l'isolement où se trouve aluller corpsacorpsavcc un chef des
cette ijctile ville , il fit si bien , que royalistes : cet exploit le fit nommer
pendant plusieurs mois aucun excès général de division. Mais il ne put
n'y fut commis, aucune persécution empêcher ensuite réchec de Beau-
n'y fut exercée. Mais il élait bien préau, uilesautrcssuccèsqu'ohliureut
difficile alors que, même sur los points les Vendéens h Entrain et a Chàteau-
les plus éloignés, on pùf impunément Goulier , après leur passage de la
se soustraire ainsi au mouveiiieul gé- Loire. Beaupuy fut blessé d'un coup
néral : Beaupuy fut a la fin dénoncé de feu dans celle dernière aft'aire, et
et arrêté comme suspect ; et il eût il alla se guérir a Angers , où il se
sans doute clé victime de sa généro- trouvait encore lorsque, jieu de jours
silé, si la chute de Robespierre ne après, les royalistes cherchant ii
l'eût sauvé. lUut nommé comnjlssaire repasser la T.oire se présentèrent
du directoire eu 1797, puis député devant celle ville. 8'étanl fait por-
au conseil ^^^ anciens par le départ. 1er sur le renq)art pour comballrc,
de la Dordogue. Membre de la corn- il fui blessé, mais Inrt légère-
mission des inspecteurs a Pépoque menl, il put se rendre a Tarmée du
du 18 brumaire, il concourut de Unit Kliiu, où il lui appelé ;i coniniandcr
sonpouvoiraulriomplicdeBonaparle, une division au commencement de
cl fui récom|)ensé de sou zèle par le «79/». U eut dès-lors beaucoup de
litre de sénateur. Ayant iail , »n part aux opérations de celle armée ,
i})02, un voyage daus sapalrie , il y et se distingua parliculièremenl à
mouiulle 19 sept. M — uj. (lorick, ii l'urelicjui , et surtout dans
la iiR'inoraliIc relrallo de Bavière (pli
(il laiil d'IuMiiu'iirà Aloreau. Ct* (lr\ail
l'Irc son (liTiiicr ixploil ; i! lui liio
d'uii coup (le ranon , \v 19 ccl.
179O, cil (Icifiiilanl aMC l arrièrc-
j;anli> \c dclik- du Tfon-tf h/i/cr.
Morcaii Ir r(\i:,iolta \i\iMnciil , cl ,
après le Irailc de J.uiiéville en 1802,
il lui lit élever un nionumenl il IScu-
]îrisacl). — Deux frères de ee j^cnèral,
Cii^alenuMit mllilaires , sont nioils
comme lui sur le cliamp de halaillc
dans des pjrades inférieurs. IM — nj.
ï5EArUi:i»AmE(N. Girard
de) , d'une antienne famille du Poi-
tou, élail possesseur d'une grande
forlune, mais s'élant livre , avant la
révolulion, a loules séries d'écarls, il
la dérangea singulièrement; de sorte
(pie, pour ne pas être poursuivi , il se
retira dans la lorire h fer de Pouancé
en Anjou. Ces établissements indus-
triels étaient alors des espèces de
lieux de refuge contre les recherclies
de la justice. Lorsqu'il retourna a sa
terre de la Cliàteigneraie, près Mon-
laigu , la révolution élail commencée;
il sembla en adopter les principes ,
et n'émigra pas comme la pluj^arlde
ses parents; mais lorsque le parti ré-
publicain l'emporta et que la monar-
chie eut définitivement succom])é a la
fin de 1792 , Beaurepaire se déclara
pour la cause du tr(')ue, et il prit
bienl()l parti dans rinsurrcclion ven-
déenne. Brave , spirituel , instruit ,
il aurait , sans sa mauvaise conduite
antérieure , joué un rôle principal
dans la levée d'armes. Cependant il
eut d'abord le commandement d'une
division qui se réunissait tantôt a l'ar-
mée du centre , lantôlacelle de Les-
cure. 11 entreprit une expédition sur
riiermenaull , et occupa monienla-
Bernent ce bourg, dont il lui bien-
tôt chassé , et sa troupe se relira
eu désordre; mais il répara cet
RK/V /,i7
éclirc (Il faisant une incursion dans
le iiième pays, où il enleva de beaux
attelages (l(? mules, qui servirent a
traîner l'artillerie et ii parler les ba-
gages de la grande arim'e vendéenne,
a Ln(juelle il se rallia, i.orsfpic celte
armée alla alLupier Nantes, le 3o
juin 1793, Ijcaurepaire (il une di-
version dans le midi de la Vendée.
Ayant accompagné Lescurc, avec les
troupes sous ses ordres, à l'expédition
de Varthcnay , il fut chargé par ce
général de veiller il la garde de celle
ville, menacée parle général Bi-
ron. Comme il avait négligé les pré-
cautions indiquées, qui consisiaient
il envoyer une patrouille d'heure eu
heure , Wcslcrmann arriva avec l'a-
vanl-garde républicaine, surprit la
batterie, s'empara de la ville, et lit
un grand carnage des Vendéens, dont
la plus grande partie se sauva en toute
hâte. A la seconde bataille de Luçou ,
Beaurepaire , toujours indiscipliné ,
attaaua avant d'en avoir reçu l'ordre,
ce qui eut un mauvais résultai pour
les siens j cl lorsque Lescure lui en
fit reproche , il répondit que tous ses
soldais étaient des héros. En octo-
bre 1795, a la seconde bataille du
Bois-du-Moulin-aux-Ci)èvres, il s'ob-
stina il vouloir arriver jusqu'il Wcs-
termann , fut blessé de 12 coups de
sabre , cl ne dut qu'à rallacliemeiit
de ses soldats de ne pas demeurer
parmi les morts. Lors du passage de
la Loire , Beaurepaire se fit porter
au-delia du fleuve, et mourut peu de
jours après des suites de ses Idcssii-
res. F — T — E.
BEAUREPAIRE, comman-
dant de la place de V^erd un en
1792 , était d'une autre famille que
le précédent , et avait été olîicier
dans les carabiniers avant la révo-
lution. Il s'en montra partisan, et
fut nomme en 1791 commandant
LVII.
27
4i8
BEA
du premier bataillon de volontaires
nationaux qui fut créé dans le dé-
pnrlement de Maine-et-Loire. Cette
troupe faisait partie de la garnison
de Verdun lorsque les Prussiens pa-
rurent devant celte place eu 1792.
Beaurepaire, décide a tout cnlre-
preiulre pour leur re'sister , ne put
communiquer son ardeur a la garni-
son , et il fit de vains efforts dans le
conseil de guerre pour que la capitula-
tion fût rejetée. C'est alors que, dans
son désespoir, il se brûla la cervelle.
Le député Delaunay fit décréter par
l'assemblée législative, dans sa séance
du 1 1 septemjjre 1792, que ses cen-
dres seraient déposées au Panthéon,
et que le président écrirait a sa veuve
une lettre de lélici talion. « L'en-
thousiasme alla si loin, dit Beifroy
de Pi-cigny , qu'une section de Paris
prit le nom de section de Beaure-
pairej qu'elle changea ensuite eu ce-
lui de Chcdier^ en attendant qu'elle
in prît uu autre. y> La mort tragi({ue
de Bcaurep.iire a été le sujet d'un
drame par Gauion ( Voj. ce nom ,
au Si;pp.) F — T — K.
lîEAUSOimE (Jeak-Jacqui:s
baron de Baux, comte de) , tac-
ticien, était de la même famille que
le savant Isaac de Bcausobre {f^oy.
ce nom, lll, 653). Né dans les pre-
mières années (hi dix-huili«''mc siècle,
il eml)rassa jeune Tétai militaire , et
lit dans Icsarmées françaiscstouleslcs
campagnes de Flandre et d'Allema-
gne. En 174H, nommé maréchal-de-
camp, il fut fail , en 17^9, lieute-
nanl-géneral , cl mourut ci 1785
dans un aire avancé. Heausobre est
principalement connu par l'oiivrage
suivant : Commentaires si/r In dé-
fense des jtldces d^ /Kneas le ftic-
ticien , h' pins nnvien des niitcius'
niilittures y avec ((uehjues noies j le
rablcau militaire des Grecs du même
BEA
temps 5 les e'coles militaires de l'anti-
quité et quelques autres pièces ; Am-
sterdam et Paris, 1757, 2 tom. en
un vol. in-2f°. La préface contient des
recherches sur la patrie d'Enée {T^,
ce nom, XIII, 102) , sur Pépoque où
il a vécu, et enfin sur ses diflérents
ouvrages dont l'abrégé qu'en avait
fait Cineas ( J^. ce nom, \ III, 566)
paraît avoir occasioné la perte. Une
note de cette préface (p. xv) nous
apprend que Beausobre avait, dès
cette époque , terminé la traduction
de F^égèce ; mais elle est restée iné-
dite , et l'on n'a pu découvrir s'il en
existe quelques copies. W — s.
BEAUSOLEIL (JeanduCha-
TELET , baron de) et aussi baron
d'Auffeubach, minéralogiste, était né
vers 1578, dans le Brabaut , d'une
famille noble. S'étant appliqué dans
sa jciinesse à l'étude des sciences
naturelles, il y fit des progrès ra-
pides , et n'cul pas de peine h se faire
une assez grande réputation dans un
temps où les plus simples expériences
de la chimie étaient regardées comme
des opérations magitjues. Sur l'invi-
tation de Pierre de Beringlien , pre-
mier valet de chambre de Henri IV,
et contrôleur-général des mines, qui
s'était fait accorder la concession des
raines de la Guyenue et du pays de
Labour , le baron de P»eausoleil vint
en France vers 1602 j mais dans ce
premier voyage il se borna sans doute
a visiter les deux provinces, pour re-
connaître la nature dvs mines el les
dépenses qu'exigerait leur exploita-
lion. II parcourut plus lard tous les
pays de l'Europe, poureu examiner les
productions niinéralogitpu's j cl, de
retour en Allemagne, il obtint la place
de conseiller dva mines de lloni'^rie.
11 lui é'-alenjenl honoré do laconlianee
fi
dediversprinceselmèmede celle d un
pape, (jni le décora de la croix de
Sainl-PIcrrc-lc-Marlvr. Fn if)2()îl
fut ra|ij)('lé vu Frnnci' par Ir marcjiiis
(i'Elîial , snrinlcuilaiil dv^ miiirs du
royaumr. Mmii dv raulorisaliou de;
faire ouvrir les niinrs cl d'cxcciilcr
tous los Iravaux nécessaires a IcMir
cxploltalion, il parcoiiriil, en 1627,
le Laii^iu'doc , accompagné de sa
femme (Martine de r>erlcreaii ), non
moins lial>ile (|ue lui dans la mclal-
lurgio , el des ouvriers (pi'il avait
amenés d'Alleinainie ]iour Iravniller
sous sa direction, J.a même année il
se rendit cnBrelafrne et s'élal)lit mo-
o
nienlanémenl h jMorlaix avec toute sa
suite. Ln jour qu'ils étaient ailés , le
baron de Bcausoleil faire Texaraen
d'une mine dans la forêt de Buisson-
Rccheraare , et sa femme a Rennes
solliciter l'enresilslrement de leur
commission, le prévôt provincial La
Touche-Grippé , que, par dérision ,
Martine deBcrtereau nomme Toiic/ic-
gn'ppe-mino/i , profila de leur ab-
sence pour faire une descente dans
leur domicile ; et, sous prétexte qu'ils
se livraient a l'exercice des arts ma-
giques , s'empara de tout ce qu ils
possédaient : bagues , pierreries ,
échantillons de mines, instruments
pour les essayer, procès-verbaux ,
papiers , mémoires , etc. Le baron
de Bcausoleil se justifia facilement de
l'accusation de magie 5 mais il ne put
obtenir la restitution des objets qui
lui avaient été enlevés. On voit dans
un opuscule , aussi rare que curieux ,
puhlié par sa femme en 164^0 , qu'a
celle époque ils avalent dépensé la
somme , énorme pour le temps , de
000,000 francs , en recherches et en
essais de mines , sans avoir reçu la
moindre indemnité . ni même pu jouir
des concessions qui leur avaient été
faites a bur arrivée en France.
Le baron de Bcausoleil avait , au plus
tard en i62f) , fait un petit voyage
BEA
^19
m Allemacjnc pour y régler acs af-
faires; el 11 en élail revenu (les i65o,
avec l'.i permission de l'empCreur cpii
lui coiis('r\,ril s.i place de conseiller
el commissaire des mines de Hongrie,
en l'aulorisant a la faire remplir par
l'aîné de ses fils Quoltpi'il partageât
toutes les erreurs des alchimistes de
son temps , Bcausoleil était plus
instruit dans la science métallurgicpie
qu'on ne l'était alors en France ; et
l'on ne peut douter que ce ne soit
la v 'ritable cause des tracasseries et
des persécutions auxquelles il fut en
butte loulesa vie. Après avoir été rui-
né , ii l'on en croit Ilellot (préface de
la trad. de Scliluller), il fut arrêté
par ordre du car(h'nal de Richelieu,
et mourut misérablement ala Bastille,
vers 1 64.5 . On a de Bcausoleil l'opus-
cule suivant : Diorismus ( idest de/l-
jiilio ) verœpJiilosopIdœ de materia
prima lapidis^ Be/iers, 1627, in- 8°
de 3o pp. , reproduit l'année sui-
vante , a Aix ,• du moins il en existe
des exemplaires sous la rubrique de
cette ville, avec la date de 1628; et
l'on conjecture que le même opuscule
est celui que Borel et Lenglel-Du-
fresnoy indiquent dans leur Bihllo-
tlicqne chimique sous ce titre ; De
sidphure philosophoruin ; Gobet
{Voy. ce nom , au Siqip.) l'a insère
dans les Anciens minéralogistes de
l'^rancc y ï, 269-82 , avec une pré-
face dans laquelle il venge complète-
ment le malheureux Bcausoleil du
reproche de charlatanisme (i) que
(1) On dit qnc pressé par Pierre Bord,
auteur d'une Dibliotlteca chimiva , de faire en
sa l'riscnce la Irâiisniutatioti du uicrcure eu ar-
gent, le baron de lîeausolcil mit de l'argcut dans
un charbon et l'ayant siibsttuc au mercure
laissa le ini dixin de Ca-tres Tort surjiris. Mais
celle hiitorictie est «-vithniincDl controuvée puis»
qui- Pierre Borel (/ "/. ce nom, V, 171), né vers
1620, n'était pas encore médecin à Castres que
déjà le liaron de Beausolpil < xpiait dans les pri-
sons b- loit d'avoir poussé plus b)in que ses con-
tcmporaius l'étude des sciences naturelles.
5»7'
/j20 BE/V BEA.
n'en conlinnent pas moins de lui faire ilcs Epi très et Evangiles avec des
les Dictionnaires universels, et où réflexions ^\\).^ 1752,2 V. in-i 2, on
il a lasseniMé loiis les rcnseigneinenls a de lui : I. \i Education d'un grand
qu'il avait pu recueillir sur ce minera- ro/, Paris, 17 i8,in-4.°;ibid., 17^9,
loî^isle et sa femme ( Voj. JMar in-i 2 ( 2 ). CesL un poèmelalin coui-
liue DE BertcreaU , au Supp. ). posé sans doute pour Louis X\ . II.
V/ — s. Lesi'/éjs du P. Azevcdo, jésuite, ibid,
BEAUYAIS ( Le P. Gilles- 174.4., in-125 — duP. Brito , jésuite,
François), écrivain ascétique, na- ibid. , 17^6, in-12 5 — de M. de
(juit en 1695 , dans !a Bretagne. Les Breligny, ibid., 1747 , in-12. lit.
Lioffrapiics q'ii lui donnent le titre Considérations et élévations aff ce-
de prédicateur du roi, et qui lui tives envers N.-S. J.-C. au trts-
fout prononcer le panéffj^ric/ite de saint-Sacrement de l'autel, \]m\.^
saint-Louis en 1761, devant l'aca- (1753), in- 1 2 .IV. Lettres deiW' . . .
demie franca!>e (i)j !e confondent à sajille surles motij's etles moyens
avec le célèbre évèque de Senez [V. de mener une vie plus chrétienne ^
BeauvaiS) lit, 659). Après avoir ibid. ,1705, iu-12. Elles ont été
terminé ses éludes , il embrassa la réimprimées sous ce titre : L^ettres
rèffle de saint Ignace et fut d'abord morales et chrétiennes d'une dame
ebargé de renseignement des huma- à sa fdle , sur les moyens de se
iiilés dans divers collèges. Composant conduire avec sagesse dans le
des vers latins avec une faciiil-é qui inonde, ibid., 1758, in-12. Le
n'est pas toujours lapreuve d'un grand P. Bcauvais a, dit-on, rédigé, de 1764
ia!cnl,il publia quebjues c'/^'g-Zt^s sur a 1768, la France ecclésiastique
la mort de Louis XlVjct, en 17 16, ou rAlmauacli du clergé; mais c'est
il remporta le prix de poésie laline par erreur que M. Miorcet de Kcr-
aa Palluod tlellouen, par un hymne douct,dans s,Qs]Sotices sur Icsécri-
sur r immaculée conception. En vains de luBrctagiie , lui attribue
(initiant la carrière de renseignement, V ylrt de bien parler etde bien écrire
il se chargea de la direction de (juel- en français , ibid. , 1770 , in- 12.
qucs personnes pieuses, et employa Ce dernier ouvrage est de J. i>EAU-
ses îoi.sirs h rédiger plusieurs ouvra- vais , insllluleura Paris. W — s.
1res nroprcsu les eulrelcnlr dans des IJKAL'VAIS (Bi'.bit.a^d Poi-
sentiments cbreliens. A la suppres- hier de), gênerai vcudeen , ne 11
sion de la société, le P. Ijeauvais, a Cbiiion, vers 1755. fils il'un avocat
qui sonîigc nencrnictlaitpasdesiilvre distingué de celle ville, élait consed-
sus conlVèrcs dans l'exil , dut obtenir K-r du roi depuis 1777, lorsque la
sans peine la permission d<M'éslder a révolution commença, il s'en déclara
Paris j el l'oji eonjrclure (pi'il y mou- jin ^^^ ciinenils les plus acharnés , el
rut oclogénaire, vers 1775. Outre jc rendit li CoMeutz en 171)1. H nu
des éiiillons de la 7ù'//rt//(' //r;///' /<'.v caractère nnpalieul , il lut bienlôl
rcli'Jeusrs, Paris, 1746, in-12; rebuté pai les lenteurs de la coali-
(i) Dims le nirthmmire dr Frlh-r, K"' «'il.. III . (:«) l/.<lilion .lo 1718 ivst litic |.«r Taulnir t!.s
f).). ni) uUii:>iii; nu W lîr.iiiviii^ l'Oraison f un,'- ti"lii<-s sur Ir» «ci-iviiins de l.i Urctiiftnr ; Unis 1rs
In'ilf dnn t'/ii/ippr, infunt tlf t'arme ^pour iiifunt «lulioiiimiros ne pailrnl nm< «Ir i«'Uo «l«« i;:».). (»ii
«n'..l)n^'in<,»!ii(: <!•• l'iiriix'). «l'ic dans l.i m.'tiii-co- n'a jm Irs tioiivn- ni l'nno ni l'aulu- , ni.il;;r.i
l«)iiin' cm avait di-jatloniite uvccrui»«)ii ù lVvo<mc li-i rtrliiMrlu-s «[u'on ni a luilos d.iiis lis lublio-
du Swiic/. / llinjut» do l'aiin.
lîEA RKA li'ii
lion, cl n-nliM t'ii l'raucc avec une Fonlcnay , li Anlrain , cl dans toutes
iiiission (les juliiccs rrcrcs de Louis les occasions où la «;raiulcarnuM' voii-
XVI. Ivcvcmi dans SCS proprli-lcs aux ducnnc cul à conjl)allrc sur la rive
environs de Cliinon , avant l'expira- p,auclie, coninic sur la rive droite do
lion des (K'iais accordés aux émigrés, la Loire. l*endaiit ([n'il (liri^-jcait la
il lui fut nlus l'acile de reiujilir sou |ireinicrc di\i.si()n de rarlillerie au
niantlal , ([tii t'tail surtout (rol)ser\er siè}i;e de Granville, son père jnourut
les pr()grè.s du parti royaliste dans à l'aris sur Téclialaud , le 1 5 novem-
rOui\sl. Mais il eut le clia^iin de l)re 1793 (i). S'élant lire des désas-
voir arrêter son père , accuse de 1res du Bîans , Ijcauvais arriva il
correspondance avec Malesherhcs. Ancenis avec les débris de l'année
Soupçonné hii-nièine d'avoir eu cou- royale, qui cliercLaient à jiasser la
naissance de ces rapports , llcauvais Ivoire. Le «général en cliel La llo-
fut arrêté; mais ayant promplenicnt cliejacquelciu s'était embarqué dans
recouvré la liberté , sa première Tespoir de ramener des bateaux qui
pensée fut d'en faire usage pour obte- étaient sur l'autre rive j ne le voyant
nir celle de son père. Kepoussé par pas revenir, Ikauvais^ témoin du dés-
toutes les aulorilés, il conçut le pro- espoir de Tarmée fugitive, se flatta
jet assez singulier d'y parvenir eu d'être plus heureux; mais, a peine
se réunissaul aux royalistes de la débarqué sur la rive gauclie, il se vif:
\endée, qui venaient de se soulever contraint de s'enfoncer etd'errer dans
contre la républicpie ; et il se flatta les terres pour éviter d'être pris,
que le sort des armes mettrait dans Oldigé de se tenir caclié, il ne rcpa-
ses mains quelque personnage consi- rut a la tête des Vendéens que lorsque
dérabledu parti républicain , dont il les cruautés des chefs révolutionnai-
ferait un otage pour garantir la vie res les forcèrent, après la première
de son père. Ce fut a Saiimur qu'il pacification, de reprendre les armes.
vint se réunir a Tannée royale, et il A dater de la bataille de Geste, où
débuta par mettre en liberté deux pa- les royalistes triomplièrent , il conli-
triotes ([ui lui promirent de faire .nua a se distinguer et fut un des sept
tous leurs efforts pour sauver son commandants qui dirigèrent l'armée
père; mais ce fut une A-aine pro- jusqu'à ce que Slofflct eut été nommé
messe , il n'entendit jamais parler de général en cbefdecelled'Anjou. Beau-
ces deux individus. J\L de la l'ouère vais se montra fort opposé h tous les
(pi'il connaissait , élant chargé d'une projets de pacification avec les répu-
Incursion sur Chinon , lui proposa de ])licains, et surtout au traité de la
l'accompagner , et ils y allèrent en- Jaunaie.Lorsquece traité cutélésigné
semble avec un détachement de deux maltrré ses réclamations , il se rendit
cents hommes. S'élant emparés de en Bretagne auprès des royalistes ar-
celle ville, ils v arborèrent le (Ira- mes de cette province, cpii étaienb
peau blanc, délivrèrent les prison- alors également occupés de négocia-
nlers, et firent embarquer pour Sa'i-
mur les blés et farines qui y étaient eu (,n Boitiand Poirier . natif de uichcHcu, A-é
dé|)Ôl. C'est alors qn'uiie di\islon <le M.ixant.-huit .m.s , fui d.daïc convaincu tic
,, l ... . -, c ' ' 1> • sVlre opixisp , dans lo inoii do mars , au dt-jiart
d artillerie lut connee a beau vais , et ,1,.^ voioi.uiics de chinon , v» leurdisanu;»'./*
c'est dans celte arme (lue dès-lors 11 "'^'" rr./r,»//«»-.wr ;;«.. ïm'«.. 1rs menait ù la bou.
,' ^. ., , cheik' ; et aussi d avoir v\v. fauteur ou le corn-
Signala son courage a Lliolletj a ^,liced'àrils confe-mohuionnatres saisis vka lui.
A22
BEA
lions avec la république. Il leur
adressa de très -vives représenta-
tions j mais bientôt entraîné lui-mê-
me par l'exemple et la nécessité , il
signa le traité de laMabilais^ et, le
cœur navré de douleur, il se rendit
en Angleterre où il vécut long-temps
dans le besoin, n'ayant pas même la
faible pension que le gouvernement
anglais accordait a la plupart des
Français émigrés. Ce fut pendant son
séjour h Londres que, indigné des
mensonges répandus dans les Mémoi-
res de Turreau^ il entreprit de \q.s
réfuter par des mémoires dont le ma-
nuscrit existe, et qu'il se proposait
de faire imprimer. Il en publia alors
un abrégé, sous le titre à^ Aperçu sur
la guerre de la Vendée, in- 8°,
Londres^ 1798. Ce résumé, que nous
avons sous les yeux, et que les liis-
loriens n'ont probablement pas con-
nu , offre des détails cuiicux. Reve-
nu en France , depuis plusieurs an-
nées, Heauvais éliiit renlré dans ses
propriétés 5 et'il est mort, le 3 avril
1827 , h sa terre de Reauvais , sans
avoir été employé sous la restauration,
n'en ayant obtenu que la croix de
Saint-Louis. M — DJ.
J5EAUVAIS ( CuARLES-ïnÉO-
dore), général français, né à Or-
léans le 8 nov. 17712 , était fds du
couvenlionneldccenom {V oy .\!n'.\.\}-
VAis Df: Préau, III, 658) (i).
A pi «s la mort de son père , un dé-
cret de la convenlion nationale assura
au jeune lUauvais une pension de
quinze cents francs, cl il en a joui
toule sa vie, même nprês le retour ^('?>
Ijourbons. Il venait do s'enrôler daiK
(1) On .'I (iniiv di> iiirtitioiuir;)* diui» crt Jirtiric
|p vote «le HcauvJiH «li^ l'rt'Uii dans Ir prmrs do
LouU XVI. C.u voir fut pour lu mort, .s'ins a|i[irl
«t ion» sui'si» h l'rxi'rnlion. Rcaiiv.iiH ftit L-nsnito
le collô^Mie <lr niixsiiin de Pirrrt! Ray if, cl il r»ut
|)Url » liiUlCH IfS (iprialiiiiis de i-i» rr|irrscikl.iul
A lonlfin (/(y, l'icnc Raïle, (Lus to vol.,
BEA
un bataillon de volontaires nationaux
parisiens, où le nom de son père et la
faveur du gouvernement lui firent
bientôt obtenir un avancement rapide.
En 1798 il était adjudant-général, et
il suivit en cette qualité Bonaparte
dans son expédition d'Egypte. Les
malbeurs qui accompagnèrent cette
aventureuse entreprise tirent sur lui
une vive impression , et dès le mois
d'octobre de cette même année, il of-
frit sa démission au général en chef
qui l'accepta par l'ordre du jour
suivant : « Un officier qui , se por-
te tant Ijien, offre sa démission au
ce milieu d'une campagne , ne peut
ce pas être dans Tintenlion d'acqué-
cc rir de la «:loire.... Il a été con-
ce duit ici par d'autres motifs, et dès-
ce lors n'est point digne des soldats
ce que je commande.... » Revenant
en France , l'adjudant Beauvais fut
pris par les Turcs et conduit à Con-
stanlinople , au cbàteau des Sept
Tours , d'où il ne sortit qu'après dix-
buit mois de captivité. Sou ancien
général en chef, devenu premier con-
sul, refusa de l'employer, et Beau-
vais se vit réduit , pour vivre , à un
emploi subalterne dans l'octroi de
Pans , dont son beau-père était le re-
ceveur. Ce ne fut qu'en 1809, au
moment où les Anglais débarquèrent
hFlessingue, (pie le besoin d'oili-
ciers lui fil obtenir un commandement
dans l'armée qui marclia contre eux,
sous les ordres de liernadolte. Après
celte courte expédition, Beauvais
passa en Espagne, où il fut chef d'é-
tat-nia jor du général Inilour-lMau-
bourg. Devenu marécbal-de-camp et
baron , il lut envoyé sur leRliin îi la
fin de 181 3 , et parvint K reprciulrc
la jietile ville de ISeuss , dont I en-
nemi venait de s'emparer. Après la
clitile de Napoléon , lîeauvais obtint
du roi la croix de Saint-Louis , mais
il 110 fui p;is cinployi', cl ne reprit du
service que dans les ccnl jours dr
l8i5, où il lui MoniUK' par Hoiiaparlc
coniniaiulaiil de Havouiic. Il rtudil
cclU' jdacc aux Espagnols, et signa
la capitulai ion tlans 1rs derniers
jours de juillfl. Revriiu dans la capi-
tale, il lui mis a la retraite. Dans
Toisivclé où il se trouva, il se mit îi
composer des livres cl concourul a la
rédaction de plusieurs journaux, tous
de Topposition, entre autres le l\fcr-
cure , la Tribune et le Constitu-
tionnel. Beauvais est mort K Paris
au commencement de i83o. Les ou-
vrages qu'il a publiés , sont : I. (Avec
r>arbier el autres gens de lettres. )
Dictionnaire historique ou Bio-
graphie lUïiverselle classique , 6
vol. iu-8" (édition compacte) , Paris,
1826 à 1829. C'est un abrégé fait à
la bâte cl sans beaucoup de soin de
tous les ouvrages du même genre qui
l'avaient précédé , et plus particu-
lièrement de la Biographie univer-
selle. H n'eut point de succès et l'é-
diteur après en avoir gardé Tédition
tout entière dans son magasin , pen-
dant plusieurs années, a imaginé ré-
cemment de la débiter en lui donnant
notre litre et en la faisant paraître
par livraison , suivant la méthode ac-
tuelle. Cette ruse lui a réussi, et la
cour royale même a jugé qu'il avait
bien fait, après avoir long-temps
profité de nos recherches et de nos
travaux, de prendre encore notre ti-
tre , de telle sorte que nous n'avons
plus d'autre moyen d'empêcher celle
fraude que d'en avertir le public. II.
Victoires et conquêtes des l*' ran-
çais, Paris-, 181 7 etann. suiv., 28 v.
ia-8". Quoicpie cette compilation pré-
sente nn tableau de toutes les guerres
des Français, en remontant juscpi'aux
premiers temps de la monarchie ,
c'est évidemment ua ouvrage de cir-
RKA
h'ï.'S
conslance, destiné a flatter les Fran-
çais, alors enivrés de leur gloire mi-
litaire , et su ri oui a rabaisser le parti
royalisie cpii n'y a\ail pas eu de part.
Beauvais en fut le rédacteur princi-
pal, et souvent 11 s'est borné a copier
les bullelins ou rapports oKlciels.
Quelques parties, qu'il a puisées h de
bonnes sources, ou (pil l.ii ont été four-
nies par des militaires expérimentés,
entre aulrcs le général Thiébault ,
sont plus exactes. On imprime en ce
momentune seconde édil ion qui est an-
noncée avec des corrections. L'exem-
plaire de la première , sur peau vé-
lin , a été acheté parle ca])inetdu roi
Charles X , pour le prix de quarante
mille francs. Beauvais fut nommé par
ce prince en considération de ce mê-
me ouvrage , grand-officier de la Lé-
gion-d'Honneur. Il a encore publié :
1° la Correspondance officielle et
confidentielle de Napoléon Bona-
parte, avec les cours étrarigères ^
etc., 1819-1820^ 7 vol. in-8". C'est
im dépouillement de la copie des ori-
ginaux qui avait été faite, avec beau-
coup de soin , par ordre de Napo-
léon, et reliée raagnlBquemcnt en 3o
vol. in-fol. et in-zi" ; 2° une traduc-
tion française, àts Lettrées dePha-
laris , Paris, 1797? in-i2.Enfin
Beauvais fut un des rédacteurs des
Annales des faits et des sciences
militaires. M — DJ.
BEAUVALLET (P.-ÎSico-
LAs), sculpteur, élève de Pajou , né
au Havre en 174-9, fut chargé eu
1784., de tous les travaux de sculp-
ture du château de Compiègne. Les
ouvrages remarquables dont il orna
la salle des gardes commencèrent sa
répulalicn, et lui valurent sa récep-
tion a Tacadémie royale de peinture
et de sculpture, en 1789, époque
où , comme la plupart des artistes, il
épousa chaudcmcQl 1j\ cause de la ré-
424
BEA.
voliilion. En 1793 , il présenta îe
buste de P.Iarala la convention natio-
nale, buste frappant de ressemblance,
et dont les plâtres , les contrefaçons
se multiplièrent aussitôt avec une pro-
digieuse rapidité. Chacun, dans ce
temps d'effroyable mémoire , croyait
devoir se munir d'une de ces effigies
pour se préserver du soupçon d'aris-
tocratie ou de modérai! tisme : on en
faisait une sorte de paratonnerre.
Ijcauvallet exécuta aussi les bustes
de Chalier et de Guillaume Tell ,
ce qui le mit en grande faveur dans
les sociétés populaires, et lui valut
une place élevée dans l'adminislra-
iion des travaux publics. 11 fit hom-
mage du dernier de ces deux bustes
aux jacobins de Paris , et fut en ré-
compense admis au nombre des mem-
bres de celte société. Le buste de
Chalier avait été commandé par la
commune de Paris. L'auteur l'offrit à
la convention nationale. ATépoque du
() thermidor (27 Juillet 1794)5 s'é-
lanl dévoué ïi r\.oi)espit rrc , et l'ayant
assisté a riiôlel-de-Villc , il y cou-
rut de très-iirands danircrs. Cette le-
çonledétournade (a carrière poli ti(pie
et le rendit exclusivement au culte des
arts. On a encore de ce sculpteur
imc statue de JS'arcissc et une de Po-
moue j cpii turent exposées au salon
de 18125 une Suzanne au bain,
dont le modèle avait paru en 18 10,
et que Tauleur exécuta en nmrhre
pour l'exposition de i 8 i 4 ; enfin , il
jut cliar}',é en 1816 de faire la slahie
CM pied du général IVlortau , et il en
exposa le plaire dès l'année 1817.
()nel(|ncs unes de ses |)r()dntlions lais-
sent il désirer plus de caractère. Sa
Su/aune au bain, par exemple , bien
que d'une forme agréable, n'a rien
qui soit particulier ii ce sujet lire de
ri'.criture ; mais , s'il s'élevait rare-
iTicul an graud style , Beau\allcl clair
BEA.
presque toujours sur de réussir, par
le genre de grâce dont il ornait ses
figures de femmes. Cet artiste était
doué d'une grande facilité , et il est
h regretter que sa manière de vivre
l'ait presque toujours empêché de
se livrer à des études approfon-
dies. 11 est mort à la Sorbonne
( où il élait logé par le gouverne-
ment ) , le J7 avril 1828 , a la suite
d'une chute violente qu'il avait faite
dans son escalier. Eeauvallet avait
entrepris un grand ouvrage dont il n'a
paru que trois livraisons sous ce ti-
tre : Fragments cV architecture y
sculpture , peinture , dans le style
antique j composés ou recueillis et
gravés au trait , dédiés à M. Da-
vid, Paris, in-folio, i8o5 a 1804.
F. P— ï.
BEAUVARLET. Voy.
CllAKPKÎJTIER, YIIJ, 2 4-5.
BE AUVILLIERS (Antoine),
fameux restaurateur de Paris, fut
sans aucun doute le premier homme
de son siècle dans l'art culinaire.
]Né en 1754 de parents obscurs, il
fnt destiné dès l'enfance au métier
de cuisinier j et il en suivit tous les
degrés. S'étant bientôt fait une répu-
tation auîisi étendue que méritée , il
fonda quel(|ues années avant la révo-
lution , au i*alaIs-l\oyal , un (\vs plus
beaux restaurants de la capitale , et
il y ac([uit quelque fortune. Les évé-
nements politiipies nuisant a la pros-
])érilé de son établissement, il ne s'en
nu)n!ra pasPapprohateur, et ilessuva
en r 793 des j)erséeulions qui l'obligè-
rent à (pillter son commerce; mais
loules SCS pensées Tv rappelaleni ; il
lui hit inq)ossible de vivre éloigné de
ses fourneaux, l^ans un âge avancé il
rejiril un établissement non loin de
celui tju il avait dirigé avec tant île
succès ; mais les IcMups étaient hii n
changés ; lei guùl.< n'él.iiriil .s.:ns
(loiilc plus les nu-iiu's, c.ir l*(Mii\il- voilier îissi.sl.i K la prise des pclilcs
lit-rs cul alors |uii de micccs. Cf lui \i!lfs de \ iliicrs cl Doue, fil dlrlj;('r
dans CCS jours tK" tk'tadcncc ([uil los colouues sur iMoulrcull~B(dl.'iy ,
couiposa \\\\ dos meilleurs ouvrages ])Our allaijuer Saumur , cl lui Tua
connus dans cel nrl,('l qu'il le publia des commissaires cliarL';cs do réj^ler
sousccliire: l.\ut du Cuisinier, la caj)itulaliou du cliàlcau de celle
2 vol. in-i5", avec un <!;raud nombre ville. Deux jours après , il III une ex-
de planclies, Paris , i8i4- J seconde cursion vers Cliinon, (lcli\ra (\fi^ pcr-
cdilion , auj^nienk'e ^\\\\ snpplénicnl , sonnes de sa famille el de ses amis qui
l\iris , 1824. Anl. reauvilliers est y élaieul dclcnues, et traversa Lou-
inorl 11 {\iris , le 5i janvier 1817. dun sans s'y arrêter. Eu si (piaille
Colnet cpil fui son éditeur el qui sans d'intendanl-général , il fut adjoint du
doute avait goùlé de sa cuisine, a inarquisdeDonissanl, gouverneur des
parle de sa personne, de son talent pays concjuis par les Vendéens, el il
el de sou livre avec beaucoup d'en- proposa d'employer l'argcnlcrie d'é-
tbousiasmc dans plusieurs arlicles de j;lise , prise a Foiilenay , pour payer
journaux. M — uj. l'armée de Mayence , (pi'on disait
BEAUVOÏS. Voy, Palisot , disposée îi changer de parti , si on lui
XXXII , 4 1 2 . assurait une solde régulière. A]n-ès le
BEAUVOLLIEPt l'aîné passage delà Loire', Beauvolller fit
(PiEnRE-Louis Valot de), d'une créer des assignais royaux (i) , et fut
famille noble du Poitou , naquit vers d'avis , dans le conseil de Parmée, de
1770, près de Loudun au cliàleau retourner dans la Vendée ou de pren-
de Sammarcole , dont son père élait dre un port de mer pour y recevoir
seigneur. Au commencement de la ^n?, secours de l'élranger. A Pou-
révolution, il fut placé comme page torson , il était aParrière-garde , et
auprès de Louis XVI , et le renvoi fit couper les cbanssées pour arièter
delà maison du roi l'obligea de re- l'ennemi; a Pécbec de Granville,
tourner dans son pnvs. Peu après, il fut un des chefs qui essayèrent
ayant annoncé ^{is principes royalis- inutilement de s'emliarquer poirl'Au-
les , son arreslaliou fut ordonnée; il gleterre. Il fit preuve de bravoure a
le sut et alla joindre Parmée ven- la bataille de Dol, pour relever sa ré-
déenne a Tbouars , en mal 1790. pulalion- malsil y ])orlaaUclnlearaf-
D'abordemployécomme commandant faire de Ik'augé, eu ouillant brusque-
en second de Parlilierie , sous Mari- meut l'armée. Beaucoup de personnes
gnv , il fut ensuite nommé inlendant- de son parti l'accusèrent, peut- être a
général el Irésorier de l'armée. Quoi- lorl , d'avoir enlevé les fonds dont il
que exercanldes fonctions administra- était dépositaire , el lous blâmèrent
lives, BeauvoUier ne se battait pas sa conduite. S'étant tenu caché au
moiîis dans l'occasion. A la secc nde ]»îans jiisipra la première paclfica-
affaire de Fojitenay , les royaP.Nics lion , Bea'ivollier joignit alors l'ar-
dcmandalenl A\;?> carlouchcs a leurs méc de Stoiïlet. Lorsqu'on voulut
chefs; il cria aux^ eudéens, en \ ('\anl forcer ce général a la paix , il assista
les républicains: Ku voilà l Cela- • ' ; — 7
■^ j , .1 < I 1 1 (0 ('-<:s a.ssi^iiu'.s pui taienl 1 I f(i;;ie de Louis
propos deleriuina le succès de la ba- xvn CMr.^nl , ci ;iva:ent et.' assez, bien exrcufis,
taille, d'autant plus étonnant (lu'i! fut ''""* ''"","' '" AngloU-rro ; ils avaient la pran-
, '' * .,,.',, dfur ft a |)ruj)i.s Id'orintucs assjpnals de lu
obtenu presque sans arlillerie. leau- i,|,ub!i(i>i<-.
V-v^.
4^6 BEA [BEA
au conseil de guerre tenu à Thouars moyens cV armement pour la cause
par ordre des délégués de la conven- royale et dans t utilité de la réu-
tion , et il paraissait disposé h ne pas nion en un seul département des
donner d'avis. Pressé à ce sujet ^ il arrondissements des Sables, de
dit qu'on ne détacherait les Angevins Beaupréau et de Bressuire. Alp.
de leurs chefs qu'en observant la dis- de Beauchamp a publié en 1825,
cipline la plus stricte, et en respectant in-8^ , des Mémoires sur la cam-
les personnes, les propriétés et les pagne de Russie en 1812, parle
opinions. Après cette époque , il diri- comte de BeauvoUier. Ce dernier est
gea au château de Vermetle, entre mort dans son pays peu de temps
Bressuire et Thouars , un plan d'in- après cette publication. F — t — e.
surrecticn ; il avait réuni là des BEAU VOL LIER (Jea:î-
poudres , dont une partie avait été Valot , chevalier de) , frère du pré-
escortée par la fille Langevin , l'une cèdent , et né comme lui dans les eu-
des amazones vendéennes : mais les virons de Loudun , entra dans la 2:en-
républicains, instruits de ce projet, darmerie , fut envoyé à Bressuire et
cernèrent le chàfeau une nuit. Ap- quitta son corps lors de Tévacualiou
prenant qu'ils étaient entourés , les de cette ville. Il alla même au devant
Vendéens firent une sortie que Tob* des Vendéens pour leur apprendre
scurilé et le mauvais temps favori- celte nouvelle , mais son habit le fit
serent- un seul d'entre eux tomba mal accueillir. Un paysan _, capitaine
dans les mains des patriotes. Dans de paroisse , voulant le mettre à l'es-
l'insurrection de 1799, Beauvollicr sai , lui proposa d'aller avec lui à
coinmauda une division de l'armée du Loudun , où il n'y avait pas de trou-
marquis d'Aulichamp. Il se soumît pes , pour couper l'arbre de la li-
en 1801 a Bonaparte, et, en i8o5, berte', ajoutant que, s'il y avait gar-
il vivait paisiblement a Paris. Plus nison, il lui ferait sauter la cervelle
tard , en 18 II , il obtint une place en arrivant. Beauvollicr accepta l'of-
dans l'administration de rarmce fran- fre en répondant qu'il n'était ni un
çaise, avec laquelle il fit la campagne traître ni un poltron , et ils allèrent
de 1812 en Ilussic. lleveuu en en effet une nuit faire une incur.sion
France h la première restauration , il de quelques instants , dans une ville
figura dans les cent jours au quatrième qui était h plus de dix lieues du pays
corps de l'armée vendéenne, dans ^uw insurgé. Ayant ainsi fait ses preuves,
ancienne qualité d'intcndant-général. il fut choisi par Lescure pour son aidc-
A la .seconde restauration il obtint le de-canip. neauvollier fut blessé, le i5
grade de maréchal -de-camp et prit mai 1793, àraltaque de \a Cluilai-
le litre de comte. Il se livra alors h gneiaie. A cellede Saumur, il fnten-
dea travaux littéraires et annonça la voyé en parlementaire au chîileau ,
publication d\iu recueil hi;>lorii|ue aida a conclure la capitulalion , et
sur la révolution française sous le litre concourut , dans celte ville , le 12
^ Archives J'ntnraiscs f \\\d\sc\i \n()- juin 1795 , a la nomination de
jet ne fut point mis a exécution. Cathelineau, comme généralissime
iieaiivollier a publié en 1816, in-/|": des Veniléens. Ce chef royaliste ac-
i^ssai sur la Vendée em'isuç^èc compagna Lescure dans i>o\\ expcdi-
ilans son agriculture , son indus- lion de P.irthtnav, se distingua !i la
li'iç , ion commerce; dans sca bataille dç Suiiil-Fulgcul , cl faillit
BEA.
Mrc pris !i celle du l](ii.s-c]ii-l\T(Milin-
;iux-(ilu''vr('S,où, cnviloppo .ivcrSiol-
lli'Ulansiiii du'inin creux, il se viloi)li-
^édc mouler sur la selle de son cheval
pour s\'laiiecr au-dessus d'une haie,
et tua ensuite deux répulilicaius (jui
le pour>ui\ aient, l'eauvollier assura
le passage de la Loire en occupant
lui-rande avec les deux cents lioniines
(pi On lui avait tlonnés pour escorter
sou îiéneral Messe à mort. Devenu
l'un des chefs les plus marquants,
lors de Texoéditiou au-delà du lleu-
ve , il reçut une lorte Mcssure a
Tattaquc de Grauville. Obligé alors,
de suivre Tarmée sans combattre et
dans uu dénuement complet^ comme
ses camarades , ou le voyait dans uu
costume grotesque, enveloppé d'une
robe de procureur cpi'il avait trouvée
dan^ un de ses logements, ayant sur
la tête un bonnet de coton et un cha-
peau de femme par-dessus, llétabli
de sa blessure et d'une maladie qui eu
avait été la suite, il échappa pourtant
à la déroute de Savenay avec le mar-
quis de Donissant et d'autres chefs.
Avant réuni deux cents Vendéens ,
Beauvollier et Donissant s'emparè-
rent /d'Ancenis , et ils se dispo-
saient a passer la Loire , lorsque
les républicains , rpii s'aperçurent
du petit nombre de leurs ennemis ,
revinrent sur leurs pas et les entourè-
rent. Les royalistes se battirent eu
désespérés j ils se firent presque tous
tuer le sabre h la main j mais d'au-
tres, blessés et exténués, qui étaient
parvenus a se sauver par une lande,
furent atteints par la cavalerie répu-
blicaine. Bcauvollier fut de ce nom-
bre, et comme ses camarades il fut
traduit devant la commission militaire
d'Angers, (jui le condamna h mort ,
comme bri^nncljlc i li janvier 1794-
(22 nivôse an 11). Le chevalier de
Beauvollier çlail d'une grande bru-
BEA
/,î>.7
vourc , mais son éducation avait été
négligée. — Bkauvom-ikR ( iN. ), le
plus jeune des trois frères , vint join-
dre ses aînés a (|uin/e ans dans la
Vendée, et parut inférieur K eux,
sous tous les rapports. Il était a côté
de Lescure lors(pie ce général fut
l)lessé a mort. PicauvoUier ne survé-
cut pas a l'expédition d'outre-Loire.
F — T — E.
ϻE A VER(Pitilii'Pe), navigateur
anglais, né le 28 février 1760, entra
dans la marine royale en 1777, cl
servit pendant la guerre de l'iiidé-
pendauce américaine, principalement
dans la mer des Antilles. 11 fut nommé
lieutenant après la paix en 1784 , et
étudia les sciences qui pouvaient lui
être utiles dans sa profession. Cepen-
dant le vaisseau sur lequel il était
embarqué ayant été désarmé en 1791?
il se trouva sans emploi et sans per-
spective de pouvoir en obtenir de
long-temps. Impatient du repos, il
conçut plusieurs projets 5 enfin, de
concert avec cinq autres de ses com-
patriotes, qui tous avaient été officiers,
soit dans la marine, soit dans l'armée
de terre , il résolut de fonder une
colonie a l'île deBoulama, sur la côte
occidentale d"Afii(pie, dansfarchipel
des Bisagots, sous les 1 1*"* de latitude
nord. Beaver avait été décidé dans le
choix de celte île par la description
qu'il en avait lue dans les mémoires
de Brue(/^ojr- ce nom, VI, 84-)- Un
acte d'association fut formé, un comité
fut institué , des souscripteurs se
présentèrent : la colonie avait pour
objet la culture de la terre par des
mains libres. On espérait parvenir
par ce moyen a civiliser les nègres ,
à introduire parmi eux la religion
chrétienne, les arts et les métiers de
l'Europe. Le plan fut soumis au
minisire Pitt , ([ui lui donna sou
approbaliou. Troii biUiiuenls furent
4a3
BE4
frétés et partirent de l'île de Wight ,
le 12 avril 1792, portant deux cent
soixante-quinze colons blancs, hom-
mes , femmes et enfants. Dès qu ils
furent arrives dans celte île loin-
taine , un esprit d'insnbordinaliou
et de révolte éclata parmi eux* les
maladies les accablèrent , et les hos-
tilités des naturels comblèrent la
mesure de leurs maux. Braver fut
celui des membres du coiiii,Lé diri-
geant qui montra le plus de zèle et
de persévérance pour donner de la
consistance h l'élablissementj les
autres, et la plus grande partie des
colons, avaient pris la résolution d'y
renoncer et de retourner eu Angle-
terre, en se rendant d'abord a Sierra-
Leone. Le 19 juillet, il ne restait
plus que quatre-vingt-dix personnes
avec Beaver. Cbaque jour la fièvre
diininuail leur nombre ; lui-même en
fut atteint, et, malgré sa ferme vo-
lonté , il fut obligé de suspendre ses
travaux, ef même la rédaction de son
journal. Le départ d'un second na-
vire , le 22 novembre, le priva de
vingl-buit de ses compagnons ; Il n'vn
dem:>ura plus que vingt-sept, dont
quatre seulement étaient en état de
Iravailler. Néanmoins les illusions de
Beaver ne se dissipaient point ^ il
voyait encore en espérance sa colonie
riclie par l'agricull urc et le commerce,
Ir sol africain défriché par des mains
libres, et la traite des nègres anéantie
par le seul moyen qui pouvait y
niellre un terme. Il avait planté des
fruits et dvs plantes potagères d'P'u-
ropo, (piebpies-uns avaient prospéré.
Les constructions nécessaires au bien-
être cl il la santé dv.<i colons lourb.iient
à leur lin : cej)en(lanl il avait clé
obligé de se servir pour ses travaux
de l aide d'esclaves nègi es (pie leurs
niaîlrcs lui louaient, I^e .1 1 oel. 179"'
les colons encore vivants pressè-
BEA
rcnt Beaver de quitter Tile avec eux
pour retourner en Angleterre; il ré-
sista a ces instances : tous les jours il
était menacé de désertion. Enfin, le
2^ noveuibre, il fut contraint de cé-
der , et partit avec six de ses compa-
gnons sur un navire anglais destiné
pour Sieria-Leone. Ce ne lut pas sans
regret qu'il s\'loigna d'une île sur
laquelle il avait fondé de si grandes
espérances. Le 17 mai 1794 il abor-
da a Plymouth. Le 20 juin une as-
semblée générale des actionnaires
de l'association de Boulama , pé-
nétrée d'admiration pour la conduite
courageuse, noble et désintéressée de
Beaver, lui décerna une médaille d'or
en témoifrua2:e de reconnaissance. 11
reprit du service dans la marine, et
fut présent h la prise du cap de
Bonne-Espérance en 1793. Il devint
capitaine de vaisseau, et obtint en
1 7 99 le commandement du DoIpJiin,
frégate de quarante-quatre canons ;
il se distingua eu 1801 a la descente
du général Abcrcomby en Egypte.
En 1804., il calma les craintes (pie
l'on p()u\ail avoir île la desceule
méditée par Napoléon, en discutant
avec beaucoup d'iiabileté, dans nue
lettre écrileau Conri-ic/'lc i 6 lévrier,
toutes les livpollièses de ce projet. Il
eut plus tard le commandenuiil de
V ylcosta , et jcuii un rôle important
dans les négociations (pie rAiiglelerre
avait entamées avec les nouveaux étals
de l'Amérique du sud. H se signala a
la prise de la Marliniipie. En 1810,
il lit purlie de Texpédition qui s'em-
para (le Tilc de France ; il croisa
ensuite avec la frégate le Ni su s dans
les mers de rf;i(!e. Il se livra a <\c^
travaux si péuil'les rour l'exploralidii
de la C(')te (b'Quilo.i, (pie sa sauté en
fut i'ravemenl altérée. 11 monriit au
cap de Houne-Ksnérance , le S avril
I 8 1 3. On a Je lui ; Jj'rican lUcmO'
raiiilii , cic. [ Mi'uKninI ofiicdin inniidic i^. 1) i'l;iit ncvcii de Plii-
nlttli/\iiiin'trii(,iti\'rj\(itccn x-^i)-:. lipi'i' du Im'C, riiu (lf;s ])èrcs tlii
fuuir rldhlir Kiir roltuiic lirittimti- coiuilo de 'rrciilr , .siiccrs.slvcmciil
(juc (l<ins l'i'lc (le Jjonhuiut, sur lit cvà|uc de Vannes cl de JN.inlcs, cl
côte occidciittilc (V Afr'Kjiic : suivi morl arclicvccjuc de iveims en 1605,
(l'une îiolicc iil>ri'i;cc des tribus dont on .1 des Sermons, une Iradnc-
voisines , du sol, des produc- lion du Irai lé des /'(-//t'es de sain l
lioiis^ cte. , et de quelques obscr- Ambroisc, et un llèt^leinenl ponr les
rations sur la faeilitè. de fonder panvrcs (le son diocèse, au(|nel il doil
r/c.ç eolonies dans cette partie de d'occu])cr une place dans la inhlio-
V Afrique, afin d'y introduire l'a- thcque de Duvcrdier. Jean , tjni lait
ç^rieulture, les lettres et la reli- le sujet de cet article, était né vers
çiion parnd les indiu^rnes , et sur- iS/^o- Dans sa jenncsse il entreprit
tout afin d'abolir f^raduellenir/it un voyage au Levant, visita TEgyple,
f esclavas^e des Africains),hom\rcs, la Palestine, etc. , et en rapporta
i8o5, in-4.", carte. ]\î. A\ alckenaer des médailles et des manuscrits. De
eu a donné un extrait dans son I/is- retour en France, 11 prit parti dans
loire générale des voyages, l. VII. les guerres civiles , signala sa valeur
a Si lleaver, ditcesa\ant, eût réussi à différents sièges, et recul en i^yy,
dans son projet, il aurait obtenu, par sous les murs d'Issoirc, un coup de
riiabileté , le courage cl l'admirable mousquet dont il ne se rétablit cpie
consla'ice dont il a lait preuve, une difficilement : c'était sa onzième bîes-
cdatante renommée. Le gros ttpro- sure. Ayant obtenu du roi la permis-
lixe volume, qui contient le récit mi- sion de quitter le service, il embrassa
nutieusemcntdélaillédcsoncnlreprise l'étal ecclésiastique, et fut pourvu de
eut été lu avec empres.'^cmcnt et sou- l'abbaye de Morlemcr. Pvevenaut
vent consullc comme les premières et alors aux goûts studieux de sa jeunesse,
intéressantes archives d un peuple il composa plusieurs ouvrages, qui
naissdnt • mais le défaut de succès a probablement n'ont pas été tous im-
plongé d;uîs l'oubli cette expédition primés. En 1699, il fut nommé évèque
cl son historien. 3> INéanmoins ce livre de Saint-Malo et conseiller de la cou-
contient des renseignements précieux ronne. Il gouverna son diocèse avec
el originaux sur Boulama cl ses eu- sagesse, etnioiirutlc 20 janvier i 6 i 0.
virons, sur les peuples qui habitent Sou corps fut transporté , d'après ses
cette contrée, et sur rétablissement intentions, h l'abbaye de jMorte-
porlugais de Bissao. Un mémoire que nier, où Ton voyait son épilaplie : il
Beavfr adressa en 181 0 a lord Mnl- y était dit qu'il avait autant com-
grave, cl dans lequel il rappelle posé d'ouvrages qu'il avait reeu
ses services, offre des particularités d'arquebusades ; mais, quelques re-
asscz curieuses sur sa vie : cet ou- cherches que l'on ait faites, on n'a
vragc d'ailleurs est écrit avec facili- pu les découvrir tous. Les auteurs du
té, el nous ajouterons que les marins Gallia christiana lui attribuent une
V ont trouvé plus (Pun renscif^nement 7~7r~] I
. l f> (ly ()m Irouvc (les rfHscij,Mic;m'n!s curieux sur
Ullle. \^ S. ceUc illu-'lro f.iiuiilc, ijui s'est < Icintc dans la
T»T7/-. r-n^Ql^ïV f Tfix- #^lii ^ maison (le Rolian-filiabot, dans Us J/tm3/>M de
l>i.^.-^il\I^:51 l.> y.JLAN (lu;, cnsicinau, addit. de .I.-an L.- Laboureur; dans la
abbé de IMorlemer, descendait d'une /''></« mnrrchat dr Cuéhriunt; lUnsVIUsloire des
, •M , (• -Il 1 TVT grands of/idcrs (le la couronne , itarlcV, Ansvhnf,
ancienne el illustre lamille de INor- d.ns le b/r//««„a,>. de M«iVri' etc.
43o
BEC
Paraphrase Jrancaise des Psau'
mes : elle n'a point été connue du
P. LeloDg [T^oy. la Bill, sacrée).
Kocnig, daus la Biblioth. vêtus et
nova , cite de Jean du Bec neuf
Sermons sur l'excellence de l'orai-
son dominicale, Paris, i586, in-8*^.
Les autres ouvrages que Ton connaît
de lui sont : I. Discours de Vanta-
gotiie du chien et du lièvre ^ ruses
et propriétés d'iceux , Vun à bien
assaillir, Vautre à se bien déj'endre
(sans nom de lieu, ni d'imprimeur),
iBpS, in-8°: ce petit volume est très-
rare et recherché des curieux. IL His-
toire du grand Tamerlan , tirée
des monuments des A>^abes,Jjyon ou
Bruxelles, 1602 , in-8". Le frontis-
pice annonce que cette édition est
corrigée. 11 en existe donc une plus
ancienne , mais on n'a pu la décou-
vrir. L'averlissemcnt de rauleur est
daté de j5c)^{p^oy. Taimeblan,
^XLIV, 484.). On trouve une courte
notice sur Jeau du Bec daus les 3Ié-
moires biographiques de M. Guil-
bcrt. W — s.
BECCUCI (Do.minique-Ma-
bie), littérateur, né vers lySo, à
Florence, embrassa l'état ecclésiasti-
que et tut nommé professeur de litté-
rature grecque au séminaire épiscopal.
Après avoir rcn)pli celle chaire
plusieurs annc'es , avec beaucoup de
succès, il obtint la dignité de prévût
du chapitre de Saint -Félix, et par-
tagea le reste de sa vie en Ire ses de-
voirs et la cullure dos lollres. Ou
connaît de lui ; [. Dogmata orllio-
doxaipiiv exposucriint SS. yjpos-
toli; iiuitc priuuini (• gr. codicc
liiccardiano cru tu , lut. versa et
Tiotis illustruld gr. A//., Floronre,
lyOS, iii-8". 11. Jstruzionc pratica
S(tpra i voti monastici, ibid. , 1771,
iu- r 2 . il l. .-If 'S uu'lricusi'u de Qrtv-
corumprosudialritclalus; cuni ad-
BEC
ditame?itis jobservationibus etregu-
lis nunc primum latine carminé ex-
positis adusum studiosœ in grœca
poesi juventutis y Colle, 1782 ,
in-4°. Cet ouvrage est divisé en trois
parties. La première traite des élé-
ments de la poésie grecque 5 la se-
conde donne les règles nécessaires
pour distinguer la quantité dans les
différents dialectes ; et la troisième,
les figures et les licences poéticjues.
Au mérite d'un stjle clair , l'auteur
joint celui de l'exactitude ; et les ob-
servations dont chaque livre est ac-
compagné sont fort utiles pour ai-
der k découvrir et corriger les fautes
assez nombreuses que renferment les
anciennes éditions des poètes grecs,
même les plus eslimées. W — s.
BECDELIÈVRE (Anne-
Christophe , marquis de) , né en
i774,derune des premières familles
de la Bretagne, était fils du premier
président de lacLambredescomptesde 1
cette piovince , qui mourut le 7 mai !
1792. Il émigra fort jeune, fit les
premières campagnes de l'armée de
Coudé , et rentra en France h la fin
de 1 794, pour servir dans les armées
royales de l'Ouest. Il fut bientôt fait
major-général de celle qui occupait la
rive droite de la Loire sous les ordres
de Scépeaux , et donna en plu-
sieurs occasions des marques d'un
couratre dont il lut victime dans les
derniers jours de juillet 1795. 11
commandait un corps de cavalerie sur
la roule de Pans, et il s'était porté
seul a plus de ciiujuante pas en avant
de sa troupe , lorsqu'il tut atteint ,
près d'Ou(U)u , d'une balle (jui lui
traversa la poitrine. Il expira des
suites de celte blessure, le loaoùt
suivant, daus le village de la Chaise,
a Irois lieues du château de la Scille-
raye, résidence ordinaire de sa famille,
et ([u'iiabitait alors la marquise de
BEC BEC /i3r
iH'cdcIiivrc, sa mère, femme de lirau- siu.<; , prnmnt et rci^eiil du royauma
coup (1 fsprit , cl (jui jonissail d'iino de Hongrie ^ Paris, lyiB, \n-\z.
gr.iiido considcralion. l\ii-n ne peut Elle esl assez ciirii'iist; , roai.v mal
rendre la douleur de celle dame eu écrite cl surloul parliale (^oj*. Mar-
apprcnanl l.i mori de sou liLs. Depuis ïi^usius , X\ VU , 53:!). W — s.
ce luiiesle é\èuenicul , sa saule ne fil 15E(ilir7r(.Ji: vn-Bai'Tiste), his-
(jue décliuer,el,([uel(juc Icmps npr>'-s lorien de Salius, naquit près de celle
un voyage (juV-lK- lit à la citadelle de ville, eu 1759 , au village de Cer-
Besauçou pour y voir sa fille, IM""" de iians. Ayant terminé ses éludes avec
Bourmonl , qui y était prisonnière succès , il résolut d'embrasser Télat
avec sou mari et qui devait le suiv're cccléjiaslicjue; mais il ne tarda pas a
h la Guyane, elle mourut a Paris, où sorlir du sémiuaire pour entrer chez
elle vendait encore solliciter pour ses nn commissaire li terrier. Lasuppres-
cufanls. ]M — D j. sion de toutes les redevances seigneu-
I5ECIIET ( A^'TOlîs•E) , naquit riales ToMiirea bientôt a clierclier un
en 164.9, '"-^ Clermont. Ayanl em- autre état que celui de feudisle, et
Lrassé Télat ecclésiastique , il fut il devint arpenteur. Toutefois l'ha-
pourvu d\iH canonical (lu cliapilre bilude qu'il avait prise de lire IfS vieux
d'Uzès , et profila de ses loisirs pour litres ne lui fut point inutile, et
se livrer a la culture des lettres. Il plus tard elle décida son goût pour
trouva dans la riclic bibliothèque du les recherches hisloriques. Elu
marquis d'Aubaïs [V^. ce nom, III, membre de la première admiuislra-
I ) Ions les secours dont il avait be- tion du département du Jura, il en
soin; et, d'après ses conseils , il écri- fut nommé secrétaire-général, place
vit y histoire de Alartinusius. Quoi- dans laquelle il montra beaucoup de
qu'il fût déjà vieux lorsqu'il publia zèle et une grande intelligence des
cet ouvrage , il promettait , si le pu- affaires. Après la journée du 3 1 mai ,
blic encourageait ses efforts, d'em- il concourut a toutes les mesures pri-
ployer le reste de sa vie a des Ira- ses pour organiser dans le Jura la ré-
vaux plus importants j mais il mourut sislancc aux décrets de la convention ;
à Lzès en 1722 (i), âgé de soixante- et il fut envoyé dans les départe-
treize ans, ne laissant qu'une traduc- ments de l'Aiu et de Saône-el-Loire
tion française des X<?^//'t\ç de Busbecq pour s^y concerter avec les amis de
k l'empereur Piodolplie II, son sou- l'ordre sur les moyens d'arrêter les
veraiu. Elle a élé publiée avec une progrès de l'anarchie. On sait com-
vie de Busbecq dans la co«^//«/rt^/o« ment le parti de Robespierre par-
</('5mf;//ioz><?5 duP. Desmolets, tom. vint k faire échouer ces tentatives
XI, s*" partie. L'abbé de Foy ne l'a généreuses. Destitue avec tous sqs
sans doute pas connue, puisqu'il n'en collègues, Ikcbet fut arrêté quel-
fait aucune mention dans la préface que temps après et conduit dans la
de la nouvelle versiondeces Lettres, prison de Dole , d'où il fut transféré
{^oy- BusDLCQ, VI, 355). Bechet par l'ojdre des représentants au fort
a dédié au prince Ragolzki r///67o/re Saint-André de Salins , qui portait
du ministère du cardinal iMartinu- alors le nom de fort Egalité (i). Un
(i) El non pas 1732, comme on le dit dans le (t) A cette époque, rarl)re do la liberté était
Journal des .Savauts, même année, oct., 687. Cette plant.- devant les portcsd.s prisons, et il v avait
erreur a passé dans la TaOle de Declauslre. daus celles de Taris, ks corridors de la Ùbeiic
t^Ol
BËC
tle SQS niuis c!c collège vint a bout de
lui faire ouvrir la porte de sa pri-
son ; irais, informé que le conven-
tionnel Prosl ( T" oy. ce Dora , au
Supp. ) venait de lancer contre lui
nn nouveau mandat d'arrêt , il alla
chercher un asile en Suisse , oii il
rcstajusqu'a la chute de Robespierre.
Après le 9 thermidor , il fut réintë-
tcgré dans sa jiiacc ôs. sccrclairc-gé-
ncral j* et lors de la mise en activité
de la constitution directoriale, il fut
nommé commissaire du gouverne-
ment près le tribunal de Poligny. A
la création des préfectures , il fut fait
secrétaire-général de celle du Jura.
En t8i6, il demajida sa retraite et
vint habiter Besancon , où il devait
trouver les secours dont il avait be-
boin pour terminer un grand ouvrage
(jui boccupait depuis plusieurs an-
nées , mnis aucjuel il n'a jamais mis
la dernière main. L'académie de Be-
sancon, quile comptait au nombre de
ses membres , l*élut son secrétaire j
mais il ne larda pas a résigner des
fonctions que ses infirmités ne lui per-
mettaient plus de remplir avec la
même assiduité. Il mourut dans cette
ville le 7 janvier i83o. Béchel éîait
correspondant delà société des anli-
quairesilc France, de l'académiedeDi-
j ou , etc. On lui doit : I. ]S u lions J'a-
ci/cs cl in(lisj}cns(iblcs sur les iiou-
vcdiix poids cl jucstircs, sur le cul-
cul ilccinuil , (ivcc des l(d>lcs de
comparaison , Lons - le - Sauluicr,
j8oi, in-i :j, JI. Les Aiuuiuircs du
Jura de i 8()3 a 1812,8 vol. in- i 2
«u in-8". liL Pjxanu'u criU(jiie de
la huiliètne Satire de lloiltutu ,
in-o". Cet opuscule, dont l'auleur a
retiré le ])!us qu'il lui a été pos-
sible tous les exemplaires, fui regarde
dans le temps par ses compatriotes
»lo l'/','/,'/i /»/#<■, cl« la l''rulrriH(c , ilp Unilm, de
Muliiii Sfrvolti , vXv, V — vr.
fan
aul
BEC
comme une insulte a Buileau • et ils
crurent devoir prendre la défense
du législateur du Parnasse dans dif-
férentes brochures [Voy. Bru.vnd,
au Supp. ). IV. Fragments d'un
ouvrage intitulé : Jura ancien et
moderne j in-8°. C'est tout ce qui a
aru de cet ouvrage qui avait occupé
teur plus de vingt ans. V. Les
Kloges de Tabbé Jacque ( J^. ce
nom , au Supp.), et de M. Courtois de
Pressigny, dansles recueils de l'aca-
démie de Besancon. VI. Recherches
historiques sur la ville de Salins ,
Besançon, 1828, 2 vol. in-12 , lig.
C'est un résumé très-exact de l'his-
toire de celle ville , qui doit être plus
ancienne qu'on ne l'a supposé jus-
qu'ici, puisque les sources d'eau sa-
lée auxquelles elle doit son origine
paraissent avoir été connues des Bo-
mains. A la tète du premier volume,
ou trouve une disserlation sur l'o-
rigine des Botirguignons , dans la-
quelle l'auteur cherche a prouver ([ue
ce peuple est le même que les Sem-
nons. Celle opinion , avancée par
ra])bé Guérin-du-Rocher , dans son
Jlistoire véritable des tempsj'abu-
leux y est développée par Bechet, cl
accompagnée de preuves qui la ren-
dent presque certaine. Parmiles piè-
ces justificalivesplacéesa la lin de l'ou-
vrage, on doil rcmànjuer le prologiu'
de la J )ournoniade , tin.rédie de
Jean Fleury , prêtre de Saint-Ana-
tole de Salins , représentée dans
celte ville en i 59^. Le sujet de celle
pièce , restée inédite , et dont on ne
connaît plus (|ue des tragmeuls , est
une victoire remportée cenl ans au-
paravant par les Salinois sur nn parti
français, près du village de Donrn(>u,
dont la pièce a pris le nom. L'.iu-
leur de cel article a public une Ao-
ticè sur Jicchct en 1 85 i , in-8 ", de
3u p. M— s.
liEC
BECIISTEIX (le doclcur
Je VN-M.vTiuiiii ) , ualmalislL* allc-
iii.iiul, na([iiil le ii julllcl ij^j y a
Wallcrïliausi'ii , dans le (IirIjc de
Gollia, où son père ixcrcail la dou-
Me p^o^c5^i^»n de marchand cl d'ar-
niurliM- ; mais, doué d'un esprit peu
coiimiim , il consacrait tous ses mo-
ments de loisir a la lecture des meil-
leure livies. Amateur passionné de la
eliasse et observateur asiidu de la
nature , il avait acquis de lui-même
di'S connaissances assez étendues eu
l)olani(jue. Sou fils hérita de sou goût
pour les sciences, et a ràj:;e de (juinzc
ans ,• avant même qu'il entrât au gvni-
îiase de Golha, il connaissait tous les
quadrupèdes, les oiseaux, les pois-
sous , les insectes et les plantes, qui
vi\ai('nt ou croissaient autour de sa
demeure , dans uu rayon de plusieurs
lieues. 11 avait, entre autres, décou-
vert l'hermaphrodisme des limaçons ,
et Torgine de leurs amours, dont le
professeur d'histoire naturelle du
gymnase ne se doulait jias encore.
La , il apprit la noraenclalure et la
classiiication systématique des divers
obief s nu^embrasse la science. A vinfrt
ans , étant entré a 1 université d léna,
il fut obligé de céder a la volonté de
son père et d'étudier la ihéologie-
mais i\ sut concilier son penchant avec
son devoir, et trouver du temps, non
seulement pour explorer la campagne
et les cabinets d'histoire naturelle ,
mais encore pour se faire initier
dans les secrets de la physique et des
mathématiques , et même dans ceux
de la science et de Tadminislralion
forestières. Au moment d'accepter une
cure qui lui était offerte , il lut appelé
comme professeur d'histoire natu-
relle, de mathématiques et d'artille-
rie , dans linstitntionqui venait d'être
formée a Schepfciilhal 5 mais avant
d'allerprendrcposscssioudecellepla-
LVII,
BEC
/iVi
ce , d s'arrêta à Dessau pour y suivre
des chasses célèbres dans toute l'Al-
leniMgtie et en observer les méthodes 5
et II Recl ab.n , pour y étudier au
bord i\vs lacs les oiseaux a(|ualiqucs et
leure mœurs. C'estla (pi'il rommencaa
écrire sur l'histoire nulurelle. La pu-
blication de son premier ouvrage le
mit l)ientôt en relation avec les chas-
seurs et les forestiers les plus fa-
meux. Ne trouvant pas l'enscigne-
raenl, donné jusqu'alors sur ces ma-
tières 5 assez fondé en principes , ni
assez étendu, il entreprit de l'éta-
blir sur uu plan entièrement nouveau.
Ce travail obtint l'approbation des
hommes les plus éclairés, cl servit de
base a l'acatlémic forestière, qui fut
créée plus tard. Le succès des idées
dcBcchsteln lui fit un devoir, en 1 791,
d'en offrir l'hommage a son gouver-
nement. Mais lescirconstances politi-
ques, et l'influence de quelques person-
nes puissantesKquicclte amélioration
déplaisait, en empêchèrent l'adop-
tion. Décidé alors h mettre lui-même
ses wies en pratique, ilachcta, avec le
secours de son père , une terre libre
près du lieu de sa naissance, et il y
ouvrit son école. Les enfants de tous
les ai:^ents forestiers des divers états
gcrm. niques y accoururent enfouie, et
bientôt après une société forestière,
liée à celle institution, en augmenta
riiifluoncc et l'ulililé. Il éprouva
néanmoins des entraves : ce ne fut
pas sus peine que les élèves obtin-
rent 1 autorisation de se servir d'un
fusil, et on ne put jamais affermer
une chasse. Seulement le ministre ,
peruiiL quelquefois aux agents fores-
tiers de la tolérer dans quelques par-
ties de leurs districts , mais a des
concilions qui riiulaient cette faveur
illusoire. Bechslein fut donc réduit
à cb .Tcher uu asile hors de sa patrie.
Il le trouva 5 eu liioo, auprès du
'434 BEC BEC
duc régnant de Saxe-Mcinungcn, qui Getreiie nhbildïmgen ^ etc. (Rô-
le nomma directeur de son académie présentation exacte d'objets d hisloi-
foreslière , membre de la chambre re naturelle, avec des explications),
ducale et du grand collèi^c des eaux Nuremberg i 796 et anii. suiv., 8 vol.
et forêts. Le prince mit déplus \n-Z°^ï[^.\l.Natur geschichte^eic.
h sa disposition, dans le voisinage, ( Histoire naturelle de TAUemagne
trente acres de belles forêts de di- dansles trois règnes), Leipzig, i 791-
verses essences, une ménagerie et 1809, 4. vol. in-8", fîg. Z.
nue faisanderie. Cet établissement BECICIiE^îï (Marino), sa-
cxerca la plus salutaire influence sur vant philologue, que Ton a confondu
les progrès de Tart. Plus de qualre quelquefois avec son compatriote 3Ia-
cents élèves en sont sortis et ont rino Barlesio (/^. ce nom, III, 585)
répandu daiis toulcs les parties de était né vers i4-68,a Scutari. Il par-
rAlletr.agnc les connaissances qu'ils vint asV'cbapper de cette ville qu'as-
avaient acquises par les leçons de siégeaient les Turcs , en 1^77 ; ayant
Becbstein. Il ne rendit pas moins de tu le bonheur de gagner Ddcigno,
services comme membre de la cham- dans la Dalmalie, il y trouva despa-
Lre foreslière 011 il fut chargé de la rents , dont il reçut l'accueil le plus
classification e!. de l'évalualiou des généreux, et qui l'envoyèrent faire
forèls , et où il fonda un système pra- ses éludes a Brescia. Il eut pour maî-
lique, dont la perfection garantit la 1res Calphurnius [Voj. ce nom, \I,
durée. Ses écrils fixèrent de bonne 568)clGasp. Barzizzio (/^oj'. Gas-
lieurc l'attention des savants, et la parino , XVI, 620), deux des plus
plupart des académies où Ton cultive habiles grammairiens du quinzième
lessciencesna'.urellesse l'attachèrent, siècle, et sous leur direction, il fil îles
Passionné pour la chas^^e dans tout le progrès rapides dans les lettres. Ses
cours de sa vie, il tirait encore jus- études terminées , il revint h Dol-
(pie dans savieillesse un coup deiusil cigno , et s'y maria. 11 n'avait pas
avecune extrême justesse. Le plus lé- vingt ans (juand il fut mis a la (êlo
ger son d'un oiseau frappait de loin de l'école de Raguse j mais il mon-
£on oreille, et son coup-d'reil était tra dans cette place laut de zèle
leplussùrin.strumentde mensuration, et de maturité qu'a son départ les
Marié au sortir de Tuniversilé, il eut magistrats lui donnèrent i\i:^ mar-
neuf enfants, niais ils moururent en (pies honorables de satisfaction. Lu
l)as âge, à l'exception d'un seul (|ui (juitlant Raguse, il entra comme se-
•s'esl montré digne d'un tel père par crétaire près de Me!eh. 'rre\i>aiu) ,
le succès de ses premières éludes; amiral en c luf de la république de
mais a peine rgé de dix- neuf ans, cet Venise j el.il sut mériler sa eonliaiice
enfant mourul en 18105 et cette au point (pi'avec lagiémenl du sénat,
perle, bientôt suivie de celle de sa Trevisano le chargea de deux mis-
mère, plongea Bechsliindan.s une pro- «ions il Naj. les et eu France, dont il
l'onde douWnr (pii abrégea ses jours, se lira Irè.s-habilcmenl. L'esl;nic
Il mourut Tannée suivante. On a de dont il jotiissall a Venise lui lit
lui vingl-cin(j ouvrages , tous relatifs prendre la résolution de s'y fixer; et
a l'histoire naturelle, aux diverses bientôt il ouvrit une école de litlera-
espèces de chasses et a l'administra- Itire ipil lut irécpienlée par une loule
liou des iorêls. Les principaux sont : d'élèves. Ses succès dans U carrière
mx
(If rcnscif^iUMiuMil cvcilliTcnl rciivli?;
tl 1111 ciMlaiii {^iMiumairuMi , nomme
Uajili. I\('L',i'> , rénaiidil coiilrc lui li's
ralomiiii's 1rs nliis alrorcs. Falii^nc de
.soiillnr les liiMillis de Wczio . Ijcci-
clicml rcnvoqiKi dans une salle du
convcnl de Sainl - l'ilcnne les ])er-
nonucs les plus dislin^uccs de Venise,
et, cil présence de son antagoniste,
(ju'il avait sommé de s'y rendre , re-
passant l'une après Tautre toutes ses
allégations, il le convaintjuild'impos-
ture. Les nouvelles traeasserics (jue
lui suscita son méprisable ennemi
finirent par lui rendre le séjour de
Venise insupportable. 11 transporta
sou école a Padoue. J. Calphurnius,
Tun de se.^ jiremiers maîtres, alors
professeur a 1 académie de cette ville,
étant mort [)eu(le temps après, il pro-
nonça son oraison funèbre, et se mit
sur les rangs pour lui succéder,* mais il
eut la mortification de se voir préférer
cet indigne Regio , qui semblait s'a-
cliaruer à traverser tous ses projets.
Plusieurs villes s'empressèrent d'of-
frir des chaires a Becic'.iemi. Le sou-
venir des heureuses années (ju'il avait
passées dans sa jeunesse a Brescia, le
décida pour cette ville. Pendant seize
ans qu'il y prolcssa la littérature la-
tine, il trouva le loisir de composer,
sur plusieurs auteurs anciens, des
commentaires qui ajoutèrent a sa ré-
putation. Enfin l'académie de Padoue
lui fit offrir, en i 5 19, la chaire (félo-
((uencc, qui avait été toute sa vie l'ob-
jet de sou ambition. 11 l'accepta avec
empressement, et la remplit jns(|u'à
sa mort, arrivée en i5:i6. Les ouvra-
ges de l)ccichemi ^ont fort rares; on
ne se flatte pas den pouvoir donner
la liste exacte et complète : I. (Ji'u-
tio (jud Brixiano scnaliti gradas
agit. — Piœli'clio iii C\ P/i/uu/n
secundum. — Obscrvutionitm col-
Icclanca in prinium historiœ iulUl-
\WX.
/.H
,o:>
niiis lihiitin , I iHi/j. , iii-fol. Les bi-
blio .graphes ne s'accordent pas sur le
luii (le rimpic' sion de ce ^olumo,
(pii selon tonte app.irence , parut il
Bresci.i (i). La partie intitulée : lu
('. Pli/ni prœlcclio , est précédée
d'une dédicace datée de lîrescia ,
1 5o5. 11 en existe un exemplaire sur
vélin à la bibliothèque du roi. Elle
a été réimprimée avec les noies sur
le premier livre de Pline , Paris ,
l5i9. II. Panegjricus /;ri/ici/Jt
Léonard. Laurcdano. — Ccnluiia
cjnstoUcaviun qnœsiiomini , i 5 o4^,
in-f(d. Ce volume a été réimprimé a
\enise, en i5o6, in-fol. , avec une
seconde partie intitulée : CcisLigalio-
ncs ad Âi'fuicliun , l iclorinwn et
Ciceronis opus de oialorc ^elc . ; nec
non j)irec( ])lioues de conipoticnda
episLola.J'itnebri(iiie et nuptialiova-
iionc ; de dialogo componendo et
iniilatione. III. Orationes très ,
Venise, i52^, ii:-4.". Le célèbre
cardinal Quirini arecucilli les préfaces
de Becicherai dans le Spécimen de
Brixiana litteratura , -C^ partie.
V oy. pourlesdétails \esDisserlaz.
Vossiane ^ d'Apostol. Zeno , II,
408-20, t\.\:\. Bibliothèq. curieuse
de Dav. Clément , 111 , lii. W-s.
i$ECK (Ji:ax, baron de), fut
d'abord berger , puis postillon , puis
soldat au service d'Espagne. Ayant
passé par tous les grades militaires,
il par\inl hla dignité de maréchal-gé-
néral-de-camp, et de gouverneur du
duché de Luxembourg^ A la bataille
qui eut lieu devant Thionville , le 7
juin 1659 , Jean de Beck , comman-
dait Pavaul-garde en (jualité de ser-
gent-général de bataille. Eji i64-i,
il reprit la ville d'Aire dont le maré-
chal de la iMeillerave venait de s'eni-
(ij (.('Me «(liti'iii conuîiciiric à lircscia , i);ir
A m. Morilii-, m i:">o.i, fui ailicvcc à Padoue eu
I JoC, pur le iiuiiif imprimeur.
28.
436 BEC BEC
parer. L'année suivante , le 26 mai, première éducalion fut très-soignée.
il se distingua a la bataille d'Honne- Irmîsch, le premier de ses maîtres ,
court en Cambrésis, où les Français, Teniraena dans les paroisses de Gross-
accablés par le nombre, éprouvé- Portbactde Wildenboru(prèsZeitz)
rent une déroute complète. Au mois qu'il habJLa successivement ; Beck y
d'août 164^8, le baron de Beck vint resta de 1768 a 1771. Il en sor-
au blocus de Lens partager, avec l'ar- tit pour aller a Leipzig, où bientôt
cbiduc Léopold , l'honiieur el les fa- ses professeurs , et particulièrement
tii^ues du comm'andement. Le 20 Tillustre philologue Fischer , le re-
aoùt , quand le prince de Coadé se marquèrent. A douze ans , il avait
montra dans la plaine aux regards de déjà une connaissance satisfaisante
l'armée esp.i^nole, Jean de Beck , des langues latine , grecque, bébraï-
sans être déjuncerté par cette ma- que : à seize, il publia^ des obser-
nœuvrc audacieuse cî savante , partit vations critiques (Spécimen ohs. cri-
avec les Croates et toute la cavalerie ticanmi, etc.) sur l'Hippolyte d'Eu-
lorraine , la meilleure qu'il y eût ripide. C'est aussi a Leipzig qu'il
au service de l'Espagne , et franchit suivit les cours académiques. Ses vues
l'espace qui le séparait des Français, alors se développèrent , elil emlwassa
A la voix de Condé, les gendarmes dans ses plans d'études tout ce qui
font halte ; Beck tombe sur l'arrière- était relatif a la philologie, a la théo-
garde qui est enveloppée , enfoncée , logie el a Thistoire. La bibliographie
massacrée. La gendarmerie qui don- n'était pas moins de sa part l'objet
ne ensuite éprouve d'abord un grand d'une attention particulière ; et, fort
échec 5 mais bientôt la valeur el l'ha- jeune encore, il sut apprécier l'impor-
bileté du g: and Condé réparèrent le tance de celte science et y acquérir
désordre. Beck ïû vainement tout ce des connaissances étendues. Il dut ses
qu'on devait attendre d'un capitaine ])r()grès dans toutes les branches
aussi brave qu'expérimenté. Témoin d'éludés moins aux cours acadé-
dela fuite de ses troupes, il fulpris_, miques, qu'il suivait pourtant avec
percé de coups, el transporté a Ar- assiduité , ([u'a ses travaux parlicu-
ras, où peu de temps après il mou- liers. Sa robuste constitution lui per-
rul de désespoir, n'ayant pas voulu melUit de vaquer presque sans inter-
pt-rmettre (pie l'on pansfil ses plaies, ruplion a ses études. D'autre part ,
J'Uevé a un haut degré de fortune, il sa po>ilion pécuiiiaire lui i'aisail une
ue se méconnut jamais et n'abusa loi de s'occuper sans relâche. Grâce à
point de sa position. Walstein , lors une sage écononâe , et grâce à qtiel-
de sa conspiration contre l'empereur ques travaux lypograpiiico-littéraires
Ferdinand, ess.'iya en vain d'atiacher (pà lui furent couHés , il subvint a
le baron de lieck h ce compl(-l. La tous ses besoins, et l'ornia le pre-
vertu du général résista \\ to s les mier noyau de la belle bibliotliè-
moyens d(î séduction. Le cor[>s de que cpiil ne cessa d'augmenter dans
Jean de Beck fut transporté a Luxeuï- la suite , et qui , lors de sa mort , se
bourg el inhumé dans l'église des montait a vingt-cptalre mille volumes.
Récollfls. L. 0. En 1778, il fut chargé de l'iniprcs-
lîK<iK (CiinKTiEN-DANiF.L) , né siou do ÏKuripùla de Barnes. La
le 112 janvier i 7ri9 , a L(M[>/ig , ét.iil niènie annéi-, il obtint le grade de
le (ils d'un courlicr de iinauccs. Sa maître j el, en i77y, li permission de
BEC
faire dcsi Icclnri's li Innivcrsllé. Son
Ir ùiC' J)i' /ti^crtiiid. |>iil)llocn i 780,
iiitliiiuail mic coiinaissanrc IclKiiiiiil
npprolomlic de Irmcini droit ro-
m.iin que llcvnr , d;in,s la persuasion
où il élail que iîeck s't'lail livré spé-
cidliMucnl à l'clnde de la jurispru-
dence, lui lit propos.cr une chaire ex-
traordinaire pour Penseignemcnl , li
Giellin^rue, de r.mcien droit minai'»
et de son liisloire. Ucck refusa. En
1782, il fut nomme, professeur ex-
traordinaire des lanj^u.'S grecque cl la-
tine à Leipzij^ , et trois ans apnVs il
obtint la chaire ordinaire. Pendant
ce! intervalle, il lui était venu de nou-
velles offres de Cœtlin^ue : on l'ap-
pelait il 1,1 chaire de philosophie comme
piofcsseur ordinaire et en qualité de
professeur extraordinaire k celle de
théologie. La posiliou de lîeck était
assurée. Il put dès-lors se vouer en li-
berté aux travaux de Térudilion. Un
nombre très-considérable d'ouvrages
dépose de Tactivité littéraire qu'il ne
cessa de déployer. Mais le grand mé-
rite de Beck est moins peut-être dans
ces oiuTages nièmc que dans l'in-
fluence de leur auteur sur les travaux
coatcmporains. Ses leçons sur l'exé-
gèse, sur Ihistoire ecciésiastlque, sur
celle du dogme, sur l'herméneutique
sacrée ouvrirent un champ p'us vaste
a l'intelligence. C'est lui (jui, avec
Ernesli et Morus contribua le plus a
donner un esprit libre a la théologie,
dans l'école de Leipzig, et a popula-
riser les vues élevées. Distingué par
laconunissance approfondie des sour-
ces ovi il faut puiser les éléments de
Ihistoire, il fit sentir mieux que ses
prédécesseurs la nécessité de ramener
ces sources a leur pureté originelle,
l'utilité de la philologie qui les com-
mente et en dé termine le véritable sens,
l'importaucc de la critique ({ui les ana-
lyse , les apprécie et en dicte l'em-
BKC
A '^7
ploi. Suivant de près et appliquant
aux fails de Vhistoirc les hautes doc-
trines philosophicpies cpie Kant avait
mises en monve:îM'iit , il arriva bien-
tôt a liclée de l'histoire universelle;
et , s.'ins s'élever encore au principe
du ge'irc humain pris comme un
grand ètrecoUeclif, il prépara la voie
a ce principe par ses leçons et par
ses manuels. Ces derniers, justement
estimés, sont consultés avec fruit. Ses
lectures archéologiques , ses princi-
pes fondamentaux d'archéologie con-
tribuè'-ent de même aux progrès de
la science. Toutefois c'est a la phi-
lologie que s'attachèrent toujours ses
préférences. Les connaissances im-
menses qu'il avait sur tout ce qui se
rapporte aux langues et aux littéra-
tures de l'antiquité, rendai'.'ut ses le-
çons si:r ce sujet on ne peut plus in-
téressantes et fructueuses; et la re-
nommée de son cours, eu s'étendant
d'un bout de l'Allemagne a l'autre ,
attirait un î^rand nombre d'étudiants
a Leipzig. INfon moins zèle pour la
propagation des connaissances qu'em-
pressé do les acquérir lui-même , il
dirigea son attention vers les moyens
de former des philologues et des maî-
tres , et fonda, en 1785, la société
philologique où deux fuis par
semaine des jeunes gens s'exer-
çaient sous sa direction a traiter des
objets scientifiques. Cetle société de-
vint en 1809 nneinsliluliori officielle,
et prit le ti're de séminaire philolo-
gique. De la sortirent les Tillman ,
les Il^en , les Schott, les Rlotz , les
Eichsla'dt, les Stalbaum. La predi-
leclion de Beck pour les anciens ne
l'empêchait pas d'être parfaitement au
courant de la littérature moderne.
Aussi fut-il a Leipzig le premier édi-
teur do feuilles d'annonces de la librai-
rie. Bien tôt son plan et le cercle de ses
relations s'agrandirent. En 1780,
438
BEC
après avoir, pendant sept ans, pii-
] jic iTiensueîleinent son Bulletin des
ouvrages nouveaux (Verzeiclinlss-
jieuer JBiicher), il fut rédacteur des
Nouvelles annonces scientifiques
de Leipzig. Plus tard celles-ci, chan-
geant de forme et de nom , devinrent
Ja Gazette bibliograj)liique de Xf //?-
js/g- (Leipziger literaUirzeilung) : il
en fut le rédacteur en clicf. Enfin ,
en 1819, lorscpie la Gazette bil)liogra-
pliique cessa d'exister , il entreprit
l'immense recueil connu sous le nom
de Répertoire général de hihlio-
graplne moderne , allemande et
étrangère. Ce vaste magasin bi-
Miograpliiqne n'a de pareil dans
aucune langue. 11 est vrai que Lei-
pzig est la ville du monde la mieux
placée pour offrir a qui s'occupe
d'un semblable travail les moyens
de rassembler les innombrables do-
cuments qui doivent en être la base.
Toutefois on ne peut qu'être épou-
vanté en apercevant la multiplicité des
détails (ju'eiilraîue une telle publica-
tion , détails qui néccsbil en td' une part,
un grand nombre de collaborateurs ,
et de l'antre, chez celui (jui dirige
rentreprise, un coup-d'œil puissant et
sûr, une patience infatigable, nu ordre
extrême pour éviter soit les lacunes ,
soit les doubles emplois. Cependant
les instants de Beck étaient en partie
ravis h la science par ^\i^ occupations
i\\\\ n'y tenaient (pie de loin, ou qui
jnêiTie y étaient lolalenionl étrangè-
res. Huit fois vice-cliaucelicr, dix-
.sri)l fois doyen , douze fois recteur
de l'université de L( ipzig , il joignit
aux travaux administratifs allacliés à
(les fonctions (|ue lui délérail , soii le
choix de .ses collègues , .soil le roule-
ment normal descharges dans lecorps
a( ;i(Iénii(pie , Tintendance de la bi-
ijliollièquc do riiniver.sité , celle du
iVUiiuiiirc pbilologitpie, rinspection
ÊEC
sur les employés salariés (s fipendia-
ten ) j la préfecture dos villages uni-
versitaires, la direction de l'institut
des sourds-muets , etc. Plus tard
(1819, etc. ) , il fut chargé de la
censure des journaux et recueils pé-
riodiques politiques , ainsi que des
brochures. Un grand nombre de
vovageurs et de nationaux le re-
cherchaient Cl lui rendaient visite.
De plus, il s'était fait une loi de ne
jamais laisser une lettre sans réponse,
et il en recevait beaucoup. Beck avait
eu la douleur de perdre en i8i5 le
plus jeune de ses deux fils qui était
médecin en chef dans un hôpital
militaire. En 1819 il céda sa chaire
de langues latine et grecque a Spohn ,
pour prendre celle d'histoire 5 mais
.il ne la rarda que jusqu'à la mort de
Spohn , qui eut lieu six ans après.
Tieck , mourut le i5 déc. i852 ,
des suites d'un refroidissement qu'il
ressentit a l'église en assistant à la
fête de la constitution ( 4 sept. ).
C'était la première fois (lu'il éprou-
vait une maladie sérieuse : il sembla
d'abord reprendre un peu de force j
mais bientôt une nouvelle imprudence
lit reparaître les symptômes du pre-
mier malaise et lui-même reconnut
qu'il était frappé mortellement. Reck
était alors dans la soixante-seizième
année de son âge, et la ciu(]uanle-
unième de son professorat. Il était
membre de l'académie dvfi sciences de
]\luuich, de la société des Volsques de
A'ellctri, etc., etc. Le roi de 8axe
l'avait nommé conseiller d'étal et l'a-
vait décoré de la croix du méritecivil.
Parmi «ses ouvrages qui ne |)euveul
être tous indiqués ici , cl dont au
re.ste ou trouve une liste pres(|ue
complète dans le Nettcr Nekrnl.
dcr J)culsvlu'n , ann. iSSa, II,
8r7, etc. , nous roniarquerons : 1.
Diverses Iraductioiis (pii uni eu \i^
rimporlanc(* pour rcnsriqnomriil pu-
Mic. Co sonl I" V/Iisioirc f /es pro-
fères ('( (II' 1(1 rlmli' (Ir l>i rrpubli'
fjnc rof/mi/w y dr l an«;lals (le Frr-
j^iison, 1785 — 87, 3 V. ; 2" 17//.s-
/('//•(• (Irs (iriTS , (le l'Anglais de
(îold.sillllll, 1792 03 ,2V., 2"" C(l.,
1 îii)() , de. j 5" le Tableau de C em-
pire ottoman de Mouradvçea d' Os-
son, d\\ fvnuc. , 1788 — 90, 5 vol.
II. Plusieurs aillions excellentes :
1 " Piudare avec les srliolies , elc. ,
1792 — 95, 2 V. ; 2° Euripide, i*^""
vol. , Kœnigsbcrg et l^eipz., 17925
5° lcsciu(j livres ilvs Doctrines des
philosophes, par IMularque, 1785-
87 •, 4° V Histoire ajuoureuse de
Chcràiis et de Callii'oé ^ par Clia-
riton, 1782 • 5^ \es yirgonautifjfues
d'Apollonius de Rhodes , 1795 •
6" \cs J'Jf^logi/es de Calpurnius; 7*^
/Éristo/fhana : i édilioa se compo-
};e de huit volumes, dont, les deux
premiers comprennent le texte d'Iu-
vernizzi 5 les six autres contiennent
les commenlaires do Bcck cl de Din-
dorf. On doit joindre a ces ouvrages
philol.)j;iques le troisième volume par
lequel il termina V Euripide de Bar-
ncs, 1788 , et les i\e\}\ volumes qu'il
ajouta au Thucydide de Bauer. III.
Les manuels principaux qui ont (jejh
été lndi(jués et (jui sont 1" les Elé-
ments ou j)rincipes fondamentaux
d'archéologie ; 2" V Introduction à
l'histoire universelle du inonde et
des peuples , 1787-1807, 4- v. (les
^{.'wa dernierslomes ont paruaussiscus
le titre de Dlannel de l'Histoire
universelle du moyen dge et des
tei)ips modernes). IV. Le Réper-
toire bibliograp/iique : commencé en
1819, il fut conduit ré;^ulièrement
jusqu h la mort de Bcck. Il en pa-
raissait annuellement vingt-quatre li-
vraisons. Les autres écrits de Beck
consistent surtout en discours, notices
BEC 0g
lettres, dissertations et eu ce (pi'on
iioiiiine (Ml style académi(pie d'Alle-
magne /)rni;/(i/nmafa. CcuX-ci moii-
tenl au noiid)re de près de suixaiite;
ils sonl en lalin. IMusienrs d'entre eux
soûl d'une haute imporlance. Tels sont
1° hpicrisis (p.KesLioinnn de histo-
ri(U romanœ (inliiptissitnis fontibus
et verilate y 1812* 2" P. in que
vuitalionis civitatum veterum in re-
fîna catisœ et eventus narrantur ;
3" T)e judicio arlis historicœ clas-
sicor. scriptor. , iSonj /^° Exa-
men arlis et ralionis hist. veterum
in judicand. ingeniis et moribus ^
1 806 j S^Jud. artishistoricor. vet.
in causis et çvent. bellor. expo-
nendis y 18095 ^'° Historicor. vet,
judicandi de rébus post bella in-
siitulis ars illustrata, 1 8 1 3 • 7" Ar-
tis latinesci'ibendiprœcepta, i 8 0 1 .
Beck donna a la fois le précepte et
l'exemple. P — ot.
BECKE (Jean-Charles von der),
jurisconsulte, né alserlohn en i 760,
élail membre de la société de juris-
prudence de Gœllingcn lorsqu'il fut
appelé eu 1782 à faire partie de la
réirence de Gotha. Joi''nant au talent
de la parole une grande facilité dans
le travail , nu esprit juste , nue pro-
bité a toute épreuve, il mérita la con-
fiance de sou souverain , qui le char-
gea de travaux importants et de plu-
sieurs missions a l'étranger. Sous le
duc Auguste ( [ 822),ilfutnomméchef
de la régence en remplacement du
chancelier , et queLjues années après,
appelé au ministère secret en cou-
servant les fonctions de chancelier.
Beckc se démit de celte dernière
charge en 1823 , pour se livrer en-
tièrement aux altairesdu minislère et
a l.i direction de la société des veu-
ves. Il remplit ces deux emplois tant
que dura le gouvernement du duc
l'erdinand IV, et pendant radiuinis-
44o
BEC
tration combinée du pays de Golha-
Altembourg, sous le duc de Cobourg
Meiiiingen elHildbourgbausen. Unis-
sant aux connaissances d'un homrce
d'e'lat le laleut des vers , il a fiiil
imprimer un recueil de poésies cjui
sont estimées. Becke mourut le 21
août i85o. Z.
BECKER ( GUILLAUME-GOTT-
xiEB ) , l'un des archéologues les pi lis
distingués de rAllemagne , naquit
le 4 novembre 17 55, a Oberkallen-
berg (dislricl de Sc!;œnburg en Saxe),
étudia dans l'université de Leipzig ,
de I 7 7 3 a I 7 7 6 , et se livra de bonne
heure à 1 élude de l'antiquité. C'est
pendant ce temps qu'il s'annonça par
ses Lettres â JE lise et ses Epitres
à un Jardinier j qui eurent du suc-
cès. Il publia ensuite un écrit sur le
Costume cUins les monuments , et
traduisit le Traité du costume , par
Bardon. En 1777 il alla occuper une
cbaire a l'institut philanlroplque de
Dcssau. Il passa en 1778 à Bàle.
Là , SCS liaisons avec Meclirln ache-
vèrent de développer son goût pour
les gravures, et de l'inilier a la con-
naissance des œuvres des ijrand.s mai-
très. Il parcourut ensuite la Suisse ,
la France et la Ilaute-Ilalie. Ces
voyages en lui procurant la connais-
sance du marquis de Girardiii , ren-
gagèrent a traduire en allemand sa
Composition des paysages , ou
Moyens d end)vllir la nature près
ilcs habitations. Les «irands ouvra-
ges et les dessins saliricpies de IIol-
btin avaient prodigieuscnuMil oc( upé
lîrcker il Iiàle. 11 l'ii résulta une nou-
velle édition de ÏJJlogt' tle la folie
d'Erasme, accompagnée d'une tra-
duction allemande par lîeckcr, avec
les gravures représentant les dcjsins
fl \\ plume d'Ilolbein. Revenu en Al-
lemagne, liecker lut successivement
BOiumé jjrufcsst'ur du morale tl d bis-
BEC
toire à l'académie des chevaliers de
Dresde (i 782-1795) , conservateur
de la galerie des monuments antiques
et du cabinet des médailles de la
même ville en remplacement deWac-
ker , et enfin conseiller de la cour
électorale de Sax^. Très-peu occupé
par tous ces empi'îKs, Beckereut une
existence très-brillante, avec le loi-
sir , non seulement de faire un nou-
veau voyage en Italie en 1784., mais
encore de composer ou d'éditer un
assez grand nombre d'ouvrages. Son
Almanach du plaisir social ^ qu'il
fonda en 1794 et qui parut jusqu'en
i8i5 , contient beaucoup de récils
agréables. Son Almanach pour les
amis de l'horticulture (1795-1800)
a aussi trouvé des lecteurs; ses Con-
structions Jiorticulturales et rura-
les sont remplies de descriptions
charmantes , et respirent en quelque
sorte le parfum de la carjipagne.
Becker consacra un écrit particulier
k montrer comment la veillée de
Blaueu pourrait, par l'applicaliun ju-
dicieuse de l'art, être transformée en
un immense jardin naturel. Mais l'ou-
vrage par lequel il a le mieux mérité
du public de toutes les classes est
son Augusteum y ou description
des monuments antiques gui se
trouvent à Dresde ; composé de
treize cahiers de texte et décent cin-
quante - «piatre planches gravées,
Dresde et Leipzig, i8q5 a 1812 ,
3 vol. in-fo'io. C'est un des plus
beaux monuments de la science ar-
chéologi([ne. 11 v a è^ç^ exemplaires
avec texte Iraneais. Beeker recul h
répo(juo de sa publication leséiogcs
de tous les savants, et plus parllcu-
li renient A^^i^ célèbres lleyne et
d Aussi! de Villoison. « On y rrniar-
« (pie , dit ce dernier, des cxplica-
« tions neuves, ingénieuses, savan-
te les 7 bien écrites, et qui jeilent
BEC
« 1' Miiconj) (If liimii Tes sur l'iiisloirc
u (i • i'.irl , sur la myllioloj^ic , sur
c( r.mll»[iiik'c<?;vplii'nn('fl}^roc(jiir. »
14, .'ui^usft'ii/n jnil)lit'(l'al)or(l en allc-
mai d le fui on.Miilc en fraiuMis. Bcc-
kiT so proposait encore de faire con-
naîlre les trésors nunrsinaliqucs de la
p;al( rie de Dresde, cl il avait déjà re-
produit, avec une exactitude qui sur-
pas ait tout ce que l'on avait vu jus-
que la, deux cents médailles rares du
1110 en ;ige (lu-4^", avec explications
iiistoriques ) , lor<:([u'il mourut îi
IVi'sde, dans le mois de juillet i 8 i3.
On trouve une notice sur sa vie, par
lla.<-se, dans XAlmanacfi du plaisir
social, a un. loi 5. Z.
îîECKER (Philippe-Jacob)^
{leînlre badols , naquit a Fforzlicim ,
e i5 juillet lyôp. Jeune encore il
montra de grandes dispositions pour
son art , et lui sacrifia \vs sciences
I dans lesquelles il avait déjà fait des
pi ogres remarquables. En 1776 il
alla visiter 1 Italie et il y reila pen-
dant sept ans , travaillant sous la di-
rection de i\.-E., Meny, professeur
distingué. Ricbe des connaissance^
qu'il avait acquises , il retourna dans
8a patrie où les arts avaient trouvé
une prolectrice éclairée en la per-
sonne de la margrave, épouse de Cliar-
Ics-Frédéric ( J^of. Bade , dans ce
vol. pag. 29). En 1784-, il entra au
service de son souverain comme pein-
tre de la cour . devint plus tard di-
recteur de la galerie de tableaux , et
fut cbargé d'enseigner le dessin aux
eufanls de la famille ducale. L'intérêt
qi'e ses augustes élèves, montés sur
d.iTérenls trônes de 1 Europe, ne ces-
aèrejt de lui porter, fut pour lui un
souvenir de bonbeur jusqu a la fin de
sa carrière. Becker forma un grnnd
nombre d'autres élèves parmi lesquels
ou cite parliciilièrcinent Fédor Iwa-
nowilsch, Sophie Rcinbard , etc. Il
BEC
>i/ii
n'avait adopté aucun genre parlirn-
liir : le pavsage , le poi trait , cl les
animaux, il reproduisait tout avec la
même faillite. Ses ouvrî'ires se dislin-
gu( nt par le coloris el Tagrénicnt des
formes. On lui doit plusieurs excel-
lents portraits en p:id de Cbarles-
Frédéric et du duc d'Auball-Dessau,
enfin les portraits de .T. -G. Scblosser,
de Stilling, de J.-G. Jacobi, etc. Une
grande partie de la galerie de Carls-
rulie est décorée de ses dessins et de
plusieurs de ses éludes. Sa famille en
conserve encore un grand nombre.
Son Album d'esquisses mérite surtout
d'être cité. II est 'a regretter que
Becker ait aussi peu écrit sur son art;
cependant on a trouvé après sa mort
quelques manuscrits et des fragments
d'un journal sur la peinture. Sa cor-
respondance avec plusieurs artistes
raëriterail d'être publiée. Il mourut;
le i5 août 1829. Z.
BECKWIÏII (George), géné-
ral anglais, né en 1763, était le
deuxième fils d'un major-général qui
commandait un régiment a la bataille
de Minden et la brigade de grena-
diers et de bigblnnders pendant la
guerre de sept ans. Il entra dans la
carrière des armes en 1771, en qua-
lité d'enseigne dans le dj'' réfrimcnt
crinfanteric. Lieutenant en 1775, il
s'embarqua pour l'Amérique du iSord^
fut bientôt promu au grade d'adju-
dant d'un bataillon de grenadiers, et
servit dans l'iiifructucuse expédition
dirigée contre Cbarleslown. Le corps
de la Caroline du Sud ayant ioint le
général Howc et le corps d'armée à
1 lie des Etats près de New - York ,
Beckwilb prit part avec ses grena-
diers au combat de Brooklvn près de
Long-Island(27Scplen!bre;,al'aclioa
qui eut lieu lors di débarquement dans
l'île d'.' New-York, a l'afTaire de Wbi-
tcs-Plains, ctk l'allaque des hauteurs
I
A4â
BEC
du fort Knypliausen. Peu après il fut
embarqué pour Rhoclc-Island avec le
corps que l'on v clclacliait , en quar-
tier d'hiver. L'année suivante , il re-
joignit le corps d'armée dans le New-
Jersej, où il demeura jusqu'à Tou-
verture de la campagne • il s'embar-
qua pour la Pensyhanif- , se trouva
aux batailles de 13randywine et de
Ccrmanlown, et revint en 1778 kPhi-
ladelphii^ , avec le gracie de capitaine.
Il lut ensuite clioisipouraide-de camp
par le général Knypliauscn , qui com-
mandait les troupes hessoises. C'est
avec ce double t tre qu'il prit part a
la bataille de î\îonnioulli dans le
New- Jersey. Il passa l'hiver de cette
année a, JNew-York , près du général
Knyphausen , que Clinton y laissait,
tandis qu'il se dirigeait sur Charles -
town , et il seconda le premier dans
sa résistance aux tentatives dirigées
par Washington sur l'ilc des Etats.
En septembre 1781, il fut détaché
par Clinton pour accompagner Ar-
nold a. l'attaque de JSew-London ; il
y contribua puissamment a la prise
<\\i fort Griswold qui fut emporté d'as-
saut. Le 5o novembre il reçut le bre-
vet de major. Lorsque Knyphausen
résigna le commandement des troupes
fiessoiseS , lieckvvith passa sous les
ordres de lord Dorchrslcr (pii le
garda comme nidc-dc-cnmp et lui
en n lia les arrangements faits avec
Washington pour l'évacuation des
Colonies ])ar la Grande-Hrelagne ,
dans l'aulomue de 1783. Il ne quitta
le terril (lire anglo-américain (|ue
lorstpie celte évacualion fut complète
ft nr «t'embarqua (pj'avec ranière-
garde. En 1786 il accompagna en-
core lord Dorchesicr an Canada en
(pialilé d'aidc-de-canip. Son esprit
dé( isif cl la ronnaissance du'il avait de
rAini'ri([tie Seplenirionale le rendi-
rent hès-ulilu ?ous le (loublerappnrt
BKC
diplomati'pie et militaire ; et de
1787 a 1791, époque de l'arrivée
du premier plénipotentiaire britanni-
que résidant aux Etals-Unis , il fut
employé dans plusieurs missions im-
portantes et confidentielles. Ses ser-
vices et son ancienneté lui valurent
pendant, cette période le grade de
lientenant-colonel , qu'il échangea
trois ans plus tard (1790) contre ce-
lui d'adjudant- général des milices an-
glaises dans l'Amérique du jNord, et
en 1795 contre ce'ui de colonel des
mêmes troupes. L'année suivante il
quitta l'Amérique anglaise avec «on
patron lord Dorcliester, qui le re-
commanda aux ministres et le fil
nommer «:ouveriieur de l'île lîer-
mude en avril 1795 , et quatorze
mois plus tard major - général. La
paix d'Amiens le fit revenir en An-
gleterre , au printemps de i8o3.
La, comme tous les fonctionnaires
supérieurs des colonies , il fut inter-
rogé sur l'état de l'Amérique colo-
niale 5 et, comme tous, il reçut des
instructions en rapport avec les nou-
veaux événements ([ui se préparaient
pour l'Europe et pour le monde. Si
l'Kurope était pour Napoléon un
lliéàtrc de gloire , les autres parties
du monde (levaient èlre pour l'An-
gleterre une mine de richesses. Ik-ck-
wilh, (les le comment ement des bosli-
lilés, peiulant l'été de i 8o3 , fut placé
dans la milice des districtsde TEst sous
Ica ordres du général sir »îames
Craigh; puis danslautomne de loo.i
il allacommander la milice des îles du
Yenl cl sous le \ tnl, avec le litre de
gouverneur de Saint-Vincent, arriva
aux l'arbadeseu mars i8o5 5 la tète
de trois régiments, cl commanda par
inlérim toutes les forces Lritannupies
di- ces i)aiages après la mort de sir
A\ illiam iMeath , el jusipi'ii l'arrivée
de son buccos.seur le lieuti'U.int-;;énc-
nrx: bkc /,/,'^,
ral r.owvcr (mars i iJoT)). Lui-nu-iuc lanlo jiosscssiou des Francnls cii
il rrcnl, io 5o octol). (le la mrnu" ail- Aim.'ri(|in'. Les deux ( liambrcs vo-
née , le grade de lieuleiiaiit-f^énrral lèroil des reiiiercîiiienl.s à l'eck-
nvvc le cominandemenl en second do v\ illi ; le roi le nomma chevalier du
la milice , el enfin , aj)rès la relrallc Bain (i*" mai), cl le ?) i aui'il suivant
de lîowyer, il lui nommé commandant il le mil comme colonel de Ironpcs de
en eliel" des forces mililalres dans les li^^m; a la lêle du 2*' réj.Mmenl des
îles du Nenl el sous le VenI, ainsi Indes Orienlales. Knconiagé par ce
que dans les provinces conlinenlales premier succcs , Ik'ckwilli , (onfor-
de rAnu'rifjue du Sud. Dans Tarméc mémenl aux ordres nouveaux. (lu'il
régulière, i)eel<\vllli, après avoir tenu avail reçus des Inrds de l'aiinraulc ,
vingl-iicuf ans le rang de capllaiue parlil le 2 novembre de la Marlini-
dans le Sy*", n'élail pas encore colo- (juc, arriva le 22 à l'île Dominlinie,
uel. Celait alors Tépocjuc la plus bril- où les préparatifs, relardés par des
lante de Bouaparle ; a peine un léger vcntscontraires,lereliurenl(|uarante-
écliec avail-il troublé le cours de ses liuil bcurcs , jeta Tancre lès 26 et 27
prospérités. A celle époipic, tandis eu vue des Saintes et de la Grande
que tout souriait au conquérani, lîeck- Terre. Le débnnjuemcut cul lieu
wilh h la tète de dix mille hommes sans obstacle de la pari des Fraii-
partltdelabaie de Carlislele 28 janv. cals. L'armée anglaise, partagée en
1809, lit vode vers la ]\Jarliu)(pie , deux divisions, s'avança en bon ordre:
débarqua le 5o dans celte île défen- quelques déraonslralions semblèrent
due par le général Villaret. Le coni- indicpier que l'on se (fusposalt k dé-
modore Cockburn, le contre-amiral fendre les hauteurs de Dolet ; mais
Alexandre Cochrane secondaient ses bienlôl elles furent évacuées el le nia-
opéralions. Son armée était partagée lériel militaire resta aux mains des
en deux corps sous les généraux Pré- Anglais. Cependant les Français, s'é-
vosl et Maitland. Malgré les pluies tant repliés derrière le pont de No-
continuelles toutes les défenses im- zière , se trouvèrent couverts parla
portantes de l'île, à l'exception de rivière ISoire qui coule sous le pont,
Fort-Royal , étaient occupées par les et ils étendirent leur gauche dans les
Anglais Je 11, et dès lors commença montagnes de maiiière a rendre leur
le siège do la ville. Le 19 , qua- ligne inattaquable. Bcckwilh les fit
torze canons, vingt-hull mortiers et tourner en passant la rivière Noire
obusiers battaient la place • et le 20 pendant la nuit • et , après quelques
le général Villarcl ofTi il de rendre le autres manœuvres , il força le gon-
fort , moyennant que ses troupes se- verucur a signf-r . !e 6 janvier 18 10,
raient transportées en France , sans une capilulalion qui donna la Gua-
loutefols s'eugager h ne point scr^ Ir dcloupc aux Anglais , et qui renvoya
contre l'Angleterre. Beckwilh li;il les Français sur le continent avec
ferme contre celle restriction, cl le promesse de ne pas servir de deux
bombardement, la canonnade con- ans contre l'Auglelerre. Avec la nou-
linuèrenl , jus(ju"a ce (jue trois velle de 'ces événements, Beckwilh
drapeaux blancs eurent annoncé (pie envoya en Angleterre une portion
les conditions étaient acceptées. Ainsi du bagage, el surtout les aigles
vlngt-cin(( jours snffirenl pour oj)é- capll\es dont la \ue ])laisail lanl
rer la conquête de la plus imp:<r- aux ennemi.s de l'empire français.
444 BEC BEC
Beckwith, a^^rès des succès qui ne tre éducation que celle qui conwnt
lui laissaient raililairement plus rien a a un petit marchand destiné a tenir
faire , retourna anx Barbades et ne un obscur comptoir. Mais , entraîné
s'occupa plus que de Fadministration vers l'étude par un penchant irresis-
des pays qui lui étaient confiés. Les tible, Béclard dévorait tous les li-
commerçants des îles soumises à son vres qu'il rencontrait, et négligeait
gouvernement lui durent plusieurs fréquemment les devoirs du magasin
mesures propres h garantir la pvos- pour aller puiser quelque instruction
périté de leurs relations. L'applica- a l'école centrale et a la bibliothèque
lion infatigable avec laquelle il va- de la ville. Se sentant une vocalion
quait k tous les devoirs de sa charge décidée pour la médecine, il étudia
compromit sa santé assez gravement cette science avec ardeur , pendant
pour qu'il sollicitât son rappel. A son quatre années , a l'école secoudaire
départ, en juin i3i/|. , la législature d'Angers, ce qui ne l'erapècha pas
des Barbades lui vola , comme témni- d'apprendre du chapelain de l'hôpital
giiage de sa gratitude, un service un peu de latin et de philosophie
d'argent. « Voila , leur dit Beckvvith, scholastique. Arrivé aParis en 1808,
lorsqu'on lui parla de celte mesure , il ne larda pas a montrer une grande
le seul bill pour lequel la législature supérioritésursescnndisciples. Après
des Barbades sollicitera mon appro- aroir été élève interne dans les ho-
balion sans que je le sanctionne. » Ou pitaux et avoir remporté plusieurs
devine qu'il n'y perdit rien. Son suc- prix à l'école pratique, il se fit rece-
ccsseur approuva la détermination voir docteur en chirurgie , et devint
de la chambre législative , et Bcck- successivcmeut prosecteur de la fa-
with reçut le service à Londres. II culte , chef des travaux analomiques,
était du prix de soixante-quinze mille chirurgien en chef de l'hôpital de la
francs. En oct. 1816, il accepta Pitié , et enfin , en 18 i 8 , professeur
le commandement des forces britan- a l'école de médecine de Paris. Ce
niques en Irlande , et fut élevé au dernier titre , loin de modérer sou
rang do général dans l'armée perma- ardourpour lasciencc , scmblalexal-
nente. Les événements de l'Irlande , 1er davantage , et c'est peut-être a des
pendant les ([ualre ans qu'il y fut à la travaux excessifs de calnnel cl d'ara-
It'te de la force année, n'olfrent rien pliilhéùtrc (|iril dut une mort pré-
de remarquable. Il revint en Angle- maturée , arrivée le 16 mars iSaS ,
terre, en ;nars 1820. Depuis ce a la suite d'un érysipèle a la lace,
temps sa santé ne ces^a de décliner; compli([uée de délire et d'intlamma-
et il mourut le 20 mars 1820 a Lon- lion céiébra!e. Celle perle fut vivc-
dres. Plusieurs personnes auraient ment sentie par la faculté , par ses
voulu qi?p son corps fût déposé dans nombreux élèves cl par l'académie
l'ahbaye de VVeslmlnslerj mais, d'à- royale de médecine , dont l)éclard
près son vœu formellement exprimé , él.iil membr(» titulaire. Doué d'une
il fut enlerré dans le cimetière de grande mémoire , d'iine énuliliou
Mary-lc lîonr. P — or. élendue et d'une élocutiou facile , il
I^KiîLAKD (Pierre Aur.us- joignait encore K ces q'.:nlilés essen-
Tix), analomislc et chirurgien, na- lielles la clarté et la mélliode.On lui
quit a Angers, en 178.'), de parents reproche, dans ses commentaires sur
peu aisés, (|ui ne lui doiinèrenl d'au- Biclial, d'avoir élu trop souvent co
BEC
opposllion avec ce grand pliyslolo-
gislc , cl ce rejirp». lie paraît d'autant
plus grave (juc In-clard ne s'est rendu
Jiii-nième rcconiniandahle par au-
cune découverte , par aucun aperçu
neuf et fondamental. Mais ici il faut
s'en pn-ndre plulôl aux progrès d'une
science loule expérimeiilale (pi'ài'in-
juste crlliipie du commenlaleur , qui
au coniraire ne cesse de léinoiîrner
en toutes circonstances les plus gi-ands
ménagements pour son modèle. Voici
la li.ste de ses écrits : I. Dans le
Bullc'lln de la facilite de méde-
cine de Paris et de la société éta-
blie dans son sein, lomeS*^, 1812
et 1810, Description anatomique
d'un fcetus né avec une hernie Irès-
r'olununeuse du cerveau pe^^ suite
(T hydrocéphale j et conj orniau.on
siit'^ulière des os de la face : —
iSotice descriptive d'un J'œ tus né
avec des vices très-singuliers de
conformationet en particulier avec
une adliérence du cœurà lavoitte
palatine : — Réjlexlons sur la né-
crose et sur le cal : — Examen
de cette question : La courbure
latérale du racliis dépend- elle du
voisinage de Taorlc? — Recherches
qui semblent prouver que lefadus
respire Veau contenue dans l'am-
nios . — En société avec Legallois,
îrième volume , Expériences faites
pour déterminer quelssont les or-
içaries qui entrent en action dans
le vomissement. — Dans le tome /C"
du même recueil , i8i4-et 181 5,
Mémoire sur les acéphales , pre-
mière partie. — Dans le tome ô*" ,
1 8 1 6 et I 8 1 7 , avec M. Jules Clo -
(juct , Cas d'anatonùe pathologi-
que, au nombre de dix pièces: — JSote
sur une nui fie de l'uge de sept
ans, ayant à peu près les propor-
tions d'un e/ijan t naissant : — 71/c-
moire sur les fœtus acéphales y se-
BEC
4/45
coade ]iarlio , avec onze planclies
gravées. II. Dans le Journal de mé-
decine de Leroux, I oint* 37 , JSote
sur une Irnnsposiiion générale des
viscères, 111. Dans les Mémoires
de lasocié té médicale d'émulation.^
tome 8 , Recherches et expériences
sur les blessures des artères , pre-
mière partie 5 la seconde n'a point été
lerminee. IV. 11. traduit de l'anglais
avec M. Jules ClocjUL't ic Trailédcs
hernies de Lawrence , Paris 1818,
in-S". V.llapubliéaussi_, sousle titre
(ï Anatcniie pathologique , le der-
nier cours de Xavier Bicbat sur celte
partie de la science, Paris, 1826 ,
in 8". VI. C'est un travail intéressant;
de Béclard, que les additions faites
a V Anatomie générale de Bicbat,
dont il publia une nouvelle édition en
1821 , 4- vol. in-8" , où se trouvent
comprises plus de trois cents pages
d'additions de Béclard , lesquelles
roulent sur les éléments analomiques,
sur les systèmes cellulaire , nerveux,
vascnlaire asan2:ron<reet a sans; noir,
DO O 7
ainsi que sur les systèmes capillaire,
exbalant , absorbant , 0:>seux , car-
tilagineux , fibreux , musculaire ,
mu([ueux, synovial, glanduleux, der-
moïde , pileux, etc. Ce qui caracté-
rise ces divers suppléments de Bé-
clard , qui ont été réuiàs en un vol.
in-8", Paris, 1821, c'est une éru-
dition cboisie , c'est la relation de
faits nouveaux observes depuis la
mort de Bicbat , c!. leur application
au perfectionnement de l'anatomie
tant normale que pithologique. VIL
Eléments d' anatomie générale ,
in-8° de 800 pages, Paris, i823j 2«
édit., 1826 : c'est l'ouvrage le plus
important de Béclard , à qui l'on
doit, eu outre, de nombreux rap-
ports faits k la société de la faculté
et à l'académie rovalc i!e médecine,
ainsi f|u'uuc graud; quantité d'arti-
446 BED BED
clés d'anatoinie, insères danslcs douze soûl, en échange de sa protection,
'premiers volumes à\i Dictionnaire Accliraf accepla, et les princes coa-
de mâdccinc ( en 2 1 vol. iii-8° ). Usés furent vaincus. Le jeune roi de
d'où il est pcrjuls de conclure que, si Moussoid élant mort sur ces enlrelai-
un homme aussi laborieux eut poussé tes (12 19), Nassireddvn Mahmoud,
plus loin sa carrière, la science lui enfant de trois ans, succéda a son
aurait été redevable de travaux plus frère. Bedreddyn le fit placer sur un
étendus et non moins utiles. R-d-n. chevalpourle montrer h l'armée et au
BE130YERE (le comte delà), peuple, qui témoignèrent beaucoup
T'^oy. LabÉdoylre, au Supp. de joie d'avoir encore un souverain
IIEBÎIEDDYN - LOULOU de la race des Alabeks. Celle nou-
( Aboul-Fadhayel) , roi de Mous- vellc minorité fournit une occasion a
soûl, était turc d'origine , et fut d'à- Eraad-eddyuZeughj et à son allié, de
Lord esclave des Alabeks de Moussoul reprendre les armes. Aidé par les
{Voy. Zenghy, lu, 210). Sous le troupes d'Aschraf, Loulou marclia-
règnedeJXoureddyn Arslan-ChahL'', contre eux, et leur livra une bataille
l'un d'eux, il parviut par ses talents et dont le résultat ne fut pas décisif,
surtout par sa souplesse h l'emploi Une braucbe de la familie des Ala-
de batljch , dont les fonctions avaient beks régnait k Sindjar. Emad-eddvn
quelques rapports avec celles de nos SoRahinsciiali , fils et successeur de
anciens maires du palais. Ce prince Colhb-eddjn Mohammed ( V. Co-
Je désigna au lit de mort pour mi- thb-eddyn, X , 67 ) , ayant été as-
Jiislre , h son lils , Azzeddyn Ma- sassiné par son frère Mahmoud , ce-
soud II , qui lui succéda en 607 Ini-ci se déclara en faveur d'un émir
(121 i). Loulou gouverna sagement révolté contre Ascbraf , en 617
l'état, (ju'il fil jouir d'une paix pro- (1220). Loulou se montra reconnais-
fondé jusqu'à, la mort de Masoud , saut; il assiégeale rebelle dans Tell-
arrivée en 6 I 5 ( I 2 1 8 ). Avec lui yafar, le prit et le livra à son protec-
s'éleignit la puissance des Alabeks: teur qui le fit jeter dans un puits,
il ne laissait ({uedeux enfants en bas Ascbraf entra ensuite dans Mous-
âge, dont n confia la tulelle à i>e- soûl, y fut reçu en souverain, et
dredd)n jjoulou , (pii fit recouiiaître força Zcngliy de rendre toutes les
pour roi l aîné, Noureddyn Arsian- places dont il s'élail emparé. Tcu
Chah 11, âgé de dix ans. Co.iiuie ce de temps après, Bedreddyn-Lonlou
prince était d'une faible saule , son devint lui-mune roi par la mort
oncle EmaJ-etldyn Zenghy crut pou- du jeune souverain do Meussoul ,
voir s'emparer du Irùne; mais Tha- en 619 (i 222). 11 régna sous le lilre
bile icgenl lit échouer ses projets, de Mélik ci llabym (le roi juste) , et
CependanI espérant (pie les armes le sous la protection d'Aschraf qui le
serviraient mieux (pie l'inlrigue , il vléfendit contre plusieurs de ses en-
s allia avec Coiikliery , prince d'Ar- iiemis;mais la mort de ce bienfaiteur,
bel, rciinemi personnel lie IK'dreddyn, arrivée eu 635 (11:37), éveillaram-
et il épousa sa lille. Le régent n'ayant bilioii de lîedreililyn, dans un âge
])u rompre celle alliance, s'adressa à où la plupart des hommes ne ehei-
IMelik el Aschraf , roi de Khclalli, iheiit (pie le repos. Ayant appris (pie
neveu du grand Saladin , el lui ollVil b.s kliari/.mieus, devenus les Suisses
la suzeraine le du royaume de Mous- de l'Asie , depuis la disparition de
hlA) BKD /,/,7
leur Millau Djclal-cclJvn Maiikbcruy aii|)ri.\s du lior cDncjiu'ranl pour iin-
(/ (>)■. ce nom, XI, 453), .n aient plorcr sa clcincncc. Iloulaj^oii le re-
al)an(l()iiiu' iMcllL cl Salcli, iicvoud A- ciil avec les c<:;ar(l.s dus à son grand
sclirar, cl plus tard siiil.in (rEgjplc àgc ^ cL It; roi de JMoiissoul, apiès
(/^ . NEI)JIM-JiDnv^', WAI, 26], il avoir passé (puicpics jours auprès de
crul Tocca.sion fa\oraMc pour l'as- son nou\cau su/.craiu , rcvinldaus sa
sici^cr d.ius vSindjar ; mais il cclioua capitale, plein d'aduiiralion pour la
couijilèlcnieni . Salch réconcilie avec sagesse el la puissance du conipiéranl,
les Kliarizjiiiens eu recul des secours mais elïrayé des dangers aux([U(dsris-
si cflicaccs , (ju'il vaiiupiil le roi de laïuisme allait être exposé. 11 mourut
Moussoiil cl le lorca d'abandonner un peu de temps après, le i y redji'b
bagage considérable. Plus heureux en 667 (uo juillet 1269), âgé de qua-
607 (1239), Loulou enleva cette Irc-viugl-seize ans. Ce monarcjue
place a3Ielik el Djawad \ouncs, qui s'est rendu célèbre par son habileté
i'avail reçue de son cousin Saleli en dans la polili({ue et par son goût
échange de Damas. L'année suivante, pour les bâtiments. Niebuhr a vu à
il s'empara des \ illes de Tusibin et iMoussoul plusieurs monuments qui
de Dara, sur les Kharizmicns , et attestent la magnificence de Bedred-
délivra tous les prisonniers sujets du dvn. Il avait fait construire une chaîne
sultan d'Ilalep : maisen 647 (1249- entière d'édifices somptueux, le long
5o) il fut vaincu [Tir les Iroupes de du Tigre , depuis le collège jusqu'aux
ce prince, près de INisiî)in. Il se dé- remparts de la ville. Le marbre y est
dommagea surDjezIreh ibn Omar, et frc:|ueminent employé, et l'on y voit
y ayant fait prisonnier le roi Mélik des restes de sculpture. Le bonheur
el Masoud il ordonna qu'on l'embar- de ce prince^ cité comme miraculeux
quàt pour Moussoul , qu'on le jetât par tous les auteurs arabes , est
dans le Tigre, el qu'on répandît en- devenu proverbial , et son règne fait
suilelc bruit qu'il s'élaituoyé. .S'étant époque comme celui d'PIaroun al
ainsi délait du deriiicr rejeton des Kasciiid , dans les contes orientaux.
Aiabeks , cl devenu héritier des dé- En eiîet , pendant l'espace de cin-
bris de leur puissance, il eût peut- quante ans qu'il occupa le Irône ,
être rappelé les plus beaux jours de comme régent ou comme roi, il vit
leur gloire, si les progrès des Tar- s'écrouler la puissance des Khariz-
lares n'eussent mis des bornes a. ses miens , des Abbassides. des Atabeks,
cnlrepriscs. Lors(jue lioulagou se fut des Ayoubides, el de plusieurs autres
rendu maître de Baghdad, en 656 dyuasiies moins illustres, et il résista
(i258) , Loulou qui était resté spec- prescpie seul au torrent qui inonda
lateur de la lutte si fatale au dernier l'Asie. Mais la fortune tourna le dos
khalife (K. 3Iostase>i, XXX, 259) a ses enfants. Bedieddvn laissa quatre
se souiuiL au vainqueur, et lui en- filsj l'un d'eux, Mélik el Saïd , s'é-
voya son fils Ismaël avec une partie taitretirédeson vivantauprèsdeNas-
de ses troupes eldcscs trésors. Hou- ser Youssouf , sultan dTialep , qu'il
lagon (pii avait pénétré ses motifs^ avait abandonné dans la bataille con-
rer.ut fort mal le jeune ])iiuce, et tre les ?.Iamlouks , en 65i (i253).
Bedreddyn en fut si consterné (|u'ayant Cette action lui valut la faveur du
aussitôt réuni tout ce qu il possédait sultan Koutouz cl le gouvernement
de richesses, 11 se rendit lui-même d'Halep , en 658; mais sou incapa-
448 BEE BEE
cité et la corruption de ses mœurs den grauen Staar, etc. (Observa-
excilèrent un mécoateatement général lions pratiques sur la cataracte et
et entraînèrcut sa cl (.'position. JLcj les maladies de la cornée transpa-
élals de Bedredciya-Loulou furent parente), Vienne , 1791, in -8^.
partagés entre trois ai; 1res de ses fils: II. Praktische Beobachtun^en
Melik. el ModLaffer Ala-eddyn Aly ueberAugenkrankhelten,e{c. (Ob-
eut Saiidjar, et Mélik el Modjahed servations praliques .sur les ma-
Saïf-eddvu Ibrahim , le Djezireh ibn ladies des yeux, principalement
Omar. Ces deux princes, pressés par celles qui proviennent d\iu état gè-
les Tartares, se retirèrent en 669 en néral du corps;, \ienne, lygijin-
Egyple, où le sultan Bibars P' les 8°, fig. III. LehrbuchderAugen-
accueillil et leur assigna ^qs revenus A-a/zA/te/Ze/z (Abrégé des inaladies des
considérables. Mélik el Saleb Is- yeux) , Vienne j i 792, 2 vol. in-8'^'.
mael , leur frère aîné, qui régnait a IV. Bihliotheca ophtalmica in qua
Moussoul, cédant à leurs instances, scripta ad moruos oculorum J'ac-
vint en Egypte, et abandonna ses ta ^ à rerum initiis usque ad
étals qui furent déchirés par les fac- Jlnem aiini i^^ ^'i ^hreviter recensen-
tions. Il y retourna bientôt après 5 ^«r, Vienne , 1799, 3 vol. in-4°.
mais les Tarlares, l'ayant assiégé dans Dans celte bibliothèque ophtalmique,
saeapilale,se rendirent maîtres de la écrite en allemand, Béer anrJyse et ju-
ville et de ce prince , qu'ils lîrent pé- ge avec soin les divers ouvrages sur les
rir avec son lîls Ala-el Moulk , Tau maladies des yeux , ou bien il indique
660 de rhégyre (1262). Ainsi finit lesrccueilspériodiquesoùilsbontùna-
le royaume de Moussoul , qui avait ly.^és. Cet ouvrage serait d'un usage
duré Irois^enl vingt-sept ans, denuis beaucoup plus commode si raulenr y
sa fondation pjr les liamdanides avait joint une table. V. Mclhode
( f^oy. Naser-lddaulxh, XXX , dcn grauen S luar sammt der knp-
SnS). A — T. 5e/ «f^iz/^::/e/t6'/7 (Méthode d'extraire
BEER (Georges-Joseph), raé- la cataracte avec sa capsule), Vieine,
decin et oculiste célèbre, né a •i']Ç)ci ^m-^'^.W. Auszug ans l'em
Vienne 5 le 23 déc. 1763, exerça Tagehuck cines praktisc/icn yJu-
son art dans cette capitale, où sa grnnrztcs (Extrait du journal d\in
prati(jue devint très-étendue. Il y médecin oculiste), Vienne, i 800, iu-
ful nommé professeur a l'institut cli- 4°. VU. K'ùrzc Anlcituug zii eincr
ni({ue qui est spécialement consa- Jichand/nngdcrAugcn^cic. {Co\ vie
cré aux maladies des yeux. Ses le- inslniclionsur le Iraileuientcpnlc. u-
cons et ses nombreux écrits aiigmcn- vient d'employer pour les yeux y ;n-
tèrent beaucoup sa réputation. Ou dant la petite vérole). Vienne 1 Su ,
doit il luer plusieurs nouve.iux in- in-8". Mil, A/ sic/tt dcr slnpbj /o-
stnnneuls de chirurgie et divers pro- nuitœscn meta.novphosen des Ju-
cédés opératoires ingénieux. iSprvn- gcs, etc. (Uem.iKpies sur la forir.a-
gel leregardccomme celui de lou.s les lionduslaphylômcderieilel sur l'i la-
thirurgiens de l' Allemagne qui a le blissemenl d'une pupille artifieicHe),
plus contribué aux progrès de la mé- Vienne, 1 8o5, in-8" ; Supplém' nt,
decine oculaire. 11 mourut en 1821. 1806 , in-8'*. IX. Lc/irc vou .'m
Ses princip.rjx ouvra^jes sont : I. y///;;<7//i7-<i//Â7i^'/Vt'«( Traité des la-
Vraktischc Jcobachtungcn ucbcr ladies des yeux), Viciiuc , 18. 3-
i8i5 , 2 vol. iii-8", avoc lunif j)laii-
clu'S. X. Ucbcrs'ulit (tllcr V orfiuUc
in dcn klitiiscltcii J/isd'tufc , clc.
(Aj)crni (le tous les cas rt'manjuaM-.'s
(jiii oui clc observes ii l'inslilul cliiii-
(juc ju)ur \c& maladies des yeux), Vien-
ne, i8i:> — i«i6,iii-4% n" I — 4-.
XI. Ccsc/iic/iti! lier Augi'ukundc
un il Augcnheilkande yt\z. (Histoire
(le la mcdecinc oculaire pour servir
(j inlroduclion au cours de tlini({uc),
Vienne, i8i5 , premier cahier, in-B".
Un seul opuscule de lieer a été Ira-
dulL en français par M. Tiercelin ,
sons ce titre : Des moyens les plus
cjjicaccs pour conserver la vue et
la fortifier lorsqu'elle est affai-
bÙc, Paris, 1812, iu-8"; 1819, 6^^
cdit. On trouve des articles de cet au-
teur dans divers recueils périodiques
de l'Al'emagne. G — ï — R.
BEER (iMichel), poète dramali-
cjuc allemand , naquit a Berlin , le
19 août 1800, d'un opulent banquier
Israélite dont tous les enfants sem-
blaient avoir apporté en naissant quel-
que vocation pour les arts et les
sciences. Ses frères, Meycr-Beer et
Guillaume Béer, se sont fait remar-
quer , le premier comme compositeur
de musique, le dernier comme as-
tronome ; et ses sœurs passaient , dans
leur jeunesse , pour d'excellentes pia-
nistes. Michel avait k peine dix ans,
qu'il faisait déjà Aiis vers , où les con-
naisseurs s'accordaient a trouver celle
spontanéité d'inspiration qui caracté-
rise le vrai génie poétique. Son pre-
mier ouvrage de quelque étendue fut
une traduction en vers de la célèbre
tragédie de Monli, V Aristoderno.
Ce travad, quil publia à l'àgc de
douze ans, o!)linl \\\\ grand succès
parmi les gens de lellres, (jui s'éton-
nèrent qu'un enfant eût pu s'appro-
prier uu langage aussi éuergivpie et
ausji fortement passionné que celui
CEE 4^,9
de l'original. Dès lors Michel Béer
connut sa véritable vocation , et il
n'hésila pas ;i s'y vouer exclusive-
ment. A dix -huit ans, il fil impri-
mer sa première tragédie, Clytcm-
nesire j ouvrage du genre que nous
apjielons classi([ue, mais (jui, nonob-
stant le goût des Allemands pour les
drames a action compliquée, mérita
les suffrages de tous ceux cpii le
lurent. Encouragé par cet accueil
favorable , Béer risqua de faire re-
présenter sa ClyteninesLre sur le
'Jhéàlre - Royal de Berlin, mais la
elle fut impitoyablement sifflée. Cette
désapprobation s'adressa toutefois
moins à la tragédie qu'a la personne
de l'auleur. Le public de Berlin qui ,
a cette époque encore, portait une
grande haine aux Israélites, se scan-
dalisa de ce qu'on offrait sur la scène
nationale l'œuvre d'un juif, et la re-
poussa avec dédain. Son frère ,
M. Meyer-Beer , fut l'objet d'une
pareille manifestation d'intolérance
di la part du même public , loisque
quelques années plus tard ou exécuta
son opéra , Emma dl Resburgo^ qui
pourtant avait déjà réussi dans plu-
sieurs capitales de l'Italie et de l'Al-
lemagne, lie parterre ne permit point;
que la première représentation de cet
opéia fut achevée, et depuis on n'a
point osé le reproduire suruu théâtre
de Berlin (i). Après Clylemneslre ,
Bccr donna une autre tragédie : les
y lancé s d'Aragon {1^20), et un
drame en un acte, /c Paria (1826),
inqirimé pour la première fois dans
un almanach intitulé CLranie. Ce
drame est une chaleureuse plaidoirie
faite dans le but de prouver a la fois
(i) Il est vrai qu'on jonc ac tuclifincnl ïi Ber-
lin HoLvrt-le-I)iable et // Croiciaio du iiu''iiic au-
teur ; mais ce< deux parliiions doivciil l<ur suc-
ers en Prusse plutôt à l'accueil d'eiilliousiasuie
(jne leur fil le [)abli<' parisien qu'à une oppré-
tialion impartiale des bous morceaux qu'elles
rciiferiucut.
LVll
«9
/l5o BEE BEE
régalitc absolue des hommes et rinii- autres une ode sur les Journées de
iilile de toute autorité religieuse, juillet i83o. Le seul ouvrage de Mi-
double erreur dont quelques réllexions cliel Béer qui, jusqu'à présent, ait été
et une connaissance même super (1- traduit en trançais , est la tragédie
ciel'e de riusloire conlemporaine , de Struensée. La version de cette
eussent pu préserver l'auteur. Vers pièce est due aM. de Saint-Aulaire.
1827, Michel Béer fit paraître sa On prépare à Leipzig une édition des
tragédie de Struensée , qui est oeuvres de Micliel l-eer, qui renfer-
sans contredit la meilleure de ses niera aussi ses productions inédites,
produclions. Dans celte pièce il amis M. X. Marmier a publié une notice
en scène les faits et gestes de ce fa- sur ce potto dans la Nouvelle Revue
meux ministre danois, zélé partisin germanique, 2i\n[ i^d^. M. — a.
des doctrines philosophiques du dix- BEETIIOVEX (Ludwig van ).
huitième siècle, qui expia sur Técha- Trois hommes d'un génie égal, bien
faud ses tentatives révolutionnaires et que marqué de nuances profondément
sa conduite criminelle envers la jeune diverses, Haydn, Mozart et Bee-
reine Mathilde. Ce sujet, qui offre thoven , se sont transmis , sans inler-
toules les difficultés du drame mo- règne, le sceptre de la musique en
derne, a été traité par Michel Béer, Allemagne. Ce dernier nnquit le i 7
avec une rare supériorité. La tragé- décembre 1770 a Bonn, dansl'élec-
die de Struensée eût rendu son torat de Cologne 5 son père y rera-
nora populaire en Allemagne , si plissait l'emploi de ténor dans la
elle avait pu être jouée sur tous les chapelle électorale. Suivant un bruit
théâtres j mais malheureusement on acnédité, mais trop vague pour que
ne permit de la représenter que sur l'on puisse l'accueillir, il aurait été
un seul , celui de Munich , et a peine fils naturel de Frédéric IL Sa voca-
y fut-elle donnée deux ou trois fois, tiou se révéla de si bonne heure,
que l'envoyé de Danemark réclama que son père n'attendit pas qu'il fût
auprès de la cour de Bavière , et entré dans sa cinquième année pour
obtint que la pièce fut mise a l'index, commencer son éducation. En peu de
En i832, Michel lîeer publia son tcmpsl'élèveavaitsurpassé le maître,
dernier ouvrage, l'Epée et laniain, qui le confia aux soins de van der
espèce de mélodrame qui a eu \n\ Eden , organislc de la cour , et l'un
grand succès parmi cette classe du iXvs meilleurs piai istes de 1 époque,
public qui , peu délicate sur le choix Après la mort d'Eden , Neele , son
de ses amusrmenis inlellecluds , successeur , donna des leçons a Bee-
chertbe avant tout de fortes émo- thoven aux fiais de l'archiduc Maxi-
tions. Micbel Béer est niorl h Mu- niilicn d'Autriche , a ([ui la couronne
liich , dans le commencement de électorale venait d'échoir. Neele ini-
l835. Pendant les dix dernières au- lia l'enfant précoce aux chefs-d'œu-
uées de sa vie , il séjourna pres(|ue vre de Jean Sébastien Bach, el de
constamment a Paris , où sa grande lïandel, dont les produclions de-
fortune le mit il même de jouir de meurèreni toujours pour lui l'objet
tous les agrémeiils (lu'oiïre celle ca- d'un cidle et d'une arileule éuiula-
])ilale. On a trouvé parmi ses papiers lion. Dès l'àgc de ou/.o ans , il (xé-
«b'iix dianies et plusi( ur'^ recueils de entait awc nue priferlion rare le re-
j)oéî>iis lyriques, tous inédits, entre cueil d étudesde Bach, connu sous le
à
Hdiii (le TJ 0//I frrnpcrirtfScinvirr.
l)i');i il s'cs'S.M ail ;t I.i (•()In|U1^1ti()H :
(les variations sur une niarche, trois
soiialos pour piano seul cl quelques
airs, graves el publiés h Spire et h
IManlieini, en fournissent la preuve^
mais riniprovisalion , la fantaisie fi-
]>re étaient ses exercices favoris. A
Cologne , en présence du savant com-
jiosilLMir Junker , il se signala par sa
lacililé a improviser sur un thème
donné, el a le développer avec une
verve , une richesse d'iiiiaginalion in-
tarissable. Dans ce genre seulement
son génie indépendant et fougueux se
trouvait h l'aise. Da:isla composition,
il se heurtait sans cesse contre les rè-
gles de rharmonie , et semblait même
se plaire à les braver. Ses écarts in-
volontaires étaient taxés de révoltes
calculées par son père et par ses
maîtres. Les reproches, lesrailleries,
t]ue lui attiraient ses fautes , le je-
taient dans le découragement , et in-
fluaient sur son caractère naturelle-
ment sombre et taciLurne. Un amour
malheureux acheva d'en rembrunir
les teintes, au point de lui donner
quelque chose de dur et de farouche.
Cet amour fnt unique dans la vie de
Tarliste, qtii du reste se préserva
des affections de cœur avec autant de
constance que d'autres mctlonl d'em-
pressement a les rechercher. Le jeune
Beethoven annonçant des dispositions
pour l'orgue , Télecteur lui assura la
survivance de Neefe , avec le titre
d'organiste de la cour , et l'envoya
passer quelques annéesa Vienne pour
y achever ses éludes théoriques et
prati;[ues , sous la direction du cé-
lèbre llavdn. Souvent il arrive que
leshommes éminenls da ns les lettres el
daas les arts méconnaissent le mérite
encore obscur de ceux qui doivent
les remplacer. C'est ainsi qu'Haydn
se trompa sur Beethoven , comme
nKE
/i5i
Corneille sVtait trompé sur Racine ,
et son erreur s'exp'ique par la dif-
férence des (pialilés dont la nature
les avait doués l'un et l'autre. Chez
Haydn l'ordre et la métho.lc dominè-
rent constamment l'inspiration : chez
Beethoven l'inspiration se jouait de
Tordre et de la méthode. Haydn ac-
cueillit cependant le jcn;:e homme
avec bonté: comme il était sur le
])oiiiL de se rendre pour la seconde
fois en Angleterre (lyy^), il le
recommanda au fameux maître de
chapelle Albrechlsberger , son con-
frère et son ami j mais il ne le crut
jamais appelé a la composition mu-
sicale. Quand on l'interrogeait sur
son disciple , il répondait avec un
léger haussement d'épaules : « C'est
ce un bon exécutant. » Si l'on ajoutait
que ses premières productions annon-
çaient de la facilité , de la verve :
« H touche bien le clavecin, » re-
prenait froidement Haydn. Mozart
s'était montré plus clairvoyant. Dès
Tannée 1790, Beethoven avait fait
un voyagea Vienne pour voir et pour
entendre Tauleur de don Juan : il
improvisa devant lui. Mozart ne té-
moigna ni satisfaction , ni surprise,
persuadé que c'était un morceau ap-
pris par cœur. Beethoven s'en aper-
çut et le supplia de lui donner un
thème. Mozart nota sur le champ ua
molifde fugue cliromaliqiie, qui, pris
a rebours , contenait un contre-sujet
pour une double fugue. Beethoven no
se laissa pas prendre au piège : il
devina aussitôt le sens caché du motif
et le travailla pendant trois quarts
d'heure avec lanl d'originalité , do
force, de vrai talent, que jMozart
étonné , captivé, retenant son haleine,
fi'iit par passer, sur la pointe des
pieds, dans la nièce voisine, el dit a
ses amis rassemblés : « Prenez «rarde
« a ce jeune homme! quelque jout
452 BEE BEE
ce vous entendrez parler de lui.»Bee- Mozart. Beethoven le porta a un tel
thoveu reçut d'Albreclitsberger des degré de supériorité , de puissance ,
notions aprofondies du conlre-point : qu'il semble en avoir posé les bor-
la publication posthume de ses e7i/r/t^5 nés. Il s'était lié avec trois virtuoses
fait voir avec quelle persévérance il attachés à la chambre du prince Ra-
suivitles leçons de ce maître. Comme soumossky : Scbuppanzigh , Weiss
pianiste et comme compositeur , sa etLiuke. Dès qu'il avait terminé un
réputation commençait a s'établir a morceau, il leur communiquait ses
"Vienne, où il trouvait dans Wolff un idées sur le caractère et l'expression
rival de son âge et de son rang. Les de son œuvre: il en résultait une
amateurs s'étaient divisés en deux exécution admirable , et l'on disait
parfis : le prince de Lichnowsky pro- communément àA'ienne que, pour bien
tégeait Beethoven , et le baron liai- connaître la musique de chambre
mond de Wezslar soutenait Wolff. composée par Beethoven, il fallaitl'a-
Les deux champions , que la conçu- voir entendu jouer par ces excellents
rence n'empêchait pas de s'aimer , artistes. Le vœu général et le com-
de s'estimer réciproquement , se merce intime de Salieri l'engagèrent
mesuraient souvent dans la char- a travailler pour le théâtre : le con-
mante villa du baron, située près de seiller de régence Sounleithner se
Schœnbrunn. Sous le rapport de l'ha- chargea d'arranger un opéra français,
bileté mécanique , la palme restait Léonore ou l'Amour conjugal, et
indécise : sous celui du style , Beetho- Beethoven se mit a écrire sur ce ca-
ven se montrait impétueux, hardi, nevas. Représenté d'abord à Prague,
mystérieux , plein de conlrasles , tan- l'opéra de Léonore , plus connu sous
dis que Wolff par son égalité, sa le tilre de 7^/Jt'//o, ne recul pas un
clarté continue , rappelait lidclement accueil brillant ; mais dans le cours
l'école de Mozart. Cependant la de l'année suivante, il prit a Vienne
guerre qui troublait l'Allemagne , et une revanche complète. On l'avait ré-
la mort de l'électeur Maximilien en- duit en deux actes, et Beethoven
levèrent a Beethoven la perspective avait écrit une nouvelle ouverture ,
de riieureuse existence, dont il s'était la petite marche , les couplets du
flatte, dans sa ville natale. L'exer- geôlier, le finale du premier acte j
cice de son art lui assurant toute- il en avait retranché un trio et un
fois des ressources suffisantes , il ré- duo Irès-remarquables , qui ne se
.solul de se fixer a Vienne. Deux jeu- sont plus retrouvés. Vers le même
nés frères, qui l'y avaient suivi, se temps , dans l'espace de deux années,
chargèrenldes soins domeslupies et le il composa l'oratorio du Christ au
délivrèrent de tous les détails de la mont des Ol/wiers , les symphonies
vie commune, chose indispensable hcro'ujuc et pastorale , la sym- i
pour lui (Mii ne connul jamais (jue la phonie en /// mineur, et plusieurs I
vie d'arlisle. Le moment approch.iit concertos de piano ipiil exécuta dans m
où son génieallail se développer dans des conceris donnés ii son hénéfiee. ■
tout sou essor. Il s'exerça d'abord Désormais la gloire de Beethoven
avec un succès prononcé dans le genre s'appuyait sur des bases immoiielles j
du (|iialuor, |)our insiruments il cor- ses trois symphonies , auxquelles
«les, créé plutôt cpie réformé par plus lard il en ajouta .six aulit s , au-
llaydn , et si largement exploité par raient suffi pour la garantir. Ce lui au
lulluMi (le C(\s proJi<M('iix Iravaiix cl
(li's \i\cs jouissances (]u l's (lurent lui
jirociircr, (|iic ce «^raïul arlisic r'\s-
.stMilil les alU'inU's de riiilinuilt^
rriicllc (jui atla([iia cluv. lui l'organe
(le Touïe. INlal^rt* 1rs secours de la
incdeciiie, sa snrdilé fil des progrès
>i rapides , (]u'il fui bienl(*)t hors d't*-
lat (le coinmiiniqiier avec personne
a(ilre;iiei:L qiie par écrit. Dans la so-
litude cl la tristesse , u\iyanl d'autre
consolation (|uc son génie, Beellioven
continua de composer, d'enianler des
cliels-d (riivre , tous empreints d'une
sorte de grandeur niélancoli([ue et sau-
\age. Satorlune n'était pas a beaucoup
près aussi solidement tondée cpic sa
gloire. Beellioven crut devoir accepter
la place de maître de cliapellc K Cassel
que le roi de Westphalie lui avait fait
offrir (1809)5 mais trois amis des
arts , les archiducs Rodolphe (depuis
cardinal-archevêque (rOlinulz), les
princes Lobkowilz et Kinsky s'oppo-
sèrent a cette résolution. Ils firent
dresser ,~ dans les termes les plus flat-
teurs , un acte par lequel ils lui assu-
raient une rente de (pialre raille flo-
rins , pour qu'il en jouît toute sa vie ,
et sous la seule condition de rester
surle leiriloire autrichien. Beethoven
resta donc , enchaîné par la recon-
naissance : il continua de vivre dans
la ville où il avait écrit ses ciicfs-d'(ru-
VTe et obtenu ses succès. Dans sa re-
traite , les hommages de TEuî ope lui
arrivaient de toutes parts. Tanl(U,
c'était une médaille frappée h Paris,
et retraçant son image 5 tant(*)t un
piano envoyé de Londres , et portant
les noms des donateurs, MM. dé-
menti. Cramer, Kalkbrenncr, Bîos-
cheles , sir Georges Smart • tantôt la
inagnilique collection des œuvres de
Handel,qui lui fut offerte dans la
dernière année de sa vie* tanU^t le
litre de citoyen honoraire de Vienne,
liKE
4V^
le diphutic de mend)re de l'académie
de Sn(Mle , de la société i\es Amis de
la mnsicp.ie londée eri Autriche, etc.
Mais ([ne jionvaicnt tontes ces ilis-
tinctions, et même le nr(">senliin('nt
d'une mémoire éternelle, contre le
chagrin que lui causait un mal incu-
rable , et qui , loin de s'adoucir ,
s'augmentait en proportion de sa du-
rée (i)''' A vingt-huit ans environ , ce
mal commença ses funestes atteintes
11 serait impossible de se faire une idée
de la souiîrance morale (pi'éprouva
le malheureux artiste , s'il n'en eut
lui-même esquissé le tableau, dans nii
testament adressé a ses deux frères ,
en date du 6 octobre 1802. Quelle
confession plus élotjuenle et plus dou-
loureuse , quelle explication plus
amère d'une existence condamnée a la
solitude et suspecte de haine contre
le genre humain , que ce peu de li-
gnes tracées en prévoyance de la der-
nière heure, et si long-temps avant
que cette dernière heure vînt a son-
ner ! ccO hommes, qui me croyez
« haineux, intraitable ou misanthro-
« pe , et qui me représentez comme
ce tel, combien vous me faites tort!
« vous ignorez les raisons (pii font que
« je vous parais ainsi. Dès mon cii-
« fance , j'étais porté de cœur et d'es-
cc prit au sentiment de la bienveil-
(( lance : j'éprouvais même le besoin
« de faire de belles actions ; mais son-
ce gez que depuis six années je souflre
ce d'un mal terrible qu'aggravent d'i-
cc gnorants médecins: cpie, bercé d'an-
cc née en année par l'espoir d'une
ce amélioration , j'en suis venu a la
ce perspective d'être sans cesse sous
a l'influence d'un mal, dont la gué-
ce rison sera fort longue et peut-être
(i) Je r.'i vil à Vienne conduire l'orcliestre
(In lis un coiirnt puMic. il dirait ([u'il s ntnit la
mesure, on appuyant sa poitrine contre le
piano, et il ujouia»! : « .rrnlcncls avec mes en-
trailles. » .!(• siiil tpmuin de ce fuit. A — d.
454
BEE
ce impossible. Pensez que, né avec un
« lenipérameut ardent, impétueux,
«capable de sentir les agréraenls de
«la société , j'ai été obligé de m'en
« séparer de bonne heure et de mener
K une vie solilaire. Si quelquefois je
« voulais oublier mon infirniité , oh !
« combien j'en étais durement puni
« par la triste et douloureuse épreuve
« de ma difficulté d'entendre ! Et ce-
« pendant il ra'élait impossible de dire
«aux hommes: Parlez plus haut;
« criez j je suis sourd. Comment me
« résoudre a avouer la faiblesse d'un
« sens , qui aurait dû être , chez moi,
« plus complet que chez tout autre,
« d'un sfns que j'ai possédé dans l'é-
« tat de perfection, et d'une perfec-
« tion telle qu'elle s'est renconlrée
«chez peu d hommes de mon art! —
« ]Non , je ne le puis. — Pardonnez-
« moi donc , si vous me voj^ez me re-
« tirer en arrière , quand je voudrais
« me mêler parmi vous 5 mou mal-
« heur m'est d'autant plus pénible
«qu'il lait que l'on ine méconnaît
« Pour moi point de distraction dans
« la société des hommes, dans leur iu-
« génieuse conversation: point d'é-
« panchement mutuel. Vivant pres-
te que entièrcjnent seul, sans autres
« relations que celles qu'une impé-
(c rieuse nécessité commande, sem-
ée blable a un banni , toutes les lois
tt que je m'approche du monde , une
te affreuse iucpiiétude s'empare de
« moi ; je crains il tout moment d'y
ee faire apercevoir mon état » Et
un peu plus loin lîeetlioven ajoutait:
« l*ourlant,I()rs(pie m dépil des mo-
« tifs (pii in'cloigiiaient de la société
«je m'y laissais entraîner, de (|tiel
« chagrin j'étais saisi (piand ({uchpiini
« se trouvant ii côté de moi enlend.iit
« de loin une lliile et (pie )e n'enteii-
« dais rien ; quand il entendait chan-
« 1er un paire cl que je n'cnleudais
BEE
(e rien ! J'en ressentais un désespoir
« si violent que peu s'en fallait que je
ee ne misse En à ma vie ! L'art seul
(c m'a retenu ; il me semblait impos^
ee sible de quitter le monde a\'a?it
ee d'avoir produit tout ce que je
a sentais devoir produire C est
0 ainsi que je continuais celte vie mi-
«sérable, oli ! bien misérable, avec
ee une organisation si nerveuse qu'un
ee rien peut me faire passer de l'état
(e le plus heureux a l'élat le plus pé-
ee nible. Patience! c'est le nom du
ee guide que je dois prendre et que
ce j'ai déjà pris : j'espère que ma ré-
ee solution sera durable jusqu'il ce
ce qu'il plaise aux Parques impitoya-
(' blés de brider le lil de ma vie.
ee Peut-être éprouverai-je un mieux ,
« peut-être non ; n'importe, je suis
ce résolu a souffrir. Devenir philoso-
« phe dès l'âge de vingt-huit ans,
« cela n'est pas facile , moins encore
« pour Tarlisle que pour qui que ce
a soit...» Après avoir dicté ses der-
nières volontés a ses frères, (ju'il
instituait tous deux ses héritiers, eu
rappelant que dès long-temps il leur
avait pardonné le mal qu'ils lui avaient
lait, Beethoven terminait ainsi:
te Blainteuant, que le sort s'accomplis-
tc se ! Je vais au devant de la mort
« avec joie. Si elle arrivait avant ([ue
«j'eusse pu dép'over toutes mes fa-
ce cullés d'artisle , ce serait trop
« toi , malgré la rigueur de ma desti-
« née , et je désire (pi'elle vienue
« plus tard. Cependant u'aurais-je
«pas encore sujet de me réjouir,
« puisqu'elle m'allVanchirait d'une
« soullrance sans terme ! Viens donc
« quand lu voudras , je vais au de-
« vaut de toi hardimenl. Porlcz-vous
« biiii , el ne m'iiiibliiv. jias loiil-ii-
w lail après m;i mort. J'ai mérité un
«souvenir de vous, tn m'occupaut
« loulc ma vie de vous rendre heu-
BKR BEE /,55
« r<uix: soyez -le.» Sur l'enveloppe rieur (rarr.iii«;cii)ciil. Chef d'orches-
éerile il (jiu'Kjiirs jours de di^lauec , Ire furl dangereux, il ne ])en}>aiL
oa relronvail l'expression des lucnies qu'à son œuvre, el s'identifiait lelle-
seiilinienlsclerés:L!,nalion(!ou!oureuse. ment avec elle (jue, sans le vouloir,
Ainsi lîeellioven ne supportait la vie il en innlail l'expression. Lorsque vc-
qui- pour accomplir la mission dont nail un j)assagc vijijoureux, il Irajjpait
il s(>sc'nlail cl)arj;é par la Providence! sur sou ])upîlre ii coups redonhics,
(îliaijue année accroissait létal lia- sans égard pour la mesure: an dc~
l)ilin.l d'hypocondrie , dans lequel il miiiucndo, il se faisait pclllj il
élail tombé. Des svmnlomes d'iiyilro- disparaissait [\.\\puud6Suno. Dani> le
pisie s'étant mauilestés , et les oj)é- tutti, il graudis.^ait tout-h-coup, sa
râlions, que ce mal nécessitait, se rap- physionomie rayonnait, et sa voix de
proLlimt de plus en plus, il succond)a tonnerre lançait aux musiciens ces
le 26 mars 1 1)1:7. l^eelhoven était mots d'encouragement ou de récom-
de moyenne l.iille j son cor|. s ramassé, pense: Bravi tutti! Simple, franc,
sa charpente osseuse offraient l'image loyal, vin manu, eiii 'wort, comme
de la force, et eu effet jamais il n'a- disent les Allemands, Beethoven était
vait élé malade , malgré son bizarre encore bienveillant et généreux. Ce-
Iraiu de vie. Avoir été grand musicien pendant, vers la lin de ses jours,
et .^ourd, n'avoir jamais eu ni femme une crainte assez commune aux vieil-
ni maîtresse , c'est sans contredit un lards le tourmenta: redoutant la
double caractère d'originalité parti- misère, dont sa pension el la vente
culier à cet illustre artiste. Dans sa de ses ouvrages le garantissaient
première jeunesse il ne s'était occupe complètement, il tbé.-aurisait , et
_jque de musique 5 dans son âge mûr , sollicitait des secours. A sa mort, il
il y joignit l'élude de l'histoire et de la laissa une somme d'environ neuf mille
plidosophie. 11 avait deux goûts impé- florins en argent comptant. Son ne-
rieux, celui des déménagements et ce- veu, Charles vanr)eellioven, dont les
lui de la promenade. A peine installé dérèglements el l'ingratitude avaient
dans un logement, il y découvrait aggravé ses chagrins, fut svn béri-
quelque défaut , et ne prenait poiut lier. Vienne lui fil de magnifiques fa-
de repos qu'il n'en eût trouvé un au- néraiîîes. Plus de trente mille per-
Ire. Tous les jours, liiver ou élé, sonnes y assistèrent: les premiers
pluie ou grêle, immédiatement après musiciens de la vil'e exécutèrent la
son dîner, il se bâtait de sortir, et fameuse marche funèbre composée
faisait deux fois a grands pas le tour par lui et placée dans la sym-
de la ville. Passionné pour la cara- phonie héroïque; les poètes et les
pagne, il allait cbaque printemps artistes les plus célèbres portaient
s'installer dans une habitation vd- des torches ou soutenaient le drap
lageoise. Sans cesse préoccupé d'une mortuaire. Hummel, qui était venu de
idée, il était sujet a des distractions Weimar exprès pour se réconcilier
tt a des bizarreries de toute espèce, avec son ancien ami, jeta sur sa tombe
Incapable d'établir un ordre quel- une couronne de laurier. Un monu-
concpie dans l'amas de livres, de ment a sa mémoire fut élevé dans le
partitions, de papiers, qui encora- cimetière de AVahring. Prague, Bcr-
hraienl tous ses meubles, il se croyait lin, lU'eslau, plusieurs autres villes
au contraire doué d'un esprit supé- d'xUlcniagnc lui rendirent a Tenvi
456 BEE BEE
les derniers honneurs, et solenniseut « dans un livre de basse fondamenta-
encore chaque année le jour de sa «le! » Comme on le voit par la
iDorlavec une pompe extraordinaire, liste de ses œuvres, le génie de Bee-
Le catalogue de ses œuvres est con- thovcn fut universel : cependant il
sidérable. 11 nous reste de lui: .1. n'embrassa pas avec le même succès
Dix-sept Quaf.iiors.il. Trois Quin- toutes les parties de l'art musical. Si
tetti. III. Cinq Tr/'os. IV. Un au théâtre il surpassa Haydn, il
Septuor pour inslrumcns a cordes, resta bien au-dessous de Mozart.
V. Un Trio pour flûte, violon et L'opéra de jFzV/eZ/o, composition ad-
allo. YI. Trente- trois iSo^zrt^c^ pour mirable, se recommande plutôt par
piano seul. VII. Dix Sonates pour un mérite instrumental que dramati-
piano et violon. VIII. Six Sonates que 5 Tinterét de l'orchestre l'emporte
pour piano et violoncelle. IX. Dix sur celui des voix. Cest dans le qua-
2r/o5 pour piano, violon et violonccl- tuor, dans la symphonie surtout qu'il
le. X. ^i^xxï symphonies en y com- excel'e et triomplie : la il est poète
prenant la symphonie avec chœurs, et grand poète, parce que la, rien ne
XI. La Bataille de V^ittoria, ou la gène son imagination, rien ne liirite
J^ictoire de fî^ ellington, symplio- s;i puissance. Presque toutes ses sym-
nie pittoresque. XII. \}nQ Messe, <^n phoniessoiitdcsdranîessublimes,con-
ut^ à quritre voix, chœur et sympho- eus dans les proportions les plus vas-
nie. Xni. Une Messe ^ en /-c-', k tcs_, achevés avec un soin inlini jusque
double chœur. XIV. Le Christ au dûns les moindres détails. A la difté-
mont des Oliviers^ oratorio. XV. rcnce d'ilavdn et deMozavt, Beetho-
Armide, Adélaïde, cantates. XVI. ven semble ne s'imposer dans son tra-
F'idelio^ opéra. XVII. E^monl, vail aucune (orme , aucune symétrie :
mélodrame. X\ III. Promëtlièe , on dirait qu'il s'abandonne àlinspi-
ballet. XIX. Les ouvertures de Co- ration sans frein , ni mesure , et ce-
riolan^ les Ruines d'Athènes, la pendant il y a nu plan dans s^s ou-
Dèdieace du Temple. XX. Des \ rages , mais la trace en disparaît ,
Concertos pour piano, pour violon^, sous la richesse cl l'exubérance des
n enfin une multitude de menuets , idées; elle se perd dans la largeur
waLes, coniredanses, chansons, c;i- des développements. Si les svmj)lio-
iions, variations. A tous ces ouvra- nies d'Haydn et de Mozart par leur
ge.s, il faut ajouter le livre ihéorifpie belle ordonnance riippelleiil l'as-
(les hjtudcs ou Traité d'Iiarnujn'e pect d'un parc majestueux ou dune
et de composition., dont la publica- armée imposante, celles de Beelho-
iion a prouvé que lieetlioven n'igno- ven représentent une nature gi-
rait aucune des règles , aux(|uell "s ganlcstpie , sauvage , ravissante de
j)arfois il dédaignait de se soumei- lorce , dr grâce et de fraîcheur virgi-
Ire. Lorscpie , vers la lin de sa ^ i -, nale. Aussi rien n'égale l'eilet (prd-
il lui tombait sous les yeux des criti- les produisent , et nous concevons le
unes, où on lui reprochait des faut» s fanatisme (pi'elles inspirent a cerlains
ins sa manière d'écrire, il se frot- artistes et a-iateurs. Avouons pour-
]
• ait les mains, et puis s'écriait, v\\ tant (jue ces chefs - d'inivre ne sont
t'clalant de rire : «Oui, oui,ilss'é- pas sans tache, (uie dans les ouvra-
« tonnent et n'y conq)renuent rien, ges du maîlre, il i<\'\\ lrou\e plu-
« parce (pi'iU n'ont pas trouvé cela sieurs d'il -peu-près inintelligibles.
plusieurs de f.ilij3;.iiil.s par 1 iiicolic-
riMicc dos incliulu's , la diircU' do
riiarmoiiio , cl la prolixité du style :
a\erlis,s()iis les jeiiui-s «^ciis (|ue nul
Hiodcl'* n'csl plus dillicilo cl à-Ia-iois
plus dangereux li in)ilcr (juo 1 lioin-
nie , donl le syslènic conslsle a, ne rc-
connaîlrcMjuc rinspirallon pour guide
et pour loi suprême. Quelques sym-
phonies de Beethoven , cl notamment
celles qui portent le titre ô'hcro'i'qi/n
Q\j)asioi'ali', c(dles(pii sont en iit nn-
neur et cn/<^f nïériteraient une analyse
d;ins laipielle nous ne pouvons entrer.
On assure (pie la symphonie hcroique
était d'abord intitulée : Napoléon.
Beethoven Tarait comnvMicéc soiis le
consulat, et y travaillait encore,
lorsque un matin son élève, Ferdinand
Ries, ei)tra, tenant à la main un
journal qui annonçait que le j/rcmier
consul venait de se faire empereur.
L'artiste, qui rêvait un héros républi-
cain, resta un moment stupéfait; puis
il s'écria : « Allons, c'est un ambitieux
« comme tous les autres.» Et au nom
de Napoléon il substitua ces mots :
Siiifonia eroica perj^csleggicwc il
sovenire duii grand iionio , re-
composa le second morceau , et d'un
hymne de gloire ht un chant de deuil,
Beethoven composait de tète et n'é-
crirait pas une seule note que le
morceau ne fut entièrement achevé j
le compositeur Ferdinand Ries et
l'archevêque Rodolplie furent ses
seuls élèves. Dans un petit cercle
d'amis , il se permettait d'exprimer
son opinion sur ses confrères. 11 pro-
clamait Handel le maître des maîtres,
et pensait (jue nul n'avait jamais at-
teint à sa hauteur. Il regardait Ché-
rubin! comme le plus grand des com-
positeurs dramatiques vivants. Sui-
vant lui, le chef-d'u'uvre de ïMozarl
était la Fldte enchantée^ parce que
Mozart s'y était montré compositeur
bi:k
/,^>7
allem.nnd , tandis que Don. Jiuin
r.ipiuhiit trop la minière italienne.
iJ'ailUiirs laMslère et pieux lîeetlio-
\en ne C(iiKe\ait j)as (pTou rabaissât
la sainteté de Part au scandale d'un
pareil sujet. 11 ne comprit pas le
mérite de deux composileuis donl les
ouvrages font les délices des deux
mondes. « Webcr , disait-il , a com-
« mencé trop tard; l'art en lui n'est
« lias spontané 5 il est le résultat
ce d'une élude opiniâtre et profonde:
« du reste la science me semble lui
« tenir lieu de jrénie. « ()u;mt a Ros-
sini, « ce n'est, disait-il, qu un
(c bon peintre de décorations. »
Beethoven jugeait Weber et Ros-
sini , comme il avait été lui-même
jugé par Haydn. Sa manière géné-
rale d'envisager l'art avait plus de
justesse. « Quel sera, après un siè-
cc cle , se deniande-t-il , dans ses
«Etudes, le jugement des maîtres
« sur les compositeurs les plus admi-
« rés ? Taudis que tout est soumis a
« l'influence du temps et iiialheu-
« rcuscment a la mode , le vrai, le
« bon restent seuls ce qu'ils sont , et
(c jan;ais on ne portera sur eux une
« main audacieuse. Faites donc ce
a qui est bien^ marchez avec courage
(C vers un but qu'on n'atteint jamais
« parfaitement: perfectionnez jusqu'à
(C votre dernière heure les dons que
« la bonté divine vous a départis , et
c( ne cessez jamais d'appr'-ndre. La
ce vie est courte et la science éter-
« nc'le » M — ^" — s.
BEFFROY DE BEAUVOIR
(Louis-Etienne), naquit en 1754.
a Laon, d'une famille distinguée,
mais dénuée de fortune, et fit ses
premières études dans les écoles mi-
litaires , d'où il passa comme sous-
lieutenant dans un régiment de cava-
lerie , puis à l'âge de quinze ans ,
comme capitaine aide-major dans la
458
BEF
compagnie a^^eléeles cinquante ca-
dets gentilshommes j que la France
envoyait au roi de Pologne sous les
orflres du baron de Rullecourt. 11
parvint au grade de capitaine , et par-
taiiea le sort malheureux de celte
expédition. De retour en France, il
entra , cojniiie officier, dans les gre •
nadiers royaux de Champagne. Il
était lieutenant dans ce corps lorsque
la révolution commença, et il s'en
montra un des partisans les plus pro-
nonc<"'s ( I ) , ce qui le fit nommer pro-
cureur de la commune de Laon , puis
l'un des administrateurs du départe-
ment de l'Aisne, pieraier suppléant
k l'assemblée législative , substitut
du procureur-général syndic du dé-
parlement , et enfin . eu sept. 1792,
dépiiic a la convention nationale, où
il vota la mort de Louis XVI, mais
en demandant l'appel au peuple et
le sursis a l'exéculion. Du reste ,
aussi modéré et aussi sage qu'il était
possible Je l'être , à une telle épo-
qiie et daus une telle assemblée, il
ne s'y occupa guère que d'objets de
finances et d'administration; et il lit
sou\ eut d'inutiles efforts pour y éta-
blir l'ordre et la régularité. INommc
successivement membre des comités
d'agriculture et des finances , il fit sur
CCS matières un grand nombre de rap-
ports, et s'oppt'sa de tout son pou-
voir ù la désastreuse loi cbi nuixi//iu/n.
Il (ut rapporteur de la loi sur la ga-
rantie des matières d'or et d argent.
Il parla aussi pour la conservalioa
dcfi lorèts de l'étal et pour la li-
bre; circulation des grains (:i). Il
(i) lliirrroy (la l\i;igii^ , »<>ii fit-ro . i|t>us iii>-
|ircri(l (|ti(*, (l,!tis lu prcinirrr ns.s<>iiil)l< c hiiil-
lin^ôie , il s'opposa vivi-iiu'iit A Li iiinniiinlioii
<!r M (!•■ limon, lioiniiiu duiniircn du <ltu' d'Or-
lr.iiis( A . 1,1 MON, \ M V, fio J),cl (pi'il imrjiil ifl'iiM!
•oixHiito ii.illv Iraiiis qui lui furLiil (d'U'rtH par
rnitrriniHn 'l'un niiiMW niminn- l>iiia Undicniirli
ponV »p<iindfr l'cliition tu liiinlslf. V- vk.
(ï) l'.uvoyi' en inisjtuu ù l'aiimi- du Hmd eu
BEF
concourut k la chute de Robespierre
dans la journée du 9 thermidor, et fut
envoyé quelques mois aprèskrarraée
d'Ilaiie avec 1 bureau. On a dit qu"il
y fit arrêter, comme terroriste , le
général Bonaparte j mais il s'en est
défendu, et son frère, le Cousin Jac-
ques (F^oj^. l'art, suivant), a repoussé
avec beaucoup de force cette accusa-
tion qui , d'ailleurs, n'a pas été repro-
duite (5). Beffroy revint bientôt k la
convention nationale, elle sort l'ayant
fait passer au conseil des cinq-cents,
lors de réta])lissement de la consti-
tution de l'an III, il s'occupa encore
dans ces nouvelles fonctions d'admi-
nistration et de finances. Il vota pour
l'établissement de la loterie, contre
l'emprunt forcé, qui signifiait, di-
sail-il , la bourse ou lu vie; et
contre le paiement en mandats de
la contribution foncière. 11 parla
aussi plusieurs fuis sur les contri-
butions dont il deuianda que la per-
ception se fit en naluie , et sur les
biens nationaux dont il ne voulut
pas que Ton suspendît la veute ; enfin
il s'opposa a l'incarcêralion des prê-
tres insermentés , proposa d'appliquer
i7()3 , il h'oppoïa à la rt'consliuction «ifs forli-
fiiatious do l'éroiinc , et proposa une chaîne de
foi'tifiecitions sur les hauleur.s tjui dominent et'lle
plaee. A l'epocpie du 3i mai , il osa Jire dans
un inénioire im|)riint' cpie u ceux qui denian-
« daieni les télts des vinj^l-ileux df|)iil( s, étaient
« des brigands connn.indes par Marat , » (|u'il
qiialiliait de vil icelerat. lit il protesta contre
eetic! journée. I,ors de l'as-iussinat juridiipie de
(insline, il déclara hantcuicnl ipie ce général
n'< tiiit j>as conpaMe, et demanda à cttc entendu
cornuH- lénioin. Mais l'exeeraUle Koiupiier-Tain-
villc ne lui lit |>ar\enir l'assignation que le len-
demain du l'eXiiiilion du •;ineral. V — vk.
( J) All)itte et Salieelti tirent nrrèter lîona-
purte , luuis i) une autre t'poquc; quant à lit f-
iroy il no put trou%'er il.nns l'aris un seul jour-
naliste nsse/. coiira','enx pr)ur iuqiriuirr son des-
a\ou formol, l'eiulanl su luission on Itulio, il y
lit rouvrir les ej;lis<'s «'t respteler la liberté des
ruiles. M éeriviiit de- Nice, uu roiiiité <ic salut
publie, le S lloreal an m: «i L'aim»-» d'U.dio
<( manque de tout; I>)us le»- service» «|)roM\int
« un ibruit.... Il nie tarde de voir ii'^ir r.>imee;
« et ••i, laute de nn)yens , on la laisse deju rir ,
« (iimment pourrons-nous soulcJlir la ^loir<>dus
y\ urmcej i'iMuvRUCS ? » V— yb.
BEI'
;i la calomnie ccrilc ou imprimée les
peines prononcées contre la calomnie
parlée, el s'éleva contre la nomiiia-
iion lie r.arèro au corps léj^islalif.
Soili (lu conseil au commencemenl do
l'année 1797, il lui employé d'abord
comme capilaine de vétérans, plus
tard dans l'adminislralionde Thopilal
militaire de SainL -Denis ( 1810),
et ensuite comme administrateur
de celui de Bruxelles. Revenu en
France après la séparation de la
Belgique en i8r4-, il fut obligé
(l'eu sortir en 1816 par la loi d'exil
contre les régicides. Il se réfugia alors
a Liège et mourut dans cette ville au
commencement de i 8ii5 , après avoir
reçu avec beaucoup de piété et de re-
pentir les derniers secours de la reli-
gion du curé de Sainte-Marguerite, sa
paroisse. Il a publié : I. E trémies
à mes conipairiotes , par un Laon-
nais , Paris 1789 .in-8" (anonyme).
11. Ai-'a/itages du dessècheîiient des
marais , et manière de profiter du
terrain desséché, Frus, 1793, in-8^
(anonyme). Ce dernier ouvrage avait
coucouru en 1786 pour un prix pro-
posé par la société d'agriculture de
Laon. III. Rapport sur l' emploi des
matières Jecales fraîches , 1 8 0 1 ,
in-S". M — Dj.
BEFFROY DE REIGXY
(Louis-Abel ) , frère du précédent,
plus connu sous le nom de Cousin
Jacques , naquit a Laon, le 6 1:1 ov.
1767, fut envoyé très-jeune a Paris ,
où il acheva ses études et devint clerc
de la congrégation de la mission.
Après avoir professé les humanités
dans plusieurs collèges, il renonça au
petit collet, pour se vouer entière-
ment au culte des muses. Persuadé
que la littérature frivole lui fraierait
un chemin vers un meilleur sort , peut-
être même vers la gloire , il se lança
dans celte carrière 3 mais une diicc-
tion ])lus sérieuse clait alors donnée
aux es|)rits; on voulait retrouver la
même tendance juscjue dans les ouvra-
ges de pure Imagination. On put présa-
ger dès-lors que le genre adopté par le
Cousin Jacques ne réussirait pas, et
lorsqu'il oblinl plus tard par des ou-
vrages dramatiques quehpies succès
moins contestés, sur plusieurs ibéà-
ires de la capitale , il le dut surtout
au choix de sujets et de situations,
plus en rapport avec l'esprit qui do-
minait alors dans la société. Plus de
bizarrerie que d'originalité, plus de
recherche que de naturel, plus de
niaiserie que de naïveté , se font re-
mar([uer dans ses ouvrages, dont les
titres qui visaient a être piquants ne
furent que ridicules. Si a Talde de
celle bizarrerie ils trouvèrent quel-
ques lecteurs , le bon sens du public
les a depuis long- temps dédaignés.
La bibliographie seule, qui a des sou-
venirs pour toutes les extravagances
et toutes les nullités, nous a con-
servé les noms de Turlututu , de
Hurluberlu , des Lunes, des Nou-
velles Lunes, etc. Quelcjuefois , a
défaut d'originalité dans les idées, cer-
taines formes d'expression ont sauvé
du naufrage Ats productions du même
genre j mais le style lâche cl décoloré
du Cousin Jacques a achevé de por-
ter le coup mortel a ses conceptions.
11 sérail néanmoins injuste de ne pas
reconnaître qu'un tour d'esprit facile
et un ton léger ont pu procurer une
espèce de vogue a ses écrits. On y
rencontre, à de longs intervalles,
quelques tableaux de mœurs assez
vrais , quelques traits malins ou gra-
cieux; mais si ces découvertes font
plaisir, comme celle d'un oasis dans
le désert, elles ne peuvent plus être ré-
servées qu'à un petit nombre d'explo-
rateurs intrépides. On lit rarement,
juais enflu ou lit cucore Cj-rano da
/j6o
BEF
Bergerac. Pourquoi ne peut-on met-
tre le Cousin Jacques sur la même
ligne ? c'est que V audace burlesque
du poêle perigourdin , secondée par
les élans d'une imagination vive et
féconde, est faite pour piquer notre
curiosité, tandis qu'elle est repous-
sée par la stérile abondance du lu-
na/ iffue Be^roy (i). Depuis Rivarol
qui lui donna place dans son petit
JD ictionnaire des Grands HoînmeSj
il essuya le feu de presque tous les au-
teurs de pamplilets etde journaux , et
fut condamné par eux h n'être point
lu. L'ennr.i;, plus redoutable qu'eux
tous , s'est chargé de confirmer leurs
arrêts. Il faudrait peut-être faire une
exception en faveur de ses ouvrages
dramatiques , dans lesquels on re-
marque la connaissance des effets de
la scène , des délails agréables et des
couplets assez bien tournés dont il
composait aussi la musique. D'ail-
leurs les sujets de ces pièces, pal-
pitants de l'intérêt du moment, ré-
veillaient les émolioMS populaires ,
sans en déchaîner la fougue. JS'ico-
deme dans la lune ou la Révolu-
tion pacijique ( i 790 ) , le Club des
bonnes gens (1791)5 l'i PelUe
Nanelle ( 1797 ) , etc. , comédies
de circonstance (jui curent le plus
grand succès , ne seront plus repré-
sentées j mais elles pourront encore
être consultées comme es([uisses Ans
mœurs et des impressions de Tépo-
(jue. Ou doit aussi observer que
toutes \c?> productions du Cousin
Jacques on! un but moral , cl sont
cmpreinles de scnliMieuls honnêtes
(jn'il chcithe à inspirer il ses lec-
(1) 1,11 Con.iiii Jari/iifi r.it ili'Jù mnnn dan.i ta rr-
liiihfiiliie tl'-s Irltrvf , l'iir [ilntiriirt pnèiitff ftii^uihlr-
inrnt liiniilii/itr.u (iriiniii rorr«r»|>. lilltW'., V' piirlii',
• •Mil. III , p ïKî. Il ril lion il'diitrivcr que nef-
froy ■! (Ir.<i;ivnnir un «Tiil ptililii' m 17H7 , "«Dns
€11 lilro : J)i'/uit('m''iit.i du Cousin Jiicijiics, oii
/Uifiine.i tiiii'iti'iHcs , vol. in iï.
BEF
teurs. Beffroy de Ileigny survivait a
sa réputation quand il s'avisa de
réveiller l'attention publique par l'an-
nonce d'un Dictionnaire ncologi-
que des hommes et des choses de
la révolution. C'était en 1800 ! Il
commit la même méprise qui l'avait
fait trébucher au commencement de
sa carrière. Tous les cœurs éprou-
vaient alors le besoin d'échapper aux
tourmentes de la révolution. Tout ce
qui tendait h en rappeler le souvenir
ou les excès n'était vu qu'avec peine.
Ce soldat heureux qui venait d'a-
baisser devant son sabre les fais-
ceaux de la république , pour jeter
d'une manière plus solide les fonde-
ments de la puissance suprême , com-
mença par imposer silence aux objur-
gations de tous les partis. Rien n'é-
tait donc favorable a l'entreprise de
Beffroy: ni le pouvoir, ni le temps,
ni les hommes ! 11 y persista néan-
moins, et fit paraître successivement
quinze cahiers ( 2 ) de ce vocabu-
laire , absolument neuf et origi-
nal, comme il avait soin de le quali-
fier lui-même. La police de Fouché,
plus téméraire peut-être dans ses
coups d'essai qu'elle ne le fut depuis
dans SCS coups de maître, arrêta la
publication '\i''> autres livraisons du
J)ictioniiaire. C'était prendre trop de
peine. J.e dédain du public pour le
glossaire du (Cousin Janpies eût pré-
ci|iilé beaucoup plus elluacement sa
chute j mis il l'index, on rechercha
tout ce (pil en avait paru. Avec le
tort de réveiller de douloureux sou-
venirs, lors(|ue les plaies de la révo-
lution élaic!it encore saignantes, Bef-
froy joignait rinconvcnance de mêler
la facétie aux horreurs. JNou loin de
1 -y) (>"< niiin/r raliiiTs forinml iroi» Tolunir»
in 8' (r;iriH , Moutanlicr, iin riii). ilr*rnii!» in-
rt'H fl no ronipiTtinnii ijuc le» lolli"'» A, V> ri uno
p.iriic lin C.
BEF BEF /,6r
rccliafaïul , la plaisanterie n'cslscanle rjiie: (d loin me de lellrcssur le compte
à personne, pas inènie dans la houclic « dii(|iul on ne s'est pas mal égayé.
des victimes. Aucun plan anrlé , an- «Voyez le Cousin Jactpics qni lui
cun choix dans la nuiltilndo d'articles « diia liardiinenl de bonnes vérités. »
(pii s'ollVaienl nalnrellement à l'an- Mais ce dernier article ne parut pas ;
leur, incohérence complète dans leur la publication de Touvrage ayant été
as^e^d)laJ;e, aucune mesure dans leur arrêtée avant cpie Tordre alphabéti-
étendne , des anecdotes suspectes , ou (|ue eut amené le nom adoplif'de l'au-
iufitlèlement rapportées , et , par-des- leur. Il mourut dans l'oubli, a Clia-
sus tout cela , un style plus incorrect renlon , le 19 déceml)rc i 8 i i , Outre
et plus lâche cpie de coutume* tel est les ouvrages cités plus haut, on re-
Taperçu général que l'on peut don- marcjue parmi sas uonibreuscs prô-
ner du Dictionnaire des hommes et ductions : I. Les Petites Maisons
des choses. D'un autre côté , l'a- du P atnasse , poème comique d'un
mour du bien (pi'il respire, Findi- genre nouveau, enversetenprose,
gnation qui éclate a chaque page Bouillon, 1785, in - 8 ' de Ix et
contre les oppresseurs de la France, 294. p. L'auteur passe en revue une
peuvent concilier quelque estime à la foule d'écrivains anciens et modernes ,
personne de l'auteur, alors qu'on est et leur assigne le rang qu'ils doivent
obligé de la refuser à l'écrivain. Il tenir sur le Parnasse ou dans un hô-
est même plus ridicule dans cet ou- pital dus fous, qu'il élablil au milieu
vrage que dans les autres qui sont du sacré vallon, Horace et Tacite
sortisdesaplume.il appelle la femme boni placés par lui dans cette der-
du premier consul, veuve inlères- nière demeure!! IL Malborou^h ,
santé, cl M""" de Beauharuais , sa poème comique en prose rimée
tante , femme vraiment intères- Londres et Paris, 1783, in-8°.
santé , héroïne de la littérature III. Le Courrier des Planètes
française (tom. i , p 4-6o et 4.62 ). feuille périodique, dédiée a la Lune,
Il dit h l'article Benjamin Constant 1788-1792. 1 0 vol. in- 12. IV. ^/5-
( tom. I, p. .534-) qu il ne faut toire de France, pendant trois
pas le confondre avec Constant le mois , depuis le \'6 mai jusqu'au
marchand de chevaux. Il peint i 5 rto«^ 1 789 , Paris, i789,iu-8°«
Billaud-Varennes comme étant im~ V. Le Testament d'un électeur
hihé jusque dans la moelle (sic) Va.ns, ijcjn, in-8°.YÏ. NouveauTe
des os de l'essence du crime , du Deum en vers saphiques , avec des
sacrilège et du blasphème (tom. ?,, notes sur le pape, etc. ^Vàrlsj 1802,
p. 97 ). Parmi les hommes de la ré- in-8''. VIL Soirées chantantes ou
volulion, il comprend Bigand , au- le Chansonnier bourgeois, avec les
teur d'espiègleries facétieuses , airs notés , Paris, i8o5 , 3 vol.,
sous le titre de la Mouche (tom. in-8" (3). Il a fait la musique de tous
2, p. 94.). Le pauvre BelTioy prenait . .
pour un auteur le héros de ce romin (3) Le journal imituio/w /-»««. forme vin^t-
du Chevalier de Moidiy , publié pour "^"""'n '"'"'f ''''',""7 '■»•'*•?'" «"' ^«« "'^'î"''''
.^ .; . ' . «Il ;UIciii;muI ():ir Ir ^\»c^^:^lv Jtiir^er. On a enC'<re
la première fois en I 73y, et (jUI avait ''" I">niiiiue Ccmsin: les ^Hcs del'nmour. ojié-
Pl,l r.Minni-im.' rl.>nili« T - 8 r» On lll > •'toaii'lix; , 1786; Corioliucl ou Rome .uiufce ,
ele rcimpiimt depuis I/O9. un lil Mie cui-oh acics-, Cc<t dn./r;]^'^ cufs du Jurl
au mot Beffroy de Reignj- (t. 1, "''«.■ le Conun Jacques hors du sa/on ;' ie Kelour
I \ ,1 1 1 ' * i' ''" """' P''uvre oncle, ou relui, ou de son vora<'e
p. 491) celle phran» caracler.sh. ,^,,,k //w ; 1,, r.,^:^^,,,o,, ,/. /« / J ^oi«S^
A^a
BEG
ses opéras; elle passe pour être
néglioée, mais le plus souvent facile
et agréablt(4). — 1-.effroy de Jisom-
PRÉ {FrançoiS'Gene'^iève ) , frère
du précédent, né a Laon, en 1766 ,
fut nommé a Tage de quatorze ans,
sous-lieutenant dans un régiment d'in-
fanterie. Il embrassa avec chaleur la
cause de la révolution de 1789 , et
présida en 1792 le club de Metz, où
il professa les principes les plus exa-
gérés. S'il faut en croire le Cousin
Jacques. « 11 changea tout-a-coup
a d opinion , passa d'un excès à l'au-
« tre, et ne sut pas se maintenir
a dans et juste-milieu, qui seul est
ce le parti sage et stable en révolu-
ce tion. Le chagrin d'avoir été pris
ce pour dupe altéra sa santé (5). »
Il succomba, en 1800, a une atta-
que de paralysie. L — i\i — x.
BÉIjAULT (Gilles), chanoine
et archidiacre de Nîmes , né en
1660 , doit être compté au nombre
des orateurs chrétiens qui se distin-
guèrent dans le passage du 17'' au
18'- siècle. Sa renommée , si juslc-
mcnt établie h cette époque , paraît
presque ensevelie dans Poubli. Son
nom, omis dans Moréri et parlesbio-
graphes (|ui l'ont suivi , mérite un au-
tre sort. Formé aux exercices de la
chaire, sous les yeux et par les le-
<lf plus <lr trois cftils p.i;,'cs iil-H", (jiii ml tleiix
éditi'iiiH cil 17;;^ , «te, tic. Il jli'-ait tle lui-int'-
iiie : i< Il y u viiigl uns c{ut; j'i'Ciis, et vtii^;t
<( un» i|ii(; les lilii'lli-s |>lfuv<;iil MUT iiini. » 1| aii-
|>«Muit tiln-ilas lis pl.iKsnnlnirs <\k\\\ no faisait
j>at. V — v«.
(4) Bcffroy do Rrigiiy nvuil uiio Sdiir noin-
rn<'fi Cal/iriiiit Ahvl, qui fnisail ins<rrr dis ar-
lii'IoH (lun.'« lo Htiiwur , f|uo (iall.iiit rodi^oiiit
avaii'. le i8 iVuiliilur. Invùii |)ul)liii dans la
(ittzrtle Imiiraixr , dos lii'Jlr.tiiins jinlilrptrs ri ma-
rfi/rï , «|u't ll« leur iidrossn. It'Airinln ri «l Mnr-
tuofitcl , l'ahlio Aiiliort, ont parlo d'ollu avec
«•loge. Mni'iiionti'l l'iippolait la .Sivii^ué tir sou
iifilr ; \rn Ari(;laiH ot li-s AlIritinniU mit triiduit
|ilu<.irurs (In so» orti< 1rs qui uvuitiit «-l)^ insôros
tlmis 1rs l.iiiir.i du s»ii froro. V — v«.
(i) Ihrditnintirf utio/nj^ii/iif ttiis hommvi tt det
%hosfS tU lu re¥otHtwi\,\. 1,1). ,|8«;.
BEG
cons de Fléchler dont il partagea ,
pendant vingt-trois années , les tra-
vaux apostoliques, l'abbé Bégault se
glorifiait d'être Vhumhle disciple
d'un si gj^and maure. Aussi re-
trouva-t-on, dans sessermons et dans
ses discours, les formes oratoires, la
manière et en quelque sorte l'élocu-
tion harmonieuse de l'évêque de ]Nî-
mes. L'abbé Goujet les range pres-
que sur la même ligne (i). D'Arnau-
din , docteur de Sorbonne , va jus-
qu'à dire ce Qu'on a peine a mettre
ce quelque diftérence entre eux , et
ce que souvent même on les confond
ce presque ensemble , quoiqu'on ne
ce puisse se flatter d'atteindre un vol
ce si rapide et si haut que M. Fléchler
ce l'avait pris, par la supériorité de
ce son génie (2). « Il y a lieu de
croire que la réputation du disciple
alla se perdre dans celle du maître ,
qui ne fit que s'accroître, avec le
temps. Bégault avait prêché avec suc-
cès à Paris et a Montpellier. 11 pro-
nonça le sS aoiit 1695, devant le
roi et la reine d'Angleterre, a Saint-
Germain , le panégvriijue de Saint
Louis, et profila habilement de celle
circonstance pour présenlcrle tableau
de la royauté humiliée , dans Saint
Louis captif en Egypte, et pour oihir
au monarque détrôné, les consolations
qu'une iune forte peut puiser clans les
enseignemens de riiisloire et la rési-
gnation aux décrets de la [irovidenct,
fxirnii hs plus violentes agitations
de la fortune (3). Reçu a l'acadé-
mie de INîmes , eu 1688, Bégault
eu fut un des membres les plus zélés.
Il fut cholî^i , en 1692 , pour aller
remercier racadémie Irancalse ile l as-
sociation (pi'elle avait accordée a
^i) Uibliolhf'quc l'nin^-niM' , t«>in II. p »<)8.
(a) I'tnio;;% riquos vl bcnnuiis de r.»bbi! 1k'-
gntilt , it r Appriil<;)ti<)ii.
(i) Puu) );yriquos et rrvnion* dr l'abLé Of^
giiult , l'nris, 171', toni. I. p. ii.
Celle (lo Nîmes. Dans le discniirs anlanl qiir son pcrc. Ne a Brosl , le
(jn'il jiroiioiuM, Ir Tx) oclobro , h ôoscpl. i 6u i , envoyé h Faris pour
ci'llc occasion , il ne crain;iiil pas (l'a- y faire ses éludes au collège de Louis-
vancer, eu présence de llossuel et Ic-Grand, puis li la Sorhonne cl au
de Flécliier lui-inènie : « Que Télo- séminaire de Sainl-Sulnice , il panil.
ce quence plus qu'liumnine de l'il- avec éclat sur les bancs de ces diOé-
« luslrc prélat de JNîmes faisiil rentes écoles cl rcrul, au mois de
« l'admiralion cl, si on ose le dire, juin 1708, le houncl de doclcur en
« le dé.sespoir de Ions les oraleurs lliéologie. L'ajinéc suivante, le clia-
« français (.4). » L'ahbé Bégaull fai- pilre de la cathédrale de la llocliclle
sait éclater dans loules les circon- le clioisil pour doyen. En lyio , il
stances le même enlliousinsnie , qui représenta dignciucnl le second ordre
devenait respectable même dans son de la province de Bordeaux, a Tas-
exagéralion , parce qu'il prenait sa scnd)lée générale du clergé de France,
source dans une admiration profon- assemblée (|ui Tenvoya ensuite à Li-
démenl scnlie. Lorsque Flécliier eut moges, îil'efFet d'y régler les impo-
cessé de vivre, eu 1710, lîégault sitions du diocèse. Devenu, en 1713,
exprima noblement sa douleur dans abbé de Sainl-Germcr de Flay , vi-
uiie Icllre quM écrivit a M. de Bas- cairc-général de l'évèque de Beau-
ville , intendanl de Languedoc. Elle vais, et trois ans plus tard doyen du
a été réimnrimée , avec plusieurs au- chapitre de la même église • il se dé
très pièces , à la tète de Tédilion des mit de son premier décanat , dont il
œuvres de Fléchier , donnée par Du- ne pouvait remplir les obligations et
creux, Nîmes, 1782 ( tom, i , p. déploya dansscs rapports administra-
Ixxviij ). En 171 1, Bégault pu- tifs une telle habileté, que Louis XV
blia deux volumes de Panégyriques fit choix de lui en 1720 pour faire
et sermons y Paris, in-12 j un troi- accepter la bulle f/'^«/g-c'/i;7?^ç aux évè-
sième , en 1717 , le quatrième et le ques du Languedoc et du Limousin,
cin juième, en 1725. Ce dernier ren- Toutes les dilficultés s'aplanirent au-
ferme les discours académiques, les delà des espérances delà cour, et
lettres, etc. Ménard , historien de le monarque satisfait é.'cva Begon au
Nîmes , accorde a peine une légère siège épiscopal de Toul , k la place
attention a cet orateur, et ne fait cou- de Blouel de Camilly, nommé à l'ar-
naître ni sa personne ui ses écrits, chevêche de Tours. Cederniern'ayant
Quoiqu'on ignore l'époque de la mort pu obtenir ses bulles avant 1725,
de Bégault, il y a lieu de croire Begon ne fut sacré k Paris que le
qu'elle ne fut pas éloignée delà pu- 26 avril de la même année. Une
blicalion du dernier volume de ses brillante réputation l'avait précédé k
discours. L-m-x. Toul, son mérite la soutint. A la
Bli^iiOX ( ScinoN-JÉnoME ) , tète du diocèse alors le plus con-
évêcjue de Toul, second fils de Mi- sidérahle de France, Begon voulut
ch'.l liegon, h (|ui Dupelit-Thouars a tout voir et tout faire par lui-mô-
consacré uu article dans le 4*" vol. de nie : il le visita plusieurs lois en dé-
celte Biographie, y méiite une place iail , inspect.i les paroisses , or^^ijinisa
les écoles, interrogea, examina les
(i) H,.ran-ups prononc-spar MM. .ipi'Aro. prètrcs, mil Ics fabriques sur uu
finie fraiiraise , i'aris , Coi"iianl , iGy8, in-4'', •il • i f • n • r ^^. ,
. 6i3.6hj: meilleur pied, repara une inumle dé-
464
BEG
glises,en bâiit beaucoup cl'aulres(i),
porla des consolations et des aumô-
nes dans le sein des pauvres, et ré-
pandil souvent la parole divine par
ses écrits ou ses discours. Sous lui ,
le séminaire de Toul acquit une
grande renommée 5 des jeunes gens
y accoururent de tous les points delà
France, une foule d'hommes distin-
gués en sortirent. Jamais peut-être ,
les études relisrieuses n'avaient été
dirigées avec autant de sagacité dans
la province des Trois-Evècliés. Ce
fut par ses ordres que Clevy, vicaire-
général du diocèse , rédigea uu nou-
veau Brcviaire et un nouveau Mis-
sel, en liarmotiie avec la ccnslitutiun
religieuse de Tépoque. Dora Arabroise
Colïin 5 religieux de Senones , fut
é":alement charsié de la rédaction
d'une Vie des saints nés dans la pro-
vince , ouvra£:e demeuré manuscrit et
pour la composition dutiuel Begon
paraît avoir lui-même fourni des no-
ies. Tant de soins ne rempêclièrent
pas de s'immiscer dans les grandes
affaires survenues en Lorraine, au mi-
lieu du 18'' siècle. Dévoué aux inté-
rêts de la France , il fut cliargé par
Louis XV d'user de tous ses moyens
d'influence sur l'esprit des Lorrains,
pour rendre la noblesse moins hostile
( I j HcRoii a retracé dans tiiic longue leUic iné-
tliu- (|u'il (Tiivilau {jouvtTiuiiirni en 1737, tout
t«! qu'il nvait fait dans son diocrse , avrc un rt-
vrnu dr quar:intc-(:infl inille franco. L«"S Imlli-s
de son 1 vr( lu- lui c()ùlri«;nt , dit-il , (|uarantc-
trois ou <|u.iianlt' (|nali'c niillr fr.iiu's. I.i rt-ron-
ntmclion du |>.ilni» rpivi opnl , qui tombait en
ruini'H , nvait cxit;»' une di*|>«'nM' il«" crnt vin;;t
inllli' francs, ri n'rtail pas icimiurr; le niiiri'-
clial «11- Bplhvisir orvail fn^n}»*' \v eliTfîe it ron-
ronrir à In « onsiruclion di « rnscrnfs du Toul :
Ifc^on donini (|unlr<' mille fri;n<s; il lui 111
fiiilait «-ncnrr dnux crut niilln [inur arliovrr Its
liàliuicnis do i'«''vcil»f , fl il ririvail : « .Ir suis
« réduit à di"i clievnuji ruinrs par l«"« VDilnics
« do nus li;iiiu>cMlH , dc!« i(|ulpa;^f!« drlald'ft d
« cent l'ois ravaiulis. 1. I''u roii' rquriu'O , il di>
niinlail l'alihajc dit Truis-I onlaiuri , varanti-
par li; drciN.* ihi rardifinl <lc llisiy , on la prima
lii? di- Niinry « «lif;nilo tjui n'a «'te it:rcp qui'
« pour o('fii>.(pn'r tt coulrc-ipuiiTor le» cvt'(|mjs
M d«" Toul. 1) V — VK.
BEG
k Stanislas. Begon répondit le plus
qu'il lui fut possible aux désirs de la
cour ; mais ses harangues , ses dé-
marcbcs soulevèrent contre lui bien
des esprits, et les derniers jours de
son existence ne furent pas sans amer-
tume. 11 eut aussi a lutter contre le
chapitre de Sainl-Diez , parce que ,
contrairement aux usages reçus, Sta-
nislas l'avait pourvu du litre de grand-
prevôt de cette collégiale , et que de-
puis long-temps les évêques de Toul
élevaient des prétentions sur la sei-
gneurie de Saint-Dicz. Indépendam-
ment d'une infinité de mandements
et de lettres pastorales , on cite de
Eégon , outre plusieurs Oraisons
funèbres : ï. L'Eloge du bien-
heureux père Pierre Fourier ^
fait à l'occasion de l'exhumatioa
de ses reliques, a Matlaiucourt ^
le 3o août 1732. IL Discours sur
r avènement du roi de Pologne , h
sa réception solennelle dans la cathé-
drale de Toul , au mois d'avril Jj'Sj.
111. Discours à l' occasion du ma-
riage du roi de Sardaigne , avec
une princessi^ de Lorraine , au mois
de mars lySy. Begon, qui joignait
à Tamour des lettres le «loùt ilvs
beaux-arts , éleva de ses deniers le
palais épiscopal de Toul , monument
asstv, vasie , dont la dirccliou fut
confiée a INicolas Pierson , frère con-
vers de Tordre dvs Prémonlrés. Ce
prélat mourut le 28 déc. 17 55 ,
dans sa ville épiscopale , regretté do
Slani>las, ilv!^ grands el du peuple ,
(|ui s'accordaient a reconnaître eu lui
Tnii des caraclères les plus liouora-
l/les de répoqnc. l). Calmct , dans sa
Bil)li()lhè([tu* lie Lorraine , s'est lon-
guement étendu sur son eompl-*.
r» — N.
iîI':<;M':lii^' (inicolas pk),
phy.sieien , né en 1714 ( 1) , i» Coiir-
(1) l-it non fil 174 it coiiimc Ir dit Harliit-r daiu
lari , jirî's di* irnnur, arlie\a ses \i liimièro , Irs nombres, de. j et
l'imlfs il rniiivcr.sik' de I>;\lc , cl s'y (Irpns 17^)8, la siiile (hs Obsciva-
lil ieeo\i.ir (((.cli'ur cm droit. Kiivoyc lions mcli-nroloa^i^iiics {•!). Il se dé-
ji.ir son pcio il A\'cizl,ir pour y sui\ ro lassait de ses travaux scitiitificiucs ,
nii cours de droit |iul)lic , il revint K par la culture des lettres. Outre une
(.OUI lui soutcuir un procès que les traduction française du Printemps ^
liahilants avaient contre le prince poème de Kleisl {V. ce nom, XXII,
évèijue de r>àle, leur souverain. Ce 47O ? 0» lui doit JV illudmine ou
procès n'ayant pas eu l'issue qu'il hi révolution de IIollan(l(',viol\m?,y
désirait, l>eguelin alla clierclier de Berlin, 1787, in-8". W — s.
IVinnloi en Prusse. Attaché d'abord BÉGUINOT (le comte N. ) ,
a la légation prussii-nue h Dresde, la général français, naquit en 17^7,
guerre de 1744 lui fit perdre ce près de Ligny (Meuse). Soldat, au
poste ; mais il ohlml en dédommage- début de sa carrière , la révolution le
im-nl une cliaire au collège de Joa- trouva dans les derniers rangs de la
cliim>tal , et, peu de temps après la nidice, mais il s'éleva bientôt par
réorganisaiion de l'académie de Ber- des actions d'éclat , et s'il dut
lui , il lut admis dans celte savante quebpie avantage aux circonstances
compagnie. Le grand Frédéric , qui favorables au milieu desquelles il vi-
connaissail les luaiières cl 'a capacité vail , il dut p'us encore a lui-même,
de liegueliu, le nomma sous-précep- D'abord employé comme général de
leur de son neveu (Frédéric-Guillau- brigade a l'armée des Pyrénées-
nu» ). Enveloppé dans la disgrâce du Orientales , il passa a celle du Nord
comte de Borck (^. ce n()ra,V5i5 i), eu 1795, et a cel'e de Sambre-et-
gouvcriieur du jeune prince, il fut Meuse en 1797 , avec le grade de
remercié en 1764 , et resta vingt ans général de division. En l'an Vil (oct.
privé de tout avancement. Frédéric 1 798; , Bégiiinot commandait la 2/^"
reconnut h la fin son injustice ; ilren- di\ision ra.lilaire, 'orsquc une iiisur-
dil sa faveur h Bcguelin , et joignit à reclion, dont les lois sur la réquisition
son traitement d'académicien une milita re furent le prétexte ou le mo-
pension de quatre cents écus. A son ùf léel, éclala dans les déparlemens
avèuemeul au trône, Fréderic-Guillau- de l'Escaut cl des Deux Nèlbes. Les
me, voulant donner a son ancien in- insurgés, presque tous paysans , au
stiluleur une riiarque éclatante de sa nombre d'environ vingt mille , four-
reconnaissance, le nomma directeur nis d'armes cl de munitions, présen-
de l'académie, et lui fit expédier , iaient une force impo>ante et a la-
avec deî> lettres de noblesse , le cwn- quelle Béguinot ne pouvait opposer
tral d'une terre de cent mille fiancs. que de faibles délacbemenls. Cepen-
Beguelin mourut K Berlin, le 5 jan- dant il avait déjà repris Malines,
vicr 1789 (Deniua , Prusse liLté- dont les rebelles s'étaitMil d'abord
mire), âgé de soixante-quinze ans. Le rendus maîtres; il leur avait tué qua-
/{etv/e// de l'académie de Prusse con- Ire mile des leurs; enfin il avait
tient de ce savant physicien une élevé ^ts retranchements, protégé
foule de jMcmoircs ^ur les couleurs , Louvain et I>i uxelles , où ils entrete-
son Examen c-ilir/iic. p. tij. Il l'sl «'■vident qiicc'rst (ij I-T France littéraire i» M. Qu'-rard l'oiitient
une faulc d'iiii|)ros>K»n , qui se retrouve dans la (I, aJ.'i) uiiu liste uxacte e\ di-laillée de fous les
Dni^rajjfue porlatiic fies Conttmporaiitt , p. 3ii. travaux acaJcininucs de Bc5U<'lin.
LVII. 3o
466 BEG
Baient des intelligences , lorsque le
général Colaiid arriva muni de pleins
pouvoirs, et suivi de Irenie mille
nomn es dirigés des bords du Rhin et
de linlériciir. Le sang coula dès-lors
en abondance , et les insurgés furent
battis dans plusieurs rencontres,
notamment h Audenarde, a Halles ,
à Ypres , a Lonvain et près d'Anvers,
où ils s'étaient emparés du Tort Lillo,
nui fut bientôt repris. Les troupes ré-
publicaines Iriompbèrenl partout, et,
en moins d'un mois , Bogu not et Co-
laud eurent entièrement purgé le pays
de Waes et la Ca>i»pine , foyers de
rinsurrection. L'obligation oii l'on
s'était trouvé de mettre le départe-
ment de la Dyle en étal de siège,
d'instituer des commissions militaires
et de déplover un gra^id appareil de
forces , fit commettre beaucoup d'ac-
tes arbitraires qu'on reproclia plus
tard au général Béguiuol. Il faut ce-
pendant lui tenir compte de sa posi-
tion difticile et de la nécessité d'agir
avec vigueur , en présence d'uue po-
pulation en armes, qui avait les moyens
de prolonger la guerre et de l'éten-
dre fort loin. Néanmoins, le pouvoir
fut ingrat: tandis que les municipa-
lités adressaient a Béguinol de> félici-
tations sur sa conduite, on lui ôlait
le coMimandcment de la vingt-qua-
trième division pour le donner a Co-
laud qui fut bientôt remphué par
les i^éuéraux (^ervoni et l'onnard ,
puis par Bé^uiuol lui-même, réinté-
gré au mois de venlose {\<ns ses an-
cirunes fondions. Lu arrêté du direc-
toire , l'empb-ya dans son grade ;i
l'nrnu'e (l'(d)«rrvali()n ([ul , sous les
ordres de Beinaditte , se forma sur
la Lalin. C'est a elle (pi'élail réservé
rbonuenr d'assiéger l'iiilisbourg ;
mais la retraite i\rs Aulriclmn^
l'avant rendue inutile , liéguinol re-
prit le commandement qu'il avait
BEH
quitté , et forma un corps de réserve
dont le quartier-général était a Bru-
ges. De nouveaux mouvements io-ur-
rectionnelsse préparaient: les Anglais
opéraient une descente en Hcllandej
la Belgique était en fermentation.
Cette foiS le gouvernement, qui avait
su apprécier Béguinot , lui confia le
commandement de toute la ligne des
côtes, depuis Dunkerque jusqu'à l'E-
cluse , el^ ce général ne négligea rien
pour repousser les agressions dont
nos frontières maritimes étaient mena-
cées. Ce fut le dernier acte militaire
de Béguinot. Bonaparte, tout en
l'estimant, ne l'aimait point : ses opi-
nions républicaines étaient loin de
convenir au nouvel empereur; et, dés-
espérant de le convertir comme il en
a converti lant d'autres, il l'appela
au corps législatif, puis au sénat ,
vastes sanctuaires qui se sont ouverls_,
comme on sait, a tous ces débris
d'un autre règne, que le chef du nou-
vel état voulait h la fois récompen-
ser et surveiller. Lors de la création
de la Légion-d'llonneur , Béguinot
recul le titre de commandant de cet
ordre, et vers la même époque il ac-
cepta , comvne beaucoup de ses amis,
le litre de comte et d'autres faveurs
peu conformes h leurs principes dé-
mocrali(jues j mais il fa!l;iit bien se
soumettre a un pi'uvoir (pii ne sup-
portait pas les refus! Béguinot mourut
à l'.iris , le 3o sept. 1808. B — k.
lîElIAr.TE (Jean-Pierrk-An-
TOiNii, comte de), général françHis,
entré au service comme coinellc
dans un régiment de cavalerie, en
1744 , passa ensuite dans les mous-
queljiires et devint en lySîi, capitaine
de dragons. Il lit en c<'lte qualité la
guerre de sept ans en Allemagne, fui
nommé lieulenai l-folonel en 1761
et ranuéesuivanleclievalier de Saint-
Louis. La paix étant faite, on Iu|
i
(lonii.i le coininamliMunil de l.'iCiuva- «lux ordri-s (\o la nioliopolo^ les forls
ne. Après (jufl({iic.s aiuu'cs de .se- furciil occupes par les nouvillcs Iroii-
joiir d.iiis ifl te colonie , il icviiil en p;'s , d Ton reinoya en France los ré-
l'rance , où il cnnliniia d'èlre cm- j^iinciils coloniaux de la M irliiiiipie et
plové , el reçut du roi nue pension de la Cuadcloupe , (pii avaient pris
de Irois nidle francs. Devenu hriga- pari aux troubles. M is la paix élait
dier en 1768, maréchal de camp en dilficilc à maintenir an milieu de la
I 7- I cl lieulenanl-généralle 20 mai fermenlalion toujours croissanle de
1-91, il lut nommé à cette épo- ces temps d'anarciiie. Les prélen-
(jne gouverneur de la Marl!nif|ue ^ tions, les récriminations renaissaient
et recul l'ordre de s'y rendre , sans cesse, et les révolutionnaires des
dans le moment où celle î'e était li- îles , imitant ceux de la métropole ,
vrée a de vives agitations. D'un côté s'elTorçaienl de calomnier Tautorité
la population des \illes et des foils et de séduire les soldats. Cependant
se prononçait pour les innovations; Bélia^juc luttait avec avantage contre
de Taulre, les colons cultivateurs, sa- ces diflieultés. En 1792, son pou-
tisfaits de qnclijues conces-ions el du voir était tellement élal)li, qu un nou-
droit de représenlaiion cpie send)!ait veau général, Rocliamlieau lils, et
leur donner riiistilution des assem- irois commissaires civils nommés en
hlées coloiiales, désiraient la couli- France, sous l'influence des colons
luiation du système de législation sous révo'ulionnaires , ne purent débar-
lequel les colonies étaient arrivées au quer aux îb's du Vent , objet spécial
plus haut degré de prospérité. Ceux- de leur mission, et furent obligés de
ci formaient, par analogie , le parti se rendre a Saint-Domingue, colo-
que Ton avait nommé en France ai^s- nie étrangère a leur destination. Ces
tocratique , et , si le gouvernement elForts , faits dans i'intérèl de l'auto-
Tavait pu , il l'aurait sans doute pro- rite royale , quoique s:ins son aveu ,
tége 5 mais Taulorilé royale n'était devinrentbienlùlinutiles. ATannonce
plus qu'une ombre: le seul pouvoir des événements du 10 août, le parti
réel résidait d >as les comités de de la révolution triompha : il ri'y eut
rassemblée, qui eux -mêmes étaient plus de compression possible , el l'in-
entraîiiés par le torrent. Les minis- subordiiiOtion des troupes ne larda
très de Louis XYl , en subordonnant pas h devenir mmacanle. Bebage.e se
leurs vues h celles du comité colonial soutint néanmoins encore quelque
de rassemblée , avaient obtenu qu'il temps par l'appii que lui prêta le
serait envoyé des Forces imnosantes marquis de Uivière, commandant de
pour rétablir la tranquillilé dans les la station, qui avait pu maintenir dans
Antilles du Vent' cl le gouvernement lafidéliléTéciuipagedeson vaisseau la
fit loul ce qui élait en soi pouvoir, VcrniCy de soixante-quatorze canons,
en donnant h Texpédition un chef Mais enfin tous deux , convait^cus de
expérimenté, cl tout a la lois d'un l'impossibilité de soustraire 'a colo-
caraclère ferme et conciliant. Bclia- nie a rinfiueuce d"s conventionnels,
gue mil il la voile avec quatre vais- la quiltèrent en 1795 , arborant le
seaux de ligne el dix bâtiments de pa\ illon blanc sur ce tnême vaisseau
guerre légers; six mille homines de Ici Vernw. Behague vint résider ea
troupes éldienl répartis sur cette es- Angleterre; et c'est la qu'en 1797 ,
cadre. A son arrivée, tout se soumit il fut nommé par le comte d'Artois,
463 BEH BEII
polir remplacer, dans le coramandc- tragi-comédie , sujet tiré d'une des
mrnl de la Bretagne, le coiute de histoires tragiques de Boaisluau ;
Puisave , porli pour le Canada'. Celle Esaïi, ou le Chasseur, en forme de
nominalioD fil uaîlre des divisions tragédie j et H psicratie , ou la
parmi les clicfs ro)alistes. Suzannet magnanimité , Iragédie. Ces trois
Lrio^uait liauteuieut lecommandcment pièces imprimées a Rouen , in-12,
pour son fiis, alléguant que Brliague, sont devenues très-rares. On en trouve
étranger jusque -la aux guerres de l'analyse dans la Bibliothique du
rOuesl, manquant des connaissances Thédlre-Francais, I, 3 16. C'est à
locales, et ne pou\ant avoir une idée Btlidurl que Ton doit encore le ra-
juste des choses, n'était pasl'iiomme cueil suivant : Puriorcs sententiœ
convenable dans la circonstance. Ce- cum dictis J'eslivioribus ex d'idiu
pendant ce ^t;éuéral resta en possession decerptœ , Paris, 1 632 , iii-8°. On
de son titre : il délivra, au nom des ignore la date de sa mort. W — s.
princes, toutes les commissions de BEHR(€HBtTiEN-FRi'DL'Ric de),
ser\ice ; et sans qnilter rAngldcrre , né dans la Poméranic suédoise le 18
travailla par sa correspondaiicca l'or- cet. 1739, d'une ancienne famille ,
ganisatiun du parti royaliste , d'après était fils d'un capitaine danois. A l'âge
ses vues personnelles. En 1799, de 16 ans il entra comme cadet au
malgré sou grand iige, il se rendit en service du duc de Saxe-Gollia, et pas-
Bretagne, et il y fil une nouvelle or- sa lienlôl aceiuidu duc deWurlcm-
ganisation insurrectionnelle; mais Lerg en qualité de pnge. En 1 767, il
Georges Cadoudal , déjà investi du accompagna le duc Charles dans la
coiiiniandement , ne voulut point le campaL;ne de Bohême et de Silésie
céder. Bientôt obligé de relourntr en contre le roi de Prusse ; se trouva \\ la
AiM'lelerre, Béhaguc mourut a Lon- bataille de Kollin , et pendant le
dres , dans les premières années du conrs de la guerre de sept ans , alla
dix-neuvième siècle. M — D j. rejoindre dans la Hesse l'armée fran-
BEIiOL'RT (Jean), grammai- caise a lacpielle s'était réuni un corps
rien et poète dramaticpie, né dans la auxiliaire wurlerabergeois. Excellent
INormnndie, vers la fin du i 6'" siècle, écuyer et sachant bien la langue fran-
proIVssa les belKs-letlres à Jlouen, çaise , il rendit de grands services au
pendant plus de quarante ans, avec duc, et s'afIVrmit de plus en p'us dans
une grande répulalion.' Long-temps ses 1)0 mes grâces. En 1759 il recrut
il fut célèbre dans les écoles par un le brevet de premier lieute: ant de
^Ibrt'gê de la grammaire de Des- ses gardes , et fut nommé , peu de
panière ( f^oj. te nom , M , 222), temps après , capitaine dans le reli-
que h s maîlres romme les élèves ne inenl de W'ernerk Lors de la sur-
nunimairnl (jne le l\lil Juliourt ; prise des troupes ^^urlenlbergeoises,
cl dont 011 aurait de la peine nainle- par le due de Hruuswiek h Tulde, il
nanl a trouver un exenq.Iaire , puis- fut fait prisonnier et conduit a Ilano-
(iii'il n'existe pas même à la lidilio- vre. De la il écrivit à son cousin de
llàMiuc du roi. Hi hotirl composa, de Behr , n.inistre de la GranileHreta-
1.^97 il i6()/|., trois pièces de tlu'àlre gne, ( I obtint sa liberté, sou» la pro-
(pii furent représentées par ses élèves messe de ne j)as ser\ir pendant lenle
il la di.slrd>ution des prix du collège des la guerre. Alors le duc le non ma
Bons-EijfanU. Ce sont: VoUxvnc , chambellan , et lui ronlia la surviil-
lU'.II BEI \f)i)
lance (le ses jardins (le Loiiisbonrg , conraj^f» conlre les .iltcinhs de li
do la Soliliule il de llolicnluiin. Kii virillcssc. l'en de Innps a\aiil sa
1769, il ol)llnl la cliar;;e de ;.;rand- niorl, on le; vil cnrorc niuiiter un rlu-
cclianson, cl Inl nommé pré-sidcnt de val foii;^ii<'nx , cl donner des preuves
la commission d'éco^iomie de la cour, d'nne ïorcc eAlraordinoîre II Icrmiii-'i
En 1770, il entreprit un vova^^e en ses jours le 17 janvier i85r,;\^é de
France, en An;'lelerre et dans les 91 ans, après a\oir servi pendnnt
Pays-Bas • alla revoir sa pairie , cl 74 ans sous cinq souverains , ({ni Unis
revinl la même année a Slullgard Tavaic nt éj^alemcnl esliiné. Z.
en passant par la Prnse. IVn- lîEIXCi A -IHlLLA , dernier
danl Cl- voyage , il visita la brillanle roi du l'égou, contjuil en 1759,,
cour de Versailles sous Loiis XV, et après une guerre longue et cruelle,
celle de Georges III a Wind-^or* par- le royaume d'Ava fiiir les B.rinans ,
tout il fut Irès-liien accueilli. Nommé et (it mellre a mort le iS oclobre
maréchal du palais en 1791, il ob- 1754. le vieux Douipdi , dernier ivo-
linl b cnlot le rang de conseiller in- narque de Tancienne dynastie de cet
time. L'année sui\ante, ayant atteint empire. Plus lard la l'oitune lui fut
sa trciilesixiem;* année de service, contraire, malgré les cfioris béroi-
il recul la giande décoialion de l'or- ques de son frère Apporaza; et après
dredeWnrleraberg. Après la mort du la ruine de Pégon, sa eapitolc, en
duc Charles son bienfaiteur (1795) , 1757,1! devint prisonnier d'Alom-
ii conserva sa position sous les règnes pra cb 'f des Birmans [f^oj". Alom-
des deux ducs Eugène et Frédéric- pra, LVl, 236). D'abord sa cap-
Engrène : oblisié ensuite de se réluijier livité fui assez douce : mais a la suite
a A'ispach avec ce dernier, il énousa d'une révolte des Pegouans, il fut râ-
la filîe aînée du général de Holzbau- mené (.Iniissesanciens étals par Scnem-
sen. Sous le gouvernemenl du duc buan , deuxième successeur d'Alom-
Frédéric , devenu électeur, et depuis pra , traîné a la suite de ce monaïque
roi de Wurtem.berg, Bebr fut de et, malgré sa vieillesse et son inuo-
nouveau forcé de fuir a l'approcbe de cence apparente, jugé coupable par
Parmée française, et de se réfuiiier le tribunal du rxliouin il'avoir foinculé
a Erlangen.Le zèle qu'il montra pour 1 1 dernière rébellion. Ainsi fut vengée
Frédéric dans celle circonstance lui la mort de Douipdi. Beinga-Della
assuia la reconnaissance de so;i mai- fu' mis a mort par la main du bour-
Ire, qui , en 1802, le nomma général reau , avec la dernière ignominie , a
d'artl'lerie ; en i8o3 , grand mare- Ava-Bao^ près de llangoun, a !a fin
chai du Palais, et, en 1807, le dé- de 1776. On remarqua (ju'en mar-
cora de l'Aii^le d'or. Jusqu'à la mort chant au supplice , ce malheureux mo-
de ce mo:iarque , arrivée en 1816, narque roulait continuellement une
Bebr se maintint dais sa haute posi- boule de cire entre ses doigis, et l'on
lion, au milieu des cirronstni ces les se rappela que, pendant sa longue
plus diflici'es. Le roi GuilLuîine, peu cnpfivité, une pareille observation
de temps après son avènement , le avail souvent été faite par les lé-
nomma président du grand cnseil de moins de son infortune. Celle boule
la cour. Au déclin de son active car- de cire, onvTle après la mort de
rière , Bebr vécut tranquille au milieu l.einga-Della, renfermait un mngni-
dc ses ii'm'Tcux enfants , luttant avec Hque ru'is. C-'éia;t le dernier débris
470
BEL
de sa grandeur. Le rubis se voit en-
core clans les trésors de Tcmpire Lir-
maii. B — V — E.
lîEIXL DE EIENEX-
BOURCr (Antoine), médecin al-
lemand , né en 1 7^9 , exerça Part de
guérir à Vienne , oii il parvint à de
hautes dignités médicales. Il fut d'a-
bord professeur de paliioloi^ie a l*a-
cadéniie médico-cbiruriiicale José-
pniiie , dont il cievint direcleur 5
puis conseiller aulique , médecin
en chef des armées im[)ériales, pré-
sident de la commission permanente
de sauté militaire , et chevalier de
l'ordre de Sainl-Wladimir de Rus-
sie. Beiul mourut à Vienne , le 12
juin 1820. Son principal ouvrage est
un Essai de police médicale mili-
taire, appliquée principalement
aux armées autrichiennes. Vienne,
1804, in- 8°, cnalleiiiand.il est en-
core auteur d'un mémoire sur une
espèce particulière de tumeur Ijni-
pliatique , et sur la manière la
plus convenable de la traiter ,
Vienne , 1801 , in-4" , en alleniantl
Ce mémoire se trouve aussi dans le
deuxième volume des Actes de Taca-
déniie médico - chirurj>icale Joséphi-
liC. G — T — R.
BEIU ACTAR ou BAIIVAK-
DAll. Voj. Mustapha , XXX ,
491.
JJEKKER (Elisabeth). Foy.
Deren et WoLF, au Supp.
](EL A (l(î clievalier de), était on.
174^ colonel du réjj^inieiit de lloyal-
Canlahre, (pii avait été créé sur sa pro-
poiilion, eu 1745 (i) ^ mais, quoique
(i) OaonKNinr.K DU RiiT portunt crrjition il'iiii
rr^^iinriil li'inriinlt'rie do (roupi-H li-yrios iioiia Io
iiDin ()<• r,,<n(itbrf4-Vnl(iiitaiiT!i , du tb d(-c«iiil>i0
174^.— -A l'ari» , de l'iiii|>riiiin-i<- royale, 17. jl».
Oaoon R4N(.ic 110 Rdi ]>(>iir ri foriiicr uiir piir-
tlfl dr.< (-(inipii|;nirs à t'Iicvul du rrgiinrnl do
l\(V)ii( (i-iiilidirii , du H .H«'|>lriiil>i'<i r74H. — A Pu-
ji'» . <Ih l'iin[>riini'riu roy.ilc, M. IXK;. XI.VIII.
JSnirr la pnuiiini'o ti lu teiondc de ra <lcux
BEL
le chevalier de Bêla ait servi hono-
rablement son pavs comme rallilaire ,
ce n'est pas a ce titre que nous avons
a nous occuper de lui. Aucun bio-
grapj-.c que nous co;inaissions n'en a
fait mention; il est totalement igno-
ré de tous les nomenclateurs d'au-
teurs et d'ouvrages , les plus vo'unii-
neux , les plus complets j et jI mé-
rite cependant d'occuper une place
parmi nos historiens les plus savants,
les plus laborieux , les plus exacts. Il
a passé trente ans h composer un ou-
vrage intitulé Histoire des Basques,
qui contient tout ce que nous possé-
dons de plus complet sur l'histoire de
la Ba>se-Navarie , de la Soûle et de
Labour, pays qui appartiennent li la
France, et sur la Haute-INavarre, le
Guipuscoa , la Biscaye et l'Alava ,
provinces qui font partie de l'Espa-
gne , mais qui ont cela de commun
avec les districts français ci-dessus
mentionnés, qu'on y parle une même
langue modiliée eu différents dia-
lecles. Cette langue est le basque ,
qui ne ressemble h aucune autre lan-
gue connue* de sorte t|ue les pro-
vinces espagnoles et les districts fran-
çais (ceux-ci formant une portion du
département des liasses -Pyrénées) ,
quoique séparés polili(pn?meut , se
trouvent réunis sous les rapports
etlinographi(|ues, c'est -a- dire cpj'ds
n'ont formé primitivement qu'une
seule et mèuK nation. C'est celle
nation dont le chevalier île Bêla en-
treprit d'écrire l'histoire, a l'aide
des historiens particuliers, français
et espagnols , d'un grand nonihro
de ménjoires mauusci ils , et des
litres cl pièces renfermés dans les
ordoniiiiiKT.n , il y eu a nue troisi^nio qui duiin.iit
un rrriiiicnl drs ('.iinliihrfs-Vtdoulniro!» ir lilro
<li' rc|;iui<-iit do Koyiil-Caiinlirr , qui* niiO!« no
|M)uv(<iis ciltT |nn<f cpir U' cinviilirr dr ll< l.i no
l'a piiiiit uuiH'Atr coiiuiiu lot deux .uilres à sou
ouTrusc
cK'pôls jMililics de France cl d'Es-
]iai;iu'. Crlle liisloirr (juc nous pos-
m'Jdiis, iM (pli (\sl fiicorc ni<iiiiis( rilc,
lonnc trois \uliiiufs iii-lolio , d'rii-
viron si\ ci'iils pa^cs cli.'icmi, d'une
ccriluro ncllc cl serrée. Ils >oiil en-
lièrcmenl écrits de la niaiii do Tau-
teiir. l)'aj)rès iiiio noie qui se trouve
collée au manuscrit, nous apprenons
qui! fui envoyé al\iris, en 1766, a
M. Di.I)ure, libraire, pour être li-
vré à l'impression; mais qu'ayant
été soumis à la censure , elle n'eu
permit pas la publication. L'ouvra-
};e est dédié h la noblesse basque.
L'auteur se plaint de 1 ignor'Uice de
sa nation , tout en Taisant d'elle un
pompeux éloj^e sous d'autres rap-
ports. « Les Caulabres, dil-il(dans
sa dédicaee), ne savaient (pie com-
battre* ils n*onl point écrit leurs ex-
ploits : laissant ce soin à leurs enne-
mis , ils leur ont permis de dire ce
qu'ils voudraient j de sorte (jue nous
ne devons qu'a ceux-ci l'histoire suc-
cincte de ces premiers temps, que j'ai
recueillie des anciens auteurs. Nous
devons celle du raoyen-àge a nos voi-
sins; et la moderne, a quelques ou-
vrages diffus , susceptibles de criti-
que, ou à des mémoires mal en or-
dre, et dont il a fallu cxlrai.e ce
qui pouvait nous intéresser, n L'ou-
vrage est divisé en douze livres. Dans
le premier l'auteur déploie une éru-
dition immense pour soutenir que les
Basques sont les Caulabres, et qu'ils
sont les peuples primitifs de toute
l'Espagne • que les f^ascons n éisiienl
qu'une portion des Can labres ou Bas-
ques, et que, depuis qu'ils occupent les
provinces où leur langue s'est con-
servée, ils n'ont jamais été domptés.
Il cite très-exactement les passages
de tous les auteurs anciens sur les-
quels il s'appuie, et quelquefois même
il transcrit les textes les plus irapoi-
BEL /47 X
lanls. Celle cxcellenlc mélbode de
citations d d'imlical.ons précises de
lo(ites les .sources est ronservt'e dans
tout le cours (K- Iduvr.ige , et ajoute
beaucoup îi sou prix. L'auteur dis-
culi; eusuile les sysièmes de Zurita,
de M.iriana, d'OyIienarl et de iMarca
sur l'origine des Basijues, et il làclie
de réluler les idées ([ui sont contrai-
res aux siennes. Le second livre coin-
mejicel'liistoireaficicnnedesBastjues,
à partir de l'an 2 i 5 avaut J. - C. j
le lroisi(jme la continue depuis l'é*-
poque dus premières semences du
cliristi;inisinc chez ces peuples , qui
datent, suivant Bêla, de l'an 70 après
J.-C. Dans ce livre sont de savants
lablfaux o-énéalogiqucs de la maison
t) O 1
royale des Gotlis descendant d'AIa-
ric et des ducs basques. Le (juatrième
livre commence a l'an 7 i 4- de J.-C. ,
et avec l'invasion des Maures dans la
région des Basques. C'est a la 6n de
ce livre que l'auteur cherche a dé-
monlrer que tons les Basques proprié-
taires sont nobles d'origine , par cela
seul, qu'ils sont néa banques , attendu
que leur pays n'ayant jamais subi le
joug des conquérants, et avant tou-
jours obéi a >es souverains propres ,
leurs terres n'ont jafpais été inféo-
dées. Par conséquent , toutes les ter-
res et biens possédés par les Basques ,
confèrent la noblesse a leurs posses-
seurs. Eu 1785, lorsqu'on voulut en
France soumettre les Basques de ce
royaume, c'esl-a-dire les habitants de
laBasse-lNavarre, de la Soûle, de La-
bour, a la lai'le et aux autres împ(jts
payés dans les autres provinces, ils
prétendirent que leurs privilège> les
en exemptaient ; qu'ils étaient tous
nobles . et devaient jouir de tou-
tes les immunités, dvs bénéfices et
des exemptions attachés a ce titre.
11 parut alors pour soutenir cette
opinion va\ écrit succinct, mais très*
/rya
BEL
savant, inlilulé : Essai sur la no-
blesse des Basques , pour servir
d'introduction à V histoire géné-
rale de ces peuples, rédigé sur les
]\'Iémoires d'un militaire basque ^
par un ami de la nation , Pau,
1785 , in-8". Cet ouvrage fit sensa-
tion à répoque où il parut, et em-
pêcha qu'on passai outre , clans la
perception des taxes, mises d'ofBce
et par ordonnance. On sut depuis que
Tanonyrae qui Tavait écrit élait un
bénédictin du pays , nommé Sanadon ,
neveu du savant jésuite de ce nom 5
mais personne n'a cliercbé à deviner
le nom du militaire basque , d'après
les mémoires duquel Touvrage était
composé. Ce militaire était le cheva-
lier de Bcla ; et quand on a lu son
ouvrage et celui de Dom Sanadon ,
on s'aperçoit fiicilemenl que l'Essai sur
la noblesse basque n'est qu'un extrait
succinct de riiistoire Ags Basques, et
particulièrement de la dissertation (jui
termine le (jualrièmc livre de cette
histoire. On lit dnns l'ouvrage de
M. Arbanère, sur les Pyrénées (I- ii ,
p. 264^), que le père Sanadon a
écrit un ouvrage en espagnol, inti-
tulé : de la Noblesse des Basques.
C'est une erreur j Dom Sanadon, qui
depuis est mort évèque conslilulion-
nel de Lescar, n'a jamais fait paraî-
Ire d'autre ouvrage (jue celui dont
nous avons donné plus haut le titre.
C'est une brochure d'environ 200
pages, écrite en français, el non
en espagnol. Il est évident (jue
M. Arbanère confond ici l'ouvraiie dn
bénédictin fnnrais avec relui d'un
j'.spagnol , nommé Zamarola , ([iii a
jail imprimer à Aucli , en j vol. in-i)",
une Histoire des nnlions i)asipu's ,
écrite en langue e>i[)ignole. Cette
liisloire est très-médiocre , cl bien in-
lérienre , de tous points, H relie du
clicvalierde rȎla, dont Zamacolan a
BEL
pas même soupçonné l'existence (2).
Revenons a cet ouvrage : le cinquième
livre nous fait connaître le gou-
vernement des Basques, leur orga-
nisation sociale, leurs mœurs et h urs
coutumes aux dixième et onzième
siècles, el conduit leur histoire jus-
(ju'a l'an 10705 il nous donne des
tableaux généalogiques de la posté-
rité d'Arison , premier roi de Na-
varre et des comtes de la Vasconie.
Le sixième livre commence a l'année
1076; le septième, a l'année 1254,
elle huitième, a l'année i4-25. Ces
livres renferment des tableaux gé-
néalogiques des comtes de Folx et
d'autres princes souverains. Le livre
neuvièniecommence à l'année 14265
le dixième , a i 5 1 6 , et le onzième ,
a 1589. Celui-ci termine l'histoire
des Ba>qnes , en l'arrètaDt a l'an-
née 174.8, époque de la création
du régiment de Roval-Canlabre, que
l'auteur se glorifie d'avoir levé,
écp'ipé, dressé en quelques mois.
Ces trois livres sont les p'us cnrimx ,
non seulement parce iju'ils se rap-
prochent le plus de nos temps, et que
les événements qui y sont racontés
nous intéressent davantage, mais aussi
parce (|ue l'aulenr a puisé les maté-
riaux de ses récits dans des pièces
originales, tirées du trésor des cliartes
de l*au , dont la plus grande partie
est aujourd'hui perdue, dans des ma-
nuscrits de famill'e , et entre autres,
dans les némoiresde JacijuesdeBéla,
un de ses ancêtres, cpii ^ont inédits,
et pt nt-ètre pertlus ; enlin, pour |os
temps plus modernes, dans ses pro-
pres souvenirs et dans les laits ([ui lui
(jj Voici le litro <!<? rouviiiftc csn'igiuil , <|ui
n'rsl |»u« cniniiuin ; Histona i/c lus iiucionts bus-
<(i,ï </» tiiin }■ oiin /luiie (tel t'iniifit S^pitiitnoiial
r ciista dvl nuir lantatuno , «/«-J*/* t"S fiimmii
[loO/ailoet /irtt/a nutitros ilias , tserilu rn ff/ia-
iiol pur l).-J,-.\. do /.uiiiacola , ti\ AurI». iSiO,
t vol. intt"
sonl personnels, on donl il a l'ir h'- anircvs livres snnl rclalifs a la dcs-
moin.Acoson/e Ii^•pe^,(|lIic()lllit•llll(Mll cri|tli()ii du j)ays , au «^oiivenie-
loiilc 1 histoire ilrs ^a^(illes , railleur meiil, aux iiki; irs , aux conlirncs ,
eu a ajou'.c un douzième, où il Jécril aux races dlioinnies , elc. L'al)l)é
les coulréo liabik'es par celle nation Pœydavanl a eu lonj^-lemps ♦iilie les
el où 11 fait connaître tout ce (jui cou- inainsle inanuscrildc la «^randr iiisloi-
cerne les lois, les instilulions , les rc de Bêla, et il i-u a lail usage, -ans
mœurs el les habitudes des Bas(|ues. le ciler dans son llisfoù'c (Us Irou-
II disserte sa\auiment sur les races blés survenus eu Jjcuru^ dans la
d hommes qui habitent parmi les Bas- 16'' et la moitié du ly*^ siècle ,
(jurs et ne font pas p.irlie de celle Pau, 5 vol. in-8", 1819 el 182 i (4).
nation, tels que les Cagols el les M. Faget de Baure qui, pour lacom •
Bohémiens. Quoique celle bisloirc des position de svs Ëssa s sur V Histoire
r»asqucs s arrête, ainsi que nous l'a- de Béarn {Paris ^ 1818, in-8*), eût
vo;is dit, a l'année i 748 , cependant trouvé de si précieux documents dans
l'auleur rajiporle dans ce douzième le manuscrit de Bêla, ne l'a point
li\re des ftiils postérieurs de plus de connu. Son ouvrage esl, pour les
vingt ans a l éiioquc qui termine son trois premiers siècles de Phisloire de
histoire. 11 ne l'avait pas d'abc^d Béarn , un extrait clair, élégant et
composée sur un plan aussi étendu. Irès-lucide de la savant.' Histoire de
Nous avons vu écrit de sa main un Pierre de Marca ( Paris, i65o);
nianuscril intitulé : Mémoires pour mais quand il approche des temps
servir à l'histoire des Basques modernes, l'auteur des J^,s.çrz/5 esl à
avec un abrégé du règne des rois la fois maigre, incomplet et inexact;
de Navarre , par l& chevalier de il n'a eu rvcours a aucun desvolumi-
^**(de l'éla). Cel ouvrage, qui ne neux documents manii>crils que ren-
forme qu'un seul \ olume in-folio , est ferment les archives de Pau el la Bi-
un premier essai de celui dont nous bliolhèque royale de Paris, qui pour-
vei'ous de donner l'analvse ou un lanl étaient a sa disposition {I oj.
abrégé succinct (ô). La grande lus- Fagi:t dm Baure, au Supp. ). S'il
toire des Basques est terminée par i;n en avait f:)il la recherche, peut-èlre
vocabulaire Irès-amplc des trois dia- eût -il rt-lrouvé le second volume de
Jectes de la langue basque, avec les Pierre de Marca, qui n'a jamais
mêmes mois en hébreu, en grec, en été imprimé , mais qui avait été cora-
cellique , en armorique, en arabe , posé par sou auteur , car lui-même
en lilin, en golh-allemand , en en parle comme étant achevé dans la
espagnol , en ilalien , el au^si par
qur)(pies ch'uMes el autres pièces jus- \ "
,•(•,• T' U ' ' 1 • (4) L'ouvra-^e de l'abbé Pœyd.ivant , eu e de
tihcatives. L abrège ne donne rien , iayro.ssed..s.int-Ma>t.«.<>eo.iier,..'.. eie i.n-
ni de ce vocabulaire, ni des pièces piinié <|u'iipi(';s sa mon, et le manusciil a été
.• C .• ji I 1* • / acquis de ses liorilins, av«^c tous le> iiiaiiuscrits
jUSllhcallVeS. Il est divise en onze el i.aj.i.rs qui avai.ut scrv, a la co.n,.os,ti.,ude
libres: mais l'hlsloire des Basques cet ouvrage, par Ton.i.t, im,.riin«-u.-libr.,iie à
. ., , * P.iu. Celui-ci avait relegui- l'ouvrage d;i cheva-
sc lermiiie au septième, les quatre li^r de B.ia, iurniMuent pins digue de voirie
. joui- que celui de I'(ry<iaviiut , dans uu grenier,
(3) M (iiisiujir d'Ango sv, a l'^u, aucun dé- ou je le ilécotivri'ï daut des t.is d'autres papiers,
pute, «M ffèr-- du uiarquib d' Angosse , pair de Le> ral> av j; -ut ilcjà .u.iugé ((uel'jucs ftîiuiiets du
Fran<-c , a fait tirer une copie de ce in.iiiu>crit preuiier et du tro.sièiue voliiiue ; c'est d.ins Cet
donl il a eu la toinplaisauce de nous coinuiuui- état que j'ai acquis ce manuscrit des bériticrs de 4
qucr l'origiiul pour le comparer avec le notre. Tounet.
474 BEL
préface du premier (5), et ce qui
est plus décisif encore, un contem-
porain de IMarca , qui a écrit un
vol. in-fol. biir les guerres de reli-
gion, cite, dans sou ouvTdj^e impri-
mé, ce secoud vol. de THisloire de
Pierre de Marca, qu'il avait lu en
manuscrit. Quant au chevalier de
Bé!a , ainsi que nous Tavons dil, per-
sonne n'en a f.it meution. Cepen-
dant on savait dans le pays les soius
qu'd s'était donnés pour la composi-
tion de son Histoire des Basques; les
voyages qu'il avait entrepris a cet
eftct en Aragon et en Biscaye • les
dépenses que cette entreprise lui avait
occasionées. Des personnes qui se
disent bien instruites nous ont assuré
qu il aval! été aidé d:im> la composi-
tion de cette histoire par Dom Sa-
nadon, Cependjnt Bêla l'a écrite
en entier (.ï'i sa main, et il ne fait
nulle pari mention qu'il se soit ad-
joint aixun col'aliorateur. On assure
aussi (jii'll avait la prétention de des-
cendre des anciens rois de Hongrie ,
comme lui nommés Bêla , mais il ne
laisse nullement percer celte préten-
tion dans sou histoire , quoiqu'il y
parle souvent de lui et de ses ancêtres.
H vécut célibat;iire , mais non sans
laisser de postérité. On dit qu'il a
composé d'autres ouvrages (jue celui
que nous venons d'analyser , entre
autres l'histoire de sa vie , dont nous
ignorons entièrement les détails. Hs
nous avaient été pro/nis , mais ils ne
nous ont pi iut été livrés, et nous
ne pouvons même rien dire sur l'é-
{)oqiie de la naissance et celle de
a mort de ce zélé et palrioti(|ue
historien d'im des peuples les plus
sint-iiliersdu ^»l(»he, et lesp'iisdi>;nes
d'èfre étudiés. VV — B
()) Tnli.irniid n'a [>t\s tunnu ce fait puiiciu'il
n en fiiil iiiiinl iii'Milioii tliitiA sou iirtiile dp
1*Wmic lie Marca, Uin;^iajj/iit uitirentilat I, XWI,
BEL
BEL AIR (A.-P. Julienne de) ,
général l'rauc^is, naquit a Paris vers
174.0. H était his d'un hancjuier qui
dérangea ses allaires par de mauvaises
spécuLitions. Obligé de chercher dans
l'exercice de ses talents les moyens
de réparer les torts de la fortune ,
le jeune Belair étudia les mathé-
matiques et s'v rendit très-habile.
H embrassa 1 état militaire ; mais
n'ayant pas l'espoir d'un proiiipl avan-
cement en France, il obtint Li per-
mission de passer au service de la
Hollande. Plus tard il entra capi-
taine d'artillerie dans la légion que le
comte de Maillebois avait levée pour
les Etals-Généraux. Cette légion ayant
été supprimée en lyBS , Belair, ré-
duit a la moitié de sou traittment,
demanda le capital de ce qui lui re-
venait , le perdit au jeu et se trouva
complètement ruiné. 1.1 s'était marie
fort jeuivp, puisque une de ses filles,
maîtresse de pension a La Haye ,
avait déjà publié des Essais (i).
Laissant sa famille ea Hollande , il
se rendit en IVusse pour y solliciter
du service. H était a Berlin eu 1 786 ;
mais n'ayant pu se faire employer
dans l'artdlerie ou le génie , il tut
forcé pour vivre de s'associer h la
rédaction de la Gazette de Berlin où
il inséra successivement plusieurs
morceaux (2) remplis de faits iulé-
ressauts et de réllexions très-justes
( Voy. Denina , Piitsse littéraire ^
Supi>lvrn.^ 71 ). Ce n'était point le
début de Belair comme écrivain: il
avait déjà public diilercuts ouvrages,
et nolaminenl , eu 1779, un Me'
moire dont la police avait saisi chcï
lui tous les exemplaires avec d'autres
papiers étrangers à celle puhlica-
(1) lùsais foimojfnifihico • poétiques , i/HC),
iii-8".
(ï) Jjellrtf sur lu llxlluiiili'. — lirjUjtnins sur un»
tnire Je MoittuUmbeit. — tiiui gentrtit sur piusirurf
tianrliet d 'admniisl ration.
tien (5). Après avoir passe deux ans K
Brrlin dans la plus .illrciisc dclrcssi',
Bilair revint ni l-'iaiicr vci sla fin de
1 788. 11 clail de retour a Paris depuis
{len de temps, lorscju'il in.si'ia dans
\îniu'i' liUcrairc{\ 789, II, 87-96)
uue Lettre on vcponso à M . le bti-
ron (le*** ^ Irès-reinarcpiable en ce
qu'elle contient la première idée des
coinpainiies d\i5surances pour giran-
lir aux cultivateurs les produits de
leurs récolles contre les accidents de
<;rèle ou de gelée. Belair s'occupait
alors d une Encyclopédie critique
et de différents autres ouvrages non
moins imporlauls , qu'il n'a pas
achevés, ou qui peut-être n'ont existé
qu'en projet. Il revit a cette époque
Mirabeau qu'il avait connu a Berlin,
et qui lui demanda des observations
sur la ]\lonarcliie prussienne, ou-
vrage dont il se proposait de donner
une nou\elle édilinn revue et corri-
gée (4). Eu 1790, Belair sechargeade
faire un cours public de fortifications
et d'a:tillerie , si l'on voulait mettre
à sa disposition le cabinet de modèles
que Montalembert [Voj. ce nom,
XXIX, 4-48) venait d'offrir a l'as-
semblée nationale (5). Au mois d'août
179?, il fut nommé par la commune
de Paris iuo;éuieur en cbef , et chargé
de prendre toutes les dispositions né-
ces>aires pour mettre cette capitale
en état de défense. Il traça le plan
d'une ligne de retranchements qui
devait s'étendre depuis Saint-Denis
jusqu'à ]Sogcnl-sur-3Iarne ; et pour
l'armer , il proposa de convertir en
canons les statues des rois que la ré-
volution venait de renverser. Il de-
mandait aussi qu'on fit des balles avec
les plombs de Versailles. La retraite
BEL
A75
l
S 3) V.'ivrz Lliineiils de Joriifuation, &C et iij.
4) ll"d., i'A.
(5) Miiiitalriiihprt offrit depuis son cabinet au
comité de sului |>ublic qai i'accepta.
des Prussiens ayant rendu tous ces
pro)»'ls inutiles, Belair, nommé gé-
néral de brigade , puis généial de
division , fut enq)lové dan-, la cam-
pagne de 1793 a l'armée du Nord,
sous les ordres de Dumouriez, et
ensuite de Jourdan. ÎMis l'année sui-
vante a la retraite , il revint h Pa-
ris , où il s'occupa de tliéorics phihin-
Iropicpies, avec une constance et un
zèle dignes de p'us d^' succès. Il pré-
tendait relever le crédit j)ublir, en
accordant des encouragements a l'agii-
culturej maintenir les assignats au
pair ou les rembourser, sans faire
éprouver la moindre perte h l'état non
]dus qu'aux particuliers j diminuer
des neuf dixièmes la consommation
de bois pour faciliter le repeuplement
des forêts 5 économiser la moitié des
semences, et doubler les récoltes,
afin, dit-il naïvement , d'eniichir a
la fois les fermiers et les proprié-
taires , etc. Si , comme l'assure Be-
lair, pour établir et vérifier ses cal-
culs , il avait fait une grande quantité
d'expériences, les dépenses qu'elles
lui occasionèrent furent sans doute
la première cause de la pénurie qu'il
ne tarda pas a éprouver. Devenu pau-
vre pour avoir voulu faire la for lune
de tout le monde, il passa les derniè-
res années de sa vie dans un état ob-
scur, et mourut au mois d'août i 8 i 9,
a un âge très- avancé. Il avait été lié
d'une amitié assez intime avec Mer-
cier, Rcslif delà Bretonne, etc. Outre
une traduction de l'ouvrage allemand
du général Gaudl : Instruction adres-
sée aux officiers d' infanterie ^ etc.,
Paris, i792,in-8°, on connaît de
Belair ; I, Défense d'un système de
p^uerre nationale , Amsterdam ,
ij'jg. in-8". II. Nouvelle science
des i/if^é/iieurs, Berlin, i787.in-8".
Ou y trouve des observations intéres-
san tes sur le desséclieraeut des marais ,
476 BEL
el surles avantages qui doiventrésul ter
de la mise en culture des terres im-
pro'iiiclives. III. Défense de Paris
el de tout l'empire^ Paris, Ï792,
in-8", IV . Manuel du citoyen ar-
mé de pique ^ ibid., 179*2 , in-S*^.
V. Eléments de Jortijication ,
renfennnnt ce qu'il élait nécessaire
de conserver des ouvrages de Le-
blund, Dei lier, Trincano. elc; sui-
vis d un Dictionnaire militaire^ oiî
l'on trouve des détinilions et des ren-
seignements qui n'exiitent dans au-
cun ouirnge, ibid. , 1792 , in 8*^
avec 5o pi. Belair vproniel un Nou-
veau Traité des règles du dessi/i et
du lavis ^ dans Lequel, a tout ce
qui élait inutile el suranné dans l'ou-
vrage de l^uchotle, on a substitué
des objets dont la connaissance inté-
resse les riloyens (p. 5) ; les Elé-
ments de la guerre de siège (p. 5 q),
y Attaque et la défense des places,
ouvrage lout-a-(ail nouveau (p. i53),
des Eléments et architecture hy-
draulique (p. 175), Avs Eléments
d artillerie nayale (p. 345)^ tM en-
fin le Manuel du chasseur^ de l'ar-
tilleur et du /'usilierfp. 5o4). Dans
le même ouvrage Helair nous apprend
qu'il avait pertei linnné Y Anuisette ,
espèce d arme de l invention du m i-
réchal de Saxe , (|ui se monte a peu
près comme un canon , cl cjui se tire
comme un fusil (p. 461). Il avait
aussi perfectionné le fusil , et imagi-
né nue nouvelle espèce de bouches h
feu (piM tnimuie pièces a chanil)recom-
posée (p. 55o). VI. Mémoire sur
les moyens de /tan'cnir à la plus
grand<f perfection de la culture el
à la suppression des Jachères ^ ibid . ,
37^4, in-8". (i'esl une réimijrrssion
avec des rbangemenis de 1 onvr.ige
(pril avait publii' contre le système
des jachères avant 17159. il ne laul
le lire qu'avec |irécauti(in ( I o) . la
BEL
Bibliographie agronomique , de
Musset -Pathaj , 164). MI. Les
subsistances rendues plus abondan-
tes et plus accessibles à tous les ci-
toyens, etc., ou recueil de lettres et
d'écrits sur ces objets intéressants,
adressées à Lalande , ibid., 1796,
in 8". Sous ce litre, Belair a réuni les
opuscules qu'il avait composés sur les
différents articîe.s d'économie politi-
que, indiqués plus haut. Plusieurs des
pians qu'il propo^e sont évidemment
chimériques ; mais il en i st d'autres ,
tels que celui des associations agrico-
les (jui , dédaignés de son temps ,
ont été depuis adoptés , et dont il
est juste de lui restituer l'honneur.
W— s.
BEL AÏR ( Charles ) , général
de brigade h Saint-Domingue , élait
neveu du fameux Toussainl-Louver-
turef/^o^. ce nom, XLVl, 099). Ses
talents militaireslefirent ainier de son
oncle qui lui donna le con mandement
d'une brigade coloniale , et depuis ne
cessa de lui témoigner une confiance
cpi'il n'avait pas même dans ses géné-
raux en apparence les p'us dévoués.
Aux défauls des jeunes gens Bilair
joignait des qualités. Il aimait la pa-
rure avec excès^ son ton etsesmaniè-
res annonçaient de la fatuité • mais il
avait de la donceur dans le caractère,
et il ^e concilia promntement l'estime
des soKlats par un courage p.ussé
souvent jusqu'il la témérité. Toussaint
rentl de son neveu le témoignage !c
jilus avantageux dans une lettre au
promler Cvnisul, du i :i lévrier 1801,
où il lui demaiule d'approtivcr les
]ir(>molions (|u'il vinail de faire dans
1 armée coloniale (/ oy. \c Moniteur
.m l\, 58 ). A l'arrivée de l'expéili-
lion commandée par [jcclerc, Belair
ne prit auiiine j^iit aux cxcè> dis
noirs ; il s;inva même la vii- !i une
fonle (Plmbilants du Poit-an- Prince ,
BEL BFX /;7 7
iMi li's jircu.inl sous sa nrolrclioii. plnsn'iirs cdinrcs lrès-cl('<^anl.s el (h;
PliLsifiirs oflùicrs français l()iiil)t'S jardins j)aysagisles Irès-pillorcstjiics,
dans h-s mains di\s noirs lui dnirnl entre anirt-s l'aj^alcllc (pTil (il con-
la vil'. Après le dcparl (II* 'l'oiissain!- slrnin^ dans le bois de r»onlo<^n»* ,
Loinerture, iMair le.via campé sur pour le roinlc d'Arlois doiil il ciail
les l)ords de TArlibonile avec sa hri- le premier arcliileclc. Il ac(jnil dans
gade , alleclanl une grande indilTé- cet emploi de la l'orlune el une hril-
icnce , mais allcadanl eu cflet Toc- lanle réputation. Ayant perdu tous
ca ion d'.igir avec cpiehpie cliancc de ces avant. iges par la révolution , il
succès. Le suppllcedecpielqucsnègres s'y montra fort opposé, et fui long-
incendiaires tut le prétexte dont il temps détenu dans les prisons de l*a-
colora sa défection. Il se retira diins lis (i). C'est là qu'il revit n)ada;ne
les mornes du Ciilios où Ton snp- Dervienx, ipiiavail joui d'une grande
posait que Toussaint avait caché des faveur auprès du même prince. Dcve-
irésors, desarmes el des muni, ions; dus libres tous les deux ils s'épou-
et il y lut Hiivl par un grand nombre sèrent. S'élant trouvé en cpialilé de
de nè};res. Le général Dessalmes, commissaire de la commune à la prl-
que l'inilat nce dont Belair com:i;en- ion Ah Temple, après le 9 thermidor
çail à jouir dans la colonie avait (en i 79.5), il v vil le filsde Lo::is XVT,
rendu son ennemi personnel , se mil cl obtint de lui la permission de tra-
aussitôt a sa poursuite; cl , lui ayant cer au crayon sou portrait quM fit
demandé une entrevue, le fît ar- exécuter en buste par le sculpteur
rèler par des hommes aposiés et Beaumonl* c'est la dernière image qui
conduire au Cap sous une escorte, ail été faite de ce prince, alors tombé
Traduit avec sa femuie , nommée dans le marasme el qui mourut peu
SdiiiUe , devant une coramissiou mi- de jours après. Lorsque les Bour-
litaire toute composée de noirs, ils Ijous revinrent en i8i4 , Bélanger
furent condamnés a mort unanime- TT"; '. '
, ^ o T • 'V ''ans une j)clitioii incditu , qu'il udre-isa ,
ment le b OCt. lOOli. L.e jugement U- ?oav.il 1795 (.'^'' flo.eal an m/ aux comités
recul son exécution le même joui-. Be- ''" <>"anc.sct ,i doim.ines réunis, il .tabiis-
, .' , , ' „ saitamsi 1 et.it de ses reprise: sur la rmiion: sur
lair tut passe par les armes et sa remme (.iiaii.-sPiiiiippe , ccn: cinqtiante miii.; f j.ncs;
décapitée f Vov. les Ménwlrrs sur »';•; ;^i;;'-y^^^^
r . , cent iniUe lianes; pour iiir.i-ion en»,iliie, dix-
les révolutiotl^ de SaillL-Uoniin- st-pt nulle francs ; Ai.i>soii du l'erron, trente
eue, par le général Pamphile La- rncs'^'cinîlet.'ril.dd""'^»' ' '"T '"'l"
0 ^ ' l o ^ i ir.incs , ciiai {^e ni)n i:<](iicli'o , maison du ci-tle-
Croix, II, 2 I 7 et Suiv.). W s. vanlpiiiuefd'Aru.is), vingt-quatre mill.- francs,
■RI7I \Vr"B?U ^ I^t, 4^-.o«,o I^ cti- 'l'Jtal: trois cent quarante-six m lie frincs.
«LLAAliLiV ( ^RA^C0IS-J0- „ J,. suis artiste, dis.ilil, et jai n.éri>cd..ns
srrn ) , architecte, né à Paris en !« arts restime des savams. niirénnts monn-
, , /•, /, 1 . 1. . ., , iiMiif. qui j()Uis>enl d un peu de c Icbnle ainsi
I 744 , lit ses éludes a 1 université , qu'unc^anie ,;es meubles précieux qucj'ai di-
et obtint une métlaiile décernée par rip.'^ . .t qui déconm le muséeuationai, ..ntété
1.1,. , ^ c.\eculis cil liroiizc , Cil por|>livre ou en gr.-nit ,
1 académie, sur un concours de CO- .sous ma direcliou vX d'apits'mcs dessins. I.cs
loiine triomphale. Dès-lors très-ré- ;:i''"«î'-'c""-';s 'J^paj'icrs temuns me doivent
, „ ,1 p 1/1 I "r giiie d!-l.Mirsetal)iisseinents, etc » Lt après
pamiU , 1>; langer lui avant la révolu- avoir émmére s.s pi-aes, ses ^vxe(s , les Luit
lion un artiste fort à la mode, ci ^'^^ '"« ^"^'"'=•''7 7'''"" ''»/''*= ^."•••'îî'- de
^ , ' «lire aux coimtcs de la conveiilion : <( Lue lepn-
particullèrcmcnt ch;:rge des lèteS pu- •• liliq^iedonl l.s Romernéspomraienl die mi-
11* r "1 I I I " r!'"' P^'" les souviriiants s'an'aiitirait hienlôt
3li(n:es, pompes lunebres, et de lois „ ,im .. .,•.,„.. .^^ ,„. , .„ "'"'"i "'in.oc
1 ' I l ' « cl I 1 e-neiiio ; tar tout moyen vexaloirc ou
les spectacles donnés par la cour. Il " «l'"l'P''«S'"n''<^s>'î''her.nduslrie, paralyse les
i- , • • 1 I I ^i -'rU cX. U'. cummtTCti , et de pareils abus seraient
se distingua aussi par les plans de . nfurmcsà ^i^.rei àTunbftic. >> v_vk.
ii'j9 BEL BEL
manifesta le pins grand enlliousiasme; lapbilantropielaplus éclairée {Voy,
et ce fut lui qui fit exécuter en plâtre Beaulieu , ci dessus , p. 597). La
avec une incroyable céléiité , sur le mendicité extirpée, des comiles de
Pont-jNeuf, pour la rentrée de Louis bienfaisance qui di^tribuèrenl partout
XVIlt, une statue équestre de Hen- des secours, plui de vingt vi'lages re-
ri IV , afin de remplacer celle qui construits , après de funestes incen-
avait été détruite, et il fut ensuite un dies, une nouvelle route de Calais
des premiers sousciipteurs pour que p'us courte et plus sûre, tels furent
le même monument s'exéculât en les monuments de son administra-
bronze Monsieur le nomma inten- tion. Le gouvernement, très-bon ap~
dant de ses bâtiments, et il fut fait préciateurde pareils services, nomma
chevalier de la Légion-d'Honneur. le comte de Belderbuscb sénateur ,
Belnnger est mort le i"" mai 1818. le 5 février 18 10. SetrouvanlaParis
On lui doit , outre les édifices el les au mois d'avril 181 4-, il fui au nom-
jardins anglais qu'il a construits ou bredeceux quivotèreut la déchéance,
dirigés, mais dont la plupart n'cx s- Cependant il ne passa pas a. la cham-
tcnt plus, des travaux plus importants bre des pairs créée par Louis X\ Illj
tels que la coupole de la Halle aux mais il reçut des lellres de grande
blés , à Paris , qu'il a rétablie en fer naturalisation, et continua d'habiter
coulé et en cuivre, en i 8 1 2 , de ma- la capitale où il fit usage de sa fortune
nière a ce qu'elle fut pour jamais a par des actes de bienfaisance et en
l'abri de Tincendie. C'est sur ses des- véritable ami des lettres el des arts,
seins qu'ont été construits les abat- Il est mort dans cette ville le 22 jan-
toirsde Paiis , dont il avait demandé vier 1826 , sans laisser d'enfants; et
l'établisM'ment long-temps aupara- tous ses biens qui étaient cnnsidé-
vanl. 11 fit paraître en i 808 , iu-4-", râbles sont passés a des collatéraux,
un plan de ('onslniclioti dune On a le' catalooniie de sa bibliolbècjue
Halle aux vins j niix enuxdc- en huit feuillrs in-8". 11 avait publié
vie, etc. M. Loiscau, son élève, a sous levoi'e de l'anonyme quelques
publié, en 1818, wwc JSo lien liis- écrits politique.? : L iS'///* /t\vr/;^<i//r.v
torique sur Bélanger. E-k-d. «^//^/y/'/^-^ , Cologne 1 796 , in -8". II.
IîELDEKÎUjSCII , (le comte Modi/icalion du Staiu quo, ibid.,
Cjiaplls-Lloi'OLD de), né dans le \']C)^ /\n-^^'.\\\. Ln paix duconti
duché de Limbourg eu »7'19, d'une lient comme achcntincnicntàltiptiix
ancienne et illustre famille, fui suc- (générale , stul moyen tle coustr-^
ccssivemrnt président delà régence ver F équilibre en Jl^urope /ww^rxm^
de Téleclorat de Cologne et niinislre en Suisse 1797 , in-8". IV. Lettres
de l'électeur près la cour de l'Taucej sur lapaix, 1797, iu-S^.V. /.c cri
cp (|ui l'avait fi,\é ii l'aiis depuis plu- publie^ publié en juillol i8i5 , sans
sieurs années, lorscpie la révoluliuu date ni nom dinipi iineur. M — nj.
l'obligea de sortir de France en 1790. I^ELi^LLI (Eiilcunce) , né ù
Il se liiila d'y revenir lor.s([Mc Tordre Buecino, dans le royaume de Naples,
comineiua il serétablir, et lut nommé, vers 1682, entra dès son jeune âge
dès les premières années du règne do dans Tordie (b s Auguslins, obtint
INanoléon , pi élet (lu (lép.'irteineiil de successivenient les cb.irges les plus
1 Oise, lldéployadanscesimpuj tantes considérables de l'ordre, et linil par
fonctions tout ce (|ue peul inspirer être nommé jjénéral el vicaire apos-
ioliqnc. Il a pu])lio un onvrngp inli-
Inlo : Exdinrn S . ,tuu;iistiiii <lc
Moihi rcpnrationis liunuiniv lui-
tiirœ post litpsum, iMc. , (|iii »i eu
plu.siciirs cdllioiis. Ce livre a ctc vi-
Vemcnl crllitjuc on France, mais le
père IUtII , anirc Anguslin , a pu-
bHé une défense de son général. Bc-
lelii soulienl , coulre roplnion de
Miir.itori , que le corps de i>ainl Au-
guslin existe a Pavic , où il aurait élé
transporté dans le liuiliènie siècle. Eu
effet, d'anciennes chroniijues attes-
tent ce fait. Belelli est mort à Rome
en i7.i2. A — d.
BELEM (Jeanne de), plus con-
nue sous le nom de la Pineau, était
fdle d'un pauvre savetier des fau-
bourgs de INamur, où elle naquit le
!"■ mars 1754.. Douée d'une beauté
remarquable , elle eut recours au li-
berlinngp pour échapper a la misère.
Le 5 juillet lySi elle arriva à
Bi ux elles, et s'y abandonna a la pro-
stitution la plus effrénée. M. de Qiie-
nonville, viti'lardsexagénaire, mem-
bre du conseil souverain de Brabant ,
ayant voulu l'introduire dans sa mai-
son sans scandale , lui fit prendre le
nom de Belem , porté encore aujour-
d'iiui par une famille noble , et la
présenta h sa fille comme une oipbe-
liue bien née , mais abandonnée de
tous ses parents. Une grossesse la
força de sortir de celte maison , et ,
après de nombreuses aventures, elle
devint la maîtresse en titre de l'a-
vocat ilenri Vaiider INoot [P^oy. ce
nom , au Supp.j, sur l'esprit duquel
elle exerça le plus grand empire ,
quoiipie déjà elle eût passé la clu-
quani.iine. Ardejile , audacieuse ,
aya it de l'esprit naturel , elle ne
fut pas inutile a ce chef de parti
lorsqu'il se mit a la tèle de la
révolulio!! brabaiiconne. Elle l'aver-
tissait des dispositions du peuple ,
BEL
^•79
travaillait a aujrmenler le nombre (b;
ses créalnri's cl soutcn ni sa leiuTlé
cliance'uinlc. C'est cheK clic (pie lut
minuté b; M (tnlj'cslc au peuple bra-
bançon , et (pie se tinrent Ks orgies
de la faction tri(Mnpliante. Les 11 it-
Icurs rappelaient Y Egérie de cet an-
tre Niima* d'autres plus grossiers lui
donnaient tout uniment le litre de
duchesse de Brabant , qu'elle accep-
tait en riani et sans rien rabattre de
son ton grivois , de ses manières li-
cencieuses. Il est certain qu'elle eut
une grande part aux mesures prises
par Vander JNool, qu'elle fut cause
de quelques unsdes excès qui se com-
mirent alors, et qu'elle puisa plus
d'une fois dans les caisses publiques.
Cependant il ne faut pa^ accueillir
aveuglément toutes les accusations
dont elle a été l'objet dans les nom-
breux pamphlets de l'époque, entre
autres dans les Masques arrachés ,
de Beannoir , mauvais ouvrage ,
payé par l'Autriche , et qui a cepen-
dant obtenu les bonneurs d'une tra-
duction allemande. C'est le même
Beaunoir {^k oy. Bkau^oir, ci-des-
sus , pig. 412), qui fit paraîire en
I 7 9 I , la A^ ic amoureuse de Jeanne
de Belem ^ dite la Pineau , i;i-8"
de 48 pages. Eile joue aujsi un rôle
dans le drame de cet écrivain inti-
tulé : Histoire secrète et anecdoli-
que de F insurrection bel^ique ,
ou Vander^oot, Bruxelles, 1790,
in-8" de 258 p'ges, où celte Vie est
imprimée. Mais tout patriote qu'il
était , Y Ami des femmes n'a pas osé
mentionner une pareille héroïne dans
sou Précis sur les anciennes Bel-
ges en faveur et pour l'émulation
des nu)dernes , suivi des autorités
et preuves de droit qu'ont les fem-
mes de la Belgique de participer
à r administrât lion y etc. ( dédié a
iM""" la comtesse d'Vvcs, si connue
48o BEL BEL
Sar sa hiblioraanie) , Bruxelles, G. {V. ce nora.YI, 55 ij. Celte brochu-
[iiyghe, 1790 , in-8° de 35 pages, re. imprimée a Genève . est indiquée
La rovuliilion bnibauconne finie, la comme élanl Touvrage du marquis de
Fineau fut au boni de sa carrière po- B , et le litre porte qu'elle a été
lilique. Elliî mourJl dans l'obscurité, lue dans une académie de province (1).
comp'ètement oubliée. R — f — c. Quoicju'on ne fùl pas encore babilué
lîELESTAT ( Gar- aux petites ruses que \ullaire na
DOUCH, marquis de), doit l'honneur de ce>sé d'employer pour metlie au jour
figurer dan« la Biographie , au ma- les ouvrages qu'il jugeait prudent de
lin plaisir que Yi Itairc s'est donné ne point avouer, tuut le monde lui
de lui faire jouer un rôle dans une attribua l'écrit dans \ei\vie\ Y Abrégé
de ses non brcuses querelles littérai- chronologique de son ami le pré-
res. INéeniyaS, a Toulouse, d'une sident Hénaull était critiqué delà
des plus anciennes familles du Lan- manière la plu^ injuste. Comme une
guedoc , il acheva le cours de ses étu- pareille supposition faisait peu d'hon-
des a Paris, et lut admis fort jeune neur a son caractère, et que d'ail-
dans la maison du roi. Après avoir leurs il avait des ménagements 'a
fait avec distinction plusieurs campa- garder avec un vieillard respectable
gnes sous IfS ordres du maréchal de dont il n'avait reçu que des lémoigna-
Saxe, il obtint a trente ans le litre de ges d'estime cl d'amitié, Voltaire
mestre-de-camp de cavaleriejel, sans dénonça lui-même ou fit dénoncer la
trop de présomption, il pouvait se brochure au m nistrej et 600 exem-
flatler d'arriver aux prerr.iers gra- plaires saisis furent rais au pilon. 11
des, lorsque l'affaiblissement de sa écri\ it ensuite au président Hénult ,
vue l'obligea de renoncer à la car- à qui ses amis s'étaient bien gard' s
rière des armes. Possesseur d'une de parler de cette critique , pour lui
fortune considérable, il passa dès-lors annoncer (juil ve: ail de faire une
la plus grande partie de l'année h dissertation contre l'anteur; mais que
Paris , où il vivait au n.ilieu de la so- sur l'assurance ([u'on lui avait donnée
ciélé la plus brillante el la plus spiri- que c'était le marcpiis de Belom , il
tuelle. Déjà, connu de Voltaire , il le n'avait pas osé l'envoyer aux jour-
revjt en 1 764 aux eaux de IMombiè- naux (20 ocl. 1768). Trois jours
res , où il avait accompagné sa femme auparavant (i 7 ocl.}, il avait ccril au
a 1 qi. elle ce grand jioète adressa une manjuis de Belestat (|u'(in le soup-
])ièce de vers , (jui est imprimée dans connait d'ètie l'auteur de cet ou-
ic rerueil de ses fvtivrcs (édit. de vrage , cl cpi'il devait déclarer que
Kcll , XIV, 4^0' ^^" nssnre (jue lors- c'était La P)eaun elle [Tablât' phito-
(Hie Voltairp se fut fixé délinitivement sophique de /\'s/>r.t de f^ oltaire ,
a Fernev, il continua d'enln tenir 117-21). Kniin , il annonce h IM"""
avec lieleslal une correspondance du Deffind (pt'il connaît l'auteur:
suivie ] mais rien ne prou.e (ju'il lui u Je ne l ai découvert , lui dil-il , que
ait jamais écrit , si ce n'esl dans la « d'aujourd'iuii , après trois mois de
circonstance cpiOn va rapporter. Ln «recherches. lU-n'tsl poinl le mar-
1768 il paint une brot Imre dirigée « (piis de iUlestat, c'est un gentil-
contre le pré>i.l(nt llénanll, inlilu-
Kxamcn de la notn'cltc JJis- (') A o-ito .!..t.. n.l.-.iat ..'.tMi pn. mr.uo
, .,,r . 71, . ij imiiihrf «le l in.i«l«Mnio«l«<» Jrux rlor»iu.x ; fl l on
ioircdc Henri J f ,d(: ni , de iiitrj M,ii ,,„ii „y ajiunai* In Vf.jamtn.
a liominedi" l.i pr()\ iiu'C(|u\)n ajipcllL'
il .iiissi nioiKsirur Ir niarcjuis. 11 est
a Irès-jirofoiul dans IMiistoire Je
» Franrr ; c'est uni' cspùce de comte
<( de* l'oiilaiuvillicrs, très-poli dans la
« comorsallon , mais hardi el irau-
« cliant , laplumo h !a inain(7 dcc.).»
Madame du DciVaiid lui répond :
« Quelle est donclaqiialrièracdécoii-
•t verte (pie vous ave/, faite? les trois
K premiers élaieiiL La l>caumelle ,
V Hclosle , el Belestat. Pourquoi ne
« pas dire le nom de ce dernier mar-
te quis? Ce serait le moyen de de-
« truire Ions les soupçons. Je n'y par-
« ticipe point. Je vous crois incapa-
♦ blc de telles manœuvres.» Voltaire
ne le nomma poinlj et, plus lard, il
revint a la première idée de faire pas-
ser La Beaumelle pour l'auteur de
Y Examen (2). Informé qu'en mou-
rant le président Hénault n'avait
laissé aucune mar(pie de souvenir a
madame du Deffand , son ancienne
amie , k Je suis , lui écrit-il , dans
« la plus grande colère, je suis si indi-
« gné , que je pardonne presque au
« misérable La Beaumelle d'avoir 5/
« maltraité les étrennes mignomies
(a) Voltaire fit écrire sur les marches de quel-
ques exetnplaiics de l'Uramen , quarante-deux
iiotps de la main de son secrétaire Waf^nière
et il eovoya ces excinjdairi'S à l'aris , dans la
vue d<! nuire à La Bcauniellc. L'auteur de cette
note possède celui qu"^ Dauiilaville arait légué
au baron d'Holbach , qui le d()iina à IS'aif^oon ,
et qui était passe dnns le cabinet de Barbier. Ou
trouve à la lin une lettre de Voltaire au prési-
dent lléiiault , du 3 I oct. 1768, de la inain do
"NVagnièrc ; «ne lettre du nii^nie au censeur Ma-
rin , étrile aussi p.tr Wagiiière , le ;'> jnill. f^Go,
et dix questions relatives à la même brochure,
en partir de la main de Voltaire , adressées à
l'ahbe lU>udot , afin de se procurer des ren-
fieif^nemvnts qu'il désirait, pour réfuter la
inémc bnichnre. Dans ses notes , il iiidi<pio
ainsi divers p;:ssagcs : Ridicule et obscur ; fuum ;
pille ; mauvaise Inj^ique ; peut-on mentir plms in-
solcmment ; tonte cette puje est ubiurdr ; quel
ignorant rt quel insolent ; critique impertinente ;
on voit iiien ijue ce eoijuin a l' insolence crimi-
nelle ; le tcrlrrat en démence o^<• ici, elc.
Uans ses notes , Voltaire nomme La li'.'aninelie,
el il avait fait rétubiii' ce nom sur le titre de
YEtamen , etc. V — vi,
liEL
4«L
f
« du président. « Tuules ces tergiver-
sations semblent prouver que Voltaire
est le véritable auteur de VExa-
nien. Celait l'opinion de madame
du DefTa'ulj c'était celle de Grimm
et de SCS amis , de Naigcou , de Con-
dorcet , etc., c'esl-i-(lirc de toutes
les personnes en état de connaî-
tre a fond celte aflaire. Cependant
liarbicr, quoique h peu près seul de
sou avis, a pris h. làclie de prouver
que le pampnlel est dcLaBeaumelle.
11 a répète cette alle'galion dan» le
Dictionnaire des anonymes ,
dans le Supplément à la corres-
pondance de G rimmel dans Y Exa-
men critique des Dictionnaires ,
. 95 , sans donner aucune preuve a
'appui de son scnliment. Belestat ,
dont celle longue discussion nous a
Irop éloigné , admis , en i 769, a 1 a-
cadémie des Jeux Floraux y lut un
Eloge de Clémence I satire. Ea
1773 il fut adjoint au secrétaire per-
pétuel 5 mais il lui fut bientôt impos-
sible , a raison de sa mauvaise vue ,
d'en remplir les fonctions. Peu de
temps après, il fut affligé d'une sur-
dité prcsipie complète. Ses infirmités
ne purent le garantir des persécu-
tions auxquelles les personnes de soa
rang furent exposées pendant le rè-
gne de la terreur. Jeté dans une des
prisons de Toulouse , il n'eu sorlit
qu'après le 9 thermidor. Malgré sou
grand âge et sa surdilc , il reprit aus-
sitôt ses habitudes studieuses , el con-
tinua de se faire lire tous les ouvrages
nouveaux. Il mourut a Toulouse eu
1807, a 82 ans. Son Eloge ^ pro-
nonce par M. Fr. de Villeneuve, est
imprimé dans \ Histoire des Jeux
Eloraux , par Poilevin-Peitavi , II ,
562. Le marquis de Belestat possé-
dait nu cabinet de livrfs rares, avec
une suite de médailles et une riche
collection de tableaux. AV — 'S.
LVII.
^
482
BEL
BELÏIOMME (Dom Hum-
BEP.T ) , savant bénédictin, naquit à
Bar -le -Duc, le 2 3 déc. i653,
dans une coudilion obscure. Après
avoir acbevé ses éludes , il entra
dans la congrégalion de Saint-Van-
nes et de Saint-Hidulphe ; et mou-
Ira pour renseignempnt de la phi-
losophie et de la théologie des ta-
lents remarquables. Le cardinal de
Retz, alors en Lorraine, l'ayant in-
vité d'assister aux conférences qui se
tenaient dans son château de Com-
incrci, le jeune professeur y soutint
sa réputation. Doué d'une éloquence
qui pren.iit sa source dans une érudi-
tion profonde, Dora Belhorame se dis-
tingua dans la chaire évangéliqnc. On
a remarqué qu'il fut le premier qui
prêcha dans la cathédrale de Stras-
bourg , après la réuuion de cette ville
k la France. Revêtu successivement
des premiers emplois de sa congré-
gation , il prit part a toutes les gran-
des affaires qu elle eut a cette épo-
que. A sa rentrée dans ses états, le
duc de Lorraine , Léopold , voulut
le consulter sur les réformes qu'il mé-
ditait , et le pressa d'accepter une
place dans son conseil j mais il s'en
excusa sur son âge et ses infirmités.
Nommé , en lyoS , abbé de Moyen-
Moutier , il reconstruisit les bâti-
ments de l'abbaye qui tombaient en
ruines , cl l'enrichit d'une bibliothè-
que , la plus belle de la jiroviucc, et
(lui ne parut pas sans éclat , même
auprès de telle de Senones qui , dans
le voisinage, prenait de si grands ac-
croissements, par les soins de Dom
Calme l. Ces deux précieuses collcc-
lions, y compris les manuscrits , ont
clé dispersées dr nos jours et vendues
nu poids; dernirr excès du vanda-
llsMie (|ui sembla ne couler aucune ré-
pugnance ni regret aiixaihuinislialriirs
qui le suulUirenl ou ronluiinèrenl î il
BEL
mourut le 12 déc. 1727, a soixante-
quatorze ans. La révolution n'a point
épargné sa modeste tombe ; mais l'é-
pitaphe qui la décorait a été recueil-
lie dans la Bibliothèque de Lov'
raine y 102. On peut regarder com-
me l'expression d'un sentiment vrai
cet éloge qui s'y lisait : « Viduœ
ce et afflicto nunquam défait ; sub"
a ditos ea complexus est charitate
a ut non iimerent dominum , sed
a venerarentur amarentque pa^
ce trem. » Outre un grand nombre
àe Mémoires et de Factums, pour
la défense des droits et des pri-
vilèges de sa congrégation , on doit à
Belhomme : I. Une histoire de l'ab-
baye de Moyen-Moutier ( Historia
31ediarni Monasterii in Vosago) ,
Strasbourg , 1724-, in-4-" , fig- Elle
est pleine d'intérêt par les détails
qu'on y trouve sur les maires du pa-
lais de France , ainsi que sur les an-
ciens ducs d'Alsace et de Lorraine.
L'auteur l'a fait précéder des trois
vies de saint IlidulpJie , qu'il avait
déjà communiquées aux Bollaudistes
qui les ont insérées dans les Acta
sanctorum y au 12 juillet. Celle nou-
velle édition, faite également sur les
manuscrits , est accompagnée d'une
bonne dissertation critique. IL Les
CItroniques diverses , faisant con-
naître les successeurs de saint lii-
dulphc, jusqu'au commencement du
onzième siècle. III. Un Fragment
de la Chronique de Jean de
Jiayon , qui contient des documents
essentiels pour Ihistoire de Lorraine
dans les onzième cl douzième siècles.
IV. La quatrième partie est enlière-
menl l'ouvrage de Dom Belhomme ,
(jui continue riiistoire de l'abbaye de-
puis le treizième siècle juscpi'al année
1720. Il a éclairci par dfs notes et
des observations préliminaires les li-
vres précédents. Lo plan fijjuriî de
BEL
Mo}'cn-Moulior cl (jiu'lcjur.s plauclic»
rcprcsciilant craucicns monumcnls ,
aitli'iil à 1 iiilcllijrcncc du livre. Le
DlclioniKilre de iMorcri conlieut sur
le vénérable abbé do Moycu-Moulier
une excellenle iiolicc que Ton doit
à son conlrère Doiii Cedlier.
L — M— X et W — s.
«ELIGATTI (Cassius), ca-
pucin , né a Macerala, dans les élals
du Saiut-Sii^'ge, en 1708, inlnoinmé
inissionnnirc au Tibet et dans le
royaume du Grand-IMongol, 011 il sé-
journa dix-liuil ans. Il revint h Homo
avec une couuaissance exacte de la lan-
gue de ces pays. Le cardinal Spinelli,
préfet de la propagande , l'invita a
composer des ouvra^^es propres a in-
struire les missionnaires. Beligalti
■puhVià mi alphabet iibéLain^ llo-
lue, 1775, in-8", et deux grammai-
res , Tune de la langue iudous-
laui , l'autre de Tidiome samscrit,
eu caractères malabares , traduits du
portugais. Il aida le père_ Giorgi
{J^oj. ce nom, XYII, 4i4- et suiv.)
dans la composition de son célèbre ou-
vrage , oii il interprète et explique
les manuscrits trouvés en 172 i dans
la Tartarie , et que, dans les so-
ciétés litléraircs fondées par Pier-
re-le -Grand, personne n'avait pu
comprendre. Honoré constamment
par J*ie M, qui pensa même à l'éle-
ver à la pourpre , Beligatli mourut a
Rome en 1791. A — d.
BELl.XDE BALLUÇJacques-
WicOLAs), l'un des bellénisles fran-
çais les plus distingués , nacjuit en
1753 h Paris, d'une famille hono-
rable. Après avoir terminé ses éludes
avec succès, il acquit en 1779 une
cbargc de conseiller a la cour des
monnaies , et sut concilier les devoirs
de celle place avec le penchant qui
rentraînail vers le^ lellres. L'année
précédente il avait déjà publié la Ira-
BEL
l\Oj
duclionderjyt'tv//^6' d'Euripide, avec
des remanpies (1) et une préface
dans hupicllc il annonce la Iraducliun
de quelques autres pièces du théâtre
des Grecs. Il fut détourné de ce tra-
vail par celui i\\\\\ cutrepril sur Op-
pien. L'édilion que Schneider venait
de donner de ce poète , avait rappelé
l'attention sur ses ouvrages dont le
mérite n'avait pas élé jusqu'alors ap-
précié convenablement. L'examen
qu'en fit Belin lui laissa voir dans le
travail deSchneider desimperfections
qu'il se proposa de corriger. Avec le
secours de Yan Santen qui lui com-
muniqua les variantes des manuscrits
de Venise et du Vatican , il résolut do
donner une nouvelle édition d'Op-
pien. Elle fut commencée à Stras-
bourg en 1786 ^ mais elle n'a point
été terminée (2). Admis, en 1787, a
l'académie des inscriptions , Kelin y
lut des Recherches sur la chasse
chez les anciens que l'on doit re-
garder comme un commentaire du
poème d'Oppien 5 et une Réponse à
des observations de Dupuy , qui
soutenait avec Schneider que les deux
poèmes de la Chasse et de la Pèche,
attribués h Oppien , ne peuvent pas
être l'ouvrage du même auteur [V^oy.
Oppieîî , XXXII , 36). Ces deux
morceaux, indiqués dans la table gé-
nérale des 31émoires de l'académie par
Laverdy , ne font cependant point
partiedc celte collection. Unecircou-
stance particulière obligea Bclin de
hâter la publication de sa traduction
de Lucien^ qui est restée son plus beau
(i^ Paris, 1^78 , in-S".
(2) Oppiani fioeiiuila de F'enationc et Pisca-
tioiic , gr. cuin intcrprrt. lut. et sc/ioliis , Slras-
bour;^, i78() , in-8°. Il n'a paru de cette édition
(jiic le |ioôine de f^enaiioiif , dont il a tté tiré des
exi-niplairis in-.}"» g"". J'-'l'- do Hollande. On a
aussi iinpriniir .Jo paçcs du texte grecdn pO(''in«
<!c l'iicu'.iunc, ni'iis elK's ne se trouvent jointes
{\x\'h très-peu d'exemplaires. Manuel du liùrain- ,
de M. Urunel.
3i.
4&4 BEL BEL
litreTlluérairc (3). Persuade, comme gre quelques aberrations, Belin doit
il le dit lui-même, que, quand une être compté parmi les philosoplics
fois le peuple se mêle de pliilosopber, religieui. C'était d'ailleurs un homme
tout est perdu (4.) , il quitta Paris modeste et bienveillant. Outre la tra-
çn 1792 , el se tint cacbé dans une ducllon à'Hécubeti l'édition à' Op-
•maison de campagne où il eut le bon- pien dont nous avons déjà parlé, ou a
heur d'échapper au règne de la ter- de lui: L LacJiasse, poème d'Oppicn
Teur. La révolution lui ayant enlevé traduit en français avec des rcmar-
toutes s>es ressources, il accepta la c\\iQS'^%m\\à\\\i Extrait de la grande
place de professeur de langues ancien- histoire des animaux d'Eldemiri,
nés a l'école centrale de Bordeaux. ( par M. Silvestre de Sacy) , Stras-
Son nom ne se trouve point dans la bourg, 1 787, in-S". ILLes O^'w^r^s
liste des premiers membres del'insti- de Lucien , avec des noies bistori-
tut; et cet étrange oubli ne fut en ques et littéraires, et des remarques
partie réparé qu'en 1799 , où il re- critiques sur le texte, Paris, 1788 ,
eut simplement le titre de corres- 6 vol. in-8''. Il y a des exemplaires
pondant. Il habitait alors Garen- format in ' ^''. Cette version , dit
cières près de Paris. L'année sul- M. Boissonade , est exacte et en gé-
rante il lut dans une séance de sa néral satisfaisante, mais le style laisse
classe uncZ^/55c'W«f/on dans laquelle beaucoup h désirer {Foj'. Lucien,
il se proposait de disculper Gtésias XXY, 364). On en a détaché /'///i'-
( yoj. ce nom, X, 32 4 ). A la re- toire véritable et Lue lus ou VA-
commandatiou de quelques-uns de SCS ne, pour en former le douzième
amis, il fut nommé directeur du prr- volume de la Bihliothcque des ro-
lanée de Saint-Cyr ; mais fatigué (les riians grecs, Paris , 1797. Les nom-
tlélails d'une grande administration , brcnscs lacunes que le traducteur
si peu compatible avec l'élude, il se avait laissées dans ce dernier mor-
<léinit do cet emploi, pour accepter ceau , l'un des plus licencieux del'an-
ia place de professeur de littérature liquité , ont clé remplies, dans la
grcMMiiie a l'universllé (jue l'empereur nouvelle édition • mais on ne peut pas
de Uussie venait de fonder h Char- tlire si c'est par Belin ou par quel-
tow dans l'Ukraine. Il fit donc, en que autre helléniste. Le sixième vo-
1 Ho 5, a la France cl h ses amis un dcr- lume coutii-nt les variantes de six ma-
nier adieu. Les devoirs de celte place nuscrits do Lucien de la r>ibliulhèquc
et U culture des lettres occupèrent du roi, qui n'avaient point encore été
les loisirs de vson exil volontaire, collationnes. Ellosonlétéreproduites
mais ne purent le consoKr. Appelé dans l'édition publiée par la sociélé
queî(jues années aprèsà Moscou, fin- typographiciue de Deux-Ponts. On a
cendie de cette ville l'obligea de se reproché h Inlin de s'être acquitté do
réfugier à Pélersbourg, cl il y mou- celle partie de son travail avec un*
rut en i 8 i 5 , a Tiv^r de 62 ans. Mal- grande négligence. Il se proposait do
réunir dans un 7* volume les leçons
„, „ . .,.,.,,.. (Ui'il avait tirées des manuscrits dn
(1) « tlnr nrconslniiro (liirlinilii're m a obli^o l_ f !• •
« (lu itt livrer à la |>r<-5v«. n fuiLiii ou le |)iii>ii<'r Vatican, ill- Lue nouvcHe édition
«.•„ceu,.Mnrnto«h.,p.Trl.r,.,,nrtnniour,.In.,. | CfiraCtêreS de ThèophraStC
M M...iiri.riij.ru r« nnporié. » ( l'rrjace df ht avcc des uotes, et la traduciion do
'^'ti)7j'!:L, cn„,juc Jr n^.ju,nce. Il . 35,. ^^»^ uouvcaux chapitres trouvés dans
\m mami.<crltdu\ allcaii,Pan.s,i 790,
in-8".IV. La Iraducllou du Tablaiu
tic Crbès ; avec \v Mtinucl (CEpic-
tcU\ Iracluit parDacicr, ibid., i 790,
in-8" (5). V. Mcniolrvx et voya-
f^i'S (l'un ('migré ^ il)iil. , i 8 o i , 3 Tol.
in-i 2. C'est un roman dans le genre
(lu Sct/ios de Tabbé Tcrasson dont
le cadre e^l la partie la moins essen-
tielle. On trouve dans celui-ci beau-
coup de détails intéressants sur les
mœurs elles usages des anciens. Be-
liu j donne une idée peu avantageuse
des plillosopbes grecs surtout de Pla-
ton (jue, malgré sa profonde adiniia-
tion pourVécrivain, il regarde comme
un des esprits les plus faux et les plus
8opliisti(pies (pielaGrèce ait produits.
Il assure qu'il n'a rieu avancé dans
son livre cpiil no pût appuyer de
honnes preuves (6) , et cependant il
ose faire peser sur Louis XV l'accu-
sation d'avoir eranoisonné le Dau-
pbin! II faut convenir que !es plus
nonnctes gens sont sujets a d'étranges
écarts. YI. Le Prêtre par un docteur
deSorbonne, Paris, 1802, in-12.
Vil. Epttrc au premier consul sur
V enseii^ncment de la langue grec-
que dans les lycées, il)id, , i8o3 ,
in-4.**. VIII. Histoire de la Dame
invisible , ou mémoires pour servir
à Tbistoire du cœur bumain, ibid. ,
1802, in- 1 2 . IX. Histoire critique
de l'éloquence chez les Grecs ^
i!)id. , 1 8 I 3 , 2 vol. In-S". « Cet es-
(5} CV^l par erreur qu'à l'arlicle Epictktb ,
XIII , îof"), (111 attrilme à V>t\\n de lîallu la ira-
durliciD du ,l/a;(i((7, iuipriiuce avec If! i aùlcnu de
Céirs ; elle est (le Dacier. La traduclion auoujiiia
de it^oj , io-a4 , rilccdans le inèmc article, est
celle de Guill. Duvair, dout il existe une édition
Ancienne iinpriin'-e vers x6oo. Ain.^i 1« nom-
bre de» traductions françaises que le ndacleur
de l'arlicle j)ortc à dix-neuf se trouve réduit à
dtx-:>e|tt.
(6) M C'est un ouvrage d'érudition on je n'ai
«I rien avancr que • ur des autorités rvspcctobles ;
«« et si je n'.ii ])ciiiit < ité nn-.s l'araiits , c'rsi <jue la
« forme adoptée «lans cet ouvra^'e ne me le per-
« mettait |<a3. u Jlistoire critique de l'eloquence,\\,
a-;?.
IJFX
/.85
u yd\ , dit IkIiu , n'est (prune partie
« à\\{\ ouvrage entrepris auirelois
« d.ins des Itiiips plus beureux où
a l'ardeur de l'ài^e, la passion des
a. lellres , une .situation plus riante ,
« me permettaient de faire de plus
a vaites projets, .l'avais conçu le
K dessein d'exécuter en français une
a Bibliotbèque bislorique et critique
« de tous les écrivains grecs, et de
K les ranger (bans l'ordre cbronolo-
tt gique, afin de former une vcrita-
« ble bistoire de la littérature géné-
tt raie je la Grèce » (7). Malgré
quckpies imperfections inséparables
(l'un pareil travail , cet ouvrage est
le fruit d'une érudition consciencieuse^
et , suivant M. Nodier, les hommes
les plus instruits peuvent y trourer
encore k apprendre (8). Il devait
élrc suivi d'une Histoire de lapot-^
sic grecque , dont Beliu parle com-
me d'un écrit entièrement terminé.
Quelques bibliographes lui attribuent
une traduction française dcMyriobi-
blon de Pbotius j mais s'il en a eu le
(7) On sait avec qael succès Sclinell a depuis
CTécuté ce plan pour la littérature grecque et
pour la littérature latine (Voy. Biographte des
hommes vivants , V, 333, et le uiémc iioiu dans la
Supp;.
(8) Cet ouvrage fut imprimé i\ Paris, par Re-
liii, qui m'invita à donner f]tiolques soins à l'é-
dition, en l'absence de l'auteur. Dans Ici c%cin-'
plairas destinés pour la Ku-ssi»; est une é|>iire
déidicatoire en veri, de Belin de ballu, àl'cm-
pcrcur Alexandre. Cette pièce fu» ^opprimée
dans les autres exenipbires. L'auteur louait
la Itauta sagesse de l'yUeiandre du Nord, (pu
doit nous faire oublier V Alexandre de Grèce.
Voici quelques vers de Cttle épitrc;
Mon vaisseau fatigué par de fréquents orages ,
Chcrclie un port qui le mette à l'abri disnnufrngcs:
Ouvre-lui tes états ; souffre que sous tes lois.
Prés de toi , je i cspire ur.e première fois.
Trahi , peisétulé dans ma triste pairie
Apollon , mieux traité dans tes beureux états
Me presse chaque jour d'y dirii;cr mes pas.
3c. veux le consacrer mes travaux et mes veilles ;
De ton règne i-clatant, je dirai les merveilles, etc.
Belin Toit dans Alexandre , Apollon sur le
troue des ctars ; il le place au-desius d'Auguste ;
il en fait un héros, un père, qu>, Volive à lu
main , cnnmunde à la terre, (/est ce qui ne poa-
Tiiit élrc publié à Paris, en )8i3. 'V — vt.
486 BEL BEL
projet on pcul assurer qu'il ne l'a pas 1796, 6 vol. in-8°). L'état de la
exécuté. Il a laissé, dit-on, manuscrit, chirurgie au niilicu de la seconde moi
une grammaire grecque avec des ta- tié du dernier siècle y est fidèlement
Meaiiï synoptiques sous le titre exposé. L'auteur s'était pénétré des
^''Hermès htllenien , et un Die- saines doctrines , et avait profilé des
tionnaire grec et français. W — s. travaux des plus illustres chirurgiens
BELL (Benjamin), célèbre clii- de l'Europe a cette époque. Le li
rurgien anglais, mort au commence- vre manque de régularité dans la
ment du dix-neuvième siècle, avait distribution générale des -articles ,
étudié la médecine a Edimbourg , mais chaque article est complèle-
cù Monro fut son maître en ana- ment et méthodiquement traité. Les
tomie. Après un voyage sur le conli- progrès de la chirurgie depuis De-
nent,penclant lequel il visita les prin- sault l'ont fait vieillir- la théorie de
cipales universités de l'Europe et fît plusieurs affections chirurgicales, les
un assez long séjour h Paris , il de- opérations qu'elles nécessitent, les
vint chirurgien en chef de l'hôpital instruments dont on fait usage , tout
d'Edimbourg , et membre de la so- oupresquc tout a éprouvé tant de per-
ciélé royale. Les particularités de feclionnemenls que l'ouvrage, malgré
sa vie sont peu connues, mais ses ou- l'autorité qu'il conserve comme ma-
vragcs , long-temps regardés comme nnment historique , n'est plus propre
classiques , occupent une place ho- a être recommandé aux élèves. IIL
norable dans les bibliothèques , et Treatise on gonorr/iœa virulenta
sont encore consultés avec fruit. L A and lues venerea , Edimbourg ,
Treatise on the tlieory and ma- 179^, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage,
nagement of idcers , Edimbourg, dont il a paru une seconde édition
J778, in-8".Ce livre, dont une sep- en 1797, et dont Bosquillon a don-
tième édition a paru en 1801 , avec né une traduction en 1803 , est rc
le suivant , fut traduit en français par marquable sous plusieurs rapports.
Adet et Lanigan (Paris,i 7 89, in-i 2). L'auteur s'cstattaché a démontrer que
Bosquillon en a donné deux autres la gonorrhée a toujours existé , et
traductions : l'une en 1 788 , cl la se- qu'on en retrouve des traces a toutes
conde en i8o3. Celte dernière, faite les époques. S'il admet, contre le
sur la dernière édition, est augmen- témoignage journalier de l'cxpé-
tée de notes , de recherches sur la ricnce , que le mercure est le seul
teigne, et d'observations nouvelles remède curatif des affections véné-
sur les tumeurs blanches des articu- rienncs , du moins insiste-t-il beau-
lations, maladie grave contre laquelle coup sur Ifs graves inconvénients que
Bell a inlroduil la mélliodc ([ui con- rc métal entraîne dans une multitude
sistc K les traiter par des applica- de cas, surtout entre les mains de
lions réitérées de sangsues ou de ven- ceux qui le manient sans autre guide
toiises et par des vésicatolres volants, qu'une aveugle routine. Au total,
W. System ofsitrgery,VA\\\\\^{i\\x'l^ c'est une excellente monographie,
1783-1787, 6 vol. in-8". Cet ou- dans huiuelle lUll se montre médecin
vragc , qui a eu sept éditions , dont liabile et prolond érudil , ce qui est
Li dernière est de 1801 en 7 vol., en fort rare en Ions pays , mais plus en
romplail (léjli(piatre lor.s(juer»()S(|uil- Aii;;hlerre (pie partout ailleurs. Les
Ion le (il connaître il la France (l'aris, additions de Bosquillon décèlent un
BEL BFX /,87
prallclcn d'iinc grande sagacité, cl di' donzr ccnl cinquante liv. stcrlin;^,
|iliisi('iirs sont rxlrèmcmrul rcinar- pour cire cniplovée a réducalion de
(|iial)!cs, IV. Trt'dfisc on lijdro' Iiuil orpliclins d'ccc K'.siasli(juc\s indi-
Ct'lc j on sarcocc/r , or cancer, and geiits. — \\\l\a, [John) , iiiiprimciir
othcrdiseascs oflhc lestes^ Edim- célèbre par des édiiioiis remartpiahles
bourg, 1794, in-8" ; ouvrage écrit de plusieurs poêles anglais , nolam-
avcc précision et clarté , dans lecpiel inenl de Sliakspear , csl inorl eu
on trouve une description romplèlo i85i. Z.
des procédés opératoires, mais vpii 1$ELL(AndrÉ), nafjuilen 1755,
n'a plus de prix maintenant cpie pour îi Saint-André , en Ecosse , cl fit
riiistorien de la chirurgie. J-d-n. ses études dans l'université de cette
BELL (William) , savant an- ville. Entré dans les ordres en
glais , prébendier de Westminster , qualité de ministre de Tégiise angli-
fit avec distinction ses études dans cane , il vs'y distingua par son cxcel-
l'unlvcrsité de Cambridge. Il rem- lente conduite et par sa cliarilé. Il
porta plusieurs prix académiques, un avait passé plusieurs années en Amé-
cntre autres sur celte question : Des rique, lorsqu'on 1789 il fut nommé
causes qui contribuent le plus à chapelain du fort Saint-George et
V accroissement d'une nation. Cet ministre de Sain Ic-Marie, a Madras,
ouvrage, qui fut imprime en 1756, fit Coopéralcur actif de tous les efforts
à W. Bell une brillante réputation, tentés en faveur de Ehumanité, il
L'avantage qu'il eut d'appartenir, en accepta la surintendance gratuite de
qualité de chapelain , a la maison de l'asile des orphelins militaires , et
la princesse Amélie , fille du roi introduisit dans une école voisine
George II , lui procura de l'avance- de Madras, a Egmore (1792-95) ,
ment dans l'église. Il publia en 1780, le mode d'instruction si célèbre» de-
in-Z^ j un Essai pour constater et puis sous le nom d'enseignement
expliquer Vautorité, la nature mutuel. Tout le monde sait a présent
et le dessein de l'institution du que cette méthode existe aux Indes
Christ f communément appelée la de temps immémorial j que Cicérou
Cèwe. Cet écrit, dans lequel il adopte en parle en termes qui ne peuvent
l'opinion d'HondIv sur ce sacrement, laisser de doutes sur l'identité «rénéri-
fut 1 occasion d une controverse sou- que de ses procédés avec ceux qui se
tenue avec le docteur Bagot. Bell pratiquent aujourd'hui dans toutes les
fut, en 1787 , éditeur d'im traité eu- écoles mutuelles j que Pietro délia
rieux dont l'auteur, le P. Le Cou- Valle, au 16'' siècle, l'a décrite (i) ;
rayer [f^oy. ce nom , X, 98) , avait cnOn que, sous Louis XVI , le che-
donné le manuscrit a la princesse valier Paulet l'appliqua en France ,
Amélie , Déclaration de mes der- oîi les importations utiles ne réussis-
niers sentiments sur différents sent pas toujours [Voy. Paulet,
points de doctrine. \j(i ^Ç)Z\<i\xiÇjd\~ XXXIII, 19^). Revenu dans la
der en a publié, en 1819, une Ira- Grande-!5relagne , eu 1797, Bell
duction en anglais. W. Bell mourut, regarda comme un devoir"] de faire
a l'âge de quatre-vingt-cinq ans , •
le 29 sept. 1816. Il lut très-cha- (0 r.uill.t dit lanuill.-.n.re trouva iv^^^^^^
. J I ^ i I 1V.O Liici pnfinent mutuel it:il)li a Allinirs m iG-S. Il
niable pendant toute sa vie, et légua >i-ii;> »iio Av. ces ctoli-s, et il ^h donne une
o P.,.,:..».. .'1 ' ,1 C^ 1 :J ■ fle'.cription rurieuse dans sv.n livre inliliilô :
a l université de Cambridge uucrcnte aiUcL a,^icnnt ,t «o«..//., i„.„. v-vk.
4B8 BEL
connaître au public les avaulajes
d'un système qui développait si rapi-
dement les jeunes esprits confies a
SCS soins, et il publia son Expérience
sur l'éducation ^JciiLe à l'école des
garçons^ âMadraSy Londres, 179^,
et sa Instructions pour la direc-
tion des écoles , selon le système
de Madras j in- 12. L'un et Tautro
ouvrages restèrent en grande partie
cbez le libraire j cl Bell , relire dans
une modeste demeure , sembla ne plus
songer qu'a jouir de la iorluue qu'il
avait rapportée des Indes. Mais na
des exemplaires vendus était tombe
dans les mains de Jobn Lancaster,
qui a cette époque venait d'ouvTÎr
une école au faubourg de Soulhvyark,
à Londres. L'exposé de Bell le frappa
vivement , et sur-le-champ il s'occupa
d'organiser un enseignement analogue
à celui de Madras. Sa réussite fut
Complète,- et de plus il eut le bon-
heur d'intéresser en faveur de son
entreprise da^ protecteurs puissanls ,
tels (pie lord Sommcrville (.t le duc
de Bedford. La popularité dont jouit
bientôt Je nom deLancasIer, réveilla
P)eîl au fond de sa retraite ; et, se-
condé par quelques personnes d'un
haut rang dans l'église ce dans l'état,
il re'clama la priorité delà découverte.
La (pierelle s'envenima et devint une
aiïaire de parti : Lancastcr était qua-
ker, et ikll anglican; mais cette (pie-
relle n eut pas de suites ilélavorables
à renseignement mutuel. Les deux
partis a\ouaient IVicellt-nce de la
méthode, appréciaient son iinportauco
pour 1 amcilioration physique et mo-
rale du genre huma'ui, et en reveiidi-
(juaient limportalioii comiDC un titre
(1 honneur. 11 en résulta cpie de jpart
ri d'autre ou fonda comme à 1 envi
des ctolc* vouées à la nouvelle iné-
lh(»(lc. X^cs deux adversaires curent
quclquen torts dans la lullo ipi'ils enga-
BEL
gèrent sous les yeux du public. Lan-
ças ter y mit de la mauvaise foi, et
n'avoua qu'après de longues tergiver-
sations et avec beaucoup d'ambiguité,
qu'il devait 1 idée première de son
établissement à Bell ; le docteur an-
glican , de son coté , crut trop qu'a-
voir imprimé son Expérience ^ etc.,
c'était avoir introduit en Ang-leterre
la méthode de Lancaster. De plus Bell
mit de l'acrimonie dans ses plaintes,
et fît paraître trop de joie lorsque
les mésaventures de Lancaster l'ex-
posèrent aux reproches amers et
presque aux insultes. L'école que
i3cll dirigeait , et toutes celles qui
avaient élé instiluées par les angli-
cans ses protecteurs , n'étaient ouver-
tes qu'aux conformistes. Lancaster
au contraire admettait indifférem-
ment toutes les sectes. Du reste, les
«eules différences qu'il y eut, entre les
procédés Acs deux rivaux, portaient
sur des détails qu'un instituteur seul ne
trouverait pas minutieux, cl qu'au
besoin un mot suffirait pour récapitu-
ler : renseignement K la Lancaster
admet beaucoup d'évolutions et de si-
gnes extérieurs • ces sigjies manquent
prcs(jue cutièrcmeul dans les élablis-
scmens du docteur Bell. Lancaster,
on doit l'avouer, n mieux connu et le
caractère de Tenfauce et rénergii[ue
inlluencc des signes. Si Bell eut le
désngrément de voir la méthode de
Madras (c'e-'t ainsi ([u'il avait appelé
renseignement mutuil) se répandre
par toute l'EurtJpe cl en Amérique
sous le nom de mélhoile lancastcrien-
nc, en revanche il vit une longue
prospérité couronner ses étahlisse-
inens^ philanthrope, il dut s applau-
dir de voir la France, par Topposilion
iiièmo (pie renseignement mutuel y
rencontra aussit(")l , popu'ariser le
nom et la chose dans tous les pays.
IMembrc de la société asiatique el de
RKL
la 5()clolo royale de Lomhcs , niaîtro
f\c riiôpilal (In SluTlxini, aDiirliain,
picluMidicr cil' Wcsliuiuslcr, \\c\\ fut
un (les cauiiiix principaux pail('S(}ucl4
la hicnfalsancc puMlcjur s'Jpanclia sur
la classe ])anvj-c cl i^iioranle. On CiiU
cille ({uc liii-uu-nie, dans le cours do
5a Aie , ne donna pas moins de 3 itiiI-
lions auxctal)lissciniyits publics d'in-
slruclioii et de charllc. Ses dernières
années 5e passèrenl dans sa maison de
Clidlenliam ; c'est la (pi'il mourut ,
après une Ionique et douloureuse ma-
ladie, le a 7 janvier i85:j. U fnl en-
terre dans réalise de Weslminsler.
On a de lui, outre les ouvrages
indicpiés : I. Sermon , prêche à
Lamhe'Ji, sur l éducation des pau-
vres^ d'après un meilleur sysLèmCy
in- 8". II, Kcolc de JladraSj ou
l'ié/nents de V instruction]Jrimaire .
III. Eléments d'instruction primai-
re , etc. (7'' édition) , i8o4-, in-S*".
P OT.
BELL (Jean), frère de Charles
Bell, l'un des plus habiles opéra-
teurs anglais de l'époque actuelle , et
comme lui chirurgien très-cxercc ,
naquil a Edimbourg en 1762, et
mourut a Rome en 1820. Après avoir
complété ses éludes médicales par un
voyage dans le nord de l'Europe et
principalement en Pvussie , il revint
dans sa palriu se livrer a renseigne-
ment cl h la pratique de la chirurgie
et des accouchemeuls. Bientôt des
succès brillants accrurent sa clien-
telle a tel point cpi'il fut obligé de
renoncer aux fondions du professorat,
pour se consacrer tout entier a la
pralifjue j cependant il sut trouver le
temps nécessaire pour publier wyï.
assez grand nombre d'ouvrages , dont
les plus remartpiables concernent l'a-
nalomie et sont enrichis de belles
planches dessinées et gravées par lui-
mcme , nvecraidc de son frère Char-
liEL
^89
les. De crands succès obtenus dans les
opérations les plus délicates elles plus
dlfliciles le faisaient rerherchcr , et
\in esprit cultivé par d'immenses lec-
tures donnait a sa conversation un
charme (pii tempérait ce (pic 1 ex-
trême TÎvacilé de son caractère avait
quclcpiefois de désagréable. Ou dis-
tini!ue parmi ?>ç:^ ouvrages : I. ^Ihc
anatomy of thc human body ,
Londres , tome I, 1795 ; lom(5 U,
17975 t. III , 1802 , in-8" ; réim-
primé en 181 1 et eu 18 16. II. En-
Eravinu^s explaitdn^ the anatomy
ofthe bones , muscles and joints ,
Londres, 1794, in-4" ; réimprimé
en 1808, III. Engravings ofthe
arteries illustraling the second
volume ofthe Anatomy of the hu-
man body^ Londres , 1801 , Ln-S .
IV. Discourses on the nature and
cure ofwoundy Edimbourg, 1795,
in-80 • une seconde édition a paru en
I 8 I 2 . V. Observations faites en
Italie y particulièrement sur les
beaux-arts^ Edimbourg, 1826 , in-
4.°. Ces remarques, dont plusieurs
sont pleines de clialeur et de senti-
ment, foutrcgretler (jue l'auteur n'ail
pu y mctlrc la dernière main. L'ou*
vrage n'est qu'un simple extrait , pu-
blié par sa veuve. Il a été traduit en
italien , et accompagné de notes par
le traducteur ; Sienne, 1828, in-B''.
Ce qu'il y a de mieux dans ces Ob-
servations est ce qui se rapporte a
rarchilecturc. — Bell {Jacques ) ,
médecin anglais, mort àla Jamaùjue,
le i5 janvier 1801, fut président de
la société de médecine et d'iiisloire
Dalnrelle d'Edimbourg. On ne connaît
de lui que la relation d'un cas de ré-
troversion de Tuterus , inséré dans
le journal médical de Simmnns.
J — n — N.
«ELLAISE. rorliESSIIV
( Dom Guillaume ), IV, 596 — 96.
49(>
BEL
BELLANGE (Thierri), pein-
tre célèbre du XVII^ siècle , na-
uit h Nancy vers 1696 • il fut Tarai
e Jacques Callot,de Ruel, de Syl-
vestre, de Jeau Leclerc, de Charles
Cbassel, et de louscesjeunes arlisles
qui ont jeté tant d'ccîat sur le règne
pacifique de Charles III, duc de Lor-
raine. Il suivit avec eux l'atelier de
Claude-Israël Ilenriot, peintre Cham-
penois distingué, que le prince lorrain
avait attiré à, sa cour en 1596, pour
le faire concourir a l'embellissement
de son palais et de sa capitale, et sur-
tout pour attacher aux principales
églises de la province des vitraux de
sou invention 5 car Henriot excellait
dans la peinture sur verre. Bellange
cependant n'adopta ni le genre , ni
la manière de son maître j son esprit
actif ne pouvait s'y prêter. Il fallait a
sa pensée un mode rilus expédilif de
la peindre aux yeux, et souvent il
esquissa sur des murailles de cloître,
sur des piliers d'église, l'ensemble ori-
ginal d'idées bizarres aussi vives que
fugitives. Avec un caractère, qui ne
pouvait consentir h représenter au-
tre chose que ce qu'il sentait a la
minute, Hellange était déplacé sur
un petit théâtre. Ses amis le sen-
taient j et quoiqu'il fut généreuse-
ment traité par Charles 111, (juoicpi'il
pût trouver dans les abbayes de la
province de grandes ressources, car
alors les beaux-arts devaient pres-
que toute leur existence nu clergé ,
il quitta la Lorraine et vint h l'a-
ri» , où Simon Voiiet Tcmploya à
dessiner une partie des paysages et
des orneuients dont il était chariré.
lU'llauge s'en artjuitta avec d'autant
plusde succès (pie cette variété lui plai-
sait. Il lit aussi des patrons de tapis-
serie royale-, travailla avec Lebrun,
Lesueur, Mignard , et tous ces élèves
devenus maîtres en sortant de Téco-
BEL
le de Vouet , aux décorations de Saînt-
Germain-en-Laye, du Luxembourg
et de plusieurs hôtels de la capitale.
Cependant, au bout de quelques
années, il se lassa de cette variété
même, qui lui était imposée par un
maître: il lui parut peu noble de
s'asservir aux caprices d'un artiste
lorsque l'on sent en soi les germes
d'un talent véritable, et il revint en
Lorraine oii l'avait peut-être rappelé
Charles III, qui lui donna aussitôt
àes travaux importants a exécuter.
Il peignit a fresque une grande
salle de la cour , démolie en 17185
exécuta les douze Césars, en gran-
deur colossale^ peur le château de
Morainville j une Conception de
la Vierge a la paroisse !Notre-
Daraej un Christ aux Minimes j une
Vierge au lit de mort, environnée
d'apôtres et de cbérubins, pour une
chapelle latérale de la même église 5
mais la plus belle composition de
cet habile artiste, celle qui mériterait
a elle seule de lui lairc \n\ nom célè-
bre
et digne de rivaliser avec ceux
des grands maîtres du siècle , est
V Assomplion^i\2i\\^ Téglise des Mini-
mes, vaste tableau qui occupait le fond
du chœur et prescjue toute la coupole
du sanctuaire. La Vierge offrant de
la main gauche un chapelet à saint
FraucoisdePaule, etde l'autre tenant
Tenfant Jésus qui donne un chapelet à
une religieuse de Saint-Dounuique ,
formait le fond de celte représentation
colossale. Aux pieds de la Vierge se
déroulait le plan d'une église, sym-
bole des vœux des fondateurs; puis,
dans divers groupes , symétri(pie-
inent ordonnés , paraissaient Char-
les III, ses trois fils, la duchesse
Claude et ses quatre fdles, drapées
avec noblesse et sans poudre ii leurs
cheveux , fait assez remarquable dans
un temps où Ton n'eût pas manque
lŒL BEL 491
(le rcnrcscnlcr Julcs-César en pcr- mnladcfi fui tounnanlc ^ 1792. V.
riKiiic. Cet cMiseiiiI>lc iiiaji'SliuMix for- S/i/'/fcs myvn' vcl minus notœ Pc^
niait nn ovali" anionr (lu([ui'l JlaicnL dcinoulil^ 18015, i vol. YI. Dis-
ronrcscnlés, daiisniic riclic bordure, scrlulion sur uni', cspccc d'acacia
Ii\s myslèrrs delà passion de J.-C. et qu on peut substituer au séné me-
delà vie do la Vicrj^e. Bcllangc est dicinal , i8o5, 1 vol. in-B". VII.
morl àlSancv, vers le milieu du 17" Discourssurlcs dijjcrcntcs espèces
siècle. B — N. de rhubarbes cullivccs en Picmontf
BELL AUDI (Charles-Louis), Turin, 1806, i vol. VIII. Addita-
ne h Ci|;liano dans le Verccllais eu mentuni novi generis ad Florani
174^1, d'une famille consacrée dès pedemontano-gallicam^ i^o'j .YK^
long-temps a la médecine, prit le E xpcriences pour substituer Ihude
doctoral a Tunivcrsilé de Turin, y de noix à celle d'olive ^ pour les
fut reçu membre du collège de mé- manufactures de laine , 1812, i
decinc : i! se livra spécialement a vol. Bellardi était membre des aca-
Tctude de la bnlani(pie , fut le col- demies des sciences et d'agriculture
laboraleur dWllioni, pour la pnbli- de Turin, des sociétés liiinéeunes de
cation de Touvragc classique intitulé Londres , de Paris , de Rome , etc.
yioi'apedcmontana^ cl fut en mcmc II avait entrepris nnc bistoire cbro-
temps le maître des DesoufTrin , nologique des professeurs et des
Ugo , Cumino et Jean Vialc , ce- recteurs agrégés du collège de me'-
lèbres botanistes. Le jardin bolani- decine de l'université de Turin de-
que du Valentin fut coudé h ses soins, puis 1720, époque de sa nouvelle
et il y établit nn ordre admirable, organisation, sous le roi Victor-
Ce fut par ses conseils que le peintre Amedée II , jusqu'à 1820 au temps
Bottion et sa fille entreprirent la de Victor-Emmanuel qui abdiqua la
collection coloriée et si précieuse des couronne. G — c — y.
plantes et arbustes les plus rares, qui BELLAîVT (Nicolas-Fran-
a été continuée et soigneusement çois), célèbre avocat de Paris , naquit
conservée a la bibliothèque royale, dans celte vil'e le 20 sept. 1761.
Bellardi fut aussi membre du conseil Son père , bonnèle charron, le plaça
sanitaire , et pratiqua la médecine au collt'ge Mazariu , et ne négligea
avec beaucoup de succès. Devenu le rien pour lui procurer une bonne édu-
doyen des médecins, il mourut k Tu- cation. « Le ciel devait une récora-
rin en 1828, laissant de précieux pense a cet homme vertueux 5 il la lui
manuscrits a sa famille. Parmi ses donna dans son fils : 3> celle pensée,
ouvrages publiés en italien et en latin, que Bcllartappliquaunjour au pèrede
Dous indiquerons les plus remarqua- Fcrey dont il prononçait l'éloge, nous
blés: I. Moyen de nourrirlesvers à pouvons l'appliquer au sien. Déjà en-
50/C, sansjcuilles de mûrier. 1787, traîné parce caractère vif, ardent^ qui
I vol. in-8". II. Obserifations bo- Ta toujours distingué, il be montra
toniques (li'cc un appendice à la impatient de la discipline d^is écoles,
\JFlore piémontaisCj 1788, i vol. et manqua ce qu'on appelle ses hu-
iiii-8*^. IIÏ. Appendix ad Florani manilés : il lisait au lieu d'étudier.
pedemontanam ^ jj()i 'y réimpri- Sou éloculion et son style s'en res-
tmé a Zurich. IV. Obserrations sur sentirent toute sa vie : ses périodes
\le ver solitaire dont un de mes furent tantôt diffuses , tantôt morce-
492
BEL
lées à rinfiiii; car le propre d'uu défaut,
c*'cst (le se changer clans le défaut con-
irairc. Au sortir du collège, Bellart
Ee fil pas ce qu'il eût fallu pour re-
médier à sas premières éludes : pa-
rent du fameux praticien Pigeau^
alors procureur au cliàlelct , il entra
chez lui comme clerc h seize ans ,
devint maître y plaida ce qu'on ap-
pelle les nlférés devant M. Augran
d'Alleraj, et se distingua dans la
dernière basoche dont rimlépendancc
et même la précoce ambition sont con-
nues. Tout antre que Bellart se fût
perdu dans cette fausse éducation, car
tout le monde sait que la science du
jurisconsulte, fort peu cocnue aux
écoles de droit et au palais, est toul-
a-fait ignorée chez les procureurs.
Bellart fit son droit, comme il avait
fait SCS études , c'est-a-dire assez
mal, parce qu'il s'occupait eu même
temps d'autre chose. A peine sa-
vait-il le français et le latin qu'il
8e mit à étudier h la fois l'anglais,
l'italien, l'allemand 5 c'était, comme
dit Kivarol , se donner cinq mots
contre une idée. Lors(p»'il commença
h s animer parl'exemple de Gerbicr et
deBonnières , qui remplissaient alors
le palais de leur renommée, il crut que
des essais de déclamation dramalicpie
])Ourraient concourir ason succès; et
il s'exerça, avec quchpics jeunes con-
frères, il réciter des scènes de Cor-
neille et de Bacine (i). TS\)us savons
^i) Boriiint ft Lrpidor s'exerçaient nv«»c lui.
Tiilinn , Hciii niiii , ijui nr se dniitnit pas nicorii
tir sa vociiloii , n%y.is jirôs du lojrr, m- piciiiit
iiuriiiiv p;irt h cri r»ci(i«i's , rt jivuil l'air iiidil-
frrcnt aux l>«;iiitr'« do no» auti;ui's Ira^'icpn-s.
(11! lin (ut (pi'ji|ii«'<i ([r lon^^umt iiiKlaiicfs iju'il
roMitfiitit riiiiii i^ (loiincr dr> i'r'|dii|iii'S, !•' iiviii
n lu iiiNiii. Il liil d'alxinl disciplr dit Drlliui,
lui «pii di-vail un jour dcvi-iiir uiuitrr do lu
fi«:«iiu. Krll.irlct Taliiia n-sli-rriit loiijour* ainlH.
I.n pn-inicr aimait niroro , duns Ich iIctnicrH
li'iiips de sii vil' , il lir*' > ilaii^ m's M*ir<'ws ,
Koit livre kii sd-iir, soil livre (pirli|iii'.H amis ,
lies sit'iu-s «l(> iii>( Ir.ifji'ilies. I.'avoc.it »i» moll-
irait alors ai-li^tc , et »eii.l>l.iil rappeler ipio
BEL
qu'il y eut quelque succès. Tout sem-
blait lui présager un heureux début:
cependant il commença lard, et ce ne
fut qu'en 1785, klàge de i»5 ans, qu'il
se fit inscrire sur le tableau (2). Alors
cueillaient déjà quelques précoces lau-
riers de pilais et d'académie, Turlin
et Godard . auxquels la nature avait
tout départi, que l'ère nouvelle allait
é!ever,et que l'on vit en quelque sorte
ensevelis dans leur triomphe j le
premier surtout , qui fût peut-être
devenu un Talma sur la scène , aussi
bien qu'un Ccrbier au parlement,
était le condisciple, l'ami et même lii
maître de Bellart. Sa mort à 2 y ans,
au moment où il allait recevoir un
nouveau prix littéraire, celte mort
pleine de piété à une époque si
étrangère a la juété, fit sur Bel-
lart une impression si profonde qu'il
a depuis avoué n'en avoir jamais res-
senti de pareille , que seule elle
chani^ea sou caractère, et qu'il en
devint plas laborieux, plus grave, plus
moral. Son talent et sa répuialioii
commencèrent avec la barre révolu-
tiouuaire. Ce fut devant le tribunal
du lyaoïit 1792, devant des juges
(le sang , qu'il fit son véritable début.
La il eut , l'uu des premiers , h met-
Ire en action ces maximes que Vol-
taire, Beccaria, Servan, Dupaty ,
et Godard (5) venaient de mettre eu
honneur, el qui, à force de philan-
Iropic et de .subtilité, élèvent sou-
vent l'accusé le plus convaincu h la
hauteur de l'honnête homme, et en-
Uosciiis avait éti< le prcinifr ami de l'oraliur
romain. V — vk.
(a) A eetle « poipio , il occupait dil-il , un
ynmrf jiftit lo'^i-ihvnt ihri un boui-Uonni«r ; et
r'e: t là ipie phis tard , llérault do SérlirlUs ,
uvoiat-"éiier.il au ii.irleiiicul , alla !• visiter.
(1) ri(id.ird piililia en 17S7, et vif trinuiplirr
Uois mois «près . au p..rieiiieiit de Pijmi , le tlir-
nier M'-moirv en n/iiihililulion dfs loiifi d'Ain. ly-
lii-Diir, a lu reipièle tecnfitulc iftocUol , i^ui tut
ilepiiit pr< r>'l du laSoine.
Vilopponl (|ut'l(|iuTuls (l'un ilouin si nc/rcii, alors iniiii.slrr de rinlcriciir.
pir.lMiT.issaiil pour L" îu<;(' les l'alls Là il c-i;l pour collaboralcurs ses con-
(li* la plus compKlr é\i(lciic('. On frères Gairal , Lépidor cl Bonnet,
(lut au munis alors à cva nouvelles Lor.scproii eul rctai)!i une oml)re de
idées le sa'ut de plusieurs vicli- niaglïlralure , prcféranL le titre de
mes; el ce lut Hcllart qui eut le dcfenscuv oflicieux a celui d'em-
morite de les faire triouiplicr en ar- ployé, il se retrouva au barreau ce
radiant successlvcinenl aux bourreaux, <[u'il y avait été, au prcrai?r rang
madamedellolian, Dufresne de Saint- par le talent elle bonheur; seulement
Léon, et Lacoste, dernier ministre il faut dire qu'il réussissait mieux au
de la marine sous Louis XVL Une criminel (ju'au civil; car il avait alors ,
circeiLstancc remarquable dans le comme il cul toujours, plus d'àme et
Irlompite de Bellart pour IM"'*' de de ciialeur que de logique, plus
Kohan mérite d'èlre rapportée. Il (rimaginalion que de connaissances,
avait parmi ses auditeurs un liomme Kous l'avons cnlendu raconter qu'il
qui fondait en larmes durant sa plai- avait défendu , et fait innocenter
coirie, et lorsqu'il eut cessé de par- en tout vingt -trois accusés de
1er, lorsque les juges se furent retirés crimes capitaux. Après le i 3 ven-
pour délibérer, cet bommcs'approcha démiaire , nommé d'office à minuit
de lui , et dans un transport de con- pour défendre devant un conseil
Aiction et de sensibilité s'écria . ce Ce de guerre le général Mcnou , qui
sont des monstres, s'ils la condam- n'avait pas combattu avec assez de
rent. » Cetbomme, c'était Fouquier- vigueur pour la convention nationale
ïaiuvillequi,quclqucsmoisplus lard, contre les habitants de Paris, il le fit
devait envoyer tant de nialheureuî acquitter. Sous le directoire, il dé-
a la mort ! Dans la défense de fendit l'abbé Salamon échappé aux
Lacoste, celui-ci tout émerveillé dit massacres de septembre, et accusé do
(pfil V avait écoulé couwie s'il s'é- conspiration; enfin, sous l'empire ,
tait agi du salut d'un autre, Ti Moreau et mademoiselle de Clcé.
D'aussi beaux succès plaçaient nalu- Cette fois il fit violence h la nature.
Tellement Bellart sur la ligne des La parole avait épuise son lempé-
avocats entre lesquels Louis XVI dut ramraenl vigoureux 5 le glaive , si on
choisir un défenseur : on sait que p^ut le dire, avait cbez lui usé le
Troncbet y pensa un moment, et nous fourreau, el il se voyait obligé do
ne craignons ])as de dire que, bien que renoncer à la plaidoirie. Il recueillit
plus jeune, il ne fût pas resté plus ses forces pour lutter et vaincre une
qu'un autre au-dessous de cette grande dernière fois , el ne quillcr le barreau
el honorable mission. Après cette ca- qu'en y laissant une grande impres-
lastrophe, tonte liberté' cessa pour la sion et un mémorable exemple. Le
défense, et il n'y eut même ])lus de succès répondit a ses efforts : son
sûreté pour les défenseurs. Bellart plaidnver pour mademoiselle de Cicé
passa les deux années de la terreur est un modèle de simplicité , de raî-
successivemcnt a Ilondeur, h Me- son , de chaleur et de conviction,
lun, h Franconville. Bevcnu a Paris II mil bas les armes a quarante ans.
a la première lueur de justice, il jNalurcllemenl généreux , et d'un
entia, couune chef du bureau des coup d'œil juste, Bellart méritait
armes, daus l'administration de Bé- peut-être d'autres succès que ceux
A94 BEL
du palais. Bonaparte , qu'il avait
connu dans le salon de Béuezech ,
le nomma l'un des membres du pre-
mier conseil-général du déparlement
de la Seine , et mil aiusi, sans le sa-
voir, la plume k la main de celui
qui devait, non pas causer, mais au
inoins constater sa déchéance qua-
torze années après! On a prétendu
que Bellart ne se soumit jamais a
Bonaparte, qu'il ne défendit Moreau
de sa plume et de ses conseils éner-
giques que par baine pour son rival j
qu'après la condamnation du géné-
ral , Napoléon eût banni Bellart de
France sans les prières de Regnault
de Sainl-Jean-d'Angély 5 que lors-
qu'on lui présf'Utait le conseil-général,
dont Bellart élail souvent le président
et l'orateur , il affectait de parler a
tous ses membres , lui excepté : nous
savons que tout cela manque d'exac-
litude. Loin de la , Bellart donna ,
comme tant d'autres , des louanges au
chef du gouvcrnemenl • il le proclama
hautement , et même quchpiefuis sans
nécessilé, « grand homme. »I1 Cl plus,
il loua jus(ju'K la flatterie , dansTi^'-
lo ^c de F crcy ^wn homme bien moins
digne d'éloge(4) qn^' It' premier guer-
rier de notre siècle. El , de son côté,
Bonaparte le nomma, ou le souffrit
du moins sans peine au couscil-géné-
ral 5 il pensa même a le faire entrer
au sénal en i8o5. Cependant on sait
<[u il n'aimail pas les avocats. Bellarl,
bien qu'il fût h celle épo(jue hors du
])alais , en étail encoi'e riioinieur, et
jnêmeràuje. Jl fi'iurait dansle conseil
de tous les grands piocès , et il assis-
tait régulièrement à loulesles séances
(hi conseil de discipline, dont H élail
le président. C'est li ces litres cpi'il
fut choisi en 1810 pour prononcer
l'éloge dcFérey , en présence de Tar-
(4) Cunibaccrt^
BEL
chl-chanceller de l'empire , et qu'il
mêla k cet éloge des louanges pour
celui-ci, que la circonstance explique,
il est vrai , mais dont il se serait
cependant abstenu , si son opposi-
tion eût été aussi prononcée qu'on
l'a prétendu. Ainsi rien ne devait
faire présumer l'explosion soudaine de
Bellart contrelNapoléon au moment de
sa chute. Il était encore a cette époque
membre du conseil-général de dépar-
tement- et c'est en cette qualité qu'il
fut le promoteur et le rédacteur de
cette fameuse adresse du i^"" avril
1 8 i/f , qu'une seule phrase fera assez
connaître. « Vos magistrats seraient
traîtres envers vous , si, par de viles
considérations personnelles , ils com-
primaient plus long-temps la voix de
leur conscience : elle leur crie que
vous devez tous les maux qui vous
accablent à un seul homme le
plus épouvantable oppresseur qui
ait pesé sur l espèce humaine. »
Si l'on se rappelle (ju'il n'y avait en-
core alors ni abdication ni déchéance,
et si l'on n'admet pas dans sa plus
grande étendue le dogme de la légili-
milé , c'était véritablement un acte
de rébellion j enfin si l'on songe au
caractère connu de Bonaparte , si l'on
se rappelle ([u'il était alors k Fontai-
nebleau a la tête d une armée , on
concevra dans (juels périls s'était
jelé le rédacleur d'une pareille piè-
ce (5). Inllart rei^ul de Louis XVllI ,
pour récompense, des lettres de no-
blesse , un brevet de conseiller d'élat
et de grand dilicler de la Légion-
ci Honneur. Les autres signataires
eurent la croix de cet ordre, sur
la demande qu'il eu Cl pour eux.
On conçoit tout Tembarras où dut se
{'■■>) HciDi iiiciiil>rc.s «lu ronspil-pnn rul icfiisè-
iciil r('}iri)(l,)ia tic .".igiuT ccttr Jiilir.tsci ri ils n'fl»
«Mil pn» iiuiiiM (fiiisrrvo (tes Cnn>li)i» iiii[>ui'tdnts
$uu3 la l'ustaur.iiioii.
BEL
irouvcT r»cllarl, loricpu', Tanuce suî-
vanle, riioninu' (lu'll avait alta(|iic
avec tant de vuiloncc vliil ressaisir le
pouvoir. 11 iK' lalliMuiit j)as dans la
capitale: (piclijui.\s jours avant le 20
mars , il s'en était cloij^né avec Péri-
gnon , sou ami et son collègue au con-
seil lie (léparlemenl , emportant une
raii)le somme île douze mille francs ,
prii de sou argenterie iju il venait de
vendre. Il se réfugia d'abord en Hol-
lande, puis en Angleterre 5 et ce fut
la qu'il apprit qu'un décret impérial
ordonnait la saisie de ses biens, et
Texccptait de Famnislie avec un petit
iiombre d'autres. Il rédigea a cette
époque une Apologie de la légitimité,
que l'on regarde comme l'un de ses
meilleurs écrits. Revenu h Paris aus-
sitôt après le retour de Louis XVIII,
il fut nommé procureur-général dès
I le i4- août 181 5. Une note de la
main de ce prince , trouvée dans les
papiers de Bellart , atteste qu'il
eût voulu dès lors le faire procu-
reur-général a la cour de cassation ,
et que M. Mourre ne fut préléré
que parce que cette place semblait due
a son ancienneté. — Ici commence
une nouvelle vie pour Bellart , une vie,
on peut le dire , toute mililanle. Il
combattit eneflet , a la vie ,a la mort,
pour sa légitimité chéiie. Sa première
procédure fut un acte d'accusation et
un réquisitoire très-hardi sans doute,
mais aussi , il faut le dire , très-pas-
sionné contre le maréchal Ney , l'un
des fauteurs du 20 mars, qui n'é-
tait pas, au reste , plus coupable
(jue bien d'autres. Le défenseur of-
ficieux des victimes de la révolu-
lion dut se faire une grande violence
four se trouver alors l'adversaire de
une des plus remarquables de ces
victimes (6). Moius malheureux lors-
BEL
495
(6) Bellart crut rtinplir un duvoir. .Sps .iinis
Tout TU, comme moi , le jour mOmc où il fut
que , cinq années après, il attaqua
Louvcl dans la iiièmc enceinte 5 tout
le monde , cette lois , criait vengeance
avec lui. Après avoir poursuivi cha-
leureusement les personnes, IicUart
poursuivit bientôt les livres et les
journaux. Préoccupé du sentiment de
leur importance, il s'occupait plus
spécialement de toutes les alfaircs fjjui
les concernaient. Son soin le plus em-
pressé était de choisir les plus exercés
de ses substituts, et de leur donner
des ordres de poursuite et des plans
d'attaque. MM. Marchangy , de
13roé, Vatimesnil, étaient ses auxiliai-
res de prédilection. Lorsqu'en 182 5
il s'agit de la fameuse poursuite géné-
rale des journaux , représentés par
le Constitutionnel et le Courrier ,
Bellart , averti par la douleur et les
médecins de renoncer à des travaux
pénibles, voulut cependant compulser
lui-même tous les dossiers , et dres-
ser l'acte d'accusation. Cet acte , du
2 5 aoiit 1825... (un an juste avant sa
mort !) considéré, indépendamment de
l'esprit qui le dicta , est peut-être le
plus remarquable qu'il ait rédigé. Ou
y trouve toute sa capacité relative ,
toute sa chaleur , toute sa jeunesse.
Il fut vaincu néanmoins , mais il s'en
consola en disant :
Dans un noble projet on tombe noblement.
Un second point auquel il ne tenait
pas moius qu'à refréner les journaux,
c'était ce qu'il appelait \di circulation
ç^raduelle des officiers de son ressort.
Il ne voulait pas qu'un juge ou un
membre du parquet put arriver a ce
chargé de poursuivre , devant la chambre îles
pairs , l'infortuné maréchal , pi-ofomlément af-
fligé , c;au jusqu'aux larmes , d'avoir à accom-
plir cette triste mission. S.i digne steur ne ca-
chait point sa larmes. On l'accusa dans le
même temps d'avoir favorise l'évasion de Laval-
lette [Voj. ce nom, au Supp.) ; mais, si cette ac-
cusation est fondt-e , il est probable qu'en cela
il ne fut q-ic l'exécuteur d'ordres venus de plus
Uaut. V — YM.
,
If^G
BEL
titre K Paris, sans avoir été cl'aI)ord
aux petits sièges du ressort , puis aux
médiocres et aux grands, suppléant ,
substitut , juge , juge d'instruction ,
vice-président , président , procureur
du roi , etc. Ni l'âge , ni le nom , ni
la fortune , m la capacité même ne
l'arrêtaient 5 et pourtant il avait été ,
lui , tout cl'un coup , d'avocat fait
procureur-général! Ce système, dont
on commence a se départir, est tout-
à-fait subversif d'une sage adminis-
tration de la justice; car il exclut la
connaissance des personnes et des
lieux, dans le magistrat, qui doit le
mieux les posséder. Il est l'effet et la
cause de l'esprit démocratique^ et Bel-
larl faisait ainsi de la démocratie sans
le savoir. Cet boiume, qui fut toujours
zélé, honnête, mais (jui parut étroit
dans le ministère public, le fut aussi
dans le conseil d'élat et h la chambre.
L'a , il n'était pas du tout a sa place.
T^îomnié député de l^arls en 181 5,
18 16, 18 18 et 1 821, il ne se lit con-
naître, comme la plupart des avocats,
que par de petites allocutions et quel-
ques discours sans autorité , et .sou-
vent contradictoires. C'est ainsi qu'il
vola successivement , en reconnais-
sant candidement ses erreurs , des lois
contraires sur les grandes (|uestions
des élections et de la presse. L'avis
des ministres les plus opposés était
d'avance le sienj et, ce qui est plus
remarquable , c'est <jue c'était tou-
jours par conviction et iiu'mepar en-
traînenienl! C'est ainsi ((u'il. se mit suc-
cessivement K la suite de M. l)eca/cs,
pour la liop lamrusc conjuration bo-
napartiste de i'icignier , et pour
l'allaire non moins ridicule des roya-
listes , dite (/u boni de Veau j «'! à
la suite de U. de Villèle pour faire
une guerre stérile, et, si nous osons
le dire, de don Quichotte , coutie
\{i C\)nstitulit>niul et le Courrier.
LEL
C'est ainsi qu'il fît partie , en i 8 i4j
de la commission des biens d'émigrés
non vendus , de celle de la loi sur la
propriété littéraire , et de celle de
révision du Bulletin des Lois , etc.
ISious Irouvons ici l'occasion de le
dire, et ce sera la conclusion politi-
que'de cet article : l'avocat le plus
savant , le plus éloquent , le plus
honnête, précisément pour cela, est
essentiellement l'homme de la famil-
le : il est nul , il est funeste , et même
ridicule , lorsqu'il veut être l'homme
de l'état. Bellart , qui liquida admi-
rablement la fortune de la duchesse
il'Orléans , et qui pour cela reçut une
tabatière d'or, ornée de son portrait
et de diamants^ de la main de son fils,
était le plus pauvre administrateur
de la justice dans le ressort de la
cour royale de Paris. Fatigué des af-
faires qui lui étaientlc plus naturelles,
il n'avait garde de vouloir se mêler
des autres. Sorti de la chambre, il
voulut même, a plusieurs reprises ,
quitter le palais, aussi préoccupépeut-
être de la fin de la monarchie que de
la sienne. « Nous périssons de méta-
physique , M disait - il dans son discours
sur la nécessité de rendre moins lar-re
la loi d'élection. INous l'avons ouï ,
peu de temps avant de mourir , déplo-
rer a l'avance nos malheurs publics 5
et ses dernières années furent , comme
celles de Benjamin Constant, seule-
ment par des raisons dillcrentes ,
plciues (le tristesse cl même de rai-
.santliropio. « Vous avez , lui dit
Louis XV'IU, le malheur d'être pro-
cureur-général , comme j'ai celui
d être roi. Tant que je serai roi ,
vous serez, mon procureur-général. »
Il le fut même de .^on frère jus(prau
jour où , prolitanl d'un iiilervallo
<l\idoucissemenl \\ ses maux , il alla
in personne déposer sa démission
nux pieds de Cnarles X , (pii le vit
BV.l
nioiuir (iiu'hjiios joiirs .iv.inl d'avoir le
temps lie lui iiomimT un Nuccesscur.
Sou ilornitT travail , crlui (ji\i préci-
pita sa lin, lut rexamen ( (piil pou-
vait pourtant nhauilonncr à d autres)
(les niarcliés de lîavonnc , reîatil.sa
la çniorrc d'i'lspai^'ue, el dont le pro-
cès se poursuivait à lac(»ur tifs pairs,
llécoutait encore son substitut (jui lui
eu rendait compte le jour où il reçut
les derniers sacrements , et lorsqu'un
compte si diftérent devait Toccupcr.
Depuis (juel(|ue temps , le conseil-
général (|ui lui devait tout, et auquel
il devait encore plus, avait la boulé
d-^ se tenir dans sa chambre. Le
mal qui menaçait sa vie depuis plu-
sieurs années, était dans la vessie:
il en mourut au bout de 5 jours de
délire , le 7 juillet 1826 , h peine
âgé de soixante-cinq ans. — Après
avoir passé en revue , dans l'ordre de
leur date ou de leur importance, les
principaux faits de la vie de Bellart,
nous devons dire un mot de son ca-
ractère et de son talent. Ses faiblesses
venaient de saprofesslon , ba force de
lui-raêm-e. Elève distingué du palais,
nourri dans ce dédale sans til , où
se neutralisent les lois et la vérité ,
il eu avait l'incertitude et quelquefois
rignorance et les passions. On trouve
des sopliismes, quelcpielois grossiers,
dans ses plaidoyers les plus applau-
dis. Il lit dans tous des concessions
aux erreurs du moment. Amant
sincère de lareli2.1on considérée va-
guement, il allait jusqu'à préférer les
libertés du palais a celles de l'église^
el il redoulall, comme iM. de Montlo-
sler, c'est-a-dire comme un enfant, le
clergé , ou la religion réalisée. La
congrégation suituul lui faisait peur,
et à cet égard on ne peut nier (ju'il
était dupe des mensonges d'un parti
qu'il combattait cependant avec au-
tant de courage que de dévouement.
LVU.
IILL
/«D7
L'inccrlllude de ses opinions se iiia-
nlfcslall d'ailKurs dans ses choix :
il présentait snuidlanémcnt , il aj)-
puvail avec une chaleur égale MAT.
dcr)roé etValime>nil, IMarchangy et
de Helleyme , de llavlgnan et S.igol.
Au sacre de Charles \ u llelms , il
fut nommé de la commission des grâ-
ces. U méritait cette faveur. Sa bonté
pour les autres se tournait en sévérité
contre lui. ce J'ai sûrement erré quel-
quefois, dit-il dans la jyrclface d'un
Clioix de scsplaidoj'-crs; quel hom-
me est inCaillibleV J'ai eu des idées
qu'aujourd'hui je raodiHerais, éclairé
par l'expéri 'uce , qui , pour moi , n'a
pas été stérile. 5) Les hommes et la
fortune ne lui en faisaient point ac-
croire. Lorscju'il s'agit de formuler ses
lettres de noblesse, eu i 8 i 4. , et
que M. Geoffroy , un des référen-
daires du sceau, lui soumit des mo-
dèles d'armoiries :« Je les trouve iort
bien , dit Bellart, mais cette fleur de
lys que j'y vois pourrait me donner
\m peu d'orgueil, je voudrais placer
dans mes armoiries quelque indice
de mon origine : je suis le fils d'un
charron (7). » M. Geoffroy imagina
de lui proposer un traiichet d'azur
a la fleur de Ijs d'or et d'argent, h
la cou^nce de sab'e qu'il accepta.
Eu 1824-, le journal le Drapeau
blanc avait semblé trouver au-
dessous de Ik'llart une place de con-
seillera la. cour de cassation j il adres-
sa a ce journal une lettre qui offre nu
précis de sa vie politique, et donne
une idée assez juste de son carac-
tère et de ses illusions. « Votre arti-
« cle devrait me pénétrer de recon-
« naissance , écrivait-il h Marlaln-
« ville (pii rédigeait ce journal ,
ce même pour feiaspéraliou de bien-
(7) Dans le temps tîc sa plus grande ••léva-
tion , il siiiinit autant à \v dire que d'aulies au<
laicut aimé à l'oublier eux-iuciiios. V — va.
32
498 BEL
« veillance qui l'a dicté. Pourquoi
ce faiil-il (ju'i! me navre pour les ef-
« fels qu'il pourrait produire? Je ne
« saurais supporter l'idée qu'on sup-
« posât un seul instnnt qu'il ait été
ce ou sollicité ou même inspiré par
« moi; il me donnerait des apparen-
ce ces de folle ambition et de mécon-
« tcntement , qui, Dieu merci ! sont
ce aussi éloignées de mon caractère
ce qu'ils seraient contraires a l'exacte
ce justice. Eh! de quoi serai-je donc
ce désormais ambitieux 7 Si j'ai été
ce assez heureux pour rendre quel-
ce ques services , c'est sincèrement,
ce Monsieur, c'est du fond du cœur
ce que je crois en avoir été récora-
a pensé bien au delà de mes mérites,
ce J'ai élé coniblé des bontés de mon
ce roi , créé noble , honoré d'une
ce fleur de lys dans les armes que
ce S. M. a daigné m'accorder, corn-
ée mandeur de la Légion-d'Honneur,
ce trois fois procureur-général du roi
ce près la cour des pairs, cinq ou
ce six fois présitlcnt dos élections de
ce Paris, procureur - général de la
ce première cour royale de France,
ce conseilbn- d'étal, maître des re-
a quêtes de Monsieur y appelé a
« l'bonneur insi<rne d'avoir élé l'un
o
u (h's témoins du mariai^e d'un Ijour-
ce bon , investi d'une foule d*aulres
ce fonctions de confiance 5 et , ce qui
ce est bien autrement précieux pour
ce moi , ayant reçu on cent occa lions,
ce des bouches les plus augustes, des
ce témoignages de satisfacllon, cl j'a-
ce jouterai avec orgueil , d'altecliou
ce personnelle, je serais véritablemeut
ce un monstre d'amliilion si la mienne
ce n'élail pas assonvie. Elle Test, mon-
« sieur, elle l'est par-dess!is lousnus
ce vœux j et b)rsvjue, depuis (juinzc
ce mois, je soUicile un travail plus
« approprié, non pas ii mon zèle ,
« qui ne «'éteindra jamais , mai? h
BEL
V. mes forces , qui ne suffisent plus
ce aux détails dont je suis accablé ,
ce ce n'est pas moi qui me plaindrai
ee si je suis assez heureux pour ap-
ee partenir a une cour au sein de
ee laquelle, sous quelque litre que
ee ce soit, je regarderai comme un
ce honneur inBni d'avoir le droit de
ce m'asseoir. Je vous demande de
ce vouloir bien insérer ma lettre au
ce plus prochain de vos numéros ; je
ce vous le demande comme un dédom-
ee magenient du chagrin que , contre
ce votre intention , vous m'avez dou-
ée né. 53 Bellart était modeste , mais
quelquefois plein de dignité, parce qu'il
était fort: il refusa toujours de se met-
tre sur les rangs pour l'académie , ne
voulant pas qu'on pût dire de lui ,
comme de l'avocat Target, qu'ily était
Gniré pour mémoire. Avocat, il avait
donné de rares exemples de désinté-
ressement • il ne posséda jamais que
la maison qu'il habitait au Marais
et le pelit domaine de Cercay , près
de Ikuuoy , où il allait en famille
culliver les fleurs , un Linné a la
main, oublier le palais , et s'oublier
lui-même. Lorsque les traitements
lui survinrent avec les honneurs ,
il ne s'en trouva qu'un peu plus pau-
vre : il pensait , et nous le lui avons
entendu dire , que donner aTélat ,
comme a son père , c'est rendre.
Cependant i il vendit ses propriétés,
au temps de sa plus haute prospé-
rité, ce ne fut certainement point
par besoin. Klfravé du séipiestre que
Ijonaparte avait mis sur ses biens a
sou retour de l'île d'Elbe, en 1 ii 1 5 ,
cl mieux plaré qu'un autre pour
apercevoir la bublesse de la mo-
narchie dm Bourbons , ii la(|uelle il
avait attaché son existence, il s'assu-
ra jirudemmcnt un a\enir dans Té-
Irauger; et ce fut sur les fonds an-
glais qu'il plaça la plus grande partie
BKL
<le sa fortune. Il laissa eu mourant ,
après (juaraiilc aus de travaux eld'é-
coiiDiuie, une soiiiinr de {\vux cent
mille lianes, sur la(|Uille il lit encore
des legs de piclé rt de Menfaisance.
Le conseil-i^i'uéral décida, à Tunani-
iniléjle 8 juillet 1826 , (juc la ville de
Paris se diargorail de ses funérailles;
et le roi lit une pension de 5 000 fr.
K sa sœur cadette qui lui avait sacrifié
vsa vie dans les revers comme dans la
f)rospérité. lîellarl , qui resta cé-
ibataire, fui dès sa jeunesse grave
dans ses mœurs. Les entants de sa
sœur aînée , madame Bergeron d'Aii-
guy, lui tenaient lieu d'enfants; et sa
sœur cadette était tout sou bonheur
de famille. Il fit élever son beau-frère
du métier de procureur a la charge
de conseiller a la cour royale. Le
plaisir extraordinaire de Bellart était
de voyager 5 et ce qu'il voyait d'utile
ou d'aimable , il savait le conserver
en l'écrivant. Un an avant sa mort
il se rendit en Italie , pour rétablir
sa santé; mais elle n'en devint que
plus mauvaise. Pendant son séjour a
IJrest, en 1820 , il faillit être mas-
sacré, pour avoir voulu imiter , h
contre-temps, l'exemple de Mathieu
Mole. Mais le seuliuient et la vertu
qui inspira toujours, et qui finit
par dominer Beliart , ce fut la
foi. Turlin, son cher Turliu , lui
écrivait an dimanche de 1787 : «Ce
mot me rappelle , dit-il, mon bon et
vertueux ami, le devoir de religion
auquel nous satisfaisons aujourd'hui
tous les deux , et (pii nous réunira en-
core par la pensée. Non , ce n''esl pas
assez pour descœurs comme les nôtres
de s'aimer dans le temps : pour eux
réternitén'esl pastroplongue.» Lors-
que sou élévation l'eut mis a même de
faire ses preuves en faveur de la re-
ligion, il les fit avec sa chaleur natu-
relle: les égliscsde Saint-Jean, Saint-
BEL
^if)9
&'
François, Sainle-EUsabelh etc. , qui
furent successivement ses paroisses ,
sont jîleines de sa muniriceuce. l'.u
18 i4, il voulu! être de la commission
our la restauration de l'intérieur de
olre-Damc. Lorsque le supérieurde
la Grande-Charireuse, Dom Bruno,
vint aParis solliciter, il l'accompagna
dans sesdémarches, et gagna sa cause
comme s''il eût gagné la sienne. Il
faisait partie de toutes les associations
de charité dans la capitale, du conseil
des hospices et de celui i\cs prisons.
L'hospice Saint-Antoine , qui l'avait
pour patron spécial, se ressentira long-
temps de ses soins et de sa bienfaisan-
ce. Il fut non seulement le protecteur
perpétuel, mais l'organisateur et le
vrai fondateur de la maison du Befuge,
où la jeunesse délaissée retrouve des
pères adoplifs souvent meilleurs que
les naturels. C'était dans la même vue
de religion qu'il avait accepté une
place dans le conseil académique.
Lorsque sa mort approcha , sa piété
se ranima , et semblait .«a pensée
unique. Il appela plusieurs lois le
curé de Sainte-Elisabeth. Le jour oii
il reçut le saint viatique, Bellart en
ordonna lui-même les dispositions.
Toute sa famille , ses domestiques
et jusqu'aux portiers de sa maison
devaient être présents; et ce fut alors
qu'il fit une belle reconnaissance de
ses erreurs et de ses fautes de jeu-
nesse , une profession de foi hau-
tement catholique : il la prononça
avec autant de force que jadis une
allocution judiciaire; et il demanda
qu'elle reçut de la publicité. Ses der-
nières paroles, c'est-a-dire une prière,
étaient a peine prononcées , qu'il
tomba dans le délire , « comme si
Dieu , dit son ami BillecoC([ , lui eut
réservé le bonheur de n'être plus
rien pour le monde, une fois qu'il
habiterait en lui. » Ou a de Bellart,
32.
5 00
BEL
outre ses divers plaidoyers ou mé-
jnoires, discours à la chambre des
dépnlés ou discours de rentrée recueil-
lis dans leur temps, et qui ne sont plus
guère que dans quelques collections:
I. Eloge (le M, Férey, avocat ,
Paris, i8[o, iu-8°. II. Voyage
du capitaine anglais MatJiewsàla
cote de Sierra Leone. III. Choix
d(l plaidoyers, fait et publié |)arlui,
avec des corrections, en un volume ,
peu d'années avant sa mort. Dans la
pelile;7rt//«ceildit: «J'ai donc voulu
meDrésentcr tout brutj pour nétre
pas accusé d'avoir ployé après
coup mon langage aux circonstan-
ces. » Ces plaidoyers de clioix
sont curieux, intéressants a parcou-
rir, comme sujets d'étude ou de com-
paraison, pour un jeune avocat • mais,
h quelques .pages près pensées et ré-
digées avec soin , il ne faut guère les
considérer que comme des canevas
d'audience , et leur logique n'est
assez souvent que la logique d'une
partie intéressée, lîellart n'avait ni
la littérature de d'Aguesscau , ni la
conscience de Cochin, ni le trait de
Servan. Son iulériorilé venait moins
du vice de ses premières éludes que
de riiabitude où il était de ne pas
écrire ses plaidoyers. 11 plaidait sur
(le longues notes: car hà mémo ire J ut
toujours fautive , et il le disait ba-
biluellcracut lui-iiième. Son art tenait
toulc sa force delà chaleur de l'ànie,
de l'audace de la parole , et aussi dea
li.'ibiludcs (le ses orjranes. Quand il
s'animait , le sang lui portail ii la
lélc, au point tju'il devenait rouge
comme un homme ivre. Il était d'une
taille élevée j sont front large, ses
yeux comme reculés sous les sour-
cils imprimaient a sa physionomie le
cararlère d'une conviction , d'une
bouhomitr égales a son talent. IV.
IjSsai sur la Icgitiniiié des rois ,
BEL
considérée dans ses rapports avec
r intéré't des peuples^ et en parti"
culier avec V intéré't des Français^
a la date du i*"" juillet i8i5, im-
primerie de Demat, à Bruxelles." V.
Du devoir; discours de rentrée pro-
noncé le 5 novembre 1824, grand
sujet que l'orateur n'a pas tout-a-fait
manqué : « jouissance dans le devoirj
commodité dans le devoir ; intérêt
personnel dans le devoir ; sûreté en-
fin dans le devoir : » telles étaient
les excellentes divisions de l'orateur,
qui, seules, raoutraie?it déjà sa su-
périorité. Il a trouvé très-naturelle-
ment, danslaseconde et la quatrième,
l'occasion de faire une belle satire
contre les crimes de la révolu lion. VI-
OEuvres complètes^ Paris, Brière,
1828, 6 vol. in-S'^. Bellart a laissé en
outre de nombreuses pages décousues
sur ses voyages et mémo sur sa vie
privée et politique (8). Il avait écrit
(8) Plusieurs fragments ciiés dans \fs pièces
jii^tilicalives tle la notice que lui a ctmsjciée
Uil!ct-()cq , son ami île i|uarantf ans , faisaient
tiesircr lu jiuLlIcaiion de te que UcUait a icrit
sur sa vie. On eu jugera par un court extrait.
11 n'avait pu obtenir , en 1793, un certifie;!» de
civisme; il raconte comment un e\-euisinier du
maréchal de Scgur , ali»rs président du comilû
revolulionn^iire de !<a .section, l'avait, tant qu'il
lui fut possible , j)ris sous sa protection ; mais
cnfir) l'ei-euifinier étant devenu suspect lui-
menu- , Urilart alla deiuander un emploi , fut-ce
celui de balujeur , au chef d'une (grande admi-
nistration , qui se disait son ami , t-t pour (lui
il avait gaf;nc un très-gros pmcès. V.e chef crai-
gnit de perdre .sa place, >l même sa lele. Hiifm
un onii plus véritable , IVrrot de C.hé/.elles , l»
conduit eu voilure ii lu commission de.s armes ,
snrleciuai Voltaire: u J'y trouve, dit-il, un hom-
me que je n'avais jamais vu , gros , grand , bien
coifte. l'air très-froid. Il vient à mui (IVrrol du
C.hiielles l'avait prtWeuu). » .lésais voire hisloi-
i< re. nu- dilil , Youn ét«s un homme lr«i.>-«lai\ge-
«I relu; un de vos amis vou^ repousse. Il faut
i< «pi'iiîi iiu'oniiu vous sauve. Je suis cet inconnu.
(I la ; veiiri: ileinain , et j'espère vou.% prouver
« (pi'on peut èlre conlmis^ui^e «le» arnies de In
• republique fraiivaise et «m honm'lr lioiiune. u
(i'i-.ait Iteiiere»h. le même qui depui» (etuni uii-
iii-.'re) n l'ail rendre lu liberté ,1 inadjui!- la duii-
plni.e. Oe tpie Bellarl rapporte de sr^ relnlioii»
awv Hérault ile .Sicbelles est plein d'inleiét 11
vit le famiui l.« pelletier de .Saint l'art;e.ni r»..
fuser , par morgue aristocratique , un diiier à
I4 cauipa^Mie do bikbcllc» , «Tcc im i>rocur«u«
VHisioire tic /'(u/rcssc du i'"^
rtt^nV / il a fait .sagrmciU en s'abslc-
iiant de la piihlior. IJellart portait
ju.scjira la manie l'amour des lettres
et dos circulaires. 11 les écrivait, et
les pensait, avec autant d'esprit et
même de raison ijue de facilité. L'au-
teur de cet article en a reçu plusieurs
de ce genre qui seraient diji^nes d'ê-
tre pul)liées. iiiilecocq , ancien avo-
cat et ami de Kellarl, a publié,
Tannée de sa mort, une Notice liis'
torique, de i i 8 pages (9). Dès 1 8 i i,
ce verlueut jurisconsulte, aussi clas-
sique que Hellarl Tétait peu , le
clianlait a CiTçay dans des vers que
ilome elle-même eut entendus , et
que Cicéron n'eût pas faits :
Tulliut aller
yir probus et rura clicendi est arte périt us.
Erffo vox siluit faCitndn. Parcnli/jiif orùi
Flcvenint pueri , vtduœjlcvc'rc tacentcm !
Consllio fc.'iplisqiie luens ruine jure, clicntum,
Doc/its et iiitcrpres legum emeritusque ma^ister,
Dat misera auxilium,ju¥eni et prœccpta putrono.
M D E.
BELLAVEIIVE (Jacques-
Nicolas) , gênerai français , fils d'un
officier de fortune, naquit h Verdun
le 20 octobre 1770, fut d'abord
simple soldat dans un régiment de
cavalerie où servait son père , et
parvint rapidement, dès le comraen-
cemcnl de la révolution , jusqu'au
grade de général de bri<';ade. Ce fut
en cette qualité qu il fit les campa-
gnes d'Allemagne sous Desaix, qui
avait en lui une grande confiance. Il
comi)allait sous les ordres de ce gé-
néral a Rastadt en 1797, 'orsqu'il.
eut la jambe emportée par un })oulct.
Après avoir subi Tamputaliou il (ut
obligé de demander sa retraite. Il
reprit cependant moiî)enlanémcnt du
service a l'armée de Sambre-et-
nommé Vilry, el peu ir.'iiuKi-s .'iprùs voli-r , avec
lis ri-j>iii>li('ains san&-culuUcs , 1j ukuI do
Ix)uis XVI 1 V— VB,
(çi) Celle notice a eu trois étlitioDs , la tUr-
uitre a cent qHaraii'e poges. V — vi.
BEL
Soi
Meuse j mais bientôt forcé de renon-
cer aux fatigues de la guerre, il fut
employé an bureau lojiograpbirpie ,
puis a l'adminisl ration i\L'^ postes , et
enfin cbargé de l'inspection des éco-
les militaires de Fontainebleau , de
Saint - Germain , et commandant
spécial de cette dernière écoir. Il
fut nommé général de division en
1807. Après la cliule de Napoléon,
en i8i4» il fut créé cbcvalier de
Saint-Louis par le roi, mais pres-
que aussitôt admis a la retraite. Ré-
tabli dans ses fonctions après le re-
tour de Bonaparte en 181 5, il se
montra fort dévoué a son gouverne-
ment, et lui fit don d'une somme de
mille francs pour l'équipement des
gardes nationales. Au second retour
de Louis XVIII , il fut encore une
fois mis à la réforme, et il se relira
a Milly, petite ville du Gàtinais, 611
il est mort en février 1826. Le gé-
néral Bellaveiue a publié un Cours
de mathématiques à lusage des
école militaires , Paris , i8i5 ,
in- 8°. M — DJ.
BELLEGARDE (Antoine
Dubois de), né dans l'Angoumois ,
vers I 74.0 , d'une famille noble , re-
çut une éducation fort négligéej mais
doué d'un beau physique et d une
iaille presque colossale ( près de six
pieds), il fut admis fort jeune dans les
gardcs-du-corps. Au bout de quel-
ques années de service , il obtint par
une faveur très-rare , a celte époque,
la croix de Saint-Louis j mais en-
suite , naturellement vicieux el que-
relleur , il fut chassé de sou corps
pour des fautes graves, el forcé de se
sauver en Pru.^se , où il s'engagea
dans un régiment d'infanterie. La
métier de soldat prussien ne pouvait
lui convenir long-lemps* il déserta
bientôt , revint dans son pays, et s'y
fil la plus mauvaise réputation par
5oa BEL BEL
ses habiludes de joueur et de spadas- rêter beaucoup de monde , enlre au-
tin. Un tel homme ne pouvait qu'è- Ire Lescuycr, qui périt sur l'échafaud.
Ire un instrument de révolution. Dès Bellegarde eut ensuite une mission
les premiers troubles qui agitèrent pour les départements de l'Ouest; et
la France en 1789, Bellegarde s'en il arriva dans cette contrée au mo-
moutra l'un des partisans les plus ment des premiers soulèvements de
enthousiastes. 11 fut nommé en 1790 la Vendée. Témoin de quelques re-
commandant de la garde nationale vers, il perdit son porte-feuille et
d'Angoulème , puis élu par le dépar- son passe-port dans une déroute j et ce
tement de la Charente député h l'as- fait_, signalé a la convention nationale,
semblée législative. Dépourvu de y donna lieu a une longue discussion,
toute instruction etd'éloqueuce, il ne Cependant Bellegarde eut a rendre
put se faire remarquer dans cette as- compte de la rentrée des troupes ré-
serablée que par sa brusquerie et publicaines dans La Châtaigneraie et
l'exagération de ses opinions. Sa mo- dans Chàtillon^ et revenu a la con-«
lion la plus remarquable fut contre vention , il y fit un grand éloge de la
le maréchal Rochambeau. Aussitôt bravoure de Westermann et des gen-
après la journée du i 0 août 1792, darmes Ponsard ei Bonneval , disant
il fut envoyé avec Delmas et Dubois- que lui-même avait donné de l'eau-
Dubaysur la frontière du Nord, pour de-vie a ce dernier sur le champ de
y faire suivre toutes les conséquences bataille, après une action d'éclat. Ce
dé cette révolulion, et trois jours qui doit étonner , c'est qu'a cette épo-
après ces commissaires firent a l'as- que Bellegarde fut élu secrétaire de
semblée un rapport dans lequel ils la convention, et qu'il en exerça réel-
dénoncèrent plusieurs autorités, no- lemcnt les fondions (i). Il eut bientôt
tamment le district et le tribunal de une nouvelle mission a remplir auprès
Péronne. Elu, pendant cette mission, de l'aruiéede Sambrc-el-Meuse, et ce
membre de la convention nationale , fut lui qui envoya de Bruxelles, dans
lîellegarde vint y prendre part au le mois de septembre 1794^» de con-
procès de l^ouis XVI, et non seule- cert avec son collègue Briez , le ro-
menl il prononça la peine de mo/t man de la cage de fer où ils assu-
confre le tyran, sans appel et sans rèrent qu'on avait tenu Drouet ren-
gursis a l'exécution, il contraignit fermé ( /^o^. Drouet , au Suppl.).
encore , par ses menaces et ses in- lîellegarde annonça ensuite plusieurs
jures , ses collègues l>runel et Guim- ^icloiros de l'armée commandée par
herteau , qui le lui ont reproché plus Pichegru , rtson entri'eaAmslerdam.
lard, a v(»ler de la même manière. Revenu à la convention nationale , il
Dès (pic ce procès fut lermmé, Helle- — ^ — -
î^arde partit de nouveau pour la fron- . ^') "'"vaitù pciuo iwti.ogrn,.ho.oi on p«nt
'~ , I IV' I 11- jiigiT «le son si) If par crt nli;ml»llon d une de
lière du INord , cnmnu' membre d nno .-(r.s lettres: « il < prouva «les <liiTiruli.-s pom- su
commission de six représentants, dont 7";f''"" • « /""7'; «i";'- '»«•• •,'i''' """'''t^
I i> . <1'' lu polu»! iiiiintfl II S ext poitrrii , ctc< » Dons In
lui-même avait fait dérréicr renvoi 5 ihrt. tUt jumlins vifnms . qui pnnu m 1790.
,1 , • I ' r' . . in i j, il «si «lit (im- Rrllfcurtlr nvail «« ircr#V«ni#
et il ,sc trouva sur ce point al epo(|ne ^,„,,^ ^,,,,.^ ,„ r.Lsj.o,„lLe ,t a..s>i pour lui
«le la déft'Clion de Diin,t)uriez. IMns iir« loush-s n.iiins i«s jonrtiiiux , pm-r ^'////i,-
1g^ ,1, I •! uiiitil 1X11 lire ttfsez voiinimmi'iil lui-mc'mf. On lui
inircUX que LimUS et l.ancal, il ne rr,.io,he .ravoir . «Innslo , ours de «.•» mission»
int pas arrêté ni livré aux Autrichiens ""» ••«rm.i-», ums-cniotthé i»s ftau-mujtrs .cxfnit
, • 1 .1 p. . . unrier btaueoup U'exçtiïenis offfritrs romme ino-
par ce général j il ht au contraire ar- jcWi. v— vt.
HKT,
s'y montra forl opposé au syslrinc
de inoiléralioii (iiii avait succédé a la
U'rrnir. 11 |ias<a par la voie du sort
au conseil des citi(|-ccnl,s aiii es la ses-
sion coiivtMilioiinclIc , et il y professa
les incnies opinions sans jamais pren-
dre la parole. Av;int essuyé de graves
injures , dans le Messager du soir,
que rédigeait Isidore Langlois , il se
porta un jour contre Thomas Lan-
glois , rédacteur du Censeur, (ju'il
prit pour Isidore, a Ai^s voies de
fait (un coup de poing sur la figure),
et fut ausïitôl dénoncé pour cc'a a
rassemblée qui , par décision du 9
oct. I 796, le condamna a trois jours
d'arrêt dans son domicile. Isidore
Langlois continua de le lympaniscr,
mais avec plus de violence encore.
Bellegarde passa au conseil des an-
ciens en 1798, et fut nommé secré-
taire peu de temps avant le i 8 bru-
maire. 11 était au nombre des oppo-
sants dans cette journée mémoraiile,
et le gouvernement consulaire ne le
comprit en conséquence dans aucune
des nominations qui furent faites a
celte époque. Ce n'est que beaucoup
plus tard qu'il obtint une place d'in-
specteur dans l'administration fores-
lière. Il avait d'ailleurs alors des
propriétés considérables qu'il faisait
valoir lui-même, augmentant cbaque
année sa fortune par son avarice 5
ce qui donna lieu de dire , parmi le
peuple , qu'il s'était emparé des tré-
sors du stalhouder dans la conquête
de la Hollande. Ayant fait partie
de l'assemblée du champ de mai ,
dans les cent jours de 181 5, il fut
compris dans la loi contre les régici-
des en 18 16. A celte époque il pa-
raissait avoir réfléchi sur sa conduite
passée. Dès qu'il eut connaissance
de la loi d'exil , il se rendit chez le
préfet de la Charente, et lui dit avec
un ton de résignation cl de repentir :
')0'>
RLL
« VoiK voyez un grand CQltpable. «
11 lui demanda un passe -port et se
rendil, sans proférer une seule pUinte,
K l'rnxelles, où il est mort, vers
i8:i5 , h l'àgc de plus de fft^'ans.
M— DJ.
BELLEr.Al\l)K (le comte
Hr-T^îni de), né li (>h;imbéri, en 17.58,
appartenait à l'une des plus anciennes
familles de la Savoie. Son père Belle-
garde, comte de Sainl-I\omain, étant
passé au service de Saxe, devint gé-
néral d'artillerie , gonverneur de
Dresde, et premier ministre de l'élec-
teur. Un de ses trois oncles fut
également général au service d'Au-
guste III, et eut pour femme une
sœur du maréchal de Saxe. Les deux
autres oncles restèrent au service de
Sardaigne , et moururent généraux
d"infanlerie. Al'exemple de son père,
de ses oncles et de ion frère aîné , le
jeune comte Henri embrassa la car-
rière militaire, quoique ses disposi-
tions le portassent au moins autant
h la carrière de la dinloiralie qu'a
celle de la guerre. Il entra au ser-
vice dans la légion du campament
( campement ) en Piémont , et en
devint le chef. Mais bientôt l'Au-
triche fut sa pitrie d'adoption. Dès
1793 , il prit part aux grandes
guerres dont la révolution française
donna le siiTual. Au commencement
de cette année, il assista aux sièges
de Mau])eufre et de Valcncienncs.
o
Lors de l'inveslisscmcnt de Landre-
cies, il conduisait une colonne h la
tête de laquelle l'empereur marchait
en personne. Sa conduite lui mérita
l'estime de l'archiduc Charles, et
lorsqu'cn février 1796 ce prince fut
chargé du commandement des armées
impériales en Allemagne , il appela
le comte de Bellegarde a son état-
m.ajor et l'ji lit conférer le titre de
fcld-marécbal-lieuteuaul La célérité
5o4
BEL
avec laqi^llc Bonaparte s'avança daus
ce lemps-iavers les états liéréditaires
rendit inutiles les efîoris que les Aii-
tiicbiens avaient compté opposer h
leurs c^qpenjis dans celte campagne
du Tjrol ; et ({ucl ({ue fût le danger
auquel s'exposait Bonaparte dans .-«a
niarcbe victorieuse , ni l'archiduc ni
le conseil aulique ne crurent assez a
la possibilité de le vaincre , pour se
refuser plus long-temps à des ouver-
lures pacifiques. Bellegarde et Mer-
feldt allèrent donc a son quartier-
général , munis de pleins-pouvoirs
pour traiter d\in armistice et même
de la paix , et ils conclurent avec lui,
le 7 avril , la suspension d'armes de
Judenburg, qui fut bientôt suivie des
préliminaires de Léobcn ( i8 avril),
puis du traité de Carapo-Formio, et
enfin du congrès de Rastadt. Belle-
garde pendant ce temps partagea ,
sur la ligne politiquecpie devait suivre
la chancellerie autricbirnne, les idées
de Cobenl/l plus (jue cel'cs de Thu-
gut , et crut de bonne foi, même
après le départ de Bonaparte pourTE-
gyplc, et l'espèce d'exil de Cobenizl
a ^îaint-Pétersbourg , que la paix
générale se conclurait. Cependant ,
vers la lin de i 798 , Tannée avant la
rupture des conlérenccs de Rasiadt ,
jnais lorsqu'elles commencèrent a ntî
plus olfrir un aspect pacifique et lors
«les haulaines exigences notifiées par
1 envoyé du dirccloire en Suisse a la
réj)ul)lique des Grisons, rarclilduc ,
1)rév()janl un inouvcmrnt offensif de
a pari des Français, coidia la mis-
sion d'occuper le territoire de CCS élals
aux généraux lU-llegarde et Aiif-
lenberg. Tous deux en vtrlu de cet
ordre arrivèrent a Coire le i5 net. ,
cl le 17 il> signèrent une simple et
courir convention dansbupirlle, après
avoir r.ijîpclé les anciens traités des
Grisons , ils en rcipiéraieul l'iié-
BEL
cution au nom de l'empereur , et
en conséquence les Grisous reriiet-
taient k ses troupes tous les postes
et passages importants pour la dé-
fense du pays. L'opération terminée,
le comte alla joindre le général
Wallis , commandant des forces au-
trichiennes en Italie, pour l'avertir de
se tenir sur ses gardes et d'être prêt
a l'action , dès que les démarches des
Français ne lui permettraient plus de
rester en repos. Bientôt arrivèrent ,
sur les frontières de l'Italie et de la
Suisse, les Russes, qu'il avait regar-
dés comme devant par leur approche
déterminer le directoire a un arranje-
ment raisonnable, et dont au reste il
n'aimait pas plus que Cobf ntzil a voir
briller les uniformes sur les terres
possédées ou convoitées par l'Autri-
che. Aussi, lors des conférences qui
eurent lieu entre le général en chef
moscovite , l'ambassadeur anglais et
lai , relativement aux subsides à
fournir aux Russes, vit-on percer sa
mauvaise humeur dans les reprocbcs
(pi il adressa , en présence de lord
Miuto, àS()u\varow,sur lesexcès (jue
ces auxdiaires avaient commis a leur
passage dans la Bohème. Il n'eu ser-
vit pas moins fort utilement pendant
la campagne de 1799- Placé îi la
tète d'un corps de vingl-cini] nulle
hommes qui fjisait partie des forces
\i la disposition de Tarchiduc Char-
les , il lut jeté il la gauche de cette
armée allemande, et chargé d'en lier
les opérations à celles de l'armée
austro-russe (11 lalie, (|ue commandait
Souwarow. 11 appuva ainsi de loin
tontes les m>uuriiv rcs par lts(pielles
le prince fur^a iMas.séua délaissé par
.lourdan K se replier sur Zurich. A
celte épo(pie les victoires meurtrières
de Souvarow ayant laissé dans Far-
mée d'iîalie des vides (ju'il imp(alail
de combler, les vingt- cinq mille hom-
BEL BKL 5o5
mes do Bc'llrgardrallôreiit se nicUrc falMr nvanlagc forl cxallé par le di-
sous le coinmandi'incnl du j^oncral rrcloirc lut crucllemcnl compense
lUise. Celui-ci, daiisK- hul de s'avan- par la dilailr dcINovi, (jul, avec cello
ccr vcr&la rivière du Levant, cliargea de la Trehia , lil perdre li la France
J!elle<!;ar(le d'aller devant 'l'orlone où dans celle campar^ne tout ce (pjc 1796
loulrécemnienlélail entré Cl)asleler, el i 797 luiavaienl donné deconcpH-lcs
eu même temps de former le blocus en Italie. Le matin de celle sauj^lanlc
de la citadelle, et de s'opposer sur ce journée, Bellegarde,;iFre.ssonara, vit
point au passage de Macdonald alors venir a lui le général Kray dont les
revenant de Tllalie jnéridionale, et forcesjointesaux siennes se montaient
clierclianl a opérer sa jonction avec h vingt raille hommes , el (pii prit
Moreau. Celui-ci vint attaquer le le commandement de tout ce corps ,
corps de Bcllegarde, tandis (jue Mac- devenu Taile droite de Souwarow.
donald engageait la sanglante ba- L'aile gauche des Français , comman-
taille de la Trebia , et malgré sa ré- dée par Joubert en personne, était
sistance opiniâtre le força de repasser a Basaluzo, où elle masquait le mou-
précipilammenl la liormida , et d'à- vementd'une colonne qui, aprèsavoir
Landonner le blocus de la citadelle passé la Scrivia, devait marcher sur
de Torlone. Quelques jours après, Tortone par Cassano di Spinola, en
( 9 aoùl , etc.) , tandis que Joubert suivant les montagnes. A cinq heures
était envoyé de Paris pour prendre le du malin Kray et Bellegarde s'avan-
commandement en chef de l'armée cèrenl contre cette partie de l'armée
française , Bellegarde s'emparait des française et rattaquèrenl. Les Fran-
posilions de Terzo et de Bislagua , çais tinrent avec la plus grande u-
en avant d'Acqui, ainsi que de tous gueur pour gagner les hauteurs et
les points importants dans les vallées tourner Novi , et le combat fut ter-
supérieures de rOrba, de TErro et rible. A six heures, Joubert, en con-
de laBormida. Le i 5 , trois colonnes duisant son infanterie a la charge ,
françaises l'en délogèrent sans grande tomba percé d'une balle. Les Autri-
diflicullé, s'il faut en croire le com- chiens n'eu furent pas moins obligés
inissaire anglais Graham. Souwarov\', de rétrograder , et, après plusieurs
ayant choisi pour champ de bataille heures d'efi'orts souvent réitérés , ils
la plaine entre la Scrivia et la Bor- abandonnèrent l'entreprise. Unnou-
inlda, avait envoyé ordre a Belle- vel ordre de Souwarow, adeux heures,
garde, qui devait former sa droite, de remit en mouvement Kray et Belle-
ne pas s'obsliner K défendre avec ses garde. Ils ne réussirentpasdavanlage:
Luit mille hommes tous les postes Kosenberg , Bagralion , Miloraclo-
qu'il occupait , mais de se retirer sur vilch échouaient aussi dans leur at-
rOrba par la route de la Ritorta. laque au centre. Enfin le mouvement
Suivant les rapports français au con- de Mêlas sur la droite des Français
traire, le mouvement rétrograde de (ju'il déborda, et tourna de manière
Bellegarde fut non pas un mouvenient a occuper Serravalle cl iSovi, décida
volontaire , mais unmouvemenlforcé, la victoire. L'année suivante , Belle-
t)Ccas:oué par celui que Joubert en garde lit encoje partie de l'armée
personne fit de Savonc sur Acqui en d'Italie, ïous les ordres de Mêlas.
passant par la vallée de la Bormida. Les premiers mois de la campagne se
Ce qu']l y a de ccrlaiu , c'est qi.e ce pas.^ercul a manœuvrer contre Mas-
5o6
BEL
séna , au sud du Pô et près de la Li.
gurie. Bellegarde commandait l'aile
gauche aulrichienne. Sa supériorité
numérique contraignit le général fran-
çais a se rep'ier sur Croce, et a rece-
voir k Santa-Glustina un combat où
ravantage fut incertain. A l'affaire de
la Vczeira contre le général Soult ,
c'est Bellegarde qui , filant en toute
hâte sur rKcrractte et se présentant
au revers du mont Fajale , déborda et
enveloppa presque les Français. 11
envova même son chef d'état- major
«sommer le général de mettre bas les
armes 5 mais celte proposition fut
rejetée avec une grande fermeté* et
après avoir fait bonne contenance
pendant quelques instants , Soult, k la
iavcur d'iui brouillard épais , parvint
à lui échapper. Le i5 mai, Belle-
garde ayant attaqué la léte de pont
du Var , de concert avec Elsnitz et
Latlermann , fut repoussé par Su-
chet, et forcé de se retirer par les
gorges des Apennins , oii il essuya
de^qrandes peitcs , tandis qu'Elsnitz
iaLsalt éL^alemenl une retraite diltirile
par la rivière de Gènes. Après la ba-
taille de Marengo et la convention
d' Alexandrie , la cour d'Autriche in-
dignée de rinconcevablo faiblesse de
Mêlas, rappela ce vieux fcld-maréchal
et le remplaça par Bellegarde. Sou ar-
mée, prompttinent refoi mée par des
renforts, montait encore a quatre-
vingt mille hommes. Cantonné dans le
ÎMantouan cl le Ferrarais , et occu-
pant sur le Mincio la même ligne que
lîonaparle avait eu de la peine k rom-
pre eu 179^) , par sa droite il don-
nait la main au général liiller (pii
commandait dans le 'Ivrol. (^)uoi(pie
rarmislice eût été dénoncé vers la lin
de nov. 1800, lUllegarde n'ouvrit la
c.inipague (ju a la lin du mois suivant.
Conloruiémenlk Tordre du conseil au-
liquc, il allcndaiL que Farméc iiapo-
BEL
lilalne d'une part , et les généraux
Laudon et Vukassovitch de l'autre ,
vinssent le soutenir. Brune était son
adversaire. Malgré les retranche-
ments construits par les Autrichiens
sur la rive droite du Mincio , dès le
2i déc. tout ce littoral était aux
Français. Incertain du point sur le-
quel Brune tenterait le passage, Bel-
legarde avait réuni le gros de l'armée
(quarante-cinq bataillons et douze ré-
giments de cavalerie) a Villa-Franca,
pour être a même de se porter par-
tout où besoin serait. Le lendemain
eut lieu l'opiniâtre bataille de
Pozzolo, dans laquelle un corps seu-
lement de l'armée française eut toute
l'armée autrichienne sur les bras ,
et ne résista que grâce a la plus
rare intrépidité. Bellegarde y fit eu
même temps preuve de courage et
d'habileté. Il avait d'abord attaqué
la gauche française : repoussé , il
changea son plan de bataille, com-
prit toute 1 importance du village de
J*ozzolo , et fit en personne des efforts
inouïs pour s'en emparer. Il le prit,
le perdit, lereprit encore. Une charge
désespérée le lui enleva de nouveau.
Kniin , il voulut le reprendre pen-
dant la nuit et ne put y léussir....
La fusillade, la canonnade continuè-
rent juscpi'k dix heures du soir. Cette
bataille où les Autrichiens perdirent
dix mille hommes , et où le général
Dupont vain(juit en désobéissant a
Brune , (pii au resie n'était pas sur
les lieux, assura le succès de la cam-
])agne. lîellegarde ne dut p'us espé-
rer (pie de relarder et d'entraAcr le
passage. Toutefois le 26 au soir prcs-
(pie toute l'armée française était pas-
sée a Mon/.ajnbano •, et le corps du
prince de llohfnzollern avait essuyé
\\\\ nouvel échec k Valeggio. Peut-être
ces deux échecs furent-ils dus k Tim-
prévoyancc du général eu chef. Il
nKL BEL 5 07
falliil roploycr les tllvisions vaincues papjnc d'iilvcr, on Pxllcgarde n'avait
(l'abonLsiir Villa-Franca,ensuilc(ler- i^nère fait que se relircr, quoique Icn-
vièro rA(li>;o. I.a prise des redoulps UmiumiI el le moins dcsaslreuscincnl
(IcSalion/.c le lorcabieiilôlarciidrece possiMe. I^a paix lui pour lui une
irouvcnienl rcirogradc plus prorapl : ()C( asioii de développer des taleulR
Goilo fui évacuée , el sa jrarni>'On alla d'un nuire ireiire. Di-s 1 800 on Tavait
grossir celle de ÎManlouc. L'Adige vu a Vienne , a Prague, cnlamcr des
même ne sembla plus une barrière négociations pacificpies. En i8o5 ,
suflîsanlP , uue lois qu'on eul appris lorsque le prince Charles quilla la
les succès de Moreau dans la liaule capilalc, il adminislra le département
Aulriclie, et de Macdonald dans le de la guerre. Peu de temps après
Tyrol antérieur. Le i'""^ janvier le (juillet i8o5) , il fut appelé au com-
fleuvc fui passé à Busolengo , sans mandement desprovinces vénitiennes
que Bellegarde y mît obstacle; il qui ne devaient pas être long-temps
ne disputa le terrain (ju'à \icence5 sous la domination de PAutriche. En
cl même la il cul encore soin de ne décembre 1806 , il fut promu a la
former sa lio;nc de bataille que hors dignité de fcld-marécbal , et il reçut
de portée, de manière a ne pas être en même temps le gouvernement civil
forcé à un engagement général. Enfin et militaire des deux Gallicies. Il y
Paudacieusc manœuvre de Delmas et joignit bi» ntol la grandVroix de Tor-
de Gazan sur les escarpements ilcs dre de Saint-Léopold , puisletitrc si
torrents du Zermeghede et sur le pont honorable de gouverneur du prince
<\e sa po^^ilion , lui avant fait crain- royal. La guerre de 1809 vint le
dre d'être débordé . il alla s'établir rendre a la vie active du militaire,
dans la position de Caslel-Franco, et II commanda un corps a Essling , k
parut disposé h y livrer bataille- mais Wagram. Après la perte de cette dcr-
eu réalité son but était de se donner nièrc bataille, ce fut lui qui proposa
le temps de passer la Piave , et de au duc de Raguse un armistice que
recevoir des instructions de Vienne, celui-ci refusa. Il assista ensuite a la
Déjà le 2 janvier il avait proposé a bataille de ZnaVm , où son arrière-
Brune un armistice que ce dernier garde souffrit des perles considéra-
avait refusé , alléguant que le consul blés et se laissaenlever plusieurs dra-
(Bonaparte) ne lui permettait d'ae- peaux. Après la paix , il reprit le
corder nulle suspension d'armes , si chemiu de son gouvernement, et il y
Pon ne lui remeltait Manloue , Pes- resta tant que PAutriche demeura
chiera,Ferrare, Ancone, et au moins neutre dans la lutte de la Russie et
la moitié de Legnago qui est sur la de !a France. A la reprise des hos-
droitc. La cour de Yiennc con- tilités , en i8i5, il était président
sentait h toutes ces conditions , sauf du conseil de guerre à Menne. Le
la reddition de Mantouc : Brune i 5 décembre, il vint prendre lecom-
n'insisla pas , et signa le 16 janvier mandement deParmée autrichienne,
la convention de Trévise. I\Iais Bo- en Italie , en remplacement dlîiller.
naparte refusa nettement de la rati- Les principaux événements de cette
fier, menaça même de dénoncer Par- campagne que signala surtout la ba-
inislice, si Mantoue n'était cédée, taille du IMincio (8 février i 8i4), et
Enfin le traite de Lunéville mit fin a que termina la convention de Scbia-
ces difficultés; et termina celle cam- rino-Rizzino (16 avril), ont été
5o8 BEL BEL
assez analysés a l'arlicle Beauliar- agent spécialement cbargé de stipuler
nais {Vojr. Beauhabnais , dans ce ses intérêts. Les négociations amenè-
voL). Ce qu'il faut ajouter ici , c'est rent un degré d'intimité assez grand
que le choix de Bellegarde pour le pour qu'on crût que le vice^roi avait
commandement de l'arraée d'Italie prié le comte de Bellegarde d'être le
fut moins dû a l'idée que le conseil parrain de sa filleXIiéodoline-Louisc-
aulique avait de ses talents militaires Eugénie- Auguste, née le i5 avril
qu'il la connaissance que le ministre 1814. Ce qu'il y a de certain, c'est
principal avait acquise de son habileté que Bellegarde se montra fort poli
diplomatique. Il s'agissail surtout de et fort complaisant pour Eugène, qu'il
faire concourir Murât aux projets du iuilaissaemporter tout ce qu'il voulut,
cabinet autrichien sur l'Italie. Grâce et lui donna pour les généraux autri-
a Bellegarde, le nouveau roi de Na- chiens des lettres de recommandation
pies fit marcher sou armée contre qui lui furent très-utiles. D'un autre
JesFranr.ais, et il s'eraparad'Ancone, côté, il est permis de penser que bien
de Rome, du rhàleau Saint-Ange, qu'a quelque distance de Milan, il y
signa un traité d'alliance avec l'Au- eut assez d'influence pour qu'on ne
triche , et répaudit partout où &ts doive pas le croire étranger aux in-
troupes arrivèrent une proclamation trigues qui firent échouer Eugène
contre Napoléon, son beau-frcre. Le dans ses projets, et peut-être aux trou-
feld-raaréchal autrichien annonçait blés qui eurent lieu dans la capitale
ainsi dans un ordre du jour des évè- du royaume d'Italie. Maître de ce
iiemeots si extraordinaires. « Sa Ma- beau tleuroa delà couronne de ISapo-
tt jeste le roi de Naples s'est décidée a iéon, que bicntôtiecongrèsde Vienne
« reunir son armée a celle des nio- allait annexer presque tout entier à
« narques alliés pour coopérer du la monarchie autrichienne , Belle-
« poids de toutes ses forces et de ses garde fut nommé gouverneur des fu-
« grands talents militaires h la cou- turesprovinceslorabardo-véuiliennes.
« quête de la paix, etc. » Mais ce qui II s'établit à Milan , et quelque peu
lit peut-être encore plus d'honneur a de sympathie que les Italiens aient
Bellegarde, ce fut d'entraîner dans des pour les Allemands , il sut h force
voies analogues Engciic qui avait déjà d'adresse et de formes gracieuses
clc sondé par laBavière, et de lui faire rendre lolérable ce joug de la cou-
entrevoirpardesagenlsque, Napoléon (jucle. Les plus raisonnables s'étaient
tombant , il y avait place pour lui en résignés, lorstpiele relourde Bonapar-
Italie, soit (ju il mît sur sa lêtc la te réveilhi, avec de vieilles Irayeurs ,
couronne de toute la l'éninsule , soit d'anciennes espérances. L'inoppor-
(|u il dni la j)arlagt.'r avec Joacliini , tune levée de boucliers de Murât vint
ou avec l'Aulnclie. Dire juscpi'où al- eiupichpie sorte parodier, au-dcHi des
lurent ces insinuations ou ces pro- monts, le grand drame (jul se jouait
messes, c'est ce (pii serait (lifiicile au- eu deçà. A la ridicule déclaration de
jourd'hui, du moins avec e.xaclituile. guerre de Bimini , liellegarile ré-
louttlois ou peut assurer que les pondit ])ar une pioelainaliou qui ros-
pourparlers comnuMJcèrent d'assez j)ire le plus pfoloud mépris pour « co
bonne heure , et que ce iiil d'après » roi .m nouvelleineul inscrit dans la
les avis de iWlb'garde , qn"lùii;èn(î « calégoriedes souveTiiius.» Puis il fil
envoya au coogtès de Cliàtillon un marcher rannéc aulricltienna sans
vouloir accorilcr d'annlsllcr ii ses
.sollicitalions. On |n'ul voir à l'arllcle
IMuuAT (\\\, .| 28) f oiiunciil lîiau-
cl)i et INugtnl le rcdiiisirrnl h la
(lernièrc eilrémilé. Libri' criiujiiic-
tiide (le ce côlo , ni-lltiiarde revint h
IMilaii où il coiiliiuia de donner les
mêmes soins a radnduislralioii, eldVd-
l.iccr aulaiil (jne possiMe les pri'ven-
iions {ii's Italiens contre les Alle-
mands, Juscju'a l'arrivée de rarchidiic
Antoine (jui le remplaça sons le litre
de vice- roi de TélLil lombardo-veni-
lien , cl du comte de Saurau nommé
gouverneur de Lombardie. Il fil en-
^uile un voyage à Paris où il séjourna
(juelcjue temps Comme simple parti-
culier. Revenu a Vienne , il y Ht
partie du conseil de guerre , et lors-
tjiie le pnuce de Scliwarzeuberg
mourut en 1820, l'empereur chargea
Rellegardc , par une lettre très-gra-
cicusc , de le remplacer dans la pré-
sidence. La faiblesse de sa vue le
força de donner sa démission en sep-
tembre 1825. Il survécut encore cinq
ans a cet événement, et mourut a Vé-
rone, en i85i , laissant le nom d'un
théoricien plus (jue d'un praticien mi-
litaire, d\iu diplomate et d'un admi-
uistraleur plus cpie d'un homme
d'épée. P — OT.
BELLEGIXGUE (Pierre),
médecin , ne doit qu'à la bizarrerie
de ses opuscules scicntifi(pies et lit-
téraires l'espèce de célébrité dont il
a joui dans sa province. ISé vers
1709 a Besancon, il fit de très-bon-
nes éludes a ruuivcrsité de celte
ville, et y reçut en 1785 le grade
de docteur. Pendant les guerres de
la révolution , il fut attaché comme
médecin aux armées du Rli!n,ct mon-
tra beaucoup de zèle et d'intégrité
dans Texcrcice de ses fonctions. Dé-
noncé pour insubordination par uu
commissaire des guerres qu'il accu-
BKL
509
sait de connivence avec les fournis-
seurs , il fut traduit devant une
commission militaire , mais acnnitté
d'une manière honorable. A la paix
de 1797 , il obtint un congé pour
rentrer dans sa lamillc F^'année sui-
vante il publia : Lu //hi/oso/j/iic du
cluiitd et (lu froidj in-8'' de 62
pages avec une épître dédicaloire \\
Ponaparle, général en chef de l'ar-
mée d'Italie, portant celle singulière
épigraphe : Moins je le conçois ,
])lus je l'admire. C'est l'ouvrage
d'une imagination délirante j il serait
impossible d'en donner ici la moindre
idée. L'auteur, pour éviter les frais
de poste , pria le président du dépar-
tement (Doubs) decoiitre-signer les en-
vois qu'il voulait faire," de trois cxem-
« plaires au héros de la paix , et de
tt vingt k la nation sous le couvert du
ce ministre de l'intérieur, jj Sa de-
mande avant été rejetée, il fit im-
primer sa correspondance avec ce
magistrat, et partit pour Paris où il
se flattait de recueillir les suffiaîres
de tous les savants. Un des membres
les plus distingués de l'institut , au-
quel il demandait ce qu'il pensait de
son ouvrage, lui ayant dit qu'il n'y
avait rien compris, P»ellegingue pi-
qué lui répondit ; « Je n'écris que pour
cinq hommes en Europe. » Cependant
il retoucha sa brochure et la repro-
duisit en 1802 sons ce titre : Rcju-
tation du calorique et Notices na-^
turelles sur la chaleur et le froid ^
la Jluidiic et la dureté ; suivies
d'un projet de constitution da
médecine civile , in- 8'^ de 49 p^i-
gcs. Ni le silence des journaux scieu-
tiliques sur sa nouvelle brochure , ni
celui des savants auxquels il l'avait
adressée, ne purent diminuer à ses
yeux l'importance d'une découverte
qu'il regardait comme précieuse K
1 iiumanilé. Mais un procès qu'il eut
5io
BEL
à soutenir quelque temps après, con-
tre la régie des domaines , lui four-
nit une autre occasion de montrer
toute l'aberration de son esprit. Il
publia pour sa défense un mémoire
sous ce titre bizarre : Procédure or-
thographique de la gloire de Na-
poléon le Grand et du Génie de la
gente humaine y i8oy,in-i2de 172
pages. Il s'y présente comme une
victime de la haiue des envieux,
« Parvenu, dit- il , au plus baut de-
cc gré d'estime .... j'ai été désigné,
« en considération de mon signalé
« mérite , comme particulièrement
« propre a être immolé.» Bellegin-
gue perdit son procès 5 mais il s'en
consola par le plaisir de voir suppri-
mer son mémoire comme renfermant
des expressions injurieuses h plu-
sieurs fonctionnaires publics. Dans
la crainte qu'il ne s'avisât de publier
de nouveaux pamphlets, le ministre
de la police fil inviter les imprimeurs
de Besancon a n'imprimer aucun
écrit de Cellcgingue sans l'avoir sou-
mis h l'examen de l'aulorllé locale.
Cette mesure, en lui persuadant qu'on
le croyait dangereux , exalta son
amour-propre, et ranima son ardeur
d'écrire. 11 annonça qu'il s'occupait
d'un grand ouvrage, qui paraîliait K
Neufcliàtel en 4. volumes iu-8". Mais
c'était une ruse qu'il avait imaginée
pour tromper les espions dont il se
croyail entouré. Il venait enfin de
terminer une espèce de poème latin
et français on Vlionneur de Bona-
parte ^ resté l'olijel de son culte,
(juand les souverains de Tluirope se
liguèrent pour le détrôner. TNc vou-
lant p:is |)er(lre le fruit de son travail
cl n osant pas cependant publier un
ouvrage qu'on aurait pu liouvcr sédi-
tieux, Bellrgingney lit (.|uelques(lian-
gemeiits, et rayanl intitulé : laHour-
boiiuparLidc , il eu adressa le nia-
BEL
nuscrit au roi Louis XVIII , accom-
pagné d'une lettre dans laquelle il
proposa h ce monarque d'y mettre un
prix : ce Sire, lui dit -il dans celle sin-
a gulièreépître, ou j'augure follement
« de votre sagesse, ou vous ferez vo-
ce lonliers l'acquisition du manuscrit
ce ci-joint. Quant a son prix, j'en laisse
ce le genre et la quotité ala disposition
ce de votre auguste grandeur.» In-
quiet de ne pas recevoir de réponse ,
il reclama son manuscrit qui lui fut
renvoyé le 29 décembre 1816, par le
minisire de la police. 11 lui accordait
la permission de limprimer , h con-
dition d'adresser a l'inspecleur-gé-
néral de l'imprimerie les feuilles
h mesure qu'elles sortiraient de la
presse. La septième feuille venait
d'être tirée , quaud arriva de Paris
l'ordre d'arrêter l'impression et de
détruire tout ce qui existait. L'auteur
était loin de prévoir celle mesure
rigoureuse 5 aussi n'écbappa-t-il h la
destruction qu'un très petit nombre
d'exemplaires. Ceux qui sont com-
plets ont 168 pages d'impression
in- 1 2 . A la tête se trouve une intro-
duction dans laquelle l'auteur , pres-
sentant le jugement qu'on ne manque-
rait pas de porter de sou ouvrage ,
se console par l'idée qu'il n'écrit que
jiour un petit nombre de lecteurs,
ce Que ce petit livre , dil-il , soit une
ce médiocrité ou même (pie son auteur
ce soit pris pour un lou, ici le cas im-
cc porte peu 5 et l'on m'appellera
ce comme ou trouvera convenir^ sans
ce ipie je bataille sérieusement sur
ce lies (piailles ijue nous jtrouvcrotis
ce (•// temps et lieu avoir certaine
(c chose d'abstrait et d'indéterminé...
a mais, dans son ensemble, cet opus-
cc cule est d'une force d'étude et de
ce logi(|ue (pli en dérohela penséeaux
ce proTanes. » ludlegingue mourut h
Besancon leaS oct. i8::6, a l'âge de
REL
67 ans. Tous ses opuscules sonl de-
vcuus rares, sans cire recherchés.
BELL K \ 1)1) 1: S A 1 \ T-
JEA\ ( An rol^r,-JosF.lMl ), ne en
1746 au château de Hattinj;, près
Caslchiau de IMonlralicr , élail rainé
d'une fainillo iiolde dont loules les
générations s'étaient distinguées par
des services militaires. 11 entra fort
jeune dans un régiment de cavalerie;
obtint la croix de Saint-Louis pour
nue aciii'U d'éclat" (piilla le service
avec le grade de capitaine, et fut
forcé ensuite de s'expatrier, peur
avoir tué en duel M. de lîounal. Le
ressentiment de la famille du défunt
une fois calmé , il revint en France ,
et se relira dans sa terre de Batein<r.
La révolution trouva eu lui un actif et
couraireux anlaironisle. Réuni , dès
le commencement de 1789, au mar-
(juis d'Escavrac-Lauture , que Louis
XVI avait chargé d'arrêter l'effer-
vescencerévolut/onnaire dansle Qucr-
cy , il seconda de tout son pouvoir
les efforts de ce brave coioneL Tous
les propriétaires amis de l'ordre et
de la paix se joignirent a eux , et se
portèrent partout où leur secours fut
réclamé : ils furent constamment en
armes pendant plus de dix-huit mois,
et sauvèrent plu^ieurs châteaux , h la
suite d'affaires fort vives avec les
agresseurs. C'était le temps où un jeu-
ne et célèbre orateur (I)arnave) avait
répondu aux plaintes élevées contre
le système d'incendie et de massacres
oui affligeait a la fois toutes les par-
ties du royaume : « Ce sang est-il
o donc si pur qu'on ne puisse en
« répandre quehjucs gouttes.'' '> Paro-
les cruelles, et f|ue l'imprudent ora-
teur expia dans la suite , d'ai)or(l par
son repentir, ensuite par l'échafaud.
I On verra que le piinclpal auteur du
I massacre de Casleluuu n'eut pas uu sor t
BKL
bl l
moins funeste. La ville de Moncinj
cl le bourg de Saint-Cypricn , de-
vinrent eu décembre '790 le théâtre
d'un combat acharné. Les révolution-
naires s'y étaient portés en grand
nombre , et ils avalent déjà commencé
le pillage , quand ils furent attaqués.
On se battit pendant deux jours.
lUllend eut un clicval tué sous lui ,
et la jambe fracassée par une balle.
Cet événement, et la mort du mar-
quis d'Escayrac , blessé lui-même a
Salut-Cypricn , de deux coups de
feu, et massacré ensuite au château
de Buzet (8 janvier 1791), donnè-
rent une nouvelle force aux agita-
teurs. Un grand nombre de châteaux
furent incendiés ; mais la terreur
qu'inspirait encore Bcllend , malgré
ses blessures , sauva le sien : ils n'o-
sèrent l'atlaijucr ; ce fut seulement
quand on apprit qu'il était revenu
dans la ville de Castelnau , que l'on
employa d'autres moyens pour le faire
périr. Sous prétexte de l'installation
du nouveau curé constitutionnel, un
fort détachement , parti de Cahors,
après minuit, pour Castelnau , le i5
mai I 791^ arriva de grand malin, et
son début fut d'aller insulter Bellend
sous ses fenêtres. Il sortit, et de-
manda au sieur Ramel , chel' de cette
troupe , satisfaction de l'injure de ses
soldats; mais a rinslaut tous les sa-
bres furent tirés contre lui , et il ne
dut son salut qu'à bH force et a son
adresse : il combattit en se retirant
l'épee à la main, et tua uu de ses
assassins. On n'osa pas pénétrer dans
sa maison 5 mais elle fut aussitôt in-
vestie , et l'on cnvova des émissaires
a C:ih()rs et h I\Ionlauban, pour faire
venir de nouvelles forces. Le tocsin
sonna dans toutes les paroisses, et,
avant la fin du jour, Bellend , son
frère, et undomesîujue , se trouvèrent
assiégés par plus de dix mille hommes.
Oia BEL BEL
Ils se défendirent valllainment , et, au marquis d'Escayrac et a ceux qiil
au moment d'être forcés, s'ouvrirent s'opposaient aux désordres. Réfugié
par les souterrains un passage dans avec son frère dans la cave d'une
une cave du voisinage, se flattant qu'au maison de Castelnau a laquelle on
milieu de l'incendie de leur propre venait démettre le feu , il profila de
maison , on ne les j découvrirait l'incendie pour tenter de s'échapper,
pas. La cessation subite de leur feu et il parvint a gagner la campagne ,
donna des soupçons. On voulut vi.siter quoiqu'il eût été atteint dans sa fuite
les caves de la maison où ils s'étaient par deux coups de fusil. On ne l'eût
réfugiés : ils en avaient barricadé j.iinais trouvé sous l'arche d'un pont
l'enlréc ; tous ceux (jui tentèrent d'y situé à une demi-lieue delà ville,
pénétrer furent tués. Les assaillans où il s'était caché îi la faveur de la
brûlèrent alors la maison, afin que nuit, si un mendiant, dont la station
la voùle de la cave s'écroulât sur habituelle était sur ce même ponl ,
eux. Elle résista pourtant , et au mi- n'eût indiqué sa retraite. Il en fut
lieu de l'incendie, le jeune Bellend arraché , traîné a Castelnau , déposé
et son domestique cherchèrent a s'é- dans une salle de la commune , et
cbapper , mais le domestique fut tué, abreuvé d'outrages durant 56 heures,
et lîellend , arrêté dans sa fuite , Lorsqu'on eut coupé la tête de son
fut traîné a Cahors , et massacré frère , on la plaça a côté de lui sur
avec d'horribles circonslanccs (/^o/. une même charrette destinée a le
l'article (|ui suit). Son frère aîné, ré- transporter a Cahors. Il demanda en
fugié dans un coin de la cave dont on route à étancher sa soif, et a l'ins-
avait percé la voûte , faisait un feu tant on fit dégoutter dans sa bouche
continuel. Tout individu essayant d'y le sang qui ruisselait de la têle de
pénétrer, ou d'y jeter des matières son frère... Arrivé h Cahors, on lui
endamniécs , payaitcher sa témérité : fit subir mille tortures , en le muli-
il tua 20 assaillans , et en blessa un lant dans toutes les parties de sou
plus grand nombre; mais après s'ê- corps , et l'on termina son supplice
tre défendu seul plus de 24 heures, en le pendant h un arbre. La Pro-
il cessa de tirer : au bout de quel- vidence a cruellement vengé en i8i5
ques minutes on entendit une délo- le meurtre des deux frères lîellend
nation d'arme a feu, et ce fut la (/^oj'. Ramel, XXXVII, 44). C'est
dernière; ce malheureux, ne voulant parerrcur, sansdoute, quel'auteur de
pas tomber vivanldanslesmalnsde ses l'article Uamel a dit cpie cet homme
assassins , venait de se brûler la cer- s'était garanti dvs crimes t[ui avaient
velle avec la seu'e balle (pii lui res- souillé les premiers jours de la lé-
fùl. Ou lui coupa la têle, et l'on vulullou. F — z.
porta il Cahois ce ciuel trophée. KELLKU, IJELLEKE,
JVIallet du Pan donna ii cetle é[)()(jue ou IJELLEKUS (Jean), appelé
dans le Mercure de France (oui ii tort Jjclicr par Adrien Bail-
les détails de ce déplorable évène- let, dans ses Jugements tics sa-
mcnl. — Bkm.knd dk la MAaEsguii.- x'unts , était oritnnaire d'Anvers, où
nt [Stanislas) , frère du précédent, il exerça avec éclat la profession d'im-
«ervait dans les gardes-du-corps du primeur. W. de IMallnerol dit (p>e ses
roi, et s'était réuni dans le Périgord, éditions étaient rechercbccs pour la
dcsU"! preuiiers jouis de la révolution, beauté dos caractères et la qua'itc du
papier. T.r iniinc Haillcl If j/arc,
coiiimr l\ p()jMM[.lic , iimncdiatcmcnt
apri'S IMaii;in , mais lui accorde l'a-
vnnlai^c (P a voir l'ir jt'iis verse dans
la lani;ii(' I iliiu* 5 ce (jui esl déinoiilrc
par plusieurs ouvraL^es. Il csl anleiir,
en eiïel, d'un Oiionuislicon, lire de
Ilo!)erl Estiennecl de Conrad Gessner,
et au<'-mcnlé àcs noms modernes des
lieux, Anvers, i555. On lui doil en
outre de nombreuses additions au
Dictionnaire lalin-espagnol d'Anlo-
nius Nehrissensis ou d'AuIoine de
Lehrixa (/^^oj-. NEB^.ISs^.^sIs, XXXI,
4); <\q?> traductions flamande et fran-
çaise des prières latines de Simon
Verrep.TUs. Il a aussi Ir.uluil de Ti-
lalien l'Institution (Vitnc Jille de
bonne maison (Vov. !a pi cface oi'i
Plaulin l'appelle datte g^iovane e
di rare valorc)^ Anvers, Planlin,
i55 5 , iii-S** j réimprimé en i558,
à Paris ; du portugais de Fr. Alva-
rez , \' ILstorinle description de
l'Ethiopie , Anvers , i 5 5 8 , in -8" j
du latin de Claude de \'iexniont ,
VInstilulion du pécheur , Anvers ,
1682, in- 16. Enfin on lui attribue
encore une version française de VI-
mitation , sous ce titre : L'art et
manière dt parfaitement ensui-
vre J.-C. , autrement dite l'inter-
nelle consolation , Anvers , i 565 ,
in-16 5 i'jid., 1572; Douai, 1595.
Il mourut le i5 juillet 1595, et fut
enterré dans l'église Notre-Dame. — >
Les Bélier s'établirent dans d'autres
villes , telles que Douai , où Baltlia-
zar lit estimer ses éditions , el Liè-
ge , où Luc pH'ller, que Villenfagne
regarde comme le frère de Jean,
semble avoir été le second impri-
meur élab'i , ou du moins un (\\:s
prenjers qui aient exercé leur état.
Luc Bélier était né a Anvers et mou-
rut a Liège en i564. Cependant
son épitapbe lui donne seulement le
LVIT.
BEL
5r3
titre de Ptildiopold , ce cpii indi(|ne-
rait (pril n'élail cpie libraire. Phi-
lippe l'jrasseur |-)arb« d'un autre Luc
lU'llcr, (pii mourut le 19 août 1606,
el (jtu Iradiiisil en lai m le Voyage
du chevalier crrunl , ouvrage ascé-
tique du père Carligny de Valen-
elcnnes. Cette Iraduchon , restée en
manuscrit, se trouvait en 1637 cbez
Gaspar Bellcrus , vraisemblablement
Ihérilier et le fils de I^uc. Voici com-
ment s'exprime IMiilippe Brasseur :
LtcAS Bkm.eris , Ànluerpicnsi% , Jnannis
Cartiiciiii , Ilitnnonis , iiilerpnltitor.
Applinisil, BcUere , luis Ai)Hicr|)ia pra-Us ,
(kiu'IcI et iis([ne tibi gigncre posse pares.
Nec minus a sumpto libi gloiia parla l.ibore,
Quain pixlis a te coiiciliatiis lionos
Carll)c:iiam .sirpiidcin latio î-ermone beâsti ,
Hunian;c vila; dum l)reve scribit iter.
rrsosecundiis cris Cartbcnius, et ma cbartis
— . ....
Jftsjjartts ciiiUtat scripta , lalinus ens.
C'est h un descendant de Jean Bélier
qu'il faut donner Tédilion de X Imita-
tion de i6t6 , si du moins elle existe
réellement, car on peut en douter,
pui.sque j\I. Gence , a qui rien n'a
échappé snr ce point , ne l'a jamais
vue. On raconte que cet imprimeur ,
dont les jésuites d'Anvers avaient
élevé le fils , leur fit présent, par re-
connaissance, d'un manuscrit de 1'/-
miiation, autogrnpbe à'A-Kempis ,
mais a condition qu'on lui en déli-
vrerait une copie authentique, et que
c'est sur cette copie qu'il imprima son
édition. La marque des Hcller d'An-
vers et de Douai , était un aigle.
R— F— G.
EELLKY (Augustin), anti-
quaire , nacjuit le 19 déc. 1697 , K
Sain le-Foi-de-irJontgommery, diocèse
de Lisieux. Après avoir achevé ses
études K l'université de Caen. il vint k
Paris se perfectionner sous la conduite
d'haljiles maîtres. Il reçut en 1726
la licence en théologie . et fut admi.s
répétiteur au collège du Plessis. Char-
gé peu de temps après de l'éducation
des fils du marcpiis de Balleroy , il
33
5i4
BEL
accompagna ses élèves chez M. Je
Caumartin , leur oncle , évêque de
Blois, et trouva clans la riche biblio-
thèque de ce prélat toutes les res-
sources dont il avait besoin. Le mar-
quis de Balleroy ayant été nommé,
eu 1735, gouverneur du duc de Char-
tres , l'abbé Belley ramena ses élèves
k Paris , et logea avec eux au Pa-
lais-Ptoyal. Apprécié bientôt par le
vertueux duc d'Orléans , il devint
son secrétaire; et dès lors il put se
livrer entièrement a son goût pour
les recherches d'érudition. A des con-
naissances profondes en histoire et
en géographie , il joignait celle de la
numismatique. Lié par la confor-
mité de ses études avec les membres
les plus distingués de l'académie
des inscriptions, il y fut admis, en
174.4-. Associé par d'Aguesscau a la
rédaction du Journal des savants ,
il l'enrichit d'un grand nombre
d'excellents articles, et fut nommé
censeur royal. Le nouveau duc d'Or-
léans , héritier de raffedion que
son père portait 'a Tabbé Belley , le
confirma dans l'emploi de secré-
taire et lui confia la garde de sa bi-
bliolhè(|ue et de ses pierres gra-
vées. Ces dilTérenlcs fondions, loin de
nuire h ses travaux , lui fournirent le
sujet de la plupart des disscrlalions
qu'il lut à l'académie, ou (\c& secours
pour les rédiger. Elles sont prescpie
toutes relatives h (|ucl(jues points
obscurs de noireancieune géoL;ra[)liie,
ou h des médailles inconnues ou mal
cxjjTKpiées par les numismates. L'ab-
bé Bellry mourut a I*aris le 26 no-
vembre I 7 7 I . Son cloi;c par Lebeuu
est inséré dans le X\ XVlir' vol. îles
/l/tv/«;//vi- de l'académie. On trouve
la liste de ses dissertations dans la
France litt('rain'\)i\r IM. QuérartI, I
365. Dans le nombre on doit distin-
guer celles (pii font suite au célèbre
BEL
ouvrage du cardinal Noris : Annus et
Epochœ Sjro-l\lacedonum.{Voy .
]NoRis,XXXI, 087). On sait que
1 abbé Belley est l'auteur des £'c/«/r-
cissements géographiques sur l'an-
cienne Qaule j imprimés a la suite
du Traité des mesures itinéraires
par d' An ville , 174.1, in- 12. Cet
ouvrage fut jugé digne de ce grand
géographe , auquel on l'a long-temps
attribué , sans que Belley ait songé
à réclamer. C'est encore a lui que les
savants sont redevables de YKxpli-
cation des marbres de Cyzique ,
publiée par Cajlus , dans le tome II
de son Recueil d'antiquités. Pour
plus de détails on peut recourir k
f éloge déjà cite' de cet académicien
par Lebeau. W — s.
BËLLI (Pierre) , célèbre juris-
consulte , né de parents nobles à Alba,
le 2 0 mai i 5 02 , s'appliqua de bonne
heure a l'étude des lois , et fut le pre-
mier, suivant Tiraboschi (tom. IX,
p. 123) , cjui appliqua d'une manière
étendue la science des lois a l'usage
de la guerre. Il fut auditeur de guerre
a trente- trois ans dans l'armée de
l'empereur Charles-Quint , puis con-
seiller (le guerre de Philippe II, roi
d'Espagne, et enfin conseiller d'état
d Emmanuel Philibert de Savoie. Ce
prince l'employa en dillérentes occa-
sions importantes. Belli mourut le
01 décembre 1675. Des divers ou-
vrages (pi'il a laissés, celui qui lui
donna le plus de célébrité , et([ue l'ou
consulte encore aujourd hui , est sou
Traité dvs choses militaires et de la
guerre, sous ce titre: De rc militari
et bello tnictatus , divisas in par-
tes I 1 , /// (pio, pnuter ca quw de
rc mililari tractantur., obilcrnudta
(juœ lul civilctn adniinistrationcm
pertinent , titlinguntur , omnibus
juilicibus apprimeneccss<iru4.s , \ c-
nise, i563, in-4"J réimprimé daus
I
BEL BEL 5i5
Je' lome XVI lie l.i j?raiiilc colloclioii aux )oiiincc.s de Grand-Prc . de Sain-
iii-lol, ijui a pour lilrc : Ti'tictdlus Io-iMciicIkiiiIiI «t de Jcmmancs lui
juris itnivcisi. La vie de litlll a élc liL dcs-lurs (juclcjue rcj)ulaliou. 11
cciili' par le i)ar(in Vcrnaz/.a du Frc- cuUIcuk chevaux lues sous lui a Liège
nay, Turin, 178J , in-tl" de 82 p. cl li Nervviude , cl le grade d'adju-
C. T — Y. danl-géuéral venait de lui êlre confé-
DKLLI (Chaules), lillcralcur, ré, lurscpic Dumouriez fut près de
iKKjuit il Venise, en l'ji'^. Ayant l'enlraîner dans sa défection. 11 avait
embrassé la règle de Saint-Ignace , d'abord suivi ce général, mais il re-
il remplit avec succès la diairede vint bientôt auprès de Dampierrc qui
rhétorique dans divers collèges. A la l'admit dans son étal-major. Dénoncé
suppression de la société en 1773, il un peu plus lard au représentant
revinldaus sa ville natale, ely trouva Cochon, il fut destitué et renvoyé
bientôt une place de précepteur dans dans l'intérieur. Alors désespéré de
une famille patricienne , où l'on eut ne pouvoir continuer à servir la pa-
pour lui les soins et les égards dus Irie , ou peut - être pour se sous-
au talent. Aimé de tous ceux qui traire à de nouvelles poursuites , il se
le connaissaient , le P. Belli acheva plaça dans les derniers rangs de l'ar-
sa vie au milieu àes travaux litlérai- mée , en s'enrôlant comme simple
res , et mourut en 1816. Il a traduit chasseur a cheval dans le troisième
en vers sciolli le premier chant de régiment , où il fit une campagne
la Messiade de Klopstock, Venise , tout entière. Enfin le ministre de la
i']']i,m-^°^ ti\k;sQuaLre parties guerre révoqua la décision du re-
^/^yo^^^_, poème de Zacharic , ibid., présentant, et Belliard fut rétabli
1778. Parmi ses autres ouvrages on dans son grade de colonel adjudant-
cile : I. // VentasllUo , Venise, général. 11 suivit Hoche en cette qua-
I 782* réimprimé eu 1822. C'est un lité a l'armée de Touest en 1795-
poème en douze chants, in ollava mais bientôt il fut cnvové en Italie où
rima. Les critiques italiens y trou- il eut le bonheur de combattre à Cas-
vent de 1 imagination , et louent la liglione , a Vérone sous les yeux de
grâce et la facilité du style. II, Gli Bonaparte qui était au début de sa
uccelli f esemplare aile cure ma- brillante carrière. Belliard fut blesséh
terne, ibid., 181 7 , in-S". Cclopus- Caldiéro en s'élauçant a la tète de la
cule en vers a été publié par un dis- ^o*^ demi- brigade sur les relranche-
ciple de l'auteur, qui Ta fait précéder mcnls des ennemis 5 il eut deuxche-
d'une courte notice sur sa vie. Belli a vaux tués sous lui a Arcole, et il fut
laissé quelques autres poèmes et des nommé génér.d de brigade sur le
discours manuscrits. W — s. cliamp de balai le. Il ne scdiaingua
BELLIARD ( Augustin- Da- pas moins a Saint-George et k la Fa-
MEL, comte de), né h Fonlenai-le- vorile, lorsque les Autrichiens entre-
Comte en Poitou, le 20 mai 1769, prirenUledéblo(|uerMantoue, etsefit
entra au service le 5 décembre 1791 encore remarquer au passage du La-
dans le premier bataillon des volon- vis, puisaTrenle, a Cimbra, Brixen ,
laiies nationaux de la \ endée, et fut iSeumark, et a Civita-Vecchia dont il
élu capitaine. 11 fit les campagnes de s'empara. Peu après, Bonaparte l'en-
1792 et I 795 en (pialité d aide-de- vova en misiion a N.iples , afin d'em-
camp de Dumouricz, et sa conduilo pécher la cour des Deux-Sicdes d'ac-
3i.
5i6
ÊEL
céder aux projets de la coalition , on
au moins afin de connaître les vues
secrètes des personnages marquants
de cpt!e cour. Satisfait des talents
qu'il déploya dans deux carrières dif-
fe'renles , le général en chef voulut
bientôt que Belliard le suivît en
Egypte, où un général de cavalerie
eût élé plus ulile, s'il eût eu a sa dis-
position une cavalerie plus nom-
breuse; mais il y commanda sou-
vent des corps d'infanterie, notnm-
ment a la bataille des Pvraraides où
il reçut , a la tète de la vingtième
demi-brigade d'infanterie légère , la
première charge des mamelouks. Bien-
tôt Bonaparte confia au général
Belliard le gouvernement du Saïd ou
Haute-Egypte : ce gouvernement sup-
posait d'abord la conquête du pays.
Belliard l'avança beaucoup par le
7èle avec lequel il ne cessa de harce-
ler et de poursuivre l'ennemi. Il eut
la principa'e part aux affaires de Se-
dinan, d'O'ssouan , de Philé : il fit
luire les armes françaises jusque dans
la ISubie où il poursuivit Mourad.
On doit louer la persévérance avec
laquelle il s'efforça de maintenir la
discipline qu'il regardait comme sa
principale force dans ces contrées si
cliflérenles de la France par les
mœurs, le langage, les préjugés et
la religion, l/insurreclion du Oiiosla-
ïiieli interrompit la inarclie de lîel-
liard , et il dut courir au secours de
Kleber conlinuellement altacjué de-
puis le départ de lioiiaparte , lanlôt
par des nuées de mamt-Iouks et d'A-
rabes, lanlol par des bandes de fel-
lahs. Il rommanda une division h la
bataille d lléliopolis , soulinl la pre-
mière charge de la cavalerie ollo-
inane, r()Mq)it ce corps , et le poiir-
.snmt juscpTaux portes de Dainictle
cpi'il prit ainsi (|ue le fort de Lesbé.
Il (hiniisil im corps turc de douze
BEL
mille hommes dans celte brillante ex-
cursion. Il ne contribua pas moins a
la prise de Boulak, et a celle du Caire.
Blessé a celle dernière attaque, il
avait eu la présence d'esprit, tant van-
tée dansiSelson, de se faire couvrir
et emporter a Tinsu des soldats. Du
reste, content de voir la province pa-
cifiée et la capitale retombée au pou-
voir des Français , il retourna dans
le Saïd , et y resta jusqu'à l'assassi-
nat de Kléber. Il fallut alors évacuer
le Saïd , et le nouveau général en
chef, Menou, donna a Belliard, de-
venu général divisionnaire , le com-
mandement du Caire. On sait com-
bien la position était difficile. La
ville était investie; et Belliard avait
a peine assez de troupes pour garder
les hôpitaux et les magasins. Un
corps anglais venu de l'Inde par la
mer E.ouge pénétrait dans les ter-
res. Enfin Menou lui-même était
bloqué dans Alexandrie , et Belliard
n'avait plus aucun moyen d'opérer
sa jonction. Dans une position aussi
critique , il ne dut songer qu'à ob-
tenir une capitulai on honorable. Sa
bonne contenance , ses sorties en
imposèrent assez aux Turco-Anglais
réunis devant la place, pour que Pou
consentît a le transporter en France
avec toute la garnison, et tout ce que
la ville renfermait de Français. Il en
était alors h peu près a son dernier
morceau de pain , et ses troupes pré-
sentaient plutôt l'aspect d'une ambu-
lance (pie celui d'un corps milit.iire.
(Cependant IM»'nou blâma hautement
cette capitulation; et dans un ordre
du jour il si};nala Belliard comme un
traître: il le dénonc.i même comme tel
au gouvernement. De retour à Paris,
l)elliard reçut néanmoins du premier
consnl un très-lxui accueil, et il lut
aus.sitôl nommé ù la vingt-quatrième
division militaire dont Bruxelles était
nri.
le cliiT-llra. S.i cinulinU' moduct', sa
jusllce lui valiiii-iil clans ci" cnmiiiaii-
(K'inrnl raHVclioii tl le irs|U'Cl d'S
haliilaiils. En iiSoS il l'iail ii Tarnu-c
irAlloMia^'^nc clu-f d'i'lal -major iln
prince Joacliini , cl il lo seconda
parloul de la niaiiièrc la jilns liril-
lante. Après la capitulalion d'Ulm,
il ponrsni\ il le corps coninuuulé par
raicliidac Ferdinand , signa la capi-
tulation du général Verneck, cl enfin
après la vicluire d'Auslerlilz, recul
de renipereur iiièinc sur le clianip
de bataille le tilre de [;rand-ofïicicr
de la Légion-d'lionneur. Encore cliel
dV'lal-major de IMural, cpfalors on
nomma il jrrand-duc de i»er<r, Helliard
prit pari aux campagnes de 1806,
1807 et 1808 dans l'Allemagne
septentrionale . et il se distingua suc-
cessivement Il IcMia , a Erfurt , à Slel-
tin , h Lubeck , Halsberg , Hofi,
Ejlau , Fricdlaud, et devant Tilsitl.
Bientôt Mural se rendit en Espagne
pour y prtiparer les voies du trcnie a
Joseph : Belliard l'y suivil ; et , peu de
temps après Tenlrcje de Napoléon a
Madrid, le 4 dcc. i 808, il fut nomme*
gouverneur de cette capitale , où il
sut maintenir la suprc^malie française
assez long-lemj)s(i). Après labalaille
de Taîaveira éclata pourtant nue in-
surrection : il se rendit seul au mi-
lieu des mécontents et eut l'art de
les calmer. Cependant Tévacuatio:!
devint nécessaire ; mais on dut savoir
gré a lîelliard d'avoir été poi.r beau-
coup dans rajournemenl de celle
trisle nécessité. En 1812 , i! ciuitta
l'Espagne pour la Russie. Aide-ma-
jor général de cavalerie , il se dii-
(11 n r<-soIîe de I.i corresjionditiii-e du {;riu'-
ral Bplli;ir<l avec le roi .l(;:>e|ih (dont je possède
les miiiuU-s aiilograjihi's) , que te nouveiiii ino-
iiorque voulail s'ufiV.iiichir, <!!;■. 1810, de la su-
ypraineli- inrpcriale. Une lettre curieuse du ç,v
néral K.;Uiard toiijnrc su mujcsté •/«• ne poiul
rompre de lance a>eç l'ciupeicw. I, — n —\.
BEL
:>i7
lingua dans toutes les grandes affai-
res , il Ivakoviarl i , ;i Wilepsk , ;i
0.sli()\ no , ;i Smolensk , a Dorogo-
boudje. f/i bataille de l'orodino mit
le coiiddea sa répulalion de \adlance.
INon seulement il eut sous lui un
cheval tué et deux blessés ^ mais c'est
lui cjui , par rétablissement d'une
batterie de vingt pièces d'artillerie ,
détermina la retraite des colonnes
profondes de la garde russe devant
^ey. L'élévation du général Gou-
vion Saint-Cyr au maréchalal ayant
laissé vacant le poste de colonel- gé-
néral des cuirassiers , Belliard y fut
nommé le 5 décembre 1812. Il ve-
nait de mériter encore ce litre par sa
coiiduite a, idojaïsk oîi il fut blessé
a la jambe par un boulet, et il le
justifia par la promptitude avec la-
ciuelle, après le départ de Bonaparte,
il réoro-anisa la cava'erie. L'ouver-
ture delà campagne de i8i5 lui vit
conférer par IXaj'oléon , pendant la
bataille de Dresde , le poste si diffi-
cile et si important d'aide-raajor-gé-
néral de l'armée j c'est alors ({u'un
boulet de canon lui cassa le bras.
Aux trois journées de Leipzig il eut
plusieurs chevaux tués sous lui. A l'af-
faire d Ilanau , il Ot encore preuve
d'un admiiable sang-froid. Arrivé à
Maïence avec lesdébrisde l'armée, il
alla remplir a Rictz les fonctions de
major-général, tandis quoBerthiersui-
vant a Paris Napoléon, hàlait avec lui
l'organisation d'une nouvelle armée.
Après la bataille de Craon eu mars
1 8 1 4- , Belliard fut nommé comman-
dant-général de la cavalerie de la gar-
de, et il se montra digne de ce litre par
le dévouement (pfii déploya partout,
a la Ifaute-Epine, a Chàteau-Thierri,
a Eroincnleau, a Lnou , a Reims et
dc\anl Paris. INapoléon reconnut ces
services en lui accordant le 5 avril
18145 ^^ Fontainebleau, le grand cor-
Si 8 BEL BEL
dondelaLegîou-d'Honneiir.MaisNa- tête de rarraée de la Moselle, faisait
poléon alors n'était plus empereur passer deux bataillons et deui ca-
qu'a Fontainebleau : bientôt il dut nons au général Mériage pour repren-
signer son abdication et partir pour dre Saiut-Avold, et arrêtait par ses
rUe d'Elbe. Belliard resta près de dispositions une colonne prussienne
lui jusqu'à son départ. Aussitôt après qui avnit ordre de s'emparer de Bit-
il alla présenter sou épée au roi che. Mais les événements de Paris
Louis XYIII qui le nomma pair rendirent bientôt cette défensive inu-
de France et chevalier de Saint- tile : un armistice de vingt-quatre
Louis. Lors du débarquement de Bo- heures fut conclu, pendant lequel
naparte en Provence, Belliard fut Belliard apprit la seconde abdication
nommé major-général de l'armée que et ses suites. Il quitta aussitôt son
devait commander le duc de Berrj. armée, revint a Paris, et sembla ne
La rapidité des événements ayant solliciter aucune faveur. Il est présu-
rendu la résistance impossible , Bel- mable qu'il n'en aurait pas obtenu ,
liard suivit la famille royale à Beau- car Louis XVIII avait rayé son nom
vais où Louis XVIII lui ordonna de de la liste des pairs; et peu de temps
retourner a Paris. Il n'y arriva que après il fut compromis dans le procès
le 24. mars, quatre jours après Napo- de Nev , arrêté et renfermé dans la
léon. Alors il ;>e rapprocha bientôt de prison de l'abbaye. Cependant on ne
lui, et finit par accepter une mission le mit point en jugement , et, après
auprès de Murât. Il s'agissait, suivant plusieurs mois d'une rigoureuse capli-
les uns, d'amener a des sentiments vite, il recouvra sa liberté 5 et même
sages et k une conduite circonspecte un peu plus lard, le gouvernement
cet aventureux monarcjue , dont Na- royal avant changé de svstème, Bel-
poléon n'avait vu qu'avec beaucoup (le liard fut réintégré sur la liste des
regret l'entreprise sur la haute Italie; pairs dans la grande fournée que le mi-
selon les autres , Belliard devait lui nistreDecazesavait décidée pour faire
faire passer les avis militaires de son écarter la proposition Barthélémy
beau-frère. Quoi qu'il ensoit, Belliard {Koy. ce nom, ci-dessus, p. 2^1).
partit de Toulon sur une frégate, le Une autre ordonnance royale de 1822
4 mpi 181 5. Bientôt poursuivi par déclara qu'en lui rendant sa pairie,
une frégate et uu brick anglais, il fut le gouvernement ne lui rendait pas
forcé de s'arrêter h Ischia et d'y le majorât qu'il avait eu pendant les
prendre terre. jMais déjà tout était cent jours. Celle circonstanco n'em-
déscspéré : ce jour-l;i même , dix-huit pécha pas lîelliard de montrer en-
mille hommes abandonnaient le parti rore assez de zèle pour les Bourbons,
du roi de Naplcs, qui lui obligé de Du re>te il no fut cpie speclalrur des
quitter le conlincnt. IUHiar<l suivit débats législatifs. C'est dans celle
son exemple, et (lut s'csiimer heureux silualion que la révolution de juillet
d échapper aux Anglais. C'est lui (|ui 1 83 0 trouva ce général. Il se déclara
apporta à i'aris l.i nouvelle de la aussitôt favorable a ce c))angement.
délaitc de Mural. Il reçut des mains D'ailleurs il connaissait personnelle-
dr Honaparle la pairie el le comman- nu ni le nouveau monarcjue (ju'il avait
demi lit (h's Iroisiènie el (|iialrième di- anireiois ^u h réliilirajor de Du-
■vi.sions niililaires. Fidèle a ses non- mouriez. Eu mars i 83 1 , il fut nomme
veaux devoirs, il était le 23 juin h la ambassadeur en Belgique. Il montra
BEL
daus cette cliar{;c' Ix'aucoup de tact,
de finesse et de niosiire , fui d mie
grande ulillk' aux ludgcs pour l'or-
ganisation do leur armée . signa la sé-
paration (le la Hollande cl de la Bel-
gi(jne , en! pari an clioix et à Tinslal-
latlon du prince de Saxe-Cobourt; ,
ainsi (ju'au mariage qui suivit de près
cet cvènement, et mourut d'apoplexie
le 5o janvier 1802, a Bruxelles, où
il fut enterré. V — or.
BELLIER (Pierre), conseiller
an Cliàlelet de Paris , se lit connaître
dans le seizième siècle , comme tra-
ducteur de IMiilon. Son enlhousiaîme
pour le philosophe juif fui porte a un
tel point qu'il se démit de sa charge
et fit le voyage de Rome, afin de
collationner, sur les manuscrits du
Vatican, la copie cpi' il avait faite de
cet auteur, d'après l'original de la
bibliolhcque du grand roy Fran-
çois. Mais a la mort du pape Pie V,
la bibliothèque Valicane ayant été
fermée , il perdit une partie dn fruit
de son expédition littéraire. Sa tra-
duction fut publiée sous le titre
d' OEuvresdc Philon Juif^ authcur
très-éloquent et philosophe très-
grave^ Paris, 167 5, in- fol. Frédéric
Morcl , lecteur du roi , en publia une
nouvelle édition, en 16 12, in-8°,
aufrraenlée de la traduction de trois
livres. La version de Bellier ne coni-
preuail que vingt-quatre traites , sur
quarante qui étaient alors connus :
DuVerdier en donne les litres. La
Croix du Maine (pialifie Bellier d'iiom-
mc docte. « Il a davantage traduit^
a ajoute-t-ll , un discours de Phi-
a Ion, touchant L'estat et devoir
K du juge , Paris , Chaudière ,
« 1569. 3) Mais ce traité fait aussi
)arlie (\c& œuvres traduites et pu-
)llées , quehjucs années après , par
Bellier, qui vivait encore en i584-.
L M X.
BEL 5i9
Ï^KLLTÈRE (Jacques, mar-
quis (In Plessis ). Voy- Uoi,(,j' ,
XXMX , 102.
r»l':LLi\(;E\(i)(FLErRYDE),
grainiiiairien, sur lecpiel on n'a pu re-
cueillir (pie des renseignements incom-
plets. Pjaylc conjecture qu'il ensei-
gnait la langue française en Hollande
(article /.r/<'<5';7//?o.s7/, Rem. \).). Bel-
liugen nous apprend lui-nuMue qu'il
avait été attaché , pendanl plusieurs
années, au chevalier de Sommcrdickj
mais il ne dit pas en cpielle qualité :
c'était probablement comme secré-
taire. Il avait fait une étude spéciale
desoriirinesde notre lainrue. En i 653
il publia Les premiers essais des
proverbes français, La Haye, in- 1 z
ou petit in-8". Le succès de cet ouvrage
l'ayant encouragé dans ses recher-
ches , il refondit son travail, Paug-
menta de plus de deux tiers , et le
reproduisit sous ce titre : Ktymolo'
gie ou explication des proverbes
français , divisée en trois livres ,
par chapitres en forme de dialo-
gues 5 la Haye , 1 6 5 6 , petit in-8°.
Un libraire de Paris, TSlcol.Peplngué,
s'empara sur-le-champ de l'ouvrage
de Belllngen , et le fit réimprimer ,
avec privilège du roi, sous ce titre :
Les illustres proverbes nouveaux
et historiques^ expliqués par diver-
ses questions curieuses et morales
en forme de dialogues. Il n'y a de
différence entre les deux éditions que
dans le litre , dans les noms des
iiilerloculeurs, que Belllngcn appelle
Simplicius et Cosme , et son con-
trefacteur , le manant et le philo-
sophe. et dans la division des trois
livres. On n'a pas même retranché des
Illustres proverbes quelques pas-
sages injurieux a la France, et qui
(1) Et non pns liclliughen, comme l'écrit
Parbi<T dans l.i seconde cdilion du Diction-
naire des unon/mef.
520
BEL
BEL
n'auraient pas dû reparaître dans
une édition française faite avec l'ap-
probation du roi. Ainsi Pepingué ne
s'est pas rendu coupable do pla-
giat, comme le dit M. Nodier, mais
de contrefaçon et de vol, délits moins
honteux peut-être que celui de pla-
giat , mais qui cessent d'être jus-
ticiables de la critique pour le de-
venir des tribunaux. Le succès des
Illustres proverbes nuisit beaucoup
à celui de VEtymologie des pro-
verbes. En peu d'années il s'en
lit au moins (}ualre éditions. Celle de
Paris, i665, 2 vol. in- 12 , passe
pour la plus complète. Dans cette
édition on trouve a la tête du troi-
sième livre un avertissement de l'édi-
teur , dans lequel il a l'effronterie do
dire : « que cette suite n'a jamais
« paru au jour , et que c'est ici la
M première fois qu'elle a passé sous
« la presse. » C'est cependant la
réimpression textuelle d'une partie du
second et du troisième livre tout en-
tier de VKtynioloi^ie des prover-
bes. L'abbé Goujet, qui n'avait jamais
pu se procurer l'édition de La Haye,
regardait les Illustres proverbes
€ommc un des meilleurs onvrajres
(pi'il connût sur celte jnalière ( Vi/-
hliothiujuc. J'runcnise ^ J, 288).
C est à IJellingen (ju'il faut rej)orter
cet éloge. L'édition A\i sou livre ,
réimprimée sous ses yeux, (juokjuu
1 exécution eu soit médiocre, sera
toujours préférée par les vrais ama-
teurs a loulcs lescoiilrefarons de Pa-
ris. Ou Irouve des détails sur cet ou-
vrage dans les Mélanges tins d'une
jx'tile biblii)lh('(jue., par AL Nodier,
cIm|). Mil, l2»-32. W— s.
BI'JJxO (Piiimpi'l) , littérateur
napolitain , nacpiil en 1666 il Alri-
jialda.Son père, habile jurisconsulte,
prit le plus grand soin do son éduca-
tion ; ♦ !, après (pi'i! cul achevé ses
premières études dans sa ville natale,
il alla faire sou cours de philoso-
phie a Naplcs , sous les jésuites.
Ayant reçu le laurier doctoral dans
la faculté de droit , il exerça la pro-
fession d'avocat a Naples, et fui chargé
deradmiuistrationdelajuslicedansles
domaines de plusieurs seigneurs. Ses
lumières, et l'Jnté'Jîrité dont il donna
de fréquentes preuves , lui méritèrent
l'estime «générale. La mort de ses
parents qu'il chérissait avec tendresse
l'obligea de retourner a Alrlpalda.
11 chercha dans la culture des lettres
un soulagement a sa doulenr , et
composa des Ixinie dont sa famille
possède un recueil considérable 5 mais
il n'en a été publié qu'un choix [Sug-
g-/o), Naples , 17 i4-, in- 12. Phi-
lippe mourut h 53 ans, en 1719,
sans avoir pu terminer un grand ou-
vrage sur le droit Duquel il travaillait
depuis plusieurs années , et qui ,
d'après ses compatriotes, devait lui
assurer une réputation durable. Il
était membie de diverses académies.
On lui doit la P^ita disan. Sabi/io,
vescovo di Cnnosa ; et il a cher-
ché dans wwQ Dissertation a prouver
qu'Atripalda, sa pairie, était une co-
lonie romaine el ipi'clle fut décorée
du titre de municipe sous le nom de
tribus al ta, AV — s.
BELMONDI (Pierre), né h
Virieux , dans le l^ugey, en 1774»
d'une famille de cultivateurs, fil ses
éludes àBelley , et entra jeune dans
radiiiinislralion (\{:i> contributions di-
recles. Il était parvenu à l emploi de
directeur , lorsiju'il perdit celle pla-
ce en 181 4. par suite des événements
j)olili(pi('s. 11 vint alors a Paris el
y Iravallla dans p'usieurs journaux,
entre autres les Annales politiques ,
el le Journal de Paris, pour la rédac-
tion des séances. Il s'occupait en mê-
me Icnqis à réunir les maUTiaux
IJKL
BEL
:>.AI
d'une collcclloii dont rutililc Sj)c-
cialc no pciil èlrc r onlrslor , et (ju'il
a puhlicr son^; ce lilrc : (\)tlc des
con/n'bulions t/irrctes , ou Recueil
mctlu)((i(]iic (les lois, ordonrum-
Ces , rcglt'ffiefi/s , instructions et
décisions sur cette matière , Va-
ris, 1817 a 1820, 3 vol. in-8^.
Le tome premier eul une scroiule
éililion en i8i8. L'iiuhnir en fît
liommnj^e li la chanil)rc îles dcpulos
le 20 dcc. 1819. Il ol)linl a celle
époque un emploi de chef de bureau
dans le cadaslre; mais il le conserva
peu. Alleinl d'aliénation mentale, il
y succomba le 20 mai 1822. On a
encore de lui une brochure qu'il pu-
blia en 181 9 , sous le voile de Ta-
nonvrae , inliluléc : M. Cigo^Jie.
C était un pamphlet dirigé contre
M. Bricogne , a l'époijue de ses atta-
ques contre le baron Louis, alors mi-
nistre des (niances , dont Relmondi
se faisait l'apologisle. M — DJ.
BELGE (Guillaume ) naquit
'a Norwich ( comté de Norfolk ), eu
1756. Son père, qui futdepuisun des
principaux négociants de celte ville,
était fort pauvre lors de sa naissance ,
et même avait été forcé d'abandonner
SCS marchandises a ses créanciers.
Le jeune Guillaume , après avoir
étudié dans plusieurs écoles, soit à
No!•^vich, soit aux environs , fut con-
fié aux soins de îMath. Raine, dont
Hait lord était la résidence. Ce di<rne
ecclésiastique, en lui inspirant pour
l'élude un goût que jusqu'alors le
jeune homme n'avait point senli , re-
connut chez lui , au bout de quel-
ques années , d'heureuses disposi-
tions , et , loin de chercher a retenir
un pensionnaire de plus dans son éta-
blissement, donna leconseilK son père
de l'envoyer dans un collège supé-
rieur , et finilcracnt a l'université.
Bcloe fut mis alors au village de S lau-
more, dans la maison du docteur Sa-
muel Parr, (pi'on regardait comme
rhuiiianistc le plus liai)ile de l'Angle-
terre. 11 y (il de nouveaux progrès ;
mais une accusation (|u'il a toujours
dans la suite (pialiliée d'injuste, eltju'il
lui fut néanmoins iiiipo-sible de réfu-
ter dans le temps, engagea le chef de
l'école à prier son père de le retirer.
vVprès avoir perdu (pii-hpi.'s mois dans
la maison paternelle, iieloe fut mis à
l'université de Cambridge , et entra
au collège Bennet ( 1766). Dès son
arrivée, il y provoqua une espèce de
parti contre lui , par une épigramme
sévère que dans un moment d'irrita-
tion il décocha contre deux jeunes
gentlemen qui , fiers de leur rang ,
avaient affecté de le dédaigner. L'i-
solement dans lequel il tomba lui
fut avantageux sous plus d'un rap-
port : il eut moins d'occasions de dis-
sipation et de dépense que la plu-
part de ses camarades , et il étudia
davantage. Il avait reçu , en 1779 ,
le grade de bachelier ès-arts , et il
était revenu à INorwich , lorsque
son ancien maître , le docteur Parr,
qui avait abandonné Stanmore , fut
appelé dans le chef-lieu du comté
de Norfolk avec le titre de chef de
l'Ecole libre de la ville. Il prit Beloe
pour son second , et celui-ci s'ac-
([ultta trois ans de suite de ces fonc-
tions. Au bout de ce temps , 11 entra
dans l'éL^lise , et devint d'abord curé,
ensuite vicaire d'Enrlham. 11 était
alors marié. L'insuffisance du revenu
de cette place et rimpossibllilé re-
connue d'avoir un rapide avancement
dans l'obscurité de sa province le
déterminèrent a quitter son vicariat,
pour Londres, où il espérait que sa
plume lui procurerait une existence
plus heureuse que les médiocres émo-
luments d'Earlham, même avec l'an-
nexe de Bowthorpe. Ces pressenti-
5a %
BEL
raenls n'étaient pas trompeurs j mais
les commencements ne furent cepen-
dant pas tout-a-fait prospères. La
poésie avait d'abord eu ses hommages.
Le premier ouvrage qu'il fit paraître
fut imprimé en partie à ses frais.
Le prudent libraire auquel il s'était
adressé ne voulant point seul courir
les chances de la publication, il fut
stipulé que la moitié de la dépense
serait supportée par le poète, lequel
du reste paierait comme il le pour-
rait. Heureusement Touvrage réus-
sit ; et, au lieu d'avoir a payer l'im-
primeur , Beloe reçut la somme de
quatorze shellings huit pences. Il ne
tarda pas a se former a Londres un
grand nombre de liaisons, tant dans
la librairie que pnrmi les sommités
littéraires et politicjucs de l'Ecosse.
Ses traductions d'Hérodote , d'Aulu-
Gelle et des lettres d'Alciphron lui
donnèrent de la réputation. Il écrivit
dans plusieurs recueils périodiques ,
parmi lesquels nous distinguerons le
Gentleman' s Magazine. Lorsque
lu révolution française vint éveiller en
Angleterre tant d'antipatlûcs et do
sympathies diverses, il fut pour elle
un rude adversaire. Non-seulement
il en blâma les principes et les consé-
quences , mais il établit sous le pa-
tronage de beaucoup de personnes
importantes un journal semi-périodi-
que dont le but était de défendre les
doctrines de Téglise et du roi. (lélait
le Critique britnntiique [Jirités/i
Crilic), dont il fut long-temps le seul
éditeur cl pour li'(pulil s'adjoignit en-
suite rarchidiacre INarCï. Toiis deux
continuèrt'nt ce recueil jiiscprau ipia-
raulc-nnième volume. Les partisans
des docirint's françaises ne furent pis
sans reprocher îi Beloe d'avoir jadis
eu d'autres priiuipes que ceux dont
il se iaisail le ch. impion, nolamuunl à
l épo(pie de la guerre coufre les colo-
BEL
nies américaines. Beloe s'en tira, en
alléguant sa Jeunesse et son inexpé-
rience. Le zèle dont il fit preuve dans
toutes ces discussions lui valut de
la part des ministres de fort bonnes
places dans l'église. Déjà il avait ob-
tenu la maîtrise de l'hôpital Emanuel
à Westminster. En 1796, le lord,
chancelier Rosslyn le présenta , le fit
nommer au rectorat d'AU-hallowsj
et , Tannée suivante , l'évéque de Lin-
coln^ dont il avait été le condisciple,
lui conféra une place de prébendier
dans sa cathédrale. En i8o5 l'évèque
de Londres, Porteus, le gratifia de la
riche prébende de Paneras, dans son
diocèse. En 1 8 o4^ , il avait été nommé
un des conservateurs du Musée bri-
tannique. Cette place , parfaitement
en harm^onie avec ses goûts, et fork
utile en même temps pour tous ses
travaux, lui fut enlevée vers 1810,
par suite d'un abus de confiance
odieux de la part d'un homme qui
visait h le remplacer. Cet événement
fut très-sensible à Beloe, qui jusqu'a-
lors avait vécu presque splendidement
dans Rensington-Square. Son exis-
tence depuis cette époque fut comme
dérangée, et dans la préface du
tome VI de &çs, Anecdotes biblio-
(^rap/iiqucs , il fait amèremeut allu-
sion a la trahison dont il avait été
victime. Cependant il continua ses
travaux littéraires avec activité. Il
veuail de mettre la dernière maiu a
ses iMémoircs , lorsqu'il mourut , le
i I avril 1817. Une grande variété de
connaissances littéraires, beaucoup
de vivacité , de la facilité, un style
pur, assez élégant , et ampudla force
ne mauipie point, telles luient les
(pulilés principales de Belon comme
littérateur. Il faut ajouter qu'il était
au moius aussi apte ii la direction
qu'à la rédacliou d'un ouvrage lilté-
raircj et il lo prouva, soit eu éditant
BEL BEL 5aï
plusieurs ouvrages , soit en puMi.int portùiun; ^ apologues orientaux ,
son Critique britannique. Voici les I79''> 5 vol. in-12. IX. Les Nuits
ouvrages principaux de Pcloc : I. arabes, Irad. du français, 4- vol.,
Oc/c à miss .Ih)S('(i\V('/i , nnjinmce lu-iii. X. Josrpk, Ir.ul. du poème
on 1783, peu de lomps après sa sor- frauçnis eu prose de liltanl)è , 2 vol.
tic de rnni\crsilc de Cand)ridge, et 'n\-\ ^.W. yinccclotrs bibliographi-
Erobaldcinent avant son arrivée h, ques et notices de livres rares
iOnJres. II. L'enlèvement cVIIê- (Anecdotes of litcraturc and scarce
lène (traduction du grec de Colu- Books), 6 vol.in-8°. Les deux pre-
thus , avec des notes), 1786. III. iiiiers parurent eu 1807- ^^^ trois
Poèmes et traductions , 1788 , suivants en 1809 et i8ri ; le dcr-
in-8°. IV. Hérodote, trad. du grec nier en 18 12. Le public fit a cette
en anglais, avec des notes , 1790, i I)iI)llographie un accueil Irès-favora-
vol. iu-8°. Il y en a eu depuis deux blc. Effectivement, c'est un répcr-
aulres éditions. La première de toire extrêmement curieux et dans
celles-ci fut dédiée h l'évètpie de letjuel se trouvent une foule de dé-
Londres. Beloe j a souvent mis a talls jusque-la complètement incon-
contribution le travail d 1 traducteur nus. Le premier volume contient, en-
français Larcber au(juel , du res- tre autres indications capitales, celle
te, il prodigue de grands éloges. Il de beaucoup de livres rares relatifs
profita de plus, afin d'éclaircir son aux antiquités de Cambridge j du
auteur, des découvertes dernièrement beau manuscrit copte sur papyrus,
faites en Afrique par Mungo Park , trouvé dans le tombeau d'une momie
par Browne,par Hornemanu et quel- h Thèbes, et apporté en Angleterre
ques autres , et plus tard encore des par Hamilton ; d'un grand nombre de
lumières que l'expédition française tragédies et^e comédies rares de la
en Egypte jeta sur Tantique terre collection de Garrlck ,• d'un traité de
des Pharaons. Ce travail était uéces- sténographie imprimé a Londres ,
saire en Angleterre , pour combler en i588 , etc., etc. On y remarque
une véritable lacune littéraire : Thu- aussi les articles yZ:<:/e.ç TV alpolianœ
cydide et Xénophon avaient trouvé et /?ooA-5 (livres), remplis d'anecdotes
plus d'un élégant interprète dans la intéressantes et de documents nou-
Grande-Bretagne j seul parmi les his- veaux. Le tome deuxième contient
toriens fondamentaux de la Grèce, d'abord de nouveaux et riches extraits
Hérodote n'avait été représenté que delà collection de Garrlck : ce sont les
par un traducteur, Liltlebury. V. /^/ei^arc/zn/^As; neuf sont d'une grâce
Lettres d'Alciphrony trad. du grec et d'une simplicité délicieuses. Puis
en angl., i 791. VI. Les Nuits afti- viennent les T^udicra ou Epiç^ram-
ques d'Aulu-Gelle^ trad. du latin en mata juvenilia de Jean Parkhursl ;
angl., 1795. "VII. Mémoires suc- le iVo/^-^ ^/'or d'Elisabeth Melvllle
cincs sur les meneurs de la n volu" (Lady Culross jeune), premier pro-
//(7//y)'a/zrrt/.ç<?.- le titre prlmllif était duit de la presse d'Aberdecn 5 plu-
]\lémoires succincs sur le chef des sieurs extraits d'ouvrages en prose de
régicides français ; mais le raéticu- Thom. Lodgc ; beaucoup de détails
leux libraire exigea (jue ce litre fût sur la colleclioti de Roxburgh, où se
modifié. Vill. Miscellanea , con- remarquaient surtout les pièces inti-
tenant des poèmes, J'iagnicnts iulccsCommon Condjcions^et Di-
524 BEL
don^ les pamphlets du roi, un Juif
contre les gentils, l'édilionprinceps
(lu Décameron, Venise 14.7 i,b-fol.;
Loyauté j épiscopat et loi , lire a
un seul exemplaire • une lettre du D*"
Tanner, auteur de la iVo//^m mo-
nastica^ lellrequiconslate quelaplus
grande partie des additions et recli-
lications de VAthenœ O.vonienses
de Wood est de lui- et enfin l'abdica-
tion de Richard Cromwell, alleslant
de la part du protecteur Tintention
de se souracltre au roi , signée de lui,
et lue a la chambre le 26 mai
i65f). Dans le tome troisième se re-
marcpie surtout l'article ^z7>'//crt/ qui
donne nombre de renseignemenls sur
les premières Bibles et traductions
de la Bible impi imées en Allemagne,
cnPo'ogne, en Angleterre , etc. Le
quatrième est riche en noies sur drs
éditions grecques de Venise , de Ro-
me , etc. Le cinquième est consacré
aux traités de droit civil et de droit ca-
non, aux décrétâtes de Grégoire IX ,
au code et aux instituts de .luslinien,
à des recherches sur l'invention et les
amélioralions des matières k écrire ,
jiotamment du parchemin , (jue l'on
allrlbueau roi de Pergame AllaleL'",
et (|ui, comme le prouve l'auteur,
était connu long- temps avant la nais-
sance de ce prince. Divers extraits
de vieux poètes, d'anciens sermonai-
rcs, des indications de pamphlets, de
relations de voyages , de traités ihéo-
Jogiipies, poli tiques ou ;iulri's, donnent
au sixième volume un intérêt non
moins vif (ju'aux cimj (pii l'avaient
précédé. Ou rcgielte de ne pas trou-
ver dans ccl ample recueil plus de
renseignements sur des maiins( iits
orientaux : Beloe déplore lui-même
celle lacune • mais réioignemeni tie
sir (). Ouseley , sm letpiel il a\ail
compté pour celle partie de son tra-
vail, le força d'y renoncer. Xll Le
ail-
BEL
C/itique britannique {F", plus haut)
XIIL Une édition du Dictionnaire
biographique, en société avec Guill.
TooLe, Morrison et Robert INares,
i5 vol. in-3°. XIV. Divers articles
dans le Gentleman^ s M agazine et
autres ouvrages périodiques. XV
Le Sexagénaire on Mémoires
d'une lue littéraire, i 8 i 8. Ce sont
ses propres mémoires, publiés après
sa mort , par un de ses amis. Il avait
composé une Parodie de la déclara-
tion des Droits de t homme, qui fut
imprimée en 1795. P — ot.
BELSHAU (W^iLLiAM), his-
torien anglais , professait en politi-
que l'opinion du constilulionnalisme
et du -whiggisme pur. Ce senti-
ment respire dans les divers ouvrag
({u'il a publiés, et Von y trouve d'à
leurs du talent et de l'àme, mais non
])as toujours l'impartialité qu'on dé-
sirerait dans les [iroduclions de ce
genre. On est étonné de lire dans une
brochure sur la révolution française ,
publiée par lui en 1791 , ces mots
élraniies sur un liumine illustre :
ce Qu'est-ce que M. Burke ? »
Sans mentionner plusieurs écrits sur
les lois de test , sur celles des p(Ui'
vrcs , sur la révolution française , sur
les distinctions entre les anciens elles
nouveaux ivA/i,'A", sur la réforme par-
lementaire, etc., nous citerons ses
compositions les plus considérables:
1. lassais historiques , politiques
cl littéraires , 1789,2 vol. in-8" j
il en a été lait plusieurs éditions IL
Aie moires sur les rois de la Gra/t-
di'-Urrtagne de In maison de
Ih'uns wick- Lunebourg , 1795,1
vol. in- 8". Le récit , linissanl h la
mort de Georges II, lut continué dans
rouvragesuivanl. 111. jMénioiressur
le règne de Georges /II, ^7^)^^ 4
\ol., (pii furent suivis de deux autres,
en 1801. Ou a trouve tjuc Tau-
tcur .s'("st monlic loil scvrrc ;i 1 c-
>/ari\ (le \^ . Plu , .UKjiicl il allrilnic
l'àmo la plus hassi- , cl donl radiiil-
lii.slralloii lui paraît rxi'craMr (si(-
pvrlittivi'ly ilclcstahlc ). L'hislo-
ricn rclourna rnsullc sur ses pas , cL
rciiionlanl h la rcvolnlion de 1688 ,
fil paraître : W , L'Histoire de la
Granilc-Brcl ignc depuis cet évè-
neinenl jusqu'à l'avènement de la
maisoîi (f Hanovre , ^79^? - ^'o'*
in- 8°. Il expose dans la préface les
sources abondantes où il a puisé les
fails , rcconnaissanL que ce sera sa
faute si sa narration est aride ; mais on
n'a pas ce reprociie h lui faire. J/in-
troduclion contient un aperçu desévè-
nements survenus sous les règnes de
Charles II et Jacques II. La, en si-
gnalant la conduite iudignc du pre-
mier de ces princes vendant à la
France sa neulraiilé moyennant une
pension , il s'efforce de juslilier les
intrigues de l'opposition anglaise , et
la distribution de l'or français , faite
avec Tapprohalion de ces patriotes
si renommés, Sidney et Hollis. « Il
s'agissait, dit -il, d'effectuer un
grand dessein politique, qui malheu-
reusement ne pouvait pas être ac-
compli par des moyens plus ouverts et
plus honorables, r. I<cs trois précé-
dents ouvrages ont été améliorés pnr
leur auteur , et réunis en \\\\ seul
corps, 4- vol. in-4-°, et i 2 vol. in-S".
VI . Belsham est mort a Londres^
le 17 nov. 1827, âgé de 76 ans.
• — Belsham ( 77/o/;m.î) , ecclésiasti-
que , frère aînéderhistcr'en , dirigea
l'école des dissenters de Daventiy ,
dans laquelle il avail fait ses éludes.
Il résigna cet emploi en 1789, après
qu'il eut abandonne la doctrine de
Calvin pour adopter celle Acs uni-
taires , en faveur de laquelle il parla
du haut de la cliairc et exerça fré-
quemment sa p'umc. Parmi ses e'crits
RFJ,
'iî.r)
on cite piriiculièrcincnt : C\dni J./i-
qnit-y ^ clr. [I.xameti iniparLidl de.
la doririne de l' l'^ceititre coiieer-
naiil la personne du Christ^ etc.),
181 r. 11 a donné une traduction
angl.iise des l'iptlres de fapoire
saint. Paul ^ avec une inlroduclion et
des noies, 1822, 4 vol. in-8". Tho-
mas l'elsliam , qui d( sscrvail a Lon-
dres la chapelle unilairicnne d'Es
sex-sireet , est mort en nov. 1 829 ,
a Tà^c dt- 80 ans. L.
BELTRAMELLI (Joseph),
lilléraliur, né en 1734-, àBcrgame,
d'une famille noble et opulente , fut
envoyé jeune a Bologne, y cultiva les
lettres et les sciences sous la direction
des jésuites, et acquit ^p même temps
d'un habile peintre, donl il frécpuntait
l'alelier, la connaissance àcs règles
et de la pratique des arts. Il revint dans
sa ville natale avec le pbis vif désir de
faire partagera ses jeunes compatrio-
tes son enthousiasme pour les lettres
et les arts. Dans ce but, il recueillit
des tableaux des meilleurs maîtres ,
des médailles , des livres rares , àcs
manuscrits précieux, et mit toutes
ses richesses h la disposition de ceux
qui voudraient en profiter. Une telle
conduite ne pouvait manquer d'exci-
ter une généreuse émulation 5 cl Ber-
game vil bientôt naître et croîlredc
jeunes talents qui , snns le secours et
la protection de Bellraraelli , n'au-
raient jamais pu se développer. Pas-
sionné pour Télude, il y consacrait les
jours et les nuits, et s'empressait de
communiquer le résultat de ses recher-
ches h toutes les personnes qu'elles
pouvaient intéresser. Plusieurs sa-
vants lui en ont témoij!;né leur recon-
naissance,entre aulre>; Serassi dans sa
Vila di Tasso ; IMorelli dans la
Bibliot. pinelliuna ; et Tiraboschi
dans plusieurs endroits de la Storia
délia lellerni. ilal. Jaloux d'au»-
o
526 BEL
menler encore son érudition et d'ac-
quérir en même temps de nouveaux
amis, Beltramelli résolut de visiter
les principales villes de l'Europe. Il
demeura deux ans à Paris, dans la
société de Diderot, de d'Alembert, de
La Condamine , de Dorât et de M"'*
du Boccacfe. Il se rendit ensuite k
Londres où il selia très-étroitement
avec Matj , conservateur du Musée
Britannique, et Maskelyne, direc-
teur de rObservatoire de Greeuvich.
Il vit aussi en Angleterre la cé-
lèbre Angelica Kaufmann ( Voy. ce
nom, XXII 2 59) 7 et s'empressa de
payer a ses talents un juste tribut
d'admiration. Après cinq ou six
ans d'absence , il revint a Bergame
reprendre ses habitudes studieuses.
Ses voyages lui avaient occasioné des
dépenses considérables \ mais avec du
temps et de récononiie il pouvait
espérer de rétablir l'ordre dans ?,<à7,
affaires. Les invasions successives de
l'Italie, durant les guerres de la ré-
volution, achevèrent de le ruiner.
Doué d'un courage supérieur a la
fortune, il soutint sa nouvelle posi-
tion avec noblesse , et , quoique dans
un âge avancé, sollicita la chaire d'é-
lo(juence au lycée de sa ville natale.
Il la remplit avec autant de zèle que
de talent, jusfpi'a la fui de sa longue
carrière , cl mourut en 1816, Ji 8a
ans. On a de lui : [. Lcltere sullc
belle arti^ lîcrgame, 1797. II. Dis-
corso sulla Iclleralui'u, ih., 1 8o5.
L'auteur n'y ( ache point les (lifTicul-
tés qu'on rencontre dans la carrière
des lettres j mais il montre Ions
les avantages qu'(ui peut retirer de
leur culture, lll. Nolizir intornoml
lin qiui(ho esislculc nclln i'a/>f>c//ii
(Ici Paluzzu ilclla Prc/rthini in
Dirf^amoy 1806. ncltramelU clier-
clu' a prouver ipie ce labUau est de
LullU) peintre vcuilicu y et uuu pas
BEL
Lergamasque , comme on l'avait cru
jusqu'alors. IV. Elogio del caval.
Tiraboschi,ih\à.f i8i9,in-8°. Dans
cette biographie , Beltramelli cor-
rige les erreurs de ses devanciers ,
et donne de nouveaux détails sur la
personne et les travaux du savant au-
teur de l'Histoire de la littérature
italienne (/^oy. Tiraboschi, XLVI,
123 ). Parmi les ouvrages manuscrits
de Beltramelli, on cite des Disserta-
tions sur la bibliographie j sur les
variantes que présente un manuscrit
deVy^mintedu Tasse , qu'il possédait
dans sa bibliothèque 5 sur l'anneau
du pape Sixte IP^, arraché de son
doigt au sac de Rome, et porté k
Naplesj sur la mau\^aise foi de
l'historien Platina, prouvée par sa
Vie du pape Paul IV, qu'il déchira
mort, après l'avoir trop loué de sou
vivant , etc. Le savant P. Moschini
lui a consacré, dans la traduction ita-
lienne de la Biographie universelle^
un article dont k notre tour nous
avons profité pour rédiger celui-ci.
W— s.
BELURGER ( Claude ) était
un savant helléniste, sur lequel on n'a
que des renseignements incomplets.
L'abbé Mercier de Saint-Léger con-
jecture que c'est le même (|ue Balur-
gey de Dijon , poète oublié dans la
Bibliothèque de lîourgogne, et dont
on connaît une ode grecque sur la
mort de Clian\'allon , abbé de
Saint- ^ ictor (l\iris, 1 6 1 i , in-8").
Quoi ([u'ilen soit, Belurger, passion-
né dès son eniauce pour la langue
grec{[uc , vint loi l jeune 1 étudier a
Paris, et y fit des progrès si rapides
(|u'il surpassa bientôt ses maîtres.
Nommé prolesseur de l)elle.«>-letlresau
collège (le Navarre , il s'attacha sur-
tout k tamiliariser ses élèves avec lu
hiuiiue de Démosthènes et de Pla-
lon^ cl il parvint k les mettre en
BEL BEL ''>!i7
clat de souloiiir jHil)li(|Ucnicnt des si/r ÎTonirra , aïKjiicl il travaillait
thèses en ^rec, clio.se iiinsiu'e dans d<"j)iii.s plusioiirs aimces. On uc con-
ruulvcrsilé de Paris , el (jiii projja- iiaîl de lui qirune pièce grecque a la
Llemeiil ne s'est pas renouvelée de- louante de Gaulinin , dans sou édi-
puis. Llranger a tous les usages du tion du Irailc de l'.scllus , De opc~
monde, h tous les devoirs de la bien- ralionc Dirmonum ^ Paris, i6i5j
, séance , lu'lur^er ne devait qu'à sa et une nulrehla lèle des 7l7/i/6»/>'/r//,'^f
profonde érudition Testirae dont il d'iléliodore, derédiliondeBoudelol,
jouissait. A tous les anciens auteurs ibid., 1619. La bibliothèque du roi
ilpréférait Homère, cl (pioiqueaforcc possède un manuscrit de Belurger :
de le relire il eût du le savoir par Tblius cosmof^rûp/iiœ et geoi^ra-
cœur , il Tavail toujours entre les /fhiœ tractatio ( Voy. Monliau-
mains , même 'a Téglise où il s'en con, Bibl. bibliol/iecar.j 11, 765).
servait comme d'un livre de prié- J. INicius Erjlhra;us (J. -Victor de
res. 11 ne put résister au désir de voir Rossi) lui a consacré une notice
les lieux décrits dans l'Iliade • et intéressante dans la Pinacotheca
avant confié ses épargnes aux Cliar- («o5, éd. de Leipzig , 1712). Elle
treux de Paris, leur abandonnant ses a été traduile en français par Mer-
fonds après sa mort , sous la cou- cier de Saint-Léger j et Barbier l'a
dition qu'ils lui feraient payer pen- insérée, sans songer a l'améliorer ou
dant sa vie tou;j les ans, partout oii à la compléter, dans son Examen
il serait, six cents écus d'or [cen- critique des Dictionnaires ^ 97.
teni et quingenti aurei), il partit W — s.
de Paris , résolu de n'y revenir qu'a- BELZOIVI ( Jeatj-Baptiste ) ,
près avoir visité toute la Grèce, dont célèbre voyageur, naquit à Padoue
il se proposait de dresser une carte en 1778 , (ils d'un pauvre barbier,
détaillée. Il avait environ 5o ans plus pourvu d'enfants que d'argent,
lorsqu'il entreprit ce voyage. S'étant et fut destiné au même métier. Mais
rendu d'abord à Rome , il y reçut un il s'y montra peu disposé. Les récits
accueil distingué de l'ambassadeur de de voyages avaient seuls le privilège
France et des savants auxquels il de l'intéresser, et il clail tout oreilles
ne manqua pas de faire connaître ses lorsque ses parents entamaient quel-
projets. Pendant son séjour dans cette que conversation sur Rome ou d'au-
ville eut lieu le mariage d'Ant. Bor- 1res grandesvilles de l'Italie. Ccpen-
ghèse , neveu du pape Paul Y , avec dant il était arrivé a Tàge de treize ans
Camille Orsini. Belurger le célébra sans s'être éloigné de pius d'une demi-
dans un poème grec dont il fit lui- lieue de Padoue , lorsqu'un jour son
même la traduction latine j et cette père l'emmena, pour lui donner une
pièce ne fit qu'ajouter h la haute récréation , a 1 ermitage du mont
idée qu'il avait donnée de ses ta- Ortono , non loin des sources iherma-
lents. De Rome il se rendit a Ve- les d'Abano. Frappé des beautés de
nise où il s'embarqua sur un bâtiment ce site pittoresque, et peut-être aussi
destiné pour Alexandrie J mais, arrivé de l'aspect des ruines qui prouvent
dans celle ville , il y tomba malade que les Romains n ont point négligé
et mourut (vers 1622 ), laissant les Aquœ Aponœ , l'enfant revint
(juclques manuscrits qui sont per- hors de lui-même a Padoue 5 et le
dus , entre aulrcs un Commentaire leudemaiu a la pointe du jour il par-
52» BEL BEL
til de la ville, pour revoir le paysage tant de faire , rasoir et savonnette en
enchanteur: Antonio, son jeune IVè- raaiu , son tour d'Italie. Ce temps
re , raccompagna dans celle excur- vint au bout de trois ans 5 peut-être
sion improvisée. Malheureusement , raème n'attendil-il pas jdus que pour
il y a plus de deux lieues entre Abano sa première sortie Vexent paternel
et Padouej et déjà Anlonin se plai- pour quitter sa ville natale. Cette fois,
gnait de la fatigue qui devait rendre il n'emmena point son frère , et au
son retour difficile , lorsqu'un voi- bout de quelques jours de marche il
lurier passe et demande aux jeunes fit seul son entrée dans la capitale
gens s'ils veulent aller a Ferrai e? du monde chrétien , probablement
BelzDni, que charmel'idéed'allerplus sans trop savoir de quelle manière
loin que l'errailage d'Ortono , ne fait il y vivrait. A Tcnlendre , il s'y livra
aucune difficullé d'accepler pour son très-spécialement h l'élude de l'hy-
frère et pour lui. Probal)lement il draulique. Le fait est qu'cfFeclive-
s'imaginait que l'offre était graluitc : ment il amusa le public de Rome
mais, une fois rendu h Ferrare , le par quebpies tours empruntés li cette
voilurier exigea de l'argent; et, corn- science; mais des jongleurs ne sont
me notre futur voyageur avait oublié pas des savants. Belzoni, comme la
de s'en munir, il les dépouille tous plupart de ses compatriotes, possé-
les deux de leurs vêtements, lecr dail a un degré remarquable celle vi-
rend quelque menue monnaie pour vacilé d'esprit qui sait se plier K tout,
solde de loiit compte , et laisse la les se cramponner h tout, et trouver par-
deux jeunes aventuriers. Jean-Baptisle tout des expédients. Biais, la comme
élail tout consolé , s'imaginant déjà ailleurs , a cbacun son étoile. Belzoni
être bien près de Rome, et, toujours sans doute trouva Irop de concurrence
suivi d'Antonio, cheminait le plus gai- en ce genre dans la ville papale , et
ment du monde dans la direction de il finit par se faire moine afin de ne
cette grande ville. Des vovagcurs les plus jeûner. S'imagina-l-il, dans uu
aperçurent , et curent la curiosité de de ses jours d'iruinilion forcée , avoir
les interroger. Le résultat de cet cxa- de la vocation pour la retraite ? Dans
mcn fut de recevoir les deux frères ce cas son illusion ne fut pas longue;
dans leur voiture, de les conduire jus- cl, novice, il délestait di'jà le cloître
qu'aux Apennins, et, en les y quittant sans oser en sortir , lorsque l'appari-
pour prendre une autre roule, de leur lion des Français vainqueurs changea
laisser une petite somme d'argent, la face de l'Italie. A Rome mèmequel-
l^our Jean-Baplisle , avec ce viali- ques couvents furent sécularisés, et
que, il n'y avait plus d'obstacle pos- Belzoni se hàla de jeter le froc aux
sible; mais Antonio assis sur un ro- orties. Mais 1 indépendance ne lui
cher appelait il grands cris ses parents dtjuuall pas plus après cju'avant son
cl refusait de faire un pas de plus, noviciat les moyens de ^ ivre autre-
Enfinlaconslancedcraîué plia (levant ment (pi'au jour le jour. Konic, tpii
le désespoir du cadel , et Bidzoul re- avait été le but de ses vœux, lui odVil
prit Irihiement la roule du loit paler- si peu de ressources , qu'après avoir
nel. On devine alsém^Mil (pie le se- usé loules ses induslries, il reparut h
jour de Padoue ne lui devlul |)as plus ]\i(loue.IN'y Irouvaiil j^asnon plus l'a-
agréable après ce retour involontaire, liment nécessaire à sa mobilité, à son
cl qu'il allcndil impalicmmenl lins- besoin d'aventures, il s'expatria de
iîi:l bel 5^9
nouveau , c[ v'ml clirrrlicr de l'occii- femme pour le Portugal , alors occti-
palion en Uollaiiilc ( i 800). Ce (|ii'll pé p ir les Aii«^!ai.s , cl tout rempli de
y lil , (ui rij;n()re. Saus (louU'sauaïvelc spectalciirs propres a goûter ses la-
11 alla pas jns(pi'a pi'uscr (pu- les IIol- lents. Arrive à Lisl)onnc , il va faire
lau'lais avant en granile estime l'art offre de services an directeur du lliéà-
di ri)vdrauli(pie dont ils ne sauraienf tre de Saii-(;arlo,s. A peine cet iin-
se passer , il pourrait leur faire agréet prcsario Ta vu , (ju'il conçoit Tidée lu-
ses services: les Hollandais étaient mineuse de le faire paraître dans le
bien plus capables de lui donner des ballel-pantominic de iVmz.ço« sous le
leçons sur cette science et sur toutes nom et le costume de ce héros. Jamais
les autres qucd'cn recevoir. Quoi qu'il l'Hercule hébreu n'avaii été plus di-
cn soit , au bout d'un an , il reprit le gnement représenté. Le caissier du
chemin d'Italie, d'où il repartit en- théâtre rendit plus d'une fois grâce à
core en i8o5. L'Angleterre alors l'inspiration du directeur. Mais cpiand
était le but de son voyage; et la Hol- les prodiges de force opérés par le
lande ne lut pour lui qu'un lieu de géant eurent attiré Lisbonne tout
passage. Peu de temps après sou arri- un carême, il fallut encore cher»
vée a Londres il unit son sort à celui cher fortune ailleurs. Belzoui alla
d'une jeune Anglaise, captivée plutôt, jouer le rôle de Samson a Madrid où
il faut le croire, par les avantages de les Espagnols, comme leurs voisins ,
sa figure et surtout de sa taille alhlé- applaudirent a la mise en scène du.
tique que par ceux de sa fortune. Bel- livre des Juges , et témoignèrent leur
zoMi a cette époque , non-seulement satisfaction ensepressantau parterre,
n avait rien, mais était un homme Ces diverses excursions avaient dirnné
sans profession et sans patrie. L'at» à Belzoui le moyen de (aire quelques
teution qu'excitait partout sa sta- économies. 11 résolut de les consacrer
ture d'Hercule lui suggéra l'idée de à passer en Egypte, et il se rendit
se faire voir dans Londres pour d'abord h Malle où était alors Is-
de l'argent. Il parut sur le théâtre maël-Gibrallar , agent du pacha Mo -
équestre d'Aslley, tantôt en Hercule, hammed - Ali. Intrépide comme à,
taulôl en Apollon, puis se mita par- son ordinaire, Belzoui, ne voyant
courir la Grande-Bretagne, mettant dans l'agent qu'un spéculateur sur un
à contribution la curiosité publique, autre théâtre , alla parler de ses ta-
et montrant de ville en ville tantôt lents eu bydrauli(pie a Ismaél qui ,
ses tours d'hydraulique , tantôt sa sans lui rien promettre de positif,
force musculaire. En Ecosse, il ne l'engagea pourtant a se rendre eu
fit guère que des tours de physi- Egvpte, où peut-être le vice-roi lui
que ; mais les résultats pécuniaires doiinerail a construire une machine
de ce spectacle ne l'ayant pas salis- pour faire passer l'eau du Nil dans
fait, il y joignit en Irlande les tours ses jardins du Caire. C'est sur celle
de force, et ou le vil s'avancer sur la simple invitation que Belzoni n'hésita
scène portant ou traînant a sa suite pas k se transporter avec sa femme,
une vingtaine d'hommes attachés à son cl un petit domcsti(jue irlandais, dans
corps. Après avoir ainsi exploité les une autre partie du monde, au mi-
trois royauuips, Belzoni n'ayant plus lieu de peuples d'une autre religion,
rien pour stimuler raltenlion eudor- cl dont il ignorait la langue. Il faut
raie de John Bull , partit avec sa dire que pour l'instant il n'avait ni
53o BEL BEL
perspective, ni braucoiip a perdre. l'Irlandais eut la cuisse cassée , et lui
L» vie nomade, d'ail'eurs , pouvait seul, Be'zoni, par la force de son
seule développer ses talents. Son ar- bras, putarrêter l'impulsion. Il n'en
rivée en Egypîe ne fut pas accompa- fallut pas davantage pour indisposer
j^iiée d'auspices flalleurs. Dans A- les Turcs, aux yeux desquels un mal-
icxandrie régnait la peste. Au Caire , heur arrivé lors d'un premier essai
un Turc ne trouva pas qu'il se rangeât pronostique une longue suite de
assez vile sur son passage, lui chien de malheurs ; et Mohammed n'osa pas
Chrétien, et le battit, le blessa même, choquer la superstition de ses fidè-
Puis les troupes ^ suivant l'usage les amis. Cet échec auquel eût du
d'Orient, se mutinèrent , et il fallut s'attendre Belzoni , mais qui n'en
garder la maison pour ne pas être était pas moinspour lui un mécompte
lue ; circonstance d'autint plus désa- cruel, fut un incident heureux pour la
vantageuse a notre 1,'ros qr,o dais les science. Deux consuls européens,
corameucenienls il é!:.il réiuit pour MM. Drovelti et Sait, faisaieut
vivre à exercer le méli{r de danseur, alors fouiller le sel de l'Egypte pour
Cependant au milieu de cetle sll^le de en explorer les antiquités cl tonnaient
désappoiutenienls , Be zoni avait été ces belles et riches collections qui de-
présenlé à Mohammed en quaUté puis ont eu des gouvernements pour
d'in"^énieur ; et. comme si toute .^A vie acquéreurs ou pour imitateurs. Mais,
il eut construit de graucies machines , la, comme sur un terrain plus vas-
il avait promis de remplacer le travail te, les deux diplomates semblaient
pénible et lent de l'arrcsage, qui jus- jouter a qui aurait les morceaux les
qu'î.îors avait été fait par des bœufs, plus rares; et la jalousie qu'inspirè-
dans les jardins du vice-roi a Soubra, renl si souvent a la France et h 1 An-
prlîs du Nil, par une machine hydrau- glelerre leurs iuléréls contemporains
lifjue. En erfel, sa machine fut assez s'exerçait dans cette terre d'Egypte
rapidement conslruile , et, s'il faut sur les antiquités. T.eaucoup d'ilalicns
s'en rapporter a Belzoni, le niéca- surtout étaient employés par l'un et
nisme en était parfait ; ce dont il est par Tautrc consul a cesinvestig:ilions
pi-rmis de douter. Le fait est (pie parfois périlleuses , toujours fatigan-
Mohammed , devant qui l'expérience tes, el où souvent, pour arriver a des
fui faite , montra bientôt un dégoût résultats un peu remarquables il fal-
prononcc contre les innovations iiy- lait unir a la tcieuce de la sagacité ,
drauH<jucs et que, après un instant de la promptitude d'esprit. Belzoni
de répit , les bœufs reprirent leurs avait ces dernières (pia'ilés au degré
fonctions. Au reste Bel/oui, dans le plus énânent, et grâce à elles,
sa relation , explicpic la clh'se a sa bientôt la science devait lui venir,
gloire en di>ant (pie le pacha d'abord 8'étant présenté a IVL Sait, il lui
ravi de rexpéiieuce, au succès de inspira par son p!iysi(pie et par sou
la(pirllc rien n'avait ni.uupié , s'était langage assez de confiance pour (|u il
avisé de faire monter ipiin/e hommes Je chargeât d'enlever et de lran>poi-
avecsonpelll Irlani!aisendedans,prè,s ter juMprau pal d'Alexandrie l'e-
du grand rouage , afin de voir (pul rorme buste colossal eu granit rose
etVa cela produirait. Ces hommes, de Meranon le jeune , »|iii gisait a
dès (pie la machine l'ut en mouve- moitié enseveli dans les sables sur la
ment , tremblèrent , voulurent fuir ; rive gauche du JNil. Des lors corn-
BEL BEL 5ît
inonr.i pour "nrl/onl la nouvelle car- roninnlcr le Nil aii-dcla des liinitcs do
ncri- dans la(juclk' il di'\ail m* vi^na- iKi^Yptc picprcmciil d le ri de (K'-
1er avec <$clat. Vélii h la liiripic , il harrasser, des colline» do sable (jni
s en fo lue dans la vallée de llîj^vple , n'en lai.ssaienl h jj;rand'p(ine aperce-
arrivc aux ruines de celle snperhc voir (jue la sommilé, le nia<5i)i(i(|nc
'J'iiebes (pii eu! cenl p.irles , cl donl leniple (ri'J)sand)ol. lîelznni ariiva
(pialie iniséiaMes villages sur l'un et liienlôl dans la liasse-lNnbie ;el, nial-
1 aiilie boni du ilcnve occupent Tein- gré les ohilacles (pic lui ofliaicnt de
jilacenicul, rrtssemhlc les pauvres lel- toutes paris des hordes pillardes et
lalis ( t li\s fui travailler sons ses or- sauvages, il eut l'arl de nielirc h fia
dres avec une gravité de cadi. Tout son entrep;isc. Grâce h son adresse
en gourin.tndaul ses ouvriers , il cl un peu a son injposanle s'alure ,
s'iniliait a la science drs anliipiités les uns prirent une part active aux
éi^vpiieunes (quel plus riche nuisée travaux , qu'il dirigeait en personne ,
que celle plaine scniée de décombres les aulres tolère rent ces déblaiements
de tous les siècles)! et il apprenait donl ils ne concevaient pas la rai.sou ,
Tarabe , cl le copie , langues usuefles ou qu'ils attribuaient au désir de s'ap-
du pays. Il en sut bientôt plus qu'il proprier les trésors cachés dans les
ne lui en fallait pour diriger le travail, cryptes des monuments. Tant de per-
Soiivent aussi le bàtou dans sa main sévérance fut récompensée ; après
suppléait a ri'usuffisance du langage- avoir découvert un temple d'AHhor,
et même quelquefois saisissant un de que ses dimen>ions moins gran-
ses Arabes par la nuque , il s'en ser- des avaient laissé ensevelir tout en-
vait comme d'une arme pour en lier dans les sables du désert, et qui
frapper les autres. Ces moyens , avait été déciié h la déesse Isis , par
de l'argent et un firman avec la la ierame de Ramsès-le-Grand , Bel-
taille imposante de Belzoni , inipri- zoni cul Tbonueur de pénétrer lepre-
maieut une vénération et une terreur mier dans le grand temple , exca-
profondes aux manœuvres qu'il em^. valion immense et qui suppose un
ovait a déblayer , a remuer le co- travail dont s'efFraie l'imagination,
osse. Enfin, a force de temps , de Quatre énormes colosses assis, de
patience, de menaces et d'inlelli- 6 r pieds de hauteur, représentant
gence , le gigantesque simulacre fut Ramsès- le- Grand (ou Sésostris),
embarqué sur le ÎSil ; et, du port en décorent la f;icade. La première
d'Alexandrie où Ton se pressa pour salle de riutérieur est soutenue par
l'adinircr , il fut expédié à Londres huit piliers auxcpiels sont adossés au-
où il esl aujourd'hui nu descirnemenls tant de colosses de trente pieds , re-
du Musée brilanni(jue. Cet exploit , présentant aussi Ramsès-le-Grand •
car c'est le nom (pi'd faut donner a et une file de grands bas-reliefs bis-
un succès dout jusipi'alors Tlùirope toriijues sur les parois delà sa'le offre
n'avait point eu d'exemple , désigna le tableau des conquèles de Pharaon.
Belzoni a la considération du monde Seize aulres salles non moins belles
«avant. Ce n'était sans doute pas un non moins riches en bas-reliefs ( mais
fort habile auliqealre^ mais personne ceux-ci ont trait a di-s particularités
mieux (pie lui, si l on nous pardonne religieuses), et dontles couleurs ap-
celteexpression triviale, ne flairait les plique'es aux sculptures ont conservé
monuments. M. Sait lui proposa de leur éclat primilif, conduisent a un
34.
l
532
BEL
sanctuaire , au fond duquel sont as-
sises quatre belles statues plus fortes
que nature. La muUijilicilé des ima-
ges sculptées de Pv.amsès démontre
assez que la fundatiou ou pour mieux
dire l'excavation du temple remonte
au temps de ce Pharaon, ou du moins
aux temps qui ont immédiatement
suivi sa mort. Aussi les bas-reliefs
dont est décorée la surface de ses
murailles ont-ils fourni des documents
précieux pour rhisloire d'Egypte. 11
est malheureux que les sables du dé-
sert, conlinuclleraent apportés par
les vents, s'accumulent derechef a
l'entrée des excavations et nécessitent
a chacjue tentative que Ton fait pour
y pénétrer de nouveaux déblaiements.
Encouragé par ce succèi; , d'autant
plus glorieux que MM. CaiUiaud et
Drovetli , l'anuée d'auparavant ,
avaient trouvé le temple et en avaient
signalé l'existence, mais sans pouvoir
y pénétrer, Belzoni , a\aut de ren-
trer au C lire , voulut encore tenter
queltpic découverte importante. Déjà,
pendant les travaux ([u'il laisait exé-
cuter pour la translation du Memnon,
visitant les hypogées de Gournah ,
qu'occupent, qu'exploitent d'avides
Arabes dont le feu n'est alimenté que
par le bois et le carton des cercueils
des momies, il s'était dit (pie ces an-
fractuosités rocailleuses, si prcfoudé-
ment creusées jadis par la dévotion
^'gyplieuue (jiii les métamorphosait en
CimetitTes , dev.iienl encore receler
dans leurs flancs des souterrains inex-
plorés. I\em|)li de celte idée cpii le
poursuivait dans tous ses voyages, il
vint s'établir dans la vallée de liibau-
El-Molouk ( tombeaux des rois) , er-
rant, courant, cherchant parloiil.
Tout h coup une fissure dans le roc
frappe ses regards : il s'y arrête ,
l'examine de plus près, et , où cent
autres n'auraient ricuvu, ilrciuarcjuc
BEL
quelques traces de travail. Sur le
champ , il s'efforce de l'élargir : les
pierres s'écroulent, et il se trouve a
l'entrée d'une lougue allée dont les
murs couverts de sculptures et de
peintures relatives a la religion et
aux cérémonies funéraires ne peuvent
manquer de conduire au tombeau
de (juelque grand personnage. Sans
doute l'Egypte moderne fout entière
ignore ce tombeau , car nul pied hu-
main, depuis des siècles, n'a foulé la
voie où marche Belzoni. Tandis qu'il
s'enfonce dans le souterrain, une es-
pèce de fossé , bordé par un mur ,
lui barre le passage et paraît lui dire
que là se termine le monument , qu'il
est inutile de vouloir aller plus loin.
Mais l'investigateur, familiarisé avec
toutes ces petites ruses de l'architec-
ture sacrée, franchit le fossé, découvre
au mur une ouverture qui bientôt lui
sert de passage et arrive h la salle
du tombeau. Là, un sarcophage d'al-
bùtre de neuf pieds de longueur ,
couvert .sur tous ses pans d'hiérogly-
phes et de bas-reliefs dont la magni-
ficence, non moins que la forme même
de la sépulture, aunoncentla dernière
demeure d'uu roi , semble conserver
une momie auguste. Mais Belzoni eu
s'approchant s'aperçoit que le cer-
cueil est vide. Des Arabes ont déjà
pénétré dans cet hypogée par une au-
tre voie , et ont pillé le tombeau , il
y a des siècles peut être , comme
iUl/oui l'eût pille s'il fût venu le
premier. Il icsiail pourtant encore un
inagnilupie butin a laire. Belzoni se
liàle d'enlever le sarcophage d'al-
bâtre, de jirendre des copies des
(léi oratious du souterrain, et de re-
cueillir tous les documents h l'aide
(lescpiels on pourra exécuter un mo-
dèle de cet hypo:;ée. Ce modèle long-
temps exposé à l*aris et a Londres ,
a douuc lieu dans les doux contrées à
dt\s solulions (liiïrrcnlcs : siilvani Va- l'avait iiivilc ii ciil reprendre ([ii('l(|iics
ilnitalisle ani;'als Yoting, ce sarco- lonlllcs an pied des faraudes pyra-
plia^c coMlenait les restes du roi inidcs de (ilii/.eli. IN'cspéranl sans
Psaininiilliis (uii occupa le Iroiic un donle pas trouver de cpioi se dédom-
an, en jyO et .îyB avanl .I.-C. ; au Jiiagerde ses ialijnies, lîel/.oni n'avait
contraire, selon Clianipoilion jeune , donné aucune siiileaces ouvertures,
cemnnnmenlantérieur uièineariiypo- L'expérience (ju'il avait ac(piise dans
gée de llarnsès-IMcVainonn était la ses deux précédentes expéditions clian-
tonil)^' du roi Ousiréi , (ils de Ixani- r;ca sa manière de voir: rémulalion
^ès P*". De la vallée de Bil)an-El-?>lo- ^'en rjièla. Un de ses compatriotes, le
louk, Belzoni se dirij^ea ensuite, non capitaine Cavi:j^lia , venait de se faire
pas comme il le dit par mé^arde au descendre a Pénorme profondeur de
sud-ouest et a Touest , mais au sud- 2 60 pieds dans le puits de la grande py-
estetàPest, vers l'ancienne Tro^lo- ramide, celle dont tant de voyageurs
dyU(jue et la Mer Uouge. Il en suivit, ont donné les dimensions. Renon-
les côtes quehpie temps , et enfin, c ml a explorer ce que Caviglia pou-
arriva par 25" 5o' de latitude nord vait regarder comme son domaine,
à un amas de ruines qu'il regarda Bclzoni résolut de pénétrer dans la
comme l'antique Bérénice, cette ville seconde pyramide, celle deCbephren
où , suivant les anciens , il n'y avait autour de laquelle, depuis des siècles,
pas d'ombre au solstice d'été. On sait tournaient les curieux sans pouvoir
quM ne faut pas prendre ces asser- en pénétrer les mystères , et qui de
lions a la lettre , puisque Ton en disait temps immémorial n'avait été visitée
auîant d'Ossouan (Svène) qui est un par des êtres vivants. C'est dans la
peu plus au nord. Bérénice est au- relation même de Bclzoni qu'il faut
jourd'lmi entièrement déserte , mais lire les détails de cette opération dif-
ou reconnaît encore la direction de ses ficile , des dangers qu'il courut , du
rues. Belzoni trace la circonscription cliagrin qu'il éprouva, lorsqu'il s'aper-
de la ville qui présente une ellipse eut qu'il avait entamé le colosse par
parfaite, en y comprenant le port, le mauvais côté , enfin des moyens
et qui n'a que deux mille pieds an- (jn'il employa pour rectifier son er-
glais de longueur, sur une largeur de reur, et du succès qui récompensa ses
seize cents 5 au milieu existe encore efForts. Comparant sans cesse l'exté-
un petit temple égvplien couvert de rieur de sa pvramide a celui de la
sculptures et d'hiéroglyphes, n-ais pvramidede Chéops , ilfinit par trou-
presque entièrement caché par les sa- ver l'étroit passage qui ccmduisait
blés. Nous devons ajouter (pi'il ne dans l'intérieur , et de corridor eu
reste plus aucun doute raisonnable coriidor, de puits en puits , il par-
sur l'identité de ces ruines de l'an- vint a la chambre sépulcrale , où
cienne Bérénice. Au reslecctte courte comme a Biban-ni-^Iolouk s'él»;vait
excursion sur le littoral delà Tro- un sarcophage. Mais les ossements,
glodvliijuc compte a peine parmi les car celui-là n'était pas vide, furent
titres de gloire de Belzoni. Revenu nconnus pour avoir appartenu à uu
au Caire, où l'avait précédé le bruit boMif. Aiuvi tombèrent les assertions
de ses deux découvertes piincipa- d'IK'roilole , chez qui on lit que la
les, il trou, a un nouvel emploi a j)vraniiile de Cliépbren n'a point servi
faire de son activité. Déjà M. Sali de tombeau , a moins qu'il n'ait voulu
634
BEL
dire seulcraenl que nulPbaraon n'y a
rlé déposé. Ainsi cessèrent toutes ces
conjectures et cl'S rêveries sur lades-
linalion scientifique des pyramides :
il semble qu'au moins la seconde
avait élé bâtie uniquement pour re-
celer les resles de quelque Apis.
JMempbls d'alUeuis était par excel-
lence la métropole du culle que le
peuple rendait a ces incarnations
d'Osiris; et ce qui prouve que le fait
annoncépar Belzoni ne futpolutisolé,
c'est que dans la suite, en examinant
les pyramides de Sa^^arah , on a
trouvé dans une d'elles un crâne de
bœuf. Toutefois on pourrait supposer
que l'auteur de la pvraraide avait
voulu se faire déposer dans le monu-
ment avec le bœuf divin : c'eut élé la
plus baute forme de sépulture boo-
morpliûjue, et un mojen assuré deré-
dulre le nombre (.ïvs trois mille trans-
migrations imposées a ràine iiumaine,
après (ju'tlle a quitté le corps. On
voil (usuileBelzo ni, qui a de ja traversé
le Faïoum , le lac JMœris , les ruines
d'Arsinoé, s'enfoncer de plus en plus
dans les sables de la Libye , arriver
h l'oasis d'El-Cas.^arj ([u'il croit
être l'oasis d'Amoun, tremper ses
mains dans la fontaine du soleil.
Peu de temps après ce nouveau
succès, Bel/oui quitta l'Egypte où,
(lisait il , sa vie n'était j)as en sûreté,
et où b s consuls refusaient de lui
rendre justice. Il est probable (juc
ses plaintes irétaicnl pas iondées :
ses griefs se rédui>aienl pour l'ordl-
n.'iireàde» altercations plus ou moins
vives avec l<s aj:;< nts ou les pr()té«;és
(lu consul Drovelli. Habitué à se faire
obéir (les iVllalis, B«l/oiii >ans doute
mon Irait fort peu d'é«:,ard pour ses
concurrents- el, traitant les Européens
comme les Arabes , les cliassait sans
luén.p'rmi-nl dr son Icnain ; C( ux-ci
lui ruudaicuL la pareille dès «ju'ili
BEL
en trouvaient l'occasion. De la des
intrigues, force accusations mutuel-
les, parfois des rixes j et les consuls,
fort embarassés de savoir auquel en-
tendre, se bornaient la plupart du
temps a recommander la paix aux
partis rivaux. Belzoni n'entre que
trop souvent dans le détail de ces
misérables querelles que la moindre
circonstance suffisait pour envenimer,
et dont le tableau est loiu d honorer
ces aventuriers qui vont chercher for-
tune en Orient. A l'en croire, deux
Arabes au service de M. Drovetti es-
sayèrent de l'assassiner. Il les saisit
en même temps tous les deux sous
chacun de ses bras , et les serra si
fortement qu'il fut près de les étouf-
fer. C'est ce fait qu'il dénonça vaine-
ment. Irrité du déni de justice qu'en
lui fit éprouver, il seremJ;arqua pour
l'Europe avec sa femme qui l'avait ac-
compagné dans une partie de ses ex-
cursions h Rosette, au Caire, à Clli-
zeh,aTllèbes,àO'.')Souan,hEbsambol,
hElélantine,K Philœ, et qui plus d'une
fols el'e-même avait joint ses observa-
tions h celles de son mari. On était
alors en sept. 1819. Il passa d'abord
quelque temps a l'adoue et fit pré-
sent h sa ville natale de deux statues
de granit a tète de lion. La ville les
lit placer au p;!lais de justice el fra])-
pa en l'honneur du célèbre voy.;geur
une médaille gravée par I^laulredini,
el (|ui portait son nom v\ une uk nti('n
de sou présent. L'Angleterre , (ju'il
avait servie avec tant d'éclat el de
boidieur, le réchuua cusuile. C'est la
(pi il alla recueillir les lémoignages
d'estime que lui décernait l'opinion
])ubll(|ue, el mellie au jour larelatiun
de sou voyage ou plutt')t de ses voya-
ges, sous le litre (lei^ iinalivco/'t/w
i>l>crutiofi uni/ n'icnl iltscovi'rics
w (Il llw i>) luiniuls , tt'inplcs ,
fomùs and cicuvation in Jbfijpt
BEL
liEIi
535
aîid huhitt , <tntl of a journv)' to
tlie coast ojlhc licad Sca, «te.
(liécil {1rs travaux rUlrsilciom l'rlcs
récentes (iiii oiiL eu iiour objets les
pvramiiles, temples, lombes, exca-
vations taiil de i Kgvple que (le la
ISnbe, et d'uu voyage h la côle de
la Mer Iloii^^e, elc), Londres, i8ii i,
avec allas, in-lolio , de 44- planches
enluminées. Cel ouvrage est a:>sezi
l)ien écrit, pour que Ton j)ense (pie
les noies de lielzoni oui été mises en
œuvre par des hommes moins novices
que lui en Hlléralure. L'année sni-
vaiile (1822) , il fui engagé a faire
au cœur de TAfrique équluoxiale une
de ces Icnlalives pcrdieuses où tant
de voyageurs ont trouvé la mort.
Personne plus que lui ne présentait
iine réunion des qualités nécessaires
à la réussite de ces projets hasardeux.
Sa haute taille, sa vigueur, son ac-
tivité, la sagarilépeu commune qu'il
avait déployée dans ses courses en
Egypte , la connaissance qu'il avait
de la lani^ue arabe , et celte facilité
avec laquelle il se mettait eu rapport
avec les uo-mades et les Fellahs de
l'Orient, tout autorisait acroire que
cette fois encore il accomplirait son
dessein. Son plan était plus vaste que
ceux des voyageurs qui l'avaient pré-
cédé. Il de\ ait d'abord pénétrer par
le norddel'Afriquo jusqu'à cette mys-
térieuse vile de Tombouctou, que
jusqu'alors nul Européen n'avait vue 5
puis de la, se dirigeant sur le Scn-
iiàr , entrer dans la Haule-Kubic et
redescendre avec le ÎSil dans celle
Egypte qu'il avait si heureusement
explorée. A la fin de 1822 , il était a
Gibraltar : Tanger, puis Fez le virent
Lienlôl dans leurs murs. L'empereur
de Maroc : et surtout son premier
ministre Sidi-Iîenzezoul l'accueillirent
avec toute la distinclioii([ue luiméri-
laienl les recommaudaliouscousulai.
resct lagràceimposaulc aveclafpiclle
il porl.iil If turban. Il obtint bien vile
la pei mission de faire partie d'une
cara\ane ipii sou.s peu de jours allait
se mellrc en frarche po'jr Tombouc-
tou. Une altercation aiialogueacelles
qui l'avaient décidé àquitU-r l'Egvple
vint déranger loules ces condiinai-
sons. La permission fui ou révoquée
ou éludée 5 prolîablcinent dans les
commeuccmeiils ilniitlropde raideur
dans ses relations avec « certains
« agents qui abiisaienlde leur autorité
ce pour faire sentir leur colère a un
ce étranger sans défense, qui croyait
te au-dessous de sa digiiilé de ramper
ce devant eux. » Plus tard . il usa de
souplesse 5 mais ces démonstrations
tardives ne réussirent pas, même a
l'aide du métal puissant (jui ouvre
toutes les portes et toutes les oreilles
en Orient: on prit sou argent , et l'on
éluda SCS doléances. Enfin , après
avoii' perdu a Fez cinq mois etmi*'e
livres sterling , Belzoni revint a Gi-
braltar, mocifiant du tout au loulle
plan de sa roule , et décidé a débar-
quer sur la cote de Guinée pour se
rendre de ce pays a Tombouctou et
aux sources du ÎS'iger. Le climat
meurtrier de la Guinée lui présentait,
il est vrai, u.i obstacle ("orraidable :
m lis il t'ait Irno avaucé pour recu-
ler 5 d'ui.leujs il se fiai lait de ré-
sister a l'homicide influence de cette
almcsphère embrasée. Il se trompait.
Après s'être ^réparé dans l'établisse-
uient anglais de Coasl-Caslle a sa
périlleuse expédition , il partit en oc-
tobre 1823 pour rcmboucl'ure de la
rivière de lieniu, arriva KBobée et fut
prései.lé p:\r un négociant anglais,
Ï\L Houlson , au roi de Bénin qui ,
voyant Belzjui velu a la mauresque
et ])orleur d'une longue barbe , à
l'aide de laquelle il se faisait pas-
ser pour un Africain de l' intérieur ,
536 BEL
voulant revenir de l'Angleterre dans
sa patrie , en passant par Haoussa ,
lui promit un guide et une escorte
pour raccoiTipag;ner jusqu'à cette der-
nière ville , distante de vingt-cinq
journées de Bénin. Mais de'jh ni rois
de Guinée ni autres ne pouvaient ga-
rantir la sûreté de Belzoui. A peine
arrivé a Bobée , malgré la force de
sa constitution athlétique , il avait
senli le germe d'une maladie mor-
telle s'introduire dans son être. A
Bénin les progrès du mal devinrent
slrapidesqu'il confessa l'impossibilité
d'aller plus loin. Il pria son compa-
gnon de le ramener à Gato et de le
faire transporter a bord d'un des na-
vires anglais stationnés devant Bobée ,
espérant que l'air de la mer pourrait
lui rendre sa santé. Cependant sa ma-
ladie empirant à vue d'œil, il écrivit
encore a Bénin un billet presque illi-
sible a la maison Biiggs frères, qui
depuis ses expéditions en Egypte
était en relation avec lui, et à la-
quelle il recommandait le soin de
iies effets de vojage. Il chargea
M. Houlson de remettre a M. Ilod-
gson qu'il avait laissé sur le vaisseau
une aniélhyste très-précieuse , der-
nier témoignage qu'il lai'^sait à sa
femme. Ilamcné en palaïKpiin h Ga-
to où il n'arriva (pic la nuit et as-
sez tard, il sentil un mieux Irom-
j)nir, et ne larda pas a expirer , le 3
décembre i8i:3. On 1 enterra sous
un grand arbre reconnu pour olfrir
une retraite iin|)énélrableaux rayons
du soleil, etrou iiiscrivitsur .sa iombe
cctie courte <q)il.ij)lie (en aiigl.iis) :
« Ci-gîl Belzoni (|ui mourut en ce
lion dans le voyage cpi'il avait entre-
pris pour se rendre à Tumbouclou. »
Ainsi périt dans la force de l'âge cet
«iilrrpidc voyageur. Il est croyable
•jue, si (lès I acbdescence , il eût été
lormépar l'éducaliou, ilcùlété undes
BEM
hommes les plus remarquables de son
siècle. Tel qu'il est, l'Italie inscrit son
nom parmi ceux des plus illustres
voyageurs, Marc-Paul, Colomb, Yes-
puce- et les archéologues ne nomment
qu'avec l'accent d'un profond regret,
cet homme qui en trois ans, et pres-
que sans être guidé par des connais-
sances préliminaires, signala sa pré-
sence dans les ruines de l'Egypte par
trois découvertes capitales , Ebsam-
bol , l'hypogée de Ramsès et la py-
ramide de Ghizeh. — Le grand ouvra-
2;e de Belzoniaété traduit en français
par M. Depping , sous le titre de
p^oyagcsen Egjple et en Nubie ^
etc., avec notes, carte et portrait du
voyageur , Paris , 1821. Le même
auteur a publié une notice sur Belzoni
dans V Annuaire nécrol,^ de 1826,
reproduite en partie dans le Journal
des voyages , t. XXXV, p. 108.
Comparez ce même ouvrage , XXII,
2 6ii,XXIlI, 121; VObituary diW'^.,
année 1824^,76 j les Xeitge/iossen ,
seconde série , tome V , 4*" partie ,
page i^i 5 la Quotidienne ^ 16 et
18 avril 1821 ; etc., etc. Un mé-
daillon destiné h Iransmeltre ses traits
à lapostérilé a été inauguré a Padoue,
le 4 judlel 1827 , dans la salle de
l'Ilôlel-dp-Ville. P— -OT.
UEMMELEN (Abraham Van),
prolesseur a l'élablissenient deJlens-
woiidc, mourut ii La Haye, direc-
teur de la Société économique (fes
Pays-Iîas et membre de plusieurs so-
ciétés savantes , le 16 aoùl 1822,
îigé de 59 ans. Il était versé dans les
sciences physi(|iies el malliémali(nu\s,
et il apuolié, en hollandais. I. Eté-
nient s de f)/i) siijue cxpérinwntaley
4 vol. iii-8". iV. Introduction éi rar^
clii lecture h) drauli(]Ue. 111. /w-
(•(uis d'algèbre éi rttsat^e des écoles
lut mes , 2 vol. IV. K.vpvsé des
travaux de la société économique ,
pétulant les 2 5 /ircniirrff: ntnires
tic sttn existence ( (l.ins le recueil de
ci'lli' cotiipaj^nlc). Van Bcmim'lcn lo-
uai I une |il.ut' lioii(iral)l(' j)armi les
.sa\anls {\c son j)ays , tels (jiir lAIlNl.
Van rUMilio\c, Van Jlccs, Loballo,
de Gt'ldcr, P. (.'mien, I^inj^ma, llii-
<;nenin , elc , (|ii()i(|ne liilérienr ce-
|Hiulanl a plusieurs d'eiiire eux. Il
élail aussi Irès-versé dans la connais-
sance ^Qs, ohjels d'nli'ilé pul)li([ue.
X^ Alf^enwene konst en leller-lxjde
(lu '2ô août i8:i2 lui consacre une
courte notice. La Revue bioij^raj)lii-
que des Paj s-Bns l'appelle Van
Beniel. Les services rendus aux
sciences par Van Lïenimelen ont été
exposes dans un discours prononcé
par le professeur J. Kappeyne ^ an
de Ccppello , à la distribution des
prix de X Ecole latine de La Ilave,
en 1825 : on en lit un ex! rail dans
le Letterbodc du i4- février de cette
année. R — f — g.
BEXABEX (L.-G.-J- Ma-
rie) , né a Toulouse le 12 février
1774., fit SCS études dans celle ville.
Nommé , a 1 âge de vingl-cjuatre
ans, commissaire des guerres , d fui
en cette qualiié de l'expédition d'E-
gypte sous Bonaparte, et revint aus-
;| sitol après dans >a \ille natale , où
on lui donna la place de Qhv{ du
bureau niiliiaire à Tadminislration dé-
partementale. Cet- emploi ayant été
supprimé par l'établissement des pré-
fectures , Benaben entra dans la
carrière de renseignement , e» fut
successivement prole-sscur de belles-
lettres au collège d'Orléans, à ceux.
de Carcassonne et de IS'apoléon-
ville , puis professeur de malbémali-
(jues k récole centrale de Maine-
et-Loire , a Ani^ers. En i8i5 il
quitta renseignement , ou, pour être
plus exact, il fui obligé de le quit-
ter , pour des causes peu honorables,
BEN
537
Tnai<;(|ni ont été rapportées de diverses
manii'rcs. Benaben \iiit alors à Pans,
et , trouvant la bille des partis vive-
ment en(:a<rée , il se lança dans la po-
liti(pie. La part (ju'il prit a la rédac-
tion de dilférents journaix, et la com-
position de quebpies pamphlets poli-
twpies le (irent bientôt connaître.
JNous avons de bonnes raisons pour
croire que dès lors il appartenait h la
police. Ce qu'il y a de sur, c'est (pie,
après avoir concouru à la rédaction
de quebpies journaux de l'opposition,
tels (pie la Minerve^ et le Conslitu-
tionnel^ il ne prit plus de part qu'aux
feuilles ministérielles, et qu'il com-
posa dans cet esprit un ^rand nombre
de brochures auxquelles 11 ne mit pas
toujours son nom. En revanche les
journaux et les brocheres de l'oppo-
sition lancèrent contre lui force èpi-
granimes j M. Barthélémy surtout
lui don'ia souvent place dans les sati-
res qu'il publiait alors contre le mi-
nistère , et l'on n'a pas oublié ce
passage du Congrès des ministres ,
]iour la dissolution de la garde na-
tionale en 1827 , où il faisait dire
plaisammenl h M. de Pejrunnel ;
J'entends le haro d»* la France,
Miiis a|)rc's un mur examen,
Il me reste ma conscience
lit rcsli\ne de Bin.ibtn ...
Benaben répondit quelquefois à ces
attaques (i) , et du reste 11 se consola
(i) Voici la réponse qu'il fa, dans le Journal
de l'un s du ii j.iuvier 1.S20, à ses anciens cf)lla-
boraieiirs du Coiutiiutionnei ; « Le soi-disant
ConsiKiitionnr/ croit me conf. ndre , en ni'ouira-
gcant. Jcponirjtis laissiT louihi-r ses calomnies
dans i'ouliii qu'elle- mcriti n'. Je me dois à moi-
niènie d'y lépondre en jx-u de mots. A cotle
désastreuse époque dont il parle , je sorLii;, à
peine de l'enfance. J'avoue que je me laissai
seduiie par une fausse liherte j'eus, cimniie lant
d'autres, des moments d'entraînement et d'i-
vresse Ce n'est pas a dix huit ans q^i'on est bon
jupe en politi(pie Mais \- Consiiiii lonncl s'arrèle
eu beau ( iieuiiii. Qui l'enqu'clic d'aller jusqu'au
boul? Pourquoi ne dit-il pas que la sociéle po-
pulaln , à laciuelle j ajiparlins , il est vrai, pen-
dant queU|ue temps , uio bannit , me proscrivit,
me renferma danb un cachot pendant six mois ?
538
BEN
de ces petites contrariélés par les
ample:» et bons traitements qu'il re-
çut des raini^tres. Cet homme avait
des idées singulières sur la conscience
polilicfiie, et il la plaçait, disait-il
lui-même , non dans sa manière de
voir, mais cbus le prix qu'on lui en
offrait. Il vécut ainsi fort a son aise
jus(iu'à la fin de iSSa , époque où il
mourut subitement d'une attaque d'a-
poplexie. On a de lui : I. Une tra-
duction des Lettres de Plialaris ,
Angers, i8o3, in-S*». IL Eloge
Jiistot'ique du géîiéral Diipiiy ,
mort assassiné an Caire /e 3 o veîi-
démiairc an VII^ prononcé au Cer-
cle constitutionnel de Toulouse ;
Toulouse, 1800, in-8°. III. VE-
ducalion publique doit - elle être
conjiée au clergé? Paris, 181 7,
in-8°. L'auteur se prononce pour la
négative. IV. Procès de V oligar-
chie contre la monarchie , Paris,
1 8 1 7, in-8°. C'est une léfulation de
la Monarchie selon la charte^ par
W. de Chateaubriand. Voici toute la
préface de Benaben : a J'aurais fait
« la part ^{i% convenances plusforte^
« si je n'eusse craint de rendre celle
Poiirqxioi u'ajoutc-t-il pas que je dus ces luaii-
vaib tr.'iitcinenls à ma franche , et je pourrais
dire ù mon rloquonte hninc contre li s tlouiiiia-
tctirs du jour? I.e Constitutionnel q\k% une autre
époque où j'eus d'infàines ennrmis. H aurait dû
ajouter f|ue jt; fus v('iif:;c d'eux ; qu'après une
injuste alta(|iie, je montai à de plus importan-
tes fondions (jui nu- valurent un nouvel avan-
ceinenl. Un fait certain, c'est (jue je n'eus ja-
mais rien à deuièler av«'e 1rs tribunaux, 'l'ous
les ridaeie'irs <Iu Conslttutionnil v\\ pt-uveiil-iis
dire autant ? ('.en procéilcs , il faut l'avuuer ,
sont liicn misf^rable.i. Vous mnhuissez; cela doit
être : les exclusifs m'ont toujours haï. Vous nn«
baissiez (|uand j'étais parmi vous ; car il y a in-
compaliliililé entre votre patriolisnit! et le mien.
Mais n'espiTc/. point me deffoùter. Je poursui-
vrai d'iui pas ferme la UMrelie qee je me suis
tracée : au milieu de vos liiirliMuenls jt; saurai
conserver mu tète, ne l'ut-ce qtie pour priver
l'un de vous du plaisir di; lu ramasser. J'expose
def doctrines ; |>rouve/ qu'elles sont f.iusscs. Je
les defrnd.H par des arguments, iih le.s combat-
te/, point par des cidoumie.n; montre/, une fois
de 1,1 l'tyauté : assaye/: de vuuH lucturur avec
uiui curps 4 corps.M »
BEN
« de la vérité trop faible. » V. he
fond de la question , Paris, i 8 1 8 ,
in-S". C'est une défeu««e des minis-
tres contre les attaques de M. Fiévee.
VI. Quelques observations sur la
loi de recrutement , Paris , 1 8 i 8 ,
in-8°. Brochure ministérielle contre
les adversaires du projet de loi sur le
recrutement. ^ H. TJn mot sur les
remarques de M. de Chateau-
briand ^Vdiùs . 1818, in-8°. C'est
une réponse miuiylérieîle "a la note
secrète^ et aux remarques de M. de
Chateaubriand. VUI. Le modéra-
teur ^ ou recueil d observations poli-
tiques et philosophiques sur les affai-
res et les écrits du temps; du i5
mai 1 8 1 8 au 20 avril 1 8 1 9 (uuvrage
semi-périodique, cahiers i, 2, 3 , 4.»
5,6,7. ^ ^ *^^ ^ P'^^ P^^^^ davan-
tage). IX. Résumé des travaux lé-
gislatifs de la chambre des dépu-
tés , sur r indemnité â accorder
aux émigrés , Paris, 1826, iu-8".
Toujours prêt a encenser le pou-
voir , Benaben avait composé , en
1 8 1 1 , une pièce de vers sur la nais-
sance du roi de Rome , qu'il lut à
la séance publitjiTe de la société d'é-
mulalion de Rouen , le 9 juin 1 8 i 2 .
On lui attribue uo Essai sur l'his-
toire du christianisme ^ vol. iii-8'' ,
imprimé a Toulouse , lorsqu il habi-
tait cette ville. Une note de Cliau-
don , reproduite par Barbier, porte
en substance qu'il parut en l'an xii
(i8o4) six Satires toulousaines ^
d'abord manuscrites, et distribuées
dans celte vilîe, de mois en mois p
dirigées contre Palhénee de Tou-
louse , contre quelques écrivains
obscurs, et principalement contre
M. Baour - Lormi.iii. Ces salins
étaient accompagnées de notes plus
cau.sti(|ues ipie les vers. INl . Baour-
Lurniian publia ii la unnie ('po(|iic
une Epîtra à l'auteur anonyme des
BKX BEN 539
six Satires (oiiloii.stu'/ics , Toulon- Paris, iG iC^ u\-^'\ 11. Parc'nàscSy
se, an \ii, I11-8". Ccl anonviiu* («jui ou cv/io/la/io/is aiii- la fci;/<' de.
n'clall autre (juc Ik'ii.Iii'ii) lit impri- miinl Bcnoil^ l'aris, 1616, 1618,
mer dans l.i luèmc \ille , sous la ru- ^6195 3 vol. iii-8". Ces parénèscs ,
IuiihumIc y>/7/.r<7/(-.s, h's iyXTL Satires an nombre do 1; 8, sont remplies de
(oa/oi/saifii's ^ in-i)" de 71 ])ages. citalionsgrecMjncst'l latines, i/anlenr
\j Epitrc de M. lîaonr-Lonnian ne a dédié le i'^'^ volume an prince Louis
servit i|u'k donner pins de vogue li ce de Lorraine, cardinal de Guise , ar-
recneil. On disait dans le temps (pic clievècpie de Reims : le second tome
Benaben avait eu pour collaborateurs porte pour hireV L/ogc bcnâdic tin;
MAL Tajau, avocat , Sens, (ils d'un le troisième , Mémurial de la vie
libraire de Toulouse , cl même le régulière. Ce dernier , de plus de
poète Trenciîil. IMais, dit Cbaudon, iiioo pages, est dédié a IL-Catherine
a ou peut j. être tiompé dans ces de Joyeuse, ducbesse de Guise. IIL
diverses conjectures. 5) M — DJ. La police régulière , tirée de la
BEAAIVD (Dom Laurent), sa- règle de saint Benoit, ouvrage de-
vant bénédictin, né a Nevers, fit dié au cardinal de Retz , archevêfjue
profession an j)rieuré de St-Etieune de Paris, que le roi avait chargé spé-
de la même \ille, et montra une telle cialement delà réforme. Dora Atha-
supériorilé , ([u'on le plaça jeune eu- iiase Mongin ajant assisté D. Benard
core à la tète du collège de Cluuy, a dans sts derniers moments, publia un
Paris. Un grand désordre y régnait : petit volume intitule : Ultima sus-
Doni Benard voulut rétablir dans ton- piria R. P. D. Laurentii Benard ,
te sa vigueur la règle de saint Benoît, per D. Athanasium de Mongin^
et se rendit plusieurs foisen Lorraine, suscepta et posteritati consignata.
afin de puiser aux abbayes de Saint- B — n.
Yaimes, de Saiut-iNlihiei et de Saint- BEXAVIDES , eu latin Bona-
Mansuy-les-Toul, des conseils et des vidius (Marc), également connu sous
exemples. Mais , de l'idée d'une ré- les noms de Maktova ou de Marco
forme partielle , ce religieux passa JSIantuano (i), l'un des plus cé-
hientôt k celle d'une réforme gêné- lèbres jurisconsultes de son temps ,
raie dans tous les monastères de l'or- naquit a Padoue , le 2 5 novembre
drc qui avaient abandonné la règle. 1^489. Après avoir terminé ses étn-
II obtint a cet effet, en 161 8, à.Q.% des, il fréquenta le barreau, où il
lettres-patentes de Louis XIII pour acquit une brillante réputation • et,
l'érection d'une con^ré^alion-modèle, en i5i5, il fut jionimé professeur
destinée a fournir des sujets aux au- des instituts a Tacadémie de Padoue,
ires abbayes, et l'ordre des béné- alors la première du monde. Dès
dictins de Sainl-^Iaur prit naissan- ce mome;it , dit un de ses bioo^ra-
ce. Dom Benard en fut nommé le pbes (2) , on le vit marcher a pas
procureur-général. Il mourut le 2 i
avril 1620, dans un âge avau- (0 '«"P^re de Btnavidos. habile m.-decin.des-
cé. Divers ouvrages sont sortis de sa ""^f ' *''l"" ^.^«""«^ </''""-' ^^l'-s-'^i^^^i""*
Ï5 * une branche s était établie a Maiiloue. Etant
plume, entre antres : I. De V esprit ▼eim deu.eurtr à radoue, il s'y fit inscrire sur
dp^ ordres rrli trieur disscrlllinn ^" ri'oist'e de la noblesse sous le uom de Mun.
aeS OiaiLS iClli^ieUX, OlSScriailOU^ ,„^a. que sou fils joiguit au sien, et que sou-
suivie d une Traduction des dialo- vcm mcuie il prit seul à la icie de ses ou-
gues de saint GregoirC'lc- G ra/id, (aj rapadopoU.
54o BEN BEN
de géant sur les Iraces de ses plus stamraent le protecteur et l'ami. Son
illii.>lrcs prédécesseurs. Bientôt l'a- musée (3), Tun des plus riches et des
cadéinie de Bologne et le pape plus beaux de l'Italie, teula Frau-
Paiil III cherchèrent a Faltiier par çois 1*% qui voulut en faire l'acqui-
]es offres les plus séduisantes; mais sition. « Il ne me convient pas, dit
rien ne put le décider k quillcr sa Benavides, de vendre mon musée à
patrie. Il (ut , eu i 545 , créé comte un si grand roi ; mais je suis prél a le
palalinparrempereurCliarles-Quinl, lui donner , s'il veut l'accepter (4.). »
et, en i 56o, le pape Pie IV le décora La négociation en resta là. On a de
du litre de chevalier. Enfin, un dé- Benavides plusieurs traités de droit,
cret du sénat de Padoue , en le décla- dont on trouve les titres dans l^apa-
rant premier professeur de l'acadé- dopoli , Jrlisloria Gymnasii Pata-
mie. dont ses talents avaient rehaussé vini, I , 2 5 y,- dans Ghilini, Teatro
l'éclat, le dispensa dV continuer ses duomini liltcrati , I, i6i j dans
leçons, a raison de sou grand âge. Tomasini , Elogia, II, i68, etc.
Ce savant jurisconsulte mourut le Les principaux sont : I. Dialogus
2 avril i582 ,a quatre-vingt-douze de concilio ^ Yenise, iB^i, in-4.°.
ans. Ses obsèques furent célébrées Ce traité , dans lequel Benavides
avec une magnificence extraordinaire, soulient que l'autorité du concile est
Sou corps fut déposé dans une clia- supérieure a celle du pape, ne le
pelle de l'église des Augustins , où il brouilla pas , comme q\\ l'a dit, avec
s'était fait ériger, dès i546, un tom- la courue Rome, puisque c'est pos-
beau , dont il avait confié l'exécution térieurement a sa publication qu'il
au célèbre sculpteur Barthél. Amraa- fut créé chevalier par Pie IV^ et nom-
nati {Voy. ce nom, II , Sa). Ant. mé professeur honoraire de droit ca-
Riccobono ( V^oy. ce nom , au nonnpie. Cet ouvrage a été réimpri-
Suppl. ), prononça son oraisonfu- mé dans le Tractatus tractatimm ,
ncbre. Il en existe une autre par XllI, et par le P. Labbe , dansl'.^r/-
Jérôme Negri ( f^oy. ce nom _, au paralus ad concilia. II. Epitome
Suppl.), dont l'histoire est assez sin- ^\irorum illustrium quivel seripsc-
gulière. Ncj^ri , l'un Ai'S amis les 'rnrit , vel jurispntdcntiam docue-
plus intimes de Bemvides, l'ayant ri^nt in scholis , Padoue, i555,
trouvé dangereusement malade, et iù-8" , première édition , très-rare;
ne voulant céder a pcrsonnel'lionneur réimprinié dans les Vies des ju-
de prononcer sou oraison funèbre, risconsidtcs, de Fichard, Padoue,
pour nu pas être pris au dépourvu , i565, in-4" ; dans le Tractatus
s'avis.ule laconiposer d'avance. Mais tractatuitni, tome i"", et dans l'édi-
BeiKivides survécut viugt-ciu(j ans a lion de Pancirole : De claris Icgurn
]Negri, et devint l'éditeur du recueil ////<•/•/>/('///»//>, Leipzig, i72i,in 4-''.
de ses œuvres , diins lecjuel il n'oublia lH. Poljtnathiœ libri XII , Vc-
pas d'insérer sa propre oraison funè- nise, i558,in-8°, très-rare (Voy. la
bre , (pi'il avail eu l'avantage, sans /^/7»//o/. cw/vc/zAt' de David Clément,
doute très-rare, de lire p'us d'une * ri\ i- . i \ Z ~i ~f ,
' I (.5) (, «-st (lu intisro (le lieiiavidcs que fiirrnt
fois. Possesseur d'une forllIIU! COUsi- tii(Vi les poninits des juiis(on-.till.s. |)iil)lif» À
d.' ,,I,i . I> . „ ■ I I Uoino , iS<>(>, iii-lol. Cfltf colltdioii (le )\ por-
érable, Innavides en consacra la ,,,,„ ...^ „,v„,, ( ,.„^. u,,r... . \\iii.
plus grande partie à favoriser les sa- ' i')-
.,n..i^ ..I I- i" 1 I 1 1 r I (••) ^"V. VOmiton funèbre th- Mantov a , n.tr
vanls et les artistes , dont il lut cou- i\,ccobono.
HK\ BEN ^41
III, l'2^). l-ics oiivrat^tvs lilk'raircs comiiic tant (Taiilrcs les lois an ciillo
(le luMiaviilcs sont non moins rares et îles nuises. \:u 1797 , il (ni envoyé
iilns rcelieiH liés (ine ses livres de avec le lilred aniliU iiiii l'elrikanilans
droit. IV. O/x/'t'fhi nioK'n utile, la I^rnsse nicridioiiale ; de la 11 j)assa
e (lilcttcK'oh- (II' /'hr'cniifu in /^ en (|nalili' de rcfcrrndaire a Kallcli,
giornali: ^ Venise, i5'.>i, INI dan , où prescjue anssllôf il fui noiniriécon-
i523, in-8". \ . Discorsi sopra i sellier criminel. Il n'avait a celle
dialo^hi tii Spcronc SpcroJii, Ve- épotjnc (jne vlngl-lrois ans. Un avaii-
nise, i56i, in-8 . \l. y^n/iolnzioni ceiiieni si rapide excila , on penl le
ùrevissimc sopra le rime di Pc- penser, de renvie cl des iniirmnrcs.
trarca , Padoue , i 566 , in-.i°. Le II les apaisa en partie el par son acli-
nora de Panlenr est indicpn- sur le vile el par son extrême liabilnde àcs
frontispice par une main onverlc, dans afTaires. Mais 'ont ce (^ril accpiérait
laquelle on voit les trois letlresTOA, sous le rapport de l'intelligence ne
ce qui fait Mantoaou Manlova (Voy. servait (ju'a lui faire désirer wn^
Fonlanini, BibL (t cloqucuza , II, sphère de travaux plus élevés que la
4.4). MI. KpislolœJ'dniiliarcs., Pa- jurisprudence etradminlstralion. Les
doue, i578,in-8°. Ce volume est si évènemcntsde i 806 lui en fournirent
rare que Jacq. Morelli, le célèbre l'occasion. L'érection d'i duché de
bibliothécaire de Sainl-Muc , n'avait Varsovie faisait passer Ralich sous un
jamais pu le trouver. 11 écrivait en pouvoir différent de la Prusse : mal-
1809 au chevalier Jean de Lazara gré les pressantes invitations et même
de ne pas manquer, si l'occasion s'en les offres qui lui furent adressées,
présentait, de le lui acheter pour sa Cenda refusa de servir les Polonais,
collecllon d'Epislolo^raphes (Voy. et rentra dans les limites prussiennes.
les Operetlc de Morelli, ILI, 2 4-5). On ne le dédommagea point par une
Yili. Loculati opuscidi liOri qiiiu' autre place de celle qu'il avait per-
^we, ib., i58o,in-4.". Ce volume rare due, el il ne se montra pas foi t occu-
esl orné d'un grand noml)re de figu- pé d'obtenir ce dédominagenient. De
res en bois cl du portrait de rauLeur, Berlin , où d'abord il s'était rendi, il
très-bien exécutés. Quatre médailles passa près de la famille de ses beaux-
frappées en rhonneur de Benavides frères a Hlrschberg, en Sllésie . et
sont figurées dans leil///5rt?////i Maz- finit par se fixer a Landshut , petite
zucIu'lUanum , pi. 84-. Aposlolo ville voisine d'IUrschberg. 11 y rem-
Zeno en a décrit deux dans ses notes plissait simultanément divers emplois
sur la Bibl. de Fonlanini. W — s. dont le principal était celui de com-
BF]\I)A ( Jea>' -Guillaume- raissaire de justice. Inslruils bientùt
AMKDÉE-QrHOi«),filsd'Ernest Benda, de son aptitude et de son activité,
musicien de lachambre de Frédéric II, les chefs de radminlslration supé-
naqnlt le 5o oct. 1772, a Berlin, ricurc h Breslau , lui conlièrenl plu-
Privé fort jeune encore de son père , sieurs affaires délicates et impor-
il fut élevé par son oncle Relnbeck , tantes. ï)cs troubles avant éclate
archidiacre de Berlin , juscpi'à ce dans les cercles de Laiidshut , de
qu'on l'envoyât a l'universllé de Halle. Schweidnilzct de Jauer, il fui char-
II s'y adonn I fort activement a l'élu- gé de les apaiser, et a cet effet,
de du dioit . ({u'il entremêlait de tra- on mit a sa disposition un délache-
vaui littéraires, mais sans sacrifier mcul des troupes françaises alors
542
BEN
cantonnées dans le pays : il eut le
honheur de rétablir l'ordre sans la
coopération de ces redoutables auxi-
liaires. Partageant toutes les antipa-
thies de ses compatriotes contre la
domination étrangère, Benda entra de
bonne heure dans la fameuse associa-
tion du Tugendbund et devint direc-
teur de la .section de Landshut. Les
relations qu'il avait nouées par suite
de ses divers emplois , et celles qu'il
dut a sa position dans le Tugendbund
rendirent son nom populaire 5 et, en
1809 , la ville de Landshut le choi-
sit pour bourgmestre. Le zèle sans
bornes qu'il témoigna pour la ville à
laquelle il devait cet honneur fut jus-
qu'à un certain point préjudiciable a
sa fortune. L'Instruction fut un des
principaux objets de ses soins. En
i8i3 , il eut deux mesures bien dif-
férentes a faire exécuter, la réparti-
tion d'un asser grand nombre de com-
munes dans (jualorze paioisscs, et la
levée, 1 Drganisaiion de la laudwehr
dans le cercle de Landshut. La même
année le vit investir du commande-
ment de la Landsturm des montagnes,
et en consécjuencc de l*{)l)ligalion un
peu dilhi ile (le réduire a la discipline
et a l'ordre une masse indisciplinée
de 12000 hommes. Plus tard il lit
partie d'une conmiissiou militaire
chargée de jugi-r .sommairement ceux
(pii prêtaient secoiirs aux Français.
Celte même année i8i5 et la sui-
vante le virent de pins se livrer avec
autant de dévouement (jue d'habllolé
à tous les riscpics, a tous les travaux
(lue nécessitai! la giande crise de TAl-
lemagne. Walgré la vigueur de .si
consliliilion , sa santé en .soullnt. Sur
CCS enirctalles expira Ir li-mps pour
l((ni('l il avail élé rcsêlu de la charge
de hoiirgmcslre. Appauvrie |)ar l(\s
évènciiHiils (le la guerre, la ville de
Landshut no pouvait plus lui donner
BEN
le« mêmes émoluments, el Benda ,
pour qui la somme jusqu'alors accor-
dée était d'absolue nécessité, ne son-
gea pasase faire nommer de nouveau.
En 1 8 I 6, il fut appelé k Oppeln (Hau-
te-Silébie) , en qualité de conseiller
de gouvernement. C'est la qu'il mou-
rut dans sa 67^ année, le 28 mars
1852 , d'une péripneumonie dont la
marche fut accélérée par le chagrin
que lui avait causé la mort de sa
troisième femme. Benda était plein
d'esprit et de feu j ses connaissances
étaient variées , son élocution facile
et nette^ il aimait les arts. En qui (tant
Kalich , il se mitaéludier la philoso-
phie de Kant , et en peu de temps ,
s'y rendit fort habile. Dans sa jeu-
nesse il s'était essayé dans la com-
position littéraire : un peu plus tard
il anéantit ces travaux de son adoles-
cence. Mais il s'y livra de nouveau ,
lorsque la perte de sa place lui eut
créé des loisirs. On a de lui . L Les
Erreurs de V amour et les bizarre^
ries de la fortune , Francfort-sur-
rOder , i8o6. IL Des impôts sur
V industrie et le commerce dans la
monarcliie prussienne , Breslau ,
I 81 5. 111. De la police à l'égard
des étrangers et des voyageurs
en Prusse^ Liegiiitz , 18 16. IV.
Contes rorna/itiques,hv'i}^7.\^, 1817.
V. yfgri/)pa et If. Triomphe de
ryhnour, tragédie inédite. \'L Une
traduction complète de Shakspeare,
Liegnitz , 1826, 19 vol. VU. La
Iradiiciion des OEuvres poétiques Aj
de W'alter Scott, ainsi que cille de ■
beaucoupde morceaux de lord Bvron.
Vlll. IMusiiiirs fragments dans des
recueils périodiijues. 11 préparai! uu
Ixccucit grtiéral (les lois prussien^
//<'.v , (|uaml la mur! vint !erniinerses
travaux. P — or.
Hl':.\ -DAVID (D. L.v7..vnK )
ua(|uit a Berlin, le 18 octobre 1762,
BF.N BEN 5/, 3
Son nom , son pronoin iiuli((iUMil assez peu prcs inconnu, cl oi\ il espérait
nni'origiucisraclilc. Coninn.'S|)ino.-.'i, Iroiivi-r i\vs esprits disposés h rece
ilj';aj;na {pichpir temps sa vie eu cxer- voir la doctrine du j)liilosophc de
cant le nu'lier de j^ravcnr sur verre. KoMiigsherg. Il ne se trompait pas.
Il se rendit ensuile h (ialtingnc on il Le cours qu'il ouvrit cl (pii
se livra principalcinenl li Téludc des était libre dci> liens des universités
nialliémali(pies sous la dircclion de allemandes, ol;liiit un succès prodi-
Liclilenl)erg et de Kaesluer. 11 pro- .^ieux ; et il eul le plaisir d initier
fita 6i bien des leçons do ces maîties a de lianles spéculations psycolo"-!-
(ju'il reçut du dernier un complim'ut ({ups et mélaphysiipR-s des centaines
qui, bien cjuc d'une extrême ialuilé, d'auditeurs (jui juscpi'alors n'avaient
nVn était pas moins flatteur pourson appris de leurs professeurs salai iés
élève. Suivant lui , Ben-Uavid était cpi à bégayer la philosophie de Wolf.
capable de remplir toutes les chaires Les hommes les plus dislin<aiés de
de malhémalicpics de rAllemagne à Vienne, entre autres le comte de
l'exception de celle de Gœltingue , Harrach , le baron de Retzer et
tant cpio lui, Kae^tncr, serait vivant. AIxiuger , se rangèrent pjrmi les
Ben-David avait déjà publié plu.sieurs partisans ou les protecteurs déclarés
écrits malhémalicpies et des disser- de Ben-David. En revanche l'envie
talions de philosophie, lorscpi'il pas>a ne tarda pas a se déchaîner contre
de l'académie de Gcettiogue a cel'e lui. Les professeurs de l'université
de Halle pour y continuer ses études, étaient en général mal disposés h son
La faculté de philosophie de celle égard , a cause de la doctrine ciu'il
ville, sur linvitation d'Eberhard, lui développait dans sa chaire et à cau-
délivra, lors de son arrivée, le diplo- se de ses succès. Un d'eux appela
me de docteur. Bientôt il entreprit , l'attention déjà inquiète du «-ouver-
en commun avec Eberhard , un Ira- nemeut autrichien sur la tendance
vail surdes matières philosophiques, S'jspecte de ce juif prussien, protes-
et, après avoir as.sez légèrement sans tant, philosophe et Kantiste: on iu-
doute jeté les bases de leur travail, sistasur la manière tranchante vive
il reprit le chemin de Ber'in. Gepen- et hardie avec laquelle il s'exprimait
dant ses idées philosophiques subis- dans les conversations qui précé-
saient une modification grave. For- daientchacune doses leçons: et bien-
temenl saisi du système de Rant , il lot un ordre émané d'en haut défen-
s'élait mis a l'étudier, avec cette dit a Ben-David l'enseio-ncment pu-
téuacilé qu'il apportait dans tous blic , et lui ferma la salle dans
ses travaux. 11 ne tarda pas a s'a- laquelle il faisait ses cours. Aussitôt
percevoir que son ami et lui diffé- le comte de Harrach, chez mù il dé-
laient essentiellement sur les bases meurait , ouvrit dans son hôtel une
de l'édifice qu'ils voulaient élever, vaste salie où le professeur continua
Il renonça en consé(juencca un projet (juebjue temps ses L-cons. Toutefois
qui ne pou\ait plus s'exécuter que il dut bientôt les suspendre. Un ami
d'une manière très-imparfaite et sans très-haut placé dans l'aclminislra-
uuilé de vues. Euipressé deiépandre lion lui donna roufideutiellement
les nouvelles vérités qui venaient de l'avis de garder le silence , et mê/ne
s'offrir a lui , il se rendit a Vienne OLi de quitter, au moins pour quelque
le système de Kanl était encore a temps , la capitale de la monarchie
544
BEN
autricliîenne ; en même ieraps , plu-
sieurs de ceux qui prenaient le plus
d'intérêt a ses travaux se trouvèrent
saisis de maladies singulières : les
bruits les plus extraordinaires, on
peut direlcsplus absurdes, coururent
a cesujet, et, ce qui est a, noter, trou-
vèrent créance auprès de beaucoup
de personnes. Ben-David alors quitta
Yienne pour revenir dans sa ville
natale. Il y passa le reste de ses
jours, car à peine est-il besoin de
parler du court voyage qu'il fît à
Yieane quelques semaines après i^on
retour a PMrliii. S'il espérait se
fiire accorder le droit , soit d'en-
seigner soit de rester dans la pre-
mière de ces villes, il dut alors per-
dre ses illusions. Il se résigna. Les
premiers temps de son nouveau
séjour a Berlin fi rent con>acrés à
des travaux atialogues a ceux qui
avaient signalé sa pi ésence à Vienne.
Il y lit des lectures pujjliqiies et vit
d'abord un auditoire assez nombreux
se grouper autour de lui, IMais il
n'était pas a l^erlin comme a Vienne
le seul a développer la doctrine de
Kant j et l'université nouvellement
érigée dans li capitale de la Pru^se
se plaignit (|ue Tcnseignement public
de lieu-David empiétai sur ses droits.
Il lut dimc encore obligé de renoncer
au professorat. Plus lard il dut en
perdre Jusiju'au désir : la doctrine
de Kanl commeneail a être moiliflée,
dépassée, Ben-Daviil, avec celte lu-
flexihililé (|ul en général est le c.irar-
tèrc des liommes ([ui ont tout dû îi
eux-mêmes et cpii n'ont eu ni guiile
ni maître , resta étranger a ces modi-
ficalions; le novateur de Vienne lut
sinon un rétrograde , au moins un re-
tardiilairehBerlin, Il diangea encore
une lois de carrière et, désertant une
pliilosnpliie (|ul clia(|ue jour deve-
nait plus inintelligible et lui in-
BEN
spirait plus d'antipathie , il se voua
aux recherches sur les antiquités hé-
biaïques et sur l'exégèse de la Bible.
Malgré le zèle et quelquefois l'éru-
dition qu'il y déploya , on ne peut
lui attribuer dans cette branche de
philologie un mérite vraiment scien-
tifique. Il n'a point ce tact sur qui
est essentiel a la critique; il part trop
exclusivement d'idées préconçues qu'il
eût fallu ou rectifier ou restreindre et
sur lesquelles il établit un édifice sujet
a croider • sa précision catégorique
méconnaît trop les circonstances qui,
dans l'application , doivent modifier
les principes et adoucir les conclu-
sions. A CCS travaux littéraires de son
choix, Bm-David en joignait d'au-
tres dans les recueils périodiques de
l'Allemagne et même de rétranjrer.
Le Magasin de psycologie expé-
rimentale de IMorilz , les Mémoi-
res cV antrophologie j)liilosophi-
que de Wagner, le J oiirnal mensuel
de ik'rl n par Biesler , le JSoui^eau
joHvnal mensuel de Ik'rlin , les
Heures lie Schiller , la Bibliollièque
o//r///('//c' d'Eiclihorn , la Sulamite
de Frœnkel , les Propj'lées , etc.,
etc. , contiennent des morceaux de
Ben-Da\id. Mais c'est suilont a la
Revue )nc usuelle allemande {Deut-
sche 3Ioniitssc/irift) qu'il a donné
une (juanlilé considérable d articles.
Il occupa de plus la place de calcu-
lateur a la caisse royale des veuves.
Dlrecttur de l'école israélile libre
de lierliu , il la gouverna pendant
j)lusieurs années au milieu des cir-
constances les plus (lillieiles , sans
(|u*elle perdît rien dans cet intervalle.
Ces soins élaienl gratuits, et ipichpic-
fois sa fortune, sa sauté eurent a en
soulVrlr ; il ne les rallentit point pour
cela. (^)iiel(pie temps aii>si la société
|iliilomatlili|ue de Herlin l'eut pour
secréUiirc. Ben-David mourut le 2^
mars i83 2. On prul l'iic (pi'il avait
siMvccu à sa rcpiilalion cl siirloiil a
sa capacili'. C/clail lonjours un cs-
j'.ril iiit;t'i)lciix , proloiid , iiicliit ,
mais il i-lail ((uiiiiu' cj^arc au iniliou
tle la |;ciu'raruiii (jul \ mail de naîlrr.
l^a 5oir (lu savoir , la croyanre aux
réjlilcs de la scionco s'élaicnlclciules
chez lui. Arri\c jiar ses propres for-
ces et saus inailre à un point élevé,
mais là voyaul (pie les auires conii-
nuaient a niarclitr , ;i «gravir , il s'é-
tait arrèlé plein de dccouragoinent.
El si les autres monlaieni facilement,
ce n'est pjs quMs eussent été plus
favorablement Irailés de la nature j
c'est qu'ils étaient arrivés plus com-
modément que lui au point où ilélail:
ils s'étaient aslreinls a suivre les le-
çons d'un maître j c'est qu'ils s'avan-
çaient appuyés en qncLjue sorte les
uns sur les autres et de concert j cVst
enfju que la plupart d'entre eux n'é-
taient pas embarrassés de ces préju-
gés qui ralentissent la niarclic ou
jnème faussent les ressorts de Tintel-
ligcncc. Au reste, lorsqu'il se mettait
à parler des souvenirs de sa jeunesse
et de sa vie, a Vienne, il faisait
éprouver a tous ceux qui Tentcndaicnt
un charme inexprimable. 11 avait
gardé h Kant une affection semblable
à. celle qu'on sent pour une première
maîtresse : le portrait du philosophe
gravé, son buste étaient les seuls orne-
ments de sa modeste babil ail on. Avant
connu un grand nombre de littérateurs
et de savants de tout genre, et s'ex-
primanl toujours avec une entière li-
Berté sur leur compte, il offrait dans
ses con\ orsations comme un résumé
pi(juanl de Thlstoire littéraire d'un
demi-sicc!e. Du reste, on a d(.'viné
que sa position, sous le rapport dis
avantaiies sociaux , était inférieure
à son mérite. Peut-être plusieurs
verront-ils la ([uclque chose qui res-
BRN
045
semble a du malheur. On pouiialt
tout aussi bien dire (pi'll y eut de la
faute de Hen-Daud. l^e vrai, c'est
(jn'il n'était pas né pour plaire aux
corps privilégiés , aux corps ensei-
gnants j (ju'ilsc j)liait diflicilemcnt h
quehpie exigence (jue ce fut , (pi'il
aimait pardessus tout rindépcndan-
ce : il l'obtint. Parfois sans doute
les conditions , les résultats de cette
indépendance lui semblèrent amers :
mais, tout bien examiné, il l'avait
préférée h tout. Nous ne savons si
plus tard, dans le secret de son cœur,
il n'eût pas préféré une dépendance
opulente, mais le temps était passé de
faire un choix. Il aimait passionné-
ment la promenade , et vieux il bra-
vait les pluies, la neige, l'orage,
pour aller silencieusement et a pas
lents se livrer, soll dans les jardins
publics, soit dans la campagne , a
des méditations solitaires. Voici la
liste des ouvrages de Ben-David , dé-
falcation faite de ses nombreuses col-
laborations aux jourmux et recueils
scientifiques (tous sont en allemand).
I. Sur les ligues parallèles , Ijer-
lin, 1786. IL Discours sur r amé-
lioration civile des Juifs, trad.
du francrais , Berlin, 1789. III.
Essai (Vune analyse logique de
Vinjlni inallicmalique , Berlin ,
1789. IV. Lninot surles traitsca-
ractêristiques des Juifs , Leipzig,
1792. V. Essai sur le plaisir ^
Aienne, 1792, 2 vol. Cet ouvrage,
écrit par Ken-David a l'époque qu'il
a toujours regardée comme la plus
heureuse de sa vie , celle de son sé-
jour a \lenne comme professeur, se
ressent de l'impression de bonheur
{pi'il éprouvait en le composant. Au
reste , c'est moins sans doute a ses
propres inspirations (pi'anx conseils
d'Alxingt-r et de Retzer qu'il o!)éis-
sail lorsqu'il écrivait cet ouvrage
LVII.
546
BEN
et quelques-uns de ceux qui suivent.
Un des tralls essentiels de son ca-
raclère était uue simplicité presque
digne de Diogène , mais qui, comme
celle de Diogène, tend a étouffer le
sens du beau et a rendre insensible
à tout ce que la nature offre d'élevé ,
de complexe et de ricbe. VI. Lec-
tures publiques sur la critique de
la raison pure , Vienne, 1796 ;
seconde édition, Berlin, 1802. \IÏ.
Lectures publiques sur la critique
de la raison pratique , Yienne ,
1796. "Vlll. Lectures sur la criti-
que du jugement , Vienne , 1796.
IX. Discours sur le but de la phi-
losophie critique , Vienne, 1796.
X. Notes sur la critique du goût ,
Vienne, 1797. XI. Lectures sur
le fondement métaphysique de la
science de la nature , Vienne ,
1798. XII. Essai d'une théorie
du go lit ^ Berlin, 1798.XIIL M-
moires swT diverses matières, Ber-
lin, 1800. XIV. Essai d'une théo-
rie du duoit, Berlin , 1802. XV.
Sur l'origine de la connaissance
( discours couronné par racadéinie
des sciences de Berlin ) , Berlin ,
1802. XVI. Autobiographie yVtcr-
iin , 1804. XVII. Sur la religion
des J/ébrcux avant Moïse ^ Berlin,
1812. XVilI. Calcul et Histoire
du calendrier des Juifs , Berlin ,
X817. P— OT.
BEIVEDETTI (François) ,
poète dramali([nc , né vers 1792 , a
Corlone , annonça dès son enlance les
di.sposltions les plus exliaordinaircs
pour les leltres. De r8i5 h 1818, il
lit rcpréscnler deux Iragéilics, ïl:-
It'gono et J)ruso , qui piontcllaienl
un digne successeur h Allifri (pi'il
avaitchoi<»i pour modèle; eldarisle mê-
me lenip^ il Ht imprimer un Discourt
très-remarquable sur le llicâlrc ita-
lien. Ce génie précoce mourut es
BEÎf
1 82 1 à l'âge de moins de trente ans. 11
laissait en portefeuille onze tragédies
en partie terminées, et parmi lesquel-
les on cite comme les meilleures : La
Congiura di MilanOj la Gismonda,
les Eleusini ci JVicolas di Rienzo.
Outre un si grand nombre d'ouvra-
ges dramatiques il a laissé les Vies
du même Rienzi , de Philippe Strozzî,
de Pierre et de Nicolas Capponi et de
Jean de Procida. On se flatte que les
frères de Benedetli, possesseurs de
ses manuscrits, feront eufin jouir le
public d'ouvrages qui doivent encore
aug-menter la iusle renommée de ce ,
grand poète en Italie. {\oj. la Re-
vue encyclopédique , XIII, 474«) 1
W— s. '
BENEDETTO ou de BENE-
BICTIS (Jacques). Foy. JACO-
PONE, XXI, 33'o.
BENELLI (Antoitîe Pere-
GRiTvo) , musicien, né a Forli le 5
septembre 1771 , fut doué par la
nature d'un talent tel que , dès son
début, il fit une grande sensation en
Italie. En 1790, i! s'engagea comme
ténor a î^aples , où il acquit une
grande réputation. Appelé au lliéâ-
tre de Londres en 1798 , il y eut
un très-brillant succès comme cban-
t cur el comme composilcur. En 1 8 0 1 ,
il fut atlaclié au lliéàtre de Dresde,
où sa belle voix , son exc( llente mé-
thode cl sou jeu spirltiu'l lui mérilè-
rent les éloj'^es les plus flalleurs.
IMacé on 1825, comme professeur, ,
à Tccole de chant a lierlin , il y
resia jusqu'en 1829. Dans celte der-
nière année il écrivit ses Lettres sur
la Alusiquc , qui lurent publiées
dans le journal musical de Leipzig.
Sponliui, (jui y élail forlement alla-
(|ué comnic compositeur d'opéras , fit
jtuhlier uue analyse de son opéra
d Olimpiuy C()n\posée par Benelli,
(idans laquelle illuuaitpcaucoupcct
KEN
ouvrage que le jxiMic avait accueilli
peu favoralileuu'iil. Celle puhlica-
lioM lit laire les leltres ciitHiiies ,
cl Beiielli promit de (loiiner des
éclaircisscinenls. Mais dans la même
aunée il juTclit sa place cl retour-
na a Dresde , où il jouissait d'uiio
pension. Sa saule s'élanl altérée , il
cntrejirit un voyage dans les monla-
gues de la Saxe, el niournl aBoerni-
cben le 26 août i85o. On elle parmi
ses compositions plusieurs Messes^
genre de musicpie dans lecpiel il ex-
cellait , un Pater noslcr à cinq
voix , un Sah>e regiria , un yii'c
31ariaf un Slnbat mater ^ ([ualrc
JSotlunu à quatre voix, Jl Giorno
natalizio , una Cantata K cinq
voix: , con pianoforte ^ J\Ietodo
per il canto ; plusieurs arielles,
rondes et nocturnes, un cours de
cliant , un solfège pour la basse, etc.,
tous ouvrages remarquables par Tcf-
fet et le talent du compositeur. Z.
BENETTI (Jean), littérateur
italien, naquit a Ferrare en 1802 ,
et se consacra dès sa plus tendre jeu-
nesse a la profession d'avocat qu'il
vint exercer k INiplcs 5 ce qui ne Tem-
pècba pas de cultiver la littérature
avec un très - grand succès ; mais il
fut bientôt arrêté dans sa carrière par
des atteintes de plitliisie pulmonaire
qui le conduisirent au tombeau le
2 3 janvier 1825 , à peine âgé de
vingt-trois ans. Sa mort fut un jour
d'ailliction pour les amis des lettres.
Une foule nombreuse assista k ses fu-
nérailles 5 el son ami Peirucci jiro-
nonca sur sa tombe une oraison
touchante. Benelti avait surtout une
prédilection marquée pour les S.iinles
lîcritures, et il y puisait cet enthou-
siasme des prophètes , si rare pirmi
les poètes de notre temps. Qucbpies
jonrs avant sa mort , il avait traduit le
bçau psaume %Supev Jlumiaa Ba-
BEN
%'l
bjlonls , et il récitait celle traduc-
tion h ses amis, qui pleuraient .ivec
lui sur le sort des Hébreux chassés de
leur jialrie. Il av<iit connu person-
nellement lord Byron , dont il admi-
rait le génie , cl il l'a imité .surtout
dans une de ses Mélodies hébraï-
ques , adressée a la mémoire du
IJante. On a imprimé , dans la même
aunée , un choix de ses poésies qui
présentait de grandes beautés. Z.
BEXGER (^Miss Elisabeth Ogh-
Vy), Anglaise distinguée par ses la-
lents littéraires , nacjuit dans la cité
de Wells , au comté de Somerset, en
1778. Sa mère, délaissée par sou
mari , et sans fortune , put au moins
lui donner cette précieuse partie de
Féducation qui consiste dans l'exem-
ple d'une conduite vertueuse ; mais
celle-ci joignait à d'heureuses dispo-
sitions morales un goût très-vif pour
l'élude , auquel son entourage ne pou-
vait guère répondre. Elle a raconté
plus lard, qu'à cette première époque
de sa vie, n'ajant pas de livres a sa
disposition, elle allait se placer cha-
que jour devant la boutique de l'uni-
que libraire qu'il y eût dans sa petite
ville , dévorant les pages ouvertes des
brochures étalées , et y retournant le
lendemain pour voir si elle y Irouve-
rait des pages retournées qu'elle
pourrait encore lire. Sa mère, cédant
a ses instances, la laissa entrer, à
l'asie de douze ans, dans une école de
garçons, où on lui enseigna le latin.
Trois ans après , un petit poème de
sa composition parut , et ne fut pas
trouvé dénué de mérite. Mais son ta-
lent, qui se formait, ne pouvait pas
être apprécié des gens simples et igno-
rants au milieu desquels elle vivait;
et le talent ne se résigne pas long-
temps à être méconnu. En 1802,
mistriss Bengcr, veuve depuis plu-
sieurs années ;, fixa sa demeure à
35,
54^ BEI^r BEN
Londres, et bientôt elle fut inlro- inoiï^e s sur Marie ^ reine d'Ecosse^
duile dans une sociéL!» où elle reçut avec des anecdotes sur la cour de
des encouragements et perfectionna Henri II , pendant le séjour de celte
son goût. George Gregory la mit en princesse en France, 1822 , 2 vol.
relation avec d'autres personnes re- in-8°. \II. Mémoires sur la reine
comraandables , notamment mistriss de Bohême. L.
Haraillon , le poète Campbell, le me- BEXINC ASA (Barthelemi ,
dccin Aikin et sa sœur mistriss Bar- comte de), né dans les états de Mo-
bauld. ALondres, Elisabeth travailla dène en ly^S, était un des grands
d'abord pour le théâtre 5 mais elle seigneurs italiens qui jouissaient le
ne tarda pas a reconnaître que, pour plus activement de la vie. A des con-
réussir dans ce genre, le plus diffi- naissances diplomatiques vantées dans
cile n'était pas de composer des piè- sa cour, il joignait des prétentions
ces intéressantes. Elle écrivit quelques littéraires , un dilettantisme passion-
romans , et un poème sur l'abolition né, le goût de la chasse, des voya-
de la traite des noirs , qui a été ges, de la bonne chère et de plaisirs
imprimé avec ce qu'ont écrit sur le plus vifs encore. H paraît que ce sys-
Biême sujet Monigomerv et Graham, lème ne manquait pas d'imitateurs,
1809, in-4.". Mais la réputation de ou au moins d'imitatrices, dans sa
mistriss Benger est surtout fondée sur propre maison- car , chargé par son
les travaux historiques et biographi- souverain d'une mission li A'^ienne, en
quesauxquelscUes'estadonnéedepuis. 1788 , et obligé parles exigences du
Klle avait commencé des mémoires conseil aulique de revenir h Modène
sur Henri IV, roi de France, lorsque demander de nouvelles instructions ,
le 9 janv. 1827 , la mort vint l'en- il arriva si malencontreusement chez
lever aux souffrances d'une conslilu- lui, qu'il y fut témoin d'un spectacle
tion maladive cl d'une vieillesse sans dont sa présence fit un véritable scan-
ressources , ace que nous apprend dale, et qu'il prit la résolution de ne
— l ^ ' '
de 182S. Voicilaliste des principaux alors encore le rendez-vous de tout
écrits de mistriss I*cnger : 1. y^tra'//;- ce (jui cherchait le plaisir, un beau
et Cirna^uialion f iBi."), 2 vol. in- ciel et de i^rands souvenirs. Une riche
i2.\i.Alc'moires sur mistriss E Usa- anglaise, la comtesse de Uosenberg»
//r//i Ifamilton , accompagnés d'un lui lit oublier ses distractions ordi-
choix de sa correspondance et d'au- naires, en lui inspirant des senliuieutJ
1res écrits Inédit», 1818,2*' édition, (jui prirent bientôt le caractère d'une
s, vol. in-8", avec portrait. TH. Mé- vraie j)assii)u. Tour plaire K la com-
moircs sur J. Tobin [l' oy. ce tesse , (jul ainiail la littérature, et
iiom,AFjVf, 189), 1820, I vol. (jui avait tout, excepté le temps, pour
\{\-^'^.\S . ISotici's sur Klopstock et devenir auteur, il mit en français,
ses amis, en tète de la traduction an- avec beaucoup de liberté, il est vrai,
^glaise de leur correspondance. V. le / i((i^t;i\> in Ddlmazia de Tabbc
J\^cmoires sur la vie d'Anne Do- Fortis, sous ce titre, les Morla—
U'jn^ |8xi, r \()i. in-8". Vï- Dlè^ 7'/('> , et eu fil ^\:^ lectures dans di-
BEN
i ers salons. Oiïcrul (\\\c. I.i comlcsic,
roiiomitu'i' par la larililc a\ ce la(|iicllo
clic maniai l la lan;;nc Irancaisc , claiL
l'aiiUiir de lOiivraf^e j cl la publica-
tion des Morltujins^ Venise, 1788,
in 8", avec le nom de lîenincasa , ne
clianj^ea point Topinioii générale à
cet égard. l'eul-élre, en efiel, la
coralesse avail-ellc contribué ii Tam-
rlificalion du travail de Fortis j)ar
es encouragementsqu'elle prodiguait
a lîeniucasa, ou par larecoiinalsance
qu'elle lui téinoigua de ce travail,
cutrepiis Usa plus grande gloire. Vers
le même temps aussi Bcnincasa se fit
réilileur (TAllic/iicr^o , ou dcscrip-
iioji (l une mciison de cainj)agne
si lace au villd'^c de ce nom, près de
Padoue, livre qui probablement fut
composé a peu près de la même ma-
nière que les Moi'Uujues. Quoi que
l'on eu doive penser, après la petite
ovation décernée par la haute société
de Venise K la vanité féminine , Tau-
leur et sa belle collaboratrice allèrent
ensemble visiter FAiigleterre. La
comtesse v resta : c'était sa patrie ;
Beniucasa revint sur le continent.
En se séparant de lui, la comtesse
de Ilo^euberg lui avait assuré une
pension de vingt-quatre mille francs.
Paris eut d'abcrd des altralts pour
luij Benlncasa y fut introduit dans
les premières sociétés 5 mais , la ré-
volution ayant éclaté , il quitta
un pays d'oii la frivolité brillante
allait s'exiler pour long-temps , et
retourna eu Italie. Arrivé a Milan ,
il s'y arrêta, reprit sa vie ordinaire,
et, utilisant eu quel(|ue sorte ses plai-
sirs, fournit au Giornale ilaliaiio
des articles de lillérature et de spec-
tacles. Lorsque la république fran-
çaise , passant les monis et jetant
toutes les régions européennes dans
le même moule, eut improvisé une
république cisalpine , lîeniiicasa ob-
tint une clinr^te de direcleur d'ordre
(lins les deux grands théâtres de
Milan et dans les jeux publics de la
capitale de la Ilaute-ltalic. L'avène-
ment de ÎSapoléon au royaume d'Ita-
lie lui valut une mission en Dalmalii;
près du provéditeur-général Dandolo.
iîenincasa y fonda, sous les auspices
du provédileur, un journal intitule
Dcdniald ^enela. \^ç^^ événements
diflicilesqni eurent lieu ensuite dans
les provinces illyriennes le firent re-
venir dans des contrées plus tranquil-
les. 11 résida ([ueltpie temps a Bres-
cia, où il publia , traduit de l'anglais
en italien, l'ouvrage de Walker quit
a pour litre : Mémoire historique
sur la trag;èdie italienne. Puis il
reparut a Milan, où il fut nommé
secrétaire de fa commis:)ion d ins-
Iruclion publi((ue, destinée lil'examen
des livres classiques, etsous-direcleur
des théâtres royaux. La révolution
de 1814., en détruisant le royaume
d'Italie, lui enleva ces deux pla-
ces : cependant il était loin de 1 en-
thousiaine pour le gouvernement de
Bonaparte. Au texte du Mémoire
sur la tragédie italienne , il ajou-
te , sous prétexte de compléter le ta-
bleau , un jugement flatteur sur les
pièces de Moutl^ le poète en titre
de Napoléon {Galeotto Manfredl y
Aristodemo)'y mais bientôt on voit
percer son véritable motif dans les
louanges (lu'il donne au poème du
même auteur sur la mort de Bass-
ville. Benlncasa est mort vers iBsS,
dans un âge avancé. P — ot.
BEXLXCORÏ (Axge-Marie),
compositeur musicien, né "a Brescia
ou a Mantoue, au mois de mars
1779, était iils d'un secrétaire du
(hic de Parme. Dès l'ài^e de 5 ans ,
il apprit la musique , reçut des leçons
de violon de l'habile virtuose B-ullaj
et SCS progrès furent si rapides, (ju a
55o BEN BEN
sept ans il fut en état de jouer un con- ques : Les Parents ctiin jourj en
certo en public, devant le duc de un acte, paroles de M. Améd. de
Parme, qui, satisfait de son talent Beauplan, 18165 la Promesse de
précoce , lui envova le leodemaiD une mariage , ou le retour au hameau^
montre a répétition. Benincori ayant paroles de Dieulaloy et Gersin ,
perdu son père quelque temps après, 18185 et les Epoux indiscrets j ou
fut mis au collège par les soins du le danger des confidences ^ en un
prince dont il avait mérité la bien- acte, paroles de Saint-Just, 18 19.
veillance. Obligé de suspendre ses Ces ouvrages réussirent peu , en rai-
études de violon , parce qu'on ne lai sou de la faiblesse des poèmes ; mais
laissait pas le temps de s'y livrer la musique en fui trouvée spirituelle
pendant le jour, il prit le parti d'y et agréable, et fit juger Benincori
consacrer quelques beures toutes les capable de terminer la partition ^ A-
. nuits, et pour qu'on ne i'enlendîlpas, ladin , ou la lampe merveilleuse ^
il avait imaginé de graisser l'archet dont Nicolo n'avait pas achevé les
de son violon. Rolla ayant eu la eu- deux premiers actes (i); Benincori
riosité devoir si son jeune élève avait a composé seul la musique des trois
coDservé ses heureuses dispositions , derniers , la marche qui termine le
fut étrangement surpris de %zs pro- premier , la fin du premier chœur ,
grès, et en apprit de lui la cause. Il la 2* , la 4*^ scène et une partie
en parla au prince, qui, ne voulant du dernier chœur du second acte,
pas contrarier la vocation de cet en- l'ouveiture et tous les airs de danse,
jfant, lui fit donner les meilleurs La pièce fut jouée le 6 février 1823
maîtres, au nombre desquels fut le avec le j)lns grand succès, et s'est
célèbre Citiiarosa. A i4 ans, Be- maintenue au répertoire, jusqu'à l'é-
nincori, pour son coup d'essai, com- pocpie où le rossinisme a prévalu,
posa une messe , qui fut exécutée. Mais Aladin semblait destiné a être
Comblé des boutés du duc de Parme, fatal aux deux compositeurs qui en
il partit pour l'Espagne, avec son avaient fait la musique Benincori,
frère aîné , en 1797 ; mais la faillite atteint d'une affection au pylore, de-
dc la maison où ils avaient placé leurs meurait a ndleville chez son beau-
fonds les obligea de donner des père , frère de Gersin , l'auteur dra-
concerts. Sou frère étant mort de la iiialicjue ; il y mourut le 00 décembre
fièvre jaune, et son protecteur u exis- 18:; i ,agéde 45aiis(eluonpas dc^i,
tant plus , il se rendit en Allema- comme l'a dit M. Mahul daus sou
gnc, cl s'y fil connaître par diverses A/tnuairc nccrologifpic) ^ sW semin-
compositions, entre autres un opé- nés avant sou triomphe, et pendant
ra de JS'ilcfis ^ qui obtint autant les répétitions d'un opéra au(|uel il
de succès à. Vienne qu'il en avait eu avait eu la meilleure pari, cl donl lo
en Italie. Arrivé en France, vers gnccès devait assurer sa fortune et sa
i8o3, il se lixa à Paris, où la fortune réputation. Membredelasociété phil-
iie le traita pas aussi favorableintnt harmonique de Bologne, il était d'un
(jiic plusieurs de ses compatriotes , caractère froid, mais homme d'esprit,
nu()i(prily donnai des leeonsdrcliaivl,
1 . -
de violon , de piano , de composition (,j (y,,st fiiui.- a.> .tMis.isn.-mcnts.'xaif». qus
et d'Iiarmonie. Il lit ie|)ré.'.en!er au «^•"•» """ »"'•' «'"' '"""'«l'" ^'"'"'" ("""• >>'^'.
f|<i ", 11 1 • ' r • j).i(;. 1^7), nous IIVOII5 «lit (iii'il ni aviiit liiil |c«
lllCatrc-i' cycleau trois Opcras-COmi- dois premiers acUs [>rcj<iiic ciiliiM.
BEN REN fiSï
el snrloiil liomnio de lucii. Outre les « fHHl(|ncs cudroils Irop langiiissanLi
parliliOiis iloiil nous avons parle, oa a (jiie j'ai supprimés, loiil y est ori-
a (le lîcnincori niic Symphonie, de- « {^lual cl rccréalif , le loiir , le sljle ,
diccà Haydn; sixœiivres de <^)/m///o/.s «la pensée, cl en nailiciilier le fré-
ponr deux violons, alloel liasse, dont et qnenl usa{i;e des anlilbèses , des
les deux premiers œuvres ont clé gra- « é(|uivoqucs cl des jeux de mois. »
vés en Allemague, et les cpiatre dcr- 3/al)bé Gros de Besplas, dans soa
niers à Paris; un œuvre do jTr/o.vpour Kssai sur l'élof/ucncc de la chaire^
piano, violon cl \i()loncelle, elc. Il ï'aris, 1767, in- 12, pag. 285-3oo,
a laissé trois quatuors manuscrits et donne l'analyse d\i Bouclier d'hon-
deux opéras non représentés, mais îiaur , qui avait été réimprimé en
lus au comité, savoir: Qa/al/icOyOU. I759,iu-ii!, pour compléter le t. II
i(i nom'cau Pys^malion, paroles de de la vie du brave Grillon , par ma-
Portelancc, i8o4j cl Hcsiona, en demoiselle de Lussan. î\Iais on sup-
Sacles, 1807. A— T. prima ensuite celle oraison funèbre
1Œ\I\G (François) , jésuite , pour y substituer d'autres pièces que
prédicateur du XMP siècle, né l'auteur jugea mal li propos plus iu-
a Avignon , devint recteur du col- léressanles. L'imprimeur De.sprez,
lège de cette ville. Il est ccnnu par mieux avisé, publia séparément le
un ouvrai^e dont la singularité au- Bouclier , dont la pagination com-
rait dû faire obtenir une place h meuce au chiffre 197 et linit à 524.
Tauleur dans nos Dictionnaires bis- Dans une longue dédicace à Louis
ioriques. C'est le Bouclier d' lion- XIII, Kening , entre autres gentil-
neur ou sonl représentés les beaux lesses , dit que sa plume n'osant
J'aicts de très- généreux et puissant prendre son vol vers le septre d'un,
seigneur feumessire LiOiùs de Ber' ^^y-i s'est perchée sur le baston
ions ^ seigneur de Çrillon, Avi- d' un maislre de camp II appelle les
gnon , I 616, in 8°, et Lyon, 16 16, blessures, les orijlames du cou"
in-4.". Cette oraison funèbre fut pro- rage... Les vini^t-deux que Cril-
noncée dans Téglise cathédrale d'A\i' Ion avait reçues sont autant de
gnon , au mois de Adc. i 6 i 5. L'abbé bouches pourprines q à prêcheront
d'Arligny est le premier (pii ail rap- sa valeur ; ce sont vingt-deux pré-
pelé l'attention du public sur celle sidents en robbes rouges^ pronon-
produclion bizarre. Il en publia la çant arrest en faveur de sa gé-
plus grande partie dans le tome V des fiérosiié. L'orateur passe en revue
Nous^eaux Mémoires d'histoire^ de la hauteur, la profondeur, la lou-
critique et de littérature , p, 48- gncur et la largeur du courage de
102(1). a Ce discours, dit- il, est Grillon; il linit par examiner cora-
a unique dans sou espèce (2). Le se- bien , a la mort du héros, cette hau-
arieux et le burlesque y marchent tesse de courage fut abaissée,
(cd'un pas égal , et a rexception de cette longueur combien raccour-
, cie j cette largeur combien rétré-
(i) n*»ns cpitc rrimprc^sioii l'on n'a pas ob- CiC, cctte profondeur combicn
•ervr cxnct.minl rorlhnj;n.pl.e de rori^inal. aplanie. Tout CSt écrit daUS CC Slvlc
(a) Il |iaraitque 1 abliiil Arti:;ny n'apascuiiim ' , , , , i >• l'-
une pièce oratoire du inèiiir temps it liii ii,(-im- et dans le même ordre aidées, ou
^^urc.mxaaWcA'Oranonfun.Lre du R.p Anjr. .^j^ji^'^ d'images ct de comparaisoDS
de Jojeusc , profineial des capucins, par le prrc ' , . O ^
Ircnéc, 1608, iii-S", (;f'o7- l*"»Bi au Supp! ) phySiqUCS. L — M X.
552
BEN
BEXIXGA (Eggerik), né d'une
famille noble et ancienne de la Frise-
Orienlale , et seigneur de Grimer-
sum , fut attaché dès sa jeunesse a la
cour du comte Edzard , surnommé le
Grand. Il devint conseiller des sou-
verains de son pays et gouverneur de
Lehroort. Son zèle pour les franchi-
ses de ses concitoyens , en même
temps que sa fîdélilc a ses princes ,
son attachement a la religion réfor-
mée , ses lumières , la facilllé de ses
mœurs, l'avalent rendu extrêmement
populaire. 11 mourut le 19 octobre
i562 , laissant en manuscrit une
chronique où sa position lui a permis
de f.iire entrer des délalls qu'un au-
tre n'aurait pu si bien connaître.
Celte chronique parut d'abord en
1706, djns le tome AIIF des
Analecta d'Antoine Malthaus , pro-
fesseur h l'université de Leyde , irui
1 avait imprimée sur \\\\^ copie com-
muniquée par le savant Menso Alling,
l)our";mestre de Groninirue. Il ea
fut lait une seconde édition , a Eni-
den , en 1725, vol. in-4." de 879 pa-
ges chiffrées , dont l'éditeur fut £11-
liardFolkardllardenroht, prédicanl,
lequel y ajouta des notes marginales,
des pièces oflicielles , etc. L'avis au
lecteur contient (juelques renseigne-
ments sur lli'iiinga. Il — f — c.
BENIXGSEIV. Voy. Benmg-
SKN , ci-après.
JŒîViVATI (François), méde-
cin italien, né en oelubre J798, h
Mantone, montra de bonne heure
d'heureuses disj)()sllions, (pii lui mé-
ritèrent l'honneur de faire ses éludes
universitaires aux frais du jiouverne-
mcnl aulrirhien. (]e fut à Favle et à
Padoiie (pi'll étudia la niédtciue et la
chirurgie. Après y avoir reçu le litre
de docteur, il passa dans la ca|)ilal(î
(le lAuUiihe, pour y perfectionner
K's cojiuaiâwucce. Biculùl il se rendit
BEN
h Londres, puis a Edimbourg , et vint
enfin se lixer a Paris, où un accident
fatal terminabrus(|uement,le i 0 mars
i854-5 "^^^ carrière cjui s'annonçait
comme devant être très-brillante. La
veille il avait été renversé par un che-
val et blessé mortellement a la tète.
]Né dans la terre classique des beaux-
arts j a dit un de ses amis 5 plein
d'enthousiasme pour la musique, ([u'il
cultivait avec un succès remar([uable,
et doué d'une voix que plus d'une cé-
lébrité lyrique eût pu envier , il en-
treprit de rallier en lui cette double
étude, en appliquant ses connaissances
médicales a celle de la voix humai-
ne pendant le chant. C'est dans celle
vue qu'il publia ses Recherclies sur
le ruécainsme de la voix Iiumaine^
Paris, i852, in-8" , dout il résulte
que ce ne sont pas les seuls mus-
cles du larynx qui servent h moduler
les sons, mais encore Thyoïdc , la
langue cl le voile du palais , sans \cs-
({uels on ne pourrait atteindre h tous
les ilegrés de modulation nécessaires
pour le chant. Mais ce u'élait point
assez d'apporter dans cette élude les
lumières de la physiologie, Bennali
sentit que, pour que ses travaux fus-
sent revêtus du cachet de rutllilé,
il fallait s'occuper en même lem[)s
des maladies de ces mêmes organes.
De là ses Rcclievches sur les nui-
ladics qui afjecleiit les urgaiies de
ht voix hurnuiue ^ Paris, i852 ,
ii!-8". Cet ouvrage , réimprimé avec
le jirécédent , sous le litre à'E-
tuiles plijsiologii/iies et pat/io-
lo^i(jucs sur les ori^ancs de la voix
lutniuiiie y Pails, i855, lu - 8" ,
lui valut une part dans les prix de
médecine fondés par IMonlyon , dis-
tinct ion flatteuse, (jui ne Ht (|uc re-
doubler son zèle , car bien lot après
il pid)lia ( Paris, i83.i, iu-8") iiii
Mémoire sur un eus fmrticulici*
t/'iin(ynt(t/ic' df lu roix hiiniaiiic nialiî-rc à (le lon^^iR's rcinar(|n('s do
jwrutiint le cluint , iloiil il avall puise IM. le baron vaii Dcrlfldcn van llin-
Ics lailstlic/ M. Ivanlioff, russe de dorslciii , insérées dans le même jour-
iialion, et Tnn des clianlcnis dislin- liai, lîJSo, 1, ^65, 58::, -945 t'ic.
^iiés du riiéàlre-llalien. Au nl()^lcn^ lîcnnel élait un olficicr expcriincii-
oii la morl vint le frapper , il s\)ccu- lé , el donl la perle a élé vivement
jiait d'un nouveau iravail sur l'iiy- sentie; il mourut dans sa cincpianle-
i;iène de la voix , cl de reclierciies cincpiième année, au village d'Kde,
tant sur l'arl du ventriloque , (pie sur près d'Arnhem , le i i février xdinj.
ruiililc de l'application de la miisi- R — f — g.
que K la médecine. J — D — n. ItEXÎVETT (IMi^triss Eliza),
lîEWET (lloELOi'-GAiiniEL) , romancière an^^laise , morte le 12 fé-
colonel -capitaine de la marine des vrier 1808, a laissé un grand nombre
Pavs-lîas, s'est fait connaître comme de romans (pii ont eu du succès, et
écrivain par une his'.oire Aqs JSnvi- dont plusieurs onl élé traduits eu
cations néerlandaises au XVi'., français. Le meilleur sans contredit
l'I au X\ H'" siècle ainsi (ju'au corn- est Ixosa , ou la fille jnetidlanla
iiienceraeul du WUl'" [ Neder- (trad. en franc, par M."'*" Brayer de
landsclie Zeereiscn) , histoire an- Sl-Leon . Paris, an VI, 7 vol.in-12;
noncée dans le Letterbode de 1828, 2''éilil., 1799, ^^ vol.in-i8), com-
t. II, p. 2^1 , et dans laquelle position cliarmanle, écrite avec au-
il cul pour collaborateur M. J. \aii tant de pureté cpie de grâce, et oîi
Wyk. Ce fut encore avec cet écrivain l'inlérêt ne languit pas un seul in-
qu'en 1825 il recul de la société pro- stant pendant dix volumes. Des autres
vinciale (rUlrcclil une médaille d'or ouvrages de mistriss Bennelt, nous
pour un Mémoire sur les découvertes indi([uerons : LAnna^ ou l'hêri-
nes Néerlandais en Améri([uc , en ticre galloise, 1784, Irad. en fran-
Auslralie , aux Indes cl aux terres çais par Dubois-Fontanelle, Paris,
polaires (Oi^cv de JS'ed. Outdek- 1 788 , 4 vol- in-12 5 2" édit., 1798,
kinf^en), Ulreclil , 1827 , in-8" de 4- vol. in-12; et par P. -F. Heury,
2i5 pp., sept labl. et une carte. La I\'iris , 1800, 4 vol. in-i8. II. Les
plus ancienne des ces découvertes , du i/nprndences de la jeunesse, Irad.
moins dans le mémoire cité , est celle par M""" la baronne de Wasse ( Pa-
ôes îles Flamandes, en 1 445, par J. ris, 178S , 4- vol. in-i2) , ((ui n'eût
Yanden Berg, de Bruges. Parmi plu- pas dû sur son litre donner Touvrage
sieursarlicles de journaux qu'on doit à comme une production de raulcur de
la plumedeM. Benuelel iicellede ."^on Cécilia , c'est-a-dire de miss Burney.
fidèle associé , nous signalerons celui III. Agnès de Coiircy, roman do-
qui a pour objet la découverte du niesli([ue, trad. de l'anglais , Paris,
Gerrilsland o\\ JSew-SouthSJur' 1789, 4 vol. in- 12. lY. Henry
/rt/ir/, avec (juelques observations sur Bennett et Julie Jufinson ^ ou les
un nouveau démenti que lui ont don- esquisses du cœur, trad. en franc,
né les Anglais (/>('/^6'/Ao^A,', 1826, Paris, 1794, ^ vol. in-io. Y. Lrt
I, 524-55 1), cl un autre article qui ?Jalcdiclion paternelle , ou l'oni'
traitait de l'île /Crtr/^/fo/ rclrou\éc br.' de mon pcre , trad. par M"***
(ib.,. I 820, II, I 5o-i 52;. La (lisser- l\'nn , ]*aris , 1809, 5 vol. in-i2<
talion sur ces découvertes a fourni \I. L'Orpheline du presbytère ^
554 BEN BEN
ou fiction et vérité, irad. par De- pour la Rassle , où il jugea qu'il lui
fauconpret, Paris, i8 i6, 5 vol. in-i 2. serait plus facile de réussir. L'impé-
VII. Hélène , comtesse de Castle- ralrice Calherine Tadmit en effet, dès
Ilowel , traduit par Defauconpret, son arrivée, comme lieutenant-colonel
Paris, I 822, 4- V. m-i2.W\\.Beau- dans un de ses régiments de Cosaques,
/eef /a/r/ei/r, trad. parlemême, Pa- et il fut envoyé contre les Turcs sous
ris, 1820,2 vol in-i2. Les produc- les ordres de Romanzoff, puis contre
tiens de mistriss Bcnnett se distin- le rebelle Pugatscheff avec Souwa-
guent par rinvenlion et par la pureté row. Revenu de celte dernière eipé-
de la morale 5 mais elle n'observe pas dition , il épousa une demoiscilo
toujours bien les caractères , et n'é- russe qui mourut eu couche de son
crit pas avec une correction conli- premier enfant. Beunigsen obtint
nue. P — OT. alors un congé pour aller dans sou
BENXIGSEX (Levin-Augus- pays où il fut de nouveau captivé par
TB-THEOi'niLE^ comte de) , général la belle demoiselle de Schvvichelt.
russe, naquit le 10 février 1745 h Ne pouvant obtenir sa main , il prit
Brunswick où son père était colonel le parti de l'enlever, et la conduisit
des gardes. En sa qualité de seigneur en Russie où le crédit de Romanzoff
de la terre de Banleln qu'il possédait et de Polcmkin lui fit donner le coin-
dansl'électorat de Hanovre, cet ofii- mandement du régiment de A7otv,
cier se trouvait le vassal du roi d'An- puis celui des hussards d'Ium. Ce fut
gleterrc. Il profita de celte position alors que commencèrent réellement
pour faire entrer son fils dans les «a répulation et sa fortune militaires,
pages 5 et le jeune Bennigsen, après II étaitausiè-ed'Olschakowen i 788,
avoir passé cinq ans h Ja cour de el lut cliargé d'observer la garnison
Georges II, fut nommé lieutenant , de Bender avec uu corps de troupes
puis capitaine dans ses gardes a pied, légères , landis que Polemkin se por-
et fil en celle qualité la dernière tait en avant pour s'emparer de Ki-
campagne de la guerre de sept ans linnova cl d'Akklermauu. L'activité
CD Allemagne. Mais il avait alors qu'il déploya dans celte circonstance
peu de goût pour la carrière des ar- le lit rcmarijucr : il fui nommé bri-
mes, et, se livrant sans réserve a son gadier , el rt cul l'ordre d'aller dans
penchant excessif pour les femmes, il la Russie Blanche pour comballre les
ne paraissait pas destiné a parvenir auK Prussiens (juisc réunissaient sur celle
premiers rangs de l'armée. Il (juilla fronlière. Eu 1795, 11 commandait
iiicme bientôt le service pour épou- également un corps de troupeslégères,
ser la fille du baron de Sleimljerg, lorsipi il attaqua a J-wu les Polonais
ministre de Hanovre a la cour de Jasinski el (ilewinski, qu'il mil en
Vienne, (jui relusaiide donner samain fuile. Après les ailaires dOsihmiaui
à un simple oUicier; el il alla vivre cl deSolli, il fut nommé général; et
avec elle dans la lerre de Hantelu ce fut Si la tète de la cavalerie qu'au
dont il était devenu possesseur par combat de A\ ilna il s'empara do
la mort de son père, 'l'cnant nu (jiiinze pièces d'arlillerie et i|u'il de-
grand Iraiu de maison, il dérani^ea sa ciila la victoire eu rompant le centre
fortune. Sa femme étant morte a de l'ennemi. A Ollva il s'empara des
ccllu épo(juc , il résolut de rentrer pouls de baliaux sur le INiémen , et
dans la carrière militaire cl partit mil encore eu fuite les Polouaisj il
BEN ^ BEN 555
enleva cnsnîlo la place de Kowno, et carnclè-rc îrasclMc , il en ressentit
nu'-rilii par ses cxploils un sal)re un profond rliaf^/in el demanda sa
(l"lu)iincur vn or ^aiiii de diamanis rrirailc a pln-icurs reprises. Cello
(pie lui en\ova rinipéralrice avec demande lui avait été accordée ; et
un présent de douze cents paysans el il allait partir jionr le Hanovre, lors-
l'ordre de Saiiit-\\ ladiniir. D'un que le hasard le fit entrer dans
tempérament nerveux et fort irri- un complot (pii se tramait contre
laide, Bennijrseu était alors véri- l\'inll''. Uenoncant dès-lors a tout
taMenienf un prodige d'actiNité et autre projet, il se montra 1 un des
de valcnr. Un jour il monta sou- agents les plus zélés et les plus actifs
daincment h cheval dans un violent de cette conspiration. Il est mémo
accès de fièvre ; et, sans (piilter sur que ce fut lui (pii dans le moment
ses vêtements de ma'adc , il tra- fatal, effrayé de lliésitalinn des au-
versa un fleuve a la uage , conduisant très conjurés , leur fit comprendre
ses hussards a Tcnnemi ([u'il surprit qu'il n'y avait de salut pour eux
et hattitcomplètement.... Et pendant que dans la mort du malheureux
ce temps la fièvre avait disparu, prince (i), et que ce fut lui qui porta
Son triomphe était dans les surprises sur la victime les premiers et les
de jour, de nuit , el surtout dans la plus terribles coups. Cependant, seul
confiance et l'élau qu'il savait inspi- des auteurs de ce meurtre , il n'en
rer aux soldais. Après la campa- fut puni ni par l'exil ni par aucune
gne de Pologne , il obtint le corn- disgrâce {Voj, Alexandre , LVI ,
mandement des troupes réunies sur i6i ); il paraît que son carac-
les frontières de IVusse. Mais celte tère audacieux et le besoin de ses la-
destination changea bientôt, et il fut lents militaires furent les seules cau-
cnvové a l'armée de Perse, oii il ses de celte exception. Dès les
commanda la cavalerie. Il reçut de premi'^rs jours de son règne le suc-
l'impéralrice, a cette occasion, des ccsseur de Paul nomma Bcunigsen
témoignages de confiance très-flat- gouverneur de la Lilhuanie. L'an-
leurs. Cette princesse lui donna des née suivante (1802) il lui donna le
pouvoirs illimites, et lui communi- grade de général en chef 5 et lorsque,
qua tous les secrets de Tenlreprisc. eu i8o5 , se forma une nouvelle
Après un bombardement de dix jours, coalition, il le rail a la tète d'une
il se rendit maître de Derbent sur la armée destinée h combattre IcsFran-
iTier Caspienne : douze mille prison-' cais. Cette armée arriva trop tard
DÎcrs, une nombreuse artillerie et des pour prendre part a la bataille d'Ans-
magasins considérables furent le prix lerlilz^ mais elle fui envoyée en Si-
de cette victoire; la croix de Saint- lésie aussitôt après , el mise a la dis-
André de première classe en fut la position du roi de Prusse, quine ju-
récompense. Ce fut le dernier pré- ,
sent que Rennig-^en recul de Cathe- (,, ç..^^, ce.lainom.nt par «rrcur que quel-
rine : elle mourut l)eU de temps qm-s bioj^iaphes ont an que fimni-îsen ne fut
, •> i> 1 • I • Pî"* prt-sfiif à cetie catastrophe; tous les téiuoi-
après, et l empereur Paul qui lui suc- J„,„',.s s.,nt d'accord sur ce point Le docteur
céda se hâta de faire la paix avec les O'Mcarampporle.d'après Napoléon, uneconver-
^^ i> • r 'i»! ialion que celui-ci avait eue a Tilsitl avecl'empe-
PerseS. lieunigsen tut aussitôt rap- r, „r \i,.xn.idrc, ci dan. laquelle ce prince dit
Pelc , el il parut tombé dans une dis- P'-^i'ive.uent . en parlant <le Henni-sen: « C'est
l ' 1 > T? L" • D M lui qui a assassine mou perc; la politique seule
grâce COmplclC. J? Ort ambitieux, d UU ,« ,u'a oblige et m'oblige encore à l'employer.»
D'Jt
BEN BEN
gea pas a propos d'eu faire usage, où la garnison prussienne était ré-
Alexandre donna alors a Bennigsen duile a la dernière extrémilé {Vojr.
l'ordre de se rendre sur les froiilière* Kalkreuth , au Supp.). Les pre-
de la Turquie, oiî une rupture sem- miers mouvements de l'armée russe,
blail inévitable. Wais dès le mois de exécutés avec beaucoup de secret et
septembre suivant, il fallut revenir au de célérité, eurent d'abord quelque
secours des Prussiens, et Bennigsen succès- elle surpiit dans leurs caa-
futencorecbargédVconduire6o,ooo lonnemeuls les corps de Ney et de
bommes. 11 s'était a peine mis en Beruadolte; mais Napoléon, bientôt
inarche , que Vi^sue funeste de la ba- accouru de Varsovie , où il avait trans-
iaille dléna et la marche rapide de porté son quartier-général après la
„ Napoléon le forcèrent de rester sur bataille de Pultusk , fit marcher ses
laYistule, où ilconcentrases troupes, colonnes avec tant de promptitude et
etpritsonquarlier-généralaPullusk, de vigueur, que Bennigsen se vit lui-
sur la Narew. C'est dans cette posi- même près d'être coupé dans sa re-
tion qu'il fu! attaqué, le 26 décembre traite sur Rœnigsberg , et forcé de
1806, par les maréchaux Lannes et recevoir cette terrible bataille d'Eylau
Davoust, et qu'il soutint pendant plu- (8 février 1806), l'une des plus meur-
sieurs jours , et par le temps le plus trières de ces sanglantes guerres. La
affreux, uneluttc- terrible. Si l'armée position des Russes y était formida-
russen'y fut pas complètement \icto- ble , et ils soutinrent avec une admi-
lieuse, elle prouva du moins aux Fran- rable fermeté les attaques les plus
çais qu'après des succès si rapides, ils vives et le plus habilement dirigées,
avaient enfin rencontré uu ennemi plus Cène fut qu'après des perles immen-
dilliclle a vaincre. Bennigsen fit a son &es^ et surtout par le secours du
souverain un rapport fort exagéré , et Prussien Lestocq, (pi'ils réussirent
il se plaignit amèrement de la cou- euliu a faire sans désordre une ré-
duite de Kamiuskoi et de Buxhowden, traite honorable. Ain.si le champ de
qui auraient dû le seconder, et ijui bataille icsta aux Français, et ils
l'avaient abandonné dans le péril. ])nrenl , avec raison , s'attribuer les
Alexandre éloigna de l'armée le pre- honneurs de la victoire. Selon son
inier de ces généraux; il envoya usage, Bennigsen les réclama égale-
le second contre les Turcs, et il dé- meut, et il envoya h sa cour un rap.
cora de l'ordre de Si-Georges Ben- port enq)hali(pie , où il avouacepcu-
nigsen , qui resta ainsi lout seul daut une perte de 12,000 hommes,
généralissime de toutes les forces de Les deux partis chantèrent donc le
la Ixnssle employées contre les Fran- Te Dciun, el Bennigsen recul de son
rais, (^e fut alors qu'il conçut l'idée souverain une lettre exlrèmement
d'une enlicprise véritablement gian- llalleuse : «C'est a vous, lui écri\it
de, el K\\\'\ pouvait changer la face « Alexandre, ({u'aétéréservée lagloirc
des alTaires, s'il n'avait pas eu devant « de vaincre celui (pii n'avaiijamais été
lui \\\\ ennemi aussi artlf, aussi re- «vaincu; el 11 m'est lorl agréable de
doutable (pu; Napoléon. Il s'agissait « pouvoir vonsen lémolgnermarccou-
dc se porter rapidement sur la gau- « naissance el celle de la pairie entière,
fho (le l'armée Iranraise, de pénétrer « etc.)) Acetle lettre était joinirorilrc
jusqu'aux bords de la Visliile , et de Si-André el une pensiondc i l", 000
d'aller dégager la place de Dimlzick , roul.dcs. Toute Tarmct' recul une gra-
tilicalion. M.iis Bi'nni{:;scn \\c pouvait
se dissimuler 1rs rcsullals de son au-
dacieuse oju'ralioii , el ces résultais
Irès-réels claienl (|iril n'avait pu re-
prendre Tborn, ni (li'livrerCiraudenlz
t't Danlzick; cpril avait fait i\cs jier-
tes iinnicuses eu lionimes et eu artil-
lerie... El il ne recevait aucun secours
ni renfort , ^lal^^rt■ ses demandes rci-
léréeî). Ce fut alors cp» Alexandre
Tint K sou armée, et que ce j)rince
essaya de l'encouras^er par ses pro-
mes.'-es el les nombreuses récom-
penses qu il distribua. jMais les for-
ces de Tenuemi s'au<:^menlaicnl cba-
que jour, cl cet ennemi était aussi
actif que redoutable. Dantzick fut
obligé de capituler, et après avoir
encore essuvé de grandes pertes a
Keilsberg, il fallut abandonner Kœ-
nigsberg a ses propres forces, il
fallut évacuertoule l'ancienne Prusse.
On sait (jue dès-lors Alexandre avait
conçu le plan qu'il exécuta plus tard
avec lant de succès, en attirant son
ennemi dans la profondeur de ses vas-
tes états. Il n'y renonça dans cette oc-
casion qu'en cédant aux prières du roi
de Prusse. Ce fut après le revers de
Friedland qu'il se décida enfin a deman-
der la paix. JNapoléon, qui commen-
çait a sentir les danjrcrs d'une guerre si
éloignée el si meurtrière, n'insista
point, et le traité de Tilsilt fut con-
clu [Foy. Alexandre, LM, i65).
Après ce grantl événement, Bennig-
sen se relira dans ses terres de la
Litbuanie, et il y vécut au mibeu àcs,
plaisirs de la société et de l'élude. In-
vité plusieurs fois, comme sujet lia-
novrien, cKpiitlcr le ser\ice étranger
et a retourner dans sa pairie , sous
peine de voir ses biens confisqués , il
«'y refusa coustamment j cl lorscpie la
guerre recommença, en 1811, il
saisit avec empressement , malgré
son âge avancé , cette occasion de
RKN
5îi7
rentrer dn ns son ancienne carrière.
Alexandre \int le voir dans sa terre
de /aeresl , j)rès de \Viliia, l'emme-
na avec lui , el voulut recevoir ses
avis sur tous ses projets. Jjorsque
Alexandre retournait l'étersbourg, il
l'envoya auprès de Koutousoff, (pril
venait de cbarger du commandement
général. Ainsi l>ennigsen se trouva
il la laineuse bataille de l')orodiuo,
el y commanda le centre. On sait
combien il lui lallut de fermeté et
d'énergie pour contenir pendant toute
cette sanglante journée les plus grands
efforts des Français. Dans le conseil
qui précéda l'évacuation de Moscou,
il fut un de ceux qui s'opposèrent le
])lus vivement K celte mesure. Il ne
s'éloignaqu'hrcgretde cette capitale,
el le 18 octobre, avec une partie de
l'aile droite, il attaqua Murât , |.rè3
dcTaronlino, et le battit com[)lè-
temenî. Ce lut a celte occasion qu'A-
lexandre lui écrivit celle lettre si re-
mar(piablc : « Vous avez donné de
« nouvelles preuves de vos talents,
ce Par vos sages mesures et vos bonnes
ce dispositions , vous avez battu avec
a nos braves troupes le corps d'armée
ce du roi de Naples, fort de 5o raille
ce liommes, et l'avez mis en fuite. Trois
ce mille morts, 1700 prisonniers ,
ce un étcndart du i*^'' réqin.eut decui-
ce rassiers , 58 canons, /(.o caissons,
ce le camp et les équipages de Penne-
ce mi sont les Iropbées de celte jour-
ce née. Malgré la contusion que vous
a avez reçue, vous êtes coustam-
ce ment resté a votre poste pendant
ce la poursuite. En considération de
ce celle victoire, (pii fait tant d'bou-
cc neur ii vos talents , el pour vous
ce donner \\\\ témoignage public de
ce notre salisfactiun , nous vous cn-
cc voyons les insignes de l'ordre ;de
ce Saint-André en brillants, et nous
ce y ajoutons no présent de cent mille
558
BEN
« roubles. » Les suites de cette vic-
toire furent révacuation immédiate de
Moscou et la retraite de Tarraée fran-
çaise. Beunigsen n'approuva point
dans cette retraite la lenteur de
Koutousoffj et, ne pouvant être d'ac-
cord avec lui, il quitta l'armée et se
rendit auprès de l'empereur , qui
lui permit de se retirer dans ses
terres , afin d'y soigner sa santé.
Après la mort de Koutousofî et les
batailles de Bautzen et de Wurschen,
Bennigsen reçut l'ordre de se rendre
k Varsovie , pour y prendre le com-
manderaent d'une armée de réserve,
a la tète de laquelle il se dirigea
bientôt vers rÂUemap-ne, oii de si
grands événements allaient s'accom-
plir. Arrivé (levant Dresde dès les
premiersjoursd'oclobre, avec 60,000
hommes, il eut d'abord a combattre
le maréchal Gouvion-Saiut-Cyr, qu'il
força de rentrer dans la place. Ap-
pelé ensuite a la grande armée , il ar-
riva sous les murs de Leipzig le 1 7
octobre, et prit une part glorieuse à
la grande halnillc des nations. Ce
fut h l'aile droite qu'il se trouva placé,
et il y déploya une telle valeur sous
les yeux de sou souverain, qu'Alexan-
dre le fil comte sur le champ de ba-
taille, et que l'empereur d'Autriche
lui envoya peu de jours après la croix
de commandeur de Marie-Thérèse.
11 reçut tnsuitc l'ordre de retour-
ner sur 1 KIbe , pour empêcher les
garnisons de Dresde , de Mogde-
bourg et des autres petites pla-
ces de se réunir a Davoust <pii oc-
cupait Hambourg. Comme il n'avait
guère (pie de la cavah'ric, et (|u'il
manijuait (l'é(|uipag(*s de siège, il se
contenta d'iuvtstir ces places, l'jisuite
il niardia sur Hambourg, y enferma le
m.iréclial (/ oy. Davoust, au Sup.),
et dirigea contre lui ipichpies atta-
ques, qui furent sans résultats, jus-
BEN
qu'a ce que la nouvelle des événements
de Paris (avril 1 8 1 4-) vînt mettre fin
aux hostilités. Bennigsen reçut alors
la décoration de Saint-Georges de
l'^^ classe, qui jusque la n'avait cto
donnée qu'au roi de Suède et au duc
de Wellington, et le roi de France
lui envoya aussi le grand cordon de
la Légion-d'Honneur. Alexandre le
chargea dans le même temps du com-
mandement de l'armée du Midi , en
Bessarabie, et il conserva cet emploi
jusqu'en 18 iS. Frappé d'une cécité
presque complète , par suite d'une
chute de cheval , il obtint la permis-
sion de se retirer dans ses terres du
Hanovre , et il y mourut le 2 octobre
1826. Alexandre lui avait conservé
son traitement de général en chef.
Bennigsen a publié en allemand un
ouvrage remarquable, sous ce ti-
tre : Pensées sur quelques connais-
sances indispensables à un officier
de cavalerie légère , R'ga , 1794?
et Wilna, i8o5. On sait qu'il avait
composé des Mémoires j qui ne peu-
vent manquer d'être précieux pour
l'histoire 5 mais le cabinet russe eti
a réclamé le manuscrit, et il est
probable (|u'ils ne verront jamais le
jour. M — DJ.
«EÎVOIT (Le P. Jean), histo-
rien des Albigeois, né en i632 h
Carcassonne, après avoir terminé ses
études h Toulouse, y prit a dix-huit
ans l'habit de Saint - Dominique.
Dans ses loisirs il cultivait la littéra-
ture et faisait dvs vers latins et fran-
çais avec facilité 5 mais s'étant atta-
ché à la carrière évangélique , il
accpiit la réputation d'un bon pré-
dicateur, et remplit successivement les
chaires des principales villes du midi
de la France. Il vint ensuite K Paris
où il demeura plusieurs années. Rap-
pelé sur la lin de sa vie h, Toulouse,
xl y mourut le fi mai 1705, H 75 ans.
I3KN BEN ?i59
Le P. Benoît a laisse qiicl(jiic.S]nrcps tl»ie pour Tctat ccclcslaslûjuc. M;û-
(lo vers eu riioiineiir tic Louis \IV, tre Je choisir une carrière plus coii-
rnlrc autres uu poiinc iuliliilc : 7^'«- forme à ses p;oûls, il se chargea
hlrnic (le lii ViCtoiri' et do l(t paix, d'al)()r(l (Tuue éducation, et lut
l'aris, I ()c>-, in-/,"; mais il csl priri- ensuite employé dans diverses ad-
cipalemoul connu par V Histoire des miiiislralions. Admis en i8o5 dans
Aiùigcois et (/es l aiidois ^ Paris, les hureaux de la secrclaireric d'clal,
1691,2 vol. in-i 2 ; elle est inléres- il ohliiii la confiance de iM. Maret
santé , mais partiale, et cela ne pou- (jii'il accompagna dans ses voyages et
vait guère être autrement : comme le dans toutes les campagnes où ce mi-
dit .1. Leclerc , un moine, et un nistre suivit Napoléon. Après la ba-
moine dominicain , était l'homme du taille de Waterloo , Benoît eut la
inonde le moins propre pour un tel direction des bureaux du gouverne-
ouvrage (Voy. \d JJilfLot/irquc uni- ment provisoire* et il eut la précau-
verselle y \X, 197). Il a fait usago lion de ne cjuitler les Tuileries qu'a-
des /^rorcV/w/rs instruites contre les près avoir anéanti toutes les pièces
Albigeois par les inijuisilcurs au temps dont la découverte aurait pu com-
du cardinal de Clermont, dont le promettre quelques personnes. In-
nianuscril original se trouvait dans quiélé par la police royale a raison
le cabinet de Fr. Graverol (A oj^. de ses anciennes liaisons, il se ren-
te nom, XVlll , 3^5). Il donne les dit h Genève où il espérait trouver
généalogies des principales familles du repos ; mais la police l'y suivit,
dont il est parlé dans cette histoire ; et dans le temps qu'il se disposait à
et, pour les faire mieux recevoir, il quitter cette ville , il fut remis dans
dit que dllozier a pris la peine de les mains de la gendarmerie française
les revoir et de les rectifier; mais et conduit dan.s les pri>ons de Bourg,
d'Hozier déclara qu'il ne lui avait pas où il subit une assez longue déten-
rendu ce service ( Voy. le Journal lion. Placé depuis en surveillance à
des savants^ i 691, page 233). La Orléans, il n'eut qu'a se louer des
carte géographi(pie des vallées an- autorités de celte ville; et ce fut sur
noncée sur le frontispice manque dans leur demande qu'il reçut Tautorisa-
beaucoup d'exemplaires. Sous le titre tion de revenir a Paris. En 1817 il
de Continuation de l Histoire des fut un des collaborateurs de la Bi^
Albigeois ^ le P. Benoît a donné la bliotheque historique , où il inséra
vie de saint Dominique , Ton- contre le clergé catholique un article
lousc, \ij(.)d in-i2. On trouve une très-violent et qui donna lieu à un
notice sur cet écrivain dans les iS'c/7/->- procès. Préoccupé des idées qu'il avait
tores ordin. Prcedicator. ^11, 767. puisées dans ses premières lectures ,
W — s. JJenoît ne redoutait que le despo-
BE\OlT (ViNCiNT Verxier), lisme sacerdotal. ^N'étant pas satij-
publici>tc , naquit en 1769 a Dôle, fait de voit les prêtres dépouillés do
et termina se^ éludes a I\aris , au se- leurs biens, sans pouvoir et sans in-
minairc de Saint-Lazare. La lecture (luencc, il aurait voulu leur ravir
des ouvrages philosophiques qui , les secours et la protection du gou-
Jnalgré la surveillance des supérieurs, vcrnement. Ce penseur morose, qui,
pénétraient jusque dans les séminai- par anour pour la tolérance, dcve-
res, lui inspira la plus vive aolipa- ^uil iuloléraulàsoninsu, étailaufond
5«o BEN BEN
le meilleur tics hommes. D'un ca- Russie, le 5o avril i83i, etail son
raclure seusible, désinlcressé , ilavait frère. Ea sa qualité de lîls aîné, Jé-
de uoinbreux amis , et méritait d'en rémie fut destiné a suivre la même
avoir. Il mourut le 12 avril i852 carrière que son père et sou aïeul,
victime de la contagion qui désolait Dès l'enfance il avait manifesté des
Paris. On a de lui : 1. De la liberté dispositions rares. A trois ans il lisait
des cultes et des concordais , Pa.~ Ihisloire d'Angleterre de Rapin-
ris, 18 18, in-8°. II. De la liberté Thoyrasj a sept il comprenait ïelé-
religieuse , ibid. , 1 8 19 5 1825 , jnaque en français^ a treize, après
in-8"j trad. en espagnol par Marche- s'être distingué au collège do West-
na, Montpellier, 1820, in-8°. Dans niinsler, il fut admis dans celui de la
le premier de ses ouvrages Benoît Reine, h Oxford, et y soutint une dis-
fi'atlache k prouver que, dans un pays cussion publique, dans laquelle la
oi!i par la loi fondamenla'e de l'état finesse de ses remarques , la précision
tous les cultes ont droit a une égale des on langage excitèrent la surprise
protection, le prince ne peut faire et les applaudissements de tout l'au-
un traité favorable h l'un de ces ditoire. Trois ans après, il fut reçu
cultes sans être injuste envers les bachelier, et a vingt ans, devenu
autres. De- la, suivant lui, l'obliga- maître ès-arts, il était cité comme
tion d'abolir tous les concordats, le plus jeune gradué qu'eussent vu les
Le second n'est qu'un développement universités. Il entra ensuite à Lin-
des mêmes idées. IN'envisageaut la coln's Inn , et en 1772 il débuta au
question religieuse que sous un seul barreau, où les souvenirs de son père
fioint , l'auteur ne voit dans la re- lui promettaient des succès éclatants,
igion que les prêtres et l'esprit de et surtout des moyens de s'enrichir,
domination qu ils avaient au moyen Mais déjà sa vocation était bien plus
âge. Pour lui, depuis le onzième siè- d'observer ([uc de mettre a prolit les
de , rien n'est changé j et mainlenant vices des lois et de l'organisation judi-
comme autrefois la société n'a d'au- ciaire.La vue de tout ce qui se passait
tre danger a craindre que l'am-bilion dans l'enceinte de la justice lui inspira
du clergé. Ce résumé de la doctrine bientôt un profond dégoût, non pour
de Benoît, écritd'un style sec et lourd la science judiciaire, puisqu'elle fut
peu proprealul procurer deslectt'urs, l'objet con.^lant de ses travaux, niais
n'a dû quehjue vogue (pi'aux altaipies pour l'exercice de la j)rolession qui
de plusieurs journaux j cl depuis se joue si bien de l'insufFisance et des
long-temps il est tombé dans fou- bizarreries de la loi par l'astuce de
bli. W — s. la chicane. De tout Icnqis, il faut le
I5E\TIIAM (JiÎrkmie), célèbre dire, la jurisprudence anglaise a été
publicisle aiiglai.s, naipiil a Jjondrcs, un chaos de lois faites pour déso'er
en 1748. Son père, (pii comii;e lui le légiste , non seulement par les dis-
s'appelail .lérémie , nom d un de positions mes([uines , slupides ou des-
leurs ancêtres, banquier sous Char- poliques qu'elle consacre, mais par
les II, é!ait attorncy : son aïeul pa- rin'posslhililé où l'on est de les coor-
lernel a^ ail élé chargé dvs mêmes donner, de les soumettre à une uic-
fonct'ons , cl de plus il était clerc de ihode (pielconcpie , sans doubles em-
lacompagnle lies notaires. Sir Samuel plois et sans conlriulicllon. On sait
Bentham, mort général au service de dans ipiel labyrinlln^ inexlrlcahle se
tioiiviiil cn^ap;cs ceux ijui uoiMnl pli(|uc scuK- lii propension de son cs-
consullor ii la lois les lois vi.'ril.il)lrs [)ril ii saisir parloiil Ii; poiiil de vue
ou rendues par le par'enu-nl , l<s sla- niililaire. IMiis laid , ii jnesure (ju'il
liils des ruis, les simples ordoniianccs a\aii(;a dans ses éludes, applitpianl a
de police, elles arrèls rendus par les foiil la mesure (ju'il regardait com-
cours. Ce n'est pis, au reste, (pie le nie universelle, il apercevait surtout
coiuineul ne l'ail loiif^-lenips dispulé les maux aux(piels est en jiroie riiu-
KrAnglelerresousceiapportetnième iiianilé ; mais dans celle masse il
ne le lui dispute encore : la France dislinguail bien vit»; les maux néccs-
surtout , avec ses nombreuses coulii- saires des maux iiicidenlels, cl il gé-
nies, les unes écrites, les autres Ira- missail de voir (pie ces derniers sont
dilionuelles , toutes liniilées en ccr- prcstpie toujours de la faute de ceux
tains points , a lon<:^- temps oflert une (jui en sont victimes, parce (pi'ils cou-
arène non moins féconde à la mau- courent eux-mêmes a les créer. Les
valse foi et à la cliicauc. Le spectacle loissurloul apparliennentlropsouvcnt
de tant d'abus et de maux créé.s pour hceltecatégoric. Ou mal éclairés, les
prévenir ou guérir uu mal, frappa bomines les font n.auvaisesj ou, trop
l»enlliam; et bienlijt , renonçant a bien éclairés sur leurs intérêts persoii-
sulvre une carrière dons larpielle, iie!s,desmaîlres, dontia cause est dif-
sous peine de perdre toutes les causes féronte de celle des masses, les font
qu'il plaiderait, il fallait jeter un lionnes pour (uix , mauvaises pour le
\oilc sur la vérité, user de ruses et public. Dès Tannée 1776 , Beulhani
de subterfuj^es. affecter du respect s'était sigualé par ses /'Vr/g'wewY^ .s wr
pour des formes et des lois qu'il trou- le gouvernement. Cette brochure
\ail ridicules ou funestes, il voua sa anonyme, qu'il eut le plaisir de voir
vie a une làcbe bien autrement diffi- attribuer aux jurisconsullcs les plus
cile , mais plus en harmonie avec sa célèbres, était surtout dirigée contre
puissance de méditation et son amour les principes de Blackstone, dont il
du vrai, celle de reconnaître et de louait l'exactitude a exposer les lois
démontrer au monde le vice de toutes telles qu'elles sont, mais auquel il
les institutions législatives . etdepro- reprochait de ne jamais indiquer les
voqucr par des convictions ration- lois telles qu'elles devraient être, et
nelles les reformes que commandent le dont la tendance enfin lui semblait
bien de riiumanité et le progrès des tropabsolutisleetthéocratique. Quant
lumières. Ce plan sans doute ne se h sa crititpio trop superficielle du gou-
développa que graduellement dans sa vcruement brilaunicpie , il en substi-
têle; mais dès sa jeunesse les ger- tuait une autre bien plus lumineuse ,
mes en étaient en lui. Avant même mais plus amère j et du reste il dé-
de paraître a l'université d'Oxford, montrait que les arguments quil a
il avait divoré pendant les vacan- produits ne lui apparlenaienl pas :
ces le fameux livre De V Esprit y « Blackslone a écrit ; Delolmeapen-
far Helrétiusj et cette doctrine de se, m disait-il. La couleur métapliy-
ulile . si cliétive en elle-même, si sique et rétonnanti; concision de ce
éloignée de loule idée de grandeur et petit livre , non moins que les obser-
inême de devoir, tpiand nul autre valions toutes spéciales sur le méca-
principe ne vient la maîtriser, lui nisme du gouvernement et de la,jus-
avait inspiré un cntliousiasTiC (pi'ex- lice, indiquaient assez uu homme que
i.vii. 3G
56a
BIN
des études profondes avaient familia-
risé avec ces matières, et qui sans
doute n'en resterait pas la. En effet,
Benlham s'appliquait sans relâche a
connaître le réel des lois , leurs vices ,
la cause de ces vices , ainsi que leur
connexion , et h en cliercher le remè-
de. Toutes lesparticsdelalégislation,
de l'administration judiciaire et de
l'intervention gouvernementale dans
les intérêts sociaux , l'occupèrent en
même temps; car, suivant son systè-
me, toutes se tenaient. Un tel plan
exigeait, indépendamment du génie,
des travaux immenses j l'art d'écono-
miser les minutes , la ferme résolution
de vivre loin du monde les fcicilitè-
renl. Ce n'est pas que sa solitude le
privât de relations; au contraire , les
nommes d'élite, les penseurs et quel-
ques vrais amis trouvaient toujours
ouverte la porte de son laboratoire
pliilosopliiquc. Ce n'est pas non plus
qu'il méprisât les connaissances qui
s'acquièrent au moyen des voyages.
Dans le laps de temps qui s'écoula
cnlre son début au barreau et la ré-
volutiou française , il fit trois voyages
sur le continent , principalement a
Paris, où il forma une liaison intime
avec Brissot , dont le caractère offrait
qucbpies ])oints de contact avec le
sien , et (pii alors conçut le projet de
se fixer li Londres pour y diriger un
écrit périodique , sous le titre de
Correspondance universelle sur les
j>oints inléressanl le bien-clro de
r homme et de la société. Londres
eflecllvement était a celle épo(jue le
lieu de l'Europe le njleux choisi pour
y rassembler de toutes les parties du
j^lobo des documents de celle nature,
t'I pour en répandre la connaissance
Î):ir la voie de la presse. Cependant
'enlrenriso ne réussit point : I»iiss()l
lui uu'ine arrêté par suite des délies
coniraclécs pour te journal. L'iulcr-
BEN
veulion généreuse d'un ami qui paya
tout lui rendit la liberté ; et l'on sup-
posa généralement que cet ami était
Benlham. De retour a Paris , Brissot
ayant acquis une grande influence par
les événements, fit nommer son ami
citoyen français et membre de la se-
conde assemblée nationale. De 1784
a 1788, Benlham avait accompli un
grand voyage européen. Traversant la
France par Montpellier et Marseille,
il était parti de Gênes pour Florence,
où il passa plusieurs jours. La, ayant
fait rencontre d'un de ses amis , pro-
priétaire et capitaine d'un navire qui
allait à Smyrne, il quille la Toscane
avec lui , et se dirige vers l'Orient.
Un coup de vent les mil en danger
dans les parages de Mitylène : ils dé-
barquèrent enfin sur la rive d'Asie ,
et Benlham passa trois semaines h
Smyrne. De la un bâtiment turc le
transporta dans la capitale des Otto-
mans , qu'il voulut connaître en dé-
tail , ainsi que les mœurs du pays et
le peu d'instilullons qui , avec les
coutumes, président aux deslmées de
cet empire si magnifiquement do •
lé par la nature , si triste et si
pauvre par l'œuvre <\cs hommes.
Son séjour a Constanlinople fut de
près de deux mois. Au bout de ce
temps, il prit par mer la roule do
la Russie , et arriva au chef-lieu
du gouvernement des Slobodes d'U-
kraine, Kliarkov, où sou Irère com-
mandait un bataillon franc; mais, parti
récemment pour une expédition du
côlé de la Tauride et de Kberson, il
élall retenu par la nécessité de déten-
dre le pays contre la soudaine irrup-
tion du capilan-pacha. Benlham mit
celle absence ii profit , en écrivant
ses Lettres sur les lois relati\'cs ù
lusiire c{\a j>remière partie du Vun-
optiijue. l'jifin il revint, par la Po-
logne , rAIlcmagac et les Provinces-
nry
Fnics , Il Lnndi'os , ou il arriva ni
fcvrlcr i7«^î5, ay;uil parcouru jircs-
i|uc loulc IKuropc. Qiialrc ans après,
5011 père mourut , lui lalssanl une for-
lune plus que sudisanlc pour assurer
50U indcpcnJancc. C'est surtout à
partir de ce temps (jue Bcntham ar-
ranjrca sa a ie de manière h se livrer
comniiulémcnlel rruolucuscmcnl h ses
incdilalions sur les lois. Il n'avait en-
core pul)lie queliuit hrocliures et un
_:j,ran(l ouvrage (le Punoptiquc, 2 vol.
in-S") ; les trente années suivantes
(levaient le voir produire dix fois au-
tant de volumes, plus féconds encore
<jue les premiers en idées profondes
autant qu'originales. Mais plus il
avançait dans sa laborieuse carrière,
plus il éprouvait d'antipathie pour la
rédaction de ses idées. Penseur pro-
fond, mais écrivain inhabile, il ne
voyait qu'avec effroi la nécessité, pour
i ont écrivain qui veut être lu, de dé-
corer sa pensée de formes brillantes
et faciles h saisir, de ^'astreindre à
un ordre qui gradue les idées et les
échelonne, de transiger sans cesse
avec les préjugés , l'ignorance ou la
légèreté des lecteurs, en n'omettant
aucune idée intermédiaire. Toutes ses
! réflexions, a mesure qu'il les faisait,
étaient jetées sur le papier, sans liai-
son, sans méthode, a moins qu'il ne
i s'agîtd'un objet spécial et a l'ordre du
jour, ([uilui inspirait sur-le-champ uu
pamphlet. Probablement elles eussent
clé perdues pour la postérité , si le
hasard n'eût mis sur son chemin le
ministre genevois Dumont, qui, for-
cé de quitter sa patrie pour la France
L't ensuite la France pour l'Angle-
terre , était devenu bibliothécaire du
marquis de Laosdowne. Bcntham et
Dumont se virent a lîowood, résiden-
ce du marcpiis, et bienlûl ils s'appré-
cièrent. Dumont consentit a mettre
en ordre les feuilles volantes de Ben-
BEN
îiG3
ihamj cl c*c.<;t a celle association,
nni(|uc peul-êire , qu'est duc la pro-
mulgation des idées du savant anglais.
Le premier fruit de celle union do
travaux fut une crilicpic du ])lan pro-
posé par le comité de l'assemblée
constituante pour Torganisalion de la
Justice en France [Voj. Bluoasse ,
au Supp.). Ce morceau, dont les
principales idées entrèrent depuis,
avec de laiges développements, dans
son grand Traité de Vorganisalion
Judiciaire et de la codification ,
parut alors en quatre lettres dans le
Courrier de Provence^ journal qu'a-
vait commencé ÎMirabeau. Les idées
dupublicisle anglais ne portaient pas
toutes a faux; elles partisans qu'el-
les eurent dès-lors a Paris eu ont
vu plus tard réaliser quelques-unes.
En 1802, Bcntham profila de la
paix que le traité d'Amiens donnait a
l'Europe, pour se rendre dp nouveau
a Paris; et ce fut pendant son séjour
dans cette ville, que Pinslilut , classe
des sciences morales et politiques ,
le comprit parmi ses membres. En
1820 , il revint encore eu France,
cl il j fut reçu avec euthousiasme.
Amené un jour par le hasard à la
cour de cassation , il vil tout le
corps des avocats se lever a son ap-
proche , et le tribunal lui donner une
place d'honneur. Il était alors en cor-
respondance avec les personnages po-
litiques les plus influents* tandis que
le comte de Torëno lui demandait
8on avis sur le code pénal donné à
l'Espagne par les Corlès, le roi do
Bavière , auquel il faisait hommage
d'un projet de Code , lui répondait
qu'il avait communiqué cet ouvrage
a une commission qui ne manquerait
pas de profiler de l'expérience d'un
esprit aussi juilicicux , etc. Ces ex-
pressions du roi témoignent d'une
Laulc estime, lorsqu'on pense qu'elles
36.
564 l'.EN BEN
s'adressaient à un homme qui, en testament. Elle est relative à ce corps
Angleterre , passait pour le chef des cjue !a vie est sur le point d'ahandod-
radicaux. Placé d'un accord universel lier. J'exige qu'après sa mort , il
au premier rang parmi les puhlicistes soit transporté a Tamphilhéàtre et
utihlaires, chei d'école et , quoiqu'il soumis a la dissection". Cette vo-
sefiit toujours tenu loin des affaires, lonté deBentham n'était pas un vain
coryphée du parti le plus tranché de caprice d'imagination malade. Dès
la Grande-Bretagne, oracle des phi- 1769, c'est-a-dire lorsqu'il comp-
losopbes et des jurisconsultes qui ré- tait a peine vingt-un ans, il avait
duisent tout à l'utile , reconnu même fait un premier testament dans lequel
par les penseurs des écoles contraires se lit la même disposition avec cette
comme le théoricien le plus perspi- note de sa main : u Ce que j'ordonne
cace , le plus instruit des détails du ici ne tient point à une manie de sin-
mécanisniejudiciaire, entouré d'amis, gularité. Mon seul motif est d'être
de disciples, d'admirateurs, enfin, utile à l'humanité. Puisque jusqu'ici
ajact la conscience de conserver dans j'en ai eu si peu d'occasions , qu'au
une vieillesse avancée, ce dont il avait moins je ne laisse pas échapper celle-
le plus redouté la perte, toute la ci! j» Un mémorandum annexé au
vigueur et la lucidité de sa vue intel- document indique que plus tard il
Icctuelle , il n'eut d'autres maux à relut cette disposition et qu'il Tap-
cléplorer que la disparition successive prouva de tout point. Ses amis ne
de quelques amis. Cherchant tou- crurent point devoir se montrer
jours daiis le travail une diversion indociles à une volonté si positive-
aux souffrances de quelque nature ment exprimée 5 • l, le 11 juin i852,
(ju'ellcs fussent , r>enlhain ne s'en la dépouille funèbre de Beulhani
livrait qu'avec plus d'énergie a ses fut transférée h l'école d'anatoinie et
études favoritf-s, et il venait de mettre de médecine de Webhslreel, oîi cet
la dernière main au troisième volume événement inspira un discours élo-
de son Code conslituionncl, lorsqu'il qiient au docteur Soulhwood-Smith,
fut atteint de la maladie qui l'enleva son médecin. L'éloge du philosophe
au monde, le 6 juin 1802. Quelques rem[)lit toute la séance, et la dis>ec-
jours auparavant il avait réuni trois lion Ji'eut lieu que le lendemain,
de ses amis sur l'attachement et la l'entham laissa îi M. Jîowring , son
fermeté des(juels il pouvait le mieux dernier collaborateur , ses manus-
compler , et il leur disait (ju'il voulait crils , ses collections et ses livres
leur {onlier rexécution d'une de ses relatifs il l'économie politivj.ie , à la
dernières volontés, volonté il laquelle réforme parlementaire, a l'émanci-
lo monde opposerait des rej)r()ches patioii des colonies, au panopliipie; à
cl peut-être une résistance matérielle : M. Edwin Chailweck, les li\res de ju-
il It ui demanda s'ils se sentaient ca- risjirudeucc, les collections de législa-
pahles de faire iriomplier son voni lion, les j)amphlets, sur, pour eteontre
de tous le.-iohslacles, et s ils voulaient ce.s/;<///i7v,sloisanglaises. Sir Georges
lui promettre solennellement di* le Bcnlham , son neveu, eut les manus-
rcmplir. ih\ de; ine cpi'ils ré|)ondi- crits concernanl la logicpie et la nomo-
rcnt par 1 affirmât i\e lapins (ormelle. graphie, et les collections re'atives au
« ['A\ hicti, leur dit le mourant, celle ''ingage. On espère (pie IM. lîowring,
volonté , je l'ai consignée dans mon i» cpii le tesla'nnit de son illustre ami
lîKN BEN tiCn
assigne en humiic Iriiins les sonniics lo iiniiislèTr ou cic se iaireun pouvoir
lu'ce.vsaires pour la puMicalioii de dans ropposilion j il ne le voulut ja-
>rs (i livres rouiplèles et des suppic- mais, et il repoussa le fardeau des af-
inenls doni il a les niaîériaux , ac- faircs poliliijiies comme il availrejelo
complira srrupu'eusenicnl celle lio- celui des allaires conlenlieuses. L'em-
iioraMe lâche (i). J.e earacicre de pereur Al( xandi e , en i {> i ii , lui eu-
renlliam élail un irélauj^e siiii;ulier voya, comme mar(|iie de sou estime,
dclionliomie, (rorigiualilé,cr///////<v/A' un pa(jiiel contenaul sans doute un
Cl de sarcasmalique finesse loutes les diamani ou cpielquc autre présenl de
fois qu'il enlamait Texameu clvs giaud j)rix : B-ntham refusa, cl u'ou-
abus. La pliilaullirojiliie él:iil la lia- vril pas même le pacpiet , ne voulant
se de ses actions. Cependant lui- dil-il , ni mautpier d'indépendance
même, dans une espèce de .-ouvcnir s'il trouve (juelque chose à louer dans
où il consignait ses pensées journa- le gouvernemcnl ou la législalion
lièrcs, s'accuse formellement dégoïs- russe, ni manquer de reconnais-
me ; u mais, aj(uile-l-il , le mal sauce si un jour il a (pielques critiques
qu'éprouvent les an Ires, je 1 éprouve; a faire sur ce gouvernemenl.La séré-
jamais on n\i >oufferl en ma pré- nilé de son âme screflét.iil dans son.
sence , cpie je ne souffriss ■ ; jamais goùl pour la mnsi([ue. A huit ans ,
la joie de (|ui que ce soit ne m'a lais- il étudiait le \iolon5 et plus tard
se sans joie, hgoïsie , mais avec il se délassait , avec cet instrument,
sympathie, j'ai toujours voulu don- de ses graves occupations. D'ail-
iicr au maximum du genre humain l'uirs tous les objets de l'intelligen-
le maximum de cette joie dont je ce humaineavaieut droit de linléres-
jouis , le minimum de ces peines qui ser. Use plaisait a raconter que jeune
me font mal. » Les personnalités lui il avait souvent pris le ihé avec Ho-
élaienl odieuses; sa supériorité , sans garth dont les productions lui plai-
<;u"il l'ignorât , ne lui inspirait point saient singulièrement. 11 fut membre
t orgueil , ces manières hautaines du club de Johnson , quoique ce cri-
qiii rendent haïssal)le le génie mniie. ti(|ue ne lui inspirât aucune sympa-
11 aimait h causer un instant de lliie h cause de son caractère misau-
choses fiivoles et familières, long- tlirope. Il traduisit en anglais le
temps «les objets favoris de ses élu- petit roniau de Voltaire intitulé le
des. En l enlendaiit on crovait voir Taiacnii blanc. Il aimait la poé-
un patri:»rche , moins rantiipie et sie , et les sciences exactes lui pi. n-
iiaVve ignorance, et non un savant saient également. A Oxford, il sni-
voué par goùl a la recherche des vé- vit avec un zèle marqué les leçons
rites les plus abstruses. Son désin- de chimie de Mansiield 5 et il fit
téressement , sou indépendance éga- passer dans sa langue le raor-
laient son «renie : il n'eût tenu (lu'à ceau de Ber<iman sur Tulililé de la
1.1. . . . ."
lui d'atteindre les hauts emplois dans chimie. Enfin la bolaniiiue fut aussi
; l'objet de son attention , et les em-
(i) Parmi 1rs leps que Hcnlliam fit à sps amis. i ii" ■ ••! r. • !• i
on remarqur ,irs l.,.j:.ics ,v,ri.-mt son f-ffi-i.' . rt l)i'llis5ements qu il lit au )ardiu de sa
reiir.rm;.iii un.- |..irtic <i.- ses chcv.ux , qu'il niaisoude ( )ueen's Sciiiare le rcndi-
doniia ;iu r«;iht.i1 Luf.neitc ; à J H Sav ; à 1 *" I 1 il • 1
Félix B(.lin , meiiihie <iê la chambre des depu- ^"' "l "'1 ^'^-'S plHS l)eaUX de Kl Capitale.
! les; à Van de \Veyer. ambassadeur lîel^e à ()„ aurait (le la Deiue h CroirC Ou'uH
l.ondres ; a los. Delvalle, anci» Il iires;d«iil de la , , . ' fi- < i
république de Guatimala , clc. V— ve. SCUl llOIUlUC ait pU fiuILrc a laiU (le
Ù6S
BEN
travaux , satisfaire iant de goûts , si
Ton ue savait ce que c'est queTlieureu-
se dislril)uliou des éludes. Bentham
eut d'ailleurs , pendant la seconde
moitié de sa vie , l'avantage d'une
santé inaltérable. Faible et presque
valétudinaire pendant l'enfance , l'a-
dolescence et la jeunesse , il acquit
de la vigueur dans Tàge mùr, et
chaque jour sembla lui en apporter
davantage. On eut dit que pour lui
le temps rétrogradait ou du moins se
faisait stationnaire. A quatre-vingts
ans, c'était le même liomrae qu'à
soixante. Le portrait de Bentliam se
retrouve a la tète de plusieurs de ses
ouvrages et notamment de Vlntro-
diiction aux principes , seconde
édition. Son séjour a Paris, en iB^S,
donna lieu a une artiste française ,
Il • ■* •
M ^ Aimée Pages , de reproduire
sur la toile les traits de ce grand
liorame. Ce portrait fort ressemblant
a long-temps attiré le public a l'ate-
lier du peintre. On connaît aussi le
l)ustc en inarbre où David a rendu
avec vérité la physionomie simple et
noble du jurisconsulte modèle. Les
ouvrages de Ijcnlham sont nombreux-
et il est nécessaire pour les examiner
avec fruit de les assujélir a un cer-
tain ordre. Vulgairement ou les di-
vise en deux séries, l'une qui se com-
Î)0se des quatre traités puliliés en
rancais par Dumont sur les manus-
crits de l'auteur ( i" Trditcs de
Ic^islalioii civile et pcnalc , a"^
lliéoric (les peines ci des récom"
penses , 5^ i iieli(pie des assem-
blées politiques et des sopUisnies
polili(pies, 4" Tiuùlé d<'s preuves
judiciaires ) ; raulic <jni comprend
toutes les productions jetées en an-
glais dans la circulation anglaise, soit
par lientliam lui-inènie, ce (|iii eut lieu
prescpie toujours, soit par lidwrin;;,
te <pii n'arriva (pic dtnu lois. Pour
BEîî
nous , sans nier ce que celte division
a de commode , aux quatre grands
ouvrages rédigés par Dumont nous
en joindrons six autres également re-
marquables tant par l'importance fon-
damentale des principes qu'y pose
Tauteur, que par l'identité des sujets
entre eux et les traités qui portent le
nom de Dumont avec celui de Ben-
tham. Les autres ouvrages^ jurispru-
dentiels ou scientifiques ou purement
politiques, formeront une seconde sé-
rie que nous caractériserons plus briè-
vement. Ceci posé, voici dans quel
ordre nous croyons devoir ranger les
dix ouvrages qui forment la premiè-
re série. I. Introduction aux prin-
cipes de morale et de jurispru-
dence^ ^7^9 ? Londres , in-4-"j se-
conde édition, ibid., 1823, deux vol.
in-8" 5 ouvrage capital où tous les
problèmes sont traités sous des for-
mes analytiques et austères, mais qui
exigent de la part du lecteur une
métaphysique et une atten tioncxlraor-
dinaires. Le duc de La Rochefou-
cauld chercha vainement un traduc-
teur il ce livre, et illui a fallu 54
ans pour arriver a une seconde édi-
tion. Du reste , il a été reproduit
en partie dans le recueil suivant,
mais sous dms formes plus aptes à
plaire au commun des lecteurs. IL
Traités de législation civile et
j)én(de j Paris, i8oa , 5 vol. ,
in-8" ; seconde édition, 1820. Cette
collection renferme , outre les deux
parties principales cpii sont les prin-
ci|)es du coile civil et les principes du
code pénal, cotés sous les numéros 3
et 5, des Vrincipes i^énéiuiux de lé-
gis lalionoix logiipte du législateur;
4° un Mémoire sur le panoptitpie
ou projet d'une maison de délenlionj
5" un Traité de la promulgation des
lois et des exposés (le motifs ; 6" une
J)issertiUion sur riullueaccdcs temps
BEN
et i]cs, lioux (Ml iiialiiro de lt'j;islalioii;
7**uiu* / ne ^('ncf(i/c d un corps coin-
plrl ilo lois. Co \aslc ciislmiiMc a clé
iradiiil dans plusieurs liiiii;ucs : en
rspaj^nol par Don Ramoii de Salas
Je cin(juitinc voluiiicdi' ccllevcrsioii,
.ivec comntcnlaircs , a paru a Ma-
drid en iS'2-?) ; cii allciiiaud par Frc-
dcric - Edouard Bciicckc , Berlin,
i85() , deux forts vol. iii-8^ , avec
des notices bio^rapliinues sur Ik'ii-
iham et sur Dunioiil , cl avec une
iiilroduclion où le traducteur , après
avoir trace le tableau des principes
de Lleutliani et les avoir élevés h la
liauleur d'une théorie scienlificjue ,
les apprécie selon son propre système
(|u il place en parallèle avec celui du
puMirisIe anglais, et qui s'en rappro-
che eu plusieurs poinls. On cite aussi
deux traductions russes des traités
de Bentham. [II. Théorie des pei-
nes et des rëeompoises , Paris ,
I 8 I li , 2. vol. in-8*' 5 troisième édi-
tion, i8::6; trad. en espagnol, a
Paris, première édition, 1825 , se-
conde , i8ii6 , 4- vol. in-18 ; tra-
duit en ani;lais , i8ii5 et 1829 ,
in-8^ (le traducteur, qui s'intitule
Ajviend (un ami), a profilé de (juel-
ques parties écrites originairement en
anglais, et qui en cousé(juence ap-
])artlenneul h Beutliam : l'ouvrage a
été scinde en deux parties diltéren-
tes j l'une porte le titre de Kniio-
nale of récompense^ 1825, Taulre
de Rdtionale {)f penalily ^ 1829 •
celui-ci en effet ne traite que de
ia pénalité , celui-là rpie des ré-
compenses). 1\ . Pièces veluLives
à la codijicatiun et à V insti uclion
publupie , comprenant une cor-
^ respundance avec L'empereur de
Russie et diverses autorités consti-
tuées des Etats- L nis d'Amérique,
Londres, 181 7, un vol. in-8". Y.
Traité des preuves judiciaires ,
BEN
567
Paris, 1825, iii-8"; traduit eu
espagnol , i 82,'") , (|ualrc vol. in-i 8.
vl. De V hvidence judiciaire ^
spéciiilcment (tppliquée à la pra-
ti(pie an f> luise ^ Londres 1827,
5 forts vol. in-8". \lï. Pa/Kf/ftiqua
ou nuiison d inspection , Londres ,
1791 , deux vol. in-i2.V]lL Code
pro/)osé â tontes les nations qui
jn-ojessent des idées libérales y
Londres, 1822 , 72 pages in-8° ,
trad. en français , la même an-
née ( \oy. Revue encycl. , XIV,
i4o). IX. Code constitutionnel j
Londres, i83o , premier vol. (nous
avons vu que les deux suivants
avaient été terminés parTauteur peu
de temps avant sa mort). X. Essai
sur la Tactique des assemblées
politiques y suivi d'un traité des
sopliismes politiques , Genève ,
1816, deux vol. iM-8''; seconde
édition, Paris, 18225 ^^'^^' ^^
espagnol , 1824. , deux vol. in- 18.
Réunis, ces dix ouvrages auxquels il
faut ajouter la Déontologie , ou
Tliéorie des devoirs, qui vient de pa-
raître en angl. et en franc, (trad. de
M. Benj. Laroche), Paris, i 853, for-
ment tout un corps de législation dans
lequel, on a dii le pressentir , toutes
les questions relatives au droit et a
la philosophie du droit trouvent na-
turellement leur place : aucune n'a
été omise par Bentham , et toutes ,
011 peut le dire , même en ne parta-
geant pas ses opinions, ou en par-
lant d\\n principe opposé, ont été
envisagées d'une manière souvent
nouvelle , toujours piquante el capa-
ble de provo(|uer les méditations.
Ceux mêmes qui,coinrae les spirilua-
listcs ou les ihéocratcs purs, en veu-
lent le plus il Bentham, con\iennent
qu'il a jeté du jour sur toutes les
(|ucslions (ni'il ti aile successivement.
ISul n'a promené plus minutieusement,
568
BEN
plusconscitTicieusemenl l'analyse sur
tous les defours (.\ç^ fiillacieiix lahy-
rinlhts des lois j nul n'a mieux sondé,
jugé la plaie secrète j nul n'a mieux
fait sonner le creux, le vide- nul
n'a mieux tracé la carte du pays
de la chicane, et nul n'a mieux ca-
ractérisé, classé, marqué au front
les mjstilications , les mensonges ,
les tours de force ou d'adresse qui
s'exercent sur les tréteaux politiques.
INon content de décrire le symptôme,
il en scrute les causes et les montre
les unes tenant a la nature des cho-
ses, les autres venant de nous ; les
unes inévitables , les autres faciles à
corriger. Ces énumérations de vices,
de circonstances, de motifs; ces dé-
finitions précises qui aspirent et a
tout formuler et a tout resserrer dans
un vaste casier; ces classifications
dont la métaphysi(pie rigueur n'a rien
à envier a celles des sciences exactes ;
tout cet appareil de n;élhodes sévères
et analysantes présente une analogie
singulière avec l'école aristotélique.
Ce que le péripatélleien de Stagyre
fait lors([u'il contemple successive-
ment toutes les facettes d'un Irope ,
d'un animal , d'un agent méléorolo-
gi(jue ou d'une faculîé d(î l'àme hu-
maine, c'est justement ce <]ue fait
Bentliam en soumettant a ses inves-
tigalions lis pliénoinènos du moiide
légal. On dirait (ju'il marche toujours
le graphoinètrc , le scalpel et la
loupe à la main. A cette ex(pii.se sa-
gacité du précepteur d'Alexandre ,
il joint aussi ce (|ui le dépare et ce
(Mii le caractérise , une .sécheresse re-
hulanle d.ui.s les lormts ; il rétrécit
d'iMie manière désolante l'idée fnudi-
inentale de tout le système j cl celle
idée l'ondament.ile existe chez Tuii
comme chez Tatitre. Aristote,cel hom-
me qui, (piatre siècles avant le chiis-
h.ui'snie , s'olTrc; a nous a\ec la j>hy-
BEN
sionomie d'un savant du dix-neuvième
siècle , Aristote au fond est un uti-
litaire; sa morale , sa politique sont
une variété de la morale d'Epicure j
il matérialise la société, la justice ,
l'ordre , la législation. Tel est aussi
le point de départ deBcntham. il/a-
ximlser le bien-être , minimiser le
mal-èlre , voila pour lui la morale,
la science sociale , !a législation, le
droit des gens Toute action utile est
bonne , toute action funeste , mau-
vaise. Au reste, il faut distinguer
dans l'utilité le bien présent et im-
médiat , le bien futur et plus ou
moins éloiirné. Toutes les vertus lui-
niaines reviennent a deux , prudence
et bienveillance^ tous le-- vices k deux,
imprudence et malveillance. La
prudence et l'imprudence appartien-
nent a l'homme en relation avec lui-
même ; la bienveillance et la malveil-
lance à Thomme en relation avec
autrui. Ces théories , qui au fond
n'ont rien de moral, et qui, mal in-
terprétées par les masses, pourraient
devenir très-dangereuses , ont plu
surtout en Angleterre et en Belgique
où les benthamistcs semblent appelés
a joner un grand rôle. l*our se faire
une idée de la manière absolue ,
subtile et parfois aride de Benlham ,
jetons un coup-d'œil sur deux de ses
ouvrages qui ont lait sensation en
France , rpioi([ue certainement fort
loin d'èlrc ce (pTil a produit de plus
remaripiable. i/uu est sa Tactique
tics (isscrnhlccs jiolitiqucs. Heu-
tliaui (léchuc que, par ce litre , il
n'a pas enlenilu |>arler des stratagè-
mes il l'aide descpiels un liomnie
d'état ferait lriomi)lur son parti dans
les assembîéis délibérantes. « li.i
« tacti(pie des assemblées polili(|ues,
« dit-il, est la science qui enseigne
c< il les conduire vers le but de hiir
»( iiislilutiou »iu movcu de Tordre a
i
nr.\ BEN KfîQ
o obsorviM" dans leurs (K^marclics. » de loiili's pièces, insullanl \i la hori-
Sc'loii lui l.i |iiiMni(re coiulilioM (le \ i- lioiiiic de son ennemi , le fascinant,
lalité jKnir ees assepd)lées est la nii- le [laralysant, in.S(|ii'à rc ([ue le dià-
Mieilé. I^a division du ccrps K'ç^i.slalif feaii di* caries croule sous le l)oa sens
en deux clK'unhros ("sl honiu' dans les d'un Pliocion ou sous le sarrasnio
lenips paisdiles , el lors(|u'il s'a^'il de d'un (iouricr. Tel est cnrore ici le
conservor- Tunisie aux joursd'urages, but de lîcnlliani : hien diflcrenl de
d'urgence, et de crises impérieuses, ces sophistes de rantiqnilécjui, lors-
Lc président doit être »ini(|Uf, pernia- (prilsavaienUléeouvert un nouveau pa-
nent, élu par la chambre seule, ralo^isnie, rexploilaienl avec orgueil,
amovible par elle seule, et n'exerçant le publiciste anglais énumère , riasse,
que SCS fondions de président. L ini- caractérise tous ces raisonnements
tialive ne peut être exclusivement le captieux , et par la même fournit 1rs
partage du pouvoir exécutif 5 elle ap- moyens de les réfuter. Divisés par
parfient à. chacun des membres de Bcntham en trois séries , selon qu'ils
rassend)lée. Tout projet de loi doit sont de nature à servir le ministère
être divisé par articles consacrés cha- ou l'opposition ouïes deux partis,
cun à une proposition pure et siniple. ils ont été classés plus heureusement
L'ordre Ijxe de priorité pour la pa- parDumont en iophismes d'autorité
rôle est une des règles les p'us nui- ou préjudiciels , sophismes de fins de
sibles qu'on puisse inoculer à une as- non-recevoir ou dilatoires , sophis-
semblée délibérante: ordre apparent, mes qui donnent le change ou falla-
désordre réel. Tout discours écrit cicux. INous regrettons de ne pouvoir
doit être banni. De même jamais ora- suivre le spirituel sophismographc
teur ne doit faire mention des vœux dans sa rhétorique railleuse où il
du prince et du pouvoir exécutif. La semble avoir prévu , avoir appris
votalion doit , sauf en quelque cas, d'avance ce que nous entendons
avoir lieu à découvert. La licence tous les jours dans les assemblées
que prennent les membres de s'abson- délibérantes. Les autres ouvrages de
1er sans raison suiïisante devrait être Benthnm, tous écrits en ano^Jais .
réprimée : souvent sur 658 membres sont : L Fragment sur le gouver-
dont se compose la chambre des ncment (cité j)lus haut), Londres,
communes, on a eu de la peine a en 1776. II. Coiip-d'œil sur le hill
réunir quarante, nombre strictement relut J" aux travaux forces ^ Lon-
récessaire pour délibérer; et (luel- dres, 1778. Le bill (jui proposaildcs
quefois on n'a pu y réussir. Benlliam maisons pénitentiaires et des travaux
entre encore dans beaucoup de dé- forcés fut attaqué avec une hauteur
tails, et trace chemin faisant quel- de vues ({ui présageait déjà que l'au-
qucs aperçus curieux. L'autre ou- teur planait au-dessus de toute la
vrage est un volume qui fait suite jurisprudence pénale, et ce blll fut
«H la Tactique ^ et qui a pour titre : rejeté, lll. D('fense de l'usure ou
Des sophismes politiques. Il se lettres sur- V inconvénient des lois
lie assez bien, (|Uoi(|ue par un nœud qui fixent le taux de t emprunt de
en quelque sorte fortuit , au vo- l'argent^ Londres, 17875 trad. en
lume des assemblées délibérantes: français sur la ^i*" édit. , in-8° de 19
irest-ce pas surtout dans ces assem- feuilles , Paris, 18275 on va joint
blécs que le sophisme se carre armé \^s Mémoires si'r les pre'tsd'arsent
570 BEN BEN
par Turgot. Tout le monde sait au- Plan cV administration pour les
jourd'hui que la doctrine de Bentham pauvres, 1797; traduit en franc, par
sur le prêt est un aphorisme de l'é- Duquesnoy. L'ouvrage est une suite
conomie politique, cl n'a chance d'ê- de lettres, où l'auteur propose de rem-
tre détruite que par une autre doc- phicer par une compagnie unique,
trine , celle de Fimmoralité de tout qui se chargerait a un prix fait de
prêt a intérêt , même au taux le plus tous les indigens du royaume, Tadmi-
miuime. IV. Esquisse d'un Code iiistration de chaque paroisse. XI.
oowr l'organisation judiciaire de Lettres à lord PelJiam, 1802 (sur
laFrance, Londres, 1 791. Il parut Bolany-Bay dont il blâme beaucoup
trop tard pour influer sur les déter- rétablissement ). XII. Plaidoyer
minatiuns de l'assemblée législative, pour la constitution ^ i8o3 (tou-
et fut réparti ensuite dans quelques jours contre rétablissement de Bota-
autrcs opuscules, puis modifié dans ny-Bay qu'on ne peuple, dit l'au-
quelques points. V. J&-'55rt/s/^r /a /ac- teur, que par de continuelles viola-
tique des corps politiques^ conte- tiens de la constitution). XIII. Ré-
nant six règles principales que forme écossaise , 1806 (lettres a
doit oberver une assemblée pour lord Granville et amère critique des
former une décision motivée, avec frais énormes, des interminables
application comparative des prin- lenteurs de la justice en Ecosse).
cipes à ce qui se pratique dans la XIV. Défense de l'économie con-
Grande-Bretagne et en France, tre Burke y 1810-11. XV. Flé-
Londres, 1 79 1 , in-4.". Ce sont seule- ments de l'art d'assortir un jury
ment dix chapitres sur les règles fou- (qui , bien entendu , condamne ceux
daraeutalcs des débats, avec l'estiuisse qu'il plaît au pouvoir de trouver cou-
d'un ouvrage plus considérable dont pables), 1810-11. X\I. Sur la loi
ces dix cliapitresn'étaient qu'un frag- relative à la conviction ^ 181 a.
ment (réparti dans la Tactique ré- XVII. Ne jurez pas , 181 5 (contre
(li"^ée par Dumonl). VI. Lettre à le serment ([u'il attaque comme inu-
un membre de la convention na- tlle , abusif et anli-cbrétien). XVIII.
</o/uJr, Londres, 1792. VII. jt'/««/i- Tableau des motifs et des sour-
cipezvos colo/iies y ÏAmdrcSy 1793 ces des actions (synoplle admira-
( adressé a l'assemblée législative ble), 181 7. XIX. C/irestomathie ,
(jui lors de la publicaliou de la bro- 1817 , 2, vol. in-8'^ : l'un traite de
cbure avait cessé d'cxisler). VllI. l'éducation d'après un système parli-
Finances sans chartït'S ou échutes culler a Tauleur, mais (pii sur bien
au lieu de taxes ^ Londres, 1796 (\c^ points se rapprocbe des idées de
(écrit eu 1795). L'auteur pro|)(»se do Bell et de Laucasler; l'autre est
donner a l'élat par (boit d'écinile relallf a la classificalion des cou-
les biens de ceux (pil nieurenl sans n;iissances luimalnes : lu'nlham y
bériliers : loutt-fois un droit liniilé blâme celle de d'AKMuberl , pla-
(Ic lester mlligeait l'aprelé de la nu-- cée a la tète de l'Emyclopédie , et
sure. IX. Protestations contre les |)orle contre elle sept chefs d'accu-
/ru.Vfi, 1796 : du-f-d'œuvre de mé- salioii principaux ; tous sont Irès-
ihodc, d'argunuMjlaiiouel de style; justes. Sa classiriralion l'ondée sur des
trad. (Ml fran^.. par Duniont , dans bases très larges et très-rigoureuses
hJJiblioth. unis', do Genève. X. procède par dichulomie , ce qu il ap-
BEN
pelle inodi' hifitrqtir. Lo ncvcu (le
railleur, slr(i. llciilliam,. 1(1011111', sous
le lilrc AKssiù sur Li iwmciiclaluic
et In classi/lcation des principales
branches tl'tirt et de science y la-
ris, 1825, in-8", un cxlrall de cet ou-
vrajre. X\. Considérations sur lé-
glise d'Angleterre et son caté-
chisme, 1817, ciiornie vol. de 800
i")aj;es , uotes, elc. \Xl. Plan d'une
réforme parlementaire , i 8 i 7 ,
in- 8" de 4oo pages. Sous la fur-
nie d'uu calécliisiue , ce livret dont
le slylc n'a pas été retouché a rendu
Benlliam Tidole et l'oracle des radi-
caux d'Angleterre. XXII. Bill de ré-
Jornie radicale ^ 18 19, avec no-
ies. XXlll. Observations sur les
restrictions et prohibitions ap-
portées au commerce , i 82 0 ( avec
de nombreux rapports au décret des
Cor tes espagnoles de juillet 1820),
rédigé par Bowriug. XXIV. Trai-
té sur les affaires d^ Espagne et de
Portugal ( 1° contre riuslilulion
d'une chambre des pairs, 2" sur les
délais apportés a l'instruction de l'af-
faire du massacre de Cadix, 3° con-
seils aux Cortès portugaises sur quel-
ques articles de la constitution espa-
gnole à supprimer), 1821. XXV.
Lettres au comte de Toreno sur
le code pénal des Cortès ( Ben-
iham le critique amèrement), 1822.
XXVI. La vérité contre Ashurt ^
1822, exhumée après trente ans d'ou-
bli (16 pages , chef-d'œuvre de dia-
lectique et d'accablante raillerie).
XXVII. Principes fondamentaux
d'un Code constitutionnel pour
chaque état , 1823. XX VIII. Trai-
té des déceptions ( The Bock
offallacies , etc.), 1824 ( publié
par un ami). XXIX. Dénonciations
qui concernent lord Eldon ^ 1827
(encore contre les frais, les surséaii-
ces , la rapacité des gens de loi qu'il
appelle escrocs, ^vindlers ^ eic).
On pciil joindre II ce pamphlet , (lui
rcsicniblc un peu aux écrits de Sel-
ves contre les abus de la justice eu
France {^oy. Silves, XLl, 54-5), lo
JJispatchourt el VUJJicial aptitude
ina.rinused j i83o. WX. Pétitions
en faveur de Injustice et de la
codif cation^ i 83o. XXXI. /. Ben-
thum à ses concitoyens les fran-
çais, sur la peine de mort. XXXII.
J. Bentham à la chambre des
peurs de Fratice. XXXllI. Décla-
ration de principes des candidats
parlementaires. XXXIV. Du bill
de banqueroute ., etc., i832. La
traduclion allemande des traités de
législation par Benecke , contient
une notice biograpliicpie sur Bentham.
\J Obituary anglais de i 852, pages
629 et suiv., contient aussi un article
nécrologique. \j' Examiner du 10
juin 1802 a rendu a ses mânes un
hommage éloquent. Enfin on peut lire
dans la préface des Souvenirs de
Mirabeau, par Dumont, l'opinion de
cet habile écrivain sur les travaux et
le génie du <i[rand publiciste auquel il
s'était associé (2). P — ot.
BENVOGLIEXTI (Hubert),
né à Vienne en 1668 , passe en Ita-
lie pour un de ceux qui ont rcstauréles
études hislori(}ues. Jouissant d'une
fortune considérable, il ouvrit sa mai-
son aux savants et surtout à ceux qui
cultivaient la philologie, l'archéologie,
(2) Le spirituel Ilnzzlitt a donné des détails
curieux sur les habitudes de J. Beiitlian» , dans
un article qu'il lui a consacré , et qui te trouve
traduit dans la Revue liritaitui'iue , nov. 1826.
IS'ous y avons noté les parliculariies suivantes:
Ses manières et sa déin.irche n'avaient aucune
(lé<;ance; i! cournil plutJil qu'il ne marchait. —
Dans ses loisirs il s'amusait à tourner sur h..is.
— Lorsqu'on lui faisait visite, il vous condui-
sait dans son jardin , sur un eiuplaeenient où
fut autrefois siUn'e la maison de Miltoii. Les visi-
teurs n'étaient admis chez lui que l'un après
l'autre , attendu qu'il évitait , dit on , de causer
devant des témoins ; en écoutant , il ne faisait at-
tention <[u'aux faits, etc. L.
572 BEN
et rbîstoîre. Il a fourni d'utiles obs.^r-
vations à Apostolo Zeno, h Salvini,
à Grandi, et paiiiculièremeut a Mu-
ralori , qui le cite souvent avec re-
connaissance. Dans le second tnme
des Delizie degli Erudiii Tos-
cani y on trouve l'opinion de Ben-
voo;lienti sur l'oriaine de la langue
italienne. Il mourut le 22 février
1733. A. D.
JBEXZEL STEI\i\ AU Char-
ies-Curétien , comte de), né le 9
avril 1767 , à M^yence, fut d'abord
conseiller de régence de l'électeur,
assesseur de justice à Erfurt , et passa
en i8o4 a l'arcbicbancellerie de Ra-
tisbonne en qualité de conseiller d'é-
tat. En 1807 il devint conseiller se-
cret au dé[)artement de la police et
directeur de la commission «jénérale
des études de Carlsruhe , puis con-
seiller aulique. Avant oblei u sa re-
traite, il se fixa dans une maison de
campagne h Erlenbacb , près du lac
de Zurich. 11 mourut le 2 septembre
l832, a lUppoltsau , près (fOifen-
burjr. Le comte de Benzel-Sternau
figure parmi les écrivains humoristes
les plus distingués de l'Ailemagne ,
et nul n'oflrc phis d'afliniléavec le ton
cl l'esprit de Jean-1'aul Courier. Aus-
si varié (jue vil et spirituel, il abonde
en saillies inattendues, e.i imaiie^lran-
panles, en compaialsons neuves. Ses
peintures de mœnrs^ ses observations
pleines de finesse sur les pliénonièncs
de la société , ces mots légers (pii
fuient comme l'éclair 1 1 pai lescpuls il
jette instantanément de 'arges lueurs
sur les caractères , indiquent une
profonde connaissance du monde \
\\\\ inélan<re sin'!:nl er <!e l)a(lina;e et
de mélanco'ie, dans le(|nel pourlant
domine ce dernier sentiment, (b)iine
BEN
à tout ce qu'il a fait un aspect ori-
ginal et quelque chose de doux et
d'aner en même temps. Au reste ,
la brusque légèreté avec laquelle il
passe d'un sujet a un autre tient quel-
quefois du caprice ; il n'est pas sans
affectation 5 il court après l'esprit, et
devient obscur a force d'être fin et de
sous-entendre. Son stvle est sautil-
lant , décousu; les formes de sa com-
position sont incorrectes. Toutefois ,
peu de livres allemands présente-
raient aux Français un attrait aussi
piquant que la collection des ouvrages
du conàte de Benzel - Sternau. En
voici les principaux : I. Recherches
poétiques sur les objets de la phi'
losophie critique , Wurlzbourg ,
1794.. II. Camillo Alfierra, his-
toire, Erfurt, T795. III. Nouvel"
les pour le cœur^ Hambourg, 1795.
IV. Contes au coin du fou , Y
partie, Hambourg, i797- ^' -^^
veau d'or, Getha , i8o2-3 , 4- vol.
Cet ouvrage fonda sa réputation.
M\. La fête de Schiller , Gotha et
Ratisbonne , 180 5. YII. Dialogues
dans le labyrinthe. Gotha, i8o5.
YIII. Protée , ou l'Knijyire des
images, Ratisbonne, 1806. I\,
Titania , ou V Empire des con-
tes , Ratisbonne, 1807. X. Mor-
phée , ou l'Empire des î'c'ves ,
Ratisbonne , 1807. XI. Le Convive
de pierre y Golha , 1808. XII. Le
vieil Adam , histoire de famille ,
Gotha , 1 8 1 9. XIII. Blanc et noir,
comédie, Zurich, 1826. Sa Bi-
bliothèque de l'étranger ( Franc-
fort sur le iMe in, 181 2-1 3. 2\ol.),
ses Sources et pièces qf'/icielles
î-clatives au C 'ongrès de f ienne
( I 8 r 4) , méritent encore d'être in-
diquées. P — or.
iiN nu <;iN()i; \ ^ n -si'i'rn.': i; voi.in\n".
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ÔIOCRPPHIE UNIVERSELLE
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